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Full text of "Gazette nationale, ou, Le moniteur universel"

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PRESENTED   TO  THE       «^  J 


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GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N^  2S2. 


Duodi  ,  1  ?  meisidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  soinmfs  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le  Moniteur  çst  le  se^l  journal  ç^ciel. 
~ïl  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemefii ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi  /qu^^).ss  f?iifs  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  cjue  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  '      *    ,  ' 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  :5C  T  Ê  R  I   E  U  R. 

ESPAGNE. 

Pc  C^dix  ,  Zc  2 1  prairial. 

X  L  est  entré  dans  ce  p/rt  ,  depuiç  le  jo  de  ce 
jnois  ,  5i  bâiimens  espagnols,  dont  4  chaloupes 
canonnières  lésaient  partie  comme  escorte  ;  4 
navires  atpéricains  ,  3  danois  ,  un  suédois  et  un 
marocain. 

Le  capitaine  d'un  des  b^iimens  espagnol?  etitrés 
Je  II  ,  é  rapporté  que  ,  se  trouvant  le  malin  à  la 
dislance  d'un  myriamptre  et  demi  du  cap  Tri- 
.falgar  ,  il  avait  apperçu  trois  bâlimens  de  guerre  , 
escortant  23  navires  marchands,  dont  il  ,n'a  pu 
reconnaître  la  nation.  Le  vent  était  au  nord-est, 
petit  frais. 

Un  corsaire  français,  nommé  les  Deu^i-frere; -, 
eu  venu  mouiller  le  14  dans  notre  baie  ,  con- 
duisant une  balandre  de  guerre  anglaise  qu  il 
avait  capturée. 

Il  est  soni  de  ce  port,  le  17  ,  deux  bâtimens 
espagnols  allant  à  1  Amérique,  et  le  ao  deux  cor- 
^Étires  français. 

Gibraltar  ,    le  i3  prairial. 

Les  forces  navales  de  Ce  port  consistent  dans  ce 
moment  en  une  Irégate  de  40  canons  ,  trois  de 
36,  une  corvette  de  26,  une  de  24,  et  trois 
içhalpupes  canonnières. 

INTERIEUR. 

An^ulême  ,  le  f  messidor. 

La  nouvelle  de  la  bataille  de  Maringo  et  de  la 
■victoire  décisive  remporiée  par  l'armée  de  réserve, 
•est  parvenue  au  préfet  le  5  du  courant  à  neuf 
heures  du  malin.  Il  est  impossible  de  peindre  la 
joie  et  l'eniliousiîisrae  des  bons  citoyens  à  la  certi- 
tude officielle  de  cet  événement  si  important  dans 
)i  circonstance.  Le  courtier  piécédent  avait  ap- 
porie  un  l>ullelin  qui  donnait  les  premiers  pres- 
«emimens  de  nos  succès  ;  mais  les  détails  pa- 
raissant ou  fabuleux  ou  exagérés  ,  quelques  esprits 
Éotis  avaient  cru  devoir  les  révoquei"  en  douie. 
Ceux  qui  connaissent  les  armées  françaises,  le  génie 
qui  les  dirige  et  les  héros  qui  sont  à  leur  tête, 
attendaient  le  courrier  du  5  avec  une  impatiente 
confiance.  Enfin  ,  il  est  arrivé  .  et  il  a  confirmé, 
dans  presque  tous  ses  détails  ,  le  bulletin  pré- 
cédent ;  mais  il  a  ajouté  des  résultats  tels  qu'on 
ne  peut  les  regarder  (jue  comme  les  préliminaires 
infaillibles  d'une  paix  glorieuse.  Aussi  ,  saisissant 
axiec  itansport  cette  idée  heureuse  ,  le  préfet  a 
réuni  à  la  liâie  autour  de  lui  les  autorités  de  la 
cotrimune  d'Angoulême  ,  et  est  sorti  de  la  pré- 
fecture ,  en  costume  ,  au  milieu  d'une  escotje 
de  garde  nationale  et  de  vétérans  ,  pour  annoncer 
aux  citoyens  .  transportés  d  allégresse  ,  la  con- 
fiim?ijon  officielle  et  glorieuse  des  succès  inap- 
préciables de  l'armée  d  Italie.  Elle  9  été  reçue 
au  milieu  des  acclarnaiions  générales  ,  au  bi-uit 
du  canon  et  aux  sons  d'une  musique  guerrière. 

Le  soir,  au  théâtre  ,  des  couplets  en  l'honneur 
^u  pcernieç  cpnsul  ont  été  chanté*  et  vivement 
appl.tudis.  La  statue  de  Boriapartc  ,  placée  au 
niilieu  du  temple  de  I  Immortalité  ,  a  été  cou- 
ronnée par  les  rtains  de  Ie)  Vlcloiie  du  laurier  et 
et  de  l'olivier  réunis  :  les  cris  liç  viv.e  BonapnrU  , 
ont  fait  retentir  les  vnûies  de  la  sqlie.  La  journée 
s'est  terminée  par  une  illumination  générale  ,  par 
des  feux  de  joie  et  des  danses. 

On  regarde  ici  la  paix  dctlniiive  comme  devarit 
être_  le  prix  de  cçue  grand?  journée  .  et  cette 
fspér^nce   épanouit  tous  les  cœurs. 

Fesoul ,  5  messidor  ,  â  neuf  heures  du  soij-. 

Câpie  d'une  lettr»  rf?»  mnire  dt  In  commune,  de  Vesonl, 
OfU  préfet  du  dé/>aTlement  de  la  HaïUe-Saoue. 
CttCkwen    y»tot  -,  ■■  - 

AKatfivécd"  cQurniaV  «Vrti'a  apporté  la  nouvelle 
de  la  victoire  de  l'armée  d  Italie  ,  le  peuple  s  est 
enthousiasme  comme  aux  pieinjer»  jours  de  ses 
frioniphes  ;  il  g  environné  I.1  maison  du  dépir- 
temcnl  ;  il  ademandé  qi^on  ptoclàmâi  au  rpilieu 
den  mes  et  des  place»  publiriues  la  gloire  de  s.  s 
cnliins.  Nous  avons  cru  c-nlrer  dans' vos  vues, in 
«aii)ie>»nt  «on  impatience  c)  son  allégresse.  Déjà 
l«t  citu):eiis  illuminent  Ici  laçadcsdçlciirs  maisons, 


le  corps  municipal  publiera  aux  flambeaux  le  bul- 
letin de  l'armée.  Un  superbefeu  d'artifice  est  pré- 
paré pour  ce  soir,  et  l'épouse  du  général  Baville 
a  été  invitée  à  y  mettre  le  feu. 

Les  fêtes  sont  toujours  .plus   belles  quand  les 
femmes  veulent  bien  y  prendre  part  et  les  embellir. 
La  joie  publique  est  à  son  comble,  il  ny  manque 
que  notre  préfet. 
Sjlut  et  respect  ,  '     signé  ,  Mailly, 

Pour  copie   conforme  ,  * 
Lepréjet  du  département  de  la  Haute-Saône  ^YE^GifES. 
Le  lecrétaire-général  de  préfecture  ,  Morsol. 

■'  I  

Paris ,    le  II  messidor. 

Ix.  Journal  du  Commerce  rapporte  la  lettre  sui- 
vante .  écrite  de  Vienne  le  28  prairial  ,  c'est-à-dire  , 
deuxjours  avant  celui  où  Ion  calcule  que  la  nou- 
velle de  Maringo  aura  pu  arriver  dans  cette  ville, 

Il  On  fait  ici  de  très-grands  préparatifs  de  dé- 
fense ,  quand  il  est  trop  tard,...  L'entrée  de 
Bonaparte  dans  la  Lomb^rdie  ,  et  ses  progrès, 
ont  fait  la  sensaiipn  la  plus  piofonde  ,  et  les 
esprits  sont  dans  la  plus  vive  agitation.  Le  papi.-r 
est  tombé  de  5  à  8  pour  100.  Le  décourage- 
ment est  à  son  comble  ,  ei  le  trésor  public  est 
à  sec...  Lirapéràirice  ,  que  Ion  accuse  d'avoir 
eu  le  plus  de  pan  aux  désastres  publics  ,  ejt 
tombée  malade.  .  . .  j> 

—  L'institut  national  avait  nommé  des  com- 
missaires pour  répéter  les  expériences  par  les- 
quelles M.  Achard  ,  célèbre  chyraisie  de  Berlin  , 
avait  obtenu  du  sucre  de  le  betterave.  Le  citoyen 
Deyeux ,  l'un  de  ces  commissaires  ,.  a  fait  le 
rapport  des  expériences  sextidi  dernier,  et  il  en 
résulte  ,  dit  le  citoyen  Lalinde  ,  que  l'on  peut 
avoir  effectivement  le  meilleur  sucre  à  l5  décimes 
le  kilogramme  (  i5  sous  la  livre  ). 

—  Le  ciiovenj.  N.Béliard  ,  d'Ajiboone  vdépar- 
ternent  du  Dpubs,  |gé  de  96  ans  ,  vient  d?  se 
marier  pour  la  qijalrieme  fois.  Il  a  éptSusé  Qene- 
vieve  Pourseloi  ,  âgée  de  Qi  ans  ,  et  déjà  veuve 
de  deux  maris.  Us  ont  1  un  et  l^ufre  uns  npm- 
breusç  poslçrilé,  "^ 


Nous  nrons  l'article  suivant  d'un  journal  du 
Havre  qui  nous  a  déjà  fourni  dtux  morceaux  in- 
téressans  sur  le  commerce  du  tdbac.  Les  circons- 
tances actuelles  ,  en  présageant  la  cessation  d  une 
guerre  qui  a  changé  toutes  les  relations  des  peu- 
ples, invitent  les  bous  esprits  à  s  occuper  des 
méditations  de  ce  genre.  Lorsque'  les  victoires 
auront  assuré  le  repos  de  la  république  ,  c'est  aux 
ans  de  la  paix  ,  au  commerce  et  à  1  industrie 
à  créer  sa  pro-spérilé. 

Ce  n'est  pas  assez  d'avenir  le  gouvernement 
qu'il  se  fait  par  la  Belgique  une  fraude  scanda- 
leuse ,  notamment  sur  les  tabacs  en  feuilles  ;  il 
ne  fuffit  pas  non  plus  de  l'inviter  à  peser  d?ns  sa 
ssgesse  si  la  réduction  du  droit  à  20  fr.  ne  vaitt 
pas  mieux  que  les  plus  fones  barrierps  ou  la  Içvée 
d'une  armée  de  commis. 

Il  faut  se  pénétrer  d'une  très-grande  véiiié  ,  c'eat 
que  le  commerce  du  tabac  doit  être  notre  lieu  le 
plus  étroit  avec  les  Etats-Unis  «t  la  Ijranche  laplus 
productive. 

Les  nations  ne  sont  amies  qu'en  raison  de  la 
téciprociié  de  leurs  intérêts  :  elles  ne  s'unissent 
que  sous  deux  points  de  vue  ,  ou  pour  leur  sû- 
reté ,  ou  pour  leur  richesse.  Se  garantir  mutuel- 
lerpent  son  existence  politique  ,  est  une  raison 
d'amitié;  se  procurer,  par  des  échanges  avan- 
tageux ,  les  commodités  de  la  vie  et  les  semences 
de  la  prospérité,  c'est  le  but  de  tous  les  peuples 
commerçans. 

Ainsi  ,  le  pays  qui  procurera  à  la  France  le 
plus  de  débouchés  ,  soii  de  ses  richesses  terri- 
toriales ,  soit  des  produits  de  ses  manufactu- 
res ,  doit  fixer  davantage  les  yeux  de  son  gou- 
nement. 

Ainsi  'e  pays  qui  aura  le  plus  de  maiieres  prer 
mieres  à  échanger  contre  notre  superflu  ,  est  de's- 
iliié  par  la  nature  cl  par  la  politique  à  demeurer 
dans  noire  inlim.ié. 

Il  ne  serait  pas  di(Çcile  de  prouver  que  la 
Fiance  convient  rnifiux  qt^e  l'Angleierfe  aux  rer 
hitjons  coniiuerciales  de  lAniérique  sepleniriot 
nalc.  L'.'Vnglelcrre  n'a  rien  autre  chose  à  offrir 
au»^  améùçains  i^uf  les  jntqiensei  prediiit»  de  «cf 


fabriques.  Quandle  gouvernement  français  pourra 
s'en  occuper  ,  nous  deviendrons  des  coiicurrens 
très-incommodes.  Le  bas  prix  de"  notre  main- 
d'œuvre  nous  donnera  de  la  supériorité.  Mais,  qui 
disconviendra  que  nos  vins  et  nos  eaux-dervie 
sont  des  avantages  exclusifs  en  faveur  de  la 
France  ?  que  les  américains  en  font  une  grande 
consommation  ,  et  qu'il  vaut  mieux  pour  eux  les 
échanger  contre  les  produits  de  leur  sol  que  4e 
les  acquitter  en  numéraire  ?  t 

Si  les  américains  sont  nos  tributaires  pour  les 
vins  et  les  eaux-de-vie  que  nous  leur  fournissons  , 
il  faut  convenir  que  nous  sommes  leurs  ttibtjtaires 
pour  les  tabacs  qu'ils  nous  fournissent.  Pans  les 
tems  de  disettes ,  nous  le  sommes  encore  pour  le» 
grains  qu  ils  nous  envoient. 

Les  tabacs  et  les  grains  sont  donc  les  deux 
grands  objets  d  imporialion  des  Eiats-Unis  ,  et 
c'est  sur  ceux-là  que  nous  devons  reposer  notie 
attention.  Les  autres  objets  peuvent  ,  dans  un 
tems  de  paix  ,  se  balancer  avec  les  produite  de 
notre  industrie  ,  si  lotilefois  la  balance  n  est  pas 
grandement  en  notre  faveur. 

Ne  convient-il  pas  4  1^  F'^'ince  de  se  soustraire 
à  la  dépendance  des  Etats-Unis  pouf  les  grains 
qu'ils  peuvent  lui  fournir  ?        '  '  , 

Convient-il  ,  au  contraire  ,  à  la  France  d'erî- 
courager  la  culture  du  tabac  ,  pour  être  moiss 
tributaire  de  l'Amériq  ue  septeniripnale  ? 

De  I3  solution  de  cette  double  question  ,  doit 
résulter  ,  dans  tout  son  jour  ,  la  proposition  que 
j'ai  établie  ci-Uessus  ,  que  le  tabac  doit  être  ^a 
branche  de  commerce  la  plus  productive  avec  les 
Etals-Unis  ,  et  le  mottt  Je  plus  puissant  de  noire 
union  avec  cette  nalion. 

La  France  passe ,  avec  raison  ,  pour  Je  plus 
beau  pays  de  I  Europe  :  il  est  le  plus  fertile  et 
le  plus  riche  :  sa  population  excède  28.  millions 
dhabitans.  Quoiqu'il'  soit  bien  culiivé  ,  il-  est  en- 
core susceptible  d'amélioration.  L'agriculture  fait 
tous  les  ans  des  progrés  ,  et  il  est  probable, -qu'à 
U  paijc  ,  de  nouveaux  efforts  prépareront  de 
nouveaux  succès.  "    •"  '  ■ 

Le  premier  besoin  d'une  na»ion  ,,  c'est  li'as- 
Surer  sa  subsistance:  c'est  une  folie'  de  la  ,cortl- 
prometire  poux  des  cultures  secondaires.  Le 
peuple  qui  peut  se  nourrir  avec  sa  récolte  ,  est 
un  peuple  heureux  :  il  est  riche  ,  sHl  a  du  su- 
peiûu  pour  le  vendre  aux  autres.  Les  gouver- 
nemens  sages  ont  toujours  été  pénétrés  de  cette 
vérité.  Le  grand  Frédétie  établit  des  grenieis 
d  abondance  dans  tous  les  pays  de  sa  domination. 
On  connaît  limponance  des  magasins  d'Amstef- 
dam  ,  qui,  plus  d'une  fois,  a  vendu  au  poids 
de  I  or  les  grains  dont  les  autres  nations  avaièrit 
UQ  pressant  besoin. 

La  faute  la  plus  grossière  oi!i  ;^uisse  tomber  un 
gouvernement  ,  c'est  de  s'exposer  à  avoir  recours 
aux  autres  ,  car  il  y  trouve  peu  de  ressources  , 
même   en  épuisant   ses  trésors.  ' 

En  effet  „  le  bled  qu'on  cultive  dans  son  pays  , 
quand  la  récolte  est  au  pair  avec  les  besoins  , 
peut  valoir  10  cent.  la  livre  :  quand  onestoblicré 
d  en  tirer  une  partiedel  étranger ,  ondoiis'atiendre 
à  le  payer  au  moins  25  cent.  Quand  la  disette 
en  France  était  exirême  ,  on  p,.yait  180  livres 
de  farine  jusqu'à  i3o  fr.  ;  et  cela  dans  unitems 
fiù   le  (lumcraire  avait  disparu.  ,-    ,. 

Pour  se  former  un  idée  du  peu  dt  ressoiirces 
qu'on  retire  des  nations  agricoles  ,  qui  peuvent 
fournir  aux  autres  leur  superflu  ,  prenons  uii' 
exemple  dans  les  exportations  de  JAméiiiiite 
septentrionale.  Depuis  le  1"  octobre  179^  au 
3o  septembre  1793  ,  ilesl  sorti  de  ce  pays  1,074,639 
barils  de  farine  qui,    multipliés   par   180    livies, 

donnent, ig9,436,b8p 

Et  1,450,575  boisseaux  de  bled 
qui ,  à  60,  livres  le  boisseau  , 
donnent,''"''.'  .   .  ,'J '1  \' .y.   .  '.      S7,o34,5po 

E'hséflibile  ,'  .' .".   .   .  .    28o.469,5?o 

Ainsi,  en  supposant  contre  toute  probabiliié  , 
que  les  américains  n'aient  rien  imparié  dans  les 
colonies  Iraiiçaises  ,  espagnoles  ,  anglaises,  hol- 
landaiats  ,  etc.  ;  qu  ils  n  aient  rien  porté  ni  en 
Ai'gicieire',  ni  en  Espagne;  qu  en  un  mot,  la 
Fidiite  ait  iqcu  seule  les  deux  cent  quatre-vingt 
millions  quatre  ttni  soixante-neuf  mille  cinq  ctn't 
vingt  livres  de  bleds  et  farines  mentionnées  ci- 
desiiu*. ,    il   faut    conclure '4U«    cAito'  quantité , 


IIJS 


distiibuées' aux  vingf-huit  millions  d'habitansde  la 
France  ,  a  pu  toui  au  plus  les  nourrir  pendant 
dix  jours. 

Or  ,  cette  subsistance  pendant  dix  jonrs .  cal- 
culée modérément  à  25  cent,  la  livre  ,  aurait  fait 
sortir  de  la  France  une  somme  de  70,1  i7,38o  fr.  (i) 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrité  'du  g  messidor  ,  an  8. 

Les  consuls  de  la"  tépublli-lue  ,  sur  le  rapport 
du  rainisiiedel  intérieur,  le  conseil-d'état  entendu, 
arrêtent  : 

Art.  ï".  L'arrêté  du  17  nivôse  dernier  est  rap- 
porté ,  en  ce  qu'iL  établit  ,  par  erreur  ,  pour 
chef-lieu  du  département  des  Ardennes ,  le  nom 
de  Charleville. 

IL  La  ville  de  Mézieres ,  qui  était  le  siège  de 
l'administration  centrale  du  département  des  Ar- 
dennes ,  sera  chef-lieu  de  la  préfecture. 

IIL  Le  ministre  de  Tintérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au  bul- 
letin des  lois. 

En   l'absence   du   premier  consul , 

Le  secend   consul,  signé,  Cambacérê.s. 

Par  le  second  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé ,  H.  B.  Maret. 

MINISTERE   DE   LA   GUERRE. 

ARMÉE      DU      RHIN. 

Extrait  d'une  lettre  du  général  Moreau  ,  commandant 
en  chef  l'armée  du.  Rhin  ,  au  ministre  de  la  guerre. 
—  Néresheïm  ,  le  5  messidor  an  8. 

Je  vous  envoie  copie  de  mon  rapport  au  premier 
consul ,  sur  la  bataille  d'Hochstedt.  M.  de  Kray 
quitte  Ulm.  Ce  succès  est  d'une  grande  impor- 
tance ;  mais  il  était  difficile  He  l'obtenir  :  imaginez- 
vous  un  passage  de  rivière  sans  bateaux  ,  sans 
équipage  de  pont ,  enfin  ,  rien  que  des  nageurs 
et  du  courage.  St'gné,  Moreau. 

Pour  extrait  conforme  ,  Signé ,  Carnot. 

Copie  d'une  lettre  adressée  au  premier  consul  de  la 

république  ,  par  le  général  Moreau  ,  commandant 
fc    en  chef  l'armée  du  Rhin.  —  Au  quartier-général  de 

Dillingen  ,  te  3  messidor  an  8. 

Enïin  ,  citoyen  consul  ,  nous  forcerons  M.  de 
Kray  à  quitter  Ulm  ,  son  appui.  Un  succès  bien 
prononcé  vient  de  nous  donner  le  double  avan- 
tage de  décider  à-peu-près  du  sort  de  l'Alle- 
magne ,.  et  de  venger  l'honneur  français  d'une 
défaite  du  commencement  de  ce  siècle.  J'espère 
qu'il  aura  quelqu'influence  dans  les  négociations 
que  vos  victoires  dltalie  vont  occasionner. 

Voyant  que  l'armée  autrichienne  tenait  à  son 
camp  d'Ulm  ,  qui  lui  donnait  la  facilité  de  dé- 
boucher sur  les  deux  rives  du  Danube  ,  et  nous 
empêchait  par  conséquent  de  faire  aucun  progrès 
de  quelque  conséquence  en  Allemagne  ,  n'ayant 
pas,  voulu  livrer  de  bataille  à  Blaubeuren  ,  crai- 
gnant qu'il  ne  profilât  de  mon  mouvement  pour  se 
porter  sur  Meramingen  ,  se  lier  au  Tyrol  et  faire 
descendre  en  Italie  un  corps  qui  vous  aurait  beau- 
coup gêné  ,  je  me  décidai  à  faire  manœuvrer  le 
générai  Lecourbe  sur  le  Lech  ,  espérant  par-là 
forcer  M.  de  Kray  avenir  couvrir  la  Bavière, 
mais  il  manœuvra  sur  nos  derrières;  la  bataille 
du  16,  qu'il  perdit,  le  força  à  repasser  le  Danube. 

Je  projetai  alors  de  passer  ce  fleuve  au-dessous 
d  Ulm  ,  de  le  séparer  par-là  dé  ses  magasins  de 
Donawert  cl  de  Ratisbonne  ,  et  de  le  forcer  ainsi 
à  s'en  aller  ou  à  combattre. 

Ce  mouvement  était  dangereux  et  difficile  , 
nous  n'avions  ni  équipages  de  pont ,  ni  bateaux 
de  débaïquement.  L'ennemi  avait  détruit  tous  les 
ponts  et  coulé  toutes  les  embarcations. 

J'ai  renforcé  le  corps  du  général  Lecourbe  de 
cinq  bataillons  et  de  cinq  régimens  de  cavalerie  , 


(ijL'aui'.itir  dit  une  grande  vérité,  quand  il  assure 
fju  une  nation  agricole  ne  doit  point  faire  reposer 
sa  subsistance  sur  les  chances  du  commerce  ,  mais 
il  exagère  peut-être  un  raisonnement  dont  ArthuT- 
Young  semble  aussi  avoir  un  peu  abusé  dans  la 
critique,  assez  justevdaiHeurs,  qu'il  fait  des  impor- 
laiious  de  M.  Necker.  La  nourriture  de  dix  jours 
pour  s8. 000.000  d  homines  ne  pourrait  être  re- 
gardée comme  indifférente  .  que  parce  qu'il  est 
difficile  qu'un  déficit  posjlif^oit  prééiséraent  dans 
cette  proportiori.  Mais  ce  qui  ne  suffirait  que, dix 
jours  à  la  aaiion  entière  ,  suffira  vingt  jours  à  la 
moitié  ,  et  peut  suffire  pendant  trois  mois  au  hui- 
tième de'  ta  populàtionl  Or  ,  les  besoins  ne  se 
lésant  point  ordinaireiuenl  sentir  simultanément 
ïuv  tous  les  points  du  territoire , il  est  évident  que 
des  secours  aussi  considérables,  fourni»  à  propos 
dans  les  lieux  menacés  de  disette  ,  maintiennent 
labondjuce  dans  ceux  qui  sont  pourvus  Ces 
importations  subites  et  considérables  formeraient 
jan»  doute  un  mauvais. système  d'approvisionne- 
jnenl.  Ce  n'est  pas  un  régime  qu'il  faille  adopter  , 
mais  c  est  un  remède  dont  lusage  ,  en  certains 
cai  ,  peut  êtt«  néceeisaire.     .■    j  B 


et  je   le   c}i3r2;eai  de   s'emparer  d'un  des   ponts  ]  pagne  .  Laval  ,  Schiner  et  Pulod.   Les  corps    de 
sur  le  Danube",   depuis  Dillingen  jusqu'à  Dona      cavalerie  que  je  viens  de  citer ,  diriges  par  les  ge- 

'  néraux  d'Hautpoult  et  Dcvigne  ,  ont  fait  des  pro- 
diges de  valeur.  La  conduite  des  nageurs  com- 
mandés par  le  citoyen  Degrometri  ,  adjudunt  de 
la  94'  demi-brigade,  est  un  fait  d'intrépidité  dont 


Ce  général  a  exf'culé  ce  mouvement  avec  une 
audace  digne  des  plus  grands  éloges.  Après  s'être 
assuré  des  postes  de  Landberg  et  d'Augsbourg  ,  et 
y  avoir  laissé  les  troupes  nécessaires  pour  assurer 
ses  derrières  contre  le  corps  du  prince  de  Reuss, 
stationné  dans  le  Tyrol ,  et  que  les  généraux  Nan- 
souti  et  Molltor  ont  battu  chaque  fois  qu'il  a 
voulu  déboucher,  il  s'approcha  de  Dillingen  ,  de 
Blindheim  et  dHochstedt. 

J'avais  porté  le  corps  du  général  Grenier  ,  la 
droite  au  Danube  ,  à  Guntzbourg  ,  ei  la  gauche 
à  KisendorfF.  Le  général  Richepanse,  placé  sur 
les  deux  rives  de  1  Hier  ,  couvrait  la  route  d'Ulm 
à  Memmingen  ,  et  protégeait  nos  communications 
avec  I  HeJyétie  ,  très  -  ir^quiétées  par  les  partis 
ennemis. 

Les  trois  divisions  de  réserve  âmes  ordres, 
étaient  entre  la  Kamlac  et  la  Mindel  ,  destinées  à 
soutenir  l'attaque  du  général  Lecourbe ,  au  cas 
qu'elle  réussît,  et  celle  que  le  général  Grenier 
devait  faire  sur  Guntzbourg  ,  si  la  première 
manquait.  1 

L'armée  se  trouvait  ainsi  placée  le  29  prairial. 
Après  plusieurs  combats,  où  l'on  força  l'ennemi 
à  se  replier  sur  Ulm ,  le  général  Lecourbe  fit  ce 
jour  des  démonstrations  sur  le  pont  de  Dillingen, 
et .  d'après  le  rapport  de  ses  reconnaissances  ,  se 
détermina  à  entreprendre  sérieusement  le  len- 
demain sur  ceux  de  Geinshines  ,  Blindheim  et 
Hochsiedt. 

Quaite-vingt  nageurs  nuds  ,  armés  de  fusils  et 
de  gibernes  qu'on  avait  fait  passer  à  leur  suite 
dans  deux  irès-petites  nacelles  ,  s'emparèrent  des 
villages  de  Grensheim  et  Blindheim  ,  prirent  des 
pièces  qu'on  fit  servir  par  des  canonniers  qui 
avaient  passé  sur  des  échelles  qu'on  avait  placées 
sur  la  coupure  du  pont ,  et  tous  se  maintin- 
rent avec  un  courage  extraordinaire ,  pendant 
que  des  sapeurs  et  des  pontonniers  travaillaient 
sous  le  feu  de  l'ennemi ,  avec  une  valeur  égale  a 
leur  activité,  à  rè^jarer  les  ponts  sur  lesquels  on 
fesait  passer  des  secours  pour  s'opposer  aux 
renforts  que  l'eftnemi  dirigeait  sur  les  points  où 
ils  ne  pouvaient  plus  douter  de  l'objet  de  l'at- 
taque. 

La  94=  demi-brigade  passa  après  les  nageurs  , 
tint  avec  courage  les  villages  de  Grensheim  et 
Blindheim  ,  Langenau  et  Schavingen  ,  où  le 
général  Marigni  fiit  très-légerement  blessé.  Mais 
cette  demi-brigade  eût  eu  beaucoup  de  peine  à 
se  S9Utçnirdans.ce;s  villages,  malgré  laplus  grande 
Valeur,  sans  une  charge  extrêmement  vigoureuse 
de  deux  escadrons  du  i*'  régiment  de  cara- 
biniers .  dirigée  par  le  citoyen  Grimblot.  Ils  ve- 
naient dépasser  un  à  un  sur  le  pont  de  Grens- 
heim. Un  pel&ioti  du  8'  de  hussards,  de  l'es- 
corte du  général  Lecourbe,  était  joint  à  eux.  Ils 
culbutent  un  corps  de  cavalerie  ennemi  trois 
fois  plus  nombreux ,  prennent  six  pièces  de 
canon,  25o  chevaux  et  plusieurs  drapeaux; 
4  pièces  d'artillerie  qui  arrivaient  de  renfort  , 
sont  également  enlevées.  Tout  le  corps  qui 
venait  de  Donawett  fut  presque  détruit.  La 
brigade  du  général  Laval  se  mit  à  sa  poursuite. 
Il  restait  à  faire  front  au  corps  qui  venait 
d'Hocstedt,  Dillingen  et  Lavingen.  Après  plu- 
sieurs charges  où  les  carabiniers  ,  les  cuirassiers  , 
les  9"^  et  6'  de  cavalerie  et  le  9'  de  hussards  se 
distinguèrent ,  on  prit  encore  environ  deux  mille 
hommes  ,  des  canons  et  des  drapeaux.  Les  forces 
ennemies  s'étaient  considérablement  augmentées. 
Les  troupes  d'Ulm  commençaient  à  arriver  ;  mais 
les  ponts  de  Dillingen  et  Lavingen  rétablis  ,  per- 
mirent aux  divisions  Decaen  et  Grandjean  ,  de 
joindre  avec  leur  cavalerie  ,  et  de  concourir  à 
une  dernière  charge  d'enviroik4000  chevaux,  qui' 
culbutèrent  l'ennemi  au  -  delà  de  la  Drenz  ,  et 
nous  rendit  maîtres  de  la  position  de  Gundel- 
fingen. 

Les  6'  de  chasseurs  ,  i3«  de  cavalerie  ,  4°  de 
hussards  et  11'  de  chasseurs  se  distinguèrent  dans 
cette  affaire.  Le  reste  de  ces  divisions  et  celle  du 
général  Leclerc  passèrent  rapidement  le  Danube, 
et  se  formèrent  ,  eri  arrivant,  de  manière  à  pou- 
voir repousser  les  efforts  que  nous  présumions 
que  l'ennemi  ferait  le  lendemain.  Le  général 
Grenier  s'était  également  préparé  à  passer  le  Da- 
nube à  Guntzbourg  ;  mais  l'ennemi  ,  qui  avait 
précédemment  coupé- des  arches  du  pont  ,  avait 
garni  la  partie  qui  restait  de  son  côté  de  paille, 
goudron  et  autres-matières  combustibles  qui  de- 
vaient le  consumer  iors  de  notre  attaque.  Ce  qu'ils 
ne  manquèrent  pas  d'exécuter  ,  lorsqu'ils  virent 
les  nageurs  se  jeter  à  l'eau.  Quelques-uns  de  ces 
derniers  eurent  même  la  témérité  de  vouloir  aller 
éteindre  cet  embrasement  sous  le  feu  de  l'en- 
nemi ;  mais  cela  était  impossible.  Le  lendemain  , 
le  corps  du  général  Grenier  s'est  porté  sur  La- 
vingen. Le  général  Richepanse  s'est  préparé  à  in- 
vestir Ulra  ,'  dès  que  l'armée  ennemie  l'abandon- 
nerait ,  avec  une  simple  garnison. 

Ces  combats  se  sont  livrés  sur  le  trop  fameux 
théâtre  d'Hochstedt  ;  le  général  Lecourbe  ,  qui 
montra  dans  cette  occasion  une  audace  et  des 
talens  extraordinaires  ,  a  été  parfaitement  secondé 
pat  les   généraux   Gudin  ,  Montrichard  ,    Des- 


il  existe  peu  d  exemples.  Les  citoyens  Caban  et 
Gjlbori  dirigeaient  les  armes  de  l'artillerie  et  du 
génie  ,  avec  infiniment  d'intelligence  et  de  bra- 
nvoure. 

Le  chef  de  l'état-major  va  vous  faire  un  rap- 
port plus  détaillé  de  cette  affaire.  Il  nommera 
tous  ceux  auxquels  j'ai  donné  de  l'avancement  et 
des  fusils  d'honneur.  Je  vous  enverrai  les  dra- 
peaux par  le  citoyen  "Vadelay  ,  aide-de-camp  du 
général  Lecourbe  .  qui  s'est  distingué  ,  et  par  le 
commandant  des  nageurs.  La  10'  légère  ,  la  3;*  , 
le  premier  bataillon  de  la  46°  ,  et  le  premier  de 
la  5;'  ,  ainsi  que  de  la  84*  ;  enfin  ,  tout  ce  qui 
a  combattu  dans  cette  journée  a  donné  les  preuves 
les  plus  réitérées  d'intrépidité. 

La  perle  de  l'ennemi  ,  sans  compter  les  tués  ou 
blessés ,  est  d'environ  5,oocl  prisonniers ,  20  pièces 
de  canon  et  5  drapeaux. 

Le  lendemain,  le  6'  régiment  de  chasseurs  a 
pris  un  convoi  de  380  voitures  chargées  de  grain. 
M.  de  Kray  vient  de  quitter  Ulm  ,  et  marche  ,  dii- 
on ,  pour  nous  combattre.  Nous  comptons  lui 
éviter  la  moitié  du  chemin. 

Signé,  Moeeau. 

Pour  copie  conforme , 

Le  ministre  delà  guerre,  signé,  Carnot. 


DÉPÊCHE  TÉLÉGRAPHirjUE  du   10  mcssidor  ,   ligne 

deStrasboug;    d'Huningue. 
Le  chef  de    l'état  -  major  de  l'armée  du  Rhin  ,  au 

ministre  de  la  guerre. 

L'armée  continue  de  vaincre.  L'ennemi  a  été 
forcé  de  se  retirer  de  devant  Ulm. 


ARMEE    D'ITALIE. 
Gopie  d'une  lettre  adressée  au  ministre  de  la  guerre 

par  lé  général  en  chef  Massena.    — -  Au  quartier- 

général  de  Finale  ,  /«  27  prairial  an  8  de  la  répu- 

bliquefranqaise. 

Citoyen  ministre  ,  les  opérations  militaires  m'ont 
tellement  pressé  ;  que  je  n'ai  pu  achever  le  rapport 
des  événemens  qui  se  sont  passés  depuis  la  re- 
prise des  hostilités,  soit  à  l'aîle  droite  pendant  le 
blocus  de  Gènes,  soit  dans  le  reste  de  1  armée. 

En  attendant  ,  j'ai  pensé  devoir  vous  faire 
porter  les  drapeaux  enlevés  à  l'ennemi  ;  huit  ont 
été  pris  par  l'aîle  droite,  et  six  par  le  centre.  Ces 
drapeaux  seront  un  monument  durable  de  l'in- 
trépidité et  du  dévouement  de  cette  brave  armée ., 
qui,  au  prix  des  plus  grands  efforts,  a  préparé 
les  derniers  événemens  qui  opèrent  la  délivrance 
de  1  Italie.  Quelle  masse  d'éloges  ne  dois-je  pas  à 
tous  les  militaires  dont  j'ai  partagé  les  dangers 
et  les  travaux  !  Je  recueille  avec  soin  tous  les  traits 
intéressans  de  cette  courte  et  étonnante  campagne , 
pour  rendre  à  chacun  ce  qui  lui  appartient  de 
gloire.  Ces  traits  doivent  être  connus  de  nos 
contemporains  ,  comme  ils  occuperont  une 
place  honorable  dans  l'histoire  des  campagnes 
de  la  liberté. 

Je  charge  le  citoyen  Banhe  ,  mon  aide-de- 
carap  ,  de  vous  porter  ces  drapeaux.  Veuillez 
citoyen  minbire  ,  accueillir  avec  intérêt  cet 
officier  dont  la  conduite  a  été  très-distinguée, 
et  qui  a  été  blessé  sous  mes  yeu:^  dans  une 
de  nos  afiFaires. 

Salut  et  fraternité  , 

Signé  ,  Massena. 

Pour  copie  conforme. 

Le  ministre  de  la  guerre ,  signé ,  Carnot. 


PREFECTURE     DE    POLICE. 

Le  préfet  de  police  a  fait  arrêter  hier  décadi ,  an 
faubourg  Martin  ,  plusieurs  fabricateurs  de  fausse 
monnais  de  cuivre.  On  a  saisi  en  même-tems  tous 
les  ustenciles  et  matières  trouvés  dans  deux  atie- 
liers  diffèrens  où  se  fabriquait  cette  fausse  mon- 
naie :  ce  qui  fait  six  fabriques  de  fausse  monnaie 
de  cuivre  que  le  préfet  de  police  a  fait  saisir  dans 
la  même  décade. 

Il  vient  aussi  de  faire  saisir  sept  faux  poinçons 
pour  les  matières  d'or  et  d'argent,  ainsi  que  le 
graveur,  chez  lequel  ils  ont  été  trouvés  ,  et  une 
quantité  de  bijoux  et  d'argenterie  déjà  marqués'' 
aux  faux  poinçons ,  et  d'autres  qu'on  y  apportait , 
au  moment  de  cette  opération  ,  pour  être  poin- 
çonné.';.   

SENAT -CONSERVATEUR. 

Discours  prononcé  dans  la  séance  extraordinaire  du 
4  messidor  an  8  ,  par  le  citoyen  Garât .  après  la 
lecture  des  relations  qfficielles  de  la  bataille  de 
Maringo. 

Citoyens  sénateurs  , 
Lorsque ,  par    l'organe    de    deux    conseillers- 
d'état  ,  il   y   a  peu  de  mois  encore  ,  le  gouver- 
nement vous  donnait  communication  de  ses  ten- 


\i3g 


l^tives  réitérées  pour  rendre  la  paix  à  h  France 
et  auMonde  ^  et  toujours  repoussées  avec  hauteur 
et  avec  insulte  par  les  ennemis  de  la  républitjuc; 
des  préparatifs  du  premier  consul  pour  obtenir  , 
par  la  force  des  armes  ,  ce  qu'on  refusnit  à  sa 
justice  et  à  sa  modération;  de  sa  délerminatiou 
d'aller  semetire  à  la  tête  des  armées  après  les  avoir 
organisées  ;  le  sénai  de  la  république  ne  crut  point 
devoir  renfermer  l'expression  de  ses  seniimens 
dans  le  secret  ordinaire  de  ses  séances.  Vous 
unîtes  publiquement  vos  vœux  aux  vœux  univer- 
sels de  la  nation-,  et  ces  vœux  ,  dans  lesquels  vous 
ne  sépariez  pas  ie  bonheur  de  l'Europe  de  celui 
de  la  France  ,  appelaient  ou  une  paix  obtenue, 
sans  combats  ^  ou  la  paix  commandée  par  la 
victoire. 

Le  succès  du  premier  de  ces  vœux  ,  dicté  par  le 
seul  sentiment  de  l'humanité  ,  vous  eût  éé  le  plus 
doux  ,  sans  doute;  nos  ennemis  nous  ont  réduits 
à  1  accomplissement  du  second  ;  et  c'est  du  milieu 
des  trophées  de  nouvelles  victoires  que  la  France 
va  donner  à  l'Europe  le  bienfait  de  la  paix. 

Les  peuples  de  1  Europe,  entourés  de  ruines, 
déchirés  et  ensanglantés  par  une  si  longue  guerre  , 
ont  trop  à  accuser  les  puissances  qui  ont  voulu 
qu'elle  durât  encore  ;  peut-être  ,  citoyens  séna- 
tetirs  ,  \es  générations  qui  vont  nous  suivre  ,  et 
nous-mêmes  avant  de  descendre  de  cette  scène 
de  la  vie  que  nous  sommes  au  moment  de  leur 
céder  ,  peut-être  nous-mêmes  reconnaîtrons-nous 
que  ,  pour  être  tout  ce  qu'il  faut  qu'elle  soit  ,  la 
république  avait  besoin  de  Vaincre  encore  ses 
ennemis  avant  de  les  désarmer;  tt  que  sa  géné- 
rosité exposait  trop  son  existence  en  déposant  ses 
armes  ,  dans  un  moment  oti  leur  gloire  paraissait 
afiaiblie  ,  où  l'ascendant  de  son  génie  paraissait 
plus  que  balancé  par  des  gouvernemens  qui 
ont  une  autre  origine  et  d'autres  maximes. 

Il  ne  faut  pas  nous  le  dissimuler;  de  long-tems 
encore  lEurope  ne  sera  assez  éclairée  pour  re- 
connaître la  vérité  et  la  certitude  de  nos  prin- 
cipes au  milieu  de  l'incertitude  de  nos  succès  ; 
Jong-tems  encore  les  événemens  et  leurs  résultats 
seront  la  seule  logique  des  nations;  et  on  ne 
croira  à  notre  sagesse  que  lorsque  sans  cesse  on 
en  verra  sortir  notre  grandeur  et  notre  bonheur. 
.Oui  ,  cet  éclat  des  victoires  ,  cette  gloire  des 
héros  ,  qui  ont  toujours  coûté  si  ther  à  la  terre  . 
j'oserai  le  dire  au  milieu  de  ce  sénat  vénérable  . 
ils  étaient  nécessaires  à  la  préparation  et  à  l'ac- 
complissement des  prospérités  d'une  république 
qui  ressemble  si  peu  à  tout  le  reste  de  lEurope. 
Attaquée  de  toutes  parts  dans  sa  naissance  ,  il 
était  nécessaire  que  ,  dans  sa  naissance  même  . 
elle  parût  supérieure  à  tout,  pour  cire  ensuite 
toujours  ,  sans  danger  ,  le  modèle  de  la  modé- 
ration ,  la  protectrice  puissante  et  tranquille  de 
l'égalité  des  nations  et  de  leur  repos. 

C'est  à  ces  caractères  que  le  sénat  -  conserva- 
teur de  la  république  reconnaît  la  paix  qu'il 
désire  pour  elle  ;  ce  sont  les  acaiAetes  qui  dis- 
tinguent la  paix  que  nous  appelons  tous  dans 
cette  enceinte  ,  de  celte  paix  si  incessamment 
et  si  bruyamment  demandée,  au  milieu  même  de 
la  république  ,  par  ceux  qui  n'ont  jamais  voté  que 
pour  son  déshonneur  et  pour  sa  ruine. 

Et  combien  ils  sont  multipliés  ,  combien  ils 
lont  éclalans  ces  nouveaux  titres  de  gloire  ,  ces 
gages  nouveaux  d'une  existence  éternelle  que 
la  république  reçoit  at^jourd  hui  de  ses  armées  ! 
Dans  celle  Italie  condamnée  à  tous  les  ravages 
par  tous  les  genres  de  fécondité  ,  qui  seinble 
fermée  par  ses  mets  et  par  ses  montagnes  à  t«ouies 
les  nations  étrangères  à  son  sol  ,  et  qui  fut  , 
dans  tous  les  siècles  ,  comme  le  champ  -  clos 
oti  toutes  les  nations  se  sont  rendues  pour 
se  disputer  l'empire  de  lu  terre  et  l'empire  de  la 
gloire  ,  Bonaparte  et  son  armée  avaient  naguère  , 
en  moins  de  deux  ans  ,  effacé  la  gloire  de  tous 
les  vainqueurs  couronnés  par  la  fortune  sur 
cet  éternel  théâtre  des  combats  :  aujourd'hui 
ils  viennent  de  surpasser  en  un  mois  ce  qu  ils 
avaient  fait  alors  en  deux  ans.  Avoir  franchi  une 
»eule  montagne  de  la  chaîne  des  Alpes  fut  pour 
Annibal  et  pour  d'autres  héros  un  succès  célébré 
par  toutes  les  histoires  :  Bonaparte  en  fait  fran- 
chir trois  à  la-fois  à  son  armée  ;  lui-même  il  se 
précipite  du  sommet  des  neiges  et  des  glaces  ,  il 
«avance  au  milieu  de  cette  Italie  hérissée  de 
places  fortes  de  nos  ennemis  ,  où  toutes  les  re- 
traites lui  manquent  s'il  ne  remporte-  pas  toutes 
les  victoires  ;  il  rencontre  ces  phalanges  et  ces 
cavaleries  de  lAiitriche  ,  rendues  si  difficiles  à 
vaincre  par  une  année  de  triomphes;  et  dans  une 
seule  bataille  où  il  multiplie  et  presse  tous  les 
genres  de  combats,  où  la  fortune  i  comme  si 
elle  craignait  de  prononcer  en  un  jour  sur  les  des- 
tinées de  tant  de  siècles  et  de  tant  de  peuples  ,  fait 
passer  tour-à-iour  tous  les  revers  et  tous  les  succès 
dans  l'une  et  l'autre  armée  ,  par  une  .seule  vic- 
toire ,  il  fait  tomber  sept  à  huit  grandes  places 
fones  ,  il  détruit  jusqu'aux  dernières  espérances 
d'une  armée  puissante  par  le  nombre,  par  le  cou- 
rage et  par  la  science  ,  il  décide  à-lalois  le  sort 
de  la  France  ,  de  l'Autriche  et  de  l'Italie.  Ces 
prodiges  si  réels  ébranlent  tellement  l'imagination  , 
que  .  malgré  la  sévérité  de  l'histoire  à  latjuelle  ils 
appartiennent  à  jamais  ,  l'histoire  elle-même  ne 


ponrra  les  comparer  qu'à  ces  fictions  sublimes  de  i 
la  poésie,  dans  lesquelles  on  voit  les  dieux  d  Ho- 
mère  volant   des    sommets    de   l'Olympe  ou   de  ' 
1  Ida  sur  les  chaniiis  de  bataille  ,  et  terminant  des 
combats  long-tems  indécis  par  des  forces  qui  ne 
sont  pas  humaines. 

Tout  ce  qui  combat  à  côté  de  Bonaparte  fait 
éclater  sous  ses  yeux  cette  supéiiorité  de  cou- 
rage et  de  génie  que  la  liberté  seule  et  les  lé- 
publiques  donnent  aux  soldats  qui  combattent 
pour  elles  ;  et  parmi  les  noms  que  le  premier 
consul  présente  aux  mentions  de  la  gloire  et 
au  contenienienl  du  ])euple  français  ,  le  sénat  a 
distingué  avec  un  aitendiisscment  particulier  le 
nom  du  jeune  guerrier  dont  le  père,  qui  siège 
aujourd  hui  avec  nous  , conduisit  souvent  les  pre- 
mières armées  de  la  té|niblique  à  la  victoire  (l). 
Mais  de  toutes  les  circonstances  de  cette  bataille 
de  Maringo  sort  une  vérité  que  la  répdt^lique 
aime  à  recueillir;  c'est  que  c'est  à  son  premier 
consul  qu'elle  doit  son  triomphe:  elle  reconnaît 
Bonaparte  dans  cette  invincible  constance  qui 
ôte  à  la  fortune  tous  ses  iïtisards  ,  parce  qu'elle 
ne  cède  à  aucun  de  ses  revers;  dans  ce  coup- 
d  œil  qui  ,  au  milieu  du  fracas  ,  du  désordre  et 
de  la  confusion  de  tant  d'èbranlenlens  ,  saisit 
dans  les  mouvemens  de  son  ennemi ,  la  première 
faute  qui  doit  être  la  cause  et  le  moment  de  sa 
catastrophe. 

La  république  française  ,  citoyens  sénateurs  , 
et  vous  qui  êtes  ses  premiers  organes  ,  puisque 
vous  êtes  les  garans  de  son  existence  ,  vous 
ne  craindrez  jamais  de  prodiguer  trop  d'admi- 
ration  à   des  faits  qu'on  ne   sait    pas     apprécier 


l52  millions  en  denrées  de  nos  colonies.  Ce."  der- 
nières qui  ont  toujours  fait  la  base  de  notre  com- 
merce au  Levant  ,  réunies  à  nos  fabriques  du 
Languedoc  ,  nous  en  procuraient  un  dans  lesétals 
du  grand-seigneur  ,  qui  dépassait  :5  millions  en 
exportation,  sur  quoi  ts  millions  en  denrées  colo- 
niales,eigmillions  en  drans,  étofTes  et  bonneterie; 
enhn  ,  des  hommes  liès-exercés  dans  ces  matières  , 
ont  constaté  qu'alors  les  fabriques  françaises  don- 
naient un  produit  annuel  de  'j'H  millions  en  seuls 
bénéfices  de  la  main-d  œuvre. 

On  ne  saurait  donc  révoquer  en  doute  l.=s  heu- 
reuses influences  d'une  adininistrationéclaitée  ,  sur 
la  prospéfiié  du  commerce  d  un  aussi  {;,rand 
empire  (jue  la  France. 

Des  divers  élémens  qui  composaient  celle  que 
l'as-iemblce  constituante  supprima  peut-être  avec 
trop  de  lcgért;ié  ,  il  en  est  d'incompatibles  avec 
le  régime  de  liberté  et  de  douceur  sous  lequel 
nous  ententlons  vivre  désormais  ;  il  en  est  d  autres 
qu  il  l;iut  s'empresser  de  rassembler  et  d  orga- 
niser, alin  de  piévfinir  une  désuétude  trop  long-' 
tems  piolongce  des  règles  dont  on  a  fait  une  si 
heureuse   exuérience. 

Déjà  de  bons  esprits  ,  plus  touchés  de  l'intérêt 
de  leurpalrie  que  d'une  popularité  mensongère , 
ont  propose  le  rétablissement  de  l'apprentissage 
et  de  l'exhibition-  du  chef-d'œnvre  ,  comme  con- 
dition indispensable  à  1  exercice  public  d'une  pro- 
fession manufacturière  ou  industrielle. 

On  peut  ajouter  que  .  peur  donner  de  l'ensem- 
ble et  de  la  tenue  à  la  police  des  artisans,  ou- 
vriers .  fabricans  ,  il  y  aurait  peut-être  une  uiilité 
publique  à  autoriser,  non  les  jurandes,  non  les 


orsqu'on  ne  sait  pas  les  sentir  avec  enthousiasme,  I  corporations  aux  termes  des  anciens  réglemens  , 


et  les  reconnaître  avec  amour  ! 

Vous  ne  craindrez  pas  pour  la  liberté  de  la 
nation  une  gloire  décernée  .  par  sa  justice  et 
par  la  vôtre.  Votre  admiration  et  votre  recon- 
naissance réfléchies  ajouterontencpre  .  s'il  est 
possible  ,  aux  acclamations  de  la  France.  Dans 
ce  nouvel  éclat  acquis  par  le  héros  a  qUi  la  cons- 
titution a  confié  une  si  grande  partie  des  pou- 
voirs publics,  votis  voyez  avec  joie  de  nou- 
veaux motifs  de  vous  confier  à  votre  tour  en 
son  respect  pour  elle.  Les  âmes  communes  qui 
n'ont  que  du  pouvoir,  ne  peuvent  aimer  que 
le  pouvoir  ;  et  elles  n'en  ont  jamais  assez  :  mais 
la  gloire  est  la  passion  presque  exclusive  des 
âmes  supérieures  qui  ont  senti  ses  jouissances  : 
elle  a  aujourd  hui  dans  toute  lEurope  des  juges 
qui  sont  sévères  ,  parce  qu'ils  sont  des  amis 
éclairés  ;  la  gloire  s'entoure  elle-même  de  bornes, 
pour  se  séparer  de  tout  ce  qui  ti'est  pas  pur  et 
grand  Comme   elle.  '  .    ' 

Cette  joie  que  nous  rcssentotis,  citoyens  sé- 
nateurs, et  que  nous  donnent -nos  soldats  et 
nos  héros  ,  combien  elle  serait  donc  sans  bornes 
et  sans  mélange  i  si  ceitejournée  à  jamais  immor- 
telle de  Maringo  n  avait  été  le  dernier  jour  pour 
tant  de  braves,  tt  pour  I  un  des  héros  dont  le  nom 
est  le  plus  souvent  associé  aux  noms  de  nos  vic- 
toires ;  Et  il  craint  de  n'avoir  pas  assez  fait  pour 
vivre  dans  la  postérité  !  C'est  le  seul  regret  de 
Desaix  en  fermant  les  yeux  '  c'est  le  dernier  mot 
de  sa  bouche  en  rnourani  pour  sa  patrie  .'  Ah  !  ta 
patrie  en  deuil,  au  milieu  même  d'un  triomphe  , 
atteste  assez  tout  ce  que  lu  as  fait  pour  elle.  Fa  patrie 
qui  n'a  pas  besoin  de  faire  recueillir  les  beaux  faits 
d'armes_,  tous  présens  à  sa  mémoire  ,  les  fera  tous 
redire  à  la  postérité  ;  elle  lui  fera  redire  que  tu  as 
toujours  honoré  la  hberté  par-lout  cù  tu  as 
combattu  pour  elle  ,  et  que  tu  né  l'as  jamais 
souillée  où  elle  a  triomphé;  elle  lui  fera  redire 
que  ta  probité  était  toujours  citée  à  côté  de  les 
exploits.  Non  ,  ce  ne  sont  point  les  peuples 
.libres  qui  laissent  éff'acer  sous  la  main  du  tems 
les  noms  de  leurs  défenseurs  !  ta  gloire  ne  pour- 
rait périr  qu'avec  la  république ,  et  1  une  et  I  autre 
sont  impérissables.  ' 

Je  demande  que  le  sénat  ,  dans  un  message  aux 
consuls  ,  mêle  l'expression  publique  de  sa  sâlis- 
faciion  à  la  satisfaction  du  peuple  français. 


De  [administration  du  commerce. 

CE  n'est  point  rétrograder  que  de  se  rapprocher 
des  limites  que  Ion  n  aurait  jamai.i  dû  franchir, 
disait  le  président  du  directoire  à  la  fête  du  g 
ihct^midor  en  1  an  5  ;  vérité  qui  peut  également 
s'appliquer  feiu  coi^triiercé  comme  aux  principes 
du  gouvernement  en  général,  auxquels  le  citoyen 
Carnoi  fesait  allusion  alors. 

En  effet ,  si  l'on  se  rapporte  au  tems  où  le  com^ 
merce  était  soumis  dans  sa  marche  à  des  règles 
fixes  d'administration  ,  on  reconnaîtra  que  bien 
loin  d'avoir  langui  à  cette  époque  sous  les  entraves 
d'un  régime  destructif,  il  était  parvenu  à  un  dç- 
gié  de  prospérité,  qui  excita  plus  d'une  l'ois  ia 
jalousie  de  nos  rjvaux. 

,  C'est  sur-tout  à  l'époqu!  de  1788  qu'on  doit  le 
considérer  pour  en  avoir  une  juste  idée.  Alor^ 
nos  exportations  en  Europe  ,  s'élevaient  à  une 
somme  déterminée  de  454  millions  ,  sur  lesquels 


mais  l'association  des  patentes  d'une  mêtne  pro- 
fession ,  pour  aviser .  sous  l'autorité  municipale  , 
à  la  discipline  inférieure  et  aux  intérêts  particu- 
liers des  membres  de-  l'association. 

Deux  hommes  connus  par  des  talens  adminis- 
tratifs en  matière  d'industrie  manufacturière  .  le 
citoyen  Chapial  ,  conséiller-d'éiat  ,  et  le  citoyen 
Bosc  ,  membre  du  iribunat .  ont  répaiidu  sur  cette 
question  des  lainières  que  l'on  peut  utilement  con- 
sulter ,   et  auxquelles  nous  renvoyons    (1). 

L'un  et  l'autre  font  avec  raison  ,  de  la  perfec- 
tion de  l'industrie  individuelle,  la  base  des  pro- 
grès et  de  la  perfection  des  fabriques;  et,  de 
relles-cj,la  base  du  commerce  et  de  nos  béné- 
fices avec  l'étranger.  Mais  il  ne  suffit  pas  sans 
doute  au  maintien  de  la  bonne  confection  des 
marchandises  et  de  leur  débit  dans  les  marchés, 
que  l'ouvrier  soit  instruit,  il  faut  encore  qu  il 
ait  des  règles  positives  d'après  lesquelles  il  se 
dirige  pour  la  qualité  des  matières  et  leur  pro- 
portion respective.  C  était  au  moins  Ja  pensée  de 
CoJbert.  .  .  ,, 

Ce  grand  ministre  voulant,  en  conformité  de 
ce  principe  ,  donner  au  commerce  des  étoffes  de' 
laine  en  particulier  toute  l'étendue,  dont  1.  était 
susceptible  ,  s'occupa  du  moyen  d'en  perl.ection- 
ner  les  fabriques  ;  et  pour  cela  ,  après  avoir  con- 
sulté les  plus  habiles  manufacturiers  ,  il  assujettit 
la  fabrication, à  des  réglemens  positifs,  dont  des 
officiers  choisis  du  corps  des  marchands  surveil- 
lèrent l'exécution  sous  l'autorité  des  inspecteurs 
du  commerce  et  des  officiers  municipai:x.  Cha- 
que pièce  sortant  du  métier  était  vérifiée  et^  re- 
vêtue d'une  marque  nationale  qui  en  garantissait 
la  qualité  d'urie  manière  authentique. 
.  Les  toiles  .  les  étoffes  de  soie  ,  la  bonneterie 
avaie-^t  aussi  leurs  réglemens  de  fabrication  , 
quoiqiiepcut-être  avecune  utiHté  moins  marquée 
que  les  draps  et  étoffes  de  laine  ,  où  la  mal-laçon 
et  la  fraude  .sont  ,  au  déirimentt  du  commerce 
extérieur  ,   bien  plus  aisées  à  cacher. 

On  sait  ,  au  reste  ,  quels  avantages  notre  com- 
merce, retirait  encore  ,  plus  d'un  siècle  après  ,  de 
cette  institution  deColbert,  malgré  quelques  abus 
qui  ont  pu  s'y  glisser,-  et  qu'il  est  trè^-facile  de 
prévenir.  Il  résulte  ,  en  effet .  d'états  dressés  avec 
soin,  qu'à  l'époque  de  1788,  on' fabriquait  an- 
nuellement en  France  pour  une  somme  de  i85 
mil'ionsde  draperies  fine  ou  commune,  cattielots., 
serges  .  chapelerie  .  bonneterie  de  laine  ,  sur 
lesquels  il  est  avoué  qu'il  v  avait  moitié  ,  c'est- 
à-dire  .  92  millions  .'iop  iriille  fr.  pour  prix  de  la 
main  d'œuvre  ;  en  bonneterie  de  fil  ,  de  coton, 
en  toiles  de  lin  .  de  chanvre,  de  coton,  pour  une 
somme  de  ilS  millions,  sur  lesquels,  déduisant 
55  millions .  pour  prix  des  matières  premières  , 
dont  une  grande  partie  se  lirait  de  l'étranger  ,  res- 
taii  pour  prix  Hela  main-d'œuvre  plus  de  160  mil- 
lions ;  en  étoffes  de  soie  ,  en  bonneterie  de  soie  , 
en  rubans  .  gazes  ,  blondes  et  ouvrages  de 
passementerie,  pour  une  soinmc  de  isS  rriHions  , 
sur  lesquels  déduisant  à-peu-près'  les  deux  tiers 
pour  prix  des  matières  premières  .  on  avait  4I 
millions  pour  le  bénéfice  de  la  main-d'œuvre. 


(1)  Tout  le   monde  connaît    l'écrit   du   citoyen 
Chaptal  ;  celui  du  citoyen  Bosc  .  plus  récent  ,  est 
intitulé  :   Ess'ii  sur  les  morens  d  encourager   l'agri- 
culture.  les  arts  et  le  eommerre   en   Frnni.e.  Il  sort 
,    .  ,  des  presses  de  Patris  ,  quai  M.daquais  ,  qui  ,  prtur 

j33  millions  du  produit,  de   nos  niaiiufaciures  et     la    netteté  de    l'impression  ,    la   correction    lypo- 

— ' ■     '  graphique   et  la    beauté  des  caractères  ,  rivalisent 

(1)  Kelk-rmann.  avec  celles  des  Didot  et  des  Crapelct. 


1140 


L'exportalion  au  deliors  était  d'autant  plus 
ronsidcrablc  que  la  garantie  nàlionale  ciait,  sui- 
lout  pour  les  draps  ,  les  cioiTes  de  soie  et  les 
toileries  ,  un  litre  de  recoiumandaiion  dans  les 
marchés  étrangers. 

Pendant  17S7,  il  fut  expo.rtç  de  France  popr 
plus  de  20  millioris  de  francs  en  étoffes  de  Idine, 
s.^  millions  ep  étoffes  de  soie  ,  et  2a  nuilioiis 
en  toiles  de  lin  ,  de  chanvre,  de  coton,  batiste, 
et  non  compris  les  linons  ,  dentelles  et  bonne- 
terie  de  fil. 

Tels  étaient  les  résultats  d'une  adnninistratjon 
4;ntendue  qui  pouvait  également  protéger,  di- 
riger et  encourager  les  diverses  branches  de 
commerce. 

Elle  résultait ,  comme  on  sait  ,  du  régime  des 
corporations  marchandes  et  industrieuses ,  de 
ia  juridiction  et  intervention  administratives  des 
chambres  de  commerce  ,  de  la  surveillance  des 
jrispecteurs  de  commerce  ,  du  travail  ministériel 
âes  inspecteurs-généraux  du  commerce  et  des  ma- 
■  «Ufaciures,  d'un  bureau  général  du  commerce,  sou- 
**  mis  immédiatement  au  conseil  royal  du  commerce 
«t  des  finances  ,  oîi  plusieurs  njagistrats  étaient 
chargés  de  faire  les  rapports  pour  obtenir  les  déci- 
sions et  réglemens  nécessaires  à  l'admioistratioil 
générale  et  aux  réglemens   des  manufactures. 

Le  conseil  dit  royal  de  commerce  avait  seul 
J'exaiïien  des  traités  de  commerce  avec  les  puis- 
sances étrangères  ;  celui  des  objets  relatifs  au 
<:omrnerce  maritime  et  à  ceux  de  l'Inde  ,  des 
Colonies  ,  clu  Levant  ,  de  l'Afrique  et  .du  Nord  ; 
les  objets  relatifs  aux  pêches  et  à  leur  améliora- 
tion ;  1  établissement  des  canaux  de  navigation; 
'là  rédaction  des  lois  générales  sur  le  commerce , 
«t  toutes  les  'dispositions  d'administration  géné- 
lalc  qui  peuvent  le  favoriser. 

Le  bureau  de  commerce,  auquel  le  conseil 
renvoyait  souvçrit  les  paémoires  pour  avoir  î^on 
avis  sur  les  objets  dont  on  Vient  de  parler,  avait 
de  plus  l'inspection  ,  l'examen  et  le  rapport  sur 
les  manufactures  et  éiablissemens  du  commerce 
intérieur;  sur  les  titres,  moyens  et  ressources 
■#  Jiropres  à  chacun-;  sur  IfS  moyens  d'en  accioître 
Tactivité  et  l'utilité  ;  sur  les  rapports  de  commerce 
-qu'avaient  entr'elies  les  diverses  provinces  et  avec 
i  étranger  ;  sur  'le  genre  de  commerce  le  mieux 
assorti  à  leur  position  et  à  leur  consommation  ; 
"Sur  lavicissitude  que  le  commerce  ,  les  fabriques  , 
les  arts  avaient  éprouvées  et  les  moyens  de  les 
prévenir. 

Le  bureau  donnait  son  avis  motivé  sur  tous 
ces  détails  et  ceux  qui  s'y  rapportent  ,  et  le  con- 
seil du  roi  prononçait  ensuite.  Telle  était  d'une 
'manière  générale  1  administration  du  commerce 
•à  l'époque  de  T788  ,  et  avec  quelques  différences 
aux  époques  antérieures. 

La  rétablir  entièrement  est  iticpmpatible  avec 
l'état  de  notre  législation  ,  et  serait  cl  ailleurs  con- 
sacrer quelques  vices  d'administration  trop  con- 
nus pour  être  nommés  ,  et 'dont  nous  devons 
Jtioùs  applaudir  d'être  débarrassés  aujourd'hui. 
',^Le  citoyen  Bosc  ,  dont  nous  avons  fait  con- 
naître l'ouvrage  plus  haut  ,  propose  de  la  rem- 
placer par  utie  direction  i;énéraie  du  commerce 
et  des  arts  ,  composée  de  cinq  directeurs-géne- 
laux  ,  ayant  titrede  conscjllers-d'iètat,  et  de  quinze 
députés  des  principales  villes  de  commerce.  Mais 
lé  réiablisseriient  de  la  garantie  nationale  .  ap- 
posée aux  ouvrages  de  manufactures  ,  exigerait 
nécessaircmèrit  une  surveillance  intermédiaire  et 
«les  agens  éclairés  à  l'mstar  des  anciens  inspec- 
teurs du   commerce. 

Le  célèbre  Roland  de  la  Platlere  ,  qui  en  avait 
rempli  les  fonctions  avec  distinction  pçndant 
vingt  ans  ,  proposait  d'en  fixer  le  notnbre  à 
douze  ,  et  de'  leur  adjoindre  douze  sous  -  ius- 
péc'tetirs  ,  'ay6ç  .extension  de  leurs  attributions 
sûr  tout  ce  qui  pourrait  éclairer  l'administration 
sur  les  arts  ,  le  commerce  ,  les  manufactures,  et  là 
navigation  dans  son  rapport  avec  le  commerce. 

Le  projet  du  cit.  Bosc  rçmplacc  le  bureau  de 
çomniercé  établi  en  vertu  de  l'arrêt  du  conseil 
du  2  février  178S  ,  dont  nous  venons  d'indiquer 
t'objet  ;  il  pourrait  très-bien  s'adapter  à  l'idée  du 
cit.  Roland,  et  alors  on  se  rapprocherait  du  but 
.qu'on  doit  se  proposer  dans  cette  iinportapte 
matière  ,  la  plus  grande  utili(é  avec  le  moins  dp 
dépense  possible. 

Quelle  que  s.oit  aii  r.es|e|  la  f,ot:mp  ou  la  désigna- 
tion de  l'adminisiratipn  général^  çt  particulière 
du  comtjiierce  et  des  manufactures  ,  il  est  urgent 
de  s'et?  occupef,et  pourvu  que  celle  (in'ou  sidop- 
tera  en  régu)apse  la  police  ,  qu'elle  garantisse  de 
la    fraude   et  de  1^   mal-façon  (i)  ,   et  souti^nrje 


par-là  notre  exportîiiion  à  l'étranger  ;  qu'elle  mette 
le  gouvernement  a  même  de  saisir  l'ensemble  et 
de  régir  avec  lumières  et  solidité  I  empire  de  I  in- 
dustrie française,  i-ious  aurons  fait  ,  en  1  établis- 
sant., un  grand  pas  vers  l'ancienne  et  glorieuse 
prospérité  de  notre  commerce.  Peuchet. 


(i)  Il  ne  semble  pas  ipipossible  dt  concilier  la 
liberté  de  l'industrie  avec  la  garantie  que  le 
commerce  réclame.  H  sutKr.ait  p'euttêire  ,  pour 
parvenir  à  ce  but ,  d'admettre  et  non  d'ohlig^r  tout 
fabricant  à:faire  revêtir  les  ardcles  reconnus  pour 
bons  d'une  -marque  qui  y  serait  apposée  par  une 
autorité   chargée  de  ce  soin.  Cette-  précaution  , 


A  Paris  ,  de 


Suite  de  In  première  leçon  du  cours  public  sur  l'ap- 
plication du  calcul  décimal  ,  etc.  ;  par  le  citoyen 
Aubry ,  géomètre. 

§    V.    De  la  virgule. 

La  virgule  est ,  pn  peut  le  dire  ,  la  base  fonda- 
mentale  du  calcul  décimal. 

Elle  sépare  les  nombres  entiers  des  membre' 
fractionnels  de   la  manière  suivante  : 

3' 488' 956,  I79'835  ,  et  elle  donne  aux  chiffres 
qui  la  précèdent  ou  qui  la  suivent,  les  valeurs 
invariables  dont  on  va  parler. 

Voici  celle  des  nombres  entiers. 

Le  chiffre  qui  précède  la  virgule  .  immédiate- 
ment sur  la  gauche  est  toujours  l'unité;  celui 
d'auparavant,  la  dixairte  d'unité  du  le  deçà  ;  celui 
d'auparavant,  la  centaine  d'unilé  ou  l'/iccio  ;  celui 
•d'auparavant  ,  le  millier  d'unité  ou  le  kilo  ;  celui 
■d'auparavant,  le  dix-milliers  d'unité  ou  le  myria  , 
et  si  l'on  veut  étendre  la  suite  de  ces  chiffres  de 
ce  côté  ,  on  en  a  une  qui  donne  successivement 
des  dix-milliers  ,  des  cent-milliers ,  des  millions 
d'unités. 

Passons  maintenait  à  la  valeur  des  chiffres  placés 
sur  la  ciroile  de  la  virgule. 

Le  chiffre  qui  suit  immédiatement  la  virgule 
sur  la  droite  est  le  dixième  de  l'uuité  ou  le  déci  ; 
celui  qui  le  suit  est  le  centième  ,  ou  le  centi;  celui 
qui  le  suit  est  le  millième  ,  ou  le  viilli  ;  celui  qui 
le  suit  est  le  dix-raillieme  ,  ou  le  décimi  ;  et  si  l'on 
veut  également  étendre  la  suite  des  chiffres  de 
ce  côté  ,  on  ei>  a  une  qui  donnera  successivement 
des  cent  millaines ,  (  des  centimes  )  ,  des  ralU  io- 
nieines  ,  (  des  millionis  )  ,  etc. 

Ainsi ,  quand  on  voit  une  quaritité  écrite  comme 
celle  qui  précède  .  on  prononce  3  millions  438 
mille  gSC  entiers,  179  mille  835  millionis. 

Si  c'est  ainsi  qu'elle  est  écrite  ,  543,2'847  ,  on 
prononce  543  entiers  2  mille  847  dix-milliemes  , 
(  decimis)  ;  et  si  c'est  ainsi  ,  39,42  ,  on  prononce 
39  entiers  42    centièmes   (  ceniis  ). 

On  fi  dû  remarquer  lout-à-l'heure  que  l'on  a 
accompagné  les  mots  dizaines,  centaines  ,  mil- 
liers ,  dix-milliers  ,  dizie  mes  .  centièmes  ,  millie- 
rnes  .  etc.  de  ceu;x  adoptés  par  le  système  des 
tiouvelles  mesures  ;  si  on  a  un  conseil  salutaire 
à-  donner  à  ceux  qui  veulent  mettre  à  pirofit 
ces  leçons  ,''cest  de  les  appliquer  indistinc- 
tement aux  noms  des  mesures  et  monnaies 
de  tous  les  pays  de  la  terre  ,  pour  faire  cesser 
cette  misérable  bigarure  qui  rend  si  compliquée 
et  si  pénible  la  science  des  nombres,  et  pour  taire 
adopter  à  l'instant  le  calcul  décimal  à  toutes  les 
nations  de  la  terre  ;  mais,  comme  il  serait  pré- 
maturé d'en  parler  dans  cette  leçon  .je  me  ré- 
serve de  revenir  sur  cet  objet  quand  il  en  sera 
tems.  ;  ..  . 

Oii  a  dû  remarquer  également  que  l'on  a  çnj- 
plové  l'apostrophe  pour  séparer  de  3  etx  3  les 
chiffres  entiers  et  fractionnels  ,  en  cotnnaençant 
par  i.a  droite  ;  ori' a  suivi  en  cela  l'avis  du  conseil 
dej  mesures  qi?i  est  d'autant  plirs  sage  que  si 
on  avait  voulu  pxprimer  lé  1='  nombre  tout  çn 
virgule  comme  ceci:  3'438'956'i7g  835,  on  n'au- 
rait réellement  pas  su  où  était  la  virgule  séparative 
des  entier^  et  des  fractions';  au  lieu  qu'en  l'expri- 
niarit  comme  ceci  :  3'^38  95pU79'835^,  on  déçqir- 
vré  à  iinst'ant  qu'il  y  .^j/çhilfres  d'entiers  et  6 
chiffres  fractionnels.  '       "  ' 


qui  ne  paraîtrait  que  facultative  ,  deviendrait 
bientôt  obligatoire  ,  parce  que  le  comtnerce  ,  tant 
intérieur  quèiranger  ,  donrierait  infailliblement 
une  préférence  exclusive  aux  ardcles  officielle- 
ment ^aràiitis  sur  ceux  qu'il  supposerait  n'avoir 
pas  çié  présentés  à  la  vérification  ou  ne  j'avoir  pas 
obtenue^  Cette,  sorte  de  cpi^trainie  opérerait  à  la 
Ipnsuc,  d'trne  manière  plus: juste  et  plus  salu- 
iajreque  celle  des  Ipis  coërfilives.  A  l'ayantagç  dp 
fournir  au  commerça  leç  stiretés  qu'il  dp^ire  , 
elle  réunirait  celui  de  ne  point  cbpqugf,  dçs 
principes  de  Jifierté  individuelle  ,  dont  le  Hfflocç 
ne  peut  être  exigé  qu'alors  qu'il  est  démonfré 
rïècessaire.  De  pareilles  mesures  sont  rejetées  par 
une  économie  qui  craint  les  dépenses  utiles  ;  elles 
soiit  proscrites  ^ar  la  fiscalité  qui  voudrait  vendre 
aux  administrés  ce  que  le  gouverne:nent  doit 
quelquefois  leur  çfftir;  mais  elles  plaisent  au  ci- 
toyen qui  veut  qu  on  respecte  ses  droits  ,  et  à 
l'administrateur  éclairé  qui  sait  qu'ori  obtient  plus 
des  homme?  en  les  encourageant  à  faire  bien  , 
qu'eri  leur  défendant  de  mal  faire.         B. . . . . . 


Les  Satiriques  du  18'  sj.ۍk  ,  4  yol.  in-S*",  Priu,/^ 
fr.   pour  Paris  ,  t    12  fr.  pour  Ip  déppriçm^ns- 

A  Paris  ,  chez  Colnel  ,  Ubrajte  ,  rue  du  Bacq,, 
n"   618. 

L'ouvrage  que  nous  annonçons  est  un  i>eciieil 
des  satyres  qui  ont  paru  dans  le  cours  du  .iS* 
siècle.  Il  n'offre  pas  ,  à  quelques  exceptions  près, 
le  mérite  de  la  nouveauté  ,  mais  il  a  celui  assez 
piquant  de  présenter,  réunies  et  opposées  les 
unes  aux  autres  ,les  productions  des  divers  partis, 
soit  littéraires  ,  soit  politiques.  Ce  recueil  reporte 
le  lecteur  sur  le  théâtre  de  la  guerre  satyrique  que 
l'on  se  livrait  ,  il  y  a  trente  ans  ,  avec  beaucoup 
d'esprit,  et  que  Ion  a  continuée  depuis  avec  une 
énergie  trop  souvent  poussée  jusqu'à  la  fureur. 

On  y  trouve  donc  les  satyres  de  Voltaire  ,  suf- 
vies  de  celles  de  Gilbert  et  de  Clément  ,  cfonf 
deux  inédites  :  après  le  di^-huiticme  Siècle  et  moH 
Apologie  .  on  peut  lire  l'Ombre  de  Uuclos ,  précé- 
dée des  Remercîmens  faits  au  curé  de  Mclanie ,  et 
suivie  du  NoH  de  Palissât  que- ,  par  parenthèse, 
on  a  singulièrement  défiguré.  Suivent  quelques 
pièces  du  même  genre  ,  peu  connuçs  ,  et  méritant 
assez  peu  de  1  être.  L'ordre  des  daies  amené  aloK 
les  productions  satyriques  où  la  querelle,  embras- 
sant deux  objets  à  la  fois,  devient  plus  sérieuse; 
où  le  débat  roule  moins  sur  la  littérature  que  sur 
la  politique  ;  où  le  poète  se  trouve  censuré  bien 
moins  que  l'homme  public;  où  les  vers  nesctn- 
blent  appréciés  qu'en  raison  de  la  conduite  révor 
lutionnaire  de  leur  auteur  ;  où  le  démon  de  la 
satyre  semble  armé  d£  doubles  dards;  où  l'offen- 
seur et  l'offensé  présentent  deux  côtés  attaquable»; 
où  l'un  et  l'autre  parti  semblent  sêtre  permis 
l'usage  des  armes   empoisonnées. 

Cependant  dans  ce  recueil  nous  croyons  avoir 
remarqué  des  omissions  ;  cjuelques  satyres  rno- 
dernes  ne  s'y  trouvent  pas  ,  notamment  celle 
de  Piniere  sur  le  Sieir/e , celles  de  VictorCampagne 
et  plusieurs  autres.  De  plus,  si  le  poëme  dfe 
la  guerre  civile  de  Genève  y  est  inséré  ,  comment  la 
Dunciade  ne  s'y  trouve-i-elle  pasPIl  était  bien  plus 
convenable  de  placer  dans  un  tel  recueil  une 
satyre  piquante  et  générale,  qu'un  libelle  odieux, 
et  particulier  ;  c'eût  été  ménager  la  mémoire 
de  Voltaire  d'une  part  ,  et ,  de  l'autre;  conserver 
un  morceau  très-marquant  dans  la  littérature  mo- 
derne. 

Cet  oubli  sera  réparé  sans  doute  dans  les  detijc 
volumes  que  1  on  annonce  devoir  tairq  suite  à 
ce  recueil  pour  le  completter  :  il  ne  serait  pas 
déplacé  peut-être  de  le  terminer  par  un  cbojîf 
piquant  des  meilleures  épigrammes  littéraireB  qu» 
aient  pr.ru. 

A  la  tête  des  t"  et  3*  volumes  du  recueil,  on 
lit  un  discours  sur  la  satyre  du  cil^  Clément,  et 
une  apologie  de  ce  genre  par  Deguerle  :  les 
deux  contes  satyriques  de  ce  jeune  poète  sont 
placés  à    la  tin  de  cette  collection. 


COURS     DU     CHANGÇ. 

Bourse  du  1 1  messidor.  —  Changes    étrangers. 

3o  jours,      àgojourf. 


Amsterdam  banco 

■ — —  Courant 

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Gênes 

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189 

4ir.  70c, 
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Jt,yon au  p.  à  25  joufs 

Marseille ïh  p.  à  3o  jours. 

Bordeaux...,..-!  p.  ,à  i5  jour?, 
^pntpellie)^..- 4.P-  *  3o'jpurs. 

Effets  publics. 

Rente  provisoire 23  fr.  38  c. 

Tiers  consolidé. 33  fr.  88  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  60  c. 

Bons  d'arréragé 87   fr. 

Bons  pour  l'an  8.,; 80  fr.   i3  c; 

Syndicat. 68  fr.   5o  ci 

Coupures 68  fr.  So  c. 

Aet.  de  5o  fc.  de  la  caisse  des  rentiers. 


S  P  E  c  T  A  G  h  E  S. 

Thçatbç  d,Ç  la  BsBUBUQtJB  BîT  DJES  ArtS; 
.^uj.  Alceste, \  oj)ér9  en  3    ««es  ,   et  le    ballef 

dç  la  Rosière. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  le  Souper  de 
Molière; M.  Guillaume  ,  et  Jenesai-Ki  ou  les  Exaltés 
de  CharentQn  .i  parodie  de  BeniouSki. 


;iie  du,cit.  Agasse  {'propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Ppit&vifi^  ,  n.°  i3, 


GAZETTE 


NALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N^  283. 


Tridi ,  i3  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévemr  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Moniteur  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERI   EUR. 

ALLEMAGNE. 

Shdlgard ,  le  4  messidor. 

.iVpRÈs  le  passage  des  français  sur  le  Danube 
entre  Ulm  et  Donawert ,  et  la  défaite  des  autri- 
chiens ,  les  communications  furent  interceptées 
entre  les  deux  ailes  de  l'armée  de  Kray.  La  route 
de  Ulm  à  Ratisbonne  n'est  plus  libre.  Le  3o  prai- 
rial ,  les  français  se  sont-portés  en  force  sur  Hu- 
denbeim  et  Aalen.  Donawert  ,  Dillingen  ,  Gun- 
delfingen  ,  etc.  sont  occupés  par  les  français. — • 
A  la  nouvelle  de  tous  ces  événemens  ,  Kray  a 
fait  retirer  sa  réserve  à  Nuremberg.  Après  avoir 
laissé  à  Ulm  une  garnison  suffisante  ,  il  en  est 
sorti  et  a  marché  sur  Oialen  et  EUwangen  pour 
rétablir  ,  comme  il  pourrait ,  ses  communications 
avec  Starray  et  Nauendorf. 

D'autres  novivelles  disent  que  Kray  a  son  quar- 
tier-général à  Ellchingen  ,  et  qu'il  a  fait  établir  à 
EUwangen  des  quartiers  pour  le  corps  d  Hohen- 
lohe.  Les  bagages  de  l'armée  autrichienne  sont 
arrivés  à  Eichsiadt.  Les  habitans  de  cette  ville 
qui  se  sont  montrés  ennemis  des  français  ,  fuient 
à  Anspach.  (Strasb.  Wetlbote.  ) 

ITALIE. 

A  RM  É  E    D'  I  T  A  L  I  E. 

Suchet ,  lieutenant -général  du  général  en  chef,  aux 
habitons  de  la  Ligurie.  — Au  qttartier-général  de 
Cornegliano  ,  le  5  messidor  ,  an  8  de  la  république 
française. 

Liguriens, 

La  célèbre  bataille  de  Maringo  vient  d'entraîner 
jU<onclusion  dune  convention  entre  les  généraux 
en  chef  Berthier  et  Mêlas  ,  approuvée  par  le  pre- 
mier consul  Bonaparte.  Elle  porte  en  substance  : 

Cl  Qu  il  y  aura  armlsticp  et  suspension  d  hosti- 
lités entre  l'armée  impéfiale  et  celle  de  la  répu- 
blique française  en  Italie  jusqu'à  la  réponse  de 
■Vienne  -,  que  les  hostilités  ne  peuvent  recommencer 
sans  s'être  prévenus  dix  jours  à  l'avance. 

ï>  Que  l'armée  autrichienne  se  retirera  derrière 
l'Oglio  et  sur  la  rive  gauche  du  Pô  ,  et  que  les 
français  prendront  de  suite  possession  des  places 
de  Tortone,  d'Alexandrie,  du  château  de  Milan, 
de  la  citadelle  de  Turin,  de  Pizzighilone,  d'Arona 
et  de  Plaisance. 

Ȕ  Que  la  place  de  Coni  .  les  forteresses  de 
Ceva  et  Savone  ,  la  ville  de  Gênes  seront  remises 
à  l'armée  française  du  l6  au  24  jtiin  ,  ou  57  prai- 
rial au  5  messidor. 

»»  Le  fort  Urbin  le  26  juin  ou  7  messidor. 

5»  Qiie  les  individus  qui  auraient  é^é  arrêtés 
dans  la  république  cisalpine  .  pour  opinions  poli- 
tiques ,  et  qui  se  trouveraient  encore  dans  les  for- 
teresses occupées  parles  troupes  impériales,  seront 
sur  le  champ  relâches. 

î'  Qii'aucun  individu  ne  pourra  être  maltraiié 
pour  raison  de  services  rendus  à  l'armée  autri- 
chienne ou  pour  opinions  politiques.  v> 

Chargé  par  le  général  en  chef  Masscna  de  con- 
duire les  troupes  françaises  dans  votre  capitale  , 
j'y  entre  avec  la  ferme  volonté  d»;  faire  respecter 
les  personnes  et  les  propriétés  ,  de  proiéçer  votre 
culte  et  ses  ministres ,  d'empêcher  toute  vengeance 
particulière 

Habitans  des  vallées  de  Fontana-Bona,  de  la 
Polcevera  et  de  Bis.igno  ,  retournez  dans  le  sein 
de  vos  familles  ,  allez  cueillir  vos  moissons,  dé- 
posez des  armes  que  vos  pères  n'eussent  jamais 
tournées  contre  des  français  .  et  désormais  sou- 
mettez-vous aux  lois  ,  méfiez-vous  de  ces  bri- 
gands sans  patrie,  qui  ont  troublé  vôtre  repos  et 
égaré  vos  bras.  Le  général  en  chef  vous  promet 
^H)li   du  passé 

Peuple  de  la  Ligurie  !  le  génie  du  premier 
consul  Bonaparte  ,  de  ce  héros  fin  Monde  ,  veille 
désormais  sur  les  destinées  de  I  Iialie.  Etjcore  une 
fois  la  victoire  fidclle  à  ses  armes  vient  de  lui  en 
ouvrir  les   portes.  Il  y  fixera  le  bonheur  et    tnns 

doute  la  paix La  Ligurie  entière  scti  libre  sous 

peu  de  jours.  Q_iie  ce  bienfait  ,  qui  von»   est  en- 
core une   lois  offert   par   une   nation  généreuse 
toit  apprécie  et  vous  rende  à  toute»  vos  vertus 


Habitans  de  Gênes  !  la  paix  est  prêle  à  cica- 
triser toutes  vos  plaies.  Les  ravages  de  la  guerre, 
les  souffraiices  d'un  blocus  qui  Vous  honore  ,  se- 
ront bientôt  oubliés. 

Le  général  en  chef  Massena  ,  les  soldats  qu'il 
commande  et  qui  ont  déployé  sous  vos  yeux  tant 
de  bravoure  et  de  fermeté,  ont  partagé  ,vos  pri- 
vations ,  ont  été  témoins  de  vos  souffrances;  ils 
les  publient  déjà  à  l'Europe  étonnée  de  votre 
constance. 

Ne  vous  alarmez  pas,  liguriens,  des  mesures 
de  ces  insulaires  accoutumés  à  violer  tous  les 
traites  ,  qui  n'ontpour  Dieu  que  le  criine  ,  et  pour 
but  qiae  ruine  et  destruction.  La  victoire  et  les 
français  vous  offrent     et    vous    assurent   l'abon- 

'dance Les   plaines  du  Piémont  .    celles  de  la 

Cisalpine  ,  sont  chargées  dune  récolte  superbe: 
encore  quelques  jours  ,  et  la  rage  des  anglais  sera 
de  nouveau  aussi  impuissante  que  leurs  tentatives 
sur  le  Continent  méprisées. 

S/g^ne,  Louis-Gabriel  SucHET. 

Le  chef  de  brigade  commandant  la  ville  de  Gênes  , 

DÉFEND  qu'il  soit  tiré  des  coups  de  fusil,  des 


fusées  ,  et  il  fera   tr 


iUire  en   prison  ,    et   punir 


exemplairement  tout  individu  qui  se  permettrait , 
par  des  cris  et  des  menaces  ,  de  troubler  la  tran- 
quillité publique  ;  enfin  ,  il  déclare  (ju'il  a  reçu 
ordre  de  faire  feu  sur  tous  les  malveillans  qui 
oseraient  se  porter  à  des  voies  de  fjit  contre 
les  propriétés  et  les  personnes    des    citoyens, 

SÉMELÉ. 

Bulletin     de    l'armée     de    réserve.     —    Turin  ,    le 
7  messidor  an  8. 

L'armée  de  réserve  et  celle  d'Iialie  ne  forment 
plus  qu'une  seule  et  même  armée  sous  le  nom 
d'Armée  d'Italie.  Le  général  Massena  en  prend  le 
commandement  en  chef. 

Le  général  Berthier  est  arrivé  à  Turin  pour 
organiser  le  gouvernement  du  Piémont. 

Le  général  Suchet  a  occupé  tous  les  forts  de 
Gênes  dans  la  journée  du  4.  Toute  l'anillerie 
exisie;  elle  a  même  été  augmentée  t'.c  quelques 
pièces  de  canon.  Les  anglais  n'ont  pu  emporter 
que  dix  pièces  qui  étaient  sur  le  môle.  Les  troupes 
autrichiennes  qui  formaient  la  garnison  de  Gênes, 
ont  défilé  le  5 ,  à  4  quatre  heures  du  maun. 

M.  de  Hohenzollern  .  qui  commandait  dans 
Gênes ,  s'est  conduit  avec  dignité  franchise  et 
honnêteté. 

Savone  et  Ceva  sont  occupées  par  l'armée 
française. 

Le  premier  consul  est  arrivé  ici  aujourd'hui.  Il 
est  descendu  à  la  citadelle  qu'il  a  visitée,  et  est 
reparti  sur  le  champ.  Il  y  a  trouvé  des  magasins 
immenses.  Dans  un  seul  il  y  a  plus  de  8000  paires 
de  draps  pour  les  hôpitaux.  La  citadelle  de  'furih 
est  superbe  ,  elle  renferme  plus  de  3oo  pièces 
de  canon. 

On  calcule  que  l'artillerie  de  toutes  les  places 
cédées  par  la  convention  du  27  prairial ,  monte 
à  plus  de  2000  pièces  de  canon  ,  et  à  plus  de 
deux  raillions  de  poudre. 


Aux  consuls  de  la  république.  —  Lyon ,  le  ro  messidor. 

J'arrive  à  Lyon  ,  citoyens  consuls ,  je  m'y 
arrête  pour  poser  la  première  pierre  des  fjçades 
de  la  place  Bellecour  ,  que  l'on  va  rétablir. 
Cette  seule  circonsiance  pouvait  retarder  mon  ar- 
rivée à  Paris  ;  mais  je  n'ai  pas  tenu  à  l'ambi- 
tion d'accélérer  le  rétablissement  de  cette  place 
que  j  ai  vue  si  belle  et  qui  est  aujourd'hui  si 
liiiieuse.  Ou  me  l'ait  espérer  que  dans  deux  ans, 
elle    sera   entièrement   achevée. 

J'espère  qu'avant  celte  époque  ,  le  commerce 
de  celte  ville  ,  dont  s'enorgueillissait  lEurope 
entière  .   aura   repris  sa  première  prospérité. 

Je  vous  salue.  Signé,  Bonaparte. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  23  juin    (  4  messidor.  )    ■ 

La  stssion  du  parlement  ne  se  terminera  cer- 
laini-meni  pas  avant  que  Vunion  bilt,  le  Dundas's 
hill  pour  le^lcr  la  jurisprudence  de  llnde  ,  et  les 
forti;',n  jK/;j(i-/i«  (  subsides  à  payer  à  l'étranger), 
n  aient  passé. 

Il  paraît  qu'on  attend  le  relourde  lord  Nelson 
dans  ce  pays  pour  une  promotion  d'otficiers  gé- 


néraux de  la  marine.  On  assure  que  le  capitaine 
Troubridge  aura  une  des  places  4^  colonels  , 
vacantes   dans  ce  département. 

Le  comte  de  Woronzow  ,  ex-ministre  pléni- 
potentiaire de  Russie  auprès  de  notre  gouver- 
nement ,  doit  se  mettre  en  route  du  12  au  i3 
messidor  pour  Péicrsbourg.  Il  a  loué  sa  maison 
de  Richraond. 

La  frégate  la  Topaze  a  ordre  de  se  rendre  à 
Hallifax  ,   pour  en  ramener  le  duc  de  Kent. 

Le  navire  l'Amiral  Parker,  se  rendant  de  Gi- 
braltar à  la  baie  d'Honduras  ,  a  touché  à  la 
Jamaïque  pour  s'y  réparer  des  avaries  qu'il  a 
reçues  dans  un  combat  avec  un  corsaire  français; 
combat  qui  a  coûté  la  vie  à  son  commandant,  le 
capitaine  Thompson. 

Ce  n'est  point  sans  fondenSent  ,  observe  le 
Morning-Herald  ,  qu'on  a  sonné  ici  l'alarme  sur 
l'accroissement  du  nombre  des  religieuses  dans 
ce  pays  ;  car  on  ne  rencontre  pas  une  femme 
daris  les  rues  de  Londres   qui  ne  soit  voilée. 

La  découverte  qui  consis'te  à  extraire  l'encre 
des  pap-ers  imprimés  pour  en  faire  du  chiffon, 
menace  cruellement  la  réputation  de  plus  d'un 
auteur,  remarque  encore  le  Morning  -  Heraldi 
Leurs  ouvrages  qui  ,  du  moins  .  auraient  servi  à 
figurer  dans  les  boutiques  des  libraires  ,  courent 
risque  aujourd'hui  d  êire  envoyés   au  moulin. 

Il  paraît  que  le  juge  'Wasinglon  ,  neveu  de 
l'homme  célèbre  de  ce  nom  ,  aura  pour  con- 
current M,  JefFerson  dans  la  prochaine  élection 
d'un  nouveau  président  pour  les  Etats-Unis. 

Le  roi  ,  la  famille  royale  ,  les  ministres  ,  les 
principaux  habitans  du  comté  de  Herttord  et  des 
environs  ,  l5oo  volontaires  ou  miliciens  ,  et  76 
officiers  ont  dîné  ces  jours  derniers  à  Hatfield  , 
chez  le  marquis  de  S^lisbury.  Ce  dîner  a  eu  lieu 
à  l'occasion  d  une  revue  de  la  milice  d  Hetford- 
shire  ,  pssée  par  S.  M.  On  estime  la  dépense  à 
3  mille  liv.  sterl  ,  et  ctni  ouvriers  ont  été  occupés 
pendant  près  d'un  mois  aux  préparatifs  des  ac- 
cessoires. Dix-sept  labits  avnient  été  dressées  danâ 
une  partie  du  château  pour  y  recevoir  lesiSoo 
volontaires.  Le  service  de  ces  l?  tables,  consis- 
tait en  80  jambons  ;  80  cuisses  de  veau  ;  100 
gigots  d  agneaux  ;  100  langues  fourrées  ou  non 
fourrées;  100  pâiés  de  viande  ;  i'j  côtes  de  bœuf; 
100  giffois  de  mouton  ;  25  filets  de  bœuf  rôtis  ; 
25  briskcts  ;  71  plats  divers  de  bœuf;  100  tourtes 
aux  groseilles  ,  sans  compter  les  plumpuddings. 
Plus  ,   3   bçEuf's  ,    16  moulons   et  25  agneaux. 

Ce  dîner  a  valu  aU  marquis  de  Salisbucy,  una, 
belle  lettre  de  feliciiaiion  et  de  remercîmens  , 
écriie  de  la  main  du  ministre  Dundas  ,  au  noro 
de  S.  M.  ,  et  insérée  dans  la  gazette  de  la  cour.. 
(  Extrait  du  Morning-Post  et  de  l  Oracle.  ) 

I    'n     T     E     R     I     E     U     R. 

Strasbourg,  le  8  m.essidor. 

La  mort  héro'i'que  de  Desaix  a  causé  la  plus 
vive  sensaiioii.  U  éiait  beaucoup  connu  ici  ,  et 
ceux  qui  le  connaissaieiii  ,  savaient  l  apprécier, 
Un  citoyen  de  cette  ville  lui  a  fait  cette  èpi- 
tapjie  : 

Hîc  jacet   hoslium    rerror   et  admiratio  ; 

La  division  du  général  Carleaux ,  qui  est  à 
Maëstrich,  doit,  dit-on  ,  se  réunir  à  un  second 
corps  de  larmée  de  réserve  qu'on  altend'ici.  Les 
troupes  qui  sont  à  Mayence  ,  reçoivent  journv"t- 
lement  de  nouveaux  renforts.  Dans  peu  de  jours, 
elles  doivent  se  rendre  sur  la  rive  droite  du 
Rhin  ,  et  y  former  le  corps  de  réserve  de  cette 
armée. 

Avant-hier  au  matin  ,  le  corps  de  troupes  au- 
trichiennes ,  posté  aux  environs  d'Oberkirch  ,  y 
était  encore:  mais  il  se  piéparait  à  rejoindre 
l'armée  par  K'uiebis  et  le  'Wutemberg,  Le  géné- 
ral Klein  ,  après  avoir  poussé  avec  quelques 
iroupesjusqu  à  Offenibourg  ,  en  a  laissé  le  coiu- 
mandenitni  à  radjud.Tiit-t;éiiéral  Chénier,  et  est 
revenu  ici.   (Strasb.  Wcltbote.) 

DÉPARTEMFNT   DE    SeinE-ET-OiSE. 

Le  préfet  du  département  de  Seine-et-Oise , 
arrête  : 

Art.  I"^'.  Toutes  déclarations  de  remises  da 
pièces  délivrées  par  le  préfet  el  les  sous-picfcu 


de  ce  département,  à  des  riquisitionnaires  ou 
conscrits,  en  léclaniation  pour  cause  de  maladie, 
d'infirmités  ou  d.'incapaciiè  de  service  militaire, 
et  tous  les  certificats  de  délais  provisoires ,  pour 
les   mêmes  causes ,  sont  révoqués. 

II.  Tous  les  réquisitionnaires  ei  conscrits  qui 
en  étaient  porteurs  ,  et  qui  se  croiront  dans  le 
cas  de  réclamer  un  congé  ,  en  vertu  de  la  loi 
du  l^  ventôse  an  8  ,  pour  cause  d'infirmités  et 
d'indigence  ,  sont  tenus  de  se  rendre^  au  dépôt 
du  chel-lieii  du  département  ,  pour  être  visités 
par  les  officiers  de  santé  nommés  à  cet  effet  par 
le  piéfei. 

ni.  Sont  exceptés-,  ceux  des  requi&i^ionnaires 
et  conscrits  qui  ont  des  iafirrairés  ou  difformités 
apparentes,  ou  qui  sont  hors  d'état  de  se  trans- 
porter à  VeijSîiilês  :  ce  qui  sera  constaté  par  l'of- 
ficier de  santé  du  lieu,  en  présence  du  maire 
et  d'Un  oflàciér  cw»  sous-officier  de  la  gendar- 
merie ,  qui  erj  dresseront  procès-verbal. 

IV.  Ne  sont  pas  compris  dans  la  révocation 
pïonoricée  pâTrarticle  1",  les  certificats  délivrés 
par  le  préfet  et  les  sous-préfeis ,  eonsratarrt  le 
remplacement,  ou  le  dépôt  d'un  récépissé  de 
la  somme  de  3oo  francs  ,  ceux  motivés  sut  les 
exceptions  portées  par  les  lois  des  19  et  i3  fruc- 
tidCHT  aft  6  ,  et  l'article  Vl  de  ceMe  du  17  ventôse 

aD'8; 

V.  Le  cQmihandant  de  la  gendarmerie  est 
re'quis  de  faire  arrêter  et  conduire  au  dépôt  , 
tous  réquisitionnaires  ou  conscritsquine  se  seraient 
point  conformés  aux  dispositions  du  présent. 

Versailles,  le  7  messidor  an   8. 

Signe  ,  G.  Gàrnier. 
P»r  le   préfet  ,  le  sterétaire- général  ,  Peyronnet. 


Troupeau  espagnol  de  Rambouillet. 

Nous  avons  prorais,  dit  le  département  de 
Seine-et-Oise ,  de  rendre  compte  de  la  vente 
dés  bêtes  à  laine  ,  qui  s'est  faite  à  Rambouillet 
dans  l'avant  dernière  décade.  Le  résultat  des  dif- 
férentes adjudications  donne  un  prix  moyen  de 
80  francs  pour  les  béliers  ,  et  de  68  francs  pour 
les  brebis.  Il  n'y  a  pas  eu  de  bélier  au-dessous 
de  60  francs ,  et  le  plus  cher  a  été  adjugé  120  fr. 
au  citoyen  Jumilhac.  Le  prix  le  plus  bas  des  bre- 
bis a  été  de  5o  fr.  ,  et  la  plus  chère  lo3  fr.  a  été 
acquise  par  le  citoyen  Chailleu. 

Nonvelle  espèce  d'acacia. 

Les  amateurs  de  jardins  sontprincipalement  cu- 
rieux des  espèces  qui  ,  fleurissant  à  époques  dif- 
férentes ,  leur  préparent  des  jouissances  succes- 
sives. Ils  apprendront  donc  avec  plaisir  que  c'est 
plus  de  quinze  jours  après  l'ancien  arbre  naturalisé 
depuis  deux  cents  ans  en  France  ,  sous  le  nom 
d'acacia  ou  fai'x  acacia  ,  que  vient  de  fleurir  une 
espèce  qui  n'avait  pas  encore  embelli  nos  jardins. 
On  sait  que  ce  grand  et  bel  acacia,  qiii ,  par  une 
légère  ressemblance  de  feuillage,  s'est  emparé  du 
nom  donné  par  les  grecs  à  l'arbre  d'Afrique  ,  qui 
nous  fournit  la  gomme  dite  d  Arabie  ,  a  reçu  de- 
puis, le  nom  de  Robinia,  avec  une  sorte  de  justice; 
Kobin  ,  le  fleuriste  de  Henry  IV  ,  l'ayant  le  pre- 
mier cultivé  en  Europe. 

Il  existe  depuis  peu  une  autre  espèce  ,  celle 
du  Robinia  velu  ;  c'est  le  charmant  acacia  rose  à 
écdrce  vfelue  ,  naturel  à  la  Caroline ,  qui  fil  partie 
du  convoi  apporté  d'Angleterre  à  Trianon  ,  en 
1764, par  Antoitie  Richard, avec  le  murier-papier, 
le  sophora  de  la  Chine,  1  aristoloche  -  syphon  ,  le 
vernis  dil  Japon  ,  le  chêne-saule  ,  et  plusieurs  au- 
tres arbres  précieux. 

La  nouvelle  espèce  rapportée  aussi  de  la  Caro- 
line méridionale  par  le  voyageur  naturaliste  Mi- 
chaux ,  de  l'institut  national ,  doit  à  son  écorce 
visqueuse  le  nom  de  Robinia  visc^ucux  :  pareil  en 
feuillage  au  grand  ,  il  n'a  pas  d'épines  ,  et  quoi- 
qu'il élevé  line  tige  droite  ,  il  ne  paraît  pas  qu'elle 
atteigne  une  grande  hauteur.  Ses  grappes  de  fleurs 
ne  sont  pas  odorantes  comme  celle  de  l'acacia 
blanc  ,  mais  elles  sont  plus  grandes,  et  d'une  cou- 
leur de  chair  tendre.  Deux  pieds  seulement  ont 
fleuri  dans  la  pépinière  nationale  établie  à  Ver- 
sailles ,  entre  te  bbis  de  Satory  et  la  route  de  Saint- 
Cyr.  Le  citoyen  Jouette  en  avait  greffé  ai  en  ger- 
minal ,  tant  dans  cette  pépinière  que  dans  la  sienne 
étalilie  à  Bailly.  Les  greffes  faites  en  fente  et  àraze 
terre  ,  ont  donné  des  pousses  assez  vigoureuses 
pour  permettre  de  regarder  la  fleur  comme  venue 
à  son  époque.  (Estt'rait  du  journal  du  département 
de  Seine-et-Oise.  ) 

Paris  ,  le  \2  messider. 

Une  lettre  de  Berne,  en  date  du  3  messidor, 
annonce  que  le  lieutenant  -  général  .  comte  de 
Sporck,  prisonnier  de  guerre  ,  est  arrivé  en  cette 
ville  le  même  jour,  accompagné  d'un  officier 
de  l'état-major  général  de  l'arraèe  du  Rhin. 

L.e  Journal  du  Commerce  annonce  que  cet  officier 
est  suivi  de  600  autrichiens  faits  prisonniers  près 
d'Augsbourg,  par  la  Sg^  demi-brigade,  et  de 
1800  autres  faits  à  la  bataille  du  16. 

—  Des  lettres  de  là  Haye  ,  en  date  du  7  messi- 
dor ,  annoncent   que    la  nouvelle  des   victoires 


1142 

remportées  en  Italie ,  a  excité  dans  toute  la, 
république  batave  les  transports  de  la  joie  la 
plus  vive.  Il  est  impossible  d'exprimer  la  sen- 
sation qu'elle  a  produit  sur  le  gouvernement  , 
et  SUT  chaque  citoyen.  Chacufr  espère  voir  ie>- 
naître  ,  avec  la  pnix,  lancienne  prospérité  de 
ce  pays  ;  200  coups  de  canon  ont  été  tirés  en 
signe  de  réjouissance,  et  des  bulletins  expédiés 
à  toutes  les  parties  de  la  république. 

—  Le  citoyen  Doulcet-Pontécoulant ,  préfet  de 
la  Dyle  ,  ayant  été  informé  que  quelques  entre- 
preneurs de  barrières  laissaient  dégrader  les 
routes  de  la  manière  la  plus  affreuse  ,  vient  de 
résilier  les  baux  de  ces  fermiers  ,  et  de  faire  sai sa- 
les fonds  qui  se  trouvaient  dans  les,  caisses  du 
receveur  des  barrières,  pour  être  employés  à  la 
réparation  des  grands  chemins  négligés.- 

—  Une  lettre  du  citoyen  Lalande  ,  insérée  dans 
plusieurs  journaux  ,  apprend  que  le  grand  atlas 
que  M.  Bode  publie  à  Beilin  ,  vieut  d'être  aug- 
menté de  quatre  belles  caries,  n  Les  français  y  ver- 
ront avec  plaisir ,  dit  cet  astronome  célebrç  ,  le 
globe  de  Montgolfier,  puisque  c'est  la  plus  belle 
découverte  qui  ait  été  faite  par  les  français,  peut- 
être  par  les  hommes  de  tous  les  siècles  et  de  tous 
les  pays.  J'ai  fourni  à  M.  de  Bode  plus  de  dix 
mille  étoiles  nouvelles ,  d'après  les  obseivations 
de  mon  neveu  ;  et  dans  le  congrès  astronomique 
tenu  à  Gotha,  il  y  a  deux  ans,  nous  étions  con- 
venus de  quelques  constellations  nouvelles,  entre 
autres  de  celle  du  globe  de  Montgolfier.  Ce 
grand  ouvrage  du  nouvel  atlas  n'est  point  encore 
connu  ,  et  je  ne  puis  en  offrir  qu'un  exemplaire 
à  quelqu'amateur  digne  de  l'apprécier.  ji 


Discours  prononcé  par  le  citoyen  Riou  ,  préfet  du 
Cantal ,  au  moment  de  l'installation  du  tribunal 
civil  de  l'airondis sèment  d'Aurillac. 

Citoyens  magistrats  , 

Si  dans  ce  jour  solennel  il  m'est  honorable 
d'être  auprès  de  vous  l'organe  du  gouvernement  , 
il  m'est  bien  doux  en  même  tems  d'être  près  de 
lui  l'interprète  de  la  reconnaissance  publique  : 
votre  nomination  est  une  justice  envers  vous  ,  un 
bienfait  envers  les  citoyens.  Ils  aiment  à  voir  la 
science  unie  à  la  probité  ;  ils  reconnaissent  avec 
joie  dans  les  juges  qu'ils  révèrent ,  des  concitoyens 
qu'ils  chérissaient  ,  des  jurisconsultes  qu'ils  esti- 
maient :  et  ce  ne  sera  jamais  sans  être  pénétrés 
d'un  respect  religieux  ,  qu'ils  paraîtront  devant  un 
tribunal  où  siègent  le  patriotisme  et  l'intégrilé  ; 
devant  un  tribunal  oîi  préside  la  vertu  même  snus 
les  traits  vénérables  d'un  vieillard  ,  qui ,  tandis  que 
ses  fils,  défenseurs  zélés  de  la  république,  s'illus- 
trent sur  les  champs  de  bataille  ,  rappelle  au  mi- 
lieu de  notis  dans  nos  jours  corroiripus  la  lou- 
chante s'unpliciié  des  mœurs  de  nos  ancêtres  ; 
devant  un  tribunal  enfin,  où  le  ministère  si  im- 
portant de  surveiller  et  de  requérir  l'exécution 
des  lois  est  confié  à  un  homme  qui  en  a  fait  une 
étude  approfondie  ,  et  qui  ,  ferme  dans  ses  prin- 
cipes et  comme  jurisconsulte  et  comme  citoyen, 
a  montré  ,  dans  les  tems  les  plus  orageux  toute 
l'inflexibilité  des  vertus  républicaines. 

Oui  ,  je  ne  balance  pas  à  le  dire  ,  le  vœu  généra! 
est  rempli  ;  et  le  premier  consul  a  fait  les  choix 
que  le  peuple  aurait  fait  lui-même. 

Que  cette  double  confiance  du  peuple  et  du 
gouvernement  est  honorable  pour  vous,,  citoyens 
juges  ;  mais  combien  de  devoirs  elle  vous  im- 
pose !  Vous  serez  le  refuge  de  l'orphelin  ,  et 
l'appui  de  l'opprimé  ;  vous  oublierez  qu'il  exista 
des  partis  et  des  factions  ;  vous  tendrez  sans  cesse 
à  l'extinction  des  haines ,  au  pardon  des  offenses , 
à  la  réunion  des  cœurs.  Par  la  sagesse  de  vos 
décisions  et  de  vos  exemples  ,  le  temple  de  la 
justice  deviendra  celui  de  la  concorde  ;  et  les 
méchans  eux-mêmes  seront  forcés  d'avouer ,  en 
vous  voyant  ,  que  le  caractère  de  magistrat  est  un 
sacerdoce  civil  ,  par  lequel  l'homme  est  consacré 
à  la  loi ,  et  s'élève  au-dessus  des  méprisables 
passions  qui  affligent  et  déshonorent  la  société. 

De  ce  tableau  consolant  pour  l'homme  de  bien , 
quand  nos  regards  satisfaits  se  reportent  sur  tous 
les  actes  du  gouvernement  ,  de  ce  gouvernement 
réparateur  que  nous  a  donné  la  providence  pour 
mettre  un  terme  à  la  révolution  ,  nous  le  voyons 
profitant  des  leçons  douloureuses  dupasse,  uti- 
liser le  présent  et  nous  préparer  un  heureux  ave- 
nir ;  nous  le  voyons  attentif  et  fidèle  à  remplir  les 
promesses  qu'il  a  faites  ,  à  acquitter  les  dettes  qu'il 
a  contractées  envers  les  français  ,  à  réaliser  les 
espérances  qu'il  leur  a  données. 

Un  esprit  de  modération  et  de  tolérance  a  suc- 
cédé aux  perséculiotis  et  aux  dissentions  civiles  : 
un  mouvement  rapide  ,  uniforme  et  central  a  été 
imprimé  à  l'administration  publique;  le  premier 
consul  a  appelé  aux  places  des  citoyeris  probes 
et  d'une  moralité  connue:  dans  sa  sagesse,  il  a 
brisé  le  prisme  trompeur  de  l'esprit  de  parti  ,  il  a 
choisi  dans  tous  les  rangs  ,  non  les  hommes  des 
factions ,  mais  ceux  de  la  répubHque  :  il  a  consi- 
déré non  ce  qu'on  fit  dans  le  cours  de  la  révolu- 
tion ,  mais  ce  qu'on  fait  pour  la  patrie  et  pour 
l'honneur  du  nom  français  :  les  ineptes ,  les  mé' 


chflns  et  les  fripons  tmt   été  seuls  exclus,-  de  ja 
confiance. 

Les  arts  utiles  ont  été  encouragés ,  les  arts 
agréables  ,  qui  ont  aussi  leur  utilité  ,puisq-u,'ils 
embellissent  la  vie,  ont  reçu  un  nouvel  éclat, 
par  une  protection  honorable  ;  de  nouveaux  col- 
lèges ont  été  fondés  .  et  la  munificence  nationale 
s'y  est  déployée  en  faveur  des  inléressans  orphe- 
lins ,  dont,  les  pères  succombèrent  glorieusement 
ou  dans  les  champs  dhtinneur,  ou  clans  lexei- 
cice  des  fondions  pubLicjues;  la.  justice  a  etc 
rapprochée  des  j.usilci.abLes  ,  et  la  distribution 
en  a  été  confiée  à  des  mains  irréprochables  et 
vénérées.  Enfin,  c*+tc  guerre  intestine  qui  dé=r 
vorait  plusieurs  de  nos  dépariemens  maritimes; 
celte  révoilte ,  qui  présentait  chaque  année  ua. 
auxiliaire  à  la  perfidie  anglaise ,  vient  d'être 
étouffée  par  le  courage  et  la  clénjence  réunis; 
le  sauveur  de  la  Hollande  est  devenu  le  paci- 
ficateur de  l'Ouest.  Les  anglais  ,  forcés  d'aban- 
donner le  Zuiderzée  ,  n'ont  pas  osé  descendre 
sur  les  côtes  de  l'ancienne  Armorique  ;  ils  y 
auraient  retrouvé  Brune  et  ses  braves.  Le  rocher 
de  Quiberon  est  là  !  Au  bout  d  un  isthme;, 
qui  se  prolonge  dans  les  flots ,  il  s'élève  suc 
1  Océan  ;  l'anglais  le  voit  et  frémit  ;  il  apperçoit 
les  ossemens  des  émigrés  qu'il  abandonna;  il 
se  rappelle  ses  efforts  inutiles  et  sa  fallacieuse 
hospitalité. 

Puisse  cette  paix  intérieure  être  le  présage  de 
la  paix  générale  !  Ce  vœu  de  mon  cœur  ,  citoyens, 
est  le  vôtre  ,  et  celui  de  la  France  entière  :  il 
va  être  exaucé.  Le  génie  de  la  France  présente 
à  ses  ennemis  le  glaive  et  l'olivier.  Bonaparte, 
cet  homme  extraordinaire  ,  que  la  fortune  con- 
duit par  la  main  ,  et  qui  ne  peut  plus  ajouter 
à  sa  gloire  qu'en  donnant  la  paix  à  l'univers 
ébranlé  ,  Bonaparte  est  déjà  sous  les  murs  de 
Milan  ,  et  tandis  qu'en  Italie  le  drapeau  iricolot 
se  déploie  plus  resplendissant  que  jamais  ,  un 
autre,  héros  a  volé  du  Rhin  au  Danube,  et  a 
remporté  trois  grandes  vicloires  dans  sa  marche 
rapide.  C'est  Xénophon  dans  les  retraites ,  Fabius 
dans  la  science  des  marches  et  des  positions 
militaires;  c'est  un  grenadier  dans  l'action  ,  c'est 
dans  toute  sa  conduite  un  homme  de  bien  , 
modèle  accompli  des  citoyens  et  des  guerriers. 
O  Moreau  !  combien  tu  illustres  la  commune 
qui  nous  vit  naître  !  combien  il  m'est  glorieux 
et  doux  d'être  ton  ami  ,  d'avoir  été  le  compa- 
gnon de  ton   enfance  et  de  ta  jeunesse  ! 

Encore  deux  mois  ,  citoyens  ,  et  nous  com.T 
mencerons  à  cueillir  les  fruits  délicieux  de  la 
paix.  Alors  ,  tranquille  et  satisfait  au  milieu  des 
bons  et  veriueux  habilans  du  Cantal  ,  je  ne  son- 
gerai plus  qu'à  la  restauration  de  tous  les  moyens 
d  industrie  et  de  prospérité  qui  sont  nécessaire» 
à  ce  déparlement  ;  je  ne  songerai  plus  qu'à  ré- 
parer le  mal  ,  qu'à  encourager  le  bien  ,  qu'à 
laire  oublier  les  malheurs  de  la  guerre  et  de  la 
révolution  :  et  cette  tâche  me  deviendra  facile 
par  l'excellent  esprit  qui  vous  anime  ,  par  les 
lumières  et  l'expérience  des  sages  administrateur!, 
dont  le  gouvernement  a  fait  choix  pour  seconder 
mon   zèle  et   pour  m'éclairer  dans  mes  travaux. 

Le  secrétaire-général  du  département  de  Lot  et  Ga- 
ronne ,  au  rédacteur  du  Moniteur.  —  Agen ,  le  3 
messidor  ,  an  8  de  la  république  française. 

Citoyen , 

Comme  vous  vous  faites  un  plaisir  de  faire 
connaître  à  vos  concitoyens  l'enthousiasme  avec 
lequel  on  accueille  dans  les  différtns  départemens 
les  choix  du  premier  consul ,  les  institutions  nou- 
velles qui  découlent  de  la  constitution  de  l'an  8  , 
et  le  zèle  des  préfets  à  faire  sentir  tous  les  avan- 
tages qu'on  peut  se  promettre  de  ces  choix  et 
de  ces  institutions ,.  je  vais  vous  faire  un  exposé 
succinct  de  l'installation  des  tribunaux  de  ce 
département ,  qui  eut  heu  hier  2  du  courant.  Les 
membres  de  ces  tribunaux  s'étant  rendus  à  la 
préfecture  ,  revêtus  de  leur  costume  ,  le  cortège 
environné  de  la  force  armée  partit  au  bruit  du 
canon,  pour  se  rendre  au  palais  dejustice. 

Rendus  au  lieu  des  séances  ,  les  membres  du 
tribunal  d'appel  firent  individuellement  la  décla- 
ratton  prescrite  par  les  lois  ;  après  quoi  le  citoyen 
Pieyre  fils,  préfet,  prononça  un  discours  qui 
mériterait  d'être  connu  en  entier  ,  et  dont  je  ne 
puis  me  dispenser  de  vous  communiquer  quel- 
ques ffagmens. 

Il  Avec  les  progrès  de  la  civilisation,  dit -il, 
et  la  multiplicité  des  rapports  qu'elle  produit  en- 
tre les  citoyens  ,  s'accrut  le  code  qui  devait  leur 
servir  de  règle  ,  et  à  celte  époque  l'attribution 
de  rendre  lajustice  devint  l'appanage  de  la  paitr 
sance  souveraine,  celui  même  dont  elle  se  mon- 
tra le  plus  jalouse. 

JI  La  révolution  française  renversa  l'édifice  po- 
litique ,  indigne  d'être  appelé  le  temple  de  l$i 
justice.  Un  ordre  nouveau  s'établit  sur  des  lois 
nouvelles  ;  mais  l'ernpire  des  circonstances  ,  la 
fluctuation  des  systèmes  et  les  secousses  violentes 
qui  se  sont  succédées  ,  n'avaient  pas  permis  jus- 
qu'à ce  jour  de  s'arrêter  à  des  principes  fixes  ,  et 
qui  répondissent  à  l'importance    des  institutions 


judiciaires»  te  goùvemeiaent  qui  a  terminé  la 
révolution  ,  a  porté  sur  ce  grand  objet  une  mé- 
ditation profonde.  Il  devait  occuper  une  place 
intéressante  dans  les  vues  d'une  régénération  uni- 
verselle ,  et  le  résultat  de  ses  travaux  a  répondu 
à  l'espérance  de  la  nation  attentive  et  reconnais- 
sante. 

»»  Les  premiers  tribunaux  placés  à  de  petiies 
distances  qui  mettent  les  ciioyens  à  portée  d'y 
faire  valoir  leurs  droits  sans  se  détourner  de  leurs 
travaux  habituels  ;  un  tribunal  supéiieur  ,  établi 
dans  un  arrondissemenl  assez  étendu  pour  pou- 
voir n'y  appeller  que  des  hommes  dignes  d  un 
si  noble  emploi,  assez  restreint  pour  ne  pas  en- 
traîner ,  par  de  longs  voyages  ,  ceux  qui  opt  à 
réclamer  leur  justice  ,  à  difs  frais  qui  la  rendent 
presque  onéreuse  ;  le  nombre  des  juges  réglé  sur 
l'importance  des  affaires ,  et  combiné  de  telle  ma- 
nière que  les  décisions  susceptibles  dêlre  réfor- 
mées le  s.eronl  toujours  par  une  majoriié  impo- 
sante ,  tandis  que,  dans  le  dernier  système,  la 
minorité  des  suffrages  portait  souvent  un  arrêt 
définitif;  la  durée  des  fonctions  judiciaires  éten- 
due jusqu'à  celle  de  la  vie  ;  en  un  mot ,  tout  ce 
qui  peut  assurer  aux  organes  de  la  loi  la  dignité 
et  la  grandeur  qui  appartient  à  leur  auguste  ca- 
ractère ,  tout  ce  qui  peut  donner  aux  citoyens 
\iDe  haute  garantie  de  leurs  droits  ,  une  juste 
confiance  dans  les  décisions  qu'ils  attendent,  se 
trouve  réuni  dans  l'organisation  nouvelle. 

-<t  Les  citoyens  ■ïoyent  la  confiance  du  gouver- 
nement se  fixer  sur  les  hommes  qu'ils  auraient 
eux-mêro.es  choisis  ,  la  venu  honorée  ,  les  ser- 
vices récompensés ,  les  talens  appelés  à  l'emploi 
le  plus  utile.  Ils  voient  à  votre  tête  un  magis- 
trat distingué  par  ses  qualités  personnelles  autant 
que  par  ses  lumières  et  par  la  connaissance 
profonde  des  lois,  et  dont  le  nom  (l)  cher  à 
ses  concitoyens  et  recommandable  dans  l'état  , 
se  lie  encore  avec  éclat  dans  les  annales  de  la 
république  aux  savantes  combinaisons  militaires 
qui  ont   préparé   les   succès  de  nos  armées. 

Le  président  du  tribunal  ,  dans  sa  réponse  au 
préfet  ,  fit  I  énumération  des  avantages  que  la 
révolution  du  18  brumaire  avait  amenés  dans 
toutes  les  parties  de  l'état  ;  il  fit  sentir  combien 
la  paix  que  le  premier  consul ,  conquér,  il  une 
seconde  fois  au-delà  des  Alpes  ,  consoliderai!  la 
le  bonheur  des  français,  combien  les  nugis- 
trats  devaient  le  seconder  dans  une  carrière  éga- 
lement utile  et  pénible  ,  quoique  moins  glorieuse. 
Le  commissaire  ,  le  citoyen  Menyssel ,  ex-lc- 
gislateur  ,  fit  connaître  les  principales  qualités 
qu'on  peut  désirer  dans  Itxcrçice  Jelajusiice, 
qui  sont  la   bonté  et  la    piomptitude. 

La  séance  ayant  été  levée  ,  et  Icsmembres  du 
tribunal  ci^'minel  successivement  appelés  ,  ayant 
fait  leur  déclaration,  le  préfet pionoiiça  un  second 
discours  où  Ion  trouve  ces  passages  remar- 
quables : 

u  Grâces  soient  rendues  aux  régénérateurs  de 
la  France  ,  ils  l'ont  sauvée  sut  le  bord  de  1  abîme  ; 
l'arbitraire  a  disparu,  lautomé  agit  au  nom  de 
la  loi ,  et  la  loi  proclame  les  principes  de  la 
nature   et  de  l'équité. 

M  L'abolition  de  la  peine  de  niort,  pensée 
philantropique  de  ce  siècle  de  la  philosophie  , 
suivis  de  près  cette  paix  générale  que  réclament 
à  grands  ciis  les  peuples  de  1  Europe  entière  , 
à  laquelle  lobstination  insensée  de  quelques 
hommes  met  seul  obstacle  ,  et  que  le  chef  de 
la  république  conquiert  en  ce  moment  au  sein 
de  celte  Italie  ,  théâtre  éclatant  de  ses  triomphes, 
j)  Il  fut  un  tems  pu  le  soufiBe  empoisonné 
des  furies  inteçta  le  beau  ciel  de  notre  patriç  , 
xn»is  elles  n'approchèrent  jamais  de  ce  sanctuaire 
auguste;  jamais  les  passiorjs  ,  l'esprit  de  parti ,  la 
terreur  révolutionnaire  n'eurent  accès  dans  ce 
tribunal  ;  la  justice  y  reçut  constamment  un  culte 
digne  d  elle ,  des  mains  pures  y  tinrent  avec 
fermeté  sa  balance  dans  les  plus  violentes  se- 
cousses ,  et  ses  oracles  furent  toujours  prononcés 
par  des  bouches  consacrées  à  la  loi  et  à  la 
vertu. 

>>  Le  sysiême  de  la  jurisprudence  criminelle 
n'a  éprouvé  aucune  reforme  ;  seulement  dans 
l'organisation  nouvelle  ,  la  poursuite  des  délits 
se  trouve  unie  à  la  surveillance  de  l'observation 
des  formes.  Cette  réunion  est  sans  doute  un 
avantage ,  mais  elle  devient  dans  ce  départe- 
ment un  véritable  bienfait ,  puisqu  elle  multiplie 
les  attributions  judiciaires  dans  les  mains  d  un 
dloyen  recommandable  et  honoré  ,  qui  a  su  se 
Tendre ,  par  l'austère  accomplissement  de  ses 
devoirs  ,  la  terreur  des  roéchans ,  et  obtenir  d'eux 
comme  de  tous  les  gens  de  bien  ,  ce  respect  et 
celte  considération  que  la  venu  arrache  de  ceux 
mêmes  qui  paraissent  résister  le  plus  à  son  em- 
pire. 

Le  président  et  te  commissaire  ont  répondu  au 


discours  du  ptéfet.  Le  premier  a  développé  ses 
vues  sur  le  perfectionnement  dont  est  encore  sus- 
ceptible linsiiiution  salutaire  des  jurés. 

Le  commissaire  a  rendu  témoignage  de  l'esprit 
de  patrioiisme ,  de  sagesse  et  de  concorde  qui 
anime  tous  les  citoyens  de  ce  département  ,  des 
vœux  qu  ils  font  pour  la  conservation  du  premier 
consul  ,  et  de  l'enthousiasme  avec  lequel  ils  ont 
accueilli  les  bienfaits  du  18  brumaire. 

Les  membres  du  tribunal  criminel  ayant  fait 
place  à  ceux  du  tribunal  de  première  instance  , 
et  ceux-ci  ayant  fait  leur  déclaration  conformé- 
ment à  la  loi  ,  le  préfet  retrace  au  tribunal  le 
double  caractère  dont  il  est  investi;  la  première 
connaissance  des  matières  civiles  et  l'exercice  de 
la  police  correctionnelle. 

Le  président  répond  et  se  félicite  de  ce  qu'un 
nouvel  ordre  de  choses  a  délivré  les  magistrats 
et  les  citoyens  de  ces  lois  révolutionnaires  qui, 
souvent ,  ont  placé  les  premiers  entre  leur  cons- 
cience et  la  prévarication. 

Des  applaudissemens  multipliés  ont  accueilli 
ces  discours  et  manifesté  l'assentiment  et  la  joie 
des  citoyens.  Nous  sentons  tous  que  rien  n'est 
supérieur  au  bonheur  de  posséder  de  tels  tribu- 
naux ,  que  de  n'avoir  ni  procès  à  soutenir  ,  ni 
crimes  à  poursuivre. 

Salut  et  fraternité  , 

Signée  GoDail. 

Au  rédacteur  du  Moniteur.  —  Paris,  ce  lo  niessidûr  , 
«71  8. 


La  tachygraphie  n'est  pas  l'aînée  de  la  sténogra- 
phie comme  le  prétend  le  citoyen  Coiterel.  La 
première  fut  créée  en  1786;  et  la  Seconde  remonte 
vers  le  milieu  du  dernier  siècle. 

Jamais  Taylor  n'a  été  l'inventeur  de  la  sténo- 
graphie traduite  par  le  citoyen  Bertin.  Son  traité 
qui  parut  en  1788  est  absolument  semblable  pour  , 
les  caractères  ;  les  combinaisons  ,  la  suppression 
des  voyelles,  les  abbréviaiions  ,  etc.  ,  à  l'édition 
publié  par  Byrom,  en  1767  ,  laquelle  fut  dédiée 
au  président  de  la  société  royale  de  Londres. 

Lacadémie  des  sciences  de  Paris  n'a  pu  juger 
la  lachygvaphie  ,  qu'après  lavoir  comparée  à  la 
sténograhie  ,  ainsi  que  le  prouve  ces  expressions 
tirées  du  rapport  qui   lui  en  fut  fait. 

))  Ces  changeraens  que  nous  avons  discutés 
avec  lui  (l'auteur  de  la  tachygraphie),  onl 
amené  sa  méthode  à  un  degré  de  perfection  qui 
en  permet  au  moins  la  comparaison  avec  les  tachj/- 
graphies  anglaises  qui  nous  ont  été  communiquées 
comme  les  meilleures.  Nous  croyons  donc  devoir 
a^jpiofondir  cet  objet  plus  que  nous  ne  l'avions  fait 
précédemment.  >>  Histoire  de  l'académie  des  sciences 
de  Paris  ,  année  i  787  ,  page  II.' 

jamais  examen  ne  fut  plus  rigoureux  ;  Vander- 
monde,  chargé  du  rapport  ,  connaissait  parlaite- 
nieni  ce  qu'on  appelle  courte-écriture  ,  shortand  ; 
il  avait  la  ceniiude  que  cette  méthode  offrait 
tous  les  moyens  de  suivre  la  parole  ,  mais  il  était 
convaincu  quelle  ne  peignait  pas  complètement 
le  langage,  qu'elle  offrait  un  déchiffrement  con- 
tinuel ,  des  erreurs  ,  des  équivoques  ;  l'expéiience 
dont  le  jugement  est  irrécusable  en  fait  d'art  méca- 
nique ,  pour  me  servir  des  expressions  du  citoyen 
Cotterel  doil  avoir  convaincu  ceux  qui  pratiquent 
la  sténographie  que  le  citoyen  Vandermonde  ne 
s'était  pas  trompé. 

<i  Le  premier  pas  à  faire  pour  créer  une  mé- 
thode de  lachygvaphie  (  dit  ce  célèbre  acadé- 
micien dans  son  rapport  )  ,  est  donc  de  chercher 
l'écriture  la/plus  simple  qui  puisse  servira  peindre 
un  discpu  rssan  syrien  omettre.  Les  élémens  de  celte 
écriture  ne  pourront  pas  surcharger  la  mémoire  : 
on  ne  la  déchiffrera  pas  ,  ou  la  lira  ;  et  les  abbré- 
viaiions qu'on  y  introduira  comme  moyens  sub- 
sidiaires ,  compleitant  la  méthode  sans  en  devenir 
le  fondement,  et  pouvant  être  choisies  ou  ima- 
ginées ,  sclop  le  besoin  ,  par  ceux  mêmes  qui 
fadopteront  ,  n'ajouleront  rien  à  la  diliiculté  de 
l'apprendre:  iderfi  ,  page   \%. 

La  méthode  que  j'avais  présentée  à  l'acadé- 
mie n  était  pas  celle  que  j'enseigne  aujourd'hui  ; 
un  rapport  qui  lui  lut  lait  de  la  première  le 
|3  juillet  1786  contenait  des  observations  qui  , 
d'ajirès  l'ayis  du  citoyen  Borda,  tne  furent  com- 
muniquées. Obligé  de  rendre  mon  écriture  plus 
conséquente,  je  fus  également  forcé  d  aban- 
donner une  exécution  brillante  ,  et  d'acquérir 
de  nouvelles  habitudes  ;  j  ai  eu  le  courage  de 
faire  ce  sacrifice  à  la  perfection  de  l'art  ;  je 
n'étais  plus  dans  lige  cà  l'on  oublie  facilement 
des   signes   pour  en  apprendre  d'autres  qui  ,  ap- 


pier  une  démonstration  du  citoyen  Mpnge  ,  sur 
les  phénomènes  de  l'atmosphère  ,  et  te  qui  ne 
paraîtra  pas  moins  extraordinaire,  de  dessiner  en 
même  tems  les  figures  qui  étaient  relatives  à  la 
leçon. 

A  ces  faits  notoirement  connus  ,  je  pourrais 
ajouter  l'exécution  d'une  demoiselle  de  seize 
ans  ,  laquelle  écrivit  la  conversation  la  plus 
animée,  et  qui  l'a  relue  ensuite  ,  de  manière  que 
chacun  a  reconnu  ses  pto\'res  expressions.  Ainsi, 
le  citoyen  Breton  n'est  donc  pas  exclusivement 
en  possession  de  recueillir  les  plus  importantes 
discussions.  Son  exécution  lui  fait  honneur  ; 
mais  prouve-t-elle  que  la  siénoiiraphic  esi  su- 
périeure à  la  tachygraphie  ?  Le  citoyen  Cotterel 
devait-il  d'un  ton  afhrmatif  trancher  la  question, 
et  chercher  à  jeter  la  délaveur  sur  le  travail  d  un 
homme  qui  y  a  sacrifié  les  deux  tiers  de  sa 
vie  ,  qui  n'a  rien  neglii>,é  pour  le  porter  a  sa 
perfection  ,  et  qui  regarde  comme  un  honneur 
national  d'avoir  surpassé  les  anglais  dans  l'art 
de  peindre  la  parole. 

Au  surplus ,  comme  le  citoyen  Cotterel  ne 
peut  faire  raisonnablement  aucune  objection  con- 
tre la  tachygraphie,  qu  aucune  critiqué  n'a  encore 
été  faite  par  ses  adversaires  ,  que  tous,  au  con- 
traire .  ont  rendu  hommage  à  sa  sitiiplicité  et 
sur-tout  à  sa  lisibilité,  je  crois  devoir  terminer 
une  fois  pour  touteis  la  discussion  qu'on  voudrait 
engager,  en  disant  que  le  jugement  de  laca- 
démie des  sciences  subsiste  dans  toute  sa  force  , 
et  que  je  le  confirmerais  encore  mieux  en  lisant 
et  écrivant  en  même  tems  375  pages  d'un  8°  de 
34  lignes  à  la  page  ,  et  de  40  à  45  leUres  à  la 
ligne  ,  en  dix  heures  ,  sans  avoir  omis  une  syl- 
labe ;  ou  si  le  citoyen  Cotterelle  juge  à  propos  ,  ^ 
quand  il  plaidera  ,  qu'il  me  place  à  côté  de  lui  , 
de  manière  que  je  puisse  l'entendre,  et  mal- 
gré ma  surdité  ,  je  me  fais  fort  de  copier  sa 
harangue. 

Salut   et   respect , 

CotLoN  DE  Thévenot  ,  professeur  ie  tachy- 
graphie ,  au  Palais-National  des  sciences  et 
des  arts  ,   quai   Pelletier ,   n°  36. 


(1)  Le  président  du  tribunal  d'appel  est  le  cit. 
Lacuée  ,  frère  dej.  G.  Lgcuéc  ,  conseiller  d'état, 
section  de  la  guerre,  et  qui  fut  chargé  du  porte- 
feuille de  ce  ministère  ,  en  l'abicoce  du  citoyen 
Cainot. 


Obseryaiions  sur  la  nécessité  de  supprimer  les  étalages 
extérieurs  ,  par  le  citoyen  P.  A.  Garros. 

Lé  préfet  de  police,  en  ordonnant  la  suppres- 
sion des  échoppes  et  des  étalages  mobiles  ,  a  pris 
un  arrêté  sage  et  favorable  au  commerce.  Il  n'est 
pas  moins  essentiel  de  détendre  les  étalages  exté- 
rieurs. S'il  ne  suffisait  pas  de  mettre  à  cet  égaird 
en  vigueur  les  anciennes  ordonnances  de  police, 
il   serait  aisé  d'y  suppléer. 

Sans  avoir  égard  au  peu  de  largeur  des  rues  , 
si  peu  proportionnées  à  I  affluencc  de  la  popula- 
tion ,  ks  marchands  se  permettent  détaler  au 
dehors  de  leurs  boutiques  ce  qui  les  gênerait 
dans  l'intérieur.  Loin  de  favoriser  le  hb:e  accès 
du  pubhc,  ils  font  précisément  ce  qtiil  faut  pour 
l'écarter  et  lui  nuire;  ce  qui  semble  contraire  à 
leurs  intérêts.  Sous  ce  rapponje  n'ai  rien  à  dire: 
je  ne  me  plains  de  cet  empieltement  sur  la  rué, 
qu'en  ce  qu'il  esture  véritable  usurpation  delapro- 
priété  publi(jue,et  que  ses  effets  en  sont  dangereux. 

Les  montres  des  bijoutiers  .  des  quincailliers  , 
la  grille  ventrue  des  boulangers  dérobentau  pas- 
sans  un  abri  contre  les  averses,  les  gouiieres, 
la  boue  jaillissante  du  ruisseau  et  contre  les 
voitures.  Mais  on  ne  s'en  tient  pas  à  cet  étalage 
adhérent  à  la  maison  :  la  fruitière  ,  l'épicier  ,  le 
tonnelier  ,  le  chaudronnier  ,  le  carrossier  ,  le 
charron,  le  maréchal  font  tout  leur  étalage  aU' 
dehors  ,  et  souvent  disputent  et  refusent  toute 
une  moitié  de  rue  aux  piétons  comme  aux  voi- 
tures. 

Ces  étalages  n'usurpent  pas  seulement  la  voie 
publitjue  ;  "fa  plupart  frappent  les  seris  dune 
manière  désagiéable  ,  et  causent  des  inconvé- 
niens  graves.  Ce  n  est  pas  assez  dêire  à  charjue 
pas  forcé  par  le  mouvement  de  la  foule  d  es- 
suyer de  ses  vêteinens  le  fourneau  du  brûleur  de 
calé  et  la  table  sanglante  de  la  tripière,  de  rece- 
voir sur  soi  les  gouttes  de  suif  fondu  et  brûlant 
de  la  lampe  du  chaircuiiier.  Il  faut  encore  voir, 
sentir  ,  quelquefois  toucher  ces  doubles  moitiés 
de  porcs  pendantes  iusiiucs  sur  le  pavé  boueux, 
couvertes  d'éclaboussures  ,  et  sotivent  insultées 
par  les  chiens  vagabonds.  (Jue  d'autres  exposir 
tiens  répugnantes  je  pourrais  citer! 

Tant  de  voix  ont  crié  dans  le  désen  au  sujet  des 
boucheries  et  des  fueries  multipliées  dans  toute» 
les  rues,  que  je  me  tairai  sur  une  suppre.-sion 
tentée  vainement  autrefois  par  un  gouvernernent 
lent  et  faible  ,  qui   ne  coûtera  qu  un  simple  régie- 


portant    beaucoup    de    confusion   dans   ma  mé  ,  -,  „;aT.nrf.n«  i-t 

'     .  ,       •     .  f,      :i :.^  _..^.j..   1.  -.;|^rité     «"ent  de  pohce  a  un  gouvernement  vigoureux  et 

et  chéri. 

Mais  je  proclamerai  cette  vérité  :  rendons  au 
public  ce  qui  est  au  public  ;  respectons-le  par- 
tout, et  sachons  le  servir  ju!c|U es  dans  le  maintien 
de  sa  propriété,  car  il  a  aussi  ses  propri  us.  On  le 


oirc  ,   devaient  de  nécessité  retarder   la  ce 
de    ma  plume  ;  mais  malgré  ces  obstacles  ,  ma 
gré  la  suidité  dont  je  suis  affligé  ,  j'ai   démontié 
maiérielleinent  la    possibilité    (décrire    aussi  vite 
qu  on    parle,   soit   dans   les    places    que  j  ai    oc- 
cupées à  1  armée   ou    dans  le   ministère  ,  soit    au 


corps    législatif    en   recueillant    les    débats    dont  flagorne  au  théâtre  ,  ailleurs  on  le  berce  d   IIm'  nns; 

j'ai   lait  paraître    deux   volumes,   soit    à   l'école  on  s'agenouille  devant   lui  dans  les  écrits  publics , 

polytechnique,   où    un    des    éleics,    après   trois  et  on   le    chasse  des  chemins;  on  le  circonscrit 

semaines   de   leçons  ,  s'est  trouvé  en  état  de  co-  dans  les  places,  et  on  le  couvre  de  boue   dans 


les  rues.  Cependant,  il  paye  partout  pour  être  à 
l'aise  et  considéré.  S'il  a  payé  le  couplet  louan- 
geur du  V.iudeville  en  prenant  son  billet,  il  paye 
la  propriété  ,  la  sûreté  de  son  passage  en  acquit- 
tant ses   contributions. 

L'antiquité  des  étalages  extérieurs  ne  justifie  pas 
leur  nécessité. .le  ne  la  sens  pas;  mais  je  sens  celle 
de  jouir  librement  de  ma  propriété  :  la  rue  ,  dans 
toutes  ses  dimensions  est  à  moi  ,  lorsque  j'y  passe  : 
je  n'en  dois  le  partage  qu  à  celui  à  qui  le  besoin 
donne  un  droit  égal.  Que  le  marchand  sédentaire 
occupe  l'intérieur  ,  et  ne  me  dispute  pas  le  dehors, 
à  moi  dont  la  nécessité  de  l'ambulance  justifie  mes 
tiioils.  Sa  sécurité  même  lui  fait  un  devoir  de  ne 
pas  multiplier  les  dangers  qui  m'assaillent. 

Mais  ,  dira-t-rfn  ,  ne  faut-il  pas  du  moins  étaler 

les  fruits  ,   les  légumes Eh  bien  !  placez-les 

dans  l'intérieur  des  boutiques  ,  proprement  dis- 
posées à  les  recevoir,  et  non  aux  injures  du  teins 
et  sur  le  pavé  fangeux.  Mais  faites  mieux  :  mul- 
tipliez les  marchés  pubhcs.  Rendez-les  propices 
à  leur  objet  et  à  portée  des  consommateurs. 

Il  est  tems  que  l'on  s'occupe  de  la  propreté  .  de 
la  salubrité  ,  de  l'embelissement  d'une  cité  qui  . 
jusqu'à  ce  jour  ,  semble  avoir  été  habitée  par  des 
serfs  et  régie  par  des  maîtres  insoucians. 


Fin  de  la  première  leçon  du  cours,  public  sur  l'ap- 
plication du  calcul  décimal ,  etc.;  par  le  citoyen 
Aubry ,  géomètre. 

^  "VI.    Du  déplacement  de  la  virgule. 

Si  la  virgule  est  la  base  fondamentale  du  calcul 
décimal  ,  Son  déplacement  en  est  la  partie  orga- 
nique; et  c'est  ce  que  l'on  va  sentir  en  reprenant 
les  74'883  points  courans  dont  il  a  été  question 
dans  le  troisième  paragraphe. 

En  effet  ,  puisque  l'on  a  supposé  que  la  toise 
était  divisée  en  lo  pieds,  le  pied  en  lo  pouces  , 
le  pouce  en  lo  lignes  ,  la  ligne  en  lo  points  ,  il 
est  évident  qu'en  ne  fesant  que  changer  la  vir- 
gule de  place,  on  a  fait  exactement  la  même 
chose  que  si  l'on  avait  multiplié  ou  divisé. 

Rétablissez  effectivement  pour  utie  minute  les 
anciennes  divisions  de  la  toise  ,  du  pied  ,  dn 
pouce,  de  la  ligne,  etc.  ,  c'est-à-dire,  considérez 
la  toise  comme  contenant  6  pieds  ,  le  pied  12 
pouces ,  le  pouce  12  lignes,  et  la  ligne  12  points  , 
vous  verrez  à  l'instant  même  qu'il  vous  faudra 
diviser  74883  points  par  12  ,  pour  obtenir  le 
produit  en  lignes;  diviser  ce  dernier  produit 
par  12  ,  pour  obtenir  le  produit  en  pouces  , 
diviser  ce  dernter  produit  par  12  pour  avoir  le 
produit  en  pieds  ,  et  diviser  enfin  ce  dernier 
produit  en  six  ,  pour  avoir  le  produit  en  toises  ; 
ce  qui  vous  aura  d'abord  occasionné  quatre  di- 
visions principales  ,  et  ensuite  autant  de  divisions 
Îiarticulieres  qu'il  se  sera  trouvé  de  pieds,  pouces, 
ignés  et  points,  à  la  suite  des  produits  trouvés. 

"Vous  verrez  également  que  pour  savoir  com- 
bien le  nombre  de  toises  trouvées  fait  de  pieds , 
le  nombre  de  pieds  trouvés  fait  de  pouces,  le 
nombre  de  potices  trouvés  fait  de  lignes  ,  et  le 
nombre  de  ligjies  trouvées  fait  de  points  ,  il  vous 
aura  fallu  faire  autant  de  multiplications  que  de 
divisions  ;  or ,  bien  certainement  vous  n'aurez  pas 
pris  cette  peiije  ,  quand  les  divisions  de  vos  me- 
sures auront  eié  décimales  ,  puisque ,  suivant  les 
règles  de  ce  Calcul  ,  la  dixième  partie  de  74883 
aura  été  la  virgule  transportée  d'une  place  vers  la 
gauche;  comme  ceci,  7488,3  qui  aura  signifié 
7'488  lignés  3  points  ;  que  la  dixième  partie  de 
7'488  lignes  3  points  aura  été  la  mêtne  virgule 
transportée  d'une  place  vers  la  gauche;  comme 
ceci,  748,83  qui  aura  signifié  748  pouces  8  lignes 
3  points  ;  que  la  dixième  partie  de  748  pouces 
8  lignes  3  points  aura  été  la  même  virgule  trans- 
portée encore  vers  la  gauche  ;  comme  ceci  , 
74,883,  qui  aura  signifié  74  pieds  8  pouces  , 
8  lignes  ,  3  points  ;  et  que  la  dixième  partie  de 
^eite  dernière  quantité  aura  été  la  virgule  trans- 
portée d'ue  place  vers  la  gauche;  comme  ceci  , 
7,4'883  qui  aura  signifié  7  toises  4  pieds  8  pouces 
■8  lignes  3  points. 

De  même  que  si  on  a  voulu  savoir  combien 
7  toises  4  pieds  8  pouces  8  lignes  3  points  font 
de  pieds  ,  on  n'aura  fait  que  transporter  la  vir- 
gule d'une  place  vers  la  droite  pour  découvrir 
-qu'il  y  en  a  74  ,  plus  8  pouces  8  lignes  3  points  ; 
ensuite  combien  ces  74  pieds  8  pouces  8  lignes 
3  points  font  de  pouces  ;  il  n'aura  fallu  que 
transporter  également  la  virgule  d'une  place  vers 
la  droite  ,  pour  savoir  qu'il  y  en  a  74S  ,   plus   8 


11 44 

lignes  3  points.  Ensuite  combien  les  748  pouces 
8  lignes  3  points  font  de  lignes  ,  il  n'aura  fallu 
que  transporter  la  virgule  d'une  place  vers  la 
droite  ,  pour  savoir  qu'il  y  en  a  7'4§8  ,  plus  3 
points;  enfin,  combien  ces  7488  lignes  3  points 
font  de  points  ,  il  aura  fallu  seulement  transpor- 
ter la  virgule  d'une  place  vers  la  droite  ,  pour 
savoir  quil  y  en  a  74883. 

On  convient  que  pour  adopter  ces  divisions 
décimales  à  des  mesures  divisées  d'une  manière 
différente  ,  il  faut  les  avoir  auparavant  divisées  à 
la   nouvelle   manière. 

Mais  ,  d'abord,  je  déclare  ici  que  s'agîssant  de 
calculs  ,  il  n'est  aucune  puissance  sur  terre  ca- 
pable de  nous  empêcher  d'appeler  un  quart  den- 
tier  25o  millièmes  ,  lin  tiers  333  millièmes,  trois 
huitièmes  375  millièmes  ,  cinq  sixièmes  833  mil- 
lièmes ,  etc.  et  d'appeler  ensuite  le  premier  de 
chacun  de  ces  trois  chiff^res  ,  des  pieds  déci- 
maux courans  ,  quarrés  ou  cubes  ,  s  il  s'agit  de 
toises  courantes  ,  quarrées  ou  cubes  ;  des  setiers 
décimaux  ,  s'il  s'agit  de  muids  de  grains  ;  des 
veltes  décimales  ,  s'il  s'agit  de  barriques  ;  des 
onces  décimales  ,  s'il  s'agit  de  livres  pesantes  ;  et 
des  sols  décimaux  ,  s'il  s  agit  de  livres  monnaie. 
Le  deuxième  de  chacun  de  ces  chiffres  des 
pouces  décimaux  ,  courans  ,  quarrés  ,  ou  cubes  , 
s'il  s'agit  encore  de  toises  ;  de  boisseaux  déci- 
maux ,  s'il  s'agit  de  muids  de  grains  ;  de  pintes 
décimales  ,  s'il  s'agit  de  barriques  ;  des  gros  déci- 
maux ,  s'il  s'agit  de  livres  pesantes,  et  des  deniers 
décimaux,  s  il  s'agit  de  livres  monnaie;  enfin, 
le  troisième  de  chacun  de  ces  chiffres  des  lignes 
décimales  courantes  ,  quarrées  ou  cubes  ,  s'il 
s'agit  toujoursde  toises  ;  de  litrons  décimaux  ,  s'il 
s'agit  toujours  de  muids  de  grains  ;  des  poissons 
décimaux,  s'il  s'agit  toujours  de  barriques;  de 
grains  décimaux  ,  s'il  s  agit  toujours  de  livres 
pesantes  et  de  pittes  décimales  (i)  ,  s  il  s'agit 
toujours   de  livres   monnaie. 

Qirant  à  la  division  matérielle  de  ces  mêmes 
mesures  ,  c'est  une  toute  autre  affaire  ;  je  ne  dois 
aucunement  m'en  mêler  ,  je  dois  dire  seule- 
ment que  si  le  calcul  décimal  est  une  fois  adopté 
en  Europe,  bientôt  on  verra  toutes  les  nations 
se  choisir  l'unité  la  plus  usuelle  de  leurs  mesures  , 
et  subdiviser  décimalement  leurs  aunes  ,  leurs 
toises  ,  leurs  pieds  ,  leurs  pouces  ,  ieurs  pittes  , 
leurs  poissons  ,  leurs  boisseaux  ,  leurs  litrons  , 
leurs  onces,  leurs  gros  ,  leurs  grains,  leurs  sous  , 
leurs  deniers  ,  s'i's  ne  préfèrent  pas  plutôt  d'adop- 
ter en  son  entier  le  système  des  mesures  nou- 
velles de  France,  qui  ne  leur  laissera  rien  à  faire 
à  cet  égard,  ni  même  à  désirer. 

Tin  de  la  première  leçon. 


NECROLOGIE. 

Au.  rédacteur  du  Mô'niteur.  —  Taris,  le  ïi  messidor. 

Je  vous  prie,  citoyen  ,  d'insérer  dans  votre 
journal  la  notice  suivante  sur  le  général  Darçon, 
que  le  sénat-conservateur  et  le  corps  du  génie 
regrettent  également.  C'est  un  de  ses  élevés  qui 
paie  à  sa  mémoire  le  tribut  d'une  juste  recon- 
naissance. 

L'art  militaire  ,  les  sciences  et  la  philosophie 
viennent  de  perdre  le  général  Darçon.  Une  ima- 
gination ardente  ,  une  ame  dévorée  de  la  soif 
de  son  art  et  du  bien  de  l'humanité  ,  ont  ruiné 
plus  que  lâge  sa  constitution  affaiblie  par  les 
veilles.  Près  de  cinquante  années  de  service 
dans  le  corps  du  génie  ,  un  travail  assidu  , 
toujours  utile  et  brillant,  plusieurs  sièges  fameux, 
notamment  celui  de  Gibraltar  ,  les  moyens  in- 
génieux qu'il  y  employa  ,  et  qu'une  basse  in- 
trigue seul  fit  échouer,  plusieurs  ouvrages  juste- 
ment célèbres  ,  les  Considératious  sur  linfluence  du 
génie  de  Vauhan  dans  la  balance  des  forces  de  (état; 
de  la  force  militaire  dans  ses  rapports  conserva- 
teurs ;  Considérations  militaires  et  politiques  sur 
les  fortifications ,  etc.  etc.;  enfin,  la  réfutation 
des  erreurs  de  Montalembert  dont  il  sut  distin- 
guer et  faire  valoir  les  idées  saines  ,  tout  assure 
au  général  Darçon  un  des  premiers  rangs  parmi 
les   tacticiens    du  siècle. 

Ingénieur  habile  ,  mécanicien  célèbre ,  ses 
écrits  sont  remplis  d'idées  neuves  sur  la  for- 
tification et  ses  ressources  de  détail  ,  sur  les  ma- 
chines de  guerre  ,  sur  le  lever  des  cartes  mili- 
taires ,  sur  la  méthode  la  plus  expéditive  de 
saisir  un  terrein  ,  et  en  général  sur  les  moyens 
conservateurs  des  hommes  qui:  fesaient  sa  plus 
chère  occupation. 


Philantrope,  véritable  sage,  adoré  de  sa  famille, 
de  ses  voisins  ,  chéri  ,  consulté  par  un  corps 
qui  s'honorait  de  tenir  encore  à  lui,  du  moins 
par  son  souvenir  et  ses  conseils ,  il  habitait 
son  hermitage  dans  le  Jura  ,  lorsque  dans  l'an 
I  7  ,  les  ordres  du  directoire  l'arrachèrent  à  sa 
solitude.  Tel  est  l'ascendant  d'un  génie  supé- 
rieur, que  ses  ennemis  mêmes  sont  réduits  à 
l'invoquer.  Il  prédit  en  arrivant  les  revers  de 
cette  campagne.  Il  tonna  avec  son  énergie  brû- 
lante, contre  la  désorganisation  ,  la  corruption, 
les  fautes  innombrables  dont  il  était  témoin: 
las  de  prédire  en  vain  ,  il  était  retourné  gémir 
dans  ses  montagnes  ,  lorsque  le  grand  répara- 
teur des  taules,  voulant  sentourer  des  sages 
qui  les  avaient  prévues  ,  l'appella  au  sénat-con- 
servateur ,    où  il   fut  porté  à  l'unanimité. 

C'est-là  qu'à  l'exemple  de  Vauban  ,  il  consacrait 
au  bien  public,  à  la  félicité  intérieure,  des  lu- 
mières acquises  par  une  longue  expérience  ,  des 
connaissances  profondes,  et  les  vœux  d'une  ame 
toujours  pure  et  bienveillante  ,  quand  la  mort  est 
venu  l'arracher  au  sénat  qui  le  regrette ,  à  un 
corps  qui  le  pleure  ,  à  une  famille  incon- 
solable. 

Le  général  Darçon  eut  beaucoup  d'admira- 
teurs, et  ne  laisse  pas  un  ennemi  ,  parce  qu'il 
fut  célèbre  sans  orgueil,  utile  sans  ambition', 
bouillant  sans  humilier  ses  rivaux  ,  en  un  mot, 
parce  qne  son  ame  était  aussi  belle  ,  aussi  igno- 
rante du  mal  ,  que  son  esprit  était  instruit ,  ori- 
ginal ,   et  ami    du  bien. 

R.  S.  C. 


COURS     DUCHANGE. 

bourse  du  \i  messidor. — Changes   étrangers. 

Lyon ;   au  p.  à  vue. 

Marseille....  au  p.  à  25  jours. 
Bordeaux....   {  p.  a   i5  jours. 
Montpellier..   {  p.- à  3o  ]ours. 
Effets  publics. 

Rente  provisoire 24  fr. 

Tiers  consolidé 34  fr. 

Bons  deux  tiers , . . . .      i   fr.  60  c. 

Bons  d'arréragé 87   fr.  25  c. 

Bons  pour  l'an  8.... 82   fr. 

Syndicat. 68  fr.    5o  c. 

Coupures. 68  fr.   25  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Paris,  dix  heures  du  soir. 

On  venait  de  donner  au  théâtre  des  Trouba- 
dours une  petite  pièce  de  circonstance  ,  intitulée: 

la  Nouvelle  inattendue  ,  impromptu  analogue  aux 
immortelles     victoires     de    l'armée    d  Italie.    Au' 
moment   oîi  le   dernier  couplet  de  cette  bluette, 
qui    avait     été    constamment     applaudie  ,    était  , 
chanté  ,    le     public  a   reconnu  le   consul    Cam- 
bacérès  entrant   dans   une  loge.  De    toutes   parts 
le    cri    dt,bis   la  pièce ,    s'est   élevé;  les  acteurs  : 
ont  vivement  saisi   cette   occasion    de   témoigner 
leur  zèle  ,  et  l'ouvrage  ,  en   peu  d  instans  ,    a   ea_ 
sa     première      et     sa     seconde     représentation. 
Ainsi  il  n'est  pas  d'allusions  au  courage  de  nos. 
guerriers,  pas  de   tribut  de  reconnaissance  pour 
leurs   dignes  chefs  ,  pas  un    témoignage  d'admi- 
ration pour  le  premier  consul ,  pas  un  vœu  pour 
la   paix,  qui,    répété   à    chaque   représentation, 
n'ait  été    entendu  quatre  fois  par  le  public  ,    et 
quatre  lois  suivi  des  plus  vives  acclamations. 

L'auteur    de    cet   impromptu  ,  dont   le   publie- 
toutesfois  n'a  paru  apprécier  que  l'intention  ,   eï 
récompenser  que  le  zèle  ,  est  le  citoyen  Bonnel. 
S.  .  .  . 

Théâtre  de  la  Republiqije  et  des  Arts. 
Auj.  relâche. 

Théâtre  du  'Vaudeville.  Auj.  la  Sorcière  ; 
Gessner  ,  eiJenesai-Ki  ou  les  Exaltés  de  Charenton  , 
parodie  de  Bcniouski. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés Pantomimes. 

Auj,  cest  le  Diable. 


P  0  S  T  -  S  R  I  p  r  U  M. 

Paris  ,   le  i3   messidor. 
Le    premier    Consul    est   arrivé   a    deux 
heures  et  demie  du  matin. 


L'at>ouaca)CQt  se  fait  aParis  ,  rue  des  Poitevins ,  Q^  i8.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois ,  5o  fraacs  pour  six  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  na 
t'abonne  qu  au  commeucement  de  ctiaque  mois.     \ 

Il  faut  adresser  les  Icttreset  l'argent ,  franc  de  port  ,aucit.  AgASSE, propriétaire  de  cejournal  , rue  des  Poitevins,  n"  18.  Ilfaut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de» 
.pafà  où  l'on  ne  peut  ..ffranchsr.   Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  serontpoint  retirées  de  la  pt>ste. 

il  fautavoii  so\a  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renfermeaides  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille,  au  rédacteur,  rue  des 
■Fsitevins,  a°  ij     depuis  neuf  heures  du  matiBJ.usqu'i  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NÏmÔNALE  ou  LE  MONITEUR  UMVERSEL. 


N"  284. 


Quartidi  ,  14  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   Moniteur  est  is  feul  journal  officiel. 
Il  contiept  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvellîs  des  armées ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant^ur 
rintérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 
"Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux,,  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Bulletin  dt  Londres  du  2y  juinl  8  messidor.) 

A-iES  3  pour  100  consolidés  restaient  fermés  ,  ils 
étaient  coités  pour  leur  ouverture  à  64  {;  l'omnium 
à  »  -r  r-  '''-^'"■' ■  '■  ■ 

Le  lecteur  voudra  bien  se  ressouvenir ,'  que  dès 
le  prcmici  moraenl  que  nous  avons  écrit  dans  ce 
papier,  nous  avons  insisté  de  toutes  nos  forces 
sur  l'insuffisance  de  tous  les  moyens  adoptés 
contre  la  révolution  française.  La  valeur  de  toutes 
ces  négociations  qui  occupaient  avec  tant  de  ^o- 
Icnnité  les  cabinets  ,  lirtiportance  de  toutes  ces 
coalitions  sans  lien  comme  sans  énergie  .  toujours 
se  relevant  et  toujours  caduques,  la  faiblesse  de 
tous  ces  mouvemens  de  l'intérieur  ,  ce  tableau 
de  ressources  misérables,  de  moyens  sans  effet  ^^ 
de  plans  sans  conception  ,  était  assez  facile  à  ap- 
précier ,  sans  qu'une  expérience  fatale  nous  en 
"démontrât  aussi  durement  la  Futilité. 

Il  est  vrai  qu'on  avait  pour  soi  l'argent ,  et  c'est 
beaucoup  dire  ,  car  c'est  le  dieu  du  tems.  La 
Prusse  a  eu  beau  le  dédaigner  à  Bâle  ,  I  Autriche 
à  CampoTormio  .  la  Russie  au  commencement 
-àe  cette  année  ,  des  écrivains  célèbres  n'en  pro- 
clament pas  moins  sa  puissance.  L  Angleterre  est 
couverte  d'or  ,  nous  dit  l'un  ;  rien  ne  doit  lui  ré- 
sister. La  France  est  couverte  de  haillons,  nous 
dit  l'autre:  elle  doit  être  subjuguée.  Ce  sont  pour- 
tant ces  armées  déguenillées,  sans  solde  et  sou- 
vent sans  nourriture  ,  qui  triomphent  de  la  faim, 
du  froid,  des  obstacles  et  des  résistances.  On  crie 
au  prodige.  J'en  présenterai  un  plus  grand.  Ce 
serait  celui  par  lequel  des  opérations  ,  combi- 
nées au  moyen  de  courriers,  à  travers  les  déseit^, 
les  mers  et  les  glaces  ,  auraient  quelque  sens  ou 
quelque  succès.  On  s'étonne  que  Carnot ,  Ber- 
thier  ,  Bonaparte  et  Moreau  aient  réussi.  Que 
n'ont-ils  été  ,  en  effet  ,  pour  combiner  leurs  opé- 
rations ,  se  placer  l'un  à  Péiersbourg,  l'autre  à 
vCoiuiantinople  ,.  l'autre  à  Vienn*  ,  i'auire  à 
Londres  ?  Etait  -  il  donc  si  difficile  de  prévoir 
l'avantage  d'être  sans  cesse  réuni'sur  le  même  lieu 
et  de  pouvoir  combiner  un  plan  ,  le  préparer  et 
J  exécuter  prcsqu'en  même  tems. 

C  est  ainsi  qu'une  armée  ,  qu'on  ne  croyait  que 
de  parade  ,  vole  aussi  vite  que  la  pensée.  Elle 
échappe  pour  ainsi  dire  aux  regards.  Elle  est  déjà 
maîtresse  de  l'Italie,  que  leunemi  connaît  à  peine 
«on  existence  ,  ses  projets  et  sa  marche.  Singulier 
instinct  que  celui  qui  portait  M.  de  Mêlas  vers  les 
côtes  de  Pâovence  ,  lorsqu  il  devait  se  rapprocher 
en  toute  hâte  pour  défendre  ses  magasins,  le 
jassage  des  Alpes  et  les  rives  du  Pô  ! 

Si  des  événemens  semblables  n  ont  point  eu 
lieu  l'année  dernière  ,  on  peut  en  rendre  grâces 
à  la  stupidité  des  Merlin,  des  Rewbell  ,  des  La- 
reveillcre  Lepaux  et  des  autres  butors  du  même 
genre  qui  gouvernaient  la  France.  Au  premier 
moment  oii  les  anciens  instrumens  de  la  révolu- 
tion seraient  maniés  d'une  façon  convenable  ,  un 
semblable  résultat  était  facile  a  prévoir.  Nul  doute 
que  Bonaparte  n  y  ait  mis  de  1  habileté.  Mais  cette 
habileté  na  fait  pourtant  que  ce  que  la  piésence 
si  espéiée  de  M.  de  Suwarovkf  dans  l'iniérieur  de 
la  France  eut  produit  tout  de  même  l'année  der- 
nière ,  et  eut  produit  (  il  faut  le  dire  )  avec  des 
conséquences  infiniment  plus  désastreuses.  — 
Cependant  nous  avons  vu  tout  le  monde  soupirer 
après  ce  grand  événement  !  Etrange  situation  que 
celle  d'un  parti  condamné  à  périr  dans  les  chnnces 
qu'il  redoute  ,  condamné  plus  sûrement  encore 
à  périr  dans  les  chances  qu'il  espère  .'  Xclle  est  la 
»ituation  dans  laquelle  se  sont  placés  volontairement 
et  coniinuellementles  royalistes  et  les  puissances. 

Cette  disparité  continuelle  des  moyens  avec  leur 
but  n'est  point  ici  une  simple  méprise.  On  n'a  qu'à 
remarquer  avec  quelle  persévérance  on  est  revenu 
sut  les  mêmes  absurdités.  Cette  volonté  détermi- 
née de  faire  toujours  ce  qu^il  y  a  de  pis  ,  se  rap- 
porte sans  doute  à  une  grande  cause.  Ce  n'est 
point  par  l'effet  du  hasard  que,  pendant  une 
partie  de  sa  vie  ,  Louis  XIV  est  toujours  vain- 
queur,  et  que  ,  pendant  une  autre  partie  de 
«a  vie  ,  il  est  toujours  vaincu.  Ce  n'est  point 
«on  plus  par  hasard  que  la  révolution  a  des 
succès  si  constans.  Ouvrez  l'histoire.  Comparez 
les  laits  et  les  hommes.  Je  suppose  que  la  Pro- 
vidence eût  voulu  que  Bonaparte  ,  Berihicr  et 
Di.iaix    fussent  dans  nos  rangs  ,  croit-on   qu'ils 


seraient  à  la  tête  de  nos  conseils  ,  qu'ils  auraient 
quelque  influence  sur  la  détermination  des  cabi- 
nets ?  Le  mot  marche  ne  s'adresse  parmi  nous 
qu'aux  paralytiques.  Tout  ce  qui  a  des  jambes 
est  condamné  au   repos. 

Les  vagues  expirent  sur  les  roches  brutes  ,  en 
rendant  un  peu  d'écume  et  dé  bruit  ;  ces  paroles 
présenteront  peut-être  de  nàêrae  un  vain  son  i 
l'oreille  d'un  homme  simple.  Elles  échauffieront 
Ihomme  stupide  et  arrogant.  On  honore  indé- 
pendance de  l'honnête  homme  quand  il  est  au 
torribeau.  Vivant,  on  l'accable  d'humiliations  et 
d'outrages.    C'est  la  règle. 

Mais  que  sont  des  peines  individuelles  auprès 
des  maux  publics?  La  Providence  préparé  en  ce 
moment  aux  nations  un  terrible  châtiment.  Ce  châ- 
timent ,  c'est  la  paix.  —  La  paix  est.  fatale.  —  Elle 
est  inévitable.  La  paix  va  dissoudre  1  Europe 
mais  il  faut  faire  la  paix.  Ce  parti  est  aussi  forcé 
aujourd'hui  ,  que  celui  de  Louis  XIV  le  aoj'uillet 
ou   le  6  octo'ore  au  malin. 

Au  surplus  cesgrandf  intérêts  vont  se  discuter 
incessamment  au  parlement  btitatrni'que.  Un  appel 
de  toute  la  chambre  ,  demandé  par  tous  les  mem- 
bres du  parti  de  l'opposition  ,  et  consenti  déjà  à 
ce  qu'on  assure  ,  par  nos  ministres,  donnera  à 
ce  débat  une  grande  solennité.  Il  "y  sera  sûrement 
peu  question  des  subsides  ,  s'il  est  vrai  que  la 
paix  ait  été  signée  à  Vienne  le  94.,  comme  on  le 
présume.  On  sait  depuis  long-temps  que  la  cour 
de  Vienne  y  éioit  disposée.  Le  départ  de  M.  Wyl- 
kham  pour  cette  capitale  ne  pouvoit  même  avoir 
d  autre  objet.Revenons  aux  désastres  d'Italie, 

La  bataille  de  Maringo  ,  livrée  le  14  ,  près  des 
rives  de  laBormida,  a  rendu  1  Italie  aux  français. 
M.  de  Mêlas  ,  complettement  battu  dans  cette 
journée  terrible  ,  n'avoit  pour  retraite  que  des 
places  sans  provisions.  Il  n'a  pu  sauver  les  débris 
de  son  armée  que  par  une  capitulation.  Des 
courriers  sont  partis  du  champ  de  Ijataille  ,  pour 
en  donner  la  nouvelle  à  l'empereur  et  lui  porter 
des  oroposiiionsdepaix.Si  elles  ne  sont  acceptées, 
les  hostilités  recommenceroju..«u  bout  de  dix 
jours.  Nhus  n'entreront  point  ici  dans  les  détails 
de  la  journée  de  Maringo  et  de  ses  suites.  Nos 
lecteurs  les  trouveront  au  résumé  des  opérations 
de  l'armée  frarjçaise  en  Italie.  ' 

Entre  le  Danube  et  le  Lech,  les  succès  ont  été 
contestés,  mais  leur  balance  a  encore  penché  en 
faveur  des  français.  M.  le  comte  de  Méerfeld  é'ait 
rentré  dans  Augsbourg  ,  et  larmée  auirichi  enne 
ayant  gagné  plusieurs  lieues  de  lerrein  ,  engagea 
le  5  une  affaire  qui  devait  être  générale.  Le  prince 
de  Reuss  s'était  avancé  du  Tyrol  sur  la  route  de 
Kempten  ,  tandis  que  M.  le  général  Kray  passant 
le  Danube  avec  40,000  hommes,  porta  ses  prin- 
cipales forces  sur  la  gauche  de  llller.  Deux  divi- 
sions ,  celles  de  Grenier  et  de  Richepanse,  en  sou- 
tinrent le  choc  et  les  repoussèrent.  Le  g  ,  les  fran- 
çais furent  moins  heureux.  Un  corps  de  2  mille 
hommes  fut  enveloppé  à  Schwabraunchen  par  la 
cavalerie  autrichienne.  Le  comb.it  se  livra  sur  le 
marché  de  la  ville.  Les  françtis  furent  hachés  et 
perdirent  900  hommes  ,  en  comptant  les  prison- 
niers. La  nuit  du  11  au  12  Moreau  s'ébranla  avec 
toute  son  armée  ,  remontant  d'un  côté  le  Lech 
et  de  l'autre  se  portant  vers  le  lac  pour  s'approcher 
du  Tjrol.  Dans  un  proclamation  donnée  pour 
mettre  un  frein  au  pillage,  il  dit  que  son  armée 
n'est  destinée  qu'a  soutenir  les  mouvemens  de  1  ar- 
mée de  réserve. 

Nous  avons  reçu  par  le  dernier  paquebot 
d'Halifax  la  nouvelle  d'une  sédition  qui  a  éclaté 
dans  le  réciment  de  fencibles,'  levé  pour  la 
défense  de  Terre-Neuve,  prin'cipalement  com- 
posé d'irlandais  ,  parmi  lesquels  se  trouvaient 
plusieurs  irlandais-unis.  Trente  ont  déserté  dans 
les  bois  :  dispersés  et  arrêtés  par  la  vigilance 
du  général  G.  Skerrell  ,  12  furent  envoyés  à 
Halifax  pour  être  jugés  ,  et  8  autres  mis  à  bord 
d  un  vaisseau.  Ceux-ci,  joints  par  la  garnison  du 
vaisseau,  se  révoltèrent  contre  l'équipage  et 
emmenèrent  le  vaisseau  à  Canso  ^  où  ils  ont 
débarqué.  On  a  envoyé  de  Halifax  deux  floops 
de  guerre,  pour  les  poursuivre.  Le  6o«  allait 
s'embarquer  pour  1  île  de  Terre-Neuve,  oij  S.  A.  R. 
le   duc  de  Kent  devait  aussi  se  rendre. 

Jugement    de  J.   Hadfield. 

C'est  hier  que  s'est  terminé  le  jugement  de 
Jacques  HadKeld.  Dès  6  heijres  du  malin  ,  les 
avenues  de  U  cour  du  banc  du  roi  étaient  remplies 


d'une  foule  immense  de  curieux.  Le  prisonnier 
parut  à  9  heures ,  accompagné  de  M.  Kirby  .  con- 
cierge de  Newgate  ,  et  d  un  constable.  Il  pétait 
décemment  vêtu  ,  et  ne  paraissait  point  troublé. 
Les  membres  du  jury  ayant  prêté  serment,  l'acte 
d'accusation  fut  lu  à  haute  voix  par  le  clerc  de 
la  couronne.  Alors  le  procureur-général  adressa 
aux  membres  du  juiy  un  discours,  pour  les  inviter 
à  écarter  de  leur  esprit  ce  qu  ils  auraient  pu  en- 
tendre dire  sur  cette  cause  ,  et  à  ne  faite  attention 
qu'aux  dépositions  des  témoins.  Il  en  fit  d'avance 
le  résumé.  Considérant  les  faits  .î  la  charge  de 
Hadfield  comme  prouvés ,  le  procureur-général 
supposa  le  cas  oti  la  démence  du  prisonnier  serait 
alléguée  pour  le  disculper.  La  difficulté  était  de 
constater  la  nature  de  la  démence  ,  et  d  établir 
les  distinctions  que  la  loi  admet  entre  un  état 
de  foJie  continuelle  et  des  paroxysmes  plus  ou 
moins  féquens.  C'sst  ce  que  le  procureur-général 
fit  avec  beaucoup  d'habileté  ,  et  s  appuyant  de 
l'autorité  des  grands  juges  Coke  et  Haie  ,  qui 
définissent  par  non  compas  mentis ,  le  dérangement 
qui  peut  disculper  un  criminel .  il  posa  en  prin- 
cipes qu'un  homme  était  toujours  coupable  lors- 
qu il  comprenait  la  nature  et  connaissait  les  con»- 
séquences  de  son  crime. 

Les  témoins  à  la  charge  de  Hadfield  furent 
appelés  et  entendus.  Oiiand  M.  le  duc  d  York 
parut  ,  le  prisonnier'  s  écria  avec  enthousiasmfe  : 
Dieu  le  bénisse!  c'est  une  bojine  ame  ;je  ia'me  sincè- 
rement. Les  dépositions  ne  furent  en  général  que 
la  répétition  de  celles  qui  sont  déjà  connues  dt» 
public.  Le  prisonnier, qui  avait  demandé  la  per- 
mission de  s  asseoir,  1  obtint  avant  que  M.  Ersfcine, 
commença  son  plaidoyer.  M.  JErskine  commença 
son  discours  en  rendant  hommage  à  la  jurispru- 
dence anglaise  ,  dont  il  observa  que  la  procédure 
actuelle  était  le  plus  magnifi(iue  éloge.  Lhomœc 
qui  avait  tiré  sur  un  roi  ,justement  chéri  comme 
le  père  de  son  peuple  ,  n'avait  pas  même  éprouvé 
l'apparence  d'une  violence  ni  d'une  sévérité. 
M.  Erskine  fit  reposer  la  défense  sur  1  état  de 
démence  du  prisonnier.  11  s'engagea  à  prouver 
qu'une  des  blessuies  reçues  par  Haclfield  lui  atta- 
qua le  cerveau  d'une  manière  incurable  ;  que  la 
surveille  de  l'attentat  commis  sur  le  roi  ,  il  avait 
voulu  écraser  son  propre  enfant  contre  la  mu- 
raille, et  que  ,  par  ses  discours  et  sa  conduite,  il 
avait  toujours  témoigné  autant  d'affection  que  de 
loyauté  envers  son  souverain.  Les  témoins  que 
M.  Erskine  produisit  déposèrent  à  l'appui  de  se» 
assertions. 

La  séance  se  termina  par  la  conversation  sui,- 
vante ,  dont  nous  regrettons  de  ne  pouvoir  donner 
qu'un  extjait. 

Lord  Kenyan,  Il  est  évident  que  l'esprit  du  pri- 
sonnier était  fréquemment  dérangé.  Nous  pour- 
rions peut-être  exiger  la  preuve  de  son  dérange- 
ment dans  le  moment  même  de  l'attentat.  Ma\$ 
tout  le  monde  doit  être  convaincu  qu'immédia- 
tement avant  de  le  commettre  ,  il  était  privé  dé 
l'usage  de  sa  raison  ,  et  il  n'est  point  probable 
qu'il  l'eut  recouvrée  dans  l'intervalle.  Si  la  ba- 
lance demeure  incertaine,  c'est  au  poids  de  la 
miséricorde  à  la  faire  pencher.  Le  cas  serait  dif- 
férent, s'il  était  prouvé  que  quelque  faux  jour  eut 
été  donné  à  cette  cause  ,  et  j'en  fais  la  remarque, 
M.  le  procureur-général ,  s'il  faut  continuer  la 
procédure. 

Le  procureur  -  général.  Je  ne  crois  point,  My 
Lord,  qu  il  y  ait  ici  Ue  faux  jour.  J'ignorais  les 
faits  qui  viennent  d  être  exposés,  autrement 

Lerd  Kenyan.  Je  ne  vous  impute  pas  de  blâme, 
m.ais  cet  examen   était  nécessaire. 

Le  procureur-général. }e  suis  convaincu  qu'il  de- 
viendrait vain  de  pousser  plus  loin. 

Lord  Kenyan.  Le  prisonnier  ne  doit  point  être 
renvoyé.  Gela  ne  serait  ni  juste,  ni  miséricor- 
dieux. Il  faut  qu'il  soit  enfermé  pour  la  surets 
générale,  depuis  le  roi  jusqu'au  mendiant. 

M.  Erskine.  Nous  reconnaissons ,  My  Lord,  la 
libéralité  de  la  couronne  dans  cette  circonstance, 
et  l'humanité  de  la  cour.  Je  souscrits  à  l'opinion 
de  'V.  S.  pour  la  nécessité  de  renfermer  le  pri- 
sonnier. 

Le  procureur-général.  Jfe  crois,  My  Lord,  que 
vous  avez  le  droit  de  faire  enfermer  ceux  dont  la 
liberté  n'est  poini  compatible  avec  les  sujets  de 
S.  M. 

Lard  Kenyan.  Cela  peut  être  ,  M.  le  ptpcureur, 
mais  nous  nous  contenteront  de  le  renvoyer  dans 


le  lieu  d'où  il  vient.  Nous  trouverons  quelque 
moyen  pour  nous  en  assurer  jusqu'à  ce  qu'il  puisse 
-reparaître  dans  la  société. 

Le  jury  rendit  la  sentence  suivante:  Non  cou- 
pable, d'autant  qiiil  nous  parait  avoir  été  dans  un 
-étatiie  démence  lorsque  l'acte  fut  commis. 

{Extrait  du  Courrier  de  Londres  du  sTjuin.) 

INTERIEUR. 

Paris ,    le  i3  messidor. 

La  Clef  du  cabinet  dit,  sous  la  date  de  Berlin, 
le  28  prairial ,  que  le  czar  vient  de  défendre  l'entrée 
des  marchandises  anglaises  en  Russie  ;  qu  il  se  met 
sur  une  grande  défensive  par  mer,  et  qu'il  est 
;gu€slion  d'une  ligue  parmi  les  puissances  du 
Nord  ,  pour  réprimer  l'audace  des  anglais  qui  ne 
respectent  aucun  pavillon. 

Sous  la  date  de  Manheini  ,1e  g  ,  le  mêmejournal 
annonce  que  les  maisons  de  Nassau  et  le  comte 
de  Hachenbourg  viennent ,  par  un  traité  ,  de  faire 
comprendre  leurs  états  dans  la  ligne  de  neutralité 
de  lAllemàgne.  Cette  neutralité  proiege  mainte- 
nant tous  les  pays  de  la  rive  droite  du  Rhin  jus- 
qu'aux bords  du  Mein  ,  à  l'exception  de  ceux 
qui  fesaient  partie  des  états  des  électeurs  de 
Mayence  ,  de  1  rêves  et  de  Cologne. 

—  Un  banquier  de  Paris ,  dit  le  Journal  des 
4ébats  ,  reçut  d'un  de  ses  correspondans  de 
Londres  ,  quelques  jours  après  la  reddition  de 
Gênes  par  les  français  ,  une  Ipttre  qui  avait  pour 
post-scriptum  :  )>  Nous  apprenons  à  l'instant  la 
prise  de  Gênes  par  les  autrichiens.  Cette  bonne 
nouvelle  met  tout  le  monde  au  comble  de  la  joie, 
e!t  l'on  prépare  ici  une  fête  superbe.  nPar  le  cour- 
rier suivant ,  le  banquier  de  Paris  répondit  à  cette 
Uttrc,  et  ajouta  aussi  ^pat  post-scriptum  :  ^^Noas 
apprenons  à  l'instant  la  reprise  de  Gênes  par  les 
français  ,  ainsi  que  d'une  grande  partie  de  1  Italie. 
Cette  bonne  nouvelle  met  tout  le  mondeiau  comble 
de  la  joie  ,  et  l'on  prépare  ici  une  fête  superbe.  >) 
Le  Journal  des  débats  tcmîiqae  que  c'est  la  pre- 
mière fois  qu'il  est  question  de  politique  dans  [es 
lettres  de  commerce  ,  d'oià  il  conclut  quil  fallait 
qu'on  attachât  à  Londres  la  plus  grande  impor- 
tance à  cette  rrouvelle. 

—  On  lit  dans  la  gazette  de  Pétersbourg  ,  du  9 
prairial,  n  la  supplique  du  marquis  de  Beau- 
manoir'.  ofKcier  français  qui  demeure  à  àTobolsk, 
par  laquelle  il  demande  la  permission  de  pouvoir 
retourner  auprès  de  son  roi  et  de  ses  parens  ,  est 
restée  sans  réponse,  ii 

—  Tous  nos  journauxparlent  d'un  duel  entre  le 

fénéral  autrichien  Siarray  ,  et  le  général  wurtcm- 
ourgeois  Hugel.  Le  premier  a,  dit  -  on  ,  tcçu 
deux  coups  d'épée.  On  attribue  ce  duel  aux  repro- 
ches violens  que  M.  Hugel  a  fait  au  généralStarray, 
pour  ne  lui  avoir  pas  envoyé  les  secours  qu'il  lui 
avait  prorais  ,  et  à  défaut  desquels  M.  Hugel  fut 
obligé  d'abandonner  une  position  qu'il  était 
chargé  de  défendre. 

Les  mêmes  journaux  annoncent  que  le  général 
Kray  et  M.  de  Cobentzel  sont  malades,  l'un  à 
l'armée  et  l'autre  à  Vienne.  On  désespère  même  , 
dit-on  ,  de  la  vie  du  dernier. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  12  messidor,  an  8. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
nomme  les  citoyens  dont  les  noms  suivent  , 
pour  remplir,  dans  le  département  de  la  Somme, 
les   fonctions    ci-apiès   désignées  ;  savoir  : 

Tribunal  d'appel  séant  a  Amiens. 

Président.  Varlet ,  père  ,  juge  actuel  de  la 
Somme, 

Vice-président.  Margerin  ,  juge  du  département 
de  1  Oise. 

Juges.  Delaune  ,  juge  actuel  de  la  Somme. 
Duval  ,  ex-commissaire  prés  le  tribunal  civil  de 
la  Somme.  Poirier,  ex-législateur.  Baron,  juge 
actuel  de  la  Somme.  Lévrier  ,  idem.  Ballue  ,  pré- 
sident du  tribunal  criminel.  Demonchy  ,  ancien 
juge,  ancien  administrateur.  Bosquillon,  ex-lé- 
gisiateur.  Villemanney  ,  commissaire  près  les  tri- 
bunaux de  1  Oise.  AlUct,  juge  actuel  de  l'Oise. 
Lebegue  ,  idem.  Lemaire-Darioh  ,  juge  actuel  de 
l'Oise.  Thirial  ,  idem.  Dequin  ,  l'aîné  ,  ex-légis- 
lateur. Faval  ,  juge  actuel  du  département  de 
l'Aisne.  Legrand  Delaleu  ,  membre  de  l'institut 
çational.  Beraud  ,  juge  actuel  du  département  de 
l'Aisne.  Biayer  ,  ancien  magistrat.  Lecocq  ,  prési- 
dent du  tribunal  criminel. 

Commissaire.  Petit,  commissaire  actuel  près  les 
tribunaux  de  la  Somme. 

Substitut.  Falise  ,  substitut  actuel. 
Greffier.  Auben  ,  greffier  du  tribunal  civil  de 
l'Oise. 

Tribunal    criminel. 

Président.  Ballue  ,  pirésideni  actuel  du  trjbijnal 
criiniaeL 


l  146 

Juges.  Araédée  Petit  ,  juge  actuel.  Rigolloi  ,  ' 
substitut  actuel  du  commissaire. 

Suppléans.  Lefebvre  ,  le  jeune  ,  juge  actuel. 
Dupuis ,  idem.  ■       ■ 

Commissaire.  Maisnel ,   accusateur-public. 

Greffier.  Dubois  ,  greffier  actuel. 

Tribunal  civil  séant  a  Amiens. 

Président.  François  père  ,  juge  actuel. 

Vice-président.    Despréaux,    juge   actuel. 

Juges.  Lefebvre  laîiié  ,  juge  actuel.  Mathon  , 
idem.  Hallot  ,  idem.  Mettifcu  ,  idem.  Preniart, 
idem. 

Suppléons.  Patte  ,  juge  actuel.  Lescalier  ,  idem. 
Poulain,  jurisconsulte  et  aticién  cOttifulssairé. 
Dumai  fils  ,   homme  de  loi. 

Commissaire.  Leriche  ,  ancien  juge. 

Substitut.  Patin  ,  commissaire  actuel  près  la 
police  correctiontielle. 

Griffier.  Damai  père  ,  greffier  actuel  de  la 
police  correctionnelle. 

Tribunal  séant  a  Abbeville. 

Président.  Boùteiller  ,  ancien  juge. 

Juges.  Dubelay  l'aîné  ,  juge  actuel.  Félix  Cor- 
dier,  ex -juge.  Vignon. 

Suppléans.  Lefebvre  Hardicourt  ,  ex-juge  du 
tribunal  de  district.  Traullé  ,  idem.  Devériié  , 
ex-législateur. 

Commissaire.  Dequeux  ,  ex-législateur. 

Greffier.  Depoilly  ,  greffier   actuel. 

Tribunal  séant  a  Peronne. 

Président.   Pfchanssy-Robecourt,  ex-législateur. 

Juges.'  Carpera  ,  juge  actuel.  Cadot  ,  juge-de- 
paix. 

Suppléans.  Taltegraln  fils  ,  homme  de  loi. 
Gognet  de  Personne  ,  inspecteur  des  imposi- 
tions. 

Commissaire.  Huet-d'Hebecourt ,  commissaire 
actuel. 

Greffier.  Danicourt,  greffier  actuel. 
Tribunal  séant  a  Doulens. 

Président.  Houbart,  ex-commissaire  près  l'ad- 
ministration municipale  de  Beauquesne. 

Juges.  Lecorreur  père  ,  homme  de  loi.  De- 
qucn  ,  commissaire  actuel  près  la  police  correc- 
tionnelle. 

Suppléans,  Lemery  ,  ex  -  législateur.  Thierry  , 
commissaire  du  gouvernement  près  ladminis- 
tration    municipale. 

Commissaire.  Laurent  ,  juge-de-paix. 

Greffier.  Duflos  ,   greffier  actuel. 

Tribunal  séant  a  Mondidier.' 

Président.  Billecocq  jeune  ,  ex-juge. 

Juges.  Pucelle  ,  cx-législateur.  Limonas  ,  juge 
actuel. 

Suppléans.  Cochepin  ,  administrateur  du  dépar- 
tement. Soyer  ,  (  de  Mondidier  ). 

Commissaire.  Hanocq  ,  commissaire  actuel. 

Greffier.  Delaporte  ,   greffier  actuel. 

Ordonne  en  conséquence  qu'ils  se  rendront 
de  suite  à  leur  poste  ,  pour  y  remplir  les  fonc- 
tions qui  leur  sont  attribuées  par  la  loi. 

En  1  absence   du    premier    consul. 

Le  second  consul  ,  signé ,  Cambacérès. 

Par  le  second   consul  , 

Le  stcrétaire-d état ,  signé ,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 

nomme  les  citoyens  dont  les  noms  suivent  ,  pour 

remplir,    dans    le    département    du    l'Aisne,   les 

fonctions  ci-après  désignées  ,  savoir  : 

Tribunal  criminel  séant  a  Laon. 

Président.  Legrand  Delaleu ,  membre  de  l'insti- 
tut national  ^ 

Juges.  Lebrun,  juge    actuel.  Laurent,  idem. 

Suppléans.  Pelé-Treville  ,  juge  actuel.  Lauren- 
deau  ,    ex-coromissaire  du   tribunal  rie  disirict. 

Commissaire.  Léleu-la-Siraone,  ex-président  du 
tribunal   criminel. 

Greffier.  Belin  ,  greffier  actuel. 

Tribunal  civil  séant  a  Laon. 

Président.  Louis,,  juge   actuel.  * 

Juges.  Lorin  ,  idem.  Carrière  ,  ancien  juge.  Le- 
voizier  ,  commissaire  actuel  près  la  police  cor- 
rectionnelle. ' 

Suppléans.  Manteau,  juge  actuel.  Dumage,  idem. 
Souef ,  idem. 

Commissaire. Deqmn  ,  le  jeune,  homme  de  loi. 
Greffier.  Dumontier  ,  greffier  actuel. 
Tribunal  séant  a  Soissons. 

Président.  Garlier  de  Coucy  ,  ex-jugc  et  ex- 
législateur. 


i-*  fugés.   Ê\'m  ,  --père  ,    tx'procureur-syhdic    d« 
département.  Laurès ,  ancien  magistrat.  Rpmain  , 

idem. 

Suppléons.  Lalource  ,  idem.  Darras  ,. homme  de 
j  loi.  Liébert  ,  idem. 

Com)mssaire.  Vcrnier  ,  ex-juge  au  tri'Uunal  de 
cassation. 

Greffier.   Crespcaux,   notaire. 

Tribunal  SÉANT  A  ,  Saint-Quentin.        i 

Président.  Desjardin  ,  ex-commissaite  près  la 
police  correctionnelle. 

Juges.  Reneufve  ,  ex-accusateur-public,  Obled  , 
homme -de  loi.  Martin-Langlaniier  ,  ancien  jugei 
•    Suppléans.    Namuroy  -  Grégoire  ,    commissaire 
près  la  police  corjîectionnelle.  filondel  ,  homme 
de  loi. 'Megret-Debry  ,  ex-juge-de-paix. 

.Commissaire.  Flamand  ,  commissaire  actuel. 

Greffier,  ilazeux  ,  ex-greffier  du  tribunal  de 
distiict. 

Tribunal  séant  a  Château-Thierry. 
Président.  Pinterel,  ex-constituant. 
Juges.  Legros  .  juge  actuel.  Voi ,  homme  de  loi. 
Suppléans.    Aubry,     idem.    Callelnau  ,    ancien 
magistrat. 
•  Commissaire.  Nérat,  commissaire  actuel. 
Greffier.  Lemaitre  ,  homme  de  loi,  ex-adminis- 
trateur. 

Tribunal  civil    séant  a  Vervins. 

Président.  Constant  ,  commissaire  actuel  près 
la   police  correctionnelle. 

Juges.  Launoy  ,  ex-législateur.  Epoigny ,  pré- 
sident du  tribunal  de  commerce. 

Suppléans.  Marquant  ,  juge  actuel.  Dallery, 
ex-commissaire   du   gouvernement. 

Commissaire.  Duchateau  ,   homme   de  loi ,  ex- 
adniinistraleur  du  département. 
Greffier.  Roche  ,  juge  actuel. 
Ordonne   en   conséquence   qu'ils    se   rendront 
sur  le   champ  à  leur  poste  ,  pour  y  remplir  les 
fonctions  qui  leur  sont  attribuées  par  la  loi. 
En    l'absence  du  premier  consul  , 

Le  second  consul  y^signé  ,  Cambacérès. 
Par  le   second  consul  , 

Le  secrctaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
nomme  les  citoyens  dont  les  noms  suivent ,  pour 
remplir  ,  dans  le  département  de  lOise  ,  les  lonc- 
lions  ci-après  désignées  ,  savoir  ; 

Tribunal  criminel  séant  a  Beauvais. 

Président.  Lemaire  Darion. 

Juges.  Mellié  ,  juge  actuel.  Auger ,  ex-légis- 
lateur. 

Suppléans.  Dause  Renaud  ,  ex-juge- de  -  paix. 
DHervillé  ,  juge  actuel. 

Commissaire.  Danjou  ,  ex-commissaire. 

Greffier.  Prévost  ,   greffier. 

Tribunal  civil  séant  a  Beauvais. 

Président,  hecmon  deTroussure. 

Juges.  Paquier  ,  juge  actuel.  Porquier  de 'Vaux, 
ex-président  du  tribunal  civil.  Laigner  ,  ex-juge. 

Suppléans.  Morel  ,  juge  actuel.  Daboncourt  , 
idem.  Delacour  ,  suppléant  actuel. 

Commissaire.  Legrand  ,  juge  actuel. 

Greffier.  Tellier  ,  greffier  actuel. 

Tribunal  séant  a  Clermont. 

Président.  Poitievin  ,  juge  actuel. 

Juges.  Michel  ,  idem.  Payen  ,  idem. 

Suppléans.  Minguet  ,  commissaire  municipal 
Huvey  ,  juge   actuel. 

Commissaire.  Motel  ,   commissaire  actuel. 

Greffier.  Denis  ,  greffier  actuel. 

Tribunal  séant  a  Senlis. 

Président.  Dufresnoy  ,  ex-législateur. 

Juges.  Robinet  ,  ancien  juge.  Pidansat  ,  juge 
actuel. 

Suppléans.  Foulon  ,  ancien  juge.  Chrétien  , 
homme   de   loi. 

Commissaire.  Levasseur  ,   commissaire  actuel. 

Greffier.  Maupin  ,  greffier  actuel. 

Tribunal  séant  a  Compiegne. 

Président.  Poultier  ,  juge  actuel. 

Juges.  Druon  ,  ancien  juge.  Guibert  ,  juge 
actuel.  Calfeu  Lavallée. 

Suppléans.  Ducrouy  ,  ex -juge.  Scellier  ,  ex- 
commissaire du  gouvernement.  Cayrol  ,  ancien 
juge. 

Commissaire.  Poulain  de  la  Fontaine. 

Greffier.  Thirial ,  aîné  ,  greffier. 


Ordonne    en  conséquence  qu'ils    Se   rendront 
de  suite   à  leur  poste  ,  pour  y  remplir  les  fonc- 
tions qui  leur  sont  attribuées  par  la  loi. 
En  l'absence  du  premier  consul, 

Le  second  consul,  signé,  Ca.mbacér-ès. 
Par  le  second  consul  , 
Le  secrétaire-d'ctal  r  signé  ,  H.  B. 'Maret. 

MINISTERE    DE    LA   GUERRE. 

Suite  du  rapport  général  des  opérations  de  t armée  du 
Rhin, par  le  générai  de  diviston  Ùessçlles ,  chef  de 
'  l'élat-major  général  de  cette   armée. 

Après  la  bataille  de  Moeskircli  ,  l'arnaée  fran- 
çaise suivit  sa  marche;  le  général  Lecourbe  se 
porta  le  i6  floréal  à  Winierfulgen' ,  le  centre  à 
Gionstudheafl,  la  gauclie  en  avant  de  Pfullen- 
doift  ,  se  liant  avec  la  division  du  général  Deimas; 
une  de  ses  brigades  éclairait  le  lac  de  Constance 
et  les  Grisons  ;  le  même  jour  le  corps  de  réserve 
prit  position  ,  sa  gauche  à  Moeskirch ,  et  sa  droite 
à  Closierwald: 

Le  lieutenant-  général  Saint  Cyr  prit  position 
sur  la  roule  de  Moeskiich  à  Mengen  ,  sa  gauche 
au  Danube. 

Le  17  ,  le  lieutenant-général  Lecourbe  resta  en 
position. 

La  réserve  se  porta  en  avant  de  la  toute  de 
Mengen  à  PruUendorff. 

Le  lieutenant-  général  Saint-Cyr  en  avant  de 
Mengen  ,  sa  gauche  au  Djnube. 

Le  18  ,  le  lieutenant-général  Lecourbe  prit  la 
position  de  la  Schussem  ,  la  droite  à  Berg  ,  le 
centre  à  Moechciwangen  et  à  Aullendorf  ,  la 
gauche  se  joignant  à  la  réserve  de  larmée  à 
Schussenried. 

La  réserve  se  plaça  la  droite  à  Schussenried  ,  le 
centre  vers  Tigel  ,  la  gauche  au  Reichembach. 

Le  lieutenant-général  Saint-Cyr  prit  position  , 
la  gauche  au  Danube  à  la  hauteur  de  Riedlingen  , 
la  droite  a  Buthau.     - 

Bataille  de  Biberach. 

Le  ig  ,  le  lieutenant-général  Lecourbe  se  porta 
sur  lAtrachi.  la  droite  à  la  hauteur  de  Lenkirch  , 
le  centre  à  'Welishofen  et  Afnach  ,  la  gauche  à 
■Wuitzach. 

La  réserve  marcha  sur  Biberach  par  la  route 
de  Pfullendorff.  Le  lieutenant-général  Saint-Cyr 
se  porta  aussi  sur  Biberach  par  la  route  deBuchau, 
avec  les  deux  divisions  Baraguey-d'Hilllers  et 
Thurreau  ;  la  ('^rencontra  l'ennemi  vers  d  Oben- 
dorff  et  le  replia  ,  après  divers  combats  qui  re- 
tardèrent à  peine  leur  marche.  Ces  deux  divisions 
arrivèrent  vis-à-vis  les  hauteurs  qu'occupait  l'en- 
nemi avec  dix  bataillons  ,  l5  pièces  d'artillerie  et 
un  corps  nombreux  de  cavalerie  ;  le  reste  de 
l'armée  autrichienne  que  commandait  le  général 
Kray  ,  était  placé  en  arrière  de  Biberach  ,  ayant 
le  front  couvert  par  le  grand  ravin  que  forme  la 
petite  rivière  de  la  Riss.  Le  lieutenant-général  Sainl- 
6yr  ne  balança  pas  à  faire  attaquer.  L'impétuosité 
de  nos  troupes  fut  telle  ,  que  ce  corps  ,  culbuté 
dans  le  ravin  ,  jeia  en  partie  les  armes  ;  sans  les 
secours  puissans  que  fit  avancer  le  général  Kray, 
et  le  feu  redoublé  de  son  artillerie  ,  qu'il  dirigea 
pour  proléger  les  fuyards  ,  le  nombre  des  pri- 
sonniers eût  été  très-considérable. 

Le  général  Richepanse  ,  qui  s'était  dirigé  par 
Plcinliûiss  ,  avait  de  son  côté  rencontré  l'ennemi 
qui  détendait,  à  2  lieues  de  distance  ,  la  route  de 
Biberach.  Dès  Indeldiiigen  ,  il  fut  obligé  de  dé 
ploy-fr  une  partit  de  .^es  forces  ,  et  il  s'avança 
en  combattant.  Au  moment  qu'il  s'avançait  sur 
les  hauteurs  en-deçà  de  Biberach  ,  les  troupes  du 
général  Saint-Cyr  se  précipitaient  dans  la  ville.  Il 
résolut  alors  d'attaquer  le  plateau  en  arrière,  oià 
l'ennemi  avait  un  corps  nombieux  et  beaucoup 
d'artillerie  ;  et  laissant  la  ville  à  sa  gauche  ,  il 
tlescendit  dans  le  ravin. 

La  Riss  est ,  dans  cette  partie  ,  encaissée  et 
bourbeuse  .  et  ses  bords  sont  marécageux.  L'ar- 
tillerie ennemie  y  ftsait  tomber  une  pluie  de 
boulets  et  de  mitraille  ;  rien  n'arrêta  nos  troupes; 
la  4°.  deini-biigade  ,  la  100°,  ,  le  3'.  bataillon  de 
la  5o'.  ,  et  les  deux  bataillons  de  grenadiers  la 
traversèrent  dans  leau  jusqu'à  la  ceinture.  Le  5°. 
de  hussards  les  suivit  avec  peine  ;  le  terrein  était 
devenu  si  mouvant,  que  le  général  Richepanse 
ordonna  aux  |3'.  de  cavalerie  et  17'.  de  dragons 
d'aller  au  galop  traverser  la  Riss  à  Biberach  ,  et 
de  prendre  ensuite  le  chemin  de  cette  ville  à 
Memmingen  ,  sur  lequel,  par  son  mouvement, 
il  se  portait  perpendiculairement. 

Ces  dispositions  furent  parfaitement  exécutées. 
Le  général  Digonct,  à  la  léte  de  la  brave  4'.  le 
général  de  brigade  Durut  ,  à  la  tête  des  deux  ba- 
taillons de  grenadiers,  gravirent  les  hauteurs  ba- 
yonnettes  en  avant;  le  17'.  de  dragons  et  le  l3'. 
de  cavalerie  débouchèrent  en  même  tems  par  la 
route  de  Biberach  à  Memmingen  ,  et ,  conduits 
par  l  adjudant-général  Plausannc  et  les  aides-de- 
camp  du  général  Richepanse  ,  se  formèrent  avec 
audace  sur  la  droite  de  1  ennemi. 


1147 

Toute  cette  division  chargea  alors  les  autri- 
chiens ,  qui  abandonnèrent  piécipitammeht  le 
champ  de  bataille  ,  couvert  de  morts  et  de 
blessés. 

Pendant  que  le  général  Richepanse  emportait 
ces  hauteurs  ,  le  lieutenant-général  Saint-Cyr 
lésait  attaquer  le  reste  de  larmée  ennemie, 
placé  sur  le  plateau  qui  se  prolonge  sur  Mitem- 
bach.  On  ne  pouvait  y  parvenir  que  par  un  seul 
débouché  ,  et  cette  position  paraissait  inexpugna- 
ble ;  mais  les  dispositions  furent  si  bien  prises  , 
l'attaque  s'exécuta  avec  tant  de  vigueur,'  que  là 
aussi  l'ennemi  fut  mis  eh  déroute  et  nous  aban- 
donna le  champ  de  bataille.  La  division  du  gé- 
néral Deimas  avait,  pendant  ces  divers  combats  , 
contenu  l'aile  gauche  des  ennemis  ,  qui  était 
placée  en  arrière  d  UmendorlF. 

Tous  les  officiers  ,  toutes  les  troupes  des  di- 
visions Thurreau  et  Baragucy-d'Hillicrs  ,  méritent 
des  éloges. 

La5irae  ,  conduite  parle  général  Debllly  qui 
a  eu  un  cheval  tué  sous  lui  ,  a  repoussé  ,  avec  la 
plus  grande  valeur  ,  l'ennemi  qui,  dans  le  second 
mouvement  du  lieutenant-général  Saini-Cyr,  vou- 
lait déborber  notre  gauche. 

La  42me,  dans  le  mouvement  sur  Biberach  , 
qui  s  est  exécuté  en  colonne  par  demi-bataillon, 
a  soutetiU  la  brillante  réputation  qu'elle  s'est 
acquise  dans  la.  Hollande  ,  et  par-tout  oià  elle 
a  combattu. 

La  i6rae  demi- brigade  a  chargé  à  la  fin  de 
l'action,  avec  un  ensemble  qui  semblerait  ne 
pouvoir  pa'i  s'allier  à  1  impétuosité  de  son  attaque. 

Le  aSme  de  cavalerie  s'est  distingué  parsonsang- 
froid  et  son  immobilité  sous  le  feu  le  plus  vif. 

Dans  la  division  du  général Baraguey-dHilliers , 
la  î5'  s'est  souvenue  de  la  gloire  dont  elle  se 
couvrit  à  Engin. 

La  !"■'  et  la  aS'  de  ligne,  et  le  5*  de  chasseurs 
se  sont  laits  remarquer  par  la  vigueur  de  leur 
attaque.  Un  bataillon  de  tirailleurs  ,  commandé 
parle  capitaine  Piadier,  a  toujours  été  sur  l'ennemi". 

Parmi  les  braves  qui  méritent  de  fixer  les  regards 
du  gouvernement  ,  je  vous  citerai  le  citoyen 
Elbenisky  .  lieutenant  au  5°  régiment  d  hussards, 
qui  a  eu  3  chevaux  tués  sous  lui  ,  et  s'est  tou- 
jours trouvé  engagé  dans  la  mêlée  ,  dont  il  n'est 
sorti    qu'avec    10   coups   de    sabre   sur  le  corps. 

Le  citoyen  Mascret,  maréchal-dcs-logis  d'ar- 
tillerie légère  ,  qui  ,  ayant  eu  sa  pièce  démontée  , 
a  chargé  avec  deux  canotiniers  et  quelques  chas- 
seurs du  5'  régiment  d  hussards  une  pièce  qu'il 
a   enlevée. 

Le  chef  de  brigade  d'artillerie  ,  Hanique  ,  qui 
a  eu  un   cheval   tué   sous  lui. 

Cette  journée  a  coûié  à  l'ennemi  plus  de  4000 
hommes  ,  dont  la  moitié  à-peu-près  sont  nos 
prisonniers  ,  et  nous  avons  trouvé  à  Biberach 
des  magasins  immenses. 

Combat  de  Memmingen. 

Le  20  floréal  ,  le  corps  de  réserve  se  porta 
en  avant  d'Ochenhaissen ,  celui  du  lieutenant- 
génér.-îl  Saint-Cyr  garda  sa  position  en  avant 
de  Biberarh  ,  appuyant  un  peu  seulement  la 
gauche  pour  suivre  le  mouvement  de  droite 
de   l'ennemi. 

Le  lieutenant-général  L-courbe  partit  de  sa  po- 
sition sur  Aitrach  ,  pour  passer  l'Iller  et  se  porter 
sur  Memmingen. 

Depuis  la  bataille  de  Moeskirch  ,  le  général  avait 
détaché  de  la  division  Vandarae  le  général  Laval 
avec  un  corps  de  flanqueurs  ,  pour  observer  le 
prince  de  Reuss  qui  commandait  un  corps  d'armée 
détaché  dans  Its  Grisons  et  le  Woralberg;  ce  gé- 
néral s  était  emparé  de  Waugen  ,  Dilny  ,  Lindau 
et  de  Ravensbourg. 

Le  général  Vandame  reçut  l'ordre  de  des- 
cendre avec  le  restant  de  sa  division  la  petite  ri- 
vière à  Aach ,  et  de  se  réunir  à  la  division  Montri- 
chard  ,  qui  devait  passer  l'Iller  à  Aitrach  ,  tandis 
que  le  général  Lorge  prenant  par  Egelsec  se  portait 
au  confluent  de  cette  rivière  avec  l'Iller. 

L'éloignement  des  différentes  colonnes  n'ayant 
pas  permis  d'arriver  en  même-tems  ,  la  brigade  de 
gauche  de  la  division  Vandarae  étant  obhgée  de 
se  diriger  sur  Lenikirch  ,  les  seules  divisions  Lor- 
ges  et  Montrichard  prirent  part  à  ce  combat. 

L'ennemi  qui  avait ,  depuis  la  bataille  de  Bibe- 
rach ,  repassé  promplement  l'Iller,  en  défendait 
le  passage  avec  un  corps  considérable  de  son  ar- 
mée ;  le  pont  en  avant  d'Aitrach  était  rompu  , 
mais  malgré  cet  obstacle  et  les  efforts  qu'il  fit  pour 
se  mainieiiir  sur  la  rive  droite,  la  seule  division  le 
culbuta  ,  et  parvint  sur  le  magnifique  plateau  qui 
se  trouve  entre  l'Iller  et  Memmingen,  La  3' division, 
ne  tarda  pas  à  passer  la  rivière ,  et  un  ;>econd  com- 
bat s'engagea. 

L'ennemi  avait  3o  bouches  à  feu  en  batterie  ,  et 
une  cavalerie  nombreuse  :  nous  n'avions  que 
deux  seuls  régimens  de  cavalerie  ,  les  8'  et  g' 
d'hussards  ;  mais  toutes  nos  troupes  ,  et  particu- 
lièrement la  84*  ,  se  conduisaient  avec  tant  de 
courage  ,  que  la  position  nous  resta  :  la  nuit  mit 
fin  au  combai.  L'etinemi  occupait  encore  Mem- 


'  '  'i  '  r  v""'"-'  ;'SI  "^  '  ■. 
mîngen.  Le  lendemain  a  la.jptainiê  t|rt»  jour,  le 
lieutenant  -  général  Lécoutbe'  ayant,  f&jt.  recom- 
mencer les  attaques  ,  on  ne  trouv?  qu't^ne  faible 
avani-garde  qui  fut  repoussée  jus(|u'à  deux  ou 
trois  lieues  de  la  ville.  '  ,        ,  '  ,, 

Le  résultat  de  la  marche  el  du  -combat  i,  où  lel 
bavarois  souffrirent  beaucoup,  est  de  iSoohomme» 
prisonniers  ,  parmi  lesquels  un  régiment  entier  de 
manteaux  rouges  ,  qui ,  se  trouvant  coupé  ,  mit  bas 
les  armes  devant  le  général  Lecourbe  ,  qui  n'avait: 
avec  lui  qu'une  faible  escorte. 

Le  général  loue  la  bonne  conduite  du  chef  de 
brigade  Dacheron  , commandant  le  g'  d'hussards, 
du  chef  du  8''  ,  le  citoyen  Marala,,dcs  chefs  de 
brigade  de  la  36'  ,  g4°  .  i"<)',  84',  et,  du.  capitaine 
Dubois  ,  commandant  le  s'  bataillon  de  cette 
dernière  demi-brigade.  Nous  devons  tous  ries 
éloges  ,  ajoute-t-il  ,  ati  corps  mobile  des  cliirur" 
giens.  C'est  une  institution  due  aux  soins  du  ci- 
toyen Percy  ,  chirurgien  en  chef  de  l'armée.  Deâ 
ofliciers  de  santé  montés  sur  des  vvuriz  ,  parcou- 
rent la  ligne  avec  la  plus  grande  rapidité  ,  et 
vienneiil  jusqu'au  premier  rang  apporter  des  se* 
cours  aux  blessés. 

Signé  ,  Dessoluîs. 

Pour  copie  conforme  , 

Le  ministre  de  la  guerre,  signé  ,  Caknot. 


Discours  adressé  au  premier  consul  de  la  républifjui  , 
le  jour  de  son  arrivée  ,  par  le  président  du  sénat. 

Citoyen  premier  consul  , 

Nous  venons  vous  exprimer  combien  nous  pair 
tageons  l'allégresse  générale  sur  les  nouveaux 
triomphes  dont  vous  avez  étonné  1  Europe. 

C'est  sur-tout  à  des  fonctionnaires  revêtus  de 
l'autorité  conservatrice  de  la  constitution,  à  sentir 
tout  le  prix  d'aussi  grands  événeniens. 

Chacun  de  nous,  citoyen  consul,  s'enorgueillit 
d'être  le  gardien  de  cette  constiludon  ,  quand  vous 
assurez  si  glorieusement  au  peuplé  français  les 
hautes  destinées  qu'il  a  méritées  par  tant  de  valeur, 
d'efforts  et  de  sacrifices. 

'Vous  avez  rempli  votre  promesse  de  prévenir 
la  victoire  parda  paix,  ou  de  commander  la  paiji 
par  la  victoire. 

Nous  nous  plaisons  à  reconnaître  que  la  patrie 
vous  doit  son  salut,  que  la  république  vous  devra 
son  aifermissement,  et  le  peuj.le  le  bonheur  et  la 
prospéTité,  que  vous  aurez  en  un  jour  fait  suc» 
réder  à  dix  années  de  la  plus  orageuse  de  toutfS 
les  révolutions  qui  se  soient  jamais  opérées. 


Le  cit.  Jard-Panvilliers ,  piésldeut  du  tribunal,  a 
adressé  au  premier  consul  le  discours  suivant  : 

55  Les  membres  du  tribunal  s'empressent  da 
îi  venir  mêler  l'expression  de  leur  joie  aux  accla- 
1)  malions  de  l'allégresse  publique  ,  sur  la  cam^ 
>'  pagne,  immortelle  que  vous  venez  de  faire  et 
11  sur  votre  heureux  retour. 

))  Permettez  que  nous  y  joignions  les  témrti- 
11  gnages  de  notre  adrairatjon  pour  les  exploits 
'!  des  braves  qui  ont  si  glorieusement  exécuté 
»j  le  plan  que  votre  génie  avait  conçu. 

))  Le  premier  point  du  vœu  du  tribunal  est 
))  accompli  ;  il  esi  le  présage  de  l'accomplisse* 
j>  ment  du  second  (i)  :  vous  êtes  vainqueur  ,  vous 
t)  serez  le  pacificateur  de  lEurope  ,  et  le  bien» 
Il  faiteur  de  1  humanité,  comme  vous  êtes  la  gloire 
î>  de  la  nation  française.  »' 


PRÉFECTURE   DU  DÉPARTEMENT. 

A  une  heure,  le  préfet  dû  département,  la 
secrétaire-général  de  la  préfecture  ,  le  conseil 
de  préfecture  ,  les  douze  maires  de  Paris  et  leuri 
adjoints  ,  se  sont  rendus,  à  pied  et  en  grand  cos'' 
turoe  ,  au  palais  consulaire  :  présentés  au  premiet 
consul  par  le  ministre  de  l'intérieur,  le  préfet  a  dits 

GÉNÉRAL  Consul, 

Dans  les  fastes  des  empires  ,  les  victoires  , 
les  plus  célèbres  ,  brillantes  calamités  pour  " 
les  vainqueurs  ,  furent  toujours  de  longs  maU 
heurs  pour  les  vaincus.  Les  contemporains  du 
triomphateur  détournèrent  de  lui  leurs  regards  ,  et 
la  posiériic  la  plus  reculée  pleurera  sur  ses  laurier^ 
sanglants.  , 

Il  vous  appartenait,  général  consul  ,db  créer Utie 
gloire  nouvelle ,  de  rendre  vos  triomphes  cherS 
auxnalions  contemporaines,  d'en  léguer  à  l'amolif 
des  siècles  l'impérissable  souvenir ,  de  les  doii-* 
ner  en  exemple  aux  héros  qui  ,  commb  VQUs  ,  s'é'J 
ront  appelés  à  défendre  lindépfcndànce  et  la  li- 
berté de  leur  pays. 

C'est  pour  la  paix  que  vous  n'avez  cessé  de  cotn" 
battre  et  de  vaincre  ,  c'est  pour  la  paix  que  deuxl 
fois  vous  avez  conquis  1  Italie  :  il  était  dans  votre 
destinée  de  rallier  au-dedans  tous  les  partis;  au- 
dehors,  de  triompher  des  plus  grands  capitaines  j 
d'être  à-la-fois  conquérant  el  pacificateur  ,  et  dans 


(1)  Avant  le  départ  du  premier  consul,  le  tribunal 
!  a^ait  émis   le    vœu    suivant    !  ))  Que  le  premier 
consul  revienne  vainqueur  et  pacificateur.  >> 


1,U8 


l'âge  où  Yfh  pourrait  n'aimer  la  gloire  que  pour 
•soi  ,  de  rtfe'  là  supporter  que  pour  le  bonheur  de 
votre  siècle.  ■ 

■  Avec  quel  'orgueil  la  France  n'a-t-elle  pas  en- 
tendu ses  ennemis  s'honorant  en  quelque  sorte 
de  leur  défaite  ,  et  consacrant  les  espérances  d'une 
paix  prochaine  par  les  acclamations  touchâmes 
de  leur  admiration  et  de  leur  estime, par  des  vœux 
pour  la  personne  du  vainqueur! 

jouissez  ,  général-consul ,  jouissez  de  l'adop- 
tion européanne.  'Vous  n'appartenez  plus  seule- 
ment à  la  France.  Il  est  des  hommes  de  qui  l'es- 
pèce humaine  toute  entière  a  le  droit  de  s'énor- 
gueiUir. 

Cependant,  heureuse  entre  toutes  les  cités ,  la 
ville  de  Paris  va  désormais  vous  posséder.  Cer- 
taine ,  enfin,  de  votre  retour,  si  inquieitement 
désiré  ,  ses  murs  retentissent  de  l'allégresse  pu- 
"blique  ;  et  nous,  magistrats,  témoins  de  son 
bonheur  ,  organÊs  de  sa  reconnaissance  ,  si  nous 
ne  savons  pas  vous  offrir  des  lauriers  dignes  de 
votre  gloire  ,  nous  pouvons  du  moins  vous  pie- 
senier  des  voeux  dignes  de  votre  amour. 

Chacun  de  nos  citoyens  bénit  avec  nous  le 
premier  magistrat  de  la  république,  qui,  pour 
l'accomplissement  de  ses  glorieuses  desiinées  ,  va 
donner  la  paix  à  l'Europe  ,  et  rendre  la  Fiance  à 
l'Univers. 

Pour  copie  conforme , 

Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  , 

Signé  Et.  Méjan. 


Les  italiens ,  partant  de  France ,  à  la  nationfrançaise. 

Français  !  adieu  :  le  premier  consul  nous 
rappelle  ,   nous  entendons  sa  voix. 

C'est  la  voix  qui  affermit  le  courage  dans  ses 
guerriers  ,  qui  épouvante  lennemi  ,  qui  annonce 
notre  bonheur.  Sensibles  monumens  de  vos  bon- 
tés !  nous  répéterons  sur  la  cime  des  Alpes  tous 
vos  bienfaits  ,  et  l'écho  en  retentira  jusqu'aux 
extrémités  de  l'Iialie.  Pénéirés  de  reconnaissance, 
nous  ne  pouvons  nous  acquitter  de  nos  devoirs, 
qu'en  apprenant  au  monde  entier  que  notre  nou- 
velle existence  est  l'ouvrage  de  vos  mains,  et 
qu'arrivés  dans  vos  bras ,  nous  avons  goûié  le 
doux  frémissement  de  l'amitié  ,  l'épanchcmcnt 
de  la  conhance.  Cepeiidant  il  faut  nous  séparer  : 
nos  mères,  nos  épouses  éplorées ,  nos  tenxlres 
enfans ,  ces  objets  chers  et  sacrés  de  notre  amour, 
ont  volé  sur  les  Alpes  ;  ils  étendent  leurs  bras 
vers  nous ,  ils  poussent  des  cris  d  impatience  ,  ils 
nous  invitent  à  partager  avec  eux  la  joie  que 
Bonaparte  a  ramenée  dans  ces  Hcux  enchantés. 
Ah  !  il  faut  sécher  les  larmes  sur  les  paupières  dés 
premières  ,  et  couvrir  de  baisers  les  seconds;  il 
faut  relever  la  gloire  de  ces  victimes  qui  gémissent 
dans  des  sombres  cachots. 

Français  !  adieu  :  vos  guerriers  nous  attendent. 
Puissent  le  dieu  qui  veille  sur  les  destinées  des 
,  nations  .  chérir  toujours  le  grand  peuple  !  Puisse 
son  bras  redoutable  accroître  la  puissance  et  les 
tromphes  de  vos  phalanges  républicaines,  quand 
elles  vont  conquérir  la  paix  ,  et  la  donner  à 
rUfiivers  !  Puisse  la  tranquilHlé  s'emparer  de  vos 
cœurs  et  y  verser  ses  douceurs  !  Pour  nous  ,  fran- 
çais, nous  iravailleions  à  étendre  votre  gloire: 
et  notre  dernier  soupir ,  en  rendant  hommage  à  vos 
vertus ,  fera  le  vœu  le  plus  ardent  pour  votre 
bonheur. 

[Suivent  les  'signatures.) 


Les  réfugiés  italiens  au   cit.    Oiun  ,  préfet  du 
département  de  l'Ain. 

Citoyen  préfet , 
Permettez-nous ,    avant  de   quitter  le  départe- 
ment de  l'Ain  ,   de  témoigner  à  la  nation   fran- 
çaise et  à  vos    administrés,   toute    notre    recon- 
naissance ;  mais  comment  le  faire  dignement? 
■    Voièi  une    faible  esquisse  de   nos    sentimens: 
si  vous  la  trouvez  digne  de  votre  approbation  , 
nous  vous  prions  de  la  publier. 
Salut  et  respect. 

(  Suivent  les  signatures.  } 


Le  préfet  du  département  de  l'Ain  arrête  que 
l'adresse  des  militaires  et  réfugiés  italiens  à  la  na- 
tion française  ,  monument  élevé  à  la  bienfesance 
du  gouvernement ,  au  courage  des  armées  ,  aux 
vertus  hospitalières  des  habitans  de  l'Ain  ,  sera 
imprimée  au  nombre  de  looo  exemplaires  ,  dont 
plusieurs  seront  adressés  aux  ministres  de  l'inté- 
rieur ,  de  la  guerre  ,  de  la  police  générale  et  des 
relations  extérieures,  ainsi  qu'au  chef  de  l'étal- 
tnajor  de  l'armée  de  réserve. 

Fait  à  Bourg  ,  le  7  messidor  ,  an  8  de  la  répu- 
blique française  ,  une  et  indivisible. 

Oz  U  N. 

Par  le  secrétaire-général  ,  Guillon. 


CONSEIL    DES    PRISES. 

OurUE  les  amirautés  qui  connaissaient  des 
affaires  d»  la  mer  ,  comme  tribunaux  d'excep- 
tion ,  il  existait  avani  la  révolution  un  conseil 
des  prises  qui  tenait  ses  séances  en  tems  de 
guerre  ,  et  piononçaii  sur  la  validiié  de  celles  que 
les  armateurs  français  lésaient  sur  les  ennemis 
de  l'état.  Il  était  composé  du  grand  amiral ,  du 
minisire  de  la  marine  ,  et  huit  conseillers-d'éut , 
de  quatre  maîtres  des  requêtes  dont  un  fesaiiies 
fondions  de  procureur-général.  Les  appels  se 
portaient  au  conseil  des  finances,  où  était  con- 
voqué le   grand   amiral. 

"  C  était  donc  une  grande  erreur  ,  comme  l'a 
remarqué  le  ministre  de  la  justice  dans  son  dis- 
cours d'installation  du  conseil  des  prises  ,  d'avoir 
attribué  la  connaissance  de  ces  objets  aux  tribu- 
naux ordinaires.  Quand  il  s'agit  de  la  justice 
des  nations  entre  elles;  quand  il  s'agit  des  lois 
de  la  guerre,  et  de  leur  exécuiion  ;  quand  il 
faut  peser  les  trailés  et  décider  si  une  naiion 
est  amie  oti  neutre  ,  ménager  avec  sagesse  les 
iniérêis  des  éiats  ,  on  est  étonné  sans  doute  de 
voir  intervenir  une  autre  autorité  que  celle  du 
gouvernement.  )» 

Telles  sont  les  considérations  qui  "Ont  déter- 
miné larrêié  des  consuls  du  6  germinal  dernieV  , 
qui  établit  un  conseil  des  prises  dont  l'installa- 
tion a  eu  lieu  le  14  floréal  suivant. 

Les  opérations  de  ce  tribunal  attirent  en  ce 
moment  les  regards  des  puissances  étrangères  , 
non-seulement  parce  que  plusieurs  de  leurs  sujets 
ont  intérêt  k  ses  décisions  ,  mais  parce  qu  on  veut 
juger  par  sa  jurisprudence  de  lesprit  du  gou- 
vernement et  des  principes  qui  dirigeront  ses 
rapports  avec  les  nations  neutres' Elles  louchent 
encore  plus  particulièrement  les  citoyens  français 
qui  s  occupent  du  commerce  maritime  ,  et  mé- 
ritent de  fixer  l'attention  de  tous  ceux  qui  s'inté- 
ressent à  la  considérjiion  et  à  la  prospériié  de 
leur  pays.  Nous  avons  donc  pensé  que  nos  lec- 
teurs nous  sauraient  gré  de  leur  donner  habi- 
tuellement connaissance  des  jugemens  rendus  par 
le  conseil  des  prises  ,  et  particulièrement  les 
discours  ou  mémoires  dans  lesquels  se  trouvent 
exposés  les  principes  délicats  et  )peu  connus  de 
cette  matière  importante.  Sous  tous  ces  rapports, 
nous  ne  pouvons  choisir  ,  pour  commencer  celte 
communicaiion  ,  une  pièce  plus  cnrieuse  que  le 
discours  suivant,  fait  par  le  citoyen  Portails  ,  com- 
missaire du  gouvernement  ,  à  l'occasion  d'une 
réclamation  du   consul  de  Dannemarck. 

Décision  du  conseil  des   prises  sur  les  précautions 
conservatoires  du  produit  des  prises. 
Au  nom  de  la  république  française  une  et  indi- 
visible ,   le   conseil  a  rendu  la  décision  suivante  : 
Vu  le  mémoire  présenté  au  conseil  par   le  com- 
missaire-général des  relations  cominerciales  de  sa 
majesté  danoise    près  la  république  française  ; 

Vu  les  conclusions  du  commissaire  du  gouver- 
nement laissées  cejourd'hui  surle  bureau,  et  dont 
la  teneur  suit  : 

Le  commissaire-général  des  relations  commerciales 
de  sa  majesté  danoise  a  présenté  au  conseil  des  prises, 
le  l3  floréal  présent  mois  ,  un  mémoire  par  lequel 
il  demande  la  mise  en  sûreté  ou  le  cautionnement  du 
produit  des  ventes  ,  dans  les  contestations  sur  la  va- 
lidité des  prises  danoises  ,  antérieures  au  4  nivôse 
dernier  ,  eans  excepter  celles  qui  se  trouvaient 
pendantes  au  tribunal  de  cassation.  Il  se  dh particu- 
lièrement chargé  des  intérêts  des  négocians  danois. 

J'ai  pris  connoissance  de  ce  mémoire  ,  d'après 
l'invitation  que  le  conseil  m'a  faite,  par  sa  déHbé- 
ration  du  23  floréal  ,  de  donner  mes  conclusions  par 
écrit ,  conformément  à  l'article  XIII  (ie  i arrêté  des 
consuls  ,  du  6  germinal  an  8  ,  contenant  règlement 
sur  la  manière  de  statuer  relativement  aux  prises 
maritimes. 

Avant  de  m'occuper  de  la  demande  ,  il  m'a 
paru  important  d  examiner  si  le  commissaire  da- 
nois avait  qualité  pour  la  former. 

Ce  comissaire  est  un  agent  politique.  Dès  qu'il 
esl  reconnu  par  le  gouvernement  français  ,  il 
peut  incontestablement  remplir  les  fonctions  at- 
tachées à  son  mandat;  mais  peut-il,  par  des  ac- 
tions ou  par  des  demandes,  intervenir  dans  des 
contestations  particulières  ,  mues  entre  des  négo- 
cians français  et  des  négocians  de  sa  nation  ? 

L'article  XIII  de  l'arrêté  du  6  germinal  ,  n'ad- 
met que  \ts  parties  ou  leurs  défenseurs  qiii  justifie- 
ront préalablement  de  leurs  droits  et  de  leurs  pou- 
voirs. 

Le  commissaire  danois  ne  se  montre  pas  pour 
Siin  intérêt  propre,  mais  comme  chargé  des  intérêts 
d'autrui.  Il  n'est  point  partie  ;  il  ne  prétend  exer- 
cer que  le  ministère  de  défenseur.  Justifie-t'il  de 
son  droit  et  de  son  pouvoir  ? 

Il  est  vraisemblable  qu'il  n'agit  qu'en  vertu  de 
son  titre  de  commissaire-général  des  relations  com- 
merciales. Il  est  possible  qu'on  l'ait  autorisé  ,  par 
ce  titre,  à  doiincr  une  attention  particulière  aux 


contestations  dans  lesquelles  il   se   dit    chargé  des 
intérêts  des  négocians  danois. 

Mais  tout  tiire  ,  que  le  commissaire  danois  ne 
tiendrait  que  de  son  gouveiiienient  ,  ne  s.iurait 
le  rendre  le  véritable  repré.seniani  des  parties.  Au 
gouvernement  appanierit  la  protection  ,  et  ?,ux 
parties  seules  ,  la  propriéié.  Un  pioptiélaire  peut 
disposer  de  son  bien  ei  exercer  ses  droits  par 
lui-même  ou  par  autrui. Mais,  chacun  élant  arbitre 
et  régulaieur  de  sa  propre  fortune,  il  n  est  libre 
à  qui  que  ce  soit  d  intervenir  dans  les  affaires 
d'un  auirc  ,  s'il  n  en  a  reçu  de  lui  \e  pouvoir.  La 
mission  générale  donnée  au  commissaire  danoïs 
par  son  souverain  ,  pour  le  chaiger  de  veiller  à 
l'intérêt  des  négocians  de  sa  naiion,  et  sunout 
de  ceux  qui  ont  essusé  des  prises,  ne  suffirait 
donc  jamais  pour  établir  ce  coiiiuiissaire  man- 
dataire ,  proprement  dit ,  de  chacun  de  ces  né- 
gocians. 

Dans  les  principes  du  droit  politique,  la  mis- 
sion du  commissaire  danois  est  esseniiellemenj 
limitée  aux  bons  offices  d  un  protecteur  qui  re- 
commande .  et  ne  s  étend  pas  aux  actes  d'un  fondé 
de  pouvoir  qui  régit  ou  qui  dispose. 

Je  conviens  qu'un  droit  plus  ancien  et  plus 
sacré  que  le  droit  politique  ,  je  veux  dire  le  droit 
social ,  autorise  tout  hoiiime  à  suivre  les  affaires 
d'un  absent  qui  ne  connaît  pas  sa  situaiion  per- 
sonnelle ,  et  qui  a  besoin  des  secours  spontanés 
de  celte  bienveillance  naturelle  dont  le  germe  n'a 
pu  être  entièrement  étouffé  par  nos  vices  .  et  dont 
le  droit  civil  s'honoie  de  sanciionner  les  effets   (i). 

Il  a  été  reconnu  ,  dans  tous  les  leras  et  chez  tous 
les  peuples  policés  ,  qu'un  homme,  à  l'insçu  de 
son  semblable  ,  peut  lui  faire  du  bien .  et  que  s  il 
n'est  jamais  permis  de  faire  le  préjudice  d'un 
aulre  ,  il  I  esi  loujours  de  contiibuer  à  son  avan- 
tage ,  quoiqu  il  n'en  ait  pas  donné  le  mandai. (a). 

Le  commissaire  danois ,  à  défaut  de  loiii  mandat 
pariicu!ieï  ou  spécial  ,  pourrait  pcui-êire  se  préva- 
loir de  CCS  principes  pour  justifier  les  démarches 
qu'il  fait  ,  auprès  du  conseil  des  prises  ,  dans  la 
cause  ou  dans  les  aff.jires  de  ses  compauioles 
absens.  Oui  les  défendra  ,  s'il  ne  les  délciid  pas  , 
et  si  par  leût  éloignement  ou  par  d  autres  circons- 
tances ,  ils  sont  dans  1  impossibilité  de  se  défendre 
eux-mêmes  ? 

Cependant  ,  comme  dans  létal  de  nos  sociétés  , 
il  imporie  au  mainiien  de  l'ordre  .public  et  à  la 
tranquillité,  ainsi  qu  à  la  sûreté  des  particulie  », 
que  les  actions  en  justice  ne  soient  pas  populaires  , 
il  est  de  maxime  constante  el  universelle  que  l'in- 
rérêt  seul  est  le  principe  de  faction  ,  et  qu'il  faut 
être  pnnie  ou  muni  d  un  pouvoir  de  la  parlie  , 
pour  pouvoir  intervenir  dans  un  litige.  On  a  cru 
qu'il  était  nécessaire  de  prévenir  les  incursions  dan- 
gereuses que  des  esprits  entreprenans  ou  inquiet» 
peuvent  faire  dans  des  choses  qui  ne  les  concer- 
nent pas.  On  a  cru  encore  que  ,  pour  arrêter  tes 
indiscrétions  d  un  faux  zèle  ,  il  était  utile  de  pres- 
crire des  limites  à  la  bienfesance  même. 

Mais  on  a  établi  ,  près  toutes  les  administra- 
tions et  tous  les  tribunaux,  un  ministère  public, 
connu  aujourd'hui  en  France  sous  le  nom  de 
commissaire  du  gouvernement ,  qui  est  le  défenseur 
né  de  tous  ceux  qui  n  en  n'ont  point ,  qui  est  parr 
lie  principale  dans  les  affaires  importâmes  ,  et 
partie  jointe  dans  toutes.  Cette  insiiiuiion  admi- 
rable ,  qui  manquait  aux  anciens  ,  est  une  barrière 
contre  les  surprisel,  les  dénis  de  justice  ,  les  vio- 
lences et  les  abus.  La  parlie  publique  agit  ,  et 
tous  les  droits  sont  conservés.  Elle  Viille,  et  tous 
les  citoyens  sont  tranquilles.  Elle  exerce  toutes  les 
actions  du  public.  Elle  est  la  vive  voia  du  faible  et 
du  pauvre.  Elle  représente  les  absens,  et,  parmi 
nous,  une  de  ses  principales  fonctions,  selon  le 
témoignage  du  savant  et  vertueux  d'Aguesseau  ,  est 
de  faciliter  l'accès  de  la  justice  aux  étranuers ,  de 
proposer  leur  défense  ,  de  leur  offrir  un  appui, 
et  de  se  rendre  à  leur  égard  le  garant  de  la  loyauté 
nationale. 

Le  commissaire  danois  ne  doit  donc  point 
s'alarmer  ,  si  je  réclame  les  règles  qui  ne  permet- 
tent qu'aux  parties  ou  à  leurs  fondés  de  pouvoirs 
d'exercer  des  actions  ,  et  de  former  des  deman- 
des. L'intérêt  de  protection  qu'il  doit  à  ses  com- 
patriotes ,  suffit  pour  lautoriser  à  éclairer  la  reli- 
gion des  membres  du  conseil  par  des  notes  ,  par 
des  instruct'tons. ,  par  des  mémoires.  Jamais  on  ne 
doit  dédaigner  les  moyens  de  connaître  la  vérité. 
De  quelque  part  qu'elle  vienne  ,  elle  a  des  droits 
sur  l'esprit  et  sur  le  cœur  des  hommes. 

La  suite  demain. 

(i)  Digeste,  liv.  III,  fit.  5.  De  negotiis  gestis  , 
loi  I  :   hoc  edictum  necessarium  est  ,  quoniam  magna 

utilitas   absentium   versatur ,    ne   indejensi 

patiantur. 

(2)  Si  quis  absentis  negotia  gesserit  ,  licet  igno- 
rantis\,  lamen  quid  quid  utiliter  in,  rem  ejus  impen- 
derit. . . .  habeat  eo  nomine  aclionem.  L.  II ,  ibid. 

Sufficit ,  si  utiliter  gessit.  L.  X. 


.A  Paris  ,  de  l'imprir-ierie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevin's  ,  n"  |3, 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL 


N"  285. 


Quintidi  ,  i5  messidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible., 


Nous  sommes  autorisés    à  prévenir  nos  souscripteurs ,  cju'à  dater  du  7   nivôse  le  MONITEUR  esc   le   seul  journal  officiel. 
contient^  les    séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les   notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  minlscérleUes, 

Un  article  sera  pamculléremenc  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ITALIE. 

Milan  ,  le  4  messidor. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
arrête  : 

■  Art.  I".  Les  citoyens  Morin  et  Favre  ,  capi- 
taines, l'un  aide-de-camp  du  général  de  divi- 
sion Dupont  ,  et  l'autre  du  général  de  bri- 
gade liivaud  ,  sont  promus  au  grade  de  chef 
d'escadron. 

11.  Le  citoyen  Lamberty  ,  capitaine  surnumé- 
raire au  2^  régiinent  de  Cavalerie,  est  promu  au 
giade  de  capitaine  en  pied. 

III  Le  citoyen  Petiiot  ,  sous-lieutenant  au  2' 
de  cavalerie,  est  élevé  au  grade  de  lieutenant.  Le 
citoyenjallaud,  adjudant  dans  le  même  corps  , 
est  nommé  sous-lieutenant.  Le  citoyen  Veilanie , 
maréchal-des -logis  au  se  régiment  de  cavalerie, 
est  promu  au  grade  de  sous-lieutenant. 

II.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
-tUlion  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  jign«',  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  4u  même  jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république 
française  ,  arrête  : 

Art.  I".  Les  citoyens  Gaiand,  adjudant  au  20' 
régiment  de  cavalerie  ;  Velin  ,  maréchal-des-logis 
au  même  régiment;  Brunet,  dragon  au  g*  régi- 
ment ,  sont  promus  au  grade  de  sous-lieutenant 
desdits  régimens. 

Le  citoyen  Dubois  ,  volontaire ,  est  promu  au 
grade  de  sous-lieutenant. 

II.  11  sera  accordé  une  grenade  d'or  aux  ci- 
toyens Reinal.  canonnier  au  î«  régiment  d'ar- 
tillerie lésere  :  Mi«n«rnt .  bria-adipr"H>»  ''•>  Rarde 
des  consuls  ;  Renaud  ,  canonier  au  i"  régiment 
d'artilleiie. 

III.  Il  sera  accordé  un  sabre  d'honneur  au 
citoyen  Conrad  ,  lieutenant  du  2'  régiment 
d'ariillerie. 

Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'étal ,  signé,   H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
arrête  ce   qui  suit  : 

Art.  I"'.  Il  sera  accordé  un  sabre  d'honneur  au 
citoyen  Alix,  chef  d'escadron  au  2'  régiment  de 
cavalerie  ,  au  ciioyen  Gérard  ,  chef  d'escadron  au 
so'  régiment  de  cavalerie  ,  et  au  citoyen  Têtard  , 
capitaine  au  mêftie  régiment. 

II.  Les  citoyens  Leriche ,  Lebœuf,  Pasteur, 
cavaliers  au  2'  régiment ,  et  le  citoven  Godin  , 
cavalier  au  20*,  recevront  un  sabre  d'honneur. 

III.  Il  sera  délivré  des  baguettes  d'argent  au 
citoyen  Conetil  .  tambour  de  la  8*^  compagnie 
du  I"  bataillon  de  la  40°  demi-brigade, 

IV.  Il  sera  accordé  un  fusil  d'honneur  au  citoyen 
George  Auplil,  conscrit  de  la  3o'  demi-brigade 
de  ligne. 

V.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution  du    présent  arrêté 

Signe,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 


Au  quartier- général  à  Milan  ,  le  4  messidor  ,  an  8 
de  ta  république  française. 

Bonaparte,  premier  consul  delà  république 
française  voulant  donner  à  la  nation  piémontaise 
une  nouvelle  preuve  de  l'affection  et  de  la 
loyauté  du  peuple  français  ,  arrête  : 

Art  I".  Il  sera  établi  à  Turin  une  consulta 
chargée  de  préparer  l'organisation  du  gouveine- 
inent  piémontais  ,  et  de  rédiger  les  lois  et  régle- 
mens  relalifi  aux  diverses  branches  de  T'adminis- 
tiaiio't  {ubltque. 


II.  La  consulta  sera  composée  de  3o  membres  , 
et  elle  sera  présidée  par  le  ministre  extraordinaire 
du  gouvernement  français. 

III.  La  consulta  pourra  se  diviser  en  sections; 
mais  les  travaux  préparés  par  les  sections  seront 
examinés  et  approuvés  par  l'assemblée  générale 
qui  ne  pourra  être  convoquée  que  par  le  pré- 
sident. 

IV.  Tout  acte  de  gouvernement  est  interdit  à 
la  consulta.  Elle  donnera  seulement  son  avis  sur 
les  projets  que  la  commission  provisoire  du  gou- 
vernement soumettra  à  son  examen  ,  et  rédigera 
les  lois  et  réglemens  qui  lui  seront  demandés  par 
la  commission. 

Signé,  Bonaparte. 
Pour  expéditipn  , 
Le  conseiller-d'état  détaché  près  le  premier  consul , 
Signé  ,  Petïet. 
Alexandre  Bertier  ,  général  en   chef , 
En   conséquence  de  l'ordre  du  premier  consul 
Bonaparte  ,   en    date  dii  4  messidor  ,    arrête  : 

Art.  I"^.  Sont  nommés  membres  pour  composer 
la  consulta  établie  par  arrêté  du  premier  consul 
de  la  république  française  ,  en  date  du  4  messi- 
dor ,   les   citoyens  : 

Avogadro  ,  ex-membre  du  goiivernement  pro- 
visoire. 

Bay  ,  homme  de  loi,  propriétaire. 

Besso  ,  ex  -  commissaire  du  gouvernement 
provisoire. 

Boita.,  ex  -  membre  du  gouvernement  pro- 
visoire. 

Capriata  ,  ex-membre  du  gouvernement  pro- 
visoire ,   homme   de  loi. 

Chateauneuf,  membre  de  la  municipalité  de 
Verceil. 

Cilavegna  ,  ex-municipaliste  de  Voguere. 

Dallegre  ,  chanoine 
visoirêl''     "      ~-"-hre    du   gouvernement  pro- 

Fava,  ex-membre  du  gouvcrt» ^    _.  .     . 

Francia  ,   homme  de  loi.  "^ 

Gambini  ,  ex-secrétaire-général  du  gouverne- 
ment  provisoire. 

Gardini  ,  ex-commissaire  du  gouvernement 
provisoire. 

Geymet  ,  ex-membre  du  gouvernement  pro- 
visoire. 

Lavilla  ,  ex-comte. 

Marcarini. 
Martinet  ,  homme    de  loi. 
Negro  ,  négociant. 
Nizâti  ,  ex-baron. 
Pacciotti  ,  prêtre. 
Pavesio  ,   bibliothécaire  national.     . 
Piossasco  ,   ex-comte. 
Ponte  de  Lonibriasco  ,  ex-comte. 
Régis  ,  théologien-professeur. 
Ricardi ,  propriétaire,  homme  de  loi. 
Ricati  ,  Pierre, 
Saint-Martin  de  la  Motte. 
Tonso  ,  homme  de  lettres  de  Mottaie. 
Tosi  ,  homme  de  loi. 
Vassalli  ,    professeur  de  physique. 

II.  Le  général  Dupont  remplissant  provisoi- 
rement la  fonction  de  ministre  extraordinaire  du 
gouvernement  français  à  Turin  ;  le  général  Tur- 
reau  ,  commandant  militairement  dans  le  Pié- 
mont, se  concerteront  en  te  qui  les  concerne  , 
pour  l'exécution  des  disposhions  du  présent 
arrêté. 

Turin  ,  le  8  messidor  ,  an  S  de  la  république 
française. 

Signé  ,A\er!..  Berthier. 

Pour  copie  conforme  , 

Le  général  de  division  ,  Dupont. 

Au  quartier-général  à  Milan  ,  le  4  messidor  an  8. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république 
française,  considérant  la  nécessité  de  pourvoir  à 
ladministration  du  Piémont,  jusqu'à  1  organisa- 
tion.définitive  de  son  gouvernement,  arrête  : 

An.  1".  Le  gouvernement  du  Piémont  sera  pro- 
visoirement exercé  par  une  commis,sion  de  sept 
membres  qui  réuniront  tous. les  pouvoirs  ,  excepté 
le  pouvoir  législatiret  le  pouvoir  judiciaire. 

II.  Cette  coTrimission  proposera  à  la  consulta 
établie  par  arrêté  de  ce  jour,  les  loij  et  régle- 
mens qui  lui  paraîtront  nécessaires. 


III.  Elle  pourra  conserver  dans  les  tribunaux 
actuels  les  juges  en  exercice  ,  ou  les  remplacer 
à  son  choix. 

IV.  Elle  établira  dans  chaque  arrondissement 
un  commissaire  ,  qui  sera  chargé  de  tous  les  dé- 
tails de  l'adminisiraiion. 

V.  Chaque  commissaire  aura  sous  ses  ordres  les 
agensmunicipauxettous  les  fonctionnaires  publics 
de  son  arrondissement.  Il  correspondra  directe- 
ment avec  la  commission  de  gouvernement. 

VI.  Les  impositions  actuelles  seront  maintenues 
telles  qu'elles  ont  été  établies  pour  l'an  1800.  La 
commission  en  pourra  créer  de  nouvelles  avec  le 
consentement  formel  de  \îconsuUa. 

VU.  Tous  les  fonctionnaires  sont  tenus  de  res- 
ter à  leur  poste  ,  et  de  continuer  leur  service  sous 
l'autorité  du  gouvernement  provisoire  ,  jusqu  à  ce 
qu'il  en  ait  ordonné  autrement. 

Signé,  Bonaparte. 
Poui   expédition  conforme. 
Le  conseiller-d'état  détaché  près  le  premier  consul. 
Signé  Petïet. 

Alexandre  Berthier  ,  général  en  chef. 

En  conséquenee  de  l'ordre  du  premier  consul 
Bonaparle  ,    en  date  du  5  messidor  ,  arrête  : 

Art.  I"".  Sont  nommés  membres  pour  composer 
la  commission  établie  par  arrêté  du  premier  con- 
sul de  la  république  française  ,  pour  exercer 
provisoirement  le  gouvernement  du  Piémoi;it  , 
les  citoyens  : 

Avogadro  ,  ex-président  du  sénat  dç  Turin. 

Baudisson  ,    ex-professeur  du  droit  canon. 

Botton  ,    ex-inlendent-général. 

Braida  ,  ex-avocat  des  pauvres. 

Cavallt  ,  ex-comte. 

Galli,  ex-présàdent  delà  chambre  des  comptes. 

Rocci  ,    ex-secrétaire  des    relations  extérieures. 

II.  Le  général  Dupont  remplissant  provisoire- 
gouvernemënl"1rançâis~a""l'af)n"",'"Èr"rfe'"génér'al. 
Turreau  ,  commandant  militairement  dans  le 
Piémont,  installeront  le  gouvernement  provi- 
soire du  Piémont,  demain  à  quatre  heures  après 
midi. 

Turin  ,  le  8  messidor  an  8  de  la  république 
française. 

Signé  Alex.  Berthier. 

Pour  copie   conforme  , 

Le  général  de  division  ,  Dupont. 

Au  quartier-général  à  Milan  ,  le  4  messidor   an  S 
de  la  république  française. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république 
française  ,  arrête  : 

Art.  I".  Il  sera  établi  un  ministre  extraordinaire 
du  gouvernement    français   à  Turin. 

II.  Ce  ministre  sera  chargé  de  tomes  les  rela- 
tions avec  le,  gouvernement  piémontais ,,  et  pré- 
sidera la  consulta. 

III.  Il  sera  spécialement  chargé  de  veiller  aux 
intérêts  de  la  république  ,  et  à  te  que  les  somr 
mes  provenant  des  contributions  extraordinaires 
ou  lui  appartenant  de  toute  autre  manière  , 
soient  perçues  par  le  irésoiier  pour  être  em- 
ployées aux  besoins  de  l'armée, 

IV-  Les  fonds  versés  dans  la  caisse  du  tréso- 
rier ne  pourront  en  sortir  que  par  les  ordres 
du  ministre  extraordinaii^e  et  pour  les  besoins 
de  l'armée 

i  V.  Le  ministre  extraordinaire  pourra  seul  con- 
voquer l'assemblée  générale  de  la  consulta  ,  établie 
par  l'arrêté  de  ce  jour,  il' présidera  celte  assem- 
blée lorsqu'il  y  assistera  ,  et  en  cas  d'absence  , 
il  désignera  celui  des  niembres  qui  devra  le  rem-^ 
placer  pour  la  séance  seulement. 

Signé,  Bonaparte. 
Pour  expédition  conforme  , 
Le  conseiller-d'état  détaché  pris  le  premier  consul. 
Signé ,  Petïet. 
Pour  copie  ,  Signé  .  Alex.  Berthier. 

Pour  copie  conforme  , 

Lt  général  de  division,  Dupont. 


ANGLETERRE. 

"  îsondres ,  ft  27  juin,  (  8  mmiitûr.  ) 

Chambre  des  pairs.  —  Séance  du  i^juin. 

ï.e  comte  Temple ,  accompagne  an  chancelier  âe 
l'échiquier  et  de  plusieurs  autres  membres  de  la 
chambre  des  communes,  préseiile  un  bill  inliluié  : 
Actepourl'unio7ide  laGmnde-Bretagneel  deilrlande'. 
Ordonné  qu'il  soil  remis  sur  le  bureau. 

La  première  lecture  a  lieu  sur  la  motion  de 
lord  Greriville.  —  L'impression  est  ordonnée. 

Chambre  des  comm-uney.  —  Sïzmr*  du  ^3  juin. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  formation  d'un 
comité  pour  prendreen  considération  le  bill  relatif 
aux  institutions  monastiques. 

M.  Windham.  Je  crois  qu'un  bill  de  cette  na- 
ture ,  s'il  était  de  quelque  utilité  ,  aurait  pu 
être  mieux  rédigé.  Mais  je  ne  puis  çn  découvrir 
la  nécessité.  Je  ne  puis  voir  sans  étonneraent 
que  l'on  s'effraie  des  dangers  du  papisme  à  la 
fin  du  i8'  .  ou ,  si  l'on  veut ,  au  commence- 
ment du  19'  siècle  ,  lorsque  les  progrès  rapides 
des  français  en  Allemagne  et  en  Italie  menacent 
■  délivrer  le  monde  entier  à  l'empire  de  l'athé'isme. 
Je  croyais  que  les  Voltaire  ,  les  Diderot  ,  les 
Dklïmbert,  secondés  des  Hume  et  des  Gibbon, 
avaient  écrasé  la  tête  de  l'hydre  ,  et  que  leurs 
ouvrages  nous  garantissaient  assez  de  l'influence 
de  4  ou  5,000  français ,  restes  infortunés  de 
l'église  gallicane.  Craint-on  que ,  comme  une 
seconde  colonie  troyenne ,  ils  ne  multiplient  et 
ne  fassent  revivre  leur  doctrine  surannée  ?  Ce 
n'est  point  une  poignée  d'émigrés  qui  relèvera 
les  institutions  monastiques  en  Angleterre.  Dira- 
t-on  que  les  moines  ne  sont  que  des  paresseux 
inutiles  à  la  société  ?  Mais  ils  ne  sont  pas  plus 
paresseux  que  l'homijie  indépendant ,  qui  vit 
d'une  fortune  qu'il  n'a  point  acquise  lui-même, 
et  l'on  sait  combien  les  moines  ,  dans  différentes 
parties  du  monde  ,  ont  enrichi  de  leurs  travaux 
les  sciences  et  la  littérature.  Ferait-on  un  crime 
à  des  vieilles  tilles  d'être  convenues  de  ne  point 
sortir  des  murs  de  leur  jardin  ,  tandis  que  l'on 
permet  à  celles  qui  ne  vivent  point  au  couvent 
de  passer  leurs- soirées  au  jeu  et  au  spectacle  ? 
'Pourquoi  craindrons-nous  que  le  papisme  fasse 
plus  de  prosélytes  que  les  autres  sectes  dissi- 
dentes ?  Ce  n'est  point  par  l'intervention  de  la 
législature  que  les  conversions  doivent  être  em- 
pêchées. C'est  au  clergé  anglican  à  les  prévenir 
par  sa  piété,  sa  vigilance  et  l'exemple  de  ses 
venus,  je  me  souviens  qu'il  y  a  peu  d'années  , 
■les  jardiniers  du  voisinage  de  Londres  crurent 
qu'il  serait  plus  sûr  de  garantir  leurs  pépinières 
rpar  acte  du  parlement,  que  par  de  boniiej^(jpV|j'^ 
■voulut  point  ajouter  à  la  sévéri'ié  du  code  pénal, 
■et  les  renvoya  en  leur  disant  :  vigitantibus  et  non 
dormientibus.  On  peut  en  dire  autant  à  ceux  qui 
craignent  pour  notre  église.  Mais  depuis  quelque 
tems  l'usage  s'introduit  de  s'adresser  dans  toute 
occasion  à  la  législature  et  avec  autant  de  faci- 
lité ,  que  s'il  ne  s'agissait  que  d'aller  chercher 
de   l'eau  à   la  fontaine  de  la  paroisse. 

M.  Windham  fait  l'apologie  de  la  vie  mon^ti- 
que  ,  et  prétend  que  l'effet  du  bill  serait  de  dési- 
gner les  catholiques  romains  comme  des  objets 
de  persécution.  Ce  serait  d'autant  plus  cruel ,  dit 
M.  "VVindham  ,  qu'il  semblerait  que  nous  eussions 
profilé  du  tems  011  la  tempête  les  a  jetés  parmi 
nous,  pour  les  'atteindre  du  glaive  de  la  loi.  Un 
honorable  membre  a  appelé  ce  bill,  JVîm-iaùtng- 
iiitl  (i).  je  crois  que  lui  et  moi ,  nous  avons  changé 
de  côté  .  et  il  représente  dans  cette  occasion  le 
taureau  échappe'  au  milieu  des  religieuses. 

Sir  H.  Sàinl-John  Mildmdy.  Je  n'ai  proposé  le 
biU  actuel  que  parce  que  j'ai  toujours  regardé 
l'influencé  de  la  religion  catholique  romaine  , 
comme  essentiellemeRt  contraire  à  la  sûreté  de 
notre  constitution. Ce  bill ,  au  surplus, ne  fait  que 
corroborer  les  dispositions  de  l'acte  de  1791  .  et 
SI  cet  acte  fut  nécessaire  à  une  époque  otà  il 
n'existait  aucun  danger,  la  chambre  ne  croira 
•pas  devoir  se  relâcher  de  sa  vigilance,  lorsqu'il 
est  avéré  que  les  catholiques  ,  recueillis  dans  ce 
pays  ,  emploient  tous  leurs  efforts  pour  faire  des 
prosélytes  et  n'ont  que  trop  de  succès.  Ce  n'est 
point  à  mot  seul  quil  faudrait  attribuer  ce  qu'il 
pourrait  y  avoir  de  repréhensible  dans  ce  '  bill. 
L'acte  de  1791  ,  auquel  il  est  conforme  ,  fut  pré- 
senté par  le  savaiit  inerabre  ,  alors  procureur- 
général  ,  soutenu  par  le  'procureur-général  actuel , 
piar  le  ■chancelier  de  l'échiquier ,  et  le  irès-hono- 
rable  membre  lui-même  appuya  dahsle  tems  un 
bill  de  la  même  natUTe". 

La  première  partie  du  bill  terid'àcTnpêtfher 
les  prêtres  français  émigrés  d'établir  des  monas- 
tères -dans  ce  'pays  ;  la  Sec'ortde  apour  objet  de 
les  empêcher  de  iéduire  des  enf.ms  protestans. 
L'opposition  que  le  bill  a  éprouvée  hors  de  la 
chambre  prouve  'assez  la  nécessité  de  le  passer. 
Les   catholiques  romains  angLis  ont  imptudcm- 

(\)  'Comb'àt-'coTvlre-ks  ■religieuses  ,  tx^fession  fesant 
allusion  aua  combats  de  taureau.  (Bull-baiting.  ) 


ii5o 

ment  fait  cause  commune  avec  les  émigrés  fran- 
çais. J'espère  que  la  chambre  ne  verra  point 
tranquillement  subvenir  et  miner  là  constitution. 
Liiifluence  d'une  secte  ne  doit  pas  être  calculée 
par  le  nombre  de  ceux  qui  la  professent.  Les 
cathôliquîs  qui  sont  aujourd'hui  aux  protestans 
comme  l  à  100  ,|élaient  en  1787  comme  1  à  200  , 
et  l'on  sait  qu  a  cette  époque  ,  ils  étaient  tout- 
puissans  dans  l'état.  Il  me  serait  facile  de  prouver 

I  ardeur  des  catholiques  établis  dans  les  provinces 
pour  faire  des  prosélytes  ;  je  n'aurais  qu'à  montrer 
une  lettre  que  j  ai  en  ma  possession.  Elle  est 
de  l'évêque  de  Saint-Pol  de  Léon.  C'est  une 
réponse  à  l'évêque  de  'Winchester  qui  lui  avait 
écrit  au  sujet  de  ces  conversions  imprudentes. 
Le  prélat  français  ,  loin  de  les  nier  ,  bse  en  faire 
l'apologie. 

M.  Jones.  Je  ne  prendrais  point  la  parole  si 
je  n'y  avais  été  provoqué  (baited)  ,  par  le  très- 
honorable  membre  (  M.  Windham.  )  Il  a  fait  allu- 
sion à  quelques  expressions"  dont  je  me  suis  servi, 
et  que  sans  doUTeilabien  entendues.  C'est  un  avan- 
tage que  je  n'ai  pas  toujours  avec  lui,  quand  il 
parle  :  j  avoue  que  je  n'entends  gueres  plus 
de  la  moitié  de  ses  discours  ,  tous  pleins  de 
métaphysique. 

Le  bill  actuel  me  paraît  d'une  nécessité  ur- 
gente. Le  pamphlet  publié  en  dernier  lieu  par 
le  docteur  Duignan  ,  prouve  qu'un  homme  ne 
peut  pas  être  bon  catholique  sans  chercher  à 
faijre  des  prosélytes.  L'honorable  baronet  (sir 
H.  St.  J.  Mildmayjm'afaitl'honneurde  me  montrer 
une  lettre  de  l'évêque  de  Saint-Pol  de  Léon.  Ce 
prélat  jusiihe.  la  conduite  du  clergé  de  sa  ^dé- 
pendance, établi  dans  les  environs  de  Winchester. 
Un  homme  célèbre  (M.  Burke  )  ,  pour  la  mémoire 
de  qui  j'aurai  toujours  le  plus  grand  respect,  a 
dit  que  l'âge  de  la  chevalerie  était  passé.  Moi  ,  je 
dirai  que  l'âge  du  papisme  est  venu.  Le  très-hono- 
lable  secrétaire  de  la  guerre  est  devenu  le  vrai 
champion  du  papisme.  Je  ne  serais  pas  étonné 
qu'il  élût  un  pape  ,  et  qu'il  lui  procurât  un  siège 
dins  cette  chambre.  Le  très-honorable  membre  a 
dit  que  lui  et  moi   nous  avions   changé    de  côté. 

II  en  change  si  souvent  que  je  ne  sais  quel 
rôle  il  prétend  jouer  cette  fois.  Nagueres  c'était 
un  honnête  Jolm  Bull  ,  le  vigoureux  avocat  des 
amusemens  rustiques  et  des  combats  de  taureaux  ; 
aujourd'hui  c'est  un  révérend  moine  ,  parlant 
de  la  papauté  avec  autant  d'ardeur  que  s'il  ga- 
loppait  sans  frein  parmi  son  troupeau  de  reli- 
gieuses. 

M.  Dudley  Ryder  prétend  que  ,  loin  d'exposer 
les  catholiques  romains  à  la  haine  publique  ,  ce 
bill  a  pour  principal  objet  de  les  protéger  et  de 
faire  tolérer  leur  séjour  à  l^,';.'-*--' —  '^  -oi.>„ 
aueauelaue  réci--^'"  j  '^.  ''^  '^  "^'"""e  "«  soit 
9SÊ/l?VTv'Sr'^|fesition  deviendra  pénible  et  dan- 
gereuse. La  conduite  exemplaire  des  prêtres  exilés 
les  a  rendus  de  dignes  objets  de  la  bienveillance 
nationale  ;  mais  on  doit  plutôt  considérer  le  bill 
actuel  comme  un  bill  de  faveur  que  comme  un 
bill  de  sévérité.  Je  ne  lui  reprocherai  que  de 
pousser  trop  loin  la  modération.  Le  rrès-hono- 
rable  membre  (M.  Windham)  a  blâmé  ce  bill  en 
ce  qu'il  tendait  à  la  suppression  des  monastères. 
C'est  un  argument  qui  m'a  étonné.  La  vie  mo- 
nastique est  généralement  condamnée  ,  même 
dans  les  pays  catholiques  romains  ,  et  je  ne  m'at- 
tendais pas  à  en  entendre  faire  l'éloge  dans  la 
chambre  des  ^ramunes  d'Angleterre.  L'hono- 
rable baronet  aurait  pu  citer  divers  exemples  de 
jeunes  gens  séduits  par  ces  sociétés  religieuses. 
Il  a  eu  la  prudence  et  la  délicatesse  de  s'en  abs- 
tenir. Si  les  maisons  les  plus  marquantes  a\>aient 
été  désignées  ,  elles  auraient  pu  devenir  l'objet 
d  une  fureur  semblable  à  celle  qui  animait  la 
populace  ,  conduite  par  lord  George  Gordon. 

M.  Hobk'ôust  voit  une  grande  différence  entre 
ce  qu'on  nomme  les  papistes  et  les  catholiques 
romains  habitant  la  Graiide  -  Bretagne.  Les  der- 
riiers  ,  à  peu  d'exceptions  près  ,  ont  renoncé  à  la 
suprématie  temporelle  du  pape  ,  à  cette  doctrine 
qui  enseigne  que  la  foi  avec  les  hérétiques  ne  doit 
pas  être  gardée;  enfin  ,  à  tout  ce  qui  est  incompa- 
tible avec  la  fidélité  qu'ils  doivent  au  souverain 
et  aux  lois  du  pays.  Après  cela  ,  c'est  une  injus- 
tice de  ne  les  point  mettre  sur  le  même  pied  que 
les  autres  dissidens.  Jamais  il  n'y  eut  moins  de 
sujet  pour  être  sévère.  Les  prêtres  catholiques 
émigrés  sont  en  grand  nombre  en  Angleterre. 
Mais  ils  se  conduisent  tous  bien.  Beaiicoup  d'entre 
ebx  retournent  dans  leur  patrie  ;  et  quand  ils  au- 
raient r-mt^mion  vils  n'ont  pas  les  moyens  de 
faire  du  mal.  Les  statuts  qui  existent  sont  plus 
q\ie  s'uffisans  pour  parer  au  danger:  par  l'un  de 
ées  statuts,  tout  houinrte  convaincu  d'avoir  re- 
noncé à  son  allégeance  et  de  s'être  réconcilié  avec 
le  siège  dé  Rome  ,  est  cottp'ablé  de  haute  trahison. 
Ces  -statuts  sont  la  'honte-  de  notre  code  ,  éi  , 
qtibiq-ue  loinbés 'en  désuétude  ,  ils  sont  en  effet 
autant  de  poignards  jetés  ça  -fet  là  ,  que  le  pre- 
mier bigot  "intolérant  peut  ramasser  pour  s'en 
servir.  -      . 

On  prétend,  continué  M.  Hobhouse  „ que  l'on 
peut' citer  des  faits.  Je  puis  assurer  que  les  reli- 
gieux catholiques  désirent  eux-mêmes  i'e"nquêie 
de  leur  conduite.   Ce  n'est  pas  sur  des  oui-dire 


que  la  chambre  doit  passer  un  bill  pareil.  Leà 
sociétés ,  dont  on  s'effraye,  ne  sont  formidables 
ni  p.Vr  leur  nombre ,  ni  par  leilT  opulence  .  ni  pat 
leur  zèle.  Les  couvents  d  hommes  sftnl  au  nom- 
bre de  17  ;  ils  contiennent  entre  2  où  3oo  indi- 
vidus; lès  côuVems  de  filles  ne  passent  pas  le 
nombre  de  7  ou  8,  et  les  religieuses  qu'ils  ren- 
ferment, n'excèdent  pas  celui  de  54.  Depuis 
1794,  il  est  mon  60  moines  ou  religieuses,  et  il 
n'y  en  a  eu  que  24  de  remplacés.  J'ai  l'autorit^ 
des  abbessés  et  des  directeurs  les  pins  respec- 
tables pour  affirmer  que  jainais  ils  n'ont  aiii'mis 
dans  leurs  couvens  des  enlans  qu  ils  sussent  ap- 
partenir à  des  parens  protestans.  Ces  faits  me 
sont  confirmés  par  la  lettre  d'un  noble  lord 
(L.  Peter)  qui  réside  dans  la  province  de  Wilt- 
shire  ,  et  qui  jouit  de  T'estiine  de  tous  Ceux  dont 
la  croyance  n'est  point  la  même   que  la  sienne. 

M.  Hobhouse  ne  peut  regarder  comme  un 
bill  de  faveur,  un  bill  qui  défend  aux  reli- 
gieux d'entretenir  leur  nombre  ,  et  les  con- 
da.nne  ainsi  à  survivre  solitaires  à  ceux  de  leurs 
compagnons  qu'ils  pourront  avoir  perdus.  Il  re- 
garde comme  tyrarinique  et  oppressive  la  clause 
qui  soumet  les  couvens  aux  visites  domiciliaire» 
tles  magistrats ,  et  ce  bill  lui  paraît  sur-tout  impo- 
litique au  moment  où  la  Grande-Bretagne  est  à  la 
veille  de  s'unir  avec  l'Irlande  ,  et  où  la  perspective 
de  l'émancipation  des  catholiques  a  été  oflette  aux 
Irlandais. 

Sir  William  Scott  voit  dans  ce  bill  un  vice  ra- 
dical. Il  ne  frappe  que  le  clergé  régulier,  tandis 
que  la  plupart  des  institutions  ,  dont  on  se  plaint, 
sont  formées  par  le  clergé  séculier.  D'ailleurs  , 
pour  qu'il  fût  nécessaire  ,  il  faudrait  prouver  quç 
la  religion  dominante  est  en  danger.  La  con- 
duite des  prêtres  émigrés  est  exemplaire.  On  dit 
qu'ils  se  disposent  à  retourner  en  France;  c'est  un 
point  peu  sûr ,  mais  d'où  devrait  dépendre  la 
décision  de  la  question.  Si  leur  résidence  en  An- 
gleterre n'est  que  temporaire,  il  est  facile  de  les 
surveiller  sans  l'intervention  de  la  législature  ; 
mais  si  leur  séjour  doit  être  permanent,  il  con- 
vient que  le  parlement  s'y  oppose.  Les  institu- 
tions monastiques  ne  sont  point  essentielles  à  la 
religion  catholique  ;  aucun  décret  du  concile  de 
Trente  ne  les  a  sanctionnées  ,  et  elles  sont  sur- 
tout contraires  à  l'esprit  de  la  religion  et  des  lois 
de  l'Angleterre.  Ces  corporations  finiraient  par 
être  formidables  et  dartgereuses.  Les  sociétés 
sont  toujours  plus  puissantes  que  les  individus , 
et  un  prêtre  de  paroisse  ne  pourrait  jamais  lutter 
contre  un  couvent  florissant.  Les  enlans  et  le» 
domestiques  seront  convertis  par  milliers  ,  et  à 
moins  que  l'on  ne  dise  qu'il  est  indifférent  que 
les  basses  classes  se  réconcilient  avec  le  siège  Je 
Sôme,  on  ne  peut  tolérer  de  pareilles  institution» 
p<"-^anpntes.  Tout,  ce  que  la  prudence  exige 
envers  les  iciigicuA  csiUc  tes  assujcitn  au^  diapo- 
tjons  de  ïalien-acl,  et  de  les  obligera  envoyer  à 
'"févêque  diocésain  l'état  du  nom  et  dé  la  cc/ndi- 
tion  des  individus  qui  résident  dans  les  couvens. 

iW.  £rj*m«  regarde  le  bill  acttiel  comme  tendant 
à  mitiger  la  sévérité  des  lois  existantes  contre  les 
catholiques.  Sans  ce  bill,  les  prêtres  catholique» 
conriniieraient  à  agir  illégalement  ,  et  s'expose- 
raient ainsi  à  des  peines  sévères.  Il  est  défendu  aux 
catholiques  ,  par  le  3i'  de  S.  M.  de  célébrer  au- 
cunes de  leurs  cérémonies  autrement  que  les 
portes  otjvertes,  et  tous  les  lieux  destinés  au  cillte 
peuventêtreinspectésàtouie  heure  par  quiconque 
en  a  la  fantaisie.  Par-tout  où  les  corporations  reli- 
gieuses sont  admises ,  elles  acquièrent  iDientôt  une 
influence  sans  bornes.  'Touies  les  petites'villes  de 
France  étaient  sous  l'autorité  dés  couvents.  Là 
mêrtie  chbse  arriverait  en  Angleterre. 

M.  Erskiné  ajoute  qu'il  paraissait  injuste,  après 
avoir  accordé  un  azyle  à  ceux  que  la  tempête 
de  l'adversité  a  jette  sur  nos  côtes,  de  refuser  la 
rriême  grâce  à  ceux  qui  pourraient  y  naufrager 
encore  ;  il  est  facile  d'éditer  ce  'reproché  en  OiWet- 
lânt  dànî  le  texte 'du  bill  ces  ïn'ots  :  résidant  'màiir- 
tenant  dans  le  royaume.  Lé  roi  serait  autorisé  à  ac- 
corder des  permissiotis  aux  nioines  et  religieuses 
qui  se  réfugieraient  en  Angleterre  à  l'avênit.  Maii 
qu'au  bout  de  20  années  d'une  tolérance  sati* 
exemple ,  qu'après  avoir  accordé  aux  prêtres 
émigrés  plus  de  privilèges  que  n'en  ont  les  sujets 
anglais  ,  la  nation  soit  accusée  d'injustice  parce 
qu'elle  leur  deiiiahde  comme  unique  sûreté  de 
sa  religion  de  ne  poiiift  propâ|èr-te  lfe4ir ,  t'eit  tlne 
chose  révoltante. 

M.  Shéridan.  Les  avocats  du  bill  n'ont  point 
allégué  un  seitl  fait  à  son  appui  ;  ils  n'ont  pas 
mêm'e  "essayé  de  prouver  l'incdnduit'e  des  per- 
sonnes qui  doivent  être  affectées  par  ses  dispo- 
sitions. C  est  doncsurune  simpbe  rumeur,  sur  des 
alarmes  locales  et  sans  fondement,  que  la  chambré 
est  invitée  à  passer  une  loi.  Je  voudt-ais  entendre 
au  moins  citer  un  fait  positif  lorsqu'on  nous  pro- 
pose des  mesures  dune  pareille  dUreté  en*«rs 
ceux  que  nous  avons  reçus  génére<ise«iént,  et  qui, 
jirsqu'ici,  ont  été  bien  loin  de  se  montrer  ingrats. 
Ce  bill ,  que  l'on  ne  veut,  point  considérer  comme 
pénal  ,  assujettirait,  par  ses  effets  ,  les  sujets  du 
toi  aux  réglemens  de  Valien-act.  Mon  savant  ami 
a  allégué  le  3i'  de  S.  M.  Il  le  connaît  mal ,  oa 


il  eti  a  oublié  les  dispositions.  Cet  acte  permet  aux 
catholiques  romains  de  devenir  diacres  et  prêtres, 
et  d'tnlrer  dans  des  communautés.  Ces  institu- 
tions, telles  qu'elles  existent  ici,  sont  différentes 
de  ce  qu'elles  sont  ailleurs.  La  sanction  du  roi  ne 
tend  ni  à  donner  de  la  validité  aux  vûeux  monas- 
tiques ,  ni  à  en  punir  l'infraction. 

Tous  les  réglemens  du  bill  actuel  sont  faits  pour 
insulter  1  orgueil  ,  pour  alarmer  les  sentimens  des 
catholiques  romains  de  ce  pays ,  qui  ,  comme 
hommes  et  comme  sujets,  tiennent  la  conduite 
la  plus  exemplaire.  En  quoi  consiste  la  délicatesse 
et  la  retenue  dont  se  vantent  ceux  qui  approuvent 
cette  mesure  ?  A  ne  pas  désigner  certaines  mai- 
sons,  certaines  personnes,  à  ne  pas  exposer  aux 
fureurs  populaires  ceux  que  nous  avons  pris  sous 
notre  protection  spéciale,  je  prétends  qu'une 
pareille  délicatesse  expose  et  les  catholiques 
étrangers  et  les  catholiques  anglais.  On  devrait 
se  souvenir  des  horreurs  de  1780  et  trembler.  Des 
alariiies  reliuieuses  furent  le  prétexte;  le  pillage, 
le  massacre  et  1  incendie  1  objet  véritable.  La  po- 
pulace ulie  fois  émue  ,  il  n'est  paj  aisé  de  la  répri- 
mer. Mais  depuis  quelque  tems  chacun  veut  être 
législateur,  sans  s'embarasser  du  danger  de  faire 
de  nouvelles  lojs  ,  lorsqu'elles  ne  sont  pas  pres- 
crites par  une  nécessité  urgente. 

Je  suis  lâché  d'entendre  comparer  les  tems 
où  nous  vivons  au  tems  de  Charles  II.  Cet 
esprit  de  tolérance  qu'on  préconise  ne  me  parait. 


ii5i       <- 

parun  mouvement  subît,  la  fureur  des  combats , 
et,  avec  le  sang-froid  d'une  méditation  tranquille  , 
vous  avez  dicte  sur-le-champ  de  bataille  les  con- 
ditions de  la  paix  qui  doit  faire  le  bonheur  de 
lEurope.  )> 

—  Le  ministre  de  la  marine  ayant  fait  passer, 
dans  les  ports  ,  une  circulaire  de  l'amirauté 
d'Angleterre,  qui  enjoignait  à  tous  les  com- 
mandans  anglais  de  ne  plus  molester  les  pê- 
cheurs, nouï  eussions  dû  croire  que  cette  classe 
intéressante  n'iiurait  plus  éprouvé  de  vexations 
de  la  part  de  110s  ennemis  ;  mais  le  rapport 
qui  a  été  (ait  par  le  pêcheur  Vannier  ,  portant 
que  le  cutier  anglais  qui  croise  devant  Fccamp  , 
lui  avait  enlevé  tout  son  poisson  ,  nous  a  prouvé 
que  notre  espérance  était  vaine..  Cette  conduite 
a  déterminé  le.  chef  de  l'étal-major  delà  marine 
au  Havre  décrire,  par  un  parlementaire,  au 
capitaine  de  la  frégate  qui  était  à  vue  du  port  ; 
il  lui  a  envoyé  la  copie  littérale  de  la  circu- 
laire de  l'amirauté  ,  lui  demandant  s'il  l'avait 
déjà  reçue  ,  et  linvilant  alors  d'en  donner  con- 
naissance aux  capitaines  des  cutters  de  sa  nation  , 
qui  molestent  nos  pêcheurs  ,  en  leur  enlevant  , 
sans  le  payer,  le.  fruit  de  leur  travail.  Le  capi- 
taine Gasselin  ,  commandant  la  frégate  anglaise 
la  Sjirene  ,  lui  a  répondu  qu'il  avait  reçu  des 
ordres  d'e  l'amirauté  ,  semblables  à  ceux  dont 
il  est  fait  mention  plus  haut  ,  et  qu'il  s'y  con- 
formerai! strictement  ;  qu  il   était  étonné  que  les 


je  l'avoue,  qu'une  persécution  mitigée.  Je  ne  vois     pêcheurs  se  fussent  plaints  ,  tandis  que   les  capi 
point  de  plus  grande  violation  de  toute  décence     taines  sous  ses    ordres   lui   avaient    assuré   qu'ils 


et  de  toute  délicatesse  que  de  soumettre  à  l'ins- 
piciion  drs  magistrats  les  séminaires  catholiques  , 
saris  y  soumettre  également  les  maisons  d'édu- 
cation des  autres  sectes.  Pourquoi  présumer 
faussement  que  la  religion  catholique  ,  soit  plus 
dangereuse  que  les  autres  religions?  Comment 
les  auteurs  du  bill  ,  dans  cette  circonstance  , 
s'occupeni-ils  si  peu  de  l'évidence  des  faili  ?  f^i 
des  faits  à  produire  ,  et  comme  les  nouveauj^ 
législateurs  fie  paraissent  pas  attacher  une  grande 
importance  .aux  faits  ,  je  leur  demande  pardon 
d'abuser  de  leur  patience. 
Ici  M.   Sheridan    cite   tous    les   renseianemens 


payaient  toujours  le  poisson  quand  ils  le  pre- 
naient; mais  qu'il  s'assurerait  des  faits  ,  et  que 
dorénavant  pareille  plainte  n'aurait  plus  lieu. 

La  demande  du  chef  d'état-itlajor  àe  la  ma- 
rine était  nécessaire  ,  1°  pour  assurer  la  tran- 
(Juillilé  des  marins  qui  s'adonfient  à  la  pêche  , 
et  s°  pour  connaître  si  l'amirauté  avait  donné 
exactement  les  ordres  que  l'bumanité  réclamait  < 
et  dont  la  république  avait  donné  1  exemple. 
(  'Bullttin  du  Havre  11  messidor.) 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 


qu'il  s'e=i  procurés;  d'où  il  résulte  quelles  mai-  i  ■^«'"■«  ""'"  ï""'  '«  général  de  division  Dugua  au 
tresses  d'écoles  cadioliques  ,  loin  d  élever  de  jeu-  j  mmstre  de  lamànne.  —  Golfe-Juan ,  le  27  prai- 
ries filles  protestantes  gratis  dans  l'espoir  de  les  |  '''*'  <"•  "•  .  -  ; 
convertir,  n'admettent  sous  aucun  prétexte  dans  I  Citoyen  ministre,  je  suis  parti  d'Alexandrie 
leiirs  maisons,  des  enfans  qui  ne  soient  pas  ca-  |  d  Egypte  le  a6  ventôse  ,  par  ordre  du  général 
tholiques.  Il  dément  le  bruit  ridicule  qui  avait  Kleber  ,  pour  me  rendre  en  France  sur  le  bâ- 
attrîbué  aux  prêtres  catholiques  la  conversion  timent  la  Vengeance  ,  pinque  génoise  montée  par 
de  2.000  servantes  dans  un  seul  comté.  Sur  17  le  capitaine  français,  Bernard  (  de  Cannes  ),  dé- 
couvens  établis  en  Angleterre  ,  g  seulement  re-  parlement  du  Var.  Ce  bâtiment  et  le  capitaine  , 
çoivent  des  pensionnaires,  et  il  est  plus  con-  ainsi  que  le  makre  d'équipage  et  un  mousse  ont 
venaible  de  permettre  aux  catholiques  anglais  été  retenus  à  Malte  par  le  Commodore  anglais , 
de  faire  élever  leurs  enfans  dans  ces  fflaisoîis,  |  Trowbridge.  Je  vais  vous  rendre  compte  des  cir- 
que de  les  laisser  dans  la  nécessité  de  les  envoyer  I  constances  qui  nous  ont  mis  entre  ses  mains; 
eh  France  ou  dans  tout  autre  pays  ,  où  leurs  I  vous  jugerez  de  I  intérêt  , que  le  gouvernement 
principes  moraux  et  politiques  peuvent  bien  plus  i  doit  prendre  au  capitaine  et  au  bâtiinent  dont 
aisément  se    corrompre.   Le'  bill   actuel   pourtiit  '  la  prise  me  paraît  de  la  plus  haute  injustice. 


bitn  être  le  résultat  de  motifs  qui  ne  sont  nul- 
lement religieux,  et  devoir  son  origine  à  l'es- 
prit de  défaveur  qui  s'est  manifesté  contre  les 
émigrés  dans  certains  endroits  ,  notamment  à 
Winchester  ,  où  l'on  n'est  pas  content  de  voir 
unt  garnison  de  piètres  français  occuper  le  châ- 
teau du  roi.  M.  Sheridan  cite  la  controverse 
qui  «est  élevée  etïtre  le  docteur  Siurges  et  le 
docteur  Milner  ,  et  enfin  lé  traitement  cruel 
éprouvé  par  l'abbé  Fleury  dans  la  province  de 
Hainpshirc.  Ce  respectable  ecclésiastique  ,  dit-îl , 
s'est  vu  enlever  de  chez  lui  par  un  ordre  du 
secrétaiie-d  éijt  sans  qu'aucun  crime  lui  ait  été 
imputé  ,  et  malgré  de  nombreux  témoignages 
en  laveur  de  sa  conduite  de  la  part  de  per- 
sonnes ,  qui  l'avaient  observé  pendant  un  es- 
pace de  7  ans.  —  M.  Sbéridan  offre  de  sou- 
metli«  à  l'examen  d'un  comité  tous  les  docu- 
ment  qui  viennent  à  l'appui    de   ses   assertions. 

■  'Ledodteu'r  i,nu/jtnce  parle  dans  le  même  sens  qtie 
M.  Sheridan.    ■ 

■  \.3  formation  du  comité  a  lieu  à  la  majo- 
rité de  Sa  voix  contre  24.  —  Elle  est  suivie  de 
l'ajournement. 

(  Exilait  du  Courier  de  Londres.  ] 


1 


R. 


N     T     E     R     I     E     U 

Paru  .,  le  i  4  messidor. 

Lr  i3  tnessidor ,  à  l'issue  de  sa  séance  ,  l'i«stitut 
national  s'est  rendu  en  corps  chez  le  premier 
consul.  Le  citoyen  Camus  .qui  présidait  à  cause 
de  l'indisposition  du  citoyen  François  (de  Neuf- 
cliâteau  ) ,  a  adressé  la  parole  au  .premier  consul 
en  ces  termes  : 

0  Citoyen  coneul,  l'institut  national  s'empresse 
de  venir  vous  féliciter  sur  les  triomphes  que  vous 
avez  obtenus  pour  la  république.  Les  français 
marchent  rapidement  à  la  victoire  ;  mais  vous  les 
y  conduisez.  11  est  beau  d'être  le  génie  qui  anime 
une  troupe  de  héros. 

.  >)  L'usage  que  vous  avez  tait  de  la  victoire , 
est  plus  grand  que  la  victoire.  Lorsque  vous 
pouviez  anéantir  une  arnicc  ennemie  ,  vous  avez 
épari^oé  le  tan^  des  vaincus  )  vous  avez  enchaîné  , 


La  pinque  la  Vingeance  est  du  port  de  200  ton- 
neaux. Comme  Icvacuation  de  lEgypie  était  dé- 
terminée au  moment  de  mon  départ  ,  il  y  fut 
embarqué  avec  moi  et  les  officiers  qui  m'accom- 
pagnent ,  des  militaires  invalides  ou  autres  pas- 
sagers ,  au  nombre  de  99  individus  et  18  hommes 
d'équipage.  Nous  sortîmes  d'Alexandrie  le  26 
ventôse  au  matin;  le  vent,  qui  était  favorable, 
nous  conduisit  jusqu'à  l'île  de  Candie  ;  là  nous 
trouvâmes  des  vents  contraires  ,  qui  nous  retin- 
rent vingt-deux  jours  entre  cette  île  et  la  Sicile. 
Au  moment  où  nous  espérions  passer  celle  de 
Maretimo  ,  un  vent  plus  violent  que  jamais  nous 
foiça  de  resteir  deux  jooTs  à  la  cape.  Nous  nous 
apperçômcs  alors  que  nous  étions  sans  eau.  Nous 
avions  avant  cela  reconnu  que  la  majeure  partie 
de  noire  biscuit  était  .pourrie  ;  nous  n'avions  pltM 
d  huile  ,  de  bois  ni  de  sel  ..  et  nous  avions  six 
hommes  malades -à  bord  ,  avec  les  sympiômes  les 
plus  inquiétans  ,  et  presque  tous  les  autres  plus 
ou  ■moins  malades  par  la  grosse  mer  et  la  fatigue 
que  nous  avions  éprouvées  ;  dans  celte  situation, 
un  corsaire  algérien  nous  dontia  la  chasse  ;  nous 
prîhnes  le  parti  de'notis  tciii'er  sur  'Malie  pour 
y  demander  à  la  ciroisiere  anglaise  les  secours 
dont  nous  avions  besoin  ,  convaincus  que  ,  munis 
des  passeports  du  Commodore  Smilh  et  du  grand 
visir  ,  nous  les  obtiendtions  sans  difficulté  ,  cop- 
loriiiément  à  la  convention  de  el-Arisch. 
'  Je  dois  vous  observer  ,  citoyen  ministre  ,  que  , 
suivant  l'ordre  donné  par  le  général  Kleber  à  tous 
les  vaisseaux  partant  pouT  Fiante  de  prertdi-e  à 
bord  tout  ce  qu'ils  pourraient  d  objets  dîartillerie, 
il  avait  été  embarqué  sur  la  iVengeann^ùhoxnhei 
de  iS-.poutcs  pour  servir  de  Icsi. 

D  après  la  résolution  prise  de  nous  rendre  près 
de  la  croisière  anglaise,  le  capitaine  porta  sur 
Malte,  et  nous  ariivâmes,  à  la  pointe  du  jour, 
prés  du  vaisseau  CAlexandre  qui  tenait  la  droite 
du  blocus  du  port;  nous  avions  déjà  viré  de 
bord  pour  arriver  sous  (e  vent  à  lui.  Lorsqu'il 
nous  apperçut ,  il  nous  tira  un  coup  de  canon  ; 
I  il  mit  en  niême-tems  un  canot  à  la  mer  ,  avec 
un  lieutenant  qui  monta  à  notre  bord  ,  croyant 
nous  amener  comme  vaisseau  venant  de  France  , 
cl  voulant  entrer  dans  le  port  de  la  Valette  ;  nous 
exljibâtnes  nos  dîffcrens  passeports   et  tout  ce  qui 


pouvait  prouver  que  nousvefiions  fl'Atcxaiidrie. 
Nous  fîmes  vérifier  l'état  dt  Ti'oS  -pTOvisions,  le 
manque  d'eau  que  nous  èpToiivibnS  et  les  mala- 
des que  nous  avions  'à  bord  ;  mal.çre  l'e  cofnptB 
que  l'officier  rendit  de  tout  cela  au  Commodore 
Trowbridge  ,  celui-ti  ordonna  que  le  vaisseau 
fût  conduit  dans  le  port  de  Marzo-Sciroco ,  et 
que  ses  vergues  et  son  gouvernail  lui  fussent 
enlevés. 

Le  Commodore  ,  qui  est  bien  l'homme  le  plus 
grossier  de  toute  la  marine  anglaise  ,  n'a  voulu 
entendre  à  aucune  des  raisons  que  je  lui  ai 
données  pour  lui  prouver  que  je  lie  voulais  point 
entrer  dans  la  Valette;  il  tii'a  ob'ig'é  de  faire  qua- 
rantaine-sur le  bâtiment  ,  ei  je  su'is  convaitrcu  que 
si  l'amiral  Nelson  n'était  point  arrivé  au  momtint 
où  ma  quarantaine  finissait  ,  j'aurais  été  conduit  à 
Mahon  ou  en  Angleterre.  Cet  amiral  donna  ordre 
au  Commodore  de  m'envoyer  en  France.  Voici 
comment  le  commodore  l'exécuta  :  il  fit  décharger 
un  transport  de  400  tonneaux,  qui  avait  apporté 
des  bombes  et  de  la  poudre  pour  le  siège  projette 
de  Malte  ;  il  m'eiivoya  prévenir  à  10  heures  du 
matin  le  6  de  ce  mois ,  que  le  bâtiment  était 
prêt,  en  m'invitant  à  y  passer  de  suite  ,  et  une 
heure  après  le  capitaine  avait  ordre  de  mettre  à 
la  voile;  de  sorie  que  je  neus  pas  même  le 
tems  de  faire  des  provisions  ,  et  il  n'avait  pas 
fait  mettre  de  l'eau  à  bord  ,  pour  nous  obliger 
d'aller  à  Syracuse  ,  où  il  avait  donné  ordre  d'em- 
barquer sur  notre  bâtiment  tous  les  blessés  et  les 
malades  du  Guillaume-TeU  et  du  Généreux  ,  de 
manière  que  nous  sommes  encore  sur  le  vaisseau  , 
dans  le  moment  où  je  vous  écris  ,  3go  individus 
français  ,  partie  amputés  ,  partie  blessés  ,  des 
fiévreux,  des  femmes,  des  petits  enlans  ,  etc. 
et  Trowbridge  avait  donné  au  capitaine  l'ordre 
de  nous  débarquer  en  Corse  ou  à  Marseille  , 
coiiirac  Cela  lui  conviendrait  le  mieux;  et  notez 
que  n'ayant  fait  mettre  à  bord  des  vivres  que  pour 
3oo  hommes  pour  25  jours  ,  et  qji'a,yarit  fait  em- 
barquer 390  hommes  ,  au  18'  jour  nous  nous 
sommes  trouvés  sans  vivres,  et  si  nous  n'avions 
pas  pu  aborder  le  25'  au  soir  ici  ,  nous  étions, 
forcés  de  retourner  en  Iizlic  ou  daller  en 
Corse. 

J'éprouve  ici   toutes  les  difficultés  imaginables 
pour  obtenir  de  meitre   pied   à  terre   et  de  faire 
quarantaine  ,    mOi   et   tous   les  v  assagers  sur  l'île 
la   plus  fertile    de    celles-  de  Sainte-Marguerite  ; 
j  ignore   encore   si  j'obtiendrai   celte   faveur. 
I     Je  joins  ici  copie  de  toutes  les  pièces  à  lappui 
;  du    rapport   que  je    viens    de  vous    faire  ;  elles 
consistent  en  un  état  du  lieutenant  de    vaisseau 
;  anglais    Jaukins    des     provisions   qui  restaient  à- 
)  bord   au     moment    où   nous    sommes    arrivés   à 
Malte  ;   copie    de  mes   lettres  aux  généraux  an- 
glais Trowbridge  et  Nelson ,  et  de  leurs  réponse». 
Vous   jugerez,  citoyen  ministre  ,  de  1  intérêt  que 
'le  gouvernement  doit  prendre  à  la  restitution  du 
{  bâtiment  ,  la   Vengeance  ,  et  à  la   mise   en  liberté 
du  capitaine  à    qui  on  a   fait    quitter  son  bord  , 
'.ainsi  qu'à   son   équipage,   aussitôt  que   nous   en 
lavons  été    sortis;  le    commodore   Trowbrige  l'a 
gardé  à    son  bord  ,  ainsi  que  son  moussé  et  son 
1  maître  d'équip.ige  ,  et  il  a  renVoyé  le   reste  aveS 
j:nou3. 

J'ai  été  une  fois  à  bord  du  commodore  'frow- 
!  bridge  ,  j'y  ai  trouvé  deux  itidividus  qui  récla- 
jmehl  vivement  votre  protection  et  celle  du  gou- 
i  vernement.  Lé  premier  «st  le  citoyen  Goyon  ,  qui 
ia  conduit  des  vivres  dans  Malte,  sur  la  corvette 
:  la  Bttlone  ,  il  en  était  ressorti  sur  U  Guillaume 
\Teli;  il  a  été  pris.  Les  anglais  ne  veulent  pas  le 
relâcher  de  crainte  qu'il  ne  rénouvelle  la  même, 
:  entreprist;  ;  ils  lui  'ont  pris  son  argent  comptant  , 
]  consistant  en  &kX>  louis  ,  et  des  le^ttreS-de-change 
'pour  la  somme  de  38o,ooo  fr.  ;  et  sur  -la  demanfle 
que  j'ai  faite  au  >coiii.modore  Sali,  de  la  lesli- 
tuticm  de  ces  lettres-de-change  «  ri  m.'a  .népondtJ 
qu'on  ne  les  rendrait  au  citoyen  Go.yon  ,  ainsi 
quç  sa  liberté  ,  qu'après  la  reddition  de  Maltfii 
Je  j'oins  ici  la  lettre  qu'il  m'a  écrite. 

Le  deUicîémè  est  le  citoyen  Jean-André  Câ- 
rasofi,  ex-agent  consulaire  de  la  république  fran- 
çaise à  Malte  ,  depuis  2r  ans  atlashé  au  ministère 
de  France  d.iriscette  île  ;  il  «sî  aussi  retenu  pri- 
sonnier à  bord  du  Cullodcn;  les  anglais  se  pro- 
posent de  le  rétenir  aussi  jusqu'après  la  reddi- 
tioii  ■  de  Malte  ,  sous  le  prétexte  qu  ïl  est  né 
imaltais. 

J'oubliais  dé  vous  dii-e  ,  citoyen  ministre, 
qua'mon  arrivée  à  Malle  le  contre-amiral  0e- 
crés  était  'ft  'btitd  -du  «aisSfeâii  du  côminodoré 
TrOiWbridge  ,  de  qui  il  est  aussi  mécoiVicnt  que 
moi  ;  il  en  e.st  Bàà\  le  es  iftoréailauirUnefrégaiej 
ton  ilui  a  laissé  ignorer  s'il  partait  pour  Fr-«n»e 
ou  ipour  fMah&n. 

Signé,   C.  F,  J,  DuGUA- 

MI-NiSTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Li^  ministre  de  l'intérieur  a  décidé  que  U 
colonne  nationale  ,  dont  la  première  pierre  doit 
être  posée  le  s5  de  ce  mois  ,  sera  construite  en 
granit  de  Fi-ance.  Elle  sera  phjs  solide  qu'en 
marbre  ;  et   nous  sommes    sii  riches  ea  granit , 


Il52 


qu'il  faut  bien  employer  cette  belle  pierre  quand 
'  on  le  peut  :  au  lieu  d'exporter  une  somme  con- 
sidérable pour  tirer  des  marbres  du  dehors.  Le 
ministre  ,  en  donnant  cet  avis  aux  artistes ,  les 
prévient  qu'il  prend  toutes  les  mesures  néces- 
saires pour  faire  arriver  très-promptement  le 
granit  à  Paris  ;  il  les  invite  à  lui  remettre  ,  sans 
déliii  ,  les  plans  qu'ils  auront  à  lui  proposer.  Il 
en  a  déjà  reçu  quelques-uns  ;  il  désire  que  les 
artistes  s'en  occupent  avec  le  zèle  et  l'activité 
que  mérite  un  monument  si  digne  d'exercer  leur 
génie. 

Le  ministre  a  reçu  aussi  des  projets  de  colonnes 
pour  les  départemens  ;  il  réitère  également  aux 
artistes  l'invitation  de  s'en  occuper. 


Secondeliste 

Des   souscripteurs  pour  le  monument  à  élever  a  la 
mémoire  du  général  Desaix. 

Montant  de  la  première  liste agasfr. 

Lucien  Bonaparte,  ministre  de  l'intérieur.     600 
Duquesnoy  ,  l'un  des  rapporteurs    du  mi- 
nistre de  l'intérieur.  100 
Nau  Deville  ,  quai  de  la  Mégisserie  ,  n°  2.       24 
Dubois  ,  ancien    directeur  des  douanes  , 

rue  St.  Florentin,  n»  6.  «4 

Langlois,  membre  du  corps-législatif.  a5 

Quinette ,   préfet   du  département  de  la 

Somme.  24 

Aug.  Debray  ,  maire  de  la  ville  d'Amiens.       24 
J;  H.  Chivaille  ,  commissaire  des  guerres 

à  la  placé  d'Amiens.  24 

Le  généralHenri  Frégeville  ,  inspecteur  de 
cavalerie  ,  hôtel  de  Hambourg  ,  rue  des 
Filles-Si.*Thomas.  24 

LabauHie,  chef  de  bureau  du  département 
de  la  guerre  ,  rue  Croix  des  Petils- 
Champs  ,  ri°  48.  ;  25 

jRcederer,  membre  de  l'instiiùl  et  président 
du  coiiseil-d'état ,  faubourg  Honoré, 
n"  53.  48 

Oieph  Galïirelli  ,  conseiller-  d  'état.  25 

Roux  et  Fournel ,  rue  Helvétius ,  n"  667. 


Jerson  ,  jurisconsulte  ,  rue  des  Jeûneurs  , 
n'  26. 

Le  général  Vandamme  ,  à  Cassel  ,  dépar- 
tement du  Nord. 

Le  chef  de  bataillon  Seron  ,  cour  des  mira- 
cles ,  rue  Bourbon-Villeneuve. 

Clément  de  Ris  ,  sénateur  ,  rue  du  Jour- 
Honoré. 

Emile  et  Paulin  Clément  de  Ris  ,  Sis  du 
sénateur,  même  demeure. 

Bonaventure  ,  ex-législateur,  rue  de  Lille 
n°  499. 

Le  général  Baville  ,  à  l'armée   du   Rhin. 
Grillon  ,  ancien  colonel  du   régiment  de 

Bretagne  ,  près  Beauvais. 
Grillon  ,  ancien  capitaine  dudit  régiment. 
J.  J.  Liebert,  général  de  division,  çom- 

mandant    la    ss*^    division  militaire   à 

Tours- 

Vallongne  ,  chef  de  brigade  du  génie. 
Marmont  père,  ancien  militaire,  à  Châtil- 

lon-sur-Séine. 
Bauset ,  ancien  agent-général  des    étapes 

militaires ,  rue  neuve  St.  Marc  ,   n°  11. 
Hauterive  ,  chef  de  d'ijvjsipn  des  relations 

exiéfieures.  -   :,'','  ' 

Le  général  Chasseloup'  -  Lacibat,  quai  de 

Ghaillot  ,  n"  84  et  35. 

Tarte,  membre  du  cor,és:- législatif ,  à 
Chaillot. 

Vidalal,  ex-législateur,  ruedelaLoiiU"  268, 

vis-à-vis  celle  de  Menars. 
Cartevaro  ,  ruejoubert,  n«  519. 
Desgranges ,  rue   Helvétius  ,  n"  60. 

Gilet  de  lajacqu*miniere  ,  tribun,  chez  le 
cit.  Lebreton  ,  à  la  Monnaie. 

Boccardi  ,  lùinistre  plénipotentiaire  de  la 
république  ligurienne  ,  rue  du  Bacq  , 
n"  264. 

P.C.Laussat,  tribun  ,  rue  des  Capucines  , 

n'  121. 
Jean  Debry  ,  tribun,  cour  de  l'Orangerie, 

Thibaut ,  tribun  ,  tue  des  Poulies ,  n°  206. 
Chabaud   (  du  Gaï>d  ) ,  tribiin  ,   rue  Flo- 
rentin ,  n"  6 , 1  .-.»-.. 


60 
24 
5o 
26 


24 
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24 
48 

24 

25 

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24 

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24 
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24 

24 

24 

24 
24 

25 


'  Ci-conlre i 

Siméon ,  tribun,  rue  et  porte  Honoré, 
n»  9, 

Nicolas  P.  E.  GeofFroi  de  Villemain,  rue 
Cérutti  ,  n°  3  , 

Leroi  ,  tribun  , 

Portiez  (  de  l'Oise  ) ,  tribun , 

Andrieux  ,  tribun , 

Fourcroy  ,  conseiller-d'état,  au  Muséum 
d'histoire  naturelle  ,  rue  de  Seine  , 

Chaptal ,  conseiller- d'état,  rue  des  Jeû- 
neurs ,  n°  6  , 

Un  citoyen  polonais  ,  anonyme  , 

Le  général  Pommereul  ,  rue  Maur-Popin- 
court ,  n°  19  , 

Alexandre  Traulé  ,  commandant  la  place 
de  Sedan  ,  rue  des  Vieilles-Audrieltes  , 
chez  Fenol  et  Hedouin  ,  n°  6  , 

François  Gros,  rue  des  Jeûneurs,  n"  5  , 

Roûgei-de-LisIe  ,  rue  des  Champs-Elysées , 
n°  9 

Rouhiere  ,  commissaire  ordonnateur,  rue 
de  Gaillon ,  maison  de  la  marine  , 

Gaillard,  ancien  secrétaire  du  conseil  et 
gardes  des  archives  de  l'Ecole  militaire  , 
rue  du  Bacq,  n"  io83. 

Le  général  de  division  Hardy  ,  à  Plom- 
bières , 

Louis  Pommereul,  officier  de  dragons, 
rue  Maur-Popincourt ,  n"  19  , 

J.  Pommereul  ,  officier  d'artillerie  ,  idem, 

André  Baudoin  ,  rue  Grange-BatelHere  , 
n"  21  , 

J.  J.  Legonidec  ,  rue  de  Savoie  ,  n°  9  , 
Le  général  de  division  Férino  à  Avignon  , 
Férino  ,  négociant .  rue  Jean-Robert ,  n°  9  , 
Guinard  ,  tribun  ,  rue  de  Beaune  ,  n"  63o, 
Godechaux-'Worms  ,  rue  Saint-Avoye  , 
Lupais  et  Gelot ,  banquii.-rs  . 
Obry  Layens  Worms  ,  ru  F.ondy  , 

Jouanne  ,  rue  de  lErl:  1  ,  n°  3i  , 

Patinot ,  idem  , 
Bouchet ,  idem , 
Roche  ,  'idem  , 
RIboustel  ,  idem  , 

Laveruhe,  jeune,  rue  Grauge-Bateliere  , 

n°   Il  , 
Beaumont,  rue  Basse-du-Rempart , 
Roquelante  ,  rue  ci-devant  royale  ,  barrière 

blanche  ,  n°  3;  , 
Mallet,   frères  et  compagnie,  banquiers, 
Lenoir  ,  fils  aîné  ,  rue.  du  faubourg  Mont- 
martre ,  n°   1079. 
Masson  ,  peiritre  ,  maison  Méry  , 
Louis    Sensi  ,    gouverneur    de    Loretle , 

réfugié    romain  , 
Louis   Fonseca,   ex-marquis,  réfugié  ro- 
main , 

Les  professeurs  de  l'école  centrale  du  dé- 
partement de  l'Indre  ,  à  Châteauroux, 

Jules  Impérial  ,  napolitain  ,  boulevard 
Gévuiti ,  n°  i5  , 

Carteaux  ,  général  divisionnaire  , 

Drouot,  ex-secrétaire  du  général  Desaix, 
à  létat-major  de  l'armée  de  l'Ouest, 
à  Rennes  , 

Gorlay  ,  fauxbourg  Honoré  ,  n"  56  , 

Fichet  ,  entrepreneur  de  bâtimens ,  rue 
de  Larochefoucault  ,  n°  3  , 

Tronchet ,  président  du  tribunal  de  cas- 
sation ,  rue  André-des-Arts  , 

Honoré  Duveyrier ,  tribun,  rue  de  la  Pé- 
pinière ,  n°  746  , 

Honoré  Duveyrier  ,  fils  ,  idem. 

Nicolas  Coindre  ,  rue  de  Popincourt , 
n°  45  , 

Marie  Descorches  ,  rue  Saint  -  Maur  , 
faubourg  Germain  ,  n°  1242  , 

Paul  Blosset  ,  propriétaire  à  Vierzon  , 

Rœmers  ,  membre  du  corps-législatif,  rue 
-  de  Verneuil  ,  faubourg  Germain  , 

Aubry  ,  ancien  médecin  des  arn>ées  et 
conseiller  de  préfecture  du  départe- 
ment du   Cher  ,  à  Bourges  , 

Fayolle-Saint-Félix  ,  commissaire  de  ma- 
rine ,  rue  de  Marivaux  , 

Prony ,  directeur  de  l'école  nationale  des 
ponis  et  chaussées ,  ses  coopérateurs 
et   ses    élevés  , 


4621 


25 

24 

25 

25 
25 

24 

24 
94 


«4 
24 

24 

«4 

24 

100 

24 
24 

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24 
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24 
24 
24 

i5o 

24 
24 

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24 

24 

96 

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24 

24 
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24 

144 
24 

5o 
24 

24 

24 

36 
24 


24 

24 

60 
6414 


Ci-contre.  . 6414 

Lecouteulx-Canteleu  ,    fauxb.    Honoré , 

n°  56.  24 

M""  Lecouteulx  -  Canteleu  ,  épouse   du 

sénateur.  84 

Banhelemi  Lecouteulx  ,   fils.  24 

Gh.  Emmanuel  Lecouteulx  ,  idem.  84 

Alaux ,   professeur    de    mathématiques  à 

I  école  centrale  du  Cher  ,  à   Bourges.         24 
François   Tirpaut  ,    commissaire  de   ma- 
rine et  chef  de  la  5'  division  du  ministre 
de    la    marine ,    rue    des    Saussayes  , 
n**  1243.  84 

Desfournille  ,  de  Bordeaux.  5o 

Courtois,  à  Ingrande.        '  48 

Henri  Pommereul ,  adjoint  au  génie,  rue 

Maur-Popincourt  ,  n°   19.  24 

P.  F.  Guerin  ,  propriétaire  ,  ru  George  , 

n"  4.  48 

Amaury  -  Duval ,  chef  du  bureau  des 
beaux-arts,  ministère  de  1  intérieur  , 
place  du  Petit  Carrousel  ,  près  la  rue  de 
l'Echelle.  14 

Les  employés  du  bureau  des  beaux-arts.       «4 
Hennequin  ,  sous-ptéfet  de  l'arrondisse- 
ment de  Gassat ,   départ,  de  l'Allier.  34 
Jaubert  .  professeur   de   langue   turque  , 
près    la    bibliothèque    nationale  ,    rue 
Neuve-des-Capucines ,  n°  2.  84 
Bengnot  ,    préfet    du  dépaMeoient  de  la 

Seine-Inférieure.  7a 

Gali ,  secrétaire-général  de  lad.  préfecture.       36 
Lecouteulx-Deverclive  ,  négoc.  à  Rouen  , 
membre   du  conseil-général  du  dépar- 
tement  de    la  Seine-Inférieure.  •  48 
Lelievre  ,  adjoint  à  la   mairie    de  Rouen.       4$ 
Durieu,  ex-commissairedu  gouvernement, 
membre   du  conseil-général  du  dépar- 
tement de  la  Seine-Inlerieure.  18 
T.  Hédouville  ,  général  de  division  .  lieu- 
tenant du  général  en  chef ,  à  Fontenay- 
le-Peuple ,                                                        48 
Valdenaire  ,  vérificateur   de   l'enregistre- 
ment à  Mayence  ,                                          24 
Lagarde  ,  secrétaire-général  des  consuls,       100 
Mackau  ,  maire  de  Vitry-sur-Seine  ,                 24 
Lusignem,  rue  Grange-Batelière  ,                    24 
Le  citoyen  Merleus,  graveur,   bou'evard 
Montmartre  ,  n°  1047  ,  a  offert  po.ur  sa 
souscription   de    faire  la   remise  de   la 
moitié  du  prix    de  la  gravure  ,  d'après 
l'estimation  qui  en  sera  faite. 


Total  jusqu'à  ce  jour. 


7266  r. 


On  continue  à  recevoir  les  souscriptions  au; 
Lycée  républicain  ,  passage  du  Lycée  ,  près  le 
palais  du  Tribunal. 

Au  Cercle  des  négocians  ,  rue  de  la  loi ,  près 
le  boulevard. 

Au  bureau  du  Journal  de  Paris  ,  rue  Jean- 
Jacques  Rousseau. 

Au  bureau  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins, 
n"  18. 

JV-  B.  La  liste  des  souscripteurs  sera  ouverte 
jusqu'au  25  messidor.  On  indiquera  à  cette  époque 
le  lieu  ou  se  tiendra  l'assemblée  pour  nommer  les 
membres  du  comité   chargé  de  l'exécution. 


COURS     DU     CHANGE. 
Baurse  du  14.  —  Efets publics. 

Rente  provisoire 22  fr.  5o  c. 

Tiers  consolidé 32   fr.   i3  c. 

Bons  deux  tiers i    fr.  5^  c. 

Bons  d'arréragé 88  fr. 

Bons  pour  l'an  8 82  fr.  25  c. 

Syndicat 68  fr. 

Coupures.  .  . •.  •.   68  fr.  85  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 

Lvon au  p.  à  vue. 

Marseille au  p.  à  25  jours. 

èordeaux {  p.  à  l5  jours. 

Montpellier..  ;2  p.  à  3o  jours. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq(je  et  des  Arts. 
Auj.  Œdipe  à  Colonne,  opéra  en  3  actes  ,  et  fé- 
ballet   de  Psyché.  '  "'' 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Scarron;  la 
,ere  repr.  de  la  Pièce  curieuse  ,  ^^a  un  acte  ,  et 
les    Otages.  '  ■ 

Théâtre pE  la  Cité-Variétés.  — Pan/omimfi. 
Auj.  cest  le  Diable.  ■- 


A  Paris,   ,1c  rimpririscrie  da   cit.  Âgasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,   rue  des  Poitevins,  n'    i3. 


GAZE' 


fATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  286. 


Sextidi  ,  16  masidor  an  8  de  la  république  françahe  ,  une  et  indivhibk. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenï ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  le  Z]  juin  (  8  mesùdor.  ) 
Chambre  des  communes.  —  Séance  du  2  i  juin. 

Le  chancelier  de  Cêchiquier  propose  que  ,  confor- 
'mémeni  à  l'ordre  du  jour ,  le  bill  d'union  soil  lu 
pour  la  iroisieme  fois. 

M.  Tierney  demande  si  dans  le  cas  oii  le 
nombre  de  668  membres  paraissait  trop  considé- 
rable ,  et  qu'il  fallût  par  la  suite  le  réduire  ,  la 
Téduction  porterait  proportionnellement  sur  les 
cent  membres  irlandais  ,  ou  si  le  nombre  de  cent 
représentans  était  invariablement  garanti  à  l'Ir- 
lande. 

M.  Pitt  ne  suppose  point  qu'il  s'élève  aucune 
difficuhé  de  cette  nature.  11  n'y  en  eut  aucune 
après  l'union  cl  Ecosse. 

Le  bill  est  lu  pour  !a  troisième  fois.  —  Or- 
donné qu'il  soit  porté  à  la  chambre  des  pairs  par 
lord  Temple. 

M.  Tiermy  dit  qu'il  a  précédemment  annoncé 
une  motion  qu'il  ne  peur  faire  jusqu'à  ce  que  le 
très-honorable  membre  (M.  Pitt)  ait  rempli  sa 
promesse,  en  présentant  à  la  chambre  les  traités 
de  subsides  avec  les  puissances  étrangères.  Mais 
il  espère  que  le  sujet  des  subsides  étrangers  est 
abandonné  pour  cette  session.  S'il  se  trompait, 
JI  voudrait  savoir  quand  ils  seront  remis  sur  le 
bureau. 

M.  Fin  ne  peut  donner  de  réponse  précise  ; 
mais  il  ne  mettra  aucun  retard  à  soumettre  à  la 
chambre  un  sujet  dont  il  n'a  nullement  aban- 
donné l'idée.  Il  n'a  point  de  raisons  pour  croire 
que  les  parties  qui  font  cause  commune  ,  se  ral- 
lentissent  dans  leurs  efforts  ;  et  les  bruits  qui  se 
sont  répandus  sur  les  derniers  événemens  ,  rie  le 
détourneront  point  de  proposer  un  subside,  à 
l'effet  de  poursuivre  la  guerre  avec  rigueur. 

M.  Tierney  trouve  ce  sujet  dune  trop  grande 
importance  pour  être  présenté  un'joiir  et  discuté 
le  lendemain.  Les  affaires  publiques  étant  à-peu- 
près  terminées,  il  conviendrait  en  pareil  cas  de 
faire  un  appel  de  la  chambre. 

M.  Jekytl  espérait  qu'après  les  événemens  qui 
viennent  de  se  passer  sur  le  continent  ,  il  n'au- 
rait plut  été  question  de  subsides.  Il  est  assuré 
que  le  peuple  désire  que  ses  représentans  votent 
contre  la  continuation  de  la  guerre  ;  mais  si  le 
très-honorable  membre  persiste  dans  son  pro- 
jet ,  il  désire  au  moins  savoir  s'il  s'opposera  à 
un  appel. 

M.  Pitt  dit  qu'il  ne  croit  pas  de  son  devoir 
de  faire  une  réponse  ;  mais  l'appel  de  la  cham- 
bre ,  dans  la  circonstance  présente,  ne  lui  paraît 
pas  nécessaire. 

M.  Sheridan  est  d'un  avis  opposé .  et  prévient  la 
chambre  que  vendredi  il  proposera  l'appel. 

M.  Pitt  dit  que  les  honorables  membres  pa- 
raissent regarder  les  nouvelles  qui  viennent  de 
se  répandre,  comme  authentiques;  cependant 
elles  ne  reposent  que  sur  l'autorité  du  télégraphe 
de  Paris.  Elles  peuvent  être  vraies  ,  mais  rien  n'en 
donne  la  certitude. 

L'ordre  du  jour  appelant  la  formation  d'un  co- 
mité relativement  au  bill  sur  les  insiitutiotis  mo- 
nastiques ,  un  débat  assez  long  a  lieu  entre  M. 
Buxton  ,  Bragge  ,  'Wilberforce  et  Smith  ;  les  deux 
premiers  pour,  et  les  deux  autres  contre  le  bill. 
Le  comité  s'ajourne  sur  la  motion  de  M.  Sheridan. 
(  Extrait  du  Courrier  de  Londres.  ) 

INTERIEUR. 

De  Bruxelles  ,  le  ii  messidor. 

L'armée  française  continue  ses  succès  dans  la 
Bavière  ;  après  avoir  occupé  Donawerth  ,  elle 
s'est  avancée  vers  la  forteresse  d'Ingolstadt,  après 
avoir  culbuté  les  différens  corps  de  troupes  autri- 
chiennes et  bavaroises  qui  avaient  voulu  s'op- 
poser à  sa  marche.  ^, 

Le  général  Ktay  ,  à  la  tête  de  trente  -  quatre 
mille  hommes  ,  se  porte  à  marches  forcées  vers 
le  corps  du  général  Lccourbe  pour  le  com- 
battre. Le  corps  du  général  autrichien  ,  Starray  , 
a  été  coupé  de  la  grande  armée  au  moyen  d'une 
savante  maDt»*wie  du  général  Morcau.  L'armée 


du  prince  Condé  ,  arrivée  dans  l'évêché  de  Salz-  | 
bourg,  a  reçu  Tordre  de  s'y  arrêter  jusqu'à  ce 
que  sa  destination  ultérieure  soit  fixée.  L'archi- 
duc Charles,  d'après  ces  nouvelles  ,  a  dû  quitter 
la  Bohême  pour  aller  organiser  l'armée  de  ré 
serve  destinée  à  aller  se  réunir  sur  le  Danube  à 
celle  que  commande  le  général  Kray.  Au  départ 
des  dernières  lettres  de  Ratisbonne  ,  1  alarme  y 
était  générale  ,  et  l'on  s'attendait  d'un  moment  à 
lautre  à  une  action  générale,  et  qui  probable- 
ment sera  décisivi-.  Plus  de  vingt  mille  habitans 
aisés  de  la  Bavière  ,  de  la  partie  située  sur  les 
bords  du  Lech,  ont  émigré  avec  leurs  effets  les 
plus  précieux  ,  pour  éviter  les  malheurs  dont  leur 
patrie  est  menacée  ;  la  plupart  se  retirent  dans  les 
margraviats  d'Anspach  et  de  Bareuth. 

Le  général  Bonnard  ,  commandant  de  la  24° 
division  militaire,  est  arrivé  en  cette  ville  depuis 
deux  jours.  Suivant  son  rapport ,  tout  est  en  ce 
moment  parfaitement  tranquille  sur  nos  côtes  ; 
elles  se  trouvent  d'ailleurs  dans  un  état  respec- 
table de  défense.  Les  anglais  se  montrent  encore  , 
à  la  vérité  ,  tantôt  devant  Niewport  et  Blanken- 
berg,  et  tantôt  devant  Ostende  ,  ainsi  qu  à  l'em- 
bouchure de  l'Escaut ,  mais  en  trop  petit  nombre 
pour  faire  présumer  que  l'ennemi  ait  d'autre 
projet  que  celui  d'inquiéter  ces  parages  par  sa 
présence.  ( Courrier  des  dépurtemens  réunis ,  il  mes- 
sidor. ) 

Vitré ,  le  7  messidor, 

La  brigade  de  gendarmerie  nationale  à  pied  , 
et  deux  gendarmes  à  cheval  de  la  résidence  de 
Vitré,  ont  arrêté  au  village  de  la  Menardiere , 
le  nommé  Blainlu  ,  chouan  non  rendu  ,  portant 
la  terreur  dans  le  pays  ;  il  a  été  saisi  avec  trois 
fusils ,  dont  un  double  et  deux  de  munitions;  ces 
trois  fusils  étaient  chargés;  plus,  deux  montres 
neuves  dont  une  en  or,  et  l'autre  en  argent,  et 
deux  machines  en  or  servant  à  l'usage  de  la  ma- 
rine. Ce  brij;and  a  déclaré  avoir  volé  ces  effets 
dans  une  diligence  ,  et  avoir  été  l'un  des  deux 
qui  ont  attaqué  la  diligence  ,  le  27  prairial 
dernier  ,  près  la  Gravclle  ,  dépatlement  de  la 
Mayenne. 

L'arrestation  de  ce  brigand  est  encore  due  au 
■zèle  et  à  l'activité  du  citoyen  Durocher  ,  lieute- 
nant de  gendarmerie  nationale  à  Vitré  ,  qui  a  si 
puissamment  contribué  à  la  destruction  des  assas- 
sins de  la  bande  desBobon  ,  et  que  le  général  en 
chef  de  l'armée  de  lOuest  a  élevé  au  grade  de 
capitaine  ,  en  recompense  de  ses  services  dis- 
tingués. 

La  fille  Bazin  ,  chez  laquelle  était  Blainlu  ,  a 
aussi  été  arrêtée.  (Journal  du  Nord-Ouest.) 

Chaumont  ,    le    8    messidor. 

Le  préfet  du  département  de  la  Haute-Marne  ,  aux 
maires  des  communes  du  même  département. 

Je  vous  annonce,  citoyens  ,  l'aurore  d'un  beau 
jour  ;  celui  oiî  chacun  de  vous  ,  pénétré  de  la 
dignité  de  ses  fonctions,  fier  d  être  républicain, 
fort  de  la  confiance  du  gouvernement ,  dépouil- 
lera celte  pusillanimité  .  trop  commune  autrefois  , 
qui   paralysait  l'exécution  des  lois. 

Vous  ne  considérerez  plus  si  telle  ou  telle  me- 
sure qui  vous  est  prescrite  atteint  votre  voisin 
ou  votre  parent  :  vous  vous  mettrez  au-dessus 
des  clameurs  ;  elles  sont  démenties  dans  le  fond 
du  cœur  en  même-tems  que  proférées  ,  lorsque 
le   fonctionnaire  n'agit  que  la  loi  à  la  main. 

J'ai  à  vous  citer  un  exemple  qui  vous  fera  im- 
pression. 

La  commune  d'Autrevilie  renfermait  ,  de  lon- 
gue main  et  presque  constamment,  des  déserteurs. 

La  force  armée  y  est  arrivée  le  26  prairial. 

Les  militaires  dans  le  cas  de  rejoindre  et  qui 
pouvaient  être  envoyés  de  suite  au  conseil  de 
guerre,  l*s  délais  étant  expirés  la  veille,  ont 
demandé  de  se  rendre  an  dépôt  du  chef-lieu 
de  la  préfecture  ,  sous  la  conduite  du  fils  du 
maire  de  Chaumont  ,  qui  s'est  présenté  un  des 
premiers  pour  composer  le  détachement  de  la 
colonne  mobile  mise  en  activité.  Cela  leur  avait 
été  accordé  ;  mais  ils  ont  eu  la  lâcheté  de  dé- 
serter du  détachement  destiné  de  Chaumont  pour 
Dijon  ,  dont   ils    lésaient  jpartie. 

J'ai  mandé  le  maire  d'Autrevilie;  je  lui. ai 
formellement  déclaré  que  j'exigeais  de  lui  et 
de  sa  commune  .  cette  preuve  de  dévouement 
au  premier  consul,   que   ces  déserteurs  fussent 


arrêtés  par  la  garde  nationale  d'Autrevilie  même  t 
cela  a  été  exécuté,  ils  ont  été  ramenés  à  Chau- 
mont par  elle. 

C'est  ainsi  que  la  Commune  d'Autrevilie  se' 
trouve  replacée  à  la  hauteur  dont  elle  était  digne. 

C'est'ainsi  que  tous  les  fonctionnaires  publics 
vont  rivaliser  d'émulation  pour  l'exécution  des 
lois. 

C'est  ainsi  qtje  dans  peu  de  jours  les  colorines 
mobiles  ne  seront  plus  néces.saires  ,  et  que  la 
gendarmerie  elle-même  n'aura  plus  à  s'occuper 
que  de  ses  importantes  fonctions  ,  sans  en  être 
détournée 'par  un  service  qui  doit  se  faire  dans 
chaque   commune. 

Chaque  fois  qu'un  déserteur  ou  un  citoyen 
appelé  par  la  loi  se  trouvera  dans  votre  com- 
mune sans  autorisation  légale  ,  vous  lui  direz  : 
)>  Rends- toi  à  ton  poste,  l'honneur  t'y  appelle  ; 
n  le  nôtre  ne  nous  permet  pas  de  te  tolérer  ici.  »> 
Le  plus  grand  nombre  partira  ;  les  lâches  seront 
sur-le-champ  arrêtés. 

Citoyens  maires,  comptez  fermement  sur  moi 
en  fesant  votre  devoir.  Les  fausses  dénonciations, 
les-  cris  insensés  échouent  près  de  moi  .  vous  le 
savez  ,  comme  sur  un  rocher  inébranlable. 

Salut  et  fraternité  ,  Signé,  LignivillE. 


Paris ,    le  \5  njessidor. 

Auiourd'hui  i5  messidor  an  8.  le  tribunal  de 
cassation  ,  le  tribunal  d'appel ,  le  tribunal  criminel , 
le  tribunal  de  t^"  instance  ,  le  tribunal  de  com- 
merce ,  le  conseil  des  prises,  les  administrateurs 
de  la  loterie  ,  le  licjuidateur  de  la  dette  publique  , 
la  comptabilité  nationale  ,  la  comptabilité  inter- 
médiaire ,  l'administration  des  postes,  celle  des 
douanes  ,  régie  de  l'enregistrement  ,  caisse  d'a- 
mortissement, l'administration  des  monnaies  ,  sont 
venus  féliciter  le  premier  consul  sur  son  retour. 
Voici  quelques-uns  des  discours  qui  ont  été  pro-, 
nonces  à  cette  occasion. 

Discours  prononcé  par   le  président  du  tribunal  dt 
cassation.   . 
GÉN  ÉRAL  Consul, 

Vous  avez  reçu  ,  dans  les  champs  de  Maringo  , 
le  tribut  de  respect  et  d'estime  que  la  générosité  , 
jointe  à  la  valeur  ,  arrache  à  l'ennemi  vaincu. 

Des  rives  de  la  Bormida  jusques  aux  bords  du 
Léman  vous  avez  recueilli ,  des  nations  nos  amies, 
ce  tributd'admiraiion  et  de  reconnaissance  qu'elles 
décernent  à  des  exploits  dont  elles  avaient  été  les 
témoins  ,   et  dont  elles  partageront  les  fruits. 

C'était  au  milieu  de  vos  concitoyens  ,  c'était  au 
sein  de  cette  grande  famille,  qui  vous  a  choisi 
pour  le  pre:nier  de  ses  chefs  ,  qu'il  vous  était 
réservé  de  recevoir  un  nouvel  hommage  infini- 
m'ent  plus  flatteur,  ce  tribut  du  cœur  que  n'altère 
point  le  soupçon  de  l'adulation,  et  que  la  vertu 
la  plus  modeste  ne  peut  s'empêcher  d'accepter 
avec  enthousiasme.         -   ' 

Dans  tous  les  lieux  signalés  par  votre  passage, 
vous  les  avez  vu  couler  ces  larmes  que  lésait  ré- 
pandre la  joie  inspirée  par  votre  retour.  Ce  n  étroit 
qu'un  coin  du  tableau  que  déroule  à  vos  yeux  la 
France  entière. 

Je  m'arrête  ,  citoyen-consul ,  pour  vous  laisser 
jouir  de  toute  la  douceur  de  ce  spectacle  atten- 
drissant. Eh  !  que  pourrions-nous  vous  diie  que 
ce  mouvement  spontané  de  l'allégresse  universcHe 
ne  vous  ait  pas  déjà  exprimé  d'une  manière  plus 
éloquente. 

Discours  prononcé  par  teprésident  du  tribunal  d'appel. 
Citoyen  premier  consul, 

L'ÉTAT  de  la  France  allarmait  naguère  tous 
les  vrais  amis  de  la  patrie.  Le  fruit  d'immenses 
sacrifices  et  de  nombreuses  victoires  lui  avait 
été  ravi.  La  guerre  civile  désolait  plusieurs  dépar- 
temens ,  et  Te  peuple  allait  être  encore  livré  à 
l'horreur  des  factions. 

Tant  de  revers  suivirent  le  départ  du  vain-, 
queur  de  l'Italie.  Instruit  aux  bords,  du  Nil  des 
malheurs  de  sa  patrie  .  son  retoiu  va  bientôt 
les  effacer;  il  traverse  les  mers,  brjtve  tous  les 
dangers  ;  l'espérance    et  l'ordre  renaissent. 

Son  génie  dirige  les  opérations  politiques  et 
militaires  ;  nos  braves  guerriers  conduits  par 
son  impulsion  ,  animés  par  son  exemple  ,  brisent 
toutes  les  entraves ,  surmontent  tous  les  obstacles, 


franchissent  mÊme  les  barrières  que  leur  oppose 
la  nature,  et  leur  valeur  étonne  autant  que  leur 
générosité. 

Des  succès ,  dont  l'histoire  nous  fournit  peu 
d'exemples  n'avaient  pas  encore  persuadé  nos 
ennemis  de  l^impuissance  de  leurs  efforts.  L'armée 
de  réserve,  qui  a  fait  tant  de  prodiges ,  était  pour 
eux  une  chimère  ;  mais  de  nouveaux  triomphes , 
la  victoire  de  Maiingo,  ont  détruit  pour  jamais 
leurs  espérances. 

LItalie  ,  objet  de  la  convoitise  du  cabinet 
amrichien  ,  est  enfin  rendue  à  son  indépen- 
dance ,  et  les  erreurs  ou  les  torts  qui  avaient 
soumis  cette  superbe  contrée  de  1  Europe  a 
l'esclavage,  sont  réparés. 

Tant  de  victoires,  citoyen  consul,  nous  pro- 
mettent la  paix.  Vous  la  donnerez  au  peuple 
français.  Vous  en  avez  le  désir;  l'humanité  lai 
réclame;  l'inlétêt  de  l'Europe  entjere  la  com- 
mande.  

Discours  prononcé  par  le  président  du  tribimal  civil. 

Citoyen  consul  , 

Lés  membres  composant  le  tribunal  civil  de 
première  instance  du  département  de  la  Seine  , 
délivrés  de  leurs  craintes  sur  les  dangers  auxquels 
votre  zèle  pour  le  salut  de  la  patrie  vous  avait 
exposé,  viennent,  au  milieu  de  la  joie  univer- 
selle ,  vous  présenter  l]horamage  de  leur  admira- 
tion et  de  leur  reconnaissance. 

C'est  à  vous  ,  citoyen  consul  ,  depuis  que 
vous  tenez  les  rênes  du  gouvernement  ,  que  la 
république  doit  la  réparation  de  ses  pertes  et  ses 
triomphes. 

L'histoire  se  chargera  du  soin  de  transmettre 
aux  siècles  futurs  tout  ce  qui  a  précédé  et  suivi 
la  victoire  de  Maringo  ;  celte  journée  à  jamais 
mémorable  éternisera  la  gloire  du  chef  de  la 
nation  et  des  armées  delà  république.  Il  ne  reste 
plus  aux  français  qu'un  seul  vœu  à  former  ,  les 
membres  du  tribunal  vous  le  présentent  ;  c'est  de 
voir  couronner  tant  de  travaux  ,  de  sacrifices  et 
de  victoires  par  une  paix  générale.  Cette  paix  tant 
désirée  metira  le  comble  à  la  gloire  de  la  nation 
et  à  la  prospérité  publique. 

Dans  tous  les  tems  le  peuple  français  pourra 
se  glorifier  d'avoir ,  dans  son  premier  magistrat , 
un  guerrier  invincible  ,  un  sage  pacificateur  et  un 
législateur  éclairé. 

A  notre  égard  ,  citoyen  consul ,  toujours  oc- 
cupés de  nos  devoirs  ,  nous  ferons  jouir  nos 
concitoyens  du  repos  et  du  bonheur  que  vous 
leur  aurez  assuré  ,  en  leur  fesant  aimer  et  respecter 
les  lois. 

[Nous  donnerons  demain  le  discours pronomé par 
le  président  du  tribunal  criminel.  ) 


1 154 

Les  feux  d'artifice  semblaient  sortir  de-  toutes  .c..uu.vc....u.  j"ft"  , 

les  croisées;  des    feux   de   couleur      des   fasee      H^^^^  ^^_^.^   prdnoncé  sur 

volantes  partaient   des  deux  cotes   de  la  nie  .et  ^^^  .«'validité.  En  eflet,  dans  les 

formaient  des  voûtes  de  feu  :  le  bruit  des  boetes  , 
des  pétarts  .les  danses  ,  les  cris  de  joie  ,  les  chan- 
sons ajoutaient  à  ce  spectacle  imposant  qu'aucun 
événement  n'a  irou'blé.  Enfin  ,  citoyen  préfet  , 
les  .plus  anciens  habiîans  du  faubourg  ne  se 
rappellent  pas  d'avoir  jamais  vu  une  aussi  écla- 
tante démonstration  de  la  satisfaction  générale. 

Présumant  que  des  détails  aussi  flatteurs  ne 
pouvaient  que  vous  être  agréables,  nous  nous 
empressons  de  vous  les  transmettre,  en  vous^to- 
tesiani  du  vif  intérêt  que  nous  y  prenons. 

Salut    et  respect. 

Les  maire  et  adjoints  du  8*  arrondissement. 

Signé,  FiEïFÉ  .  maire;  Eugène  Bernard, 
adjoint  ,  et  Pîllas  ,  secrétaire. 
.  Pour  copie  conforme  , 

Le  secrétaire-général  de  préfecture,  ti.  Et.  Mejan. 


Mais  on  peut  répondre  que  l'on  Cegardait  une 
prise  comme  définitivement  jugée  ,  quand  le  tri-, 
■■■■■■  '  sa  validilé  oUt 

s  piincipes;de 
l'ordre  judiciaire  ,  les  jugemens  des  inbunaux 
d'appel  sont  des  jugemens  définitifs  et  en  dernier 
ressort ,  dont  aucune  puissance  dans  l'état  ne  peut 
empêcher  ni  susprendre  fexécution. 

L'appel  a,  par  lui-mênse ,  un  effet  dévolutif  » 
et  il  a  de  plus  un  effet  suspensif,  toutes  les  fois 
que  l'on  ne  se  trouve  dans  aucun  des  cas  où  le» 
lois  autorisent  l'exécution  provisoiie  des  jugeniens 
de  première  instance. 

Le  recours  en  cassation  n'a  aucun  des  effets  ni 
des  caractères  de  l'appel.  Par  ce  recours  ,  il  n'y  a 
ni  dévolution  de  la  matière  ,  ni  suspension  du  ju- 
gement contre  lequel  on  l'exerce. 


CONSEIL    DES    PRISES. 


Le  tribunal  à  qui  le  recours  en  cassation  est 
porté  ,  n'est  juge  que  des  infrajctions  de  formes  , 
ou  des  contraventions  formelles  aux  loix  ;  il  ne 
peut  prononcer  sur  le  bien  ou  le  mal  jugé  ;  il  est 
tenu  ,  quand  il  casse  ,  de  renvoyer  le  fond  de  la 
contestation  à  un  autre  tribunal. 


Discours   prononcé  par   te  président    du    tribunal 
de   commerce. 
Citoyen   consul , 
Daignez  agréer  les  hommages  du  tribunal  de 
commerce  de   cette   commune  ;  permettez  qu'il 
joigne  sa  faible  voix  à  celle  de  tous  les  français, 
pour  célébrer  le  triomphe  éclatant  de  celui  qui 
est  tout  à-la-fois  le  premier  magistrat  et   le  plus 
grand  guerrier  de  la  république. 

Les  lauriers  dont  vous  êtes  couvert ,  en  immor- 
talisant votre  nom  dans  la  postérité  ,  forceront 
enfin  nos  ennemis  à  accepter  la  paix  que  vous 
leur  avez  offerte,  et  pour  laquelle  seule  vous  les 
avez  combattus. 

Quelle  joie  pour  la  France ,  après  tant  d'orages 
et  de  calamités ,  de  vous  devoir  le  bonheur  et  la 
tranquillité  quelle  désire  depuis  si  long-tems ,  et 
de  voir  son  commerce  languissant  reprendre 
toute  son  activité  et  recouvrer  son  ancienne 
splendeur. 

Recevez,  citoyen  consul,  au  nom  de  tous  les 
comraerçans  dont  nous  sommes  les  interprêtes 
en  ce  moment ,  les  témoignages  de  la  vive  recon- 
naissance qui  vous  est  due  à  tant  de  titres. 


DEPARTEMENT  DE   LASEINE. 

Les  maire  et  adjoints  du  8*  arrondissement,  au 
préfet  du  département  de  la  Seine.  —  Paris  ,  /<  14 
messidor  an  8  de  la  république  française,  une  et 
indivisible. 

Citoyen  préfet , 

Nous  ne  pouvons  résister  à  la  satisfaction  de 
vous  rendre  compte  de  l'illumination  faite  ,  et 
des  témoignages  d'allégresse  qui  se  sont  mani- 
festés  hier  soir  dans  le  faubourg  Saint-Antoine. 

L'affluence  a  été  telle  ,  notamment  dans  la 
grande  rue  depuis  le  boulevard  jusqu'à  la  bar- 
rière, qui!  était  impossible  à  aucune  voiture 
d'y  passer. 

Lilluminaiion  aux  portes  et  croisées  des  habi- 
tans  de  tous  les  états  indistinctement  rejaillissait 
un  tel  foyer  de  lumière  à  une  certaine  distance  , 
que  la  perspective  représentait  un  embrasement 
général.' 


Suite  de   la  décision   du  conseil  des  prises  sur  les 
précautions  conservatoires  du  produit  des  prises. 

En  ma  qualité  de  commissaire  du  gouverne- 
ment ,  je  suis  particulièrement  obligé  de  faire 
valoir  les  exceptions  favorables  aux  étrangers  qui 
sont  forcés  de  plaider  en  France,  et  d'encourager, 
par  l'imparùalité  de  mon  ministère  ,  des  hommes 
traînés  hors  du  lieu  de  leur  naissance  et  de  leurs 
habitudes,  des  hommes  auxquels  il  importe  de 
persuader  que  rien  n'est  possible  de  ce  qui  ne 
serait  pas  juste.  Il  n'est  point  de  français  qui  ne 
me  désavouât  si  je  professais  d'autres  principes. 
Notre  nation  s'est  toujours  distingué  par  ses  pro- 
cédés décens  et  modérés  envers  les  autres  peu- 
ples. Elle  a  rempli  l'Europe  de  la  gloire  de  ses 
armes;  mais  l'équité,  la  générosité  sied  bien  à  la 
toute-puissance. 

J'ai  donc  pensé  que  si  je  ne  pouvais  regarder 
le  commissaire  danois  comme  partie  ou  comme 
représentant  de  quelqu'une  des  parties  intéres- 
sées, il  était  toujours  de  mon  devoir  d'examiner 
sa  demande  ,  et  de  la  regarder  comme  un  éveil 
donné  à  ma  sollicitude.  Je  serais  dans  le  cas ,  si 
cette  demande  paraissait  fondée  ,  de  la  réaliser 
en  mon  nom  ,  malgré  le  silence  des  parties  et  de 
leurs  défenseurs  :  car  les  objets  dont  la  sûreté  et 
la  conservation,  pendant  le  litige,  sont  réclamées 
par  le  commissaire  danois,  sont  sous  la  garde  du 
droit  des  gens.  Or,  en  pareille  occurence,  je 
pourrais  agir  d'office,  comme  ayant  les  actions 
du  gouvernement ,  qui  est  le  gardien  naturel  , 
dans  l'état ,  de  tout  ce  qui  repose  sous  la  foi 
publique. 

Je  passe  donc  à  J'examen  foncier  de  la  de- 
mande qui  a  été  soumise  à  voire  décision. 

Celte  demande  tend  à  faire  ordonner  la  mise 
en  sûreté  ou  le  cautionnement  du  produit  des  ventes , 
dans  les  contestations  sur  la  validité  des  prises  da- 
noises, antérieures  au  4  nivôse  dernier. 

On  ne  peut  nier  que  ,  pendant  le  litige  ,  la 
chose  litigieuse  doit  être  en  sûreté  ,  et  que  rien 
ne  doit  être  innové  pendant  procès.  Ce  principe 
général  ,  dicté  par  le  bon  sens  et  par  la  raison,  a 
été  appliqué  à  la  matière  des  prises  ,  par  tous  les 
réglemens  qui  régissent  cette  matière. 

On  ht  par-tout  qu'en  général  il  ne  doit  y  avoir 
ni  vente  ,  ni  déchargement ,  avant  le  jugement  de 
la  prise;  que  la  vente  provisoire  ne  peut  avoir 
lieu  que  dans  le  cas  bùMa  prise  serait  dans  un 
danger  reconnu  de  dépérissement  pour  le  navire 
ou  la  cargaison  ,  et  encore  dans  le  cas  où  la  prise 
serait  reconnue  constamment  ennemie:  que  le 
prodijit  des  ventes  provisoires  doit  être  assuré 
par  lé  dépôt  ou  par  le  cautionnement. 

Le  commissaire  danois  est  rassuré  ,  par  l'arrêté 
des  ^consuls  du  6  germinal  ,  pour  toutes  les  prises 
postérieures  au  4  nivôse  d'auparavant.  Il  ne  ré- 
clame l'autorité  du  conseil  que  pour  les  prises 
faites  avant  cette  époque. 

Mais  ici  les  diverses  hypothèses  ne  doivent  pas 
être  confondues. 

Avant  l'établissement  du  conseil  des  prises  ,  la 
matière  des  prises  suivait  Fordre  hicratchiquedes 
tribunaux.  Comme  dans  les  aiitrés  matières  ,  on 
pouvait  recourir  au  tribunal  de  cassation  pour 
faire  annuler  le  jugement  fendu  par  le  tribunal 
d'-appel.  Tout  était  conduit  d'après  les  principes 
ordinaires  de  l'ordre  judiciaire. 

Parmi  les  contestations  sur  les  prisés  antérieures 
au  4  nivôse,  il  y  en  a  qui  étaient  pendantes  au 
tribunal  de  cassation  ,  quand  le  conseil  des  prises 
a  été  institué.  D'autres  étaient  et  sont  encore  de- 
vant les  tribunaux  d'appel,  ou  peut-être  même 
devant  les  tribunaux  de  première  instance. 

D'après  le  vœu  de  tous  les  réglemens  ,  les 
précautions  pour  la  mise  en  sûreté  d'une  prise  , 
ne  doivent  cesser  qu'après  que  la  validilé  ou  lin- 
validiié  de  cette  prise  a  été  définitivement  jugée  ;^ 
d  où  le  commissaire  danois  conclut  que  ,  tant  qu  il 
y  a  litige  devant  quelque  tribunal  que  ce  soit , 
même  celui  de  cassation,  il  faut  continuer  les  pré- 
cautions conservatoires. 


Le  tribunal  de  cassation  est  plutôt  le  gardien 
des  lois  que  l'arbitre  de  l'intérêt  des  parties.  C'esj 
l'institution  par  laquelle  le  législateur  surveille,, 
maintient  et' protège  son  propre  ouvrage. 

Par  l'événement  de  la  cassation  ,  une  cause  est 
agitée  de  nouveau.  Mais  le  jugement  qui  la  ter- 
minait ,  était  définitif;  il  tenait  lieu  de  la  vérité 
même,  res  judicata  pro  veritate  habetur.  La  cas- 
sation le  fait  disparaître  en  le  déclarant  nul.  Mais 
tant  qu'il  existe  ,  il  est  le  dernier  terme  de  la  jus- 
tice nationale;  il  peut  être  anéanti  et  non  ré- 
formé. Il  est  aussi  souverain  que  la  loi  ,  à 
moins  qu'il  ne  soit  constaté  que  le  magistiat  qui 
l'a  rendu  ,  cherchait  à  être  plus  puissant  que  la  loi 
même. 

H  est  donc  évident  que  ,  tant  que  la  matière 
des  prises  a  été  laissée  aux  tribunaux  ordinaires  , 
il  n'y  avait  plus  lieu  à  contimiL-r  des  précautions 
conservatoires,  après  le  jugement  d'un  tribunal 
d'appel  ,  vu  que  des  précautions  uniquement  ■ 
relatives  à  un  état  que  l'on  suppose  provisoire  , 
ne  peuvent  avoir  de  vie  que  jusqu'au  jugement 
définitif. 

Je  sais  que  tout  est  changé  depuis  la  loi  qui 
dépouille  les  tribunaux  de  la  matière  des  prises, 
et  depuis  l'établissement  du  conseil  auquel  cette 
matière  a  été  attribuée. 

Mais ,  quels  sont  les  effets  de  ce  changement  ? 
S'étendenl-ils  sur  le  passé,  ou  n'ont-iJs  trait  qu'à 
l'avenir  ? 

Les  Contestations  qui  ne  sont  plus  pendante» 
devant  aucun  tribunal,  et  dans  lesquelles  tous 
les  degrés  de  juridiction  et  tous  les  genres  de 
recours  ont  été  épuisés  ,  sont  terminées  irrévo- 
cablement. 

Celles  que  le  nouvel  ordre  de  choses  a  trouvé 
pendantes  au  tribunal  de  cassation ,  pouvaient 
revivre  ;  suivant  le  langage  des  jurisconsultes  , 
elles  étaient  encore  dans  le  hasard  des  jugemens , 
in  aleâjndiciorum.  Si  la  nullité  du  jugement  atta- 
qué était  reconnue  ,  la  question  du  fond  de- 
meurait entière  ,  comme  si  elle  n'avait  point  été 
définitivement  jugée  ,  çt  le  renvoi  en  était  fait  à 
d'autres  juges. 

Dans  les  contestations  dont  je  parle  ,  le  con* 
seil  des  prises  remplace  à-la-fois  et  le  tribunal 
de  cassation  où  elles  étaient  pendantes  ,  et  le 
tribunal  auquel  elles  auraient  été  renvoyées  à 
la  suite  d  une  sentence  ou  d'un  jugement  de 
cassation.  Le  conseil  des  prises  n'a  donc  point 
une  compétence  limitée  à  des  points  de  procé- 
dure ou  de  forme  ,  et  l'on  voit  ,  par  les  terme» 
dans  lesquels  est  conçu  le  titre  de  son  établis- 
sement ,  que  les  questions  foncières  sur  la  vaH- 
dité  ou  invalidité  des  prises  maritimes  ,  sont 
le  véritable  objet  de  son  attribution. 

Il  était  possible,  dira-t-on  ,  que,  si  l'ancien 
ordre  eût  été  conservé  ,  le  tribunal  de  cassalioa 
n'eût  point  jugé  nuls  la  plupart  des  jugement 
qui  lui  étaient  dénoncés  comme  tels;  et,  dans 
ce  cas,  les  parties  que  ces  jugemens  intéres- 
saient, n'eussent  pas  été  exposées  à  de  nouvelles 
incertitudes  sur  le  fond  de  leurs  différens.  J'en 
conviens  ;  mais  il  était  également  possible  que 
la  cassation  fût  prononcée.  Dans  le  doute  ,  faut-il 
que  le  conseil  des  prises  prononce  sur  des  ques« 
lions  de  forme  ,  avant  de  se  croire  autorisé  à 
prononcer  sur  les  questions  du  fond?  Mais  , 
se  trouvant  juge  du  fond  et  de  la  forme  1,  il 
séparerait  des  choses  que  son  attribution  unit  ; 
il  manquerait  le  but  principal  de  son  établisse- 
ment ;  il  agirait  contre  le  bon  sens  et  la  raison 
qui  ne  permettent  pas  de  sacrifier  la  justice  es- 
sentielle à  de  simples  formes  de  procéder,  dans 
une  matière  où  la  loi  juge  nécessaire  d'écarter 
les  formes  conientieuses  de  la  procédure  ,  pour 
laisser  plus  de  latitude  à  1  application  des  prin- 
cipes de  la  justice  essentielle. 

Je  remarquerai  pourtant  que ,  pour  ne  pas  ag- 
graver ou  compromettre  ,  sans  des  considérations 
majeures ,  le  sort  des  parties  qui  peuvent,  jusqu'à 
un  certain  point,  se  prévaloir  de  l'autorité  de  la 


\ÏU 


chose  jugée  ,  il  est  équitable  Je  he  pas  réformer 
légèrement  des  décisions  régulières  dans  la  forme  , 
et  intervenues  en  dernier  ressort.  Un  simple  mal 
jugé  ,  dans  des  hypothèses  qui  peuvent  laisser 
plus  ou  moins  de  liberté  à  l'opinion  du  raagislrai , 
ne  serait  point  un  niolil'  suffisant  de  rél'ormaiion  ; 
car,  si  rien  n'est  purement  arbitraire  à  la  volonté 
du  juge  ,  il  est  une  foule  de  circonstances  dans 
lesquelles  plusieurs  choses  demeurent  arbitraires 
à  sa  raison.  Mais  nous  ne  sanctionnerons  jamais 
une  décision  qui  renfermerait  une  injustice  évi' 
dente  ,  ou  qui  blesserait  linlérêt  d'étal. 

Je  sais  que  l'injustice  ,  même  évidente  ,  ne  peut 
autoriser  le  tribunal  de  cassation  à  annuler  Un 
jugement  rendu  en  dernier  ressort,  si  elle  n'est 
jointe  à  la  violation  formelle  de  quelque  loi  po- 
sitive. Mais  cette  règle  est  fondée  sur  ce  que  les 
justiciables  ordinaires  du  tribunal  de  cassation  sont 
des  citoyens  qui  vivent  entre  eux,  non  dans  létal 
de  nature,   mais  sous  des  lois  civiles. 

Le  conseil  des  prises  ,  au  contraire  ,  n'a  pour 
justiciables  que  des  hommes,  français  ou  étran- 
gers, qui  n  ont  eu,  entre  eux  ,  que  des  relations 
assises  sur  le  dioit  de  la  guerre  ,  c'est  à-dire,  des 
relations  absolument  régies  parle  droit  des  gens: 
la  cause  de  ces  particuliers  est  toujours  bée  »  plus 
ou  moin.<,  à  celle  même  des  nations  dont  ils  font 
parlie.  Or,  les  nations  vivant  entr'elles  dans  l'in- 
dépendance de  l'état  de  nature  ,  il  suit  que  ^  dans 
la  matière  qui  nous  est  attribuée  ,  la  loi  naturelle 
conserve  un  empire  qu'elle  obtient  rarement  dans 
les  matières  civiles  :  car,  dans  1  ordre  civiles  ,  les 
principes  du  droit  naturel  dirigent;  mais  il  n'y  a 
«ue  les  lois  positives  qui  commandent;  au  lieu 
que  ,  relaiivcment  aux  choses  qui  appartiennent 
au  droit  des  gens  ,  la  loi  naturelle  est  le  véii- 
table  code  des  peuples  ,  parce  qu'elle  seule  est 
au-dessus  des  souverains  et  des  peuples  •,  de-là 
toule  infraction  manifeste  de  la  justice,  de  l'é- 
quité, ou, de  la  raison  naturelle,  peut  déterminer 
la  décision  du   conseii. 

L'iniéiêi  d'état  ,  blessé  ou  méconnu  ,  devient 
encore  un  juste  moiif  de  réformation  ;  cet  in- 
térêt ne  saurait  atteindre  les  objets  qui  sont  sous 
l'empire  de  la  loi  civile  ;  mais  il  est  lui-'même  la 
loi  suprême  dans  ceux  qui  sont  sous  l'empire 
immédiat  de  la  cité. 

La  guerre  est  le  droit  des  états  .  et  non  celui 
des  particuliers;  \d  course  est  une  délégation  du 
droit  de  la  guerre  ;  personne  ne  peut  armer  en 
course  ,  s'il  n'y  est  autorisé  par  une  permission 
spéciale  du  souveraiti  ou  du  gouvernement  ;  cette 
permission  que  le  souverain  nu  le  goiiverneracnt 
peut  refuser  ,  est  »  à  plus  forte  raison  ,  susceptible 
de  conditions. 

Un  particulier  qui  n'aurait  pas  le  mandat  de 
son  souverain  ,  et  qui  ,  forcé  de  se  batire  pour 
ta  défense  personnelle  ,  prendrait  un  navire  en-» 
nemi  ,  n'en  deviendrait  point  propriétaire  ;  la 
ptoptiélè  de  ce  navire  appartiendrait  à  lélat. 

Les  ptoduiis  de  la  course  en  faveur  de  l'arma- 
teur sont  donc  une  cession  du  souverain.  Ils 
jjourraient  être  réduits  à  la  juste  ei  rigoureuse 
indemnité  du  négociant  qui  arme  à  ses  frais  et  à 
jes  risques.  Tout  ce  qui  va  au-delà  de  cette  in- 
demnité ,  est  un  bénéfice  librement  abandonné 
par  1  état  à  titre  de  don  ,  de  récompense  ou 
d'encouragement. 

Ce  qui  n'est  acquis  qu'à  titre  d'encouragement  , 
de  récompense  ou  même  d  indemniié  ,  ne  1  est 
qu'aulant  qu'il  est  reconnu  qu  on  s'est  trouvé 
dans  le  cas  de  la  récompense  ou  de  l'indemniié 
stipulée  ou  promise,  Conséquemment  le  souverain 
demeure  toujours  juge  de  la  manière  dont  on  a 
exécuté  son  mandat. 

Il  est  donc  évident  que  l'on  n'a  droit  aux  pro- 
duiis  de  la  course  qu  après  le  jugement  qui 
prononce  la  validité  de  la  prise.  Juscjucs-là  tout 
demeure  incertain  et  contentieux.  Il  est  encore 
iticonlestable  que,  dans  ce  jugement,  l'iniérêt 
de  l'armaieur  demeure  toujouis  subordonné  à 
linlérêl  national  ;  car  la  puissance  publique, n'a 
ni  la  volonté  .   ni  le  pouvoir  de  se  nuire. 

Les  produits  de  la  course  ne  peuvent  donc 
être  regardés  que  comme  une  propriéié  politique 
que  1  on  ne  saurait  assimiler  aux  propriétés  civiles 
ordinaires.  C'est  même  parler  peu  exactement  que 
de  donner  le  nom  de  propriété  à  des  émolumens 
ou  à  des  produits  dont  la  cession  ne  peut  se 
réaliser  quaprès  due  vérification  des  faits  sur 
lesquels  on  londe  leur  légitimité  ;  vérification 
dans  laquelle  on  doit  avoir  égard  non  aux  règles 
de  celle  justice  privée  qui  gouverne  les  indi- 
vidus ,  mais  à  cette  sagesse  supérieure  qui  régit 
les  sociétés. 

Les  armateurs  en  course  connaissent  les  con- 
ditions inhérentes  à  la  nature  de  ce  genre  pé- 
rilleux d'entreprise.  Ils  savent  que  la  course 
eiaul  la  délégation  d  un  droit  qui  n'appar- 
tient qu'à  létat,  ceux  qui  sollicitent  ou  qui 
acceptent  cette  délégation  ,  ne  peuvent  jamais 
laite  le  préjudice  de  l'état  qui  les  délègue  ;  et 
qu'ils  doivent  êire  jugés  d  après  les  principes 
sur  lesquels  le  bien  même  de  l'état  repose. 

Ces  principes  seront  la  base  des  jugemens  du 


conseil  ,  ttuèitie  tlaris  les  affaires  qlie  nbUs  avons 
irOuvê  pendantes   au  tribunal   de   cassation. 

D'autre  part  ,  j'ai  déjà  observé  qu'indépen- 
damment de  tout  texte  positif,  l'infraction  ma- 
nifeste de  la  loi  naturelle  pouvait  autoriser  , 
dans  les  mêmes  affaires  ,  la  rél'ormalion  des  sen- 
tences rendues  par  les  tribunaux  d'appel. 

Il  semble  donc  qu'il  ne  resterait  plus  qU'à 
conclure  que  ,  rien  n'étant  fini  avant  que  le  con- 
seil des  prises  ait  prononcé  ,  il  faudrait  soumettre 
tous  ceux  en  faveur  de  qui  la  main-levée  a  été 
ordonnée  ,  à  tine  nouvelle  consignation  Ou  au 
cautionnement;  car,  avant  que  tout  soit  terminé 
par  un  jugement  absolument  irrévocable  ,  le 
gage  de  toutes  les  parties  intéressées  dbit  ,  d'après 
les  lois  de  la  matière  i   demeurer  en  sûreté. 

Une  loi  du  4  prairial  ,  an  6^  relative  à  la  ques- 
tion que  j'examine  ,  portait  :  qu  aucun  neutre  ou 
soi-disant  tel ,  ne  pouvait  ,  en  matière  de  prises  ma- 
ritim-es  ,  mettre  à  exécution  aucun  jugement  définitifs 
et  qu'i'/  ne  lui  serait  accordé  aucune  main-levée  -, 
à  moins  qu'il  n'eût  fourni  au  préalable  bonne  et 
valable  caution  ,  dans  le  cas  où  les.  armateurs  se 
seraient  pourvus  en  cassation  ,  où  seraient  encore 
dans  le  délai  utile  pour  se  pourvoir^ 

Mais  on  voiti  par  cette  loi,  que  la  mesure  du 
cautionnement  ou  du  refus  de  loutemain-levée  , 
n'avait  été  prise  qu'en  faveur  des  armateurs  fran-' 
çais  ,  et  quelle  ne  grevait  que  les  étrangers  qui 
gagnaient  leur  cause  dans  les  tribunaux  d  appel\; 
les  armateurs  français  obtenaient  pleine  main- 
levée ,  sans  être  soumis  à  un  cautionnement,  lors- 
que les  jugomens  des  tribuûaux  d'appel  leur 
étaient   favorables. 

Le  directoire  ,  en  provoquant  la  loi  dont  il 
s'agit  ,  avaii  reconnu  dans  son  message  que  ,  de 
droit  commun  ,  l'exécution  des  jugemens  retidus 
par  les  tribunaux  d'appel  ,  ne  peut  êlre  sus- 
pendue. Mais  il  pensait  qu'il  fallait  faire  excep- 
tion à  ce  principe  général  ,  contre  les  étrangers  ^ 
dont  la  disparution  pouvait  rendre  inutile  l'action 
en  nullité  que  des  armateurs  français  pouvaient 
être  obliges  de  porter  au  tribunal  de  cassation. 

Je  n'ai  point  à  exarniner  si  ce  motif  était  ou 
n'était  pas  raisonnable.  Mais  je  ne  dois  pas  perdre 
de  vue  qu'en  force  des  lois  existantes  ,  les  artna- 
teurs  français  obtenaient  i  après  un  jugement  du 
tribunal  d'appel  qui  leur  avait  donné  gain  de 
cause  ,  la  main-levée  qUi ,  dans  le  même  cas  i  était 
refusée  aux  étrangers.  Une  mesure  qui  ,  dans  les 
circonstances  ,  obligerait  les  armatsurs  français  à 
déposer  de  nouVtau  le  produit  des  ventes  ,  ou 
à  fournir  caution  ,  serait  évidemtrient  rétroactive  ; 
et  tout  effet  rétroactif  est  réprouvé  par  la  justice. 

Niais  si  ,  par  quelques  considérations  particu- 
lières ,  des  armateurs  français  nom  point  obtenu 
la  ntain-levée,  quoiqu'ils  aient  gagné  l&ur  cause 
par  un  des  jugemens  que  l'on  regardait  comme 
définitifs  ,  il  est  équitable  que  cet  état  de  choses 
ne  soit  pas  changé  jusqu'après  le  jugement  du 
conseil  des  prises  ,  saisi  de  toutes  les  affaires  pen- 
dantes au  tribunal  de  cassation.  Car  ,'  dans  ce 
cas ,  il  ne  s'agit  pas  d'inquiéter  ceux  qui  tiennent , 
mais  seulement  de  nei  pas  investir  cetrx  qui  ne 
tiennent  pas  encore.  Or,  comme  il  est  plus  facile 
de  conserver  que  d'acquérir  ,  il  est  également 
plus  favorable  de  suspendre  une  main-levée  que 
de  la  faire  rétracter  ,  quand  elle  a  été  consommée, 
jl  ny  aurait  pas  de  raison,  depuis  la  nouvelle 
législaiion  sur  les  prises  ,  de  faire  cesser  un  état 
provisoire  qui  est  Utile  à  tous  ,  qui  a  été  continué 
jusquà  ce  moment,  etauquel.les  réglemens  nou- 
veaux ,  à  quelques  exceptions  près  ,  ne  fixent 
d'autre  terme  qu'une  décision  du  conseil  établi 
pour  remplacer,  dans  la  matière  des  prises,  tous 
les  tribunaux. 

On  annonce  des  jugemens  rendus  par  les  tri- 
bunaux ordinaires  <  soit  de  première  instance  ou 
d'appel ,  depuis  la  publication  de  la  loi  qui  les 
dépouille  tous.  Je  n'ai  pas  des  instructions  assez 
précises  sur  l'existence  de  ces  jugemens  ,  et  sur 
les  circonstances  dans  lesquelles  ils  sont  interve- 
nus ,  pour  pouvoir  en  faire  l'objet  de  mes  con- 
clusions ;  mais  je  pense  que  de  tels  jugemens  , 
s'ils  existent ,  sont  incorapétens  et  nuls  ,  comme 
rendus  en  fraude  de  la  loi  i  et  par  des  juges  sans 
pouvoirs  et  sans  caractère.  Aucune  main-levée 
n'a  pu  valablement  être  accordée  à  la  suite  de  ces 
jugemens  ^  et  les  parties  sont  ineontestablemerit 
autorisées  à  faire  réparer  le  dommage  qui  pourrait 
en  résulter. 

Quant  aux  affaires  qui  peuvent  avdir  été  termi- 
nées dans  les  liibunaux  d'appel ,  avant  la  loi  qui 
les  dépouille  .  on  doit  distinguer  celles  où  les  par- 
lies  sont  encore  dans  le  délai  du  recours  en  cassa- 
tion d'avec  celles  où  les  parties  ont  laissé  passer  ce 
délai  ,  et  ont  exécuié  les  jugemens  sans  se  plain- 
dre. '  Dans  les  affaires  de  cette  seconde  espèce, 
tout  est  consommé  et  tout  doit  l'êlre  ,  puisque  les 
pariies  ont  accédé  à  l'auioriié  de  la  chose  jugée. 
Dans  les  premières ,  au  contraire  ,  les  parties  peu- 
vent porler  au  conseil  des  prises,  le  recours 
qu'elles  auraient  pu  porter  au  tribunal  de  cassa- 
tion. Ce  recours  no  saurait  être  regardé  comme 
une  surcharge,  puisqu'il  était  dans  le  vœu  des 
lois  sous  lesquelles  la  contestation  était  née  ,  et 


dâhs  la  pres'cicncé  des  parties  qlii  igisSàiênt  'sdiiS 
l'égide  de  ces  lois.  Ce  n'est  point  une  lanovaiidii-, 
mais   l'exécution  d  un  droit   acquis   à   tous  cettft 
qui  ont  été  dans  le  cas  de  plaider  devant  les  jugé'» 
ordinaires;    or,  comme  les  jugemens  rendus  pàt   ' 
les  tribunaux  d'appel  ne  pouvaient  èire  suspendus 
dans  leur  exécution  ,  si  la  main-levée  a  déjà  été 
réalisée  à  la  suite  de  ces  jugemens  ,  on  laissera  les  . 
choses  en  l'éiai  où  elles  se  trouvent  ,  sans  rien  in-' 
nover  non  plus  dans  les  causes  où   les  jugcmertS 
en  d   rnier  ressort   n'auront   encore    reçu   aucune 
exécution  ,   et  où  les  panies  soni  conscquemmetil 
assez  heureuses  pour  voir  continuer  les  précau- 
tions conservatrices  de  leur  gage.  ' 

Je  ne  crois  pas  avoir  besoin  de  parler  des  con- 
testations non  encore  jugées  par  les  tribunaux 
d'appel  i  ou  dont  T'insiruction  est  peut-être  en- 
core pendante  devant  les  tribunaux  de  première 
instance.  Ces  coniestaiions  si-uit  jKxiées  de  droit- 
au  conseil  des  prises  ,  et  il  est  incoutesiablÉ 
qu'avant  le  jugement  qui  les  terminera  ,  oii  hé 
peut  délivrer  a  aucune  des  parties  les  efiéisou  les' 
marchandises  qui  sont  I  objet  du  litige.  Tout  juge  i 
tout  agent,  tout  administrateur  qui  mécounaîtiail 
ce  qui  esi  prescrit  par  les  réglemens,  répondrait ^ 
en  son  propre  et  privé  nom,  des  dommages  et 
intérêts  auxquels  il  aurait  donné  lieu  pur  sa 
conduite; 

On  voit  I,  par  les  détails  dans  lesquels  je  suis 
entré  ,  qu'indépendamment  du  défaut  de  pou- 
voir ou  de  qualité  suffisante  dans  la  persOrihS 
du  commissaire  danois  ,  pour  intenter  des  ac- 
tions et  former  des  demandes  ,  propremetit  dires  4 
dans  des  contestations  qui  lui  sont  individuelle- 
ment étrangères  ,  il  serait  impossible  de  faire 
droit  à  sa  réclamation  ,  et  sur-toul  d'y  faire  dta'ii 
par  forme  de  mesure  générale  ,  sans  s'eXposef 
à  commettre  Une  foule  d'injustices  ,  en  confon- 
dant des  hypothèses  qui  sont  dans  le  cas  d'ètré 
distinguées  ,  et  en  assignant  un  sort  comtllilîl.  â 
des  panies  qui  sont  dans  des  situations  diffé- 
rentes. 

Le  commissaire  danois  péUt  rècôtiiniàhdef  et 
instruire.  Il  peut  ,  par  le  devoir  de  Sa  plaÉe  \ 
protéger  indéfiniment  les  néebciahs  de  sa  nâtitjrii 
Mais,  pour  pouvoir  agir  plus  pardculiérenietlt 
dans  les  eonteslaiions  pendantes  ,  il  aurait  be- 
soin d'un  pouvoir  spécial  dé  la  parlie  du  dej 
parties  au  nom  desquelles  il  agirait: 

Le  procureut  fondé  de  plusieurs  parties;  dbll 
agir  ;  séparément  dans  chaque  cause  ,  pour  l'in- 
térêt de  chaque  client ,  et  ne  pas  cumul.-r,  pii 
des  demandes  in  globo  ,  des  inieièis  divers  qui  ne 
se  ressemblent  souvent  pas  ,  et  qui  exigerlt 
chacun  un  examen  sépaié  et  une  prononciatiort 
distincte; 

Goinra«  chaque  cause  doit  être  insirUite  et 
jugée  séparément  ,  c'est  aux  parties  et  à  leUrâ 
détenseurs,  à  faire,  dans  chaque  cause  ;  tOtis 
les  actes  nécessaires  à  1  instrucuon  et  au  juge- 
ment. 

J  ai  pourtant  Cru  qu'il  était  essentiel  de  rap- 
peler les  maximes  qui  veillent ,  pendant  le  litige  j 
à  la  Sûreté  des  effets  litigieux  ;  maximes  aussJ 
anciennes  que  la  matière  des  prises  ,  raaximeâ 
vraies  sous  tous  les  régimes  et  dans  tous  leS 
tems. 

Dans  ces  circonstances  ,  je  conclus  à  ce  tjti'it 
soit  dit  n'y  avoir  lieu  de  prononcer  stir  la  de- 
mande du  commissaire-général  des  relations  comi= 
merciales  du  Danemark  ,  sauf  à  lui  de  fournir  aii 
commissaire  du  gouvernement  près'le  conseil  ^ 
telles  notes,  ou  lels  mémoires  qu  il  jugera  utiles 
à  lintérêt  des  négocians  de  sa  nation  ,  et  sauf 
aux  pariies  ou  a  leurs  défenseurs  qui  justijieraiiî 
de  Leurs  droits  et  de  leurs  pouvoirs  ,  d  intenter  lellés 
actions  ,  et  de  former  ,  dans  les  afiaires  les  con- 
cernant ,  telles  demandes  qu'elles  aviseront  j  et 
néanmoins  pour  prévenir  les  dangeri  ou  les  abus 
contre  lesquels  on  paraît  vouloir  être  rassuré  5 
je  requiers  ,  efi  mon  nom  (  pour  1  intérêt  du  goU-^ 
vernement  et  pour  celui  des  arrriaieurs  ou  négo- 
cians français  et  étrangers  ,  dont  les  propriéiéi 
et  les  gages  doivent  êlre  garantis  par  la  foi  pti'- 
blique),  qu'il  soit  décidé  que  dans  les  contes- 
tations antérieures  au  4  nivôse  ,  et  dans  celléé 
postérieures  à  cette  époque  ,  qui  n'ont  point  eti- 
core  été  jugées  définitivement,  ou  dont  les  juge-= 
mens  définitifs  ,  mais  soumis  au  recours  en  cas-= 
sation  ,  n'ont  poiru  encore  éié  exécutés  ,  aucune 
vente,  aucune  main-^levée  ,  aucune  décharge  dd 
cautionnement  ,  ne  puissent  être  accordées  ,  au- 
trement que  dans  les  cas  marqués  par  Variété  des 
consuls  ,  du  6  germinal  dernier ,  et  par  les  régle-^ 
mens  atixquels  cet  arrêté  ne  déroge  pas, 
Délibéré  à  Paris  ,  le  3  prairial  an  8. 

Sigfié ,  PortAlis:  . 
Le   conseil  ,    après  en  avoir  délibéré  ,  décide! 
i  n'y  avoir  lieu  de  prononcer  sur  la  demande  dii 
j  commissaire-général    des   relations    commerciales; 
du   Danemarck,  sauf  à  lui   de  fournir  au  com- 
missaire du  gouvernement  près  le  conseil  ,  (elles 
notes  ou  tels  mémoires   qu'il  jugera  utiles  à  lin- 
térêt  des    négocians    de   sa'   nation,    et  s.iul  au» 
1  parties  ou  à  leurs   défenseurs   <Jui  justifieront  sp' 
leurs  pouvoirs ,    d'intenter   telles    actions,   et  dtf 
foriper  dans  les  affaires  les  concernant  ,-  telles' d»-' 


ii56 


mandes  qu'elles  aviseront,  er  sur  les  fins  prises 
d'office  par  le  commissaire  du  gouvernement  , 
décide  que  dans  les  conlesialions  anléiieurcs 
au  .4  nivôse,  dans  celles  postérieures  à  cetie 
époque,  qui  nom  point  encore  été  jugées  dé- 
Rniiivement  ,  ou  dont  les  jugemens  défijiitits  . 
iMais  soumis  au  rçcoms  en  cassation  ,  n'ont 
point  encore  été  exécutés  ,  aucune  vente  ,  aucune 
raain-levé-e  ,  aucune  décharoe  de  caulionnenieiit 
ne  pourront  être  accorilées  milrement  que  dans 
les  cas  marqués  par  l'afrêié  des  consuls,  du  6 
germinal  dernier  ,  et  par  les  régleinens  auxquels 
cet  anêié  ne   déroge    pas. 

Fait  à  Paris ,  le  3  prairial  an  8  .  maison  de  l'Ora- 
toire, lieu  des  séances  du  conseil.  Présens  les 
.  citoyens    Redon  ,  président  ;    Niou  ,   LacostS  , 

MORKAO  ,  MONTIGNY  -  MONPt.AlSlR  ,   BaRENNFS  , 

DtiFFAULT,  P-arceval-Grand-Maison  et  TOUR- 
WachoN  ,  membres  du  conseil. 

En  foi  de  quoi  la  présente  décision  a  été  signée 
par  le  présidenu 

Signé,  RÉDaN  ,  piésident. 
Par  le  conseil  , 

Le  secrétaire-général ,  signé,  Calmelet. 


SPECTACLES. 

Le  théâtre  de  lOpéra-Comique  a  donné  hier 
la  première  représentation  de  '^oé  ou  la  pauvre 
Petite.  Cet  ouvrage  dû  au  citoyen  Bouilly  ,  au- 
teur de  l'Abbé  de  l'Epée,  pour  les  paroles  ,  et  au 
citoyen  Planiade  pour  la  musique  ,  a  eu  du  suc- 
cès ,  mérite  des  éloges  et  des  observations  criti- 
ques. Il  n'est  ni  dénué  d. intérêt  .  ni  exempt  d'in- 
vraisemblance ;  il  oftre  des  situations  bien  ame- 
nées cl  quelques  détails  choquans  ,  prouve  de 
la  connaissance  de  la  scène  ,  et  renferme  quel- 
ques parties  où  les  convenances  théâtrales  sont 
Eieconnues  ;  il  est  faiblement  écrit  :  les  couplets 
sur-tout  paraissent  négligés  ,  mais  le  dialogue 
»  de  la  faciliié  et  du  naturel.  'Voici  iljuel  est  le 
sujet  de  cette  nouveauté.  Zoé,  jeune  orpheline  , 
sans  autre  moyen  d'existence  que  son  travail  ,  et 
sans  autre  nom  que  celui  de  la  pauvre  Fetite  ,  a 
éie  sauvée  dans  un  danger  pressant  parHyppolile 
Dcliiival  ,  jeune  héritier  d'une  famille  dislini;uée. 
Hsppolite  a  appris  à  coirnajtre  le  caractère  ,  l'es- 
prit ,  les  talens  et  la  vertu  de  celle  quTI  a  sauvée. 
Il  est  devenu  éperduement  amoureux.  Zoé  n'a 
pus  vu  ,,sans  émotion  ,  un  tienfaiteur  aussi  ài- 
inable.  Daliijval  attend  ,  pour  s'unir  à  sa  jeune 
amie,  l'aveu  de  sa  mère  retirée  loin  de  Paris  : 
il  sollicite  cet  aveu  depuis  deux  mois. 

Depuis  deux  mois  ?ussi  loge  près  de  Zoé  une 
femme  respectable  que  la  pauvre  petite  s'est  ha- 
bituée à  nommer  sa  mère.  Leurs  caractères  pa- 
raissent avoir  de  la  conforn\ilé,  et  en  apparence 
leurs  foitunes  sont  égales.  Zoé  propose  à  sa  voi- 
sine de  réunir  leurs  petits  ménages,  et  de  mettre 
en  commun  ,  sous  la  condition  d'une  égale 
économie  ,  le  fruit  modique  de  leurs  travaux. 
Ursule ,  c'est  le  nom  sous  lequel  on  connaît 
d'abord  l'amie  de  la  pauvre  Petite  ,  consent  à  cet 
arrangement  ;  et  bientôt  Zoé  reconnaît  qu'elle  a 
près  d'elle  un  censeur  sévère  de  sa  conduite  ,  et 
tljl  surveillant  inquiet  ;  que  toutes  ses  démarches 
sont  épiées  ,  et  quelque  fois  mal  interprétées  , 
que  même  des  mauvais  conseils  lui  sont  donnés 
pour  1  éprotiver  et  la  surprendre:  elle  n'attribue 
qu'à  l'arhitié  la  conduite  d'Ursule  ,  et  lui  confie 
le  secret  de  son  cœur.  Ursule  lécoute  parler 
d'HvPpolite  avec  un  intérêt  marqué  ,  et  répond 
au  nom  de  mère  que  lui  donne  Zoé,  avec  un 
attendrissement  qui  suffirait  pour  faire  connaître 
au  spectateur  que  cette  fausse  Ursule  est  la  raere 
de  Dalinva)  ,  usant  d'un  déguisement  nécessaire 
pour  bien  connaître  les  mœurs  et  le  carac  o  e  de 
celle  dont  son  fils  est  épris.  Cependant  un  vieil 
avare ,  que  les  charmes  de  Zoé  ont  rendu  plus 
épris  que  délicat  et  sensible ,  cherche  depuis  long- 
tems  à  séduire  la  pauvre  Petite  ,  qui  n'a  pas  man- 
qué d  instruire  son  amie  de  ce  dessein.  Le  vieil- 
lard trouve  un  moment  Ursule  seule  ,  et  veut  la 
mettre  dans  ses  intérêts  ;  Ursule  rejette  l'olFre  d'un 
emploi  si  honteux  :  mais  M.  Fur^rd  ,  c'est  le  nom 
du  séducteur  ,  lui  déclare  qne  déjà  Zoé  a  reçu 
de  lui  ides  présents  et  quelques  sommes  assez 
considérables.  La  mère  d'Hyppolite  frémit  à 
cet  aveu.  Bientôt  ,  adroitement  cachée ,  elle 
est  témoin  d'un  entretient  dans  lequel  Zoé 
demande  elle  -  mêmjS  au  séducteur  une  somme 
qu'elle  reçoit  de  sa  main  ,  et  dont  elle  lui 
[promet  une  juste  récompense.  Un  instant 
après,  un  homme,  couvert  d'un  manteau,  a 
pénétré  chez  Zoé  ,  a  reçu  d'elle  les  expressions 
J*s  plus  touchantes  et  la  promesse  de  la  somme 
donnée  par  Furard. 

Ursule  dès-lors  ne  peut  plus  croire  à  la  vertu 
de  Zoé  ,  elle  se  décide  à  ne  plus  rien  déguiser. 
Hyppolite  est  entré  chez  sa  maîtresse  ;  sa  mère  se 
mon're.  A  peine  reconnue  ,  elle  accuse  Zoë  qui 
se  défend  avec  calme  ,  avoue  les  dons  reçus  , 
et  prouve  que  la  bienfesance  et   l'humanité  en 


avaient  marqué  l'emploi.  L'épouse  d'un  frère  de 
Furard  avait  été  la  bienfaitrice  de  Zoë.  L'avare 
vieillard  laissait  dans  une  indigence  cruelle  cette 
famille  ruinée  par  des  malheurs.  Pour  la  secourir  , 
Zoé  n'avait  pas  hé.'iité  sur  le  choix  des  moyens; 
un  mot  tajusiifie  ,  et  lui  obtient  un  consentement 
qui  l'unit  à  Dalinval, 

Le  reproche  d'invraisemblance  que  nous  avons 
fait  à  cet  ouvrage  ,  nous  paraît  pouvoir  porter 
sur  le  fond  des  situations  en  général  ,  sur  un 
des  moyens  principaux  ,  la  liaison  intime  de 
Zoë  avec  une  femme  qu'elle  ne  connaît  pas  , 
et  qui , -l'épiant  et  l'éprouvant  sans  cesse  ,  devrait 
moins  lui  être  chère  que  lui  paraître  suspecte  ; 
sur  le  consentement  d'Ursule  à  occuper  un 
appartement  oti ,  exposée  à  être  reconnue  par 
son  fils  ,clie  doit  craindre  de  ne  pouvoir  achever 
son  épreuve  ;  sur  le  silence  que  Zoë  garde  rela- 
tivement aux  dons  qu'un  motif  honnête  lui  tait 
recevoir  ;  enfin  ,  sur  la  situation  du  frère  de 
Furard.  On  conçoit  difficilement  que  dans,  sa 
détresse,  il  s'adresse  à  la  pauvre  petite  dont  il 
doit  connaître  le  dénuement.  Sait  il  le  moyen 
que  Zoë  emploie  pour  le  secourir?  Son  lôle 
est  encore  plu'^i  défectueux  ;  car  il  abuse  de  ce 
qu'il  y  a  de  plus  respectable  ,  la  bienfesance  et 
la  vertu. 

Le  rôle  de. Zoë  bien  tracé,  souienu  et  inté- 
ressant ,  a  généralement  lait  plaisir  ;  il  a  beaucoup 
de  ressemblance  avec  celui  de  Bonne  ,  dans  le 
charmant  ouvrage  du  citoyen  Bouchard  ,  les  arts 
et  l'atnitié.  La  conduite  que  l'auteur  prête  à  sa 
Zoë  ,  n'est  cependant  pas  exempte  de  blâme.  Pour 
secourir  l'époux  de  sa  bienfaitrice  ,  Zoë  devait 
user  de  tous  les  moyens  ,  excepté  de  celui  que 
la  délicatesse  réprouve  ,  et  c'est  précisément  celui 
qu'elle  emploie.  Sa  jeunesse  l  excuse,  nous  le 
savons  ,  non  moins  que  la  bonté  de  soti  cœur; 
mais  elle  n'est  justifiée  qu'à  la  fin  de  l'ouvrage  , 
et  elle  a  besoin  que  ,  dans  le  cours  de  son  tôle  , 
sa  situation  délicate  soit  exirêinement  ménagée. 
La  moralité  de  l'ouvrage  exige  aussi  ciu  en  par- 
donnant à  la  légèreté  de  Zoë  ,  on  lui  lasse  sentir 
le  danger  de  son  inconséquence.  Quelques  scènes 
d'ailleurs  ont  besoin  d'être  revues  ;  et  sans  doute 
n'offriront  plus  à  la  seconde  représentation  des 
détails  que  la  délicatesse  de  la  scène  française 
repou-ssc  ,et  des  tableaux  que  l'imagination  d'Hyp- 
polite peut  bien  offrir  aux  yeux  de  ce  jeune 
homme  ,  mais  qu  il  fallait  dérober  à  ceux  du 
spectateur  ,  puisque  la  pudeur  de  Z(ië  est  forcée 
de  les  couvrir  d'un  voile,  en  interrompant  1  amant 
indiscret  qui  s'oublie  en  les  traçant. 

La  musique  a  été  assez  généralement  applau- 
die :  on  a  paru  remarquer  la  romance  qui  sert 
d'exposition  ,  un  duo  entre  Ursule  ,  et  un  trio 
de  situation  Cette  composition  cependant  nous 
paraît  mériter  le  reproche  bien  extraordinaire  au- 
jourd'hui ,  d'être  un  peu  nue.  Une  simplicité 
excessive  est  un  défaut  ,  comme  une  sur- 
charge démesurée.  Le  malheureux  Délia  Maria  , 
dans  son  premier  ouvrage  ,  avait  lait  une  critiqite 
excellente  des  compositions  trop  bruyantes  de 
nos  jours.  Il  avait  évité  le  bruit,  simplifié  son 
orchestre,  et  tout  subordonné  au  chant;  mais 
son  charit  était  pur  ,  mélodieux  ,  original  ,  sou- 
tenu :  il  ravit  tous   les   suffrages. 

Le  citoyen  Plantade  eût  pu  sans  doute  être 
non  moins  heureux  ,  et  le  premier  acte  de  Palma 
justifie  son  talent  plus  que  toute  autre  obser- 
vation ;  mais  il  faut,  en  l'excusant,  faire  ob- 
server que  l'ouvrage  pour  lequel  il  vient  de 
travailler  présente  quelqu'unif'ormilé  ,  peu  de 
morceaux  favorables  au  musicien  ,  et  qu'il  a 
pu  souffiir  quelquefois  ou  du  placement  des 
morceaux,  ou  de  l'arrangement  des  paroles  ,  ou 
de  l'emploi  de  quelques  expressions  peu  so- 
nores ,  de  quelques  tours  peu  lyriques. 

La  pièce  est  bien  jouée  :  mesdames  Saint-Aubin 
et  Dugazon  y  sont  on  ne  peut  mieux  placées. 
S 


Elémens  d.e  critique  dramatique ,  conttnant  une 
analyse  du  théâtre  ,  sous  les  titres  suivans  :  De  la 
Tragédie  ,  du  Tragi-comique  ,  de  la.,Comédic  ,  de  la 
Pantomime  et  de  la  Farce  ,  avec  un  coup-d'œil 
sur  l  éducation  des  acteurs  grecs  e'  romains,  pour 
en  conclure  quelques  principes  généraux  et  né- 
cessaires à  l'instruction  de  l'art  théâtral  ;  ouvrage 
traduit  de  l'anglais  de  'William  Cooke  ;  par 
P.  F.  Aubin  ,  avec  cette  épigraphe  : 

Siagula,  quseque  locum  teacant  soTtita  decentem. 
'''  HOR.  de  an.  poër. 

De  l'imprimerie  de  Delance ,  et  se  trouve  à  Paris , 
chez  Carterel  ,  libraire  ,  rue  Pierre  -  Sarrasin  ; 
Maradan  ,  rue  Pavée  André-des-Arts  ;  Buisson  , 
libraire  ,  rue  Hautefeuille  ,  et  Delance  ,  impri- 
meur ,  rue  de  la  Harpe ,  n°  l33 ,  an  8  ,  un  vol. 
in-S"  de  3oi  pages  ;  piix  ,  3  fr.  pour  Paris ,  et  4 
fr.  pour  les  départemens  ,  franc  de  port. 

Le  litre  de  ce  livre  en  annonce  le  but  et  l'utilité. 
Critique    signifie   ici    l'art  de  juger  les  ouvrages 


dramaticpies  ,  d'après  les  règles  de  composition 
établies  pour  ces  sortes  de  productions.  C'est  un 
public  rassemblé  pourêtrejuge.  que  l'auteuranglais 
et  le  traducteur  français  semblent  avoir  piis  à 
tâche  d  instruire  en  lui  traçant  ces  règles  constan- 
tes ,  invariables  comme  le  goût  ,  régies  ■  qui  doi- 
vent présider  à  nos  jugemens  comme  elles  contri- 
buent à  nos  plaisirs  en  embellissant  la  scène 
tragique  et  comique.  Cette  scène  a  ses  loix  qui 
forment  une  partie  de  sa  gloire.  Il  était  impossible 
de  les  rassembler  toutes  dans  un  code  dramatique 
mieux  fait,  de  les  classer  avec  plus  de  méthode  , 
de  les  définir  et  de  les  expliquer  avec  plus  de 
justesse  et   de  précision. 

On  ne  se  serait  peut-être  pas  attendu  à  devoir 
aux  anglais  d'excellentes  leçons  en  ce  genre  , 
parce  cjue  leur  théâtre  est  beaucoup  moins  régu- 
lier que  le  nôtre.  Mais  ces  leçons  ,  comme  toutes 
celles  de  la  saine  littérature-,  puisées  à  leur  véii- 
table  source  ,  dans  l'antiquité  et  les  meilleurs  cri- 
tiques ,  peuvent  être  données  partout.  Les  pré- 
ceptes doivent  être  les  mêmes  pour  tous  les 
théâtres  ,  chez  tous  les  peuples  anciens  et  mo- 
dernes ,  parce  que  la  raison  ,  le  seiiliraent  des 
convenances  et  la  vérité  sur  lesquels  ces  pré- 
ceptes doivent  être  fondés  ,  sont  partout  les 
mêmes.  Il  faut  y  ramener  sans  ce-.st  quicoocjue 
s'en  écarte   ou  les  ignore. 

Ce  traité  a  ,  d'ailleurs  ,  le  mérite  réel  et  parti- 
culier de  les  exposer  avec  un  ordre  et  une  clarté 
vraiment  didactique  II  renferme  des  choses  abso- 
lument neuves  dans  plusieurs  chapitres  ,  piinci- 
palenient  sur  léducation  et  les  études  du  comé- 
dien. Nous  n'avons  peut-être  rien  de  plus  précis, 
de  rnieux  pensé  ,  de  plus  moral  même  et  de  plus, 
propre  à  former  dexcellens  acteurs,  commeà 
les   faire  justement  apprécier. 

Mlle  Clairon  nous  a  révélé  le  secret  de  ses 
études  dans  cet  art  si  diflicile  oti  elle  excella  ; 
mais  les  bases  fondamentales  en  sont  ici  posées 
d'une  manière  plus  fixe  et  plus  déleiminée. 

Cet  ouvrage  ,  traduit  en  français ,  présente  un 
parallèle  cuneirx  entre  la  littérature  .  anglaise  et  la 
nôtre;  il  offre  des  rapprochtmens  utiles  pour 
l'art  dratnatique  ef  théâtral,  dont  les  principes, 
dans  leur  application  aux  auteurs  d'une  nation 
voisine  no'ire  rivale  en  tous  genres  de  célébrité, 
ne  passaient  pas  pour  être  les  mêmes  que  les 
nôtres.  La  comparaison  ne  peut  être  qu'à  notre 
avantage.  Il  faut  nous  en  glorifier  et  en  profiter  , 
pour  nous  attacher  de  plus  en  plus  à  une  perfec- 
tion dont  les  modèles  nous  appartiennent.  11  faut 
même  savoir  gré  au  traducteur  d  avoir  enrichi 
notre  langue  d  une  nouvelle  espèce  de  conquête 
qui  nous  est  en  quelque  sorte  rendue,  puisque 
ces  principes  étaient  les  nôtres  long-tems  avant 
que  les  anglais  se  les  fussent  appropriés. 

Cet  ouvrage  est  indispensable  à  tous  ceux  qui 
fréquentent  le  théâtre  sans  lavoir  étudié  ,  à  ceux 
même  qui  voudront  réunir  dans  un  seul  voluine 
tout  ce  qu'on  peut  savoir  sur  l'art  diamatique  et 
théâtral  ;  c'est  un  livre  d'autant  plus  nécessaire 
aujourd'hui,  qu'on  étudie  moins  pour  apprendre 
à  juger  les  auteurs,  les  pièces  de  théâtre  et  les 
acteurs,  tandis  qu'on  dévore  tant  de  livres  anglais 
inutiles  ,  et  qui  n  ont  pour  toute  recommanda- 
tion que   la  nouveauté. 

Du  reste  ,  cette  traduction  élégante  et  rapide 
nous  a  paru  faite  par  un  homme  qui  joint  à  la 
connaissance  de  la  langue  anglaise  beaucoup 
de  goût  et  une  grande  habitude  du  théâtre  fran- 
çais :  on  peut  en  juger  par  les  remarques  très- 
intéressantes  qu  il  a  quelquefois  ajoutées  à  son 
texte. 

Bourse  du  i5.  — ES ets publics. 

Rente  provisoire aS   fr. 

Tiers  consolidé 32    Ir.  yS   C. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  54  c. 

Bons  d'arréragé 87    Ir.  25   c. 

Bons  pour  l'an  8 81    (r.  75    c. 

Syndicat.., 67   fr.  yS  c. 

Coupures f>7   fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqjje  et  des  Arts 
Auj.  relâche. 

Théâtre  de  la  rue  Fevoeau.  Aujourd'hui 
les  deux  Journées  ,  o^éia.  en  3  actes,  suivi  de 
l'Amour  filial. 

Théâtre  DU  Vaudeville.  Auj.  V Anneau  perdu; 
M.  Guillaume  ,  et  la  2'  repr.  de  la  Pièce  curieuse  , 
tn  un  acte. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Dem.  Quinto  et  Isabelle  ou  la  fausse  Veuve  ; 
l  Amitié   vaincue  par  l'Amour  ,   vaudeville. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  relâche.  —  Dem.  c'est  le  Diable. 


A  Paris ,  de  l'i.nprir.ierie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  l3. 


GAZETTE  Nationale  ou  le  moniteur  universeî.. 


JV^  287. 


Seplidi  ,  1  7  messidor  an  8.  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aucotisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
.  Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
rintérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  auif  sciences  ,  aux  arts  et  aux  dérouvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 


Dr 


ANGLETERRE. 

Londres  ,  /«  27.  juim  (  8  messidor.  ) 


'ES  lettres  des  Etats-Unis  d'une  date  récente 
annoncent  la  dest^tuiion  de  M.  Pickerinc;,  secré- 
laire-détat.  Il  éiiiit  très-atiaché  aux  ini"eiêis  de 
l'Angleterre.  Oji  rtgardait  sa  deslitution  comme 
une  espace  de  sacrifice  lait  au  parti  qui  désire 
la   paix   avec   la  Fiance. 

Suivant  les  gazïltes  de  Philadelphie  de  floréal 
deinier  ,  il  paraît  que  M.  Cooper  ,  de  Man- 
chester a   été  jugé   et   convaincu  de  sédition. 

Lt  Hatrlcm  ,  de  54  canons  ,  et  neuf  autres 
vaisseaux  de  guerre  ont  eu  ordre  de  se  rendre 
à  Cowes  ,  pour  y  yjrendre  le  Ss'  et  quatre  autres 
tcgiracns  ,  qui  doivent  être  employés  à  une 
expédhion  sous  le  major-général  lord  Cravan. 

Les  espagnols  ont  détaché  de  la  Cornone  un 
corps  de  600  hommes  qu'ils  ont  envojé  aux 
frontières  du  Poriugal  ,  pour  empêcher  ^qu'il 
ji'y  soit  exporté  des  grains  dont  la  rareté  est 
très-grande  dans  ce  dernier  pays. 

La  chambre  des  communes  d  Irlande  vient  de 
voter  une  somme  annuelle  de  l5oo  liv.  sterling 
en  faveur  des  royalistes  qui  ont  soufFert  person- 
nellement dans  la  dernière  insurrection.  i5oo 
autres  livres  ont  éié  votées  pareillement ,  parforme 
d  annuités  sec  rettes,.  pour  être  distribuées  aux  per- 
sonnes qui  ont  découvert  les  trames  de  cette  in- 
surrection. 

Le  mnl-cntendu  entre  les  cours  de  Péiersbourg 
et  de  Saint-James  remonte  à  la  malheureuse  ex- 
pédition contre  la  Hollande.  Il  a  augmenté  depuis 
à  un  tel  point,  que  le  traité  de  commerce  entre 
les  deux  nations  est  au  moment  d  être  rompu. 

On  écrit  d  Halifax  qu'il  y  a  tout  lieu  de  croire 
que  le  transport  le  Frances  expédié  de  Falmouith 
avec  les  bagages  du  duc  de  Kent  ,  a  coulé  bas  dans 
sa  traversée.  On  estime  la  perte  des  effets  du 
grince  à  huit  mille  liv.  sterling.  Il  y  avait  malheu- 
reusement un  grand  nombre  de  passagers  à  bord 
du  Frances. 

La  flotte  attendue  des  Indes  occidentales  ,  et 
consistante  en  plus  de  soo  voiles  ,  sous  l'escorte 
du  Prince  de  Galles  ,  de  g8  canons  ,  et  de  la  Vic- 
torieure  de  12  ,  a  passé  devant  Plymoutb  le  4 
messidor. 

Comme  nos  ministres  doivent  paraître  ridicules 
avec  leurs  expéditions  en  faveur  de  l'Autriche  , 
lorsque  les  Irançais,  en  très-peu  de  jouis,  et  pour 
ainsi  dire  d'un  seul  coup  ,  ont  mis  tin  à  la  guerre 
continentale!  ils  mériteraient  que  le  parlement 
lançât  contre  eux  un  bill  d  indictement ,  ainsi 
intitulé:  Pour  avoir  attiré  le  mépris  universel  sur 
h  gouvernement  de  leur  pays. 

Le  capitaine  Beaver  est  arrivé  à  l'amirauté  avec 
des  dépêches  de  lord  Keiih  ,  et  M.  Cox  ,  messa- 
ger-] éiai  ,  aux  bureaux  de  lord  Grcnville  ,  avec 
une  copie  ,  dit-on  ,  de  la  capitulation  de  Gâtes. 

(  Tous   les  articles  ci-dessus  sont  extraits  du 
Morning-Posl.  du  7  messidor.  ) 

M.  "W.  Rendait  ,  de  Kitbymooreside  ,  est  loinbé 
âc  cheval  dernièrement,  et  s'est  rompu  le  col, 
pre.'qti'au  même  endioit  a\s  son  frère  ,  M.  T.  Ken- 
dall  éprouva  le  même  sort  il  y  a  quelques  années. 

Le  Shortlnnd .  capitaine  Hurd  ,  a  péri  à  la  hau- 
teur de  l'isle  de  Mogane  ;  tout  l'équipage  s  est 
lauvé. 

•  On  a  remarqué  que  les  fils  d'ecclésiastiques  se 
sont  toujours  fait  distinguer  dans  la  marine  de 
ce  pays  par  leurs  exploits  et  leur  courage  ,  et  ont 
«lé  élevés  aux  plus  grands  honneurs. 

Sir  Francis  Drake  était  Ëis  d'un  vicaire  d'Up- 
more. 

Sir  John  Berry  ,  qui  s'est  distingué  dans  les 
guerres  contre  la  Hollande ,  sous  le  règne  de 
Charlesl''  .avait  pour  père  un  vicaire  de  Knowes- 
ton  dans  le  Devoiishire. 

Sir  Peter  Dennis  ,  mort  en  1778,  et  qui  légua 
■une  somme  de  23, 000  liv.  sterl.  aux  enl'ans  mâles 
issus  d  ecclésiastiques  ,  devait  le  jour  au  révérend 
M.  Jacob  Dennis. 

Lord  vicomte  Hood  et  son  frère  l'amiral  lord 
vicomte  Biidpoti  sont  les  enfaiis  de  feu  M.  le 
curé  ue  1  bonicombc  dans  le  comté  de  Oéven, 


Le  contre- amiral  lord  Nelson,  chevalier  de 
l'orcire  du  bain  et  duc  de  Brome  en  Sicile,  est 
le  4'  fils  du  rév.  M.  Edward  Nelson,  curé  de 
Burnam  Thorpe,  dans  le  Norfolk-sliire. 

Nous  pourrions  citer  ici  un  grand  nombre 
d'autres  marins  de  celle  réputatiou  ,  qui  ont  pris 
naissance  parmi  le  clergé  de  ce  pays.  (-Extrait  du 
MoTuing-C.hronicle ^  du  7  messidor.) 

Du  \"  juillet  (  1%  nlssidor). 

Cours  des  effets 

Les  trois  pour  cent  consolides,  fermés.  — 
pour  leur  ouverture   65  ^  i  64  |  65. 

Trois  pour  cent  impériaux  62  -i-  —  Omnium 
2  i  2  î-  —  Omnium  irlandais  3   ï-  5.  . 

Cours  des  effets   américains.  —^  Du  8  messidor. 

Huit  pour  2  107,  108.  —  6  pour  |  84.  —  5  i  p.  | 
aucun  sur  la  place.  —  3  (.our  |  Sa  |  53.  —  Arriéré, 
dontliniétêt  commencera  à  courir  du  i''  janvier 
1801  ,  à  6  pour  I  82.  —  Actions  de  banque  rap- 
portant un  dividende  annuel  de  7  1.  4  sh.  par 
action  ,   122. 

Il  est  très-singulier  que  ce  soit  le  consul  Bo- 
naparte qui  relevé  le  crédit  national  de  ce  pays. 
En  effet  .  les  fonds  publics  lui  sont  redeva- 
bles dune  hausse  d'un  à  2  pour  cent  ;  hausse 
résuliaiite  de  lespoir  que  ses  dernières  victoires 
en   Italie  donnent  ici    d  une  paix  prochaine. 

Nous  devions  recevoir  le  10  messidor  une 
malle  de  Hambourg  ;  elle  n'est  pas  encore 
arrivée.  Il  est  possible  qu'elle  apporte  aux  mi- 
nistres la  nouvelle  officielle  des  victoires  dé- 
cisives des  français  en  Italie  ,  et  peut-être  même 
des  communications  sur  les  seniimens  de  la  cour 
de  'Vietme  relaiivement  à  la  paix.  Aujourd  hui 
otà  il  faut  renoncer  à  touie  espérance  de  pour- 
suivre la  guerre  sur  le  continent  avec  succès, 
si  le  désir  universel  qui  se  manifeste  ici  pour 
la  paix,  était  exprimé  avec  fcLmetè,  il  n'est  pas 
douteux  qu  on  ne  forçât  les  ministres  à  négo- 
cier sérieusement.  Dans  le  cas  oix  ils  s'obstine- 
raient à  refuser  de  s  unir  à  l'emji^reur  dans 
1  acceptation  des  préliminaires  offerts  par  le 
premier  consul  de  F.ance ,  ils  nous  réduiraient 
alois  à  traiter  un  jour  isolément  et  avec  désa- 
vantage. 

Il  n'est  nullement  vrai  (|u'il  soit  arrivé  ici 
quelqu'un    de   la  part  du  cûnsul  Bonapaiie. 

Le  bill  concernant  l'uriion  de  l'Angleterre  et 
de  1  Irlande  n'attend  plus  que  la  sanction  du  roi. 

Le  contre-amiral  Pôle,  a  arboré  son  pavillon 
sur  VAzinconrt ,  et  se  rend  à  Terre-Neuve,,  oii 
une  insurrection  a  éclaté  parmi  les  troupes. 

Il  y  a  eu  un  mouvement  itès-sérieux  au  spec- 
tacle àNoitinga-n,  à  1  occasion  du  God  save  the 
t^ing ,  qu'un  parti  a  voulu  empêcher  1  orchestre' 
de  jouer.  Trois  officiers  du  déiach'ement  envoyé 
pour  rétablir  l'ordre  ont  été  giiéveraent  blessés. 
(Extrait  du  Morning-Chronicle ,  du  n  messidor.) 


Extrait  du  Times,   <!:& juin. 
Chambre   des  communes.  —  Séance  du  sy  juin. 

M.  Shéridan.  Je  me  levé  en  conséquence  d'un 
avis  que' j'ai  donné  de  linieniion  oii  jetais  de 
proposer  ce  soir  que  la  chambre  fûi  appelée  à 
se  réunir  d'aiijourd  hui  en  i5.  Je  n  ignore  pas 
que,  lorsqu'on  fait  de  pareilles  motions  ,  il  est 
d'usage  d  établir  les  bases  sur  lesquelles  on  es- 
père leur  concilier  l'appui  de  quelques  mem- 
bres. Quand  je  parlai  ,  mardi  dernier  ,  de  cette 
proposition,  le  chancelier  de  1  échiquier  parut 
penser  que  rien  ,  dans  l'état  actuel  des  choses  , 
n'exigeait  une  attention  ou  une  assiduiié  particu- 
lière des  membres  de  la  chambre  ,  les  nouvelles 
arrivées  de  France  ne  lui  paraissant  que  de  sim- 
ples bruits  peu  authenticjues  ;  j'ai  regret  de  le 
dire  ;  mais  tant  s'en  faut  que  les  doutes  du  chan- 
celier fussent  (ondes  ,  qu  au  contraire  tous  les 
tenseignemens  ultérieurs  nom  fait  que  confirmer 
lesfâcheuscs  nouvelles,  et  ajouter  de  nouveaux 
motifs  à  lafffiction  qu'elles  sont  propres  à  ré- 
pandre parmi  nous.  Nous  ne  connaissions  d'a- 
bord qu'imparfnitement  l'étendue  des  malheurs 
de  nos  alliés.  Pins  nous  en  recevons  de  parti- 
cularités ,  plus  nous  voyons  combien  est  déplo- 
rable notre  calamité  commune. 

Mon  inicniion  n  est  pas  de  m'étendie  sur  ce 
sujet;  je  n'examinerai  point  la  conduite  et  les 
détails  de  la  campagne  ,  encore   moins  entame- 


rai-je  la  haute  discussion  de  la  guerre  et  de  la 
paix.  Ce  sont  là  de  graves  et  importantes  ques- 
tions qu'il  faut  réserver  à  un  tems  oij  les  esprits 
plus  calmes  p.iurroni  les  envisa2,er  avec  la  feimeté 
convenable.  Je  me  borne  donc  a  cx:«m!ner  si  notre 
posiiionetcellcdi;nosnlliésnesontpas  tellement 
changées  qu  il  nous  convienne  d  appeler  sur  cet 
objet  l'attention  de  la  chambre  réunie  ,  <-i  si ,  dans 
la  crise  oir  nous  nous  trouvons,  il  est  à  propos 
que  les  membres  se  retiieni  vers  leurs  commettins 
sans  prendre  en  considération  la  conduite  des 
ministres;  si  nous  devons  laisser  la  direction  de 
la  guerre  et  de  la  paix  entre  les  mains  de  ces 
mêmes  ministres  ,  dont  les  espérances  ont  si  sou- 
vent été  illusoires  ,  les  prophéties  si  hubituelle- 
mi  nt  mensongères  ,  sans  faire  du  moins  un  effort 
pour  avertir  S.  M.  de  la  situation  la  plus  critique 
peut-être  qui  se  soit  jamais  présentée  dans  le  cours 
de  iiotte  histoire. 

Quand  cette  matière  fut  soumise  aux  réflexions 
de  la  chambre,  un  de  mes  amis  qui  rarement 
paraît  parmi  nous  ,  mais  dont  le  langage  pio- 
p'uétique  .  dont  les  idées  lumineu.'es  ,  ne  font 
que  recevoir  de  son  absence  un  nouvel  éclat  , 
vous  fit  voir  tous  les  dangers  de  voire  posiilon  ; 
il  vous  monira  combien  était  impolitique\et 
mal  calculée  la  marche  que  vous  suiviez,  vous 
invitant  à  vous  arrêter  ,  à  jetter  un  regard  im- 
partial sur  I  état  de  l'Europe,  et  à  prendre  la 
route  que  vous  indiquaient  votre' intérêt  et  vos 
devt>iis  ;  mais  null  s  considérations  alors  ne 
purent  ariêter  le  ministre  ;  nulles  considéraiions 
ne  purent  engager  la  chambre  à  traiter  même 
avec  la  décence  ordinaire  ,  les  ouvertures  de 
p  ix  que  1  ennemi  nous  avait  faites.  On  nous 
dii  que  nos  ressources  étaient  intactes  ;  que  l'en- 
nemi n'était  pas  en  état  de  souienir  plus  long- 
tems  U  guerre.  Les  ministres  ,  dans  cette  SJge, 
dans  cette  patriotique  et  poliiique  pièce  ,  la 
lettre  de  mylord  Grenville  ,  déclarèrent  que  le 
rétablissement  de  la  maison  Bourbon  pouvait 
seul  satisfaire  le  gnuvernementanglais.  On  exigea, 
comm:>  une  condition  Sine  qnâ  non  ,  pour 
traiter  avec  Bonaparte,  que  co  général  reconnût 
lesdroitsde  la  dynastie  des  Bourbons  à  lacouronne 
de   France. 

Tel  était  alors  ,  je  ne  crains  pas  de  le  dire  ,  le 
vrriiable  nœud  de  la  di.ficulté.  je  n'ignore  point 
cependant ,  que  des  raisons  plus  générales  furent 
'invoquées  par  plusieurs  membres  à  l'appui  de 
l'opinion  du  ministre.  Ces  argumens  peiivent  se 
réduire  à  six  :  et  lorsque  je  les  aurai  rappelés  à 
ceux  qui  les  onif.îii  valoir  ,  ils  seront  obligés  de 
convenir  que  tous  se  sont  trouvés  faux. 

Le  premier  de  ces  motifs  éiait  que  nous  de- 
vions attendre  que  le  caractère  et  les  vues  de 
Bonaparte  nous  fussent  mieux  connus.  Nous 
n'avions  pas  sur  ce  point  assez  d'expérience,  et  il 
nous  manquait  l'évidence  des  faits. 

Le  second  motif  ,  et  c'était  celui  sur  lequel  on 
s'appuyait  avec  le  plus  de  confiance  ,  consistait 
dans  le  secours  que  nous  devions  tirer  de  notre 
magnanime, allié  l'empereur  de  Russie.  Ei  lors- 
qu  on  demanda  ce  que  nous  ferions  dans  le  cas 
oii  il  rappellerait  ses  troupes  ,  on  répondit  que 
lélecieur  de  Bavière  pourrait  en  fournir  à  peu 
près  le  même  nombre  à  la  cause  commune  ; 
qu  ainsi  cet  événement  ne  changerait  rien  à  la 
probabilité  du  succès.  Ouvrons  donc  L*s  Idoles  de 
[histoire  ,  et  voions  le  magnanime  Paul  I"' 
rappelant  chtz  lui  ses  troupes  ,  tandis  que  les 
promesses  des  troupes  bavaroises  fournissent  am- 
ple matière  aux  historiographes  de  1  expéiience  et 
de  l'évidence  des  faits. 

Le  troisième  argument  fut  qu'un  traité  allait 
être  conclu  avec  l'empereur  d'Allemagne;  qu'en 
venu  de  ce  traité  ce  prince  allait  coopérer  puis- 
samment avec  nous  ,  et  ne  ferait  point  la  paix 
sans  notre  participation.  Ici  .  jp  pourrais  deman- 
der si  l'expérience  n'a  pas  prouvé  la  vanlié  de  ce 
traité.  Mais  comme  on  n'a  jamais  jugé  à  propos 
de  nous  le  faire  connaître  ,  il  fournit  ce  me 
semble  un  nouvel  anneau  à  la  chaîne  de  i'évi» 
dence  des  faits. 

La  quatrième  des  raisons  alléguées  était  une 
des  plus  mal  choisies.  On  nous  disait  que  la  re- 
prise d'une  grande  partie  de  l'Italie  par  les  autri- 
chiens ,  était  un  gage  as,suré  de  la  conquêie 
prochaine  qu'ils  allaient  faire  du  territoire  qui 
demeurait  encore  sous  la  domination  des  fran- 
çais. Ici  .  coiume  di.ns  tout  le  reste  ,  l'expérience 
nous  a  cruelk-ment  trompés. 


ii58 


La  cig^^U)ç%e  ja  i;efiaV3U^We  ;  e|(e  f^nsisJ^iÇ 
dans  l'exposé  mysierieûx  des  espérances  des  roya- 
liMes  de  France.  On  nous  vantait  le  courage 
renaissant  de  ce  parti.  Les  i;oy:iIistfs  avaient 
trouvé  des  alliés  parmi  les  jacobins  et  les  répu- 
blicains modérés  qu'indignait  l'usurpation  de  Bo- 
naparte ;  toute  la  France  allait  êlre  une  scène  de 
mécontentement,  de  désordre,  de  lunnulte  et 
d'insurrection.  La  France  es,t  restée  tranquille  et  cp 
semble, assez  heureuse.  L'expérience  et,  l'évidence 
des  laiis  prouvent  encore  ici  combien  nos  pro- 
phètes sciaient  abusés  ;  et  la  nature  humaine  sur  la- 
quelle le  ministre  avait  si  fort  compté  ,  a  paru 
révoltée  du  vil  et  barbare  EîQJÊt  de  liïret  au 
glawe  de  l'insurrection  et  de  la  guerre  civile 
plus  de  3o  milliorts  d  hommes. 

Le  sixiçme  et  dçrnier  des  motifs  t^ont  j'ai  p?,rlé 
fui  ceitf  sage  et  merveilleuse  Içtire  dg  lord  Greii- 
ville  :  écrii  ,  à  mon  avis ,  honteijx  et  misérable  , 
i^ans  lequel  on  refusa  insoletpraent  de  iraiier  avec 
un  ennemi  dont  les  proppsitionj  ç'^ipnt  SagÇS  , 
Hioijéréeç  ,  et  ,  selpii  ioy,te5  If  s  ?pp^repçf  ç  , 
tîntes   de  boijpe  foi.  ^      ■    — 

pQ^rrjit  çnçore  se  ççinfiçi;  !  §lle  psottîtiit  estimer 
çncçiç  uq  rniaiçtri;  qui  a  prouvé  qu'il  ne  ïait 
àpj^réçieî  îii  l'ppipiçin  publique  de  lïurope  ,  ni 
U  yçaif  sitUftiioi^  dif  1^  France ,  r>i  Us  seiatiiuens 
4e  4Ç5  ^a^ii^n* ,  ni  les  rçssourççi  de  son  gou- 
V.çrt}ernept,  ni  le  noçnbre,  ni  les  disppsidons  ,  ni 
lç5  fçrçcj  de  sçs  armées  !  qui  ne  paraît  pas 
r^ç\)3^  ^qh  coiiDij  les  ressot}rç«:s  d«  nos  alliés ,  et 
qui  pendant  que  l'un  d'eux  nous  rçtirç  son  appui , 
nou^  aq;)use  dun  prétendu  ttait^  dQnt  l;>ientrôt 
il' n'est  plus  question  !  Qua.m  à  moi,  jç  tien$ 
qu'un  pareil  minisire  niarique  de  toute  pru- 
dence comme  politique ,  et  de  toute  sagacité 
cojAme  hoirime  d'état.  Jç  dçcl.arequil  ne  pçut 
ni  conduire  la  guerre  avec  succès  ,  ni  fairç  la 
paix  avec  honneur. 

^tpoijrtant,  qtjpi  qw'il  air  çchoué  dans  tous 
t.es.  calculs ,  il  lui  reste  ,  pour  continuer  Ig  guerre , 
u,ri  tijQiif  personne;!  et  particulier.  Chacun  peut 
»Ç  rappeler  que  ,  lorsque  le  caractère  de  Bonaparte 
fiit  ici  le  sujet  d'une  discussion  ,  I  honorable 
içcnbre  descendit  aux  injures  les  plus  basses, 
au>  plus  ignobles  outrages.  Le  ministre  n'ajouta 
rien  à  Is  considération  qu'il  mérite  ,  en  se  per- 
rueltaiit  de  traiter  avec  çeite  grossièreté  un  homme 
véri'ijiblement  grand  ;  mais  quoique  l'on  puisse 
penser  de  sa  co.iduiie  en  cette  occasion  .  il  est 
natiirel  de  supposer  qu'il  sera  embarrassé  pour 
.traiter  ayec  un  personnage  sur  lequel  il  s  est  ex- 
primé d'une  façon  aussi  contraire  à  la  mesure 
d  un  politique  ,  qu'aux  manières  d  un  homme  bien 
élevé.  Son  amour-propre  I  engagera  à  prolonger 
la  guerre  ,  et  la  nécessiié  seule  pourra  le  déter- 
miner à   changer  d  opinion. 

O.Q  ne  me  saura  pas  mauvais  gré  de  m'arrêler 
ici  sur  le  caractère  et  la  conduite  de  Bonaparte  , 
d,oni  i,l  ^  tant  été  parlé  dans  nos  précédentes  dis- 
cussions ,  ei  je  demande  à.  tout  homme  de  bonne 
foi  qui  in'écouie  ,  si  loutes  les  actions ,  foules  les 
mesures  dç  cet  homnie  extraordinaire  ,  depuis 
quii  est  revêtu  ,  en  France,  du  pouvoir  suprême, 
ne  sont  pas  propres  à  placer  son  caractère  au  plus 
haut  rang  dans  les  annale;  de  l'humanité  ,  de  la 
sagesse  et  d,e  Is^  v^ctu. 

Qjjclle  opitjipn  doit-pR;  avpir  en  France  d'un 
miiiisire  qui  ,  il  y  a.  trois  mois  ,  déclamait  si 
haute,ment  contrç  ce  général  ?  Ç  éiai)  un  athée, 
nous  disait-pn  ,  il  insultait  à  la  religian  de  lEu- 
rope  ;  c'était  un  ravageur  ;  en  courage  ,  en  talens 
militaires,  il  était  inférieur  à  Suwarow  :  nos  ma- 
telots i^âoies  ,  aux,  murs  de  Saint-Jean-d'Acre  , 
avaient  souri  de  aan  ignorance  dans  l'art  de  la 
guerre. 

Hé  bien  .'  cet  athée ,  il  a  protégé  la  religion;  ce 
perfide  aventurier  a  fidèlement  observé  la  foi  des 
traités  :  les  sciences  et  les  arts  ont  trouvé  protec- 
tion C4  encouragement  sous  l'autorité  de  ce  bri- 
gand ;  cet  usurpateur  si  féroce  ,  a  eu  pitié  des 
misère?  humaines  ,  il  a  soulagé  l'infortune  ,  et  la 
victoire  a  couronné  les  trqupes  françaises ,  guidées 
par  cet  apprentif  dans  l'art  des  combats. 

Ce  n'est  pas  sens  étpnnernent ,  je  l'avpue  ,  que 
ye  me  rappelle  la  roaniçre  dpni  ce  général  fut 
traité  dans  cette  enceinie.  J'eusse  attendu  d'un 
membre  du  parlement  d'Angleterre  plus  de  can- 


iipuRle  4e  parler  %\  longuement  de  Bonapirte ,  W  ;  dre  des  mesure!  qui  acheveiwit  1»  ruine  de  cet 
toutes  ses  démarches  n'étaient  remarquables  par  ;  allié  ,  et  rendront  cet  ennemi  invincible.  Tel  n'a 
une  rare  modéraiion  ,  par  une  humanité  sin-  I  pas  été  jusqu'à  présent  I  esprit  du  parlement  ; 
çnliere  ,    et    par    des     talçns  itvipéri«?,qrs  à  tpMtS    J^js   iie  <wre»l  pas   les  sentimens  et  la  çoB^pue 


concurrence. 

Ouant  à  la  paix  ,  je  vais  ledif«  ,  c'est  le  comble 
fit  la  preuve  de  notre  infortune  que  le  peuple 
n'ait  point  assez  d'énergie  pour  exprimer  sa  véri- 
table opinion  ,  sur-tout  dans  un  moment  oîi  il 
est  si  esscniiel  de  la  connaître.  Cependant,  quoi- 
qu'en  général  on  garde  le  silence  ,  et  que  ,  mêtne 
dans  ç.eije  çhîrohre  ,  on  ne  se  déclare  pas  pour 
la  paix,  à  peine  se  trouve-t-il  un  homme  instruit 
de  nos  désastres  qui  n'ait  éprouvé  à  cette  nou- 
velle quelque  sentiment  de  joie,  dans  l'espoir 
que  ces  événemêns  contribueront  à  la  paçifica- 
ijpn,  Les  amis  mêmes  du  gouvernement,  et  les 
hommes  à  argent ,  observent  que  les  fonds  ont 
monté  par  suiie  de  l'opinion  généralement  ré- 
pandue que  les  ministres ,  après  tant  de  preuves 
de  l'extray^gance  de  leurs  vues,  écouteront  enfin 
la  voix  de  1  humanité  ,  et  useront  de  leur  in- 
fluence pour  lertttiner  cette  longue  scène  de 
malheurs  e.t  de  carnage. 

Je  ne  peux,  au  reste,  ra'empêcher  d'appeler 
l'attention  de  la  chambre  sur  l'état  d'apaibie  que 
^e  remarque  dans  le  peuple.  C  ejt  un  triste  aspect 
que  celui  d'une  nation  entière  insensible  aux 
misères  qui  affligent  une  si  grande  portion  de 
l'espèce  humaine  :  c'est  en  voyant  cette  dispo- 
sition que  je  trouve  vraiment  notre  situaupn 
déplorable. 

Nous  ne  demanderons  pas  la  paix,  disent  les 
ministres,  nous  attendrons  que  les  défaites,  les 
malheurs  et  la  honte]  et  le  massacre  de  nos 
alliés  soient  consommés.  Etranjie  contre-sens  , 
qu'il  y  ait  si  peu  de  vertu  puolique  et  de  pu- 
blique indépendance  dans  un  pays  riche  de  tant 
de  choses  propres  àinspirer  des  sentimens  hon- 
nêtes et  vertueux  ;  et  cela  dans  un  moment  où  le 
danger  commun  exige  |e  concours  de  tous  nos 
efforts  pour  résister  au  torrent  qui  nous  menace  ! 
Je  n'insise  pas  pltis  long-teras  sur  cette  matière. 
J'ai  taché  de  tourner  1  attention  de  la  chambre 
vers  les  événemêns  qui  se  passent  sur  le  grand 
théâtre  du  monde  ,  et  je  me  flatte  qu'il  est  lems 
encore  d'espérer  que  le  parlement  anglais  s  é- 
veillera  au  bruit  des  périls  dont  la  nation  est 
menacée. 

Quant  à  ma  motion  ,  je  ne  pense  pas  que  les 
ministres  s'y  opposent.  Heureux  ,  au  contraire  , 
s  ils  profilaient  de  cette  occasion  pour  montrer 
qu  ils  prennent  quelque  intérêt  au  repos  public  , 
en  s  unissant  à  moi  pour  demander  qu'avant  de 
terminer  leur  session  ,  les  représenians  de  la  na- 
tion anglaise  considèrent  dans  leur  sagesse  col- 
lective 1  importante  question  de  la  guerre  et  de 
la  paix. 

J'en  ai  dit  assez  sur  ma  motion  ,  et  je  laisse 
à  la  prudence  du  ministre  à  examiner  s'il  doit 
s'y  opposer  ou  la  soutenir,  tije  propose  donc 
que  la  chambre  soit  invitée  à  se  réunir  d'aujour- 
d'hui en  i5  jours, 

M.  Pitt  se  levé  au  moment  où  l'orateur  allait 
prendre  l'avis  de  la  chambre.  Tout  le  discours 
du  prèopinani ,  dit-il  ,  peut  se  réduire  à  deux 
ppints  J  savoir  ,  qu'il  faut  ou  négocier  »ur-lç- 
champ  avec  la  France  ,  pu  confier  à  d'autres 
ministres  les  affaire;  de  ce  pays-ci  :  il  eût  miei^x 
fait,  ce  m,e  semble.,  de  présenter  expHcitement 
l'une  ou  l'autre  de  ces  motions.  Quant  à  l'ap- 
pel de  la  chambre,  il  me  paraît  inutile,  ainsi 
que  le  fut  toujours  toute  mesure  de  ce  genre, 
parce  que  si  la  matière  qu'il  s'agit  de  discuter 
est  réellement  d'un  grand  intérêt ,  elle  attirera 
par  elle-même  tous  les  membres  à  leur  poste, 
sans  qu'il  soit  besoin  de  ces  itivitatipns  forcées 
toujours  susceptibles  de  beaucoup  dincon- 
vénlens..  Les  raisonnemens  de  l'honorable  mem- 
bre sont  uniquement  fondés  sur  les  nouvelles 
récemment  arrivées  de  France  ,  et  qui  lui  pa- 
raissent assez  authentiques  pour  qu'il  nous  faille 
en  conséquence  changer  sur-le-champ  dç  sys- 
tème ,  et  abandonner  la  conduite  que  nous 
suivons  depuis  près  de  huit  années.  Des.  récils 
faits  par  l'ennemi ,  quelqtie  positive  qu'çn  puisse 
être  la  forme  ,  ne  peuvent  gueres  ,  aux  yeux 
d'un  homme  sans  prévention  ,  être  considérés 
comme    des    documens  authentiques  :   et  il   rhe 


deur  et  plus  de  dignité-,  mais  cette  malheureuse     paraîtrait  étrange  que  la  chambre,  sur  de  pareille; 

guerre   nous  a    rendus   soijrds  à   ces  sentimens  .      .        ■  .        . 

héro'iques  qui  jadis  entretenaient  parmi  nous  un 

esprit  loyal  et  martial.  Le  général  français  a  prouvé 

quil    était   digne   déshonneurs  dus   aux   héros. 

Jamais  ,  depuis  les  jotjrs   d'Annibal  et  de  Rome  , 

de  plus  brillans   événemêns  n'ont   dû  être   suivis 

de  plus  imporirantes  conséqiiences  (i).  J'aurais  cru 


notions  ,  crût'  devoir  prendre -djes  mesures  pré- 
cipitées dans  une  affaire  d'où  dépérirent  et  notre 
sûreté  et  la  tranquillité  de  toute  l'Europe.  L'en- 
nemi lui-même  ne  nous  fournit  encore  sur  ces 
laits  aucun  récit  officiel  ;  du  moins  n'en  ai-je 
vu  aucun  dans  les  journaux  de  Paris.  Et  c'est 
sur  ces  informations  incomplettes  qu'on  invite 
la  chambre  des  communes  à  faire  une  démarche 


,,,  T       «T       ■       /-L       •  ;  1        ■     ■  auprès  du  pouvoir  exécutif ,  à  exercer  un  droit 

(t)Le  Afornm^-CAront../.  rapporte  la  citation  dont  elle  ne  doit  faire  usage  qu'avec  la  plus 
suivante  conime  ayant  ete  fane  par  M..  Sheridan  ^û,^  réflexion  et  dans  les  ^as  les  plus  urgens; 
acel  endroit  de  s.on  discours  .-  carcestun  droh,  de  sa  nature,  extraordinaire,  et 

<'  Un  hotnme  (  dil-i,l  de  Bonaparte  )  cujus  ado- \  réservé  seulement  pour  des  circonstances  exirê-  .  -, t,. >,,„.,.  i,uuj  suiumes 

lescenlia,  m  scifiitiam  rei  militaris  ,  non  a/icnii  mes.  Présenter  une  semblable  proposition  .  c'est  1  dit-il ,  des  ministres  sage»:  nous  a.vons  pris  pour 
preceptis  sed  ju«  imperik ,  non  defensionibus  b-elli  dire  à  la  chan^bre  :  Vous  ne  connaissez  ni  les  le  bien  de  notre,  pays  les"  mesures. les  nueuxcaU 
sed  victoriii  ,  ^ûn  stfpendiij  ,  s£d.  triutnpJùs  ut  pertes  de  votre  allié  .  ni  les  avantages  de  votre  1  culées,  :  la  fortttne  ^euJe  a  trpmpé  notre  aiieB4e.- 
^^dita.  ,  I  ennemi;  cependant  ,  je  vous  conseille  deprèn-'Mais  Ipisque  j'ai  fait  vpir  que  toutes  les  mesures 


qui ,  dans  de  plus  grands  désastres  ,■  nous  firent 
triompher  des  périls  qui  nous  menaçaient ,  et 
nous  dictèrent  des  mesures  propres  à  ?auv«r  et 
nous   et  le  reste  de  1  Europe. 

Dans  la  récapitulaiion  curieuse,  que  l'hono- 
norable  membre  a  jugé  à  propos  de  fctire  def 
motifs  qui  nous  ont  décidés  à  la  continuation 
de  la  guerre  ,  il  a  omis  et  les  raisons  pririçipales, 
et  la  qualification  de  celles  qu'il  a  déduites  ;  il 
a  parlé  des  espérances  que  nous  fondions  sur 
les  jecpurs  de  noj  alliés  ,  el  sur  l'épui^me^t 
de  notre  çrinen^i  ,  non  seolem.tnt  sous  le. rapport 
railiiaiie  ,  mais  sous  celui  de  ses  finances  :  et 
sur  ce  dçrnier  ppin! ,  le  préopisant  n'a  pas  prouvé 
que  nous, nous  soyons  itompés.  Notre  véritable 
et  essentiel  argument  se  réduisait  à  ceci  :  y  a-t-il 
quelque  probabilité  que,  par  nos  propres  eftor<# 
et  le  concours  de  nos  alliés  .  nous  ptiission» 
parvenir  à  une  position  assez  siire  pour  que  \% 
paix  soit  préférable  à  la  guerre  ?  A  ce  se»l 
point ,  se  rapportèrent  tous  les  raisonnemçnsdont 
on  a  fait  l.a  critique.  Si  les  événemêns  ppt  trpmp4 
nos  calculs  ,  il'  ne'  s'ensuit  pas  que  nos  espé» 
rances  fussent  mal  fondées.  Le  préopinant  a 
travesti  des  inductions  en  promesses.  Mai?  Ic 
gouvernement,  a-t-il  promis  que  les  aulrichiç.ftl 
seraient  constamment  vainqueurs?  a-t-il  dit  qtj'il 
n'arriverait  aucun  échec  résultant  même  d'evé- 
nemens  que  toute  la  prudence  n'eût  pu  pré- 
voir. Non  ,  sans  contredit  ;  mais,  sans  contredit 
aussi  ,  personne  ne  s'est  déterminé  à  continuer 
la  guerre  ,  sans  se  résoudre  à  en  subir  les  chances 
avec  courage  et  fermeté.  Si  nos  alliés  échouent 
dans  leurs  plans  ,  si  quelques-uns  manquent 
aux  efforts  que  nous  en  attendions,  du  moins 
ne  nous  manquons  pas  à  nous  mêmes,  quelle 
qu'ait  pu  être  la  conduite  des  autres  dans  de» 
circonstances  qui  nous  sont  encore  si  imparfaite- 
ment connues.  S  il  nous  faut  négocier ,  attendoAt 
pour  le  faire  que  nous  connaissions  la  situatioa 
de  nos  alliés  et  celle  de  nos  ennemis;  nous  trour 
verons,  il  y  a  lieu  de  le  croire,  que  les  avantages 
de  ceux-ci  ont  été  achetés  plus  chèrement  qu'oa 
ne  le  dit.  Nous  ignorons  encpre  quelles  sont  le» 
ressources  de  nos  alliés ,  et  s'il  ne  leur  içste  pa» 
quelque  moyen  de  réparer  les  pertes  que  leur  a 
pu  faire  essuyer  une  audacieuse  ,  une  imprévu<ii, 
et  aventureuse  entreprise.  Ce  n'est  ici ,  dai'lew», 
ni  le  lems  ni  le  lieu  d'une  discussion  au  n^ipins, 
prématurée  ;  et  nous  ne  devpns  pas  nous  presse^ 
de  faire  une  démarche  qui,  en  nous  entrainai>t  à 
une  négociation  séparée  ,  çlonnerait  à  l'enpemi 
tout  l'avantage  des  conditions.  Qiielles  qu'ayent 
été  les  vicissitudes  de  la  fortune  ,  la.  chambre 
s'honore  d'être  restée  ferme  et  calme  ;  et  jamais 
ni  les  artifices  des  jacobins  ,  ni  leurs  feinte» 
alarmes  ne  nous  ont  poussés  à  des  mesures  qui  nfe 
conviennent  pas  plus  à  notre  dignité  qu'à  nos  in- 
térêts. Soit  que  nous  devioiu  un  jour  faire  une 
paix  déterminée  par  les  conjonctures,  soit  quç' 
nous  devions  continuer  à  soutenir  la  cause  coia.« 
mune  avec  la  participation  des  autrichiens  ,  o^' 
que  nous  soyons  réduits  à  défendre  notre  honnear 
et  nos  droits  par  nos  propres  fqrças  ,  il  ssfiit , 
dans  chacune  de  ces  suppQs.ition&  ,  imprudei^t 
d'adopter,  sans  fpndemens  ultérieurs  ,,  la  prqpQ<« 
sition  que  le  préppinant  VPUS  a  fait?,. 

M.   Janii    a    parlé   dans   le  même    sens    que 
M.  Sheridan.  ^ 

Ce  dernÎM  a  repris  ia  parple  : 

Mon  prpjet ,  a-t-il  dit ,  n'est  pas  de  fatiguer  la 
chambre  par  de  longues  observations  ;  j'en  ai  dit 
assez  pour  convaincre  tous  ceux  qui  meniendent 
de  la  çpnvenance  de  ma  motion.  Mais  je  me  vois 
obligé  de  relever  quelques  expressions  échappées 
à  ihonorable  membre  qui  la  combattue.  Il  m'a 
reproché  d'avoir  manqué  de  modération  :  cela 
n'est  pas  impossible  ,  et  il  doit  avouer  qu'il  ne 
m'a  pas  donné  l'exemple  de  la  réserve;  lui-mêin« 
ne  m'a  jamais  paru  si  hors  de  mesure  ,  et  proba- 
blement son  émotion  a  nui  à  son  intelligence:, 
car  il  nous  a  présenté  aussi  peu  d'idées  que  s'il 
avait  battu  du  tambour  ou  sonné  de  la  trompette. 
Nous  avons  eu  force  mots  et  belles  phrases  ,  mai» 
de  raisons  ,  aucune.  J'ai  eu  tort ,  selon  lui ,  de  n« 
pas  parler  de  l'épuisement  des  finances  d.e  France  : 
mais  si  je  n'en  ai  point  fait,  meniipn  ,  c'cs,t  an.^ 
I  ni  lui  ni  ses  amis  tien  ont  rien  dit  dans  la  disçus.» 
1  sion  que  j'examinais.  Souvent,  avant  CÇUeéppqnç, 
ils  avaient  parlé  de  la  banqueroute  de  la  France- 
souvent  ils  nous  l'avaient  représenté  ,  ce  pays 
comme  prêt  à  s'engloutir  dans  le  gouffre  dç  sa 
ruine;  mais  à  cet  égard,  aussi  bien  qu'à  tous 
autres  ,  leurs;  assertions  ont  été  démenties  par  lé- 
vidence  des  faits  ;  et  dans  la  crainte  qu'on  ne  leur 
rappellât  ces  promesses  illusoires ,  ils  s^'abstinreiM! 
de  les  répéter  Jor^  de.  l'e^iîjro.eti  cj«s  pp.QposiiiaB» 
de  Bonaparte. 

Le  TOknisitie ,  ppur  e«Gi*sef  sa  cpnduite ,  assume, 
qu'il  ne  nous  avait  rien  promis.  Nous  somrtîes 


ii5g 

étaient  fausses  que  wus  ces  raisonnemens  liaient  "co.'Tmi,!  ;  mais  cela  ne  lui  a  pas  été  possible 
absviKles,  quelle  pitoyable  excuse  n'est-ce  pas  111  est  descendu  à  l'hôtel  des  Célestins.  Averti  de 
que  cie  venir  dire  qli  on  ne  nous  a  rien  promis?  |  sou  arrivée,  le  préfet  s'est  rendu  auprès  de 
torsque  celui  que  le  ministre  nous  vantait  comme  j  lui  avec  les  étals-majors  de  la  division  et  de  la 
un  aille  précieux  et  magnanime ,  a  abandonne  place  ,  el  le  commissaire  général  de  police  , 
notre  cause  ,  et  est  sur  le  point  de  nous  déclarer  |  uir^si  que  les  présidens  et  commissaires  des  diffc- 
u:J""''!',     ""ï"^    '^^   troupes   qui    devaient    si  j  rens  tribunaux  ,  çt  les  différentes  autoriiés  civiles 

='  administratives.  Le  consul  a  parle  à  chacun 
des  ionciions  qui  lui  étaient  propres,  avec  une 
connaissance  des  faits  qui  démontre  qu'aucune 
partie  de  l'adminislralion  ne  lui  est  éiran"ere. 

Le  consul  s'éiant  déterminé  à  rester  jusqu'au 
lendemain  pour  poser  U  première  pierre  de  la 
réédification  des  magnifiques  façades  de  la  place 
de  Bellecour  ,  détruites  par  Couihon  après  le 
siège  de  Lyon  ,  la  nuit  a,  éié  employée  aux 
préparatifs  de  cette  cérémonie.  Une  médaille 
dont  la  légende  et  l'inscrlpiion  ont  été  ariêiées 
par  le  préfet  et  les  ciiovens  Delandine,  Bc-rcnger, 
Chinard  ,  etc.,  a  cié  frappée  lelaiivement  à  la 
circonstance  ;  des  plans  ont  éié  présentés  ,  Je 
local  a  été  disposé  ,  Ips  troupes  ont  été  com- 
mandées ,  ks  autorités  convoquées. 

Le  lendemain  à  dix  heures  ,  le  préfet .  accom- 
pagné de  tous  les  corps  administraiifs  et  judiciaire, 
et  d'un  concours  considérable  de  citoyens  ,  s'est 
rendu  auprès  dtj  consul.  Tous  les  états-majors 
étaient  déjà  réunis.  Le  consul  est  monté  à  cheval , 
ayant  à  ses  côtés  le  préfet  et  le  général  division- 
naire ,  s'est  rendu  sur  la  place  de  Bellecour,  au 
milieu  d'une  afïluence  immense  de  peuple  ,  et 
des  cris  unanimes  de  vive  U  consul,  uive  Bona- 
parte ,  honneur  à  celui  qui  réédifie.  Rendu  sur  la 
place  ,  le  eonsul  a  passé  en  revue  des  troupes 
rangées  eti  bataille.  Il  a  distingué  la  l5=.  denxt- 
brigade  d'infanterie  légère.  Il  lui  a  rappelé  qu'elle 


t>içn  remplacer  les  russes  sont  presque  taillées 
çn  pièces  ,.  et  gue  les  possessions  de  leus  piince 
%00t  au  pouvoir  de  l'ennemi  ;  lorsque  les  armées 
ftançaises  ,  qu'il  nous  peignit  comme  complctie- 
ment  désorganisées  et  impossibles  à  recruter  , 
triomphent  sur  tous  les  points  ,  et  présentent  à 
Vf urope  laspect  le  plus  formidables  lorsque  les 
qijtriçbiens  ,  doni  il  nous  vanlajes  trophées  ,  dont 
il  iiçiij?  prédit  les  succès  et  dont  il  nous  garantit 
li'afiçeti<wi  ,  çhsssés  de  l'Italie  ,  tremblent  pour 
l.egr  capitale,  refusent  de  faire  un  traité  avec 
nous  ,  çi  probablement  négocient  en  ce  moment 
avec  les  français  ;  lorsque  (es  royalistes  qui  ,  sui- 
vant lui,  sufijsaient  à  eux  seuls  pour  rétablir  en 
Çrance  la.  royauté,  sont  tous  réconciliés  avec  le 
gouvernement  républicain  j  lorsque  ce  person- 
i^gge  qu'il  traitait  avtfc;  tant  de  mépris,  auquel  il 
prodigua  tant  d'injures.,  5'çst  couvert  d'une  splen- 
^ctjr  sans  exemple  ,  et  qu'il  a  donné  des,  preuves 
de  presque  tous  les  genre?  de  perfection  ,  l'hono 
ïable  TOerpbre  nous  ose  dire,  par  une  puérile  et 
4jqisér3ble  évasipn  qu'il  ne  rious  avaii  rien  promis  ! 

Qu'f>i  ,  il  ne  mérite  pas  de  reproches  pour  avoir 
manqué  d'inlelligeBce ,  pour  avoir  méprisé  de 
sages  conseils,  pour  avoir  agi  sans  prévoyance, 
sans  réflex'Oii ,  pour  avoir  persisté  par  opiniâtreté 
dans  des  mesures  ruineuses  et  impoliliques  i  et 
de  tout  cela  il  en  sera  justifié  par  cela  seul  qu'il 
ne  nous  a  rieia  promis  !   à  mes  yeux   il  demeure 


convaincu   qû  d'une  incapacité  notoire  ou  d'une     avait  passé  avec  honneur  le  Tagliamento  en  face 
mauvaise  foi  sans  excuse.  S'il  a  cru  ce  qu'il  disait,  ]  de  l'ennemi.   Il  a  appelé  par  leur  nom  plusieurs 


il  manque  de  cette  pénétration  ,  de  cette  sagacité 
de  celte  netteté  de  jugement  qui  sont  nécessaires 
à  un  ministre;  si,  connaissant  le  véritable  état 
des  choses  ,  et  prévoyant  ce  qui  a  dû  arriver .  il  a 
parlé  avec  la  confiance  d'un  homme  qui  espère 
la  victoire  .  etproion^é  par  obstination  la  guerre, 
il  n'y  a  point  de  termes  assez  forts  pour  exptirfler 
les  reproches  qu'il  mérite. 

J'ai  cru  de  mon  devoir  de  proposer  que  les 
membres  de  lachambre  fussent  invités,  avant  leur 
(Jépart,  à  se  rçunir  pour  pouvoir  se  former  une 
Opinion  sur  l'état  acfîiel  des  choses;  ma  motion 
n'a  nul  autre  objet  ,  et  Ton  ne  peut  faire  d'im- 
pijtation  plus  fausse  que  de  me  supposer  le  projet 
3e  semcrici  la  crainte  ,  ou  d'encourager  l'ennemi. 
Je  n'ai  point  désespéré  de  notre  salut ,  et  je  suis 
prêt  9  verser  la  dernière  goutte  de  mon  sang  plu- 
tQX  quç^  devoir  mon  pays  se  déshonorer  ou  com- 
promettre son  iodépendanee;  mais  il  serait  im- 
ptardonnable  à  un  ministre  d'oser  proroger  le 
parlement  dans  des  conjonctures  ou  chaque  jour 
peut  amener  des  évéuemens  qui  intéressent  l'exis- 
tence de  l'état.  Je  me  flatte  qu'il  ne  pensera  point 
4  cette  prorogation  ,  et  je  m'étonne  ,  je  l'avoue  , 
at^'ii  trouve  quelques  objections  à  faire  à  l'appel 
de  la  chambre. 

m  toiit  ce  que  j'ai  dit  ne  résulte-t-il  pas  ,  pu 
^u'il  iWi  discontinuer  la  guerre  ,  ou  que  du 
moins  il  faut  réunir  tous  les  membres  de  la 
chambre  pour  examiner  s'il  convient  de  la  faire 
Snir?  De  qtjelle  responsabilité  ne  se  charge  pas 
le  miuistre ,  s'il  persiste  'dans  son  système  ?  La 
ruine  commune  peut  en  résulter.  Si  je  disais  que 
les  français  .  libres  aujourd  hui  de  disposer  d'une 
grande  qtjantité  de  troupes  .  peuvent  préparer 
3  Brest  un  armement  et  l'envoyer  dans  nos 
colonies  des  Indes- Occidentales  ,  l'honorable 
membre  me  soutiendrait  qu'un  pareil  projet  est 
ipnpraiicable  ,  et  que  nos  possessions  dans  toutes 
les  parties  du  monde  sont  parfaitement  en  sûreté. 
Mais,  après  le  résultat  de  toutes  ses  prédictions  , 
qui  pourrait  encore  cioire  à  quelques-unes? 
quoique  dans  sa  profonde  connaissance  de  la 
nature  humaine,  il  nous  assure  de  l'impossibilité 
de  cet  autre  point  ,  ne  pouvons  nous  pas 
çrairrdre  aussi  que  l'empereur  de  Russie  influencé 
par  les  français  ne  déclare  la  guerre  à  ses  anciens 
alliés?  S'il  nous  assure  que  notre  commerce 
doit  contint^ier  à  fleurir ,  et  nos  finances  à  pros- 
pérer,  ne  serions  nous  pas  en  droit  de  lui  ré- 
pondre, que  déjà  il  s'est  trompé?  Ces  messieurs 
«ni  une  étrange  manière  d'appliquer  l'expérience 
aux  autres  et  à  eux  mêmes.  Il  ne  faut  point  , 
disent-ils  ,  se  fier  à  quelqu'un  qu'on  ne  le  con- 
i^aitse  paifaitetnent  ;  et  «i  dan»  une  seule  cjr- 
«OQitance  il  a  eu  quelque  tort,  il  ne  faut  ja- 
mais prendra  confiance  en  lui.  Mais  ils  récla- 
ipe.Dt  pour  eux  et  la  confiance  et  la  considéra- 
tion ,  quoique  chaque  événement  les  convainque 
d'ignorance,  de  présomption  etd'imcapacité. 

La  chambre  s'étant  partagée  ,  il   y  a  eu  pour 
la  motion   i^  \  contre,  124.    Majorité  97. 

INTERIEUR. 

Extrait  d'une   lettre  écrite  de    Lyon ,    en  date   du 

II  me-uidar. 

Le   premier   consul   est  arrivé,   à  Lyon  ,   le    g 

messidor  à  i  heures  du  soir,  «ans  y  être  annoncé, 

ni  attendu.    Son    intention  était  de  garder  l'in* 


ofEciers  et  soldats  :  il  s'ett  informé  de  leurs  be 
soins,  ils  ont  répondu  par  les  cris  de  vive  le 
consul ,   et  lui  par  celui  de  vive  la  république. 

Après  la  revue  U  s'est  porté  à  l'un  des  angles  de 
U  place,  ou  le  citoyen  de  Vouge  commence  à 
reconstruire.  On  y  avait  pratiqué  une  enceinte  , 
dans  laquelle  les  autorités  civiles  et  militaires 
étaient  rangées  ;  il  est  descendu  de  cheval  avec 
son  cortège  ,  et  parvenu  au  lieu  oîi  la  pierre  était 
disposée ,  il  a  écouté  le  discours  suivant  que  le 
préfet  lui  a  adressé. 

Citoyen  premier  consul , 
Quinze  jours  sont  à  peine  éconTés ,  vous  con- 
quérez pour  la  seconde  fois  l'Italie  par  une 
victoire  qui  a  surpris  ceux  mêmes  que  vous  aviez 
le  plus  accoutumés  à  l'admiration ,  et  de  cette  main 
qui  fut  si  terrible  à  l'ennemi ,  vous  relevez  les 
ruines  célèbres  d'une  ciié  malheoreuse  1  dans 
ce  concours  de  grandes  circonstance»  ,  quelques- 
uns  admireront  seulernent  un  efïèl  de  cette  pro- 
digieuse activité  de  génie  et  de  courage  <  qui  , 
dans  le  cercle  étroit  de  quelques  mois  ,  vous 
fait  triompher  dans  les  sables  brûlans  de  l'Afrique, 
et  parmi  les  glaces  des  Alpes  ,  vous  fait  étoulTer 
les  serpens  des  discordes  civiles,  et  reporter  la 
nation  à  des  principes  d'ordre  et  de  prospérité. 
Des  juges  plus  profonds  y  verront  davantage  ;  ils 
y  découvriront  le  secret  de  votre  ame  ;  ils  y  re- 
connaîtront que  ramenant  la  victoire  à  son  véri- 
table objet ,  vous  ne  combattez  que  pour  rendre 
la  paix  aux  champs,  la  splendeur  atix  cités  ,  l'éclat 
aux  sciences  et  aux  arts,  et  les  doux  et  nobles 
loisirs  aux  nations.  Précieux  sentimens  ,  qui  ,  par 
tin  de  ces  contrastes  merveilleux  qui  n'appar- 
tiennent qu'à  vous  ,  nous  promettent  de  la"  part 
du  guerrier  le  plus  habile  et  le  plus  heureux  dont 
les  annales  du  monde  ayent  gardé  le  souvenir  , 
tious  promettent ,  dis-je  ,  un  gouveriiement  essen- 
tiellement civil. 

Sous  ces  grands  atjspices  ,  sors  de  tes,  rtiines , 
intéressante  el  malheureuse  cité  ,  que  |a  haine  de 
nots  ennemis  avait  désignée  à  la  folie  barbare  des 
destructeurs  !  renais  plus  brillante  qtje  jamais, fille 
de  Minerve  !  que  tes  monumens ,  nobles  fruits 
de  ton  industrie  et  de  ton  travail  ,  étonnent  de 
nouveaii  le  voyageur  !  Et  vous,  consul,  vous 
dont  les  faisceaux  triomphans  et  tutélaires  lui 
permettent  de  si  douces  espérances  ,  agréez  un 
premier  témoignaga  de  sa  reconnaissance  ,  dans 
ces  acclatnaiions  unanimes  d'un  peuple  immense 
qui  vous  proclame  son  «auvetjr. 

Le  premier  consul  a  posé  ensuite  la  pierre  dans 
laquelle  on  a  déposé  une  boîte  de  plomb  ren- 
fermant la  médaille  en  bronze  qui  avait  été  frap-> 
pée  dans  la  nuit. 

Après  cela  le  consul  a  pris  la  parole  et  a  dit  : 

"Administrateurs,  magistrats,  citoyens,  jus- 
qu'ici on  ne  vous  a  donné  que  des  espérances , 
dans  peu  vous  aurez  des  réalités.  La  paix  ,  seul 
but  de  mes  travaux  ,  fera  disparaître  les  ruines 
de  votre  ville  ,  rétablira  vos  20  mille  atteliers,  ra-  I 


père  du  général  Jouberl  était  du  nofnbre.  Le  eon- 
siil,  lorsque  le  préfet  lui  présenta  re  magistrat 
vénérable  ,  parut  extrêinemenl  aitendri  et  dit  i 
Joubcrt ,  Dcsaix  ,  voilà  deux  grandes  pertes. 

Le  citoyen  Chinard,  anime  distingué  ,  rnembre 
associé  de  1  institut  ,  -demanda  à  cette  occasion  , 
et  obtint  du  premier  consul  ,  la  permission  de 
sculpter  en  marbre  li^  buste  du  général  Desaix  pour 
la  gallerie  des  Tuilleries. 

Plusieurs  artistes,  entre  autre  Iç  cit.  Kévoil , 
élevé  de  David  ,  ont  piésenlé   des   dessins. 

Mercier,  graveur  trop  peu  connu,  a  mis  sons 
les  yeux  du  premier  consul,  des  morceaux  de 
son  art,  d'un  très-grand  mérite. 

Delandine  a  chanté  des  cot^plcls  relatifs  à 
l'événement,  et  Berenger  a  lu  un  fragment  d'un 
poëme  de  sa  composition. 

Le  consul  est  monté  en  voiture  à  une  heure  , 
et  est  parti  pour  Dijon  toujours  au  milieu  d'ua 
concours  immense,  escorté  de  plusieurs  généraux 
et  officiers  ,  et  du  corps  des  hussards  volontaires 
formé  à  Lyon  ,  lesquels  ont  été  constamment  de 
garde  auprès  de  lui  ,  et  l'ont  accompagné  jusqu'à 
la  première  poste.  L'enthousiasme  a  été  à  son 
comble  à  Lyon  dans  cette  grande  circonstance. . 
Toute  la  ville    a   été   illiiminçe  les  9  et   lo. 

Divers  plans  de  construction  ,  plus  beaux  qujij 
celui  de  la  place  détruite  en  l'an  2  ,  ont  été' 
présentés  par  des  artistes  d'un  grand  talent  ,  tels 
que  Marion  ,  Cochet.  Dupoisact.  On  jury  déci-' 
dera  de  celui  qiii  mérite  d'être  adopié.  Le  préfet 
a  pris  un  arrêté  d'après  lequel,  en  conséquence 
de  l'agrément  qui  a  été  donné  par  le  consul,  la 
place  de  Bellecour  portera  désormais  le  nom  de 
Bonaparte. 

La  médaille  représente  d'tjn  côté  l'efEgie  de 
Bonaparte  avec  cette  légendç  ; 

A  BONAPARTE    RÉÉD  IFIC  A  TEU  R    DE   L'VONt 

VERI^IN  A(î  ,    PRÉFET, 
AU  NOM   DES  I.YONNAI5    REqONNAISSAN». 

De  l'autre  côté,  une  guirlande  de  chêne  au 
milieu  de  laquelle  est  écrit: 

VAINq^UEUR    A    MARINGO  , 
DEBX     FOIS     C0NQ.UÉRANT 

DE    l'italie, 

IL  POSAIT  CETTE  PIERRE 

IB    ÏO    MESSIDOR    AN    VIII   DE    LA    RÉf  UBLIQpIt  , 

'PREMIER   DE   SON    C0NSt;LA  T. 


mènera  l'abondance  au  milieu  de  vous,  etc....»     «""Oat  jusqu  a  t  arrivée  de  la  brigade  du  générât 
î  p       11     •  •  Orandjean  ,    qui  passa  le  Lech  ,  et  se  porta  avec 


Des   salve!    d'artillerie  ,    une    musiqtje    nom- 
breuse ,  des  acclamations  immensel  ,  ont  accom- 


NOUVELLES  DE  L'ARMÉE  DU  RHIN. 

SÇT  Lf  bulletin  suivant  a  été  proclmné hier  dattf 
Paris  .  pkur  justifier  l'empressement  des  citoyens. 
Tous  les  événement  importons  de  la  guerre  seTaiit 
désormais  publiés  de  la  même  manière. 

Taris,  te  16  messidor. 

Le  général  Moreau  ,  commandant  en  chef 
l'armée  du  Rhin  ,  a  battu  l'armée  autrichienne 
aux  combats  de  Ncdersbeim  ,  Nordlingen  , 
Obershausen  ,  où  M.  Kray  commandait  en  per- 
sonne. L'ennemi  a  été  poussé  jusqu'à  Ingolstadt 
le  9  messidor.  Le  résultat  de  ces  différens  cora-' 
bats  a  été  la  prise  de  Munich  ,  d  oti  l'électeur 
de  Bavière  avait  été  obligé  de  se  sauver  avi-c 
toute_  sa  cour  ,  "^victime  de  son  avidité  qui  lui 
a  fait  trahir  ses  intérêts  et  eçux  de  son  pays, 
pour  quelques  millions  que  lui  ont  (ionnas  le» 
anglais  en  forme  de  subside. 

talour-d'Auvergne  ,  premier  grenadier  cle  H 
république  ,  combattant  dans  les  premiers  rang» 
des  grenadiers  de  la  46»  ,  a  été  tué. 

Copie  de  la  lettre  du  général  in  chef  de  l'armée  du 
Rhin  au  ministre  de  (a  guerre.  —^  Augsbourg  le  la 
messidor. 

L'ennemi  a  voulu  ,  citoyen  ministre,  noqs  em- 
pêcher de  déboucher  par  Rain  ,  et  avait  réuni 
son  armée  à  Neubourg.  Comme  dans  sa  retraite 
il  avait  une  marche  sur  nous ,  et  que  nous  avion» 
trois  défilés  à  passer  ,  la  Vernitz  ,  le  Danube  et 
le  Lech  ,  dont  le  raccommodage  du  pont  a  exigé 
près  de  douze  heures ,  le  mouvement  général  a  été 
retardé  :  cependantle  corps  du  génératLecourbe  » 
pu  passer  le  7  au  soir;  le  8  il  s'est  porté  en  Ba- 
vière ,  la  division  du  général  Gudin  sur  Poëtmest , 
et  celle  du  général  Montrichard  sur  Neubourg. 

Cette  dernière  a  trouvé  ,  à  Oberhausen  ,  an 
corps  ennemi  très-considérabla  ,  commandé  par 
M.  de  Kray  en  personne  .  et  a  commencé  uft. 
combat  très-vif.  Le  général  Lficourbe  y  est  ac- 
couru au  moment  oij  nos  troupes  étaient  forcéet 
décédera  des  forces  triples,  el  a  soutenu  le 
combat  jusqu'à  l'arrivée  de  la  brigade  du  général 


une    grande   rapidité   au   soutien    de  la  division 
Montrichard  ,    qui   se   maintenait  encore  par  sa 
pagné  cette  cérémonie.  ,  grande  valeur. 

Après  qu'elle  a  été  teripinée ,  le  conseil  s'est!  Un  bataillon  de  la  14  légère,  deux  de  la 
rendu,  avec  le  cortège  ,  chez  le  préfet  oii  il  a  46' de  ligne  ,  etdeuxde  la  57'ontabordérennem,i 
dinc  avec  les  autorités  et  plusieurs  citoyens  ;  le  '  avec    une    iatrép idttê, ,    dont    en    trouve    pta 


ii6o 


d'exemples;  l'ennemi  a  éié  culbuté  malgré  ses 
i'orces  considérables  et  a  exécuté  pendant  la  nuit 
sa  retraite  sur  Ingolstadt  par  les  deux  rives  du 
Danube  ,  après  avoir  brûlé  le  pont  de  Neubourg. 

Le  brave  chef  de  la  46=  ,  Forli  ,  et  le  premier 
grenadier  de  la  république  ,  Latour-d'Auveri;ne, 
qui  combattait  dans  les  rangs  de  la  première 
compagnie  de  ce  corps  ,  ont  été  tués  ,  ainsi  (jue 
deux  autres  capitaines.  Toutes  les  troupes  ont 
lait  dfs  prodiges  ;  la  84°  la  S?'  la  109=  et  un 
bataillon  de  la  10'^  légère  ,  formant  la  division 
Mont  richard  ,  o'nt  soutenu  l'effort  de  presque 
toute  i'avmée  ennemie  jusqu'à  l'arrivée  des  ren- 
forts. Les  généraux  autrichiens  disaient  à  Neu- 
bourg en  se  retirant;  11  Cette  armée  est  invincible, 
les  français  ne  se  sont  jamais  si  bien  battus.  " 
Il  y  a  eu  également  quelques  charges  de  ca- 
valerie des  4',  9=  de  hussards  et  11=  de  chasseurs 
et  des  traits  particuliers  de  bravoure  dont  le  chef 
de  l'éiat-major  vous  rendra  compte.  Vous  rece- 
vrez aussi  incessamment,  citoyen  ministre,  des 
détails  intéressaiis  sur  nos  marches  et  nos  com- 
bats à  Neuresheim  ,  à  Nordlingen  et  "sur 
les  tentatives  faites  par  l'ennemi  pour  nous  ame- 
ner à  des  négociations  d'armistice  ,  prétextées 
sttr  les  conventions  faites  entre  les  armées  d  Ita- 
lie ,  et  qui  lui  auraient  donné  le  tems  de  s'éta- 
blir en  Bavière. 

Je  l'avais  prévli,  et  déjà  le  général  Decaen  s'était 
rendu  ,  à  marche  forcée  ,  avec  sa  division  ,  sur 
Munich,   où  il  est  entré  hier  matin. 

Salut  et  fraternité.  Signé .,  MoREAt;. 

Pour  copie   conforme. 

Le  ministre  de  la  g'iicrre,  signé,  Carnot. 

Paris,  U  16  messidor  ,  an  8. 

Copie  de  la  lettre  du  général  de  division  ,  chef  de 
lé.tit-maj^r- général  de  l'année  du  Rhin  ,  au  mi- 
nistre de  la  guerre.  —  Au  quartier -général  à 
Augsbourg ,   le  11  messidor  an  8. 

Dans  le  combat  extrêmement  vif  qui  a  eu 
lieu  le  g  sur  les  hauteurs  en  avant  de  Neubourg, 
et  dont  j'aurai  1  honneur  de  vous  envoyer  in- 
cessamment le  détail,  le  brave  Latour-d  Auvergne 
a   Clé   tué. 

Nous  avons  ressenti  vivement  cette  perte  ; 
pas  un  soldat  qui  n'ait  versé  des  larmes  lorsque 
ses  restes  enveloppés  de  feuilles  de  chêne  et 
de  lauriers  ,  ont  été  déposés  aux  lieux  où  il 
avait  reçu  la  mort.  C'est-là  qu'un  grenadier 
rejournant  son  corps  ,  a  dit  :  il  faut  le  placer 
ainsi  ,fesant  toujours  face  à  l'ennemi. 

La  mémoire  de  ce  digne  guerrier  qui  nous  a 
laissé  de  si  grands  exemples  ,  vivra  long-lems 
dans  le  c-ceur  des  soldats  français. 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  une   copie  de 
l'Oidre  général  de  l'armée  ,  du   12   messidor. 
Signé  Dessolles. 

Pour  copie  conforme , 

Le  ministre  de  la  guerre ,  signé  ,  Carnot. 

■■  Extrait  de  l'ordre  général  de  l'armée  du  Rhin.  — 
Augsl'ourg .  le   12   messidor  an  8. 

Mes  camarades  , 

Le  brave  Latour-d'Auvergne  a  trouvé  une  mort 
■glorieuse  dans  le  combat  livré  le  9  messidor  sur 
les  hauteurs  de  Neubourg. 

Le  premier  grenadier  des  armées  de  là  répu- 
blique est  tombé  percé  d'un  coup  de  lance  au 
coeur.  Ses  yeux  mouians  ont  vu  fuir  l'ennemi  ,  il 
a  expiré  sansfait.  Les  soldats  à  la  tête  desquels 
il  combattait  si  souvent,  lui  doivent  un  témoi- 
gnage solennel  de  regret  et  d'admiration  ;  en 
conséquence  le  général  en  chef   ordonne  : 

1°  Les  tambours  des  compagnies  de  grenadiers 
de  toute  l'armée  seront,  pendant  trois  jours, 
voilées   d'un  crêpe  noir. 

a°  Le  nom  de  Latour-d'Auvergne  sera  conservé 
à  la  tête  du  contrôle  de  la  compagnie  de  la 
46°  demi-brigade  .  oij  il  avait  choisi  son  rang.  Sa 
place  ne  sera  .pas  remplie  ,  et  l'effecûf  de  cette 
compagnie  r»e  sera  plus  dorénavant  que  de 
Ss   hommes. 

3".  Il  seia  élevé  un  monument  sur  la  hauteur 
en  arrière  d'Oberhauseu  ,  au  lieu  même  oià 
Latour-d'Auvergne  a  été  tué.  Les  restes  du  chef 
<le  brigade  Forti ,  commandant  la  46'  ,  et  qui  a 
leçu  la  mort  à  ses  côtés  ,  après  avoir  fait  des  pro- 
diges de  valeur  ,  y  seront  aussi  déposés. 

4°.  Ce  monument ,  consacré  aux  vertus  et  au 
courage,  est  mis  sous  la  sauve-garde  des  braves 
de  tous  les  pays. 

Pour  copie  conforme  . 

Le  général  de  division  chef  de  tétat-major- 
^énérdl  de  l'armée  ,  signé ,  Dessolles. 
Pour  copie  conforme  , 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé  ,  Carnot. 


MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Les  agriculteuis  qui  s'appliquent  particulière- 
ment à  I  amélioration  de  nos  laines,  apprendront 
sans  doute  avec  une  grande  satisfaction^  que  le 
troupeau  de  race  métisse  qui  était  à  la  ménagerie 
de  'Versailles,  et  dont  on  cherchait  à  rendre  la 
conservation  si  hérissée  de  difficultés  .  vient  ,  y>ar 
les  soins  du  ministre  de  l'intérieur,  d'être  placé  à 
l'école  vétérinaire  d'Alforl.  Par  les  dispositions 
économiques  qu'il  a  prises  ,  son  éducation  qui  a 
donné  lieu  jusqu'à  présent  à  de  grandes  dépenses  , 
sera  désormaiscontinuée  utilement,  et  sans  aucuns 
frais,  sous  les  yeux  des  artistes  distingués  qui  com- 
posent l'école,  et  qui  se  chargent  aussi  de  donner 
suite  ,  et  de  veiller  aux  expériences  importantes 
qu'il  est  si  intércssatu  de  conduire  à  leur  fin. 


PRÉFECTURE     DE    POLICE. 

Paris  ,  te  16  messidor  an  8. 

Le  préfet  de  police  a  fait  annoncer  cette  nuit, 
aux  flambeaux  et  à  son  de  trompe,  les  nouvelles 
victoires  de  l'armée  du  Riiin  et  la  prise  de  Munich, 
capitale  de  l'électoral  de  Bavière. 

La  plus  grande  allégresse  est  dans  tout  Paris. 


T     R    I    B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Duchcsne. 
SÉANCE    DU     16    MF.SSIDOR. 

Les  membres  du  tribunat  se  réunissent  à  une 
heure. 

Ils  sont  revêtus  de  leur  grand  costume. 

Les  secrétaires-rédacteurs,  les  messagers-d'état, 
les  huissiers ,  et  les  divers  employés  du  tribu- 
nat ,  sont  également  revêtus  du  costume  qui  leur 
a  été  assigné. 

Tous  les  membres  portent  le  deuil  du  général 
Desaix. 

Les  colonnes  qui  soutiennent  la  salle  sont  char- 
gées de  drapeaux  ennemis  ;  leur  socle  est  entouré 
de  couronnes  de  lauriers. 

Un  sarcophage,  décoré  de  trophées,  est  élevé 
au  milieu  de  l'enceinte  ;  on  lit  sur  ses  deux  faces 
principales  : 

Aux    MANES    DE    Desaix. 

Aux  braves  Morts  aux  champs  de  Maringo. 

La  séance  est  ouverte  par  la  lecture  de  la  cor- 
respondance. 

Une  pétition  est  particulièrement  remarquée  , 
elle  est  adressée  au  tribunat  par  les  habitans  de  la 
commune  de  Saini-Cloud.  Ils  demandent  que  le 
château  élevé  dans  cette  commune  ,  soit  décerné 
au  premier  consul  Bonaparte  ,  à  titie  de  témoi- 
gmge  de  reconnaissance  nationale  pour  les  ser- 
vices qu'il  a  rendus  à  la  patrie. 

Le  tribunat  renvoie  cette  pétition  à  une  commis- 
sion composée  de  Challan  ,  Thiessé  ,  Andrieux  , 
Miot  et  Jubé. 

Le  président  prend  la  parole. 
Le  président  :  Tribuns,  elles  ne  sont  point  en- 
core dissipées  les  vives  émotions  que  vous  éprou- 
vâtes le  jour  où  cette  enceinte  retentit ,  pour  la 
première  fois  ,  du  triomphe  des  armes  de  la  ré- 
publique à  Maringo:  chaque  détail  sur  cette  jour- 
née à  jamais  mémorable,  chaque  réflexion  sur 
ses  résultats  si  brillans  ,  qu'ils  ont  passé  nos  es- 
pérances ,  les  entrelient  ou  les  renouvelle.  Quel 
est  l'homme,  quelque  confiance  qu'il  ait  dans  la 
valeur  de  nos  braves,  dans  le  courage  et  l'habileté 
de  leurs  chefs  ,  et  dans  le  génie  incomparable  du 
héros  de  1  Egypte  et  de  l'Italie,  qui  eût  osé  se 
flatter  qu'une  armée  qui  n'existait  pas  eni;ore  à  la 
fin  de  germinal,  dans  moins  de  5o  jours  après  , 
se  serait  formée  sur  le  territoire  de  la  république, 
aurait  franchi  des  montagnes  inaccessibles  ,  vaincu 
des  difficultés  que  la  nature  semble  n'avoir  créées 
que  pour  attester  à  l'univers  qu'il  n'en  est  point 
que  les  français  ne  puissent  surmonter,  forcé  les 
débouchés  dans  les  plaines  du  Piémont,  passé  la 
Sesia  ,  le  Tesin  et  le  Pô  en  présence  d'un  ennemi 
formidable;  battu,  à  Montebello  ,  l'élite  de  l'ar- 
mée autrichienne  ,  après  s'être  emparée  de  tous 
ses  magasins  et  remporté  sur  toute  cette  armée 
réunie  en  forces  infiniment  supérieures  à  Maringo, 
line  victoire  d'autant  plus  glorieuse  ,  qu'elle  a  été 
vaillamment  disputée  ,  et  que  ses  résultats  sont  tels , 
qu'aucune  autre  n'en  a  jamais  produit  d'aussi 
prompts  ni  d'aussi  brillans?  Une  seule  journée  a 
suffi  pour  remettre  au  pouvoir  des  français  toutes 
les  places  de  la  Lombardie  ,  toutes  celles  du  Pié- 
mont, et  cette  ville  de  Gênes  défendue  avec  tant 
décourage,  de  constance  et  d'habileté ,  et  qui 
n'a  été  momentanément  cédée  à  nos  ennemis  que 
pour  les  convaincre  que  leurs  avantages  dans  la 


guerre  qu'ils  s'obstinent  à  prolonger,  ne  peuvent 
être  qu'éphémères.  De  tels  évéïumeus  n  entrent 
point  dans  le  calcul  le  plus  hasardé  de  ce  que 
peut  la  valeur  éprouvée,  dirigée  par  le  génie  ; 
ils  èionnent  même  de  la  part  de  ceuK  qui  ,  jus- 
qu'ici ,  ne  nous  ont  accoutumés  qu'à  des  pro- 
diges. 

Immortelle  journée  de  Maringo  !  tu  manquais 
sans  doute  à  la  gloire  de  nos  guerriers  ,  puisque  , 
par  ton  éclat  ,  tu  l'emportes  sur  toutes  celles  où 
leur  courage  a  constamment  hoi^oré  le  nom 
français  !  tu  ne  cesseras  dëtre  féconde  en  grands 
souvenirs  !  mais,  au  scniimentd'adniiiation  (lu'ex- 
citeront  les  exploits  qui  t'ont  illustrée,  se  mêleront 
toujours  les  regrets  que  nous  devons  donner  à  ia 
perte  de  tant  de  braves  que  tuas  vupérîrau  champ 
de  1  honneur.  L  histoire  iiansmetira  à  la  postérité 
cette  déclaration  profondément  sentie  dutribunai, 
dans  son  message  aux  consuls  ,  en  apprenant  la 
victoire  de  Maringo."  L'armée  s'est  couverte  d'une 
gloire  nouvelle  ;  mais  elle  aperdu  un  de  ses  héros. 
La  mort  de  Desaix  est  un  malheur  public  au  sein 
'des  plus  éclaians  triomphes,  u 

Tribuns  ,  vous  avez  arrêté  que  ,  dans  cette 
séance  ,  vous  porteriez  le  deuil  en  mémoire  de 
tous  les  guerriers  morts  à  Maringo  pour  la  dé- 
fense de  la  liberté.  Ce  témoignage  d'estime  et 
de  reconnaissance  publique  aura  sans  doute  l'a- 
veu de  la  nation  entière  ,  dont  vous  êtes  spécia- 
lement chargés  d'exprimer  les  seniimens.  Il  con- 
solera les  familles  éplorées  de  ceux  qui  en  sont 
l'objet.  Il  doublera  le  courage  de  tant  d  hommes 
valeureux  que  la  force  des  combats  peut  encore 
condamner  à  mourir  pour  la  patrie  ,  mais  qui 
auront  du  moins  la  certitude  de  vivre  éternelle- 
ment dans  le  cœur  de  tous  les  français  dignes 
de  ce  nom.  Il  créera  des  émules  de  ce  géoéreux 
Desaix  ,  l'un  des  braves  que  nous  pleurons  au- 
jourd'hui. Puissai-je  vous  parler  dignement  des 
hauts  faits  et  des  vertus  de  ce  héros' qui  ,  jeune 
encore  ,  atteignit  le  degré  de  gloire  qui  donne 
l'immoitaliié.  La  suite  demain. 

M  É  c  A  N  I  q_  u   E. 

Nouvelle  machine  à  scier  ou  débiter  les  hois  en 
long.  Cette  machine,  simple,  dont  l'auteur  a 
écarté  les  grands  frottemens  ,  produit  un  effet 
bien  satisfesant ,  étant  mue  par  un  seul  homme. 
On  peut  apjiliquer  à  son  exécution  en  très-grand , 
tel  moteur  qu'on  désirera,  soit  pour  l'exploitation 
des  forêts  ,  ou  dans  les  atleliers  de  construction 
de  la  marine. 

Elle  est  inventée  par  le  citoyen  Charpentier, 
ingénieur-mécanicien  ,  auteur  de  la  gravure  imi- 
tant le  lavis. 

Il  demeurait  ci-devant  au  Louvre,  et  à  présent 
aux  Gobelins  ,  la  première  porte  à  droite  en 
entrant. 

Le  public  pourra  la  voir  tous  les  jours,  excepté 
le  décadi,  depuis  10  heures  jusqu  à  6,  à  l'instar 
des  travaux  de  tapisserie.  ■ 

On  verra  en  même-lems  divers  modèles  de 
machines  hidrauliques  ,  statiques  ,  et  quelques  ou- 
tils de  I  invention  du  même  artiste  ,  qui  inléresse- 
soni  bien  du  monde. 

Les  personnes  qui  désireront  voir  ces  objets , 
donneront  un  franc  5o  cent.,  et  recevront  une 
gravure  de  la  machine  à  scier. 

Le  tout  est  exposé  dans  l'attelier  de  l'auteur, 
à  la  manufacture  nationale  des  tapisseries  des 
Gobelins. 

Bourse  du  16.  — EU ets publics. 

Rente  provisoire 22  (r.  5o  c. 

Tiers  consolidé 3i   fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  53  c. 

Bons  d'arréragé 87   fr.  38  c. 

Bons  pour  l'an  8 82  fr.  63  c. 

Syndicat 67  fr.  75  c. 

Coupures 67  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  REPUBLiq^iJE  et  des  Arts 
Dem.  Adrien  ,  opéra  en  5  actes  ,  et  le  ballet  de 
la  Dansomanie. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
les  Visitandines  ,  opéra  en  3  actes. 

Théâtre  du  VAtiDEviLLE.  M^^  Deshoulieres  ; 
la  Pièce  curieuse  ,  et  Jenesai-Ki  ou  les  Exaltés  de 
Charenton  1  parodie  de  Beniouski. 
~ Théâtre  du  Marais,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  Quinlo  et  Isabelle  ou  la  fausse  Veuve  ; 
l'Amitié  vaincue  par  l'Amour  ,   vaudeville. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés —  Pantomimes. 
Auj.   c'est  le  Diable. 

LOTERIE    NATIONALE. 

Tirage  du  16  messidor. 
10.     87.     44.     68.     77. 


A  Paris  ,  de  J'i.oprir.ieric  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3, 


GAZETT 


lONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  288. 


Octidi  ,  1 S  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  soiiiines  autoilsés  à  pievenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivâse  le   M  O  ni  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contieiu  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  noti  ons  tant  su 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 


Londres ,  ic  1 2  messidor. 


I 


L  paraîtrait,  d'après  le  discours  du  chancelier 
de  1  échiquier  dans  U  séance  de  la  chlmbre  des 
communes  du  8  messidor,  que  le  gouvernement 
n'avait  pas  re^ii  de  Fiance  de  iiouveiles  ultérieures 
sur  la  bataille  <le  Maringo  ,  quoique  Ion  ait  pré- 
leiidu  que  les  journaux  de  Paris  élaienl  en  ville  , 
et  que  quelques-unes  même  de  nos  feuilles  en 
aient  puijlié  des  extraits.  Nous  pensons  que  nos 
lecteurs  ne  nous  auraien;  pas  beaucoup  d'obliga- 
tions de  leur  présenter  «es  conjectures  pour  des 
faits. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  M.  Piit  a  admis  que  les  dé- 
sastres en  Italie  pouvaient  être  vrais  ;  aussi  son 
discours  a-l-il  été  remarquablr  à  plusieurs  égards. 
Il  a  évité  eniiérement  de  s'y  livrer  à  ces  per- 
sonnalités et  à  ces  invectives  auxquelles  il  s'était 
abandonné  jusques-là  contre  Bonaparte.  On 
dislingnait  aisément  qu  il  desirait  de  conti- 
nuer la  guerre;  mais  que  néanmoins  il  se  pré- 
parait à  né^,ocier.  Le  tems  nous  apprendra  avec 
quel  degré  de  bonne-foi.  En  attendant  ,  nous 
nous  permettrons  d'observer  qu'une  négociation 
de  sa  part  ,  comme  celle  de  Lille  ,  ne  saurait  se 
répéter  avec  quelque  espoir  de  réussite. 

Nous  observons  encore  ,  au  sujet  du  discours 
de  M.  Piit,que  Bonaparte  ,  par  sa  dernière  vic- 
toire ,  n'a  pas  seulement  triomphé  de  Ihabilelé 
et  de  la  bravoure  du  général  autrichien  ,  mais 
qu'il  a  fait  fuir  encore  la  grosse  artillerie  de  nos 
ministres. 

Le  gouvernement  vient  de  donner  ordre  de 
suspendre  le  fret  d'un  plus  grand  nombre  de 
transports.  (Extrait  du  Morning-Chronicte ,  du 
g  messidor.  ) 

INTERIEUR. 

Farts  ,1e  \T  messidor. 

Des  lettres  de  Naples  ,  en  date  du  8  prairial 
f  î8  mai  )  ,  citées  par  la  Gazette  nationale  de 
Trance ,  annoncent  que  cette  ville  se  voit  à  la 
veille  d'une  crise  violente  dont  il  est  impossible 
de  prévoir  les  résultats. 

Les  lazzaronis  ,  réunis  au  nombre  de  plusieurs 
mille  ,  ont  arrêté  la  voilure  du  vice-roi  ,  pour  .se 
plaindre  de  l'extrême  disette  de  vivres  que  l'on 
éprouve  à  Naples.  Ils  ont  rappelé  que  le  cardinal 
Ruffo  elle  roi  avaient  fait  des  promesses  qui  étaient 
loin  de- se  réaliser  ,  et  qu'au  lieu  de  l'abondance 
promise,  et  dé  la  prospérité  attendue,  on  les 
laissait  périr  de  faim  .et  de  misère.  Le  ton  des 
pétitionnaires  était  non  moins  effrayant  que  leur 
nombre.  Le  vice-roi  a  promis  de  s'occuper  sur  le 
champ  de  leur  demande  ,  et  à  l'instant  à  con- 
voqué la  junte  d'étal.  Cette  junte  s'est  réunie  ; 
mais  elle  s'est  à  cet  effet  retirée  dans  le  château 
neuf  ,  ce  qui  donne  à  penser  qu'elle  craint  pour 
sa  sûreté. 

Depuis  ce  moment  ,  les  lazzaronis  ,  dont  le 
mécontentement  augmente  tous  les  jours,  se  ré- 
pandent en  imprécations  contre  la  cour,  qu'ils 
accusent  de  les  avoir  trompés.  Pendant  la  nuit,  la 
ville  retentit  de  chants  et  de  cris  séditieux. 

—  Des  lettres  de  Livourne  d'une  date  très- 
posiérieure  annoncent  l'arrivée  en  cette  ville  du 
convoi  anglo-napolitain  ,  qui  y  a  transporté  |a 
leine  de  Naples  avec  sa  famille  et  sa  suite.  Le 
loi  était  à  bord  du  vaisseau  du  vice-amiral  Nelson 

Cette  correspondance  ajoute  que  des  lettres 
de  Naples  du  3l  mai,  annoncent  que  le  25 
avril  précédent  ,  il  avait  été  publié  une  amnistie, 
en  vertu  de  laquelle  plus  de  i5oo  individus 
avaient  été    remis  en  liberté. 

—  Les  lettres  de  Vienne  confirment  que  le 
prince  Chirles  persiste  à  refuser  le  commande- 
ment de  l'armée  du  Rhin.  Le  Publicisic  cite 
Bne  correspondance  de  cette  même  ville  qui 
donne  au  piince  de  Ligne  le  commandement 
de  l'armée  de  réserve  qui  doit  soutenir  en  Italie 
celle   de  M.   de  Mêlas.        ' 

—  Divers  journaux  parlent  d'une  insurrection 
à  Cniisianlinoplc  ,  après  la  nouvelle  des  derniers 
succès  des  françain  en  Egypte.  Aucuns  ne  don- 
nent celle  nouvelle  comme  certaine. 


—  Le  célèbre  auteur  de  l'éducation  d'Achille  , 
Renaud  ,  a  déjà  terminé  l'esquisse  d'un  tableau 
représentint  la  mort  du  général  Desaix.  Il  a  choisi 
le  moment  oii  le  général  ,  frappé  d'une  balle  , 
tonibe  dans  les  bras  du  jeune  Lebrun  ,  fils  du 
troisième  consul. 

—  La  gazette  de  la  cour  de  Vienne  annonce 
que  l'amiral  Keith  a  reçu  ,  lé  lo  floréal  ,  à  Li- 
vourne  ,  l'a^pprobation  donnée  par  le  cabinet  de 
Saint-James  ,  au  traité  d'évacuation  de  1  Egypte  , 
et  que  de  suite  il  a  transrais  cette  approbation 
au  Commodore,  Sidney  Smith. 

—  Les  journaux  du  Nord  annoncent  que  la 
diète  de  Suéde  ,  qui  se  tenait!  Noikoping  ,  a  été 
close  le   23   prairial. 

—  Suivant  des  renseignemens  publiés  par  le 
Journal  des,  Débats  ,  Passwan-Oglu  et  le  pacha 
de  Belgrade  qui  ,  jusqu'alors  ,  avaient  été  enne- 
mis ,  se  sont  communiqués  les  ordres  qu'ils  avaient 
reçus  de  la  Porte,  et  ils  ont  reconnu  que  le 
divanîles  avait  armés  l'un  contre  l'autre  pour  les 
faire  détruire  l'un  par  l'autre.  Depuis  ce  mo- 
ment ,  au  lieu  de  se  combattre,  ces  deux  chefs 
ont  réuni  leurs  forces  contre  le  grand  seigneur 
qui  ,  d'après  les  dernières  lettres  de  Vienne  ,  dit 
le  Journal  des  Débats  ,  n'était  point  en  sûreté 
à  Constantinople  ,  où  la  nouvelle  des  désastres 
récemment  éprouvés  en  Egypte  par  l'armée  otto- 
mane ,  avait  excité  une  révohe  qui  avait  duré 
trois  jours  ,  et  dans  laquelle  on  avait  massacré 
un    grand    nombre    d'anglais. 

—  Le  même  journal  annonce  qu'il  vient  d'é- 
chouer près  de  Foniarabie  une  énorme  baleine  ; 
ce  qui  est  un  événement  extraordinaire  sur  ces 
côtes  ,  et  sur-toul  dans    celle  saison. 

—  La  Gazette  de  Francfort  avait  annoncé  la 
levée  de  36,ooo  hommes  en  Bohême  ,  qui  allaient 
se  réunir  sous  les  ordres  de  l'archiduc  Charles. 
Dans  son  n"  du  5  messidor ,  la  Gazette  de  Franc- 
fort avoue  elle-même  qu'elle  a  dit  une  chose 
fausse. 


Extrait  du  bulletin   historique  de  l'armée  de  l'Ouest. 

L'allégresse  qu'a  répandu  dans  toute  l'éten- 
due de  l'armée  de  l'Ouest,  la  nouvelle  des  succès 
aussi  brillans  que  rapides  de  celîe  de  réserve  , 
est  bien  propre  à  donner  une  idée  du  patriotisme 
qui  règne  encore  dans  ces  contrées  si  long-tems 
malheureuses  ;  par-tout  les  illuminations  et  le 
bruit  du  canon  ont  été  les  signes  de  la  joie  pu- 
blique ,  qui  a  été  d'autant  plus  sentie  que  la 
tranquillité  continue  à  régner  sur  tous  les  points  , 
et  que  les  poursuites  ^ue  l'on  ne  cesse  de  faire 
contre  le  peu  de  brigands  qui  restent  cncoie  ,  en 
assurent  la  durée- Deux  de  ces  scéléials  viennent 
encore  de  toip^ber  entre  les  mains  des  déiache- 
mens  républicains.  Gauthier,  dit  la  Giroflée^ 
complice  du  chauffeur  ,  dit  la  France  ,  a  éié  arrêté 
prés  la  Perche  (  Ile  et  Vilaine),  ei  Locliard,  dit 
ri?<î;mfii/(;  ,  près  de  Fougères.  Deux  cents  livres 
de  poudre,  3oo  liv.  de  plomb,  un  moule  à  billes, 
un  sabre  ,  deux  lusils  de  chasse  ,  et  3o  fusils  de 
calibre  ont  cié  saisis  dans  des  caches  ,  dans  les 
communes  de  Pire  et  Bais. 

Le  général  de  division   chef  de  t'état-major- 
général  ,  Signé,  Tillv. 


DÉPÊCHE  TÉLÉGRAPHiQ^UE  de  Port-Malo  ..du  17 
messidor,  an  8  de  la  république  française ,  une  et 
indivisible. 

Le  général  Tilly  auministre  de  la  guerre. 

Les  anglais  avaient  effectué- un  débarquement 
àBeauvoirelBarbatre  ,  département  de  la  Vendée  ; 
nos  troupes  ont  de  suite  marché  sur  eux  et  les  ont 
forcés  de  se  rembarquer. 

Ce  débarquement  leur  a  coûté  deux  cents  hom- 
mes qui  ont  été  fait  prisonniers. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Le  corsaire  la  Vengeance  At  14  canons  ,  appar- 
tenant à  Boulogne  ,  et  commandé  par  le  capi- 
taine François  Lefort,  a  conduit  à  Ostende  le 
sloop  anglais  le  Nanci  .  de  Soulhamplon  ,  chargé 
de  cercles  ,  balais  et  pipes  ,  qu'il  a  pris  à  quatre 
myiiamètrcs  dans  le  notd  d'Aurigny. 


Le  discours  que  nous  avons  donné  dans  le 
numéro  d'avant-bier  ,  16  messidor  .  comme  pro^ 
nonce  par  le  président  du  tribunal  d'appel,  l'a 
été  par  le  président  du   tribunal   criminel. 

Voici  celui  du  citoyen  d'Aguesseau,  président 
du  tribunal  d'appel, 

Discours  du  président  du  tribunal  d'appel  séant  à 
Taris  ,  au  premier  consul  ,  /e  i5  messidor  an  8. 

Citoyen  preiviier  consul  , 

Le  tribunal  d'appel  vient  aussi  près  de  vou0 
participer  aux  sentimens  de  1  allégresse  publique, 
et  vous  présenter  Ihommage  de  ses  félicitations. 

Votre  départ  avait  déjà  présagé  vos  succès. 

La  victoire,  constamment  attachée  à  vos  pas, 
devait  vous  suivre  ;  votre  génie  l'a  forcée  de  vous 
rester  fidelle  ,  et  vous  avez  encore  triomphé. 

Après  une  si  profonde  sagesse  dans  ses  des^ 
seins  ,  une  si  prodigieuse  célérité  dans  l'exécuiion  , 
après  tant  de  travaux  ,  tant  de  périls  et  tant  de 
gloire,  votre  retour  parmi  nous  s'offre  à  tous  les 
français  sous  les  plus  heureux  auspices. 

Nous  voyons  l'olive  de  la  paix  croître  sur  vos 
trophées.  Cultivée  par  vos  mains  ,  bientôt  elle 
couvrira  la  France  de  ses  ombrages  hospitaliers. 

Alors  vous  serez  heureux  du  bonheur  commun, 
vous  aurez  comblé  les  vceux  d'un  grand  peuple  , 
qhi  vous  a  confié  ses  destinées.  Vous  aurez  fait 
tout  ce  que  vous  avez  voulu  faire  ,  le  salut  et  la 
prospérité  de  la  patrie. 


Discours  du  président  de  la  commission  de  eompta-- 
bilité  nationale,  au  premier  consul.  —  Le  i5  mes- 
sidor  an  8. 

CiTOTfEN  PREMIER    CONSUL  , 

Les  commissaires  de  la  comptabilité  nationale 
ont  besoin  de  mêler  leurs  voix  à  celles  qui  vien^ 
nent,  de  toutes  parts,  vous  exprimer  la  recon- 
naissance des  français. 

Personne  autant  que  vous,  citoyen  cotisul  ,  n'a 
droit  à  ce  sentiment;  puisque  c'est  à  vos  vic- 
toires et  à  votre  courage  que  nous  devrons  la 
paix  et  les  heureuses  destinées  qui  se  préparent 
pour  la  France. 

Mais  la  paix  ,  en  mettant  un  t-erme  aux  triom- 
phes  de  nos  valeureuses  armées,  n'en  mettra 
point  à  votre  gloire. 

La  prospérité  inférieure  ,  l'instruction  publique 
et  les -finances  surtout,  ce  nerf  des  gouvernemens, 
deviendront  bientôt  l'objet  de  vos  sollicitudes; 
elles  vous  offriront  un  autre  genre  de  gloire, 
également  digne  de  vous  ,  et  vous  mériteront  , 
encore  une  fois,  le  titre  de  bienfaiteur  de  la 
nation  française. 

Discours  adressé  le  16  messidor ,  au  premier  consul , 
par  le  citoyen  Lecoulteux-Canteleu ,,  au  n»m  des 
censeurs  et  régens  de  la  banque  de  France. 

Citoyen  premier  consul  , 

La  joie  du  peuple  français  ,  à  votre  retour,  fuf 
plus  touchante  pour  nous  quel'éclat  du  triomphe. 

Mais  si  la  république  française  renouvelait  • 
pour  son  premier  magistral  ,  les  honneurs  que  la. 
république  romaine  décernait  à  ceux  qui,  à  la 
tête  de  ses  légions  ,  avaient  remporté  de  orandes 
victoires,  ce  ne  scraienl  pas  les  dépouiîles  de 
nos  ennemis  qui  donneraient  le  plus  d'éclat  à 
votre  marche  triomphale. 

Ce  serait,  citoyen  consul,  le  sendment  de  la 
reconnaissance  publique  ,  celui  de  l'espérance 
ranimée  dans  tous  les  cœurs  par  l'authenticiié  que 
dans  un  si  beau  jour,  on  pourrait  donner  à  cet 
accroissement  de  la  puissance  de  )a  France, 
obtenu  par  celui  de  la  valeur  réelle  que  les  pro.- 
priétés  individuelles  ,  foncières  et  mobUiaires 
ont  éprouvé  en  proportion  des  succès  et  de  là 
stabilité  de  son  nouveau  gouvernement. 

Voilà,  citoyen  consul,  le  spectacle  que  les  ré- 
publicains français,  dans  leur  actç  de  icconiiais-, 
sance  pour  leurs  premiers  magistrats  ,  iiour  leur» 
armées  ,  pourraient  présentera  I  Europe  étonnée  • 
résultat  imposant  de  vos  nobles  travaux,  de  tant 
d'opérations  ,  si  sagement,  si  habilemenl  concer  - 
lées  ,  si  valeureusement  ,  si  brillamment  exé- 
cutées. 

La  situation  actuelle  de  l'Europe  a  établi  entre 
tous  les  genres  d'indumiie ,  entre  toute»  le»  vileurj 


inobiliaîres  et  foncières  ,  entre  tous  les  genres  de 
crédit ,  des  rapports  tellement  liés  au  public  ,  que 
le  prix  des  choses ,  les  valeurs  des  fonunes  parti- 
cuheres  sont  maintenant  soumises  à  une  puis- 
sance dont  il  est  clésoimais  impossible  de  mécon- 
naître ou  de  limiter  l'influence. 

Cette  puissance  est  toute  entière  dans  la  force 
des  gouvernemens  et  dans  l'opinion  qu'on  a  de 
leur  stabilité. 

Cette  autorité  de  Tesiime  et  de  l'opinion  pu- 
bliques méconnue,  tant  que  les  troubles  iniérieurs 
remplirent  tous  nos  senliraens,  occupèrent  touies 
nos  pensées  et  aujourd'hui  ses  bannières. 

C  est  vous  ,  citoyen  consul  ,  qui  y  ralliez  iion- 
jeulement  tous  les  français ,  mais  toutes  les  nations 
amies  et  ennemies  de  la  France. 

Lé  commerce  de  la  république  doit  inévita- 
blement se  ranimer  sous  celte  autorité  tutélaire 
et  reprendre  une  nouvelle  énergie  ,  au  rpoment 
Oii  il  va  recueillir  les  bienfaits  de  la  paix  con- 
quise par  nos  armées  ,  et  ceux  que  nous  pouvons 
çspérer  de  la  restauration  de  nos  colonies. 
'  Citoyens  consuls,  les  regens  et  les  censeurs  de 
la  banque  de  France,  qui  ont  plus  particulière- 
ment sous  leurs  yeux  le  mouvement  du  crédit 
public  ,  le  développement  de  ses  forces,  l'accrois- 
gement  de  valeur  qu'ont  acquis,  dans  ces  der- 
niers tems ,  toutes  les  espèces  de  propriétés,  ont 
désiré  vous  mettre  sous  les  yeux  ce  tableau  si 
propre  à  vous  iniéresser ,  et  vous  donner  ainsi  la 
jouissance  du  premier  fruit  de  vos  travaux. 

C'est  en  France,  plus  que  partout  ailleurs,  que, 
par  un  mélange  heureux  de  liberté  ,  de  sensibi- 
lité €t  de  lumières ,  et  par  le  souvenir  de  tant  de 
maux  ,'un  gouvernement  sage  et  paternel  peut 
jouir ,  à  chaque  instant,  de  tous  les  mouvemens 
qui  tiennent  à  l'afiection  et  à  la  conhance  qu'il 
inspiré. 

.61JC0URS    EN    VERS.      SUR    LA     MORT, 

Lu  dans  la  séance  publique  de  l'Institut  national, 
du  ib  messidor  an  8,  par  le  citoyen  François 
(  DE  Neufcuateav  ). 

S)  Ce  n'est  donc  pas  assez  que  ma  douleur  amere 
>t  A  la  Mort  vainement  redemande  une  mère  , 
>i  Surprise  loin  de  moi  par  son  glaive  assassin! 
I)  Ce  n'est  donc  pas  assez  que,  presque  dans  mon 

sein  , 
))  De  mes  prospérités  l'Euménide  jalouse 
)>  Ait  frappé  sans  pitié  ma  jeune  et  tendre  épouse  , 
5)  Qui  de  l'Hymen  à  peine  entrevit  les  flambeaux, 
)r  Des  marchesdel'auteldescendueauxtombeaux,' 
»i  Et  voilà  que  la  Mort  contre  mes  jours  armée  , 
»i  Vienrpriver  de  mes  soins  ma  famille  alarmée. 
»»  Eh  !  pourquoi  donc  veux-tu,  fille  de  la  douleur. 
»>  O  Mort  !  de  mes  beaux  ans  trancher  ainsi  la  fleur? 

i>  Le  malheur,  en  naissant ,  fut  mon  seul  apanage. 
91  A  mes  parens ,  hélas  !  ravi  dès  mon  jeune  âge , 
>)  Non  moins  que  par  le  sort  trahi  par  les  mortels  , 
M  Je  venais  ,  ô  Nature  !  embrasser  tes  autels, 
)>  Et ,  caché  sous  l'abri  de  mes  foyers  rustiques , 
»  Redemander  encore  à  mes  dieux  domestiques 
»»  Le  repos,  dont  jadis  les  premières  douceurs 
>t  Avaient,  dans  mon  désert,  attiré  les  neuf  Sœurs. 
)j  Les  beaux-arts,  à  l'envi,  peuplaient  ma  solitude  : 
»i  Uniquement  épris  des  charmes  de  l'étude  , 
>i  Pauvre  et  content  de  l'être  ,   heureux  de  vivre 

aux  champs , 
ji  Je  me  disais  s  Ici  je  suis  loin  des  méchans. 
<«  Ici  je. ne  crains  plus  ce  troupeau  dames  viles 
n  Qu'assemble  l'inlérêldans  la  fange  des  villes. 
5»  Ici,  d'un  luxe  vain  l'œil  n'est  pas  ébloui  ; 
ji  Mais  de  l'émail  des  prés  l'œil  est  plus  réjoui.   _ 
i>  Mes  palais  sont  des  bois  majestueux  et  sombres  , 
>>  Confondant   leur    feuillage  ,   entrelaçant  leurs 

ombres, 
n  Tel  est ,  n'en  douter i  pas ,  sur  le  sacré  vallon , 
»  Le  charme  inspirateur  des  enfans  d'Apollon. 
>)  Dans  Athènes ,  jadis  ,  loin  des  regards  profanes , 
»»  Les  Sages  disputaient  à  l'abri  des  platanes  ; 
>»  Et  l'Ami  de  Mécène  ,  aux  jardins  de  Tibur  , 
«  Sous  des  pins  élevés  respiratit  un  air  pur  , 
n  Loin  de  Rome  adorait  leur  ombire  hospitalière. 
11  Parmi  nous  Despréaux  ,  La  Fontaine ,  Molière , 
jA  Souvent ,  pour  aninaer  leur  génie  et  leur  voix  . 
i>  Cherchèrent  le  silence  et  la  fraîcheur  des  bois. 
»)  Trop  faible  imitateur  des  dieux.de  l'harmonie  , 
>>  J'ai  leurs  penchansdu  moins,si  je  n'ai  leur  génie. 
»>.  Dans  les  prés  couronnés  déjeunes  arbrisseaux, 
>»  Suivant  tous  les  détours  des  paisibles  ruisseaux, 
11  Levers  queje  médite  aux  bords  d'ujne  onde  pure, 
>)  Semble  couler  comme  elle,  au. gré  dela.natut«, 


iiflz 

M  Et  je  crois  en  rêvant ,  sous  un  ombrage  épais  , 
)i  Unir  la  liberté  ,  les  muses  et  la  paix. 

M  Ainsi  je  m'abusais ,  espérance  insensée  ! 

>>  Du  flatteur  avenir  qu'embrassait  ma  pensée  : 

)>  La  douce  illusion  disparaît  à  mes  yeux. 

M  La  mort  va  les  fermer  à  la  clarté  des  cieux. 

II  Je  n'ai  plus  qu'un  moment.  Un  moment  ! . . . .  o 
mon  père  ! 

!)  Quels  seront  tes  deslins  ?  ma  mort  te  désespère  ; 

>>  Elle  hâte  la  tienne.  Un  noir  pressentiment 

I)  'Vient  se  joindre  à  l'horreur  de  ce  dernier  mo- 
ment. 

Il  Tu  pleures  sur  ton  fils  qui  pleure  sur  toi-même. 

11  Dieu  puissant!  prends  pitié 'de  ce  père  qui 
m'aime. 

Il  Grand  Dieu  !  sauvez  mon  père  ;  avec  moins  de 
regret 

11  De  ma  destruction  je  subirai  l'arrêt. 

11  De  ma  destruction  ! . . .  quel  mot  épouvantable  ! 
11  Quelle  est  donc  cette  loi  terrible  ,  inévitable , 
11  Qui  vouant  au  trépas  les  fragiles  humains , 
11  Sans  cesse  du  Ténare  élargit  les  chemins  ? 
11  Inexorable   mon  !    quand    tu    viens  me    sur- 

prendîre  , 
11  Ne   pouvant  t'échapper  ,   ne  puis-je   te  com- 
prendre ? 
11  De  l'univers  entier  ton  pouvoir  est  vainqueur; 
Il  Ne  puis-je  à  celte  idée  accoutumer  mon  coeur? 
11  Qu',es-tu  ?  que  sommes-nous  ?  lame  peut-elle 

encore 
w  Survivre  à  ces  débris  que  la  tombe  dévore  ? 
11  Sorlons-nous  du  néant?  devons-nous  y  rentrer? 
11  Dans  la  prison  du  corps  las  de  se  concentrer  , 
11  L'esprit  s'envole-t-il  aux  voûtes  éternelles? 
11  Croirai-je  que  d'un  dieu  les  bontés  paternelles, 
11  Par  pitié  nous  tirant  d'un  ténébreux  séjour, 
11  A  nos  yeux  dessillés  font  luire  un  plus  beau 

jour? 
11  Et  de  ce  jour  si  pur  l'heureuse  mort  suivie 
11  Est-elle  le  réveil  du  songe  de  la  vie  ? 
11  Je  demande  où  je  suis,  d'où  je  viens,  où  je  vais  : 
11  Mais  à  ces  questions ,  qui  répondra  jamais  ? 
11  Dois-je  du  préjugé  ne  voir  que  les  faniômes 
11  Dans  tout  ce  qu'on  nous  dit  sur  les  sombres 

royaumes  ? 
11  Discoureur  orgueilleux  qui  prétends  m'éclairer, 
II  Dis-moi,  que  dois-je  craindre  ,  ou  que  dois-je 

espérer  ? 
Il  II  ne  me  répond  rien.  Dans  un  morne  silence , 
11  II  agite  à  mes  yeux  sa  sceptique  balance. 
11  Par  son  art  ambigu  ,  mes  doutes  excités 
11  Assiègent  ma  raison  de  leurs  perplexités. 
»i  Que  dis-je  ?  ma  raison  !  sur  les  choses  futures 
11  Ai-je  le  temt  d'asseoir  de  vaines  conjectures  ? 
i>  La  mort ,  la  mort  me  presse  ;  ô  mort  !  j'entends 

ta  voix. 
Il  Adieu  ,   mon   père  !  adieu  ,  pour  la   dernière 

fois.  Il 
C'était  ainsi  qu'un  jour  dans  un  âge  encor  tendre 
Au  lit  de  mort ,  hélas  !  ma  voix  se  fit  entendre. 
Hors  d'haleine,  épuisé  ,  je  me  tus.  J'essayai 
De  lever  ma  paupière  ,   et  mon  oeil  eflrayé 
Vit  (  ô  ciel  !  quel  spectacle  et   quels  objets  fu- 
nèbres !  ) 
Une  lampe  mourante  au  milieu  des  ténèbres  ; 
tin  timide  Esculape  à  mes  côtés  assis  ; 
Un  prêtre  agenouillé;  des  spectateurs  transis  ; 
L'amitié  dans  un  coin,  de  douleur  accablée  ; 
Mon  frère  au  désespoir  ,    ma  sœur  échevelée  , 
Etendue  âmes  pieds,  sans  voix,  sans  mouvemens. 
Mon  père  déchirant  ses  tristes  vêtemens; 
Enfin  ,  autour  de  moi ,  la  peur ,  la  défaillance  , 
La  prière  ,   les  cris  ,  les  larmes  ,  le  silence. 
Couvert  d'un  drap  lugubre  ,  un  squelette  hideux 
Se  soulevé  él  s'étend  pour  nous  cacher  tous  deux. 
De  ses  os  décharnés,  il  ms  presse  ,  il  m'embrasse  , 
Il  m'entraîne.  L'abîme  est  ouvert  sous  sa  trace. 
De  ce  gouffre   béant  le  spectacle  est  affreux. 
J'oppose  au  spectre  horrible  un  effort  douloureux  ; 
J'ose  lui  résister  :  mais  (  ô  merveille  étrange  !  ) 
Tout  prend  un  autre  aspect.  Soudain  le  spectre 

change. 
Il  tenait  ,  d'une  main  ,  un  tison  renversé  , 
Et  de  l'autre  ,  une  faulx  dont  j'étais  menacé. 
Des  fleurs  cachent  la.  faulx. .  le  tison  se  rallume  , 
D'une  tombe  profonde  il  semble  qu'on  m'exhume. 


Alors,  un  bon  génie  ,  au  front  put ,  à  l'oeil  doux, 
Me  regarde  en  pitié  ,  me  parle  sans  courroux  : 

4(  Tu  vois  la  mort,  dit-il.  Ton  ame  intimidée 
Il  S'en  est  fait,  au  hasard  ,une  bien  fausse  idée. 
11  Tu  repousses  le  dieu  qui  te  tendait  les  bras  ; 
Il  Eh  !  bien  ,  pour  te  punir,  j'y  consens ,  tu  vivras. 
Il  Tu  sauras  à  quel  prix  de  douleurs  et  de  larmes, 
11  D  une  frêle  jeunesse  on  t'a  vendu  les  charmes. 
Il  Tu  peins  ton  avenir  de  riantes  couleurs  ; 
11  Tes  projets  devant  toi  ne  sèment  que  desfleurs. 
11  Insensé!  mais  bientôt  les  hommes  vont  l'instruire. 
11  Tu  bâtis  un  bonheur  qu'un  souffle  va  détruire. 
11  Tu  n'a  pas  calculé  le  nombre  des  méchans. 
11  A  la  ville  ,  au  Parnasse  ,  au  barreau,  dans  les 

champs , 
Il  Ils  t'atteindront  partout.  Partout  l'homme  est  en 

guerre. 
11  Tu  cherches  le  repos  :  il  n'est  pas  sur  lalerre. 
11  Sur  la  terre  ,  d'avance  ,  on  trouve  les  enfers. 
11  Tu  connaîtras  l'exil,  le  naufrage  et  les  fers. 
Il  Tu  porteras  en  vain  jusqu'à  l'idolâtrie 
Il  La  première  vertu,  l'amour  de  la  patrie. 
Il  De  ^tte  passion  martyr  infortuné  , 
Il  Quel  fruit  esperes-tu  de  ton  zèle  obstiné  ? 
Il  Serviteurs  du  public  !  un  caprice  rapide 
Il  Aujourd'hui  vous  couronne   et  demain  vous 

lapide. 
Il  Sa  justice  tardive  à  la  mort  vous  attend  : 
Il  C'est  à  moi  de  fixer  son  suffrage  inconstant. 
Il  La  mort  seule  ne  craint  aucune  tyrannie  : 
Il  La  mort  seule  ,  à  jamais ,  brave  la  calomnie. 
Il  Désarme  la  vengeance  ,  appaise  la  douleur  , 
Il  Enchaîne  l'injustice  et  finit  le'malheur. 
Il  Ce  sommeil  rend  l'esclave  égal  à  l  homme  libre; 
Il  La  mort  rend  éternel  un  heureux  équilibre. 
Il  Lachaînie  qui  vous  lie  ,  elle  vient  la  briser. 
Il  Elle  vient  pour  toujours  vous  faire  repos'er. 
Il  Pour  toi, ne  recueillant, parmi  la  race  humaine, 
11  Qu'une  pitié  stérile,  ou  l'envie,  ou  la  haine  , 
Il  Puni  de  tes  bienfaits ,  trahi  par  des  ingrats  , 
Il  Lassé  de  vivre  enfin  ,  tu  me  rappelleras  : 
11  Je  serai  sourde  alors.  D'une  main  forcenée 
Il  Tu  voudrais  vainement  trancher  ta  destinée. 
II  Tu  ne  peux  de  tes  jours  user  le  noir  flambeau , 
Il  Ni  violer  sans  moi  l'asile  du  tombeau. 
Il  Tes  amis,   plus  heureux,  sans   peine  y  vont 

descendre,; 
II  Tu  demeureras  seul  pourpieUTersur  leuTcëndre. 
11  Tu  te  plains  aujourd'hui  que  j'arrive  à  grands 

pas  ; 
11  Tu  te  plaindras  bien  plus  que  je  n'arrive  pas  , 
Il  Quand  sut  un  lit  fatal ,  cloué  sans  espérance  , 
11  Trouvant  dans  chaque  instant  des  siècles  de 

souffrance  , 
11  Ne  pouvant  à-la  fois  ni  vivre,  ni  mourir , 
11  Tu  ne  verras  que  moi  prête  à  te  secourir. 
Il  Cependant ,  au-delà  d'une  vie  inquiète  , 
Il  Ta  curiosité ,  que  j'aurais  satisfaite  , 
Il  S'élancera  sans  fruit  dans  l'abîme  des  tems  ; 
.11  Tu  ne  pourras  sonder  ces  secrets  tourmenians , 
Il  De  l'immortalité  problêmes  redoutables, 
ri  Et  de  l'esprit  humain  écueils  inévitables. 
11  Par  moi,  ce  grand  inystere  à  l'homme  est  révélé; 
Il  Des  énigmes  du  citfl ,  c'est  moi  qui  tiens  la  clé. 
Il  Loin  de  fermer  voà  y<ux ,  c'est  la  mort  qui  les 

ouvre. 
Il  Garde  donc  sur  les  tiens  le  bandeau  qui  let 

couvre. 
Il  De  chimère  en  chimère  et  d'erreur  en  erreur , 
11  Va  te  désabuser  de  ta  fausse  terreur: 
II  Epuise  les  dégoûts  attachés  à  ton  être. 
11  A  tes  dépends,  mortel,  apprends  à  me  con- 
naître. 
11  Je  t'amenais  au  port,  tu  n'y  veux  pas  entrer. 
11  Comme  un  dernier  espoir  tu  pourras  m'impiorer; 
Il  Mais  je  te  laisserai  boire  jusqu'à  la  lie, 
II  Le  poison  qui  remplit  la  coupe  de  là  vie.  i) 
La  Mort  dit  ,  et  me  quitte.  Aces  mots  menaçans. 
Un  frisson  invincible  avait  glacé  mes  sens. 
Cet  effroi  douloureux  n'était  pas  un  mensonge. 
Je  m'éveillai  tremblant  :  le  reste  n'est  qu'un  songe , 
Mais  qui ,  dans  mon  cerveau  profondénient  gravé , 
M'a  déjà  trop  prédit  ce  qui  m'est  arriva. 
L'existence  ,  en  effet ,  n'est  qu'un  pénible  rêve  : 
Un  pouvoir  inconnu  le  commence  et  l'achevé. 
On  veut  le  prolonger;  mais  on  ne  songe  pas 
Que  la  plus  long»*  vie  aboutit  au  trépas. 


1163 


^jen  loin  ele  murmurer  de  cette  prévoyance  , 

^ipprenons  à  mourir,  car  c'est  notre  science. 

L'avenir  i«certain  nous  impose  une  loi , 

C'est  d'user  du  présent,  d'en  bien  régler  l'emploi. 

Croyons  dans  chaque  jour  voir  notre  jour  suprême: 

L'heure  qu'on  n'attend  plus ,  fait  un  plaisir  extrême. 

De  cette  vérité  le  sage  convaincu. 

Est  celui  qui  peut  dire  :  i<  Aujourd'hui ,  j'ai  vécu.  » 

Je  tiens  d'Anactcon  la  leçon  que  je  trace  : 

C  est  le  refrein  constant  d  Epicure  et  d'Horace. 

D'Horace ,  on  sait  par  coeur  les  passages  divers  ; 

A  Posthume  surtout  ,  qui  ne  connaît  ces  vers  ? 

«  Mon  ami  !  mon  ami  !  nos  rapides  années 

»  S'envolent;  rien  nepeul  changernos  destinées  ; 

>j  Rien  ne  fléchit  la  mort.  Il  faut  abandonner 

j)  Ta  terre  et  la  maison  que  tu  pris  soin  d'orner  , 

5)  Et  la  jeune  beauté  dont  tu  fis  ta  compagne. 

i>  Dp  ces  plans  cultivés  qui  parent  ta  campagne  , 

>»  Horsiodieux  cyprès ,  nul  autre  arbre  ne  suit 

»î  Son  maître  passager  dans  l'éternelle  nuit. 

)>  .Tout  renaît  au  printems,  s'écrie  Horace  encore  ; 

»  De  verdure  et  de  fleurs  la  terre  se  décore  : 

»  Les  saisons,  sur  leurs  pas,  reviennent  tour  à 

tour  : 
9)  Nous  seuls  aux  sombres  bords  descendons  sans 

retour 
M  On  ne  repasse  point  tes  rives  du  Co(:yte. 

C'est  ainsi  qu'à  jouir  Horace  nous  excite  ; 
Et  Salomon  lui-même  a  dit  au  genre  humain  : 
)>  Jouissez  aujourd'hui  ,  car   vous  mourrez  de- 
main. !» 
Nous  aimons  ce  conseil  ;  mais ,  au  lieu  de  le  suivre, 
En  craignant  de  mourir,  nous  oublions  de  vivre. 
Du  fardeau  d'exister  on  nous  entend  gémir. 
Et  de  n'exister  plus  la  peur  nous  fait  frémir. 
Loin  d'appeler  la  mort  franchement  à  notre  aide  , 
Nous  ne  pouvons    souffrir   nos  maux,  ni  leur 

remède. 
Ainsi  l'homme  est  toujours  prompt  à  se  démentir: 
Il  languit  sur  la  terre  et  n'en  veut  pas  sortir. 
Heureux  qui  dépouillant  une  erreur  fantastique  , 
De  la  mort ,  avec  joie ,  entonne  le  cantique  ! 
C'est  l'hymne  de  la  paix  et  de  la  liberté , 
Le  chant  consolateur  de  la  nécessité  : 
Comme ,  sans  son  aveu  ,  l'homme  a  vu  la  lumière, 
L'homme  ,  sans  son  aveu ,  voit  finir  sa  carrière. 
La  plainte  est  inutile  :  il  faut  se  résigner. 
Si  personne,  à  coup  sûr,  ne  peut  nous  enseigner 
Ce  qui  doit  de  nos  ans  suivre  le  court  passage  , 
Dans  le  doute  prenons  le  parti  le,  plus  sage. 
Quand  le  jour  luit,  veillons,  usons  si  -bien  du 

tems  , 
Que  nous  puissions  le  soir  nous  endormir  contens. 
Puisque  l'instant  fatal  nous  menace  sans  cesse  , 
Hâtons-nous  d'embrasser  l'amitié  ,  la  sagesse  ; 
Suc-tout  de  la  vertu  connaissons  tout  le  prix  : 
Quiconque  se  tient  prêt ,  ne  peut  être  surpris. 
Alais  au  lieu  de  leçons  ,  s'il  nous  faut  des  modèles 
Pour  braver  de  la  mort  les  terreurs  infidèles  , 
Suivons  de  nos  guerriers  l'exemple  généreux  : 
L'existence  n'est  rien  ,  la  gloire  est  tout  pour  eux. 
O  source  d'héroïsme  admirable  et  féconde  ! 
Ceux  qui  bravent  la   mort  sont   les    maîtres  du 

monde. 
Mais  nous,   nous  dont  la  vie  ,  aux  dépens  de  la 

leur  , 
Coule  en  ces  doux  loisirs  que  nous  fit  leur  valeur , 
Pouriions-nous  oublier  à  quels  périls  s'exposent 
Ceux  surquinos  destins  tranquillement  reposent  ? 
Pour  sauver  leur  pays  ,  voyez  leur  zèle  ardent 
A  forcer  le  Danube  ,  à  franchir  iEridan. 
Voyez-les  tout-à-coup  délivrant  lAusonie  , 
Dans  son  centre  étonné  pressant  la  Germanie  , 
Et  surprenant  l'Europe  et  l'Afrique    à-la-foi»  , 
Par  la  rapidité  de  leur»  vastes  exploits. 
L'agile  renommée  à  peine  peut  les  suivre. 
G'èst  powr  eux  qu'il  s'agit  de  vaincre  ,  et  non  de 

vivre. 
Tbebes  n'eut  autrefois  qu'un  Epaminondas  t 
La  république  en  nombre  autant  que  de  soldats. 
Chacun  est  un  héros  plein  de  la  noble  envie 
D'étendre  sa  mémoire  au-delà  de  sa  vie  ; 
Et  son  regard  perçant  dans  la  nuit   du  tombeau  , 
De  limmorlalitc  voit  luiie  le  (lambeau. 
Parmi  tous  ces  guerriers  dans  la  fleur  de  leur  âge  , 
Toi  de  qui   la  prudence  égalait  1«  courage. 
Magnanime  Desaix  !  que  es  beau  dévoûment 


Jette  un  durable  éclat  sur  ton  fatal  moment  ! 

Tout  couvert  de  lauriers  un  seul  regrette  reste. 

Un  seul  penser  t'occupe  :  ô  guerrier  trop  mo- 
deste ! 

De  toi-même  toi  seul  tu  n'es  ppint  satisfait  ; 

Pour  la  postérité  tu  crains  d'avoir  peu  fait. 

Desaix  !  que  ta  grande  ombre  aujourd'hui  se 
console  ! 

Chez  nos  derniers  neveux  la  dernière  parole 

Retentira  sans  cesse  ,  et  de  ton  souvenir 

Sans  cesse  entretiendra  les  siècles  à  venir. 

Le  premier  des  héros  doit  se  connaître  en  gloire; 

Et  c'est  lui  qui  t'inscrit  au  temple  de  mémoire. 

Bonaparte  s'honore  ,  en  sachant  l'honorer. 

Ta  mort  le  fit  gémir  de  ne  pouvoir  pleurer. 

La  victoire ,  à  ce  prix ,  peut  lui  sembler  trop  chère. 

Ah!  lofsqu'au  monde  entier  la  paix  est  nécessaire  , 

Ceux  qui  n'étaient  armés  que  pour  la  conquérir , 

Dans  ce  noble  dessein  devaient-ils  donc  périr? 

Desaix!  la  France  en  deuil  te  rend  un  juste 
hommage  : 

Aux  fêtes  du  triomphe  on  porte  ton  image; 

Ta  perte  rend,  hélas  !  ce  triomphe  moins  doux. 

D'une  si  belle  mort  qui  ne  serait  jaloux! 

J'ai  pour  la  célébrer ,  devancé  le  Parnasse. 

Mâne»  de  mon  héros  ,  pajdonnez  mon  audace  ! 

Je  n'ai  point  d'un  poète  envié  le  succès, 

J'ai  payé  seulemeiit  la  dette  d'un  français. 


T     R    I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Duchesne. 

Suite  de  la  séance  du  i6  messidor. 

Suite  du  discours  du  président. 

Desaix  naquit  au  inois  d'août  1768,  dans  le 
département  du  Puy-de-Dôme  ,  à  peu  de  dis- 
lance de  Riora.  Ses  parens  étaient  nés  nobles, 
et  voués  depuis  plusieurs  gcnérations  au  ser- 
vice militaire;  son  berceau  fut  par  conséquent 
entouré  de  tous  les  préjugés  et  des  idées  de 
supériorité  dont  l'orgueil  et  la  flatterie  cherchaient 
presque  toujours  à  enivrer  l'esprit  des  en  fans 
qui  appartenaient  à  des  classes  privilégiées  ;  mais 
son  heureiix  naturel  et  sa  raison  le  mirent,  dans 
la  suite  .  à  l'abri  des  séductions  de  la  vaniié.  On 
le  vit  à  l'école  militaire  dEESat,  où  il  fut  élevé  , 
s'atùrer  l'amitié  de  ses  condiscibles  ,  par  toutes 
les  qualités  aimables  qui  distinguent  un  bon 
cœur,  et  par  la  douce  familiarité  dans  laquelle 
il  vivait  avec  tous  indistinctement.  Tous  fesaient 
de  lui  cet  élo^e  simple  ,  mais  bien  expressif 
dans  la  bouche  des  enfans  :  c'est  un  bon  camarade  ; 
comme  depuis  ,  les  soldais  qu'il  commandait 
disaient  ,  en  parlant  de  lui  avec  eff^usion  de 
sentiment  :  cest  un  brave  homme-  .  .  . 

Il  avait  l'amè  trop  élevée  pour  suivre  la  route 
commune  dans  la  carrière  où  le  sort  l'avait  placé  ; 
exciié  par  cette  espèce  d'instinct  qui  donne  au 
génie  l'aciiviié  dont  il  a  besoin  pour  se  déve- 
lopper ,  il  éprouvait  le  désir  de  s'instruire  ,  avant 
même  de  pouvoir  en  calculer  les  avantages.  Desaix 
sut  donc  mettre  à  profit  les  leçons  de  ses  maîtres , 
et  cultiver  les  heureuses  dispositions  de  son  esprit , 
dans  un  tems  où  l'instruction  était  presque  aussi 
rare  qu'inutile  parmi  les  hommes  de  sa  classe  , 
parce  que  la  naissance  et  les  richesses  tenaient  lieu 
de  tout  aux  uns ,  et  que  les  autres  étaient  con- 
damnés à  vivre  dans  les  rangs  obscurs  d  officiers 
subalternes ,  ou  à  végéter  dans  leurs  fiefs  ,  où  ils 
devenaient  les  fléaux  de  leurs  vassaux. 

Quoiqu'il  se  livrât  avec  beaucoup  d'applica- 
tion à  tous  les  genres  d'études  qui  pouvaient  le 
mettre  à  même  de  se  distinguer  dans  l'art  mili- 
taire auquel  il  était  destiné  ,  il  n'y  en  avait  point 
qui  eut  pour  lui  tant  d'attrait  que  l'étude  de  l'his- 
toire des  républiques  de  la  Grèce  et  de  Rome, 
Son  esprit  s'échauflFaJt  à  la  lecture  des  hauts  faits 
et  des  traits  de  vertu  qui  avaient  illustré  tant  de 
grands  hommes ,  dont  ces  républiques  avaient  à 
s'honorer.  Egalement  pénétré  d'admiration  pour 
le  vainqueur  d'Annital .  et  pour  le  vainqueur  des 
Perses  à  Marathon  ,  il  formait  le  vœu  ,  plutôt  qu'il 
n'osait  se  flatter,  d'être  un  jour  à  même, de  inar- 
cher  sur  les  traces  de  ces  héros.  Son  ame  géné- 
reuse se  repaissait  du  noble  désir  de  pouvoir 
imiter  les  vertus  d'Aristide  ,  et  le  courageux  dé- 
vouement de  Leonidas  ;  et  comm«  s'il  eût  eu 
dès-lors  le  funeste  p.essentiment  qui  depuis  s'est 
réalisé  ,  il  s'attendrissait  sur  la  mort  prématurée 
d  Epaminondas ,  dont  il  devait  un  jour  nous  rap- 
peler la  triste  ,  mais  glorieuse  destinée. 

Telle  était  la  disposition  de  l'esprit  et  du  cœur 
de  Desaix ,  sous-lieuienant  au  régiment  d'infan- 
terie ci-devant  Bretagne,  lorsque  l'heure  de  la 
liberté  sonna  pour  les  français ,  et  leur  ouvrit  à 
tous  la  carrière  de  la  gloire ,  en  leur  ouvrant 
celle  des  emplois  auxquels  leurs  talens  et  leurs 
vertus  leur  donnait  droit  de  prétendre-  Cette  ré- 
volution lui  ofl'iait  trop  de  moyens  de  réaliser  le» 


idées  libérales  dont  il  s'était  uourti ,  pour  qu'il 
n'en  fût  pas  le  partisan  ,  et  il  avait  trop  de  lu- 
mières et  de  philosophie  pour  ne  pas  en  adopter 
tous  les  principes.  Aussi  résista-t-il  aux  séduc- 
tions, aux  menaces  et  jusqu'aux  railleries  insul- 
tantes qu'on  employa  pour  le  déterminer  à  dé- 
serter sa  patrie;  et  cette  résistance  doit  être  pour 
lui  ,  comme  pour  tous  ceux  qui  dans  le  même 
cas  ont  eu  le  même  courage  ,  un  titre  de  plus  à 
l'eslinie  des  républicains. 

Comme  il  aimait  franchement  la  liberté  ,  il  ne 
chercha  point  à  le  persuader  par  de  vaines  dé- 
monstrations ,  parce  qu'il  ne  lui  vint  pas  dan» 
1  esprit  que  l'on  put  en  douter.  A  plus  forte  raison, 
ne  le  vit-on  pas  se  livrer  à  ces  excès  révolution- 
naires auxquels  s'abandonnèrent  beaucoup  de 
ci-devani  privilégiés  ,  qui  prétendaient  faire  ou- 
blier, par  ce  moyen,  ce  qu  ils  appelaient  leur 
péché  originel  ;  mais  dont  quelques-uns,  déses- 
pérés de  ne  pouvoir  arrêier  le  char  de  la  révolu- 
lion,  n'avaient  réellement  d'autre  but  que  de  le 
renverser  par  leurs  violences. 

Cependant  Desaix  parvenu  à  l'époque  bril- 
lante de  la  vie  où  tous  les  senlimens  sont  de» 
passions.,,  éprouvait  cette  inquiétude,  toi:rment 
des  grandes  âmes  qui  brûlent  de  l'amour  de  la 
gloire  ;  il  frémissait  en  songeant  aux  maux  incal- 
culables que  devait  causer  la  guerre  ,  et  pourtant 
il  brûlait  du  désir  de  se  distinguer  dans  les  com- 
bats. Les  rois  coalisés  contre  la  FranCe  ne  tardè- 
rent pas  à  lui  en  fournir  l'occasion. 

Il  entra  en  campagne,  avec  son  régiment, 
en  179s.  Son  zèle  eT  son  activité  le  firent  bien- 
tôt distinguer  par  les  généraux  Victor  Broglie 
et  Cnstines  ,  qui  l'employèrent  successivement 
comme  aide-de-carap  et  capitaine  adjoint  à  l'état- 
major.  Mais  il  déploya  tant  de  talens  et  de  bra- 
voure dans  diverses  circonstances  malheureuses  , 
où  sa  présence  d  esprit  et  ses  conseils  arrêtèrent 
les  suites  des  revers  que  l'armée  avait  éprouvés, 
notamment  à  la  prise  des  lignes  de  'Weissem- 
bourg  ,  que  les  représentans  du  peuple  alors  en 
mission  n  hésitèrent  pas  à  lui  conférer  le  grade 
de  général  de  brigade.  Il  justifia  pleinement  le 
choix  dont  il  avait  été  lobjet. 

Dans  toutes  les  occasions  où  il  fut  chargé  per- 
sonnellement de  diriger  une  attaque  ,  ou  de 
défendre  un  poste ,  il  eut  1  avantage  sur  l'en- 
nemi. Ce  furent  ses  succès  qui  commencèrent 
à  relever  le  moral  des  troupes  de  la  république, 
après  les  défaites  qu'elles  avaient  éprouvées  dans 
les  départemens  du  Rhin.  Il  leur  donnait  sur- 
tout 1  exemple  de  la  constance  et  de  la  bravoure; 
blessé  à  i  affaire  de  Lauterbourg  dune  balle 
qui  lui  avait  percé  les  deux  jOues  ,  il  ne  quitta 
point  le  champ  de  bataille  ,  et  ne  voulut  se  faire 
panser  qu'après  avoir  rallié  les  bataillons  qui 
étaient  en  désordre.  Aussi  les  soldais  lui  don- 
nerent-ils  dès-lors  ,  comme  les  autrichiens  font 
fait  depuis  ,  le  sur-nom  de  guerrier  sans  peur 
et  sans  nprothe  :  il  avait  en  effet  la  valeur  ,  la 
modestie  ,  le  désintéressement  ,  et  toutes  les 
grandes  qualités  du  héros  qui  jadis  avait  mérité 
ce  nom.  Comme  lui  ,  il  joignait  à  la  valeur  le 
sang-froid  qui  sait  profiter  même  des  revers  ,  ca- 
ractérise le  grand  général  ,  et  décide  presque  tou- 
jours la  victoire.  Dans  une  affaire  où  il  comman- 
dait sous  les  murs  de  Strasbourg  ,  quelques-uns 
de  nos  bataillons  battaient  en  retraite  ,  et  l'en- 
nemi gagnait  du  terrein  ;  il  court  à  eux  :  >»  ca- 
)i  marades,  leur  dit-il,  on  vous  a  mal  rendu 
i>  mes  ôrdtes;  ce  n'est  pas  votre  retraite  que  j'ai 
)■)  ordonnée  ,  c'est  celle  de  l'ennemi.  5)  Les  sol- 
dais de  la  république  reviennent  à  la  charge  ,  et 
l'ennemi  est  battu. 

Cependant ,  malgré  ses  vertus  et  ses  succès  , 
dans  ces  tems  de  délire  où  le  mérite  était  un  titre 
de  proscription  ,  le  domité  de  salut  public  avait 
ordonné  deux  fois  sa  desliiuiion  ;  mais  le  général 
qui  commandait  alors  en  chef  l'armée  du  Rhin  , 
s'y  était  constamment  refusé  ,  et  Desaix  l'avait 
même  ignoré  jusqu'au  moment  où,  couvert  de 
la  gloire  qu'il  s'était  acquise  au  déblocus  de  Lan- 
dau .  il  eut  la  satisfaction  de  voir  l'armée  entière 
s'opposer  à  l'exécution  d'un  troisième  ordre  de 
destitution  ,  apporté  par  un  représentant  qui  eut 
le  bon  esprit  de  céder  aux  vœux  des  soldats  , 
demandant  à  grands  cris  qu'on  leur  laissât  le 
général  qui  les  menait  toujours  à  la  victoire. 

Les  motifs  de  son  dévouement  étaient  trop 
purs  pour  que  cette  irijustice  ,  non  plus  que  le» 
mauvais  traitemens  qu'on  lui  fesait  éprouver  dan» 
la  personne  de  sa  tendre  raere ,  dont  il  avait  vai- 
nement demandé  la  mise  en  liberté  ,  diminuât 
son  zèle  pour  le  service  de  la  patrie  et  pour  [hon- 
neur du  nom  français  II  eut  toujours  la  piui 
grande  part  aux  actions  d'éclat  qui  horlorerent 
les  armes  de  la  république  sur  le  Rhin  pendant 
le  cours  de  l'an  i  et  de  l'an  3. 

Il  fut  enfin  nommé  général  de  division  ;  et  ^ 
quoiqu'il  l'eût  bien  mérité  ,  il  le  dut  princi,pale- 
ment  à  Moreau  ,  juste  appréciateur  du  ioérita 
militaire  ,  qui  ,  ayant  pris  le  commandement  de 
l'armée  de  Rhin  et  Moselle  ,  le  chargea  d'en  com- 
mander l'aile  gauche. 

L'histoire  dira  la  marche  glorieuse  de  cette  ar- 
mée pendant    la  campagne  brillante   de  l'an  4. 


ii64 


Elle  avait  envahi  le  Brisgaw ,  la  Souabe  ,  ■  la  Ba- 
vière ,  et  s'était  avancée  jusques  dans  le  Haui- 
Palatinat ,  lorsque  forcée  ,  par  des  circonsiances 
qui  lui  étaient  étrangères  ,  à  se  replier  des  boids 
du  Danube  jusques  sur  les  bords  du  Rhin,  elle  le 
fil  avec  une  lenteur  savante  et  fiere  qui  rendit 
sa  retraite  plus  honorable  encore  que  ses  triom- 
phes. Desaix  qui  avait  eu  une  si  grande  part  à 
ses  victoires  ,  fut  un  de  ceux  qui  en  eurent  le 
plus  à  cette  opération  militaire  ,  l'une  des  plui 
belles  et  des  plus  difficiles  qui  aient  jamais  été 
faites  ;  mais  quelque  gloire  qu'il  eût  acquise  dans 
cette  circonstance,  il  était  appelé  à  rendre  un 
service  encore    plus  important  à  la  république. 

Moreau  ,  le  modèle  des  hommes  les  plus  dé- 
voués à  la  patrie,  ne  pouvait  se  consoler  de  voir 
la  campagne  perdue  pour  la  brave  armée  qu  il 
commandait,  qu'en  facilitant  du  moins  les  bril- 
lans  exploits  de  l'armée  d  Italie.  Pour  cela,  il 
fallait  retenir  sur  les  bords  du  Rhin  l'armée  du 
prince  Charles  ,  qui  n'aurait  pas  manqué  de  se 
porter  eti  giaiide  partie  dans  le  Milanais  ,  si  elle 
eut  été  libre  de  tome  inquiétude  de  ce  côté; 
mais  pour  occuper  l'ennemi  ,  nous  n'avions  que 
le  fon  de  Kcih  ,  dont  il  paraissait  avoir  à  cœur 
de  s'emparer,  et  la  prise  de  ce  fort  au  commen- 
cement de  la  campagne  ne  nous  avait  coûté  qu'un 
coup  de  main;  il  était  donc  nécessaire  d'en  con- 
fier la  défense  à  un  homme  dont  le  génie  put 
suppléer  aux  avantages  des  fortifications  qui  man- 
quaient à  ce  poste  important ,  et  qui  inspirât  une 
grande  confiance  aux  soldats.  Le  choix  de  Moreau 
se  fixa  Sur  Desaix,  et  Desaix  répondit  à  son  attente. 
Le  terme  inévitable  de  la  défense  de  K.clh  lut 
piolongé  au-delà  de  toute  espérance  ,  et  ce  fort 
ne  fut  évacué  qu'après  avoir  coûté  à  lempereur 
1.5,000  hommes  de  ses  meilleures  troupes,  il  avoir 
arrêté  son  armée  entière  pi-ndant  près  de  deujt 
mois  sous    ses    retranchcmens. 

Cependant  ,  le  but  esseiiiiel  de  cette  résistance 
aussi  importante  que  glorieuse  ,  était  rempli.  Tan- 
dis que  Desaix  retenait  le  prince  Charles  devant 
Kelli ,  Bonaparte  gagnait  sur  le  feld-matéchal 
Alvinzi  cette  fameuse  bataille  d'Arcole  qui  décida 
du  sort  de  1  Italie  ,  reprenait  la  position  avanta- 
geuse de  Rivoli  ,  et  préparait  par  sts  victoires  la 
prochaine  reddition  dcMantoue,  qui  fut  bientôt 
suivie  de  la  signature  des  piéliminaires  de 
Léoben. 

Mais  avant  que  ce  premier  traité  suspendit  les 
exploits  de  nos  guerriers  ,  il  était  réservé  à  1  armée 
de  Rhin-et-Moselle  d  acquérir  encore  en  un  seul 
jour  Ce  qui  aurait  suffi  à  la  gloire  de  toute  une 
campagne.  Le  passage  du  Rhin  au  1"'.  floréal  an 
5  .  le  plus  hardi  et  le  plus  périlleux  qui  ait  jamais 
été  exécuté  ,  sera  un  monument  éternelle  de  sa 
bravoure  et  de  celle  de  Desaix  ,  qui ,  après  l'avoir 
préparé  par  les  ordres  de  Moreau  ,  l'exécuta  le 
premier  à  la  tête  de  sa  division  ,  en  plein  jour  , 
et  en  présence  de  l'armée  ennemie. 

Ce  fut  après  avoir  terminé  si  glorieusement 
cette  époque  delà  guerre,  et  après- s  être  guéri 
des  blessures  qu  il  avait  reçues  à  la  dernière  ba- 
taille, que  Desaix  piofita  de  la  suspension  d'armes 
pour  aller  en  Itahe  visiter  les  campagnes  célèbres 
que  Bonaparte  venait  d  illustrer  d'une  gloire  nou- 
velle ,  et  voir  cet  homme  extraordinaire  ,  vain- 
queur invaincu  des.  plus  grands  généraux  de 
l'Europe.  L'accueil  qu'il  en  reçut  fut  digne  de 
tous  deux.  A  son  arrivée  ,  Bonaparte  fit  mettre 
à  l'ordre  de  l'armée  1  expression  de  sa  haute 
estime  pour  le  général  Desaix  ,  en  ces  termes  : 

41  Le  général  en  chef  avertit  l'armée  d'Italie  que 
le  général  Desaix  est  arrivé  de  l'armée  du  Rhin  , 
et  qu'il  va  reconnaître  les  positions  oii  les  français 
se  sont  immortalisés." 

Cet  honorable  suffrage  fut  suivi  d'une  marque 
de  confiance  plus  grande  encore.  Le  général 
Desaix  fut  un  de  ceux  que  le  général  Bonaparte 
désira  d'associer  à  sa  gloire  ,  lorsqu'il  entreprit 
de  porter  1  honneur  du  nom  français  en  Egypte. 
•Ce  fut  pour  lui  une  nouvelle  occasion  de  s'il- 
lustrer :  par-tout  il  se  montra  digne  de  la  haute 
réputation  qu'il  s'était  faite  à  l'armée  du  Rhin.  A 
la  prise  de  Malte  ,  à  la  bataille  de  Chebreri^s  ,  à 
celle  des  Pyramides  ,  il  développa  de  si  grands 
talens  et  une  si  grande  bravoure  ,  que  le  général 
en  chef  voulut  lui  en  donner  un  témoignage 
durable  ,cn  lui  fesant  présent  d'un  poignard  d'un 
très-beau  travail  et  enrichi  de  diamans,  sur  lequel 
était  gravé  :  Prise  de  Malte  ;  bataille  de  Ckebreriss  ; 
bataille  des  Pyramides. 

Rien  n'était  plus  propre  à  exalter  en  lui  l'amour 
de  la  gloire  ,  ce  puissant  mobile  des  actions  hé- 
roïques qui  oiit  illustré  sa  vie;  rnais,  de  tous  les 
témoignages  -d'estime  qu'il  reçut  de  Bonaparte  , 
celui  qui  le  flatta  le  plus ,  parce  qu'il  le  mettait 
à  même  d'en  mériter  de  nouveaux  ,  fut  l'ordre 
d'aller  faire  la  conquête  de  la  Haute -Egypte  , 
d'achever  d'y  détruire  les  mamelucks  qui  s'y 
étaient  enfuis  avec  Mourad-bey  ,  ou  de  les  en 
chasser  entièrement.  :Cette  entreprise  était  péril- 
leuse et  difficile  ;  ■!  1  exécuta  avec  courage  et 
succès. 


Secondé  par  les  généraux  Friand  ,  Davoust  et 
Belliard  ,  il  livra  divers  combats  à  Sonaguy  ,  à 
Thébes  ,  à  Sienne  ,  à  Gosseyr  ,  et  dans  vingt  autri-s 
endroits  difFérens.  Par-tout  il  fit  triompher  les 
armes  de  la  république  :  il  fit  plus  ,  il  sut  gagiier 
les  cœurs  dos  habitans  du  pays  qu  il  avait  soumis  , 
et  leur  fit  connaître,  le  premier  ,  les  bientaiis 
d'un  gouvernement.  Il  établit  l'ordre  et  la  paix 
dans  une  contiée  011  l'on  ne  connaissait  que  la 
guerre  et  l'anarchie,  et  son  administration  fut 
telle,  qu'elle  lui  valut,  de  la  part  des  habitans, 
le  glorieux  litre   de  Sultan-Juste. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  sous  ce  rapport 
si  intéressant  qu'elle  doit  lui  mériter  des  élogesi 
Il  s'occupa  de  la  rendre  utile  aux  sciences  et 
aux  arts  .  en  procurant  aux  hommes  éclairés  qu. 
sont  chargés  de  reconnaître  ce  pays  ,  non-seule- 
ment tout  ce  qui  dépendait  de  son  autorité  pour 
rendre  leur  voyage  le  plus  sûr  et  le  plus  com- 
mode possible  ,  mais  encore  tous  les  re'seigne- 
mens  qu'il  avait  rt-cucillis  en  recherchant  lui- 
même,  en  homme  instiuit  ,  les  ruines  eties  mo- 
nuincns  intéressans  qui  y  existent. 

Tels  étaient  les  titres  du  général  Desaix  à  la 
reconnaissance  tles  français  et  à  1  immortalité  , 
lorsque,  rappelé  de  îa  Haute-Egypte  par  le  gé- 
néral Kl  eber,  il  signapar  ses  ordres,  avec  les  turcs 
et  les  angl.tis  ,  un  traité  en  vertu  duquel  il  s'eni- 
baVqua  pour  revenir  en  Europe.  Tout  le  monde 
connaît  la  violation  de  la  foi  des  peuples  par  le 
gouvernement  anglais  ,  au  sujet  de  ce  traité  ,  et 
je  ne  souillerai  pas  le  récit  des  hauts-faits  du 
général  Desaix  ,  pnr  le  récit  des  mauvais  irailc- 
raens  que  l'amiral  Keith  lui  a  fait  éprouver;  ils  ne 
&ont  aussi  que  trop  connus  ;  le  courage  et  les 
vertus  de  Desaix  ,  ses  grandes  qualités  ,  et  la 
renommée  de  ses  brillans  exploits  ,  rien  n'a  été 
respecté  par  cet  amiral  ,  qui  n'a  pas  craint  d'atta- 
cher son  nom  à  la  célébrité  d'un  grand  homme  , 
par  une  action  qui  le  déshonore. 

Toute  fois  Desaix  n'était  pas  sans  ressentiment 
de  ces  procédés  révoltans;  mais  son  anie  géné- 
reuse devait  bientôt  éprouver  des  affections  plus 
dignes  d'elle. 

A  son  arrivée  en  France  ,  il  apprend  que  le 
premier  consul  est  en  marche  pour  reconquérir 
lltalie  ;  dès-lors  ,  il  brûle  daller  partager  la  gloire 
que  ce  héros  ne  peut  manquer  d'acquérir.  Le  tems 
fixé  pour  sa  quarantaine  s  écoule  trop  lentement  à 
son  gré  :  il  attend  avec  impatience  l'ordre  de 
se  rendre  à  cette  armée  destinée  à  faire  de  si 
grandes  choses  ;  enfin  il  le  reçoit  de  la  main 
du  premier  consul  lui-même  ,  et  il  est  libre  de 
partir.  Il  se  met  de  suite  en  route  pour  Milan  ,  où 
il  arrive  le  22  prairial.  Nos  braves  avaient  vaincu 
le  20  À  Montebello  ,  et  il  regrettait  de  n  avoir  pas 
pris  part  à  leur  gloire  et  à  leurs  dangers  -,  mais 
les  deux  armées  so-nt  en  présence,  i  instant  qui 
doit  décider  du  sort  de  lltalie  approche  ,  et  les 
talens  de  Desaix  sont  trop  précieux  pour  ne  pas 
être  utilisés  dans  une  circonstance  si  importante. 
Il  prend  le  commandement  dune  des  divisions  de 
l'armée. 

Déjà  le  soleil  qui  doit  éclairer  le  triomphe 
des  français  et  la  défaite  des  autrichiens  .  a  lui 
sur  l'horison  :  la  victoire  sera  brillante  ,  mais  elle 
doit  être  le  pr'X  du  courage  le  plus  opiniâtre.  Le 
combat  commence  avec  vivacité  ,  et  se  continue 
avec  acharnement.  Quatre  fois  les  français  sont 
repoussés  ,  quatre  fois  ils  marchent  en  avant  ;  ce- 
pendant il  faut  enfin  fixer  la  victoire.  Le  premier 
consul,  au  milieu  du  feu  le  plus  vif,  en  saisit 
l'instant  favorable  ;  il  s'adresse  aux  troupes  et 
leur  dit  :  n  Enfans  ,  souvenez  -  vous  que  mon 
)>  habitude  est  de  coucher  sur  le  champ  de 
))  bataille,  n  A  ces  mots  ,  Desaix  profitant  de 
l'émotion  qu'ils  ont  fait  sur  nos  braves  ,  s'élance 
avec  impétuosité  au' milieu  des  bataillons  enne- 
mis,  et  la  réserve  qu'il  commande  les  charge  à 
la  bayonnette.  La  division  Boudet  suit  ce  mou- 
vement audacieux  ,  et  toute  l'armée  s'avance  au 
pas  de  charge  :  l'action  devient  terrible  ;  mais  ô 
douleur  !  Desaix  est  atteint  d'une  balle  mortelle  , 
au  moment  même  où  ses  efforts  décident  la  vic- 
toire ;  et  ce  héros  dont  l'Europe  et  lAfrique  cé- 
lèbrent les  exploits  ,  a  terminé  une  si  belle  car- 
rière en  proférant  ces  mots  :  )>  Allez  dire  au 
!i  premier  consul  que  je  meurs  avec  le  regret 
i>  de  n  avoir  pas  assez  fait  pour  vivre  dans  la 
"  postérité.  >' 

Non  ,  cet  injuste  présage  ne  sera  point  accompli  : 
la  mémoire  des  exploits  de  Desaix  ne  péiira 
point,  et  ses  dernières  paroles  ne  feront  qu'at- 
tester à  la  postérité  que  rien  n  égale  sa  valeur  et 
ses  talens,  si  ce  n'est  sa  modestie. 

O  généreux  Desaix  !  si  du  séjour  qu'habitent 
les  âmes  des  grands  hommes  ,  tu  peux  jouir  en- 
core des  ïffections  qui  étaient  l'objet  de  tes  vœux 
les  plus  doux  et  de  tes  plus  chères  espérances  , 
jouis  de  la  gloire  de  tes  compagnons  d'armes  ! 
vois  le  sang  de  Rivaud  ,  de  Champeaux ,  de 
Muller,  de  Mainoni  ,  couler  honorablement  pour 
la  patrie  !...,.  Vois  le  brave  Kellermann  ,  digne 


fils  du  vainqueur  du  .ac  septembre,  culbutant 
l'ennemi  et  donnant  le  signal  de  la  victoire  ;  vois 
cette  colonne  intrépide  des  grenadiers  de  la  garde 
consulaire  ,  marchant  aux  ordres  du  général 
Lannes  avec  la  division  Vatiin  et  la  division 
Boudet  ,  enfoncer  les  derniers  bataillons  ennemis 
et  charger  la  cavalerie,  que  foudroie  l'ariille.rie 
dirigée  par  Marmont  !  vois  le  bouillant  Murai  et 
le  vaillant  Bessieres  chassant  les  débris  de  l'armée 
autrichienne  jusqu'aux  rives  de  la  Boimida  ,  et 
revenant  annoncer  aux  champs  de  Mariiigo  la 
victoire  à  laquelle  tous  les  braves  avaient  pris  une 
paît  si  glorieuse  ! 

Porte  tes  regards  sur  les  bords  du  Lech  et  du 
Danube  :  vois  ce  guerrier  si  cher  aux  français  ,  si 
respecté  de  nos  ennemis  ,  et  dont  tu  l'honore 
dêtre  l'émule,  recevoir  de  l'armée  de  réserve  le 
signal  qu  il  lui  avait  donné  ,  et  répondre  à  ses 
victoires  par  une  victoire  nouvelle  !  vois  cet  in- 
trépide Lecourbe  ,  dont  l'audace  et  l'habileté  ne 
connaissent  point  les  revers  ,  diriger  le  courage 
indompté  de  ces  braves  qui  passent  le  Danube  à 
la  nage  .'  Sa  valeur  vient  d'tfîacer  pour  la  Seconde' 
lois  l  humiliation  qu  Eugène  et  Marlboroug avaient 
fait  éprouver  aux  français  à  Hochstet.  Contemple 
enfin  tous  les  corps  de  cette  armée  si  féconde 
en  succès  ,  si  digne  de  l'armée  victorieuse  à 
Matingo  ,  et  jouis  de  voir  ton  pays  parvenu  au 
plus  haut  degré  de  gloire  militaire  que  les  nations 
puissent  atteindre  ! 

Jouis  sur-tout  de  l'allégresse  publique,  accueil- 
lant le  premier  consul  rayonnant  de  gloire  ,  et 
présageant  la  paix  ! 

Reçois  les  hommages  que  le  tribunal  rend  à  t» 
mémoire   ! 

Que  ton  ame  soit  sensible  au  tribut  de  recon- 
nais.sance  nationale  que  te  paient  les  premiers 
magistrats  qui  ,  en  labsence  du  premier  consul , 
se  sont  montiés  si  d'gnes  de  le  suppléer  par  la 
sagesse  de  leurs  actes  ,  et  par  le  prix  qu'ils  ont 
su  mettre  aux  exploits  de  nos  braves  dont  ils  ont 
été  constamment  jaloux  d'encourager  l'ardeur  et 
de  récompenser  les  hauts- faits!  Par  leurs  soins  , 
ton  nom  servira  de  base  à  cette  colonne  natio- 
nale qui  doit  offrir  à  la  vénération  des  siècles  les' 
noms  des  héros  qui  auront  illustré  la  république; 
un  trophée  te  sera  élevé  dans  le  temple  de  Mars 
où  ton  ame  doit  se  complaire  ,  et  un  monument 
aussi  durable  que  les  rochers  indestructibles  sur 
lesquels  il  sera  placé  .  conservera  pour  la  pos- 
térité tes  dépouilles  mortelles  ,  afin  que  rien  de  ce 
qui  fut  toi  n'échappe  à  l'immortalité. 

La  suite  demain. 


Bourse  dul]. — Effets  publics. 

Rente  provisoire 21   fr.  38  c. 

Tiers  consolidé.. 3i   fr.  83  c. 

Boris  deux  tiers ■ i   fr.  Sï  c. 

Bons  d'ariérage 87   (r.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 82  fr.  63  c. 

Syndicat 66  fr.  5o  c. 

Coupures.  .    6G  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


Euràta  des  deux  premières  listes  des  souscripteurs  ait 
monument  à  élever  à  la  mémoire  du  général  Desaix. 

Première  liste.  On  a  oublié  de  porter  ,  parmi  les 
noms  des  membres  de  l'administration  du  musée 
central  des  arts,  le  citoyen  Raymond  ,  architecte 
du  palais  national  des  sciences  et  des  arts  ,  et 
membre  honoraire  du  conseil  du  musée. 

Seconde  liste.  Bauset  ,  ancien  agent-général  des 
étapes  militaires  ,   lisez  ':  Banset. 

Lupais  et  Gelot  ,    banquiers  ,  lisez  :  Hupais. 

Riboustel ,  lisez  :  Ribouttet. 

Roquelante  ,  rue  ci-devant  Royale,  lisez  :  Ro- 
quesante. 

François  Tirpaut,  commissaire  de  marine  ,  etc. 
lisez  :  Terpaut. 

Desfournille  ,  de  Bordeaux,  lisez  :  Desfourniel. 

Amaury  Duval ,  chef  du  bureau  des  beaux- 
'arts ,  14  fr.  lisez  ;  24  fr. 

Le  cit.  Merleus  ,  graveur  ,  etc. ,  lisez  :  Merlens. 

On  continue  à  recevoir  les  souscriptions  au 
Lycée  républicain  ,  passage  du  Lycée  ,  près  le 
palais  du  Tribunal. 

Au  Cercle  des  négocians  ,  rue  de  la  loi ,  près 
le  boulevard. 

Au  bureau  du  Journal  de  Paris  ,  rue  Jean- 
Jacques  Rousseau. 

Au  bureau  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  , 
n"  18.  ^ 

JV-  B.  La  liste  des  souscripteurs  sera  ouverte 
jusqu'au  a5  messidor.  On  indiquera  à  celte  époque 
le  lieii  ou  se  tiendra  l'assemblée  pour  nommer  les 
membres  du  comité   chargé  de  l'exécution. 


A  Paris  ,  de  l'i.njirir.ierie  du  cit.  Agassc  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  P.oitevins ,  n"  l3. 


GAZETTE  NiWrONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  289. 


JVonidi  ,  1 9  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Mo  NIT  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  su 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

PORTUGAL. 

De  Lisbonne  ,   le  zg  prairial. 

J_iA  nouvelle  de  la  sortie  de  la  flotte  combinée 
de  Bresi'était  tellement  accréditée  ici  le  25  ,  que 
le  gouvernemeni  fit  partir  de  celte  place  des  dé- 
tachemeos  de  troupes  pour  garnir  les  forts  qui 
défendent  l'entrée  des  poris  et  les  côtes  voisines. 
Le  gouvernement  ayant  su  le  lendemain  qu'il  avait 
pris  mal-à-propos  l'alarme,  envoya  ordre  à  ces 
détachemens  de  rétrograder. 

"Vingt-sept  transports  anglais  ,  venant  des  ports 
d'Angleterre  ,  et  ponant  4000  hommes  de  troupes , 
ont  mouillé  le  26  vis-à  vis  de  l'entrée  de  notre 
rade.  Ils  ont  envoyé  prendre  des  rafraîchissemeiis 
à  terre.  Le  28 ,  ils  ont  remis  à  la  voile  ,  pour  se 
rendre  dans  la  Méditerranée.  On  croit  ces  troupes 
destinées  pour  1  Italie. 

Un  exprès  arrivé  aujourd'hui  de  Vigo  ,  nous 
a  apporte  la  nouvelle  que  le  corsaire  de  Bor- 
deaux le  Brave  ,  y  avait  conduit  (à  Vigo)  untrès- 
eros  navire  anglais  .  armé  de  20  canons  ,  et  chargé 
de  sucre  ,  café  ,  cuirs  ,  etc.  dont  il  s'était  emparé 
aprê.'î  un  combat  de  près  de  deux  heures. 

ALLEMAGNE. 

Stullgard ,  le  4  messidor. 

Le  i*^'  messidor,  le  général  Meerfcldt  avait 
attaqué  les  français  et  s'était  avancé  vers  Friedberg; 
mais  ceux-ci  ayant  reçu  des  renforts  le  repous- 
sèrent   avec   perte. 

—  Wickam  et  le  comte  de  Lehrbach  sont  arrivés 
àRalisbonne,  suivis'  d'une  grande  partie  des 
bagases  autrichiens.  —  Le  duc  de  Wirtemberg. 
qui  .'jusqu'à  présent  était  resté  à  Weiliingën  est 
parti  pour  Anspach. 

Les  français  ont  dernièrement  pris  quatre  dra- 
peaux,  ï3  canons,  55o  charriots  chargés  de  vivres 
et  de  munitions  pour  Ulm  ,  avec  45oo  hommes  ; 
les  troupes  autrichiennes  ont  toujours  été  battues  , 
et  cette  ville  paraît  devoir  être  bientôt  la  proie 
des   français. 

—  Le  général  Moreau  a  fait  à  Kray  la  pro- 
position de  se  renvoyer  mutuellement  les  pri- 
sonniers qu'on  ferait  de  part  et  d'autre,  et  de 
soigner  les  blessés  dans  le  lieu-même  oîi  on 
les   aurait   trouvés. 

Le  quartier-général  de  Moreau  était  le  6  à 
Neresheira.  (Extrait  du  Strasburger  Weltbote. ) 

INTERIEUR. 

Paris ,    le  iS  messidor. 

Un  violent  orage  a  ravagé  .  le  g  de  ce  mois  , 
Plombières  et  tous  les  lieux  circonvoisins.  L'eau 
est  entrée  dans  les  maisons  après  avoir  entraîné 
la  terre  des  coteaux.  Les  vignes  et  les  chenevieres 
ont  été  déracinées. 

L'épouse  du  citoyen  Clesquin  ,  cultivateur  à 

Chasenl  ,  département  de  la  Côte-d'Or,  est  ac- 
couchée dernièrement  de  cinq  enfans  ,  dont  deux 
garçons  ;  ils  n'avaient  que  sept  mois  .  étaient  bien 
conformés,  et  pesaient  24  livres  et  demie.  Trois 
de  ces  enfans  sont  morts  en  naissant  ;  les  deux 
autres  leur  ont  survécu  de  trois  heures.' 

—  Le  doyen  des  astronomes  de  l'Europe  , 
M.  Kœîlncr  ,  est  mort  dernièrement  à  Gottingue  , 
âgé  de  83  ans. 

—  La  société  d'agriculture  du  département  de 
la  Seine  ,  tiendra  une  séance  publique  ,  le  20 
messidor,  dans  le  local  de  l'Oratoire. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  16  messidor,  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre  ,   arrêtent  ce  qui  suit  : 

L'état  de  siège  de  la  commune  de  Montauban 
ctt  levé. 

Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution  du    présent  arrête 

Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  ietrétaire-iétat ,  signé,  II.  B.  M.^KiiT. 


Arrêté  du  même  jour.  ! 

Les  consuls  de  la  république,  vu  la  loi  du  2 
floréal  an  6  ,  qui  autorise  à  (axer  par  assimilation 
les  marchandises  non  énoncées  dans  le  tarif  du  28 
fructidor  an  5  ; 

Vu  ledit  tarif,  dans  lequel  les  farines  ne  sont 
point  comprises  ; 

Considérant  que  la  taxe  établie  sur  lé  blé  par 
ce  tarif,  est  la  seule  qui  puisse  être  prise  pour 
base  dans  la  fixation  tîe  la  taxe  sur  les  farines  : 
que  néanmoins  la  première  a  lieu  sur  le  volume , 
tandis  qu'il  convient  de  régler  la  somme  sur  le 
poids  ; 

Mais  qu'en  réduisant  au  poids  le  kilolitre  de 
blé,  les  dix  myriagrammes  de  cette  denrée  se 
trouvent  taxés  à  trois  centimes  pat  cinq  kilo- 
mètres de  trajet  ,         ~ 

Le  conseil-d'état  entendu,  arrêtent: 

Art.  1''.  Le  droit  à  percevoir  sur  les  farines 
transportées  sur  le  canal  du  centre  ,  seia  ,  quelque 
soit  le  mode  de  chargement,  perçu  à  raison  du 
poids. 

IL  Le  droitsera  de  trois  centimes  par  dix  myria- 
grammes et  par  cinq  kilomètres  de  trajet. 

III.  Le  présent   arrêté  sera  imprimé  et  affiché  ; 
le  ministre    des  finances   est   chargé   de  son  exé- 
cution.     ■  5!£7ie,  Bor. APARiE. 
Par  le   premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  ij  messidor  ,  an  8. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
nomrne  les  citoyens  dont  les  noms  suivent  ,  pour 
lemplir,    dans  le    département    de  l'Escaut,   les 
fonctions  ci-après   désignées  ,   savoir  : 

Tribunal  criminel  séant  a  Gand. 

Président.  Blemont ,  commissaire  actuel  près  les 
tribunaux. 

Juges.  Varembergh,  juge  ociuel.  Vispoel  ,  idem. 

Suppléans.  Hortag  ,  homme  «le  loU  Dubosch  , 
commissaire  près  1  administration  centrale. 

Commissaire.  Méaulle  ,  ex-législateur,  ex-juge 
de  cassation. 

Greffier.  Amoreau  ,  ex-commissaire  du  gou- 
vernement prés  l'administration  municipale  de 
Gand. 

Tribunal  civil  séant  a  Gand. 

Président.  Beyens  ,  l'aîné,  jurisconsulte. 

Vice-président.  Chatillon  ,  ex-président  ^du  tri 
burial  criminel  de  1  Escaut,  ex-juge  du  tribunal 
de  la  Seine. 

Juges.  Penlinx,jage  actuel.  Troisœuf  .  ex 
législateur.  Van-de-Putte  ,  juge  actuel.  Alexis 
De\os,  idem.  Louis  Real,  ex-coramissaire  du 
gouvernement  dans  les  départèraens  du  Gard  et 
du  Nord. 

Suppléans.  Lecat ,  juge  actuel.  Vander-Vennet , 
idem.  Dhacnens  ,  homme  de  loi.  Meyer  ,  ju"e 
actuel. 

Commissaire.  Lejeune  ,    accusateur  public. 

Substitut.  Dechavanncs  .  commissaire  près  l'ad- 
.niinistration  municipale  à  Orstbourg. 

Greffier.  Demeyers  ,   greffier  actuel. 
Tribunal  séant  a  Dendermonde. 

Président.  Eman  ,  commissaire  du  goiiverne- 
meiit  à   Leyde. 

Juges.  Apets  ,  juge  actuel.  Limpens  ,  idem. 
CliOTopré  ,  commissaire  près  la  police  correc- 
tionnelle. 

Suppléons.  Dekeyser  ,  juge  actuel.  Brancôme  , 
idem.  'Vfsembrant  ,  commissaire  du  gouverne- 
ment à  Hammes. 

Commissaire.  Albert ,  commissaire  du  gouver- 
nement  à  Termade. 

Greffier.  Leunckens ,  ex-secrétaire   à  Alost. 
Tribunal  séant  a  Oudenarde. 

Président.  Charles  Duaigny.juge  actuel. 

Juges.  Sostier ,  juge  actuel.  Cotnelis,  com- 
missaire  actuel. 

Suppléons.  Beyens',  secrétaire  de  l'administra- 
tion municipale  à  Dtynge.  DHoiit  père  ,  homme 
de  loi  à  Gatiil. 

Commissaire.  Grulrtos ,  ex-adminisiralcur. 

Greffier.  Onracl,  cx-jugcde-paix  à  Oudenarde. 


Tribunal  séant  au  Sas-de-Gand. 

Président.   Tigelberth,  juge-de-paix  à  Huitz. 

Juges.  Vanderheyden  (de  'Waiervliet.  )  Ferle- 
man  ,  commissaire  près  l'adininisiration  munici- 
pale de  1  Ecluse. 

Suppléans.  Deguchtenaere  ,  à  Assenede.  Da- 
mour  ,    homme  de   loi  à  Wafervliet. 

Commissaire.  Pages  ,  commissaire  actuel. 

Greffier.  Cock  ,  commissaire  près  l'administra» 
tion  municipale   à  Yrendyck. 

Ordonne  en  conséquence  qu'ils  se  rendront 
de  suite  à  leur  poste  ,  pour  y  remplir  les  fonC' 
dons  qui  leur  sont  attribuées  par  la  loi. 

Signé,   BoNAi-ARTE 

Par  le  premier    consul , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
nomme  les  citoyens  dont  les  noms  suivent  ,  pour 
remplir,  dans  le  département  de  la  Lys  les  fonc- 
tions   ci-après  désignées  ,  savoir  : 

Tribunal  criminel  séant  a  Bruges. 

Président.  Kermacker  ,  président  actuel  du  tri- 
bunal criminel. 

Juges.  Isenbrant,  substitut  actuel  du  coramiss. 
Tomkins ,  accusateur  public.  Daisac,juge   act. 

Suppléans.  Busschacrt ,  membre  de  1  administr. 
centrale. 

Commissaire.  Vandewalle ,  greffier  actuel  du 
tri'ounal  civil. 

Grever.  Vertanke  ,  greffier  actuel. 

Tribunal  civil  séant  a  Bruges. 

Président.  Grys  père  ,    ex-juge. 

Vice-président.  Vandenbogaerde  ,  juge  actuel. 

Juges.  Marant  ,  idem.  Slock  ,  idem.  Kesleloot , 
idem.  Colignon  ,  idem.  Neudt ,  idem. 

Suppléans.  Vantheme  ,  jvge  actuel.  Gondesene; 
idem.  Madred  ,  ex-juge-de-paix.  Dhert  ,  présid. 
de  l'administration  de  Wcscapeles. 

Commissaire.  Thiennot ,   ancien  magistrat. 

Substitut,  Jorret  ,    ex-commissaire  central. 

Greffier.  Augustin  Vanpraet  ,   commis-greffier. 
Tribunal  séant  a  Courtray. 

Président.  Robyn  ,  juge  actuel. 

Juges.  Hotroet  (  de  Menin  )  juçe  actuel.  Bliau  , 
juge-de-paix.  Russecuw  ,  commissaire  actuel. 

Suppléans.  Dcbbaut  ,  président  de  l'administra- 
tion municipale,  Engel ,  homme  de  loi.  Vanruym- 
beke  ,  idem. 

Commissaire.  Maës  ,  ex-législateur. 

Greffier.  Filleul  ,  juge  actuel. 

Tribunal  séant  a  Ypres. 

Président.    Vandermeersch  ,   ex-juge-de-paix. 

Juges.  Beke  .  juge  actuel.  Hemessy  ,  idem. 
Ryckasseys  ,  commissaire  actuel. 

Suppléans.  Vandecastecle,  ex-administrateur  du 
déparielneni.  Vaneslar.d;  ,  ex-administrateur.  De- 
coninck  fils  ,    homme  de  loi. 

Commissaire.  Jossaert ,  commissaire  près  la  po- 
lice correctionnelle  à  Bruges. 

Greffier.  Vanprovyn  ,  greffier   actuel. 

Tribunal' SÉANT  a  Furnes. 
Président,  Villaert  ,  juge  actuel, 
jft^^w.  Pierre  François  Prévost,  ex-comraiss<)ire- 
pensionnaire   à  Furnes.   Spot-Barry  ,  homme  de 
loi.  Charles  de  Latere. 

Suppléans.  Gruwé  ,  ex-secrétaire  du  canton  de 
Pervyse.  Looten  ,  arpenteur.  Woets  ,  ex-commis- 
saire de  Dixmude. 

Commissaire.  Debouck ,  greffier  du  tribunal 
criminel   à  Bruges. 

Greffier.  Demey  ,  juge  actuel. 
Oidonne    en  «conséquence   qu'ils  se   rendront 
de  suite  à  leur  poste  pour  y  remplir  les  fonctions 
qui  leur  sont  attribuées  par  la   loi. 

Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  si^é  ,  H.  B.  Maret. 


11 66 


^nne  ai- fêté  du  mêine  Jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 
nomme  les  citoyens  dont  les  noms  suivent ,  pour 
remplir,  dans  le  département  d'e la- Meu^e-Infé- 
rieure  ,  les  fonctions  ci-après  désignées ,  savoir  : 

Tribunal  criminel  séant  a  Mastricht. 

Président.  Membrede ,  ex-législateur. 

Juges.  Lirapert,  ex-juge.  Meller  ,  juge  actuel. 

Suppléans.  Fecrain ,  juge  actuel.  Droixhe  ,  idem. 

Commissaire.  Michiels  ,  ex-législateur. 

Greffier.  Tboelen  ,  greffier  actuel. 
Tribunal  civri;  séant  a  Mastricht. 

Président.  Devlicckx  ,  juge  actuel. 

Juges.  Craliay  ,  éommissaire  actuelprèslapolice 
correciionneile.  Jea'rt-Jacques  Corneli ,  homme  de 
loi.  Ci:iespens  ,  juge  actuel.      • 

Suppléons.  Lipkens  ,  juge  actuel.  Vanheyler- 
hossen  ,  hommÉ  dé  loi.  Kferen'S  .  idem. 

Commissaire.  Daret ,  comnirssaîre  actuel. 

GrtffiiT.  LongTé  ,  greffier  actuel. 

Tribunal  séaNt  A  Ruremondê. 

Président.  Ramackers ,  juge  actuel. 

Juges.  Timmérmans  ,  juge  actuel.  Strens ,  idem. 

SuppUjcm.  Janssiii,  homme  de  loi.  Smion,  idem' 

Commissaire.  Vanhaelen  ,  homme  de  loi. 

Grtffitt.  BoVy ,  greffier  aÈtuel  du  tribunal  civil. 
Tribunal  Séai^jt  a  Hasselt. 

Président.  Gàsipard  Vossêns  ,  homme  de  loi. 

Ju^es.  Vanhalén  ,  juge  actuel.  Jean  -  Jacques 
Démonfaigné  ,  idein.  Kémpenèèrs  ,  idem. 

Suppléans.  Thiessen  ,  juge  actuel.  Lambert  Ray- 
mackèrs ,  horaftie  dé  loi.  SimonS  ,  idem. 

Commissaire..  Siaens  ,  commissaire  actuel  près 
radniinistration  municipale  de  Saint-Frond. 

Greffier.  Véen,  commissaire  actuel  près  la  police 
correctionuellc. 

Ordonne  en  conséquence  qu'ils  se  rendront 
de  suite  à  leur  posie  ,  pour  y  remplir  les  fonc- 
tions q^ui  leur  sont  attribuées  par  la  loi. 

Signé.,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret.     • 
Autre  arrêté  du  même  jvur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  dé  là  république  , 
nommé  les  citoyens  dont  les  norat  suivent ,  pour 
remplir  ,  dans  le  département  des  Deux-Neihes  , 
les  foncdons  ci-après  disignées  ,  savoir  : 

Trfbunal  criminel  séant  a  Anvers. 

Président.  Charles  Dor ,  membre  du  tribunal  de 
cassation. 

jfu^eî. Carré, accusateur-public  actuel.  Demoor, 
c'x-législal'e\x*r. 

Suppléans.    Van  Welleysen  ,     homme    de    loi. 
Dargonne  ,  ex-commissaiie   près    ladministration 
municipale. 
■    Commissaire.  Délàbliissé  ,  ex-législateur. 

Greffier  Legros  ,  substitut  actuel  du  com- 
tnissaire. 

Tribunal  civil  séant  a  Anvers. 

Président.  Vâudun  ,  hôrhme  de  loi. 

Vice-président.  Gayre  ,  juge. 

Juges.  Visser  ,  homme  de  loi.  Wouwermans,  id. 
Fradin  ,  ex  -  membre  du  tribunal  de  cassation. 
Nahteuil  ,  fils  ,  homme  de  loi.  Martin  ,  juge 
actuel. 

Suppléans.  Lepaige  .  fils  ,  homme  de  loi.  Wol- 
fenaer,  idem.  Van^iewalle  ,  juge  actuel.  Gérard  , 
homme  de  loi. 

Commissaire.  Chabroud  ,  commissaire  actuel. 

Substitut.  Dourouzeau  ,  fils ,  homme  dt  loi  , 
de  Paris. 

Greffier.  Gaflier,  président  actuel  du  tribunal 
criminel. 

.Tribunal  civil  séant  a  MALii>iEs. 
Président.  Poulet,  homme  de  loi. 
Ju.ges.  Verhac^ghen,  homme  de  loi.  Bourdeaux 
juge  actuel.  Maisonnêuve  ,  ancien  magistrat,  tx-I 
juge  du  tribunal  de  la  Charente, 

Suppléans.  Pausens,  peie^homme  deloi.  Marit, 
idem.  Docher  ,  idem. 

Commissaire.  Crabeels  ,:gréffier  du  ttibunal  cor- 
rectionnel. 

Greffier.  Tourn ,  juge  actuel. 

TiRIBtNAL    séant  A   ThURNOUT. 
Président.  Lemmens  ,  homine  de  loi. 
Juges.  Valé,  homme    de  loi.  Courtois,   siibs- 
litul    actuel    au   tribunal    civil.     Vangenechten  , 
homme   de  loi    , 
■  ISuppleâns.Y'an-Ah],  père,  ci-devant  secrétaire 


die  ée'erî.  D'esseJcket-,  juge  actuel.  T>egoûis\  ,  né- 
gociant. 

Commissaire.  Geirts  ,  juge  actuel. 
Gffffiéf.  .-. ....  ,  greffier'  actuel. 
Ordonne  ^.ea  conséquence  q-u'ils    se  rendront 
de  suite  à  leur  poste,  pour  y  remplir  les  tonc- 
ions  qui  l';ur  sont  attribuées  par  la  loi. 
Par  le  premier  consul , 

Signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état,  sigité.  H.  B.  Maret. 

AatTt  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république 

nomme  les  citoyens  dont  les  noms  suivent  ,  po^>r 

réniplir    dans    le    déparlement     de    Sambre-ei- 

Meuse   les    fonctions  ci-après  désignéas  : 

Tribunal  criminel  séant  a  Namur. 

Président.  Vaugeois. 

Juges.  Laloux  ,  juge  actuel.  Dubois  Saim-Hu- 
beri  ,    idem. 

Suppléans.  Mathieu  .  hpmme  de  loi.  Dellevoge, 
chef  de   bureau  à  l'administration  centrale. 

Commissaire.  Balardelle  ,  président  actuel  du 
li'ibuifial  criminel. 

Grtffijtr.  Lafontalne  ,  greffier  actuel  du  tribunal 
de  commercé.     . 

Tribunal  civil  séant  a  Namur. 
'  Président.  Dubois  senior  ,  juge  actuel. 

Juges.  Moiiscn  ,  juge  actuel.  Huart ,  junior , 
idem.  Grenier  .  idem. 

Suppléons.  Matchot ,  juge  actuel.  Harlel  ,  idem. 
Lirhelette  ,  idem. 

Commissaire.  Dupré,  greffier  actuel  du  tribuiial 
criminel. 

Greffier.  Baré  ,  greffier  actuel  du  tribunal 
civil. 

Tribunal  séant  a  Dînant. 

Président.  Dufaut,  juge  actuel. 

Juges.  Lenoir  ,  juge    actuel  ,   Colignon  ,  idem. 

Suppléans.  Liou  ,   notaire.  Meunier  ,  médecin. 

Commissaire.  Hollerel  ,  commissaire  actuel  à 
Namur. 

Greffier.   Laeharlerie  ,   greffier  actuel. 
Tribunal  séant  a  Marches. 

Président.  Blouet  ,  commissaire  actuel  près  le 
tribunal   civil  à   Coblentz. 

Juges.  Mersch,  juge   actuel.    Danblon  ,   idem. 

Suppléans.  ikdot.  noiaiie.  Godefroy  ,  juge-de- 
paix  du    canton  4e    la   Roche. 

Commissaire.  Frocrain,    commissaire  actuel. 

Greffier.  Boue    commissaire  à  Dinant. 
Tribunal  séant  a  St.-Hubert. 

Président.  Millard  ,  juge  actuel. 

Juges.  Labeville  ,  juge  actuel.   Herman  ,  idem. 

Suppléans.  Daudroi ,  homme  deloi.  Ghobert, 
ex-commissaire. 

Commissaire.  Esmenjaud  ,  commissaire  actuel 
près   le  tribunal. 

Greffier.  Benoit  ,    homme   de  loi   à  Namur. 

Ordonne  en  conséquence  q'u'ils  se  rendront 
de  suite  à  leurposte  ,  pour  y  remplir  les  fonctions 
qui  leur  sont  attribuées  par  la  loi. 

Signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d  état ,  signé  ,  H.  B.  MaRet. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
norhrae  les  citoyens  dont  les  noms  suivent,  pour 
remplir ,  dans  le  département  de  Jemmappes  ; 
les  fonctions  ci-après  désignées,   savoir; 

Tribunal  criminel  ,  séant  a  Mons. 

Président.  Houzé  ,  président  du  tribunal  tri- 
minel. 

Juges.  Fonson  ,  juge  actuel.  Williems ,  substitut 
actuel  du  commissaire. 

Suppléans.  Farin  ,  juge  actuel.  Delwart  ,  idem. 
Commissaire.  Rosier,  accuîateur-judjlic  actuel. 
Greffier.  Senaui ,  greffier  actù«l. 

TribùnÀl  civil    séant  a  Mons. 
Président.  Abrassart  (  de  Mons)  ,  homine  de  loi. 
Juges.  Pertau  ,  juge  actuel.  Soyer,  ex-cçmmis- 
saue  près  la  police  correctionnelle..  Farin  ,  juge 
acuel. 

Suppléans.  Simon  ,  -juge- actuel.  Plapied  ,  îl^em. 
Auquier  (de  Mons  )  ,  homme  deloi. 
Commissaire.  Sia  ,  commissaire  actuel. 
Grç^r.  Pariaû  ,  greffier  actuel. 

Tribunal  séant  a  Tournay. 
Président.   Berger  ,. juge  actuel. 
jfu^£i.  Derasge  ,  juge  actuel.  M&^flond ,  idem. 
Lehon  ,  homme  de  loi. 


Suppteans.  Vinchehf'-Detvignè  ,  juge-de^paix  à 
Tournay.  Dubus  ,  homme  de  loi.  Debellignier  » 
idem. 

CanMissairt.  Cuveliers  ,  coramissait-e  actue^i 

Greffier.  Bruneau,  greffier  actuel. 

Tribunal  séant  a  Charleroy. 

Président.  'Wautier  ,  juge  actuel. 

Juges.  Bourgeois  .juge  actuel.  Chaise  ,  ex-com- 
missa-ire  près  la-  police  correctionnelle,.  Nalmnes  , 
juge-de-paix  à  Chatelet. 

Suppléans.  Dupuys  ,  juge  actuel.  Binard ,  t«i«m' 

Commissaire.  Marlier,  cotnmissaire  près  la  police 
conreciionnelle. 

Greffier.  Défrise  ,  juge  actuel. 

Ordonne  en  coijséqjuenee  qu'ifs  se  rendront 
de  suite  à  leur  poste  ,  pour  y  remphr  les  fonc- 
tions quj"  leur  sont  attribuées  par  la'  loi. 

Signé,  Bonaparte., 
Par  le  prernier  consul , 
Le  secrétaire-d' état  ,  signé ,  H.  B.  MaIiet. 


Autre'  arrêté  du  même  jour. 

Au     NOM    DU     peuple    FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur  pour  le-  citoyen  Masclet.- 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  conduite 
distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du  citoyen 
Ma,5clet  ,  maréchal-des-logis  à  la  i"  cornpagnie 
du  ;'  légiment  d'artillerie  à  cheval  ,  à  I  affaire  qui 
eut  lieu  devant^Biberaeh  ,  le  19  floréal  an  8  , 
lorsque  montant  à  cheval  pour  voir  de  plus  prè» 
une  batterie  ennemie  de  six  pièces  qui  avaient 
dcmonié  la  sienne  ,  et  appelant  à  lui  un  canon- 
nier  et  5  à  6  chasseurs  du  5'^  régiment  ,  il  se  mit 
à  leur  tête  ,  et  fondit  sur  la  première  pièce  qui 
fut  enlevée  et  conduite  au  parc  ,  lui  décerné  , 
à  titre  de  récompense  nationale  ,  une  grenade 
d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  17  messidor,  an  8  de  la  répu- 
blique française. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministn  de  la  guerre  ,  signé ,  Carnot. 


Autre  arrêté  du  nîémejour.,. 

Au     NOM     DU     peuple     FRANC  AI  s. 

Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Nazé. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  i-épubiique  . 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatant» 
du  cit.  Nazé ,  canonnier  à  la  4°  compagnie  du  7* 
régiment  d  artillerie  à  cheval  ,  à  l'affaire  qui  eut 
lieu  le  19  floréal  an  8  ,  devant  Biberach  ,  oîi ,  aprèp 
avoir  contribué  à  la  prise  de  la  première  pièce 
d'une  batterie  ennemie  ,  il  tua  le  chef  de  1» 
seconde ,  et  s'en  serait  rendu  maître  ,  si  des  force;^ 
supérieures  ne  l'eussent  obligé  de  renoncer  à  son 
entreprise  ,  lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense 
nationale  ,  une  grenade  d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite  ré- 
compense par  l'arrêté  du  4  nivôse  an, 8. 

Donné  à  Paris  le  17  messidor,  an  8  de  la  répu- 
blique française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  BoNAfARTE. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,   H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé ,  CAJti^oT. 

C  O  N  S  E  I  L-D'  ÉTAT. 

Extrait   des  registres   des    délibérat'wns,  —  Séanoe 
du  14  messidor ,  an  8  de  la  république. 

avis. 

Le  cOBseil-d'état  qui  ,  d'après  le  renvoi  d4S 
consuls  et  surle  rapport  de  la  section  des  finances, 
a  discuté  un  projet  d'arrêté  présenté  par  le  mi- 
nistre des  finances  ,  tendarit  à,sublituer  le  direo- 
teur  général  du  trésor  public  ,  et  Je  lirjuidatem 
général  de  la  dette  pubhque  aux  commissaires 
dé  la  tiésorérié  ,  pour  la  rex:tifioaliion  des  enrAurs 
de  noms  et  prénoms  dans  les  titres  de  propriétés 
des  rentes   perpéluelles   et  viagères  v 

•Est  d'avis  qu'un  nouvel  arrêté  n'est  pas  néces- 
saire ,  attendu  que  quant  au  directeur-général  <iu 
trésor  public,  il  ne  s'agit  que  de  5e  conforpier 
au^  IV  de  l'article  I^'  du  chapitre  X  de  l'arrêté 
concernant  l'organisation  de  la  trésorerie.  Cet 
article  porte  :  que  le  directeur  de  la  dette  pu- 
blique demeure  substitué  aux  commissaires  de 
la  trésorerie  nationale  ,  pour  opérer  toutes  rec- 
tifications ,  en  se  conformant  aux  huit  premiers 
articles  de  -la  Loi  du  8   fructidor  an  5. 

A   regard   dû  liquidateur-général  de  la   dette 


1167 


publique.  M  peut  se  servir  du  in-ême  agent  poar  ] 
lès  erreurs  et  VecliGcations  relatives  aux  créiinces  ■ 
qu'il   liquide. 

Pour  extrait   conforme  ,. 

Le  J4CM'<ai;'6-gçn''r'î'  ^'i  conseil-d'état  , 

S,igné ,  J.  G.  Loc^i. 
Approuvé  l'«  i'6  messidor. 

Signé ,.  Bonaparte.  , 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Le  citoyen  Romain  Doré  .  raaielot  à  bord 
Juyaisseau  de  la  république /efterfoutdi/e,  mouillé 
en  rade  de  Brest  ,  éiait  tombé  à  li  mer  des 
grands  hauibans  oii  il  était  occupé  à  travailler. 
Pendant  que  Ton  mettait  à  l'eanles  embarcations 
pour  le  sauver,  le  citoyen  Eiienne  Pelle ,  maître 
caiionnier  sur  le  même  bâtiment,  s'éiant  apperçu 
que  le  citoyen  Doré  allait  disparaître  ,  s'est  pré- 
cipité tout  habillé  dans  la  mer,  et  l'a  ramené 
quelques  instans  après  à  bord.  —  Le  citoyen 
jeàn-Marie  Simon  Leparc  ,  l'un  des  timoniers 
du  Redoutable,  a  eu  pan  à  cette  belle  action  ,  en 
se  jetant  aussi  à  l'eau. 

PRÉFECTURE     DE    POLICE. 

Le  préfet  aux  commissaires  de  police.  —  Paris , 
le  16  messidor  an  S  de  ta  république  franr^aise  , 
nne  et  indivisible. 

Je  suis  infoimé  ,  citoyens  ,  qu'au  mépris  de  l'ar- 
jêié  du  bureau  central  du  f^'  frimaire  an  6, 
concernant  la  vente  du  loin  et  de  la  pa'lle  sut 
les  marchés,  et  les  magasins  de  ces  derirées  dans 
l'intérieur  de  Paris,  la  plupart  des  fermiers  ,  la- 
boureurs et  marchands  dans  l'usage  d'approvi- 
sionner cette  ville  ,  çircu'çnt  dans  les  rues  avec 
leurs  voilures  ,  et  qu  ils  s'arrêtent  de  porte  en 
porte  pour  vendre  en  gros  et  en  déiail.  Une  pa- 
leiilc  conduite  produit  des  inconveniens  trop 
graves  pour  quelle  ne  mériie  pas  d'être  sévè- 
rement réprimée.  En  effet  ,  il  en  résulte  urie 
augmentation  et  trn  cours  moins  régulier  dans  le 
prix  des  denrées  ,  par  le  défaut  d'abondjince  sur 
les  places  affectées  à  ce  genre  de  commerce  , 
et  que  ces  denrées  étant  sousiraiies  à  la  sur- 
veillance de  la  police  ,  les  acquéreurs  sont  soit- 
vcnt  trompés  et  sur  la  qualiié  et  sur  ie  poids  , 
indépendamment  que  la  voie  publique  se  trouve 
embarrassée  à  chaque  instant.  Ces  motifs  me  font 
un  devoir  de  vous  imposer  1  obligation  expresse 
de  paicourir  très-fréquemment  vos  divisions  res- 
pectives,  et  de  saisir  les  voilures  de  louragcs  sta- 
tionnant sur  la  voie  publique  ,  dont  la  destination 
Be  sera  pas  constante.  Vous  devrez  vous  confor- 
nier  pour  l'exécution  de  cette  mesure  à  lart.  XVI 
.de  l'arrêté  du  i"  du  mois  courant ,  au  s.ujt-t  des 
voitures  des  marchands  forpins  qui  approvision- 
ueni   les   halles  du  centre. 

]£n  attendant  que  je  puisse  renouveller  les 
léglemens  relatifs  au  commerce  des  louragcs  ,  je 
vous  recommande  de  tenir  exactemetit  la  main  à 
l'exécution  des  dis;  osiiions  de  ranêié  précité  du 
bureau  ceultal  ,  et  de  me  rendre  compte  du  ré- 
s'uhat  de  vos  soins  à  cet  égard. 

Le  préfet  de  police ,  signé  ,  Dubois. 
Le  chef  du  bureau  de  commerce  et  denapigation  , 
Signé  ,  Çjjicou. 


Du  18  messidor. 


Le  fpu  a  pris  vers  les  4  heures  du  mptin  ,  rue 
<lcs  Miiiiipes  ,  chez  Thotiiy  ,  loueur  de  caros.SÊS  ; 
il  a  été  élj:int  air  bout  d  une  heure  ,  tuais  la  perte 
Cit  considérable.  Neuf  chevapx  ont  ))éri  dans  les 
flaninjes.  Lc.s  spcours  p;it  é;é  cependant  rapides 
ej^iirp«ipis.  On  attribue  la  C3ufe  de  cet  incendie 
3  l'impiqd.ence  d'un  cocher  qpi  fum.ait  djins 
l'écurie. 

Un  événement  de  ceue  nature  est  un  avis  formel 
aux  propriétaiics  et  principaux  lot^alaires  de  mai- 
son ,  cl  en  géuéral  à  tous  les  rAaiitre.S  de  voitures, 
pour  veiller  soigneusement  à  ce  que  les  cochei> 
ou  palfreniers  ne  fument  jamais  dans  les  écuries 
■ri  aupiès  des  déjiôis  a  fumiers.  N  est-il  pas  encorp 
de  liniérêt  de  ceux  qui  soignent  les  chevaux  de 
ne  jioint  commetiie  une  telle  imprudence  ,  dont 
ils  peuvent  devenir  les  premières  victimes. 


T      R     I      B      U  M     A     T. 

Présidence  de  Jard-Panvillicrs. 

SUITE    DE    LA     SÉANCE   DU    IS    MESSIDOR. 

Mongez.  Il  n'est  donc  plus  ce  héros  ,  que  nous 
.pleurons  sur  les  bords  de  la  Seine,  et  que  pleu- 
rera 1  égyptien  sur  le»  ruines  de  Mempliis  !  il  n'est 
^ionc  plus  cet  homme  vertueux  ,  que  les  peuples 
voisins  de»  cataractes  avaient  nommé  le  sultan 
juste!  il  n'est  donc  plus  ce  général  qui  porte  le 
drapeau  tricolor jusqu'au  tropique,  au-delà  du- 
quel le  conquérant  de  l'univers ,  le  peuple  romain  , 
n'osa  porter  «es  aigles  redoutables  .' 


Plaine»  de  Maringo  ,  vous  l'avez  vu  atteint  d'un 
plomb  meurtrier;  vous  l'avez  entendu  gémir  sur 
la  brièveté  de  sa  carrière  ,  qui  ,  selon  lui  ,  ne 
devait  pas  occuper  la  muse  de  l'histoire  ;  enfin  , 
vousavezvusa  grande  ame  s'élever  avec  majesté 
vers  ces  voûtes  célestes  ,  oti  brillent,  couronnées 
de  gloire  ,  les  ombres  de  Dugoinmier  ,  de  Hoche  , 
de  Marceau  ,  de  Joubert,  et  de  tous  ces  braves 
guerriers  qui ,  pendant  le  cours  de  deux  lustres, 
ont  scellé  de  leur  sang  généreux  les  fondemens 
de  la  république. 

Un  de  nos  rois  parlant   5.  son    petit-lils  ,    qu'il 
plaçait   sur    le    trône    d  Espagne ,  lui   disait  avec 
plus  de  faste  que  de  vèriiè  :  il  n'y  aura  plus  de  Py- 
rénées.  C'est  aujourd'hui  que  la  France  descendue 
en  Iialie    peut   dire  avec  orgueil  :  les  Alpesncxis- 
lent plus. 'i^ous  sommes  renirèsdans  cette  Cisalpine 
que    nos    ancêtres    conquirent   sur  les   romains, 
qu'ils  habitèrent  pendant  si  long-tenis,  et  que  nos 
ayeux  reprirent  tant  de  fois.  Oue-la  lille  de  Didon 
ne  chante  plus   les  Alpes  l'orcTcs  par  Annibal -,   le 
carthaginois  ne   les  perça  que  dans  un  seul  point. 
Bonaparte  a  franchi  à-la-fois. le  mont  Bernard  ,  le 
Gothard   et  le  SSrapion.  Ce  n'était  plus  des  soldats 
armés  d'arcs  et  de  lances  qui  gravissaient  les  som- 
mets des  Alpes  :  mais  on  a  vu   ces   rochers  éter- 
nellement glacés  se    courber    sous   le   poids   de 
l'airain  qui  devait  vomir  les  foudres  à  Montebello 
et  à  Maringo. 

Oue  ce  passage  ,  à  jamais  rrièraorable ,  soit  con- 
sacré par  des  monumens  plus  durables  ,  que  le 
trophée  érigé  par  Annibal.  Des  événemens  ,  qui 
semblent  appartenir-plus  à  la  fable  qu  à  1  histoire  , 
appellent  des  monumens  gigantesques  et  merveil- 
leux. Qhie  les  rocs  ,  témoins  de  1  heureuse  lémè- 
rité  de  nos  défenseurs    et    de   leur  intrépide  dé- 
voûment,  en  conservent  la  mémoire  aux  siècles 
les  plus  reculés.  Qu'a  l'imitation  des  célèbres  bas- 
reliefs  ,  sculptés  sur  les  rochers   de  Persépolis  et 
d'Elèphanta  ,  on  grave  sur  le  gianit  des  Alpes  les 
portraits  de  nos  généraux  !  Q_u  après  vingt  siècles  , 
on  y  puisse  encore  admirer  ces.  héros  qui  osèrent 
commander  le  passage  ,  et  les  braves  qui  n  hési- 
tèrent pas  à  l'exécuter. 

A  peine  notre  guerrier    avait-il   salué   la  terre 
qui  l'avait  vu  naître  ,  qu'il  brûlait  de  rejoindre  le 
conquérant    de   lEgypte.  Combien    de    glorieux 
souvenirs    devaient    les    rapprocher  !    Ils    étaient 
entrés  ensemble  dans  cette  île  et  cette  ville  guer- 
rière ,    contre  lesquelles   les  forces  du   Croissant 
échouaient  depuis  près  de  trois  siècles  ;  ils  avaient 
abordé   ensemble  sur   les   rives  du  Nil  ,  conquis 
Alexandrie  et  le  Caire.  En  quittant  lEgyple  pt^ur 
revenir  dans  cette  contrée  ,  où  notre  bonheur  et 
sa  glorieuse  destinée   le  ranienait ,   Bonapjirie  se 
reposait  du  soiir  de  conserver  à  4a  l'rance  l'néritage 
des  Pharaons  et  des  Piolémées,  sur  Klèber  et  Dcsaix. 
Son  attente  n'a  pas  été  trompée  ;  sa  confiance 
n'a  pas  été  vaine.  Desaix  a  défendu  les  campagnes 
de  Thebes.  En   \a  n  le  plus  ledoutable  des  beys 
a-t-il  survécu  à  sa  défaite;  en  vain,  a-i-il  rassem- 
blé  les    mameluks     fugitifs    :  notre  héros   ne   lui 
donne  point  de  relâche  ;  il  brave  les  feux  du  Tro- 
pique ,   et  poursuit   Mourad-bey  au-delà  de  ces 
Cataractes,  dont  aucune  armée  n'a\ait  approché 
dei)uis   douze  siècles. 

Desaix   rentre  au    Caire    victorieux  ;    et   il   se 
délasse  des   fatigues  militaires  en    partageant  les 
travaux  de^l'institut  dEgypie.  Alexandrie  avait  vu 
les    califes    détruire  ,  en  lui  donnant  des  lois  ,  les 
faibles  étincelles  des   sciences    et    des    arts  ,  qui 
brillaient  encore  ;  elle  voit  aujourd'hui  les  fran- 
çais vainqueurs  faire  revivre  ses  antiques  muséum  , 
et  rappeler  sur  les  bords  du  Nil  lesscienccs  exi- 
lées depuis  si  long-iems  ;  mais  de  nouveaux  périls 
menaçaient  Desaix.  Il  s  embarque  en  vertu  d'une 
capiiulation  solennelle  et  sur   un   navil'e   neutre. 
Il  est  porteur  des    sceaux  du  grand  visir  et  d'un 
général  anglais  ;   et   même    un    officier    de   cette 
nation  monte  sur  le  même  bord  ,    afin  de    faire 
respecter  le   traité.  Cependant,  à   peine    arrivé   à 
Livourne  ,   un  amiral    anglais  ,  dont    le   nom  ne 
doit  pas    souiller   la   tribune    nationale  ,   déclare 
prisonnier ,  au    mépris   des   conventions  ,  le  gé- 
néral   français.   Il  joint    1  insulte  à   la  perfidie.  Il 
croit  humilier  le  vainqueur  de  la  Haute-Egypte, 
en  le  confonelant  ,  par   une   ironie   qui   ne   peut 
atteindre   légalité  pour    laquelle  Desaix   avait  si 
heureusement   combattu  ,  en  le  confondant  avec 
les  braves   qui  l'accompagnaient.   Desaix  ne   ré- 
ppnd  à  tant   de    lâcheté  qije    par  ces  mois  ,  qui 
rappellent  les  Baj.ard  et  le,s  Puguesclin.. .  .  . . 

"Je  ne  vous  demande  rien  que  de  me  délivrer 
de  votre  présence  ';  faiies  ,  si  vous  le  voulez  , 
donner  de  la  paille  aux  blessés  qui  soiH  avec 
moi.  J'ai  iraiié  avec  les  mamelucks  ,  les  turcs  ,  les 
arabes  du  grand  désert  ,  les  éthiopiens  ,  les  noirs 
de  Darfour  ;  ipus  respeciaient  leur  parole  lors- 
qu'ils l'avaient  donnée  ,  et  ils  n'insoltptcnl  pas  aux 
homme»  dans  le  malheur.  >>   _ 

L  histoire  et  U  poésie  célébreront  à  l'envi  Ion 
courage  et  ta  valeur  ,  ô  Desaix  !  et  te  prodigue- 
ront leurs  palmes.  Mais  tu  mérites  une  autre 
couronne  ,  et  c  est  aux  magistrats  du  peuple  à 
te  la  donner.  Ici  mes  collègues  m'ont  devance 
par  la  pensée  ;  ils  voudront  récompenser  la  nio- 
-o  érfitio»  ,  ton  équité  et  ton  désintéresseii;ent.  Je 
dois  pioclamer  ici   en  leur  nom  ,    qu'autant  ih 


attachent  de  pn'n  atlK  V"^'Oir.<».  qvi  affcr'ïis-'îej^t 
la  réjjubljfiiie.  ,  et  qui  re.ndLei)t  célèbre,  le  nom 
français  ,  autant  ils  accordent  d'estim.e  ^  '-i  T,"* 
déralion  et  a,u  désintéressement  qui  font  bénir 
ce  nom  glorieux.  Marceau  ,  Jouberr,  vos  grand«j 
ombres  tressaillent  à  la  vue  d'un  guerrier  que  ks 
turcs  et  les  égypliens  ont  surnommé  le  Juste  ;  de 
ce  guerrier  qui  ,  repoussant  l\loui;ad.-Bey  au,-dc^ 
des  cataractes  ,  aresuccié  les  propqiéié^  des  égy.p"  , 
tiens  vaincus.  Tu  paria^jes  ,  ô  ÛL-saix,  ce  g,lp- 
rieux  surnom  de  Juste  avec  Aristide';  qui ,  comme 
toi,  avait  cornballu  aVcc  gfoire  l«s  ennemis  dç 
sa  république  ,  à  Marathon  ,  à  Fiatée  et  à  Sa- 
lamine. 

Puissent  les  lauriers  dont  nous  entrelaçons  tes 
cyptès  ,  réjdtiir  ton  ombre  glorituse  !  qu'ils  lui 
apprennent  que  ta  rpddcstie  t'a  trompé  ,  que  ton 
nom  vivra  dans  l'histoire,  çt  quç  ,  joipt  à  celui 
de  tous  nos  gueiricts,  il  durera  autant  que  la 
république  française  Vivent  donc  à  jamais  pesaix 

et  tous   nos    braves   défenseurs  ! Vive'' a 

jamais  la  république  ,  mère  de  tant  de  héros  ! 

Le  tribunal  ordonne  I  impression  de  tous  les 
discours. 

Laiissnt.  Tribuns  du  peuple  ,  la  plupart  d'entre 
nous  entraînés  par  le  rnoiivement  généra),  et  cé- 
dant à  un  juste  seniimeiil  ,  avons  déjà  poilê 
au  premier  consul  des  tributs  individuels  d'ad-- 
miraiion  de  reconnaissance  et  dejoie. 

Mais  lorsque  de  grands  services  ont  éié  icndivç 
à  la  nation  par  son  premier  magistrat  ;  lors- 
qu'il remplit  l'Europe  et  le  monde  eniîer  de  la 
gloire  de  notre  patrie  ,  c'est  à  la  nation  et  à  la. 
patrie  de  l'en  récompenser  par  dhonorables 
témoignages  .  et  c'est  au  tribunal  ,  qui  est  leur 
organe  constiiuiionnel  ,  de  les  exprimer.  Je  n'ai 
point  pensé  qu'une  démarche  faite  par  quclquèsi 
membres  du  tribunal,  durant  rinicrvalle  de  ses' 
séances  ,  et  sans  une  délibération  formelle  ,  eût 
un   caractère   national. 

Si  tous  les  français  étaient  tout-à-l'heare  ici. 
présens  ,  doutez-vous,  tribuns  ,  <ju  ils  ne  voii- 
lussent ,  par  des  acclamations  unanimes,  faire 
retentir  leurs  félicitations  au  premier  consul  , 
assez  heureux  pour  avoir  encore  cette  fois  ,  par 
des  conceptions  et  des  actions  presque  surna- 
naturellcs  ,  sauvé  la  Hbçrié  de  son  pays  ,  rendu 
nos  armées  à  la  victoire  ,  nos  alliés  à  l'exisience, 
et  les  enneiT-is  à  la  nécessité  pressanie  d'une  paijt 
solide  pour  lous,  et  pour  nous  républicains. 

Ce  que  le  peuple  français  rassemblé  tout  entier 
fêtait  ,  il  nous 'appartient  à  nous  cjui  le  suppléons 
de  le  faire  à  s^  place. 

Nous  dirons  au  premier  consul  :  u  Gloire  aux 
n  armées  qui,  sur  les  rivcs  du  Pô  et  sur  les  rives 
))  du  Danube,  se  sont  à  l'envi  moii'.rées  invin- 
?»  cibles  !  gloire  aux  généraux  sous  lesquels  , 
))  reprenant  leurs  anciennes  habuudes,  elles  ont 
Il  rivalisé  d'habileté  ,  de  valeur  et  de  pauio'- 
>)  tisme!  gloire  au  premier  magistrat  de  1.^  naiiort, 
I)  qui,  kur  donnant  cette  impulsion  ircésislibie, 
1)  s  est  montré  digne  d'elles  et  digne  du  peupla 
>>  français  ,  donl  il  a  justifié  la  confiance  ;  puis.ie- 
jî  t-il  contiijuer  lotigtems  de  marcher  à  l'iramor- 
!)  lalité  ,  en  méritant  toujours  aussi  bien  de  sa 
I)  patrie.  î; 

Je  fais  la  motion  que  ce  vœu  ,  ou  tout  autre 
équivalent,  soit  porté  par  une  jiéputatjon  dit  tri- 
bunal au  premier  consul. 

Je  demande  que  cette  proposition  soit  renyoyéç 
à  1  examen  d'une  commission. 

Le   renvoi  est  prononcé. 

Portiez  ,  de  l'Oise.  J'ai  une  proposition  addi- 
tionnelle à  faire  ;  je  dcrtiande  qtie  lé  gouverner 
ment  soit  invité  a  transmettre  à  la 'famille  dé 
Desaix   un   extrait  de  la  séance  de  ce  jour. 

Cett.e  proposition  ,  mise  aux  voix  ,  .est  adoptée;. 

Un  membre  de  la  commission  des  inspecteurs       ^ 
se  présente  pour  faire  un  rapport  sur  les  dépenses 
du  tribunal  pendant  l'an  §.'  "  — '.  ■    1 

Sur  lii  demande  d'un  grand  noipbrç  de  se» 
naernbfes  ,  le  uibunat  leve.saséjince  ,  et  s'ajourne 
au   î5. 

Au  Ré^ackjir, 

Paris,  te    16  messidor,  [5  juillet). 
Citoyen, 
Je   crpis    devoir   voi^s   trarismellrp  la   liste  de? 
loastf^  qui  ont  été  portés  .au   diné  q.ire  le,s  cii9y<n^ 
des  Eiais-Uiiis  d'Amérique  ont  donné  hier4.juilT 
lei  (  i5  m.ejisiçlor)  ,  anniversaire  de  la  liberté  aiiié- 
ricaine.  Ils  serviront   à   p,i;puv,<îr ,  ce  me  sci^ble  , 
que  les  apiis  de  la   liberté  atnéricaine   panggeoj 
avec  la  France  ,  l'estime  ,  la  reconnaissance  ,  l'adr 
miration  ,  que  méritent  si  bien  son.  rjouveau  gou- 
vernement   et    son  auguste  chef.  Ils  prouveront 
etifore  cofl'biçn   les  aiivéricains  soupirent  après 
le  réiablissenient  de  l  union  et  de  l3  bpjin*  tnt«t> 
iigence  enirc  les  deux  républiques. 
T  O   A   s  T  s. 

r".  A|U  Quaire-luilltt ,  annivertaire  de  I  indé- 
pendance aiuéricainc. 


ii68 


2°.  Aux  Etats-Unis  d'Amérique. 

3°.  A  la  république  française  ,  et  à  ses  invin- 
cibles armées. 

4°.  A  la  mémoire  du  général  Washington. 

5°.  Aux  président  et  vice-président  des  Etals- 
Unis  d'Amérique. 

6».  Au  général  Bonaparte  ,  premier  consul  de 
la  république  française. 

7°.  Au  prompt  rétablissement  de  la  bonne 
harmonie ,  si  essentielle  à  l'une  et  l'autre  ré- 
publique. 

8°.  Aux  envoyés  plénipotentiaires  des  Etats- 
Unis   auprès   de    la   république    française. 

g".  A  la  mémorable  victoire  de  Maringo  ,  et 
aux  suites   heureuses  qu'elle  promet. 

10°.  A  la   paix  générale. 

Yeiiillez  .  citoyen  rédacteur,  leur  accorder  urie 
place  dans  votre,  intéressante  feuille. 

Voire    abonné  , 

Américanus. 


Sur  Latour  -  d'Auvergne. 
Permettez  .citoyen,  à  un  homme  que  Latour- 
d'Auvergne  honora  de  son  amitié,  d'offrir  publi- 
quement'à  la  mémoire  de  cet  illustre  capitaine 
l'hommage  d-e  ses  regrets  et  celui  de  son  admi- 
ration. Lorsqu'il  me  communiquait,  il  y  a  peu 
de  tems  .  ses  projets  lilléraires  (i)'.  lorsqu'il  m'ex- 
primait ses  vœux  pour  )e  trioraiilie  de  notre 
patrie  .  et  les  espérances  que  lui  donnait  la  réor- 
ganisation des  armées,  lorsque  je  l'embrassai 
avant  son  départ  pour  celle  du  Rhin  .  combien 
J'étais  loin  de  prévoir  que  je  dusse  sitôt  pleurer 
ta  perte  ,  et  tracer  quelques  lignes  de  son  éloge 
funèbre  ! 

J'eus  le  bonheur  de  connaître  T.atotjr-d'Au- 
vergne'à  l'armée  des  Pyrénées  occidentales.  C'est 
«omme  témoin  oculaire  que  je  rappellerai  quel- 
ques-uns des  traits  par  lesquels  il  mérita  de  com- 
mander conlinuellcment  l'avanl-garde  de  celte 
brave  armée. 

Latour-d'Auverfrne  .  né  à  Ponlivy ,  d<ins  la  ci- 
devant  province  de  Bretagne  ,  se  livra  à  l'état 
militaire  dès  ses  plus  jeunes  années.  Il  sut  unir 
C!  concilier  de  bonne  heure  le  goût  des  lettres 
et  celui  des  armes  ;  aussi  Latour-d'Auvergne  , 
célèbre  entre  nos  guerriers  ,  l'est  également  parmi 
Eos  savans  ,  et  j'ai  toajours  été  surpris  que  l'ins- 
tilul  national  ne  l'eûi  pas  appelle  dans  son  sein  ; 
il  n'y  cul  pas  été  moins  à  sa  place  qu'à  la  tête 
de  nos  "trenadiers. 

Il  avait  à-peu-Tirès  5o  ans  ;  il  en  comptait  40  de 
service  ,  dont  33  effectifs.  Après  de  si  longs 
travaux  ,  il  était  réduit  à  la  pension  de  retraite  , 
«ni.  pour  le  grade  de  capitaine,  estdeSoo  francs; 
il  est  vrai  que  le  gouvernement  lui  avait  attribué 
le  traitement  de  ce  grade  en  activité,  avec  faculté 
d'en  jouir  par-tout  où  bon  lui  semblerait.  Savez- 
vous  oii  il  allait  le  recevoir  ?  à  l'armée  ,  aux  avant- 
postes  .  OÎi .  malgré  son  âge  et  ses  droits  au  repos , 
il  se  plaisait  aie  mériter  encore  par  de  nouveaux 
services.  Ce  traitement  lui  suffisait  non-seulement 
pour  vivre,  mais  encore  pour  3e  livrer  au  plaisir 
de  la  bicnfesance.  Il  est  peu  d'hommes  qui  aient 
porté  plus  loin  la  frugalité  :  il  ne  se  nourrissait 
que  de  laitage  -,  l'uniforme  national  était  sa  plus 
grande  parure,  et,  seul,  sans  domestique,  il 
fiabiiait  Passu  depuis  quelques  années  .  dans  un 
très-peiit  appartement .  dont  ses  livres  et  ses  armes 
formaient  toute  la  décoration. 

Lalour-d'Auvcrgne  manifesta  le  patriotisme  le 
plus  prononcé  dès  les  premiers  instans  de  la 
révolutio-n.  Il  a  fait  toute  la  guerre  de  la  liberté. 

A  l'armée  des  Pyrénées  occidentales  ,  il  com- 
mandait toutes  les  compagnies  de  grenadiers  qui 
formaient  lavant-garde  ,  et  cette  colonne  ter- 
rible ,  dite  ta  colonne  infernale ,  avait  presque 
Wtijours  remporté  la  vicioire  ,  lorsque  le  corps 
d'armée  arrivait  sur  le  champ  de  bataille. 

Il  aimait  beaucoup  les  grenadiers  basques  ,  à 
cause  de  leur  agilité  dans  les  montagnes  et  de 
îeur  bravoure.  Tout  en  combattant  à  leur  tête  , 
il  étudiait  leur  langue  ,   pour  découvrir  de  plus 


Parmi  la  multitude  de  traits  extraordinaires  qui 
l'illustrèrent  dans  cette  armée  ,  je  n'en  citerai  que 
deux.  Les  espagnols  sciaient  retranchés  en-deça 
de  la  Bidassoa- dans  une  maison  crénelée  ,  d'oi^i 
ils  inquiétaient  nos  avant-postes  ,  et  notas  em- 
pêclinient  de  prendre  la  fameuse  position  de 
la  montagne  de  Louis  XW.  Il  fallait  les 
chasser  de  cette  forteresse;  Latour-d'Auvergne 
est  chargé  de  l'expédition.  Il  arrive  à  la 
tête  des  grenadiers  et  sous  le  feu  des  batteries 
ennemies,  devant  la  maison  crénelée,  d  où  les 
espagnols,  à  l'abri  de  nos  coups  ,  fesaient  un  feu 
terrible.  Rien  ne  l'arrête  ;  il  avance  ,  découvert 
jusqu'à  la  porte  ,  ordonne  aux  grenadiers  de 
placer  le  bout  de  leurs  fusils  dans  les  crénarix  , 
el  frappant  lui-même  la  porte  à  coups  de  pied 
et  à  coups  de  tête,  en  vrai  breton,  il  somme 
les  ennemis  de  se  rendre  ,  et  les  menace  de  les 
brûler.  Intimidés  par  tant  d'audace  ,  les  ennemis 
rendirent  à  Laiour  -  d'Auyergtie  une  forteresse 
vraiment  inexpugnaole. 

Après  la  prise  des  fam-euses  redoutes  d'Irun 
et  de  Fontar.ibie  ,  l'avant-garde  française  arrive 
devant  Saint-Sébastien  ,  forteresse  située  sur  un 
rocher  au  milieu  de  la  mer.  Latour-d'Auvergne  se 
jeté  dans  un  léger  esquif,  et  va  sommer  le  com- 
mandant de  rendre  la  place.  Au  milieu  de  ces 
montagnes  ,  les  français  n'avaient  pu  amener 
qu  une  pièce  de  8.  Lalour-d'Ativergne  ,  feignant 
que  nous  avions  toute  notre  arlilleiie  devant  la 
place  ,  menace  de  la  brûler.  Le  commandant  , 
intimidé  par  nos  dernieies  victoires,  par  le  ton 
d  assurance  de  cet  illustre  parlemctiiaire  ,  com- 
mence à  faiblir;  mais  capitaine  ,  lui  dit-il  .  vous 
navezpas  liréun  seul  coup  de  canon  sur  ma  cilndelk; 
faites-moi  du  moins  lliomicur  de  la  saluer;  sans 
cela  ,  vons  sentez  bien  que  je  ne  peux  pas  vous  la 
rtndre.  Laiour  -  d  Auvergne  connaissait  trop  les 
lois  de  la  guerre  et  de  l'honneur  pour  ne  pas 
accéder  à  cette  demande  ;  il  revient  au  camp  ; 
on  fait  jouer  la  pièce  de  8  ;  la  place  nous  répond 
par  une  grêle  de  boulets  et  d'obus.;  un  moment 
après  ,  1  intrépide  parlementaire  retourne  à  la  for- 
teresse ,  et  s'en  fait  remettre  les  clefs. 

Latour-d'Auvergne  était  appelé  à  tous  les  con- 
seils de  guerre.  Il  a  constamment  fait  le  service 
de  général  aux  Pyrénées  .  et  n'a  jamais  voulu  le 
devenir.  Sa  modestie  égalait  ses  talens  et  sa  bra- 
voure. 

Les  généraux  Frégeville  ,  Montey  .  Laborde  , 
Castelvert  et  tant  d'autres  braves  qui  furent  ses 
compagnons  d'armes  aux  Pyrénées  se  fesaient 
gloire  de  lui  témoigner  la  déférence  que  l'on  doit 
à  un  homme  supérieur. 

Après  la  paix  avec  l'Espagne  ,  Latour  -  d'Au- 
vergne s'étant  embarqué  sur  un  bâtiment  fran- 
çais pour  se  rendre  en  Bretagne  ,  fut  pris  par  les 
anglais.  Un  jour  on  voulait  obliger  nos  prison- 
niers de  guerre  à  quitter  la  cocarde  nationale;  il 
était  parmi  eux  ;  il  les  invita  à  n'en  rien  faire  :  il 
résista  lui  seul  à  force  ouverte  aux  agens  dti  gou- 
vernement britannique  ,  qui  voulaient  exécuter 
cet  ordre  avec  violence;  il  fut  vainqueur  et  garda 
sa  cocarde.  Peu  de  tems  après  il  fut  échangé,  et 
revint  dans  sa  patrie  qu'il  avait  défendue  et  ho- 
norée jusques  dans  sa  captivité. 

Fatigué  de  tant  de  travaux  ,  il  vivait  à  Paris 
dans  la  retraite  ;  il  apprend  que  son  ancien  ami 
l'illustre  Librignnt .  vieillard  octogénaire,  vient 
d  être  séparé  par  la  réquisition  d  un  fils  unique  , 
dont  l'assistance  et  les  talens  lui  étaient  du  plus 
grand  secours.  Il  se  présente  au  directoire  :  il 
obtient  la  faculté  de  remplacer  le  jeune  soldat, 
se  rend  à  l'armée  du  Rhin  comme  simple  volon- 
taire, et  renvoie  le  jeune  homme  à  son  père. 
O  combien  ce'  savant  vénérable  va  donner  de 
larmes  à  celui  qu'il  appelait  son  rédempteur  ! 

Couvert  de  cheveux  blancs  ,  mais  encore  ar- 
dent comme  on  l'est  dans  la  première  jeunesse  , 
il  partit  l'année  dernière  pour  l'armée  dHelvétie  , 
où  il  fit  la  campagne  avec  Massena. 

Enfin  ,  il  était  réservé  au  premier  de  nos  géné- 
raux de  donner  au  premier  de  nos  capitaines 
une  récompense  ditine  de  sa  grande  ame.  Latour- 
d  Auvergne  n'a  point  voulu  se  parer  de  l'épée 
d'honneur  avant  de  l'avoir  éprouvée   sur  les    en 


de  Bouillon.  Eh  !  qu'importe  de  quelle  branche  , 
s'il  hérita  des  talens  et  des  vertus  de  son  illustre 
ancêtre  ?  Il  avait  la  mêm»  bonté  ,1a  n>ême  sim- 
plicité de  mœurs  :  il  avait  même  une  partie  de 
ses  traits,  et  je  n'ai  jamais  vu  le  portrait  de 
Turenne  au  muséum  ,  sans  être  frappé  de  la 
ressemblance.  Il  existe  un  autre  portran  de  ce- 
héros  ,  qui  ne  lui  ressemble  pas  moins.  Il  a  été 
tracé  par  une  des  plumes  les  plus  éloquentes 
dont  ta  France  s'honore  ,  et  je  ne  puis  résister 
au  plaisir  de  le   copier  ici. 

Il  Q;i'il  eût  amassé  de  biens  et  d'honneurs, 
et  qu  il  eût  vendu  chèrement  tant  de  travaux  et 
de  services  !  Mais  cet  homme  sage  et  désinté- 
ressé ,  content  des  témoignages  de  sa  conscience  , 
et  riche  de  sa  modération  ,  irouve  dans  le  plaisir 
qu'il  a  de  bien  f  .ire  .la  récomi>ense  d'à  voir  bien  fait. 
Quoiqu'il  puisse  tout  obtenir  ,  il  ne  demande  et 
ne  prend  rien  ;  il  ne  désire  .  à  l'exemple  de 
Salomon  ,  qu'un  état  frugal  et  honnête  .  entre  la 
pauvreté  et  les  richesses  ;  et  quelques  offres  qu'on 
lui  fasse .  il  n'étend  ses  désirs  qu'à  proportion 
de  ses   besoins  .  et   se   resserre    dans    les    bornes 

étroites  du    seul   nécessaire 

t>  Remporlait-il  quelqu'avantage?  à  l'entendre, 
ce  n'était  pas  qu'il  fûi  habile  ,  mais  1  ennemi  s'était 
trompé.  Rendait  -  il  compte  d'une  bataille  ?  il 
n'oubliait  rien  ,  sinon  que  c'était  lui  qui  l'avait 
gagnée.  Racontait-il  quelques-unes  de  ces  actions 
qui  l'avaient  rendu  si  célèbre  ?  on  eût  dit  qu'il 
n'en  avait  été  que  le  spectateur,  et  l'on  doutait  si 
c'était  lui  qui  se  trompait  ou  la  renominée. 

5>  Se  dépouillant  de  toute  la  gloire  qu'il  avait 
acquise  pendant  la  guerre  ,  et  se  renfermant 
dans  une  société  peu  nombreuse  de  quelques 
amis  choisis  ,  il  s'exerçait  sans  bruit  aux  venus 
civiles  ;  sincère  dans  ses  discours  .  simple  dani 
ses  actions,  Hdele  dans  ses  amitiés,  exact  dans 
ses  devoirs  ,  rejlé  dans  ses  désirs  ,  arand  même 
dans  les  moindre'!  choses.  Il  .se  cache,  mais 
sa  réputation  le  dé'-.ouvre  :  il  marche  sans  suite 
et  sans  équipage,  mais  ch.iriin  dans  son  esprit 
le  inet  sur  un  chat  de  triomphe....  Tout  seul 
qu'il  est  .  on  se  figure  autour  de  lui  ses  vertus 
et  ses  victoires  qui  l'accompagnent  :  il  y  a  je 
ne  sais  quoi  de  noble  dans  cette  honnête  sim- 
plicité ,  et  moins  il  est  superbe,  plus  il  devient 
vénérable.  !> 

C'est  ainsi  que  Fléchier  retraçait  le  caractère 
de  Turenne.  Tous  ceux  qui  ont  connu  Lalour- 
d'.\uvergne  y   reconnaîtront  ses  traits. 

Je  vous  prie  ,  citoyen  ,  d'insérer  ma  lettre 
dans  votre  journal.  Je  crois  acquitter  une  dette 
sacrée  envers  un  homme  illustre  et  envers  me$ 
concitoyens  ,  en  leur  communiquant  les  détails 
qu'elle   renferme. 

David  ,  ex-secrétaire  d'ambassade. 


en  plus  les  origines'des  peuples  et  leurs  rapports  I  "émis  de  la  patrie.  Comme  Turenne,   ce  vaillant 
entre   eux  '         \  hovwie  a- reçuje  coup  mortel ,  et  est  demeure  comme 

Constamment   dans    les   cimps  ,  constamment  |  enseveli  dans  son  triomphe 
S011.S    la    tente ,    cet    illustre    capitaine   vivait   au 


milieu  des  gr<:nadicrs  qu'il  nommait  ses  enfan 
et  qui  l'appellaient  leur  père.  Il  consacrait  ses 
îoisirs  à  î'étùde  :  dans  sa  baraque  ,  aux  avant- 
postes  on  trouvait  toujours  quelques  livres  à  côté 
tie  son  épèe. 

Vingt  fois  son  chapeau  et  son  manteau  qu'il 
tenait  toujours  sur  son  bras  gauche  en  combat- 
tant,  ont  été  criblés,  et  jamais  Latour-d'Au- 
vergne n'avait  été  'blessé.  Notre  capitaine  ,  disaient 
les  grenadieis  ,  a  le  don  de  charmer  les  balles. 


(1)  Il  piéparait    une    seconde    édition    de  ses 
Origines  Gauloises. 


La  gloire  ét^it  sa  passion,  les  camps  son  élé- 
ment ,  les  sciences  son  délassement  et  le  charme 
de  ses  loisirs. 

Latour-d'Auyergne  est  l'auteur  d'un  livre  in- 
titulé :  les  Origines  gauloises  ,  on  la  plus  vaste 
érudition  se  trouve  unie  à  la  critique  la  plus 
saine  ,  au.  style  le  plus  clair  et  le  plus  animé. 

Dans  une  notice  sur  sa  vie  ,  qui  fut  insérée  , 
il  y  a  quelques  années  ,  dans  le  Moniteur  ,  en 
rendant  compte  de  son  ouvrage  ,  j'avais  dit  que 
Latour-d'Auvergne  était  un  des  descendans  de 
Turenne  ,  dont  il  nous  retraçait  si  bien  les  bril- 
lantes qualités.  Il  s'empressa  de  publier  qu'il  n'é- 
tait sorti  que  d'une  branche  bâtarde  de  la  maison 


Ép  iTà  P  H  E  pour  mettre  sur  le  monument  qui  doit 
être  érigé  au  Citoyen  Latotr-d' Auvergne-Corret. 

Ci  gît  Laloui  -d'Auvergne  :  à  ce  grand  nom  ,  soldats  , 

Vous  pleurez  un  héros  raourant  pour  sa  patrie. 

Des  pleurs  ! eulendez-vous  son  ombre  qui  vous  crie  , 

Enviez  mon  destin  ,  et  ne  me  pUuicz  pas. 

1       par  E.  J.  son  ami. 

Le  citoyen  E.J.  ayant  vécu  pendant  long-twms, 
dans  la  pins  grande  intimité  avec  le  citoyen  LaJour- 
d'Auvergne-Correi  ,  qui  lui  a  légué  «a  pciité"bi- 
bliotheque  ,  croit  devoir  payer  sa  dette  à  l'amilié 
doutill'a  honoré,  en  réuniss.mt  dans  une  courte 
notice  tous  les  renseignemens  qu'il  a  pu  re- 
cueillir de  sa  propre  bouche  dans  les  épanche- 
mens  d'une  intimité  sans  bornes,  Il  prie  tous  ceux 
quis'interessentàlagloired'un  citoyenaussi  illustre 
que  modeste,  de  lui  faire  parvenirtousies  détails  de 
sa  vie  militaire,  littéraire  et  domestique  ,  dignes 
d'être  transmis  à  la  postérité.  Il  les  prie  d'adresse'r 
leurs  lettres  franc  de  port  au  citoyen  Leboiirg, 
son  compatriote  et  son  ami  ,  libraire  Palais-Ega- 
lité,   première   gallerie  de  bois  ,  n°  229. 


Bourse  du  18.  — Effets  publics. 

Rente  provisoire si  fr. 

Tiers  consolidé 3i  fr.  sS 

Bons  deux  tiers i  fr.  5q 

Bons  d'arréragé 87  Ir.  75 

Bons  pour  l'an  8 82  fr.  75 

Syndicat 67  fr. 

Coupures •  ■  •  ■   67  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


ERRATA. 


N°  287  ,  notice  du  bulletin  de  l'armée  du  Rhin: 
!»  pour /wii^cr  l'empressement  des  citoyens»'  Usez: 
pour  satisfaire  l'empressement  des  citoyens. 

N°'  287  et  288.  Tribunal,  an-lien  de  présidence 
deDuchesne ,  /îi«z;présidencedeJard-P3uvilliers. 


A  Paris  ,  de  li^iiprir.icric  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


JV""   ago. 


Décadi  ,  20  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M  O  NI  T  E  U  R  esc  le  seul  journal  vjficiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constiniées ,  les  actes  du  gouvernemen! ,  les  nouvelles  des   années  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

Parlement    d'Irlande. 
(  Extrait  du  Star ,  du  7   messidor). 

XjE  discours  prononcé  dans  la  chambre  des 
communes  par  M.  Francis  Dobbs  ,  membre  pour 
le  bourg  de  Chariemont  ,  lors  de- la  troisième 
lecture  du  bill  de  I  union  ,  ayant  paru  tronqué 
dans  les  gazeUes  d  Llaride  ,  et  par  suite  dans 
la  nôtre  ,  nous  croyons  devoir  à  nos  lecteurs  de 
le  leur  présenter  dans  toute  son  intégrité  ,  le  te- 
nant d'une  source  authentique.  Pendant  les  dix 
premières  minutes  ,  aprèi.queM.  Dobbs  eut  cora- 
jnencé  à  parler,  quelques  membres  crurent  pou- 
voir se  permettre  de  liie;  mais  ensuite  le  plus 
profond  silence  piévalut  dans  la  chambre  ,  et 
régna  jusqu'à  la  fin   du  discours  de  l'orateur. 


resteraient  divisés  jusqu'à  ce  qu'un  royaume  uni- 
versel- fût  établi  sur  la  terre.  Lés  rois  et  leurs 
ministres  ont  concouru  ,  sans  le  savoir  ,  à  l'ac- 
complissement de  cette  étomiante -prophétie  ,  et 
celle  fameuse  balance  du  pouvoiraprès  laquelle 
on  court  depuis  tant  de  siècles  en  Europe  ,  n'est 
autre  chose  que  l'équihbre  de  ces  dix  royaumes 
divisés  de  l'empire  romain  occidental. 

(Nous  donnerons  la   suite  de  ce  discours  vrai- 
ment singulier  pour  le  i8'  siècle.-) 


I     N     T    E     R     I    E     U 

Paris  ,  le  \g  messidor. 


R. 


M.  Dehbs.  M.  l'orateur  de  la  chambre,  d'après 
la  conduhe  tenue  par  l'administration  durant  le 
cours  de  cette  session  ,  et  les  moyens  qu'on  lui 
connaissait,  il  n'était  pas  difficile  de  prévoir  l'issue 
<ic  ce  bill.  Il  n'était  pas  difficile  de  pressentir  qu'il 
^serait  de  vôtre  destinée  de  prononcer  ces  affli- 
geantes paroles  :  le  bill  est  passé  !  mots  terribles  ; 
mais  qui  le  seraient  encore  davantage  à  mes  yeux, 
si  Je  ne  sentais  que  nous  vivons  dans  un  moment 
de  crise  d'o'ù  résultera  un  nouvel  ordre  de  choses 
jneilleur  ,  dans  lequel  notre  Irlande  jouera  le  lôle 
le  plus  distingué.  Avec  une  telle  pensée,  ou  plu- 
tôt avec  une  pareille  conviction,  ce  bill  n'offre 
plus  rien  qui  m'effraie. 

M.  l'orateur ,  je  m'étais  proposé  de  m'étendre 
ici  sur  l'histoire  sainte  et  les  prophéties  sacrées  ; 
mais  comme  je  compte  publier  sous  peu  un  ou- 
vrage oiij  expose  au  long  ce  que  je  pense  sur 
)l  création  terrestre  et  le  vaste  plan  de  son  au- 
tour ,  je  me  bornerai  à  présenter  à  la  chambre  les 
passages  à  1  appui  des  trois  points  suivans  4  le 
premier  a  trait  àla  crcnitude  du  second  avènement 
du  Messie  ;  le  second  aux  signes  avantcoureurs 
et  au  mode  de  cet  avèiiemeni,  et  le  troisième  à 
Il  gloire  réservée  à  l'Irlunde  d  être  le  royauirie  oii 
s'opérera  ce  grand  événement. 

On    lit  dans   le   chapitre  second    du   livre   de 
Daniel   une  description    aussi  sublime    que  claire 
et  précise   des    quatre  plus    grands    empires  qui 
aient  jamais    existé    dans    le  monde.  Ils   y  sont 
représentés  sous  la  forme  et  sous   la   figure   d'un 
homme  dont  la  tête  est  d'or  ,   la   poitrine  et  les 
bras    d'argent  ,   le  ventre  et  les  cuisses   d'airain  , 
et  les  jambes  de   fer.  Sir  Isaac  Newton  ,    et   les 
commentateurs   les  plus    habiles    sont   convenus 
que    la  lêie   d'or  signifiait    l'empire  d'Assyrie  et 
de  Babylone;  la  poitrine  elles  bras  d'argent,  l'em- 
pire desmèdesetdes  perses  ;  le  ventre  et  les  cuisses 
d'airain  l'empire  grec;  elles  jambes  de  1er,  l'empire 
«omain  ;   mais   sir  Isaac  Nevi'ton  observe  que  par 
les  jambes  de  fer  il  faut  entendre  seulement  l'Italie 
et  les  pays    qui  n'ont  jamais  fait  partie  des  trois 
premiers  empires  ;  car  lorsque  dans  le  4*  siècle  , 
et  sous  deux  empereurs    différens,   l'empire   ro- 
main   fut   divisé   en    oriental   et  en    occidental  , 
ceux-là  formèrent  la  division  de  l'est.  Les  pieds 
et  les  doigts   de  pied  de  la  figure  ,  qui  se   rap- 
portent à  la   division     de    l'ouest  ,    sont   décrits 
par    Daniel  ,    partie    de    fer  ,    partie     d'argille  , 
partie    entiers,   partie  mutilés  ;    et   comme  le  fer 
et  l'argille    ne    peuvent    pas  s'unir    entre    eux, 
c'était   prédire     clairement    la    division    de     ces 
peuples.    Celte    prophétie    s'est    accomplie    à  la 
îeirre  ,   et   elle  mérite    de  fixer  aujourd'hui  toute 
attention.   Les   dix  doigts  de  pied  représentaient 
dix     royaumes    différens  ,     et   sir   Isaac    prouve 
que  cette  division  s'est  opérée  en  l'an  408.  Chacun 
de  ses    royaumes   devait  être   mi-pariie  fort  ,  mi- 
partie  faible  ,  et  la  prédiction  a  eue  encore  lieu; 
car  dans  le  premier  cas  ,  les  sectateurs  de  Ma- 
homet ,    les    turcs  ,  etc.  ,  n'ont  jamais    pu  faire 
de   conquêtes    permanentes   dans    l'intérieur     de 
l'empire  romain    occidental  ,  comme-  dans   le  se- 
cond  cas  ,  il  a  été  impossible  aux  dix  royaumes 
de  se  maintenir   en  Asie  quoiqu'ils    y   aient   en- 
voyés des  millions    de  croisés.   Ainsi    que    le  fer 
et  l'argille   ne     s'amalgament    point    ensemble  , 
comme  je   l'ai   déjà   observé  ,   ces   dix  royaumes 
que  figuraient  les  dix  doigts  de  pied  ,  sont  res.és 
divisés   depuis  l'année    408  jusqu  à   ce  moment. 
£n  vain    ChaTlemagne    l'empereur,    Charles    V 
et  Louis  XiV  enircprircni    de   n'en    faire   qu'un 
loyaume  :iion,  le  Dieu  du  ciel  a  déclaré  qu'ils 


Partout  ,  ju.sques  dans  toute»  les  communes 
de  la  campagne  ,  les  citoyens  se  sont  empressés 
de  célébrer  les  vicloires  de  la  .république.  La 
commune  de  Vitry  s'est  pafiiculiéremenidistinguée 
par  son  enthousiasme  à  celle  occasion.  Aucune 
commune,  en  raison  de  sa  population  ,  n'a  fourni 
d'abord  un  aussi  grand  nombre  de  volontaires  , 
et  ensuite  de   réquisiùonnaires  et  de  conscrits. 

Le  10  messidor  ,  jour  indiqué-^our  la  fête,  le 
maire  ,  le  cit.  Mackau  ,  a  réuni  dans  Un  banquet 
fraternel  ,  des  ministres  des  républiques  ,  nos 
alliées  naturelles  ,  plusieurs  membres  des  pre- 
mières auioiités  et  tous  les  magistrats  de  la  com- 
mune ,  aussi  recommandabics  par  leur  civisme 
que  par  leurs  vertus. 

Le  banquet  a  été  suivi  d'un  bal  donné  par  le 
maire  ,  dans  son  jardin  ,  et  auquel  il  avait  invité 
tous  les  hablians  de  'Vitry  ,  en  des  termes  qui 
peignent  un  magistrat  pénétré  de  limporiance  de 
ses  fonctions  et  du  désir  d'assurer  le  bonheur 
d  une  commune  confiée  à  son  administration. 

Le  bal  a  duré  fort  avant  dans  la  nuil;  des 
ralraîchiss'emens  ont  éié  distribués  avec  abon- 
dance. On  a  bu  à  la  santé  de  nos  frères  d'armes 
et  à  la  prospérité  de  la  vépubliqut.  Toute  la  com- 
mune a  éié  illuminée  et  des  feux  de  joie  ont  été 
allumés  sur iouies  les  places.  L'allégresse  j/^i;»!;.!..-. 
n'a  été  troublée  par  aucun  accident,  et  le  bon 
ordre  a  présidé  à  la  fêle  qu'embellissait  encore 
ia  pureté  de  l'air  et  la  sérénité  du  ciel. 

La  fêle  avait  été  précédée  par  le  mariage  de  la 
fille  d  un  des  plus  estimables  habltans  de  Vitry. 
L'autel  de  l'hymen  était  disposé  avec  élégance  et 
paré  des  plus  brillantes  fleurs  de  la  saison.  Celte 
cérémonie  ,  vraiment  civique  ,  a  eu  lieu  avec 
celle  décence  çl  ces  formes  qui  ne  peuvent  qu'a- 
jouter à  l'intérêt  qu'inspire  le  lien  le, plus  puis- 
sant de  la  société.  C  est  un  exemple  à  proposer 
à  certaines  communes  ,  oii  l'on  n'apporte  pas  à 
celle  cérémonie  la  solennité  qui  lui  convient. 


ACTES    DU   GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du    16  messidor  Qn  8. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république , 
arrête  ce   qui  suit  : 

Art  I"'.  Le  général  de  brigade  Ketlermann  est 
nommé  général  de  division. 

IL  Le  citoyen  Milet,  chef  de  brigade  du  8' 
régiment  de  dragons,  et  le  citoyen  Bisson  ,  chef 
de  la  43'  demi-brigade  ,  sont  nommés  généraux 
de  biigade. 

Signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 


du  peuple  français  au  général  de  division  Victor  , 
commandant  la  gauche  de  l'armée  à  la  bataille 
de  Maringo  ,  lequel  s'est  conduit  avec  autant  de 
bravoure  que  d  intelligence  ,  arrêtent  ce  qui 
suit  : 

Le  ministre  de  la  guerre  fera  donner  aij  gé- 
néral Victor  Un  sabre  sur  lecjuel  seront  inscrits 
ces  mois  :  Bataille  de  Maringo  ,  commandée  en  per- 
sonne par  le  premier  consul.  —  Donné  par  le  gou- 
vernement de  la  république  au  général  Victor. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état  ,   signé,   H.  B.  Maret. 
I 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  voulant  donner 
une  preuve  toute  particulière  de  la  satisfaction  du 
peuple  français  au  générai  de  division  Lannes  , 
commandant  le  centre  de  1  armée  à  la  bataille  de 
Maringo  ,  lequel  s'est  conduit  avec  autant  de 
bravoure  que  d  intelligence  ,  atiêtent-ce  qui  suit: 

Le  minisire  de  la  guerre  fera  donner  au  général 
Lannes  un  sabre  sur  lequel  seront  inscrits  ce* 
mois  :  Bataille  de  Maringo  ,  commandée  en  personne 
par  le  premier  consul.  —  Donné  par  le  gouvernement 
de  la  république  au  général  Lannes. 

Signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  miême  jour. 

Les  consuls  de:  la  république  ,  voulant  donner 
une  preuve  toute  pariiculiere  de  la  satisfaction 
du  peuple  français  aux  généraux  de  division  , 
Wairin  et  Girdanne,  qui  se  sont  conduits  à  la 
baiaille  de  Maririgo  avec  autant  de  bravoure  que 
d'itilelligence  ,  arrêtent  ce  qui  suit  : 

Le  ministre  de  la  guerre  fera  donner  à  chacun 

aeS   gtj.i.,<^.^  ■Wr..!.;.-.     -.   0.,rrla.^"«        un    cabj-p.   sur 

lequel  seront  inscrits  ces  mots  :  Bataillede  Maringo, 
commandéecnpenonnepar  le  premier  consiit.  —  Donné 
par  U  gouvernement  de  ta  republi/i'U  au  général 
Watrin  ,  au  général  Gardanne.. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république,  voulant  donner 
une  preuve  tome  particulière  de  la  satisfaction 
du  peuple  français  au  général  de  division  Murai , 
commandant  la  cavalerie  à  la  bataille  de  Maringo, 
lequel  s'est  conduit  avec  autant  de  bravoure  que 
d'intelligence  ,  arrêtent  ce  qui  suit  : 

Le  ministre  déjà  guerre  fera  donner  au  général 
Murât  un  sabre  sur  lequel  seront  incrits  ces 
mots  :  Bataille  de  Maringo  ,  commandée  en  personne 
par  le  premier  consul.  —  Donné  par  le  gouvernement 
de  la  république  au  général  Murât. 

Signé ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 

ACTES    ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DE    LINTÉRIEUR. 


Arrêté  du  ïl  messidor. 

Bonaparte  .  premier  consul  de  la  république  , 
sur  la  proposition  du  ininisire  de  la  guerre , 
arrête  : 

Le  citoyen  Gudin  ,  général  de  brigade  employé 
à  l'armée  du  Rhin,  est  promu  au  grade  de  général 
de  division  ,  pour  en  remplir  les  fonctions  à  la 
même  armée. 

Le  minisire  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution  du    présent  arrêté 

Signé,  Bonaparte. 

Par   le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.   B.  Maket. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 
Les  consuls  de  la  république  ,  voulant  donner 
une  preuve   toute  particulière  de   la  satisfaction 


Le  ministre  de  l'intérieur  et  le  ministre  de  la 
marine  se  soilt  rendus  le  l3  à  l'Observatoire  , 
où  étaient  réunis  tous  les  membres  du  bureau  des 
longitudes.  Les  ministres  ont  visité  cet  établisse- 
ment dans  tous  ses  détails.  Ils  se  sont  entretenus 
long-iems  avec  les  savans  illustres  qui  le  dirigent, 
et  qui  honorent  les  sciences  en  même  teins  qu  ils 
servent  la  patrie.  Ils  ont  donné  des  témoignages 
d'estime  aux  citoyens  Carrochez  et  Lenoir ,  ar- 
tistes distingués  ,  dont  les  travaux  sont  si  utiles  a 
l'astronomie  et  à  la  physique. 

Si  les  ministres  avaient  toujours  visité  par  eux- 
mêmes  les  établissemens  confiés  à  leurs  soiii*  ,  ils 
se  seraient  épargnés  beaucoup  d'erreuis  ,  et  ils  au- 
raient fait  plus  de  bien. 

Les  mesures  ont  été  prises  pour  terminer  le» 
travaux  commencés  à  lObservaloire  ,  et  surtout 
pour  poser  le  beau  télescope  du  cit.  Carrochezi 


MINISTERE   DE  LA  GUERRE. 

J^foTE  indicative  des  départemens  qui  ont  exécuté  avec 
%ele  la  loi  du  4  vendémiaire  an  8  ,  gui  ordonne  une 
levée  de  40,000  chevaux. 

Noms    des    dé  pA  rtemen  s 


(^Ul    ONT  FOURNI 


AU-DELA    DU 


CONTINGENT  FIXE. 


Somme. 

Eure. 

Seine-el-Oise. 

Ourihe. 

Deux-Neihes. 


Nord. 

Ardennes. 

Marne. 

Meunhe. 

Bas-Rhin. 

Doubs. 

Jura. 

Ain. 

Motit-Terribl. 

Dyle. 

Escaut. 

Lys. 

Jeraraappes. 

Meiise-Intér. 

Sein>-el-Mar. 

Haule-Marne. 

Nièvre. 

Indre. 

Haules-Pyrén. 

Hte-Garonne. 

Mont-Blanc. 

Ardêche. 

Chatenie. 


^Ul    SONT 
SUR    LE    POINT 
DE   LA  TERMINER. 


Meuse. 

Haute-Saône. 

Manche. 

Calvados. 

Orne. 

Sambre-et-Me. 

Pas-de-Calais. 

Saone-et-Loir. 

Vaucluse. 

Bouches-du- 

Rhône. 
Cher. 
Hérault. 
Ailier. 
Drôme. 
Charentc-Iufé. 
Loire. 


0  B.S  B  R  V  A    T  I  0  N  S. 

Le  nombre  des  chevaux  fournis,  à 
l'époque  du  4  messidor  ,  s'élevait  à. . .     3 1,665 
Et  ceux  fournis  depuis  se  portent  à      3,904 

,   Total  général 35,569 


On  observe  que  ceUe  quanlilê  est  établie  sur  des 
renseignemens  positifs  ,  tandis  que  ceux  du  géné- 
ral Esiourmel  ,  qui  ont  servi  à  présenler  le  dernier 
compte  à  la  date  du  4  messiclor,  portaient  sur  des 
produits  présumés. 

Le  secrétaire  général  du  département  de  la  guerre. 

AUG.   COLLIGNON. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Anniversaire  du  Quatorze-Juillet  ,  file  de  la  Con- 
rnrd,  —II.,  ^r.  „,,„[■>-■  .  -■  R  ''-■'-  ■'■■puouque 
jrançnise  ,  une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  .  vu  le  programme  arrêté 
par  le  minisUe  de  l'intérieur  pour  la  célébration 
des  fêtes  du  Quatorze  Juillet  et  de  la  Concorde 
qui  doivent  avoir  lieu  le  même  jour  sS  messidor 
présent  mois  ,    arrête  ce  qui  suit  : 

I.  Les  24  et25  messidor  lés  rues  dePari',  notam- 
ment celles  que  le  cortège  devra  parcourir  ,  se- 
ront, avant  neuf  heures  du  malin  ,  néloyées  et 
débarrassées  de  toutes  boues  et  immondices,  ainsi 
que  des  matériaux  qui  pourraient  en  gêner  la  cir- 
culation. 

Les  mêmes  dispositions  seront  exécutées  dans 
toutes  les  rues  et  chemins  aboutissant  au  temple, 
de  Mars  (  aux  IrtvaUdes  )  et  au  Champ  -  de  - 
Mars. 

II.  Les  habitans  seront  tenus  d'arroser  ou  de 
faire  arroser  exactement  au  -  devant  de .  leurs 
maisons. 

L'entrepreneur  de  l'arrosement  mettra  ,  de  son 
côlé  ,  toute  1  exaciiiude  possible  dans  la  partie  du 
même  service  qui  est  à  sa  charge. 

III.  Le  24  messidor  depuis  trois  heures  après- 
midi,'  le  passage  des  voitures  sera  interdifsur  les 
quais  des  Orfevies  .  des  Morfondus  et  de  Gêvres  , 
les  ponts  au  Change  et  de  la  Raison  ,  dans  les 
Tues  de  la  Barillerie  ,  de  lajuiverie  ,  de  la  Lan- 
terne; la  circulation  n'y  sera  rétablie  qu'une  heure 
«près  la  pose  de  la  première  pierre  du  quai  de 
la  Pelleterie. 

Aucun  étranger  au  cortège  ne  pourra  ,  sous 
quelque  prétexte  que  ce  soit  ,  s'introduire  sur  le 
lerrein  destiné  au  nouveau  quai  de  la  Pelleterie  , 
ni  dans  les  bâiimens  en  ruine  sur  ce  terrein  ;  il 
est  défendu  d'en  approcher  ,  soit  en  bateau  ,  soit 
en  batélet  ou  autrement;  à  cet  effet,  la  naviga- 
tion dans  le  bassin  du  Poni-au-Change  au  Pont- 
Notre-Dame  est  interdite  ledit  jour  24  messidor. 
IV.  Aucune  voiture  ne  pourra  ciTCuler  ni  sta- 
tionner ,  le  25  messidorjusqu'au  lendemain  à  trois 
heures  du  matin  ,  dans  les  rues  Honoré  ,  de  l'E- 
chelle ,  Nicaisé  ,  de  la  Convention  ,  de  la  Révo- 
lution ,  de  Varenne  ,  de  Bourgogne  et  sur  le 
Carrouzel ,  la  place  de  Grève  ,  celle  Vendôme  , 
de  laConcorde,  du  Corps-Législatif  ,  les  Champs- 
Elysées  ,  les  quais  du  Louvre  ,  des  Tuileries  ,  des 
Théatins  ,  de  Voltaire  et  d  Orsay;  le  Poat-Neuf  , 


1170 

celui  National  et  celui  de  la  Révolution  ,  la  place 
des  Invalides,  les  bords  de  la  rivière  depuis  le 
pont  de  la  Révolution  jusqu'au  Champ-de-Mars  , 
et  toutes  les  rues  qui  conduisent  de  l'esplanade 
des  Invalides  au  Champ-de-Mars. 
,11  est  ordonné  aux  cochers  qui  circuleront  ail- 
leurs qu'aux  endroits  ci-dessus  exceptés  ,  de  con- 
duire doucement  leurs  chevaux  sur  une  seule  file  ; 
il  leur  est  fait  défenses  de  couper  d'autres  voi- 
tures. Les  maîtres  sont  invités  à  recommander  à 
leurs  cochers  d  obéir  exactement  à  ces  injonctions 
et  défenses. 

V.  Sont  exceptées  des  dispositions  ci-dessus  , 
les  voitures  des  sénateurs ,  dés  membres  du  corps- 
législalif,  du  tribunal  et  du  corps  diplomatique  , 
lesquelles  pourront  passer  librement  partout,  si 
lesdits  membres  sont  en  costume  ,  ou  sur  la  re- 
présentation de  leur  médaille. 

VI.  Les  autorités  qui  se  rendront  au  Champ- 
de-Mars  ,  devront  arriver  par  les  avenues  du  dôme 
des  Invalides  à  la  grille  de  l'Ecole-Mililaire. 

VIL  Les  voilures  des  particuliers  ou  de  louage 
ne  pourront  arriver  au  Champ-de-Mars  que  par 
les  rues  de  Babylone  ,  de  Sèves  ou  de  Vàugirard 
et  sur  une  file  ,  par  l'avenue  à  gauche  qui  con- 
duit au  côlé  laléral  du  Champ-de-Mars  ,  en  face 
la  plaine  de  Grenelle  ,  où  elles  pourront  station- 
ner pour  attendre  les  personnes  qu'elles  auront 
amenées. 

VIII.  Le  passage  de  la  rivière  en  bachots  "ou 
batelets  ,  ne  pourra  avoir  lieu  ,  ledii  jour  25  ines- 
sidor ,  depuis  le  pont  de  la  Révolution  jusqu'à  la 
sortie  de  Paris,  qu'aux  trois  eridroiis  ordinaiies  , 
savoir  :  au  port  des  Invalides ,  à  Chaillot  et  à  la 
barrière  des  Bons-Hommes. 

Les  adjudicataires  et  fermiers  de  ces  passages 
d'eau  sont  chargés  de  se  pourvoir  de  bachots  et 
mariniers  en  nombre  suffisant,  pour  que  ie  ser- 
vice de  ces  passages  se  fasse  avec  sûreté  et 
célérité. 

IX.  Il  ne  pourra  être  admis  dans  chaque  ba- 
chot plus  de  douze  personnes:  il  est  enjoint  aux 
passcurs-d'eau  dy  tenir  la  main  ,  et  de  désigner 
aux  officiers  de  police  011  à  la  garde  ,  ceux  qui  , 
par  imprudence,  compromettraient  la  sureié  des 
passagers. 

X.  On  ne  pourra  faire  stationner,  le  s5  mes- 
sidor ,  aucuns  cabriolets  des  enviions  de  Paris  , 
sur  le  quai  des  Tuileries  ;  ces  voitures  devront 
êire  rangées  sur  la  partie  du  quai  dit  le  cours ,  à 
gauche  des  Champs-Elysées. 

XI.  Pour  le  maintien  des  dispositions  ci- 
dessus,  il  sera  placé  dans  les  endroits  désignés 
une    force  tarrpée  tuffi«anie. 

Il  sera  mis  (spécialement ,  le  24  ,  à  la  dispo- 
sHion  tles  commissaires  de  police  des  divisions 
des  Arcis  et  de  la  Cité,  un  détachement  d'in- 
fanterie ;  et  le  a5  ,  à  la  disposition  des  commis- 
saires de  police  des  Tuileries,  des  Champ-Ely- 
sées  ,  de  la  place  Vendôme  et  des  Invalides, 
des  délacheraeas  d'infanterie  et  de  cavalerie  , 
pour  les  seconder  dans  l'exécution  des  mesures 
de  police  dont  ils  soni  chargés. 

XII.  Les  Champs-Elysées  ,  les  Tuileries  et  les 
établissemens  publics  ,  devant  être  illuminés, 
la  nuit  du  25  au  26  de  ce  mois  ,  les  habitans 
de  cette  commune  sont  invités  à  illuminer  éga- 
lement la   façade  de  leurs  maisons. 

XIII.  Conformément  aux  lois  etréglemens  de 
police  ,  les  boutiques  ,  magasins  et  ateliers  seront 
fermés,  le  25  messidor,  et  tous  travaux  dans 
les  rues  ou  autres  endroits  à  la  vue  du  public 
seront  interdits  ;  aucunes  marchandises  ,  autres 
que  les  comestibles  et  les  fleurs  ,  ne  seront  ex- 
posés en  vente  dans  les  rues  et  places  publiques  ; 
il  ne  sera  fait  aucun  travail  ,  vente  ,  enlèvement 
ni  transport  de  njatériaux  ou  marchandises  sur 
les  pons  et  dans  les  chantiers. 

XIV.  Les  commissaires  de  police  tiendront  la 
main  à  l'exécution  des  réglemens  qui  défendent 
de  tirer  des  fusées  ,  pétards,  boëtes  et  autres  pièces 
d'artifice  dans  les  rues,  promenades,  places  publi 
ques  ,  cours 

Ils  feront  arrêter  les  contrevenans  et  les  fe- 
ront conduire  à  la  préfecture  de  police  ,  pour 
être  pris  contre  eux  telle  mesure  quil  appar- 
tiendra. 

■XV.  Le  général  de  division  commandant 
d'armes  de  la  place  de  Paris,  et  le  capitaine 
de  la  gendarmerie  nationale  ,  sont  requis  de 
prendre  toutes  Ijjs  mesures  convenables  pour 
la  pleine  et  entière  exécution  du  présent  arrêté. 
Le  préfet,  signé  ,  Dubois. 
Par  le  préfet  ,  le  secrétaire-général ,  signé ,  P  1 1  s. 


avoir  rempli  les  formalités  preicriles  par  les 
réglemens   de  poUce  ; 

Informé,  en  outre,  que  malgré  les  défenses 
expresses  qui  existent  à  ce  sujet,  beaucoup  xle 
pe-'sonnes  se  permettent  dans  les  jours  de  fête 
et  réjouissance  publiques  ,  de  tirer  des  fusées, 
pétards  ,  boëies  ,  bombes  ,  ainsi  que  des  coups 
de  fusils  ,    pistolets  et  autres   armes  à  feu  ; 

Considérant  que  ces  abus  compromettent  la 
suieié  publique  ,  et  qu  indépendamment  des 
dangers  du  feu,  les  citoyens  sont  exposés  à 
une  infinité  d'inconvéniens  ,  tels  que  d'être 
eBFraycs  ,  blessés  ,  ou  incommodés  par  l'explo- 
sion de  la  poudre  ,  la  chûie  des  baguettes  ,'Iês 
écarts  des  chevaux  effrayés  par  le  bruit,  etc.,  arrêl^ 
ce  qui    suit  : 

An.  I''.  Il  est  expressément  défendu  à  tous 
artificiers,  marchands  mercieis  ou  autres  de  fa- 
briquer, vendre  ou  débiter  d.ms  l'intérieur  de 
Paris  aucufies  pièces  d  artifice  ,  sans  avoir  oblenu 
du  préfet  de  police  la  permission  nfcessaire  à 
cet  effet. 

Tout  entrepreneur  de  fêtes  publiques  devra 
également  obtenir  du  préfet  de  police  la  per- 
mission de  tirer  des  feux  d'artifice  dans  l'enceinte 
du  local  destiné   auxdites   fêles. 

II.  Il  est  encore  défendu  à  qui  que  ce  soit, 
de  tirer  aucuns  pétards  ,  boëles  ,  bombes ,  ainsi 
que. des  coups  de  fusils,  pistolets  et  autres 
armes  a  feu,  soit  de  nuit,  soit  de  jour,  tant 
dans  les  rues  ,  places  et  promenades  publiques, 
que  dans  l'intérieur  des  maisons,  cours  et  jardins, 
et  par  les   fenêtres. 

Les  pères  et  mères,  et  les  maîtres  de  pension 
ou  d  apprentissage  ,  seront  tenus ,  sous  leur  res- 
ponsabilité,  d'empêcher  leurs  enfans ,  pension- 
naires, apprenlifs,  compagnons  ou  gens  de  con- 
fiance,  de  se  livrer  à  ces  amusemens  dangereux. 

III.  Les  contrevenans  aux  articles  précédens  , 
seront  arrêtés  et  traduits  devant  un  officier  de 
policejudiciaire,  pour  êlre  jprocédé  à  leur  égard  , 
conformément  à  l'ordonnance  de  police  du  i5  no- 
vembre 1781  (  V.  st.  j  non  abrogée  ,  qui  prononce 
une  amende  de  400  tr. ,  dont  les  pères  et  mères 
et  les  chefs  des  maisons  sont  civilement  respon- 
sables. 

Les  marchandises  seront  en  outre  saisies  et  dé- 
posées en  lieu  de  sureié. 

IV.  Tous  arrêtés  antéiieurs,  en  ce  qui  peut  êlre 
contraire  aux  dispositions  ci-dessus ,  sont  an- 
nuUés. 

V.  Le  présent  arrêté  sera  lu  ,  publié  ,  imprimé  , 
affiché  et  envoyé  à  toutes  les  autorités  constituées, 
chargées  de  concourir  à  son  exécution,  ainsi 
qu'au  général  de  division  ,  comiliandant  d'arrnes 
de  la  place  de  Paris,  et  au  capitaine  de  la  gendar- 
merie nationale,  qiji  sont  requis  de  prêter  main- 
forte  au  besoin. 

Le  préfet  de  police  ,  signé ,  Dubois. 
Le  secrétaire-général-,  signé.  Pus. 


Note  concernant  les  vacheries.  —  Taris  ,  le  16  mes- 
sidor ,  an  8  de  ta  république  française  ,  «ne  et 
indivisible. 

Le  préfet  de  police  ,  informé  que  les  établisse- 
mens de  vacheries  s'étaient  multipliés  dans 
Paris  d'une  manière  effrayante ,  en  a  ordonné 
la  visite  générale.  Il  en  est  résulté  que  ie 
nombre  de  ces  établissemens  s'élève  à  52S  ,  et 
qu'ils  coniiennenl3i43  vaches,  toutes  très-saines. 
Il  doit  être  pris  des  mesures  pour  remédier  aux 
inconvéniens  que  les  vacheries  peuvent  occa- 
sionner sous  le  rapport  de  la  salubrité  ,  dans  une 
commune  aussi  populeuse  que  Paris  ,  et  dont  les 
maisons  sont  si  élevées. 


Avis  concernant  la  fraude  à  laquelle  se  livrent  des 

marchands  de  beurre.  \ —  Paris  ,    le  18  messidor, 

•  an  8  de  ta  république  française ,  une  et  indivisible. 

Il   importe  que  le  public   soit  prévenu   d'ua 
.         -  genre  de  fraude  à  laquelle  ne   rougissent  pas  de 

ou  par  les  fenêtres  des  maisons.  I  se  livrer  des  marchands  de  beurre,  qui  fréquen- 
tent la  halle.  Quelques-uns  ont  été  surpris  vendant 
des  beurres  du  poids  de  5  hectogrammes  (  une 
livre)  ,  dans  lesquels  on  a  trouvé  des  pierres  dont 
une  pesait  de  2  à  3  hectogrammes  (  8  à  lo  onces). 
Les  agens  de  la  police  ont  reçu  l'ordre  d'exercer, 
à  cet  égard  ,  la  surveillance  la  plus  active.  Mais  , 
comme  leur  zèle  pourrait  se  trouver  en  défaut  , 
attendu  la  facilité  de  soustraire  à  leur  inspection, 
les  pains  de  beurre  dans  rtfrq^uels  on  aurait  in- 
troduit des  corps  étrangers  ,  *!>«  citoyens  sont 
avertis  de  se  pié^munir  contre  ceVte  espèce  de 
fraude. 


Arrêté  portant  défenses  de  tirer  des  fusées  ,  pétards , 
boëtes  ,  bombes ,  etc.  ,  à  peine  de  quatre  cents 
francs  d'amende.  —  Du  17  messidor  an  8  de  la 
république  française  ,   une   et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  ,  informé  que  des  artifi- 
ciers ,  marchands  merciers  et  autres  ,  fabriquent , 
vendent  ou  débitant  des   pièces  d'artifice  ,  sans 


Le  maire  du  li"  arrondissemeut  de  Paris  ,  au  citoyen 
rédacteur  du  Moniteur  universel.  —  Paris  ,  le  19 
messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et 
indivisible. 

Je  vous  invite  ,  citoyen  ,  à  vouloir  bien  insérer 
le  trait  suivant  dans  votre  prochain  numéro. 
Marie-Marguerite  Labrut ,  femme  Bianchappe, 


marchande  de  marée  place  Maubert,  qui  demeu- 
rait rue  de  Bitvre  ,  n°  33  ,  division  du  Panihéon  , 
abandonnée  depuis  long-lems  de  son  mari  ,  a 
laissé  ,  le  6  de  ce  mois  ,  en  mourant  ,  deux  fliles 
dans  la  plus  exirême  misère,  l'une  âgée  de  6  ans, 
l'auue  de   i5  jours. 

La  première  a  trouvé  un  asyle  chez  son  ayeule  , 
femme   très-peu    aisée  ,   et   aussi    matcbande  de 
marée- 
La  seconde  perdant  le  sein  nourricier,  a  éprouvé 
lur-le-champ  un  abandon  total. 

Touchées  de  cette  situation  affligeante  .  les 
femmes  du  marché  ont  fjit  aussitôt  une  quête 
pour  subvenir  aux  premiers  besoins  de  l'enfant, 
et  ont  imaginé  d'établir  un  tronc  chez  le  citoyen 
Lepere ,  pliarmacien  ,  place  Maubert,  au  coin 
de  la  rue  Perdue  ,  où  chacune  d'elles  déposerait 
à  volonté,  tous  les  mois  ,  son  ofFiande  pour  l'en- 
tretien de  l'orpheline. 

Déjà  ce  tronc  a  produit  le  premier  mois  de 
nourrice  avec  les  frais  qui  l'accompagnent ,  et 
chaque  jour  il  se  remplit  de  nouveaux  dons. 

Les  citoyennes  de  la  place  Maubert  ne  trou- 
veront pas  seulement  un  stérile  hommage  dans 
la  publicité  que  je  me  plais  à  donner  à  leur  hu- 
manité ;  sans  douie  une  récompense  plus  douce 
qu'elles  en  recueilleront  ,  sera  de  voir  leur  exem- 
ple suivi ,  multiplier  les  heureux  résultats  de  leur 
acte  de  bienfesance. 

Salut   et   fraternité, 

JOSSE  Saileron  ,  adjoint. 

Par  le  rnair^, 

GoBETiT  ,  secrétaire-général. 


Affermage  des   barrières. 

.  Le  préfet  du  département  de  la  Seitie-Infé- 
tieure  prévient  ses  concitoyens  que  ,  le  26  mes- 
sidor et  jours  suivans  ,  il  procédera  ,  en  séance 
publique  ,  dans  l'enceinte  de  l'hôtel  de  la  pré- 
fecture ,  à  l'affermage  ,  au  plus  o&iant  et  der- 
nier enchérisseur,  des  barrières  établies  dans  ce 
département  pour  la  perception  de  la  taxe  d'en- 
tretien des  roules. 

Elles  seront  adjugées  partiellement,  sauf  quel- 
ques exceptions  doat  il  sera  donné  connais- 
sance aux  enchérisseurs. 

Le  même  ne  pourra  être  fermier  de  plus  de 
cinq  barrières,  et  ce  cumul  n'aura  lieu  que  dans 
le  cas  oii  elles  auraient  entr  elles  une  connexiié 
bien  établie. 

"Les  citoyens  ,  qui  sont  dans  l'intention  de  se 
rendre  adjudicataires  peuvent  examiner  le  cahier 
des  charges  tous  les  jours  depuis  raidi  jusqu  à 
deux  heures  ;  il  est  déposé  entre  les  mains  du 
chef  de  la  2'  division  d'.s  bureaux  de  la  préfec- 
ture ,  qui  le  communiquera  à  la  première  ré- 
quisition. 

Ces  citoyens  sont  invités  à  se  faire  inscrire  , 
avant  le  19  messidor  ,  sur  la  liste  des  enché- 
risseurs ,  et  à  présenter  les  pièces  qui  peuvent 
constater   leur   solvabilité. 

Le  gouvernement  ,  voulant  n'admettre  aux 
enchères  que  ceux  qui  non-seulenienl  présentent 
une  solvabilité  sufhsante  ,  mais  qui  donnent  en 
même  tems  une  garaniie  noioire  de  leur  mora- 
lité ,  a  donné  au  prélet  la  latitude  nécessaire 
pour  admettre  ou  rejeter  ceux  qui  se  proposen: 
d'enchérir  ;  il  en  usera  avec  circonspection  ,  et 
se  réserve  seul  le  droit  de  prononcer  indivi- 
duellement sur  ce  point. 

Fait  à  Rouen  ,   en  séance  ,   le   6  messidor  an  8 
de  la  république  tVanç.iise, une  et  indivisible» 
Signé  ,  Bkucnot. 
Par  le  préfet  : 

Le  secrétaire- général  de  la  préfecture  , 
Signé  ,   Galli. 


SPECTACLES. 

Peu  de  représentations  ont  éié  plus  brillantes 
que  celle  d'hier  au  Théâtre  des  Arts.  Le  public  a 
marqué, par  ses  acclamations,  toutes  les  allusions 
aux  circonstances  que  peut  renfermer  l'opéra 
d'Adrien,  sur-tout  ce  passage  : 

Le  vainqueur  vient  lui-même 
Vous  apporter  la  paix. 

Dans  le  charmant  ballet -pantomime  de  la 
Dansamonie  ,  on  a  trouvé  le  moyen  d'amener  le 
célèbre  chanteur  Lays  qui  a  entonné  un  chant 
de  victoire  ,  dont  les  couplets  ont  été  très-vive- 
ment applaudis  ,  et  les  refreins  répétés  avec  en- 
thousiasme. Le  spectacle  n'a  fini  qu  à  minuit. 


THÉÂTRE    FRANÇAIS. 

Le  citoyen  Lafond  se  trouve  ,  par  l'absence 
momentanée  de  Talma ,  chargé  du  premier  em- 
ploi tragique ,  et  il  ne  cherche  pas  à  paraître 
dans  les  rôles  les  moins  ditficiles.  Il  a  joué 
Mahomet;  mais  il  lui  manquait  pour  ce  rôle  des 
qualités  bien  essentielles ,  c'est-à-dire  une  figure 
imposante  et  une  physionomie  aussi  mobile  qu'ex- 


1171 

pressive  ,  un  organe  fort  et  soutenu  dans  les  tons 
graves.  Nous  parlons  de  ces  avantages  physiques 
seulement  ,  parce  que  nous  les  croyons  plus 
étrangers  au  citoyen  Lalond  ,  q;ie  l'intelligence 
du  rôle  de  Mahomet,  quelle  que  soit  d'ailleuissa 
difliculté.  Il  y  a  eu  de  beaux  momens,  mais  en 
général  peu  de  succès,  soit  (jue  réellement  ses 
moyens  ne  soient  pas  encore  en  proportion  avec 
un  tel  rôle  ,  soit  que  faiblement  secondé  ,  comme 
dans  2'ancrede ,  il  n'ait  pu  de  lui-même  s'élever 
au-dessus  de  ce  qui  l'entourait. 

Notre  première  observation  sera  relative  au  cos- 
tume ,  |)arile  sur  laqdelle  Talma  et  ceux  qui  l'ont 
heureusement  imiié  ,  nous  ont  appris  à  devenir 
si  dlfhcUes.  Le  citoyen  Lafond,  chargé  du  rôle 
d'ian  guerrier  assyrien  ,  portait  ,  à  peu  de  chose 
près,  I  habit  grec  :  ce  n'était  pas  ainsi  que  pa- 
raissait Larive  ,  quoique  ce  dernier  ne  poussât 
pis  l'exaciiiude  ,  sous  çé  rappgn  ,,  au  même  point 
que  Talma, 

Nous  remarquerons  ensuite  qu'assez  souvent  le 
citoyen  Lafond  prend  une  intonation  sans  har- 
monie avec  celle  de  l'acteur  qui  a  parlé  avant 
lui.  Nous  convenons  que  Ihabitude  seule  peut 
assurer  cette  justesse  d  organe  ,  que  les  oreilles 
délicates  désirent,  et  qui  fut,  dans  les  deux 
genres,  une  partie  de  la  gloire  du  théâtre  fran- 
çais :  mais  elle  esi  une  qualité  si  esseiisiellc  , 
qu  on  doit  prévenir  1  acteur  qui  ne  la  possède  pas 
entière  ,  des  efforts  qu'il  a  à  faire  pour  l'obtenir, 
^uant  à  sa  prono.nclalion  ,  on  n'a  que  des  éloges 
à  donner  au  nouvel  acteur  ,  non  qu'elle  soit 
encore  parfaite  ,  ou  dénuée  entièrement  de  l'ac- 
cent méridional  mais  ,  parce  que  ses  progfès  , 
sous  ce  rapport ,  sont  frappans  ,  et  que  le  travail 
que  ces  progiès  attestent,  ,  mérite  bien  d'être 
remarqué. 

Le  citoyen  Lafond  est  bien  placé  dans  Ninias  ; 
il  a  la  taille  convenable  et  les  moyens  nécessaires  : 
quoiqu'en  général  il  ait 'soutenu  ce  rôle  long  et 
pénible  ,  il  n'a  eu  qu'un  petit  nombre  de  beaux 
momens  :  dans  la  première  scène  ,  trop  d'apprêt 
et  un  débit  trop  affecté  ont  détruit  une  partie 
des  effets  que  l'acteur  paraissait  avoir  calculés  :  à 
la  seconde  ,  les  cris  plaintifs  de  Ninus  lui  ont 
arraché  un  beau  rnouvement  :  mais  ,  à  ces  mots  , 
les  cris  ont  redoublé .  il  ne  paraît  pas  convenable 
quil  cherche  à  imiter  l'accent  qu  11  vient  d'en- 
teodie  ;  l'effroi  l'exprime  par  une  prononciation 
étouffée  ,  presque  muette  ,  brieve  surtout  ,  et 
cnuccoupée.  Dans  de  telles  situations,  Talma 
est  un  modèle  ,  et  sa  manière  est  fimitation  la 
plus  vraie  de  la  nature. 

Lorsque  le  grand-prêtre  dit  à  Ninias  ,  connu 
seulement  sous  le  nom  d'Arsace  v  que  Nlnus  de- 
mande vengeance  ,  le  citoyen  Lalond  dit  fort 
bien  :  il  a  droit  de  l'attendre.  Pourquoi  ,  pour 
dite  l'hémistiche  suivant  :  mais  de  qui?  cet  acteur 
donne-t-il  à  sa  physionomie  les  traits  dune  tris- 
tesse et  d'une  douleur  profondes?  Ceii»  inten- 
tion ne  serait  juste  que  si  Ninias  savait  qu'il 
doit  frapper  sa  mère  ;  mais  il  ignore  encore 
jusqu'à  son  nom.  Il  ne  doit  prononcer  qu'avec 
I  accent  de  la  vengeance  et  de  dévouement 
I  hémistiche  que  nous  venons   de   citer. 

Presque  tous  les  acteurs  soutiennent  bien  les 
scènes  avec  Assur  ,  parce  que  Ninias  y  a  tout 
1  avantage.  Aussi  Lafond  n'y  a  pas  été  précisément 
laible;  mais  on  doit  attendre  de  lui  plus  de 
nerf  et  de  vigueur,  un  accent  plus  élevé  ,  et  le 
développement  de  moyens  plus  imposans. 

Il  paraît  qu'il  est  dans  la  nature  de  son  talent, 
de  s'animer  par  degrés  ,  et  dé  ne  paraître  dans 
tout  son  éclat  que  là  où  l'auteur  a  réuni  le  plus 
de  mouvemens  et  de  beautés.  Cet  acteur  a  bien 
joué  la  scène  difficile  avec  le  grand-prêtre  ,  celle 
sur-tout  où  il  découvre  son  nom  devant  sa  mère 
criminelle  ,  dont  il  voit  le  remords  ,  et  dont  il 
embrasse  les  genoux. 

Le   passage  : 

Assui  !  allons.  ...  il  faut  dans  le  sang  du  perfide.  .  .  . 

et  tout  ce  qui  suit  a  été  dit  avec  un  talent 
extraordinaire  ,  une  énergie  et  une  force  tragique 
inexprimables  :  plus  de  chaleur  et  de  vivacité 
serait  à  désirer  peut-être  dans  le  dialogue  coupé 
qui  suit  ces  mots  : 

Quel  est  donc  ce  billet  que  tes  yeux  pleins  d'allarmes ,  etc. 

Dans  le  cinquième  acte  ,  ce  qui  tient  de  la 
pantomirtie  a  été  bien  exécuté.  La  sortie  du 
tombeau  a  produit  son  effet  accoutumé  5  mais 
en  général  ,  dans  cet  acte,  Lafond  n'a  pas  inspiré 
cette  terreur  profonde  répandue  sur  cette  partie 
de  l'ouvrage..  Il  a  cru  devoir  paraître  avec  des 
bras  ensanglantés  ;  mais  ce  n  est  pas  dans  un 
tel  artifice    que  consiste  la  force  tragique. 

Nous  ignorons  pourquoi  les  comédiens  re- 
gardent comme  inutiles  les  vers  que  Voltaire  a 
jugés  nécessaires  pour  terminer  sa  pièce,  itll  a 
)i  voulu  ,  dit  un  de  ses  critiques  ,  révéler  les 
1)  opprobres  cachés  ,  les  douleurs  secretics  qui 
I)  empoisonnent  et  avilissent  le  faste  extérieur 
))  des  cours  ;  "  il  a  voulu  beaucoup  plus  sans 
doute,  et  cette  pensée  si  bien  exprimée  parle 
gratid-piêtre  :  [ 


Les  crimes  secrets  ont  les  dieuti  pour  témoins. 

Plus  le  coupable  est  grand  ,  plus  grand  eut  le  supplice, 
Rois,   tremblez  sur  le   trôac  ,  et  craignez  leur  justice. 

indiquant  le  véritable  but  moral  du  poète  ,  ne 
devait  point  être   supprimée. 

Dans  celte  représentation  ,  Mlle  Raucoun  a 
évité  avec  plus  de  soin  que  jamais  ,  les  défauts 
qu'on  était  lorcé  de  remarquer  dans  son  jeu. 
Pc)ini  d'écarts  ,  point  d'empottemens  ,  moins  de, 
cris  ,  plus  de  justesse  dans  le  débit ,  plus  de  véri- 
table noblesse; 

Elle  a  rectifié  son  débit  et  son  geste  dans  deux 
passages  sur  lesquels  nous  avions  hasardé  une 
remarque.  Nous  sommes  loin  de  nous  flatter  de 
l'avoir  guidée  par  nos  observations,  mais  nous 
le  sommes  infiniment  de  voir  qu'une  étude  plus 
approfondie  du  rôle  ,  lui  ait  donné,  du  sens  de 
ces  passages  et  du  ton  qui  leur  est  propre,  l'idée 
que  nous  en  avions  conçue. 

Il  est  Impossible  de  terminer,  sans  ciier  Mlle. 
Fleury  dans  le  rôle  d'Azéma.  l'rès-bicn  placée 
dans  tout  le  cours  du  rôle  ,  les  applaudissemcns- 
qu  elle  a  reçus  et  mérliés  à  cette  tirade  pleine  de 
chaleur  et  de  sentiment , 


uffit,  que  m'importe  le. 


tenaient  de  l'enthousiasme  et  étaient  faits  pour' 
1  exciter.  Vanhove  joue  bien  le  rôle  du  grande 
prêtre.  Celui  d  Assur  est  toujours  trop  faiblement' 
rendu  ;  en  ne  voyant  pas  jouer  de  tels  rôles  au 
citoyen  Baptiste  aîné ,  on  est  tenté  de  lui  demander- 
quel  emploi  il  se  réserve  dans  la  tragédie. 
S 

THÉÂTRE   DU   VAUDEVILLE. 

Le  Vaudeville  montre  depuis  quelques  jours 
la  Pièce  curieuse,  pelit  tableau  d'un  grand  événe- 
ment. La  Pièce  curieuse  .  c'est  ainsi  qu'on  nomme 
la  Lanterne  magique  ;  et  c'est  en  effet  de  ce  sin-' 
gulier  instrument  que  les  citoyens  Barré,  Radet  et 
Desfontalnes  se  sont  servis  pour  passer  en  revue  ,' 
et  peindre  en  miniature  les  triomphes  des  français 
en  Italie. 

Sous  le  verre  mobile  de  la  lanterne  magique  , 
ils  offrent  ,  pour  premier  tableau,  ces  bataillons, 
de  fatmée  de  réserve  se  formant  à  Dijon  ;  ces 
grenadiers  ,  élite  digne  de  son  nom  et  de  son 
poste;  ces  guides  chargés  de  trouver  le  chemin 
le  plus  courtpour  arriver  à  la  victoire  ;  enfin  ,  ces 
jeunes  volontaires  ,  ces  Joux  pleins  d'honneur, 
s'élançant  du  sein  des  plaisirs  au  milieu  des 
hasards. 

Le  second  tableau  retrace  le  passage  des  Alpes. 
Là  nos  guerriers  Intlenl  contre  les  élémens  ,  lés 
domptent  comme  les  ennemis,  et  franchissent  , 
avec  la  rapidité  de  1  aigle ,  ces  monts  ,  barrières 
éternelles  où  l'art  a  doublé  les  obstacles  qu'ofiFrait 
la  nature. 

Au  troisième  tableau  ,  on  reconnaît  les  champs 
de  Maringo  aux  feux  qui  les  sillonnent,  à  la 
fumée  qui  les  couvre  ,  au  sang  qui  les  inonde  , 
et  surtout  à  cette  indestructible  masse  de  braves, 
à  cette  colonne  de  granit  qui  reste  debout  comme, 
un  monument  triomphal  ,  et  dont  la  bravoure  est, 
le  ciment. 

Le  quatrième  tableau  est  douloureux.  On  y 
voltDesaix  mourant, soutenu  par  les  compagnons 
de  sa  gloire;  mais  au  cinquième  1  horison  s'est- 
éclalrci  ,  les  yeux  sont  frappés  de  l'éclat  d'un  ciel 
sans  nuages.  Une  étoile  y  brille  seule.  C  est  celle 
qui  préside  aux  heureuses  destinées  qui  nous 
sont  promises,  et  sous  l'influence  de  laquelle  nous 
marchons  du  sentier  pénible  de  la  victoire  ,  vers 
les  champs  fortunés  de  la  paix. 

Chaque  scène  est  expliquée  parle  maître  de  la 
pièce  curieuse  ,  et  chaque  curieux  mêle  au  lan- 
gage grotesque  de  l'auvergnat  ,  l'expression  de 
ses  sentimens.  Déjeunes  élevés,  leurs  questions 
na'ives  ;  un  instituteur  ,  ses  leçons  ;  des  citoyofis 
peignent  leur  enthousiasme;  de  jeunes  fil  les  avouent 
leur-s  désirs  secrets  ;  un  peuple  nombreux  pro- 
clame le  vœu  général  ,  le  deslr  et  l'espoir'.de  la 
paix. 

Tout  à  coup  la  voix  aigre  d'un  chanteur  foraia 
perce  toutes  les  autres  :  on  l'entoure  ,  on  lui  fait 
place  :  ce  chanteur  qui  n'est  mal-adroit  que  sur 
son  violon  ,  a  choisi  pour  refrein  d'une  ronde' 
très-gaie,  très-vive,  et  très-patiioiique,  ces  mots  : 

Le  peuple  françaî.s ,  j'espère ,  ., 

Jamais  refrein  ne  fut  répété  avec  tant  d'enhou- 
slasme  ;  sans  doute  ,  il  courra  la  ville  ,  et  .pat- 
viendra  jusques  dans  nos  camps.         S.... 


Au  rédacteur  du  Moniteur.  — Paris,  le  ib  messidor. 
Citoyen,     - 

Permettez-moi  de  me  servir  de  votre  journal 
pour  publier  une  cure  admirable  que  vient 
d'opérer  sur  moi  le  citoyen  Brogniard  ,  officitr 
de  santé  ,  résidant  actuellement  a  Passy  ,  où  il 
s'est  retiré  après  avoir,  pendanl'irente  a^s, exercé 


ses  taletis  à  Paris,  et  s'être  acquis  Bne  excellente 
répntBtion   comme  médecin  herniaire. 

Depuiç  plusieurs  années  j'étais  attaqué  d'un 
X(ircoceU.  Malgré  les  difFérens  et  nonfibreux  re- 
mèdes qui  m'avaient  été  administrés  par  plusieurs 
hommes  de  l'art,  le  mal  avait  fait  des  progrès 
si  considérables  ,  que  dans  les  derniers  tems  mon 
testicule  était  parvenu  à  la  (grosseur  d'un  melon  , 
et  était  devenu  noir  comme  de  l'encre ,  signe  non 
équivoque  de  gangrené.  Ne  pouvant  plus  tra- 
vailler .  et  souffrant  beaucoup  .j'allai  consulier 
les  plus  célèbres  officiers  de  santé,  et  tous  s'ac- 
cordèrent à  me  dire  que  1p  seul  remède  à  mon 
mal  était  l'amputation.  Le  désespoir  dans  le  cœur  , 
je  nae  décidais  difficilement  à  me  prêter  à  une 
opération  aussi  délicate  et  aussi  dangereuse,  lors- 
qu'un ami  me  conseilla  de  m'adresscr  au  citoyen 
Brogniard  ,  en  m'assurant  qu'il  sfuérissait  des  ma- 
ladies comme  la  mienne  ,  même  de  plus  désespé- 
réiBs  ,  au  moyen  d'une  simple  anplicaiion  de  re- 
mèdes sur  la  partie  malade.  Déférant  aux  conseils 
de  mon  anni  ,  je  me  rendis  à  Passr  auprès  du 
citoyen  Brogniard  ,  et  je  me  livrai  à  ses  soins; 
mais  j  avoue  de  bonne  foi  que  malgré  tout  ce 
que  put  me  dire  cet  officier  de  sunié  ,  après 
l'examen  de  tnon  mal  ,  sur  l'espoir  qu'il  avait  de 
me  guérir,  cet  espoir  ne  passa  que  très-faible- 
nient  dans  mon  ame  ,  ne  pouvant  croire  qu'une 
SJmple  application  de  remèdes  pût  résoudre  un 
testicule-  d'une  grosseur  si  énorme.  .Je  ne  restai 
pas  long-teros  à  être  détrompé.  Les  seules  appli- 
cations des  remèdes  dont  le  ciloven  Brogniard 
jiie  fil  faire  usage  .  aitirerent  à  travers  les  pores ,  et 
sans  me  faire  souffrir  ,  une  quantilé  prodigieuse 
de  sang  noir  et  qui  s'agrumtlait  ,  et  au  bout  de 
quinze  jours  la  noirceur  de  la  partie  malade 
disparut  entièrement.  Enfin  ,  aprè^  trois  mois  de 
ce  simple  traitement ,  mon  testicule  s'est  lélabli 
dans  .son  état  naturel  .  et  je  jouis  depuis  ce  mo- 
ment delà  sanié  la  plus  parfaiie.  Trois  citoyens, 
oor»t  un  avait  un  sarcocele  ,  et  les  deux  autres 
une  hernie,  ont  suivi  mon  traitement,  et  attes- 
teront ,  ainsi  que  moi  ,  ma  guérison. 

Si^e,  Margkrif,  ,  peintri  .  rue  des  Douze- 
Portes,  n'"  lio  ,  au  Malais. 

'Suke  de  la  description,  abrégée  du  département  de 
l'Aube^  lue  à  la  séance  publique  de  la  société 
d'agriculture ,  sciences  ,  arts  ,  manufactures  et 
commeree  de  Troyes ,  le  3o  germinal  an  8  ,  par 
U  citoyen  Descotins ,  ingénieur  eu  chef  du  dé- 
partement. 

Petites  rivières  du  dép.^rtement. 
L'Aujeon  ,   la    Voire. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  b  Seine  et  de  l'Aube; 
les  autres  rivières  du  département  sont  l'Aujeon 
et  la  'Voire,  qui  sont  des  affluens  à  l'Aube  :  le 
preiTiier  s'y  réunit  près  de  Clairvaux;  il  est  déjà 
fiollable  dans  le  dépariement  de  la  H.uite-Marne , 
du  cêjé  de  Châleau-Villain  d'oii  il  sort.  La  jonc- 
tion de  la  Voire  est  entre  Lesmont  et  Pougy  :  elle 
yient  de  Sommevoire  dans  le  département  de  la 
Haute-Marne,  par  Montiérender, ,  et  entre  dans 
celui  de  lAube  vers  Montmorency,  passant 
éBsuite  par  Rosnay   et  Chalette. 

Il  a  été  fait  au  commencement  de  la  révo- 
lutioj?  un  projet  pour  la  rendre  navigable,  en 
%e  ser'vajit  de  quelques  bonnes  parties  de 
celte  rivière  et  lésant  des  pardes  de  canaux 
ià  où  elle  est  trop  sinueuse  et  trop  plate  ,  comme 
on  l'a  déjà  pratiqué  sur  les  territoire  de  Rances  , 
pour  servir  à  dessécher  les  grandes  prairies 
qui  la  bordent.  Les  plans  en  sont  levés  ,  mais 
çn  n'en  a  point  les  nivellemens  ni  les  devis; 
et  quoique  cet  ouvrage  soit  bien  intéressant 
pour  la  traite  des  forêts  de  Soulaines  et  Mon- 
tiérender dont  les  produits  iraient  par  l'Aube  à 
Paris  ,  il  est  à  craindre  que  le  projet  ne  reste 
çncote  long-tems  sans  avoir  son  exécution  :  ce- 
pendant il  servirait  à  encourager  la  réunion  de 
t  Voire  à  la  Biaise  par  le  canal  projeté  de 
Sommevoirç  ,  qui  ne  serait  que  d'un  myriametre 
environ  de  longueur. 

La  Voire  se  grossit  de  la  petite  rivière  de  Sou- 
laines, qui  prend  la  source  dans  cette  commune, 
à'on  elle  sort  par  un  gouffre  avec  assez  de  bruit, 
pour  entrer  dans  un  grand  bassin  quarré  bâti 
en  pierre  de  taille  et  en  forme  de  réservoir , 
5'pù  elle  fait  aller  un  moulin  à  deux  meules 
<iui  est  bâti  immédiatement  au-dessous.  Il  y  a 
plusieurs  autres  ruisseaux  qui  se  jettent  dans  r./Vube, 


I    VU]  2 

Iteli  que  l'Atmance,  la.Bïrbuise  ,  le  Meldarison  , 
IHuisire  ,  ftc;   ni^is  ils  sont  peu  importans. 
(  i'Owrrt  ,   là  Laignes ,  l'Arce,  la  Sarce,  l'Hozain  , 
la    Mogue. 

La   Seine   a    pour    affluens   dans    ce    départe- 

mctn  ,  rOurce  ,   Kt    Laignes  ,    l'Arce  ,   la  Sarce  , 

l'Hozjin  ,   la    Mogue  ,  et    la  Barse   qui   sort    de 

dessous  l'ancien   clrâieau    de   Vandœuvre  ,   assez 

lorie  pour  faire  aller  de  suite  un  mpulin  :  les  deux 

premières  sortent  de  la,Côie-d'Or.  On  a  beaucoup 

floué  sur  rOurce,  'qui   est  assez  considérable  et 

bordée  de  belles  forêts  :  cette  rivière  pourrait  eue 

réunie  à  la  Tille  dans  le  département  de  la  Côle- 

d  Or,  otielle  sejette  dansla  Saône  entre  Auxonne 

et   Saini-Jean-de-Lône.   Il   suffirait    d'un  canal   de 

jonclion  d'environ    trois  myriametres  ,   qui   ferait 

•  une  communication   de  la  Saône  à  la  Seine.  On 

[  flotte  aussi  quelquefois  sur  les  autres  ;  mais  elles 

j  sont  pr'ncipalement  inléresiantes  pour  les  prairies 

I  qu'elles   arrosent.  { 

La  Barse. 
La  Barse  réunie  à  Troyes  au  trop -plein  de 
'la  Seine  qui  s  échappe  sur  le  déversoir  Saint- 
Ju  ien  ,  forme  un  canal  d'irrigation  le  long  des 
rairies  du  Pont-Huhert  ,  Saime-Maure  et  Vil- 
acerf  jusqu'à  Méry  ,  oti  elle  fait  sa  jonction- 

I  Entre  Vandœuvre  et  Troyes  la  Barse  se  déborde 
quelquefois  au  moment  de  la  récolle  ,  et  terre 
I  les  belles  prairies  de  Monliéramey  ,  Lusigny  , 
:  Montaulin  ,  etc.  parce  que  son  lit  est  trop  étroit 
actuellement.  Il  faudrait  absolument  ,  sinon  le 
!  redresser  ,  crainte  de  donner  trop  de  pente  et 
I  de  dessèchement  ,  au  moins  le  curer  et  lui  re- 
j  donner  la  largeur  nécessaire  pour  que  le  volume 
:  des  eaux  puisse  s'y  écouler  sans  difficulté  et  sans 
t  trop  se  répandre  sur  les  prairies  :  il  y  a  aussi  des 
{moulins  qui  retiennent  les  eaux  ,  et  dont  il  fjiu- 
;  drait  baisser  les   vannes  et  les    seuils. 


la< 


Le  Canal  de  Ceurtavaut. 

Il  ne  faut  pas  oublier  la  petite  rivière  de  Vitle- 

nauxe ,   qui    se  jette  dans  la  Seine  entre    Pont  et 

Nogent  ,  et   qui   est    navigable    pour  de    petites 

I  barques  ,  sur  une  longueur  de  près   d'un   myria- 

I  mètre  ;  c'est  ce  qu'on  appelle  le  canal  de  Courta- 

I  vaut,  qui  devait   se  prolonger  d'une  pareille  dis- 

/  tance    pour   arriver   à  Villenauxe,   et  faciliter  la 

j  traite  des  vins  de  ce  grand  vignoble  :  une   partie 

même  avait  déjà  été  ouverte  à  travers  le  parc  du 

j  ci-devant  seigneur. 

11  y  a  de  plus  la  rivière  de  Vannes  ,  qui  va  se 
jeter  dans  fYonne  à  Sens  ,  et  sert  avec  les  petits 
ruisseaux  de  Chennegy  ,  d'Aix  et  de  Rigny,  qui  y 
aboutissent,  au  flottage  des  bois  de  la  grande  forêt 
d  Oihe  ,  qui  fournit  beaucoup  à  l'approvisionne- 
ment de  Paris. 

L'Armance. 

Et  enfin  l'Armance  qui  prend  aussi  sa  source 
dans  le  département,  à  Chaource  ,  passe  par  Ervy, 
et  va  se  jeter  dans  lArmencon  à  Saint-Florentin. 
L'on  y  floue  tous  les  bois  de  la  forêt  de  Chaource 
destinés  aussi  au  même  approvisionnement. 

Il  ne  serait  point  difficile  de  faire  de  ces  rivières 
une  petite  navigation  ,  soit  en  profitant  des  meil- 
leures parties  de  leurs  hts  ,  soit  en  fesant  des 
canaux  là  où  ils  sont  trop  larges  et  les  eaux  trop 
maigres,  comme  on  l'a  déjà  dit  de  la  Voire. 
Qjaelques  petites  écluses  ,  comme  sur  la  Charente , 
ou  même  des  perlhuis  avec  des  plans  inclinés 
comme  sur  la  Nive  ,y  suffiraient  pour  le  passage 
des  bateaux  moyens,  et  l'on  en  retirerait  des 
avantages  considérables.  Imitons  les  anglais  ,  qui 
poussent  ces  navigations  jusques  dans  le  fond  des 
vallées;  ils  ne  cessent  de  les  multiplier.  L'ingénieur 
américain  Fulton  ,  dans  jon  ouvrage,  au  milieu 
de  quelques  erreurs,  nous  présente  sans  cesse  les 
bienfaits  en  ce  genre  que  l'homme  industrieux  peut 
retirer  de  son  travail. 

Recommandons  -  en  la  lecture  et  l'étude  aux 
artistes  comme  à  ceux  qui  ont  des  moyens  pour 
faire  des  entreprises  de  celte  nature  ,  et  desirons 
qu'une  paix  heureuse  vienne  encourager  nos 
efforts  vers  un  but  si  utile. 

Le  département  est  partagé  en  deux  régions 
,bien  distinctes  l'une  l'autre. 

Culture  du  département. 

Celle  au  nord  et  à  l'ouest  de  Troyes  ,  s'éten- 
dant  du  côté  d'Arcys  ,  Méry  ,  Nogent  et  Sens  , 
~est  en  fond  de  craie  ,  terre  blanche  ,  compacte 


et  calcaire.  On  n'y  trouvé  qu'une  surface  mince 
de  terre  végétale  ,  légère  ,  qui  n'est  gueres  propre 
qu'au  seigle  ,  et  encore  très-souvent  n  y  en  a-t-il 
pas  du  tout  ;  c'est  ce  qudn  appelle  la  Champagne 
pouilleuse. 

L'autre  à  l'est  et  au  midi  de  Troyes  .  allant  vers 
Brienne  ,  Bar-sur- Aube  et  Bar-sur-Seine,  est, 
savoir  ,  les  plaines  en  bonne  couche  de  terre  ,  la 
plupart  forte  ,  et  les  coteaux  en  terrain  rocailleux  , 
propre  aux  vignobles  qui  les  garnissent  ,  ou  en 
forêts  assez  considérables.  Quelle  est  la  cause  de 
cette  différence  de  sol  ?  Ce  ne  peut  être  qu'un 
effet  de  quelque  mouvement  partiel  du  globe  , 
par  lequel  les  courans  des  eaux  diluvieuses  au- 
raient entraîné  et  déposé  quelques  amas  immenses 
de  crustacées  ou  autres  animaux  marins  ,  qui 
auront  formé  cette  région  de  terre  blanche  et 
calcaire  qui  ,  au  moins  en  grande  partie  ,  n'est 
qu'un  débris  pulvérisé  de  ces  coquillages ,  parmi 
lesquels  il  s'en  trouve  encore  beaucoup  d'entiers. 

Nous  avons  dit  que  la  surface  du  département 
était  de  592,148  hectares. 

Suivant  des  toisés  et  calculs  approximatifs,  fon- 
dés sur  la  connaissance  des  localités  elleséiatsdc 
sections  ,  on  peut  dire  que  la  région  en  terre  de 
craie  en  contient  environ  le  tiers  susceptible  de 
très-peu  de  productions ,  ci igo,383  hec. 

Celle  en  terre  végélale,  245,884  h. 
dont  en   terre    ordinaire   201,884  '^        r  00 
en  excellentes  terres  fortes  44,000  3    **'''     "^ 

De  plus  en  chenevieres.  ...... .     '  g,o63 

En  vignes 20,788 

En  prairies  le  long   de   la  Seine, 
l'Aube,  et  autres  petites  rivières...      35,5o3 

En  forêts  et  broussailles 7E.5o3 

Et  en  vaines  pâtures  et  marais. . .      18,024 

Total  pareil 592,148  hec. 

[Extrait  du  Journal  de  l  Ecole  centrale  du,  dépar- 
tement de  l'Aube.  ) 

La  suite  incessamment. 


I      Cours  particulier  de  botanique  et  de pkpique  végi' 

I  taie.,  par  le  citoyen  Sue,  médecin. 

I       Ce  professeur  commencera  la  deuxième  sectioa 

'  de  ce  cours,  le  22  messidor  à  8  heures  précises 
du  soir,  et  la  conlinuera  de  suite  les  5  et  9  de 
chaque  décade  à  la  même  heure.  Il  analysera  les 
sysiêmes  de  Linné,  de  Tournefort,  d'Adamson  et 
de  Jussieu  ,  en  s'attachant  particulièrement  à  celui 
de  Linné  ;  il  fera  ,  dans  son  jardin  ,  la  description 
de  chaque  plante  de  l'école  :  des  vues  générales 
sur  les  familles  naturelles  des  végétaux  ,  termi- 
neront cette  section. 

Le  programme  se  distribue ,  gratis  ,  chez  le 
professeur,  rue  Neuve  du  Luxembourg  ,  n°.  160  , 
ou  par  le  jardin  ,  boulevard  de  la  Madeleine  , 
n°.  241. 


Bourse  du  19. — Effets  publics. 

Rente  provisoire 21   fr.  l3  c. 

Tiers  consolidé 3i   fr.  i3  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  47  c. 

Bons  d'arréragé 87   (r.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 82  fr,  5o  c. 

Syndicat 68  fr. 

Coupures ; 67  fr.  Soc. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  .de    la  Republiq/je'  et  des  Arts. 

Le  22  .  Orphée  ,  opéra  ,  suivi  du  ballet  de  la 
Dansomanie. 

Le  24  ,  par  ordre  du  gouvernement  ,  spectacle 
gratis.  —  Armide  ,  opéra  en  5  actes. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
Cadichon  ,  .opéra  en  un  acte  ,  suivi  des  deux 
Hermites. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  Robert ,  chef  de  brigands  ,  orné  de,  tout  sou 
spectacle ,  préc.  de  Tj/gmalion. 


ERRATA. 


N°  287  ,  Tribunal ,  page .  1167  ,  3'  colonne  , 
discours  de  Laussat ,  au  lieu  de  :  et  pour  nous 
répubhcains  ,  lisez  :  et  pour  nous  républicaine. 


L'ibonnemcnUefeit.Psris,  '«de.  Poitevins, i.=  r8.Leprix«tdca5  francs  pouitroi»  mois,  5o  fra«.  pour  si»   moi»,   et    100   frane.  pour  l'année  entière.  On  ne 

»'al>   -•vcquïjk^Oïinieucetncnt  de  «:liaqne  mois. 

tlfautadresscrle.Uttreset)':i.6«c,fraiicdeport,aucit.AcASSE,propriétairedeccjournal,niedesPoitevijis,n<?  18.  Ilfautcompreiidr»  daw- lui  enïoi.  le  poit   de. 
••avs  où  l'on  BC  peut  iffrancHr.   Les  lettres  des  départtmeas  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste.  ..,..,,..,  ,,  . 

Il  fauta— W  so»i      çout  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  cjui  reufetmentdes  valeurs,  etadresser-tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de   la  feuille  ,    an  rédacteur  ,  rue  de. 
PoiievtBS,  .i".  il    depuis  neuf  beuie-«ium3tinj.ussu'à  cinq  heuresdusoir.    . 


A  Paris  ,  de  ri.nprir.«eiie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  i«e  4iM  Portevin*. «  »•  i3. 


GAZETTE  NAÎteiNALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  291. 


Piimedi  ,  21  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  ioiiuiics  aurorisés  à  prévenir   nos  souscripteurs  qu'à  dater  ciu  7    Nivôse  le    M^  O  N  I  T  E  U  R   est  l'e  seul  journal  uffidcl. 
11  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouverneineni  ,  les  nouvelles  des    armons  ,  a  nsl   que  les  faits  et  les  notions  tant  si  t 
l'intérieur  que  sur  l'exténeur,  iournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  seia  particulièrement  con.sacré   aux   sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes   nouvulles. 


INTERIEUR. 

ACTES    pu   GOUVERNEMENT. 

Liberté.  Égalité. 

Extrait  des  registres  des  délibérations  des  consuls  de 
la  république^ 

Taris,  le  12  messidor ^  l'an  8  de  la  république ., 
une  et  indivisible. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  minislre  de  la  police  ,  le  conseil-d'état  en- 
tendu ,  arrêtent  : 

SECTION      PREMIERE. 

Dispositions  générales. 

An.  I^^.  Le  préfet  de  police  exeicera  ses  fonc- 
tions ,  ainsi  qu'elles  sont  déterminées  ci-après, 
sous  l'auiorilé  iramédiale  des  ministres  ;  il  corres- 
pondra directement  avec  eux  pour  les  objets  qui 
dépendent  de  leurs  déparîemens  respectifs. 

II.  Le  piéfet  de  police  pourra  publier  de  nou- 
veau les  lois  et  réglemens  de  police  ,  et  rendre 
les  ordonnances  lendant  à  en  assurer  l'exécution'. 

SECTION      II. 

POLICE  GÉNÉRALE. 

Vasseports. 

III.  Il  délivrera  les  passeports  pour  voyager  de 
Paris  dans  liniérieur  de  la  république. 

Il  visera  les  passeports  des  voyageurs. 

Les  militaires  ou  marins  qui  auront  obtenu  des 
congés  limités  ou  absolus,  et  qui  voudront  résider 
ou  séjourner  à  Paris  ,  seront  tenus  indépendam- 
ment des  formalités  prescrites  par  les  réglemens 
militaires  ,  de  faire  viser  leurs  permissions  ou 
congés  par  le   préfet  de  police. 

Cartes  de  sûreté. 

IV.  Il  délivrera  les  cartes  de  sûreté  et  d'hos- 
pitalité. 

S'il  a  besoin  à  cet  effet  de  renseignemens,  il 
pourra  faire  prendre  communication  par  les  com- 
missaires de  police  ,  ou  demander  des  extraits  des 
registres  civiques  ,  des  tableaux  de  population 
que  tiennent  les  municipalités  ,  et  des  états  d'in- 
digens  :  les  bureaux  de  bienfesance  lui  donne- 
ront copie  de   leurs   états   de   distribution. 

Permissions  de  séjourner  à  Paris.  — Mendicité, 
vagabondage. 

V.  Il  accordera  les  permissions  de  séjour  aux 
voyageurs  qui  veulent  résider  à  Paris  plus  de 
trois  jours. 

Il  fera  exécuter  les  lois  sur  la  mendicité  et  le 
vagabondage. 

En  conséquence  ,  il  pourra  envoyer  les  men- 
dians,  vagabonds  et  gens  sans  aveu  aux  maisons 
de  détention  ,  même  à  celles  qui  sont  hors  de 
Paris  ,  dans  l'enceinte  du  département  de  la 
Seine. 

Dans  ce  dernier  cas  ,  les  individus  détenus 
par  ordre  du  préfet  de  police  ,  ne  pourront  être 
mis  en  liberté   que   d'après   son   autorisation. 

11  fera  délivrer  ,  s  il  y  a  lieu  ,  aux  indigens  sans 
travail  ,  qui  veulent  retourner  dans  leur  domi- 
cile ,  les  secours  autorisés  par  la  loi  du  i3  juin 
1790. 

Police  des  prisons. 

VI.  Le  préfet  de  police  aura  la  police  des  pri- 
sons .  maisons  d  arrêt ,  de  justice  ,  de  force  et  de 
correction  de  la  ville  de  Paris. 

Il  continuera  de  l'exercer  dans  la  maison  de 
Bicêtre. 

Il  aura  la  nomination  des  concierges  ,  gardiens 
et  guichetieis  de  ces  maisons. 

Il  délivrera  les  permissions  de  communitjuer 
avec  les  détenus  pour  faits  de  police. 

Il  fera  délivrer  aux  détenus  indigens  ,  à  l'ex- 
piration du  tems  de  détention  porté  en  leurs 
jugcmcns  ,  les  secours  pour  se  rendre  à  leur 
domicile  ,  suivant  l'ariêté  du  23  vendémiaire  , 
an   5. 

Maiions  publiques. 

VII,  Il  fera  exécuter  les  lois  et  réglemens  de 
police  ,  concernant  les  botels  garnis  et  ks 
îogcui» 


VIII.  Il  se  conformera  ,  pour  ce  qi)i  regarde 
la  police  des  maisons  de  jeu  ,  à  ce  qui  est  pres- 
crit par  la  loi  du   22  juillet   1791. 

IX.  En  conformité  de  la  même  loi  du  22  juillet 
179'  '  il  fera  surveiller  les  maisons  de  débau- 
che ,  ceux  qui  y  résideront  ou  s'y  trouveront. 

Attroupemens. 

X.  Il  prendra  les  mesures  propres  à  prévenir 
ou  dissiper  les  attroupemens  ,  les  coalitions  d'ou- 
vriers pour  cesser  leur  travail  ou  enchérir  le  prix 
des  journées;  les  réunions  tumultueuses  ou  me- 
naçant la  tranquillité  publique. 

Police   de  la  librairie  et  imprimerie. 

XI.  Il  fera  exécuter  les  lois  de  police  sur  l'im- 
primerie et  la  librairie  ,  en  tout  ce  qui  concerne 
les  offenses  faites  aux  mœurs  et  à  l'honnêteté  pu- 
blique. 

Police    des    théâtres. 

XII.  Il  aura  la  police  des  théâtres  en  ce  qui 
touche  la  sûreté  des  personnes  ,  les  précautions  à 
prendre  pour  nrévenir  les  accidens  et  assurer  le 
maintien  de  la  tranquillité  et  du  bon  ordre  ,  tant 
au-dedans  qu'au-dehors. 

Vente  de  poudres  et  salpêtres. 

XIII.  Il  surveillera  la    dislribudon  et  la  vente 

des  poudres  et  salpêtres. 

Emigrés. 

XIV.  Il  fera  exécuter  ,  en  ce  qui  concerne  la 
police  ,  les   lois    relatives  aux  émigrés. 

XV.  Il  délivrera  les  certificats  de   résidence. 

XVI.  Il  délivrera  les  actes  de  notoriété  aux 
citoyens  qui    ont  voyagé    ou    séjourné   en   pays 

1  étranger,  et  qui  réclament  les  exceptions  portées 
par  l'art.   II  de   la  loi   du  25  brumaire  an  3. 

Cultes. 

XVII.  Il  recevra  les  déclarations  des  ministres 
des  cultes  et  leur  promesse  de  fidélité  à  la 
constitution  de  l'an  8 ,  ordonnée  par  la  loi  , 
iTiême  lorsqu'ils  n'auraient  pas  prêté  les  sertnens 
prescrits  jpar  les  lois  antérieures. 

Il  surveillera  les  lieux  ori  Ion  se  réunit  pour 
l'exercice  des  cultes. 

Port  d'armes. 

XVIII.  Il  recevra  les  déclarations  ,  et  délivtera 
les  permissions  pour  port  d'armes  à  feu  ,  pour 
l'entrée   et  sortie  de  Paris  avec  fusils  de  chasse. 

Recherches  des  déserteurs. 

XIX.  Il  fera  faire  la  recherche  des  militaires, 
ou  marins  ,  déserteurs  et  des  prisonniers  de 
guerre  évadés. 

Vîtes  républicaines. 

XX.  Il  fera  observer  les  lois  et  arrêtés  sur 
les   fêtes    républicaines. 

SECTION    III. 

POLICE      MUIMICIPAIE. 

Petite  voirie. 

JiJXI.  Le  préfet  de  police  sera  chargé  de  tout  ce 
qui  a  rapport  à  la  petite  voirie  ,  sauf  le  recours 
au    ministre  de  l'intérieur  contre  ses  décisions. 

Il  aura  ,  à  cet  effet ,  sous  ses  ordres  ,  un  com- 
missaire chargé  de  surveiller  ,  permettre  ou  dé- 
fendre : 

L'ouverture  des  boutiques  ,  étaux  de  boucherie 
et  de  chaircuiterie  ; 

L  établissement  des  auvents  ou  constructions 
du  même  genre  qui  prennent  sur  la  voie  pu- 
blique ; 

L'établissement  des  échopeS  ouétalages  mobiles; 

Dordonner  la  démolidon  ou  réparation  des 
bâtimens   menaçant  ruine. 

Liberté  et  sûreté  de  la  voie  publique. 

XXII.  Le  préfet  de  police  procurera  la  liberté  et 
Sûreté  de  la  voie  publique  ,  et  sera  chargé  à  cet 
effet  : 

'     D'einpêcher    que    personne   n'y  commette  de 
dégradation  ;  de  la  faire  éclairer. 

De  faire  surveiller  le  balayage  auquel  les  habi- 
tans  sont  tenus  devant  leurs  maisons;  et  de  le 
faire  faire  aux  frais  de  la  ville  ,  dans  les  places 
et  la  circonférence  des  jardins  et  édifices  publics  ; 

De  faire  sabler ,  s'il  survient  du  verglas  ,  et  de 


déblayer,  au  dégel,  les  ponts  et  lieux  glissans 
des  rues  ;  d'cmi'êcher  qu'on  expose  rif  n  sur  les 
toîis  ou  fenêtres  qui  puisse  blesser  les  passans  en 
toinbant. 

Il  fera  observer  les  réglemens  sur  l'établissement 
des  conduits  pour  les  eaux  de  pluie  et  les 
goutietes  ; 

Il  empêchera  qu'on  n'y  laisse  vaguer  des  fu- 
rieux, des  insensés,  des  animaux  mal-fesans  ou 
dangcicux  ; 

Q_a'on  ne  blesse  les  citoyens  par  la  marche  trop 
rapide  des  chevaux  ou  des  voitures  ; 

Oii'on  obstrue  la  libre  circulation,  en  arrêtant 
ou  déchargeant  dés  voitures  et  marchandises  de- 
vant les  maisons,  dans  les  rues  étroites,,  ou  de 
toute  autre  manière. 

Le  préfet  de  police  fera  effectuer  l'enlèvement 
des  boues,  matières  mal-saines,  neiges  ,  glaces , 
décombres,  vases  sur  les  bords  de  la  rivière 
ap.ès  les  crues  des  eaux; 

Il  fera  faire  Jes  arrosemens  dans  la  ville  ,   dans 
les  lieux  et  dans  la  saison  convenable. 
Salubrité  de    la    cité. 

XXIII.  Il  assurera  la  salubrité  de  la  ville. 

En  prenant  des  inesures  pour  prévenir  et  arrêter 
les  épidémies,  les  épizooties,  les  maladies  con- 
tagieuses ; 

En  fesant<  observer  les  réglemens  de  police 
sur  les  inhumations  ; 

En  fesant  enfouir  les  cadavres  d'animaux  morts, 
surveiller  les  fosses  vétérinaires  ,  la  construction  , 
entretien  et  vidange  des  fosses  d'aisance  ; 

En  fesant  arrêter,  visiter  les  animaux  suspects 
de  mal  contagieux,  et  mettre  à  mort  ceux  qui  en 
seront  atteints  ; 

En  surveillant  les  échaudoirs ,  fondoirs  ,  salles 
de  dissection    et  la   basse-géole  ;  1 

En  empêchant  d'établir  .  dans  l'intérieur  de 
Paris ,  des  ateliers ,  manufactures  ,  laboratoires  ou 
maisons  de  santé  ,  qui  doivent  être  hors  de  l'en- 
ceinte des  villes,  selon  les  lois  et  réglemens; 

En  empêchant  qu  on  ne  jette  ou  dépose,  dans 
les  rues  ,   aucune  substance  mal-saine  ; 

En  fesant  saisir  ou  détruire  dans  les  halles , 
marchés  ou  boutiques,  chez  les  bouchers,  bou- 
langers ,  marchands  de  vin  ,  brasseurs  ,  limonna- 
diets  ;  épiciers-droguistes  ,  apothicaires  ou  tous 
autres  ,  les  comestible»  ou  médicamens  gâtés, 
corrompus  ou  nuisibles. 

Incendies,  débordemehs ,  accidens  sur  la  rivière. 

XXIV.  lUera  chargé  de  prendre  les  mesures 
propres  à  prévenir  ou  airéter  les  incendies. 

Il  donnera  des  ordres  aux  pompiers  ,  requerra 
les  ouvriers-charpenders  ,  couvreurs;  requerra  la 
force  publique  et  en  déterminera  l'emploi. 

Il  aura  la  surveillance  du  corps  des  pompiers, 
le  placement  et  ladistribution  des  corps-de-garde 
et  magasins  des  pompes,  réservoirs  ,  tonneaux  , 
seaux  à  incendies  ,  machines  et  ustensiles  de  tout 
genre  destinés  à  les  arrêter. 

En  cas  de  débordemens  et  débâcles  ,  il  ordon- 
nera les  mesures  de  précaution  telles  que  démé- 
nagement des  maisons,  menacées  ,  rupture  de 
glaces,  garage  de  bateaux. 

Il  sera  chargé  de  faire  administrer  les  secours 
aux  noyés. 

Il  déterminera  ,  à  cet  effet  ,  le  placement  des 
boîtes   fumigatoires  et  autres  moyens  de  secours. 

Il  accordera  et  fera  payer  les  gratifications  et 
récompenses  promises  par  les  lois  et  réglemens  à 
ceux  qui  retirent  les  noyés  de  l'eau. 

Police  de  la  bourse  et  du  change.  •. 

XXV.  Il  aura  la  police  de  la  bourse  et  des  lieux 
publics  où  se  réunissent  les  agens  de  change  , 
courtiers  ,  échangeurs  et  ceux  qui  négocient  et 
trafiquent  sur  Icseffets  publics. 

Sûreté  du  commerce. 

XXVI.  Il  procurera  la  sûreté  du  commerce  en 
fesant  faire  des  visites  chez  les  iabricans  et  les 
marchands  ,  pour  vérifier  les  balances  ,  poids  ei 
mesures  ,  et  faire  saisir  ceux  qui  ne  seront  pas 
exacts  ou  étalonnés  ; 

En  fesant  inspecter  les  magasins  ,  boutiques  et 
atteliers  des  orfèvres  et  bijoutiers,  pour  assurer 
la  marque  des  matières  d'or  et  d  argent,  «t  l'exé- 
cution des  lois  sur  la  garantie. 


ÏI74 


Indépenclàmiflfent  de  ses  fonctRns  ordinaires 
^r  les  poids  et  mesures  ,  le  préfet  de  police  fera 
exécuter  les  lois  qui  prescrivent  l'emploi  des  nou- 
veaux poids  et  mesures. 

Taxes  et  mcrcuriaUs. 

XXVII.  Il  fera  observer  les  taxes  légalement 
faiies  ei  publiées. 

XXVIII.  Il  fera  tenir  les  registres  des  mercu- 
riales et  constater  le  cours  des  denrées  de  prenirtre 
nécessité. 

Libre  circulation  des  subsistances. 

XXIX.  Il  assurera  la  libre  circulation  des  sub- 
sistances suivant  les  loix. 

Patentes. 

XXX.  i\  exigera  la  représentation  des  patentes 
des  marchands-forains. 

Il  pourra  se  faire  représenter  les  patentes  des 
marchands  domiciliés. 

Marchandises  prohibées. 

XXXI.  Il  fera  saisir  les  marchandises  prohibées 
par  les  lois. 

Surveillances  des  places  et  lieux  publics. 

XXXII.  Il  fera  surveiller  spécialement  les  foires, 
maichés,  halles,  places  publiques  elles  marchands 
forains ,  colporteurs , revendeurs  ,poitcfaix,  com- 
missionnaires ; 

La  rivière,  les  chemins  Jde  hallage,  les  ports, 
chantiers,  quais,  berges  ,  garres  ,  esiacades  ,  lès 
coches  ,  galiotes,  les  établissemens  qui  sont  sur 
la  rivière  pour  les  blanchisseries,  le  laminage 
bu  autres   travaux  ,   les  magasins  de  charbon  ,  les 

Îiassages  d'eau  ,  bacs ,  batelets  ,  les  bains  publics  , 
es  écoles  de  natation  ,  et  les  mariniers,  ouvriers 
arrimeurs  ,  chargeurs  ,  déchargeurs  ,  tireurs  de 
bois  ,  pêcheurs  et    blanchisseurs  ; 

Les  abreuvoirs ,  puisoirs  ,  fontaines ,  pompes , 
et  les  porteurs  d'eau; 

Les  places  où  se  tiennent  les  voitures  publiques 
pour  la  ville  et  la  campagne  ,  et  les  cochers ,  pos- 
tillons ,  charretiers,  brouetieurs ,  porteurs  de 
chaise  ,  porte-falots  ; 

Les  encans  et  maisons  de  prêt  ou  monls-de- 
piété  ,  et  les  ftipiers ,  brocanteurs  ,  prêteurs  sur 
gage  ; 

Le  bureau  des  nourrices ,  les  nourrices  et  les 
meneurs. 

Approvisionnemens. 

XXXIII.  Il  fera  inspecter  les  marchés  ,  ports  et 
lieux  d'arrivage  des  comestibles  ,  boissons  et 
denrées  dans  l'intérieur  de  la  ville  ; 

Il  continuera  de  faire  inspecter ,  comme  par  le 
passé,  les  marchés  ou  se  vendent  les  besliaix  pour 
lapprovisionnement  de  Paris  ,  à  Sceaux  ,  Poissy  , 
Lachapelle  e)  Saint-Denis; 

Il  rendra  compte  au  ministre  de  l'inléricur  des 
connaissances  qu'il  aura  recueillies  ,  par  ses  ins- 
pections, sur  l'état  des  approvisionnemens  de  la 
ville  de  Paris. 

Protection  et  préservation  des  monumens  et  édifces 
publics. 

XXXIV.  Il  fera  veiller  à  ce  que  personne  n'al- 
tère ou  dégrade  les  monumens  et  édifices  publics 
appartenant  à  la  nation  ou  à  la  cité  ; 

Il  indiquera  au  préfet  du  département  et  re- 
quérera  les  réparations,  changemens  ou  cons- 
tructions qu'il  croira  nécessaires  à  la  sûreté  ou 
lialubrité  des  prisons  et  maisons  de  détention 
qui  seront  sous  sa  surveillance  ; 

Il  requerera  aussi,  quand  il  y  aura  lieu,  les 
réparations  et  l'entretien  des  corps-de-garde  de 
la  force  armée  sédentaire  ; 

Des  corps-de-garde  des  pompiers,  des  pompes  , 
machines  et  ustensiles  ; 

Des  halles  et  marchés  ; 

Des  voiries  et  égoûts  ; 

Des  fontaines  ,  regards  ,  aqueducs,  conduits, 
pompes  à  feu  et  autres  ; 

Des  murs  de  clôture  ; 

Des  carrières  sous  la  ville  et  hors  les  murs  ; 

Des  ports,  quais,  abreuvoirs,  bords  ,  francs- 
berds  ,  puisoirs  ,  gares  ,  estacades,  et  des  établis- 


XXXVI.  Il  aura  à  sa  disposition  ,  pour  l'exer- 
cice de  la  police  ,  la  garde  nationale  et  la  gen- 
darmerie ; 

Il  pourra  requérir  la  force  armée  en  activité  ; 

Il  correspondra  pour  le  service  de  la  garde 
naiionale  ,  pour  la  disiribution  des  corps-tle- 
garde  de  la  ville  de  Paris  ,  avec  le  commandant 
militaire  de  Paris  ,  et  le  commandant  de  la  17' 
division  militaire. 

XXXVII.  Les  commissaires  de  police  exer- 
ceront ,  aux  termes  de  la  loi ,  le  droit  de  dé- 
cerner des  mandats  d'amener  ,  et  auront  au 
surplus  tous  les  droits  qui  leur  sont  attribués 
parla  loi  du  3  brumaire-an  4,  et  par  les  dis- 
positions de  celle  du  28  juillet  1791  ,  qui  ne 
sont   pas  abrogées  ; 

Ils  exerceront  la  police  judiciaire  pour  tous 
les  délits  dont  la  peine  n'excède  pas  trois  jours 
de  prison  et  une  amende  de  trois  journées  de 
travail. 

Ils  seront  chargés  de  rechercher  les  délits  de 
cette  nature  ; 

D'en  recevoir  la  dénonciation  ou  la  plainte  ; 

D'en  dresser  prccès-verbal  ; 

D'en  recueillir   les   preuves  ; 

De  poursuivre  les  prévenus  au  tribunal  de 
police  municipale. 

Il  rempliront  ,  à  cet  égard  ,  les  fonctions  pré- 
cédemnunt  attribuées  aux  commissaires  du  gou- 
vernement. 

Le  commissaire  qui  aura  dressé  le  procès- 
verbal  ,  reçu  la  dénonciation  ou  la  plainte  ,  sera 
chargé  ,  selon  la  loi  du  27  ventôse  ,  des  fonctions 
de   la   partie   publique. 

En  cas  d  empêchement  ,  il  sera  remplacé  par 
l'un  de  ses  trois  collègues  du  même  arrondis- 
sement ,  et  ,  au  besoin  ,  par  un  commissaire  d'un 
autre  arrondissement  ,  désigné  par  le  préfet  de 
police. 

XXXVIII.  Le  préfet  de  police  et  ses  agens 
pourront  faire  saisir  et  traduire  aux  tribunaux 
de  police  correctionnelle  ,  les  personnes  préve- 
nues de  délits  du  ressort  de  ces  tribunaux. 

XXXIX.  Ils  pourront  faire  saisir  et  remettre 
aux  ofhciers  chargés  de  l'administration  de  la 
justice  crijmineUe,  Tes  individus  surpris  en  flagrant- 
délit  ,  arrêtés  à  la  clameur  publique,  ou  prévenus 
de  délits  qui  sont  do  ressort  de  la  justice  cri- 
minelle. -. 

SECTION    V. 

Recette  ,  dépense  ,  comptabilité. 

XL.  Le  préfet  de  police  ordonnancera  ,  sous 
l'autorité  du  ministre  de  l'intérieur,  les  dépenses 
de  réparation  et  entretien  à  faire  à  l'hôtel  de  la 
prélecture  de  police. 

XLI.  Il  sera  chargé  ,  sous  les  ordres  du  mi- 
nistre de  l'intérieur  ,  de  faire  les  marchés  ,  baux  , 
adjudications  et  dépenses  nécessaires  pour  le  ba- 
layage, lenlévement  des  boues, l'arrosage  et  l'illu- 
minatioa   de   la  ville. 

XLII.  Il  sera  chargé  de  même  de  régler  et 
d'arrêter  les  dépenses  pour  les  visites  d'officiers 
de  santé  et  altistes  vétérinaires  ,  transport  de 
malades  et  blessés ,  transport  de  cadavres  ,  retrait 
des  noyés  et  frais  de  fourrière. 

XLIII  II  ordonnera  les  dépenses  extraordi- 
naires en  cas'd'incendie,  débordemens  et  débâcles. 

XLIV.  Il  réglera ,  sous  l'autorité  du  ministre 
de  la  police,  le  nombre  et  le  traitement  des  em- 
ployés de  ses  bureaux  et  de  ceux  des  agens  sous 
ses  ordres  qui  ne  sont  pas  insdtués,  et  dont  le 
nombre  n'est  pas  déterminé  par  les  lois. 

XLV.  Les  dépenses  générales  de  la  préfecture 
de  police  ,  ainsi  fixées  par  le  minisire  de  l'inté- 
rieur et  de  la  police,  seront  acquittées  sur  les 
centimes  additionnels  aux  contributions  ,  et  sur 
les  autres  revenus  de  la  commune  de  Paris  ,  et 
ordonnantées  par  le  préfet  de  police. 

Le  conseil-général  de  département  en  emploira, 
à  cet  effet ,  le  montant  dans  l'état  des  dépenses 
générales  de  la  commune  de  Paris. 

XLVI.    Il  sera   ouvert,  en  conséquence,  au 


SECTION    VI. 

Costume  du  préjet  de  police  et  de  ses  agins. 

L.  Le  préfet  et  les  commissaires  de  police  por- 
teront le  costume  qui  a  été  réglé  pat  les  arrêtés 
des  consuls. 

Les  ministres  de  l'intérieur  et  de  la  police 
sont  chargés  de  l'exécution  du  présent  règlement 
qui  sera  inséré  au  bulletin  des  lois. 

En  l'absence   du  premier  consul  . 

Le  second  consul,  signé,   CambacérêS. 
Par  le  second   consul  , 
Le  sccrétaire-d'état  ;  signé,  H.  B.  Maret. 


semens  et  machines  placés  près  de  la  rivière  pour    préfet  de  police  un  crédit  annuel  du  montant  de 

porter  secours  aux  noyés  ;  '"'  ^  

De  la  bourse; 

Des  temples  ou  églises  destinés  aux  cultes. 
SECTION      IV. 
Des  Mgens  qui  sont  subordonnés  au  préfet  de  police; 
de  ceux  quilpeut  requérir  ou  employer. 

XXXV.  Le  préfet  de  police  aura  sous  ses 
ordres  ; 

Les  commissaires  de  police  ; 

Les  officiers  de  paix  ; 

Le  commissaires  de  police  de  la  bourse  ; 

Le  commissaire  chargé  de  la  petite  voirie  ; 

Les  commissaires  et  inspecteurs  des  halles  et 
jnarchés  ; 

Xe*  inspecteurs  des  porti. 


ses  dépenses  ,  sur  la  caisse  du  receveur-général 
du  département  de  la  Seine,  fesant  les  fonctions 
de  receveur  de  la  ville  de  Paris. 

XLVn.  Le  ministre  de  l'intérieur  mettra ,  cha- 
que mois,  à  la  disposition  du  préfet  de  police, 
sur  ce  crédit ,  les  fonds  nécessaires  pour  l'acquit 
de  ses  ordonnances. 

XLVIII.  Le  préfet  de  police  aura  entrée  au 
conseil  général  de  département ,  pour  y  pré- 
senter ses  états  de  dépense  de  l'année  ,  tels 
qu'ils  auront  été  réglés  par  les  ministres  de  l'in- 
térieur et  de  la  police. 

XLIX.  Il  y  présentera  aussi  le  compte  des 
dépenses  de  l'année  précédente  ,  conformément 
aux  dispositions  de  la  loi  du  s8  pluviôse  ,  sur 
les  dépenses  communales  et  départementales. 


CONSEIL    DES    PRISES. 

(L'excellent  discours  du  citoyen  Ponalis,  que. 
nous  avons  inséré  dernièrement  ,  eût  du  être 
précédé  des  discours  prononcés  lors  de  l'ins.- 
lallation  du  conseil  des  prises.  Tout  ce  qui 
concerne  ce  tiibunal  étant  aussi  important  par 
la  nature  que  ce  «jui  en  émane  est  digne  d'estime 
et  de  curiosiié  ,  nous  croyons  devoir  aupara- 
vant de  rendre  compte  de  ses  décisions  faire 
connaître  à  nos  lecteurs,  les  particularités  de 
son   installation.  ) 

Precès-verbal  d'installation  du  conseil  des  prises. 

L'an  huit  de  la  république  française  ,  le  14. 
floréal  ,  heure  de  midi  ,  en  la  maison  nationale 
dite  de  l'Oratoire,  située  à  Paris,  rue  de  lO- 
ratoire  ,  local  désigné  pour  la  tenue  des  séances, 
le  citoyen  Redon  ,  conseiller-d'état  ,  les  citoyens 
Niou  ,  Lacoste ,  Moreau  ,  de  I  Yonne  ,  Montigny- 
Monplaisir,  Barennes,  J.  Marie  Dutaut  ,  Par- 
ceval-Grandmaibon  et  Tournachon  .  le  cit.  Por- 
tails et  le  citoyen  Calmelet ,  nommés  président, 
membres  .  commissaire  du  gouvernement  et 
secrétaire-général  du  conseil  des  piises  ,  par 
ariêtés  du  premier  consul  des  14  et  ig  germi- 
nal dernier,  se  sont  réunis  sur  l'avis  qui  leur  a 
été  donné  par  le  président,  que  le  ministie  de 
la  justice  devait  procéder,  à  ces  lieu,  jour  et 
heure  ,   à    l'installation   du   conseil. 

Le  ministre  de  la  justice  ayant  été  introduit 
par  une  députation  du  conseil  ,  a  occupé  le 
siège  du  président  ,  et  après  avoir  (ait  faire  , 
par  son  secrétaire  ,  la  lecture  tant  des  arrêté» 
susdatés  que  de  la  loi  du  26  ventôse  dernier, 
relative  aux  contestations  sur  la  validité  de$ 
prises  maiitimes  ,  et  de  l'arrêté  des  consuls  de 
la  république,  du  6  germinal  suivant,  conte- 
nant règlement  sur  la  manière  de  statuer  rel^ 
tivement  à  ces  prises  et  aux  bris,  naufrages 
et  échouemens  des  bâiimens  ennemis  ou  neutres, 
a  prononcé  le  discours  suivant: 

Citoyens  , 

))  C'était  une  grande  erreur  d'a'(\oir  attribué  la 
connaissance  des  prises  aux  tribunaux.  Quand 
il  s  agit  de  la  justice  des  nations  entre  elles;  quand 
il  s'agit  des  droits  de  la  guerre  et  de  leur  exécu- 
tion ;  quand  il  faut  peser  les  traités  ,  décider  si 
une  nation  est  amie  ou  neutre  ,  ménager  avec 
sagesse  les  intérêts  des  états ,  on  est  étonné  , 
sans  doute  ,  de  voir  intervenir  une  autre  autorité 
que  celle  du  gouvernement.  Aussi  le  premier 
soin  des  consuls  a-t-il  été  de  provoquer  des 
dispositions  légales,,  qui  ont  rétabli  ,  à  cet  égard  , 
l'ordre  prescrit  par  la  nature  des  choses  ,  en  con- 
sacrant que  la  connaissance  des  prises  ne  devait 
appartenir  qu'à  l'administration. 

))  Ce  retour  vers  les  principes  a  donné  lieu 
à  l'arrêté  du  6  germinal  dernier,  qui  institue 
un  conseil  des  prises  que  vous  êtes  appelés  i 
composer  par   le   choix  du   premier  consul. 

11  Je  ne  doute  pas  ,  citoyens  ,  que  vous  ne 
répondiez  avec  zèle  à  la  confiance  dont  ce  choix 
est  un  témoignage  distingué  :  vos  lumières  ,  vos 
talens ,  en   sont  un  sûr  garant. 

)>  Vous  saurez  démêler  avec  sagacité  les  fraudes 
qu'un  peuple  astucieux  oppose  trop  souvent  à 
1  audace  de  nos  marins. 

)>  Les  efforts  des  armateurs  ne  sauraient  obtenir 
trop  d'encouragemens  ;  et  ceux  qui  ,  d'un  hémis- 
phère à  l'autre,  hasardent  leur  fortune  et  leur 
vie  pour  des  entreprises  aussi  utiles  à  l'état,  doi- 
vent en  trouver  le  juste  dédommagement  dans  les 
dépouilles  opulentes   de  nos  ennemis. 

)i  Mais  vous  maintiendrez  avec  un  soin  égal 
la  sécurité  des  autres  pavillons.  La  sagesse  de 
vos  décisions  concourra  avec  les  efforts  du  gou- 
vernement ,  pour  cultiver  les  dispositions  favo- 
rables de  nos  alliés,  pour  intéresser  les  nations 
neutres  au  succès  de  la  cause  que  nous  défen- 
dons; et  l  Europe  sera  enfin  convaincue  qu  un 
peuple  est  invincible  ,  lorsqu'au  courage  néces- 
saire pour  développer  de  grandes  ressources  ,  il 
unit  la  prudence  qui  sait  en  restreindre  l'usage 
dans  les  bornes  de  la  justice  et  de  la  modération. 
Voilà  quelle  sera  votre  tâche.  Certain  qu'elle  sera 
dignement  accomplie,  il  ne  me  reste  plus  qu'un 
vœu  à  faire  ;  c  est  qu'elle  soit  promptement 
terminée. 

))  Vous  ne  pouvez  vous  le  dissimuler,  citoyens, 
'  le    conseil    des    prises   est ,    pour    les    nations 


1175 


modernes ,  l'antique  temple  dejanus  :  tiolre  vœu 
unanime  doit  être  qu'une  paix  glorieuse  en  ferme 
bientôt  les  portes.  Cette  paix,  qui  cicairisera  toutes 
les  plaies  de  la  France  ,  nous  devons  l'attendre  de 
la  victoire  et  de  l'équité. 

>>  L'une  va  suivre  nos  drapeaux  conduits  sous 
des  auspices  qui  lui  sont  familiers  ;  lauire  doit 
habiter  cette  enceinte  ,  et  régler  toutes  vos  dé- 
cisions. 

jï  Prêts  à  confirmer  de  si  justes  espérances  , 
entrez  ,  citoyens ,  dans  l'exercice  de  vos  travaux; 
poursuivez-les  avec  persévérance  :  par-là  vous 
remplirez  1  attente  du  oouvernement  ;  vous  con- 
courrez à  la  consolidation  de  la  république  ; 
vous  remplirez  le  double  engagement  que  vous 
allez  contracter  ,  d'être  fidèles  à  la  constitution  , 
et  de  remplir  avec  exactitude  les  fonctions  qui 
vous  sont  confiées.  ii 

Aussitôt  le  président,  les  membres  du  conseil  , 
Je  commissaire  du  gouvernement  et  le  secrétaire- 
général  se  sont  levés  ,  et  conformément  à  la  loi 
<lu  2  1  nivôse  an  8  ,  ont  promis  d  être  fidèles  à 
la  consiiiuiion  .  et  de  remplir  avec  exactitude 
les  fonctions  qui  leur  ont  été  confiées  ;  et  il  a 
été  donné  acie  de  cette  promesse  par  le  mi- 
nistre de  la  justice. 

Le  citoyen  Redon  ,  président  du  conseil,  a  dit  : 

Citoyens, 

ti  L'honneur  de  vous. présider  mettrait  le  com- 
ble à  mon  arabiiion  ,  si  raes  talens  égalaient 
mon  zèle; et  l'espoir  de  trouver  dans  vos  lumières 
les  ressources  qui  me  manquent ,  me  fait  accepter 
avec  plus  de  confiance  une  place  que  j'ai  sentie 
au-dessus  de  mes  forces  ,  par  son  importance  et 
ses  difficultés. 

>>  En  cflfet.nous  ne  pouvons  nous  dissimuler 
que  le  choix  du  premier  consul  ,  qui  nous 
honore  ,  nous  impose  une  lâche  bien  difficile 
à  remplir.  Des  lois  impolitiques  ont  compromis 
pendant  long-tems  les  intérêts  de  nos  alliés  et 
dts  puissances  neutres  ;  de  nombreux  arme- 
mens  que  commandaient  l'imérêt  ,  et  le  désir  de 
nuire  à  un  ennemi  perfide  et  implacable  ,  ont 
amené  dans  nos  ports  indistinctement  amis  et 
ennemis  ;  les  tribunaux  chargés  de  prononcer 
sur  la  validité  des  prises  ,  n'ont  vu  que  la  loi  , 
et  en  ont  sanctionné  l'immoralité  ,  sans  égard 
.  pour  le  droit  des  nations.  Nous  sommes  appelés  , 
citoyens  ,  par  un  gouvernement  juste  ,  et  qui 
n'a  besoin  d'autre  gloire  que  celle  de  pacifier 
la  France  ,  à  déchirer  les  pages  de  cette  légis- 
lation délirante.  Nous  serons  souvent  placés 
entre  deux  écueils  également  dangereux  ,  et  avec 
la  cruelle  certitude  de  tomber  dans  l'un  ou 
dans  l'autre  ;  et  il  nous  sera  impossible  d'être 
souverainement  justes  envers  toutes  les  parties. 

)>  Votre  prudence  et  votre  sagesse  vous  gui- 
deront dans  cette  marche  difEcik  ;  et  vous  sen- 
tirez que  tout  jugement  qui  doit  influer  sur  le 
bonheur  de  la  France  entière  et  la  paix  des  na- 
tions,  doit  être  préféré  à  des  iniéiêis  particu- 
liers ,  qui  peuvent  être  compensés  par  la  géné- 
rosité du  gouvernement.  Mais  aussi  vous  vous 
ferez  un  devoir  de  récompenser  le  courage  de 
nos  braves  marins  ,,en  leur  adjugeant,  avec  la 
célérité  qui  donne  plus  de  prix  à  la  justice  ,  les 
prises  faites  sur  les  ennemis  de  1  éiat.  )) 

Le  citoyen  Portails,  commissaire  du  gouverne- 
ment ,  prenant  ensuite  la  parole  ,  s'est  exprimé  en 
ces  teimes  : 

Citoyens, 

ti  L'importance  de  noire  mission  annonce  celle 
de  nos  devoirs. 

"  Un  gouvernement  sage  qui  sent  le  besoin  , 
et  qui  a  la  ferme  volonté  d'êire  jus;e  ,  nous  ap- 
pelle pour  exercer  ,  auprès  de  lui  ,  les  fonctions 
a-la-fois  délicates  et  sublimes  de  la  conscience.  Il 
nous  établit  ,  en  quelque  sorte,  les  ministres  de 
l'alliance   sacrée  de  la  politique  avec  ta  morale. 

5>  La  morale  est  obligatoire  pour  les  corps 
de  nations  ,  comme  pour  les  simples  particu- 
liers :  el[e  est  le  droit  commun  de  l'univers.  Mais , 
entre  les  differens  corps  de  nations  ,  elle  a  peu 
de  moyens  de  se  faite  observer  ;  car  ils  vivent 
entre  eux  dans  létal  de  nature  ,  c  esi-à-dire  , 
dans  cet  élat  où  chacun  est  arbitre  souverain 
de  ses  actions,  et  juge  Suprême  dans  sa  propre 
cause.  De  là  les  hostilités ,  les  représailles  ,  les 
guerres  fréquentes  qui  ébranlent  les  empires  et 
ravagent   le  monde. 

>»  Un  ciioyen  ,  indépendamment  du  soin  de 
veiller  à  son  bien  particulier  ,  doit  travailler 
au  bien  public  de  sa  patrie.  Un  état  ,  indé- 
pendamment du  soin  de  son  gouvernement  in- 
térieur ,  est  encore  chargé  de  contribuer  au 
bonheur  de  la  société  générale  du  genre  hu- 
main. Faire  ,  en  tems  de  paix  ,  le  plus  de  bien  , 
et  en  lems  de  guerre  ,  le  moins  de  mal  pos- 
sible :  voilà  le  droit  des  gens.  Les  principes  de 
ce  droit  sont  siimplcs  :  mais  ,  dans  des  tems  de 
barbarie  ei  d'ignorance  .  ils  furent  méconnus  par 
des  hommes  livrés  à  des  passions  aveugles  et 
dérétices.  Dans  nos  tems  modernes  ,  ces  passions 
ont  ''été   adoucies    par    une    civilieaiion    perfec- 


liorinée  ;  mais  la  multitude  et  la  confusion  des 
intérêts  divers  ,  que  les  idées  d'argent  .  de  com- 
merce ,  de  richesse  naiionalc  et  d'équilibre  de 
puissance  ,  ont  introduites  ,  sont  devenues  de 
nouvelles  causes  de  rivaliié  ,  dambiiion  ,  de 
jalousie  et  d'inimitié.  La  science  des  gouverne- 
mens  ne  s  étant  point  élevée  en  proportion  des 
contrariétés  que  nous  avons  à  concilier  et  des 
difficuliés  que  nous  avons  à  v;:incre  ,  il  arrive 
que  ,  malgré  nos  lumières  et  nos  connaissances 
acquises  ,  nous  ne  jouissons  encore  que  très- 
imparfaltement  des  avairtages  que  ces  lumières 
et  ces  connaissances  sembleraient  devoir  nous 
garantir. 

1)  Le  droit  de  la  guerre  est  fondé  sur  ce  qu'un 
peuple,  pour  l'inlérêl  de  sa  conservaiion  ou  pour 
le  soin  de  sa  défense  ,  veut,  peut  ou  doit  faire 
violence  à  un  autre  peuple.  C  est  le  rapport  des 
choses,  et  non  des  personnes,  qui  çonsiitue  la 
guerre  :  elle  est  une  relation  d  Éiai  à  Eut ,  et  non 
d'individu  à  individu.  Entre  deux  ou  plusieurs 
nalions  belligéranies  ,  les  particuliers  dont  ces 
naiions  se  composent,  ne  sont  ennemis  que  par 
accident  :  ils  ne  le  sont  point  comme  hommes, 
ils  ne  le  sont  même  pas  comme  citoyens  ;  ils  le 
sont  uniquement  comme   soldais. 

>>  Rendons  justice  à  notre  philosophie,  qui, 
d'après  ces  vérités  premières,  a  plus  dune  fois 
invité  les  gouvernemens  de  l'Europe  ,  à  stipuler, 
dans  leurs  traités,  la  liberté  et  la  sîireté  du  com- 
merce pendant  la  guerre  ,  le  respect  pour  les 
travaux  de  I  agriculture  ,  pour  les  productions  des 
ans  et  pour  toutes  les  propriétés  particulières  ; 
mais  la  politique  ,  qu'  n'est  pas  le  droit  politique , 
s'est  refusée  jusqu'ici  aux  conclusions  de  la  phi- 
losophie. 

>i  II  faut  même  convenir  que  la  théorie  ,  en 
apparence  la  plus  parfaite,  n'esi  pas  toujours  la 
plus  convenable  dans  la  pratique.  La  maxime 
du  sage  doit  être  ,  non  de  chercher  le  mieux 
absolu  .  que  les  choses  et  les  hommes  ne  com- 
portent peut-être  pas  ,  mais  ce  mieux  relatif  qu 
est  toujours  à  notre  portée  ,  qui  est  indiqué  par 
l'expérience  ,  et  qui  sort  des  principes  de  la 
raison  assortis   aux  besoins   de  la  sociéié. 

!>  Dans  la  nouvelle  position  que  la  boussole 
et  la  découverte  de  l'Amérique  ont  donnée  au 
monde,  ce  sont  principalemi'ni  nos  relations  com- 
merciales qui  deviennent  la  source  de  nos  guerres. 
C'est  presque  toujours  pour  des  i;iiérêls  bien  ou 
mal  entendus  ,  pour  des  idées  bien  ou  mal  con- 
çues de  commerce  ,  que  l'oo  erisanglanie  la  terre. 

>i  II  faudra  donc  opérer  une  grande  révolution 
dans  les  choses  et  dans  les  opinions  ,  avant  que 
d'en  espérer  une  dans  la  politique. 

!)  On  peul  croire  ,  d'ailleurs  ,  que  l'interruption 
du  commerce  entre  les  naiions  belligérantes  , 
produit  le  bien  de  lier,  dans  chique  gouverne- 
ment ,  les  dangers  du  citoyen  aux  dangers  de 
la  patrie;  de  conimuni<]uer  à  limérêt  général 
toute  I  énergie  de  l'intérêt  personnel;  de  décou- 
rager par  1  épuisement  prévu  des  ressources  , 
lambiiion  des  conquêtes  ou  celle  dune  vaine 
gloire  ;  de  modérer  la  péiulance  des  projets  par 
le  sentiment  des  maux  qu  ils  entraînent  ;  de  mettre 
l'inquiétude  des  citoyens  qui  soufîienl ,  aux  prises 
avec  les  fantaisies  des  magistrats  qui  gouvernent  ; 
enfin  ,  de  rendre  les  gouvernemens  plus  cir- 
conspects à  commencer  la  guerre  ,  et  plus  dis- 
posés  à   la  terminer. 

î7  Au  surplus,  quoi  que  l'on  puisse  penser  de 
la  question  ,  si  le  commerce  doit  êlre  interrompu  ^ 
ou  s'il  doit  demeurer  libre  entre  les-naiions  belli- 
gérantes,  il  est  du  moins  certain  que  les  naiions 
neutres  ,  tant  quelles  né  prenneirt  aucune  pan 
à  la  guerre  ,  doivent  continuer  à  jouir  de  tous 
les   avantages   de  la  paix. 

)>  Les  anciens,  pour  diminuer  les  désastres  d'un 
des  plus  terribles  fléaux  qui  puissent  affliger  Ihu- 
mariiié  ,  établissaient  des  villes  sacrées  et  libres, 
qui  servaient  d'asyle  au  commerce  ,  et  dans 
lesquelles,  au  milieu  des  plus  sanglantes  hosti- 
lités ,  liiidusirie  trouvait  une  retraite  assurée 
contre   le   brigandage   et  la   mort. 

)>  Depuis  que  la  civilisation  a ,  pour  ainsi  dire, 
ajouté  de  nouveaux  peuples  au  genre  hnmain  ,  il 
y  a  toujours,  parmi  les  naiions  nombreuses  qui 
couvrent  la  surface  du  globe,  des  jeuples  in- 
téressés ,  par  leur  situation  ,  à  garder  la  neutralité  ; 
et  cette  neutralité  ,  qui  est  .  en  lems  de  guerre  ,  le 
seul  lien  des  relationss  sociales  et  des  communi- 
cations utiles  entre  les  hommes  ,  doit  être  reli- 
gieusement respectée  comme  un  vrai  bien  public. 

i>  Les  puissances  belligérantes  sont ,  sans  doute , 
autorisées  à  prévenir  et  à  surveiller  les  fraudes 
d'une  neutralité  ieinle.  Si  l'ennemi  connu  ,  est 
toujours  manifeste  ,  le  neutre  j-eut  cacher  un 
ennemi  réel  sous  la  robe  d'ami  ;  il  est  alors  frappé 
]iar  le  droit  de  la  guerre  ,  et  il  mérite  de  1  eue. 
Mais,  gardons-nous  ,  dans  l'application  de  ce  re- 
doutable droit,  de  méconnaîire  les  traités,  les 
couiumes  consacrées  par  la  conduite  consiante 
des  nations  ,  et  les  principes  qui  garantissent  la 
souverairieié  et  l'indépendance  des  peuples. 

)>  La  politique  peut  avoir  ses  plans  et  ses  mys- 
tères ;  mais  la  laison  doit  conserver  son  influence 


et  sa  dignité.  Qjiand  des  prctextc-s  arbitrsires  dp 
crainte  ou  d'ulilué  dirigent  les  conseils  ,  tout  est 
perdu;  alors  des  brigandages  de  loute  espèce 
désolent  la  terre ,  et  des  flois  de  sang  coulent  dç- 
toutes  parts. 

u  En  inspirant  la  terreur,  on  peut  mOiTienta-» 
nénicnt  accroître  ses  forces;  mais  c'est  en  inspi- 
rant la  confiance  qu'on  les  assure  à  jamais.  L'in- 
jiisuce  fut  toujours  mauvaise  ménagère  de  la 
puissance. 

>>  Je  me  félicite  ,  en  proclamant  ces  principes, 
d'être  plus  particulièrement,  par  mes  fonction» 
auprès  de  vous  ,  le  dépositaire  et  l'interprète  des 
intentions  du  gouvernement,  et  de  pouvoirjoindre 
ma  faible  voix  à  celle  du  ministre  éloquent  et 
éclairé  qui  a  déjà  si  dignement  fixé  la  mesure  de 
nos  devoirs  et  la  marche   de  nos  travatfX. 

>>  Citoyens ,  nous  avons  à  peser  de  grands 
inlérêis  ,  et  peut-être  à  réparer  de  grandes  erreurs; 
mais  ,  par  vos  lumières  et  par  voire  zèle  ,  vous 
denrjcurercz  supérieurs  à  votre  liiche. 

Nous  n'avons  point  à  nous  rouler  servilement 
sur  des  formes  conteniieuses  ,  ou  à  nous  livrer  à 
des  subliliiés  dégoûtantes.  Les  armateuis  français 
qui  s  adresseront  au  conseil  .  sont  les  délégués 
du  gouvernement;  car  la  course  n'est  qu'une  dé- 
légation du  droit  de  la  guerre  l'aiie  par  le  sou- 
verain aux  particuliers  qui  se  vouent  à  ces  pé- 
rilleuses spéculations.  D'autres  pan,  les  éuangers 
dont  vos  décisions  régleront  le  sort  ,  ne  peuvent 
séparer  leur  cause  de  celle  des  naiions  elles-raêrfies 
dont  ils  font  partie.  Or  ,  il  serait  ridicule  ,  disait 
autrefois  l'orateur  romain  ,  de  préiendre  décider 
des  droits  des  naiions  et  de  l'univers  ,  par  les 
mêmes  maximes  sur  lesquelles  on  décide  ,■  entre 
particuliers,  d'un  droit  pour  une  gouttière. 

>)  La  guerre  est  un  droit  nécessaire  ,  légitime  et 
malheureux  ,  qui  laisse  loujours  à  piyer  line  dette 
immense  pour  s  acqui  lier  en  vei  s  la  nature  humaine. 
Mais  que  la  justice  et  la  paix  s'embrasient  ;  et 
déjà  la  plupart  des  maux  de  la  guerre  seront  ré- 
parés. 

îi  Le  héros  de  la  France  ,  aujourd'hui  premier 
magistral  de  la  République  ,  vient  de  placer  ses 
victoires  et  son  nom  au-dessus  de  l'envie ,  en 
pioposant  la  paix  aux  naiions  belligérantes  ,  et 
en  professant  la  justice  envers  toutes.  Associons- 
nous  aux  grandes  et  salutaires  pensées  dont  il 
est  animé.  Léquiié  est  la  vertu  des  empires.  La 
modéra  ion  est  la  sagesse  des  grands  étals ,  conlme 
elle  est  celle  des  grands  hommes.  Sachons  que  si 
la  guerre  tue  les  citoyens  ,  une  fausse  politique 
les  empêche  de  prospéier  ,  et  peut  même  les 
empêcher  de  naître.  Nous  avons  étonné  ei  ébranlé 
l'Europe  par  l'éclat  et  la  force  de  nos  armes  :  il 
I  était  tems  Je  la  rassurer  par  nos  principes  et  d^ 
la  consoler  par  nos   vertus  >). 

Ce  discours  fini  ,  le  ministre  de  la  justice  a 
annoncé  au  public  assemblé ,  cjue  le  conseil 
des  prises  étaii  installé  pour  remplir  ses  fondions, 
conformément  aux  lois  et  aux  réglemens  relatifs 
aux  matières  qui  lui  sont  atiribuées  ,  a  levé  la 
séance  et  a  éié  reconduit  par  la  même  députation. 

Fait  et  arréié  le  présent  procès-verbal,  qui 
sera  transcril  ,  ainsi  que  les  lois  et  réglemens 
ci-dessus  énoncés  ,  sur  le  registre  des  délibéra. 
lions  et  réglemens  du  conseil  ,  et  rendu  public 
par  la   voie  dé  limpression. 

Le  ministre  de  la  justice  ,  signé.  Abrial  ;  Dele- 
CROix  ,  secrétaire- général  du  ministre  de  la  justice. 
Signé,    Rf.don   ,    président;    Moreau  ,     Niou , 

TOURNaCHON  ,  MONTIGNY  -MONPLAISIR  ,  LA- 
COSTE, Barennes  .  Parceval-Grandmatson  , 
DuFAUT  ,  membres!,  Poetalis,  commissaire  du  gou- 
vernement ;  Calmelet  ,  secrétaire- général. 


Suite  des  observations  sur  le  commerce  d'Amcrique, 
tirées  du  Journal  du  Havre.    ' 

Je  regrette  de  ne  pouvoir  donner  dune  ma- 
nière authentique  la  nolice  des  exportations  de 
grains  et  farines  de  .l'Amérique  seplentrionalc , 
depuis  1793.  On  aurait  une  idée  des  progrès  de 
son  agriculture  ou  des  besoins  de  I  Europe, 

Mais  ce  qu'il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  ,  c'est 
que  les  Eiais-Unis  ont  un  superflu  dans  leurs 
récoltes;  c'est  que  ce  superflu  serait  un  grand 
fonds  de  richesses,  si  1  Europe  n'avait  pas  habi- 
tuellement au  de-là  des  besoins  de  sa  consom» 
malion  ;  c'est  qu'il  serait  indiscret  aux  américains 
de  négliger  ou  d'abandonner  la  culture  du  tabac, 
pour  étendre  trop  la  culture  du  froment ,  dont 
les  débouchés  sont  très-précaires. 

En  effet  ,  exceptons  les  crises  de  la  disette  , 
qui  ne  se  répètent  gueres  que  tous  les  dix  ans  , 
et  dont  une  sage  administration  pourrait  préve- 
nir les  inconvéïiiens  ,  1  Amérique  septentrionale 
ferait  une  fausse  spéculation  de  multiplier  ses 
productions  en  bled,  au  détriment  dune  plants 
qui  lui  esi  indigène  ,  et  dont  la  culture  ,  irpf) 
pénible  et  tiop  chère  en  Europe,  n'indemniïe  ni 
en  quantité  ,   ni  en  qualité. 

Sans  débouchés,  l'abondance  du  bled  serait 
un  fléau  pour  le  cultivateur  et  le  propriétaire.  Au- 
tant il  esc  sage  d  assurer  la  subsistance  d'un  grand 


1 1  76 


peuple  po.urdeux  années,  autant  il  seravt  absurde 
«l'enlasseï-  des  grains  da)is  des  magusins  pour  un 
plus   Ions;  espace  de  lenia. 

Or  ,  d'après  ces  idées  d'économie  politique  , 
on  doit  présumer  qqe  les  anjéii-caiiis  qui  tiriricoi 
grand  paili  de  tiou,e  (ié.rresse  d;u)s  les  ;aiinccs 
1793  et  17,^4,  ont  aussi  éprouvé  un  changemeni 
subit  et  cj.rjsasi^eux  depuis  que  1  :ib,ond?nce  a  re- 
paru en  France.  Nui  doute  quils  ne  sï  soient 
repentie  d'cire  tiop  rlcliL-s  en  bled,  puisque  I  Eu- 
rope   entière  a  pu  se  passer  de    leur  txecdent. 

Il  est  donc  plus  que  piobabk;  (ju"ils  ont  lejiiis 
le.ur  équilibre  ordinaire  ;  et  Ion  peut  présumer 
que  ,  s'ils  avaient  l'occasion  d'exporter  leur  trop 
plein  ,  cela  n'excéderait  pas  l'exportation  de 
1793. 

Or  ,  comme  je  l'ai  déjà  dit  ,  le  montant  de  celle 
exportation,  qui  coiiterail  au  moins  70  millions  , 
suffirait  à  peine  à  la  nourriture  de  la  France  pen- 
dant dix  jours  ,  et  ferait  tout  au  plus  un  déjeuner 
pour  tou!.-  I  Europe. 

Le  système  de  la  France  doit  être  en  raison  in- 
veise  de  celui  des  américains  :  je  veux  dire  que 
s  il  convient  à  l'Amérique  septentrionale  de  main- 
tenir la  culture  du  tabac  ei  d'être  circonspecte  dans 
celle  du  lioment.  la  France  doit  au  contraire  être 
irès-réscrvée  dans  la  culture  du  tabac  et  très- 
empressée  à  augmenter  ses  moissons. 

L  Amérique  septentrionale  est  un  pays  immense  ; 
couverte  de  loiêis,  coupée  de  grandes   rivières, 
elle    sera    dans    plusieurs    siècles  susceptible   de 
nouveaux    dèlrichemens.    Sa    population     est    à 
peine  de  5  millions  d'habitans  :  c'est  à   peu-près 
le  sixième  de  la   population    de   la  France.  Ses 
terres  vierges  n'aitendent  que  des  bras  pour  leur 
prodiguer  des  laveurs;  il  n'est  pas  nécessaire  de  i 
piser  les  terres  pour  leur  dernander   des   recolles  j 
périodiques.  Q^uelle  que  soit  la  fantaisie  de  celui  5 
qui  culiive,  il'  ne   compromettra  point   la   tran- ! 
quillité  de  la  colonie.  On  c-onçoit  que  28  millions  > 
d'hommes  ,    répandus    sur   la    moitié   des    Etats-  j 
Unis  ,  n'y  trouveraient   pas  leur  subsistance  :  et  : 
quand  ils  couvrent  Iheureux  jardin  qu'ils  feni-  ! 
lisent  ,  on  doit  convenir  que  le  preiriier  soin  de  | 
ceux  qui  les    dirigent,  c'est   de  pourvoir  à   leur! 
nourriture  et  de  les   garantir  contre  la  famine. 

La  France  ,  a  dit  le  citoyen  Necker ,  produit,' 
çnnée  commune  ,  un  quinzième  au-delà  de  sa 
consommaiion.  Avec  une  bonne  administration,  i 
cela  peut  suffire  à  ses  besoins  :  mais  comme  on 
ne  peut  répondre  ni  des  révolutions  morales  ni 
des  vicissitudes  physiques  ,  il  serait  bon  de  per- 
fectionner encore  son  agriculture  ,  et  de  lui  mé- 
nager d'avance  l'établissement  de  greniers  d'a- 
bondance. 

D  ailleurs  ,  quand  nous  aurions  une  récolle  au- 
devani  de  nous,  n'en  tirerions-nous  pas  un  grand 

Farti  ,  lorquc  nos  voisins  se  trouveraient  dans 
embarras  ?  Ne  vaut-il  pas  mieux  acheter  aux 
Etais  Unis  les  3o  mille  boucauts  de  tabac  qu'on 
.prétend  que  nous  conso.mmons  tous  les  ans,  que 
de  nous  exposer  à  leur  payer  70  millions  pour 
dix  jours  de  subsistance  ?  N'est-il  pas  prudent 
d'airêter  une  culture  qui  occupe  nos  meilleures 
teries  à  blé  ,  qui  les  épuise  et  les  détériore  ?  Faut- 
il  (jue  l'intérêt  de  quelques  particuliers  impose 
toujours  silence  à  rinlérêi-général  (  i  )  ? 

(i)  Il  y  a  dans  cet  article  ,  ainsi  que  dans  les 
morceaux  qtte  nous  avons  précédemment  tirés 
de  ce  journal  ,  des  idées  fort  justes  ,  et  peiit-êire 
quelques  erreurs.  L'idée  des  greniers  d'abondance 
est  la  première  qui  se  présente  pour  éloignenouie 
crainte  de  disette;  mais  la  réflexion  prouve  que 
cette  mesure,  à  peine  praticable  pour  une  famille 
ou  un  petit  nombre  d'individus  ,  est  tout-à-fait 
inadmissible  pour  une  population  de  28,000,000 
d'hommes.  Ceux  qui  s'y  arrêtent  n'ont  pas  calculé 
ce  qu'il  faudrait  d'espace  et  de  greniers  pour 
emmagasiner  5o,ooo,ooo  de  scptiers  de  blé.  Ils 
n'ont  pas  pensé  à  ce  qu'il  en  coûterait  ,  ou  au 
gouvernement  pour  les  acheter,  ou  aux  culti- 
vateurs pour  en  attendre  le  prix.  Ce  serait  pour 
l'agriculture  ,  et  par  contre  coup  pour  la  popu- 
lation ,  une  grande  calamité  qu'une  fertilité  qui 
porterait  la  récolte  au  double  de  la  consommation 
possible.  Il  n'y  a  point  de  grande  récolte  qui  ,  en 
fesarLLi)aisser  le  prix  du  blé,  n'en  fasse  diminuer 
la  culture  ,  et  c'est  ainsi  que  la  disette  suit  d'ordi- 
naire la  trop  grande  abondance.  C'est  après  de 
riches  années  que  le  fermier  découragé  abandonne 
la  culture  des  mauvaises  terres  ,  ou  confie  aux 
bonnes  soit  du  tabac  .  soit  d'autres  plantes  étran- 
gères à  la    nourriture  de   l  homme.   Le  prix  des 


THÉÂTRE    FRANÇAIS. 

Df.ux  jeunes  poêles,  Floricourt  et  Darais,  l'un 
inlaïué  de    sa  personne    et   de   ses    vers  ,   lecteur 
iniaiigable  de  ses   petits   madrigaux    dérobés  à  de 
vieux   recueils  ,   apôlie   du   mauvais  goût  dont  il 
est  ralliant  gâié  ;   l'autre  ,  bonne;;  ,  modeste  ,  ré- 
servé ,  connaissant,  respectant   les  bons  modèles 
et   les    servant   de    son    mieux  ,  fréquentent  dans 
!a    même    maison.   Tous    deux   piélendent    à    la  j 
/Tiaiii   de  la  mêniu  personne.  Le  perc   de  celle-ci,  : 
homme  d'un  esprit  droit  et  d'un  sens  j-usle  ,  pié-  i 
(cie  Li.M-nis  l'Our  son    g'er^die  ;   mais    sa   femme  ,  I 
■  jul    préside    chez    elle  au    bureau    d'esprit  dont  | 
Floiicourt  est  l'oracle  ,   ne   veut  unir  sa  tille  qu'à  ) 
ce  dernier.  Le  hazard  veut  que  le  même  jour  on  j 
donne  au    théâtre  deux   pièces  nouvelles  ,  dout  , 
nos  deux  rivaux  sont  les  auteurs.  La  jeune  Hen-  | 
lietie  ,  qui  en  secretprélére  Damis  ,  et  qui  coinpie  j 
sur    les  succès  de    son    amant  ,    déclare    qu'elle 
consentira    à    donner  sa    main   à    celui    dont   le 
public  accueillera  l'ouvrage.  Les  deux  pièces  sont 
joués;  Darais  réussit,  et,  après   un  incident  que 
nous  nous  proposons   de  faire  remarquer  ,  Hen- 
ricite  reçoit  pour  époux  celui  qu'elle  aime  ,  et  qui  | 
mérite  sa  main. 

Telle  est  sommairement  l'analyse  d'une  nouvelle 
comédie  en  trois  actes  et  en  vers  ,  donnée  Jîier  au  | 
théâtre  français.  Il  est  aisé  de  voir  qu'elle  n  a  ! 
pas  coulé  beaucoup  d'eflbrts  à  l'imagination  de  i 
son  auteur;  c'est  un  ouvrage,  si  l  on  peut  s'ex- 
primer ainsi  ,  travaillé  en  marqueterie  ,  et  com-  | 
posé  de  pièces  de  rapports.  Suivons  les  irai-  j 
talions  :  elles  sont  sensibles,  au  comique  près.         | 

La   maison   de  M.   Arraan,d  est    celle    du   bon 
Crysale  ,   et   son    épouse   n'est    autre   que   Phila-  1 
mlnte.   Les  deux  rivaux  sont  dans  la  même  situa-  j 
tion  ,    ont  le  même   but,  les  mêmes  obstacles  et! 
les  mêmes  appuis  que  ceux  des  Femme!  Savantes. 
Le  rôle  d'Henriette  est   emprunté  de  celui  tracé 
par  Molière  :    on    a   imité    jusquau    nom    même 
du -personnage  ;   mais   1  un    n'est   égal    à  l'autre 
que   sous    ce   rapport.  1 

La  scène  oii  Floricouri  lit  des  vers  ,  et  se  trouve 
accusé  d'un  double  plagiat,  a  un  côté  plaisant  ; 
mais  comme  elle  est  sans  issue,  iiu'elle  n'aboutit  ' 
à  rien  ,  n'éclaire  oersonne  sur  le  caractère  du 
personnage ,  ne  sert  ses  desseins  ni  ne  les  dé- 
truit ,  "'celle,  scène  n'est  qu  un  épisode  inutile  à 
l'action   qu'il    rallentit.  j 

Celle  qui   ouvre   le  troisième   acte  ,  est   d'une 
invraisemblance  frappante.  Elle  est  à-la-tois  cal-  ; 
quée   et  sur   celle    du    Méchant   entre    Cléon    et 
Âri.'-te  ,   et    sur   celle    de    la   Métromanie  ,  entre  j 
Damis   et   son   oncle.  Mais  l'auteur  ne    s'est  pas  ) 
apperçu  que  dans   les    deux  ouvrages  qu'il  a  pris  J 
pour  mpdeles  ,  la  longue   dissertation  iiui  s'éla-  | 
blit  n'est  pas  placée  au  moment  oîi  la  pièce  doit  ! 
marcher  vers  son  dénouement.  Il  a  placé  la  sienne  | 
à  linstant  où  le  sort  des  deux  poètes  se   décide  ,  , 
où  l'on  joue    leurs  ouvrages  ;  il  les   fait  disserter  | 
longuement  sur  une  question  générale.  Quels  sen- 
limens  ,    quelle    incertiiude  ,    quelle   impancnce, 
au  contraire  ,  n'éprouve   pas   le  métromane  pen- 
dant 1  heure  fatale  où  il  attend  son  arrêt  ?N'a-t-il  pas 
les  yeux  fixés  sur  sa  montre  ?  Ne  compte-t-il  pas 
toutes   les    minutes?  N'est-il  pas    hors    de    lui  ? 
Mais  sans  prendre   si  haut  nos    exemples  ,   pour 
juger   du   mérite    de  la   situation    dont   il  s'agit , 
que  ne  nous  adressons-nous  à  l'auteur  lui-même 
pour  lui  demander  si  ,  au  moment  où  le  public 
prononçait  sur  son  ouvrage  ,  il  était  occupé  avec 
un  autre    littérateur    d'un    débat   complettement 
étranger  à  son   succès  où  à  sa  chute  ? 

La  pièce  n'offrait  déjà  que  trop  de  réminiscences 
lorsque  le  dénouement  du  Méchant  ,  très-affaibli  , 
est  venu  terminer .  les  Deux  Poètes.  Floricourt  a 
écrit  une  satyre  contre  monsieur  et  madame 
Armand  ;  il  a  eu  la  précaution  de  l'éciire  de 
sa  main  ,  d'y  laire  connaître  le  nom  de  ceux 
qu'il  attaque  ,   quoiqu'il  soit  prêt   à  épouser   leur 


fille.  Enfin  ,  la  satyre  est  tombée  dans  les  .maiiiî 
d'uij  valet  qui  l'a  confiée  à  une  soubrette  ,  ilaqucH* 
se  l'est  laissé  ravir  par  son  maître.  Floricourt  se 
trouve  ainsi  démasqué  par.son  écrjt,  coiTime  Cléon 
par  sa  lettre  anonyme.  Floricourt  chassé  comme 
le  Méchant,  dit  en  sortant  les  mêmes  mots  que 
ce  derpier  ;  mais  poux  confondre  son  homme 
dangereux  ,  Giesset  avait  employé  des  moyens 
plus  adroiis.  En  l'imitant  au  fond  ,  dcvail-.on 
n'employer  ses   ressorts  que   pour  les  alfaibllr  ? 

Ainsi  eet  ouvrage  repfl.s,api  sur  l'intrigue  la  pijif 
faible  ,  vuide  au  lond  ,  et  imaj  copduite  ,  n'offre, 
quant  aux  situations,  quant  s.ux  catacter^s  des  per- 
sonnages ,  et  à  quelques  exceptions  pt  es  ,  quant 
aux  détails  ,  rien  qui  ne  se  trouve  ,  spit  dans 
les  grands  ouvrages  que  nous. avons  cités,  soit 
dans  ceux  qui  en  présentent. déjà  des  imitations-. 

Après  nous  être  expliqués  avec  cette  frarichise 
et  cette  sévérité  ,  n,ou?  devons  citer  avec  éloge 
la  partie  de  l'ouvrage  qui  rriérile  d'être  remarquée. 

Celte  partie  sans  doute .  est  l'une  des  plus 
essenlielles  ,  c'est  le  style.  Celui  des  D^iux  Poètes 
a  beaucoup  de  iriérite  :  il  est  en  général  pur, 
cotrect  ,  facile  ;  il  a  le  lour  comique  ,  et  la 
précision  qui  aiguise  l'éjiigramine .  On  trouve 
dans  l'ouvrage  des  tirades  qui  annoncent  de  la 
chaleur,  de  la  veive,  du  talent.  Les  intentions 
en  sont  morales  ,  et  les  préceptes  y  sont  mar- 
qués ati  coin  du  goût  le  plus  sain  ;  mais  souvent 
hauteur  comique  y  cède  la  place  au  versifica- 
teOtf.  Les  tirades  les  mieux  faites  et  les  plus  ap- 
plaudies sernbleraient  avoir  été  composées  ou 
pour  une  épîire  ,  ou  même  pour  une  satyre  ,  si 
l'auteur  n'avait  pas  fait  dans  son  ouvrage  la 
ceaisure'  la    plus   severe  de   ce  genre  dangereux. 

Il  tombe  cependant  lui-même  dans  le  défaut 
contre  lequel  il  s'élève  ,  en  se  permettant  de 
rendre  ja  scène  1  écho  d'une  satyie  personnelle. 
Pour  que  les  spectateurs  reconnaissent  dans 
madame  Armand  l'actrice  qui  a  mis  au  théâtre 
Misantropie  et  Repentir  .,  éiiin-W  nécessaire,  éiait- 
il  décent  de  prononcer  1  un  de  ses  noms  ?  fallait- 
il  rappeler  que  Burset  fut  le  traducteur  du  drame 
de  Kotzbue?  Le  public  savait  tout  cela  ;  il  savait 
même  que  le  cit  Rigaïud  (c'est  l'auteur  des  Deux 
Poètes  ]  avait  aussi  traduit  Misantropie  et  Repentir , 
1  avait  traduit  en  vers,  et  que  cet  ouvrage,  par  l'effet 
de  refus  injustes,  sans  doute  ,  n'avait  été  joué  que 
sur  un  de  nos  petits  théâtres.  Aussi  ,  dans  ce  pas- 
sage que  nous  reprochons  à  l'auteur,  lorsque  le 
poêle  semblait  s'armer  pour  venger  le  bon  goût 
outragé  ,  on  a  reconnu  l'intention  de  venger  une 
querelle  personnelle  que  nul  n'a  paru  vouloir 
épouser. 

L'auteur  a  été   demaiidé   et   nommé.       S.... 


grains  amélioré  le  ramené  bientôt  à  la  première 
de  toutes  les  cultures;  ses  efforts  s'arrêtent  ensuite 
par  le  résultat  même  de  ses  succès ,  et  c'est  de  cette 
alternative  que  se  compose  une  variaiion  qu'il  est 
presque  impossible  d'éviter.  Ces  effets  se  pro- 
duisent d'eux-mêmes  sans  secousses  trop  sensibles, 
et  n'appellent  point  la  main  de  l'autorité.  Le  gou- 
vernement ne  doit  proscrire  aucune  culture  ,  et 
ce  n'est  qu'avec  de  gr.indes  précautions-  qu'il  lui 
convient  d'encourager  même  les  plus  importantes. 
B 


LIVRES    DIVERS. 

Recherches  physiologiques  sur  la  vie  et  la  mort , 
par  Xav.  Bichat ,  professeur  d  anaiomie  et'de  phy- 
siologie. I  vol.  in-8°.  de  4G4  pages ,  imprimé  sur 
papier  carré  fin  ,  caractère  cicéro  Didot.  Prix  4  fr. 
5o  cent.  ,  et  franc  de  port.  6  fr. 

A  Paris.  chezBiosson,  libraire,  rue  Pierre-Sarrazin, 
n°.  7  ;  Gabon  et  compagnie  ,  rue  de  l'Ecole  de 
Médecine  ,  n°.  33. 

Cet  ouvrage  est  divisé  en  deux  parties  :  la  pre- 
mière ,  consacrée  à  des  recherches  sur  la  vie  , 
roule  sur  une  division  déjà  indiquée  par  quelques 
auteurs  ,  mais  que  le  citoyen  Bichat  a  tellement 
étendue  et  modifiée  ,  qu'il  se  l'est  vraiment  appro- 
priée. A  cette  division  ,  se  rallient  une  foule  de 
considérations  entièrement  neuves  sur  la  forme 
généra'e  des  organes  ,  sur  l'harmonie  ou  la  dis- 
cordance de  leur  action ,  sur  la  continuité  ou  lin- 
tetmittence  de  leurs  fonctions  ,  sur  le  sommeil  , 
sur  l'habitude  ,  sur  la  théoiie  des  forces  vitales, 
sur  le  mode  d'origine  ,  l'accroissement  et  le 
terme  des  deux  vies  ,  animale  et  organique. 
La  seconde  partie  où  le  citoyen  Bichat  traite  de 
la  mort ,  présente  l'enchaînement  succe'ssif  deg 
phénomènes  qui  arrivent,  soit  que  le  cerveau, 
le  coeur  où  le  poumon  déterminent,  par  l'inter- 
ruption de  leur  action  ,  celle  de  tous  les  autres 
organes.  Un  très-grand  nombre  d'expériences 
nouvelles  et  curieuses  appuyent  les  principes 
établis  dans  cette  seconde  partie  ,  où  rien  n'est 
hypothèse  ,  où  tout  est  démontré  jusqu'à  l'évi- 
dence. Le  résultat  de  ces  expériences  est  appli- 
cable non-seulement  au  sujet  que  traite  le  citoyen 
Bichat,  mais  encore  aux  fonctions  de  l'homme 
en  santé.  Notas  osons  croire  qu'elles  concourront 
aux  progrès  de  la  physiologie. 


L'»bounetBcnt  se  fait  1  Paris,  ■•«£  des  Poitevins ,  n"  18.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois  ,  5o  fraacs  pour   six    mois,   et    100   francs  pour  l'année  entière.  On  ne 
«'ib    ~lc  qa  iu  commejicemfnt  de '.liaqne  mois. 

Ilfautadresscr  les  Icurcsetraifecuc,  franc  de  port  ,aucit.  Agasse,  propriétaire  de  cejournal  , rue  des  Poitevins, n"    18.  Il  fautcomprcndre    dans   les   envois   le  port    dei 
pays  où  l'on  ne  peut  ^EFranclisr.   Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  de  la  poste. 
^         .Ilfallta^•'■=<•so,.a      V°"'  t''"s  de  sûreté,  (te  charger  celles  qui   reiifermentdes  valeurs  ,  etadresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de   la   feuille,    au  rédacteur  ,   rue  de» 
Poitevins,  a°.  lî     depui, .neuf  heure- tu  rnati  oj>usqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris  ,  de  l'impritieric  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n°  i3, 


GAZfePFÉ  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N" 


292. 


Duodi  ,  22  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Noiis  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  coïKient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  .ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant 'sur 
l'incérieuc  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T   É  R  I  E  U  R. 

IRLANDE. 

Suite  du    discours  de  M.  Dobbs  à   la  chambre  des 
comm-urus. 

JxvA'KT  de  rappoiier  le  reste  de  la  prophélie 
concernant  ces  dix  loyaumes  qui  formaient  l'em- 
piie  romain  occidenlal  ,  permetiez  que  j'anêie  un 
inomenl  vos  regards  sur  ce  qui  leur  est  arrivé 
durant  le  cours  de  ces  dix  dernières  années. 
La  France  a  éprouvé  révolutions  sur  révolutions  , 
et  de  monarchie  est  devenue  république.  Les 
P;iys-Bas ,  affranchis  du  joug  de  ses  anciens 
maîtres  ,  font  partie  aujourdhui  du  territoire 
français.  La  Hollande  a  banni  son  slathouder; 
comme  elle  ,  la  Suisse  a  été  révolutionnée. 
Venise  a  cessé  de  faire  un  étal  particulier.  Llialie 
entière  rendue  pendant  un  tems  à  la  liberté  et 
divisée  en  plusieurs  républiques  ,  enchaînée  de 
nouveau  par  les  russes  et  les  autrichiens  . 
«ouche  au  moment  de  redevoir  aux.  français 
son  affranchissement.  (C'est  fait.')  Le  dernier 
pape  ,  après  avoir  perdu  son  pouvoir  temporel, 
est  mort  en  France  ;  son  successur  élu  à  Ve- 
nise ,  n'est  pas  encore  entré  dans  Rome.  L  Es- 
pagne .avoisine  une  révolution.  Le  Portugal  est 
à    la   veille    d'être    révolutionné   ou  conquis. 

Les  affaires  d'Allemagne  et  de  la  maison  d'Au- 
liiche  sont  dans  une  situation  critique  ,  et  la 
Grande-Bretagne  est  engagée  dans  une  guerre 
pénible,  et  dont  on  ne  saurait  assigner  le  terme. 
Ainsi ,  comme  vous  le  voyez  ,  monsieur,  tout  ce 
qui  fesait  partie  de  l'empire  romain  occidental, 
et  qui  renferme  les  nations  les  plus  policées  du 
globe  ,  est  en  convulsion  d'une  eKirêmité  à  l'autre. 
La  dernière  partie  de  la  prophélie  contenue  dans 
le  second  chapitre  de  Daniel  ,  nous  apprendra  le 
dénouement  de  ces  scènes  si  fertiles  en  incidens. 

Après  avoir  décrit  la  statue  ,  Daniel  continue 
et  dit  qu'une  pierre  s'étant  détachée  de  la  mon- 
tagne voisine  sans  la  main  d'aucun  homme  , 
frappa  la  statue  dans  ses  pieds  de  fer  et  d'argile, 
et  les  mit  en  pièces.  Alors  le  fer,  l'argile,  l'airain  , 
l'argent  et  I  or  se  brisèrent  tout  ensemble;  ils 
devinrent  comme  la  menue  paille  que  le  vent 
emporte  hors  de  l'aire  pendant  l'été ,  et  ils  dispa- 
rurent sans  qu'il  s'en  trouvât  plus  rien  en  aucun 
lieu;  mais  la  pier/e  qui  avait  frappé  la  statue 
devint  une  grande  montagne  ,  et  elle  remplit 
toute  la  terre.  Suivant  Daniel  cette  pierre  figure 
un  grand  empire  qui  ne  sera  jamais  détruit.  Cet 
empire  ne  passera  point  à  d'autres  peuples  ;  il 
renversera  tous  ses  ennemis  ,  et  il  subsistera 
éternellement.  Mais  pour  connaître  plus  exacte- 
ment ce  que  Daniel  entend  par  cette  pierre  , 
nous  n'avons  qu  à  lire  son  septième  chapitre  : 
il  y  représente  les  quaire  grands  empires  sous 
l'emblème  de  quatre  bêles;  et  les  dix  royaumes, 
au  lieu  dy  être  figurés  par  les  doigts  de  pied,  le 
sont  par  les  dix  cornes   de  la  quatrième   bêle. 

Il  exprime  ainsi  leur  destruction  :  m  J'eus  dans 
la  nuit  une  vision  ,  et  je  vis  comni;  le  fils  de 
l'homme  qui  venait  sur  les  nuées  du  ciel.  Il  s'a- 
vança jusqu  à  l'ancien  des  jours,  à  qui  il  fut  pré- 
Benlé  par  les  nuées.  L'ancien  des  jours  lui  donna 
);  puissance,  la  gloire,  l'honneur  et  les  empires. 
Tous  les  peuples  ,  toutes  les  tribus  et  toutes  les 
langues  le  serviront  :  sa  puissance  est  une  puis- 
sance éternelle  qui  ne  lui  sera  point  ravie  .  et 
«on  empire  ne  sera  jamais  détruit,  j'  Il  est  donc 
hors  de  doute  que  la  pierre  et  le  personnage 
porté  sur  les  nuées  ne  soil  le  Messie.  Ainsi  l'en- 
tendent sir  Isaac  Newton  et  les  meilleurs  com- 
mentateurs .  et  beaucoup  de  passages  de  l'Ecri- 
ture viennent  à  I  ;ipptii  de  cette  explication.  QjJant 
à  moi  ,  il  me  suttit  lie  ce  que  dit  Daniel  dans 
son  second  et  son  sejiiieme  chapitre  et  de  l'aulo- 
liié  de  sir  Isaac  (oni  croire  fermement  au  second 
avènement  du  Messie.  J'ajouterai  ici  néanmoins 
l'opinion  desjuits  qui  doit  être  d'un  grand  poids, 
l'existence  de  ce  pen|jle  étant  un  lémpignagc 
permanent  de  la  vérité  des  prophéties,  je  com- 
mencerai d'abord  par  retracer  au  souvenir  des 
honorables  membres  de  la  chambre  la  prédiction 
qui  a  eu  lieu  concernant  celte  nation  .  et  qui  re- 
cuit chaque  jour  ion  accompliBscment. 

l  F.xirait  ;tu  Star ,  du   7   messidor.) 


ANGLETERRE. 

Londres ,,  le  12  messidor. 

Corporation   de  Londres. 

Dans  la  dernière  séance  du  conseil  comitHm  , 
tenu  à  Guidhall ,  on  a  lu  le  rapport  d'un  comité 
nommé  pour  rechercher  la  cause  de  la  cherté 
des  denrées;  il  y  était  exposé  qu'en  consé- 
quence d'une  conférence  avec  la  société  de 
marine  relativementaux  moyens  d'approvisionner 
la  métropole  de  poissons  ,  les  propriétaires  des 
bâiimens  îiêcheurs  de  Haswich,  ont  adressé  un 
mémoire  à  ce  comité,  pour  offrir  de  fournir  au 
marché  de  Londres  5oo  tonnes  de  morues  salées, 
au  prix  de  3  d.  par  liv.  si  on  leur  accordait  une 
allouance  de  sel.  Le  comité  a  demandé  que  ce 
mémoire  fût  présenté  ,aux  lords  de  l'amirauté  , 
pour  les  prier  de  le  prendre  en  considération. 
M.  CAlderman  Cadel .  le  rapporteur,  était  d'avis 
que  la   cour  adoptât    celte  mesure. 

M.  Waithmar  s'y  est  opposé  et  a  proposé  par 
vo'e  d'amendement  de  retrancher  le  passage 
suivant  :  "  <^u'il  paraissait  à  la  cour  que  le  haut 
prix  du  blé  provenait  de  la  mauvaise  récolte  de 
l'année  dernière  occasionnée  par  la  .mauvaise 
saison  ,  et  d'y  substituer  :  n  Qu'elle  était  d'avis 
que  ce  prixexcessifprovientprmcipalement  d'une 
consommation  beaucoup  plus  considérable  pen- 
dant la  guerre  ,  et  de  l'opération  des  taxes  ac- 
cumulées, et  que  l'apparence  dune  favorable 
moisson,  ne  donnait  pas  l'espérance  la  vikis 
raisonnable  pour  soulager  la  détresse  publique  r 
mais  que  le  seul  moyen  eificace  pour  diminuer 
le  prix  exorbitant  de  toutes  les  denrées  était  le 
rétablissement   de   la  paix. 

L'amendement  soutenu  par  plusieurs  membres 
a  été  rejeté.  On  a  remarqué  qi'il  ny  avait  pas 
un  nombre  suffisant  de  membres  pour  constituer 
une    cour. 

INTÉRIEUR. 
ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrité du  11  messidor,  an  8. 

Bonaparte,'  premier  consul  de  la  république, 
nomme  les  citoyens  doni  les  noms  suivent  ,  pour 
lemplir  ,  dans  le  département  de  lOutthe,  les 
fonctions  ci-après   désignées  ,  savoir  : 

Tribunal  d'appel  séant  a  Liège. 

Président.  Gillot ,  ancien  jurisconsulte. 

Juges.  Bcanin  ,  président  actuel  du,  tribunal 
ctiramel  de  l'Ourthe.  Hauseur ,  père,  ex-légis- 
lateur. Dandrimont  ,  juge  actuel  de  l'Ourthe. 
Noël  Defrance  ,  idem.  Donckier  ,  idem.  Doux- 
champ  ,  ex- président  du  tribunal  -criminel  de 
Sambre-et-Meuse.  Vaugeois  ,  accusateur-public 
de  Sambre-el-Meuse.  Simon  Huard  .  homme  de 
loi.  Henry  ,  homme  de  loi  à  Paris.' Membrede  , 
f  x-législaieur.  Fransen  ,  juge  actuel  de  la  Meuse- 
Inférieure.  Vos  ,  homme  de  loi ,  à  Saint-Frond. 

Commissaire.  Danthine  ,  aîné,  commiss.  actuel. 

Greffier.  Poswick ,  ex -secrétaire  de  l'adminis- 
tralion  centrale. 

Tribunal  criminel  séant  a  Liège. 

Président.  Beanin  ,  président  actuel  du  tribunal 
criminel. 

Juges.  Jaymaert ,  substitut  actuel  du  commis- 
saire. Hauseur,  fils,  ex-commissaire  central. 

Suppléans.  Spiroux  ,  juge  actuel.  Hennaut , 
homme  de  loi. 

Commissaire.  Detrixhe  ,  juge  actuel. 

Greffier.  Barbier  ,  greffier  actuel. 

Tribunal  civil  séant  a  Liège. 

Pmziieni.  Raykem, juge  actuel. 

Vice-président.  Levos ,  juge  actuel. 

Juges.  Jupille,juge  actuel.  Carlier,  idem.  Bra- 
connier ,  idem.  Opnoven  ,  commissaire  actuel. 
Ista,  substitut  actuel  du  commissaire. 

Suppléans.  Paquot .  homme  de  loi.  Danthine  , 
cadet,  juge  actuel.  Henkart.,  homme  de  loi  et 
notaire.  Louhienne  ,  juge  actuel.  ■ 

Commissaire.  Nicola'î ,  professeur  de  législation 

Substitut.  Moxhon  ,  substitut  actuel. 

Greffier.  Seleina ,  greffier  actuel. 


Tribunal  séant  a  Huy. 
Pmz'rfênf.  Renier  (F.  J.) ,  juge- actuel'.  ".^ 

Juges.  Bouhi  ,juge  actuel.  Bodart,  î(/em.Bartini, 
jurisconsulte. 

Suppléans.  Maquinel  ,  homme  de  loi.  Arnold, 
aîné  ,  idem.  Théodore  Dewar,  juge-de-paix. 
Commiisa\re.  Rubin  ,  commissaire  actuel. 
Greffier.  Donkier,  fils,  greffier  actuel. 
Tribunal  séant  a  Malmedv. 

Président.  Rouchart,  commissaire  actuel  à  Va- 
rennes. 

Juges.  Willems  ,  juge  actuel.   Cornesse  ,  com- 
missaire actuel. 

Suppléans.    Beurnonville  ,    ex  -  commissaire    à 
Stavelot. 

Commissaire.    Vignon  ,    commissaire     actuel   à 
Vervins. 

Greffier.  Btodel ,  greffier  actuel. 
Ordonne    en  eonsécpience    qu'ils  se   rendront 
de  suite  à  leur  poste  pour  y  remplir  les  foncnons 
qui  leur  sont   attribuées  par  la    loi. 

Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 
Autre   arrêté  du  même  jour. 

',  Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
nomme  les  citoyens  dont  les  noms  suivent  ,  pour 
remplir,  dans  le  département  de  la  Dyle  les  fonc- 
tions   ci-après  désignées  ,  savoir  : 

Ï'ribunal    d' appel. 
Président.  Latteur,  ex-législateur. 
FTfe-^miiiÉn^.'Wautelé,  ex-législateur.  Mazannès, 
idem. 

Juges.  Bonaventure  ,  ex-législateur.  Coremans, 
président  actuel  du  tribunal  criminel  de  la  Dyle. 
Melin  ,  ancien  magistrat  du  Brabant.  Michaux  , 
juge  actuel  de  la  Dyle.  Narrez  .  idem.  Dimarti- 
nelli ,  ex-législateur.  Van-Andenrode  ,juge  actuel 
de  la  Dyle.  Mausselman  .  idem.  Deguchtencre  , 
(  de  l'Escaut  )  ex-conseiller.  Debrabandere  ,  ex- 
législateur. Bleraont,  commissaire  actuel  près  les 
tJibunauît  de  lEscaut.  Decaigny  ,  ex-législateur. 
Mulle  ,  ex  président  de  l'administration  centrale. 
Jardiniers  ,  commissaire  près  le  tribunal  criminel 
de  rEscaut.  Sibuet ,  ex-juge  du  tribunal  de  cassa- 
lion.  Houzé  ,  président  du  tribunal  criminel  de 
Jemmapes.  Delecçurt ,  juge  actuel  du  départe- 
ment de  Jeramappes.  Dereine  ,  juge  aciuel  du 
département  de  Jemmapes.  Foncez,  ex-législateur 
et  accusateur  public  du  département  de  Jem- 
mapes. Desroë  ,  ex-législateur.  Fournier,  ex-com« 
missaire  près  les  tribunaux  de  la  Lys  et  près  l'ad- 
ministration ccntr.  Kersmaker  ,  présid.  du  trib. 
criminel  de  la  Dyle.  Debroukere  ,  président  du 
tribunal  civil.  Victor  Dubois  ,  commissaire  près 
les  tribunaux  de  la  Lys.  Ghyson  ,  ancien  magis- 
trat de  Malines.  Quertemont ,  président  aciuel  du 
tribunal  criminel  des  Deux-Nethes.  Vancutsem  , 
ex-conseiller.  Charles-Dor,  ex-juge  au  tribunal  de 
cassation. 

Commissaire.  Beytz  ,  ex-législateur  ,  préfet  de 
Loire-et-Cher. 

Substituts.  Tarte ,  aîné  ,  homme  de  loi.  Malfroid , 
juge  au  tribunal  de  la  Dyle- 

Greffier.  Fegneaux,  greffier  actuel. 
Tribunal     criminels. 

Président.  Bonaventure,  ex-législateur. 

Juges.  Everaerds  ,  juge   actuel.  Poringa.  î'rfiwi. 

Suppléans.  Triponetty ,  ex-juge.  Maréchal,  ex- 
administraieur. 

Commissaire.  Devais ,  commissaire  actuel. 

Greffier.  Vangelder,  greffier  actuel. 

Tribunal  civil  séant  a  Bruxelles. 

Président.  Lengrand  ,  juge  actuel. 

Vice-président.  Trico,juge  aciuel. 

Juges.  Reniers  ,  juge  actuel.  Lemoine  ,  idem. 
Devaleriola ,  idem.  Cordier ,  substitut  actuel. 
Dhaès,juge  actuel. 

Suppléans.  Heyvaërt ,  homme  de  loi.  Wouters  , 
idem.  'Walkiers  ,  idim.  Vanderlinden, juge  actuel. 

Commissaire.  Greindl  ,  juge  aciuel. 

Substitut.  Bourgeois ,  juge  actuel. 

Greffier.  Sels  ,  juge  actuel. 


Tribunal  séant  a  Louvain. 

Président.  Vereghen,  juge  actuel. 

Juges.  Laroche  ,  commissaire  aciuel  près  le  tri- 
bunal correctionnel.  Vandervecken  ,  commissaire 
près  le  tribunal  correctionnel  de  Bru>telles.  Jac- 
quelart,  homme  de  loi  à  Louvain. 

Suppléons.  Heuseling,  homme  de  loi.  Buchet  , 
homme  de  loi  à  Louvain.  Vanlcempuiten  ,  idem. 

Commissaire.  Despaëisberh ,  juge  actuel. 

Greffier.  Herry,juge  actuel. 

Tribunal  séant  a  Nivelle. 

Président.  Ippersiel ,  juge  actuel. 

Juges.  Maloigne  ,  juge  actuel.  Lemaire  ,  homme 
de  loi.  Cols  ,  officier  municipal. 

Suppléans.  Letevre  ,  ex-commissaire  près  l'ad  • 
ifiinistration  municipale.  Trico  ,  homme  de  loi. 
Leclerc  ,  idem. 

Commissaire.  Barbanson,  juge  actuel. 

Greffier.  Dept ,  juge  actuel. 

Ordonne  en  conséquence  qu'ils  se  rendront 
de  suite  à  leur  poste  ,  pour  y  remplir  les  fonc- 
tions qui  leur  sont  attribuées  par  la  loi. 

Sig-ne,  Bonaparte 

Par  le  premier    consul, 

Ls  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre  ,  arrêtent  : 

Art.  ï".  A  dater  du  premier  vendémiaire  an  8  , 
les  pensions  accordées  à  des  militaires  ,  en  con- 
sidération de  quelque  action  déclat  ou  de  ser- 
vices importans  rendus  à  |a  patrie  ,  seront  payées 
en  totalité  en  numéraire,  par  douzième  ,  chaque 
mois  ,  sur  extraits  de  revue  des  commissaires  des 
guerres  ,  et  cumulativeraent  avec  toute  espèce 
de   traitement. 

Ils  seront  tenus  de  faire  viser,  en  exécution  du 
présent  ,  leurs  brevets  par  le  ministre  de  la 
guerre. 

.  IL  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au  bul- 
letin des  lois.        ' 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul, 
Le  secrétain-d'état ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  18  messidor. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
•du  ministre  de  la  justice  ,  voulant  pourvoir  à 
l'établissement  et  à  la  conservation  des  minutes 
existantes  dans  les  greffes  des  tribunaux  supprimés, 
le  conscil-d'étàt  entendu ,  arrêtent  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  Les  minutes  existantes  dans  les  greff'es 
des  ci-devant  tribunaux  civils  de  départemens  , 
resteront  dans  ces  greffes ,  et  seront  confiées  à 
la  garde  des  greffiers  des  tribunaux  de  première 
instance  ,  dans  ceux  oh  il  n'y  a  pas  de  tribunaux 
d'appel. 

IL  Les  minutes  existantes  dans  les  greffes  des 
ci-devant  tribunaux  de  police  correcîiontielle , 
seront  déposées  dans  le  greffe  du  tribunal  de 
première  instance ,  dans  le  ressort  duquel  se 
trouvent  les  chefs-lieux  de  ces  ci-devant  tribu- 
naux ,  et  confiées  à  la  garde  du  greffier  de  ce 
tribunal  de  première  instance. 
.  III.'  Il  n'est  rien  innové  en  ce  qui  concerne  le 
dépôt  établi  à  Paris  en  exécution  de  l'arrêté  des 
consuls  ,  qui  en  a  ordonné  et  maintenu  la  for- 
mation. 

ly.Le  ministre  delà  jusiiceestchargé  de  l'exécu- 
tion du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au  Bulletin 
des  lois. 

Le  premier  comul  ,  Signé,   Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour.  ' 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre ,  le  conseil-d'état  entendu , 
arrêtent  : 

Art.  I'^''.  Le  ministre  des  finances  fera  payer 
annuellement ,  à  titre  de  pension  ,  la  somme  de 
-six  rnille  neuf  cens  francs  aux  veuves  des  inva- 
lides ,  comprises  dans  l'état  annexé  au  présent 
arrêté- 

II.  Ces  pensions  seront  payées  par  douzième 
chaque  mois ,  à  compter  de  .fa  pubUcation  du  pré- 
sent arrêté.  Le  ministre  des  finances  prendra  toutes 
les  mesures  nécessaires  pour  que  le  paiement  en 
soit  fait  à  domicile  ,  conformément  aux  disposi- 
tions de  l'art,  XI  de  la  loi  du  14  fructidor  an  6. 

m.  Les  ministres  de  la  guerre  et  des  finances 
sont  chargés  de  l'exécution  du  présent  arrêté,  qui 
sera  imprimé  au  Bulletin  des  lois, 

Le  premier  consul ,  Signé ,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état ,  signe,  H.  B.  Maret. 


1178 

.*•  ■ 

MINISTERE   DE  LA  GUERRE. 

Lettre  du  général  de  division  Desselles ,  chef  de  tétat- 
major-général  de  l'armée  du  Rhin  ,  au  ministre  de 
la  guerre.  ■ — Du  quartier  général  à  Augsbourg,  le 
I J  messidor  ,  an%  de  la  république  française. 

Citoyen  ministre  , 

Je  vous  adresse  ci-joint  le  rapport  de  l'afTaire  du 
3o  prairial.  Je  vous  enverrai  incessamment  celui 
des  deux  journées  qui  l'ont  suivi. 

Salut  et  respect  ,  Signé  Dessolles. 

Le  général  de  division  ,  chef  de  l'état-major-général , 
au  ministre  de  la  guerre.  —  Au  quartier  général  à 
Augsbourg,le  10  messidor  an  8. 

Citoyen  ministre  , 

Lorsque  la  droite  de  l'armée  fit  sa  première 
marche  sur  lè  Lech ,  je  vous  fis  connaître  les 
motifs  de  cette  manœuvre.  Elle  amena  ,  comme 
le  général  en  chef  l'avait  prévu  ,  l'affaire  du 
16  prairial  dont  vous  connaissez  les  résultats. 
Ce  succès  ijflMpique-  brillant ,  ne  fut  pas  assez 
décisif.  L'en.n;ami  revint  à  son  camp  d'Ulm  ,  et 
de  nouveau  s  opiniâira  à  le  conserver.  Cepen- 
dant il  fallait  combattre.  Le  pays  sur  lequel 
l'armée  manœuvrait  depuis  si  long-tems  ,  s'épui- 
sait de  ressources  ,  et  1  on  annonçait  des  renforts 
prêts  à  rejoindre  l'armée   ennemie. 

En  passant  le  Danube  au-dessus  d'Ulm  ,  la 
gauche  de  l'ennemi  était  inattaquable  ,  et  la 
rive  droite  qu'il  refusait  entièrement  ne  pouvait 
être  abordée  qu'en  s'élevant  à  trois  marches  du 
fleuve.  Les  succès  éionnans  de  l'armée  de  ré- 
serve en  Italie  n'étaient  point  encore  connus- 
Sur  ce  mouvement  M.  Kray  pouvait  se  ratta- 
cher à  l'appui  du  Tyrol  que  nous  lui  avions 
ôlé  par  deux  «raniles]victoires  et  liersesopérations 
à    celles  Ae   Tarmée   de  M.   de   Mêlas. 

Le  général  en  chef  se  détermina  alors  à 
reprendre  la  preniicre  manœuvre  ,  mais  avec  plus 
d'audace.  Il  avait  pu  juger  dans  le  dernier  com- 
bat de  la  supériorité  du  moral  de  nos  troupes 
sur  celui  de  l'ennemi  ,  puisque  deux  de  nos 
divisions  seules  avaient  suffi  pour  repousser  son 
armée  entière. 

Il  fut  donc  résolu  que  la  droite  marcherait  une 
fois  encore  sur  le  Lech  pour,  de-là  ,  se  ra- 
battre sur  le  Bas-Danube  ,  se  saisir  d'un  ou 
deux  ponts  sur  ce  fleuve  ,  et  couper  ainsi  les 
communications  de  l'ennemi  avec  les  magasins 
de  Doi.awcrt  et  d'Ingolstadt.  Ce  mouvement  qui 
étendait  infiniment  la  ligne  que  la  droite  devait 
occuper  pendant  ses  manœuvres  ,  engagea  le 
général  en  chef  à  renforcer  le  général  Lccourbe 
de  cinq  baiaillcns  aux  ordres  du  général  Boyer, 
ainsi  que  de  la  réserve  de  cavalerie. 

Je  vous  ai  déjà  rendu  compte  jusqu'au  s3  prai- 
rial des  mouvemens  de  l'armée  qui  préparaient 
cette  opération  audacieuse.  Je  vous  ai  fait  con- 
naître les  passages  de  vive  force  sur  le  Lech  à 
Kauffrigen  ,  Zolhara  et  Lechausen  ,  ainsi  que  les 
succès  du  général  Molitor  sur  le  corps  du  Tyrol. 
Le  14  ,  le  général  Nausouty  fut  aussi  attaqué  par 
le  prince  de  fieuss ,  et  celui-ci  ramené  vigoureu- 
sement jusqu'à  Euessen. 


'  que  les  ponts  de  Gremheim  et  Blintheim  étaient 
les  plus  faciles  à  réparer,  et  ce  fut  sur  ces  deux 
points  que  le  passage  fui  résolu. 

En  conséquence  le  général  en  chef  fit  appuyer, 
à  la  droite  ,  les  divisions  du  centre.  Elles  reçurent 
l'ordre  de  se  porter  d'ikenhausen  et  Burgau  sur 
Eislingen. 

A  défaut  de  barques  pour  passer  les  premiers 
soldats  ,  et  se  saisir  de  la  rive  gauche  ,  on  forma 
une  compagnie  de  nageurs  ,  dont  le  citoyen 
Degrometry  ,  adjudant-major  de  la  94'  prit  le 
commandemenl.Ûeux  mauvaises  nacelles  devaient 
les  suivre  pour  passer  leur  armes  et  leurs  habits. 
C'était  l'adjoint  Qaenot  qui  se  jellant  à  la  nage  , 
avait  été  les  enlever  sur  la  rive  opposée  ,  sous 
un  feu  de  niousquelterie  à  boutporiant;  il  revint 
avec  une  légère  blessure  au  pied  et  son  cha- 
peau  criblé    de    balles. 

Le  29  ,  le  généaal  Lecourbe  fit  une  fausse  at- 
taque sur  Dillingen  et  Lavingen  pour  donner  le 
change  au  général  Siarray  ,  qui  ,  avec  un  corps 
de  lï  à  l5,ooo  hommes,  élaJi  chargé  de  couvrir 
le  Bas-Danube  ;  le  reste  de  l'armée  ennemie  était 
encore  sous  Uim.  Le  lieutenanl-général  Grenier 
reçut  ordre  de  faire  les  préparatifs  d'un  passage 
sur  Gunzbourg ,  soit  pour  retarder  la  marche 
des  renforts  ennemis  d  Ulm  sur  Dillingen  ,  soit 
pour  menacer  les  derrières  de  la  position  de  la 
Breniz  ,  supposé  que  l'ennemi  songeât  à  l'oc- 
cuper. 

Le  3o  au  matin  ,  les  généraux  Gudin  et  Mont- 
richard  se  portèrent  avec  leurs  divisions  en  arrière 
des  bois  de  Blintheim.  Le  général  d  Haulpoult  se 
tint  prêt  à  marcher  avec  la  réserve  de  cavalerie. 
Le  général  en  chef  l'avait  réunie  à  l'aile  droite  de 
l'armée  pour  soutenir  les  troupes  qui,  après  le 
passage  du  fleuve  ,  devaient  se  former  dans  les 
trop  fameuses  plaines  dHocschtet. 

A  cinq  heures  du  matin  tous  les  matériaux 
étaient  réunis  sur  les  lieux  indiqués.  Le  général 
Gudin  fut  chargé  de  la  première  attgque ,  qu'il 
dirigea,  ayant  sous  ses  ordres  les  généraux  Laval 
et  Puthod  ;  aptes  une  canonade,  qui  dura  peu, 
l'ennemi  abandonna  ses  défenses  de  Blintheim 
et  Gremheim.  Aussi-tôt  les  nageurs  se  jetierent 
à  l'eau  ,  suivis  des  deux  nacelles  ,  abordèrent  la 
rive  gauche  ,  et ,  sans  se  donner  le  tems  de  se 
vêtir ,  saisissant  leurs  fusils  et  endossant  leurs 
gibernes,  nuds,  ils  se  précipitent  sur  l'ennemi, 
le  culbulentt  et  lui  enlèvent  deux  pièces  de 
canon.  On  jette  aussi-tôt  une  échelle  sur  les 
débris  du  pont  et-les  canonniers  passent  pour 
aller  servir  ces  deux  pièces  et  les  faire  jouer 
contre  l'ennemi  :  en  même  tems  les  sapeurs , 
dirigés  par  le  chef  du  génie  Galbois  ,  rétablis- 
saient les  ponts  ;  et  ils  poussèrent  leurs  travaux 
avec  tant  d'activité  et  d  intelligence  ,■  que  deux 
bataillons  d'infanterie  purent  bientôt  passer  sur 
la  rive  gauche  et  se  placer  dans  les  villages  de 
Blintheim  et  Gremheim  pour  couvrir  les  ouvrages. 

Cependant  l'ennemi  qui  s'était  étendu  le  long 
du  fleuve  réunissait  ses  forces.  Ses  réserves  arri- 
vaient de  Donawert  et  dcDillingen,  pour  se  porter 
sur  les  points  de  passage.  Le  général  Lecourbe  fit 
aussitôt  occuper  Schewemingen  pour  couper  toute 
!  communication  entre  ces  deux  corps.  Ce  villaee 


Le   s5 ,    le  lieutenant-général  Lecourbe   passa  1  plus  rapproché  des  coteaux  boisés  qui  bordent  le 


la  Zuzan  et  vint  preiidre  position  à  droite  et  à 
gauche  de  Sulmachausen  ,  ayant  un  corps  d'ob- 
servation sur  la  route  d'Augsbourg  à  Vertingen  ; 
le  centre  se  plaça  à  Etenbeuren  ,  Neubourg  et 
Edetstelten.  Le  corps  du  lieutenant-général  Gre- 
nier vint  appuyer  la  droite  à  Ikenhausen  ,  la 
gauche  à  Wéthenausen  ,  laissant  un  fort  déta- 
chement en  avant  de  Wessenhorn  pour  se  lier  au 
corps  du  général  Richepanse  ,  qui,  le  même 
jour,  passa  l'Illersur  le  pont  de  Brandeburg 
avec  la  plus  grande  partie  de  ses  troupes  ,  prit 
position  à  'VVeilingen  ,  Vitzzighausen  ,  le  reste 
condnuant  à  tenir  la  gauche  de  la  rivière  pour 
couvrir  les  ponts  et  nos  communications  sur 
Ravenspurg. 

Le  26  ,  le  centre  porta  une  division  en  avant- 
garde  sur  Burgau.  Le  général  Lecourbe  y  appuya  sa 
gauche  ,  étendant  sa  droite  vers  la  route  de 
Lavingen  et  Dillingen.  Le  général  Grenier  suivit 
par  sa  droite  le  mouvement  de  la  division  du 
centre  sur  Burgai^. 

Le  lendemain  2,7  ,  le  général  Grenier  s'empara 
de  Gunzbourg  en  culbuttant  les  ennemis ,  et  les 
força  à  repasser  le  Danube  sur  les  ponts  de 
Leiphem  et  Gunzbourg  qu'ils  rompirent. 
y  L'artnée  .étant  t.giasi  placée  ,  pouvait  tenter 
sur  Gunzbourg  par  sa  gauche,  sur  Dillingen 
par  sa  droite  ,  et  son  centre  était  à  portée  dé 
soutenir  celui  des  deux  corps  qui  le  premier 
effectuerait  son  passage. 

Le  28  se  passa  à  reconnaître  les  bords  du 
Danube  ,  ainsi  qu'à  réunir  les  matériaux  néces- 
saires au  rétablissement  des  ponts.  L'ennemi 
les  avait  tous  détruits  jusqu'à  Donawert  :  nous 
n'avions  ni  barques  ni  pontons  pour  en  jeter 
de  nouveaux;  à  peine  avait-on  pu  rassembler 
assez   de  madriers. 

Le  lieutenant-général  Lecourbe  apprit  par  les 
reconnaissances  d^  général  de  brigade  Puthod  , 


Danube  ,  pouvait  loger  notre  infanterie  avec  avan- 
tage ;  il  fut  pris  et  repris  différentes  fois  :  enfin 
nous  nous  en  rendîmes  maîtres  parune  troisième 
charge  dirigée  par  l'adjudanl-général  Mangin,  et 
dans  laquelle  cet  officier  général  a  été  légèrement 
blessé  d'urLCOup  de  mitraille. 

L'ennemi ,  comme  le  lieutenant-général  Le- 
courbe l'avait  prévu  ,  négligea  de  se  porter  en 
force  sur  les  ponts  pour  empêcher  le  rétablisse- 
ment, et  ne  songea  d'abord  qu'à  rouvrir  sa 
communication.  Il  fit  marcher  sur  Schewemin- 
gen 4000  hommes  d'infanterie  ,  400  chevaux  et 
six  pièces  d'artillerie  avec  laquelle  il  foudroyait 
notre  infanterie  et  quelques  pelotons  du  8*  de 
hussards.  Le  village  é(ait  même  au  moment  d'être 
abandonné,  lorsque  deux  escadrons  de  carabi- 
niers arrivèrent  commandés  par  le  capitaine  Gra- 
melot. 

Le  général  Lecourbe  les  réunissant  au  peloton 
du  8'  d'hussards  et  à  son  escorte  ,  ordonne  à  cet 
officier  de  faire  une  charge  sur  la  ligne  ennemie. 
Il  lexécula  avec  tant  de  vigueur,  qu'elle  fut  aussi- 
tôt enfoncée  et  mise  en  fuite  ,  laissant  sSoo  pri- 
sonniers ,  10  pièces  de  canon ,  4  drapeaux  et 
3oo  chevaux  en  iiotre pouvoir.  'Vainementles  deux 
bataillons  de  'Wirtembergse  forment  en  bataillons 
quarrés  ;  les  braves  carabiniers  pénètrent  toute 
l'épaisseurdela  ligne  ;  c'est  au  centre  même  qu'ils 
vont  enlever  les  drapeaux  de  ces  deux  bataillons  , 
et  que  leur  colonel  se  rend  au  cit.  Vadeleux  , 
aide-de-camp  du  général  Lecourbe.  Ce  ne  fut  plus 
qu'une  déroutejusqu'à  Donawert. 

Pendant  que  l'ennemi  était  ainsi  battu  sur  la 
droite,  les  généraux  MorUrichard  et  Gudin  dé- 
bouchaient de  Blintheim  ,  mais  avec  une  extrême 
difficulté  par  les  chocs  vigoureux  qu'ils  avaient  à 
soutenir.  Ils  étaient  cependant  parvenus  à  se  for- 
mer ,  et  I  ennemi  se  retirait  en  bon  ordre  sur 
Dillingen  ,  son  infanterie  longeant  le  Danube 
couverte  par  des  bouquets  de  bois  sur  ^on  front 


MT9 


et  flanquée  à  sa  gauche  par  une  cavalerie  nom- 
breuse. La  3/*  demi-brigade  et  un  escadron  du  9' 
les  suivaient  sur  la  rive  du  fleuve  ,  lorsque  le  gé- 
néral Lecourbe  ,  à  la  tête  du  2'  régiment  des  ca- 
rabiniers ,  des  cuirassiers  ,  du  9'  et  6'  de  cava- 
lerie couverts  et  flanqués  par  le  g"^  régiment  d  hus- 
sards ,  se  porta  sur  la  gauche  de  l'ennemi  en  la 
débordant. Il  ordonna  aux  cuirassiers  de  uaverser 
au  galop  le  village  de  Schertzen  ,  et  de  charger 
l'ennemi  sur  la  roule  d'Hocschiet  à  Dillingen. 

Le  chef  de  brigade  Merlin  Et  ce  mouvement 
avec  une  telle  précision  et  tant  dintrépidiié  que 
la  cavalerie  renversée  et  mise  en  désordre  . 
laissa  3oDo  hommes  d'infanterie  à  découvert  ; 
ceux-ci  cherchèrent  un  instant  à  se  jetter  dans 
les  fossés  de  Dillingen  ;  mais  les  cuirassiers  tra- 
versant la  colonne  avec  vigueur  et  rapidité  , 
coupèrent  1800  hommes  qu'ils  firent  prisonniers 
et   poursuivirent  le  reste  jusqu'à  Guidelfingen. 

Après  ce  brillant  succès  ,  le  général  Lecourbe 
prit  position  sur  ?-egg  .  attendant  les  divisions 
de  réserve  occupées  à  rétablir  les  ponis  de 
Dillingen  et  Lavingen  ,  pour  repasser  le  Da- 
nube. 

De  son  côté  le  général  Kray  prévenu  de  notre 
■passage,  fesait  avancer  en  toute  bâte  le  général 
Klînglin  avec  un  corps  considérable  de  cavalerie. 
Vers  les  6  heures  du  soir  ,  le  général  Lecourbe 
s'apperçut  d'un  mouvement  Sur  le  front  de  la  ligne 
ennemie;  il  fit  aussitôt  avancer  son  infanterie  qu'il 
plaça  dans  Lavingen.  L'ennemi  présentait  deux 
grandes  lignes  de  cavalerie  ;  la  première  s'ébranla 
et  ramena  le  2'  régiment  de  carabiniers  ,  et 
quelques  escadrons  du  9'  d'hussards.  Les  cuiras- 
siers s'ébranlèrent  à  leur  tour ,  et  les  carabiniers 
ainsi  quelle  9'  d'huisards  lésant  volie  face  ,  revin- 
rent sur  l'ennemi  qu'ils  mirent  en  désordre.  La 
seconde  ligne  ennemie  marcha  pour  recevoir  la 
première  ,  et  lomba  sur  nos  trois  régimens  qu  elle 
força  momentanément  à  la  retraite  ,  lorsque  le  9' 
de  cavalerie  encore  en  réserve,  manœuvrant  sur 
les  flancs  de  l'ennemi  avec  infiniment  d'habileté  , 
le  chargea  avec  tant  de  bravoure  au  moment  où  II 
s'abandonnait  à  la  poursuite,  quil  rétablit  et  dé- 
cida le  combat  en  notre  faveur. 

Il  était  huit  heures  du  soir  ,  et  cette  journée 
glorieuse  avait  deux  heures  encore  à  donner  à 
de  nouveaux  succès.  Les  ponts  de  Dillingen  et 
Lavingen  étaient  rétablis.  Une  partie  de  la  ré- 
serve était  même  déjà  sur  la  rive  gauche  du 
Danube.  L'ennemi  fesait  aussi  approcher  des  ren- 
forts ;  8000  hommes  avaient  pris  position  en 
avant  de  la  Breniz,  et  son  artillerie  qui  arrivait 
au  galop,  commençait  à  jouer.  Le  général  en 
chef  jugeant  que  pour  completter  la  victoire, 
il  fallait  jeter  les  autrichiens,  au-delà  de  la  Breniz, 
et  les  empêcher  de  prendre  une  position  qui 
pouvait  nous  ramener  jusques  sur  Hoctchtet, 
ordonna  une  nouvelle  attaque. 

Les  4'  d'hussards  ,  6°  de  chasseurs  ,  11'  de 
dragons,  i3'  de  cavalerie,  une  partie  de  1  in- 
fanterie de  la  division  Decaën  et  son  artillerie, 
reçurent  ordre  de  marcher  avec  le  corps  du 
lieutenant-général  Lecourbe.  La  plaine  immense 
et  découverte  de  Lavingen  à  Gundelfingen  ,  et 
la  rapidité  qu'on  devait  mettre  dans  le  mouve- 
ment,  ne  permettaient  que  d'employer  la  cava- 
lerie ;  elle  fut  disposée  en  échelons  ,  et  elle 
s'avança  dans  le  plus  bel  ordre  ,  soutenue  par 
des  batteries  établies  su^  les  flancs. 

L'ennemi  déploya  ses  fortes  lignes  et  reçut 
l'attaque  ;  plusieurs  charges  s'engagèrent  avec  la 
plus  grande  vigueur.  Le  général  en  chef  se  trouva 
plusieurs  fois  dans  la  mêlée  ,  et  partout  l'ennemi 
fut  culbuté  ;  il  laissa  dans  nos  mains  plus  de 
400  chevaux  ,  sans  compter  ceux  qui  restèrent 
sur  le  champ  de  bataille. 

Pendant  cette  action  le  87°  s'empara,  de  Gun- 
delfingen ,  et  à  II  heures  du  soir,  moment  oii 
l'on  combattait  encore,  l'ennemi  jeté  au-delà  de 
]a  Breniz,  nous  abandonna  ses  posiiions. 

Jamais  la  cavalerie  française  ne  s'est  peut-être 
plus  mesurée  contre  la  cavalerie  ennemie  que 
dans  cette  bataille  ;  elle  a  combattu  presque  tout 
le  jour  contre  des  corps  supérieurs  et  toujours 
avec   avantage. 

Dans  la  soirée  ,  le  reste  de  la  réserve  passa 
le  Danube,  se  forma  et  prit  position.  Le  général 
Grenier  reçut  l'ordre  de  marcher  dans  la  nuit 
avec  les  deux  divisions  Baraguey  et  Legrand  , 
et  de  passer  le  Danube  à  Lavingen,  pour  pren- 
dre position  à  la  gauche  de  l'armée. 

Le  i"messidor .  l'armée  prit  position ,  le  centre 
et  la  gauche  sur  la  Brentz  ,  la  droite  à  Dischin- 
gen,  ayant  un  corps  sur  Donawert  pour  occuper 
la  position  de  Schellenberg  en  avant  de  la  Ver- 
niiz.  Le  même  jour  ,  le  6«  de  chasseurs  enleva 
3oo  voitures  et  1200  chevaux  à  l'ennemi. 

La  journée  du  2  se  passa  en  reconnaissances. 

Le  3  messidor,  le  général  en  chef  apprit  que 
l'ennemi  opérait  sa  retraite,  et  il  se  mit  aussitôt 
à   sa  poursuite. 

Tels  sont,  citoyen  ministre,  les  avantages  de 
cette  journée.  5ooo  prisonniers  dont  80  officiers  , 
parmi  iesquel  un  colonel  deux  lieutenans-colo 
ncls    et  deux    majors.  3  drapeaux,   20  pièces 


de  canon,  avec  tous  leurs  caissons.  Des  ma- 
gasins considérables  à  Donawert ,  1200  chevaux 
el  3oo  voitures,  l'orgueil  de  cette  nombreuse 
cavalerie  autrichienne  humilié  .  Hocschtet  tén^oin 
de  la  gloire  des  armes  françaises ,  Ulm  aban- 
donné à  ses  propres  forces  ,  l'ennemi  en  retraite 
poursuivi  et  battu  sur  Nordiingen  le  4  messidor, 
devant  Neubourg  le  8;  et  la  capitale  de  la  Ba- 
vière occupée  par  les  troupes  de  la  république 
le  9. 

Je  vous  ferai  connaître  incessamment  les  détails 
de  ces  derniers  combats. 

Le  lieutenant-général  Lecourbe  cite  avec  éloges 
les  génériux  Gudin,Puthod  et  Laval.  Ils  ont  con- 
duit leurs  attaques  avec  la  plus  grande  intelli- 
gence. Les  généraux  Montrlchard  ,  Despagne  et 
Schimer  les  ont  parfaitement  secondés. 

Le  capitaine  d'artillerie  Cabaud  a  dirigé  l'artil- 
lerie et  a  beaucoup  contribué  au' succès. 

La  compagnie  de  nagetws a  déployé  une  audace 
digne  des  plus  grands  éteges.  La  94'  demi-bri- 
gade qui  a  passé  le  Danube  la  première  ,  s'est 
couverte  de  gloire  ,  ainsi  que  la  10=  légère. 

Les  carabiniers  ont  montré  dans  cette  journée 
quils  étaient  les  grenadiers  de  la  Cavalerie.  Le 
général  d'Haupoult  qui  commande  la  réserve  de 
cavalerie  l'a  parfaitement  dirigée  dans  tous  les 
mouvemens  de  cette  journée  ;  les  cuirassiers  et 
tous  les  autres  corps  ont  rivalisé  d'ardeur  et  de 
courage  avec  les  carabiniers. 

Le  général  Lecourbe  qui  se  plait  à  rendre  jus- 
tice à  tous  les  braves  qui  se  sont  distingués  ,  a 
déployé  lui-même  les  plus  grands  talens.  Il 
envoie  au  général  en  chef  une  liste  nominative 
qu'on  s'empressera  de  vous  adresser. 

Salut    et  respect. 

Signé ,  Dessolles. 
Pour  copie  conforme  , 
Le  ministre  de  la  gutrre  ,  signé ,  Carnot. 


Le  ministre  de  la  guerre^  auxpréfets  et  au^t  généraua^ 
—  Faris  ,   le   j8  messidor  an  8. 

Le  premier  consul ,  citoyens .  appelle  ,  au  nom 
de  la  paix  ,  toute  votre  sollicitude  sur  le  départ 
des  conscrits  qui  n'ont  pas  encore  obéi  à  la  voix 
de  Ihonneur. 

Quand  le  premier  consul ,  avant  la  campagne, 
proposa  la  paix  à  toutes  les  puissances,  ces  puis- 
sances enorgueilHes  alors  de  quelques  avantages 
voulurent  sans  doute  essayer  un  dernier  efiFort , 
mettre  à  prolit  leurs  succès  momentanés  ,  ou  du 
moins  éprouver  un  gouvernement  nouveau. 

Maintenant  que  ce  gouvernement  a  reçu  ,  dans 
un  court  intervalle  ,  le  sceau  que  les  autres  n'ob- 
tiennent que  des  siècles  ;  maintenant  que  lEu- 
rope  a  sous  les  yeux  les  gages  de  sa  force  et  de 
sa  sagesse;  que  la  victoire  et  la  fortune  le  cou- 
ronnent; que  des  armées  victorieuses  le  défen-i 
dent,  et  que  l'assentiment  répété  de  la  nation  entière 
l'a  hautement  consacré  ,  ces  mêmes  puissances 
ne  repousseront  pas  sans  doute  la  paix  qui  leur 
est  offerte  de  nouveau  ,  et.  des  conditions  que 
leurs  revers  n'ont  pas  tendues  plus  dures.  Si 
pourtant  l'obstination  des  vaincus  1  emportait  sur 
la  modération  des  vainqueurs  ;  si,  malgré  le  cri 
des  peuples  ,  les  gouvernemens  aveuglés  n'étaient 
pas  faiigués  de  rester  à  la  solde  d'une  puissance 
qui  trafique  ,  pour  ses  intérêts ,  du  sang  des 
hommes  et  du  malheur  de  toutes  les  nations, 
pour  sa  grandeur  personnelle  ;  s'ils  osaient  pro- 
longer des  hostilités  dont  elle  seule  profile  ,  il 
faudrait  faire  un  dernier  effort  etcomraanderenfin 
la  paix  que  nous  offrons. 

Cet  effort,  il  faut  que  l'ennemi  le  voie  prêt  à 
s'imprimer;  il  faut  qu'il  choisisse  entre  la  paix  et 
une  irruption  terrible  et  décisive.  Une  seconde 
armée  de  réserve  s'organise  aux  lieux  mêmes  d'oti 
partit  la  première  :  d'anciens  corps  y  sont  rassem- 
blés ;  des  guerriers  éprouvés  les  commandent;  de 
jeunes  conscrits  s'y  réunissent  de  tous  les  points 
de  la  France  ,  ovi  l'honneur ,  l'amour  de  l'indé- 
pendance nationale  et  le  désir  de  la  paix  ne  sont 
pas  de  vains  sentimens.  Ils  brûlent  de  rejoindre 
leurs  frères  que  des  combats  glorieux  ont  déjà 
placés  à  côté  des  anciens  favoris  de  la  victoire.  Ils 
voudraient  avant  la  fin  de  Ik  guerre  contribuer  à 
la  terminer ,  voir  le  feu  ,  assister  à  quelque  grand 
lait  d'armes ,  et  ncr  pas  rougir  un  jour  à-côté  des 
braves  qui  peupleront  nos  çqmraunes. 

Généraux  et  préfets ,  citez  cet  exemple  à  ces 
jeunes  gens  quune  molesse  honteuse,  qu'une 
impardonnable  nonchalance,  plutôt  que  la  crainte 
des  armes  ,  enchaîne  encore  dans  leurs  foyers.  La 
jeunesse  française  est  toute  guerrière;  pour  l'en- 
flammer, il  suffit  de  parler  de  périls  et  de  gloire. 
A  l'armée  ,  tout  conscrit  devient  un  vieux  soldat. 
Le  regret  de  quitter  sa  famille  est  le  seul  sentiment 
qui  l'ariêîe  :  faites  parler  un  sentiment  plus  puis- 
sant ,  l'amour  de  la  patrie,  et  ces  mêmes  jeunes 
gens  ne  songeront  plus  qu'à  revenir  vainqueurs. 

Ils  reviendront  et  rapporteront  la  paix  ,  elle  est 
plus  qu  à  moitié  conquise.  Encore  un  effort  , 
s'il  en  faut  un  :  il  sera  court  et  facile  ,  s'il  est 
général;  il  sera  inutile  si  l'on  nous  voit  prêt  à  le 


faire  ;  et  les  mains  qui  tiennent  encore  le  glaive 
suspendu  ,  se  baisseront  pour  signer  le  traité 
d'amiiié.    Je  vous  salue. 

Signé,  Carnot. 


Le  ministre  de  la  guerre. vient  d'écrire  aux 
préfets  des  dépariemens  de  l'Aube,  de  l'Aisne  , 
Ardennes ,  Marne;  Marne  {  haute)  ,  Rhin  (  haut)  , 
Rhin  (  bas  ),  Saône  (  hatite)  et  Yonne  ,  pour  les 
féliciter  au  nom  du  premier  consul  ,  du  zèle 
énergique  de  leurs  administrés  delà  classe  de  l'an 
8  ,  qui  se  sont  rendus  tous  au  poste  de  l'honneur; 
plusieurs  même  de  ces  départenaens  ont  fourni 
au-delà  du  connngent  qui  leur  était  assigné  sur 
cette  classe. 

PRÉFECTURE     DE    POLICE. 

Taris  ,  le  17  messidor,  an  8  de  la  République-Fran- 
çaise ,  une  et  indivisible. 

Le  préfet  aux  commissaires  depolict. 

Citoyens,  les  ordonnances  de  police  des  pre- 
mier décembre  1775  ,  26  juillet  1777  et  28  juillet 
1786  ,  défendent  aux  épiciers  ,  bouchers  ,  chaiï- 
cuitiers,  tapissiers,  layetiers,  menuisiers  ,  serru- 
riers,  carossiers,  selliers,  charons  ,  charpentiers, 
tonnefiers  ,  marchands  de  vin  ,  fruitiers  ,  chau- 
dronniers ,  sculpteurs  ,  marbriers  et  autres  ,  de 
gêner  la  circulation  ,  d'embarrasser  la  voie  pu- 
blique, et  d'y  laisser  séjourner  leurs  ballots  , 
meubles,  matériaux  ,  voitures,  tonneaux,  paniers 
et  marchandises. 

Les  dispositions  pénales  qu'elles  prononcent 
contre  les  contrevenans,  ont  été  abrogées  par  l'ar- 
ticle 6o5  de  la  loi  du  3  brumaire  an  4,  qui  a  classé 
ce  délit  dans  ceux  de  simple  police  ;  mais  celte 
loi  en  a  confirmé  les  dispositions  prohibitives , 
ainsi  leur  observation  doit  toujours  être  l'objet  de 
votre  surveillance  :  cependant  ces  ordonnances 
ne  s'observent  plus  ,  les  rues  ,  les  carrefours  et 
même  les  place»  publiques  sont  presqu'entiére- 
ment  obstruées  par  des  marchandises  et  des  maté- 
riaux de  toute  espèce  ;  chaque  pas  offre  de  nou- 
veaux embarras  ,  et  il  n'y  a  presque  pas  de  \p\:ii 
où  il  n'arrive  des  accidens  ,  par  l'impossibilité  de 
trouver  des  issues  assez  spacieuses,  lorsque  des 
voitures  se  rencontrent,  sur  le  même  point ,  pour 
se  rendre  à  des  destinations  opposées.  On  dirait 
que  la  voie  publique  n'est  plus  une  propriété 
commune  ,  mais  une  sorte  d'accessoire  des  bou- 
tiques ,  des  ateliers  et  des  magasins. 

Indépendamment  des  marchandises  ou  autrei 
objets  que  des  marchands  se  permettent  d'étaler 
au-dehors  de  leurs  boutiques,  parce  qu'ils  les  gê- 
neraient dans  l'intérieur,  on  voit  encore  le  four- 
neau Jii  brûleur  de  café  au  milieu  de  la  rue  ,  la 
table  sanglante  de  la  tripière ,  et  des  moitiés  de 
porcs,  de  bœufs  ou  moutons,  pendantes,  au- 
devant  des  boutiques  ,  tant  des  chaircuitiers  que 
des  bouchers,  jusques  sur  le  pavé,  couverte  d'é- 
claboussures  et  souvent  insultées  parles  chiens;  il 
semble  que  la  voie  publique  soit  leur  appanag'e 
'et  qu  ils  aient  acquis  le  adroit  d'en  disposer  à 
feur  gré. 

■Vous  remarquerez  que  tous  ces  marchands  sont 
sans  permission  ,  ou  S  il  en  a  été  délivré  ,  ce  n'est 
qu'à  un  très-petit  nombre,  les  autres  n'en  ont  pas 
pas  seulement  demandé  ;  d'ailleurs  ces  permis- 
sions ne  leur  accordent  que  des  monirej  ou  étalages 
mobiles,  3  22  centimèires  (  8 pouces  )  de  Jaillie  du 
nud  du  mur,  et  c'est-là  la  plus  forte  saillie  auto- 
risée par  une  ordonnance  de  police  ,  du'  14  dé- 
cembre 1725,  pour  les  rues  les  plus  larges:  elle 
est  ordinairement  au-dessous  dans  les  rues  de 
moyenne  largeur;  c'est  au  mépris  de  tous  ces  ré- 
glemens,  dont  les  dispositions  ont  été  maintenues, 
que  les  marchands  prétendent  souvent  disputer 
et  refuser  une  portion  de  la  voie  publique  aux 
piétons  comme  aux  voitures. 

Il  faut,  citoyens,  faire  cesser  un  abus  aussi 
intolérable  ;  empressez-vous  de  rendre  la  voie 
publique  à  sa  destinaiion  primitive  ;  qu'elle  soit 
exclusivement  consacrée  à  la  circulation  ,  et  que 
les  citoyens  y  trouvent  l'ordre  ,'qu'ils  ioient  par- 
tout à  l'aise  et  considérés. 

L'envahissement  de  la  voie  publique  ,  par  les 
marchands  en  boulique  et  les  artisans,  n  est  pas 
le  seul;  inconvénient  qui  s'y  fait  généralement 
remarquer;  son  embarras  est  aussi  causé  par  les 
échoppes  mobiles  et  les  étalages  portatifs. 

La  tolérance  de  ces  derniers  éiablissemens  a  eu 
pour  principe  un  sentiment  d'humaniié  ;  je  ne 
les  ai  autorisés  qu'en  faveur  des  citoyens  qui 
n'ayant  pas  le  moyen  de  louer  des  boutiques  , 
ne  vendent  aucuns  des  objets  tenans  à  la  grosse 
mercerie;  et  quoique  certains  effets  neufs,  tels 
que  la  porcelaine  ,  les  bas  ,  les  souliers  et  les 
chapeaux  n'en  fassent  point  partie  ,  vous  n'en 
devez  pas  moins  stimuler  ces  marchands  pour 
les  contraindre  à  se  mettre  en  boutique  ,  confor- 
mément à  mon  arrêté  du  3  floréal  dernier.  Ce 
soni  les  marchandise?  neuves  ,  qu'on  voit  re- 
paraître dans  les  rues  ,  qui  doivent  fixer  votre 
attention. 

Vous  devez  encore  vous  occuper  particuliè- 
rement des  objeu  qui  tiennent  à  la  petite  voicrie, 


ii8o 


«M  çntr'autrcs  des  auventi  .  des  enseignes ,  ou 
tableaux  servant  d  enseignes  ,  des  goutieres  sail- 
lantes qui,  du  hadl  des  maisons,  nieuacenl  les 
passans  ,  cl  des  perches  sur  lesquelles  on  met 
des  éioffeij  pu  autres  objets  qui  offusquent  la  vue. 

Dn,-régkine.n(  dé  voicrie  .  du  26  octobre  16G6, 
ordonne  que  lsç,,,rtuyi'iiU  seront  réduits  à  la  hau- 
teur ue  3  à  4'  rnetres  (  il  à  12  pieds)  ,  et  à  Si 
centimètres  (  2  pieds  et  demi  )  de  largeur  tout  au 
plus;  il  est  dél'endu  par  les  ordonnances  de  sep- 
ienibre  1677  et  21  novembre  lyaS  ,  de  les  cou- 
vrir e'ji  plomb,  luiles  ou  ardoises,  et  tous  les 
jours  on  en  construit  qui  ont  une  saillie  exor- 
bitante ;  011  en  voit  même  sur  les  boulevards 
qui  recouvrent  une  partie  des  contre-allées  ,  et 
qui  ,  par  ce  iiloyên  ,  "iiuiVent  à  la  plantation  et 
à.la.vé^élaliort.  dèi  arbres. 

Il  est  enjoint. par  une  ordonnance  de  police  du 
17  'décembre  1761  ,  aux  marchands  qui  se  servent 
à  enseignes  ou  tableaux  pour  l'indication  de  leur 
profession  ,  de  les  faire  appliquer  contre  le  mur 
des  maisons^  sans  excéder  11  centimètres  (  4  pou.) 
de  saillie  du  nud  du  rnur  y  compris  l'épaisseur 
*■  des   bois  ,   bordures  et  ornemens  ;   ils   sont  aussi 

tenus  de  les  attacher  avec  crampons  de  fer , 
haut  et  bas  ,  scellés  en  plâtre  dans  le  mur, 
recouvrant  les  bords  du  tableau  ,  et  non  simple- 
ment accrochés  ou  suspendus;  en  un  mot,  tout 
tableau  en  équerre  ,  toutes  figures  en  relief  ser- 
vant d'enseignes,  sont  prohibés,  s'ils  ne  sont 
réduits  aux  dimensions  ci-dessus  ;  et  ceperidant 
on  en  voi)   qui   ont   plus   d  un  mètre  de  saillie. 

Vous  avez  dà  remartjuer  ,  les  jours  de  pluie  , 
combien  les  goutieres  saillantes  sont  incommodes  ; 
il  faut  donc  veiller  à  ce  qu'il  n'en  soit  pas  établi  de 
nouvelles  dans  les  bâlimens  neufs  ,  et  faire  sup- 
primer celles  déjà  établies  ,  à  fiir  et  mesure  qu'on 
fera  reconstruire  les  murs  de  face  ou  les  toitures  , 
en  tout  ou  en  partie  ;  c'est  ainsi  que  le  veut  l'or- 
donnanf-e  du  i3  juillet  1764. 

L'usage  des  perches  est  interdit  par  nne  ordon- 
nance du  22  septembre  1600  ,  et  par  1  édit  de  dé- 
cembre 1607  ;  vous  conviendrez  que  de  toutes  les 
saillies  qu  il  soit  possible  d  imaginer,  il  n'y  en  a 
pas  qui  soit  plus  incommode  .  plus  désagréable  , 
on  peut  même  dire  plus  contraire  à  la  salubrité  et 
à  la  décoration  d'une  grande  commune  ,  que  les 
perches  en  général;  vous  devez  donc  faire  sup- 
primer de  suite  celles  des  marchands  qui  y  pla- 
cent des  étoffes  pour  l'indication  de  leur  profes- 
sion ,  et  celles  des  teinturiers  ou  dégraisseurs  ,  qui 
y  suspendent  des  effets  humides  et  qui  souvent 
Salissent  les  vêtemens  des  passans. 

Quant  à  celles  des  blanchisseuses  qui  sont  ordi- 
nairement dans  des  quartiers  plus  éloignés  du 
oenire  ,  vous  aurez  soin  d'empêcher  qu'il,  n'en  soit 
placé  de  nouvelles,  de  veiller  à  ce  qu'il  ne  soit 
fait  aucunes  réparations  à  celles  qui  existent  ,  et 
de  les  faire  supprimer  à  fur  et  mesure  qu'elles 
.leront  en  vétusté  ,  ou  lors  des  changemens  de 
domicile. 

En  ce  qui  concerne  le  péril  imminent  des  bâti- 
niens  et  de  leurs  accessoires  ,  vous  devez  égale- 
ment les  surveiller  et  m'en  rendre  compte  sur-le- 
champ  ,  pour  me  mettre  à  portée  de  les  faire  cons- 
tater de  suite  par  un  homme  de  l'art ,  et  de  pren- 
dre les  mesures  qu'exigeront  les  circonstances. 

La  répression  de  ces  contraventions  aux  ré- 
glemens  de  voierie  m'est  attribuée  ;  mais  la 
poursuite  ,  devant  les  tribunaux,  est  du  ressort 
de  la  police  correciionnelle  , parce  qu'aux  termes 
de  la  loi  du  19  juillet  i-,  91  ,  titre  P' ,  art.  X'VIII, 
il  y  a  lieu  à  une  amende  qui  ne  peut  excéder 
moitié  de  la  contribution  mobiliaire ,  ni  être 
moindre  de  6  fr. 

Ainsi ,  faites  des  rondes  fréquentes  dans  les 
arrondissemens  qui  vous  sont  confiés  ;  constatez 
toutes  ces  contraventions  par  des  procès  verbaux, 
dont  vous  me  donnerez  exactement  connais- 
sance ,  et  dont  vous  transmettrez  des  expédi- 
tions à  qui  de  droit ,  pour  mettre  les  tribunaux 
à  portée  d'infliger  les  peines  dont  l'application 
leur   est  réservée. 

Les  mesures  de  police  exigent  de  l'ensemble 
dans  leur  exécution.  Que  votre  concert  soit 
donc  toujours  unanime  ,  et  que  vos  opérations 
parncipent  de  l'unité  d'action  qui  vous  fait 
mouvoir. 

Je  vous  réitère  aussi  les  ordres  que  vous  avez 
reçus  par  ma  circulaire  du  5  floréal  dernier  , 
contre  les  couvreurs  qui  négligent  les  précautions 
propres  à  prévenir  les  accidens  résultant  de  la 
ehûte  des  recoupes  ,   plâtres  ,  tuiles  et   ardoises; 


celte  du  2g  germinal  aussi  dernier  ,  relative  à  la 
charge  des  charettes  qui  outrepasse  le  débord 
des  ridelles,  et  contre  tous  les  voituriers  ou  con- 
ducteurs de  charettes  ,  baquets  et  autres  voitures 
de  charge  ,  qui  ne  sont  point  à  la  tête  de  leurs 
chevaux. 

Je  «ous  rappelle  également  ma  circulaire  du  26 
prairial  concernant  la  visite  chez  tous  les  pharma- 
ciens ,  apodiicaires  et  épiciers  qui  vendent  des 
drogues  ré[iuiées  poisons.  Veillez  aussi  à  1  txé- 
cution  de  mon  arrêté  qui  défend  de  débiler 
aucune  pièce  d'artifice  sans  une  auionsation 
expresse  ,  er  empêchez  de  tirer  aucunes  (usées 
ou  pétards  dans  les  rues  ;  vous  préviendrez  par- 
là  une  foule  d'accidens  ,  soit  à  raison  de  la 
frayeur  qu'ils  occasionnent  toujours  aux  femmes , 
soit  à  raison  des  écarts  que  font  les  chevaux 
effrayés  ,  soit  aussi  à  cause  des  incendies  qui 
peuvent  en  résulter. 

Enfin,  je  vous  recôrnmande  la  plus  exacte 
surveillance  pour  le  netoyement  de  Paris  ,  le 
balayage  .  l'arrosage  et  l'enlèvement  des  maté- 
riaux (]ui  encombrent  la  voie  publique:  voici 
la  fête  du  Qjiatorze-Juillet  qui  approche  ,  il  faut 
âuiant  que  possible  ,  que  toutes  les  rues  soient 
débarrassées,  pour  ce  jour-là,  et  particulière- 
ment  celles  que  devra  parcourir   le  cortège. 

N'oubliez  pas  ,  citoyens  ,  que  l'exécution  des 
réglemens  de  police  repose  en  grande  partie 
sur  vous  ,  et  que  votre  négligence  vous  accu- 
serait de  tiédeur  dans  l'exercice  de  vos  fonctions. 


PRÉFECTURE  DES  BASSES -PYRÉNÉES. 

Instruction    publique. 

Avis. 

Les  citoyens  qui  désireront  concourir  à  la 
place  de  professeur  de  législation  près  l'école 
centrale  des  Basses-Pyrénées  ,  vacante  par  le 
décès  du  citoyen  Brun  ,  sont  invités  â  se  faire 
inscrire  au  secrétariat  de  la  préfecture  sur  un 
registre  qui  sera  ouvert  à  cet  effet  ,  à  compter 
du  premier  messidor  jusquau  quinze  thermi- 
dor, jour  auquel  le  jury  de  l  école  centrale 
ouvrira  ses  séances  d'examen  dans  une  des 
Salles  de  la  préfecture.  On  prévient  qu'avant 
d'adm^lire  aucun  aspirant,  le  jury  procédera  à 
la  vérification  des  certificats  ilélivrés  par  les  au- 
torités constituées  de  leur  domicile  ,  constatant 
d'une  manière  conforme  aux  lois,  leur  moralité. 

Pau  ,     le     29    prairial   an   8  de   la  république 
française  ,    une  et  indivisible.     ' 
Les  membres  composant  le  jury  d'instruction  publique^ 
Signé ,  BoizoT. 

Extrait    des  registres  de  la  préfecture  des   Basses- 
Pyrénées. 

Le    préfet    des    Basses  -  Pyrénées  , 

Vu  la  lettre  qui  lui  a  ètè'écrite  le  29  prairial , 
par  le  jury  d'instruction  publique,  tendante  à 
faire  nommer  un  nouveau  professeur  à  la  chaire 
de  législation  ,  vacante  par  le  décès  du  citoyen 
Brun,   et   lavis  y  joint, 

Arrête  que  l'avis  ci-dessus  et  le  présent  arrêlé 
seront  imprimés  ,  et  qu'il  en  sera  adressé  des 
exemplaires  aux  sous-préfets  du  département  et 
aux  préfectures  voisines ,  telles  que  celles  des 
Landes ,  Gers,  Haute-Garonne  et  Hautes-Pyrénées, 
avec  invitation  de  les  faire  publier  et  aflncher 
dans  leurs  arrondissemens    respectifs. 

Pau  ,  le  2  messidor  an  8  de  la  république 
française  ,   «ne  et  indivisible. 

Signé  ,    GUINEBAUD. 
Pour  ampliation  , 

Le  secrétaire-général  de   la  préfecture  , 
JuLiAN   (  de   Carentan.  ) 


Contes  et  Opuscules  ,  en  vers  et  en  prose, 
suivis  de  poésies  fugitives  ,  par  Andrieux  ,  de 
l'institut  national.  A  Paris  ,  chez  Renouard  ,  libr. 
rue  André-des-Arts ,  n"  42. 

Nous  avons  peu  de  chose  à  dire  de  ce  volume  : 
la  plus  grande  partie  des  pièces  qui  le  composent 
sont  connues.  Les  contes  en  vers  ont  été  lus  à 
l  Institut  ,  imprimés  dans  les  journaux,  et  plu- 
sieurs ont  fourni  à'-ïrOS  théâtres  des  sujets  dra- 
matiques :  les  contes  et  anecdotes  en  prose 
avaient  été  ignorés  jusqu'à  présent  ;  mais  bientôt 
sans    doute   ils    seront    aussi   répandus    que   les 


premiers  ;  car  ,  indépendamment  du  talent  d* 
narration  dont  ils  font  preuve,  ils  pré.sentent, 
comme  les  autres,  des  sujets  dont,  avec  très- 
peu    d'efforts  ,   on  pourra  embellir  la  scène. 

Le  citoyen  Andrieux  est  un  de  nos  plus  ai- 
mables liltéraieurs  :  il  conte  avec  agrément, 
avec  esprit;  mais  on  accuse  ses  vers  dêire  par- 
fois un  peu  prosaïques.  Il  répond  à  ce  reproche 
en  disant,  comme  Horace  ,  qu  il  n'est  pais  poëie. 
Celte  excuse  ,  quelque  vénération  que  nous 
ayons  pour  le  poêle  latin  ,  ne  nous  paraît  point 
satisfesante.  Chaque  passion  parle  un  langage 
différent,  a  dit  Boileau.  Il  ne  faut  pas  toujours 
dans  la  poésie  l  os  magna  sonaturum  :  ,elle  doit 
êire  sublime,  élevée  ,  aimable  ,  enjouée  ,  légère  , 
suivant  la  nature  des  sujets  ;  et  qui  mieux 
qu'Horace  l'a  prouvé  dans  ces  odes  qui  lui 
avaient  fait  donner  le  nom  de  poète  par  ses 
contemporains  bien  long-teras  avant  le  moment 
où  ,  seul  ,  il  prétendait  ne  l'être  pas  ? 

Au  lieu  d'admettre  uue  excuse  que'  son  âge 
ne  rend  pas  meilleure  ,  engageoîis  plutôt  le  cit. 
Andrieux  à  éviter  d  avoir  besoin  de  la  proposer. 
Pour  cela  ,il  ne  lui  faudrait  que  se  confier  un  peu 
moins  à  son  heureuse  facilité,  que  s  abandonner 
t\n  peu  moins  à  la  douceur  dxifar  nieiite.  Ses 
contes  ont  de  la  gaieté,  du  mouvement  ,  du  trait, 
de  la  finesse  ,  du  naturel  ,  et  c'est  de  lui  qu!oa 
peut  dire  que  tous  ses  bous  mots  sont  de  bonne» 
fortunes  ;  mais  souvent  l'auteur  y  paraît  trop  en 
déshabillé. 

Plusieurs  de  ces  contes  ont  été  fails  pour  les 
circonstances,  et  tiennent  un  peu  de  la  satyre 
des  jours  où  ils  sont  nés  ;  mais  si  les  traits 
du  citoyen  Andrieux  sont  piquants  ,  aii  moins 
ne  peul-on  pas  dire  qu'ils  sont  acéiés.  Il  badine 
plus  qu  il  ne  raille;  il  a  senti  que,  chez  une 
nation  légère  comme  la  nôtre  ,  on  fcsait  plus 
contre  les  v»ces  et  contre  les  ridicules  en  exci- 
tant le  rire,  qu  en  échauffant  les  passions;  et 
qu'après  dix  ans  de  révolution  et  de  secousses 
nous  pouvions  bien  avoir  encore  assez  de  torce 
pour  nous  égayer  avec  Horace  aux  dépens  des 
sots  et  des  méchans  ,  mais  non  point  assez 
pour  supporter  et  partager  l'emportement  de 
Juvenal.  A.  J. 

GRAVURES. 
Portrait  du  général  Régnier  ,  dessiné  d'après 
nature  par  Guerin  ,''  et  gravé  par  Eli.abeth  G. 
Herhan  ,  in-folio  ;  prix  ,  5  fr.  A  Paris  ,  chez 
Renouard  ,  libraire  ,  rue  André-des-Arts  ,  n"  42  , 
qui  vend  aussi  tous  les  autres  portraits  gravés  pat 
Fiesinger  et  madame  Herhan.  Celui-ci  est  très- 
ressemblant  et  parfaitement  bien  gravé. 


Bourse  du  il  messidor. — Changes  étrangers. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif.. 

Cadis 

Eflectif. 
Gênes. 
Livourne. 


à  3o  jours. 

a  90JOU 

189 

188* 

4  tr.  70C. 

14  fr.70  C. 
4  fr.  70  c. 
14  fr.  45  c. 

4  fr.  40  c. 
4  fr.  85  c. 

pair. 

lip. 

Rente  provisoire 20  fr.  75  c. 

Tiers  consolidé 3o  Ir.   75  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  5o  c. 

Bons  d'arréragé..    87  fr.   75  c. 

Bons  pour  l'an  8 82  fr.  88  c. 

Syndicat 67  fr. 

Coupures <■ 67  fr.   75  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq,ue  et  des  Arts. 
Aujourd.  Orphée  ,  opéra  ,  suivi  du  ballet  de  la 
Dansomanie. 

Le  24  ,  par  ordre  du  gouvernement ,  spectacle 
gratis.  —  Armide  .,  opéra  en  5  actes. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
les  Visitandines  ,    opéra  en  3   actes. 

Thèatris  du  Vaudeville.  Auj.  Honorine.,  e 
la  Pièce   curieuse. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes, 
Auj.  relâche. 


L'abonnement  ic  fait  à  Paris  ,  rue  des  Poitevins ,  n°  18.  Le  prix  est  de  35  francs  pour  t'iols  mois  ,  5a  francs  pour  6  mois  ,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  S'abonne 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  et  l'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ao  AS  s  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  n°  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  où  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  déparlcmens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté ,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur ,  rue  de< 
■poitevins  ,  n*  l3  ,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'àcinq  heures  du  soir 


A  Pswis  ,  de  rimprimerie  dn  cit.  Agisse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  tue  des  Poitevins ,  a°  i3. 


41 


Mette  nationale  ou  le  moniteur  universel. 


J^°  293. 


Tridi ,  23  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  a'nsi   que  les  faits  et  les  notions  catit  wx 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  cousacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

A  N  G  L  E  T  E  R  R  R. 

Londres  ,  /c  1  8  vussidor. 

JljES  3  pour  iDo  consolidés  ,  fermés.  Pour  leur 
ouverture  ,   64  |  65.  —  Omnium  ,  2  {. 

Le  roi  s'est  rendu  le  i3  messidor  en  grande 
cérémonie  au  parlement  ,  pour  donner  sa  sanc- 
lîon  au  bi!l  d'union.  Il  n'a  point  prononcé  de 
discours  Des  ordres  avaient  été  donnés  pour 
annoncer  cet  événement  par  trois  décharges 
d'artillerie.  Le  pavillon  de  l'union  devait  aussi 
être  arboré  sur  la  tour  de  Westnninster  ;  mais 
on  s'est  souvenu  que  \t  fat  du  parlement  d  Irlande 
était  nécessaire  pour  I  entier  accomplissement  de 
Tunion  ,  et  des  contre-ordres  ont  été  envoyés. 

Lord  HoUand  a  annoncé  le  14,  à  la  chambre 
des  pairs  ,  qu'il  ferait  une  motion  pour  demander 
communicationdes  instructions  envoyées  aucom- 
mandanl  des  flottes  de  S.  M.  dans  la  Médiierra- 
née  ,    pour  rompre  la  convention   d  El-Arisch. 

A  la  troisième  lecture  ,  faite  le  l5  dans  la 
chambre  des  communes  ,  du  bill  concernant  les 
communautés  ecclésiasiiques  ,  M.Jones  a  déclaré 
que  si  les  ecclésiastiques  français  émigrés  conti- 
nuaient à  entreprendre  des  conversions  ,  il  pro- 
poserait des  mesures  d'une  espèce  différenie. 

Un  long  et  vif  débat  a  eu  lieu,  dans  la  même 
séance,  au  sujet  de  la  troisième  lecture  du 
millers  bill  (  bill  tendant  à  détruire  le  monopole 
exercé  par  des  meuniers).  Quaranie-huit  voix 
ont  décidé,  contre  44,  qu'il  serait  lu  pour  la 
troisième  fois.  Après  un  grand  nombre  d'amen- 
deraens,  qui  ont  élé  écartés,  le  bill  a  passé, 
5o  membres   ayant  voté  pour ,  et  44  contre. 

Quatre  vaisseaux  de  la  compagnie  ,  savoir  ,  le 
Mànship  ,  le  ^Preston  ,  le  Marquis  de  Lansdowne , 
€1  le  William  Pin  ,  partis  du  Bengale  le  9  nivôse  , 
sont  entrés  dans  le  Havre  de  Cork.  (Extrait  du 
fil ew  Lloyd's  Croning-post  y  etduMorning-Chronicle.) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  22  messidor. 

l-Z  Journal  des  débats  innonce  sous  la  date  de 
Eatisbonne  ,  le  11  messidor,  que  la  diète  a  dé- 
jputé  M.  d'Eupen  ,  conseiller  de  la  légation 
danoise  ,  au  quartier  -  général  de  M.  de  Kray  et 
et  à  celui  du  général  Moreau ,  pour  négocier  la 
neutralité  de  la  diète  générale  de  I  Empire. 

—  La  gazette  de  Vérone  a  publié  officiellement 
la  suspension  d'armes  arrêtée  en  Italie. 

—  Lépouse  du  cit.  Bource  ,  marchand  à  Mar- 
tigny  près  Péronne  ,  est  accouchée,  le  i3  messidor, 
de  trois  enfans  mâles  qui  se  portent  très-bien. 


Avis. 
Le  public  est  prévenu  que  le  ministre  de  l'inté- 
rieur ne  tiendra  pas  audience  le  s5  de  ce  mois. 


CONSEIL    DES    PRISES. 

Le  jugement  important  qu'on  va  lire  ajant  essen- 
tiellement pour  base  les  pièces  des  parties  ,  et  l'ins- 
truction faite  en  première  instance  ,  nous  avons 
cru  ne  devoir  rien  retrancher  du  visa  qui  le 
précède.  Les  formes  probablement  étrangères  à  plu- 
sieurs de  nos  lecteurs  ,  peuvent  d'autant  plus  inté- 
resser leur  curiosité  quelles  sont  pour  eux  plus 
nouvelles. 

Décision  du  conseil  des  prises ,   relative   au  navire 
le  Pcgou. 

AU    NOM    DE    LA    RÉPUBLIQUE    FRANÇAISE  ,    UNE 
ET   INDIVISIBLE. 

Le  conseil  des  ptitcs  ,  établi  par  l'arrêté  des 
consuls ,  du  6  germmal  an  8  ,  en  vertu  de  la  loi 
du  s6  ventôse  inécédent ,  a  rendu  la  décision 
suivante  : 

Qualités  des  parties. 

Entre  John  Grecn  ,  capitaine  du  navire  le  Pegou, 
agisjant  par  le  ministère  de  Henry  L.  VVaddell  , 
tubrécargue  et  co-proptiétairç  dudit  navire,  d'une 
part  ;         ^ 


Et  le  commissaire  du  gouvernement  près  le 
conseil  lesatit  et  agissant  etrladite!qualité  pour  les 
capitaiiies,  étais-majors  et  équipaj;ès  des  frégates 
de  la  république  française  ,  ta  Bravoure  et  la  Co- 
carde,  d'autre  part. 

Visa  des  principales  piétés  du  bord. 

Vu  l'acte  inscrit  au  registre  des  titres  de  propriété 
des  vaisseaux  et  bâiimens  au  port  de  Philadelphie, 
à  la  daic  du  i3  août  179S,  n"  19 ,  dûment  signé  et 
ceriifié ,  constatant  que  le  navire  ,  nommé  k  Pegou  , 
de  Philadelphie,  où  il  a  été  construit  dans  l'année 
1792,  suiv.int  un  précédent  acte  de  propriété , 
sous  le  n°  98  ,  délivré  le  6  mai  1797  ,  appartient  à 
Mordecay  Lzvi\%  ,  négociant  de  la  ville  de  Philadel- 
phie ,  ainsi' qu'à  Jesse  'Walu  et  Robert  Walu  ,  pa- 
reillement négocians  de  la  même  ville  ,  et  que 
ce  navire,  dont  était  maître  John  Green  ,  citoyen 
des  Etats-Unis  ,  avait  deux  ponts  et  irois  raâis  , 
qu'il  jaugeait  362  tonneaux  ,  et  qu'il  avait  dix 
canons  sur  alTûts. 

Vu  le  passeport ,  signé  John  Adams  ,  président 
des  Etats-Unis  d  Amérique  ,  et  revêtu  de  toutes 
les  formalités  requises  ,  suivant  lequel  ledit  navire 
le  Pegou  indiquant  sa  destination  pour  Canton  ; 
ladite  lettre  écrite  en  langues  française  ,  espa- 
gnole ,  anglaise  et  hollandaise  ,  et  dûment  signée. 

Vu  le  rôle  contenant  les  noms  ,  grades  et  gages 
des  individus  devant  former  l'équipage  dudit 
navire  le  Pegou. 

Vu  le  permis  de  la  douane  au  port  de  Chester, 
district  de  Philadelphie  ,  dûment  signé  par  le 
receveur  et  l'officier  du  port,  délivré  le  l3  sep- 
tembre 1798  ,  certifiant  que  ledit  John  Green  a 
chargé  et  pris  à  bord  dudit  navire  le  Pegou  , 
monté  de  10  canons,  du  ginseng  ,  du  bois  de 
Campêche  et  du  Brésil,  et  des  plombs  et  fers, 
suivant  le  manifeste  visé  le  même  jour. 

Vu  les  dix-sept  connaissemens  énoncialifs  des 
piastres  et  autres  marchandises  dont  était  chargé 
ledit  vaisseau  le  Pegou ,  à  la  consignation  de 
Henry  L.  'VVaddell  et  Thomas  Warton  ,  ledit  na- 
vire destiné  pour  Canton  en  Chine. 

Visa  des  procès-verbaux  de  capture. 
Vu  le  procès-verbal  daté  au  commencement  , 
du  22  brumaire  an  7  ,  déclaré  fait  double  le  28 
du  même  mois,  et  dressé  par  le  citoyen  Faure, 
capitaine  de  vaisseau,  commandant  la  frégate  la 
Bravoure  ,  signé  de  lui ,  du  citoyen  J.  B.  Favre  , 
aide-commissaire  ,  et  du  citoyen  la  Mare-la-Mel- 
lerie  ,  lieutenant  ep  pied  ,  enregistré  à  l  Orient  le 
9  venlôse  suivant ,  duquel  procès-verbal  il  ré- 
sulte que  ladite  frégate  de  la  république  la  Bra- 
voure ,  en  compagnie  de  la  frégate  la  Cocarde  , 
commandée  par  le  citoyen  Croizet  ,  se  trouvant 
à  6  heures  par  33  dég.  40  min.  de  latitude  nord  , 
et  61  dég.  35  min.  de  longitude  occidentale  ,  a 
découvert  ledit  navire  le  Pegou,  l'a  joint,  a  tiré 
dessus  trois  coups  de  canon  et  la  obligé  d'ame- 
ner ;  que  les  scellés  ont  éié  mis  aux  coin»  des 
écoutilles  avec  le  cachet  aux  armes  de  la  répu- 
blique française. 

Vu  un  autre  procès-verbal,  en  date  dudit  jour  aS 
brumaire  an  7,  signé  desdits  Faure,  Favt  cet  la  Mare- 
la-Mellerie,  enregistré  à  1  Orient  le  9  veniôse  an 
7  ;  ledit  procès-verbal  certifiant  (  sur  la  déclaration 
du  capitaine  Greén  ,  qu'il  y  avait  à  bord  du  Pegou 
34  barils  d'argent  dans  la  soute  sur  l'arriére), 
1°  qu'après  être  descendu  dans  la  soute  on  n'a 
pu  découvrir  les  barils  qui  se  trouvaient  dans 
le  bois  d'arimage;  qu'ayant  de  suite  fait  vider 
la  soute  par  des  matelots  français  ,  les  barils  ont 
été  hissés  dans  la  grande  chambre  ,  qu'il  s'en  est 
trouvé  deux  défoncés  et  entièrement  vides  ,  et 
un  troisième  qui  avait  éié  aussi  déloncé,  mais 
dans  lequel  il  était  resté  six  sacs  de  gourdes 
éparses  ,  deux  sacs  qui  ont  été  déposés  avec  lès 
six  sacs  contenus  dans  le  troisième  baril  défoncé, 
et  dont  le  total  des  huit  sacs  formait  3,476  e;ourdes 
et  demie  ;  2"  que  cette  dilapidation  a  été  faite  par 
les  matelots  américains  qui  avaient  leurs  sacs  de 
hardes  p\eins  de  gourdes  ,  et  que  visite  faite  il 
a  été  reconnu  qu'eftécliveraent  les  matelots  amé- 
ricains avaient  fait  un  grand  trou  à  la  cloison 
qui  sépare  la  soute  de  la  calle  ,  et  qu'ils  avaient 
pu  avec  facilité  défoncer  lesdits  barils  et  en  enle- 
ver les  sacs  de  gourdes  ,  en  conséquence  de  quoi 
il  n'existait  réellement  que  trente-un  barils  ne 
paraissant  point  avoir  été  touchés,  un  baril  dé-, 
foncé  conlenant  huit  sacs  de  gourdes,  plus  deux 
autres  vides  ,  ce  qui  fcsait  le  nombre  de  trente- 
quatre  barib  déclaré  par  le  capituiae  Green  ,  et  I 


enfin  deux  barils  de  gourdes  que  ledit  capitaine 
Gteen  a  déclaré  lui  appartenir,  et  un  troisième 
rempli  de  gourdes  trouvées  sur  les  matelots  amé- 
ricains, le  tout,  est-il  dit,  renfermé  dans  la  souic 
sur  laquelle  étaient  les  scellés. 

Visa  de  l'instruction  faite  à  l'arrivée  de  la  prise. 

Vu  la  déclaration  d'arrivée  dudit  navire  le 
Pegou,  faite  le  18  frimaire  an  7,  devant  le  jugt- 
de-paix  du  deuxième  arrondissement,  canton  de 
l'Orient  ,  par  le  cii-  Favre  ,  aide-commissaire  à 
bord  de  la  frégate  la  Bravoure,  et  contenant  la 
remise  d'un  paquet  renfermant  les  papiers  dudit 
navire  ,  ensemble  le  procès-verbal  de  dépôt  fait 
le  nnêiTie  jour  à  l'Orient  entre  les  mains  du  caissier 
des  invalides  et  des  gens  de  mer ,  des  barils 
trouvés  sous  les  scellés  apposés  sur  le  paneau  de 
la  soute  dudit  navire  le  Pegou  et  reconnus  intacts  ; 
lesdits  barils  ,  après  énumération  faite  en  pré- 
sence du  juge-de-paix  ,  des  officiers  de  marine 
et  des  différens  officiers  et  matelots  de  l'équipage 
de  la  frégate  la  Bravoure,  contenaient  110,227 
piastres  et  demie  ,  suivant  linveniaire  daté  au 
commencement  ,  du   tg   frimaire  an  7. 

Vu  les  interrogatoires  subis  pardevant  ledit 
juge-de-paix  de  l'Orient  ,  les  23  ,  24  et  26  dudit 
mois  de  frimaire  an  7  ,  par  John  Green,  jams, 
Cooper,  Thomas  Fîishbourn  'Whatlon  .  Richard- 
Thomas-Daniel  Baruhem  ,  Villams  Even  ,  Henry 
L.  'VVaddell,  Auciren  Crery  et  James  Tuefer , 
jous  capitaines,  lieulenans,  subrécargues,  matelots, 
chirurgiens  et  commis  aux  vivres  à  bord  dudit 
navire  le  Pegou  ,  qui  ont  unanimement  répondu 
que  ledit  navire  naviguait  sous  pavi  ion  améri- 
cain, quil  était  destiné  pour  Chine  ,  que  1  équi- 
page n  était  composé  que  d  américains,  que  le 
rôle  dépuipage  a  été  fait  à  Philadelphie  ovi  ils 
s'était  embarqués. 

Jugement  de  première  instance  et  d'appel. 
Vu  le  jugement  rendu  par  le  tribunal  civil 
du  département  du  Morbihan  ,  le  25  venlôse 
an  7,  sur  les  appels  inierjeiés  à  minima  ,  tant 
par  ledit  John  Green,  capitaine  du  Pegou  ,  que 
par  le  contrôleur  de  la  marine  au  port,  de  lO- 
lient  ,  fesant  et  agissant  pour  et  au  nom  du 
gouvernement  français  ,  et  pour  les  capitaines  , 
états-majors  et  équipages  des  frégates  de  la  répu- 
bliijue  la  Bravoure  et  la  Cocarde,  du  jugement 
rendu  le  8  du  même  mois  de  ventôse,  parle 
tribunal  de  commerce  de  l.Orient  ,  et  visé  dans 
celui  du  tribunal  civil  du  département;  le  ju- 
gement de  première  instance  portant  main -levée 
en  faveur  du  capitaine  Green  du  navire  le  Pegou, 
ainsi  qqe  des  marchandises  et  espèces  désignée» 
dans  les  connaissemens  numérotés  i,  2,3,  5, 
8,10;  12  ,  'l5  ,  16  et  17  ,  et  déclare  de  bonne 
prise  ,  en  les  adjugeant  aux  capteurs  ,  les  pias- 
tres portées  dans  les  connaissemens  numérotés 
4,  6,  7,  9,  II,  i3  et  14  ,  et  chargées  par 
Mongomeiy  et  Newbord  ,  Richard  Dali  .  Charles 
Butail,  Robert  R.ibsion  ,  Ger  ,  Richard  Willing, 
Samuel  Coaies  et  John 'Williams  Svingst,  ainsi  qua 
neuf  barils  et  demi  de  ginseng,  chargés  par 
'Williams  ,  pour  lesquels  il  n'existait  pas  de 
connaissemens  ,  et  autres  marchandi.ses  et  espè- 
ces qui  pourraient  se  trouver  à  bord  aussi  sans 
connaissemens.  Le  capitaine  Green  condamné 
aux  dépens  ,  et  le  second  jugement  déclarant 
qu  il  a  élé  mal  jugé  par  le  premier  ,  en  ce  qu'il 
n'a  adjugé  aux  capteurs  que  les  piastres  ponétS 
dans  les  connaissemens  numérotés  4  ,  6  ,  9  , 
II,  i3  et  14,  avec  les  19  barils  de  ginseng  , 
en  ce  qu'il  avait  déclaré  la  prise  du  Pegou  inva- 
lide ,  et  donné  main-levée  des  marchandises 
et  espèces  désignées  dans  les  connaissemens 
numérotés  1,  2,  3,  5,  8,  10,  12,  i5,  16 
et  17,  en  conséquence  ledit  jugement  a  déclaié  de 
bonne  prise  ledit  navire  le  Pegou  ,  marchandises 
et  cargaison,  agrès,  apparaux  et  ustensiles,  a 
accordé  du  tout  main-levée  audit  contrôleur  de 
marine  es  noms  et  qualités  qu'il  procédait,  tt  a 
condamné  ledit  capitaine  Green  aux  dépens. 

Pourvoi  en  cassation. 
Vu  le  mémoire  présenté  le  25  germinal  an  7  ^ 
au  tribunal  de  cassation  ,  par  ledit  John  Gieen  , 
à  l'effet  de  taire  casser  et  annuler  ledit  jugement 
rendu  par  le  tribunal  civil  du  Morbihan  ,  dudit 
jour  î5  venlôse  an  7  ,  et  ensemble  tout  ce  qui 
avait  précédé  et  suivi  ,  pourrait  s'ensuivre  que 
les  parties  lussent  remises  au  même  et  semblable 
état  cju  avant  ledit  jugement  ,  et  renvoyées  de- 
vant le  tribunal  compétent ,  pvur   être   tiiit  droit 


Il  Sa 


CTi  la  manière  accoutumée  ,  avec  restitution  ae 
<ouies  les  sommes  qui  auraieiu  pu  être  payées  et 
de  l'ainende. 

■  Instruction  faite  au  constii. 

Vu  le  mcmniic  présenté  au  conseil  ,  !c  115  flo- 
réal dernier,  par  Henri  L.  Waddell  ,  subrécaigue 
•cl  co-propriétaire  dudit  navire  le  Pegou  ,  et  duns 
•lei-juel,  après  avoi]  rendu  compte  des  faits,  et 
s'-ctre  plaint  de  ce  qu'il  n'avait  point  été  lédigc  en 
nier,  de  procès-verbal  de  capture,  de  ce  que 
celui  prétendu  fait  à  terre  par  le  cit.  J.  B-  Favre 
n'indiquait  aucun  prétexte  pour  s'être  emparé  du 
îiavire  ,  et  de  ce  quaussi-lôt  apiès  la  prise  tous 
les  papiers  n'ont  pas  été  remis  dans  un  coffre  ou 
sac  en  présence  du  capitaine  du  navire  ,  qui  de- 
vait être  interpelé  de  les  sceller,  de  .son  cacliet  , 
au  terme  de  l'article  II  de  la  loi  du  a6  brumaire 
an  4. 

Ledit  L.  'VVaddell  s'est  attaché  à  établir,  i°  que 
ledit  navire  le  Pegou  ,  quoiquavant  à  bord  <lix. 
•canons  sur  affûts  de  divers  calibres  ,  n  éiait  ppint 
armé  en  guerre  ,  parce  que  les  canons  sont  né- 
cessaires ,  tant  pour  les  saints  et  signaux  d'arrivée 
et  de  départ,  que  pour  ceux  de  détresse  ,  indis- 
pensables sur-tout  pour  traverser  les  mers  d'Asie, 
infestées  de  pirates  ,  de  forbans  et  de  marates  qui 
attaquent  indistinctement  les  personnes  et  les 
propriétés;  qu'avec  une  aussi  riche  cargaison 
que  le  Pegou  ,  on  ne  tentait  point  les  hasards  de 
la  course  ;  qu'avec  le  peu  de  monde  qu  il  avait  , 
il  n'eût  pu  amariner  les  prises  qu  il  eût  songé  à 
faire  ,  d'où  il  résultait  que  l'armement  qu'il  avait 
à  bord  n'était  que  pour  sa  seule  défense  ,  ce  qui 
est  toujours  permis  aux  navires  munis  de  passe- 
ports ,  et  que,  suivant  l'ordonnance  de  1681  , 
pour  que  le  jjort  d'arme  sur  un  bâtiment  entraî- 
nât la  confiscation  ,  il  fallait  que  celui  qui  les  a, 
fût  sans  aveu,  ou  qu'il  eût  combattu  en  attaquant  , 
reproche  qu'on  ne  pouvait  faire  au  Pegou,  por- 
teur d'un  passeport  signé  du  président  des  Etats- 
Unis  ,  d'un  acte  de  propriété  et  des  lettres  de 
mer  ;  tous  acte.î  énonçant  qu'il  y  avait  dix  ca- 
nons sur  le  Pegou  qui,  loin  d'attaquer,  avait 
amené  son  pavillon  aux  premiers  coups  de 
-canon. 

î°.  Qiie  le  rôle  d'équipage  n'était  point  obli- 
gatoire pour  les,bâiimens  améiicains  ,  d'après  le 
traité  conclu  le  6  février  1778  ,  qui  ,  par  ses 
articles  XX'V  et  XXVII ,  exigeait  seulement  qu'ils 
fussent  pourvus  ,  en  cas  de  guerre  ,  de  lettres 
de  mer  ou  passeports  ,  exprimant  le  nom  ,  la 
propriété  et  le  pori  du  navire  ,  avec  le  nom  et  la 
•demeure  du  commissaire  du  vaisseau  ,  et  les 
ceriificats  contenant  le  détail  el  la  cargaison  ,  et 
■qu'en  exhibant  ces  pièces  et  particulièrement  le 
p.tsseport  coni'oime  à  la  formule  annexée  au 
traité  ,  il  était  défendu  de  les  arrêter,  molester  , 
ou  rechercher  en  aucune  manière. 

Qu'on  opposait  en  vain  l'ordonnance  de  1714. 
■et  le  règlement  du  26  juillet  1778  ,  ainsi  que  1  ar- 
•têté  du  directoire  du  12  ventôse  an  5,  qui  ne 
pouvaient  prévaloir  contre  un  traité  solennel  entre 
deux  nations  amies  et  tespeclivement  obligatoire, 
parce  qu'il  n'apparn'ent  ni  à  une  seule  partie  ni  a 
Tin  seul  peuple  ,  d'échanger  à  son  gré  une  siipu- 
■fetion  faite  d  un  commun  accord. 

3°.  Que  le  rôle  d'équipage  existait  à  '  ord  du 
^igou  ,  malgré  qu'il  ne  fût  pas  nécessaire  ;  qu'à 
la  vérité  il  n'était  pas  revêtu  de  toutes  les  forma- 
lités requises  ,  c'est-à-dire  de  la  signature  si  facile 
,à  obtenir  ,  de  deux  officiers  publics  ,  dans  des  I 
■tems  ordinaires;  mais  que  la  cause  de  cette  omis- 
sion était  dans  le  fléau  qui  ravageait  alors  l'Amé- 
rique et  sur-tout  Philadelphie  ,  et  qui  était  tel, 
■qu'on  avait  interdit  ,  sous  peine  de  mort ,  toute 
<ommunication  entre  la  terre  et  les  équipages  des 
•bâiimens  qui  pouvaient,  comme  le  Pegou  ^  être 
atteints  de  la  fièvre  jaune. 

Et  qu'enfin  ,  si  le  rôle  d'équipage  eût  manqué 
réellement  ,  il  était  amplement  suppléé  par  la 
.foule  de  renseignemens  et  d'autorités  qui  procla- 
inent  la  neutralité  dudit  navire  ,  celle  de  toute  la 
•cargaison  ,  sa  propriété  américaine  ,  et  l'origine 
américaine    de    tout   l'équipage  ,   toutes   preuves 


lésultanies  du  passeport ,  du  permis  de  la  douane  ,     soupçons  (ij. 


vernement,  laissées'  ce  jour  par  écrit  sur  le  bu- 
reau ,  et   dont   la   teneur  suitt 

Le  navire  américain  le  Pegou  ayant  été  pris 
par  deux  frégates  de  la  républi(iue  ,  les  pro- 
prictaiiesde  ce  navire  n'ont  d'autre  contradicteur 
que  moi  ,  puisqu'ils  n'ont  d'autre  partie  que  ■le 
gouvernement.     '' 

La  justice  est  la  première  dette  de  la  sou- 
verainneié  :  en  exerçant  les  actions  du  gouver- 
nement ,  je  n'oublierai  donc  pas  que  mon 
premier  devoir,  dans  toutes  les  discussions, 
est  de  chercher  le  vrai  ,  et  que  ,  par  mou 
mandat  ,  je    ne  dois   être   que  juste. 

Il  résulte  des  faits  de  la  cause  qu'un  jugement 
du  tribunal  de  commerce  de  lOiient,  rendu 
le  8  veuiôse  an  7  ,  donnait  main-levée  au  ca- 
pitaine Green  de  son  navire  ,  et  d'une  partie 
des  marchandises  et  espèces  qui  composaient 
la  cargaison  ,  et  que  sur  l'appel  à  mimma 
interjeté  de  ce  jugeincnt  par  le  contrôleur  de 
marine  au  port  de  1  Orient ,  le  tribunal  du 
Moibihan  a  déclaré  le  navire  et  l'entière  cargai- 
son   de    bonne    prise. 

L'aflFaire  se  trouve  soumise  à  la  décision  du 
conseil  ,  par  le  recours  que  les  capturés  avaient 
porté   au  tiibunal  de  cassation. 

Le  tribunal  d'appel  du  Morbihan  s'est  fondé 
sur  ce  que  ce  navire  était  armé  en  guerre  ,  sans 
aucune  commission  ni  autorisation  du  gouverne- 
ment américain  ,  et  sur  ce  qu'on  n'avait  trouvé  à 
bord  aucun  rôle  d'équipage  arrêté  par  les  officiers 
publics  du   lieu  du  départ. 

Les  capturés  ont  publié  un  mémoire  pour  leur 
défense  ,  dans  lequel  ils  demandent  la  nullité 
de  la  prise  de  leur  navire  ,  son  rétablissement 
dans  letat  oii  il  était  lors  de  la  capture  ,  la  main- 
levée dudit  navire  .  de  toute  sa  cargaison  et  des 
piastres  qui  en  lésaient  partie  ,  la  remise  de  tous 
les  papiers  de  bord  et  des 'dorama.ges  et  intérêts 
proportionnés    aux  pertes   qu'ils  ont  éprouvées. 

Pour  pouvoir  prononcer  sur  ces  tins  ,  il  faut 
se  fixer  d'abord  sur  la  validité  ou  1  invalidité  de 
la  prise.  Si  la  prise  est  valide,  toutes  les  demandes 
des  capturés  en  dommages-intérêts,  en  rétablis- 
sement ou  en  restitution  des  objets  qui  leur  ont 
été  pris  ,  s'écroulent  avec  la  question  principale. 
Si  la  prise  est  invalide  ,  il  est  alors  indispensable 
de  s'occuper  de  ces  demandes  accessoires. 

Hors  le  cas  d'une  prise  constamment  ennemie  , 
toute  question  sur  la  validité  ou  l'invalidité  d'une 
prise  quelconque  ,  se  réduit  à  l'examen  d'un  fait 
de  neutralité. 

Les  lois  ,  les  réglemens  de  la  matière  ne  sont 
intervenus  que  pour  pouvoir  fixer ,  dans  chaque 
occiirrence  ,  les  caractères  auxquels  cette  neutra- 
lité peut  être  reconnue. 

Dans  Ihypothese  actuelle  ,  le  tribunal  d'appel 
du  Morbihan  était-il  autorisé  à  juger  que  le 
navire  le  Pegou  se  trouvait  dans  des  circonstances 
qui  empêchaient  de  le  reconnaître  ,  el  de  le  res- 
pecter comme  neutre  ? 

Il  était ,  dii-on  ,  armé  en  guerre  sans  commission 
el  sans  autorisation  de  son  gouvernement  ;  il  était 
monte  de  dix  canons  de  différens  calibres  ;  on  y  a 
trouvé  de  la  mousquéterie  et  des  munitions  de  guerre. 

Les  capturés  répondent  que  leur  navire  ,  ex- 
pédié pour  l'Inde,  était  armé  pour  sa  propre 
dcfense  ,  et  que  les  munitions  de  guerre  ,  U 
mousquéterie  et  le  nombre  des  canons  qui  com- 
posaient l'armement  ,  n'excédaient  point  ce  qui 
est.  d'usage  en  pareil  cas ,  pour  des  voyages  de 
long  cours. 

Quant  à  moi  ,  je  pense  qu'il  ne  suffit  pas  d'avoir 
ou  de  porter  des  armes  pour  mériter  le  reproche 
d'être  armé  en  guerre. 

L'armemtnt  en  guerre  est  une  disposition  pure- 
ment offensive.  Il  se  vérifie  lorsqu'on  n'a  d'autre 
but  ,  dans  cet  armement ,  que  celui  de  l'attaque  , 
ou  du  moins  lorsque  tout  annonce  que  tef  est 
le  but  principal  de  l'entreprise  ;  alors  on  est  ré- 
puté ennemi  ou  pirate  ,  si  l'on  n'est  porteur  d'une 
mission  ,  ou  d'un   titre  capable  d'écarter  tous  les 


des  manifestes  de  la  cargaison  ,  des  dix-sept  con 
paissemens  de  piastres  ,  et  de   la  destination  au-  1 
ihentique  pour  la  Chiue.  ] 

Pourquoi  ledit  Henry  L. 'Waddell  a  demandé 
que  la  prise  du  navire  américain  le  Pegou  fût 
déclarée  nulle  et  de  nul  effet  ,  que  ce  bâtiment 
iût  rétabli  dans  l'état  où  il  était  lors  de  la 
capture  ,  et  mis  dans  le  cas  de  reprendre  de 
suite  la  mer  ,  que  la  main-levée  fût  faite  dudit 
navire,  de  toute  sa  cargaison,  et  des  iSo.gig 
piasues  qui  en  fesaient  partie  ,  que  la  remise 
ie  tous  les  papiers  de  bord  fût  ordonnée  ,  et 
■que,  pour  les  pertes  éprouvées  par  suite  d'une 
■capture  illégale  ,  et  d'un  séjour  forcé  en  France, 
idepuis  dix-sept  mois  .  il  fût  accordé  tels  dom- 
mages et  intérêts  qu'il  appartiendra,  confor- 
mément à  l'article  XIII  du  règlement  du  26 
juillet  1778. 

■Conclusions  du  commissaire  du  gouvernement. 
Vu  les  conclusions   du  commissaire  du  gou- 


Mais  la  défense  est  de  droit  naturel,  et  les 
moyens  de  défense  sont  légitimes  dans  les  voyages 
de  mer,  comme  dans  toutes  les  autres  occurences 
périlleuses  de  la  vie. 

Un  navire  composé  d'un  équipage  peu  nom- 
breux ,  et  dont  le  chargement  eu  marchandises 
s'élevait  à  une  somme  considérable  ,  était  évidem- 
ment destiné  au  commerce  et  non  à  la  guerre. 

Les  armes  trouvées  à  bord  dans  ce  navire 
étaient  ,  non  pour  exe.rcer  des  rapines  et  des 
hostilités,  mais  pour  les  prévenir  ,  non  pour  atta- 
quer ,  mais  pour  se. défendre. 

Le  prétexte  de  l'atmemeiiit.  en  guerre  ne  saurait 
donc  me  paraître  fondé. 

Je  passe  à  l'examen  du  second  reproche  fait 
aiix  capturés  sur /«  défaut  d'un  râlé' d'équipage  ar- 
rêté par  Us    ojjkievs  pichlics  du  lieu  du  départ, 

(i)  An.  IV  et  V  du  titre  des  piises  ,  de  l'ordon- 
nance  de  la  marine  de  tiàSl. 


Pour  soutenir  la  validité  de  la  prise  ,  on  invo- 
que le  règlement  du  21  octobre  1744,  celui  du 
26  juillet  1778  ,  et  l  .iirèlé  du  directoire  du  12 
ventôse  an  5,  qui  exigent  un  rôle  d'équipage. 

Les  capturés  réclament,  de  leur  côté,  le  traité 
de  commerce  conclu  entre  la  France  et  les  Etats- 
Unis  d'Amérique  ,  le  6  février  1778  ;  ils  soutien- 
nent que  des  réglemens  généraux  n'ont  pu  déro- 
ger à  un  traité  particulier  ,  et  que  le  directoire 
n'a  pu  enlieindre  ce  traité  par  une  volonté  ar- 
bitraire. 

Je  ne  crois  pas  nécessaire  d'entrer  sur  cet 
objet  dans  toutes  les  questions  agitées;  je  sais 
qu'en  général  les  conventions  ,  entre  les  peuples , 
doivent  être  fidèlement  gardéts.  Mais  je  sais 
aussi  que  n'y  ayant  poinl.de  tribunal  commun 
auquel  les  nations  diverses  puissent  porter  leUrs 
plaintes  respectives  ,  et  y  dénoncer  les  violations 
des  traités  ,  chaque  gouvernement  qui  croit  avoir 
à  se  plaindre  d  un  autre  gouvernement ,  voisin  , 
neutre  ou  allié,  est  autorisé  à  demeurer  juge 
dans  sa  propre  cause  ,  et  à  prendre  telles  mesure» 
qu'il  croit  utiles  à  sa  sûreté.  Il  serait  donc  ab- 
surde et  dangereux  de  déterminer,  en  thèse,  ce- 
qu'iin  gouvernement  peut  et  ne  peut  pas  ,  quand 
il  agit  pour  le  soin  de  sa  conservation. 

Il  est  certain  en  point  de  fait  que  les  réglemens 
de  1744  ^'  '^s  1778,  et  l'arrêté  du  diiectoire, 
exigent  un  rôle  d'équipage,  arrêté  par  les  offi- 
ciers publics  du  lieu  du  départ.  C'est  un  autre 
fait  que  le  lôle  d  éciuipage  n'est  point  énoncé 
dans  le  traité  du  6  février  1778,  entre  la  France  et 
les  Etats-Unis  d'Amérique  ,  parmi  les  pièces 
requises  pour  constater  la  neutralité.  Mais  je  ne 
crois  pas  avoir  besoin  d'examiner,  si  le  traité 
doit  avoir  plus  de  forcf  que  les  réglemens  ,  ou  si 
les  réglemens  doivent  prévaloir  sur  le  traité. 

Je  pars  du  principe  que  toutes  les  questions 
de  neutralité  sont,  ce  qu'on  appelle  endroit, 
des  questions  de  bonne  foi  ,  dans  lesquelles  il 
faut  avoir  égard  au  fond  même  des  choses  ,  et 
peser  les  faits ,  sans  s'arrêtera  de  vaines  apparences. 
La  ueutralité  doit  être  prouvée  :  de  là  l'ordon- 
nance de  la  marine  de  16S1  ,  titre  des  prises  , 
art.  VI  ,  porte  :  )>  seront  de  bonne  prise  les  vais- 
seaux avec  leur  chargement ,  dans  lestjuels  il  ne; 
sera  trouvé  chartes-parties,  connaissemens  ,  ni 
factures,  ii 

C'est  d'après  le  même  point  de  vue  que  les 
réglemens  de  1744  et  1778  soumettent  les  maîtres; 
des  bâtimens  neutres  à  justifier  sur  mer  de  leur 
propriété  neutre  ,  par  des  passeports  ,  connais- 
semens ,    factures  et  autres  papiers  de  bord. 

Le  règlement  de  1744  dont  les  dispositions  ont 
été  reproduites  par  l'arrêté  du  directoire,  énonce 
littéralement  parmi  les  pièces  requises  pour  I4 
preuve  de  la  propriété  neutre  ,  un  rôle  d'équipags 
en  bonne   et  due  forme. 

Mais  ce  serait  une  erreur  de  croire  que  le  dé^ 
faut  d'une  seule  de  ces  pièces  ,  ou  la  moindre 
irrégularité  dans  l'une  d'elles  ,  pût  faire  pro- 
noncer la  validité  d  une  prise. 

Quelquefois  des  pièces  en  forme  cachent  uti 
ennemi  que  d'autres  circonstances  déraascfuent. 
Dans  d'autres  occasions  ,  le  caractère  de  neu- 
tralité perce  à  travers  des  omissions  ou  des  irré- 
gularités de  forme  qui  proviennent  d'une  simple 
négligence  ,  ou  qui  sont  fondées  sur  des  motifs, 
étrangers  à  toute,  fraude. 

II  faut  aller  au  vrai  ,  et  dans  ces  matières  , 
comme  dans  toutes  celles  qui  sont  régi. s  ,  non, 
par  des  formules  sacramentelles  ou  de  rigueur  , 
mais  par  des  principes  de  bonne  foi  ,  il  faut  dire 
avec  la  loi  ,  que  de  simples  omissions  ou  de  sim- 
ples irrégularités  déforme  ne  sauraient  nuire  à  la 
vérité,  si  d'ailleurs  elle  est  constatée.  Et  si  atiquid 
ex  solemnibus  deficiat,  cùm  tequitas  poscit,  subvenien- 
dum  est. 

Aussi  le  règlement  du  26  juillet  1778,  art.  II, 
après  avoir  dit  que  les  maîtres  des  bâtimens  neu- 
tres seront  tenus  de  justifier  sur  mer  de  leur 
propriété  neutre,  par  les  passeports  ,  connaisse- 
mens ,  factures  et  autres  pièces  de  bord,  ajoute  : 
l'une  desquelles  au  moins  constatera  la  pro- 
priété neutre  ,  ou  en  contiendra  une  ènonciatign 
précise. 

Il  ne  s'agit  donc  pas  dans  toutes  les  hypothèses 
de  justifier  de  la  propriété  neutre  par  le  concours 
simultané  de  toutes  les  pièces  ènumérées  dans 
les  réglemens.  Mais  il  suffit,  selon  les  circons-' 
tances ,  que  l'une  d'elles  constate  cette  pro- 
priété ,  SI  elle  n'est  contredite  ou  combattue 
par  des  circonstances  plus  déci.iives. 

L'essentiel  ,  en  toute  occasion  ,  est  que  le 
juge  puisse  être  raisonnablement  cpnyaincu,  que 
la  propriété  est  neutre  ou  qu'elle  ne  l'est  pas. 
N'importe  que ,  selon  les  cas  ,  le  législateur 
ait  cru  devoir  recommander  plus  particulière- 
ment la  représentation  de  certaines  pièces  ,  et 
qu'il  ait  paru  appliquer  la  déclaration  de  bonne 
prise  à  tout  navire  dont  le  maître  ne  peut  ex- 
hiber ces  pièces  ;  cette  sévérité  du  législateur 
n'est  et  ne  peut  jamis  être  que  comminatoire. 
Elle  demeure  toujours  subordonnée  à  l'ensembls 
des  circonstances  qui  seul  peut  opérer  la  con» 
yiction. 


1183 


Nous  avons  un  exemple  de  ce  que  j'établis 
dans  Tarlicle  VI  Ju  règlement  du  21  octobre 
1744,  Par  cet  article  le  législateur  rjeiit  qite  tojit 
vaisseau  pris  ,  de  qvelrjne  nation  qu'il  soit ,  neutre, 
ennemi  ou  allié  ,  duquel  il  sera  constaté  qu'il  y  a 
eu  des  papiers  jetés  à  ta  mer  ,  soit  déclaré  de 
borine  prise  ,  avec  sa  cargaison  ,  sur  la  seule  preuve 
constatante  des  papiers  jetés  à  la  vier.  Rien  de 
plus  locmel. 

Dans  ces  derniers  teras  ,  des  difficultés  s'éleve- 
tent  sur  la  manière  d'exécuter  celte  dispositson 
rigoureuse  qui  avait  été  renouvelée  par  le  rè- 
glement de   1778. 

Le  i3  novembre  1779, ^le  roi. écrivit  à  l'amiral 
qu'il  s'en  remettait  entièrement  à  lui  et  aux  com- 
missaires du  conseil  des  prises  ,  d'appliquer  la  ri- 
rigueur  des  ordonnances  et  du  règlement  du  16 
juillet ,  ou  d'en  modifier  les  dispositions  ,  selon 
que  les  circonstances  particulières  leur  paraîtraienl 
îesiger 

Un  arrêt  du  conseil  du  27  décembre  mêriie 
année  .  intervenu  entre  Pierre  Brandebourg  , 
ca|.'itaine  du  navire  suédois  la  Fortune,  et  le 
sieur  de  la  Roque  Dourdan  ,  commandant  le 
chébec  du  roi  le  Renard  ,  relâcha  la  prise  de  ce 
navire  ,  malgré  la  circonstance  d'un  jet  de  papier 
à  la  mer.  Il  décida  qu'il  fallait ,  pour  que  le  jet 
des  papiers  à  la  mer  emportât  la  confiscation , 
qu'ils  fussent  de  nature  à  donner  des  ■  preuves  dune 
propriété  ennemie  ,  et  que,  le  capita'me  eût  intérêt 
à  jetter  ses  papiers  à  la  mer  ,  ce  qui  ne  se  trou- 
'vait  pas  dauS  l'espèce   du  capitaine  suédois.  (  l  ). 

Le  grand  principe  est  donc  de  se  déterminer 
par  la  vérité  des  choses. 

La  propriété  neutre  doit  être  prouvée  ,  mais  elle 
'  peut  l'être  malgré  l'omission  ou  l'irrégularité  de 
quelques' formes.  D'autre  part  on  peut  découvrir 
la  fraude  quoiqu'on  ait  entrepris  de  la  cacher 
sous  des  apparences  trompeuses.  On  doit  mettre 
à  l'écait  toutes  les  épines  et  toutes  les  subtilités  du 
droit  ,  suivant  l'expression  énergique  d'une  an- 
cienne ordonnance  (2)  ,  il  faut  procéder  par  borne 
et  mure  délibération  ,  et  y  regarder  par  la  conscience. 

A  quoi  seiviraient  les  déclarations  ,  les  interro- 
gatoires, les  informaiions  qui  ont  eu  lieu  dans 
les  premiers  moraens  oià  une  prise  est  amenée,  si 
lout  se  léduisait  à  l'examen  matériel  des  pièces  , 
ii  le  devoir  du  juge  n'était  pas  d'approfondir 
les  objets  ,  el  si  les  parties  n'avaient  pas  le  droit 
d'expliquer,  par  leurs  déclarations  et  par  leurs 
réponses  ,  les  faits  qui  peuvent  être  obscurs;  ou 
de  suppléer,  par  une  jusiificaiion  déiaillèe,  aux 
pièces  qu'elles  ont  été  dans  l'impossibiliié  de 
rapporter,  ou  dont  l'omission  n'est  que  l'cfFct  de 
circonstances  plus  ou  moins  impérieuses. 

Dans  la  cause  actuelle  ,  sans  examiner  si  les 
capitaines  américains  sont  ou  ne  sont  pas  tenus 
d'exhiber  un  rôle  d'équipage  arrêié  par  les  offi- 
ciers publics  du  lieu  du  départ  ,  j'observe  que  ce 
rôle  est  suppléé  par  le  passeport  ,  et  que  les 
capturés  excipent  de  limpoisibiliié  physique  où 
ils  ont  été  de  faire  viser  leur  rôle  déquipage 
par  les  officiers  publics  de  Philadelphie  ,  puis- 
qu'il était  défendu,  sous  peine  de  mort,  de 
communiquer  avec  Philadelphie  oii  régnait  la 
plus  terrible  des  épidémies  ,  el  qu  aucun  mate- 
lot ou  officier  d'un  navire  où  ce  fléau  s'était 
manifesté  ,  ne  pouvait  communiquer  avec  la 
terre.  J'ajoute  que  le  passeport,  les  connaisse- 
mens  et  tous  les  papiers  de  bord  constatent  , 
d'une  manière  évidente  ,  la  propriété  neutre  du 
navire  et  de  sa  cargaison  ;  on  n  a  même  jamais 
osé  censurer  aucune  de  ces  pièces. 

Tout  ce  que  l'on  peut  conclure  de  ce  que  le 
rôle  d'équipage  ,  dont  l'exhibition  est  faite  ,  n'a 
poiivl  été  arrêié  par  les  officiers  publies  du  lieu  du 
départ,  est  que  celle  pièce  est  nulle  et  de  nul 
tjjet,  pour  la  preuve  du  fait  de  neuiralitè  ,  aux 
termes  du  règlement  du  26  juillet  1778.  Mais  si 
d'autres  pièces  probanles  et  légulieres  constatent 
\t  même  fait,  cl  si-  ces  picces  ne  sont  contrariées 
par  aucune  présomption  de  laude ,  le  caractère  de 
neutralilé  ne  peut  alors  être,mécnnnu  par  le  juge  5 
c'esj  ce  <yci  .se  véniie  dans  l'hypoihese  urcsen  e  où 
ion  se  prévaut  de  limpossibilîteTliiiis  Ta<)u'elte  oii 
a  été  de  lliic  ariêîer  le  rôle  d  équipage  ,  oij  con- 
sé'juciDnjciit  aucune  piesompnon  de  fraude  ne 
peut  na'iiie  de  ce  délaiii  JB)loe«i't  et  forcé  ,  et. où 
touiesle»  auires  circonstances  suppléent  çlfi.Q^çç'f 
ment  à  ce  qui  manque.  1      .  .,,.■,,, 

L'invalidité  de  la  prije  est  clpijc  évidente  ^;Ciela 
posé,  il  suit  que  l'on  doit  ,iiq8iiipep  aux  capturés, 
<:t>  natuieou  par  équivalent  ,    tpim  <je  qvu  p,i;i  .leut 

jiQuatit.ft  leur  cJeiTçande  ,  etj.  dommages  et  int^- 
rêis  ,  je  dois  faire  rcroatquer.  çji  piii^cipe  ,  q,\jo 
Injustice  d'une  pareille  derni^rrda  p/es.i  p.asj. tou- 
jours une  conséquence  nécessaire  de  l'inviiliJjté 
tccorinue  ije  la  piise.    .,  '  ,'' 

\^."  ''  '  '  ià  '^i!i/«  danfxiri.'   '    ^ 

(i)  Nouveau  code  des  prises",  tutn.  2  ,  pu. 
1.69..   (70..Ç.I W-  .        

(s)  Ordonnance  du  7  décembre  1400,  art. 
6,  lur  le  (<tit  de  I  amicauici  .    : 


Troisième    liste 

des  souscripteurs  pour  le  monument  à   élever  à  la 
mémoire  du  général  Desaix. 
Montant  des  deitx  premières  listes,     72C6fr. 
Madame  Bonapaite, 
Bourienne,  secrétaire  du  premier  consul, 

Brillât-Savarin  ,  juge  au  tribunal  de  cas- 
sation , 

Un  anonyme  , 

Thevenard  ,  vice-amiral,  rue  de  la  Mag- 
deleiiie-Honoré  ,  n"l07t, 

Paira,  rue  Neuve-des-Augustins,  n"  739, 

Lanfrey  ,  rue  Neuve-Grange-Bateliere, 
n°7,     , 

'Villeneuve  (de  Lyon  ), 

B.  L.  Texier,  rue  Saint-Lazare  ,  n°  80  , 

B.  J.  CabarrUs ,  rue  de  la  Révolution,  n°  6 
et  27 , 

Ch.  Jean-'VictorDumouchel,  idem  ,idem, 
J.  Hecamier  ,    banquier  ,  rue  du  Mail  , 
Jubié  Basterreche  et  comp'  ,  banquiers  , 
Reynaud   Lascours,    ancien   militaire  ,  à 
OrléiJns  , 

L.  J.  Focard  ,   au   château  de  Lannoy , 

près  Lille  , 

Malus ,  inspecteur-général    aux   revues, 

rue  Bouthetot ,  ■ 
Dufsur  ,  père  ,  à  Nogent-sur-Seine  , 
Les  propriétaires  du  Puhliciste  ,   rue   des 

Moineaux  , 

Bouchet,  général  de  division  ,    arme  du 

génie, 
Raymond',  membre  de  l'institut  national, 

du    conseil   d'administration    centrale 

dçs  arts  ,  rue  du  Roule,  n°  203  , 
Aubin  -  Louis    MiUin,  conservateur   des 

médailles,  pierres  gravées  et  antiques, 

à  la  bibliothèque  nationale  , 
Luzy  ,   directeur   des    fortifications  ,    à 

Bruxelles  ,  . 
Perrégaux  ,  sénateur,  rue  du  Montblanc  , 
Parizet  ,  rue  "de  la  ferme  des  Mathurins  , 


3oo 
1 20 

24 
24 

24 
100 

24 
24 
24 

24 

24 

i5o 

i5o 

3o 

24 

24 

24 
60 

3o 

«4 

24 
120 

24 

s5 

36 

«4 
24 

«4 

«4 

«4 

24 
.5° 

24 

«4 


Madame  Pourrat ,  rue  de  la  ferme  des 
Malhurins,  n°  858, 

Les  employés  du  bureau  des  équipages 
militaires  du  département  de  la  guerre, 

Durand  ,  chef  de  division  aux  relations 
extérieures  , 

Le  général  Daboville  ,  à  l'arsenal  , 

Madame  Conté  ,  pour  son  mari  ,  chef  de 
brigade,  directeur  de  l'école  aérosta- 
tique, actuellement  en  Egypte, 

Delaunoy  ,  capitaine  d'aérostiers  , 

Raguideau  ,  notaire  ,  membre  du  con- 
seil gértèral  du  départemerit  de  la 
Seine  , 

Golbery  ,  directeur  de  l'enregistrement 
et  des  domaines  nation. ,  à  Coblentz  , 

Le  préfet  du  département  de  la  Seine, 

Meizgcr ,  membre  du  corps -législatif, 
rue  du  Bacq  ; 

Rougier-dc-Labergerie ,  préfet  de  l'Yoniie, 

Forié,  administrateui:  des  posiea,  ^)  jiptçl 

des  postes  ,  ,      /  ,i( 

Les  employés  du  conseil-d'état,   ''     "    : 
Jollivet,  conseiller-d'état, 
Dèfermont  ,  idem, 
Duchâiel ,  idem  , 
Régnier  ,  idem  , 
Dirbois,  idem  ,     . 
Devaisnes  ,  idem  , 
Eouiay   (de  la  Meurthe  )  ,  idem-, 
Emmerï  ,.  idem , 
hether ,  idem  , 
Locrè,   secrétaire  du    çonsell-d'ètat ',  .' 

Le  général  dei  division  d'artUlerie  ,  An- 
dieossy  ,    .  .. ._ 

Madame'  la  Pérôiise  ,    femme    du   chef 

d'escadre  de  ce  nom  à   Vincennes,  -  ■'■■ 

Rioulfê  ,  inembre   dai   tribunat ,' rUB' -d.îa'9-'^  "*  ' 
laFcrme-des-Mathuriins  ,     •     ■"■i--'  -':'v;  i  ij^ 

Depillon  ,    con&eiller    de   préfecture ''4''*'.'^'^ 

L.    Alexandre   Armand    Geneau  ,r,.,  .,,,,}; 
Moiicrai  RialncoiJrt,    nJ.^ite   de   PoiasoM^i 

dcpartcmeiii  de  la  Haute-Marne,,  .I.i!.vb4 
Hercule  Couiiy,  adjoint  à  4  é'3'"niajor 
"Vlé'  ia  i7«:divlsi(jn'  tiiiliiaiffe  ,  '  ""^*', '''  '■  '  ii 
Mathieu  ,' aj^èal  forestier  à  Qdmpiogne.  '"  sS", 
Mailiicu  ,  ingénieur  à  Lib.ourne ,,.  ,  1  .i,./»5 
Mathieu  ,  marchand  teinturier  a 
-  -Amiens  ,  -ïS 


■m 


Ci-contre gSaa 

Mathieu   ,      tribun  ,      rue     du    Bacq   , 

n"   558  ,  25 

Ledanois.  ex-législateur,  rue  du  fau- 
bourg   Honoré,   n"   84  ,  24 

Cavaignac  ,    régisseur  de    l'octroi  ,     rue 

du    Bouloy  ,  n"  ,  56  ,  ■  ■   «4 

Ch.  Irabonati,  milanais,  rue  du  Mont- 
Blanc,   maison  Mirabeau,   n"  61  ,  24 

Salier,  fils,  et  Delarue  ,  place  Vendôme, 

n"   5  ,  100 

Trouvé,   membre   du  tribunat ,  24 

Treuttel  et  'Wurtz  ,  libraires  de  Stras- 
bourg ,  établis  à  Paris  ,  quai  Voltaire  , 
n°  2 ,  ,     ,  24 

Laquiante  ,  administrateur  du  trésor 
public,  tue  de  la  loi,  \is-à-vis  la 
fontaine  ,  *4 

Cornuau  ,  employé  à  la  trésorerie  ,  rue 

de  Provence  ,   n"  8 ,  24 

F.    G.     Billard,     homme    de     loi,     ci-  ' 

devant  juge  au  tribunal  de  la   Haute-         ;  -, 
Saône  actuellement  à  Paris,  rue  neuve 
des  Petits-Champs ,  n°  7  ,  *4 

Lemonnier,-  adrainisiraleur    du    trésor 

public  ,    rue   Martel  ,  n°  1 1  ,  24 

P.  Poya,  juge  du  tribunal   d'appel  séant 

à  Bourges  ,  rue   de  la  Cage-verte  ,  36 

Chauvelin  ,  rue  Saint -Lazare  ,  n°   55  ,  5o 

Sanson  ,  rue  du  Faubourg  du  Temple  , 
n"  I , 

Darcet,  membre  du  sénat-conservateur, 
hôtel  des  monnaies  , 

Joachim  le  Breton,  tribun,  hôtel  des 
monnaies. 

Un    anonyme  , 

Ph.J.Jos.  Lagau,rue  Colbert,  n»  283. 

Moreau-de-Saint-Mery  ,  rue  Jacob,  près 
celle  Benoît , 

Redon,  conseiller-d'Elat  et  président  du 
conseil  des  prises,    ' 

Niou  ,  membre   du  conseil  des  prises , 

Lacoste,  idem, 

Moreau  (de  l'Yonrie] ,  idem  , 

Moniigny-Moniplaisir  ^  idem, 

Barennes  ,   idem  , 

J.  Marie  DufFaut,  idem, 

Parcéval-Grandmaison  ,  idem, 

Tournachon  ,  idem, 

Calraelet ,  secrétaire-général  du  conseil 
des  prises, 

André  Sain.  Bois-le-comte,  ancien  offi- 
cier au  régiment  de  Bretagne,  ami  et 
caniarade  de  Desaix,  demeurant  à. 
Amboise, 

Légler.  membre  du  tribunat  ,  rue  Neuve 
Roch  .  n°  4.52  ,  .  , 

Cliasset,  membre  du  sénat  conseivateuF'^ 

Roger-Ducos  ,  idem  ,. 

Hatry ,   idem  , 

LeiTiercier  ,  idem, 

Davous ,  idem  ,  - 

Dubois-Diibay  ,  î'ifêm  ,        •' 

Resnier  ,  idem  ,  f 

Levavasseur  ,  idem  ,  • 

Jacqueminot,   idem,  '■ 

Beaupuy  ,  idem  ,,  . 

Depere  ,  idem  ,  \ 

Kellermann  .  ide7n  , 

Garran-Coulon  ,   idem, 

Cornudet  ,    idem , 

Bougainville ,   idem , 

Fargues  ,  idem, 

Vimar ,  idem  ,  ;' 

Cabanis  ,   idem  ,  ; 

Cousin  ,  idem, 

Villetard  ,  i  dem. 

Sers,  idem  ,  ". 

iJournu-Aubert ,  !i«nt ,       ' 
1  Vieil ,   idem  ^'-  •■''""  ^'' 
Porcher,    idem, 
Peié  ,  idem  , 
;  Rousseau  ,  idem, 

Morard-Degalle ,   idem,    .  '"i^ 

Serrurier,  idem,  "  ,     ;  "       '  si' .I 

Cazabianca  ,  idem,  .';ni?4iH 

Lagrange  ,  idem,  s4-r 

Herwin,  idem,     „.  ,.„j,„y,,    ,,al!.:.;o    ijl   l'g^  ' 
Laville-Leroux-,   idmU  '8l  tl  sb  sb  ioii:ni|j:*4| 
L3mbi'echisV'«i(!f'rt,  .-.■.■■.L..,  f,,^^ 

Dcstutte-Trncy  ,   idem,  24 

Choiseul-Praslin  ,   idem  ,  24 

Lcjean  (  Lazare  )  ,-  idem,  24 

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11! 


De  l'autre  pari 11282 


Lanjuinais ,  idem  , 
Sieyes,  idem  , 
Pleville-Lepeley  ,  idem. 
Lenoir-Laroche  ,  idem. 
Dizès  ,   idern. 
Volney  ,   idem. 
Creuzc-Laiouche,   idem. 
Cauchy,  sectét. -gén.  du  sénat-conservat. 
Alphonse  Gary,  secréiaire  -  général  ,  ad- 
joint et  trésorier  du  sénat-conservateur. 
Jarry-Massey  ,  sous-prélet  de  l'arrondis- 
sement de  Corapiegne. 
Cipuzet  ,  membre    associé   de    l'institut 
national  et  directeur  de  l'école  nation. 
de  Compiegne. 
Passay ,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées, 

rue  de  Tracy  ,  n"  14. 
Les  officiers  composant  l'état-major  de  la 

17°  division  militaire.  Savoir  : 
Mortier,   général  en  chef. 
Bei;thier  ,  général  de  brigade 

chef  de  l'état-major , 
Daubigny. 
Lucotie. 
Simon. 

Menprd,]  sous-chef  de 
Matllis.  l'état-major. 
Borrel. 

Lecour-Villiere. 
Rambouillet. 


24 
24 
24 
24 
24 
24 

24 

24 


24 


24 


24 


gen. 
de 
brig. 


adjud. 
génér. 


96 


72 


108 


i68 


chefs 
de  brig. 


chefs 
de  bat.     36o 


chefs 
'  d'escad. 


7î 


Evrard. 

Champeaux. 

Darsonval. 

Beekier. 

Lebon. 

Gonnord. 

TWery. 

Blondeau. 

Habert. 

Laserre. 

Mariincourt. 

Bouchard. 

Jodon. 

Billard. 

B'acchiochi. 

Soulier. 

Ledoux. 

Pouget. 

Delosme. 

Simon. 

Lespinasse. 

Ârnoult. 

Gault. 

Zenardy. 

Langenhagen. 

Pauchçt. 

Marcotte. 

D<ùguiIlon. 

Ditrand. 

Fanneau. 

Poutrel. 

UUiac. 

Gitiardelle. 

Pelletier. 

Av.y. 

Maillez. 

Deschassey. 

Perron. 

Noël. 

Michal. 

Labassée. 

TriiH. 

Lesajivage. 

D^çhamps  -Laporte. 

Ailgias. 

Baîlly. 

Monistrol. 

Revest, 

Bitry. 

Picot. 

Dodun. 

Courtois. 

Leliîaire. 

Bellaire. 

Gàtiiier. 

Periiet. 

Asta'nieres. 

Lagrave. 

Boisserolles. 

Ct^urty. 

Ëstancelia. 

Bdé: 

HiilHnet. 

Total  de  la  somme  souscrite 
pit  les    officiers    composant 

î'état-major  de  de  la  16' divi-' î-"  — 

^isn  militaire.  I26p 


capit.  364 


lieutcn.  34 


sous- 
lieuten. 


18 


1260 

i283o 


Ci-contre laSSo 

Andres  Vareze  ,  ex-agent  maritime  des 

îles  du  Levant,  rue  Honoré  ,  n°  1497  ,         24 

Coriolis,  homme  de  lettres,  rue  Honoré, 

n°  85  ,  24 

Petineau  ,  l'aîné,   à  la  manufacture  des 

toiles  peintes  ,  à  Jouy  ,  prés  Versailles ,         24 

Faipoult,  préfet  du  département  de  1  Es- 
caut, à  Gand  ,  24 

Espercieux  ,  sculpteur  ,  rue  du  Pot-de- 

Fer  ,  au  noviciat  des  jésuites ,  24 

Guignet  ,  architecte  ,   au  Palais  national 

des  sciences  et  arts  ,  24 

Hurteaux,  architecte,  rue  Pelletier,  n°  ig,         24 

Detournelle,  architecte  ,  rue  de  la  Ro- 
quette ,  n°  42  ,  24 

Bienairaé,  architecte,  rue  de  l'Echiquier, 

n"  2  24 

Cleau  ,  étudiant  en  médecine,  rue  Mouf- 

fetard  ,  n°  343  ,  18 

Baud ,  ancien  capitaine,  rue  Coqueron  , 

n^SS,  24 

Paul  Delessert ,  d°.  24 

Lefebvre- ChaufFrey,  rue  Montmartre, 

n°  2 ,  24 

Blanc,  à  Besançon,  24 

Joseph  Pejau  ,  commandant  la  place  de 

Scheleslatt  ,  24 

Louis-Auguste  Catnus-Richemont  ,  capi- 
taine de  génie  ,   détenu  prisonnier  de     , 
guerre    aux    Sept-Tours   à  Conîianii- 
nople  ,  camarade  et  ami  de  Desaix  ,  24 

Jean-Toussaint   Camus,  père,  à  l'Aigle  ,         24 

Thiebault ,  payeur  de  la  guerre  de  la  16^ 

division  militaire  à  Arras  ,  24 

Les  employés  du  bureau  de  l'immobilier 
des  domaines  nationaux,  de  la  préfec- 
ture du  département  de  la  Seine  ,  40 

Joseph  Turot,  ex-secrétaire-général  du 
ministère  de  la  police,  rue  de  l'Echi- 
quier ,  n"  33 ,  36 

Les  élevés  de  l'école  polytechnique,  400 

Zangiacomi  ,  juge  au  tribunal  de  cassa- 
tion ,  rue  de  Vaugirard,  n°  1348  ,  24 

Pie Bonelli ,  ex-duc  romain  ,   réfugié,  24 

Rigault ,   secrétaire  -  général    du    dépôt 

de  la  guerre  ,  24 

Delarue  ,  général  de  brigade ,  comman- 
dant la  subdivision  de  la  Sarthe  ,  24 

Martelliere  ,  commissaire  -  ordonnateur 
de  la  5'  division  militaire  ,  à  Stras- 
bourg ,  24 

Sigismond  Billing  ,  ancien  commissaire 
des  guerres  à  l'armée  du  Rhin,  rue  des 
Filles-Saint-Thomas  ,  n°  64  ,  24 

Les  citoyens  Bonnafoux,  Baron  ,  Jouf- 
freau,  Ricard,  Plessis.  Rouzier,  Agard  , 
Henri  Ramel,  Ri  viere,Galy,  professeurs 
et  bibliothécaires  de  l'école  centrale  du 
Lot  ,  à  Cahors ,  5o 

Micas,  général  de  division,  àNamur,  24 

Les  employés  du  bureau  de  l'état-civil  et 
militaire  de  l'armée  (  ministère  de  la 
guerre  )  ,  24 

Buisseret  .    commissaire    des    guerres  à 

Bfuxelles  ,  24 

Le  général  Mathieu  Dumas ,  à  Dijon  ,  5o 

Le  général  Lafayette  ,  5o 

Laiour-Maubourg  ,  5o 

J.  J.  Alexandre  ,  cultivateur-propriétaire  , 
au  Pont-de-l'Arche  ,  département  de 
lEure  ,  12 

J.J.Alexandre,  fils,  lieutenant  au  6'  régi- 
ment de  chasseurs  à  cheval ,  armée 
dti  Rhin  ,  ig 


Total  jusqu'à  ce  jour 141I72  f- 

Plusieurs  personnes  des  départemens  et  des 
armées  ayant  létooigné  l'envie  de  prendre  part  à 
la  souscription  ,  elle  restera  ouverte  pendant  le 
mois  de  thermidor  ;  on  y  indiquera  ,  en  publiant 
les  listes  Suivantes ,  le  jour  et  le  heu  où  se  tiendra 
l'assemblée  pour  nommer  le  comité. 

On  contjiiue, à  recevoir  les  souscriptions  : 

Au  Lycée  républicain,  passage  du  Lycée  ,  près 
le  iribunat.    •  ,  , 

Au  bureau  du  Moniteur,  riie  des  Poitevins. 

Au  bureau  du  Journal  de  Paris  ,  rue  Jean- 
Jacqijes  Rousseau. 

Au  cercle  des  négocians ,  rue  de  la  Loi ,  près  le 
Boulevard.    . 

ERRATA. 

Dans  la  seconde  liste  ,  on  a  répété  par  erreur 
deux  fois  le  nom  de  Grillon-,  il  faut  lire  :  Grillon  , 
ancien  colonel  du  régiment  de  Bretagne  ,  près 
Beauvais ,  pour  48  fr. 


THÉÂTRE    DE   LOPÉR  A  -  COM  1  Q_UE. 

La  vie  du  grand  Frédéric  ,  ses  mémoires  secrets, 
et  les  écrits  des  hommes  de  lettres  accueillis  à 
Berlin  ,  et  réunis  à  Sans-Souci  ,  contiennent  une 
loule  d'anecdotes  ,  de  traits  singuliers  et  de  mots 
piquans ,  qui  peignent  ce  philosophe  roi  ,  font 
connaître  son  caractère  ,  la  tournure  de  son 
esprit  ,  l'élévation  de  sl-s  idées,  la  justesse  de  ses 
observations,  ses  habitudes  tamilieres  ,  et  ses 
délassemens  ,  extraordinaires  comme  lui.  On  y 
voit  que  souvent  Fiédéiic  déguisé  sous  l'habit 
d'un  simple  lieutenant  ,  se  plaisait  à  surprendre 
dans  leurs  accès  de  franchise  et  de  gaîié  ,  les 
soldats  dont  il  désirait  connaître  ou  les  sujets 
de  plaintes  ou   les   vœux. 

C  est  une  de  ces  aventures  nocturnes  ,  ascom- 
pagnée  d'une  foule  de  mois  ailiibués  à  Frédéric  , 
que  trois  auteurs  déjà  connus  par  des  succès , 
viennent  de  meure  au  théâtre.  L'intrigue  est 
liée  d'.une  manière  plaisante  ,  la  plupart  des 
scènes  sont  tracées  avec  un  talent  comique -,  nous 
devons  en  excepter  celle  entre  un  grenadier  et  le 
roi  ,  que  ce  soldat  prend  pour  sou  camarade.  On 
y  trouve  des  longueurs  et  quelques  traits  dépla- 
cés ;  mais  le  moyen  par  lequel  Frédéric  reconnaît 
bientôt  ce  grenadier  pour  celui  qui  ,  dans  une 
bataille  ,  lui  a  sauvé  la  vie  .  est  ingénieux,  bien 
lié  à  l'action  ,  et  termine  l'ouvrage  fort  agtéa- 
bleraent.  Le  dialogue  est  vif,  naturel,  semé  de 
traits  plaisans  ;  la  pluspart  des  couplets  sont 
spirituels  et  bien  faits  ;  enfin  ,  c'est  un  vaudeville 
dans  lequel  on  trouve  ,  à  quelques  défauts  près 
qu'il  est  aisé  de  faire  disparaître,  le  ton  et  le  mérite 
d  une  jolie  comédie. 

Un  rôle  épisodique  ,  celui  du  directeur  de 
l'opéra  de  Poizdam  ,  qui  tenant  ,  dit-il  ,  les  rênes 
de  l  administration  ,  vient  demander  la  permis- 
sion de  ne  commencer  qu'à  neuf  heures  du  soir, 
afin  qu'alors  et  seulement  alors ,  on  puisse  jouir  du 
spectacle  sans  se  priver  de  celui  (\aétalenl  Us  ri- 
chesses de  Tan,  etc.  etc.  a  eu  tout  le  succès  qu'on 
pouvait  attendre  d'un  irait  satyrique  dont  on  n'a 
que  trop  senti  l'application.  On  serait  tenié  de  se 
plaindre  de  cet  abus  de  l'esprit,  dégénérant  en 
méchanceté ,  si  on  ne  se  rappelait  que  les  querelles 
de  l'opéra  comique  et  de  l'opéra  ,  de  la  comédie 
française  et  de  la  foire  ,  querelles  qui  amusaient 
beaucoup  le  public  ,  n'ont  pas  pris  naissance  de 
nos  jours,  mais  appartiennent  à  un  tems  oti  la 
véritable  gaîté  avait  de  nombreux  partisans  ,  elT 
comptait  pour  ses  chansonniers  les  Piron  ,  les 
Panard  ,  les  Collé ,  et  les  malins  buveurs  du 
caveau. 

Les  auteurs  d'f/n«  Nuit  de  Frédéric ,  sont  les 
citoyens  Coupigny,  Dieu-la-Foi  etFavieres. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  a  messidor. — Changes  étrangers. 

3o  jours.       à  go  Jours. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid... 

Effectif 

Cadix 

Effectif 

Gênes 

Livourne 


Bâle. 


189 

4  rr.  70  c, 
i4fr.7o  c, 

4  fr.  70  c, 
14  fr.  45  c. 

4  fr.  40  c. 

4  fr,  85  c, 

pair. 


«ÎP- 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 20  fr.  55  c. 

Tiers  consolidé .' 3o  tr.  63  c. 

Bons  deux  tiers 1    fr.  48  c. 

Bons  d'arréragé 88  Ir. 

Bons  pour  l'an  8 83   fr. 

Syndicat 67   fr.   5o  c. 

Coupures •••.   67  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqije  et  des  Arts. 
Demain  ,  par  ordre  du  gouvernement,  spectacle 
gratis.  —  Armide  ,  opéra  en  5  actes. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
Cadichon  ou  les  Bohémiennes  ,  opéra  en  un  acte  , 
suiv.  de   Tulipano. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  maître  Adam  ; 
l'Entrevue  ou  le  Rendez-vous ,  et  Jenesai-Ki  ou  les 
Exaltés  de  Charenton  ,  parodie  de- Beniouski. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Aiij.  relâche. 

Théâtre  de  la  ,Qté-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  le  M'oine  ;  Bientôt  la  paix  ,  et  une  Journée  de 
Latour-d' Auvergne. 


A  fans,  jt  rimprirnerte^  du -cil.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  nS  i3. 


GAZETtE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL 


N° 


294- 


Qjiariidi  ,  24  messidor  an  8  vie  la  république  françaiie  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  auioiibés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   M  O  N  I  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  stf;iuces  des  autorités  constituées  ,  les  acr.-.-s  du  gouvenlemenï ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tan:  sui 
l'intérieiu-  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  atts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ITALIE. 

frocis  '  verbal   de    t  ittstaUalion    du  gouvernement 
proviseire  du  Piémont. 

I  Le  général  Dupbnt,  ministre  extraordinaire  du 
gouvérncmeni  français  à  Turin  .  ayant  convoqué 
les  citoyens  nommés  par  le  général  en  chef  Ber- 
thier ,  pour  composer  la  commission  de'  gouver- 
nement, en  venu  des  arrêlés  du  premier  consul 
Île  là  répiiblique  française  ,  du  4  messidor  an  8, 
a  séance  d  installation  a  eu  lieu  au  palais  Cha- 
blais ,  le  9  messidor,  à  5  heures  après-midi  ,  ert 
présence  du  général  Turreau  ,  commandant  le 
Piémont ,  et  de  son  état-major. 

Le  général  Dupont  a  donné  lecture  des  arrêtés 
du  premier  consul  qui  instituent  un  ministre  extra- 
ordinaire du  gouvernement  français  à  Turin  ,  la 
Commission  de  gouvernement  piémontais  ,  et  la 
consulta.  W  a  donné  éaaleinent  lecture  des  arrêtés 
du  général  en  chef  lîerthier ,  qui  nomment  les 
membres  de  ces  différentes  autorités.  , 

Il  a  ensuite  parlé  en  ces  termes  aux  membres  de 
la  commission  de  gouvernement  : 

Citoyens, 

t(  l.e  conseil  suprême  du  Piémont  est  aboli  ; 
vous  êtes  investis  de  tous  les  pouvoirs  du  gou- 
vernement. 

)>  Vous  êtes  appelés  à  faire  jouir  l'intéressante 
Dation  piémontaisc  de  tous  les  fruits  de  la  vic- 
toire qui  a  enlevé  l'Italie  à  nos  communs  enne- 
mis. Jamais  événemens  militaires  ne  méritèrent 
davantage  de  fixer  les  regards  du  tilOnde  étonné 
que  ceux  dont  votre  territoire  vient  d'être  le 
théâtre.  Ils  rendent  les  plaines  d'Alexandrie  éter^ 
nellement  célèbres,  et  ils  ramènent  dans  vos  belles 
contrées  la  liberté  ,  la  sécurité  et  le  bonheur. 

>»  La  paix  est  sans  doute  prochaine.  Elle  est 
trop  ardemment  désirée  par  le  gouvernement 
français  ,  et  trop  nécessaire  à  l'Autriche  ,  après 
le  choc  terrible  que  cette  puissance  a  essuyé  , 
pour  n'être  pas  enfin  conclue. 

11  Qiiant  an  Piémont  ,  placé  désormais  sous 
l'égide  impénétrable  des  armes  françaises,  il  va 
goâter  ,  dès  ce  moment  ,  une  grande  partie  des 
avantages  de  la  paix. 

»iLe  général  en  chef  Berlhier ,  animé  des  mêthes 
sentimens  que  le  premier  consul,  s'est  empressé 
d'organiser  l'administration  générale  du  Piémont. 
Jl  n'a  voulu  en  confier  les  rênes  qu'à  des  hommes 
doués  des  vertus  publiques  qui  sont  nécessaires 
pour  réparer  les  états  et  les  rendre  florissans. 
Votre  nomination  est  la  preuve  qu'il  les  a  trouvées 
en  vous.  Sa  confiance  est  fondée  sur  la  confiance 
publique  qui  vous  entoure. 

jïje   vais  recevoir  votre  serment.  )) 

Le  citoyen  Cavalli  a  répondu  au  ministre  ex- 
traordinaire ,  au  nom  de  la  commission  ,  et  tous 
Ips  membres  ont  prêté  Serment.  Les  citoyens 
Botton  ,  Galli ,  Rocci  sont  absens. 

Il  a  été  donné  des  ordres  pour  faire  publier 
les  arrêtés  relatifs  à  l'organisation  du  Piémont  , 
ainsi  que  pour  notifier  l'installation  de  son  gou- 
vernement ,  et  la   séance  a   été  levée. 

Turin  ,  le  9  messidor  an  8  de  la  ré'publique 
française  ,  une  et  indivisible. 

Le  ghicrul  de  division,  et  ministre  extraordinaire 
du  gouvernement  français  à  Turin  , 

Signé,  Dupont. 
Pour  expéilition  conforme  , 
Signé,  AvoGADRO   P.;  Baudisson;  Brayda  ; 
Cavalli. 

Signé,  Ceppi  ,  secrétaire. 

Réponse  du  dtoyen  Cavalli,  membre  de  la  commission 
de  gouvernernent  du  Piémont. 

De  malheureuses  circonstances  avaient  jeté 
la  France  et  ses  alliés  dans  l'abîme.  Bonaparte 
parut,  l'horison  «éclaircit,  les  ennemis  de  la 
liberté  pâlirent,  le  génie  de  l'égalité  sourit. 

LItalie  inséparablement  attachée  au  sort  de  sa 
libératrice  ,  géinissail  dans  l'esclavage  le  plus 
affreux  :  tous  les  fléaux  s'étaient  réunis  pour  la 
tourmenter.  Bon  j parte  se  souvint  de  son  serment  ; 
il  vole,  il  voit,  il  anéantit  l'ennemi  ,  et  donne 
au  monde  étonné  I  exemple  le  plus  frappant  d'une 
victoite  nlultipliée. 


Grâces  soient  rendues  ,  citoyen  général  ,  au 
héros  qui  a  rendu  au  peuple  subalpin  ses  droits 
anéantis.  Grâces  soient  rendues  au  fidèle  ami  de 
Bonaparte  qui  a  guidé  la  brave  armée  française 
à  la  victoire  ,  et  qui  a  confié  à  la  iSgesse  et  aux 
talens  de  deux  de  ses  plus  dignes  COmpagnotis 
d'armes,  le  bonheur  et  la  sauvegarde  du  peuple 
piémontais.  Siîr  de  son  existence  politique,  dé- 
livré de  ses  oppresseurs  ,  ce  peuple  ne  soupire 
qu'aptes  l'ordre  ,  la  liberté  et  la  paix.  C'est  en 
voyant  ces  vœux  remplis  qu'il  aura  la  preuve 
que  les  fastes  de  la  république  française  ne  res- 
semblent à  aucuns  de  ceux  dont  l'histoire  fait 
mention. 

Bonheur  pour  les  alliés ,  gloire_  pour  elle^ 
même  ,  voilà  la  devise  de  la  première  nation  ; 
voilà  ses  litres  à  la  reconnaissance  de  l'humanité 
entière.  Quant  à  nous,  sensibles  à  H  marque 
de  confiatice  que  le  général  en  chef  vient  de 
nous  donner  en  rtous  remettant  des  fonctions 
si  importantes  ,  nous  tâcherons  de  mériter  Testime 
de  la  nation  française  et  de  nos  compatriotes. 

G  A  V  A  L  L  I. 
Pour   copie    conforme  , 

AvoGADRo  P. ,  Baudisson  ,  Brayda. 
Cëppi  ,  sectétaire. 

-froàs^verbal  de  la  séànCe  générale  de  la  consulta 
du  Piémont  ;  /«  iS  messidor  an  8  ,  (  ^juillet  1800  , 
vieux  st}te\)  convoquée  au  palais  ci-devant  ro) al , 
par  le  général  de  division  Dupont ,  niinistre  ex- 
traordinaire  du  gouiiernementfrançais ,  et  président 
de  la  consulta. 

Le  ministre  extraordinaire  ,  le  général  com- 
mandantle  Piémont ,  et  les  membres  de  la  consulta 
ayant  pris  place  dans  le  local  préparé  à  cet  eflFet  , 
le  ministre  de  la  police  a  fait  l'appel.,  et  il  s'est 
trouvé  dix-neuf  membres  présens.  La  majorité 
étant  réunie ,  le  ministre  extraordinaire  a  déclaré 
la  consulta  installée. 

Il  a  dorlné  lecture  des  différens  arrêlés  du  pre- 
mier consul  de  la  république  française  et  du  gé- 
néral en  chef  Berthicr  sur  l'orgaaisation  du  gou- 
vernement piémontais ,  et  il  a  ensuite  parlé  en 
ces  termes  : 

■  Citoyens  ,   nlembres  de  la  consulta  , 

))  Vous  devez  à  la  confiance  publique  les  fonc- 
tionsnon  moins  honorables  qu'importantes  dont 
vous  êtes  revêtus.  C'est  elle,  en  effet ,  qui  a  dicté 
au  général  en  chef  Berlhier  l'arrêté  de  votre  no- 
mination :  elle  repose  sur  les  persécutions  glo- 
rieuses que  plusieurs  d'entre  vous  ont  essuyées  , 
et  sur  les  principes  dont  vous  faites  tous  pro- 
fession. 

5>  Arrachés  des  mains  d'un  enncttii  dévastateur, 
le  Piémont  va  ressaisir  tous  les  avantages  que  la 
nature  lui  a  décernés  ;  vous  n'êtes  pas  seulement 
destinés  à  réparer  ses  pertes,  mais  à  le  porter  rapi- 
dement au  plus  haut  degré  de  prospérité.  Rien  ne 
peut  désormais  altérer  le  cours  de  sa  restauration. 
Une  barrière  de  trophées  couvre  son  territoire'  ; 
une  armée  invincible  le  défend  ,  et  c'est  au  sein 
d'une  sécurité  profonde  que  vous  allez  discuter 
les  intérêts  sacrés  qui  vous  sont  confiés. 

)i  La  république  française  respecte  et  protège  les 
droits  de  la  jiation  piémOntaise.  Le  rlouveau  gou- 
vernement qui  vient  d  être  organisé,  en  est  la 
preuve  éclatante.  Le  russe  ,  l'autrichien  ,  l'anglais , 
n'ont  apporté  que  des  désastres  dans  ces  intéres- 
santes contrées;  les  français  y  ramènent  avec  eux 
l'industrie,  le  commerce,  les  arts  elle  crédit 
public  qui  en  est  inséparable. 

0  Après  avoir  participé  aux  opérations  de 
l'armée  qui  a  sauvé  1  Italie  d^,  la  fureuT:.ide  ndi 
communs  ennemis  ,  et  après  avoir  été  témoin  de 
cette  terrible  bataille  ,  où  Bonaparte  a  ébranlé  là 
puissance  autrichienne  ,  rien  ne  pouvait  me  flatter 
davantage  que  de  voir  le  brave  peuple  piémontais 
recueillir  les  premiers  fruits  de  nos  victoires  ,^  et 
de  concourir  à  son  bonheur ,  aVec.la  commission 
de  gouvernement  ,  et  avec  vous. 

Le  citoyen  Ponte  a  répondu  au  discours  précédent  .^ 
ainsi  qu'il  suit  : 

)i  Le  jour  de  la  liberté  luit  enfin  sur  notre 
patrie.  Un  ministre  français,  dépositaire  des  vœux 
de  la  grande-nation ,  se  trouve  au  milieu  de  nous. 
Ses  lumières  ,  son  intégrité  ,  son  dévouement  à 
la  cause  de  la  liberté  qu'il  a  servie  dans  les  com- 
bats, vont  guider  nos   pas   d^hs  la   carrière.  La 


patrie  est  sauvéci  si  la  concorde  vient  ressetreit 
les  nceuds  qui  doivent  unir  tous  les  bons  ciioyens. 
I)  Organe  de  la  reconnaissance  publique  en- 
vers la  nation  française  ,  comment  pourrais-je 
m'acquitter  de  cette  noble  tâche  ?  comment  pein- 
drais-je  le  profond  respect  dont  nous  sommes 
pénétrés  pour  le  gouvernement  Irançais,  et  notre 
attachement  pour  celui  (jue  nous  a  donné  le  pre- 
mier consul  Bonaparte  ? 

)>  Toutes  nos  expressions  seraicilt  Vaines  » 
citoyens,  si  le  cœur,  ce  térrioiri  irréprochable  de 
la  vérité  des  paroles  ,  n'en  confirmait  point  lai 
sincérité.  Les  liens  sacrés  de  la  religion  de  nost 
pères  peuvent  seuls  cimenter  ces  promessess 
Pesons  donc  ici  le  serment  solennel  de  défendre 
la  patrie  ,  d'obéir  aux  lois ,  et  de  respecter  lé^ 
droits  de  l'humanité.  )» 

Le  serment  a  été  ensuite  prêté  par  toUs  les 
membres  de  la  consulta. 

Les  citoyens  Piossasco  el  Francia  ,  membres  de 
la  consulta,  ont  été  nomftjés  i,  par  acclamation  ^ 
secrétaires  de  l'assemblée  généiralei 

La  consulta  s'est  occupée  de  la  formalioh  des 
comités  de  législation,  des  finarices,  de  surelè 
publique,  militaire,  d'instruction  publique  et  dé 
subsistance  publique. 

Signé ,  le  général  de  division  ,  DupônTi 
Pour  copie  conforme  , 
L.  PiossASGO  ,  membre  de  la  consulta  el  secrétt 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  le  21  juin  (  2  messidor-.  ) 

Times  ,  31  juin  f's  messidor. — Mercredi  dei'niêf 
s'est  terniiné  la  tonte  des  irioulons  de  Woburn; 
Elle  a  duré  trois  jours  entiers  à  la  ferme  du 
duc  de  Bedfott  à  'Woburn.  L'assemblée  qui  s'y 
est  réunie  était  composée  des  hommes  les  plui 
distingués  du  pays  <  soit  dans  la  culture  des  lerreS;  ' 
soit  dans  l'édUCalion  du  bétail.  Il  y  a  eu  des 
béliers  loués  jusqu'à  80  et  100  guinées  pour  li 
saison.  La  société  fut  traitée  chaque  jour  aveè 
magnificence  chez  le  duc  dans  la  grande  salle 
de  sa  belle  maison,  l'abbaye  de  Woburn.  Le 
public  doit  voir  avec  une  vive  satisfaction  les 
soins  que  se  donne  le  duc  de  Bedfort  pour  per- 
fectionner l'agriculture  et  améliorer  les  raecS  du 
bétail,  et  on  ne  peut  que  l'applaudir  de  consacrer  à' 
un  si  respectable  emploi  une  grande  partie  desoti 
immense  fortune. 

Dublin.  16  juin  (il  prairial.)  —  Hier,  sif 
John  Sthite  ,  shérif  du  comté  de  Dublin  ,  aveè 
un  détachement  de  fusiliers  ,  en  conséquence 
d'une  infortiiation  qu'il  avait  reçue  ,  se  rendit  eti 
Patrick-Street ,  où  ayantpris  un  charpentier  ,  nora- 
nié  Edmund  Gelligao  ,  il  fit  lever  le  parquet  deâ 
apparteraens  de  cet  homme  :  on  y  tioUva  une 
gr.mde  quantité  de  poudre  ,  de  balles  ^  de  pist0-_ 
lêts  ,  de  fusils  ,  une  espingole  et  des  ustencileS^ 
pour  fondre  le  plomb  et  faire  des  balles. En  rabitiâ 
de  dix  minutes  ,  il  s'asseinbla  tumultueusement  utl 
nombre  prodigieux  de  personnes  pour  empêcher 
l'enlèvement  de  ces  objets.  Mais  un  renfort  de  fu- 
siliers ,  dont  le  corps  était  à  la  parade,  devant  la, 
palais  de  l'évêque  ,  étant  venu  à  propos ,  l'ofificief 
les  emporta  et  les  plaça  au  château.  Le  prisonnlef 
fut  conduit  à   tCilmainham. 

Sun,  ^juillet  (  i5  messidor.)  ^^  Line  lettre  iloU- 
vellement  arrivée  de  la  nouvelle  Galles  rtiéridio- 
nale  *  décrit  la  colonie  comme  très-florissante  4 
Cl  annonce  que_,  c'est  une  très-bonne  spéculalidrt 
que  d'y  consigner  des'^  marchandises  d'Angle- 
terre qui,  lorsqu'elles  sont  de  bonne  qualité  i  né 
manquent  gueres  de  rendre  cent  pour  cent  dô 
bénéfice  nei.  Les  toiles  ,  les  draps  ,  les  serges  4 
les  chapeaux  ,  la  bonneterie  ,  les  vêtemens  dt 
femmes  ,  les  soieries  ^  la  quincaillerie  s'y  vendetit 
proiTlpiement  et  à  bon  prix.  —  Cette  lettre  a  été 
apportée  au  Cap  par  le  navire  le  Buffle.  —  Lé 
vaisseau  de  transport  ,  le  Hillsbarough  ,  était  arrivé 
à  Sydney.  Sur  3oo  malheureux  exilés  qu  il  avait  â 
bord  ,  il  en  aVail  perdu  près  de  200  qui  étaient 
morts  dans  là  traversée.  Crossiey  et  sa  feminé 
étaient  arrivés  bien  portans  ;  On  les  avait  envoyés 
à  Paramatta  ,  district  dont  Barrington  est  ctinst.ible< 
Crossiey  avait  apporté  une  pacotille  de  marchaiH 
dises  d'Europe  ,  qu'il  avait  vendues  avec  beau- 
coup d'avantage.  Il  était  sur  le  poitit  d'acheiet 
uile  maison  ,^  dont  il  offrait  3bo  liv.  Redmayn  « 
ci'deyant  négociant  à  Londre«  ,  était  aiussi  chargé 


Il  86 


de  plusieurs  articles  ;  mais  il  était  mon  en  che- 
min ,  et  l'on  se  proposait  de  rechercher  avec 
Boin  ce  qu'étaient  devenus  ses  effets.  —  Les  végé- 
taux européans  sont  fort  communs  dans  la  co- 
lonie ;  mais  on  sent  le  besoin  d'en  renouveller 
les  graines.  Les  noyaux  de  cerises  ,  d'abri- 
cots ,  etc.  plantés  dans  ce  sol  fertile  ,  y  devien- 
nent des  arbres  et  portent  du  fruit  au  bout  de 
deux  ans  ,  et  presque  toutes  les  plantes  s'y  mul- 
tiplient par  bouture.  La  viande  est  fort  chère  , 
ainsi  que  la  bierre  ,  le  vin  et  l'eau-de-vie.  Le 
gibier  est  exquis  et  très-abondant.  On  se  procure 
par  échange  la  plupart  des  objets  de  consom- 
mation. On  a  à  présent  en  grande  quantité  du 
sucre  des  Indes-orientales  ,  dont  i5  quintaux  ne 
coûtèrent  à  l'écrivain  de  la  lettre  que  8  deniers 
la  livre  (8  décimes  de  France);  mais  qui,  au 
moyen  des  échanges  ,  revient  ordinairement  à 
s   schellings. 

Par  un  jugement  rendu  dernièrement  à  la 
cour  du  banc  du  roi  ,  un  marchand  qui  ,  sut- 
la  recommandaliou  d'un  particulier  ,  avait  avancé 
pour  42  liv.  sterl.  de  marchandises  à  un  tiers  , 
lequel  ilisparut  depuis  sans  payer,  a  obtenu  48  i. 
siert.  de  dommages-intérêts  contre  celui  qui  lui 
avait  recommandé  cet  aventurier  et  le  lui  avait 
leprésenté   tomme   un   honnête    homme. 

Jeurnal  du  parlement. —  Chambre  des  communes, — 
Séance  du  3o  juin. 

M.D.P.  Coke  présente  une  pétition  des  ouvriers 
de  Nottifigham  ,  tendante  à  obtenir  le  rappel  de 
Tactc  pour  empêcher  les  combinaisons  illicites 
parmi  les  ouvriers. — Remise  sur  le  bureau. 

La  chambre  approuve  ,  sur  !a  motion  de  M. 
Rose  ,  une  résolution  pour  que  le  sel  employé 
à  la  salaison  des  poissons  pris  dans  les  mers  du 
Nord  et  destinés  au  marché  de  Londres  ,  soit 
exempt  de  droits. 

Le  bill  pour  fixer  l'assise  du  pain  ,  passe. 

M.  T^«;f«7-nprévientla  chambre  que,  la  semaine 
-prochaine  ,  il  fera  une  motion  relativement  à  la 
guerre. 

Le  procureur-général  demande  la  permission  de 
présenier  un  bill  pour  régler  les  procédures  dans 
,  certains  cas  de  trahison  ,  et  pour  détenir  les  pré- 
venus de  crimes  qui  sont  dans  un  état  de  démence. 
La  première  panie  du  bill  tend  à  soumettre  les 
individus  qui  auraient  commis  une  attaque  directe 
contre  la  personne  de  S.  M. ,  aux  mêmes  lois  et 
formalités  que  ceux  qui  sont  accusés  de  meurtre 
volontaire.  Q_uant  à  la  seconde  partie  du  bill  ,  il 
est  inutile  de  rappeler  ce  qui  s'est  passé  en  der- 
nier lieu  pour  faire  sentir  combien  la  loi  est  dé- 
feciuc'jse  à  cet  égard.  Depuis  long-tems  ceux  qui 
président  les  cours  de  justice,  sont  convaincus 
de  la  nécessité  d'y  remédier.  Les  prévenus  ,  ac- 
quittés à  raison  de  démence  lorsqu'ils  sont  mis  en 
liberté  ,  retombent  fréqueminent  dans  leurs  pre- 
miers crimes  ,  et  en  commettent  même  de  plus 
grands.  Il  est  difficile  de  préciser  ce  qui  doit  être 
fait  en  pareil  cas  ;  mais  il  est  évident  qu'une 
grande  latitude  doit  être  accordée  au  gouver- 
nement. 

Là'^ambre  donne  la  permission  de  présenter 

le  bill.  ; 

iW.  Nicholls  blâme  la  première  partie  du  bill. 
Il  ne  voit  point  qu'aucun  inconvénient  résulte  de 
la  loi ,  telle  qu'elle  existe.  Au  moins  le  savant 
membre  n'eu  a-t-il  point  exposé.  C  est  donc 
abattre  ,  sans  nécessité  ,  la  barrière  que  la  sagesse 
de  nos  pères  a  posée  pour  la  sûreté  des  sujets. 

M.  Fitt  est  surpris  de  l'observation  de  l'hono- 
tabe  membre.  Ce  ne  sont  pas  de  simples  incon- 
véniens  auxquels  il  s'agit  de  parer  ,  mais  des 
dangers  les  plus  alarmans.  La  loi ,  dans  son  prin- 
cipe, n'a  eu  en  vue  que  la  trahison  d'une  nature 
politique.  Ici  c'est  une  trahison  aggravée  par  le 
meurtre.  Si  l'attaque  odieuse  qui  a  été  récemment 
commise  contre  S.  M.  eût  réussi,  le  coupable 
n'aurait  pu  être  poursuivi  que  pour  crime  de  trahi- 
son ;  et  selon  les  loix  actuelles  ,  il  aurait  fallu  la 
déposition  de  deux  témoins  pour  le  convaincre. 
Dans  le  cas  ordinaire  de  meurtre  volontaire  ,  la 
déposition   d'un  seul   témoin  eût  suffi.    Ainsi    la 


les  pétitions  contre  le  bill  tendant  à  prévenir  les 
combinaisons  illicites  parmi  les  ouvriers. 

M.  Duxton  dit  que  la  session  est  trop  avancée 
pour  s'occuper  de  cet  objet. 

M.  Shiridan  répond  que  ce  ne  peut  être  un 
obstacle,  puisque  le  bill  fut  passé  plus  tard  dans 
la  Session  précédente.  Les  parties  qui  devaient  en 
être  les  victimes  n'eurent  pas  même  le  teins  de 
faire  parvenir  leurs  pétitions  devant  la  chambre. 
Ce  bill  ,  la  honte  du  registre  des  statuts ,  li  affecte 
pas  seulement  les  ouvriers  de  Londres ,  mais  toute 
la  classe  laborieuse  du  royaume.  Il  viole  le  prin- 
cipe des  lois  anglaises  et  les  droits  des  sujets. 
Aucun  amendement  ne  peut  le  rendre  tolérable, 
et  la  chambre  ne  devrait  pas  souH.ir  qu'il  de- 
meurât un  seul  jour  en  vigueur.  M  Shéridan  croit 
que  c  est  le  très-honorable  membre  (  M.  Piit  )  qui 
la  introduit  (  JVen  ,  répond  M.  Put);  mas  il 
espère  qu'il  ne  s'opposera  point  à  son  rappel 
en  considéraot  les  injustices  qui  en  ont  été  le 
résultat. 

M.  Pilt.  C'est  une  chose  vraiment  singulière  que 
la  diversité  des  nuances  dorit  mon  caractère  se 
trouve  orné.  Tantôt  je  suis  représenté  comme 
aussi  obstiné  qu  inflexible  ,  tantôt  comme  aussi 
puérile  qu  inconséquent.  Lhonorable  membre 
me  croit  peut-être  altcrnaiivement  I  un  et  l'autre: 
magnum  est  nrgumentum  in  utrâque  fuisse moderatum. 
L'honorable  membre  voudrait  saus  doute  empor- 
ter la  question  d  assaut.  Il  est  indubitable  que  si 
l'expérience  avait  prouvé  que  les  effets  du  bill 
fussent  nuisibles  ,  il  conviendrait  d  en  modifier 
les  dispositions  ;  mai?  ce  ne  serait  point  une 
raison  pour  les  abolir.  Linlérêt  du  public  et  la 
sécurité  des  individus  qu'elles  concernent  ,  les 
rendent  également   nécessaires. 

L'orateur  quitte   le   fauteuil. 

Le  colonel  Gascogne  observe  qu'il  n'a  jamais  été 
allégué  de  fait  pour  motiver  le  bill  dont  les  péti- 
tionnaires se  plaignent.  Aucune  combinaison 
illicite  n'existait  lorsqu  il  passa.  Les  termes  vagues 
de  ce  bill  mettent  les  ouvriers  completteraent  à 
la  merci  de  leurs  maîtres  .  et  les  exposent  à  être 
punis,  sur  la  déposition  d'une  seule  personne, 
pour  des  actions  que  la  plus  grande  sévérité  ne 
saurait  présenter  comme  repréhensibles.  Tandis 
que  l'ouvrier  ne  peut  sans  danger  projioser  à  son 
camarade  de  boire  amicalement  avec  lui  ,  aucune 
clause  du  bill  ne  tend  à  régler  la  conduite  des 
maîtres  envers  les  ouvriers.  Il  en  est  même  une, 
qui  ,  si  elle  était  littéralement  interprêiée  ,  expo- 
serait à  la  corjfiscation  les  fonds  des  sociétés  ami- 
caies  insiiluée.s  pour  procurer  des  outils  aux  pau- 
vres ouvriers  ,  et  les  secourir  en  cas  de  maladies  : 
Il  suffirait  de  prouver  qu  un  shelling  a  été  donné 
à  un  des  individus  atteints  par  le  bill  et  le  délateur 
ayant  droit  à  la  moitié  des  fonds  ,  qui  montent 
quelquefois  à  3ooo  liv.;  une  pareille  récompense 
est  un  puissant  attrait.  M.  Gjscoyne  au  surplus 
ne  désire  point  que  le  bill  soit  annuité,  mais 
simplement  rectifié,  et  il  termine  par  une  motion 
à   cet  effet. 

M.  Dent  appuie  la  motion  ,  fondé  sur  ce  que 
le  principe  du  bill  est  contraire  à  celui  des  lois 
établies.  Un  homme  pourra  être  convaincu  et 
puni  d'après  sa  propre  confession. 

Af.  Titt  est  bien  aise  que  le  bill  soit  soumis 
à  une  discussion.  Elle  en  établira  ta  nécessité  ,  et 
donnera  en  même  tems  lieu  à  l'amendement  des 
clauses,  qvii  pourraient  avoir  quelque  chose  de 
défectueux.  Le  principe  qui  permet  à  un  individu 
de  s'accuser  est  reconnu  par  les  lois  anglaises,  et 
suivi  dans  toutes  les  cours.  Rien  n'est  plus  à  dési- 
rer que  d'établir  un  mode  simple  et  expéditif  pour 
l'administration  de  la  justice  entre  les  maîtres  et 
les   domestiques. 

M.  Gasco^Tie  dit  qu'il  est  en  son  pouvoir  de 
prouver  que  beaucoup  d'individus  ont  été  oppri- 
més en  vertu  des  dispositions  du  bill. 


Séanct  du  1"  juillet. 

Le  bill  pour  faire  passer  les  matelots  hollan- 
dais au  service  de  la  Grande-Bretagne  est  lu 
pour  la  première  fois. 

Le  bill  pour  empêcher  les  institutions  monas- 
tiques est    lu   pour  la   troisit- me   fois  et  passe. 

La  chambre  se  forme  en  comité  pour  pren- 
dre en  considération  le  bill  relatif  aux  salaires 
et   honoraires    des   officiers   de  la    chambre. 

L'orateur  propose  ,  par  voye  d'amendement  , 
que  le  salait e  du  premier  clerc  soit  fixé  à  3,ooo 
liv  pour  les  cinq  premières  années  et  que  passé 
cette  époque  ,  il  s'élève  à  3, Son  liv.;  que  le 
salaire  du  sergent  d  armes  soit  fixé  è  2,3oo  liv. 
et  que  les  salaires  de  quelques  autres  officier» 
de  la  chambre  soient  réglés  de  manière  à  cç 
que  la  totalité  de  tous  ces  salaires  ,  monte 
à  7,800  liv.  Depuis  7  ans ,  le  taux  moyen  des 
émolumens  des  officiers  de  la  chambre  a  été 
de  lï.ooo  liv.  par  an.  Si  l'on  en  déduit  7,800, 
liv.  il  restera  un  surplus  qui  pourra  servir  à 
payer  les  officiers  inférieurs  ,  portiers  ,  etc.  et  à 
former  un  fond  ,  qui  ,  en  peu  d'années  ,  suffira 
pour  payer  le  président  du  comité  des  voye» 
et  moyens.  C'est  maintenant  la  liste  civile,  qui 
est    chargée  de   celte   dépense. 

SirH.Addington  propose,  en  outre  que  l'orateur, 
le  chancelier  de  1  échiquier  ,1e  sectétaire-d'état ,  le 
maître  des  rôles  ,  les  procureur  et  avocat-gé- 
néral soient  toujours  les  commissaires  chargé» 
de  l'administration  des  émolumens  des  officieri 
de  la  chambre;  qu'ils  puissent  fixer  le  salaire  des 
officiers  intérieurs  ,  et  que  la  chambre  demeuré 
libre  d'ajouter  au  salaire   de  ses   officiers. 

M.  Pitt  dit  que  comme  il  n'existait  pour  le 
présent  aucun  fond  destiné  au  traitement  du 
président  du  comité  des  voyes  et  moyens,  it 
proposerait  un  jour  de  voter  une  somme  à  la 
fin  de  chaque  session  pour  recompenser  le 
membre  qui  remplissait  si  bien  les  fonction» 
importantes   de  cette    place. 

Les  propositions  de  l'orateur  sont  adoptées. 

La  chnmbre  ,  formée  en  comité  ,  prend  en 
considération  la  pétition  de  la  société  du  caffé 
de  Lloyd  pour  le  soulagement  des  pauvres  de 
la  métropole. 

M.  Robson  craint  de  voir  cotivertir  la  charité 
publique  en  taxe.  Les  membres  de  la  société 
de  Lloyd  ont  ôié  aux  inspecteurs  de  paroisse 
l'administration  des  secours  donnés  aux  pau- 
vres pour  s'en  charger  eux  -  mêmes ,  et  il  est 
à  craindre  que  le  plan  qu'ils  proposent,  ne, 
devienne  permanent.  La  paroisse  de  Mary- 
le-Bonne  paye  déjà  39,000  liv  pour  les  pauvres  j 
et  ses  habitans  demanderont  à  être  entendui 
par  conseil ,  s'il  doit  être  passé  ua  bill  à  ce 
sujet. 

M.  Hazukim  Brown  appuie  la  motion.  Quel- 
ques paioisscs  sont  riches,  d'autres  pauvres. 
Toute  la  métropole  ne  devrait  se  considérer 
que  comme  une  seule  grjnde  famille  lorsqu'il 
s  agit  de  venir  au  secours  des  indigèns. 

M.  Percival  dit  que  les  membres  de  la  société 
de  Lloyd  ne  demandent  point  que  les  secours 
à  distribuer  soient  remis  entre  leurs  mains.  Ce 
fond  paroissial  sera  administré  par  les  officier» 
à  qui  cette  fonction  appartient. 

Af.  Nicolas  Vansittart  observe  que  le  bill  actuel 
est  conforme  ,  par  son  principe ,  au  statut  d'Eliza- 
beth.  Cet  acte  porte  que  si  une  paroisse  ne  peut 
maintenir  ses  pauvres  ,  elle  s  adressera  à  la  cen- 
taine ,  et  que  si  la  centaine  ne  peut  maintenir  le» 
siens  ,  elle  s'adressera  au  comté. 

M.  Pitt  est  d'avis  qu'il  vaut  mieux  régler  un 
plan  général  de  secours  pour  toutes  les  pa- 
roisses, que  de  s'adresser  à  différentes  paroisse» 
séparément.  Les  alarmes  qui  ont  pu  se  répaijdr» 
sont  sans  fondement.  La  contribution  proposée 
ne  sera  que  momentanée  ,  et  ne  s'élèvera  pas 
au-dessus  de  2  ou  3  den.  par  livre. 

M.  Devaynes  tourne  en  ridicule  le  plan  tem- 
poraire dont  il  est  questiorr.  Il  n'y  a  que  10,000 
personnes   dans  la   métropole  qui  aient  souscrit 


Af.   Shéridan    prétend    que    le    très-honorable 
membre   n'entend  point   la    nature   du  bill.  Il  a 

_.^ „_ „...  ^_.  , ^.    ,„     dit  que  rien  n'était  plus  à   désirer  que  de  régler     -  .  - 

vie  du  souverain  est  moins  efficacement  protégée     sommairement   les    disputes   entre  les  maîtres  et     P°"''  '^   secours   des  pauvres  et  le  taux  moyen 
qne  celle   du  m.oindre  de  ses  sujets.  L  honorable  P=s  '^"^«"'^"f'-     Ce    bill  ne    donne  point  aux     oe  leurs    souscriptums    n  est    que    de     10   sous 
membre  (M.  Nichplls  )  ,  s'il  réfléchit  à  cette  cir-     domestiques   l'autorité  de  sornmer  leurs  maîtres, 
constance,   ne  persistera  point  dans   son    oppo- M'   donne  au  maure  le  pouvoir  de  sommer  seul 
-'■■■ —  son  dom-esiiqae  i    sur  la   déposition    d'un   seul 


«luon 

M.  Nicholls  dit  que,  présenté  sous  ce  poiiit  de 
vue  ,  le  bill  mérite  son  approbaiion.  11  désire' 
feulement  qu'il  n«  puisse  s'appliquer  aux  person- 
nes jugées  pour  opinions  politiques. 

Af.  Pitt  explique  qtie  les  dispositions  de  la  loi 
'  relativement  au  meurtre  volontaire  seront  appli- 
cables atix  cas.  d^attaque  directe  contre  S.  M. , 
quand  même  elles  auraient  été  infructueuses. 
D'ailleurs ,  -elles  n'auront  tien  de  commun  avec 
lis  réglemens ,  observés  dans  lejjugemens  pour 
trahison  d'une  nature  politique. 

La  motion  du  procureur-général  passe  nemint 
contradicente, 

•  Le  colonel  Gascoyne  propose  que  la  chambre  se 
forme  en  comité  pour  prendre  en  considération 


magistrat.  M  Shçtidaji  fait  l'énuraération  des  diffé- 
rens  cas  où  il  serait  possible  d'abuser  des  régle- 
mens du  bill.  Si  quelqu'un  persuadait  à  un 
domestique  de  quitter  son  maître ,  il  pourrait 
être  atteint  par  l'effet  du  bill  ;  ainsi  les  capi- 
taines recruteurs  ,  les  lieutenans  et  (es  sergens 
pourraient  être  saisis  pour  avoir  débauché  des 
domestiques  et  condamnés  aux  travaux  publics 
peiidant  trois  mois.  Tel  serait  leur  arrêt  si  M. 
Shéridan  était  magistrat. 

Les  résolutions  du  colonel  Gascoyne  sont 
adoptées. 

Af.  Bragge  propose  qu'un  comité  soit  nommé 
pour  examiner  les  divers  actes  relatifs  aux  clô- 
tures e\  les  comprendre  en  un  seul  acte.  J-^ 
Adopté. 


6  d.  par  tête.  M.  Devayncs  termine  son  discours 
par  la  lecture  d'une  lettre  signée  de  M.  Robson, 
et  adressée  au  comité  de  Lloyd  pour  lui.  de- 
mander des  secours  en  faveur  de  sa  paroisse  , 
celle  de  Mary-le-Bonne.  Cette  lettre  excite  dei 
grands   éclats  de  rire. 

Le  procureur- général  dit  que  le  statut  d'Elisa- 
beth n'était  applicable  qu'à  un  comté ,  et  que 
le  bill  actuel  assujettirait  à  ses  dispositions  trois 
comtés. 

Af.  Tierney  prétend  que  le  nombre  des  sous- 
cripteurs s'élève  beaucoup  au-dessus  de  10,000. 
Il  désire  que  le  bill  soit  reçu  ,  mais  non  pré- 
cipité sous  le  prétexte  que  la  session  touche  à 
sa  fin  ,  et  il  lui  paraît  juste  de  donner  aux  habi- 
tans de  la  paroisse  de  Mary-le-Bonne.  qui  ont 
témoigné  une  grande  alarme  ,  le  tems  d'êtrç 
entendus   par  conseil. 

La  motion  est  mise  aux  voix  et  passe. 


Cour  du  bant  <h  roi.-'  Séafiee  du  ao  juin. 

DÉFI. 

M.  Erskine  supplie  la  cour  d'admettre  une  infor- 
mation  criminelle    contre    le  major  Aimstrong, 
anciennement  du    ii«   régiment    d'infanterie.    Il 
suffirait ,  pour  obtenir  l'objet  de  sa  demande  ,  de 
dire  que  son  client   est  le  major-général  Coote  , 
l'un  des  plus  braves  et  des  meilleurs  officiers  de 
S.  M.  et  de  lire  quelques  lignes  de  son   affidavil. 
JMais  il  désire  exposer  à  la  cour  les  motifs   qui 
engagent  cet  officier  plein   d'honneur  à  solliciter 
la  protection  de  la  loi.  Le  général  Coote  ,  dont 
les  services  distingués  dans  la  guerre  d'Amérique , 
ne  sont  point  oubliés  ,   en   a    encore  rendu  de 
brilians  dans   la  guerre  présente  aux  Indes  occi- 
dentales et  sur  le  continent  :  il  commandait  l'ex- 
pédition   d'Oslende  ,  dont  l'objet  a   pleinement 
réussi,  quoique  les  vents  contraires  et  plusieurs 
autres   circonstances    aient  empêché   les  trouves 
anglaises  de  se  rembarquer.  Le  major  Armstrong  , 
qui  avait  un  com-mandement  subalterne  dans  celte 
expédition  ,   fut    accusé   d'avoir  abandonné    son 
poste   par   le    capitaine  Wilson  ,    de    l'artillerie 
loyale,   et  traduit',  à  son   retour  en  Angleterre  , 
devant  une  cour  martiale  pour  cause  de  lâchelé. 
Le  général  Coote  fut  appelé  à  donner  son  témoi- 
nage  en  qualité  d'officier  supérieur.  Aucune  ma- 
lice,   aucun    ressentiment  ne   l'animait  contre  le 
major  Armstrong  ,   dont  le  procès  ne  fut  intenté 
ni  sur  ses  représentations  ,  nipar  son  intervention. 
La  cour  martiale  ayant   acquitté    le    major  Arm- 
strong ,  il  se  défit  de  sa  commission. 
.    Plus  de   douze   mois    s'étaient  écoulés    depuis 
celte  époque,  lorsque  le  général  Coote  reçut  du 
major    Armstrong ,  une   lettre    conçue    en    ces 
termes  : 
•  I  Monsieur  ,  il  y  a  long-tems  que  vous   auriez 
.  entendu  parler  de  moi ,  si  je  n'avais  été  occupé  à 
des  aflFaires  particulières  en  Irlande  ,  au  sujet  de 
la  tentative  qui  a  été  faite  pour  diffamer  ma  répu- 
tation par  des  poursuites  sans  fondement.  L'issue 
du  procès  a  prouvé  que  ces  accusations ,  dans  les- 
quelles  vous  aviez  pris  une   part   active  et  diri- 
geante, étaient  malicieuses  ;  elles  étaient  de  nature 
à,  détruire  mon  honneur  ,    ma   réputation  et  ma 
fortune  ;   et  j'espère   que  ,  comme   Gentleman  et 
comme  officier ,  vous  ne  me  refuserez  point  de  me 
faire  les  réparations  que  j'ai  droit  d'attendre.))  A 
cette  lettre,  le  général,  Coote  fit  la  réponse  sui- 
vante :  «i  Monsieur  ,  j|ai  à  vous  accuser  la  récep- 
tion de  votre  lettre.  La  déposition  que  j'ai  donnée 
dans  votre  procès  a  été  faite  sous  serment  et  selon 
ma  conscience.  En  conséquence  ,  cette  déposition 
n'admet  aucune  explication.  Qiiant  à  votre  accu- 
sation d'avoir  pris    une   part   active  et  dirigeante 
contre  vous  dans  cette   occasion  ,   elle  ne  peut 
naître  que  d'une  erreur.  Je  n'ai  pris  aucune  part 
quelconque  dans  celte  affaire  ,  excepté  en  ce  que 
j'ai  été  appelle  à  donner  mon  témoignage.  )>  Peu 
de  tems  après,  le  major  Armstrongenvoya  au  géné- 
ral Coote  la  lettre  qui  fait  le  sujet  de  la  demande 
r  résente.  Elle  est  conçue  ainsi.-))  Monsieur,  j'ai  eu 
honneur  de  recevoir  votre  lettre.  Je  dois  vous  té- 
moigner ma  surprise  de  ce  que  ,  comme  Gentle- 
man ,  vous  évitez  de  reconnaître  votre  erreur.  G  est 
avec  un  profond  regret  que  je  vous  vois  refuser  de 
calmer  cette  sensibilité  que  votre  déposition  ma- 
ligne a  blessée.  J'attends  que  vous  me  fixiez  le  lieu 
et  l'époque  oîi  nous  pourrons  nous  rencontrer.  Je 
m'y  rendrai  ponctUÈllemeni.  Si  vous  vous  refusiez 
à  cette  proposition  ,  je  prendrais  la  première  occa- 
sion de  vous  faire  un  compliment  tel  que  mon 
honneur  blessé  pourra  le  prescrire.  >»  C'est  à  la 
réception  de  cette  lettre  ,  continue   M.  Erskine, 
que  l'officîcr  le  plus  brave  et  le  plus  accompli  dé 
l'armée  ,  a  cru  qu'il  était  de  son  devoir  de  s'adres- 
ter  à  la  cour. 

Il   a    parfaitement 


Lord  Kenyan.    Sans   doute, 
tien  fait. 

.  M.  Erskine.  Il  est  peu  nécessaire  d'observer  que 
le  général  Cooie  affirme  quil  considère  cette 
lettre  comme  un  défi.  Il  en  a  appelé  à  la  cour 
afin  qne  les  hommes  sussent  que  si  de  pareilles 
insultes  étaient  jamais  souffertes  avec  impunité  , 
c'était  leur  (auie  et  non  celle  de  la  loi. 

Lord  Kcn)on.  Certainement  celte  lettre  ,  à  son 
aspect  ,  paraîtra  être  un  libelle  et  un  défi ,  à  moins 
que  son  auicur  ne  puisse  l'expliquer.  Il  n'y  a  plus 
d'administration  de  la  justice  ,  si  les  témoins  et  les 
juges  peuvent  être  attaqués  pour  ce  qu'ils  font 
dans  leur  capacité  officielle. 

La  plainte  est  admise. 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  S23  masidor. 

MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Anniversaire    du    Quatorze  •  Juillet ,  fête    de  la 

Concorde. 

Programme. 

Art.  I".  Le  «4  messidor,  à  quatre  heures  du 

«oir,    le    bruit   du  canon  annoncera   la   fête  du 

lendemain.  A  ce  signal,  le  préfet  du  département 

de  la  Seine,  accompagné   de  loutes  les  autorités 

et  adminisiraiions  locales,  se  rendra  sur  le  quai 

de  la  Pelleterie. 


1187 

A  cinq  heures  ,  le  ministre  de  l'intérieur,  ac- 
corapaj>né  du  conseiller  d'état  chargé  des  ponts 
et  chaussées,  se  rendra  sur  le  quai  ,  ou  il  posera 
la  première  pierre. 

A  SIX  heures  ,  tous  les  théâtres  seront  ouverts 
au  public. 

^  II.  Le  25  messidor  (anniversaire  du  14  juillet) , 
a  citiq  heures  du  matin  ,  une  nouvelle  salve 
d  artillerie  se  fera  entendre  ,  et  le  canon  conti- 
nuera de  tirer  d'heure  en  heure.    ' 

La  garde  nationale  et  la  garnison  de  Paris  pren- 
dront les  armes.  Divers  délachemens  se  distribue- 
ront sur  la  place  Vendôme  et  sur  celle  de  la 
Concorde. 

III.  A  huit  heures  du  matin  ,  un  détachement 
ira  recevoir,  au  ministère  de  la  guerre,  les  dra- 
peaux des  armées  de  la  république  ,  qui  seront 
portés  en  triomphe  sur  la  place  Vendôme ,  et 
rangés  autour  du  lieu  oti  doit  être  éiigée  la 
CQlonne  départementale. 

^  A  neuf  heures  précises ,vle.pré,ret,ji.a<:compagné 
des  autorités  et  administrations  locales ,  posera  la 
première  pierre  de  .la  colonne:  et,  de-là  il  se 
rendra  à  l'hôtel  de  la  Marine. 

IV.  A  dix  heures,  les  minisires,  le  conseil- 
d'état ,  les  auiorilés  et  les  administrations  géné- 
rales ,  se  rendront  à  Ihôtel  de  la  Mâtine. 

V.  A  onze  heures,  le  cortège  se  rendra  sur  la 
place  de  la  Concorde ,  {auprès  du  lieu  où  sera 
érigée  la  colonne  nationale.  Le  ministre  de  l'in- 
térieur en  posera  la  première  pierre. 

VI.  A  midi ,  le  préfet  de  la  Seine  ,  avec  les 
autorités  et  les  administrations  locales,  se  rendra 
au  temple  de  Mars ,  où  les  trois  invalides  les  plus 
âgés  auront  des  places  d  honneur. 

Chaque  ministre,  avec  son  cortège  ,  se  rendra, 
à  la  même  heure,  à  l'hôtel  des  Invalides,  dans 
les  salles  qui  seront  préparées  pour  les  recevoir. 

A  une  heure  ,  les  consuls  se  rendront  dans  la 
grande  salle  des  InvaHdes  ,  où  il  y  aura  récep- 
tion. De-là  les  divers  cortèges  descendront  dans 
le  temple  ,  conduits  par  des  appaiiiéurs. 

VIL  Aussitôt  après  l'arrivée  des  consuls  dans 
le  temple  ,  on  exécutera  une  symphonie.  Le  mi- 
nistre de  l'intérieur  prononcera  un  discours.  Le 
conservatoire  de  musique  ,  les  artistes  et  les 
chœurs  des  diverss  théâtres  ,  exécuteront  l'hymne 
du  14  juillet,  et  la  cérémonie  se  terminera- par  un 
chant  national. 

Vni.  En  sortant  du  temple,  le  premier  consul 
passera  la  revue  des  invalides.  Là;  le  ministre  de 
la  guérie  et  le  commandant  de  l'Hôtel  des  Inva- 
lides lui  présenteront  les  cinq  invalides  désignés 
comme  les  plus  dignes  des  récompenses  ttatio- 
nalcs  ,  par  les  actions  d'éclat  de  leiir  jeunesse. 
Un  héraut  proclamera  leurs  noms  ,  leur  âge,  le 
lieu  de  leur  naissance  ,  le  nombre  des  blessures 
qu'ils  auront  reçues  ,  et  les  combats  où  ils  se 
sont  distingués.  Le  premier  consul  remettra  ,  à 
chacun  d'eux,  une  médaille  sur  laquelle  les 
détails  proclamés  par  le  héraut  d'armes  seront 
inscrits. 


XI.  Le  soir ,  les  Champs-Elysées  el  les  Tuile» 
ries  seront  illuminés .  et  plusieurs  orchestres  » 
scronb  placés  pour  la  danse. 

A  neuf  heures  ,  il  y  aura  un  feu  d'artifice. 

A  dix  heures  ,  on  exécutera  un  concert  sur  1» 
terrasse  des  Tuileries, 

Le  ministrt  de  l'intérieur,  Lucien  Bonaparts, 

■PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

(  NOTA.  L'arrêté  du  16  ayant  éprouvé  des  addir 
lions  ,  c'est  à  ceiui'ci  seulement  qu'on  devra  t9 
conformer.  ) 

Du  a3  meisifor  an  8  de  ta  fépubliçue  française  ,  unt 
et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  ,  vu  le  programme  arrêté 
par  le  ministre  de  l'intérieur  pour  la  célébration 
des  fêtes  du  Quatorze-juillet  et  de  la  Concordç 
qui  doivent  avoir  lieu  le  même  jour  sS  messidor 
présent  mois  ,  arrête  ce  qui  suit  : 
■  Art.  I",  Les  24  et  si  messidor ,  les  rues  de 
Paris  ,  notamment  celles  que  le  cortège  devri 
parcourir,  seront,  avant  neuf  heures,  du  matin', 
nettoyées  et  débarrassées  de  toutes  houes  et 
immondices  ,  ainsi  que  des  matériaux  qui  pour- 
raient en  gêner  la   libre   circulation. 

Les  mêmes  dispositions  seront  exécutées  danS 
toutes  les  rues  et  chemins  aboutissans  au  temple 
de  Mars  (aux  Invalides)  et  au  Champ -de-i 
Mars. 

II.  Les  habitans  seront  tenus  d'ar.roser  ou  de 
faire  arroser  exactement  au  devant  de  leuira 
maisons. 

L'entrepreneur  de  l'arrosement  mettra,  de  son 
côté  ,  toute  l'exactitude  possible  dans  la  partie  du 
même  service  qui  est  à  sa  charge. 

III.  Le  S4  messidor ,  depuis  trois  heures  après 
midi,  le  passage  des  voitures  sera  interdit  sur  les 
quais  des  Orfèvres  ,  desMoifondus  et  de  Gêvrej  , 
les  ponts  au  Change  et  de  laRaison  ,  dans  les  rues 
de  la  Barillerie  ,  de  lajuiverie  .  de  la  Lanterne; 
la  circulation  n'y  sera  rétablie  qu'une  heure  après 
la  pose  de  la  première  pierre  du  quai  de  la  Pel- 
leterie. -" 

Aucun  étranger  au  cortège  ne  pourra  ,  sou^ 
quelque  prétexte  que  ce  soit,  s'introduire  sur 
le  terrein  destiné  au  nouveau  quai  de  la  Pàlle-f 
terie,  ni  dans  les  bâtimens  en  ruine  sur  ce 
terrein  ;  il  ^est  défendu  d'en  approcher  soit  en 
bateau  ,  Soit  en  batelet  ou  autrement  ;  à  cet  effet; 
la  navigation  dans  le  bassin  du  Pont-au-Changd 
au  pont  Notre-Dame,  est  interdite  ledit  jour  24 
messidor.  ■.■.3 

IV.  Aucune  voilure  ne  pourra  circuler  ni  Ita-f 
lionner  ,  le  25  messidorjusqu'au  lendemain  àtroisi 
heures  du  malin,  dans  leS  rues  Honoré  ,.de 
l'Echelle,  Nicaise ,  de  la  Convention,,  de^.  la; 
Révolution  ,  de  Varenne  ,  de  Bourgogne  et  sut 
le  Carrouzel  ,  la  place  de  Grève  ,  celle 'Vendômà  , 
de  la  Concorde,  du  Corps-Législalif,  les  Cham.ps-; 
Elysées  ,  les  quais  du  Louvre,  des  Tliuileries< 
de  la  Conférence  ,  de  Voltaire  ,  et  dOrsay  ,  le 
Pohi-Neuf,  celui  National  et,ce\ui"  de  la  Révolu- 
tion ,  la  grande  avenm  dés  Champs-Elysées  jiùgu'J^ 
rdncienne  barrière,  le  Cours  et  la  partie  du  quai  jusgu  à 
Vallée  dés  Veuves,  la  placé  des  Invalides  j- les 
bords  de  la  rivière  depuis  le  pont  de  la  Révolutiori 


IX.  De  là  le  premier  consul  ira  au  Charap- 
de-Mars  où  loutes  les  troupes  dé  la  garnison  'et 
une  partie  de  la  garde  nationale  se  seront  ren- 
dues à  trois  heures.  Le  ministre    de  la  guerre  lui 

présentera  les  drapeau*   pris   par  les  armées   de     ;,„   ,  ■      /-u  j     Kj  "  .  ; 

réserve  ,  du  Rhin  et  d'Italie.  Ces  drapeaux  seront    {"'''h  ^"  Oha^p-de-Mars     et  toutes  l.s  rues  qui 
groupés   au  milieu  du  tertre  ,  puis  déposés  datis     Chat     deVars       "^^         '    "'■  ■^r^^^'-.'t 

V.  Les  voitures  qui ,  arrLvqrotit  à  Paris  par  la 
barrière  de  Passy  seiont  tenues  de  suivre  Fallée 
des  Veuves  et  la  rue  de  Marigny  pour  aboutir  à 
la  place  Beauveau  ,.  J[apb.ou.rg  Honoré;  celles  qui 
arriveront  par  ja  barrière  de  ChaUlof  seront 
également  tenues  de  suivre'  la'  riie  de  Mangny 
pour  aboutir  au  même  endroit. 

VI.  S'Ont  exceptées  des.  dispositions  ci-dessus', 
les  voitures  des  sénateurs  ,  des  membres  du  co'rps- 
législatif,  4ïi  tribunal  et. du  corps  diplomatique  , 
lesquelles  pourront  passer  librement  par-lb,m^,  sj 
lesdits  membres  sont  en  costume  ,  oii  siir  la 
représentation  de  leur  niédairié.  ' 

VIL  Les  autorités  qui  se  rendront  au  Clîaj^pr 
de-Mars,  devront  arriver  par  les  avenues  .di» 
dôme  des  Invalides  à  la  grille, deI'Ecole-iV|ii'uaire. 

VIII.  Les  voitures  des  particuliers  qu  de  louage 
ne  pourront  arriver  au  Champ-de-Mais  que  par 
les  rues  de  Babylone  ,  de  S.eues  oti,^e  .Vqugirard 
et  sur  une  file,  par  l'avenue  à  gauche,  qiii^'coii» 
duitatjcôité  latéral  du  CUamp-de-Mars  ,,,çn  fa,cç 
la  plaine  de  Grenelle  ,  ou  elles  pourront  slaflon^ 
ner  pour  attendre  les  personnes  qu'elles  aiit^int 
amenées.    '         '  *      ? 

IX.  Il  est  ordonné  à  tous  cochers  de  conduire 
doucement  leurs  chevaun  sur  une  seule  fie  {ilieuc 
est  fait  défenses  de  couper  d'autres  Vipiturcs. 
Lés  maîtiès  sont  invités  à  recommander  à  leur» 
cochers  d'obéir  exactement  à  ces  injoitctidn» 
el    défenses.  '     *— -    - 

X.  Le  passage  de  la  rivipreeji. bachots  ou 
baielets ,  ne  pourra  avoir  IjeMo,  ,letlïi  joi^r  s5 
messidor,  depuis  le  Pont  de  la  révdluuoii  jusqu'à 
la  sortie  de  Paris  ,  qu'auic  trois  endroits  oVbi- 
naires;  savoir  :  au  port  des  Invalides  ,  il  Ch»il* 
loi  «t  À  la  bàjriere  des  Bens-^HomufS'. 

:»ito.l:-b  ,  :■:         ...  .  .  ,  ,     . 


pes 
le  temple  de  Mars 

X.  Après  la.  réception  ,  le  premier  consul 
passera  la  revue  des  troupes  dans  la  pariie  in- 
térieure du  Champ  de-Mars  :  ensuite  les  jeux 
commenceront. 

Le  ministre  de  l'intérieur  sera  sur  l'estrade  avec 
les  juges  des  jeux.  Auprès  de  lui  seront  les  inva- 
lides qui  auront  reçu  des  médailles  ,  elles  élevés 
de  1  Ecole  polytechnique  ,  du  Prytanée  français 
et  de  l'inslitution  des  colonies  ,  qui  auront  été 
désignés  par  leurs  professeurs.  Les  membres  des 
autorités  constituées  seront  indistinclemenl  sur 
les  estrades  préparées  à  cet  effet  :  un  orchestre 
militaire  couvrira  le  tertre.  Aux  airs  chéris  de 
la  liberté  ,  succéderont  les  jeux  ^  il  y  en  aura  de 
quatre   espèces  : 

1°.   Course    a    pied: 
Premier  prix. — Un  fusil  double  eaa.cier  ciselé. 
Second  prix.  —  Un  vase  de  porcelaine  de  Sèvres,^ 
i".   Course    a    chév  a,l  ; 

Premier  prix.  —  Uii  fusil  double,  cttine  carabine 

garnie  en  argent. 
Second  prix.  —  Un  nécessaire  en  acier  ciselé. 

3°.    Course    de   chars  : 
Premier  prix.  —  Une  riche  carabine. 
Second  prix.  —  Un  nécessaire   garni  d'une   cara- 
bine  et    d'une  paire  de  pistolets  en 
acier  ciselé  et  or. 
4°'   L'ascension   d'un   aérostat. 
Les  prix  seront  distribués  par  le  ministre  de 
l'intérieur. 


Les  adjudicaioiiTS  et  fermiers  de  ces  passages 
tl'eau  sont  chargés  de  se  pourvoir  de  bachois  et 
tliaiinicrs  en  iiorabre  suffisant,  pour  que  le  ser- 
vice do  ces  passades  se  fasse  avec  sû'reté  et  cé- 
lénié. 

XI.  Il  ne  pourra  être  admis  i,1ans  Gliar|ue  ba- 
'-•bfft'plus  ue  douze  pi.rsonr>esî  il  est  «njoini  aux 
passeuts-d'cau  d  y  tenir  la  main,  et  de  désigner 
aux  officiers  de  police  ou  à  la  garde  ceux  qui  , 
f  ar  juipruflerci; ,,  toVïipjnomeltraientla'sôrélé"  des 
piss.igcrs. 

'  XII.  Le  îcù'  cr'artiGcé  devant  être  tiré  sur  le 
pont  de  ia.  Révolution  ,  il  est  défendu  à  tous  ma- 
riniers .  propiiélaires  ou  gardiens  de  bateaux  ou 
rie.  trains-,  de  siationner  au-dessus  ni  au-dessous 
dudit  poijt ,  à  une  dislance  de  moins  de  cent 
mètres  ;  le  bateau  destiné  au  service  de  l'artificier 
}x>urra  seul  êiré  placé  près  dûdit  Pont. 

XIII.  On  ne  pourra  faire  stalipnner,  le  ,25 
messidor,  aucuns  cabriolets  des  environs  de 
Paris ,  sur  le  quai  des  Tuileries. 

■  XIV.  Les  voitures  qui  (conduiront  les  autorités 
consiituées  ,  à  IHôlel  de  la  Marine ,  seront  tenues, 
aussitôt  après  le  déchargement  des  personnes 
qu'elles  auront  amenées,  de  ^e  retirer  dans  la 
grande  avenue  des  Champs-Elysées,  sans  qu'au- 
cune puisse  stationner  sur  la  place  de  la  Con- 
corde ,  ou  rues  adjacentes.  1 

XV.Pour  le  maintien  des  dispositions  ci  dessus,  j 
il  sera  placé  dans  les  endroits  désignés ,  une  force 
armée  suffisante. 

II  sera  mis  spécialement ,  le  24  ,  à  la  disposition 
des  commissaires  de  police  des  divisions  des 
Arcis  et  de  la  Cité  ,  un  détachement  d'infanterie; 
et  le  35  ,  à  la  disposition  des  commissaires  de 
police  des  Tuileries  ,  des  Champs-Elysées  ,  de 
la  Place  Vendôme  et  des  Invalides  ,  des  déta- 
chemens  d'infanterie  et  de  cavalerie  ,  pour  les 
seconder  dans  l'exécution  des  mesures  de  police 
dont  ils  sont  chargés. 

XVI.  Les  Champs-Elysées,  les  Tuileries  et  les 
élablissemens  publics,  devant  être  illuminés  ,  la 
nuit  du  35  au  26  de  ce  mois  ,  les  habitans  de 
cette  commune  sont  invités  à  illuminer  égale- 
ment la  façade  de  leurs  maisons. 

XVII.  Conformément  aux  lois  et  réglemens  de 
police  ,  les  boutiques ,  magasins  et  ateliers  seront 
fermés ,  le  s5  messidor ,  et  tous  travaux  .  dans 
les  rues  ou  autres  endroits  à  la  vue  du  public  , 
feront  interdits  ;  aucunes  marchandises  autres  que 
Us  comestibles  et  tes  fleurs  ,  ne  seront  exposés  en 
vente  dans  les  rues  et  pl^ices  publiques  ;  il  ne 
sera  fait  aucun  travail  ,  vente  ,  enlèvement  ni 
transport  de  matériaux  ou  marchandises  sut  les 
ports -et  dans  les  chantiers.  .  , 

XVIII.  Les  commissaires  de  police  tiendront 
k  main  à  l'exécution  des  réglemens  qui  défen- 
dent'de  tirer  des  fusées,  pétards  ,  boît-cs  et  autres 
pièces  d'artifice  ■  dans  les  rues  ,  promenades  , 
places  publiques,  cours,  ou  par  les  fenêtres  des 
maisons. 

Ils  feront  arrêter  les  contrevenans  ,  et  les  feront 
Conduire  à  la  prélecture  de  police  ,  pour  être  pris 
contre  ^ux  telle  rûesure  qu'il  appartiendra. 

XIX.  Le  général  de  divisioij  ,  commandant 
^"armes  de  la  place  de  Paris  ,  et  le  capitaine  de 
la  gendarmerie  naiiopale  ,  sont  requis  de  prendre 
toutes  Jes  mesures  convenables  pour  la  pleine 
et  eiitiere  exécution  du  présent    arrêté.  . 

■Le préfet ,  signé  ,  D  U/B  oi"s. 

i.  iîaiJejpiéfçt ,  le  secrétaire-générul  ,  jîgnéi.JB  1 1  S. 


CONSEIL    DES    PRISES. 

Suite  de  la  décisiori  du  conseil  des  prises ,  relative  au 
navire  le  Pe^ou. 

■  1,'objét  des  dotnmagés-ihtéiêts  est  la  réparation 
Aml  d'oràritage  souffert  et  du  gain  cessant.  L'adjudi- 
càtirfii  dés  domages-intérêts  est  fondée  sur  ce 
que  chacun  doit  réparer  le  tort  qu'iL  a  f^il  à 
autrui:  Ainsi  il  est  dfr  des  dommages-ifatérêts  en 
matières  deprises,  toutes  les  fois  q^'itjdépen- 
dàmrrient  de  l'action  en  restitution  ou  en  réta- 
blissemerit  de  ce  qui  a  été-pris  ,  on  peut  encore 
"demander  à  être  indemnisé  de  ce  qu'on  a  souf- 
fert pal-  le  malqui  est  résulté  de  certaines  vexa- 
tions'dont  on  peut  se  plaindre  ,,ou  de  l'état  de 
téquestraiioii  d'urie  pfopriété  qui  aurait  toujours 
dû  être  libre.  ,  ■  -  '  ■  • 
'■  "En  géùér^'Pion'' est  ténti  pàr'Ia  Toi  naturelle  et 


par  la  loi  civile  de  réparer  le  dommage  dont  oti 
est  la  cause.  Le  prétexte  même  de  Terreur  ne 
peut  dispenser  personne  de  celte  réparation.  Car 
un  autre  ne  doit  point  souffrir  de  ce  que  nous  er- 
rons. Chacun  doit  porter  le  poids  de  sa  propre 
destinée,  sans  être  reçu  à  le  rejeller  sur  autrui. 
Iln'y  a  pointa  balancer  entre  celui  qui  se  trompe 
et  celui  qui  souffre.  Mais  si  ce  dernier  s'est  ex- 
posé par  sa  faute  aux  inconvéniens  ou  aux  dan- 
gers dont  il  se  plaint,  l'action  en  dommages  et 
intérêts  cesse,  parce  qu'alors  il  ne  peut  s'imputer 
qu'à  lui-même  le  mal  qui  tombe  sur  lui. 

En  matière  de  prises  ,  l'imprudence  des  captu- 
rés, leur  négligence  dans  I  observation  de  cer- 
taines formes  ,  des  procédés  équivoques  peuvent 
soirvent  compromettre  leur  sûreté  et  faire  sus- 
pecter leur  bonne  foi  ;  il  peut  arriver  alors  qu'en 
examinant  l'ensemble  des  faits  ,  on  reconnaisse 
qu'une  prise  est  invalide;  mais  on  peut  recon- 
naître aussi  que  les  capturés,  par  leur  conduite, 
ont  donné  lieu  ^la.mçprise  des  capteurs.  Dans 
ceS'ïCas  iltSerait  irtjuste  de  rendre  ceux-ci  respon- 
sables d'uhe  erreur  que  l'on  ne  peut  raisonnable- 
ment regarder  comme  leur  ouvrage.  , 

Mais  quand  l'injustice  des  capteurs  ne  peut 
être  excusée  ,  les  capturés  ont  incontestable- 
ment droit  à  une  adjudication  de  dommages  et 
intérêts. 

Appliquons  ces  principes  à  la  cause.  Les  cap- 
teurs ont -ils  pu  concevoir  quelques  soupçons 
fondés  contre  le  capitaine  du  navire  le  Pegou  ? 
La  neutralité  de  ce  navire  n'était-elle  pas  démon- 
trée par  sa  constru  tion  de  fabrique  américaine  y^ar 
son  pavillon  ,  par  sa  destination  ,  par  les  hommes 
de  l'équipage  ,  tous  américains  ,  par  la  nature  du 
chargement  composé  de  marchandises  américai- 
nes sans  aucun  mélange  d'objets  de  contrebande  , 
■par  le  nom  et  le  caractère  du  capitaine  Green 
connu  par  des  services  récemment  rendus  à  la 
nation  française  ,  par  l'acte  de  propriété  du  na- 
vire ,  par  le  passeport ,  par  les  connaissemens  , 
par  toutes  les  pièces  de  bord,  enfin  par  le  lieu 
même  otà  la  prise  a  été  faite  ,  et  cfui  était  exclusif 
de  toute  destination  suspecte  ?  Toute  méprise 
était  donc  impossible. 

Le  navire  a.^out  de  suite  amené  ses  voiles ,  et 
ne  s'est  point  défendu  ;  les  officiers  et  gens  de 
l'équipage  ont  fait  des  déclarations  loyales  ;  ils 
ont  répondu  franchement  aux  interrogatoires  ; 
rien  d'équivoque  n'a  percé  dans  leurs  discours. 
Tout  prétexte  même  manquait  donc  aux  capteurs  ; 
d'autre  part  ,  quelle  a  été  la  conduite  de  ces  der- 
niers ?  Il  ne  paraît  pas  qu'ils  aient  observé  les 
précautions  conservatoires  indiquées  par  les  ré- 
glemens ;  on  leur  fait  des  reproches  plus  graves 
encore,  mais  dont  je  ne  crois  pas  devoir  m'oc- 
cuper  ,  et  qui  seront  vérifiés  lors  de  la  restitution 
des  effets.  Il  me  suffit  d'avoir  acquis  ,  par  le 
concours  de  toits  les  faits  ,  la  conviction  que  la 
demande  en  dommages  et  intérêts  ne  saurait  être 
refusée. 

Dans  ces  circonstances  ,  je  conclus  à  ce  que  le 
conseil  ,  lésant  droit  sur  le  recours  déclaré  par 
John  Green  ,  capitaine  du  navire  américain  te 
Pegou  .,  agissant'par  le  ministère  de  Henry  L.  Wad- 
dell ,  subrécargue  et  co-propriétaire  dudit  navire  , 
décide  que  ,  sans  s'arrêter  au  jugement  rendu  le 
25  ventôse  an  7  ,  par  le  tribunal  d'appel  du  Mor- 
bihan ,  ni  à  celui  du  tribunal  de  commerce  de 
l'Orient,  du  8  du  même  mois  ,  pleine  et  entière 
main-levée  sera  faite  à  John  Green,  ou  à  tel  autre 
justifiant  de  son  droit  et  pouvoir  ,  du  navire  amé- 
ricain teTego* ,  de  ses  agrès  et  apparaux,  ensemble 
dés  maichandiiiès  de  son  chargement  ;  en  consé- 
quence que  tout  lui  sera  rendu  et  restitué  ,  ainsi 
que  toutes  les  pièces  et  papiers  de  bord  ,  à  quoi 
faire  tous  gardiens^  et  dépositaires  contraints , 
même  par  corps  .  quoi  fesant  ,  déchargés.  Quant 
aux  fins  de  John  Green  en  dommages  et  intérêts  , 
je  conclus  à  ce  que  lesdits  dommages  et  intérêts 
lui  soient  adjugés,  et  que  la  liquidation  en  soit 
faite  par  des  experts  aux  formes  de  droit. 
Délibélé  à  Paris  ,    le  6  prairial  an  8. 

Signé,  PORTALIS. 

Ouï  le  rapport  du  citoyen  Barennes,  tout  vu  et 
considéré  ; 

Dispositif. 

Le  conseil  ,  faisant  droit  sur  le  recours  déclaré 
par  johti  Green.  capitaine  du  n.tvire  américain 
Iç  .P«gt)u ,  agissant  par  le  ministère  de  Henry 
L;  Waddell,  subrécargue  ,  et  co-propriétaire 
dudit  nàviJê ,  sans  s'arrêter  aia  jugement  rendu 
le  S 5  ventôse  an  7  ,  par  le   tribunal  d'appel  du 


Morbihan,  ni  à  celui  du  tilbunal  de  commerce  de 
l'Orient,  du  8  du  même  mois,  décide  que  la 
piise  dudit  navire  le  Pegou  et  de  sa  cargaison,  est 
nulle  et  de  nul  effet  ;  en  consériuence  fait  pleine 
et  entière  main-levée  audit  John  Green  et  à 
tous  autres  ,  justifiant  de  leurs  droits  et  pouvoits  , 
dudit  navire  américain  le  Pegou  ,  de  ses  agrès  et 
apparaux  ,  ensemble  des  papiers  ,  effets  et  mar- 
chandises de  son  chars;ement  ,  ordonne  que  tout 
lui  sera  rendu  et  rcstimé  ,  ainsi  (jue  toutes  les 
pièces  et  pajjiers  de  bord  ,  à  quoi  faire  tous  gar- 
diens et  dépositaires  seront  contraints  ,  même  par 
corps ,  quoi  lésant ,  déchargés. 

Quant  aux  fins  dudit  John  Green  ^  en  dom- 
mages et  .intérêts  résultant  des  pertes  qu'il  a  pu 
souff^rir  et  dont  il  justifieia,  le  conseil  lui  adjugé 
lesdits  dommages  et  inléiéis  d'apfés  la  liquidation 
qui  en  sera  faite  par  experts  aux  formes  de 
droit. 

Fait  le  9  prairial  an  8  de  la  république  fran- 
çaise ,  une  et  indivisible.»  Présens  Içs  citoyens 
Redon,  président;  Niou  ,  Lacoste,  Moreau  , 
MontigSiy -MpNPLAisiR  ,  Barennes  ,  Dufaut, 
Parceval  -  Grandmaison  .  et  Toubnachon  , 
tous  membres  du  conseil  des  prises ,  séant  à  Paris  , 
maison  de  1  Oratoire.  >  '-, 

Au  nom  de  la  république  française  ,  il  est  or- 
donné à  tous  huissiers  ,  sur  ce  requis,  de  mettre 
la  pré.sente  décision  à  exécution  ,  à  tous  com- 
mandans  et  officiers  de  la  force  publique,  de 
prêter  main-forte  lorsqu  ils  en  seront  légalement 
requis  ,  et  aux  commissaires  du  gouvernement  , 
piès  les  tribunaux  ,  d'y  tenir  la  main  ;  en  foi 
de  quoi  ladite  décision  a  été  signée  par  le  pré- 
sident du  conseil  et  par  le  rappofteur. 

Signé ,  Redon  ,  président. 
Par   le  conseil  , 
Le  secrétaire-général ,  signé  Calmelet. 


LIVRESDIVERS. 

Etémens  de  ta  Grammaire  allemande  ,  par  le  ci- 
toyen Basse  ,  membre  du  Lycée  des  artsà  Paiis ,  etc. 
Paris  ,  an  8 ,  un  vol.  m-12  de  25o  pages.  Prix  bro- 
ché ,  I  fr.  80  cent.  ,  et  2  fr.  5o  cent,  par  la  poste. 
A  Paris,  chez  'Warée ,  libraire,  quai  des  Augus- 
tins,  n°.  20. 

L'auteur  de  cette  petite  grammaire  s'est  appliqué 
à  préciser  la  prononciation  de  chaque  lettre  ,  les 
principes  y  sont  exposés  avec  tant  de  clarté  et  de 
brièveté  ,  qu'il  sera  facile  aux  français  d'apprendre 
et  de  parler  cette  langue  en  très-peu  de  tems.  On 
y  a  ajouté  une  table  de  verbes  réguliers  et  irrégu- 
liers ,  divisés  en  cinq  classes ,  au  moyen  de  laquelle 
les  commençans  seront  souvent  dispensés  de  re- 
courir à  de  volumineux  dictionnaires. 

En  un  mot ,  ce  petit  ouvrage  est  un  de  ceux  qui 
nous  paraît  le  plus  utile  aux  commençans  et  à 
ceux  qui  ont  des  rapports  avec  l'Allemagne,  ou 
qui  désirent  jouir  des  richesses  littéraires  dont  ce 
pays  abonde  aujourd'hui. 


COURS     DU    CHANGE. 

Effets  publics.  —  23  messidor  an  8. 

Rente  provisoire 20  fr.  88  c. 

Tiers  consolidé 3i   fr.  25  c. 

Bons  deux  tiers , . .      i   fr.  4g  c. 

Bons  d'arréragé 88  fr.  i3  c. 

Bons  pour  l'an  8 83  fr.  88  c. 

Coupures 67  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqije  et  des  Arts. 
Aujourd.  par  ordre  du  gouvernement ,  spectacle 
gratis. —  Armide  ,  opéra  en  5  actes. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
spect.  gratis.  Le  Club  des  bonnes  gens,  opéra  eri 
2  actes  ,  suivi  des  deux  Hermites. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  spect.  gratis. 
Jean-Jacques  Rousseau  à  thermitage;  la  Pièce  cuy' 
rieuse. 

Théâtre  do  Marais  ,  rue  Culture-Catherine,' 
Auj.  relâche. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj;  te  Moine  ;  Bientôt  la  paix  ,  et  une  Jsii,rnée  de 
LatouT-d'  Auvergne. 


L'abisnoc^entse  fait  à  Paris  ,  rue  des  Poitevias ,  n°  18.  Le  prix  est  de  35  friucs  pour  trois  mois  ,5o  francs  pour  6  mois  ,«t  100  fraoct  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonne' 
qu'au  commeucemcQC  de  chaque  mois.  ... 

II  fut  adresser  lés  lettres  et  l'argent  ,  franc  déport  ,  au  ci(.  A  C.1S  S  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  rue  des  Poitevins  ,  n»  iS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de» 
payïoù  l'on  ae  peut  affranchir.'  Les  lettres  deSdépartemensnon  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

tl  faut  avoir  soin  ,.pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce-  qui   concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur ,  rue  des 
;,1?aUerini ,  n°  i3  (depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  hcurci  du  soir 


A  Paris ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agane ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins ,  »'  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  295. 


Quintidi  ,  i6  mes^dor  an  8  de  la  république  frànçaùe  ,  une  el  ihdivùibie. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qii'à  dicet  liù  7   Nivôse  k-   Mo  NlTE  U  R  est  lé  saul  journal  officiel. 
il  contient  les  séances  des  aatoricés  constituées ,  les  ;\ctes  du  goùvernemenz ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi'  qué'les  faits  et  Ifes  nôrltJns  tant  sut 
l'intérieur  que  sur  Textérieur,  fournis  pat  les  correspond.Vnces  rniniscévielles. 

Un  article  sera  particuiiérement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXT   É  R  I  EU  R- 

ITALIE. 

Discours  prononcé  à  la  consulta  de.  la  république 
cisalpine.,  par  h  citojen  PeUit ,  le  i5  messidor 
an  8, 

Citoyens, 

La  gloire  de  l'anllqlie  Italie  à  survécu  à  Sa 
puissance;  sa  législaiion  ,  quoiqu'imparlaite  ,  est 
lé  plus  vaste  des  monimiens  qu'elle  nousa  laissés; 
et  quand  elle  a  vu  briser  le  Joug  que  ses  armes 
avaient  imposé  au  rnonde  ,  elle  a  vu  ses  lois  , 
ses  arts  ,  ses  institutions  conserver  leur  empire  , 
et  rester  comrhe  des  itiodeles  que  les  siècles  , 
les  baibares  ,  le  gcnie  même  Dut  toujours  res- 
pectés. 

Aujourd'hui  l'iin  des  peuples  qui  avaient  adopté 
une  grande  partie  de  ces  lois  ,  vient  rendre  à 
l'Italie  le  droit  de  s'en  donner  de  nouvelles. 
Ce  peuple  a  révélé  au  monde  ce  grand  principe 
de  toutes  les  lois  humaines  ,  que  la  volonté  géné- 
rale est  la  seule  auloiiié  lé;;itime  ;  noii  content 
de  ie  proclamer,  il  le  professe,  et  après  avoir 
affranchi  votre  nation  d  un  joug  étranger  ^  il  s'en 
remet  à  elle  du  choix  de  son  organisatlbn  po- 
litique. 

C  est  tin  spectacle  nouveau  dans  l'hisloii-e  ,  qUe 
celui  d'un  peuple  guerrier  qui  ,  après  avoir  assuré 
son  indépendance  ,  ne  conserve  ses  armes  que 
pour  adcrmir  celles  de  ses  voisins. 

Citoyens  ,  vous  êtes  appelés  à  concourir  ipar 
votre  sas^cSse  à  ce  grand  ouvrage  :  choisis  sans 
distinction  d'état  ni  de  parti  ,  désignés  par  vos 
tilcns  et  par  l'estime  publique  ,  vbus  devez  vous 
acquitter  envers  voire  patrie  ,  en  posant  les  fon- 
demens  de  sa   gloire  et  de  son   bonheur. 

C  est  peut-être  au  milieu  du  tumulte  des 
armes  que  vous  pèserez  de  si  grands  intérêts  ; 
niais  vos  délibérations  u'e»  auront  que  plus  d  im- 
portance et  de  majesté.  Vous  êtes  placés  comme 
ce  philosophe  qui  ,  dans  une  ville  assiégée*  s'oc- 
cupait tout  entier  d'un  problème  utile  à  ses  con- 
citoyens ;  vous  saurez  ,  comme  lui  ,  conserver 
ce  courage  tranquille  .  qui  donne  aux  esprits  su- 
périeurs utje  nouvelle  force  dans  les  dangers. 

Qjae  dis-jc  î  e;  pourquoi  cherchcrais-je  ailleurs 
des  exenn'les  que  vous  m  ofTicz  vous-mêmes  ?  ne 
vois-je  pas  parmi  vous  ceux  qui  appellerent  la 
liberté  lorsqu'elle  était  encore  au-delà  des  monts  ? 
ceux  dont  léloqucnce  ou  le  bras  la  défendirent  ; 
ceux  qui,  dans  les  revers,  ne  débesjiérerent  pas 
de  la  victoire  ;  ceux  enfin  qui  .  dans  les  cachots . 
conservèrent  la  dignité  que  donne  à  l'homme  la 
réunion  du  courage  et  du  talent  l 

Ils  sont  récompensés  de  leurs  efforts;  ils  ont 
compté  sur  la  promesse  d  un  peuple  aussi  intré- 
pide que  généreux  ;  ce  jieuple  vient  de  remplir 
ses  engagemens;  les  Alj)es  ,  les  neiges,  vingt 
places  fortes, une  armée  les  séparaient  de  vous;  en 
lin  mois  il  a  tout  vaincu  ,  et  celui  qui  préside  à 
de  si  grands  événemcns ,  a  fait  plus  encore  ;  il 
s'est  arrêté  dans  sa  victoire  pour  offrir  une  seconde 
fois  au  monde  l'espérance  de  la  paix. 

Qjael  que  soit  le  conseil  que  puisse  donner  à 
vos  ennemis  une  téméraire  ambition,  leurs  me- 
naces seraient  désormais  aussi  vaines  qu  impuis- 
jaiiles  ;  ii'.ivez-vous  pas  autour  de  vous  ceiie  ar- 
mée qui  les  a  repoussés  loin  Je  vos  frontières  ? 
ite  voyez-vous  pas  celle  qui  a  défendu  si  cons- 
lamment  une  ville  alliée  au  milieu  des  horieurs 
de  la  guerre  et  de  la  faim?  ne  voyez-vous  pas 
vers  le  Nord  ces  autres  aimées  qui  menacent  le 
cœur  de  1  Empire,  t-i  ne  vous  rappelez-vous  pas 
les  promesses  du  héros  qui  a  conçu  le  projet  de 
votre  régénération  ? 

Ceux  ([ui  furent  vos  maîtres  ont  reconnu  votre 
indépendance.  Ceux  qui  furent  vos  libérateurs  i 
(auront  la  maintenir. 

C'est  à  vous  d'achever  par  votre  sagesse  ee  que 
la  lorce  seule  ne  saurait  consolider.  'Vous  allez 
commencer  une  nouvelle  période  de  votre  his- 
t6ire  ;  et  si  votre  nalioii  est  appelée  à  de  hautes 
destinées  ;  si  vous  lui  laissez  un  grand  monument 
qui  soit  le  rompait  de  son  indépendance  et  l'ad- 
miration des  auties  peuples  ,  la  postérité  recon- 
naissante placera  vos  noms  parmi  ceux  de  ses 
bienfaiteurs.  Quelle  plus  belle  récompense  pour- 
rais'jc  lairc  entrevoir  au  sage  modeste  ,  et  même 
à  ceux  (j[u'animc  la  noble  ambition  de  la  gloire  ? 


Le  choix  de  seS  légîslateiirs  est  le  premier  ga- 
rant des  espérances  de  votre  patrie.  Vous  avez 
ce  grand  avantage,  que  vous  pouvez  joindre  aux 
leçons  de  l'histoire  celle  de  l'expérience  et  de 
cette  loule  de  siècles  qui  ,  eri  quelques  années, 
ont  pns.sé  soùs  vos  yeux. 

Combien  cette  expérience  Voiis  aidera  a  écar- 
ter ces  idées  fausses  qui  séduisentl'imaginalion  ! 
Combien  elle  vous  a  déjà  fait  reconnaître  le 
caractère  du  peuple  à  qiii  vdus  devez  donner 
des  lois  ?  ' 

Cette  nation  sensible  et  généreuse  aime  la 
gloire,  et  sait  la  mériter;  chez  elle  lé  génie  fer- 
tile ,  comme  le  sol  ,  y  a  prodigué  les  richesses  ; 
ses  savahs  ont  reculé  les  bornes  des  connaissances 
humaines.  Naguère  un  de  ses  philosophes  a 
opéré  une  révolution  dans  les  Ibis  criminelles  de 
I  Europe;  c'est  chez  elle  que  les  politiques  ont 
long-iems  puisé  des  leÇons  ;  ses  artistes  n'ont  de 
rivaux  que  parce  q'u'ils  ont  servi  eux-mêmes  de 
modèles  ;  ses  écrivains  ,  à  la  l'aveiu  d'une  langue 
hariiionieuse  ,  sont  un  objet  d'émulation  chez 
tous  les  peuples  policés. 

Non  :  une  telle  nation  n'a  point  éié  destinée 
par  la  nature  à  c:re  tributaire  d'un  prince  étranger. 
Que  les  horanles  instruits  lui  rappellent  les  épo- 
ques glorieuses  de  son  histoire  ;  que  les  sages 
lui  apprehnetit  en  quoi  consiste  la  véritable  iiberié; 
que  la  religion'-,  cette  augusie  conciliatrice  adou- 
cisse les  haines  ,  rappiociie  les  partis  ,  fasse 
taire  la  base  cupidita  et  le  sot  orgueil  ;  que 
les  âmes  hères  développent  toute  leur  énergie  ; 
qiie  votre  assemblée  eiihn  prépare  de  sages 
lois  ;  et  le  peuple  français  environnera  1  édifice 
de  votre  bonheur  de  tout  l'appareil  de  sa  puis- 
sance; 


Liberté.  Égalité. 

REPUBLIQ.UE    rRANÇAISE. 

Gênes ,  i3  messidor  an  8  de  la  tjpublique  française. 

DejE.\N  .  général  de  division,  conseiller-d  état . 
ministre  extraordinaire  dii  gouvcrneihent  ffançai  s 
à  Gênes  , 

Nomme  ,  en  Vertu  des  arrêtés  dU  4  de  ce  rtfois , 
et  conloiménienl  aux  instructions  qui  lui  ont  été 
données  par  le  premier  consul  ËonApaRte,  les 
clioyens  ci-ap:és  désignés  pour  composer  la 
commission  extraordinaire  de  gouvernement  de 
la  iépublique  ligurienne. 

La  commission  actuelle  de  goUvérnethehl  ces- 
sera de  suite  ses  fonctions,  et  remettra  à  la  com- 
mission extraordinaire  tous  les  renseignemens  , 
papiers  et  documcns  quelconques  relatifs  à  lad- 
ministraticJn. 

La  commission  extraordinaire  se  conformera 
aux  arrêtés  du  premier  cdnsul  ,  du  4  messidor  , 
et  liendia  la  main  à  leur  exécution; 

Elle  se  réunira  aujoUrd  hui  à  midi,  au  r<alais 
national. 

Morris   des    citoyens    qui    composent    la   comniissiori 
'  extraordinaire  de  gouvernement. 

Jean-Baptiste  Rossi ,  de  Gênes,  négociant,  ex- 
directeur,  ex-rainistre  des  hiiances. 

Augustin  Maglione  ,  de  Lingueglia  ,  négociant, 
ex-directeur. 

Augustin  Pareto  ;  de  Gênes,  propriétaire. 

Antoine  Mohgiardini  ,  de  Chiavaii  ,  médecin; 

Jérôme  Serra  ,  de  Gènes  ,  propriétaire. 

Louis  Carbonara  ,  de  Gênes  ,  avocat; 

Louis  Lupi  ,  avocat  ,  ex-directeur. 

Signé,  Dejeàn. 

Discours  prononcé  par  te  générnl  de  division  Dtjoati  , 
conseiller-d'ètnt^  mihistre estfaordinaire  de  la  répu- 
blique française  près  larépubhqutliguriemie,  à  l'oc- 
casion de  l'installation  de  la  commission  extraor- 
dinaire de  gouvernement ,  le  i3  messidor  an  8. 

C I  t  o  V  t:  N  S  , 
Vous  êtes  appelés ,  par  le  premier  consul  de 
la  lépublifjiie  fiançaise  et  par  le  vobu  de  vOS  con- 
citoyens ,  à  gouverner  la  république  ligurienne 
jusqu'à  I  organisation  déliiiitive  de  son  gouver- 
nement. Votre  conduite  passée  ,  votre  moralité  , 
votre  expérience  et  vos  lalens ,  tout  garantit  que 
les  liguriens  el  les  français  n'auront  qu  à  applau- 
dir à  votre  administration  et  à  la  sagesse  de  vos 
mesures. 


Vous  connaissez  les  principes  du  gouverne- 
ment français  et  les  heureux  cfl'ets  qu'ils  ont  pro- 
duits. Vous  imiterez  sa  conduite  franche  et  gé- 
néreuse ,  eoiis  en  obtiendrez  les  mêmes  résultats: 
Vour  rametuicz  par  la  persuasion  ,  pat  là  dou- 
ceur ,  les  liabiiacis  des  vallées  égarés  par  des 
brigands  ;  mais  c;i  même  tems  vous  préviendrez 
)iar  de  sages  e.t  loru  s  mesures  le  retour  de  pareils 
égare  mens,  el  voUs  poursuiviez  avec  la  plus  grande 
sévérité  les  nial-inteniionnés  qui  chercheraient  à 
exciter  de  nouveaux  troubles. 

Vous  tiendrez  la  itiain  à  l'exécution  de  l'af- 
ticle  XIII  de  la  convention  d'Alexandrie  ,  du  46 
prairial  dernier  (  ta  juin  1800.)  Je  suis  loin  san's 
doute  de  vous  engager  à  donner  votre  confiance 
aux  amis  des  autrichiens  ;  mais  ,  je  dois  vous  le; 
dire,  vous  leur  devez  siireté  et  protection. 

Pour  ce  qui  est  des  opinions  politique*,  il  est 
utile  de  jeter  un  voile  sur  le  passé  ,  et  d'oublier 
les  égaremeiis  et  les  dissentions  auxquelles  elles 
ont  J)U  donner  lieu.  Le  véritable  patriotisme  con- 
siste dans  les  actions':  le  meilleur  patriote  est  celui 
qui  obéit  aux  lois  ,  et  qui  fait  pour  Sa  patrie  tous 
les  sacrifices  qu'elle  lui  impose. 

Les  liguriens  ,  et  particulièrement  les  habitanS 
de  Gênes,  ont  donné  en  ce  genre  li  preuve  de. 
leur  amour  pour  la  patrie.  Ils  ont  Lut  les  pluS 
grands  sacrillces  ,  ils  ont  essuyé 't'es  pertes  de 
tout  getire  pour  soutenir ■  une  guerre  qui  inté-.: 
tessait  essentiellement  leur  liberré.  Il  est  stir-tiôiiF 
un  trait,  qui  appartient  déjà  à  1  histoire,  qui' 
honore  panieuliérement  les  génois  ;  c'est  leur_ 
constance  et  leur  dévouement  pendant  lé  der- 
nier blocus.  Le  héros  de  llialie,  Bonaparte  ; 
premier  consul  de  ia  république  française  ,  appré-, 
ciant  ce  noble  et  généreux  dévouement .  a  pro- 
ciainé  les  liguriens  ,  les  plus  hdeles  alliés  deà, 
français.  Ils  le  seront  toujours  ,  et  la  France  re- 
connaissante fera  pour  ce  peuple  généreux  toiik 
ce  qu'il  peut  désirer,  tout  ce  qu'il  a  droit  d'ed 
attendre:  elle  consolidera,  à  la  paix  générale;, 
la  liberté  et  lindépendaoce  de  la  république 
ligurienne. 

Mais;  pour  hiter  cette  paix  désirée,  si  nos. 
ennemis  s'y  relusaieiit,  il  faudiait  se  tilettré'. 
en  mesure  de  les  y  contraindre  i>ar  de  nouvelles 
victoires.  Ces  incsures  exigeraient  de  nouveau*;- 
sacrifices  :  Le  gouvernement  français  qui  connaît 
combien  vous  en  avez  déjà  faits,  s'occupe  à 
alléger  ceux  qui  jusqu'à  présent  ont  pcjé'.siir 
la  Ligurie.  Je  me  concerterai  avec  vous  potii: 
atteindre  ce  but  le  plus  promptement  possible; 
et  je  voris  promets  de  ne  rien  négliger  pouf' 
y    parvenir. 

Vous  rentrez  dans  une  carrière  pénible  ,  mais 
honorable.  Vous  répondrez,  j'en  suis  sûr  ,  à 
l'attente  de  vos  concitoyens,  et  vous  contintle- 
rez  à  mériter  leur  estime  et  leur  entière  confî.ince; 

Qiiant  à  moi  ,  je  me  féliciterai  toute  raâ  vie 
d'avoir  éié  chargé  dé  concourir  à  une  orgàni-. 
sation  dont  lé  but  est  de  consolider  dans  là' 
Ligurie  les  vrais  principes  de  liberté  ,  et  d'in- 
dépendance. Dejean. 

Réponse  dii  président. 

Citoyen  ministre  extraordinaire  de  la  répti- 
blique  française  , 

Le  nouveau  gouvernertient  qUe  vous  venez 
d'installer  par  ordre  du  preniier  consul  de  là  ré- 
publique française,  regarde  à  ju.sie  titre  te  jdtif 
eorarr.e  un  des  plus  beauîi.  depuis  notre  heureuse 
révolution  ,  puisqu'il  rious  olïie  une  preuve  de  là 
bienveillance  de  la  grande-nation  ,  et  dès  regards 
favorables  du  héros  qui  en  occupe  la  première 
magistrature; 

Qijant  à  nous  ,  fOris*  de  là  confiante  dont  nouî 
som:neS  honorés  ,  nous  pouvons  vous  assurer  • 
citoyen  rhinistre  extraordinaiie  ,  iqu'e  nOus  ferons 
tout  ce  qui  dépendra  dé  nous  pour  consolide^- 
la  tianquillité  intérieure  ,  le  bien  général  de  nottt' 
patrie  ,  et   la  cause  de  la  liberté  et  de  l'égalité. 

Le  voeu  bien  pronontè  de  nos  concitoyens  ,  eti 
po'ur  une  paix  générale  ,  en  considérant  Sur-tot^j 
que  la  nature  ,  en  nous  donnant  iin  lerrein  ingrat 
et  stérile  ,  a  voulu  spécialement  que  les  liguri^enj 
fussent  navigateurs  et  commerçans;  mais  si  pouf 
obtenir  la  paix  ,  ce  bien  si  précieux  ,  il  fallait 
encore  cohiinUer  la  guerre  ,  nous  ne  vous  dissi- 
mulons pas  que  nous  sommes  effrayés  de  la  nul- 
liié  absolue  oà  nous  trouvons  les  finances  pu'- 
bliques  et  les  fortunes  particulières.  Notre  tùii^ 
raije    n'est     ranimé     qUe    pat     les     létrïo'igna'geî 


d'intérêt  que  •vous  nous  avez  donnés  en  faveur  de 
notre  république';  témoignages  qui  nous  ont 
particulièrement  déterminés  à  accepter  les  péni- 
bles fonctions  qui  nous  sont  transmises  par  un 
agent  aussi  sage  et  aussi  res.peclable  que  voms  , 
'dont  le  nom  sera  à  jamais  honoré  dans  la  Ligurie 
parla  plus  vive  reconnaissance. 

Si^né  ,  Rossi. 

ALLEMAGNE, 

Ratii:bonne ,  le  §  messidor. 

Le  8  de  ce  mois  le  -corps  de  Lecourbe  et  une 
partie  de  l'armée  de-Kray  se  sont  livrés  un  combaf 
•dans  lequel  les  français  ont  eu  l'avaKlage.  Le 
résultat  a  été  la  prise  de  Neubourg  par  ces  der- 
niers. Aujourd  Qui  l'ariillcrie  de  réserve  ,  toutes 
Jes  munitions  des  troupes  impériales  sous  les 
■généraux  Rouvroi  et  Schwarz  ,  sont  arrivés  i<:i.  Le 
quarlier-généraJ  de  M.  de  Kray  est  à  Ingolstadt. 
Le  prince  de  ileuss  a  été  forcé  par  le  général 
Molilor  à  reprendre  son  ancienne  posiii<>ii  à 
Renli.  Le  corps  de  Slarray  est  encore  à  Neumark; 
mais  il  n'y  sera  pas  long-tems.  —  Rien  de  nouveau 
sur  les  corps  d  armée  de  Hiller,  dans  le  pajs  des 
grisons ,  et  de  jellachich  dans  le  'Vorarlberg, 
Mercaniin    s'est  retiré  sur   les  confins   du  Tyrol. 

L'Autriche,  la  Bohême  et  la  Hongrie  consentent 
bien  à  une  nouvelle  levée  ,  mais  à  condition 
que  le  prince  Charles  aura  un  commandement 
-iliiniité.  '( Extrait  du  Strasburger  WdtboU.) 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  ï%  messidor. 

Le  marquis  de  Wellesley  écrit  de  Calcutta  ,  en 
date  du  l6  ventôse  ,  que  tout  était  tranquille  dans 
l'Inde.  Une  négociation  ,  dont  il  espérait  favora- 
blement,  avait  été  entamée  avec  le  nabab  d'Oude, 
pour  qu'il  abdiquât  ,  au  profit  de  la  compagnie  . 
laoyennant  une   pension. 

Le  visir  Ally  ,  auteur  de  la  mort  de  M.  Cherry  , 
et  d'autres  employés  de  la  compagnie  ,  avait  été 
arrêté  et  conduit  à  Calcutta,  oit  il  était  détenu  au 
fort  William. 

Une  ambassade,  à  la  tête  de  laquelle  étaient 
MM.  Loveit  ei  Moor ,  ai;compagnés  de  lord 
George  Beresford  ,  fils  du  marquis  de  Walerford 
et  du  colonel  Beresford  ,  venait  de  partir  de 
Poonah  pour  Peshwa.  On  s'en  promettait  les 
plus  grands  avantages. 

Suivant  le  rapport  du  capitaine  Henderson  , 
commandant  le  Miljord,  arrivé  de  la  Chine  à 
Bombay  ,  les  magasins  de  Manille  qui  conte- 
naient les  munitions  navales  ,  avaient  été  détruit 
gar  un  incendie. 

Le  corps  de  Condé  a  prêté  serment  de  fidélité 
à  la  couronne  d'Angleterre  entre  les  mains  de 
M.  'Wickam. 

Le  général  Knox  a  ordre  de  se  rendre  de 
rSle  de  Wight,  aux  Indes-Occidentales.  Le  général 
Don  le  remplace  dans  son  commandement. 

La  chambre  des  communes  d  Irlande  a  pris 
une  résolution  tendante  à  encourager  la  navi- 
gation iniéiieure  de  ce  pays  ,  et  surtout  à  rendre 
le  Shannon  navigable  depuis  Lockallen  jusqu'à 
la  mer,  et  à  achever  le  canal  de  Dublin  au 
Shannon. 

Suivant  les  dernières  lettres  reçues  de  Gibraltar, 
la  livre  de  bœuf  s'y  vendait  deux  schellings, 
trois  deniers.  Les  autres  comestibles  étaient  chers 
à  proportion. 

D'après  un  relevé  qui  vient  d'être  fait ,  sur 
les  6S7  dernières  années  ,  il  y  en  a  eu  24^  de 
guerre. 

Le  corsaire  de  Bordeaux  le  Brave  s'est  emparé 
du  lord  Duncan  ,  allant  d'Antigoa  à  Glasgow 
avec  sucre,  caflSè,  coton  et  rhum;  du  Lancaster , 
chargé  à  Ssvannah  de  riz,  de  farine,  de  coton,  etc. 
pour  Lancaster  ;  die  C Aigle  expédié  de  Glasgow 
pour  Qjiébec  ;  du  William,  lettre  de  marque 
de  2S  canons,  ayant  à  bord  700  barriques  de 
sucre  à  la  destination  de  Liverpool  ;  des  bricks 
les  Six  Saurs  ,  et\a.Betzey  et  du  Sloop  le  Gipuy; 
les  trois  derniers  venant  aussi  des  Indes-Occi- 
dentales et  appartenant  à  Liverpool.  —  Total  7 
prises. 

Un  lougre  attaché  à  la  division  qui  croise  à 
^a  hauteur  de  Dunkerque  est  arrivé  à  Déal.  L'objet 
de  sa  mission  est  tenu  sous  le  plus  profond  secret. 
Aucun  bateau  n'a  la  permission  de  l'aborder. 

La  plus  jeune  des  princesses  de  Courlande, 
qui  s'était  laissée  enlever  par  un  des  musiciens 
de  son  père  ,  avec  le  projet  de  l'épouser ,  a  été 
arrêtée  dans  sa  fuite  ;  mais  le  musicien  a  échappé 
avec  tous  ses  papieTs,  parmi  lesquels  est  une 
promesse  de  mariage  en  forme ,  souscrite  de  la 
main  de  la  princesse.  Il  lui  a  été  offert  5o  mille 
écus    en  échange    de   ladite  promesse  ;  il  les    a 

efusés  ,  paraissant  décidé  à  en  poursuivre  l'exé- 
cution lorsque  la  princesse  aura  atteint  sa  majorité. 
Si  d'assister  à  un  Te  Deum,  et  de  parler  décem- 

inent  de  la  religion,  observe  le  Morning-ChronicU, 

est  une  preuve  d'athéisme  ,  que  penser  de  ccus 


qui  n'entrent  jamais  dans  une  égVise  ,  ou  qui  na 
parlent  de  la,  religion  que  pour  la  combattre. 

On  croit  assez  généralement  que  le  parlement 
sera  prorogé  le  27   messidor. 

INTERIEUR. 

Sirasbourg,  le  iS  messidor. 

On  n'entend  pas  parler,  ici,  d'armistice  conclu 
entre  Kray  et  Moreau.  D'après  les  nouvelles 
les  plus  récentes  ,  l'aîle  droite  de  l'armée  du 
Rhin  s'avance  toujours  dans  la  Bavière  ^  le  centre 
se  portait  le  10  sur  Ingolstadt .  et  l'aîle  gauche 
sur   le   Haut-Palaiinat. 

Kolzbue  se  rendait  en  Russie  avec  un  passe- 
port de  Paul  1*^',  lorsque  des  cosaques  postés 
sur  les  frontières,  et  qui  l'y  attendaient  ,  l'anê- 
terent  à  Polangen;  sa  femme  et  ses  enfans  eurent 
la  permission  de  le  suivre  jusqu'à  Miltau  ,  où 
ils  furent  obligés  de  se  séparer  de  lui.  Ils  ne 
savent  maintenant  ni  où  on  l'a  transporté,  ni 
pourcjuoi-on  Itria  fait  essuyer  un  pareil  traitement. 

L  assemblée  "des  états  autrichiens,  nommés 
états  héréditaires,  a  invité  l'empereur  à  conclure 
la  paix.  (Extrait  du  Strasburger  Weltbote. } 

Paris ,     /«  24  messidor. 

Elle  va  donc  être  célébrée  une  seconde  fois 
d'une  manière  digne  d'elle  ,  la  première  ,  la  plus 
belle  des  journées  de  la  révolution  !  Dépuis  la 
fédération  de  1790  ,  elle  sembla  tomber  successi- 
vement en  désuétude  ;  elle  fut  lout-à-fait  oubliée 
dans  nos  grands  jours  d'alarme  ,  méconnue  des 
factions  ou  solenniséc  avec  une  tiédeur  qui  annon- 
çait assez  que  cet  anniversaire  n'était  point  une 
lêie  pour  eux.  Cependant  quel  jour  lut  plus  na- 
tional que  celui  où  toutes  les  forces  et  tous  les 
seniimens  de  la  nation  étaient  réunis  .  où  iln'exis- 
lait  point  encore  de  paais  ,  où  ceux  qui  étaimt 
destinés  à  devenir  di.puis  des  factieux  n'étalent 
encore  que  des  patriotes  !  Quel  est  le  français  dont 
le  cœur  a  battu  pour  la  révolution  ,  qui  ne  se 
rappelle  avec  le  plus  grand  intérêt  les  inquieiudes 
et  le  courage  ,  la  terreur  et  1  allégresse  de  ces 
jours  si  mémorables  dans  les  annales  françaises  ! 
qui  n'entende  encore  le  son  alarmant  de  deux 
cents  tocsins  qui  peientirent  dans  tout  Pans  pen- 
dant la  nuit  du  i3  et  la  journée  du  14  !  qui  ne  se 
souvienne  du  silence  effrayant  de  celte  nuit,  des 
cris  de  ces  nombreuses  patrouilles  qui  ne  trou- 
blaient le  calme  de  la  nuit  <]ue  pour  recomman- 
der aux  citoyens  de  veillera  leur  propre  sûieté! 
qui  ne  voie  encore  tous  les  atleliers  occupés  à 
lorger  des  piques  ,  les  églises  converties  en  fon- 
deries de  balles!  qiii  ne  se  rappelle  cette  con- 
quête des  armes  aux  Invalides ,  ei  ce  luniùlte  et 
ces  cris  d'impatience  et  de  joie  qui  étaient  enten- 
dus des  3o,ooo  soldats  que  la  cour  avait  fait  cam- 
per au  Champ-deMars  !  que  de  fraternité  dans 
ces  jours  où  l'on  n'en  parlait  point  encore  !  que 
de  sincérité  dans  les  élans  !  que  d  attendrissement 
dans  tous  les  yeux  ,  de  patriotisme  dans  toutes 
les  bouches  ,   d'ivresse  dans  toutes  les  âmes  ! 

A  l'heure  où  corarnenceia  aujourd  hui  la  fête  , 
Paris,  il  y  a  onze  ans,  n  était  plus  qu  un  vaste 
camp.  A  la  place  de  cette  loule  de  citoyens ,  qui 
seront  paisiblement  rassemblés  dans  le  Charap- 
de-Mars  ,  était  réunie  une  armée  formidable  qui 
s'occupait  de  leur  destruction.  Au  même  mo- 
ment où  le  canon  grondera  dans  ce  champ  pour 
célébrer  l'anniversaire  du  Quatorze -Juillet  ,  le 
canon  de  la  royauté  grondait,  il  y  a  onze  ans, 
sur  les  tours  de  la  Bastille  pour  les  défendre  , 
et  celui  des  parisiens  tonnait  au  pied  de  ses  rem- 
parts que  leur  ancienneté  ne  pouvait  garantir 
de  la  destruction.  Au  moment  où  les  habitans  de 
Paris  feront  entendre  ,  dans  ce  champ  ,  à  la 
suite  des  jeux  de  la  journée  ,  les  cris  de  vive  la. 
république  !  ils  remplissaient ,  il  y  a  onze  ans  ,  leur 
ville  victorieuse  de  ceux-ci  :  Vive  la  nation  !  la 
Bastille  est  prise  !  Que  d'événemens  depuis  ce 
jour  !  que  d'anxiétés  1  que  d'espérances  !  que  de 
malheurs  !  que  de  gloire  !  Combien  de  fois  ceux 
qui  applaudirent,  qui  contribuèrent  de  toute  leur 
ame  à  ces  premiers  succès  de  la  révolution  , 
auraient-ils  voulu  ,  depuis  ,  en  remonter  le  tor- 
rent pour  prévenir  ses  ravages  !  Sa  fureur  paraît 
enfin  arrêtée  ;  oublions  nos  calamités  passées  et 
ne  songeons  qu'à  notre  gloire  et  à  la  prospérité' 
qu'elle  nous  promet.  La  paix  qui,  l'année  der- 
nière ,  s'éloignait  de  nous  à  mesure  que  .nos 
armées  suivies  de  l'ennemi  s'approchaient  de  nos 
frontières  ,  et  qui  se  rapproche  de  la  républi- 
que à  mesure  que  ses  soldats  pénètrent  dans  le 
pays  ennemi  ,  la  paix  effacera  jusqu'à  la  trace  de 
nos  maux  ,  et  réalisera  toutes  les  espérances  que 
nous  avions  conçues  au  I4juillet  1789. 

A. JOURDAN. 

Le  Journal  des  débats  annonce  ,  sous  la  date  de 
Ralisbonne  ,  le  ta  messidor,  que  l'artillerie  ,  les 
bagages,  les  hôpitaux,  les  magasins  de  l'armée 
autrichienne  sont  transportés  à  Straubing  en 
Bavière. 

Le  même  journal  annonce,  sous  la  date  de 
Francfort,  le  17  messidor,  que  le  chargé  d'affaires 


de  Paul  I"  à  'vienne  (H  le  gentilhomrtie  d'ambas- 
sade ,  qui  étaient  restés  auprès  de  la  cour  de 
Vienne  ,  ont  reçu  l'ordre  de  revenir  à  Peters- 
bourg  ,  et  que  les  archives  de  la  légation  russe 
ont  été  conduites  i  Dresde. 

—  Une  gazette  de  Hambourg  annonce  que  le 
ministère  anglais  a  proposé  au  cabinet  de  Vienne 
d'entretenir  en  Italie,  pendant  toute  la  durée  de 
la  guerre  ,  un  corps  d'armée  de  24,000  hommes 
effectifs  ,  qui  seraient  débarqués  en  Toscane. 
Mais  toutes  les  autres  gazettes  du  Nord  s'accor- 
dent à  dire  que  le  cabinet  autrichien  a  déclaré 
au  ministre  anglais  ,  qu'il  ne  consentirait  à  au- 
cune liaison  ou  traité  qui  pût  l'empêcher  de 
faire  sa  paix  particulière  avec  la  France  ,  si  les 
circonstances  l'y  déterminaient. 

—  La  femme  Cochois  ,  qui  s'était  pourvue  en 
cassation  contre  le  jugement  qui  la  condamnait  à 
mort,  pour  avoir  étouffé  son  enfant  nouveau  né. 
vient  d  être  jugée  de  nouveau  par  le  tribunal  cri- 
minel de  Seine  et  Oise.  Les  témoignages  enten- 
dus ont  prouvé  qu'elle  avait  eu  d'abord  l'in- 
tention de  nourrir  son  enfant,  et  qu'elle  ne  lui 
donna  la  mort  que  parcequ'elle  fut  surprise  pac 
son  mari  ,  auquel  elle  avait  caché  sa  grossesse  , 
et  dont  elle  craignait  la  colère  s'il  entendait  les 
cris  de  cet  enfant.  Les  jurés  ont  reconnu  le  fait 
d  homicide  et  admis  l'excuse  ;  en  conscciuenc€  , 
la  peine  de  mort  prononcée  par  le  premier  juge- 
ment ,  a  été  commuée  en  celle  d'une  année  de 
frison. 

—  Le  Publiciste  rapporte  une  lettre  d'Elseneur  , 
du  7  messidor,  qui  annonce  que  la  t*^''  division 
des  vaisseaux  russes  qui  reviennent  d'Angleterre, 
et  ramènent  une  partie  des  troupes  auxiliaires  qui 
étaient  à  Jersey  et  Guernesey  ,  a  passé  le  Sund 
le  4. 

Le  même  journal  annonce  que  le  roi  de  Suéde 
a  éludé  de  -donner  une  audience  de  congé  à 
M.  Hjiles  ,  ministre  anglais  à  Stockolm  ,  et  que 
M.  Hailes  est  parti  sans  voir  le  roi. 

— ^  Le  quai  de  la  Pelleterie  ,  dont  la  première 
pierre  a  été  posée  aujourd'hui  par  le  ministre 
de  lintérieiir  ,  portera  le  nom  de  Quai  Desaix. 

PRÉFECTURE 

DU     DÉPARTEMENT     DE     LA     SEINE. 

Fête  de  la  Concordi.  —  Anniversaire  du  Quatorze- 
Juillet  17S9. 

Arrêté  du  i5  messidor  an  8. 

Le  préfet  du  département  de  la  Seine , 

Vu  le  programme  arrêté  par  le  ministre  de  l'in- 
térieur ,  et  adopté  par  les  consuls  pour  la  fête  de 
la  Concorde,  anniversaire  du  14  juillet  1789, 
qui  sera  célébrée  le  25  messidor  an  8  ; 

Les  instructions'  du  ministre  sur  ce  programme  , 
et  la  lettre  par  laquelle  il  charge  le  préfet  du  dé- 
partement de  donner  les  ordres  nécessaires  pour 
en  assurer  lés  dispositions; 

Arrête  : 

Art.  1='.  Conformément  à  l'article  IV  de  l'arrêté 
des  consuls  du  29  ventôse  dernier,  il  sera  élevé 
sur  la  place  Vendôme  une  colonne  à  la  mémoire 
des  braves  du  département  de  la  Seine,  morts 
pour  la  défense  de  la  patrie  et  de   la  liberté. 

II.  Cette  colonne  occupera  le  centre  de  la 
place;  à  cet  effet.,  le  piédestal  qui  y  est  actuel- 
lement sera  démoli. 

III.  Les  marbres  ,  provenans  de  la  démolition  , 
resteront  déposés  sur  la  place  ,  sous  la  garde  du 
poste  de  la  préfecture.  , 

Les  pierres  seront  transportées  rue  Neuve  du 
Luxembourg,  et  placées  devant  les  murs  des  jar- 
dins donnant  sur  celle  rue. 

Les  plombs ,  fers  et  cuivres  ,  seront  mis  dans  les 
magasins  de  la  préfecture. 

Les  médailles  et  pièces  de  monnaie  ,  qui 
seront  trouvées  dans  les  fondations  ,  seront  en- 
voyées au  garde  des  médailles  de  la  bibliothèque 
nationale. 

IV.  Aussitôt  après  la  démolition  du  piédestal , 
il  sera  fait  tous  les  préparatifs  nécessaires  pour  la 
pose  de  la  première  pierre  de  la  colonne  ;  cette 
pierre  sera  de  granit  de  France. 

V.  Il  sera  pratiqué  ,  dans  la  fondation  ,  un  eny^ 
castiement  pour  recevoir  une  boëie  de  bois  de 
cèdre  ,  renfermant  deux  épreuves  ,  l'une  en  ar- 
gent,  l'autre  en  bronze,  de  la  médaille  qui  sera 
frappée  à  cette  occasion  ;  et  en  outre  ,  une  table 
de  bronze  ,  sur  laquelle  seront  gravés  l'arrêté  des 
consuls  du  29  ventôse  an  8 ,  et  les  articles  1"  et  V 
du  présent  arrêté;  et  enfin  une  pièce  de  chacune 
des  monnaies  frappées  au  coin  de  la  république. 

VI.  Le  diamètre  de  la  médaille  sera  de  six 
centimètres. 

Elle  portera  l'effigie  des  trois  consuls. 

En  tête  ,  on  lira  :  Bonaparte  ,   premier  consul. 

En  légende  :  CAMBACEttÈs ,  second  consul,  Lebkvn, 
troisième  consul. 

Et  dans  l'exergue  .-  Constitution  de  la  républi' 
que  fran^aist  ,  a»  S  .<> 


Au  revers  ,  cette  inscription  ;  C<rtonn«  dêpar- 
Umentaie. 

Lucien  Bonaparte 

Étant  ministre  de   l'intérieur  , 

N.  Th.  B.  Frochot, 

Préfet  du  département  de  la  Seine  , 

a  posé  la  première  pierre  , 

Le  25  messidor  an  8  de  la  république  française. 

'    Onze  ans  après  le  I4juillet  178g. 

En  tête  :  Guerre  de  la  liberté. 

En  légende  :  Le  département  de  la  Seine  à  ses 
braves. 

VIL  La  première  pierre  étant  posée  ,  il  sera 
sursis  à  la  continuation  des  travaux  ,  jusqu'à  ce 
que  le  modèle  de  la  colonne  soit  adopté. 

Vin.  La  place  Vendôme  sera  nettoyée  et  Sablée 
dans  toute  son  étendue. 

IX.  Il  y  sera  élevé  quatre  orchestres  et  une  tri- 
bune vers  le  centre. 

X.  Les  places  destinées  aux  différentes  autorités 
convoquées  ,  seront  garnies  de  banquettes  et  dé- 
signées par  des  flammes  tricolores. 

XL  Près  duHeu  où  seraposéelapremiere pierre, 
il  sera  érigé  un  autel  à  la  patrie. 

XII.  Les-noras  de  toutes  les  communes  du 
département  ,  seront  inscrits  dans  des  médail- 
lons entourés  de  guirlandes  composées  des  prin- 
cipales productions  du  territoire  de  chaque 
commune. 

XIII.  Les  propriétaires  des  maisons  régnant 
sur  la  place  Vendôme  et  sur  les  deux  rues  qui  y 
conduisent ,  sont  invités  à  décorer  leurs  croisées 
de  draperies  ,  et  guirlandes. 

XIV.  Les  membres  du  conseil  de  préfecture  , 
ceux  du  conseil-général  du  département,  le  re- 
ceveur-général ,  le  directeur  des  contributions  , 
les  receveurs  des  domaines  nationaux,  les  archi- 
tectes et  ingénieurs  ,  et  généralement  les  citoyens 
attachés  par  des  emplois  publics  à  la  préfecture 
du  déparlement  de  la  Seine  ; 

Les  notaires  puolics  du  déparlement,  les  mem- 
bres des  jurys  dinsiiuction  et  les  professeur*  des 
écoles  centrales  ; 

Les  maires  de  la  ville  de  Paris,  leurs  adjoints 
et  leurs  secrétaires ,  les  commissions  des  contri- 
butions et  des  hospices  et  les  comités  d«  bienfe- 
sance; 

Les  juges-de-paix  ;  leurs  assesseurs,  greffiers  et 
généralement  les  citoyens  attachés  par  des  em 
plois  publics  à  la  ville  de  Paris  ; 

Sont  et  demeurent  invités  par  le  présent  arrêté  , 
à  assister  à  la  fête  de  la  Concorde. 

Les  tribunaux  d'appel  .  criminel  ,  de  première 
instance  et  de  commerce  recevront  une  invi- 
lation  particulière  en  la  personne  de  leurs  pré- 
sidens. 

XV.  A  7  heures  précises  du  matin,  les  citoyens 
formant  les  déiachemens  de  la  garde  nationale 
sédentaire  ,  se  réuniront  à  la  mairie  de  letir  ar- 
rondissement avec  armes  ,  drapeaux  et  tam- 
bours ; 

Les  vétérans  nationaux  volontaires  se  rendront, 
à  la  même  heure  ,  au  Palais  de  Justice. 

XVI.  Un  détachement  de  la  garde  nationale 
sédentaire  et  un  détachement  de  la  garnison  de 
Paris  occuperont,  à  sept  heures  ,  les  postes  qui 
seront  désignés  sur  la  place  Vendôme  et  dans  les 
rues  adjacentes. 

XVII.  Les  officiers  de  la  gendarmerie  donne- 
ront ordre  aux  brigades  de  gendarmerie  en  ré- 
sidence à  Paris  ,  de  circuler  dans  les  places 
Vendôme  et  de  la  Concorde  et  les  rues  envi- 
ronnantes ,  pour  y  maintenir  l'ordre  et  la  tran- 
quillité 

Ils  sont  invités  à  se  rendre  à  huit  heures  à  la 
préfecture. 

XVIII.  Le  maire  du  11=  arrondissement,  se 
rendra  au  palais  de  justice  à  sept  heures  et  demie 
avec  soncoitegc,  ])Our  se  joindre  aux  membres 
des  tribunaux  réunis  et  les  accompagner  jusqu'à 
la  prélecture,  entourés  des  vétérans  nationaux. 

Le  maire  du  7*  arrondissement  se  conformera 
aux  mêmes  disposidons  à>  l'égard  du  tribunal  de 
commerce. 

XIX.  Le  maire  du  10'  arrondissement  se  ren- 
dra à  sept  heures  et  demie  ,  au  ministère  de  la 
guerre  ,  avec  son  cortège  ,  pour  accompagner 
les  drapeaux  des  départemens  ,  qui  seront  rerais 
au  détachement  chargé  de  les  apporter  à  la  place 
Vendôme. 

XX.  Les  autres  maires  et  adjoints  se  rendront 
directement  à  la  prélecture  ,  avec  le  détachement 
de  la  garde  nationale  dont  ils  seront  escortés. 

XXI.  Se  rendront  aussi  directement  à  la  pré- 
fecture ,  les  notaires  publics,  les  juges-de-paix  et 
autres  auiorités  ou  fonctionnaires  invités  par 
litlicleXIV. 

XXII.  La  commission  des  hospices  civils  sera 


iigi 

accompagnée  des  élevés  de  la  patrie ,  organisés 
militairement. 

.XXIII.  Le  préfet  de  police  sera  invité  particu- 
lièrement ;  et  à  sept  heures  précises,  il  sera  en- 
voyé à  sa  disposition  un  détachement  de  la  garde 
nationale  sédentaire,  avec  drapeaux  et  tambours, 
pour  le  conduire  de  la  préfecture  de  police,  à 
celle  de  département,  oii  il  se  rendra  avec  le  se- 
crétaire-général et  ceux  des  commissaires  de  po- 
lice dont  il  croira  pouvoir  se  faire  accompagner 
sans  nuire  au  service  public. 

XXIV.  Les  sous  -  préfets  des  arrondissemens 
communaux  de  Françiade  et  de  Sceaux-l'Unité  , 
seront  convoqués  pour  se  rendre  à  la  préfecture  , 
et  assister  à  la  cérémonie. 

_XXV.  Les  sociétés  particulières  ,  s'occupant  de 
sciences  et  arts  ,  dans  le  département  de  la  Seine  , 
sont  invitées  à  s'y  faire  représenter  par  une  dépu- 
tation  de  plusieurs  de  leurs  membres. 

XXVI.  Les  orchestres  annonceront  l'arrivée  des 
autorités  et  des  administrations. 

XXVII.  Les  membres  des  autorités  et  adminis- 
trations seront  en  grand  costume. 

Ceux  qui  n'en  ont  point  encore  de  déterminé  , 
porteront  une  écharpe  et  une  médaille  ,  ou  autre 
désignation  de  leurs  fonctions. 

XXVIII.  L'heure  de  la  réunion  à  la  préfecture  , 
est  huit  heures  précises  du  matin. 

XXIX.  Lorsque  les  drapeaux  des  départemens 
approcheront  de  la  place  Vendôme  ,  le  préfet, 
accompagné  des  sous-préfets  ,  du  conseil  de  pré- 
fecture ,  du  conseil  général  du  département  ,  et 
de  toutes  les  autorités  et  administrations  locales 
descendra  de  la  maison  de  préfecture  ,  ira  au-de- 
vant des  drapeaux,  les  ramènera  jusquà  l'autel 
de  la  patrie  ,  et  les  couronnera  de  chêne  et  de 
lauriers. 

Les  fanfares  militaires  ,  le  roulement  des  tam- 
bours ,  et  une  salve  d'artillerie  annonceront  cet 
hommage  rendu  à  la  valeur  des  français  répu- 
blicains. 

XXX.  Le  préfet  montera  ensuite  à  la  tribune; 
les  autorités  et  administrations  prendront  les  places 
qui  leur  seront  désignées. 

Les  autorités  et  administrations  départementales 
occuperont  la  droite  de  la  tribune. 

Les  autorités  et  administrations  de  la  ville  de 
Paris  occuperont  le  côté  opposé. 

Le  secrétaire  -  général  de  préfecture  donnera 
lecture  de  l'arrêié  des  consuls  ,  qui  ordonne  qu'il 
sera  élevé  dans  chaque  département  une  colonne 
à  la  mémoire  des  braves  morts  en  combattant 
pour  la  liberté.  Le  préfet  prononcera  un  discours 
analogue  à  la  fête,  et  appellera  tous  les  artistes 
à  concourir  pour  l'érection  du  monument. 

XXXI.  Après  ce  discours,  le  préfet  procédera 
à  la  pose  de  la  première  pierre  ,  à  9  heures  très- 
précises. 

XXXII.  Il  sera  brûlé  des  parfums  pendant  la 
cérémonie,  et  les  orchestres  exécuteront  les  airs 
qui  tant  de  fois  ont  conduit  les  armées  françaises 
à  la  victoire.  La  cérémonie  sera  terminée  par  une 
salve  d'artillerie. 

XXXIII.  Le  cortège  se  rendra  par  la  rue  des 
Capucines,  le  boulevard  et  la  rue  de  la  Concorde, 
au  ministère  de  la  Marine. 

XXXIV.  La  marcha  sera  ordonnée  ainsi  qu'il 
suit  : 

Cavalerie. 

Corps  de  musique. 

Bannière  portant  cette  inscription  :  ville  de  Paris. 

Détachement  de  Garde  nationale. 

Trois  drapeaux. 

Commissaires  de  police. 

Détachement  de  Garde  nationale. 
Trois  drapeaux. 
Juges-de-paix. 

Détachement  de  Garde  nationale. 
Trois  drapeaux. 
Régie  de  l'octroi. 
Percepteurs  des  contributions. 
Commissions  des  contributions. 

Détachement  de  Garde  nationale. 
Trois  drapeaux. 
Comités  de  bienfesance. 
Commission  des  hospices. 

Elevés  de  la  patrie  organisés  militairement. 
Les   maires  ,  adjoints  et  secrétaires. 
Le  secrétaire-général  de  la  prélecture  de  police. 
Le  préfet  de  police. 

Vétérans  nationaux  volontaires. 
Bannière  portant  cette  inscription  :  Département 
de  la  Seine. 

Détachement  de  la  Garde  nationale. 
Six  drapeaux. 
Ecoles  centrales. 
Jurys  d'instruction. 
Sociétés  libres 


Détachement  de  la  Garde  nationale. 
Trois  drapeaux. 
Notaires. 

Détachement  de  la  Garde  nationalt. 
Trois   drapeaux. 
Tribunal  de  commerce. 

Détachement  de  la  Garde   nationale. 
Trois  drapeaux. 
Tribunal  de  première  instance. 

Détachement  de  la  Garde  nationale. 
Trois    drapeaux. 
Tribunal  criminel. 

Détachement  de  la    Garde  nationale. 
Trois   drapeaux. 
Tribunal  d'appel. 

Détachement  de  la  Garde  nationale. 

Trois  drapeaux. 

Les  drapeaux  des  départemens. 

Elevés  de  l'école  de  musique  militaire. 
Receveurs  de  domaines  nationaux. 
Directeurs  des   contributions. 
Receveur  général. 

Le  conseil-général  du  département. 
Le  conseil   de  préfecture. 

Les  sous-préfets  des  arrondissemens  commu- 
naux de  Françiade  et   de  Sceaux. 

Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  du  dé- 
partement. 

Le   préfet   du   déparlement. 

Corps  de  cavalerie. 

XXXV.  Le  soir  et  pendant  la  nuit  ,  la  maison 
de  la  préfecture  ,  et  tous  les  éiablisseinens  publics, 
dans  l'étendue  du  département  ,  seront  illuminés, 
ainsi  que  les  maisons  des  particuliers. 

XXXVI.  L'architecte  de  la  préfecture  est  chargé 
de  l'inspection  et  de  la  direction  des  travaux  qui 
seront  exécutés  dans  la  place  Vendôme  ,  pour  la 
célébration  de  la  fête. 

Le  citoyen  Gatteaux,  artiste  graveur,  sera  chargé 
de  lexécution  de  la  médaille. 

XXXVII.  Le  présent  arrêté  sera  adressé  au 
ministre  de  l'intérieur  ,  aux  ministres  de  la  guerre 
et  de  la  marine  ,  au  général  divisionnaire  com- 
mandant la  i5'  et  17'  division  militaire  ,  et  au 
général  divisionnaire  commandant  d'armes  de 
Paris  ;  il  Sera  Communiqué  au  régulateur  des 
cérémonies. 

Il  sera  envoyé  à  toutes  les  autorités  «  adminis- 
trations kicales ,  aux  fonctionnaires  publics  et 
sociétés  qui  y  sont  désignés. 

Paris,,  le   l5  messidor  an  S. 

Le  préfet  du  département  de  la  Seine  ,  Frochot. 
Le  secrétaire-général  de  ta  préfecture.  Et.  Mejan. 


PREFECTUREDF,    POLICE. 

Paris,   le   16   messidor,    an    8  de   la    république 
française  ,  une  et  indivisible. 

Le  préfet ,  vu  la  nécessité  et  l'urgence  de  répri- 
mer les  désordres  qui  se  sont  introduits  sur  le 
marché  aux  plantes,  aux  fleurs  sur  tige,  aux 
arbustes  et  aux  graines , 

Arrête  ce   qui    suit  : 

Art.  I"'.  Le  marché  aux  plantes,  aux  fleurs, 
aux  arbustes  et  aux  graines,  est  provisoirement 
maintenu  sur  le  quai  de  la  Mégisserie.  11  tiendra 
des  deux  côtés  du  quai  et  dans  toute  sa  lon- 
gueur, mais  de  manière  à  ne  point  causer  d'em- 
barras ni  aux  marchands  en  boutiques,  ni  aux 
étalagistes  de  féraille  ,  placés  momentanément  le 
long  du  parapet,  à  la  charge  expresse,  par  ces 
derniers,  de  ne  point  empiéter  sur  le  terrcia 
affecté  au  marché. 

II.  Il  sei'a  laissé  au  milieu  de  la  chaussée  uri 
espace  suffisant  pour  la  libre  circulauori' de  deux 
voitures  de   front. 

III.  L'emplacement  affecté  au  marché  des 
plantes  ,  des  fleurs  sur  tige  ,  des  arbustes  et  des 
giaines  se  divise  en  deux  parties. 

La  première  ,  destinée  aux  marchaijds  forains  , 
s'étend  depuis  le  Châtelet  et  le  Pont-àu-Change  , 
jusqu'à  la  rue  des  Fuseaux. 

La  seconde  partie  ,  réservée  aux  détaillans  , 
s'étend  depuis  la  rue  des  Fuseaux  jusqu'à  la  hau- 
teur de  la  rue  de  la  Monnaie  et  du  Pont- 
Neuf. 

IV.  Le  marché  aura  lieu  trois  fois  par  décade  , 
savoir  :  les  tridi  ,  sextidi  et  nonidi  ,  depuis  le 
lever  jusqu'au  coucher  du  soleil.  {  Arrêté  du  bu* 
reau  central   du  Ig  frimaire  an  7  ,   art.  XIV.) 

V.  Aucun  marchand  forain  ne  pourra  vendre 
sur  l'emplacement  réservé  aux  détaillans  .  et  réci'' 
proqucmcnt  les  détaillans  ne  pouriont  étaler  sur 
[emplacement  destiné  aux  marchands  forains. 

VI.  Les  places  sur  la  partie  du  têrrein  affecté 
à  la  vente  en  g.os,  seront  dévolues  à  chaque 
marché  au  premier  occupant. 

VIL   Tout  individu  q,ui  voudra  occuper  uns 


place  de  cU-iaillnnt  sur  le  marché  aux  ;)!jiites  , 
jujt  flcuis  sut  tige,  aux  arbuslcs  el  a'  x  ^lain-es  . 
devra  en  obtenir  la  permission  du  prélci  de 
police.  '    ' 

VIII.  Dans  le  cas  oii  des  délaillans  seraient 
coi;vaincus  d  avoir  trompé  le  pul^lic  dans  la  vente 
dts  plantes  ,  des  fleurs  sur  tige  et  des  arbustes  ,  ils 
seiont  privés  de  leurs  places. 

IX.  Les  porteuis  ou  hottiers  dans  l'usage  de 
stationner  sur  le  quai  de  la  Mégisserie ,  qui  y 
causeraient  de  l'embarras  ou  du  trouble  ,  seront 
conduits  à  la  piéfccture  de  police. 

X.  Il  sera  pris  envers  les  contrevenans  aux  d>s- 
posiiions  ci-dessus  telles  njÉSures  de  police  admi- 
nistrative qu'il  apnartiendra  ;  ils  seront  en  outre 
dénonces  jiiix  tribunaux  compélens  ,  pour  être 
poursuivis  corilotmément  aux  lois. 

XI.  Le  présent  arrêté  sera  imprimé  el  affiché.  Il 
sera  envoyé  auxaulofiiés  qui  doivent  en  connaître  , 
aux  officiers  el  préposés  de  police  .  potir  que  cha- 
cun  ,  en  ce  qui  le  concerne  ,  tienne  stvicleaient  la 
main  à  son  exécution. 

Le  préfet  de  police ,  signé  ,  Dubois. 
Pour  expédition  conforme, 

Le-  secrétaire- ginéral  adjoint.     Fauvk. 


ii9« 


pertes  doivent  être  communs  entre  npus 
moi  vos  comptes.  >> 

Barrillon  ,  sourd  à  ce  langage,  méconnaît  ou 
feint  de  méconnaître  la  quahié  et  les  droits  de  son 
associé,  et  refuse  de  rendre  ses  comptes. 

Caslanei  a  invoqué  la.jusiice  des  iiibunaux  ,  et 
les  faits  et  les  moyens  de  la  cause    sont  présentes 
avec  beaucoup  d  intérêt  dans  un  mémoire  cuneux  , 
qui  se  vend  chez  Descnne  ,   libiaiic 
Egalité. 


Palais- 


LEciioven  Barrillon,  bantiuier  àT.iris,  rue  nfuve 
du  Luxembourg  ,  n"  i6i  ,  prie  ses  conciioytiis  de 
de  ne  pas  se  laisser  prévenir  contre  lui  par  l'an- 
nonce faite  dans  les  journaux  ,  dune  affaire  qcii 
va  être  portée  au  tribunal  de  commerce  du  dé- 
partement de  la  Seine.  Le  cit.  Bairillon  espère 
que  le  jugement  à  intervenir  détruira  les  impres- 
sions que  la  lecture  d'un  mémoire  astuc.ieusemenl 
rédigé  et  mis  eh  vente  jijir.  son  adversaire  ,  pour- 
lait  faire  naîtie.     Par  procuration  de  B.AttRii-LON. 

Ce  2  1  messidor.  Dubeuf. 


Sucre  de  betteraves. 


L'institut  national  des  sciences  et  des  arts  , 
dans  sa  séance  du  i"  prairial  an  8  ,  a  entendu 
le  rapport  d'une  commission  composée  des  cit. 
Charles  ,  Monge  et  Perler  ,  sur  les  ouvrages  de 
tout  exécutés  par  le  citoyen  Barreau  ,  artiste  cé- 
lèbre de  la  commune  d'Avignon. 

Le  rapporteur  ,  après  avoir  annoncé  que  la 
-commission  ,  par  un  examen  attenlif  ,  s  était  con- 
vaincue que.  la  description  détaillée  de  ces  ou- 
vrages serait  trop  longue  par  la  multiplicité  des 
beautés  qu'ils  présentent ,  affirme  que  les  diffi- 
cultés qu'il  a  fallu  vaincre  pour  perlectionner  les 
chefs-dœuvre  qui  ont  passé  sous  les  yeux  de  la 
commission  ,  sont  tels  que  l'on  conçoit  à  peirie 
comment  cet  artiste  a  pu  se  proposer  de  pareils 
problêmes  à  résoudre  et  en  si  grand   norabie. 

Le  rapporteur  ajoute  que  le  citoyen  Barreau 
a  réellement  reculé  les  boines  de  son  art,  et 
que  ses  découvertes  offrent  des  ressources  pour 
la  pratique  des  arts  mécaniques.  Il  conclut ,  au 
nom  de  la  commission  ,  que  le  citoyen  Barreata 
mérite  les  éloges  de  l'institut  ,  et  qu'il  serait  à 
désirer    qu'il  voulût   décrire   ses   procédés. 

La  classe  a  approuvé  le  rapport  et  en  a  adopté 
les  conclusions. 

Le  citoyen  Barreau  désirant  répondre  ,  autant 
qu'il  est  en  lui  ,  aux  désirs  de  l'iiisiiiut  na- 
tional et  contribuer  au  perfectionnement  des 
arts  ,  offre  (  en  attendant  qu'il  puisse  publier 
la  description  de  ses  procédés  )  de  donner  des 
leçons  de  tour.  Il  assure  ceux  qui  voudront  mettre 
sa  confiance  en  lui  ,  et  qui  ont  du  goût  pour  cet 
art,  quilles  mettra  en  peu  de  lems  à  même  d'ac- 
quérir le  degré  de  perfection  qui  lui  a  coulé  plus 
de  trente  années  d'application  et  de  travail. 

Il  demeure  au  conservatoire  des  arts  et  métiers  , 
ïue  de  1  Université  ,  n°  296.  On  y  voit  tous  les 
jours  les  ouvrages  du  citoyen  Barreau  ,  dont  le 
gouvernement  a  fait  l'acquisition. 


Cause  remarquable. 
Le  tribunal  de  commerce  du  département  de 
la  Seine  va  être  ajipelé  à  prononcer  sut  une  affaire 
importante  ,  et  qui  touche  à  la  morale  publique  , 
en  même-tems  qu'elle  intéresse  la  bonne-foi  com- 
merciale. 

Il  paraît  que  Castanet  et  Batrillon  se  sont  asso- 
ciés à  Saint-Domingue  ,  en  1788. 

Le  premier  devait  prendre  soin  des  propriétés 
et  des  affaires  sociales  en  Amérique  ;  Banillon  se 
chargea  de  travailler  au  succès  de  la  société  en 
Europe. 

Barrillon  (  aujourd'hui  célèbre  à  Paris  comme 
banquier,  comme  fournisseur,  etc.  )  quitta  Saint- 
Domingue  en  1792  ,  au  moment  ovi  le  séjour  de- 
venait périlleux  ;  il  a  fort  habilement  employé, 
en  France,  700  mille  livres  de  fonds  appartenans 
à  la  société  ,  qu'il  avait  emportés  de  Saint-Do- 
rainoue  ,  etla  renommée  porte àplusieurs  millions 
la  fortune  qu'il  a  acquise. 

Cependant  la  guerre  ,  les  ravages  ,  l'incendie  et 
la  mon  planaient  sur  Saint-Domingue;  on  pou- 
vait croire  qu'il  ne  serait  plus  question  de  Castanet, 
lorsque  tout-à-coup  il  a  reparu  et  a  dit  :  j'  Je  suis 
resté  dans  la  colonie;  j'y  ai  défendu  nos  habita- 
tions communes  ,  j'ai  combattu  les  brigands  qui 
les  ont  dévastées  ;  j  ai  perdu  mon  (ils  unique 
dans  les  combats  ;  moi-même  grièvement  blessé  , 
pris,  incarcéré,  destiné  au  supplice,  échappé 
enfin  par  une  suite  de  prodiges  ,  je  reviens  en 
Fiance  ,   et  je  vous  trouve,  vous,  mon  associé. 


On  ne  se  doutait  pas  ,  il  y  quarante  ans  envi- 
ron ,  lorsque  Matgraff,  chimiste  de  Berlin  an- 
nonça I  existence  du  sucre  dans  la  racine  de 
beitJrave  ,  qu'on  pourrait  un  jour  tirer  parti 
de  celle  découverte  ,  et  qu  on  parviendrait  à 
prouver  ([ue  celte  lacine  contenait  assez  de  sucre  , 
pour  qu'on  pût  se  passer  de  celui  de  la  canne. 
C  est  cependant  ce  qu'a  fait  M.  Acliard  ,  aussi 
chimiste    de   Berlin. 

Les  difiétens  procédés  indiqués  par  ce  savant  , 
viennent  dêtre  répétés  à  Paris  ,  par  une  com- 
mission que  la  classe  des  sciences  physiques  et 
mathématiques  de  l'inslitul-naiional  avait  nommée 
à   cet   effet. 

Il  résulte  du  travail  de  celte  commission  : 
1°.  Q;ie  l'espèce  de  betterave,  qui  croît  en 
France  ,  et  qui  est  reconnaissable  à  sa  chair 
blanche  traversée  par  des  bandes  ou  rayes  rou- 
"^eâires  ,  contient  du  sucre  ,  ainsi  que  celle  de 
fa  même  espèce  qui  ,  à  Berlin  ,  a  fait  le  sujet 
des   expériences  de  M.   Achard. 

2°.  Qjie  la  quantité  de  sucre  que  cette  racine 
fournit,  est  assez  considérable  pourmériter  qu'on 
s'occupe  de  son  extraction. 

3".  Que  ce  sucre  ,  après  avoir  été  purifié  , 
a    touic"s  les  qualités   du  sucre   de  canne. 

4°.  Oue  s'il  est  vrai  de  dire  qu'à  la  rigueur, 
le  prix  du  sucre  de  betterave  ne  pourra  eue 
déterminé  d'une  manière  très-précise,  que  ItDrs- 
qu'on  connaîira  les  résultats  d'expérience  faites 
ii.ès-en  gland,  cependant  on  peut  .  dès-à-préscnt , 
présumer  que  ce  prix  ne  s'élèvera  pas  plus  haut 
que  celui  du  sucre  de  canne  dans  les  tcnis 
ordinaires. 

5°.  Que  l'opération  relative  à  l'extraction  du 
sucre  de  la  betterave  ,  telle  qu'elle  a  été  in- 
diquée par  M.  Achard,  est  encore  bien  éloignée 
de  celle  perfection  dont  elle  est  susceptible,  et 
qu'elle  acquerrcra  ,  sans  doute,  lorsquelle  sera 
pratiquée  par  des  personnes  habiles  qui  ,  en  la 
considérant  comme  devant  oftrir  une  nouvelle 
branche  de  commerce,  ne  négligeront  aucuns 
moyens  pour  diminuer  les  dépenses  et  augmenter 
le    produit. 

6°.  Enfin,  que  comme  il  existe  plusieurs  variétés 
de  bet;erave  ,  il  est  à  désirer  qu'on  s'assure  si 
dans  le  nombre  il  ne  s'en  trouve  pas  quelques- 
unes  plus  riches  en  sucre  que  celle  que  M.  Achard 
a   indiquée. 

Telles  sont  les  principaux  résultats  qui  ont 
été  extraits  du  rapport  présenié  à  la  classe  des 
sciences  physiques  et  mathématiques  de  l'ins- 
titut national  ,  par  la  commission  chargée  de 
répéter   les   procédés  de   M.  Achard. 

Ce  rapport  qui  ,  sans  doute  ,  sera  incessam- 
ment publié  ,  offiira  l'ensemble  des  expériences 
qui  ont  été  faites  ,  et  d'après  lesquelles  les  com- 
missaires se  sont  crus  fondés  à  conclure  ,  qu'il 
était  à  présumer  que",  comme  l'avait  annoncé 
le  chimiste  de  Berlin,  la  betterave  pourrait  un 
jour   remplacer  la  canne  à  sucre. 


ndcz-  !  et  d'une  vérité  bien  constatée  :  elles  voudiont 
bien  adresser  leurs  lettres,  fianches  de  port, 
au  cit.  Lebourg  ,  libraire ,  Palais-Egaliié  ,  première 
galleric  de  bois,  n"  229,  pour  reineltte  au  cit. 
È-J.       ■ 

Si  je  garde  l'anonyme  ,  c'est  pour  écrire  sa  vie 
avec  plus  de  libellé  et  de  véracité  ,  et  parce  que 
je  ne  veux  pas  qu'un  sentiment  de  gloriole  flé- 
trisse ce  monument  de  l'amitié.  Je  suis  tiop  affiigé 
d'é  la  perte  d  un  ami  aussi  j'are  ,  d'un  ciio\eii 
aussi  dévoué  à  sa  patrie,  d  un  mililaiie  aussi  buvc 
et  d'un  litiératfur  aussi  savant  et  aussi  modeste, 
pour  songer  à  m'associer  à  sa  gloire.  Je  ne  dois 
songer  et  je  ne  songe  qu'à  faire  connaître  un 
modèle  aux  hommes'' vertueux.  En  me  léguant ^ 
de  préférence  à  tant  d  amis  illustres,  la  moitié 
de  sa  petite  bibliothèque,  il  semble  ((u'il  ait 
voulu   inc  léguer   une   tâche  aussi   honorable. 

Pendant  sa  vie  je  n'aurais  pas  osé  affliger  s» 
modestie  en  insérant  dans  les  journaux  le  moindre 
éloge  de  lui  ,  parce  que  je  savais  la  peine  qu'il 
ressentait  quand  des  amisjaaoins  réservés  ou  qui 
le  cou  naissaient  m  oins,  annonçaient  au  public  quel- 
ques-unes de  ces  actions  glorieuses  qu'il  cachait 
avec  tant  de  soin. 

Aiijourdhui  que  sa  mort  m'a  dégagé  de  ma 
promesse  ,  je  crois  encore  entendre  son  ombre 
me  faire  des  reproches  de  songer  à  le  louer; 
aussi  je  me  promets  bien  de  ne  pas  l'alfliger  par 
un  lécil  mensonger  ou  hazardé.  En  ce  moment 
des  milliers  de  trails  de  désinléressement  ,  de 
dévoûment  ,  me  viennent  à  l'esprit;  mais  je  crains 
de  les  affaiblir  en  ne  les  mettant  pas  à  leur  place , 
et  je  sens  ([u'un  journal  ne  pourrait  pas  me  four- 
nir assez  d'espace,  je  me  borne  donc  à  ce  seul 
trait,  parce  quil  est  le  plus  récent,  ei  que  je 
sais  quel  pressentiment  l'affectait  alors. 

Avant  son  départ  ,  il  vint  me  voir  à  ma  cara- 
paane  pour  me  faire  ses  adieux  ;  je  lui  représentai 
qu'il  était  tcms  à  son  âge  de  jouir  du  repos  ,  qu'il' 
se  devait  maintenant  à  la  république  des  lettres,- 
qu'il  avait  des  manuscrits  à  finir,  et  qu'enfin  je 
craignais  pour  lui  les  dangers  d'une  nouvelle 
campagne.  Au  mot  de  danger  :  Eh  bien  !  mon. 
ami,  (  en  me  serrant  foneinent  la  main)  seriez- 
vous  doue  fâché  de  me  -ooir  mourir  d'une  mort 
glorieuse  ? 

11  a  laissé  deux  manuscrits  sur  la  langue  cel- 
tique ;i'un  est  un  Glossaire  pol\ glotte,  dans  lequel 
il  compare  45  langues  avec  le  bieton  ,  sa  langue 
maternelle  ;  l'autre  est  un  dictionnaire  Breton- 
gallois  [ranimais.  J'ai  vu  souvent  le  premier  ;  il 
avait  coiiié  au  net  ses  brouillons  avant  son  dé- 
part.; il  ne  s'agit  plus  que  de  les  classer,  et  de 
mettre  la  dernière  main  à  sa  rédaction.  Comme 
je  connais  son  plan,  qu'il  avait  eu  la  mod'estie 
d'adopter  me:  idées  sur  la  classification  ,  et  qu'il 
devait  me  charger  de  revoir  son  travail  en  défi- 
nitif ,  je  me  propose  de  remplir  ses  vues  après 
sa   mort. 

Je  n'ai  pas  vu  l'autre  ouvrage  ,  mais  il  m'en  « 
souvent  parlé  avec  l'entousiasme  qu'il  éprouvait 
toujours  quand  il  parlait  de  la  langue  de  soo 
pays,  la  Basse-Bretagne.  Enfin,  il  doit  se  trouver 
dans  SCS  malles  un  exemplaire  de  ses  Origines 
Gau/otJei  imprimées  en  lan  5,  chargé  de  note& 
dont  je  lui  ai  fourni  ,  à  sa  sollicitation  ,  la 
plus  grande  partie. 

Je  me  propose  de  lui  tenir  l'offre  que  je  lui 
avais  faite  avant  son  départ  pour  l'armée,  d'être 
lédileur  et  le  rédacteur  de  ses  manuscrits  et 
d'en  solliciter  ensuite  du  gouvernement,  l'im- 
pression. C'est  ma  passion  pour  les  langues 
qui  m'a  procuré  sa  connaissance  et  ensuite  sa 
précieuse  amiué  ;  c'est  à  cette  passion  que  je 
dois  les  livres  rares  qu'il  m'a  légués.  Heureuse 
passion  ,  que  tu  m'as  fait  goûter  de  jouissances  ! 
Je  te  dois  la  possession  d  un  ami  et  le  charme 
de  l'étude.  Livres  précieux  qu'il  m'a  légués  , 
vous  serez  lus  ,  médités  de  préférence  à  tous 
les  autres.  En  vous  feuilletant  ,  en  vous  voyant 
chargés  de  ses  notes  ,  je  le  croirai  présent  ,  je 
me  rappellerai  avec  quel  entousiasme  il  me  par- 
lait de  vous  ;  combien  vous  l'avez  rendu  heu- 
reux !  E-  J- 


•Le'til..E.:J.  au  rédacteur. 

'Vous  avez  inséré,  citoyen,  dans  le  n»  289 
(igmessidorl,répiiaphequejevousai  adressée  avec 
unecourte  uoie  consacrées  la  mémoire  de  Lalour- 
d'Auvergne-Corret.  Permettez-moi  de  me  servir 
encore  de  votre  journal  pour  prévenir  le  public 
que  je  me  propose  de  composer  une  notice  de 
sa  vie  militaire  ,  littéraire  et  privée  :  j'ai  déjà 
beaucoup  de  détails  que  je  dois  particulièrement 
aux  épanchemens  de  son  amitié  ;  je  prie  donc 
toutes  les  personnes  qui  s'intéressent  à  la  gloire 

. , -  "^^  "='  homme  modeste  ,' de  me   faire  parvenir 

au'sdn  de*^  Vopùïence  ;  les  bénéfices   comme   les  '  toutes  les  anecdotes  qui  sont  à  leur  connaissance 


COURS     DU    CHANGE. 

Effets  -publics. 

Rente  provisoire ' *°  f""-  63  c. 

Tiers  consolidé 3o  fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers t  fr.  49  c. 

Bons  d'arréragé 88  fr.  25  c 

Bons  pour  l'an  8... 84  fr. 

Coupures 67  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 

Lyon au  p.  à  10  jours. 

Marseille au  p.  à  s5  jours. 

Bordeaux i  p.     à  vue. 

Montpellier..  ;^  p.  à  3o  jours. 


A  Paris  ,  de  llimptimeiie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


JV"  296. 


S'xlidi  ,  26  messidor  a?i  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aucbiisés    à  prévenir  nos  souscriprcurs  ,  qu'à   dater  da  7   nivôse  le  M  O  N' I  T  E  U  R  es:    le   s£ul  jouriiai  officiel. 
Il  contient    L-s    séances  des  ai:corirés  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  laits  et  les    notior 
tant  su  l'intérieur  que  sjr  l'extérieur,   tournis   par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  s-jra   partic^.ihére'.ncnc   consacré   aux    sciences  ,  aux  arts    et  aux  découvertes   nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ITALIE. 

Liberté.  Egalité. 

Extrait  des  Te.gistiss   de  la   commission    de  gouvir- 
7iCiUeiit  de  la  république  cisalpine  an  8. 

Séiince  du   i6  messidor. 

La  consulte  législ.vive  cisalpine  a  envoyé  à  la 
commission   de   gouvernement  la   loi  ci-après. 

.     EÉPUBLIQ^UE      CISALPINE. 

Considérant  que  la  lépublique  cisalpine  ,  recon- 
nue ïi^.:t  et  indépendante  par  l'empereur  et  par 
la  rpajeure  partie  des  puissances  de  l'Europe  , 
'avaù  le  droit  de  faire  ses  lois  et  réglemens  par  le 
moyen  de  ses  légitimes  reptéscmaiis  ; 

Considérant  que  les  lois  et  réglemens  ainsi  faits 
ont  été  annuilés  par  un  i;ouvernement-établi  à 
force  armée  ,  et  contre  la  teneur  des  traités; 

Considérant  enfin  ,  quil  est  de  la  sagesse  d'un 
gouverncmeni  de  maintenir  la  tranquillité  dans 
l'intérieur  des  familles  .  en  ne  détruisant  point 
des  actes  qui  ,  quoique  passés  sous  un  gouverne- 
mem  intius,  ont  cependant  le  caractère  de  la 
bonne  foi  ; 

Reconnaissant  le  cas  d'urgence  proposé  par 
la  commission  extraordinaiie  de  gouvernement, 
dans  son  message  du  l5  messidor  , 

Arrête  : 

Art.  I''.  Sont  déclarés  nuls  tous  les  édits  , 
lois  ,  proclamations  ,  ordres ,  avis  ,  et  toute  autre 
dîsposliion  ,  de  quelque  nature  qu'elle  soit,  éma- 
nés de  1  autorité  judiciaire,  politique  et  adminis- 
trative ,  pendant  l'occupation  du  territoire  de  la 
république  cisalpine  par  les  troupes  autri- 
chiennes. 

H.  Sont  rétablies  dans  toute  leur  vigueur  les  lois 
de  la  république  cisalpine  ,  excepté  celles  qui  re- 
gardent les  réglemens  de  finances  et  des  impôts 
indirects  ,  ainsi  que  celles  qui  concernent  le  culte 
catholique  erses  ministres  ;  remettant  en  vigueur 
pour  ces  objets  les  ordonnances  et  réglemens 
qui  étaient  observés  en  avril  1796.  Seront  cepen- 
dant remis  en  pleine  possession  et  jouissance  de 
leurs  propiiéiéb  les  acquéreurs  légitimes  des  biens 
déclarés  nationaux  par  les  précédentes  lois  de  la 
république  ,  ainsi  que  ceux  qui  ont  subi  un  in- 
juste séquestre  ou  qui  ont  été  indignement  dé- 
pouillés dans  toute  1  étendue  de  la  république. 

III.  Sont  maintenus  les  jugeraens  exécutés,  sauf 
les  recours  ordinaires  pour  la  restitution  en  entier, 
les  successions  léguées  ou  non  léguées  déjà  véri- 
iiées  ,  les  contrats  qui  ont  eu  leur  pleine  exécu 
tion  ,  pourvu  qu'ils  ne  concernent  pas  des  biens 
qui  n  étaient  pas  sous  le  séquestre  ,  et  que  d'ail- 
leurs ils  ne  contiennent  aucune  cause  de  nullité 
ou  de  lésion.  Sont  également  maintenus  d'une 
manière  irrévocable  ,  les  paiemens  faits  suivant 
les  lois  en  usage  dans  le  tems  intermédiaire. 

La  commission  extraordinaire  du  gouverne- 
ment ordonnera  que  la  présente  loi  soit  publiée  et 
affichée  dans  toute  l'étendue  de  la  république  ci- 
salpine ,  pour  y  avoir  pleine  et  entière  exécution. 

Milan  ,   le  16  messidor  an  S. 

Signé ,  Petiet,  Marliani,  Mattia. 
Contresigné ,   Macchi  ,  secrétaire. 

La  commission  de  gouvernement  ordonne 
que  h  présente  loi  sera  munie  du  sceau  de  la 
léjjublique  ,  imprimée  ,  distribuée  et  exécutée 
dans  toute   la  république. 

Le  président  de  la  commission  de  gouvernement , 

SOMMARIVA  .  RuCA. 

Clavf.na  ,  secrétaire-général. 

LiBiutTÉ.  Egalité. 

1800.   2  juillet  an  4. 

Atl    NOM    DE    LA    RÈPUBLKiyjE    LIGURIENNE. 

La  commission  extraordinaire  de  gouvernement 
considérant  que  l'article  VII  de  l'arrêté  du  pre- 
mier consul  delà  république  française  ,  daté  de 
Milan  le  4  messidor  an  8  (23  juin  1800  )  porte  que 
tous  lu  fonctionrtaires  publies  sont  tenus  de  rester 
à  leur  poste  ,  et  de  continuer  leur  service  sous 
l'auioiité  du  gouvernement  provisoire  juiquà  ce 
qu'il  en  ait  été  autrement  ordonné ,  et  pourvoir  d'ac- 


cord avec  lui  à  tous  les  moyens  possibles  d'assurer 
le  bon  ordre  dans  tout  le  territoire  de  la  républi- 
que ligurienne  ,  arrête  : 

Art.  V.  Tous  les  fonctionnaires  publics  qui  , 
dans  tout  le  jour  2  juillet:,  se  trouvent  en  exer- 
cice ,  sont  tenus  de  rester  à  leur  poste. 

II.  A  compter  de  ce  jour  .  toute  opération  ul- 
térieure ,  de  quelque  commissaire  organisateur 
que  ce  soit  ,  est  suspendue  ,  ce  qui  a  été  lait  jus- 
qu'à présent  étant  maintenu. 

III.  Le  présent  arrêté  aura  son  effet  jusqu'à  nou- 
velle décision  du  gouvetnenaent. 

IV.  Le  ministre  de  l'intérieur  et  des  finances  est 
chargé  de  l'exécution  de  cet  arrêté  ,  dans  le  plus 
court  délai. 

Rossi  ,  président. 

A.  Pareto  ,  secrétaire. 
Le  présent  arrêté^  été  publié  dans  le  jour. 
F.  GiANELLO  ,  ministre. 


Liberté.  Egalité. 

Là  commission  extraordinaire  de  gouvernement  au 
peuple  ligurien. 

Citoyens, 

Les  armes  de  la  grande-nation  viennent  de 
rendre  l'existence  à  la  république  ligurienne. 
Fidèle  amie  de  la  France  ,  elle  est  pour  jamais 
inscrite  sur  le  rôle  des  nations  d'où  les  vicissitudes 
de  la  fortune  avaient  menacé  un  moment  de 
l'effacer  ;  mais  son  existence  ne  serait  pas  un 
bienfait,  si  elle  était  encore  compromise  par  des 
convulsions  journalières ,  ou  en  proie  aux  maux 
qui  nous  accablent  depuis  plusieurs  années  ;  à 
ceux  d'une  guerre  désolante  dont  la  Ligurie  est 
devenue  le  triste  théâtre  ,  se  sont  jointes  des 
dissentions  intestines.  Elles  ont  rendu  une  partie 
de  nos  concitoyens  étrangers  parmi  nous;  elles 
ont  banni  les  arts  ,  l  industrie  et  l'union  des 
familles ,  empoisonné  les  sources  les  plus  pures 
du  plaisir  ,  et  mis  le  comble  à  l'inforiune  pu- 
blique et  privée.  Par  elfes  il  ne  nous  reste  de 
la  société  que  le  nom  ,  delà  vie  que  le  fardeau. 

Mais  le  premier  magistrat  de  la  république  fran- 
çaise joint  à  l'existence  qu  il  nous  a  redonnée  par 
les  vict(  ir;s,les  sages  conseils  qui  peuvc-ni  assurer 
sa  félicité  :  ils  nous  sont  transmis  par  un  ministre 
digne  ,  à  tous  égards  de  notre  estime  et  de  notre 
confiance.  Bonaparte  ,  cet  homme  dont  aucun 
éloge  n  égale  le  nom  .  nous  invite  à  mettre  un 
terme  à  tant  de  calamités.  Citoyens  ,  ses  prin- 
cipes vous  sont  connus  ;  la  commission  extraor- 
dinaire du  gouvernement  les  professe.  Forte  de 
l'adhésion  des  bons  citoyens ,  elle  ne  connaîtra  de 
partis  que  pour  les  comprimer  ;  elle  ne  souffrira 
point  les  persécutions  ,  quelqu'en  soit  le  pré- 
texte ;  elle  ne  verra  le  délit  que  dans'l'infraction 
des  lois  et  le  mérite  que  dans  leur  observance. 
Egalement  opposée  aux  ennemis  de  la  république 
et  aux  sectateurs  de  1  anarchie  ,  le  bonheur  com- 
mun ,  la  sûreté  individuelle  seront  son  but  ;  la 
modération  ,  la  justice  ,  ses  moyens  ;  la  réunion 
des  citoyens  en  une  seule  famille  ,  le  comble  de 
ses  vœux.  Elle  ne  se  dissimule  pas  qu'elle  est 
pressée  de  toutes  parts  par  les  besoins  e:  envi- 
ronnée de  ruines  ;  mais  elle  sait  que  l'amour  de 
la  patrie  ,  qui  facilite  les  sacrifices  et  les  priva- 
tions, n'est  point  éteint  dans  les  coeurs  des  ligu- 
riens. S  il  ne  lui  est  pas  doni^é  de  rendre  à  la 
Ligurie  son  antique  splendeur  ,  elle  sera  contente 
au  moins  d  avoir  allégé  ses  maux  et  préparé  la 
voie  à  un  meilleur  avenir  ,  qui  ne  peut  être  réalisé 
que  par  une  paix  générale. 

Habitans  des  vallées  ,  un  entier  oubli  doit  cou- 
vrir le  passé.  Le  gouvernement  confirme  avec  joie 
les  assurances  de  eetupubiij  proclamées  parle 
premier  consul  de  la  république  française.  Que 
cette  mesure  chère  à  son  cœur  obtienne  de  vous 
la  reconnaissance  qu'elle  mérite.  Redevenez  ci- 
toyens paisibles  ctuiiles.  Qu'une  laborieuse  indus- 
trie répare  nos  désastres. 

Hommes  de  toutes  les  opinions  ,  qui  ,  sans 
avoir  contrevenu  aux  lois  ,  avez  ,  de  votre  propre 
mouvement,  cherché  unasyle  au-dehors,  revchcz 
dans  vos  maisons  oià  vous  attendent  la  surêté  et  la 
tranquillité.  Une  funeste  guerre  d'opinion  ne  doit 
point  avoir  lieu  entre  des  frères  appelés  par  la 
nature  à  cette  confiance  réciproque  qui  est  lame 
du  commerce  et  de  la  navigation. 

Ministres  d'une  religion  auguste  ,  ne  craignez 
point  qu^  la  licence  et  le  détoi  die  vous  enlèvent 


une  considération  méritée  ;  que  vôtre  influence 
bienfesanie  et  vos  vertus  exemplaires  ramènent  les 
hommes  à  la  véiitable  morale  ;  (ju'clles  versent  un 
baume  salutaire  sur  des  plaies  ulcérées  ;  qu'elles 
achèvent  la  conciliation  si  désirée  des  esprits. 

Mais  ,    citoyens  ,   votre   concours  unanime   est 
nécessaire  pour  ce  grand  ouvrage.  Calmons  toutes 
les  anioiusités  ,  éteignons    toutes   les   haines.   Ne 
trahissons  point  par   des  discordes  élernelles   l'es- 
pérance de  sauver  de  la  ruine  notre  patrie  ,  nous- 
mêmes    et   nos    entans  ;    quj  ceux-ci   ne    soient 
point  victimes  des  futcuis  de  leurs  pères  ,  et  ne 
les   exposons  pas  à  exécrer  un  jour  Itur  mémoire. 
Rossi  ,  président. 
A.   Pareto  ,  secrétaire- 
An   Palais-National  ,  le    3    juillet    1800    an    4 
de  la  république  ligurienne. 

ALLEMAGNE. 

Stuttgard ,  /c  1 2  messidor. 

Le  général  Kohler  et  les  officiers  anglais,  chargés 
d'instruire  les  turcs  dans  la  tactique  europcanne  , 
retournent  en  Angleterre  par  l'Allemagne. 

On  assure  que  le  comte  de  Cobenizel  est  parti 
de  Vienne  pour  l'Italie,  dans  1  intention  d'entamer 
des  préliminaires  de  paix. 

Ulm  se  prépare  à  sou'enir  un  assaut.  —  Le  duc 
de  "Wirtemberg  est  à  Erlangen. 

L'armée  autrichienne  a  quitté,  le  10,  Ingolstadt; 
elle  a  passé  le  Danube  et  s'est  porté  sur  User.  Elle 
doit  couvrir  Raiisbonne.  Tous  les  bagages  et 
munitions  de  1  armée  ont  été  transportés  dans  cette 
ville,  {Strasburger  Welbote.) 

REPUBLI.Q.UE     HELVÉTIQUE. 

.  De   Berne  ,  le   16    messidor.  " 

La  marche  des  troupes  françaises  par  Saint- 
Gai  continue.  Environ  quatre  rnille  prisonniers 
autrichiens  ,- parmi  lesquels  se  trouvent  soixante 
officiers,  ont -passé  par  ici  pour  se  rendre  en 
France. 

Le  12  ,  la  communication  de  la  Suisse  avec 
Bregentza  été  rétablie  par  le  général  Jardon.  Les 
français  s'avancent  vers  Feikirck  pour  assurer  cette 
communication.  On  a  jeté  à  Reiueck  un  pont  sur 
le  Rhin. 

Il  y  a  encore  quelques  troubles  dans  la  contrée 
de  Locarno. 

C'est  l'ambassadeur  de  Prusse  à  Munich  ,  M-  de 
Heymann  ,  et  non  le  ministre  Hardtmberg  qui 
doit  traiter  avec  le  général  Moreau  ,  au  nom  de 
l'électeur  de  Bavière.  [Strasb.  Weltbole.  ] 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg ,   le   20  messidor. 

D.^NS  la  nuit  du  17  au  18  ,  il  a  passé  par  ici  uti 
Courier  de  Vienne  allant  à  Paris.  On  assureque 
ses  dépêches  ont  pour  objet  la  paix  entre  l'Autri- 
che et  la  France. 

Depuis  le  14  ,  deux  bataillons  de  la  légionpolo- 
naise  ,  passant  par  Mayence  ,  se  sont  portés  sur  le 
Rhin.  Le  i5  ,  plusieurs  demi-brigades  et  plusieurs 
régimens  de  cavalerie  ont  pris  la  même  route.  Le 
même  jour ,  le  général  Sainte  -  Suzanne  et  les 
généraux  de  divisions  Colaud  ,  Souham  ,  Pille  , 
sont  partis  pour  la  rive  droite  du  Rhin.  Le  17  , 
Sainte  -  Suzanne  avait  son  quartier  -  général  à 
Hochst. 

On  s'attend  à  une  armistice.  L'affaire  d'Ober- 
hausen  ,  dans  laquelle  une  simple  division  a 
battu  un  corps  d'armée  fort  de  plus  de  12,000 
hommes,  a  découragé  l'ennemi.  Nous  lui  avons 
fait  dans  cette  journée  5  à  600  prisonniers  ,  et 
si  le  jour  ne  nous  eut  manqué  ,  nous  eussions 
pris  son  artillerie,  et  nous  l'aurions  poussé  dans 
un  marais. 


Paris  ,  le  25  messidor. 

PRÉFECTURE     DE    POLICE. 

Note    sur    les  citoyens    Condamina  ,   mariniers    au 
Port-Landri. 

Ces  citoyens  ont  fait  un  grand  nombre  de  belles 
actions ,  mais  avec  un  désintéressement  si  rare 
qu'à  peine  en  trouve-l-on  des  tiaces.  On  est  par- 
\enu    à,  en  constater   quelques-unes  à  force    de 


recherclies, et  c'est  d'utic  pàtlî'e  de  ceTles-làsfeuife- 
tncnt  qu'il  sera  question  ici. 

i".  Dans' un  tems  de  gelée  ,  la  citoyenne  ta- 
verdeau  tomba  dans  la  livicre  et  fut  emiiortée. 
Condamina  (  Baptiste)  se  jet-ta  à  la  nage  et  parvint 
a  la  rctiTer-  elle  fut  rappelée  àlavie.  Condamina 
■était  alors  très-jeune. 

2". Pendant  un  hiver  très-rigoureuK,  de>UTc  hom- 
mes étaient  sur  le  point  de  périr ,  les  deux  frères 
Condamina  se  précipitèrent  dans  la  rivière  à  tra- 
vers les  glaces.  Baptiste  disj)arut  sous  les  glaçons  ; 
îl  parvint  cependant  à  se  retirer  ,  tandis  que  son 
frçrç  sauva  les  deux  hommes. 

3*.  Une  autre  fois ,  ils  vinrent  avec  leur  ba- 
telet  pour  dégager  nn  bateau  arrêré  par  les 
glaces'  en'  traVefs  du  Pont-Rouge.  Ils  débarras- 
sèrent en'  partie'  le  bateau  ,  mais  leur  bachot 
coula  à  fond  -,  ils  se  trouvèrent  dans  l'eau  avec 
deux  homitiës  ,  ils  en  sauvèrent  un. 

4".  En  1784  ,  ils  repêchèrent  un  homme  et 
■d'eux  chevaux    entraînés  par  la  rivière. 

5".  Eli  1785  ,  ils  repêchèrent  quatre  hommes 
«j'ul  avdient  lâché  un  train  de  bois  qui  donna  en  , 
travers  du    Poni-Noire-Dame. 

6°.  En  17S7  ,  il  sauvèrent  la  vie  à  un  enfant 
qui  se  noyait. 

7°.  En  1788,  une  femme  employée  aux 
bains  chinois,  tomba  dans  la  rivière  à  quatre 
heures  du  malin  et  fut  entraînée  ;  elle  fut  sauvée 
par  les  frères  Condamina. 

8°.  Une  femme  fut  jetée  à  minuit  du  Ponl- 
'Rouge  dans  la  rivière  ;  les  frères  Condamina  ac- 
■coururent  à  ses  cris,  et  la  sauvèrent  au  moment 
OÙ  elle  allait  passer  sous   le  pont  de  la  Cité. 

g°.  Un  des  deux  frères  sauva  ,  il  y  a  environ 
■quatre' ans,  la  vie  à  un  porteur  tombé  dans  l'eau. 

10°.  (Quelque  tems  auparavant  ,  Baptiste  Con- 
•damina  avait  sauvé  ,  à  onze  heures  et  demie  du 
soir  .  deux  jeunes  gens  entraînés  dans  un  bachot , 
sans  crocs  ni  rames.  Ils  étaient  sur  le  point  de 
passer  sous  le  moulin  de  la  cité,  lorsque  Con- 
damina les  joignit.  Il  n'eut  que  le  tems  de  se  jeter 
dans  leur  bachot  ;  il  le  manœuvra  et  le  lira  d'af- 
faire ,  abandonnant  son  projsre  balelct  qu'il  re- 
trouva le  lendemain. 

II".  Le  4  messidor  an  4 ,  à  dix  heures  du 
soir  ,  l'inspecteur  des  ports  apperçut  de  ses  fe- 
nêtres un  bachot  entraîné  et  dans  lequel  étaient 
trois  hommes  n'ayant  ni  croc  ,  ni  rames.  11  ap- 
pela les  frères  Condamina  qui  demeurent  au  port 
Landri  et  qui  étaient  déjà  couchés.  Il  descend 
aussitôt  pour  chercher  d  autres  secours.  A  peine 
était-il  avi  bord  de  l'eau,  qu'il  apperçut  Baptiste 
Condamina  en  pantalon  ,  et  son  (ils  (i)en  chemise 
■èe  portant  à  forcesur  le  bachot, encourageant  delà 
voix  ceux  qui  étaient  dedans  ;  ils  les  sauvèrent. 
Ces  trois  hommes  étaient  des  ouvriers  des  frères 
Dàuney  ,  chez  qui  ils  furent  conduits  par  les 
Condamina. 

Le  lendemain  ,  les  frères  Dauney  envoyèrent 
le  citoyen  Girard,  leur  premier  commis,  porter 
«ux  frères  Condamina  une  récompense  pécu- 
■niaire;  mais  ceux-ci  refusèrent  en  disant  <i  qu'ils 
ri  étaient  trop  heureux  d'avoir  sauvé  la  vie  à 
*j  leurs  semblables.  >» 

lî*;  Le  3  frimaire  an  7  ,  des  mariniers  firent  une 
fausse  manœuvre  en  voulant  mettre  un  couplage 
d'orge  à  la  Grève  ;  un  des  frères  Condaminasauva 
Je  couplage  et  les  mariniers  qui  y  étaient  restés  ; 
Xt  l'autre  sauva  le  citoyen  Chapizau  ,  l'un  des  raa- 
ïiniers  qui  était  tombé  à  l'eau. 

1-3".  En  l'an  5  ,  ils  sauvèrent  avec  beaucoup  de 
peine  trois  chevaux  qui  avaient  été  entraînés  par 
le  courant  de  la  rivière.  Ce?  chevaux  àpparte- 
haieni  au  citoyen  Aubin  ,  voiturier ,  avec  lequel 
l^s  Cdndamina  étaient  brouillés. 

Depuisplus  de  quarante  ans ,  les  citoyens  Con- 
damina sont  au  port  Landri  j  ils  n'ont  cessé  de 
rendre  des  services  importans  ,  soit  en  empêchant 
(des  naufrages  ^  soit  en  repêchant  les  naufragés. 
Ils  se  portent  à  ces  actions  avec  un  zèle  et  un  dé- 
sintéressement inconcevable.  Ils  y  employent  gra- 
tuitement leur  téms  ,  leurs  ustensiles  de  niatine  , 
îeurs  cordages  ,  etc.  ;  il  faut  ajouter  à  tout  cela  , 
que  les  Condamina  tiennent  la  conduite  la  plus 
régulière  ,  ont  des  mœurs  pures,  et  sont  d'une 
probité  à  toute  épreuve.  Ils  ont  chacun  trois 
iénfans. 

//  était  de  toute  justice  que  le  quai  de  ta  Pelleterie 
si  Ixmg-tems  t4moin  de  leurs  belles  actions  ,  le  fût 
aussi  de  leur  triomphe. 

Les  deux  frères  Condamina  ^  d'après  Iq  -vœu  de 
tous  les  mariniers  de  Paris  ,  ont  assisté  à  la  pose 
de  la  premiers  pierre  dû  quai  Dèsaix,  et  le  préfet 
de  police  l'cur  a  témoigné  publiquement  la  re- 
connaissance de  tous  les  bons  citoyens . 

(i)  Ce  fils  avait  alors  diit-buit  ans  et  est  à  l'armée 
«ornmé  conscrit. 


II94 

LS'CÎtbyén* iferorfere  ,  fils ,  îiigériîéur'  tnltiétalit)- 
giste,  élevé  de  l'école  dé  Paris  ,  et  membre  de  la 
commission  des  sciences  et  ans  en  Egypte  ,  a 
adressé  à  son  père,  notaire  à  Mclun  ,  une  lettre 
datée  du  Caire  ,  le  8  vendémiaire  dernier.  Ce 
jeune  natura'iste,  âgé  de  24  ans,  est  parti  pour 
lEgypte  comme  adjoint  du  célèbre  et  infortuné 
Dolomieu.  Comme  sa  lettre  contient  des  détails 
curieux  sur  un  pays  encore  peu  connu  ,  nous 
avons  pensé  que  nos  lecteurs  en  verraient  ici 
avec  plaisir  quelques  passages. 

(^  J'ai  recherché,  autant  que  je  l'ai  pu,  les 
moyens  de  pénétrer  à  diverses  hauteurs  ,  soit  dans 
les  déserts  de  la  Lybie,  soit  dans  ceux  qui  se 
trouvent  entre  lEgypte  et  la  Mer-Rouge  ;  le  prin- 
cipal trajet  que  j  ai  fait  est  celui  dHesney  à 
Cosseir  ,  port  de  la  Mer-Rouge  par  lequel  se  fait 
le  commerce  de  lEgypte  avec  l'Arabie;  les 
troupes  françaises  panaient  pour  aller  s  emparer 
de  ce  point,  dans  le  moment  où  j'arrivais  à 
Hesney;  je  me  suis  déterminé  à  saisir  1  occasion  , 
ei  à  partir  avec  elles.  Gg  voyage  est  long  et  assez 
fai.iguani  :  on  ne  peut  le  faire  que  sur  des  dro- 
madaires ,  parce  jj,ue  les  chevaux  n'y  pourraient 
pas  résister. 

11  Je  crois  avoir  fait  en  Egypte  ce  qu'il  m'était 
possible  d'y  faire;  ce  voyage,  que  je  viens 
d'achever  ,  était  le  seul  qui  pût  être  intéressant 
pour  moi.  On  desiiait  de  connaître  la  miné- 
ralogie de  la  Haute-Egypte  .  et  sur-tout  de  la 
partie  qui  se  trouve  entre  1  Egypte  et  la  Mer- 
Rouge  :  ces  endroits  n'avaient  éié  parcourus  par 
aucun  naturaliste  ;  quelques-uns  même  n'avaient 
éié  visités  par  aucun  voyageiir ,  et  leur  position  , 
mal  connue,  avait  été  placée  un  p^^u  au  hasard 
sur  les  canes  géographiques,  dapiès  les  rap- 
ports   de    quelques   habitans   du  pays. 

)i  En  tîEi'occupant  de  ces  recherches  ,  j'ai  eu 
occasion  de  voir  dans  te  plus  grand  détail  les 
monumens  des  anciens  égyptiens  ,  dont  cette 
partie  de  lEgypte  est  encore  couverte. 

n  J'ai  resté  vingt-deux  jours  à  visiter  les  ruines 
de  l'ancienne  ville  de  Thebes  qui  ,  si  elle  a  oc- 
cupé iemplacement  qu  on  lui  assigne  ,  n'éiait 
gueres  moins  grande  que  Paris.  1 

Ceux  qui  connaissent  les  monumens  de  Rome  1 
et  de  la  Giece  ,  voyent  encore  avec  surprise  les 
anciens  monumens  de  l'Egypte  ;  on  y  reconnaît 
avec  évidence  la  source  où  les  grecs  ont  puisé 
presque  tout  ce  que  nous  admirons  dans  leur  archi- 
tecture. 

))  La  plupart  des  monumens  Egyptiens  sont 
des  temple.i ,  dont  l'intérieur  est  presque  toujours 
construit  sur  le  même  plan  ;  les  constructions 
accessoires  varient  davantage  :  ce  sont  commu- 
nément de  très-beaux  portiques  qui  ont  quatre 
ou  six  colonnes  de  front  ,  sur  trois  ou  quatre 
de  profondeur  ,  et  dont  les  chapiteaux  ,  presque 
tous  difFérens  ,  font  un  efFet  très-singulier  ,  et  qui 
n'est  nullement  désagréable  à  l'œil.  >) 

11  Quelquefois  on  arrive  à  ces  portiques  en  tra- 
veilant  de  grandes  cours  garnies  intérieurement 
de  colonnes  ,  dont  les  chapiteaux  présentent  la 
même  variéié  ;  le  fust  de  ces  colonnes  est  toujours 
couvert  d  hiéroglyphes  et  de  diverses  sculptures 
dansloute  sa  hauteur;  ceshiéroglyphes  qui  étaient 
les  caractères  du  langage  sacré  ,  et  peut-être  aussi 
du  langage  vulgaire  des  anciens  égyptiens  ,  sont 
extrêmement  abondans;  il  c'est  aucune  partie  des 
constructions  égyptiennes  qui  n'en  soit  totalement 
recouverte  ;  il  y  en  a  même  jusque  sur  les  en- 
ceintes extérieures  qui  enferment  quelquefois  les 
temples  et  leurs  cours,  n 

)i  Une  chose  très-  remarquable  encore  parmi 
lesconsiructions  qui  accompagnent  ordinairement 
ces  temples  ,  ce  sont  les  môles  qui  leur  servent 
quelquefois  de  portes  ;  ce  sont  de  hautes  tours 
carrées  ,  ou  pour  mieux  dire  ,  des  pyramides 
tronquées  qui  sont  jointes  deux  ensemble  par  leur 
partie  supérieure;  l'espace  qu'elles  laissent  dans 
leurs  parties  inférieures  ,  sert  de  passage  pour 
s'introduire  dans  le  temple.  Quoique  ces  cons- 
tructions aient  quelquefois  plus  de  quatre-vingt 
pieds  de  hauteur ,  elles  sont  souvent  totalement 
recouvertes  ,  soit  d'hiéroglyphes  ,  soit  de  bps- 
rehefs  ciselés  avec  le  plus  grand  soin  ;  le  dessin 
n'en  est  pas  des  plus  corrects  ;  ils  excellaient  dans 
cette  partie  beaucoup  moins  que  dans  l'exé- 
cution. ï>  . 

n  Quelques-uns  dé  -Ces  môles  sont  presque 
.'massiis  ,  et  n'ont  d'antte  construction  intérieure, 
qu'un  escalier  qui  part  en  ligne  droite  depuis  le 
bas  d'un  môle  jusqu'au  sommet  du  môle  voisin. 
Ces  sommets  sont  terminés  en  terrasse.  D'autres 
ont  une  quantité  innombrable  de  chambres  inté- 
rieures ,  qui  paraissent  avoir  été  destinées  aux 
diflPérens  actes  de  la  religion  ,  tels  que  l'embau- 
mement, la  sépulture,  etc.  On  trouve  dans  plu- 
sieurs endroits  des  peintures  qui  représentent  ces 
embauraemens.  C'était  une  des  choses  les  plus 
sacrées  chez  les  égyptiens.  Les  prêtres  en  étaient 
chargés  :  ils  sont  représentés  dans  ces  fonctions 
avec  une  tête  d'animal ,  soit  de  loup  ,  soit  de 
bélier  ou  de  renard.  Probablement  c'était  les  mas- 
ques dont  ils  couvraient  leur  visage  ,  pour  éviter 
d'être  contius  ,  ou  pour  s'attirer  un  respect  qu'ils 


n'kui^aiefit  pas  oblenw  sans  ce  gi:nre  d'orne- 
mens.  " 

n  Lorsqu'on-  est  entré  sous  les  portiques  dont 
je  vous  parlais  ,  on  voit  devant  soi  une  longue 
suite  de  chambres  dont  les  portes  toutes  sem- 
blables (  quant  aux  ornemens  )  s'enfilent  parfai- 
tement -,  mais  leurs  dimensions  ne  sont  pas  les  mê- 
mes. Elles  vont  toujours  en  diminuant  de  gran- 
deur à  mesure  qu'elles  avancent  vers  la  chambre 
du  fond  ,  qu  on  appelle  plus  respectueusement 
le  sanctuaire  du  temple.  >> 

»  Dans  quelques  monumens  le  sol  s'élève  grar 
duellement  depuis  le  portique  jusqu'au  sanc- 
tuaire. Ce  moyen  qu'on  a  rarement,  occasioa 
d'employer  dans  nos  constructions  modernes, 
produit  un  eifet  de  perspective  très-frappant  ;  il 
agrandit  prodigieusement  l'intérieur  des  temples. 
La  lumière  n'entrant  que  par  les  portiques,  l'obscu- 
rité qui  augmente  de  plus  en  plus  dans  les  cham- 
bres du  fond  ,  favorise  beaucoup  cet  efFet  en  ne 
permettant  dappercevoir  que  très  indistincteraei  t 
les  parties  les  plus  éloignées;  et  comme  les  portes 
sont  parfaitement  semblables  ,  on  n'attribue  leuc 
différence  qu'à  un  éloignement  plus  grand  que 
celui  qui  existe  ;  voilà  l'effet  qu'on  observe  ;  mais 
peut-être  serait-ce  prêter  aux  égyptiens  plus  d'art 
qu'ils  n'en  ont  eu  ,  que  de  supposer  qu'ils  l'outfait 
dans  ce  dessein. 

Ces  chambres  ont  encore  un  caractère  particu- 
lier ;  c'est  qu'elles  sont  beaucoup  plus  larges  qus 
profondes  ;  sur  les  côtés  il  y  a  de  petits  coriidors 
îort  étroits  qui  conduisent  à  une  multitude  de 
de  petites  chambres  très  obscures  qui  ,  sans  doute, 
ont  servi  de  tombeaux  ;  lorsqu'on  veut  se  bazar- 
der d'y  entrer  ,  on  est  assailli  par  d-ss^  milliers  de 
chauve-souris  qui  ont  bientôt  éteint  les  lumières 
avec  lesquelles  on  s  y  introduit,  et  dans  le  court 
espace  de  tems  nécessaire  pour  en  lever  le  plan, 
on  est  exposé  à  avoir  la  hgure  frappée  une  dou- 
zaine de  fois  par  ces  dégoutans  ani.Tiaux. 

Les  serpcns  cérastes  ou  serpenscornus  ,  qu'ado- 
raient les  égypiiens  ,  sont  assez  communs  dans 
cette  contrée  ;  j'ai  manqué  d'êire  mordu  par 
un  dans  une  des  grottes  de  Thebes;  mais  c'est-là 
un  des  moindres  dangers  qu  on  coure  en 
Egypte  ,    etc. 


ESSAI      SU  RLE      GOUT. 

Nous  n'avons  plus  de  moturs ,  nous  avons  des 

manières. 
Qui  pourra  donc  nous  rendre  à  nos  vertus  pre- 
mières ? 
Le  sexe  dont  l'empire  est  adoré  par-tout , 
Et  qu'un  peuple  poli  nomme  a^rbitre  du  goût. 
Sexe  modeste  et  fier ,  lu  n'en  perds  pas  la  trace  : 
Le  goût  est  ton  conseil  ,  la  décence  est  ta  grâce. 
Pour  toi ,  dont  la  raison  ne  connaît  point  d'efforts. 
Le  goût  est  à  l'esprit  ce  qu'est  la  grâce  au  corps.  (I) 

Par-tout  je  vois  le  sexe  instruire  anx  convenances, 
Et  parle  sentiment  conduire  auxb!enséan<:es. 
Que  sa  voix  est  touchante ,  en  parlant  des  vertus  ! 
La  fernme  a  dans  le  cœur  une  fibre  de  plus  : 
Elle  polit  les  mœurs  ,  le  goût  et  le  langage  ; 
Et  son  cœur  qui  sent  mieux ,  fait  sentir  davantage. 

Le  goût  est  le  lien  de  la  société. 
A  tout  ce  que  l'esprit  ou  le  cœur  a  dicté  , 
Lui  seul  prêtant  toujours  le  charme  qu'il  inspire  , 
Sur  l'homme  aimable  et  tendre, exerce  un  double 
empire. 

Le  langage  par  lui  doué  d'aménité  , 

Respire  cette  aisance  et  cette  urbanité 

Qui ,  parmi  nous  enfin ,  coîùmencent  à  revivre. 

—  La  conversation  instruit  mieux  qu'un  grOs  livre. 

Le  goût  sait  en  bannir  l'égoisme  et  l'ennui  ; 

Il  parle  ,  et  fiait  passer  la  science  aved  lui  ; 

Il  écoute  &.  répond  ,  sans  chaleur  il  discute  ; 

Et  par  un  trait  plaisant  termine  une  dispute. 

La  sagesse  ,  à  sa  voix  ,  perd  son  austérité  : 
Il  proscrit  la  licence  et  non  la  volupté. 
Amour ,  oui ,  tu  lui  dois  tes  plus  pures  délices. 
Il  augmente  le  prix  de  tes  do-ux  sacrifices  ; 
Et,  pour  brûler  les  coeurs  d'ua  feu  toujours  nou- 
veau , 
Même  au  sein  du  plaisir  te  laisse  ton  bandeau. 

Sa  main  de  l'amitié  resserre  encore  les  chaînes. 
En  doublant  ses  plaisirs  ,  il  adoucit  ses  peines  ; 
Avec  elle  à  propos  sait  se  taire  et  parler  , 
Et  répandre  des  pleurs  pour  la  mieux  consoler. 

(  I  )  Labruyere  a  dit  :  "La  bonne  grâce  est  au 
corps  ce  que  le  bon  sens  est  à  l'esprit.  !>  La  com- 
paraison n'est  pas  juste.  Voyez  à  ce  sujet  le  7'  tome 
du  Cours  de  littérature  de  la  Harpe  ,  page  s€8. 


JaiJis'cUns  une  amante  il  fit  aiiTi*r  la  vie 

Qu'il  rend  plus  chère  encore  dans   ujie  tendre 

amie. 
Par  lui  le  sentiment  s'épurant  chaque  jour , 
L'amitié  s'enrichit  des  perles  de  l'amour. 
C'est  lui  qui  dicte  au  cœur  l'art  de  la  bienfesance  , 
Le  cœur  est  sûr  alors   de    la   reconnaissance. 
On  juge  le  bienfait  où  le  bienfait  n'est  pas  , 
El  l'on  est  étonné  de  faire  des  ingrats. 
Lajaçon  de  donner  vaut  mieux  que  ce  qu'on  donne,  (i) 
Ce  vers  tant  répété  n'a  corrigé  personne. 
Il  estvrai  qu'aujourd'hui  quenousnedoononsplus, 
On- ne  peut  des  bienfaits  nous  reprocher  l'abus. 
Essayons  de   donner  ,  c'est  un  plaisir  suprèrae  , 
Le  sage  à  l'imiter  nous  invite  (ui-même  : 
Sa  généreuse  main   se  cache  aux  yeux  d'autrui  , 
Et  place  ses  bienfaits  entre  le  ciel  et  lui. 
Suivons  deux  conseillers  ,   le  goût  et  la  nature. 
Des  femmes  anjonrdhui  tous  deux  font  la  parure. 
Le  goût  a  tressé  l'or  de  ces  cheveux  mouvans  , 
Ou'ua   noeud  léger  dispute  à  1  haleine  des  vents 
Pour  ombrager  un  front  oti  rayonne  la  joie. 
Sous  d'élégans  tissus  il  révèle  ,  il  déploie 
Les  contours  arrondis ,  nobles  ou  gracieux. 
Et  le  sein  entrevu  qui  séduit  encore  mieux. 
Le  charme  le  plus  doux  est  celui  qu'on  devine. 

Le  goût  au  sein  de  plaire  a  dû  son  origine. 
Rappelons-nous  ces  jours  du  siècle  des  beaux-arts 
On  l'amour  et  la  gloire  enchantaient  les  regards  , 
Où  brillaient  Sévigré  ,  Ninon   et  la  Valliere  ; 
Ces  jours  où  I  art  d'aimer  achevait  l'art  de  plaire. 
Le  goût  régna  par-tout  :  il  inspira  Quinault  , 
n  dessina  le   Louvre  élevé   par  Perrault , 
Par-Moliere  épura  le  théâtre  comique  , 
Et  guida  de  Boileau   la  muse   saiirique. 
Pour  favoris  sur-tout  il  choisii  Massillon  , 
Et  le  tendre  Racine  et  le  doux  Fénélon  , 
Et   ce  bon  Lafontaine  ,  enfant  de   la  nature. 
11  ne  chérit  pas  moins  les  fils  de  la  peinture. 
La  toile  respira  sous  le  feu  du  pinceau. 
Et  le  marbre  reçut  une  ame  du  ciseau. 
A  ranimer,  les  ans  quand  la  Fiance  s'apf  lique, 
Comme  soutien  du  gnûl  ,  réveillons  la  critique. 
Mais  quel  autre  Addisson  nous  dictera  ses  loix  ? 
Celui  dont  la  critique  elle-même  a  fait  choix  , 
Qui  respirant  le  goût  et  l'esprit  de  Voltaire  , 
Sans  en  avoir  le  uom  fut  seul  son  légataire  (  2  ). 

Jours  de  gloire  et  de  paix  ,  si  long-tems  attendus , 
A  la  voix  d'un  héros  ,  venez  ,  ne  tardez  p  us  ; 
Et  qu  un  siècle  nouveau  ,  que  la  victoire  illustre, 
Et  des  mœurs  et  des  arts  reçoive  un  nouveau  lustre. 
F  A  Y  o  L  L  E. 
A  Mademoiselle  Vanhove, 
Après  ravoir  vu  jouer  Iphigénie  et  I^aïr*, 
Des  talens  de  la  scène  aiitrefois  si  vantés  , 
Nous  admirons  en  vous  la  gloire  héréditaire. 
La  nature  est  votre  art  ;  et  vous  ressuscitez  , 
Champmêlé  pour  Racine,  eiGaussin  pour 'Voltaire. 

F  A  Y  o  L  L  E. 


t 


le  citoyen  C.  L.  Varnier,  ancien  médecin  de  Paris  , 
au  citoyen  P.  A.  Mesmer ,  médecin.  —  Bagneux, 
te  i"  messidor  an  8. 

Citoyen  ,  j'ai  lu  dans  les  n°'  ;5i  et  753  f  îS  et 
s5  prairial)  du  Journal  du  Soir,  votre  le'tre  ?u 
citoyen  Baudin  ,  dans  laquelle  vous  priez  le  na- 
vigateur physicien  de  faire  chez  les  insulaires  de 
la  mer  du  Sud  des  recherches  pour  savoir, 
1°  si  la  petite  vérole  existe  parmi  eux  ;  2°  quelle 
est  la  manière  doni  les  femmes  y  sont  délivrées  , 
et  si  l'on  pratique  chez  eux  la  lii;aiure  du  cordon 
ombilicical.  Le  moilf  de  ces  recljerches  est  ,  que 
vous  présumez  que  la  stagnation  du  sang  dans 
les  vaisseaux  de  ce  cordon  ,  fomente  un  prin- 
cipe de  putréfaction  qui ,  par  son  absorption  , 
yeut  produire  le  germe  d'une  maladie  inflam- 
matoire particulière  à  l'homme  dont  l'éruption 
qui  se  termine  par  la  suppuration  ,  est  la  crise  ; 
iympiômes  «jui  composent  la  maladie  appelée 
V%i\g3\n.mein  ,  petite  vérole. 

(1)  Ce  vers  est  de  Corneille  dans  le  Menteur. 

(2)  L'auteur  de  U  Dunciadt  et  de  la  comédie 
^es  Philosophes. 

Quant  aux  hommes  de  lettres,  que  Voltaire  a 
noni.nés  ses  héritiers  ,  on  sait  qu'ils  ont  tous  re- 
noncé à  la   succession. 
Un  si  grand  héritage  est  un  pesant  faxdeau. 


I  ig5 

Qjioîque  cette  idée  ingénieuse  qui,  cependant 
est  suscepiible  d'objeciions ,  mérite  une  attention 
particulière  ,  il  n'en  est  pas  motns  viai  que  l'expé- 
rience seule,  comme  vous  l'observez  judicieu- 
sement ,  peut  en  établir  la  réalité. 

En  conséquence,  vous  avez  déjà  fait  des  expé- 
riences ,  mais  le  tems  a  été  trop  court  pour 
qu'elles  vous  ayent  donné  la  solution  du  pro- 
blême ,  tandis  que  celles  que  j'ai  faites  me  font 
procurée,  je  croyais  vous  en  avoir  fait  part ,  lorsque 
j  ai  eu  le  jilaisir  de  vous  voir  depuis  votre 
retour;  mais  les  paroles  s'oublient,  et  j'ai  à  me 
reprocher  de  ne  vous  en  avoir  pas  envoyé  les 
détails  par  écrit  ;  j'ai  même  été  assez  négligent 
pour  ne  les  avoir  insérés  dans  aucun  papier  puÈilic, 
négligence  presqu'inexcusable  ,  et  que  vous  me 
donnez  loccasion  de  réparer. 

Ami  intime  du  citoyen  Demarne  ,  peintre  , 
aussi  estimable  par  ses  qualités  que  parsOnt  aient, 
et  qui  a  embelli  ma  retraite  de  raaijnifiques  pay- 
sages de  sa  composition  ,  j'ai  accouché  sa  femme 
de  trois  en  fans  ,  et  j'ai  présidé  à  1  accrmchtment 
qui  fut  fat  d  un  quatrième.  Le  premier  de  ces 
accouchemens  eut  lieu  en  1789  ;îé  stcond  ,  en 
1791;  le  troisième,  en  1793;  et  le  dernier,  en 
1798-  Avant  la  naissance  du  premier  enfant,  je 
communiquai  au  père  vos  idées  sur  ;e  germe 
de  la  petite-vérole  ,  et  je  lui  proposai  de  ne 
point  faire  la  ligature  du  cordon  ,  en  procédant 
de  manière  à  ne  faire  courir  aucun  danger  ni 
à  la  tnere  ,  ni  à  l'enfant  :  il  y  consentit.  Après 
avoir  reçu  l'enfant ,  je  le  gardai  sur  mes  genoux  , 
et  j'attendis  la  sortie  de  l'arriere-faix  ,  qui  ne  fut 
pas  longue.  Alors,  sans  faire  aucune  ligature  ,  je 
coupai  le  cordon  à  quatre  travers  de  doigt  de 
l'ombilic;  je  le  pressai  doucement  pour  évacuer 
tout  le  sang  qu  il  contenait  et  jusijuà  ce  qu  il 
fut  parfaitement  blanc.  Je  le  repliai  sur  le  ventre 
et  l'enveloppai  sans  pression  ,  et  l'enfant  couvert 
sans  maillot,  fut  livré  à  la  nourriture  de  la  raere. 
Dès  le  lendemain  ce  cordon  était  flétri  depuis 
I  ombilic  ;  il  se  dessécba  et  se  détacha  aussi 
prompiement  qu'il  le  fait  après  la  ligature  usitée 
ordinairement. 

Au  second  accouchement  ,  l'arriere-faix  ne  se 
détachant  pas  aussi  promptement ,  je  coupai  le 
le  cordon  de  la  même  manieçç ,  et  il  n'y  eut 
aucune  hémorragie  ,  ni  par  Içi-bout  qui  tenait 
à  l'arriere-faix  du  côté  de  la  nfcre ,  ni  près  celui 
du  côté  de  l'enfant  ,  et  je  procédai  de  même 
pour  le  reste. 

Au  troisième  accouchement,  ce  fut  une  sage- 
femme  qui,  prévenue  par  le  père,  procétia  en 
nia  présence  et  en  la  sienne  ,  de  la  même  ma- 
nière ,  parce  que  je  lui  fus  garant  de  tous  les 
accidens  qu'elle  craignait,  le  procédé  étant  nou- 
veau pour  elle.  Le  cordon  fut  egaleraeiu  nétoyé. 

Je  fis  l'acouchement  du  quatrième  enfant  qui 
resta  un  peu  de  tems  au  passage  ,  parce  que  le 
cordon  fesaii  plusieurs  tours  au  tour  du  corps, 
ce  qui  le  raccourcissait.  L  enf.int  sortit  cependant 
très-vigoureux  f  mais  le  coidon  ayant  fait  un 
tiraillement  sur  l'ombilic  ,  les  vaisseaux  de  sa 
racine  étaient  saiilans  et  engorgés.  Je  co'ipai  de 
même  le  cordon  ,  sans  ligature  ;  je  I  excitai  à  se 
dégorger;  il  versa  un  peu  plus  de  sang  que  les 
autres  ;  mais  sans  hémorragie;  je  le  rjétoyai  de 
même  ;  il  se  flétrit,  l'ombilic  se  rétablit  parfaite- 
menr,  et  il  n'est  resté  aucune  trace  du  tiraillement. 

Ces  quatre  enfans  se  sont  élevés  comme  d'au- 
tres ;  ils  ont  été  sujets  aux  gourmes  et  aux  autres 
maladies  des  enfans;  on  na  pas  cherché  à  les 
soustraire  à  la  contagion  variolique;  ils  ont  joué 
avec  d'autres  enfans  infectés  decette  contagion  , 
et  pendant  la  maladie  et  dur.tnt  la  convalescence, 
au  moment  où  ceux-ci  étaien«  encore  tous  rou- 
ges ,  et  où  la  contagion  est  le  plus  communicable. 
Je  commençais  à  avoir  l'espérance  qu  ils  en  se- 
raient préservés  ;  mais ,  dans  la  dernière  épidémie 
qui  a  régné  à  Paris  au  printems  de  l'an  7  ,  les  trois 
aînés  ont  été  successivement  attaqués  de  la  petite 
vérole.  La  fille  aînée  était  alors  âgée  de  dix  ans  , 
le  garçon  de  huit,  et  la  seconde  fille  de  cinq  à 
six.  La  maladie  a  eu  ses  caractères  ;  elle  a  passé 
pur  toutes  ses  périodes.  Bénigne  ,  mais  abondante 
chez  la  fille  ainée  ;  confluetite  chez  le  garçon  ; 
moins  forte  ,  mais  assez  vive  chez  la  cadette'  qui 
s'en  est  bien  tirée  comme  les  deux  autres,  quoi- 
qu'avcc  une  mauvaise  poitrine  qui  l'a  fait  périr 
depuis.  Le  dernier  enfant  encore  à  la  manielle 
n'a  point  gagné  la  petite  vérole  ,  quoiqu'il  n'ait 
pas  été  écarté  ,  et  il  ne  l'a  pas  encor^  eue, 

Il  résulte  de  ce  que  je  viens  dé  vous  exposer, 
citoyen  ,  1°  que  le  défaut  de  ligature  ne  pré- 
serve pas  de  la  contagion  de  la  petite  vérole,  et 
que  le  germe  de  cette  maladie  presque  propre  à 
1  homme  est  encore  à  rechercher.  {]e  d\i  presque 
propre  à  Ihomme  ,  quoi'que  quelques  animaux 
tels  que  les  moutons  et  les  dindons  ,  soient  sujets 
une  fois  seulement  à  une  maladie  érupiive  qui  , 
par  ses  symptômes,  se  rapproche  de  la  petite 
vérole. ) 

2°.  Qjie  la  double  ligaturé  que  l'on  fait  au 
cordon  ottibilical ,  lors  de  l'accouchement,  est 
au  moins  inutile  ,  et  que  ,  dans  certains  cas  ,  celle 
du  côté  de  lenfant  peut  être  nuisible  ;  ce  qui  est 
analogue  à  ce  qui  se  passe  chicz  les  autres  ani- 
maux yivipareii ,  cotnin*  J'homine. 


3".  Enfir)  ,  que,  quclqtics  moyens  nouvea«K 
qu'on  propose  ou  qu'on  em;jl.(*ie  pour  préserver 
de  la  contagion  de  l;i  petite-vérole,  il  faut  un 
laps  de  tems  fort  considérable  pour  acquérir  lï 
certitude  de  son  efficacité, 

Sal«t   et  auiitié  , 

Sig^ne,  Varnier. 

Quatrième  lettre  sur  l'éducation. 

La  pétulance  d'un  enfant  peut  quelquefois 
paraître  incommode  à  des  étrangers.  J'en  conviens; 
mais  est-ce  un  motif  suffisant ,  ou  mêrpe  plausible, 
pour  condamner  au  bannissement  cette  aimable 
créature  ,  dont  la  vivacité  ne  peut  être  regardée 
comme  un  défaut  ,  puisqu'elle  est  au  contraire 
une  des  qualités  de  son  âge.  Il  faut  qu'un  enfant 
rie  ,  babille  ,  crie  ,  soit  sans  cesse  en  mouvement. 
Cette  agit.ition  entre  dans  les  vues  de  la  nature  ; 
elle  est  nécessaire  au  développement  des  faculté» 
physiques  et  morales  de  l'individu  :  le  chevieau 
fait  mille  bonds  au  milieu  du  troupeau;  le  petit 
de  1  espèce  la  plus  féroce  ,  le  louveieau  ,  se  joue 
autour  de  sa  racre  ,  et  vous  voudriez  iixer  un 
enlant  sur  sa  chaise  ,  imposer  silence  à  son  babil , 
ou  1  éloigner  sous  prétexte  qu'il  irnportutie  ;  c'est- 
à-dire  ,  que  pour  que  vos  conversations  oiseuses 
ne  soient  pas  troublées  ,  pour  ne  pas  fatiguer  les 
têtes  faibles  de  celles  que  vous  appelez  vos  amies, 
vous  allez  affliger  un  innocent,  en  le  condam- 
nant au  repos  ,  ou  exposer  son  jeune  cœur  et 
son  esprit  à  des  dangers  de  toute  espèce  ,  en  le 
reléguant  avec  vos' domestiques  :  et  vous  êtes 
mère  ! 

Mais  est-il  bien  vrai  que  la  compagnie  des  enfans 
soit  insupportable  pour  tout  autre  que  pour  une 
mère  ?  je  ne  le  pense  pas.  Ici ,  comme  dans  beau- 
coup d  autres  circonstances  ,  on  reproche  à  1  in- 
nocent les  torts  dont  on  est  soi-même  coupable  ; 
on  ne  voit  pas  ,  ou  plutôt  on  ne  veut  pas  voir , 
que  si  l'enfant  est  haigneux  ,  criard  ,  mutin  ,  c'est 
parce   qu'on  la  rendu  tel. 

En  effet,  comment  se  conduit'Ori  avec  lui  ?  il 
paraît,  et  à  l'instant  toutes  les  attentions  se  por- 
tent sur  sa  personne.  On  se  le  dispute  ;  on  se  I  ar- 
rache ;  on  lui  prodiijue  caresses  ,  baisers  et  bon- 
bons. Le  petit  conquérant  ne  sait  auquel  en- 
tendre; il  savoure  avec  une  sorte  d'orgueil  le 
poison  de  la  flatterie;  il  se  croit  un  être  impor- 
tant ;  et ,  parce  qu'on  l'a  caressé  un  moment  ,  il 
croit  qu'on  ne  doit  plus  s  occuper  que  de  lui.  Le 
pauvre  innocent  l  il  ne  sait  pas  que  la  faveur  est 
un  bien  fragile  ,  qui  échappe  à  linstant  même  où 
l'on  se  dispose  à  en  jouir.  L'enthousiasme  cesse 
bientôt.  Les  adorateurs  se  refroidissent ,  et  l'idole 
est  oubliée.  C'est  alors  que  le  marmot  s'efforce  de 
rappeler  à  lui  l'attention;  il  croit  y  réussir  en  fe- 
sant  beaucoup  de  bruit.  Efforts  impuissans!  son 
règne  est  passé.  Oubli  d'un  côté  ,  dépit  de  l'autre  , 
et  voilà  la  guerre  allumée.  Le  succès  n'en  est  pas 
équivoque.  Ici  ,  comme  par-tout  ailleurs  ,  le  plus 
faible' est  sacrifié  au  plus  fort.  Cet  ange  si  joli  ,  si 
spiritnel,  si  doux,  est  devenu  tout-à-coup  un 
démon  qu  il  faut  chasser  au  plus  vite.  Le  mal- 
heureux arraché  subitement  à  tous  les  prestiges 
de  sa  grandeur,  va  expier  dans  la  chambre  de  sa 
bonne  le  crime  d'avoir  été  trop  flatté  ,  et  d'avoir 
abusé  de  la  faveur. 

Si  I  on  suivait  avec  les  enfans  la  conduite  que 
prescrit  la  raison  ,  on  leur  épargnerait  bien  des 
chagrins ,  et  Ion  ne  se  mettrait  pas  soi-même  dans 
le  cas  d'être  injuste  ,  et  quelquefois  barbare  avec 
eux.  Le  tort  est  presque  toujours  du  côté  de  la 
mère  ;  car  ,  c'est  pour  lui  plaire  ,  qu'on  adule 
l'enfant  ;  qu  on  se  recrie  sur  sa  beauté  ,  sur  sa 
vivacité  ,  sur  son  esprit  ;  qu  on  lui  trouve  mille  > 
qualités  qu'il  n'a  pas  ,  fort  heureusement  pour 
lui  ,  car  ces  prétendues  qualités  sont  presqiie  tou- 
jours de  vrais  défauts;  qu'on  se  montre  son  com- 
plaisant. Ajoutez  à  cette  envie  de  plaire  à  la 
maman  un  attrait  presqu  irrésistible  ,  qui  porte  à 
caresser  les  enfans.  Cet  âge  a  tant  de  charmes  ! 
moi-même  ,  qui  f.is  le  moraliste  ,  je  sens  que  ,  sii 
au  moment  où  j'écris  ,  un  enfant  entrait  dans 
mon  cabinet,  je  quitterais  ma  plume,  pour  jouer 
avec  lui.  Je  ne  dis  pas  que  le  jeu  m'amusât  long- 
tems  :  peut-être  serais-je  bientôt  obligé  de  me 
fâcher  avec  mon  petit  camarade  pour  le  forcer 
à  quitter  prise  et  à  prendre  congé  de  moi  :  car, 
c'est  ainsi  que  ces  parties  se  termineiit  presqijç 
toujours. 

Il  faut  avoir  de  l'indulgence  pour  les  enfans  ; 
les  accueillir  avec  bonté  .  leur  témoigner  de  l'in- 
térêt ;  mais  il  ne  faut  pas  les  louer  à  outrance  , 
ainsi  qu'on  le  fait ,  les  agacer  ,■  provoquer  leurs 
saillies  ,  applaudir  avec  transport  à  une  réponsç 
qu'on  trouve  pleine  de  sel  ,  et  qui  ,  le  plus  sou- 
vent ,  n'est  qu'une  sottise  dans  la  bouche  du  petit 
automate  ,  comme  il  est  aisé  de  s'en  convaincre 
en  le  questionnant  sur  ce  qu'il  vient  de  dire. 
Enfin  ,  il  faut  ,  en  veillant  sur  l'enfant  ,  n'avoir 
pas  l'air  de  s'occuper  de  lui  ,  lui  répondre  quand 
il  interroge  ,  mais  ne  pas  l'e^iriter  :  lui  nicltrç 
entre  les  mains  les  jouets  qui  flattent  le  plus  son 
goût  ,  et  qui  exigent  le  moins  le  concours  d'upe 
autre  personne  ;  il  faut  surtout  éviter  de  lui  donner 
ceux  qui  sont  bruyans.  Avec  ces  précautions  ,  si 
l'.on  ne  fjit  pa*  d  vin  eoliiirl  un  petit  Caion  ,  ce 


1  igô 


qui  serait  un  grand  malheur  pour  lui  ,  on  par- 
vient du  rnijins  ,  à  en  taire  un  êlre  supporuble  , 
cl  tout  ce  cju  il  est  permis  de  deàircr. 

Mais  supposons  que  l'enldni  soii  d'un  carac- 
tère si  pétulant  qu'il  semble  qu'il  ne  vivinil 
pas  s'il  ne  tesnit  pas  un  vicuime  épouvantable, 
ta  sorte  qu'il  l'aille  être  ou  sa  niere  ,  ou  une 
amie  bien  dévouée  pour  consentir  à  demeurer 
avec  lui  ,  il  est  certain  qu'il  faut  alors  renon- 
cer à  l'enCani  ,  ou  à  ce  qu'on  nomme  la  société. 
0_uel  parti  prendre  ?  une  mère  peut-elle  hésilci  ? 
Ce  n'est  pas  pour  briller  dans  un  cercle  nom- 
breux ,  s  y  enivrer  de  conipiimens  souvent  très- 
fades  ,  et  rarement  sincères  ,  y  sourire  aux 
sarcasmes  de  la  médisance  ,  y  calmer  la  ruine 
d'un  joueur  ,  quelquefois  y  consommer  celle 
de  sa  propre  maison  ,  qu  une  mère  de  famille 
doit  exister.  Ce  titre,  le  plus  beau  dont  une 
femme  puisse  êlre  décorée,  lui  impose  des  de- 
voirs dont  elle  ne  peut  s  acquitter  qu'en  se  con- 
centrant dans  lintérieur  de  son  ménage.  Ces 
devoirs  n'ont  rien  de  pénible  ;  ils  sont  au  con- 
traire la  source  de  mille  jouissances.  Combien 
de  ibis  ,  n\on  ami  ,  il  m'est  arrivé  de  surpieudie 
seule  ,  absolument  seule  ,  avec  ses  enlans  ,  cette 
excellenie  raerc  dont  je  vous  citais  l'exemple 
dans  ma  dernière  !  Il  était  huit  heujes  du  soir  , 
et  elle  avait  ainsi  passé  touie  sa  journée.  Je  lui 
témoignais  ma  surprise  de  ce  que  douée  de 
louics  les  qualités  qui  pouvaient  lui  faire  trouver 
des  chaimes  dans  la  société ,  eu  1  en  rend.tnt 
elle-même  l'ornement  ,  elle  s'en  tenait  si  éloi- 
gnée :je  lui  demandais  si  l'ennui  ne  la  gagnait 
jamais.  —  l' Comment  pourrais-je  m'ennuyer  , 
me  répondait-elle  ,   mes  enfans  sont  avec  moi. 

Ce  père  de  famille,  qui  après  avoir  dévoré 
dans  le  cabinet  l'ennui  d'une  procédure  com- 
pliquée, ou  couru  sur  la  place  les  hasards  d'une 
spéculation  périlleuse  ,  ou  passé  une  partie  de 
sa  journée  assis  sur  les  bancs  de  Thémis  ,  ou 
parcouru  les  difFérens  quartiers  de  la  cité  ,  et 
monté  cent  escaliers  pour  rendre  la  vie  à  de 
malheuieux  malades  et  porter  quelques  consola- 
tions à  leurs  familles  éplorées  ;  cet  homme  qui , 
après  tant  de  fatigues  ,  a  lui-même  besoin  de 
soulagement  et  de  distractions  ,  oti  va-il  cher- 
cher la  récompense  de  ses  travaux  ,  l'oubli  de 
de  ses  jieines  ?  dans  les  caresses  de  ses  enfans  : 
quel  chagrin  ]iour  lui  ,  quand  en  itntrant  dajis 
l'appartement  de  son  épouse,  il  n'y  trouvcia 
plus  ces  aimables  ciéalurcs  qui  ,  du  plus  loin 
qu'elles  l'appercevaietil  .  coûtaient  à  lui  ,  se  pié- 
cipitaient  dans  ses  bras  ,  recevaient  ses  baisers 
et  l'accablàicnl  de  carresses?  Qiie  ttouve-t-il  à  la 
place  ?  son  épouse  au  milieu  d'un  ceicle  bril- 
Janl  :  vingt  femmes  plus  jolies  ,  ou  du  moins 
plus  coquettes  les  unes  que  les  autres  ;  autant 
d'hommes  légers  ,  sémillans  ,  et  sur-tout  tiès-fa- 
miliers  :  des  pupitres  et  des  iiisirumens  de 
musiiiue  .  ou  des  tables  de  jeu.  Ce  n'est  pas  là 
ce  qu'il  cherchait,  ce  sont  ses  enlans  quil  lui 
faut.  Essaiera-t-il  de  se  plaindre  ?  la  réponse  est 
toute  prêts  :  "  Vos  enfans  sont  des  déiTions  ; 
dès  qu'il  paraissent  on  ne  s'entend  plus  :  il 
faut  bien  les  éloigner  ;  sans  cela  qui  consentirait 
à   revenir  dans  votre  maison  ? 

Quel  langage  !  c'est  pourtant  celui  qu'on  peut 
mettre  dans  la  bouche  d'un  très-grand  nombre 
de  mères  qui  croient  qu'elles  se  doivent  au 
monde  plus  qu'à  leur  famille'.  Qu'en  résulie-t-il  ? 
c'est  que  le  mari  n'épiouvant  plus  ,  en  rentrant 
chez  lui  ,  ces  jouissances  si  douces  pour  un  père, 
va  lui-même  chercher  au  dehors  les  distractions 
dont  il  a  besoin.  Sa  maison  n'ayant  plus  rien 
qui  l'y  rappelle  ,  il  s'en  éloigne.  Son  épouse 
n  est  plus  pour  lui  la  mère  de  ses  enfans;  c'esi 
tout  au  plus  une  femme  ,  quelquefois  assez  ai- 
mable ,  avec  laquelle  il  peut  passer  quelques 
instans  sans  ennui  ,  mais  qu'il  quitte  sans  regret, 
et  qu'il  retrouve  sans  plaisir  ;  c'est  à  quoi  s'ex- 
pose une  mère  qui  ne  peut  faire  à  ses  enfans 
le  sacrifice  de  son  goût  pour  la  dissipation.  En  les 
éioignani,  elle  éloigne  aussi  le  coeur  de  son  époux, 
et  le  jour  oii  ils  sortent  de  l'appartement  de  leur 
inere  est  celui  où  les  dégoûts  domestiques  y 
entrent. 

Il  me  semble  qu'il  faut  être  bien  aveugle  sur 
ses  propres  intérêts  ,  pour  se  conduire  comme 
en  le  fait  ,  dans  un  lems  sur-tout  où  l'on  se  pique 
laiit  d'amour  pourses  enfans.  On  a  élevédes  statues 
âJ.J.,  son  Emile  est  dans  tous  les  boudoirs-,  on 
raisonne,  on  pense  comme  lui  sur  les  obligations 
que  la  nature  impose ,  et  comme  lui  on  cherche 
à  s'y  soustraire.  i.e  remords  fut,  pour  l'auteur 
d  Emile  ,  la  juste  punition  d'une  faute  que  ,  mal- 
gré tous  les  sophismes  du  coupable,  je  crois 
qu'on  peut  appeler  un  crime;  le  même  châtiment 
pese-t-il  sur  ses  trop  fidèles  disciples?  Non, 
comme  leur  faute  n'est  pas  aussi  énorme  que 
celle  que  leur  maître  aurait  pu  se  dispenser  de 
confesser  aussi  publiquement  qu'il  l'a  fait  ,  et 
que  d'ailleurs  elle  est  beaucoup  plus  commune, 
et  par  cela  même  moins  sensible  ,  on  la  commet 
presque  sans  y  penser.  Mais  si  le  remords  n'atteint 


pat   les   coupables ,    la    nature    outragée    ne   de- 
meure pas  pour  cela  sans  vengeance. 

Quelle  punition  plus  douloureuse  pour  une 
raere  ,  et  malheuteusement  mieux  méritée  ,  que 
I  indifférence  de  ses  enlans  pour  elle  et  leur  pié- 
dilcction  pour  les  domestiques ,  compagnons 
habituels, Je  leurs  jeux,  de  leurs  promenades, 
et  pcui-êire  de  leurs  repas!  Nous  éprouvons  lous 
un  insiinct  qui  nous  porte  ver»  ceux  qui  nous 
témoignent  le  plus  d'intérêt  et  coiitribueiit  le 
plus  à  notre  bien-être 

Or  ,  tout  ce  qui  est  instinct  se  fait  sentir  plus 
foriement  chez  les  enlans.  cjui  n  agisseiii  jamais 
par  raison.  Q_uel  tourment  pour  une  ineie  qui 
n'a  pas  étouffé  en  elle  tuuics  les  afltctions  de  la 
n.iture  !  Ajoutez  à  cela  les  froideurs  d  un  époux  , 
et  peul-êire  le  vide  de  son  propre  cœur....  O^ui 
peut  dire  combien  de  thàrmes  répand  dans  un 
ménage  la  présence  des  enlans  ?  combien  d  en- 
nuis elle  en  écarte  ;  combien  de  querelles  elle  en 
éloigne.  Les  enlans  sont  entre  les  époux  le  centre 
où  aboutissent  toutes  leurs  affections.  C'est  le  lien 
le  plus  fort  quî'Ies  attache  1  un  à  l'auite.  Le  bruit 
même  qu'ils  font  a  son  utilité.  Il  répand  dans  la 
maison  le  mouvement  et  la  vie.  Sont-ils  abscns  un 
jour?  on  se  croit  plongé  dans  le, néant.  Les  do- 
mesliques  eux-mêmes  ,  qui  avaient  lant  de  fois 
désiré  leur  éloigneuient  ,  font  des  vœux  aidciis 
pour  leur  leioui.  Et  le  jour  où  le  banni  esl  rap- 
I  pelé  ,  est  un  jour  de  fête  pour  toute  la  fa- 
mille. 

Si  ,  comme  je  n'en  doute  pas  .  mon  ami  ,  ces 
véiités  l'ont  sur  votre  esprit  la  même  impression 
que  sur  le  mien  ,  vous  devez  reconnaître  que  ma 
1  morale  n'est  pas  trop  sévère.  Si  elle  paiaissait 
telle  ,  ce  ne  serait  pas  moi  qu'il  faudrait  en  accu- 
ser. Quiconque  parle  de  réiormes  ,  doit  s'attendre 
à  des  contradictions  ;  mais  un  peu  plutôt  ,  un  peu 
plus  tard,  la  vérité  triomphe.  La  première  éduca- 
tion a  beaucoup  gagné  depuis  quelques  années 
sous  les  rapports  physiques  ;  mais  nous  avons 
beaucoup  à  faire  encore  sous  les  rapports  mo- 
raux ;  et  ce  travail  ,  il  faut  en  convenir ,  n'est  pas 
le  plus  facile.  E.  Petit. 


Compliment  d'éducation  ,   ou  cercle  d.  instruction  et 
de  société. 

Progr.^mme. 

)i  Nous  recevons  ,  disait  Montesquieu  ,  trois 
éducations  diiiérenies  ;  celle  de  nos  pères  ,  celle 
de  nos  maîtres,  celle  du  monde.  Ce  qu'on  nous 
dit  dans  la  dernieie  ,  renverse  toutes  les  idée*  des 
piemiercs.  j> 

Combiner   la  haute  éducation   classique    avec 
celle  qu'on  reçoit  au  milieu  du   monde  ;  mêler  , 
selon  la  méthode   des  anciens  ,  1  atiiciamc  et  les  j 
charmes    d'une    société     polie  à    la   culture    des  ! 
sciences  ,   des   lettres  et  des  arts  ,   tel   est   le  but  ; 
qu  on  se  propose  dans  ce  nouvel  établissement,  j 

Un  homme  de  lettres  connu  par  des  ouvrages 
estimables  ,  membre  de  plusieurs  sociétés  savan-  , 
tes  ,  professeur  dans  un  établissement  où  l'on 
enseigne  l'ensemble  des  connaissances  humaines , 
et  qui  a  rempli  une  place  distinguée  dans  l'ins- 
truction publique,  y  consacre  ses  talens  ,  ses 
relations  étendues  et  sa  maison. 

Les  élevés  seront  reçus  en  petit  nombre  ;  ils  se- 
ront considérés  comme  des  amis,  et  traités  comme 
une  famille. 

La  maison  ,  au  centre  de  Paris  ,  agréable  et  or- 
née ,  leur  présentera  l'aspect  de  l'académie  (i)  ou 
du  lycée. 

La  table  sera  servie  sans  luxe  ,  mais  avec  dé- 
hcatesse. 

La  société  à  laquelle  il  se  trouveront  adniis  , 
est  composée  de  plusieurs  hommes  célèbres  daas 
les  sciences  ,  les  lettres  et  les  arts. 

Le  professeur  qui  dirige  cet  établissement ,  s'oc- 
cupera de  développer  ,  dans  des  conférences,  les 
principes  de  la  saine  littérature ,  trop  négligés 
aujourd'hui  ,  l'art  oiato:re,la  poésie  et  la  théoiie 
générale  des  beaux-arts. 

Les  sciences  mathématiques  ,  physiques  et  na- 
turelles seront  cultivées  sous  des  professeurs  cé- 
lèbres, dont  plusieurs  sont  liés  d'estime  et  d'amitié 
avec  l'auteur  de  ce  programme. 

On  donnera  à  ceux  qui  le  désireront,  un  maî- 
tre de  grahimaire  généiale  ou  particulière  ;  il 
suivra  la  méthode  de  Dumarsais  et  de  Condillac  , 
et  fera  connaître  l'ingénieux  système  du  citoyen 
Butet.  (a) 

On  visitera  les  cabinets  des  professeurs  de 
l'école  polytechnique,  les  établissemeiis  publics  , 
les  ateliers  ,   les    manufactures,  les   muséum;  et 

(i)  "Je  ferais  portraire  dans  les  classes  ,  disait 
Montaigne  ,  l'allégresse  ,  Flora  et  les  Grâces  , 
comme  lit  en  son  école  le  philosophe  Speusippus. 

(a)  Ce  nouveau  système  a  été  accueilli  avec  dis- 
tinction par  llnstitut. 


ces  promenades  philosophiques  se  feront  te  plus 
souvent  sous  la  direction  d'un  professeur  qui  dé- 
montrera les  objets. 

Il  y  auia  salon  de  musique  ,  cabinet  de 
dc.isiii ,  etc.  etc. 

l.c-s  maitics  (le  musique,  de  dessin,  danse, 
équuation  ,  escrime,  etc.  etc. ,  seiont  payés  à  part. 

Piix.  pour  le  logement,  la  table  et  les  cours 
généraux  ,  dont  un  (juarlier  scia  pa;.é  d'avance, 
i--(0('  IV.  par  aiujce. 

Ou  ne  recevra  point  de  jeunes  gens  au-dessous 
de  t5  ans. 

On  admelira  aux  mêmes  conditions  les  étran- 
gers auxquels  cette  société  pourrait  convenir. 

S  adresser,  pour  les  rcnseignemcn'î  personnels 
et  relaills,  au  directeur  de  cet  établissenieat ,  à 
Palis, 

Chez  les  citoyens  : 

G.irat  ,  ex- ambassadeur ,  ex-ministre  de  la 
république  française,  sénateur ,  membre  de  l'ins- 
tiliii  national  ; 

Gingucné,  ex-ambassadeur  de  la  république 
française  .  tribun  ,  membre  de  l'institut  national  ; 

François  (  de  Neufchâieau  1 ,  e\-anibass.ideur  de 
la  république  française,  ex-ministre  de  l'intérieur, 
séiiait.u.r,  membre  de  1  institut  national  ; 

Lebrun,  membre  de  I  institut  nailonal  ; 

Poogens  ,  membre  de  plusieurs  académies  de 
I  Europe  ,  et  de  l'in.siitut  national  ; 

Jaci|ueii)oui  ,  ex-directeur  des  bureaux  de  l'ins- 
iruciion  publique  ,  membre  de  I  institut  national  , 
tribun. 

Chiz   l'éiranger  : 

En  Italie:  au  général  Dupont  ,  chef  de  l'état- 
major  de  l'armée  de  réserve  ,  au  quartier- 
général. 

En  Daneraarck  :  au  citoyen  Bourgoi^vg,  am- 
bassadeur de  la  république  française  ,  et  an 
citoyen  Desaugiers ,  secrétaire  de  légation. 

En  Prusse  :  au  citoyen  Gaillard  ,  secrétaire  de 
légation. 

En  Espagne  :  au  ciinven  Aljuier  ,  ambassadeur 
de  la  républiijiie  française  : 

En  Hollande  .  au  citoven  Semonville  ,  ambassa- 
deur de  la  république  française. 

On  s'inscrit  dès  à  présent  chez  le  citoyen  Colin  , 
notaire,  place  'Vendôme,  n"  1 146  ,  à  Paris. 

L établissement  sera  ouvert  ,  au  phis  tard  ,  en 
fructidor  an  8. 

Toutes  les  lettres  doivent  être  affranchies  et 
adressées  au  citoyen  Colin. 

Il  esl  instant  de  les  faire  parvenir  de  suite  ,  pour 
qu'on  puisse  terminer  toutes  les  disliibutions  du 
local. 


Précis  sur  l'aménagement  et  l'administration 
des  forêts  et  bois  nationaux  de  la  république 
française  ,  utile  et  intéressant  tous  propriélaires 
de  bois,  auquel  a  été  ajouté  par  supplément  des 
observations  abrégées  sur  des  dispositions  d'ua 
projet  de  code  foiestier  ,  iinpiimé  et  piésenté 
à  la  discussion  le  16  ventôse  an  7  ;  joint  aussi 
à  la  fin  quelques  autres  observations  sur  ua 
ouvrage  du  citoyen  Penhuis  ,  concernant  la 
même  matière  qui  n'a  paru  que  depuis  lirnpres- 
sion  de  ce  précis  ;  offert  à  la  nation  dans  la 
personii»  du  citoyen  Bonaparte  ,  premier  consul 
de  la  république  ;  par  le  citoyen  Clausse. 

Cet  ouvrage  est  généralement  estimé,  notam- 
ment, des  personnes  qui  connaissent  l'administra- 
tion des  bois.  L'auteur  est  le  premier  qui  ait  traité 
à  fond  des  forêts  ,  et  qui  en  ait  donné  les  prin- 
cipes physiques  et  les  règles  de  l'expérience  qui 
sont  les  moyens  de  parvenir  à  leur  régénération 
et  amélioration  .  dont  il  paraît  que  l'on  ne  peut 
s'écarter  pot^r  former  un  bon  code  forestier.  II 
intéresse  d'ailleurs  lous  propriétaires  de  bois  qui 
pourront  facilement  ,  par  sa  précision  et  sa  clarté  , 
en  faire  1  application  dans  toutes  les  circons- 
tances. 

-  L'on  trouvera  en  tète  de  ce  précis  ,  une  lettre 
du  cit.  François  (de  Neufchâteau) ,  alors  ministre 
de  l'intérieur,  adressée  à  l'auieur,  où  il  estime 
que  l'on  n'a  fait  jusqu'aprésent  dans  les  divers 
projets  de  lois  qui,  ont  paru  ,  que  des  systèmes 
théoriques  plus  ou  moins  brillans  ,  et  que  ce 
précis  a  une  base  plus  solide  ,  celle  de  quarante 
ans  d'observauons  et  de  l'étude  de  la  nature. 

Et  se  trouve  ,  à  Paris  ,  rue  de  la  Victoire  ,  ci- 
devant  Chanterenne  ,  n°.  12. 

Prix  ,  I  fr.  80  cent,  pour  Paris  ,  et  pour  les 
dépariemens   2  fr.  25   cent.  ,  franc  de  port. 


JV.  B.  Le  25,  le  tribunal  s'est  réuni  pour  célébrer 
l'anniversaire  du  Quatorze -Judlet  ,  et  s'est  de 
suite  rendu  à  la  fête. 


ERRATUM. 


Dans  le  n°  d'hier  ,  article  Paris ,  9'  hgne  ,    au- 
lieu  de  ,pour  eux  ,  lisez  ;  pour  elles. 


A  Pkcis  ,  de  l'imprimeri  e  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LEMONITEUR UNIVERSEL. 


A"  297. 


Scptidi  ,  27  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscnpreuts  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   M  O  N  I  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  le  2  juillcl  (  i3  messidor.  } 

Chnmbre  des  commîmes.  —  Suite    de  la   séance  du 
1"  juillet  (  la   messidor.  ) 

Sur  la  molton  de  M.  Vansittart ,  la  chambre  se 
forme  en  comiié  pour  délibéreJ  sur  l'état  de  la 
pêche  du  hareng  ;  elle  adopte  quelques  résolb- 
tions  pour  la  continuation  et  l'encouragement  de 
ce  commerce. 

Le  rapportes!  renvo^-é  au  lendemain. 

M.  Rose  présente  le  rapport  du  bill  tendant  à 
prévenir  la  fraude  dans  l'achat  et  la  vente  du  hou- 
blon. 

Le  bill ,  avec  ses  amendemens ,  est  lu  et  adopté. 
La  troisième  lecture  est  remise  au  lendemain. 

La  chambre  s'étant  formée  en  comité  pour 
prendre  en  considération  l'importation  des  vins 
de  France,  des  îles  de  Jersey  ,  Guernesey,  etc. 
M.  Rose  dit  que  le  bill  qui  permet  l'importa- 
tion des  vins  de  France  ,  des  îles  susdites  , 
conformément  aux  termes  du  traité  fait  avec  les 
français,  pour  l'espace  de  la  ans,  à  partir  de 
l'année  1786,  étant  expiré  ,  il  propose  au  comité 
de  le   renouveller. 

La  résolution  passe  et  le  rapport  est  ordonné 
■pour  Je    lendemain. 

Af.  StuTgess  demande  et  obtient  la  2=  lecture 
du  bill  concernant  les  institutions  monastiques.  La 
3'  lecture  est  ordonnée  pour  le  lendemain, 

M.  Brugge  propose  que  le  bill  pour  la  dispo- 
sition de  certaines  propriétés  iramobiliaires  et  ver- 
sonnelles  de  sa  majesté ,  de  se«  hé;i'iers  et  succes- 
seurs ,  ainsi  qui  de  sa  majesté  et  de  la  reine  son 
épouse  ,  soit  lu  pour  la  2"  fois  jeudi  prochain. 

Af.  NichoUs  trouve  le  terme  tiop  rapproché 
pour  un  bill  aussi  important. 

La  proposition  de  M.  Brugge  est  adoptée. 

Le  bill  d'indemnité  pour  le  gouverneur  et  le 
sous -gouverneur  des  Indes  occidentales  est  lu 
pour  la  3=  fois  ,  adopté  et  envoyé  à  la  chambre 
des  lords. 

On  fait  ensuite  la  3'  lecture  du  bill  pour  ac- 
corder ,  dans  certains  cas  ,  un  secours  aux  ofii- 
ciers  subalternes  de  milice  ,  en  tems  de  paix.  Le 
bill  passe  ,  et  est  envoyé  aux  lords. 

Lord  Haukeshury  demande  l'ordre  du  jour  pour 
le  bill  sur  le  corps  des  meuniers  et  des  boulan- 
gers de  Londres.  La  chambre  après  avoir  entendu 
de  nouveau  le  conseil ,  sur  ce  bill ,  s'ajourne. 

Chambre  des  pairs.— Séance  du  î  juillet  (  iSmessidor.] 
Union  d'Irlande. 

A  trois  heures  et  demie  le  roi  se  rend  à  la 
chambre  avec  la  solennité  accoutumée  ,  et  s'as- 
seoit sur  son  trône.  La  chambre  des  communes, 
l'orateur  à  sa  tête  .  paraît  à  la  barre.  —  Sa  majesté 
déclare  qu'elle  a  donné  sa  sanction  royale  au  bill 
intitulé  :  Acte  pour  l'union  de  la  Grande-Bre- 
tagne et  de  lliiande  ,  ainsi  qu'au  bill  de  la  loterie 
du  diamant  Pigot  ,  et  à  celui  de  l'état  du  duc  de 
Richemond. 

Sa  majesié  se  retire  ensuite,  et  retourne  à  son 
palais  de  Saint-James.  —  Un  grand  nombre  de 
bills  sont  présentés  par  différens  membres  de  la 
chambre  des  communes,  et  plusieurs  subissent  la 
i''  lecture. 

Le  duc  de  Bedford  annonce  une  proposidon 
relative  aux  clôtures  générales. 

La  chambre  s'ajourne  au  lendemain. 

Chambre  des  communes.  — Séance  du  s  juillet  (i3 
messidor.  ] 

L'oRATiïtiR  se  place  dans  ie  fauteuil  une  heure 
plutôt  que  de  coutume.  Un  message  de  hi  cham- 
bre des  paict  ,  annonce  aux  communes  que  leur 
présence  à  la  chambie  haute  est  désirée.  Elles 
«'y  rendent ,  l'orateur  à  leur  tête. 

La  chambre  étant  de  retour  dan»  le  lieu  de  ses 
léances  ,  Af.  Brugge  présente  le  rapport  du  bill  , 
tendant  à  assurer  la  conservation  des  bois  de 
construction  dans  la  foret  neuve  ,  dans  le  comté 
«le  Souib^inpion  ,  etc. 


M.Hohhouse  s'oppose  à  ce  qu'on  approfondisse 
la  question  pour  le  moment,  et  demande  que 
ce  bill  soit  renvoyé  à  un  tems  éloigné.  Il  trouve 
que  l'on  a  mis  dans  celte  affaire  une  précipitation 
indécente  et  indigne  de  la  grandeur  et  de  l'im- 
portance du  sujet.  Il  espère.  r;u'on  voudra  bien 
au  moins  lui  permettre  de  faire  entendre  un  con- 
seil en  faveur  des  parties  opprimées;  il  est  chargé 
de  présenter  à  ce  sujet  une  pétition  de  la  part  d'un 
homme  respectable  qui  aurait  beaucoup  a  souffrir 
si  le  billpassait.  Entr'autres  objections  à  faire  con- 
tre plusieurs  des  clauses  du  bill  ,  il  en  a  une  à 
proposer  à  l'instant  même  contre  une  clause  qui 
l'a  particuliéremenrfrappé  ,  et  qui  porte  que  "sa 
majesté  pourra  faire  réserver  et  enclore  à  perpé- 
tuité dans  ladite  forêt  telle  quantité  de  terres 
qu'elle  j,ugera  convenable  .  sans  pouvoir  néan- 
moins excéder  le  nombre  de  400  acres  en  tout, 
etc.  'I  Son  intention  estde  s'opposer  à  celte  clause, 
comme  dérogeant  à  une  loi  du  roi  Guillaume  , 
qui  n'accorde  que  200  acres  ,  pour  la  clôtnre  , 
pour  le  terme  de  vingt  ans  ,  et  à  condidon  que 
lorsque  les  arbres  auront  atteint  une  certaine 
hauteur  ,  les  clôtures  seront  renversées.  Il  y  a  une 
différence  bien  considérable  entre  un  terme 
de  vingt  années  et  la  perpétuilév  Les  droits  de 
communauté  se  trouvent  sensiblement  compro- 
mis. C'est  pour  cela  que  M.  Hobhouse  pense  que 
ceux  qui  ont  des  plaintes  à  faire  ,  doivent  être 
entendus  par  conseil. 

M.  Hobhouse  apperçoit  au^si  dans  une  autre 
clause  un  principe  d'aliénation.  C'est  dans  celle 
qui  permet  de  vendre  lot  par  lot  ;  ce  qui  détruit 
toute  idée  de  droits  communaux.  C'est  donc  avec 
justice  que  se  plaint  l'individu  dont  il  dent  la 
péiiiion.  Il  demande  en  conséquence  f]ue  l'examen 
du  présent  bill  soit  ajourné  à  trois  mois. 

La  motion  n'étant  pas  appuyée  ,  on  continue 
la  discussion  du  bill  ;  les  amendenien^  sont  lus. et 
adoptés. 

On  propose  ensuite  que  le  bill  ^oit  grossoyé. 

M.  Hussey  et  un  autre  membre   s'y  opposent. 

Quand  on  voit,  dit  M.  Hussey  ,  itS.ooo  acres 
sans  culture  ,  on  peut  espérer  que  les  honorables 
membres  voudront  bien  penser  à  la  subsistance 
du  peuple.  J'approuve  l'institution  des  commis- 
saires ,  et  je  suis  persuadé  qu'ils  ont  trop  d'hon- 
neur pour  ne  pas  s'acquitter  religieusement  de 
leur  devoir  ;  mais  je  suis  convaincu  aussi  qu'on 
pourrait  présenter  un  autre  bill  plus  favorable  que 
celui-ci  aux  intérêts  de  la  nation. 

L'orateur  de  la  chambre  fait  observer  qu'il  ne 
s'agit  pour  l'instant  que  de  savoir  si  le  bill  sera 
grossoyé,  et  qu'il  serait  plus  conforme  à  l'ordre 
que  les  honorables  membres  ne  donnassent  leur 
opinion  qu'après  que  cette  question  aurait  été 
décidée  ;  ils  pourront  parler  sur  le  fond  à  la  troi- 
sième lecture. 

M.  Sliirgess  demande  alors  la  troisième  lecture 
du  bill.  Il  prétend  qu'il  ne  paraît  pas  que  1  hono- 
rable membre  (M.  Hobhouse)  ait  compris  le  bill. 
Il  né  voit  pas  comment  on  peut  dire  que  l'on 
a  mis  dans  celte  affaire  une  précipitationindécente. 

Lé  bill  fut  présenté  à  la  chambre  le  3o  du  mois 
dernier:  il  a  été  disculé  deux  fois  en  comité, 
et  le  rapport  s'en  fait  aujourd'ui  2  juillet.  Quant 
aux  400  acres  contre  lesquels  l'honorable  mem- 
bre a  fait  une  objection,  il  aurait  dû  comprendre 
que  l'objet  qu'on  se  proposait  était  de  mettre  en 
réserve  une  quantiié  de  terre  qui  produise  assez 
de  foin  pour  nourrir  pendant  l'hiver  la  bête  f.iuve  , 
qui  sans  cette  précaution  mangerait  la  pousse  du 
prinlems. 

M.  StuTgess ,  d'après  toutes  ces  considérations, 
espère  que  les  objeciions  de  M.  Hobhouse  tom- 
beront d'elles-mêmes  ,  cl  avec  elles  les  plaintes 
en  lésion  des  droits  communaux.  Il  fait  observer 
que  les  400  acres  font  pariie  des  4,000  acres 
qui  sont  marqués  par  la  loi  pour  être  mis  en 
clôtures.  Il  partage  l'opinion  de  M.  Hussey  en 
faveur  des  commissaires  ,  et  il  assure  que  vou- 
loir faire  entendre  un  con«eil  à  une  époque 
aussi  avancée  de  la  session,  c'est  vouloir  retarder 
le    bill  ,  et  rien  de   plus. 

Af.  Hobhouse  réplique  .  et  se  plaint  d'avoir  été 
assez  malheureux  pour  ne  trouver  personne  qui 
appuyât  sa  motion.  —  Dans  les  autres  clôtures 
il  y  a  un  compromis  entre  les  parties  intéressées  : 
elles  s'enicndent  entre  elles.  Mais  ici  il  ne  peut 
y  avoir  rien  de  semblable  ;  et  c'est  pour  cette 
raison  qu'il  pCiise  qu'on  doit    écouter  les  plai 


gnans.  Il  pourrait  rétorquer  sur  l'honorable  mem- 
bre le  reproche  d'ignorance  qu'il  lui  a  fait.  Il  ne 
s'agit  i>as  ici  de  200  acres  à  enclore  ,  et  pour  2oan» 
seulement  ,  mais  de  400  ,  etpour  toujours. 

Af.  Hussey  voudrait  que  le  bill  fût  renvoyé  i 
un  tems  plus  éloigné. 

L'avocat-général  désirerait  que  la  discussion  fût 
remise  à  vendredi  prochain. 

M.  Hobhouse  déclare  qu'il  y  consent ,  et  retire 
sa  motion. 

M.  Hussey  indique  lundi  pour  latroisierae  lecture. 
M.  Hobhouse  pourrait  alors  présenter  la  péti» 
tion  dont  il  est   chargé. 

Les  débats  se  prolongent  encore  quelque  tems 
sur  ce  sujet.  —  M.  Hobhouse  présente  la  pétition 
de  la  part  de 'William  Scott,  écuyer,  de  'Wilstone. 
Le  pétitionnaire  expose  que  ses  droits  se  trou- 
veront très-lésés  si  le  bill  passe  ,  et  il  demande  à 
être  entendu  ,  par  conseil  ,  dans  son  opposition  à 
la  loi.  Parmi  plusieurs  autres  griefs  contenus  dans 
la  pélilion,  il  est  dit  que  le  bill  est  une  violation 
de  tous  Iss  principes  de  la  justice  ,  et  que  la 
session  est  trop  avancée  pour  qu'on  puisse  I9 
discuter  comme  le  sujet  le   demande. 

L'orateur  dit  qu'il  est  de  son  devoir  d'ap- 
peler l'attention  de  la  chambre  sur  les  expres- 
sions employées  par  le  pétitionnaire  ;  elles  lui 
paraissent  très-repréhensibles  :  il  espère  néan- 
moins que  la  chambre  voudra  bien  regarder  la 
pétition  comme  non  avenue,  en  laissant  au  péti- 
tionnaire la  liberté  d'exprimer  ses  plaintes  en 
d'autres  termes.  —  La  chambre  y  consent ,  el  la 
pétition  est  retirée. 

Af.  Dundas  dit  que  ,  malgré  le  terme  avancé 
de  la  présente  session  ,  il  se  propose  de  faire 
une  motion  qui  lui  a  été  vivement  recommandée 
par  la  cité  de  Londres.  Cett,e  motion,  qu'il  fera 
vendredi  prochain,  consistera  à  cïcraander  que 
la  chambre  se  forme  en  comité  pour  délibérer 
sur  les  «Doyens  les  plus  propres  à  réprimer  le 
biigandage  qui  s'exerce  sur  la  Tamise. 

Le  secrétaire  de  la  guerre  remet  sa  motion 
tendante  à  demander  la  formation  de  la  chambre 
en  comité  pour  délibérer  sur  l'élablissement  d'une 
maison  d'éducation,  pour  les  enfans  des  mili- 
taires pauvres. 

Af.  Brugge  présente  le  rapport  de  la  résolution 
dii  comité  sur  les  vins  de  France  importés  de 
Jersey,  Guernesey  et  autres  îles  ;  il  est  lu  et 
adopté.. 

Af.  Percival  fait  le  rapport  de  la  résolution  du 
comité  pour  l'encouragement  des  pêcheries  an- 
glaises;  il   est   adopté. 

La  chambre  entend  un  message  de  la  chambre 
des  pairs  sur  l'adoption  de  plusieurs  bills  ,  et 
s'ajourne. 

Journal  du  parlement.^  Chfimbrc  des  communes.  ■'~ 
Séance  du  ^juillet  (ti  messidor.] 

La  chambre  ,  formée  en  comité  ,  prend  en 
considération  le  bill  tendant  à  empêcher  les  dé- 
prédations sur  la  Tamise. 

M.  Dundas.  Il  n'est  que  trop  naturel  qu'il  se 
commette  de  grandes  déprédations  sur  une  rivière 
qui  porte  annuellement  pour  la  valeur  de  70  mil- 
lions de  marchandises.  L'objet  du  bill  estde  les 
prévenir.  Les  négocians  fesant  le  commerce  des 
Indes  occidentales  ont  formé  entr'eux  une  asso- 
ciation pour  la  sûreté  de  leurs  propriétés  sur  la 
'Tamise.  Par  ce  moyen  ,  les  pertes  annuelles  qu'ils 
étaient  dans  l'usage  d'éprouver,  se  sont  réduites 
à  9,000  liv.  Il  est  prouvé  que  ,  depuis  1  établisse- 
ment de  cette  association  ,  trois  magasins  de  su- 
cres situés  sur  la  rivière  ,  et  qui  n'étaient  fourni» 
que  de  marchandises  volées  ,  ont  été  forcés  de 
renoncer  à  leur  commerce.  Le  corps  des  négâ- 
ciaiis  de  la  cité  désire  qu'une  semblable  protec- 
tion soit  accordée  à  toutes  les  branches  de  com- 
rnerce.  Je  propose  en  conséquence  au  comité 
d'adopter  les  deux  résolutions  suivantes  :  —  Qjj'rl 
convient  d  établir  un  bureau  de  police  à  l'effet 
d'empêcher  les  déprédauons  commises  sur  la 
Tamise;  que  les  secours  nécessaires  pour  l'éta- 
blissement et  l'entreuen  de  ce  bureau  soient  pré- 
levés sur  le  fonds  consolidé. 

Af .  T.  Jones  propose  qu'il  soit  présenté  à  S.  )VI, 
une  humble  adresSe  ,  pour  la  supyjjçr  de  faire 
renaetlre  à  la  chambre  les  eopits  des  iiistruclion» 


1 1( 


tîonnëes  au  commandant  en  chef  de  la  flotte  de_ 
la  Méditerranée  et  à  sir  Sidn-ey  Smilh  ,  relalive- 
meut  à  l'infraction  du  traité  avec  le  général 
Kleber. 

M.  Pilt  dit  que  lorsque  des  papiers  d'une  haute 
importance  sont  -demandes  ,  il  est  d'usage  d  i.-n 
pTéveniv  plusieurs  jours  d'avance.  Il  espère  que 
l'honorable  membre  retirera  sa  motion  et  nom- 
mera  Icjour   où  il  devra  la  renouveler. 

M.  Jones  y  consent  et   nomme  Mardi. 

La  chambre  se  forme  en  comité  de  subsides 
pour  s'occuper  de  l'établissement  d'un  azile 
destiné   aux   enfans   de    soldais ,   orphelins. 

M.  Windham  observe  que  les  enfans  de  soldats 
orphelins  n'ont  point  la  même  ressource  que 
■ceux  des  matelots  qui  peuvent  s'adresser  à 
l'hôpital  de  Greenwich.  Depuis  long-tems  il 
existe  en  Irlande  un  établissement  semblable  à 
celui  qu'il  est  question  de  foreier  en  Angleterre. 
Les  dépenses  permanentes  en  seront  vraisem- 
blableintnl  déirayées  par  des  souscriptions  vo- 
lontaires, et  les  dépenses  préliminaires  sont  les 
seules  ,  qui  soient  demandées  à  la  chambre. 
L'ctablissemeni  sera  composé  de  aio  garçons 
et  aSo  fiiles.  Ils  seront  élevés  jusqu'à  1  âge  de 
14  ans.  Alors  les  garçons  auront  le  choix  d'entrer 
dans  l'armée  ou  de  suivre  quelque  métier  pro- 
fitable.-Les  dépenses  sont  calculées  à  i5  liv. 
par  an  pour  chaque  enlant.  Comme  il  convient 
Mjue  cette  maison  d'éducation  soit  assez  loin  de 
la  ville  pour  jouir  d'un  air  salubre  ,  et  assez  près 
«pour  être  soumise  à  une  inspection  commode, 
elle  sera  construite  à  Chelsea ,  oià  se  reiicon- 
treroQt  ainsi  les  deux  exircrnités  de  la  vit  du 
«oldat.  M.  Windham  ne  voudrait  j^oint  qu'elle 
■lût  bâiie  comme  une  grange  ni  comme  une 
caserne  ,  muis  avec  une  élégante  simplicité  ,  qui 
•iasse  honneur  au  goût  national.  La  somme  de 
5,000  liv.  est  tout  ce  qui  sera  demandé  au 
parlement  pour  construire  cet  édifice. 

La  proposition  de  M.  Windham  est  approuvée. 

Sir  F.  Siirdelt  Jones  prévient  la  .chambre  qu'il 
"fera  jeudi  une  motion  au  sujet  de  la  prison 
de    Cold-^ath-Fields. 

Le  biU  relatif  aux  institutions  monastiques  est 
Ju   pour   la   troisième    fois   et  passe. 

Lî  tolonet  Lowlhtr  présente  une  pétition  de  la 
duchesse  de  Bolion  contre  le  bill  relatif  à  la 
-Forêt-Neuve  ,  et  demande  que  la  troisième  lec- 
ture en  soit  difféiée  jusqu'à  mardi  pour  que  la 
■duchesse  ait  le    lems    de  produira  ses  témoins. 

Le  pwcurewr  -  général  ne  croit  point  que  les 
dfoils  de  propriété  de  la  duchesse  de  Bolton 
puissent  être  lésés  par  les  dispositions  du  bill. 
Les  droits  du  prince  Guillaume  ef  de  la  prin- 
cesse Sophie  de  Gloccster  sont  les  mêmes. 
i.  A.  R.  lui  ont  fait  l'honneur  de  le  consulter ,  et 
-il  leur  a  répondu  que  leurs  droits  ne  seraient 
joint  blessés.  --  La  troisième  lectur£  est  difiéréc 
Jusqu'à  mardi. 

Lord  Hiwikcsbury  propose ,  conformément  à 
l'ordre  du  jour  ,  la  troisième  lecture  du  bill 
pour  autoriser  la  compagnie  de  Londres  à  faire 
du  pain  et  de  la  farine. 

M.  Tierney  dit  qu'il  a  appris  que  plusieurs 
-membres  de  la  chambre  étaient  au  nombre  des 
pétitionnaires  en  faveur  du  bill  ,  et  qu'un  plus 
grand  encore  était  engagé  dans  la  spéculation  qui 
se  fondait  sur  ce  bill.  Il  croit  que  ces  membres  , 
•étant  parties  intéressées  ,  ne  doivent  pas  voter 
•dans  la  question  présente.  Ce  principe  fut  établi 
en  1797  lors  de  l'emprunt  appelé  l'emprunt  de 
•loyauté.  Les  provisions  du  bill  accordent  aux 
membres  de  la  compagnie  de  Londres  10  pour  cent 
de  profit  et  l'intérêt  légal  n'étant  que  de  5  pour 
-cent ,  cette  difi'érence  suffit  pour  démontrer  les 
jïioufs  qui  peuvent  influencer  les  naembres  inté- 
ressés. 

L'orateur  dit  que  l'observation   de  l'honorable 
■■membre    pourrait    tout  au  plus  s'appliquer  aux 
membres  dont  les  noms  sont   relatés  dans  le  bill. 
-D'autres  membres  peuvent  être  intéressés  ,   mais 
le  fait  -n'est  constaté  par  aucun  document  officiel. 
"Le  cas  de  1797  n'était  pas  précisément   le  même. 
L'orateur  .croit   que  ,   dans    les  questions   qui  le 
..concernent  immédiatement,  un  membre  ne  peut 
donner  sa  voix  ,  mais  qu'il  est  admissible  à  voter 
•dans  toute  question  qui  n'a  que  des  rapports  in- 
directs avec  ses  intérits.  Il  s'appuie  d'un  exemple  ;  i 
—  Lorsqu'il   s'agit  d'un  emprunt  à  accorder    au' 
gouvernement,   un   membre,   quoiqu'il  soit  au 
nombre  des  acquéreurs  de  l'emprunt ,  peut  voter 
sur  la  quesdon  générale  et  sur  toutes  les  questions 
incidentes,  excepté  celle  qui  tend  à  fixer  l'intérêt 
spécifique  qui  doit  être  accordé  aux  prêteurs.  Si 
j'on  fait  l'application  de  ce  principe  au   bill  ac- 
tuel,  les   associés  ne   doivent  pas  voter    sur    la 
question  qui  fixeral'intérêt  dont  ils  pourront  jouir, 
.mais  leur  voix  sera  admise  dans  tout  le  reste  de  la 
discussion. 

M -R)'(/cr,  considérant  que  ,  dans  cette  circons- 
tance ,  l  intérêt  est  précaire  et  incertain,  croit 
que  les^nembres  intéressés  peuvent  voter  même 
sur  la  clause  qui  en  fixera  k  monunt. 


M.  Sheridan  regarde  cette  distinction  comme 
insignifiante  et  propose,  par  voye  d'arnenderaent, 
41  que  les  proht.s  sur  l'argent  avarice  pour  la 
nouvelle  Compagnie  de  Londres  ,  soient  réduits 
de  10  à  5  pour  cent,  ji  Si  les  pétitionnaires 
sont  vraiment  animés  des  vues  patiio:iques  dont 
ils  font  profession,  ils  ne  pourront  former  aucune 
objection  contre  ujie  clause  qui  borne  leurs 
profils    à   l'inréret    légal   de   leurs    fonds. 

L  Orateur  observe  que  pour  procéder  régulière- 
ment,  la  troisième  lecture  doit  être  d'abord 
piopnsée  et  la  chambre  divisée.  Ensuite  ihoii. 
membre  pourra  s'opposer  aux  votes  particuliers 
qu'il   ne   croira    pas   admissibles. 

La  troisième  lecture  est  proposée. 

M.  Plumer  s'oppose  au  bill.  Il  a  été  proposé 
à  1  effet  de  mieux  approvisionner  la  métropole 
de  pain  et  sous  prétexte  qu'il  existait  entre  les 
meuniers  une  combinaison  de  monopole.  C  est 
te  qui  n'a  pu  être  prou\c  par  aucune  dépo- 
sition. Q_uand  cette  combinaison  existerait,  les 
inrnnvéïuens  ne  diminueraient  pas  par  l'établisse- 
ment d  une  compagnie  privilégiée.  Ils  ne  feraient 
au  contraire  que  s  accroître  ,  parce  qu'alors 
le  marché  sérail  entièrement  à  la  disposition 
d'une    grande    association  Incorporée. 

Le  Maitre  des  Rôles  regarde  comme  une  chose 
très-dangereuse  d'accorder  à  une  compagnie  une 
charte  qui  la  mette  à  même  dacaparer  une 
blanche  toute  entière  du  commerce  de  la  mé- 
troiiole.  Il  n  est  pas  sûr  que  les  rcsirictions  con- 
tenues dans  le  présent  bill  soient  sulfisantes 
pour  parer  au  danger.  C'est  à  la  chambre  à 
décider. 

M.  Percival  observe  que  dans  un  sujet  où  l'in- 
térêt personnel  se  trouve  en  jeu  ,  il  n  est  ni  con- 
venable, ni  conforme  aux  principes  pailementaires 
de  s'en  remettre  à  l'honneur  des  parties  inté- 
ressées. Leur  conduite  doit  être  réglée  ,  en  pa- 
reil cas  ,  par  la  décision  de  la  chambre.  Ce.n'est 
point  pendant  une  fâcheuse  disette  qu'une  ques- 
tion de  cette  nature  peut  être  tranquillement  dis- 
cutée. L'expérience  a  prouvé  le  danger  de  f.iire 
des  bills  de  circonstance  ,  à  moins  qu'ils  ne  lussent 
temporaires.  D'ailleurs,  cette  mesure,  motivée  sur 
la  rareté  actuelle  des  denrées  ,  ne  pourra  ,  par  sa 
nature  ,  avoir  d'effet  que  lorsqu'elle  ne  sera  plus 
d'aucune  utilité  ,  à  moins  que  la  providence  ne 
nous  frappe  du  fléau  de  plusieurs  mauvaises 
récoltes.  Ceux  qui  appuient  la  mesure  ,  auraient 
tort  de  dire  que  depuis  long-tems  elle  entrait  dans 
leurs  vues  ,  et  quil  ont  choisi  pour  la  présenter 
l'époque  où  elle  devenait  plus  nécessaire.  C'est 
de  la  circonsta^ice  actuelle  qu'ils  ont  tiré  tous  leurs 


argumens.  Ils  auraient  dû  établi 


fjue  ,  par  quelque 


vice  d  une  existence  antérieure  ,  les  approvision- 
neaiensélaiem  insuffisans  et  prouver  que  les  mou- 
lins étaient  eu  défaut  ou  que  les  meiinicrs  exei- 
çdient  un  monopole.  C'est  ce  qùT'ils  n'ont  point 
fait.  Il  est  constaté  que  nos  moulins  peuvent 
moudre  en  sept  mois  assez  de  grain  pour  la  con- 
sommation d  une  année. 

M.  Percival  prétend  que  la  compagnie  dite 
runion  de  Birmingham,  et  celle  dite  là  Compa- 
gnie des  moulins  d'Albion  ,  qui  ont  été  ciiées  à 
l'appui  du  bill  actuel,  étaient  loin  d  être  floris- 
sant s.  La  première  ne  se  soutenait  que  par  des 
circonstances  locales  ,  ei  la  seconde  perdait  déjà 
lorscju'un  incendie  détruisit  ses  ét.<blissemens.  Les 
restuctions  contenues  dans  le  bill  ,  ne  tendent 
qu'à  détruire  l'effet  de  la  mesure.  Au  lieu  d'ac- 
corder 5  pour  100  il  conviendrait  d  accorder  10 
et  même  davantage,  car  un  moindre  profit  ne 
pourrait  tenter  de  risquer  une  spéculation  mer- 
cantile. Si  le  profit  était  réduit  à  5  pour  100, 
aucun  meunier  ne  pourrait  soutenir  la  concur- 
rence. Dans  le  cas  où  les  meuniers  chercheraient 
à  maintenir  un  prix  plus  haut  que  leurs  nou- 
veaux compétitenrs ,  ils  mériteraient  en  effet  les 
soupçons  ,  qui  ont  été  répandus  contre  eux  , 
et  le  bureau  de  la  chambre  serait  bientôt  cou- 
vert de  pétitions,  pour  obtenir  que  la  nouvelle 
corporation  fournît ,  non  le  huitième,  mais  la 
totalité  de  l'approvisionnement  de  la  métropole. 
Celte  mesure  doit  dune  inévitablement  conduire 
à  un  monopole   général. 

Lord  Hawkesbury  réfute  les  argumens  de  M. 
Percival,  et  prétend  que  la  mesure  actuelle  n'est 
point  seulement  proposée  pour  subvenir  à  la 
disette  du  moment;  elle  a  pour  but  principal 
d'empêcher  le  retour  d'une  pareille  calamité  , 
d'autant  plus  à  craindre  qu'il  est  à -peu -prés 
avéré  que,  dans,  les  années  communes  ,  I  île  ne 
produit  point  assez  de  grains  pour  la  consom- 
niatiou  de  ses  habitans.  Sans  accuser  les  meuniers 
d'avoir  établi  un  monopole  ,  lord  Hawfkesbury 
croit  qia'il  existe  quelque  chose  d'artificiel  dans 
la  rareté  présenie.^es  grains.  Les  dépositions  faites 
à  la  barre  de  la  chambre  prouvent  que  depuis 
huit  à  neuf  mois  il  à  été  importé  6  à  700,000  sacs 
de  froment  dans  les  divers  ports  du  royaume. 
La  concurrence  la  plus  sûre  et  la  plus  avanta- 
geuse pour  le  public  ,  est  celle  qui  s  établit  lors- 
que le  même  commerce  se  fait  en  même  tei-ns 
par  des  individ^s  et  par  des  corporations  qui 
suivent  des  piincipes  différens. 
M.  Sheridan  pose  en  principe  que  U  disette  n'a 


rien  d'artificiel ,  et  qu'elle  ne  provient  que  de  la 
mauvaise  i'écolte  de  l'année  passée.  Le  bill  pré- 
sent lui  paraît  du  plus  grand  danger,  fait  pour 
ruiner  les  meuniers  et  les  boulangers  et  soulever 
le  peuple  contre  eux,  si  le  pain  se  vend  meilleur 
marché  par  la  nouvelle  compagnie.'  D'ailleurs, 
les  bases  sur  lesquelles  elle  est  établie  ,  n'assurant 
aucune  iniporialion  nouvelle  ,  il  n  est  nullement 
probable  qu'elle  parvienne  à  remédier  effica- 
cement au  mal.  Le  pain  bis  qu'elle  fabriquera 
pourra  être  d'une  bonne  qualité  ,  mais  le  peuple 
a,  contre  cette  espèce  de  pain  un  préjugé  insur- 
montable, et  il  se  trouverait  obligé  de  s'en  nour- 
rir si  la  compagnie  finissait  par  avoir  le  monopole 
exclusif  de  la  métropole. 

Sir  William  Pulteney  regarde  la  mesure  actuelle 
comme  une  dangereuse  expérience.  Il  se  passera 
plus  de  dix  ans  avant  que  la  compagnie  soit 
compicttcment  établie,  et  le  résultat  en  sera  de 
rendre  le  bill   perpétuel. 

La  question  est  mise  aux  voix.  —  La  troisième 
lecture  passe  à  la  majorité  de  48  contre  44. 

(Pendant  que  les  étrangers  ont  été  exclus  de 
la  chambre  ,  il  y  a  eu  un  débat  dont  le  sujet 
doit  avoir  été  une  motion  pour  différer  jusqu'à 
mardi  tout  procédé  ultérieur  relativement  au 
bill.  —  Celte  motion  a  été  rejetée  à  la  majorité  de 
5o  contre  ^\.  ) 

L'nlderman  C.nrtis  propose  une  clause  pour 
obliger  la  cornpagnie  à  exposer  en  vente  tous 
les  lundis  matin  5oo  sacs  de  farine.  —  Rejeté  sans 
division. 

Lord  Haiokesbury  propose  une  clause  p,our  qu'au- 
cun administrateur  ou  employé  de  la  compagnie 
ne  puisïe  spéculer  pour  son  propre  compte.— 
Adopté  à  la  majorité  de  46  contre  27. 

M.  Tierney  propose  une  danse  po.ur  autoriser 
le  rappel  du  bill  pendant  la  session  présente.  — 
Rejeté. 

M.  Sheridan  propose  que  le  profit  des  asso- 
ciés   soit  borné  à  5  pour  cent.  —  Rejeté. 

Le  bill  passe  définitivement  sur  la  motion  de 
lord  Hawkesbury. 


.A'".  B.  L'abondance  des  matières  nous  obliee 
de  remettre  à  demain  la  suite  de  fextraii  des  pa- 
piers anglais  qui  sont  du  plus  grand  intérêt. 

INTERIEUR. 

Paris ,    /e  26  messidor. 

Il  est  arrivé  au  gouvernement  des  lettres  de 
Mâlthe  du  26  prairial.  Elles  annoncent  qu?  plu. 
sieurs  bâtimens  chargés  de  vivres  sont  entrés 
dans  cette  île,  moyennant  quoi  elle  se  trouve 
approvisionnée  pour  long-tems.  L'acte  constitu- 
tionnel y  a  été  porté  par" l'adjoint  aux  adjudans 
généraux  Rsmy  qui  avait  été  expédié  par  le  mi- 
nistre Benhier  ;  et  les  soldats  et  les  marins  ont 
prêié  le  serment  de  fidélité  auquel  ils  ont  ajouté 
celui  de  s'enterrer  sous  les  ruines  de  la  place  ,  et 
de  ne  l'abandonner  que  lorsqu'ils  auraient  épuisé 
leurs  dernières  ressources.  On  peut  reo-arder 
Malte  comme  définitivement  assurée  à  la°répu- 
blique. 


CÉLÉBRATION  DE   L'aNNIVERSAIRE   DU   14  JUILLET. 

Nous  publierons  demain  une  description  dé- 
taillée de  la  fête  du  Quatorze-Juillet.  Nous  nous 
ei-npressons  pour  répondre  à  l'impaiience  dé 
nos  lecteurs  de  leur  faire  connaître  les  discours 
qui  ont  élé  prononcés  dans  cette  solennité. 

Discours  prononcé  par  le  cit.  Lucien  Bonaparte , 
ministre  de  l'intérieur  ,  le  23  messidor  an  8  ,  dans 
le  temple  de  Mars. 

Citoyens, 

L'expéiience  des  siècles  nons  apprend  com- 
bien les  révolutions  sont  redoutables  :  leur  ac- 
tion se  compose  de  toutes  les  passions  humaines; 
la  violence  en  est  toujours  l'élément  principal^ 
et  jusqu'à  la  fin  de  ces  crises  terribles,  nul  ne 
peut  aflirmer  si  leur  commencement  fut  un  bien 
ou  s'il  ne  fut  pas  le  plus  grand  de  tous  les 
maux. 

Ce  caractère  est  commun  à  toutes  les  révolu-» 
tions  :  soit  qu'une  cause  méprisable  interrompe 
l'ordre  accoutumé  des  empires  ,  ou  que  cette 
interruption  soit  due  à  l'excès  de  la' tyrannie 
et  à  l'élan  de  la  liberté  ,  la  tempête  n'en  est  pas 
moins  effrayante ,  elle  n'en  menace  pas  moin» 
toutes  les  classes  de  la  société. 

Ce  qu'apprend  l'histoire  des  siècles,  l'expé- 
rience de  quelques  années  vient  de  nous  le  con- 
firmer. La  vieillesse  d'un  corps  politique  ne  peut 
se  mouvoir  sans  un  grand  péril  :  cette  profonde 
vérité  est  écrite  aujourd  hui  par  le  malheur  sur 
le  chaume  de  nos  cabanes  ,  comme  sur  les  voûtes 
de  nos  palais. 

En  parlant  au  premier  peuple  de  ■  la  terre  v 
ma  voix  provoque  cette  réflexion  conservatrice  , 
parce  qu'elle  offre  des  idées  dignes  d'être  émise» 
l'anniversaire  du  Quatorze-Juillet  178g. 


La  première  de  ces  idées  est  que  !es  annales 
du  monde  ne  reiracent  point  de  révoluiion  plus 
_  louable  dans  son  but,  plus  nécessaire  aux  hom- 
mes, plus  auguste  par  la  réunion  rapide  de  tant 
de  volontés  ,  de  tant  de  bras  :  aus'ii  les  philo- 
sophes qui  ont  illustré  la  fin  de  ce  siècle  ,  ont- 
ils  appelé  ,  par  leurs  vœux  ,  un  changement 
de  système.  L'injustice  et  l'oppression  ,  ligno- 
rancc  et  le  fanatisme  ,  le  désordre  et  l'immo- 
ralité régnaient  encore  dans  le  pays  le  plus  éclairé 
de  1  Europe.  C  était  la  médiocrité  qui  planait  sur 
Ip  jiénie  ,  les  ténèbres  qui  dominaient  sur  une 
région  de  lumières. 

Un  pareil  état  ne  pouvait  pas  subsister  davan- 
tage ;  les  traces  de  la  décrépitude  se  mêlaient 
sur  le  front  de  la  monarchie  aux  traces  d'une 
grandeur  passée  :  tous  les  vices  et  toutes  les 
fautes  la  pressaient  à  l'envi  ,  et  l'inexorable  main 
<lcs  sieclus  poussait  le  trône  vers  la  destruction. 

Alors  les  éciivains  prophétisèrent  la  secousse 
jwiitique  qui  devait  ébranler  l'univers  ;  et  ils 
■élevèrent  la  voix  pour  que  cette  secousse  de- 
venue inévitable,  fût  au  moins  utile  à  l'humanilé. 
La  philosophie  louva  toutes  les  âmes  préparées 
par  l'excès  des  maux  ,  à  recevoir  son  inspiration 
dernière  :  son  souffle  agissait  avec  lenteur  depuis 
plusieurs  années  ,  et  Ion  avait  déjà  vu  ,  par  son 
influence  ,  des  citoyens  arriver  au  ministère  , 
lutter  contre  les  courtisans  ,  et  tour-à-tour  em- 
porter ou  céder  le  triomphe. 

Inutiles  efforts  de  cet  esprit  réparateur  qui 
brille  quelquefois  aux  yeux  des  monarques  ,  et 
leur  désigne  le  dernier  moyen  d'éviter  un  bou- 
leversement que  les  monarques  aveuglés  croyaient 
impossible  !  Inutiles  efforts  !  la  révolution  qui 
devait  marquer  la  fin  du  siècle  ,  approchait  tous 

les  jours 

Déjà  les  idées  hardies  ,  d'abord  renfermées 
dans  quelques  têtes  ,  saisissent  toutes  les  têtes  : 
les  opprimés  songent  à  leur  fotce  et  comptent 
les   oppresseurs.' 

Soudain  le  feu  sacré  jaillit  et  parcourt  toutes 
les  veines  du  corps  politique  ,  des  millions  de 
bias   se    lèvent,    le    mot  de   liberté  résonne   de 

toutes  parts La  Bmtille   est   conquise. 

Je  ne  retracerai  point  tous  les  détails  de  ce 
jour  à  jamais  mémorable  ,  qui  fit  germer  dans 
tous  les  coeurs  le  même  eiithousiasmc  •,' de  ce 
jour  oii  les  habilans  les  plus  éloignés  vinrent 
célébrer,  au  milieu  de  la  plaine  voisine  ,.la 
même  solennité  qui  nous  réunit  dans  le  temple 
de  la  valeur.  Celte  grande  époque  de  la  con- 
fédération nationale  rassemble  pour  la  onzième 
fois,  le  peuple  fiançais  sous  les  auspices  delà 
liberté  vicl^orieuse.  Les  plus  nobles  pensées  ,  les 
sentimens  les  plus  élevés  ,  les  vœux  les  plus 
iinanimes  consacrèrent  la  fondation  de  cette 
fête  et  doivent  accompagner  son  retour.  Nulle 
Image  funèbre  ne  se  mêle  à  son  premier  sou- 
venir T  car  elle  fut  instituée  au  milieu  de  la 
joie,  de  la  concorde  elide  l'espérance  universelle. 
Alors  les  enfans  de  cette  grande  -famille  placés 
entre  les  deux  mers  ,  le  Rhin  ,  les  Alpes  et  les 
Pyrénées,  ie  trouvèrent  en  présence  pour  la 
première  fois  :  alors  devant  le  monde  et  le  ciel 
iisjurerent  tous  ensemble  de  vivre  et  de  mourir 
libres  ;  ils  ne  jurèrent  point  en  vain  ,  et  les 
trois  parties  de  la  terre  aujourd'hui  couvertes 
de  leur  sang  et  de  leurs  trophées  ,  savent  comme 
ils   tiennent  leurs   promesses. 

A  l'heure  oir  ce  serment  fut  prononcé  ,  un 
petit  nombre  d  hommes  aveugles  voulut  résister; 
mais  le  tems  prescrit  était  venu  où  l'agriculture 
et  l'industrie  devaient  voir  tomber  les  fers  dont 
elles   étaient    chargées   et  où    les  cent  têtes   de 

l'hydre   féodal   devaient  être  abattues 

Le  peuple  tout  eniier  se  précipita  vers  ses  dé- 
fenseurs   et    ht    pencher    de    tout  son   poids   la 

balance  où   se   pesaient   ses   destinées 

Arrêtons  nos  regards  sur  cet  accord'  sublime; 
les  raouvemens  causés  par  les  faciions  ou  par 
les  petits  intérêts  de  ceux  qui  st  disputent  le 
pouvoir,  ontrils  ce  caractère  solennel  et  sacré? 
■  Mais  pourquoi  faut-il  que  l'esprit  humain  , 
en  déployant  toute  sa  force,  ne  sache  pas  tou- 
jours  la    retenir  ?..... 

La  philosophie  qui  avait  prévu  la  révolution 
■voulut  la  diriger  ;  que  peut  le  pilote  contre  tous 
les  vents  déchaînés  à-la-fois?  Souvent  les  amis 
de  la  patrie  posèrent  une  digue  qu'ils  croyaient 
insurmontable  ,  et  que  le  torrent  bientôt  après 
entraînait  dans  son  cours  :  découragés  ,  les  uns 
cédèrent  à  l'orage  ;  d'autres  expirèrent  victimes 
de  sa  fureur,  et  la  liberté  travesiie  ,  défigurée, 
devint  tour-à-lour  le  jouet  et  l'idole  des  fictions 

assassines AlArs  les  jours  de  deuil  ,  alors  les 

années  funestes  ,  alors  IfS  guerres  iiiieslines 

Ce^  lems  appaiticnt  à  Ihisioire  des  fureurs  hu- 
maines :  qu  d  reste  loin  de  nos  souvenirs. 

Si  laiévoluiion  la  plus  nécessaire  ,  la  plus  favo- 
rable aux  hommes  a  tant  vu  d'événernens  dé 
plorables  ,  combien  celte  grande  leçon  doit  nous 
pénétrer  d'un  sentiment  conservateur  !  clic  nous 

a  cotjié  bien  cher Dans   les  siècles  à  venir 

qu  elle  ariclc  le  bras  de  quiconque  pourrait  cti- 
cuic  penicr  sans   fiérair  à  des  révolutions  nou- 


1199 

velles.  Ainsi ,  en  obfervant  la  marche  des  événe- 
mens  qui  séparent  ce  joiar  dé  celui  dont  nous 
célébrons  l'anniversaire  ,  nous  trouvons  à  chaque 
pas  des  motifs  pour  nous  défier  des  secousses 
politiques;  l'expérience  de  nos  maux  nous  répète 
qu'on  ne  peut  pas  en  prévoir  le  tonne  ,  et  celle 
observation  nous  ramené  au  sentiment  de  la  con- 
corde dont  nous  célébrons  aussi  la  fêle  :  si  le 
peuple  le  meilleur,  leplus  èclijiré,  fut  eniraîiié  par 
le  tourbillon  révolutionnaire  ,  faut-il  s  étonner 
que  les  hommes  soi  en  t  aussi  faibles  que  les  peuples  ? 
Au  milieu  de  ces  tourmentes  où  tous  les  yeux 
sorit  couverts  de  ténèbres ,  snr  cette  mer  orageuse 
qu  agitent  de  toutes  parts  des  venis  contraires, 
quelle  inainpeut  lenjric  gouvernail  avec  fermeté? 
ni  le  vaisseau,  ni  les  passagers  ,  ni  les  pilotes  eux- 
mêmes  ne  reconnaissent  la  roule  qn'iis  doivent 
parcourir;  on  se  rapproche  ,  on  s'éloignr,  on  se 
heurte  au  sein  des  tempêtes  et  de  la  nuit  :  chacun 
s  arme  et  frappe  au  hasard  ;  on  niéconiiait  quel- 
quefois son  allié  le  plus  Hdcle  pour  marcher  sous 
1  étendard  de  son  ennemi;  mi  ne  s'apperç'oit  de 
ses  mépiises  qu'au  moment , où  les  signaux  salu- 
taires se  montrent  à  la  clarté  du  jour,  et  tous 
alors  s'étonnent  d'être  si  éloignés  du  pori  qu  ils 
voulaient  tous  atteindre'  —  D.tns  ces  époques  de 
délire ,  les  erreurs  ,  ks  fautes  ,  'es  fureurs  même  , 
n'appartiennent  qu'à  la  démehce  du  tems  ,  dé- 
mence dont  les  individus  ne  sont  point  cou- 
pables ,  et  dont  nulle  révolution  ne  fut  ,  ne  sera 
jamais  exemple. 

Aujourdhui  le  règne  des  erreurs  eldes  divisions 
est   passé   :   que  sa  mémoire  périsse  ,  et  que   le 
seritiment  philosophiquç  et  religieux  de  la  con- 
corde .  qui    fait  le  bonheur  des  états  comme  le 
charme  delà  vie-privée,  achevé  de  remplir  tous 
les   cœurs. 

La  guerre  intestine  restera  donc   foute   entière 
dans  l'oubli  ;   mais    elle   vivra  dans  la   posiérité. 
Cette  guerre    étrangère    de    dix    années  .   où    le 
génie  et  l'intrépidité  ont  brillé  tout  à-la-fois;  ces 
quatorze    armées    de    la    république    combattant 
I  Europe,   feront   à  jamais   l'honneur   du    grand 
peuple  et  l'admiration  des  peuples  à  venir.  Lim- 
péritie    bouleversait     tout    au-dedans,    le    génie 
réparait  tout  au-dehors.  —  La  fureur  éiait  dans 
\^  forum  ^    l'héro'i'sme  était  dans  les  camps.  —  La 
proscrrpiion   agiiait   son    glaive   impitoyable    sur 
nos  campagnes  ,  et  nos  soldats ,  alliant  l'humanilé 
au  courage,  secouraient  l'ennemi   vaincu.  —  La 
liberté,    par  tout   voilée  dans  nos  villes,   n'était 
plus  qu  une Eumenide  pour  la  nation  gémissante; 
mais  les    cris   de    victoire  élevés   sur    toutes  nos 
fioniieres  ,    repoussaient  au-dedans  le    gémisse- 
ment des  victimes  ,  et  nous  dérobaient'  à   la  dé- 
rision du  monde.   —   Les  monumens  qui  déco- 
raient nos   cités  étaient  mutilés   ou  menacés    de 
la  destruction  ,  et  les  chefs-d  œuvre  de  l'antiquité 
étaient  conquis    pour   l'ornenient   de  l'état  :   nos 
temples  se  décoraient  de   drapeaux  ennei-nis  ;  nos 
cabinets  s'enrichissaient  des  statues,  des  tableaux, 
des   manuscrits   les  plus   rares  de  la  Grèce  et  de 
Rome;   el    au  milieu  des  batailles  se  piéparaient 
ainsi   d'avance    les   pompes   et  les    plaisirs   de  la 
paix.  —  En  un  mot,   la  raison  était  exilée;   mais 
la  victoire  était  fidèle......    honneur,  gloire  sans 

bornes  aux  quatorze  armées  de  la  république. 

Ne  conservons  de  la  révoluiion  que  la  mémoire 
des  grandes  choses  :  c'est  à  l'excès  des  maux  que 
nous  devons  ses  premiers  élans  ;  c'est  au  désordre  , 
inséparable   de  toutes   les  révolutions,  que  nous 
devons   attribuer  les   crimes   el  les  malheurs;  et 
ces    crimes  ,  ces   malheurs  ayant   enfin  tendu  la 
nation  à   elle-même,    c'est  encore   à   leur    excès 
que  nous  devons  notre  retour  à  la  philosophie, 
qui,  depuis  si  long-tems  ,   demandait  1  ordre  de 
choses  qu'elle   vient  d'obtenir. 

Ainsi  ,  après   des  obstacles   sans  cesse  renais- 
sans  ,'  nous  nous  retrouvons  aujourd'hui  au  point 
que  depuis  dix   années  nous  voulions  atteindre. 
Aujourd'hui  la   nation  a  repris  les  sentimens   pa- 
triotiques et   généreux  des  premiers  jours  de  son 
réveil.  Un  pacte  ,  sanctionné  par   son  vœu    una- 
nime ,  a  affermi  sur  des  bases  solides  la  liberté  , 
l'égalité    conquises    le    14    juillet    i/Sg.   LOuest 
pacifié  et  redevenu  français  ;   la  liberté  civile  ,    le 
premier  de   tous  les  biens,   garantie  par  un  pou 
voir  judiciaire  indépendant,  donne  à  lous  les  ci-^ 
toyens  le  repos  et  la  sûreté   sans  lesquels  il  n'est 
point    de  pairie.  —  Et  ,  comme   si   le  retour   au 
véritable  patriotisme  et  à  la  concorde  n'était  pas 
encore  assez  pour  le  triomphe  d'un  si  beau  jour  , 
il  semble  que  ,  pour  mieux  l'embellir ,  la  victoire 
ait  voulu  multiplier  ses  prodiges.   La  renommée 
les  redit  du  haut  des  Alpes,  et  ses  cent  voix  pro- 
longées du  Rhin  à  I  Eridan  et  du  Danube  jusqu'au 
Nil  ,   reviennent  retentir  avec  plus  de  force   sous 
ce  dôme  majestueux  qui  rassemble  les   chefs  de 
l'état  et  les  plus  fameux  de  nos    guerriers. 

Les  pus  fameux  de  nos  guerriers  !  . . . .  liélas  ! 

tous  ne  sont  pas  revenus  triofflphans  !  ...  La  vic- 
toire ne  les  a  pas  tous  préservés  des  atteintes 
de  la  mon  !  ...  Français,  à,  ces  tristes  paroles  , 
vos  regards  se  portent  douloureusement  vers 
l'urne  funéraire  qu'enve'oppent  les  lauriers  et  les 
étendards....  Les  héros  morts  au  champ  de  ba- 
taille furent  toujours  i'-objet  de  la  vénération  des 
peuples;   mais    ils   deviennent  des  objets  sacrés 


lorsque  la  paix   de  la   terre  était  le   seul  but   des 

combats La   tombe   de   Desaix  est  marrjuée 

de  cet  illustre  car.ictere  ,  ainsi  que  la  place  où 
le  premier  grenadier  de  la  république  est  tombé 
sous  la  lance  ennemie  ;  leur  méiuoire  traversera 
les  siècles  ,  et  leurs  noms  rendront  illustres  les 
monumens  qui  obtiendront  l'honneur  de  les 
potier. 

O  France  ,  république  cimentée  par  le  sang  des 
héros  et  des  victimes  !  que  la  liberté  ,  d'autant 
plus  précieuse  qu'elle  l'a  conté  plus  cher  ,  que 
la  concorde  ,  réparatrice  de  tous  les  maux  .  soient 
a  jamais  tes  divinités  tuiélaires  !  le  18  brumaire  a 
achevé  l'ouvrage  du  14  juillet  :  tout  ce  que  le  pre- 
mier a  détruit  ne  doit  plus  reparaître;  tout  ce  que 
le  dernier  édifie  ne  doit  plus  se  détruire. 

Et  nous  ,  sachons  conserver  les  biens  dont  nous 
jouissons;  lous  les  écueils  nous  sont  aujourdhui 
connus  ;  la  maîtiesse  de  tous  les  siècles  et  de 
toutes  les  nations  ,  celle  qui  ne  se  trompe  jamais 
et  que  l'on  ne  dédriigiie  jamais  impuiiémeul  , 
l'expérience,  a  placé  tous  ses,  flambeaux  sur  le 
chemin  que  nous  venons  de  parcouiir;  (jue  leur 
clarté  nous  diiige  sans  cesse.  Français  ,  portons 
avec  orgueil  le  nom  du  grand  peuple;  que  ce 
nom  soit  lobjei  de  1  amour  et  de  l'admirationi 
du  monde;  que  ,  dans  les  siècles  les  plus  reculés, 
les  héros  du  14  juillet  ,  les  défenseurs  et  les 
soutiens  de  l'empire,  soient  ofFeits  au  respect 
de  nos  derniers  neveux,  et  que  la  républiqtie., 
fondée  par  leurs  travaux  ,  soii  impérissable  aussi 
bien  que  leur  gloire  ! 

Discours  prononcé  au  Champ  -  de- Mars  par  le 
général  Lannes  lors  de  la  présentation  des  dra- 
peaux pris  à  la  bataille  de  Maringo. 

Citoyen    crinsul  , 

On  vous  a  forcé  de  rendre  encore  les  combats 
arbitres  du  destin  des  hommes  ,  et  les  rlraf'eaux 
que  je  vous,  présente  attestent  les  succès  tle  la 
lépublique.  Ces  drapeaux  sont  le  prix  Je  la 
constance  et  de  la  valeur  des  braves  qui  ont 
combattu    à  Maringo. 

Les  guerriers  [  i  ).  qui  ont  mériié  de  vous  offrir 
d'aussi  honorables  ifophées  ,  compiaiciu  bien  f.ii-=' 
blement  par  leurnombie;  ils  se,  sont  inuliipliés 
par   leur  courage. 

Maringo  cependant  n'a  vu  dans  tous  leurs 
frères   d  armes  que  des  rivaux   dignes  d'eux. 

Vous  n'avez  cherché  dans  les  combats,  ciioyeu 
consul,  que  ces  résultats  s  eulsvériiable  m  en  1  grands, 
qui  consolent  1  humanité  des  maux  de  la  guerre. 
Elles  attestent  vos  vertus,  les  ré.lamalions  uni- 
verselles qui  vous  suivent  en  tous  lieux.  La 
paix  doit  affermir  les  destinées  des  français; 
mais  si  nos  ennemis  trompés  par  l'asluce  anglaise 
nous  appellent  à  de  nouveaux  combats,  que  votre 
voix,  se  fasse  entendre  aux  braves  ,  el  du 
Danube  au  Mincie  ,  ils  se  montreront  les  dignes 
soldats  d'un  peuple  toujours  honoré  du  nom 
de  grand  ,  quand  il  vous  confia  le  soin  d^;  sa 
gloire. 

Discours  prononcé  par  le   chef  d'escadron  Burthe  , 

aide-de-camp  du  général   Masscna  ,  en  présentant 

I      aux  consuls  les  drapeaux  pris  par  l armée  d  Italie. 

Citoyens  consuls , 

Chargé  par  le  général  Massena  de  vous  pré- 
senter les  drapeau::^  pris  suri  1  ennemi  par  l'armée 
d  Iiafrc  ,  fl  m  est  doux  de  remplir  cette  mission 
à    une  époque    aussi   mémorable. 

Je  le  salue,  Quatorze-Juillet  ,  jour  immortel  qui 
éclairas  nos  premiers  succès  sur  la  tyrannie  ,  et 
qui  vis  luire  les  premiers  rayons  de  la  liberté. 
Depuis  ce  tems  nous  te  célébrons,  et  chaque 
année  nous  ajoutons  de  nouveaux  prodiges  à 
ceux  que  tu  enfantas. 

Des  quatorze  drapeaui  que  voici  ,  six  ont  été 
pris  par  l'aile  gauche  de  l'armée  aux  ordres  du 
général  Suchet  ,  et  huit  par  la  garnison  de 
Gênes.  Les  uns  et  les  autres  sont  le  finit  de  la 
valeur.  Je  n'entreprendrai  point  d  émouvoir  vos- 
âmes  sensibles  par  le  tableau  déchirant  des  souf- 
frances de  celte  garnison  malheureuse  ;  il  me 
serait  plus  doux  de  vous  parler  des  actions  hé- 
ro'iques  qui  ont  illusné  ce  siège  ;  mais  vous. les 
retracer  ,  c'est  les  affaiblir  ,  el  le  seniiment  est 
trop  au-dessus  des  couleurs  qu'on  lui  prêle  ,  et 
.de  l'art  qui  veut  le  peindre,  pour  que  je  me 
flatte  de   remplir  dignement  cet  emploi. 

Je  vous  dirai  seulement  qije  nos  soldats ,  pen- 
dant un  long  siège  et  au  milieu  des  privations 
et  des  fatigues  ,  se  sou^vinrent  qu'ils  étaient  fran- 
çais ,  et  qu  ils  soutînrcQt  la  dignité  d'un  si  beau 
titre. 

Je  ne  dois' pas  oublier  que  le  peuple  génois 
se  montra  l'allié  fidèle  de  la  république  ;  les  soins 
généreux  qu'il  donna  à  nos  blessés  ,  et  l'enthou- 
siasme avec  ,  lequel  il  applaudissait  à  nos  succès 
et  aux  travaux  du  chef  qui  les  préparait  ,  nous 
dit  assez  combien  il  mérite  du  gouvernement 
français. 

Avant  que  ces  portes  qui  ne  devaient  s'omrir 
que  pour  les  vainqucuis  de  Maringo  ,  tombassent 

(i)  Les  grenadiers  de  la  garde  des  consuls. 


devant  1  ennemi  ,  lEurope  avait  vu  jusqu'où  peu- 
vent aller  )a  valeur,  le  «Jévoûrneiit  cl  la  résignation' 
Ues   soldats  républicains. 

Témoin  de  leur  courage  ,  compagnon  de  leurs 
fatigues  et  de  leurs  privations  ,  je  m'honore  d'ap- 
partenir à  cette  armée  et  d'eniourer  ,  en  son 
nom  ,  l'autel  de  la  patrie  des  trophées  de  ses 
victoires.  „      ^ 

Puisse  le  courage  de  nos  armées  forcer  bientôt 
nos  ennemis  à  une  paix  durable  ;  puisse  le  succès 
couronner  vos  efioris  et  vos  sollicitudes  pour  le 
bonheur  de  la  république  ,  et  vous  assurer  au 
temple  de  mémoire  ,  une  place  comme  celle  que 
vous  occupez  déjà  dans  le  cœur  de  tous  les  bons 
français. 

Les  citoyens  'Wadeleu,  aide-de-carap  du  gé- 
néral Lecourbe  ,  et  Groraetry ,  chef  des  nageurs , 
ont  présenté  les  drapeaux  conquis  par  l'armée 
du  Rhin. 

Le  citoyen  WadeUu  a  prononcé  le  discours 
suivant. 

Citoyens  consuls . 

L'armée  du  Rhin  a  rempli  ses  brillantes  des- 
tinées, elle  marche  à  1  ennemi  sous  l'invocation 
de  la  paix  ,  et  la  paix  cetie  fi'le  du  ciel ,  l'objet 
des  vœux  et  du  culte  des  français  ,  ya  bientôt 
çou'onner  ses  généreux  efforts-  Kecevez  Its  dra- 
peaux que  vous  présente  de  sa  part  le  plus  jeune 
ei  peut-être  le  moindre  de  ses  guerriers.  Ils  ne 
sont  ni  les  seuls  gages  de  valeur ,  ni  le  seul  hora- 
inage  qu'elle  pût  offrir  à  un  gouvernement  ho- 
noié  et  chéri,  d'elle  ;  5o  pièces  de  canon  .  18,000 
prisonniers  de  guerre  ,  des  trésors  pour  payer  les 
troupes  ,  de  riches  magasins  pour  les  nourrir  , 
des  actions  dignes  de  mémoire  ,  des  faits  d'armes 
que  la  postérité  aura  peine  à  croire  ;  tels  sont  les 
autres  trophées  que  depuis  deux  mois  elle  élevé 
à  la  gloire  immortelle  du  nom  français. 

fvKnesdes  guerriers  fiançais  succombés  en  1704 
d.ins  les  plaines  malheureuses  de  Blinthcim  et 
Hochsredt ,  sous  Talard  et  Marsin  ,  la  journée  du 
3o  prairial  vous  a  consolés;  Moreau ,  Lecourbe 
ont  veng^  l'honneur  de  vos  a'rmes  ;  et  désormais 
ces  campagnes  ,  d'une  célébrité  si  triste  pour  la 
Frai:ce  V  seront  pour  nous  la  source  des  plus 
glorieux  souvenirs. 

Tandis  que  l'armée  du  Rhin  parcourt  avec  tant 
(1  éclat  la  catriere  où  le  besoin  et  le  désir  de  la  paix 
Tonl  fait  rentrer,  celle  d'Italie,  fiere  de  revoir  à 
sa  tête  le  héros  qui  ,  tant  de  fois  ,  la  conduisit  à 
la  victoire  ,  marche  aussi  vers  ce  terme  heureux 
par  le  chemin  des  succès  les  plus  rapides  et  les 
plus  étounans. 

Faut-i!  qu'au  milieu  de  ces-  prospérités  nous 
ayons  à  déplorer  la  perle  d'un  des  plus  vaillans 
capitaines  qu'ait  ei.6  la  France  depuis  Bayard,  qu'il 
semblait  avoir  pris  pour  modèle  !  Desaix,  dont  les 
soins  el  la  bienveillance  me  furent  prodigués  au 
milieu  des  déserts  de  1  Egypte  ,  ô  toi  ,  que  je 
noinmai  mon  père  ,  et  qui  ra'appellas  ton  jeune 
ami,  mes  regrets  et  ma  reconnaissance  ne  finiront 
qu'avec  une  vie  que  j'aurais  voulu  exposer  pour 
garantir  la  tienne  ! 

Pardonnez  ,  citoyens  consuls  ,  si  ,  entraîné  par 
l'enthousiasme  et  la  sensibilité ,  je  parle  ici  de  mes 
affections  personnelles  ;  mais  pouvais-je  trouver 
un  plus  beau  moment  pour  payer  aux  héros  qui 
ont  bien  voulu  m'adopter  ,  le  tribut  de  ma  gra- 
titude ,  de  mon  admiration  et  de  ma  douleur. 

Le  premier  consu'  a  répondu  à  ces  discours. 
On  a  retenu  les  traits  suivans  : 

)>Les  drapeaux  présentés  au  gouvernement  de- 
1)  vaut  le  peuple  de  cette  immense  capitale,  attes- 
»  tent  le  génie  des  généraux  en  chef  Moreau  , 
)j  Massena  et  Berthier  ,  les  talens  militaires  des 
5)  généraux  leurs  lieulenans ,  et  la  bravoure  du 
5»  soldat  français. 

S)  De  retour  dans  les  camps ,  dites  aux  soldats 
»  que, pour  l'époque  du  1"  vendémiaire, où  nous 
»  célébrerons  l'anniversaire  de  la  répubUque  ,  le 
îj  peuple  français  attend  ou  la  publication  de  la 
ji  paix  ,  ou,  si  l'ennemi  y  mettait  des  obstacles 
51  invincibles,  de  nouveaux  drapeaux,  fruits  de 
s>  nouvelles  victoires.  )) 


Chant  du  25  messidor,  anniversaire  du  14  juillet. 
Paroles  de  Fontanes  ,  musique  de  Méhul ,  exécuté 
au  temple  de  Mars. 

O  glorieuse  destinée! 
Applaudis-toi  ,  peuple  français  ! 
Bientôt ,  de  palmes  couronnée  , 
La  victoire  obtiendra  la  paix. 
Le  front  des  Alpes  s'humilie  ; 
.  Nous  avons  franchi  leurs  frimais  ; 
Et  tous  les  forts  de  l'Italie 
S  ouvrent  deux  fois  à  nos  soldats. 


Çù  sont  ces  ennemis  qui,  dansNiceet  dans  Gênes , 
Avaient  osé  dicter  leurs  ordres  absolus  ? 
Leur  sang  du  Milanais  rougit  au  loin  les  plaines-; 
Un  héros  se  présente  ;  ils  ne  sont  déjà  plus. 

Des  Germains  l'aigle  épouvantée 

Dans  Vienne  revole  à  grands  cris  , 

Et ,  sur  sa  route  ensanglantée , 

Ne  voit  par-tout  que  des  débris. 

A  celte  nouvelle  lalale 

La  cour  des  Césars  est  en  deuil; 

Et  ,  de  la  Tamise  rivale  , 

Nos  succès  confondent  lorgueil. 

Le  dieu  du  Rhin,  couché  près  des  monts  helvétiques. 
Au  bruit  de  nos  exploits  se  réveille  en  fureur , 
Et  toujours  indigné  de  ses  affronts  antiques  , 
Au  Danube  ennemi  epurt  porter  sa  terreur. 

Eu  vain  ils  se  liguent  ensemble  : 
Déjà  leur  rivage  est  franchi  ; 
Leur  défenseur  s'enfuit  et  tremble  ; 
Tous  deux  sous  nos  lois  ont  fléchi. 
Tallard  (i)  dont  la  honte  s'efface  , 
Tallard,  au  bout  de  cent  hivers  , 
Voit  nos  lauriers  couvrir  la  place 
Qui  fut  témoin  de  ses  revers. 

O  glorieuse  destinée   !  etc. 
Agrandis  ton  enceinte,  ô  temple  de  la  guerre! 
Oine-toi  des  tributs  de  vingt  peuples  domptés  ; 
Que  ces  drapeaux  ravis  à  trois  parts  de  la  terre, 
Sur  tes  murs  belliqueux  flottent  de  tous  côtés  ! 

Et  toi  qu'un  si  grand  jour  inspire  , 

Muse  ,  sois  digne  du  vainqueur! 

Q  ue  les  prodiges  de  la  lyre 

Egalent  ceux  de  la  valeur  ! 

Aux  fiers  accords  de  la  trompette  , 

Femmes  ,  guerriers  ,  mêlez  vos  chants  ; 

Et  que  ce  temple  au  loin  répète 

Des  concerts  mâles  ou  touchans. 

UNE    SEULE    VOIX. 

Tu  meurs,  brave  Desaix  !  tu  meurs  !  ah  !  peux-tu 

croire 
Que  léclat  de  toc-iiom  s'cteigne  avec  tes  jours  ? 
L  arabe  en  ses  désens  s'entretient  de  ta  gloire  ; 
Et  ses  fils  à  leurs  firfj  la  rediront  toujours. 

CHŒUR     DE     GUERRIERS. 

Memphis  ,  en  sa  plaine  stérile  , 
Garde  le  bruit  de  tes  combats  : 
Sur  ses  bords  chantés  par  Virgile 
LEridan  pleure  ton  trépas  ; 
Ce  fleuve  enfin  qui  dans  les  nues 
D'Alexandre  a  fui  les  regards , 
A  vu  ses  source»  inconnues 
Se  couvrir  de  tes  étendards  , 

O  glorieuse  destinée  !  etc. 

Eniendez-vous  frémir  ces  augustes  portiques  ? 
Des  fantômes  bvillans ,  des  mânes  glorieux . 
Descendent  sous  ce  4ôme  au  bruit  de  vos  can- 
tiques; 
Sa  pompe  triomphale  a  réjoui  leurs  yeux. 

O  Condé  ,  Dugommier,  Turenne  ! 
C'est  vous  que  j'entends,  que  je  vois  ; 
Vous  cherchez  le  grand  capitaine 
Qui  surpassa  tous  vos  exploits. 
Les  fils  sont  plus  grands  que  les  pères  , 
Et  vos  cœurs  n'en  sont  point  jaloux  ; 
La  France,  après  tant  de   misères, 
Renaît  plus  digne  encore  de  vous. 

Oglorieuse'destlnée!  etc. 

Un  grand  siècle  finit ,  uù  grand  siècle  commence  : 
Gloire  ,  vertus  ,  beaux-arts  ,  renaissez  avec  lui  ! 
O    Dieu  !   vois    à   tes   pieds   tomber  ce  peuple 

immense  ; 
Les  vainqueurs  de  l'Europe  implorent  ton  appui. 


VI. E    ILLARD    S. 

Forme    l'enfance   et  la  jeunesse 
Au  goût  du  travail  et  des  mœurs  ! 

JEUNES      GENS.' 

Donne    la  paix  à   la   vieillesse. 

JEUNES      FILLES. 

Accorde  à  tous  des  jours  meilleurs. 

CHŒUR      GÉNÉRAL, 
Etre  immortel!  qu'à  ta  lumière 
La  Fiance  marche  désormais. 
Et  joigne  à  la  vertu  guerrière 
Toutes  les  vertus  de  la  paix  ! 

A  la  suite  de  la  cérémonie  les  invalides  qui 
avaient  reçu  des  médailles  au  temple  de  Mars, 
accompagnés  de  deux  de  leurs  camarades  âgés 
l'un  de  104  ans  et  l'autre  de  107  ans  ,  ont  dîoé 
chez  le  premier  consul  avec  les  membres  des 
principales  autorités  de  la  république. 

Les  toasts  suivans  ont  été   portés  : 

1.  Le  premier  consul.  —  Au  14  juillet  et  au. 
Peuple  français  ,  notre  Souverain. 

2.  Le  second  consul.  —  A  nos  armées  et  aux 
héros  vainqueurs  de  l'Italie  et  du  Danube. 

3.  Le  troisième  consul.  —  A  la  paix  qui  sera  le 
fruit  de  nos   victoires. 

4.  Le  citoyen  Roger-Ducos,  président  du  sénat  con- 
servateur—  A  la  constitution  qui  a  rallié  tous  )e» 
français. 

5.  Le  citoyen  Jard-Panvilliers  ,  président  du  tri- 
bunat.  —  A  la  philosophie  et  à  la  liberté  civile. 

6.  Le  général  Berthier.  —  Au  gouvernement ,  au 
sénat-conservateur  ,  au  trlbunat  et  au  corps-lé- 
gislatif. 


PRÉFE  CT  URE,D  E    POLICE. 

Le  25  messidor  au  soit  ,  il  a  été  trouvé  dans 
le  jardin  des  Thuijeries,  un  fac  (un  ridicule) 
renfermant  un  mouchoir,  des  clefs  assez  fortes., 
un  éventail ,  et  quelques  pièces  de  monnaie  de 
cuivre. 

S'adresser  ,  pour  le  réclamer ,  au  secrétarit^t 
général  de  la  préfecture  de  police. 


(i)  Le  maréchal  de  Tallard  ,  battu  et  fait  prison- 
nier à  la  bataille  d'Hochstet,ran  1704,  le  i3  août. 


LIVRES    DIVERS. 

Instruction  facile  sur  l'exercice  de  la  faculté 
de  disposer  à  titre  gratuit ,  rétablie  et  réglée  par 
la  loi  du  4  germinal  an  8  ;  avec  un  supplémenc 
au  silence  de  celte  loi  sur  les  formes  dçs  actes 
de  disposition,  et  des  modèles  de  toutes  sortes 
d'actes  de  libéralités  entre-vif  et  à  cause  de  mort, 
ainsi  que  des  clauses  de  prévoyance  dont  l'état 
incomplet  de  la  législation  rend  l'usage  nécessaire; 
suivie  d'un  recueil  de  lois  et  de  rapports  ou 
pièces  jusiificaiives  ,  et  d'une  dissertation  sur  le 
jour  à  compter  duquel  la  faculté  de  disposer, 
accordée  par  la  loi  du  4  germinal,  a  pu  être 
exercée  ;  par  Bergier  (  du  Puy-de-Dôme  ) ,  ancien 
jurisconsulte,  membre  du  corps- législatif  ;  un 
volume  in-l8. 

Prix  ,  I  fr.  80  cent. ,  et  2  fr.  3o  cent,  par  Isi 
poste. 

A  Paris  ,  chez  Baudouin  ,  imprimeur  du  corps- 
législatif  et  du  tribunal ,  place  du  Carrousel. 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  26  messidor. 

Effets  publics. 

Rente  provisoire 19  fr.  5o  c. 

Tiers  consolidé 3o  fr.  yS  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  45  c- 

Bons  d'arréragé 88  fr.  5o  c 

Bons  pour  l'an  8 85  fr.  5o  c- 

Coupures ■• ..  67  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 

Lyon.  .  ....  au  p.  à  10  jours. 

Marseille....  au  p.  à  25  jours. 

Bordeaux.  ...  ^  p.     à   vue. 

MontpeUier  . .  |  p.  à  3o  fours. 


Errata. 

N°  296  ,  page  4,  I"*  colonne  ,  3'  paragraphe, 
ligne  i5  :  calmer  la  ruine ,  lisez  :  calculer  li. 
ruine. 

Même  n°,  même  page  ,  paragraphe  4,  ligne  61: 
qu'il  cherchait ,  lisez  :  qu'il  cherche.  [ 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poùevins ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  298. 


Octidi  ,  28  messidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés    d  prévenir  nos  sousi-ripteurs  ,  cju'à   dater  du  7   nivôse  le  M  O  N' IT  E  U  R  est    le   seul  journal  officiel. 
Il  contient    les    séances  des  autorités  constituées,   les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  amsr    que  les  faits  et  les    nqçipjis 
■tant  su  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  ■.'■■'  ' 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 


Ur 


ANGLETERRE",. 

Londres  ,  le  iS  messidor  (  7  juillet.  ) 


ne  de  nos  gazelles  ,  en  parlant  de  la  bataille 
de  Alaringo,  dit  que  les  autrichiens  sont  restés 
en  possession  des  défilés  des  Apennins  ,  lorsque 
les  français  occupent  Séravalla  ,  Gênes  ;  que 
toutes  les  tioupes  et  garnisons  autrichiennes  se 
sont  retirées  dans  le  Mjniôuan,  et  que  celle  na- 
tion n'a  pas  conservé  un  pouce  de  terrein  dans 
le  Piémont,  la  Lombardie  ,  ou  sur  le  territoire 
de  Gènes.  Le  rédacteur  de  celte  Icuille  a  dû 
croire  ses  lecteurs  desiiiués  de  tout  sens  commun, 
lo.rsqu'il  a  cherché  à  leur  piouver  que  les  autri- 
chiens avaient  gagné  la  bataille'  de  Maringo. 

Notre  gouvernement  continue  à  faire  embar- 
quer des  troupes  ,  comme  s'il  ne  s'était  tien  passé 
sur  le  .coniinent.  Si  ces  expéditions  sont  destinées 
à  coopérer  avec  les  autrichiens  ,  il  faut  avouer 
que  c'est  une  étrange' moquerie.  Que  de  justes  et 
fortes  plaintes  1  empereur  ne  seiat-il  pas  en 
droit  de  former  contre  nos  ministres  ,  sil  fait  la 
paix  immédiatement  ?  Depuis  trois  mois  enviion 
que  la  campagne  a  été  ouverte  en  Italie  par  nos 
ail  es  ,  tien  n'a  encore  éié  fait  de  notre  côté.  Avec 
les  plus  grands  moyens  de  toute  espèce  que  jamais 
l'administration  de  la  Grande-Bretagne  ait  eus  en 
.son  pouvoir  ,  elle  n'a  encore  rien  entrepris  dont 
limporiance  lent  (ait  absoudie  ,  même  d'un  résul- 
tat malheureux.  Que  doivent  penser  jusqu'à  nos 
ennemis  de  pareils  ministres  ?  Secondés  de  toutes 
les  ressources  et  de  toutes  les  forces  de  l'état  , 
qu'une  confiante  aveugle  a  mises  à  leur  dispo- 
sition ,  on  aurait  pu  leur  pardonner  leur  aversion 
pour  la  paix,  s'ils  avaient  su  du  moins  diriger 
les  opérations  de  la  guerre. 

D'après  la  lettre  de  lord  Keith  à  sir  Sidney 
Smith  ,  la  conduite  du  général  K.léber  en  Egypte 
n'est  que  la  juste  défense  de  soi-même.  11  serait 
possible  de-là ,  que  les  français  restassent  finale- 
ment en  possess  on  de  ce  pays  ,  et  du  consente- 
ment même  de  la  Porte  ,  devenue  incapable  plus 
que  jamais  de  le  conserver  ,  d'après  la  position  des 
beys  et  la  jalousie  des  pachas  voisins. 

Comme  il  paraît  aussi  impossible  d'arrêter  le 
progrés  des  fonds  publics  que  de  fixer  le  mercure 
dans  le  thermomètre  ,  si  Vimaginatwe  de  nos 
ministres  ne  leur  suggère  quelqu'expédient , 
Bonaparte  finira  par  devenir  Tarbiire  de  Hock- 
txchartge. 

Il  ebt  arrivé  le  l5  messidor  au  bureau  du  secré- 
taire-détat,  un  messager  avec  des  dépêches  de 
lord  Minto  ,  notre  ambassadeur  à  la  cour  de 
Vienne. 

Les  propriétaires  de  la  banque  ,  sur  une  de- 
piande  du  chancelier  de  1  échiquier,  adressée  au 
gouverneur  ,  ont  arrêté  que  lemprunt  de  trois 
millions  sur  des  billets  de  l'écTiiquier  resterait 
ouvert  jusqu'au  iG  messidor  de  l'année  prochaine. 

Dans  une  des  dernières  séances  de  la  cour  de 
King  s-Bench  ,  M.  Erskiiw:,  plaidant  pour  la  cou- 
ronne contre  Rusby,  prévenu  d  accaparement  et 
d'agiotage  dans  le  commerce  des  grains  ,  etc.  le 
président  du  tribunal  ,  iord  Kenyon  ,  aditssa  les 
paroles  suivantes  au  jury. 

«  Les  spéculaieurs  prétendent  que  l'agiotage 
n'est  point  une  oflense  envers  la  sociélé  ,  et  le 
docteur  Adam  Srauh  ,  cet  écrivain  aussi  recom- 
mandable  par  sa  probité  que  par  son  génie  ,  a 
dit  que  le  ciime  d'agiotage  était  tout  aussi  iiiia- 
ginaire  que  celui  de  sorcellerie.  Nous  avons  perdu 
ce  respectable  et  excellent  homme  ,ctnotie  perte 
est  grande;  caria  mort  d'un  homme  de  bien,  est  une 
calamité  publique  ;  mais  sil  vivait  encore  et  .qu'il 
fût  assis  ,  dans  ce  moment  ,  à  mes  côtés  ,  je  lui 
demandeiais  s'il  n'est  pas  enfin  convaincu  qu'il 
existe  des  agioteurs  ,  des  monopoleurs  ,  des 
accapareurs  et  des  regtaitiers  ,  et  que  ce  soit  de 
vétiiables  monstres   pour  la  société. 

En  vojant  prouvé  qu'un  particulier  riche  fesait 
le  métier  d'aller  acheter  au  marché  du  bœuf 
et  du  mouiou  au  prix  courant  ,  pour  les  re- 
vendre ensuite  à  un  bénéfice  énorme  ,  et  qu'il 
en  agissait  de  inêi^ic  pour  le  blé  ,  au  point  que 
dans  1  espace  de  ijuelques  minutes  le  prix  d  un 
article  de  41  s.  se  montait  entre  ses  mains  à  46  s. , 
et  tout  cela  au  détriment  du  pauvre  artisan  dont 
)  existence  journalière  lient  à  un  salaire  modique  , 
et  conséq'icmment  au  prix  raisonnable  des  den- 


rées de  première  nécessité;  en  voyant,  dis-je  , 
ces  faits  prouvés  ,  je  ne  doute  pas  que  l'excel- 
lent docteur  ne  s'empressât  de  se  retracter  et  de 
convenir  que  le  crime  d'accaparement  est  quelque 
chose  de  plus  réel  que  celui  de  sorcellerie.  Oui  , 
certes  ,  l'acte  qui  tend  à  priver  la  famille  d'jjn 
pauvre  ouvrier  de  sa  subsistance.,  est  un  crime 
réel  aux  yeux  de  l'hoiume  honnête  et  sensible,  ii 
—  Rusby  a  été  déclaré  coupable. 

Lorsque  Bonaparte,  dans  une  conférence  avec 
le  clergé  de  Milan  ,  l'a  exhorte  à  se  borner  à 
prêcher  et  à  mettre  en  pratique  la  morale  de 
Jésiis-Christ ,  il  n'avait  pas  besoin  d  argumenter 
sur  lairansubstanliaiiori  pour  prouver  sa  croyance. 
(Extrait  du  Morn'ing-Chronide. ) 

Du    22    messidor.    (  \\    juillet.) 

Action  de  la  banque  162  \.  3  pour  cent  con- 
solidés 63  |.  5  ex-div.  pour  juillet  64  \  65 
omnium    2    {  prem. 

LoTcl  Holland  ,  dans  la  séance  de  la  chambre 
des  pairs  du  20  messidor  a  demandé  que  la 
chambre  fût  convoquée  pour  considérer  s'il  ne 
convenait  pas  de  supplier  S.  M.  par  une  pétition 
de  ne  point  proroger  le  parlement  dans  la  con- 
joncture présente.  — •  Cette  motiion  combaltue 
par  lord  Grenville  a  été  rejettéeià  la  majorité 
de   26   voix  ,   contre  2.  I 

Dans  la  sé.nnce  de  la  chambre  les  communes 
du  même  jour  ,  M.  Western  a  jWoposé  que  la 
chambre  se  formât  en  comité  ^général  pour 
examiner  s'il  convenait  de  continuer  la  guerre 
et  quelle  assistance  l'Angleterre  pouvait  espérer 
de  ses  allés  ;  quels  étaient  les  dangers  à  craindre 
pour  elle  des  puissances  du  nord,  si  la  neutralité 
armée  avait  lieu  ;  et  si  dans  aucun  cas  ,  la 
chambre  devait  continuer  sa  confiance  aux  minis- 
tres de  S.  M.  —  La  proposition  de  M.  "Western 
mise  aux  voix  à  2  heures  du  malin  a  élé  rejcttéc 
à  la   majorité    de  143   voix,  contre   27. 

La  seconde  lecture  du  bill  pour  prévenir  le 
progrès  des  institutions  monastiques  qui  était 
hier  (2I  messidor)  à  L'ordre  du  four ,  dans  la 
chambre  des  pairs  ,  a  été  (ajournée  à  3  mois  sur 
la  motion  de  1  cvêque  de  Rochcster. 

M.  W.  EUiot  a  été  nommé  un  des  lords  de 
l'amirauté   à    la    place  de   M.   Wailace. 

Sir  Sidney  Smith  a  quiuéla  croisière  d'Alexan- 
drie pour  aller  tenir  à  Rhodes  des  conleiences 
avec  le    capitan   pacha. 

Le  général  Ma.itland  ayant  appris  que  les  fran- 
çais avaient  7000  hommes  à  BcUe-Ijle,  a  renoncé 
à   en  tenter  l'attaque. 

M.  Coxrvell ,  membre  de  la  sociélé  deLinnée, 
doit  sous  peu  de  jours  communiquer  aux  colons 
des  indes  occidentales  un  procédé  pour  rafiner 
le  sucre  ,  qui  tend  à  tirer  de  la  canne  une  quan- 
titédesucreplusconsidérable  que  par  les  procédés 
ordinaires  qui  fournissent  trop  de  sédiment. 

11  a  été  fait  des  paris  au  café  de  Lloyd's  ,  pour 
la  paix  entre  l'Autriche  et  la  France  dans  deux 
mois ,  et  entre  l'Angleterre  et  la  France  dans  six 
mois.  / 

(Extrait  du  Morning-Chrotiicle ,  du  Courier  et  du 
Suri.  ) 

Journal  du  parlement.  —  Chambre  des  pairs.  — 
Séance  du  g  juillet  (20  messidor.) 

Vévêque  de  Rochester  prend  la  parole  pour  pré- 
venir la  chjmbre  que,  si  le  bill  tendant  à  pré- 
venir l'adultère  a  échoué  dans  la  session  pré- 
sente,  ce  sujet  n  est  pourtant  point  abandonné. 
Il  sera  réproduit  dans  la  session  prochaine.  Il 
^st  d'autant  plus  à  regt-etier  que  la  chambre  des 
communes  ait  rejette  ce  bill ,  qu'en  refusant.de 
le  laisser  passer  par  un  comité  ,  elle  a  semblé  en 
désapprouver  jusqu'au  principe. 

Lord  Holland.,  avant  de  procéder  à  l'ordre  du 
jour  ,  propose  qu'il  soit  présenté  à  S.  M.  une 
humble  adresse  pour  la  supplier  de  communi- 
quer à  la  chambre,  copie  des  instructions  en- 
voyées à  lord  Keith  au  sujet  de  l'évacualion  de 
I  Egypte  par  les  français.  Ce  n'est  point,  dit-il, 
à  cette  infraction  de  traité  qu'il  auribucra  le  car- 
nage récent  des  turcs.  Il  ne  la  considérera  que 
SOU!  le  point  de  vue  politique ,  que  comme  ayant 
livré  à  l'ennemi  un  pays,  dont  il  se  trouvera  en- 
core en  possession,  lorsque  la  paix  sera  faite. 
C'est  afin  de  pouvoir  juger  de  la  sagesse  de  cette 
mesure,  qu'il  demande  connaissance  des  docu- 
tucns,  qui  y  ont  rapport. 


Lord  Grenville  répond  qu'il  paraît  que  la  base 
de  la  motion  du  noble  lord,  ai  changé  dans  -le 
court  espace  de  24  heures,  puisquil  renonçaifà 
cet  argument,  que  les  instructions  envoyées  dans 
la  Méditerranée  avaient  été  cause  du  massacre 
des  turcs.  Les  papiers  qu'il  demande  ne  con- 
tiennent aucun  des  ri;nseignetncns  locaux  qui  le 
metiraient  à  même  de  juger  de  la  convenance 
politique  de  cette  mesure  ,  et  le  noble  lord  ne 
pourrait  former  un  jugement  raisonnable  ,  sans 
consulter  d'autres  documens  qui  ne  doivent  point 
être  communiqués  .à  la  <;hambre.  Leur  publicité 
pourrait  nuire  à  la  iié;4,oclation  ,  (]ui  doit  s  être 
renouvelée  en  Egypte  ,  et  qui  s'exécute  peut-être 
en  ce  moment. 

La  motion  de  lord  Holland  est  mise  aux  voix. 
—  Rejetée  sans  division. 

Prorogation  du  parlement. 

Lord  Holland  propose  que  ,  conformément  à 
l'ordre  du  jour,  la  chambre  soit  convoquée  pour 
considérer  s'il  ne  conviendrait  pas  de  su))plier  sa 
majesté,  par  une  pétition  ,  de  ne  point  proroger 
le  parlement  dans  la  conjoncture  présente.  ->- 
L'ordre  du  jour  est  lu.  — Je  ne  feuilleterai  point 
le  dictionnaire  ,  dit  lord  Holland  ,  t)Our  épuiser 
les  invectives  contre  Bonaparte.  Si  ce  grand 
hoinme  eût  acquis  ,  par  ses  projjrcs  talens  ou  par 
la  nature  de  son  gouvernement,  un  pouvoir, 
dont  personne  n  a  joui  en  France  depuis  le  tems 
de  Charlemagne ,  je  pourrais  craindre.  Mais 
quand  je  considère  qu'il  doit  sa  puissance  à  la 
tolie  et  à  l'inconduiie  des  ministres  de  sa  majesté, 
je  vois  que  le  mal  n'est  pas  sans  remède  et  je  me 
rassure.  Dans  cette  rapide  succession  de  malheurs 
que  nous  avons  éprouvés  ,  je  me  console  par 
1  espoir  que  la  chambre,  reveillée  de  sa  léthargie, 
retirera  enfin  sa  slupide  confiance  aux  hommes 
qui  l'ont  si  grossièrement  trahie.  [Lord  Grenville 
sourit). 

J'ai  souvent  entendu  le  noble  lord  vanter  la 
sjgesse  et  l'excellence  de  noire  constitution.  Ceis 
justes  éloges  qu'il  lui  accorde  ,  elle  ne  les  méri- 
teruit  point  ,  si  la  chambre  n'avait  le  droit  de  sur- 
veiller les  ministres.  Nous  n'avons  qu'à  nous 
r.ippelcr  les  iiégociaiioiis  de  Paris  et  de  Lille,, 
pour  coaijdîire  la  nature  de  leur  politique  mes- 
quine. Entles  du  plus  léger  succès  ,  intimidés  pat 
les  revers  ,  la  chambre  aurait-elle  l'imprudence 
d'abandonner  à  eux  -  mêmes  des  hommes  dont 
ligoorance  et  les  faux  calculs  sont  avérés  au- 
jourd'hui par  l'évidence  des  faits?  à  des  hommes 
qui  se  sont  montrés  incapables  de  faire  la  guerre 
avec  succès  ou  la  paix  avec  Ironneur  ?  Sil  est  en 
elFet  question  de  poursuivre  une  guerre  vigou- 
reuse ,  n'est-il  pas  important  que  1  Europe  voye 
que  la  conduite  en  est  confiée  à  des  tnains  plus 
habiles  ?  Dira-t-on  qu'ils  ne  pouvaient  piévoir 
les  revers  que  nous  avons  éprouvés  '?  Mais  je  ne 
les  accuse  point  de  manquer  de  prévoyance  ;  je 
les  accuse  précisément  du  contraire.  Je  les  accusÇ 
d'avoir  agi  avec  autant  de  confiance  que  s'ils 
eussent  tout  prévu  ,  d  avoir  agi  'comme  s'il  était 
impossible  qu'aucun  événement  dérangeât  leur 
plan  ;  enfin  ,  d'avoir  tout  laissé  au  hasard.  C  est 
ainsi  qu  ils  ont  répondu  aux  premières  ouvèriures 
de  paix  que  la  France  ait  faites  depuis  le  com- 
mencement de  la  guerre  ,  par  une  lettre  ,  dont  je 
suissûrque  tous  les  nobles  lords,  àl'exception  d'u.^ 
seul  ,  ont  eu  la  même  opinion  que  moi.  Quel 
motif  humain  pouvaitfaire  écrire  à  Bonaparte  cette 
lettre  maussade  et  irritante  ?  Pourquoi  lui  repro- 
cher les  torts  du  directoire  qui  n  était  plus?  Pour- 
quoi lui  faire  des  allusions  qui  l'insultaient  pei- 
sonnellemenl  ?  Quand  rien  n'eût  élé  plus  sage 
que  de  faire  la  guerre  pour  la  restauration  de 
cette  famille  ,  notre  ennemie  iiivétéiée  ,  fallait-il 
prier  Bonaparte  de  faire  place  à  des  souverains 
qui  savent  si  bien  maintenir  la  paix  intérieure ,  et 
■mériter  la  considcratiojt  extérieure  ?  Fallait-il  exciter 
les  français  à  passer  les  Apennins  ,  pour  jiavoir 
comment  les  princes  de  cette  maison  gouvernent? 
Pour  connaître  l'énergie  espagnole?  Pour  voir  dé 
plus  près  la  tranquillité  dont  jouit  le  royaume  dç 
Naples  ?  Lorsque  l'ennemi  tint  un  langage  Sem- 
blable à  celui  que  les  ministres  lienneni  aujour- 
d  hui  ,  il  ranima  le  courage  britannique.  Les  rtii- 
nislres  n'oni-ils  pas  senti  qu'ils  produiraient  le 
même  efFet  en  France  ?  Bonaparte  n'était  point 
affermi  sur  son  siège  ;  l'insurrection  régnait  au 
cœur  de  la  France.  C  est  la  répoirse  iniprudeniè 
des  ministres  ,  qui  a  fait  disparaître  les  chouans  ; 
qui  a  confirmé  le  pouvoir  du  premier  tonaul  ; 
qui  a  mis  à  sa  disposition  toutes  les  ressources  , 
tout  le«  nioyent  de  la  France  ,  pour  les  cmployei' 


1202 


à  la  cenqpêje -.dentaire.'  OA  "a  :,pTéteiidu  que 
BonapalrLe  nj&tair  point  siilcèré  dans  ses  ouver- 
tures de  paix.  C'était  une  raison  de  plus  pour 
les  accept-er.  €-ent  été  un  moyen  de  rejeter  sur 
lui  tout  l'odieux  de  la  guerre. 

Tant  de  preuves  d'incapacité  de  la  part  des 
~*ninistrc«  suffiraient  sans  doute  pour  qu'ils  fussent 
<léplacés;  mais  c'est  un  événement  que  je  n'espère 
pas.  Je  me  borne  donc  à  dire  que  ,  dans  lacon- 
johctnre  présente  ,  il  serait  à  désirer  que  la 
■chambre  ne  se  séparât  point.  La  chambre  ,' con- 
tinuant à  siéger  ,  pourra  imposer  quelque  frein 
aux  ministres  ,  parer  au  danger  qui  pourrait  ré- 
ïulier  de  leur  impériiie  .  et  dans  toutes  les  choses 
:împufrianies,  exiger  des  renseignemens  sur  leur 
■  .jcouduiie  el  la  Trégler.  La  chambre  des  communes 
.possède,  par  le  droit  de  refuser  les  subsides,  le 
moyen  de  faire  écouter  ses  conseils,  mais  vous 
^lies  les  conseillers  héréditaires  de  la  couronne, 
«t  chaque  membre  de  la  chambre  peut  demander 
, une  audieivce  pour  exprimer  sa  désapprobation 
8ur  la  conduite  des  ministres  de  S.  M, 

Lord  Grtnvil'lf..  Le.  noble  lord  a  perdu  beau- 
coup de  teins  et  d'-éloquence  pour  poser  deux 
principes  leconnus  :  l"  le  droit  que  possède  la 
chambre  de  donner  à  S.  M.  des  conseils  sur 
1  exercice  de  la  prérogative  royale;  i"  que  le 
parlement  peut  solliciter  du  roi  le  renvoi  des 
Tninistres  ,  lorsqu'ils  ont  perdu  sa  confiance. 
Rîais  il  est  de  la  justice  et  de  la  dignité  du  parle- 
ment de  ne  point  recourir  à  de  pareils  expédiens 
sans  la  plus  urgente  nécessité,  et  le  noble  lord  n'a  j 
pas  avancé  un  seul  argument  qui  pût  justifier  une 
:felle  démarche.  Ce  n'est  point  assez  pour  lui  de 
demander  le  renvoi  des  ministres  ,  il  veut  que  la 
jiconduite  ultérieure  de  la  guerre  et  des  négo- 
ciations qui  pourront  avoir  lieu  ,  soit  abandon- 
née au  parlement.  Je  n'emprunterai  ,  pour  lui 
répondre,  que  le  langage  de  la  constitution  :  elle 
a  jugé  que  le  pouvoir  exécutif  serait  mieux  ad- 
ministré par  cinq  minisires ,  qu'il  ne  pourrait  1  être 
'.par  le  parlement  lui-même.  Leur  responsabilité 
est  tout  ce  qu'elle  a  cru  devoir  exiger.  Je  ne 
m'étendrai  point  en  vains  discours  pour  faire 
sentir  combien  les  enquêtes  proposées  par  le 
noble  lord,  seraient  inutiles  et  difficiles  à  établir, 
mais  je  suis  étonné  qu'il  ait  pu  dire  que  toutes 
les  mesures'  suivies  dans  cette  guérie  avalent 
■échoué.  Il  faut  qu'il  ait  oublié  les  acquisitions 
■considérables  que  nous  avons  faites  dans  plu- 
,»ieurs  parties  du  globe.  Je  me  rappelle  qu'à 
-la  fin  de  la  dernière  session  .  le  noble  lord 
■fil  une  motion  pour  recommander  la  paix  : 
elle  était  fondée  sur  la  prétendue  solidité 
■du  gouvernement  français.  Peu  de  "mois  ont 
suffi  pour  démontrer  la   fragilité  de  cette   base. 

Un  gouvernement  absolument  nouveau  ren- 
-versa  celui  qui  avait  été  établi  avec  tant  d'efforts 
pour  le  maintien  de  ce  qu'on  appellait  la  liberté. 
•A  la  vérité  ,  les  circonstances  de  cet  événs- 
ment  inattendu  ne  furent  point  prévues  par 
les  ministres.  Elles  étaient  h-ors  de  la  portée 
de  la  prévoyance  humaine  ,  et  les  ministres  actuels 
resteront  long-tems  à  leur  poste  ,  s'ils  ne  doi- 
vent être  remplacés  que  par  des  hommes  ,  qui 
eussent  deviné  quc'Bonaparte  s'évaderait  d'Egypte, 
traverserait  sain  et  sauf  nos  flottes  ,  et  aborde- 
rait en  France  ,  pour  assister  à  la  chute  de  son 
rgouvçrnement  et  fonder  sa  puissance  sur  ses 
«ébris. 

Lord  Grenville  passe  aux  événeraens  arrivés 
en  Italie.  La  bataille  deMaringo  demeura  long- 
tems  douteuse.  Si  la  victoire  se  fût  déclarée 
fbtir  nos  alliés,  la  position  des  français  eût 
été  plus  fâcheuse  que  ne  l'est  aujourd'hui  celle 
Aies  autrichiens.  31  est  fâcheux  que  l'on  ne  J 
ijuisse  constater  les  causes  de  cette  défaite  au  | 
inoyen  d'une  enquête  ,  comme  le  voudrait  le 
iord  Holland  -,  mais  il  faudrait  pour  cela  faire 
-(Comparaître  à  la  barre  l'un  des  plus  grands 
capitaines  de  l'Europe  ,  le  baron  de  Mêlas  et 
les  autres  généraux  autrichiens.  Une  pareille 
sommation  rencontrerait  de  grandes  difficultés. 
.  Là  motion  de  lord  Holland  est  mise  aux  voix, 
-rr-  Rejettée   à  la  majorité  de  26  ,   contre  2. 

I    N     T    É     R     I    E     U     R. 

Paris  ,  /e  27  messidor. 
DÉPÈCHE    TÉLÉGRAPHIQ;UE. 

P)Huningut,  27  messidor. 

■iLe.gtnéral  Lecourbe.,  au  ministre  de  la  guerre, 

it  Laîle  droite  de  ma  division  s'est  eiirparée 
-«1  de  Fetdkirck.,  de  Coir^e  et  de  tout  le  pays  des 
-5»  Grisons.  L'ennemi  a  été  chassé  de  toutes  Les 
»'  positions  gu  il  occupait  encore.  » 


Le  i8  messidor,  un  torrent  formé  parles  pluies 
d'un  violent  orage  a  détruit  ,  en  moins  d'une 
lieure,  les  villages  de  Vallan  et  Gy,  p-rès  d'Auxerre, 
ia  hauteur  des  eaux  a  été  de.  deux  mètres  et 
demi  (7  pieds  et  demi.)  Soixante  cinq  maisons 
«t  bâtimens  ont  été  renversés  ;  quatorze  per- 
sonnes sont  mortes  ;  les  bestiaux  ont  été  écrasés 
par  la  chute  des  toits  ou  entraînés  par  les  eaux  ; 
ics.  meubles  ont  été  également  einportés  ou  dé- 


truits^ les  arbres  ont  été  déracinés.  La  perte 
que  ce  fléau  a  occasionnée,  est  estimée  200,000  fr. 
Des  secouts  ont  été  distribués  sur  le  champ 
par  le  prélet  ,  en  aiiendant  que  le  gouverne- 
ment en  fournisse  de  plus  considérables.  Les 
citoyens  d'Auxerre  se  sont  distingués  par  le 
zèle  qu'ils  ont  mis  à  donner  du  linge  et  des 
vêtcraens,  qui  ont  été  desuite  portés  aux  mal- 
heureux habitans  de  ces  villages  qui  avaient 
tout  perdu. 

—  La  Gazette  de  France  annonce ,  sous  la 
date  de  Hambourg  ,  le  14  messidor  ,  que  l'em- 
pereur de  Russie  vient  de  faire  dire  au  pré- 
tendant que  la  présence  de  la  plupart  de  ceux 
qui  l'entourent  .  n'est  pas  sans  inconvéniens  en 
Courlande  ,  et  de  l'engager  à  choisir  un  asile 
ailleurs  que  dans  ses  états.  On  pense,  ajouie-i-oii, 
que,  par  suite  de  cette  déclaration,  Louis  XVilI 
va  passer  en  Angleterre. 

Le  Citoyen  Fran(;ais  et  le  Journal  des  Débats 
annoncent  que,  les  anglais  ont  l'ait  sauter  les 
tonihcaùons  de  Sainte-Marie  de  la  Spezzia  ,  de 
Lerici  et  de  Pqrio-'Venere,  et  détruit  le  vaste 
édifice  du  Lazàreth   de  la  Spezzia. 

Tous  nos  journaux  rapportent  des  lettres  de 
Milan  ,  du  14  messidor  ,  qui  disent  que  les  autri- 
chiens, prétendant  que  la  Valteline  n'était  pas 
comprise  dans  le  commandement  de  M.  de  Mêlas  , 
ne  veulent  point  évacuer  ce  pays  en  exécution  de 
la  convention  d'Alexandrie.  La  Clef  du  Cabinet 
annonce  sous  la  date  de  Bàle  ,  le  22  messidor, 
que  la  Valteline  est  occupée  par  les  troupes  que 
commande  le  général  Moncey. 

Les  mêmes  journaux  disent  aussi  que  ,  sur  le 
refus  lait  par  les  autrichiens,  de  rendre  les  patriotes 
qu'ils  avalent  transférés  de  Milan  à  Vérone  ,  au 
moment  de  l'entrée  des  français  en  Italie ,  le 
général  Massena  a  gardé  les  employés  autiichlens 
qui  étaient  à  Milan  ,  ainsi  que  l'artillerie  et  les 
munitions  qui^  devaient  être  remisesà  M.  de  Mêlas, 
en  exécution  tie  la  convention  d  Alexandrie. 

Le  gouvernfementprovisoire  de  la  Cisalpine  a 
arrêté  lerectlon  d  une  colonne  en  mémoire  de  la 
délivrance  de  ce  paysi;  elle  portera  les  dernières 
paroles  que  Bonaparte  adressa  aux  cisalpins  en 
1798,  et  les  détails  des  dcfniers  événemens. 

—  Le  Mefcure  de  Raiisbonne  du  i5  messidor  , 
dit  qu  un  Courier  a  apporté  au  général  Kray 
l'ordie  de  conclure  un  armistice  avec  le  général 
Moreau,  Cette  ville  est  détendue  par  un  corps 
de  Gooo  hommes  sous  les  ordres  du  général 
Klenau.  Cela  n'empêche  pas  qu'on  n'ait  pris 
toutes  les  précautioi  s  civiles  propres  à  désarmer 
les  français,  et  qu'on  n'ait  député  à  leur  général 
des  envoyés  des  puissances  amies  de  la  répu- 
blique ,  pourprévenir  leur  entrée  à  Ratisbonne. 
Le  général  Kray  a  fait  transporter  en  Autriche 
tous  les  bagages  de  son  armée,  et  se  porte  lui- 
même  surllnii  ,  pour  garantir  les  fioniietes  du 
Tyrol  et  de  la  haute  autriche.  Son  quartier-général 
était  le  l3  messidor  a  Passau. 

—  La  gazette  de  [Francfort  publie  deux  billets 
des  généraux  Sainte-Suzanne  et  Levai  ,  par  les- 
quels ils  annoncent  qu  après  avoir  battu  1  ennemi 
pendant  toute  la  journée  du  16  ,  celui-ci  s'est 
retiré  sur  la  riv^e  gauche  du  Mcin  ;  que  les  troupes 
françaises  se  sont  emparées  des  hauteurs  ûe 
Bergen  ,  et  ont  établi  leur  quartier  -  général  à 
Hochst. 

—  Les  journaux  allemands  annoncent  que  le 
corps  de  Condé  a  prêté  serment  de  fidélité  à  la 
couronne  d  Angleterre  ,  entre  les  mains  de  M. 
■VVickham. 

—  La  Ctef  du  Cabinet  annonce ,  sous  la  date  de 
Pise  et  Naples  ,  qu'il  a  été  accordé  une  amnistie 
aux  prétendus  criminels  d'état,  à  condition  qu'ils 
prononceront  qu'ils  n'ont  jamais  été  conspira- 
teurs ,  qu'ils  n'ont  point  porté  les  armes  contre 
le  roi  ,  qu'ils  n'ont  pas  eu  d'emploi  sous  le  ré- 
gime républicain  ,  etc.  etc.  Qu'exigerait-orr  de 
plus  pour   rendre  un  jugement   d'absolution? 

Le  roi  a  défendu  d'enseigner  dans  ses  état^  les 
mathématiques  ,  le  droit  de  la  nature  et  des  gens  , 
la  logique  ,  la  métaphysiqtie  ,  la  physique  et  les 
autres  sciences  philosophiques  ,  le  tout  pour  le 
plus  grand  bien  de  ses  peuples.  Il  a  aussi  ajouté 
à  la  liste  des  livres  dont  la  lecture  est  prohibée 
par  la  cour  de  Rome  ,  les  œuvres  de  Tite-Live  , 
et  a  ordonné  aux  juges  ,  notaires  ,  avocats  ,  etc. 
'  de  point  employer  dans  les  actes  publics  ou 
particuliers  les  mots:  république  ,  liberté ,  égalité  , 
citoyen  ,  droit ,  démocratie  et  tout  autre  mot  qui 
fuisse  réveiller  des  idées  destructrices  de  tout  ordre 
et  de  toute  société. 

ACTES    DU  GOUVERNEMENT. 

Au     NOM     DU     PEUPLE     FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Certout. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyen  Certout  ,  chasseur  à  la  1"'  demi 
brigade  d'infanterie  légère  ,  à  l'affaire  du4praiiJal 


an  8  ,  oti  il  coiiiribT.ia  d'une  manière  particulière 
à  la  reprise  de  Bregetitz,  en  se  jettant  le  premier 
dans  le  lac  de  Constance  ,  et  en  s'avançant  à  la 
nage  jusqu'au  pont  de  la  place  dont  il  ouvrit 
la  porte. 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale, 
un    fusil  d'honneur. 

Il   jouira    des    prorogatives   attachées  à   ladite 
récompense,  par  l'arrêté  du   4   nivôse  an   8. 

Donné  à  Paris  le  26  messidor ,  an  S  de  la  répu- 
blique française. 

Le  premier  consul  ,   signé ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état.,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé  ,  Caenot, 


Au    N0N1    DU    peuple    FRANÇAIS. 

■Brevet  d'honneur  pour  k  citoyen  Bihon. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  républ'fqup , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  conduite 
distiiigjuée  et  de  la  bravoure  éclatante  du  citoyen 
BitiSfr  .■"HBJ'Sa'Vd  au  S=  régiment ,  à  l'affaire  du  16 
prairial  an  8  ,  011  il  contribua  particulièrement 
à  la  prise  d'un  lieutenant-général   autrichien. 

Lui  décerne,    à  titre  de  récompense  nationale, 
un  mousqueton  d'honneur. 

Il  jouira    des   prérogatives    attachées    à   ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  26  messidor,  an  8  de  la  répu- 
blique  française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'ctat ,  sigrié ,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé ,  Carnot. 


MINISTERE  DE  L'INTÉRIEUR. 

Discours  prononcé  par  le  ministre  de  l'intérieur,  U 
24  messidor  an  8  ,  sur  le  quai  Desaix. 

Onze  années  se  sont  écoulées  depuis  que  des 
mains  généreuses  ont  détruit  l'antique  forteresse 
du  despotisme  :  nous  ne  pouvons  mieux  célébrer 
1  anniversaire  de  cejour  qu'en  édifiant  des  monu- 
mens  utiles  et  durables. 

Depuis  long-tems  vous  desiriez  que  ce  quai  fût 
terminé.  L'utilité  publique  est  au-dedans  le  but 
des  actes  du  gouvernement,  comme  la  grandeur 
de  la  nation  1  est  au  dehors  :  Paris  a  la  première 
part  à  sa  sollicitude  :  secondé  par  les  soins  de  se» 
magistrats ,  auxquels  je  m'empresse  ,  devant  Iç 
peuple ,  de  rendre  aujourd'hui  un  honorable 
téraoighage  ,  j'espère  ,que  d'autres  monument 
pourront  bientôt  s'élever  dans  l'enceinie  de  la 
grande  cité.  Je  me  félicite  perft)nnelleinent  de  me 
trouver  au  milieu  de  vous ,  et  je  regarde  comme 
un  des  plus  grands  bonheurs  de  ma  vie ,  d'être 
chargé  par  les  consuls  de  faire  commencer  dej 
travaux  si  utiles. 

Je  vais  poser  la  première  pierre.  J'accepte  aveé 
reconnaissance,  elje  consacre  le  nom    du  héro^ 

dont  la  république  déplore  la  perte Puisse 

ce  quai  avoir  une  durée  aussi  longue  que  la  mé- 
moire de  Desaix  ! 


Discours  prononcé  par  le  ministre  de  l'intérieur  sur 
la  place  de  la  Concorde,  le  ib  messidor  an  "8  , 
anniversaire  du  i^  juillet. 

Je  vais  poser  ,  au  nom  des  consuls,  la  premier^ 
pierre  de  la  colonne  nationale  consacrée  aux 
bravesîdont  les  services  éclatans  et  la  mort  glo- 
rieuse ont  consolidé  la  république.  Au  même 
instant  les  préfets  posent  dans  tous  les  chefs^ 
lieux  les  premières  pierres  des  colonnes  départe- 
mentales. Le  peuple  français  reconnaît  ainsi  lej 
services  de  ses  détenseurs.  Mais  quelle  que  soit 
la  solidité  des  monuraens,  ils  n'ont  jamais  une 
aussi  longue  durée  que  la  mémoire  des  héros. 
Les  ouvrages  faits  par  la  main  des  hommes  sont 
à  peine  achevés,  qu'ils  tendent  à  leur  destruc- 
tion; et  les  siècles  ,  au  lieu  daffalbhr  la  véritable 
gloire,  ne  font  qu'ajoutera  son  éclat.  Puisse  cette 
colonne  avoir  une  existence  aussi  durable  que  la 
gloire  des  braves  qui  ont  fondé  ,  soutenu  ei 
illustré  la  république  ! 


Vingt-cinq  messidor  ,  an  8  dt  la  république. 

.„,,- V^A?*i>*iyEESAiRE  du  14  juillet. 

FÊTE    DE    LA    CONCORDE. 

Les  papiers  publics  ont  déjà  dit  avec  quel  en- 
thousiasme a  été  célébrée  la  fête  du  Quatorze- 
Juillet,  quelle  idée  vive  animait  tous  Us  cœurs. 
Ceux  qui  ont  vu  le  14  juillet  1789  ,  attestent 
qu'alors  le  patriotisme,  l'amour  de  la  liberté, 
n'étalent  pas  plus  ardens  et  plus  purs  -,  l'amour, 
de  l'union,  le  besoin  du  repos,  n'étaient  pa$ 
plus  sincères  au  14  juillet  1790-  Chacun  semblait 
se  dire  :  J^ous  voilà  enfin  arrivés;  après  cette  tra- 
versée si  orageuse,  après  tnnt  d'incertitudes  et  de 
chances  diverses  ,  nous  voilà  au  port  ;  nous  n'avons 
plus  à  craindre  ni  pour  cette  liberté  ,  qui  nous  est  si 
chère  ,  ni  pour  l'ordre  public  ,  sans  lequel  il  n'est 
peint  lie  liberté. 


II  est  impossible  de  faire  un  rétil  froid  e,t, 
détaillé  ries  circonstances  de  celle  journée  mc- 
ihorable  ;  on  va  seulement  saisir  les  traits  princi- 
paux qui   carai'érisent  la  fêle. 

Le  24  ,  les  deux  préfets  s'étaient  rendus  sur 
le  quai  de  la  Pelleterie  ,  où  ils  ontéié  reçus  par 
les  maire  et  adjoints  du  g'  arrondissement;  le 
miiiistre  de  l'itiiérieur  y  est  arrivé  ;  le  préfet  de 
la  Seine  lui  a  adressé  un  discours  ,  où  se  ttyiu- 
vaient  tiaiurellemeni  rapprochés  et  la  destruction 
de  la  Bastille  et  la  construciion  d'un  monument 
Utile.  Le  minisire  lui  a  répondu  ,  et  a  donné 
le   nom  de  Desaix   au  quai  de   la  Pelleterie. 

Les  cérémonies  ont  été  simples  et  nobles  ; 
elles  avaient  été  ordonnées  par  le  citoyen  Crétet  , 
conseiMcr-d'étaf  ,  qui  est  chargé  de  suivre  le 
travail  commencé  ,  et  qui  prendra  les  mesures 
né^e^saires  pour  qu'il   n  éprouve   aucun  retard. 

Sur  loute  la  route  ,  le  ministre  et  les  autres 
on.agisirais  ont  recueilli  les  expressions  de  la 
recotinaissancedue  à  un  gouverneraentqtii  donne 
musses  soins  à  édifjer,  et  qui  sent  qu'il  n'y  a 
àe.  gloire  durable  que  çellç  qui  ^ pour  fonde- 
ipent   des  services  rendus  à   la  patrie. 

Le  s5  .  dès  le  matin  ,  les  rues  étaient  inondées 
d'un  peuple  innombrable  accouru  de  toutes 
parts  :  des  observateurs  prétenclent  que  la  popu- 
lation de  Paris  était  sensiblement  accrue  depuis 
plusieurs  jours  ,  et  cependant  les  rapports  de 
police  attestent  qu'il  ne  s'est  commis  aucun 
désordre. 

Le  préfet  de  la  Seine,  accompagné  de  foutes 
les  autorités  et  des  administrations  loCales  ,  a  posé 
la  première  pierre  delà  colonne  départementale.  La 
place  était  entourée  des  drapeaux  de  nos  armées  ; 
les  troupes  de  ligne  et  la  garde  nationale  l'en- 
vironnaient ,  et  l'on  a  remarqué  avec  plaisir 
que  chaque  mairie  .avait  une  escorte  de  citoyens 
de  son,  arrondissement. 

Les  cérémonies  terminées,  le  pTéfef  s'est  rendu 
avec  son  cnneire  à  l'hôtel  de  la  marine,  où  se 
trouvaient  réunies  toutes  les  autorités  générales  , 
les  administrations  et  les  régi'-s.  Le  ministre  de 
l'imérieur  v  est  entré,  précédé  de  douze  héraults 
d'armes  chari'és  des  proclamations  annoncées 
par  le  programme  ;  tout  le  cortège  s'est  ensuite 
transporté  sur  la  place  de  la  Concorde  .  dans 
l'enceinte  préparée  piiur  le  recevoir.  A  peine  y 
était-il  rendu  que  les  consuls  sont  arrivés  à 
cheval,  accompagnés  des  ministres  ,  de  plusieurs 
conseillers-d'état,  du  secrétaire-d'état,  entourés 
de  leur  état-major  et  suivis  de  leur  garde.  Les 
trois  consuls  ont  mis  pied  à  terre  et  se  sont  pla- 
cés sur  des  fauteuils  qui  leur  étaient  préparés  ;  le 
ministre  de  l'intérieur  leur  a  présenté  les  mé- 
dailles qui  devaient  être  placées  sous  la  première 
pierre  de  ta  colonne  (  l), 

Le  ministre  a  présenté  aux  consuls  le  citoyen 
Peyre  ,  de  l'instilut-naiional  ,  chargé  de  tous  les 
préparatifs  de  cette  cérémonie  ,  le  citoyen  Duvi- 
vier  qui  a  gravé  la  médaille  et  le  citoyen  Decotte 
^ui  l'a  frappée,  le  citoyen  Auguste  qui  a  gravé 
celle  de  Desaix  et  celle  de  Maringo.  Ces  artistes 
ont  reçu  des  consuls  un  accueil  plein  de  bien- 
veillance. 

Le  ministre  de  l'intérieur  monté  sur  l'estrade 
où  étaient  placés  les  consuls ,  a  prononcé  le 
■discours  suivant  : 

«<  Je  vais  poser  au  nom  des  consuls  la  pre- 
ï»  miere  pierre  de  la  colonne  nationale  con- 
»»  sacrée  aux  braves  dont  les  services  éclatans  et 
»»  la  mort  glorieuse  ont  consolidé  la  républi- 
>»  que.  Au  même  instant  les  préfets  posent  dans 
»  tous  les  chef-lieux  les  premières  pierres  des 
>»  colonnes  départementales.  Le  peuple  français 
»»  rcconnait  ainsi  les  services  de  ses  défenseurs  ; 
>»  mais  quelle  que  soit  la  solidité  dts  monumens; 
»>  ils  n'ont  jamais  une  aussi  longue  durée  que 
»  la  mémoire  des  héros.  Les  ouvrages  faits  par 
»>  la  mains  des  hommes  sont  à  peine  achevés 
»»  qu'ils  tendent  à  la  destruction  ,  et  les  siècles 
»i  au  lieu  d'affaiblir  la   véritable  gloire  ,  ne   font 

n  qu'ajouter    à    son   éc'at Puisse   cette 

n  colonne  avoir  une  existence  aussi  durable 
»»  qUe  la  gloire  des  braves  qui  ont  fondé  ,  sou- 
ri tenu   et  illustré  la   république.   >« 

Le  ministre  a  ensuite  fait  'la  pose  de  la  pre- 
mière  pierre. 

Quand  cette  cérémonie  a  été  terminée  ,  tout  le 
cortège  s'est  rendu  ^ux  Invalides.  On  aVait  pré- 
paré pour  chaque  ministre  une  salle  où  devaient 
ie  rendre  les  autorité»  qui  sont  attachées  à  chaque 
ministère. 

(1)  Outre  la  médaille  frappée  à  l'occasion  de 
cet  événement ,  et  qui  porte  d  un  côté  l'effigie 
du  premier  consul  ,  avec  cette  inscription  : 
Bonaparte, premier  consul,  CambacerèsetLebrun, 
«•  et  3'  consuls.  Au  revers  :  première  pierre  de 
la  cblonne  nationale  posée  par  Lucien  Bonaparte, 
ministre  de  l'intérieur,  25  messidor  an  8  (  I4juillet 
j8oo)  ,  et  autour  :  Le  jieujiUj'ranqaii  ans  défenseurs. 
On  y  a  placé  aussi  la  médaille  frappée  en  )  hon- 
neur de  Desaix  .celle  qui  a  éié  frappée  à  l'occasion 
de  la  vicioirc  de  Maiiiieo  ,  et  qui-lqucsauires  des- 
tinées à  lixcr  1  époque.  On  en  donnera  la  descrip- 
tion iliui  un  u»  ptuLhairi. 


1203 

A  ^  denx  hctji;eB, ,  toutes  les  'aiitdriiés  étaient 
placées  dans  le  tcrnple  deMnrj;  lepremier  consul, 
IfS  deux  consuls  ,  accompagnés  des  ministres  et 
du  conseil-d  eut  s'y  sont  rendus?  le  corps  diplo- 
matique s'y  est  placé  à  linstant  de  l'arrivée  du 
consul. 

Lanef.  les  In'bunes  ,  tout  était  rempli  d'hommes 
et  de  femmes  qui  avaient  été  iriviiés  par  billets  ; 
l'éclat  de  la  b^'auté  ,  le  soin  de  la  parure  ,  ne 
fesaient  pas  un  des  moindres  charmes  de  cette 
fête;  les  vieux  serviteurs  de  la  patrie  y  étaient 
honorablement  placés  ,  les  plus  âgés  d'entr'eux 
étaient  piès  du  consul. 

Le  temple  ,  décoré  avec  une  grande  décence 
et  beatacoup  de  pompe  ,  par  les  soins  du  citoyen 
Chalgrin  dont  on  ne  peut  trop  louer  le  zèle 
et  I  intelligence,  contenait  deux  grands  orchestres 
de  t5o  musiciens  chacun  et   un  3'  de  vingt. 

Des  places  avaient  éié  réservées  dans  des  tri- 
bunes décorées  avec  soin  ,  pour  les  membres  du 
sénat  ,  pour  ceux  du  corps-législatif  et  du  tri- 
bunal.       , , 

Aussitôt  que  le  premier  consulta  élé  placé  ,  on 
a  exécuté  deux  '  chants  de  triomphe  pour  la 
délivrance  de  lltalie.  C'est  la  première  fois.qu  on 
a  entendu  à  Paris  madame  Grassini  et  le  citoyen 
Bîanchi  qui  sont  venus  à  Paris  pour  concourir 
par  leurs  talens  à  l'embellissement  de  cette  fêle  . 
et  célébrer  la  gloire  de  ces  armées  q.ui  rendent 
la  paix  à  leur  patrie  ,  à  cette  antique  Italie  , 
théâtre  de  tant  de  gloire.  Q;ii  pouvait  mieux 
célébrer  M.iringo  que  ceux  dont  cet  événement 
assure  le  repos  et  le  bonheur  ! 

Le  ministre  de  l'intérieur  a  prononcé  le  dis- 
cours que  nous  avons  inséré  hier.  Presque  tous 
les  passages  en  ont  été  vivement  applaudis; 
mais  il  est  remarquable,  sur-tout,  que. l'on  a  saisi 
avec  un  soin  extrême  les  mots  qui  rappelent 
la  gloire  des  armées  ,  le  besoin  du  repos  , 
l'amour  du  gouvernement,  l'amout  de  la  liberté  , 
I  oubli  dés  maux  passés,  tous  les  sentimens 
généreux  et  doux  qui  caractérisent  le  français, 
et  qui  le  distinguent  entre  tous  les  peuples  de 
la  terre.  ' 

Il  faudrait  pouvoir  rendre  ce  tact  exquis  ,  ce 
goût  étonnant  avec  lesquels  sont  saisies  les  idées 
les  plus  rapides,  au  milieu  de  la  chaleur  d'un 
débit  oratoire  ,  et  ce  serait  assez  pour  peindre 
l'assemblée  ,  que  d  imprimer  le  discours  en  mar- 
quant les  passages  qui  ont  reçu  des  applau- 
dissemens. 

Après  ce  discours  ,  les  3  orchestres  ont  exécuté 
le  chant  du  25  messidor  ,  tel  qu'il  a  élé  publié 
hier  ;  on  ne  peut  rendre  l'éionnement  qu'a 
manifesté  l'assemblée  lorsqu'elle  a  entendu  les 
orchestres  se  répondre  ?  C  est  la  première  fois 
qu'on  ose  essayer  un  concert  où  se  trouvent 
trois    orchestres   à   une  si    grande  distance. 

Il  est  difficile  d'en  décrire  l'effet  ;  mais  ce 
moyen  hardi  peut  avoir  des  résultats  utiles  à 
l'art.  Il  est  juste  de  donner  des  témoignages 
d  estime  etauciioven  Fontanes  auteur  des  paroles, 
et  au   citoyen  MehuI  ,  auteur   de  la   musique. 

Au  reste  ,  on  doit  remarquer  que  de  tous  les 
élablissemens  consacrés  aux  arts  ,  aucun  ne  va 
plus  directement  que  le  conseivaioire.  de  musi- 
que au  but   de   son  institution. 

Le  chant  a  été  plusieurs  fois  interrompu  par 
des  applaudissemens;  mais  une  sensibilité  pro- 
fonde s'est  manifestée  à  ce  passage  :  Tumeurs, 
brave  Desaix;  tous  les  regards  se  sont  portés 
vers  le  monument  élevé  en  son  honneur  et  que 
décorait  son  buste  ,    fait  par   le  citoyen  Dupaty. 

Le  chant  terminé  ,  le  premier  consul  s'est  rendu 
dans  la  cour  derrière  le  dôme,  où  il  a  passé  en 
revue  les  invalides.  Il  a  re'rouvé  là  ces  guerriers 
dont  un  grand  nombre  l'a  suivi  au  champ  d'hon- 
neur. Le  ministre  de  la  guerre  et  le  commandant 
de  l'hôtel  lui  ont  présenté  les  cinq  invalides  que 
leurs  camarades  avaient  désignés  comme  les  plus 
dignes  des  récompenses  nationales  ;  ils  ont  reçu 
du  premier  consul  des  .  médailles  d'or,  sur  les- 
quelles sont  inscrits  leurs  noms  ,  leur  âge  ,  le 
lieu  de  leur  naissance  ,  et  les  actions  où  ils  se 
sont  distingués.  Un  hérault  a  proclamé  ces  détails. 

Delà,  le  premier  consul,  les  consuls,  et  le 
conége  ,  se  sont  rendus  au  champ'  de  Mars ,  où 
se  trouvaient  réunies  sous  les  armes ,  toute  la  gar- 
nison et  une  partie  de  la  garde  n,aiionale.  Tous 
les  tertres  étaient  couverts  d  une  affluence/.iiii'; 
mense  ,  et  la  partie  inférieure  du  champ  de  Mars  , 
qui  était  vide  à  toutes  les  fêtes  ,  était  le  aS  aussi 
remplie  que  la  partie   supérieure. 

Le  ministre  de  la  guerre  a  présenté  aux  consuls 
les  drapeaux  pris  sur  l'ennemi  ,  et  les  officiers 
chargés  par  les  généraux  de  les  apporter.  Dans 
cet  instant  ,  un  enthousiasme ,  un  délire  général 
se  sont  emparés  de  toutes  les  têtes  ;  chacun  s'est 
précipité  vers  ces  héros  ,  chacun  voulait  voir 
ces  glorieux  monumens  de  nos  triomphes;  cha- 
cun voulait  du  moins  appercevoir  celui  qui  les 
conduisit  aux  combats  ,  et  dont  la  gloire  est 
maioienant  la  proiiriété  du  peuple  qui  se  l'est 
donné  pour  premier    magistrat. 

Les  cris  de  vive  la  république!  viye  Bonaparte! 
ont  retenti  de  toutes  parts:  ces  deux  noms  sont 
;également  cherj  aux  français. 


Le  mouvement  occasionné  par  cet  entlaou- 
siasme  a  été  tel,  qu  il  eût  été  impossible  de  conte- 
nir les  spectateur»  sur  les  lerties;  les  hommes, 
les  femmes,  les  soldats  eux-mêmes  chargés  de 
maintenir  l'ordre,  se  précipitaient  vers  le  lieii 
où  était  le  premier  consul  ,  et  aucune  force  n'eût 
pu  contenir'l'explosion  de  ce  sentiment.  Que 
ceux  qui  parlent  de  la  régularité  de  la  police  , 
voient  un  tel  délire  ;  qu'ils  essayent  de  réprimer 
une  semblable  ardeUr.  Et  cependant ,  au  milieu 
d'une  pareille  confusion  ,  nul  accident  n'est  ar- 
arrivé  ;  chacun  a  senti  le  besoin  d'assurer  sa. 
propre  conservation  en  veillant  à  celle  d'autrui. 

Vainement  on  fesait  répandre  par  des  héraults, 
par  des  ordonnances  ,  qu  il  n'y  aurait  pas  de  jeux, 
si  on  ne  se  plaçait  pas  ,  l'émotion  était  trop  lorte  ; 
les  têtes  étaient  tropagitées;  les  cceurstrOp  remués. 
Eh  !  que  sont  des  jeux,  en  effet,  après  l'admi- 
rable spectacle  de  ces  drapeaux  ravis  à  l'en- 
nemi par  une  armée  créée  dans  un  instant  ,  qui 
franchit  les  Alpes  avec  la  rapidité  de  l'aigle  ,  qui 
n'arrive  que  i)0ur  vaincre  ,  et  qui  envoie  les  tro- 
phées de  sa  gloire  ,  quand  les  ennemis  du  nom 
français  s'étonnent  encore  de  sa  formation. 

Le  ministre  de  l'intéHeur  a  remis  lesjeux. 

Les  consuls  occupaient  le  balcon  de  1  Hôtel 
.Militaire  où  ils  se  sont  rendus  après  la  revuS. 
Ils  ont  vu  cet  incroyable  mouvement  qu'on  ne 
peut  décrire. 

Les  discours  qui  ont  été  prononcés  ont  été 
impriincs  hier. 

Vers  7  heures  ,  un  bal'on  s'est  enlevé  ,  et  a 
fait ,  à  une  assez  grande  hauteur  ,  une  explosioa 
très-foite. 

Le  soir  tout  Paris  était  en  feu.  Les  hommes  les 
plus  âgés,  disent  n'avoir  jamais  vu  une  illumina- 
tion aussi  1  brillante.  Les>  éJi&ces  publics-,  les 
maisons  particulières  ,  tout  présentait  un  spec- 
tacle étonnant. 

A  dix  heures  ,  un  feu  d'artifice  a  été  tiré  sijr 
le  pont  de  la  Concorde,  dans  un  des  lieux, 
les  mieux  situés  de  Paris,  pour  attirer  un  graiid 
concours  de  spectateurs,  sans  lès  exposer  à  aucun 
danger. 

A  dix  heures  et  demie  ,  un  concert  a  eu  lieu 
sur  la  terrasse  du  château,  et  ,  chose  étonnante, 
par  les  mêmes  artistes  qui  sélaient  trouvés  le 
malin  aux  Invalides  ;  comme  si  un  jour  sembla- 
ble doublait  les  moyens  physiques  ,  comme  il 
double  les  sensations. 

On  a  dansé  la  plus  grande  partie  de  la  nuit 
aux  Champs-Elysées ,  au  son  des  orchestres  qui  y 
avaient  été  préparés. 

Il  est  impossible  de  peindre  froidement  et 
qu'on  a  éprouvé;  il  est  impossible  de  fairt 
passer  dans  l'ame  d'autrui  ce  qu'on  a  senti  soi- 
même.  Que  les  amis  de  la  liberté  se  réjouissent  ! 
jamais  spectacle  plus  touchant  et  plus  beau  ne 
ne  s'offrit  aux  regards  ;  leii  sentimens  les  plus  tou- 
chans  ,  la  concorde  la  plus  vraie  ,  l'union  la  plus 
douce  !  O  quel  peuple  vaut  celui-ci?  Heureux 
qui  peut  le  servir  et  s'en  faire  aimer! 

T  ^  R     I     B     UN     AT. 

Présidence  deJard-Panvilliers. 
SÉANCE    DU    25     MESSIDOR. 

Les  membres  du  tribunal  sont  revêtus  de  leur 
costume. 

L'institut  des  aveugles  exécute  des  airs  patrioti- 
ques et  le  chant  du  Quatorze-Juillet. 

Conformément  à  un  arrêté  du  16  de  ce  mois, 
le  président  prend  la  parole  pour  célébrer  l'an- 
niversaire du  Quatorze -Juillet  et  la  fête  de  la 
Concorde. 

Tribuns  , 

Un  sentiment  commun  à  tous  les  amis  de  la  li- 
berté^ nous  réunit  en  ce  jour.  Nous  venons  célé- 
brer celte  époque  immortelle  où  les  français  , 
impatiens  de  la  servitude  qui  pesait  sur  eux  de- 
puis tant  de  siècles  ,  secouèrent  enfin  le  poids 
du  despotisme.  Quelle  ame  susceptible  de  quel- 
que affection  généreuse,  pourrait  ne  pas  s'émou- 
voir au  souvenir  que  rappelle  le  14 juillet?  Tout 
ce  qu'il  y  a  de  sentimens  honorables  et  grmds 
dans  le  cœur  de  l'homme  ,  les  français  le  mon- 
trèrent dans  cette  journée  à  jamais  mémorable. 
Honneur  aux  philosophes  amis  de  I  humanité 
qui  l'avaient  préparée  ,pa,r  leurs  écrits!  Gloire 
aux  hommes  courageux  qui  prirent  I  initiative  de 
cette  grande  révolution  ,  que  la  dignité  de  la 
nation  et  sa  volonté  réclamaient  également  ! 

Tant  que  les  ténèbres  de  l'ignorance  avaient 
couvert  toutes  les  parties  de  lEurope  ,  les  fran- 
çais ,  comme  les  autres  peuples  ,  avaient  sirbi 
le  joug  de  la  tyrannie  ;  et  de  plus  en  plus  avilis 
par  l'habitude  de  l'esclavage  ,  la  plupart  d'entre 
eux  s'étaient  accoutumés  à  croire  qu'ils  étaient 
nés  pour  obéir  aux  caprices  de  quelques  hommet 
qui  s'étaient  mis  en  possession  de  leur  comman- 
der, et  de  s'approprier  les  fruits  de  leuu  travaux. 
Mais  à  mesure  que  les  lumières  s'éiaient  tcpaa- 
dues  ,  cet  esprit  de  servitude  avait  fait  place  à 
l'esprit  de  hberté  ;  le  sentiment  de  la  dignité 
de  l'homme  en  général  avait  pénétré  dans  le  ' 
cceur  de  tous  les  hommes  éclairés  ,  et  de»  écrivaini 


1204 


tourageux  avaient  osé  proclamer  les  principes 
sacrés  de  la  souveraineié  du  peuple. 
■  Ainsi  les  lumières  avaient  déjà  préparé  la  cliûie 
du  despotisme  ,  lorsriu'il  précipita  lui-même  sa 
ruine  ses  par  excès  et  par  la  cortuj'tion  de  sessup- 
pôts.  Ennivré  de  sa  puissance  ,  et  se  flattant  ()tie 
rien  ne  pourrait  la  détruire,  il  s'était  aveuglé 
sur  les  dangers  qui  le  meiiaçaienl  ;  ou,  pour 
mieux  dire",  il  n'avait  pas  calculé  Je  degiçdé- 
nergie  que  l'amoyr  de  la  liberté  donne  à  des 
âmes  fortes  déjà  irfiié(ss  par  le  sentiment  d'une 
iongue   opprésiion  ,    et   il   avait   formé   le    projet 

insensé   d'en  arrêter  i'élan.. Heureuse  irn- 

prçyoyance  !  c'est  à  elle  que  nous  sommes  re- 
'çleyables  (Je  n'avoir  pas  vu  différer  la  convoca- 
tion des  états-généraux  qui  devaient  affranchir 
le  peuple  français,  et  le  faire  lerilrer  dans  l'exercice 
de  tous  ses  droits. 

Les,  amis  de  la  liberté  n'oublieront  jamais  les 
çetvices  des  hommes  courageux  qui,  bravant  la 
fureur  d'une  cour  irritée  ,  surent  les  premiers 
^'élèvera  la  hauteur  des  destinées  qu'ils  étaient 
appelés  à  remplir  ,  et  se  constituèrent  en  Assembtce 
n.tfwnii/e.  Jamais  ces  représentans  Bdelcs  ne  furent 
^i  glands  que  le  jour  ori ,  forcés  de  chercher  un 
asyle  sous  ihumble  toit  d'un  jeu-de-paume,  il 
firent  le  serment  solennel  de  ne  point  se  séparer, 
et  de  se  rassembler  par-tout  où  les  circonstances 
Tcxigcraient ,  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  donné  à  la 
fiance  une  constitution  fondée  sur  les  droits  du 
peuple. 

Cet  acte  de  courage  fut  décisifpour  le  triomphe 
de  la  justice  et  de  la  raison.  L'énergie  qui  l'avair 
^içié  passa  dans  le  coerj-r  de  tous  les  français  , 
tt  ce  peuple  nagueres  si  docile  à  la  voix  d  un 
despote.  Il  écoula  plus  que  la  voix  de  la  patrie 
et  de  la  liberté  :  vivre  libre  ou  mourir  !  tel  fut  le 
cri  qui  se  fit  entendre  de  toutes  les  parties  de  !a 
France.  En  vain  la  cour  effrayée  prétendit  l'étouffer 
dans  son  principe  ;  en  vain  elle  espérait  iniimider 
1(;  peuple  et  ses  représentans  par  l'appareil  de  la 
ioice  armée  qui  l'environnait;  tous  les  efforts 
qu  elle  fit  pour  retarder  sa  chûle  ,  ne  firent  que  | 
l'accélérer  ;  plus  elle  se  montra  menaçante  ,  plus 
les  représentans  de  la  nation  se  montrèrent  fermes 
et  courageux  ,  et  pius  la  nation  elle-même  se 
montra  digne  d'exercer  sa  souveraineté. 

Cependant  les  satellites  du   despotisme  osèrent 
porter   leurs  mains   sacrilèges    sur  des  citoyens  1 
paisibles  ;  un  vieillard  débile  et  sans  aimes  tomba 
sous  les  coups  d'un  prince  honteusement  fameux 
par  sa  lâcheté.  A  l'instant  un  cri  d'indignation  et 


la  conquête  ,  et  par  un  seniimenl  aussi  unanime 
que  la  joie  qui  en  avait  été  le  résultat  ,  dans 
le  même  instant  ,  tous  les  français  furent  armés 
pour  soutenir  leurs  droits  et  leur  indépendance. 

Oiiel  obstacle  le  despotisme  pouvait- il  désot- 
maiTopposer  à  une  volonté  si  générale  et  si  for- 
tement soutenue  ?  Les  soldats  eux-mêmes  ,  qu'il 
s  était  flatié  de  rendre  les  instruinens  dociles  de 
ses  ventçeances  et  de  son  ambition  ,  avaient  en- 
tendu lès  accens  de  la  libellé  ,  et  leurs  bias  ne 
devaient  plus  obéir  qu'à  la  voix  de  la  patrie.  Les 
représentans  de  la  nation,  dignes  de  l'auguste 
car.TCtere  dont  ils  étaient  revêtus  ,  n'avaient  donc 
plus  à  lutter  que  contre  l'orgueil  ,  l'intérêt  per- 
sonnel et  les  préjugés  de  quelques  défenseurs 
des  institutions  ami-sociales  ijue  la  raison  avait 
prosctites -,  mais  la  victoire  du  14  juillet  avait 
ébr.;nlé  les  institutions  jusques  dans  Icijrs  fon- 
demen?  ,  et  rendu  nécessaires  les  événemens 
qui  en  ont  complété  la  ruine.  C'est  doirc  à 
cette  journée  si  léconde  en  grands  résultats  que 
nous  devons  rapporter  tous  ceux  qui  ont  été  fa- 
vorables à  la.  liberté,  et  que  la  justice  et  la  phi- 
losophie ne  peuvent  désavouer. 

Que  des  individus  intéressés  à  jiustifier  à  leurs 
propres  yeux  et  à  ceux  des  gouvernemeiis  étran- 
gers qu'ils  abusent,  la  résistance  coupable  qu'ils 
ont  tenté  d  opposer  à  la  régénération  de  leurs 
pays  ,  prétendent  que  la  révolution  ne  fut  pas  le 
résultat  ,  et  n'est  pas  encore  l'accomplissement  de 
la  volonté  générale  .'  qu'ils  veuillent  attribuer 
exclusivement  à  l'amour  de  la  gloire  ,  des  pro- 
diges qu'ils  n'oseni  contester  ,   mais  dont   les  dé- 


parée qu'ilj  avaient  ie  courage  de  vouloir  dé-- 
chirer  le  voile  sanglant  dont  on  avait  couvert  la 
liberté  ,  qu  Ih  voulaient  h  montrer  toujours  pure 
et  sans  tache  ,  telle  qu'elle  nous  apparat  au  14 
juillet  ,  et  la  faire  chérir  de  ceux-là  même  dont 
elle  pouvait  conitarier  les  intérêts  ? 

Non  ,  les  auteurs  de  tant  de  forfaits  n'étaient 
point  des  amis  de  la  libtirté  ;  on  ne  les  vit  point 
se  mêler  à  nos  généreux  épancucmens  dans  la 
belle  jotirriée  du  Qj.i.uorze-Jui!let.  Nous  nc-recoii- 
naissons  à  leurs  fureurs  que  tle  vils  e.sclives 
salariés  par  le  despotisme  ,  pour  faire  haïriinc 
l'évoluiion  que  la  philosophie  avait  préparée 
pour  le  bonheur  des  français  et  de  Ihumanité  ; 
et  ce  n'est  pas  un  de  leurs  moindres  crinies 
que  celui  d  avoir  aliéné  à  la  liberté  des  âmes 
faites  pour  en  apprécier  les  douceurs  ,  et  qui 
l'auraient  chérie  si  elles  ne  lui  avaient  pas  attribué 
cUs  njaux  qui  n'appartenaient  qu'à  la  tyrannie. 
Les  véritables  amis  de  la  révolution  ,  les  ré- 
publicains ,  véritablement  dignes, de  ce  nom, 
n'ont  jamais  cessé  de  se  montrer  sensibles  , 
juMeS  et  humains.  Ceux  qui  ,  dans  cette  tour- 
mente politique  ,  ne  se  sont  pas  constamment 
distingués  par  ces  caractères ,  nous  les  désavouons 
ils  appariiennenl  à  la  tyrannie.  Mais  dans  cette 
journée  de  .clémence  et  de  joie  ,  nous  voulons 
aussi  oublier  pour  toujours  les  maux  qu  ils  nous 
ont  faits.  Le  Quatorze-Juillet  de  l'an  $  ,  comme 
celui  Je  17.81J  ,  ne  doit  être  marqué  que  par 
des  sentimens  d'allégresse  et  de  générosité. 


de  vengeance  publique  part  de  1  enceinte  même     ,.,.,.  , 

du   pallis     que    nous   habitons,    et   se    répand     1=>  société     objet   uinque  de  touie    association, 

dans   tous    les  quartiers   de   la    ville.   Un  jeune     peuvent  admettre  entre  eux  d  autres  distinctions 


homme  ,  d'un  caractère  ardent  ,  passionément 
épris  de  la  liberté  ,  l'infortuné  Camille  Desmou- 
lins ,  arbore  le  premier  les  couleurs  nationales  et 
4onne  le  signal  de  linsurreciion  la  plus  légitime. 
Tous  les  citoyens  courent  aux  armes  ;  ils  igno- 
rent le  nombre  des  ennemis  qu'ils  auront  à  com- 
battre ,  mais  les  hommes  armés  pour  leur  indé- 
pendance ne  calculent  point  sur  les  défaites  ; 
d'ailleurs  plusieurs  des  légions  sur  lesquelles  le 
despotisme  fonde  ses  espérances,  sont  aussi  com- 
posées de  français  ,  et  dans  cette  journée  de 
gloire  et  de  triomphe ,  tous  les  français  n'ont 
qu'un  même  intérêt,  celui  de  reconquérir  leurs 
droits   usurpés  par  la  tyrannie. 

On  voit  en  effet  les  gardes  françaises  ,  qui 
depuis  ont  fourni  tant  de  héros  aux  armées  de 
la  république .  abandonner  les  drapeaux  de  la 
qour  et  se  mêler  dans  les  rangs  des  citoyens  ;  tous 
marchent  ensemble  à  conquête  de  la  liberté  ,  et 
leurs  prenjiers  efforts  se  dirigent  vers  cette  odieuse 
forteresse  ,  monument  antique  de  la  tyrannie  qui 
pesait  sur  la  France  depuis  tant  de  siècles.  La 
garnison  leur  oppose  une  résistance  inuli'e  ;  tout 
cède  à  leur  courage  ,  et  bientôt  un  cri  de  vic- 
toire et  de  joie  ,  volant  de  bouche  en  bouche  , 
annonce  à  tous  les  français  la  prise  de  la  Bastille. 
Quippurraii  peindre  l'enthousiasme  de  la  nation 
entière  à  ceue  nouvelle  aussi  étonnante  qu'ines- 
pérée !  De  quels  sentimens  sublimes  et  louchans 
tous  les  cœuis  furent  pénétrés  !  Ce  fut  alors  que 
tous  les  français  ne  hrent  véritablement  qu'une 
seule  famille  de  frères  et  d'amis  ;  on  oublia  toutes 
les  haine=  ,  toutes  les  dissentions ,  pour  ne  se 
livrer  qu'aux  épaiichemens  des  plus  doux  scnti- 
ipens  de  la  nature  :  les  vaines  distinctions  de 
rang  et  de  naissance  firent  place' à  la  plus  douce 
familiarité;  tout  le  monde  se  connaissait,  tout 
le  monde  se  parlait  ,  se  félicitait  sur  la  victoire 
commune;  la  joie  était  dans  tous  les  cœurs  ,. 
elle  brillait  sur  tous  les  visages,  elle  absorbait 
toutes  les  passions  ambitieuses  et  avilisantes  ;  le 
désir  de  la  vengeance  n'entra  pas  même  dans 
Iz  cœur  de  ceux  qui  jusques-là  n  avaient  connu 
«uel  humiliation  et  les  mauvais  traitemens  :  toutes 
lès  affections  étaient  pures  comme  la  liberté  qui 
en  était  lobjet  ,  mais  elles  étaient  aussi  grandes 
que  généreuses. 

Fier   d'avoir    recouvré     sa    dignité    première  . 


O  voiis  ,  qui  eûtes  à  souffrir  des  malheurs 
que  nous  déploions  ,  mais  qui  reiiâies  fideie* 
feiiseurs  de  la  liberté  seuls  nous  offrent  des  |  à  la  patiie  ,  si  dans  ces  tems  désastreux  vous 
exemples!  le  souvenir  du  14 juillet  ,  les  sacrifices  '  tiouvâtes  en  nous  des  amis  compatissans,  si  nous 
que  le  peuple  français  n'a  cessé  de  faire  pour  1  partageâmes  vos  douleurs  ,  si  pour  en  adoucir 
conserver  la  liberté  qu'il  a  recouvrée  dans  cette  |  l'amertume,  nous  bravâmes  souvent  la  fureur 
journée  ,  et  la  constance  héro'ique  avec  laquelle  1  des  factions  ,  si  ,  par  notre  courageuse  résis-  " 
il  la  défend  depuis  huit  ans  contre  les  diverses  I  lance  ,  la  lépublique  est  enfin  assise  sur  ses 
coalitions  qui  ont  voulu  la  détruire,  répondent  véritables  bases  ,  la  force,  la  justice  et  les 
suffisamment  à  ces  lidicules   assertions.  vertus  ;   faites   le  sacrifice  de  vos  resseniimens  à 

Oui,  la  nation  toute  entière,  moins  quelques  l'amour  de  la  patrie;  prenez  part  à  la  joie  de 
oppresseurs  et  quelques  hommes  aveuglés  par  !  tous  les  amis  de  la  liberté,  qui  voient  se  rea- 
d'anciens  préjugés,  voulut  et  veut  encore  èlre  IJser  enlnn  les  espérances  qu'ils  avaient  conçue» 
libre  :    eh!    quel  est    donc  l'homme   qui   oserait  1  au    14  juillet. 

encore  mettre  en  question  si  la  loi  doit  être  le  Entendez  la  voix  d'un  gouvernement  répara» 
résultat  de  la  volonté  d'un  seul  ,  ou  si  elle  doit  1  leur  qui  s'occupe  de  sécher  toutes  les  larmes, 
être  l'expression  de  la  volonté  générale;  si  le  !,  et  de  r'ouvrir  toutes  les  sources  de  prospérité 
soin  de  la  faire  exécuter  est  un  droit  héréditaire,'  publiijue  et  de  bonheur  particulier.  En  atleti- 
ou  s'il  n'est  qu'un  pouvoir  conféré  par  la  confiance  dant  que  par  sa  sagesse,  sa  modération,  et 
et  la  volonté  de  la  nation  ;  si  tous  les  hommes  '  par  la  gloire  des  armes  de  la  république  ,  il  puisse 
créés  égaux  par  la  nature,  doivent  èire  égaux  1  faire  jouir  lEurope  des  bienfaits  d'une  pacià- 
aux   yeux   de  la  loi  ;  si   la  raison   et  I  intérêt  de  j  cation  générale  ,   il  appelle  tous  les  français  ailX 

douceurs  de  l'union  et  de  la   concorde. 

Il  éteint  à  jamais  les  torches  de  l'affreuse  guerrp 
civile.  Les  erreurs  et  les  crimes  rémissibles  ,  îl 
veut  tout  oublier,  mais  il  veut  récompenser  aussi 
les  actions  jiénérpuses  ,  et  le  dévouement  à  la 
cause  de  la  liberté. 

Il  veut,  par  des  témoignages  d'estime  et  de 
reconnaissance  publiques,  entretenir  dans  tous  le» 
cœurs  ce  feu  sacré  du  patriotisme  ,  source  de  la 
gloire  ,  de  la  puissance  et  de  la  stabilité  de  la 
république. 

Que  les  monumens  qu'il  élevé  en  ce  jour  à  la 
mérnoire  des  héros  morts  en  combattant  pour  la 
patrie,  soient  aussi  les  monumens  de  notre  admi-- 
ration  pour  les  braves  armées  dont  les  victoires 
embellissent  encore  la  fête  que  nous  célébrons  ! 
Ah!  sans  doute  il  est  douloureux  d'avoir  des 
larmes  à  répandre  sur  la  perte  de  tant  de  héros! 
La  patrie  donnera  de  longs  regrets  au  guerrier 
malheureux  (l;  ,  qui  mérita  le  brevet  honorable 
de  premier  grenadier  de  larmée  française.  Elle 
pleurera  en  lui  un  savant  distingué  ,  un  officier 
habile  ,  un  soldat  intrépide  ,  et  le  modèle  dt^ 
désintéressement  ,  de  la  tempérance  et  de  toutes 
les  vertus  républicaines. 

Mais  quel  français  pourrait  ne  pas  s'enorgueillir 
de  la  gloire  des  vainqueurs  de  Hochstet  et  dç 
Maringo  ?  qui  pourrait  ne  pas  s'honorer  de  par- 
tager ce  noble  enthousiasme  pour  la  liberté  qui 
leur  fait  opérer  tant  de  prodiges?  Ah!  que  tou> 
les  cœurs  entraînés  par  1  exemple  de  tant  de 
gloire  et  de  dévoiàment ,  se  rattachent  enfin  à  1^ 
république  !  Que  la  concorde  éloigne  à  jamais 
de  nous  les  dissentions  civiles,  et  que  désormais 
toutes  les  affections  ,  tous  les  sentimens  se  con- 
fondçpt  dans  l'amour  de  la  patrie  î 

El  nons  ,  tribuns  ,  livrons-nous  aux  douces 
émotions  que  tant  de  souvenirs  glorieux  et  de  si 
chères  espérances  doivent  nous  faire  éprouver  ! 
Que  ce  palais,  qui  fut  le  berceau  de  la  liberté, 
en  soit  à  jamais  le  sanctuaire  !  Que  les  citpyens 
y  trouvent  toujours  en  nous  les  plus  zélés  défen- 
seurs de  leurs  droits ,  et  que  tous  nos  vœux  , 
toutes  nos  discussions  aient  sans  cesse  pour  objet 
le  bonheur  de  la  nation  ,  et  l'affermissement  de 
la  constitution  de  l'an  8  ,  et  du  gouvernement 
qui  en  émane  !  La  suite  demain. 


que  celles  qui  résultent  de  leurs  talens  et  de  leurs 
vertus  ,  et  d^autre  supériorité  que  celle  qu'il  est 
nécessaire  de  njconnaître  dans  les  magistrats  qu  il 
se  sont  choisis  ? 

Si  toutes  ces  questions  sont  jugées  au  tribunal 
de  la  justice  et  de  la  raison  universelles  ;  s'il  est 
reconnu  que  l'égalité  des  droits  et  la  souveraineté 
du  peuple  sont  les  seules  bases  que  la  raison 
puisse  avouer  dans  toute  réunion  d  hommes  en 
société  ;  si  le  gouvernement  tepréseniatif  dans 
toutes  ses  parties  ,  est  le  plus  analogue  à  ces 
principes,  lorsque  le  peuple  ne  peut  exercer  ses 
droits  par  lui-même;  et  si  notre  organisation 
sociale  ,  fondée  sur  ces  bases  ,  a  été  l'unique 
objet  et  le  résultat  de  la  révolution  ,  quel  est  le 
français  ,  je  ne -dirai  pas  même  éclairé  ,  mais  seu- 
lement ami  de  son  pays  et  de  I  humanité  ,  qui 
pourrait  refuser  d'y  donner  son  assentiment  ,  et 
de  partager  les  douces  émotions  que  nous  rap- 
pelle le  14  juillet  dans  les  circonstances  prospères 
oti  nous  nous  trouvons  ? 

Que  reproche-i-on  aux  amis  de  la  révolution? 
Les  malheurs  et  les  crimes  qui  font  accompagnée  ? 
Ah  !  sans  doute  ils  sont  affreux  ,  et  ils  laisseront 
long-tems  des  souvenirs  dou  oureux"!  Mais,  est- 
ce  bien  à  nous  ,  est-ce  bien  aux  hommes  du  14 
juillet  lySgque  l'on  prétend  imputer  des  malheurs 
qui  furent  presque  tous  l'ouvrage  de  nos  enne- 
mis les  ^lus  cruels  ,  et  dont  nous  fûmes  aussi 
plus  ou  moins  les  victimes  ? 

Les  illustres  martyrs  de  la  liberté ,  les  "Ver- 
gniaud ,  les  Guadet ,  et  leurs  compagnons  d'in- 
fortune, ne  fiirent-ils  pas  immolés  pour,  avoir 
voulu  s"oppqs.er  au  régime' affreux  de  1798  ?  Le 
malheureux  Çamille-Desmoulins ,  celui  qui  ,  le  14 
juillet,  dans  les'rauis  de  celleenceinte, fit  entendre 
le  premier  lêstriâles  accens  de  la  liberté  ,  ne  fut-il 
pas  envoyé  à  lécbafaud  pour  avoir  tenté  de  sou- 
lever l'opinioni  "du  peuple  contre  ces  exécutions 
sanglantes  qui.'jetaient  le  deuil  et  la  consternation 
dans  les  familles  ?  Et  1  estimable  Philippeaux  ne 
périt-il  pas  victime  du  courage  qu'il  avait  mis  à 
dévoiler  les  horreurs  qui  avaient  soulevé  la 
'V^endée  ?  Enfin  ,  ces  prodigalités  qui  ont  réduit 
à  l'indigence  un  si  grand  nombre  de  familles 
respectables  ,  n'avaient-elles  pas  pour  objet  prin- 
cipal de  salarier  les  injures  ,  les  menaces  ,  et  tous 
les    dégoûts    dont   on    ne   cessait    d'accabler   les 


chaque   citoyen    se  montra  jaloux  d'en  affermir  '  hommes  irréprochables  dont  on  préparait  la  perte. 


(  I  )  Latour-d' Auvergne. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agassc  ,  prQpriétaite  du  Moaiteur,  rue  des  Poitevins ,  n"  1-3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


299- 


Konidi  ,  29  messidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   M  O  N  I  T  E  u  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouveniemôni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
rintétietir  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  copsacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

PORTUGAL. 

Lisbonne  ,  le  '2b  juin  (  6  messidor.) 

%J  N  corsaire  de  Bordeaux  a  repris  ,  à  la  vue 
des  forteresses  qui  commandent  l'entrée  de  ce 
port  (  Lisbonne  ) ,  un  navire  espagnol  ,  chargé  de 
iroment ,  dont  s'était  emparé  un  bâtiment  de 
guerre  anglais.  ■' 

Vingt-un  navires  marchands  portugais,  vena"* 
des  Açores ,  sont  arrivés  ici  le  3  de  ce  mois.  S'" 
de  ces  bâtimens  étaient  chargés  de  blé  ,  et  le* 
autres  de  gros  millet  et  de  divers  légumes.  On 
éprouvait,  dans  celte  ville  ,  depuis  près  de  trois 
mois  .une  telle  pénurie  de  froment,  que  la  livre 
de  pain  y  a  valu  constamment  lo  sous,  et  qu'on  a 
été  obligé,  depuis  cinq  semaines ,  d'en  fabriquer 
une  grande  quantité',  où  il  entre  un  tiers  de  ta- 
Tine  de  riz. 

Une  frégate  anglaise  nommée  la  Minerve ,  est 
entrée  le  même  jour  dans  ce  port,  revenant  de 
croisière. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  ii  juillet  ('  2  2  messidor.  ) 

En  attendant  la  décision  de  la  cour  de  Vienne 
sur  la  paix  ou  sur  la  guerre  ,  il  n'est  question  dans 
nos  cercles  poliiiques  que  de  la  neutralité  armée 
du  Nord  de  l'Europe.  On  n'avait  pas  ju^juici 
ajouté  beaucoup  de  foi  à  l'existence  d  un  pareil 
projet  ;  mais  malheureusement  ,  il  n'est  ^iie  trop 
vrai  qu  il  se  foime  une  association  dont  l'objet 
reconnu  est  de  mettre  un  frein  à  l'ambition  de 
l'Angleterre  et  de  l'Autriche  ,  et  conséquera- 
ment  de  favoriser  la  France. 

L'empereur  Paul  a  été  le  premier  à  provoquer 
cette  mesure  ;  le  Danemarck  ei  la  Suéde  ont  eu 
trop  à  souffrir  de  notre  tyrannie  maritime  pour 
ne  pas  concourir  à  l'abaiire  ,  et  s'il  fallait  une 
preuve  de  l'adhésion  de  la  Prusse  ,  de  -la  Saxe 
et  des  autres  princes  allemands  ,  à  ce  plan  , 
nous  la  trouverions  dans  la  conduite  que  ces 
puissances  observent  depuis  quelque  tems.  La 
Porte  ,  aigrie  par  notre  refus  à  acquiescer  au 
traiié  conclu  pour  l'évacuation  de  lEgvpte  ,  peut 
se  joindre  à  la  ligue.  Ainsi,  l'Autriche  et  l'An- 
gleterre auraie\it  ou  sont  menacées  d'avoir  contre 
elle  toute  lEurope,  si  l'on  en  excepte  quelques 
états  d'Lalie  ,  et  notre  très-important  allié  le 
Portugal. — Probablement  l'Autriche  fera  sa  paix  , 
du  moins  son  intérêt  l'exige  ,  et  alors  la  neu- 
tralité armée  aurait  en  vue  la  France  et  l'An- 
gleterre ;  mais  les  liaisons  de  la  Prusse  avec  la 
France  ,  le  changement  survenu  dans  le  système 
politique  du  cabinet  de  Pétersbourg  ,  et  son 
exaspération  contre  l'Angleterre  ,  ne  permettent 
pas  de  douter  que  celle-ci  ne  restât  seule  en 
butte  aux  entreprises   de  la  ligue. 

Le  monopole  exercé  par  notre  commerce  ,  nos 
arrogantes  prétentions  à  la  suprématie  des  mers 
ont  excité  l'envie  et  la  haine  des  autres  états 
maritimes.  Entre  la  formation  d'une  neutralité 
armée  et  une  rupture,  l'intervalle  peut  être  court; 
et  nous  trouverons  lEurope  entière  lii^uée  non 
contre  la  France  ,  pour  y  rétablir  un  trône  ,  mais 
contrel'Angleierre,  pour  enpart^gerle  commerce. 
Dans  cet  état  de  choses  ,  les  flottes  russes,  que 
nos  ministres  ont  si  prudemment  initiées  à  notre 
tactique  navale  ,  soit  à  Sheerness  ,  soit  sur  les 
côtes  bataves  ,  combinées  avec  celles  du  Dan- 
nemarck  ,  de  la  Suéde  ,  de  la  Hollande  ,  dé 
lEspagne  e»  de  la  France  ,  ne  manqueraient  pas 
de  nous  donner  de  la  tablature.  Sans  doute,  nous 
possédons  une  puissante  marine  ;  mais  il  est  des 
dangers  et  des  chances  dans  une  réunion  d'en- 
nemis ,  auxquelles  il  est  difficile  d'échapper.  Nous 
n'avons  aucune  ceriiiudeque  la  ligue  soit  formée; 
nous  savons  simplement  que  le  plan  en  est  fort 
avancé  et  donne  beaucoup  d'inquiétude  à  nos 
ministres.  Nous  en  jugeons,  du  moins  ,  par  l'opi- 
nion du  lord  chancelier  ,  relativement  au  convoi 
suédois  ,  intercepté  par  le  commodore  Lawford , 
et  d'après  l'assistance  de  presque  tousies  ministres 
du  cabinet  et  des  grands  officiers  de  justice  ,  lors- 
que celte  aflaire  ,  qui  serait  le  premier  grief  que 
la  neutralité  armée  aurait  à  alléguer  contre  nous  , 
ï  été  plaidéc  devant  le  conseil  privé.  (Extrait 
du  Morning-Fost ,  du  so  meaidor.  ) 

En  conséquence  de  l'union  avec  l'Irlande  ,  il 


sera  fabriqué  un  autre  grand  sceau  ,  et  le  dessin 
en  a  déjà  éié  même  soumis  à  l'approbaiion  de 
S.  M.  La  couronne  impériale  y  est  substituée  à 
celle  royale  ;  et  les  lleurs-de-lys  ,  dit-on  ,  en  sont 
totalement  exclues.  (Extrait  de  la  même  gazette.) 

Chambre  des  communes.  —  Séance  du  8  juillet  (ig 
messidor.  ) 

Ai.  Tierni)  prévient  la  chambre  que  son  inten- 
tion est  de  présenter,  mardi  prochain,  des  réso- 
)  lutions  à  peu-près  semblables  à  celles  qu'il  a  déjà 
présentées  l'année  précédente.  Il  désirerait  aupa- 
ravant recevoir  quelque  information  par  rapport 
aux  subsides  qui  doivent  être  accordés  daris  le 
cours  de  l'année. 

M.  Pitl.  dit  qu'il  croit  pouvoir  remettre  à  la 
chambre  l'état  des  subsides  lundi  prochain. 

M.Jones.  Je  me  levé  pour  faire  une  motion 
que  j'ai  consenti  à  différer  sur  la  représentaiion 
du  chancelier  de  l'échiquier  et  de  mon  bon  ami 
(M.  Robson).  Je  n'ai  point  voul'i  que  l'on  pût 
m'accuser  de  chercher  à  surprendre  la  chambre. 
Mon  inteniion  est ,  ainsi  que  je  l'ai  annoncé  ven- 
dredi,  de  demander  nia  copie  detinstructions 
données  au  commandant  en  chef  de  fti  flotte  dans 
la  Méditerranée  ,  à  l'effet  de  rompra  la  conven- 
tion conclue  entre  sir  Sidney  Smiin,  le  général 
français  et  le  commandant  de  l'arlnée  ottomane 
pour  l'évacuation  de  1  Egypte,  ii  Amnt  "d'entrer 
en  matière  j'accorderai  à  lord  Keith  le  tribut 
d'éloges  que  sa  conduite  et  ses  talens  méritent. 
Je  lui  rendrai  cet  hommage  d'autant  plus  volon- 
liers,  que  ce  grand  homme  ne  ra«f  paraît  point 
avoir  été  dignement  récompensé.   . 

La  convention  arrêtée  par  sir  Sidney  Smiih 
sert  de  base  à  l'objet  de  ma  motion.  Je  la  consi- 
dère comme  un  acte  diplomatique  de  la  plus 
haute  importance  ,  et  qui  indique  de  la  part  de 
son  auteur  une  profonde  pénétration.  J'ai  lu  dans 
différens  journaux  des  copies  d'une  lettre  en- 
voyée par  lord  Keith  au  général  Kleber,  pour 
l'informer,  qu'en  vertu  de  ses  instruciions ,  il  ne 
pouvait  consentir  à  aucune  capitula::on  ,  à  moins 
que  l'armée  française  ne  se  rendit  j#is6nniere  de 
guerre.  Celle  lettre  serait  une  infraction  de  traité 
envers  la  Porte.  Si  je  m'en  remets  à  l'autotiié  des 
mêmes  journaux ,  le  général  Desaix  maltraité  par 
lord  Keith,  s'est  plaint  d'avoir  éprouvé  moins  de 
bonne  foi  de  la  part  des  anglais  que  de  la  part 
des  mamelouks,  des  arabes  et  des  éthiopiens. Je 
conviens  que  je  n'ai  que  des  documens  incer- 
tains. S  ils  sont  désavoués  par  les  ministres  ,  je 
me  croirai  du  moins  autorisé  à  leur  en  demander 
de  plus  réguliers,  afin  de  constater  toutes  les 
circonstances  de  l'événement  désastreux,  qui  a 
relevé  l'ascendant  des  français  en  Egypte.  Lorsque 
les  pièces  authentiques  seiont  entre  les  mains  de 
la  chambre,  j'aurai  peut-être  des  bases  ceriaitjes 
pour  l'appui  de  propositions  ultérieures. 

M.  Dundas.  L'honorable  membre  se  fonde  sur 
une  fausse  supposition.,  en  posai;ii  pour  fait 
qu'une  convention  ait  été  conclue  entre  ce  pays 
et  le  général  français.  Un  traité  qui  n'a  point 
existé,  n'a  pu  être  enfreint.  Une  négociation  par- 
tielle pouvait  avoir  été  entamée  entre  un  officier 
jubordonné  et  le  général  ennemi  ,  sans  que  des 
instructions  eussent  été  envoyées  pour  une  con- 
vention régulière.  L  Angleterre  n'a  point  été  par- 
tie dans  ce  traité  ,  et  Ion  peut  dire  qu'elle  a  tou- 
jours observé  ses  engageraens  avec  une  bonne 
foi  surabondante.  Lorsque  les  français  envahirent 
l'Esyvie  ,  l'effroi  fut  général.  LEurope  et  lOiient 
tremblèrent.  Nos  possessions  dans  l'Inde  ne  cou' 
raient  pas  moins  de  dangers  que  I  Empire  Otto- 
man. C'est  alors  que  laciiviié  ,  le  courage  hé- 
roïque de  nos  matins  frustrèrent ,  par  la  plus 
brillante  des  victoires,  l'espérance  que  l'ennemi 
s'était  formée  dans  son  entreprise  gigantesque. 
Cette  armée  perfide  doit  servir  d  exemple  ;  l'inté- 
rêt du  genre  humain  demande  sa  destruction. 
Nous  devons  espérer  que  ,  harcelée  sur  tous  les 
points ,  luliaiit  contre  les  maladies  et  l'influence 
du  climat  ,  elle  ne  retournera  point  tranquille  sur 
le  rivage  où  elle  s  embarqua.  Quand  la  nouvelle 
des  premières  négociations  ouverles  entre  le  visir 
et  le  général  français  parvint  dans  ce  pays,  le 
gouvei  ncinenl  ne  jugea  point  qu  il  dût  permettre 
L  I  armée  délivrée  de  venir  tenter  en  Europe 
quelque  autre  invasion.  Peut-être  la  Porte  ,  mé- 
connaissant ses  véritables  intérêts,  s  inquiétait- 
elle  peu  que  les  français  allassent  tourmenter  ses  : 
alliés. 

Le  gouvetnemeot  ignorait  qu'an  officier  anglais  1 


fût  intervenu  dans  le  traité  de  la  part  de  l'Angle-' 
terre.  La  substance  des  instructions  de  lord  Keith 
étant  communiquée  au  général  français  ,  il  s'éta- 
blit enire  lui  et  le  grand-visir  une  correspon-' 
dance.  Celui-ci  ,  pressé  de  prendre  possession' 
du  Caire  ,  refusa  d'écouter  ses  remontrances  i  et 
après  un  intervalle  desix  heures  seulement,  I  armée 
Oitomane  fut  aliaquée  et  défaite.  Je  remarquerai,' 
ajoute  M.  Dundas,  que  jamais  personne  n'avait 
été  autorisé  à  traiter  avec  Kleber  à  d'autres  con- 
ditions qtie  celles  qui  sont  énoncées  dans  la, 
leiire  de  lord  Kciih.  Ce  qui  s'est  passé  avant  cette,' 
transaction  ne  peut  êire  réputé  obligaioire  par  la' 
loi  des  naiions  ;  mais  dès  qu'il  fut  connu  dans  ce 
pays  qu'un  officier  anglais  avait  accordé  protec- 
tion à  l'armée  française,  et  qu'avec  les  moyens 
de  l'écraser  ,  il  avait  bien  voulu  s'interposer  pour' 
sa  déhvrance  ,  le  gouvernement ,  sans  tenir  à  ses 
propres  intérêts  ni  à  ses  opinions  ,  a  etijvoyé  des 
ordres  pour  acquiescer  au  traité  conclu  par  la 
Porte  ,  et  il  est  probable  qu'en  ce  moment  l'armée 
française  recueille  les  ftuits  de  cette  condes- 
cendance. 

M.  Robson.  La  question  se  réduit  à  savoir  si  le 
papier  que  je  liens  dansma  main,supposéqu'ilsoit 
en  effet  la  copie  du  traité  d'El  Arisch  ,  est  obli- 
gatoire ou  non  pour  ce  pays.  S  il  ne  l'est  pas  , 
nous  sommes  en  guerre  avec  nos  alliés.  —  Le  fait 
est  que  ce  traité  a  existé  ,  qu'il  a  été  ensuite  rompu 
lorsqu'on  a  jugé  commode  de  le  rompre  ,  et  que 
la  nature  de  notre  alliance'avec  la  Porte  est  mal 
entendue  ou  peu  respectée.  Mais  cette  conduite 
est  parfaitement  dans  le  sens  de-  ceiie  réponse 
aussi  sage  que  noble  ,  qui  fut  donnée  à  Bona- 
parte ;  —  cette  réponse  par  laquelle  on  a  mieux 
aimé  en  faire  le  pacificateur  de  l'Europe  q  le  de 
suivre  l'avis  de  mon  ami  ,  qui  proposait  pour  ce 
rôle  important  sa  majesté.  Cette  infraction  de 
traité  ressemble  encore  beaucoup  à  ce  qui  s'esÉ 
passé  en  Italie.  Un  fort  refusa  de  se  rendre  au 
roi  de  Naples  ;  il  ne  voulut  capituler  qu'avec  le 
commandant  anglais.  A  sa  reddition  ,  toute  la 
garnison  fut  égorgée  par  les  napolitains. 

M.  NichoUs  croit  inutile  de  produire  les  papier» 
demandés.  11  lui  paraît  constaté  que  les  ministres  < 
instruits  du  traiié  conclu  entre  le  général  Kleber  , 
le  grand-visir  et  sir  Sidney  Smilh,  ont  expédié 
des  ordres  pour  en  empêcher  l  exécution  ,  etque 
lorsqu'ils  en  ont  donné  de  contraires  ,  il  était  trop 
tard.  L'armée  ottomane  était  déjà  défaite,  et  ce 
sont  ainsi  les  ministres  qui  ont  assuré  aux  français 
la  possession  de  1  E'gypte  jusqu'à  la  paix. 

M.  Wilberforce.  Je  ne  déciderai  point  s'il  fut 
prudent  de  la  part  des  ministres  de  donner  à  lord 
Keith  des  instructions  pour  qu'il  s'opposât  à  l'exé- 
cution du  traité.  Leur  détermination  a  pu  dépen- 
dre de  plusieurs  circonstances  qui  ne  nous  sont 
point  connues;  mais  la  réponse  donnée  par  le 
très-honorable  membre  (  M.  Dundas  )  me  paraît 
pleinement  salisfesanie.  C  était  avec  un  extrême 
étonnement  que  j'avais  entendu  prononcer  que 
l'on  pouvait  attribuer  à  la  Giande-Breiagne  une 
infraction  de  traité.  Le  très-honorable  membre  a 
expliqué  de  la  manière  la  plus  claire  que  les  prc^ 
miers  ordres  ont  été  envoyés  avani  que  le  traité 
pût  être  considéré  comme  sanctionné  par  1  An- 
glelerre  ,  et  qu'aussi-iôt  que  le  gouvernement  eut 
connaissance  de  l'accession  de  sir  Sidney  Sraiih 
au  traiié  ,  il  se  détermina  à  le  sanctionner  ,  quoi- 
que cet  officier  eût  outrepassé  ses  pouvoirs.  Le 
gouvernement  n'a  pas  agi  avec  moins  de  sagessâ 
que  de  bonne  foi  ;  car  il  vaut  mieux  sacrifier  dc9 
intérêts  de  circonstance  ,  que  de  porter  atteinte  à 
ces  grands  principes  qui  doivent  être  inviolable» 
parmi  les  naiions.  La  moiion  ne  peut  être  souie- 
nue  sous  le  prétexte  d'une  infraction  de  traité. 
Sous  le  point  de  vue  de  la  politique  ,  la  cham- 
bre ne  pourrait  énoncer  une  opinion  sans  savoir 
quels  renseigiieraens  le  gouvernement  avait  sur 
l'état  des  français  en  Europe  et  en  Egypte  ,  stif 
les  forces  et  les  finances  turques  ,  et  enfin  sur  les 
nôtres.  ■ 

M.  Torke  observe  que  les  honorables  membre» 
du  côié  opposé  ont  pris  pour  base  de  leurs  ar- 
gumens  une  erreur  de  fait  ,  en  supposant  que  IsS 
premiers  ordres  donnés  à  lord  Keiih  ne  lui  avaient 
été  envoyés  qu'après  la  conclusion  du  traité  d  El 
Arisch.  La  comparaison  des  datés. prouve  le  con- 
traire. Le  gouvernement  savai* ,  au  moyen  il«j 
lettres  inlcicepiées  ,  que  liiileniion  de>  irafiçais 
était  de  tromper  les  turcs  par  I  apparence  d'uiiS 
négociation  ,  et  il  a  du  iiaiurelleinent  prcndrj 
des  mesures  pour  faire  avorter  ce  dessein.  «Vialgté 


1206 


la  haute  opinion  que  j'ai  de  sir  Sidney  Sraith  , 
je  ne  puis  approuver  sa  conduite  dans  cette  cir- 
constance. Je  suppose  un  cas  qui  n'est  nullement 
applicable  à  sir  Sidney  Smith  ,  mais  qui  est  pour- 
tant iJans  l'ordre  des  choses  possibles  ;  si  un  offi- 
cier,  placé  comme  lui,  eût,  par  des  moiils 
d'intérêt  personnel  ,  conclu  un  traité  pour  son 
pays,  dirait -on  qu'un  pareil  traité  fût  obliga- 
toire ? 

M.  Hobhouse  convient  que,  dans  celle  occa- 
sion ,  il  serait  injuste  d'accuser  le  gouvernement 
d'avoir  rompu  un  traité  ;  mais  il  aurait  désiré  des 
renseignemens  plus  positifs  pour  connaître  la  né- 
cessité qu'il  y  avaità  envoyer  les  ordres  en  ques- 
tion ,  et  poursavoir  s'ils  n'avaient  pas  été  expédiés 
à  dessein  de  contremander  des  ordres  d'une 
nature  différente  ,  donnés  antérieurement.  D'après 
quelques  articles  du  traité,  il  est  évident  que  les 
turcs  croyaient  que  les  anglais  y  avaient  accédé. 
Ce  point  dem.anderait une  explication;  cependant 
M.  HobliQUse  conseille  à  son  honorable  ami  de 
retirer  sa  motion. 

Sir  William  Pulteney  énoncé  une  opinion  à-peu- 
prés  semblable  à  celle  de  M.  Hobhouse.  Il  désire 
savoir  si  l'usage  entre  alliés  ,  est ,  que  l'une  des 
parties  ,  lorsqu'elle  apprend  que  l'autre  négocie 
un  traité,  lui  fasse  ses  remontrances,  avant  de 
s'adresser  direcleilent  à  l'ennemi. 

M.  Pitt.  La  question  de  l'honorable  baronnet 
pose  sur  une  erreur  de  fait.  En  même  tems  que 
des  ordres  ont  été  expédiés  à  iord  Keiih  ,  des 
instructions  conformes  furent  envoyées  à  lord 
Eigin  ,  le  ministre  de  S.  M.  à  Constantinople. 
Q^jand  à  la  communication  directe  qui  a  été  faite 
à  l'ennemi  ,  c'est  une  preuve  de  la  bonne  foi  , 
de  la  scrupuleuse  délicatesse  du  gouvernement 
britannique.  Cette  démarche  a  prouvé  que  nous 
ne  voulions  pas  prendre  avantage  d'une  circons- 
tance qui  né  pouvait  nous  lier  ,  sans  en  prévenir 
au  moins  l'ennemi  :  —  il  ne  me  sera  pas  plus 
difficile  de  répondre  à  l'honorable  membre  (  M. 
Hobhouse).  Il  semble  croire  qu'il  fût  nécessaire 
d'envoyer  les  ordres  en  question  à  lord  Kfith 
pour  annuller  des  ordres  antérieurs  d'une  nature 
di£Férente.  Je  puis  affirmer  que  jusqu  à  ce  qu'il  lût 
connu  que  les  français  avaient  fait  des  ouvertures 
de  négociation  ,  le'gouvernement  n'avait  donné 
aucune  autorité  ^out  traiter  ,  et  dès  qu'il  eut  con- 
naissance de  cet  événement  ,  il  ne  perdit  pas  un 
ihoment  à  faire  connaître  ses  internions. 

La  question  se  divise  donc  en  deux  points. 
1°.  L'infraction  du  traité  .  dont  il  serait  entiéie- 
menl  superflia  de  vouloir  justifier  le  gouvernement. 
s°.  La  convenance  politique  ,  et  à  cet  égard  ,  la 
chambre  ne  croira  sans  doute  pas  pouvoir  juger, 
sans  avoir  entre  ses  mains  des  documens  ,  qui  ne 
pourraient  être  publiés  sans  inconvéniens.  Mais 
€c  qui  suffit  pour  justifier  le  gouvernemeni,  c  est 
qu'il  est  clair  ,  que  tant  de  milliers  de  français 
agissant  en  Egypte  ,  y  sont  moins  nuisibles  à  la 
cause  commune  qu'ils  ne  le  seraienf  partout  ail- 
leurs. Le  gouvernemeni  a  consenti  au  traité  dès 
qu'il  a  su  qu'un  officier  anglais  y  avait  participé. 
Mais  ce  serait  un  principe  bien  dangereux  s  il 
était  reconnu  qu'un  traité  conclu  par  un  officier 
sans  autorisation  ,  pût  être  obligatoire  pour  le 
gouvernement.  Nul  blâme  ne  peut  être  imputé 
a  un  officier  tel  que  sir  Sidney  Smith  ,  quand 
même  on  croirait  que  la  balance  des  circons- 
tances pouvait  mener  à  un  autre  résultat.  Le  juge- 
aient de  cet  officier  distingué  mérite  assez  de 
déférence  pour  que  je  me  défie  de  ma  propre 
opinion  quand  elle  ne  s  accorde  point  avec  la 
sienne.  Qu  il  ait  agi  sagement  ou  non  ,  sans  doute 
il  a  été  dirigé  par  les  motifs  patriotiques,  qui  ne 
cesseront  jamais  d'animer  l'un  des  esprits  les  plus 
courageux  ,  l'un  des  champions  les  plus  illustres 
de  la  gloire  britannique. 

M.  Jones  consent  à  retirer  sa  motion  ,  mais  il 
prévient  la  chambre  qu'il  demandera  un  jour  tous 
les  papiers  nécessaires  pour  juger  cette  question. 

Le  maître  des  rôles  propose  ,  conformément  à 
l'ordre  du  jour  ,  la  troisième  lecture  du  bill  pour 
empêcher  l'accumulation  des  propriétés  par  dis- 
positions testamentaires. 

M.  Buxton  renouvelle  son  opposition  à  ce  bill. 
Il  ne  croit  nullement  probable  qu'un  individu 
puisse  accumuler  une  fortune  assez  considérable 
pour  devenir  dangereux  à  l'état.  Il  faudrait,  qu'in- 
sensible à  toutes  les  affections  Jiumaines  ,  il  ne  fût 
.dirigé  que  par  une  ambition  sauvage  et  absurde. 
La  loi  proposée  restraint  l'autorité  que  chacun 
possède  sur  sa  propre  fortune  ,  et  tend  ,  par  cela 
même  ,  à  affaiblir  l'amour  de  ia  patrie  et  de  la 
constitution. 

Le  maître  des  rôles  observe  que  les  plus  savans 
jurisconsultes  ,  ont  été  consultés  au  sujet  de  ce 
bill,  mais  il  convient  que  la  chambre  n'est  point 
assez  nombreuse  pour  en  presser  la  troisième  lec- 
ture. —  Elle  est  renvoyée  au  lundi. 

Séance  du  9  juillet  { 20  messidor.  ] 

AT.  Western.  Dans  toutes  les  occurences  diffi- 
ciles, le  devoir  du  parlement  est  de  faire  par- 
venir ses  conseils  à  la  couronne  ,  et  j'espcre  que 
ce  principe  seraifeconnu  sans  obstacle.  Si  nous 


le  suivons  à   tems  ,.  il  jpeut  sauver  l'état   de   la 
ruine  ,  qui   le  menace. 

LoTigtéms  nos  iniêiêls  ont  été  abandonnés  à 
des  mdins  inhabiles.  Il  faut  désormais  suivre  une 
condtiiie  plus  prudente.  Toutes  les  perspectives 
flatteuses  dont  les  mmistresnous  berçaient  se  sont 
évanouies  sans  retour,  mais  loccasion  est  encore 
favorable  pour  obtenir  la  paix.  Saisissons  -  là. 
L'évidence  des  faits  a  été  jugée  nécessaire  pour 
entamer  des  négociations.  Cette  évidence  ,  nous 
l'avons  enfin.  Bonaparte  a  établi  sa  réputation  sur 
d'éclaians  succès.  C  est  avec  un  homme  de  ce  ca- 
ractère que  les  minisires  desiraient  traiter.  Sa 
conduite  a  été  modérée  ,  noble  ,  incomparable- 
ment adrnirable  ,  dans  toute  I  étendue  de  l'ex- 
pression. L'Europe  le  regarde  comme  un  pacifi- 
cateur, Si  nous  ajoutons  à  ces  considérations  que 
l'empereur  de  Russie  ,  jadis  notre  allié  ,  témoij;ne 
aujourd'hui  des  dispositions  hostiles  contre  nous  ; 
qu'il  s'établit  une  neutralité  armée  dans  le  Nord  ; 
que  la  Porte  nous  attribue  peut-être  ses  revers  en 
Egypte  ,  nous  ne  douterons  point  que  les  projets 
des  ministres  n'aient  avorté  ,  et  qu'il  ne  soit  né- 
cessaire d'instituer  un  comité  pour  examiner  l'état 
Oti  se  trouvé  la  nation.  La  guerre  ,  l'énormité  des 
taxes,  la  rareté  des  denrées  nécessitent  également 
cette  mesure.  Le  peuple  anglais  et  les  nations  de 
l'Europe  veulent  la  paix.  Les  désastres  même  de 
nos  alliés  ont  fait  hausser  le  prix  de  nos  fonds  par 
l'espoir  qu'ils  pourraient  conduire  à  la  paix.  Ce 
ne  peut  ê>rè  un  inconvénient  que  les  propositions 
parlent  de  ce  pays.  On  peut  encore  se  servir  des 
motifs  qui  furent  allégués  par  lord  Grenville,  dans 
■la  lettre  qu'il  écrivit  en  1797  au  miriislre  de  la 
guerre  en  France,  après  la  signature  des  prélimi- 
naires de  Leoben.  Les  circonstances  sont  à-peu- 
piès  semblables. 

Je  propose  donc  que  la  chambre  se  forme  en 
comité  généial  ,  pour  examiner  s'il  convient  de 
continuerla  guerre  ,  et  quelle  assistance  nous  pou- 
vons attendra  de  nos  alliés?  Q_uels  sont  les  dan- 
gers à  craindre  des  puissances  du  Nord  ,  si  la 
neutralité  armée  a  lieu  ?  Et  si ,  dans  aucun  cas ,  la 
chambre  doit  continuer  sa  confiance  aux  ministres 
de  S.  M. 

M.  Wilberforce.  Je  ne  puis  approuver  que  l'on 
demande  l'explication  de  la  conduite  des  minis- 
tres ,  sur  des  points  qui  ont  déjà  obtenu  l'assen- 
timent de  la  chambre.  Sans  les  documens  qu  il 
serait  impOlilique  de  publier  ,  l'enquête  proposée 
ne  pourrait  être  que  nuisible  ,  et  linterveniion  de 
la  chambre  dans  les  actes  du  pouvoir  exécutif  , 
n'est  nullement  motivée  par  les  argumens  de  l'ho- 
norable membre.  Ils  ne  peuvent  satisfaire  que  les 
membres  du  côté  opposé.  L  horison  politique 
est  obscur  ;  une  pareille  intervention  ne  l'éclair- 
cirait  pas.  Aucune  opinion  ne  peut  être  mani- 
festée impunément  dans  cette  chambre  ,  et  c'est 
toujours  avec-  la  plus  grande  circonspection  que 
les  honorables  membres  devraient  entamer  un 
•■■jet. 

Nous  ignorons  encore  l'étendue  de  la  perte 
de  notre  allié  ,  les  ressources  disponibles  qui  peu- 
vent lui  rester.  Ce  n'est  point  sur  une  simple  ru- 
meur ,  que  nous  devons  croire  à  l'anéantissement 
de  ses  forces.  Cette  conduite  peu  digne  des  com- 
munes de  la  Grande-Bretagne,  serait  l'aveu  de  la 
supériorité  de  l'ennemi.  Ce  serait  lui  dire  qu'il 
est  irrésistible.  Nos  alliés  auraient,  sujet  d'en  être 
offensés  et  pourraient  rompre  avec  nous. 

Dira-l-onque  cette  motion  n'a  d'autre  but  que 
de  suggérer  aux  ministres  la  nécessité  de  faire  la 
paix  ?  Mais  les  ministres  ont  autant  de  discer- 
nement que  l'honorable  membre.  Ils  ont  suivi 
jusqu'ici  la  politique  la  plus  convenable.  Si  quel- 
que grand  changement  a  eu  lieu  dans  l'Europe  , 
le  gouvernement  s'en  appercevra  ,  n'en  doutons 
point  ;  il  saura  profiter  du  moment  favorable 
pour  faire  une  bonne  paix.  Le  succès  des  armes 
pouvait  seul  donner  à  Bonaparte  cette  solidité 
de  puissance  capable  de  justifier  la  reconnais- 
sance de  ses  prétentions  exhorbitantes.  Sa  posi- 
tion est  certainement  changée  ,  mais  elle  dépen- 
dait du  hasard  des  combats.  C  est  en  retournant 
la  médaille  que  la  conduite  des  ministres  pa- 
raît sous  son  véritable  point  de  vue  ,  noble  et 
prudente. 

M.  Martin  croit  inutile  de  conseiller  les  mi- 
nistres ou  de  les  tenir  responsables.  Ils  sont  sûrs 
de  l'impunité.  Après  ce  qu'il  a  vu  ,1e  seul  mot  de 
responsabilité  lui  fait  mal. 

M.  W.  Smith.  Ce  n'est  que  dans  un  comité  , 
tel  que  le  propose  mon  honorable  ami,  que  la 
question  de  la  guerre  ou  de  la  paix  pourra  se 
discuter  convenablement;  mais  il  n'est  point  dit 
que  ce  coniité  adopterait  des  résolutions  en  fa- 
veur de  la  paix. 

Convaincu  de  l'incapacité  des  ministres  ,  je  dé- 
velopperai ici  les  raisons  sur  lesquelles  je  fOnde 
mon  opinion.  Je  ne  leur  impute  point  le  manejue 
de  succès  seulement.  Notre  histoire  prouve  que 
le  parlement  n'a  jamais  cru  devoir  retirer  sa  con- 
fiance aux  ministres  pour  avoir  échoué  dans  leurs 
entreprises  ,  à  moins  que  ce  ne  fût  par  un  principe 
dont  les  conséquences  pussent  devenir  funestes. 
Je  crois  que  les  ministres  n'ont  si  mal  réussi  dans 
leurs  plans  ,  que  parce  qu'ils  sont  totalement  dé- 


pourvus de  cette  sagacité  nécessaire  à  la  connais- 
sance du  caractère  des  hommes.  Leur  ignorance 
a  été  aussi  profonde  sur  le  caractère  de  ceux 
qui  agissaient  en  commun  avec  nous  ,  que  sur  le 
caractère  de  nos  ennemis.  Ils  ont  igiioré  tes  dis- 
positions du  roi  de  Prusse  ;  ils  ont  continué  à  lui 
payer  des  subsides  malgré  des  avertissemens  ré- 
pétés,,qui  ne  se  sont  que  trop  vérifiés.  Jamais  ils 
n'ont  voulu  croire  que  c'était  un  homme  auquel 
on  ne  pouvait  se'  fier.  Ils  n'ont  pas  mieux  connu 
l'empereur  de  Russie;  on  dit  que,  maigrelet 
belles  professions  de  ce  souverain  ,  il  faut  attri- 
buer sa  défection  au  refus  de  lui  garantir  la  pos- 
session de  Malte.  Des  ministres  clairvoyans  au- 
raientrils  donné  565, 000  liv.  à  l'électeur  de  Ba- 
vière ?  à  un  allié  dont  ils  devaient  sentir  que  \?t 
politi(]ue  serait  d'épier  loccasion  d'abandonner  le 
plus  faible  pour  se  lier  au  plus  fort  ?,  Que  sont 
devenues  toutes  leurs  prédiciions  de  ce  qui  de- 
vait atriver  sur  le  Rhin  ,  en  Iialie  ,  en  Egypte  ? 
Quels  partis  de  royalistes  et  d'émigrés  avons-nous 
trouvés  sur  les  côtes  de  l'ennemi  ?  je  crois  quô 
tous  ceux  qui  ont  vomi  ,  dans  l'enceinte  de 
cette  chambre  ,  des  torrens  d'injuies  conir* 
Bonaparte  .  et  qui  ont  si  mal  apprécie  ses  moyens  , 
voudraient  bien-pouvoir  aujourd  hui  se  rétracter. 
Il  n'est  plus  tems.  Les  ministres  ont  pu  faire  la 
paix.  Ils  ont  négligé  de  prendre  avantage  de 
leur  terrein.  Ils  ont  imité  ces  joueurs  qui  ,  après 
avoir  presque  ruiné  leur  adversaire  ,  hasardent 
tout  sur  un  seul  dé  pour  achever  de  le  dé- 
pouiller. 

Si  je  né  me  trompe ,  un  des  grands  traits  da 
caractete  de  Guillaume  III ,  était  de  savoir  con- 
server l'union  parmi  les  membres  d'une  grande 
confédération  ,  et  diriger  tous  leurs  efforts  vers  le 
même  but.  Les  ministres  n'ont  pas  su  limiter, 
c'est  pour  cela  que  je  voudrais  leur  voir  perdre 
la  confiance  de  la  chambre.  Ils  ont  mal  usé  des  ■ 
pouvoirs  sans  bornes  qui  leur  ont  été  confiés. 
Leur  système  de  finances  tant  vanié  ,  n'a  rien  de 
merveilleux  ni  de  nouveau.  Louis  XIV  en  avait 
donné  I  exemple  par  sesimpôis  du  10'  et  du  ao* 
qu'il  fut  obligé  de  supprimer.  Il  est  facile  de 
lever  les  fonds  dans  I  année  ,  quand  on  surcharge 
le  peuple  de  taxes  oppressives.  —  Quel  emploi 
ont-ils  tairdes  24  raillions  qui  oni  éie  voies  de- 
puis deux  ans  pour  l'armée?  Ils  ont  pourvu  à  la 
défense  du  pays  qui  n  a  point  été  attaqué  ,  et 
effectué   une   expédition   en   Hollande. 

Qu'aurait-on  pensé  en  d'autres  tems  de  mi- 
nistres qui  n'auraient  pas  lié  meilleur  parti  des  im- 
menses moyens  qu'ils  ont  eu  à  leur  disposition? 
Si  du  moins  ,ils  pouvaient  réparer  les  malheur» 
de  la  guerre  par  les  bienfaits  de  la  paix  !  Le  mot 
seul  de  négocier  sera  de  leur  part  l'aveu  qu'ils  sont 
réduits  à  la  dernière  extrémité. 

M.  Smith  termine  en  observant  que  quand  le 
gouvernemeni  recorinaîirait  la  nécessité  d'entrer 
en  négociations  ,'  les  minisires  actuels  n'étaient 
point,  propres  à  les  conduire;  que  la  restitution 
des  colonies  serait  sans  doute  le  l  =  ''ariicle  exioé 
parla  France,  et  que  ia  guerre  présente  se  ter- 
minerait plus'honteusement  que  celle  d'Amérique, 
quoique  le  gouvernement  ne  pût  se  plaindre  d'au- 
cune opposition  ,  qui  en  méritât  le  nom. 

Le  secrétaire  de  la  guerre.  Un  tems  viendra  oii  la 
question  de  la  paix  pourra  être  traitée  plus  con- 
venablement ,  et  alors  je  ne  manquerai  pas  d'ap- 
peler toute  l'attention  de  la  chambre  sur  cet  im- 
portant sujet.  Généralement  parlant  ,  la  paix  doit 
être  considérée  comme  un  bien  ,  et  la  guerre 
comme  un  mal  ;  il  n'en  est  pas  ainsi  daiis  des 
circonstances  pariiculieres  ,  où  les  deux  éiats  ne 
peuvent  devenir  réciproquement  qu  un  objet  de 
comparaison.  Lorsqu  ils  sont  devenus  1  un  et 
l'autre  deux  maux  ,  c'est  à  nous  à  choisir  le 
moindre.  Il  faut  le  dire  :  à  moins  que  la  révo- 
lution ne  soit  déiruite,  ou  que  nous  n'obtenions 
le  rétablissement  de  ce  gouvernement, seul  garant 
de  notre  sécurité  ,  la  paix  ne  peut  jamais  être 
regardée  ,comparaiivemcnt  à  la  guerre,  que  comme 
un  moindre  mal.  Un  grand  changement  a  eu  lieu 
enFrance  ;  d'autres  changemens  semblables  avaient 
eu  lieu  auparavant ,  et  auront  probablement  lieu 
encore.  Si  c'est  là  un  argument  ,  la  chambre  doit  ~ 
toujours  demeurer  en  comité.  Qjioiqu'on  dise  des 
subsides  de  la  Prusse  et  de  l'Autriche  ,  ces  sub- 
sides nous  ont  rendu  de  grands  services  ,  ils  ont 
arrêté  à  plusieurs  reprises  les  dévastations  de  nos 
ennemis.  Ce  qu'un  honorable  membre  vient  de 
dire  de  Malte ,  n'a  pas  plus  de  fondement;  il 
n'a  jamais  été  quesnon  de  notre  part  de  refuser 
ou  d'abandonner  celle  île  ;  la  défection  de  la 
Russie  appartient  à  d'autres  causes.  Ceux  qui 
soutiennent  la  motion  ne  tarissent  point  en  éloges 
sur  le  héros  de  la  France,  et  en  reproches  sur 
les  injures  que  nous  lui  avons  adressées  ,  je  ne 
vois  point  d'injures  dans  la  note  qu'on  accuse 
elle  me  paraît  noble  et  convenable. 

Pour  ce  qui  me  concerne  ,  si  j'avais  à  parler 
de  Bonaparte  ,  je  ne  pourrais  en  parler  que 
comme  d'un  homme  qui  a  désolé  l'Europe  pat 
.  ses  crimes  ;  qui  ,  quand  il  fut  d  abord  en  Italie  , 
se  comporta  de  manière  à  mériter  les  noms  de 
pillard  et  de  brigand.  Sa  conduite  actuelle  ne  dé- 
note qu'une  profonde  politique.  Je  ne  prétends 
pas    lui    coniester    des    ulens    militaires  ;  mais 


1207 


quoiqu'on  puisse  dire  ,  je  n'tn  serais  pas  moins 
étonné  du  ménagement  qu'on  nous  exhorte  à 
avoir  envers  nos  ennemis,  fandis  qu'on  ne  ccssç 
de  maltraiter  nos  amis.  Je  ne  parlerai  pas  seule- 
ment de  la  Prusse  et  dé  la  Russie  :  en  est-il  un 
seul  qui  n'ait  éié  l'objet  dé  leur  humeur?  Les 
honorables  membres  sont  très-éloquens  et  très- 
^rdens  sur  le  sujet  de  la  paix,  comme  si  la  paix 
n'était  pas  un  état  de  mariage  dans  lequel  on 
donne  son  cœur  et  sa  main.  La  paix  peut  être 
désirable,  mais  une  paix  de  fraternité  est  pour 
ftioi  un  objet  d'effroi  ,  tant  je  diffère  de  ceux 
qui  se  montrent  si  pressés  d'un  mariage  avec  la 
chère  réptlblique  française  ,  et  qui  pensent  qu'il 
n'y  â  point  de  bonheur  jusqu'à  ce  que  ce  grand 
événement  soit  accompli.  Il  faut  continuer  ,  et 
attendre  que  le  tems  nous  présente  une  occasion 
d'ouvrir  une  négociation  sur  des  bases  conve- 
nables. N'avonsnous  pas  envoyé  ,  quand  il  l'a 
fallu,  à  Paris  et  à  Lille?  Quand  les  ministres  ont 
vn  quelques  moyens  d'offrir  la  paix  ,  ils  l'ont 
offerte.  Quand  le  lems  viendra  ,  il  faut  croire 
qu'ils  en  feront  de  même.  L'honorable  membre 
■qui  a  parlé  le  dernier  a  rappelé  la  guerre  d'Amé- 
lique.  Je  suis  un  de  ceux  qui  dans  Cette  contes- 
tation furent  pour  les  américains;  ils  étaient  âmes 
yeux  des  sujeis  anglais ,  corabattans  pour  dé- 
fendre des  droits  anglais.  L'honorable  membre 
me  dirait-il  la  cause  anglaise  qui  l'intéresse  dans 
la  cause, des  français? 

M.  Nicholh.  Le  sens  de  la  motion  de  mon 
honorable  ami  me  paraît  avoir  été  mal  entendu  ; 
son  objet  est  de  s'occuper  d'un  danger  mena- 
çant ,  plutôt  que  d'accuser  les  ministres.  J'avais 
ardemment  espéré  qu'à  la  fin  un  des  ministres  de 
S.  M.  voudrait  mettre  fin  à  la  guerre.  Le  bon  sens 
de  deux  d'entre  eux  (  M;  Pitt  et  M.  Dundas  ) 
fesait  toute  ma  confiance.  Il  est  commun  d'attri- 
buer les  malheurs  qui  ont  suivi  la  révolution  à  la 
philosophie  ;  il  ne  faut  les  attribuer  qu'à  la  doc- 
trine proposée  par  M.  Burke  ,  et  implicitement 
adoptée  par  ses  disciples  ;  eux  seuls  nous  par- 
lent de  la  restauration  de  la  noblesse  française  et 
de  son  ancien  régime.  Tel  est  l'objet  de  la 
guerre  selon  1  honorable  secrétaire-d'éiat. J'avais 
espéré  que  ces  senlimens  seraient  désavoués  par 
le  chancelier  de  l'échiquier  et  les  autres  mem- 
bres raisonnables  de  l'administration.  Qu  a  à  faire 
le  peuple  anglais  avec  la  reîtauration  de  la  no- 
blesse française?  elle  ne  ressemble  en  rien  en 
caractère  ou  en  conduite  avec  notre  noblesse 
anglaise.  Les  français  n'ont  plus  actuellement  de 
révolution  à  faire.  Ils  ont  acquis  l'égalité  des 
Conditions,  et  cette  conquête  a  élevé  leur  énergie. 
Que  les  ministres  fassent  attention  que  les  pa- 
roles qu'ils  vont  vrolérer  vont  se  répandre  dans 
toute  lEurope.  Il  faut  croire  qu'ils  désavoueront 
pleinement  et  sans  équivoque  ce  qui  vient  d'être 
dit  par  le  secrétaire  de  la  guerre. 

M.  Windham  dit  en  explication  que  les  senli- 
mens que  Ion  vii-nl  de  lui  attribuer  ne  seront 
pas  seulement  désavoués  par  son  très-honorable 
ami  M.  Pitt ,  mais  encore  par  lui-même  ,  car 
îl  n'a  jamais  proféré  les  expressions  qui  lui  sont 
imputées. 

Sir  Francis  Burdett  Jones  appuie  la  motion  de 
M.  Western  ,  ef  dit  que  la  question  a  été  dé- 
battue,  comme  si  elle  concernait  uniquement  la 
paix  Ou  la  guerre.  Cependant  le  comité  pourrait 
s'occuper  d'autre?  sujets  ;  s'informer  ,  par  exem- 
ple ,  des  causes  qui  ont  fait  tenir  en  prison  ,  pen- 
dant deux  années  consécutives  ,  des  hommes 
arrêtés  comme  suspects. 

M.  Ellison  et  M.  Addington  parlent  contre  la 
tnotion.  —  M.  Hobhouse  la  soutient. 

(Le  reste  de  la  séance  fut  occupé  par  trois  dis- 
cours ,  l'un  du  maître  des  rôles  contre  la  motion  , 
les  autres  de  M.  Sheridan  et  Tierney  à  son  appui. 
L'espace  qui  nous  reste  ne  nous  permet  pas  de 
les  msérer.  Ils  n'ont  pas  été  remarquables  par  la 
nouveauté  des  argumens.  M.  Sheridaadit  en 
substance  qu'il  importait  que  les  communes  d'An- 
gleterre veillassent  avec  soin  aux  affaires  ^dans 
la  circonstance  présente  ;  que  rien  ne  pouvait  les 
dispenser  de  faire  parvenir  leurs  conseils  au  pied 
du  trône  ;  que  si  le  bureau  n'était  pas  couvert 
de  pétitions,  c'éiait  parce  que  le  peuple  n'avait 
plus  la  possibilité  de  se  rassembler.  Il  loua  la 
jnodéraiion  de  Bonaparte  à  Maringo  ,  s'amusa 
à  tourner  en  ridicule  quelques  comparaisons  dont 
M.  'Windham  s'était  servi  ,  et  fesant  ensuite  allu- 
sion à  l'indépendance  de  M.  Addington  ,  il  la 
compara  à  la  vertu  d'une  femme  qui  n'en  fait 
parade  que  pour  être  éprouvée.  —  M.  Tierney 
combattant  princip-ilement  les  argumens  de 
M.  Wilberfotce  ,  regretta  de  voir  que  l'hono- 
lable  membre  se  fût  endormi. — Enfin  ,  la  mo- 
tion mise  aux  voix  à  deux  heures  du  malin  ,  fat 
lejeiée  à  la  majorité  de  143  contre  27.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris,    /<r  28  messidor. 

Le  citoyen  'Valentin  propose  dans  \c  Journal 
de  Taris  de  diriger  les  aérostats  au  moyen  de 
cinq  à  six  aigles  qu'on  au  rail  accoutumés  à  obéi  râla 
voix  de  I  linnime.  Il  croit  qu'il  est  possible  que 
le  vol  de  Dédale  ne  soit  point  une  fable  ,  et  que 


ce  grec  ait  tpyersé  la  mer  oh.  tomba  son  fils  , 
à_  l'aide  du  moye<i  que  le  citoyen  Valentin  in- 
cUque  poui;  conduire  les  ballons. 

■  ~  La,  Gazette  de  France  et  le  Journal  du.  Com- 
merce annoncent  qu'outre  le  corps  de  3o,ooo 
nasses  que  Paul  I"  fesait  rassembler  depuis  deux 
mois  sur  les  frontier,es  de  la  Moldavie,  il  se 
forme  dans  ce  moment  près  de  Kaminiek  un 
autre  corps  d'armée  très-nombreux,  dont  les 
troupes  qui  avaient  combattu  contre  la  France 
feront  partie;  ce  corps  tirera  un  cordon  Sur  la 
frontière  de  Podblie.  Enfin,  une  division  de 
troupes  russes  est  déjà  arrivée  à  Brzeszc  pour 
former  le  noyau  d'une  armée  considérable  qui  va 
être  rassemblée  en  Liihuanie. 

—  Le  3o  messidor  à  midi  ,  il  sera  célébré  dans 
le  temple  de  la  Victoire  (Saint-Sulpice)  une  fête 
à    la    Vérité. 

— ;  La  gazette  de  Véronne  annonce  que  les 
autrichiens  avaient  fait  illuminer  Venise  ,  en  y 
répandant  le  bruit  qu'ils  avaient  gagné  la  bataille 
de  Maringo  ;  mais  lorsqu'on  connut  quels  étaient 
les  véritables  vainqueurs,  les  vénitiens  manifes- 
tèrent une  si  grande  joie  ,  que  beaucoup  d'entre 
eux  furent  arrêtés;  les  prisonniers  cisalpins  et  les 
prisonniers  français  courent  à  Véronne  les  mêmes 
dangers  qu'y  coururent  nos  malades  pendant 
la  première  campagne  d'Italie  ;  ils  ontcoururisque 
d'être  massacrés  par  le  peuple. 

—  On  trouve  dans  un  journal  anglais  ce  ta- 
bleau.des  guerres  qui  ont  eu  lieu  entre  la  France 
et  l'Angleterre  ,  et  du  tems  que  chacune  d'elles 
a  duré  depuis  celle  qui  commença  en  1116  ;  celle- 
ci    dura  a   ans. 

Une  autre  commença  en  1161  et  dura  25  ans. 
Une  en   1141  et  dura     1   an. 

— .—  en  1201  i5  ans. 

en  1224  19 

en  1294  5 

en   1339  21 

en  i368  52 

en  1422  49 

en  1492  un  mois. 

en  i5i2  2  ans. 

en   l5si  6 

, en   1549  ' 

en  155/  2 

en  i562  2 

■  en   1627  2 

en   1666  I 

en   1689     '  10 

en  1702  II 

en  1744  4 

—  — en   1756  7 
en   1778  5 

Et  enfin  la  guerre  actuelle  qui,  a  commencé 
en    1793   et   dure  encore. 

Total  687  ans  ,  pendant  lesquels  il  y  a  eu  242 
ans   de  guerre. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  iî  mesidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances  ,  le  conseil-d'élat  en- 
tendu ,   arrêtent  : 

Art.  P^  Le  costume  des  commissaires  de  la 
comptabilité  nationale  est  réglé  ainsi  qu'il  suit  : 
Habit  de  drap  violet  à  la  française  ,  croisé  ; 
collet  ,  les  poches  ,  les  paremens  et  les  boutons 
brodés  en  soie  ;  veste,  du  dessin  annexé  au  pré- 
sent arrêté  ;  le  reste  de  l'habit  bordé,  d'une  ba- 
guette aussi  en  soie. verte;  veste  ou  gilet,  cu- 
lotte ou  pantalon  blanc  uni  ;  ceinture  tricolore 
avec   franges  pareilles;    chapeau  à  la  française. 

II.  Le  ministres  des  finances  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au  bullerin 
des  lois. 

Le  premier  consul ,  Signé ,  Bohapartë. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  Hi.  B.  Maret. 
Arrêté  du    2 3    messidor. 

Les  consuls  de  la  répciblique  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  justice  ,  le  conseil-d'élat  en- 
tendu ,   arrêtent   : 

Art.  I".  Le  costume  des  officiers  de  paix  de 
la  ville  de  Paris  ,  pour  les  cérémonies  publiques  , 
est  réglé  ainsi  qu  il  suit  ; 

Habit  complet.noir  ,  chapeau  retroussé  parde- 
vant  ,  une  baguette  tricolore  à  la  main  ,  Sur  la- 
quelle seront  écrits  ces  raols  :  officiers  de  paix. 

II.  Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de  l'exé- 
cution   du    présent  arrêté 

Le  premier  consul  ,  Signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  24  nivôse,  an  8. 

Lrs  consuls  de  la  république  ,  le  conseil- 
d'état  entendu  ,  arrêtent  ce  qui  suit  : 

An.  1".  A  daier  de  la  publication  du  présent 
ariétc  la  dénomination  de  générai  ne  sera  plus 
donnée  qu'aux  généraux  en  chef,  aux  généraux 
de  division  et  aux  généraux  de   brigadt.  ■ 


Les  officiers  actuellement  connus  sous  le  nom 
d'adjudans-généraux  seront  à  l'avenir  désignés 
par  celui  d' adjudmis-commandans  ,  et  les  inspec- 
teurs-généraux aux  revues ,  par  celui  d'inspecteurs 
en  chef  aux  revues. 

II  L'uniforme  des  généraux  en  chef,  des 
généraux  de  division  et  des  généraux  de  brigade, 
restera  tel  qu'il  a  été  fixé  par  le  règlement  du 
ministre  de  la  guerre  ,  concernant  les  uniformes 
des  généraux  et  officiers  des  état-majors  des  armées 
de  la  république. 

III.  Les  adjudans-commandans  porteront  le) 
epaulettes  ,  la  dragonne  ,  l'épée  ,  le  ceinfuroa 
et  les  boutons  affectés  aux  adjudans-généraux  par 
le  règlement  préciié  ,  mais  il  n'auront  plus  de 
broderie  sur  l'habit  ;  ils  conserveront  sur  la  veste 
et  sur  le  panialon  la  baguette  dentelée  qui  fesait 
partie  de  la  broderie  de  leur  habit. 

Leur  chapeau  sera  bordé  avec  un  ruban  en 
velours  noir  ;  les  bords  en  seront  rattachés  à  la 
forme  par  sept  gances  en  or. 

Les  adjoints  aux  adjudans-génèrauxne  porteront 
aucune  espèce  de  broderie. 

IV.  Les  officiers  du  corps  du  génie  conserveront^ 
le  fonds  de  l'uniforme  qui  leur  a  èié  précé- 
demment affecté;  mais  sans  galon  ni  broderie- 
Leur  chapeau  sera  bordé  en  soye  noire  ,  et  les 
bords  rattachés  à  la  forme  par  des  ^ancesaussi  en 
soye  noire. 

V.  Les  officiers  reformés  porteront  un  habit 
bleu  national  avec  les  marques  distinctives  de  leur 
grade ,  mais  sans  aucune  espèce  de  galon  ni 
broderie  ;  ils  auront  le  parement  et  le  collet 
cramoisi. 

VI.  Le  corps  des  inspecteurs  aux  revues  con- 
servera le  fond  de  l'uniforme  ,  le  parement  le 
collet  et  les  boutons  qui  lui  ont  élé  donnés  par 
l'arrêté  des  consuls  du  9  pluviôse  dernier,  mais 
il  ne.  portera  ni  epaulettes  ni  broderie. 

Les  inspecteurs  en  chef  aux  revues  seront  dis- 
tingués par  une  dotible  broderie  de  soie  verte  , 
de'  deux  centimètres  de  largeur,  placée  sur  le 
collet  ,  les  paremens  et  la  patte  de  la  poche  de 
i  habit. 

Les   inspecteurs  porteront   sur   le   collet  et  les  • 
paremens  une    double    broderie    de    soie   verte 
semblable  à   celui    des  inspecteurs   en  chef. 

Les  sous  -  inspecteurs  porteront  une  seule 
broderie  de  soye  verte  sur  le  collet  et  les 
paremens. 

Le  ministre  de  la  guerre  déterminera  le  des- 
sin de  la  broderie  attribuée  au  corps  des  inspec- 
teurs aux   revues. 

VII.  Le  corps  des  commissaires  des  guerres  por- 
tera un  habit  bleu  de  ciel  ,  paremens  et  collet 
écarlatte  ,  veste,  culotte  et  doublure  blanche; 
le  bouton  sera  le  même  que  celui  qui  a  été  fixé 
par  le  règlement  du  ministre. 

Les  ordonnateurs  en  chef  porteront  une  double 
broderie  de  soye  blanche  ,  de  deux  centimè- 
tres de  largeur,  placée  sur  le  collet ,  les  paremens 
et  la  patte   de  la  poche   de  l'habit. 

Les  ordonnateurs  des  divbions ,  une  double 
broderie  de  soye  blanche  semblable  à  celle 
des  ordonnateurs  en  chef,  sur  le  collet  et  les 
paremens. 

Les  commissaires  ordinaires,  une  seule  broderie 
de  soye  blaiiche  sur  le  collet  et  les  paremens. 

Les  adjoints  ne  porteront  point  de  broderie. 

Le  ministre  de  la  guerre  déterminera  le  dessin 
des  broderies  attribuées  au  corps  des  commis- 
saires des   guerres. 

VIII.  Le  corps  des  officiers  de  santé  conser- 
vera l'uniforme  qui  lui  a  élé  attribué  par  le  règle- 
riient  du  ministre,  précité;  mais  à  l'avenir  le  drap 
du  fond  de  l'habit  sera  piqué  d'un  seizième  de 
blanc  au  lieu  d'un  trente-deuxième,  sans  aucun 
galon    ni   broderie. 

IX.  Les  officiers. du  train  d'artillerie  ne  por- 
teront point  d'épaulette  ,  ils  seront  distingués 
entr'eux  ainsi  qu'il    suit. 

L'inspecteur  du  train  d'artillerie  à  l'avenir 
portera  un  double  galon  d'argent  de  deux-cen- 
timetre  de  largeur,  ce  galon  sera  placé  sur  les 
paremens  seulement, avec  veste  etpentalon  brodés 
en  argent. 

Les  capitaines  inspecteurs,  un  simple  galon  sur 
les  paremens. 

Les  lieutenans  et  le  quartier-maître,  un  galon 
seul  sur  les  paremens. 

Le  ministre  de  la  guerre  déterminera  le  dessin 
du  galon  affecté  aux  officiers  du  train  d'artillerie 

X.  Les  courriers  des  armées  et  du  gouverne- 
ment ne  porteront  plus  de  galon  en  or  ou  en 
argent ,  mais  ils  pourront  en  porter  en  la'ine  ou 
en  soye  jaunes;  ils  auront  pour  marque  disiinctive 
une  plaque  ou  médaille  d'argent  ,  fixée  sur  la 
poitrine ,  ou  un  médaillon  brodé  en  soie  ou  en 
laine. 

XI.  Le  ministre  de  la  guerre  pourra  affecter 
des  uniformes  particuliers  aux  différentes  admi- 
nistrations militaires  des  armées ,  mais  le  fond 
u'en  sera  ni  bleu  national  ,  ni  bleu  de  ciel  ,  ni 
rouge,  ni  vert,  et  ne  sera  chargé  d'aucun  galon, 
ni  broderie  en  or  ou  en  argent. 

XII.  Les  officiers  généraux  pourront  lortqu'ili 


1208 


ne  serons  pns  de  service,  porter  comme  peut 
uniforme  un  frac  en  drap  bleu  nalipnal;  ils  pour- 
ront faire  placer, la  broderie  ou  g-dcn  de  leur 
içradè'  sur'  le' collet  èl  les  paremens  de  1  habit, 
ou. des  épauleltes  de  chçf  de  brigade  surchargées 
vtu  nombre  d'étoiles  déterminé  pour  leur  grades 
respectifs. 

'  tes  inspecteurs  aux  revues  et  les  commissaires 
des  guerres  pourront  aussi  ,  lorsqu'ils  ne  seront 
pas  de  service  ,  porter  comme  petit  uniforme 
un  frac  bleu  national  .  mais  sans  galon  ni  bro- 
ctei-ié  ni  épaulelfes,'  ils  y  feront  placer  les  bou- 
lons qui  leur  oiu^éle'  attribués  par  le  règlement 
du    ministre.     . 

;',,     Le  premier  consul.  Signé  ,^    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétairt-d'état ,  signe.  H.  B.  Maret. 


Noms  des.  invalides  auxquels  il  a  été  accordé  des 
médailles  le  25  messidor  an  8  ,  savoir  : 

1°.  Pierre  Payen,  né  à  Dijon  ,  départemetit  de 
1r  Côte-d  Or ,  âgé  de  5?  ans.  Il  a  été  blessé  de 
deux  coups  de  feu  au  combat  de  la  Croix-aux- 
Bois,  et  a  reçu  sept  coups  de  sabre  en  sauvant 
son  drapeau  ;  il  a  été  blessé  au  bas  ventre  au 
siège  de  Valenciennes -,  il  a  eu  la  mâchoire  em- 
portée à  l'attaque  de  la  ville  d  Angers  ;  il  s'est 
trouvé  aux  affaires  de  Grandpré,  dejemmappes  , 
de  Liège  et  de  Saint-Tron. 

Il  a  fait  cinq  campagnes  ,  dont  trois  pendant  la 
guerre  actuelle. 

André  Foucault ,  né  à  Paris  ,  âgé  de  Sg  ans.  Il  a 
eu  le  bras  gauche  fracassé  d'un  coup  de  feu  ;  il 
s'est  trouvé  aux  deux  affaires  de  Fleurus. 

Il  a  fait  sept  campagnes  ,  dont  trois  dans  la 
guerre  de  la  liberté. 

Nicolas  I.aury  ,  né  à  Ncsle  ,  déparlement  de  la 
Côte-d'Or,  âgé  de  Sa  ans.  Il  a  eu  les  deux  bras 
coupés  ;  il  s'est  trouvé  aux  affaires  de  Kinzelock  , 
de  Monback,  de  Luxembourg  et  de  Mayence. 

Il  a  fait  trois  campagnes  dans  la  guerre  de  la 
liberté., 

Pierre  Lacassagne  ,  né  à  Poudensac  ,  départe- 
ment de  la  Gironde  ,  âgé  de  sg  ans.  Il  a  eu  les 
deux  bras  coupés  ;  il  s'est  trouvé  à  la  bataille  de 
Fleurus  ,  au  blocus  de  Verdun  ,  à  laffaire  de 
Saarbruck ,  aux  lignes  de  'Weissembourg  ,  et  à  la 
reprise  d'Arlon. 

Il  a  faitttois  campagnes  dans  la  guerre  actuelle. 

Antoine  Petit.,  né  à  Paris,  âgé  de  27  ans.  Il  a 
eu  les  deux  bras  emportés  ;  il  s'est  trouvé  à 
l'aff.iire  de  Moiji^jJiu  siège  de  Naraur  ,  au  blocus 
de  Maestreicht,  Bergues   et  Dunkei'tjue. 

Il  a  fait  six  campagnes  pendant  la  révolution. 


MINISTERE    DE    L'INTERIEUR. 

J  lî  U  X    DU    CHAMP     DE     MARS. 

Les  courses  à  pied  ,  à  cheval  et  en  chars  qui  ne 
purent  être  exécuiéesle  aSjnessidor  présent  mois, 
auront  lieu  décadi  prochain.  Elles  commenceront 
à  cinq  heures  précises. 

Le  préfet  du  département  de  la  Seine  présidera; 
le  préfet  de  police  et  les  deux  mairesles  plus  âgés 
seront  juges  des  jeux. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 
^  Du  28   messidor  an  8. 

Le  ministre  de  la  police  générale  d»  la  répu- 
blique .  ordonne  à  toutes  les  personnes  inscrites 
sur  la  liste  des  émigrés  ,  et  qui  ont  obtenu  des 
surveillances  ou  des  permis  de  résider  à  Paris,  de 
les  faire  enregistrer,  dans  les  trois  jours  de  la 
pubUcation  de  cet  ordre  ,  chez  le  préfet  de  police. 

Les  permis  et  surveillances  qui  ne  seront  pas 
enregistrés  dans  le  délai  prescrit  ,  seront  consi- 
dérés comme  nuls  ,  et  ceux  qui  en  seront  por- 
teurs seront  conduits  aux  frontières  ,  de  brigade 
en  brigade. 


Les  maire  et  adjoints  du  9=  arrondissement ,  aux 
citoyens  des  divisions  de  i Arsenal  ,  la  Cité.,  la 
Fidélité  et  la  Fraternité.  Paris  ,  le  24  messidor  , 
an  8  de  la  république  française. 

Citoyens, 

Le  gouvernement  en  fesant  poser  à  la  mémo- 
rable époque  du  14  juillet ,  la  première  pierre 
d'un  quai  si  long-tems  désiré  par  les  habitans  de 
ce  quartier  ,  donne  une  preuve  nouvelle  de  la 
volonté  qu'il  a  de  diriger  tous  ses  actes  vers  la 
plus  grande  uiiliîc  publique.  Tous  les  français 
doivent  de  la  reconnaissance  et  de  l'amour  à  ceux 
qui  servent  avec  honneur  la  république  ;  nous 
leurs  devons  un  sentiment  particulier  ,  quand  ils 
s'occupent  particulicrement  de  nous. 


Citoyens,  vous  qui,  au '14  juillift  tySg,  avpz 
donné  tant  de  preuves  de  courage  et  de  pati-ioV 
tisme  ,  Vous  ,  qu'aucun  événement  n'a  déiachéS 
de  la  patrie;  à  qui  aucune  souffrance  n'a  fait 
abjurer  là  Jiberié  ,  ouvrez  maintenant  vos  cœurs 
à  une  joie  pure  et  sans  mélange  ;  rien  n'arrêtera 
désoriri-ais  les  hautes  destinées  de  la  lépublique  ; 
elle  a  assez  de  gloire  ;  il  lui  manquait  du  bon- 
heur ,   elle   va  maintenant  en  jouir. 

Les  nuire  et  adjoints  -,  signés.,  A'n.  DuoUESNOY  , 
nïaire;  Phelipon  c(  Peron  ,   adjoints. 

Par  les  maire  et  adjoints  du  g'  arrondissement  , 
Fredin  ,  secrétaire. , 


Nous  sommes  autorisés  à  publier  que  le  citoyen 
Sicard  n'a  aucune  pan  à  1  annonce  qu  on  a  laite 
dans  un  prospectus  publié  relativement  au  réta- 
blissement du  collège  de  Navarre  ..  dans  lequel 
on  le  désigne  comme  un  des  professeurs  de 
morale.  Il  se  croit  obligé  de  prévenir  le  public  , 
qui  a  été  surpris  avec  raison  de  cette  annonce  , 
qu'en  reprenant  ses  importantes  fonctions,  l'ins- 
tituteur des  sourds-mueis  a  renoncé  à  toute  occu- 
pation étrangère  ,  pour  se  coiitncrer  entièrement 
et  sans  aucune  distraction  ,  à  1  éducation  et  à 
l'instruction  de  ses  élevés,  qui  ont  un  droit  ex- 
clusif à  ses  travaux  et  à  1  emploi  de  tout  son 
tems. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Jard-Panvilliers 

Suite  de  la  séance  du  25  messidor. 

Gourlay  célèbre  aussil'anniversairedu  Quatorze- 
Juillet  ;    il     donne   des   regrets  à  la  ménioire  du 
capitaine  Latour  -  d'Auvergne  ,  avec  lequel   une 
ancienne  amitié  l'unissait.  Il  rappelle  tout  ce  qu  on 
connaît  de  ses  talens  et  de  sa  modestie  ,  de  l'élé- 
vation de  son  ame  et  de  son   désintéressement  , 
de  ses  brillans  services  et  de  l'obscurité  dans  la- 
quelle il  aimait  à  se  cacher.   Calmons  ,  mes  col- 
lègues ,  calmons  nos  regrets  ,  dit  Gourlay  en  ter- 
minant;  il  n'est  pas  moit  pour  la  liberté    :    son 
ame  anime  nos  défenseurs  ;  sou  sang  a  coulé  dans 
leurs  veines  ,  il  y   porte  le  feu  sacré  dont  il  était 
embrasé  :  chaque  jour  ils  le  comptent  dans  leurs 
rangs.......   Ses   talens   ,    ses   vertus   trouveront 

pai mi  nous ,  parmi  nos  concitoyens,  des  imita- 
teurs zélés  ;  son  nom  sera  porté  de  bouche  en 
bouche  ,  pendant  que  l'honneur  ,  la  bravoure  , 
l'amour  de  la  liberté  seront  chers  aux  français.-... 
Quelle  garantie  plus  certaine  de  braver  la  durée 
des  siècles  ,  de  passer  à  l'immortalité  ! 

Rûujoux.  Ti'ituns  ,  dans  cette  solemniié  com- 
mémora'.ive  des  premiers  revers  du  despotisme , 
des  premiers  succès  de  la  liberté  ;  au  milieu  de 
cet  appareil  imposant  oii  la  nation  française 
célèbre  dix  années  de  combats  et  de  victoires, 
qu'il  me  soit  permis  de  placer  à  côté  des  héros 
dont  le  sang  a  cimenté  1  édifice  de  notre  indé- 
pendance ,  le  premier  grenadier  de  l'armée ,  le  brave 
Latour-d' Au  vergue. 

Le  cyprès  qui  s'élève  sur  les  bords  du  Pô  a 
étendu  ses  rameaux  lunebres  sur  ceux  du  Danube, 
et,  sous  son  vaste  crêpe  ,  il  embrasse  et  réunit 
les  cendres  de  deux  grands  hommes.  Desaix  , 
Latour  -  d'Auvergne  ont  terminé  leur  illustre 
carrière,  et  reposent  vainqueurs  au  sein  de 
l'immortalité. 

Quelle  foule  de  héros  la  guerre  n'a-t-elle  pas 
déjà  dévorés!  on  dirait  que  la  nature,  prodigue 
envers  la  république  ,  ne  les  laisse  moissonner 
au  champ  des  combats  que  pour  étaler  lorgueil 
de  sa  fécondité.  Dugommier,  Hoche  ,  Dufalga, 
Joubert  ne  sont  plus  ;  mais  Masséna,  Lecourbe, 
Suchet  .  Augereau  ,  Lannes  ,  Sainte-Susanne  leur 
succèdent  ;  et  combien  d'autres  dans  les  rangs  de 
nosbraves,  à  l'école  du  vainqueur  de|Memmingen 
et  d'Hochstet,  se  forment  à  [honneur  et  à  la 
victoire  ,  et  dont  les  noms  seraient  déjà  célèbres , 
si  la  renommée  avait  assez  de  voix,  si  l'histoire 
avait  assez  de  burins,  ! 

Parmi  ces  morts  illustres  ,  objets  de  la  véné- 
ration publique  ,  Laiour-d'Auvergne  a  sa  place 
marquée  par  la  reconnaissance  nationale.  La 
dernière  goutte  du  sang  de  Turenne  ,  répan- 
due par  des  esclaves ,  sera  recueillie  par  des 
mains  libres. 

~  Le  Finistère  a  vu  naitre  Latour-d'Auvergne. 
Il  reçut  le  joiar  dans  la  ville  de  Carhaix  qu'il 
regardait  comme  la  plus  antique  ciié  de  l'Ar- 
morique  ,  et  sur  laquelle  il  a  recueilli  des  mé- 
moires   irès-intéressans. 

Plein  de  franchise  et  de  loyauté  ,  il  avait  le 
caractère  et  le  cœur  de  ces  anciens  bretons  que 
Jules-César  appelait  terribles  à  la  guerre  ,  et  qui 
conservèrent  jusqu  à  nos  jours  le  Sentiment  de  la 
liberté  et  la  fierté  de  leur  antique  indépendance. 
Il  entra  jeune  au  service  mihtàire  et  dans  l'âge 


des  passions,  il  trompa  leurs  brillantes  airiorcyi* 
ien  se  livrant  à  1  étude  d.és  armes  et  à  celle  de' 
lia   philosophie. 

i  Ce  fut  au  service,  de  TEspagne  ,  notre  alliée,,' 
qu'il  essaya  cette  valètir  intrépide  et  ces  talens 
précoces  qui  devaient, se  développer  un  jour  pour 
une  cause  plus  digne  de  son  grand  cœur,  pour 
celle  de   1  indépendance  de  sa  patrie. 

Il  se  fit  distinguer  par  les,  plus  expérimentés 
capitaines  ,  et  le  roj  mit  un  prix  à  ses  .services, 
en  lui  donnant  le  brevet  d'une  pensjoln  de. mille 
écus.  ■  ,         '  , 

Ce  fut  pour  Latour-d'Auvergne  la  première 
occasion  de  signaler  ce  désintéiessement  dont  il 
a  ,  dans  le  cours  de  sa  vie  ,  donné  tant  de  preuves; 
il  refusa  des  bienfaits  qui  l'auraient  inis  dans  la 
dépendance  d  une  cour  étrangère  ;  il  préféra  sa 
liberté  à   la  fortune. 

Je  ne  le  suivrai  point  dans  tous  les  détails  de 
sa  vie  ;  ils  appartiennent  à  l'histoire  ,  qui  le  trou- 
vera constamment  aux  sentiers  de  l'honneur  ; 
mais  je  me  hâte  d'arriver  à  cette  époque  oti  la 
trompette  de  la  liberté  sonna  de  toutes  les  extré- 
mités de   la  France. 

La  révolution  trouva  noire  héros  sous  les  armes  , 
inébranlable  au  poste  du  citoyen  ,  ne  pouvant 
concevoir  qu'on,  pût  1  abandonner  au  moment 
du  danger  ;  et  si  la  liberté  n'eût  pas  de  plus  zélé 
dèfctiseur  ,  la  patrie  ne  conserva  point  d'ami  plus 
fidèle.  ' 

Sans  être  avide  d'aucun  genre  de  gloire  ,  il  ac- 
quit des  droits  à  tous  les  genre  d  estime.  Ses  hauts 
fats  militaires  sont  racontés  par  tous  les  soldats  de 
l'armée,  ses  vertus  civiques  doivent  être  apprises 
à   tous   les    citoyens. 

J'offrirai  donc  moins  à  l'admiration  du  peuple  le 
capitaine  Latour-d'Auvergne  sous  les  rapports  de 
son  intrépide  courage  ,  que  sous  ceux  de  son 
caractère  moral  ,  de  sa  modestie  ,  de  son  désin- 
téressement ,  de  sa  foi  dans  l'amitié  ,  de  sa  géné- 
rosité dans  lii  bienfesance.  Le  courage  ,  disait-il 
lui-même,  est  lélémer^i  de  lame  d  un  français: 
quel  est  le  grenadier  qtji  ne  soit  aussi  brave  que 
celui  qu'on  veut  nommer  te  premier  grenadier  de 
l'armée  ?  Ce  litre  appartient  à  tous  ;  on  n'en  doit 
distinguer  aucun.  11  le  refusa.  Les  regrets  et  l'es- 
time de  ses  compagnoris  d'armes  le  lui  ont  con- 
firmé, et  sa  place  vacante  à  la  tête  de  la  com- 
pagnie qu'il  avait  préférée,  attend  celui  qui  réunira 
tant  de  bravoure  à  tant  de  modestie. 

Celui  qui  parlait  ainsi  des  soldais  de  la  répu- 
blique vivait  fraiernellement  avec  eux  dans  les 
camps  ,  se  nourrissait  des  mêmes  alimens  ,  cou- 
chait comme  eux  sur  la  dure  ,  partageait  leurs 
privations  ,  leurs  fatigues  ,  leurs  périls  ,  donnait 
l'exemple  de  la  discipline  ,  de  la  subordination  , 
du  respect  pour  les  propriétés  ,  de  toutes  les 
vertus  qui  préparent  et  assurent  les  triomphes  , 
et  qui  font  aimer  les   vainqueurs. 

Parlail-il  des  grenadiers  français  ?  c'était  avec 
un  sentiment  mêlé  de  respect  et  d'admiration. 
Raconiait-il  leurs  exploits?  c'était  avec  enthou- 
siasme. Sa  voix  ,  ses  yeux  ,  son  geste  s'ani- 
maient ;  c'était  Homère  peignant  les  combats  des 
géans  ou  des  dieux. 

Rien  n'était  impossible  au  guerrier  qui  trans- 
formait en  héros  tous  les  hommes  qu'il  menait  au 
combat,  et  c'est  ainsi  qu'il  forma  cette  colonne 
infernale,  avant-garde  de  l'armée  des  Pyrénées- 
Occidt  ntales  ,  devant  laquelle  tombèrent  toutes 
les  places  espagnoles  ,  tous  les  bataillons  qui  osè- 
rent tenter  d'arrêter  sa  marche  victorieuse.  La 
maison  crénelée  de  la  Bidassoa  qu'il  enleva  à  la 
bayonnelie  ,  la  forteresse  de  Saint-Sébastien  qu'il 
osa  attaquer  et  prendre  avec  une  poignée  de  bra- 
ves el  une  seule  pièce  de  canon,  sont  des  mo- 
numens   éternels  de  sa   vaillance  et  de  ses  talens. 

En  Helvètie  ,  sur  le  Rhin  ,  sur  le  Danube  ,  l'his- 
toire va  recueillir  mille  traits  dont  mes  crayons 
affaibliraient  le  mérite. 

Il  me  semble  d'ailleurs  être  toujours  en  pré- 
sence de  laustere  pudeur  avec  laquelle  il  impo- 
sait silence  à  ses  amis  mêmes  ,  quand  ils  osaient 
parler  de  ses  faits  militaires  ,  et  j'aime  à  penser 
qu'il  existe,  encore.  Ah  !  sans  doute  il  existe  ; 
la  mort  d'Un  grand  homme  n'est  qu'une  absence. 
Sa  gloire  est  en  dépôt  entre  les  mains  de  la 
nation  ,  ses  actions  sont  présentes  ,  ses  vertus 
parlent  encore. 

Peut-il  cesser  d'être  celui  qui  connut  l'amitié  , 
qui  en  remplit  les  devoirs;  celui  dont  l'ame  géné- 
reuse  se    priva    du   nécessaire    pour   exercer   la 
bienfesance  sarïs  faste,  sans  ostentation  ? 
La  suite  demain. 

Bourse  du  28  messidor.  —  Effets  publics. 

Rente  provisoire 20  tr.  75  c. 

Tiers  consolidé 3i    fr. 

Bons  deux  tiers !    fr.  48  c. 

Bons  d'arréragé 88  ft.  5o  c 

Bons  pour  l'an  8 ....   84  fr. 

Coupures 67  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agassç  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  x'ue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


JV"  3oo. 


Décadi  ,  3o  messidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripreurs ,  qu'à   dater  du  7   nivôse  le  MONITEUR  est    le   seul  journal  officid. 
Il  contient    les    séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  nrts   et  aux  découverres  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ALLEMAGNE.! 

Stutlgard  ,  le  ig messidor. 

JLiE  prinee  héréditaire  de  Wurzach  a  été  derniè- 
rement blessé  dans  son  château  de  Warzach  , 
p-ir  une  patrouille  impériale,  et  si  dangereuse- 
ment qu'il  en  est  mort  5  heures  après. 

Le  roi  de  Suéde  a  été  de  Schone  à  Copenha- 
gue dans  le  jilus  grjrid  iiHOgnito  ;  il  ne  sy  est 
arrêté  que  très-peu  de  tems  ;  et  il  était  déjà  de 
retour  à  la  cour ,  qu'on  savait  à  peine  son  départ. 

Les  ambassadeurs  des  puissances  belligérantes 
se  sont  éloignés  de  Ratisbonne. 

On  dit  que  le  comte  de  Dictrichstein  quitte  le 
quartier-général  de  Kray  ,  pour  se  rendre  en 
Angleterre. 

Le  12  de  ce  mois  a  commencé  à  Vienne  ,  avec 
beaucoup  de  rigueur  ,  une  nouvelle  levée  de 
troupes.  —  Il  se  tient  de  longues  conférences  sur 
les  propositions'  de  paix  ,  riaodérées  ,  faites  par 
Bonaparte.  On  croit  que  ,  malgré  tous  les  efforts 
du  ministère  anglais  ,  la  guerre  ne  durera  pas 
long-tems.  Gobenizel  a  été  rappelé  de  Bade. 
D'autres  nouvelles  de  Vienne  disent  que  les  con- 
ventions faites  entre  Mêlas  et  Benhier  n'ont  pas 
été  agréées,  et  que  l'on  va  envoyer  en  Italie  et 
en  Bavière  les  troupes  qui  sont  encore  dans 
l'intérieur.  Le  comte  de  Lehrbach  est  arrivé  à 
Vienne.  On  dit  qu'il  va  repartir  pour  le  Tyrol. 
Un  courrier  est  parti  pour  Paris  il  y  a  quelques 
jours. 

Le  14  messidor,  le  corps  du  général  Klenau  , 
fort  de  6000  hommes,  avec  la  cavalerie  et  1  ariil- 
lefie  à  cheval ,  est  entré  dans  Ratisbonne.  Le 
même  jour  un  petit  détachement  français  a  péné- 
tré à  Neusiadt  sur  le  Danube. 

Le  l5  ,  le  quartier-général  de  Kray  était  à  Edin- 
^en  ,  d'oià  il  a  été  transféré  à  Pt-rsdorf.  Le  quar- 
•ier-géoéral  du  prince  Ferdinand  était  à  Landshui. 
Les  français  couvrent  une  partie  de  la  route  de 
Batisbonne  à  Nuremberg.  L'électeur  de  Bavière 
est  à  présent  à  Waldsassen.  Le  général  Simbs- 
chon  est  allé  en  Bohême  par  Bamberg.  Le  corps 
de  réserve  qui  se  rassemble  à  Braunau  ,  consis- 
tant en  40  bataillons  et  10,000  chevaux  ,  ne  sera 
pas  sous  les  ordres  du  prince  Charles  ;  c'est  le 
général  Alvinzy  qui  le  commandera.  Les  français 
lèvent  à  Munich  et  aux  environs  des  contribu- 
tions :  mais  ils  se  conduisent  très-bien  et  paient 
tout  comptant. 

Ulm  est  étroitement  cerné.  La  ville  est  assez 
bien  approvisionnée  ,  mais  la  place  n'est  plus 
tenable.  Un  découragement  général  et  la  discorde 
régnent  dans  l'armée.  Le  lieutenant  général  Hugel 
avait  été  accusé  de  négligence,  par  le  général 
Slarray ,  lors  du  passage  du  Rhin  par  les  français  ; 
il  l'a  appelé  en  duel  ,  et  1  ;i  blessé  au  bras  d'un 
coup  de  pistolet.  (Strasb.  WeltboU.  ) 

ANGLETERRE. 

Londres  ^  le  ii  juillet  ("22  messidor.) 

Chambre  des  communes.  —  Suile  de  la  séance  du 
g  juillet  (20  messidor.  I 
M.  Sheridan.  (i)  J'ai  écoulé  avec  une  grande 
attention  les  divers  membres  qui  ont  parlé  sur 
la  motion  proposée  :  un  seul  m'a  paru  aborder 
la  question.  Ces  messieurs  qui  n'ont  pas  voulu 
le  donner  la  peine  de  1  examiner  ;  ceux  que 
l'on  voit  toujours  si  empressés  à  passer  par-dessus 
les  plus  grands  intérêtSN,  comme  par-dessus  les 
droits  les  plus  sacrés,  ont  supposé  deux  objets 
à  cette  motion  :  l'un  la  paix  ,  et  l'autre  le  renvoi 
des  ministres  de  S.  M.  Il  est  triste  de  penser 
que  la  paix  dut  être  un  mot  désagréable  à  la 
chambre    des    communes    du    parlement    d'A.n- 

flcterre.  Mais  que  l'on  ait  fortement  combattu 
idée  de  renvoyer  les  ministres ,  c'est  ce  qui 
n  étonnera  point  ,  pour  peu  que  l'on  sache  com- 
bien d'intéréti  reposent  sur  la  jouissance  des 
places  et  sur  le  paiement  des  pensions. 

(  I  )  Comme  nous  ne  sommes  pas  de  l'avis  du 
Courrier  de  Londres  ,  duquel  était  extrait  les  dé- 
bats que  nous  avons  rapportés  dans  notre  n" 
d'hier ,  et  la  note  qui  les  terminait  ,  sur  le  peu 
d'importance  du  discours  de  M.  Sheridan  ,  nous 
croyons  devoir  faire  partager  à  nos  lecteurs  le 
filaisi.  que  nous  avoQS  éprouvé  nous  mêmes  en 
ie  lisant. 


Maisquel  était  donc  enfin  lebut  de  celtemotion  ? 
elle  se  réduisait  à  ceci  :  que  la  nation  et  1  Europe 
se  trouvant  dans  une  crise  extraordinaire  et  nou- 
velle ,  il  convenait  que  les  représcnta.ns  du  |.)cuple 
anglais  ne  retournassent  pas  vers  leur^  comuiettans 
sans  être -en  état  de  répondre  à  cette-importante 
question  qu'on  ne  m.inquera  pas  de  leur  faire  : 
Quel  est  I  état  des  choses  ?  £n  point  de  fait  ,  la 
motion  diffère  peu  de  celle  que  j  ai  eu  moi-même 
l'honneur  de  faire  il  y  a  quelques  joiars  pour 
demander  une  convocation  générale  de  la  cham- 
bre ;  et  certes  ,  tou:  membre  qui  aime  la  cons- 
titution ,  qui  a  réfléchi  sur  1  fiai  actuel  des  choses  , 
et  qui  connait  un  peu  ^Europe  ,  conviendra  que 
jamais  nous  ne  nous  sommes  trouvés  dans  une 
crise  plus  importante  ;  que  jamais  il  n'y  eut  une 
épocjue  oij  il  fut  plus  nécessaire  de  rassembler 
les  représenians  du  peuple  anglais,  pour  faire 
face  au  danger,  pour  réunir  les  efforts  de  ieur 
courage  pairioiique,  et  présenter  au  trône  une 
ferme  et  respectueuse  adresse  sur  notre  effrayante 
position.  Le  principal  objet  de  la  motion  est 
cependant  de  former  un  comité  dans  lequel  on 
proposerait  de  faire  à  S.  M.  une  adresse,  pour 
la  prier  de  ne  pas  proroger  le  parlement  dans  les 
circonstances  actuelles.  Un  membre  ^  dit  que 
le  salut  du  pays  dépendait  de  la  dj/rossion  ac- 
tuelle. Je  ne  sais  pas  jusqu'à  quel  point  il  est  vrai 
que  le  salut  du  pays  doive  en  être  affecté,  mais 
je  sais  fort  bien  que  l'honneur  de  la  chambre  y 
est  vivement  intéressé.  Nous  demandons  seule- 
ment qu'un  comité  soit  chargé  d'examiner  l'état 
du  pays.  Nous  ne  proposons  pas  de  renvoyer 
des  ministres  ;  nous  ne  demandons  pas  qu'on 
change  ni  les  hommes  ni  les  mesures  ,  mais  que 
tout  ,  excepté  la  nomination  d'un  comité,  reste 
à  la  disposition  entière  du  parlement.  Si  donc  la 
motion  est  rejtttée  ,  on  aura  refusé  de  faire  un 
examen  dont  la  nécessité  est  évidente  ,  et  que 
nous  ne  pouvons  nous  dispenser  d'ordonner,  pour 
peu  que  nous  ayons  à-cœur  Ihonneur  de  la 
chambre. 

Un  des  préopinans  a  dit  que  toutes  les  notions 
que  nous  avions  sur  les  dernières  défaites  ,  étaient 
tirées  des  papiers  de  France.  Je  conviens  que  c'est 
là  où  le  public  les  a  apprises:  mais  que  signifie 
cette  défiance  dédaigneuse  de  la  vérité  des  récits 
faits  en  France  ?  Nul  ne  peut  se  déguiser  les  évé 
nemcns  de  la  campagne.  On  dit  que  nous  atta- 
chons trop  d'importance  à  une  bataille  gagnée  : 
je  conviens  qu'il  n'est  question  que  d'une  vic- 
toire ;  mais  n  est-ce  donc  rien  que  les  résultats 
de  cette  victoire  unique  ,  dont  ces  messieurs 
affectent  de  parler  avec  tant  d  indifFéience  ? 
Savent-ils  ,  ces  messieurs  ,  que  ,  par  cette  victoire  , 
la  France  a  conquis  plus  de  pouvoir  qu'elle  n'en 
avait  jamais  eu  ?  savent-ils  que  ,  par  ses  résultats, 
le  vainqueur  a  plus  acquis  de  territoire  ,  que 
jamais  une  bataille  n'en  avait  fait  icéder  ?  Jamais  , 
depuis  que  l'on  confie  au  hasard  des  armes  le 
destin  des  nations,  tant  et  de.  si  fortes  places 
n'avaient  été  le  prix  d'une  victoire.  Si  le  succès 
qu'a  remporté  notre  ennemi  éblouit  le  commun 
des  hommes  ,  il  confond  la  science  des  plus  ins- 
truits dans  le  métier  de  la  guerre,  et  leur  permet 
à  peine  de  sonder  la  profondeur  de  ces  plans 
dont  l'exécution  a  <:ouvert  de  gloire  celui  qui  les 
avait  conçus. 

Je  ne  crois  pas  que  le  secrétaire  de  la  guerre  , 
(  M. 'Wlndham  )  après  toutes  les  preuves  de  sa- 
gacité qu'il  nous  a  données  ,  puisse  nier  que 
Bonaparte  ne  soii  un  grand  maître  dans  l'an  des 
combats.  La  ligne  occupée  dans  ce  moment  par 
les  autrichiens  ,  et  que  ces  messieurs  vantent 
comme  très-avantageuse  pour  les  alliés  ,  est  pré- 
cisément celle  que  l'ennemi  leur  a  tracée.  Mêlas 
était  battu.  Bonaparte  a  consenti  à  négocier  avec 
lui.  Les  places  les  plus  fortes  de  lllalie  lui  ont  été 
remises.  Le  vainqueur  aurait  pu  user  plus  sévère- 
ment encore  de  ses  avantages  :  il  a  été  assez  ma- 
gnanime pour  ne  le  pas  faite.  —  Il  n'y  a  eu  , 
dit-on,  qu  une  bataille  perdue....  Eh!  n'est-ce 
donc  pas  assez  ?  Attendrons-nous  que  Kray  ait 
été  battu  aussi?  qu  une  seconde,  qu'une  troi- 
sième victoire  rende  les  français  arbitres  du  sort 
de  l'Allemagne  ?  Peut-être  que  les  .nainisires  rji^i 
délibèrent  tioirlement  sur  des  dépêches  officielles , 
dans  l'intérieur  du  cabinet  ,  peuvent  encore 
attendre  :  mais  la  chambre  des  communes  ,  qui 
connaît  la  misère  du  peuple,  a  raison  de  de- 
mander à  1  instant  même  une  enquête  qui  le  mette 
à  même  de  connaître  la  situation  réelle  de  noire 
pays. 

(La  suitt  demain.) 


Du  li  juillet  (■^^  messidor.  ) 

Actions  dé  la  banque  162  ~^.  —  3  pour  l  con- 
solidés 63  j  63.  cxdlv.  Pour  leur  ouverture  64  j 
f.  —  3  pour  5  impériaux  62  i.  Omnium  2  |  g. 

Aucune  des  deux  malles  que  nous  attendions 
d'Hambourg  ,  n'est  encore  arrivée.  Notre  impa- 
tience est  d'au'ant  plus  grande  que  nous  dési- 
rons ardemment  de  savoir  l'effci  que  les  victoires 
des  français  en  Italie  et  sur  le  Rhin  auront  pro- 
duit sur  le  cabinet  de  Vienne. 

M.  Gee  ,  un  des  commissaires  américains  en- 
voyés dans  ce  pays  ,  est  de  retour  des  Etats-Unis  , 
oih  il  était   passé  il  y   a  peu  de  tems. 

Les  bâlimens  de  la  compagnie  attendus  de 
llnde  sont  au  nombre  de  dix.  Ils  completle- 
roiit  le  nombre  de  ceux  qui  devaient  nous  arriver 
dans  cette  saison. 

Il  se  fait,  de  grands  préparatifs  dans  les  jardins 
de  Frogmore  pour  une  fête  que  la  reine  doit 
donner. 

La  chambre  des  communes  a  entendu  dans 
sa  séance  d'hier  (22  messidor  J  un  rapport  qui 
lui  a  été  fait  par  sir  Francis  Burdett ,  sur  la 
prison  de  Cold-Bath-Fields ,  etc.  Ce  ra'pport  a 
donné  lieu,  à  un  assez  long  et  vif  débat  ,  à  là 
suite  duquel  ,  sur  la  motion  de  sir  Burdett  , 
amendée  par  M.  York,  la  chambre  a  ordonné 
que  les  pièces  jointes  au  rapport  seraient  déposées 
sur   la  table. 

La  chambre  avait  décidé  aussi  qu'elle  entendrait 
la  troisième  lecture  du  bill  concernant  la  pro- 
cédure à  suivre  dans  certains  cas  de  haute-trahison, 
et  de  celui  relalil  à  la  détention  des  coupa  es  de 
haute  trahison  ,  atteints  de  folie;  mais  les  membres 
pré.;ens  ayant  été  comptés  sur  la  demande  de 
M.  Nicholls  ,  et  leur  nombre  ne  se  montant  qu'à 
16  ,  les  dedx  lectures  ont  été  ajournées  au  25. 

Le  secrétaire  de  la  guerre  ,  M.  Windham  ,  pro- 
posait que  la  folle  ne  tût  point  un  motif  d'impu- 
nité dans  une  entreprise  sur  la  vie  du  roi.  M.  Ni- 
cholls ,  plus  qu'étonné  d'une  pareille  proposition^) 
soutenait  ,  avec  tous  les  j'uriscanjJJêeSt^fc'iijîf^  ' 
point  de  crime  où  il  n'existe  point  d'irrtention  : 
Actio  nonest  rea  nisi  mens  sit  rea. 

(  Extrait  du  Morning-Chronicle  du  is  juillet , 
BU  s3  messidor,  j 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg,  le  25  messidor. 

Une  partie  de  la  division  de  l'aîle  droite  du 
corps  de  Sainte-Suzanne  est  arrivée  le  ig  au 
soir  ,  sous  Francfort  sur  le  Mein.  Une  colonne 
paraît  se  diriger  de  Sprendlingen  sur  Heisens- 
tamm.  La  division  de  l'aîle  gauche  est  encore 
sur  les  hauteurs  de  Bergen  et  s'étend  jusqu'à 
Hanau.  Le  quartier-général  de  Sainte  -  Suzanne 
était  le  (9  à  Hochst  ;  le  général  Colaud  a  le 
sien  à  'Wartelhurm  ,  sur  la  route  de  Mayence  , 
à  Fr.mcfori.  Un  petit  corps  aux  ordres  du  général 
de  brigade  Lufi,  est  arrivé  à  Oppenheim ,  sur 
le  Rhin. 

L'électeur  de  -Mayence  s'est  retiré  d'Otschaf' 
fenbourg,  et  est  allé  à  Wiàrtzbourg.  Il  parait', 
qu'il  n'a  pas  grande  confiance  dans  la  valeur 
du   corps  d  Albini. 

Il  est  arrivé  à  Schelestat  1,000  prisonniers 
autrichiens;  ils  étaient  suivis  de  j5oo  autres, 
venant  de  Colmar.  On  les  conduit  dans  l'in- 
térieur. (  Extrait  du  Strasburger  Weltbote.) 

>        — : IhÉhIiIWMIIIIiiii  

5  Paris  ,   le  Qg  messidor. 

Le  conseil  de  guerre  permanent  de  la  17^  divi- 
sion militaire  a  acquitté  le  28  messidor,  à  "dix 
heures  du  soir,  le  chef  de  bataillon  FabarS  des 
accusations  intentées  contre  lui. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Du   29  messidor  ,  an  S. 

Bonaparte  ,  premier  consul   de   la   république  ,    au 

sénat-eonservateur. 

Sénateuis  , 

Depuis   deux  ans  la  garnison  de  Malte  résiste 

aux   plus  grandes  privations.  En  prêtant  serraient 

au  pacte   social  ,    les    soldats  de  la   garnison  de 

Malle  ont  juré  de  tenir  jusqu'à  la    dernière   once 

de   pain  ,    et  de   s'ensevelir    sous  les    ruines    de 

cette  inexpugnable   forteresse.  Le  premier  consul 

croit  ne  pouvoir  donner  une  plus  grande  preuve 

de    la    fatisfaction   du    peuple     iian^iiit    àl    de 


1210 


rîtitf  lêt  qu'il  prend  aux  braves  de  la  garnison  de 
Mulie  ,  (ju'en  vous  proposant  le  général  Vau- 
bois  qui  la  commande  ,  pour  une  place  au  sénat- 
Consetvateur. 

En  conséquence  ,  et  conformément  aux  art.  l5 
et  i6  de   l'atie  consiitiuionnel  ,  le  premier  consul 
présente  le   g,éncral   Vaubois  ,   comme    candidat  , 
pour  remplir  une  place  au  sénat-conservaieur. 
Signé ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état-,  signé,  H.  B.  Maret. 

Du  même  jour. 

Ves  consuls  de  la  république  au  ministre  de  la  justice. 

Les  consuls  ont  reçu  ,  citoyen  ministre  ,  lè 
dernier  travail  de  la  commission  des  émigrés  ; 
ils  n'en  ont  pas  été  satisfaits. 

Le  bureau  particulier  que^  vous  aviez  chargé 
de  préparer  le  travail  de  la  commission  ,  a  donné 
l'exemple  de  la  partialité.  La  commission  pro- 
pose à  la  radiation  des  émigrés  qui  nagueres 
portaient  encore  les  armes  contre  la  république. 
Le  gouvernement  est  obligé  de  faire  r^-commen- 
cer  ce  travail. 

Renvoyez  le  citoyen  Lepage  ;  il  a  abusé  de 
votre  confiance.  Présentez  dans  le  courant  de 
la  décade  prochaine  au  gouvernement  un  nou- 
veau projet  pour  la  formation  des  bureaux  de 
Ja  commission.  N'y  comprenez  point  ceux  qui 
composaient  le  premier  bureau  :  ils  n'ont  pas 
la  confiance  publique. 

Composez  votre  bureau  particulier  d'hommes 
justes,  intègres  et  forts.  Q_iiils  soient  bien  con- 
vaincus que  l'inienlion  du  gouverntinenl  n'est 
j)as  de  fermer  la  porte  aux  réclamations  des 
individus  victimes  de  1  incohérence  des  lois  sur 
J  émigration  ,  mais  quil  sera  inexorable  pour 
ceux  qui   ont  été  les  ennemis  de  la  pairie. 

Il  vous  appartient  de  surveiller  l'exécution  des 
lois  ;  ne  présentez  à  la  signature  du  premier 
consul  avcuir  acte  qu  elles  répio  uvent.    . 

Li  premier  consul ,  signé ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul, 

Le  secrétairc-d'état  1  signé,      H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances,  le  conseil-d'élal  en- 
tendu, arrêtent  ce  qui  suit: 

Art.  V.  Toutes  demandes  enrestituiion  ou  in- 
demnité .  soit  des  fruits  et  revenus  échus  des  biens 
séquestrés  jusqu'au  jour  de  la  radiation  définitive 
des  inscriis  ,  s^i^^du  prix  de  la'vente  des  biens 
séquestrés  à  raison  de  linscripiion  des  pro- 
nriéiaires  sur  la  liste  des  émigrés,  ne  peuvent 
être  admises. 

IL  Les  biens  vendus  aniétieurement  à  la  ra- 
diation définitive  des  inscriis,  et  qui  ,  par  défaut 
de  paiement  des  adjutiicaiaires ,  auraient  donné 
ou  donneront  lieu  de  piononcer  leur  déchéance, 
seront  revendus  à  la  foUe-onchere  ,  comme  do- 
maines nationaux. 

IIL  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 

Autre  arrêté  4u  même  jour. 

Lrs  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  police  générale,  le  conseil-d'élat 
eniçndu  ,  arréieni  : 

Art.  1="^.  Tous  les  individus  inscrits  sur  la  liste 
des  émigrés,  qui  n'ont  pas  réclamé  avatit  le  4 
nivôse  .in  S,  et  tous  ceux  dont  les  réclamations 
n'étaient  pas  arrivées  et  enregistrées  au  ministère 
■  de  la  police  générale  au  25  messidor  an  8,  sont 
définitivement  maintenus. 

IL  La  liste  de  ceux  qui  ont  réclamé  ,  et  dont  les 
réclamations  ont  été  enregistrées  aux  termes  de 
l'ariicle  I'"^,  sera  faite  par  ordre  alphabétique  par 
le  pinisire  4^  la  police  générale,  et  remise  aux 
consuls  le  l*^""  thermidor  prochain. 

m.  Le  double  de  cette  fiste  s^-ra  envoyée  par  le 
minisire  de  la  police  à  celui  de  la  justice.  La  com- 
mission établie  par  arrêié  du  7  ventôse  dernier, 
Jie  pourra,  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit. 
procéder  à  l'examen  des  réclamations  ,  sans  s'être 
préalablement  assurée  que  les  individus  réclatJians 
«ont  compris  sur  ladite  liste. 

IV-  Les  projets  d'arrêtés  de  radiation  énonce- 
ront   que  cette  formalité   a  été  remplie. 

V.  Les  ministres  de  la  police  générale  et  de 
la  jusiice  sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le 
concerne,  de  i'exécuiiori  du  présent  arrêté  ,  qui 
«cra  inséré  au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  conrul  ,  Signé.    Bonaparte. 
Par  le    premier   consul  , 
i«  secrciaire-d'Mat ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


Autre  arrêté  du  même  jour. 

Liberté.  Égalité. 

au   roui  du   peuple  français. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république 
française  ,   arrête  : 

Art,  I''.  Il  sera  accordé  un  sabre  d'honne'ir  au 
citoyen  Barbenegre ,  capitaine  des  grenadiers  à 
cheval  de  la  garde  des  consuls. 

IL  II  sera  accordé  des  grenades  d'honneur  aux 
citoyens  : 

Bizet  ,  Numerot ,  Petit ,  brigadiers  d'artillerie  de 
la  garde   des    consuls  ; 

Henry  ,  Marchand  ,  Jaiquinet  ,  eanonniers  de 
première  classe. 

III.  Il  sera  accordé  des  fusils  d'honneur  aux 
citoyens  : 

Mirabel ,  sergent  des  grenadiers  de  la  garde  des 
consuls  ; 

Delgas  ,  sergent-major  ; 
Ri  tel  ,  caporal  ; 
Boucher  ,   sapeur  ; 
Carlin  ,  chasseur  ; 
Augustin    Noël,    grenadier. 

IV.  Il  sera  accordé  des  carabines  d'honneur  aux 
citoyens  : 

Desnoncin,  raaréchal-dcs-logis  des  grenadiers 
à  cheval  ; 

Jeancy  ,  idem. 

Hochar^i,  Blanchet ,  Rousseau  ,  grenadiers; 

Grosselin  ,  Carichc  ,  grenadiers; 

Simon,  Ch.irelle,  brigadiers  des  chasseurs  à 
cheval    de   la    garde  ; 

Legros  ,  maréchal-  de  -logis  ; 

Boutarens^,,    chasseur. 

V.  Il  sera  accordé  des  bag,\iettes  d'honneur  aux 
citoyens  : 

Sellier  ,  Avoine  ,  tambours  des  grenadiers  de 
la  garde. 

VI.  Il  sera  accordé  des  trompettes  d'honneur 
atix    citoyens  : 

Bonnet  ,  Kretely  ,  brigadiers-trompettes  ; 
Norberg  ,    trompette. 

VII.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé. 

Signé  ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'élat,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


MINISTERE     DE     LA    MARINE. 

Copie  d'une  lettre  d'un  négociant  de  Buenos- Aires  , 
à  son  corresp jndant  à  la  Corognc.  Buenos-Aires  , 
t)  avril  iboo. 

Lii  3l  mars  ,  les  frégates  françaises  la  Concorde  , 
la  Médée  ei  la  Franchise  ,  la  première  armée  de 
48  canons  et  5oo  hommes  d'équipage  ,  et  les  deux 
autres  de  40  canons  et  400  hommes  ,  sous  les 
ordres  du  capitaine  Landolphe  ,  mouillèrent  à 
Monte-Video.  Elles  étaient  sorties  de  Rochefort 
le  6  mai  de  l'année  dernière  ;  elles  ont  fait  la 
course  sur  les  côtes  de  Guinée  oià  elles  ont  pris 
plus  de  28  navires  portugais  ,  anglais  et  améri- 
cains :  elles  ont  renvoyé  avec  leurs  équipages 
ceux  qui  étaient  de  peu  de  valeur.  Plusieurs  de 
ces  prises  venaient  de  llnde.  Cette  flot'.ille  a 
saccagé  et  brûlé  divers  établissemens  anglais  et 
portugais  suc  les  cotes  de  Mina  et  de  Guinée  , 
et  conquis  lîle  de  Sainle-Hélene  oii  les  navires 
qui  vont  dans  l'Inde  font  échelle. 

On  dit  que  les  frégates  ont  cherché  à  avoir 
des  nouvelles  d'un  vaisseau  qui  sortit  avec  elles , 
et  qu'on  croit  être  en  croisière  sur  Janeiro.  Le 
cit.  Landolphe  est  porteur  d'une  dépêche  qu'il  n'a 
pas  voulu  remettre  au  gouverneur  ,  et  qu'il  doit 
porter  lui-même  au  vice-roi  ,  par  la  première 
occasion  pour  Buenos-Aires.  On  croit  que  cette 
dépêche  contient  l'ordre  de  permettre  aux  frégates 
la  vente  des  objets  capturés  ,  qu'on  évalue  à  deux 
millions  de  piastres  fortes.  Elles  ont  une  forte 
cargaison.  Une  de  ces  frégates  porte  du  numé- 
raire et  de  la  poudre  d'or. 

Pour  copie  conforme,  signé ,  Billaud  (i). 
Pour  copie,  leministre  delamarine , signé, Forfait. 


M  INI  S  TER  E  DE  L'INTÉRIEUR. 

Course  dans   le  Champ-de-Mars. 

Art.  !"■.  Les  coursés  annoncées  parle  programme 
delà  fête  du  Quatorze-Juillet,  auront  lieu  décadi 
prochain  ,  3o  messidor. 

IL  Elles  seront  présidées  par  le  préfet  de  la 
Çeine. 

m.  Les  juges  des  jeux  sont,  le  préfet  de  police 
et  !cs  deux  plus  âgés  desmaires  de  Paris. 

IV.  A  cinq  heures  précises  ,  les  deux  préfets  et 


les  deux  maires  se  rendront  sur  l'estrade  préparée 
pour  les  recevoir ,  et  les  courses  commenceront  à 
l'instant  où  les  juges  seroni  placés. 

V.  Une  jiariie  de  l'estrade  occupée  par  les  pré- 
fets, est  exclusivement  destinée  aux  fonctionnaires 
publics,  qui  y  seroni  reçus  sur  la  présentation  de 
leurs  médailles  ou  de  leurs  caries. 

VI.  Il  n'est  ,  au  surplus ,  en  rien  dérogé  au  pro- 
gramme qui  a  éié  arrêté  ,   de  I  execuiion  duquel 
les  deux  préfets  sont  respectivement  chargés. 
Leministre  de  l'intérieur,    signé  L.    Bonaparte. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Courses    au    Champ-de-Mars. 
Du  29  messidor  au  8. 

Le  préfet  de  police  ,  vu  que  les  courses  an- 
noncées parle  piogramme  de  la  fête  du  Qiiatorze- 
Juillct,  auront  lieu,  demain  décadi,  3o  messi- 
dor ,  à  cinq  heures  précises  ,  au  Champ-de-Mars, 
et  devant,  par  tous  les  moyens  qui  sont  en  soq 
pouvoir  ,  assurer  l'ordre  et  la  tranquillité  publi- 
que ,    ordonne  ce  qui  suit  : 

Art.  1".  A  compler  de  midi  ,  aucune  voilure 
ne  pourra  circuler  ni  stationner  ,  le  3o  messidor, 
sur  le  bord  de  la  rivier,,-  depuis  le  pont  de  la 
Révolution  jusqu'au  Ch;imp-de-Mars  .  dans  les 
tues  Dominique  et  de  I  Université ,  à  partir  de 
celle  de  Bourgogne  seulemeni ,  jusqu'au  Champ- 
de-Mars  ,  et  dans  toutes  celles  qui  conduisent 
de  'l'esplanade  des  Invalides  au  Champ-de-Mars. 

II.  Les  auioriiés  consdiuées  qui  se  rcndrotit 
au  Champ-de-Mars,  devront  arriver  par  les 
avei.ues  du  dôme  das  Invalides  et  de  1  Ecole- 
Milliaire. 

Les  voitures  des  particuliers  ou  de  louage  ,  ne 
pourront  arriver  au  Champ-de-Mars  que  par  les 
mêmes  avenues  ,  sur  une  seule  file  à  dioiie  ;  elles 
s'en  retourneront  de  suite  par  les  mêmes  avenues, 
sur  une  file  ,  en  suivant  leur  dioile. 

III.  Les  caresses  des  particuliers  qui  attendront 
les  personnes  qu  ils  auront  amenées ,  ne  pourront 
stalionec  ailleurs  que  dans  lune  des  avenues  des 
Invalides  dite  de  ISieteuil,  derrière  le  Dôme,  et 
au  côié  latéral  du  Champ-de-Mars  ,  en  lace  la 
plaine  de  Grenelle  ,  sans  pouvoir  aller  au-devant 
des  personnes  ;  en  conséquence  ils  ne  pourront 
charger  que  sur  place. 

IV.  Il  est  ordonné  à  tous  cochers  de  conduire 
douceraeni  leurs  chevaux  ;  il  leur  est  faltdélcns£S 
de  couper  d'autres  voitures.  Les  maîtres  sont  in- 
vités à  recommander  à  leurs  cochers  d'obéir  exac- 
temenl  à  ces  iiijouciions  et  défenses. 

V.  Le  passage  de  la  rivière  en  bachots  ou  bate- 
lels  ,  ne  pouria  avoir  lieu  ,  ledit  jour  3o  messidor, 
depui^  le  Pont  de  la  Révolution  jusqu'à  la  sortie 
de  Paris  ,  qu'aux  trois  endroits  ordinaires  ;  savoir, 
au  port  des  Invalides  ,  à  Chaillot  et  à  la  barrière  ' 
des  Bons-Hommes. 

Les  adjudicataiies  et  fermiers  de  ces  passages 
d'eau  sont  chargés  de  se  pourvoir  de  bachots 
et  mariniers  en  nombre  suflisant  ,  pour  que  le 
service  de  ces  passages  se  fasse  avec  sûi€té  et 
célérité. 

Le  service  du  passage  devra  cesser  à  la  chuteda 
jour  et  même  plutôt ,  si  le  cas  l'exige  ,  afin  de  pré- 
venir tous  accidens. 

VI.  11  ne  pourra  être  admis  ,  dans  chaque  ba- 
chot ,  plus  de  douze  personnes  ;  il  est  enjoint  aux 
passeurs-d'eau  d'y  tenir  la  main  ,  et  de  désigner 
aux  officiers  de  police  ou  à  la  garde  ,  ceux  qui  , 
par  imprudence  ,  compromettraient  la  sûreté  cLes 
passagers. 

VII.  Les  habitans  seront  tenus  d'arroser  ou  de 
faite  arroser  exactement  au  -  devant  de  leurs 
maisons. 

L'entrepreneur  de  l'arrosement  mettra  ,  de  son 
côté  ,  loiile  l'exactitude  possible  idans  la  partie  du 
même  service  qui  est  à  sa  chargé.  _ 

VIII.  Pour  le  maintien  des  dispositions  ci^ 
dessus  ,  il  sera  placé  dans  les  endroits  désignés  , 
une  force  armée  suffisante. 

IX.  Les  commissaires  de  police  et  les  officier* 
de  paix  tiendront  la  main  à  1  exécution  de  la 
présente  ordonnance  ,  et  feront  leur  rapport  daas 
le  jour  contre  les  contrevenans.  '      , 

X.  Le  général  de  division  commandant  d'armes 
de  la  place  de  Paris  ,  el  le  capitaine  de  la  gendar-    ^ 
merie  nadonale  ,  sont  requis   de   prendre   toutes 
les  mesures  convenables  pour  la  pleine  et  entière 
exécution  des  présentes.. 

Le  préfet  de  police  ,  signé  ,  DuEOls. 
Par   le    préfet  , 

Le  secrétaire-général,  signé,  Pus. 


Du 


(i)  Le  cit.  Billaud  est  commissaire  des  relations 
commerciales  à  la  Gotôgne. 


Le  préfet  de  police  au  rédacteur  du  Moniteur. 
28  messidor  an  8. 

Citoyen  ,  dans  l'article  de  votre  journal  ,  ^du 
jour  relatifà  l'anniversaire  du  Qjiatorze-Juiliet  et 
à  la  fête' de  la  Concorde  ,  en  tendant  compie  de 
la  cérémonie  qui  a  eu  lieu  ,  le  24  ,  pour  la  pose 
,  de  :1a  première  picire  du  quai  Desaix',  vous  dites 
que  le  préfet  de  la  Seine  a  adres;^sé  un  discours  au 
ministre  de  l'intérieur;  mais  vous  avez  sans  doute 
oublié  d'ajouter  qu'il  lui  en  a  été  adressé  cgslt;^ 
ment  un  par  le  préfet  de  police. 


1  21  1 


Je  vous  en  fais  passer  une  copie  ci-joinle  ,  afin 
de  vous  mettre  à  luème  de  réparer  cctie  omission. 

Je  vous  observerai  aussi  que  le  préfet  de  police 
s'est  rendu  directemcni  de  U  prélecture  de  police  , 
avec  son  cortège ,  dans  la  matinée  du  aS  ,  à  l'iiôlel 
de  la  marine. 

Je  ne  vous  présente  ces  observations  qu'afm  de 
vous    meure    à  poiiée    de  pouvoir    rendre    avec 
exactitude  les  détails  d'une  fête  aussi  mémorable 
et  aussi  chère  à  tous  les  amis  de  la  liberté. 
Salut  et  fraternité  , 

Signé ,   Dubois 


Cijoyen  ministre  , 

Il  appartenait  au  frère  du  héros  qui  commandait 
dans  les  plaines  oià  Dcsaix  a  reçu  la  mort,  en 
combattant  pour  la  liberté  du  peuple  français  et 
pour  donner  la  paix  au  monde  ,  de  poser  la 
première  pierre  du  quai  qui  désormais  portera  le 
nom   de  ce  grand  capitaine. 

Le  lieu  où  nous  nous  trouvons  réunis,  fut  le 
berceau  des  premiers  français. 

Lutece  vit  ici  élever  ses  premiers  murs. 

Puissent  sous  vos  auspices  notre  commerce  et 
nos  manufactures  se  relever  bientôt  avec  tout 
l'éclat  que  nous  promettent  les  efforts  constans 
d'un  minisire  qui  s'est  toujours  mohlté  l'ami  des 
arts. 

Depuis  le  i8  brumaire  l'aurore  du  plus  bel 
avenir  luit  pour  la  grande  nation;  le  noin  que 
vous  portez  est  par-tout  le  signal  de  la  liberté  , 
de  la  victoire  ,  du  bonheur  et  de  la  paix. 

Recevez  ,  je  vous  prie  ,  mes  hommages  et  ceux 
dci  commissaires  de  police  et  des  otticiers  de  paix 
qui  coacouient  avec  moi  au  maintien  de  la  sûreté 
Cl  de  la  iranquilliié  publique. 


Du  29  messidor  an  8. 
Ce  n'est  pas  le  préfet  de  police  et  les  deux  plus 
anciens  maires  de  Paris  qui  seront  les  trois  juges 
des  jeux  ,  sous  la  piésidence  du  préfet  du  dépar- 
tement de  la  Seine  ,  mais  les  trois  plus  anciens 
maires  de  Paris.  Le  préfet  du  département  de  la 
Seine  les  présidera  et  distiibuera  les  prix. 

Nous  croyons  convenable  de  publier  l'état 
suivant  des  invalides  auxquels  il  a  été  donné. 
le  25  ,  des  mé.lailles  ,  qui  est  plus  exact  et  plus 
détaillé  que  celui  que  nous  avons  inséré  dans 
le  n"  ggg  de  ce  journal. 

HOTEL  NATIONAL  DES  MILITAIRES  INVALIDES. 

Etat  des  cinq  militaires  invalides  nommes  par  leurs 
Jrcres  d'armes  pour  recevoir^  à  litre  de  récom- 
pense nationale  ,  chacun  une  médaille  qui  doit 
leur  être  donnée  le  jour  de  l'aimiversaire  du 
Quator.e-Juillet. 

LACASSAGiNii  (  Pierre)  ,  capitaine,  natif  de  Pou- 
densac  ,  département  de  la  Glionde  ,  âgé  de 
sg  ans  ,  a  les  deux  bras  coupés  ;  s'est  trouvé  aux 
affaires  de  Fleurus  ,  Saarbruck,  au  blocus  de 
Verdun,  aux  lignes  de  Welssembourg  ,  et  à  la 
^reprise  d'Arion  ;  a  fait  trois  campagnes  pendant 
la  révolution  ;  il  a  été  blessé,  par  un  boulet  de 
canon,  à  l  affaire  de  Fleurus. 

Foucault  (André),  chef  de  bataillon,  natif 
de  Paris  ,  département  de  la  Seine  ,  âgé  de  Sg 
ans  ,  a  eu  le  bras  gauche  fracassé  d  un  coup  de 
feu;  a  fait  sept  campagnes  ,  dont  liois  pour  la 
révolution  ,  et  s'est  iiouvé  aux  deux  batailles  de 
Fleurus .  oii  il  a  été  bltssc. 

Laury  (Nicolas),  capitaine,  natif  de  Ncsie  , 
département  de  la  Côte-d  Or ,  âgé  de  Sa  ans  ,  a  eu 
les  deux  jambes  coupées;  s'est  trouvé  aux  affaires 
de  Kinzeloc  ,  Monback  ,  Luxembourg  et  à  celle 
de  Mayence  où  il  a  été  blessé;  a  fail  trois  cam- 
pagnes dans  la  révolution. 

-  Petit  (  Antoine  ) .  idem,  natif  de  Paris,  dépar- 
tement de  la  Seine,  âgé  de  27  ans;  a  eu  les 
deux  bras  coupés,  s'est  trouvé  aux  batailles  de 
Mons  ,  Estinfort  ,  Namur  ,  au  blocus  de  Maes- 
treichl ,  aux  déblocus  de  Bergue  et  de  Dunkerque  ; 
a  fait  six  campagnes  pendant  la  révolution  ;  a  été 
blessé   d'un  boulet  de    canon  à  Aix-la-Chapelle. 

Payen  '  Pierre  )  ,  chef  de  bataillon  ,  natif  de 
Dijon  ,  département  de  la  Côtc-d  Or  ,  âgé  de  5? 
ans  ,  blessé  de  deux  coups  de  feu  à  1  affaire  de 
la  Croix-aux-Bois  en  Champagne  ;  a  icçu  sept 
ccuyis  de  sable  en  sauvant  son  drapeau  à  la 
retraite  de-  la  Belgique  ;  blessé  au  bas-ventre  par 
une  iralissade  ,  au  siège  de  Valenciennes  ;  a  eu  la 
mâclioiie  «mpoiiée  à  l'aliaquc  de  la  ville  d  An- 
pn.s  ,  et  é  est  irouvé  en  outre  aux  combats  de 
Oiandprc  .  Jcrniuappes,  Liège  et  à  celui  de 
Saint-lionc  ;  a  lait  trois  campagnes  pendant  la 
levolution  ,  cl  deux  pendant  la  guerre  d  Ha- 
novre. 

Ce    iO   messidor  an  S.  ' 

Le  g/néral  comniandant  en  chef  l hôtel  national 

des  mililaires  invalides ,  BiiKRUYER. 
Ladjuitâiil-major  en  chef ,  FAUt:HKR. 

Le  commandant  en  lec-ond  ,   Faivee. 


Au  premier  consul  Bonaparte. 
Citoyen  premier  consul  , 

J'ai  1  honneur  de  vous  présenter  la  description 
abiégée  des  principaux  inoiiuniens  de  la  Haute- 
Eiiypie  ;  elle  est  exiraiie  des  notes  éienducs  que 
j  ai  eciilcs  sur  les  lieux.  J'ai  évlié  ,  autant  que  je 
l'ai  pu  ,  dy  répéter  ce  qu'ont  dit  les  voyageurs 
qui  nous  ont  précédés. 

-  J'y  ai  joint  un  exposé  rapide  des  travaux  de 
la  commission  des  ans.  L'ouvrage  qu'elle  se  pro- 
pose de  meure  au  jour  sous  vos  auspices  ,  don- 
nera de  ce  qu'elle  a  fail  une  plus  juste  idée  que 
le  compte  rendu  le  plus  ciiconsiancié. 

Aucun  voyageur,  avant  nous,  na  parcouru 
l'Egypte  avec  une  sécurité  égale  à  celle  dont  nous 
avons  constamment  joui  ,  et  doiii  nous  vous 
sommes  redevables. 

Le  cours  du  Nil  doit  être  maintenant  aussi  bien 
connu  que  celui  d'aucun  fleuve  de  l'Europe.  La 
position  des  principaux  moiiumens,  des  villes 
actuelles  les  plus  iinporuiiies  ,  a  été  déterminée 
par  des   observaiions  astronomiques. 

A  Pliyice  ,  lieu  présumé  de  la  sépulture  d'Ositis, 
et  deriiicte  borne  de  l'empire  romain  du  côié  de 
rElhiù])ie  ,  nous  avons  gravé  la  longitude  et  la 
latitude  de  cette  île  et  de  la  ville  de  Sienne.  A 
Thebes ,  nous  avons  également  giavé  sur  la  porte 
de  1  ouest  du  palais  de  Carnack  ,  celles  de  douze 
des  plus  anciennes  villes.  Nous  avions  quelque 
saiisfaciion  à  associer,  après  5  ou  Couo  ans  ,  nos 
faibles  observations  à  la  durée  de  ces  iîidcslruc- 
tibles   monumens. 

Nous  avons  campé  pendant  25  jours  sur  les 
ruines  de  celte  ancienne  capitale  de  I  Egypte. 
Ce  séjour,  à  raison  du  nombre  des  membres  de 
la  commission  ,  équivaut  à  celui  d  un  seul  homme 
pendant  deux  ans  ,  et  nous  jouissions  de  l'avan- 
tage d'avoir  un  plus  grand  nombre  d'yeux  ou- 
verts sur  les  mêmes  objets.  Nous  discutions  sur 
les  lieux  les  différentes  opinions  que  lésait  naître 
l'attention  soutenue  donnée  à  l'examen  de  l'ar- 
chlteciuie  des  temples  et  des  palais  ,  de  l'en- 
semble et  des  détails  de  la  sculpture  et  des 
bas-felitfs. 

Suivit  de  la  bibliothèque' portative  qui  m'était 
confiée  ,  nous  comparions  les  descriptions  des 
voyageurs  qui  nous  ont  piécédés  ,  avec  les  mo- 
numens dont  ils  ont  essayé  de  donner  une  idée. 
Nous  avons  vu  avec  chagrin  qu'en  les  louant 
d  une  manière  exagérée  ,  ni  leuis  écrits  ,  ni  leurs 
dessins,  ne  piésentaient  la  juste  mesure  de  lin- 
léiêt  qu  ils  offrent. 

Nprden  n'a  laissé  que  des  vues  inexactes  et  in- 
signifiantes,  des  descriptions  obscures  et  vuides. 
Il  n  était  pas  insiruit  ;  d'un  caractère  timide  ,  il 
visita  lîle  de  Phiice  à  la  lueur  d  une  lanterne. 

Paul  Lucas  est  un  voyageur  aveugle  ,  Xin  exa- 
gérateur  lidicule.  Il  a  pris  ^lour  du  granii  le  grès 
dont  tous  les  temples  de  la  Haute-Egypte  sont 
construits. 

Sicard  ,  plus  sage  ef  plus  exact,  n'a  pas  peii 
contribué  à  éclaircir  ce  que  la  géographie  an- 
cienne de  celle  contrée  offiaii  d'inceirain  cl  d'obs- 
cur. Sous  ce  rapport  ^  il  a  éié  d'un  puissant  se- 
cours   à  notre  compalriole  dAnville. 

Ce  savant  dialingué  a  été  l'objet  continuel  de 
notre  élonnement.  Par  la  seule  force  de  sa  cri- 
iii]ue  ,  il  a  assigné  ,  avec  une  justesse  qui  nous 
confondait  de  surprise  ,  la  position  des  villes 
anciennes  ,  celle  des  villages  ,  et  le  cours  des 
canaux   d  un    pays   qu'il   n'avait  jamais  visité. 

Le  consul  Maillet  ,  Vansleb  et  le  copiste  Sa- 
vary  n'offient  rien  d'utile  ni  de  vrai  dans  leurs 
ouvrages. 

Les  deux  voyageurs  les  nlus  estimables  qui 
aient  écrit  sur  l Egypte  ,  soniGrangcr  et  Pococke. 
Le  premier,  médecin  et  fiançais  ,  visita  ce  pays 
en  1780  :  il  est  à  regretter  que  son  ouvrage 
soit  trop  court;  cet  auteur  est  instruit  ,  judicieux 
et  vrai. 

Le  second  est  le  plus  savant  de  tous.  Ses  des- 
criptions sont  celles  qui  approchent  le  plus  delà 
vérité.  Il  ne  manquait  ni  d'ardeur  ,  ni  de  cons- 
tance. Presque  tout  ce  qu'il  a  écrit  lui-mf-me  est 
bon  ;  les  dessins  qu  il  a  tait  exécuter  par  d  autres  , 
sont  infidèles. 

Qjjoique  nous  paraissions  prononcer  un  peu 
séveicment  sur  ces  écrivains  ,  nous  sommes  fort 
éloignés  cependant  de  ne  pas  leur  tenir  compte 
des  dilficuliés  sans  nombre  quils  ont  dii  éprou- 
ver ,  difficultés  ijuc  nous  avons  à  peine  soup- 
çonnnées  ,  giacc  aux  dispositions  que  vous  a  dic- 
tées la  bienveillance  distinguée  dont  vous  nous 
avez  toujours  honorés. 

Il  est  probable  que  ,  dans  l'introduction  du 
livre  que  la  commission  se  propose  de  publier  , 
on  ne  s'exprimera  pas  aussi  libreuieul  que  je  le 
fais,  sur  les  écrivains  dont  j'ai  eu  l'honneur  de 
vous  entretenir  :  on  ne  les  contrariera  que  par 
1  exposé  des  faits  ;  car  il  me  semble  que  cet  ou- 
vrage doit  être  traité  comme  si  nul  autre  avant 
lui  n'avaii  été  publié  sur  le  même  objc'^t. 

Campés  piès  de  I  emplacenrient  des  monumens  , 
chacun  de  nous  s'est  empare  du  travail  qu'un 
long  exercice  lui  rendait  le  plus  familier.  Des. 
vues  dessinées  par  les  citoyens  Dutertre  ,  Cécile 
et  Balzac  ,  constatent  1  état  présent  des  temples 
ei  des   palais.  Lepète  ,    archiiecie ,  et  plusieurs 


in.i;énieurs  des  ponts  et- chaussées  en  ont  lt;vé 
les  plans  ,  piis  lt■^  elcvaiions  el  les  cwui.Ci  aviic 
une  exaciiiude  iiès-propre  à  en  donner  une  idée 
complelte  et  sniislcsjnic.  Les  bas-reliel's  et  les 
j  peintures  à  liesque  qui  les  décorent  ,  ont  .été  co- 
I  pies  avec  fidéliie  par  les  jeunes  gens  de  la  com- 
mission des  ans  ;  la  topographie  des  villes  an- 
ciennes est  due  aux  ingénieurs  des  ponts  el  chaus- 
sées ei  aux  géographes  je  me  suis  occupé  ,  avec 
les  citoyens  Fourrier  et  Cosiaz  ,  *.es  descriptions 
écrites  qui  doivent  accompagner  les  plans  et  les 
dessins. 

J'ai  l'honneur  de  vous  présenter  maintenant, 
citoyen  premier  consul  ,  les  résultais  ries  opéia- 
lions  qu  ont  faites  les  membres  de  la  commission 
des  arts  ,  et  auxquelles  l'inspection  des  monu- 
mens a  donné  lieu  :  ils  ont  besoin  d'être  confir- 
més par  des  mémoires  étendus  où  l'on  s'attachera 
à  ne  lournir  que  des  preuves  solides  et  incontes- 
tables, en  s'absienant  de  tout  ce  qui  n'est  que 
conjectural  et  systématique. 

Une  colonie  sortie  de  lElhiopie  a  peuplé 
lEgypte;  elle  a  suivi  le  cours  du  fleuve  qui 
l'ariose.  Les  premiers  hommes  qui  s'y  fixèrent 
étaient  Troglodytes,  c'est-à-dire  qu'ils  habitaient  les 
grottes  creusées  dans  les  rochers  par  la  nature  : 
ils  s'établirent  dans  la  partie  la  plus  méridiouals 
de  ce  pays. 

Les  monumens  sont  d'autant  plus  anciens  qu'ils 
sont  plus  voisins  du  Tropique:  à  Phiice,  île  située 
au-delà  de  Sienne  ,  deux  temples  onl  été  détruits  , 
et  de  leurs  matériaux  deux  autres,  encore  sub- 
sistans ,  ont  été  rebâtis.  Ainsi  s'établit,  pour  ainsi 
dire,  une  génération  de  monumens,  et  l'âge  de 
chacun  d'eux  est  triple  de  celui  des  états  les  plus 
vieux  de  lEurope.  i>  Le  tems  ne  manque  poini 
à  la  nature))  a  du  Volney,  dans  une  réfii-xion 
aussi  juste  que  facilement  exprimée;  et  1  inspec- 
tion des  monumens  et  des  phénomènes  naturels 
que  présente  la' Haute-Egypte  ,  confirme  cette 
vérité  :  les  rocs  de  granit  qui  environnent  Sienne 
sont  entièrement  ilélilés ,  et  les  obélisiiues  ,  élevés 
depuis  plus  de  4000  ans  ,  sont  demeurés  insen- 
sibles à  l'action  de  1  air. 

Tous  les  temples  et  les  palais  sont  Lâlis  en 
grès  ;  deux  ou  trois  le  sont  en  pierre  ealcane ,  et , 
excepté  les  obélisques  el  les  colosses  ,  on  trouve 
plus  de  granit  mis  en  œuvre  sur  les  seules  ruines 
d  Alexandrie  et  dans  ses  mosquées,  qu  on  n'en 
peut  rencontrer  du  Caire  aux  Cataractes. 

Les  monumens  n'ont  été  construits  entièrement 
en  granit,  que  lorsque  le  siège  de  la  monarchie 
fut  transporté  à  IMemphis.  Alors  on  dépouilla 
l'Egypte  supérieure  de  tout  ce  qui  pouvait  en 
être  enlevé,  et  on  eniichit  à  ses  dépens  l'infé- 
rieure ;  alors  les  ans  éiant  paivenus  à  un  plus 
haut  dégié  de  perfecdon  ,  on  mit  du  luxe  dans 
le  choix  des  matériaux,  et  le_  temple  dlsis  à 
Bahbeit  fut  construit  en  granit  ,  et  l'on  tira  des 
rochers  d  Elépliantine  ces  blocs  énormes  dont 
on  fit  Jcs chapelles  monolithes  de  Sa'is  et  de  Buios  ; 
leur  poids  était  de  plusieurs  millions.  Les  travaux 
nécessaires  pour  les  séparer  du  rocher,  les  placer 
sur  des  radeaux  ,  les  transporter  à  220  lieues  des 
carrières  d'où  elles  avaient  été  exiraiies  ,  les  tail- 
ler ,  les  creuser ,  les  polir  ,  nous  torcent  à  l'estime 
pour  la  constance  de  ce  peuple  dans  ses  hautes 
entreprises  ;  mieux  dirigée  .  celte  constance  eût 
pu  lui  faire  exécuter  les  plus  grandes  choses. 

L'érection  seule  d'un  obélisque  fait  encore  au- 
jourd'hui la  réputation  d'un  architecte,  et  les 
égyptiens  en  oni  détaché  ,  ébranlé  et  dressé  un 
très-grand  ndmbre.  En  réfléchissant  sur  les  efforts 
qui  conduisaient  à  sa  fin  celte  prodigieuse  opé7 
ration  ,  on  se  pénètre  de  respect  pour  ceux  qui' 
l'entreprenaient  et  l'exécuiaieni,  et  on  a  la  juste 
mesure  des  moyens  physiques  et  moraux  dont  la' 
réunion  leur  était  indispensable.  ' 

Les  monumens  de  l'ancienne  Egypte  attestent 
que  tout ,  dans  ce  pays  ,  a  été  fait  piiur  lès  dieu)t 
et  les  rois.  Cinq  palais  immenses  ,  84  temples  sub-^ 
sisient  encore,  ,et  la  seule  habitadon  de  pai'iicu-, 
lier  qu'on  puisse  y  recoinraître ,  se  démêle  à  tia- 
vers  des  décombres  amoncelés,  qui  en  indiquent' 
faiblement  le  plan. 

Un  temple  ,  chez  les  égyptiens  ,  n'était  autre 
chose  qu  un  grand  livre  ouvert  à  leur  respect  et 
à  leur  adoration.  Aussi  tous  les  lieux  consacrés 
au  culte  sont-ils  revêius  de  tableaux  sacrés  et  de 
maximes  saintes  ,  intérieurement  et  exlérieuie- 
mcnt.  Ces  sujets  se  retrouvent  sous  les  portiques, 
sur  les  colonnes  ,jians  les  salles  basses  ,  sûr  les 
parois  des  escaliers  et  dans  leurs  couloirs.  Ou 'on 
se  reporte  au  tems  où  le  pieux  égyptien  élan  in- 
troduit dans  cette  enceinte.  Les  images  multi- 
pliées de  ses  dieux  I  environnent ,  des  bas-rtiiefs' 
colossaux  les  lui  repiésetitent  par-tout  ;  ses  fois, 
I  explication  saciée  des  mysteies  quil  honore.  Se' 
reproduisent  autour  de  lui  en  raille  endroits.  Des 
couleurs  vives  et  iranchanlcs,  en  décorant  avec 
f<acas  ces  tableaux  ,  contribuent  à  ébranler  son 
imagiiialion  ,  tandis  qu'un  demi-jout  religieux  lé- 
conduu  à  l'adoration  par  la  hayeiir.  ••        "■  '| 

C'est  sous  les  j.oiliques  eu  vestibules  dts  lem-'" 
pies  que  sont  gravés  les  sujets  astronomiques  , 
comme  si  les  inêtres  avaient  voulu  prcpaier  u_a 
respect  pour  la  religion  par  l'esUme  pour  les 
sciences. 


Les  temples  de  Denderah  et  d'Esné  sont  les 
construciions  les  plus  récentes  ,  et  les  zodiaques 
iiiii  en  décorent  les  plafonds,  représentent  Ictat 
du  ciel  à  4.800  ans  de  distance  du  lems  où  nous 
les  voyons.  Quel  peuple  a  jamais  serri  aussi  puis- 
samment l'astronomie  ,  et  lui  a  rendu  un  plus 
solide  hommage  ,  en  conservant  les  résultats  de 
ses  observations  ? 

L'éternelle  durée  des  monumens  ,  tel  est  le  but 
que  se  proposaient  les  égyptiens  en  les  élevant  ; 
et  vingt  temples  subsistent  encore  aussi  bien  con- 
servés que  le  plus  récent  de  nos  bàiimens.  Leur 
solidité  est ,  à  la  vérité  ,  favorisée  par  le  climat  qui 
n'offre  aucune  cause  de  destruction. 

L'Egypte  est  le  berceau  de  l'architecture  ;  les 
monumens  qu'on  y  voit  encore  atteignent  le  but 
principal  que  cet  an  se  propose  :  le  premier  regard 
est'satisfait;  ils  étonnent. 

On  peut  leur  reprocher  la  pesanteur,  mais  elle 
est  liée  à  la  solidité;  et  nous  devons  à  cette  der- 
nière de  revoir  après  six  raille  ans  ces  construc- 
tions gigantesques. 

L'élégance  des  proportions  ,  la  grâce  des  détails , 
la  beauté  ,  Iharmonie  de  l'ensemble  ,  enchantent 
dans  les  ordres  grecs  ;  la  hardiesse  et  la  légèreté 
des  parties  élevées  plaisent  dans  les  édifices  go- 
thiques -,  la  masse  et  la  solidité  imposent  dans  les 
monumens    des  égyptiens. 

,  En  élevant  la  première  colonne  ,  ils  paraissent 
n'avoir  eu  d'autre  but  que  de  dresser  un  calice 
de  lotus  sur  sa  tige.  C'était  un  hommage  rendu  à 
la  plante  qui ,  lors  de  leur  premier  établissement , 
avait  fourni  à  ces  nouveaux  colons^un  aliment 
sain  et  abondant. 

Aucun  voyageur  ,  avant  nous  ,  n'avait  saisi  la 
ressemblance  des  colonnes  égyptiennes  avec  dif- 
férentes productions  de  la  nature  ,  et  cependant 
ceux  qui  les  ont  posées  n'ont  rien  négligé  pour 
en  rendre  limitation  parfaite.  A  la  base  de  la  co- 
lonne ,  ils  ont  gravé  circulairement  les  feuilles  de 
la  nymphéa;  ils  ont  donné  à  la  partie  du  tût  la  plus 
voisine  du  chapiteau,  la  forme  d'un  faisceau  de 
tiges   de  lotus. 

Ils  ont  ensuite  étendu  cette  imitation  à  d'autres 
productions  du  règne  végétal ,  et  ils  ont  représenté 
le  boulon  de  la  même  plante  ,  la  tête  du  datier, 
et  ,  parmi  les  orneinens  de  dix  chapiteaux  ditté- 
Tens  .  ils  ont  dessiné  les  branches  du  palmier  doûm 
et.  les  fleurs  du  nelumbo. 

Il  est  facile  d  appercevoir  des  points  de  con- 
formité entre  l'aichitecture  des  égyptiens  et  celle 
des  grecs.  Ceux-ci  paraissent  avoir  d'abord  reçu 
et  adopté,  sans  aucune  espèce  de  changement, 
les  colonnes  élevées  sur  les  bords  du  Nd.  Bientôt 
en  les  perfectionnant ,  ils  se  les  sont  appropriées  à 
force  de  grâces  ,   de  goût  et  de  talent. 

Le  plan  de  leurs  temp'es  les  plus  élégans  est 
également  imité  de  celui  des  petits  temples  péryp- 
teres  égyptiens. 

Ainsi  pourrait  se  détruire  la  fable  ingénieuse 
de  Vitruve  qui  attribue  l'origine  de  l'architec- 
ture à  l'imitation  des  cabanes  en  bois  qu'ont 
habitées  les  premiers  peuples  de  la  Grèce.  Leurs 
descendans ,  jaloux  de  s'emparer  de  toute  espèce 
de  découverte  ,  n'ont  rien  laissé  échapper  qui 
pût  faire  reconnaître  leurs  obligations  envers  les 
égyptiens  dans  cet  art.  Sans  désigner  aucunes 
de  celles  qu'ils  avaient  contractées  en  grand 
nombre  avec  eux,  ils  les  ont  loués  générale- 
ment et  vaguement  d'une  sagesse  qu'on  a  depuis 
essayé  de  révoquer  en  doute. 

Le  goût  égyptien  différait  de  celui  des  grecs 
et  du  nôtre  en  ce  qu'ils  se  plaisaient  à  rappro- 
cher des  masses  que  nous  isolerions  soigneuse- 
iKent.  A  Luxor ,  dans  un  espace  de  trente  pieds  , 
on  voit  deiix  obélisques  de  92  pieds  de  hauteur, 
derrière  deux  colosses  de  35  pieds  de  propor- 
tion ,  et  plus  loin  deux  môles  de  55  pieds  d'élé- 
vation. Personne  ne  résiste  à  l'impression  de  gran- 
deur que  produit   1  accumulation  de  ces  masses. 

Si  le  premier  aspect  d'un  temple  opère  sur 
l'esprit  un  vif  élonnement ,  les  tableaux  qui  en 
décorent  la  surface  dans  toutes  ses  pardes  , 
prolongent  cette  surprise  et  l'étendent.  Tous 
sont  relatifs  au  culte  des  dieux  de  l'Egypte  : 
ils  représentent  des  offrandes  ,  des  sacrifices,  des 
..sujets  qui  appartiennent  à  l'astronomie  et  à  l'agti- 
culture.  Nous  y  avons  reconnu  plusieurs  divi- 
nités dont  on  n'avait  fait  que  soupçonner  l'exis- 
tence ,  et  plusieurs  autres  dont  1  histoire  ne  nous 
avait  conservé  aucun  souvenir. 

Le  dessin  des  bas-reliefs  a  ses  incorrections  , 
comme  les  détails  de  l'architecture  ont  leurs  dé- 
fauts. On  peut  appliquer  à  l'un  et  à  1  autre  ce 
que  'Winck.elmann  ,a.  dit  à  l'occasion  du  pre- 
riiier  :  Cl  Les  égyptiens  oui  sacrifié  à  toutes  les 
divinités,  excepte  aux  .grâces,  d 

Les~ornemens  sont  bizarres  dans  l'invention 
qui  ne  peut  à  la  vérité  se  rapporter  qu  à  la 
religion  ,  et  lourds  dans  l'exécution  :  ils  n  offrent 
point  de  repos  à  1  œil.  Le  dessin  des  figures 
tfhonnmes  est  quelquefois  maussade  ,  celui  des 
animaust  approche  souvent  de  la  perfection, 
La  suite  demain. 


T      R     I      B      U      N     A     T. 

Présidence  deJard-Panvillien. 

SUITE    DE    LA     SÉANCE    DU     sS    MESSIDOR. 

Suite  du  discours  de  RoujouH. 

On  n'oubhera  jamais  que  Latoar-d'Auvergne  , 
après  la  campagne  des  Pyrénées  ,  consacrant  ses 
loisirs  à  son  goût  pour  les  lettres  ,   mettait  la  der- 

I  nicre  main  à   ses  œuvres    des   Origines   gauloises. 

;  Bientôt  le  fils  aîné  de  son  ami  Lebri^ant  est  appelé 
dans  les  cadres  de  la  réquisition.  C'est  le  soutien 
d'un  homme  de  lettres  ,  d'un  vieillard  vénérable, 
père  d'une  très-nombreuse  famille;  elle  ne  sera 
point  privée  de  ce  secours  nécessaire.  Latour- 
d'Auvergne  ressaisit  ses  armes  ,  et  celui  qui  com- 
mandait nagueres  la  colonne  infernale  ,  marche 
avec  la  même  modestie  ou  plutôt  avec  la  même 
fierté  ,  comme  remplaçant  ,  dans  une  compagnie 
de  réquisiiionnaires.  Que  de  sentiment  !  que  de 
philosophie  !  que  de  vertuî  dans  ce  seul  trait 
qui  renferme  toute  la  vie  d'un  héros  républi- 
cain ! 

Non  ,  il  ne  peut  cesser  d'être .  celui  qui ,  comme 
Epaminondas  n'avait  qu'un  manteau,  et  dont  les 
mœurs  simples  et  frus^ales  repoussèrent  tous  les 
dons  de  la  fortune.~On  sait  qu'il  porta  ce  désin- 
téressement jusqu  à  refuser  les  bienfaits  de  sa  fa- 
mille. Six  ou  huit  cent  francs  de  revenu  lui  suffi- 
saient; c  est  beaucoup  ,  disait-il,  pour  un  gre- 
nadier sous  les  armes  ;  c'est  assez  pour  un  homme 
qui  ne  s'est  pas  fait  de  besoins  dans  sa  retraite. 
Cependant  celle  faible  ressource  lui  manqua. sou- 
vent ,  et  ses  plus  intimes  amis  ne  purent  jamais 
obtenir  d'y  suppléer. 

Si  ,  dans  d'autres  tems  ,  sa  bourse  renferma 
quelques  épargnes  ,  ce  fut  pour  s'ouviir  au  mal- 
heur avec  cette  générosité  délicate  qui  honore 
la  main  qui  donne  .  sans  humilier  celle  qui  reçoit. 
Ses  dispositions  testamentaires  attestent  sa  bien- 
fcsance. 

Non  ,  il  ne  peut  cesser  d'être  ,  celui  que  la- 
raitié  unissait  à  Moreau.  Nés  dans  le  même  dé- 
partement ,  rivaux  en  sévérité  de  mœurs  ,  en  dé- 
sintéressement ,  doués  de  la  même  franchise  ,  de 
la  même  loyauté  ,  également  inlicpides  ,  égale- 
ment dévoués,  soit  à  la  tête  des  armées,  soit 
dans  les  rangs  des  braves  ,  la  confiance  avait 
serré  des  nœuds  que  l'estime  avait  préparés.  Mo- 
reau jugeait  le  premiergrenadier  de  I  armée  digne 
d  en  être  le  général;  Latour-d'Auvergne  jugeait 
le  général  digne  dêtre  le  premier  grenadier  de 
1  année  ;  exemple  sublime  de  la  modestie,  du 
vrai  mérite  et  du  respect  que  sinspirent  deux 
héros  ! 

Latour-d'Auvergne  fut,  dit-on,  passionné  pour 
la  gloire.  Oui  ,  pour  la  gloire  de  la  France  à 
laquelle  il  rapportait  toutes  ses  pensées  ,  toutes 
ses  actions.  J  appartiens  à  la  patrie  ,  disait-il; 
soldat  ,  je  lui  dois  le  secours  de  mon  bras  , 
citoyen  ,  je  dois  respecter  ses  lois.  Voilà  le 
mobile   de   toutes  ses  vertus  publiques. 

Quand  on  s'entredent  d'un  grand  homme  ,  on 
aime  à  répéter  ses  paroles  ,  on  se  plait  à  les  en- 
tendre ,  et  l'on  trompe  de  trop  justes  regrets  en 
se  mettant  ,  pour  ainsi  dire  ,  en  sa  présence. 

M  Si  j'avais  abandonné  la  France  ,  disait-il 
une  autre  fois,  je  n'y  serais  jamais  rentré;  car 
on  ne  revient  pas  dans  le  pays  cju'on  a  trahi  ,  sans 
être  soupçonné  de  méditer  une  trahison  nou- 
velle.'Et  quelle  garantie  alors  peut-on  donner 
au  gouvernement  ?  Surprendre  son  indulgence  , 
c'est  déjà  compter  sur  sa  faiblesse;  compter  sur 
sa  faiblesse  ,   cest  déjà  calculer  sur  sa  défaite.  i> 

Fier  de  l'estime  particulière  de  ce  héros  ,  par- 
donnez-moi ,  tribuns,  d'oublier  un  moraeni  les 
leçons  et  les  exemples  de  sa  modestie  ,  et  de  pu- 
blier les  derniers  épanchemens  de  la  confiance 
dont  il  m'honora.  Je  ne  puis  garder  ce  dépôt 
sans  outrager  peut-être  les  mânes  d'un  répu- 
blicain ,  sans  trahir  le  peuple  dont  les  intérêts 
nous  sont  confiés.  Le  jour  même  de  son  dé- 
part pour  l'armée  ,  je  reçus  .ses  adieux  .  et  je 
puis  répéter  encore  mot  pour  mot  ses  dernières 
paroles: 

j»  Je  pars,  comblé  des  grâces  du  gouvernement; 
il  croit  que  je  vaux  encore  un  coup  de  fusil ,  et  il 
m'a  jeté  le  garit.  ^11  me  montrait  l'èpée  d'honneur 
que  le  premier  consul ,  interprète  de  la  reconnais- 
sance naiionale  ,  lui  avait  décernée.  )  On  m'a  jeté 
le  gant ,  et  en  bon  Breton  ,  je  l'ai  relevé.  Le  mi- 
nistre de  la  guerre  ma  donné  le  choix  des  armées  ; 
je  crains  d'ai river  trop  tard  en  Italie  ,  j'ai  préféré 
celle  de  Moreau  ,  notre  ami  ,  notre  compatriote  ; 
je  retrouverai  là  mes  anciens  camarades  ,  les  gre- 
nadiers de  la  46'=.  Mais  cette  épée  !  cette  épée  !.  .  . 
comment  la' porter  ?  il  n  en  est  aucun  qiii  ne 
f  aitmériiée.  Allons ,  il  faudra  la  montrer  de  près  à 
l'ennemi.  A  mon  âge,  la  mort  la  plus  désirable, 
c'est  celle  d'an  grenadier  sur  le  champ  de  bataille. 


et  j'espere  (fatal  pressentiment  !)  j'espère  quej4 
l'y  trouverai. 

))  Mais  vous  ,  citoyen  tribun  ,  poursuivit-il  , 
pendiiit  que  nous  combattons  les  ennemis  de 
riont,  ne  craigiitz-vOus  pas  de  vous  laisser  cou- 
per par  une  colonne  qui  se  glisse  furtivement  au 
sein  de  la  république  ?  L'indulgence  ,  la  con- 
fiance sont  des  vertus  privées;  mais  dans  les 
hommes  d'état,  ces  vertus  doivent  êire  resserrées 
dans  les  bonies  d'une  sévère  justice  ,  pour  ne  pas 
dégcnéier  en  laiblesse.  Je  ne  suis  qu  un  soldat, 
mais  je  suis  un  soldat  ciioyeii ,  et  je  suis  imjuitt 
de  l'inquiétude  publique.  Les  acquéreurs  de  biens 
nationaux  sont  alarmes  ;  les  uns  se  laissent  dé- 
pouiller dans  des  iraiics  arrachés  par  fa  menace 
à  la  faiblesse  ;  les  autres  niédilent  u;)e  résistance 
légale;  mais  aucun  ne  se  leposeavec  assez  de  con- 
fiance sur  la  garantie  constitutionnelle.  Cette 
invasion  (J  ém i g rés  qui  cachent,  mais  qui  portent 
encore  des  armes  teintes  du  snng  des  français; 
ces  projets  cri'hiinels  d'éneiver  les  forces  morale* 
de  la  patrie  dans  la  géiiération  naissante;  ces 
essais  audacieux  d'opposer  des  institutions  mo- 
narchi(]ues  aux  institutions  républicaines  ;  ce* 
coup:ibies  espérances,  conçues  par  la  faiblesse 
insidieuse  et  rusée  contre  la  force  généreuse  et 
confiante  ;  ces  mille  et  mille  intrigues  ourdies 
contre  la  constitution  de  l'état ,  seront  sans  doute 
lenvcrsées  par  ia  main  vigoureuse  etfidelequi 
tient  les  rênes  du  gouvernement. 

!>  Mais  c'est  du  haut  de  votre  tribune  qu'il  faut 
c^ue  toutes  les  vérités  se  lassent  entendre.  Vou». 
ne  pouvez  transioer  avec  yierionne  ,  avec  aucune 
circonstance  ,  avec  aucun  parti  ;  vous  eles  la 
comme  une  garde  avancée.  Si  vous  vous  livrez 
au  sommeil ,  vous  laisserez  surprendre  le  camp  , 
et  la  déroule  sera  conipleite  avant  qu'il  ait  saisi 
ses  armes.  Je  vous  parle  le  langage  d'un  grena- 
dier ;  mais  ne  sommes-nous  pas  lous  soldats?" 

'Voilà,  citoyens  tribuns,  les  réflexions  pro- 
fondes de  Latour-d  Auvergne  ,  les  dernières  petil- 
êire  d'un  guerrier  républicain  qui  parlait  pour  I9 
champ  des  victoires  ijiiand  les  chemins  étaient 
couverts  de  tant  d'ennemis  qui  accouraient  aa 
rendez-vous  de  l'intrigue  et  des  trahisons. 

Elles  seront  entendues  sans  doute  de  celui  qui  , 
connaisseur  en  héros  ,  sait  aussi  distinguer  sous 
les  lauriers  militaires  le  citoyen  politique. 

Vous  ,  tribuns  ,  confidens  de  la  pensée  du. 
peuple  ,  vous  avez  l'initiative  de  Texpression  de 
ses  senlimens  ;  vous  vous  empresserez  d  honorer 
les  mânes  d'un  guerrier  que  les  grenadiers  de 
l'armée  montraient,  encore  menaçant,  à  l'ennemi , 
quand  son  bras  glacé  ne  pouvait  plus  l'atteindre. 
Vous  vous  empresserez  dlionorer  celui  dont 
la  vie  et  la  mort  honorent  également  la  répu- 
blique. 

C'est  un  grand  pas  vers  la  morale  publique, 
quand  la  nation  ,  associant  sa  gloire  à  celle  de 
ses  grands  hommes,  sait  appiécier  l'héiilage  qu'il» 
lui  laissent  et  se  montre  reconnaissante. 

Le  peuple  n'honore  point  la  vertu  sans  de» 
venir  plus  vertueux.  Quand  il  sait  applaudir  à 
la  valeur  ,  il  apprend  à  mépriser  la  lâcheté. 
Delà  il  n'est  qu'un  pas  à  l'estime,  à  l'admira* 
tion  ,  et  à  l'exercice  de  toutes  les  vertus  publi* 
ques  et  privées.  C'est  au  législateur  qui  le  sur- 
prend dans  cette  heureuse  disposition  ,  à  s'en, 
saisir  pour  hâter  le  développement  de  tous  leS 
sentimens  généreux,  de  toutes  les  pensées  libé- 
rales. 

Je  propose  au  tribunal  de  charger  une  com" 
mission  de  lui  faire  un  rapport  sur  ma  m.otion  , 
et  de  lui  présenter  un  projet  de  fête  à  la  mé- 
moire du  premier  grenadier  de  l'armée. 

Cette  proposition  est  renvoyée  à  une  commis- 
sion composée  de  Roujoux  ,  Gourlay  ,  Jean-de- 
Bry  ,   Thiessé  et  Jubé. 

Le  tribunat  ordonne  que  les  discours  pto- 
noncés  dans  cette  séance  ,  seront  imprimés  aa 
nombre  de  six  exemplaires. 

On  exécute  le  Chant  du  Départ,  et  les  mem- 
bres du  tribunat  se  rendent  à  la  fête. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  28  messidor.  —  Effets  publics. 

Rente  provisoire 80  fr.  yS  c. 

Tiers  consolidé 3i  fr. 

Bons  deux  tiers i  fr.  43  c. 

Bons  d'arrçrage 88  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 84  fr. 

Coupures ••  ••  67  fr.   5o  C. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 

Lyon au  p.  à  10  jours. 

Marseille....  au  p.  à  25  jours. 

Bordeaux 7  p.     à  vue. 

Montpellier  . .  |  p.  à  3o  jours. 


A  Paris  ,  de  Limprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du.  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  (3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  3oi. 


Primedi .  i"  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autonsés  i  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le  M  O  N I T  E  x;  R  esc  le  se,l  journal  dfficiel 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées .  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  1  extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ITALIE. 

NATION    PIÉMONTAISE. 

Liberté.  Egalité. 

La  commission  du  gouvernement  de  Piémont 
ordonne  que  la  loi  ci-dessous  soit  publiée,  affi- 
chée et  exécutée.  —  Turin,  au  palais  du  gouver- 
nenient ,  le  21  messidor,  an  8  de  la  république 
française  (  10  juillet  1800,  v.  s.  ) 

AvoGADRO  ,  président. 
Ramusati  ,  secrétaire-général. 
Loi. 

La  consulta  du  Piémont  ,  sur  la  proposition 
faite  par  la  commission  du  gouvernement ,  con- 
sidérant qu'une  des  lois  les  plus  opposées  aux 
principes  de  Ihumanité  ,  est  celle  qui  prescrit  la 
torture  dans  les  procédures  criminelles;  que  l'abo- 
lition de  la  torture  exige  quelques  dispositions 
particulières  pour  les  cas  où  cette  peine  était  en 
usage  ,  décrète  : 

1°.  La  torture  de  toute  espèce  ,  et  dans  quelque 
«as  que  ce  soit  ,  est  abolie. 

S".  Dans  les  procédures  crimin'clles,  toutes  les 
fois  que  i' accusé  refusera  de  répondre  aux  in- 
terrogatoires ,  ou  qu'en  répondant  il  affectera  de 
donner  des  marques  de  folie  ,  le  juge  qui  pro- 
cédera, aussi  tôt  qu'il  aura  la  preuve  que  la  folie 
n'est  que  feinte  ,  avertira  l'accusé  que  ,  s'il  ne 
répond  pas  ,  il  sera  ultérieurement  procédé  contre 
lui  sans  avoir  égatrl  aux  apparences  de  démence 
qu'il  donnera.  La  même  déclaration  sera  faite  à 
l'accusé  ,  qui  affectera  d'être  sourd  ou  muet  pour 
éviter  de  répondre  .  pourvu  cependant  qu'on  ait 
acquis  préalablement  la  certitude  de  la  simulation 
de  ces  deux  infirmités  ,  ou  de  l'une  d'elles. 

3°.  L'accusé  iqui  n'aura  pas  voulu  répondre  à 
la  première  sommation  du  juge  ,  sera  soumis  à 
l'examen  dans   les  vingt-quatre   heures;    ou   s'il 

Î 'obstine  à  feindre  la  démence  ,  on  lui  répétera 
a  déclaration  indrquée  dans  l'article  II ,  en  re- 
prenant les  questions  de  l'interrogatoire.  S'il  per- 
ïévere  à  ne  pas  vouloir  répondre  ,  on  passera 
immédiatement  à  l'examen  du  délit  ,  en  y  joignant 
le  détail  de  toutes  les  circonstances  qui  pourront 
«n  déterrpiner  la  qualité  et  la  gravité. 

La  présente  loi  sera  publiée  et  imprimée. 

Turin  ,  au  palais  de  la  Consulta  ,  le  21  mes- 
ïidor  ,  an  8  de  la  république  française  (  10  juillet 
*8oo  ,  V.  s.  ) 

Le  général  de  division  ,  ministre  extraordinaire 
tt  président  de  la  consulta  ,  Dupont* 

L.  PiossASCO  ,  membre  de  la  consulta  et  secrétaire- 
général. 

NATION    PIÉMONTAISE. 
LipERTÉ.  Egalité. 

La  commission  du  gouvernement  du  Piémont 
ordonne  que  la  loi  ci-dessous  soit  publiée  ,  affi- 
chée et  exécutée.  —  Turin  ,  au  palais  de  gou- 
vernement,  le  21  messidor  an  8  de  la  république 
française.  (  10  juillet  l8ou ,  v.  s. 

Avogadro  ,  président. 
Ramusati  ,  secrétaire  général. 
Loi. 

La  consulta  du  Piémont  ,  sur  la  proposition 
failç  par  la  commission  du  gouvernement,  par- 
_l^gcanl  les  seniimens  de  reconnaissance  de  la 
nation  piémontaise  ,  toute  entière  envers  ses  li- 
bérateurs ,   décrète  : 

1°.  Il  sera  érigé  ,  dans  la  commune  de  Turin  , 
un  monument  public  de  reconnaissance  pour  la 
république  française. 

a°.  Sur  ce  monument  seront  gravés  les  prodiges 
opérés  par  l'armée  française  en  Piémont  ,  dans  ta 
campagne  de  l'an  8. 

3".  Il  transmettra  aussi  à  la  mémoire  des  siè- 
cles ,  les  noms  glorieux  du  premier  consul  de  la 
république  française  et  des  généraux  commandant 
cette  armée. 

4''.  Les  1  artistes  picmontais  sont  invités  à  re- 
mi-ilie  ,  dans  le  délai  de  trois  décades,  à  l'ins- 
pcctnr  du  palais  du  gouvernement  les  projets- 
'j  I  ils  auront  imaginés  pour  l'élévation  de  ce  mo- 
/luoicnt.  ' 


5°.  Le  présent  décret  sera  t)ublié  et  imprimé. 
■Turin ,  au  palais  de  la  Consulta  ,  le  2 1  messidor 
an  8  de  la  république,  française  (10  juillet  1800.) 
Le  général  de  division  .  ministre  extraordinaire  et 
président  de  la  consulta  ,  Dupont. 
L.  PiossASCO,  membre  de  la  consulta  et  secrétaire- 
général. 


NATION    PIÉMONTAISE. 

Liberté.  égalité. 

La  commission  de  gouvernement  du  Piémont 
ordonne  que  la  loi  suivante  soit  publiée ,  affichée 
et  exécutée. 

Turin  ,  au  palais  du  gouvernement  ,  21  messi- 
dor,  an  8  de  la  république  française  (lojuiilet 
1800  ,  V.   st.  ) 

Avogadro  ,  président. 
Ramusati  ,  secrétaire  général. 
L  0  1. 

La  consulta  du  Piémont,  sur  la  proposition 
définitive  de  la  commission  de  gouvernement , 
considérant  que  la  défense  des  citoyens  et  de 
leurs  propriétés  contre  les  perturbateurs  de  la 
sûreté  publique  ,  est  le  principal  objet  de  l'asso- 
ciation civile  ; 

Que  dans  les  circonstances  actuelles  il  est  très- 
urgent  de  délivrer  la  sociéié  de  la  horde  nom- 
breuse d'assassins  et  de  scélérats,  qui  se  tiennent 
dans  un  état  de  révolte  ouverte  contre  l'ordre 
social  , 

Décrète  : 

1°.  Il  y  aura  dans  la  commune  de  Turin  une 
commission  composée  de  deux  çtiilitaires  et  de 
cinq  magistrats,  laquelle  jugera  exclusivement 
des  délits  commis  contre  la  survie  publique. 

2°.  Seront  réputés  tels  non-seulement  (es  in- 
surrections contre  l'ordre  public,  mais  aussi  la 
résistance  à  la  force  armée  ,  les  assassinats,  les 
pillages  ,  toutes  les  violences  ou  contre  la  per- 
sonne des  citoyens,  ou  contre  les  propriétés, 
quand  ces  délits  auront  été  commis  par  attrou- 
pement ,  c'esi-à-dire  ,  au  nombre  de  trois  indi- 
vidus au   moins  ,  armés  et   réunis. 

3°.  Les  coupables  descrimes  susdits,  seront  pu- 
nis de  mort  et  exécutés  militairement; cependant, 
fa  commission  devra  ,  dans  le  cas  de  quelque 
circonstances  atténuantes,  prononcer  une  peine 
moins  forte. 

4°.  La  commission  procédera  par  les  voies  les 
plus  promptes;  et  lorsque  les  coupables  auront 
été  arrêtés  en  flagrant  délit  ,  ou  lorsque  leur  délit 
sera  ,  d'une  autre  manière  ,  de  notoriété  jublique  , 
il  pourra  suffire  pour  la  condanrmaiion,  de  trans- 
mettre immédiatement  à  la  commission  susdite,  la 
procédure  sommaire  des  juges  du  lieu  où  le 
délit  aura  été  commis  ;  cependant  ,  le  jugement 
devra  être  toujours  précédé  des  conclusions  de 
l'avocat-fiscal  général  ,  et  le  coupable  sera  tou- 
jours entendu  dans  ses  défenses  dans  le  terme 
qu'on  aura  fixé. 

5°.  Pour  prononcer  une  sentence  ,  il  suffira  que 
la  commission  soit  composée  de  cinq  membres. 

6°.  Le  présent  décret  sera  publié. 

Turin  ,  au  palais  de  la  Consulta,  le  21  messi- 
dor, an  8  de  la  république  française,  (  lo  juillet 
1800  ,   vieux   st.  ) 

Le  général  de  division  ,  ministre  extraordinaire  , 
et  président  de  la  consulta,    Dupont. 

L.  PiossASCO  ,  membre  de  la  consulta  et  secré- 
taire-général. 

NATION    PIÉMONTAISE. 

Liberté.  Egalité. 

La  commission  de  gouvenement  du  Piémont , 
ayant  reçu  dans  ce  jour  la  sanction  de  la  loi  ci- 
jointe  ,  ordonne  l'exécution  et  la  publicalion  de 
ladite  loi. 

Avogadro  ,   président. 

Dalpozzo  ,  pour  le  secrétaire  général 
La    consulta  du    Piémont,  sur   la  proposition 
définitive  de  la  commission  de  gouvernement  , 

Considérant  que  ,  pour  réunir  les  esprits  des 
citoyens  et  les  rappeller  à  ces  principes  de  con- 
corde et  de  paix  ,  qui  peuvent  seuls  assurer  leur 
félicité,  il  est  nécessiiire  d'effacer  toutes  les  dis- 


tinctions qui  sont  contraires  aux  principes  de 
liberté  et  d  égalité  ;  ' 

Décrète  : 

1°.  Il  est  défendu  à  tous  les  habitans  du  Piémont, 
qui  ne  sont  point  au  service  de  la  république 
française  ou  des  puissances  amies  de  cette  répur 
blique,  déporter  d'autre  cocarde  que  celle  qui 
est  composée  des  trois  couleurs  du  Piément. 

Ces  couleurs  sont  le  rouge  ,  le  bleu  -  turquin  , 
r  orange. 

2°.  Tous  les  actes  publics  se  feront  au  nom 
de  la  nation  piémontaise,  et  leur  date  se  réglera 
seloii  le  style  de  la  nation  française-,  en  y  ajou- 
tant la  date   du  vieux  style. 

3°.  Sont  généralement  abolis  tous  les  litres  « 
devises ,  et  distinctions  de  noblesse-,  et  l'on  fera 
usage  du  seul  titre  de  Citoyen.  Est  également 
prohibe  l'usage  des  livrées ,  des  armes  et  armoiries. 

4°.  Le  présent  décret  sera  publié. 

Turin  ,  le  19  messidor ,  an  8  de  la  république 
française  (8  juillet  1800,  v.  s.) 

Le  général  de  division  ,  ministre  extraordinaire  , 
et présîdenc  de  la  consulta,     Dupont. 

L.  PiossAsco  ,  membre  de  la  consulta  ,  et  seeri- 
taire-géntral. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  11  juillet  ('  22  messidor.  ) 

Chambre  des  communes.  —  Suite  de  la  Séance  du  9 
juillet   {  20  messidor  ) 

Suite  du  discours  de  M.  Sheridan. 

On  nous  dit  qu'on  ne  voit  pas  aujourd'hui, 
comme  on  le  voyait  à  la  fin  de  la  guerre  d'Amé- 
rique ,  le  bui-eau  de  la  chambre  couvert  de  pé- 
tions. L'impudent  langage  !  dans  le  tems  de  la 
guerre  d'Amérique  ,  le  peuple  était  bien  mal- 
heuretix;  mais  il  pouvait  du  rnoins  faire  entendre 
ses  plaintes  ,  il  pouvait  s'assembler  ,  et  présenter 
des  pétitions  au  parlement;  mais  aujourd'hui 
ce  peuple  duquel  dérive  votre  existence,  perdu 
et  le  droit  de  s'assembler, et  celui  de  faire  entendre 
son  Vœu  contre  une  guerre  cruelle  ,  oppressive 
inutile  ,   et  injust».  ' 

■Un  honorable  membre,  (M.  Ellison)  nous 
a  beaucoup  parlé  de  son  indépendance.  Je  n'aime 
pas  a  entendre  traiter  cette  question ,  elle  me 
paraît  extrêmement  délicate.  Ne  pourrait-on  pas 
dire  que  l'indépendance  dans  le  parlement , 
est  une  marchandise  qui  se  vend  et  s''acheite  ' 
i  On  rit.  ) 

On  s'efforce  de  nous  rassurer  sur  la  prospérité 
de  notre  pays  ;  on  nous  promet  que  nous  con- 
serverons notre  supériorité,  que  l'Autriche  sera 
bientôt  remise  de  ses  terreurs  paniques  fet  de 
ses  pertes,,  que  tous  les  principaux  membres 
de  la  coalition  sont  prêts  à  y  rentrer  avec  cor- 
dialité  Je  n'en  crois  pas   un  mot   :  si  l'on 

demande  à  ces  esprits  si  crédules  ,  sur  quoi  est 
fondée  leur  confiance,  la  réponse  est  toute  prête; 
nous  croyons  aujourd'hui,  parce  que  nous  avons 
toujours  cru,  et  parce  que  les  ministres  veulent 
que  nous  continuions  de  croire.  Ce  qu'on  a  dit 
du  roi  Guillaume  III  est  vraiment  curieux.  On 
prétend  que  c'est  moins  à  ses  talens  personnels 
qu'aux  succès  de  ses  ennemis  ,  que  ce  prince 
a  dû  sa  gloire  :  si  cela  est  vrai  ,  je  ne  connais 
pas  deux  personnages  qui  aient  autant  de  res- 
semblance l'un  avec  l'autre  ,  qu'en  ont  Guil- 
laume III,  et  Guillaume  Pitt.  (On  rit.) 

Mais  il  ,y  a  selon  moi  ,  une  différence  entre 
notre  ministre  et  ce  grand  roi  :  c'est  que  Guil- 
laume III,  malgré  tous  ses  revers ,  eût  1  habileté 
de  former  et  d'entretenir  une  coalition  terrible 
contre  la  France,  au  lieu  que  M.  Pjtt  ,  au  milieu 
de  ses  btillans  succès ,  a  vu  la  coalirion  se  dis- 
soudre ,  par   l'effet  même  de  son  impéritie. 

L'hon.  secrétaire  déjà  guerre,  veut  bien  avouer 
queBonaparte  possède  de  grands. talens,  et'que  la 
nation  française  est  une  grande  nation.  —L'aveu 
est  admirable.  — -  (Ici  M.  5héridan  15e  permet 
quelques  plaisanteries  contre  ceux  qui,  après  avoir 
parlé  avec  la  plus  grande  indécence  du  premier 
magistrat  de  la  république  française  ,  se  voyent 
aujourd'hui  forcé»  de  reconnaître  en  Itfi  un 
grand  homme.  Il  entreprend  ensuite  de  prouver 
que  la  motion  de  son  ami  n'est  ni  inconsldéréa 
ni  dangéieuse  ,  et  qu'elle  exprime  le  vœu  de 
la   naiion. 

En  effet,  dit  M.  Sheridan,  le  peuple  anglais 
dpii  désirer  que  ,  les,  rênes  du  gouverncineiit 
soient   ca&ai.   retirées  des  mains   inltabilït   de 


ces  hommes  qui  nous  ont  amenés  sur  le  pen- 
chant de  notre  ruine.  Cette  motion  ,  si  elle  était 
adoptée  ,  relèverait  tous  les  esprits.  Un  honorable 
membre  a  avancé  qtie  ,  si  nous  avions  versé  notre 
argent  sur  le  continent ,  cet  argent  avait  été  d'un 
bdn  rapport  pour  nous.  Je  ne  conçois  pas  trop 
ce  que  cela  veut  dire  ;  à  moins  que  le  sang  des 
hommes  ne  soit  un  objet  de  commerce.  Ou  pré- 
tend qu'en  1797  ,  nous  avons  négocié  de  bonne 
foi  :  mais  ces  prétendues  négociations  n'ont  été 
autre  chose  qu  un  piège  ,  dans  lequel  beaucoup 
de  gens  ont  été  pris.  La  guerre  a  été  continuée  , 
sans  qu'on  fit  lé  moindre  effort  pour  l'arrêter. 
Elle  a  coûté  la  vie  à  l5o,ooo  mille  hommes  ,  et 
environ  soo,ooo,ooo  liv.  ster.  à  la  nation.  Voilà 
ce  qu'a  produit  l'opiniâtreté  de  nos  ministres  , 
dans  cette  occasion. 

Quant  à  l'objet  même  de  cette  guerre  ,  que  de 
variations  dans  les  principes  !*  Le  dernier  qu'on 
ait  avoué  ,  est  le  rétablissement  des  Bourbons. 
En.  1797  ,  il  ne  fut  question  d'abord  que  de  la 
teligion  et  delà  morale.  Mais  on  négligea  bientôt 
cesdeux points, pour  s'occuper  de  Trinquemalle, 
du  Cap  et  des  autres  colonies  que  nous  voulions 
garder.  On  dit  aujourd'hui  que  les  ministres  re- 
noncent à  la  guerre  offensive  ,  et  q^u'ils  ne  veulent 
plus  qu'une  guerre  défensive.  Mais  si  une  guerre 
défensive  est  avantageuse  ,  il  n'y  a  que  dans  un 
comité  du  parlement  qu'on  puisse  aviser  aux 
moyens  de  la  faire.  De  plus  ,  c'est  dans  un  comité 
qu'il  convient  d'examiner  quelle  influence  une 
paix  immédiate  pourrait  avoir  sur  le  commerce 
de  ce  pays. 

Je  crois  que ,  dans  les  circonstances  où  nous 
sommes ,  il  convient  de  s'occuper  sérieusement 
de  la  paix  ;  il  faut  une  paix  sincère  ,  cordiale  ,  et 
qui  associe  la  tranquillité  et  là  prospérité  des 
deux  nations.  Je  vote  pour  la  paix.  Mon  pays 
veiit  la  paix.  Si  l'honorable  secrétaire  redoute  de 
voir  la  cocarde  tricolore  dans  les  rues  de  Lon- 
dres ;  s'il  craint  qu'une  curiosité  condamnable 
n'attire  à  Paris  beaucoup  d'anglais,  qui  ponrraient 
nous  rapporter  les  mœurs  françaises  ,  ou  que  les 
petits  propriétaires  ne  passent  en  France  pour  s'y 
établir,  il  doit  aussi  prendre  en  grande  considé- 
/Tation  les  maux  qui  iront  toujours  en  croissant, 
si  la  guerre  continue. 

Je  regarde  comme  très-bonne  la  motion  faite 
par  mon  honorable  ami  ;  et  comme  je  suis  inti- 
mement convaincu  que  ,  si  elle  est  adoptée  par  la 
chambre  ,  elle  produira  les  plus  grands  avantages 
à  la  nation  ,  je  suis  disposé  à  l'appuyer  de  tous 
mes  moyens. 

Chambre  des  pairs.  —  10  juillet  {  si  messidor.  ] 

On  demande  ,  conformément  à  l'ordre  du 
jour  ,  la  deuxième  lecture  du  bill  sur  les  ins- 
titutions  monastiques. 

L'évîque  de  Rochester.  Je  ne  m'oppose  point 
pour  le  moment  à  la  seconde  lecture  du  bil!  ; 
mais  je  déclare  que  je  suis  dans  l'intention  de 
combattre  le  bill  lui-même.  On  l'a  motivé  sur 
les  inconvéniens  ,  et  même  les  dangers  dont  les 
institutions  religieuses  et  la  constitution  de  ce 
pays ,  sont  menacées  par  l'influence  des  réfugiés 
'  français  qui  professent  la  religion  catholique 
romaine.  Le  bill  atteint  les  personnes  de  l'un 
et  de  l'autre  sexe  ,  qui  ont  reçu  parmi  nous 
uu  accueil  qui  honore  également  le  caTactere 
national  ,  et  l'esprit  de  tolérance  de  l'église  pro- 
testante. La  conduite  qu'ont  tenue  jusqu'à  pré- 
sent ces  réfugiés  ,  n'offre  rien  qui  puisse  nous 
alarmer  ,  et  provoquer  un  bill  de  la  nature  de 
celui  qu'on  nous  a  présenté.  Je  le  combats ,  parce 
que  je  ne  le  crois  pas  nécessaire  ,  et  que  je  le 
trouve  inconstitulionnel.il  n'est  pas  nécessaire; 
car  les  lois  établies  contre  les  catholiques  ro- 
mains,  remplissent  parfaitement  l'objet  du  bill. 

Qu'on  ne  dise  pas  que  ces  lois  n'ont  été  faites 
que  pour  les  regnicoles  ,  et  qu'il  est  question 
aujourd  hui  d'étrangers.  Peu  importe  de  sa- 
voir contre  qui  elles  ont  été  dirigées  dans  le 
principe,  puisqu'elles  frappent  également  toutes 
les  personnes  de  la  même  communion.  (Ici  le 
prélat  tourne  en  ridicule  les  allarmes  qu'on  feint 
d'avoir  au  sujet  des  progrès  du  papisme  en 
Angleterre.  )  'Tout  homme  qui  a  une  religion 
est  porté  naturellement  à  la  propager.  Quand  je 
parle  d'avoir  une  religion  .  je  ne^  parle  pas  de 
cette  espèce  de  religion  négative  ,  assez  généra- 
lement reçue  dans  certaines  classes  du  monde, 
'Ceux  qui  n'adoptent  auciins  dogmes  religieux, 
ne  sont  pas  très-curieux  de  propager  leur  ca^uf 
riiortuum  de  religion.  Il  leur  est  parfaitement  in- 
différent que  le  divin  fondateur  du  christiar 
nisme  soit  le  fils  de  Marie  ,  ou  le  Sociale  de 
Jérusalem. 

Néanmoins  ,  comme  il  existe  une  liaison  très- 
étroite  ,  une  identité  d'intérêts  entre  l'état  et 
ié^lise  .  il  a  fallu  contenir  dans  de  justes  bornes 
le  zèle  pour  la  propagation  de  certaines  maximes 
feligieuses  qui  blessent  également  le  gouverne- 
•  ment  civil  et  le  gouvernement  ecclésiastique  ;  et 
c'est  dans  cette  vue  qu'ont  été  faites  les  lois 
pénales  contre  les  catholiques  ,  par  un  statut 
de 'Jacques  1":  réconcilier  avec  l'église  de 
Rome  ,  ce  qui  est  la  même  chose  que  convertir  , 
-   est  déclaré  crime  de  '^haute-trahison. 


1214 

Quant  à  ce  qui  concerne  l'éducation  ,  cet  objet 
peut  être  considéré  sous  différens  points  de  vue. 
Je  ne  crois  pas  que  l'éducation  entre  les  mains 
des  catholiques  romains  soit  irès-dangëreuse  ; 
il  vaut  mieux  que  ceux  de  leur  communion  soient 
élevés  dans  I  intérieur  de  leurs  maisons,  qu'au 
dehors  ;  et  si  ces  instituteurs  particuliers  s'écar- 
taient du  devoir  ,  les  lois  qui  existent  suffisent 
pour  réprimer  leurs  écarts. 

Le  piélat  entre  ensuite  dans  quelques  détails 
sur  les  moines  et  les  religieuses  établies  dans 
la  Graiide-Breiaçtne  ,  et  contre  lesquels  le  bill 
paraît  être  dirigé.  Les  premiers  ne  forment  pas 
une  aggrégation  de  plus  de  3i  individus  ,  qui 
composent  six  sociétés  établies  sur  différens  points 
du  royaume.  Quant  aux  religieuses  ,  on  n'en 
compte  que  22  ou  ^3  ,  qui  ,  à  l'exception  de 
4  ,  sont  toutes  nées  anglaises.  Leur  interdire  le 
genre  de  vie  retiré  qu'elles  ont  choisi  ,  ce  seraik 
les  exposer  à  un  martyre  continuel  ;  les  forcer 
à  vivre  dans,  le  monde  ,  à  se  farder  le  visage, 
à  se  vêtir  d'é,toffes  de  soie  ,  à  suivre  les  modes  , 
ce  serait  les  traiter  avec  inhumanité.  —  Sa  sei- 
gneurie finit  en  rappelant  la  procédure  intentée 
contre  quelques  rçligieuses  dans  le  voisinage  de 
Winchester ,  et  il  fait  voir  que  les  charges  ne 
sont  pas  de  nature  à  faire  appréhender  un  danger 
sérieux  de  leur  zèle  à  convertir. 

Le  prélat,  en  répondant  à  quelques  observa- 
tions qui  lui  étaient  faites  par  le  lord  chancelier, 
dit  que  si  l'on  a  quehiue  danger  à  craindre  pour 
l'éducation  de  la  jeunesse  ,  ce  n'est  point  de  la 
paît  des  catholiques  romains  ,  mais  de  la  part 
d'une  autre  classe  d  hommes  ;  danger  qui,  selon 
lui,  appelle  hautement  la  sollicitude  de  lu  légis- 
lature ,  et  demande  un  règlement  r,cnéril  pour 
les  écoles.  Sous  les  gouvernemens  les  plus  sa- 
ges ,  ces  élablissemens  sont  gctiéralement  soumis 
a  une  censure  publique.  Celte  censure  existait 
autrefois  dans  la  Gtande-Bietagne  ;  mais  depuis 
la  19'  année  du  règne  de  sa  majesté  ,  lacté  pour 
l'allégement  des  non-conformistes  a  été  très-pré- 
judiciable à  l'éducation.  Ce  n  est  plus  l'influence 
du  papisme  qui  est  à  craindre  ;  c'est  la  propaga- 
tion de  la  sédition  ,  de  1  athéisme  ,  du  jacobinisme 
et  de  l'irréligion.  Voilà  les  périls  dont  nous  me- 
nacent ces  séminaires  dispersés  sur  tous  les  points 
de  notre  pays.  Ces  principes  sont  inculqués  dans 
une  infinité  d'écoles  de  charité;  des  livres  ont  été 
composés  pour  corrompre  le  peuple  :  c'est  là  ce 
qui  méiite  la  plus  sérieuse  attention  de  la  part 
de  la  législature.  La  session  est  trop  avancée  pour 
qu  on  puisse  s'en  occuper  ;  mais  il  faut  espérer 
que ,  dans  la  prochaine  session  ,  cette  affaire  sera 
prise  en  grande  considération. 

L'évêque  de  Rochester  blâme  aussi  le  bill  comme 
tendant  à  faire  revivre  les  anciennes  animosités 
entre  les  docteurs  des  deux  religions  ,  animosités 
presqu'éieinies  ;  il  le  regarde  comme  inutile  , 
oppressif,  inconstitutionnel  et  contraire  à  tous 
les  principes  de  lhum?nité,  de  la  tolérance  et 
de  la  saine  politique.  Il  fait  en  conséquence  la 
motion  que  le  bill  soit   ajourné  à  trois   mois. 

L'évêque  de  Winchesiersc  prononce  fortement 
en  faveur  du  bill;  il  l  approuve  comme  un  acte 
qui  assure  aux  catholiques  romains  la  jouissance 
paisible  de  cette  partie  de  leur  religion  ,  dont  ils 
ne  peuvent  jouir  tranquillement  avec  les  lois  ac- 
tuelles ,  étant  continuellement  exposés  à  être 
troublés  par  les  magistrats  ,  et  tourmentés  par  la 
malveillance  des  dénonciateurs  qui  sont  dans 
leur  voisinage.  -—  Une  des  raisons  sur  lesquelles 
le  prélat  appuie  le  plus  ,  c'est  que  le  bill  est  con- 
forme au  principe  sitr  lequel  reposent  toutes  les 
lois  qui  ont  été  faites  pour  la  sûreté  de  léglise  , 
depuis  la  réforme.  —  Il  rappelle  la  grande  in- 
fluence des  personnes  de  la  communion  catho- 
lique romaine  dans  ce  pays  ,  depuis  1792,  Léta- 
blissement  de  tant  de  catholiques  romains  dans 
la  Grande-Bretagne,  a  certainement  rendu  néces- 
saires de  nouvelles  lois  propies  à  empêcher  les 
progrès  des  sociétés  ennemies  des  institutions 
religieuses  de  notre  pays.  Il  est  politique  d  obvier 
de  bonne  heure  à  Un  désordre  aussi  fâcheux. 
Comme  ami  de  la  vraie  tolérance  ,  et  de  la  consti- 
tution civile  et  ecclésiastique  de  son  pays,  l'évêque 
de  'VViuchester  vote  en  faveur  du  bill. 

Lord  Grenville.  parle  contre  ,  avec  chaleur  , 
etfait  reloge  de  la  conduite  qu'ont  tenue  cons- 
tamment les  réfugiés  français. 

Le  lord  chancelier , 'sans  approuver   la   fofme  du 
1  bill  ,  ne  peut  s'empêcher  de  reconnaître  que  plu- 
sieurs de  ses  clauses  sont  très-utiles. 

La  motion  de  lévêque  de  Rochester ,  pour  le 
renvoi  du  bill  à  trois  mois  ,  est  mise  aux  voix  et 
adoptée  ;  ce  qui  équivaut  à  un  rejet. 

I     NT     E     R     LEUR. 

Spa  ,  le  23  messidor  an  8. 

La  cessation  des  hostilités  entre  la  plupart  des 
puissances  belligérantes ,  le  bruit  d'une  paix  pro- 
chaine qui  s'accrédite  ,  l'arrivée  de  plusieurs  fa- 
milles étrangères  ,  quantité  de  logemèns  retenus 
pour  d'autres  qui  doivent  arriver  encore,  font 
le  tourment  et  réveillent  la  basse  jalousie  de  la 
1  malveillance ,  ïcharaée  depuis  ioog-tems  eontrs 


nos  eaux  minérales  ;  à  cette  douce  aurore  d'ua 
jour  clair  et  serein  ,  l'allégresse  s'empare  des  coeurs 
de  nos  bons  habitans,  et  leurs  espérances  qu'une 
guerre  longuéet  désastreuse  semblait  avoir  anéan- 
ties ,  se  réveillent  ,  s'affermissent.  Tous  à  l'envi 
travaillentâ  s'apprêter  pour  une  saison  brillante;  les 
hôtels  destinés  à  recevoir  l'étranger ,  se  meublent  ; 
la  propreté  ,  1  élégance  brillent  par-tout.  Tout 
paraît  renaître  à  la  joie.  Les  promenades  s'arran- 
gent ,  les  glandes  routes  se  réparent  ,  les  cafés 
s'établissent,  la  salle  de  l'assemblée  est  ouverte  , 
et  déjà  les  personnages  distingués  que  nous  pos- 
sédons à  nos  eaux  célèbres,  y  jouissent  des  plai- 
sirs et  des  amusemens  qui  ont  rendu  notre  bourg 
le  lieu  le  plus  délicieux  de  1  Europe  ,  et  le  seul 
qui  possède  le  rare  avantage  de  plaire  à  l'homme 
de  tous  les  âges  ,  de  tous  les  caractères  et  de  tous 
les  goûts.  L.wiBEur  Le2.\ack.,   maire  provisoire  . 

Le  préfet   du    département  du   Lot  ,   au  frère,  du 
général  Murât.,   et  nu  père  dû   chef  de  brigade 
lissiières.  —  C'ihors  ,  le  19  messidor  an  8  de   la 
république  franq,aise,  une  et  indivisible. 
J  ADRESSti  à  chacun   de    vous  ,  citoyens  ,    une 
copie  du   iapport   du  général  en  chef  Berthier  , 
sur  la  bataille  de  Mariugo.  Recevez  mes  félicita- 
lions    sur    I  éclat  nouveau   qu'un  frère  et   un    fils 
viennent  d'ajouter  à  leur  gloire  dans  la  dernière 
campagne  d  Italie  ,    et  surtout  dans  celt^;  journée 
àjamais  fameuse  où  ,  s.ujs  doute  ,   la  valeur  tran- 
çaise  aura  conquis  la   paix  de  I  Europe. 

Le  25  de  ce  mois  ,  nous  célébrons  le  14  juillet , 
et  nous  posons  sur  l'une  des  places  de  la  ville  de 
C.ihois  la  première  pierre  de  la  colonne  dépar- 
ttmentale  ,  monument  que  la  reconnaissance 
élevé  en  I  honneur  de  ceux  qui  combattirent  poui: 
la  patrie.  Je  désire  que  celte  fête  soit  embellie 
par  la  présence  des  familles  des  deux  guerriers 
qui  honorent  le  plus  ce  département;  je  vous 
invile  en  conséquence  à  vous  y  rendre  ,  et  à  venir 
recueillir  le  juste  tribut  d  honneur  et  d'admiratioa 
que  vos  concitoyens  paieront  avec  tant  d  allé- 
gresse aux  noms  chéris  que  vous  portez. 
Je  vous  salue.  Signe  Bailly. 

Taris ,    le  3o  messidor. 

L'adjoint  Saint-Remy,  qui  est  parti  de  Touloa 
le  26  floréal,  est  arrivé  à  Malle  dans  la  première 
décade  de  prairial  ;  il  y  avait  dix  mois  qiie  la 
garnison  n'avait  reçu  de  nouvelles  de  France.  La 
bombarde  sur  laquelle  était  l'adjoint  Saiut-Reojy, 
est  entrée  à  Malte  à  la  pointe  du  jour,  au  milieu 
de  la  canonnade  des  fcroisieres  ennemies. 

Il  rapporte  qu'il  n'y  a  à  l'hôpital  de  Malte  que 
40  malades;  que  la  garnison  JQuit*de  la  meilleure 
samé 

La  première  année  du  blocus ,  presque  toute  la 
garnison  a  été  affectée  d'ophtalmie  ;  aujourd'hui 
elle  est  parfaitement   acclimatée. 

La  garnison  est  habillée  en  cotonnade  blanche; 
les  semelles  des  souliers  sont  faites  d'étoffes  de 
chapeau,  elle  dessus  en  cotonnade.  Chaque  sol- 
dat a  un  jardin  qu'il  cultive  et  dont  il  tire  des 
herbages  ou  des  légumes  ,  non-seulement  pour 
sa  subsistance  ,  mais  encore  pour  en  vendre  aux 
habitans. 

Les  assiégeans  avalent,  au  commencement  du 
siège ,  dressé  plusieurs  batteries  ,  et  jette  des 
bombes;  mais  leur  peu  d'effet  les  en  a  dé- 
goîités. 

Le  général  Vaubois  a  successivement  renvoyé 
tous  les  habitans  ;  il  n'y  en  a  plus  aujourd'hui 
que  3  ou  4000. 

Il  y  a  dans  la  ville  400  mulets  pour  le  service  de 
l'artillerie.  Les  moulins  ne  manquent  pas. 

La  garnison  est  résolue  à  passer  par  toutes  les 
extrémités  avant  de  se  rendre.  La  subsistance 
est  assurée  jusqu'au  milieu  de  l'hiver ,  indé- 
pendamment des  petits  bâtimens  dont  immaa- 
quablement    quelques-uns   arriveront. 

Ou'  reste  la  garnison  de  Malte  a  beaucoup 
de  gaîté.  Tous  les  soirs  ily  a  concert  sur  la  grande 
place  et  comédie. 

Il  n'est  point  de  nouvelle  absurde  que  les 
anglais  n'aient  voulu  leur  faire  accroire.  On  sç 
peindrait  donc  difficilement  les  transports  d'al- 
légresse avec  lesquels  l'adjoint  Saint-Remy  a  été 
accueilli.  Il  leur  a  annoncé  à  la  fois  la  fin  des 
factions  ,  l'établissement  d'un 'gouvernement  fort, 
la  paix  de  la  vendée  ,  l'ouverture  de  la  cam- 
pagne ,  nos  succès  sur  le  Rhin  et  le  premier 
consul  déjà  au  pied  du  Saint-Bernard  ,  s'élan- 
çant  à  la  tête  de  l'armée  de  réserve  au  sein  de 
llialie. 

Une  grande  quantité  de  bateaux  est  perpé- 
tuellement occupée  à  pêcher  .  et  le  général 
Vaubois  a  fait  établir  un  magasin  de  poisson 
salé  qui  offiira  encore  une  nouvelle  ressource. 
Chaque  chambrée  de  soldats  à  une  petite 
basse-cour  avec  des  lapins  et  quelques  poules. 

L'artillerie  est  dans  le  meilleur  état.  Les  ou- 
vrages inexpugnables  qui  défendent  cette  place 
ont  été  réparés  et  mis  en  éiat.  On  a  profité 
de  ce  long  blocus  pour  faire  une  grande  quantité 
d'affûts  neufs. 

Il  y  a  à  Malte  plus   de  '^milJe  pièces  de  canon 
pajfaiiement  approvisionnées. 
Le   générai  Vaubois  ,   le  général  Ghanez ,  le 


12l5 


général  Denzel  ,  commandant  Pariillerie  ,  le 
conire-amiral  Villeneuve  ,  commandant  le  port  , 
etious  les  officiers  de  la  garnison  ,  vivaient  dans 
la  meilleure  intelligence,  et  étaient  animés  du 
même  esprit.  Les  soldats  disent  :  Nous  ferons 
à  Malte  notre  congé  de  qxiatre  arts. 
L'adjoint  Saint-Remy  est  revenu  sur  uniperonaire.\ 
Il  a  souvent  passé  à  une  deroi-lieue  des  frégates 
et  vaisseaux  anglais.  Alors  On  ployait  les  voiles, 
on  se  servait  des  avirons  el  on  n'était  point 
apper^u. 

Voici  les  positions  qu'occure  l'armée  d'Italie; 
-La  Valleline  est  0(  cupée  par  la  gauche  de  la  di- 
vision du  général  Moncey  qui  a  son  quartier-gé- 
néral à  Brescia;  la  droite  de  l'armée  s'étend  par 
de  petits  déiachemens  jusqu  à  Lucques ,  Massa- 
di-Carara  ,  la  Romagne  et  les  bords  de  l'Adriati- 
que. Gênes  et  tout  le  lerriioire  de  cette  répu- 
blique, le  Piémont  et  toutes  ses  lovteresses  ,  la 
Cisalpine  et  toutes  ses  foiteresses  jusqu'au  Mincio 
et  la  Fossa  -  M^ëstra  sont  également  occupés 
par  l'armée  française. 

Le  général  d'ariil!erie  Lacombe-Saint-Michel 
traverse  le  Piémont  avec  2000  chevaux  de  Irait 
harnachés  ,  et  tout  le  persoiinel  de  l'équipage  de 
siège   de  larmét. 

Tous  les  déiachemens  des  corps  qui  compo- 
saient l'armée  de  léserve  ,  et  qui,  du  fond  de 
la  France  ,  se  rendaient  à  marches  forcées  en 
Italie  ,  viennent  de  rejoindre  l'aimée.  , 

L'armée  que  la  république  a  aujourd'hui  en 
Italie  ,   est  la  plus  belle  qu'il  v  nit  jamais  eu. 

D  un  autre  côté  ,  le  général  Moreai:  concentre 
toutes  ses  forces  dajis  la  Bavière  ,  et  3o,ooo  hom- 
mes français  el  bataves  sous  les  ordres  du  général 
Augereau  ,  avec  un  parc  de  plus  de  80  pièces 
d'ariillerie  ,    défilent  par  Mayence  et  Dusseldorf. 

L'avant-garde  de  la  seconde  armée  de  réserve 
qui  éiai  réunie  à  Dijon  ,  défile  déjà  par  la  Suisse. 
De  nombreux  convois  dariiilerie  et  de  cavalerie 
parlent  tous  les  jours  de  Pâiis  pour  Dijon,  et 
plusieurs  bataillons  de  volontaires  ,  parmi  les- 
quels beaucoup  de  jeunes  gens  des  dép.Htemens 
de  rOuest  ,  qui  avaient  été  égarés  et  qui  se  ral- 
lient au  gouvernement ,  marchent  pour  renfor- 
cer  celle  armée. 

Ainsi  le  peuple  français  a  quatre  armées,  toutes 
sur  le  tefriioiie  éiranger,  toutes  concertant  leurs 
opéraiions  pour  forcer,  les  partisans  des  anglais 
dans  le  cabinet  de  Vieime  à  se  rendre  aux  vœux 
des  dfficiers  et  soldats  français  et  autrichiens  , 
qui  tous  désirent  également  la  fin  d'une  guerre 
sans  but  ,  sans  objet  ,  qui  fait  couler  des  flots  de 
jane  pour  le  seul  amusement  du  roi  d'Angleterre. 

le  gouvernement  français,  dans  ces  circons- 
tances essentielles  ,  ne  consulte  pas ,  pour  faire 
des  propositions  de  paix  ,  la  situation  respective 
des   deux  états  ,   ce   serait   vouloir  accabler  une 

ruissance  ,  et  il  sait  bien  que  ,  dans  la  position  de 
Europe  ,  il  n'est  point  de  l'intérêt  bien  entendu 
de  la  république  que  I  Autriche  soit  accablée. 

Quant  aux  anglais  ,  ils  couvrent  la  mer  de  leurs 
vaisseaux  de  transport.  Ils  ont  à  Minorque  une 
armée  de  débarquement  parfaitement  payée  et 
habillée  ;  une  armée  de  débarquement  ànr  leur 
flotte  à  Quiberon ,  qui  leur  coûte  beaucoup  d'ar- 
gent ,  une  autre  sur  les  côtes  d'Angleterre  qui 
menace  la  Baiavie  ,  el  qui  n'empêche  point  le 
gouvernement  frjnçais  de  tirer  3o  mille  hommes 
de  la  Batavie  et  de  nombreux  renforts  de  l'Ouest 
pour  l'atmée  de  réserve  ,  tant  il  croit  ces  projets 
de  débarquement  peu  redoutables.  Tous  les  pro- 
jets que  fait  aujourd  hui  lAngleterre  pour  rallu- 
mer la  guette  civile  en  France ,  sont  sur  le  champ 
communiquésau  gouvernement  parceuxlà  même 
qui  auparavant  étaient  leurs  partisans  ,  mais  qui  , 
ralliées  au  gouvernement,  savent  que  tous  les 
-maux  de  la  France  sont  toujours  venus  de  l'in- 
Irigue  el  de  l'ambition  du  toi  d  Angleterre  ;  et 
toutes  ces  intrigues,  jusqu  à  l'argent  dont  ils  se 
«ervent  pour  les  entretenir ,  tournent  au  profit  de 
la  prospérité  nationale. 

Ainsi  le  résultat  das  frais  immenses  que  fait 
l'Angleterre  pour  enirentr  àMinorque  une  armée 
de  débarquement  ,  était  de  mettre  le  gouverne- 
mert  français  à  même  de  détacher  contre  l'em- 
peieut  3o,ooo  hommes  de  l'armée  de  batavie  et  la 
moitié  de  lannée  de  lOuest.  En  vérité  l'empereur 
a  un   allié  qui   lui   est  d'une   grande   utilité. 

Il  ne  teste  plus  à  uji  bon  militaire  françait 
qu  un  souhait  à  faire  ,  c  est  que  véritablemens 
une  des  aîles  de  cette  célèbre  armée  anglaise 
débarque  ,  soit  dans  le  midi,  soit  dans  l'ouest  , 
soit  dans  le  nord.  Le  duc  d  York  qui  com- 
mande cette  ciande  armée  ,  devrait  vouloir  être 
à  la  lêie  de  la  première  aile  qui  débarquera; 
et  on  peut  espérer,  sans  trop  de  présomption, 
qu  avant  la  jonction  des  trois  aîles  ,  on  le  niet- 
liait  à  même  de  recevoir  une  seconde  fois  les 
ti-tiiercîmens  de  la  majorité  du  parlement  d'An- 
gleterre. 

MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

le  minittre  de  la  justice  aux  juges  de  pais.  —  Pa n'j, 
le  i5  messidor  ,  an  8  de  la  république.,  une  et  indi- 
visible. 
Lp.s  léjiiilateurs  ,   citoyens  ,   en   rétablissant  la 

conttainte  par  corps ,  qui  garantit  U  tuteté  et  U 


solidité  des  obligations  ,  ont  voulu  rendre  au 
commerce  de  la  république  son  ancienne  splen- 
deur. Ce  but  serait  matiqué  ,  si  l'exercice  cle  ce 
genre  depoiirsuiic  était  trop  légèrement  suspendu 
par  les  fonctionnaires  publics  auxquels  la  loi  du 
i5  germinal  an  5,  donne  la  faculté  d'accorder  des 
sauf-conduit  momentanés.  J'apprends  cependant 
que  quelques-uns  de  vous  ,  abusant  de  celte  loi  , 
se  permetient  de  donner  des  sauf-conduits  pour 
un  tems  trop  long  ,  de  les  renouveler  sous  diffe- 
reiis  préiexes  ,  et  même  ,  si  j'en  crois  les  rapports 
(jui  m  ont  été  faits  ,  de  les  accorder  sans  autre 
nioiit  (jue  de  soustraire  un  débiteur  de  mauvaise 
loi  aux  poursuites  légitimes  de  son  créancier.  De 
semblables  abus  nuiraient  trop  essentiellement  au 
commerce  ,  pour  qu'ils  pussent  être  plus  long- 
tems  tolérés.  Je  vous  invile  à  mettre  beaucoup 
de  ciiconspeclion  dans  la  délivrance  des  sauf- 
conduiis  qui  vous   seront  demandés. 

Il  faut  d'abord  que  vous  soyez  assurés  qu'il  y 
a  nécessité  d'appeler  en  témoignage  ,  dans  une 
affaire  dont  vous  êtes  saisis  ,  le  débiteur  pour- 
suivi qui  demande  un  sauf- conduit  :  il  est 
essentiel  ensuite  de  n'accorder  ce  sauf-conduit 
que  pour  le  tems  strictement  nécessaire  ,  à  I  effet 
de  comparaître  sur  la  citation.  Je  suis  informé 
que  des  sauf-conduits  ont  éié  délivrés  pour  une 
et  deux  décadt-s  ,  à  des  personnes  domiciliées 
dans  le  ressort  du  juge-de-paix  devant  lequel 
elles  devaiert  être  entendues.  C'est  faire  un  abus 
liès-réprésensible  de  la  faculté  de  délivrer  des 
sauf-conduits  ,  et  d'en  fixer  la  durée ,  parce  qu'il 
ne  faui  ni  deux  ni  une  décade  pour  répondre 
à  une  citation  à  jour  fixe. 

Vous  ne  devez  pas  non  plus  renouveller  un 
sauf-conduit,  à  moins  que  ,  par  des  motifs  que 
vous  êtes  tenus  d'exprimer  ,  le  débiteur  n'ait 
réellement  pas  pu  être  entendu  au  jour  fixé  par 
la  première  citation.  Enfin  la  délivrance  sans 
motif  réel  d^un  sauf-  conduit  ',  -caractérise  une 
véritable  prévaricaiion  ,  conire  laquelle  je  suis 
disposé  à  provoquer  toute  la  sévérité  des  lois. 

Je  compte  assez,  citoyens,  sur  votre  dévoue- 
ment à  la  chose  pi^blique,  pour  croire  que 
vous  me  dispenserez  de  vous  (îonncir  de  nou- 
veaux avenissemens  à  ce  sujet  ,  et  de  recourir 
à  des  mesures  de  rigueur  que  je  ne  prends  jamais 
qu  à  regret  contre  des  fonctionnaires  publics  que 
1  attachement  à  leurs,  devoirs  aurait  dti  seul  diriger. 

Salut  et  fraternité.  Abrial. 


Avis  aux  créanciers  des  émigrés  du  département 
de  la  Seine. , 

La  loi  du  19  nivôse  de  l'an  7  ,  porte  que  le 
bureau  établi  à  Paris  ,  rue  Avoie  ,  maison  de 
Mesmes  ,  pour  la  liquidaiion  des  dettes  des  émi- 
grés du  département  de  la  Seine,  ne  pouria  con- 
tinuer ses  opérations  au-delà  du  dernier  jour  com- 
plémentaire de  l'an  8  ;  qu'à  cette  époque  ,  il  de- 
meurera supprimé  de  plein  droit  ,  et  que  ses  lonc- 
tions  seront  dés-lors  réunies  à  radministratiou  du 
département  de  la  Seine  (  aujourd  hui  la  préfec- 
ture de  ce  déi)artemenl  )  qui  les, terminera  en  se 
conformant  aux  lois. 

En  conséquence  ,  les  créanciers  des  émigrés  du 
département  de  la  Seine,  sont  prévenus  que  , 
pour  1  exécution  de  cette  loi ,  tout  espèce  de  tra- 
vail public  de  liquidation  cessera  ,  dans  le  bureau 
de  Paris,  rue  Avoie  ,  au  l"  fructidor  prochain, 
et  qu'à  partir  de  cette  époque  ,  le  directeur  de 
ce  bureau  ne  signera  plus  aucun  arrêté  de  liqui- 
dation ,  ne  délivrera  plus  ni  certificats  de  liquida- 
tion ,  ni  mandats  d'arrérages  ,  ne  restituera  aucun 
des  litres  que  les  créanciers  sont  en  droit  de  retirer, 
et  ne  communiquera  plus  avec  le  public;  Icmois 
de  fructidor  devant  être  consacré  tout  entier  au 
déplacement  et  transport  ,  avec  le  plus  d'ordre 
possible,  de  tous  les  titres  et  papiers  déposés  dans 
le  bureau  de  liquidation  ,  et  à  leur  classement 
dans  les  bureaux  de  la  préftclure  du  dépar'ement 
de  la  Seine  ,  situés  à  Paiis  ,  place  Vendôme.  Ces 
bureaux  ne  pourront  être  ouverts  au  public  qu'à 
compter  du  8  vendémiaire  prochain,  et  les  jours 
qui  seront  désignes  par  le  piélet. 

Les  créanciers  des  émigrés  du  département  de 
la  Seine  ,  sont  irivités  à  profiter  du  mois  de  ther- 
midor prochain  ,  pour  retirer  ,  soit  eux-rcêmes  , 
soit  par  leurs  fondés  de  pouvoiis  ,  du  bureati  de 
la  liquidaiion,  rue  Avoie  ,  les  certificats  de  liqui- 
dation ,  mandats  d  arrérages  et  dues  dont  ils  peu- 
vent avoir  besoin',  ou  pour  presser  ies  liquida- 
tions auxquelles  ils  ont  dioil  et  qui  ne  sont  pas) 
encore  terminées. 

C'est  le  seul  moyen  pour  euxdenepointsouffrir 
des    lentcXirs  et  de»  retards   Inséparables  de  tout 
changement  d  administration  ,  et  de   tout  dépla- 
cement d'une  grande  quantité  de  papiers. 
Paris  ,  le  s8  messidor  an  8. 

5/^ne',  Bergeron. 


Suite  de  la  description  abrégée  des  principaux  monu- 

mens  de  la   Haute-Egypte  ,  présentée   au  premier 

consul  Bonaparte  ,  par  le  citoyen  Ripautl.  I 

Chaque  tableau  est  communément  composé  de 

trois  personnages.  La  divinité  à  laquelle  s'adresse 

l'ofitaiide  ,  le  prêir«  qui  la  leur  présente  ,  «t  une 


divinité  d'un  ordre  inférieur,  placée  derrière  ta 
première.  Leur  attitude  ,  en  général ,  est  roide 
et  gênée  ;  les  artistes  de  ce  pays  ignoraient  l'art 
de  la  perspective  ,  et  ne  savaient  pas  grouppcr 
les  figures.  Avec  tous  ces  défauts ,  les  bas-reliefg- 
plaisent  et  attachent  par  l'intérêt  des  sujets  qu'ils 
rétracent.  D'ailleurs  si  l'ensemble  est  incorrect  , 
les  parties  qui  le  composent,  sont  quelquefois - 
d'une  exécution  soignée  et  précieuse. 

Sans  doute,  quelques  préjugés  religieux  nui- 
saient à  l'avancement  des  ans  dans  ce  pays ,  et 
comprimaient  leurs  progrès.  Comment  concevoir, 
sans  cela  ,  qu'après  5  ou  6000  ans  d'un  exercice 
soutenu  dans  le  dessin  ,  il  ne  se  soit  pas  élevé 
quelques  artistes  distingués  ,  capables  de  prendre 
un  essor  hardi  ,  el  d'atteindre  à  la  perfection  oii 
leurs  élevés  sont  ensuite  arrivés  si  rapidement  ? 
Les  lois  qui  les  astreignaient  à  l'imitation  scrvilc 
des  premières  figures  tracées  dans  l'enfance  de 
la  monarchie  et  de  l'art  ,  ne  s'étendaient  vraisem- 
blablement pas  jusqu  aux  animaux.  Aussi  les  re- 
présentations de  CCS  derniers  sont-elles  infiniment. 
supérieures  aux  autres. 

Les  t  bleaux  qui  ornent  les  pala's  ,  contribuent 
auiantà  marquer  la  différetice  qui  existe  cnir'euK 
el  les  temples  ,  que  la  disiiibuiion  même  des  ap- 
partemens.  Preîque  tous  consacrent  des  faits  et 
des  exploiis  militaires  ,  des  passages  de.rivieres  , 
des  sièges  de  places  fortes  ,  des  combats  sur  terre 
et  sur  mer  ,  des  marches  de  troupes.  La  forme 
des  armes  et  leur  nombre  indiquent  assez  que  , 
dès  ce  tems  ,  les  moyens  de  destruction  étaient 
aussi  variés  et  aussi  étendus  qu'ils  le  sont  de  nos 
jours. 

Les  bas-reliefs  qui  rétracent  les  triomphes  du 
vainqueur  ,  suivent  ceux  qui  représentent  ses 
victoires.  On  traîne  les  prisonniers  en  sa  pré- 
sence ,  el  on  compte  sous  ses  yeux  des  monceaux 
de  mains' et  de  membres  viiils.'Il  ne  fan'drait  pas 
se  former  ,  d'après  ces  tableaux  ,  une  opinion 
défavorable, du  caractère  des  égypiitcs.  Les  par- 
ties génitales  don,t  on  fait  1  énuméraiion  ,  sont 
celles  des  ennemis  morts  sur  le  champ  de  ba- 
taille ,  £t  réunies  aux  pieds, du  héros  comme  tro- 
phées de  la  victoire.  "foUs  les  prisonniers  con- 
duits devant  lui ,  ne  paraissent  point  avo-r  éprouvé 
cette  mutilation.  . 

On  accuse  les  anciens  égyptiens  d'avoir  im- 
molé des  hommes:  des  bas-reliefs,  en  conser- 
vant le  souvenir  de  cette  barbare  coutume,  noiis 
apprennent  que  c'éiaient  des  ennemis  qu'ils  im- 
moraienl  ainsi.  Peui-être  ces  sculptures  ne  foijt- 
elles  que  rappeler  le  souvenir  de  sacrifices  faits 
dans  des  tems  antérieurs  à  leur  civilisation. 
Presque  tous  ies  peuples,  à  certaines  épocjues  , 
n'ont-ils  pas  payé  tribut  à  cet  horrtbie  usage? 
ce  crime  n'est-il  pas  celui  de  l'énfaiice  de  la 
société  ? 

Les  morts  ont  partagé  ,  avec  les  dieux  et  les  rois  , 
les  soins  et  les  hommages  des  anciens  égyptiens. 
La  vie  la  plus  longue  d'un  monarque  devait  lui 
laisser  à  peine  assez  de  tems  pour  creuser  soa 
tombeau  ;  aussi  les  sépultures  des  souverains  de 
Thèbes  sont-elles  ce  que  les  efforts  réunis  du 
travail  et  de  la  patience  offrent  de  plijs  sur- 
prenant. 

On  ne  pouvait  employer  à  l'excavation  des 
grottes  ,  qu'un  nombre  très-borné  d'ouvriers , 
et  cependant  elles  sont  déoerées  jusque  dans 
leurs  moindres  parties,  de  tableaux  et  d  hyéro- 
glyphes  ,  dont  les  couleurs  ont  conservé  toute  leui: 
fraîcheur  et  leur  vivacité.  Les  figures  qui  n'ont 
point  éié  coloriées  ont  reçu  un  poli  égal  à  ce^ui 
du  plus  beau  stuc. 

Les  anciens  Egyptiens  croyaient  qu'après:  uiï 
nombre  déterminé  de  siècles  ,  ils  reviendraient  à' 
la  vie  ,  si  leurs  corps  n'avaient  éprouvé  aucunei 
altération  dans  les  tombeaux  ;  de-là  lembaume'' 
ment  et  les  soins  particuliers  qu'ils  prenaient  pour 
mettre  les  momies  à  l'abri  cies  inondations  da 
fleuve.  Le  monarque  et  le  sujet  ,  le  riche  el  le; 
pauvre  ,  dans  l'espérance  de  cette:  future  résur- 
rection ,  prenaient  les  mêmes  précautions  avec- 
la  même  sollicitude. 

La  chaîne  lybique  est  percée  en  face  de  Thèbe» 
d'un  nombre  prodigieux  de  grottes  sépulchrales. 
Les  savans  qui  nous  ont  précédés  en  ont  négli<»6 
l'exauicn  ,  et  seules  elles  auraient  été  le  digne' 
objet  d'un  voyage  important.  L'ordre  des  richesse», 
a  réglé  1  ortjre  de  leurs  positions  dans  le  flanc  de; 
cette,  montagne  ;  les  plus  voisines  du  sol  appar» 
tenaient  aux  familles  les  plus  opulentes;  leur 
grandeur  et  leurs  ornemens  l'indiquent  ainsi  : 
Celles  des  citoyens  dune  fortune  médiocre, 
étaient  creijsés  à  la  moitié  de  la  hauteur  du  rocher. 
Les  pa'iivrès  occupaient  les  plus  élevées;  elles  sont 
aussi  les  plus  intéressantes. 

On  y  lit  l1ii;.toire  de  la  marche  et  deç  prpgrèf 
de  la  civilisation  dans  les  bas  -  .reliefs ,  ou  le^ 
peintuies  à  fresque  ,  qui  représentent  les  dlffé- 
rens  travaux  auxquels  Se  livraient  les  incicn» 
égyptiens.  La  chasse  ,  ta  pêche  ,  te  labourasjé',  liiS 
récolles,  la  navigation  ,  le  commerce  décfîange  , 
les  exercices  militaires,  les  piocédés  de  ceriain» 
ans  el  métiers,  les  cérémonies  nuptiales  et  func- 
raiies  y  sont  retracés  en  mille  endroits. 
Partout  0^  l'ont  voit ,  dans  la  Haute-Egypte  , 


KlS 


Tcinplacement  et  les  ruines  d'une  ville  ancienne,  j 
on  peut  chercher  avec  ceniiude  les  tombeaux  de 
ses  habitans  au  sein  des  montagnes  qui  l'avoi- 
sineni.  On  peut  chercher  aussi  dans  chacun  de 
ces  tombeaux. ,  l'histoire  de  l'égyptien  qui  y  lut 
enseveli  ,  elle  est  tracée  sur  les  murailles. 
•  Ces  grottes  servirent  de  premiers  asyles  aux 
premiers  hommes  qui  peuplèrent  les  bords  du 
î>lil.  Ils  en  firent  ensuite  leur  dernière  demeure  , 
le  dé(.Gt  conservateur  de  ces  corps  qui  devaient 
se  ranimer  un  jour.  Quelques  siècles  après,  nos 
pieux  et  fous  anachoreites  s'y  ensevelirent  vivans  : 
elles  ne  changèrent  pas  de  destination. 

Lorsqu'avec  le  siège  de  la  monarchie ,  la  popu- 
lation descendit  vers  la  Basse-Egypte,  les  rois  qui 
s'établirent  à  Memphis ,  pleins  de  l'impression  de 
puissance  et  de  grandeur  que  le  souvenir  des 
sépultures  des  souverains  de  Thebes  laisse  après 
lui  ,  dirent  :  égalons  les  travaux  de  nos  prédéces- 
seurs -  faisons,  pour  défier  le  regard,  ce  qu'ils 
ont  fait  pour  s'y  dérober  et  s'y  soustraire,  et  ils 
ëlevereat  les  pyramides. 

L'amour  du  gigantesque  ,  particulier  aux  na- 
tions du  Levant  ,  enfanta  les  uns  et  les  autres  de 
ces  monumens.  Les  rois  grecs  d'Alexandrie  ne 
dédaignèrent  pas  d'imiter  les  premiers. 
'  Quand  on  les  considère,  ces  teniples ,  ces 
palais ,  ces  tombeaux  ,  tous  ces  impérissables 
monumens,  on  se  demande  sous  quel  gouver- 
nement ont-ils  été  élevés  ?  et  quand  on  sait  que 
<:e  fut  sous  celui  des  prêtres  ,  on  s'étonnerait  que 
ràuiorité  sacerdotale  eut  jamais  pu  produire 
«Quelque  chose  de  grand  ou  de  bon  ,  si  Ion  ne 
songeait  que  les  égyptiens  en  étaient  alors  à  ce 
point  de  civilisation  où  il  est  difficile  de  n'être 
pas  asservi  aux  institutions  religieuses. 

Cambyse  a  renversé  le  gouvernement  des  prê- 
tres ,  il  a  renversé  les  monumens  qu'ils  avaient 
■élevés  ;  on  voit  encore  les  traces  des  coins  qui 
orit  sépare  le  colosse  de  Memnon  et  brisié  les 
obélisques  de  Thebes. 

Etait-ce  par  ignorance,  était-ce  par  politique  ? 
qu  importe  si  les  résultats  sont  les  'mêmes.  Cepen- 
dant 1  intérêt  de  la  vérité  autorise  cette  discussion, 
«Ile  peut  contribuer  à  faire  deviner  jusqu'où 
s'étendait  l'influence  et  le  pouvoir  des  prêtres  sur 
les  habitans  de  1  Egypte. 

Cambyse  paraît  avoir  eu  le  goût  des  arts  :  il 
emporta  dans  la  Perse  les  sculptures  précieuses 
par  la  matière  où  le  travail  •,  il  emmena  dans  ses 
îtats  cette  colonie  d'artistes  qui  éleva  les  palais 
encore  subsistans  de  Persepolis.  Il  n'avait  donc 
d'autre  but  que  de  diminuer  ,  d'anéantir  le  res- 
pect des  égyptiens  pour  leurs  prêtres  ,  en  brisant 
a  leurs  yeux  les  monumens  qui  contiibuaient  à 
tnlretenir  cette  vénération.  Il  punissait,  sur  cette 
classe  seule  et  sur  les  objets  de  son  culte  ,  les 
tévoltes  des  citoyens  ;  heureux  encore  s'il  n'eut 
jamais  fait  couler  d'autre  sang  que  celui  du  bœuf 
Apis. 

Voltaire  a  mis  en  doute  si  cette  action  est  rai- 
sonnable ou  folle  ,  et  il  penche  pour  la  première 
opinion.  Il  témoigne  peu  d'estime  pour  ce  qu'il 
appelle  la  prétendue  sagesse  des  égyptiens.  Peut- 
«ire  a-t-il  attaché  une  signification  trop  étendue 
à  ce  mot  qui  semble  pouvoir  s'entendre  ,  par- 
ticulièrement de  la  science.  Dans  ce  sens,  ils  ont 
mérité  les  éloges  que  leur  prodiguèrent  les  grecs. 
Peut-être  aussi  ,  dans  la  rigoureuse  acception  du 
même  mol ,  n'ont-ils  pas  mérité  la  sévère  critique 
de   Voltaire. 

les  égyptiens  obéissant  à  des  lois  qu'ils  s'étaient 
^données  ,  se  conformant  aux  réglemens  de  la  po- 
feique  qu'ils  s'étaient  imposée  ,  observant  les  pré- 
ceptes de  la  morale  qu'ils  avaient  consacrée  , 
oitrent  dans  ces  trois  genres  de  grands  et  esti- 
mables modèles.  Le  plus  ancien  gouvernement 
du  inonde  en  fut  le  plus  durable.  Ce  serait  là 
«ans  doute  un  puissant  argument  en  faveur  de  la 
sagesse  des  prêtres  qui  dictèrent  des  lois  accom- 
modées au  climat  de  l'Egypte  ,  au  caractère  de 
ces  habitans ,  et  il  disposerait  à  l'estime  pour  le 
peuple  qui  s'y  soumit  ayec  docilité  ,  et  les  suivit 
avec  constance,  pendantunlaps  de  tems  quiétonne 
1  imagination  ,  si  une  seule  considération  n  altérait 
beaucoup  ce  sentiment. 

Les  prêtres ,  après  avoir  conduit  les  égyptiens 
à  l'état  de  civilisation  qui  ,  en  flattant  leur  amour 
propre  ,  favorisait  leur  autorité  ,  firent  pour  les 
teteair  à  ce  point ,  des  efforts  égaux  à  ceux  qu'ils" 


avalent  déjà  employés  pour  leur  imprimer  l'élan 
qui  les  y  avait  portés  ;  et  ceux-ci  persistèrent  dans 
leur  obéissance  au  moment  où  ,  en  accusant  leur 
faiblesse  ,  elle  cessait  dêtre  une  vertu. 

Si  la  disposition  physique  d'un  pays  ,  si  l'in- 
fluence du  climat,  ne  sont  pas  applicables  à 
l'exarîien  du  caractère  de  tous  les  peuples  du 
globe  ,  au  moins  ces  causes  sont-elles  suffisantes 
poui-  expliquer  celui  des  habitans  de  l'Egypte. 

Gage  de  la  fertilité  de  leurs  terres  ,  le  Nil  l'était 
aussi  de  leur  asservissement.  Il  garaiitissait  la  pos- 
session du  pays  au  conquérant  qui  s'était  rendu 
maître  de  son  cours.  Les  déserts  qui  l'environ- 
naient tefusin)  aux  égyptiens  les  moyens  de  se 
soustraire  à  la  servitude  par  l'émigration  ,  et  l'ac- 
tion soutenue  de  la  chaleur 'les  condamnant  à 
l'inertie  morale  et  physique  ,  les  disposaient  à 
une  obéissance  servile.  Assujettis  à  une  vie  claus- 
trale sous  la  direction  de  leurs  prêtres  .  esclaves 
sous  les  perses ,  sujets  sous  les  macédoniens,  ils 
se  soumirent  ensuite  avec  la  même  docilité  aux 
empereurs  romains  et  aux  souverains  grecs  de 
Coiisiantinople. 

Au  moment  de  l'invasion  d'Alexandre,  ils 
étaient  déjà  bien  au-dessous  de  leurs  ancêtres,  ils 
avaient  perdu  leur  caractère  national.  La  gravité, 
l'ausiérité  qu'ils  devaient  à  leur  vie  régulière  et 
monastique  ,  devinrent  ,  sous  la  tyrannie  des 
perses,  1  humeur  sombre  et  morose  d'un  esclave 
mécontent  et  lâche. 

Ce  vice  de  l'esprit  et  du  caractère  devait  les 
disposer  à  se  jetier  dans  tous  les  travers  de  la 
misantropie  et  de  la  superstition.  Le  pays  ou  leS 
hommes  se  réunirent  les  premiers  en  société,  fut 
celui  où  ils  songèrent  les  premiers  à  la  dissoudre  , 
ou  tout  au  moins  à  s'en  séparer  à  jamais. 

Les  bords  du  Nil  virent  les  premiers  moines  et 
les  plus  nombreux  martyrs.  Ses  habitans  n'avaient 
plus  alors  que  le  courage  des  faibles  :  la  rési- 
gnation. 

L'Egypte,  le  berceau  des  arts  et  des  sciences , 
fut  aussi  celui  des  religions  :  le  culte  de  ses 
dieux  se  répandit  presque  sur  toute  la  terre. 
Nous  retrouvons  dans  les  bas  -  reliefs  de  ses 
monumens  l'origine  de  plusieurs  cérémonies 
du  culte  chrétien  ;  la  représentation  fidelle  de 
se:  vases  sacrés ,  les  détails  des  ornemens  de 
ses  prêtres  ,   et  les  habillemens   de   ses  moines. 

De  tous  tems  l'esprit  d'intolérance  a  animé 
les  hommes  qui  habitèrent  ce  pays.  L'ignorance 
et  la  barbarie  en  étendirent  les  efi^ets  jusques 
sur  les  figures  inanimées  qui  décoraient  les  an- 
ciens temples.  Chrétiens  et  musulmans  ,  s'accor- 
dant  en  le  seul  point,  la  destruction,  mutilè- 
rent à  l'envi  les  sculptures.  Les  uns  crurent 
effacer  l'image  des  démons  en  brisant  les  têtes 
des  animaux  ;  lès  réprésentations  humaines  satis- 
firent ,  en  tombant ,  aux  scrupules  des  autres. 

Les  temples  des  égyptiens  ont  été  successive- 
ment ceux  des  sectateurs  de  Jésus  et  de  Maho- 
met. Les  figures  des  quatre  évangélistes  ,  dé- 
corées de  l'auréole  ,  ont  remplacé  celles  de 
Cnuphis  et  de  Phthu  ,  d'Osiris  et  d'Isis.  Sur  les 
débris  de  l'autel  du  Christ  on  a  dans  la  mosquée 
creusé  la  niche  qui  regarde  la  sacrée  Kéabé. 
Ces  lieux  saints  ne  sont  plus  maintenant  que 
des  étables. 

L'ordre  des  tems  aurait  dû  amener  plutôt  de 
dernières  réflexitîns  sur  le  caractère  des  égyptiens. 
L  historien  JosepHe  dit  de  ceux  de  son  tems,  qu'ils 
n'ont  ni  la  fermeté  des  macédoniens  ,  ni  la  pru- 
dence des  grecs ,  et  que  leurs  mœurs  sont  cor- 
rompues. Amraien-Marcellin  ,  trois  siècles  après 
lui  ,  nous  les  peint  sérieux  et  tristes  ,  ardens  dans 
tous  leurs  mouvemens  ,  chicaneurs  ,  importuns  , 
solliciteurs  impitoyables  ,  assiégeant  sans  cesse  la 
cour  des  empereurs  de  réclamations  pécuniaires. 
))  C'est  une  honte  chez  eux,  dit-il  ,  d'avoir  payé 
le  tribut  de  bonne  grâce,  et  sans  y  avoir  été  forcés 
à  coups  de  fouet.  >»  Ces  traits  ne  caractérisent- 
ils  pas  encore  lés  habitans  qui  leur  ont  suc- 
cédé ? 

Telles  sont,  citoyen  premier  consul  ,  les  ré- 
flexions premières  qu'a  fait  naître  en  nous  la  vue 
des  temples  ,  des  palais  ,  des  grottes  sépulchrales  , 
des  statues  des  bas-reliefs  ,  des  peintures  qui  en- 
richissent encore  la  Haute-Egypte.  Si  elles  ob- 
tiennent votre  suffrage  ,  je  me  féliciterai,  comme 
membre  de  la  commission  des  arts  ,  d'avoir  con- 
tribué à  entretenir  la  bienveillance  et  l'estime  que 


vous   avez    bien  voulu  témoigner   à  cette   asso- 
ciation. 

En  vous  accompagnant ,  elle  a  contracté  une 
obligation  importanle  ;  rengagement  _  qu'elle  a 
pris  avec  lEurope  ,  n'est  ni  moins  grand  ,  ni 
moins  va.<ie.  Elle  ne  paraîtra  digne  du  héros 
qu'elle  a  suivi  ,  du  gouvernement  puissant  qui 
l'a  protégée,  qu'autant  que  ses  travaux  ne  pré- 
senteront rien  de  faible  ni  de  médiocre.  A  cet 
égard  ,  je  me  plais  à  espérer  que  les  membres 
qui  la  composent  ,  auront  quelque  droit  a  l'es- 
time due  aux  talens  ,  après  avoir  mériié  celle 
qu'on  accorde  au  courage  et  au  dévoûment. 
Citoyen  premier  consul  , 
Salut  et   respect. 

RiPAULT ,   bibliothécaire  et  membre  de   l'institu^ 
d'Egypte. 


Au  Rédacteur. 

D'après  les  avis  de  deux  hommes  célèbres, 
le  citoyen  Hédou  a  répété  les  précédés  connus ,  je 
n'en  doute  nullement;  mais  je  l'engage  encore 
à  recommencer,  car  beaucoup  de  phénomènes 
lui  ont  échappé.  A  la  vérité  pour  un  premier 
essai  ,  il  ne  lui  était  guère  possible  devoir  que 
ce  qui  pouvait  être  appeiçu  par  Ihomirie  le 
moins  exercé. 

D'après  ces  expériences  ,  il  résulte  que  le  gallate 
de  fer  est  dissoluble  sans  altération  dans  le* 
acides  étendus  d'eau  ,  et  qu'il  en  est  précipi- 
table  comme  gallate  insoluble  ,  c'est-à-dire  , 
avec  toutes  les  propriétés  qu'il  avait  auparavant 
par  les  alkalis  ;  celle  expérience  faite  sûrement 
dans  un  verre  ne  prouve  rien  ,  car  s'il  l'avait 
appliquée  à  l'écriiure  ,  il  aurait  apperçu  qu'elle 
rr'est  point  détruite  et  qu'elle  est  toujours  tiès- 
lisible  ;  l'acide  qui  a  servi  a  cette  expérience 
ne  précipite  lien  par  les  alkalis  :  de  plus  ,  à  sup- 
poser qu'il  y  ait  décomposition  et  que  le  fer 
se  dissolve  dans  l'acide  étendu,  d'eau  ,  l'acide 
gallique  doit  demeurer  sur  le  papier  et  le 
colorer. 

Il  saura  aussi  que  le  gallate  de  fer  digéré  dam 
l'acide  nitrique  et  sullurique,  n'en  est  attaqué 
que  leritement.  et  que  le  tout  filtré,  donne  une 
belle  teinture  jaune  etne  précipite  rien  ,  pas  même 
par  les  alkalis  ,  et  que  si  on  fait  bouillir  cette 
liqueur  dans  une  dissolution  d'alkali  fixe  ,  elle 
donne  une  couleur  rouge   comme  du  sang. 

L  acide  muriatique  oxigéné  ne  dissout  pas  hoa 
plus  le  gallate  de  feu  ,  et  on  n'en  obtient  aucun 
précipité  .  ni  par  les  alkalis  ,  ni  par  les  hydro- 
sulfiires.Si  le  citoyen  Hédon  eut  examiné  l'aciioa 
de  l'acide  muriatique  oxigéné  sur  le  gallique  ,"  il 
aurait  vu  que  ce  dernier  est  totalement  détruit 
et  même  brûlé  ,  qu'il  fait  un  dépôt  noir  par  la 
précipitation  du  charbon  presque  pur  ,  et  passe 
à  l'état  d'acide  oxalique  ,  qu'ainsi  il  est  impossible 
de  rappeler  le  gallate  de  fer,  détruit  par  cet 
agent. 

Si  je  n'ai  point  répondu  plutôt  au  fit.  Hédon  , 
c'est  que  je  n'ai  connu  sa  réplique  que  le  li  de 
ce  mois,  je  le  remercie  de  ses  conseils  ,  et  re- 
grette qu'il  ne  veuille  plus  me  les   continuer. 

GuiETAND  ,  pharmacien  à  l'Hôlel-Dieu. 


LIVRES    DIVERS. 

On  trouve  chez  Rondonneau  ,  au  dépôt  de| 
lois  ,  place  du  Carousel  ,  l»-s  décisions  du  conseil 
des  prises  .  format  in-4°  ,  édition  de  1  imprimerip 
de  la  république.  L'abonnement  est  de  5  fr.  pout 
35  feuilles  ,  franc  de  port. 

Dissertation  sur  la  fièvre  angioténique  inflamma- 
toire ,  par  F.  Aygaleuq  ,  médecin  :  brochure  m-8. 
Prix  ,  I  fr. ,  et  i  fr.  sS  cent.  ,  franc  de  port  par  I» 
poste.  A  Paris ,  chez  Richard  ,  Caille  et  Ravier, 
libraires,  rue  Hautefeuille  ,  n°.  II. 

Cet  ouvrage  est  le  meilleur  qui  ait  paru  sur  la 
nature  et  le  traitemenj  de  la  fièvre  inflammatoire. 
L'auteur  a  suivi  la  marche  analytique ,  et  pleine- 
ment embrassé  l'étendue  de  son  sujet,  dont  tous 
les  poiiits  sont  supérieurement  bien  discutés.  Il 
s'attache  à  la  doctrine  d'Hippocrate  et  de  Slalhl , 
insiste  sur  l'observation  ,  y  rejette  la  pathologie 
humorale  et  la  médecine  trop  active.  Ce  qu'il  dit 
sur  la  considération  du  sang ,  dans  les  maladies 
inflammatoires  ,  mérite  sur-tout  d'être  vu. 


L'ïbdnnement  se  fait  àpaiis  ,  rue  des  Poitevins ,  n'  i8.  Le  prix  est  de  :3  francs  pour  trot*  mois  ,  5o  fraact  pour  6  mois  ,  et  loo  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonne 
qu'au  commencement  de  chat^u.e  mois. 

11  tant  adresser  les  lettres  etl'itrgent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ag  as  s  e,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  n"  i8.  II  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  o(i  Ton  nie  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemensnoh  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  p»ur  plus  de  sûreté ,  de  charger  celles   qui  renferment  des  valeurs ,   et  adresser  tout  «e    qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur ,  rue  des 
(Poitevins,  n*  «.S  ^d'ïpui.';  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  3o2. 


Duodi ,    a   therm'dor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à  dater  du  7  nivôse  le  Moniteur  est   le  seul  journal  officiel. 
I!   concienc    les    séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  années,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  É  R  I   EUR. 

ESPAGNE. 

De  Cadix  ,  le  i"  juillet  (  i  2  messidor. ) 

V-/n  a  apperçu  ,  le  s  de  ce  mois  ,  dans  l'ouest- 
-nord-ouest  ,  deux  vaisseaux  de  guerre  anglais  de 
80  canons  ,  un  de  74,  el  un  lougre. 

P«ux  autres  vaisMaux  •(  une  frégate  de  la 
mlitic  nation  croisaient  le  5  dans  le  nord-ouest 
et  à  la  vue  de  l'ennemi.  Il  est  entré  dans  notre 
port,  ces  deux  jours  là,  quatre  bâtiniens  espagnols, 
dont  trois  venaient  de  la  partie  de  l'est ,  et  le 
tfuatrietne  de  rAmérique. 

Il  est  arrivé  ici  le  8  un  brigantin  anglais  ,  cap- 
iluré  par  le  corsaire  le  Passwan-Oglou. 

Un  navire  espagnol  venant  de  la  Havane  .  et 
b5  autres  d'Algéziras  ,  sous  l'escorte  de  3  cha- 
loupes canonnières  et  de  deux  misticos  ,  ont 
mouillé,  le  9  ,  dans  la  baie. 

Le  II  ,  deux  vaisseaux  de  guerre  anglais  croi- 
saient dans  le  sud-sud-ouest. 

Nous  comptons  environ  5o  bâlimens  nationaux 
entrés  ici  depuis  le  i"^'  messidor  ,  et  6  étrangers  , 
dont  3  américains  et  3  suédois  ;  l'un  de  ces  der- 
niers est  détenu  par  un  corsaire  français. 

Il  est  sorti  dans  le  même  espace  de  teras  ,  3 
navires  américains  ,  un  suédois  ,  un  danois  et 
«deux  corsaires  français. 

Gibraltar. 

Un  convoi  a  appareillé  d'ici  le  8  messidor , 
Jous  l'escorte  d'une  frégate  de  40  canons. 

Les  forces  navales  existantes  en  ce  port  à  la 
même  date  ,  se  trouvaient  composées  d  un  vais- 
seau de  guerre  de  74,  d'une  frégate  de  40,  de 
trois  autres  de  36  ,  d'une  corvette  de  26  ,  et  de 
trois  chaloupes  canonnières. 

IRLANDE. 

Dublin  ,  le  10  juillet  (  2 1  messidor.  ) 

Suite  du  discours  de  M.  Dohbs  ,  à  la  chambre  des 
communes.  {W oyez  les  Moniteurs  des  ao  et  22 
messidor.  ) 

Mo'iSE  ,  il  y  a  près  de  3ooo  ans  ,  a  prédit  que 
les  juifs  seraient  cxpulsésdè  leur  pays  et  se  dis* 
pcrseraient  sur  la  surface  du  globfe  ;  qu'ils  ha- 
liiieraient  par-tout  ,  mais  sans  domicile  nulle 
jpart .  et  qu'ils  deviendraient  un  objet  de  mépris 
ei  de  risée  pour  tous  les  peuples.  (N'en  déplaise 
à  M.  Dobbs  ,  la  prédiction  de  Moïse  se  trouve 
contredite  en  France.  )  Il  y  a  maintenant  .|  conti- 
nue 1  hon.  membre, près  de  lyooansqu'iis  (lesjuifs) 
ônl  éié  chassés  de  la  Judée  par  les  romains,  et  la 
prophétie  de  Moïse  est  tellement  accomplie  par-là, 
qu'il  serait  impossible  de  tracer  une  histoire  plus 
exacte  de  ce  peuple  ,  en  moins  de  mois  que  n'en 
i  employés  l'écrivain  hébreu.  Chaque  juif  attend 
l'arrivée  du  Messie  dans  toute  sa  gloire  et  sa  puis- 
sance ,  pour  être  remis  en  possession  du  pays  de 
ses  pères  ;  -et  comment  n'y  compierait-il  pas  avec 
assurance  lorsque  les  saintes  Ecritures  ,  déposi- 
taires des  propliélies  relaiives  à  la  dispersion  du 
peuple  juif,  eic.  et  accomplies  à  la  lettre  ,.  of- 
frent plus  de  mille  passages  où  il  est  question  de 
la  réintégration  future.  Je  me  bornerai  à  rapporter 
à  la  chambre  celui  de  ces  [lassages  où  le  prophète 
s'énonce  avec  le  plus  de  clarté  el  de  précision.  Il 
est  contenu  dans  le  23'  chapitre  de  Jcrémie  : 
il  Le  teras  est  venu,  dit  le  Seigneur,  que  je 
susciterai  à  David  une  race  juste  ,  un  pasteur  qui 
jcra  sage  ,  qui  agira  selon  l'équité  ,  et  qui  rendra 
justice  sur  la  terre.  Par  lui  Juda  sera  sauvé  ,  Is- 
raël habitera  en  assurance  ,  et  voici  le  nom  qu'ils 
donneront  à  ce  nouveau  pasteur  :  le  Seigneur 
qui  est  notre  justice.  i>  Il  est  donc  démontré  , 
M.  l'orateur  ,  d  après  ce  passage  el  suivant  la 
croyance  de  tous  lesjuifs,  l'opinion  du  grand 
»ir  I^.•lac  (  Newton  )  ,  et  celle  des  plus  habiles 
corrftticniaieurs  ,  tous  d'accord  sur  ce  point,  et 
je  dirai  mémo  des  chrétiens  les  mieux  instruits  , 
que  le  Messie  doit  venir  en  personne  sur  la  terre 
dan»  toui  1  éclat  de  la   gloire  el  de  la  puissance. 

je  vais  niainicnant  ,  monsieur,  rhotiver  à  la 
chambre  les  taisons  qui  me  portent  à  cioire  que 
lious  louchons  à  cet  événement.  Les  honorables 
rtienibrcs  ici  piésens,  se  rappelleiont  sans  doute 
qu'il  est  dit  posiiivtratiii  dans  le  texte  sacré  , 
11  que  nul  homme  ne  peut  citer  le  jour  ou  l'heure 


de  l'arrivée 'du  Messie.. ..;  qu'il  viendra  comme 
un  voleur ,  pendant  la  nuit  ;  que  ce  qui  se  passait 
sur  la  terre  du  tems  de  Noë  ,  y  aura  heu  de  même 
a  l'époque  de  cet  événement ,  ç'est-à-dire  que  le 
Messie  nous  trouvera  mangeant,  buvant,  nous 
mariant ,  trafiquant  .agiotant ,  etc.  Les  saintes  écri- 
tures ajoutent  ,  que  le  Soleil  retirant  alors  sa  lu- 
mière ,  nous  verrons  le  fils  de  l'homme  descendre 
du  ciel  ,  porté  majstueuseraent  sur  les  nuages. 
(Quoique  celle  apparition  doive  être  soudaine, 
il  y  a  cependant  des  signes  généraux  qui  nous  en 
annonceront  l'approche.  Les  princi,  aux  sont  :  la 
destruciion  de  la  puissance  papale  et  l'incrédulité 
poriée  à  un  très-haut  degré.  Dans  le  septième  cha- 
pitre de  Daniel  ,  la  puissance  papale  est  décrite 
sous  le  nom  d'une  petite  corne  d'une  espèce  très- 
extraordinaire ,  séievant  au  milieu  des  dix  cornés 
de  la  quatrième  bête.  Sir  Isaac  et  1ouS  les  plus 
savans  commentateurs  sont  d'accord  que  ceue 
petite  corne  devait  pns.séder  le  pouvoir  pendant 
l'espace  de  1260  ans.  Ensuite  de  quoi  dit  Daniel  : 
tt  le  jugement  se  tiendra,  afin  que  la  puissance 
soit  ûtée  à  la  petite  corne  ,  qu'elle  soit  entièrement 
détruite  et  qu'elle  périsse  pour  jamais.  Alors  on 
donnera  l'étendue  de  l'empire  de' tout  ce  qui  est 
sous  le  ciel  au  peuple  des  saints  du  très-haut  : 
car  son  royaume  est  un  royaume  éternel,  auquel 
toute's  les  puissances  seront  assujetties  avec  une 
entière  soumiçsion.)'  Ainsi  le  royaume  du  Messie 
s'élèvera  à  la  chute  de  la  papauté  !  Qui  de  nous  , 
maintenant ,  peut  douter  que  les  1266  ans  de  la 
puissance  papale  ne  soient  expirés  depuis  long- 
tems  ,  et  que  le  jugement  va  se  tenir,  afin  que  '^ 
puissance  lui  soit  ôlée  (  à  la  petite  corne  ,  autre- 
ment le  pape  )  qu'elle  soit  entiéremcnl  détruite  et 
qu'elle  périsse  pour  jamais.  >i  Q_ue  celui  qui  en 
doute  ,  considéré  ce  qui  s'est  passé  dans  ces  20 
dernières  années  ,  et  qu'il  dise  si  le  Messie  n'est 
pas  près  d'arriver. 

(La  suite  et  la Jtn prochainement. ) 

ANGLETERRE. 

Londres  ,leii  juillet  (  <23  m-essidor.) 

Article  extrait  d'un  procès-verbnl ,  lu  hier  dans  la 
chambre  des  communes,  par  sir  ^ïrancis  Burdett 
Jones  ,'  concernant  ta  maison  de  correction  de 
Cold-Bath-Fietds. 

u  Nous  les  membres  du  traverse-jury  ,  étant 
entrés  dans  une  galer'e  de  ladite  prison  ,  avons 
trouvé  un  homme  npromé  Jones  étendu  dans 
une  cellule,  et  ayant  la  tête  enveloppée  avec  un 
mouchoir.  Comme  il  nous  paraissait  extrême- 
ment mal ,  nous  lui  en  avons  demandé  la  cause  ; 
à  "quoi  il  nous  a  répondu  :  n  les  cruels  iraiteinens 
11  q\ie  l'on  m'a  fait  éprouver.  11  Et  de  suite  ,  il 
nous  a  raconté  qu'un  soir  du  mois  d'août-  1798, 
comme  il  venait  de  se  coucher  ,  le  guichetier 
entra  dans  sa  cellule,  et  lui  deitianda  :  u  Pourquoi 
II  faites- vous  du  bruit? — Je  né  fais  point  de 
1)  bruit,  lui  répondit  Jones;  mais  j'imagine  que 
"  celui  que  vous  avez  entendu  provenait  de 
1)  quelques  prisonniers  qui  fermaient  les  volets  de 
11  leurs  fenêtres.  — Tu  es  un  menteur,  un  scélérat, 
II  s'écria  le  guichetier.  11  Et  sur  ce  ,  Jones  s  étant 
levé  sur  son  séant ,  il  le  frappa  à  la  tête  avec 
un  paquet  de  clefs  ,  dont  une  partie  des  coups 
porta  heureusement  sur  le  mur  ;  après  quoi  le 
guichetier  se  retira.  Mais  étant  revenu  le  lende- 
main matin  ,  il  commanda  à  Joncs  de  le  suivre, 
en  lui  disant  qu'il  allait  être  mis  aux  fers.  "  Pour- 
i>  quoi  donc,  lui  objecta  Jones?  je  conçois  que 
I)  si  j'avais  commis  queUjue  crime  ,  je  mériterais 
II  d  êlre  enchainé  ,  mais  je  ne  suis  coupable 
II  d'aucun.  Il  Survint ,  pendant  cette  altercation, 
le  gouverneur,  qui  ,  après  avoir  rompu  sa  canne 
sur  le  corps  de  Jones  ,  finit  de,  l'assommer  à  coups 
de  poing;  il  le  saisit  ensuite  pv '*''•••  •  elle 
chargea  de  fers  ,  que  Jones  a  conservés  pendant 
plusieurs  mois;  lequel  dit  Jones  nous  a  déclaré, 
sous  serment  ,  qu'il  n'avait  jamais  joui  d'une 
heure  de  santé  depuis  ce  barbare  traitement,  m 

—  Quelle  que  soit  la  décision  du  parlement  et 
du  pouvoir  exécutif,  relativement  à  la  question 
de  la  paix  ou  de  la  guerre  ,  il  est  impoitant  de 
considérer  si  les  ministres  actuels  sont  capables 
de  conduire  celle-ci  avec  gloire  et  avantage  pour 
ce  pays.  Qui  de  leurs  partisans  osera  soutenir 
qu'ils  ont  Tait  preuve  de  quelques  talens  dans 
l'emploi  des  forces  nationales  mises  jusqu'ici  à 
leur  disposition?  Il  ne  suffit  pas ,  lorsque  les 
circonstances  requierenl  de  l'énergie  et  de  l'ha- 
bileté ,  de  savoir  régir  des  bureaux. 

(entrait  du  Morning-Chronicle.  j 


I  N  T  E  R  I  EU  R. 

Tête  du  Quatorze-Juillet.  — '  zS'niessidar,  an  8. 

Colonnes    dé-partementales;" 

Département  de  l'Oise.^-  Le  cit.  Cambry,  p/ejct., 

La  coloime  départementale  de  IQise  ,  a  été 
posée  le  25  messidor  an  8  ;  de  l'estrade  préparée 
pour  la'fëie  ,  en  présence  d'un  peuple  nombreuse 
et  de  tous  les  corps  constitués  ,  le  préfet  a  pro- 
noncé un  discours  terminé  par  ces  mots  : 

it  Chantez  tant  de  héros  dont  les  ombres  heu- 
reuses errent  autour  de  Vous  ,  fiers  de  votre 
bonheur  et  de  la  paix  qu'ils  ont  conquise.  Ne 
craignez  pas  que  Joubcrt  ,  que  Desaix,  que  ce 
fameijx  Latour- d'Auvergne  ,  ne  craignez  point 
que  l'ombre  de  vos  fils  trouble  vos  chants  ,  vos 
jeux  patriotiques  ;  les  faibles  pleurent  un  moment 
d'existence  ,  que  le  héros  donne  gaïment  à  sa 
patrie.  Séchez  vos  larmes  ,  et  posez  avec  moi  la 
pier.-e  qui  doit  immortaliser  nos  guerriers.  Quand 
les  siècles  auront  fait  disparaître  de  nombreuses 
générations  ,  quand  l'orgueil  et  la  vanité  ,  quand 
les  jouissances  de  la  fortune  ,  quand  toutes  les 
futUilés  du  jour  auront  passé  comme  l'éclair,  la 
voix  reconnaissante  de  la  postérité  célébrera  le 
nom'  de  vos  entans  ,  on  se  rassemblera  sous -le 
chêne  ,  sous  les  peupliers  qui  doivent  ombrager 
leur  brillant  obélisque  ,  pour  y  chanter  l'hymne 
des  héros ,  pour  lire  sur  ce  monument  auguste  , 

Il  Ils-  moururent  pour  la  patrie  dans  une  guerre 
légitime.  II 

Le  citoyen  Legrand,  architecte  ,  connu  par  ses 
talens  et  son  érudition,  a  placé  sur  l'esirade  une 
boîie  de  cèdre  ,  dans  laquelle  le  préfet  a  déposé 
une  plaque  de  bronze  avec  cette  inscription  : 

AuK  héros  morts  pour  ta  Patrie  dans  la  guerre 

Bonaparte  ,  premier  consul ,  vainqueur  à  Maringo  , 

donnait  le  bonheur  à  la  France. 

Moreau  pénétrait  dans  te  cœur  de  ta  Germanie.' 

Nous  pleurions   Desaiit 

et  Latour-d' Auvergne ,  le  premier  grenadier  de  France. 

Qamhacérès  et  Lebrun  ,  consuls  , 

Lucien  Bonaparte ,  ministre  de  rintérieur, 

Cambry  ,  prejet  de  l'Oise,  posa  celte  pierre  ,      '■, 

le  ai  messidor  an  8, par  arrêté  des  consuls  , 

du  29  ventôse  an  S. 

Il  a  placé  dans  la  même  boîte  des  monnaies 
de  l'année  ,  une  médaille  de  Marc-Aurele  ,  trou- 
vée dans  les  environs  de  Vandeuil  ;  une  médaille 
de  Constantin  ,  trouvée  dans  les  environs  de 
Senlis;  une  médaille  des  vieux  gaulois,  trouvée 
dans  les  débiis  de  la  tour  de  Montepilloy.  Après 
avoir  vérifié  quelle  était  la  position  ,  l'assiette  ,  la 
nature  de  la  pierre  qui  devait  la  renfermer  ,  le 
piéfet  a  déposé  cette  boile  enveloppée  de  lames 
de  plomb  soudées  dans  la  rainure  préparée  et 
pleine  d  un  charbon  en  poudre ,  qui  défendra 
le  plomb  de  faction  combinée  de  l'air  et  de 
l'humidité  (  l  ). 


(l)  On  a  joint  à  ces  objets  quelques  produits 
chimiques  renfermés  dans  des  tubes  scellés 
hermétiquement  ,  avec  leurs  caractères  et  des 
notes  explicatives. 

Dans  le  premier  est  du  muriate  suroxigéné  de 
potasse,  sel  découvert  par  BerthoUet ,  et  qui 
essayé  à  Essonne  pour  la  fabrication  de  la  pou- 
dre ,  fit  dans  le  moment  où  on  le  triiurait  avec 
du  charbon  ,  une  explosion  terrible  ,  ei  donna 
la  mort  à  quelques  personnes.  Ce  sel  détonne 
(  comme  on  le  sait  )  avec  toutes  les  substances 
combustibles,  lorsqu'il  est  mêlé  avec  e'Ies  dans  des 
proportions  convenables.  Il  sera  curieux  et  inté- 
ressant pour  les  hommes  qui  cultiveront  la  chimie, 
d'examiner  et  de  reconnaître  quels  changemens  la 
privation  de  lumière  ,  l'action  de  l'air  ei  de  l'eau 
qu'il  lient  toujours  en  dissolution,  auront  pu 
opérer  sur  ce  sel,  et  s'il  aura  perdu  sa  piopiiclé 
déionnanie. 

Le  second  produit  est  du  sulfure  de  mercure 
cristallisé. 

Le  peu  d'air  contenu  dans  le  tube,  aidé  4e  l'ac- 
tion lente  et  successive   des  tems  ,  le  fera  peut-  ' 
êlre  passer  à  l'étal  de  sulfite  ou   de   sulfate  ,  ou 
même  la  réaction  des  priucipcs  pourra  dont^èt 


12l8 


Celte  opération  terminée  ,  la  garde  nationale 
a  délilé  devant  le  préfet ,  les  maires  ,  adjoints  et 
]es  corps  conslil^s  du  dépanennent. 

Le  reste  du  jour  et  la  huit  se  sont  écoulés  dans 
la  joie.  Les  discours  du  peuple  ,  ses  chansons  , 
attestaient  son  enthousiasme  pour  les  vainqueurs 
de  l'Italie  et  de  1  Allemagne  ,  et  son  dévouement 
»u.  grand  homme  qui  combattit  à  Maringo  pour 
Ja  gloire  de  la  république  et  le  repos  du  monde. 


Département  du  Rhâni.  —  Le  cit.  Verniuac  ,  préfet. 

Le  Quatorze-Juillet  a  été  célébré  ici  avec  une 
réunion  de  sentimens  qu'on  n'y  avait  pas  vue 
depuis  long-tems.  Le  préfet  a  posé  ,  ce  jour-là  , 
sur  la  place  des  Terreaux  .  la  première  pierre  de 
la  colonne  départementale  ,  entouré  de  louics  les 
autorités  ,  et  au  milieu  d'un  concours  immense. 
La  colonne  était  figurée  en  charpente  ,  et  peinte: 
d'après  les  beaux  plans  et  dessins  que  le  citoyen 
Chinard  proposa  pour  son  exécution  définitive. 
Sur  la  base  de  la  colonne,  le  citoyen  Gilibert, 
professeur  de  l'école  centrale  ,  a  prononcé  un 
discours  analogue  à  la  circonstance.  Une  hymne  , 
en  l'honneur  des  braves  du  département  morts 
sur  le  champ  de  bataille  ,  composée  par  Bérenger, 
et  mise  en  musique  par  Jadin  ,  a  été  chantée  par 
ies  artistes  du  grand  théâtre.  Un  pugilat  , 
une  lutte  ,  un  combat  à  armes  blanches  , 
tels  que  ceux  qui  avaient  lieu  dans  l'antiquité, 
aux  funérailles  des  héros  ,  ont  été  exécutés  au 
pied  de  la  colonne  ,  par  les  artistes  de  ballets  du 
grand  théâtre.  Une  médaille  ,  frappée  pour  con- 
server la  mémoire  de  la  fondation  de  la  colonne  , 
a  été  dîstfibuée.  Elle  porte  d'un  côié  : 

Il  sera  élevé 

Dans,  chaque  département 

Une  colonne 

A  la  mémoire  des  braves  du  département. 

Morts  pour  la  déjtnse  de  la  Patrie  et  de  la  Liberté. 

Arrêté  du-  29  venlôst  an  8  de  la  république. 

Consuls  : 

jBONAPARTU  ,    CAMBACÉItÈS  ,  LeBRUN. 

Ministre  de  iiniérieur  : 

Lucien  Bonaparte. 

De  l'autre  côté  ,  elle  représente  la  Renommée, 

sonnant  de  la  trompette.  Sur  un  drapeau  attaché 

à  la  trompette  ,  on  lit  : 

Aux    BRAVES   DU   DÉPARTEMENT  DU   RhÔNB. 
Au    bas    oh    lit  , 

"Préjet,  'Verninac. 
a 5   messidor  an  8. 
ta  place  était  couverte  de  monde  ,  les  maisons 
étaient  toutes  remplies  jusqu'aux  toits. 

La  promenade  des  tilleuls,  voisine  de  la  place 
Bonaparte,  a  été  illuminée.  Des  orchestres  ont 
été  dressés  pour  Mes  danses.  Un  feu  d'artihce  a 
a  été  tiré  sur  le  pont  de  pierre  de  la  Saône. 


Lt préfet  des  Basses-Pyrénées  ,  au  rédacteur.  —  Pau  , 
le  i3  messidor,  an  8  de  la  république  française , 
une  et  indivisible. 

Je  vous  prie  ,  citoyen  ,  d'insérer  dans  votre 
feuille  l'avis  ci-joint,  que  j'ai  déjà  transmis  au 
ministre  de  l'intérieur.  Guinebaud. 

Le  préfet  des  Basses-Pyrénées  prévient  les  pro- 
fesseurs et  hommes  de  lettres  ,  que  la  chaire  de 
législatio-n  à  l'école  centrale  établie  à  Pau  ,  reste 
vacante  par  la  mort  du  citoyen  Brun  ,  ancien 
professeur. 

Ceux  qui  désireront  obtenir  cette  place  ,  vou- 
dront bien  envoyer'  au  préfet ,  pour  le  l5  ther- 
luidor,  an  certificat  de  bonnes  moeurs,  visé  par 
le  préfet  de  leur  département  ,  et  y  joindre  ,  s'il» 
le  jugent  à  propos  ,  quelque  ouvrage  dont  l'uliliié 
puisse  décider  eu  leur  faveur  le  jury.  J'instruirai 
les  concurrens  du  succès  de  leur  demande. 


Paris  ,  le  i"  messidor. 

La  gazette  de  la  cour  de  Vienne  annonce  que 
M.  de  Mêlas  a  divisé  son  armée  en  trois  corps , 
dont  un  couvre  le  Tyrol  méridional  ;  le  plus  nom- 
breux a  pris  position  à  'Villafranca,  et  le  troisième 
campe  le  long  du  Pô. 

•-—La  feuille  Nantaise  annonce  ,  d'après  une 
lettre  ,  datée  de  Ncw-'i'oi  k  ,  dans  les  Etats-Unis , 
du  8  mai  iSoo  ,  que  les  anglais  ont  répandu  à  la 
Martinique  plus  de  3  millions  de  fausse  monnaie  , 
en  portugaises,  piastres,  gourdes  et  sous  marqués. 


lieu  à  une  combinaison  nouvelle  que  nous  ne 
pouvons  gueres  préjuger. 

On  a  joint  aux  deux  autres  du  carbonate  de 
cuivre  en  poudre  ,  et  une  pyriie  ferrugineuse. 

On  placera  sur  le  pied-d'estal  de  la  colonne 
une  multitude  de  produits  des  arts  ;  ils  pourront 
apprendre  à  la  postérité  quel  était  leur  état  au 
commeot^rnem  du  18° siècle. 


— Les  nouvelles  de  Pise,  rapportées  par  le  Publi- 
cisle  et  la  Gazette  de  France,  annoncent  encore  de 
Qouvellcs  persécutions ,  de  nouvelles  vexations 
des  autrichiens  envers  les  habiians  des  parties  de 
l'Italie  qu'ils  occupent  encore  ,  pour  accélérer 
en  Toscane  la  levée  en  masse  ;  on  promet  à  ceux 
qui  prendront  les  armes  le  pillage  des  maisons 
des  patriotes.  On  vient  de  condamner  à  la  réclu- 
sion ceux  qui  avaient  été  condamnés  précédem- 
ment à  l'exil.  On  a  arrêté  le  citoyen  M.iscaj^ni  , 
l'un  des  plus  célèbres  anatomisies  de  1  Europe, 
qui  avait  été  mis  en  liberté  pour  raison  de  sanié  , 
et  le  citoyen  Slop  ,  astronome  de  l'université. 
Les  reproches  qu'on  leur  fait  à  tous  deux,  sont 
de  5  êtie  rendus  aux  invitations  de  quelques  agens 
français. 

—  Le  28  prairial ,  on  a  vu  à  Copenhague  un 
phénomène  extraordinaire  depuis  une'heure  jus- 
qu'à deux  heures  rei'demie.  de  l'après-midi  ;  iin 
anneau  blanc  d'un  degré  et  demi  de  largeur  et 
de  80  degrés  de  diamètre  traversa  le  soleil  ;  un 
autre  anneau  "qui  avait  les  couleurs  de  l'iris  , 
encadrait  cet  astre.  Au-dessus  de  ce  cercle  ,  à  cinq 
degrés  environ,  on  appercevait  deux  autres  glo- 
bes de  feu  qu'on  prenait  pour  deux  autres  soleils  ; 
ils  étaient  séparés  par  des  cercles  imparfaitement 
colorés.  M.  Bugge  ,  astronome  ,  a  publié  des  ob- 
servations à  ce  sujet  ;  i|  pense  que  ce  phénomène 
ne  pourra  avoiraucune  influence  sur  l'état  de  l'air' 
ou  du  tems. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Aunomdupeupleprançais. 
Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Wadeleux. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  conduite 
distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du  cit.  Wade- 
leux, capitaine-aide-de-camp  du  général  Lecourbe . 
à  l'affaire'qui  a  eu  lieu  à  Hochstet ,  le  3o  prairial 
an  8  ,  au  succès  de  laquelle  il  contribua  efficace- 
ment en  retenant  les  troupes  françaises  au  poste 
important  de  Schveningen  et  en  se  précipitant 
ensuite  ,  malgré  le  feu  de  l'ariillcrie  le  plus  sour 
tenu  ,  au  milieu  d'une  colonne  ennemie  ,  oii  il 
alla  saisir  le  commandant  ,  et  le  ramena  prison- 
nier aux  acclamations  des  compagnons  de  sa 
valeur , 

Lui  décerne ,  à  titre  de  récompense  nationale , 
un  sabre  d'honneur. 

11  jouira  des  prérogatives  attachées  à  Isdite 
récompense  par  llarrêlé  du  4  nivôse  an  8.  ' 

Donné  à  jPaïas  le  ri  'inessidor ,  an  8  de  la  répu- 
blique française. 

Le  premier  tensul;  signé,  Bonapart^. 
Par  le  premier  icorjsul , 

Le  secrétaire-d'élat ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministr-f  de  la  guerre,  signé ,  Carnot. 
Arrêté  dft  i"  thermidor  an  8. 
Les  consuls  de  .la  république  arrêtent  : 
Art.  !"■.  Il  sera  frappé  une  médaille  pour  éter- 
niser l'entrée   des  français  à  Munich  ,  et  la  con- 
quête  de  toute  la  Bavière  par  l'armée  du  Rhin. 

IL  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d étal  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 
Les  consuls  de  la  république  arrêtent  : 
Art.  \".  Le  sabré  de  Latour-d'Auvergne ,  pre- 
mier grenadier  de  l'armée,  sera  suspendu   dans 
le  temple  de  Mars. 

II.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution  du    présent  arrêté 

Le  premier  consul  ,  Signe ,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d  état ,  signe.  H._B.  Maret. 


laires,,  l'octidi  de  chaque  décade,  le  soir  depuis 
7  heures  jusqu  à  9  ;  et  pour  l'audience  publique  , 
le  nonidi  de  chaque  décade  ,  le  malin  ,  depuis 
une  heurejusqu'à  3. 


PREFECTURE     DE    POLICE. 
Du  23  messidor. 

Le  préfet  informé  des  abus  qui  se  commettetw 
dans  la  vente  du  lait; 

Considérant  que  celte  denrée  étant  d'un  usage 
presque  universel  ,  et  sur-tout  d'une  nécessité  in- 
dispensable pour  les.enfans  ,  il  importe  d  en  assu- 
rer la  sanité  et  la  fidélité  dans  la  distribution,  et 
p.ir  conséquent  de  faire  revivre  les  dispositions 
des  anciens  réglerai^ns  de  police  relatifs  à  ce 
genre  de  commerce  ;  qu'il  importe  également 
cTobliger  tous  ceux  qui  s  y  livrent ,-  de  se  servir 
.eXclusiveriie'nf  des  nouvelles  mesures  de  capacité  , 
ordonna  : 

Art.  P'.  Il  est  défendu  à  toutes  personnes  ven- 
dant du  lait,  d'en  déposer,  sous  tel  prétexte  que 
ce  soit,  dans  des  vaisseauxde  cuivre  ,  à  peine^de 
confiscation  et  de  3oo  francs  d'amende.  (Décla- 
ration du  i3juin  1777,  art.  1".) 

II.  11  est  pareillement  défendu  d'exposer  en 
venté  du  lait,  aigre  ,  écrémé,  mélangé  avec.  4c 
l'eau  ,  de  la  farine  ou  des  jaunes  d'oeufs  tl  autr«8 
corps  étrangers,  à  peine  de  200  francs  d'amende 
pour  chaqtie  contravention.  (Ordonnance  du  g» 
avril  1742  ,  art.  III.) 

m.  Les  marchands  de  lait  sont  tenus  de  se 
servir  des  mesures  nouvelles  et  légales,  à  peine 
d  être  poursuivis  conlorméroent  à  la  loi  du  pre- 
mier vendémiaire  an  4. 

IV.  Il  sera  fait  l'insiiection  la  plus  exacte  chez 
les  nourrisseurs  de  vaches  et  tous  autres  fcsant  lé 

I  commerce  du  lait. 

j  II  sera  fait  de  semblables  visites  au  sujet  des 
I  l.iilieies  qui  vendent  dans  les  places  publiques  et 
I  dans  les  rues. 

V.  Il  sera  pris  envers  les  contrevenans  aux  dis- 
positions   ci-dessus,   telles    mesures    de    police 

I  administrative  qu'il  appartiendra.  Ils  seron^t  ea 
outre   poursuivis  conformément  à  la  déclaration 

1  du  .i3  juin    1777  ,    à    l'ordonnance   du    ao    avril 

I  1742,  à  la  loi  du  1"  vendémiaire  an  4 ,  et  autre» 

j  qui  leur  serent  applicables., 

I  VI.  La  présente  ordonnance  sera  imprimée  , 
publiée  et  affichée  par-tout  cii  besoin  sera.- Elle 
sera  envoyée  aux  aulQriiés  qui  doiverit  en  con- 
naître, aux  commissaires  de  poliç£  et  aux  pré- 
posés de  la  préfecture  ,  pouf  que  cliacuii  en  cé 
qui  les  concerne  ,  tienne  exactement  la  main  à 
son  exécution.  • .  ,  . 

Le  préfet  de  police ,  signé,  Dubois.  ■ 
Pour  expédition  conforme , 

Le  secrétaire- général  adjoint.     Fauve. 


Avis. 

Les  citoyen»  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particulières,  sur  tel  objet  que  ce 
soit  ,  doivent  être,  adressées  directement  aux 
ministres   que   ces  demandes    çorïçernent. 

Les  adresser  àox  consuls,,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  lexamen  ;  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage-peur  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ces 
objets. 


MINISTERE   DE   LA   GUERRE. 

Ordre  du  ministre  de  la  guerre  ,   du   i"  thermidor. 

Le  ministre  a  décidé  que  le  pubfic  sera  reçu 
dans  les  bureaux  ,  pour  les  renseignemens  qu'il  a 
besoin  d'y  prendre  ,  les  cinq  et  neuf  de  chaque 
décade  seulement,  de  deux  à  quatre  heures. 

§CT  II  n'est  rign  changé  aux  jours  et  aux  heures 
des  audiences  du  ministre  ,  qui  continueront 
d'avair  Heu  ,  pour  les  autQriiés  civiles  et  mili- 


Lf  préfet  de  police  a  fait  artêter  plusieurs  indi- 
vidus inscrits  sur  la  liste  des  émigrés  qui  étaient 
à  Paris  sans  autorisation.  Ces  individus  seront 
conduits  aux  frontières  de  brigade  en  brigade  ; 
et  s'ils  rentrent  sur  le  territoire  ue  la  république  , 
les  lois  en  feront  justice. 

(Nous  publions  un  mémoire  sur  la  marine, 
qu'un  citoyen  vient  _de  nous  adresser.  Nous  in- 
sérerons également  tout  ce  que  l'on  nous  enverra 
en  réponse  aux  assertions  que  renferme  ce  mé- 
moire. ) 

La  marine  anglaise  ayant  toujours  l'avantage 
sur  la  marine  française  ,  il  faut  que  la  tacliqiie 
de  celle-ci  renferme  ou  quelques  erreurs  dans  les 
principes  ,  ou  quelques  fautes  dans  l'application. 

Quelle  est  donc  la  cause  de  la  supériorité  de  la 
marine  anglaise  dans  le  combat  sur  la  marine 
française  ? 

Pour  résoudre  cette  question  ,  il  faut  obser\'er 
que  la  supériorité  d'une  marine  ,  dans  le  combat  , 
consiste  1°  dans  les  meilleurs  vaisseaux  ;  2°  dans 
la  plus  grande  connaissance  de  la  tactique  na- 
vale de  ses  officiers;  3°  dans  un  meilleur  usage 
de  son  artillerie. 

Les  vaisseaux  français  sont  reconnus  de  toutes 
les  natioiis  pour  être  les  meilleurs  voiliers  ;  les 
anglais  même  en  conviennent  en  se  servant  des 
prises  faites  sur  les  français  préférablement  à  leurs 
propres  vaisseaux,  quoiquils  en  ayent  plus  qu'ils 
n'en  peuvent  employer. 

L'Angleterre  n'a  produit  qu'un  seul  auteur  qui 
ait  écrit  sur  la  tactique  navale ,  lequel  n'était 
point  un  homme  de  mer  :  toutes  leurs  connais- 
sances à  ce  sujet ,  excepté  cet  ouvrage  qui  est 
méprisé  des  marins  ,  sont  nécessairement  tirées 
des  ouvrages  français.  Les  officiers  anglais  doi- 
vent-ils donc  mieux  connaître  la  tactique  navale 
que  les  officiers  français  ? 

On  dit  qu'ils  sont  meilleurs  marins  que  les. 
français;  ceci  ne  peut  être  ni  prouvé  ni  refuté 
:par  des  faits  ou  des  démonstrations  :  par  con-, 
séquent ,  on  restera  indécis  à  cet  égard,  parce 


qu  il  y  aura  loujours  des  individus  qui  soutien- 
dront le  pour  et  contre.  J'observerai  donc  seu- 
lement, queréglerlesmouvemcns  particuliersd'un 
vaisseau  ,  n'élant  que  la  partie  mécanique  du 
mener  de  marin  ,  la  pratique  seule  donne  le 
pouvoir  de  l'appliquer  machinalement  aux  cir- 
constances. Au  reste  ,  l'on  verra  par  la  suite  de 
cet  écrit ,  que  le  résultat  des  combats  de  cette 
guerre  n'en  a  nullement  dépendu. 

D  après  les  faits  que  l'on  vient  d'exposer,  la 
iupérioriié  de  la  marine  anglaise  .  dans  le  combat, 
■  sur  la  marine  françuibe  ,  ne  consisie  ni  dans  les 
meilleurs  vaisseaux  ,  ni  dans  la  plus  grande  con- 
naissance de  la  lactique  navale  de  ses  officiers; 
elle  doit  donc  consister  dans  le  meilleur  usage  de 
son  artillerie. 

Pour  s'en  assurer,  il  faut  examiner  quels  sontles 
«ffeis  qui  doivent  résulter  de  h  manière  de  diriger 
J'ariillerie  employée  dans  ces  deux  marines. 

Les  français  dirii;ent  leurs  canons  aux  mâtures  , 
ce  qui  comprend  tout  ce  qui  est  au-dessus  du 
corps  du  vaisseau.  Les  trois  quarts  de  cet  espace 
fyrment  unvvide.  desorte  que  les  trois  quarts  des 
boulets  que  1  on  nre  se  perdent  en  l'air. 

D  après  l'élévation  vague  que  l'on  donne  aux 
canons  lorsqu'on  lire  aux  mâtures  ,  les  boulets 
qui  atteignent  les  mâts  ,  les  frappent  nécessaire- 
ment l'es  uns  an-dessus  des  autres  ,  et  l'expérience 
prouve  que  cinquante  coups  que  reçoit  un  mil 
de  cette  manière,  ne  le  rompent  pas  ;  car  ,  quoi- 
qu'ils l'abîment  pour  l'avenir  ,  le  vaisseau  n'est 
pas  démâté  dans  le  combat. 

Les  vergues  sont  moins  exposées  que  ne  les 
sont  les  mâts  ,  vu  la  manière  oblique  dont  elles 
se    préseiileat   ordinairement  à   I  ennemi. 

Les  endommagemens  faits  aux  cordages  ne 
sont  pas  diSSciles  à  réparer,  sur-tout  dans  une 
ligne  d'où  1  ennemi  ne  peut  sortir  pour  profiter 
de   cet  avantage  momentané. 

Malgré  la  grande  quantité  de  boulets  qui 
traversent  les  voiles,  elles  servent  presque  tou- 
jours jusqu'à   la    fin   du   combat. 

Il  semble  c^'après  les  résultats  de  cette  ma- 
nière de  diriger  les  canons,  que  ion  ne  doit 
point  démâter  les  vaisseaux  ,  et  que  le  dom- 
mage que  Ion  fait  aux  vergues  ,  aux  cordages 
et  aux  voiles  n'est  pas  de  "la  f>lus  grande  ira- 
jioriance.  Ainsi  il  est  évident  que  lorsqu'on  ne 
tire  qu'aux  matures  ,  on  ne  doit  pas  couler  bas 
les  vaisseaux,  démonter  les  canons,  tuer  ni 
blesser  beaucoup  de  monde  ;  d'où  il  suit  que 
l'équipage  de  son  ennemi  étant  si  peu  exposé, 
ta  valeur ,  sa  force  ,  et  par  cofuéqiient  la  vivacité 
de  son  feu  ne  doivent  point  s'affaiblir. 

Les  anglais  dirigent  leurs  canons  toujours  diU 
corps  du  vaisseau.  C'est  ainsi  que  l'on  doit  par- 
venir à  donner  des  coups  de  boulets  à  fleur  d'eau , 
à  démonter  les  canons  ,  à  tuer  et  blesser  du 
monde.  Dans  le  premier  cas  ,  l'on  est  forcé  de 
tirer  une  partie  de  l'équipage  des  batteries  pour 
le  service  des  pompes ,  et  rien  ne  fatigue  et  ne 
désespère  autant  :  quand  on  craint  de  couler  bas  . 
on  n'est  guère  disposé  à  se  battre.  Les  canons 
démontés  ne  peuvent  alors  être  remplacés.  Le  car- 
nage qui  se  fait  dans  1  équipage  en  diminue  le 
nombre  ,  et  répand  la  terreur  et  1  épouvante  parmi 
les  survivans  ,  de  manière  que  kur  courage  ,  leur 
force  ,  et  par  conséquent  la  vivacité  de  leur  feu  doi- 
vent se  rallentir. 

Lorsqu'on  dirige  les  canons  au  corps  du  vais- 
seau .  les  boulets  qui  passent  au-dessus  doivent 
paiser presque  à  la  mime  hauteur,  de  sorte  que  ceux 
qui  atteignent  les  mâts  les  frappent  tous  à-peu-près 
au  même  endroit.  C'est  précisément  ce  qui  doit  endom- 
mager tfn  mât  assez  pour  qu'il  tombe. 

Il  paraît  résulter  des  raisonnemens  ci-dessus  , 
que  la  manière  dont  les  anglais  dirigent  leurs 
canons,  doit  produire  de  meilleurs  effets  que 
celle  qu'emploient  Us  français,  et  que  la  supétio- 
rilé.  de  la  marine  anglaise  ,  dans  le  combat  , 
consiste  dans  un  meilleur  usage  de  son  artil- 
lerie ,  c'est-à-dire  ,  dans  la  manière  de  la  diriger. 

Les   faits  qui  ont  eu  lieu  à  cet  égard  dans   les 

rrincipaux  combats  de  cette  guerre  ,  viennent  à 
appui  de  ces  raisonnemens.  Au  i"juin  1794, 
les  anglais  avaient  deux  vaisseaux  dcmâiés  de 
leurs  mâts,  les  français  en  avaient  onze.  Au  combat 
du  Nil  ,  les  piemicts  en  avaient  un  ,  et  les  autres 
en  avaient  six. 

Les  vaisseaux  anglais  démâtés  furent  précisément 
ceux  qui  perdirent  le  plus  de  monde.  On  pourrait 
ajouter  bien  d'autres  faits  pareils  ;  mais  ils  sont 
sr  connus  qu  il  est  inutile  d'éntrerici'dans  de  plus 
grands  détails. 

Pour  faire  sentir  davantage  la  vérité  des  raison- 
nemens précédens  et  l'utilité  de  leur  application  , 
examinons  la  conduite  des  amiraux  anglais  dans 
le»  combats  ,  afin  de  voir  s'ils  ont  cherché  par  la 
finesse  de  la  manœuvre  ,  les  avantages  des  posi- 
tions ,  etc.  ou  s  ils  ont  compté  sur  la  manière  de 
diriger  leur  artillerie. 

Au  I"  juin  1794,  l'amiral  Howe  étant  au  vent 
des  français  qui  l'attendaient  ,  fit  à  sa  flotte  le 
signal  que  chacjuc  vaisseau  manoeuvrât  de  ma- 
nière à  attaquer  son  adversaire  dans  la  ligne 
ennemie.  Se  croyant  sûr  de  I3  victoire  ,  il  ajouta 
iculemcnt  à  ce  signal  un  autre  qui  avertissait  de 


1219 

passer  sous  le  vent  des    français  ,  afin  de    leur 
rendre  ,  après  la  défaite  ,  la  retraite  plus  difficile. 

L'amiral  Duncan  ,  au  combat  du  Texel ,  a  agi 
absolument  de  même  que  Howe  ;  se  croyant 
comme  lui  sûr  du  succès  ,  il  passa  sous  le  vent 
des  hollandais  pour  les  empêcher  ,  après  le  com- 
bat ,  de  se  retirer  dans  leurs  ports,  qui  étaient 
sous  le  vent.  ■ 

Lorsqu'on  est  au  vent  ,  comme  dans  les  deux 
cas  précédens  ,  et  qu'au  lieu  de  profiter  des  avan- 
tages que  cette  position  peut  donner  ,  on  ne 
cherche  au  contraire  qu'à  opposer  vaisseau  à 
vaisseau  ,il  esta  présumer  qu'on  se  lie  à  la  manière 
de  diiigcr  son  artillerie. 

L amiral  Nelson  n'a  pas  attaqué  la  ligne  fran- 
çaise en  entier;  mais  pourquoi  ne  l'a-l-il  pas  fait? 
c'est  que  son  ennemi  ,  étant  à  l'ancre  ,  lui  per- 
mettait d'employer  tous  ses  vaisseaux  contre  une 
partie  des  siens  ,  parce  que  larriere-garde  fran- 
ç.iise  ,  par  sa  position  et  le  vciît^i.  ne  pouvait 
être  que  spectateur  de  la  destructioride  son  avant- 
garde  et  de  son  centre.  ■,  ■ 

On  peut  opposer  à  la  tactique  ordinaire  des 
anglais  ce  que  l'amiral  Rodney  a  fait  le  i«  avril 
1782  <  et  l'amiral  fiowe  le  29  mai  1794;  mnis  il 
faut  examiner  pourquoi  ils  se  sont  conduits 
ainsi. 

Le  12  avril  1785  ,  l'escadre  française  avait 
l'avantage  du  vent  ,  et  marchant  mieux  que 
l'escadre  anglaise  ,  se  tenait  à  une  distance  qui 
ne  convenait  pas  à  la  tactique  des  anglais. 
Rodney  s'est  vu  obligé  à  traverser  leur  ligne 
pour  les  forcera  se  battre  de  près.  La  conduite 
des  français  l'a  fait  réussir. 

Le  29  mai  1794  ,  les  français  avaient  aussi 
le  vent  des  anglais  ,  et  comme  ils  ne  se  mon- 
traient pas  disposés  à  venir  assez  près  pour 
engager  une  affaire  décisive  ,  l'amiral  Howe  , 
pour  les  y  forcer  ,  a  essayé  de  Wiiverser  leur 
ligne.  Cette  manœuvre  ne  lui  a  pas  réussi.  On 
sait  dans  quelle  conlusion  sa  flotte  s'est  trouvée 
et  ce  que   l'amiral   français   aurait  pu  faire  alors. 

On  doit  supposer  par  la  conduite  des  français, 
dans  le  combat  ,  que  leur  intention  n  est  que 
de  désemparer  les  vaisseaux  anglais ,  afin  d'éviter 
une  affaire  décisive  ;  et  ils  ont  tellement  cette 
habitude  ,  qu'au  combat  du  Nil  où  presque 
tous  les  vaisseaux  étaient  à  l'ancre  ils  l'ont  pres- 
que   conservée. 

Le  vaisseau  de  tête  de  la  ligne  anglaise  ,  au- 
quel s'est  rendu  un  vaisseau  français,  et  qu  a 
mis  à  la  voile  le  lendemain  matin  ,  pour 
empêcher  la  fuite  de  d'eux  vaisseaux  et  des  deux 
frégates  (rançaises  qui  se  sont  sauy-ées ,  et  dont 
il  a  reçu  le' feu  en  passaiM  ,  n'^a  eu  cependant 
^û'un  hoinme  de  tué  et  _^quelque~s  blessés.  Le 
second  vaisseau  de  tête  de  la 'Jigne  anglaise  n'a 
eu  que  deux  hommes  tués  ,  quoiqu  un  vaisseau 
français  se  soit  rendu  à  lui  seul.  On  pourrait  ci- 
ter d'auties  exemples  semblables. 

Pour  se  convaincre  davantage  die  l'utilité  de 
tuer  du  monde  à  son  ennemi  plutôt  que  de  dé- 
semparer son  vaisseau  ,  on  n'a  qu  à  lire  les  rap- 
ports officiels  des  capitaines  anglais  pris  ,  pour 
voir  que  c'est  toujours  la  perte  de  monde  qui 
les  a  forcés  à  se  rendre.  Si  la  suprématie  de 
la  marine  anglaise  ne  tient  pas  à  la  manière  de 
diriger  son  artillerie  ,  quelle  en  estdonc  la  cause  ? 
Pourquoi  les  défaites  continuelles  qu'éprouvent 
leurs  ennemis,  ne  sont-ellts  jamais  interrompues 
par  les  chances  de  la  guerre  ?  Les  français  ont 
réduit  la  tactique  navale  à  un  système.  Les  anglais 
se  passent  de  1  étudier.  Ils  n'ont  pas  même  une 
école  pour  la  marine.  La  facilité  avec  laquislle 
ils  triomphent  de  leurs  ennemis  Jeur  a  fait  né- 
gliger l'étude  d'une  théorie  sûrement' nécessaire 
pour  savoir  bien   pratiquer  ce   qu'elle   enseigne. 

On  dira,  peut-être  ,  que  les  vaisseaux  anglais 
ont  de  meilleurs  marins  et  en  plus  grand  nombie 
que  les  vaisseaux  français  ;  ,mais  dans  un  combat, 
il  y  a  un  certain  nombre  choisi  pour  faire  les  ma- 
nœuvres. Les  autres  font  le  service  des  batteries, 
et  un  marin  n'y  est  pas  plus  propte  qu  un  autre 
homme.  Les  fiançais  ont  des  canonniers  ,  les 
anglais  n'en  ont  point.  Les  marins  anglais  sont-ils 
plus  braves  que  les  marins  français  ?  Ils  doivent 
l'être  ,  si  la  bravoure  consiste  en  grande  partie 
dans  la  confiance  qu'on  a  en  ses  moyens  et 
dans  le  peu  de  dangers  que  l'on  croit  courir. 
Aussi  l'habitude  qu  ils  ont  de  vaincre,  les  fait 
entrer  au  combat  avec  un  enthousiasme  et  un 
courage  que  des  hommesaccoummés  à  des  revers 
et  à  des  pertes  considérables  ,  ne  peuvent  avoir. 
Les  soldats  anglais  ressemblent  il^  aux  matelots  ? 
Non  ,  les  troupes  françaises  sont  pour  eux  ce 
que  les  marins  anglais  sont  pour  ceux  de  la 
France,  et  par  les  mêmes   raisons. 

Il  semble  ,  d'après  ces  nouvelles  observations, 
que  la  supériorité  de  la  marine  anglaise  consiste 
dans  la  manière  de  diriger  ses  canons  ,  et  que  la 
bonté  de  ses  officiers  et  de  ses  marins  dans  te  com- 
bat ,  n'en  est  que  la  conséquence  nécessaire. 

Si  l'on  employait  contre  cette  marine  ses  pro- 
pres moyens  de  vainvre  ,  elle  ne  serait  pas  toujours 
le  principal  soutien  d'un  gouvernement  ,  qui  est 
le  plus  grand  obstacle  at4  triotaphe  de  la  cause 
de  la  liberté- 


Mémoire  du  citoyen  Cassini y- membre  de  rinslitut 
national  et  de  la  société  d'agriculture  de  Beauvais  « 
sur  la  meilleure  organisation  d'une  société  d'agri- 
culture. 

Si  l'agriculture  est,  comme  on  ne  peut  le  nier, 
le  plus  ancien  des  ans  et  la  plus  utile  de  toute» 
les  sciences  ,  comment  se  peut-il  que  le  besoin  » 
l'élude  et  l'expérience  de  tous  les  siècles  qui 
nous  ont  précédés  ,  ne  l'ayent  point  encore  ame- 
née au  degré  de  perfection  dont  elle  est  sus- 
ceptible. 

Nous  ne  nous  occuperons  point  à  traiter  ici 
lane  question  qui  tient  à  l'histoire  générale  de 
l'esprit  humain  ,  et  qui  serait  digne  d'une  discus- 
sion profonde  et  philosophique.  Nous  nous  en 
tiendrons  uniquement  au  lait  ;  et  en  convenanç. 
que  cet  art  si  ancien  est  encore  malheureusement, 
chez  nous  dans  une  espèce  d'enfance  .  noua 
chercherons  les  moyens  de  réparer  les  désastreux 
effets  de  l'apathie  et  Je  l'insouciance  de  nos 
pères,  pour  cette  agricultiiie  que  leurs  premier» 
besoins  devaient  leur  fiire  regarder  comme  le 
plus  précieux  ,  le  plus  important  de  tous  les  arts, 
mais  que  forgueil  et  d'autres  besoins  factices  ont 
presque  reculée  au  dernier  rang. 

Tant  que  les  progrès  de  l'agriculture  seront 
abandonnés  à  la  leiue  expérience  des  tems ,  aux 
seules  lumières  et  aux  faibles  moyens  de  cette 
classe  d  hommes  dont  la  sitnplicité  de  mœurs  et 
de  vues  circonscrit:  les  besoins,  borne  les  jouis- 
sances et  lç3  idées  de  perfection  ,  il  est  bien  cer- 
tain que  la  marche  de  ces  progrès  deviendra  sta- 
lionnaire  ,  du  moment  où  ils  auront  acquis  un 
certain  niveau.  L  habitude,  la  routine  ,  les  préju- 
gés, l'éloignement  pour  les  nouveautés,  enfin, 
l'avarice  et  lignorance  formeront  une  enveloppe 
que  rien  ne  pourra  percer,  et  qui  s'opposera 
éternellement  au  développement  des  anciennes 
connai.'^sances.  C'est  ce  qui  a  lieu  depuis  si  long- 
teriis ,  et  dans  tant  de  contrées  diverses. 

D  un  autre  côté  ,  si  nous  n'attendons  les  pro- 
grès de  l'agriculture  que  des  efforts  île  ces  esprits 
méditatifs  ,  ûe  ces  calculateurs  profonds,  de  ces 
hommes  à  système  qui  ,  établissant  dans  leur  ca- 
binet de  grandes  généralités,  fondant  de  belles 
théories  ,  prétendent  soumettre  la  nature  aux 
règles  et  aux  caprices  de  leur,  imagination  ,  plus 
ardens  à  la  deviner  qu'à  1  étudier  ,  nous  ne  man- 
(luerons  pas  alors  de  beaux  traités  ,  de  savantes 
préfaces,  de  grands  discours  et  de  longs  mé- 
moires ;  mais  nous  n'aurons  pas  un  épi  de  plus. 
L  agriculteur  ,  homme  simple  ,  niais  de  bon  sens,, 
tiouvant  quelquefois  les  grands  principts  en  dé- 
faut ,  et  de  belles  théories  démenties  par  la  pra- 
tique ,  n'en  deviendra  que  plus  incrédule  et 
ne  s'en  tiendra  que  plus  en  garde  contre  toute 
doctrine  bonne  ou  mauvaise,  4ès  lors  qu'elle,  sera 
nouvelle, 

Il  est  une  vérité  à  laquelle  ,  peut-être ,  on  n'a  pas 
fait  assez  d'attention.  L'agriculture  est  ,  de  tous 
les  arts  ,  celui  dont  les  préceptes  généraux  sont 
les  plus  simples  ,  les  moins  nombreux  ;  ils  sont 
n  faciles  à  retenir,  qu  à  peine  est-il  nécessaire  de 
les  rédiger  par  écrit  et  d'en  publier  des  élémens. 
Mais  de  même  que  les  irrégularités  et  les  excep-  ' 
lions  aux  règles  générales  ,  rendent  certaines 
langues  très-difficiles  ,  de  sorte  que  ce  n'est  que 
par  un  grand  usage  ,  et  dans  le  pays  même  où  on 
les  parle  ,  qu  on  peut  les  apprendre  à  fond  et  se 
les  rendre  familières;  de  même  aussi  l'agticulture  , 
par  les  irrégularités  et  les  exceptions  des  localités  , 
ne  peut  être  bien  étudiée  ci  pratiquée  que  sur  le 
sol  même  où  elle  doit  s'exercer.  Qjie  servirait  à 
un  champenois  un  traité  d'agricultuie  fait  pour  la 
Beauce  ?  Or,  faudra-t-il  un  ouvrage  pour  chique 
arrondissement  de  20  lieues  de  diamètre  ?  G.ir- 
dons-nous  en  bien.  Mais,  au  lieu  d  un  volume 
de  préceptes,  fcsons  un  bon  cours  d'expériences 
bien  dirigées  ,  bien  raisonnées  .  bien  faites  ,  et 
nous  deviendrons  d'excellens  agriculteurs.  Car  , 
en  agriculture,  comme  dans  bien  d'autres  arts  f 
il  vaut  beaucoup  mieux  pratiquer  que  dogma- 
tiser ;  il  faut  beaucoup  plus  agir  que  parler. 

C'est  dans  cet  esprit,  sur  ces  principes,  que 
nous  proposerons  de  fonder  une  société  d  agri- 
culture ,  dont  l'occupation  et  les  fonctions  seront 
moins  de  composer  des  mémoires,  que  de  suivre 
Un  cours  d'observations  ,  d'indiquer  ,  d'encou- 
rager et  de  diriger  des  expériences  utiles.  Com- 
posons cette  société  de  tous  les  élémens  propre» 
à  remplir  notre  but  et  à  concourir  le  plus  direc- 
tetaertl.  possible  au  succè»  de  l'établissement.  Que 
la  masse  des  membres  de  notre  association  reu- 
nisse à-la-fois  les  trois  grands  moyens  pour  réussir 
en  agriculture;  la  théorie,,  la  pratique  et  la  ri- 
chesse. Que  le  laboureur  ,  1  homme  instruit  et  le 
riche  propriétaire  y  apportent  le  tribut  de  leurs 
facultés  etd  un  secours  mutuel.  Mais  que  cesecour» 
soit  réel  et  agissant.  Les  sociétés  d'agricultuie  se 
sont  fort  multipliées  depuis  vingt  ans  ;  mais  dans 
plusieurs ,  les  membres  se  montrent  souvent  beau- 
coup plus  flattés  de  leur  titre  ,  que  jaloux  de 
leurs  fonctions.  De  là  le  peu  d'utilité  de  ce» 
établisscrtens  pour  la  science  ,  et  le  peu  de  coh- 
sidcratioD  que  le  public,  loujours  juste  ,  leurs 
accordé. 

Que  le  nôtre  se  montre  plus  occupé  de  son 
but.    Il    deviendra  précieux   à   l'agriculture    rt 


12«0 


recommandable  à  nos  concitoyens ,  si  l'on  y  voit  le 
laboureur  et  l'homme  instruit  animés  de  la  même 
ardeur,  faire  un  échange  mutuel  de  leurs  con- 
naissances dans  la  praliiiue  et  dans  la  théorie  ;  si 
on  les  voit  s'éclairer  réciproquement,  s'écouler 
avec  complaisance  ,  déférer  entre  eux  à  de  sages 
avis  ,  peser  des  objections  solides  ,  céder  de 
feonne  foi  à  la  conviction  du  raisonnement  et  de 
l'expérience;  tandis  que  ,  de  son  côté  ,  ie  riche 
propriétaire  offrira  ses  grands  moyens  ,  et  ne 
craindra  ni  sacrifices,  ni  dépenses,  pour  laire 
des  essais  utiles,  pour  vérifier  des  expériences 
intéressantes  ,  et  pour  tenter  ou  assurer  d'heu- 
reuses, découvertes. 

A  celte  réunion  de  moyens,  à  ce  parfait  ac- 
cord dans  leur  emploi ,  ajoutons  ce  qui  peut  seul 
assurer  le  succès  de  nos  efforts.  C'est  l'esprit  de 
lîiétliode  ,  c'est  l'exactitude  ,  c'est  la  pl^éclsion  et 
la  patieiice  ,  soit  dans  les  opérations ,  soit  dans  les 
obseivaiions.  Lorsque  l'on  consulte  la  nature, 
lorsque  l'on  fait  une  expérience  ,  rien  de  plus 
facile  que  de  se  tromper.  Il  ne  suffit  pas  d'avoir 
des  yeux  pour  bien  voir  ;  le  talent  de  l'observa- 
tion est  plus  rare  que  l'on  ne  pense.  Un  résultat 
unique  ne  suffit  pas,  un  fait  isolé  n'apprend  rien. 
On  lie  saurait  trop  varier  ses  essais,  trop  répéter 
ses  expériences.  On  manque  les  résultats  ,  on 
arrive  à  de  fausses  conséquences ,  si  l'on  se  presse 
trop  ,  ou  de  fcjeier,  ou  d'admettre  ,  ou  de  con- 
cluie.  En  agriculture  ,  une  foule  de  causes,  d'in- 
cidens,  de  dépendances,  de  rapports  et  de  cir- 
constances, doivent  fixer  l'attention  ctles  regards 
du  cultivateur  observateur;  il  n'en  faut  négliger 
aucun  ,  tout  doit  entrer  en  ligne  de  compie. 

D'après  ces  réRexions  générales  ,  auxquelles  on 
en  pourrait  ajouter  beaucoup  d'autres  ,  on  saisira 
faciltynent  les  molifs  et  l'esprit  de  lorganisaiion 
que  nous  allons  proposer  telle  ,  et  que  nous  ju- 
•geons  devoir  établir,  comme  la  plus  propre  à 
remplir  la  véritable  destination  d'une  société 
d  AgricuUure.  En  voici  I  idée  générale  qui  sera 
entièrement  développée  dans  le  projet  de  règle- 
ment qui  terminera  ce  mémoire. 

La  société  serait  composée  de  trois  sortes  de 
membrei  qui  réuniraient  les  trois  grands  moyens 
dont  nous  avons  parlé  ci-essus.  Le  département 
serait  divisé  en  plusieurs  arrondisemens  ,  pour 
mieux  partager  et  activer  notre  travail,  pour  le 
régler  sur  les  loc-tlités.  Chaque  arrondissement 
serait  présidé  par  un  homme  instruit ,  propriétaire 
aisé,  et  sur-tout  de  bonne  volonté,  à  qui  serait 
confié  la  surveillance  sur  tout  ce  qui  a  rapport 
à  l'a^ficuliure  ,  au  commerce  et  aux  arts  ,  et  qui 
sérail  chargé  d'envoyer  tous  les   trois   mois  à  la 


Cependant  le  directoire,  par  son  arrêté  du 
12  ventôse  an  5  ,  a  déclaré  de  bonne  prise  "  tO:Ut 
navire  américain  qui  n'aurait  pas  à  bord  un  rôle 
d'équipage,  tel  qu'il  est  prescrit  par  le  modèle 
annexe  au  traiié  du  6  février  1778.  dont  l'exécmion 
est  ordonnée  par  les  articles  XXV  et  XXVli  du 
même  traité.  " 

Conformément  à  cette  jurisprudence  ,  quel- 
ques navires  américains  ont  été  condamries 
comme  de  bonne  prisé  et  en  ont  rappelé  aux 
conseils. 

Mais  on  ne  saurait  douter  que  l'intention  du 
traité  de  1778  ne  fut  point  de  soumettre  les  na- 
vires américains  à  la  formalilé  du  rôle  d'équipage 
indiquée  dans  le  modèle  de  passeport  ;  car  la 
France  ,  en  le  fesant  ,  a  eu  1  iiiteniion  de  traiter 
la  nouvelle  république  comme  alliée  et  amie  , 
ainsi  qu'il  Vésulie  du  texte  même  de  ce  traiié. 

D'ailleurs  l'application  du  règlement  du  21 
octobre  17^4  qui  prescrit  le  rôle  d'équipage  à 
bord  ,  ayaiit  dès  avant  l'époque  du  traité  de 
1778  ,  doniié  lieu  à  des  quesiions  sur  son  ap- 
plicaiion  à  des  prises  neuires  ,  on  n'aurait  point 
manqué  pour  prévenir  de  semblables  difficultés 
d'en  stipuler  la  maintenue  avec  les  américains, 
si    c'eût  été  l'intention   des   contractans. 

L'omission  de  cette  condition  pour  constater 
la  neutralité,  paraît,  donc  ifaolivé  et  à  dessin 
dans  le   traité  de    17/8. 

Quoiqu'il  en  soit  de  cette  opinion,  il  n'en  résulte 
pas  moins  qu'il  existe  une  contradiction  maniteste 
entre  le  texte  même  du  traité  et  le  renvoi  à  la 
formule  du  passeport  annexée  à  la  fin  de  ce 
même   traité. 

En  effet,  voici  comme  elle  est  conçue  : 
u  à  tous  ceux  qui  ces  présentes  verront,  soit 
notoire   que   faculté   et   permission  est  accordée 

à qu'après   que    son    navire  a  été   visité, 

il  a  pièié  serment et  a  remis  une  liste  signée 

et  confirmée  par  témoins  contenant  les  noms 
stirnoms  ,  les  lieux  de  naissance  des  personnes 
composant  1  équipage   de  son  navire  ,  etc.  " 

Cette  liste  ou  rôle  d'équipage  que  la  jurispru- 
dence du  directoire  établit  comme  pièce  de  bord 
par  l'arrêté  du5'  ventôse  ,  n'étant  point  exigée  par 
le  texte  du  traité  ,  quoique  requise  anx  teimes  des 
réglemens  d'octobre  1744  etjuillet  177S,  laissera 
subsister  une  éternelle  discordauce  dans  la  ma- 
nière d'administrer  les  lois  sur  les  prises  améri- 
caines ,  si  par  une  dscision  pérerapioire  ou  ne 
prononce  à  cet  égard. 

11  serait  donc  à  désirer  qne  cet  objet  fût  pris 
corisidération  ,  et  qu'a  tout  évéuemcnt,    on 


ces  coniradiçùons  qui  deviennent  si  souvent  fu- 
nestes aux  çômmçtçans  pendant  les  hostilités 
maritimes.  Peochet. 

Au  rédacteur. 


iociéié  d'agriculture  ,  des   tableaux   raisonnes  de  j  prévînt  ,  dans  les  traités  éventuels  avec  nos  alliés, 
tous  les  objets  de  son  ressort,  et  contenant  sur-  ...  ■     ,     . 

tout  les  résultats  d'un  cours  réglé  d'observations 
xnéiéorologiques ,  qui  introduira  dans  l'agriculture 
la  méthode  et  l'exactitude  des  physiciens  et  des 
bons  observateurs.  Par-là,  nous  nous  enrichirons 
d'une  niasse  de  faits  ,  et  nous  établirons  une  ac- 
tivité de  travail  qui  rendra  incontestable  et  per- 
pétuelle l'utilité  de  notre  établissement. 

Tel  est  du  moins  notre  objet,  tels  sontnos  vœux 
dans  tout  ce  que  nous  venons  de  proposer. 
Puissions-nous  les  avoir  remplis  !  Toutefois  nous 
croirons  avoir  fait  quelque  chose  ,  si  en  exposant 
nos  idées  ,  nous  en  fesons  naître  de  meilleures , 
que  nous  accueillerons  avec  transport  ;  *t  si  nous 
donnons  lieu  dès  cet  instant  à  cette  communica- 
tion de  lumières  ,  à  cet  échange  d'avis  ,  à  cette 
émulation  d'effoits  qui  font  ie  charme  et  le  succès 
d'une  association  de  vrais  citoyens  et  de  bons 
«spriis,  qui  ne  sont  animés  que  du  bien  public, 
-ei  qui  ne  se  réunissent  que  pour  se  rendre  utiles 
à  leur  patrie. 

J.  D.  Cassini. 


Observations  sur  le  traité  du  6  février  it; S. 

Aux  termes  du  traité  de  commerce  et  d'amitié 
«ntre  la  France  et  les  Etats-Unis,  du  6  février  1778. 
traité  qui  fait  la  base  du  droit  maritime  entre  les 
deuxnations  ,  il  est  stipulé  (art.  ï5  et  37  )  n  qu'afin 
d'écarter  et  de  prévenir  de  part  et  d'autre  toutes 
dissentions  et  querelles  ,  il  a  été  convenu  que 
dans  le  cas  où  l'une  des  deux  parties  se  trouve- 
rait en  guerre  ,  les  vaisseaux  et  bâlimens  appar- 
tenans  aux  sujets  de  l'une  d'elles  ,  devront  être 
Bourvus  de  lettres  de  mer  ou  passeport ,  lequel 
aasseport  devra  être  expédié  selon  le  modèle  an- 
nexé au  présent  traité.  >)  .  ' 

Il  est  de  plus  ajouté  que  dans  les  cas  où  les- 
dits  vaisseaux  seraient  chargés  en  marchandises  , 
ils  devront  être  également  pourvus  ,  en  outre  le 
passeport,  de  certificats  concernant  le  détail  de 
la  cargaison. 

Il  paraît  donc  ;  d'après  ce  texte  du  traité  , 
<juun  passeport  légalement  expédié,  et  une  pièce 
détaillant  la  nature  et  l'espèce  de  la  cargaison  , 
doivent  suffire  pour  établir  la  neutralité  d'un 
navire  américain  et  empêcher  qu'il  ne  soit  dé- 
claré de  bonne  prise. 


Je  vous  adresse,  citoyen,  une  notice  sur  le 
contre-amiral  Perrèe  ;  l'amitié  qui  m'unissait  à  lui 
m'a  mis  à  portée  de  le  bien  connaître  :  c'est  avec 
la  plus  exacte  vérité  que  je  retracerai  les  princi- 
paux traits  de  sa  vie. 

Emmanuel  Pepèe,  né  à  Saint-Valery-sur-Somme, 
en  1762  ,  d'un  père  ancien  et  respectable  marin, 
se  livra  dès  sa  première  jeunesse  à  la  naviga- 
tion marchande,  et  il  y  obtint  constamment  les 
plus  heureux  succès. 

Ayant  long-tems  parcouru  les  mers  du  Nord, 
il  eut  peu  de  moyens  de  perfectionner  son  édu- 
cation ;  mais  la  nature  y  avait  suppléé,  il  avait 
reçu  d'elle  un:  jugement  sain,  un  coup-d  œil 
siir,  et  il  savait,  ce  qui  est  essentiel  au  marin, 
prendre  un  parti  prompt. 

Personne  n'était  plus  propre  à  activer  les  ar- 
memens  d'une  division  et  à  la  bien  manœuvrer  : 
jamais  ,  de  son  aveu  même  ,  il  n'avait  eu  la 
prétention  de  commander  des  escadres  ,  mais 
bien  i'avant-garde  d'une  armée.  S'il  n'avait  été 
moissonné  à  la  fleur  de  lâge  ,  il  eût  pu  devenir 
un  jour  célèbre  dans  les  fastes  de  la  marine  ; 
néanmoins  les  services  importans  qu'il  a  rendus 
à  son  pays  depuis  le  commencement  de  cette 
guerre  ,  les  prises  considérables  (i)  qu'il  a  faites  , 
la  discipline  qu'il  sut  maintenir  à  bord  des  bâti- 
mens  ,  et  un  désintéressement  digne  de  remarque 


de  se  distinguer  et  de  servir  utilement  sa  patrie  s 
il  a  battu  et  détruit  compleitement  la  llotille  des 
manieloucks,  et  a  beaucoup  contribué  aux  succès 
de   l'armée    d'Egypte. 

Ce  service  signalé  lui  mérita  une  récompense 
honorable;  Bonaparte  lu!  fit  présent  d  un  sabre 
sur  lequel  était  écrit  d'un  côté  :  Bataille  de 
Cherebiiiss  ;     et   de    l'autre  ,    DoNNÉ    par    le 

GÉNÉRAL    BONAI'ARTE.. 

Avec   une  faible  division   il  a  poiic  ensuite  de 
puissans  secours  à   l'armée   qui    assiéi^eait  Sauit- 
Jean-d'Acie  ,  et  il   a  croisé  pendant  42  jours  sur 
la  côte  de  Syrie  ,  entre  dçux  divisions  ennemies, 
bien  supérieures  en  lolces. 

Il  se  rendait   en    France  ,   lorsqu'il    fut    arrêté 
presqu'au  port  par  une  flotte  anglaise  ,  le  3o  prai-, 
rial  an  7,  après  en,  avoir  été  chaisé  pendant  vingt- 
huit  heures. 

C  est  de  ce  moment  que  la  fortune  a  cessé  de 
lui  être  favorable. 

Au  mois  de  frimaire  suivant,  1j  gouvernement 
lui  confia  là   mission   importante    et  difficile   de 
ravitailler  Malte  ;  retardé  long-tems  par  des  vents 
contraires  ,  il  part  enfin   pour  sa  destination  sur 
le  vaisseau  le  Généreux  :  il  déliuit  dans  sa  traversée 
plusieurs  bâlimens  ennemis  :  il  touchait  au  succès 
de  cette  ex^jédition  délicate,  lorsqu'il  fut  assailli, 
le  29  pluviôse  ,  par  des  forces  irrésistibles.  Après 
avoir  sauvé  ,  en  leur  donnant  le  signal  de  virer 
de  bord  ,    3    corvettes   qui   fcsaient   partie    de   sa 
division  ,  et  dont  la  prise  eût   éié   inévitable  ,  il 
veut  se  frayer  seul  un  passage  entre  quatre  vais- 
seaux  anglais  ,    et    se  jeter   dans   Malte    dont  il 
n'était  plus  qu  à  10  lieues.  Il  commence  le  combat 
avecintrépidiié,  donne  sesordres  avec  sang-froid, 
encourage   les    matelots    et    les    soldats   :    il    est 
d  abord  blessé  à  l'œil  gauche  d'un  éclat  de  bois; 
ce  nest  rien,    mes   amis,  dit   Perrée  !  Il   levenait  ' 
d'observer  de  la  galerie  les  mouvemens  de  l'en- 
nemi ,  et  ordonnait  une  manœuvre  habile  ,  lors- 
qu'un boulet  lui  coupe  la  cuisse  droite......  11 

expire  peu  de  tcms  après,  et  ses  dernières  paroles 
sont  pour  sa  patrie  et  son  épouse. 

L'amitié  ne  voulut  pas  souffrir  que  ce  brave 
officier  n'eût  que  les  flots  pour  sépulture  ;  quoi- 
que prisonniers  et  prêts  d'être  jettes  sur  une  terr« 
ennemie  ,  ses  compagnons  conservèrent  précieu- 
sement son  corps  ,  qui  fut  inhumé  à  Syracuse 
le  2  ventôse,  dans  l'église  des  dominicains,  dite 
Sainte  Lucie  ,  avec  les  formes  religieuses  ,  aux 
acccns  d'une  musique  funèbre.  On  ne  put  obtenir 
des  anglais  ni  du  gouvernent  de  Syracuse  ,  qu« 
les  honneurs  militaires  lui  fussent  rendus.  Soi» 
écharpe  et  son  armure  ont  été  confiées  au  chef  du 
couvent,  pour  être  suspendues  au-dessus  de  sa 
tombe,  placée  à  gauche  de  l'autel  ,  à  l'opposile 
de  celle  d'un  général  napolitain. 

La  douleur  recueillie  des  français  dans  une 
circonstance  aussi  louchante  ,  leur  respect  pour 
le  lieu  où  ils  étaient,  parurent  étonner  beaij-, 
coup  les  syracusains  qui  assistaient  en  foule  à 
cette  cérémonie. 

Puissent  les  cendres  du  contre-amiral  Perrée 
être  respectées  à  jamais  par  les  habitans  d  une  île 
jadis  célèbre,  et  qui  produisit  elle-même  tant 
d'hommes  illustres  !  les  navigateurs  français  qui 
la  fréquenteront  un  jour,  aimeront  à  visiter  la 
tombe  de  cet  estimable  marin,  et  à  rendre  un 
juste  hommage  à, la  bravoure   malheureuse. 

Puissé-je  moi-même  ,  par  ce  fidèle  et  dernier 
témoignage  d'amitié  ,  apporter  quelque  consola- 
tion à  son  épouse  et  à  sa  famille.        V... 


COURS     DU     CHANCE. 
bourse  du  1"  thermidor.  —  Effets  publics. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid...    

Effectif. 

Cadix 

Effectif 

Gênes 

Livourne 


Bâle. 


pair. 


57| 
>87i 


itp. 


Effets_  publics. 


rendront  toujpurs   sa    mémoire    précieuse   à  ses.l  jjgj,te  provisgire.." . . . .". ss   fr.  38 

concitoyens  ;  ses  vertus  privées  la  rendront  égà-  t  xiers  consolidé 3ï   fr.  88  Ci 

lemehf -chère  à  ses  amis  ;  humain  ,  sensible,  obli- [  B(j[js  deux  tiers '   fr-  5o  c. 


géant ,  d'un  caractère  très  -  vif  ,  mais  loyal  et 
généreux  ;  tel  l'ont  toujours  vu  ceux  qui  ont 
vécu  et  navigué  avec  lui. 

L'Océan  et  la  Méditerranée  ont  été  successi- 
vement le  théâtre  de  ses  heureuses  campagnes. 
C'est  sur-tout  sur  le  Nil    qu'il   lui  était   réservé 


(i)  Elles  se  montent  à  164,  et  l'on  peut  dire  qu'il 
est  un  des  officiers  de  marine  qui  ont  causé  le 
plus  de  dommage  au  commerce  anglais. 


Bons  d'arréragé !<8  ''■  5o 

Bons  pour  l'an  8 .   84  fr.  75  c. 

Syndicat 66  fr.  7$  c. 

Coupures 67  fr.  25  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


LOTERIE    NATIONALE, 

Tirage  du  l" prairial. 

66.     67.     16.     41.     80. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriéntire  dt»  Moniteur  ,  rvie  des  Poitevins  ,  n'  i3. 


f^^^-^f 


.2ETJE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^ 


N"  3o3. 


tridi ,    3   thermidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 

Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à  dater  du  7  nivôse  le  Moniteur  esc   le   suai  journal  officiel. 
Il  contient    les    séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les   notions 
tant  sur  l'iHtérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

PORTUGAL. 

Lisbonne  ,  le  2  juillet  (  ï3  messidor. ) 

JLiA  nouvelle  s'était  répandue  ici  depuis  deux 
jours  ,  qu'un  corsaire  français  avait  pénétré  jus- 
qûes  dans  Paco-d'Arcos  ,  mouillage  situé  à  l'entrée 
de  ce  port ,  où  nombre  de  bâtimens  anglais  chargés 
de  colon  en  attendaient  plusieurs  autres  de  la 
mênne  nalîon  ,  pour  se  réunir  en  convoi  et  se 
rendre  en  Angleterre  ,  et  que  ce  corsaire  ayant 
coupé  les  cables  du  plus  grand  de  ces  bâiimens  , 
l'avait  pris  et  emmené.  La  confirmation  de  cette 
nouvelle  a  eu  lieu  aujourdbui  à  la  bourse. 

Le  gouvernement  prend  depuis  quelques  jours 
des  précalions  qui  sembleraient  indiquer  qu'il  craint 
un  débarquement.  lia  fait  distribuer  ,  par  inter- 
valle ,  sur  toute  l'étendue  de  nos  côtes  ,  des  pi- 
quets de  troupes  ,  chugés  d'entretenir  et  d'allu- 
mer de  nuit  des  feux  ,  pour  servir  de  signaux 
au  besoin.  Il  a  également  ordonné  que  tout  por- 
tugais possédant  un  fonds  de  240  mille  reis  ou 
l5oo  francs  ,  se  munirait  d'un  fusil  ,  et  l'aurait  en 
tout  tems  chez  lui  ,  avec  seize  cartouches  à  balles. 
Les  autres  habitans  sont  tenus  de  se  pourvoir 
chacun   d'une   pique  ou  d'une  hallebarde. 

Il  est  sorti  un  vaisseau  de  74  du  bassin  de 
l'arsenal  ,  après  y  avoir  été  refondu  entièrement. 
Le  Saint  -  Antoine  ,  un  autre  de  nos  bâtimens  de 
74,  vient  d'y  êtreintroduit  pourlamêrat  opération.. 

ALLEMAGNE. 

Ratis bonne  ,  le  ig  messidor. 

Au  lieu  d'établir  de  l'extrémité  de  son  aîle 
droite  à  l'extrémité  de  son  aîle  gauche  une 
ligne  non  interrompus  ;  le  général  Kray  a 
partagé  son  armée  en  plusieurs  corps  qui  com- 
muniquent cependant  entre  eux.  Le  plus  con- 
sidérable placé  entre  le  Danube  et  l'Inn  observe 
les  mouvemens  de  l'armée  française.  Le  corps 
de  Klenau  fort  de  quelques  mille  hommes,  est 
destiné  à  entretenir  la  communication  entre 
les  iroui.es  de  Starray  et  le  gros  de  l'armée. 
Le  général  Kray  a  eu  successivement  son  quartier- 
général  à  Landshul  ,  Langenpreysig',  Esdingen, 
Hohenlinden  ;  enfin  ,  le  17  ,  il  était  à  Haagcfi. 
L'aîlé  gauche  des  français  inquiète  vivement"  le 
pays  aux  environs  de  Ratisbonne.  Le  quartier- 
général  du  prince  Ferdinand  était  le  17  au  soir, 
sur  le  point  de  quitter  Landshut  ,  la  correspon- 
dance entre  Ratisbonne  et  Esgoisbach  était 
alors  interceptée.  Les  français  sont  toujours  à 
Munich  ils  occupent  aussi  Ab<tch  ,  Neustadt , 
Kellheim  ,  etc. 

Augsbourg,   le   ig  messidor. 

Quatre  cent  quarante  charriots  de  transport 
autrichiens  qui  étaient  arrivés  dans  ce  pays  , 
ont  été  pris  par  les  français  à  Lauingen. 

Nous  avons  ici  environ  1,100  prisonniers  au- 
trichiens et  plus  de  1000  blessés.  Les  français 
çais  convalescens  prennent  la  route  de  la  Bavière. 
—  Le  corps  de  troupes  légères  ,  sous  le  général 
Mier  ,  s'est  montré  aux  environs  de  Dillingen  , 
Donawert  et  Nordlingen  ,  mais  il  s'est  aussitôt 
leiirè.  — ^On  assure  que  le  comte  Dietrichstein 
est  employé  à  l'armée  'de  Kray  comme,  major- 
général. 

Les  mouvemens  de  l'armée  française  ont  oc- 
casioné  de  grands  changemens  dans  la  résidence 
de  beaucoup  de  prit^ces  d  Allemagne  :  l'électeur 
de  \layence  est  à  'Wurzbourg  ,  celui  de  Trcves 
à  Dresde  ,  celui  de  Cologne  à  'Vienne  ,  celui 
de  Bavierre  à  Waldsassen  ;  lévê-juc  d  Elchstadt 
ie  trouve  à  .Anspach  ,  celui  de  Spiie  à  Bamberg, 
celui  de  Constance  à  Elfurt  ;  le  duc  de  Wir- 
temberg  s'est  fixé   à  Eilangen  ,  etc. 

Un  voyageur  du  Nord  ,  de  la  plus  haute 
importance,  est  arrivé  à  Hambourg  et  a  con- 
tinué sa  route  vers  Berlin.  On  soupçonne  que 
c'est  le  roi  de  Suéde.  ( E)ttrait  du  Strasburger 
Weltbole.) 

INTÉRIEUR. 

Louvain  ,  24  messidor. 

Le  conseil  municipal  de  Louvain  vient  de 
donner  un  exi-mple  de  vrai  patriotisme  ,  que 
nuus  nous  cmprcssont  de  citer.  . 


Le  canal  de  cette  ville  exigeait  des  réparations 
indispensables  ;  la  commune  manquait  absolu- 
ment de  moyens  pour  y  pourvoir.  Après  une 
courte  délibération,  le  conseil  municipal  a  trouvé 
dans  le  dévoûment  de  quelques-uns  de  ses  mem- 
bres ,  une  ressource  également  honorable  pour 
les  citoyens  qui  l'ofiieni  et  la  ville  qui  l'accepte. 

Ces  respectables  magistrats  mettent,  sans  aucun 
inlérêi  ,  à  la  disposition  du  maire  ,  une  très-forte 
somme  ,  remboursable  sur  une  partie  des  revenus 
communaux  ,  et  applicable  sur  le  champ  aux  répa- 
rations urgentes  du  canal.  (  Gautte  dt  Liège  ,  sg 
messidor.  ] 


Paris  ,  le  $  thermidor. 

Le  général  Saint-Julien  est  arrivé  hier  à  Paris, 
venant  de  Vienne  ;  il  a  passé  par  Milan  ;  il  était 
accompagné  d'un  aide  -  dé  ^  camp  du  général 
Massena.  Il  est  chargé  ,  de  là  part  de  S.  M.  I  em- 
pereur ,  de  régler  avec  le  gouvernement  français 
les  conditions  d'un  armistice  général  ,  et  de 
s'entendre  sur  différentes  circonstances  survenues 
dans  l'exécution  de  la  convention  de  Maringo. 

— Le  conseil-général  du  département  de  la  Seine 
a  tenu  sa  piemiere  séance  le  1°' thermidor.  Le 
cit.  Anson  ,  ex-consiituant  ,  a  clé  nommé  prési- 
dent ,  et  ie  cit.  Quatremere  -  Q;iincy ,  ex-législa- 
teur ,  secrétaire. 

. —  Le  citoyen  Français  annonce  qu'on  a  publié 
à  Florence  ,  le  8  messidor  ,  une  proclamation  du 
grand-duc  de  toscane  ^  datée  de  'Vienne.  Par 
celle  proclamation  ,  le  grand  -  duc  ,  du  consen- 
tement de  1  empereur  ,  supprime  le  sénat  de  Flo- 
rence ,  et  crée  à  la  place  une  régence  qui  aura  les 
mêmes  pouvoirs.  i>  L  objet  est  de  concentrer 
lautorité  ,  et  de  rendre  plus  efficaces  les  mesures 
que  les  circonstances  présentes  rendront  néces 
saires  pour  la  Toscane.  )i 

—  Les  journaux  allemands  ne  donnent  plus  au 
prince  Charles  le  commjndemeut  de  l'armée  de 
réserve  autiichienne  ,  doit  on  annonce  la  fornia 
tion  à  Biaunau  ;  ils  meuel^.à  la  lêie  de  celte  armée 
le  général  Alvinzy ,  qui  perdit  en  l'an  5 ,  la 
bataille  de  Rivoli,  contre  Bonaparte. 

—  Nicolas  Holleville  ,  musicien  de  son  état , 
domicilié  à  G>enobte  ,  département  de  l'Iseie, 
originaiie  de  Paris  ,   s  est  brûlé    la   cervelle.   On 

'ignore  d'autant. plus  les  motifs  de  cet  atte  de 
I  désespoir  ,  qu  il  a  laissé  8o  louij  en  or  ,  trois^ 
1  momies   du  même  métal  ,  et  beaucoup   d'autres 

effets   précieux.   (  Extrait  dts  ajfichts  dt  Grenoble  , 

du  î8  messidor,  j 

ACTES.  DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du    s  g   messidor. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête  : 

Art.  I".  Le  chef  de  brigade  Bessieres est  nommé 
général  de  brigade  ,  ccmmandant  en  second  la 
garde  des  consuls  ,  et  spécialement  attaché  à  la 
cavalerie. 

II.  Le  citoyen  Oldoner,  chef  de  brigade  du 
10°  de  chasseurs  ,  est  nommé  chef  de  brigade 
commandant  la   garde  à  cheval  des  consuls. 

III.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  imprimé. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 

Arrêté  du  i""^  thermidor.  ■ 

Les  consuls  de  ht  république  arrêtent  : 
Art.  I".  Le  citoyen  QafFarelli,  conseiller-d'état , 
est  nommé  préfet  maritime  à  Brest. 

Le  citoyen  Vence  ,  contre-amiral ,  est  nommé 
préfet   maritime  à   Toulon. 

Redon,    conseiller^détat ,    ptéfet   maritime  à 
à  l'Orient. 
I      Martin  ,   conirc-amiral ,  ptéfet  maritime  à  Ro* 
f.  chefort. 


Nielly  ,  contre-amiral ,  préfet  maritime   à  An* 
vers. 

Berlin  ,    ordonnateur  ,    préfet    maritime     au 
Havre. 

II.  Le  ministre  de  la  marine  est  chargé  de  rexéctl" 
tion  du  présent  arrêté. 

Signé,  ÈONAPARTE 

Par  le  premier   consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Le  corsaire /a  Vengeance,  de  Boulogne,  capi- 
taine Lefort,  à  capturé  ,  à  un  demi  myriamèire 
au  nord  de  l'île  d  Aurigny  ,  un  sloop  anglais 
chargé  de  farine  pour  Gueinesey  et  nommé  le 
Bacchus.  Cette  prise  est  entrée  à  Cherbourg. 


Au  rédacteur. 

Cologne  ,  ce  «6  messidor  an  8. 

Citoyen,  votre  intéressant  journal  forme  les 
archives  de  l'histoire ,  et  vous  y  rtcueillez  par- 
ticulièrement ce  qui  a  trait  à  l'esprit  du  tems  : 
je  pense  donc  que  vous  accorderez  peui-êire 
une  place  à  quelques  lignes  qui  caratérisent  une 
ville  qui  jusqu'ici  a  été  trop  peu  connue  en 
France,  et  sOuS  tous  les  rapports  mérite  de  fixer 
l'attentioii  de  l'observateur.  Je  veux  parler  de 
la  ville  de  Cologne.  Cette  ciié  ,  iniéressante 
par  sa  position  ,  son  commerce  et  sa  popula- 
tion ,  a  éié  jusqu'ici  accusée  ,  et  non  sans  raison 
peut-être ,  d'une  espèce  d'indifférentisme  ou  d'a- 
version même  pour  le  gouvernement  français. 
L'ascendant  des  personnes  aitacliées  à  1  ancienne 
constitution  de  la  ville  ,  ses  malheurs  essuyés 
pendant  la  guerre  ranéaniissement  de  son  com- 
merce, provenant  pa'.^.:  '!'é: '-Tient  d'un  système 
de  douanes  peu  adapté  aux  ioL.iiié,'.  ,  semblaient 
expliquer  celle  disposiiion.  Mais  cefe  cité  vient 
de  doniiei  ,  à  Joccasion  de  la  fête  d  hici  ,  ues 
preuves  bien  touchantes  ,  de  ce  qu'elle  sera  un 
jour  si  la  réunion  de  la  rive  gauche  du. Rhin 
est  prononcée,  si  la  paix  vient  ramener  dans 
son  sein  le  bonheur  qui  a  fui  loin  d  elle  ,  si 
un  gouvernement  éclairé  ei  juste  s'intéresse  à 
son  sort  en  s'occupant  de  ses  besoins  locaux. 
Jusqu'ici  les  fêies  nationales  avaient  éiè  sans  phy- 
sionomie et  sans  intérêt  ,  c'étaient  des  représen- 
tairons  froides  ,  où  les  fonctionnaires  et  les  sala- 
liés  de  la  république  figuraient  seuls  ;  la  réjouis- 
sance publique  h  y  était  pas;  le  peuple  ne  s'y 
montrait  jfoint  ;  ceux  ijui  y  paraissaient  n  étaient 
mus  que  par  celle  curiosité  qui  se  plaii  plutôt 
à  censurer  qu'à  se  réjouir.  Tout-à-coup  I  espé- 
rance enflamme  les  cœuis  dès  citoyens  ,  et  ils 
déploient  un  caiaciere  qu  on  ne  leur  avait  pas 
connu  jusqu  alors.  Hier  ,  au  défaut  de  militaires  , 
6oo  habitans  de  la  ville  prennent  les  armes  et 
escortent  le  coriege.  Ils  sont  de  toutes  les  classes  , 
de  tout  âge;  leur  bonne  tenue,  l'ensemble  de 
leurs  évolutions  ,  la  précision  de  leurs  décharges 
fait  croire  qu  ils  sont  d'anciens  militaires  ;  ce- 
pendant ils  ne  s'étaient  exercés  que  depuis  quel- 
que» jours.  L'espérance  et  la  confiance  dans  le 
gouvernement  leur  donne  du  zèle  ;  le  plus  bel 
élan  les  dirige  ,  et  la  concorde  la  plus  parfaite 
les  unit.  Pour  la  première  fois  ,  on  vit  là  un 
esprit  public,  et  Ion  se  crut  reporté  dans  le» 
beaux  jours  de  89,  où  tous  les  français  unis  de 
cœuretd'ame  pourlebien,  présentaient  uneseule 
famille.  L'affluence  du  peuple  était  prodigieuse, 
le  bon  ordre  parfait  ,  la  joie  générale.  Quoique 
la  fête  fût  disposée  avec  goût  ,  et  exécuiee  avec 
intelligence,  je  ne  vous  parle  ni  des  inscrip- 
tions,  ni  des  emblèmes,  ni  des  discours  qui- 
s'y  sont  distingués  ;  car  ce  qui  y  brillait  le  plut 
c'était   la   réunion    des    cœurs. 

Ou  ne  doit  pas  oublier  de  rendre  justice  au 
zèle  et  à  la  sagesse  de  la  municipalité  qui  a  sii 
saisir  tomes  les  occasions  pour  faire  n.utie  dans 
ses  concitoyens  ces  heuicuses  disposiiioiiS  qui 
aulorisent  aux,  plus  belles  espérances  poui  la 
sujie;  et  quand  même  elle  n'exisieia  plu»,  on 
lui  devra  touj  urs  le  témoignage  li  avoir  pro- 
voqué les  pieuiieics  éliacellcs  du  plut  pur  pa- 
trie litme.  F- 


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Présidence  de  Jard-Panvilliers 

SÉANCE    DU    2     THERMIDOR. 

OiV  procède    au    reaouvellement    du  bureau. 

Moreau  est  élu  président.  Les  secrétaires  sont  : 

Andrieux  ,  Challan  ,  Gouilay  et  Desrenaudes. 

Chnllan.  La  commission  que  vous  avez  chargée 
de  vous  rendre  compie  de  la  pétition  préseniée 
le  l6  messidor  ,  p.ir  laquelle  plusieurs  habilaiis  de 
Saint-Cloud  proposèrent  d'offrir  au  héros  que  la 
nation  a  placé  à  la  lête  de  son  gouvernement , 
la  jouissance  du  châicau  situé  dans  celle  com- 
mune ,  et  d'unir  cette  habitation  à  la  dignité  du 
premier  consul  ^  croit  devoir,  avant  toute  autre 
observation,  vous  faire  connaître  les  dispositions 
des  lois  existâmes  qui  ,  déjà  ,  les  mettent  à  la  dis- 
position da  gouvernement. 

Le  décret  du  i6  floréal  an  2  ,  porte  textuelle- 
ment Il  que  les  châteaux  de  Versailles  ,  Sainl- 
51  Cloud  et  quelques  autres  ne  seront  point 
»  vtndus  ,  mais  entretenus  aux  frais  de  la  répu- 
î)  blique  ,  pour  servir  aux  jouissances  du  peuple  , 
5>  ou  former  des  éiablissemens  utiles  à  l'agricul- 
»>  ture  et  aux  arts.  )) 

Celui  du  3.  nivôse  an  4  ,  ordonne  ,  il  est  vrai  , 
la  vente  de  Saini-Cloud  ;  mais  loin  de  recevoir 
son  exécution,  il  donna  lieu  à  de  vives  técla- 
malions. 

Un  messaee  du  17  ventôse  de  la  même  année  , 
exposa  que  ces  vastes  domaines  sur  lesquels  les 
p;iniculiers  d'une  fortune  médiocre  ne  sauraient 
jeter  les  yeux  ,  seraient  la  proie  de  compagnies 
qui,  seules,  pourraient  les  acheter  ;  et  ,  comme 
elles  seraient  sans  concurrence,  on  serait  obligé 
«Je  les  leur  livrer  à  vil  prix  :  et  il  conclud  à  ce 
que,  les  forêts  exceptées  ,  le  choix  puisse  se 
porter  sur  tout  le  reste,  afin  de  vendre  et  livrer 
ïur  le  champ  à  chaque  citoyen  ce  qui  serait  à  sa 
convenance. 

Le  décret  du  10  adoptant  les  motifs  du  mes- 
sage ,  rapporta  la  loi  du  3  nivôse  ,  qui  avait  or- 
donné la  vente  ;  et  unissant  tous  ces  domaines 
pour  servir  de  gage  ,  il  laissa  au  gouvernement  le 
choix  des  objets  à  vendre.  D'après  celte  autori- 
sation ,  le  gouverneinent  a  toujours  rejette  les 
ïoumissfons  ,  même  partielles  ,  tendantes  à  l'alié- 
aation  ;  et  si  un  instant  ce  domaine  fut  loué 
pour  y  établir  des  jeux  gymniques  ,  bientôt  le 
défaut  de  paiement  fit  renoncer  à  celte  opéra- 
tion financière. 

Un  moiif  plus  puissant  encore  déterminait  à 
agir  ainsi.  Le  château  de  Saint-Cloud  est  situé 
dans  un  parc  vaste  et  planté  ;  lui-même -est  en- 
clavé dans  des  bois  ,  dont  la  masse  eu  de  beau- 
coup supérieure  à  la  quotité  fixée  pour  que 
l'aliénation  en  soit  permise  ;  doit  il  résulte  que 
ïes  démembrer  eût  été  contrevenir  aux  lois  fores- 
tières ;  et  si,  pour  éviter  ce  mal,  on  eût  isolé 
l'habitation  ,  c'eût  été  de  fait  la  condamner  à  la 
démolition  ;  syslênae  vandale  dont  les  effets  sont 
trop  connus  pour  qu'il  soit  besoin  de  le  com- 
battre. 

Ces  considérations  avaient  déterminé  votre  com- 
mission, le  jour  même  que  vous  l'avez  nommée, 
à  vous  proposer  le  renvoi  au  gouvernement. 

Depuis  ,  le  premier  consul  ayant  témoigné  le 
désir  de  conférer  avec  la  commission  sur  un  objet 
qui  paraissait  lui  être  personnel  ;  elle  accepta  celte 
conférence  avec  la  même  franchise  qu'elle  luî 
était  offerte.  Le  premier  consul  y  déclara  ti  qu'il 
»»  n'accepterait  rien  de  la  part  du  peuple  pendant 
>«  le  tems  de  sa  magistrature  ,  ni  un  an  après  qu'il 
)»  aurait  cessé  ses  fonctions  ;  et  que  si  plus  tard 
>»  on  croyait  devoir  lui  appliquer  l'article  de  la 
>)  constitution  qui  décerne  des  récompenses  aux 
))  guerriers  qui  ont  rendu  des  services  signalés  à 
il  la  républi(jue  ,  alors  il  accepterait  avec  recon- 
>»  naissance  les  bienfaits  du  peuple. 

»5  Que  son  projet  ,  d'ailleurs  ,  élail  de  proposer 
»>  au  corps-'égislalif  de  décerner  des  récompenses 
f>  aux  guerriers  qui  se  sont  le  plus  distingués  par 
it  leurs  hauts  faits  et  leur  désintéressemeni  ;  que 
j»  c'élail  un  moyen  sûr  d  étouffer  tous  les  germes 
»>  de  corruption  et  de  régénérer  la  morale  pu- 
»»  blique.  >> 

Celle  déclaration  franche  du  premier  consul 
lient  lieu  de  tout  ce  que  votre  commission  au- 
tait  pu  vous  dire  sur  Ihomraage  personnel .  et 
die  ne  peut  qu'ajouter  aux  motifs  du  renvoi. 

Ce  ne  sera  donc  que  lorsque  l'on  présentera 
au  corps  législatif  le  budjet  de  l'an  g  que  l'on 
examinera  s'il  est  possible  de  réaliser  un  projet 
digne  d'an  grande  nation  qui  ,  par  l'éclat  dont 
elle  environne  ses  magistrats  ,  imprime  le  res- 
pect et  manifeste  sa  puissance  ,  ei  de  consacrer 
quelques  fonds  pour  les  dépennes  d'ameublc- 
tnent  et  de  réparation  ;  sans  doute  le  gouver- 
nement présentera  à  cet  égard  des  vues  sages 
et  économiques.  Jusques-là  votre  commission  , 
composée  des  tribuns  Gallois,  Fabre  ,  Arnould  , 
Thiessé  et  moi ,  est  d'avis  que  toute  discussion 
serait  anticipée  ,  et  que  l'adresse  des  habiians  de 
Saint-Cloud  doit  être  renvoyée  au  gouvernement; 
c'en  ce    qu'elle   vous  propose   à  1  unanimité. 


1223 

Le  tribunal  adopte  la  proposition  de  sa  com- 
mission. 

'  Jtan-Uebrp  Tribuns  ,  vous  avez  chargé  une 
commission  de  vous  faire  un  rapport  Sur  la  pro- 
position émise  à  cette  tribune  d'honorer  la  mé- 
moire du  brave  Latour-d  Auvurgne  mort  au 
combat  d  Uutcrliausen.  Ce  sont  ses  réflexions 
et   ses    vues  que  je  viens  vous  présenter. 

Sous  un  régime  que  nous  ne  reverrons  plus  , 
le  descendant  du  grand  Turenne  eût  dû  p.  son 
nom  des  témoignages  honorifiques  qu'on  aurait 
relusés  à'  son  mérite  s'il  eût  été  séparé  du  pré- 
jugé de  la  naissance.  Sous  le  règne  de  l'égalité  , 
1  éclat  des  vertus,  l'importance  des  services  oiu 
seuls  droit  à  la  reconnaissance  des  républicains  , 
et  s'ils  se  rappellent  que  plus  d'un  grand  homme 
éait  compté  dans  telle  famille  ,  c'est  lorsque  les 
descendans  n'en  ont  point  dégénéré.  C'est  aux 
venus  que  vous  rendez  hommage  en  ce  mo- 
ment; et  demander  un  rapport  particulier  sur  la 
personne  d'un  guerrier  distingué  ,  c'élait  déjà 
déposer  sur  sa  tombe  la  marque  d  honneur  due 
à  ses  services.  Le  tribunal  est  l'organe  de  la  lia- 
lion  ;  il  ne  parle  que  dans  la  conviction  que  c  est 
le  vœu  de  la  nation  qu'il  exprime.  Qjjand  nn 
gouvernement  juste  appréciateur  du  laient ,  a 
cru  devoir  créer  un  liire  nouveau  pour  celui 
qui  les  mérita,  el  les  refusa  tous,  vous  n'avez 
point  à  craindre  de  paiîlre  exagérer  l'expres- 
sion de  vos  regrets  el  le  iribut  de  voire  estimes 

Déjà  l'on  vous  a  parlé  des  titres  de  gloire  mi- 
litaire qu'avait  Lalour  -  d'Auvergne  ,  suivant  le 
besoin  el  le  danger  ,  soldat  et  général.  L'amitié, 
recucillantavec  iidélilé  ses  dernières  et  précieuses 
paroles  ,  nous  a  rendus  en  quelque  sorte  présens 
à  son  testament  de  mort.  Voire  commission  n'a 
pas  pensé  qu'elle  dût  affaiblir  ces  impressions  en 
cherchant  à  les  renouveler;  elle  a  cru  que  la 
meilleure  manière  d  honorer  un  héros  qui  n'existe 
plus ,  était  ,  non  pas  de  relever  chacune  de  ses 
actions  pour  en  faire  l'éloge  ,  mais  de  tirer  de 
sa  conduite  des  leçons  et  des  exemples  qui 
puissent  lui  créer  des  successeurs.  Un  ancien  (i) 
disait  qu'un  citoyen  qui  meurt  pour  son  pays  , 
le  sert  plus  en  un  jour  qu  il  n'a  pu  le  desservir 
pendant  toute  sa  vie  t  que  dire  donc  de  celui 
dont  les  études  continuelles  se  rapportaient  à 
i  utiliié  publique,  et  qui  ,s'oubliant  chaque  jourde 
S.1  vie,  les  a  consacrées  toutes  à  sa  patrie  ?  Nous 
publierons  qu  il  avait  connu  le  prin-cipe  du  véri- 
table héro'isme  :  philosophe  dans  les  catiips  ,  ses 
;  connaissances  lui  avaient  déraonlré  l'excellence 
d'une  insiitulion  libre  ;  il  combattait  sans  relâche 
comme  sans  ostentation  ,  pour  l'établir.  Que  ceux 
qui  ,  depuis  l'ouverture  des  états-généraux  jus- 
qu'à nos  jours  ,  ne  voient  qu'un  long  crime  de 
douze  ans  ,  noJS  expliquent  comment  il  se  fait 
que  les  noms  le  plus  généralement  respectés 
soient  demeurés  fiileles  à  la  cause  de  ta  liberté  : 
c'est  parce  qu  ils  avaient  la  conviction  de  la  jus- 
tice ;  c  e«t  p.iice  que  ,  malgré  les  dangers  et  les 
malheurs  ,  ils  n'envisageaient  que  le  oui  de  la 
sainte  entreprise  de  1789,  et  qu'ils  s'attachaient 
d'aulani  plus  à  son  succès ,  qu'ils  souffraient  da- 
vantage pour  l'obtenir. 

Tout  en  gémissant ,  tout  en  versant  des  larmes 
sur  les  excès  dont  la  révolution  fut  la  cause  ou 
le  prétexte  ,  ces  hommes  éclairés  ne  mirent  point 
en  question  s'il  fallait  étouffer  les  lumières  et 
rentrer  dans  les  ténèbres  des  préjugés  ;  ils  savaient 
que,  blessé  par  la  liberté  ,  le  despotisme  qui  peut 
revenir  sur  elle  ,  est  une  bêle  féroce,  impitoyable 
et  qui  ne  connaît  plus  de  bornes.  Ils  devançaient 
le  jugement  des  siècles  à  venir;  et  ne  séparant 
point  du  tableau  des  excès  qui  ont  souillé  la  ré- 
volution, la  série  des  attentats  de  toute  espèce 
qui  l'avaient  amenée  ;  ils  pensaient  que  ,  dans  la 
révolution  ,  le  mal  était  non-seulement  hors  de 
la  chose  ,  mais  contre  son  objet;  tandis  que  sous 
la  monarchie  ,  les  abus  en  France  composaient 
l'insiitulion  elle-même.  Le  trône  ,  en  effet  ,  ce 
trône  qui  s  «'t  écroulé  autant  sous  sa  propre  cadu- 
cité que  sous  le  poids  de  1  indignation  populaire  , 
existait  par  les  vexations  ,  les  privilèges  ,  les  bas- 
tilles. Après  sa  chute  ,  au  contraire  ,  lorsque  les 
intrigues  ourdies  par  l'étranger  allumèrent  les 
factions  ,  ce  fut  pour  la  détruire  qu'il  tenta  de 
corrompre  la  liberté  ;  et  loin  que  les  crimes  des 
factions  l'aient  servi  ,  ils  faillirent  engloutir  avec 
elles  tout  ce  que  le  14  juillet  créa  de  grand  et  de 
sublime.  Ces  amis  de  I  humanité,  si  terribles  dans 
les  batailles  ,  si  compatissans  après  la  victoire  , 
et  qui  connaissaient  si  bien  l'objet  pour  lequel 
ils  s  étaient  armés  ,  croit-on  qu  ils  demeurassent 
indifférens  aux  calamités  de  l'iniétieuf  ?  Non  , 
certes,  mais  quand  leur  générosité  pouvait  par- 
donner à  la  résistance  ,  ils  ne  réservaient  point 
leur  haine  pour  I  inexpérience  ;  ils  savaient  trop 
que  lorsqu'une  impulsion  prolonde  ,  générale, 
pénétiant  toutes  les  parties  et  toutes  les  dimen- 
sions du  corps  politique  ,  a  été  donnée  à  une 
masse  de  3o  millions  d  individus  ,  il  n  était  point 
au  pouvoir  de  quelques  fraciions  inapperçues 
d'en  arrêter  l'explosion.  Enfin  ,  quand  même  ils 
auraieniiiégligé  ces  considéiations  ,  appelés  à  par- 
tager liiiiiiieiise   héritage  de  g  oire  conquis  parla 

(i)  Peciclès ,  éloge  des  guerrier». 


république  ,  auraient-ils  jamais  pu  consenlir  qu« 
l'on  donnât  sur  les  époques  célèbres  où  ils  avaient 
figuré  ,  la  préférence  à  ces  tcnis  désastreux  qui 
piécéderent  la  révolution  ;  tems  où  des  ministies 
vendus  conduisaient  d'ignominie  en  ignominie  le 
peuple  qu'ils  enchaînaient,  où  une  cour  perverse, 
qui  n'était  connue  en  Europe  que  par  ses  débor- 
deraens  etsoncnliere  déconsidération?  Au  défaut 
même  de  sentimens  libéraux  ,  un  juste  orgueil 
suffirait  pour  repousser  cet  odieux  parallèle. 

Tels  sont ,  tlibiins  ,  n'en  doutez  pas  ,  les  moti's 
de  cette  constance  magnanime  que  les  obstacles  , 
les  revers  ,  les  malheurs  ,  les  perséculioiis  .  U 
mon  même  n'ont  pu  vaincre.  Ils  ont  conduit 
Laiour-d'Aureigne  et  Forti  sur  les  hauteurs  d  Un- 
lerhausen  ;  ils  animaient  aux  champs  de  Maiingo 
Desaix  mourant  ,  les  yeux  fixés  sur  la  postérité. 
C'est  donc  ,  comme  nous  \ous  le  disions  à  l'ins- 
tant ,  honorer  la  mémoire  de  Ces  guerriers  intré- 
pides que  développer  les  principes  vertueux  qui 
servirent  de  base  à  leurs  aclions  ;  c'est  leur  don- 
ner une  récompense  digne  d  eux  que  les  offrir 
comme  des  modèles  à  ceux  que  l'amour  de  la 
patrie  enflamme  ,  et  c'est  à  la  fois  servir  nos  des- 
cendans que  ptéparer  à  Ihisioire  une  règle  sûre 
pour  les  juger.  Inflexible  mais  impartiale  ,  si  elle 
parle  des  malheurs  el  des  crimes  qui  ont  marqué 
dans  cette  carrière  orageuse  ,  qu'elle  présente 
aussi  sous  leur  vrai  jour  les  grands  actes  civils 
ou  militaires  qui  l'ont  illustrée  ;  qu'elle  désigne 
les  écueils  ,  mais  qu  elle  fasse  connaître  tout  le 
courage  manifesté  dans  la  traversée.  La  stabilité 
de  notre  république  nous  commande  de  ne  rien 
négliger  pour  que  ce  but  soit  atieint  ;  car  quel 
motif  d'émulation  ou  d  espoir  resterait  -  il  à  la 
probité,  à  la  vertu,  au  désintéressement,  au 
patriotisme  ,  si  1  on  n'avait  à  envisager  que  des 
périls  pendant  la  vie  ,  et  l'opprobre  au-delà  du 
tombeau  ? 

Un  homme  ferme  qui  sent  la  dignité  de  son 
être  ,  et  qui  a  médité  quelque  peu  sur  le  bonheur 
des  nations  ,  ne  conçoit  pas  de  paix  possible  sans 
liberté  ,  car  il  n'appelle  point  paix  ,  ce  qui  ren- 
ferme en  soi  l'excès  des  maux  que  la  guerre 
entraîne  ,  je  veux  dire,  la  servitude;  il  s'arme 
donc  ou  pour  défendre  ou  pour  conquérir  cette 
liberté.  Un  militaire  instruit,  sensible  ,  qui  a  dé- 
ploré les  suites  horribles  des  combats,  ne  conçoit 
pas  de  liberté  sans  la  paix  ,  il  n'est  armé  que  pour 
l'obtenir.  C  est  sous  ce  double  rapport  que  l'his- 
toire présentera  ,  avec  tant  d'autres  ,  Lalour-d'Au- 
vergne  ;  et  comme  guerrier  el  comme  philoso- 
phe ,  sa  vie  et  sa  mort  auront  servi  à  l'affermis- 
sement du  gouvernement  républicain  ,  à  la  con- 
quête de  la  paix.  Désirant  concourir  à  vos  vues , 
tribuns  ,  votre  commission  vous  aurait  présenté 
un  projet  appuyé  sur  ces  considérations  ;  mais 
reportant  ses  réflexions  sur  les  qualités  qui  fesaient 
l'apanage  de  celui  dont  nous  célébrons  le  sou- 
venir ,  elle  s'est  plus  particulièrement  arrêtée  il 
celte  incomparable  modestie  qui  les  rehaussait 
toutes  ,  et  elle  a  cru  honorer  ,  suivant  son  ccaeur  , 
cet  homme  simple  ,  ami  sincère  de  l'égalité  ,  en 
réunissant  dans  un  hommage  commun,  el  Laiour- 
d'Auvergne  et  ses  frères  d  armes  morts',  comme 
lui  ,  à  la  défense  de  la  république.  Ils  en  sont 
les  vrais  fondateurs,  puisqu'ilsl'ont  scellée  de  leur 
sang.  Q_ue  voire  président  soit  chargé  d'en  pro- 
noncersolehnellement  l'éloge,  quand  nous  verrons 
reparaître  l'anniversaire  du  jour  mémorable  où  U 
convention  nationale  la  décréta. 

Peut-être  alors  le  sang  humain  aura  cessé  de 
couler  ;  peut-être  les  puissances  en  guerre  avec 
nous  se  seront  éclairées  sur  leurs  vètitables  in- 
térêls  ;  peut-être  la  paix  ,  objet  sacré  des  vœux 
de  tous  les  bons  citoyens  el  du  dévouement  de 
nos  braves,  la  paix  offerte  par  le  premier  consul 
victorieux  ,  aura  rouvert  les  sources  de  la  pros- 
périté des  nations.  A  qui  devons-nous  donc  plus 
d'hommages  qu'à  ceux  qui  se  seroni  s.  çrifica 
pour  nous  en  faire  goûter  les  fruits  ?  Mais  si 
notre  espoir  était  trompé,  si  de  nouveaux  triom- 
phes élaient  nécessaires  ,  réunissons  tous  nos 
efforts  ,  que  '  les  magistrats  rivalisent  avec  le» 
guerriers ,  et  que  les  institutions  comine  les  vic- 
toires empêchent  que  1^  république  ne  soit  avilie 
tt  malheureuse.  ! 

Vous  tous,  sans  le  courage  et  le  génie  desquell 
la  liberté  était,  ou  perdue  pour  des  siècles  ,  ou 
vouée  à  de  nouvelles  souffrances,  achevez  votre 
ouvrage,  reporter  dans  l'iniérieur  de  celte  France 
républicaine  ces  regards  vivifians  qui  l^oni  fait 
triompher  au-dehors  ;  donnez-lui  des  mœurs  con- 
formes à  ses  lois  ,  attachez  vos  noms  vénérés  des 
français,  à  des  institutions  faitespourleurcaracteie 
aimant  et  sensible.  Qui  oserait  les  briser  ces  ins- 
titutions quand  ils  les  auront  reçues  de  vous  ? 
Faites  servir  à  l'affermissement  de  leur  liberté 
l'enlhou&iasme  généreux  dont  ils  sont  suscepti- 
bles :  de  tous  les  genres  de  gloire  que  vous  aurei 
aiteinls  ,  nul  ne  vous  procurera  de  jouissances 
plus  pures  ,  aucunes  larmes  ne  les  aura  payées. 
Fondez  en  quelque  sorte  dans  nos  habitudes  le 
souvenir  des  action»  mémorables  qui  signalent' 
voire  carrière  ;  la  force  des  usages  ,  la  langue  des 
signes  l'emportent  souvent  sur  la  puissance  de  U 
loi.  Qjii  II  a  pas  senti  son  cœur  palpiter  Jdm 
l'augubte  lêie   de    la    Concorde  ,  à  la  sg^uditiine 


1S24 


appavition  de  cette  cohnne  de  granit ,  de  ces  grena- 
diers redoutables  ,  aux  visages  hâlés  .  aux  habits 
poudreux,  atrivant  au  pas  de  charge  dans  le 
Champ-de-Mars  ,  et  venant  des  j)laines  de  Saint- 
Julien  célébrer  le  14  juillet  ,  illustres  par  leur  va- 
leur ,  immortels  comme  leur  gloire  ?  Tout  peut 
être  institution  pour  un  peuple  comme  le  peuple 
français  ,  récompenses  ,  commémoration  ,  éloges 
publics  ,  jeux  ,  chants  civiques  .  dès  qu'il  jouit 
ou  qu'il  espère  ;  là  oià  il  se  rassemble  ,  il_  y  a 
fête.  Dans  ces  réunions  de  citoyens  ,  le  moindre 
-objet  devient  grand  ,  l'objet  le  plus  relevé  s'y 
aggrandit  encore  ;  dans  ces  traditions  des  pères 
aux  enfans  ,  le  retour  périodique  des  mêmes  so- 
lemnités  acquiert  avec  le  tems  une  sorte  de  véné- 
ration religieuse  ,  à  laquelle  on  ne  peut  plus 
ttianquer  sans  impiété. 

Tel  sera  ,  tel  peut  être  l'effet  de  la  mesure 
que  nous  vous  proposons  ;  et  c'est  accorder 
à  Latour-d'Auvergne  une  distinction  qui  ne  peut 
bltsser  aucune  prétention  rivale,  que  l'indiquer 
non  pas  pour  lui  seul ,  mais  à  son  occasion. 
On  sait  quels  effets  les  anciens  tiraient  de  ces 
ïnoyens  si  petits  en  apparence  ,  et  que  peut- 
être  nos  ennemis  n'affectent  tant  de  dédaigner 
aujourd'hui  que  parce  qu'ils  les  savent  trop  puis- 
sans.  Q_ui  peut  douter ,  au  reste  ,  que  ces  témoi- 
gnages de  reconnaissance  ,  de  regret,  d'affection 
pour  de  généreux  défenseurs  ,  ne  soient  natu- 
rellement amenés  dans  toute  la  république  ,  à  la 
vue  cte  ces  colorines  départementales  où  leurs 
noms  seront  inscrits;  et  quand  les  parens ,  les 
amis  ,^  les  citoyens  diront  ,  tel  est  mort  àFIcurus 
ou  à  Jemmappes ,  tel  à  Lodi ,  à  Arcole  ,  au  combat 
desPyraraydes,àAbouk.ir,  tel  à  Hochstet,  àMoes- 
kirck,  tel  enfin  à  Maringo  ;  sera-t-il  difficile  au 
magistrat  républicain  de  produire  ,  de  porter 
au  plus  haut  degré  d'enthousiasme  ce  sentiment 
sublime  qui  animait  les  Scythes  d'autre  fois  , 
quiind  s'adressant  à  leur  ennemis ,  il  leur  disaient  : 
Venez  dont .  si  vous  l'osez,  nous  attaquer  sur  Us  tom- 
beaux de  nos  pères. 

Nous  ne  terminerons  pas  ce  rapport  sans  vous 
parler  des  derniers  sentimens  manifestés  par 
l'homme  sage  que  nous  regrettons  ,  et  dont  l'ex- 
pression fidclle  a  été  portée  à  cette  tribune  par 
notre  collègue  Roujoux.  Tes  vœux  seront  remplis, 
premier  grenadier  de  la  république.  Ton  sang  et 
•celui  de  tes  braves  frères  d'armes  n'aura  pas 
coulé  vainement.  Dix  années  d'une  guerre  telle 
que  l'histoire  n'en  offre  point  d'exemple  ,  ne  se 
termineront  pas  par  assujettir  les  vainqueurs  aux 

farricides  qui  l'ont  excitée  et  nourrie.  Ils  ont  dû 
entendre;  ce  que  le  n  juillet  a  d  truit  ne  repa- 
raîtra plus  ;  ce  que  le  18  brumaire  a  édifié ,  ne  sera 
pas  détruit.  Le  gou^erneincnt  veille  ,  il  est  gé- 
néreux parce  qu'il  es  fort  ',  mais  son  indulgence 
ne  sera  jamais  faiblesse  ;  mais  parmi  ceux  qui 
réclament  sa  sollicitude  ,  il  sait  distinguer  ces 
hommes  dont  l'exitence  est  attachée  à  la  sienne  , 
qui  ,  comme  lui  ,  ont  pour  garantie  de  leurs  pre- 
roiers  intérêts  la  constitution  et  la  bbnne  foi  na- 
tionale, et  qui  ne  peuvent  faire  de  vœux  pour 
leur  sûreté,  sans  que  ces  vœux  aient  en  même- 
tems  ppiir  objet  et  sa  sûreté  et  sa  gloire.  Il  ne 
souffrira  pas  quel'audace  lui  rende  toute  clémence  j 
impraticable. 

Affermir  cette  répubhque  ,  propager  les  lu- 
mières,  véritable  base  de  toute  indépendance  , 
paranlir  à  chacun  les  mêmes  droits  et  les  mêmes 
avantages;  conquérir,  par  le  spectacledubonheur 
de  tous  ,  1  affection  des  hommes  éclairés  chez  tous 
les  peuples  :  tel  est  le  terme  des  travaux  que  la 
nation  impose  aux  dépositaires  de  son  autorité. 
Nous  aurons  fait  un  grand  pas  vers  ce  but  désiré  , 
quand  le  titre  de  citoyen  français  sera  partout 
ce  qn'il  est  sur  les  rives  du  Pô  ,  du  Rhin  et  du 
Danube.  Nous  ne  craindrons  plus  alors  que  les 
pjédicans  de  l'esclavage  écrivent  l'histoire  avec 
le  sîjjielde  la  calomnie.  L'image  de  nos  héros  sera 
trauiTuise  à  la  postérité  pure  ,  rioble  et  sublime 
comme  eux.  Nos  enfans  nous  porteront  envie,  à 
nous  qui  pouvons  compter  parmi  nos  contem- 
porains-les  égaux  des  plus  grands  capitaines  de 
l'antiquité  ,  les  fondateurs  de  la  paix  etde  laliberté 
que  nous  leur  aurons  léguées.  Des  magistrats  ,  sans 
tloule,  doivent  mettre  une  juste  circonspection  lors- 
que leurs  éloges  sont  applicables  à  des  hommes  qui 
existent;  mais  aussi  iisnepeuventignorerque,  si  le 
<jesir  de  sa  propre  estime  est  le  premier  mobile 


çaise  a  faite  dans  la  personne  de  son  premier  des  amel.oahons  de  plan  es  sauvage  qviua  pr.- 
Lnadier,  voulant  honorerà-la-foisie  dévouement  m.er  hazard  a  places  sous  la  main  ^^^  ^ommc  a 
il  la  modestie  du  brave  Latour-d'Auver2;ne,  arrête,  dont  1  homme  accrotirait  ceria.nement  k  nombic, 
qu'ayante  aire  de  la  fondation  de  la  republique,  s'il  se  dévoua;,  a  des  essais  "-M  " '^"^ '•™- 
?on  président  prononcera  léloge  des  guerriers  1  mensiie  des  végétaux  qui  1  entourer,..  I^es  uns  ,  .1 
français  morts  pour  la  défense  de  la  patrie 


Cette  proposition  est  mise  aux  voix  et  adoptée. 
f  La  suite  demain.  ) 

Société  d'agriculture  de  Seine- et  -  Oise.  —  Séance 
publique  du  10  messidor  an  8. 
Pour  donner  une  idée  des  travaux  de  la  société, 
nous  prenons  au  hazard  les  traits  suiyans  dans  le 
rapport  fait  par  la  commission  chargée  d'indiquer 
les  sujets  de  prix. 

"  C'est  esseatiellement  par  la  communauté  des 
travaux  que  les  sociétés  peuvent  espérer  d'assurer 
leurs  succès.  Tous  les  membres  iniéressés  à  se 
secourir  mutuellement,  soutenus  par  le  juste  dcsir 
de  bien  iaire  aux  yeux  de  leurs  confferes ,  rame- 
nés dans  de  justes  bornes  par  le  clioc  d'une  dis- 
cussion frartche  et  suivie,  se  livrent  avec  sécurité 
aux  différens  travaux  sur'lesquels  ils  ont  le  plus 
de  données  :  et  la  société. toute  entière  a  réelle- 
ment coopéré  ,  amélioré  ,  souvent  créé  ,  ce  qui  ne 
paraît  que  l'ouvrage  d'un  individu. 

"  Mais  ce  n'est  pas  seulement  àu-dedans  d'elles- 
mêmes  que  les  réunions  scientifiques  peuvent 
établircette  communauté  de  travaux  ;  elles  doivent 
s'adresser  solennellement  à  tous  ceux  qu'animent 
les  mêmes  goûts,  et  attirer  à  elles  des  connais- 
sances éparses  qui  n'attendent  que  l'occasion  pour 
la  consolider. 

i>  Tel  a  toujours  élé  le  but  des  prix  que  les 
sociétés  savantes  ont  voulu  décerner  sur  les  nia- 
tieres  dont  elles  s'occupaient. 

))  Les  sociétés  d'agriculture  ont,  à  cet  égard  , 
une  carrière  bien  vaste  ,  puisque  la  variété  des 
cultures  ,  celle  des  terroirs  ,  celle  des  tempéra- 
tures, celle  de  l'exploitation,  multiplient  à  l'infini , 
1 -s  nuances  de  l'art  qui  d'ailleurs  est  le  plus  géné- 
ralement exercé,  le  plus  étroitement  lié  au  bon- 
heur individuel  ,  et  à  l'ordre  social. 

1)  La  première  classe  des  sujets  de  prix  ,  ren- 
fermera les  fnémoires  ihéoriques ,  surdivers ]poinls, 
soit  de  physique  végétale  ,  soit  de  géologie  ,  soit 
d'économie  rurale  ou  politique.  Ce  mot  théorie  , 
ne  nous  le  dissimulons  pas  ,  est  propre  à  réveiller 
des  idées  bien  contradictoires. Quelques  personnes, 
séduites  par  .l'éclat  des  systèmes  ,  admirent  ces 
combinaisons  ingénieuses  qui  expliquent  tout  , 
1  qui  soumettent  la  nature  elle-même  à  des  lois 
'  impérieuses  :  d'autres  .  se  rappelant  cette  foule 
I  d'erreurs  produites  par  des  doctrines  trop  van- 
tées ,  redoutent  jusqu  au  nom  de  principes  et  sup- 
positions, ei  ne  balancent  pas  à  préférer  aux  plus 
savantes  théories  ,  une  routine  qui  du  moins  a 
pour  elle  la  sanction  de  l'habitude. Il  esisansdoute 
un  milieu  r_3isonnablc  entre  ces  opinions  ex- 
trêmes. Des  sociétés  ,  qui  comptent  parmi  leurs 
membres  ,  et  des  savans  et  des  cultivateurs  ,  doi- 
vent également  se  défendre  des  prèveniions  de 
l'ignorance  et  des  illusions  de  l'enthousiasme  : 
elles  ne  se  hâteront  pas  d'adopter  comme  résultats 
généraux  ,  des  conclusions  hasardées,  des  coii- 
séquences  tirées  de  faits  peu  nombreux  ou  lègé 


protège  le  feuillage;  des  .luires  ,  il  favorise  la 
fleur  ;  de  ceux-ci  ,  c  est  le  fruit;  de  ceux-là  ,  les 
racines  ;  de  tous  ,  c'est  la  fécondité  ,  la  reproduc- 
tion dont  il  se  rend  ma'itre  :  et  il  ne  lui  a  fallu 
qu'une  manipulation  particulière  pour  extraire  du 
vénéneux  manioc  ,  une  nourrituic  abondante. 

1)11  serait  telle  sorte  de  prix  que  nous  devrions 
léguer  à  la  génération  future,  si  l  instabilité  de« 
choses  ,  des  personnes  et  des  fortunes  ne  s'oppo- 
sait à  la  continuité  des  vues  ,  sans  laquelle  les  ex- 
périences ne  peuvent  être  démonstraùves. 

))Les  jachères  e.  les  assolemens  présentent  plu- 
sieurs de  ces  questions  à  longues  éctiéances  ,  d'au- 
tant plus  intéressantes  qu  elles  tendent  toutes  à 
(irer  le  plus  grand  parti  îles  facultés  végétales  de 
)a  terre  ,  et ,  pour  ainsi  dire  ,  à  en  multiplier  les 
surfaces. 

>»  Une  des  plus  simples  est  l'ordre  à  éiablir 
dans  la  succession  des  cultures  déjà  pratiquées  , 
et  c'est  sur  le  rapport  de  notre  conlrere  Andricu 
qu'ont  été  déterminés  les  premiers  estais  qui  peu- 
vent éclairer  sur  la  medieure  manière  de  les, 
coordonner  :  trois  récoltes  successives  étant  in- 
dispensables ,  ce  ne  sera  que  dans  l'an  12  que  la 
société  pourra  proclamer  le  piix  sur  la  culture 
intermédiaire  da    terres  à  blé. 

)5  Pour  l'an  10  ,  elle  aura  eu  le  tems  de  con- 
naître ce  qui  sera  résulié  de  la  comparaison  des 
différentes  maiiicres  deriiplo^er  les  fumiers  ,  dont  le 
même  conltcre  a  préparé  le  programme. 

)i  Pour  l'an  9  ,  notre  confrère  Jumilhac  a  fait 
pressentir  les  améliorations  qui  donneront  à  notre 
département  des  vins  mieux  fabriques. 

)i  Enfin  ,  pour  la  même  année  ,  la  société  pro- 
noncera sur  l'influence  que  la  longue  durée  des 
baux  peut  avoir  sur  l  agriiulture  ,  en  conciliant  les 
avantages  de  chaque  espèce  de  culture  ,  avec  les 
droits  de  la  proprièié.  L'année  prochaine  donc  , 
la  société  ne  distribuera  encore  que  deux  des 
trois  prix  qui  ,  par  la  suite  ,  ajouteront  ,  chaque 
année  ,  de  nouvelles  connaissances  à  celles  déjà 
acquises. 

u  Aux  marques  d'honneur  que  la  société  accor- 
dera à  ceux  qui  auront  mérité  les  prix  qu'elle  pro- 
pose à  l'émulaMon  ,  elle  se  félicite  de  pouvoir  , 
cette  fois  ,  joindre  l'offrande  individuelle  qu'uii 
de  ses  membres  s'est  empressé  de  présenter  à 
l'agriculture.  Toujours  l'homme  d  état  ,  le  véri- 
table sage  ,  sut  pressentir  dans  le  succès  du  cul- 
tivateur' la  prospéiiié  publique.  Le  consul  le  Brun, 
en  remettant  une  somme  de  six  cents  francs  pour 
les  premiers  prix  que  la  société  ait  proposés  , 
peut  jouir  d'avance  de  l'impulsion  puissante  qu'il 
donne  à  son  département  ,  au  même  moment 
oii  les  travaux  champêtres  doivent  trouver  leur 
régénération  dans  ctne  paix  glorieuse,  dont  l'in- 
vincible génie  de  la  France  force  enfin  l'Europe 
à  recevoir  le  bienfait. 


Appel  aux  orateurs  amis  de  la  morale. 


La  société  de  la  religion  naturelle,  du  temple  dé 
rement  observés  ;  mais  elles  ne  perdront  pas  de  j  la 'Victoire  (  St.  Sulpice  ) ,  célébrant  chaque    mois 


vue  que  ,  si  la  science  s'enrichit  des  tributs  de 
l'expérience  ,  elle  doit  à  la  yuatique,  des  méthodes 
calculées  sur  l'explication  des  causes  et  le  rappro- 
chement des  faits.  La  méditation  mûrit  et  com- 
bine ,  dans  le  cabinet  ,  les  matériaux  dus  aux 
observation^du  cultivateur,  comme  l'industrie  du 
fabricant  ourdit  ou  façonne  ,  dans  les  ateliers  ,  les 
produits  de  nos  campagnes  :  la  main  de  l'homme 
n'envie  point  à  la  tête  ,  ses  admirables  foncuons; 
et  la  pensée  du  philosophe  a  son  prix  comme 
l'activité  du  laboureur. 

Cependant  les  conjectures  du  théoriste  ne  sont 
point  des  découvertes  :  il  faut  que  ,  constatées  ou 
vérifiées  par  l'expérience  ,  elles  passent  ainsi  de 
l'état  de  simples  suppositions  à  celui  de  vérités 
positives.  Quelques  faits  présentés  par  le  hasard  , 
ne  suffisent  même  pas  pour  appuyer  certaines 
opinions  :  tant  de  circonstances  se  mêlent  aux 
moindres  particularités  ,  qu'on  ne  peut  regarder 
comme  faits  probans  que  ceux  qui  résultent  d'ex- 
j  périences  entreprises   avec  intention  ,  et  scrupu 


des  actions  de  I  homme  de  bien,  c  est  I  estime  pu-     f^^sg,ne„t  observées  dans  tous  leurs  détails  ;  nu 
blique  qui  en  est  le  pris.  Et  lorsque  la  reconnais-  ]  ^^  d'instruction  n'appartient  plus  particulié- 

sance  et  l'admiration  ont  place  certains  noinsdans^j^^^^^^^^  ^^^  sociétés   d'agriculture.   C'est   à   elles 
toutes  les  bouches  ;   quand  ,   dun  bout  cie  1  jlu-  t       .;[  convient  de  fixer  les  données  sur  lesquelles 


une  fête  à  la  mémoire  de  lun  des  hommes  qui 
ont  honoré  l'humanité  par  leurs  vertus  ,  ou  qui 
lui  ont  rendu  de  grands  services  ,  soit  par  leurs 
actions  ,  soit  par  leurs  écrits  ,  propose  pour  sujet 
des  discours  de  vendémiaire  an  g  ,  les  vertus  de 
Marc-Aure.e  ;  pour  brumaire  ,  l  héroïsme  de  Gui/- 
laume  Tell  ;  "poat  inavàiie  ,  t'active  bienjesance  de 
Vincent  de  Paul.  —  Les  orateurs  qui  s  exerceront 
sur  ces  sujets  ,  sont  priés  de  ne  pas  perdre  de  vue 
'qu'ils  sont  proposés  parune  société esseniiellemetrt 
paisible  et  amie  de  la  vérité,  dont  les  travaux  ont 
pour  but  les  progrès  de  la  morale  universelle  ,  et 
qui  a  adopté  pour  ces  sortes  de  fêtes  la  devise 
suivante  :  >)  Nous  ne  lésons  pas  l'apothéose  des 
))  morts  ;  nous  ne  leur  rendons  aucun  culte  ; 
)»  mais  nous  apprenons  ,  par  le  récit  de  leurs 
J)  vertus  et  de  leurs  erreurs  ,  à  imiter  les  unes  et  à 
)i  nous  garantir  des  autres.  j> 

Chaque  discours  doit  être  envoyé  au  cit.  Lorrin, 
cloître  Benoît ,  n°  352  ,  division  des  Thermes.  — • 
Cïlui  qui  sera  jugé  le  meilleur  par  le  conseil  de 
direction  de  la  société  ,  sera  prononcé  dans  la 
lête  publique  par  fauteur  ,  ou  par  un  lecteur  à 
sa  volonté. 


Tope  à  l'autre  ,  ces  noms  liés  à  toutes  les  idées  de 
bienveillance  et  de  gloire  sont  prononcés  avec 
respect  dans  les  palais  ,  avec  attendrissement  dans 
la  cabane  du  pauvre  ,  le  silence  ,  ce  me  semble  , 
annoncerait  je  ne  sais  quelle  réserve  injuste  qui 
nous  rendrait  peu  dignes  de  ce  que  la  nature  et  la 
-fortune  ont  fait  pour  nous. 

■Voici  le  projet  d'arrêté  que  votre  commission 
me  charge  de  vous  présenter. 

>iLe  tribunal  sensibleàlaperte  queratmée  fran- 


doit  opérer  le  cultivateur  jaloux  de  contribuer  au 
progrès  de  son  art;  c!est  à  elles  qu'il  appartient 
d'indiquer  le  but  auquel  il  doit  tendre  ,  et  les 
procédés  qui  peuvent  l'y  conduire.  Telle  est  la 
seconde  division  des  sujets  1  qui  doivent  être  pro- 
posés ;  et  les  sociétés  ne  sauraient  trop  les  multi- 
plier ,  puisque  rien  n'est  plus  propre  à  donner  , 
à  l'agriculture  ,  des  bases  certaines  et  des  règles 


positives 


Bourse  du  2  thermidor.  —  Effets  publics. 

Rente  provisoire ••  ^s  Ir.  75  c. 

Tiers  consolidé 33^  'r-  7^  c. 

Bons  deux  tiers , 1   fr.  5o  c. 

Bons  d'arréragé 88  Ir.  5o  c 

Bons  pour  l'an  8 .-  85  fr.   i3  c. 

Syndicat en  5oo 

Coupures. ^7   tf- 


.. Nos  fruits  ,  nos  racines  .nos  grains  ne  sont  que  I  Act.  de  5o  fr,  de  la  caisse  des  rentiers. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n°  f3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  3o4. 


Qjiartidi  ,  4  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  piévenlr  nos  souscripteurs  qu'à  dater  ciu  7   Nivôse  le   M  O  N I T  E  U  R  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  .  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  ! 
l'intérieuf  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  lès  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles.  * 


EXTÉRIEUR. 

ARMÉE    D'ITALIE. 

Au  quartier-général  de  Milan ,  le  24  messidor  an  8 
de  la  républiqtie  française  une  et  indivisible. 

Massena  ,  général  en  chef,  aux  habitons  du  Piémont. 

Peuple  piÉMONTAis, 

Je  suis  informé  (jue  dans  quelques  provinces 
du  Piémont  il  se  manifeste  des  mouvemens 
insurrectionnels;  qu'il  existe  même  quelques 
rassemblemens   armés. 

Quel  peut  être  le  but  de  pareils  mouvemens  ? 
ils  menacent  la  tranquillité  publique  et  la  sûreté 
de  l'armée. 

Est-ce  là  le  prix  que  devait  recevoir  le  gou- 
vernement français  de  la  conduite  généreuse 
qu'il  a  tenue  envers  le  Piémont  ,  et  les  agita- 
teurs peuvent-ils  se  méprendre  sur  l'usage  mo- 
déré qu  il  fait  de  ses  forces  et  de  ses  victoires  ? 

Peuple  piémontais  ,  animé  du  même  esprit  de 
paix  et  de  justice  que  mon  gouvernement,  je 
ne  veux  que  votre  bonheur  et  voire  tranquillité  ; 
mais  ne  vous  faites  pas  illusion  sur  les  consé- 
quences funestes  de  la  rébellion  à  laquelle  on 
vous  porte  ;  vous  attireriez  la  mort  sur  vos  têtes  , 
la  désolation  dans  vos  familles  .  et  la  dévas- 
tation de  vos  propriétés. 

C'est  donc  au  nom  de  voire  existence  ,  de 
celle  de  vos  femmes  ,  de  vos  enfans ,  et  au  nom 
de  vos  intérêts  les  plus  cbers ,  que  je  vous 
somme  de  rentrer  dans  l'ordre;  ne  soyez  pas 
sourds  à  ma  voix  lorsqu'elle  vous  porte  des 
paroles  de  paix  ! 

Ne  me  forcez  pas  à  déployer  l'appareil  de  la 
force  ;  le  moment  oià  vous  me  contraindriez  à 
faire  marcher  contre  vous  des  colonnes  fran- 
çaises ,  serait  celui  d'un  châtiment  exemplaire. 

Jouissez  ,  habilans  des  villes  et  des  campagnes  , 
jouissez,  dans  le  sein  de  vos  familles  ,  de  la  tran- 
quillité que  vous  assure  la  puissante  protection 
de  l'armée  française ,  et  craignez  de  tourner  contre 
vous  des  armées  faites  pour  vous  défendre ,  et  dé 
provoquer  des  braves  qui  portent  amitié  à  tous 
les  peuples  ,  mais  qu'on  n'a  jamais  insultés  ni 
assassinés,  sans  qu'ils  en  aient  tiré  une  vengeance 
éclatante. 

Celte  proclamation  sera  adressée  au  gouver- 
nement provisoire  du  Piémont  et  au  général  qui 
y  commande  ,  pour  qu'ils  aient  chacun  ,  en  ce 
qui  le  concerne  ,  à  lui  donner  la  plus  grande 
publicité. 

Elle  sera  imprimée  dans  les  deux  langues  , 
publiée  et  affichée  dans  tout  le  Piémont. 

Signé  ,  Massena. 

Au  quartier-général  de  Milan  .   U  24  messidor  an  8 
de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 

Massena  ,  général  en  chef,  informé  par  les 
rapports  officiels  desaulorilés  militaires  françaises  , 
que  la  ville  et  le  pays  de  Lucques  ont  outragé  la 
république  ,  son  gouvernement  et  ses  principaux 
citoyens  par  des  actes  publics  ; 

Considérant  que  s'il  est  de  la  justice  de  punir 
des  écarts  pareils  ,  il  est  d  un  intérêt  pressant  pour 
l'armée  de  taire  contribuer  à  ses  besoins  le  pays 
de  Lucques  ainsi  que  la  ville  ,  arrête  : 

1°.  Il  est  frappé  une  contribution  d'un  million 
numéraire  de  France  ,  sur  le  pays  et  la  ville  de 
Lucques. 

2°.  Cinq  cents  mille  livres  seront  payées  dans 
les  cinq  jours  qui  suivronc  la  notification  qui  sera 
faite  du  présent  arrêté  au  gouvernement  provi- 
soire de  ce  pays  ;  les  cinq  cents  mille  autres  dans 
la  décade  suivante. 

3°.  Le  commissaire  -  ordonnateur  en  chef  est 
charité  de  1  exécution  du  présent  arrêté  ;  il  nom- 
mera en  conséquence  un  commissaire  dci  guerres 
qui  sera  chargé  du  recouvrement  de  ladite  con- 
tribution. 

4".  Les  généraux  commandans  le  pays  de 
Luc(|ues  et  la  ville  prêleront  l'assistance  de  la 
force  armée  pour  1  exécurion  du  présent  ordre  , 
loutcj  les  lois  qu'ils  en  seront  requis  par  le  com- 
missaire des  guerres  désigné  par  l'ordonnateur 
en   chef. 

Signé ,  Massena. 


IRLANDE. 

Dublin,  le  10 juillet ( zi  messidor.) 

Suite  du  discours  de  M.  Doibs  à   la  chambre  des 
communes. 

"  J'arrive  ,  monsieur  ,  à  la  partie  la  plus  inté- 
ressante de  mon  discours  ,  à  l'exposiiion  des 
raisons  qui  me  portent  à  croire  que  c'est  dans 
ce  pays  que  doit  s'opérer  le  glorieux  avènement 
du  messie.  —  Vous  vous  rappelez  cette  pierre  qui , 
détachée  de  la  montagne  sans  la  main  d'aucun 
homme  ,  vient  frapper  les  pieds  de  la  statue  et  la 
met  en  pièces.  Or  ,  la  vision  de  Daniel  ne  se  réali- 
serait pas  ,  si  le  christ  et  son  armée  devaient  faire 
leur  première  apparition  dans  un  des  pays  figurés 
parles  dix  doi>i;ts  de  pied  de  la  statue;  ainsi, 
aucune  des  contrées  qui  lésaient  partie  des  em- 
pires de  Babylone  et  d  Assyrie  ,  des  medcs  et  des 
perses  ,  des  grecs  et  des  romains  ne  saurait  être 
le  lieu  fixé  pour  cet  événement.  Un  passage  du 
41'  chapitre  d  Isa'ie  vient  à  l'appui,  de  ce  que 
j'avance.  Voici  ce  passage  :  a  j'appelerai  mon 
serviteur  du  septentrion  ,  et  il  viendra  ;  je  l'appe- 
lerai  de  l'orient,  et  il  viendra  :  il  foulera  les  grands 
du  monde  comme  le  potier  foule  l'argile  sous 
ses  pieds.  >>  Il  est  manifeste  que  ce  serviteur  eslle 
messie  ,  et  que  c'est  au  nord  de  la  Judée  que 
nous  devons  chercher  le  théâtre  de  son  avène- 
ment. Le  nouveau  monde  ne  saurait  être  mis  en 
ligne  de  compte  ;  car  ,  n'étant  pas  encore  décou- 
vert à  l'époque  de  la  prédiction  ,  il  n'a  pu  y  être 
compris.  C  est  donc  uniquement  à  l'empire  de 
Russie  etaux  royaumes  deDannemarck,  de  Suéde 
ou  à  llilande  que  doivent  se  borner  nos  re- 
cherches. 

Nous  savons  que  l'armée  ,  à  la  tête  de  laquelle 
arrivera  le  messie  ,  sera  de  144  mille  hommes 
effectifs  ,  et  les  révélations  de  St.  Jean  renferment 
plusieurs  passages  qui  indiquent  le  lieu  de  son 
rassemblement.  Un  de  ces  passages  porte  :  "Je  les 
vis  pinçant  de  leurs  harpes.  "  Un  second  :  uje  les 
vis  qui  se  tenaient  sur  une  mer  de  verre  ,  ayant 
les  harpes  de  dieu,  u  Un  troisième  :  u  Ils  étaient 
vêtus  de  robes  d'un  lin  fin  et  blanc.  >>  Un  qua- 
trième :  Il  II  les  assembla  dans  une  ville  appelée 
en  hébreu  Armageddon.  >i  Sans  contredit  ,  ces 
harpes  ,  ces  robes  de  toile  fine  et  blanche  sont 
de  fabrique  irlandaise  ,  et  ne  se  rapportent  nulle- 
ment à  la  Russie  ,  au  Dannemarck  ou  à  la  Suéde. 
La  mer  de  verre  doit  être  une  île  ,  et  je  regarde  les 
mois  Armageddon  en  hébreu,  clArdmah  ou  Armagh 
en  irlandais,  comme  parfaitement  synonimes.  Au 
surplus  ,  on  ne  saurait  contester  au  il  n'existe  une 
très-grande  consonnance  entr'eux.  St.  Patrice,  en 
outre  ,  réputait  la  ville  à.' Armagh  ,  qui  est  l'ancien 
nom  ,  pour  le  lieu  le  plus  propre  à  y  établir  le 
siège  du  gouvernement  ecclésiastique. 

A  ces  passages  de  lEcriture-Sainie  se  joignent 
quelques  particularités  qui  militent  également  en 
faveur  de  notre  Irlande.  D  abord  ,  elle  n'a  jamais 
participé  à  la  prospériié  de  ce  monde ,  et  ce 
n'est  que  depuis  1782  qu'elle  a  commencé  à  y 
jouer  un  rôle;  or  ,  je  ne  connais  dans  Ihisloire 
aucun  exemple  d'une  nation  qui  ,  après  avoir 
commencé  à  s'élever  ,  n'ait  atteint  une  sommité  | 
quelconque  avant  de  tomber. — Il  esta  remarquer, 
ensuite  que  les  quatre,  grands  empires  mention- 
nés dans  Daniel  ,  s'élevèrent  successivement  à 
l'ouest  l'un  de  l'autre  ;  que  la  Grande-Bretagne 
étant  la  dernière  conquête  des  romains  à  l'occi- 
dent, représente  nécessairement  le  dixicmeou  l'un 
des  petits  doigts  des  pieds  delà  statue;  que  llrlande 
est  située  directement  à  l'ouest  de  celte  île,  et 
que  conséquerament  elle  se  trouve  en-dedans 
de  la  ligne  dé  démarcation  ;  qu'elle  ne  fait  point 
partie  de  la  statue  ,  et  que  les  armes  des  romains 
n'y  ont  jamais  pénétré.  J'observerai  encore  atix 
honorables  membres  que  la  harpe  de  David 
constitue  les  armoiries  de  ce  pays,  lesquelles 
ont  pour  support  un  ange  ,  et  pour  couronne 
la  couronne  apostolique.  On  sait  d'ailleurs ,  par 
la  tradition  que  l'Irlande  a  été  anciennement  une 
terre  de  martyrs  et  de  saints;  mais  la  chose  faite 
pour  nie  convaincre  fjue  la  prophétie  s'accom- 
plira dans  cette  île  ,  c'est  l'exemption  miracu- 
leuse dont  nous  jouissons  de  n  avoir  ni  serpens  ou 
toute  .Tutrc  reptile  venimeux  ;  ce  qui  signifie  , 
selon  moi  ,  que  satan ,  le  grand  serpent,  recevra 
ici  son  premier  coup  de  mort. 

(  Demain  la  fin  de  ce  discours.) 


INTERIEUR. 

Paris ,   le  3  thermidor. 

Les  hostilités   ont  îiessé  en  Allemagne 
COMME  EN  Italie. 


Le  Journal  des  Débats  annonce  ,  d'après  une 
lettre  datée  de  Smyrne  le  19  mai  ,  et  reçue  à 
Trieste  ,  qu'un  bâtiment  arrivé  de  la  côte  de 
Syrie  dans  la  première  de  ces  villes  .  y  avait 
apporté  la  nouvelle  qu'à  la  suite  de  nouvelles 
négociations  entre  le  général  Kléber  et  le  grand- 
visir,  l'évacuation  de  lEgypte  par  les  troupes 
françaises  avait  été  convenue.  Le  Publiciste  an- 
nonce la  même  nouvelle  sous  la  date  de  Cons- 
tantin.opJe  le  26  prarial  ,  et  ajoute  que  Sidney 
Smiih  a  délivré  des  passe-ports  à  plusieurs  bâti- 
mens  de  transports  qui  ont  déjà  quitté  lEgypte 
sous    l'escorte  d'une   frégate  française. 

—  Le  Journal  des  Débats  dit ,  sous  la  date  de 
Dresde  le  6  messidor,  que  l'élecieur  de  Trêves 
s  est  réfugié  dans  cette  ville  en  quittant  Augsbourg 
à  l'approche  de  l'armée  française.  On  disait  dans 
la  même  ville,  suivant  le  même  journal,  que 
l'empereur  de  Russie  demandait  à  l'empereur 
d  Allemagne  l5oo  mille  roubles  pour  les  frais  de 
la  campagne  dernière,  et  qu  à  d^ilaut  de  satis- 
faction il  se  proposait  de  s'emparer  de  la  GalHcie, 
vers  laquelle  il  tait  marcher  une  armée  de  60,000 
hommes. 

_  — l^e  Journal  du-  Commerce  ,  sous  la  date  de  Sem- 
lin  le^  14  messidor  annonce  que  l'ambassadeur 
russe  à  Constantinople  a  quitté  cette  ville  ,  et 
ajoute  qu'il  devait  être  suivi  par  tous  les  russes 
qui  habitaient  cette  capitale  de  la  Turquie.    " 

—  La  Gazette  de  Pétersbourg.  du  16  juin  ,  porte 
ees  mots  :  )>  une  supplique  du  général  de  cava- 
lerie d'Autichamp  lui  a  été  renvoyée  déchirée 
comme  ayant  été  trouvée  absurde  ,  et  il  a  été 
ordonné  de  lui  en  faire  payer  le  port,  d 

—  Tous  les  journaux  annoncent  aujourd'hui 
que  le  pape  qui  ,  en  sortant  de  Venise  ,  avait 
été  jelé  par  un  coup  de  vent  sur  les  'côtes  de  la 
Dalmatie  ,  esi  débarqué  à  Pesaro  ;  et  qu'aussitôt 
que  le  général  napolitain  Naselli  qui  commande 
à  Rome  ,  en  eut  reçu  la  nouvelle  ,  il  fit  an- 
noncer aux  romains  le  prochain  retour  de  sa 
sainteté. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Au     NOM     DU     PEUPLE     FRANÇAIS. 

Brevets  d'honneur  décernés  aux  citoyens  dont  les 
noms  suivent  ,  pour  actions  d'éclat  à  l'affaire 
du  iS prairial  aji  S  ,  à  Maringo  ,  armée  d'Italie.  \ 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
des   citoyens  : 

Délgas,  sergent- major  des  grenadiers  de  la 
garde   des  consuls. 

Mirabel,  sergent  des  grenadiers  ,  idem. 

Ritel  ,  caporal  ,   idem. 

Boucher,  sapeur,  idem. 

Carlin  ,  chasseur  ,   idem. 

Noël  (  Augustin  )   grenadier  ,  idem. 

Décerne  à  chacun   d'eux,  à   titre    de    récom- 
pense nationale  ,  un  fusil  d'honneur. 
• 

Desnoncin  ,  maréchal-des-logis'  des  grenadiers 
à  cheval  de  la  garde  des  consuls. 

Jeancy  ,  maréchal-des-logis  des  grenadiers  à 
cheval  de  la  garde  des  consuls. 

Cariche  ,  brigacUer  des  grenadiers  à  cheval  de 
la  garde  des  consÇls. 

Hochard  ,  grenadier  à  cheval  de  la  garde  des 
consuls. 

Blanchet ,  idem. 

Rousseau  ,  idem. 

Grosselin  ,  brigadier  des  grenadiers  à  cheval  d* 
la  garde  des  consuls. 

Legros  ,  maréchal  -  des  -  logis  des  chasseurs  à 
cheval  de  la   garde  des   consuls. 

Simon  ,  brigadier  des  chasseurs  à'cbeval  de  U 
garde    des   consuls. 


Charel ,  biigadier  des  chasseurs  à  cheval  de  la 
garde  des   consuls. 

Boutarel,  chasseur  à  cheval  de  la  garde  des 
consuls. 

Décerne  à  cliacun  d'eux ,  à  tilrc  de  récom- 
pense nationale  ,  une  carabine  d'honneur. 

Bizet  .  Numérot,  Pelit  ,  brigadiers  d'arlillerie 
de  la  garde  des  consuls. 

Henry  ,  Marchand  ,  Jacquinet  ,  canoniers  de 
première  classe  de  la  garde  des  consuls. 

Décerne  à  chacun  d'eux  ,  a  liire  de  récompense 
nationale  ,  une  grenade  d'honneur. 

Bonnet  ,  brigadier  trompette  de  la  garde  des 
consuls  ,  une  troiiipelte  d  honneur. 

Krelly ,  brigadier  trompette,  idem,  une  trom- 
pette d'honneur. 

Norberg  ,  trompette  ,  idem  ,  une  trompette 
d  honneur. 

Selliere  ,  tambourg  des  grenadiers  ,  idem,  des 
baguettes  d'honneur. 

Avoine,  tambour,  irfcm  ,  des  baguettes  d'hon- 
neur. 

Ils  jouiront  des  prérogatives  attachées  auxdites 
récompenses  par  l'arrêté   du  4  nivôse  an   8.j 
.  Donné  à  Paris,  le  3  thermidor,  an  8  de  la  répu- 
blique française. 

Signé  ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé  ,   Carnot. 


Au    NOM    DU    PEUPLE    FRANÇAIS. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  Barbenegre  ,  capitaine  des  grenadiers  à 
cheval  de  la  garde  des  consuls  ,  à  l'affaire  du 
25  prairial  an  8 ,  à  Maringo  ,  armée  d  Italie, 
lui  décerne,  à  titre  de  récompense  nationale, 
un   sabre  d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'ariêié  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  3  thermidor,  an  8  de  la  répu- 
blique  française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'étnt ,  signé,   H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé  ,  Carnot. 

ACTES    ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DE   LA  GUERRE. 

Note  indicative  des  départemens  qui  ont  exécuté  avec 
Zèle  la  loi  du  4  vendémiaire  an  8  ,  qui  ordonne  une 
levée  de  40,000  chevaux. 

Noms    des    départemens. 


1226 

aux  ordres  des  généraux  Mèrfeld  et  Cinlay,  zanne  qui  pouvait  être  assailli  par  toutes  les  for- 
détachées  sur  Fribouig  et  Oflembourg,  et  celles  ces  ennemies  :  on  ne  pouvait  pas  ir.icux  pénétrer 
du  général  Starray  qui  s'étendaient  de   Neusiadt  le  projet   du  général  Kray.  A   quatre  heures  du 


qui    ONT  FOURNI 

qui  ONT  TERMINÉ 

qui    SONT 

AU-DEtA    DU 

LA. 

SUR    LE    POINT 

CONTINGENT  FIXÉ. 

LIviE. 

HE    LA  TERMINER. 

Isère. 

Meuse. 

Mozelle.^ 

Puy-de-Dôme. 

Haute-Saône. 

Manche. 

Calvados. 

Orne. 

Saône-et-Loire. 

Pas-de-Calais. 

Léman. 

Oise. 

Drôme. 

Loiret. 

Vaucluse. 

Aube. 

Lozère. 

Côte-dOr. 

Hérault. 

Sâmbre-ei-Me. 

Tarn. 

Hautes-Alpes. 

Morbihan. 

Basses-Alpes. 

Rhône. 

Var. 

Haute-Loire. 

Çard. 

Cher. 

Arriége. 

Allier. 

Chatenie-Infé. 

Creuze. 

Cantal. 

Loire. 

Correze. 
Haute-Vienne 

Relevé  du  nombre   des  chevaux  fournis  depuis 
le  16  messidor. 

Le  nombre  des  chevaux  fournis 
depuis  le  dernier  état ,  s'élevf  à....      2,504 

Qui  ,  ajouté  à  celui  précécremment 
fourni  ,  ci 35,569 


©onne  un  total, au  26  messidor ,  de   38, 073   ch 


Suite  du  rapport  général  des  opérations  de  l'armée 
du  Rhin.  —  Au  quartier  -général  de  Munich 
le  23  messidor  an  8. 

Le  corps  du  lieutenant-général  Sainte-Suzanne  , 
patticuliérement  destiné   à  surveiller  les  troupes 


au  Mein  ,  ayant  tenu  une  marche  séparée  jusqii  au 
20  floréal,    qu'il    s'est    trouvé  en    ligne  ,  je    dois 
vous  la  faire  connaître  sans  ia  lier  au  mouvement  ', 
du  reste   de  l'armée.  i 

Après  avoir  débouché  de  Kehl ,  et  livré  le  com-  1 
bat  du  5  floréal ,  dont  j'ai  eu  I  honneur  de  vous  ; 
rendre  cniptc  ,  le  lieutenant  général  S.iinie- 
Suzanne  fil  une  contre-marche  rapide  ,  et  repassa  1 
le  Rhin  à  Kehl.  11  avait  parfaitement  rempli  son  j 
but;  et  le  général  Kray  ,  convaincu  que  nous  | 
voulions  nous  avancer  ,  par  la  vallée  de  la  | 
Kinsig  ,  y  portail  une  parlie  de  ses  forces  ,  et 
concentrait  le  reste  à  DonaVeschingcn. 

Le  9  floréal  ,  le  lieutenant-général  S.Tinte-Su- 
zanne  réunit  son  corps  aux  environs  de  N'cw- 
brisack.  Le  10  ,  il  déboucha  par  Vieux-Brisack  et 
occupa  Fribourg  ,  après  un  léger  combat.  Le 
it  ,  il  marcha  sur  Neustat  en  traversant  le  'Val- 
d  Enfer  .  ovi  l'ennemi  ne  lui  opposa  (jue  peu  de 
résistance  et  prit  position  sur  Sieig.  Le  12  ,  il 
occupa  Neusiai.  Le  i3  ,  Loffingen  et  Donaves- 
chingen.  Le  i5  ,  il  prit  position  en  arrière  de 
Geissingen.  Le  16  ,  à  Moringen  el  sur  la  route 
de  Tuulingen.  Le  1 7  ,  il  occupa  Hausen  ,  Sici- 
ten  ,  Nusplingen.  Le  général  Souham  éprouva 
quelques  difficultés  à  s'établir  dans  cette  dernière 
ville. 

Le  18  ,  les  deux  divisions  Legrand  et  Souham 
occupaient  Blackingeu  ,  Vislingen  ,  Hornslein  , 
Egelsingcn.  Le  ig  ,  la  division  Legrand  prit  po- 
sition en  avant  dAndelfingen.  La  division  Sou- 
ham, sa  droite  à  Pfrumstetten  ,  sa  gauche  à  Hurt- 
hausen  oti  il  eut  un  léger   combat. 

Le  20  ,  la  division  Legrand  se  mit  en  mouve- 
ment et  occupa  Allsleislingen  et  Grana.  La 
division  Souham  marcha  par  sa  droite  et  se 
porta  à  Haingen  sur  ia  Dauier.  Ce  jour-là  le 
lieutenant  général  Sainte-Suzanne  se  lia  par  sa 
droite  au  centre  de  l'armée,  et  son  corps  prit 
la  dénomination   d  aile   gauche. 

Apiès  la  bataille  de  Biberack  et  le  combat 
de  Messingen  ,  dont  je  vous  ai  adressé  le  rapport, 
le  corps  du  lieutenant-général  Lecouibe  prit 
positioa  sur  l'Asch  ,  la  droite  à  Giomback,  le 
centre  à  Messingen  ,  et  la  gauche  à  Amerdingen  : 
la  réserve  à  Aitrack  ,  et  le  corps  de  flanqueurs  , 
commandé  par  le  général  Molitor  ,   à   Kempten. 

Le  corps  de  réserve  se  plaça  sur  Berckeim  et 
Egelser  ,  la  gauche  en  avant  de  Kirchendorff. 

Le  centre,  commandé  par  le  lieutenant-général 
Saint -Cyr,  porta  une  division  entre  Unter  et 
Oberkirberg  ,  en  avant  de  llUer.  La  2'  division 
était  en  réserve  de  la  première;  la 3' sur  le  Danube, 
jusqu'au  confluent  de  llller. 

La  gauche  ,  commandée  par  le  lieutenant-gé- 
néral Sainte-Suzanne  ,  ne  fit  pas  de  mouvement. 

Le  22  .  le  corps  détaché  pour  l'Italie,  s'est  mis 
en  marche  sous  les  ordres  du  général  Lorges.  La 
droite,  qui  n'a  pas  fait  de  mouvement,  a  été 
réduite   à  deux  divisions. 

Le  corps  de  réserve  s'est  porté,  la  t"''  division 
à  Illerraichera  ,  la  seconde  division  à  Boltzheim  , 
la  3'  sur  Blandembourg.  Le  centre  et  la  gauche 
restèrent  en  positirin.  Le  23  ,  l'armée  n'a  fait  aucun 
mouvement  Le  24,  laîle  droite  se  porta,  la  1^"= 
division  ,  la  droite  à  Sundheim  ,  et  la  gauche  à 
Erkeim  ;  la  2°  division  à  la  droite  et  à  la  gauche 
du  village  d'Eck.  Le  corps  de  réserve  se  porta  , 
deux  divisions  au-delà  de  la  Guntz  ,  la  3°  resta 
en  réserve  sur  la  rive  gauche  de  celte  rivière.  Le 
cenire  se  porta  à  Wessentrorn  ,  éclairant  la  route 
de  Kramback,  laissant  un  corps  d  observation  sur 
Ulm. 

Laîle  gauche  se  porta,  la  division  de  droite 
sur  Scheleklingen  et  Atten  ,  la  gauche  sur  Mun- 
zingen   et  Orspiingen. 

Le  25  .  l'aîle  droite  n'a  pas  fait  de  mouve- 
ment. La  réserve  se  porta  ,  la  3"^  division  ,  à  la 
hauteur  de  Voberkmh;  la  1"  et  la  2'  restèrent 
en  position.  Le  centre  ne  fit  aucun  mouvement. 
L'aîle  gauche  se  porta  en  avant  dErbach,  occu- 
pant les  bois  dErlesteiten  et  de  Papeiaw.  L'en- 
nemi lui  opposa  à  chaque  pas  de  nouveaux 
obstacles  ,  et  elle  n'avança  qu'en  combattanu    Le 

tr     ,     \r   „  soir  elle  était  à  peine   en  position  ,  que  plus  de 

Haute-Vienne.  1  ,1  u  ijtt  ^v. 

2000  hulans  ,  hussards  de   Kaysers  et  cuirassiers 

de  Mack  ,  suivis  dp  600  fantassins  et  lo  pièces 
d'artillerie.,  fattaquerent  avec  impétuosité.  Mais 
nos  troupes  les  repoussèrent,  leur  fesant  essuyer 
une  perte  considérable  et  restèrent  maîiresses 
de  la  position.  La  division  de  gauche  marchait 
en  même  tems  ,  et  ne  trouvant  personne  à  com- 
battre ,  elle  plaça  ses  principales  forces  à  Blau- 
bensen  et  Gershausen  ,  dans  les  vallées  de  la 
Blaw.   Sa  gauche  occupa  Asch. 

Le  26  ,  laîle  droite  resta  encore  en  position. 

Le  général  en  chef,  acquérant  la  certitude  que 
le  général  Kray  avait  réuni  toutes  ses  forces  à 
Ulm  ,  fit  appuyer  son  corps  d'armée  à  gauche. 
Le  lieuienant-général  Saint, Cyr  eut  ordre  de  ne' 
laisser  qu'une  seule  division  sur  la  rive  droite 
de  llller,  et  de  tenir  les  deux  autres  sur  la  rive 
gauche   prêles  à  soutenir   le  général  SainteSu- 


raatiii  ,  plusieurs  colonnes  de  cavalerie  ennemie 
fondirent  au  galop  sur  les  a\unt-postes  et  sur  les 
grands  t^ardcs  de  la  division  du  général  Legrand  , 
et  pér.étrerent  ,  en  les  culbutant  ,  dans  les  deux 
villages  de  Papeiaw  et  dErbach.  Le  combat  s'é- 
tablit alors.  Nos  tioupes  résistaient  avec  avan- 
tage ,  lorsque  le  t'encrai  Legrand  apprit  rpie  l'en- 
nemi qui  déboidaui  sa  gauche  lavait  déjà  sepaié 
de  lu  division  du  'j,éiiéial  Souham  ,  tcsaii  filer  une 
foitc  colonne  dans  la  vallée  de  Papeiaw.  Il  dut 
ordonner  ,  un  mouvement  de  retraite  ,  et  nos 
troupes  cédant  le  terrein  pied-à-pied  ,  prirent 
posiiion  vers  les  9  heures  du  matin  ,  en  arrière 
de   Donawrieden   et   Reussingcn. 

C'est  dans  ce  moment  q'ie  les  ennemis  atla- 
qu.iient  les  deux  flancs  de  la  division  Souham. 
Ceux  qui  ,  à  sa  droite  ,  l'avaient  séparée  dit 
;;énéral  Legrand  ,  repoussereni  ses  postes  jusques 
à  Gershausen.  Sa  gauche  fut  chassée  <!'Asch  et 
de  Sunderbach.  Les  chasseurs  du  20=  défendirent 
long-tems  ce  dernier  village  ;  ils  exécutèrent  une 
charge  très-vigoureuse  contre  1  infanterie  auiri- 
chieime  et  wuriembourgeoises  ,  qui  essayèrent 
vainement  à  plusieurs  reprises  d'en  déboucher. 
Forcé  d'abandonner  ainsi  la  vallée  de  la  BJaw, 
le  général  Souham  porta  les  troupes  qui  s'y  trou- 
vaient en  arrière  de  Blawbeurrn,  la  droite  se 
prolongeant    en   avant   de   Seisseim. 

L'ennemi  voulant  ôler  au  corps  du  lieutenant- 
général  Sainte-Suzanne  tout  moyen  de  recevoir 
des  secours  de  l'armée ,  et  le  détacher  de 
l'appui  du  Danube  ,  faisait  son  principal  eflForf 
sur  la  division   de    droite. 

Une  immense  cavalerie  couronnait  sur  plu- 
sieurs lignes  les  hauteurs  dErbach.  Les  tirailleurs  ■ 
occupaient  en  force  les  sommités  entre  Donau- 
rieven  et  Teschingen.  Notre  inf.mlerie  tenait 
encore  une  variie  des  bois  entre  ce  dernier 
village  et  Reissengen  ;  mais  il  était  impossible 
qu'elle  résistât  long  -  tems  :  1  ennemi  la  dé- 
passait déjà  ,  une  de  ses  colonnes  filant  en 
même  tems  .  à  la  hauieur  de  Franstetten  ,  sépa- 
rait les  deux  brigades  de  droite. 

Dans  ce  moment  critique  ori  ses  divisions  n'a- 
vaient plus  de  commuoicaiioiis  entre  elles',  oti 
l'ennemi  séparait  même  ses  brigadeis  ,  le  général 
Sainie-Suzanne  ne  désespéra  pas  de  la  victoire. 
Digne  de  comm.vider  à  des  français  ,  souvent  il 
avait  éprouvé  qn'à  leur  tête  on  peut  et  on  doit 
êire  audacieux.  Prenant  donc  son  parti  avec  la 
rapidité  qu'exigeaient  les  circonstances  ,  il  01;- 
donna  à  la  brigade  de  droite  du  général  Legrand 
de  rétrograder  ei  arrière  de  T^ijchingen,  et  avec 
la  brigade  Drouet  qui  ,  attaquée  de  front  et  sur 
ses  deux  flancs  par  deux  mille  chevaux  et  quatre, 
bataillons,  résistait  depuis  lona;-tems,  avec  le 
plus  grand  courage  ,  il  march.i  pour  rétablir  les 
communications  avec  le  général  Souham. 

Ce  mouvement  inaiieudu  eut  le  plus  heureux 
succès.  Un  bataillon  de  la  27°  emporta  Pfraud- 
tetien  ,  à  la  tête  d'un  autre  bataillon  de  cette 
brave  demi-brigade.  Le  général  Drouet  força  le 
bois  en  arrière  de  ce  village  et  y  fit  des  prison- 
niers. Le  i3'=  de  dragons  culbutait  en  même-tems, 
dans  une  charge  brillante  ,  la  cavalerie  qui  lui 
éiait  opposée. 

Nos  troupes  se  trouvant  alors  réunies  ,  le  com- 
bat se  rétablit  sur  tous  les  points  ;  elles  opposè- 
rent par-tout  une  vigoureuse  résistance  à  l'ennemi. 

La  division  Legrand  tira  le  meilleur  parti  du 
terrein  qu'elle  occupait.  Son  infanterie .  placée 
dans  des  ravins  et  sur  la  lisière  des  bois  ,  soutenait 
la  gauche  de  sa  cavalerie.  Sa  droite  était  protégée 
par  I  artillerie  qui  empêchait  l'ennemi  de  débou- 
cher de  Teischingen. 

De  son  côté  ,  la  division  du  général  Souham  se 
soutenait  sur  les  hauteurs  de  Seissem  ;  le  général 
de  brigade  Decaen  contenait,  par  les  meilleures 
dispositions  ,  l'ennemi  dans  le  village  de  San- 
derback  ,  par  lequel  il  voulait  s'avancer. 

Tel  était  l'état  des  choses  .  lorsque  le  canon  du 
lieutenant-général  Saint-Cyr  se  fit  entendre  sur  la 
rive  droite  du  Danube.  L'ennemi ,  craignant  qu'on 
ne  lui  coupât  la  retraite  sur  Ulm  ,  commença  alors 
à  se  retirer.  Nos  troupes  ,  épuisées  par  12  heures 
de  combat  ,  sentirent  renaître  leurs  premières 
I  forces;  elles  le  poursuivirent  avec  vigueur  etachar- 

Inement  ,  reprirent  toutes  leurs  positions  ,  et  ra- 
massèrent beaucoup  de  prisonniers. 

On  ne  saurait,  citoyen  ministre,  donner  trop 
d'éloges  au  lieutenant-général  Sainte-Suzanne  qui , 
dans  ce  combat  inégal  ,  a  soutenu  sa  brillante  ré- 
putation. Tous  les  généraux  l'ont  parfaitement 
secondé.  Il  a  fait  une  mention  particulière  du 
général  Lacoste  et  de  l'adjuiiant-général  Levas- 
seur   qui   a  rendu  des  services  signalés. 

La  27"^  demi-brigade  ,  abordée  sur  un  terrein 
plat  ,  par  la  cavalerie  autrichienne  ,  l'a  forcée  ,  à 
plusieurs  repiises  ,  à  se  mettre  hors  de  la  portée 
de  ses  balles. 

Les  7'  et  8'  ont  déployé  le  même  sang-froid 
et  le  même  courage. 

Les  10'  et  19'  de  cavalerie,  les  i^S  6'  et  ao* 


tle  cliasscurs  ont  luné  avec  courage  conire  des 
iorces  supérieures  ,  et  manœuvré  avec  autant 
d'ordie  que  d'intrépidi<é. 

(  Voyez  les  rapports  Sur  les  affaires  qui   ont  eu 
lieu  en  prairial.  ) 


T      R      I      B      U      N      A     T. 

Présidence  (kJard-Fanvilliers. 

SUITE    DK   LA    SÉANCE     DU     2     THF/UMIDOR. 

Savoye-Rollin  ,  au  nom  d'une  commission  .  fait 
un  rupport  sur  une   iiétiiiou   du  citoyen  Borel. 

Le  pétitionnaire,  dit  )e  rapporteur,  réclame 
conire  un  arrêié  qui  sus^ieiid  à  son  égard  l'exé- 
cution d'un  jugcr.icnt  rendu  par  le  tribunal  de 
la  Seine  :  l'art.  XXfX  de  la  constitution  qui  vous 
i.nierdil  la  connaissance  des  afF,)ires  civiles  ou 
criminelles  dont  les  iiiLHiuaux  sont  saisis,  n'est- 
il  point  applicable  à  la  cii constance  ?  Il  le  serait, 
sans  doute,  si  ou  livrait  à  votre  discussion  le 
mérite  d'un  acte  judiciaire  ;  mais  c'estde  l'examen 
d  un  acte  du  gouvernement  qu'il  s'agit  ,  non 
dans  les  effets  (|u'il  peut  produire  ,  mais  dans 
le  caracieie  dont  il  t-sl  revêtu  :  or  ,  la  consti- 
tution article  XXVIII,  vous  attribue  le  droit 
de  déférer  au  sénat  ,  pom-  cause  dinconstituliona- 
liié smlement ,  les  listes  d'éligibles  ,  les  actes  du 
corps-législatif  et  ceux  du  gouvernement.  Votre 
corajéicnce  est  donc  incontestable. 

La  forme  de  la  pétition  du  citoyen  Borel,  si  elle 
n'est  ]'3s  irrégniiere  ,  est  tout  au  moins  aussi  in- 
convenante qu'inusitée  ;  son  titre  est  ,je  dénonce  ; 
sa  conclusion  une  demande  impéralive  de  l'exécu- 
lion  de  l'article  XXVIII  de  l'acte  constitutionnel  : 
elle  n'aurait  pas  éié  différemment  lédigée  devant 
le  commissaire  d'un  tribunal  criminel  ,  dont 
l'aciion  est  toujours  nécessaire;  en  outre,  elle  ne 
tjésigne  jamais  l'acte  qu'elle  dénonce  ,  que  sous 
le  nom  d'arrêté  du  censeil-d'état  ;  cette  dénomi- 
nation est  inconnue  dans  la  langue  de  la  cons- 
liiuiioa  ,  qu  il  faut  pourtant  parler  ,  quand  c'est 
Ja  constitution  même  qu'on  invoque  ;  le  con- 
seil-d  état  ne  prend  ni  ne  publie  des  arrêtés  ;  il 
les  rédige  et  les  propose  ,  ce  qui  ne  présente  seu- 
lement ni  les  mêmes  idées  ,  ni  le  inême  pouvoir. 

De  l'aflaire  du  citoyen  Borel  ,  la  question 
d  inconsiitulionnaliié  est  la  seule  qui  vous  soit 
dévolue  ;  je  me  bornerai  donc  au  rapport  des 
faits   que    sa  solution   exige. 

Le  citoyen  Borel  ,  établi  négociant  à  Genève  . 
essuya  en  1787  à  Lyon  ,  une  saisie  de  quelques 
ballots  de  marchandises  ;  il  obtint  main-levée 
par  un  premier  juiiement  ;  I  adjudicataire  des 
fermes  et  régies  générales  s'y  oppose  ;  le  tribunal 
de  Romans  ,  département  de  la  Drôme  s'appro- 
pria la  constitution,  ei  le  12  septembre  1792  , 
une  année  après  la  résiliation  du  bail  des  feiincs 
qu  ordonnait  une  loi  de  1  assemblée  constituante  , 
ce  tril^unal  piononçant  par  défaut,  adjugea  au 
citoyen  Borel  ,  contre  l'adjudicataire  et  ses  cau- 
tions une  somme  de  11  mille  fcancs  environ, 
prix  arbitrairement  fixé  des  maichandists  ,  plus 
les  iniérêls  de  ia  somme  à  •—  san  retenue  , 
depuis  l'époque  de  la  saisie,  et  enfin  ,  dix  mille 
francs  de  dommages  intéiêts.  Ici  comme  on 
voit,  le  procès  lut  encore  plus  lucratif  que  la 
contrebande. 

Ce  jugement  par  défaut  ,  c'est-à-dire  ,  que 
le  citoyen  Borel  avait  dicté  lui-même  ,  a  été 
reconnu  former  un  titre  valable  par  le  tribunal 
de  la  Seine  ,   le  8  ventôse  dernier. 

Le  4  germinal  suivant  ,  les  consuls  .  sur  le  rap- 
port du  ministre  des  finances,  et  le  conseil-d'éiat 
entendu  ,  ont  pris  un  arrêté  qui  ,  entre  autres 
dispositions,  porte  que  les  créanciers  des  fermes 
et  régies  générales  qui  auraient  intenté  des  procès 
ou  obtenu  des  jugemens ,  seront  tenus  de  surseoir 
à  toutes  poursuites  ,  jusrju'au  règlement  définitif 
de  létat  général  du  passif  et  de  l'actif  des  fermes. 

Le  rapporteur  examine  ensuite  si  l'arrêté  dont 
il  s'agit  est  ou  non  inconstitutionnel.  La  consti- 
tution a  déclaié  le  droit  de  déférer  les  actes  qui 
lui  sont  contraires  dans  trois  de  ses  articles;  ce 
«ont  les  articles  XXI  ,  XXVIII  et  XXXVII.  On 
voit  ,  dit  Savoyc-Rollin  ,  par  le  texte  de  ces  ar- 
ticles ,  que  le  gouvernement  et  le  tribunal  ont 
également  le  d roit  de  d'énoncer  au  sénat  les  in cons- 
lituiionnaliiés  relatives  aux  listes  d'éligibles  et  aux 
actes  du  corps-législstif  :  la  correspondance  mu- 
tuelle et  nécessaire  des  pouvoirs  exigeait  que  ce 
droit  leur  fut  commun. 

Le  iribunat  tléfere  pour  cause  tTinsconstitution- 
nalité  seulement  :  l'expression  exclusive  seulement 
fixe  la  nature  du  droit  ;  clic  pose  rigoureusement 
ta  limites. 

Le  sénat  maintient  ou  annuité  les  actes  qu'on  lui 
défère  comme  inionstilntionnels  ;  d  oti  il  suit  que  le 
droit  de  déférer  et  le  droit  de  statuer  sont  bornés 
aux  acies  de  ce  genre. 

Mais  si  le  gouvernement  se  livrait  à  des  actes 
dauiorité  aibitrairc  ,  commettait  des  abus  ,  des 
injustices  ,  exerçait  des  violences  ,  qui  n'étant 
point  textuellement  reprouvés  par  la  constitution  , 
blcssaicut  pourtant  des  lois  positives  ,  ces  actes 


1227 

seraient-ils  irréprochables  ,  demeureraient-il»  im- 
iiuiiis,  parce  qu'ils  ne  sont  pas  consliiulionnels  ? 
Non  ,  sans  doute  :  le  droit  de  réclamer  est  stipulé  : 
mais  une  autre  voie  lui  est  ouverte 

Il  sort  de  l'encliaînement  des  articles  L'V  , 
l.XXU  et  LXXIII  de  la  constitution,  un  dioii 
bien  formel  de  réparation  qui  embrasse  tous  les 
actes  du  gouvernement  sans  exception  ,  qui  s'a- 
die.^se  sur-iout  à  ceux  ijue  le  sénat  ne  peut  rc- 
loimer,  qui  descend  même  aux  ordres  particu- 
lieis  des  ministres  ,  et  leur  impose  le  joug  de  la 
resjionsabliité. 

Ce  droii  de  réparation  est  distinct  du  droit 
de  délércr  les  iucoustilutionnalités  ;  il  devait 
l'être. 

Les  listes  d  éligibics  sont  des  actes  de  la  smive- 
raiiieîé  ;  les  actes  législatifs  émnnent  d'un  corps 
qui  la  leptésentenî  ;  la  responsabilité  ne  leur  est 
donc  point  applicable. 

I^e  sénat  est  conservateur  des  lois  conslitution- 
ntllcs  ;  il  faut  donc  qu'il  puisse  anéantir  les  lois 
i|ui  leur  portent  atteinte  ;  seul  il  a  cette  puissance  ; 
mais  il  n'est  point  une  auloiité  judiciaire,  il 
nu  connaît  donc  pas  de  ia  responsabilité  des  mi- 
nistres. 

Et  comme  il  serait  contradictoire  et  absurde 
que  les  actes  inconsiitullonnels ,  ces  actes  qui  cho- 
quent à  ia  fois  les  droits  de  tous  et  de  chacun  , 
coûtassent  moins  à  leurs  fauteurs  que  ceux  qui 
ne  blessent  que  les  intérêts  particuliers  ;  qu'une 
règle  irréfragable  est  de  mesurer  les  peines  aux 
délits  ,  la  constitution  y  a  pourvu  ;  elle  a  investi 
les  n..-i,:\lres  de  tous  les  acti.s  du  gouvernement  ; 
ils  en  sont  lesponsablcs. 

Ainsi  ,  tribuns  ,  quand  vous  avez  poursuivi  au 
sénat  l'annuilation  d'un  acte  inconstitutionnel  , 
vous  pouvez  encore  accuser  le  ministra  qui  l'a 
signé. 

Ainsi  ,  quand  les  actes  offensent  les  droits  in- 
dividuels des  citoyens  ,  sans  attaquer  la  constitu- 
tion ,  vous  pouvez  accuser  les  exécuteurs  de  ces 

actes 

J'ai  montré  tout  à  l'heure  que  la  constitution 
détermine  clairement  le  genre  des  actes  sujets  à  la 
révision  du  f.énat  ;  mais  elle  n'en  marque  pas  les 
espèces. 

L'article  XXVIII  porte  qu'on  ne  défère  les  actes 
au  sénat  que  pour  cause  d  inconstitutionnalité  ;  il 
s'ensuit  bien  que  la  constitution  seule  dénotera 
ces  causes  ;  mais  comment  le  dénotera  -  i  -  elle  ? 
sera-ce  formellement  ou  d'induciion  ':*  par  le  sens 
littéral  ou  par  le  sens  interprété  ?  et  si  ce  dernier 
est  admis  ,  comment  s'établira  l'interprétation  ? 
Ce  sont  autant  de  questions  que  les  articles  XXI 
et  XXVIII  laissent  absolument  indécises  ;  ques- 
tions cependant  d-è  la  plus  h.iute  iraporlauce  , 
puisque  ,  selon  leur  soluti(Hi  ,  les  inconstliution- 
nalités  seront  multipliées  ou  réduites. 

Je  ne  pense  pas  qu'on  veuille  prétendre  que 
la  rédaction  de  l'acie  consiitutionnel  tranche  ces 
questions  :  en  accordant  même  que  toutes  ses 
dispositions  soient  clairement  exprimées,  qu'il 
n'en  îoit  aucune  d'éijuivoque  dans  le  sens  qu  elle 
affecte  ,  il  n  y  aurait  de  résolu  que  la  moitié 
de  la  d'Hicultc  ,  c'est-à-diie  que  nul  doute  ne 
s  élèverait  sur  le  sens  littéral  de  chaque  article; 
mais  testerait  le  problême  de  savoir  si  linduc- 
lion  et  l'analogie  seront  reçues  ;  si  Ion  mettra 
des  argumens  entre  un  fait  et  la  loi  ;  si  ,  par 
exemple  ,  un  cas  qu'elle  articule  englobera  un 
autre  cas  qu'elle  a  omis  ,  mais  dont  on  soutien- 
drait  l'identité. 

Ne  craindrez-vous  pas  qu'en  abandonnant  le 
pacte  social  aux  invasion»  des  conjectures  ,  il 
ne  soit  défiguré  sans  relâche  par  l intérêt  ,  par 
l'ignorance  ,  par  l'esprit  de  parti  ?  N'avez-vous 
pas  sous  les  yeux  des  exemples  contemporains 
qui  vous  effraient  ?  Si  le  texte  de  cliaque  ar- 
ticle est  tourmenté  dans  son  esprit  pour  en 
extraite  toutes  les  interprétations  dont  il  est  sus- 
ceptible ,  ne  fait-on  pas  violence  à  l'esprit  général 
de  la  constitution  tjui  a  cherché  les  limites  les 
plus  étroites  à  ce  qu'elle  a  dû  prescrire  ou  dé- 
tendre?.... Il  suit  de  la  double  aciion  (jue  la 
constitution  vous  fait  exercer  sur  les  actes  du 
gouvernement  ,  que  ceux  qui  seraient  d'une 
inconstitutionnalité  douteuse  n'échappciaient  à 
la  réforme  du  sénat  qne  pour  tomber  sousvotre 
accusation;  il  suit  de  cette  correspondance  entre 
le  droit  de  délérer  et  le  droit  d'accuser  ,  que 
l'un  est  le  complément  de  l'autre  ;  il  suit  de-là 
que  1  esprit  meure  de  la  Constitution  réduit  les 
inconstiiutionnalilés  à  celles  que  liihiqu'e  expres- 
sion manifeste 

Je  reprends  l'acte  que  l'on  dénonce  comme  in- 
constitutionnel :  voici  ce  qu'il  dispose. 

Art.  P'.  Les  créanciers  des  ci-dev.int  fermes  et 
régies  généra'es,  qui  ,  en  exécution  de  l'art.  111 
du  décret  du  23  nivôse  ,  n'auraient  pas  loiirni 
aux  administrations  de  département  ou  de  district 
leur  déclaration  du  montant  de  leurs  créances  , 
seronlienus  d'en  faire  ladéclaration  ,  dans  lestrois 
mois  de  la  publication  du  présent ,  au  directeur  de 
la  régie  du  domaine  de  leur  département. 
II.  Ceux  desdits    créanciers  qui  ne  se  seraient 


pas  fait  liquider  en  exécution  de  l'article  XV  du 
décret  des  24  et  27  seirtembre  1793  ,  et  auraient 
interné  des  procès  ou  obtenu  des  jugemens  » 
seront  tenus  également  d'en  faire  leur  déclaration 
et   de  surseoir  à  toutes  poursuites. 

m.  La  régie  de  l'eirregistrement  fera  écrire  , 
dans  les  trois  mois  suivons  ,  I  état  général  du 
passif  et  de  l'actif  desdites  fermes  et  régies  gé- 
nérales. 

IV.  Le  ministre  des  finances  en  rendra  compte 
au  gouvernement  ,  et  proposcia  les  mesures  né- 
ccïSiiires  pour  la  liquidation  déliniiive  de  toutes 
les  ctéanccs  sur  lesdites  fermes  et  régies  géné- 
rales. 

Il  est  esscniiel  ■  d'observer  que  cet  anêié  se 
borne  à  régler  le  son  des  créances  assises  sur 
les  fermes  et  régies  .  et  qu'il  ne  s'occupe'  nulle- 
ment des  créances  personnelles  des  fermiers;  je 
IDbscrve  sur-iout.  p:irc-  que,  dans  le  dernier 
écrit  qui  vous  a  éié  diiiiibné,  dn  rapporte  l'ar- 
ticle U  avec  1rs  signes  consacrés  aux  citations  exac- 
tes, et  on  lui  f.iit  dire  tout  le  contraire  dece  qu  il 
exprime. 

...  Un  décret  du  moisdeinai  171JI.  supprima  les 
fermes  et  régies-générales....  Le  l'^'aoûi  1791,  un 
second  décrttrégl.i  le  mode  de  la  liquidation  de  la 
lernie  et  de  la  régie;  Il  nomma  des  commissaires 
pris  parmi  les-lerrniers  eu-x-mêmes,  poun  procéder 
au  recouvrement  de  l'airiéié  des  receif;s  qui 
composaient  le  gage  et  le  lond  iK.iurel  ilesiiné 
soit  à  pajer  les  cré.tnces  légitimes  affectées  suc 
la  ferme,  soit  à  rembourser  les  cauiionueinens 
et  les  avances  des  fermiers ' 

Cette  litiuida'tion  n'était  pas  çncore  terminée  • 
en  1793  ,  lorsque  le  5  juin  parut  un  décret  de  \9. 
convention  qui  fit  apposer  les  scellés  sur  les  caisses 
et  papiers  des  liciuidateurs  ;  ordonna  le  versement 
à  la  trésorerie  des  sommes  qui  pouvriietrl  s'y  trou- 
ver     Le  «3   aoûi  suivant,   second  décret  qui 

leur  défendit  toute  espèce  de  manuiention  de 
recettes  et  de  dépenses,  et  de  se  mêler  d'aucune 
affaire  contenticusc  :  il  est  clair  que  .  de  ce  mo- 
ment ,  ils  furent  dépouillés  p.ir  les  lois  rendues 
exprès  ,  de  tout  ce  qui  tormait  la  propriété  de  la 
ferme  ;  ils  n'en  étaient  donc  plus  responsables  ; 
la  force  qui  leur  enlevait  et  la  chose  et  le  titre, 
les  dériait  donc  des  obligations  que  l'un  et  l'autre 
leur  imposaient.  La  convention  même  n'osa  pas 
le  nier  ;  elle  en  consigna  authcntiquement  faveu 
dans  ses  décrets  des  24  et  27  septembre  i793i 
qui  sursirent  à  toutes  poursuites  et  exécutions  de 
jugemens  contre  la  ferme;  enjoignirent  à  tous 
ses  créanciers  de  déposer  leurs  titres  à  la  liquida- 
tion-générale de  la  dette  publique  ,    sous   peine 

de  déchéance 

Un  décret  du  4  frimaire  an  2.  ordonna  lincar- 
réraiion  des  feimiers-généraux  ;  deux  décrets,- 
des  iS  et  29  nivôse,  séquestrent  leurs  biens,  et 
1-  19  floréal  un  arrêt  de  mort  les  confique 

L'objet  des  décrets  des  23  et  29  nivôse  était 
de  soumettre  les  biens  personnels  des  fermiers 
dont  on  s'emparait  ,  au  r.ièœe  régime  des  valeurs 
de  la  ferme  dont  on  s'était  déjà  emparé  :  en 
conséquence  elle  letir  aiqjlique  deux  principales 
dispositions  des  lois  antécédentes  :  1°  le  renvoi 
à  la  régie  nationale  de  l'administration  et  de  la 
liquidation  des  biens  des  fermiers  :  2°  la  suspen- 
sion de  tous  les  procès  intentés  ,  de  tous  les 
jugemens  rendus  contre  eux,  jusc|u'à  la  confec- 
tion du'  tableau  de  l'actif  et  du  passif  de  leurs 
biens.  Ainsi  à  partir  des  22  et  23  nivôse  ,  les 
fermiers  ne  pouvaient  pas  p'us  être  responsables 
de  leurs  propres  dettes  que  de  celles  de  la  ferme.. 

La  confiscation  des  biens  des  fermiers  géné- 
raux ayant  suivi  de  près  leur  séciuestration  ,  il 
en  était  donc  résulté  que  leurs  biens  particuliers 
éprouvant  la  même  destinée  que  les  valeurs 
qu  ils  avaient  possédées  comme  exploitaleurs  de 
ia  ferme,  étaient  passés  en  toute  propriété  au,, 
domaine  public  ,  et  que  ce  domaine  en  pre- 
nant tous  les  droits  ,  avait  évidemment  accepté 
toutes  les  charges. 

Qu'est-il  arrivé  lorsqu'on  a  rendu  le  patrimoine 
des  fermiers-généraux  à  leurs  héritiers  ?  il  est 
arrivé  qu'on  a  distrait  ce  patrimoine  du  domaine 
public  ;  mais  qu'on  y  a  laissé  l'autre  partie  avec 
les  droits   et    les  charges  qu'elle   comporte. 

Ce  n'est  donc  pas  raisonner  juste  de  dire  que 
pat  ce  qu'on  a  restitué  aux  héritiers  des  fermiers 
leurs  biens  propres  ,  il  doivent  payer  les  dettes 
atlacliées  aux^  biens   qu'on  ne  leur  a  pas  rendus. 

Le  gouvernement  est  donc  resté  saisi  de  tout 
ce  qui  appartenait  .à  la  ferme  ?  or,  quel  parti  a-t-il 
dû  prendre  à  l'égard  des  poursuites  des  créanciers 
de  la  ferme  ?  il  est  indubitable  qu'il  n'a  pas  été 
le  maître  de  choisir;  il  a  du  faire  exécuter  les 
lois  promulguées  sur  cet  objet.  Qu'ordonnent 
ces  lois  ?  elles  ordonnent ,  depuis  le  24  septembre, 
1793  que  tous  les  procès  commencés,  que  tous  les 
jugemens  rendus  seront  arrêtés  dans  leur  exécu- 
tion ,  jusqu'à  ce  que  la  régie  de  l'enregistren-kent 
ait  donné  l'état  de  l'actif  et  du  passif  des  valeurs 
■de  la  ferme.  Que  prononce  l'arrêté  du  gouver- 
nement du  4  germinal?  il  a  prononcé  ce  que, 
depuis  sept  ans  ,  la  législation  prescrit  :  ici  la 
Inuiiere  de  l'évidence  jaillit  av«c  tant   de  cuiti 


1228 


*{ue  je  ne  puis  m'empêcher  d'admirer  l'art  qu'on 
à  eu  de  l'obscurcir. 

L'arrêté  du  4  germinal  n'a  aucune  disposition 
prohibitive  qui  ne  soit  dans  les  lois  des  24  sep- 
tembre 1793  ei  23  nivôse  an^2.  Il  n'est  donc  pas 
contraire  aux  lois  ,  puisqu'il  en  procure  l'exé- 
-cution.  S'il  fallait  élever  la  question  d'inconsliiu- 
4ionnalité  ,  sous  le  rapport  de  l'autorité  judiciaire  , 
interrompue  dans  son  cours  ,  ce  serait  à  ces  lois  à 
supporter  la  censure.  Mais  vous  vousrappelez  que 
l'article  XXX'VII  de  la  constitution  n'autorise  la 
révision  du  sénat  sur  les  décrets  du  corps-législatil 
que  dans  les  dix  jours  de  leur  émission. 

Ce  qui  donnera  la  mesure  de  la  bonne  foi  de 
ceux  qui  attaquent  cet  arrêté  ,  c'est  qu'il  est  tout 
en  faveur  des  légitimes  créanciers  de  la  ferme  ; 
car,  d'«ne  part,  il  les  relevé  de  la  déchéance 
prononcée  par  la  loi  du  aS  nivôse  ,  s'ils  n'ont  pas 
fait  leur  déclaration  dans  les  termes  qu  elle  avait 
assignés  ,  et  de  l'autre  elle  exige  que  la  régie  de 
i"enrcgis(remer.t  achevé  sa  licjuidation  dans  tiois 
mois  ,  tandis  que  les  lois  anciennes  ne  préfixaient 
aucun  délai. 

Il  est  compleltement  démontré,  je  crois  ,  que 
■  les  bisnî  de  la  ferme  générale  étaient  sous  l'em- 
pire d'une  législation  particulière  ,  qui  statuait 
tout  ce  qu'a  statué  l'arrêté  du  4  germinal  ,  rela- 
tivement aux  droits  des  créanciers  ;  il  n'a  innové 
ou  étendu  les  dispositions  législatives  qu'en  ce 
qui  touchait  aux  moyens  de  mettre  un  terme  à 
une  liquidation  qui  ne  s'achevait  pas.  Maisa-t-il 
pu  ,  sur  ce  point  ,  modifier  ,  restreindre  ou  am- 
plifier ce   que  ces  lois  avaient  prescrit  ? 

J'ouvre  la  constitution  ,  et  je  lis  art.  LII  : 
«  Sous  la  direction  des  consuls  ,  le  conscil-d  état 
T>  est  chargé  de  rédiger  les  projets  de  loi  et  les 
)>  régicmens  d'administration  publique  ,  et  de 
■)■>  résoudre  les  diflBcultés  qui  s'élèvent  en  ma- 
M  tiere  administauve.  )> 

On  objectera  peut-être  que  le  problème  n'est 
pas  entièrement  résolu  ,  parce  que  la  question 
actuelle  oïFre  un  mélange  de  difticuliés  adminis- 
traiives  et  judiciaires  ,  et  que  dans  le  conflit  de 
<3eux  autorités  ,  il  n'est  pas  naturel  que  l'une 
s'établisse  de  plein  droit  le  juge  de  l'autre. 

D'abord  il  est  une  réponse  assez  décisive  ,  c'est 
que  les  tribunaux  ne  devaient  ni  ne  pouvaient 
ignorer  ks  lois  qui  leur  empêchaient  de  connaître.  ' 
Il  serait  assez  singulier  ,qn  nn  liirc  prît  son  origine 
dans  la  violation  d'une  loi. 

Il  faut  avouer  que  la  constitution  garde  un 
profond  silence  sur  les  conflits  entre  les  tribu- 
naux et  l'administration. 

La  loi  organique  du  tribunal  de  cassation  ne 
l'a  point  réparé  :  l'article  XCVI  relatif  aux  régle- 
naens  déjuges  ,  ne  fait  mention  que  des  conflits 
qui  s'élèvent  entre  plusieurs  tribunaux  de  pre- 
mière instance  non  ressortissant  au  même  tribunal 
4'appel. 

D  ailleurs  le  tribunal  de  cassation  n'a  eu  dans 
aucune  époque  ce  genre  d'attribution  ;  er  il 
existe  une  loi  du  21  fructidor  an  3  ,  qui  me 
paraît  perempioire  ;  elle  prononce,  article  XXV 11: 
«<  En  cas  de  conflit  d  attribution  entre  les  auto- 
5)  rites  judiciaires  et  administratives  ,  il  sera  suisis 
j»  jusqu'à  décision  du  ministre  ,  confirmée  par  le 
î>  directoire  exécutif  qui  en  référera,  s  il  est  be- 
j»  soin  ,  au   corps  législatif.  >i 

Lorsqu'à  ces  considérations  puisées  dans  les 
lois  ,  vous  réunissez  celles  que  l'équité  proclame, 
comment  hésiteriez  vous  de  couvrir  de  votre 
approbation  un  acte  du  gouvernement  qui  va 
ramener  lordre  et  la  promptitude  dans  une 
licjuidation  dont  les  lenteurs  dévoraient  les  droits 
de  toutes  les  parties  ;  qui  va  offrir  à  de  nom- 
breuses familles  le  terme  prochain  de  leur  inquié- 
tude ,  et  prouver  dans  une  circonstance  nouvelle 
à  tous  les  citoyens  ,  qu'au  sein  de  la  républi- 
que ,  la  liberté  triomphe  par  la  force  de  la 
justice  .  comme  elle  subjugue  tout  au  dehors 
par  la  force  de  ses  armes. 

I  Le  voeu  unanime  de  votre  commission  est  de 
déclarer  qu'il  ny  a  pas  lieu  à  délibérer  sur  la 
pétition  du  citoyen  Borel. 

Le  tribunal  ajourne  la  discussion  jusqu'après 
l'impression   du   rapport. 

Le  ministre  de  l'intérieur  adresse  au  tribunat 
une  médaille  semblable  à  celle  qui  a  été  déposée 
-dans  la   première  pierre  de  la  colonue  nationale 


I  sur  la  place  de  la  Concorde  ;  elle  porte  d'un 
côté  l'effigie  du  premier  consul  avec  son  nom  et 
ceux  de  ses  deux  collègues  ,  et  de  l'autre  côté  , 
ces  mots:  Le  peuple  fraïKjais  à  ses  défenseurs. 

Le   tribunat    ordonne    le    dépôt     à   la   biblio- 
thèque. 

La  séance  est  levée. 


THEATRE      FEYDEAU. 

Hier  ,  on  a  donné  à  ce  théâtre  un  mélodrame 
intitulé:  Desaix  au  Mont-Bernard.  Le  pi'blic  s'était 
porté  en  foule  à  ce  spectacle  ;  il  en  est  sorti  ex- 
trêmement mécontent. 

Nul  plus  que  nous  n'est  disposé  à  rendre  hom- 
mage au  zèle  et  aux  bonnes  intentions  soit  des 
auteurs  ,  soit  des  comédiens  qui  consacrent  leurs 
plumes  et  leurs  talens  à  célébrer  les  triomphes  de 
nos  guerriers  ;  mais  ,  après  la  tâche  si  difficile  de 
les  égaler  ,  la  plus  imposante  peut-être  est  celle 
de  les  chanter  d'une  manière  digne  d'eux.  C  est 
sur-tout  à  La  scène  qu'on  doit  en  reconnaître  toute 
[a  difficulté  ,  parce  qu  on  n'y  trouve  à  sa  dis- 
position aucun  moyen  proportionné  à  la  grandeur 
du  sujet. 

Celte  insuffisance  de  nos  moyens  scéntques  était 
bien  sentie  de  nos  anciens  auteurs  ;  et  ceux  qui 
sont,  estimés  de  nos  jours  ,  qui  saissisent  avec  le 
plus  d  empressement  I  occasion  de  célébrer  un 
triomphe  ou  tout  autre  événement  heureux  ,  se 
gardent  bien  de  peindre  l'évènemcni  lui-même 
ou  le  triomphateur  -,  ils  se  bornent  à  faire  res- 
sortir queliiues  traits  frappatis  ,  disposés  ■  »i.c  art 
dans  uu  cadre  modeste  ,  laissant  à  l'imagination 
le  soin  de  concevoir  l'ensemble  en  s'élevant  jus- 
qu  à  lui. 

Vouloir  faire  plus  ,  prétendre'ofFrir  aux  yeux  , 
sur  une  étroite  scène  ,  des  événemens  qui  ont 
frappé  de  leur  éclat  un  théâtre  immense  ,  c'est 
s'exposer  à  n'offrir  qu'une  parodie  misérable. 

Tel  est  le  nom  qu'on  doit  donner  à  ces  sortes 
de  spectacles ,  011  une  pantomime  sans  efF.-t  suc- 
cède à  un  dialogue  insignifiant  ,  ori  3o  hommes 
figurent  de  nombreuses  légions  ,  où  un  gmuppe 
de  femmes  représente  tout  un  peuple  ,  et  quel- 
ques déclamaleurs  ,  les  chefs  de  nos  soldats  vic- 
torieux ,  où  nulle  action  n'est  liée  au  sujet  prin- 
cipal ,  où  les  lieux  ,  les  lems  et  les  évéïicinens 
sont  également  confondus  ,  où  des  tableaux  sans 
chaleur,  sans  mouvement  et  sans  vie  ne  peuvent 
que  compi  m.-r  etrefioidir  l'émotion  que  le  sujet 
devrait  inspirer. 

Ce  serait  ici  le  cas  peut-être  d'examiner  jusqu'à 
quel  point  ,  par  respect  pour  le  goût  et  par  res- 
pect pour  la  vérité  ,  le  gouvernement  doit  per- 
mettre que  la  maladresse  du  peintre  expose  ainsi 
des  portraits  défigurés  à  la  risée  publique  ,  quand 
les  modèles  sont  l'objet  de  la  vénération  iijiio- 
nale.  Rien  ne  réjouit  davantage  ceux  qui  ,  forcés 
d  avouer  nos  triomphes  ,  trouvent  du  moins 
quelque  consolation  à  pouvoir  dire  que  nul  parmi 
nous  ne  les  célèbre  dignement  :  rien  aussi  n  alflige 
plus  les  vrais  et  sincères  admirateurs  de  nos  hé- 
ros :  peu  de  réflexions  à  cet  égard  suffiraient 
sans  cloute  pour  prouver  qu'Alexandre  eut  deux 
fois  raison  ,  et  quand  il  défendit  à  tout  autre 
qu  Apelle  de  faire  son  portrait  ,  et  quand  il  fit 
payer  libéralement  les  vers  d'un  mauvais  poëte  , 
mais  à  condition  qu'il  ne  se  mêlerait  plus  d'en 
faire.  S.... 


Au  Rédacteur. 

Veuillez  ,  je  vous  prie  ,  annoncer  dans  votre 
journal  que,  nonobstant  tous  avis  contraires  des 
citoyens  Didot ,  nonobstant  leur  note  itérative 
insérée  dans  les  journaux  ,  portant  qu'on  ne  doit 
s'adresser  quà  eux  pour  les  stéréotypes  ,  on  trouve 
chez  moi  tous  ceux  qui  ont  été  publiés  jusqu'à  ce 
jour;  savoir:  Virgitius  ,  Phcedrui ,  Cor.  Nepos  , 
FabUs  de  ta  Fontaine  ,  Boileau  ,  Racine ,  Molière  , 
TéVémaque  ,  J.  B.  Rousseau ,  Brisson  ,  Manuel  re- 
/■j/i/icazra,  auxquels  je  puis  ajouter  Ga^'j  Fafr/M, 
the  Vicar  qf  Wakejield  ,  Letters  of  Montagne. 
J'oflTre  en  outre  aux  amateurs  l'agrément  de  pou- 
voir orner  leurs  exemplaires  de  très-bonnes  gra- 
vures que  j  ai  fait  exécuter  exprès.  S  il  y  a  quel- 
que bizarrerie  dans  ce  conflit  d'annonces  con- 
tradictoires ,  la  faute  en  est  à  ceux  qui  ,  après 
m'avoir  vendu  une  très-grande  quantité  de  ces 
livres,  et  eu  avoir  été  bien  payés,  ont  annonce  avec 


tin  si  singulier  empressement,  et  soutenu  d'une 
manière  plus  étrange  encore  ,  qu'on  ne  les  trou»- 
vaii  que  chez  eux  ,  lorsque  j'avais  annoncé  ,  et 
qu'ils  savaient  irès  -  bien  que  j'en  étais  abon- 
damment pourvu. 

Je  vous  prie  d'annoncer  aussi  que  ,  le  l^'  ven- 
démiaire prochain  fixe  ,  je  mettrai  en  vente  la 
première  livraison  des  figures  pour  les  œuvres  de 
'Voltai"e,  d'après  de  nouveaux  dessins  de  Mo- 
reau  ,  et  combinées  de  manière  à  pouvoir  se  pla- 
cer dans  toutes  les  éditions  de  Voltaire  ,  grand 
in-t2  et  in-8°  ,  déjà  faites  ou  projetées.  Cette 
livraison  de  douze  estampes  sera  annoncée  par 
un  prospectus. 

Ant.  Aug.  Renouaed  ,  libraire  , 
rue  André-des-Arts',  n"  42. 

GRAVURES. 

Portrait  de  Bonaparte  ,  estampe  de  quatre  déci- 
mètres de  haut  i-ur  trois  de  large  ,  environ  t^ 
pouces   sur   12  de  large  ,    gravé   par  Coqueret. 

Prix   5   fr.    en    unir  ,  et  10  fr.  en   couleur.  ' 

A  Paris  ,  chez  Bance  ,  rue  dn  Petit  Pont  ,  au 
Grand  Balcon,   quartier  Saint-Jacques. 

Le  premier  consul  de  France  est  représenté 
en  pied  ,  dans  le  grand  costume  de  sa  dignité. 
Au  mérite  de  la  ressemblance  ,  cette  gravure 
joint  un   elFet  harmonieux  et  pittoresque. 

Portrait  du  général  Régnier,  dessiné  d'après 
nature  .  par  Guerin  ,  et  gravé  par  Elisabeth  G. 
Hcrhan  ;  in-lolio- 

A  Paris  ,  chez  Renouard  ,  libraire  ,  rue  .Saint- 
André-des-Aris  .  n''  4^  ,  qui  vend  aussi  tous  lei 
autres  portraits  gravés  par  Flessinger  et  madatne 
Herhan  ,  enir  autres,  Bonaparte,  Desaix,  etc.  etc. 
Celui-ci  est  de  la  plus  belle  exécution  ,  et 
d'une  parfaite  ressemblance. 


LIVRES     DIVERS. 

Essais  de  poésie!  de  B.  F.  A.  Fonvielle  aîné, 
de  Toulouse  ,  auteur  des  Essais  sur  l'état  de  la 
France  au  i'^'"  mgj  iyg6,  des  Résultats  possibles 
du  18  brumaire  an  8  ,  deux  volumes  in-18  sur 
grand-raisin. 

A  Pjris  ,  chez  l'auteur,  rue  Saint-Honoré , 
hôtel  d  Angleterre  ,  vis-à-vis  le  palais  Egalité  .  et 
chez  Dentu  ,  imprimeur-libraire,  même  palais , 
galerie   de    bois ,    n°  240. 

Prix  ,   3  fr.  ,   et  3  fr.  60  cent,  franc  de  port. 

Les  Fables  d'Esope  ,  ornées  de  58  gravures 
d'après  Barlouw  ,  recueil  de  gravures  piquantes 
et  d'apologues  ingénieux  pour  l'amusement  et 
l'instrulion  des  enfans. 

Seconde  et  dernière  livraison. 

A  Pdris  ,  chez  Gueffier,  et  au  cabinet  de  lec- 
tuie  ,  boulevard  Ceruiti  ,  n°:  21  ,  vis-à-vis  la  rue 
de  Choiseul.    Prix  ,  6  fr.  ,  et  7  fr.  ,  franc  de  port. 

Idem  ,  les  figures  tirées  sur  papier  blanc. , 
7  fr.  ;  et  8  fr.  ,  franc   de   port. 

Idem,  enluminées  ,  l?  fr.  ;  et  l3  fr.  5o  cent., 
franc  de  port. 


TRESOR         PUBLIC.  ^ 

Avis  aux  marchands  de  bois. 

Le  t6  thermidor  an  8  î  à  midi  ,  il  sera  procédé, 
en  présence  d'un  administrateur  du  trésor  public , 
à  l'adjudication  au  rabais  de  la  fourniture  de  quinze 
cents  doubles  stères  de  bois  neuf,  chêne  ,  charme 
et  orme ,  pour  le  cbaufage  des  bureaux. 

Les  marchands  de  bois  qui  voudront  concourir 
pourront  se  réunir  aux  jour  et  heure  indiqués 
ci-dessus  dans  la  salle  qui  précède  le  bureau  du. 
secrétariat-général. 

Bourse  du  3  thermidor.  —  Eff'ets  publics. 

Rente  provisoire 23  Ir.  25  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.   l3  c. 

Bons  deux  tiers 1    fr.  55  c. 

Bons  d'arréragé 88  tr.     00 

Bons  pour  l'an  8 .    85  ,lr.   s5  C. 

Syndicat 67  fr.    a5 

Coupures 67  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


Errata. 
Dans  l'arrêté  du  i''  de  ce  mois  ,   d"  3o3  ,   qui 
nomme   les  préfets  maritimes  ,   au  lieu  de  it  Les 
consuls  de  la   république  arrêtent  ,   etc.  >»  lisez  : 
Il  Bonaparte,  premier  consul ,  arrête  ,  etc.  >» 


ï,'at>oaa«Dcnt  se  fait  à  Paris ,  lue  des  Poitevins,  u"  x8.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois  ,  5o  francs  pour  6  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonne 
qu'ai^  ç<}ininei^cemcQt  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  et  l'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ag  as  s  e,  propriétaire  de  ce  journal  ,  rue  des  Poitevins  ,  n«  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de» 
pays  oy  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pqur  plus  de  sûreté ,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur  ,  rue  dei 
Poitevins  ,  n*  i3  ,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  3o5. 


Quintidi ,  5  thermidor  m  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   M  O  NIT  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemeni  »  les  nouvelles  des  armées ,  .ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  suc 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur ,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

IRLANDE. 

Dublin  ,  le  10  juillet  (  s  1  messidor.  ) 

Fin    du    discours  de  M.  Dobbs  à  la  chambre,  des 
communes. 


J 


E  VOUS  ai  dit  ,  monsieur  ,  que  beaucoup  de 
Taisons  me  portaient  à  croire  l'arrivée  du  Messie 
très-prochaine  ,  je  vous  ai  même  exposé  plusieurs 
de  ces  raisons  ;  mais  il  en  est  une  dont  je  ne 
Vous  ai  pas  encore  entretenu  ,  et  qui  me  paraît 
•ans  objection ,  c'est  le  projet  de  bill  déposé 
»ur  cette  table.  —  Que  se  propo&e  le  ministère 
britannique  par  la  mesure  de  l'union  ?  —  De  dé- 
truire le  royaume  d'Irlande  ,  quoiqu'il  soit  resté 
distinct  de  tous  les  autres  ,  de  lems  immémorial. 
Il  se  propose  encore  ,  par  la  réunion  des  deux 
parlemens ,  de  classer  ce  pays  au  nombre  des 
dix  doigts  de  pieds  de  la  statue  ,  qui ,  suivant 
l'opinion  du  grand  sir  Isaac  ,  furent  divisés  en 
dix  royaumes  dans  l'an  40  ,  comme  si  les  mi- 
nistres anglais  s'entendaient  mieux  que  le  créateur 
à  assigner  un  caractère  politique  à  chaque  nation 
du  globe.  Ils  pourraient  tout  aussi  bien  ,  les  mi- 
nistres ,  ordonner  que  ,  du  jour  où  l'union  s'effec- 
tuera ,  le  serpent  à  sonnettes  ,  la  vipère  ,  l'aspic  , 
la  Couleuvre  ,  le  crapaud  ,  etc.  etc.  auront  à 
prendre  naissance  et  domicile  ,  à  croître  et  à 
multiplier  dans  cette  pauvre  Irlande;  car  l'un  est 
aussi  opposé  à  la  volonté  de  Dieu  que  l'autre. 
Je  n'hésite  donc  pas ,  monsieur  l'orateur  ,  à  ré- 
péter ici  ce  que  j'ai  déjà  dit  au  commencement 
du  débat ,  que  le  bill  avortera.  Je  n'hésiie  pas  non 
plus  à  proclamer  dès  ce  moment  l'indépendance 
de  l'Irlande ,  comme  écrite  de  toute  éternité  dans 
'es  décrets  immuables  du  ciel. 

Je  crois  devoir,  monsieur  l'orateur  ,  avant  de 
me  rasseoir  ,  déclarer  publiquement  la  conduite 
que  j'entends  tenir ,  si  le  projet  de  bill  passe  en 
loi.  j'entends  me  soumettre  a  la  loi  sans  mur- 
murer, et  jusqu'à  ce  qu'elle  ne  soit  révoquée  , 
ou  que  le  Soleil,  retirant  miraculeusement  sa 
lumière  ,  n'annonce  l'approche  du  Messie.  J'en- 
tends ,  dans  le  cas  ou  le  bill  recevra  la  sanction 
loyale  ,  engager  tous  ceux  qui  tiennent  l'existence 
de  moi ,  ou  sur  lesquels  j'ai  la  plus  légère  in- 
fluence ,  à  lui  obéir  en  tout  point ,  jusqu'à  ce  que 
le  Messie  revienne  les  en  affranchir.  Convaincu  , 
comme  je  le  suis  ,  de  son  très-prochain  avène- 
ment ,  je  vous  dis  à  vous  ,  monsieur  l'orateur  , 
et  à  chacun  des  honorables  membres  de  la 
chambre  ,  de  quelque  côté  qu'il  siège  ou  qu'il 
vote  :  it  Si  vous  aimez  l  Irlande  du  fond  de 
>»  votre  cœur,  réjouissez-vous,  car  l'iustant  de 
it  sa  délivrance  approche.  )>  Je  dis  à  chaïuie 
homme  qui  se  trouve  en-dedans  ou  en-dehors 
de  cette  chambre  :  «»  Si  vous  aimer  la  venu, 
s»  réjouissez-vous,  car  le  triomphe  de  la  vertu 
>)  s'apprête.  11  Je  dis  à  quiconque  respire  dans 
l'intérieur  ou  à  l'extérieur  de  ces  murs  :  ii  Si 
)i  vous-  êtes  chrétien  ,  n'importe  votre  secte  , 
»>  réjouissez-vous ,  car  le  glorieux  auteur  du 
u  christianisme  arrive  pour  en  expliquer  tous 
j»  les  mystères  ,  éclaircir  toutes  les  difficultés  et 
5)  dissiper  tous  les  doutes,  m  Je  dis  à  tous  les 
hommes  ,  chrétiens  ou  non  :  (i  Si  vouj  aimez 
SI  sincèrement  vos  frères  ,  réjouissez-vous  ,  car 
5)  le  Messie  qui  a  souffert  sur  la  croix,  est  en 
»»  route  pour  venir  remplir  sa  mission.  Il  vient 
»»  lever  la  malédiction  qui  suivit  la  chute  d'Adam  , 
>»  et  téformer  la  terre.  Il  vient  établir  un  empire 
j>  qui  sera  fondé  sur  la  justice  ,  la  vérité  ,  la 
5»  droiture,  lequel  s'étendra  d'un  pôle  à  lautre  , 
>i  et  qui  ,  de  malheureux  et  de  corrompu  qu  il 
j)  a  été  jusqu'ici  ,  sera  relevé  par  lui  jusqu'au 
)>  fiîie  de  la  sagesse  et  de  la  prospérité  hu- 
it roaine.  >• 

INTERIEUR. 

Strasbourg ,   le   29  messidor. 

On  assure  que  le  comte  de  Cobentzel  est  parti 
de  Vienne  pour  Bcilin,  et  le  prince  Jean  de 
Lichtenstein  pour  Pèicrsbourg.  La  paix  avec  la 
France  est,  dit-on  .  lobjet  de  leur  voyage, 

Le  corps  du  général  Richcpanse  serre  de  près 
la  forteresse  d  Ulm  ;  les  comrécs  environnantes 
fournissent  les  vivres  et  le  fourage  ;  tous  les  ou- 
irrages  cxtciitiirs  sont  violemment  canonnés  de- 
puit  le   17.   Les  assiégés  répondent  par  un  feu 


irès-vif.  Le  20  ,  le  quartier-génral  de  Kray  était 
à  Elurphngen.  Le  11  ,  le  général  Klenau  est  parti 
de  Ralisbonne  pour  Straubingen  ,  et  lous  les 
magasins  ont  été  portés  plus  loin. Le  19,  le  piince 
Ferdinand,  à  la  suite  d'un  combat  assez  vif,  j 
été  forcé  de  quitter  Landshut.  Klenau  ,  pour 
entretenir  la  communication  avec  lui  ,  a  fortiËé 
des  postes  depuis  Au  jusqu'à  Meixgkhoffen. 

La  fête  du  Ouatorze-Juillel  a  été  célébrée  avec 
beaucoup  de  solennité  à  Mayence  ;  i5î  prison- 
niers autrichiens  y  étaient  arrivés  la  veille. 

Dans  la  dernière  affaire  qui  a  eu  lieu  sur  le 
Mein  ,  la  légion  polonaise,  son  commandant  à  la 
tète  ,  passa  ce  fleuve  à  la  nage  ,  tomba  sur  les 
derrières  de  l'ennemi  ,  et  décida  la  victoire  en 
faveur  des  français. 

StrasbuTgir  Wethbote. 

De  Bruxelles  ,  le  26  messidor. 

Arrêté  du  préfet  de  ta  Dyle. 

Le  préfet  ,  vu  les  rapports  authentiques  qui 
lui  sont  parvenus  surla  conduite  de  J.  S.  Thomas, 
ex-curé  de  Leefdael .   canton  de  Tervueren. 

Coiisidérant  que  ledit  Thomas  se  trouvé  frappé 
de  déportation  par  arrêté  dp  directoire  exécutif 
du  14  brumaire  an  7  ,  comme  perturbateur  de 
la  tranquillité  publique. 

Qu'il  ne  s'est  conformé  à  aucunes  des  dispo- 
sitions de  l'arrêté  des  consuls  du  8  frimaire 
dernier  ,  qui  relevé  les  prêtres  de  la  déporta- 
tion ,  en  justifiant  de  leurs  droits  à  l'une  des 
trois  exceptions  reprises  au  susdit  arrêté. 

Que  sa  présence  sur  le  territoire  français, 
contraire  au  texte  formel  de  la  loi  ,  ne  potavait 
être  tolérée  qu'autant  qb'une  conduite  paisible 
et   irréprochable  justifierait  celte  indulgence. 

Considérant,  au  contraire,  qu'il  est  du  nombre 
de  ces  prêtres  factieux  soudoyés  par  l'étranger 
pour  troubler  le  repos  de  leurs  concitoyens  et 
allumer  la  guerre  civile  ,  arrête  : 

Le  commandant  de  la  genditmertè"  du  dé-^ 
parlement  de  la  Dvle  s'assurera  de  la  personne 
du  nommé  J.  S.  Thomas  ,  et  la  fera  conduire 
de  brigade  en  brigade  hors  le  teiritoire  de  la 
république. 

Expédition  du  présent  arrêté  lera  transmis  de 
suite  au  commandant  de  ta  gendarmerie  pour 
lui  servir  d'ordre  à  cet  effet. 

Signé  ,   DoULÇET-PoliTECOOtANT. 
Pour  extrait  conforme  , 

Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  , 
Signé  ,  Legras. 

P.  S,  Le  présent  arrêté  a  reçu  son  exécution 
le  3o  messidor,  ^fxtraf/  du  journal  de  Bruxelles.) 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  tj  messidor  an  8. 

Lès  consuls  de.  la  république  ,  sur  le  rapport 
des  miuistres  de  l'intérieur  ,  des  relations  exté- 
rieures et  de  la  marine  ,  le  conseil  -  d'état  en- 
tendu ,  arrêtent  :        , 

Art.  1".  Les  permissions  qui  ont  été  accordées 
à  différentes  maisons  de  ci^nmerce  if)Our  l'impor- 
tation directe,  sous  pavillon  neutre  ,  de  matières 
premières  ,  denrées  coloniales  et  autres  marchan- 
dises venant  directement  d'Angleterre  ,  sont  ré- 
voquées. 

II.  L'article  II  de  la  loi  du  99  nivôse  continuera 
d'êire  exécuté  ,  jusqu'à  ce  qu'il  en  ait  été  autrement 
ordonné. 

III.  L'article  X'V  de  la  loi  du  10  brumaire  an  5  , 
qui  exige  des  certificats  d'origine  pour  les  objets 
de  fabrique  étrangère,  dont  l'entrée  n'est  pas  pro- 
hibée ,  notamment  pour  les  sucres  rafinès  ,  cou- 
peroses ,  huiles  de  vitriol  et  alun,  continuera 
pareillement  d  être  exécuté  ,  jusqu'à  ce  qu'il  en 
ait  été  autrement  ordonné. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par   le    premier   consul  , 

Li  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 

SENAT -CONSERVATEUR. 

Extrait  des  registres    du   sénat  -  conservateur  ,    du 
4  thermidor ,  an  S  de  la  république. 

Le  sénat-conservateur  procède  au  scrutin  pour 
le  renouvellement  du  bureau  ,  conformément  à 
i  art.  I"  de  ton  règlement. 


Le  dépouillement  des  votes  donne  la  majorité 
absolue,  pour  la  présidence  ,  au  citoyen  Lemer* 
cier.  Il  est  proclamé  présulent  du  sénat. 

Les  citoyens  Krllermann  et  Garât  sont  pareille- 
xoent  élus  à  la  majorité  absolue  ,  et  proclamél 
sccéiaires    du  sénat. 

Le  sénat  arrête  que  ces  nominations  seront 
notifiées  par  un  message  au  coips-iégislatif  Ion 
de  sa  rentrée  1  au  tribunal  et  aux  consuls  de  la 
république. 

Signé ,  Lemercier  ,  président;  Keilermann  et 
Garât. 

Pa  le  sénat-conservateur. 

Le  seci étaire-genirnl  ,  signé  ,  Cauchy. 


MINISTERE    DE    L'INTERIEUR. 

Le    général    de    division   Dugua  '  au    ministre    de 
l'intérieur.  —Marseille;  te  2b  messidor  an  8. 

Citoyen  ministre", 

Pendant  mon  séjour  à  Malte  et  le  siS  floréal 
dernier,  j'ai  eu  des  détails  sur  la  situation  du 
citoyen  Doloniieu.  Lméiêi  général  que  ce  sa- 
vant inspire,  me  persuade  que'vous  les  appren- 
drez  avec   plaisir. 

Milord  Nelson,  M-  le  chevalier  Himilton  et 
son  épouse  mediient,  à  bord  du  Foudroient  ^ 
que  la  cour  de  Naples  avait  été  au  moiaeni  Je 
céder  aux  demandes  réitérées  de  Paul  I"^"^  ,  qui, 
en  qualité  de  grand-maître  de  Mjlie,  réclamait 
le  citoyen  Dolomleu  ,  comme  ci-devant  com- 
mandeur de  l'ordre  ,  et  comme  ayant  contribué 
à  faire  livrer  lîle  aux  français. 

Les  amis  de  Dolomieu  (il  en  a  encore  dam 
cette  cour)  ont  send  que  s'il  était  livré  au  czar  , 
il  irait  tout  au  moins  en  Sibérie.  Ils  ont  sollicité 
et  obtenu  qu'il  ne  le  serait  pas,  qu'il  sortirait 
de  son  cachot  pour  être  placé  dans  une  prison 
plus  commode  et  plus  aërée. 

M.  Nelson  ,  M.  et  madame  Hamilton  m'ont 
assuré  qu'à  leur  passage  à  Palerme ,  ils  feraient", 
auprès  de  la  reine  de  Naples,  toutes  les  démar- 
ches nécessaires  pour  obtenir  que  ce  savant  fut 
traité  dorénavant  comme  prisonnier  de  guerre. 

Je  compte  que  la  lettre  dont  je  joins  ici  copie 
lui  sera  parvenue. 

Salut  et  fraternité  , 

Signé ,  C.  F.  Dugua* 


Le  ministre  de  riiMérieurprévient  les  artistes  que, 
dans  la  première  décade  de  fructidor,  il  prononcera 
entre  les  plans  qui  lui  auront  été  rerais  potu  la 
colonne  nationale.  Il  les  invile  donc  â  accéléïef 
l'emjoi  de  leurs  projets.  La  gloire  de  la  nation, 
l'amour  des  arts,  tout  doit  les  décider;  jamais  plu» 
beau  sujet  ne  fut  présenié  au  patriotisme  et  au 
génie.  L.  Bonapartï. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

La  goélette  française  l Abeille  .  armée  à  Cadix, 
commandée  par  le  cit.  Joseph  Adrian  ,  et  appar» 
tenant  aux  citoyens  Teisson  et  compagnie,  a 
pris  ,  apiès  une  demi-heiare  d  un  combat  très- 
vif,  deux  bâiimens  de  guerre  portugais,  dont 
l'un  nommé  le  Lion  ,  armé  de  12  canons  de  fonte, 
l'autre,  l'Andonde  de  10  canons  .  et  réunissant 
tous  les  deux  114  hotames  d  é  juipage  .  parmi 
lesquels  quatre  ont  été  tués  et  quarante  blessés» 
Plusieurs  de  ces  derniers  ont  reçu  des  blessure» 
graves. 

AVIS. 

Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  pré- 
vient ses  concitoyens  que  la  liste  définitive  des 
propriétaires  des  biens  situés  dans  les  colonies, 
qui  ,  en  exécution  de  la  loi ,  ont  fourni  la  preuve 
de  leur  résidence  du  9  mai  1792  au  4  nivôse  an  8, 
et  en  outre  un  certificat  de  non  inscription  sur 
la  liste  des  émigrés,  visé   par   le  ministre  de  iz 

police  générale,   conformément  à  l'article 

de  la  loi  du  12  nivôse  an  6 ,  et  à  qui  il  a  été  ex- 
pédié un  certificat  de  mise  en  règle  à  l'effet 
d'obtenir  la  main  levée  de  leurs  séquestres,  doit 
être  clôturée  et  arrêtée  le  dernier  jour  complér 
mentaire  de  l'an  8. 

En  conséquence  ,  les  pièces  sus  énoncées  ne 
seront  reçues  dans  les  bureaux  que  jusqu'au  3o 
thermidor  inclusivement  ,  afin  que  le  mois  de 
fructidor  puisse  être  employé  à  la  rédactioa  et 
vérification  de  cette  lisie. 


123o 


Les  propriétaires  colons  qui  enverront  leurs 
Jjieces  postérieurement  au  3o  ihermidor  ,  seront 
compris  dans  la  liste  supplémentaire  ,  qui  ne  sera 
clôturée  que  trois  mois  après  la  première. 

Une  fois  inscrits  sut  la  liste  ,  les  propriétaires 
n'ont  plus  aucune  autre  formalité  à  remplir  en 
France. 

Fait  à  Paris  ,  le  29  messidor ,  an  8  de  la  répu- 
blique française. 

Signé  ,  Forfait. 

Par  le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies , 

Le  chef  de  la  4'  division  ,     Granet, 


MINISTERE    DE   LA   GUERKE. 

Suite  du  rapport  général  des^opéra^tions  de  l'armée 
du  Rhin.  —  Au  quartier  -général  de  Munich 
le  24  messidor  an  8. 

Mon  dernier  rappott  vous  annonçait  le  pas- 
sage audacieux  du  Danube ,  opété  sur  Blint- 
heim  et  Dillin^en  ,  par  l'aîle  droite  et  le  centre 
de  Tarraée  dans  la  journée  du  3o  prairial. 

Il  restait  deux  partis  à  l'ennemi  :  de  marcher 
a  nous  en  risquant  le  sort  d'une  bataille  ,  ou  de 
se  relir'er  par  Heidensheim  et  Neresheim  sur 
la  Vernitz  ou  sut  Ingolstat. 

Le  I"  messidor,  le  général  en  chef  ordor^na 
les  dispositions  suivantes  :  le  général  Lecourbe 
reçut  l'ordre  d'envoyer  le  général  Levai  avec 
sa  brigade  ,  pour  s'emparer  do  la  belle  position 
du  Schellemberg  ,  en  avant  de  Vernitz  ,  ~cou- 
yrant  Donawert.  Avec  le  reste  de  son  coips ,  le 
lieutenant-général  Lecourbe  prit  position  sur  le 
haut  Egg  ,  prolongeant  la  droite  vers  Dissingen  , 
sur  la  route  de  Dillingen  à  Nèresheira. 

Le  lieutenant-général  Grenier  avait  reçu  ordre 
de  tenter  un  passage  sur  Guntzbourg,  et  dans 
le  cas  où  l'ennemi  brûlerait  les  débris  du  pont, 
de  venir  passer  le  Danube  à  Lavingen  ,  et  établir 
sa  ligne  sur  laBreniz  ,  sa  gauche  à  Gundelfingen  , 
sa  droite  à  Brenlz  ,  le  centre  devait  se  placer  , 
sa  gauche  liée  à  la  droite  du  lieutenant-général 
Grenier,  et  sa  droite  en  arrière  de  Gingen  ,  sur 
Saxenhausen. 

L'ennemi  brûla  le  pont  de  Guntzbourg  ,  et  le 
général  Grenier  prit  la  route  de  Lavingen  avec 
deux  divisions  ,  laissant  la  division  Ney  en  posi- 
tion sur  la  Guntz  ,  pour  empêcher  nos  derrières 
d'être  inquiétés,  elles  détachemens  de  l'ennemi 
de  venir  brûler  les  ponts  du  Danube  ,  qui  avaient 
été  rétablis.  Elle  devait  se  Her  avec  le  général 
Richepanse,  toujours  chargé  de  couvrir  la  route 
de  Memming&n  et  le  cours  de   l'Iller. 

Le  2  messidor,  le  général  Richepanse  annonça 
au  général  en  chef  que  l'ennemi  repliait  sur  U!m 
toutes  les  troupes  qu'il  avait  sur  la  rive  droite  du 
Danube,  et  le  général  reçut  ordre  de  se  rappro- 
cher de  la  place  ,  en  suivant  les  mouvemens  de 
l'ennemi.  Il -s'établit,  sa  droite  à  Oberfaliheim  , 
sa  gaiiche  à  \Jnterkirberg ,  observant  les  ponts 
de  Leiphc'iTi  et  Guntzbourg  ,  occupant  sur  la  rive 
gauche  de  lliler  ,  Viblingen  et  Delmesingen. 

Le  lieutenant-général  Grenier  rappela  la  divi- 
sion Ney  ,  et  put  s'étendre  ainsi  de  Gundelfingen 
à  Saxenhausen,  ayant  à  sa  disposition  la  réserve 
de  cavalerie  pour  soutenir  la  partie  de  sa  ligne 
qui  traversait  les  plaines  du  Danube. 

Le  centre  se  lia  par  sa  gauche  à  la  droite  du 
lieutenani-général  Grenier,  prolongeant  sa  droite 
à  Balhausen  ,  dans  la  direction  de  la  route  de 
Dischingen. 

On  était  ainsi  en  mesure  contre' tout  projet  de 
l'ennemi.  On  pouvait  le  combattre  avec  avan- 
tage s'il  voulait  livrer  bataille  ,  ou  le  suivre  rapi- 
dement s'il  se  déterminait  à  la  retraite.  On  était 
même  sur  ses  flancs  ,  s  il  prenait  la  route  de 
Heidenheinjel  Neresheim  pour  son  chemin  de 
retraite. 

Le  3  messidor,  les  rapports  des  reconnaissances 
firent  présumer  au  général  en  chef  que  l'ennemi 
avait  commencé  son  mouvement  de  retraite.  Il 
fallait  ordonner  aussitôt  à  l'armée  un  mouvement 
général  ;  mais  un  tems  horrible  et  des  torrens  de 
pluie  empêchèrent  de  mouvoir  l'armée  ,  surtout 
devant  faire  marcher  une  artillerie  nombreuse 
dans  un  pays  qui  n'offre  que  des  chemins  afî'reux. 

L'armée  ne  put  marcher  que  le  4.  L'aîle  droite  I 
se  portaisur  Neresheim,  avec  ordre  de  poursuivre^ 
Varriere-garde  de  l'ennemi  sur  la  route  de  Nord-  1 
lingen  ,  si  elle  avait  dépassé  Neresheim. 

Les  divisions  du  centre  eurent  ordre  de  se 
porter  sur  la  route  de  Nathera  à  Neresheim  l'une 
marchant  en  soutien  de  la  droite  de  l'armée  ;  les 
autres  se  dirigeant  sur  Ochenheim  avec  ordre  , 
lorsqu'elles  y  seraient  arrivées  ,  de  suivre  le  mou- 
vement de  la  droite  de  l'armée. 

Le  lieutenant-général Greniermarcha  parOche- 
nausen  sur  Natheim  ,  couvert  par  un  corps  de 
flanqueurs  sur  la  route  de  Heidenheim. 

L'ennemi  ,  çlepuis  son  départ  d'Ulm,  marchait 
nuit  et  jour  ,  et  avait  atteint  Neresheim  dans  l'es- 
pace de  84  heures. 


Le  Eeutenant-généralLecourbe  ne  trouva  qu'une 
arriere-garde ,  composée  d'une  nombreuse  cava- 
lerie et  de  quelque  infanterie.  Les  carabiniers  firent 
deux  ou  trois  charges  brillantes  ,  qui  nous  don- 
nèrent environ  i5o  prisonniers.  L'ennemi  pour- 
suivi jusqu'à  neuf  heures  du  soir  ,  ne  tint  que  sur 
le  plateau  de  Nordlingen  ori  il  déploya  une  nom- 
breuse artillerie.  Il  ne  put  nous  empêcher  de 
déboucher  des  forêts  qui  ,  pendant  une  lieue  , 
resserrent  la  route  de  Nordlingen,  et  de  prendre 
position  vis-à-vis  du  plateau.  Le  général  Lecourbe  , 
sa  droite  àNiedenhausen  ,  sa  gauche  sur  la  chaussée 
de  Nordlingen  ,  le  centre  en  réserve  sur  Omers- 
heira  ,  et  le  lieutenant-  général  Grenier  sur  les 
hauteurs  de  Riffling  ,  observant  le  débouché  de 
Lolfingen. 

Le  général  Richepanse  rétablit  le  pont  de  Guntz- 
bourg le  5  ;  il  passasur  la  rive  gauche  du  Danube, 
et  forma  l'investissement  d'Ulm.  La'  brigade  du 
général  'VValiher  appuya  sa  droite  à  la  Blaw  vers 
Sufflingen  ,  et  sa  gauche  à  Inngingen.  Celle  du 
général  Sahuc  Se  plaça  ,  la  droite  à  ce  village, 
et  sa  gauche  au  Danube  en  avant  de  Teffingen; 
celle  du  général  Levasseur  ,  la  droite  à  Gundel- 
fingen ,  la  gauche  vers  Marbach  ;  celle  du 
général  Drouet  ,  la  droite  à  ce  dernier  village  , 
et  la  gauche  à  Gecklingen.  Le  chef  d'escadron 
Evers  mit  sa  droite  à  Soflliiigen  ,  oii  il  se  lia  avec 
le  général  'Walther  ,  et  sa  gauche  au  Danube, 
à  la  hauteur  du  général  Drouet. 

Le  même  jour  le  général  Kray  envoya  un  par- 
lementaire au  général  en  chef,  qui  lui  annonçait 
la  conclusion  d'un  armistice  entre  les  deux  armées 
d  Italie.  Il  laissait  ignorer  dans  ses  dépêches  les 
événemens  brillans  qui  avaient  amené  cette  sus- 
pension d'armes  ,  e'  en  proposait  une  entre  les 
deux  armées  du  Rhin.  Le  général  en  chef  s'y 
refusa.  Il  s'attendait  à  tout  instant  à  recevoir  des 
dépêches  du  gouvernement,  qui  l'instruiraient 
de  ce  qui  se  passait  d'extraordinaire  en  Italie,  et 
comme  elles  pouvaient  lui  apporter  l'ordre  de 
suspendre  sa  marche,  il  crut  devoir  donner  un 
autre  but  à  ses  opérations.  Le  gros  de  l'armée 
ennemie  devait  être  trop  éloigné  pour  la  forcer 
de  combattre  en  la  poursuivant  :  il  n'y  avait  plus 
à  espérer  qu  un  succès  d'avant-garde.  Sur  ces 
motifs,  le  général  en  chef  ne  songea  qu'à  s  étendre 
et  à  manœuvrer  pour  procurer  de  bons  quartiers 
et  des  ressources  à  l'armée  ,  s'il  arrivait  un  armis- 
tice général. 

En  conséquence, le  général  Decaen  reçut  ordre 
de  marcher  avec  sa  division  sur  Munich  ,  à  mar- 
ches forcées  ,  se  dirigeant  par  Hoeschtel  .  Ver- 
tingen  ,  Ausbourg  et  Dachau.  Cette  mesure  avait 
pour  but  de  forcer  lélecteur  de  Bavière  à  rem- 
plir les  conditions  d'un  traité  qu'il  avait  conclu  et 
éludé  en  l'an  4.  D'ailleurs,  en  semparant  d'un 
pont  sur  riser ,  on  rejettait  sur  llnn  l  armée  au- 
trichienne qui  ne  pouvait  plus  opérer  sa  jonction 
avec  le  corps  du  Tyrol  que  derrière  cette  rivière. 
Le  général  en  chef  se  prépara  à  faire  appuyer 
celte  division  par  un  mouvement  général  de 
l'armée. 

Elle  appuya  sa  droite  à  Degingen  ,  éclairant  la 
route  de  Nordlingen  à  Donawert ,  le  centre  sur  la 
route  de  Neresheim  à  Nordlingen  ,  et  la  gauche  à 
Troltelfingen ,  observant  la  toute  de  Poflîngen. 
Ce  même  jour,  le  général  Laval  fil  capituler  le 
château  d'Harbourg,  où  il  prit  t5o  prisonniers  et 
3  officiers.  Il  put  se  lier  ainsi  avec  la  droite  du 
général  Lecourbe. 

Le  6 ,  l'ennemi  voyant  ses  poui;parlers  de  la 
veille  inutiles  ,  malgré  qu'il  eût  adroileinent  semé 
dans  notre  armée  la  nouvelle  d'un  armistice  gé- 
néral ,  et  qu'il  eût  cherché  à  se  mêler  avec  nos 
soldats  en  signe  de  réjouissance  ,  fit  sa  retraite 
dès  les  deux  heures  du  matin  et  l'armée  marcha 
sur  la  Vernitz  ,  l'aîle  droite  liée  au  corps  de 
Donawert  et  sétendant  par  sa  gauche  jusqu'à 
Ostheim  ;  le  centre  oceupant  Feisenheim  et  Ve- 
chingen  ;  la  gauche  refusée  sur  Pfefiîngen  ,  route 
de  Nordlingen  à  Oethingen  qu'on  occupait  par 
l'extrême  gauche  de  l'armée,  prit  dans  Oettingen 
plusieurs  prisonniers  et  60  voilures  avec  2  ou 
3oo  chevaux  :  c'était  la  queue  de  la  colonne  des 
équipages. 

Le  général  en  chef  jugea  que  l'ennemi  se  rejet- 
tait sur  le  Danube.  Il  pouvait  passer  le  fleuve  à 
Neubourg  ,  se  porter  sur  le  Lech  à  Rain  ,  et 
se  placer  ainsi  entre  l'armée  et  le  détachement 
commandé  par  le  général  Decaen.  Il  était,  impor- 
tant d'arriver  avant  l'ennnemi.  L'armée  avait  trois 
défilés  à  passer,  la  Vernitz  ,  le  Danube  et  le 
Lech. 

En  conséquence  ,  le  général  Lecourbe  eut 
ordre  de  passer,  le  7  ,  le  Danube  à  Donawert , 
et  de  se  porter  rapidement  sur  Rain  ,  pour  s'em- 
parer du  pont  de  Gundeikingen.  Le  centre  se 
plaça  ,  sa  droite  à  Donawert  ,  la  gauche  à  Har- 
bourg  ,  où  le  général  Grenier  appuya  sa  droite  , 
sa  gauche  étendue ,  et  poussant  des  partis  sur 
Oettingen  et   sur  Monheim. 

Le  pont  de  Gundeikingen  était  tellement   dé- 
gradé   qu'il    fallut  la    journée   entière    pour   le 
rétablir.   La  division  Gudiu  cependant  prit  posi- 
tion le  même   soir  en   avant  de  Rain  sans  éprou- 
1  ver  qu'une    très-faible    résistance.   L'ennemi  fit 


passer  le  Danube  sur  des  barques  à  'quelques 
centaines  d'hommes  vis-à-vis  Schœulcld.  La 
brigade  de  gauche  fusilla  jusqu'à  onze  heures 
du  soir,    et   fit   une   centaine  de  prisonniers. 

Combat  de  Neubourg. 

Le  8  ,  le  général  Lecourbe  eut  ordre  de  mar- 
!  cher  sur  Neubourg  ,  et  le  centre  de  prendre 
I  position  sur  Rain  ,  en  réserve  de  l'aîle  droite 
!  de  l'armée.  La  gauche  vint  se  poster  à  Di^na- 
!  wert  ,  continuant  de  pousser  des  partis  sur 
^  Monheim  et  sur  la  route  de  Nordhngen  à  Oct- 
I  lingen. 

Les  deux"  divisions  du  général  LecoUrbe  se 
mirent  en  marche  avant  le  jour.  Celle,  du  géné- 
ral Gudin  se  dirigea  sur  Poetmitss  ;  elle  fut 
obligée  de  disputer  sa  position  ,  et  elle  ne 
put  la  prendre  entièrement  ,  à  raison  de  la  nom- 
breuse cavalerie  que  l'ennemi  lui  opposa.  Plu- 
sieurs charges  brillantes  furent  exéciltées  'par  les 
6'  et  8'  d''liussards ,  qui  prirent  à  l'ennemi  une 
centaine  de  chevaux.  Le  général  Pulhod  ,  com- 
mandant la  brigade  de  gauche  ,  après  bien  de» 
difficultés,   prit  position  à  Elkirck. 

Mais  les  plus  grands  efforts  de  l'ennemi  se  diri- 
gèrent sur  le  général  Monttichard.  Ce  général  se 
dirigeait  sur  Neubourg  ,  et  devait  ,  après  s'en  être 
emparé  ,  marcher  par  sa  droite  pour  prendre  po- 
sition et  se  lier  à  la  gauche  du  général  Gudm , 
lorsque  le'général  Kray  ,  ou  trompé  sur  nos  mou- 
vemens ,  ou  voulant  tenter  encore  le  sort  d'une 
bataille  ,  pour  prendre  la  position  du  Lech  et 
opé re r  s aj onction  a vecj le  corps  du  prince  deReuss , 
déboucha  de  Neubourg  avec  une  grande  partie 
de  son  armée.  Les  deux  corps  étant  en  mouve- 
ment ,  aucun  n'avait  encore  pris  une  assiette  fixe 
pour  soutenir  ou  livrer  un  coinbat. 

L'avant-garde  rencontra  l'ennemi  au  village  de 
Strass  et  le  poussa  jusques  sur  les  hauteurs  d  Un- 
terhausen ,  position  avantageuse  qu'il  occupait 
en  force.  Le  généra!  Montrichard  fit  ses  disposi- 
tions d'attaque.  Le  général  Espagne  marcha  avec 
le  premier  bataillon  de  la  3?=  ,  les  t"^  et  3=  de  la 
84'  pour  attaquer  le  plateau  ,  tandis  que  ,  pour 
le  tourner  ,  un  bataillon  de  la  3;^  se  portait  à. 
droite  sur  Rosenfeld.  La  10=  légère  était  répandue 
sur  le  front  et  les  flancs  des  colonnes.  La  brigade 
Schinner  avec  la  log'et  le3=  bataillon  de  laSy* 
forma  la  réserve  ,  soutenue  parle  9^  de  hussards, 
le  6=  de  cavalerie,  et  l'artillerie  légère  comman- 
dée parle  cit.  Rot.  Après  quelques  efforts  la  po- 
sition de  l'ennemi  fut  enlevée  ,  et  le  général 
Espagne  parvint  au  revers  de  la  montagne  à  la 
vue  de  Neubourg.  Cet  officier-général  fut  obligé 
de  se  retirer  par  une  blessure  qu  il  reçut  au  bras. 
Alors  la  brigade  Schinner  envoya  quelques 
troupes  pour  soutenir  et  maintenir  la  position  ; 
mais  l'ennemi  recevant  des  renforts'considétables  , 
il  l'attaqua  et  s'empara  de  nouveau  du  plateau. 

Le  bataillon  qui  marchait  par  Rosenfeld  fut 
arrêté  par  trois  régimens  de  cavalerie  et  ne  put 
pénétrer  ;  les  forces  de  l'ennemi  devinrent  même 
tellement  supérieures  ,  que  bientôt  la  droite  du 
général  Montrichard  se  trouva  débordée;  tandis 
que  des  batteries  établies  sur  la  gauche  du  Da- 
nube inquiétaient  son  flanc  gauche  ,  et  que  de» 
partis  ennemis  couraient  sur  ses  derrières.  N'ayant 
plus  que  quelques  réserves  ,  ce  général  ordonna 
la  retraite  qu'il  fesait  en  bon  ordre,  lorsque  le 
général  Lecourbe  arriva.  Prévenu  du  combat  vi- 
goureux qui  venait  de  s'engager  ,  il  avait  aussitôt 
demandé  au  général  en  chef  de  faire  avancer  une 
division  de  réserve  ,  commandée  par  le  général 
Grandjean,  pour  soutenir  le  généralMonttithard, 
et  il  se  rendit  lui-même  au  galop  sur  le  champ  de 
bataille. 

Il  trouva  les  généraux  Montrich_ard  et  Schinner 
donnant  l'exemple  de  la  plus  grande  fermeté.  La 
retraite  s'effectuait  en  bon  ordre  ;  mais  il  l'arrêta 
en  annonçant  les  renforts  qui  le  suivaient.  L'armée 
du  Rhin  n'avait  pas  l'habitude  de  céder  du  terrein, 
et  l'ennemi  ,  malgré  son  énorme  supériorité  ,  fut 
vigoureusement  contenu  avec  quelques  pelotons 
frais  et  une  compagnie  de  grenadiers  de  la  109', 
commandée,  par  le  capitaine  Lacoste.  Le  brave 
chef  de  brigade  Lacroix  pénétra  même  encore 
une  fois  dans  Unterhausen  ,  et  chassa  l'ennemi 
des  bois  qui  sont  à  la  gauche  de  ce  village.  Mais 
il  ne  pouvait  s'y  maintenir  ,  lorsque  le  général 
Grandjean  arriva  avec  un  bataillon  de  la  14* 
légère,  deux  bataillons  de  la  46',  deux  de  la 
5;"=  ,  le  4"^  d'hussards ,  le  11°  de  chasseurs,  et  une 
compagnie  d'artillerie  légère  ,  commandée  par  le 
capitaine  Sibille. 

Le  lieutenant  général  Lecourbe  forma  aussitôt, 
de  ces  troupes  ,  trois  colonnes  d'attaque  ;  la  pre- 
mière ,  dirigée  par  l'adjudant-général  Coëhorn  , 
se  porta  sur  la  gauche  d'Unlerhausen  ,  qu'elle 
tourna  ;  la  seconde  ,  aux  ordres  du  capitaine  de 
génie  Rognac ,  fut  chargée  d'attaquer  le  plateau 
de  front ,  tandis  que  le  général  Perrin  ,  avec  la 
3^  ,  eut  ordre  de  se  porter  sur  la  gauche  pour 
attaquer  la  droite  de  l'ennemi.  Ces  trois  attaques 
se  firent  avec  tant  de  vigueur  et  de  concert, 
que  l'ennemi  fut  culbuté  ,  et  forcé  d'abandonner 
définitivement  sa  position. 
Jamais  on  ne  vit  un  combat  plus  acharné.  Le» 


123l 


colonnes  marchaient  sans  tirer  un  (?oup  de  fusil,' 
malgré  huit  pièces  d'artillerie  qui  vomissaient  la 
mort.  La  46'  et  la  14'  légère  furent  long-tems, 
j)êle-mêle  avec  la  cavalerie  ennemie  ,  et  conli- 
nuerenl  de  se  battre  avec  rage  sans  s'ébranler 
un  instant.  La  mêlée  fut  horrible.  L'ennemi  forcé 
de  retirer  ses  pièces  ,  le  combat  n'en  dura  pas 
moins-  Dans  l'obscurité  ,  on  n'entendait  plus  un 
coup  de  feu  ,  mais  seulement  le  clifjueiis  des 
armes  et  les  cris  des  comballaiis.  C'est-là  que  le 
chef  de  brigade  Fortin  a  été  tué  ,  cruellement 
sabré  par  la  cavalerie  autrichienne  ;  c'est-là  que 
le  premier  grenadier  de  t'armée  française  a  péri 
d'un  co-;p  de  lance  au  coeur.  Ses  camarades  , 
ceux  parmi  lesq^uels  il  avait  choisi  son  rang,  ont 
élevé  sa  tombe  ,  et  l'ont  honoré  de  leurs  larmes. 
11  n'y  eut  jamais  de  cérémonie  plus  touchante 
et  plus  religieuse  que  les  funérailles  de  ce 
guerrier. 

L'aide-de-camp  du  général  Lecoutbe,  le  citoyen 
Noiset  ,  a  eu  un  cheval  tué  sous  lui  ,  à  côté  de 
son  général.  On  a  fait  dans  cette  journée  800 
prisonniers  de  quinze  régimens  difiérens  ,  dont 
trois  ofliciers  et  un  major  de  Lascy.  Le  général 
Grandjean  donne  des  éloges  aux  adjudans- 
géncraux  Perrin.  Goëhorn  ,  et  au  capitaine  du 
génie  Rognac  i^qui  a  montré  dans  cette  affaire 
une  vigueur  étonnante.  11  recommande  également 
le  cit.  Schutz,  adjudant  de  la  14' ,  et  le  citoyen 
Josselin  ,  sous-lieutenant  au  1 1'  régiment  de  chas- 
seurs ,  qui  se  sont  distingués  de  la  manière  la  plus 
brillante. 

A  onze  heures  du  soir  les  troupes  purent  posi- 
tion sur  les  hauteurs  d'Unterhausen  ,  et  l'ennemi 
évacua  Neubourg  dans  la  nuit. 

Le  même  jour  ,  le  général  Decaen  entra  à 
Dachau  ,  et  le  lendemain,  9,  à  Munich,  après 
avoir  fait ,  avec  ses  troupes ,  40  lieues  de  poste  en 
trois  jours  de  marche  ,  et  soutenu  en  route  trois 
combats.  Il  n'existe  pas  d'exemple  d'un  mouve- 
ment aussi  rapidement  exécuté. 

/  La  suite  demain.  ) 


PRÉFECTURE     DE    POLICE. 

Du  ^  thermidor  an  8. 

Le  nommé  Dubosque  ,  l'un  des  assassins  du 
Courier  de  Lyon  et  de  son  postillon  ,  entre 
Lieursaint  et  Melun  ,  en  l'an  4 ,  condamné  à 
mort  par  contumace  ,  et  évadé  de  la  maison  de 
justice  de  Versailles  ,  le  aS  ventôse  de  l'an  6, 
vient  d'être  arrêté  à  cent  lieues  de  Paris,  d'après 
les  renseignemens  ctonnés  par  les  agens  de  la  pré- 
fecture de  police. 


Lettre  du  citoyen  Remy ,  adjoint ,  sur  l'île  de  Malte, 

Dès  que  1  île  de  Malte  a  été  au  pouvoir  des 
français,  le  roi  de  Naples  fit  la  défense  en  Sicile  , 
sous  les  peines  les  plus  sévères  ,  de  vendre  au- 
cune subsistance  aux  maltais. 

Cette  même  cour  et  celle  de  Londres  excitè- 
rent les  campagnoles  à  prendre  les  armes  contre 
■nous.  Quelques  ambitieux  lurent  flattés  ;  les  be- 
\  soins  et  l'argent  entraînèrent  la  multitude. 

Deux,  mois  après  ,  les  anglais  et  les  portugais 
débarquèrent  douze  cents  hommes  ;  toute  I  île 
s'insurgea  ;  nos  déiachemens  extérieurs  furent 
assassinés  ,  et  la  place  fut  de  suite  cernée  par  terre 
et  par  mer,  ainsi  qu'elle  lest  encore  aujourd'hui. 
Cette  masse  fut  organisée  en  régimens  et  compa- 
gnies ,  sous  les  ordres  des  officiers  de  ces  deux 
puissances. 

Les  principales  avenues  .furent  aussitôt  retran- 
chées et  garnies  d'une  nombreuse  artillerie. 

Ils  tentèrent  même  quelque  tems  après  deux 
assauts,  l'un  sur  la  porte  Marsamoucbet,  et  l'autre 
sur  l'avancée  de  la  Sangle  ;  mais  l'intrépidité  des 
français  ne  leur  permit  pas  seulement  de  débar- 
quer leurs  échelles  ;  un  grand  nombre  des  assail- 
lans  furent  tués  ou  noyés  ,  le  reste  s'échappa  à  la 
nage. 

Leurs  entreprises  réitérées  ayant  eu  si  peu  de 
succès  ,  ils  se  sont  bornés  à  jeter  de  tems  en  tems 
des    bombes   sur   les  bâtimens    mouillés  dans   le 

Ïlort  des  Galères  et  sur   la  Cité  Valette  ,   oii   est 
e  quartier-général. 
Depuis  deux  ans  que  la  ville  est  bloquée  ,  les 

Ï)rivation3  de  tout  genre  n'ont  aucunement  altéré 
C  courage  ni  la  constance  des  chefs  ;  la  disci- 
pline est  parfaite  ainsi  que  l'union  entre  1ant  de 
corps  diftérens.  Les  troupes  sont  animées  du 
'  meilleur  esprit,  et  décidées  à  se  défendre  jusqu'à 
la  dernière  extrémité. 

Depuis  dix  mois  la  garnison  n'avait  reçu  que 
des  nouvelles  indirectes  de  la  France.  Elle  com- 
mençait à  être  inquiète  sur  sa  situation  politique. 
Lt  général  Vaubois  jouit  d'une  confiance  niétnée 
el  d'un  respect  au-dessus  de  toute  expression. 

Nos  ennemis  avaient  exagéré  les  revers  de 
l'Italie ,  et  défiguré  les  changemens  arrivés  en 
France  les  18'  et  ig  brumaire.  Il  est  difficile  de 
dépeindre  la  joie  de  la  garnison  ,  lorsqu  elle  fut 
détrompée  par  les  journaux  ,  les  proclamations 


du  général ,  et  par  le  rapport  d'un  officier  ,  témoin 

de  ces   glorieuses  journées. 

La  nouvelle  constitution  fut  reçue  avec  accla- 
mation ,  et  malgré  la  grande  disette ,  chacun  trouva 
de  quoi  célébrer  son  acceptation. 

L'armée  d'Orient  ayant  à  son  passage  épuisé, 
pour  ainsi  dire,  les  magasins  de  l'ordre  ,  et  le 
gouvernementn'ayant  anvpyé  qu'un  petit  nombre 
de  bâtimens  ,  dans  le  tems  ou  cela  pouvait  se 
faire  avec  facilité  ,  le  général  Vaubois  a  été  forcé 
de  s'emparer  du  Séminaire  ,  d'où  la  commission 
lirait  le  bled  nécessaire  à  la  ville.  Quehjues  bour- 
geois ont  été  requis  de  faire  le  pain  ;  ils  achètent 
comptant  du  général  le  grain  qu'il  leur  faut..  Le 
peu  d'argent  qui  lui  rentre  par  ce  moyen  .  lui 
lournit,  même  encore  à.  présent  ,  aux  dépenses 
journalières  de  l'hôpital  et  de  l'arsenal.  La  pé- 
nurie de  fonds  le  gênait  également;  il  fit  un 
emprunt  forcé  ;  il  fit  accepter  aux  propriéiaires 
ainsi  qu'aux  particuliers  qui  avaient  placé  de 
I  argent  au  Séminaire^  et  qui  avaient  contribué 
à  l'emprunt,  des  obligations  au  nom  du  gou- 
vernement ,  acquiiables  à  la  paix  générale  ,  si 
toutes  fois  les  individus  ne  portent  pas  les  armes 
contre  les  français. 

De  cette  manière  il  a  intéressé  la  fortune  des 
plus  riches  négocians  et  d'une  grande  partie  des 
habitaris  de  la  ville  ;  ce  qui  ne  laisse  pas  que 
de  nous   être  avantageux  dans  Ce  moment. 

La  dette  générale  se  monte  à  quelques  millions; 
en  revanche  il  y  a  pour  douze  millions  de  biens 
nationaux  à  vendre  ,  si  nous  conservons  la  place. 
Le  général  Vaubois  n'attend  qu'une  occasion 
sûre  pour  envoyer  au  premier  consul  ses  comptes, 
son  mémoire  sur  le  territoire  ,  ainsi  que  le  jour- 
nal de  toutes  ses  opérations  pendant  le  siège. 
,  L'argent  qu'il  s'étail  procuré  le  mit  à  même  de 
payer  pendant  long-tems  la  solde  entière  de  la 
garnison. 

Le  général  mit  également  en  réquisition  toutes 
les  coionades,  les  capotes  potjr  les  factionnaires, 
et  toutes  les  étoffes  qui  pouvaient  remplacer  le 
drap  qui  lui  manquait.  Il  fil  faire,  l'été  dernier  , 
à  l'infanterie  de  ligne  des  fracs  de  cotonade 
blanche ,  à  linfanterie  légère  des  habits-vestes 
de  drap  rouge  ,  à  l'artillerie  deS  fracs  bruns, 
et  aux  marins  des  matelotes  rayées.  Ils  s'achètent 
eux-mêmes  du  baziu  pour  pantalons  et  gilets  ,  et 
du  drap  de  coton  pour  la  chaussure.  Les  offi- 
ciers sont   en  taffetas  et  camelots   de  couleur. 

Le  premier  hyver  ,  le  scorbut  fit  di  grands 
ravages  ;  le  général  pour  remédier  à  un  pareil 
désastre,  engagea  les  soldats  à  la  culture  des 
végétaux.  Ses  sollicitations  né  furent  d'abord 
écoutées  que  pai;  quelques  canoniers  ,  et  leur 
premier  essai  fut  recompensé  par  un  bénéfice  ex- 
traordinaire. 

L'intérêt  et  leur  propre  conservation  détermi- 
nèrent de  suiie  (ouïe  la  garnison  à  imiter  leur 
exemple  ,  et  bientôt  tous  les  fossés  furent  trans- 
formés en  jardins.  On  rapporta  des  terres  oti  il 
n'y  en  avait  point.  Les  soldats,  pour  arroser, 
sont  obligés  d'aller  chercher  l'eau  dans  les  ci- 
ternes ,  quelquefois  à  de  très-grandes  distances 
et  avec  des  peines  incroyables  ;  ils  la  font  mon- 
ter et  descendre  par-dessus  des  remparts  qui  , 
dans  certaines  parties  ont  plus  de  quatre-vingt 
pieds  d'élévation  ,  par  des  inventions  et  avec  une 
patience  admirables.  Le  sol  est  très-fertile  ,  le 
climat  est  heureux,  les  productions  se  renouvel- 
lent sans  cesse  pendant  toutes  les  saisons  de 
l'année  ,  et  il  n'y  a  que  le  manque  d'eau  qui 
puisse  les  priver  de  légumes. 

Ils  s'exposent  au  feu  de  l'ennemi  pour  aller 
chercher  de  1  heibe  pour  leurs  lapins.  Ces  ani- 
rnaux  qui  se  multiplient  considérablement  et  les 
poules  ,  ont  été  d'un  grand  secours. 

Le  bœuf  et  le  mouton  depuis  plus  d'un  an  n'y 
sont  plus  connus  ;  1  hôpital  depuis  un  tems  in- 
fini n'a  que  du  bouillon  de  cheval  ,  des  poissons  , 
des  ceuls  ,  des  liqueurs  et  très-peu  de  vin  ,  et 
l'on  ne  s'apperçoit  pas  encore  que  ce  régime 
nuise  à  la  santé  ;  il  n'y  a  dans  ce  moment  que 
quarante  malades,     s 

Le  marché  est  fourni  journellement  par  les 
soldats  de  terre  ,  en  légumes  ,  fruits  ,  lapins  , 
poules  ,  oeufs  ,  chiens  ,  chats  ,  rats  ,  et  enfin  de 
tout  ce  qui  est  susceptible  d'être  digéré.  D'un 
autre  côié.  les  marins  vendent  des  poissons  et  des 
coquillages.  Toutes  ces  choses  coûtent  dans  ce 
moment  dix  fois  plus  qu'à  Paris  ,  et  il  y  a  un  an , 
vingt  fois  plus.  Le  soldat  gagne   de  l'argent. 

La  cherté  des  vivres  avait  ruiné  les  habitaris  , 
et  le  bombardement  les  avait  tellement  effrayés  , 
que  le  général  n'eut  pas  beaucoup  de  peine  à 
les  faire  sortir  de  la  ville  ,  pour  ménager  les  sub- 
sistances qu  il  était  obligé  de  leur  lournir.  De 
45,000  âmes  qu'il  y  avait,  il  n'en  reste  plus  que 
3ooo,  y  compris  les  autorités  civiles  et  les  per- 
sonnes attachées  au  service  de  la  place;  il  a  tou- 
jours ménagé  les  prêtres  ,  les  artistes  ,les  femmes 
attachées  anx  militaires  ,  et  les  riches.  Le  général 
leur  vend  également  le  blé  qui  leur  est  néces- 
saire, en  observant  les  proportions  pour  les 
âges. 


M.  Nicole  ,  claveciniste  de  réputation ,  et 
qui  se  dit  anJi  d'un  de  nos  premiers  artistes  , 
le  citoyen  Creuizer  ,  a  composé  plusieurs  opéras 
pendant  le    siège  ;  ils  ont  parfaitement  réussi. 

Le  général  Vaubois  en  fait  beaucoup  de  cas  , 
et  il  le  recommande  au  conservatoire.  Il  n'y  a 
que  trois  mois  que  la  troupe  est  partie  ,  et  dam 
ce  moment  une  société  d'amateurs  amuse  le 
public.  Des  soldats  exécutent  des  ballets  d'au- 
tant plus  surprenans  ,  que  les  danseurs  se  sont 
formés   pendant  le   siège. 

Le  général  ne  néglige  rien  pour  prévenir  l'en- 
nui et  faire  oublier  les  privations  ;  il  a  établi 
des  écoles  d'écriture  ,  de  calcul  ,  de  dessin  ,  et 
des  salles  d'armes  et  de  danses. 

Les  quinze  premiers  mois  ,  les  militaires  de 
service  étaient  privés  de  la  vue  pendant  toute  la 
nuit. 

Il  y  a  dans  la  salle  d'armes  du  palais  quinze 
raille  fusils  qui  n'ont  jamais  servi. 

La  place  et  les  foits  sont  tiès-bien  armés  ;  il  y 
a  des  pièces  de  tout  calibre  français  el  étranger , 
depuis  trente-six  jusqu'à  deux. 

Chaque  soldat  a  un  hamac  qui  se  blanchit  ,  ce 
qui  les  préserve  de  la  vermine. 

Sifflé  ,    Rb,MY. 


Des  so  uscripteurs  pour 
mémoire  du 


,  I  S  T  E 

'nument  à  élever  à   la 
*énéral  Desaix. 

fr.    c. 

Montant   des    trois  premières   listes,  14,17a 
Citoyens,  Dubois  ,  préfet  de  police 

de  Paris  ,  100 

Piis  ,  secrétaire  -  général  de  la  pré- 
fecture de  police  de  Paris , 
Chateauneuf-Randon  ,  général  com- 
mandant la  troisième  division  mili- 
taire à  Metz, 
Madame  Berthollet,  rue  Bellechasse  , 
n°  2i5  , 

Paul  Greppi  ,  de  Milan,  hôtel  de 
Bruxelles  ,  rue   basse  Saint-Denis , 

François  Chauroont  Quitri,  capitaine 
de  frégate  ,  hôtel  Mortemart ,  rue 
Guillaume  ,  n°  977  , 

Gossuin  ,  membre  du  corps  législatif 
rue  Honoré  ,  n°  g5  , 

Jacomin  ,  membre  du  corps  législatif , 
rue  du  Coq-Honoré  ,  n°  184  , 

Soubdés  ,  juge  au  tribunal  de  pre- 
mière instance  ,  directeur  du  jury  , 
rue  du  Doyenné  ,   n°   288  , 

Le  général  Clarke  ,  aux  Tuileries  , 

Tourné  ,  aide-de-càmp  , 

Girault,  aide-de-camp  , 

Even  ,  commissaire  principal  de  ma- 
rine ,  rue   de  Gaillon  ,  n"  863  , 

Regay,  ingénieur  de  marine  à  Nantes , 

A.  J.  Issambert ,  négociant,  rue  Roch- 
Poissonniere  ,  n°  9  , 

Verne  ,  législateur,  à  Roanne  ,  dépar- 
tement de  la  Loire  ,  < 
,  Denise  ,  secrétaire  intime  du  ministre 
de  la  marine  ,  rue  de  la  Révolution, 

Lahary  ,  tribun  ,  rue  d'Argenteuil  , 
au  Grand-Balcon , 

'Abraham -François  Robin,  payeur- 
général  du  département  de  l'Indre  , 

Portalis ,  commissaire  du  gouverne- 
ment près  le  conseil  des  prises ,  à 
l'Oratoire  , 

louchet  ,  receveur-général  du  dé- 
partement de  la  Somme  , 

Louvet  (de  la  Somme),  membre  du 
corps-législatif, 

Lambert  (  du  Var)  ,  commissaire  or- 
donnateur des  guerres ,  rue  des 
Fossés -Montmartre  ,  n°  4, 

Malardot,  commissaire  des  guerres, 
rue  des  Bons-Enfans ,  maison  Can- 
die ,  n°  14, 

Lefaucheux  ,  préfet  du  département 
de  la  Vendée  , 

Michel  ,  commissaire  des  guerres  à 
Vannes,  département  du  Morbihan, 

Le  général  Laroche  ,  commandant  la 
26'  division  militaire  à  Coblentz  , 

AUois  de  Herculaîs,  chef  de  la  3« 
demi-brigade  d'artillerie  de  la  ma- 
rine à  Brest , 

Deluçay  ,  préfet  du  département  du 
Cher, 

Hourier  Eloy,  administrateur  du  Pry 
tanée  français  ;  tue  Sainl-lÉ'lorentiq, 


3o 

48 
5o 
«4 

«4 
94 

«4 

H 
48 
«4 
«4 

H 
«4 

«4 
«4 
aS 
»i 
«4 

«4 
34 

i3 

aS 

H 


36 


De  l'autre  part......  i5,ii3 

Laforest,  commissaire  du  gouverne- 
ment près  l'administr.  des  postes  ,  36 

Le  préfet  du  département  de  îaMarne 

à  Châlons,  «4 

Fontaine-Cramaves,  propriétaire,  dé- 
partement de  Seine-et-Marne  ,  «4 

Chapuis  ,  quartier  -  maître  ,  trésorier 
de  la  II'  demi-brigade  d'infanterie 
légère  à  Bruges  ,  '4 

Gleze  ,    commissaire  des   guerres    à 

Strasbourg ,  24 

Les  neuf  employés   au  bureau  des 

fonds  arriérés  de  la  guerre ,  36  \ 

Chameau,  adjudant  -  général ,  com- 
mandant la  place  de  Rotterdam  ,  «4 

Bodard,  chargé  d'affaires  de  la  ré- 
publique française  à  Gênes ,  rue  du 
Montblanc  .!  n"  53  ,  «4 

Vanieville  ,  administrateur   des    do- 

^  .  oiainesL  nationaux  et-de  l^rwegis- 

treraent  ,  S4 

Huguet ,  tribun ,  rue  des  Bourdonnais,  «4 

Borie  ,  préfet  du  département  d'Ille- 
et.'Vilaine ,  «4 

Lemoyne  ,  architecte  ,  rue  Colbert , 

n»  s83 ,  84 

Lacoste,  administrateur  des  domaines 

nationaux  et  de  l'enregistrement ,  «4 

Brocq,  directeur  de  l'école  de  bou- 
langerie ,  ancien  membre  de  la 
société  d'agriculture  de  Paris  ,  an- 
cien inspecteur-général  ,  adminis- 
trateur et  raunitionnaire  des  subsis- 
tances et  approifisionnemens  civils 
de  la  guerre  et  de  la  marine  ,  S4 

Le  général  de  division  Gilot .  com- 
mandant la  4'  division  militaire  à 
Nancy  ,  5o 

Camus,  membre  de  l'institut  national, 
garde  des  archivés  de  la  république 
française  ,  *4 

Les  chefs  et  employés  de  la  division 
des  relations  commerciales  du  mi- 
nistère des  relations  extérieures  ,  7* 

Le  général  d'Azemar  ,  de  la  Route  , 

département  de   l'Ardêche  ,  36 

L'adjudant  -  général     Ducamet  ,    de 

Condom  ,  département   du  Gers,  24 

Le  général  de  brigade  Monet ,  attaché 
à  la  M*  division  militaire  à  Bor- 
deaux ,  3o 

Trois  amis,  7» 

Eiou  ,    préfet   du    déparlement   du 

Cantal  ,  «4 

Buniva ,  professeur  de  médecine  de 

l'université  nationale  de   Turin  ,  5 

Demissy  ,  à  la  Rochelle  ,  «4 

Le  général  de  br'igade  Bertin  ,  ins- 
pecteur -  général  des  remontes  ,  a 
Sampigny ,  départ,  de  la  Meuse  ,  «4 

Les   chefs  ,  contrôleurs  et  employés 

des  caisses  des  envois  de  la  poste  ,  66 

Godefroy  ,  «4 

Joubert  ,  préfet   du  département  du 

Nord,  à  bouay  ,  24 

Gauthier ,  secrétaire  -  général  de  la 
préfecture  du  départementduNord, 
à  Douay  ,  24 

Regardin  ,  commissaire  de  la  comp- 
tabilité nationale  ,  rue  du  Théâtre- 
Français  ,  24 

Sanlot ,  commissaire  de  la  compta- 

biUté   nationale ,  tue  Lepelletier  ,  34 

Saucourt,  commissaire  de  la  comp- 
tabilité uationale  ,  rue  du  Théâtre- 
Français  ,  S4 

Brieré  de  Surgy  ,  commissaire  de  la 
comptabilité  nationale,  rue  de  Gra- 
sront ,  *4 


I2â2 

Ci-contre 

Goustard  ,  commissaire  de  la  comp- 
tabilité notionale  ,  quai  Malaquai^  , 

.Colliat  ,  commissaire  de  la  comptabi- 
lité nationale,  rue  Guenégaud , 

Perrier  de  Trememont  ,  vérificateur 
de  la  comptabilité  nationale  ,  rue 
des   Fossés-Saint-Germain  , 

Le  général  de  brigade  Siscé  qui  ,  a 
servi  dans  le  régiment  de  Bretagne 
avec  Desaix , 

Cuviller-Fleury  ,  chef  du  cabinet  10- 
pographique  du  premier  consul , 
au  Palais  du  gouvernement  , 

Naihan  Haley  ,  lieutenant  de  vais- 
seau ,  rue  de  l'Université  ,  n"  giS  . 

Pierre  Desraousseaux  ,  tue  Notre- 
Dame-des-'Vicioires  ,   n°'  7  et  75, 

Villeneuve  de  Ljon  ,  invalide  de  la 

république  , 
"J.C:  Chevalier,  rue  Basse  du  Rempart, 

Lebrun  ,  peintre  ,  commissaire  expert 
du  Musée  central  des  arts  , 

Hyppolite  Leprêtre,  rue  Neuve  -des 
Mathurins  , 

JVomj  des  citoyens  français  résidant  à 
Hambourg  et  à  Altona  ,  qui  ont 
souscrits. 

Louis  Olivier ,  ingénieur  de  la  marine , 

Vital  Davi , 

François  Bailli  , 

Marron  , 

Clermont , 

Ramville  , 

Poriio  , 

Deherain  , 

Dietrich  ,  agent  de  la  république  , 

Ramé  , 


16,092 

84 

s4 


«4 


5o 


«4 

24 

H 

»4 
«4 

«4 

«4 


«4 
«4 
24 
«4 

S4 
«4 
«4 
«4 

24 
24 


Total 


16,578    5o 


Déduction  à  faire  pour  l'exactitude  du 
compte. 
Dans  la  seconde  liste  ,  on  a  porté 
Crillon,  colonel  du  régiment  de  Bre- 
tagne ,  24  fr-  ,  et  Crillon  ,  capitaine 
audit  régiment  ,  48  fr.  Comme  il  n'y 
a  eu  que  Crillon  ,  ancien  colonel  au 
régiment  de  Bretagne ,  qui  ait  souscrit 
pour  48  fr.  ,  il  convient  de  retrancher 
les  24  fr.   ci 


24 


16. 


Total  des  souscript.  jusqu'à  ce  jour     16, 554    ^o 

Les  souscripteurs  sont  prévenus  que  rassemblée , 
pour  nommer  les  neuf  personnes  qui  doivent  com- 
poser le  comité  chargé  de  pernvoir  le  montant  des 
souscriptions  et  de  l  exécution  du  monument  ,  se 
tiendra  le  7  thermidor  prochain  ,  à  cinq  heures 
du  soir  ,  dans  la  grande  salit  du  citoyen  Lebrun  , 
rue  de  Cléry. 

JV.  J3.  Plusieurs  personnes  ont  bien  voulu 
offrir  un  local  pour  tenir  l'assemblée  ,  entre 
autres  le  préfet  du  département  de  la  Seine  ,  le 
préfet  de  police  de  Paris  et  le  citoyen  Lebrun. 

On  continue  de  recevoir  les  souscriptions  : 

Au  bureau  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins. 

Au  Lycée  républicain,  passage  du  Lycée  ,  près 
le  tribunal.  ,    ,     „    . 

Au  bureau  du  Journal  de  Pans  ,  rue  Jean- 
Jacques  Rousseau.  ,    ,    t    ■ 

Au  cercle  des  négocians  ,  rue  de  la  Loi ,  près  le 
Boulevard.  ^ 

ERRATUM. 
Troisième  liste  ,  au  lieu  de  Passay ,  ingénieur 
des  ponts  et  chaussées  ;  —  lisez  :  Panay  ,  ingénieur 
des  ponts  et  chaussées. 

Société  pour  l'inoculation  de  la  vaccine. 
Le  comité  médical  chargé  de  suivre  les  expé- 
riences de   la  vaccine  ,   a   successivement  rendu 

compte    de   ses   essais.  Les  résultats   qu'il   en  a 

lOgs  '  obtenus  lui    paraissant  suffisamment   variés ,   il 


croit  devoir  interrompre  «n  ce  mornent  ses 
expériences  ,  pour  s'occuper  de  l'épreuve  défi- 
nitive qui  doit  les  confirmer,  et  consater  si  ce 
moyen  est  un  préservatif  assuré  de  la  petite 
vérole.  Le  comité  prend  à  cet  égard  des  me- 
sures pour  soumettre  à  l'inoculation  ordinaire 
les  enfans  qui  ont  été  inoculés  avec  la  vaccine. 
Le  comité  indiquera  le  moment  précis  ,  et  le 
lieu  où  cette  inoculation  sera  pratiquée  ,  aussitôt 
que  l'un  et  l'autre  auront  été  déterminés. 
Pour  le   comité  , 

Signé,  Thouret. 


Au  Rédacteur. 

Ânnonai   (  Ardeche  )  le  28  messidor  an  8. 
Citoyen, 

J'ai  pensé  que  l'anecdote  suivante,  ne  dé- 
parerait pas  le  Moniteur  :  elle  témoigne  l'inutilité 
des  descentes  que  les  anglais  tentent  sur  nos 
côtes ,  et  leur  habitude  à  soudoyer  les  puissances 
avec  lesquelles  nous  sommes  en  guerre. 

«<  Le  roi  de  Prusse,  en  parlant  à  monsieur 
>7  Mitchel  ,  ministre  d  Angleterre  ,  de  la  belle 
n  entreprise  de  la  flotte  anglais*  sur  nos  côtes  , 
»»  (  I  )  lui  dit  :  Eh  bien  !  que  faites  vous  à  pré- 
)»  sent  ?  nous  laissons  faire  Dieu  ,  réportdil , 
>t  Mitchel  ,  je  ne  vous  connaissais  pas  cet  allié  , 
>>  dit  le  roi  ;  c'est  le  seul  à  qui  nous  ne 
>>  payons  pas  de  subsides  ,  répliqua  Mitchel  ^ 
Il  aussi ,  dit  le  roi ,  c'est  le  seul  qui  ne  vous 
Il  assiste  pas.  11 

(Extrait  d'une  lettre  de  Voltaire  du  5  de  janvier 
i"57,  tome  73  de  la  collection  de  ses  Œu-ûres 
page  69  de  l'édition  in-n  ,  de  Beaumarchais.) 

Je  vous  prie ,  citoyen ,  d'insérer  cet  article 
dans  l'un  de  vos  plus  prochains  numéros. 

Un  de  vos  plus  anciens  abonnés. 

LIVRES    DIVERS. 

Gay's  Fables  ,  in  -  18  ,  papier  fin  ,  broché  , 
90  renlimes. 

Les  mêmes ,  grand  papier  vélin  ,  broclié , 
4  fr.    20  cent. 

Ce  volume  bien  imprimé  ,  d'un  caractère  ami 
de  l'œil ,  se  vend  chez  Rcnouard  ,  libraire  ,  rue 
Saint-André-des  Arts  ,  n".  42  ,  et  fait  suite  aux 
aux  stéréotipes  ,  dont  on  trouve  la  collection- 
complette  chez  le  même  libraire. 


Bourse  du  4  thermidor.  —  Effets  publics. 

Rente  provisoire q3  fr.  25  c. 

Tiers  consolidé 33  fr.  88  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  55  c. 

Bons  d'arréragé. ....    88  tr.  25  C. 

Bons  pour  l'an  8 .  85  fr.  38  c. 

Syndicat ,. 67  fr.    s5 

Coupures .',67  fr.  «5  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  REPUBuqtjF.  et  des  Arts. 
Auj.  la  i"^'  repr.  de  Praxitelte  ou  ta  Ceinture,  opéra 
en  un  acte  ,  précédé  d'Iphigénie  en  Tauride. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  Revancht 
forcée  ;  Scarvon  et   Comment  faire  ? 

Théâtre  du  Marais,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  Femme  juge  et  partie ,  suivie  de  la  i"  repr. 
de  Millecrac  .  vaudeville  en  un  acte. 


Errata. 

N"  3o4  ,  7«  colonne  .  42'  ligne  ,  au-lieu  dé 
seulement  ,  lisez!  sûrement.  52*  ligne,  au-lieu  de 
s'y  oppose  ,  lisez  :  s'y  opposa.  54'  ligne  ,  au-lieu 
de  la   constitution,  /wez  ;  la  contestation. 

8'  Colonne,  au-lieu  de  l'unique  expression , 
lisez:  l'expression    littérale. 

9'  Colonne  ,  5'  alinéa  ,  10'  ligne  ;  au-lieu  de 
les  lois  ,  lisez  :àts  lois.  —  6' alinéa  ,  au  lieu  de 
ordonna  ,  lisez:  ordonne. 

7"^  ahnea  ,  au  lieu  de  :  applique  ,  lisez  :  appli- 
qua. —  10'  colonne  .  2°  alinéa  ,  au  lieu  de  pré- 
fixaient ,  lisez  :  préfinissaient.  —  7'  alinéa  ,  après  i 
il  faut  avouer  ,  ajoutez  :  ensuite. 

(i  )  Elle  avait  échoué. 


rabonacmen.  .e  Tait  à  ft.ris ,  rue  de,  Poitevin.,  n«  tS.  L.  prix  .«  de  «S  f.«c,  pourtrôis  moi, ,  5o  franc,  pour  6  mois ,  et  .00  fr.ucs  pour  Vannée  entière.  On  ne.'abonne 
«tt'au  commencement  de  ehiqu*  mois. 

„f...adre,.erle.lear«.tlVïe«t,franedeport,«ci..Ac*s..,p„pri.tairedecejour„,l,.nede,Poi.evin,,n..8.Ilfautcompre^ 

•«y,  où  VOQ  ne  peutaffran.hir.  Le.  lettre,  d»  département  non  affranchie.  ,  ne  .etont  point  retirée,  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  ..in  .  pou.  plu,  de  .ùre.é,  de  eh.rger  eelle,  qui  renferment  de.  valeur. .  et  adresser  tout  ce  qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  .  a»  rédacteur .  me  der 
î«itevin.  ,  n*  iS  ,  depui  .neuf  beure.  du  matin  jusqu'àcinq  heure,  du  soir. 


A  Pari»  ,  de riinpriai«rie  du  sit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  rfi  i3. 


^--G4^ETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  3o6. 


Sextidi  ,  6  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  uni  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  noi  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le.  M  O  N  I  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
II  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemen: ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
J'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ALLEMAGNE. 

Copie    de   la    convention 

eiUre  les  généraux  en  chef  des  armées  françaises 
(l  impériale  en  Àliemagne  ^  concernant  un  armis- 
tice entre  les   deux  armées. 

Victor  F.  Laliorie  ,  général  de  brigade  à 
l'armée  du  Rhin  et  le  comte  de  Dietrichtein  , 
général-major  à  l'arraée  impériale  en  Allemagne, 
chargés  l'un  et  l'autre  des  pouvoirs  spéciaux 
des  généraux  en  chef  des  deux  armées  respec- 
tives pour  signer  les  conveniions  relatives  à  un  ar- 
mistice enir'eiles,  ont  arrêté  ce  qui  suit  : 
Article    premier. 

II  y  aura  armistice  et  suspension  d'hostilités 
«ntre  l'armée  de  sa  majesté  impériale  et  royale 
«l  de  ses  alliés  dans  l'empire  germanique  ,  en 
Allemagne,  Suisse  ,  Tyrol  et  Grisons,  et  l'armée 
de  la  république  française  dans  Crs  pays;  et 
la  reprise  des  hostilités  devra  être  précédée  d'un 
avertissement  de  douze  jours  compiés  de  l'heure 
on  la  ratification  en  sera  parvenue  au  quartier- 
général  de  l'armée    opposée. 

II.  L'armée  française  occupera  tout  le  pays 
compris  dans  une  ligne  de  démarcation  qui  par- 
tant df  la  rive  droile  du  Rhin  à  Balzers  ,  longe 
le  territoire  des  grisons  jusqu  à  la  source  ds 
rill  ,  dont  elle  embrasse  toute  la  vallée  ,  arrive 
à  la  source  du  Lech,  en  suivant  la  crête  de 
l'Arlbcrg  ,  descend  jusqu'à  Jienli  ,  en  suivant 
la  rive  gauche  du  Lech  ,  ainsi  que  la  rive  droile, 
dans  les  points  seulement  où  la  route  passe  d'une 
tive  à  l'autre  ,  laissant  l'armée  autrichienne  en 
possession  des  débouchés  qui  arrivent  à  la  rive 
droile ,  embrasse  Reiili  .  passe  le  Seepach  à 
Breitenwang,  longe  la  rive  septentrionale  du  lac 
qui  fournit  les  eaux  au  Seepach  ,  remonte  la 
gauche  de  lEngihaljusqu'àla  source  de  l'Ammer, 
retombesurles  frontières  ducomté  de  Werdenfels, 
qu'elle  suit  sur  la  Loisuck  sur  la  rive  gauche  de 
laquelle  elle  se  prolonge  jusqu'au  Cochsee  , 
qu'elle  traverse  pour  arriver  à  Walckensee  ,  oti 
elle  passe  le  lac  de  ce  nom  ,  longe  la  rive  sep- 
tentrionale du  Jacknay  jusqu'à  son  confluent 
dans  User  ,  qu'elle  passe  et  se  dirige  sur  la 
Weisacb  à  Reiteu  ,  tourne  le  Tcgensee  ,  tra- 
verse à  Gemendt  la  Manquald  ,  dont  elle  suit 
la  rive  gauche  jusqu  à  Fallay,  oii  elle  prend  la 
direction  d  Oblans  ,  passe  à  Miinster ,  Grais -, 
Clan  ,  Zenenberg  ,  OstrendorfF  ,  Mosach  , 
Alxing,  Telgfing  ,  Kofl'en  ,  Graffing  ,  Exing  , 
Ebersperg  ,  Malsklrch  ,  Hohenlenden  ,  Krama- 
cher  ,  Weiing  ,  Teiine  ,  Haidberg  ;  de-là  à  Isen  , 
•  Penzinof  ,  Sieplembach  ,  en  suivant  l'Isen  jusqu'à 
Fusiern  ,  de-là  à  LendorfF  où  elle  se  dirige  vers 
la  source  de  la  Wils  .  qu'elle  descend  sur  la  rive 
gauche  jusqu'à  Vilsbibourg  où  elle  passe  celte 
ïiviere,  se  dirige  sur  Binabibourg  ,  suit  la  route 
de  1  Aina  jusqu  àBurnaich,  passe  àSemenshausen, 
arrive'à  la  source  de  la  Kclpach  qu'elle  descend 
sur  la  rive  gauche  jusqu  à  son  confluent  dans  la 
■Wils  ,  et  la  gauche  de  la  Wils  justiuà  son  em- 
bouchure dans  le  Danube  ,  remonte  la  rive  droile 
de  ce  fleuve  jusqu  à  Kelhaim  où  elle  le  passe 
■pour  longer  la  rive  droite  de  l'Aihmulh  jusiju'à 
Pappenheim  où  elle  prend  la  route  de  Vcissem- 
bourg  pour  arriver  à  la  Reidnitz  dont  elle  suit 
la  rive  gauche  jusqu'à  son  confluent  dans  le  Mein  , 
qu'elle  descend  aussi  sur  sa  rive  gauche  jusqu'à 
ion  embouchure. 

La  ligne  de  démarcation  sur  la  droile  dii 
IWein  ,  entre  ce  fleuve  et  Dusseldoiff,  ne  pourra 
devant  Mayence.  être  plus  rapprochée  de  cette 
place  que  la  Nidda -,  et  dans  la  supposition  que 
les  troupes  françaises  auraient  lait  des  mouve- 
mens  dans  celte  partie  ,  elles  conserveront  ou  re- 
prendront pour  ligne  celle  qu'elles  se  trouveront 
occuper  anjourdkui  ,    26    messidor   (  i5    juillet 

m.  L'armée  impériale  occupera  le  haut  et  bas 
Ingadein  ,  c'cst-à-dirc  .  la  partie  des  grisons  dont 
les  eaux  versent  dans  l  Iii'i  ,  et  la  vallée  de  Sainte- 
Marie  dont  le»  eaux  versent  dans  l'A  dige. 

La  ligne  de  dcrnarcalion  de  l'armée  française 
•asicra  de  Balzers  au  lac  de  Corne  par  la  roule  de 
Coire  .  Tubis,  le  Spla;j;en  et  Cliiavena.  Le  Lucins- 
teig  csi  comi.iisdan»  cctie  ligne. 

La  partit  du  leniioire  de«  grisons  comprise  entre 
celle  ligne  et  Hiigadein  sera  évacuée  et  testera 
neutre  entre  les  deux  armées. 


Ce  pays  conservera  d'ailleurs  la  forme  de  son 
gouvernement. 

IV.  Les  places  comprises  dans  la  ligne  de  dé- 
marcation qui  se  trouvent  encore  occupées  par  les 
troupes  impériales  ,  resteront  sous  tous  les  rap- 
ports dans  le  même  état,  lequel  sera  constaté  par 
des  délégués  nommés  à  cet  effet  par  les  généraux 
en  chef  des  deux  armées.  Il  ne  sera  rien  ajouté  à 
leurs  moyens  de  défense  ,  et  elles  ne  pourront 
gêner  la  libre  navigation  des  rivières  et  des  com- 
munications qiû  passeraient  sous  leur  commande- 
ment ,  lequel  est  fixé  à  deux  mille  loises  du  rayon 
du  corps  de  la  place.  Leurs  approvisionnemens 
ne  pourront  être  renouvelles  que  tous  les  dix  jours 
et  dans  la  proportion  de  la  consommation  réglée  ; 
ils  ne  seront  point  pris  dans  l'arrondissement  des 
pays  occupés  par  l'armée  française,  qui  de  son 
côté  ne  pourra  en  contrarier  l'arrivée. 

V.  Le  général  en  chef  de  l'armée  impériale 
pourra  envoyer  un  officier  dans  chacune  de  ces 
places  pour  instruire  les  commandans  de  la  con- 
duite qu'ils  ont  à  tenir  d'apiès  l'ariicle  ci-dessus. 

VI. Il  n'y  aura  de  ponts  sur  les  rivières  qui  sépa- 
reront les  deux  armées  que  lorsqu  elles  seront  tra- 
versées par  la  démarcation  ,  et  alors  seulement  en 
arrière  de  cette  ligne,  sauf  les  arrangcmeRS  parti- 
culiers qui  ,  par  la  suite,  pourraient  être  jugés  né- 
cessaires ,  soit  pour  les  bcisoins  dçs  armées  res- 
pectives ,  soit  pour  ceux  du  commerce.  Les  géné- 
raux en  chef  des  deux  armées  .^'entendront  sur  ces 
objets. 

Vu.  Par-tout  on  des  rivières  navigables  sépa- 
reront les  deux  armées  ,  la  Bayigaiion  soii  pour 
elles  ,  soit  pour  le  pays  ,  ne  sera  empêchée  par 
aucune  des  deux  ;  et  là  où  des  chaussées  fe- 
raient la  démarcation  ,  elles  serviront  aux  deux 
armées  pour  la  commodité  de  leurs  transports 
durant  l'armistice. 

VIII.  La  poriion  du  territoire  de  l'empire  et 
des  états  de  sa  majesté  impériale  ,  compris  dans 
la  ligne  de  démarcation  de  l'aimée  française  , 
est  mise  sous  la  sauve-garde  de  sa  loyauté  pour 
le  mainiien  des  propriétés  et  des  formes  actuelles 
du  gouvernement  des  peuples.  Les  habitans  de 
ce.pays  ne  seront  point  rechet<;hés  pour  raison, 
de  services  rendus  à  l'armée  impériale  ,  ni  pour 
opinions  poliiiques  ,  ni  pour  avoir  pris  une  part 
aciive  à  cette  guerre. 

IX.  Cette  convention  sera  envoyée  avec  célé- 
riié  à  tous  les  commandans  des  corps  de  troupes 
des  deux  armées  .  afin  que  ,  non-seulement  les 
hosiilités  soient  aussitôt  suspendues  ,  mais  que 
la  mise  à  exécution  puisse  être  commencée  im- 
médiatement et  finir  au  terrne  absolument  néces- 
saire ,  eu  égard  aux  distances.  Des  officiers  d'élat- 
major  seront  particulièrement  chargés  respecti- 
vement de  déterminer  sur  le  terrein  la  démar- 
cation des  limites  pour  les  points  où  leur  fixation 
laisserait   quelqu'équivoque.  -    - 

X.  Il  n'y  aura  point  de  communication  entre 
les   avant-postes  des  deux  armées. 

Fait  double  à  Larsdorf ,  le  26  messidor  an  8 
de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 
(  i5  juillet   1800.  ) 

Signé  ,  le  général  de  brigade ,  V.-  F.  Lahorie  ; 
le  général-major  ,  ingénieur.,  au  service  de  sa 
majesté  impériale:  et  royale  ,  .le  comte  de 
Dietrichtein.  ,  , 

Pour  copie  conforme  , 
Le  général  de  division  ,  chef  de  Cétat-major , 
Signé ,  Dessolles. 

ANGLETERRE. 

Extrait  du  Courier  de  Londres  ,  du  mardi  i5  juillet 
(  26  messidor.  ) 
Vendredi  au  soir  un  homme  ,  que  l'on  dit 
lunatique,  se  rendit  au  palais  de  Sain(-James  ;  il 
ehercha  à  pénétrer  jusque  dans  lajSalle  où  S. M. 
tient  ordinairement  son  lever.  L'air  égaré  de  cet 
individu  le  fit  remarquer;  on  le  fil  sortir.  Il  repa- 
rut une  seconde  fois  dans  le  palais  quelque  tems 
après.  On  larrêia  ,  il  était  muni  d'un  poignard. 
Dans  son  interrogatoire  il  a  dit  se  nommer  John 
England,  maître  de  dessin.  A  la  question  qu'on 
lui  ht  de  ce  qu'il  prétendait  faire  en  allant  au  roi 
avec  un  poignard  ,  il  répondit  qu'il  agissait  par 
l'impulsion  de  l'esprit  public,  mais  que  le  mo- 
meni  n'était  pas  venu  de  s'expliquer  davantage. 
Il  a  éié  mis  en  arrestation  jusqu  à  nouvel  examen. 
Voilà  la  4*^  leiuative  faite  par  Ues  lunatiques ,  pour 
péiiéirer  jusqu'au  roi,  depuis  l'attentat  commit 
piir  Hadheld. 


Entrait  d'une  lettre  de  Constantinople ,  le  i3  mai. 
(  ïijloréai.) 

Il  est  difficile  de  découvrir  la  vérité  dans  les 
rapports  que  la  Porte  reçoit  dEgypie.  Ils  sont 
toujours  méconnaissables  par  l'exagéraiion  gigan- 
tesque des  succès,  ou  par  le  voile  qui  couvie  le» 
revers.  L'ignorance  des  déiails  militaires,  les  re- 
pentions et  l'omission  constante  ajoutent  encoiç 
à  la  confusion.  On  ne  pouvait  voir  dans  ces 
rapports  slilés  à  l'orientale,  et  les  seuisqui  fussent 
jusqu  à  piésent  parvenus  ,  que  la  déroule  com- 
pleite  du  visir,  conduit  d'un  seul  borld  des  envi- 
rons du  Caire  à  Gaza  ,  avec  2  ou  3oo  guerriers  , 
dont  les  coursiers  ont  secondé  le  terrible  élan. 
Mais  enfin  des  relations  tirées  de  bonnes  sources , 
viennent  éclaircir  les  faits  qu  on  ne  pouvait  fouil- 
ler dans  ce  chaos. 

La  convention  dEl'Arisch,  la  plus  heureuse 
occurence  que  pouvait  espérer  le  visir,  à  la  têie 
d'une  armée  qui  ne  promettait  rien  pour  sa 
gloire  ,  était  suivie  dans  son  exécution  par  la 
Porte  avec,  une  activité  qui  monirait  beaucoup 
plus  dénergie  de  la  part  du  gouvernement  i.our 
voilurer  les  français  que'  pour  les  combailre. 
Déjà  les  vaisseaux  de  transport  cinglaient  vers 
l'Egypte  et  se  succédaient  .  lorsqu'un  ordre  de 
l'amiral  Kirith  vint  suspendre  ou  pluiôt  annuller 
les  clauses  de  la  capiiulaiion  ,  par  I  injonction  au 
Commodore  Sidney  Smith  de  reprendre  le  bio- 
cus  des  poris  de  la  coie  e:  d'en  iniercepier  les 
communications.  Cer  ordre  inaitendu  n  avait  pas 
détruit  tout  espoir  d  accomraodemeni.  Le  générai  « 
Kleber  paraissait  d  accord  avec  le  viait  pour 
éviter  l'effusion  du  sang  ,  et  chercher  ,  par  de 
nouvelles  négociations  ,  à  mainienii  piovisoire- 
ment  l'armistice,  jusqu'à  des  explications  de  la 
cour  de  Londres  ,  dont  le  visir  se  promeiiau  un 
résultat  fevorable.  Kléber  proposa  la  coniinua- 
Uon  des  subsides  accordés  par  1  article  II  ;  il  pro- 
posa aussi  celle  ded'article  relatif  aux  provisions. 
Tout  cela  fut  copsenli;  rnais  la  possession  de 
la  citadelle  du  Caire  ,  sut  laquelle  le  général 
français  insistait  comme  une  garantie  des  deux 
premiers  articles  ,  lui  fut  refusée  ,  et  on  persista 
à 'ne  vouloir  entendre  qu'à  l'unique  occupation 
de  la  rive  occidentale  du  Nil.  Dans  cet  élal  de 
chose ,  Kléber  tint  Un  conseil  de  guerre  ,  dont  le 
résultat  fut  la  reprise  des  hostilités,  annoncée 
le  17  mars  ,  par  ce  général  à  son  armée  ,  et  le 
lendemain  au  camp  du  grand-visir. 

Le  20  dès  la  pointe  du  jour,  les-  troupe» 
républicaines  s'ébranlèrent  et  firent  jouer  leur 
artillerie  sur  les  avant-postes  t'urcs  ,  qui  Se 
trouvaient  à  Malurra. 

Le  grand-visir  après  avoir  fait  à  la  lête  de  sa 
maison  ,  d'inutiles  efforts  pour  rallier  les  fuyards, 
fut  obligé  de  se  retirer  dans  son  camp  <  où  il 
laissa  avancer  l'armée  française,  qui  venait  sur 
deux  lignes  obliques  pour  lui  couper  la  retraite  , 
jusqu'à  un'  mille  de  lui.  Averti  du  danger  qui 
le  menaçait  ,  il  abandonna  sa  tente  et  son  sopha  , 
pour  prendre  la  fuite,  qui  fut  le  signal  de  la 
déroute  générale.  Une  partie  du  camp  et  ig 
canons  restèrent  au  pouvoir  de  l'ennemi.  La 
perte  des  français  n'a  pu  être  qu'extrêmement 
légère  ,  puisqu  ils  n'ont  point  rencontré  de  résis-. 
tance  ,  tandis  que  les  turcs  avouent  eux-mêmes 
8000  moris  resiés  sur  la  place,  sans  y  comprendre 
le  nombre  bien  plus  considérable  encore  que 
le  désert  a  dévorés.  Jamais  la  lâcheté  n'a  subi 
d'épreuve  comparable  à  celle-ci.  L  irréflexion 
paraît  sur-tout  irappanle  ,  lorsqu'on  pense  que 
les  fuyards  ont  mieux  aimé  s'engager  dans  des 
sables,  qui  les  enlevaient  à  toute,  espèce  d'es- 
pérance, que  de  se  retirer  dans  le  camp  retranché 
de  Salahié  ,  dont  la  position  extrêmement  forte 
leur   fournissait  un   point   de  ralliement. 

Au  commencement  de  l'action  ,  Nazour  pacha 
elMourad-bey  pénétrèrent  au  Caire  ,  firent  main- 
basse  sur  les  grecs  et  les  cophtes  ,  et  massacrèrent 
quelques  français  dans  l'hôpital  ;  cette  prouesse 
ne  peut  aboulir  qu'à  aliéner  davantage  les  chré- 
Uens  contre  les  turcs  ,  puisque  Kleber  ,  ayant 
conservé  la  citadelle  du  Caire  ,  peut  non-scuU- 
ment  foudroyer  cette  ville  ,  mais  la  forcer ,  quand 
il  voudra  ,  par  famine.  La  déroule  du  grand-visir 
a  très-certainement  fortifié  la  position  des  français. 
On  peut  assurer  de  plus  ,  que  les  tribus  arabes 
leur  sont  absolument  dévouées  ,  et  que  ceux-ci 
s'occupent  à  travailler  les  mamelucks  et  à  les  dé- 
tacher d'une  cause  ,  où  il  leur  font  entrevoir  ia 
dissolution  de  leur  milice. 


La  déroute  du  visir  n'a  pas'  besoin  ,  pour  dé-  i  M .  Pitt  ré\iond  que  ce  tTaué  n'aèté  conclu  dans 
terminer  leclalanie  solution  des  movcns  de  cet  sa  forme  acuielle  que  irès-récemment ,  mais  les 
empire  ,  de  la  lactique  et  de  la  discipline  de  ses  \  bases  en  furent  posées  dès  le  printems  ,  peu  de 
armées  ,  d'être  jointe  à  la  honteuse  ta.blesse  de  1  tems  après  que  S.  M.  eut  informe  le  parlement  , 
la  Porte  ,  qui  a  presque  laissé  bloquer  cette  mé-  l  au  moyeii  d'un  message  ,  des  engagemens  quelle 
une   troupe   de  bandits,    sans   que  I  avait  contractés  envers  l'électeur -de  Bavière. 


tropole   par 

12,000  hommes  aient  pu  les  entamer.  Et  il  s  est 
trouvé  des  hommes ,  dont  les  intrigues  et  la  basse 
jalousie  ,  ont  fouillé  dans  tous  les  replis  de  la 
haine  pour  attaquer  la  gloire  du  commodoreSidney 
Smith.  Ne  pouvant  le  chercher  au  milieu  des 
décombres  de  la  forteresse  d'Acre  ,  qu'il  a  dé- 
fendue et  sauvée  avec  de  si  faibles  ressources  , 
ils  l'ont  atteint  dans  ses  négociations.  La  conven- 
tion d'Egypte  couvrait ,  selon  eux  ,  de  son  sceau  , 
la  honte  de  cet  empire  ,  en  accordant  à  une 
poignée  d'hommes  ,  incapables  d'oppo;er  la 
moindre  résistance,  tout  ce  que  le  délire  pouvait 
créer  en  leur  faveur.  La  correspondance  inter- 
ceptée d'Egypte  a  ofFeri  un  grand  triomphe  à  ces 
politiques  envieux  et  raisonneurs.  Q_u  ils  en  jouis- 
sent !  Ils  ont  arraché  les  ordres  expédiés  à  l'amiral 
Keith.  Qu'ils  réparent  donc  aujourd'hui  les  effets 
du  coup  de  massue  qu'ils  ont  provoqué  sur  l'allié 
de  l'Angleterre.  La  révocation  de  ces  ordres  a  eu 
lieu.  Mais  qui  assure  que  les  négociations  se  re- 
noueront ?J ''en  doute  ,  et  je  crains  que  les  chances, 
qui  n'ont  cessé  de  favoriser  l'étoile  de  Bonaparte, 
ne  protègent  encore  les  efforts  qu  il  fera  pour  con- 
server cette  riche  colonie. 

Sir  Sidney  Smith  s'était  conformé  à  l'esprit  que 
la  Porte  avait  manifesté  dès  la  déclaration  de 
la  guei;re  et  qu'elle  avait  énoncé  plus  positive- 
ment dans  sa  proclamation  ,  répandue  avec  pro- 
fusion dans  le  camp  de  Bonaparte  devant  Acre, 
et  depuis  en  Egypte.  La  convention  ne  favo- 
risait donc  ,  pour  ainsi  dire  ,  qu'une  désertion 
oomplettc  selon  le  but  du  gouvernement.  Elle 
sauvait  même  à  la  cour  de  Londres  les  inquié- 
tudes que  lui  inspirait  une  armée  menaçante  pour 
«es  élablissemens  dans  I  Inde  ,  et  à  laquelle  une 
escadre  libre  dans  sa  course ,  comme  celle  qui  s'est 
prom.enée  l'année  dernière  sur  les  deux  mers  , 
aurait  pu  celle  année  porterdes  secours  d  hommes 
et  de  munitions. 

Je  conclus  donc  que  le  Commodore  Sidney 
Smith  a  mieux  prophétisé  que  ses  détracteurs  , 
et  que  ,  connaissant  ,  par  sa  propre  expérience, 
la  juste  mesure  des  forces  et  des  moyens  de 
cet  Emjiire  ,  il  s'est  montré  aussi  bon  négoca- 
teur  que  bon  militaire.  L'évidence  ,  en  terras- 
sant ses  envieux  ,  centuple  sa  gloire. 

Le  départ  d'une  seconde  division  qui  va 
rejoindre  l'escadre  du  càpiian  Pacha,  pour 
combiner  ,  je  ne  sais  quelles  opérations  sur  la 
côie  d  Egypte  ,  est  le  seul  événement  nouveau 
dans   cette  ville. 

Le  ci-devant  chargé  d'affaires  de  la.  républi- 
que française,  le  citoyen  RufiBn ,  enfermé  au 
château  des  Sept-Tours  ,  sollicite  sa  translation 
aux  îles  des  Princes,  où  l'air  est  plus  salubre. 
On  croit  qu'il  pourra  obtenir  l'objet  de  sa 
demande. 

Siance  du  ï5  juillet. 

Le  chancelier  de  l'échiquier  présente  de  la  part 
du  roi  un  message  conçu  dans  les  termes  sui- 
vans  : 

George  roi  , 

Sa  majesté  juge  à  propos  de  mettre  sous  les 
yeux  de  la  chambre  la  copie  d'un  traité  qui  a  été 
signé  à  Vienne  par  le  ministre  de  S.  M.  près 
eetle  cour,  et  par  le  ministre  plénipotentiaire 
de  i^empereur  d  Allemagne  ,  duement  autorisés 
à  cet  effet. 

Sa  majesté  a  ordonné  que  la  ratification  de  ce 
traité  soit  immédiatement  préparée  et  envoyée  à 
'Vienne  ,  pour  y  être  duement  échangée  contre 
celle  de  l'emperenr;  mais  S.  M.  a  cru  qu'à  raison  de 
1  époque  avancée  de  l'année  ,  il  valait  mieux  ne  pas 
différer  de  communiquer  au  parlement  lesengage- 
raens  qu'elle  avait  contractés  ,  et  elle  recommande 
à  la  chambre  d'adopter  les  mesures  nécessaires 
pour  les  remplir. 

S.  M.  ne  doute'point  que  la  conduite  du  par- 
lement ne  lui  offre  dans  cette  circonstance  ,  un 
nouvel  exemple  de  cette' bonne  foi  ,  de  cette  ré- 
solution, qui  ont  uniformément  dirigé  les  conseils 
de  ce  pays.  S.  M.  est  persuadée  que  le  parlement 
croira  comme  elle,  que  les  moyens  de  poursuivre 
la  guerre  avec  vigueur,  sont  les  plus  propres  pour 
parvenir  à  une  paix  ,  qui  s'accorde  avec  1  honneur 
et  la  sécurité  de  ce  pays  ,  avec  1  indépendance  et 
la  sûreté  de  lEurope.  G.  R. 

Ordonné  que  le  message  soit,  pris  en  considé- 
ration le  lendemain  dans  un  comité  de  subsides. 
M.   Vitt  présente    la  copie  du   traité  conclu  à 

Vienne    le  20  juin  iSoo. 
.'.    Remis  sur  le  bureau. 

Séarice   du    l6  juillet. 
M.  Piif,  propose  que  ,  conformément  à   l'ordre 

dgi  jour ,  la,  chambre   se    forme  en    comité   des, 

voyes  et  moyens,    ,,  ,.     . 

M.  Tiernty  désire   savoir   à    quelle   époque   le 

nouveau  traité  de  Vienne,  signé  le    so  juin,  fui 

conclu. 


Le  comité   se    forme. 

M.  Pin  fait  l'exposé  du  prociuit  probable  des 
taxes  pendant  les  trois  quartiers  de  l'année  ,  à 
compter  du  Sjuillet  iSoo  au  5  avril  tSoi.  Limpôt 
sur  In  drêcbe  a  éprouvé  dans  le  cours  de  l'année 
présente  un  déficit  ,  provenant  de  la  rareté  de 
l'orge.  Ce  déficit  sera  compensé  dans  l'année 
suivante  ,  si  l'espoir  que  Ion  peut  se  former 
d'une  bonne  récolte  n'est  point  trompé,  La  même 
observation  s'applique  à  1  impôt  sur  les  eauxde- 
vie  d  Ecosse.  M.  Pitt ,  après  avoir  fait  le  détail  de 
ce  qui  manque  pour  les  subsides  de  l'année  , 
piopose  qu  il  soit  accordé  à  S.  M.  "  la  somme  de 
5.900,000  1.  sur  le  produit  du  surplus  des  fonds 
consolidés.  " 

-  M.  Titrney  élevé  quelques  doutes  sur  l'exacti- 
tude des  calculs  du  très-hon.  membre  {  M.  Pitt.  ) 
Celui-ci  les  explique  ,  et  sa  résolution  est  définiti- 
vement adoptée. 

Extrait  d'une  convention  conclue  à  Vienne  le  iojuin 
dernier,  et  communiquée  au  parlement  le  \b  juillet. 

S.  M.  l'empereur  des  romains  ,  roi  de  Hongrie 
et  de  Bohême  ,  et  S.  M.  le  roi  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  ayant  jugé  conforme  aux  intérêts  de 
leur  couronne  et  au  bien  de  la  cause  commune, 
de  concentrer  l'union  de  leurs  efforts  dans  la 
présente  campagne  contre  l'ennemi  commun  ,  le 
baron  de  Thugut ,  grand-croix  de  l'ordre  de  Saint- 
Etienne  ,  etc.  ,  et  le  très-honorable  Gilbert  lord 
Minio  ,  pair  de  la  Grande-Bretagne  ,  etc.  ,  munis 
des  pouvoirs  requis  ,  sont  convenus  des  articles 
suivans : 

S.  M.  britanique  avancera  ,  par  voie  de  prêt ,  à 
S.  M.  l'empereur  ,  la  somme  de  deux  millions 
sterling,  payables  en  trois  parts  égales  les  pre- 
miers jours  de  juillet ,  de  septembre  et  de  décem- 
bre. Pendant  la  durée  de  la  guerre  et  six  mois 
après  la  conclusion  de  la  paix,  S.  M.  l'empereur 
ne  paiera  aucun  intérêt  sur  cette  somme.  Passé 
cette  époque;  S.  M.  l'empereui  remettra  au  gou- 
vernement britannique  ou  à  ses  ayant  cause  ,  des 
rentes  équivalentes  a  inié.iêt  de  la  somme  de  deux 
milions  .  ledit  intérêt  calculé  au  même  taux  que 
celui  de  l'emprunt  fait  par  le  gouvernement  bri- 
tannique dans  l'année  présente.  En  outre  .  S.  M. 
l'emi'ereur  paiera  annuellement,  à  la  Grande- 
Bretagne,  la  somme  de  «o  mille  liv.  sterl.  en 
deux  termes,  Cette  somme  sera  appliquée  à  l'a- 
monissemtnl  de  la  somme  principale  de  deux 
millions. 

Leurs  M.  impériale  et  britannique  s'engagent  à 
poursuivre  la  guerre  Contre  la  république  fran- 
çaise ,  pendant  la  campagne  présente  ,  avec  ioute 
la  vigueur  possible  ,  et  à  employer  à  cet  effet 
tous  leurs  moyens  respectifs  par  terre  et  par 
mer,  en  concertant  leurs  opérations.  S.  M.  l'em- 
pereur aura  soin  de  completter  ses  armées  d'Al- 
lemagne  el  d  Italie  en  proportion  des  pertes 
qu'elles  ont  éprouvées  ,  afin  de  continuer  ,  autant 
que  possible  ,  à  agir  contre  l'ennemi  commun 
avec  le  même  nombre  effectif  d  hommes  dont 
S.  M.  I.  a  fait  confidentiellement  remettre,  au 
commencement  de  la  campagne  ,  l'état  au  gou- 
vernement britannique.  Les  troupes  bavaroises  , 
wurthembergeoises  et  suisses  ,  soldées  par  l'An- 
gleterre ,  seront  à  la  disposition  de  S.  M.  I.  et 
tormeront  partie  de  ses  armées  d'Allemagne.  S. 
M.  britannique  prendra  des  mesures  pour  les 
renforcer  du  plus  grand  nombre  de  uoupes 
allemandes  et  suisses  qu  il  lui  sera  possible  de 
se  procurer. 

Les  parties  contractantes  s,eng:igeTit  à  ne  faire  , 
pendant  la  durée  de  la  présente  convention  , 
aucune  paix  séparée  avec  la  France  ,  sans  le 
consentement  réciproque  del'une  de  l'autre.  Elles 
s'engagent  pareillement  à  ne  point  traiter  avec 
1  ennemi,  et  à  ne  point  en  recevoir  d  ouvertures 
pour  une  paix  particulière  ou  générale  ,  sans  se 
les  communiquer  mutuellement  et  à  agir  dans 
une  parfaite  harmonie. 

La  durée  de  la  présente  convention  est  fixée 
à  un  an  ,  à  compter  depuis  If  i"  mars  i8oo 
jusquà  la  fin  de  février  iSoi.  Dés  que  le  dernier 
lerme  du  subside  aura  été  payé  en  décembre  , 
les  parties  contractantes  enineront  en  explications 
coiifidenlieiles  SiUt.les  mesures  quelles  devront 
adopter  ultérieurement.  Les  ratifications  seront 
échangées  à  Vienne  dans  l'espace  de  six  semai- 
ne; ,  ou  plutôt  si  faire  se  peut. 
Fait  à  Vienne  ,   le  20  juin    i8oo. 

Signé ,   le  baron  de  Thugut.  Minto. 

te    de    cctlc    pie 


A  la  su 
de   Loiidr 


e,  oa    Ut,   daua    le  Courie 
suivantes  : 


C  est  le  20  du  mois  passé  qu'a  été  conclu  à 
Vienne  un  notiveau  traité  de  subside  entre  l'An- 
gleterre et  l  Autriche.  Ce  traité  ,  annoncé  depuis 
plusieurs  mois  au  parlement,  a  été  signé  par 
M.  le  baron  de  Thugut  ,  lorsqu'il  venait  d'ap- 
prendre le  défaite   <iu  général  Ou  le  g,  et  peu- 


dant  que  deseourîers  étaient  en  route  pb'ur  porter 
la  nouvelle  de  la  défaite  encore  plus  désastreuse.. 
de  M.  de  Mél.rs. 

Ce  n'était  donc  point  des  considérations  mi- 
litaires qui  avaient  empêché  de  conclure  plus 
promptement.  Les  ilifficultés  ,  les  retards  tenaient 
à  d  autres  causes.  Par  ce  traité  ,  la  Graiide-Bre- 
lni;ne  s'engage  à  solder  autant  de  loupes  alle- 
mandes et  suisses  qn  elle  pourra  s'en  procurer. 
De  son  côté  ,  1  empeieur  consent  à  rccwoir  deux 
millions  sterling  pour  achever  la  cainpa.^iie  pié- 
senie.  Le  principal  de  celle  som.iie  doit  être 
acquitté  en  paiemens  annuels  de  20,000  liv.  Ainsi, 
le  remboursement  ne  s  achevra  que  'dans  cent 
années  ,  lerme  aucjuel  la  république  française 
ou  les  parties  contractantes  auront  s.iins  doute" 
cessé  d'exister  dans  leur  forme  politique.  Les 
hautes  pariies  se  promettent  mutuellement  de 
combiner  tous  leurs  efforts  contre  l'ennemi 
commun  ,  et  de  ne  négocier  que  de  concert. 
Voilà  donc  la  guerre  à  peu  près  assurée  ju8- 
quau  dernier  février  1801  ,  jour  oii  doit  expirer 
la   convention. 

On  ne  peut  qu'applaudir  ce  reste  de  résistance 
à  des  forces  évidemment  supérieures.  Lès  puis-: 
sauces  auront  au  moins  l'avantage  de  tomber  avec 
grâce  comme  le  gl.idiateur  romain?  on  se. de- 
mande ce  tjuclles  inventeront  ds  plus  habile 
qu'elles  n  aient  déj.î  su  inventer  ?  quels  efforts  plus 
vigoureux  feront-elles  quelles  n'aient  déjà  faits? 
quel  serait  le  résultat  d'un  succès  contre  les  Fran- 
çais, si  on  venait  à  l'obtenir  ?  que  produirait  contre 
l  Autriche  une  seconde  bataille  de  Maringo  ?  les 
chances  ne  sont  pas  égales.  Une  victoire  peut' 
mener  les  français  à  Vienne.  Une  bataille  gagnée 
ne  mènera  point  les  a'itrichiens  à  Paris.  Compte-, 
t-on  encore  sur  les  chouans  ?  Nous  voyons  dan» 
les  relations  officielles  envoyées  à  l'amirauté  que 
les  .mêmes  hommes  qui  recevaient  l'argent  de 
lAngleterre  ,  sont  armés  aujourd'hui  contre  elle. 

Pcnse-t-on  que  les  triomphes  qui  signalent  au 
dehors  le  nouveau  gouvernenienffrancais ,  que 
le  régime  de  doucur  et  d'équiié  qui  s'établit' 
au  dedans,  faciliteront  le  développement  d'une 
insurrection  générale  ?  Q_ue  veut  l'Angleterre  avec 
ses  floues  paradant  les  mers?  l'Autriche  avec  se* 
nouvelles  recrues  qui  sortent  de  la  Bohême  et  de 
la  Hongrie?  Si  l'on  continue  encore  quelques 
mois  la  guerre,  puisqu'il  le  faut  pour  la  dignité, 
qui  ne  voit  que  dés  le  commencement  de  1  hiver, 
la  paix   devient  un  parti  forcé  ? 

INTERIEUR. 

Paris  ,  le  5  thermidor. 

Les  consuls  viennent  d'ordonner  le  cora- 
plettement  de  toutes  les  compagnies  de  grena- 
diers,  la  formation  des  compagnies  d'éclaireurs 
dans  tous  les  corps  qui  sont  dans  l'intérieur  de 
la  république  ,  et  leur  réunion  à  Paris  pour  le 
l5  thermidor.  Cela  formera  un  corps  de  S  mille 
hommes  d'élite  grenadiers  et  éclaiieurs ,  qui  se 
porteront  par-tout  ovi  les  circonstances  pourront 
l'e."ciger. 

—  On  voit  dans  le  Publiciste  ,  que  l'anniversaiie 
du  14  juillet  a  été  célébré  d'une  manière  bril- 
lante par  les  français  résidans  à  Hambourg  et  à 
Alloua.  La  fête  a  éié  donnée  dans  une  salle  par- 
faitement décorée,  sur  les  bords  de  l'Elbe  ,  chez 
un  restaurateur  qui  fut  autrefois  aide-de-câmp 
de  Dumouriez,  Les  ministres  espagnol  et  balave 
y  ont  assisté,  ainsi  que  le  citoyen  Bourgoing, 
ministre  de  la  république  à  Copenhague.  On  y 
a  bu  :  à  la  république  française;  au  18  brumaire; 
aux  armées  françaises;  au  premier  consul  ;  à 
Dcsaix  et  aux  braves  moris  au  champ  d'honneur; 
à  Moreau  ,  Berthier  ,  Massena  et  Kléber  ;  aux 
alliés  de  la  république  ,  à  leurs  ministres  ,  et 
notamment  aux  assisians  à  la  fête  ;  à  la  pais. 
générale  et  à  la  réunion  des  français  ;  au  parti  de 
l'opposition  en  Angleterre  ;  à  une  contribulioa 
volontaire  en  faveur  des  français  malheureux,  dé 
tel  parti  cju  ils  soient.  Ce  vœu  a  été  rempli  sut 
le  champ.  M.  Çomb  ,  frère  du  lord  maire  de 
Londres,  qui  avait  été  admis  dans  l'assemblée,  a 
porté  le  toast  suivant  :  n  Ojie  les  révolutions  ne 
cessent  que  lorsque  le  despotisme  n'existera 
plus. I' 

La  même  journée  a  été  célébrée  par  des  hel- 
vétiens  :  120  habitans  de  Zurich  se  sont  réunis 
dans  un  banquet,  auquel  ils  ont  invité  lofficiec 
français  ,  commandant^  à  Zurich.  Au  repas  ont 
succédé  des  jeux  d'arquebuse, 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT, 

Arrêté  du  5  thermidor  an  8.  > 

Les  consuls  de  la  république  au  ministre  de  la 
manne. 

Les  consuls  n'ont  pu  voir  qu'avec  peine  ,  ci- 
toyen ministre,  que  plusieurs  vaisseaux  de  l'es- 
cadre de  Brest  ont  été  désarmés ,  et  que  ,  dans  ua 
moment  où.  plus  que  jamais,  il  était  essentiel  de 
compléter  1  organisation  de  notre  escadre  ,  oa 
s'est  laissé  décourager  parles  premières  difficultés 
qui  se  sont  présentées. 

C  est  dans  le  moment  oti  la  guerre  continentale 
absorbait  les  principales  resstsurces  de  la  nation  , 


i 


tt  la  principale  aiieniion  du  gouvernement ,  que 
lerainisire  de  ia  maiine  .  les  amiraux  ,  les  ordon- 
naleurs  devaient  redoubler  de  courage  et  sur- 
monter tous  les  obstacles. 

Faites  rechercher  (a  conduite  des  ortlonnateurs 
ou  des  officiers  qui  ont  ordonné  le  désarmement 
desquatre  vaisseaux  qui  ont  quiité  la  rade  et  sont 
entrés  dans  le  poit ,  et  de  ceux  qui  auraient  auto- 
lisé  le  congécUement  des  matelots. Ces  opérations 
n'ont  pas  pu  être  légilimes  sans  un  ordre  spécial 
du  gouvernement. 

Piencz  des  mesures  pour  qu'à  la  fois  ,  sur 
toutes  nos  côtes  ,  on  love  des  j^cns  de  mer  ,  pour 
que  pendant  le  même  tems  l'on  gtée  nos  vais- 
seau.x ,  et  qu'on  les  approvisionne  de  tout  ce 
qui  peut  être  nécessaii^e  à  leur  navigation.  Le 
peuple  français  veut  une  marine  ,  il  le  veut  for- 
tement. Il  fera  tous  les  sacrifices  nécessaires  pour 
que  sa  volonté  soit  remplie. 

Portez  un  coup-dœil  juste  ,  mais  sévère  sur 
vos  bureaux  et  sur  les  diflérentes  branches  de 
l'administration;  il  est  lems  que  les  dilapidations 
finissent.  Renvoyez  ceux  des  individus  qui  dès 
long-tems  ne  sont  que  trop  désignés  par  l'opi- 
nion publique  peur  avoir  participe  à  des  marchés 
frauduleux  ;  puisque  la  loi  ne  peut  pas  les  at- 
teindre, mettons  les  au  moins  dans  l'impuissance 
de  nous  nuire    davantage. 

Dans  le  courant  de  fructidor,  si  les  circons- 
tances le  permettent ,  le  premier  consul  ira  visiter 
l'escadte  de  Brest.  Faites  qu'il  n'ait  alors  que  des 
éloges  à  donner  au  ministre  et  aux  principaux 
agens  du  gouvernement.  Les  consuls  feront  con- 
naître au  peuple  français  les  olliciers,  les  admi- 
nistrateurs qui  l'auront  sefvi  avec  zèle,  et  dési- 
gneront à  1  opinion  publique  ceux  qui  ,  par  une 
coupable  apathie ,  ne  se  seraient  pas  montrés 
(lignes  de  lui. 

Des  récotnpenses  seront  décernées  au  vaisseau 
qui  sera  le  mieux  tenu  et  dont  l'équipage  sera  le 
plus  discipliné. 

Ordonnez  au  général-commandant  l'escadTe  de 
Brest .  ainsi  qu'à  tous  les  généraux  et  capitaines 
de  vaisseaux  ,  de  rester  constamment  à  leur  bord, 
découcher  dans  leur  bâtiment,  et  d  exercer  les 
équipages  avec  une  nouvelle  activité  ;  établissez 
par  un  règlement  des  prix  pour  les  jeunes  ma- 
telots qui  montreront  le  plus  d'activité  ,  et  pour 
les  canoniers  qui  se  distingueraient  dans  le  tir. 
11  ne  doit  pas  se  passer  une  seule  journée  sans 
que  1  on  ait  sur  chaque  vaisseau  fait  l'exercice 
du  canon  à  boulet  .  en  tirant  alternativement 
sur  des  buttes  que  l'on  établirait  sur  ia  côte  et 
sur  des  carcasses  qui  seraient  placées  dans  la 
rade. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état,  signé,   H.  B.  Maret. 
Âulfe  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  au  ministre  de  la 
guerre. 
Les  consuls  sont  instruits  ,  citoyen  ministre  , 
que  le  citoyen  Foissac-Latour  est  de  retour  d'Au- 
triche ,  et  déshonore  en  le  portant  i  habit  de 
soldat  français.  Failes-lui  connaître  qu'il  a  cessé 
d'être  au  service  de  la  république  le  jour  oià  il  a 
lâchement  rendu  la  place  de  Mantoue  ,  et  dé- 
fertdez-lui  expressément  de  porter  aucun  habit 
uniforme.  Sa  conduite  à  Maniouc  est  plus  encore 
du  ressort  de  l'opinion  ijue  des  tribunaux  ;  d  ail- 
leurs I  intention  du  gouvernement  est  de  ne  plus 
entendre  parler  de  ce  siège  honteux  ,  cjui  sera 
long-tems  une  tache  pour  nos  armes.  Le  citoyen 
Foi.'sac-Laiour  trouvera  dans  le  mépris  public  la 
plus  grande  punition  que  Ion  puisse  infliger  à 
un   français. 

Le  premier  consul  ,  signé  ^  Boxaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Li  secrétaire-d'élat  ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


MINISTEKE   DE   LA   GUERRE. 

Suite  du  rapport  général  des  opérations  de  l  armée 
du  Kkih.  —  Au  quartier  -général  de  Munich 
te  24  messidor  an  8. 

Du  9  au  20   messidor. 

Après  le  combat  de  Neubourg  .  l'ennemi  se 
»etira  sur  Ingolsiadl  par  les  deux  rives  d\\  Danube. 
Cette  place  lone  servant  d'appui  à  une  de  ses 
aîlcs  ,  il  pouvait  s  étendre  sur  la  rive  gauche  du 
Danube  ,  ou  passer  en  entiei"  ce  fleuve  et  llser  , 
pour  regagner  la  ligne  de  l'Inn  qui  se  trouvait 
menacée  par  la  présence  du  général  Decacn  à 
Munich. 

Le  général  en  chef  se  décida  a- prendre  la  posi-, 
tion  delà  rivière  de  la  Par,  à  manoeuvrep  par  sa 
gauche  sur  Ingolsiadt  ,  et  par  sa  droite  ,  prêt  à  se 
téunir  à  la  division  Decaen  ,  sur  Munich  que  l'en- 
nemi pouvait  attaquer  pour  prendre  la  ligne  de 
riser. 

En  contéquence,  t'atlc  droite  se  porta,  le  9 , 
lur  la  Par ,  poussant  des  partis  sur  Schroben- 
liauscn  ,  et  gardant ,  par  ta  i^IUcbe  ,  la  tot4te  d  In- 
golstadt  à  PovtmcM. 


1955 

Le  centre  remplaça  dans  ses  positions 'Stir  Neu- 
bourg ,  l'aîle  droite.  La  3'  division  -occupant 
Munich  ,  gardait,  sur  les  deux  rives,  les  routes 
de  Vienne  ,  de  Ratisbonne  ,  et  les  déboucheï  du 
Tyrol. 

L'aîle  gauche  porta  deux  divisions  sur  la  rive 
droite  du  Danube.  Elles  suivirent  la  roule  de  Neu- 
bourg ,  et  prirent  position  en  arrière  de  Strass  et 
sur  les  bords  du  fleuve.  La  division  Ney  occupa  le 
Schcllemberg ,  se  prolongeant  de  sa  gauche  sur 
Liai  bourg. 

Le  10,  l'aîle  droite  se  porta,  la  droite  à  Adels- 
hausen  ,  la  gauche  à  Gio^bjuseii. 

Le  centre  prit  position  à  Schrobenhausen  et 
Poetniess. 

L'aîle  gauche  le  remplaçadans  ses  positions  aux 
environs  de  Neubourg. 

Le  11,1  armée  resta  en  position  ;  la  seule  divi- 
sion Ney  se  porta  sur  lUsel  ,  la  droite  à  Neriitz- 
hcffen  occupant  Manheim  et  poussant  des  partis 
sur  Lichlenau  etEchstell. 

Le  12  ,  l'aile  droite  resta  en  position;  le  centre 
sepoita,la  première  division  sur  Langcnbruck 
éclairant  les  deux  rives  de  1  lim  et  pouss-int  des 
ri  connaissances  jusqu'à  'Wolsiich  ;  l.i  seconde  <li- 
vision  sut  Hohenwart,  pouvant  servir  de  réserve 
à  la  première  ou  au   corps  de  g.iuclie. 

L'nile  gauche  porta  une  division  ,  la  droite  à 
Pebenhausen  ,  et  la  gauche  à  "VVeichernig  ,  ayant 
une  forie  avant-garde  à  Reitheriohoffen  ;  la  se- 
conde division  se  plaça  en  réserve.  La  division 
Ney  qui  maneuvrait  sur  la  gauche  du  Danube, 
prit  ])osition  enire  Alienselo  et  Adelschlay  ; 
l'avani-garde  entre  Nasafils  et  Gainsershaim. 

Le  i3,  l'aile  droite  se  porta  sur  Psafienholfen 
et  )i  prit  posi'ion  ,  étendant  sa  droite  sur  Rechers- 
hausen  ,  et  la  gauche  sur  Rekershofen. 

La  réserve  passa  l'Ilm  à  Gcissenfeld  et  prit  po- 
sition ,  la  droite  à  Roteneck,  gardant  la  route  de 
Landshul  ;  la  gauche  à  l'embouchure  de  l'Hm  à 
Walsburg,  couvrant  fortement  la  route  de  Ra- 
tisbonne. 

L'aîle  gauche  qui  ,  par  suite  du  déi)art  du  gé- 
néral Baraguay  pour  l'armée  de'  réserve,  fut  ré- 
duite à  deux  divisions,  resserra  l'ennemi  dans 
Iiigolstadt,  tenant  de  forts  déiacheinens  entre  la 
Par  otlI;m.  Le  général  Grenier  poussa  sur  la  rive 
gauche  une  reconnaissance  jusques  sous  les 
murs  de  la  place. 

Le  14,  l'aîle  droite  se  porta  sur  la  rive  droite 
delAmmer,  poussant  des  partis  vers  Freysing  et 
s'éclairant  sur  Hosburg. 

Le  centre  pona  la  première  division  sur  l'Am- 
mer  vers  Mairiboorg  :  la  seconde  resta  en  réserve. 
Celle  tlu  généial  Decaen  occupa  toujours  Mu- 
nich. 

L'aîle   gauche   resta  en  position. 

L'ennemi  n  ayant  pas  tenu  à  Ligolstadt  , 
n'avait  d  autre  ligne  que  l'Inn  ,  ou  de  se  poiier 
derrière  quelqu'une  des  rivières  qui  coulent  entre 
l'iser  et  llnn  ,  pour  entreprendre  sur  la  division 
de  Cr.en  ,  si  elle  nétait  pas  soutenue.  Larmée 
française  |jotjvait  manœuvrer  par  sa  gauche  pour 
se  poiier  sur  Ratisbonne ,  ou  marcher  par  sa 
dioiie  pour  se  rapprocher  du  Tyrol,  et  obliger 
l'ennemi  à  se  porter  rapidement  vers  le  Haûi- 
Inn  ,  dans  la  crainte  qu'il  ne  lût  prévenu  sur 
ce  point.  Ainsi  nous  nous  étions  toutes  in- 
quiétudes pour  la  rive  gauche  du  Danube  ,  et 
les  autrichiens  quittant  lappui  de  ce'  fleuve  , 
nous  n'étions  obligés  que  de  jeter  des  détache- 
mens  dans  cette  partie,  et  de  sirrveiller  Ingols- 
iadt. 

Le  général  en  chef ,  après  avoir  balancé  toutes 
les  raisons,  prit  le  parti  de  détacher  le  général 
Lecouibe  avec  une  division  qui  ,  réunie  aux 
troupes  des  généraux  Moliior  et  Nansouty  ,  for- 
mait un  corps  de  18  bataillons.  Il  le  chargea  de 
faire  marcher  une  •  partie  de  ces  troupes  sur 
Bregcniz  et  Feldkirk  ,  tandis  que  le  reste  se  por- 
tait sur  FuessÉn  et  Renty  ,  menacerait  la  retraite 
de  l'ennemi  sur  la  vallée  de  finn.  Pour  cacher 
ce  mouvement  à  l'ennemi  ,  nous  devions  me- 
nacer  Ratisbonne. 

Le  i5,  la  première  division  de  l'aîle  droite  se 
mit  en  marche  pour  l'expédition  sur  les  Gri- 
sons. La  seconde  (  Montrichard  )  ,  qui  resta  en 
ligne  ,  se  porta  sur  Freydlng. 

Le  centre  porta  sa  première  division  sur  les 
hauteurs  de  'Warapach  et  Empferabach  <  son 
avant-garde  sur  Mainbourg. 

La  seconde  division  resta  en  réserve.  L'aîle 
gauche  poussa  une  division  sur  Neustadi  vers 
Katijuonne  ;  l'autre  resserra   Ingolstadt. 

Le  là,  la  division  Montrichard  resta  en  po- 
sition. 

L«  centre  prit  position,  la  première  division 
sur  Neustadt,  observant  les  ponts  coupés  de  Mor- 
burg  et  d  Isereck.  La  seconde  division  en  avant 
de  Mainborg  ,  la  droite  vers  Sondelzhausen, 

L'aîle  gauche  resta  en  position  ,  menaçant  de 
plus  en  plus  Ratisbonne. 

Le  17  ,  la  division  Montrichard  se  pc^rta  à 
m'ollié  cherhi'n  de  Freysing  à  Munich  pour  se 
lier  à  la  division  du  général  Decaen. 


Le  eeniretjori»  la  preMÎere  dîvîsîtSB  à  Prieyiing, 

la  seconde  sur  Landshul. 

L'aîle  gauche  resta  en  position  à  la  réserve 
d'une  brigade  qui  se  porta  sur  Mainbourg. 

Le  18,  l'arrtiée  resta  en  position.  Le  général 
Leclerc  eut  ordre  de  forcer  le  poste  de  Landshuti 
L'ennemi ,  tenant  la  ligne  de  la  Sempt  ,  était  placé 
en  avant  du  pont  sur  l'Iller  avec  un  corps  de 
4  ou  5ooo  hommes.  Cette  position  lui  était  favo- 
r.ible  ;  la  rive  droite  de  lliler  qui  est  ,  dans  cette 
partie,  tiès- escarpée  ,  domine  cniiéremeni  la 
gauche  ,  et  on  ne  pouvait  s'avancer  qu  à  décou-" 
vert  dans  la  plaine.    . 

Le  général  Leclerc  ordonna  au  général  Hendelet 

de  marcher  avec  deux  bataillons  de  la  14'  légère  < 

deux  compagnies  de  grena/îiets  de  la  89"=  et  le  lo* 

de  chasseurs   sur  les   faubourgs  de  Landshuti  à 

gauche  de  l'iser  ,  en  se  dirigeant  par  la  route  de 

I  Neustadt.  Huit  pièces  d'ardilerie  soutenaient  cette 

attaque.  Il  chargea  le  général  Despcrriers  de  màr- 

I  cher  sur  la  droite  à  hauifur  du  général  Hendelet 

I  avec  un  baiaillon  de  la  89*^  ei  deux  escadrons  du 

!  îS'-'  (le  chasseurs ,  cl  le  généralB^iStoul  de  s'avanCer 

sm  la  gaiicbc  rjv.c    uu    bataillon  d^  la  53=  ,   denii 

escadrons  du  2  J' t  et   trois   ctunpagnies  de  gre-", 

nadiers. 

L'action  s'engagea  Vers  ks  deux  heures  âprèa 
midi  ;  le  centre  marche  avec  le  plus  grand  ordre, 
et  pénètre  ,  malgic  le  feu  de  l'artillerie  ennemie  , 
dans  le  fauxbourg.il  arrive  au  premier  pont, 
(  I  Iser  forme  sur  ce  pont  une  île  dont  Landshut 
occupe  une  partie)  le  général  Bastoul  y  était  déjà 
avec  une  conip.ignic  de  grenadiers  de  la  53^  ,  et 
fesait  des  efforts  pour  enfoncer  la  porte  de  là 
ville  qui  est  à  l'extiêmité.  On  y  dirigea  le  feu 
d'une  pièce  de  canon.  L'effet  était  trop  lent  pour 
l'impétuosité  des  grenadiers.  Ils  courent  dans  les 
maisons  voisines  ,  prennent  des  haches  ,  et  sous 
le  feu  le  plus  vif  de  la  mousqueterie  ,  la  porte  est 
brisée,  et  nos  troupes  traversant  à  pas  de  course 
cette  partie  de  la  ville  ,  arrivent  au  second  pont 
que  l'ennemi  voulait  occuper.  On  ne  lui  en  donna 
pas  le  tems  ;  les  grenadiers  biiserit  une  seconde 
porte  que  l'ennemi  essaya  envain  de  défendre  ^ 
et  bientôt  nos  tiou))es  déboueherent  deLandshut  4 
pour  suivre  les  autrichiens  qui  fuyaient  en  dé-" 
sordre. 

Il  fallait ,  pour  les  atteindre  ,  passer  par  un  dé-* 
rilé  très-étroit;  ils  voulaient  le  défendre  i  mais  una 
poignée  de  braves  ,  à  la  tête  desquels  marchait  IS 
chef  d  escadron  ,  Chouart  ,  les  culbuta  et  s'em* 
pata  de  dux  pièces  de  canon,  au  moment  oti  Oit 
allait  les  mettre  en  batterie. 

Parvenus  à  la  lêie  d'un  bois  qui  se  trouve  k 
trois-quarts  de  lieue  çur  '«  route  d'Ating  ,  le  princd 
Ferdinand  ,  qui  commandait  les  troupes  ennemiesi 
voulut  les  rallier,  et  ordonna  à  3oo  hussards  dû 
'Wiicher  de  charger  60  chasseurs  du  10^  qui  le9 
poursuivaient.  Le  chef  de  brigade  Ordunrer  les 
attendit  et  les  culbuta.  Les  hussards  essaierent  Une 
seconde  charge  ,  furent  renversés  de  nouveau  t 
et  laissèrent  80  hommes  dans  nos  mains. 

Deux  pièces  de  canon  enlevées  à  l'ennemi  ^ 
600  prisonniers  parmi  lesquels ,  le  colotiel  Rube-' 
niiz  ,  i5o  chevaux  ,  sont  le  résultat  de  cette  action 
otà  nos  troupes  ont  montré  leur  courage  ordi-, 
naire.  L'ennemi  a  eu  en  outre  4  à  Soo  hommeS 
tués  ou  blessés.  Le  général  Leclerc  qui  ,  dans  seS 
disposiiions  ,  a  déployé  des  talens  et  de  la  vigueuf 
dans  l'exéculion  ,  se  loue  beaucoup  de  tous  lej 
officiers  qui  ont  combattu  sous  ses  ordresi 

Pendant  tous  ces  mouvemens  de  l'armée  j  Ig 
général  Richepaiise  bloquait  Ulm.  La  garnisOri  1 
qui  iLavaii  fait  encore  aucun  mouvement  offensif» 
effectua  une  soitic  dans  la  nuit  du  18  au  19  ,  enl 
remontant  vers  les  onze  heures  du  soir,  le  Danuba 
et  la  Blaw.  Le  chef  de  brigade  Montbrun  qtil 
commandait  dans  cette  partie  ,  replia, ses  premiers 
postes  jusqu'à  la  hauteur  de  deux  pièces  qu'il 
avait  en  batterie;  mettant  alors  de  l'ensemble  dans» 
son  mouvement  ,.  il  fit  charger  l'ennemi  par  deuJt 
escadrons  du  1°'  et  20=  de  chasseurs,  et  deu» 
compagnies  de  la  27=  légère. 

Cette  attaque  faite  avec  impétuosité,  a  tttîs 
l'ennemi  dans  la  déroute  la  plus  complette.  Il  esÉ 
entré  piécipitamment  dans  ses  ouvrages  ,  laissarit 
plus  de  i5o  prisonniers  du  régiment  de  Murdf 
dans  nos  mains.  Le  nombre  de  ses  morts  et  d4 
ses  blessés  doit  être  considérable. 

L'expédition  sur  les  grisons  ,  commence  iOUS 
d'heureux  auspices.  Fuessen  a  été  enlevé  ;  nouS 
y  avons  pris,  trois  pièces  de  canon  ,  et  fait  titt 
grand  nooibre  de   prisonniers. 

Nous  n'avons  pas  encore  reçu  les  détails  i  je 
les   ferai  parvenir. 

Le   chef  de  l' état-miajar-  'général  de  l'armée  « 

signé  f  DE»SOLLE£t< 
Pour  copie  conforme  ,■ 

Le  ministre  de  la  guerre  i  sighé ■!  CAtîNo'T. 

JVo/a.  Le  général  Lecourbe  a  fait  cAhrïakr*' * 
par  une  dépèche  télégraphique  ,  que  son  ail« 
droite  s'était  emparée  de  Feldkirk.  (ViB'yei  l« 
Moniteur  dt)  s8  unessidor.) 


1236 


hV    ÏHEMIER    CONS-UL    BONAPARTE.         j 

Description  abrégée  des  principaux  monmncns  de  I 
■la  Haule-Egrpte  ,  accompagnée  de  détails  sur  les  | 
tableaux  rpii  ,  en  'les  décorant  ,  servent  à  faire  \ 
■conjecturer  à  quelles  divinités  Us  temples  étaient  | 
consacrés. 

P  H    Y   L  CE.  I 

Phylcfi  est,  à  proprement  parler,  un  rocher  de  | 
^granit  i  cest-là   que  paraît  s  être  réfugié    tout  ce  ! 
•qu'il  y  a  de  pittoresque  en  Egypte.  La  longueur  [ 
d<e  cetie  île  est  ,  à  peine,    de  i5o  toises  ;  sa  lar- 
geur n'est  pas  de  plus  de  soixante-dix.  Sur  celte 
surface  éiroile  on  trouve  trois  temples  entiers  ,  les 
débris  du  logement   de  la  cohorte   romaine  qui 
gardait  ce  poste  ,  et  l'on  peut  y  soupçonner  l'exis- 
tence de  deux  autres  temples. 

Deux  passages  ,  l'un  de  Diodore  de  Sicile  , 
l'autre  de  Séneque  ,  portent  à  croire  que  Pliylœ 
passait  chez  les  ancienî  pour  avoir  servi  de  séjjul- 
ture  à  Osiris.  L'eniiée  de  I  île  était  défendue  ,  sous 
peine  de  mort,  à  tout  égypiien.  Les  prêires  s'en 
éiaienl  réservés  1  habitation  exclusive.  Une. tren- 
taine de  familles  de  Barbarins  y  ont  aciuellement 
fixé  leur  séjour;  on  y  voit  encore  les  ruines  d'une 
petite  ville  chrétienne  ,  qui  paraît  avoir  éié  dé- 
truite lors  de  l'invasion  de  Khaled-ebn-walid. 

Le  grand  temple  de  Phyloe  regarde  le  sud-sud- 
OTjesi.  Les  anciens  égyptiens  ,  en  le  construisant 
dans  cette  position ,  paraissent  avoir  voulu  mé- 
nager un  poinl-dc- vue ,  d'un  grand  efiFet  ,  aux 
voyageurs  qui   descahdaienl  le  fleuve. 

Le  témoigriage  de  Strabon  et  le  grand  nombre 
■de  figures  d'éptrviers  ,  auxquels  on  voit  offrir  des 
sacrifices    et    rendre    des    hommages    religieux  , 
annoncent    que   le    grand  temple  était  consacré  1 
à  cet  ois.eau  ,  l'emblème  d'Osiris, 

'Le  plan  des  temples  qui  Se  trouvent  dans  cette 
île  ,  est  fort  iriégulier  ;  ce  qui  provient  de  linier- 
valle  qui  a  été  mis  dans  la  construction  des  difTé- 
l'cnies  parties  qui  les  composent.  Ou  peut  remar- 
tjuer  ,  à  'Cette  occasion,  que  prcsqu'aucun  des 
monuniens  de  la  Haute-Egypte  ,  n'a  été  entié- 
renitnt  achevé. 

On  entre  dans  le  grand  temple  de  Phylœ  par 
■une  porte  percée  entre  deux  muiailles  pyrami- 
dales de  quinze  pieds  de  hauteur.  La  porte  en  a 
vingt-six  d'élévation  ,  et  est  ornée  d  une  corniche 
très-pure  ,  dont  la  courbure  est  imitée  de  celle  de 
la  branche  de  palmier. 

L'épaisseur  de  l'embrasure  de  cette  porte  est 
de  quinze  pieds.  L'extérieur  du  môle  est  orné 
de  tableaux  ,  représentant  dcî  figures  -colos- 
sales ;  sur  la  gauche  est  une  figure  de  vingt  pieds, 
■âc  proportion  ,  saisissant  de  la  main  gauche  et 
ijar  les  cheveux  ,  une  trentaine  d  hommes  ;  de 
la  droite  ,  elle  tient  une  hache  dont  elle  se  dispose 
à  frapper  ces  malheureux,  qui  joignent  les  mains 
dans  une  attitude  de  supplians.  Leur  costume  est 
celui  des  barbares  .  dont  les  guerres  et  les  déinites 
■sont  représentées  sur  les  murs  de  Thebes.  Celui 
qui  frappe ,  porte  un  bonnet  qui  appartient  exclu- 
sivement aux  sacrificateurs.  Il  couronne  la  tète  de 
tous  les  égyptiens  qui  commettent  des  actions 
meurtiieres  sur  les  hommes  ou  sur  les  animaux  : 
une  semblable  figure  est  placée  sur  la  droite  du 
môle  ;  elle  est  dans  la  même  attitude. 

Les  prêtres  égyptiens  ne  négligeaient  rien  pour 
piéparer  à  la  superstition  par  la  crainte  ,  et  des 
sacrificateurs  sont  placés  là,  ainsi  que  sur  la  plu- 
part des  môles  ,  comme  gardiens  des  temples. 
Cette  première  porte  conduit  à  une  cour  de  120 
pieds  de  longueur  ;  des  deux  côtés  est  une  co- 
lonnade qui  sert  de  portique  à  deux  corps  de 
bâiimens  dont  les  prêtres  avaient  fait  leur  habi- 
tation. C'est  peut-être  le  seul  endroit  oit  l'ontrouve 
quelque  trace  du  logement  des  hommes  consacrés 
au  service  des  temples. 

Une  seconde  porte  ,  percée  dans  un  môle  sem- 
blable au  premier  ,  conduit  à  un  vestibule  sou- 
tenu par  des  colonnes  dont  trois  sont  placées  de 
chaque  côté,  et  quatre  au  milieu.  On  y  distingue 
quatre  chapiteaux  différens  ;  l'un  d'eux  imite  le 
calice  du  Lotus  Nélambo  ;  l'autre  la  tête  de  Pal- 
■mier;  le  troisième  la  fleur  de  Lotus  ;  le  quatrième 
ressemble  en  partie  au  premier  ,  et  de  plus  est 
orné  de  liges  de  Lotus  et  de  branches  de  Palmier 
doùm  ,  ou  palmier  à  éventail.  Sur  les  murailles 
de  droite  et  de  gauche  du  périslile  sont  des  ta- 
bleaux dont  les  couleurs  sont  très-bien  conser- 
vées. Les  compositions  sont  de  trois  figures.  La 
■couleur  bleue  paraît  affectée  à  Amnon  et  à  Osiris, 
•et  la  verte  à  Tant.  Le  péristile  a  60  pieds  de  lon- 
gueur et  communique  par  une  troisième  porte  , 
avec  une  chambre  de  quinze  pieds  de  long  et 
s5  de  large  ;  une  quatrième  porte  de  cette  salle 
a  une  chambre  de  treize  pieds  quarrés.  Elle  tire 
son  jour  d'en  haul  par  une  ouverture  d'un  pied 
de  longueur  et  d'un  pied  et  demi  de  largeur. 
Une  cinquième  porte  conduit  à  un  troisième 
salon  de  40  pieds  de  long.  Trois  portes  se  pré- 
.sentent  ensuite  ,  une  en  face  et  deux  sur  les  côtés  : 


celle  du  milieu  conduite  ïaditurtt  du  sanctuaire; 
il  a  vingt  ,pieds  de  long  sur  quinze  de  large.  A 
droite  e\  à  gauche  ,  des  portes  conduisent  à  un 
appartement  de  vingt  pieds  quariés.  Dans  iailitum 
est  une  chapelle  monolithe  ,  ainsi  nommée  (.luice 
qu'elle  est  d'une  seule  pierre.  C'est  le  logement 
de  l'cpervier  sacré.  Sa  hauteur  totale  est  de  driuze 
pieds  ,  sa  largeur  hors  oeuvre  est  de  quatre  pieds 
et  d'un  pied  et  demi  dans  œuvre  ;  elle  ne  s.éleve 
au-dessus  du  sol  que  de  six  pieds  et  demi  :  sa 
profondeur  intérieure  est  de  trois  pieds  et  demi. 
Elle  ofFie  le  modèle  antique  d'une  entrée  de  tem- 
ple. On  paraît  avoir  voulu  imiter  particulièrement 
la  porte  qui  est  sous   le  périslile. 

Dans  une  chambre  parallèle  à  Vadituni,  on 
voit  une  seconde  chapelle  monolithe  en  tout 
semblable  à  la  première.  On  a  allecté  de  la 
disposer  dans  l'angle  de  la  muraille,  et  elle 
paraît  avoir  été  destinée  à  dresser  l'épervier  sacré 
et  à  le  disposer  aux  pieux  exercices  qu'il  devait 
ensuite  répéler  en  public  et  dans  ie  sanctuaire. 
Temple  disis..   ^ 

Ce  petit  temple  est  placé  derrière  le  premier 
môle  du  grand  temple.  Tous  les  tableaux  gravés 
sur  l'extérieur  et  liinérieur  de  ce  monument  , 
sont  relatifs  à  l'éducation  dHarpocrate.  La 
construction  en  est  tiès-pure;  le  plan  diffère  de 
celui  du  premier,  en  ce  que  sa  distribution  inté- 
rieure ne  présente  que  trois  salles. 
Petit  temple  non-achevé. 

Il  est  périptere  et  d'un  fort  beau  travail.  La 
Cilla,  qui  devait  fprnier  le  lieu  des  sacrifices, 
n'a  point  clé  élevée.  C'est ,  peut-être  ,  avec  Den- 
derah  ,  la  moins  ancienne  des  constructions  égyp- 
tiennes. Les  temples  péripteres  sont  les  plus 
élégans  qui  se  trouvent  en  Egypte  ,  et  paraissent 
avoir  servi  de  modèle  à  ceux  qui  depuis  ont 
été  élevés   par   les  grecs. 

Le.s  moiiumcns  qu'on  voit  à  Phyloe,  ne  sont 
pas  les  premiers  qui  aient  été  élevés  en  Egypte, 
quoiqu  ils  soient  situés  sur  les  trontieres  de  ce 
pays  du  côté  de  l'ancienne  Ethiopie.  On  peut 
le  conjecturer  en  vo\ant  que  dans  lemplDi  des 
matériaux  pour  la  construction  des  temples  ,  on 
s'est  servi  d'une  très-grande  quantité  de  blocs 
de  pierre  couverts  d  hiéroglyphes .  et  qui  ,  n'ayant 
aucune  marque  apparente  de  dégradation  ,  ne 
pouvaient  être  considérés  comme  matériaux  de 
rebut  ;  débris  de  temples  démolis  par  le  lems 
seul  ,  ils  indiquent  presque  une  génération  de 
monumcns  qui  reculerait  la  construction  des  pre- 
miers bâiimens  élevés  à  une  époque  antérieure 
à  celle  que  les  chrétiens  assignent  à  la  création 
du   monde. 

AssouAN    Syéne. 

Cette  ville  a  occupé  trois  einplacemens  diffé- 
rens. La  Siénedes  égyptiens  ,  des  grecs  et  des  I 
romains  était  située  sur  la  hauteur  qui  domine 
la  ville  actuelle  ,  construite  aux  bords  du  fleuve  ; 
celle  du  moyen  âge  était  placée  au  sud  de  liinc 
et  de  l'autre  ,  et  embrassait  une  partie  de  la  sur- 
t.ice  qui  couvrait  la  première,  dont  I  extrémité 
méridionale  est  indiquée  par  des  monceaux  de 
décombres  et  de  fragmens  de  briques  cuites  et 
crues   de   fabrique  égyptienne. 

Au-dessous  du  roc  de  granit  qui  domine  la 
ville  actuelle  ,  et  sur  le  rivage  du  Nil ,  on  trouve 
deux  colonnes  de  granit  ornées  d  un  astragale  ; 
ce  qui  indique  qu'elles  sont  de  travail  grec  ou 
romain.  On  y  voit  encore  deux  piliers  en  granit 
qui  paraissent  avoir  apparte,nu  à  une  porte  ,  des 
colonnes  accouplées  et  taillées  dans  !e  même 
bloc  qui  étai-nt  vraisemblablement  destinées  à 
orner  deux  des  angles  d'une  salle  carrée.  Elles 
sont  de  même  travail'  que  les  précédentes.  Du 
reste  ,  aucune  indication  du  puits  du  Tropique. 

I    S    LE     D'É    LÉPHANTINE. 

Elle  est  située  en  face  de  Syéne.  Sa  longueur 
est  d  environ  i3oo  toises;  sa  plus  grande  lar- 
geur est  de  400.  Elle  a  été  formée  par  les  allu- 
vions  du  Nil  qui  a  déposé  successivement  son 
limon  au  pied  des  rochers  de  granit  qui  servent 
de  noyau  à  cette  île  II  y  avait ,  ainsi  qu'à  Phylœ 
et  à  Syéne  ,  une  cohorte  romaine  en  garnison 
dans  ce  poste. 

On  y  distingue  un  petit  temple  égyptien  , 
les  ruines  d'un  Nilomerre  et  une  statue  d'Osiris 
en  granit ,  qui  n'a  pas  été  finie.  Ce  petit  temple 
-est  périptere  ;  il  est  composé  de  deux  salles  dont 
ta  seconde  a  été  construite  après  coup;  carie 
mur  du  fond  renlerrtie  les  deux,  colonnes  pa- 
rallèles à  celles  de  la  face.  L'emploi  des  ma- 
tériaux indique  que  la  construction  de  ce  temple 
iremonte  à  la  plus  haute  antiquité.  On  peut  re- 
marquer en  général  que  les  plus  petits  temples 
qui  se  voyent'  en  Egypte ,  sont  ceux  qui  appar- 
tiennent aux  tems  les  plus  reculés. 

C'est  à  Eléphantine  qu'on  commence  à  voir 
les  premiers  Barbarins.  Au  tems  de  Strabon  ,  la 
population  de  cette  île  ,  ainsi  que  celle  de 
Phylœ,    était     formée    moitié     d'éthiopiens,    et 


moitié  d'égyptiens.  Le  petit  temple  paraît  avoir 
été  consacié  à  Hurus.  Les  figures  dont  il  est  dé- 
coré ,  ont  plus  qu'eu  aucun  auiie  endroit  les 
caractéiisliqiics  des  nègres. 

COUM      OMBOS. 

On  y  distingue  les  ruines  de  deux  temples  , 
seuls  restes  de  l'ancienne  ville  d'Ombos  ,  connue 
par  le  culte  qu'on  y  rendait  au  crocodile.  Les 
deux  temples  sont  situés  au  bas  d  une  hauteur 
formée  de  débris  de  murs  de  briques  cuites  et 
crues  ;  on  croit  reconnaître  là  les  traces  d  un 
grand  incendie. 

Le  grand  temple  est  dédié  au  crocodile  ;  il  est 
presqu'entiérement  encombré  par  les  sables  :  le 
portique  est  la  seule  chose  assez  bien  conscivée^ 
son  asjject  est  plein  de  grandeur  et  de  majesté. 
Une  singularité  qu  on  ne  rencontre  que  dans 
ce  seul  temple  ,  c  est  qu'il  a  deux  portes.  Elles 
conduisaient  vraisemblablement  à  deux  divisions 
de  la  même  enceinte.  Elles  sont  séparées  par  le 
rang  de  colonnes  placées  auiîmilieu  du  portique. 
En^  voulant  donner  de  la  grandeur  à  l'exiérleur 
du  temple  ,  ils.  oui  été  liniiiés  par  la  portée  des 
pierres.  La  plus  grande  partie  des  tableaux  qui 
décorent  1  intérieur,  sont  relatifs  à  l'adoration  du 
crocodile.  Par-tout  les  offrandes  sont  adressées  à 
une  figure  d  homme  portant  la  tête  de  cet  animal. 
Comuie  ils  ne  pouvaient  pas  lui  adresser  leurs 
hommages  exclusivement  à  Osiris  ,  ils  mettent  le» 
sacrifices  offerts  à  ce  dernier  dieu  en  pendant 
avec  ceux  offerts  au  crocodile.  Ce  fait  peut  ex- 
pliquer comment  il  se  trouvait  deux  portes  et 
deux  distributions  dans  un  mêmfi  temple.  Cha- 
cune des  divinités  qui  partageaient  l'adoration  des 
Ombites  ,  était  révérée  dans  une  division  parti- 
culieie. 

Parall'eleraeni  au  cours  du  fleuve  est  un  second 
ternple  c.':)nsaciè  à  Typhon.  On  y  trouve  fié- 
qucmment  la  figure  de  ce  mauvais  génie  rcpté- 
.senté  avec  une  tête  de  crocodile  ,  et  le  reste  du 
corps,  de  l'ours.  Une  moitié  du  temple  est  tombée 
dans  le  fleuve  qui  a  prodigieusement  gagné  sur 
cette  rive.  A  quelque  distance  de-là  ,  on  voit 
les  débiis  d'un  des  côtés  d'un  môle  fort  altérés. 
C'est  à  Ombos  qu'ont  été  employés  les  plu» 
grands  matériaux  ,  et  les  deux  temples  paraissent 
n'avoir  succombé  que  sous  le  poids  énorme 
des   pierres  dont  ils   étaient  construits.. 

Gebel  EL  SiLSiLi.    Montagne  de  la  Chaîne. 

On  a  donné  ce  nom  à  la  montagne  qui  se 
trouve  sur  la  rive  gauche  du  Nil ,  parce  que 
quelques  auteurs  ont  avancé  assez  gratuitement, 
ce  me  semble  ,  qu'une  chaîne  de  fer  barrait  en 
cet  endroit  le  cours  du  fleuve.  On  essayait  d'op- 
poser cet  obstacle  (  facile  à  surmonter  )  aux 
bateaux  nubiens  qui  à  une  époque  reculée  , 
descendaient  le  fleuve  pour  faire  des  course» 
dans  le  pays.  Les  seuls  monumens  qu'on  y  voit, 
sont  deux  chapelles  taillées  dans  le  rocher  et 
dont  la  façade  regardait   le   Nil. 

Des  grottes  sépulchrales  sont  taillées  en  grand 
nombre  près  de  ces  deux  chapelles.  Elles  étaient 
destinées  à  recevoir  les  coips  embaumés  des 
habiians  d'une  ville  dont  l'emplacement  se  re- 
trouve encore  à  une  demie-lieue  au-dessous  et 
sur   la  rive  droite   du  Nil.  . 

Le  Gebel  el  Silsili  paraît  avoir  servi  de  carrière 
et  avoir  lournl  à  une  exploitation  considérable. 
On  y  voit  un  sphinx  ébauché.  Les  temples  qui 
se  trouvent  au-dessous  de  cette  montagne ,  ■ont 
été  vraisemblablement  construits  du  grès  qui  eo. 
a  été  tiré. 

La  suite  demain. 


LIVRES    DIVERS. 

Physiologie  végétale  ,  contenant  une  descriptiotl 
anatomique  des  organes  des  plantes  ,  et  une  ex- 
position des  phénomènes  produits  par  leur  or- 
ganisation ,  par  Jean  Senebier  ,  membre  associé 
de  linstitut  national  des  sciences  et  des  arts,  de 
plusieurs  académies  et  sociétés  savantes  ,  et  bi- 
bliothécaire à  Genève  ,  5  vol.  in  8°  de  45o  pages 
chacun  ,  imprimé  sur  beau  papier,  caractères 
cicéro  ;  prix  21  fr.  pour  pour  Paris ,  et  s5  fr.  pour 
les  départemens. 

A  Paris  ,  chez  Meutant,  libraire, rue  des  grands 
Augustins ,  n"  l3  ,  division  du  Théâtre  -  français. 


COURS    DO    CHANGE. 
Bourse  du  5  thermidor.  —  Eff'ets  publia. 

Rente  provisoire ^3  fr.  38  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.  38  c. 

Bons  deux  tierj. 1  fr.  Sa^  c. 

Bons  d'arréragé 87  fr.  5o  c 

Bons  pour  l'an  8 .«  .   85  fr.  35  c. 

Coupures 5?  fr-   5o  c 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


A  Paris  ,  de  l'iraptimerie  du  cit.  Amasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  tae  des  Poitevins  ,  n"  J,|. 


\:a 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^r'  307. 


Septidi  ,  7  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenu  nos  souscripteurs  qu'à  dater' du  7   Nivôse  le   M  O-NIT  E  U  R  est  le  ,eul  journal  officiel 
^  11  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemenr .  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  su' 
l'intérieur  que  sur  1  extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Extrait  dune  lettre  parlindiere.  .—  Marseille  ,  le  ï2 
messidor  an  8. 

JT-iER  .sont  arrivés  dans  cette  ville  deux  polacres 
parlementaires  venues  de  Naples  en  14  jours  ,  et 
chargées  de  trois  cents  malheureux  patriotes  exilés. 
L'état  de  ces  infortunés  fait  vraiment  pitié.  Après 
avoir  subi,  pendant  treize  mois,  les  fers,  la  prison; 
après  avoir  tout  perdu  par  la  confiscation  et  le 
pUlage  de  leurs  biens  ,  ils  ont  été  embarqués  à  la 
hâçe  ,  sans  pouvoir  ,  avant  de  partir  ,  voir  leurs 
aitiis.,  ni  en  recevoir  aucun  secours. 

On  compte  parmi  ces  derniers  arrivés  ,  60 
officiers  tant  d'artillerie  que  de  marine  et  de 
terre. 

Malgré  toute  la  surveillance  de  la  cour  de 
Naples  .  j'ai  reçu  des  lettres  par  lesquelles  on  me 
donne  ,  non-seulement  des  nouvelles  de  ma  fa- 
mille ,  mais  ,aussi  des  détails  sur  la  situation  de 
notre  pays.  Je  vous  envoie  du  tout  des  extraits, 
sachant  combien  ces  particularités  vous  inté- 
ressent. 

En  général ,  les  vivres  abondent  dans  notre 
pays ,  et  la  récolte  y  a  été  suffisante  ;  mais  le 
besoin  du  numéraire  se  fait  vivement  sentir.  Les 
fedi  di  crédita  (ou  billets  de  banque  )  perdent 
80  pour  cent.  La  cour  a  des  agens  qui  ne  font 
autre  chose  que  d'acheter  de  l'argent ,  et  de 
l!expédier  toutes  les  semaines  à  Palerme. 

On  a  émis  depuis  un  an  pour  cinq  nouveaux 
millions  de  ducats  en  fedi  di  crédita.  Les  im-posi- 
tions  sont  devenues  extrêmement  onéreuses  ;  le 
gouvernement  paye  tout  en  papier,  et  ne  veut 
lieri  recevoir  qu'en  argent  comptant.  Pour  sou- 
tenir un  système  aussi  ruineux  ,  il  njy  a  d'autre 
moyen  qu'une  terreur  sans  exemple,,  naais  qu'on 
a  soin  de  n'exercer  que  Sous  le  frélexte  de  ja- 
cobinisme. 

La  force  militaire  est  peu  împo«t.T«o.  PI-^oîtsu... 
fois  on  à  ordonné  des  levées  d'hommes,  mais  elles 
n'ont  jamais  eu  le  moindre  effet,  et  la  majeure 
partie  de  ceux  qui  sont  contraints  de  céder  à  la 
force,  désertent  aussi-tôt  que  l'occasion  s'en  pré- 
sente. Le  mécontentement  est  général.  Il  y  a  dans 
les  troupes  peu  de  subordination  ,  et  tout  est 
dans  un  désordre  qu'on  peut  nommer,  à  bien 
juste  titre  ,  anarchie. 

Malgré  les  satellites  que  la  cour  répand  parmi 
Iç peuple,  celui-ci  a  souvent  été  sur  le  point  de 
'ie  soulever  contre  les  partisans  du  gouvernement 
actuel.  Il  ne  connaît  que  l'intérêt  du  moment. 
Après  avoir,  pendant  un  an,  pillé  les  maisons 
des  patriotes,  et  n'ayant  plus  rien  à  y  prendre  ,  il 
voudrait  se  tourner  vers  les  biens  des  royalistes 
et  des  nouveaux  riches. 

Le  iSjuin,  anniversaire  de  l'entrée  des  trou- 
pes royales  dans  la  capitale  ,  on  craignit  une 
insurrection.  La  junte  du  gouvernement  et  celle 
d  état  qui  se  tiennent  renfermées  dans  un  château, 
prirent  des  mesures  militaires.  On  fit  retirer  les 
ponts  de  tous  les  châteaux  et  cerner  les  maisons 
de  détention  où  sont  les  prisonniers  d'étal.  La 
troupe  resta  pendant  vingt-quatre  heures  sous  les 
armes  el  la  mèche  fut  constamment  allumée.  Rien  , 
il  est  vrai  ,  n'arriva  :  mais  la  crainte  était  générale , 
et  la  majeure  partie  des  gens  riches  s'étaient  retirés 
à  la  campagne.  Les  émissaires  du  gouvernement 
publiaient  qu'on  prenait  toutes  les  précautions 
pour  empêcher  le  peuple  d'exécuter  le  projet 
qu'il  avait  formé  de  m;issacrer  les  patriotes.  Le 
fait  est  qu'on  ne  s'était  donné  tant  de  peines  ,  que 

Î>our  prévenir  une  insurrection  contre  les  roya- 
istes. 

Les  provinces  ne  sont  pas  plus  tranquilles.  Dans 
la  plupart  on  n'obéit  point  aux  ordres  ,  particu- 
lièrement à  ctlui  de  payer  en  argent  les  contri- 
butions. La  cour  n'a  yjas  assez  de  forces  pour 
contraindre  les  contribuables  ,  sans  quoi  l'on  ver- 
rait bientôt  couler  par-iout  d'autant  plus  de  sang  , 
qu'il  existe  dans  toutes  les  provinces  des  attrou- 
pement de  patriotes  qui  n'ont  pas  trouvé  d'autre 
moyen  ,  pour  se  soustraire  à  la  plus  cruelle  des 
persécutions  ,  que  de  rester  armés  ,  et  d'attendre 
ainsi  le  moment  favorable  pour  opérer  une  nou- 
velle révolution.  ^ 

Je  joins  ici  un  exemplaire  de  l'amnistie  accordée 
aux  accusés  de  crimes  d  état,  qui  a  été  publiée  à 
N'iples  le  3o  mai  (ij.  Vous  y  vcirez  que  les  excep- 

(1)  Voyez  ci-après. 


l!°"i,V°!î'  ^'  "«'"breuses  que  danSune  foule  innom- 
brable de  gens  arrêtés,  très-peu  sont  compris  dans 
cette  amnistie;  indulgence  trompeuse  à  laquelle 
le  gouvernement  a  été  obligé  d'avoir  recours 
pous  calmer  un  peuple  qui  e^  fatigué  de  voir 
couler  le  sang  ,  et  qui  voudrait  que  tant  de  maux 
eussent  un  terme.  Qn  publia  réellement  l'induit 
•  .4  •  1™^'  '  °"  ™'  ^"  liberté  environ  raille 
individus  dont  la  plupart  ignoraient  le  motif  de 
leur  détention.  Le  vice  roi  et  leS  satellites  de  la 
cour  ne  manquèrent  pas  de  présenter  comme  un 
acte  de  souveraine  clémence,  obtenu  par  l'in- 
tercession de  la  reine  ,  cette  disposition  que  la 
justice  et  l'humanité  réclamaient  en  vain  depuis 
long-iems.  Le  peuple  ne  pouvant  cacher  sa  joie 
en  voyant  qii'à  la  fin  on  exauçait  ses  vœux,  cou- 
rut en  (ouïe  à  la  place  du  marché,  abatdt  la  triple 
potence  et  brûla  les  instrumens  de  supplice  qui 
étaient  en  permanence  ;  maison  ne  le  laissa  pas 
long-iems   dans  l'erreur, 

<>.uelques  jours  après  l'anmistie  ,  les  incarcéra- 
uons  recommencèrent.  Quatre  cents  des  détenus 
qui  venaient  d'être  mis  en  liberté  ,  furent  rame- 
nés en  prison  ,  et  on  leur  joignit  encore  trois 
cents  personnes  qui  jusques-là  n  avaient  pas  été 
inquiétées.  Beaucoup  de  gens  qui  s'étaient  sous- 
traits par  la  fuite  à  la  petséculion  ,  se  reposant 
sur  la  promesse  de  l'induit  qui  défendait  din- 
tenter  de  procédure  contre  ceux  qui  n'élRient  pas 
exceptés  de  l'amnistie,  s'étaient  présentés  d'eux- 
mêmes  à  la  junte  d'état  pour,-,  jouir  du  bénifice 
de  la  loi  ;  mais  au  lieu  de  les  accueillir,  on  les 
chargea  de  chaînes  et  on  les  j^tla  en  prison. 

De  ce  nombre  sont  nos  amis  Guiseppè  Maria 
Galante  et  Giovanni  Gambale,tpus  deux  membres 
de  la  commission  législative.  Vous  reconnaîtrez  à 
celte  conduite  une  cour  perfide  .  accoutumée  aux 
crimes  ,  et  qui  ne  se  fait  aucun  scrupule  de  parler 
le  langage  d'une  feinte  modération  pour  mieux 
tromper  les  victimes. 

Cependant  ,  les  succès  des  armées  républi- 
caines lui  f#>v..7or,r  rip  ];^,f.,-'-"''-  ,  ■?';  ,;, 
ae  toutes  manières  a  cacher  la  vente.  Libaque 
jour,  des  bulletins  affichés  annoncetit  les  plus 
fausses  nouvelles  ,  ou  contiennent  les  insultes  les 
plus  grossières  et  les  plus  absurdes  contre  lé  gou- 
vernement français.  I' 'm'est  parvenu  un  de  ces 
manifestes  que  je  vous  adresse  ,  pour  que  vous 
puissiez  y  voir  jusqu'àquel  point  on  peut  pousser 
limpudence  (l). 

En  dépit  de  tant  de  précautions  ,  il  transpire 
à  Naples  quelque  chose  de  la  vérité  sur  les  événe- 
mens  militaires.  Un  rayon  d'espérance  3,ranirîié 
les  cœurs  découragés ,  et  les  soutiens  du  trône 
commencent  à  trerabiftr.  Les  plus  fiers  se  pré-v 
parent  à  fuir  aux  premiers  revers  ,  et  les  auires 
cherchent  à  s'excuser  des  horreurs  qui  ont  été 
commises,  et  auxquelles  ils  assurent  n'avoir  pris 
que  peu  ou  point  du  tout  de  part, 

Au  reste  ,  l'opinion  générale  est  que  les  fran- 
çais reviendront  bientôt  rapporter  à, Naples  la 
libellé  ,  et  c  était  une  chose  curieuse  que  de  voir 
ceux  qui  escortaient  depuis  la  prison  jusqu'au 
lieu  de  leur  embarque  ■■Vint  ,  nos  malheureux 
compatriotes  dernièrement  déportés  ,  se  recom- 
mander à  eux  et  implorer  leur  bienveillance  pour 
le   tems   où  ils  reviendraient. 

Tels  sont  les  résultais  des  renseignemens  qui 
me  sont  parvenus.  Ils  m  ont  été  confirmés  par 
plireienrs  des  personnes  qui  font  en  ce  moment 
quarantaine. 

SOIVENT  LES  DEUX  PIECES  MENTIONNÉES  DAJfS 
LA  LETTRE. 

Première  pièce. 

Ferdinand  IV,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  des 
Siciles  ,  de  Jérusalem  ,  etc.,  infant  d'Espagne,  duc 
de  Parme,  de  Plaisance ,.  de  Castro,  etc.  ,  grand 
prince  héréditaire  de   la  Toscane ,  etc. ,  etc. ,  etc. 

Après  avoir  chassé,  avec  l'aide  de  Dieu,  les 
ennemis  qui  s'étaient  emparés  de  notre  royaume 
de  Naples  ,  et  réprimé  les  rebelles  qui  s'étaient 
joints  a  eux  ,  ce  n  est  pas  sans  une  vive  douleur 
que  nous  avons  été  obligés  d'abandonner  à  la 
rigueur  des  lois  (que  nous  avons  pourtant  mo- 
dérées en  certains  cas)  ceux  qui,  oubliant  leur 
devoir  envers  Dieu  et  envers  nous  ,  se  sont 
rendus  coupables  du  crime  de  félonie  et  de 
révolte  contre  le  trône  ,  en  appelant  au  milieu 
de  nos  fiileks  sujets  les  ennemis  de  l'état  ,  et  en 
coopérant  avec  eux  à  la  destruction  de  l'autorité 
légitime  que  nous  tenions  du  ciel. 


(  1  )  Voyez    ei-aprè». 


Notre  cœur  paternel  nous  portait  à  accorder 
une  amnistie  générale  pour  les  offenses  qui  étaient 
dirigées  contre  nous  ,  mais  la  sûreté  de  l'état  et 
cell;;  oe  nos  fidèles  sujets  qui  ont  secoué  avec 
tant  de  courage  le  joug  des  rebelles  ,  nous  a  mis 
dans  la  nécessité  de  différer  1  intention  où  nous 
étions  de  pardonner  à  tous  ,  et  de  les  sous- 
traire, de  notre  pleine  autorité  .  à  la  rigueur  des 
lois  ,  jusqu  à  ce  que  ces  mêmes  lois  oslent  assu- 
ré la  tranquillité  de  1  état  et  celle  ne  nos  p-uples 
fidèles,  contre  les  chefs  de  rebelles  et  leurs 
agens;  pour,  par  ce  moyen,  être  à  mêiie, 
sans  nuire  à  la  sûreté  publique  ,  de  pardonner 
à  tous  les  autres  coupables  ,  dans  l'espérance' 
que,  pleins  de  reconnaissance  pour  une  aussi 
grande  indulgence  de  notrepart.iisse  conduiraient 
à  l'avenir,  comme  de  bons  et  fidèles  vassaux  .  et 
ne  nous  contraindraienipas  à  déployer  contre  eux 
toute  la  sévérité  des  lois  .  ainsi  qu'à  prendre 
des  rnesures  que  réclamait  impérieusement  le  salut 
de  l'état.  D'après  ces  motifs  ,  nous  nous  sommes 
déterminés  à  accorder  .  comme  en  effet  nous 
accordons  ,  sauf  les  exceptions  ci-après  ,  une  am-' 
nisde  générale  à  tous  ceux  qui  ,  avant  ou  dépuis' 
l'entrée  des  français  dansnolre  royaume  deNaples,' 
se  seraient  rendus  coupables  du  crime  de  félnnie 
et  d'autres  délits  en  matière  délai,  tant  comme  chefs 
quecomme  coopéraleurs  et  complices,  soit  en  pie- 
nant  iesarmes,  soit  parieurs  écrits  et  par  leurs  dis- 
cours,soitde  toute  autre  manière.  Nousvoulons  et 
ordoniions  que  les  poursuites  commencées  soient 
annuUées  et  abolies  ,  et  que  ceux  qui  n  ont  pas 
encore  de  poursuites  ouvertes  contre  eux  pour 
les  délits  mentionnés  ci-dessus,  ne  puisseni  être: 
accusés  ni  dénoncés  par  qui  que  ce  soit  ,  ni  par 
nos  avocats  fiscaux;  annuUanl  et  abolissant  d& 
notre  pleine  puissance  et  par  la  grâce  spéciale 
que  nous  leur  accordons,  tons  les  délits  qu'ils 
peuvent  avoiV  commis  pendant  les  derniers  trou- 
bles. Défendons  à  chacun  de  les  reprocher  à 
l'3,Yfi}.'L?,%'é'b"oJ'.l  ""S  sujets  ,  ou  de  les  leur 
Se  considérer  désormais"  cônîme  dès').  Sis 'et  des 
sujets  fidelps. 

Et  la  junte  d'éiat  et  de  gouvernement  nous 
ayant  présenté  une  liste  des  délenus  les  plus 
coupables  ,  nous  exceptons  de  l'amnistie  les  in- 
dividus suivans  ,  contre  lesquels  nous  voulons 
que  l'on  continue  à  procéder  suivant  les  lois, 
mais  avant  de  rae-itre  leur  jugement  à  exécution, 
nous  voulons  q^Je  le  rapport  en  soit  mis  sous  no» 
yeux. 

(  Suit  une  liste  des  individus  exceptés  de  l'an- 
mistie, et  dont  le  nombre  est  si  considérable 
qu'il  nous  est  impossible  de  la  donner  nomi- 
nadvement.  Nous  nous  conienierons  d  en  pré- 
senter à  nos  lecteurs  le  résultat  qui  est  effrayant. 
Nous  conserverons  l'ordre  de  la  classification 
établie  dans  la  prétendue  loi    d'anmistie.) 

1°.  Individus  exceptés  qui  dépendent  de  la  ju- 
dicature  de  la  junte  d'état- 

Ils  sont  au  nornbre  de  cinquante ,  auxquels  il 
faut  joindre  tous  les  complices  de  Gaetano  Cian- 
ciafiielli   qui  fait  partie    des  cinquante. 

2*.  Individu^  exceptés  qui  dépendent  de  lajudir 
cature  de  13'  junte  des  généraux 

Ils  sont  au  nombre   de   trente  six. 

De  plus  Ferdinand  se  réserve  de  décider  si 
doivent  être  compris  dans  l'anmistie  149  mili- 
taires qui  font  partie  de  cette  classe,  ainsi  que 
Il3  autres  dont  tes  noms  sont  donnés  en  détail. 

3°.  Individus  exceptés  ,  qin  dépendfnt  db 

LA   DÉLÉGATION    DES     VISITEURS  -  GÉNÉRAUX. 

Chaque  visileur-général  ayant  sa  délégation 
particulière ,  nous  allons  suivre  à  cet  égard 
l'ordre    observé  dans  la  loi. 

Individus  dépendans  de  la  délégation  du  visiteur- 
conseiller  Marrano  pour  les  provinces  de  la  terre 
de  labour  et  salerne. 

Terre  de  Labour,  49  individus. 

Salerne  ,  24  individus. 

Individus  dépendans  de  la  délégation  du  visiteur 
monsignor  Ludovici ,  pour  Us  provinces  dt  Mon- 
tejusca  ,  Trani  et  Lueera. 

MONTEFUSCO,    14. 
TRANI  ,32. 

Lucera  ,  40. 


individus  dcpeudans  dit  visiteur  constiller  Ferrante,, 
pour  ks  provinces  de  Chieti ,  Aquila  et  Teramo. 

Chieti  ,  47. 

Aq,uila  ,  38.  En  outre  Ferdinand  se  réserve 
de  statuer  si  plusieurs  individus 
dénommés  seront  compris  dans 
l'amnisiie. 

Tebamo  ,  57  ,  la  plupart  de  Teramo. 

Individus  dépendant  du  visiteur  Winspeare  ,  pour 
la  province  de  Satamaro. 

CatanzARO  ,102  ;  plus  deux  ou  trois  familles. 
Il  y  a  ici  encore  réserve  pour  savoir  si  quelques 
individus  dénommés   seront   compris   dans  l'am- 
nistie. 
Individus  dcpendans  de  la  délégation  du  visiteur  , 

marquis  Valra  ;  pour  la  province  de  Matera. 

Matera  ,  43. 

Quant  aux  provinces  de  Lecce  et  de  Co- 
setiza  qui  ,ne  nous  ont  pas  encore  envoyé  la  liste 
des  chets  des  coupables  que  nous  leur  avons  de- 
mandée ,  el  où  nous  voulons  aussi  que  laprésente 
amnistie  ait  lieu-  nous  en  exceptons  pourtant  ,  et 
jusqu'à  nouvelle  décision  de  noire  part  ttjus  les 
détenus  qui  sont  dans  la  délégation  des  visiteurs  , 
le  marquis  dclla  Schiava  et  le  lieutenant- colonel 
Sirada. 

Nous  exceptons  également  de  l'amnistie  tous 
ceux  qui  ont  déjà  été  jugés  et  condamnés  par 
sentence,  ou  renfermés  ou  exilés  par  la  commission 
ou  par  notre  ordre  ,  le  bien  et  la  sûreté  de  l'état 
demandant  que  ce  qui  est  fait  soit  maintenu  ;  el 
telle  est  notre  volonté. 

Quant  à  ceux  qui  par  indulgence  ,  malgré  la 
notoriété  de  leurs  délits ,  ont  été  bannis  de  nos 
domaines .  nous  nous  réservons  ,  quand  la  tran- 
quillilé  publique  sera  entièrement  rétablie  ,  et 
après  quils  auront  donné  des  preuves  non  équi- 
voques de  leur  repentir,  fie  leur  faire  éprouver  les 
effets  bienfesans  de  notre  sonveraine  clémence. 

Nous  excluons  pareillement  de  l'amnistie  les 
coupables  qui  sont  en  fuite  ou  absens  de  nos 
domaines  ,  et  nous  voulons  qu'il  soit  procédé 
contre  eux  avec  toute  la  rigueur   des  lois. 

Nous  déclarons  en  outre  ,  qu'aucun  des  cou- 
pables qui  ont  reçu  l'abolition  de  leurs  crimes 
par  notre  amnistie  générale  ,  ne  pourra  avoir  le 
droit  de  rentrer  dans  lexercice  des  charges  et 
ofiBces,  soit  politiques  ,  soit  militaires  ou  ecclé- 
liastiques,  qu-il  possédait  avant  sa  rébellion. 

Nous  voulons  enfin  que  la  présente  amnistie  ait 
son  effet  du  jour  même  de  sa  publication. 

Francësco  Serrati. 
■yû ,  Dejorio  ,  pro-président ,  viceprotonotaire. 
Par  mandement  du  seigneur  roi  , 

Petro  Rivellini  ,  secrétaire. 

Le  3o  mai  1800.  Je  soussigné  ,  chargé  de  la  pu- 
blication des  édits  royaux,  déclare  avoir  proclamé 
la  présente  loi  à  son  de  trompe  ,  dans  la  très- 
fidele  ville  de  Naples. 

Carlo  Castellano. 

'        Deuxième  pièce. 

Nouvelles' RÉCENTES  d'Italie. 


Le  général  Ott  a  établi  son  quanier-général 
à  Modène  avec  une  armée  de  vingt-cinq  mille 
hommes.  Le  général  Mêlas  est  avec  la  sienne 
à  Milan  où  il  a  fait  prisonnier  Lucien  Bonaparte 
avec  d'autres  français  qui  ne  pourront  échapcr 
Un  corps  de  700  français  ayant  passé  le  Pô 
dans  le  voisinage  de  Plaisance  ,  a  été  entièrement 
passé  au  fil  de  l'épée  par  un  régiment  de 
hussards. 

Les  paysans  et  notamment  les  arétins  se  sont 
offerts  d'accouiir  au  nombre  de  quinze  mille 
sous  les    ordres   du    général  Somraariva. 

Sous  peu  ,  nous  aurons  nouvelle  d'une  bataille 
décisive  ,  les  armées  autrichiennes  ayant  fait  leur 
jonction. 

Les  français  ont  été  repoussés  sur  tous  les  points 
on  ils  ont  tenté  de  passer  le  Pô ,  dessein  qu'ils 
avaient  avant  la  reddition  de  Gênes. 

On  écrit  de  Lorette  ,  que  le  matin  du  t3  de  ce 
mois-,  arriva  dans  cette  ville  ,  S.  A.  R.  l'archidu- 
chesse Matie-Anne  d'Autriche  avec  sa  ptemieie 
dame  d  honneur ,  et  que  le  même  jour  elle  assista  , 
en  grande  cérémonie  ,  à  un  Te  Deum  solennel  , 
chanlé  pour  la  délivrance  de  la  ville  de  Gênes  ;  à 
la  fin  dç.  la  cérémonie  ,  monseigneur  Paoii  a 
donné  la  bénédiction  du  Saint-Sacrement  -à  un 
peuple  immense  qui  y  était  accouru. 

Son  altesse  royale  se  rendit  de  nouveau  ,  le 
lendemain  matin  ,  à  la  Santa  Casa  qui  était  ma- 
gnifiquement illuminée  ;  et  après  avoir  entendu 
la  mçsse,  célébrée  par  monseigneur  l'évêque  , 
elle  reçut,  avec  une  dévotion  exemplaire  ,  des 
mains  dè'ce  prélat  ,  le  pain  de  l'eucharistie  ,  ainsi 
que  sa  première  dame,  à  la  grande  édification 
des  fidèles  qui  étaient  rassemblés.  On  dit  que 
S.  A.  R.  séjournera  à  Lorette  jusqu'à  l'arrivée  du 
sairit  père  en  cette  ville. 

Nous  apprenons  par  des  lettres  de  Pesaro  que 


1238 

le  sain«rpere  pawi  de  Venise  pour  se  rendre  en 
cette  ville  sur  la  frégate  la  Be/Zone  ,  avait  éié  force 
par  les  vents  contraires  de  mouiller  à  Malamocco  ; 
que  le  12  il  était  arrivé  à  Pes.iro  une  barque 
avec  les  équipages  de  sa  sainteté  ,  et  qu'on 
attendait  avec  impatience  le  saint-pete  pour 
lequel  on  avait  meublé  décemment  le  palais  épis- 
copal.  Le  concours  des  étrangers  arrivés  dans 
celte  ville  pour  se  trouver  au  débauiiiement  de 
sa  sainteté  ,  était  si  considérable  qu'on  ne  pouvait 
plus  y  trouver  de  logement. 

Avec' ta  permission  de  l'if  lus  Ire  sig.  D.  Antonio 
délia  Rosa  ,  directeur  de  police. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du    4    thermidor. 

Bon.'VPARTe,  premier  consul  de  la  république, 
arrête  ce  qui  sùil  : 

Le  citoyen  Camus,  archiviste  actuel,  est  nommé 
garde  des  archives   nationales. 

Le  premier  tonful..  Signé.    Bonaparte. 
Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 
Lfs  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances,  vu  les  lois  des  9  ven- 
démiaire et  24  frimaire  an  6  ,  et  9  frimaire  an  7  , 
sur  la  liquidation  de  la  dette  publique;  vu  aussi 
celle  du  22  frimaire  an  7  ,  qui  exemple  de  la 
lormalilé  de  l'enregistrement  tous  effets  de  la 
detle    publique  inscrits  ou  à    inscrire. 

Considérant,  que  les  lois  des  27  aoiit ,  17  sep- 
tembre et  28  novembre  1792  ,  et  18  juillet  WgS  , 
qui  avaient  assujeti  les  effets  au  porteur,  émis 
par  l'éial  à  la  formalité  du  visa  et  de  l'enré- 
gistremeul  ,  à  peine  de  nullité  ,  sont  abrogées 
par  les  lois  postérieures  ci-dessus  citées  ,  sur  la 
liquidation  de  la  dette  publique  ,  lesquelles  ont 
relevé  de  la  déchéance  les  porteurs  qui  lavaient 
encourue  ,  et  que  la  loi  du  22  frimaire  an  7 
a  exempté  de  l'enregistrement  les  effets  de  la 
dette  ,   le    conseil-d'ctat  entendu  ,  arrêtent. 

Art.  I".  Tous  effets  émis  par  l'état  et  soumis 
à  la  liquidation  dans  les  délais  prescrits  par  les 
lois  sur  la  liquidation  générale  de  la  dette  pu- 
blique ,  seront  liquidés  en  conformité  des  dites 
lois;  les  dispositions  de  ce'Ies  des  27  août, 
17  septembre  et  28  novembre  1792  ,  et  iS  juillet 
1893  se  trouvant  abrogées  par  les  lois  des  9 
vendémiaire  et  24  frimaire  an  6,  et  9  et  ss  fri- 
"vnii-e    an  7. 

11.  Le  ministre  des  nnantcs  est  cna^c  o,.  i-v..i 
cution  du  jurésentiarrêté  qui  sera  inséré  au  bulletin 
des  lois. 

Signé.,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secréta'irt-d'état  ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Autre  nrrîté  du  même  jour. 
Les  consuls  de  la  république  ,  arrêtent. 
Art.  1'^.  Il  est  accordé  aux  citoyens  James 
Smith,  demeurant  à  Palis,  rue  de  Lille  ,  n°  643  ; 
Gaspard  Joseph  Cuchet  ,  rue  de  Tournon  , 
n"  1160,  et  Pierre  Denis  Montfort  au  collège 
de  Navarre  ,  un  brevet  d'invention  pour  le  terme 
de  cinq  années  entières  et  consécutives,  à-compter 
de  la  date  des  présentes ,  à  l'effet  d'établir  , 
vendre  et  débiter  par-tout  où  ils  le  jugeront 
convenable-,  daiis  loule  l'étendue  de  la  répu- 
blique ,  des  filtres  inaltérables  tirés  des  trois 
régnes  de  la  nature  ,  dont  ils  ont  déclaré  être 
4cs  auteurs  ,  à  la  charge  par  eux  d'employer 
les  procédés  indiqués  dans  leur  mémoire.  Sur 
les  vases  renfermant  ces  filtres  ,  il  pourra  être 
appliqué  un  tmbre  ou  cartel  avec  ces  mots:  brevet 
d  invention  et  le  nom  des  auteurs  pour  ,  par  eux 
et  leurs  ayant  cause  ,  jouir  dudit  brevet  dans 
oute   l'étendue    de    la    république. 

n.    Il    est    expressément   défendu    d'imiter    et 
d'employer  les  moyens  dont  il  s'agit  sous  quelque  1 
cause  que  ce  soit  ,  et  ,  pour  assurer  aux  citoyens 


nistre  extraordinaire   de    la  republique  fiançaite 
en  Piémont. 

II.    Le   ministre    des   relations    extérieures   esî 
chargé  de  l'exécution    du  présent   arrêté. 

Le  premier  consul  ,  Signé  ,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état ,  signe.  H.  B.  Maret. 
Antre  arrêté  du  même  jour. 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
ariête  : 

Le    citoyen    Berlier,     conseiller  -  d'éiat  ,    es: 
nommé  président  du  conseil  des  prises. 

Le  premier  consul ,  Signé',  Bonaparte. 
Par   le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
rrêie  : 
Le  citoyen  Najac.  ordonnateur  de  la  marine  , 
st  nommé  co.TSeiller-d'état,  section  de  la  marine. 
,   Signé,  Bonaparte. 
/       Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  6  thermidor. 

Le  citoyen  Barbé  -  Marbois  est  nommé  con- 
sciller-détat ,  section  de  la  marine. 

Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,   H.  B.  Maret. 

'  Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  ta   république    au   ministre   .de    la 
marine  et   des   colonies. 

Le  gouvernement  avait  ordonné  ,   citoyen  mi- 
nistre ,    que    lès   frégates     sortant   du   bassin    de. 
Dunkerque  se  rendissent   à   Flessingue    où    elles 
devaient  achever  leur  armement. 

Il  n'en  a  rien  été  ;  tou'es  les  frégates  sont  res- 
tées dans  la  rade  de  Dunkerque  ,  et  l'on  n'a 
pris  aucune  mesure  pour  la  sûreté  de  ces  bâti- 
mens  ,  et  sur-tout  pour  les  mettre  à  l'abri  des 
brûlots.  Cependant,  il  y  av.iit  dans  le  port  des 
chaloupes  canonnières  ,  et  d'autres  petits  navires 
armés ,  qu'un  peu  plus  de  surveillance  et  de  zèle 
aurait  pu  faire  mettre  en^  rade. 

Il  est  revenulau  gouvernement  que  de  misé- 
rables rivalités  entre  l'ordonnaienr ,  le  comman- 
ûant  aes  armes  et  le  commandant  de  la  rade  , 
ont  été  cause  d'une  négligence  aussi  préjudi- 
ciable. 

Le  gouvernement  sait  combien  de  fois  ces  riva- 
lités ont  été  ,  dans  la  marine,  funestes  au  service. 

Vous  voudrez  bien  donner  sur  le  champ  les 
ordres  pour  faire  anêter  à  Dunkerque  ,  le  chef 
de  l'administration,  l'officier  commandant  le  port, 
le  gèriérai  commandant  la  rade,  le  capitaine  de 
la  Désirée  ,  et  tous  les  officiers  et  contre-maîtres 
qui  étaient  dc'quart  lorsque  cette  frégate  a  été 
surprise  par  l'ennemi.  Vous  ferez  conduire  ces 
ofliciers  à  Paris  où  ils  seront  jugés.  Vous  pren- 
drez des  mesures  pour  que  le  service  ne  souffre 
point  de  leur  absence. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul, 
Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret.    , 


Administration  des  monnaies. 
Les  citoyens  sont  prévenus  que ,  conformément 
à  l'anicle  LVII  de  la  loi  du  22  vendémiaire  an  4, 
le  concours  pour  la  place  de  vérificateur  des  essais, 
vacante  par  la  nomination  du  citoyen  Anfrye  à  la 
place  d'inspecleur-général  des  essais  ,  sera  ouvert 
le  2  vendémiaire  an  9,  à  l'hôtel  des  monnaies,  à 
Paris  ,  au  laboratoire  de  1  inspecteur. 


Les  citoyens  qui  voudront  concourir,   sontin- 

o       u'  n     u  .     .   ivi„;.,f„..  I      •      ■  j'   j     '  vités  à  se  faire  inscrire  au  secrétariat  de    l'adrai- 

Smith ,    Cuchet  et   Monitort  la  louissance  dudit  1     ■         •  .>•   •  c      .-j         .^^u-;., 

Y   ,  ,  .       .        ...  -..in-       nistration  ,  dici  au  20  fructidor  prochain, 

brevet  ,    e   présent  arrête  sera  insère  au  bu  letin     """"""    •■  f 


des  lois. 

III.  Les  tribunaux  ,  les  préfets  et  sous-préfets 
feront  jouir  pfleinement  et  paisiblement  des 
droits  donfèrés  par  ce  {>téséiii,  les  citoyens  Smith , 
Cuchet  etMofitfort,  ou  leurs  ayant-cause  ,  fesant 
cesser  tout  empêchement  conlraire.  Ils  feront 
transcrire  ce  brevet,  lire,  publier  et  afficher 
dans  leur  ressort  et  département  respectifs,  pour 
être  exécuté  ,  pendant  sa  durée  ,  comme  loi  de 
la  république. 

Fait  au  palais  des  consuls  le  4  thermidor  an  §. 
Signé,  Bonaparte. 


Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B,  Maret. 
Arrêté  du  5  thermidor  an  8. 


Lis  administrateurs  des  monnaies  , 

DlBARRART  ,    GuïTON    et   SlVARD. 


Société  d'agriculture  de  Seine  et  Oise ,  séance  publique 
du  lo  messidor  an  8. 

Ordre    des    lectures. 
Discours  du  président ,  .cit.  Challan  ,  tribun.) 
Compte  rendu  ,  des  travaux  de  l'année  ,  par  le 
secrétaire  ,  (  le  cit.  Duchesne  ,  professeur  d'histoire 
naturelle  ,  à  l'école  centrale.  ) 

Usage    d'une    charrue   à   dérayer    les    terrein» 
aquatiques  ,  par  le  cit.  Deshayes. 

Rapport  du  cit.  Richard,  sur  les  pavillons  de 
primeurs  ,  de  l'invention  du  cit.  Bènard  ,  de  la 
Bonaparte ,  premier  conîul  de  la  république,  j  société. 
arrête  :  ]      Mémoire  sur  la  fibrication   des   Tins  ,   par  le 

Art.  1".  Le  général  Jourdan  est  nommé  rai-    cit.  Jumilhac, 


Rapport  sur  les  prix,  par  les  citoyens  Benoist. 
et  Leblond.  i 

Programmes  pour  l'an  g,  l'an   lo  et  l'an  12.       I 

Mémoire  sur  les  ruches  coupées,  du  ciioycrj 
Brancherie,  par  le  cit.  Cubieres  ,  l'aîné. 

Sur  des  semis  et  plantations  de  bois  ,  à  Chep-  . 
taînville  ,  par  le  cit.  Andiieu. 

Sur  la  fabricaiion  d  une  eau-de-vie  de  pru- 
nelles ,  par  le   cit.  jumilhac. 

Précis  analytique  ,  par  le  cit.  Fauvel ,  d'un  plan 
de  dessèchement  cl  déMchement,  proposé  par  le 
cit.  Dupeuty ,  membre  de  la  société. 

Trogramme  du  prix  pour  l'an  g  ,  sur  la  durée  des 
baux. 

Déterminer  quant  à  la  durée  des  baux  ,  quel 
est ,  à  raison  de  chaque  sol  et  de  la  culture  qui 
paraît  lui  convenir  ,  le  nombre  d'années  le  plus 
favorable  à  la  prospérité  de  la  culture  et  aux 
droits  de  la  propriélé. 

Celte  question  sera  traitée  dans  un  mémoire 
adressé  au  comité  central  de  la  société  d'agri- 
culture ,  séant  au  jardin  botanique  ,  à  Versailles  , 
avant  le  i5  floréal  an  g. 

Le  nom  de  l'auteur  restera  cacheté  dans  un 
billet  sur  lequel  sera  écrit  la  même  devise  qu'il 
aura  donnée  à   son  mémoire. 

Une  médaille  d'argent  sera  donnée  à  celui  qui 
aura  le  mieux  traité  la  question  .  et  Son  nom 
sera  proclamé  dans  la  séance  publique  du  10 
messidor  an  g. 

Les  membres  ne  peuvent  concourir." 
'  A   la   médaille   accordés  par  la  société  ,   sera 
jcinie  la  somme  de  cent  francs  ,  fournie  par  l'un 
de  ses  membres  ,  le  cit.  Lebrun  ,  consul   de  la 
république» 

Programme  du  prix  pour  fan  g  ,  pour  le  vin   le 
mieux  /ait. 

PaE  le  vin  le  mieux  fabriqué  .  on  entend  celui 
qui  ,  à  égalité  de  terroir  ,  devra  sa  meilleure 
qualité  aux  soins  donnés  à  la  vendange  et  au 
cuvage. 

En  conséquence  ,  il  sera  nécessaire  que  tout 
cultivateur  qui  se  dispose  à  concourir,  fasse, 
vers  la  Bn  de  fructidor ,  constater  par  le  maire  de 
sa  commune  ,  en  prgsence  de  denx  autres  vigne- 
rons ,  quel  est  celui  de  Ses  voisins  dont  le  vin  a 
le  plus  de  ressemblance  avec  le  sien,  lorsqu'ils 
sont  fabriqués  par  la  routine  de  tous  les  ans. 

Les  liêmes  témoins  surveilleront  le  vin  que 
fera  ce  voisin  ,  sans  précaution  particulière,  et 
celui  riui  doit  dîiputer  le  prix  :  ils  prendront  les 
taesures  nécessaires  pour  s'assurer  de  la  vérité 
jusqu'au  moment  de  tirer ,  de  chacun  ,  une  bou- 
teille qu'ils  enverront  cachetée  à  la  société. 

Le  prix  sera  accordé  à  celui  des  essais  qui 
présentera  une  plus  grande  différence  avec  le 
vin  commun. 

A  cet  envoi  ,  les  concurrens  joindront  un  mé- 
moire explicatif  de  la  manière  dont  ils  ont 
cherché  à  améliorer  leur  vin. 

Ils  exprimcoru  :  S  ils  ont  retardé  leur  ven- 
dange ; 

S  ils  ont  réservé  ,  pour  de  secondescuvées  ,  le 
raisin  motns  mûr  ; 

S  ils  ont  eu  soin  d'avoir  assez  de  vendangeurs 
pour  remplir  chaque  cuve  ,  en  une  seule  journée; 

S'ils  ont  éraflé  leurs  raisins  ; 

S  ils  ont  couvert  leur  cuve; 

S  ils  ont  aidé  la  fermentation,  en  faisant  bouil- 
lir du  moût  de  raisin  ; 

S'ils  ont  refoulé  le  marc; 

A  quel  signe  ils  ont  reconnu  l'instant  de  tirer; 

Enfin  ,  quels  autres  procédés  ils  ont  cru  néces- 
saires pour  se  procurer  un  meilleur  vin. 

11  serait  bien  à  désirer  que  quelque  proprié- 
taire de  vignes  eiît  assez  de  zèle  pour  varier  lui- 
même  ses  essais,  et  j  ût ,  sur  dies  cuves  diffé- 
rentes, envoyer  des  résultats  comparatifs  de 
procédés  divers. 

Enfin  .  et  pour  avancer  d  autant  la  connais- 
sance des  vignobles,  les  candidats  sont  invités 
d  indiquer  la  nature  de  leur  plant  ;  s'ils  fument 
outerrotcnt;  en  un  mot  tout  ce  qui  peut  jeter 
des  lumières  sur  la  culture  de  la  vigne. 

Le  tout  doit  être  adressé  ,  avant  le  l5  germinal 
an  g,  au  comité  central  de  la  société. 

Le  comité  fera  laire  les  dégustations  ,  et  pren- 
dra les  renseignemens  ultérieurs  nécessaires  au 
rapport  qu  il  en  lera  à  la  société,  le  s5  prairial 
suivant, 

La  société  délivrera  le  prix,  en  sa  séance  pu- 
blique du  10  messidor  an  g. 

Les  membres  ne  sont  point  admit  au  concours., 

A  la  médaille  accordée  par  la  société  ,  sera 
jointe  la  somme  de  loo  francs  ,  fournie  par  un 
de  ses  membres,  le  citoyen  Lebrun,  cotisai  de 
la  république. 


Prvgrijmme  dtt  prix  pour  l'm  10  ,  jar  ttmptei  dts 
fumiers. 

Les  concurrens  choisiront,  après  la  récolte  d« 
cette-  uiinée  ,  une  pièce  de  terre  labourable,  de 
."io  aies (  environ  un  aipent)  ,  d  un  sol  égal ,  et  qui 
ait  eu  ,  cette  année  ,  une  culture  uniforme  dans 
totiie  son  étendue.  Ils  la  diviseront  en  deux  por- 
tions écales  :  mais  en  donnant  à  chacune  Its 
même»  soins  de  culture  ,  ils  conduiront  à  l'une  la 
quantité  convenable  de  fumiers  parfaits  ,  c'cst-à- 
dirc  ,  pris  dans  1  état  de  décomposition  qui  pré- 
cède I  époque  oti  il  se  réduit  en  terreau  ;  et ,  dans 
la  Seconde  ,  on  n'cm-]iloicra  que  des  furniers  im- 
parfaits ,  de  la  nature  de  ceux  dont  se  contentent 
le  plus  grand  nombre  des  cultivateurs  ,  soit  qu'ils 
sortent  récemment  de, dessous  les  bestiaux  ,  ou 
qu'ils  aient  été  submergés  par  des  eaux  de  marre  , 
ordinairement  trop  voisines  des  fosses  à  fumier  , 
et  par  là  aussi  nuisibles  qu'elles  pourraient  être 
avantageuses  :  ces  engrais  seront  nécessairement 
de  ceux  dont  on  se  sert  le  plus  généralement  ,  et 
conséquemment  Composés  des  litières  de  che- 
vaux ,  vaches  et  cochons. 

Les  procès  -  verbaux  d'expérience  contien- 
dront : 

1°.  Déclaration  entre  les  mains  du  maire  ou 
adjoint  de  la  commune  ,  et  désignation  de  la  pièce 
de  terre  sur  laquelle  on  se  proposera  de  faire  lex- 
périence  ;  elle  sera  nécessairement  en  guétêt,  dis- 
posée par  une  semence  d'hiver. 

s°.  "Visite  de  ladite  pièce  à  l'époque  du  pre- 
mier labour  .  par  le  maire  ou  adjoint ,  un  membre 
on  cortespondant  de  la  société  ,  s'il  est  possible  . 
et  au  moins  deux  citoyens  recoramandables  par 
leur  probité  et  leur  connaissance  en"  agriculture  , 
piis  dans  les  communes  environnantes;  indica- 
tion des  grains  dont  elle  a  été  dépouillée  pré- 
cédemment ;  désignation  de  la  nature-  du  sol  , 
de  son  exposition  ,  de  ses  avantages  et  incon- 
véniens. 

3*.  Visite  lors  de  la  conduite  des  fumiers  pour 
la  partie  où  devront  être  emi>!oyé,sceux  dans  l'état 
de  perfection  demandée  ;  nature  des  engrais  à 
celte  époque  ,  quantité  de  voitures  ,  dépenses 
pour  les  charger  et  les   répandre. 

4°.  Paieille  visite  et  détails  circonstanciés  lors 
de  la  conduite  des  fumiers  imparfaits. 

5°.  Après  le  labour  à  demeure  ,  visite  à  l'épo- 
que des  semailles ,  faites  dans  les  deux  parties, 
dans  la  même  journée. 

6°.  Depuis  l'époque  des  semences  jusqu'à  la 
moisson  ,  observations  des  influences  locales 
des  saisons  sur  la  végétation  de  la  pièce  d  ex- 
périence. 

7°.  Lors  de  là  moisson  ,  vinite  pour  constater  la 
quantité  des  gerbes  dans  chacune  dies  pièces,  leurs 
qualités  respectives  et  la  séparation  exacte  de  leurs 
produits. 

8°.  Lors  du  battage  .  état  exact  du  produit  en 
grains,  les  r^ualltés  déterminées  par  l'inspection 
et  le  poids. 

Conclusion  du  procès-verbal  par  une  compa- 
raison raisonné^:  des  dépenses  poijr  lune  et  pour 
l'autie  pièce,  eu  égard,à  la  valeur  des  fumiers, 
à  prix  d'argent  :  aux  frais  pour  les  conduire  , 
les  charger  et  les  répandre  ,  et  résultat  exact  des 
produits. 

Toutes  les  conditions  presciites  par  le  pro- 
aramrne  seront  de  rigueur  ;  aucune  des  opérations 
dont  on  rendia  compte  ,  ne  sera  réputée  avoir  le 
caractère  d'authenticité  demandée  ,  si  elle  n'a  pas 
été  fuite  en  psésence  dgs  citoyens  dénommés  au 
procès-vecbal. 

C  est  au  cultivateur  qui  ,  ayant  rerppli  toutes 
les  conditions  demandées  par  le  programme  , 
aura  montré  le  plus  d  intelligence  daris  ses  pio- 
cédés  et  de  sagacité  dans  ses  observations  ,  que 
sera  adjugé  le  prix. 

Les  procès-verbaux  seront  remis  au  comité  cen- 
tral ,  avant  le  10  praiiial  an  g  ,  sous  enveloppe  . 
sans  timbre  de  poste  ,  avec  une  simple  devise  , 
et  des  copies  sans  noms  d  hommes  ni  de  lieux  , 
seront  jointes  au  paquet  avec  la  njême  devise.  Les 
pièces  originales  ne  seront  vérifiées  qu'après  le 
jugement  de  la  société. 

Les  membres  ne  sont  point  admis  au  con 
cours. 

A  la  méda'lle  accordée,  par  la  société,  sera 
jointe  h  somme  de  cenufronçs  ,  loui-nie  par  l'un 
de  ses  membres ,  le  citoyen  Le  Brun  ,  consul  de 
la  république. 

Programme  du  prix  pour  Van  a.,  sur  la  culture  in- 
termédiaire des  terres  à  bled. 

Pour  préparer  ,  par  une  première  expérience, 
la  détermination  précise  de  l'influence  que  peut 
avoir  sur  une  récolte  de  blé  ,  l'état  précédent 
de  la  terre  ,  la  société  propose  ,  en  se  confor- 
mant au  cours  ordinaire  de  trois  soles  ou  trois 
années  ,  de  pratiquer  en  même  lems  cinq  cul- 
tures diverses  ,  pendant  la  seconde  et  la  troisième, 
avant  de  la  remettre  en  froment ,  avec  la  con- 
dition que  le  charhp  d'expériences  ne  présente 
dans  toa  étendue  aucune  différence  locale. 


La  pîece  de  terre  de   ni  ares  wu  tflo^tis  \%  «»»■  ■ 
pens    à   20    pieds  )  ,    aura   dû    elfe  feil    blè  ,  t,i 
avoir' été    traitée   en   labours  et  fumage   d'util 
manière  uniforme   dans   l'année  présente. 

Les  Cultivateurs  qui  prétendront  au  prix;  feroril 
constater  par  deux  principaux  laboureurs  dll 
canton  ,  en  présence  du  maire  de  la  comniune 
et  de  quelques  associés  ou  membres  de  la  société» 
qu'il  ne  s'est  effectivement  trouvé  aucune  diffé- 
rence  à   la   récolte. 

La  pièce  sera  alors  partagée  ,  par  un  arpehtcuf, 
en  cinq  planches  parfaitement  égales  ,  et  bieii 
bornées  ,  en  présence  des  mêmes  tcmointi  (  et 
toutes  cinq  devront  recevoir  les  marnes  laçOilS  , 
au  printems  prochain,  pour  être  ainsi  qu'il  suit! 

en  l'in  g.  en  l'an  10. 

La  1".  ^a  avoine.  Un  jachère  f  avec  les  la- 

bours en  leurs  saisoni 
accoutumées. 
La  ï"".  En  ai/ot?/«  ,  Le    treje  ,    fauché   une 

et  <re/?t  sursemé)         seule  fois:  puis  tiols 
à  garantit  de»         labours  et  fumage.  aH 
.    bestiaux.  dernier. 

La  3"".  En  avoine ,  Le  treje,  fumé  en  hiver^ 

et«r«//«,demême  avec  fumier  ttès-cou- 
liommé. 
Nota.  Si  on  a  eu  Ldi  première  coupe  ,  ainsi 
soinde  donnerpour  traitée,  faite  en  vert , 
ces  deux  planches  ,  dans  3  décades  suc  , 
un  premier  labour  cessives  :  puis,  après 
d'automme  ,  il  sera  une  seronde  coupe ,  un 
comptédansles  fiais  labour;  même  deux, 
à  déduire.  à  intervalle  ,  si  la  sai- 

son le  permet  ;  avetf 
le  fumage  au  dernier. 
La  4"°.  En  avoine.  Sur  un  seul  labour,  en 

pluviôse  ou  ventôse  , 
semence  de  pois  .,  bi- 
saille.vesce  on  lentitttf 
puis  fumage  entre  3  ! 
labours. 

La  5"".  En  avoine.  Trois  labours  et  fumage 

,     ,  abondant ,  pour    se- 

mer des   haricots  ;   à 
!  "  binerlorsqu'ils  lèvent 

et  lorsqu  ils  fleuris- 
sent! puis  le  labour 
à  demeure  ,  sans  fu- 
mage. 

En  l'an  ti,  les  semences  en  blé  d'hiver,  à' 
'époques  diverses,  si    les  récoltes  l'ont  exigé. 

Tous  les  frais  et  produits  intermédiaires  cons-, 
talés  et  évaltiés  au  moment  de  chjijue  opération  ,, 
avec  les  mêmps  (ormalitcs  ;  à  la  lécolic  ,  véiiR» 
cation  des_  bornes  ,  séf>.<rafinri  du  produit  de» 
planches;  indication  exacte  de  la  quantité  de' 
gerbes  de  même  poids,  hauieirr  et  force  de  l'a, 
paille  ,  longneur  de  l'épi,  puis  de  la' quantité' 
de  m.esures  du  grain  ,  et  de  sa  qualité  constatée, 
par  forme  .  coiil^ur  et  poids,  et  par  des  essais 
de  mouture  ; 

Enfin  ,  la  récolte  de  l'avoine  dans  les  pays  où 
la  culture  se  fait  avec  des  chevaux  ,  étant  géné- 
ralement celle  de  la  seconde  année  ,  léiat  de, 
ce  second  grain  .  dans  la  totalité  de  la  pièce  , 
sera  constaté  le  l"  praiiial. 

C'est  au  cultivateur  ,  qui  ,  ayant  rempK  toute» 
les  conditions  prescrites  ,  aura  montré  le  plus 
d'intelligence  dans  ses  procédés  ,  de  sagacité, 
dans  ses  observations  et  dans  le  compte  des  frais 
et  produits  ,  que  sera  adjugé  le  prix. 

Lts  procès-verbaux  seront  remis  au  comité  cen- 
tral avant  le  10  prairial  an  9,  sous  enveloppe  , 
sans  timbre  de  poste,  avec  une  simple  devise; 
et  des  copies  sans  noms  d'hommes  ni  de  lieux, 
seront  jointes  au  paquet  ,  avec  la  même  devis*. 
Les  pièces  originales  ne  serontvérifiées  qu'après  le' 
jugement  de   la  société. 

Les  membres  ne  sont  point  admis  au  concours, 

A  la  médaille  accordée  par  la  société  ,  serc 
jointe  la  somme  de  trois  cents  francs,  fournie' 
par  l'un  de  ses  membres  ,  le  citoyen  Lebruna 
consul  de  la  république. 


Au     PREMIER     CONSUL     BONAPARTE. 

Suite  de  la  description  abrégée  des  principaux  monu- 
mens  de  la  Haute-Egypte  .  accvmpagnte  de  détailt 

'  sur  les  tableaux  qui ,  en  les  décorant  ,  servent  à . 
faire  conjecturer  à  quelles  divinités  lis  temples, 
étaient  consacrés. 

Enpou  autrefois  Apollinopolis  Magna.  ! 

Ce  temple  est  le  mieux  conservé  ,  te  plus  beau, 
le  plus  vaste,  et  celui  où  l'architecture  égyptienne 
se  déployé  avec  le  plus  de  majesté.  Maintenant 
sa  cour  sert  d'étable  aux  troupeaux  du  village 
arabe  bâti  autour  du  temple.  Plus  de  trente 
familles  ont  construit  des  habitations  sur  sa 
terrasse  ,  et  te  servent  des  appartement  intérieur» 
de  ce  lieu  sacré  comme  de  magasins  et  de 
caves. 

Ge  temple  était  consacré  à  Horus  ,  l'Apollon 
des  grecs.  Les  deux  m^les  qui  otaentson  entrée  , 


sont  ÎTitacIs.  La  porte  est  plus  élevée  qu'en  aucun 
autre  endroit  -,  elle  conduit  à  une  vasi^e  cour  en- 
vironnée de  colonnes  en  forme  de  ^peristile  ;  les 
logcniens  des  prêtres  étaient,  pratiqués  derrière  ce 
jiqrislile.  Le  portique  est  (orme  de  six  colonnes 
de  Iront  et  trois  de  profondeur  ;  la  distribution 
intérieure  est  semblable  à  celle  du  temple  de 
Bendera.  Il  est  fort  difficile  d'y  pénétrer  ,  parce 
que  les  encombremens  s'élèvent  jusqu'au  plafond. 
Le  temple  est  environné  extérieurement  d  une 
muraille  d'enceinte  qui  ne  se  trouve  nulle  part. 
Elle  est ,  sur  les  deux  faces  ,  décorée  de  tableaux 
■et  d'hiéroglyphes.  Sa  hauteur  est  d'environ  vingt 
pieds  ,  sa  largeur  de  six  pieds  ,  et  sa  distance  du 
temple  ,  de  douze  pieds.  Elle  commence  oia  finit 
le  portique  :  le  plan  en  général  en  paraît  plus 
soigné  que  celui'  d'aucun  des  autres  monumens 
•égyptiens  ;,  c'est-là  que  les  grands  matériaux  ont 
cté  le  mieux  mis  en  œuvre  ,  quoique  plusieurs 
dés  ne  soient  pas  d  à-plomb  sur  les  chapiteaux  , 
quoique  plusieurfi  colonnes  ne  soient  pas  d  un 
diamètre  semblable.  Cependant,  a'jjrès  Dendera, 
c'est-là  qu'on  trouve  la  plus  grande  perfection 
.dans  la  main-d'œuvre.  Le  dessin  des  ligures  est 
correct  ;  on  commence  à  voir  même  quelque  con- 
naissance deja  perspective  ,  dans  la  position  des 
figures  d  Isis  qui  décofent  la  frise  du  portique  du 
temple. 

Typhonium    d'Edfou. 

Au  sud  et  à  deux  cents  pas  des  tnôles  du  grand 
temple  ,  on  en  voit  un  petit  consacré  à  Typhon  , 
afnsi  que  l'indiquent  les  tableaux  qui  en  ornent 
l'intérieur  ,  et  les  figures  du  mauvais  génie  ,  qui 
servent  de  chapiteaux  aux  colonnes  ;  il  est  pe- 
riptère  tomme  toutes  ces  sortes  de  temples.  Les 
taoleaux  qu  on  y  remarque  ,  sont  ceux  qui  re- 
présentent le  triomphe  de  l'Hyppopotarae  ,  ani- 
mal en  horreur  aux  autres  égyptiens  ,  et  ceux  qui 
retracent  le  souvenir  des  moyens  employés  par 
les  femmes  au  service  d'Isis  ,  pour  éloigner  le 
mauvais  génie  ,  au  moment  oOi  cette  déesse  al- 
laite son  enfant  ;  elles  frappent  du  labor ,  espèce 
de  tambour  dont  se  servaient  les  hébreux  ,  et 
agitent  le  sistre. 

EitETHiA  ,  ville  de  Bubaste. 

L'emplacement  d'Ëilethia  ,  maintenant  El- 
Rab  ,  est  indiqué  par  une  enceinte  de  trois  cents 
quinze  toises  de  côté.  On  y  trouve  des  fragmens 
de  colonnes  ,  quelques  statues  et  sphinx  de  mar- 
bre noir  et  blanc.  A  cinq  cents  toises  au  nord 
des  murs  de  la  ville  ,  sont  les  ruines  d'un  petit 
temple  périptere  fort  délabré.  La  montagne  ara- 
bique' dans  le  voisinage  de  ce  temple  est  percée 
d'uri^rand  nombre  de  grottes  qui  servaient  de 
sépulture  aux  habitans  de  la  ville  d'Ëilethia. 
La  plupart  de  ces  grottes  consisieni  eu  x»n»  calU 
Ae  S  i,;<^ds  r^irip»,  »^r  un  Jcs  côiés  de  laquelle  on 
voit  un  trou  qui  conduit  aux  so^iteirains  destinés 
à  recevoir  les  momies.  Les  sotaterraios  sont  vastes 
et  paraissent,  chacun  isolément,  avoir  servi  à  une 
sçule  famille. 

Il  paraît  vraisemblable  que  l'on  embaumait  des 
poissons  ;  car  on  voit  dans  le  rocher  des  ouver- 
rures  de  deux  pieds  de  long  et  de  huit  à  dix 
ji'ouces  de  largeur  ,  semblables  (  aux  dimensions 
près  )  à  celles  où  l'on  trouve  encore  des  chacals  à 
Siout.  On  y  voit  une  grotte  qui  .jcmble  avoir  servi 
de  sépult'ure  aux  crocodiles.  On  a  vu  des  mon- 
,ceaux  composés  de  trente  ou  quarante  têtes  de 
ces  arrimaux  parmi  les  grottes  d'Elkab.  Il  y  en 
a  deux  particulièrement  remarquables.  La  plus 
grande  a  dix-huit  pials  de  long  et. neuf  de  lar- 
geur ;  au  fond  et  dans  une  niche  de  quatre  pieds 
de  profondeur  ,  sont  trois  statues  de  proportion 
naturelle.  Celle  du  milieu  représente  un  homme 
assis  ,que  deux  femmes  ,  également  assises ,  sou- 
tiennent pas   dessous   les   bras. 

Cette  figure  est  vraisemblablement  celle  de 
l'égyptien  enseveli  dans  cette  grotte.  Les  deux 
côtés  de  la  muraille  offrent  ,  d'une  manière  très- 
distincte  1  lès  détails  du  labourage  ,  de  l'ense- 
ipencement ,  des  récoltes  de  difféieus  grains, 
de  la  vendange  ,  de  la  pêche,  de  la  chasse, 
de  la  dessication  et  de  la  salaison  du  poisson 
et  des  oiseaux,  de  la  navigation,  des  offrandes 
aux  dieux ,  et  des  cérémonies  funéraires.  Les 
choses  les  plus  reiparquables  de  tfes  tableaux  , 
sont  des  attelages  cf'hommes  employés  à  traîner 
la  charrue  ;  ce  qui  n'empêche  pas  que  des  beufs 
ne  remplissent  les  mêmes  fonctions  à  côté  d'eux. 
On  y  distingue  jusqu'aux  détails  les  plus  minu- 
tieux des  procédés  de  la  récolte  de  l'orge  et 
du  lin  ,  du  battage  des  grains,  de  leur  emma- 
gasinement  ,  de  la  préparation  des  aliraens  pour 
la  nouriture  des  moissonneurs. 

On  peut  remarquer  que  les  aijciens  égyptielis 
paraissent  avpir  mis  infiniment  d'ordte  dans  l'ad- 
ministration, de  leurs  affaires.  Par-tout  où  l'on 
lencontrc  des  hommes  employés  à  diflérens  tra- 
vaux ,  on  en  voit  aussi  d'occupés  à  les  inscrire 
sur  un  volumen  ,  à  l'aide  des  caUimtu  ou  plumes 
de  roseaux.    On  en  remarque  qui   sont  relatifs 


1240 

aux  soins  qu'ils  prenaient  des  troupeaux  ;  des 
hommes  chassent  devant  eux  des  troupes  de 
bœufs  ,  de  chèvres  et  d'ânes.  Ils  n'ont  négligé 
aucune  occasion  de  faire  passer  dans  l'imitation 
de  la  nature  ,  les  traits  qui  peuvent  la  rendre  plus 
exacte  ,  et  qui  sont  fondés  sur  la  connaissance 
du  caractère  et  des  habitudes  des  animaux. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  frappant  4ans  les  dé- 
tails de  la  navigation,  regarde  la  forme  des  bâ- 
timens  qui  ressemblent  assez  aux  schermes  doiit 
on  se  sert  actuellement  sur  le  Nil.  La  seule  clifté- 
rence  consiste  en  ce  que  les  chambres  sont  plus 
hautes  et  plus  spacieuses  ,  et  qu'il  n'y  a  qu'une 
seule  voile  dont  la  forme  est  quarrée.  Le  gou- 
vernail ,  dirigé  par  un  seul  homme  et  placé  sur 
la  chambre  du  bâiiment ,  est  fort  large  à  l'cx- 
trêinilé  qui  plonge  dans  l'eau  ;  la  barre  en  est 
longue  et  épaisse  ;  pour  en  faciliter  le  mouve- 
ment ,  une  roue  est  adaptée  à  son  extrémité  , 
et  se  meut  sur  la  chambre  dans  le  sens  de  sa 
largeur.  On  y  distingue  un  bâtiment  à  la  voile  et 
un  autre  à  la  rante.  Les  avirons  sont  semblables 
aux  pagayes  dont  se  servent  les  insulaires  de  la 
mer  du  Sud.  Les  procédés  de  la  pêche  et  de  la 
chasse  aux  oiseaux  ne  laissent  rien  à  désirer 
dans  leur  imitation.  Les  petites  figures  qui 
composent  ces  différens  tableaux  ont  huit  pou- 
ces de  hauteur,  les  moyennes  en  ont  dix-huit,  et 
la  grande  figure  à  laquelle  paraissent  se  rapporter 
tous  les  dirferens  tableaux  ,  est  de"  proportion  na- 
turelle.  Les  hommes  sont  peints  en  rouge  et  vêtus 
d'une  espèce  de  pagne  qui  ,  cornmençant  à  la 
seinture,  finit  aux  genoux,  en  leur  tenant  lieu  de 
tout  autre  , habillement.  Les  femmes  sont  peintes 
en  jaune  et  couvertes  d  une  tunique  qui  prend 
au-dessous  dti  sein  et  tombe  jusqu'à  la  hauteur 
de  la  cheville  du  pied.  Les  enfans  sont  nuds  et 
conservent   la  couleur   de   leur  sexe. 

Dans  la  cérémonie  funéraire  on  distingue  plu- 
sieurs femmes  formant  une  espèce  de  concert  ; 
l'une  joue  de  la  flûte  à  deux  tiges  et  à  eiubou- 
chure  commune  ,  flûte  que  les  grecs  ont  imitée 
des  égyptiens.  Une  jeune  fille  marque  la  mesure 
avec  deux  baguettes  courbées  ,  et  une  troisième 
pince  d'un  harpe  à  dix  cordes  ;  d'autres  exé- 
cutent des  danses  devant  le  mort.  L'entiée  de 
chaque  grotte  sépulchrale  est  gardée  par  deux 
figures  armées  d'un  bâton  ,  et  placées  dans  l'épais- 
seur de  la  porte.  La  seconde  grotte  d'Elkab  ren- 
ferme des  détails  précieux  sur  l'embaumeroent. 

ESNÉ  ,  ancienne  Latopolis. 

Le  temple  est  placé.dans  l'intérieur  de  la  ville-, 
le  portique  seul  est  bien  conservé  ,  le  reste  est 
enseveli  sous  les  décombres.  Vingt-ijuatre  co- 
lonnes placées  sur  six  de  front  et  quaiie  de  pro- 
fandeui  ,  et  surmnniées  Je  leuis  arciiitravts  et 
des  plafonds  ,  sont  les  seuls  restes  de  ce  monu- 
ment. Les  chapiteaux  des  colonnes  différent  tous 
entr'eux  ;  c'est-là  qu'ils  sont  les  plus  élégans  et  les 
mieux  exécutés.  Ce  temple  était  dédié  à  Jupiter 
Ammon  ,  ainsi  que  l  indique  un  médaillon  sculpté 
au-desius  de  la  porte  de  l'intérieur  du  temple. 
Les  hiéroglyphes  et  les  tableaux  représentent  un 
grand  nombre  de  sacrifices  offerts  à  ce  dieu  et  à 
des  béliers  ,  emblèmes  de  ce  dieu. 

Les  plus  curienx  sont  relatifs  aux  offrandes  faites 
au  crocodile  et  au  culte  que  l'on  rendait  au  Nil. 
Onydistinguj;  également  les  triomphes  des  signes 
du  lio,n  et  du  cancer.  Les  hiéroglyphes  sont  gravés 
en  relief  sur  les  colonnes.  Le  temple  est  un  des 
plus  importans  de  la  Haute-Egypte  ,  autant  par 
la  parfaite  conservation  des  parties  qui  subsistent 
encore  et  leur  belle  exécution  ,  que  par  l'intérêt 
des  tableaux  qu'ils  présentent,  et  qui  sont  tous 
relatifs  aux  détails  les  moins  connus  du  culte 
égyptien.  C'est-là  que  se  trouve  un  des  quatre 
zodiaques  qui  se  voient  encore. 

A  une  lieue  et  demie  au  nord -ouest  d'Esoé,  est 
un  autre  temple  qu'on  a  cru  ,jusqu'à  ce  moment, 
consacré  au  crocodille.  Il  est  fort  ruiné,  et  on 
y  voit  encore  quelques-uns  des  signes  du  zodiaque 
qui  en  décoraient  le  plafond. 

En  face  d'Esné  ,  à  l'est  ,  et  sur  la  rive  droite  du 
fleuve  ,  est  encore  un  petit  temple  fort  délabré  ; 
la  seule  chose  remarquable  qu'on  y  trouve  ,  est 
une  galerie  formée  dans  l'épaisseur  des  murs ,  et 
qui  fait  le  tour  du  temple;  elle  servait  à  favo- 
riser les-  jongleries  des  prêrres  ,  soit  dans  les 
oracles  qu'ils  rendaient  ,  soit  dans  les  myster-es 
de  l'iniuation  vulgaire  :  car  les  grandes  initiations 
devaient  se  faire  àThebes,  à  Apollinopoli  magna, 
à  Dendera  ou  à  Philoe.  Le  temple,  dans  un  rayon 
de  400  pas  ,  est  ei>touré  Ide  fragmens  de  briques, 
qui  paraissent  indiquer  l'emplacement  de  la  ville 
connue  sous  le  nom  de  Contralatopolis. 

Taud  ,  autrefois  Tuphium. 

Le  temple  est  éloigné  de  la  rivière  d'une  demi- 
lieue.  Il  est  enfermé  dans  un  village  ,  et  fait  partie 
des  habitafions  des  naturels.  Les  traces  de  cons- 
truction qui  restent  de  ce  temple  ,  maintenant 
rasé  presqu'à  dix  pieds  de  ses  fondations  ,  indi- 


quent qu'il  a  dû  être  fort  grand.  Les  tableau:^t 
principaux  représentent  des  crocodiles  à  tête 
d'épervier  ,  et  les  mêmes  anim.iiix  parfaitement 
conservés.  Au  sud  et  à  200  cents  pas  du  tt-mple, 
on  trouve  les  ruines  d'un  vivier  assez  large,  qui 
paraît  avoir  servi  à  la  conservation  ou  du  cro- 
codile  ou   des  poissons  sacrés. 

Erment  ,  autrefois  Hermttntes. 

Ce  temple  est  un  des  plus  jolis  études  plus  ëlé- 
gans  ;  il  paraît  avoir  été  consacré  à  Isis.  Cinq 
colonnes  du  portique  sont  encore  en  place.  L'in- 
térieur est  divisé  en  trois  salles.  Une  ouverture 
pratiquée  dans  le  mur  de  droite  du  temple  , 
conduisait  à  Vaditum  dont  l'entrée  a  été  forcée. 
Cet  aditnm  paraît  avoir  servi  à  loger  la  génisse 
consacrée  à  Isis.  Son  plafond  est  orné  de  figures 
relatives  à  l'aslfonomie  ,  et  deux  des  murailles 
sont  couvertes  de  tableaux  qui  regardent  le  culte 
rendu  à  la  génisse;  l'accouchement  d  Isis  y  est 
gravé  en  bas-relief.  Sur  le  riiur  extérieur  du  fond 
du  temple  on  distingue  une  giraffe  ,  et  dans  la 
première  salle  .Typhon.  Un  autre  basrrelief  re- 
présente Typhon  se  masturbant  en  piésence  d  un 
èpcrvier. 

A  cinquante  pas  à  l'est  du  temple  ,  est  un  vi- 
vier destiné  au  crocodile  sacré  .  dont  on  retrouve 
des  figures  multipliées  dans  le  tetnple.  Dix  degrés 
conduisent  au  vivier  ;  ch^icun  d  eux  n  a  pas  plus 
de  douze  pouces  d'élévation  ;  ce  qui  permettait 
aux  prêtres  démarcher  avec  la  gravité  qu  ils  affec- 
taient  dans  l'exercice  de  leurs  fonctions. 

(I.a  suite  demain.) 


THÉÂTRE  DES  TROUBADOURS. 

Le 'Vaudeville  a  fondé  de  tout  tems  une  grande 
partie  de  sa  fortune  sur  les  circonstances  :  l'à- 
propos  est  l'insiant  qu  il  épie  ,  et  l'impromptu  le 
langage  qu'on  aime  le  plus  à  lui  voir  employer. 
Aussi  est-il  rare  <iue  le  fait  le  moins  important  ne, 
soit  pas  le  sujet  d'une  bluette  fugitive  ,  s'il  a 
occupé  la  conversation  de  Paris  pendant  un  mo- 
ment. 

Qj.ioi  qu'en  ait  dit  un  de  nosjournaux.plusem- 
presséàdonncr  lesdétalsde  la  lêie  du  14  juillet  qu'à 
vérifier  si  le  programme  avait  pu  être  suivi  ,  les 
courses  ne  purent  avoir  lieu  au  Champ-de-Mars 
au  jour  indiqué.  L'empressement  d'un  peuple 
immense  se  précipitant  des  tertres  dans  la  plaine 
pourvoir  de  plus  près  et  le  premier  consul,  et 
les  grenadiers  de  retour  de  Maringo  ,  elles  dra- 
peaux pris  en  Italie  ,  ne  permit  pas  de  célébrer 
les  jeux  annoncée.  Deux  chansonniers  très-spiri- 
tuels ,  et  qui  marquent  leur  début  par  un  succès 
flatteur  ,  ont,  sur  ce  fond  léger  ,  brodé  une  in- 
trigue non  moins  légère  ,  à  laquelle  ,e  trouvent 
liées  des  scènes  assez  comiques  ,  et  sur-tout  des 
couplets  très-jolis.  Les  personnages  de  l'ancienne 
comédie  itcilienne  ,  Pandolfe  ,  Cassandre  ,  Sca- 
pin  ,  Arlequin  et  Colombine  ,  sont  iti  rais  ea 
scène.  Pandolfe  ne  veut  donner  sa  fille  en  ma- 
riage qu'à  l'un  des  vainqueurs  à  la  course  ,  cou- 
ronnés- au  Champ-de-Mars.  Cassandre  et  Gilles  , 
rivaux  d'Arlequin  ,  prennent  le  parti  de  se  cou- 
ronner eux-mêmes  ,  et  de  venir  aussi  réclamer  le 
prix  qui  leur  a  été  prorais.  La  scène  dans  la- 
quelle ils  se  disputent  tous  deux  v.n  avantage 
auquel  ni  l'un  ni  l'autre  n'a  prétendu ,  et  o& 
chacun  d'eux  découvre  que  son  concurrent  n'»,' 
pas  même  été  au  Champ-de-Mars  ,  est  assez 
piquante.  Arlequin  met  fin  à  ce  débat,  en  ap- 
prenant à  tout  le  monde  que  l'es  courses  n'ont 
même  pas  eu  lieu  ,  qu'ellcssont  remises  au  pre- 
mier dé«adi  :  par  anticipation  sur  le  triomphe 
qui  l'attend  ce  jour-ià  ,  il  épouse  Colombitie  , 
et  les  faux  vainqueurs  remettent  leurs  lauriers 
dans  la  poche. 

Les  auieurs  de  cette  bagatelle  ont  tiré  tout  le 
parn  possible  des  allusions  que  présentait  letir 
sujet.  Le  plus  grand  nombre  de  leurs  couplets 
sont  délicats  ,  spirituels  et  agréablement  tournés  ; 
nous  ne  sommes  pas  cependant  disposes  a  con- 
venir avec  eux  qu  ils  n'ont  pu  ,  ainsi  qu'ils  le 
disent,  courir  après  l'esprit.  Il  est  très-évident, 
au  contraire  ,  qu'ils  n'ont  cessé  d'y  courir  :  mais  , 
en  le  remarquant,  on  leur  pardonne  ,  parce  qu'ils 
ont  plus  d'une  fois  atteint  le  but. 

L'Arlequin  a  nommé  comme  auteurs  de  ce  petit 
ouvrage  ,  les  citoyens  Dubois  et  Servieres.  Le 
premier  est  aussi  l'auteur  d'une  des  plus  jolies 
pièces  données  au  même  théâtre  ,  et  qui ,  depui» 
quelques  jours  ,  y  obtient  beaucoup  de  succès. 
Son  titre  est  la  Leçon  conjugale.  Une  femme  hon- 
nête et  belle  ramenant  un  époux  prêt  à  s'égarer 
et  à  devenir  infidèle  ,  en  lui  fesanl  éprouver  la 
crainte  d'un  juste  retour  :  tel  est  le  fond  de  cette 
comédie  agréablement  intriguée  ,  semée  de  cou- 
plets assez  heureux,  mais  dans  laquelle  des  si- 
tuations un  peu  hasardées  donnent  lieu  à  des 
traits  trop  libres.  Le  lieu  de  la  scehe  est  l'un  de 
ces  jardins  consacrés  aux  rendez-vous  amoureux. 
Il  eût  été  à  désirer  que  l'auteur  fît  un  autre  choix. 
Le  ton  général  de  l'ouvrage  eût  été  plus  décent  , 
et  l'ouvrage  n'eût  pas  été  moins  comique.   S... 


A  Paris  ,  de  l'itnpriinciie  du  cit.  Ajasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rne  des  Poitevins  ,  n»  i3. 


GAZETTE 


ONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  3o8. 


Octidi ,  8  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  d\x  7   Nivôse  le   Moniteur  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ARMÉE    D'  ITALIE. 

Liberté.  Egalité. 

REPUBLIQ.UE    FRANÇAISE. 

Monnier,  général  de  division  ,  commandant  la  pre- 
rtiiere   division    de    l'aile  droite.  —  Au  quartier- 

'  général  de  Faenza  ,  le  23  messidor  an  8  de  ta 
république  française  ,  une  et  indivisible. 

Considérant  que  l'arc  triomphal  élevé  par  la 
commune  de  Faenza  ,  et  détruit  par  le  vanda- 
lisme ,  ST^l  n  était  promptement  relevé  ,  imprime- 
rait aux  habitans  de  celte  commune  un  caractère 
de  barbarie  et  d'ingratitude  contraire  au  témoi- 
gnage quils  donnèrent  par  ce  monument  pu- 
blic ,  de  leur  admiration  et  reconnaissance  pour 
le  héros  italique,  et  la  brave  armée  qui  ,  sous  ses 
ordres  ,  conquit  l'Italie  à  la  liberté  ,  ordonne  : 

L'arc  de  triomphe  élevé  par  la  commune  de 
Faenza  ,  et  détruit  par  le  vandalisme  ,  sera  relevé 
aux  frais  de  ceux  qui  ont  ordonné  et  participé  à 
la   démolition. 

La  bataille  de  Maringo  ,  Vjui  a  fixé  les  destinées 
de  l'Italie  ,  sera  ajoutée  aux  autres  faits  d'armes 
^ui  décoraient  cet  arc. 

Le  citoyen  Antolini  sera  chargé  de  la  direction 
de  ce  travail ,  et  suivra  le  même  dessin  approuvé 
par  le  général  en  chef  Bonaparte. 

L'administration  provisoire  de  Faenza  demeure, 
sous  sa  responsabilité  ,  chargée  de  l'exécution  du 
présent  arrêté. 

Signé ,  MoNNiER. 

ÉTAT-MAJOR-GÉNÉRAL. 

Au  quartier-général  à  Milan  ,  le  25  messidor  an  8 
de  ta  république  française  une  et  indivisible. 

Discours  prononcé  ou  Ckamp-de-Mars  ,  à  Milan  , 
far  le  général  Oudinàt^  chef  de  l'état-major-général 
de  l'armée,  à  la  fête  qui  a  eu  lieu  pour  célébrer 
l'anniversaire  rfu  14  juillet. 

Soldat?  français,  et  vous  estimables  cisalpins  , 
nos  alliés. 

C'est  aujourd'hui  l'anniversaire  d'un  jour  à 
jamais  fameux  dans  nos  annales,  oià  fut  ébranlé  , 
jusques  dans  ses  fondemens  .  un  trône  aussi  vieux 
,, d'abus  que  d'années.  G  est  à  vous  tous  ,  soldats 
conservateurs  de  cet  enthousiasme  et  de  ce  dé- 
voûraent  qui  animèrent  tout  un  peuple  dans  cette 
journée  dont  nous  fêtons  la  mémoire  ,  c'est  à 
vous  sur-tout  qu'il  appartient  de  la  célébrer. 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  regarder  loin  en 
•arrière  pour  trouver  des  motifs  de  triomphe  :  le 
mois  qui  vient  de  s'écouler  est  pour  nous  assez 
riche  de  gloire,  par-iout  les  ennemis  du  peuple 
français  ont  été  vaincus  et  humiliés. 

Honneurau  génie  quia  conçu  l'ensemble  de, 
cette  étonnante  campagne. 

Tandiî  que  l'armée  du  Rhin  ,  dirigée  par  son 
chef  intrépide  et  modeste  ,  s'avance  au  cœur  de 
l'Allemagne  ,  5o  mille  hommes  de  réserve  dont 
la  plupart  d'entre  vous  fesaient  partie  ,  dissimu- 
ient  leur  marche  à  l'ennemi  ;  gravissent  avec 
leurs  chevaux  ,  leur  artillerie  ,  leurs  bagages  , 
<es  montagnes  escarpées  oti  la  nature  semble 
avoir  multiplié  les  abymes  pour  en  interdire 
l'abord  aux  hommes,  et  descendent  pour  se- 
conder l'armée  d  Italie  dans  son  immortelle  dé- 
fense. 
■  Enfermée  dans  Gênes  ,  elle  était  aux  prises 
avec  la  famine  ;  mais  Massena  qui  ,  par  son  ca- 
-ractere  ,  est  destiné  à  dominer  la  fortune  des  ar- 
mes ,  se  roidit  contre  tous  les  obstacles  ;  chaque 
jour  est  signalé  par  une  sortie  dans  laquelle  nous 
ramenons  ,  tantôt  des  prisonniers  ,  laniôi  des 
drapeaux  ,  tantôt  de  l'ariillerie  ;  l'ennemi  enfin  a 
perilu  plus  de  monde  sous  les  murs  de  Gênes 
qu'en  plusieurs  batailles  rangées. 

Soldats  ,  n'êtes-vo\is  pas  bien  payés  de  vos  pri- 
vations et  de  vos  souffrances,  par  l'honneur  d'avoir 
participé  à  de  si  grands  évcnemens  ? 

Enfin,  après  deux  mois  de  siège  ,  tin  grand 
nombre  diiabiians  et  de  nos  camarades  étant 
^morts  faute  (le  nouriiturc  ,  l'armée  quitte  les  raur,s 
de  Gêne»  pour  retourner  combattre  l'ennemi  dans 
la  plaine. 

Déjà  noirsélions  sur  son  frc>nl.  prêts  à  l'atta- 
.gner   lort^ue   .la     tiévc    de  Maringo    suspendit 


votre  valeur,  et  décida  du  sort  de  celle  répu- 
blique au  sein  de  laquelle   nous  sommes  atijour- 

d'hui Je  vous  entends  ,    camarades  ,  le  nom 

de  Desaix  est  inséparable  de  celui  de  Maringo  : 
amant  de  la  gloire  il  est  mirt  dans  ses  bras  ,  ses 
mânes  s'indigneraient  de  stériles  regrets  ;  elles 
seront  ou  vengées  par  l'effusion  du  sang  ennemi  , 
ou  satisfaiies  parune  paix  glorieuse. 

Une  paix  glorieuse!  voilà  notre  but;  il  sanc- 
tifie l'usage  de  nos  armes  :  nous  n'aspirons  qu'à 
rentrer  dans  notre  république,  dans  ce  beau 
pays  à  qui  il  ne  manquait  que  celte  liberté  que 
nous  lui  avons  conquise. 

Retirés  dans  nos  familles  .  nous  y  donnerons 
l'exemple  des  vertus  domestiques  et  de  la  sou- 
mission aux  lois,  afin  que  la  patrie  n'ait  jamais 
que  des  éloges  à  nous  donner;  ou  si  l'ennemi 
n'est  pas  encore  faiigué  de  tenter  1e  sort  des 
combats  ,  il  trouvera  réunis  les  défenseurs  de 
Gênes  ,  les  libérateurs  des  Alpes  maritimes  et 
les  vainqueurs  de  Maringo. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  iS  juillet  (  29  messidor.) 

Actions  de  la  banque  162  j.  —  3  pour  cent 
consolidés  63  I  en  dehors  de  dividende.  —  Pour 
juillet  64  I  1 1  |.  —  5  pour  cent  de  la  marine  gS  | 
g6^  96  en  dehors  du  dividende.  —  Omnium  2  j 
i  prime. 

M.  Pitt  a  annoncé,  hier,  dans  la  séance  de  la 
chambre  des  communes,  qu'en  outre  des  2  mil- 
lions livres  sterling  qu'il  se  proposait  de  deman- 
der .  le  3o  (demain),  à  la  chambre,  formée  en 
comité  de  subsides,  pour  celui  convenu  avec 
S.  M.  impériale ,  il  comptait  faire  la  motion  d'un 
vote  de  crédit  de  1,400,000  liv.  sterl.  ,  sans  parler 
de  la  somme  due  pour  le  service  des  troupes 
russes  ,  et  de  celle  pour  le  subside  bavarois. 

Sur  la  question  qui  lui  a  été  faite  par  M.  Thier- 
ney  du  montant  de  ces  deux  dernières  sommes, 
il  a  répondu  que  celle  due  à  la  russie  se  montait 
à  55o,ooo  liv.  st.  et  celle  de  Bavière  à  600,000  1.  st. 

On  croit  que  le  parlement  sera  prorogé  le  10 
thermidor. 

Une  flotte  marchande  de  5o  voiles,  venant  de 
la  Jamaïque,  sous  l'escorte  du  Brunswick  de  74, 
et  de  la  Rétaliation  de  32  ,  a  passé  devant  Ply- 
mouth,  le  cap  à  l'est.  Vingt  autres  voiles  qui  en 
fesaient  partie  ,  s'en  étaient  séparées  quelques 
jours  auparavant  ,  sous  l'escorte  de  la  frégate 
l'Aquilon  de  32  ,  pour  se  rendre  partie  en  Irlande, 
partie  à  Bristol,  lieux  de  leur  destination. 

On  a  acquis  la  certitude  que  le  transport  the 
Frances  ,  chargé  des  bagages  du  duc  de  Kent,  a 
péri  sur  l'île  de  Sable  ,  près  d'Hallilax.   . 

Le  Dolphin,  paquebot  d'Yarmouth  pour  Cuxha- 
ven  ,  a  été  pris  et  conduit  au  Texel. 

Le  Félix  Eventa  ,  a  éié  capturé  dans  sa  traversée 
de  Lisbonne  a  Venise  ,  par  une  frégate  française 
qui  l'a  conduit  à  Algésiras. 

Un  corsaire  français  nommé  le  Gersonge  (nom 
estropié)  ,  s'est  emparé  du  Swan  .clmgék  O-pono 
pour  Galloway  ,  et  de  la  Comtesse  de  LauderdaU  , 
venant  des  Indes  Occideuiales. 

La  cour  d'amirauté  a  condamné  hier  ,  comme 
ayant  rornpu  leur  neutralité  ,  plusieurs  sloops  et 
briks  danois,  saisis  à  leur  entrée  dans  le  Havre  , 
pendant  que  ce  port  était  en  éiat  de  blocus. 

SUR   LA    RÉSOLUTION    DE   CONTINUER    LA    GUERRE. 

Etrait  du  Morning-Chronicte  ,  17  juillet  1800  , 
('28  messidor  ,  ûu  8.  } 

C'est  mardi  dernier  que  M.  Pitt  a  présenté  à 
la  chambre  des  communes  le  traité  des  subsidts 
qu'il  vient  de  conclure  avec  l'empereur  ;  et  certes  , 
jamais  ,  depuis  le  commencement  de  la  guerre 
aciuelle  ,  il  n'y  eut  de  circonstance  plus  défavo- 
rable au  cabinet  britannique  que  la  présentation 
d'un  pareil  traité.  —  On  dit  maintenant  aux  repré- 
senians  du  peuple  ,  (  et  les  rçprésentans  du  peuple 
peuveni  l'enlende  )  que  leur  garantie  est  attachée 
à  un  plan  d  opérations  dont  le  gouvernement 
britannique  doit  faire  les  frais.  —  El  quel  mo- 
ment choisit -on  pour  tenir  ce  langage?  —  le 
moment  même  oii  il  est  prouvé  .  j'ai  presque 
dit  ,  où  il  est  démontré  par  (expérience  ,  par 
l'évidence  des  faits  ,  que  la  seule  chose  qui  ne 
doive  pas  être  illusoire  dans  le  plan  dont  il 
s'agit ,  c'est  le  paiement  des  sommes  qu'il  doit 
couler  à  no^e  trésor Jamais,  non  jamais  mi- 


nistres ne  firent  preuve  d'autant  d'imprévoyance 
et  d'ineptie  ,  ne  manifestèrent  des  prétentions 
plus  follement   indiscrètes. 

Les  ministres  parlent  beaucoup  de  poursuivre  la 
guerre-avec  vigueur  ,  mais  que  ceux  qui  les  jugent 
capables  d'appliquer  avec  énergie  les  ressources 
de  la  nation  aux  circonstances  actuelles,  com- 
mencent d'abord  par  s'entendre  avec  eux-mêmes 
sur  ce  quils  appellent  une  guerre  poussée  avec 
vigueur  ;  qu'ils  disent  lequel  de  ces  deux  moveiis 
est  le  plus  propre  à  pousser  vigoweineincnt  la 
guerre  ,  oij  d'un  système  convenu  et  combiné 
d'avance,  ou  de  l'aveugle  hasard.  Q_u'ils  appli- 
quent ensuite  cette  manière  de  raisonner  à  l'exa- 
men de  la  conduite  des  ministres  ,  tant  dans  la 
campagne  actuelle  ,  que  dans  la  précédente  ; 
Qu'ils  considèrent  ,  dans  la  simplicité  de  leur 
bon  sens  ,  quel  coup  on  eiit  pu  porter  à  1,j  France  , 
l'année  dernière  ;  quels  revers  on  se  serait  épargnés 
cette  année  ,  si  ,  au  lieu  de  tenter  une  chétive 
expédition  en  Hollande  .  on  eût  employé  les 
forces  du  royaume  à  agir  de  concert ,  et  en  con- 
séquence  d'un  traité  sagement  conçu  ,  avec  les 
forces  de  1  Autriche  .  pour  accabler  les  français 
sur  les  côtes  de  la  Médii';rranée  ,  au  moment  où 
leur  armée  venait  d  éprouver  de  si  grands  échecs 
en  Italie.  Mdis  il  n  existait  point  alors  de  sem- 
blable traité.  —  Veuf-on  savoir  pourquoi  ?  C  est 
que  l'empereur  faut  et  l'empereur  François  ne 
purent  s'accorder  à  régler  la  part  qui  devait  revenir  à 
chacun  d'eux  d  un  pillage  commun.  —  C  est  que, 
combatlant  1  un  et  I  autre  pour  la  défense  de  la 
religion  et  de  la  morale  ,  ils  ne  purent  parvenir  à 
s'entendre  sur  l'espèce  de  religion  et  de  morale 
qu'il  fallait  défendre.  —  Néiaii-il  pas  évident, 
par  l'affectalion  même  avec  laquelle  le  ministre 
anglais  assurait  sans  cesse  d  une  manière  vague 
et  indéfinie  que  les  entreprises  de  la  coalition 
avaient  un  but  unique  et  commun  à  toutes  Jes 
puissances  coalisées ,  n  éiait-i!  pas  évident  que 
l'un  des  deux  empereurs  devait  être  la  dupe  de 
son  empressement  à  seconder  les  vues  ^ambi- 
tieuses de  I  autre  ? 

En  se  comportant  comme  il  l'a  fait ,  le  ministre 
anglais  espérait  que  le  hasard  lui  permettrait  de 
finir  par  où  la  sagesse  lui  conSL-illait  de  com- 
mencer ,  par  un  traité  dans  lequel  l'objet  des 
puissances  coalisées  aurait  été  déterminé  avec 
détail  et  précision  ,  c'est  -  à  -  dire  ,  par  l'unique 
moyen  qui  puisse  assurer  la  durée  et  le  succès 
d'une  coalition.  Qjielle  a  été  la  conséquence  de 
la  conduite  du  cabinet  britannique? — -L'empe- 
reur Paul  a  senti  ,  vers  la  fin  de  la  campagne  , 
qu'il  était  indignement  trompé.  —  Il  s'est  adressé, 
pour  avoir  des  éclaitcissemens ,  au  ministre  an- 
glais (qui,  dans  toute  la  suite  des  opérations  qui 
ont  amené  les  russes  en  Italie  ,  a  plulôt  joué  le 
rôle  d'un  entre-meiteur  que  celui  d  un  vérilable 
homme  d'état.  )  Le  ministre  n'avait  point  d'éclai.- 
çissemens  à  donner  ;  et  Paul  ,  mécontent  ,  a  fini 
par  se  détacher  de  la  coalition. 

Tel  a  été  l'un  des  tristes  efFels  d'un  plan  dont 
l'objet  était  bien  toujours  de  pousser  la  guerre  avec 
vigueur,  mais  daqs  lequel  on  aurait  mieux  aimé 
s  en  rapporter  au  hasard  qu'à  la  combinaison. 

On  devait  s'attendre  au  moins  que  Paul  une 
fois  détaché  de  la  coalition  ,  et  par  conséquent 
ne  pouvant  plus  gêner  les  puissances  qui  demeu- 
raient encore  liguées  ,  pat  son  romanesque  projet 
de  tout  rétablir  sur  l'ancien  pied  ,  on  devait  sa, - 
tendre  qu'alors  le  minisire  anglais  néprouverait 
plus  de  difficultés  dans  ses  iransa'ctions  avec  I  eiri'- 
pereur  d'Allemagne  ,  et  bien  ferme  dans  le  projet 
de  pousser  vigoureusement  la  guerre  contre  Bon-  - 
parle  ,  aurait  mis  à  profit  de  telles  ciicoiisiancts 
pour  stiflûlcr  un  traité  avec  l'empereur.  —  Point 
du  tout.  -—  Depuis  le  mois  de  décembre  jusqu  au 
moment  aciuel  ,  la  chambre  des  communes  n'ci- 
tend  pas  dire  un  mot  qui  annonce  un  semblable 
dessein.  —  Mais,  en  revanche,  chaque  jour 
lui  apporte  la  nouvelle  d'un  nouveau  triomphe 
de  Bonaparte.  Elle  entend  raconter  chaque  jour 
quelque  revers,  qu'au  moyen  d'un  traiié  tel  que 
celui  dont  nous  parlons ,  on  aurait  pujrévenir.  ■ 
—  Elle  enterid  dire  que  les  subsides  accordes  par 
elle  aux  malheureux  princes  que  nos  inuiiçtres 
ont  engagé  dans  leur  querelle  ,  ne  suryeni  à  ces 
princes  que  pour  s'acquitter  des  contributions  qui 
leur  sont  imposées  par  Moreau.  —  Elle  enlend 
toutes  ces  choses,  elle  est  informée  de  tous  ces 
revers  ;  mais  ,  quant  aux  moyens  d  y  apporter  un 
terme  et  des  remèdes  ,  elle  n'en  entend  parler 
que  lorsqu'il  n'est  plus  teras-  — ;  jjVlors  seulement 
on  vient  dérouler  devant  elle  un  vMlcuIe  traite  , 


rfins.  lequel  il  est  question  de  seconder  fortement 
l'empeur,  tmit  par  terre  que  par  mer  !  comme  si 
la  conquête  âe  la  Fiance  ne  tenaii  à  rien  de  plus 
qu'au  débarquement  en  Iialie  de  quelques  régi- 
mens  anglais  ,  destinés  à  concourir  à  la  défense 
du  Mincio  ;  —  comme  s'il  suffisait ,  pour  ce  but 
chimérique  ,  d'enlever  quelque  chéiil"  bétail  [quel- 
que vieille  vache  )  dans  la  baie^de  Ouiberon. 

Quelle  effrayante  responsabilité  nos  ministres 
n'auraient-ils  pas  encourue,  (si  du  moins  il 
existait  encore  dans  ce  pays  la  moindre  éiin- 
celle  d'esprit  public  )  pour  avoir  tant  tarde  à 
agir  vigoureusement  par  mer  et  par  terre  ?  —  Q_uel 
bien  ne  fût  pas  résulté  du  concours  des  foices 
anglaises  avec  les  autrichiens  ,  à  h  balaille  de 
Maringo  ,  par  exemple  ?  —  Latniée  imjjéiiale 
put  balancer  iong-tems  lesuciés.  —  Ptui  -  on 
douter  que  le  courage  des  anglais  ,'  heureuseunnt 
dirigé  ,  n'eût  décidé  la  toriune  de  cette  jnuriiée 
eu  faveur  de  la  coalitioiT;i)?  Pcui-on  douter 
que  si  nous  eussions  été  maîtres  de  Gênes  , 
d€  Savonne  et  de  toute  cette  côte  .  les  autri- 
chiens n'auraient  p.is  été  réduits  à  1^  nécessiié 
d  évacuer  le  Piémont  et  la  Lombardie,  et  que  la 
France  n'aurait  pas  vu  porter  sa  ;;loire  et  ses 
triomphes  à  un  degré  d  éclat  dont  elle  s'étonne 
elle-même  ?  —  Dirat-on  que  les  forces  anglaises 
ne  pouvaient  Scmparer  des  côtes  de  la  Médi- 
terranée ?  —  Et  que  fallait  il  autre  chose  pour 
obtenir  le  succès  de  cette  entreprise  ,  si  non  que 
hos  forces  ne  fussent  pas  dirigées  par  un  cabinet 
dont  l'ineptie  égale  seule  la  légèreté  ,  par  des 
ministres  qui,  (pour  me  servir  des  expressions 
de  M.  Fox  ,  dans  sa  fameuse  adresse  à  ses  com- 
mettans)  ,  prodiguent  le  sang  et  les  trésors  de 
ce  pays  ,  dans  l'espérance  que  ,  non  pas  nos 
efforts  ,  mais  le  tems  et  le  hasard  peuvent  établir 
en  France  tin  nouveau  gouvernement  avec  lequel 
il  serait  plus  agréable  de  traiter  qu'avec  le  gou- 
vernement actuel. 

Cependant  on  va  parler  aussi  hau;ement  que 
jamais  ,  dans  des  magnifiques  discours  ,  dune 
guerre  vigoureuse  ;  mais  il  est  probable  qu'aussi 
Iong-tems  que  les  ministres  actuels  en  seront 
chargés  ,  on  ne  sera  pas  plus  sûf  de  l'existence 
d'une  pareille  guerre  ,  que  si  on  avait  voulu  en 
faire  un  secret. 

INTÉRIEUR. 

Paris ,   le  7  thermidor. 

Le  Journal  du  Commerce  annonce  que  les  prt- 
.sonniers  détenus  à  Wcsel  en  'Westphalie  ,  se  sont 
évadés  ,  en  creusant  les  fondations  de  leur  prison 
et  passant  par  les  mines  de  la  forteresse. 

Le  même  journal  annonce,  sous  la  date  d'An- 
cône  le  7  messidor  ,  que  k-  commissaire  autrichien 
4ui  réside  dans  ceite  ville  ,  y  a  fait  publier  une 
proclamation  cjui  remet  le  pape  en  possession  de 
la  place   et  de  la  marche  d'Ancône. 

—  Tous  les  journaux  s'accordent  à  dire  que 
les  émigrés  sont  très-mal  vus  en  Russie.  Ils  s'atti- 
rent la  haine  de  l'empereur  par  leur  attachement 
au  parti  anglais ,  et  excitent  la  jalousie  des  russes 
par  les  places  qu'ils  occupent.  On  s  aitend  tous 
les  jour-  à  apprendre  qu  on  leur  a  notifié  à  tous 
l'ordre  de  quitter  la  Russie.  Déjà  le  ci-devant 
comte  de  Viomesnil  ,  qui  était  général  de  cava- 
lerie ,  a  reçu  son  congé  ;  et  Louis  JCVIII  s'apprête, 
dit-on  ,  à  quiitei  Mittau. 

—  Le  10  thermidor  ,  à  midi ,  il  sera  célébré  dans 
le  temple  de  la'Victoire  (  Sulpice  )  ,  une  fêle  à  la 
mémoire  deFénélon. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Du  7   thermidor,  an  8.  _ 

AUWOM     DU    PEUPLE   FRANC  AI  s. 

Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  François  Vigniot, 
trompette  de  la  2'  compatit  du  6'  régiment  d'ar- 
tillerie li'gere. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distina;uée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyen  F.  Vigniot ,  trompette  de  la  2'  com- 
pagnie dn  6=  régiment  d'artillerie  légère  ,  à  l'af- 
faire de  ZoUhauîen  ,  le  sS  prairial  dernier,  lors 
du  passage  du  Lech ,  oiî  ,  apiès  avoir  franchi 
ce  torrent  sur  une  poutre  ,  et  avoir  concourru  à 
la  prise  d'une  batterie  de  canons  ,  voyant  des 
-hussards  ennemis  charger  pour  les  reprendre', 
il  sauta  sur  un  cheval  d  une  des  pièces  ,  marcha 
contre  eux  en  sonnant  la  charge  ,  et  leur  fesant 
croire  par  ce  trait  d'audace  qu'il  était  suivi  de 
cavalerie  en  force  ,  il  les  contraignit  de  faire 
■volte  face  et  de  prendre   la  fuite. 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale, 
une   trompette  d'honneur. 


(l)  On  sent  bien  que  tout  ceci  n'est  qu'une 
formule  oratoire  ,  et  que  l'auteur  n'est  nulle- 
ment persuadé  que  des  renforts  anglais  eussent 
balancé  la  prééminence  des  armes  françaises. 
Mais  ne  pouvant  louer  John  Bull  dé  cequila 
fait,  il  faut  Ijien  lui  parler  de  ce  qti'ûn'lui  dit 
'  .qu'il  aurait  pu  faire.  Vp^ioi  v;*]   j 


1242 

11    jouira   des    prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par   1  arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné   à    Paris  le    7    thermidor ,    an  8   de   la 
république. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,   H.  B.  Maret. 
Le  minisire  de  la  guerre ,  signé  ,   Carnot. 


Le  ministre  de  la  guerre  an  général  Bonaparte  , 
premier  consul  de  la  république.  —  Paris ,  le  7 
thermidor,  l'an  8  de  la  république  française  une 
et  indivisible. 

ClTOYENCONSri, 

Le  général  de  brjgade  Grigny  ,  commandant 
dans  le  département  de  la  Loire  Inférieure  , -vient 
de  nye  rendre  un  compte  irès-satifesant  sur  la 
situation  politique  de  cette  contrée. 

Il  annonce  que  le  eou.erneraifnt  y  réunit  toutes 
les  affections;  que  les  animosués  paniculieres 
séieignent;  que  l'unio  i  et  la  paix  intérieure  re- 
pretiuent  de  jour  enjour  un  empire  plus  stable  ; 
enfin  ,  que  les  ennemis  de  l'ordre  feraient  de 
vains  efforts  pour  y  fomenter  de  nouveaux 
troubles. 

Il  me  donne  en  même  tems  des  détails  sur  la 
dernière  apparition  des  anglais  sur  les  côtes  de 
la  Vendée.  11  observe  que  les  habiians  de  Noir- 
mouiiers  et  ceux  de  Barbâtre  et  Beauvoir  ,  qui 
précédemment  se  lésaient  distinguer  sous  l'éten- 
dard de  la  révolte  ,  ont  donné  dans  cette  circons- 
tance une  preuve  éclatante  d'attacheraent  à  la 
république  ,  en  bravant  le  feu'  des  bâiimens  en- 
nemis ,  en  fesant  91  prisonniers  ,  même  avant 
1  arrivée  des  troupes  de  ligne. 

Le  général  Grigny  pense  qu'une  lettre  de  satis- 
faction de  votre  part  ,  citoyen  consul  ,  sur  la 
conduite  courageuse  de  ces  citoyens  ,  produirait 
l'effet  le  plus  salutaire  sur  lesprit  des  habitans  de 
rOuest. 

Je  soumets  en  conséquence  le  projet  de  lettre 
ci-joint  à  votre  approbaiion. 

Salut  et  respect  ,  Carnot. 

Le  préfet  de  ta  Vendée  au  ministre  de  la  guerre.  —  A 
Fontenay-le-PeupU ,  le  14  messidor  an  8  de  la 
république  française  une  et  indivisible. 

Citoyen  ministre  , 

Je  reçois  dans  l'instant  la  nouvelle  que  12  cha- 
loupes anglaises  .ont  effectué  ur^  nouveau  débar- 
quement sur  la  côte  de  Fromeniine. 

Les  habitans  de  la  Ctosniere  ,  Baibâire  ,  Beau- 
voir, les  employés  des  douanes  et  la  gendar- 
merie, se  soijt  j'ortés  sur  les  lieux;  huit  cha- 
louppes  n'avaient  ji.t.',  eu  le  tems  de  se  remeitre 
en  mer,  elles  sont  res:ées  sur  le  Goua  ,  et  nos 
troupes  les  ayant  aMeintes ,  leur  ont  fait  igS 
prisonniers,  dont  45  sont  à  Beauvoir,  et  i5oà 
Barbâtre. 

Je  n'ai  pas  encore  de  plus  grands  détails.  Lors- 
quils  me  seront  parvenus,  j'aurai  l'honneur  de 
vous  en   faire  part. 

Salut    et  respect. 

Lefaucheux. 

Xatites  1  le  ss   messidor  ,    an  S  de  la   république 
française. 

Le  générai  de.  brigade  ,  commandant  la  subdivision 
de  la  Loire  inférieure  ,  au  citoyen  Carnot  ,  mi- 
nistre de  la  guerre. 

Citoyen  ministre , 

J'ai  pensé  et  j'ai  dit  qu'avec  un  gouvernement 
fort,  libéral  et  généreux,  la  guerre  de  I  Ouest 
terminée  par  la  vigueur  ,  ^oe  se  releveraii  point. 
Nous  possédons  ce  gouvernement  que  j'invo- 
quais. Aussi  ai-je  la  satisfaction  de  vous  assurer 
que  touties  traces  de  dissention  civile  sont  ef- 
facées ;  qu'il  est  désormais  difficile  de  parvenir  à 
ébraiiler  la  tranquillité  et  la  paix  dont  jouissent 
enfin  ces  contrées.  Depuis  mon  retour,  j'ai  par- 
couru toutes  les  campagnes  ;  j'ai  va  la  joie  ,  la 
confiance  et  le  bonheur  diras  toutes  les  communes. 
J'ai  vu  Je  prêtre  et  le  ci-devant  chef  me  demander 
les  brillantes  nouvelles  des  armées',  confondre 
avec  les  patriotes  leur  allégresse  et  leur  satisfac- 
tion. Je  n'ai  apperçu  nulle  pari  le  plus  léger  symp- 
tôme de  différence  d'opinion  sur  le  gouvernement. 
Qu'il  est  heureux  le  premier  consul  d  être  ,  par 
sa  haute  et  incomparable  réputation  ,  le  nœ-jd 
indissoluble  qui  réianit  tous  les  français  au  centre 
du  gouvernement  qu'il  dirige  si  bien. 

Lorsqu'à  Paris ,  citoyen  ministre  ,  je  traçais  des 
notes  sur  ces  contrées,  l'horison  de  1  Ouest  n  était 
pas  aussi  pur  qu'il  l'est  en  ce  moment.  Jamais, 
depuis  cinq  ans  que  j'y  sers  la  république  ,  je  ne 
l'ai  vu  aussi  beau.  Cioyez-en  un  patriote  aussi 
zélé  que  pur.  La  société  s  établit  entre  des  hom- 
mes jusques  à  ce  moment  divisés  ;  les  haines 
sont  éteintes.  Le  ci -devant  royaliste  se  réjouit, 
en  s'étonnant  de  ne  plus  trouver  dans  l'ami  de 
la  république  ni  dureté,  ni  exagération,  ni  into- 
lérance; tandis   que   le  patriote   t'éionns  à  son 


tour,  de  ne  plus  trouver  dans  ceux  qu'il  appelait 
aristocrates,  ni  fiel,  ni  perfidie,  ni  trahison  en- 
vers la  patrie. 

Gouvernement!  voilà  ton  ouvrage,  jl  es,L-Su- 
blime.  Qiiant  à  moi,  j'en  suis  extasié:  croyfcz, 
ciioyen  ministre  ,  au  tableau  vrai  que  je  vou» 
fais.  Il  existe  des  hommes  inquiets,  toujoura 
près  à  se  tourmenter  ,  et  par  suite  capable  d'al- 
larmerle  gouvernement.  On  assure  ,  par  exemple, 
que  benucoup  d  émij^rés  ont  été  JL-ités  sur  nos 
côtes.  Cela  est  rossibfe  ,  ou  les  cherche  avet 
soin  ;  mais  ou  il  faut  qu'ils  soient  peu  nom- 
breux ,  ou  qu'ils  se  soient  enterrés  ;  dans  tous 
les  cas  ni  l'esprit  des  campagnes  ,  ni  l'esptil  de 
ces  émigrés,  si  tant  est  qu  il  en  .ait  été  versé  , 
ne  sont  à  la  guerre.  Je  défierais  même  les  Charette, 
les  Stoff.ey  ,  les  Vuysaie ,  s'ils  existaient  ,  de 
pouvoir  parvenir  à  rassembler  5o  hommes  contre 
■le-  gouvernement  actuel. 

A  p^ine  dans  mon  commandement  exisle-t-il 
loco  hommes  de  troupes  ;  jamaisje  n'en  eus  si  peu, 
aussi  jamais  n  en  eus-je  si  peu  besoin.  Je  n'étais 
point  partisan  de  la  gendarmerie  à  pied.  Qiioi— ' 
que  je  regrette  toujours  les  beaux  grenadiers 
et  carabiniers  que  cette  formation  a  enlevés  à 
nos  demi-brigades,  je  pense  cependani  que  celte 
force  sagement  distribuée  ,  contribuera  beaucoup 
au  maintien  de  la  tranquillité  et  préviendta  les 
troubles. 

Les  anglais  nous  font  une  misérable  guerre  ; 
leurs  vaisseaux  nous  font  le  mal  qu'un  essaira 
de  taons  peut  faire  à  un  taureau  vigoureux.  Ils 
se  montrent  et  se  succèdent  par-tout,  et  par-tout 
ils  donnent  à  connaître  la  faiblesse  de  leurs 
moyens  ;  ils  n'ont  point  de  troupes  de  débar- 
quement. Vous  connaissez  ,  citoyen  ministre , 
leur  dernière  opération  entre  Beauvoir  et  Noir^ 
mouiiers.  Après  avoir  brûlé  notre  siationnaire 
qui  ne  s'est  pas  défendu  ,  ils  ont  brûlé  des  ga- 
,  barres  chargées  pour  le  compte  de  particuliers  : 
mais  ce  quil  est  intéressant  que  vous  sachiez, 
c'est  que  ce  détachement  de  matelots  anglais 
s'est  laissé  surprendre  à  terre  par  la  marée  bais- 
sante ;  que  nos  troupes  étaient  éloignée  de  ce 
point  ,  et  que  ce  ne  sont  que  les  paysans  de 
Barbâtre  ,  de  Beauvoir  et  de  la  côte ,  rassemblés 
par  le  citoyen  Mourin  ,  officier  de  gertdar- 
merie  ,  qui  ont  marché  aux  anglais  ,  armés 
de  faulx  ,  de  piques  et  de  quelques  fusils. 
Ces  paysans  étaient  de  déterminés  rebelles  sous 
Charette  ,  et  ce  sont  eux  qui  ont  fait  91  anglais 
prisonniers  ,  qui  ont  affronté  le  feu  des  obu- 
siers  des  chalotjpes  ,  et  les  ont  attirés  à  terre. 
La  perte  de  ces  embarcations  a  forcé  les  vaisseaux 
anglais  à  appareiller. 

Oui  ,  citoyen  ministre ,  les  habitaus  de  ces 
contrées  suffiraient  presque  seuls  pour  épou- 
vanter l'anglais.  Une  lettre  du  premier  consul 
qui  féliciterait  les  habitans  de  Noirmontiers , 
Barbâtre  et  Beauvoir,  sur  leur  bravoure  et  leur 
belle  action  ,  ferait  le  plus  grand  effet  politique: 
elle  prouverait  que  le  gouvernement  pense  à 
tout,  voit  tout,  apprécie  et  récompense.  Je  ne 
veux  pas  ,  par  ce  fidèle  exposé  ,  enlever  aucune 
gloire  aux  troupes  réglées  qui  sont  accourues 
de  toutes  parts  ,  de  manière  que  si  l'anglais 
avait  mis  à  terre  2000  hommes  ,  pas  un  ne  se 
serait  rembarqué;  mais  j'ai  voulu  ,  en  rendant 
aux  paysans  de  la  côte  la  portion  de  gloire  qui 
leur  appartient,  vous  donner  à  juger  combien 
est  rassurante  la  haine  qu'ils  viennent  de  mani- 
fester contre  un  ennemi  qu'ils  proiégeaienl,  lors- 
qu'ils étaient  en  révolte  contre  le  gouvernement. 

Ce  département  a  bien  un  des  meilleurs  pré- 
fets de  toute  la  république;  il  est  entiéreoeent  or- 
ganisé à  la  satisfaction  de  tous  les  habitans  ,  ce 
qui  ne  contribue  pas  peu  à  la  paix  et  à  la  con- 
corde qui  s'y  établissent  de  joui  enjour. 

La  paix  intérieure  a  précédé  la  paix  extérieure 
qui  s  avance  à  grands  pas.  Je  prévois  ,  avec  la 
satisfaction  d'un  vrai  patriote  des  réformes  dans 
l'armée;  cependant  j'ose  davance,  citoyen  mi- 
nistre ,  solliciter  pour  moi  votre  intérêt,  votre 
justice  ,  en  me  conservant  mon  activité  qui  fait 
toute  ma  fortune.  La  révolution  m'a  trouvé  sans 
bien  ,  elle  finira  en  me  laissant  dans  la  même 
position. 

Je  termine  en  vous  assurant,  citoyen  ministre, 
que.  l'état  de  ces  contrées  est  parfait,  et  en  fai- 
sant les  voeux  les  plus  ardens  pour  la  prospérité 
cki  gouvernement  qui  fait  tant  et  de  si  belles 
choses. 

Salut  et  respect  ,  Grigny. 

Le  premier  consul  au  préfet  du  département  de  la 
Vendée.  —  Paris  le  7  thermidor. 

On  m'a  rendu  compte  ,  citoyen  préfet  ,  de  la 
bonne  conduite  qu'ont  tenue  les  habitans  de 
Noirmontiers  ,  la  Crosniere  ,  Barbâtre  et  Beauvoir  , 
dans  les  différentes  descentes  tentées  par  les 
anglais.  On  ne  m'a  pas  laissé  ignorer  que  ce  sont 
ceux-là  même  que  la  guerre  civile  avait  le  plus 
égarés  ,  qui  ont  montré  le  plus  de.  courage  et 
d'attachement   au   gouvernement. 

Faites  choisir  douze  des  habitans  qui  se  sont  le 
mieux  comportés  dans  ces  affaires  et  envoyez- 
'  les  à  Paris ,  accompagnés   de  l'officier  de  gea- 


darmerie  qui  >es  a  conduits.  Je  veux  voir  ces  bra» 
ves  et  bons  français  :  je  veux  que  le  peuple  de 
la  capitale  les  voie  ,  et  qu'ils  rapportent  à  leur 
retour  les  témoignages  de  la  satisfaction  du  peuple 
français.  Si  parmi  ceux  qui  se  sont  disiint;ués  , 
il  y  a  des  prêtres  ,  envoyez-les  moi  de  préférence , 
car  j'estime  et  j'aime  les  prêtres  qui  sont  bons 
français,  et  qui  savent  défendre  la  patrie  contre 
ces  éternels  ennemis  du  nom  français,  ces  mé- 
chans  hérétiques  d'anglais. 
Je   vous  salue. 

Le  premier  consul.  Signé ,  Bonapar'te. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrélaire-d'ctat  ,  .signé ,  H.  B.  Maret. 

fiisiiltats  de  t examen  fait  par  les  consàllers-'à'état 
ChaptaU  Champagnf  et  Emmery ,  des  pièces  rela- 
tives à  la  contre-police. 

C'est  sur- tout  dans  les  papiers  saisis  chez  la 
■veuve  Mercier  (i)  ,  qu'on  a  trouvé  la  preuve  et 
des  détails  sur  la  conspiration. 

Le  comité  royaliste  dirigeant  la  conspiration  , 
tésidait  à  î'aris  ,  d'oii  il  correspondait  avec  l'An- 
gleterre et  l'intérieur  de  la  république. 

Les  membres  qui  lé  composaient  étaient  : 

1°.  Hiiti: ,  l'aîné  ,  connu  dans  la  correspondance 
lous  le  nom  de  Taul  Berri ,  P..  B.. ,  Neuville  ; 

s".  Dubois  ,  personnage  important  ,  qui  dirige 
tout  et  a  la  confiance  entière  des  princes  ;  (s) 

3°.  Ferrand.   Ce  dernier  paraît  être  Durocher. 

Hide  renaît  la  plume  :  presque  toute  la  corres- 
pondance est  de  sa  main  ;  toutes  les  lettres  d'An- 
gleterre lui  sont  adressées. 

Dubois  dirigeait  tous  les  ressorts  ,  avait  tous  les 
pouvoirs. 

Ferrand  fesait  les   voyages  de  Paris  à  Londres. 

Ce  comité  était  organisé  avant  le  i8  bru- 
maire. 

A  cette  époque  Hide  et  Ferrand  étaient  à  Londres 
occupés  à  arrêter  un  plan  d  attaque  contre  le  di- 
rectoire. 

Le  l8  brumaire  suspend  toutes  les  mesures  : 
le  ministère  anglais  veut  ,  avant  d'agir,  connaître 
le  caractère  de  cetlé  révolution  ;  il  conseille  d'en 
observer  la  marche. 

Un  personnage  jusques-là  étranger  à  la  cons- 
piration ,  est  consulté  ;  et  d'après  ses  conseils, 
on  consent  à  l'exécution  des  projets  arrêtés. — En 
conséquence   les  agens  se  mettent  en  scène. 

Hide  organise  à  Paris  une  contre-police  ,  dont 
il  donne  la  direction  à  Duperron  ,  sous  le  nom 
de  Marchand  (3). 

Il  met  des  journalistes  dans  ses  intérêts  ;  il  en- 
gage une  correspondance  avec  Fichegru  et  Lar, 
pour  porter  le  premier  à  la  tête  des  insurgés  de 
rOtiesî. 

Il  invite  le  ministère  anglais  à  repousser  toi^te 
idée  de  paix  avec  la  France,  et  néanmoins  pro- 
pose une  négociation  pour  masquer  ses  démar- 
ches ,   et  arriver  plus  sûrement  à  son  but. 

11  cherche  sur-tout  à  perdre  Bonaparte  dans 
l'opinion  publique,  publie  des  écrits,  fait  cir- 
culer des  calomnies,  lâche  de  séduire  les  généraux, 
les  ambassadeurs  ,  etc. 

Il  trompe  le  ministère  anglais  sur  la  situation 
delà  France,  lui  répète  sans  cesse  que  le  peuple 
abhorre  Bonaparte  ,  qu  il  soupire  après  le  réta- 
blissement de  la  monarchie  ,  que  le  méconten- 
tement est  par-tout  à  son  comble  ,  que  les  géné- 
raux ne  reconnaissent  plus  son  autorité  ,  et 
qu'il  suffit  de  l'apparition  d'un  Bourbon  pour  re- 
lever le  trône. 

On  se  ménage  des  intelligences  dans  Brest  dont 
on  croit  pouvoir  se  rendre  maître  :  on  presse  le 
comte  d'Artois  de  se  mettre  à  la  tête  des  insurgés 
de  lOuest. 

On  organise  ,  à  Paris  ,  une  petite  armée  dont 
on  donné  le  commandement  au  chevaliei;  -de 
Joubert.  —  Cette  armée  doit  servir  au  moment  du 
débarquement  des  princes. 

Les  relations  avec  l'Angleterre  sont  plus  fré- 
quentes ;  Vauxnoir  et  Dandreville  se  rendent  au- 
près du  gouvernement  britannique,  pour  presser 
l'adoption  et  assurer  l'exécution  des  mesures  ar- 
rêtées. 


(i)  Cette  veuve  Mercier  paraît  être  une  femme 
chez  qui  Hide  avait  loué  une  chambre  pour  y 
cacher  ses  papiers. 

(a)  Ce  personnage  mystérieux  ,  déguisé  sous  ce 
nom  supposé ,  conduit  tout  et  ne  se  montre 
jamais. 

(3)  Le  même  Duperrori  avait  eu  la  direction 
lecrette  de  la  police  de  Paris  ,  sous  le  ministère 
de  Vache.  Il  a  été  employé  ,  sous  le  ministère  de 
lebrun  ,  prés  des  armées  et  des  états  de  l'Empire. 
En  frimaire  an  8  ,  il  demandait  de  l'emploi  au 
ministre  des  relations  extérieures;  il  rappelle  dans 
•a  péiitiaii  les  nombreux  icrViccs  qu'il  a  rendus  à 
la  révol^tiwn. 


IB43 

Les  royalistes  reviennent  de  l'idée  que  le  pre- 
mier consul  veuille  rétablir  la  royauté  ;  il  ne  reste 
plus  au  comité  que  la  ressource  de  pousser  avec 
ardeur  l'exécution  du  plan  arrêté  qu'ils  rédui- 
sent aux  objeis  suivans. 

1°.  Pousser  la    guerre  de   l'ouest  avec  activité. 

2°.  La  nourrir  par  des  débarquemens. 

3".  Placer  Fichegru  à  la  tête  des  royalistes  de 
l'ouest  ,    et   Witl.  à  la  tête  de  ceux  du  midi. 

4".  S'emparer  de  Brest  d'après  le  plan  convenu. 

j".  Faiic  déb-irqucr  le  comte  d'Artois  et  le  duc 
de  Berry. 

6°.  Séduire  les  militaires  ;  tromper  le  peuple  -, 
rendre  Bonaparte  odieux  par  des  journaux  ,  de 
proclamations  ,   des  afUches. 

7°.  "Voler  les  caisses  publiques, 

8°.  Promettre  Is  paix  au  moment  du  rétablis- 
sement de  la  royauté  ;  rassurer  les  acquéreurs  des 
domaines  nationaux. 

9'°.  Organiser  une  petite  armée  dans  Paris  , 
sous  le  commandement  du  chevalier  Jouie;;*. 

Au  moment  du  débarquement  d'un  prince  on 
devait  , 

1°.  Désorganiser  la  police  républicaine  par 
l'affiche  de  la  liste  de  tous  les  espions  et  mou- 
chards ,  qu'on  avait  payée  29  guinées. 

2°.  Frapper  Bonaparte  et  ses  collègues. 

3".  Expédier  des  courriers  sur  toutes  les  routes, 
porteurs  de  proclamations  et  journaux  aiinonçant 
que  la  royauté  venait  d'être  proclamée  à  Paris  ; 
que  le  peuple  y  était  dans  l'ivresse  de  la  joie  (i)  , 
et  que  la  république   n'existait  plus. 

Les  agens  du  comité  qui  sont  à  Londres  pour 
presser  l'exécution  des  mes-ures  arrêtées ,  éprou- 
vent des  lenteurs  de  la  part  du  ministère  anglais  , 
tant  pour  l'expédition  des  fonds  ,  que  pour  l'envoi 
d'un  prince;  l'armée  de  l'ouest  parle  de  paix; 
l'armée  républicaine  se  fortifie  chaque  jour,  et 
les  chefs  des  insurgés  posent  les  armes. 

Ainsi  s'évanouissent  les  espérances  d'une  poi- 
gnée de  brigands  ou  assassins  ,  ennemis  féroces 
de  leur  pays  ,  et  trompant  lâchement  l'étranger 
sur  l'état  et  les  dispositions  de  toute  la  France. 

Précis  des  moyens  d'exécution  employés  par  le  comité 
royaliste. 

1°.  Correspondance 

"Le  principal  correspondant  du  comité  royaliste 
était  Hide  l'aîné.  Ses  relations  étaient  établies  : 

1°  Avec  Dutheil  ^  agent  du  département  auprès 
du  ministère  anglais  ,  organe  des  princes  et  du 
gouvernement  britannique  ; 

Les  lettres  dt  Dutheil  sont  signées  Charron  ou 
Robert.  Le  comte  d'Artois  approuve  quelrjuel'ois 
de  sa  main  et  par  sa  signature  Charles-Philippe  , 
les  plans  proposés  dont  l'exécution  est  ariêiée. 

2°  Avec  les  généraux  de  l'armée  royaliste  de 
rOuesi  ; 

3°  Avec  des  émissaires  répandus  dans  les  dé- 
partemens  et  désignés  par  des  noms  supposés. 

La  cortespoudance  avec  l'Angleterre  se  faisait 
parles  îles  Marcouf ,  ou  par  Amiens  et  Boulogne. 

Hide  avait  une  femme  à  Rou«n  ,  connue  soUs 
le  nom  supposé  àz  petit  Matelot ,  qui  recevait  sa 
correspondance  et  la  faisait  parvenir.  Il  avait 
des  intelligences  à  Caen  .  à  Boulogne.,  et  dans 
presque  toutes  les  villes  de  l'Ouest. 

2°.  Récette  et  dépense  du  comité. 

Hide  fournissait  aux  frais  de  la  contre-police, 
réduits  à  toc  louis  par  mois,  à  l'achat  des  jour- 
naux,  impression  des  libelles,  voyages  dans 
lintérieur  ,  et  antres  dépenses  de  détail. 

Les  fonds  nécessaires  à  ces  divers  objets  ont 
été  remis  : 

1°.  Par  Ratel ,  sous  le  nom  de  Caroh.  —  s".  Par 
madame  Brunet.  —  3"  Par  Dubois.  —  4°.  Par 
l'abbé  God.  — 5".  Par  Danrfigfje. 

C  était  surtout  le  ministère  anglais  qui  fournis- 
sait à  toute  les  dépenses  du  comité  ,  et  il  paraît 
qu'il  avait  en  France  ,  à  cet  effet  ,  un  principal 
agent  qui  dirigeait  l'criiploi  des  fonds;  il  est 
connu  dans  la  correspondanae  sous  le  nom  du 
grand  Alexandre. 

Mais  le  pillage  des  caissei. publiques  alimen- 
tait sur-tout  le»  finances  du  comité  :  la  cojres- 
pondance  et  la  contre-police  présente  des  faits 
précieux  sur  ce  genre  de  brigandage.  . 

Ils  avaient  des  intelligences  à  la  trésorerie,  où  un 
employé  proposait  de  renoncer  à  toute  espèce 
d'appoinlemens  ,  à  condition  qu'on  lui  remettrait 
le  cinquième  de  chaque  capture.  Le  directeur  de  la 


(i)  Ces  proclamations  ne  devaient  être  distri- 
buées qu  à  25  lieues  de  Paris ,  et  seulement  dans 
les  villes  bien  disposées  ,  dans  lesquelles  on  se 
serait  ménagé  des  intelligences  avec  les  autorités 
constituées.  Ces  proclamations  invitaient  le  peuple 
à  s'armer  pour  le  roi  ,  SQUS  le  commandeinent  de 
chefs  désignés  et  bien  connus. 


!  contre-police  annontîft  le  3i  jant'îcf  -,  que  ■.,  sôU8 
I  peu  ,  ils  atteindront  k  'but  de  leurs  i/œUX  en  fesaiit 
une  capture  intéressante  Dans  la  correspondance  ( 
on  parle  de  l'enlèvement  de  la  caisse  dEvreuX^ 
et  ,  dans  des  rapports  particuliers  ,  il  est  questiort 
d'un  nommé  Hussnn  ,  qui  avait  cinq  hommes  à  si 
ditposision.  Par-tout  ils  pressent  l'nrganisatiort 
définitive  du  pillage  des  caisses ,  en  observant  que 
la  première  quinzaine  ,  peut-être  même  le  prfmicf 
mois  ,  nécessiteront  quelques  avances  ;  mais  ils  es- 
pèrent que  les  bév.cfces  résultans  de  l'établissement 
I  suffit  ont  bientôt  à  leurs  dépenses. 

Ils  iliilgeaient  aussi  leuis  attaques  contrs  les 
'acquéreurs  de  biens  nationaux.  Dans  le  rapport 
(du   t2   février  ,  i>w/)€rron  s'exprime  ainsi  I 

it  J'ai  l'honneur  d'annoncer  que  dans  la  nuit 
))  du  samedi  au  dimanche  ,  il  y  aura  une  attaque 
M  contre  la  maison  d  un  acquéieurde  domaines 
j)  nationaux  .  à  trois  livues  de  Paris  ;  on  nous 
1)  fait  espérer  que  nous  y  trouverons  quelqu'ar-" 
>>  gini.  ))  , 

Il  paraît  même  par  le.  rapport  du  14  nivôse  1 
qu'on  ne  se  bornait  pas  à  l'enlèvement  de» 
caisses  publiques  :  Marchand  donne  aviS'  que 
Bruix  partira  le  l5  à  six  heures  du  matin  ,  et  pré- 
vient qu'il  est  sans  escorte. 

On  trouve  dans  des  notes  écrites  par  Hide  lui' 
même  ,  quelques  articles  relatifs  à  l'emploi  des 
fonds  qd'il  recevait.  Il  passe  en  compte  de  sei 
dépenses  : 

1°.  La  fabrication  des.  timbres  des  sections, 
bureau  central  ,  etc. 

2°.  L'impression  des  libelles,  achats  de  jour* 
naux  ,  etc. 

3°.  Le  drap  mortuaire  placé  à  la  Magdelaine. 

4°.  Le  paiement  des  sabres  déposés  par  les 
royalistes  de  l'ouest. 

5".  Pour  les  prisonniers  de  Versailles  •,  oiËcief» 
envoyés    dans    l'ouest    etc. 

6"  Pour  passeports  ; 

7°  Pour  achat  de  la  liste  des  mOuchards  de  lu 
pohce. 

3°.  Passeports. 

On  a  trouvé  dans  les  papiers  saisis  chez  la  veuve 
Mercier  ! 

1°  Quarante-neuf  passeports  impriinés  et  nôfk 
remplis  ,  mais  revêtus  des  signatures  des  admi* 
nisirateUrs,  du  visa  des  comnîissaires  près  les 
municipalités  ,  de  l'attestation  du  birreau  central  j 
du  timbre  de  toutes  les  administrations. 

Ces  passeports  sont  censés  délivrés  parles  mu'^ 
nicipalités  de  Paris  ,  celles  de  Rouen  ,  de  Fécamp , 
etc.  ,  «te. 

Il  y  en  a  quelques-uns  pour  l'étranger,  et  cen» 
ses  délivrés  par  l'administration  centrale  de  li. 
Seine. 

2°  Des  feuilles  en  blanc  et  imprimées  pour 
congés  absolus. 

3°  Des  canes  de  sûreté  ,  avec  Iç  timbre  du  6* 
arrondissement. 

C'est  à  l'aide  de  ces  passeports,  cartes  et  con=' 
gés ,  que  les  agens  du  comité  circulaient  dans 
l'intérieur,  pénétraient  partout  et  échappaient  à 
l'œil  de  la  police. 

4°.  Contre-police  du  comité: 
La  direction  de   la  cOntre-police  érait   çonfiéâ 
à  Duperrdn,   soUs   le  nom  de   Marchand.   —   lï 
avait  pour  but  principal  : 

1°.  D  obtenir  tous  les- jours  les  rapports  dii 
bureau   central. 

2°.  De  connaître  les  dénonciations  portées  cotil- 
tre  les  royalistes. 

3°.  De  savoir  quels  sont  les  individus  que  h 
police  met  en   surveillance! 

4°.  Dêtre  instruit  à  tems  de  tous  les  maildatâ 
d'arrêt  qui  doivent  être  lancés  contre  des  per^» 
sonnes  attachées  à  la  caUse. 

5°.  De  faire  suivre  et  surveiller  les  indivIdtiS 
dont  il  importe  de  connaître  les  démarches. 

Les  personnes  qui  inspirent  le  plus  d'intérêt  à 
l'auteur  de  la  contre-'police  ,  sont  !  Damejari  , 
Demancy  ,  le  marquis  de  l'Epinay  ,  Moucher  dt 
Mallebranche  ,  le  chevalier  de  Coigny  ,  Durocher  t 
Hide  ,   etc. 

Dans  son  rapport  du  3  février,  le  directeur 
de  la  contre-police  désespère  d'organiser  à  Paris 
un  Mouvemeni  général  d'insurrection.  La  force  stali 
des  choses  ,  dit-il,  doit  l'amener.  Il  ne  se prorioncetA 
que  lors  d'un  débarquement  sur  les  côtes  de  l'Ouest  ^ 
sur-tout  lors  de  l  arrivée  d  un  prince  qui  seul  ins- 
pirera de  la  confiance  et  réveillera  le  courage  et 
l'énergie;  dans  notre  position  actuelle,  nous  ne  pow 
vous  que  pourvoir  a  notre  défense  par  une  sur' 
veillance  active ,  exercée  dans  lintérieur  du  camp 
de  la  police}  nous  ne  pouvons  que  tenter  lenlt-' 
vement  des  caisses  publiques  ,  messageries  ,fourgoni 
ou  courriers  de  malle  ,  porteurs  de  fonds  apparie* 
iians  à  la  république. 

S°.    'tentative  sur  Brest. 
Le  comité  et  .\ei  générauJi  sentaient  1«  besdJa 
de  mettre   un  prince  à  la  tête  de  i'ainiéo  lùyilUt 


—  ÏIs  regardaient  tous  cet  événement  comme  le 
seul  qui  pût  iaire  propérer  leur  cause  :  mais  le 
(joinlc  d  Artois  se  refusa  constamment  aux  prières 
qui  lui  en  furent  faites  ,  et  il  ne  répondit  aux 
demandes  réitérées  des  chefs  que  par  Ja  promesse 
d'arriver  au  moment  oià  on  pourrait  le  recevoir 
■tlans  Brest- 

On  se  ménage  dotic  des  intelligences  dans  le 
port;  on  conçoit  un  moyen  de  surpre^ndre  la 
place  et  on  le  fait  approuver  par  le  comte  d'Artois 
•rjui  en  presse  i'cxécuiion.  ''  ' 

1°.  Douze  mille  hommes  de  l'armée  royale 
dont  trois  raille  revêius  de  l'uniforme  républi- 
cain devaient  ^tre  remis'  à  10  lieues  de  Brest. 

2°,  On  devait  expédier  des  courriers  porteurs 
de  faux  ordres  si};i:és  du  minisiie  aux  comraan- 
dans  de  terre  et  de  mer  pour  faire  filer  de 
sniie  toutes  les  troupes  disponibles  vers  Cnncale 
bu  Saijit-Mâh  ,  où  l'ennemi  serait  censé  meuactr 
d'une  descente  prochaine  et  annoncer  le  prompt 
remplacement  des  troupes  qui  pariirnient  par 
trois,  mille  hommes  de  troupes  de  ligne  fesant 
route  à  marches  forcées. 

3".  Brûler  les  télégraphes  pour  rompre  toute 
■coif.fnunication  avec  Paris. 

4°.  Le  lendemain  du  départ  de  la  garnison 
de  Brest,  l'armée  royale  devait  se  metire  en 
«iiarche  à  la  nuit  tombante  ;  ei  les  3ooo  hommes 
fcvêius  de  l'uuiforme  ,  formant  1  avani-garde, 
Biiivés  da-ns  Brest  au  point  du  jour  ,  se  seraient 
,niis  en  possession  des  principaux   postes. 

5°.  Des  signaux  auraient  annoncé  à  la  flotte 
«nplaise  l'occupation  de  5>i;if  pour  l'armée  royale. 
Des  prociamaiions  eussent  été  faites  au  nom  lIu 
roi.  Trois  millions  eussent  été  distribués;  monsieur 
(  comte  d'Artois  )  et  douze  mille  russes  seraient 
entrés  dés  que  le  vent  l'aurait  permis.  En  attendant, 
■un  seul  commandant  eii  chef  de  leire  et  de  mer 
aurait  conceturé  1  autorité  et  réuni    tous   les  pou- 

VOifS. 

Nota.  Les  détails  dersxécaiion  sont  développés 
dans  le  plan. 

Signé,  Chaptal,  Champanny,  Emery. 


^U     PRHMIER     CONSUL     BONAPARTE. 

Suite  de  la  des  crip  lien  ahrigif  des  principaux  monu- 
mens  de  là  Htule-Eg)pte .  accompagnée  de  détails 
sur  Us  tableaux  qui  ,  en  ies  décorant  ,  servent  à 
faire  conjecturer  à  quelles  divinités  les  tempUs 
étiiient  consacrés. 

T    H    E   E    E   s. 

Il  est  encore  permis  de  douter  que  Thebes  ail 
occupé  les  deux  rives  du  fleuve.  Le  Nil,  en  face 
de  cette  ville  .  est  plus  large  qu'en  aucun  autre 
çndroîj  de  lEgypte.  On  n'ignore  pas  que  les 
égyptiens  n'ont  jamais  bâti  de  ponts  ,  parce  qu  ils 
étaient  étrangers  à  la  construction  des  voûtes. 
Les  communications  entre  les  deux  parties  de  la 
ville,  sur  les  rives  opposées  du  Nil,  auraient- 
elles  pu  exister  avec  la  facilité  nécessaire  pour 
ies  besoins  des  habitans  d'une  même  ville  ? 

L'usage  des  monumens  diffère  ici  de  l'emploi 
qu'ils  avaient  ailleurs.  S  il  s'y  rencontre  des  tem- 
ples ,  ils  ne  sont  là  que  comme  accessoires  ,  et 
fesani  paitie  de  grandes  constructions  qui  ne  sont 
autre  chose  que  des  palais. 

Les  monumens  les  plus  précieux  sont  sur  la 
rive  droite  du  Nil.  La  ville  s'étendait  au  sud  , 
depuis  le  village  arabe  de  Luxor  jusqu'à  celui 
de  Karnac  .  qui  en  est  éloigné  de  trois  quarts 
de  lieue.  Rien  n'assigne  son  étendue  du  côté  du 
nord.  Luxor  et  Karnac  sont  bâtis  au  milieu  des 
restes  des  deux  palais  de  lEgyple  qui  imposent 
le  plus  par  leur  grandeur  et  les  matériaux  prodi- 
gieux employés  à  leur  construction. 

Luxor. 

Les  premiers  objets  qui  frappent  les  regards  , 
-en  visitant  le  palais  de  Luxor  ,  sont  deux  obé- 
-Jisques  d'un  seul  bloc.  Ils  sont  placés  en  face 
d'un  môle  ,  et  à  la  distance  de  quatorze  pas  ; 
entre  eux  et  le  môle  sont  deux  statues  colossales 
en  granit  noir  ,  éloignées  de  iroii  pas  du  môle  , 
et  de  huit  des  obélisques.  Ainsi  ,  dans  l'espace 
de  onze  pas  ,  on  réunit  des  monumens  énormes  , 
dont  chacun  d'eux  ,  isolé,  frapperait  par  sa  gran- 
deur. 11  semble  que  les  principes  du  goût  des 
égyptiens,  aient  différé  du  nôtre  ,  en  ce  qu'ils 
se  plaisaient  à  rapprocher  des  masses  que  nous 
isolerions  soigneusement.  On  peut  reprocher  à 
leurs  architectes  le  défaut  de  symétrie,  qui  règne 
dans  la  disposition  de  ces  monumens.  Les  obé- 
lisques et  les  colosses  ne  s'alignent  ni  entre  eux  , 
ni  avec  la  porte. 

Ces  défaits  d'ensemble  sont  récompensés  par 
rexéculion  des  détails,  il  n'existe  tien  au  monde 
de  comparable  à  ces  obélisques.  Les  barbares 
qui  ouï  dévasté  les  monumens  de  lEgypte 
supéri-eure  ,    çaiaisseo»  avoir  en  quelque  sorte 


1244 

respecté  cettx-ci  ,  et  en  essayant  de  couper  un 
d'eux  à  sa  base  pour  le  renverser  ,  ils  n'ont  altéré 
en  aucune  manière  les  figures  qui  le  décorent  : 
elles  sont  disposées  en  trois  colonnes  ;  celles  du 
milieu  ont  deuî'  pouces  de  creux  ;  les  moyennes 
figures  dans  les  colonnes  de  droite  et  de  gauche, 
ont  un  pouce  de  profondeur  ,  et  les  petites  neuf 
lignes.  Le  fond  de  celles-ci  est  brut,  ce  qui  les 
fait  différer  de  couleur  avec  la  colonne  du  mi- 
lieu ,  dont  le  fond  est  poli  avec  autant  de  soin 
qu'une  pierre  piécieuse.  Les  obélisques  sont  ter- 
mines par  un  pyramidion  dont  les  arrêtes  dé- 
crivent une  ligne  cotirbe.  Ils  sont  inégaux  en 
[grandeur,   et    reposent  ^ur    un    socle  enfoui   à 

I  peu- près  de  quinze  pieds.  Les  deux  colosses 
placés  derrière  sont  en  granit  noir  ;  ils  ont  trente 
nuit  pieds  de  ptoportion  ,  et  représentent  un 
homme  assis.  Ses  deux  mains  sont  appliquées 
sur  ses  cuisses.  Les  extrémités  sent  mal  faites 
dans  ces  deux  colosses;  quelques  parties  sont 
d'une  belle  exécution. 

A  gauche  ,  en  sortant  du  môle  ,  on  trouve 
une  colonnade  fesant  partie  maintenant  de  cons- 
tructions turques.  Les  deux  ailes  de  bâtiment 
qui  doivent  se  trouver  derrière  ce  môle  ,  sont 
entièrement  ruinées.  Elles  conduisaient  à  une 
seconde  colonnade  qui  subsiste  encore.  Elle  est 
formée  de  deux  rangs  de  huit  colonnes  à  calice 
de  Lotus.  La  hauteur  totale  est  de  cinquante-six 
pieds  ,  le  diamètre  de  neuf  ,  1  évascment  du 
chapiteau  da  treize,  et  l'entre-colonnement  de 
quinze  pieds. 

A  vingt-cinq  pas  à  droite  et  à  gauche  de  la 
grande  colonnade,  commencent  deux  autres  rangs 
de  colonnes  dont  le  chapiteau  imite  le  bouton 
de  lotus  tronqué.  Le  diamètre  des  colonnes  est 
de  cinq  pieds  ,  leur  hauteur  de  trente  ,  et  l'entre- 
colonnement  ds  huit  pieds.  Cette  colonnade 
coupe  à  angle  dioit  celle  à  calice  de  lotus  ;  au  mi- 
lieu est  un  intervalle  qui  servait  d'avenue  pour 
conduire  au  palais  dont  la  porte  se  voit  en  l'ace. 
Elle  a  été  murée  par  les  chrétiens  qui.  dans  son 
épaisseur,  ont  creusé  une  niche  oii  était  leur 
autel  ;  ils  l'ont  révêtue  de  plâtre  et  ornée  de  pein- 
tures à  fresque  ,  reptésentani  des  saints.  Le  por- 
tique entier  leur  servait  d-église  ,  et  l'avenue  de 
grande  nef.  Cette  porte  conduisait  à  une  salle 
dont  les  plafonds  sont  soutenus  par  quatre  co- 
lonnes ;  elle  est  carrée  et  a  quarante  pieds  de 
côic.  On  remarque  à  l'extrémité  du  palais  ,  sans 
parler  des  autres  appartemens  qui  le  composent , 
un  sanctuaire  isolé  dans  son  pourtour  par  un 
intervalle  de  dix  pieds.  C'était  là  vraisemblable- 
ment la  chapelle  du  palais.  Les  tableaux  qui  la 
décorent ,  sont  soigneusement  exécutés. 

Le  plan  général  de  ce  bâtiment  indique  qu'il 
était  composé  d'à-peu-près  soixante  bâtimens.  Les 
figures  dont  les  mui,s  des  salles  sont  couverts  , 
offrent  beaucoup  moins  de  sujets  religieux  que 
par-tout  ailleurs.  En  revanche  ,  on  y  trouve  un 
granri  nombre  d'offrandes  faites  à  Mendès ,  re- 
gardé c(5mme  le  dieu  de  la  génération.  Il  est 
est  représenté  sous  la  figure  d  un  jeune  homme 
en  érectiori  et  le  fouet  à  la  main.  La  situation 
de  ce  palais  est  plus  pittoresque  que  celle  de 
Karnac.  Les  bâtimens  regardent  le  fleuve.  On 
trouve  là  les  ruines  d'un  quai  dont  la  largeur 
est  de  quinze  pieds  ;  la  longueur  est  de  vingt 
pas. 

L'inspection  de  cette  construction  seule  suffi- 
rait pour  convaincre  de  l'exhaussement  du  lit  du 
Nil.  Ce  fleuve  ,  dans  sa  crue  ,  baigne  les  fonda- 
tions du  palais  de  Luxor  en  recouvrant  le  quai. 

II  n  est  pas  probable  que  les  anciens  égyptiens  , 
qui  ont  tant  fait  pour  l'éternelle  durée  de  leurs 
monumens  ,  eussent  élevé  ce  palais  dans  un  en- 
droit aussi  bas  ,  si  le  Nil  n'eût  été  tellement  au- 
dessous  du  niveau  de  leur  construction  ,  qu'il  ne 
laissât  ancune  inquiétude  sur  les  atteintes  qu'il 
pouvait  porter  à  leur  solidité. 

Karnac. 

On  peut  regarder  ce  palais  comme  l'habitation 
des  rois.  Le  môle  principal  est  tourné  du  côté  du 
Nil.  Il  a  cent  quarante  pas  de  longueur  ;  son 
épaisseur  est  de  vingt-cinq.  Il  conduit  à  une  cour 
de  cent  dix  de  longueur  ,  et  dont  la  largeur  égale 
la  sienne.  Deux  rangs  de  six  colonnes  à  calice 
de  Lotus ,  placés  dans  l'alignement  du  môle , 
conduisent  au  portique  composé  de  cent  trente- 
six  colonnes ,  placées  sur  seize  de  hauteur.  Les 
deux  rangs  du  milieu  sont  formés  chacun  de  six 
colonnes  à  cahce  dfc  Lotus  ;  de  chaque  côté  sont 
sept  rangs  d'autres  colormes  doiat  les  chapiteaux 
imitent  le  bouton  de  lotus  tronqué.  Celles-ci  sont 
moins  élevées  que  celles  du  miheu  :  le  diamètre 
des  plus  hautes  est  d«  onze  pieds  ;  celui  des  moins 
grandes  est  de  sept  pieds. 

La  longueur  de  ce  vestibule  est  de  soixante- 
dix-huii  pas  ;  sa  largeur,  et  la  même  que  celle 
(du  môle.  Le  vestibule,  danj  toute  son  étendue, 
était  couvert;  il  ne  recevait  de  jour  que  par  des 
fenêtres  à  claire  voie  ,.percées  au-dessus  dés  co- 
lonnes à  calice   de  lotus.  Des   tassemens  formés 


sous  cet  édifice  ont  fait  tomber  plusieurs  colonne». 
La  chute  du  môle  qui  regarde  la  cour  ,  aurait 
dû  entraîner  celle  du  bâtiment  entier  ,  s'il  n'avait 
pas  été  construit  avec  autant  de  solidité.  On  })as. 
sait  de  ce  vestibule  dans  une  cour,  où  se  trou- 
vaient quatre  obélisques  dont  il  ne  reste  plus 
qu'un  seul.  On  ne  sortait  de  cette  première  cour  , 
que  pour  entrer  dans  une  seconde  ortiée  de  deux 
autres  obélisques  et  de  douze  figures  colossales, 
en  forme  de  gaines ,  tenant  la  croix  à  ause  sut  la 
poitrine.* 

Deux  autres  cours  conduisent  ensuite  à  l'ap- 

parternent  du  roi.  Dans  l'alignement  des  portes  , 
on  voit  deux  salles  de  granit  qui  paraissent  avoir 
été  les  appartemens  de  parade.  11  est  vraisem- 
blable qti'à  l'époque  de  la  construction  de  Thebes, 
(3n  employait  beaucoup  moins  de  granit  que  ne 
l'ont  fart  depuis  les  rois  égyptiens  de  Memphis  et 
les  souvetains  gitci  d  Alexandiie.  A  droite  et  à 
gauche  de  cette  salle  sont  les  appartemens  de  la 
cour.  On  pourrait  y  reconnaître  ceux  du  roi  et 
de  la  reine  dans  deux  salles  dont  les  portes  sont 
en  granit  noir.  Leur  forme  était  carrée;  elles  n« 
paraissent  pas  avoir  plus  de  douze  pieds  carrés^ 
Les  sujets  représentés  dans  les  corridors  qui  en- 
vironnent les  salles  de  réception  ,  sont  tous  re- 
latifs au  pouvoir  ou  aux  richesses  des  souve- 
rains. On  a  gravé  sur  les  murailles  des  cassettes, 
des  écrins  ,  des  colliers  de  perles ,  des  cassolettes , 
des  coffres  fons  ,  des  chaperons  ornés  de  pierres 
précieuses.  On  y  trouve  aussi  des  tableaux  qui 
retracent  différentes  cérémonies  de  l'initiation  ; 
plusieurs  représentent  également  dès  sujets  amou- 
reux. 

A  cent  pas  de  distance  et  à  l'est  du  palais ,  est 
une  longue  colonnade  servant  de  portique  à  des 
constructions  qui  paraissent  avoir  été  le  logement 
des  gens  de  la  suite  du  roi.  On  y  distingue  un 
grand  nombre  d'apparlemens  particuliers.  Leur 
forme  est  oblongue  ,  leur  largeur  est  de  douze 
à  quinze  pieds  ,  leur  longueur  de  vingt  à  vingt- 
cinq.  Tous  sont  décorés  de  tableaux.  Une  porte 
d'un  très-beau  style,  élevée  à  l'est  du  palais  ,  et 
a  quatre  cents  pas  du  corps  de  logis  qui  le  ter- 
mine ,  conduisait  à  celte  partie  de  l'habitation 
des    princes. 

Au  Sud  de  la  cour  des  obélisques  ,  étaient 
élevés  quatre  môles  qui  s'alignant  ies  uns  avec 
les  autres ,  formaient  de  ce  côté  ,  l'avenue  da 
grand  palais.  C  était  vraisemblablement  pat  là 
qu'entraient  les  rois  dEgypte.  Le  peuple  n'était 
admis  que  dans  le  vestibule  soutenu  par  la  forêt 
de  Colonnes  dont  on  a  parlé.  Peut-être  les  audien- 
ces particulières  se  donnaient-elles  dans  les  salles 
de  granit.  La  porte  du  môle  ,  située  le  plus  au 
Sud  ,  était  construite  ou  plutôt  revêtue  en  granit. 
Elle  était  précédée  d'une  allée  de  lions  dont  ua 
grand  nombre  spnt  encore  très-biens  conservés. 
Leur  stature  est  colossale  et  leur  longueur  d'en- 
viron quinze  pieds.  Le  nombre  de  ces  statues 
est  de  quatre-vingt-dix.  De  chaque  côté  ,  l'in- 
tervalle de  l'une  à  l'autre  n  est  que  de  dix  pieds  , 
et  les  lions  qu'elles  représentent  sont  couchés 
sur  un  locle  de  trois  pieds  d  élévation. 

Une  allée  de  sphinx  coupe  à  angle  droit  celle 
de  l'est  à  rouest,et  va  rejoindre  une  allée  de  bélier» 
placés  dans  la  même  attitude.  En  face  de  la  portç 
du  petit  palais  deKarnae,  cette  dernière  avenue 
se  prolonge  jusques  à  environ  six  cens  toises  de 
celui  de  Luxor  auquel  elle  paraît  avoir  abouti. 

En  face  de  chacun  des  môles  qui  conduisetità 
la  cour  des  obélisques  du  grand  palais  ,  sont 
deux  et  quelque  fois  quatre  statues  colossales  en 
grès  ou  en  granit.  Les  figures  qu'elles  représentetrt 
n'ont  que  deux  attitudes  .différentes  ;  elles  sont 
ou  assises  et  dans  la  position  de  celles  de  Luxor, 
ou  débout,  dans  l'action  de  marcher,  les  bra» 
pendans  sur  les  côtés  et  armées  d'un  poignard 
courbé. 

(La  suite  demain.) 


Lycée    dss    arts.. 

La  société  libre  de  l'institution  nationale  du 
lycée  des  arts,  tiendra  ,  décadi  prochain  ,  10  ther- 
midor ,  sa  soixante-deuxième  séance  publique  au 
local  de  l'Oratoire  ,  rue  Honoré  ,  à  on^e  heures 
du  matin.  Les  savans  et  artistes  étrangers  peuvent 
s'adresser  ,  par  écrit  ,  pour  avoir  des  billets  ,  au 
secrétaire-général ,  audit  local. 


C  O  U  R  S     D  U    CHANGE. 

Bour'se^du  7  thermidor.  —  Effets  publics. 

Rente  provisoire —  .  as   fr.   i3  Cw 

Tier*  consolidé ^3   fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers i   fr,  49  c. 

Bons  d'arréragé. .  .  , $5  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 ,          .85  fr.  3Sf  c. 

Syndicat 67  fr. 

Coupures 67  fr.  3o  -jfb 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


A  Paris ,  de  l'imprimetie  dii  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,.rue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


GAZETT 


N"  309. 


ONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


Nonidi  ,  g  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscrlpcears  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   M  O  NI  T  E  U  R  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  13S  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   E  U  R. 

REPPUBBLICA    LUCCHESE. 

La  COMMIÏiSIONE  PROVISIORA.  ni  GOVERNO  , 
AU  PREMIER  CONSUL  DE  LA  RÉPUBLIQUE  FRAN- 
ÇAISE. 

Lucca  ,   le    13  messidor    an  8  de    la   république 
française. 
Citoyen   consul  , 

Vos  triomphes  ont  encore  une  fois  rendu  Lac- 
ques à  la  libené.  Le  peuple  Lucquois  et  le  gou- 
vernement vous  regardent  comme  leur  dieu 
tutelaire.  Vous  qui  vous  êtes  tant  couvert  de 
gloire  ,  vous  ne  cèssçrez  pas  d'être  toujours  tel. 

Vous  nous  conserverez  sans  doute  la  liberté 
que  vous  nous  avez  '  donnée  ;  autrement  que 
deviendraient-ils  les  amis  de  la  France,  les  ré- 
publicains ?  que  deviendrait-elle  presque  toute  la 
population  ? 

Si  des  scélérats  qui  opprimaient  le  peuple  , 
ont  osé  vous  insulier,  ainsi  que  quelques  géné- 
raux français  ,  en  égarant  des  hommes  simples 
qu  ils  n'ont  pu  tromper  qu'un  moment ,  le  gou- 
vernement et  le  peuple  vont  montrer  solemnel- 
lement  à  1  Italie  et  à  la  France  leur  sentiment  à 
ce  sujet.  .  . 

Nous  ne  saurions  rester  toujours  isolés  ;  réu- 
nissez-nous donc  à  une  autre  république.  Mais 
nous  vous  prions  de  faire  ensorte  que  celte  réu- 
nion ne  déroge  en  rien  aux  lois  que  le  gouverne- 
ment actuel'va  faire  pour  le  bien  de  ce  pays.  Vous 
n'ignorez  pas  ,  ciloven  consul  ,  que  noire  situa- 
tion politique  est  différente  de  celle  des  autres 
peuples. 

Salut,  respect  et  reconnaissance. 

V.  CoTENNA  ,  président. 
Ricci  ,  secrétaire. 

ANGLETERRE. 

Extrait  du  courrier  de  Londres  ,  22  juillet. 

Chambre  des  pairs.  —  Séance  du   i8  juillet 

f  20  messidor.) 

Le  comte  de  Stnnhope  dit  que  la  chambre  des 
communes  paraît  avoir  suivi  une  marche  irré- 
guliere,  relaiivement  à  la  troisième  leclure  du 
bill  pour  l'incorporaiion  de  la  Compagnie  de 
Londres.  Il  fit  en  consé<iuence  une  motion 
pour  demander  à  la  chambre  des  communes  , 
par    un   message  ,   copie  de  ses  actes  à  ce  sujet. 

Le  lord  chancelier  répond  que  la  motion  est 
irréguliere,  et  ne  peut  être  attribuée  qu'à  l'in- 
fluence  de    la    canicule. 

La  motion  est  rejetée  à  la  majori'.é  de  6, 
contre   l. 

Lori  Westmoreland  présente  un  message  du 
roi,  semblable  à  celui  qui  est  rapporté  dans 
la  séance  de  la  chambre  d^s  communes  du 
même  jour. 

Chambre  des  Communes.  —  Séance  du  i8  juillet, 
[io  messidor.  ) 

Le  bill  pour  accorder  à  S.  M.  certaines  sommes 
sur  les  fonds  consolidés  pour  le  service  de  l'année 
i8oo,   est  lu   pour  la  première  fois. 

Le  chancelier  de  t  échiquier  présente  à  la  chambre 
de  la  part  de  S.  M.  un  message  de  la  teneur 
suivante  : 

George  roi. 

ic  Comme  l'état  des  affaires  publiques  pourra 
inettre  ,  sous  peu  ,  SuMaj'esté  dans  le  cas  d  ajour- 
ner son  parlement  actuel  ,  elle  recommande  à 
ses  fidtllej  communes  de  pourvoir  aux  sub.sides 
nécessaires  pour  couvrir  indépendamment  de  ses 
engagemcns  spécifiques  ,  les  dépenses  extraordi- 
naires de  l'année  suivante  ;  et  enfin  d  adopter 
telles  njcJure»  que  l'exigence  du  service  public 
pourra  prescrire  )'.  —  Le  message  référé  au  comité 
de   subsides.  . 

Comtlé  de  subsisdes. 

La  chamjjre  se  forme  en  comité  de  subsisdes 
îur  la  motion  de  M,  Pitl. 

M.  Pitt.  1.9»  nioiifi  qui  engageaient  S.  M.  à 
né;{Ocicr  un  traiu;  avec,  l'eoipej-cur ,  ont  été  déj:1 
«oumii  à  la  thifnbre  et  amplement  discutés.  Les 
(Csolulioni  l'iMCC»,  tiu  mois  ue  février,  ont  recon- 


nu la  nécessité  de  former  une  alliance  avec  les 
puissances  d'Allemagne.  Il  ne  s'agit  donc  aujour- 
d'hui que  de  l'exécution  d'une  mesure  déjà  sanc- 
,tionnée  ,  et  je  croirais  superflu  d'appuytir  par  de 
longs  argumens  la  motion  que  je  ferai,  pour  que 
S.  M.  soit  mises  à  même  de  remplir  ses  cngametis 
envers  l'empereur.  Ces  engagemeiis  furent  dictés 
par  une  saine  politique.  Malgré  les  revers  que 
les  armes  autrichiennes  viennent  d'éprouver,  les 
avantages  que  nous  avons  recueillis  de  leur  puis- 
sante co-opéralion  sont  cvidens.  Ce  serait  abuser 
de  la  patience  du  comité  que  de  chercher  à  les 
prouver.  C'est  à  l'époque  d'un  désastre  récent  que 
l'examen  de  ce  traité  se  trouve  soumis  au  comité, 
mais  à  moins  que  d^s  événcmens  subîéquens  ne 
puissent  altérer  la  nature  d'une  mesure  ,  nous 
sommes  ,  en  honneur  ainsi  qu'en  politique,  tenus 
à  en  achever  l'exécution  ,  lorsqu'elle  a  été  une 
fois  ariêtée.  Le  traité  a  éié  conclu  à  Vienne  avant 
que  la  nouvelle  des  dernières  défaites  y  fut  par- 
venue', et  se'on  des  informations  posiér.leures  , 
nous  avons  lieu  de  croire  que  ,  si  les  affaires  de 
l'Autriche  ont  cliangé  de  face  en  Italie  ,  elle  n'en 
remplira  pas  moins  ses  engageraens  envers  nous. 
Nous  remplirons  sans  doute  aussi- les  nôtres  avec 
fidélité.  Ce  peut  être  une  question  à  poser,  non 
à  discuter.  Les  chances  funestes  de  la  guerre  n'au- 
ront point  la  force  de  dévier  la  bonne-loi.  l'hon- 
neur et  la  magnanimité  britanniques  du  sentier  de 
la  droiture.  Nous  demeurerons  av^c  notre  allié 
dans  sa  détresse,  comme  noiis  participerions  à  ses 
glorieuses  victoires.  Ainsi  lé  veulent  le  caractère 
et  les  sentimeus  anglais  ,  et  je  suis  persuadé  que 
nous  n'entendrons  pas  articuler  dans  toute  la 
chambre  une  syllabe  d'opposition.  La  question 
n'a  pas  plus  de- latitude  sous  le  point  dt  vue  de 
l'intérêt  et  de  la  prudence.  Qjielqu'ait  été  le  ré- 
sultat des  événémens  en  Inilie,  ce  n'est  point 
dans  l'abandon  de  notre  allié  que  nous  pouvons 
trouver  notre  avantage.  Nous  ne  devons  ,  au 
contraire  ,  rien  négliger  jiour  l'aider  à  réparer  ses 
malheurs  passés  ,  et  à  poursuivre  la  guerre  avec 
énergie  et  vigueur  ,  si  effectivement  ,  elle  doit  être 
contiuée.  Ce  n'est  que  par  une  semblable  conduite 
que  nous  pourrons  voir  terminer  la  guerre  avec 
honneur  et  sécurité,  que  nous  pourions  nous 
prévaloir  d'une  ouverture  pour  la  paix,  lorsqu'elle 
deviendra  praticable.  Il  eht  doffc  manifeste  que 
les  revers  ne  doivent  avoir  sur  nous  d  autre  effet 
que  de  nous  rendre,  s'il  est  possible,  plus  fer- 
mes dans  notre  conduite  ,  plus  décidés  dans  notre 
caractère. 

Le  comité  se  rappelle,  sans  doute,  que  l'ex- 
posé des  voyes  et  moyens  pour  l'année  ,  présentés 
en  lévrier  ,  les  sommes  appropriées  aux  services 
portés  sur  divers  élan,  n'étaienl  évaluées  que  par 
conjeclure.  Leur  totalité  pouvait  égaler.la  somme 
que  je  proposerai  de  voter  aujourd'hui.  J'avais 
demandé  à  ceileé;)Oque  deux  millions  et  demi  pour 
l'empereur  d'Allemagne  et  léletieur  de  Bjviere, 
et  une  addition  de  5oo,ooo  liv.  pour  les  troupes 
russes.  —  Les  subsides  que  je  propose  maintenant 
sont  de  deux  millions  pourl'cnipercur,  unpeuplus 
de  5oo,ooo  liv.  pour  l'électeur  de  Bavière  ,  et  con- 
formément aux  termes  du  traité  ,  643,000  liv.  pour 
les  troupes  russes. 

A  ces  trois  articlesdoiventen  êtrejoinisquelques 
autres  qui  porteront  leur  somme  totale  à  un  peu 
plus  de  3,000,000.  Le  comité  n'a  poin  t  oublié  que  j'a- 
vais demandé  en  février  une  sotn  me  de  1,77  t, 000  I. 
pour  services  impiévus  ;  cet  article  se  réduit  à 
1,400,000  ,  ei  je  récapitulerai  id  les  points  aux- 
quels il  a  rapport.  Outre  les  princes  d  Empire 
qui  ont  conclu  des  traités  avec  S.  M. ,  il  y  en  avait 
d'autres  qui  devaient  aussi  recevoir  des  subsides 
de  la  Grande-Bretagne.  Les  évéuemens  de  la 
guerre  rendent  douteux  qu'ils  puissent  avec  pru- 
dence entrer  dans  la  confédération.  Dans  le  cas  ou 
les  négociations  entamées  avec  ces  princes  auraient 
pu  se  terminer  heureusement,  elles  eussent  né- 
cessité une  dépense  de  400,000  liv.  Mais  si  cette 
dépense  n'a  point  eu  lieu  ,  il  en  est  survenu  une 
autre,  sur  latjuclle  on  ne  comptait  point.  Tandis 
que  la  convention  de  Vienne  se  négociait ,  l'en- 
nemi enleva  les  magasins  de  StocKach.  S.  M. 
n'a  point  hésité  à  venir,  dans  celte  circonslance  , 
au  secours  de  son  allié.  Elle  a  fait'remett  e  à  l'em- 
pereur la  somme  de  l5o,o<>o  1.  pour  remplacer 
cette  perte. 

11  faitt  comprendre  dans  les  frais  de  subsides 
quelques  autres  dépenses  pour  la  solde  des 
divers  coTps  étrangers,  tels  que  le  corps  de 
Coudé  et  les  végimens  Suisses  :  cet  article  peut 
moator  à  400,000  hv.  —  M.  Piiï  observé  que 


toutes  ces  dépenses,  loin  de  dépasser  la  somme 
votée  en  février  ,  ne  l'absorbent  point  en  entier. 
Elle  était  de  4  millions  et  7  ou  800,000  liv. 
Celle  qui  est  demandée  aujourd'hui  ne  s'élève 
qu'à  4,.Soo,ooo  liv.  Le  très-honorable  membre 
termine  en  lésant  une  motion  pour  qu'il  soit 
accordé  à  S.  M.  une  somnae  de  l,5oo.ooo  liv, 
ahn  qu'elle  puisse  remplir  ses  engagemens  envers 
l'empereur  d'Aïlemagne. 

M.  Jones  était  bien  loin  de.  croire  que  par 
ce  traité  ,  l'Angleterre  se  fut  engagée  à  un  nou- 
veau prêt  de  deux  millions.  H  n'est  pas  moins 
surpris  de  voir  que  l'empereur  ne  doive  payer 
aucun  intérêt  pour  cette  somme.  Cette  clause 
ne  présage  pas  une  paix  prochaine,  el jusqu'à 
ce  que' les  ministres  aient  donné  à  lachambie 
1  assurance  qu'ils  saisiront  la  première  occasicn 
de  traiter  avec  l'ennemi,  M.- Jones  proiesieia 
contre  tout  envoi  d'argent  hors  du  pays.  Le  traité 
stipule  que  le  premier  payement  aura  lieu  dans 
le  comraenceinenl  de  juillet.  Cette  circonstance 
doit  faire  croire  qij'i}  a  déjà  éié  remis  à  l'em- 
pereur près  d'un  million.  Ojioiqu'il  soitconVenu 
qu'aucune  des  deux  pallies  contractantes  n'é- 
coutera de  propositions  de  paix  sans  le  con- 
sentement de  l'autre  ,  la  conduite  précédente 
de  lAutriche  à  cet  égard  n'est  pas  faiie  pour 
inspirer  une  grande  foi  à  ses  promesses.  Le 
chancelierde  1  échiquier  devrait  au  moins  réfléchir 
à  ce  qu'il  fait.  Le  peu  de  membres  présens 
donnerait  à  penser  qu'il  s'agit  de  quelle  bill 
de  barrière  ou  de  prêteurs  sur  '  gage  ,  et  non 
d'un  biil  pour  faire  passer  des  millions  hors 
du  pays.  Si  le  ministre  persiste  ,  il  se  verra  ar- 
rêté dans  sa  carrière  par  l'éclat  de  findignation 
publique  ;  il  verra  que  la  nation  ne  peut  plus 
supporter  ses  fardeaux  et  qu'il  n'est  point  dans 
la  nature  humaine  de  souffrir  la  continuation 
d'une  guerre  à    outrance  ;    Bellum    internecinum. 

M.  H.  Browne  ne  voit  aucun  motif  de  se  méfier 
de  l'empereur.  Il  est  persuadé  que  ,  dans  l'état 
actuel  des  choses,  si  l'Auuiche  fesait  une  paix 
séparée,  celle  de  l'Angleterre  deviendrait,  très- 
difficile.  Rien  ne  peut  donc  plus  être  avanta- 
geux qu'un  traité  qui  engage  les  deux  puissances 
à  n'agir  que  de  concert.  Ce  traité  présente  à  la 
Grand-Bretagne  la  plus  heureuse  perspective  pour 
la  paix.  L'Angleterre  est  bien  loin  de  nepouvor 
fournir  à  des  subsides  étrangers.  Le  dernier 
budget  prouve  l'état  florissant  du  revenu.  Quant 
aux  revers  arrivés  sur  le  continent  ,  il  ne  doi- 
vent qu'animer  le  peuple  à  des  efforis  plus 
puissans.  A  la  vérité  ,,  si  la  restauration  de  la 
maison  de  Bourbon  eut  été  l'objet  de  la  guerre, 
on  ne  pourrait  pas  se  flatter  de  l'atteindre  ,  mais 
c'est  sous  le  point  de  vue  d'une  guerre  pure- 
ment défensive  que  M.  Browne  a  constamment 
volé  en  faveur  de  sa  continuation.  Cette  guerre, 
dit-il  ,  nous  a  donné  les  moyens  de  conserver 
nos  vies  et  nos  pio;jiiéiés.  Elle  a  élevé  la  gloire 
navale  et  miliaire  du  peuple  anglais  à  un  degré 
jusqu'à  lors  inconnu.  C'est  une  guerre  dont 
nous  ne  pouvons  que  nous  féliciter  ,  et  quel- 
ques saciifices  4'aigent  que  nous  ayons  été 
appelles  à  faire  ,  ils  peuvent  être  mis  en  com- 
paraison avec  la  perte  d  hommes  qu  à  éprouvée 
i'Auniche.  L'Angleterre  ne  fut  jamais  engagée 
dans  aucune  guerre  OIJ  ses  sujets  aient  en  effet 
répandu  moins  de  sang  ,  et  tandis  que  la  cour 
de  Vienne  persévère  avec  tant  de  courage  et 
de  bonne  foi  ,  nous  ne  pourrions  ,  sans  pu- 
sillanimité ,  tenir  une  conduite- opposée  .  à  .I4 
sienne. 

M.  Martin.  Le  ministre  paraît  disposé  à  charger 
sur  son  cheval  de  guerre  tous  les  hou,  membres.  Je 
suis  loin  de  croire  que  la  moiion  doive  passer  sans 
obstacle.  Je  n'ai  jamais  lant  regretté  de  ne  pas  pos- 
séder des  moyens  capables  d'exprimer , toute  .mon 
indignation.  Je  connais  l'h^ffeileté  des  ministres 
de  S.  M.  Je  si^is  fâché  seulement  .qu'il  n'en 
fassent  point  un,  meilleur  usage.  Leurs  efforts 
auraient  dii  se  diriger  à.  maintenir  le  monde 
dans  la  paix  et  la  tranquillité,  non.àjii  plong.. r 
dans  la  guerre  et  dans  la  misère.,. Un  très-hono- 
rable membre  a  vanta  la  magnanimité  e»/ phrasos 
pompeuses  et,  sonorus.  Je  demande  à.  lliono,- 
rable  membre  qui  vient  de  quitter  luî^parold, 
et  que  je  crois  un-  bon  honnne  ,.  et  uu  bon 
chréiien  ,  s  il  n'eut  pas  mieux  Uii  de  parler  d  ..ne 
paix  solide.  Je  voudrais  quaii  lieu  de  lapper 
sur  le  dos  du  minisiie.  .[M.  lîrowne  était  assis 
derrière/  ,  il  lui  donnât  quelque  avis  ehiriialjis 
pour  mettre  £11  à  la  gueirc. 


1246 


AJr.  TUrntj.  En  m'absienani  depténdrela  parole 
dans  l'occasion  présente,  je  croirais  mériieir  m.il 
de  mes  constituans  et  même  de  I  Europe.  Si  jamais 
un  ministre  a  été  dans  le  cas  de  venir,  le  sac  sur 
le  dos  ,  la  cendre  sur  Iq  front ,  demander  jiardon 
à  larfiambrc  de  sa  conduite  passée  ,  c'est  aujour- 
d'hui que  te  très-liO!>orable  membre  aurait  dû  y 
paraître  ainsi.  Ce  n  ei,t  point  ce  qui!  a  jugé  à 
propos  de  faire.  Il  est  venu  ùtmuiiUer  impérieu- 
sement 4  millions.  Il  auiaii  un  prétexte  plausible' 
si  la  guerre  actuelle  étàii  une  guette  de  défense; 
mjis  c'est  une  guerre  Injuste  q'ii  n'a  été  commen- 
cée ,  qui  n'est  continuée  que  pour  satistaire  l'am- 
bition des  ministres.  (Ecoutez!  écoutez!)  Le 
chancelier  de  l'échiquier  dit  qu'il  ne  ^'attend 
pas  à  une  syllabe  d'opposition  ,  et  qu'il  ne  peut 
croire  aucnn  membie  assez  endurci  pour  s'élever 
contre  un  traité  dont  le  principe  a  été  reconnu. 
Je  lui  répondrai  que  la  guerre  n'est  plus  ce 
quelle  était  ,  et  que  cette  diflPerence  vient  de 
t  endurcissement  avec  lequel  il  a  rejette  les  ou- 
vertures de  Bonaparte.  C  est  à  compter  de  cette 
date  tju'il  est  responsable  des  funestes  consé- 
qnences  de  la  guerre  :  les  ministres  savaient  bien 
alors  qu'il  n'y  avait  plus  de  concert  entre  les 
alliés,  que  la  Russie  allait  se  leiiter  de  la  coali- 
tion. Je  demanderai  au  tiès-honorable  membre 
s'il  ne  sentait  pas  que  le  nouveau  gouvernement 
français  était  bien  plus  solide  que  tous  les  autres 

fouvérnemens  qui  avaient  succédé  à  l'ancien  ? 
')1  ne  savait  pas  que  la  ville,  de  Paris  ,  pour  la 
première  fois  depuis  la  l'ïvolution  ,  était  sans 
garnison  ?  Les  circonstances  de  la  guerre  ont 
donc  changé.  Celles  du  traité  ont  aussi  changé. 
Dans  le  cours  de  deux,  mois,  les  fruits  des  bril- 
lans  exploits  d,es  autrichiens  el  des  russes ,  ont  été 
presque  détruits.  ,     ' 

Loin  que  ces  considérations  portent  le  tres- 
honorable  membre  à  des  idées  pacifiques  ,  il 
grimpe  son  grand  cheval  de  bataille  .  et  veut  que 
les  honorables  membres  le  suivent  jusqu'au  bout 
de  la  carrière.  Qu'attend-il  ?  Que  l'empereur 
puisse  balancer  les  progrès  gigantesques  de  l'ar- 
mée française  ?  Qjae  nous  en  recevions  en  quel- 
ques mois  des  secours  proportionnés  à  une  somme 
de  deux  millions?  Ne  sent-il  pas  qu'il  justihe 
cette  accusation  répétée  dans  tous  les  papiers 
français,  que  l'or  de  1  Angleterre  s'insinue  dans 
.tous  les  cabinets  de  I  Europe  pour. prolonger  les 
maux  de  la  guerre.  Quand  ce  traité  serait  fidelle- 
.ment  observé  par  1  empereur ,  il  ne  nous  assu- 
rerait ses  secours  que  jusqu'au  dernier  jour  de 
février,  c'esl-à-dire,  jusqu'à  la  lin  de  la  cam- 
pagne ,  qui  pourra  durer  encore  deux  mois. 
Mais  qui  croira  l'empereur  disposé  à  reiïiplir  ses 
cniagemeus  ?  L'évidence  des  faits  démontre  que, 
jelon  toute,  apparence  ,  il  les  rompra  encore 
comme  il  fit  en  1797.  Je  ne  l'accuse  point  de 
mauvaise  foi  ;  la  force  des  circonstances  lui  fit 
la  loi.  L'Allemagne  n'est  pas  aujourd  bui  dans 
une  meilleure  position  qu'à  l'époque  du  traité  de 
Léoben.  On  mé  deraantJera  peut-être  si  je  con- 
«eille  à  la  chambre  de  déserter  un  allié.  Je  dirai 
tjue  non.  Mais  le  traité  n'est  point  encore  ratifié  , 
et  il  convient  de  savoir  si  les  deux  puissances 
ont  le  même  objet. 

Les  changemens  qui  ont  eu  lieu  peuvent  mo- 
tiver le  refus  de  la  chambre  ,  sans  qu'elle  soit 
accusée  de  désertion.  Elle  doit  s  infoiiner  pour- 
quoi une  somme  telle  que  i5o,ooo  1.  a  été  en- 
voyée à  l'empereur  pour  l'indemniser  de  la  perte 
dts  magasins  de  Stockach.  Cette  perte  aurait  pu 
être  épargnée,  si  le  gouvernement  eût  écoute  six 
mois  plutôt  les  propositions  de  Bonaparte.  Quel 
avantage  retirerons-nous  de  ces  subsides  ?  Nous 
mèneront-ils  à  la  paix  ?  Des  64  millions  de- 
mandés pour  cette  année  ,  so  ont  déjà  été  dé- 
pensés à  poursuivre  la  guerre  ,  tandis  que  le  brave 
et  habile'  général  Abercrombie  demeure  dans 
l'inactivité  à  Minorque.  S  il  fut  arrivé  trois  mois 
plutôt  dans  la  Méditerranée,  il  eût  pu  secourir 
utilement  notre  allié.  Un  autre  excellent  général  , 
avec  lequel  j'ai  lavantage  d  être  extrêmement  lié  , 
a  aussi  été  vigoureusement  employé  sur  les  côtos 
de  France,  à  enlever  quelques  vaches  du  rivage. 
Il  y  a  six  mois  ,  le  ministre  nous  disait  en  triomphe 
que  les  3  pour  cent  consolidés  de  France  étaient 
à  17  pour  cent.  Aujourd'hui  ils  sont  à  22  ou  33. 
Est-ce  là  le  symptôme  d'un  gouvernement  eti  dé- 
cadence ?  L'enthousiasme  que  la  jeunesse  fran- 
çaise manifeste  pour  combattre  ,  dans  le  seul  I 
espoir  d'obtenir  la  paix,  fait-il  espérer  la  chute 
de  l'usurpateur. 

La  véritable  questioti  est  de  savoir  si  la  guêtre  , 
'après  les  propositions  de  l'hiver ,  est  nécessaire  ou 
.■peut  être  évitée  sans  danger.  Si  je  la  croyais  néces- 
saire ,  je  voterais  dix  l'ois  plus  qu'on  ne  demande. 
Maii.je  suis  convaincu  que  la  paix  entre  la  France 
et  l'Angleterre  pourroit  se  faire  clans  l'esp.îce  d'un 
■mois.  C  est  un  bonheur  que  nous  n'obtiendrons 
ipoint  tant  que  le  ministre  actuel  sera  en  place.  Il 
-a  trop  insulté  l'homme  qui  se  trpuve  en  Fiance  à 
•  la  tête  des  affaires  pour  qu  il  puisse  s  entendre  ami- 
calement  avec  lur.  Personne   ne   voit  avec   plus 


Tes  provinces  ,qui  viennent  d'être  perdues,  fussent 
reconquises  ,  cela  suffiroit-il  pour  notre  sécurité  ? 
Non  ,  sans  doute.  Car  ,  le  gouvernement ,  loisque 
les  affaires  avaient  un  bien  meilleur  aspect  .  ne 
trouvait  pas  qu'elle  présentassent  une  base  de  sé- 
curité. La  conduite  des  ministres  doit  être  devenue 
un  fonds  de  risée  pour  l'Euroiic  ?  Ce  traité,  pour- 
quoi l'empereur  ne  l'a-t-il  signé  que  le  20  juin  .'' 
Parce  qu  il  ne  vouloit  rien  qui  le  génâl  dans  ses 
vues  ambitieuses.  Il  s'est  dé  te  1  miné  à  le  signer  lo  ti- 
que les  revers  éprouvés  en  Italie,  lui  ont  iciidu  nus 
secours  indispensdblei  pour  continuer  la  giicric  ; 
et  encore  ne  s'esi-il  engagé  que  jiiscju  au  mois  <lc 
féviier.  Quand  il  aura  mis  en  poche  le  ttoisiciiie 
tcime  du  b'ubside,  il  auia  pu  arquérir  lexpéin-nce 
de  I évidence  des  faits,  sur  la  stabilité  dugouvtr- 
ment  français. 

M.  Canning.  Les  honorables  membres  n'ont  pu 
csi.ayer  de  soutenir  leur  oppoiitioir  à  la  mesuie 
pré.'-ente  ,  tjue  sous  trois  points  de  vue.  1°.  Parce 
qu'ils  ne  croicntpas  que  laconlinuation  vigoureuse 
de  la  guerre  pût  trièncr  à  la  paix.  2°.  En  ce  que 
l'empereur  n'avait  point  co-opéié  avec  nous  de 
manière  à  justifier  le  présent  traité.  3°.  Paice  que 
les  ministres  actuels  n'ciant  point  propres  à  faire  la 
paix  ,  tout  effort  pour  l'obtenir  sciait  inutile  ,  peii- 
daiit  qu'ils  demeureraient  en  place.  —  Quant  à  la 
première  objection,  elle  se  réduit  dans  le  tait  à  une 
dispute  de  phrases,  et  ne  mérite  pas  qit'on  s^y 
anête  long-tems.  La  déclaration  de  1  objet  distinct 
de  la  guerre  ne  meiieroit  certaineraens  pas  à  la 
paix.  Je  passe  à  la  seconde  objection.  L'honorable 
membre  se  plaint  de  ce  que  l'Autriche  n'a  point 
co-npéié  i>  la  cause  commune  en  proportion  de 
l'argent  <iue  nous  avons  donné?  N'a-t-clle  donc 
point  fait  d'efforts  ?  livré  de  batailles  sanglantes  ? 
cl  soutenu  la  querelle  présente  toujours  avec  ma- 
gnanimité, souvent  avec  succès  ?  Mais  l'accusaiioii 
favorite  des  honorables  membres  ,  c'est  de  dirL- 
que  les  ministres  n'ont  pas  prévu  tous  les  évi;ne- 
mens  de  la  guerre.  ^iQuand  les  ministres  auraient 
deviné  que  les  fiançais  surmonteraient  des  obsta- 
cles presqu'insurmoniabics  ,  que  les  deux  aimées 
opposées  commettraient  leur  sort  au  hasard  d'un 
seul  combat ,  quand  ils  auraient  tout  deviné  ,  jus- 
qu  à  la  dernière  heure  de  la  bataille  de  Maringo  , 
je  dirai  quils  ne  pouvaient  agir  avec  plus  de  sa- 
gesse. 

Les  ministres  n'avaient  pu  prévoir  l'issue  de  la 
bataille  de  Maringo.  C  était  beaucoup  d'avoir 
prévu  que  les  forces  de  1  Autriche  étaient  dans 
une  telle  proportion  ,  que  la  destinée  de  France 
dépendait  dune  bataille  seule  ,  tandis  que  celle 
de  I  Autriche  pouvait  résister  au  triomphe  mo- 
mentané de  l'ennemi. 

Un  événement  malheureux  ne  suffira  point 
pour  affecter  la  question  présente.  On  objecte  que 
le  traité  n'est  point  ratifié.  Serait-il  juste  qu'une 
grande  nation  dise  à  son  allié  dans  le  moment 
de  la  détresse  :  n  vous  n'êtes  pins  puissant;  vous 
n  êtes  plus  capable  de  repousser  laggression,  de 
nous  assister  dans  notre  querelle  ;  nos  senlimeus 
pour  vous  cessent  ;  nous  vous  abandonnons  à 
votre  sort.  i>  Tel  serait  le  langage  des  honora- 
bles membres.  S'il  est  naturel  à  l'esprit  humain 
de  se  laisser  captiver  par  l'éclat  des  succès  ,  tout 
cœur  généreux  ne  sera-l-il  pas  aussi  disposé  à 
sympatiser  aux  malheurs  d'un  allié  qui  a  manifesté 
un  courage  inébranlable  ,  une  fermeté  si  calme 
dans  une  crise  si  périlleuse.  Quand  nous  n'au- 
rions été  que  les  simples  spectateurs  de  l'événe- 
ment ,  ou  si  nous  en  avions  seulement  lu  le  ré- 
cit dans  les  annales  de  l'histoire  ,  après  nous  être 
arrêté  avec  délices  ou  avec  une  pénible  surprise 
à  l'éclat  de  la  victoire  ,  nous  tournerions  notre 
attention  sur  le  vainCu,  pour  savoir  comment  il 
a  supporté  sa  défaite.  C'est  chez  le  vaincu  que 
nous  trouverions  cette  véritable  grandeur  ,  qui 
excite  les  nobles  sentimens  de  la  sympathie  et 
de   ladministration. 

L  Autriche   a  beau  nous  assurer  de  sa  persé- 
vérance ,   1  honorable  rnembre  persiste  à  la  révo- 
quer en  doute.  Il  ne  veut  point  croire  qu'elle  se 
souvi,enne   de  ses   inléiêls  ou    qu'elle   sache    les 
juger.  Il   ne  lui  croit  ni  bon  sens  ni  fidélité.  Cette 
incrédule  opiniâtreté  me  rappelle  une  histoire  que 
j  ai  entendue  dansjmon  enfance.  Un  débiteur  et  un 
créancier  se  rencontrèrent  un  jour.  Après  le  salut 
d'usage  ,  le  créancier  demanda  le  paiement  de  la 
dette.  —  De  la  dette  ,  s'écria  le  débiteur  ?  il  y  a  un  1 
an  que  vous  êtes  mort.  —  Mort  !  je  ne  me  su>s  ja-  1 
mais  mieux  porté.  —  Vous  êtes  mort  ;  je  vous  dis  I 
I  que  vous  1  êtes.  Il  y  a  plusieurs  mois  que  je  le  sais. 
—  Le  créancier  ne  sut  que  répliquer  à  cette  saillie 
inattendue.  La  comparaison  est  applicable  à  l'Au- 
triche. L'Autriche  a  déclaré  qu'elle  voulait  poursui- 
vre la  guerre.  L  honorable  membrene  veut  pas  que 
cela  soit  vrai.  Il  lui  répond  brusquement:  —  Non, 
Autriche,  tu  est  ruitiée  ,  réduite,  incapable   de 
te  défendre.  Prosternes-loi  et  meurs. — 

M.  Cnnning  ne  croit  point  que  la  considération 
des  subsides  soit  ce  qui  décide  l'empereur  à 
continuer  la  guerre  ,  d'autant  qu'elle  lui  occa- 
sionne des  dépenses  bien  plus  considérables  que 


ils  la  desifctaienl  ,  ils  ne  pourraient  la  conclure 
aiprès  le  lang.ïge  véhéraeot  dont  ils  se  sont  servis? 
contre  Bonaparte.  Les  discours  tenus  au  parle- 
ment contre  Louis  XIV  n'avaient  pas  été  moins 
violens;,  efcependant  les  mêmes  hommes  qui' 
lesiia.vaieni  prononcés ,  firent  ensuite  la  paix  avec 
et  nuan.atque.  M.iis  il  semble  que  les  honorables 
membres  .  raisonnent  d'après  ce  principe,  que 
l'on  rioil  vivre  avtc  un  ennemi  comme  avec  un 
ami  futur,  et  avec  un  -jmi  comme  s  il  devait  être 
un  jour  ciinrmi.  M.  Cjiining  soiiliaiicrait  une 
légion  de  [jaiciiS  cnticmis  et  pas  un  seul  umi.— 
Avant  de  terminer,  il  relèvera  ce  qui  a  été  dit 
au  sujet  de  la  prospérité  de  l'Angleterre.  On  2 
prétendu  que  l'Aiiglcierre  devenait  la  risée  de 
toutes  les  puiss.antes  du  coniinent,  <jui  en  fesaient 
leur  dupe.  En  même  tcms  on  1  a  représentée 
comme  un  objet  de  jalousie   et  de   rivalité. 

Il   est   assez   nouveau  d'être    admiré   par  ceux 
dont  on  est  la  dupe.  J'tsperè  .ajoute  M.  Canning, 
que   nous   continuerons    à   être   dupes    de   celte  . 
manière.-—  Velim,  nuhcrculè,  cum  istis-errarequam,, 
cuni  àUis  récit  sentiie. 

M.  Aiiholls  voit  de  grands  inconvéniens  à 
envoyer  hors  du  pays  une  somme  de  2  millions, 
à  une  époque  où  la  rareté  des  giains  exigerait 
une  dépense  de  6  millions  potir  approvisionner 
le  royaume.  Cependant  il  volera  en  faveur  du 
subside  ,  parce  qu'il  le  considère  comme  accordé 
à  I  empereur  pour  obtenir  l'avantage  d'une  négo- 
ciation comrnutie.  Les  circonstances  présentes  sont 
faites  pour  conduire  à  la  paix.  Le  ministre  n'a, 
point  pailéde  nénocier.  Rien  ne  pouvait  êtreplus 
sage  de  sa  part.  Une  ilisposition  de  cette  nature 
ne  doit  jamais  être  publiée  d'avance.  M.  Nicholls 
croit  que  le  ministre  a  trop  de  sens  pour  ne  pas 
voir  que  lapaix  est  nécessaire  ,  et  trop  d  intégrité 
pour  ne  pas  cberclrer  à  la  conclure.  On  peut 
même  dite  que  tous  les  ministres  de  S.  M.  la 
désirent  ,  à  l'exception  des  disciples  de  M.  Butke. 
Bellum  inUrnec'mum  est  le  cri  de  ceux-ci  jusqu'au 
rétablissement  de  l'ancien  régime. et  tie  la  noblesse 
de  France.  Mais  cettainemeni  ce  n'est  point  là 
l'objet  du  chancelier.  . 

La  (luestion  est  mise  aux  voix.  —  Ler  résolu- 
tions suivantes  sont  lues  et  adoptées. 

Art.  I".  i,5oo.ooo  liv.  sterl.  pour  mettre  S.  M. 
à  même  de  remplir  ses  engagcmens  avec  l'empe^ 
reur  d  Allemagne. 

II.  545,494.  pour  l'empereur  de  Russie. 

III.  697  pour  battre  de  la  monnaie  de  cuivre 
destinée  à  la  colonie  de  la  Nouvelle  -  Galles 
Méridionale. 

IV.  797  pour  frais  du  bureau  de  police  à 
Wapping. 

V.  6S0  potir  appoints, des  sommes  accordées 
par  le  parlement.. 

VI.  177  pour  frais  attachés  à  la  balance  dej 
comptes  de  la  colonie  de  la  Nouvelie-Gaijes 
Mctidionale. 

VII.  827  pour  addition  de  salaire  aux  clercs 
du  bureau  de  la   comptabilité. 

VIII.  370  pour  indemniser  le  clerc  dé  là 
chambre  des  communes  de  dépenses  que  le  par- 
lement n'avait  point  bonifiées. 

IX.  255o  pour  défrayer  les  travaux  faits  à 
Somerset-Place. 

X.  42.048  pour  frais  de  compensation  à  di- 
vers négocians  pour  la  perle  de  leurs  vaisseaux 
venant  de  Magador. 

XI.  3o,ooo  pour  l'acquit  des  billets  tirés  dé  la 
Nouvelle-Galles  Méridionale. 

XII.  5o,ooo  pour  liqiaider  les  créances  de 
Saint-Domingue. 

XIII.  1,000  pour  les  inspecteurs  des  forêts. 

XIV.  1,024  pour  les  frais  d  impression  du  jour"- 
nal  de  là  charnbie  des  pairs. 

XV.  4,000  pour  l'étabhssement  de  Sierra- 
Leone. 

XVI  3.000  pour  le  muséum  britannique. 
XVII.  3,000  pour  la  société  d'agriculture. 
XVill.  5,000  pour  la  compagnie  du  Levant. 

XIX.  t,5oo  pour  le  collège  vétérinaire.  ' 

XX.  1,000  en  gratification  à  Jean  Davis  ,  pour 
avoir  découvert  une  méthode  de  purifier  le  fro- 
ment gâté. 

XXI.  20,000  pour  les  forts  et  établissemens  bri- 
tanniques sur  la  côte  d'Afrique. 

La  chambre  formée  en  comité  des  voies  et 
moyens ,  adopte  trois  résolutions  à  l'eflTet  de  voter 
une  somme  de  9,600,000  l.  st.  à  lever  en  billet» 
de  l'emprunt  et  de  l'échiquier  sur  les  premiers 
octrois  du  parlement. 

INTÉRIEUR. 


d'épouvante  que  rao    les  conquêtes  gigantesques  1  les  sommes   qu'il  peut  recevoir   de   l'Angleterre, 

de  la  France,  mais  ce  traité   ne  me  présente   en  j  II  réfute   ensuite  le  troisième  argument  selon  le- 

aucune  manière  le  point  de  sécurité  dont  le  trçs- '  quel  les  honorables  membres  prétendent  que  les 

.itoiW'membre  parle  si  souvent.  Siipposé  que  t.ôutes  minisiras  ne  veulent  poiniU  paix  ,.ift  que ,  quand 


Paris ,  le  8  thermidor. 
Entre  Lucques  et  l'état  de  Gênes  il  y  a  une 
langue  de  terre  dépendante  des  états  de  Toscane. 
Quoiquil  n'y  eût  pas  de  troupes  et  qu'il  fallût 
faire  -,  pour  arriver  à  Lucques  ,  un  détour  de  pins 
d«    soixante    milles ,    les    français,    scrupuleux 


1947 


f 


«jijservateurs  de  la  convehtlon  de  Maiingo  >,  pré-  '  MdMs  dd  personnes  exceptées  de  l'âmnîslîe 
fcrercnt  faire  ce  détour  pour  ne  pas  passer  sur  du  roi  de  N.ipies  ,  dont  noUs  avons  public  les 
le  territoire  toscan.  l  dispositions  dans  Un"  Soy.  —  7  thermidor. 

—  Plusieursdcnojjournaux  annoncent  qu'il  est  '  i".  Individus  exceptes  qui  dépendent  de  la  ju- 
arrivé  dans  la  rade  de  Copenhai;iie  ^  le>  2 1  mes-  diratiire  de  la  junte  détat-  Savoir  t 
sidor  ,  une  escadre  russe  de  dix  vaisseaux  >  île  |  Andréa  di  Dino.  Eugenio  Michilclli.  Principe 
ligne  ,  une  frégate  etun  cutter,  sous  le  cottlnian-  '  di  Montemiltttn.  ArcivescoVo  di  Tarento.  Conte 
dément  du  vicc-:nniral  Maccris,  et  ayant  à  bord  ,  ^\  Policastro.  Giuseppe  Rinalrii.  Marchcse  Ga- 
des  troupes  russes  qui  reviennent  d'Angleterre.  j  ^\\^\\.  Girolamo  Caialano.  Salvatore  Prisco.  Mi- 
Suivant  les  mêmes  journaux  ,  la  plus  grande  i  cliclcMaiciaiio.  PasquaU- Braca.  Pictro  del  Grosso, 
fermentation  règne  à  Venise;  un  régiment  de  j  Carlo  CLiiiceliiere.  Ratfaele  SarracciiO.  VincenZo 
dalmatess'y  cftinsursé  et  a  proclamé  le  réiablisse-  i  Moiizio.  Dominico  Rebora.  Miclieh-Batiifolli.  Viii- 
ment  de  la  rcpubliqiie  de  Venise.  Des  troupes  I  cenzo  Biosclii.  Luigi  Pannaim.  Angelo  Catani. 
autrichiennes  ont  eu  beaucoup  de  peine  à  réduire  Giovanni  Merli.  Pietro  Aslorito.  Giosuc  Foriunaio. 
les  insurgés  ,   et  ont  perdu  du  monde  en  voulant  !  Francesco  Fumarol).  Prancesco  Lorenzi.  Raffaele 


les  soumettre.  La  garnison  de  Venise  a  été  portée 
à  seize  bataillons. 

—  Plusieurs  journpuX  anglais  annoncent  qu'une 
fièvre  maligne  qui  a  rec.r]é  dernièrement  dans 
l'île  dejerscy  ,  y  a  fait  périr  beaucoup  de  monde  ; 
il  y  a  des  familles  où  ,  dans  la  semaine  ,  celle 
maladie  a  emporté  le  père  .  le  fils  et  le  pelit-fils. 
Ses  ravages  ont  un  peu  diminué  depuis  quel- 
que tems.  Les  liabitans  de  lîlc  accusaient  les 
russes  de  leur  avoir  apporté  ce  Héau  ;  mais  on  a 
vérifié  depuis,  dit-On,  qu'ils  n  en  étaient  point 
la  cause. 

—  Le  Publiciste  annonce,  sous  la  date  de  Franc- 
fort ,  que  l'empereur  en  eniran  t ,  le  2 1  messidor  , 
dans  la  salle  de  Spectacle  de  Vienne,  y  fut  ac- 
cueilli par  les  cris  de  ;  ta  paix  ,  lu  paix.  En  vain 
la  garde  voulut  imposer  silence  ,  les  cris  redou- 
blèrent ,  et  l'empereur  fut  obligé  de  sortir  avant 
le  lever  de  la  toile. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrête'  du  7  thermidor  an  8. 


Glordano.  Niccola  Casavola.  Lorenzo  Galln.  G 
seppe  Rossi.  Donienico  delTTutD.  Errico  Michèle 
Aurora.  Marco  Mulvezzi.  Antonio  Pilera.  Fran- 
cesco  Piconc.  Vlncciizo  Porto,  Vi-scovo  di  Melfi. 
Vescuvo  di  MontepelOso.  Sergio  F.ignano.  Igna- 
iib  D'oininclli.  Corjcordio  dcMjjo.  Luigi  Polliero. 
Ignazio  G;ijone.  Gennaro  G.tizia.  Giuseppe  Cer- 
velli.  Luigi  Salerno.  Liugi  Cibelli.  Costaniino 
Lemaîire.  Policarpio  Poniicelli.  Pietr/j  PerUsicr. 
Gaetano  Ciancianelli  ,  et  tous  ceux  qu'on  pourra 
convaincre  d'être  coupables  ou  complices  duc  rime 
dud.  Ciancianelli.  Quant  à  l'archevêque  de  Chieii , 
nous  nous  réservons  de  déclarer  s'il  doit  être 
compris  ou  non  diins  le  pré.-,ent  induit  ,  lorsi]iie 
nous  aurons  rtçu  les  rctiseignemens  uliéiieurs 
que  nous  avons  demandés  sur  la  procédure  in- 
tentée cùnire  lui. 

2*.  Individus  exceptés  tjui  dépendent  de  la  judi- 
cature  de  la  junte  des  généraux 

Saverio  Dujiuv.  Antonio  Venosta.  Giovanni 
Oftman.  Niccola  Mazzei.  Gaetano  Tesoriere.  Gre- 
goiio  Esposito.  Onofrio  Intini.  Apgelo  de  Pétris. 
Luigi  Pironti.  Ignaïio  Atcinni.  RafTaele  Scudieri. 
Niccola  Alcozer.  Carlo  Emmanttele.  Pietro  Gian- 


BoNAPARTE ,  premier  consul  de  la  république ,  i '^  .       ^  .  ,     „ 

r    la     proposition     du    niinisue  de   la    guerre,     none.  Dominico  Marolta.  IgnaZio  Crocillo.  Fran 


proposition  du  niinisue  de  la  g 
nomme  les  généraux  Lamaiche  ,  Mouret  ,  Joseph 
Ferrand  ,  Petit-Guillaume  ,  Duplessis  ,  Lasalle  ^ 
Marchais  et  Varnesson  ,  aux  emplois  de  chefs  de 
brigades  de  vétérans. 

Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'excu- 
tion  du  présent  arréié. 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport  du 
ininistie  de  h  justice  ,  le  conseil-d'état  entendu  < 
arrêtent  t 

Il  n'y  a  pas  lieu  à  modifier  en  faveur  des 
conscrits  les  dispositions  des  lois  des  l5  germinal 
et  4  floréal  an  6. 

Le  ministre  delajusiice  est  chargé  de  l'exécution 
du  piésentariêté,  qui  sera  imprimé. 

Le  premier  conml  ,  Slg,né.    Boiniapartè. 
Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'élat  ,  sfgné,  H.  B.  Maiîet. 

Arrêté  du  même  jeun 

Lîs  consuls  de  Ja  république,  sur  le  rapport 
'du  ministre  de  1  iiiléiieur  ,  le  conseil-d'état  en- 
tendu .  arrêtent  : 

.Art  I".  Les  jours  de  décadis  sont  les  seuls  jours 
fériés  reconnus  par  [autorité  nationale. 
.  II.  Lobservaiioo  des  jours  fériés  n'est  d'obli- 
gation que  pour  les  autorités  constituées,  les 
fonctionnaires  publics  et  les  salariés  du  gou- 
vernement. 

III.  Les  simples  citoyens  ont  lé  droit  de  pour- 
voir à  leurs  besoins  et  de  vaqiiei  à  leurs  affaires 
tous  les  jours  ,  en  prenant  du  repos  suivant  leur 
volonté  ,  la  nature  et   l'objet  de   leur  travail. 

IV.  Les  jours  de  foires  et  marchés  testent 
fixés  conformément  à  l'annuaire  républicain  et 
aux  ariêtés  des  administrations  centrales  et  mu- 
nicipales. 

En  cas  de  réclamation  pour  un  changement, 
les  jours  de  foires  se  règlent  par  les  consuls 
sup  le  rapport  du  minitre  de  1  intérieur  ,  sur 
l'avis  du  préfet  ,  seloti  les  intérêts  du  commerce  , 
la  commodité  des  habiians  ,  et  les  jour  et  dates 
portés   au  calendrier  républicain. 

V.  Léministre  de  lintérieur  est  chargé  delexé- 
cniion  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  iriséré  au  bul- 

,,  letJB  des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 


.        T    k    I    BU    N    A    T,    , 

Présidence' de  Moreau.       :    '  ■■! 

S  É  A  N  C  E    D  U:  7     T  H  ER  M  I  DO.ll.    '  j 

On  procède  an  renouvèllerhent  de  trois  mem- 
bres de  la  commission  des  inspecteurs.  Lé  scrutin 
ne  donne  point  de  majorité. 

Le  ttibunat  se  forme  en  com'ité  général,  pour 
•nicndre  le  rapport  de  la  couiinission  ries  inspec- 
teurs ,  pour  lequel  cette  séance' avait  clé'indiquée. 

La  séance   çst  levée. 


cesco  Carlucci.  Michèle  Poicellini.  Errico  Rotten- 
gutter.  Giuseppe  de  Pétris.  Viucciizo  Cascanie. 
Luigi  Cascante.  Pasquale  Cosa.  Giuseppe  Cosa. 
Giuseppe  Correale.  Giuseppe  Monremajor.  Gio- 
vianni  Garacciolo.  CesareRuberti.  FilippoMascia. 
Giuseppe  Onofrio.  Niccola  Giannuzi.  Gaetano 
Tata.  Luigi  Aminendola.  RafFachs  Alfiere.  Fran-- 
tesco  ,-Ayalos  e  Niccola  Sassi. 

Et  nous  nous  réservons  de  décider  si  doivent 
être  compris  ou'non  dans  cette  amnistie,  après 
l'examen  des  informations  qui  ont  déjà  été  faites , 
les  cent  trente-quatre  militaires  détenus,  qui  sont 
arrivés  dernièrement  des  îles  ;  les  treize  autres  que 
nous  savons  être  restés  dans  les  îles  mêmes,  ainsi 
que  les  détenus  ci-après  : 

Pasquale  Apicella.  Gjetano  Aitanasio.  Giuseî.pc 
Brancati.  Giuseppe  Balsamo.  Allonso  -Criveili. 
Giuseppe  Caiinavese.  Filippo  Cassiui.  Leonardo 
Covelli.  Michelangclo  Campese.  Giuseppe  Cliia-' 
lizia.  Aiige'o  Casiellani.  Pasquale  de  Franchi.  Rai- 
mondo  dcSantis.  Doinenico  Fusco.  Lorenzo  F;iso. 
Vincenzo  Baltipaglia.  Giuseppe  Ciuliano.  FrL;n- 
cesco  Giiariglia.  Antonio  Garofalo.  Giuseppe 
.Mayhones.  filippo  Monaco.  Michèle  Martlli. 
Giuseppe  Mascia.  Marco  Malvin  Malvezzi.  Vin- 
cenzo Monterali.  Giulio  Masciarelli.  Gioacchino 
Nini.  Michèle  Niglio.  Francescp  Pisacane.  Gio- 
vanni Pape.  Pietro  Ruggi.  Maici.ino  Rinaldi.  Gio- 
vanni Sangerardi.  Domcnico  Mendozza.  Gaetano 
Tesoriere.  Giacchino  Trojo.  Pasa^uale  Ttîrreiite. 
Domenico  Vinale.  Giuseppe  Gironda.  Dario 
Guerra.Silvestro  Grandinetti.  Uberto  Huvel.  Giu- 
seppe la  Pcgna.  RaS'aele  Lantini.  Gennaro  Ligniio  , 
o  Linguitti  ,  o  Signiti.  Giovanni  Masucci.  R^iffaele 
Masi.  Pa.squale  dç  Majo.  Matieo  del  Giudice. 
Giacomo  Folzatri.  Carlo  Folsier.  Alatteo  Guerra. 
Carlo  Voster.  Luigi  Zingarelii.  Gaetano  Olandcse. 
Giovanni  de  Falco.  Pietranionio  de  Fto  ,  Andréa 
del  Giudice.  Antonio  de  Mdjo.  Niccola  Coi  bion. 
Gaspare  de  Luca.  Giuseppe  Giauiiotii.  Francesco 
Sanclaier.  Carminé  Santacroce.  Luigi  Xomaseili. 
Domenico  Toma^elli.  Giuseppaiitonio  Voster. 
Antonio  Villa.  Rocco  Giuseppe  Armilo.  Giuseppe 
Aoiouetli.  Domenico  Albanese.  Vincenzo  Amàio. 
Pasquale  Bonelli.  Giulio  Baratiucci.  Michèle  Bassi. 
Giuseppe  Brocchelti.  Giuseppe  Gimino.  Michèle 
Colonella.  Giuseppe  passetti.  Giuseppe  Carnavet. 
Felice  ciel  Giundice.  Michèle  Moniclla.  Giacomo 
Maclean.  Giovanni  OJFraan.  Carlo  Pcrreua.  Natale 
Politi  di  iSergio.  Antonio  Piiito.  Domenico  Per- 
rotta.  Raflaele  Pa|nia.  Niccola  Petroni.  Domenico 
Romano.  Vincenzo  Siniscalchi.^Romualdo  Spadea. 
Lorenzo  Tavplaro.  Rocco  Vaglio.  Giuseppe  Moi  ia 
Venita.  Vincenzo  Antonio  Venosta.  Fdippo  Zurlo.- 
Eugenio  Carusi,  Gia<:inid  de  Lâurenu.  Michèle 
Correa.  Ferdinando  Guerra.  Niccola  Longo.  Gio- 
vanni Marii»  Panieje.  ûiainbatisia  Francia.  AI  ,s- 
sandro  Fusco.  Feii,ce  ,  Pirozzi.  Vito  Princigallo. 
Giuseppe  Rusjo.  Rairriondo  Pasquiuet,  Vmcenzo 
Letro,  e  Frâiicescb   d'Avalos. 

,  3°.  IND^VIPUS  exceptés  ,  QtTI  DÉPFjj^DÈNT  DÉ 
iIa   DÉl£gATION    DIiS     VISITEIIP.S- GÉMERAUX. 

,  Individus  dépendans  de  la  délégation  du  visiteur^ 
conseiller   Marrano ,    pour  Us  piovincts    di,  terra 

di  Lavoro  e  Salerno.  "  ,' — :"-■' 

T  B  R  r;a  »*  L  A  v.o  ito>,_         .  , 
Gaetano    Manimoii«     di    Soia.     Luig^    Mam' 


monc    tli  Sisrav   PraBcesto  Mayumenf  di  SdHk. 
Giovanni  Vernoè  di  Lione  di  Franeia.  Francese© 
Pomarici.  Garlo  di  Tommaso  di  Capua.  GaetantJ 
ColacicCo  di  Sessa.   Giuseppe  Composta  di  Poi* 
zuoli.  RaflFaele  Gapomazza  di  Pozzuoli.   Anionifl 
Candii    d  Ischia.    VirgilLo    di    Pippo    di    Rocca 
MonHna.  Canonico  Giuseppe  Pezzullo  di  (?ipua. 
Luigi  Zingarelii   di   Ottajano.   Saverio    Parascan^' 
dolo    di    Vico  Equense.    Giovanni    Amalfi    del 
Piano  di  Sorremo.   Nicola  Amalfi  del   Piano   di 
Sorrento.    Gar'n  Amalfi  del  Piano  di  Sorrenldi 
Giosué  Aindili   del  Piano   di    Sotrenio.  Marcao- 
tonio  Maslellone   del  Piano   di  Sorrenio.   Sacer- 
dote   Simone    Piscopo    del    Piano    di  Sorrento. 
Giusiiniano  Toniasino   di    Poiitano.  Francescan- 
tonio  Ceglia.    Mario  de  Notariis   di  Nola.  Saccr- 
dote  Agostino    Moiitel'orte     di    Nola.    AntOnic> 
Silvestri   di    Nola.    Pasquiile    Mundo    di    Nolai 
Fiaricesco   Catcavale    di    Nola.    Angelo    AlfiCre   ■ 
di     Vtsciano.     S.iccrdote     Andréa     Ferrante    di 
I  Domicella.     G'.i;liai)o   P.izio   di    Portici.    Ignazid 
I  Scogiiauiialio  di  Poriici.    Ciro  Bctiini  di   Portiti. 
Gennjio  Gi  igtiano  di  Tufino.  Lorenzo  Zarillo  rfl 
S.  Arpiijo.   Pietro  Soliraando   di  Visciano.  Biaie 
Crosia     di     Cr:rielo.     Biase     Sirignano    di     Mu- 
i  gnauo  del  Càidinale.   Garlo  Ippolili  di  Mugnana 
del  Cardinale.  Gilso,siorno  SeraOla  di  Brusciant). 
SebaS'iano  de  Filippis  di  Gasaferroi  Niccola  Buo- 
navoloiità   di  S.    Niccola   Casale    di    Marigliahij. 
Gaeiano  ïaruglione  di  Ciserta.  Vicenzb  d  Avino 
di  Marano.Sacerdoïc  Mattia  d  Avanzodi  Marano. 
Giovanni  Guina  di  GuafdiaSanframondi.  Michèle 
Mazza  délia  'Loire  del  Greco.  Benedeito  Maitucci 
di  Aversa.  Antonio  di  Siena  di  S.  Aiitimo  ,   e  Sa- 
cerëote  Fraucesco  Coscione  di  S.  ArpinO. 

Salerno. 

Andréa  Prota  di  Salerrto.  DomenicantOnio 
de  Rosa  dr  Salerno.  Padte  Telesio  Basile  Car- 
melitano  di  Salerno.  Sacerdote  Giovanni  Amalfi 
del  Piano  di  Sorrento.  Saceidote  Francesco 
Pagliara  di  Caprtglia.  Giuseppe  Giordano  di  S. 
Scvérino.  Matteo  Pironti  di  Mjiciano.  SabinO 
Pe.rillo  di  Aterrana.  Niccola  d'Auria  di  S.  Sève-' 
fiiio.  Francesco  Carlucci  di  Laurenzana.  Giusep- 
pantonio  Mantenga  di  Baivano.  Giot  Laurenid 
Mantcnga  di  Baivano.  Primiçerio  Gaeiano  GrecO 
di  Majuri.  Giuseppe  Forinodi  Nocera.- Francesco 
Pagano  di  Nocera.  Notar  Francesco  Maroné 
di  Vielri  di  Po'.cnza.  Matteo  .Mastrogiacomo  di 
Torchiara.  Francesco  Albini  di  Albanella.  Arudnid 
Armenanie  délia  Gava.  GiOt  Fraucesco  Gdari* 
glia  di  FellliiO.  Michèle  di  Vivo  di  SarrîOj 
Pasquale  di  Vivo  di  Sarno.  Niccola  Pagano  di 
Domenico  di  Nocera.  Niccola  BuondonnO  di 
Gragnano. 

'  Individus  dépendans  de  ta  délégation  du  visiteur 
■niunsignor  Ludovici ,  pour  les  provinces  de  Mon- 
tijasco  ,  Trani  et  Lucera. 

MONTEFUSOO; 

Luigi  Sgfimbato  di  Atripalda.  AmatoMotitefuSca 
di  Santdniango.  Domenico  Marino  di  Altavilla. 
Diacono  Giuseppe  Trolnbône  di  Solofia.  Bar- 
tolomeo  Vigilante  di  So'of'tà.  Prête  Giuseppe 
.M.ignisio  di  Rocchetta.  i  Giuseppe  Giaunelli  di 
Virulano.  Carminé  Villani  di  Avellino.  Andfei 
Ippolilo  di  Avellino.  Giacinto  Greco  di  Avel- 
lino. R.'.ffacle  Spagnoli  di  Avellino.  Prèle  FilippO 
Pizzano  diFlumari.  Canonico  Giuseppe  Mennellà 
di  Frigento.  Prête  Vincenzo  Guglielmi  di  An- 
dreita. 

t    R  A   N   I. 

Prèle  Andréa  Marculli  di  GraviOa.  Giusepp4 
Calderone  di  Gravina.  Arciprete  Valerio  PerSitj 
di  Acquaviva.  Agostino  Loiigo,  di  Trepuize  iil 
Lecoe.  Antonio  Gasa.le  di  Barlctia.  Franceséor 
Paolo  AfFailati  di  BafieUa.  iPiele  Orazio  Raffaeife  dl  \ 
Barleiia.  Pros])ero  Fiordelisi  di  Barletta.  Fraiica 
Laghczza  di  Trani.  Luigi  Casamassimi  di  Bari; 
Pasquale  Uva  di  Bisceglie.  Biase  Caroue  di  Poli» 
gnano.  Prête  Michèle  Chierieo  di  Aliamura  tio*,  _ 
mecieO  Mnjullo  di  Biicito.  Giacomo  Rozzi  di  Bàrij 
Oronzp  Bagorda  C.ilcagno  di  Fasano.  Giuse  BafJ 
di  Pasano.  Prête  Giarabatista  Ricco  di  Fafârlfj'i 
Costaniino  ,  e  Lorenzo  Làruccia  di  Casamassimi»! 
Giovanni.  Boreggine  di  Casairiassinla.  Niccola  Eliit 
MiscUotlo  di  Casamassima.  Vitantonio  Berardi  ^ij 
CasamaSsima.  Stefano  di  Biagio  Azzone  di  Oasà^, 
massima.  Giacomo-Scclzi  di  Casamassima.  SebslS= 
tiano  Pappalettere  di  Trani.  Lorenzo  Cavalière  dj 
Trani.  Vmcenza-Caputo  di  Trani.  Luigi  Botti  .di 
■frani.  tiiuseppe-Savino.  Gataldô  ,  e  AUgglem 
V  fratélh  di  Padlà  di  Bairleila.  ''^'  \ 

^^         ,    ,;,  Loger  a.  .,  ,,,;i 

•  Buoncattiino  Cavallo  di  Lucera.  Fra  Michelâî 
Miiola  di.S.  Gioi  Rotondo.  Vincenzo  Sài^iinSI 
Lobianco  di  .F.oggia-  Savcirio,  Saleriïi  Marclljiasè'J 
,di.  Chiaftehitelli  di  Foggia*  Prête  Francesco  PaciSi 
Jàeusio  di  Manfredonia.  Giambatisia  Maggi:!dil 
'  F'oggta.  Antonio  Caissano  di  Girigrtûla. ,'rPi'«a' 
'  Ercole  Luigi  Degiii  di  Cirignola.  Luigi  Ruecïd. 
di  Gicignola.  Ferdinando  d'.^velnio  di  Ciriftnoliï»'! 
Giovanni  Apparisio  di  Napoli.  Vincenzo  Marii 
Nuzzi  df  Tcrmoli.  Vincenzo  Rossi  di  Boned»»' 
Prttu  Michèle  JusQ  di  Torremaggiore.  Paolo  Mai' 
taioltà  di  Cailipobàsso.  Picie  Domenico  Rossi  dl 
Bonef^o.  Vinesnaio  âansangulo  di  Jelfi.  ViniiStiiiJîa  < 


e  AntonîoBerardis  di  Castelluccio  Acquabonara. 
Niccola  Pieironero  di  Castelluccio  Acquabonara.  ^ 
Arciprete  Costatiiino  Gentiluccio  di  Cailelluccio  i 
Acquabonara.  Giuseppe  ,  Nicolangelo,   e    Luigi  j 
fratelli    de   Rubertis    di     Acquaviva    Collecroci. 
Giuse^ne  Silvestri  di  Acquaviva  Collecroci.  Gio-  , 
vanni'di  Giacinio  Lena  di  Acquaviva  CoUecnici.  j 
Niccola  .   e  Filippo   Silvestri   di   Acquaviva  Col-  ; 
(ecroci.  Marco  Chiavaro  di  Acquaviva  Collecjoci.  | 
Felice     Monlemitoli    di    Acquaviva    Collecroci.  I 
Fclice  Mattiaccio   di   Acquaviva  Colltcroci.  An-  ] 
drea  Genovese  Palermitano.  Vincenzo  ,eDorae-  ; 
nico  Turco    di    Castelluccio     Antonio    Petti   di 
Ripalda.     Orazio     Bicchisao    di     Montei'alcone. 
Pasquale   Soiiano  di  Tavenna. 
Individus  dépendant  de   (a  délégation  du    visiteur- 

gcnéral,  le  conseiller  Ferrante ,  pour  les  provinces 

de  Ckitti  ,  Aquila  et  Teramo. 

C  H  I  E  T  I. 
Caffiodoro  Lonzi  di  Castiglione  Messcr  Marine. 
Armidoro  Lonzi  di  Casliglione  Messer  Marino. 
Anselmo  Masliojacomo  di  Triventi.  Nazzario  de 
Leilis  di  Trivcnii.  Telesfaro  de  Lellis  di  Tiiventi. 
Giuseppe-NiccolaColaneri  Appinato  di  Trivenii. 
Tommaso  Ricci  di  Triventi.  Giuseppe  di  Florio 
di  Triventi.  Giosuè  Scarano  di  Triventi.  Dome- 
ïiico-Angelo  Masirojacomo  di  Triventi.  Giuseppe 
Buratli.  Errico  Mayer.  Coslanzo  Norante  ,  il 
reo  di  Casaia  Pepe.  Gennaro  Farina.  Sucevdole 
Orante  Fonzi  di  Orsogna.  Niccola  Fonzi  di  Or- 
sogna.  Camillo  Fonzi  di  Orsogna.  Arciprete 
Pantaleone  Sanvalenlini  di  Bucchianico.  Fran- 
cesco  Pestilli  di  Chien.  Adamo  Pizzi  di  Palom- 
bano.  Arciprete  Salvalore  de  Vilis  di  Palombano. 
Domenico  de  vitis  di  Palombano.  Gennaro  Canci 
di  Lanciano.  Simone  Peschio  di  Lanciano.  Fran- 
cesco  -  Saverio  Carrabba  di  Lanciano.  Saverio 
Ctrmani  di  Lanciano.  Saverio  Jaciol'ano  di  Lan- 
ciano. Benianiino  de  Virgiliis  di  Lanciano.  Ca- 
millo de  Giordo  di  Lanciano.  Caimine  Tupone 
di  Lanciano. 'E|lice  Gigliani  di  Lanciano.  Ma- 
riano  Mariani  drLanciano.  Mansueto  Carrabba  di 
Lanciano.  Michèle  de  Giorijio  di  Lanciano.  An- 
tonio Genovino  di  Lanciano.  Antonio  de  Cicc- 
chio  di  Lanciano.  Pasquale  Liberatore  di  Lan- 
ciano. Sacerdote  Buonomo  dellc  Bocache  di 
Lanciano.  fgnario  Saraceni  di  Lanciano.  Giu- 
seppe Villani  di  Lanciano.  Matlia  Brasile  di  Lan- 
ciano. Saverio  Montanari  di  Lanciano.  Sacerdote 
Donatangelo  diDomenicanlonio  diCasalbordino. 
Çailo  sabelli  di  Pollutri.  Alfonso  del  Re  di  Pol- 
lutri ,  e  Gio  :  Domenico  Rocchi. 

A  0,1)  I  L  A. 
Carlo  Massa  di  Paccntro.  Giuseppe  Casaccbio 
di  Caslel  di  Sangro.  Camillo  Sigismondi  di  Castel 
di  Sangro,  Camillo  Minotti  di  Castel  di  Sangro. 
Altirnario  Minoui  di  Caslel  di  Sangro.  Uibano 
Minoiti  di  Castel  di  Sangro.  Pasquale  Fiocca  di 
Casiel  di  Sangro.  G.iraillo  Nerone  di  castel  di 
Sangro.  Giuseppe  Cesta  di  Colltlongo.  Luigi 
Cesia  di  Collelongo.  Alfonso  Micheletu  dell 
Aquila.  Pietranlonio  Fiorilli  dell"  Aquila.  Pieiro 
de  Santis  dell'Aquila ,  Bernardino  Sanloni  di 
Leonessa.  Fioravanie  Ederdi  Fvancese.  Niccola 
Pocci  dell  Aquila.  Giuseppe  Aililj  di  Leolreni. 
Livio  Aitilj  di  Leofreni.  Gennaro  Bisini  di 
teonessa.  Giuseppe  Bisini  di  Leonessa.  Vincenzo 
Bisini  di  Leonessa.  Cesare  Bisini  di  Leonessa  , 
Cesare  Boccanero  di  Leonessa.  Bernardino  Mo- 
.  Tellidi  Cilla  Ducale. PietioMasciarellidiMaghano. 
'Giovambattisia  Masciarclli  di  Magliano.  Curaio 
Domenico  Pasqualone  di  Tino.  Angclo  Loddi 
^li  R»ccaS.  Siefano.  Banolomeo  Felli  di  Torano. 
Giuseppe  Dumartau.  Fiancesco  Romanelli.  Gio- 
vanni Scinia.Francesco  Ruiz.  Antonio  dAmico. 
Pietro  Moretti.  Giovanni  Avtaffi.  Alfonso  Mi- 
<helelti,   Alesio   Maria   Colucci. 

Quant  aux  individus  Suivans.  Patrizio  Man- 
cini  di  Castel  di  Sangro.  Carminé  Marzano  di 
Castel  di  Sangro.  Desiderio  Corrado  di  Casîel 
di  Sangro.  Gaetano  Berardinelli  di  Caslel  di 
Sangro.  Paolo  Satnrni  dell'Aquilla  ,  et  qua-nt  aux 
autres  individus  de  la  famille  Masciarelli  di 
Magliano  ,  nous  nous  reservons  de  déclarer  s'ils 
sont  ou  non  compris  dans  le  présent  induit , 
lorsque  nous  auront  re^u  des  renseignemens 
■saffisans  du  visiteur   ferrante. 


Luigi  Tullj  di  Teramo.  Sacerdote  Giacintô 
ïullj  di  Teramo.  Matteo  Tullj  di  Teramo.  Eu- 
Çenio  MichiteJli  di  Teramo.  Giamberardino  Del- 
iico  di  Teramo.  Francesco  Montani  di  Teramo. 
Berard  Urbani  di  Teramo.  Giauiberaïdina  Tavb- 
leri idl Teramo.  Giammichele  Tavoleri  di  TeràmO. 
Gianïrancesco  Tavoleri  di  Teramo.  Noiac  Dorae- 
n'«antGnio  Grue  di  Teramo.  Berardo  -  Ntccôla 
LoUi  di  Teramo.  Giuseppe  Anionio  Lolli  di 
Teramo-.  Geftnaro  Catenacci  di  Teranro.  Fran- 
cesG«(  Massei  di- Teramo.  Francesco  Nardi  délia 
Mônagna  di  Roseto.  Filippo  Quartaroli  di  Te- 


1248 

ramo.  Dottor  Chirurgo  Vincenzo  Santacbè  di 
Teramo.  Salvalore  l'.a'icola  di  Moniagano.  Fcr- 
dinando  Grelli  di  Teramo.  Giuseppe  Campo- 
neschi  di  Teramo.  Annibale  Ricci  di  Teramo. 
Medoro  Urbano  di  Teramo.  Gaetano  Giordano  di 
Teramo.  Polidoio  Bernardi  di  Teramo.  Giam- 
balista  M''zzucelli  di  Teramo.  Innocenzio  Pisiilli 
di  Teramo.  Berardo  Cesj  di  Teramo.  Sacerclnte 
Paolo  Ccsi  di  Teiamo.  Matteo  Bononis  di  i  e- 
rarao.  Pietro  Duran.  Medoro  Medico  Mazza  di 
Teramo.  Pietro  Tedescho  di  Pianella.  Canonico 
Giuseppe  Paolo  Filippo  di  CivitcUa  del  Tronio. 
Francesco  Filippi  di  Civitella  del  Tronto.  Tirao- 
teo  Blondi  di  Bellante;  Bernardo  Michitelli  di 
Teramo.  Giacomamonio  V.isquez  di  Teraiflo.  | 
Gaetano  Filippi  di  Teramo.  Canonico  Vincenzo. 
Bernardi  di  Teramo.  Giacomo  Cancrini  di  Monio- 
rio.  Giuseppe-Aiiionio  Cancrini  di  Montorio  P.is- 
quale  di  Bernardino  di  Forcella.  Gregorio  di  Pas- 
quale di  Valie  Castellana.  Antonio  di  Barloloraeis 
di  Campli.  Francesco  Alfonzi  di  Vicpli.  Francesco 
Siilcsio  Lupi.  Marco  Micaroni.  Vincenzo  Micaroni. 
Gio  :  Francesco  Micaroni.  Alessandro  Jannelli. 
Niccola  Jannelli.  Bartolomco  Jannelli.  Abaie  Vin- 
cenzo Galante.  Lorenzo  Pulzoni.  S.icerdote  Gia- 
como  Donnorsi  di  Corropoli.  P.  Celcsiino  Sa- 
verio Nobile,  e   Giuseppe  Costantini  di  Giulia. 

Individus  dépendans  de  la  délégation  du  visiteur- 
président  Winspeare  ,  pour  la  province  de  Ca- 
tamaro. 

Sacerdote  Gregorio  Aracri  di  Calanzaro.   Vitale 
Poerio  di  Calanzaro.  GerolimoRiso  di  Catnnzaro. 
Raffaclle  de  Maria  di  Calanzaro.  Vincenzo  Donato 
di    Calanzaro.    Michèle    Donato    di     Catanzaro. 
Emmariuele   Donato   di   Catanzaro.   Niccola  Lu- 
cente     di     Calanzaro.    Ralïaele    Scalfaro   di  Ca- 
tanzaro. Federico  Squillace  di  Citanzaro.  Anionio- 
Donalo    Cagno     di     Catanzaro.     Luigi    ftljrron 
Francese.   Spiriio  Bays  Francese.  Bernardino  Gri- 
maldi  di    Cotrone.    Barone  di    Calimena  Orazio 
Toraho   di  Tro^iea.   Silvestro  Bcrardi   di    Guiro. 
Saverio    Franco   di  Cutro.    Gaetano   Guarini   di 
Cutro.   Giuseppe    AIbo    di   Cutro.    Pieirantoiiio 
Franco    di    Cutro.   Francesco    Ascoli   Primicerio 
di   Cutro.  Domenico   di   Mariino  di  Cutro.  Vin- 
cenzo Buffa    di    Cutro.     Domenico    Bisciglia    di 
Santo  Muuro.    Gabriele  Basta   di    Santo   Mauro. 
Barone   Alfonso   Poerio     di    Belcastro.   Anionio 
Vitale    di  Mesuraca.  Niccola  Vitale  di  Mesuraca. 
Salvadore  Vitale   di  Mesuraca.   Giuseppe  Andali 
di     Mesuraca.      Pieiro     Lamanna     di    Mesuraca. 
Lorenzo     Capocchiani     di     Mesuraca.     Antonio 
Pangalli    di    Mesuraca.    Domenico    Lamenna   di 
Mesuraca.   Pietro    A.itonio    Ferrari  di  Policastro. 
Tommaso    Faraldi    di     S.     Severina.     Domenico 
Feraldi   di  S,   Severina.   Anello   Sculco  di  S.  Se- 
verina.   Barone   Luigi.  Severino  di  Marcellinara. 
Aoionie  Longo  Munci  di  ^Casalnuovo.  Michèle 
Milano  di  Polisiina.  RafFaele  Milano  di  Polistina. 
Annibale     Mannace     di     Francavilla.     Apostolo 
Serrao    di  Filadelfia.  Oitavio  Bulolta  di  FiladelHa. 
Pasquale  Bulotta    di   Filadelfia.    Giuseppe  Apos- 
tolili    di    Filadelfia.    Giovangiuseppe    Serrao    di 
Filadelfia.  Pasquale  Serrao  diFÏladelHa.Ferdinando 
Serrao   di  Filadelfia.  Mariano  Serrao  di  Filadelfia. 
Pasquale   Siillitano    di  Filadelfia.   Annibale  Siilli- 
tano  di  Filadelfia.  Vincenzo  Siillitano  di  Filadelfia. 
Antonio    Siillitano    di   Filadelfia.    Tommaso   Ca- 
parrotta    del     Pizzo.    Giuseppe    Caparrotia    del 
Pizzo.  Emiddio   Caparrofa   del  Pizzo.  Domenico 
Caparrotadel  Pizzo.  Giuseppe  Onemma  del  Pizzo. 
Gaetano   Scrugli  di  Monteleone.  Francesco  Gattis 
di  Monteleone.  Luigi  Antonucci  di  Monteleone. 
Fortunato    Profumi     di    Monteleone.    Clenaente 
Campitelli    di     Monteleone.    Ottavio    Pisani     di 
Monteleone.   VinceBzo   Galloro  di   Monteleone. 
Invalide  Pietro  Ramondini  di  Monteleone.  Cesare 
de   Francia   di  Monteleone.   Filippo    de   Francia 
di   Monteleone.    Antonio  Assisi  dî  Taverna.  Al- 
berto  Riccelli    di   Taverna.  Giovanni  Messina  di 
Bagnara.  Nicola    Schipani    di  Squillace.  Michèle 
Procida   di  Nicasiro.  Antonio  Renda  dt  Nicastro. 
Cesare   Costanzo   di   Nicastro.   Niccola  Coslanzo 
di  Nicastro.  Giacintô  Costanzo  di  Nicastro.  For- 
tunato Nicotera  di  Nicastro.  Giuseppe  Mazza  di 
Nicastro.    Gaetano   Mazza  di  Nicastro.    Giacintô 
Majone    di    Nicastro.   Eltore   Siella   di  Nicastro. 
Sebastiano  Nicotera  di  Sambiase.  Oltaviano  Budera 
di    Sambiase,   Francesco    di   Fiore   di  Sambiase. 
Girolarao   Pétronio  di  Sambiase.  Saverio  Sirianni 
di  Sambiase.    Antonio     Cefali    di   Domenico    di 
Coriale.    Antonio  Cefah  di  Antonino  di  Cortaie. 
Giuseppe  Ingegnere.   Pasquale    Morabito.  Paolo 
Minasi.  Michèle    Valensise.  Niccola  Gerace.  Ge- 
ronimo    Gerace.  Francesco  Tigiaai,  Francescan- 
tonip   Giib  ,    ed   altri  '  arreslati  nella  Favignaiia  , 
è'compresi    nella  Municipalité  di  PoUsiina.  Giu- 
seppe'Ant'ânio   Ferraro  ,    efiglio   di  Galatro. 

Q,uant  à  Niccola  Pitara  ,  niastro  Francçsco  Ca- 
porale  ,,  Vincenzo  Tirino  .  Tommaso  Marino  et 
autres  fauteurs  et  complices  qiii  résulteront  des 
informations  sur  Jes  placards  affichés'dans  ditlé- 
rens   endrbits    de    la  place  di  CuttO'',   nous   nous 


réservons  de  déclarer  s'ils  doivent  être  compris 
dans  la  présente  amnistie  ,  dès  que  nous  auronj 
reçu  les  renseignemens  convenables  du  visiteur 
Winspeare. 

Individus  dépendans  de  la  délégation  du  visiteur  le 
marquis  Vatva  pour  la  province  de  Matera. 
Serafino  Vosa  di  Acerenza.  Canio  Giuseppe 
Vosa  di  Acerenza.  Pasquale  Pislone  di  Acerenza. 
Onofrio  Cappella  di  Acerenza.  Canio  Anionio 
Alfani  di  Acerenza.  Canio  Cappetii  di  Acerenza. 
Cesare  Giannini  di  Bella.  Fabio  Giannini  di  S. 
Fele.Ercole  di  Falco  di  Bella.  Carlo  Ronzocelano 
di  Castelluccio  inferiore.  Vincenzo  Marchesani  di 
Spinosa.  Giulio  dell"  Armi  di  Venosa.  Rocco  An- 
tonio Beneventano  délia  terra  del  Sasso.  Luigi 
Cono  Beneventano  délia  terra  del  Sasso.  Gaetano 
Marotia  di  Trecchina.  GiolRascio  délia  provincia 
di  Salerno.  Sacerdote  Nicola  Toriorella  di  Lago- 
negro.  Niccola  Francesco  Rinaldi  di  Lagonero. 
Salvalore  Basile  di  Cancellaïa.  Francesco  Saverio 
Venetucci  di  Baraggiano.  Francesco  Braico  di 
Baraggiano.  Pasquale  Mazzarella  di  Grassano.  Do- 
menico Carbone  di  Grassano.  Gennaro  Sctlanni 
di  Pictragalla.,  Francescantonio  Ceglie  di  Monte- 
murro.  Pasquale  Moscarella  del  Tito.  Donato  de 
Filippis  di  Montepeloso.  Sacerdote  Tommaso 
Sion  di  Pisticci.  Anionio  Br  ndo  di  Curbona. 
Angclo  Viio  Coviello.  Alias  Ulo  di  Avigliano. 
Francesco  Colviello.  i^/iflj  Ulo  d\  Avigliano.  Giu- 
seppe Maria  Coviello.  Alias  Ulo  di  Avignano. 
Girolamo  Gagliardi  di  Avigliano.  Padre  Tom- 
maso Gagliardi  Domenicano  di  Avigliano.  Sa- 
cerdote Pietranlonio  Genovese  di  Avigliano.  Do- 
menico Corbo  di  Francesco  di  Avigliano.  Ge- 
rardo  Andréa  Noiè  di  Avigliano.  Diodaio  Sponza 
di  Avigliano.  Sacerdote  Vincenzo  Mecca  di  Avi- 
gliano. Gennaro  Mancuso  di  Avigliano.  Doms- 
nico  Albanese  et.  .  . . 

Suivent  encore  trois  noms  qu'il  nous  a  été  inn- 
passible  deliie,  ^ticndu  qnc  le  papier  est  non 
seulement  déchiré  ,  mais  encore  absolument  usé 
en  cet  endroit  ,  mais  ce  sont  les  seuls  qui  man- 
quent à  celte  liste. 


miij-iiiFjjigMM». 


Souscription 
)Pour  te  monument  à  la  mémoire  du  général  Desaix. 

L'assemblée  générale  des  souscripteurs  pour  le 
monument  à  élever  à  la  mémoire  du  général 
Desaix  ,  s'est  tenue ,  le  7  thermidor  ,  dans  la  salle 
du  citoyen  Lebrun  ,  rue  de  Cléry.  Le  bureau  a, 
été  composé  des  citoyens  Adanson  ,  membre  de 
l'institut,  président;  et  des  citoyens  d'Hauteyille 
et  Delessert ,  sccrélaires.  On  a  arrêté  en  principe, 
que  les  plans  et  projets  du  monument  seraient 
mis  au  concours.  On  a  procédé  ensuite  à  la  no- 
mination du  comité  d'administration  et  d  exécu- 
tion ,  et  les  citoyens 

Durand  ,  architecte,  professeur  de  l'école  poly- 
technique ; 
Bélanger,  architecte,  rue  du  faubourg  Poisson- 
nière, n''  21  ; 
Duquesnoy  ,  l'un  des  rapporteurs  du  ministre  de 

lintérieur,  place  du  Palais  du  corps-législatif; 
Lebrun  ,  commissaire  du  Musée  central  des  arts  1 

rue  du  Gros-Chenet. 
Pastoret ,  place  de  la  Concorde ,  n°  3  ; 
Perregaux  ,  sénateur  ,  rue  du  Mont-Blanc  ; 
Larochefoucault  -  Liancourt  ,    boulevard    de    la 

Magdclaine,  n°  809  ; 
Espercieux ,    sculpteur   à    l'ancien    noviciat    des. 

jésuites  ,  rue  du  Pot-de-Fer ,  faubourg  Germain 
Delessert ,  banquier  ,  rue  ,Coq-Héron  ,  n°  38  ;        J 

Ont  été  nommés  membres  du  comité. 

Et  les  citoyens  : 
Général   Mortier  ,   commandant  la    17'   division 

militaire  ,  rue  Neuve  des  Capucines  ; 
Dufourny  ,  architecte  ,  membre  de  l'institut  natta* 

nal ,  au  Musée  central  des  arts  ; 
Destournelles ,  architecte,   rue  de  la  Roquette-, 

n°  42  ; 
Et  Mathieu  ,  tribun  , 

Ont  été  nommés  suppléans. 

Les  membres  et  suppléans  nommés  ci-dessus 
sont  invités  à  se  réunir,  le  12  thermidor  a  .sep» 
heures  du  soir,  chez  le  citoyen  Delesserti,  icié 
Coq-Héron  ,  n°  58. 

Mota.  On  continue  de  recevoir  les  souscrip- 
tions. -  ■ 

L  I  V  R  E  S    D  I  V  E  R  S. 

Le  Berger  fidèle  ^  tragi-comédie  pastorale  de 
Jean-Baptiste  Guarini  ,  nouvelle  édition  ornée  de 
'figures,  1  vol.  in-12  de  326  pages  ;  prix  ,  2  fr. 
iet2.fr.  75  cent,  par  la  poste. 

A  Paris  ,  chez  Rochette  ,  imprimeur  ,  rue  et 
maison  de  Sorbonne  ,  n°  382  ,  et  chez  Pigoreaw  ^ 
libraire,   place  Germaln-l'Auxerrois.  . 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.cAgasse  ,  propriétaire 'du  Moniteur  ,  ru^.dçs'Poitevins  ,  xi"  i3. 


GAZETT 


lONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


JV°  5io. 


Décadi  ,  lo  thermidor  an  8  de  la  république  françaiie  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aurorlsés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le  MONITEUR  esc  le  seul  journal  ojficul. 
Il  contient  les  séarices  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenz ,  les  nouvelles  des   armées  .  ainsi   que  1  is  faits  et  les  notions  tan:  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  . 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  (découvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Paris  ,  le  g  thermidor. 

A  Turin  ,  comme  à  Pavie  ,  l'univeisùé  avait 
clé  fermée  pendant  le  séjour  des  auirichicns.  Le 
gouverneraenl  vient  d'inviicr  les  professeurs  à  en 
rouvrir  les  cours. 

i  :     .    — — 

W      ,  Il  paraît  que  les    minisires    anglais   cherchent 

V     àj  voiler    el  à   donner    le  chatige   sur   leur  con- 

K     duile  ,  lors  rie  la  convention  dÈlArisch.  La  pos- 

^  •  tériié    concevra   à    peine    qu'une   naiion   du   l8^ 

»iecle    ait   pu  montrer  autant   de   mauvaise  foi  , 

et   que  le  ministère  d'une  nation  éclairée  sur  ses 

inléiêls  ait  pu   calculer  si   mal. 

Ce  ministère  a  répandu  eii  Euro'>e  par  tous 
les  moyens  possibles  ,  qu  il  n'y  avait  plus  en  Egypte 
que  5ooo  hommes  :  Icgénéial  Kleber  se  trouve  à 
la    lête  de  plus  de  20.000  hommes.  , 

Qiiil  ny  avait  plus  à  Alexandrie  que  quelques 
.canons  .  et  que  les  frégates  la  Muiron  et  /«  Carere 
avaient  enlevé  toute  l'artillerie  pour  leur  armement. 
Les  forts  C.iffarelli  et  Grelin  soiii  garnis  d'artil- 
lerie., et  il  y  a  à  Alexandrie  plus  de  3oo  bouches 
à  feu  depuis  le  calibre  de  36jusqu'à  celui  de  6. 

Que  l'armée  d'Egypte  était  nue.  Et  elle  est  ha- 
bilée  à  neuf  en  beaux  draps  d'Europe  .  chose 
qui  a  été  reconnue  nécessaire  ,  vu  la  fraîcheur 
des  nuits  ;  et  si  ces  draps  dEurope  n'eussent  pas 
exisié  dans  les  m.-.gasins  ,  il  n'était  pas  difficile 
de  trouver  des  cotonnades  de  toute  espèce  dans 
un  pays  dont  les  manufactures  habillent  toute 
l'Afrique. 

Que  tarmée  manquait  de  tout.  El  où  ?  dans  le 
pays  le  plus  abondant  du  inonde,  où  le  bied  ,  le 
bœuf,  le  mouton  ,  le  rix  ,  les  volailles ,  le  sucre  , 
et  le  café,  sont  presque  consiarament  à  un  prix 
dix  fois  moindre   qu  en  Europe. 

Que  le  peu  de  français  qui  restaient  était  languis- 
tant  et  affligé  de  maladies  chroniques.  LE;fypie  est 
le  pays  le  plu.?  sain  du  monde  ;  les  blessures 
»'v  guérissent  avéo  une  promptitude  exlraordi- 
n.iire  ,  et  tous  ceux  que  nous  voyons  revenir  ont 
un  teint  de  samé  et  de  fraîcheur  qu'ils  n'avaient 
pas  en  quiltant  1  Europe. 

Que  /armée  manquait  de  inanitions  de  guerre. 
Il  y  a  encore  dans  les  arsenaux  plus  de  3  ralllrons 
de  cartouches  el  5o  bouches  à  feu  ,  approvision- 
nées à  2000  coups  par  pièce  ,  sans  compter  que 
l'on  peut  faire  des  cartouches  à  mitraille  ,  el  !  on 
»ent  que  dans  une  affaire  de  plaine  ,  celles-ci 
lendent  plus  de  service  que  les  cartouches  à 
boulet. 

Que  le  peuple  d'Egypte  était  toujours  prêt  à  se 
révolter  contre  les  frani^ais.  Tandis  qu'il  est  connu 
de  tout  le  monde  ijuc  tout  ce  qui  est  arabe  abhorre 
les  lurcs  el  les  osmaniis  ,  que  les  égypiiens  ap- 
pelicni  les  franç-iis  les  hommes  justes  ,  er  que  le 
gouverneraenl  municip.d  ijui  a  été  h.ibilcrnent 
mis  par  le  général  Bonaparte  entre  les  mains 
des  hommes  de  loi  ,  leur  a  donné  un  grand 
attachement  pour  les  français  ;  d'ailleurs  ,  la  for- 
teresse du  Kairc  ,  et  les  différentes  tours  armées 
de  canons  et  de  mortiers  .  protégeraient  la  navi- 
gation du  Nil  ,  et  contiendraient  au  besoin  la 
population. 

Enfin,  il  n'est  point  d'alisurdiiés  que  ce  cabinet 
n'ait  (ait  circuler  en  Europe,  et  comme  le  menteur 
de  la  fable  ,  il  a  cru  Itii-même  à  tous  ses  men- 
fonges  et  s'tst  trouvé  pris  dans  ses  pièges. 

Le  Commodore  Sidney  Smiih  ,  qui  est  près 
de  ce  théâtre  et  q'ui  a  des  lenseignemens  vrais 
sur  la  siluation  des  français  et  la  puissance  des 
lurcs,  était  parvenu  à  conclure  un  traité  qui 
na  pu  éirc  expliqué  que  par  l'effet  qu'avait 
produit  en  Egypte  la  désoiganisaiion  de  la 
France  ,  les  revers  des  armées  et  par  la  solli- 
citude de  celte  brave  armée  qui  croyail  pouvoir 
être  plus  utile  à  la  défense  des  frontières  de 
la  république  ;  considéiaiions  qui  n'en  ont  point 
cependant  imj)Oié  aux  hommes  les  plus  éclairé.'! 
tels  que  Desaix ,  Menou  ,  Davousl  ,  Sougis  , 
Lagrange  ,  Ratnpnn  ,   Lanusse  ,  etc. 

Mais  enfin  ,  la  convention  a  été  rompue. 
L'armée  turque  .i  laquelle  on  avait  cédé  les  camps 
retranchés  de  Salahieh  et  de  Calich ,  Daniieiie 
el  une  grande  partie  de  l'Egypte  ,  a  été  battue 
compleiiemcnt  el  se  trouve  à  plus  de  100 
lieues  du  Kairc;  le  désert  que  celte  armée  avait 
pa»é  »vec  l'ïa^enlimvnt  des   français   se    trouve 


de  nouveau  entre-elle  et  l'Egypte.  L'armée  a 
reçu  de  lous  côiés  dès  nouvelles  de  France,  el 
les  braves  qui  ont  tant  de  fois  vainrn  à  Rivoli  , 
à  Castiglione  ,  à  Tarvis,  défendront  lEgypte,  à 
la  conservation  de  laquelle  les  négocians  ,  les 
hommes  d'état  ,  tous  les  hommes  instruits  atta- 
chent l'espoir  dune  grande  révolution  dans  les 
annales   du  monde. 

Mais  pour  en  revenir  au  cabinet  anglais  ,  on 
vtrrra  par  les  lettres  ci-jointél  du  général  Desaix 
et  du  citoyen  Poussielgue  que-  le  général  Smith 
avait  reçu  des  ordres  pour  ne  pas  laisser  passer 
l'armée  ,  que  l'amiral  Keith  avait  reçu  les  mêmes 
ordres ,  et  que  ce  n'est  que  lorsqu'il  a  reçu  contre- 
ordre  qu'il  a  relâché  le  généial  Desaix  et  le 
citoyen  Poussielgue. 

Lô  général  Desaix  au  général  Bonaparte ,  premier 
consul  de  la  république  franqnise.  —  Au  Lazaret 
de  Toulon  ,  le    i5  floréal  an  8. 

Flatté  de  la  confiance  que  vous  m'aviez  témoignée 
en  m'ordonnanl  de  vous  rejoindre  dans  ie  courant 
de  l'hiver  dernier,  j'avais  le  plus  vif  dc>ir  d  exé- 
cuter vos  ordres.  Le  général  Kléber  n'a  jamais 
voulu  y  consentir;  il  m'a  retenu,  et  malgré  moi  m'a 
fait  concluie  la  convention  de  El  Arisch.  Enfin, 
après  mille  obstacles  surmontés  ,  non  sans  peine, 
je  suis  parti  d  Alexandrie  le  l3  ventôse  sur  un 
bâtiment  ragusais  ,  escorté  par  un  aviso  monté 
par  le  général  Davoust.  J'étais  bien  impatient 
d'arriver.  Tous  les  vents  contraires  ,  tous  les 
calmes  iTie  désolaient.  Je  desirais  vivement  airiver 
à  tcms  pour  assister  à  l'ouvenure  de  la  brillante 
campagne  qui  s'ouvre  sûrement  dans  ce  mo- 
ment sous  vos  auspices.  Enfin  ,  après  trente 
jours  de  lenipêie  ,  de  souffrance,  une  relâche 
à  Coron  où  nous  avons  été  bien  traités  des 
turcs  ,  une  en  Sicile  à  Siaca  où  suivant  leur 
habnude  les  habilans  ont  voulu  nous  assommer, 
je  suis  arrivé  à  la  vue  des  îles  de  Hieres.  Déjà 
nous  nous  réjouissions  de  revoir  la  France  , 
déjà  nous  lésions  mille  extiavagances  qui  lénioig- 
naient  notre  plaisir  ,  lorsque  tout  à  coup  nous 
!  sommes  tombés  par  une  brume  épaisse  sur 
une  frégate  angl.iise  qui  'ffou5  a  conduits  à 
Livournc,  à   l'amiral  Keith. 

Plein  de  confiance  dans  les  f)asféports  turcs 
et  ai'.glais  dont  nous  étions  munis ,  j'ai  vivement 
lénioigné  ma  surprise  de  celte  arrestation.  Au 
lieu  de  me  faire  relâcher  ,  comme  je  m'y  at- 
tendais ,.  l'amiral  m'a  fait  placer  a  la  quaran- 
taine, en  me  prévenant  qu'il  attendait  les  ordres 
de  son  gouvernement  au  sujet  de  la  convention 
de  El  Arisch  et  qu'il  ne  me  ferait  relâcher  que 
lorsqu'ils  lui  seraient  arrivés. 

Nous  avons  donc  passé  trente  jours  dans  un 
lazjrcth  cxi.êmement  serré .  traités  comme  pri- 
.sonniers  de  guerre  ,  officiers  et  soldats  ayatit  la 
même  talion,  jugez  de  nos  inquiétudes ,  de  no- 
tre colère,  de  perdre  des  jours  que  noirs  pou- 
vions si  bien  employer.  Enfin  nous  avons  été 
relâchés  ,  et  l'amiral  Keiih  nous  a  f'?.it  connaître 
que  son  gonverncmeni  con.sentait  à  ce  que  la 
convention  dElArisch  fût  exécutée. 

Après  cinq  jours  de  traversée  ,  je  suis  arrivé 
ici  aujourd'hui  ,  après  avoir  été  visité  par  des 
barbaresques  de  Tunis  qui  ne  nous  ont  pas  re- 
tenus. Je  dois  faire  irentc  jours  de  quarantaine. 
J'attends  ici  vos  or, Ires.  Je  vous  prierais  de  me 
laisser  le  moins  de  tems  possible  sans  rien  faire. 
Je  ne  veux  pas  de  repos.  Travailler  à  augmenter 
la  gloire  de  la  république  ,  la  vôtre  ,  est  tout 
mon  dcsir.  Nous  avons  appris  par  VOiiris  ,  au 
moment  de  mon  départ  d'Alexandrie,  les  évé- 
.nemens  qui  vous  ont  porié  au  gouvernement. 
Vous  sentez  que  notre  joie  a  été  bien  vive.  Pour 
moi  ,  en  mon  particulier  ,  j  en  ai  été  enchanté. 
Je  sais  que  vous  voulez  porter  la  France  à  son 
plus  haut  point  de  gloire  ,  et  cela  ,  en  rendant 
tout  le  monde  heureux.  Peut-on  faire  mieux? 
Oui,  mon  général  ,  je  désire  vivement  faire  la 
guerre  ;  muis  ,  de  préférence  aux  anglais.  Je 
leur  ai  juré  haine  éternelle.  Leur  insolence  ,  leurs 
mauvais  traiiemens  seront  toujours  présens  à  ma 
mémoire.  Quelque  grade  que  vous  me  donniez, 
je  serai  content.  Vous  savez  que  je  ne  tiens  pas 
à  avoir  les  premier»  commandcmens  ,  que  je  ne 
les  désire  pas;  je  serai  avec  le  même  plaisir  vo- 
lontaiie  ou  géticral.  Sculetnenl  je  vous  avouerai 
que  dans  ce  moment-ci  ,  un  peu  fatigué  ,  je  ne 
voudrais  pas  entrer  en  campagne  dans  une  ar- 
mée hors  d  étal  d  agir  ;  mais  du  reste  ,  fout  ce 
que  vous  voudrez  rr»e  conviendra,  je  dcKJre  bien 


iconnaîire  ma  dcsunalion  de  suite  ,  afin- de  poii-; 
!voir  faire  préparer  de  suite  tout  ce  qu'il  me  faut  , 
ne  pas  perdre  un  instant  pour  entrer  en  campa-i 
gne.  Un  jour  qui  n'çst  pas  bien  employé  ;,  est 
un  jour  perdu. 

Je  vous  salue  respectueusement. 

Desaix. 

E.  Poussielgue ,  contrôleur  des  dépenses  de   l'armée  , 

et  administrateur  général  dei,  finances  de  l'Egypte , 

aux  consuls  de  la  république.  —  En  quarantaine 

à  Toulon  ,   le   i5  floréal  an  8  de   la   république 

,     française. 

Citoyens  consuls,  .',','   ,. 

Le  12  ventôse  dernier  ,  le  général  DeSaSx -pa'Hîf 
d  Alexandrie.  Je  devais  partir  en  même  tems  sur 
un  autre  bâtiment  ,  avec  le  général  Dugua  et 
120  hommes  ;  mais  nous  n'avions  pas  de  passe- 
ports anglais.  Le  vaisseau  anglais,  le  Thésée,  parut 
le  soir  devant  Alexandrie  ;  je  me  rendis  a  son 
bord  ;  le  capitaine  Siiles  nous  déclara  que  ,  d'apiès 
des  ordres  que  le  commodore  Smith  venait  de 
recevoir  de  Londres, il  lui  était  défendu  de  laisser 
sortir  aucun  bâtiment  de  I  Egypte  ;  qu'en  consé- 
quence il  ne  pouvait  pas  délivrer  de  passeports. 

Deux  jours  après  ,  le   vaisseau  le   Tigre  et   la 
frégate  la  Constance   parurent  auprès  du  Thésée 
et  M.  Smith  me  fit  prier  de  passer  à  son   bord, 
en  ro'écrivant   la   lettre    dont  .j'ai    l'honneur    de  • 

vous  adresser  copie.  (  Fo/cz  ci  après ,  n°  1.)  Je 

m'y  rendis.  M.  Sniiih  me  communiqua  les  ordres 
qu'il  venait  de  recevoir  de  l'amir.il  Keiih  ,  et  qui 
avaiem  primitivement  été  expédiés  de  Londres 
le  17  décembre  dernier  ,  v>eux  style.  Il  y  avait 
une  lettre  de  cet  amiral ,  adressée  directemcnl  au 
général  Kléber ,  ponant  en  substance  que  l'in- 
tention de  l'Angleterre  était  de  n'adhérer  à  aucune 
capitulalion  ou  convention,  qui  pourrait  être  arrêtée 
entre  l'armée  française  et  les  turcs,  pour  l'évacuation 
de  l'Egypte  ,  à  moins  que  la  première  condition  ne 
fût  la  reddition  de  l'armée  prisonnière  de  guerre 
avec  armes  et  bagages.  M.  Sirlith  me  parut 
être  sensiblement  affecté  de  ce  contre-iems.  Il 
me  dit  qu'aussitôt  qu'il  avait  reçu  son  courrier 
il  en  avait  expédié  un  pour  Damiette  au  général 
Kléber,  en  lui  envoyant  copie  de  ces  nouveaux' 
ordres  ,  et  qu'il  avait  chargé  M.  Rey  ,  son  lieur 
tenant,  de  se  rendre  lui-même  au  Kaire  ,  pour 
concerter  avec  le  général  Kléber  les  moyens  de 
prévenir  lesinconvéniens  que  celle  violation  du 
traité  devait  faire  naître  ;  quen  mêmè-tems  ,  il 
avait  écrit  au  grand  -  visir  pour  l'engager  à  se 
prêter  aux  circonstances  et  à  agir  auprès  de  Gons- 
tannnople  ,  comme  de  son  coté  il  agirait  auprès 
de  son  gouvernement  ,  a|în  de  le  ramener  à  l'exé- 
cution de  cette  convention  si  solennellement  trai- 
tée et  conclue.  M.  Smith  me  remit  des  duplicata 
du  tout;  il  craignait  que  les  mauvais  tems  n'eus- 
sent pas  permis  à  M.  Rey  d'aborderà  Damiette  ,  et 
fj^ue  le  général  Kléber  ne  pût  êire  informé  de  ce 
lâcheux  incident  avant  l'évacuation  du  Kaire  •  ' 
enfin  ,  il  me  renouvela  la  proposition  que  j'accep- 
tai de  me.rendre  sur  une  frégate  anglaise  auprès 
de  l'amiral  Keith  .  pour  le  faire  revenir  sur  celte 
affaire  ;  ce  qu'il  croyait  d'autant  plus  facile  ,  qu'il 
était  certain  que  ,  quand  les  ordres  avaient  été 
expédiés  de  Palerme  par  cet  amiral  ,  non-seule- 
meni  la  convuiiiion  ne  lui  était  pas  encore  connue, 
mais  qu'il  devait  même  ignorer  que  l'Annleterre 
eût  pus  une  part  active  dans  la  négociation. 

Je  retournai  à  Alexandrie  ,  et  je  rendis  compte 
du  tout  au  général  Kléber,  par  un  de  ses  aides- 
de-camp  qui  venaitd  y  arriver.  Le  général  Kleber  , 
a  dû  recevoir  mes  dépêches  le  22  ou  le  sS  ven- 
tôse au  matin  ,  c'est-à-dire  ,  au  moment  où  le 
Kaire  devait  s'évacuer. 

Cet  aide -de-camp  nous  apportait  de  mauvaises 
nouvelles.  Il  était  entré  beaucoup  de  soldats  turcs 
dans  la  ville  ;  ils  y  avaient  commis  des  insolence» 
qui  avaient  amené  une  rixe.  On  s'était  battu  dans 
les  rues,  et  nous  avions  eu  36  soldats  de  tués,  elles 
turcs  en  avaient  eu  40.  Le  général  Kleber  avait 
aussi-tôt  fait  sortir  de  la  ville  tous  les  turcs  ,  et 
avait  envoyé  à  la  32'  demi-brigade  ,  qui  éiaii  déjà 
à  Rosette  ,   l'ordre  de   remonter,  à  Giseh. 

Cependant  il  ne  paraissait  pas  que  les  chefs 
eussent  pris  part  à  cette  affaire.  Le  grand-visir . 
qui  était  à  Bclbcis  ,  et  Musiapha-pacha  fait  pri- 
sonnier à  Aboukir  ,  el  qui  était  alors  pacha  au 
Kaire  ,  vivaient  en  assez  bonne  intelligence  avec 
lé  général  Kleber.  Les  paieniens  en  boui;se  avaient 
été  faits  avec  la  plus  grande  exactitude.   L'éva- 


125o 


cuation  de  laïïaute-Egypte  était  aclievée  ;■.  il  ne 
lestait   à   évacuer  que  le   Kaire  et  le 'Delta. 

"Mais  déjà  il  était  évident  que,  qir'nd  même 
lés  ordres  anglaisri'auraient  api'Oilé  aucun  obsia- 
cle  à  l'évacuation  ,  elle  n'aurait  pu  avoir  lieu  , 
parce  qu'il  n'était  encore  arrivé  aucun  bâtiment 
de  ceux  que  les  turcs  devaicni  lournir  ,  etquon 
ne  pouvait  faire  partir  les  noires  lautc  de  bari- 
quesàeau. 

Aussi,  le  général  Kleber,  comme  vous  le  verrez 
par  la  copie  de  sa  lelire  ci-joinie  (  voyez  ci-a)Mès 
n"  2  )  me  marquait-il  qu'il  avait  enlamédts  pour- 
parlers avec  le  ijrand-visir ,  pour  avoir  une  pro- 
longation de  délai  .  relaiivenient  au  pays  et  aux 
places  non  encore  évacuées'. 

M.  Smilh  avait  déclaré  que  nonobstant  les 
crrdres  qu'il  avait  rcçiiS  (  ordres  quil  ne  doutait 
pas  de  voir  révoquer)  il  e.  écui  (rait  la  conven- 
tion ,  en  ce  qui  dépendrait  de  lui  ,  qu'il  n'ar- 
rêterait aucun  de  nos  bâiimcns  partant  d  Egypte  , 
mais  qtf'il  ne  pouvait  leur  garantir  les  croisières 
qui  n^étaient  pas  sous  ses  ordres.  Il  me  donna 
en  conséquence  le  passeport  que  je  lui  demandai 
pour  le  bâtiment  du  général  Dugua  ,  qui  était 
prêt  à  mettre  à  la  voile.  Les  blessés  étalent  éga- 
lement prêts  ,  ei  le.  général  l.anusse  ,  d  après  ks 
lettres  du  commodore  ,  séiait  décidé  à  les  lais- 
ser partir,  ainsi  que  la  commission  des  ans.  Ils 
auront  pu  mettre  à  la  voile  huit  jours  après 
mon  départ. 

J'ai  quitté  Alexandrie  le  23  ventôse.  Nous  y 
avions  apptis  que  le  Loiy  avait  débarqué  à  Da- 
niieiie  le  général  Gilbaud  et  sa  famille,  pendant 
quel'OjtVii  débarquait  â  Aboukirle.chef  de  brigade 
Latour-Maubourg  ;  mais  qu'on  ne  savait  pas  ce 
que   le    Lody  était  devanu. 

M.  Smith  me  retint  à  son  bord  jusqu'qu'au 
1"  germinal  ,  pour  avoir  le  lems  d'expédier  ses 
dépêches  à  l'amiral.  Il  me  fit  voir  les  lettres  de 
i'ambassadeuv  à  Constantinople  ,  E^gin  ,  qui  l'au- 
tqr.isait  à  continuer  les  négociations  qu'il  avait 
commencées  en  qualité  de  plénipotentiaire.  Il 
me  donna  copie  certifiée  de  lui ,  (  Voyez  ci- 
après  n"  3.  )  et  dont  je  joins  ici  une  expédition 
de  la  lettre  par  laquelle  l'ambassadeur  même  de 
Russie  à  Constantinople  adhérait  à  ce  qu'il 
ferait.  Il  me  démontra  enfin  par  une  foule  de 
pièces  qu'il  avait  rgi  delà  meilleure  foi  possible, 
et  qu'il  étiit  extrêmement  mortifié  de  ce  qui 
arrivait. 

Le  ig  ventôse,  nous  rencontrâmes  près  de 
Candie  la  frégate  anglaise  le  Penée  ,  qui  apportait 
une  réponse  de  lord  Keith  du  17  mars  ,  aux 
dépêches  par  lesquelles  M.  Smith  lui  avait 
envoyé  la  convention  ,  et  nonobstant  cette  con- 
vention, il  persistait  pour  l'exécution  des  précé- 
dens  ordres.  Cette  frégate  nous  apprit  le  combat 
et  la  prise  du  Généreux. 

Je  na'embarquai  près  du  goze  de  Candie  ,  le  I^'' 
germinal  ,  sur  la  frégate  la  Constance.  J'avais 
emmené  l'adjudant-général  Cambis,  qui,  sachant 
très-bien  l'anglais ,  pouvait  ra'aider  auprès  de 
l'amiral  ,   celui-ci   sachant  assez   mal  le   français. 

Le  g  germinal  ,  nous  rencontrâmes  ,  entre  la 
Sardaigne  et  la  Barbarie,  un  transport  anglais 
qui  venait  de  Palcrrae  et  portait  à  Mahon  les 
généraux  Dumuy  etjunot. 

Le  18  germinal  nous  arrivâmes  à  Mahon.  Les 
deux  généraux  y  arrivèrent  deux  jours  après. 
On  fixa  leur  quarantaine  à  dix-huit  jours,  après 
lesquels  ils  devaient  être  renvoyés  sur  le  premier 
cartel, 

Le  SI  ,  nous  partîmes  et  nous  arrivâmes  à 
Livourne  le  aâ.  Nous  apprîmes  que  le  général 
Desaix  y  était  arrêté.  Je  ne  pus  parvenir  à  lui 
faire  remettre  une  lettre.  Le  même  jour  il  arriva 
de  Londres  un  courrier  pour  le  lord  Keith, 
apportant  \des  ordres   relatifs   à   la  convention. 

Le  22  ,  nous  y  apprîmes  la  prise  du  Guillaume 
Tell  ;  les  anglais  disaient  que  c'était  une  des 
plus  belles  affaires  de  la  guerre  par  la  longue 
et  vigoureuse  résistance  que  ce  vaisseau  avait 
faite  contre  deux  vaisSeaux  ,  une  frégate  et  un 
brick;  ils  ont  perdu  beaucoup  de  monde  et  ont 
beaucoup  souffert. 

J'ai  quitté  Livourne  le  27  ,  et  nous  avons  ttouvé 

le  lord  Keith  sur  le  vaisseau  te   Minot'aure  ,   à  la 

hauteur' de  Savone  ,   le  28.   J'ai  resté  trois  jours 

sans  pouvoir  communiquer   avec   lui  à  cause  du 

calnie  ou  des  vents  contraires  :  enfin,  j'ai  pris  le 

parti   de  lui   écrire;   il  m'a  aussitôt  répondu  :  je 

vous  envoie  copie  de  ma  lettre  et  de  sa  réponse 

(voyez  ci-après  n°  4  et   5).  Je   n'ai  plus   vu    de 

nécessité  ,  d'après  ce  qu'il  me   marquait,  à  avoir 

un   entretien   avec   lui.     Nous   étions    pour    lors 

devant  Gênes  ;  nous  en  sommes    partis  le  3   de 

ce  mois,  à  la   nuit,  pour  retourner  à  Livourne. 

L'amiral    Keith    avait ,    dès    le     28    germinal , 

donné  ,   à    toutes    les  croisières    anglaises  ,    des 

ordres    conformes    à    ce    qu'il    m'écrivait  ,    et   il 

avait  expédié  ,   pour  le  même  objet,   la  frégate 

le  Coi moran' di\x   commodore  Smith,  v 

J'arrivai   à  Livourne   le   7  floréal  ;'  j'y   trouvai 
encore  le  Cormoran;  j'en  profitai  pour  informer 


le  général  Kleber  de  ce  que  j'avais  fait  et  de  ce  1 

que  je  savais.  1 

Le  g  je    me    suis    embarqué    avec    le   général  | 
Desaix  et  nous   sommes  anivés  ici   le   i3  ,  après  | 
avoir  é^é  visités  à  la  hauteur   de  Villcfranche  par 
deux   corsaires   de  Tunis.  I 

Salut  et    respect. 

Signé.   POUSSIELGUE. 

Suivent  les  pièces  indiquées  dans  la  lettre  du 
ciioyeii  Foussiclguc. 

-N"  L 

Sidney  Smilh  au  citoyen  Pouniehnc  .  adm'misffi- 
teur  gcniral  des  finances  ,  à  hovd  du  T-  j^rt  ,  le 
S  mars  1800. 

Je  me  suis  empresséde  me  reridrc  dcsant 
Alexandrie  à  l'instant  que  j  ai  pti  compléter  I  ap- 
provisionnement de  mon  vaisseau  ,  pour  vous 
faire  part  d'une  manière  détaillée  ,  des  obstacles 
que  mes  supérieurs  ont  mis  à  1  exécution  de  toute 
convention  de  la  nature  de  cède  que  j'ai  cru 
devoir  admettre  .  n'ayant  pas  alo.s  reçu  les  ins- 
tructions contraires  qyi  me  son.,  parvenues  en  Chy- 
pre'le  22  lévrier  en   date  du  io  janvier. 

Quant  à  moi-même  ,  je  n'hésiterais  pas  de  pas- 
ser pai-dcssus  tout  arrangeraenl  d  aiicienne  date  , 
pour  soutenir  ce  qui  a  été  fait  le  24  et  le  3i  jan- 
vier ;  mais  ce  serait  tendre  un  piège  à  iTies  braves 
antagonistes  ,  si  je  les  encourageais  à  s  embarquer  ; 
je  le  dois  à  l'armée  française  et  à  moi-mêrne  ,  de 
ne  pas  lui  laisser  ignorer  cet  étatactuel  des  choses 
que  je  travaille  cependant  à  changer.  En  tout 
cas  .  je  me  trouve  entr'elle  et  les  fausses  i.more.s- 
sions  qui  ont  dicté  une  mesure  de  cette  natuie; 
et  comme  je  connais  la  libéralité  de  mes  supé- 
rieurs ,  je  ne  doute  pas  de  pouvoir  produire  sur 
leur  esprit  la  même  convicdon  que  j'ai  moi-même 
en  faveur  de  la  mesure  que  nous  avons  adoptée 
ensemble.  Un  entretien  avec  vous  me  mettrait  à 
même  de  vous  coinmuniquer  l'origine  et  la  na- 
ture de  celte  restriction  ,  et  je  vous  piopase  de 
laire  le  voyage  sur  une  frégate  anglaise  jusqu'au 
commandant  en  chef  de  la  flotte  nouveil'jment 
arrivée  dans  la  Méditerranée  ,  pour  conférer  avec 
lui  là-dessus. 

Je  compte  beaucoup  sur  vos  lumières  et  l'esprit 
conciliateur  ,  qui  a  facilité  les  moyens  de  nous 
entendre  pour  appuyer  mes  raisonnemcns  sur 
l'impossibilité  de  revenir  sur  ce  qui  a  été  si  formel- 
lement fait.  Après  une  discussion  détaillée  et  une 
mûre  délibération  ,  je  vous  propose  donc  , 
monsieur .  de  venir  encore  une  fois  à  mon  bord  , 
pour  conférer  sur  ce  qu  il  y  a  à  faire  dans  les  cir- 
constances difficiles  où  nous  nous  trouvons.  Je 
regaide  de  sang-troid  la  responsabilité  grave  à 
laquelle  je  rae  trouve  exposé  ;  il  y  va  de  ma  vie  , 
je  le  sais  ,  naais  je  i^référerais  la  perdre  d  une  ma- 
nière non  méritée  ,  que  de  la  conserver  méritant 
non-seulement  lamoit  ,  mais  le  déshonneur. 

J  ai  l'honneur  d'être  avec  une  parfaite   considé- 
ration et  une   haute  estime. 
Monsieur  , 

Votre  très-humble  serviteur  , 

S/^n«  ,  Sidney  Smith. 
Pour  copie  conforme,        St^rjc,  Poussielgue. 

N»       ,1    I.  r'f 

Kleber^  général  en  chef,  au  citoyen  Poussielgtie. — 
Au  quartier-général  du  Kaire  ,  le  7  vcntose  an  8 
de   la  république  française.         * 

J'ai  reçu  votre  lettre  de  Rosette  ,  datée  du  s 
de  ce  mois.  J'av.iis  déjà  été  prévenu  de  ce  qui 
s'était  passé  devant  Alexandrie  avec  le  couim.in- 
dant  des  nouvelles  croisières,  et  j'en  ai  aussitôt 
fait  pan  au  visir  par  la  voie  de  Mouslapha-Pacha  ; 
j'auends  aujourd  hui  le  retour  du  courrier  ,  et 
c'est  sur  la  réponse  qu'il  fera  que  j'ét.ibHrai  une 
,nole  officielle  que  je  me  propose  de  lui  en- 
voyer demain.  Q_iioiqne  je  ne  voye  en  tout 
cela  qu'un  simple  ml-entendu  provenant  de  ce 
que  le  commandement  des  flottes  de  la  Médi- 
terranée, a  psssé  en  d'autres  mains  ,  je  profite- 
rai du  retard  que  la  circonstance  apportera  né- 
cessairement à  notre  év^cualion  pour  prolonger 
mon  séjour  au  Kaire  et  dans  le  Delta  ;  car 
certes  en  tout  ceci  ,  le  gouvcinement  anglais  n'y 
entend  pas  plus  malice  que  le  grand-visir. 
Je  vous   salue. 

Sz'^Tj^ ,  Kleber. 
Pour    copie   conforme  .  ' 

E.   Poussielgoe.' 
N".     III 

Lettre  de  l'ambassadeur   de  Russie  à  M.Smith.  — 
'       Cûnsiantinople  ,   le  2  novembre   1799. 

M.  le  commodore  ,  les  lettres  des  généraux 
français  en  Egypte  au  grand-visir  ayant  donné 
à  celui  ci  lidée  de  tenter  d'obtenir  I  évacuation 
de  lEgypie  par  capitub.îiori  ,  le  minisieie  d'ici 
m'a  demandé  les  passeports  nécessaires  l'our  la 
sûreté  du  retour  des  troupes  françaises  en  F/ance  , 
si  cette,  capitulation  venait  téeliemeut  à  s'effec- 
tuer.   J'ai    cru   devoir   accéder    au    desir    de    la 


Porte,  -et' j'ai  l'ironneur  devons  transmettre  ci- 
inclus  un  de  ces  passeports  tel  que  l'ai  imaginé. 
J'ai  prévenu  en  même  lems  le  drogman  Frantirii , 
en  le  chargeant  de  remplir  ces  pafsepons  , 
que  la  capitulation,  ainsi  que  son  exécution, 
ne  pourraient  avoir  leur  ejitier  effet  ,  qu'autant 
qu'elles  auraient  votre  concours  et  votre  appro- 
bation .  et  que  si  mon  passeport  présenlait  quel- 
ques difficultés  ,  il  pourrait  '  être:  mis  de  côlé  , 
vu  que  les  vôiics  seuls  seiont  également  res- 
pectés par  les'  atmemens  de  S.  M.  l'emptseur 
mon    souverain. 

Signé,  U.  Tamara. 
Certifié  ,  Sidney  -Smith. 
Pour    copie  ,      _      ^  '      ,'< 

P'ofc  SVlE  LG  t!l  E. 

N°    I  V. 

Lettre  au  Jord  Keilh  y  amiral  anglais.  —  A  bori'dt 
la  Constance  ,  le  io  germinal  an  8. 

Milord  ,  au  moment  de  'quitter  l'Egypte  pour 
retourner  en  France  ,  en  vertu  de  la  convention 
signée  à  El-Arisch  ,  j'ai  appris  à  Alexandiie  le» 
obstacles  que  vos  ordres  a-pporlaient  à  l'exécution 
de  celte  convention  ,  quoiqu'elU  eût  déjà  eu  ,  en 
parlin  ,  son  cfFi;'t  avec  cette  bonne  foi  que  devait 
inspirer  la  loyauté  des  parties  contractantes. 

Je  me  suis  décidé  à  me  rendie  auprès  de  vous , 
milord,  piour  vous  demander  de  révoquer  vos 
ordres  ,  en  mettant  sous  vos  yeux  tous  les  motifs 
qui  doivent  vous  y  déterminer  ,  ou  pour  vous, 
prier,  dans  le  cas  où  vous  ne  pourriez  pas  pren- 
dre ce  parti  ,  de  me  faire  remettre  prorapiement 
en  France  ,  afin  que  le  gouvernement  français 
traite  directement  cette  affaire  avec  le  gouverne- 
ment   anglais.  ■ 

Il  s'agit  peut-être  de  la  vie  de  5o,ooo  hommes 
qui  peuvent  s'égorger  aujourd'hui  sans  aucun 
iriotif,  puisque  ,  d'après  le  traité  solennellement 
fuit  avec  les  anglais  ,  les  russes  et  les  turcs ,  tout 
était  terminé. 

■Je  n'ai  pas  de  pouvoirs  ad  hoc  pour  la  démar- 
che que  je  fais  auprès  de  vous  ,  milord;  il  n'en 
était  pas  besoin  pour  réclamer  une  chose  qui 
serait  de  droit  entré  le_s  nations  les  moins  civili- 
lisées  ;  elle  me  ]>araijsait  si  juste  cl  si  simple  ,  elle 
était  d  ailleurs  si  urgente  ,  que  je  n'ai  pas  cru  de- 
voir attendre  les  ordres  du  général  Klébïr ,  qui  , 
j'en  étais  sûr,  ne  voudrait  pas  consentir  à  ce  qu'il 
fût  apporté  la  moindre  modification  au  traité  , 
quoique  sa  fidélité  à  l'exécuter  eût  rendu  sa 
position  beaucoup  moins  avantageuse. 

Au  moment  où  nous  conclûmes  la  convention 
à  El  Arich  ,  sous  la  simple  garantie  de  la  loyauté 
anglaise  ,  nous  étions  loin  de  prévoir  que  les  obs- 
tacles viendraient  de  cette  même  puissance  la 
plus  libérale  de  celles  avec  lesquelles  nous  trai- 
tions. 

Au  reste  ,  milord,  je  ne  suis  pas  militaire; 
toutes  mes  fonctions  sont  terminées.  D  eux  ans  de 
fatigue  et  de  maladie  m'ont  rendu  indispensable 
mon  retour  dans  mon  pays.  Je  n'aspire  plus 
qu'à  m'y  reposer  auprès  de  ma  femme  et  de  mes 
enfans  ;  heureux  si  je  puis  porter  aux  familles  des 
français  que  j'ai  laissés  en  Egypte  ,  la  nouvelle 
que  vous  avez  fait  cesser  les  derniers  obstacles 
qui  s  opposaient  à  leur  retour. 

J'ai  Ihonneur  d  être  avec  la  plus  grande  consi- 
dération, milord,   votre  très-humble   serviteur, 

PoUSSIELGUE. 

Pour  copie  ,  Poussielgue. 

Réponse  de  l'amiral  Keith    au    cit.   Poussielgue  ,  à 
bord  du  iMinotaure  devant  Gènes  ,  le  23  avril  1800. 

Monsieur  , 
J'ai  reçu  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur 
de  m'écrire  aujourdhui.  Je  dois  vous  informer- 
que  je  n'ai  jamais  donné  aucun  ordre,  ni  auto- 
risation, en  opposition  à  la  convention  passée 
entre  le  grand-visir  et  le  général  Kleber,  n'ayant 
jamais  reçu  à  cet  égard  d  instruction  des  ministres' 
du  roi.  D'après  cela  j'ai  pensé  que  S.  M.  ne. 
devait  prendre  aucune  part  à  cette  aff"aire  ;  mais 
depuis  que  le  traité  a  été  conclu  ,  S.  M.  voulant 
montrer  à  ses  alliés  les  égards  qu'elle  a  pour 
eux  ,  j'ai  reçu  des  instructions  qui  accordent  le 
passage  aux  troupes  françaises,  et  je  n'ai  pas 
perdu  uti  instant  pour  envoyer  en  Egypte  l'ordre 
de  les  lai.^ser  retourner  en  ^France  sans  les  trou- 
bler dans  leur  voyao-e.  Cependant,  j'ai  cru  de 
mon  devoir  envers  le  roi ,  et  ceux  de  ses  alliés 
dont  les  états  se  trouvent  dans  les  mers  où  ces 
troupes  doivent  passer  ,  de  dema-nder  qu'elles  ne 
reviennent  pas  en  un  seul  corps ,  ni  sur  des  vais- 
seaux de  guerre  ou  armés  en  guerre.  J'ai  demandé' 
aussi ,  que  les  vaisseaux  de  cartel  ne  portassent  pas' 
de  marchandises,  ce  qui  est- contraire  aux  lois  deà 
nations.  J'ai  aussi  dem.indé  au  général  Kleber  sa' 
parole  d'honneur,  que  ni  lui  ni  son  armée  ne  com- 
mettraient aucune  hostilité  envers  les  puissances' 
coalisées  ,  et  je  ne  doute  pas  que  le  général 
Kleber  ne  trouve  ces  conditions  parfaitement 
raisonnables. 

Le  capitaine  Hay  a  reçu  mes  ordres  pour  vous 
laisser    rêtrouruer    en  France    avec    l'adjudant- 


^■■mi 


géhéraî,  Gïmbis  ,"  Wssiiot  son  arrivée  a  Ll^otrJ-tfE. 
Je  suis,   Monsieur  ,  votre   serviteur.  ',, 

.il  .  ■  ..  Sig:ne'-,  Keith.i  . 
Pour  copie ,        ,    ,  '    , 

...:     .  POUSSIELGUE.         ,       .  .. 

Paris,  II'  5   thermidor. 

Le  premier  consul  'dé  ta  république  ,  au  général 
Jourdan. 
Le  gouvernement  croit  devoir  donner  une 
inargjie  de  disiinçiion  gu  vainqueur  de  Fleu^'ps. 
Jfl  sait  qu'il  n'a  pas  tetiu  à  lui  qu'il  ne  se  trouvât 
dans  les  rangs  des  vainqueurs  de  Miiriiigo.  Les 
consuls  ne  doutent  pas  ,  citoyen  u^énéral  ,  que 
vous,  ne  portiez  dans  la  mission  qu'ils  Vous 
côtrfleTit  cet  esprit  conciliateur  et  modéré  qui  , 
ïetil  ,  peut  rendre  la  rïanon  l'rançaisci  aimable  à 
ses  voisins. 

Je?  Vous  salue  , 

Signé,  Bonaparte. 

S  EN  AT  -  C  O  N  S  E  RV  AT  EUR. 

Extrait  dés  registres   dâ 'sénat-conservateur ,   du  8 
thermidor ,  an  8  de  la  république. 

Le  sénat  ,  réuni  au  nombre  de  membres  pres- 
crit par  l'article  XC  de  la  constitution  ,  nomme 
en  exécution  de  l'article  XV,  à  la  seconde  des 
places  qui  doivent  être  remplies  pour  porter  à 
6.2  ,  dans  le  cours  de  l'an  8  .  le  nombre  des  sé- 
nateurs. 

-  Les  candidats  présentés  pour  cette  place  ,  con- 
formément à  l'article  XVI  de  la  constisution  , 
sont  le  citoyen  Vacher  ,  législateur,  présenté  par 
le  corps-légii'atif  ,  le  citoyfen  Saget  (  de  Nantes  ) , 
présenté  par  le  iribunat  ,  et  le  général  Vaubois , 
commandant  à  Malte,  présenté  par  le  premier 
consul  de  la  république. 

Le  sénat  procède  au  scrutin  dans  la  forme  ac- 
coutumée. Le  dépouillement  des  votes  donne  la 
majorité  absolue  au  général  Vaubois  ,  comman- 
dant à  Malte. 

Il  est  proclamé  par  le  président  membre  du 
sénat  conservateur. 

Le  sénat  arrête  que  cette  nomination  sera 
notifiée  ,  par  un  message  ,  au  corps-léuislaiif 
lors  de  sa  rentrée  ,  au  tribunal  et  aux  consuls  de 
la  république. 

Signé  ,  LemercirR  ,  président, 
Kelle-rmann   et  Garât  ,  secrétaires. 

Par  le  sénat-conservateur. 

Le  secrétaire-général  ,  signé  ,   Cauchy. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
ordorme  que  lacté  du  sénat-conservateur ,  qui 
précède  ,  sera  inséré  au  bulletin  des  lois  ;  le  mi- 
nistre de  la  justice  enverra  au  citoyen  Vaubois 
■un  exemplaire  du  bulletin  des  lois  où  cet  acte 
sera  inséré  ,  pour  lui  tenir  lieu  de  notification  , 
rt  lui  servir    de    titre  pour   constater  sa  qualité. 

A  Paris  ,  ce  8  thermidor  an  8. 

Signé  ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé, 'tt.  B.  Maret. 


Les  maire  et  adjoints  de  la  ville  de  Bruxelles  à  leurs 
concitoyens. 
Citoyens, 

La  loi,  de  concert  avec  l'ordre  social,  et 
l'intérêt  particulier  qui  dérive  de  celui  de  tous  , 
appelle  tous  les  citoyens  au  mainiîeri  de  l'obéis- 
sance à  la  loi,  à  la  conservation  des  propriétés, 
à  la  sûreté  des  personnes.  Tout  homme  en  so- 
ciété loime  le  pacte  tacite  de  ces  obligations  ;  les 
uns  les  rcmjplissent  sous  les  drapeaux  ei  devant  l'en- 
nemi qui  veut  attaquer  ou  troirbler  le  corps 
social;  les  autres  les  remplissent  dans  les  diffé- 
rentes branches  de  I  organisation  de  ce  même 
corps  ;  tous  concourent  à  le  consiuuer  et  à  le 
maintenir  tort  ,  robuste  et  inaltérable. 

Jusqu'à  présent .  citoyens  ,  vous  n'avez  point 
eu  l'avantage  d  être  appelles  ,  comme  vos  Ireres 
aînés  des  départemens  de  l'intérieur,  à  former 
ces  bataillons  de  gardes  nationales  sédentaires  , 
d'ovi  sont  sorties  ces  phalanges  belliqueuses  , 
qui  ,  tout  récemment  encore  ,  viennent  d'im- 
mortaliser le  nom  français.  Un  honneur  non 
moins  grand  vous  a  été  réservé  ,  celui  de  main- 
tenir la  tranquillité  dans  vos  foyers  ,  d  en  pré- 
,  server  ou  d'en  écarter  le  brigandage.  Sans  doute  , 
nous  sommes  éloignés  de  ces  tems  maUiturcux 
où  vous  avez  déployé  votre  courage;  mais  la 
malveillance  veille  et  peut  profiter  des  ténèbres 
de  la  rrtitt  poilr  âtteftttr  à  VOS  personnes  ,  à  vos 
proptiété»  ;  les  criminels  recellés  dans  les  pri- 
sons ,  peuvent  tenter  de  s'en,  évader  pour  re- 
nouvellcr  leurs  excès.  z 

Vous  sentirez  plus  encore,  citoyens,  l'impor- 
tance de  cette  confiance  de  la  part  du  gouver- 
nement et  de  sa  sécurité  ,  aujourd  hui  qu  il  retire 
de  vos  villes ,  et  sur-tout  de  cette  grande  cité  , 
ses  troupes  de  garnison  ;  oui  ,  citoyens  ,  cette 
confiance  et  cette  sécurité  sont  telles  que  dans 
ce  moment  les  postes   militaires  les  plus  impoi- 


tans ,  tels'que  îes  magasins' ,'  les  porte»  ,Ms  pri- 
sons,  etc.',  sOtit  à  peine  fourbis. 

Mais  plus  celle  confiance  et  cette  sécurité  du 
gouverneiTienI  sont  grandes  ,  plus  ellé^, appellent 
noire  sollicitude  et  la  vôtre ,  cil oyer^s ,  sur  l.^s' 
moyens  d'assurer  votre  iraiiqujllité  dans  y^o*. 
foyers,. '   .'■',', 

Nous  jes  fondons,  ces  moyens  ,dcns  le  géné- 
reux .dévouement  que  vo.us  avez  montré  déjà 
tant  de  .jfois  ,  et  dans  des  ciiconsiancçs  plus 
criiiques,;  le  plus  çfHcace  nous  paraît  celui  de 
confier  à  cent  hommes  par  jour,  et  successive- 
ment pris  entre  les  huit  sections  de  celle  ville  , 
un  service  habituel  de  vigilance  ,  pour  former- 
une  force  privée  propre  à  la  cornmune  ,  pour' 
le  maintien  dp  la  police  ,  de  la  sûrcié  et  de  la 
tranqi.iiiliié  publique,  d'après  les  règles  établies  ' 
par  l'ar:cié  qui  suit. 

Ces  rr,oyenssont  trop  d'accord  avec  votre  zèle. 
et  votre  généreux  dévouement',  citoyens  ,  pour 
que  ceux-ci,  ne  me  garantissent  pas  d'avance 
leur  efficacité. 

Arrêté. 

Vu  la  lettre  dir  commandant  temporaire  de 
cette  place  ,  en  date  du  25  courant  ,  par  laquelle 
il  informe,  que  la  garnison  de  cette  ville  se  trouve 
réduite  à  un  nombre  d'homrnes  insuffisant  pour 
le  maintien  de  la  police  intérieure  ,  et  pour  la 
garde  des  éiablisscmens  civils  ,  tels  que  prisons  , 
hôpitaux  ,  etc.  ; 

Vu  l'arrêté  du  directoire  exécutif,  du  i3  floréal 
an  7  ,  contenant  les  mesures  pour  activer  un  ser- 
vice habituel  de  vigilance  des  citoyens  qui  seront 
requis;  savoir,  dans  les  communes  au-dessus  de 
dix  mille  habitans  ,  par  les  administrations  muni- 
cipales ,  et  ailleurs  ,  par  les  administrations  cen- 
trales ; 

Vu  l'arrêté  de  la  ci-devant  administration  muni- 
cipale du  canton  de  Bruxelles  ,  en  date  du  2  bru- 
maire an  7  ,  duquel  il  résulte  que  cette  mesure 
a  été  avantageusement  employée  à  cette  époque  ; 
ensuite  de  l'arrêté  de  l'administration  centrale  , 
daté  de  la  veille  ,  concernant  les  mesures  pour 
l'exécution  de  l'arrêié  du  directoire,  du  26  nivôse 
an  6  ,  et  du  maintien  de  la  sûreté  publique  en 
cette  comrriune  ; 

Vu  l'état  des  citoyens  qui  se  sont  présentés  vo- 
lo'itairemenl ,  à  cette  époque,  pour  faire  le  ser- 
vice ,  et  les  eflFets  salutaires  qui  sont  résultés  de 
leur  généreux  dévoûment  ; 

Considérant  qu'on  ne  peut  attendre  dans  la 
circonstance  actuelle  que  des  résultats  aussi  heu- 
reux ; 

Que  la  pénurie  des  finances  de  cette  adminis- 
tratiori  ne  lui  permet  pas  d'employer  d  autres 
moyens  .  et  que  quand  bien  même  ses  facultés 
pécuniaires  le  lui  permettraient,  elle  croirait  faire 
une  iirjureauzelc  des  habitans  de  cette  commune, 
d  en  employer  un  autre  que  celui  dont  leur  dé- 
voûment lui  répond  de  l'efficacité  ; 

De  l'avis  des  adjoints  ,  le  maire  de  Bruxelles  , 
arrête   : 

An.  1".  Tous  les  citoyens  de  cette  ville  ,  jouis 
sant  de  leurs  droits  ,  aux  termes  de  l'article  VI 
de  la  constiiution  ,  sont  appelés  à  l'exécution  des 
dispositions  du  chapitre  II  de  l'arrêté  précité  du 
l3  floréal  an  7  ,  pour  former  une  force  privée 
propre  à  la  commune,  pour  un  service  habitue 
de  vigilance  du  maintien  de  la  sûreté  publique  en 
cette  ville. 

II.  La  composition  et  organisation  deceileforce 
publique  se  fera  sous  la  direction  du  maire  ,  con- 
formément aux  dispositions  dudit  arrêté  du  i3 
floréal  et  de  celles  suivantes. 

III.  Chacune  des  huit  sections  de  cette  com- 
mune ,  fciurnira  chaque  jour  treize  hommes ,  pour 
former  un  nombre  de  cent  et  quatre  hommes  en 
activité  dé  service  par  vingi-quaire  heures  ,  aux- 
quels il  sera  délivré  l'armement  qui  restera  en 
dépôt  en    la  maison  commune. 

IV.  11  sera  fourni  par  les  chefs  de  garde  ,  au 
commandant  temporaire  de  la  place  ,  Te  nombre 
d'hommes  suffisant  pour  le  service  militaire;  il  en 
sera  fait  de  même  sur  la  réquisition  des  commis- 
saires de   police  pour  le  service  civil. 

V.  La  discipline  du  service  sera  suivie  conformé- 
ment aux  dispositions  du  chapitre  VI  de  l'arrêié 
précité  du  i3  floréal  an  7  ,  et  de  l'article  XLVIII 
de  lacté  LOiisiiiuiionnel. 

VI.  Les  citoyens  en  aciiviié  de  service  ne  pour- 
ront se  faire  rernpiacer  ,  même  à  prix  d'argent  . 
que  par  des  personnes  agréées  par  le  maire  ,  ei 
conformément  aux  dispositions  du  paragraphe  IV 
de  l'arréré  susdit. 

VII.  Le  pféseht  sfer*  iburhis  dé  itiitê  à  l'appro- 
bation du  préfet  de  ce  département  ,■  pour  ,  après 
icclle  ,  êire  imprimé  et  publié  par-tout  où  besoin 
sera  ,  et  recevoir  sorl  cxécuiiôn  selOh  sa  forme 
et  leheur. 

Fait  et  arrêté  en  séante  de  lai  mairie  dèBfuxelteà  , 
le  27  messidor  aij  8  de  la  république  française. 
Signé ,  arconati  ,  maire  ,  etc. 

Vu  et  approuvé  par  moi  préfet  du  département 
de  la  Dylé  ,  à  Bruxelles  ,  le  «7  messidor  an  8. 
Signé ,  Doulcet-Pontecoulaîmt. 
Extrait  du  Journal  de  Bruxelles  ,  3o  tnessidor. 


V  A  RT-fe  TÉS. 

Le  citoyen  Eustase  Broquqt  .  animé  du  zelc  I*. 
plus  louable  pour,  Tavanccnrcnt  des  lettres  .Wi ''«S 
'sciences  ,  va,  depuis,  trois  mois  ,  dans  une  sailli 
de  m;alades  ,  iiavailler,  aiiprè,s  du  jeune  cliinoJs  i 
acquérir  quelque  connaissance  d'une  langi^e  aus^j 
Curieuse  «1  auisi  intéressante  qu'elle  est  ignqrce 
l>atmi  nou.s.  A  force  de  patience  et  déludq  ,  il 
s';.est;déià,, composé  un  vocabulaire  chinois  asspï! 
ciendii  .,.Ru moyen  duque,l,,il  converse  avçç  ce 
rnallic-urcux;  élianter.,,,  et  lui  pr,ocure  une  coiiso-, 
laiipji,  une,  ,,sçul  ,  il  parait,  po^Noiv,  .lui,  plfrir  ,  U; 
charnie  d'entendre  cl  de;  ppuvpir  iair.e,  .entepdrei 
des   sofïS   qu'il  corina'il   qi  qui,|ui  sop.lithers. 

Ce  citoyen  ,  professeur  de  langues  etde  belles»; 
IçtUes,  avait  été  invité  par  unç  société  littéraire  et 
sàvaiite  ,  la  sociéié  des  observateurs  de  1  homme  , 
à  rendre  compte  des  expédions  qu  il  aT'ait  em-- 
ployés  pour  cotn.nencer  à  se  procurer  1  intelfi- 
gence  de  la  laii<;ué  'chinoise  et  pour,  converser- 
avec  un  individu  ijui  ,'3  proprement  parler ,  n'en-^ 
tendait  aucune  langue, à  l'aidé,  de  laquèlie  on  {jû^t^ 
e'tureten'ir  une  communic^lipn  d'idées.^  '  ,  ..  ,[ 
Le  citoyen  Btoquct  a  fait  ce  rappo^tt  intéfies-» 
sant  le, 28  messi-dor,  Nos  lec'ouis  ne  tfo-uverotit 
sans  douie  pas  moins  diutciêt  à  en  lire  quel', 
ques  fragmens ,  que  rtO'jus.en  avons  éprouv,é,à;.|ea3 
eniendre.  •'■^. .,,         '      ■.  ;  ,.t 

Les  mots  aimer  it  ha'ir  m'ont  dOifrl^' 

une  peine  qui  a  ([uelque  chose  d  étonnant.  Je  les  lut 
ai  peints  par  signes.  --Rien,  ^'ai  fait  des  phrascs- 
où  ces  mots  devaient  entrer  nécessairement,  et  je' 
laissais  leur  place  vacante.  —  Pas  plus  de  succès. 
Le  français  ,  l'anglais  ,  le  portugais  même  n'ont- 
pu  lui  rappeler  aucune  idée  à  cet  égard.  ^J-'al' 
apporté  les  mois  écrits  dans  nos  caractères  d'apréâ 
Fourraont  ,  et  je  les  lui  ai  prononcés  :  il  ne  les  a: 
point  reconnus.  Enfin  ,  j'ai  éié  les  copier  en  chi- 
nois ,  et  je  les  lui  ai  mis  sous  las  yeux.  Oh  !  alors 
en  les  lisant  ,  il  en  a  reconnu  les  sens  et  la  valeiir ,' 
et  il  les  a  prononcés  ,  chose  singulière',  comme 
ils  étaient  peinls  dans  Fourmont ,  et  comme  je  les 
lui  avais  prononcés  moi-même  sans  pouvoir  me 
faire   comprendre. 

Il  semble  que  ces  rools-là  fussent  tout  a 
fait  exilés  de  sa  i-némnive.  Loin  des  objets  de  sfiS 
affections,  il  n'entendait  plus  le  mol  aimer,  et 
S-jn  cœur  ne  lui  avait  pas  laissé  proféreren  lui-mêrfte 
le  mot  hdir ,  quoique  le  sentiment  que  ce  root 
exprime  ,  dût  lui  être  inspiré  par  les  mauvais 
traitemens  qu'il  a  éprouvés  parmi  nous,  traite- 
mens  qu'il  faut  bien  que  j  impute  ,  pour  1  hon- 
neur du  nom  français  ,  à  la  fatalité  de  la  guerre. 

Dans  un  papier  public  ,  j'ai  rendu  témoignage' 
il  y  a  quelque  tems,  aux  bonnes  qualités  de  noirs 
infortuné  jeune  homme.  Depuis  ,  j  ai  eu  de  uou-, 
velles  preuves  qui  m'ont  confirmé  dans  l'idée 
avantageuse  que  j'avais  de  lui.  Il  est  reconnais* 
sant  :  on  pourrait  me  demander  quelle  .occasion 
il  a  eue  d'éprouver  en  lui  le  sentiment  de  la  gra- 
titude ;  car  jusqu'ici  il  ne  connaît  la  France-. 'que 
pour  y  avoir  éié  malheureux  ,  que  pour  y  avoir 
éprouvé  un  oubli  ou  une  négligence  lotale  deâ 
droits  dé  l'hospitalité.  Mais  je  vois  journellement 
qu'il  est  sensible  aux  simples  marques  d  intérêt,  , 
aux  petits  bons  offices  qu'il  reçoit  de  la  part  des 
personnes  qui  viennent  le  voir  ,  qui  l'approchent 
ou  qui  l'entourent  Je  n'en  doute  point;  si  le  gouver- 
nement s'occupait  un  instant  de  lui  ,  pour  lui 
rendre  l'existence  supportable  ,  il  attendrait  pa- 
tiemment ,  en  France  ,  l'année  prochaine  pouf 
retourner  dans  sou  pays  ,  et ,  par  une  sorte  dd 
retour .  il  se  prêleràit  avec  courage  aux  recherches 
que  l'on  voudrait'  taire  avec  lui  sur  sa  langue  et 
sur  d'autres  objets. 

Il  avotie  généreusement  la  supériorité  de  son 
frère  sîné  à  son  égard  pour  les  talens  et  les  cotl" 
naissances  ,  et  il  l'a  mis  également  au-dessus  de, 
tous  ses  compagnons  de  voyage,  avec  nombrrj 
desquels  il  se  trouvait.  A  la  lendressefralernelle 
il  joint  la  piété  filiale.  Sa  mère  occupe  beaucoiip 
sa  pensée.  De  quaire  enfans  qu'elle  a  ,  c'était  lui  ■ 
quifesaitcompag.nieàsa  vieillesse,  (^uoiquettiarié  , 
il  demeurait  avec  elle.  Il  me  disait  ces  jours  der- 
niers :  dans  trois  ou  quatre  mois  ,  mes  camarade*  ■ 
seront  de  retour  à  Cou-Ton  ;  ma  mère  en  les 
voyant  arriver,  leur  dira  :  il  n'y  a  point  d  A-Sàm.. . 

Des  mois  fiançais  ,  prononcés  d'une  manière 
toul-à-fait  méconnaissable,  m'ont  souvent  donné 
le  change  et  fait  prendre  du  français  pour  dtt 
chinois;  mais  j'ai  la  satisfaction,  je  crois,  ai 
n'avoir  jamais  écrit  aucun  de  ces  mots.  Je  senlai»  ■ 
toujours  un  je  ne  sais  quoi  qui  me  fesait  renvoyer' 
la  chose  à  urï  plus  ample  exâitien  pour  un  autre 
jour.  Une  fois  ,  las  d'entendre  depuis  long-terns 
employer  kaland  par-iout  où  il  y  avait  à  rendre 
l'idée  dé  grand  ,  j'allais  écrire  kaland  cbtnmè  sy- 
nonime  du  mot  chinois  (jue  j'avais  déjà  poure*' 
primer  la  même  idée  de  grand.  A-Sàm  s'apperçije 
que  c'étaii  kaland  ijue  j'allais  écrire  pour  du  cbi- 
nois.  Il  fit  un  signé  d'approbation  ;  il  iiisisla  avec 
une  sorte  d  impatience  ;  il  répéta  kaland  d  un  ion 
encore  plus  fort,  c'est  à-dire  ,  d  une  manière  et  •• 
core  plus  propre  à  m  égarer;  mais  son  signe  et 
Icxpicssion  de  ma  phisionomie  m  avaient  fait 
foir  que  je  me  trompais  ,  et  je  devinai  la  vcritc- 
je  fi»  un  grand  ah',  et  je    proférai  pand Oat  , 


1252 


uni!  ,  c'est  ç.i ,  et  lui  de  dire  à  -son  tour  nh  !  et 
tous  deux  de  rire  ensemble  ,  et  moi  de  lui  seirer 
la  main  à  différentes  reprises  ,  et  de  lui  témoigner 
parlOules  les  représentations  possibles  com'bitn 
j'étais  lâché  de  lui  avoir  donné  tant  de  peine: 
mais  en  même  teras  je  lui  Ks  iuiœ  un  retour  sur 
hii-même  ;  et,  sur  la  prononciaiion  qui  est  ana- 
logue à  la  langue  chinoise, je  lui  piorionç;ii  grand 
le  plus  légèrement  le  plus  délicaiemcnt  qu  il  me 
l\jt  p-ossible.  Je  lui  fis  entendre  qu'un  français  ne 
pouvait  le  comprendre  ,  quand  il  employait  les 
mots  grand,  kaland ,  gros,  kvlos  ;  je  l'engageai  à 
les  éviter.  J'eus  soin  aussi  de  le  consoler  en  lui 
fesant  remarquer  cette  fois-là  ,  comme  j'avais 
déjà  Fait  souvent,  quemdi-même  je  ne  piononçais  | 
pas  bieu  le  r.  [i] 

Au  reste,  je  suis  persuadé  que  si  une  fois  il  se  j 
piquait  de  vouloir  rendre  cette  consonne ,  il  par-  i 
viendrait   à   la   prononcer   mieux   que   moi  ;  mais  I 
jusqu'à  présent   il   n'en  est  pas   très-épris  ;    il  m'a  j 
lait   entendre   clairement    que    notre   langue    en  ! 
était  hérissée  à  un  point  qui  la  lui  rendait  difficile  | 
et  désagréable.  J  ai  à  présent  la  théorie  et  même  j 
]a  connaissance  pratique  de  la  plupart  des  mots  ' 
français    qu'il   doit,  défigurer,  en    les   entendant  | 
bien  prononcer  ;  je   sais  qu'il   doit  dire,   et  qu'il  i 
dit,  talavailler  pour  travailler  ,  etc. ,  etc.  ;  je   lui 
ai  laissé  écrire  mon  nom  Broquet ,,  Poloquet ,  dans 
sa  langue  ,  et  je  ne  lui  ai  seulement  pjs  fait  ob- 
server   qu'il    y    eiît   la    moindre    diHférence    à  cet 
égard.  Il  devait  le  prononcer  ainsi,  et  l'écrire  en 
conséquence  jusqu  à  nouvel  ordre;  je  dis  jusqu  à  j 
nouvel  oidre  ,  car ,  je  le  répète  ,  je  suis  persuadé  ■ 
et  convaincu  déjà  par  un  commencement  d'expé-  I 
rience    qu'il   prononcerait   un    jour    mon    nom 
mieux   que  moi-même  ,   parce  que  ce  n  est  chez 
lui  que  manque  d  habitude  et  d  txeicice  ,  et  non  i 
pas  un  défaut  de  l'organe  (2).  j 

Les  mots  acquis  deviennent  des  instrumens  ! 
pi'écieux  pour  en  acquérir  d'auties ,  et  même  pour  ' 
acquéiii  imraédiattiiient  des  idées  et  des  con-  | 
naissantes.  A-Sàni  m  avait  dit  son  nom  et  je  le  ' 
lui  avais  tait  écrire.  J'avais  remarqué  qu'il  y  avait 
du  trois  dans  son  nom;  je  le  lui  avais  fait 
observer  î  lui-même;  mais  il  n'avait  voulu  donner  j 
aucune  suite  à  cette  observation  de  ma  part.  | 
Dernitremenl  à  la  première  entrevue  de  vos  : 
commissaires  ,  j'apris  qu'au  nombre  de  ses  com-  ; 
pagiions  passés  en  Angleterre,  il  avait  un  frère  I 
lequel  est  fort  instruit ,  m'a-i-il  dit,  dans  le! 
nom  de  ce  Irere  s'est  trouvé  le  mot  deux;  )en\ 
ai  conclu  qu'il  avait  un  autre  frère  qui  était  . 
leitr  aîné  et  qui  devait  avoir  un  dans  son  nom.  j 
J'ai  cherché  à  résoudre  ce  problème  dans  l'avant  i 
dernière    conférence  de  vos  commissaires.  ' 

Au  moment  où  nous  allions  quitter  cet  étranger 
après  Une  assez  longue  séance,  je  lui  ai  dit 
par  forme  de  délassement  :  voiiS  avez  un 
frère  en  Angleterre  ;  mais  vous  en  avez 
encore  un  autre?  —J'en  ai  deux  à  Con-'fon, 
m'a-l-il  dit  ,  et  ii  me  les  a  nommés.  D'après  les 
noms  de  ces  deux-ci  ,  je  n'en  ai  eu  que  plus 
d'assurance  pour  avancer  qu'il  en  avait  encore 
un  autre  ,  l'aîné  des  quatre  ,  et  dont  je  lui 
composai  et  proférai  alors  le  nom  ;  il  m'a 
répondu  qu  il  en  avait  eu  un  en  effet ,  mais 
qu  il  était  mort.  Son  nom  était  tel  que  je  l'avais 
supposé  ;  et^enfia  ,  à  ce  propos  ,  A-Sàm|  nous 
dit  que  c'était  toujours  ainsi  à  la  Chine.  Les 
cnfans  ou  les  frères  y  sont  distingués  par  un 
mot  numéral  selon  l'ordre  de  naissance  ,  mot 
<jue  l'on  ajoute  au  nom  de  famille  et  qui  se 
place  après.  C'est  un  post-nom   numéral   aulieu 


de  nos.  prénoms  baptismaux  ou  civils.  ,{  l  ) 
De  même  ,  au  sujet  du  mol  sucre ,  ayant  remar- 
qué qu'en  chinois  cette  idée  était  rendue  par  l'as- 
sembiage  des  idées  et  des  mots  blanc  chinois  ,]'en 
conclus  qu'il  pouvait  bien  y  avoir  à  la  Chine  une 
autre  produciioti  qui  s'appelât  noir  chinois  ou 
bleu  chinois  ;  en  consé(juence  ,  je  lui  demandai  ce 
que  c'é:alt  qu'on  appelait  noir  chinois  ;  il  me  ré- 
pondit qu'il  ne  connaissait  rien  qui  portât  ce 
nom,  mais  qu'il  y  avait  quelque  chose  qu  on 
nommait  ;auf!«  chinois  ,  savoir  la  troisième  et  der- 
nière qualité  ou  espèce  de  sucre,  la  cassonnade 
probablerrierit. ,  > .  ' 

Ce  malheureux    chinois  va   être   enfin  tiré  de 
l'hospice    où    11   est   logé   et   vêtu    d'une  maun:re 
aussi   humiliante    pour    son    amour-propre  ,   que 
nuisible    pour    sa   santé.    Le   citoyen  Slcard ,  (jul 
assistait  à  laséancc  de  la  société   des  observateuis 
de  Ihomme,  a  annoncé  qu'il  comptait  être  auto-  j 
risé  sous  peu  à  le  prendre  chez  lui ,  et  à  le  placer  j 
dans  l'institution  des  sourds-muets.  En  témoignant  i 
au  citoyen  Btoquet  combien  il  estimait  ses  talens,  j 
et  lui  exprimant  toute  la  gratitude  que  mérite  son  1 
infatigable   patience  ,   il    l'a  invité    obligeamment 
à  venir  lui  servir  de  truchement  auprès  de  l'étran- 
ger ,  quand  celui-ci  sera  à  1  institution  des  sourds- 
muets. 


Prêt  à  faire  paraître  la  notice  historique  de 
cet  homme  vertueux  et  modeste  ,  je  profite  de 
celte  occasion  pour  les  prier  de  vouloir  bien 
me  communiquer  les  renseignemens  qui  seraient 
à  leur  connaissance  sur  la  vie  mihtaire  ,  litté- 
raire et  privée  de  leur  illustre  ami  ,  et  de  les 
adresser  franc  de  port,  par  écrit  ,  au  citoyen 
Lcbourg  son  compairioie  ,  libraire,  Palais-Egalité, 
première  galerie  de  bois  ,  pour  remettre  au, 
citoyen    E.  J. 


(l)  Le  chinois  ne  connaît  point  dans  sa  langue 
le  son  de  r  ;  il  le  remplace  par  celui  de  l  :  voilà 
déjà  gland.;  il  ne  connaît  pas  non  plus  le  son  de 
g,  il  le  retnplace  par  celui  de  k  :  cela  fait  kland. 
Il  n'est  point  accoutumé  à  prononcer  réunis  k  l; 
il  les  sépare  au  moins  d'un  a  ,  ce  qui  produit 
kaland.  Pourquoi  a-t-il  choisi  un  a  pour  séparer 
i.  l  ?  parce  qu  il  se  trouve  un  a  à  la  suite.  Il  en 
est  de  même  de   kolos  pour  gros  ,  etc.  etc.  etc. 

(î)  Il  a  devancé  mon  attente;  car  dès-à-présent 
il  prononce  déjà  fort  bien  français  et  Braquet; 
il  ne  dit  plus  Ptloquet  ni  falançais.  C'est  ainsi  que 
lui  et  ses  camarades  prononçaient  et  écrivaient 
français.  A-Sàm  l'écrirait  aujourd'hui  différem- 
ment. 


Au  rédacteur. 

Le  citoyen  Forlenze,  chargé  par  le  ministre  de 
la   guerre  de    donner    les   soins  de  son   art   aux 
braves   qui  ont  perdu  la  vue  à   la  défense  de  la 
patrie ,  a  pratiqué  ,  le  3  du  courant ,  à  l'hôtel  des  i 
Invalides,  plusieurs  opérations  de  cataracte  avec! 
une  habileté  qui   lui  a  déjà  assigné  un  rang  dis-  j 
tlngué  parmi  ceux    qui    cultivent  exclusivement  ; 
celle  branche  intéressante  de  l'art  de  guérir.  Tous 
ces  malades  ont  joui    du  bienfait  de  la  lumière 
immédiatement  après  l'opération  ,  et  il  serait  dif- 
ficile  de  rendre  l'impression  que   leur  a    fait   le 
retour    à  une    sensation   dont    ils    étalent   privés 
depuis  long-lems;  ils  ont  fait  éclater  leur  recon- 
naissance de  manière  à  la  faire  partager  aux  spec- 
tateurs. 

La  séance  n'a  pas  été  consacrée  entièrement 
à  ces  opérations  ;  on  y  a  présenté  un  très-grand 
nombre  de  militaires  de  tout  âge  ,  qui  avaient 
recouvré  la  vue  par  le  secours  de  l'opération;  et 
parmi  ceux-là  s  en  trouvaient  deux  ,  dont  l'un 
avait  été  aveugle  pendant  quarante  ans  ,  et  l'autre 
pendant  vingt -cinq.  Les  observations  qui  ont 
constaté  l'état  de  ces  malades  ,  avant  comme 
après  l'opération  ,  ont  été  lues. 

Plusieurs  militaires  de  l'armée  d'Orient  ont 
aussi  été  présentés,guéris  des  accldens  affreux  qui 
ont  été  la  suite  de  cette  ophtalmie  épidémique  , 
qui  a  fait  en  Egypte  de  si  grands  ravages. 

Je  n'oubiirai  pas  de  dire  que  l'assemblée  a  été 
très-nombreuse  ,  et  que  parmi  les  assistans  on  a 
remarqué  le  général  Berruyer  et  les  principaux 
chefs  de  l'état-major  de  l'hôtel ,  qui  ont  resté 
pendant  tout  le  tems  qu'a  duré  la  séance.  Ils  ont 
témoigné  à  ces  braves  infortunés  tout  l'intérêt 
que  leur  position  inspire  au  gouvernement  ,  et 
leur  ont  promis ,  avec  une  affection  vraiment  pa- 
ternelle ,  la  continuation  des  secours  qu'on  ne 
cesse  de  leur  prodiguer. 

B....   M 


Je  viens  ,  citoyen  ,  de  voir  le  buste  de  Latour- 
d'Auvergne  ,  modelé  par  le  citoyen  Corbet , 
statuaire  ,  d'après  un  dessin  qu'il  avait  fait  de 
son  vivant.  J  ai  été  d'autant  plus  frappé  de  sa 
ressemblance  .  qu'il  n'est  pas  encore  fini  et  qu'il 
ne  s'achève  que  de  mémoire.  Il  est  vrai  que 
cet  habile  artiste  l'avait  vu  souvent,  et  qu'il 
conservait  précieusement  les  traits  d'un  homme 
qui  lui  avait  inspiré  tant  d'estime  et  de  vénéra- 
tion. Les  amis  de  Latour-d' Auvergne  lui  en  sau- 
ront d  autant  plus  de  gré  ,  qu'il  n'en  existe  aucun 
portrait.  Je  les  invite  à  se  procurer  la  vue  de  ce 
buste  chez  le  citoyen  Corbet .  rue  de  Thionville, 
hôtel  Genlis  ,  n°  92.  Il  se  fera  un  plaisir  de 
satisfaire  leur  curiosité  ,  et  il  recevra  avec  re- 
connaissance leurs  observations. 


(  I  )  Il  n'y  a  que  quelques  jours  qu'il  croyait 
encore  que  nous  n'avions  point  de  noms  de 
famille  ;  je  l'ai  désabusé  à  cet  égard. 


Dictionnaire  universel  de  la  révolufîoh. 
française  ,  ou  table  chronologique  et  alpha bétidue- 
du  Moniteur. 

Présenter  la  table  analytique  et  impartiale  ,  au, 
moyen  de  laquelle  le  lecteur  retrouvera  avec  façi-. 
lité  ,  dans  le  Moniteur  ,  les  lois  ,  les  événemens  , 
le  nom  de  tous  les  hommes  dont  se  compose  là 
scène  politique  depuis  1788  ,  tel  est  le  but  du 
Dictionnaire  de  larévetution  française  ,  entreptispar 
le  cit.  Glrardin,  éditeur  et  seul  propriétrire  de  cet 
ouvrage.  ,'■•''  ^  '.)-'.''.■'  " 

Ce  dictionnaire  ,  qui  offrira  au  légiste  ,  -au  litté- 
raleur  ,  au  philosophe  et  à  l'historien  le  fil  indi- 
caieurdes  développemens  de  celle  grande  époque, 
ne  sera  pas  seulement  utile  i  ceux  qui  possèdent 
l'intéressante  colleclien  du  Moniteur  ;  il  en  sera 
lui-même  une  esquisse  si  précise  et  si  exacte.,  que 
seul  il  suffira  pour  donner  aux  lecteurs- l'ensem- 
ble de  la  période  révolutionnaire  ,  et  pourra 
en  quelque  sorte  servir  de  clef  à  tous  les 
autres  journaux  ,  du  moins  quant  aux  tiavaux 
des  différentes  assemblées  législatives. 

En  conséquence  ,  ce  dictionnaire  sera  imprimé- 
en  deux  formats  ,  l'un  semblable  à  celui  du 
Moniteur  ,  et  lautre  in-4°  ou  format  des  journaux 
ordinaires. 

Le  grand  nombre  de  réclamations  adressées  des 
départemens  éloignés  et  de  1  étranger  ,  sur  la  briè- 
veté du  délai  pour  la  souscription  ,  détermine  le 
cit.  Glrardin  à  le  proroger  jusqu'au  14  fructidor 
an  8  ,  correspondant  au  1^' septembre  1800  (  v.st.  ); 
au  moyen  de  quoi  les  abonnemcns  continueront 
à  être  reçus  jusqu  à  cette  époque  moyennant  36 
francs  ,  dont  18  fr.  en  souscrivant ,  et  passé  le 
terme  ,  le  prix  sera  de  48  fr. 

Aucun  exemplaire  ne  sera  délivré  que  sur  la 
quittance  du  cit.  Glrardin  seul. 

On  souscrit  chez  lui ,  en  son  cabinet  littéraire» 
Palais-Egalité,  gallerie  de  pierre  ,  n°  l56,^côté 
de  la  rue  desBons-Enfans;  au  bureau  duMoniieur, 
rue  des  Poitevins ,  n"  18  ;  chez  le  cit.  Charles , 
imprimeur ,  rue  Nlcaise  ,  n°  5i3  ,  et  chez  tous  les 
libraires  et  directeurs  des  postes,  qui  devront, 
avant  le  l5  fructidor  ,  échanger  leurs  quittances 
contre  celles  du  cit.  Glrardin. 

Les  lettres  et  l'argent  devront  être  affranchis. 

JV.  B.  On  rappelle  que  les  abonnemens  à  tons 
lesjournaux  et  ouvrages  périodiques  se  font  au 
cabinet  du  cit.,  Glrardin.     ^ 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  9  thermidor.  —  Cours  des  effett  publics. 

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Rente  provisoire 22  fr.  38  c. 

Tiers  consolidé 33   fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  5o  c. 

Bons  d'arréragé.. . .,. 87   (r.  5o,  c. 

Bons  pour  l'an  8 ,          .  85  fr.  75  c. 

Syndicat 67  fr. 

Coupures 67  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


L'aboran«ment  se  fait  à  Paris ,  rue  des  Poitevins,  n°  iS.  Le  prix  est  de  aS  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  100  francs  pour  l'année  entier*.  Ou  ne  s'abonne 
qu'au  commeucemeat  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  leures  et  l'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Xo.tss  E,  proprictiiie  de  ce  journal  ,  roe  des  Poitevins  ,  n"  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de» 
pays  00  l'on  ne  peutafftimcliir.  Les  lettres  des  départemens  non  affrancliies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  iti 
Poitevins  ,n''  i3  ,  dcpui  jneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Àgasse,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n'  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  pu  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


N"  3ii. 


Prmedi,ni   thermidor,  aii.  S,  de  la  république  française  ,  une  et  indir:iiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenu-  nos- souscripteurs  quà  dater  rfu  7   Nivôse  le   Mo  NIT  E  i;  H  es.;,  le  scjut  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  consti^tuées  j,  les  actes.du.gbiivernemeat.los:. nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  l  .'s  faits  et.  les  notions  tant  s^r' 
l'intérieur  que  sur  rey,tér;eui;,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulléo^nienf  consacré  aux   sciences ,  aux,  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


I 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

.   Londres ,  le  29  messidor  (  iS  juillet  ' . 

vJ  N  certain  nombre  de  membre  de  la  société 
de  correspondance  (cor;esponding  sociely)  ,  se 
sont  réunis  lundi  dernier  dans  une  maison 
située  près  die,  Moor-Fields ,  pour  célébrer  l'an- 
niversaire du  Quatorze-J^illçt  français;  ceite  fête 
a  duré  jusqu'à  5  heures  du  malin.  Il  y  a  éié 
porté  des  toasts  et  chanté  des  couplets  en  l'hon- 
neur de  ce   mémorable   événement» 

M.  Northcote  vient  d'achever  de  peindre  un 
voyageur  persan  ,  nommé  Mirta  Tabel  Kkfin  , 
qui  se  trouve  ,  depuis,  quelque-tems  dans  ce 
pays.  Cet  étranger  ,  dont  les  voyages  ont  uni- 
quement pour  but  de  s'instruire  ,  joint  à  beau- 
coup d'esprit,  des.  manières  très-polies.  Il  est 
admis  dans  nos  cercles  les  plus  distingués  ,  oii 
il  se  fait  remarquer  par  ip  connaissance  de  notre 
langue ,  et  linlérèt  de   la  conversauon. 

Nous  apprenons  que  la  saison  a  été  singulié- 
lement  favorable  à  la  récolte  des  épices  ,  et  à 
la  qualité  ,  sur-tout,  du  raacis  dans  l'île  de  Ceyian 
et  celles  qui  en  dépendçnt.  Lîle  de  Polerou  a 
produit  une  grande  quantité  de  très-belles  noix 
muscades  qui  ontjéiéiransj^prtées  et  emipagasinées 
à  Arabo);ije. 

La  femni^  de  Thomas  Skelton ,  du  comté 
dYork,  est  accouchée  dernièrement,  de  quatre 
enfans  ,  dont  deux  sont  encore  vivans.  On  dit 
cette  fécondité  inhérente  à  la  famille  de  l'ac- 
couchée, et  on  cite  même  un  exemple  du  même 
nombre  d'enfans  mis  au  monde  il  y  a  environ 
3o  ans  par  une   de  ses  parentes. 

Une  mistriss  Fenner  répétait  ces  jours  derniers 
par  devant  la  cour  du  banc  du  roi  une  somme 
assez  considérable  en  effets  acquis  par  clic  dans 
les  fonds  publics.  Un  des  membres  du  jyry 
parut  étonné  qu'une  femme  eût  pu  amasser  autant 
d'argent  .pendant  qu'elle  était  en  puissance  de 
mari,  (t  J'igno'fe  ,  dit  lord  Kenyon  ,  si  le  juré 
>»  est  marié  ou  s'il  ne  l'est  pas  ;  mais  dans  1  une 
>»  et  l'autre  allecnativc  ,  il  a  pu  savoir  par  sa 
»>  propre  expérience  ou  par  l'observasion,  que 
S)  souvent  ici  la  générosité  des  maris  et  léeo- 
>>  nomie  des  femmes ,  pioçurent  à  celles-ci  la 
:>  facilité   de  faire  de  pareils  placemens. 

Du  4   thermidor. 

Actions  de  la  banque  i63  1 1  J  {.  —  3  p.  |  con- 
solidés 6463  i  i.  —  Pour  juillei  64  J  i  63  |  64.  — 
3  pour  I  impériaux ,  fermés.  —  Cinq  (  our  |  de  la 
marine  97  j  fex-di-v.  Omnium  3^  2  J.  3  prime. 

Sir  Francis  Burdett  Jones ,  ayant  consenti  hier 
dans  la  séance  des  communes,  à  retirer  sa  motion 
ai}  sujet  des  prisons  ,  la  chambre  ,  après  un  long 
débat,  et  sur  la  proposition  de  M.  Tierney  ,  a 
arrêté  qu'elle  supplierait  S.  M.  ,  par  une  adresse, 
d'ordonner  de  faire  des  recherches  sur  l'état  des 
prisons  ,  et  enir'autres  sur  la  maison  de  correction 
de  Cdld  Balh  Fields. 

Sur  la  motion  de  M.  Rose ,  la  chambre  ,  formée 
en  comité  ,  a  accordé  à  S.  M. ,  pour  le  service 
de  l'année  1800  ,  la  somme  de  5,ooo,ooo  liv.  sterl. 
en  dehors  du  fonds  consolidé. 

Le  général  Maiiland  est  de  retour  de  son  expé- 
dition sur  les  côtes  de  Bretagne.  Les  dispositions 
deFennemi  ne  lui  ont  paspermisl'espoir  du  succès 
sur  aucun  point. 

L'cj^lise  méthodiste  d'Amérique  a  arrêté  de  pré- 
senter annuellement  des  pétitions  pour  l'afïrao- 
cliissement  graduel  des  esclaves  ,  aux  législateus 
des  états ,  qui  n'ont  point  encore  passé  de  loi  à 
Ce  iujec 

L(  Lewis ,  allant  des  Indes  orientales  aux  Indes 
occideniaJes ,  a  été  pris  par  un  corsaire  français. 

Notre  ministre  près  la  cour  de  Suède ,  M,  Halles, 
a  quiué  Stockholm  sans  prendre  congé  du  roi. 
Il  revient  avec  lord  Whitworth.  Une  frégate  les 
attendait  à  Elseneur.  (Extrait  du  Lloyd's  Evemng 
Fait ,  du  Morning  Chronicle  et  du  Sun.) 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

'Extrait  des  registres  des  délibérations  des  consuls  de 
ta  république.  —  Paris  ,  le  7  thermidor  an  8  de 
la  république  une  et  indivisible. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  marine  et  des  coloiues  ,  le  xon- 
seil-d'état  entendu  ,  arrêtent  : 

SeCTIO-N       PREMIERE. 

Des   préjets    maritimes. 

Art.  I".  Les  préfets  raariiimes  auront  des  ap- 
pointemens  ,  ainsi  qu'il  suit: 

Celui  de  Brest  ,  par  an 3o,ooo  f. 

Et  poiir  frais  de  bureau, 6,000 

Celui  de  Rochefort  ,  par  an 20,000 

Et  pour  frais   de  bureau.  ......       5,ooo 

Celui  de  Toulon  ,  par  an 24,000 

E:  pour  frais  de  bureau 5, 000 

Celui   de  l'Orient,   par  an.  ......  i5,ooo 

Et   pour  frais    de    bureau 4,060 

Celui   du  Havre  ,  par  an .  12,000 

Et  pour  frais  de   bureau 3, 000 

Celui  du  i"  arrondissement ,  par  an.  .  12,000 

Et  pour  frais  de  bureau 3, 000 

Total i3g,ooo 

Ainsi  la  dépense  totale  des  six  préfets  et  de 
leurs  bureauj^,  monte  à  139,000  fr.  par  an. 

II.  Ils  seront  tenus ,  au  moyen  de  leurs  apj^oin- 
temens  et  indemnités  ,  de  payer  leurs  secrétaires  , 
et  ('e  fournir  leurs  bureaux  de  bois  et  lumière  ,  et 
de  papier ,  même  imprimé. 

III.  Si  la  place  de  préfet  est  occupée  par  un 
individu  qui  jouisse  d  appointemens  attribués  à 
une  fonction  quelconque,  ces  appointçmens  ces- 
seront de  lui  être  payés  ,  à  moins  qu'ils  ne  soient 
supéiicurs  à  ceux  dx;  sa  place  de  rfjréfet  ,  auquel 
cas  il  conserve  la  totalité  des  appWnteTnenc  Anm 
il  jouissait  avant  sa  nomination  à  la  préfecture. 

Section    II. 

Et'it  -  major    des   ports. 

IV.  L'état-major  de  chacun  des  ports  ci-après 
nommés  ,  sera  composé  ainsi  qu  il  suit  : 

A  Brest. 

I   chef  militaire.  —  Chef  de  division. 

1  adjudant. —  Capitaine  de  vaisseau. 

2  adjudans.  — Capitaines  de  frégate  ou  lieute- 
nans  de  vaisseau. 

3  adjudans.  —  Enseignes  de  vaisseau. 

A  Rochefort. 
I  chef  militaire. — Chef  de  division. 
I  adjudant.  —  Capitain.e  de  vaisseau. 

1  adjudant.  —  Capitaine  de  frégate  ou  lieute- 
nant de  vaisseau. 

2  sous-adjadaus. . —  Enseignes  de  vaisseau. 

A  TauiUn- 
I  chef  militaire.  ^  Chef  de  division. 
I  adjudant.  —  Capitaine    de  vaisseau. 
I   adjudant.  —  Capitaine  de  frégate  ou   lieute- 
nant de  vaisseau. 

t  sous-adjudans.  — Enseignes  de  vaisseau. 

A     fOrient. 
I  chef  militaire.  —  Capitaine  de  vaisseau. 
I  adjudant.  —  Qapitaine  de  frégate  ou  lieute- 
nant de  vaisseau. 

I  sous-adjudant.  —  Enseigne  de  vaisseau. 
Au  Havre. 

Les  fonctions  de  chef  militaire  seront  rem- 
plies par  le  chef  des  mouvemensj  il  aura  sotrs  ses 
ordres  : 

I  adjudant.  —  Lieutenant  de  vaisseau. 

1  sous-adjudant.  — Enseigne  de  vaisseau. 

Quant  au  premier  arrondissement ,  lorsque  les 
besoins  dli  service  exigeront  qu'il  y  soit  établi 
un  éiat-major  ,  il  sera  composé  comme  celui  du 
Havre. 


y.  Les  officiers  attachés  à  l'état-major ,  étant  ofE-' 
ciers  de  vaisseau  ,  jouiront  de  I»  totalité  des  ap- 
pointemens de  leur  grade  dans  l'exercice  de 
leurs  fonctions  ,  sans  aucun  traitement  parti- 
culier. ; 

■VI.  Les  frais  de  bureau  seront  fixés  ainsi 
qu'il  suit  ; 

A  Brest,    au  chef  militaire 3, 000  f, 

A  Rochefort,  idem 2,400 

A  Toulon  ,  idem.  .  .' .  .  , 2,400 

A  l'Orient  ,  idrm. 1,800' 

Au  Havre  ,•  idem.  ..,-.....■...  1,000 

Dépense  totale   des  bureaux.  .  .  .  io,6oa 

S  E  c  T  I  o  N     I  1 1. 

Officiers  du  génie  maritime. 

■  .  ^'  ^;F  génie  maritime  sera  composé  à  l'avenir 
ainsi  qu'il  suit  : 

Un  inspecteur  du  génie  maritime. 

Six  chefs  de  construction. 

Sept  ingénieurs  de  première  classe. 

Sept  idem  de  seconde  classe. 

Dix-huit  sous-ingénieurs  de  première  classe. 

Dix-huit  idem  de  seconde  classe. 

Quatre  élevés. 

Vin.  Le  ministre  de  la  marine  les  répartira  danj 
les  arrondissemens,  ainsi  quil  le  jugera  conve- 
nable pour  le  service  des  ports,  pour  la  conser- 
vation et  1  exploitation  des  bois  destinés  à  la 
manne  ,  et  pour  l'école  d'application,  à  Paris. 

IX.  Les  officiers  du  génie  maritime  obtiendront 
des  grades  dans  la^  marine  militaire  ,  lorsqu'ils 
auront  rempli  les  conditions  suivantes  : 

Le  grade  d'enseigne  de  vaisseau  sera  donné  au 
sous-ingenieur  qui  aura  fait  sut  un  vaisseau  ou 
une  fregaje  ,  une  campagne  de  six  mois  de  navi- 
gation   efieciive; 

t  ^.  Jp  hplilpnant  .  an  «nii.o-ins'éniplir  nu;  atti-« 

tait  sur  un  vaisseau  ou  une  frégate  ,  use  ou  plu- 
sieiirs  campagnes    formant  au  moins  un  an  de. 
navigation  effective  ; 

Celui  de  capitaine  de  frégate,  à  l'ingénieur  qui 
aura  fait  dix-huit   mois  de    navigation   effective 
dont   six   mois    au   moiris    sur    un   vaisseau    de 
hgneî 

Celui  de  capitaine  de  vaisseau,  à  l'ingénieur 
qui  aura  fait  deux  ans  de  navigatioji  ,  dont  huit 
mois  au  moins  sur  un  vaisseau; 

Celui  de  chef  de  division  ,  au  chef  de  cons- 
truction qui  aura  fait  trois  ans  de  navigation  élec- 
tive ,  dont  un  an  au  moins  sur  un  vaisseau- 

Enfin  ,  le  grade  de  contre-amiral  à  l'inspecteur 
qui.  aura  lait  quatre  ans  de  navigation,  dont  dix- 
huit  mois.-au  moins  sur  un  vaisseau. 

X.  Les  officiers  du  génie  maritime  qui  seront 
embarques  ,  feront  le  service  du  grade  militaire 
qu'ils  auront  précédemment  acquis. 

Celui,  qui  commencera  à  naviguer ,  se  bornera 
à  remplir   ses   fonctions  d'ingénieur  ,   et   fera  en  ' 
outre  le  service  militaire  qui  lui  sera  attribué  par 
le  commandant  du  vaisseau.  *;.•■. 

XI.  Les  officiers  du  génie  maritime  resteront 
saris  grades  militaires,  jusqu'à  ce  qu'ils  avenl 
satisfait  au,x   cgndiiions  de  l'article  X.       '        ' 

XII-,  Les  appointemens  des  officiers  du  génie 
ma|rjtim<{  seront  réglés  ainsi  qu'il,  suit  : 

A  l'inspecteur  -  général 12,000  fr. 

6  chefs  de  construction  à  7,000  fr.  .  .  43  gop 
7lngénieu,sde.^=cl.     J3à6ooofr.  ^^[^^^ 

7  Ingénieurs  de  2=  classe  à  4200  fr.  .  29,4001 
18  Ingénieurs  de  l  "  classe  à  33oo  (r.  .  59,499 
18  Sous-ingén.  de  2'.  classe  à  2,400  fr.  .  43,200 
4  Elevés  à. 1800  fr.  .  7,200 


a32,Soo  fr. 


Ainsi  la  tolaltté  dfi  appointemens  s'élève   à  la 
somme  de  232.iJoo  francs. 

XIII.  Les  chefs  de  construction  du  génie  ma- 
ritime seront  pris  parmi  ceux  qui  sont,  ou  qui  oui 

été  directeurs  de  construction. 


Les  irtgénieurs  de  première  classe  ,  parmi  les 
directeurs  reslans  et  les  ingénieurs. 

Les  ingénieurs  de  seconde  classe  ,.  parmi  les 
ingénieurs  reslans. 

Les  sous-ingénieurs  ,  parmi  les  sous -ingénieurs 
actuels. 

XIV.  Il  n'est  rien  changé  au  mode  d'admission 
déterminé  par  les  lois  et  réglemens  aniéfieuts  , 
pour  entrer  dans  le  génie  maritime. 

XV.  Ceux  des  ingénieurs  qui  ne  seraient  pas 
compris  dans  le  tableau  d'organisauon  ci-dessus, 
conserveront  leurs  appointemens  ,  seront  em- 
ployés selon  le  rang  qu'ils  occupent  ,  et  seront 
admissibles  aux  emplois  de  ce  rang  lorsqu'il  y 
aura  des  places  vacantes. 

XVI.  Ceux  d'entre  les  ingénieurs  ,  qui  ,  com- 
pris dans,  le  tableau  ,  ont  des  appointemens  plus 
forts  que  ceux  de  leur  grade  ,  les  conserveront 
jusqu  à  ce  qu'ils^  soient  élevés  à  un  grade  su- 
périeur. 

XVII.  Les  frais  de  bureau  des  chefs  de 
construction  dans  les  ports  ,  seront  fixés  ainsi 
qu'il  stiit  : 

A  Brest 3,000  fr. 

Rochefort 2i4oo 

Toulon. 2,400 

L  Orient. 2,000 


g, 800  fr. 

Ainsi  ladépense  des~bureaux  de  ces  ports  monte 
à  g.800  francs. 

XVIII.  Si  l'on  fait  des  travaux  au  Havre  oir  à 
Bajonne  ,  ou  à  tel  autre  port,  il  sera  alloué  à 
l'officier  du  génie  ,  chargé  en  chef  des  travaux  , 
pour  frais  de  bureau  Soo  francs.    ^ 

S     E   .C   T    I    o     N       IV. 

Mouvemens  desports. 

XJX.  Les  mouvemens  des  ports  seront  dirigés 
par  des  officiers  de  vaisseau  ,  dont  le  nombre  est 
déterminé  ainsi  qu'il  suit  : 

Brest. 
I   chef  des  mouvemens.  —  Chef  de  division. 
3  sous-chefs. —  Capitaines  de  vaisseau  ou  frégate. 
6  lieulenans. 
6  enseignes. 

Rochefort. 

1  chef  de  Mouvement.  — Chef  de  division. 

2  sous-chefs.   —  Capitaines    de   vaisseau    ou 

frégate. 
4  lieutenans. 
4  enseignes. 


Toulon. 
■  m.»"'         <-u»f  Jo  j:viilon. 
Capitaines   de    vaisseau    ou 


1254  ^-v:: 

saires ,   sous-coramissaires   et  coiriniis  seront  ré- 
partis dans  les  ports  ainsi  qu'il  suit  : 

Brest. 

I  chef  d'administration, 


10  commissaires 


10  sous-commissaires. 


4  de  i'° 
3  de  2'. 

3  de  3'. 

4  de  i^' 
3  de  2=. 
3   de  3=, 


20  commissaires  principaux 
100  commis  dont  < 


(  3o  de  I". 

)   3o  de    2=. 

(^  40  de   5'. 

I   garde  magasin. de   i" 

I   sous-garde-raagasin. 


cL 


classe. 


classe. 


143 


I    rhpf  dp  mm 
e   sous  -  chefs, 
frégate 

4   lieutenans. 
4  enseignes. 

L'Orient. 

I  chef  de  mouvement. — Capitaine  de  vaisseau. 
I  lieutenant. 
8  enseignes. 

Le  Havre. 

T.  chef  de  mouvement. — -Capitaine  de  vaisseau. 

1  lieutenant. 

2  enseignes. 

XX.  Dans  les  autres  ports  de  la  république  , 
où  il  y  a  des  chefs  dé  mouvement,  ceux-ci 
seront  ou  des  capitaines  de  frégates  ,  ou  des 
lieulenans  de  vaisseau. 

XXI.  Le  préfet  maritime  destinera,  pour  suivre 
les  mouvemens  du  port  ,  un  nombre  d'aspirans 
fixé  sur  les  besoins  du  service. 

XXII.  Les  officiers  de  vaisseau  employés  aux 
mouvemens  des  ports  ,  jouiront  de  la  totalité  dès 
appointemens  fixés  pour  levir  grade  en  tems  de 
guerre. 

XXIII.  Les  frais  de  bureau  relatifs  au  service 
des  mouvemens  ,  seront  fixés  ainsi  qu'il  suit  ; 

A  Brest 1800  fr. 

Rochefort iSoo 

Toulon 1800 

LOrient 1800 

Le  Havre 800 

Total Sooo    ^ 

Sur  la  demande  du  ministre  ,  il  sera  assigné  une 
somme  de  800  fr.  pour  frais  de  bureau  au  chef 
des  mouvemens  d'un  des  ports  ,  autres  que  ceux 
mentionnés  ci-dessus  ,  où  le  service  sera  assez 
«tendu  pour  l'exiger. 

XXIV.  Il  n'est  rien  alloué  pour  les  autres 
ports   de  la  république. 

Section    V. 
Administration. 

XXV.  Les  chefs  d'administxation,  les  commis- 


Rochefort. 
1  chef  d'administration. 


(  3  de   I" 

7 

commissaires  , 

<  2  de  2'. 
(  2  de  3=. 
f  3  de   I" 

7 

sous-commissaires  , 

<  2  de  2'. 
(  2   de  3'. 

10 

commis  principaux. 

(  20  de   l' 

60 

commis  , 

^  20  de  2' 
(  20  de  3 

classe. 


classe. 


I  garde-magasin. 

I  sous-garde-magasin. 

S7 

Toulon. 

I  chef  d'administration. 
g  commissaires  , 

8  sous-commissaires , 

i5  commis  principaux. 

75  commis  , 

I  garde-magasin  de  l'^'. 
I   sous-garde-magasin. 

1 10 

Lorient. 

I  chef  .d'administration. 
5  commissaires  ,    , 

4  sous-commissaires  , 

5  commis  principaux. 
25  commis  , 

I  garde-magasin. 


3 

3 
3 

de  I'" 
de  ï«. 
de  3'. 

3 
3 

s 

de   i"' 

de   2'. 
de  3^ 

20  de   i" 
20  de  2=. 
25  de  3«. 

classe. 


2  de  1" 
2  de  2°. 

1  de  3  =  . 

2  de  I'' 
I  de  2^. 
1  de  3=. 

6  de  1' 
6  de  2'= 
i3  de  3« 


classe. 


classe 


41 


Le  Havre. 


I  commissaire  principal  de  i' 
I  commissaire  de  1". 


classe. 


4  sous-commissaires , 

1  2  de  1' 
1   2  de  2 

4  commis  principaux. 

f  4de  I 

6  commis   , 

<  4  de  2 

(s  de  3 

classe. 


"'  classe. 


i  sous-garde  magasin. 


Anvtrs. 
I  commissaire  principal ,  de  8°.  classe. 
I  sous-commissaire,  de  i'°. 
I  commis  principal. 


I  commissaire  de  i'"  classe, 
ï  sous-commissaire  de  i"°  classe. 
I  commis  principal. 

„  •      j     .  ç  I  de  i'"  classe. 

3  commis,  dont  ^   „   j.  „« 

C  2   de  s  . 


Ostende. 
1  commissaire  de  2^  classe. 
I  commis  de  i"', 

2 

Cherbourg. 

I  commissaire  principal  de  2'  classe. 
I  sous-commissaire  de  i"'. 
I  commis  principal. 

Ç  i  de  I'"  classe. 

C.  I  de  2'. 


2  commis ,  dont 


Saint-Malo. 
I  commissaire  principal  de  2'  classe. 
1  sous-commissaire  de  1''°. 
a  commis  principaux. 
3  commis  ,  dont 


1  de  1  = 

2  de  2' 


classe. 


7 


Nantes. 

1  commissaire  principal  de  2°. 

-      .       j      .  Ç  I   de  1*" 
S  sous-commissaires  dont  <        •       , 
C  I  de  2*=. 

2  commissaires  principaux 
7  commis  dont 


f  2  de  1"^=, 
<  2  de  s'. 
(  3  de  3«. 


classe, 
classe. 


Bordeaux. 

1  commissaire  principal  de  i°" 

C  I  de  I'"  classe. 

2  sous-commissaires  -s       j       c 

i,  I  de  s°. 

2  commis  principaux 


r  2  de  i"'  classe. 
<   2  de  2'. 
(  4  de  3'. 


0  commis 

1  sous-garde  magasin. 

14 

Bayonne. 

I  commissaire  de  2^.  classe. 

I  sous-commissaire         de  l'^'. 
I   commissaire   principal. 

^  I  de  1"^'  classe» 
4  commis.  <    l   de  2'. 

(.  2  de  3'. 

7 

Marseille. 

1  commissaire  de.l^"  csasse. 


1  sous-commissaire 

2  commis 


de  I' 

de  i' 


XXVI.  Le  ministre  pourra  ,  lorsque  les  cir- 
constances l'exigeront ,  déplacer  les  membres  de 
l'administration  d'un  port  à  un  autre  ,  sans  ce- 
pendant en  augmenter  le  nombre.  Ce  déplace- 
ment ne  sera  que  temporaire. 

XXVII.  Les  appointemens  seront  réglés  ainsi 
qu'il  suit  : 

Le  chef  d'administration  aura  : 
A  Brest,  t 2,000  f. 

A  Rochefort ,  12,000 

A  Toulon  ,  12,000 

A  l'Orient ,  10,000 


3  commis ,  dont 


de  I' 
de  2' 
de  3' 


classe. 


Dunkerque. 
I  commissaire  principal  de  2^  classe, 
de  i'" 


2  sous-commiss"' ,  dont  i 
2  commis  principaux 


de  2° 


3  commis,  dont 

I  sous-garde  magasin 


l\ 


1'"  classe. 


T  ■      *   '       *       C  de  i'*  classe    o.ooo 

Les  commissaires  princ.  <   ,      .  y,ouu 

^  C  de  2"=.  8,000 

.      •  (' 

Les  commissaires ,  < 


de  1"^'  classe   6,000 

des'  5,000 

de  3*  4,000 

de  i'^'^  classe..  3,ooo 

de  2"^ 2,700 

J  de  3^ 2,400 

Les  commis  principaux      2,100 

de  1='^  classe. .  1,800 

de  2' i,5oo 

de  3' 1,200 

de  i"°  classe.  .  4,200 

de  2= 3,600 

Les  sous -gardes  magasins.  .  .  r 2,100 

Ainsi  l'administration  des  ports  sera  composée 
et  soldée  ainsi  qu'il  suit: 


Les  sous-commissaires 


Les  commis 


Les  gardes  magasins 


1255 


4  chefs  d'adtnidislration  , 

3  à  is,ooo 36,000 

1  à  10,000. .  .  . 

8  commissaires  principaux 

2  à     9,000 ]8,ooo  ^ 

6  à     8,000 48,000  5 


36,000  ^         ,r         r 
>        46,000  1. 
10,000  3        ^ 


33  commissaires  , 


i5  à 

»i  à 

9  à 

23  à 
14  à 


gS  à 
92  à 
126  à 


6,000. 
5,400. 
4,800. 


0,000  "^ 
9,400   i 

3,200  3 


45  sous-commissaires  , 

3,000 6g, 000  ■> 

2,700 37,800    > 

2,400 ig,200  y 

66  commis  principaux  , 


3i  I   commis  , 

1,800 167,400  ^ 

i,5oo  ......   i38,ooo   \ 

1,200 iSi.aoo  3 

4  gardes    magasins  , 

4,200 12.600  > 

3.600 3,600  5 

6  sous- gardes    magasins, 
2,100 


66,000 
192,600 

126,000 

i38,6oo 
456,600 

16,200 
12,600 


47g  1,054,600 

Ainsi  ,  la  dépense  totale  des  administrations  se 
monte  à  1,054,600  fr. 

XXVIII.  Les  frais  de  bureau  seront  payés  ainsi 
qu'il  suit  : 

A  Brest l5,ooo  f. 

Kochefort , Io,5oo 

Toulon i3,5oo 

L'Orient 6,000 

Le    Havre.  . 4,500 

Anvers.  .  M  .  .  . l,5oo 

Dunkeique 3, 000 

Flessingue 1,000 

Oslende 5oo 

Cherbourg 1,000 

Saint  -  Mâlo I,5oo 

Nantes 2,000 

Bordeaux 2,5oo 

Bayonne 750 

Marseille ySo 

Total.  .......  64,000 

XXIX.  Les  chefs  d'administration  des  ports  ou 
commissaires  principaux  ,  chacun  dans  le  port  de 
«a^tésidence  ,  feront  la  répartition  de  ces  sommes 
entre  les  differens  bureaux  de  leur  ressort. 

XXX.  Le  magasin-général  fournira  les  registres 
imprimés  nécessaires  à  la  comptabilité,  les  ac- 
quits  et  les   casernets  du  port. 

XXXL  II  ne  pourra  être  fait  au  compte  de 
la  république  aucune  impression  que  celles  ci- 
dessus  désignées  ,  ni  aucune  fourniture  de  bois, 
lumière  ,  papier  ,   plumes  ,  encre,  etc. 

XXXII.  Ceux  des  ordonnateurs  qui  seront 
nommés  aux  places  des  chefs  d'administration 
conserveront  ,  tant  qu'ils  seront  employés  en 
cette  qualité  ,  les  appointemcns  dont  ils  jouis- 
sent à  présent.    , 

XXXIII.  Tous  les  employés  dans  l'adminis- 
tration des  ports  qui  ne  sejont  pas  conservés 
dans  la  présente  organisation  ,  jouiront  du  tiers 
de  leijrs  appointemens  avec  la  (acuité  dêire 
appelles  à  remplir  les  places  vacantes  -,  mais  si  , 
après  deux  ans  ,  ils  ne  sont  pas  remis  en  activité 
de  service  ,  ils  seront  censés  reformés  et  joui- 
ront du  traitement  de  réforme  alloué  par  la  loi. 

'r  XXXiy.  Nul  ne  peut  être  admis  en  qualité 
de  commis  d'administration  dans  les  ports  ,  s'il 
n'a  six  mois  de  navigation  ,  s'il  n'est  âgé  de 
18  ans  ,  s'il  ne  repond  à  un  examen  sur  l'ari- 
thmétique et  les  élémens  de  géoméuie  ,  et  s'il 
û'cst  constaié    qu'il  a  une  bonne  écriture. 

XXXV.  Les  commis  d'administration  feront  le 
service  des  bureaux  des  ports  et  de  l'inscription 
maritime  ,  et  pourront  faire  celui  de  la  compta- 
bilité à  bord  des  vaisseaux  de  la  république. 

Nul  commis  ne  sera  piomu  à  un  grade  supé- 
rieur ,  sans  avoir  salislait  à  un  examen  sur  les 
diverses  parties  du  service  de  l'administration, 
soit  en  présence  du  chef  ou  des  deux  plus 
anciens  commissaires  de  l'administration. 

Section    VI. 

Agens  de  la  comptabilité  à  bord  des  vaisseaux. 

XXXVI.  Les  chcis  de  l'administration  dans 
les  ports  proposeront  les  agens  de  comptabilité 
à  embarquer  sur  les  vaisseaux  et  bâiirnens  de 
la  république  ,  au  prélet  maritime  qui  les  choisira. 


XXXVII.  Les  appointemens  des  agens  de 
comptabilité  seront  Hxés  ainsi  qu'il  suit  : 

Sur  les  vaisseaux  de  80  canons  et 
au  -dessus 2100  fr. 

Sur  les  vaisseaux  de  74  canons  et 
au-dessous 1800 

Sur   les   frégates.  .  , i5oo 

Sur  les  corvettes  et  autres  bâtimens 
inférieurs 1200 

XXXVIII.  S'il  est  embarqué  sur  les  bâtimens 
de  la  république  des  commis  du  port  ,  comme 
agens  comptables  ,  ils  ne  pourront  avoir  des  ap- 
pointemens inférieurs  à  ceux  dont  ils  jouissent. 

XXXIX.II  ne  sera  embarqué  d'agens  comptables 
en  titre  que  sur  les  bâtimens  portant  des  canons 
et  au  nioins  60  hommes  d'équipage.  Sur  les  plus 
petits  bâtimens  ,  ces  fonctions  seront  remplies  par 
un  aspirant  ou  un  novice  timonier  qui  tiendra  les 
comptes  ,  sous  l'inspection  du  lieutenant  et  les 
ordres  du  capitaine. 

XL.  A  défaut  de  commis  d'administration  des 
ports  ,  il  ne  pourra  être  embarqué  ,  en  qualité  d'a- 
gens comptables  ,  sur  les  vaisseaux  ,  que  des  ci- 
toyens âgés  dé  plus  de  vingt  ans,  ayant  fait  au 
moins  une  année  de  navigation  sur  les  vaisseaux 
de  la  république  ou  du  commerce  ,  ayant  eu  de 
bons  certificats  de  leur  conduite,  et  étant  en  état 
de  repondre  à  un  examen  sur  l'arithmétique  et 
sur  la  tenue  des  comptes  des  vaisseaux. 

XLI.  Leur  première  campagne  devra  être  sur  les 
corvettes  de  16  canons  et  au-dessous,  avec  ap- 
pointemens de  commis  de  troisième  classe. 

XLII.  A  une  seconde  campagne  ,  ils  pourront 
être  embarqués  en  la  même  qualité  sur  les  frégates 
avec  les  appointemens  de  commis  de  deuxième 
classe. 

XLIII.  A  une  troisième  campagne  ,  ils  pourront 
être  embarqués  en  la  même  qualité  sur  les  vaisseaux 
de  74  canons  et  au-dessous,  concurremment  avec 
les  commis  ordinaires  de  première  classe,  dont  ils 
auront  les  appointemens  et  le  litre  pendant  la 
campagne. 

XLIV.  A  une  quatrième  campagne  ,  ils  pour- 
ront être  embarqués  en'  la  même  qualité  sur  les 
vaisseaux  de  80  canons  et  au-dessus  ,  concurrem- 
ment avec  les  commis  principaux  des  pons  ,  dont 
ils  auront  les  appointemens  et  le  titre  pendant  la 
campagne.  ^ 

XLV  Après  quatre  campagnes  ,  ils  pourront 
pré:ertdre  ,  avec  les  commis  principaux  de  l'ad; 
ministrauon  ,  au  grade  de  sous-commissaire  ,  soit 
dans  la  marine  ,  soit  dans  les  colonies 

XLVI.  Les  appointemens  des  agens  comptables, 
qui  ne  sont  pas  employés  comme  commis  de  l'ad- 
ministration ,  cesseront  de  leur  être  payés  le  l5 
jour  après  le  désarmement  du  vaisseau. 

Section      VII. 
Inscription  marinme. 

XLVII.  Les  commissaires,  sous-commissairex , 
commis  ,  préposés  et  syndics  de  l'inscription  ma 
rilime  ,  sont  maintenus  provisoiremet  sur  le  pied 
où  ils  se  trouvent  actuellement. 

XLVIII  Les  officiers  de  vaisseau  ,  nommés  pour 
inspecter  les  hommes  de  mer,  recevont  en  in- 
demnité de  frais  de  voyage  ,  une  somme  qui  sera 
déterminée  par  le  préfet  maritime  ,  et  qui  ne 
pourra  excéder  2400  fr.  pour  chaoun  et  par  an. 

Section    VI  II. 
Des    inspecteurs    de   marine. 
XLIX.  Il  y  aura  pour  l'inspection  de  la  marine. 

A  Brest. 
I  inspecteur 


5  sous   inspecteu 
16  commis  ,  dont 


"'     { 


3  de  1"'  classe. 
2  de  2'. 


f  6  de  1  =  '= 
<    5  de  2'. 
(.  5  de  3^ 


A  Rochefort. 
i  inspecteur. 
3  sous-inspecteurs  < 

10  commis ,  dont  < 


2  de  i'^ 
I   de  2'. 

-  classe. 

4  de  1"' 
3  de  2'. 
3  de  3=. 

classe. 

14 

A  Toulon. 
I  inspecteur. 

4  sous-inspecteurs  ,  ^  '  j     '!"  classe. 

'  4  2  de  2"^. 

12  commis  dont  4  de  chaque  classe. 


17 


A   l'Orient.  ^  rj 

1  inspecteur.  W  ,    , 

C  I  de  i""  classe. 

2  sous-mspecteurs  ,  ?  r   de  2« 

6  commis  ,  dont  2  de  chaque  classe. 

9 

Au  Havre. 
1  inspecteur. 

1  sous-inspecteur^de  î',  classe    '   .liVjtl.   lA 

.      ,      •:^-';    ■'   CI  d*e'-i«»";'ciasSié.'>^ 

2  commis,  dont  .  |  .j,  ■^^■.^..{aui»  si. 

-I»    l'JU    «lOlDJ     !.i.M'     Bl-si-'fPo'XuA 

4  v/j--.  r.ii  ^t'!.  ■  .        I  ..  b   -;,)n3l  31 

A  'Anvers.  nouaqgn.  1  A 

I  sous-inspecteur  de  i"^'  classe.  ■  îIjI  irf")  lA 
1  commis  de   i". 


A   Dunkerque.  1 

sous-inspecteur  de  2=  classe.  '  ' 

commis  de  1". 

A  Cherbourg. 
sous-inspecteur  de  2'  classe. 

A  Saint-Mâlo. 
sous-inspecteur  4e  2°  classe. 

,  c   I  de  1"'  classe, 

commis ,  dont  ?   1  de  2' 

■   A  Nantes. 
sous-inspecteur  de  1''  classg.  ' 

I  de  i'"  classe. 


2  commis  ,  dont 


w 


de  2' 


A  Bordeaux. 
sous-inspecteur  de  1'^°  classe. 

I   de   1"^ 


9  commis  ,   dont 


\\ 


classe. 


de  2' 


A    Bayonne. 
sous-inspecteur  de   i'^*  class«. 
commis  de  i"'  classe. 


L.  Les  inspecteurs  seront  pris  parmi  ceux  qui 
ont  été  ou  qui  sontencore  contrôleurs,  adminis- 
trateurs ,  officiers  de  vaisseau  ou  ingénieurs-cons- 
tructeurs. 

LI.  Les  appointemens  des  inspecteurs  seront  de 
12,000  fr.  dans  les  ports  de  Brest,  Toulon  ,  Ro- 
chefort ;  de  10,000  fr.  dans  les  ports  de  l'Orient 
et  du  Havre. 

Ceux  des  sous-inspecteurs  seront,  pour  la  pre- 
mière  classe    de 5ooo  fc 

Pour  la   2°  ,  de 4000 

Ceux  des  commis  seront,  pour  la   i" 

classe  ,  de 1800 

Pour  la  2'  ,    de i5oo 

Pou^  la   3'  ,   de  ....  \ 1200 

LII.  Pour  frais  de  bureau  ,  il  sera  alloué  aux 
inspecteurs  dans  les  ports   de  Brest  ,    Toulon  et 

Rochefort, i5oo  fr. 

Dans  ceux  de  l'Orient  et  du  Havre,  .  .     1200 
Aux  sous  -  inspecteurs  dans  les   autres 

ports  ,  à  chacun  , ,       800 

Ainsi  le  tableau  de  la  dépense  de  l'inspection 
sera  comme  il  suit  : 

fr.  fr.  fr. 

5  Inspecteurs, Ç  3  à  12000    36ooo    ?      ,£• 
dont....c  2  à  10000    20000    5  ' 

22  Sous-inspec-Çi2  à     5ooo    60000    ? 

s       .  >    100,000 

leurs....  CIO  a     4000    40000    3 

f23  à     1800    41400    "S 
55  Commis... <  18  à     i5oo    27000     >     85, 200 
(14  à     1200    16800    3 

241, 200  fr. 
et  celle  des  bureaux  , 

fr.         fr. 
3  Bureaux  à  i5oo    4500    'J 
2  Bureaux  à  iqoo    2400     >     ll,7oofr. 
6  Bureaux  à     800    4800    3 

Section    IX. 

Du  conseil. 

LUI.  Il  y  aura  pour  chacun  des  ports  de  Brest , 
Rochefort  ,  Toulon  et  1  Orient ,  un  secrétaire  du 
conseil. 

Les  appointemens  de  secrétaires  seront  fixés 
ainsi  qu'il  suit  : 

A  ceux  de  Brest ,  Toulon  ,  Rochefort,  chacun 

3ooo   francs  ,    ci 9000  fr. 

A  celui  de  l'Orient.  .  .  ,  .  , 2400 

11,400  fr, 


[256 


Dans  les  autres  arr<jndisseraens,-«n  des  sous- 
coramiss^irps  fêta  les  fonctions  de  seciéiaire. 

S'  El  C    T    I    O'  N      X. 

•    '■    Bîspaskio'm  gênéraies. 
LIV.  Il  sera  accordé   une  indemniié  pour  Ççais 
de  route  ,  au  ptéfet  d^^is  léiendue  de  son  arron- 
dissement. 

Au  chef  de  létat-major  des. ports  ,  lorsqu'il  aura 
reeJj  dçs  ordres  qui  exigeront  ^in  déplacement 
dé'deux  jours  et  i>lu8  ; 

Aux  officiers  qui  auront  reçu  des  ordres  pour 
se  rendre  d'un  port  dans  un  autre  ; 

A  l'inspecteur  des  constructrOns  navales  ; 
Au  chef  de  construction  qui  sera'  dans  le  cas  de 
se  déplacer  pendant  deux  jou^s  et  plus,; 

Au  chef  de  l'administration  et  aux  commissaires 
envoyés  dans  l'arrondissement  pour  le  service  ou 
pour  les  prises ,  op  bâiimens  naufragés  ,  lorsque 
le  déplacement  durera  deux  jours  et  plus  ; 

Aux  inspecteurs  et  sous-inspecteurs  dans  le 
même  cas  ; 

Aux  commis  de  la  marine  qui  recevront  des 
oïdies  de  déplacement. 

LV.  L'indemnité  sera  réglée  selon  un  tarif  par- 
ticulier. 

LVI.'Les  préfets  raariiimes  jouiront  des  honneurs 
accordés  au  viceramiral. 

LVII.  LOrscJu  un  officier'général  aura  reçu  du 
gouverneoieni  le  tilre  d'amiral  ,  il  exercera  dans 
l'arrondissement  où  il  sera  envoyé  l'autorité  mi- 
nistérielle. Le  préfet  maritime  se  conformera  à  ses 
ordres. 

LVIIL  Le  rang  au  conseil,  dans  les  cérémonies 
publiques  ,  et  par-tout  où  il  y  a  concours  d'au- 
torités difFérentes  ,  est  déterminé  par  l'article  sui- 
vant ,  qui  n'établit  d'ailleurs  aucune  identité  de 
grade. 

LIX.  L'inspecteur  du  génie  maritime  prendra 
place  avec  les  contre-amiraux  ,  suivant  la  date  de 
son  brevet  ; 

Les  inspecteurs  de  marine  ,  les  chefs  d'adminis- 
tration et  leî  chefs  de  construction  ,  avec  les  chefs 
de  division  ; 

Les  commissaires  principaux,  après  les  chefs  de 
division  et  avant  les  capitaines  de  vaisseau  ; 

Les  ingénieurs  de  première  classe  ,  les  commis- 
saires etle  premier  des  sous-inspecteurs  île  marine, 
avec  les  capitaines  de  vaisseau  ; 

Les  ingénieurs  de  2'.  classe,  avec  les  capitaines 
dé  frégate  ; 

Les  sous-ingénteurs  de  1^'.  classe,  les  sous-ins- 
pecteurs de  marine  et  les  sous-coramissaires  ,  avec 
les  lieutenans  de  vaisseau  ; 

Les  sous-ingénieurs  de  2'.  classe  ,  avec  les  en- 
seigne de  vaisseau  ; 

Les  commis  de  l'administration  après  les  en- 
seignes de  vaisseau  ; 

Les  élèves  du  génie!  njar-ilime  ,  avec  les  aspirans 
de  la  marine. 

LX.  Dans  aucun  cas,  ni  sûus  aucun  prétexte  , 
le  miuiçtre  ne  pourra  excéder  le  nombre  d'em- 
ployés déiecmiué  par  les  lois  oit  règlemeris,  mais 
il  lui'  est  toujours  permis  de  lie  pas  aller  jusqu'à 
ce  n'ombre  ,  et  dç  laisser  vacantes  dans  chaque 
grade,  les  p  Lice»  qjUi  peuvent  l'être,  sans  nuire  à 
ce  service. 

LXI.  Les-  uniformes-  des  préfets  ,  ceux  des  offi- 
ciers-de  vaisseau  ,  des  officiers  du  génie  maritime  , 
des  officiers  d  adminisiration  et  des  inspecteurs  de 
marine  ,  seront  fixés  par  un  règlement  pariicufiet. 
LXn.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies 
est  chargé  de  l'exécution  du  présent  règlement 
qui  sera  inséré  au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé  1  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 
•     ^e  ucrétaire-iétat ,  signé  ,  H.  B.  Marct. 

Atréié  du  7  thermidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république ,  sur  le  rapport 
du  minisire  de  l'intérieur, 

Vti  la  loi  du  du  20  septembre  1792,  qui  dé- 
termine le  mode  de  constater  l'état  civil  des 
citoyens  ;  la  disposition  réglementaire  de  la  loi 
du  i3  fruciidox  ,  qui  ordonne  la  célébradon 
>  dei  mariages  aux  chef-lieux  de  canton  et  la 
6xe  aux  jours  de  décadi  seulement  ;  la  loi  du 
s8  pluviôse,  qui  abroge  l'institution  des  cantons 
et  la  réunion  des  citoyens  en  chef^lieux  ,  le  con- 
seil d'état  entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I".  Les  publications  prescrites  par  la  loi 
du  80  septembre  1792  ,  pour  parvenir  à  la  célé- 
bratioti  des  mariages,  ne  pourront  avoir  lieu  que 
les  jours  de  décadi,  dans  le  lieii  et  à  Iheure 
des  séances   municipales. 

II.  La  déclarailiort  de   mariage  ne  pourra  être 


reçue  que  huit  jours  après  la  publication ,  en 
conformité  dt  la  même  loi  du  20  septembre  1792- 
III.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  atréié  ,  qui  sera  inséré  au  bul- 
letin des  lois. 

Le  premiev  consul  ,-  signé  ,-  Bonaparte. 
Par.  le  premier  consul,  .       .  , 

Le  secréuiirc-d'état  ,,  signé,  H.  B.  Maret- 

Arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  l'intérieur  concernant  la  question 
de  savoir  si  les  piéfets  de  départcmeijt  uoiyeiil 
Jouir  de  la  part  attribuée  aux  adrainistralions 
temrales  ,  dans  la  rétribution  d'un  dcmi-jiour 
cent  du  prix  des  mises  à  prix  des  domaines 
çiationaux. 

Vu  l'atticle  XXI  de  la  loi  du  sS  pluviôse  qui 
règle  en  sommes  hxes  les  traitemens  des  préfets  : 

Vn  aussi  l'article  24  de  la  même  loi,  ponant 
que  le  gouvernement  a  fixé  pour  chaque  dé- 
partement la  somme  des  frais  de  bureau  qui 
sera  employée  pour  l'administration;  vu  1  arrêté 
du  26  ventôse  dernier  qui  règle  en  sommes 
fixes  les  traitemens  des  secrétaires  et  employés  des 
préfectures,  le  conseil  d'état  entendu,  arrêtent: 

La  portion  du  demi-pour  cent  du  prix  des 
mises  à  prix  des  domaines  nationaux,  qui  était 
payée  aux  administrateurs  ,  commissaires  du  di- 
lectoire  et  employés  des  administrations  centrales, 
sera  versée  dans  la  caisse  des  domaines  nado- 
naux  ,  qui   en   fera  compte    au  trésor   public. 

Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au 
Builciin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  Signé .   Bonaparte. 

Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 

ACTES    ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DE   LA   GUERRE. 

Kotf  indicative  des  déparlemens  qui  ont  exécuté  avec 
ïtle  la  loi  du  4  vendémiaire  an  8  ,  qui  ordonne  une 
levée  extraordinaire  de  40,000  chevaux  pour  le  ser- 
vice des  arméei. 

Jf  0  M  s      DES      DÉPAnTEMENS. 


<jui  ONT  fouhni 

HVl  ONT  TERMINÉ 

<iVi    SONT 

AU-DELA     DE 

LA 

SUE   LE    POINT 

LEUR  CONTINGENT. 

LEVÉE. 

DE   LA  TERMINEE. 

P»s-de-Calais. 

Lozère. 

Hérault. 

Ois«.      ■ 

Sambre-et-M'. 

Var. 

Gers. 

Basse-Pyrén. 

Vosges. 

Haut-Rhin. 

Scinc-Infér. 

Seine. 

Eure-cl-Loir. 

'Yonne. 

Hiutcs-Alpes. 

Gard. 

Arriége. 

Charenie-Infé. 

Haule-Vienne. 

Relevé  du  nombre  des  chevaux  fournis  à- l'époque 
du  6  thermidor,  an  8. 

Le   nombre   des  chevaux  levés   à 
l'époque  du   36  messidor,  était  de..        38,073 
Ceux  levés  depuis ,  s  élèvent  à. . . .  2.413 


Total  des  chevaux  levés  au  6  themid.       40,486 
MINISTERE    DE    L'INTERIEUR. 

Ecole  polytechnique.    —   Concours   de   l'an  9 .  pour 
[admission,  des  élevés. 

Avis. 

Conformément  à  ce  qui  est  prescrit  par  la  loi 
du  25  frimaire  an  8,  les  examens  pour  l'admis- 
sion à  l'école  polytechnique  seront  ouverts  dans 
les  principales  communes  de, la  république  ,  par 
les  citoyens  l'Evêque,  nommé  examinateur  pour  la 
partie  du  Nord;  Louis  Monge,  nommé  examinateur 
pour  la  partie  du  Midi  ;  Langlet  ,  nommé  exami- 
nateur pour  l'intérieur,  et  Biot  ,  nommé  exami- 
nateur pour  Paris. 

Le  citoyen  lEvêque-sera  à  Nantes  ,  le  l"'jour 
complèraentiiire  ;  à  Rennes  ,  le  4'  jour  complè- 
rnentaire  ;  à  Gaen  ,  le  6  vendémiaire  ;  à  Rouen  , 
le  II  ;  à  Dunkerque  ,  le  17  ;  à  Lille  ,  le  21  ;  à 
Bruxelles ,  le  s6. 

Le  citoyen  Louis  Monge  sera  à  Tours  ,  le  i'^ 
jour  complémentaire;  à  Angoulême ,  le  5' jour 
complémentaire  ;  à  Bordeaux  ,  le  4  vendémiaire  ; 
à  Toulouse ,  le  1 1  ;  à  Montpellier ,  le  16  ;  à  Avi- 
gnon ,  le  19  :  à  Lyon  ,  le  24. 

Le  citoyen  Langlet  sera  à  Châlons  le  l"^jour 


complémentaire  ;  à  Metz  le  1°'  vendémiaire;  i 
Strasbourg,  te  9;  à  Dijon  le  18;,  à  Auscf^  ■> 
le  24. 

Le  citoyen  Biot  sera  à  Paris  le  i"^  jour  com- 
plémentaire ,  dans  un€  des  salles  de  1  Ecole 
polytechnique. 

Les  connaissances  exiaées  des  candidats  ,  et  sur. 
l'esquelles  ils  seront  examinés  ,  sont  l'ai  iihmélique  ; 
l'algèbre  ,  comprenant,  1".  la  résoli.iiioii  des  équa- 
tions du  second  degré  ;  2°.  \\\  d-tnionsMtcloii  du 
binôme  de  J'/êuifon  ,  pour  le  ces  de  l'exposant  en- 
tier et  par  les  combinaibons  ;  3".  la  composition 
des  équations  et  leur  résolution  numérique  par  la 
méthode  des  diviseurs  commensurables  ,  et  par 
approximation  ;  4".  l'éliminaiion  dans  les  équa- 
tions des  degrés  supérieurs  .î  deux  inconnues 
5°.  la  théorie  des  proportions  et  des  progressions  ; 
6".  la  théorie  des  logarithmes  par  les  exporien- 
lielies  ,  quand  même  on  les  aurait  présentés  en 
arithmétique  ;  (  leur  dèvclopperaetit  en  séries  ne 
sera  point  exigé.  ) 
La  géométrie,  comprenant  la  trigonométrie  recti- 
ligne  ;  l'application  de  l'algèbre  à  la  géométrie,  com- 
prenant .  1°.  les  propriétés  de  la  ligne  droite  d'a- 
près son  équation  ;  2".  les  propriétés  des  courbes 
du  second  degré  ,  déduites  de  l'équation  générale 
de  ce  dcgiè  à  deux  indéterminées  ;  3°.  Ta  irans- 
formalion  des  coordonnées  , -appliquée  à  la  re- 
cherche des  diamètres  conjugués- et  à  celle  des 
tangentes;  4°.  b  démonstration  synthétique' de 
l'identllé  des  courbes  du  second  degré  ,  a.Aec  les 
sections  faites  par  un  plan  dans  Un  cône;  les  élé- 
mens  de  staiique  ,  avec  les  applications  aux  cinq 
machines  simples  ;  enfin  ,  l'exposition  du  nouveau 
système  des  poids  et  mesures. 

1'°  Observation.  La  considération  de  l'infini  ne 
sera  point  admise  dans  les  lignes  propordon- 
nellcs  ,  ni   dans  la  mesure  du  cercle. 

Il  en  sera   de  même  de. celle  Ues  indivisiblej 

ou  des  points  solides  dans  la  mesure  des  solides. 

On  exigera  la  solidité  du   prisme  triangulaire 

tronqué  ,    autj-uel   on   rapporte   tous    les     corps 

irtéguliers. 

2'  Observation.  Il  est  indispensable  que  les 
élevés  soient  exercés  aux  calculs  géométriques 
et  algébriques,  à  l'usage  des  tables  de  logarithmes, 
et  aux  applications  de'  la  trigonométrie. 

Lorsqu'ils  exposeront  algébriquement  la  théorie 
des  proportions  ,  des  progressions  et  des  loga- 
rithmes ,  on  exigera  qu'ils  développent  les  dé- 
monstrations de  manière  à  mettre  en  évidence 
l'esprit  et  la  marche  du  calcul  ;  le  tout  conforme 
au  programme  rendu  public  dès  le  mois  de 
ventôse  dernier.  . 

Les  conditions  pour  être  adniis  à  ces  examens , 
sont  détaillées  dans  la  loi  du  25  frimaire  précitée. 
Elles  consistent  principalement ,  i"  dans  l'âge 
du  candidat  ,  fixé  de  seize  à  vingt  ans  ;  2"  dans 
la  présentation  d'un  certificat  de  l'administraiicui 
municipale  du  domicile  ,  altest  nt  sa  bonne  con- 
duite et  son  attachement  à  la  republique.  Ce* 
pièces  doivent   être   remises  à  l'exïminateur. 

Tout  français  ayant  fait  deux  campagnes  de 
guerre  dans  une  des  armées  de  la  république  ,  ou 
ayant  fait  un  service  militaire  de  trois  ans  ,  a  droit 
de  se  présenter  à  l'examen  jusqu'à  lâge  de  vingt-. 
six  ans  accomplis. 

Tout  candidat  en  se  présentant  à  l'examen, 
déclarera  le  service  public  pour  lequel  il  se  des- 
tine; et  s'il  est  admis,  il  n'aura  plus  la  faculté 
de  changer  sa  destinauon  primitive. 

Ceux  qui  désireront  concourir  ,  devront  se 
rendre  à  l'avance  dans  Tune  des  communes  indi- 
quées ci-dessus  ;  se  présenter  au  préfet  ou  sous- 
préfet  ,  qui  les  fera  inscrire  ,  et  leur  indiquera 
le  jour  et  le  lieu  où  ils  pourront  subir  l'examen. 
Quant  à  ceux  des  candidats  qui  désireront  être 
examinés  à  Paris,  ils  sont  tenus  de  se  présenter, 
avant  le  i"  jour  complémentaire  ,  dans  les  bu- 
reaux de  -ta4mitHstrateur  de  l'école  polytechni- 
que ,  rue  de  l'Université  ,  oti  ils  seront  inscrits  . 
et  où  on  leur  indiquera  le  lieu  et  le  jour  de  leur 
examen. 

Les  candidats  qui  auront  été  admis  par  le  jury  , 
recevront  à  leur  domicile  leurs  lettres  d'admis- 
sion ,  qui  leur  seront  expédiées  par  le  ministre 
de  linlérieur;  ils  seront  tenus  de  se  rendre  à 
Paris  assez  à  tems  pour  assister  à  l'ouverture  des 
cours,  q.ue  la  loi  a  fixée  au  i"  frimaire.  Ceux 
des  candidats  admis  qui  auraiept  besoin  de 
secours  ,  recevront  pour  leur  voyage  le  traitemeat 
du  grade  de  sergent  d'artillerie  marchant  sans 
éiape  ,  d'après  uue  feuille  de  route  qui  leur  sera. 
délivrée  par  le  commissaire  des  guerres  de  l'ar- 
rondissement de  leur  domicile  ,  conformément  à 
l:ariicle  XI  de  la  loi  précitée. 
Le  ministre  de  l'intérieur,  Lucien  Bonaparte. 


La  phisiotogie  végétale  annoncée  dans  le  n°  du 
7  thermidor  ,  sç  trouve  chez  le  libraire  que 
nous  ayons  indiqué  ,  et  chez  le  cit.  Hennrichts  , 
libraire ,  rue  de  la  Loi,  n°  14  ,  àl'aBcienne  librairie 
de  Dupont. 


A  Paris  ,  de  rimprimicrie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


A'°  3iz. 


Duodi  ,  1  2  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenit  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   M  o  NIT  E  u  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   tjiie  l»s  faits  et  les  notions  tant  siif 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ÉTATS-UNIS  D'AMÉRIQ^UE. 

Philadelphie  ,  24  mai  (  4.  prairial.) 

JLjE  département  de  cet  état  a  émis  hier  la  pro- 
clamation suivante  : 

•  i  Le  ministre  de  S.  M.  britannique  auprès  de 
cet, état,  nous  ayant  fait  part  qu'en  conséquence 
des  plaintes  portéespardes  marchands  de  Londres 
à  leur  gouvernement ,  sur  ce  que  les  citoyens  des 
Etats-Unis  commerçaient  avec  les  élablissemens 
anglais  formés  dans  la  baye  d'Honduras,  S.  M. 
britannique  avait  décidé  ,  qu'un  pareil  com- 
merce étant  contraire  aux  lois  d'Angleterre  , 
et  tous  autres  individus  que  les  sujets  anglais 
navigant  sur  des  bâtimens  anglais  et  confor- 
mément à  la  loi  ,  seraient  exclus  de  couper 
des  bois  de  campêche  ou  de  trafiquer  avec  les 
élablissemens  du  pays  ,  nous  avons  cru  devoir 
rendre  cette  décision  publique  ,  pour  l'instruction 
des  citoyens  des  Etats-Unis. 

Signé  ,    Charles  Lee  , 
exerçant  Us  fonctions  de  secrétaire-d'état. 

Du  26  mai  (  6 prairial  j. 

Un  particulier  qui  arrive  de  là  Caroline  septen- 
trionale, oiiil  a  fait  quelque  séjour,  pense  que  les 
citoyens  de  cet  état  désigneront  aux  votes  de  leurs 
délégués  ,  M.  Adaros  pour  président  ,  et  M. 
PincKney  pour  vice-président. 

Boston  ,   10  juin  ("21  prairial  ). 

Votes  présumés  des  états  pour  l'élection  du 
président  du  congrès  : 

M.Jefferson.  M.  Adams 

Massachusetts , 


New-Hampsliire  , 
Rhode-Island  , 
Vermont  , 
Conneiticut 
New-York  , 
NcW-Jersey  , 
Pensylvanic  , 
Delaware  , 
Maryland  , 
Virginie  , 

Caroline  du  Nord  , 
Caroline  du  Sud  , 
Kenluchy , 
Géorgie  , 
Tennessee  , 


9'  44' 

,  M.  Pickering  ,  en  apprenant  que  le  général 
Marshiill  avait  ;  ccepié  son  département,  a  té- 
moigné la  plus  grande  satisfaction  ,  en  ajoutant 
très-honnéiemeni  qu'il  ne  croyait  pas  que  ce  mi- 
nistère eût  été  jamais  aussi  bien  occupé. 

ESPAGNE. 

San-Lucar,  1" juillet     la  messidor.) 

Il  est  entré  aujourd  hui  ici  une  corvette  mai- 
chande   venant   de   la  Havane. 

Cadix  ,  le  II  juillet  f  22  messidor.) 

Il  nous  est  anivé  ,  le  12  de  ce  mois ,  six  petits 
bâtimens  du  commerce  ,  venant  de  l'ouest.  Deux 
vaisseaux  de  guerre  anglais  croisaient  dans  la 
partie  du  sud-ouest. 

Le  14,  il  est  sorti  de  ce  port  un  navire  amé- 
licain  ,  pendant  que  des  corsaires  français  y  en- 
traient, conduisant  un  mistique  portugais.  On 
avait  découvert,  le  matin  ,  dans  la  partie  du  sud- 
sud-ouest,  une  escadre  anglaise  composée  de  i3 
bâtimçns. 

Le  i5  ,  les  corsaires  français ,  V Abeille  et  le  Afoii- 
ffteron  ,  ont  mouillé  ici ,  ainsi  qu'un  petit  bâtiment 
espagnol  ,  venant  de  l'est.  Les  premiers  condui- 
«aient  deux  misiiques  de  guerre  portugais,  leurs 
prists.  Deux  vaisseaux  de  guerre  anglais  croisaient 
dans  la  partie  de  I  ouest. 

Le  16  .  nous  avons  vu  entrer  un  navire  amé- 
ricain (jui  avait  été  visité  à  la  hauteur  du  Cap- 
Saintc-Maric,  par  trois  vaisseaux  de  guerre  anglais 
accompagnés  de  deux  frégates.  , 

Un  bateau  venant  de  Huelva  ,  et  un  bâtiment 
repris  sur  les  anglais  pat  un  corsaire  français ,  tous 
les  deux  appartenant  au  commerce  de  ce  port ,  y 
ont  jeté  l'ancre  le  17. 


Le  18  sont  entrés  dans  la  baye  un  navire 
américain  ,  de  Chailestown  ,  un  autre  de  Salem  , 
une  polacre  marocaine,  venant  de  Malaga  ,  et 
quinze  petits  bâtimens  marchands  espagnols  venant 
de  la  côte  de  l'ouest. 

On  a  apperçu  le  même  jour  ,  dans  la  partie  -de 
l'ouest-nord-ouest ,  à  la  distance  de  2  mytiatrietres 
et  demie  ,  quatre  vaisseaux  de  guerre  anglais  ,  et 
dans  la  partie  de  l'ouest ,  une  corvette  et  un  brick 
de  guerre  ,  et  8  navires  marchands  portugais  , 
fesant  route  vers  le  détroit. 

Le  20  ,il  a  mouillé  ici  quatre  petits  bâtimens 
marchands  espagnols  venant  de  la  côte  de  l'ouest . 
et  deux  corsaire"s  français  ,  sortis  de  Tarifa.  Un 
vaisseau  de  guerre  anglais  s'est  montré  dans  la 
partie   de   l'ouest. 

Le  ïl  ,  il  nous  est  arrivé  douze  petits  bâtimens 
du  commerce  ,  expédiés  d'Algéziras  ,  sous  les- 
corte  d'une  goélette  et  d'une  felouque,  et  d'une 
balandre  de  guerre. 

tarifa  ,  le  5  juillet  (  i6  messidor  ). 

Il  a  passé  vers  le  détroit  aujourd'hui  ,  à  deux 
heures  après-midi  ,  une  division  de  7  à  g  vais- 
seaux ,  et  de  4  à  6  fiégates ,  en  tout  i3  voiles  , 
fesant  route  au  sud-est  ,  lèvent  au  plus  près. 
Presque  tous  ces  bâtimens  avaient  un  guidon 
national  ;  un  seulement  portait  pavillon  iricolor 
au  grand  mât.  On  les  croit  français  et  espagnols. 

Gibraltar  ,  le  7  juillet  (  1 8  messidor  ). 

Les  forces  existantes  en  ce  port  consistent  en  un 
vaisseau  de  74,  deux  frégates  de  36,  et  trois 
chaloupes  canonnières, 

ALLEMAGNE, 

Ratisbonnc ,  le  1  g  juillet  (  3o  messidor.  ) 

En  venu  d'un  article  de  l'armistice  v  un  corps  de 
dragons  français  est  entré  ici  dkns  la  nuit  du  2g 
au  3o  de  ce  mois.  Après  midi  ,  il  en  est  encore 
arrivé   une  demi-brigade. 

Nous  attendons  demain  le  général  Grenier  , 
commandant  de  l'sile  gauche  de  l'armée  du  Rhin, 
avec  son  état-major.  Les  envoyés  de  la  diète  ont 
résolu  aujourd'hui  de  faire  à  l'empereur  des  repré- 
sentations .  et  de  lui  proposer  la  neutrahté  de 
cette  ville. 

Peu  avant  la  conclusion  de  l'armistice  ,  les  gé- 
néraux en  chef  Moreau  et  Krav  s'étaient  abouchés 
à  Pardorf ,    à  cinq  lieues  de  Munich. 

Le  comte  de  1  Ehrbach  est  toujours  à  Vienne. 

Le  général  Moreau  a  écrit  aux  états  de  Souabe 
de  vouloir  bien  faire  verser  dans  la  caisse  du 
payeur  général  de  l'armée  .  la  somme  de  six  mil- 
lions de  francs.  Le  paiement  doit  se  faire  en  tin 
mois  ,  en  trois  termes  de  dix  en  dix  jours.  Le 
margraviat  de  Bade  en  est  exempt.  Des  mesures 
particulières  seront  prises  à  l'égard  du  duché 
de  Wirtemberg  ,  qui  n'est  pas  compris  dans  cette 
mesure. 

Augsbourg ,  /tf  1 8  juillet  (  ag  messidor.) 

Toute  l'armée  autrichienne  se  retire  derrière 
ITnn  ;  une  division  de  1  armée  française  reste 
derrière  llser.  Un  corps  considérable  de  troupes 
françaises  devait  partir  le  2g  de  la  Bavière  pour 
la  Souabe  ;  un  autre  devait  le  suivre  le  3o  ,  se 
porter  sur  Landsberg.  Le  grand  quartier-général 
de  l'aimée  française  doit  arriver  ici  aujourd'hui. 
(  Strasburger  Welbotte.  ) 

REPUBLIQ.UE    HELVÉTIQUE. 

De  Berne  ,  le  5  thermidor. 

Les  autrichiens  paraissent  avoir  entièrement 
quille  ce  pays  et  s'être  retirés  jusqu'à  Finster- 
Munz.  Le  général  Jardon  a  fait  une  reconnais- 
sance jusqu'à  Engadin  ,  sans  en  avoir  rencontré 
un  seul.  —  Le  générai  Lecourbe  qui  était  à 
Coire  le  29  messidor  ,  est  retourné  à  Kempten. 
Les  français  ont  une  tenue  admirable  ,  on  n'en- 
tend parler  d'aucun  désordre.  Aucune  arresta- 
tion n'a  eu  lieu  dans  les  lignes  grises. 

Le  ministre  Jenner  a  annoncé  au  gouvernement 
helvétique  qu'un  corps  de  8,000  français  allait 
entrer  dans  1  intérieur  de  la  Suisse  ,  pour  y 
maintenir    l'ordre    et  la  tranquillité. 

Beaucoup  d'émigrés  suisses  rentrent  ici  ,  quoi- 
que le    terme    marqué  pour    leur   ientré«  loii 


écoulé  ;  on  croit  que  le  gouvernement  va  prendfc 
des  mesures  à  ce  snjet.  [Extrait  du  Strasburger 
WHthottc.  ) 

INTÉRIEUR. 

Liège ,  le  6  thermidof. 

Le  22  messidor  ,  le  préfet  a  informé  le  citoyen 
Langlet,  capitaine  commandant  la  gendarmerie 
nationale  du  département  de  l'Ourte  ,  qu'il  exis' 
tait  un  atelier  de  faux  monnoyeurs  ,  et  il  l'a  requis 
de  prendre  toutes  les  mesures  nécessaires  pour 
arrêter  les  fabricaleurs  et  saisir  les  insirumens  du 
crime. 

Dès  le  3o  du  même  mois ,  des  formes  préparées 
pour  fabriquer  des  pièces  de  France  de  6  liv.  ,  de 
J  liv.  5o  centimes,  des  bouxhés,  pièces  d'Aix-la- 
Chapelle,  déjà  fabriquées,  étaient  saisies,  et 
deux  des  fabricateuis  étaient  écroués  dans  les 
prisons  de  Liège.  Cette  prompte  et  intéressante 
capture  est  due  à  la  prudence,  à  l'activité  et  à  la 
bravoure  du  citoyen  Langlet ,  qui  a  été  puis- 
samment secondé  par  le  ciioven  Boissier ,  briga-' 
dier  ,  et  les  citoyens  Lorget  ,Raingval,  Garriou  et 
Clausset,  gendarmes. 

La  gendarmerie  de  l'Ourte,  excellente  dans  ses 
chefs  et  dans  chacun  de  ses  membres  ,  n"a  paj 
tous  les  jours  l'occasion  de  rendre  des  services 
aussi  éclatans  ,  mais  tous  les  jours  elle  mérite  de 
la  patrie  ,  par  sa  surveillance  active  et  par  sel 
soins  pour  le  maintien  de  la  tranquillité  et  l'exé- 
cution des  lois.  (Gazette  de  Liège,  20  messidor.) 


Paris  t  le  11  thermidor. 

M.  le  général  Zach  ,  fait  prisonnier  à  Marengô  » 
a  été  visiter  la  manufacture  d'armes  de  Veisiifles. 
Dînant  le  lendemain  chez  le  premier  consul  .  il 
fit  un  grand  éloge  de  cette  tftanufaclure.  Le 
premier  consul  lui  fit  envoyer  par  le  ministre  de 
la  guerre  une  belle  paire  de  pistolets. 

Le  général  Zach  est  parti  pour  Vienne  ,  aprés 
avoir  été  une  quinzaine  de  jours  à  Paris. 

Entre  la  manière  dont  le  gouvernement  français' 
a  traiié  le  généal  Zach  et  la  conduite  qu'ont  tenue 
lès  anglais  à  l'égard  du  général  Desaix  ,  il  y  a  ,  c& 
semble  ,  autant  de  différence  qu'entre  le  iS^  et  le 
12'  siècle. 

—  La  Gazette  ligurienne  annonce  que  les  troupes 
autrichiennes  désertent  en  grand  nombre.  Oa 
a  recruté  à  Milan  seulement  4000  déserteurs 
italiens  et  polonais  qui  ont  été  répartis  dans  des 
bataillons  cisalpins.  On  a  été  obligé  de  mettre 
aux  portes  de  Mantoue  de  forts  détachemens 
de  hongrois  -pour  empêcher  le  régiment  de  Bel= 
gioso  et  deux  autres  corps  italiens  qui  font  partie 
de  la  garnison  de  cette  place  de  se  rendre  au 
de-là  de  la  ligne  de  démarcation  dé  l'armée 
française. 

La  même  gazette  annonce  que  le  roi  de  Naple» 
vient  de  se  créer  grand-maître  de  l'ordre  de 
Saint-Ferdinaiid  qui  vient  de  prendre  à  la  placé 
de  Saint-Janvier ,  le  patronage  du  royaume  ds 
Naples.  L'empereur  de  Russie  ,  le  prince  îloyal , 
le  prince  Léopold  ,  l'amiral  Nelson  ,  le  prince 
Suwarow  ,  le  ministre  Acton  ,  le  prince  Bel- 
moniC'Pignaielli  ,  le  cardinal  Ruffo  ,  etc.  ont  été 
nommés  grands-croix. 

—  Plusieurs  de  nos  jourriaux  rapportent  qu'ua 
cultivateur  en  labourant  sur  une  montagne  près 
d'Oberweiss,  département  des  Forêts,  a  découvert 
un  vase  de  terre  fermé  avec  du  plâtre  et  recoU= 
vert  d'une  grande  pierre.  Ce  vase  contenait 
deux  mille  médailles  antiques  de  bronze  qui 
portent  presque  toutes  les  têtes  de  Vespasiett 
et  de  Diocletien.  On  croit  qu'elles  ont  été  frappée* 
à  la  monnaie  que  les  romains  avaient  établie  k 
Trêves.  Le  citoyen  Boehmer ,  commissaire  prés 
le  tribunal  correctionnel  de  Bilibourg  est  Id 
possesseur  de  ces  médailles. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  7  thermider  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil' 
d'état  entendu  ,  arrêtent  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  A  dater  du  1"  vendémiaire  pro- 
chain ,  il  pourra  être  admis  dans  chaque  coni* 
pagjiie  de  I  armée  ,  deux  enfans  de  troupe  k 
id  «olde    militaire. 


125S 


ÏI.  Il  y  aura  deux  classes  dans  la  solde  des  en- 
fant  de   troupe. 

1°.  Demi-solde  ,  vêtement  et    logement. 

B°.  Deux  tiers  de  solde  ,  vêtement  et  logement, 
pain  et  chauffage. 

Il  ne  pourra  jamais  y  avoir  plus  de  la  moitié 
<les  enfans  de  troupe  qui  jouissent  de  la  solde 
<Je   la  seconde  classe. 

III.  Nul  enfant  de  troupe  ne  sera  ,  dans  aucun 
■cas  ,  admis  à  la  solde  de  i"°  classe  ,  et  de  celle- 
ci  ne  passera  à  la  solde  de  2'  classe,  que  sur 
la  présentation  du  chef  du  corps  ,  et  la  déci- 
sion   écrite  de  l'inspecteur  aux   revues. 

ÏV.  Nnl  enfant  de  troupe  ne  sera  ,  dans  aucnu 
■cas,  admis  à  la  solde  de  i"'  classe  ou  à  une 
augmentaiion  ,  dé  solde  ,  qu'à  dater  du  premier 
jour  du  premier  mois  de   chaque    trimestre. 

V.  Ne  seront  admis  ,  pan^ni  les  enfans  de 
troupe  ,  qu^e  les  enfans  mâles  qui  auront  atteint 
leur  a'  année  et  qui  seront  issus  de  légitime 
mariage  d'une  femme  attachée  à  un  corps  mi- 
litaire en  qualité  de  blanchisseuse  ou  vivandière  , 
avec  un  défenseur  de  la  pairie,  actuellement 
■en  activité  de  service  ou  mort  à  la  guerre  de 
ses   blessures. 

VI.  Toutes  les  fois  qu'il  y  aura  concurrence 
pour  une  place  d'enfant  de  troupe  ,  vacante 
dans  la  première  classe ,  la  préférence  sera 
donnée    dans   Tordre   suivant: 

Il  ne  sera  présenté  d'enfans  de  sous-otEciers 
que  lorsqu'il  n'y  aura  point  d'enfant  de  soldat, 
'de  caporal  ou  brigadier  ,  admissible  ;  d'enfant 
d'officier  que  lorsqu'il  n'y  aura  point  d'enfant 
de   sous-oÛicier  admissible. 

Dans  chaque  classe  on  donnera  la  préférence, 
1°.  Aux  enfans  orphelins  de  père  et  de 
mère, 

2"  Aux  enfans  orphelins  de  père  ou  de  mère 
seulement. 

Si  deux  ou  plusieurs  enfans  réunissent  des 
coiiditions  semblables,  on  donnera  la  préférence 
à  ceux  qui  auront  le  plus  de  frères  ou  de  sœurs, 
et  enfin  ,  en  cas  d'égalité  ,  à  ceux  dont  les  pères 
et  les  mères  auront  le  plus  de  droit  à  la  recon- 
naissance nationale   par  leurs   services. 

VU.  Les  places  d'enfant  de  troupe  de  la  a' 
classe  seront  données  par  les  chefs  des  corps 
aux  enfans  de  la  i"'  classe  qui  auront  fait  le 
plus  de  progrès  dans  la  lecture,  l'écriture,  l'a- 
rithmétique, la  natation  ,  la  course  ,  les  exercices 
militaires  et  gymnastiques  et  dans  un  métier  utile 
aux   armées. 

VIII.  Les  enfans  de  troupe  seront  sous  la 
surveillance  directe  d'un  des  ofiEciers  du  corps 
nommé  à  cet  effet  par  le  chef  de  brigade  ; 
cet  officier  sera  secondé  par  deux  sous-officiers 
et    quatre   caporaux  ou  brigadiers. 

L officier,  les  sous-officiers  et  les  caporaux 
ou  brigadiers  chargés  des  enfans  de  tro-upe  seront 
toujours  choisis  parmi  les  plus  instruits  ,  les  plus 
distingués  par  leur  conduite  et  par  leurs  mœurs  ; 
ils  seront  spécialement  chargés  de  leur  enseigner 
à  lire  ,   à  écrire  ,    calculer  ,  nager  ,   courir  ,   etc. 

Ils  seront  aussi  chargés  de  leur  instruction 
militaire  ,  et  de  la  surveillance  de  leur  instruc- 
tion morale  ;  ils  seront  enfin  chargés  de  veiller 
à  ce  qu'ils  profilent  des  leçons  qu'on  leur  don- 
nera, pour  apprendre  un  art  ou  métier  utile  aux 
armées.  Ceux  desdits  officiers,  sous  -  officiers, 
caporaux  ou  brigadiers  qui  se  feront  remarquer 
par  un  zèle  éclairé  et  soutenu  ,  seront  désignés 
pour   obtenir   un    prompt   avancement. 

IX.  Dès  que  les  enfans  de  troupe  auront 
atteint  leur  i6  année  ,  ils  seront  admis  à  con- 
tracter un  enrôlement  volontaire,  et  dès-lors 
ils  jouiront  de  la  solde  entière  et  cesseront  de 
compter  parmi  les   enfans   de   troupe. 

X.  Les  enfans  de  troiipe  qui  auront  fait  des 
progrès  dans  la  musique ,  pourront ,  dès  l'âge 
de  14  ans  ,  être  admis  dans  la  musique  du 
corps  ,  et  dès  lors  ils  cesseront  d'être  employés 
comme  enfans  de  troupe  et  jouiront  de  la  solde 
entière. 

Nul  enfant  de  troupe  ne  pourra  ,  avant  16  ans 
être  employé   comme  tambour. 

XI.  Les  maîtres  ouvriers  attachés  au  corps 
EOront  obligés  d'avoir  toujours  ,  comme  ap- 
prentifs  ,  chacun  au  moins ,  deux  enfans  de 
troupe. 

XII.  Si,  en  exécution  des  réglemens  militaires 
antérieurs  ,  il  existait  dans  les  corps  des  enfans 
de  troupe  précédemment  admis  à  la  solde  entière^ 
ils  continueront  à  la  toucher;  mais  il  en  sera 
fait  mention   expresse  dans  les  livrets  de  revue. 

XIII.  Les  dispositions  de  la  loi  du  3o  avril  1793 
concernant  les  femmes  à  congédier  des  armées 
seront  exécutées  suivant  leur  forme  et  teneur  ; 
en  conséquence  il  ne  pourra  y  avoir  à  la  suite 
d'un  corps  que  celles  qui  seront  réellement 
employées  au  blanchissage  et  à  la  vente  des 
vivres  et  boissons. 

Le  nombre  des  femmes  à  la  suite  de  chaque 
bataillon  ne  pourra  ,  sous  aucun  prétexte  ,  être 
porté  au  de-là  de  quatre  ,  et  de  deux  par  es- 
cadron. 


Le  nombre  des  vivandières  ou  blanchisseuses 
à  la  suite  du  quartier-général  de  l'armée  et  des 
quartiers-généraux  de  divisions  ,  ne  pourra  ,  dans 
aucun  cas  .  excéder  celui  des  corps  qui  com- 
poseront  la  dite  armée. 

XIV.  S  il  existe  à  la  suite  des  corps  ou  des 
quartiers  -  généraux  un  plus  grand  nombre  de 
femmes  que  celui  qui  vient  d'être  déterminé  , 
le  chef  de  brigade  choisira  celles  qui  devront 
être  attachées  aux  bataillons  ou  escadrons.  Le 
chef  de  l'état-major-général  choisira  celles  qui 
devront  être  attachées  aux  quartiers-généraux. 

Ils  donneront  la  préférence  à  celles  qui,  mariées 
avec  des  soldats  ou  à  des  sous-officiers  actuel- 
lement en  activité  de  service  ,  seront  reconnues 
pour  êire  en  même  tems  les  plus  actives,  les 
plus  utiles  aux  troupes,  et  celles  dont  la  con- 
duite et  les  mœurs  sont  les  plus  régulières. 

XV.  Toute  femme  qui  ,  actuellement  à  la  suite 
d'un  corps  ou  d'une  armée,  n'aiira  pas  été 
admise  ainsi  qu'il  vient  d'être  dit,  en  qualité 
de  blanchisseuse  ou  vivandière  ,  sera  congédiée, 
et  il  lui  sera  donné  vingt  centimes  par  lieue 
pour  se  rendre  dans  son  domicile  ,  et  fait  défence 
de  s'approcher  de  l'armée  plus  de  quatre  lieues. 
Celles  qui  ,  ayant  été  ainsi  congédiées  ,  se  trou- 
veront .  après  une  décade  ,  dans  un  rayon  de 
quatre  lieues  de  l'armée  ,  seront  considérées  et 
traitées  ainsi  qu'il  est  prescrit  par  l'art.  XXXXII 
de   la  loi  du   10  juillet  1791. 

XVI.  Les  veuves  des  officiers  ,  sous-officiers 
et  soldats  qui  ayant  perdu  leurs  maris  par 
suite  des  événemens  de  la  guerre  ,  seront  ac- 
tuellement à  la  suite  des  corps  ou  des  états- 
majors  ,  et  qui  ne  seront  pas  conservées  , 
comme  blanchisseuses  ou  vivandières  ,  se  rçti- 
reront  aussi  dans  leurs  foyers  pour  y  jouir  des 
secours  qui  leur  sont  accordes  par  la  loi  du  14 
messidor  an  6.  Il  leur  sera  délivré  des  feuilles 
de  roule  sur  lesquelles  elles  recevront  ,  dans 
les  lieux  de  logement  militaire  ,  le  logement  et 
la  ration  d'élape  en  nature,  pour  elles  et  pour 
chacun  de  leurs  enfans  qui  n'auront  pas  été  com- 
pris parmi  les   enlans  de  troupe. 

Les  enfans  orphelins  de  père  et  de  mère  des 
dits  officiers,  sous-officiers  et  soldats  qui  ne  seront 
pas  placés  parmi  les  enfans  de  troupe,  seront 
aussi  ,  à  la  vigilance  des  chefs  des  corps,  ren- 
voyés dans  leurs  domiciles  respectifs  ,  pour  y 
jouir  des  secours  qui  leur  sont  accordés  par 
la  susdite  loi.  Il  leur  sera  délivré  une  feuille 
de  route  sur  laquelle  ils  recevront  le  logement 
et  la    ration  d'élape. 

.  ^^^f"  Q,"oique  les  femmes  qui  seront  auto- 
risées à  rester  à  la  suite  des  corps  et  des  élats- 
raajors  n'ayent  droit  à  aucune  solde  ni  distri- 
bution ,  les  inspecteurs  aux  revues  ne  s'en  feront 
pas  moins  fournir  un  état  désignatif  de  leur  âge  , 
de  leur  profession  et  de  leur  signalement."  Ils 
délivreront  à  chacune  d'elles  un  extrait  certifié 
de  cet  éiatr;  cet  extrait  leur  servira  de  cane  de 
sûreté  daiis  l'étendue  de  l'armée.  Celles  qui  ne 
seront  point  pourvues  de  celte  cane  seront 
congédiées  ,  et  si  elles  sont  ,  après  une  décade  , 
trouvées  dans  un  rayon  de  quatre  lieues  de 
l'armée  ,  elles  seront  considérées  et  traitées  , 
ainsi  qu'il  est  prescrit  par  l'article  XXXXII 
de  la  loi  du  10  juillet  1791.  ^ 

X.VIII.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  imprimé  au 
Bulletin  des   lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 

Arrêté  du  8  thermidor  an  8. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
considérant  que  le  citoyen  Dubuat ,  maire  de 
Neaufles  ,  département  de  l'Eure  ,  a  négligé 
l'exécution  ,  dans  sa  commune  ,  des  lois  sur  la 
conscription  ,  qu'il  a  même  donné  un  avis  favo- 
rable à  la  demande  d'un  congé  absolu  faite 
par  le  nommé  Dallet ,  déserteur  du  5'  régiment 
de  cavalerie  ,  où  il  remplaçait  un  conscrit ,  arrête 
ce  qui  suit  : 

Art.  I".  La  iiomination  du  citoyen  Dubuat  ,  à 
la  place  de  maire  de  Neaufles,  est  révoquée. 

II.  Il  sera  remplacé  conformément  à  la  loi. 

III.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul ,  Signé.   Bonaparte. 
Par  le  pretoier    consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  9   thermidor. 

Bonaparte  ,  prenfier  consul  de  la  république, 

arrête  : 

Art  I=f.  L'adjudant-général  Noguès  est  nommé 
général  de  brigade, 

II.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'ex- 
CBiion  du  piésent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maket. 


Autre  arrêté  du  même  jour.    . 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république?, 
arrête  : 

Art.  I'^.  Le  général  de  brigade  Junqt  est  nommé 
commandant  de  la  place  de  Paris. 

II.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exécu- 
tion du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul, 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  même  jour. 
Les  consuls  de  la   république  ,   arrêtent  : 
Art.  l".  Tous   les  otages  piémonta's ,  cisalpins 
et  toscans  ,  qui  ont  été  conduits   en  France  l'an- 
née dernière ,   auront     la     liberté   de    retourner 
chez  eux, 

II.  Le  ministre  des  relations  extérieures,  et 
celui  de  la  police  générale  ,  sont  chargés  de 
de  l'exécution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul ,  Signé  ,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état ,  signé.  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour.      •■ 

Les  consuls  de  la  république  ,  arrêtent  ce 
qui  suit  : 

Art.  I".  Il  y  aura  un  commissaire  général  de 
police  à  Nantes. 

IL  Le  ministre  de  la  police  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté. 

Signé  ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport  du 
ministre  de  la  justice  ,   arrêtent: 

Art.  I.  La  commission  établie  en  vertu  de  l'ar- 
rêté du  27  ventôse  dernier,  pour  travail  relatif  à 
la  radiation  des  individus  inscrits  sur  la  liste  des 
émigrés  ,  est  prorogée  jusqu'au  premier  vendé- 
miaire de  l'an  9.  Les  membres  en  seront  nommé» 
par  le  ministre  de  la  justice. 

II.  Elle  sera  divisée  en  cinq  bureaux ,  composés 
de  sti^  membres  chacun  ,  par  la  voie  du  sort  ,  et 
renouvelés  tous  les  quinze  jours. 

III.  Il  sera  fourni  aux  mêmes  époques  un  bu- 
reau de  revision  ,  composé  de  cinq  commissaires 
désignés  par  le  sort  dans  chaque  bureau, 

IV.  Les  membres  de  la  commission  et  de  la 
revision  seront  tenus ,  sous  leur  responsabilité ,  de 
n'exprimer  leur  avis  que  sur  les  réclamations  an- 
térieures au  4  nivôse  dernier.  Ils  feront  mention 
dans  leur  avis  ,  que  les  réclamans  se  trouvent  sur 
la  liste  envoyée  par  le  ministre  de  la  police. 

V.  Lorsque  le  bureau  de  revision  se  trouvera 
d'un  avis  différent  avec  le  bureau  revisé  ,  l'affaire 
sera  rapportée  au  ministre  de  la  justice  ,  par  un 
des  commissaires  du   bureau  de  révision. 

VI.  Les  affaires  distribuées  à  chaque  bureau 
seront  examinées  suivant  l'ordre  numérique  des 
cartons. 

VII.  Le  travail  qui  sera  présenté  chaque  décade 
à  la  signature  des  consuls  ,  le  sera  dans  le  même 
ordre. 

VIII.  Les  fonds  nécessaires  aux  dépenses  ulié-. 
rieures  de  cet  établissement,  continueront  d'être 
distraits  du  crédit  du  ministre  de  la  police  géné- 
rale ,  jusqu'à  concurrence  de  la  somme  de 
79850  francs, 

IX.  Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au  bul- 
letin des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonapap.te. 
Par  le  premier  consul , 
Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


MINISTERE    DE    LA    GUERRE. 

Suite  du  rapport  général  des  opérations  de  l' armée 
du  Rhin  ,  par  le  général  de  division  Desselles , 
chef  de  tètat-major-général.  —  De  Munich,  U 
8  thermidor  an  8. 

Je  vous  ai  rendu  compte  des  mouvemens  de 
l'armée  jusqu'au  18  dans  mon  dernier  rapport. 
Je  vous  avais  prévenu  par  ma  lettre  du  1 7  ,  que  le 
général  en  chef  donnait  l'ordre  au  général  Le- 
courbe  de  marcher  avec  18  bataillons  sur  les 
grisons  ,  dirigeant  le  gros  de  ses  forces  sur 
Fuessen  et  Rend  ,  et  le  général  Molitor  ,  avec 
sa  brigade  ,  sur  Feldkirk  ,  Mayenfeld  et  Coire. 
L'ennemi  ,  forcé  de  s'étendre  depuis  la  tête  de 
l'Iser  jusque  dans  la  vallée  du  Rhin  ,  ne  pouvait 
que  s'affaiblir  sur  chacun  des  débouchés  qu'il 
avait  à  défendre.  Menacé  par  Rend  sur  son 
chemin  de  retraite ,  la  vallée  de  l'Inn  ,  il  ne 
pouvait  plus  tenir  Feldkirck  et  la  vallée  du  Rhin 
qu'avec  inquiétude;  il  devait  même  se  déterminer 
i  à  les  évacuer  au  moindre   effort  sur  ces  deux  ' 


être  en  mesure  d'aitaquer  B'ucssen ,  point  sur 
lequel  il  devait  faire  son  premier  effort.  En 
atlenclant  ,  le  général  en  chef  se  réunissait  sur 
l'Iser,  pour  s'opposer  au  corps  d'armée  du  géné- 
lal  Kray  ,  si  la  nouvelle  de  notre  marche  sur  les 
gnsons  l'engageait  à  faire  un  mouvement 
offensi  f. 

En  conséquence,  la  division  Montrichard  eut 
ordre  de  porter ,  le  20  messidor ,  en  arrière  de 
Munich,  une  brigade  à  Paphenhausen  pour  ob- 
server les  roules  de  Dnchan  et  de  Landsperg , 
l'autre  à  la  ;éle  du  lac  de  "Wurmsee,  sur  Siarnberg, 
occupant  le  yonl  de  Schoffier  sur  1  Iser. 

le  général  Grandjean  quitta  Freissing,  et  se 
pona  sur  Htnihausen  à  moitié  chemin  de  cette 
ville  à  Munich.  Le  généial  Leclerc  marcha  sur 
Fieissing  ,  laissant  Landshut  occupé  par  une 
brigade  du  corps  commandé  par  le  généial 
Grenier.  Ce  lieuienani-général  devait  occuper 
Landshut  ,  former  le  blocus  d'Ingolstadt  avec  une 
division,  et  tenir  un  corps  intermédiaire  vers 
Mainbourg.  chargé  d'éclairer  l'espace  entre  l'Iser 
et  te  Danube  ,  vers  Eatisbonne  et  Landau.  Le 
général  Ney  ,  chargé  du  blocus  d'Ingolstadt  , 
«levait  aussi  pousser  des  reconnaissances  vers  les 
sources  de  la  Reidnirz,  et  elles  s'avancèrent  en 
effet  jusqu'à  Nuremberg. 

Le  21  ,  le  général  Decaen  se  porta  à  la  hauteur 
de  Parsdorff ,  sur  la  route  de  Braunau  ,  observant 
cette  route  et  celle  de  Vaisserberg  par  des  partis 
aussi  loin  qu'il  était  possible.  Pour  soutenir  ce 
mouvement  ,  le  général  Grandjean  vint  passer 
l'Iser  à  Munich,  et.  se  placer  en  réserve  sur  la 
rive  droiie.  Le  général  Leclerc  et  le  corps  qui 
occupait  Landshut  eurent  ordre  également  de 
faire  divers  délachemens  chargés  de  culbuter 
tous  les  postes  d'observation  que  l'ennemi  aurait 
devant  eux. 

Le  général  Monlrichard  se  porta,  le  22,  sur 
Benedicl-Beuren  pour  appuyer  le  mouvement  du 
général  Lecourbe  sur  Fuessen  et  Renli  ,  et  tenir 
en  échec  les  renforts  que  l'ennemi  aurait  pu  faire 
arriver  du  Tyrol  par  la  route  de  Partenkirch  ;  il 
avait  encore  l'ordre  déclairer  la  droite  du  géné- 
ral Decaen  par  Tola  ,  sur  la  tive  droite  de  User. 

Qjaelque  diligence  que  mît  dans  sa  marche  le 
généial  Lecourbe  ,  il  lui  fut  impossible  de  com- 
mencer ses  attaques  avant  le  22. 

Le  but  de  cette  opération  éiant  de  s'emparer 
de  Feldkirck  et  des  Grisons  ,  il  devenait  impor- 
tant de  commencer  les  attaques  à  notre  gauche, 
pour  obliger  ainsi,  le  prince  de  Reuss  à  se  dé- 
garnir devant  Feldkirck  ,  de  crainte  qu'en  lui 
coupant  sa  retraite  par  la  vallée  de  llnn  ,  il  ne 
lui  restât  que  la  route  de  Mairan  et  Bolsano  ,  ce 
qui  le  séparait  pour  huit  ou  dix  marches  de  l'ar- 
mée autrichienne.  En  conséquence,  le  général 
Gudin  fut  chargé  de  marcher  aveC  huit  bataillons 
sur  les  débouchés  du  Leck  pour  attr'quer  Fues- 
sen et  Renii  ,  et  éiendant  sa  gauche  jusques  sur 
1  Ammer  et  Loisack  à  Etal. 

Ce  général  ,  après  avoir  eu,  le  21,  quelques 
escarmouches  pour  réparer  les  ponts  du  Leck, 
que  l'ennemi  avait  détruits  ,  divisa  son  corps  de 
troiapes  en  trois  colonnes  :  celle  de  droite  remonta 
la  rive  gauche  du  Lech;  celle  du  centre  que  com- 
mandait le    général   Puthod  ,  suivit   la    chaussée 


ainsi    des    progrés  ,  le     général 

se    mettait   en    mouvement  ;  il 

haroé    d'attaquer    avec     quatre    balaillons 


enswaugen  était 
enlevé  avec  une  centaine  de  prisonniers  et  une 
pièce  de  canon. 

Le  général  Gudin  aurait  voulu  emporter  Renli 

et  Piswang  ,  mais  les  ponts  éuicni  si  délabrés  et 
les  retranchemens^qui  couvraient  l'entrée  du 
Tyrol  tcllemeni  formidables  ,  qu'il  ne  crut  pas  , 
ayant  rempli  le  but  principal  de  son  attaque  ,  de- 
voir compromettre  un  succès  qui  lui  valait  trois 
pièces  de  canon  et  plus  de  goo  prisonniers  ,  parmi 
lesquels  un  lieuieuani-colonet  et  l5  officiers. 

La  colonne  de  gauche,  commandée  par  le  gé- 
néral Nansouiy,  lencontra  à  Saulgrab  un  bataillon 
et  un  escadron  ennemi  ,  qu'elle  chassa  vigoureu- 
sement et  poursuivit  jusquà  Etal,  en  leur  enle- 
vant   i5o   prisonniers. 

Tandis    que    la    gauche    du  lieutenant-général 
Lecourbe    fesail    ainsi    des    progrès  ,   le        ■     •     ■ 
de  brigade   Lav; 
éiait 

Immensial  ,  pour  menacer  Renii'  par  sa  gauche, 
et  de  passer  une  petite  colonne  sur  Suulen  , 
pour  faire  croire  à  l'ennemi  que  nous  voulions 
en  pénétrant  par  le  Voralberg  ,  tourner  Feldkirk. 
La  marche  du  général  Gudin  ayant  déter- 
miné le  général  ennemi  Mercaniin  ,  qui  com- 
mandait à  Iinmestal  ,  à  se  retirer,  le  général 
Laval  ht  occuper  Sonohffen  ,  etjeilaun  bataillon 
sur  Bregentz,  pour  renforcer  le  général  Moliior  ; 
il  reçuten  même  tems  l'ordre  du  général  Lecourbe 
de  pousser  sut  Krumbach  et  Huttezau  ,  et  de 
jeter  quatre  compagnies  sur  Dornbien  par  Vel- 
hem  .  toujours  pour  seconder  les  attaques  de 
Feldkirk.  Ces  faibles  colonnes  remplirent  par- 
faitement leur  but.  filles  tinrent  en  échec  plu- 
sieurs mille  paysans  du  Voralberg  ei  la  légion 
suisse  de  Bachmann  ,  qu'elles  combattirent  \out 
le  jour  dans  les  montagnes. 

Le  généra]  Molitor ,  chargé  d'attaquer  avec 
six  bataillons  ,  le  poste  irapoi'tant  de  Feldkirk 
et  de  s'emparer  des  Grisons  ,  avoit  à  remplir  une 
opération  extrêmement  délicate.  Le  général  Le- 
courbe s'y  rendit  le  24,  et  ne  put  qu^'approuver 
les  sages  dispositions  qu'il  avoit  faites. 

Son  corps  de  troupes  avait  été  divisé  en  trois 
colonnes;  celle  de  dioite',  composée  de  ta  com- 
pagnies de  la  95=  que  commandait  i'adjudant- 
général  Dormenant,  se  dirigea  par  le  Kunkelhs 
sur  Reichnau  ;  elle  y  rencontra  un  bataillon  en- 
nemi de  Kalemberg  ,  qui ,  après  une  vigoureuse 
résistance  .fut  forcé  à  la  retraite  en  laissant  quel- 
ques centaines  d  hommes  tués  ,  blessés  ou  pri- 
sonniers. Nous  avons  eu  de  notre  côté  environ 
5o  blessés  ,  parmi  lesquels  l'adjudanl-général  Dor- 
menant ,  qui  a  eu  le  bras  cassé. 

Cette  colonne  eqtra  le  même  jour  à  Coire  ,  et 
occupa  en  pariie  les  Grisons. 

La  colonne  du  centre  ,  commaridéé  par  le  gé- 
néral Jardon  ,  était  forte  de  2  bataillons  de  la  1""= 
légère,  et  d'un  bataillon,  de  la  83=  ;  elle  reçut 
l'ordre  de  passer  le  Rhin  à  Asmous  ,  pour  se  di- 
iiger  sur  Feldkirck,  après  avoir  fait  sa  jonction 
avec  la  colonne  île  droite.  Le  passage  s'effectua 
sans  peine  ;  mais  le  général  jardon  ayant  été  obligé 
de  détacher  des  troupes  sur  Coire  et  devant  faire 
une  très -longue  marche  pour  être  en  mesure 
d  attaquer  Feldkirck  en  passant  par  'Weldshut  et 


pour  attaquer  de  front  les  ouvrages  de  Fuessen 
et  Renti  ;  celle  de  gauche,  sous  les  ordres  du 
Sériéjal  Nansouty,  fut  chargée  de  se  porter  par 
Veilhem  sur  Ammergau  et  Etal  ,  pour  tenir  en 
échec  les  troupes  qui  auraient  dû  déboucher  par 
les  routes  de  l'Ammer  et  de  Loisack. 

Ces  trois  colonnes  se  mirent  en  mouvement  le 
as  au  matin.  Celle  de  droite  n'étant  forte  que 
d'un  bataillon  et  d'un  escadron  ,  rencontra  deux 
bataillons  ennemis  et  3oo  chevaux  à  Vaihaupien  ; 
elle  les  culbuta  dans  une  charge  vigoureuse,  et 
les  rejetta  dans  Fuessen. 

Celle  du  centre  avait ,  pour  arriver  à  Fuessen  , 
de  grands  obstacles  à  suimonler.  La  route  passe 
entre  deux  montagnes  escarpées  que  couvrait  une 
nombreuse  infanterie  ;  elle  était  fermée  par  une 
ligne  de  retranchemens  garnis  d'artillerie.  L'en- 
nemi occupait  en  outre  le  château  d'Hohenswagen 
que  défendaient  3oo  hommes  d'infanterie  et  deux 
pièces  de  canon.  Ce  point  était  important  pour 
l'ennemi  ,  puisqu'il  couvrait  la  gorge  qni  aboutit 
au  fort  de  Pinzwang. 

Le  chef  de  brigade  de  la  94' ,  Lochet ,  fut 
chargé  de  l'enlever  avec  un  bataillon  de  sa  demi- 
brigade.  Le  général  Puthod  ,  se  mettant  à  la  tête 
<ie  quelques  compagnies  de  grenadiers,  emporta 
les  retranchemens,  et  une  centaine  de  prison- 
niers avec  une  pièce  de  canon  restèrent  entre  nos 
mains. 

A  chaque  pas  on  trouvait  de  nouveaux  re- 
lianchemens  à  lorcer  et  des  réseives  à  combattre  , 
et  il  fallut  les  plus  grands  efforts  avant  de  pou- 
voir enirer  à  Fuessen  ,  où  on  pénétra  pêle-mêle 
avec  leiiucmi.  il  css4ya  vamcmeni  de  nous  etn- 


Ischan,  ne  put  pas  arriver  le  même  jour. 

Le  général  Moliior ,  qui  s'était  réservé  la  colonne 
de  gauche  ,  marcha  avec  deux  balaillons  de  la 
83=  ,  et  un  de  la  36=  ,  par  la  chaussée  de  Brenentz 
à  Feldkirck.  L'ennemi  n'avait  pas  dégarni  ce  point. 
Deux  balaillons  de  Peieis-waradin  ,  trois  de 
Broader,  un  de  Kalemberg,  un  de  Kayser,  deux 
légions  d  émigrés  suisses,  et  une  partie  dès 
milices  du  'Voralberg  ,  le  défendirent. 

La  disproportion  des  forces  n'empêcha  pas 
I  attaque.  Les  avant-postes  ennemis  furent  rejettes 
bien  vite  sur  Hoeme  ,  où  commençait  une  ligne 
de  retranchement  qui  furent  emportés  d'emblée, 
avec  envisron  100  prisonniers. Nos  troupes  pour- 
suivirent l'ennemi  jusqu'au  Goetzi  ,  où  se  trou- 
vaient encore  des  retranchemens  plus  formidables 


hussards  ,  rejetta  l'ennemi  dans  ses  retranchemens. 

Le  général  Lecourbe  se  porta  de  son  côté  rapi- 
dement à  la  gauche  ,  où  quelques  pelotons    qu'il  , 
rallia  ,  tamenèient  l'ennemi  jusques  sur  Rankwik. 

De  toutes  pans  le  pas  de  charge  se  battait  ,  et 
peut-être  fussions  nous  restés  maîtres  des  dernières 
pnsitions  de  l'ennemi  ,  si  la  nuit  n'eut  mis  hirau 
combat. 

Le  général  Jellachich  ,  croyant  sans  doute,  par 
la  vigueur  des  dernières  attaques  ,  qu'il  était  ariivé 
des  renforts  ,  Jne  voulut  pas  s'exposer  à  celles  du 
lendemain.  Il  évacua  ,  le  lendemain  ,  la  place  de 
Feldkirck  ,  où  nos  troupes  entrèrent  au  point  du 
du  jour. 

Le  résultat  de  cette  opération,  où  les  soldats  ont 
déployé  autant  de  vigueur  que  les  chefs  de  lalens 
et  d'audace,  est  l'occupation  de  Feldkirck,  d'Im- 
menstat  ,  de  Fuessen,  des  Grisons  et  du  Lucies- 
teig  ,  avec  treize  cents  prisonniers  et  quelques 
pièces  de  canon.  Notre  perte  a  éié  d'environ  deux 
cents  blessés,  tués  ou  prisonniers. 

Les  généraux  Gudin  et  Molitor  ont  déployé 
des  talens  et  une  intclli'gencc  rares.  Les  géné- 
raux Laval  ,  Puthod,  Nansouty  et  Jardon  ,  les 
ont   parfaitement   secondés. 

Les  chefs  de  brigades  ,  Gaulois  et  Heidel  ,  se 
sont  distingués,  ainsi  que  l'adjudant- général 
Delon  et  le  chef  de  brigade   l'Ochet. 

Le  chef  d'escadron  Fridolzheim  ,  aide-de-camp 
énérâl  Molitor ,     s'est    fait    remarquer.    Cet 
er    plein     de    talens  et    de    bravoure    a   eu 
chevaux  tués   sous  lui. 


du 
offic 


L'aide-de-camp  du  général  Lecourbe  ,  Foulon 
a   été    légèrement  blessé. 

Le  chef  d'escadron  Lagailler  ,  le  chef  de 
bataillon  Devillers  et  le  capitaine  Audot  de  la 
deuxième  demi-brigade  légère  ,  méritent  des 
éloges,  ainsi  que  le/capitaine  jacquer  de  la  9.^' 
qui  a  été  blessé.  Cet  ofÉcier  avait  déjà  obtenu 
un  sabre  d'honneur  à  la  bataille   de  Moeskirch. 

La  i°'=  et  la  to«  légère,  les  36=,  38=,  83° 
et  94=  de  ligne  ,  les  6"^=,  7=  ,  8=  de  hussards, 
ont  soutenu  la  brillante  réputation  que  toutes  les 
actions  où  ils  se  sont  trouvés  pendant  le  cours 
de   la  campagne,   leur  ont  acquise. 

Je  vous  ai  rendu  compte  en  date  du  i5  prairial 
des  motifs  qui  déterminaient  le  général  en  chef 
àfaire  mâcher  le  lieuienant-généralSainle-Suzanna 
sur  le  Bas-Rhin  ,  pour  pénétrer  dans  le  Wertem- 
berg  et  la  Franconie.  Je  vous  ai  également 
adressé  les  instructions  données  à  ce  général. 

Qjrelqu'empressement  que  mît  le  lieutenant- 
général  Sainte-Suzanne  à  exécuter  les  ordres  qu'il 
avait  reçus,  il  n'a  pu  se  mettre  en  mouvement 
que  le  14  messidor  au  soir.  Il  a  forcé  le  passade 
de  la  Nidda  ,  et  culbuté  l'ennemi  qui  lui  opgosait 
des  forces  supérieures. 

Le  22  messidor  il  a  passé  le  Mein  sur  deux 
ponts  qu'il  avaii  fait  jetter  ,  l'un  à  la  hauteur  de 
Nidderath  ,  au-dessous  de  Francfort  ;  l'autre  au- 
dessotis  de  cette  ville,  vis-à-vis  Offenberch;  et  il 
a  pris  position  ,  1e  droite  à  Neuvissembourg  ,  la 
gauche  à  Hanau. 

Le  23,  l'ennemi  qui  avait  réuni  toutes  ses  forces 
et  reçu  des  renions  ,  est  venu  l'attaquer  sur  trois 
colonnes.  Nos_  avant  -  postes  ont  été  repoussés. 
Mais  après  trois  heures  d'un  combat  opiniâtre, 
il  a  été  mis  en  déroute  ,  et  nous  lui  avons  fait 
200  prisonniers,  la  plupart  du  régiment  de  Beau-, 
lieu  qui  a  beaucoup  souffert.  Le  major  de  ce 
corps   a  été   tué. 

La  perte  de  l'ennemi  peut  s'évaluer  à  800 
hommes.  Le  lieutenant-général  Sainte-Suzanne 
se  disposait  à  profiter  de  celle  victoire  ,  lorsque 
l'armistice  lui  a  ouvert  le  pays  jusqu'à  la  Rednilz. 

Le  23  ,  le  général  Kray  fit  de  nouvelles  propo- 
sitions pour  un  armistice.  Le  général  en  chef  ne 
crut  pas  devoir  les  repousser.  Il  s'établit  en  con- 


des  marais  et  des  positions  hérissées  de  redoutes!  \  séquence  des  conférences   qui  durèrent  jusqu'au 


Rien  ne  résista  aux  braves  qui  en  firent  l'attaque  , 
tout  fut  emporté  au  pas  de  charge. 

La  chaleur  du  jour;  les  marches  rapides  et 
les  attaques  réitérées,  avaient  dû  rallenlir  l'ardeur 
des  troupes;  elles  parvinrent  cependant  en  face 
des  derniers  retranchemens.  Ils  offraient  une  ligne 
jrès-éti5ndue  depuis  KankwiH  jusques  à  la  gauche 
d'Alteustat  ;  douze  pièces  de  canon  et  une 
nombreuse  infanterie  en  défendirent  l'approche. 
Tous  les  avant-postes  furent  cependant  rejettes 
derrière  les  ligues  ,  et  l'on  se  canonna  jusqu'au 
soir. 

L'ennemi  voyant  alors  que  nous  ne  formions 
pas  une  attaque  décidée  ,  essaya  à  son  tour  de 
prendre  l'oftensive  ;  il  chercha  à  déborder  nos 
ailes  ,  et  déjà  il  avait  fait  quelques  progrès  par  la 
lassitude  extrême  qu'éprouvaient  toutes  les  trou- 


26  ,  jour  où  fut  conclue  la  convention  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  vous  envoyer. 

Pendant  qu'elle  se  négociait  ,  les  hostilités  ces- 
sèrent sur  le  front  de  la  ligne  en  avant  de  l'Iser. 
Mais  à  la  gauche  ,  il  y  eut  encore  des  combats  où 
nos  troupes  soutinrent  la  supériorité  qu'elles  se 
sont  acquises  pendant  tout  le  cours  de  cette  cam- 
pagne- 
Dans  la  nuit  du  27  au  28  ,  la  garnison  d'Ingols- 
tad  a  fait  une  vigoureuse  sortie  sur  la  rive  gauche 
du  Danube  .  et  forcé  nos  postes  de  se  re- 
plier jusqu'à  Estesheim.  Le  général  de  division 
Ney  ,  qui  commande  la  division  du  blocus ,  étant 
arrivé  à  sept  heures  du  matin  sur  Ce  point  ,  a 
prompteraent  réuni  deux  escadrons  du  i3=  de 
dragons  ,  un  escadron  du  8=  de  chasseurs  et  le 
2'  de  hussards  ,  et  emporté  le  village  de  Gai- 
mersheim  qui  était  fortement  occupé. 


I  26o 


Chassé  de  ce  point  ,  lennemi  s'est  porié  sur 
les  hauteurs  de  Wedslellten  ,  dOberhaunsialt. 
Le  général  Ney  se  disposa  à  une  seconde  at- 
taque ;  mais  au  moment  qu  il  obtenait  quelque 
succès  ,  l'ennemi  reçut  un  renfort  de  quatre 
bataillons  et  de  six  bouches  à  feu;  après  de 
nouvelles  dispositions  que  nécessitait  cette  cir- 
constance, le  général  Ney  ,  ordonna  une  charge, 
elle  fut  couronnée  du  plus  heureux  succès. 
L'infanterie  ennemie  s'enfuit  en  déroule  ,  pour- 
suivie jusque  jl^ous  les  batteries  dingolstadt, 
laissant  entre  nos  mains  trois  pièces  de  canon 
avec  leurs  caissons  et  600  prisoniers  parini  les- 
quels  un  lieutenant  colonel  et   quinze  officiers. 

Le  général  Ney  qui  a  déployé,  à  son  ordinaire  , 
talent  et  audace  ,  fait  l'éloge  du  chef  de  brigade 
Levasseur  commandant  le  1,3'  de  dragons  ,  et 
en  général  de  toutes  les  troupes  qui  ont  com- 
battu sous  ses  ordres.  11  a  donné  le  soir  con- 
naissance de  l'armistice  à  M.  le  baron  deNeu, 
gouverneur  d  Ingolstadi.  Celui-ci  n'ayant  pas 
fait  une  réponse  convenable,  le  général  Ney  , 
lui  a  répondu  que  s'il  sortait  de  la  place  ,  il 
était  prêt  à  l'y  accompagner  avec  le  même  em- 
pressement., 

Les  ordres  sont  donnés  pour  faire  cesser  de 
part  et   d'autre  toute   hoslililé. 

Le   chef  de  l'état-major-  général  de  Varmét  , 
signé,  Dessolles. 
Pour  copie  conforme  , 
Le  ministre  delà  guerre,  iigné,  Carnot. 


Le  gouvernement  me  trouvera  toujours  dans 
les  rangs  des  hommes  qui  respectent  autant  les 
lois  et  les  magistrats  qu'ils  chérissent  la  patrie  et 
la   liberté. 

Salut  et  respect  , 

Signé  ,  JouunAN. 


;    -MINISTERE     DE    LA    MARINE. 

Le  commissaire  principal  de  marine  ,  au  ministre 
de  la  marine  et  des  colonies.  —  Nantes ,  te  6 
thermidor  ,  anS  de  la  jépublique française. 

Citoyen  ministre  . 

Il  est  affligeant  d'avoir  à  vous  rendre  compte 
d'un  événement  encore  plus  inquiétant  par  les 
circonstances  qui  y  ont  donné  lieu  ,  qu'onéreux 
dans  ses  résultats. 

Hier  au  soir ,  à  dix  heures  et  demie  ,  le  feti 
s'est  manifesté  à-là-fois  dans  trois  magasins  qui 
sont  isolés  .  dans  l'enceinte  de  la  corderie  du 
citoyen  Biée.Ces  magasins  contenaient  des  chan- 
vres appartenant  à  la  république  ,  et  qui  y  étaient 
déposés  pour  être  conléctioBnés.  Il  est  évident 
que  ce  malheur  n'est  point  accidentel.  D^abord 
le  feu  a  paru  en  même-lems  dans  ces  trois  ma- 
gasins,  séparés  entièrement ,  et  l'un  d'eux  rnême 
par  une  pièce  d'eau  ;  de  plus  il  a  été  trouvé  une 
mèche  souflFrée  qui  brtjlait  encore,  dans  un  con- 
duit qui  donnait  dans  un  de  ces  magasins,  lors- 
quelle  a  été  remise  au  général  Chabot. 

Les  secours  ont  été  extrêmement  prompts,  ad- 
ministrés avec  ordre  et  zèle  ;  ensorie  que  je  me 
suis  assuré  ,  à  vue  d'œil  ,  que  plus  de  la  moitié 
des  chanvres  existans  dans  ces  magasins  ,  aura 
peu  souffert.  Trois  petits  magasins  etun  grand 
sont  testés  intacts  ,  les  chanvres  en  ont  été  retirés  , 
et  j'ai  donné  l'ordre  dé  les  peser  en  présence  du 
citoyen  Brte  ,  et  de  les  transporter  dans  un  ma- 
gasin que  j  ai  fait  louer.  Je  me  suis  aussi  entendii 
avec  les  difiérentes  autorités  ,pour  qu'il  fil t  posé 
des  factionnaires  à  toutes  les  issues  de  l'enceinte 
de  la  corderie,  avec  la  consigne  de  n'en  rien 
laisser  sordr.  La  partie  où  étaient  les  fils  de 
Carret ,  confectiofinés  ,  n'a  point  souffert ,  et  c'est 
un  bonheur  dans  cette  circonstance  ,  car  alors  le 
feu  aurait  fait  des  progrès  qu'il  eût  été  presque 
impossible   d  arrêter. 

Comme  il  est  certain  que  cet  événement  est 
l'ettét  de  la  scélératesse  ,  le  contrôleur  de  maririe 
s'occupe  des  enquêtes  et  perquisitions  ,  pour  ta- 
cher d'en  découvrir  les  auteurs.  Cet  établisse- 
ment n'appartenant  plus  à  la  république  ,  je  me 
suis  assuré  qu'indépendamment  des  poursuites  du 
contrôleur,  le  juge  de  paix  fera  de  son  côté  ses 
diligences. 

Les  généraux  Chabot  et  Grigny,  le  préfet,  toutes 
les  autorités  civiles  et  militaires  ont  concouru  de 
tous  leurs  moyens  ,  avec  les  officiers  d'administra- 
tion de  la  marine  ,  à  arrêter  les  effets  de  cet  in- 
cendie et  à  pourvoir  à  la  sûreté  de  tout  rétablis- 
sement. 

Salut  et  respect. 

Signé,  Charaman. 


DÉPARTEMENT  DE    LA  SEINE. 

Le  préfet  au  citoyen  Gntteaux.  graveur  en  médailles. 
Paris  ,   le   2  ihermiâor  un  8. 

Citoyen  ,  la  tnédaille  que  vous  avez  gravée  à 
l'occasion  de  la  pose  de  la  première  piètre  de  la 
colonfie  dépariemeniale  ,  a  réuni  tous  les  suf- 
frages. Il  était  difficile  d'atteindre  ,  en  sept  jours  , 
à  une  pareille  perfection.  Ressemblance  ,  ex- 
pression ,  netteté  de  caractères  ,  voilà  ce  que 
les    connaisseurs   ont   remarqué  et  applaudit 

Le  sujet  était  inspirant  par  lui-même  :  votre  bu- 
rin ferme  et  facile  s'est  montré  digne  de  le  rendre. 

Recevez  donc  ,  je  vous  prie  ,  au  nom  du  dépar- 
tement ,  le  témoignage  de  sa  satisfaction  et  le 
tribut  dé  loge»,  qu'ir  doit  à  ceux  qui ,  comme  vous  , 
consacrent  le»  grandes  époques  par  des  ouvrages 
aussi  durables  qu  elles. 

Je  vous  salue  ,  Jî'g'ne  ,  Frochot. 

Pour  copie   conforme  : 

Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  , 

Signé  Et.  Méjan. 

J^ote  du  rédacteur.  La  vue  de  cette  médaille 
conhime  les  éloges  contenus  dans  la  lettre  du 
préfet  du    département   de   la  Seine. 

D'un  côté  sont  les  portraits  des  trois  consuls 
avec  l'exergue  :  Bonaparte  .  premier  consul;  Cam- 
bacérès ,  second  consul;  Lebrun,  troisième  consul; 
et  au-dessous  :  Constitution  de  la  République 
française  ,  an   VIII- 

A\i  revêts  on  lit:  Colonne  Départementale  , 
Lucien  Bonaparte  étant  ministre  de  l'intérieur  , 
JV.  T.  H.  B.  Frochot ,  préfet  du  département  de  la 
Seine  ,  a  posé  la  première  pierre  te  25  messidor  an  8  , 
onze  ans  après  le  14  juillet  1789  ;  pour  exergue  : 
Guerre  de  la  liberté.  Le  département  de  la  Seine  à  ses 
braves. 

Extrait  du  procès-verbal  du  conseil-général  du  dépar- 
tement da  Bas-Rhin.  —  Séance  du  14  thermidor 
an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 

Sur  la  proposition  de  plusieurs  membres  ,  le 
conseil-général  arrête  ,  qu'à  l'issue  de  la  séance 
il  se  rendra  chez  le  préfet  ,  pour  lui  exprimer  la 
confiance  qu'inspirent  à  tous  ses  membres  les 
principes  qui  guident  son  administration  ,  et  en 
lui  transmettant  les  notions  que  leur  séjour  dans 
les  diverses  parties  du  département  les  a  mis  à 
même  de  recueillir ,  l'assurer  que  les  sentimens 
de  la  plus  imposante  majorité  de  leurs  laborieux 
et  paisibles  compatriotes  ,  se  confondent  dans  le 
dévouement  à  la  république  ,  le  respect  aux  lois  , 
et  l'espérance  des  bienfaits  que  nous  assurent 
l'accord  des  bons  citoyens  ,  la  sagesse  du  gouver- 
nement et  ladministration  de  son  préfet. 

Le  conseil-général  invite  le  préfet  de  vouloir 
bien  faire  parvenir  aux  consuls  et  au  ministre  de 
l'intérieur  ce  tableau  fidèle  de  la  situation  du  dé- 
partement du  Bas-Rhin. 

Pour  copie  conforme  , 
Signé,  L.  'Wangen  ,  secrétaire  du  conseil-général 

Certifié  conforme  , 

Le  secrétaire-général  de  la  préfecture ,  Metz. 


Le  général  Jourdan  ,  au  citoyen  Bonaparte  ,  premier 
consul.  —  Taris ,  8  thermidor. 

Citoyen  consul , 
J'accepte  avec  reconnaissance  la  marque  de  dis- 
tinction dont  le  gouvernement  veut  bien  m  ho- 
norer. Je  répondrai  à  sa  confiance  par  mon  em- 
pressement à  exécuter  ses  ordres  ;  et  si  mes  talens 
répondent  à  mon  zèle,  il  sera  satisfait  de  ma 
conduite. 


Au    premier    consul   Bonaparte. 

Continuation  de  la  description  abréger  des  principaux 
mo7iumens  de  la  Haute-Egypte  ,  accompagnée  de 
détails  sur  les  tableaux  qui  ,  en  les  décorant  , 
servent  à  faire  conjecturer  à  quelles  divinités  les 
temples  étaient  consacrés. 

Suite  des  détails  du  palais  Karnac. 

Plusieurs  des  côtés  de  ces  môles  ont  éprouvé 
différens  accidens  .  la  construction  intérieure  en 
est  défectueuse.  Quelques  précautions  que  les 
égyptiens,  en  général,  aient  prises  pour  assurer 
la  durée  de  leurs  monumens,  ils  ont  assez  compté 
sur  l'heureuse  qualité  de  1  air  qui  ne  présente  là 
aucun  motif  de  destruction,  pour  .s'occuper  plus 
particulièrement  d'orner  et  de  revêtir  avec  èlé- 
,gance  l'extérieur  dë'leurs  ouvrages,  que  de  soi- 
gner la  construction  des  massifs  qui  en  compo- 
sent l'intérieur. 

Au  Sud  ,  et  à  deux  cens  pas  du  flanc  de  ces 
môles,  est  une  supetlje  porte  qui  conduit  à  un 
petit  palais  placé  dans  l'alignement  de  la  cour  du 
grand  palais.  Cette  porte  est .  peut-être  ,  le  seul 
morceau  d  architecture  des  égyptiens  dont  l'imita- 
tion puisse  plaire  maintenant.  Elle  est  dégagée  des 
deux  môles  qui  la  flanquaient,  et  qui  sont  arrasés 
au   niveau   du   terrein.   Les   portes  égyptiennes. 


en  cet  état,  sont  infiniment  plus  belles  que  lors- 
qu'elles font  partie  de  ces  mêmes  môles,  dont: 
la  gr,inde  élévation  nuit  à  leur  effet  ,  en  les 
resserrant  et  les  écrasant.  La  corniche  qui  ieS 
terrnine  ,  imite  dans  sa  courbure  l'inclinaison 
de  la  branche  de  palmier  ;  les  détails  en  sont 
soigneusement  exécutés.  Elle  est  revêtue  de 
tableaux  iniéiieurenient  et  extérieurement,  et  elle 
conduit  au  petit  palais  dont  on  a  déjà  parlé.  11 
consiste  en  utie  quinzaine  d'appartcmens  éclairés 
par  des  fenêtres  a  claiie  voie  ,  telles  qu'on  n  en 
rencontre  jamais  dans  les  lemplrs.  La  porte  du' 
Sud  est  précédée  dune  allée  de  béliers,  de  la 
même  proportion  que  lea  lions  ijui  sont  devant 
la  porte    du  granit. 

A  l'ouest  du  petit  palai.'i  est  un  petit  temple  qui 
lui  servait  de  chapelle.  Les  tableaux  et  l'architec- 
ture en  sont  extrêmement  soignés.  Au  nord  du 
grand  palais  de  Kainac  ,  on  reirouve  le  plan  d'une 
rrolsieme  construction  ,  indiquée  seulement  par 
1  emplacement  des  fondations.  Elle  était  précédée 
d  un  mole.  Entre  ce  môle  et  la  principale  porie  se 
trouvait, une  allée  detrente-dsvx  sphynxde  chaque 
côté  ;  il  n'en  reste  que  quinzï  ou  dix-huit  plus  ou 
moins  mutilés. 

A  droite  de  celle  allée  on  voit  une  petite  mai- 
son égyptienne  bâtie  en  giés,  et  divisée  en  deux 
appariemens   de  vingt-quatre  pieds  sur  quinze. 

—  A  gauche  sont  d'autres  ruines  ,  moins  distinc- 
tes ,  de  maisons'particulieres.  En  avant  de  la  porte 
éiaient  deux  statues  colossales  en  grés;  à  qua- 
rante-cinq pas  au  sud  de  cette  porte  ,  sont  les 
bases-  de  deux  obélisques  engagés  dans  une  mu- 
raille, et  dont  les  débris  existent  autour.  La  masse 
des  bâiimcns  qui  composaient  le  palais  ,  en  face 
duquel  éiaient  les  obélisques  ,  paraît  avoir  occupé 
quatre-vingt-dix  pas  de  longueur  sur  cinquante^ 
cinq  de  largeur.  On  retrouve  la  plus  de  fragmens 
de  statues  de  gr.init  noir  et  rouge  qu'on  n  en  r-n- 
conlre  sur  soute  la  st. rface  entière  du  grand  palais. 
La  plupart  des  statues  repiésentent  des  prêtres. 

A  I  extrèmiié  de  1  allée  des  Lions  ,  qui  précède 
l'enfilade  des  môles  ,  on  trouve  dans  une  espèce 
d'ile  fermée  par  l'exhaussement  du  terrein  ,  et 
environnée  d  eau  ,  au  moment  de  linondation 
seulement  ,  un  assez  grand  nombre  de  statues 
en  granit  noir.  Elles  sont  comme  emmagasinées 
dans  une  tranchée  pratiquée  dans  l'intérieur  de 
la  terre,  et  reventes  à  droite  et  à  gauche  de 
briques  cuites  de  fabrique  égyptienne;  ce  qui 
pourrait  indiquer  l'époque  à  laquelle  elles  ont 
été  enfouies.  Elles  représentent  une  figure  de 
femme  assise  ;  leur  ressemblance  la  plus  mar- 
quée est  celle  du  lion  ;  mais  on  y  distingue 
quelques-uns  des  traits  du  chien  et  du  chat.  Leurs 
mains  reposent  sur  leurs  cuisses  ,  et  de  l'une 
d'elles  ,  elles  tiennent  une  croix  à  anse  ,  sym- 
bole de  la  divinité  chez  les  anciens  égyptiens. 
Aucune  n'a  conservé  le  bonnet  symbolique  dont 
elles  étaient  coëfïées.  Les  deux  magasins  furent 
ouverts  en  1760  par  un  cheik  arabe  pour  un 
prêtre  vénitien  nommé  Donaii  ,  qui  paya  une 
somme  exorbitante  la  première  statue  qui  en 
tut  tirée.  Ils  sont  restés  exposés  aux  regards 
jusqu'à  ce  moment  ;  mais  touies  les  figures  en 
ont  été  mutilées  par  les  voyageurs  qui  ne  pou- 
vant les  emporter  ,  ont  désiré  s'emparer  de  quel- 
ques-unes de  leurs  parties. 

Les  tableaux  qui  décorent  l'extérieur  de  ce» 
différens  palais  ,  représentent  des  sujets  militaires. 
On  y  voit  des  sièges  de  villes  et  des  combats  de 
terre,  des  offres  de  paix  et  des  soumissions  faites 
par  les  barbares  ,  ainsi  que  les  triomphes  du  héros 
qui  les  a  vaincus.  Il  est  représenté  sous  la'figure 
d'un  jeune  homme  de  six  pieds  de  proportion, 
monté  sur  un  char  entièrement  semblable  ,  pour 
la  forme  ,  à  ceux  dont  les  grecs  se  servaient. -Les 
soldats  auxquels  il  commande  ,  ont  à  peine  pour 
proportipn  le  quart  de  sa  grandeur.  Les  ennemis 
qu  il  met  en  déroute  ,  sont  représentés  par  des 
hommes  barbus  ,  coiffes  communément  d'une 
toque  semblable  à  celle  des  espagnols  ,  et  revêtus 
d  une  tunique  à  mouche  angulaire.  Les  armes, 
dont  se  servent  les  égyptiens  ,  sont  l'arc  et  les 
flèches.  Il  arrive  souvent  que  le  héros  égyptien 
perce  cinq  à  six  ennemis  d'un  même  trait.  Les 
barbares  portent  un  bouclier  ;  indépendamment 
de  l'arc  qui  fait  l'arme  principale  des  premiers  , 
ils  se  servent  encore  de  sabres  courbes  ,  de  poi- 
gnards ,  de  la  lance  ,  du  javelot  et  de  l'èpée 
droite.  La  tiride  des  chevaux  ressemble  beau- 
coup à  celle  qii'on  emploie  encore  en  Arabie. 
Dans  les  tableaux  où  sont  gravés  les  triomphes  du 
guerrier  égyptien  ,  les  prisonniers  qu'on  lui  mené  ' 
sont  tous  liés  d'une  manière  ingénieusement  bar- 
bare et  très-pénible.  Il  est  à  remarquer  que  sur 
les  môles  où  l'on  représente  un  sacrificateur  im- 
molant des  hommes  ,  ceux  qui  se  disposent  à 
frapper,  ont  le  même  costume,  le  même  air  de 
figure  que  ces  prisonniers. 

/  La  suite  demain.  ) 


A  Pans  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


11^""'^ 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


M"  3i3. 


tridi  ,  i3  thermidor  an  8  de  la  république  frmçaiie  ,  une  et  indivisible^ 


Nous  sommes  autofisés  à  préveak  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  es:  le  seul  journal  ufficiel. 
14  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenz ,  les  nouvelles  des    armées  ,  ainsi  que  lu  faits  et  les  notions  tant  su* 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  foutni-s  par  ies  correspondances  ministérielles. 

Un  article  s«ra  particulièrement  consacre  aux   sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

IRLANDE. 


Dublin  ,  le  1 3  juillet  ("24  messidor.  ) 


U^ 


'n  parci  d'insurgens  ,  au  nombre  d'environ 
'cinq  cents,  était  rassemblé  ,  il  y  a  quelques  nuiis , 
aans  le  cimetière  d'une  ancienne  abbaye  ,  près 
■  de  Cionmels  ,  lorsqu'un  passant  l'ayant  apperçu  < 
Sans  en  être  découvert,  couiut  prévenir  le  général 
'sir  C.  Asgyll  ,  qui  tii  jiartiv  aussitôt  un  fort  déta- 
chement :  mais  les  insurjjens,  sans  doute  avertis 
qu'on  marchait  contre  eux  ,  s'éiaiejit  déjà  dis- 
persés lorsque  le  détachement  arriva. 

Le  comte  deGlandore  a  protesté  dans  les  termes 
euivans  contre  la  clause  de  l'acte  d  union  qui 
■feit  siéger  les  j:»airs  dirlande  dans  la  chambre 
des  communes  des  royaumes-unis  ,  comme  re- 
présentans  des  comtés  ,  villes  et  bourgs  de  la 
Grande-Bretagne  ; 

tt  te  proteste-,  dit  sa  seigneurie  ,  parce  que  les 
5)  pairs  d'Irlande  devant  ,  après  l'union  ,  jouir  de 
>>  tous  les  privilèges  des  pairs  de  la  Grande- 
ji  Bretagne,  (à  l'exception  du  droit  de  siéger  | 
'■>i  dans  la  chambre  des  lords  )  ladite  clause  donne 
5»  aux  comtés,  villes  et  bourgs  de  celte  partie 
'»)  des  rovaumes-unis  ,  le  pouvoir  de  choisir  leurs 
•»»  representans  parmi  les  pairs  ,  ce  qui  est  une 
>»  anomalie  dans  la  constitution.  Je  proteste  encore 
i'  contre  cette  clause  ,  parce  qu'elle  créée  une 
»)  confusion  des  ordres  de  lélat  ,  en  fesant  d'iin 
5»  pair  uti  commoner ,  (  un  homme  des  communes  . 
i'  un  ioiurler)et  en  le  rendant  à  sa  condition 
>»  de  pair,  lorsqu'il  a  cessé  d'être  représentant 
î)  des   communes,  j» 

Parmi  les  membres  qui  doivent  représenter 
l'Irlande  au  parlemfcntimpérial,  on  cite  M.  Dillon, 
pour  le  comté  de  Mago  ;  M.  Wynd'ham  ,  frère  de 
lord  Egremont  ,  pour  le  bourg  de  Clark.  ;  et  M. 
May  ,  pour  Belfast. 

INTÉRIEUR. 

Mantes  ,  le  2  thermidor. 

O.N  reçoit  de  nouveaux  renseignemens  sur  la 
bêle  fauve  qui  ravage  actuellement  les  environs 
de  la  Chevrolliere.  Elle  a  été  vue  dans  des  prés 
dépendans  des  biens  du  citoyen  Limoelan  ,  près 
ceux  du  citoyen  Klrouard.  On  ne  sait  si  c'est  un 
efiei  de  la  peur;  mais  plusieurs  cultivateurs  affir- 
ïnent  en  avoir  vu  deux. 

Depuis  qu'elle  a  dévoré  les  deux  jeuties  Elles 
dont  nous  avons  parlé  ,  elle  s'est  encore  présentée 
sur  la  porte  du  citoyen  Barillere  ,  leur  père.  Elle 
poursuit  les  femmes  et  les  enfans  ;  mais  elle  fuit 
les  hommes  ,  parce  qu'ils  sont  armés.  Les  paysans 
ne  sortent  plus  de  chez  eux  qu'avec  des  fourches 
ou  autres  instrumcns  de  labourage  capables  de 
leur  servir   de    défense. 

Dit  3. — Celte  bêle  a  été  vue  par  le  nommé 
Doucin  ,  gabarier  de  Portillon  ,  aujourd'hui  à- 
éinq  heures  du  malin  ,  dans  le  chemin  qUi  con- 
duit de  la  Cliantilliere  à  ce  village  situé  commune 
de  Vertou  ,  près  la  Sèvre.  Suivant  ce  qu'il  a  dit  aux 
citoyens  Bcitrand  ,  négociant  .  et  Brunet  .  adjoint 
à  la  mairie  ,  celle  bête  est  bien  telle  que  nous 
l'avons  décrite  dans  un  de  nos  piécédensnuraéros  , 
à  Icxteplion  qu'elle  a  le  poitrail  blanc  :  ce  qu'il  a 
été  bien  à  même  de  distinguer,  parce  qu'elle  était 
Hlors  assise. 

Elle  peut  faire  beaucoup  de  ravages  ,  si  l'on 
ne  s'empresse  de  la  détruire  ,  cl  le  meilleur 
moyen  est  ,  sans  conuedil  ,  de  meute  sa  tête 
â  prix  :  î5  ou  3o  louis  ne  sont  pas  trop  ,  sans 
doule  ,  pour  dédommager  ceux  qui  l'entrepren- 
tironl  ,  des  dangers  qu  ils  auront  a  courir.  Si  l'on 
attend  apiés  la  récolte,  elle  peut  dévorer  encore 
bien  des  enfans  i,  el  quels  paysans  ,  d'ailleurs  ,  des 
contrée  de  sa  présence  ,  oseront  bientôt  conlicr 
leurs  bestiaux  à  la  garde  d'individus  aussi  faibles  , 
el  qui  sont  principalemçni  l'objet  de  la  voracité 
de  cet  animal  Carnivore  ?  (Extrait  dl  la  Feuille 
nantaise  ,   5  thermidor.  ) 

Rouen ,  le  il  thermidof. 

Df.puis  que  l'homme,  par  le  moyen  des  aé- 
rosiais  ,  s'était  frayé  un  chemin  à  travers  les  plajnes 
de  lair  ,  il  ne  lui  reslait  plus  qu'à  visiter  avec 
la  mêiac  sécurité  ,  les  abîmes  de  la  mer.  C'est  ce 


que  pouiront  exécuter ,  avec  succès,  ceux  qni 
ont  fait  hier  l'expérience  du  Bateau-poisson.  Celle 
expériencea  eulieudans  la  Seine  ,  aupiès  des  pe- 
tites îles  occupées  par  les  citoyens  Eloy  el  Pierre 
Roleti  il  n'est  pas  besoin  de  dire  qu'elle  avait  at- 
tiré un  concours  considérable  de  i>urieux. 

Sans  palier  des  personnes  qui  bordaient  le  ri- 
vage ,  il  y  avait  plus  de  quatre-vingt  bateaux,  cha- 
loupes ,  flettes,  péniches.,  qui  formaient  une  sorte 
d'enceinte  mobile  ,  au  milieu  de  laquelle  était 
placé  \c  Bateau-poisson. 

L'expérience  a  commencé  à  une  heure,  et  a 
duré  jusqu'à  deux  heures  et  demie. 

Ce  bateau  s'est  submergé  sept  à  huit  fois  en  to- 
talité ,  et  s'est  relevé  ensuite  de  lui-même  aux 
yeux  du  public  aussi  satisfait  que  surpris.  Le  plus 
de  temps  qu'il  soit  resté  sous  l'eau  ,  n'a  pas  excédé 
quatre  minutes  et  demie  ,  cinq  minutes  et  huit 
minutes.  La  submersion  n'a  pas  été  aussiprolongée 
les  autres  fois. 

je  dois  faire  observer  que  pendant  un  espace 
de  temps  assez  considérable  ,  le  bateau  est  resté 
presque  entièremeni  submergé  ,  à  l'exception  de 
l'ouverture  faite  en  forme  de  tonneau  et  qui  s'élève 
de  deux  pieds  environ  au-dessUs  du  bateau.  C'est 
par  celle  ouverture  qu'on  descend  dans  l'iu" 
lérieiir. 

Je  présume  que  les  auteurs  de  l'expérience  ont 
voulu  prouver  par  là  qu'ils  pouvaient  maintenir 
le  corps  du  bateau  à  volonté  au  ras  de  l'eau  ,  et 
recevoir  ainsi  l'air  extérieur  au  rai'yen  de  l'ouver- 
ture pratiquée.  Quand  ils  voulaient  descendre 
lout-à-fait  daiis  la  rivière  et  disparaître  ,  ils  abais- 
saient le  couvercle,  se  submergeaient  entièrement 
et  perdaient  ainsi  toute  communication  avec  l'ait 
extérieur.  Je  ne  puis  dire  jusqu'à  quel  degré  de 
profondeur  la  submersion  s'esi  opérée. 

Je  leur  ai  vu  apporter  une  lanterne  ,  d'oii  j'ai 
conclu  que  leur  lumière  s'était  éteinfe  duraut  le 
tenis  qu  avaient  duré  leurs  ptéctcUntee  sub- 
mersions. ' 

Ils  s'étaient  aussi  munis  d'une  carabine  ,  dont 
ils  oiit  fait  leu  par  l'ouverture  susdite  ^  dans  un 
moment  où  celle  partie  paraissait  seule  au;dessus 
des  eaux.  Une  nouvelle  submeision  a  eu  lieu  aus- 
sitôt après. 

Les  inventeurs  de  cette  ingénieuse  machine  sont 
des  américaifts ,  dont  je  n'ai  pu  savoir  les  noms ,  à 
l'cxcepiion  de  celui  du  capitaine,  qui  se  nomme 
Fullon.  Ils  sont  descendus  au  nombre  le  trois  dans 
le  bateau  ,  et  y  soni  demeurés  durant  tout  le  tems 
qu'a  duré  l'expérience. 

Elle  a  eu  lieu  en  présence  du  préfet,  dont  le 
bateau  s'approchait  et  s  éloignait  tour-à-tour  ,  afin 
qu'il  lût  mieux  à  portée  d'observer. 

Nota.  Ce  bateau  ,  y  compris  le  lest  qu'il  prend, 
pesé  vingt-deux  milliers. 

(  Extrait  de  la  Vedette  de  Rouen  ,  1 1  thermidor.  ) 

Paris  ,  le  12  thermidor. 

Le  Citoyen  français  annonce  ,  sous  la  date  de 
Copenhague  le  27  messidor  ,  que  les  officiers 
russes  qui  reviennent  d'Angleterre  el  mettent  pied 
à  terre  en  Danemarck  ,  ne  parlent  des  anglais 
qu'avec  indignation  ,  el  des  français  qu'avec  en- 
thousiasme. 

D  autres  nouvelles  de  Copenhague  disent  que  , 
dans  la  nuit  du  26  prairial  ,  un  ouragan  terrible 
a  causé  beaucoup  de  dommage  aux  vaisseaux 
russes  dans  le  pori  d'Archangel.  Le  dégât  est 
évalué   200,000  roubles, 

—  Le  Journal  des  débats  annoticc  ,  sous  la  date 
de.Berlin  le'  i''  thermidor  ,  que  le  ministre  por- 
tugais à  Pélersbourg  craignant  d'être  congédié 
comme  les  ministres  de  Londres  ei  de  Vienne  , 
a  pris  congé  de  lui-même  ,  sous  prétexte  d'aller 
accorder  en  Portugal  un  mariage  conclu  par  ca- 
pitulation. Le  même  journal  annonce  aussi  que 
le  gouvernement  autrichien  vient  d'obliger  tous 
les  créanciers  de  l'état  à  porter  au  trésor  le  tiers 
de  leur  créance  en  numéraire  ,  sous  peine  d'être 
privés  de  la   totalité. 

Sous  la  date  de  la  Haye  ,  on  lit  encore,  dans 
le  Journal  des  débats  ,  qu'il  règne  une  grande 
mcsiiiielligencc  entre  le  ministère  ottoman  et  l'am- 
bassadeur anglais  à  Constaniinople.  On  attribue 
cette  tnésintelligence  à  liuienlion  que  la  Porte  i 
manifcsicc  de  mettre  garnison  à  Coifou  ,  Zaïiie 
cl  Ctphiilanie. 


ACTES    DU    GOUVERKEMENT» 

Arrêté  du  7  thermidor  an  8. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  % 
arrête  : 

Art.  I"''.  Le  cil.  Dubois  ,  du  Haut-Rhin  ,  est 
nommé  substitut  du  commissaire  du  gouverne' 
ment  près  le  tribunal  de  cassation. 

II.  Le  ministre  de  la  jusdce  est  chargé  de  l'eX» 
cution  du  piéseui  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé:,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'étal  ;  sigif-é  ,  H.  B.Maret. 

Extrait  des  registres  des  délibérations  des  consuls  di 
la  république. — Paris,  le  9  thermidor  an  8  de  là- 
république  ,  une  et  indivisible. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre ,  le  conseil-d'état  entendu» 
arrêtent  i 

Titre    PREiiiÊR. 

De  la  composition  du  directoire  de  [habilement. 

An.  !"■.  Le  seivice  de  l'habillement  et  de  l'équi- 
pement des  troupes  sera  ,  à  compter  du  i"  ven' 
demiaire  prochain  ,  confié  ,  sous  les  ordres  immè-' 
diais  du  ministre  de  la  guerre  i  â  un  directoire 
composé  de  trois  membres. 

II.  Le  miftistre  de  la  guerre  nommera  et  révo- 
quera les  membres  du  directoire  ;  il  les  choisira 
parmi  les  citoyens  versés  dans  la  connaissance  et 
le  commerce  des  matières  premières ,  et  dans  la 
fabrication  des  étoffes  et  des  autres  fournitures 
nécessaires  à  l'habillement  et  équipement  de» 
troupes. 

III.  Le  directoire  sera  présidé  par  l'un  de  Ses 
membres  nbmmé  chaque  année  par  le  ministre 
de  la  guerre. 

tement  avec  lé  ministre  ',  il  lui  rendra  compte  « 
une  fois  par  décade  .  et  plus  souvent  si  le  ministre 
le  désire  ,  ou  si  les  circonstances  1  exigent  ,  de  là 
situation  de  t()ut  ce  qui  concernera  1  habillement 
et  l'équipemt'nt  des  troupes;,  il  prendra  seS 
ordres  sur  tous  ces  objets  ,  les  transmettra  ati 
directoire  chargé  d'en  assurer  et  d'en  poursuivre 
l'exéeuiion. 

Les  ordres  du  ministre  au  directoire  serôrtt 
consignés  dans  un  registre  à  ce  destiné.  Il  eil 
sera  de  même  des  délibérations  du  directoire  Ati 
commandes  qu'il  fera  aux  manufacturiers  ,  aujt 
fabricans,  aux  ouvriers  ,et  des  ordres  du  minisifé 
qu'il  transmettra  aux  corps  militaires. 

T  i  T  R  È    i  I. 

Des  attributions  des  fonctions  du  directoirèi 

V.  Le  directoire  sera  chargé  de  traiter  avec  lèS 
manufacturiers,  tabricans  ,  matchands  ,  ouvrier* 
el  commissionnaires  pour  la  fourniture  ,  Vem- 
hallage  et  le  transport  des  draps  ,  éiofFes  ,  toiles 
et  autres  objets  nécessaires  à  la  confection  dé 
l'habillement  el  de  l'équiperhent  des  troupes  ; 
les  marchés  que  le  directoire  aura  passés  ne 
Seront  valables  que  lorsqu'ils  auront  été  approuvés 
par  le  ministre  de  la  guerre.  Lesdits  marchés  se- 
ront impriinés  ,  et  un  exemplaire  en  sera  adressé 
par  le  directoire  à  chaque  corps  militaire; 

Ces  marchés  détermineront  les  quantités  et  lé^ 
prix,  ainsi  que  les  qtialités  et  les  proportions  dés 
draps ,  étoffes  ,  toiles  et  autres  objets  pour  les- 
quels le  directoire  aura  traiié.  Ils  feront  connaître 
le  inombre  des  fils  dont  la  chaîne  des  draps  éf 
autres  étoffes  sera  composée  ,  le  lieu  de  la  fabri- 
cation ,  le  nom  du  fabricant  ,  du  manufacturer  < 
ouvrier  ou  commissionnaire  chargé  de  les  fournir  : 
ils  feront  connaître  aussi  le  prix  de  l  emballage  < 
ainsi  que  celui  du  transport.  Ils  conliendrbrit 
enfin  toutes  les  clauses  qui  pourront  assurer  au* 
corps  un  service  aussi  bon  que  régulier. 

VI.  Le  directoire  fera  toujours  adresser  dtre'c-' 
lemcnt  aux  corps,  par  les  manufacturiers  <  fi- 
bricans  ou  commissionnaires  avec  lesquels  il  aur'i  ' 
traité  ,  les  draps  ,  ciofl'es  toiles  et  autres  objets  qiii 
doivent  servir  à  la  confection  de  l'habillemeiK 
et  de  l'équipement  des  troupes;  eu  consé^ueneCj 
il  ne  pourra  ,  sous  aucun  préiexte  ,  ni  former  < 
ni  avoir  de  magasins  ,   ni  enirepôt. 

Le  directoire  ne  pourra  nort  plus  fdrftlér  .  à'i 
compte  de  la  république  ni  au  sien  ,  des  atlelîe'rsr 
de  eonfectiou  {   l'inicniiorï  fûruJelle  dti  gcyave'f* 


ia63 


fiement  élaiit  que  l'article  XXVI  de  la  loi  du  26  accepter?  ,  et  les  adressera  au  corps  pour  lequel 
fructidor'an  7  ,  qui  veut  que  lés  corps  fassent  1  envoi  sera  desliné.  Ces  échanlillons  serviront  de 
tonfectioiiner  dans  leur   sein,  et  au  moyen   de  I  pièces  de  comparaison    et  de   vérification    de   la 


leur  masse  d'entretien  ,  tous  leurs  efTcis  d  Imbd 
lement  et  d'équipement,  reçoive  sa  pleine  et  en- 
tière exécution  ,  et  que  lesdits  corps  lasseni  (>(- 
briquer  et  confectionner,  ou  du  rnoms  iirtiit 
directement  eux-mêmes  des  faljiiqucs  ou  lua- 
nul'actures.  les  ciiapeaux  ,  schakos,  gibernes, 
porte  -  gibernes,  baudriers,  ceimurorjs  ,  bie- 
■  relies  de  fusils  ,  tambours,  colliers  de^  tam- 
bours, et  autres  objets, qui  sortent  confectionnés 
des  manufactures  ou  atteliers. 

VII.  Le  directoire  sera  tenu  de  tirer  directe- 
ment des  manufactures  n.  lionales  tous  les  objets 
à  l'usage  des  troupes  ;  tous  achats  à  l'étranger  lui, 
sont  spécialement  interdits  ,  à  moins  quil  n'y 
ait  été  forme-llement  autorisé  par  une  décisiori 
préalable  du  ministre  ,  en  exécution  d'un  arrêté 
des  cfinsuls.  "" 

VIII.  Le"  directoire  ne  pourra  traiter  d'au- 
cuns draps  qu'avec  le  manufacturier  ou  fabri- 
cant; 

Qtiant  aux  toiles  ,  serges  et  autres  objets  pour 
doublures  ,  qui  s'achètent  pièce  à  pièce  ,  il  ne 
pourra  s'adresser  qu'à  des  commerçans  en  gros 
déjà  connus  pour  laire  ce  genre  de  commerce  ; 
ou  ne  se  servir  que  des  commissionnaires  avoués 
par  le  commerce  pour  faire  ces  sortes  d'achats  , 
et  auxoiiels  il  ne  sera  alloué  d'autres  commis- 
sions que  celles  que  le  commerce  est  dans  1  usage 
d'allouer. 

IX.  Il  y  aura  toujours  un  des  membres  du  di- 
rectoire auprès  du  ministre  ;  les  deux  autres  seront 
occupés  à  faire  des  tournées  pour  s'assurer  de  la 
bonne  qualité  des  matières  premières  ,  pour  sur- 
veiller la  fabrication  des  draps  et  des  étoffes  dans 
les  manufactures  ,  pour  qu'il  ne  soit  adressé  aux 
corps  que  des  draps  ,  étoffes  ou  toiles  de  la 
qualité  déierniinée  par  les  raarcht'S  .  et  pour  faite 
partir  ,  aux  époques  fixées  ,  les  envois  destinés 
aux  corps   militaires. 

X.  Les  membres  du  directoire  ne  pourrcmt  , 
pendant  qu'ils  seront  en  exercice  ,  faire  pour  leur 

.  compte  aucune  espèce  de  commerce  qui  ait  pour 
objet  des  éioffts  ou  matières  premières  du  genre 
de  celles  qui  sont  nécessaires  à  1  habillement  ;  ils 
ne  pourront  de  même,  sans  se  rendre  coupables 
de  péculat ,  prendre  directement  ni  indirectement 
aucun  intérêt  ,  retirer  aucun  bénéfi^;e  ,  recevoir 
aucune  remise  ,  cadeau  ou  gratification  ;  en  un 
mot,  faire  un  profil  quelcon(iue  sur  les  achats  , 
transports  et  autres  opérations  qu'ils  seront  chai- 
gés  de  diriger  ou  d'exécuter. 

XI.  Le  ministre  de  la  guerre  arrêtera  ,  chaque 
année  avant  la  fin  de  thermidor  ,  et  par  une 
décision  irénérale  ,  laquantilé  de  draps,  d'étoffes, 
de  toiles  ci  auires  objets  dont  fc  directoire 
devra  traiter  pour  l'armée. 

Il  lui  prescrira  les  époques  auxquelles  ces 
fournitures  devront  être  faites  ,  et  lui  remettra, 
munis  de  son  cachet,  des  échantillons  de  tous 
ces  objets  ;  à  ces  échantillons  seiont  joints  des 
ordres  explicatifs  des  qualités  ,  dimensions  et 
propriétés  de  chacun  des  objets  qui  devront 
être  fournis  aux  troupes. 

XII  Par  des  ordres  subséquens  ,  le  ministre 
indiquera  au  directoire  les  quantités  d'objets 
de  chaque  espèce  qui  devront  être  envoyés  à 
chaque  corps  ,  et  le  lieu  oîi  ces  objets  devront 
être   adressés. 

XIII.  Lorsque  le  ministre  prescrira  au  direc- 
toire de  faire  adresser  à  chaque  corps  des  draps, 
étoffes  ,  toiles  et  boutons  nécessaires  à  son  ha- 
billement ,  il  fera  adresser  à  chacun  d'eux  la 
note  des  habits,  vestes,  culottes,  etc.,  qu'ils 
devront  faire  confectionner  ;  il  leur  fera  connaître 
en  même  tems  la  quantité  de  chapeaux  ,  scha- 
•ios  ,  tambours  ,  colliers  de  tambours  ,  etc.  , 
qu'ils  sont  autorisés  à  remplacer ,  et  dont  ils 
doivent  se  pourvoir  eux-mêmes  ,  soit  en  les 
fesanl  confectionner  dans  le  corps  ,  soit  en 
s'adressant  directement  à  des  manufacturiers  , 
fabricans  français  ,  et  en  traitant  en  même  tems 
de  l'emballage  et  des  frais  de  transport. 

Le    ministre    leur   adressera   en    même    tems,. 
muni   de  son  cachet  ,  un  modèle  de  chacnn  des 
objets  qu'ils  devrontfaite  confectionner  ou  acheter 
confectionnés. 

Le  conseil  d'administration  sera  militairement 
et  pécuniairement  responsable  de  toutes  les 
différences  qui  se  trouveront  dans  les  formes 
et  proportions  entre  les  modèles  adressés  par 
le    ministre,   et  les  objets  qu'il  aura  fait  confec- 


fouriiiiurc  ;  ils  seront  toujours,  pour  les  étoffes , 
extniids  du  chef  d'une  des  pièces  comprises 
cl. lus  i  envoi  fait  au  corps.  Le  nom  d-u  fabiicant 
fra  tissu  dans  l'étoffe  et  plombé  du  plomb  de  la 
mauufaclure.  Si  c'est  une  pièce  de  toile  ,  elle 
sera  eniptcinle  de  la  marque  en  usage  dans 
le  pays. 

La  réception  que  le  ministre  aura  faite  des 
échantillons  qui  lui  auront  été  remis  par  le  di- 
rectoire ,  ne  préjugera  rien  sur  la  réception  défi- 
nitive des  draps  et  étoffes  ,  qui  appartient  ex- 
clusivement aux  corps.   , 

XV.  Le  directoire  adressera  à  chaque  corps  : 
1°  Copie   de  l'état  des  dra]is  ,  étoffes  et   autres 

fournitures  qui,  d'après  la  décision  du  ministre  , 
doivent  lui   être  envoyés  ; 

2°  Une  note  explicative  des  qualités  ,  proprié- 
lés  ,  dimensions   et  propartions  de  chaque  objet; 

3°  Le  nom  du  fabricant ,  ouvrier  ou  commis- 
sionnaire chargé  de  l'envoi  ,  et  l'indication  de 
l'époque  oià  ces  objets  doivent  être  rendus  au 
corps  ; 

4°  Une  facture  détaillée  des  prix,  du  métrage  . 
files   frais  d'emballage  et  de  transport. 

XVI.  Les  modèles  ei  les  échantillons  seront 
conservés  par  les  soins  du  conseil  d  administra- 
tion ,  afin  que  1  inspecteur  en  chef  aux  revues 
puisse  les  comparer  avec  ceux  des  années  précé- 
dentes et  avec  la  fourniture  de  l'année  ,  et  qu'if 
puisse  rendre  compte  au  ministre  ,  tant  des  chan- 
semens  qui  pourraient  survenir  dans  les  qua- 
lités de  draps  et  autres  fournitures,  que  dans  la 
forme  et  les  proportions  des  polies  de  l'habil- 
lement. 

Titre     III. 


xionncr  dans  le  corps  ou  qu'il  aura  achetés  con- 
fectionnés. 

XIV.  Avant  de  faire  faire  aucune  expédition  , 
le  directoire  rémettra  au  ministre,  pour  chaque 
corps  militaire  ,  un  échantillon  de  chacun  des 
objets  qui  doivent  entrer  dans  sa  fourniture. 

Ces  échantillons  seront  timbrés  du  cachet  ou 
marque  du  fournisseur,  et  du  cachet  du  direc- 
toire. Le  ministre ,  après  s'être  assuré  que  ces 
échanlillons  sont  semblables  en  qualiié  et  pro- 
portion à  ceux  qu'il  aura  lui-même  donnés  au 
tlirectoire ,  fera  apposer  son  cachet  sur  ceux  qu'il 


De  la  comptahilité  de  la  masse  d'habillement  ,  et  du. 
paiement  des  marehandises. 

XVII.  Lorsque  les  manufacturiers  .  fabricans  , 
ouvriers  et  cornraissionnaires  adresseront  aux 
corps  militaires  les  objets  qui  leur  auront  été 
commnndés  par  le  directoire  ou  par  les  corps 
eux-mêmes ,  ils  accompagneront  leur  envoi  d'une 
lettre  de  voiture  et  d'une  facture  qui  contiendra 
la  quantité  et  l'espèce  des  différens  objets  com- 
pris dans  la  fourniture  ,  ainsi  que  le  nombre  et 
le  poids  des  balles  ou  caiiisp»  ,  en  spécifiant 
dans  quelle  manufacture  chaque  chose  a  été 
fabriquée. 

Les  frais  d'emballage  et  de  transport  seront 
ajoutés  aux  frais  d'achat  et  compris  dans  les  fac- 
tures ,  mais  en  formeront  des  articles  séparés. 

XVIII.  Dans  lescinq  jours  qui  suivront  l'arrivée 
des  effets  qui  lui  auront  été  annoncés  .  le  conseil 
d'administration  fera  procéder  à  leur  réceriion  , 
ainsi  qu'il  est  prescrit  par  les  régleraens  militaires 
rclalifsà  rhabillement,àl  équipement  des  troupes. 

XIX.  Lorsquelesobjetsannoncés  se  trouveront 
de  bonne  qualité  et  conformes  aux  échanlillons 
ou  modèles  ,  le  conseil  d'administration  en  accu- 
sera la  réception  au  manufacturier  ,  fabricant  ou 
commissionnaire. 

Ce  récépissé  sera  conforme  au  modèle  annexé 
au  présent  arrêté,  sous  le  n".   i"^. 

Il  adressera  ,  en  même  tems  ,  au  ministre  de  la 
guerre  ,  un  autre  récépissé  conforme  au  n°.  2. 

XX.  Lorsque  les  mandais  tirés  par  un  conseil 
d'adminisira'ion  seront  destinés  à  payer  des  objets 
commandés  directement  par  les  corps  ,  le  direc- 
toire examinera  si  lesdits  conseils  n'ont  point 
excédé  en  qualité  ou  quantité  les  autorisations 
qui  leur  auront  été  données  parle  ministre,  ou 
si  les  prix  n'excèdent  pas  la  valeur  des  objets 
fournie.  Dans  chacun  de  ces  cas  ,  il  en  fera  un 
rapport  au  ministre  qui  décidera  s'il  y  a  lieu  à 
punir  militairement  les  membres  du  conseil,  ou 
même  à  leur  faire  sohdaireraent  payer  la  dépense 
superflue  ,  dans  laquelle  ils  auront  induit  leur 
corps  ;  mais  ,  dans  aucun  cas  ,  le  ministre  ne 
pourra  refuser  d'expédier  son  ordonnance  au  bas 
du  mandat  délivré"  par  le  conseil  d'adminis- 
tration. 

Lorsque  les  mandats  tirés  par  les  conseils 
d'administration  auront  pour  objet  le  payement 
de  draps  ,  étoffes  ou  toiles  commandées  par 
le  directoire  ,  celui-ci  vérifiera  si  les  prix  des 
fournitures,  de  l'emballage  et  du  transport  sont 
conformes  aux  conditions  précédemment  arrêtées 
par  lui  ,  et  sur  son  visa  le  ministre  de  la  guerre 
délivrera ,  du  bas  du  récépissé  et  du  mandat 
qui  lui  aura  été  adressé  par  le  conseil  d'ad- 
ministration en  faveur  du  fabricant  ,  commis- 
sionnaire ou  fournisseur,  une  ordonnance  d'une 
somme  égale  à  celle  du  mandat  tiré  par  le 
corps.  Cette  ordonnance  sera  imputable  sur  la 
masse  d  habillement  du  corps  qui  aura  délivré 
le  mandat  ;  cette  forme  sera  constamment  et  la 
seule  suivie  pour  tous  les  payemens  à  faire 
sur  la  masse    d'habillement  des   corps  militaires. 

Le  directeur  du  trésor  public  ne  pourra  sous 
aucun  prétexte,  approuver  ni  faire  effectuer  aucun 
payement  sur  la  masse  d'habillement  des  corps 


militaires  ,  '  qu'au  bas  da  récépissé  du  conseil 
d'administration  et  du  mandat  délivré  par  lui 
et  lie  l'ordonnance  du  ministre  de  la  guerre. 
XXI  Toutes  les  l'ois  qu'un  conseil  dadrai- 
nisiraiion  croira  devoir  retuser  tout  ou  partie 
des  objets  qui  lui  auront  été  adressés  en  vertu 
de  ses  propres  demandes,  ou  en  vertu  d'une  com- 
mande du  directoire  de  1  habillement,  il  en  rendra 
compte  au  commissaire  des  guerres  dans  l'ar- 
rondissement du'  quel  il  se  trouvera.  Le  com- 
missaire des  guerres  dressera  de  suite,  en  pré- 
sence d'un  délégué  du  conseil  d'administration 
et  du  fondé  de  pouvoir  du  manufacturier, 
fabricant  ou  commerçant  qui  aura  fait  l'envoi, 
et  à  son  défsut  en  présence  du  maire  ou  d'un 
des  adjoins  de  la  municipalité  ,  un  procès,  verbal 
dans  lequel  il  consialera  les  molifs  du  refus  du 
conseil  d'admiriisiration  ainsi  que  létat,  la  nature 
et  la  quantité  des  mardi '.ndises  refusées-,  ce 
procès-verbal  sera  de  suite  remis  ,  ou  adressé 
au  conseil  de  préfecture  du  département  qui  , 
après  avoir  fait  vérifier  les  faits  par  des  expert$ 
■  et  entendu  le  manufacturier,  fabricant  ou  com- 
merçant dans  ses  réponses,  prononcera  définiti- 
vement entre  le  corps  et  le  fabricant  :  le  con- 
seil de  préfecture  jugera  ,  de  même,  sauf  l'appel 
au  conseil  d  e'al  -  de  toutes  les  discussions  qui 
s'élèveront  entre  les  conseils  d'administration  oa 
le  directoire,  et  les  fabiicans  ,  commerçans  et 
fournisseurs,  relativement  à  l'exécution  des  clauses 
des  marchés  relatifs  à  1  habillement  et  à  l'équipe- 
ment  des   troupes. 

Lorsque  le  conseil  d'administration  jugera  ne 
devoir  refuser  qu'une  partie  de  l'envoi,  il  soldera 
de  sulie  ,  ainsi  qu'il  a  élé  dit  ci-dessus  ,  la  portion 
qu'il  aura  cru  pouvoir  accepter. 

XXII.  Toutes  les  fois  que  le  conseil 'de  pré- 
fecture jugera  que  les  objets  envoyés  aux  corp» 
éiaieni  ou  de  mauvaise  qualité  ou  mal  conlection- 
nés  ,  il  condamnera  les  fabricans  à  'payer  les  frais 
d'emballage  et  de  transport  ,  et  à  adresser  au 
corps  ,  dans  un  délai  qu'il  déterminera  ,  le  com- 
plément de  sa  fourniture.  Si  ,  à  Tépoque  déter- 
minée .  le  fabricant  n'a  point  fourni  ,  ou  n'a  point 
donne  des  marchandises  conformes  au  modèle, 
le  conseil  d'administration  sera  autorisé  ,  par  le 
conseil  de  préfecture  ,  à  se  pourvoir  aux  dépens 
du  commerçant  ,  fabricant  ou  commissionnaire, 
des   objets  qui  devaient  lui  être  fournis. 

XXIII.  La  masse  d  habillement  ,  réglée  par  la 
loi  du  cC  fruciidor  dernier  ,  sera  comprise  tous 
les  trois  mois  et  par  quart  ,  dans  les  décomptes 
de  revues  et  payée  comme  solde,  mais  elles  restent 
provisoircmeni  en  dépôt  dans  la  caisse  du  payeur 
de  la  guerre,  pour  servir  à  l'acquit  des  mandais 
des  corps  ordonnancés  par  le  ministre  de  la 
guerre. 

XXIV.  Le  directoire  del'habillement  tiendra  un 
compte  ouvert  avec  chaque  corps  militaire  ;  il  lui 
portera  en  recette  ,  de  trois  mois  en  troismois ,  la 
somme  qui  lui  sera  due  pour  sa  masse  d  habille- 
ment ,  et  en  dépense  le  montant  des  mandats  qui 
auront  été  délivrés  par  le  conseil  d'administration 
en  faveur  des  fournisseurs. 

Dans  aucun  cas  ,  le  directoire  ne  pourra  ,  sans 
une  autorisation  écrite  du  ministre  ,  ni  permettre 
qu'un  corps  excède  les  fonds  annuels  de  sa  masse  , 
ni  disposer  même  en  faveur  dudit  corps  des  fonds 
qui  pourront  lui  être  redus  par  la  masse  à  la  fin 
de  chaque  année  ,  et  néanmoins  lesdits  fonds  ne 
pourront,  sous  aucun  préiexte  ,  être  destinés  à  un 
autre  corps  ,  ni  à  un  autre  emploi  ;  ils  resteront 
réservés  pour  des  besoins  avenir  du  même  corps. 

XXV.  Le  compte  des  fournitures  laites  à  cha- 
que corps  ,  sera  réglé  ,  lous  les  ans  ,  par  le  mi- 
nistre qui  en  adressera  le  bordereau  général  aux 
conseils  d  administration  ,  avant  le  premier  mes- 
sidor. Le  payeur  général  fera  passer  de  son  côté 
aux  conseils  d'administration  ,  les  mandats  qu'ils 
auront  lires,  et  les  pièces  à  l'appui  ,  qui  seront 
donnés  pour  comptant,  lors  du  décompte  final  de 
la  masse  d  habillement ,  afin  que  la  comptabihté 
de  cettemasse  puisse  être  comprise  dans  la  comp- 
tabilité générale  du  corps  ,  et  arrêtée  par  l'inspec- 
teur en  chef  aux  revues. 

XXVI.  Les  membres  du  directoire  auront 
chacun  10,000  francs  de  traitement  fixe.  Le  pré- 
sident jouira  d'un  supplément  annuel  de  2,000  fr. 
Lorsque  les  ordres  du  ministre  de  la  guerre  ,  re- 
latifs à  l'habillement  et  l'équipement  des  troupes 
auront  été  bien  et  ponctuellement  exécutés  »  le 
ministre  pourra  disposer,  chaque  année  ,  dune 
somme  de  douze  mille  francs  ,  soit  en  faveur  du 
directoire  en  corps  ,  soit  en  faveur  de  ceux  de  ses 
membres  qui  auront  développé  le  plus  de  talent, 
d'activité  et  de  zèle. 

Il  sera  alloué  huit  francs  parposte  pour  les  tour- 
nées que  les  membres  du  directoire  prouveront 
avoir  courues  pourremplir  leurs  fonctions. 

Il  leur  sera  aussi  alloué,  chaque  année,  une 
somme  fixe  pour  leurs  frais  de  bureau.  Cette 
somme  sera  déterminée  par  le  ministre  ,  et  ne 
pourra  jamais  s'élever  au-delà  de  24,000  francs. 

XXVII.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chmgéde 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  signe',  BoNAP.iRTE. 
Par   le   premier  consul  , 

Ls  secrétaire-d'état ,  si^né ,  H.  B,  Maret. 


1262 


C  O  N  S  E  I  L  -  D '.  E  T  A  T. 

Taris  ,  le  6  thermidor  an  8   de  la  répubtlque. 
Rapport. 

Le  ministre  de  la  jusiice  a  proposé  aux  consuls 
lie  décider  par  un  arrcié  ,  que  la  conuainie  par 
corps  pour  letires  de  change  et  amies  causes  ci- 
viles n'aura  ps«  lieu  contre  les  conscrits  qui  se 
rendront  sous  leurs  drapeaux  ;  que  les  créanciers 
ne  pourront  faire  usage  de  lacontrainte  par  corps 
contre  les  confcrits  qu'à  leur  retour  de  la  cam- 
pagne ,  et  que  ceux  d'enir  eux  qui  sont  détenus 
pour  dette  ,  seront  mis  en  liberté. 

La  section  de  la  guerre,  à  qui  les  consuls  ont 
renvoyé  l'examen  de  cet  arrêté  ,  y  a  trouvé  ma- 
tière à  trois  questions  importantes.  l°.  La  pro- 
position du  ministre  ,  lût-elle  admissible,  peut- 
elle  être  décidée  par  un  avrêic  des  consuls  ?  2°. 
Fiit-il  décidé  que  le  gouvernement  aie  droit  de 
prononcer  dans  cette  matière  ,  pourrait-on  or- 
donner de  mettre  en  libeïté  les  conscrits  actuel- 
lement deicniis  ?  3".  La  proposition  du  ministre 
est-elle  juste  ,  et  doit-elle  être  proposée  au  corps- 
législatit  comme  p-rojct  de  loi  ?  La  réponse  de  la 
section  de  la  guerre  à  la  première  question  a  été 
absolument  négative. 

Presque  tout  ce  qui  tient  à  la  force  armée  et  à 
ceux  qui  la  composent  ,  doit  être  décidé  par  des 
réglcmens  d'adrriinistration  publique  ;  la  consti- 
tution l'a  voulu  ainsi  ,  efa  eu  raison  de  le  vou  ■ 
loir  :  mais  résulte-t-il  de  ce  principe  que  le  gou- 
vernement puisse  ,  par  un  arrêté  ,  anttihiler  ou 
suspendre  l'eflFet  d'une  loi  qui  établit  ou  règle  les 
rapports  entre  les  créanciers  et  leurs  débiteurs  , 
parce  qu'un  merabrede  l'armée  sera  débiteur  ou 
créancier?  Non  ,  sans  doute,  les  lois  de  ce  genre 
sont  dés  lois  purement  civiles  ,  des  lois  propre- 
ment dites  ,  des  lois  majeures  sur  lesquelles  le 
gouvernement  ne  peut  par  conséquent  rieri  statuer 
sans  le  concours  du  coips-législaiif.  Ainsi  ,  à 
notre  avis,  la  proposition  du  ministre  de  la  jus- 
lice  fût-elle  bonne' et  juste  ,  nous  devrions,  non 
en  faire  un  règlement  ,  mais  proposer  au  corps- 
législatif  de  la  transformer   en  loi. 

Sur  la  seconde  question  ,  la  section  de  la 
guerre  a  encore  adopté  la  négative  ;  elle  a  pensé 
que,  quand  bien  même  vous  arrêteriez  aujour- 
d  liui  que  la  contrainte  par  corps  ,  pour  lettres- 
de-change  et  autres  causes  civiles,  n  aura  pas  lieu 
contre  les  conscrits,  vous  ne  pourriez  ordonner 
d'élargir  les  conscrits  actuellement  détenus.  Les 
arrêtés  n'ont  et  ne  peuvent  avoir  un  effet  rétroactil, 
puisque  les  lois  n'en  ont  eiles-mêraes,  ni  ne  peu- 
vent en  avoir^  ce  principe  est  trop  généralement 
reconnu  pour  avoir  besoin  dêire  prouvé. 

Passant  ensuite  À  la  3'  question  ,  qiai  est  celle 
de  savoir  si  4a  loi  doit  mettre  les  cotiscrits  à  l'abri 
de  la  contrainte  par  corps  pour  dettes  et  autres 
causes  civiles  ,  nous  nous  sommes  encore  déci- 
dés pour  la  négative  ;  nos  motifs  vous  paraîtront 
sévères,  mais  nous  les  avons  crtis  justes. 

L'honneur  et  la  délicatesse  out  toujours  été  les 
caractères  distinctifs  des  militaires  ,  et  particuliè- 
rement des  militaires  français;  aussi,  piesque 
dans  tous  les  tems  ,  a-t-on  banni  de  l'aimée  les 
officiers  qui  étaient  convaincus  d'avoM  laissé 
jjrotester  une  Icttre-de-cbange  ,  ou  de  n'avoir 
pas  payé  à  sort  échéance  un  billet  d'honneur  qu'ils 
avaient  fait.  Cette  doctrine  estconsignée  en  termes 
précis  dans  les  articles  LXII  ,  LXIII  et  LXIV  de 
ja  loi  du  Ip juillet  179t.  ' 

<t  Tout  militaire  en  activité  qui,  étant  majeur, 
aura  contracté  des  engagemens  ])ccuniaires  par 
lettres  -  de  -  change  ,  ou  par  toute  autre  espèce 
d  obligation  ,  emportant  la  contrainte  par  corps  , 
et  qui  ,  s'éiani  laissé  poursuivre  pour  le  paiement 
de  semblables  dettes  ,aura,  par  jugement  dcfi- 
■itil  ,  été  condamné  par  corps  ,  ne  pourra  rester 
au  service  si  ,  dans  le  délai  de  deux  mois,  il  ne 
satisfait  pas  à  ses  engagemens.  Dans  ce  cas  ,  la 
sentence  portée  contre  lui  équivaudra  ,  après  le 
délai  de  deux  mois,  aune  démission  précise  de 
son  emploi. 

51  Les  actions  résultant  d'obligations  contrac- 
tées par  un  militaire  en  activité  ,  ne  pourront  être 
poursuivies  que  pai  devant  des  magistrats  civils  , 
et  seront  ,  par  eux  ,  jugées  conlormément  aux  lois 
civiles,  sans  que  les  officiers  ni  les  juges  mili- 
taires puissent  en  prendre  connaissance  ,  si  ce 
n'est  à  l'armée  et  hors  du  royaume;  sans  quils 
puissent  non  plus  apporter  aucun  obstacle  ,  soit 
à  la  poursuite  ,  soit  à  l'exécution  du  jugement,  )> 

«1  Ne  pourront  être  compris  dans  les  saisies  et 
ventes  qui  auront  lieu  en  exécution  des  jugemens 
rendus  contre  des  militaiies  en  activité  ,  leurs 
armes  et  chevaux  d'ordonnance  ,  ni  leurs  livres  et 
insirumctis  de  seivices  ,  ni  les  parties  de  leur  ha- 
billement et  équipement  dont  les  ordonnances 
imposcntà  tous  miliiaiiesla  nécessite  d'être  pour- 
vus. Leurs  appoinieincns  ne  pourront  non  plus 
être  saisis  que  pour  ce  qui  en  excédera  la  somme 
<le  6,000  fr.  ,  laquelle  leur  rlemijurera  léservée  , 
tans  préjudice  aux  ciéanciers  à  exercer  leurs  droits 
sur  ie.1  autres  biens  meubles  elimmeubles  de  leurs 
débiteurs  .  suiv.nit  les  règles  et  les  loimes  pres- 
ciiics  pur  la  loi  11. 

Xellc   est  la  Icj^islalion  en  vigu&ur  ,  législation 


pleine  de  sagesse  et  dont  nous  pensons  qu'on  ne 
doit  pas  s'éloigner  ,  si  l'on  veut  voir  régner  dans 
l'armée  cet  esprit  d'ordre  et  de  délicatesse  que 
nous  devons  à  tout  prix  faire  planer  sut  la  nation 
eniicic. 

ti  Mais  ,  dira-t-on  ,  les  conscrits  contracteront 
des  dcties  et  se  feront  mettre  en  prison  pour  ne 
point  aller  à  l'armée  ,  et  ainsi  vous  priverez  la  pa- 
trie d'une  partie  de  ses  défenseuis  n.  D'abord  je 
doute  lort  qu'il  y  ait  parmi  les  français  beaucoup 
d'hommes  qui  préfèrent  de  rester  en  prison  plutôt 
que  d  aller  à  l'armée  ;  mais  s'il  en  est  quelqu'un 
qui  soit  capable  de  penser  ainsi  ,  soyons  bien  as- 
surés que  l'armée  ne  fera  pas  une  grande  perte. 
Si  jamais  néanmoins  ce  genre  de  lâcheté  venait  à 
se  multiplier  ,  alors  il  serait  tems  de  recourir  à  un 
remède  quelconque.  Mais  je  doute  ()ue  ,  même 
alors  ,  on  dût  employer  celui  que  le  ministre 
propose.  N'oublions  pas  que  la  nation  a  plus 
besoin  encore  de  prévenir  l'iufidéliié  dans  les  en- 
gagemens commerciaux  ,  qui  est  si  commune  , 
que  de  détruire  la  lâcheté  qui  est  -si  rare. 

Une  considération  d'un  antre  genre  et  qui  nous 
a  paru  décisive  ,  c'est  cjue  si  nous  adoptions 
l'opinion  du  ministre  de  la  justice  ,  nous  ferrons 
penser  à  I  Europe  que  les  Irançais  aiment  mieux 
rester  en  prison  qu'aller  à  l'armée',  et  que  nous 
soramcs  obligés  de  vider  les  prisons  pour  remplir 
nos  cadres  militaires. 

On  dira  peut-être  encore  que  la  loi  sur  la 
conirainle  par  corps  ne  devait  atteindre  que 
les  commerçans  ;  si  je  discutais  cette  question  , 
peut-être  prouverriis-je  que  la  législation  actuelle 
est  bonne  et  qu'elle  ne  doit  pas  être  changée: 
ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'est  que  je  le  crois; 
mais  même  dans  ce  système  ne  faudrait-il  pas 
taire  une  loi  générale,  une  loi  sans  exception, 
car   on  peut   être   conscrit    et   commetçant. 

Sans  doute  ,  on  ne  doit  pas  ,  comme  le  dit 
le  ministre  dans  son  rapport,  mettre  en  balance 
l'iniérét  privé  d'un  créancier  avec  lintéiêt  de 
la  république  entière  ';  majs  ce  Vi  est  pas  pour 
un  petit  nombre  d  hommes  que  nous  stipulons, 
c'est  pour  la  rnoiiié  environ  des  français  ,  ou 
plutôt  c'est  pour  tous  ,  car  nous  stipulons  pour 
la  propriété  ,  pour  Ja  lidélilé  des  engagemens  , 
et  par  conséquent  pour  le  rétablissement  du 
crédit  paiti  eu  lier  dont  -le  crédit  public  se  compose. 

D'après  ces  réflexions  ,  nous  vous  proposons 
le   projet    d'arrêié    suivant. 

Lus  consuls  de  la  république  ,  le  conseil- 
d'état  entendu  ,  sur  le  rapport  du  ministre  de 
la   justice  ,    anêtent  : 

Il  n'y  a  pas  lieu  à  modifier  ,  enfaveur  des 
conscrits  ,  les  dispositions  des  lois  du  i5  ger- 
minal et  4  floréal  an  6. 

IL  Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de  l'exé- 
ciwion  du  présent  ariêté  qui  ne  sera  point  im- 
primé. 

Pour  copie  conforme  , 

Le  secrétaire-général  du  conseil-d'élat  . 

Signé ,  LocRÉ. 


MINISTERE    DES    FINANCES. 

Lp.conseil  d'adrainisiration  des  finances  se  tenant 
actuellement  le  quintidi  de  chaque  décade  ,  à  dix 
heures  du  matin  ,  le  ministre  des  fir.ances  pré- 
vient ses  concitoyensquesesaudiences ,  àcompter 
de  la  deuxième  décade  de  thermidor ,  auront  lieu 
tous  les  scxtidis  depuis  midi  jusqu  à  trois  heures. 


PREFECTUREDE    POLICE. 

Paris  ,  le  12  thermidor  an  8. 

Par  3uite  des  mesures  prises  par  le  préfet  de 
police  ,  de  concert  avec  l';s  régisseurs  de  l'octroi , 
pour- la  répression  de  la  fiaude,  l'on  a  encore  dé- 
couvert ces  jours  derniers  une  communication 
souterraine  ,  partant  d  une  maison  sise  à  laVilleite 
ei  aboutissant  dans  celle  du  cit.  Ferou  ,  j».\e  du 
faubourg  Denis ,  n°  9^  :  on  a  saisi  48  barriques 
de  vin  louge  ,  7  feuillettes  d'eau-de-vie  ,  plusieurs 
barriques  vides  ,  environ  iSo  mètres  de  tuyaux 
de  ferblanc  ,  et  tous  les  ustensiles  employés  à  la 
fraude  ;    le  tout  a  été  envoyé  à  la  régie  de  l'octroi. 


PRÉFECTURE    DU    LÉMAN. 

A.  M.  d'Eymar  ,  préfet  ,  au  minisire  de  l'intérieur. 
Citoyen  ministre  , 

La  fête  de  la  Concorde,  l'ariniversaire  du 
Q_uatorze -Juillet  ,  a  été  célébrée  à  Genève  avec 
beaucoup  de  solennité.  Jamais  ,  depuis  la  réunion 
de  ce  pays  à  la  républiijue  ,  on  n'avait  vu  dans 
cette  commune  un  tel  concours. 

J'ai  l'honneur  de  vous  adiesstr  quelques  exem- 
plaires du  discours  que  j'ai  prononcé  dans  cette 
occasion  ,  je  désire  que  ce  que  j'ai  dit  en  posant 
la  (iremiere  pierre  de  la  colonne'  départementale  , 
obtienne  votre  approbation.  Il  m'a  semblé  que  . 
jKirlant  au  nom  d  une  partie  de  la  nation  ,  je  devais 
cet  éloge  aux  arrhées  de  la  république. 

Le  soir  ,j  ai  donné   à  souper  aux   blessés  que 


j'avais  invités  à  la  fête.  Le  préfet ,  les  dames  de 
Genève  ,  les  frai'Çaises  qui  sont  ici  .  les  militaires 
de  la  garnison,  le:. généraux  de  l'aimée  de  réserve, 
dont  quelques-uns  étaient  présens  ,  les  ont  servis 
à  table  ;  rien  n'était  plus  touchant  et  n'a  été  plus 
profondément  senti. 

Il  seroit  à  désirer  que  toutes  les  années  .  à  la 
même  époque  ,  cet  honneur  fut  rendu  dans  tou^c 
l'étendue  de  I3  république  aux  miliiaires  blessés 
dans  la  guerre  de  la  libeiié.  Si  l'effetmoral  de  cette 
institution  était  par-tout  le  même  ipi'il  s  est  lait 
sentir  ici  .  ces  sentimens  et  ce  spectacle  seraient 
vraiment  dignes  de  la  république. - 

Salut  et  respect  , 

D  EvMAR, /ife/ci,  du  Léman. 


Société    dngricuUine    du    déparlcmevt   de    Stine-et- 
Oise.  —  Séance  du  5  thermidor. 

Cftti;  séance  étant  réglementaire  a  commencé 

par   les    nominations.   Le  nouveaux   président  est 

le  citoyen  Jniiiilhac  :  le  citoyen  Duchesne.  secré-' 

'  taiic  ,     est     continué  ,    ainsi    que   les   différentes 

commissions. 

Il  y  avait  deux  places  de  membres  vacantes  , 
la  S'iciéte  a  nommé  à  la  prcmieie  le  consul 
Bonaparte  ,  comme  piopriéiairc  dans  le  canioii 
de  Marly  ;  et  à  la  Jjuxicme  ,  le  citoyen  Biiere  , 
juge  criminel,  déjà  associé  ,  et  créateur  du  journal 
du  déparlement  de   Seine-el-Oise. 

Les  associés  nommés  pour  les  cantons  de 
Bcaumoni  et  de  l'Iie-Adam ,  sont  les  citoyens 
iVIeignen  etjunquieres  ;  plusieurs  correspondans 
ont  éié  admis  pour  divers  dépariemens.  La  société 
a  ensuite  arrêté  de  confier  au  journal  du  dépar- 
lement sa  correspondance,  et  la''  publication 
de  ses  mémoires  et  instructions  ,  au  moyen,  de 
feuilles  supplémentaire  ,  que  son  zèle  la  porte 
à  répandre  dans  toutes  les  communes  otà  il 
parvient.    [  Extrait  de  'Journal  de  Seine-et  Oise.) 


THEATRE     DES     ARTS. 

On  a  donné  hier  à  ce  théâtre  ,  la  première  re- 
présentation lie  Fiasilîle ,  opéra  en  un  acte  ,  du 
citoyen  Milhceiii  ,  auteur  d  Hécube  ,  musique  de 
madame  de  'Vismes.  Voici  quel  en  est  le  sujet. 

Les  jeux  vont  s'ouvrir  dans  lElide  :  deux  sta- 
tuaires rivaux  ont  soumis  au  concours-,  l'un  le 
satyre  Marsyas  ,  laulre  ,  celte  Vénus  soriant  du 
bain,  que  les  Gnidiens  préférèrent  à  la  Vénus 
voilée  ,  et  que  les  Médicis  ont  acquise  et  con- 
servée. 

Les  suflrages  du  peuple  Couronnent  PraxilèJe  , 
mais  les  juges  corrompus  psr  Scopas  ,  décernent 
le  prix  à  ce  dernier.  Praxitèle  et  ses  élèves  se 
livrent  au  désespoir.  Le  staïuaiie  esi  é]iris  de  l'une 
dés  trois  compagnes  de  Vénus  .  d'Agl.-.ë  ,  qu'il  a 
vue,  dit-il.  aux  fêtes  d  Idalie  :  il  biûle  pour 
une  immortelle  ,  et  c'est  pour  lui  plaire  ,  pour 
être  digne  d  elle  ,  qu'il  amoiiionniit  le  triomphe. 
Au  moment  où  il  déplore  son  malheur  ,  Vénus 
et  sa  cour  descendent  de  I  Olympe.  Vénus  vient 
juger  elle-même  si  l'art  du  statuaire  a  été  fidelle. 
Là  peuvent  être  rappelés  ces  jolis  vers  de  Vol- 
taire ,  que  l'auteur  a  pris  pour  épigraphe  : 


)        Au  dieu  Mars,  au  bel  Adonis, 
A  Vulcaîn  même,  et  j'en   rougis. 
Mais  Praxitèle  ,   où  m'a-t-il  vue  , 

Vénus  se  reconnaît  sous  les  traits  dûs  au  ciseau 
de  Praxitèle  ,  et  se  rend  maître  du  choix  d  une 
récompense.  Praxitèle  parle  en  hésiiant  de  ses 
feux  et  norome  Aglaè  ,  Vénus  la  lui  accorde  ; 
mais  l'amour  rjui  sait  mieux  que  sa  mère  les 
ordres  du  destin  ,    déclare  qu  un  homme  ne  peut 

posséder   toute    entière    une   immortelle 

Praxitèle  doit  fixer  la  ceinture  dont  Agiaè  est 
parée  ,  et  choisir  entre  les  attraits  que  cette  cein- 
ture partage  ;  éperdu  ,  cédant  à  ses  iransporis, 
lartiïte  baisse-les  yeux,  et  l'amour  croit  entendre 

son    choix  ,    il    va  détacher  la   ceinture 

Mais  en  fixant  1-a  vue  sur  les  yeux  d  Aglaë  , 
Praxilè'e  voit  tout  ce  qu'il  va  perdre,  le  sen- 
timent entraine  le  désir  ,  et  il  ne  veut  plus  pos- 
séder que  le  cœur  de  la  jeune  Grâce.  1  elle 
était  l'épreuve  que  le  destin  lui  avait  prépaiée. 
La  rigueur  céleste  est  désarmée  ,  et  puisque  son 
choix  ne  fut  pas  d'un  mortel  ,  Praxitèle  est 
digne  d'une  beauté  divine.  Vénus  préside  à  son 
hymen. 

Ouoiqu'en  un  seul  acte  ,,  cet  opéra  offre  deu.t 
parties  distinctes  ,  deux,  sujets  indépendans  l'un 
de  l'autre  ,  deux  actions  sans  liaison  entre-cllrs, 
dès  les  preu'jieres  scènes  ,  des  jiersonnagcs  s'an- 
noncent avec  importance  ,  deviennent  complet- 
tement  inutiles  ,  et  Jie  leparrtisseni  plus.  Lou- 
vrage  est  froid  ,  dénué  d'intérêt,  et  n'offre  pas 
un    plar»  suivi. 

Tout  paraît  avoir  été  conçu  pour  une  seule 
scène  ,  celle  de  la  ceinture.  Tel  est  le  second 
titre  de  l'ouvrage  ;  mais  une  situation  aussi  déli- 
cate,    très-agréable   dans   un    conte   allégoriijue 


1204 


•a  le  douille  inconvénîc'nt  au  théâtre  ,  où  d'être 
«bsGure  et  peu  intelligible  si  elle  fsl  éi^iért- 
ment  voilcc  ,  ,ou  dêire  peu  décenic,  si  une 
gaze   trop   légère  la  laisse  entrevoir. 

De  telles  allégories,  jeux  de  l'esprit  toujours 
értangers  au  cœur,  tableaux  irop  délicats  pour 
être  exposés  sur  une  vaste  scène  ,  fictions  (jtii 
charrneni  l'imagination  ,  parce  qu'en  s'égarant 
elle  saitfes  embellir  encore,  réussissent  rarement 
an  théâtre,  si  ce  n'est  dans  la  pantominie  ,  et 
cela  préciacmcTit  parce  que  l'œil  y  suit  avec 
-invéï-ét  des  motivem-cns  dont  l'iraai^ination  doit 
surprendre  le  sen's  ,  tt  le  but  ,  et  parce  qu'il 
est,  souvent  difficile  de  dire  ce  qu'il  est  aisé 
de  laisser   d-eviner. 

Dans  la  scène  dont  il  est  question  ,  Vénus  et 
l'Amour  sont  amenés  |'Our  jouer  un  rôle  assez 
cxtrïordinaire.  Agiaë  sur-tout  est  placée  dans  une 
posi'.ion  non  moiir»  embarrassante  que  celle  de 
Praxitèle.  Lauieur  a  sans  doute  senti  la  diHiculté 
de  la  faire  parier  ;  car  indéperdamruLnt  des  imi- 
tations de  Rousseau  qu'il  s  est  tréquemment  per- 
mises ,  il  a  dérobé  à  I  auteur  de  P)gninVwn  jus- 
qu'à liinmobiliié  ,  jusqu'au  silence  de  G.ilathée. 
Comme  Galalhée  ,  Aglué  est  long-tems  immobile 
comme  ce  marbre  ;  elle  ne  sanime  que  pour  en- 
tendre t^i  répéter  le  serment  d'un  amour  qu'on 
ignore  être  partagé  par  elle. 

,  L'épigraphe  semble  elle-même  être  une  critique 
de  l'ouvrage  :  quand  Voltaire  lésait  dire  à  Vénus  : 
en  Fraxitclc  ma-l-il  vue?  Il  savait  bien  que  ,  du 
tems  de  ce    statuaire  ,   les    dieux  avaient  cessé  de 
s  liu.raanisersur  la  terre  comme  dans  le  siècle  d'A- 
donis,  d  Europe  ctdEndymion.  Il  eût  été  plus 
naturel  et  plus  conforme  à  U  vérité  que  Praxitèle  . 
cherchant  à  imiter  les  traits  de  Vénus  ,  eût  choisi  j 
pour  modèle  celte  Phryné  dont  il  fut  réellement  j 
épris.  Le  destin  n'ciit  été  pour   rien    dans    cette  j 
affaire  ,   et  Phryné   sans  doute  n'eût  pas  donné  à  j 
Praxitèle   l'embarias   du   choix  que    l'amour   lui 
suppose.  I 

Nous  avons  dit  qire  la  musique  de  Praxitèle  i 
était  d'une  femme.  Nous  serions  tentés  de  dire 
que  cela  devait  être  ;  quand  Vénus  cl  l'Amour 
se  l'ont  entendre  ,  une  main  délicate  doit  ajus- 
ter les  cordes  de  la  lyre,  en  offrant  à  la  scène 
une  des  Grâces  piête  à  voir  tomber  sa  cein- 
ture. L'auteur  ne  devait-il  pas  se  reposer  sur 
une  temme  du  soin  de  trouver  l'accent  qu'une 
telle  sj,tuaiion  inspie?  Aussi  quelques  morceaux 
ont-ils  la  molcsse  ,  le  gracieux  ,  la  teinte  volup- 
tueuse que  le  choix  du  sujet  devait  faire  attendre. 
En  général,  ce  qui  tenait  au  sentiment  et  à  l'ima- 
gination ,  n'a  trouvé  le  compositeur  dénué  ,  ni 
d'expression  pour  lun  ,  ni  de  délicatesse  pour 
l'autre.  Le  public  a  paru  juger  avec  rigueur  ce 
qui  tenait  au  mécanisme  de  l'art  :  ceux  qui  le  pro- 
fessent et  en  apprécient  les  difficultés  auront  «ans 
doute  plus  d'indulgence. 

L'ouvrage  est  établi  avec  goût,  La'is  chante  bien 
le  rôle  de  Praxitèle  ,  à  quelques  momens  près  où 
il  éclate  avec  une  force  au  moins  inutile.  On  a 
revu  avec  intérêt  M"".  Henry  qui  n'avait  pas  paru 
depuis  quelque  tems.  Elle  a  joué  avec  beaucoup 
d'intelligence  le  rôle  dAglaë,  rôle  ingrat  et  d'une 
tenue  difficile  ,  où  I  auteur  n'ayant  rien  donné  à 
dire  ,  a  laissé  tout  à  jouer  ,  el  où  la  décence  de 
l'actrice  doit  servir  de  voile  à  une  allégorie  qui  en 
a  besoin.  M"'.  Clarisse  .  chargée  du  rôle  de  Vé- 
nus ,  n'a  pas  toujours  trouvé  des  intonations  par- 
faitement justes.  Mlle  Chevalier  a  chanté  avec 
finesse  un  air  extrêmement  joli  que  le  composi- 
teur a  annoncé    être  parodié.  S.... 


Lapotaire  ,  membre  du  lorps-le'gislatif,  au  citoyen 
rédacteur  du  journal  officiel  U  Moniteur.  —  Paris  , 
le  8  termidar  an  8. 

Vos  abonnés  de  la  commune  de  l'Orient  me 
chargent  de  vous  engager  à  insérer  ,  dans  votre 
prochain  nnméro  ,  que  ,  le  22  messidor  ,  il  a  été 
célébré  pat  le  clergé  de  l'Orient  ,  ayant  à  leur 
tête  l'évêque  constitutionnel  du  Morbihan  ,  un 
service  solennel  pour  le  général  Desaix  et  pour 
Lalour-d'Auvergne  .premier  grenadier  de  France, 
et  autres  généraux  etdéfenseurs  de  la  patrie  , morts 
en  combattant  les  ennemis  de  la  république.  Une 
musique  lugubre  ,  analogue  à  la  circonstance  , 
S'y  est  fait  entendre.   Tous  les   corps  constitués  y 


étaient  réunis  et  un  peuple  considérable.  Un 
superbe  mausolée  ,  décoré  de  tous  les  attributs 
miliiaires  ,  portait  pour  inscription  ,  d'un  côté  : 

Allez  dire  au  premier  consul  que  je  mmrs  avec  le 
regret  de  n'avoir  pas  assez  fait  pour  vivre  dans  la 
postérité. 

De  l'autre  : 

Jeime  héi  os , 
Tn pouvais ,  sans  orgueil, 

Croire  ton  nom 
Caiiservé  pir   ta   gloire  ; 

U-n  peuple  entier  , 

Plmrnnt  sur  ton  cercueil , 

Immortalise  ta  mémoire. 

Je  vous  piie  de  leur  donner  cette  satisfaction. 

Salut  et   fraternité  , 

SJg-ne,  Lapotaire. 


Paris  ,  ce  6  thermidor  an  8. 
Je  déclare  que  ,  loin  d'avoir  co-opéré  à  la    ré- 
daction de  l'étrange  Prospectus    du  soi-disant  col- 
lège de  Navarre  ,  je  ne  l'ai  connu  que  lorsqu'il  a 
été  rendu    public  par  la    voie    de     l'impression. 
Malgré  le  désir  que  j'ai  de    voir  fleurir   dans    la 
république  léiude  des  langues    orientales  ,  je  ne 
les   ptofe.sserai  jamais  dans   un  établissemeni  qui 
n'aurait  pâS  lapprobation  du  gouvernement. 
Signé  ,L.    Langlès, 
membre  de  l'institut  national. 


du  système  planétaire  ,  d'après  les  calculs  les  plus 
récens  ;  i'I  a  augmenté  égalemerit  la  table  des 
nombres  curieux  et  utiles  ,  celle  des  hauteurs  des 
montagnes  et  des  édifices;  celle  des  vitesses,  de 
la  lumière,  des  planètes  ,  des  vents,  des  animaux, 
etc.  11  y  a  mis  d'autres  résultats  de  calculs  qui  in- 
léressent  les  amateurs  de  la  physique  ,  et  gui  sont 
ou  curieux  ou  utiles.  Ainsi  cet  almanach  servira  à 
la  curiosité  et  à  l'instruclion  de  tous  ceux  qtii 
aiment  les  calculs. 

On  y  veria  des  résultats  nombreux  qu'on  chef'- 
chevait  inulileraent  dans  d'autres  livres ,  et  qui 
ne  pouvaient  être  rassemblés  que  par  un  physi- 
cien exercé  qui  connaît  les  sources  ,  à  qui  unç 
vnste  correspondance  procure  des  moyens  d'ins^ 
truciion  qui  ne  sont  |f)as  à  la  poitée  de  tout  lie 
monde. 

On  trouvera  des  explications  utiles  sur  l'an- 
nuaire dans  le  Manuel  républicain  que  le  citoyen 
François  (  de  Neulchàteau  j  fit  imprimer  lorsqu'il 
était  ministre,  et  qui  se  trouve  chez  les  Didoc , 
galeries  et  rue  de  "Tliionville. 


Maison  d'inoculation  à  Vaugirard  ,  ce  8  thermidor. 

Nous  possédons  à  Paris .  depuis  deux  jours,  M. 
Woodwille,  médecin  de  l'hôpital  d'inoculation  delà 
vaccine  à  Londres.  Ce  savant  ,  à  qui  nous  devons 
l'Essai  sur  le  cowpux  ,  traduit  en  français  par  le 
docteur  Aubert  ,  animé  par  un  zèle  généreux  , 
et  qui  mérite  à  tant  d  égards  nos  éloges  el  notre 
reconnaissance,  vient  seconder  nos  expériences 
sur  la  vaccine- 

Sa  pratique  ,  ses  succès  constans  et  invariables 
sur  piui  de  sixmille  enfans  inoculés  parlavaccine  , 
et  préservés  de  la  petite  vérole ,  doivent  nous  pro- 
mettre des  résultats  aussi  satislesans. 

Celle  méthode  préservative  de  la  variole  ordi- 
naire ,  ne  semble-t  elle  pas  tenir  du  prodige  par 
sa  bénignité  ,  quand  on  considère  que  le  travail 
qui  en  est  la  suite  ,  se  borne  uniquement  à  la 
piqûre  que  l'on  fait  pour  inoculer  ,  et  est  exetiapt 
du  plus  petit  accident. 
'  Colon  ,  D.  med.  du  comité  médical  de  la 

vaccine ,  à  Vaugirard. 


Annuair-e  de  la  république  française ,  présenté 
au  corps  législatif  par  le  bureau  des  longitudes  , 
pour  l'an  9  de  I  ère  française.  Prix  ,  60  centimes 
pour  Paris  ,  cl  76  centimes  pour  les  départemens, 
franc  de  port  par  la  posle. 

Nota.  La  poste  ne  peut  pas  se  charger  de 
moins   de   quatre    exemplaires. 

A  Paris ,  de  l'imprimerie  de  la  République  ,  et 
se  vend  chez  Duprat  ,  libraire  du  bureau  drs 
longitudes  ,  quai  des  Augustins ,  chez  lequel  on 
trouve  aussi  la  Connaissance  des  tems  de  chaque 
année. 

Lorsque  le  citoyen  Lakanal  fil  établir  le  bureau 
des  longitudes  ,  par  la  loi  du  7  messidor  an  3  ,  il 
fut  dit  que  cette  compagnie  présenterait  chaque 
année  au  corps-législatif,  un  annuaire  propre  à 
régler  ceux  de  toute  la  république.  En  consé- 
quence on  a  rédigé  ce  peut  volumej  qui  est  ex- 
trait de  la  Connaissance  des  tems  ,  et  qui  contient 
tout  ce  qui  est  utile  au  public  ,  dans  une  assez 
petite  étendue  pour  être  à  la  portée  de  tout  le 
monde  ,  et  parvenir  facilement  et  en  nombre 
suffisant  dans  toutes  les  parties  de  la  république. 

Les  nouveaux  dénombremens  faiis  dans  les 
anciens  départemens  de  la  France  et  dans  les 
nouveaux,  étaient  une  chose  assez  importante  et 
assez  curieuse  pour  continuer  dêtre  mise  à  la 
suite  de  cet  annuaire. 

On  a  augmenté  et  perfectionné  les  tables  dé 
population  ;  00  y  a  mis  les  mesures  de  la  répu- 
blique: une  tablé  de  réduction  des  anciennes  me- 
sures ou  mètres  d  après  les  dernières  détermina- 
tions. Le  citoyen  Lalande  a  augmenté  le    tableau 


GÉOGRAPHIE. 

Carte  delà  sÉPu.BLi'q_uE  erançaise,  divisée 
en  départemens  et  arrondisssemens  communaux  , 
comprenant  l'ancien  et  le  nouveau  territoire  de 
la  France  ,  d'après  les  derniers  traités  de  paix  ; 
indiquant  les  chefs-lieux  de  préfectures,  sous- 
prélectures  et  tribunaux  ,  conformément  à  la 
division  arrêtée  par  les  lois  des  28  pluviôse  et 
27  ventôse  an  8  ,  par  Edme  Mentelle  ,  membre  de 
l'institut  national ,  professeur  aux  écoles  centrale» 

I  du  dépanemeut  de  !a  Seine  ,  et  P.  G.  Ch^ulaire  , 

I  l'un  des  auteurs  de  l'atlas  national. 

f      Celte  carte,  en  4  feuilles  d'impression  ,  papier 

j  dit  grand-raisin  ,  donne  l'état  exact  de  la  division 

■  actuelle  de  la  Fiance  et  des  arrondissemens  com- 

j  munaux,  fotmant  le  ressort  actuel  des  tribunaux 

I  de  première  instance. 

I      Prix  ,  4  fr.  ,  franc    de  port  ,  enluminée   avec 

I  soin. 

A  Paris ,  chez  les  auteurs  P.  G.  Chaulaire,  rue 

j  Geoffroy-Langevin  ,   n°  328  ;  et  E.  Mentelle  ,  ga- 

1  lerie  du  muséum  ,  n°  19. 

I  L  I  V  R  E  S    D  I  V  E  R  S. 

Histoire  Naturelle  de  Buffon  ,  in- 18  ,  16'.  livrai- 
son. Celte  livraison  est  composée  du  tome  17  , 
matières  générales  ,  et  du  tome  8  ,  des  Quadru- 
pèdes ,  avec  18  planches.  Prix  ,  5  fr.  5o  cent.  ,  et 
8  Ir.  5o  cent,  figures  enluminées. 

A  Paris ,  rue  du  Cimctière-André-des-Arcs  , 
n°.   10. 

Cet  ouvrage  se  coplinue  avec  succès  ,  et  les 
éditeurs  apportent  tons  les  soins  possibles  à  Pexé- 
cudon  des  gravures  et   du  texte. 

Manuf.l  des  maires  et  adjoints  ,  fesant  suite  au 
Manuel  des  agens  et  adjoints  municipaux  ,  contenant 
la  constitution  de  l'an  8  ,  la  loi  du  28  pluviôse  , 
ainsi  que  les  lois  et  actes  du  gouvernement  qui 
ont  paru  jusqu  à  ce  jour  ,  et  qui  déterminent  las 
fonctions  et  attributions  des  maires  et  adjoints  , 
avec  tables  chronologique  et  alphabétique  des 
matières  ;  précédé  d'un  discours  préliminaire  ,  qui 
présente  un  tableau  des  fonctions  à  remplir  par 
les  maires  et  adjoints  ,  en  exécuùon  des  lois  nou- 
velles ,  et  de  celles  antérieures  à  la  constitution 
de  l'an  8.  Prix  ,  i  fr.  20  centintes ,  et  i  fr.  5o  cent. 
franc  de  port. 

A  Paris  ,  chez  Rondonneau  ,  au  dépôt  des  lois  , 
place  du  Carrouzel. 


COURS     DU    CHANGE. 
Bourse  du  12  thermidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Rente  provisoire «3   tr.   i3  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.   88  c. 

Bons  deux  uers 1   fr.   52  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  75  c. 

Bons  pour  l'an  8 .   85  fr.  5o  c. 

Syndicat 67  fr.  25  c. 

Coupures.... 67  fr.    s5   c. 

Aet.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 

Lyon au  p.  à  vue. 

Marseille....  au  p.  à  10. 
Bordeaux....    ç  p.     à   vue. 
Montpellier..  |  p.  à  ai  >our«. 


L'abonacmeni  se  fait  à  Paris  ,  rue  des  Poitevins,  a"  18.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois,  Sofiaacs  pour  6  mois,  et  100  fraacs  pour  l'année  enti«ie.  Ou  oe  t'abonne 
qu'au  commeuccmeut  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  et  l'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  As  as  s  e,  propriétaire  de  ce  journal  ,  rue  des  Poitevins  ,  u"  rS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  ou  l'on  ne  peutaffiuncliir.  Les  lettres  des  dépanemensnon  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

U  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs ,  et  adresser  sont  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur ,  rue  des 
Paiicvint ,  n*  lî  ,  depui  tneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris  ,  de  1  imprimerie  du  cit.  Agasse,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  l3. 


GAZETTE  NA 


M"  314. 


Quartidi  ,14 


E  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indiviiible.^ 


T — rr. — .  l'.'.'-ll.niJ  bl  uiap 

..I  'h-  ncini'' 

.:.  '    .i.ijdionoa  >!•  iv  (i 

■.^'.■^^'^^q  -.h  in-Ji  ■  ii  iip 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripcêurTqaà  daier  du  7   Nivôse  le   M  O  iNM  T  E  U  R  £;sc  le  feul^ journal  'ofiçi^u^  "  "'.  ' ,''' 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeiiî ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faiis.eo  les-'inçtions^tant  inr 
l'intérieur  que  sur  l'excérieurj  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  ,„  '      , 

,  Un  article  s«ra  particulièrement  consacré  aux   sciences ,  aux  arcs  et   aux  découvertes  no««elles. 


1: 


LIVRES      NOUVEAUX. 

Lycf'e,  ou  Cours  âe  Littérature ,  par  Jean-francpis, 
Laharpe;  tomes  VIII,  IX  et  X, 

Prix  ,  brochés  ,  i3  francs  5o  centimes. 

A  Paris,  chez  Henri  Aidasse,  imprimeur-libraire, 
rue  des  Poitevins,  n"  18. 

Ces  trois  volumes  commencent  la  partie  du 
cours  relative  au   i8°  siècle. 

Le  tome  VIII  traite  1°  de  l'Epopée  et  de  la 
Henriade  ;  s°  des  Poèmes  héroïqiies  et  héroï- 
comiques,'  didactiques,  erotiques,  mytholo- 
giques ,  etc.  ;  jjarmi  lesquels  on  distingue  les 
cernes  de  Fonienoy,  de  la  Loi  naturelle,  de  la 
ucelle  et  de  la  Querre  de  Genève  ,  par  Vol- 
taire ;  le  poëme  de  la  Religion  ,  par  Racine  le 
fils;  l'A.'i  d'ajmer,  par  Bernard  ;  le  Ververt  de 
Gresset  ;  les  Saisons  de  Saint-Lambert  ;  l'Agri- 
culture de  Rqsset  ;  les  Mois  de  Rouch^r  ,  etc. 

Les  lomes  IX  et  X  sont  consacrés  aux  tragé- 
dies de  Voltaire. 

(Nous  donnerons  incessamment  l'extrait  de  ces 
trois  volumes.  ) 

Cette  nouvelle  livraison  du  Cours  de  Littéra- 
ture ,  porte  les  volurnes  qui  en  ont  été  publiés 
jusqu'à  prescrit  au.  nombre  de  onze,  attendu 
que  le  troisième  volume  est  divisé  en  deux 
parties. 

,     Prix  des  onze  volumes  ,  49  fr.  5o  cent. 

Les  lomes  XI  et  XII  paraîtront  au  plus  tard  en 
vendémiaire  prochain.  L'auteur  s'occupe  cons- 
tamment de  la  suite  de  cet  ouvrage  ,  qu'il  suffit 
de  nommer  pour  en  faire   léloge. 


EXTERIEUR. 

INDES    ORIENTALES. 

X  L  règne  dans  l'armée  de  Scindia  une  grande 
désertion  ,  occasionnée  par  les  querelles  qui  se 
sont  élevées  parmi  les  officiers  nés  dans  le 
pays  ,  au  sujet  de  quelques  distributions  d'ar- 
gent. 

Suivant  les  dernières  nouvelles  reçues  de  l'état 
de  Poodacottah  ,1a  compagnie  estimant  nécessaire 
à  sa  sûreté  de  réduire  le  pouvoir  barbare  des 
J)oligars  ,  et  d'établir  une  forme  générale  et  salu- 
taire de  gouvernement  danr  ce  pays  ,  a  rassemblé 
sur  ses  frontières  une  armée  en  état  d'agir  puis- 
samment. 

Les  deux  compagnies  de  malais ,  levées  en 
1797  par  les  princes  'i'u-SufF  et  Nourridin  ,  de 
Coa  ,  pour  le  service  du  revenu  public  ,  sont 
ïtaiionnées  d'une  manière  permanente  à  Cal- 
^etty. 

Le  corps  sçus  le  colonel  Qram  ,  a  subi  une 
réduction.  Trois  compa^^nies  ont  rejoint  leur 
bataillon  à  Triçbenapaly  ;  le  reste  est  en  marche 
P9ur  Maduré  ,   dont   il   formera  la  garnison. 

Un  B-ombro  considérable  de  pros  ,  apparte- 
Bans  à  Achen  ,  ont  échoué  sur  la  côte  occi- 
dentale .  ayant  été  détenus  à  Soosa ,  jusqu'au 
moment  oii  les  vents  de  nord-ouest  ont  com- 
«nencé  à  souffler.  Peu  d'entre  eux  sont  en  élal  de 
doubler  la  pointe  d  Achem. 

La  petite  vérole  vient  d'occasionner  une  très- 
grande    mortalité    à  Pédang. 

La  pêche  des  perles  sur  les  bancs  de  Manar,  a 
commencé  le  21   pluviôse    dernier. 

■Un  particulier  de  Bombay  a  fait  dernièrement 
une  excursion  dins  un  pays  désert  ,  situé  à  l'est 
des  Gâtes  ,  oii  il  a  trouvé  des  forêts  immenses 
darbrcs  à  thé  ,  d  une  hauteur  extraordinaire. 

Un  bâtiment  gréé  en  senau  et  armé  d'avirons 
a  lépandu  lalarme  le  long  de  la  côtç  de  Choug- 
hant. 

Le  prix  du  riz  a  éproi^vè  ,   sur  la  côte  de  Mala- 
bar ,  une  très-grande  diminution  ,  vu  l'abondance 
de  la  dernière  récolte. 
L  La  compagnie  fait  établir  à   Séringapatam  ,  sur 

P         les  bords  du  Ciivery  ,  de  vastes  magasins  de  toute 
^  espèce  de  marchandises,  et  entr'autrcs  de    lainage 

pour  l'approvisionnement  des   territoires  qu'eue 
a   nouvellement  acquis.    La    direction    en   a   été, 
rr  conhée  au  payeur  de  la  garnison. 

I  D'après   le   traité   conclu    récemment   avec    le 

j  JV/jam  ,  le  subside  que  paye  ce  prince  à  la  com- 

pagnie le  trouve  cons  iilérabicœent  iiugmenlé. 


On  est  parvenu  à  introduite  la  culture  de  la 
pomme  de  terre  dans  les  environs  de  Calcutta, 
et  à  en  l'aire  adopter  l'usage  aux  naturels  du  (lays. 
La  récolle  qui  vient  d'en  être  faite  a  parfaiiement 
réussi  ,  et  pour  la  qualité  et  pour  la  quantité.  On 
espère  qu'il  en  sera  de  même  de  celles  du  chanvre 
et  du  lin,  dont  on  a  fait  l'essai  sur  200  acres  df 
terre  situés  dans  le  même  voisinage. 

Conformément  aux^  dernières  volontés  de  feu 
le  nabab  de  Carnatte  ,  Vellaja  Bahander,  ses 
restes  ,  déposés  à  la  mosquée  de  Saint  Thomé, 
ont  été  transportés  eu  grande  pompe  à  Tiiche- 
napaly. 

Des  lettres  du  Bengale  portent  que  1^  gouver- 
neur général  a  ordonné  qu'il  serait  érigé  à  Bénarès 
un  monument  à  M.  Cherry  (  assassiné  par  le  vizir 
Ally  )  en  mémoire  de  ses  services  distingués. 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  i3  thermidor. 

Le  ch"f  de  brigade  Lauriston  ,  aide-de-camp 
du  premier  consul ,  est  de  retour  de  Bielle-Isle. 
Cette  place  est  approvisionnée  pour  un  an.  Les 
troupes  et  les  habitans  sont  dans  les  meilleures 
dispositions  pour  repousser  les  anglais.  Le  géné- 
ral Guillot,  oBicierdun  grand  mérite,  qui  com- 
mandait les  éclaireurs  à  l'a.ttaque  du  petit  Gibral- 
tar ,  qui  a  décidé  de  la  prise  de  Toulon  ,  a  établi 
à  Belle-Isie  le  service  ,  de  manière  qu'il  ne  rçste 
rien  à  d^-sirer.  Beaucoup  de  soldais  de  la  81* 
demi  brigade  ,  qui  ont  été  prisonniers  des  an- 
glais ,  conservent  un  vif  ressentiment  des  mau- 
vais traitemens  qu'ils  en  ont  éprouvés.  Ils  dési- 
rent ardemment  que  les  anglais  leur  donnent  oc- 
casion d'illustrer  leurs  drapeaux;  mais  depuis  un 
mois  que  le  convoi  anglais  est  devant  Bclle-Isie  , 
il  ne  s'est  fait  encore  aucun  débarquement.  Il 
règne  à  bord  des  bâlimens  anglais  une  maladie 
épidémique. 

L'activité  du  général  Bernadofte  se  porte  sur 
toutes  les  côtqs  dr  l'armée  de  l'Ouest.  Il  ne  tien- 
drait pas  à  des  hommes  sans  patrie  et  sans  hon- 
neur que  la  guerre  civile  ne  rccommeh.çât  dans 
ces  déparieniens  ;  mais  la  masse  des  habitaiis~atta- 
chés  de  cœur  au  gouvernement,  se  lèvera  non- 
seulement  contre  les  anglais,  s  il  le  faut  ,  mais 
encore  contre  les  soi-disant  chefs  qui  seuls  s'en- 
richissent des  guerres  civiles.  Ces  hommes  pro- 
fitent et  de  l'argent  qu'ils  ont  la  bassesse  de 
recevoir  des  ennemis  du  nom  français  ,  et  du 
pillage  et  du  vol  des  contributions  ,  suite  uéces- 
saire  des  guerres  civiles. 

Tous  les  grenadiers  et  éclaireurs  du  corps,  qui 
sont  dans  l'intérieur ,  vont  former  un  camp  entre 
Beauvais  et  Amiens  ,  oià  ils  s'exerceront  ,  et  d'où 
ils  seront  à  même  de  se  porter  par-tout  oiî  la 
guérie  coiitinentale  ou  maritime  pourrait  l'exiger. 
Ce  camp  est  sous  les  ordres  du  général  Murât. 

L'armée  de  léserve  campe  dans  les  bois ,  entre 
Dijon  et  Auxone.  Le  général  Biune  a  fait  faire 
sa  baraque  au  milieu  de  l'armée  ,  afin  de  veiller 
de  plus  près  à  l'instruction.  L'avant-garde  seule- 
ment de  cette  armée  est  arrivée  en  Suisse. 

—  La  malveillance  répandait  le  bruit  que  la 
peste  s'était  manifestée  aux  Chantons  et  à  l'hos- 
pice Saint-.André  ,  dans  la  commune  de  Bor- 
deaux :  une  lettre  datée  de  cette  ville  .  le  6  ther- 
midor ,  ei  insérée  dans  le  Journal  de  Paris  ,  an- 
nonce que  la  speiété  de  médecine  de  Bordeaux, 
réunie  le  5  en  séance  générale  ,  a  acquis  la  cer- 
titude que  les  rnaladies  qu'oji  observe  en  ce  mo- 
ment à  Bordeaux  ,  n'ont  aucun  caractère  ni  épi- 
démique ,  ni  alarmant;  qu'elles  se  réduisent  à 
quelques  maux  de  gorge  simples  ,  à  des  petites- 
véroles  et  des  rougeoles  bénignes  ,  à  quelques 
coqueluches,  à  quelques  fièvres  tierces  et  double 
tierces  ,  cédant  facilement  aux  remèdes.  —  La 
société  a  encore  appris  des  médecins  de  l'hos- 
pice Saint-André  .  qu'il  y  a  peu  de  malades  dans 
cet  hôpital  ;  que  plusieurs  lits  y  sont  vicias  ;  qu'au- 
cune mortalité-  n'y  a  été  observée  ,  et  qu'on  n'y 
a  iiiême  perdu  aucun  malade  deptjis  plusieurs 
jours. 

—  Le  9  thermidor,  ^  deux  heures  du  matin  , 
un  incendie  s'est  manifesté  avec  violence  dans 
la  maison  d'un  teinturier  à  Orléans  ,  rue  du 
Cheval -Rouge.  Le  feu  a  commencé  par  une 
chaudière,  et  s'est  communiqué  rapidenient  à 
tous  les  combustibles  cnvironnans.  Le  tocsin  a 
été  de  suite  sonné  ,  et  la  gctictale  battue.  On  a 
ptotuié  en  peu  d'instans  les  secours  les  plus  ! 
prompts  et  les  plus  efficaces.  Le  maiie  ,  la  force  ', 


armée  ,  et  les  pompierjS  ,  s'y)  acnt  trouvés  réuni» 
presqu'en  même-lems.  Ori  a  répssi  .  en  moins  de 
deux' heures  ,  à  arrêter  le  progiès  df  \fL  flamme;, 
et  même  à  l'cleindre  entiérenieni.  Ileureusemerjt 
qu'on  a  pu  ,  en  abattant  un  pan  de  muraille, 
détruire  la  communication  qui  existait  entre  le 
foyer  et  un  hangard  (jui  contenait  environ  une 
vingtaine  de  cordes  de  bois'J Gazette  de  France.) 

—  Le  préfet,  du  .département  .de  la  Meuse* 
Intérieure  prévient  ses  collegiies  dc,s  autres  dé- 
parieniens fju'à  l'avenir  ij  affiaricbira, les  lettres  qt 
paquets  qu  il  Icijr  adressera ,  et  les  invite  à  en 
user  de  même  à  son  égard;  leur  fesant  part  que, 
faute  de  prendre  celte  précaution  ,  lesdils  paquets 
et  lettres  resteront  au  rebut. 

—  L'installation  des  tribunaux  criminel  et  civil 
du  département  de  la  Lozère  s'est  faite  le  84 
messidor  ;  le  plus  grand  ordre  a  régné  dans  cetfe 
cérémonie  touchante  par  le  concours  des  ci- 
toyens qui  s'y  sont  trouvés  ,  et  infiniment  intéres- 
sante par  les  discours  pleins  de  patriotisme  ,  de 
philosophie  et  de  philantropie  que  le  préfet  y  a 
prononcés,  et  auxquels  il  a  été  répondu  par  les 
présidens  respectifs  des  deux  tribunaux. 


MIN  I  S  TER  E  DE  L'INTÉRIEUR. 

Instruction  sur  les  travaux  à  exécuter  sur  les 
grandes  routes  avant  le  commencement  de  l'hiver 
de  l'an  9  ,  et  sur  Us  dépenses  générales  des  ponts 
et  chaussées  jusqu  au  f  nivôse  an  9. 

Approuvée  par  le  ministre  de  l  intérieur  ,  le  28  mes- 
sidor an  8  ^  et  adressée  aux  préfets  des  départemevs 
par  le  conseiller-d'état  charge  spécialement  des  ponts 
et  chaussées,  canaux.,  taxe  d  entretien  et  .cadastre  , 
le  i"  thermidor. 

Citoyen  préfet  ,  je  vous  ai  adressé  ,  le  4  floréal 
dernier  ,  une  instruction  pour  l'exécution  de  la 
loi  du  7  germinal  an  8,  et  du  règlement  des 
consuls  du  !"■  floréal  suivant.  { 

Elle  était  particulièrement  relative  aux  moyeris 
de  constituer  la  recette  des  produits  de  la  ta:^c 
d'entretien     des    routes . 

Il  est  à  remarquer  que  ces  produits  formant  fe 
seul  londs'que  le  gouvernemeiit  puisse  ,  dans  le^ 
circonstances  actuelles,  appliquer  aux  dépensas 
des  ponts  et  chaussées,  il  était  indispensable,, 
sous  ce  rap^iori  ,  de  connaître  avec  quelque  pré- 
cision l'étendue  de  ces  produits  ,  avant  de  forrner 
aucune  disposition  sur  les  dépenses. 

L'anêlé  des  consuls ,  du  i'^  floréal  ,  avait  pres- 
crit l'adjudication  universelle  des  barrières  avant 
le  I^'  prairial  suivant  ;  celte  fixation  d  une  éjjoqi^e 
uniforme  pernictiait  d'espérer  que  ,  vers  le  i5  du 
même  niois  ,  les  résultats  de  ces  adjudications 
auraient  pu  me  parvenir  ;  mais  des  obstacles 
nombreux  ont  troinpé  cette  combinaison  ;  et  dans 
ce  moment  même  les  adjudications  n.e  sont  point 
terminées  dans  plusieurs  déivariemcns.  Il  serait 
néainnoins  infi:iimeni  eoiiuai,e  à  ladrainistration 
des  roiites  ,  de  relarder  plus  long-tems  la  fiction 
des  travaux  quil  se»-a  possible  d'exécuier  avant 
I  hiver  de  1  an  g;  et  comme  il  faut  renoncer  à 
attendre  le  term,e  encote  éloigné  oti  les  barrières 
seront  universellement  affermées  ,  j  ai  diâ  remolic- 
cer  par  t^es  évaluations  approximatives  ,  l'absence 
des  états  d'adjudication  qui  ne  sont  point  encoie 
parvenus;  ce  qui  iiie  permet  de  déterminer  un 
résultat  presque  certain  du  produit  géiiéral  des 
barrières  affermées  ou  à  affermer  en  e)j.éculion 
de  la  loi  du  7  germinal. 

La  siiuaiion  des  grandes  roules  excite  toute  la 
sollicitude  du  gouvernement  ;  abandonnées  de- 
puis dix  ans  à  toutes  les  causes  de  desiruction  , 
elles  exigeraient  aujourd  hui  des  dépenses  supç" 
rieuies  à  tous  les  moyens  que  l'on  pourrait  y 
appliquer.  Le  moment  n'est  point  encore  anivé 
où  il  sera  possible  de  diriger  de  varies  dépenses 
vers  cet  important  objet  :  la  guerre  ,  qui  les  a  fait 
négliger  ,  n'est  point  terminée  ;  elle  exigp  la 
totalité  des  ressources  et  des  efforts  de  la  nai|p^\  ; 
ainsi  ,  jusqu'à  la  paix  ,  le  produit  de  la  taxe  d  en- 
tretien sera  l'unique  fonds  applicable  à  1  entre- 
tien des  l'oljtes  et  aux  dépenses  de  leur  adu{i- 
nistration.  ' 

Ce  produit  est  non  -  seulement  inférieur  aux; 
besoins  extraordinaires  ;  il  l'est  même  de  beau- 
coup aux  simples  dépenses  ordinaires  d'çii- 
treticn. 

je  dois,  à  cei  "égard,  vous  exposer  qnelqqç» 
calculs  (jui  ,  [lar  leur  généralité  ,  semblent  d'abord 
étranger»  aux  mesures  partielles   que  k   gouvei- 


1266 


tiement  doit  pretidre  pour  chacun  des  departe- 
rnens  de  la  république  ;  mais  convaincu  que  sa 
force  réside  essrnlicUement  dans  la  confiance  ,  et 
Tjue  la  confiance  ne  peut  s'établir  que  sur  la  con- 
viction de  lajustesse  des  mesures ,  je  m'empresse 
à  vous  communiquer  les  bases  des  déterminations 
qu'il  vient  de. prendre  relativement  aux  travaux  à 
exécuter  sur   les  grandes   routes. 

La  recette  annuelle  de  )a  taxe  d'entretien  ne 
jjrésente,  d'après  la  mise  en  ferme  des  barrières 
de  la  majeure  partie  des  départemens,  el  d'après 
l'cvahiation  de  celles  qui  ne  sont  point  encore 
affermées,  qu'une  recette  annuelle  de  10,200,000 
Irancs. 

Les  dépenses  qu'exigeraient  les  travaux  des 
grandes  routes,  se  divisent  en  deux  classes. 

1°.  Les  dépenses  de  simple  entretien  et  des 
ouvrages  d'an  ,  réunies  à  celles  de  l'administra- 
tion, qui  étaient  évaluées  avant  la  révolution  à 
environ  52,0'jo,ooo.  L'accroissement  du  territoire 
de  la  république,  l'augmentation  siirvenue  aux 
prix  de  la  main-d'œuvre  ,  autoiisent  à  croire  qu'à 
{avenir  ces  dépenses  s'élèveront 
jusqu'à «6,000,000/. 

La  recette   annuelle    de   la  taxe 
d'entretien  vient  d'être  évalué  à.   .     10,900,000 


Il  existera  donc  un  déficit  sur  les 
'dépenses  ordinaires  de 1 5, 800, 000/. 

t".  Ce  déficit  sera  augmenté  des  dépenses  ex- 
traordinaires qu'exigeront,  pendant  le  cours  de 
quelquesiannées  ,  les  réparations  considérables  à 
faire  aux  routes  et  aux  ouvrages  d  art  :  il  est, 
quant  à  présent  ,  inutile  de  les  apprécier  ;  on  sait 
assee  qu'elles  s'élèveront  à  des  somrpes  consi 
dérables. 

Cette  situation  momentanée  de  détresse  change 
nécessairement  l'ordre  habituel  de  l'administra- 
tion des  travaux  des  routes  ;  on  ne  peut  plus 
déierminer  leur  dépense  par  les  travaux  qu'elles 
exigeraient:  cette  baje,  si  sage,  doit  sommeiller 
jusqu'au  retour  de  l'abondance ,  et ,  pour  l'ins- 
tant ,  on  est  réduit  à  consulter  les  moyens  étroits 
qui  leur  sont  applicables  ;  ce  qui,  en  d'autres 
termes,  signifie  qu  il  faut  réduire  les  dépenses 
au  montant  seul  des  recettes  possibles. 

Règle  de  la  distribution  des  fonds  applicables  aux 
■travaux,  des  routes  avant  l'hiver  de  l'an  9. 

La  première  règle  à  Jaquelle  le  gouvernement 
a  dû  5  attacher  très-foriement ,  consiste  à  n'auto- 
riser de  dépenses  que  dans  le  rappo^  exact  des 
i.eceites  certaines  des  produits  de  la  taxe.  Il  est 
tems  d&  faire  cesser  les  désordres  que  produi- 
saient les  autorisations  indiscrètes  données  pour 
des  travaux:  cédera  leur  urgence,  sans  avoir 
les  moyensde  les  exécuter,  est  une  mesure  très- 
fausse  qui  entraîne  les  inconvéniens  les  plus 
graves  ;  il  en  résulte  des  illusions  qui  trompent 
les  administrés  et  les  admijiistrateurs  :  les  uns  et 
les  autres  en  conçoivent  des  espérances  qui  , 
faute  de  se  ré.^liser,  décrient  le  gouvernement, 
et  ruinent  son  crédit  auprès  des  entrepreneurs 
qui  se  sont  livrés  à  des  avances. 

Ces  entrepreneurs  se  prévalent  d'ailleurs  des 
hasards  attachés  au  paiement  des  travaux  qu'ils 
doivent  exécuter:  ils  exigent  des  prix  plus  consi- 
dérables ;  ils  contruisent  mal  ;  ils  ouvrent  des 
ateliers  dans  des  saisons  inconvenantes  ;  ils  aban- 
donnent des  travaux  ébauchés ,  dont  la  valeur  se 
trouve  perdue.  L'inexactitude  dans  les  paiemens 
de  ce  qui  leur  est  dû,  excite  leurs  plaintes  légi- 
times contre  le  gouvernement,  et  réfléchit  sur 
une  multitude  d'ouvriers  dont  les  salaires  ne  sont 
point  payés.  Ainsi  tout  concourt  à  justifier  la 
règle  fondamentale  dont  je  vous  entretiens ,  et 
qui  consiste  à  n'entreprendre  des  travaux  que 
dans  la  proportion  rigoureuse  des  moyens  de  les 
payer  avec  exactitude. 

Avant  d'exposer  les  bases  de  la  répartition  des 
fonds  destinés  aux  travaux  des  routes  ,  je  dois 
expliquer  pourquoi  cette  répartition  s'étend  sur 
les  travaux  à  faire  jusqu'à  l'hiver  de  l'an  g ,  et 
pourquoi  se  trouvent  pur-là  confondus  en  appa- 
rence la  fin  de  l'exercice  de  l'an  8  et  le  com- 
mencement de  celui  de  l'an  g. 

La  modicité  des  fonds  actuellement  applicables 
aux  travaux  des  routes ,  exige  qu'aucune  portion 
n'en  reste  oisive  ,  et  que  la  totalité  en  soit  con- 
sommée dans  la  saison  où  les  travaux  sont  utiles 
et  praticables.  Cette  mesure  est  conciliable  avec, 
la  disposition  des  lois  qui  séparent  la  compta- 
bilité publique  par  exercices  annuels  ;  elle  est 
aussi  conciliable  avec  la  nécessité  de  mettre  dans 
vos  mains ,  dès  à  présent,  les  moyens  certains  de 
porter  sur  les  routes,  avant  1  hiver,  toute  l'éten- 
due des  fonds  qui  leur  sont  applicables. 

Les  recettes  certaines  qui  doivent  avoir  lieu 
dans  toute  la  république ,  pour  l'exercice  de 
l'an  8  jusqu'au  1'^  vendémiaire  prochain  ,  pour- 
ront s'élever  à 6,000,000  fr. 

Les  dépenses  arriérées  et  courantes  résultant 
de  l'adrainisiration  et  des  charges  de  ce  même 
exercice ,  les  non-valeurs  sur  les  produits  ,  les 
indemnités  légitimes  dues  à  d'anciens  fermiers  , 
les  fonds  à  mettre  en  réserve  pour  subvenir  à  des 


événemens  imprévus  ,   réduisent   à  2,100,000   fr. 
la  portion  disponible   et  applicable   aux   travaux 

de  roule  pour   l'an  8  ,   ci 2,100,000  ir. 

La  portion  disponible  et  applica- 
ble aux  mêmes  objets,  sur  les  pro- 
duits du  premier  trimestre  de  l'an  9  , 
s'élèvera  à , 1,400^06  fr. 

Total 3,5oo,ooo  fr. 


Telle  est  la  somme  qui  était  à  répartir  entre 
tous   les  départemens. 

Pour  parvenir  d'une  rnaniere  échirée  à  celte 
répartition  ,  les  inspecteurs-généraux  des  ponts 
et  chaussées  ont  été  consultés  ;  ils  ont  examiné 
l'étendue  et  l'état  actuel  des  principales  commu- 
nications qui  traversent  chaque  département  ;  ils 
ont  considéré  que  la  presque  tota'ité  des  travaux 
devait  être  exclusivement  exécutée  cette  année 
sur  les  routes  de  première  classe.  Ces  bases  ont 
été  combinées  avec  les  états  de  travaux  auto- 
risés jusqu'à  présent  ,  et  avec  ceux  qui  sont  encore 
à  l'examen. 

Enfin  ,  il  a  été  formé  un  tableau  de  répartition  , 
approuvé  par  le  ministre  de  l'intérieur  ,  dans 
lequel  votre  département  est  employé  pour  une 
somme  totale  de 

applicable  aux  travaux  des  routes  faits  ou  à  faire 
avant  1  hiver  de  1  an  g. 

En  m'exprimant  ainsi  sur  les  travaux  faits  ou 
à  faire  ,  je  dois  m'expliquer. 

11  a  été  entrepris .  dans  le  courant  de  l'an  8  , 
des  travaux  dans  plusieurs  départemens  ,  dont 
les  fonds  ont  éié  autorisés  ,  mais  n'ont  point  en- 
core.éié  ordonnancés;  ces  travaux  doivent  être 
payés  sur  la  somme  actuellement  repartie  ,  parce  qu'il 
n'existe 'aucun  autre  moyen  de  les  solder.  Je  vous 
i  invite  à  ne  point  perdre  de  vue  cette  importante 
'  observation  ,  lorsque  vous  vous  occuperez  de 
régler  l'emploi  des  fonds  qui  vous  sont  des- 
tinés. 

Je  vous  invite  aussi  ,  citoyen  préfet  ,;  à  vous 
bien  convaincre  de  l'impartiale  équité  qui  a  pié- 
sidé  à  la  répartition  dont  je  vous  annonce  le 
résultat.  Je  le  demande  avec  instance  ,  parce  que 
ma  correspondance  m'avertit  d'une  erreur  très- 
grave  dans  laquelle  quelques  préfets  sont  tombés 
relativement  à  cette  même  répartition. 

Cespiéfets,  qui  administrent  des  départemens 
dans  lesquels  la  taxe  offre  des  produits  étendus  , 
ont  conçu  que  ces  produits  pourraient  êtreafifectés 
en  totaiiié  à  ces  départemens ,  et  déjà  ils  en  dé- 
terminent l'emploi. 

De  telles  vues  sont  essentiellement  contraires  à 
la  loi  ,  qui  fait  de  la  taxe  d'entretien  une  recette 
commune  et  confuse  pour  toute  la  république; 
elles  sont  contraires  aux  départemens  qui  n  ont 
ni  communications  ni  recette  ,  et  qui  onr  cepen- 
dant des  charges  et  des  répaiaiions  à  payer.  Il 
ne  faut  pas  s'y  méprendre  :  les  voitures  de  voyage 
ou  de  roulage  qui  constituent  le  produit  de  la 
taxe  dans  les  départemens  favorisés  par  leur  si- 
tuation ,  ne  parviennent  sur  leur  territoire  qu'a- 
près avoir  traversé  d'autres  départemens;  l'abon- 
dance n'existe  pour  les  premiers  que  parce  qu'elle 
s  est  préparée  dans  les  autres.  Il  y  a  donc  entr'eux 
une  véritable  association  et  une  espèce  de  solida- 
rité ,  qui  exigent  que  tous  les  produits  soient 
mis  en  commun  ,  pour  être  ensuite  répartis  par 
les  règles  d'une  administration  éclairée  ,  qui  , 
placée  ait  milieu  d'eux  ,  peut  juger  sainement  de 
leurs  besoins  respectifs. 

Il  faut  donc  renoncer  à  tout  esprit  de  localité 
et  à  l'état  d'isolement  dans  lequel  quelques  dé- 
partemens voudraient  se  placer  ;  le  gouverne- 
ment ne  peut  ni  ne  doit  tolérer  de  telles  pré- 
tentions. 

Enfin,  citoyen  préfet,  je  vous  annonce  que 
votre  département  ne  peut  compter ,  quant  aux 
travaux  ,  que  sur  la  sonàme  de 
que  je  vous  ai  annoncée.  Les  charges  seront  ac- 
quittées à  part  sur  des  ordonnances  particulières  ; 
elles  ne  doivent  point  être  prises  sur  la  somme 
répartie. 

Outre  cette  somme  ,  vous  pourrez  encore  trou- 
ver une  ressource  dans  les  débets  à  la  taxe  d'en- 
tretien appartenant  à  l'exercice  de  l'an  8  ,  et  qui 
pourront  être  recouvrés  avant  le  i"  vendémiaire 
prochain.  Ces  recouvremens  ,  nuls  dans  certains 
départemens  ,  etassez  importans  dans  d'autres  , 
peuvent  être  employés  par  vous  aux  dépenses  des 
travaux  des  routes  ;  je  ne  doute  point  de  l'acti- 
vité que  vous  emploierez  pour  les  hâter  ,  en 
poursuivant  les  débiteurs  de  manière  à  les  con- 
traindre à  se  libérer  avant  le  i"'  vendémiaire 
prochain,  et  du  soin  tjuè  vous  mettrez  à  m  ins- 
truire des  rentrées  que  vous  aurez  obtenues. 

Pour  ne  laisser  subsister  aucune  équivoque  sur 
ce  point  ,  je  dois  vous  observer  que  les  recou- 
vremens qui  pourront  être  faits  sur  les  exercices 
antérieurs  à  l'an  8  .  sont  exceptés  de  ceux  mis  à  votre 
disposition. 

Mode  de  procéder  à  la  détermination   des  travaux 

à  exécuter  avant  l'hiver  de  l'an  9. 

Je  vous  invite  ,  citoyen  préfet ,  à  mander  auprès 

de  TOUS  l'ingénieur  en  chef  de  votre  département, 


aussitôt  après  la  réception  de  cette  instruction,  et 
à  vous  concerter  avec  lui  sur  lemploi  le  plus  utile 
à  faire  de  la  somme  de  qui 

vous  est  répartie  ,  et  de  celle  que  vous  pourrez 
obtenir  des  recouvremens  de  l'exercicede  l'an  8. 

Le  gouvernement  vous  confère  à  cet  égard  la 
plus  grande  latitude  :  c'est  dans  votre  sagesse  et 
la  connaissance  des  locaUtés  ,  que  vous  devez 
puiser  la  règle  de  l'emploi  des  fonds  qui  vous 
sont  destinés;  il  suffira  de  vous  rappeler  qu'in- 
variablement la  préférence  est  due  aux  routes  de 
première  classe.  Vous  pourrez  ,  d'ailleurs  ,  tirer 
beaucoup  de  secours  des  états  de  situation  pré- 
parés par  les  ingénieurs  ,  en  les  modifiant  au  gté 
des  circonstances.  J'entends  par  routes  de  la  pre- 
mière classe  ,  celles*  qui  traversent  la  république 
d'une  frontière  à  l'autre  ,  ou  celles  qui  se  dirigent 
tant  sur  Paris  que  sur  les  principales  villes  de 
commerce. 

En  vous  affranchissant  ainsi  des  règles  ordi- 
naires ,  qui  exigent  que  nuls  travaux  ne  soient 
entrepris  sans  une  approbation,  préalable  du  mi- 
nistre ,  vous  aurez  à  vous  conformer  aux  dispo- 
sitions suivantes. 

'Vous  m'adresserez  une  copie  du  projet  de  tra- 
vaux que  vous  aurez  arrêté. 

Lorsque  ces  travaux  seront  exécalés,  le  compte 
m'en  sera  pareille'ment  adressé. 

Vous  vous  servirez  ,  en  général ,  de  la  voie  des 
adjudications  :  mais  cette  méthode  ,  qui  entraîne 
des  longueurs  contraires  à  l'urgence  actuelle  des 
travaux  ,  ne  vous  es:  point  exclusivement  im- 
posée ;  vous  pourrez  ,  de  concert  avec  1  ingénieur 
en  chef,  traiter  par  voie  dé  soumission,  et  même  , 
dans  certains  cas  ,  par  la  voie  de  régie  ,  lorsque  , 
sur-tout,  il  ne  sera  question  que  de  travaux  légers 
et  disséminés,  qui  peuvent  être  avantageusement 
exécutés  par  des  ateliers  ambulans. 

J'observe  que  les  adjudications  ou  soumissions 
doivent  toujours  être  établies  sur  des  prix  déter- 
minés ,  et  non  sur  des  prix  à  fixer  ou  à  ar- 
bitrer. 

Lorsque  vous  procéderez  par  adjudication  , 
vous  pourrez  admettre  comme  cautionnement  des 
entrepreneurs  ,  les  sommes  dues  par  les  ponts  et 
chaussées  ,  et  de  la  liquidation  desquelles  on  vous 
justifiera. 

Je  sais,  citoyen  préfet,  qu'il  est  superflu  de 
vous  recommander  léconomie  ;  la  modicité  des 
fonds  qui  vous  sont  destinés,  exige  la  plus  grande 
attention  sur  leur  emploi.  Le  gouvernement 
compte  sur  le  zçle  que  vous  mettrez  à  étudier  tous 
tes  moyens  d'obtenir  la  plus  grande  étendue  pos- 
sible de  travaux  avec  les  faibles  sommes  qui  vous 
sont  réparties.  Vous  aurez  à  convaincre  les  entre- 
preneurs .  de  la  loyauté  du  gouvernement,  et  de 
la  sagesse  des  mesures  qu'il  a  prises  pour  acquitter 
ponctuellement  les  engagemens  qu'il  contractera 
avec  eux  ;  vous  aurez  à  exciter  le  dévouement  des 
cultivateurs,  pour  les  déterminer  à  réduire,  le 
plus  possible  .  le  prix  des  transports  des  matériaux 
pour  diminuer  par-là  celui  des  enir&prises.  Je  ne 
désespère  même  point  que  ,  d'après  1  exemple  de 
certains  départemens  ,  vous  ne  parveniez  à  ob- 
tenir quelques  travaux  gratuits  ,  et  qne  le  gouver- 
nemetit  n'ait  à  adresser  à  vos  administrés  les  re-, 
merciemens  de  quelques  sacrifices. 


Mode  de  paiement  des  travaux. 
Dans  les  départemens  où  les  recettes  faites 
ou  à  faire  pour  l'exercice  de  l'an  8  ,  excéderont 
ie  montant  des  charges  et  celui  des  travaux, 
chaque  dépense  sera  acquittée  d'une  manière 
facile. 

Dans  les  départemens^  au  contraire,  où  les 
recettes  ne  suffiront  pas  aux  dépenses  ,  et  qui 
exigeront  des  yersemens  à  faire  pat  d'autres  dé- 
partemens ,  l'acquit  de  ces  mêmes  dépenses 
pourra  souffrir  quelques  délais  ,  sans  rien  perdre 
cependant  du  côté  de  la  certitude  :  toutes  les 
mesures  sont  prises  de  manière  à  assurer  le  paie- 
ment des  ordonnances  du  ministre. 

J'adresse  aujourd'hui  au  directeur  du  trésor 
public  une  ordonnance  du  ministre  de  l'inté- 
rieur tirée  sur  les  fonds  de  l'exercice  de  l'an  8v, 
applicable  aux  travaux   du  même   exercice ,  de 

la  somme  de . 

Cette  ordonnance  sera  incessam- 
ment envoyée  au  payeur  -  général 
de  votre  département  ou  à  son 
préposé. 

Dans  le  mois  de  vendémiaire  pro-  , 

chain  ,  il  sera  adressé  une  autre  or- 
donnance sur  les  fonds  de  l'exer- 
cice de  l'an  9,  applicable  aux  tra- 
vaux de  ce  même  exercice  à 
exécuter  avant  Ihiver.  Cette  ordon- 
nance ne  peut  être  expédiée  plutôt  ;' 
elle  doit  être  précédée  d  une  ouver- 
ture de  crédit  ;  cet  acte  de  gouver- 
nement ne  peut  avoir  lieu  qu'à 
l'expiration  de  l'an  8  :  vous  pouvez 
jusque-là  vous  considères  comme 
autorisé  positivement  à  préparer  une 
dépense  égale  au  montant  de  l'or- 
donnance que  je  vous  annonce  ;  ci... 


Total  égal  à  la  somme  repartie . 
à  votre  département.  .  ...  .  • 


1,267 


Qiiant  aux  sommes  que  vous  êtes  autorisé  à 
dépenser,  provenant  des  recouvremens  à  faire 
jusqu'au  l"  vendémiaire  sur  l'exercice  de  l'an  8, 
elles  seront  successivement  ordonnancées  lorsque 
la  connaissance  de  ces  recouvremens  me  sera 
parvenue. 

Von.s  fournirez  des  mandats  sur  le  payeur- 
généra!  de  vosre  département  ou  son  préposé  , 
à  valoir  sur  les  ordonnances  qui  resteront  entre 
ses  mains  ,  et  jusqu'à  I  épuisement  de  leur  mon- 
tant. Vos  mandats  seront  basés  sur  les  certifi- 
cats des  ingénieurs  qui  constateront  que  les  som- 
mes sont  dues  pour  travaux  faits. 


Les  paasscports  ,  les  permissions  de  séjour 
et  les  cai_tes  de  sûreté  égarées  ou  perdues  ,  serou 
délivrés  et  accordés  par  la  préfecture  de  police 
sur  le  vn  de  ce  certincat. 

Les  cartes  de  sûreté  sur  les  résidences  obtenues 
seront  délivrées  par  le  préfet,  sur  une  autorisa- 
tion du  ministre  de  la  police  générale. 

Les  passeports  des  voyageurs  seront  visés  di- 
rectement à   la   préfecture. 

Qtiant  aux  certificats  de  résidence  et  aux  actes 
de  notoriété  ,  le  préfet  de  police  s'est  exclusi- 
vement réservé  toutes  les  opérations  qui  y  sont 
rebiives.  En  conséquence  les  requérans   et  leurs 


_  L'émission   de  ces  mandats  exige  des  précau-  t  témoins  se  rendront  à  la  préfecture 

lions   que  je  vous  recoonraandc;   ils  ne  devront         t     ji-  j  ■  j  j-      lw 

-   '•      -^ .  '     _       ^  UV.Y.UIII         La  délivrance  des  actes  ci-dessus  détailles  aura 


jamais  être  délivrés  que  sur  des  fonds  existans 
réellement  dans  la  caisse  du  payeur.  Vous  de- 
vez éviter  de  donner  naissance  à  un  papier  qui 
se  déprécierait  par  linceniiude  de  l'époque 
fixe  du  paiement  ,  el^  qui  fournirait  matière  à 
de  nombreux  abus. 

On  peut  entrevoir  dés  à  présent,  qu'à  quelque 
différence  près  ,  les  fonds  destinés  au  paiement 
des  travaux  ne  seront  réalisés  qu'à  la  fin  des 
jmo.s  de  vendémiaire  et  de  nivôse  ,  parce  que 
les  ietmiers  ne  devant  se  libérer  qu'au  com- 
mencement de  ces  mêmes  mois  .  entre  les  mains 
des  receveurs  de  la  régie  ,  il  faudra  un  délai 
pour  que  ces  derniers  aient  pu  verser  aux  pré- 
posés du  payeur-général  ;  ce  délai  sera  évidem- 
ment un  peu  plus  long  pour  les  départemens 
qui  exigent  des  versemens  étrangers. 

Je  vous  invite  là  veiller,  avec  le  plus  grand 
soin  ,  à  ce  que  ni  les  travaux  ni  vos  mandats 
n'excèdent  le  montant  des  ordonnances.  J  ai 
senti  la  difficulté  que  le  tout  soit  réglé  par  ap- 
point ;  mais  vous  n'y  êtes  pas  rigoureusement 
assujetti  :  les  légei;es  différences  qui  pourront 
naître  ,  seront  ultérieurement  régularisées. 

De  la  comptabilité  des  travaux  à  exécuter  avant 
l'hiver  de  l'an  g. 
L'indispensable  nécessité  de  séparer  par  exer- 
cice les  recettes  et  les  dépenses  des  ponts  et 
chaussées  ,  vous  prépare  quelques  embarras  qui 
appartiennent  à  la  circonstance  actuelle  ;  ceci 
exige  qiie  ,  par  le  projet  des  travaux  à  exécuter , 
il  soit  fait  une  distinction  par  exercice  ,  ou  plutôt 
qu'il  soit  fait  deux  projets  séparés  ,  ei  que  le 
moniant  de  chacun  de  ces  projets  soit  en  relation 
avec  I  ordonnance  que  je  vous  adresse  pour 
l'an  S  ,  et  avec  celle  qui  vous  parviendra  pour 
l'an  g.  Quant  aux  légères  différences  qui  pour- 
ront survenir  entre  les  projets  et  l'exécution  des 
travaux,  soit  en  plus,  soit  eu  moins  ,  elles  seront 
aussi  ultérieurement  légularisécs  lorsque  vous 
m'adresserez  le  compte  définitif  de  ces  dépenses. 

MINISTERE   DE  LA  MARINE; 

Le  corsaire  la  Vengeance  ,  de  Boulogne  ,  cap. 
Lefori  .  a  conduit  à  Cherbourg  le  lougre  anglais 
4e  Ytoy  ,  dont  il  s'est  emparé  à  une  portée  de  canon 
de  1  île  d'Aurigny,  où  ce  lougre  ,  expédié  de  Berr, 
allait  prendre  un  chaigemeni. 


PRÉFECTUREDE   POLICE. 

Avis      IMPORTANT. 

Du  i3  thermidor  an  8. 

L'arrêté  des  consuls  de  la  république,  en 
date  du  12  racsHÙor  dernier  ,  charité  le  préfet 
de  police  ,  de  délivrer  les  passeports  pour 
voyager  de  Paris  dans  l'intérieur  de  la  répu- 
blique ,  de  viser  les  passeports  des  voyageurs  , 
de  délivrer  les  cartes  de  sûreté  ,  d  accorder  les 
permissions  de  séjour  aux  voyageurs  qui  veulent 
résider  à  Paris  plus  de  trois  jours  ,  de  délivrer 
les  certificats  de  résidence  ,  et  de  délivrer  les 
actes  de  notoriété  aux  citoyens  qui  ont  voyagé 
oU  séjourné  en  pays  étranger,  et  qui  léclament 
leS  exceptions  portées  par  l'art.  II  de  la  loi  du 
s5  brumaire  an  3. 

Le  mode  que  le  préfet  de  police  a  adopté 
pour  la  délivrance  de  ces  actes  ,  loin  de  fati- 
guer les  citoyens  ,  leur  causera  au  contraire 
beaucoup  moins  d  embarras  et  de  démarches 
que  dans  les  municipalités. 

Ceux  qui  voudront  obtenir  des  passeports  pour 
voyager  dans  1  intérieur  s'adresseront  aux  com- 
missaires de  police  de  leurs  divisions  respec- 
tives ,  et  se  feront  assister  de  deux  témoins 
domiciliés  ,  s'ils  ne  sont  pas  notoirement  connus. 

Ceux  qui  voudront  obtenir  des  permissions  de 
séjour  «uivron;  la  même  marche,  déduiront  les 
motifs  et  la  durée  de  leur  séjour  .  et  donneront 
les  autres  tenseignemcns  qui  leurseront  demandés. 

Ceux  qui  demanderont  le  renouvellement  de 
leurs  caitcs  de  sûreté  égarées  ou  perdues  ,  en 
leront  la  déclaraiion  comme  par  le  passé  ,  et  se 
kroiil  assister  ,  devant  les  commissaires  de  police 
de  leurs  divisions  respectives ,  de  quatre  témoins 
qui  certifieront  leur  moralité. 

Lorsque  les  réclamans  auront  satisfait  à  ces  for- 
nia'liés  ,  les  commissaires  de  police  leur  en  dé- 
lireront un  ccrtiûcal  dctuillé. 


lieu  à  la  prélecture  de  police  ,    ^  compter  dn  16 
thermidor  présent  mois. 

Le  préfet ,   signé,  Dubois. 


Au     PRtiMIER     CON  SUtj   Bon  A  PARTE. 

Continuation  de  la  description  abrégéf.  des  principaux 
■moiiumens  de  la  Haute-Egypte  ^  accompagnée  de 
détails  sur  les  tableaux  qui  ,  en  Us  décorant  , 
servent  à  faire  conjecturer  à  quelles  divinités  tes 
temples  étaient  consacrés. 

Rive  gauche  du  Jleuve. 

Les  principaux  moiiumens  élevés  sur  cette  rive, 
et  les  vSeuls  qu'on  puisse  croire  avec  quelque 
fondement  avoir  dépendu  de  Thebes  .  sont  le 
Memnonium  .  ou  palais  de  Memnon  ,  Medinet- 
abou ,  autre  palais  ,  et  les  deux  statues  colossales 
si  connues  par  leurs  proportions  prodigieuses. 

Le  Memnonium  regarde  l'est.  Dans  une  de  ses 
cours ,  se  voyent  les  débris  de  la  célèbre  statue  de 
granit  rouge,  qu'on  peut  regarder  comme  celle 
de  Memnon.  Sa  proportion  était  de  64  pieds; 
les  débris  en  sont  dispersés  dans  un  rayon  de 
40  pas  ;  un  de  ses  pieds  presqu'entier  subsiste 
encore;  sa  largeur  ,  à  la  naissance  des  doigts  , 
est  de  quatre  pieds  et  demi;  une  de  ses  oreilles 
a  39  pouces  de  longueur.  On  remarque  encore 
les  excavations  faites  pour  placer  les  coins  qui 
ont  séparé  le  monument  lorsquil  fut  renversé 
par  Cambise.  A  l'entrée  de  la  porte  qui  delà 
seconMe  cour  conduit  au  palais  ,  sont  les  débris 
d'un  colosse  de  granit  de  moindre  proportion. 
La  tête  de  l'un  d'eux  est  parfaitement  conservée  ; 
elle  est  de  granit  rose  ,  tandis  que  le  reste  du 
colosse  était  de  couleur  noire.  C'est  le  plus  pré- 
cieux monument  de  l'ancien  style  égyptien. 
L'exécution  en  est  fort  belle.  Le  Memnonium  n'a 
pas  été  fini  ,  ainsi  que  la  moyenne  partie  des 
ouvrages  égyptiens,  oti  l'on  trouve  à  côté  de  choses 
ébauchées,  des  détails  parfaits, 

Au  sud  de  ce  palais  et  au  pied  de  la  mon- 
tagne Lybique ,  on  trouve  dans  l'enceinte  d'un 
ancien  couvent  cophte  ,  ijn  petit  temple  d  Isis 
aussi  précieux  par  sa  parfaite  conservation  que 
par  l'exécution  et  l'intérêt  des  tableaux  qu'il 
renferme. 

Au  nord  du  même  palais  on  voit  les  ruines 
d'une  construction  égyptienne  qui  paraît  avoir 
appartenu  à  un  temple  et  être  d  un  travail  beau- 
coup plus  récent  qu'aucun  des  auties  monu- 
mens  égyptiens  ;  ce  que  indique  le  soin  avec 
lequel  furent  gravés  les  hyerogliphes  et  une 
espèce  de  voûte  dont  une  portion  est  encore 
entière.  Elle  n'est  point  faite  sur  les  mêmes 
principes  que  les  nôtres  et  prouve  que  les  égyp- 
tiens ignoraient  l'emploi  des  voussoirs. 

Entre  le  Memnonium  et  le  palais  de  Medinet- 
abou,  sont  les  deux  plus  grands  colosses  qui 
subsistent  encore  en  Egypte.  Les  socles  sur  les- 
quels ils  reposent ,  ont  onze  pieds  de  hauteur. 
L  exhaussement  du  sol  les  a  enterrés  de  cinq 
pieds.  Les  traces  que  le  Nil  a  laissées  de  son 
séjour  sur  chacun  des  côtés  ,  s'élèvent  jusqu'à 
vingt-huit  pouces  du  pied  de  la  statue  ;  ce  qui 
prouve  qu'il  y  a  eu  depuis  leur  construction  un 
attérissement  de  huit  pieds  huit  pouces.  Le  co- 
losse placé  au  nord  ,  a  été  brisé  dans  sa  partie 
supérieure.  Un  préfet  romain  l'a  fait  rebâtir.  Sur 
ses  cuisses  et  ses  jambes  sont  un  grand  nombre 
d'inscriptions  grecques  et  latines  qui  attestent  que 
ceux  qui  les  ont  tracées  ,  ont  entetidu  la  voix  de 
Memnon  ,  dont  la  statue  résonnait  au  lever  dit 
soleil. 

La  proportion  de  l'un  et  l'autre  est  d'environ 
cinquante-huit  pieds.  Leur  attitude  est  celle  de 
toutes  les  statues  assises.  Trois  petites  figures  de 
femmes  accompagnent  chacun  des  colosses;  elles 
sont  debout ,  placées  aux  deux  côtés  du  fauteuil 
et  entre  les  jambes  de  la  figure  principale. 

Entre  le  Memnonium  et  Medinel-abou  ,  dis- 
tans l'un  de  l'autre  d'environ  une  demie-lieue  ,  on 
voit  les  débris  d'un  grand  nombre  de  colosses  , 
et  des  traces  de  constructions  qui  indiquent  que 
ces  deux  palais  communiquaient  l'un  à  l'autre  par 
une  suite  de  bâtimens  aussi  considérables  que  le 
montre  la  distance  qui  les  sépare.  Cette  masse  de 
construction  paraît  avoir  été  ce  que  Diodore  de 
Sicile  appelle  le  tombeau  d'Osyraandias.  On  est 
confirmé  dans  celte  conjecture  par  la  confor- 
mité qui  existe   entre  les  monumens  dans  leur 


état  présent  et  les  descriptions  étendues  et  Soi- 
.^nées  que  cet  écrivain  a  laissées  de  tableaux 
qu'on  retrouve  dans  les  deux  palais.  Ces  tableaux 
eprésentent  des  sièges  de  places  fortes  ,  des  in- 
vasions d'ennemis  et  des  victoires  remportées  par 
les  Egyptiens.  Les  barbares  avec  lesquels  com- 
battent ceux-ci ,  ont  ,  ainsi  qu'eux  ,  l'usage  dei 
chars  ,  avec  cette  différence  que  trois  d'entr'eux 
sont  placés  dans  le  char.  L'un  tient  les  rênes  des 
chevaux,  l'autre  tire  de  l'arc  ,  et  le  troisième  les 
protège  tour  à  tour  de  son  bouclier. 
Medinet  -  abou. 

Le  palais  est  dans  un  bel  état  de  conservation. 
Le  morceau  le  plus  important  qu'on  y  voit ,  est 
un  péristile  de  cinquante-cinq  pas  dcjongueur  sur 
soixante-cinq  de  largeur.  Il  est  formé  de  quatre 
rangs  de  colonnes  placées  sur  les  quatre  côtés 
de  la  cour.  La  ligne  des  soffites  est  d'une  élégance 
et  d'une  pureté  qu'on  ne  trouve  nulle  part  ail- 
leurs. Les  colonnes  ont  sept  pieds  de  diamètre 
et  quarante-cinq  de  hauteur.  C'est  là  que  les  ma- 
tériaux sont  le  mieux  appareillés.  On  paraît  avoir 
eu  en  vue  l'immortalité  de  ce  monument  entier 
et  de  ses  moindres  parties. 

Les  grandes  figures  ont  communément  deux 
pouces  de  relief,  et  les  petits  hyerogliphes  gra- 
vés en  creux  ont  depuis  un  jusqu'à  six  pouces  de 
profondeur. 

Les  tu  e.  avaient  fait  de  ce  péristile  une  mos- 
quée ;  la  Kéabé  s'y  trouve  encore.  Le  péristile  est: 
(ermé  ,  et  les  amoncellemens  s'élèvent  en  certains 
endroits  fort  près  de  sa  corniche.  Plus  de  60 
habitations  ont  été  élevées  sur  les  terrasses.  Au- 
près de  la  cour  sont  cinq  appartemens  ,  dont  deux 
paraissent  avoir  été  le  trésor  du  palais.  Le»  coffres 
en  pierres  qui  le  renfermaient  subsistent  encore  , 
et  ainsi  que  dans  le  voisinage  des  salleé  de  récep- 
tion deKarnac  ,  on  a  représenté  sur  les  murailles 
tout  l'étalage  des  richesses  du  prince. 

Au  nord  et  à  côté  du  palais  est  un  peut  temple 
qui  en  dépendait.  Il  est  bâti  sur  Jle  plan  adopté 
pour  toutes  les  constructions  de  ce  genre.  Le 
tableau  le  plus  intéressant  qu'on  y  rencontre  , 
représente  un  homme  qui  semble  embrasser  les 
parties  de  la  génération  du  dieu  en  érection.  On 
peut  croire  ,  avec  quelque  fondement  ,  que  ce 
dieu  n'est  autre  que  Mendès.  On  y  voù  aussi 
un  prêtre  traçant  ,  avec  un  hoyau ,  un  sillon 
aux  pieds  du  même  dieu  ,  comme  s'il  l'invitait 
à  favoriser  le  labourage. 

Au  milieu  des  monumens  de  l'ancienne  Thebes, 
on  trouve  un  grand  nombre  de  traces  du  culte 
des  premiers  chrétiens  pendant  les  quatre  cens  ans 
qu'ils  ont  joui  du  libre  exercice  de  leur  religion. 
Ils  paraissent  en  avoir  célébré  les  cérémonies 
dans  les  temples,  mêmes  de  leurs  ancêtres.  On  y 
voit  fréquemment  les  images  du  christ  et  des 
saints  ;  ils  sont  peints  à  fresque  et  ornés  d'au- 
réoles. La  plus  grande  partie  des  figures  qui  dé- 
corent les  temples  et  les  palais  ,  a  éié  mutilée 
par  les  chrétiei»s  et  les  turcs.  Les  premiers  effa,- 
çaient  les  figures  d'animaux  qui  ,  d'après  leurs 
idées  religieuses  ,  leur  représentaient  des  diables. 
Les  seconds  se  chargeaient  de  renverser  celles 
des  hommes.  Il  faut  qu'à  certaine  époque  le  gou- 
vernement ail  encouragé  ces  actes  de  barbarie, 
car  on  a  porté  le  ciseau  de  la  destruction  Jusqu'à 
des  endroits  oti  l'on  pouvait  atteindre  sans  em- 
ployer de  grands  moyens  mécaniques. 

Le  palais  de  Medinet- ab/éu  était  environné 
d'un  mur  d'enceinte  ,  qui  subsiste  encore  dans 
une  étendue  de  quarante-cinq  pas.  Sa  partie  su- 
périeure est  défendue  par  des  créneaux  absolu- 
ment semblables  à  ceux  qu'ils  ont  représentés 
dans  leurs  bas-reliefs  au-dessus  des  tours  assiégées. 
L'intérieur  de  la  cour  représente  plusieurs  com- 
bats et  le  triomphe  du  vainqueur.  Il  est  assis  sur 
le  derrière  de  son  char ,  et  sa  position  est  telle 
qu  il  tourne  le  dos  à  ses  chevaux.  Des  soldats  égyp- 
tiens lui  présentent  ses  prisonniers  ,  tandis  que 
plusieurs  nommes  sont  employés  à  compter  des 
mairlsetdes  membres  virils  amoncelés  à  ses  pieds. 
On  ne  peut  pas  en  conclure  qu'ils  mutilaient  les 
ennemis  que  le  sort  des  armes  avait  fait  tomber 
entre  leurs  mains,  puisque  ceux  qu'on  présente 
au  vainqueur  ,  jouissent  de  l'usage  de  tous  leurs 
membres.  Il  est  plus  raisonnable  de  croire  que 
les  parties  naturelles  accumulées  et  comptées 
sont  celles  des  vaincus  morts  sur  le  champ  de 
bataille.  Les  égyptiens  les  enlevaient  comme  mar- 
ques et  trophées  de  la  victoire. 

A  l'extérieur  et  sur  un  mur  du  palais,  un  bas- 
relief  représente-une  chasse  aux  lions  et  une  ten- 
tative de'  descente  faite  par  des  étrangers ,  dont 
le  costume  ressemble  beaucoup  à  celui  des  in- 
diens. Les  égyptiens  s'opposent  à  cette  descente 
et  par  terre  et  par  mer,  par-tout  les  barbares  sont 
mis  en  déroute.  Au-dessous  du  tableau,  on  voit 
des  marches  de  troupes  ;  on  y  distingue  des  sol- 
dats pesamment  armés  ,  et  d'autres  amés  à  la  lé- 
gère. Quelques-uns  ne  portent  qu'une  massue  , 
le  plus  grand  nombre  joint  à  son  bagage  une  très- 
grosse  outie. 

Un  des  tableaux  les  plus  singuliers  se  trouve 
placé  au-dessus  d'une  des  portes  d'entrée  du  pa- 
lais ;  il  représente  un  roi  fesant  quelques  caresses 
à  une  jeune  bile  ;  d'une  main  il  lui  presse  le 
sein  ,  de  l'autre  il  lui  «ouleve  sa  tunique. 


1268 


A  une  lieue  et  demie  de  ce  palais,  on  voit  un 
petil  temple  parfaitement  conservé.  Il  éiait  con- 
sacréà'Horus  ;  il  est  placé  sur  la  lisière  des  leries 
ottilivéei. 

Entre  ce  temple  et  Medinet  -  abou  ,  plusieurs 
collines  formées  de  mains  d'hommes  indiiiiiem 
remplacement  d'un  lieu  de  course  ou  d'exercices 
militaires.  Sa  forme  est  celle  d'un  paiallcllograme 
leciangle  ;  sa  longueur  eside  trois  ijuatts  de  lieue, 
»a  largeur  d'un  ijuan. 

Au  sud  et  à  cent  cinquante  mises  de  Medinei- 
abou  ,    se  trouvent   encore    les   ruines   d'un    p,elil 
temple  consacré  à  Taut.   Il  n'a  jamais  été  fini. 
(La  suite  demain.  ) 


THÉÂTRE    FRANÇAIS. 

L'auteur  AnVieux  Célihataiie ,  du  l  InconUnul , 
de  l  Optimiste  ,  des  Ciiàteaux  en  Espagne ,  et  de 
tant  d  autres  ouvrages,  où  une  poésie  aimable 
donne  du  charme  à  une  morale  pure  ,  et  fait 
aimer  le  précepte  par  l'agrément  de  la  leçon  , 
le  citoyen  Col'in -d  Harleville  ,  vient  de  rompre 
un  trop  long  silence.  Son  nom  vient  de  retentir 
sur  la  scène  au  milieu  des  acclamations  les  plus 
vives  ,  en  peignant  les  meurs  du  jour  ,  en  a;ouiant 
CEcole  des  jeunes  femmes  aux  écoles  que  déjà  le 
ïliéàlrc  Irançiis  a  ouvertes  avec  suf,ès'.  'Voici 
quels  personnages  il  nous  présente,  et  dans 
quelle  situation   il  les   a  placés. 

Sophie,  irès.-jeupe  et  très-bc-lle  personne ,  née 
dans  le  fond  d'une  provinced'une  famille  honnête, 
laatiée  depuis  deux  ans  4  un  ojficier  ,  séparée 
(ie  son  époux  par  l'effet  de  la  guerre ,  privée 
de  ses  nouvelles  depuis  18  mois  ,  et  incertaine 
i;,\r  son  son  ,  a  quitté  la  campagne  ,  et  est  venue 
^'établir  à  Piiris  ,  chez  son  oncle  ,  nommé  Mo- 
land  ,  homme  réceinmeni  enrichi  ,  et  lancé  dans 
les  plus  impoflanies  opérations  de  l'agiotage. 
Dans  ce  nouvel  asyle  ,  de  nombreux  adorateurs 
1  entourent  ;  un  cousin  charmant,  Florval,  est 
sans  cesse  à  ses  côtés  ;  mais  un  séducteur  plus 
dangereux  l'assiège  ,  c'est  Dhéricourt  ,  assez  jeune 
pour  plaire  ,  assez  âgé  pour  savoir  séduire  sans 
elfe  séduit  lui-même.  Une  femme  ttès-répandue 
dans  le  irionde  ,  et  que  tout  annonce  être  lu  maî- 
tresse de  i  eniichi  ,  s'est  lice  à  Sophie  ,  et  ne 
néglige  rien  pour  l'cntraînei  dans  le  tourbillon 
oii  elle  s'est  depuis  longtems  perdue  ;  mais  une 
madame  Eullei:  ,  femme  que  ses  talens  ,  son 
frsprit  ,  son  honnêteté  ,  distinguent  également  , 
placée  près  de  Sophie  ,  dont  elle  cultive  les  dis- 
positions pour  les  arts,  ponant  à  sa  jeune  élevé 
une  affection  que  la  reconnaissance  a  fait  naître, 
veille  sur  cette  fleur  qu'un  air  empoisonné  va 
flétrir, 

C'est  sur  ces  entrefaites  qu'est  arrivé  à  Paris 
un  frère  de  Sophie  ,  Froment  ,  homme  de  sens 
et  de  raison  ,  parent  sensible  ,  ami  éclairé  ,  épris 
des  mœurs  pures  et  des  douces  habitudes  de  la 
campagne  ,  détestant  les  vices  dont  il  ^uit  avec 
inquiétude  les  progrès ,  frondant  sans  cesse  les 
travers  et  les  ridicules  du  jour  ;  fesant  de  Paris  , 
tel  qu'il  en  voit  une  partie  ,  un  taoleau  deses- 
pérant,  et  peignant  le  pays  qu'il  quitte  sous  des 
traits  si  beaux  ,  qu'on  serait  tenté  de  lui  en  de- 
rqander  la  route  pour  y  aller  chercher  les  mœurs 
de  lâge  d  or  ,  qui  s'y  sont  apparemment  con- 
servées. 

A  peine  à  Paris  ,  Çiomont  a  jugé  quelle  était  la 
situation  de  sa  scsur;  et  pour  la  défendre,  s'est 
intimement  lié  avec  madame  Eu'ler  contre  les 
peisonnages  ligués  pour  la  perdre.  Les  deux  rôles 
consistent,  l'un  à  prévoir  ,  l'autre  à  prévenir  le 
danger.  Madame  Euller  se  charge  de  donner  tous 
les  avis  ,  tous  les  renseignemcns  nécessaires  sur  la 
conduite  ,  les  démarches  ou  les  sentimens  de 
Çophie  :  Fiomont  trouve  ainsi  plus  d'une  fois  l'oc- 
cr.sion  de  retenir  sa  ;œur  ,  de  [éclairer  et  de  l'ins- 
truire. 

C'est  ainsi  qu'effrayé  des  suites  d'un  plus  long 
séjour  à  Palis  ,  il  presse  inutilement  sa  sœur  déjà 
charmée  de  ses  plaisirs  nouveau  ,  d'aller  retrouver 
à  la  campagne  ceux  qui  Erent  le  bonheur  de 
son    enfance. 

C'est  ainsi  qu'il  surprend  sa  sœur  e(  d'Héricourt 
au  moment  où  un  portrait ,  dont  madame  Euller 
connaissait  la  destination  ,  allait  passer  des  mains 
de  Sophie  entre  celles  du  séducteur.  Profitant  de 
la  surprise  et  de  1  embarras  qu'il  cause  ,  il  de- 
mande le  portrait  ,  feint  de  croire  qu'il  lût  tracé 
pour  lui  ,  le  dérobe  en  le  nommant  le  don  le 
plus  précieux  qu  il  pût  recevoir ,  et  sur-tout  en 
rappelant  à  Sophie  que  si  son  époux  était  présent, 
ce  portrait  devrait  être  le  gage  de  l  amour  qu'elle 
lui  conserve  sans  doute. 

Ces  encore  ainsi  qu'après  une  partie  assez 
animée  ,  où  Sophie  a  beaucoup  perdu  sur  sa  pa- 
role ,  lorsqu'elle  a  reçu  les  relus  de  son  oncle, 
les  avis  perfides  de  madame  de  'Verscull  ,  le? 
ofi'ies  louchantes  de  madame  Euller,  et  les  pro- 
positions  dangereuses    de   dHericourt  ,   lorsque 


cédant  à  ce  dernier,  elle  est  prête  à  recevoir  le 
secours  de  celui  dont  elle  a  tout  à  (raindie  , 
Fiomnnt  parait  apportant  à  sa  sœur  uiie  somme 
assez  lorte  ,  et  déconcerte  de  nouveau  le  sé- 
duct  ur. 

C'est  etilîn  ainsi  ,  c'est-à-dire,  toujours  arrêté 
par  madame  Euller,  que  Fromont ,  prévenu  d  un 
projet  de  bai  (jue  madame'Verseuil  et  d  Héricourt 
ont  coMceiié  ,  en  y  conjurant  la  perle  de  Sophie  , 
se  détsfniine  à  y  suivie  lui  -  même  sa  sœur  , 
pour  ly  observer  et  la  garantir  de  toute  tentative 
criminelle.  Déjà  Sophie  est  partie,  et  son  frète 
se  prépare  à  la  suivre  ,  quand  Delval  l'époux  de 
Sophie  ,  cet  officier  si  impatiemment  attendu  et 
long-lems  retenu  dans  les  ters  ennemis  ,  arrive 
après  avoir  inutilement  cheiché  sa  femme  à  la 
campagne.  Il  retrouve  son  beau-frere  ,  et  dans 
madame  Euller  une  ancienne  amie  :  on  convient 
que  Delval  écrira  à  sa  femme.  Madame  Euller 
trouve  irès-bien  iju'une  telle  lettre  soit  remise  à 
Sophie  au  milieu,  même  du  bal  :  cette  idée  pLiîl 
â  Fromont  qui  remettra  la  lettre  lui-même.  Del- 
val se  relire  pourprendre  quelque  repos  ;  Fromont 
va  sortir,  quand  Sophie  rentre  accompagnée  dv 
son  jeune  cousin  qu'elle  congédie  à  l'instant ,  en 
avouant  cependant  lui  devoir  le  plus  signalé  ser- 
vice. Madame  Euller  s'empresse  autour  d'elle  ; 
elle  apprend  que  d  Hérieourl  etmadame  Verseuil 
allaient  entraîner  Sophie  à  une  maison  voisine  de 
Paris  ,  si  elle  n'eût  reconnu  le  danger  qui  la  me- 
naçait, et  si  son  cousin  ne  l'eût  arrachée  à  ses 
séducteurs.  Delval  paraît  bientôt  aux  yeux  de  sa 
femme  ,  qui  ,  éclairée  sur  les  dangers  qu'elle  a 
courus,  fuit  Paris,  et  va  retrouver  le  bonheur 
au   sein   de  la  famille  de  son  époux. 

Cet  ouvra2;e  n'est  point  dans  le  goût  du  co- 
mique de  Molière,  encore  moins  de  celui  de 
Regnard.  Le  théâtre  de  la  Chaussée  est  plus  lor- 
moyant,  offre  des  tableaux  moins  natuj'cls ,  moins 
agréables.  h'Ecole  des  jeunes  femmes  appartient  à 
la  manière  de  Deslouches.  Le  but  en  est  moral  ;  la 
sagesse  n'y  prend  pas  un  ton  trop  austère  ou 
trop  élevé.  Souvent  une  douce  sensibilité  lui 
prête  sa  voix;  son  langage  est  persuasif ,  parce 
qu  il    est   aimable. 

Si  l'auteur  se  fût  borné  à  lier  une  intrigue 
qui  pût  servir  d'école  aux  jeunes  femmes  ,  il  se 
serait  livré  tout  entier  à  ce  but  ,  et  l'aurait  sûre- 
ment atleinl  :  mais  il  a  voulu  peindre  aussi  les 
mœurs  du  jour:  il  a  réussi  très-souvent ,  mais 
presque  toujours  aux  dépens  de  l'action  qui  lan- 
guit pendant  que  l'auteur  parle  à  la  place  du 
personnage  et  de  l'inirigue  ,  que  l'on  perd  de 
vue  pendant  que  les  rôles  épisodiques  occupent 
la  scène.  L'auteur  avoue  et  reconnaît  lui-même 
cet  inconvénient  dans  les  vers  qui  terminent  son 
troisième  acte, 

La  marche  de  l'ouvrage  est'  sans  doute  le  rap- 
port sous  lequel  les  mœurs  du  jours  prêtent  le 
plus  à  la  critique.  Les  deux  premiers  actes  ont 
de  la  froideur  et  quelqu'erabarras  ;  les  caractères, 
Delui  de  Sophie  sur-tout  n'y  sont  pas  assez  bien 
énoncés.  L'action  s'engage  au  troisième  acte , 
mais  bientôt  des  scènes  épisodiques  en  arrêtent 
la  marche  ;  elle  est  reprise  au  quatrième  acte  ,  et 
liée  d  une  manière  peu  forte  ;  elle  se  dénoue 
faiblement  par  un  cinquième  acte  peu  intéres- 
sant, où  l'arivée  du  mari  ,  inutile  par  le  lait, 
nécessite  une  exposition  nouvelle  ,  des  redites  et 
des  confidencs  ,  déplacées  de  la  part  d'un  valet; 
des  réponses  assez  équivoques  de  la  part  du 
frère  ;  le  tout  sans  utilité  pour  le  spectateur.  Ce 
rôle  de  mari  est  l'esquisse  d'un,  caractère  très- 
agréable.  Mais  comme  il  n'influe' en  rien  sur  le 
dénouement,  il  est  lui-même  épisodique  ;on  peut 
d'ailleurs  compter  quatre  rôles  de  cette  nature 
dans  l'ouvrage  ,  et  même  un  de  plus  encore,  si 
l'on  veut  considérer  comme  tel  celui  de  l'oncle  , 
qui  ,    à  la  rigueur  ,  ne  serait  pas  insoutenable. 

La  disposition  ,  le  caractère  et  les  moyens  de 
séduction  de  madame  de  Verseuil  et  d'Héricourt 
sont  trop  peu  redoutables  ,  leur  plan  est  trop 
peu  lié,  trop  peu  soutenu  ,  pour  qu'on  craigne 
pour  Sophie  autre  chose  que  l'égarement  de 
Sophie  elle-même.  Il  faudrait  donc  1  avertir  du 
danger  qu  elle  ignore  ,  avant  de  la  vouloir  arra- 
cher d  un  lieu  quelle  aime  :  ne  pas  linstruire 
'c'est  justifier  ses  relus.  On  ne  peut  craindre  de 
faire  indiscrètement  briller  à  ses  jeux  une  lu- 
mière inconnue ,  elle  est  mariée.  Ne  pas  lui 
parler  avec  franchise  du  danger  qu'elle  seule 
-ne  voit  pas  ,  c'est  l'exposer  à  y  succomber  , 
et  se  reposer  sur"  le  hasard  du  soin  de  la  ga- 
i  rantir  ;  c'est  effectivement  le  hasard  qui  la  sauve. 
I  Comment  madame  Euller  ne  dit-elle  pas  à 
I  Sophie  dont  elle  a  prévu  l'intention  ,'quc  le 
don  d'un  portrait,  loin  d  être  une  première 
faveur  sans  conséquence  ,  est  pour  un  séduc- 
teur la  plus  précieuse  ,  puisqu'elle  est  le  témoi- 
j  gnage  de  toutes   les  autres  ? 

Comment  ,  après  les  offres  d'argent  faites   par 

!  d'Héricourt  ,  I  explication  entie    Froment    et   ce 

dernier  ,   qui  répand  d'abord  un   si   vif  intérêt  , 


se  termine-elle  aussi  froidement ,  et  n'a-t-elle 
aucune  issue  ? 

Comment  Fromont  connaissant  le  danger  que 
sa  sœur  court  au  bal  ,  n'y  arrive-t-il  pas  assez  à 
lems  pour  lui  être  utile  ?  En  résultat  Sophie  n'est 
sauvée  ni  par  son  frère  ,  ni  par  son  amie  .  ni  par 
son  époux  ;  elle  l'est  par  elle-même  ;  ce  qui  con- 
duit à  dire  que  le  plan  lié  pour  la  séduire, 
comme  celui  concerté  pour  la  sauver,  man:;uent 
de  •force  ,  d'ensemble  ,  et  ,  quant  au  dénouement, 
d'effet  théâtral. 

Ces  détauts  que  nous  croyons  remarquer  ,  ng 
nous  empêchent  pas  de  reconnaître  les  beautés 
de  délait  ,  les  scènes  charmantes,  les  traits  car 
raciéristiques  ,  les  peintures  naturelles  et  vraies  , 
les  nuances  délicates  et  fines  ,  les  lirades  saillan- 
tes .  les  idées  ingénieuses ,  et  plus  encore  les 
traits  de  sentiment  qu  à  ch-..que  instant  on  applau- 
dit dans  cet  ouvrage.  Nul  doute  cependant  qu'il 
n'eût  eu  plus  de  succès  il  y  a  trois  ans.  Les  traits 
qu'il  présente  réunis  en  faisceau  ont  éié  déjà  lan- 
cés çà  et  là.  Ils  semblent  épuisés  contre  les  noij- 
veaux  riches  et  les   ridicules  actuels. 

L'Entrée  dans  le  Monde  est  déjà  un  objet  de  com'- 
paiaison  avec  les  Mœurs  du  jour;  sans  comparar- 
son  on  peut  rappeler  la  Maison  du  Marais, 
Camille  a  précédé  Sophie.  Ces  rapprochemens  ae 
diminuent  rien  du  méiite  de  l'ouvrage  nouveau; 
mais  ils  diminuent  son  effet  à  la  scène. 

Le  style  est  celui  que  l'auteur  a  déjà  fait  aimçr 
dans  ses  précédens  ouvrages  ,  sans  qu'il  faille  le 
donnerpourmodele.il  a  beaucoup  de  naïufel  , 
de  grâce  et  de  sentiment  ;  mais  peut-être  le  citoyen 
Collin  s'abandonne-t-il  trop  aux  détails  que  là 
conversation  permet  ,  et  qui  ,  à  la  scène  ,  parais- 
sent inutiles  et  froids.  Entraîné  par  le  charme 
d  une  idée  qui  lui  plaît  ,  il  veut  l'exprimer  aussi 
vile,  l'énoncer  aussi  facilement  qu'il  l'a  conçue  : 
il  est  vrai  que  souvent  il  trouve  ainsi  le  vers  le 
plus  précis  et  le  plus  heureux  ,  de  ceux  a  qui 
semblent  n'avoir  pu  êtie  faits  autrement  .  que 
tout  le  monde  croit  avoir  composés  ,  jj  mais 
plus  souvent  il  étaie  son  vers  d'une  foule  de 
mots  parasites;  Il  y  donne  place  aux  parties  du 
langage  dont  la  prose  elle-même  s'empresse  de 
se  débarasser. 

Un  examen  sérieux  à  la  lecture  pourrait  ainsi 
donner  le  nom  de  vers  négligés  ,  à  des  vers  qu'à 
la  représentation  on  applaudit  comme  faciles.  Si 
une  preuve  de  cette  assertion  était  nécessaire  , 
on  la  trouverait  peut-être  dans  la  difficulté  qu'é- 
prouvent les  comédiens  ,  à  apprendre  les  vers 
de  l'auteur  dont  il  est  ici  question  ,  et  dans  la, 
multiplicité  de  ceux  de  ces  vers  dont  ils  altèrent 
la  juste  mesure,  sans  que  ce  défaut  paraisse  ex- 
trêmement   sensible. 

L'ouvrage  est  joué  comme  on  doit  l'attendre  , 
de  la  réunion  des  premiers  sujets  du  théâtre  fran- 
çais. S.... 


Au  Rédacteur. 
Paris  ,  le  II  thermidor  an  8. 

Citoyen  ,  j'ai  l'honneur  de  votis  adresser  l'ex- 
trait du  bulleiin  des  lois  ,  n°  33.  Je  vous  prie  de 
vouloir  bien  l'insérer  dans  votre  prochaine  feuille, 
avec  la  note  qui  y  est  jointe,  je  vous  en  aurai  une 
obligation  particulière. 

J  ai  l'honneur  de  vous  saluer  , 

Signé ,  J.  M.  PocHON. 
Arrêté  des  consuls  du  il  messidor  an  8. 

Il  est  accordé  au  cit.  Jean-Marie  Pochon  ,  de- 
meurant ,à  Paris  ,  rue  Croix-des-Petits-Champs  , 
n°  121  ,  un  brevet  de  perfectionnement  pour  le  terme 
de  quinze  années  consécutives,  à  compter  de  la 
date  des  présentes  ,  à  l'effet  d  établir  dans  toute 
l'étendue  de  la  république  ,  des  buanderies  com- 
munes ,  d'après  des  nouveaux  moyens  mécanique» 
destinés  à  laver  et  à  sécher  le  linge,  à  la  charge 
par  lui  d  employer  les  procédés  indiqués  dans  ses 
mémoires  descriptifs. 

Fait  au  palais  naiional  des  consuls ,  le  21  mes- 
sidor au  8  de  la  république. 

Le  premier  comul  ,  Signé .   Bonaparte. 

Par  le  premier    consul  . 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 

L'établissement  du  cit.  J.  M.  Pochon  est  vérita- 
blement uiile  aux  hospices  et  au  public  ;  il  offre 
une  très-grande  économie  en  bois  ,  ajoute  à  la 
promptitude  de  blanchir  le  linge  et  donne  de 
grandes  facilités  dans  ce  genre  de  travail. 


ERRATUM. 

En  annonçant  dans  le  N"  d'hier  VAnnuairt 
de  la  republique  française  ,  on  a  dit  que  la  poste  ni 
pouvait  pas  se  charger  de  moins  de  quatre  exemplaires. 

C'est  une  erreur  ;  le  fait  est  que  la  poste  se 
charge  même  d'un  quart  de  feuille. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  tue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETT 


lONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL 


N"  3i5. 


Qiiintidi  ,  k5  thermidor  an  8  de  la  république  françaiie  ,  une  et  indivisible. 


Nous 


som.nes  autoa.es  a  prévenir  nos  .oascnpccun  qu'à  dacer  du  7   Nivôse  le   M  O  N  i  T  £  U  K  esc  le  sad  journal  oificic! 
11  conuenc  les  sean.e.s  dos  aaronrés  consrltuées ,  les  acr.s  du  gouvemeuien: ,  les  nouvelles  d.s   armées  ,  ainsi  que  l.-s  .^its  er  les  nocions  tanr\,  r 
iuiteneur  que  sur  rexiéneur,  ioiiniis  par  les  correspoiulaiices  ministérielles. 

Un  article  s«ra  particuli-iLcmtfnr  cor.sacré   aux   sciencos  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I 

A  N   G  L  E  T  E 


EUR. 

R  R   E. 


Extrait  des  gazettes   anglaises    du  i8  j)u  <2.i  juillet- 
fag  messidor  au  5  thermidor.) 

JT-UIT  cenis  aciioiis  ont  éié  internées  depuis 
quelque  lems  conue  des  ecclésiastiques  ,  pour 
cause  de  non  résidence  ,  et  presque  toutes  par  un 
nommé  V/ilson. 

Un  écrivain  alKmand  compare  ce  pays  à  un 
naviie  marchand  ,  et  sa  deue  nationale  à  du 
lest ,  sous  l'énorme  poids  duquel  il  est  prêt  à  cou- 
ler bas. 

Le  gouvernement  a  reçu,  par  le  dernier  pa- 
quebot, des  dépêches  extraordinaires  de  lord 
Wento  et  de  lord  Keiih. 

M.  Bryan  Edwards,  membre  de  la  chambre 
des  communes  el  de  l'association  formée  ici  pour 
le  progrés  des  découvertes  dans  l'iniéiieur  de 
l'Afrique  ,  auteur  de  l'Histoire  des  Indes  occiden- 
tales et  de  plusieurs  autres  ouvrages,  laisse,  par 
*a  mort  arrivée  dernièrement,  une  fortune  trés- 
considérable  à  son  fils. 

Le  générai  Tar!eton  ,  depuis  son  retour  de  Por- 
tugal ,  continue  de  siégera  la  cbambre  des  com- 
munes sur  le  baijc  de  l'opposition  ,  mais  tout  à 
l'exlrèmiié  :  Chut  !  est  sa  devise. 
_  Il  esc  à-peu-près  décidé  qu'avant  l'union  de 
l'Irlande  ,  il  sera  créé  dix-neuf  nouveaux  pairs 
irlandais.  Un  seul  sera  anglais  ;  c'est  sir  John 
Henniker. 

Les  frégates  la  Cambrian  et  le  St.  Fiorenzo  se  tien- 
dront à  Weymouihpeudant  le  séjour  du  roi  dans 
celte  ville. 

Le  nombre  des  banqueroutes,  survenues  ici 
depuis  le  24  décembre  1799  jusqu'au  24  icn- 
'  Le  Mmu^','d"e  New-York,  a  trouvé  et  ru- 
cueilli  en  mer  .  à  la  hauteur  du  cap  Wrath  ,  un 
gio»  sloop  charaé  de  ter  et  de  planches^de  sa- 
pin ,   où  il  ny  avait  d  être  vivant  qu  un  chien. 

I  N     T     E     R     I     E     U     R. 
ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrcté.  du  3  thermidor  an  8. 
Les  consuls  de  la  républi<iue  ,  vu  le  procès- 
verbal  arrêté  le  7  messidor  dernier  par  le  véri- 
ficateur de  la  trésorerie  nationale  ,  charge  de 
vérifier  la  caisse  du  citoyen  Châielam-Duplessis  , 
receveur -général  du  département  de  I  Aisne  , 
duquel  il  résulte  que  ce  receveur  a  employé 
une  somme  de  i5i,583  fr.  24  c.  provenant  des 
centimes  additionnels  des  années  5  ,  6  ,  7  et  5  , 
à  retirer  une  partie  de  ses  ob!i;^alions  échéantes 
au  dernier  complémentaire  an  8. 

Considérant  "que  ce  receveur  a  ainsi  viole  la  loi 
en  appliquant  à  une  spéculation  particuliete  des 
fonds  qui  appartenaient  a  un  service  public. 
Ariêient  ce  qui   suit  ; 

An.  I'^'.  Le  citoyen  Châlelain-Duplessis  ,  rece- 
veur-général des  cont.ibulions  du  département 
de  I  Aisne  ,  est  destitué  ;  il  rendra  sans  délai  un 
compte  de  clerc-à-ni  litre  à    son  successeur, 

II  sera  dénoncé  pat  le  préfet  du  département  a 
l'accusateur-public  ,  pour  être  poursuivi  crimi- 
nellement, 

Le   sé<iueslre   seia   luib  ; 
él  immeubles.  ■    "     •    j 

■  n.    Le    ministre    des    finaiTCes    est    charge    de 
l'exécution   du   présent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,   signé ,  Bo.n  aparté. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secretaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 

i,.  Arrêté  du  i3  thermidor  an  8. 

•  BoNAPARTF, ,  premier  consul  de  la  réoublique 
Vu  l'arrèié  des  coniuls  du  9  de  r 

le  rappod  du  ministre  de  la  police 

•  Nomme  le  citoyen  Deforgiies  (Fiançois-Louis- 
•Micliei),  commissaire  général  de  police  à  Nantes 
.(Loirt-lnlciieure  ).  ;  ,    . 
-     Et  le  citoyen  Astier  Ijacques-Louis) ,  secrétaire- 
général  de  ce  commissariat. 

■  Le  minisire  de   la    police,  générale   est    charge 
•ëe  l'exécution  du  présent  ariéié. 

Le  jiremur  conuil  ',   signé.  B'ON  APARTE. 
Par  le  premier  ccinsiil  , 

Le  tecrétaire-'d'étal ,  sipii  ,  H.  B.Maret. 


Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  l'intérieur  , 

Vu  la  loi  du  u  frimaire  an  l  ,  celles  des  19, 
a?  frimaire  et. 5  ventôse  an  8  ,  relatives  à  l'éiab'is- 
sement  des  octrois  municipaux  et  de  bienfesance; 

Vu  l'article  II  de  la  même  loi  du  5  ventôse  , 
portant  que. 

Le  conseil  municipal  de  chacune  des  villes  où 
les  octrois  doivent  être  établis  ,  sera  tenu  de  pré- 
senter dans  deux  mois  les  projets  de  tarifs  et  de 
réglemens  convenables  aux  localités. 

Qu'ils  seront  soumis  à  l'approbation  du  gou- 
vernement ,  et  par  lui  définitivement  arrêtés  ,  s'il 
ly  a  lieu. 

Considérant  que  l'examen  et  l'approbation  des 
tarifs  et  réglemens  de  perception,  s'ils  étaient 
successivement  et  isolément  soumis  aux  consuls  , 
entraîneraient  des  lenteurs  incompatibles  avec  les 
besoins  auxtjuels  il  est  urgent  de  pourvoir  , 
arrêtent  ce   qui  suit  : 

Art,  1='.  Le  ministre  de  l'intérieur  approuvera 
les  tarifs  et  les  réglemens  présentés  par  les  conseils 
municipaux  ,  avec  les  modifications  qu'il  jugera 
convenables  ,  confoimément  aux  principes  déter- 
minés par  les  susdites  lois. 

II.  Tous  les  mois,  le  ministre  présentera  aux 
consuls  qui  prononceront  définitivement  les  tarifs 
elles  réglemens  qu  il  aura  approuvés. 

III.  En  atiendant  et  provisoirement  ,  l'autori- 
sation du  ministre  sera  considérée  comme  déci- 
sion du  gouvernement  ,  en  tout  ce  qui  concernt 
tant  les  octrois  précédemment  établis  ,  que  ceux 
qui  le  seront  par  la  suite. 

Le  présent   arrêté   sera   inséré  au  bulletin   des 


Le  premi 


Le  secrétaire-d'état ,  iign> 


'^imé  ,     BONAPAIiTE. 


biens 


cubles 


PRÉFECTUREDE   POLICE. 

Paris  ,  le  14  thermidor  an  S. 
Les  indigens  sont  de  nouveau  prévenus  qu'il 
ne  se  fait  plus  aucune  distribution  de  secours  au  j 
ministère  de  l'iniéiieur  ,  et  fine  c'est  aux  bureaux 
de  bienfesance  de  leurs  divisions  respectives  qu  ils 
doivent  adresser  leurs  pétitions  ,  dans  les  formes 
voulues  par  la  loi. 

Le  préfet   du  département    de    la    Vendée  ,    à   ses 
concitoyens. 

A  la  suite  des  prinlems  humides  ,  il  se  ma- 
nifeste otdinaiieraent  dans  le  seigle  une  maladie 
qui  souvent  ,  a  produit  les  plus  t'uneste's  effets. 
Q_nelques  bons  citoyens  mont  averti  qu'elle 
était  commune,  cette  années,  dans  plusieurs 
cantons  du  département.  La  sollicitude  pater- 
nelle qui  fixe  mes  regards  sur-tout  ce  qui  vous 
intéresse,  exige  que  je  vous  instruise  des  maux 
qu'elle  peut  produire  ,  si  vous  ne  les  prévenez 
par  de  sages  précaution. 

La  maladie  dont  je  veux  parler  est  connue 
sous  le  nôin  d'ergot ,  seigle  ergoté,  blé.  cornu,  he 
caractère  qiii'  l'a  distingue  est  facile  à  saisir. 

Au  moment  de  la  maïutilé  du  seigle  ,  à  la 
place  du  véritable  grain  ,  dont  tout  le  monde 
connaît  la  forme  ,  l'on  iiouve  une  espèce  de 
graine  ,  d'une  forme  ordinairement  allcîngee  , 
courbe  et  qui  excède,  le  plus  souvent  ,  la  baie 
qui  lui  sert  de  réceptacle.  Ses  deux  exiiemites, 
moins  épaisses  que  le  miheu,,  sont  taniot  obtuses, 
tantôt  pointues.  L'exlièmité  infc(ie.ne  par  laquelle 
elle  adhère  â  la  baie  ,  est  blanchâtre.  Son  ecorce. 


Des  expériences  nombreuses  faiics  avec  le  plus 
grand  soin  par  un  agriculteur  plein  de  sagacité 
et  membre  de  l'institut  national  (  j  )  ,  démontrent' 
que  tous  les  animaux  ont  une  répugnance  in' 
vincible  pour  cette  substance  délèière.  Ils  refu-' 
sent  tous  de  la  manger.  Ils  sont  bien  servi» 
par  leur  instinct  ,  car  tous  ceux  à  qui  le  nlêmÈ 
physicien  en  a  fait  manger  par  force  ,  ont  péri 
au    bout    de    quelques  jours. 

Une  substance  qui  attaqué  le  principe  de  1^ 
vie  cUez  les  animaux,  doit  produiie  sur  l'honihie 
un  effet  semblable  ,  puistpi  elle  n'en  dilfeie  pres- 
que pas  par  1  organisation  intérieure  ;  aussi  les 
fastes  de  la  médecine  nous  parleiu-iis  de  plu- 
sieurs épidémies  morlelles  qui  ont  eu  pour  cause 
1  usage  du  seigle  ergoié. 

Le  plus  terrible  eflfet  de  ce  funeste  poison, 
est  une  gangrené  sèche  qui  fait  tomber  succes' 
sivement  tous  les  membres  du  malheureux  qui 
a  eu  1  imprudence  de  s'en  nourrir  pendant  quel- 
que   tcms. 

Lbôpital  d'Orléans  a  souvent  reçu  dans  son 
sein  et  vu  périr  dans  cet  état  misérable  ,  de  mal-- 
heureux  habitans  de  la  Sologne  qui  ,  forcés  par 
la  miserc  ou  par  suite  d'une  fatale  imprévoyance, 
en  avaient  mangé  une  certaine  quantité  ,  mêlée 
avec  le  seigle  qui  forme  leur  nourriture  ,  comme 
il  est  celle  de  la  plus  grande  partie  des  habitans 
de    votre  bocage. 

En  1709,  neuf  personnes  de  la  même  famille, 
au  village  de  Noyen  ,  département  de  la  Sarthe , 
turent  empoisonnées  par  la  même  cause.  Sept 
en  péril  eut  ,  et  de  deux  enfans  qui  survécurent  , 
l'un  estresié  sourd  ,  muet  et  piivé  d'unjambe. 

Enfin,  dans  votre  propre  pays  ,  l'estimable  et 
savant  médecin  Bardin  a  eu  connaissance  de 
quatre  majheureux  métayers ,  dont  les  poigneiS 
sont  tombés  par  l'effet  d'une  gangrené  produite 
par  une  cause  semblable.  ' 

Je  n'ai  pas  besoin  d'en  dire  davantage  pOui? 
^owfidfr.  -1  mus   ceux  uui  recueilleront  du   sei- 

Hcureusement  il  adhère  faiblement  a  ppr.cç- 
mouvcment  que  les  moisonneurs  impriment  a 
la  tio-e  du  seiigle  ,  tn  le  sciant  ,  en  i'eia  tomber 
une'partie".  Une  autre  parue  se  détachera  dans 
le  iranspoit  à  la  grange.  En  vannant  le  grain  , 
les  plus  grosse  giames  d'ergot  resieront  au  pied 
du  vanneur  ,  et  il  sera  facile  de  les  enlever  avec 
un  balais.  Les  plus  giosses  de  ce.les  qui  reste- 
ront mêlées  avec  le  grain  du  seigle  ,  pourront 
en    être  séparêvS  au   moyen  du  crible. 

Cepend.u!t  ,    quel    que   soit    FeBet  de   ces   di 
'l  re; 


verses    operj>ion 
lombre   de 
es  t;rains  d 


d  un   violet   très-fdricé  ,  recouv 


le    substance 


oujours  un  grand 
nombre  de  petites  graines  d  ergot  mêlées^  avec 
'  je.  Il  n'y  a  qu  un  moyen  de  les 
en  séparer  ,  c  est  de  plonger  ie  sieigle  dans  l'eau. 
En  le  remuant  un  peu  ,  le  Don  grain  se  précipitera 
au  tond.  1  ergot  surnagera  quelque  leius  ,  et  il 
sera  facile  de  l  enlever.  En  lésant  ensuite  sécher 
le  sei"le  ,  il  n'en  sera  pas  moins'propre  à  faircdU 
bon  pain.  "    •  •■    ' 

Peut-être  trouverez-vdiis'-pédibles  leS  soins  que 
je  vous  propose.  Sans  doute  ils  demandent  dfi 
peu  d'attention  ;  mais  songez  quel  doit  en  être  Ib 
prix.  Elle  vous  assure  une  sécurité  parfaite  dans 
l'usa»c  de  l'aliment  qui  soutient  votre  existence  , 
tandfs  qu'une  négligence  coupable  vous  exposera 
chaque  jour  aux  plus  graves  inconvéniens.  '  "  ?' 
Vous  saurez  appiécier  les  motifs  quiont  diÊtfe 
cet  avis  ,  et  j  espère  tju€  vous  en  tcrez  usage.  Ati 
nom  de  l'humanné  ,  j*e  recommande  à  tous  les 
bons  citoyens  ,  sur-tout  aux  maires  et  adjoints  dès 
communes  ,  de  le  répandre  dans  les  campagnes  , 
eidexhoiier  tous  les  cultivateurs  à  prendre  les 
précautions  qu  il  indique.  '        ' 

Fontenay-lc-Pcuple  ,  le  2^  messidoj  ahS.  -^^  ^ 
Signe  ,  LhAijcif.ii.iyx,i , 
'•'•"■"1    ■',"  ' 


et  d'une  consistance  assez  tenne. 


mois    et  sur     d'un  blanc  lerne , 

éneralè  lEIle    répand  une   odeur  nauséeuse,  et  lorsciu  on 

1  ^^  ^  .^ji-^  ^   ^11^  Imprime  sur  la  langue  une  saveur 

mordicante. 

Ouoique  sa  forme  et  sa  couleur  différent  essen- 
tiellement   de    celle    du    seigle,    il    est    possible     „.„„.._ 

ne    des    yeux  inatteniifs   se    persuadent  qu'elle  Lj,.„.    Les   cascades  ef  les  ,e,»  sont  le  PfoJ»'     d« 
,^'èn   est  qu'une  modification.  ,  douze  étangs    et  de  ngoles  établies  depuis  la  loiêt 

Defiez.;o.s  ,d,,c,tte    apparence    --"P^-  U^i^:^^  :r?:;^  ^n^iS^loi:::    ^[î^ 
la  substance  que  ,VQUS  seriez  tentes   de    prendre     gucur  de  jauo  .menés  ^e 
pour  une    gçairie;nourriciere  ,   est   un  poi>on  qui       ~ 
pent    vous  donner   U   mort. 


Les  personnes  qui  se  retiient  .sur  la  rareté  dés 
effets  de  l'eau  de  Versailles  etdeTrianon,  ne  saveiit 
pas  apparemment  qu'ils  ne  sont  pas  dûs  à  la  ma- 
chine ..e  Marly  ,  dont  l'eau  de  rivière  sert  aux 
établissemens  nationaux  et    aux  lontaines    pUbU- 


;  [)  Lecit.  Tsssiiit. 


plus  p 


etitsétaOiTsrasSeniWent  toutes  lés  eaux  cnvi- 
et  conservent  celles  des  fontes  de 
neiees  ou  des  pluies  abondantes .  que  1  on  re- 
Jorf  ensuite  dan's  les  plus  grands  "O'-JJ^^/ 
l  révapoiaiion  en  raison  de  leur  protondeur 
Cette  sorte  de  transfusion  serau  déplacée  dans  le 
luette  soueuc        _  joignent  par 

:::ne1-é.  nTde  laTour  à  ?elui  de  Trapes 
éunT  de  «3400  mètres  (  environ  .2000  to.ses)  , 
dont  les  deux  tiers  à  ciel  découvert. 

Le  dernier  aqueduc  de  Trapes  a  Versailles  , 
.m'-ene  sans  pe«e  dans  .-e  longueur  de  uyoo 
mètres  (  environ  6000  toises  )  ,  ce  ,qui  se  rouye 
dan  ces  étangs ,  lorsque  la  sécheresse  de  1  année 
n'a  pas  obligé  d'en  déverser  les  eaux  su 
verses  vallées,  ou  comme  dans  les  an" 
A  et  6  d'en  aider  les  moulins  et  les  mai 
wltéeS  sut  l'Yvette  et  sur  la  B^.^rei  Extrait  du 
journal  du  départemnt  de  Seine  et  Oise.  ) 

Au     PREMIER     CONSUL     BONAPARTE. 

Centinuation  de  la  description  abrégé':  des  principaux 
mouumens  de  la  Haule-Egyple ,  accompagnée  de 
détaihsur  les  tableaux  qui.  en  les  décorant  , 
servent  à  faire  conjecturer  a  quelles  divinités  Les 
temples  étaient  consacrés. 

Sépultures  de  Thebes. 
Toute  la  partie  de  la  montagne  Lybiquc  ,  qui 
commence  à  une  demi-lieue  à  l'ouest  du  Mem- 
noniutrt  et  finit  en  face  de  Medinet  -  Abou  , 
est  percée  depuis  sa  base  jusqu'aux  trois-quans 
de  son  élévation  ,  d'un  grand  nombre  de  gioltes 
*épulchrales.  Les  plus  voisines  du  niveau  du 
sol  sont  les  plus  soignées  et  les  plus  spacieuses  ; 
celles  qui  se  trouvent  dans  la  partie  la  plus 
élevée  de  la  montagne  ,  sont  beaucoup  moins 
liches  et  moins  bien  exécutées.  Les  grottes  qui 
sont  percées  entre  les    deux  ,  tiennent  le  milieu 


1270 

C'est  dan»  l'une  de  ces  chambres  qu'on  voit 
les  deux  harpes  qu'a  dessinées  Bruce.  Une  troi- 
sième galerie  suit  celle-ci  ;  sa  hauteur  et  sa  lar- 
geu"  sont  les  mêmes.  Elle  conduit  a  une  salle 
L-dessous  du  niveau  des  autres  appanetnens 
elle  a  dit-huit  pieds  carrés.  On  ne  ^0''/^\^^'[\ 
salle  nue  pour  entrer  dans  une  galerie  de  34  pas 
d  oogue'ur.  Elle  a  même  une  cinquième  galerie 
en  peme  ,  dont  la.  longueur  estde  î8  pa^.  A  son 


renfermant  habituellement.  Ces  manuscrits  sont  , 
ans  contredit  ,  les  plus  anciens  q-  -e"  ete  con- 
servés. Ils  paraissent  renfermer  des  prières  taites 
pou'  le  mon  et  à  son  intention.  Ils  son.  écrits 
en  hiéroglyphes  ou  en  caractères  cursifs.  On  y  a 
dessiné^es^ableaux  semblables  à  ceux  qui  dé- 
corent les  murs  des  tombeaux. 

Plusieurs  momies  ont  les  ongles  des  pieds  et 

des  mains  dorés  :   le  nombre   des    rouleaux   de 

qu'on  y  rencontre,  est  quelquefois  de 

ntplacéssous  une  des  aiselles; 


»;;'';;i':r,''rur.r'.r.';"°;.fV''ÇUs""™"--- 


lerie  de  six  p 
soutenu  par 


,as  ËÛe'aboatu  àunsallon  Iration.  Les  français,  pendant  leur  séjour  en 
huit  p  fers  Sa  longueur  est  1  Egypte  ,  ont  trouvé  huit  à  dix  manu.crus  enuars  , 
huit  piners.   oa         g  .  "'/.,™„r1ire  d'un  assez  giand  nombre  de  fra- 


"^  1"  •^'-\T!5r.s..F^t^^n:ir.o.    ces.    dans   cette  Uans  préjudice  d'un  assez  gtai 

'"^f  *  '  3'     salle  qu'est'  le  sarcophage  qui  renfermait  la  mo-  |  gn^ens. 

nufaclures     ^,j^  ^'^  j.^;     j^^^  romains  ont  tait   quelques  ten-  ,  ti  UrOurnon 


latives  pour  enlever  ce  sarcophage  ae  la  grol  e 
où  il  est  déposé.  Us  avaient  essaye  de  niveler  le 
(errcin  pour  en  faciliter  la  sortie  ;  mais  ils  ont 
promplement  renoncé  à  ceue  entreprise. 

Après  la  salle  du  sarcophage  ,  on  en  trouve 
une  seconde  de  aS  pas  de  largeur,  sur  4°  de 
longueur.  La  hauteur  de  cette  tombe  est  de  7 
pieds  ,  sa  longueur  de  8  et  sa  largeur  de  5.  La 
longueur  totale  de  la  galerie  est  de  2a5  pas.  Les 
loirlbeaux  des  rois  ,  dans  louie  leur  étendue ,  sont 
couverts  de  tableaux  et  d'hiéroglyphes.  La  plus 
arande  parlle  sont  peints  à  fresque.  Ces  tableaux 
représentent  des  sujets  de  la  plus  gr.inde  bisarcrie. 
Il  paraît  que  c'est  là  que  les  romains  ont  puise 
l'idée  des  grotesques  dont  leurs  dessinateurs  et 
leurs  peintres  ont  tait  le  principal  sujet  de  leurs 
compositions  pendant  les  second  et  troisième 
siècle  de  l'empire.  Les  fouilles  dHerculanum  ont 
fait  découvrir  un  grand  nombre  de  tabieaux  exé- 
cutés dans  ce  goût. 

'    Une  des  grottes  les  plus  intéressantes  ,  est  celle  , 
qui  renferme  un  sarcophage  encore  entier  et  en 
place:  sa  longueur  est   de  i6  pieds,   sa  hauteur 

•ruui    1CACV.UUL..    vv. f--     -    r  -      1  dc  lî  et  83  Urgeut  de  6;  il  conserve    son   cou- 

îndique  1  ordre  des   richesses  .  en  observant  que  ^^  ^^j,  ^         ^  ^j,  l'effigie   du  rot  ;  il  est  d  un 


celles  des  pauvres  offrent  plus  d  intérêt,  parce 
qu'on  y  voit  toujours  queUiues-uns  despiocedes 
des  ans  et  métiers  pratiqués  à  cette  époque.  Le 
plan  de  ces  grottes  diffère  peu  ;  une  porte  ou- 
verte à  l'orient  conduit  à  une  galerie  d  environ 
vingt  pas  de  longueur.  Quelquefois  cette  galène 
est  percée  dans  l'axe  de  la  porte  ,  quelquefois  elle 
la  coupe  à  angle  droit.  Elle  est  soutenue  indif- 
féremment par  des  colonnes  ou  des  pilastres 
dont  le  nombre  varie  depuis  quatre  jusqii  a  dix. 
A  l'extrémité  de  cette  galerie  est  un  puits  qui 
'conduit  aux  catacombes  où  étaient  déposées  les 
momies.  La  profondeur  de  ces  puits  varie  depuis 
.  '^  ,.  ■..  .j.».  bt.-  icimirient  à  une 
•allé  ca.rée  d'environ  trente  pieds.  De  côté  cette 
«allé  eSt  soutenue  par  des  piliers  ,  et  renferme 
encore  beaucoup  de  débris  de  momies.  On  y 
trouve  des  traces  d'un  grand  nombre  de  con- 
duits souterrains  qui  mènent  vraisemblablement 
à  d'autres  salles  dont  la  connaissance  nous  est 
maintenant   dérobée. 

Dans  la  galerie  supérieure  sont  sculptés  en 
-biM  reliefs  DU  peints  à  fresque,  une  foule  de 
•««jets  relatifs  aux  cérémonies  funéraires.  Les  ta- 
bleaux les  plus  ihtéressan'S  qu'on  y  rènconlte  sont 
Ceux  qui  offrent  les  détails  qui  appartiennent  aux 
ans  des  anciens  habilans  da  pays.  On  y  retrouve 
■leurs  premières  occupations  ,  telles  que  la  chasse 
et  la  pêche?  on  peut  y  suivre  les  progrés  de  la 
civilisation  ;  on  y  voit  les  arts  du  sellier ,  du 
charron  ,  du  potier  d-e  terre  ,  des  tableaux  de 
change  et  de  commerce  ,  des  scènes  agricoles  , 
des  rnarches  de  troupes  et  quelques-unes  des 
punitions  en  usage  chez  eux.  Chaque- grotte  est 
ornée  d'un  plafond  sur  lequel  on  a  peint  des 
.sujets  de  fantaisies,  dont  le  dessin  est  exactement 
le  même  que  celui  des  papiers  que  la  mode  avait 
■fait  adopter  en  France  il  y  a  3o  ans. 
,,  Les  tombeaux  des  rois  sont  à  Saoo  toiSes  du 
fleuve  -,  ils  ont  été  creusés  dans  une  vallée  étroite 
au  centre  de  la  montagne  Lybique  ;  le  chemin 
qui  y  conduisait  autrefois  est  eiîcore  ignoré  ,  et 
on  y  pénètre  par  un  passage  forcé.  Ils  occupent 
un  grand  ravin  et  deux  lits  de  torrent  situés  sur 
le  flahc  de  ce  ravin.  Le  plan  ,d'un  seul  de  ces 
tombeaux  suffit  pour  indiquer  la  disposition  gé- 
oérale  des  autres. 

Chaque  grotte  communique  avec  la  vallée  par 
«ne  large  porte  ;  elle  conduit  à  unegalerie  creu- 
sée dans  le  rocher.  Sa  largeur  et,sa  hauteur  sont 
cornmunément  de  douze  pieds.  Sa  longueur  jus- 
qu'à la  seconde  ptKt'é  est  de  vingt  pas.  Cette 
Îiorte  conduit  à  wcie  seconde  galerie  de  même 
argeur  et  de  vingt-quatre  pas  de  longueur.  A 
droite  et  à  gauche  de  cette  galerie  ,  sont  des 
chambres  de  cinq  pieds  de  large  sur  sur  dix  de 
profondeur.  On  y  trouve  des  dessins  d'armes  , 
telles  que  haches ,  poignards  ,  sabres  courbes  ' 
épées  droites  ,  lances  ,  javelots  ,  arcs  ,  flèches  ] 
carquois  ,  cottes  de  mailles  et  boucliers  ,  les  tra- 
vaux du  labourage  ,  des  vases  ,  des  bijoux  -de 
toute  espèce  ;  les  détails  dg  la  préparation  des 
Alimeos  ^  soQt -représentés. 


ul  bloc  de  granit.  La  surprise  que  l'on  éprouve 
en  considérant  cette  masse  énorme  ,  transportée 
à  l'extrémité  d'un  souterrem  de  soo  pas  de  lon- 
•Tueur,  n'a  plus  de  bornes  lorsque  l'on  considère 
qu'il  n'a  dû  être  travaillé  que  sur  place.  Quelles 
ont  donc  du  êire  les  difficultés  qu  entraînait  le 
transport  d'une  masse  pesant  plusieurs  centaines 
de  milliers  ,  â  travers  les  chemins  presqu  imprati- 
cables de  la  montagne  ? 

On  distingue  beaucoup  <^-.  sacrifices  humains. 
On  y  remarque  encore  deux  tableaux  représen- 
tant un  hom.utréP.?"'^^"'  '*  sèmeiice  :  des  enfant 
'"'-  -— ..i-j  ue^TSrabon  ,  on  comptait  17  tombeaux 
de  rois;  on  trouvera  encore  le  même  nombre,  si 
on  veut  faire  entrer  dans  celte  énumération  une 
superbe  grotte  dont  le  plan  est  aussi  vaste  et 
plus  beau  que  celui  des  sépulchres  des  souve- 
rains  de  Thebes. 

Cette  grotte  est  à  une  demi-lieue  au  nord  du 
Memnonium  ,  et  creusée  à  la  base  de  la  mon- 
tagne dans  l'enceinte  de  laquelle  se  trouvent 
les  autres  tombeaux.  L'entrée  de  plusieurs  est 
condamnée  ;  presque  toutes  l'ont  éié.  Il  paraît 
que  ceux  des  anciens  égyptiens  qui  étaient  de- 
meurés fidèles  à  leur  culte  ,  essayèrent  ,  par 
respect  pour  la  mémoiie  de  leurs  princes,  de 
dérober  la  connaissance  de  leur  sépuhure  ,  ou 
à  leurs  conquérans,  ou  à  ceux  qui  professaient 
une  autre  religion  que  la  leur. 

Deux  des  grottes  n'ont  jamais  été  finies.  Une 
troisième  est  entièrement  dépourvue  de  sculp- 
tures, et  quelques  autres  offrent  encore  des  choses 
imparfaites.  C'est  là  que  la  magnificence  des 
égyptiens  se  déploie  avec  le  plus  de  grandeur. 
Il  ne  fallait  pas  moins  que  la  durée  du  règne 
d'un  homme  pour  entreprendre  un  ouvrao-e  de 
ce  genre  ,  où  l'on  ne  pouvait  employer  à  la  fois 
qu'un  nombre  fort  limité  d'ouvriers. 

Les  anciens  égyptiens  ,  depuis  le  monarque 
jusqu'aux  sujets,  ne  prenaient  de  leurs  sépultures 
un  aussi  grand  "ïoln  ,  que  dans  la  croyance  que 
leur  ame  devait  ,  après  plusieurs  milliers  d'an- 
nées ,  venir  réhabiter  leur  corps  .  danî  le  cas  où 
il  serait  conservé  intact  ;  de-là  l'embaumement 
et  la  position  des  sépultures  dans  des  Heux  inac- 
cessibles à  l'inondation  du  fleuve. 

Dans  le  voisinage  du  Memnonium  ,  et  parmi  les 
grottes  de  particuliers  ,  on  en  trouve  plusieurs 
encore  remplies  de  fragmens  de  momies.  Lorsque 
les  arabes  qui  tegardent  les  grottes  comme  la  pro- 
priété de  thaque  famille  ,  s'apperçoivent  qu'elles 
peuvent  être  visitées  par  des  étrangers  ,  ils  mettent 
le  feu  aux  momies  qu'elles  renferment ,  afin  d'en 
éloigner  fes  curieux.  Il  reste  eiicore  quelques 
caveaux  intacts ,  mais  ils  sontignorés  des  voyageurs. 

Les  sépultures  les  plus  riches  sont  maintenant 
épuisées  ;  aucune  des  momies  que  vendent!  les 
habitans  du  pays  n'est  garnie  de  l'enveloppe  sur 
laquelle  était  peinte  l'efSgie  du  mort  ;  on  ne  voit 
plus  que  quelques  fragmens  de  ces  enveloppes. 
Ilêst  élonriani  que  jusqu'à  ce  rnôment ,  aucun 
voyageur  n'ait  trouvé  les  manuscrits  Sûr  Papyrus  , 
que  les  momies  des  hommes  les  plas  distingués 


Les  ruines  du  temple  égyptien  qui  se  yoietit 
à  El  Gournon  ,  village  atabe  ,  indiquent  qu  il  était 
consiruitsurun  plan  différent desautresmonumens 
de  ce  genre  ,  mais  qui  ne  le  leur  cède  en  rien; 
on  ignore  jusqu'au  nom  de  la  ville  dont  il  fesalt 

partie. 

Kous.  —  Apollinopolis-parva. 

On  ne  trouve  d'autres  restes  de  cette  ancienne 
ville  ,  que  l'entablement  d'une  porte  dans  le  style 
de  celle  de  Thebes,  et  enterrée  jusqu'au  uer». 
Sur  le  petit  carré  qui  surmonte  la  corniche,  est 
une  inscription  grecque  qui  auesle  qu  un  de» 
Ptolomées  a  visité  le  monument  avec  la  leine  sa 
femme.  On  trouve  une  semblable  inscription  à 
Denderah  .  à  Koum-ombos,  à  Gawel-Sharkie.  Il 
est  à  remarquer  qu'à  celle  époque  les  rois  grecs 
de  rE<jyple  paraissaient  avoir  fon  peu  de  vené- 
ralionVour  le  culte  égyptien,  puisqu  ils  effaçaient 
les  hiéroglyphes  et  les  tableaux  des  temples  pout 
y  substituer  leurs  inscriptions. 

KefT.  —  Coptes. 
On  ne  trouve  d'autre  indice  des  ruines  de 
cette  ville  que  l'exhaussement  du  terrein  ,  queU 
ques  fragmens  de  granit,  et  des  sarcophages  quj 
peuvent  y  avoir  été  transportés  dans  des  tem* 
plus  récens.  Toutes  les  villes  égyptiennes  étaient 
bâties  sut  des  éminences  fanes  de  mains  d  hom- 
mes; leur  forme  était  ordinairement  carrée,  et 
elles'ètaient  environnées  dune  enceinte  de  mu- 
railles construites  en  briques  crues;  1  épaisseur 
en  est  assez  communément  de  3o  pieds.  Goptos  , 
sous  le  règne  du  second  des  Ptolomées  ,  était 
l'entrepôt  du  commerce  de  1  Inde.  Kenne  ,  ville 
arabe  ,  distante  de  celle-ci  de  4  lieues,  la  rem- 
placée dans  ce  commerce. 


Cette  ancienne  ville  était  située  à  une  detai- 
lieue  du  fleuve,  sur  la  rive  lybique;  le  plus  grand 
nombre  des  villes  égyptiennes  était  bâti  à  cette 
distance  du  Nil.  On  ti'ouve  encore  à  Denderah 
trois  temples  ;  le  plus  grand  ,  consacré  à  Isis ,  est 
le  monument  le  mieux  conservé  de  1  Egypte. 
Aucun  des  matériaux  qui  y  ont  éié  employés  n'a 
souffert,  ainsi  que  l'ont  fait  ceux  dont  on  s^est 
servi  dans  là  construction  dEdfou  et  de  Koum- 
Ombos. 

L'exécution  des  figures  gravées  sur  les  muri 
extérieurs  et  inlérieurs  à  Denderah  ,  est  portée  att 
plus  haut  point  de  perfection  qu  ayent  atteint  les 
égyptiens;  les  détails  même  des  ajusiemens  y  sotït 
d'une  pureté  ,  d  une  finesse  d  autant  plus  difficile 
à  concevoir,  que  la  pierre  sur  laquelle  ils  soft't 
tracés  est  fort  ingrate. 

Le  grand  temple  d'Isis  est  bâti  sur  le  même 
plan  à-peu-près  que  celui  dEdfou  ;  la  figure  de 
la  divinité  à  laquelle  il  était  consacré  ,  se  retrouve 
dans  toutes  ses  parties  ,  sur  ses  tableaux  ,  dans  s'a 
frise  élégante  ,  jusque  sur  les  quatre  faces  de's 
chapiteaux  des  colonnes  du  portique  et  de  la  Salle 
qui  le  suit. 

La  façade  du  temple  a  72  pas  de  largeur  ,  sa 
longueur  est  de  145  pieds  ;  une  porte  d'un  goût 
très-pur  et  semblable  a  celle  de  Karnac  ,  autre- 
fois engagée  dans  des  môles  dont  on  voit  les 
arrangemêns  ,  conduisait  au  temple  dont  elle  était 
séparée  par  une  vaste  cour.  Le  portique  du  temple 
a  60  pas  de  largeur  et  3o  de  longueur.  Les  ta- 
bleaux les  plus  remarquables  qu  on  y  trouve, 
sont  le  grand  Zodiaque  divisé  en  deux  bandes: 
il  décore  le  jilafond  des  derniers  entre-colonne- 
mens  de  droite  et  de  gauche.  On  peut  remar- 
quer que  c'est  ordinairement  sous  les  portiques 
des  tempks  que  les  égyptiens  ont  représenté  les 
sujets  relatifs  à  l'astronomie  ,  comme  s'ils  avaient 
voulu  par-là  commander  en  même  tems  le  respect 
pour  la  religion  et  les  égards  dûs  aux  sciences. 

La  salle  qui  suit  le  portique  est  soutenue  par 
six  colonnes  ,  dont  les  chapiteaux  représentent 
4  figures  d'Isis  à  oreilles  de  chat  :  elle  est  carrée 
et  a  24  pas  de  côté.  La  seconde  salle  a  10  pas 
de  longueur  sur  24  de  largeur  ;  la  troisième  est 
de  même  grandeur.  L'Adinam  qui  suit  cette  der- 
nier«  salle  ,  a  24  pas  de  loagueur  sur  6  de 
largeur  ;  il  est  isolé  ,  ainsi  qu'à  Philœ ,  pa-r  deuBc 
autres,  salles  placées  sur  ses  côtés.  On  peut  pré- 
surnev  qu'un  corridor  percé  derrière  ,  l'isolfe  éga- 
lement .»ur  ce  point.  Dans  la  deuxième  salle"  à 


droite  et  à  gauche ,  sont  deux  escaliers  qui  con- 
duisent à  la  terrasse  du  temple  ;  ils  sont  formés 
de  degrés  de  deux  pouces  de  hauteur  sur  so  de 
longueur:  les  parois  de  leurs  murailles  sont  dé- 
cores de  tableaux  où  l'on  distingue  particuliére- 
lîienl  un  grand  nombre  de  femmes  ,  ce  qui  au- 
torise à  croire,  contre  l'opinion  reçue  ,  que  les 
femmes  étaient  employées  au  service  des  temples. 
Sur  la  terrasse  du  grand  temple  ,  on  en  retrouve 
un  petit  :  les  colonnes  sont  entièrement  sembla- 
bles à  celles  du  portique  ;  elles  ont  lo  pieds  de 
hauteur.  Le  temple  est  carte  et  a  g  pieds  de  côté  ; 
c'est  le  portique  d'une  petite  chapelle  dont  on  ne 
\oil  pas  d'autres  traces.  Dans  une  cour  de  l'inté- 
rieur du  temple  est  une  salle  où  se  trouve  un  se- 
cond zodiaque.  Celui-ci  est  circulaire  ;  il  occupe 
la  moitié  du  plafond  de  cette  dernière  salie  qui 
paraît,  toute  entière  ,  consacrée  à  l'astronomie.  Il 
est  séparé  d'un  second  tableau  astronomique  par 
une  figure  de  femme  ,  dont  on  a  mutilé  les  parties 
sexuelles.  Il  est  à  remarquer  qu'àDenderah,  toutes 
les  figures  de  face  sont  parfaitement  exécutées  ; 
par-tout  ailleurs  elles  le  sont  fort  mal ,  quoique  les 
prolits  soient  généralement  pleins  de  grâces. 

(  La  suite  demain.  ) 


THEATRE  DU   VAUDEVILLE. 

PlEON  nommait  oisif  \e  parodiste  de  son  tems, 
il  n'eût  pas  ainsi  nommé  ceux  du  nôtre.  Leuracti- 
vilé  est  extrême  ,  et  parmi  nous  ,  un  ouvrage 
nouveau  ressemble  parfaitement  au  gibier  ,  dont 
vingt  chasseurs  à  l'affût  attendent  impatiemment 
le  passage.  Il  me  semble  même  que  les  adroits 
chasseurs  dont  nous  parlons  ,  ne  se  bornent  pas 
toujours  à  attendre  ;  et  en  ce  sens  Piron  qui  , 
par  son  épiiheie  ,  voulait  dire  que  le  parodiste  ne 
Iravailldit  pas  sans  qu  on  eût  travaillé  ,  ne  le  carac- 
térise pas  encore  parfaitement.  Il  y  a  telle  parodie 
de  nos  jours  ,  conçue  ,  écrite  ,  apprise  et  jouée 
en  si  peu  de  tems  ,  qu'il  semble  que  l'auteur  de 
l'ouvrage  principal  ait  eu  la  complaisance  d'en- 
voyer son  manuscrit  feuillet  par  feuillet  au  paro- 
diste ,  pour  donnera  celui-ci  plus  de  tems, 
d'assurance  et  de  facilité.  Pou i  peu  que- les  progrès 
en  ce  genre  continuent ,  il  y  a  à  parier  que  bieniôt 
on  donnera  la  parodie  d'un  ouvrage  nouveau  , 
le  jour  de  la  première  représeniation  de  cet  ou- 
vrage ,   si  même  on   ne  la   donne   la  veille. 

Il  faut  convenir  que  peu  doperas  pouvaient 
donner  des  idées  <Je  parodie  plus  plaisantes  que 
celui  de  Praxitèle  ;  quoique  l'on  prétende  que  les 
bons  ouvrages  sont  ceux  qui  prêtent  le  plus  à  la 
paiodie  ,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  paro- 
diste cherchant  toujours  le  côié  ridicule,  doit 
parodier  facilement  l'ouvrage  où  il  trouve  ce 
côté  par-tout.  Aussi  le  Vaudeville  et  les  Trouba- 
dours se  sont-ils  attachés  à  la  ceinture  d'Aglaë 
£our  la  métamorphoser  chacun  à  leur  manière, 
e  premier  avec  esprit,  ^racé  ,  mesure,  délica- 
tessse  et  gaieié  ;  les  secorvds ,  sur  un  ton  grivois  , 
ton  qu'ils  justifient  en  donnant  ce  nom  à  l'opéra 
quTls  parodient. 

Le  Vaudeville  a  parodié  le  personnage  muet 
d'Aglaë  par  un  personnage  plus  muet  encore  , 
par  un  bilboquet  qu'un  enfant  désire  avec  au- 
tant d'ardeuj- ,  que  Praxitèle  a  d'amour.  On  im- 
pose à  l'enfant  une  condition  singulière  :  il  faut 
qu'il  choisisse  l'une  des  parties  du  bilboquet  ,  il 
ne  peut  j  ©sséder  tout  :  il  se  détermine  à  choisir  ; 
on  lui  donne  alors  le  tout  :  il  ne  trouve  pas  l'un 
pius  raisonnable  que  l'autre.  C'est  absolument 
comme  dans  Praxitèle. 

Il  était  difficile  que  la  gaîié  ne  s'égarât  pas 
en  se  livrant  à  des  idées  d'où  il  était  impoisible 
de  bannir  l'équivoque.  Aussi  la  plus  ingénieuse 
de  celles  de  nos  auieuis  a-i-elle  consisté  à  donner 
le»  rôles  parodiés  à  des  enfans  ,  élevés  charmans 
du  vaudeville  ,  qui  lui  promènent  un  jour  des 
soutiens.  La  pudeur  ne  peut  s'allarmer  de  Ct? 
que  dit  l'innocence  ;  la  gaîlé  n'y  perd  rien  ; 
aussi  haga\eUe  c'est  le  nom  parodié  de  Praxitèle, 
peut-il  être  compté  parmi  les  plus  agréables , 
çt  les  plus  ingénieuses  bluettes  qu'on  ait  données. 
Les  autetus  sont  les  citoyens  Barré  ,  Radet  et 
fiourgueil. 

S.... 


Langue  anglaise. 

L'ÉTUDE  de  la  langue  anglaise  forrrie ,  en  quel- 
que sorte  ,  une  panie  de  l'instruction  que  l'on 
donne  aux  jeunes  gens  aujourd'hui.  Les  grands 
écrivains  qui  ont  écrit  dans  cette  langue  .  les  rela- 
tions de  commerce  trés-multipliécs  entre  les  deux 
êlals  ,  la  néceesilé  de  savoir  l'anglais  pour  voyager 
utilement  ,  non-seulement  dans  la  Grande-Bre- 
tagne ,  mais  encore  dans  les  Etals-Unis  ;  enfin, 
la -mode  ,  qui  a  un  si  grand  eûipire  sur  nous  , 
sont  sans  doute  les  causes  de  ce  goûl  généralement 
répandu  pour  celte  langue  ,  qu  à  peine  cent  per- 
lOtnres  ssvaient-cllcs  à  Paris  il  y  a  soixante  ans. 

Les  livres  pour  l'apprendre  se  sont  multiplié* 
ïoo»  toute»  ie»  formes  et  dans  tous  les  formats  ; 
et  quoiqu'il  soit  vrai  de  dire  que  dans  ce  grand 
nombre  II  s  en  trouve  beeucoup  de  médiocres  , 
de  conius  ,  néanmoins,  ou  doit  savoir  gré   aux 


1271 

gens  de  lettres  et  aiix  grammairiens  qui  s'en  sont 
occupes,  et  ont  facilité  parla  aux  élevés,  les  moyens 
devainçreles  difficultés  très-nombreuses  qu'offrent 
les  locutions  ou  manières  de  parler  anglaises. 

Les  principales  résultent  ,  sans  contredit  ,  des 
particules  qui  se  placent  après  les  verbes  j  elles 
modifient  le  sens  de  ceux-ci  d'une  manière  à  en 
rendre  la  signiEcaiion  inintelligible  pour  qui- 
conque n'a  point  une  connaissance  sulEsanie  de 
la  valeur  de  ces  particules  ainsi   placées. 

Cette  considération  a  déterminé  M.  'William 
Cobbett  ,  anglais  ,  à  former  un  recueil  alphabé- 
tique de  tous  les  verbes  qui  sont  habituellement 
suivis  de  particules,  et  d'en  faire  connaître  le 
sens  en  français  par  des  exemples  où  les  parti- 
cules se  trouvent  modifier  ou  changer  la  signi- 
fication du  verbe. 

Ce  dictionnaire  nous  a  paru  extrêmement  utile 
pour  ceux  qui  veulent  traduire  1  anglais  et  éviter 
les  pitoyables  contre-sens  que  Ton  trouve  quel- 
quefois dans  des  ouvrages  imprimés  ,  où  la  fai- 
bles'-e  du  traducteur  se  montre  à  chaque  page. 

Ce  petit  ouvrage  se  vend  chez  Tesiu  ,  impri- 
meur-libraire ,  rue  Haulefeuille  ;  il  est  très-bien 
exécuté  ;  les  corrections  ont  été  faites  par  un  an- 
glais instruit  dans  sa  langue,  et  l'on  peut  être 
assuré  de  n'y  point  trouver  des  ie  pour  by  ,  des 
ta  pour  too  ,  et  autres  faute»  typographiques  qui 
déparent  souvent  nos  impressions  anglaises,  et 
font  le  tourment  des  écoliers. 

Peuchet. 


Lalçclure  da  cet  oqvra;;e  fera  sans  doute  naître 
le  desjr  d'en  voir  exécuter  de  semblables  pour 
dilTérciitcs  paries  de  nos  connaissances,  et  don» 
nera  une  haute  idée  de  l'école  où  ces  leçons 
sont  expliquées,  et  dans  laquelle  on  fait  com' 
prendre  aux  élevés  des  théories  aussi  savantes  et 
jusqu'à   présent  si  peu  répandues. 


Mécanique  philosophique  ou  analyse  raisonnée 
de  diverses  parties  de  la  science  de  L'équilibre  et 
du  mouvement  \  par  R.  Prony  de  l'insiitut  national 
des  sciences  et  ans.  A  Paris  de  limprimerie  de 
la  république  an  8.  Se  trouve  chez  le  citoyen 
Bernard,    libraire  ,  quai  des  Augustins  ,  n"  3;. 

Un  livre  de  ce  genre  n'est  point  à  la  portée 
de  tous  les  lecteurs  ;  mais  on  pourra  en  ap- 
précierl'importance,  par  l'extrait  du  rapport  qu'en 
a  fait  le  citoyen  Delambre.  Des  savans  aussi  dis- 
tingués que  le  citoyen  Protiy  ne  doivent  être 
jugés   que   par  leurs  pairs. 

Extrait  du  rapport  Jait  à  la  séance  publique  de 
l'institut  national  ,  du  i5  messidor  an  8  ,  par  le 
citoyen  Delambre  ,  secrétaire  de  la  classe  des 
sciences  physiques  et   mathématiques. 

Le  citoyen  Prony  a  présenté  à  la  classe  les 
trois  premières  parties  d'un  ouvrage  intitulé 
Mécanique  Philosophique  ou  analise  raisonnée  des 
diverses  panies  de  la  science  de  lequilibrc  et 
du  mouvement. 

Depuis  1  invention  des  no'iiveaux  calculs  le 
domaine  de  la  mécanique  s  est  considérablement 
agrandi.  De  nombreuses  questions',  inaccessibles 
à  I  ancienne  géométrie  ont  été  résolues,  et  for- 
ment aujourdhui  un  corps  de  science  si  vaste 
que  1  esprit  tout  occupé  des  développement  et 
des  démonstrations  à  peine  à  en  saisir  Icnsemble. 
C  est  ce  qui  a  donné  au  citoyen  Prony  l'idée 
de  composer  un  tableau  méthodique  de  tous 
les  résultais,  dégagés  de  tout  calcul  intermédiaire. 

C'est  ce  qu'il  appelle  MfMnijue  Philosophique^ 
il  a  composé  cet  ouvrage  sur  les  leçons  et  les 
matériaux  qu'il  a  rassemblé?  pour  lécole  Poly- 
technique, et  son  biH^st  de  fournir  à  l'étudiant 
les  moyens  de  mettre  ensemble  et  de  co-ordonner 
le.-!  différentes  parties  de  l'enseignement  qu'il 
aura    reçu. 

On  y  voit  dans  deux  parties  réellement  dis- 
tinctes ;  mais  qui  se  correspondent  ,  et  qui  sont 
imprimées  en  regard  lune  avec  l'autre  ,  d'un 
côté  les  formules  ,  les  définitions  et  tout  ce  qui 
est  proprement  le  texte  ,  et  de  l'autre  1  expli- 
cation des  figures  et  de  la  notation,  la  liste 
des  objets  définis  .  et  les  énoncés  des  théorèmes 
et  problêmes  contenus  dans  les  formules. 

L'auteur  cite  les  sources  dans  lesquelles  il  a 
puisé;  mais  son  ouvrage  contient  aussi  beau- 
coup de  choses  qui  lui  appanierineJit  soit  pour 
le  lond  ,  soit  pour  la  manière  dont  elles  sont 
présentées.   Nous   citerons   pour   exemples  : 

Tout  ce  qui  concerne  l'équilibre. 

Une  méthode  pour  obtenir  les  équations  fon- 
damentales de  la  statique  sans  employer  en 
aucune  façon  la  théorie  des  momens. 

Une  démonstration  générale  qui  fait  voir  que  les 
théorèmes  relatifs  aux  momeçs  ,  ne  sont  qu'une 
énonciation  particulière  des  principes  des  vitesses 
virtuelles. 

Des  formule  s  nouvelles  pour  l'équilibre  et  la 
pression  des  fluides  élastiques  ,  en  ayant  égard 
à  la  variation  de  dilatabilité;  formules  qui  peu- 
vent donner  à  la  théorie  du  baromètre  plus  de 
généralité  et  plus  de  sûreté,  dans  l'usage  qu'on 
en  fait  pour  déterminer  la  hauteur  des  montagnes. 

Uue  application  bien  intéressante  encore  est 
celle  que  fauteur  lait  de  ses  principes  (  à  la  théorie 
des  fiuides  imparfaits  )  à  la  poussée  des  terres 
comte  les  murs  de  revêtement.  Les  formules 
auxquelles  parvient  le  cit.  Prony  ,  sont  entière- 
ment nouvelles  et  dç  la  plus  grande  simplicité. 


Gilbert  ,  membre  de  iimtitut  national ,  professeur- 
directeur-adjoint  de  l'Ecole  vétérinaire  ,  agent  da 
gouvernement  en  Espagne  ,  au  rédacteur  du  Moni- 
teur. —  Madrid,  le  11  messidor  an  8. 

Citoyen  ,  je  viens  de  lire  dans  une  des  der- 
nières feuilles  de  votre  intéressant  journal  ,  la 
lettre  par  laquelle  le  docteur  Mesmer  invite  le 
capitaine  Baudin  à  s'occuper  ,  dans  ses  voyages  , 
des  recherches  relatives  aux  procédés  suivis  dan» 
les  accouchemens.  Le  docteur  Mesnjcr  croit  avoir 
découvert  le  principe  de  la  petite-vérole  dans  la 
portion  de  sang  retenue  ,  contre  le  vœu  de  la  na- 
ture, dans  le  corps  du  nouveau  né  ,  par  l'effet  de 
la  ligature  du  cordon  ombilical  :  jignoie  la  part 
que  peut  avoir  le  docteur  Mesmer  à  cette  pré- 
tendue découverte  ;  il  est  certain  du  moins  qu  elle 
n'est  pas  nouvelle  ;  (]ue  le  système  qu  il  cherche 
à  établir  dans  sa  lettre  m  est  connu  depuis  plus 
de  i5  ans,  peut-être,  au  reste  ,  par  les  ouvrages 
même  qu  il  a  publiés  antérieurement  ,  ce  que  je 
n'ai  ni  le  loisir ,  ni  les  moyens  de  vérifier  ,  ce 
qui  ,  d'ailleurs  ,  est  assez  indifférent  ;  qu'il  soit  ou 
non  l'auteur  de  cette  idée  ,  on  n  en  doit  pas  moins 
des  éloges  au  zèle  qui  le  porte  à  la  recherche  de 
la  cause  d'un  Héau  qui  moissonne  tous  les  ans  la 
septième   partie  de  lespece  huriiaine. 

Cette  lettre  m'a  fait  naître  1  idée  de  faire  con- 
naître à  ceux  de  vos  lecteurs  que  cet  objet  peut 
intéresser,  ei  je  crois  qu'il  en  est  peu  qu  il  n  in- 
téresse ,  une  dissertation  espagnole  (jui  m  est 
tombée  sous  la  main  ,  et  dans  laquelle  j  ai  trouvé 
le  même  sujet  traité  avec  étendue  ,  et  ,  autant  que 
j'en  puisse  juger  ,  avec  des  connaissances  réelles. 
Les  persécutions  de  tout  genre  qu'elle  attira  à 
son  auteur,  don  Martin  de  Villanueva  ,  médecin 
à  M.idrid  ,  qui  la  rédigea  en  176g,  ne  lui  ayant 
pas  permis  de  la  publier,  ce  n'est  que  ag  ans 
après  que  sou  fils  ,  qui  l'a  trouvée  parmi  les  pa- 
piers de  son  père  ,  a  obtenu  la  permission  de  la 
faire  imprimer. 

Le  médecin  de  Madrid  part  absolument  des 
mêmes  principes  que  le  docteur  allemand  ,  mais 
ils  le  conduisent  à  un  autre  résultat  ;  comme  lui  , 
il  croit  qu'on  doit  chercher  la  cause  de  la  petite 
vérole  dans  une  humeur  commune  à  tous  les  in- 
dividus de  lespece  humaine  ,  par-tout  où  cette 
maladie  est  connue  ;  et  cette  humeur  il  croit  la 
reconnaître  dans  le  fluide  visqueux  dont  le  corps 
de  l'enfant  est  en  quelque  sorte  abreuvé'i'lors- 
qu'il  sort  du  sein  de  sa  mère.  Le  premier  soin, 
le  besoin  le  plus  pressait  des  fem  Iles  des  ani- 
maux lorsqu'elles  ont  mis  bas  ,  c'est  de  débar- 
rasser le  corps  de  leurs  vents  de  cette  humeut 
glutineuse  pour  laquelle latiature  paraît  leur  avoir 
donné  un  goût  si  vif,  qu'il  n  est  p  .s  rare  de  voir 
des  mères  écoicher  leurs  peilis  à  lorce  de  les  lé- 
cher, et  quelquefois  même  finir  parles  dévorée. 
Non-seulemeni  ce  léchement  si  rapide  ,  qii  il  sem- 
ble l'effet  d'une  sorte  de  fureiir  ,  enlevé  liès- 
prompiement  toutes  les  parties  de  <e  fltHde  dont 
la  peau  est  couverte  ,  mais  I  irritation  qù  il  y  causp 
attire  eiicoVe  au-dchois  toutes  cehes  dont  elle 
est  ,  pour  ainsi  dire  ,  imprégnée.  C  est  dans  Ce 
premier  soin  que  la  nature  paraît  avoir  placé  la 
source  pilncipale  de  l'affection  des  lemclîes  pour 
leurs  peiits.Jai  du  moins  remarqué  tiès-sOuvent 
que  si  Ion  sépare  ceux-ci  de  leurs  meies  avant 
qu  elles  aient  pu  leur  rendre  ce  service  ,  et  qu  on 
ne  les  leur  représente  que  lorsque  l'humeur  est 
entièrement  desséchée  ,  elles  refusent  de  les  re- 
connaîtie  ,  et  ne  montrent  plus  aucun  crupresse- 
ment  à  les  lécher  ;  c  est  de  plus  une  opinion  gé- 
néralement reçue  parmi  tous  les  éleveurs,  que 
l'animal  que  sa  meie  n'a  point  léché,  est  tou- 
jours chétlf ,  malingre  et  d  une  mauvaise  venue  ; 
de  1^  les  soins  qudnt  les  ménagers  ,  les  bergers  , 
les  poullriiers,  les  vachers  de  provoquer,  par 
differens  ingrédlens  dont  ils  saupoudrent  le  corps 
des  nouveaux  nés,  l'appeiit  des  mères  qui  ne  leur 
paraissent  pas  assez  empressées  à  les  lécher.  C  est 
encore  sur  cette  observation  qu'est  fondée  la  mé-  ' 
thode  généralement  connue,  de  faire  adoptera 
une  femelle  la  production  d'un  autre  et  de  trom- 
per ainsi  son  instinct,  dans  le  point  même  où  il 
paraît  être  le  plus  puissant. 

Le  docteur  de  Villanueva  pense ,  et  je  croif» 
avec  raison  ,  que  si  la  nature  n'a  pas  donné  aux 
femmes  le  même  besoin  ,  ce  qu'il  est  fort  dif- 
ficile aujourd'hui  de  vérifier  ,  elle  ne  les  a  pas 
pour  cela  disfieusécs  des  mêmes  devoirs,  ei  il 
ne  voit  rien  dans  les  procédés  usités  en  Europe  , 
qui  puisse  suppléer  cette  friction  rapide  de  la 
langue  des  mercs  sur  le  corps  de  leurs  petits  ; 
l'enfant  passe  d'un  milieu  très-chaud  à  une  tcfu- 
pérature  quelquefois  ttès-ftoide  ;  on  1  enveloppe 
dans  un  linge  qu'on  néglige  souvent  d  échauffijr; 
il  y  reste  jusqu'à  ce  (|ue  I  accoucheur  oii  la  >.ige- 
femmc  ait  délivré  la  inere  ;  alors  on  se  contente 
ide  1«  bassiner  avec  4'^  via  chaitd ,  ce  qui  o'enlav* 


1272 

de   rhameur  dont  le  corps  élait  j  que  la  ligature  du  cordon  ombilical  soil  aussi  né-  i  mêincs  efTels  ;  il  n'en  diffère  absolument  qu'en  ce 
n  moins  que    propre  à  aiiirer  j  cessaire  iju'on  le  croil  généralemerl ,  ce  qui  ne  me  !  que  les  moutons  n'y  sont  pas  nécessairement  sou- 


fju  une   portion 

bjigué,    et    n'es 

au-dehors  la   portion  dont  le  contact  de   I 

J'avoiisé  l'absorption. 

C'est  dans  cette  portion  de  l'humeur  leicnue  | 
dans  les  couloirs  de  la  peau  ,  ou  iiitioduite  d.ins  I 
le  toirent  de  la  circulation  ,  que  le  docteur  de 
Villanueva  croit  avoir  découvert  le  germe  le 
la  petite  vérole  ;  il  n'est  assurément  pas  le  seul  , 
ni  niême  le  premier  qui  se  soii  récrié  contre 
lefietdu  froid  qu'éprouvent  les  eiifans  à  l'époque 
dt  leur  naissance,  et  contre  les  inconvéniens  qui 
résultent  d'un  lavage  imparfait  ;  Gaiien  s'élève 
avec  force  contre  la  pratique  barbare  de  quelques 
peuples  d'Allemagne  ,  qui  plongent  leurs  enf.cns 
naissans  dans  l'eau  froide,  dans  1  intention  de  les 
endurcir  en  les  trempant  en  quelque  sorte  cora-x'e 
lacier  ,  et  nos  accoucheurs  les  plus  célèbres  , 
<els  que  Monceau  et  plusieurs  autres,  n'ont  pas 
négligé  de  faire  sentir  les  avantages  de  l'ablution  ; 
mais  je  ne  crois  pas  que  les  uns  ni  les  autres  aycnt 
soupçonné  dans  la  résorption  de  celte  humeur 
.le  principe  des  maladies  vaiioleuses. 

Cette  opinion  est  susceptible  sans  doute  de 
plusieurs  objections  et  même  assez  fortes;  on 
pourrait  ,  par  exemple  ,  répondre  à  son  auteur, 
que  si  les  animaux  ne  sont  pas  attaqués  de  la 
petite  véfole  dent  les  piéserve  peut-être  la  nature 
de  leur  constitution  ,  Il  n'est  presqu'aucune  espèce 
qui  ne  soit  sujette  à  quelque  maladie  plus  ou 
inoins  générale  ,  qui  en  détruit  un  grand  nombre 
dans  les  premières  années  de  leur  vie  ,  et  dont 
ne  pi'Ul  les  préserver  la  délersion  ,  quelque  par- 
faite qu'on  la  suppose  ,  qu  ils  reçoivent  en  nais- 
sant ;  telles  sont  la  gourme  dans  les  chevaux  .  le 
claveau  dans  les  moutons  ,  le  claveau  qui   a  une 


paraît  rien  moins  que  démontré.  Celle  questioti  a  |  mis,  comme  les  hommes  Icsontà  la  petite  vérole  , 


eio  souvent  agitée  par  des  hommes  fort  insiruiis 
d'ailleurs  ,  mais  à  qui  il  manquait  .  ce  me  semble , 
les  lumières  de  l'ouservation  ;  des  hcmora;>ies  fu- 
nestes survenues  à  quelques  enf-ins  dans  lesquels 
la  ligature  du  cordon  s'étoit  déuchce  ,  ont  paru 
un  argument  décisif  en  faveur  de  la  nécessité  de 
celle  lig.niure  ;  est-il  bien  aussi  concluant  qu'on 
la  jiensé  ?  Qji  il  nue  soit  peimis  de  proposer  à 
cet  égaid  ijuelques  doutes  (jui  me  soni  survenus 
en  observant  le  part  dans  un  assez  grand  nombre 
d'animaux. 

Les  femelles  des  herbivores,  telloi  que  la  ju- 
ment ,  la  vache,  la  brebis,  la  clicvie  mènent 
presque  toujours  bas  debout  ,  celles  des  carni- 
voies  presque  toujours  couchées  ;  dans  les  pre- 
miers ,  le  poids  de  l'anirùal  naissant  draille  for- 
tement le  cordoti  qui  se  rompt  dans  la  partie  la 
plus  faible  ,  et  toujours  à  une  assez  grande  dis- 
lance du  corps' du  nouveau  né,  distance  toujours 
à-peu-piès  la  même  .  ce  q6i  me  fait'  soupcoruier 
qu  il  pourrait  bien  y  avoir  un  étranglement  d.ins 
la  partie  du  cordon  où  se  fait  la  rupture;  ce  que 
je  n'ai  jamais  pensé  à  vérifier.  Que  cet  étrangle- 
ment existe  ou  non  ,  on  conçoit  que  les  libres 
fortement  tiraillés  doivent,  en  revenant  sur  elles- 
mêmes  à  la  suite  de  la  rupture  ,  sinon  fermer 
entièrement  ,  resserrer  du  moins  considérable- 
ment les  bouches  des  vaisseaux  rompus  •,  aussi 
n'apperçoit-on  ,  à  la  suite  de  cette  division  ,  qu'un 
suintement  très-peu  abondant.  Bientôt  la  partie  du 
cordon  qui  est  restée  attachée  à  l'animal  ,  se  des- 
sèche et  tombe  d'elle-même. 


diflérence  qui  ne  tient  peut-être  qu'à  la  facilité» 
d'isoler  les  premiers;  il  est  extrêmement  rare  que 
le  claveau  n'ailaquc  pas  la  loialité  ou  la  presque 
totalit^  d'un  troutjcau  ,  en  trois  tcms  difFérens  et 
égaux  que  les  bergers  appellent  trois  lunes  , 
■dans  la  persuasion  que  c'est  la  lune  qui  influe 
sur  relie  diMribuiion  ;  peu  disposé  à  croire 
aux  influences  des  astres,  j'ai  cherché  a^•ec 
exactitude  quelle  pouvait  êirc  la  cause  de  celte 
division  périodique  ;  j'ai  vu  que  les  premiers 
animaux  attaqués  étaient  prifsque  toujours  peu 
nombreux  ,  que  le  claveau  ne  commençait  à 
paraître  sur  les  autres  que  lorsque  les  premiers 
éiaient  guéris  ;  que  cette  seconde  invasion  em- 
brassait la  presque  totalité  du  troupeau,  qu'enfin 
les  animaux  quelle  ne  comprenait  pas,  restaient 
sains  au  milieu  des  autres  .jusqu'à  ce  que  ceux-ci 
fussent  létablis,  et  que  c'était  alors  le  lourdes 
derniers  qui  étaient  ordinairement  peu  nombreux, 
et  parmi  lesquels  il  s'en  trouvait  toujours  quel- 
ques-uns qui  échappaient  et  qui  n'avaient  plus 
rien  à  craindre.  J'ai  bientôt  reconnu  que  cette 
régularité  dans  l'invasion  élait  due  à  ce  que  le 
claveau  n  était  léellrment  contagieux  qu'-à  l'épo- 
que de  la  desquammaiiou  ;  qu  il  n'y  avait 
d'.ibord  qu'un  petit  nombre  d'aitaqués  ,  parce 
que  toujours  les  premiers  qui  portaient  le 
germe  de  la  maladie  dans  le  troupeau  étaient 
peu  nonibieux  ,  que  le  plus  gmnd  nombre 
devait  suivre  à  l'instant  seulement  ou  l'atmos- 
phère des  bergers  ,  ei  les  pâturages  se  chargeaient 
des  particules  varioleuses  pulvérulentes  ,  qu'enfia 
les  bêtes  qui  avaient  une  disposilion  moins  pro- 
chaine à  la  maladie,  ne  devaieniêtre  attaquées  que 
les  dernières. 


telle  ressemblance  avec  la  petite  vérole     que  plu-     ,    Lorsque  les   femelles    des    herbivores-  mettent 

sieurs  hommes  très-instruits,  n'y  voient   qu'une  '  ,       touchées,  ce  qui  n  arrive  gueres  que  lorsque 

seule  et  même  maladie.  Dans  les  chiens,  lespecel  '^P^","''^''°"^''''.'  ?""'.? '^^''"'''"",1^^"f  i      J'ai     ainsi     sauvé      plusieurs     troupeaux      des 

de  maladie  connue  sous  le  nom  de  maladie  des     "  °"''^  lorce  ,  aussi-lot  qu  il  est  termine  ,  et  Je  \  ravages  du   claveau  ,   en    fesant   sacrifier,    avant 


chiens  ,  etc.  etc.  Il   est  cependant  vrai   de  dire  ,     '^°'^'^°"  «e  rompt  dans  ce  momet. 
qu'aucune  de  ces   affections  n'est  aussi  générale  I      Les   femelles    des    carnivores    qui  mettent    bas 
dans  les   espèces   qu'elles  attaquent,  que  l'est  la  |  couchées,  le   déchirent  avec  leurs  dents,  et  lou- 
petite  vérole   dans  lespece    humaine.   Des  pays 
entiers  voisins  de  ceux  oià  règne  la  gourme  ,  ne 
connaissent  point   celte   maladie  ;  en   isolant  les 
troupeaux   de  bêtes  à   laine  .    on  est  sûr   de  les 
garantir  du  claveau  ,  ce  qui  pourrait  bien  peut- 
être  s'observer  également  dans  l'espèce  humaine, 
relaiivetpent  à  la  petite  vérole  ,  s'il  élait  aussi  facile 
d'isoler  des  hommes  que  des  moutons. 

L'opinion  du  docteur  'Villapueva  présente  ,  sans 
doute  ,  beaucoup  d'autres  ditficultés  ,  mais  mon 
objet  se  borne  à  faire  connaître  cette  opinion  et 
non  les  objections   dont  elle  est  susceptible,   et 


jours  à    une  assez   grande  dislance  du   corps   du 
I  jeune  animal. 

Voyons  maintenant  ce  qui  se  passe  dans  l'es- 
pèce humaine.  On  lie  le  cordon  assez  près  du 
corps  ,  et  on  le  coupe  avec  un  instrument  tran- 
chant ,  à  une  très-peiite  distance  de  la  ligature  ; 
est-il  bien  éionnant  que  ,  lorsque  celle  ligature 
se  détache  ,  il  survienne  une  hémoragie  ?  Qjj'au 
lieu  dette  coupé,  le  cordon  soit  rompu,  alois 
la  séparation  se  fera  dans  la  partie  la  plus  faible  , 
dans  celle  déterminée  par  la  nature  elle-même; 
alors  les  fibres  en   se' retirant  brusquement   fer- 


quun  grand  nombre  de  vos  lecteurs  appercevra     meront  les  bouchés  des  vaisseaux  ,    tant   dans  la 
bien  mieiix  que  moi.  je  dois  ajouter  seulement  ,  


parce  que  cela  me  pareil  extrêmement  imponant  , 
que  cette  doctrine  n'est  pas  purementspéculative  , 
que  son  auteur  y  a  été  conduit  par  un  fait  qui  , 
s'il  n'est  pas  démonstratif,  paraît  propre  du  moins 
à  lui  donner  un  degré  de  vraisemblance  qui  la 
rapproche   beaucoup   de  la  vérité. 

Le  docteur  'Villaiiueva  exerçait  la  médecine  à 
Mentrida;  le  hazard  le  conduit  dans  la  maison 
d'une  vieille  femme  nommée  Candida  ,  qui  ve 
'nail  de  lyourir  :  les  païens  ,  les  amis  ,  les  voisins 
y  étaient  rassemblés,  Entr'auires  éloges  que  les 
vivans  prodiguent  volontiers  à  ceux  qui  ne  vi- 
vent plus  ,  il  entend  dire  que  c'était  aux  soins 
de  cette  femme  que  ses  enfans  et  petits-enfans 
très-nombreux,  devaient  l'avaniage  d'avoir  tous 
élé  préservés  de  la  petite  vérole.  Surpris  d'une 
telle  assertion  ,  il  s'empresse  de  demander  quels 
étaient  les  moyens  quelle  employait.  On  lui  ré- 
pond que  lorsqu'elle  sentait  les  appoches  de  l'ac- 
couchement, elle  se  retirait  dans  un  appartemeni 
bien  chaud;  qu'aussi-tôt  qu'elle  était  accouchée 
elle  faisait  laver  très-exactement  le  corps  de  ses 
enfans  avec  une  décoction  de  vin  ,  d'eau  ,  de 
savon  ,  de  roses  et  de  coquilles  d'ceuls  ;  qu'immé- 
diatement après  ce  lavage  ,  elle  les  fesaii  mettre 
dans  un  lieu  échauffé  par  la  chaleur  naturelle 
d'une  personne  qui  prenait  l'enfant  à  ses  côiés  , 
jusqu'à  ce  qu'elle  fut  elle-même  en  état  de  le 
recevoir  aux,  siens.  Elle  avait  fait  prendre  les 
mêmes  précautions  à  ses  filles  et  à  ses  brus. 
,  Que  ce  procédé  ,  auquel  le  docteur  Villanueva 
n  a  presque  rien  ajouté  ,  soii  ou  non  préservatif 
de  la  petite-vérole  ,  on  ne  peut  nier  du  moins 
qu'il  ne  soit  simple  ,  facile,  conforme  aux  vues 
de  la  naiure  ,  ef  qu'il  n'aii  sur  celui  que  semble, 
indiquer  le  docteur  Mesmer,  l'avantage  de  n'en- 
traîner aucun  danger  ,  en  supposant ,   il  est  vrai  , 


parue  qui  tient  à  l'enfant  ,  que  dans  celle  qui 
tient  encore  à  la  mère  ;  alors  l'un  et  l'autre  ne 
seraient  pas  privés  de  I  avantage  d'une  évacuation 
modérée  qui  ,  dans  les  vues  de  la  nature  qui  ne 
fait  lien  sans  intention  ,  doit  certainement  avoir 
une  destination  déterminée. 

Si  jamais   on  découvre  l'espèce  humaine  dans 
l'état  de  pure  nature,  ce  qui  me  paraît  au  moins 


la  dessicaiion  des  boulons  ,  les  premières 
bêles  dans  lesquelles  il  s'était  montré  ,  ^t 
j'ai  considérablement  diminué  ses  ravages  dans 
d'aunes  troupeaux  ,  en  lésant  baigner  plu- 
sieurs fois  par  jour  les  moutons  afFeciés  à  l'épo; 
que  de  la  desquammalion  ;  l'analogie  me  porte 
à  croire  que  ,  comme  le  claveau  ,  la  petite  vérole 
n'est  contagieuse  (  du  moins  par  l'intermède  de 
l'air,  et  c'est  la  voie  de  communication  la  plu5 
ordinaire  )  qu  après  la  dessicaiion  ;  si  cette  obser- 
vation est  juste  ,  il  pourrait  sans  doute  être 
difficile  ,  mais  serait-il  donc  impossible  ,  soit  par 
des  ablutions  appropriées  et  fréquemment  réi- 
léiées  ,  soil  par  un  isolément  plus  ou  moins  par- 
lait ,  ou  de  s'opposer  à  l'expansion  des  parti- 
cules varioleuses  ,  en  les  piécipitant  ,  ou  de  les 
neutraliser  dans  l'appartement  même  avant  de 
leur  permettre  de  passer  dans  l'atmosphère 
extérieure. 

Ce  n'est  qu'avec  une  extrême  réserve  que  je 
hasarde  ces  conjectures  ;  mais  l'objet  est  d'une 
telle  importance  ,  que  chacun  doit  donner  ses 
idées  quelles  qu'elles  soient  ,  au  risque  mêm,e 
de  faire  rire  à, ses  dépens  les  hommes  instruits  ; 
il  n'est  pas  impossible  d'ailleurs  qu'une  idée  mau- 


II  est  une  expérience  préliminaire  qui  me  paraît 
propre  à  jetter  déjà  beaucoup  de  jour  sur  cette 
intéressante  question,  et  que  je  me  propose  de 
faite  dès  que  j'en  trouverai  loccasion  :  je  veux 
couper  avec  des  ciseaux,  et  assez  près  du  corps  , 
le  cordon  ombilical  du  premier  animal  à  la 
naissance  duquel  j'assisterai;  si  ,  comme  je  le 
pense  ,  cette  opération  est  suivie  d'une  hémo- 
rai;ie  ,  je  me  croirai  en  droit  d'en  conclure  que 
celle  qu'on  redoute  dans  les  enfans  lient  uni- 
quement à  la  manière  dont  se  fait  la  division 
du  cordon» 

Je  ne  puis  terminer  un  article  qui  a  pour  objet 
principal  les  moyens  de  prévenir  la  petite  vérole 
sans  hasarder  quelques  réflexions  que  j'ai  aussi 
puisées'dans  la  médecine  comparée.  J'ai  dit  que 
le  claveau  des  bêies  à  laine  avait  la  plus  grande 
analogie  avec  la  petite  vérole  ;  il  présente  abso- 
lument les  mêmes' caractères  ,  suit  la  même  mar- 
che ,  parcourt  les  ^êmes   périodes  ,  produit  les 


piincipal  que  je  me  suis  proposé  dans   ces  ob- 
servations. Gilbert. 


très-douteux ,  j'cserais  presqu'assurer  qu'on  trou-  I  vaise  en  tasse  éclore  de  meilleures  ;  c'est  l'objet 
vera  que  les  lemmes  rompent  le  cordon  ombi- 
lical avec  leurs  deux  mains  en  le  tirant,  ou 
quelles  le  déchirent  avec  leurs  ongles,  qui  n'ont 
rien  de  commun  avec  les  instrumeiis  tranchans 
dont  se  servent  les  peuples  qu'on  appelle  civi- 
lisés. On  ne  pourrait  ,  sans  absurdité  ,  supposer 
que  ce  soit  la  nature  qui  ait  indiqué  aux  femmes 
les  cordons  et  les  ciseaux. 


LIVRESDIVESS.  ; 

Discours  sur  l'établissement  et  les  progrès  des 
lettres  en  France,  jusquà  la  fin  du  l8'  siècle, 
servant  dintioduction  aux  siècles  littéraires  de  la 
France  ,  par  N.  L.  M.  Desessans  .  in-S".  A  Paris, 
chez  l'auieur,  place  de  1  Odéon;  prix  ,  5o  cent.  ■ 


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qu  au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  et  l'argent  ,  franc  de  port  ,  .u  Cit.  A  G  A  s  s  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  rue  des  Poitevins  ,  n»  iS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de, 
pays  ou  l'on  ne  peut  aff.anchir.  Les  lettres  des  départemens-non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Poi'Jr  "t  T:  '"•"  ''";,''  ^'"r  '°  ^'"'"  """  ""■  ""'"""'  '^  ^^'^""'  ^  "'^"""  '°"'  "  ^"^  "■""■"  '""'^"''-  "=  '^  ^'-"^ .  -  --i-"-.  ™=  <!" 

Poitevins  ,  n»  i3  ,  depui  jncuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Pans,  de  limprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE 


ONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


J^"  3i6. 


Sextidi  ,  16  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aucoriiés  à  pi-évenir  nos  sousctlpteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contienc  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenz ,  les  nouvelles  des   arnié.es  ,  ainsi   que  l:s  laits  ec  les  notions  tant  si:f 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspond.mces  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux   sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelle'?. 


INTERIEUR. 

Strasbourg  ,   le  10  thermidor. 

J_iES  contributions  en  nature  que  le  cercle  de 
Suabe  doit  payer  à  l'armée  française  ,  sont  esti- 
mées sur  le  pied  suivant  :  3o,ooo  quintaux  de 
froment,  10,000  d'orge  et  de  seigle,  3ooo  bœufs 
du  poids  de  45o  liv.  3o,ooo  quintaux  de  foin  , 
5o,ooo  sacs  d'avoine  à  144  fr.  le  sac.  Ces  contri- 
butions en  nature  doivent  être  transportées  dans 
les  magasins  de  Memmingen  ,  Kempten  ,  Bibe- 
racb  ,  Ochsenhausen  ,  Mindelheim  et  Lindau. 

Il  y  a  toujours  à  Munich  une  garnison  fran- 
çaise. On  dit  que  le  congrès  pour  la  paix  se 
tiendra  à  Augsbourg  ,  et  que  le  traité  de  Campd- 
Formio  servira  de  base  au  nouveau  qui  sera  fait. 

On  croit  que  le  quartier  -  général  de  Moreau 
sera  transféré  à  Dillingen.  Les  troupes  de  siège 
aux  environs  d'Ulm  sont  cantonnées  autour  de 
cette  ville. 

D'après  des  nouvelles  de  Russie  très-récentes, 
nous  apprenons  que  l'empereur  Paul  I"^  a  dé- 
fendu limportation  des  marchandises  allemandes 
et  anglaises  dans  ses  états.  ( Strasburger  Weltbote.j 


I 


II.  La  perception  de  ce  droit  sera  rétablie  pour 
le  tiers  seulement  des  sommes  portées  aux  tarifs 
qui  étaient  en  vigueur  à  l'époque  de  la  conquête. 

in.  Le  produit  du  droit  de  transit  rétabli  par 
le  présent  arrêté,  est  spécialement  et  limitative- 
ment  affecté  aux  réparations  des  dig,ues  ,  chemins 
de  hallage  et  autres  travaux  de  navigation  sur  la 
rive  gauche  du  Rhin.  -, 

IV.  La  perception  du  droit  de  transit  sur  le 
Rhin  sera  faite  par  les,  préposés  des  douanes  dans 
les  lieux  où  étaient  anciennement  établis  les  bu- 
reaux, ou  dans  tous  autres  lieux  qui  seront  dési- 
gnés par  le  ministre  de  la  justice. 

V.  La  régie  des  douanes  comptera  par  bor- 
dereaux séparés  du  produit  de  la  recette  du  droit 
de  transit  ;  elle  transmeura  copie  de  ces  borde- 
reaux au  ministre  de  la  justice  et  au  commissaire 
des  quatre  départemens  réunis. 

VI.  Il  sera  alloué  à  la  régie  des  douanes  une 
remise  sur  les  recettes.  Cette  remise  sera  réglée 
par   le    ministre    de   la  justice. 

VIL  Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  connd  ,  signé.   Bonaparte. 
Par  le  premier    consul  , 

Le  iecrétaire-d'étal  ,  signé,  H.  B.  Maret. 


I 


Paris  ,  le  i5  thermidor. 

On  poursuit  avec  activité  l'examen  de  la 
conduite  des  officiers  qui,  pendant  le  cours  de 
l'an  7  ,  ont  si  lâchement  rendu  les  places  fortes 
de  lltalie  ,  dont  le  commandement  leur  avait  été 
confié. 

Le  cit.  Lapointe  ,  commandant  la  place  el  ia 
citadelle  de  Ferrare  ,  n'ayant  pas  même  fait  le 
«imulacre  d'une  défense  qui  pouvait  favoriser  la 
letraiie  de  larmée  de  Naples ,  après  la  bataille  de 
la  Trebia  ,  n'en  a  pas  moins  tenté  d  éviter  d'être 
laii  en  jugement,  Sa  conduite  va  être  rigoureuse- 
ment examinée. 

—  Le  citoyen  Français  donne  des  détails  curieux 
sur  la  rentrée  des  français  dans  Gènes.  Quatre 
cents  jeunes  demoiselles  vêtues  de  blanc  ,  voilées 
et  parées  d'écharpes  aux  couleurs  françaises  et 
liguriennes,  portaient  des  guirlandes  de  fleurs, 
des  couronnes  de  chêne  et  de  laurier  ,  et  précé- 
daient une  dépulation  qui  apportait  les  clefs  delà 

ville  aux  généraux  français Une   colonne  de 

l'armée  a  fait  son  entrée  dans  Gênes  au  bruit  de 
l'artillerie  de  la  ville  et  du  port  ,  au  son  des 
cloches  ,  au  milieu  des  cris  et  des  chants  de  vic- 
toire et  d'allégresse.  Un  spectacle  bien  différent 
est  celui  que  présente  la  Toscane  ;  tous  les  amis 
de  la  liberté  auxquels  leurs  opinions  avaient  déjà 
attiré,  il  y  a  un  an  ,  des  persécutions  ,  viennent 
d'en  éprouver  de  nouvelles  ,  et  d'être  jettes  en- 
core une  fois  dans  les  cachots.  Les  maisons  des 
juifs  ,  à  Livourne  ,  ont  été  pillées  ,  et  ils  n'ont  pu 
conserver  quelque  chose  de  leurs  biens  qu'en 
donnant  14000  mille  pièces  d<oi  à  ceux  qui  diri- 
geaient cette  exécution 

La  reine  de  Naples  est  partie  de  Livourne  pour 
Ancône  ,  où  elle  s'embarquera  pour  retourner 
auprès  de  son  mari.  Elle  a  été  extrêmement  sur- 
prise et  mécontente  de  ce  que  les  généraux  autri- 
chiens qui  ont  perdu  la  bataille  de  Maringo  ,  et 
auxquels  on  ne  peut  faire  aucun  reproche  , 
n'avaientpoint  été  arrêtés  et  commandaient  encore 
les  troupes  de  l'empereur. 

—  On  a  placé  sur  la  tour  du  temple  du  Génie 
(  ci-devantSt.  Roch  )  un  télégraphe  décimal  circu- 
laire, dont  il  a  déjà  été  fait  des  expériences  aux 
séancs  du  lycée  des  arts  et  du  lycée  républicain, 
pour  les  sourds-muets  ,  élevés  du  cit.  Sicard. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  14  thermidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  justice,  leconseil-d'état  entendu, 
aitêlcnt  : 

Art.  I''.  L'arrêté  du  12  brumaire  an  7  ,  par  le 
citoyen  Rudier  ,  alors  commissaire  du  gouver- 
nement dans  les  nouveaux  départemens  situés  sur 
la  rive  gauche  du  Rhin  ,  est  rapporté  en  tout  ce 
qui  concerne  le  droit  de  transit  perçu  dans  les 
ircnlc  bureaux  placés  sur  cette  rive. 


Avis. 


Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particulières,  sur  tel  objet  que  ce 
soit  ,  doivent  être  adressées  directement  aux 
mmistres   que    ces  demandes    concernent. 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  1  examen  ;  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ceî 
objets. 

A.U      PRIiMtER      CONSUL     B  G  N  A  P  A  R  T  E. 

Fin  de  la  description  abréger  des  principaux  mo- 
numens  de  la  Haute  -  Egypte  ,  accompagnée  de 
détails  sur  Us  tableaux  ijui  ,  en  les  décorant  , 
servent  à  faire  conjecturer  à  quelles  dioinités  les 
temples  étaient  consacrés. 

■    Petit  temple  d'Isis. 

Derrière  ,  et  à  dix  pas  du  grand  temple  ,  on  en 
voit  un  second  qui  ,  comme  le  premier  ,  paraît 
consacré  à  Isis -,  il  est  quatre,  et  a  17  pas  de 
côté  en-dehors.  Il  est  divisé  en  deux  salles  :  la 
première  a  14  pas  de  longueur  ,  sur  4  de  lar- 
geur. Trois  portes  s'ouvrent  dans  cette  salle  ; 
celles  des  côtés  conduisent  aux  couloirs  qu'iso- 
lent ïaditum  ;  leur  lotigueur  est  de  dix  pas  ,  leur 
largeur  de  5  pieds  ;  ils  sont  décorés  de  tableaux 
dans  toute  leur  étendue  ;  \'adilum  a  dix  pas  de 
long  sur  six  de  large.  Les  jours  sont  plus  mul- 
tipliés dans  les  temples  de  Denderah  que  dans 
ceux  qui  se  trouvent  plus  reculés  vers  le  sud. 
Il  y  a  deux  soupiraux  au  moins  dans  chaque 
salle  ,  et  sur  chacun  d'eux  on  a  gravé  un  disque 
répandant  des  rayons  autour  de  lui. 

Thypkonium  de  Denderah. 

Il  eSt  situé  à  droite  de  la  porte  qui  conduit  au 
grand  temple;  il  est  pérypiere  ;  sa  forme  est 
quarrée  ,  el  il  a  34  pas  de  côté;  il  est  composé 
de  trois  salles,  h'aditum  est  isolé  par  deux  cou- 
loirs totalement  encombrés.  Les  sujets  des  ta- 
bleaux sont  à-peu-près  les  mêmes  que  ceux  du 
Ihyphonium  d'Edton  ,  et  paraissent  présenter  un 
historique  de  la  naissance  dHarpocraie,  et  des 
précautions  qu'on  a  prises  pour  le  préserver  des 
poursuites  de  Typhon.  En  avant,  et  à  5o  pas 
de  la  porte  du  nord  ,  sont  les  ruines  d'un  temple 
qui  n'a  jamais  été  fini  ;  il  était  péryptere  comme  le 
premier,  et  avait  quatre  colonnes  de  face  et  cinq 
de  côté;  les  chapiteaux  sont  à  peine  dégrossis; 
ils  étaient  l'essai  d'un  nouveau  genre  d'ornement 
tenté  par  Ls  égyptiens.  Au  sud  ,  et  à  45o  toises 
à  peu  près  du  grand  temple  ,  on  trouve  les  ruines 
d'une  porte  qui  paraît  avoir  été  celle  du  temple 
d'Aihos  ,  la  'Venus  des  grecs  qu'on  sait  avoir 
été  révérée  à  Denderah.  Les  ruines  de  la  ville, 
indiquée  par  des  monceaux  de  briques  cuites  , 
des  débris  de  vases  dont  on  retrouve  quelques- 
uns  entiers  ,  et  une  grande  quantité  de  irag- 
raetis  irès-divisés  de  porphire  ,  occupent  une 
espace  quarté  d'environ  90U  toiies   de  côté. 


Gawel  Sharicié.  —  AnlœopoUs. 

Il  ne  reste  de  cette  ville  que  le  portique  d'uU 
assez  grand  temple  ,  les  ruines  d'un  quai  et  celles 
d'un  petit  temple  péryptere.  Le  portique  est  com^ 
posé  de  dix-huit  colonnes  ,  dont  six  de  face  sut 
trois  de  hauteur.  Sa  longueur  est  de  46  pas  ,  sa 
largeur  de  i<S.  Les  chapiteaux  sont  laits  à  l'iuii^ 
tation  de  la  tête  de  palmier  ;  mais  leur  propor- 
tion est  beaucoup  moins  élégante  que  celle  des 
chapiteaux  de  Philoë  et  d  Esné.  Le  travail  n'est 
pas  aussi  parfait  que  celui  des  deux  temples  pré-= 
cédens  ;  ce  qu'on  doit  à  l'ingratitude  de  la  pierre 
calcaire  dont  il  est  bâti.  A  90  pas  du  portique  du 
coté  qui  regarde  le  sud  et  dans  l'axe  de  la  porte  1  , 
est  une  chapelle  monolithe  ,  creusée  dans  un  bloc 
de  sept  pieds  et  demi  de  côté.  Comme  celle  cha* 
pelle  devait  être  placée  dans  ïaditum  ,  elle  donna 
nécessairement  la  longueur  du  temple.  Sur  la  frise 
de  la  porte  d'entrée,  esi  une  inscription  grecque 
semblable  à  celle  de  Kous.  A  une  lieue  au  sud- 
est  de  Gawel-Sharkié  ci  dans  la  montagne  ara^ 
bique  ,  ou  voit  une  vaste  carrière  ;  c'est  de  là 
qu'on  peut  avoir  extrait  les  pierres  employées  à  la 
construction  de  la  ville.  Elle  a  400  pieds  de  pro- 
fondeur et  600  de  longueur.  On  voit  encore  au 
plafond  le  iracé  qui  indiquait  la  manière  dont  les 
pierres  devaient  être  coupées.  On  distingue  sur 
lies  piliers  de  la  carrière  une  insciipticwi  égyp-" 
tienne  en  caractères  cursifs  ,  semblables  à  ceux 
des  rouleaux  de  papyrus. 

Au  nord  de  ces  carrières  ,  sont  les  grottes  sé- 
pulchtaies  de  la  ville  ;  elles  sont  creusées  avec 
plus  de  soin  que  celles  qui  se  voient  dans  le 
voisinage  de  Thèbes.  Les  égyptiens  ont  imité  les 
voûtes  par-tout  où  ils  ont  pu  le  faire.  Les  grottes 
sont  taillées  en  berceau  ;  une  porte  ceintrée  con-» 
duit  dans  une  salle  aux  deux  côtés  de  laquelle 
sont  des  niches  où  l'on  voit  des  "images  du  mort. 
Des  puits  pratiqués  derrière  les  angles  conduisent 
aux  catacombes. 

SlOUT.  —  Lycopolis. 

Quelques  colonnes  de  granit  et  de  marbre  qui 
se  voient  à  l'entrée  de  la  ville  du  côté  du  fleuve  j 
so_nt  les  seuls  restes  de  Lycopolis,  dont  le  voisi- 
nage est  beaucoup  mieux  attesté  par  le  grand 
nombre  de  grottes  percées  dans  la  montagne 
lybique.  On  y  distingue  paniculiéremeni  trois 
grottes  et  une  chapelle  sépulchrale  taillée  dans 
le  rocher;  la  chapelle  est  paifaiiemcnt  semblable  j 
pour  le  [)lan  ,  aux  temples  de  la  Haute-Egypte  j 
les  couleurs  en  sont  parfaitement  conservées  ( 
dans  l'une  d'elles  onvoii  une  marche  de  guerriers 
armés  de  lances  et  de  boucliers.  La  porte  de 
chacun  de  ces  tombeaux  est  ornée,  en  face  et 
dans  son  embrasure  ,  de  deux  figures  d'hommes 
armés  d  un  bâton  ;  elles  semblent  en  être  les 
gardiens.  On  trouve  dans  les  catacombes  de  SioUt 
quelques  momies  dhommes  et  un  grand  nombre 
de  momies  de  Chakals.  Les  voyageurs  ontjusquà 
ce  mumenl  rugardé  Comme  gioite  sépulchrale  i 
une  vaste  carrière  semblable  à  celle  de  Gawel 
Shaïkié. 

SCHIEKABADÉ.  - — Antinoé .  autrefois  Besa, 
Il  ne  reste  aucune  trace  de  l'ancienne  villg 
ésiypiitnne.  On  sait  que  lorsqu'Adrien  visita 
l'Egypte  ,  il  fit  bâtir  la  ville  dont  on  voit,  les 
ruines  ,  en  l'honneur  de  son  favori  Anlinoiis  , 
qui  mourut  dans  le  voyage.  On  y  trouve  les 
ruines  d'une  porte  triomphale  placée  sur  les  boids 
du  fleuve  à  I  ouest,  d'un  théâtre  bâti  au  sud  de 
la  ville  ,  d'un  stade  à  l'est  ,  et  d'un  monument 
sépulchral  au  nord.  L'ordre  le  plus  fréquemment 
employé  est  le  corinthien.  La  porte  du  théâtre 
subsiste  encore  ;  elle  est  ornée  de  quatre  colonneâ 
corinthiennes  en  pierres  numismales.  Le  théâtre 
est  entièrement  renversé  et  arrasé  au  sol;  on  ert 
distingue  cependant  encore  fort  bien  le  plan» 
Une  rue  d'environ  une  demi-lieue  de  .longueur 
conduisait  du  théâtre  au  moniymeni  dont  il  tie 
reste  que  quelques  débris  ;  cette  rue  était  ornée 
d'un  portique  composé  de  colonnes  d  oidrepŒstumi 
Aui  deux  tiers  de  sa  longueur  était  une  petite 
place  décorée  de  quatre  colonnes  corinthiennes!- 
elles  paraissaient  avoir  élé  destinées  à  soulenit 
des  statues.  L  arc  de  triomphe  conrmuniquaii  aVec 
le  slade  ou  hyppodrome  ,  par  uqe  rue  tirés  alti 
l'ouest  à  l'est,  qui  coupait  à  angle  droit  ceile  di* 
nord  au  sud  ,  el  elle  était  ,  comme  lu,  f>renii«(»(, 
décoiée  de  portiques  du  même  ordre.  OritroUy* 
dans  celle  rue  ,  les  rûijies  de  quelcjucs  mi*»sf;n» 
patticulieres  et  d'un  bain  pub  ic.  Elle  se  -tetmtrtti 
par  une  porte  qui   devait  éile  semblable  à  teltd 


i«74 


duihéâtre.  L'hyppwdrome  est  assez  bîen  conservé;  [conservait  encott  il,  y  a  raille  ans   dans   celui 
sa  lonsïueur  totale  est  de  i6o  toises  :  la  mesure  de  |  de  Menf,  lorsqu'on  réfléchira   que  les  maienauK 


la  course  doit  être  prise  sur  la  spina  ,  dont  la 
longueur  est  de  deux  stades  romains ,  de  75  toises 
trois  pieds.  L'arrête  ou  spina  s'élève  d'environ 
trois  pieds  au-dessus  du  soi.  Des  amonCellemens 
de  sables  masquent  le  côté  septentrional  du  suide. 
Son  côté  méridional  élevé  ainsi  que  l'autre  de 
trente  pieds  est  soutenu  par  un  mur  construit 
en  pierres  calcaires.  A  la  moitié  de  sa  longueur 
est  un  perron  dont  les  degrés  concfuisent  sur  les 
gradins.  Entre  les  deux  escaliers  du  perron  ,  on 
vo\\  une  niche  oii  devait  être  placée  une  statue 


les  plus  précieux  ont  été  employés  dans  la  cons- 
truclion  d'Alexandrie  ,  et  que  deux  capitales 
(Fosial  et  Masr  )  se  sont  élevées  à  trois  lieues 
de  distance.  On  voit  encore  à  la  citadelle  du 
Kaire  ,  dans  la  salle  appelée  le  divan  de  Joseph  , 
un  grand  nombre  de  colonnes  de  granit  d'un 
seuf  bloc  ,  qui  doivent  avoir  été  prises  sur  ces 
ruines.  On  retrouve  encore  des  colonnes  sem- 
blables dans'  le  voisinage  de  l'acqueduc  arabe 
qui  conduit  les  eaux  du  vieux  Kaire  à  la  cita- 
delle ,   lU'  elles    ont   été   retouchées  par  les  grecs 


Les  juges  des  jeux  avaient  une  place  distinguée  |  qui  y  ont  ajouté  l'astragale,  ornement  inconnu 
au  centre  de  la  courbe  du  stade.  On  voit  encore  <  aux  architectes  égyptiens.  Si  I  on  voulait  retrouver 
les  fragmens  des  colonnes  qui  décoraient  les  par-     les  colonnes  de  granit  ,  de  porphire  el^le  marbre 


ties  de  cette  construction.  Les  romains  ,  dans  les 
édifices  qu'ils  ont  élevés  ,  paraissent  avoir  eu  en 
vue  la  commodité  des  citoyens  et  la  satisfaction 
du  regard,  plus  qtie  les  égyptiens  ,  dont  les  rno- 
jiuraens  sont  rarement  disposés  sur  un  emplace- 
ment qui  les  mette  en  évidence. 

Aniineé  fut  bâtie  en  trois  ou  quatre  ans  ,  au 
milieu  de  la  ville  égyptienne  nommée  Besa  ,  et 
dans  ce  court  espace  de  tems  elle  se  vit  em- 
bellie de  tous  les  établisseraens  publics  dont 
jouissaient  les  villes  grecques  et  romaines.  On 
trouve  parmi  les  décombres  de  cette  ville  un 
nombre  prodigieux  de  fragmens  de  granit  ,  de 
porphire  ,  de  marbre  blanc  d  Italie  ,  et  même 
de  marbre  de  Paros.  On  voit  encore  dans  la 
rue  qui  conduit  delà  porte  triomphale  au  stade, 
un  loise  d'Antinoiis,  en  marbre  blanc;  il  est 
de  travail  romain  et  d'une  assez  belle  exécution. 

AscHMOUNEiN.   Hermopolis  magna. 

Les  ruines  de  l'ancienne  ville  d'Hermès  sont 
à-peuprès  à  une  lieue  et  demie  du  fleuve  ,  sur 
la  rive  lybique  ;  elles  sont  situées  dans  une 
plaine  superbe,  et  occupent  une  longueur  d'une 
lieue  et  demie  sur  une  de,nie  de  largeur.  Le 
portique  du  grand  temple  consacré  à  Hermès, 
est  la  seule  chose  qui  subsiste  encore  ;  il  re- 
garde le  sud-est,  et  est  composé  de  deux  rangs  de 
colonnes  à  bouton  de  lotus  tronqué  :  elles  sont 
construites  en  pierre  calcaire  ,  semblables  à 
celui  de  Gawel  Sharkié.  Les  lableaux  et  hié- 
roglyphes sont  fort  bien  faits  ,  la  plupart  rela- 
tifs à  Taut  ,  Thermes  des  grecs ,  auquel  le 
temple  était  dédié.  C  est  à  loft  que  les  voyageurs 
ont  cru  y  voir  la  couleur  d  or  qui  est  fort  rare 
dans  les  monuraens  égyptiens  On  a  trouvé  parmi 
les   ruines   un   chapiteau  d'ordre  'ionique. 

Fayoum. 
C'était  dans  le  voisinage  du  lac  Keroun  ,  placé 
dans  le  Fayoum,  quêtait  un  des  deux  labyrinthes. 
On  ne  retrouve  plus  maintenant  ,  quoiqu'en 
aient  dit  quelques  voyageurs  ,  aucune  ruine  de 
ce  vaste  édifice  :  seulement  ou  voit  à  deux  lieues 
au  sud  du  lac  Keroun  une  construction  qui  peut 
avoir  appartenu  à  un  temple.  Il  paraît  avoir  servi 
»uitefois  de  limites  entre  les  terres  cultivées  et  le 
le  désert.  Plusieurs  temples  de  la  Haute-Egypte 
sont  construits  dans  la  même  posiiion.  Geiui-ci 
n'est  décoré  d'aucun  tableau  ,  si  on  en  excepte 
Jçs  ornemens  communs  à  tous  les  lieux  sacrés. 
Il  consiste  en  un  globe  ailé  aux  deux  côiés 
duquel  sont  deux  serpens  ;  on  y  a  trouvé  un 
petit  autel  pottatil.  On  voie  dans  le  voisinage 
de  ce  temple  un  grand  nombre  de  débris  qui 
i-adiquer^t  lemplaceraent  d'une  ancienne  ville. 
Ceux  qui  attesteraient  lexisience  de  1  ancienne 
A-isinoé  ,  capiiale  de  la  province  connue  sous  le 
nom  de  Fayoum,  se  rencontrent  auprès  de  la  ville 
atabe  appelée  Mediiul  Et-Fars.  Dans  le  défilé 
qui  conduit  de  la  province  de  Benisouef  à  celle 
d<i  Fayoum  ,  oji  voit  les  restes  des  deux  grandes 
pyramides  d'Haonara  et  dlllahon  :  ce  sont  les 
plus  reculées  vers  le  sud  que  Ion  connaisse. 

Fxramides  de  Sahk.^ra Memphii. 

On  tetroave  les  ruines  de  Memphis  ,  cette 
seconde  capitale  de  l'Egypie  suivant  l'ordre  des 
tems,  dans  les  villages  turcs  nommés  Metrahenny 
et  Mchannan.  Memphis  parait  avoir  occupé  une 
surface  d'une  lieue  et  demie  de  longueur  sur 
une  de  largeur.  Les  temples,  les  palais,  les 
édifices  publics  enfin ,  étaient  situés  sur  des 
éminences,  tandis  que  les  habitations  des  par- 
^liçuliers ,  construites  en  briques  crues  ,  occupaient 
le  niveau  de  la  plaine.  Cest  sur  les  éminences 
oà  soni  bâiis  les  villages  arabes,  qu'on  retrouve 
une  as*ez  grande  quantité  de  fragmens  de  granit, 
de  marbre,  de  poteries  antiques  ,  pour  indiquer 
l'emplacement  d'une  grande  ville.  Au  nord  de 
MeUrahcntiy  ,  et  entre  ce  village  et  celui  de 
Mobannan  ,  est  une  grande  plaine  sur  laquelle 
041  peut  chercher,  avec  quelques  raisons,  les 
luines  du  téiebre  temple  de  Pktha  ,  le  Vulcain 
des  grecs.  Ce  monument  est  le  plus  beau  qui 
ait  déco-ré  l'ancienne  Memphis  ;  Ou  y  trouve 
plusieurs  colonnes  de  granit,  des  fragmens  de 
la  même  pierre  ,  ornés  de  bas-reliefs  .  et  ceux 
d'un  culosse  denviion  trenie-cinq  pieds  de  pro- 
ponoii.  Le  village  de  Mobannan  offre  encore 
qutiques  restes  de  l'aniiquiié.  On  ne  sera  pas 
étonné  de  trouver  si  peu  de  traces  de  l'empla- 
cemem  de   cette   grande  ville  dont   le   nom   se: 


qui  ont  orné  les  temples  de  la  Basse-Egypte 
faudrait  les  chercher  dans  les  mosquées  dont  elles 
font  la  principale   décoration. 

Au  sud-ouest  et  à  une  demie-lieue  de  l'empla- 
cement de  Memphis  ,  cessent  les  terres  cultivées 
et  commence  le  désert  ;  c'est-là  qu'on  voit  les 
pyramides  appelées  maintenant  du  nom  du 
village  de  Sakkarn  ,  le  plus  voisin  d'elles;  elles 
doivent  avoir  servi  de  sépultures  au  plus  grand 
nombre  des  rois  qui  ont  gouverné  Memphis  ; 
elles  le  cèdent  toutes,  en  grandeur  et  en  travail, 
à  relies  de  Gizé  ;  leur  nombre  est  d'environ  trente, 
encore  subsistantes  :  on  retrouve  les  traces  d'un 
grand  nombre  d'autres.  L'inspeciion  de  ces  der- 
nières porte  à  croire  qu'en  élevani  les  pyramides, 
les  égyptiens  avaient  soin,  pour  diminue  rie  travail, 
de  choisir  un  terrein  élevé  en  forme  de  lerire  dont 
ils  faisaient  le  noyau  de  leur  construction  ,  qui  , 
dès-lots,  se  bornait  à  un  simple  revêtement  de 
l'épaisseur   de  quelques   pieds  plus  ou  moins. 

Parmi  les  pyramides  ,  on  en  dislingue  une 
composée  seulement  de  trois  assises  disposées 
par  étages  ,  une  autre  dont  les  arrêtes  sont  cour- 
bes ;  elle  avait  été  commencée  sur  un  plan  qui 
l'aurait  rendue  au  moins  égale  en  hauteur  à  la 
plus  grande  de  celles  de  Gizé.  On  fut  dans  la 
suite  effrayé  de  l'entreprise  ,  et,  pour  termitier 
subitement ,  on  prit  le  parti  de  la  finir  par  une 
courbe.  La  troisième  est  construite  en  briques  ; 
elle  a  été  ouverte  ,  et  la  distribution  de  l'inié- 
rieur  ressemble  beaucoup  à  celle  de  la  grande 
pyramide.  On  trouve,  dans  le  désert  de  Sakkara  , 
un  grand  nombre  de  grottes  souterraines  où 
étaient  déposées  des  momies  d'hommes  ,  et  par- 
ticulièrement un  grand  nombre  de  momies  d  Ibis. 
Ces  souterrains  consistent  en  une  longue  galerie 
divisée  en  plusieurs  embranchemens  ,  des  de  ux 
côtés  desquels  sont  des  réduits  de  huit  pieds  de 
haut  sur  six  de  large.  C  est  là  que  sont  les  pots 
qui  renferment  les  momies  d  Ibis  :  leur  disposi- 
tion est  celle  de  bouteilles  dans  les  caves.  Il  est 
probable  que  Memphis  était  la  sépulture  de  tous 
les  Ii>is  morts  dans  les  temples  ,  ou  trouvés  dans 
les  différentes  parties  de  l'Egypte. 

Thèbes  paraît  avoir  joui  autrefois  de  l'étrange 
privilège  d'ensevelir  les  animaux  sacrés  ;  car  on 
y  trouve  tous  ceux  qui  étaient  l'objet  du  culte 
des  égyptiens  ,i'épervier  ,  l'ibis,  différentes  sortes 
de  poissons  ,  des  chiens  ,  des  chacals  ,  des  chats 
et  des  serpens. 

L'emplacement  qu'occupent  les  pyramides  de 
Sakkara  ,  a  environ  deux  lieues  et  demie  de  lar- 
geur ,  de  l'est  à  louest ,  sur  sept  de  longueur  , 
du  nord  au  sud  ;  on  y  trouve  beaucoup  de  frag- 
mens de  vases  de  purification  en  granit,  en  al- 
bâtre et  en  porphire  ,  matières  précieuses  dont 
le  goiit  s'était  introduit  au  tems  oii  existait 
Memphis. 

Les  pyramides  les  plus  septentrionafes  de  Sak- 
kara sont  éloignées  de  celles  de  Gizé  de  trois 
lieues  et  demie.  Il  est  probable  que  toute  la 
plaine  des  momies  qui  se  voit  à  l'ouest  de  Mem- 
phis ,  ne  servait  de  sépulture  qu'aux  rois  ,  aux 
piètres  et  aux  grands  ;  il  faut  chercher  les  plus 
intéressantes  ,  telles  du  peuple,  dans  tes  grottes 
percées  dans  le  Mokaltun  ,  à  l'est  du  fleuve.  Les 
égyptiens  ,  en  ensevelissant  leurs  morts  dans  le 
désert ,  se  conformaient  à  une  de  leurs  plus  an- 
ciennes et  de  leurs  plus  sages  lois  ,  qui  défendait 
d'enterrer  un  homme  par-tout  où  il  pouvait  croître 
un  arbre. 

Pyramides  de  Gizé. 

Les  pyramides  de  Gizé  sont  au  nombre  de  trois 
grandes  et  trois  petites  ,  placées;  aa  sud-ouest  et 
dans  l'alignement  des  autres  ;   elles   ont  servi   de 


mtmsmales  «  extraites  des  carrières  du  Mokaltun  ^ 
dans  la  partie  connue  sous  le  nom  de  Monts 
Troiens.  El!es  sont  situées  sut  la  rive  arabique  et 
à  5  lieues  de  distance. 

La  troisième  pyramide  a  été  revêtue  en  granit; 
il  subsiste  encore  un  assez  grand  nombre  de  blocs 
de  cette  pierre  employée  dans  la  construction  de 
la  masse  de  ce  bâtimet)!  ou  brisées  au  bas  de 
ses  arrêtes  ;  la  pyramiile  orientale  est  environnée 
d'un  tiès- grand  nombre  d'autres  qui  lui  sont 
fort  inférieures  en  grandeur  ,  et  qui  paraissent 
avoir  été  la  sépulture  des  gens  de  la  cour  du 
roi.  Autour  de  la  deuxième  pyramide  au  nord 
et  à  l'ouest  ,  on  a  coupé  le  rocher  en  forme  de 
muraille  ,  et  on  a  creusé  dans  son  épaisseur  des 
grottes  sépulchrales  ;  sur  le  plafond  de  l'iine 
d'elles  on  a  imité  des  troncs  de  palmier..  A  l'est 
de  la  troisième  pyramide  ,  on  voit  les  ruines  d'un 
temple  qui  pourrait  indiquer  que  l'oUvctture  de 
cette   pyramide  regaidait  le  Nil. 

Dans  l'alignement  et  à  l'est  de  la  seconde  py- 
ramide est  le  sphinx  dont  parlent  tous.les  voya- 
geurs. La  longueur  du  rocher  auquel  on  a  donné 
la  forme  de  cet  animal  chimérique  ,' est  d'environ 
gS  pieds  jusques  à  la  croupe  ;  sa  hauteur  ,  depui» 
les  genoux  jusques  au  sommet  de  la  lête  ,  est  de 
38  pieds.  Les  anciens  croyaient  assez  générale- 
ment qu'un  conduit  ouvert  dans  le  corps  du 
sphinx  menait,  par  des  canaux  souterrains,  à 
1  intérieur  de  la  pyramide.  Il  est  encore  permis  à 
présent  de  conjecturer  que  sous  ces  masses 
énormes  on  a  creusé  des  grottes  que  quelques 
auteurs  croyent  avoir  servi  aux  mystères  de  lini- 
lialion.  Sur  la  tête  du  sphinx  on  voit  un  trou  de 
5  pieds  de  profondeur  ;  on  ignore  s'il  ne  se  pous- 
sait pas  plus  loin.  On  trouve  encore  les  traces 
d'une  seconde  ouverture  de  ce  genre  sur  le  dos 
de  cette  figure.  La  tète  du  sphinx  porte  les  carac» 
téristiques  de  neares  ,  chose  qui  lui  est  commune 
avec  toutes  les  figures  de  divers  monumens  de 
lEgypte  ,  lorsque  le  nez  en  a  été  enlevé.  Aucun 
voyageur  ne  parle  des  grottes  sépulcrales  qui  se 
trouvent  en  assez  grand  nombre  dans  le  voisi- 
nage des  deux  principales  pyramides  ;  elles  ren- 
ferment à  peu-près  les  mêmes  sujets  que  ceux 
qu'on  voit  dans  la  Haute-Egypte  ,  avec  cette  dif- 
férence que  l'exécution  de  quelq-Jes-unes  d'elles 
est  plus  parfaite.  Les  pyramides  tenaient  un  vaste 
plan;  quoiqu'imparfait  dans  les  détails,  il  ne  de- 
vait pas  manquer  de  grandeur  dans  l'ensemble: 
il  renfermait  plusieurs  temples  ,  et  une  superbô 
chaussée  dont  on  apperçoit  quelques  restes  , 
servait  à  la  communication  de  Memphis  avec 
les  pyramides. 

Matarié.  —  Héliopolis. 

On  trouve  les  raines  de  cette  ancienne  ville 
dans  le  voisinage  du  village  arabe  Matarié.  Le» 
seuls  restes  de  ses  monuraens  sont  un  obélisque, 
inférieur  pour  l'exécution  à  ceux  de  la  Haute- 
Egypte,  mais  supérieur  à  ceux  d'Alexandrie  ;  ua 
sphinx  prodigieusement  muttlé,  et  quehjues  tam- 
bours de  colonnes  de  grés  ,  ornés  d  hiérogly- 
phes. L'emplacement  de  la  ville  est  indiqué  pai: 
une  enceinte  en  briques  crue.s  ,  de  la  forme  d'un 
parallélogramme  rectangle. 


THÉÂTRE    DE   LOPÉRA  -  COMI  O  UE:. 

On  donné  en  ce  moment  avec  beaucoup  de 
succès  à  ce  théâtre  ,  un  opéra  comique  qui  a  le 
mérite  de  rerTiplir  fort  bien  ce  titre,  car  il  est 
extrêmement  gai.  Ce  petit  ouvrage  intitulé  :  le 
Locataire  ,  est  dans  le  genre  de  ceux  de  Dancourt. 
Le  sujet  est  une  véritable  espièglerie  de  garnison.. 
On  conçoit  à  ce  mot  qu  il  s'agit  d'un  rival  dis- 
gracié ,  éconduit  par  un  militaire  joignant  l'ama- 
bilité 3  l'esprit,  les  grâces  au  courage,  une  assez 
mauvaise  tête  à  un  fort  bon  coeur. 

Cet  officier  se  trouve  dans  une  situation  plai- 
sante. Locataire  de  l'oncle  de  son  amante,  sans 
savoir  quelle  est  la  personne  chez  laquelle  il 
demeure,  il  trouve  l'appartement  triste,  la  vue 
insoutenable,  les  meubles  antiques,  le  quartier 
affreux  ,  et  donne  congé  avant  l'expiration  de 
son  terme.  Au  moment  où  il  a  payé  et  reçu  quit- 
tance ,  il  découvre  qu'il  demeurait  chez  l'oncle 
de  sa  maîtresse.  Il  veut  se  dédire  ;  mais  loncle 
qui  a  besoin  de  lappartement  dont  on  lui  remet 
les- clefs,  pour  le  prétendu  de  sa  nièce  dont  il 
attend  l'arrivée,  ne  veut  point  louer  sur  nouveauic 
épulture~s  à  trois  rois  de  Memphis.  La  plus  grande  f-'^is  et  congédie  l'officier  Celui-ci  qui  est  au 
esî   celle   de  CUops  ;  la  seconde  a  été   construite     ^fiL^!!  """'  "'^"°''  "  '*  "^  '" 

par  Chephren  ,  et  la  troisième  par  Mycerimes.  La 
plus  orientale  est  aussi  la  plus  élevée  ert  cons- 
truction ,  quoiqu'elle  paraisse  moins  haute  que 
cellf^  (,]^ui  la  suit,  et  que  la  seconde  doit  à  sa 
position  sur  un  rocherélevè  de  40  pieds  au-dessus 
du  niveau  du  sol  de  l'aiitre. 

La  grande  pyramide  a  4J4  pieds  de  ha-uteur 
sur  704  de  base.  Elle,  a  été  ouverte  par  tan  calife 
arabe.  Le  roi  qui  l'avait  construite  ,  n'avait  rien 
négligé  pour  dérober  à  la  postérité  la  connais- 
sance de  sa  sépulture.  On  y  trouve  son  sarco- 
phage placé  d.ins  une  salle  revêtue  en  granit.  On 
na  employé  cette  pierre  que  dans,  les  endroits 
où  on  avait  l'inteniion  de  rendre  l'ouverture  plus 
difficile..  Toutes  les  pyramides.&onLbâtiesenpierreS' 


s'éloigner  ,  joue  à  la  fois  et  le.  propriétaire  ,.  et  le 
domestique,  et  le  rival  attendu,  auquel  il  ne 
tard-e  pas.  à  être  préféré. 

Cette  intrigue  donne  lieu  à  des  scènes  dans 
lesquelles  on  présume  bien  que  la  vraisemblance 
est  pour  fort  peuple  chose  ,  mais  qui  ne  manquent 
ni  cte  comique  ,  ni  d'originalité  ,  et  qu'un  dialo- 
gue fort  gai  contribue  à  rendre  piquantes.  Un 
dénouement  plus  plaisant,  et  un  comique  plus 
soutenir  dans  les  dcinieres  scènes  ,  placeraient-  ce 
petit  ouvrage  parmi  ceux  qu'on  revoit  avec  plat- 
sir.  Soa-auienr  est  le  citoyen  Sevrin. 

La  musique  est  de  Gaveaux  :  c'est  le  premîçr 
O'uvrage  qu  ait  donné  a"u  Théâtre  Favart  ce  conî- 
positeur ,  d-ont  1er  prodxiciions  aimables  forment 


1275 


àpetj-prèsla  majorité  de  celles  qu'on  applaudit 
au  Théâtre  Feydeau.  On  reconnaît  dans  celle-ci 
]a  manière  de  celagréabie  compositeur.  Son  chant 
facile  ,  ses  accompagnemens  ingénieux  ,  un  Irio 
très-bien  fait,  et  quelques  airs  détaches  qui  de- 
viendront sans  doute  vaudevilles,  méritent  d'être 
applaudis  ,  et  le  sont  en  effet  beaucoup.  Madame 
Gavaudan  les  chinte  avec  beaucoup  de  goût. 
S.... 


Voyage  de  Niarque  ,  des  Bouches  de  t'Indus  , 
jusqu'à  t  Euphrate  ,  ou  Jourriat  de  l'expédition  de 
la  Jlotte  d'Alexandre  ,  rédigé  sur  le  journal  ori- 
{<inal  de  Néarque,  qui  nous  a  été  conservé  par 
Arrien  ,  et  à  l'aide  des  éclaircissemens  puisés 
dans  les  écrits  ou  relations  des  auteurs  ,  géo- 
graphes ou  voyageurs  ,  tant  anciens  que  rao- 
dernes  ;  contenant  l'histoire  de  la  première  na- 
vigation qui  ait  été  lenlée  par  des  européans 
dans  la  mer  des  Indes  ;  traduit  de  l'anglais  du 
docteur  'William  Vincent  ,  par  J.  B.  L.  j.  Bille- 
cocq  ,  homme  de  loi  ;  publié  par  ordre  du  gou- 
vernement. Un  vol.  in-4°  ,  grand  papier  ,  d'en- 
viron 700  pages  ,  de  limprimerie  de  la  Répu- 
blique ;  accompagné  de  cartes  et  du  portrait 
d'Alexandre  ;  gravé  par  A.  Tardieu.  Prix  ,21  fr. 
broché  en  carton  ,  et  aS  fr. franc  de  port,  broché 
«1   papier. 

A  Paris ,  chez  Maradaft,  libraire  ,  rue  Pavée- 
André-des-Arts  ,  n"  16. 

Un  ouvrage  manquait  à  l'histoire  générale  des 
voyages  :  c'était  l'histoire  du  voyatre  de  Néarque, 
"des  bouches  de  l'Indus  jusqu'à  l'Euphrate. 

Le  docteur  anglais  ,  'William  'Vincent  ,  vient  de 
faire  présent  à  la  littérature  de  cet  ouvrage  ,  dont 
la  traduction  a  été  confiée  par  le  gouvernement 
«ft  citoyen  Billecocq.  déjà  connu  par  des  succès 
dans  la  double  carrière  des  lettres  et  du  barreau  , 
€l  à  qui  nous  devons  ,  entr'autres  traductions 
«stimées  ,  celle  de  la  conjuration  de  Catilina  ,  de 
Salluste  ,  ainsi  qu'une  édition  de  Lucain  ,  enrichie 
d'observations  critiques  qui  la  rendent  singulié- 
rrtnent  précieuse  aux  amis  des  lettres  ,  et  à  ceux 
des  langues  anciennes. 

Le  voyage  de  Néarque  n'est  pas  comme  pour- 
rait le  faire  croire  le  titre,  utie  simple  relation; 
c'est  un  véritable  ouvrage  de  critique  ,  destiné 
à  établir,  à  force  d'érudition  et  de  recherches, 
une  parfaite  coiicordance  entre  les  écrivains  ,  et 
sur  1  itinéraire  de  cet  ancien  voyageur  ,  et  sur 
les  circonstances  de  son  voyage  ,  et  sur  la  si- 
tua'ion  des  pays  qu'il  a  parcourus.  C'est  sur- 
toot  one  suite  de  travaux  très-utiles  pour  con- 
cilier le&  nomenclatures  des  lieux  dans  les  divers 
âges. 

Le  récit,  objet  de  ta'nt  de  recherches,  est 
diï   plus  ^and  intérêt. 

En  effet  .  en  se  reportant  au  tems  et  aux  cir- 
constances ,  comment  ne  pas  admirer  les  vastes 
projets  de  cet  homme  extraordinaire  ,  si  long- 
fems  unique  dans  l'histoire  ,  qui  .  comme  cet 
autre  ,  auquel  on  ne  peut  s'empêcher  de  penser 
quand  le  nom  d'Alexandre  est/  prononcé  ,  fit 
tout  avec  son  génie  ,  convertit  ses  soldats  en 
autant  de  héros,  porta  ses  armes  dans  toutes  les 
parties  du  monde ,  et  par-tout  avec  succès  ,  ren- 
versa des'  rrôneS ,  et  refît  des  rois  à  son  gré  . 
et  se  distiingua  par  sâ  rrtodération  (quoi  qu'en 
aient  dit  quclquï-s  écrivains  qui  l'oilt  mal  connu, 
et  m'orJt  pas'  jiigé  l'ensemble  de  sa  conduite  )  , 
-awan»  qv/«  par  sa  gloire  militaire;  qui  souvent 
même  dédaigna  de  vaincre  ,  et  qui  ,  véritable 
bomme  d'état  comme  illustre  capitaine  ,  eui  , 
au  milieu  des  préjugés  de  son  tems,  assez  de 
philosophie  ,  pour  ne  voir  dans  se«  conquêtes 
qu'un  moven  d'assurer  la  paix  de  l'univers  ,  et 
aunir  par  les  liens  du  commefce  lEuropé  âiix 
autres  parties  du  monde. 

Alexandre  ne  voulut  pas  seulement  conquérir; 
Te  projet  dont  il  confia  l'exécution  à  Néarque  en 
est  la  preuve  ;  il  voulut  gouverner.  Il  voulut  atta- 
cher laGrece  à  l'Asie  par  l'Afrique  ,  faire  d'Alexan- 
drie l'enrrepôt  du  commerce  universel  ,  et  des 
places  de  llnde  ,  des  marchés  fréquentés  par  les 
négocians  de   tous   les  pays. 

Pbur  préparer  iVx'ftution  de  ce  grand  projet  , 
il  fallait  faire  reconnaître  par  un  navigateur  in- 
terlligenr ,  les  côtes  vers  lesquelks  Alexandre  se 
proposait  de   diriger  le  commerce. 

Ci  Les'  inquiétudes  dont  son  esprit  était  agité  , 
•we  te  découvrent  nulle  part  davantage  que  dans 
.J»  telanion  d'Arrien  ,  ou  dans  le  langage  de 
Néarque  lui-même. 

.  7»  Il  redoutait  ,  dit  l'h'siorien  ,  la  longueur  du 
voyage  ,  les  dangers  d  unt-  côie  iléseite  .  le  risque 
de  manquer  d*  poris.  et  la  difficulté  d«s  a|i|.rr>- 
visionfmens.  Cette  .seule  idée  ,  que  la  moindre 
faute  pouvait  ternir  1  éclat  de  ses  anciens  (.xploiis , 
l'effrayaiv  :  toutefois,  le  désir  de  tenter  (jni-lqti'e 
cho.sc  de  nouveau  ,  d'cxiriordinaire ,  finissait 
par  l'etnporrsr.  Mais  qacl  «tait  le  chel  sut  lequel 
il  devait  se  reposer  du  soin  de  commander  une 
pateille  expédition?  Quel  homme  straii  capable 
frinspirer  à  ses  giicriiers  la  confiatice  nécess-iire  , 
ou   de  leur  persuader   qu'en  les  cnployani  dans. 


uiie  entreprise  aussi  hardie,  on  ne  les  condui- 
rait pas  à  leur  pcTic?  telles  étaient,  écrit  Néarque  , 
lespenséiis  qui  tourmentaient  Alexandre ,  lors- 
qu'il m'ordonna  de  venir  le  trouver  ,  et  inc 
consulta  sur  le  choin  d'un  commandant.  L'un  , 
me  dit  ce  prince  ,  donne  pour  excuse  de  son 
relus,  qu'il  regarde  les  obstacles  comme  insur- 
montables ;  d'autres  n  ont  pas  lénergie  qu'exige 
un  projet  de  celte  importance  ;  ceux-là  ne  son- 
gent déjà  plus  qu'aux  moyens  de  retourner  dans 
leur  patiie  ,  beaucoup  d'autres  ne  rne  convien- 
nent p-rfs  par  mille  raisons  particulières.  —  Quand 
il  m'eut  parlé  ainsi,  continue  Néarque  ,  je  m  offris 
moi-même  pour  être  le  chef  de  l'expédition; 
je  lui  promis  qu'avec  la  proleciion  de  Dieu  , 
je  conduirais  heureusement  la  flotte  jusque  dans 
le  golle  pcrsique  ,  si  la  mer  était  navigable  ; 
je  lui  répondis  ,  en  un  mot  ,  du  succès  de  I  ex- 
pédition ,  autant  qu'il  dépendait  d'un  homme 
d'en  _  assurer  la    réussite.     Alexandre     hésita;    il 

'  aimait  Néarque  ,  et  ce  dévof.uement  si  prompt 
de  la  part  d'un  officier  chéri  de  lui  ,  ne  pou- 
vait qu  ajouter  à  l'admiration  qu'il  lui  avait  ins- 
pirée. Mais  comment  pouviair  se  résoudre  à 
exposer  un  ami  si  précieux  ,  aux  hasards  et  aux 
accidens  d'un  tel  voyage  ?  Néarque  persista  dans 
son  offre  ,  et  supplia  le  prince  de  ne  pas  rejctter 
ses  services.  Enfin,  Alexandre,  qui  ne  l'avait 
peut-être  consulté  que  dans  l'espoir  que  son 
courage  le  porterait  à  se  proposer  lui-même  , 
céda  à  ses  instances  ,  tt  le  nomma  amiral  de 
la  flotte.  Ce  choix  répondit  à  son  attente  ;  car 
les  guerriers  destinés  à  faire  partie  de  l'embar- 
quement ,  ne  considérèrent  plas  l'expédition 
comme  une  entreprise  désespérée  ,  du  moment 
otà  ils  surent  qu'ils  auraient  pour  chef  an  homme 
qui  était  si  fort  avant  dans  la  faveur  et  dans 
la  confiance  d'Alexandre  ,  un  homme  qu'ils  se 
persuadaient  que  le  roi  n'aurait  jamais  voulu 
exposer  à  des  dangers  inévitables.  Ut'.e  généreuse 
ardeur  remplaça  la  crainte  '.  les  vaisseaux  furent 
équipés  :  nOn  seulement  on  n'oublia  pas  le  né- 
cessaire ,  on  prodigua  le  superflu.  Les  officiers 
se  disputèrent  l'honneur  de  réunir  le  plus  giand 

nombre  de  meilleurs  matelois  ,  et  de  les  porter 
au  complément  le  plus  effectif.  Eu  un  mot  , 
on  n'envisagea  que  la  perspective  du  succès, 
et  toute  idée   de  crainte  s'évanouit. 

Néarque  ,  lieutenant  digne  'de  son  général  , 
fut    donc  choisi  pour  cette  entreprise. 

Sans  approvisionnemens  ,  avec  de  frêles  bâti- 
mens  d'une  construction  infé.ieure  à  celle  de 
nos  bateaux  pontés  .  Néarque  explore  toutes  les 
côtes  de  l'Inde  et  de  la  Peise  , 'depuis  l'embou- 
chure de  rindus  jusqu  à  1  Euphrate  ,  vient  pren- 
dre terre  au  fond  du  golphe  persique  ,  et  se 
réunit  à  Alexandre  ,  qui ,  pendaût  ce  tems  ,  arri- 
vait à  Suzc  avec   Son  armée, 

Néarque  a  laissé  de  ce  voyage  un  journal  qui 
a  été  recueilli  par  Arrien.  C'est  à  l'aide  de  ce 
journal,  et  de  recherches  très-étendues ,  que  le 
docte  Vincent  est  parvenu  -à  nous  donner  l  his- 
toire de  celte  grande  et  hasardeuse  navigation. 
Tous  les  savans  lui  doivent  de  la  reconnaisance 
pour  l'immense  travail  gui  rend  cet  ouvrage 
essentiellernent  classique  ;  ils  en  devront  aussi , 
sans  doute ,  au  laborieux  traducteur  qui  ,  sans 
être  rebuté  par  les  difficultés  d'un  sujet  quel- 
quefois aride,  a  su  répandre,  jusque  sur  les 
moindres  détails ,  le  charme  d'un  siyle  constam- 
ment pur  ,  mais  qu'il  sait  rendre  gracieux  ou 
louchant  quand   le  sujet    l'exige. 

Le  morceau  suivant,  qui  réunit  à  l'intérêt  de 
la  situation  le  mérite  du  coloris,  nous  a  paru 
propre  à  donner  à  nos  Iccieuis  une  idée  éga- 
lement avantageuse  et  du  morceau  d'histoire  qui 
lait  1  objet  de  ce  grand  ouvrage  ,  et  de  l'art 
avec  lequel  l'auteur  l'a  traiié.el  du  talent  avec 
lequel  le  cit.  Billecocq  l'a  fait  passer  dans  notre 
langue. 

j>  Alexandre  passe  plusieurs  jours  dans  une 
cruelle  incertitude  ,  laissant  .isscz  connaître,  par 
sa  contenance  et  son  visage  abattu  ,  les  angoisses 
auxquelles  son  cœur  était  en  proie.  Néarque  ce- 
pendant était  en  ce  moment  même  sur  la  roule  ; 
et,  tandis  qu'il  avançait  avec  Archias  et  cinq  ou 
six  autres  officiers  (jui  l'accompagnaient  ,  il  ren- 
contra heureusement  une  troupe  détachée  de  l'ar- 
mée ,  qui  avait  été  envoyée  en  avant  avec  des 
chevaux  et  des  chariots  destinés  à  lui.  servir  au 
besoin.  L'amiral  et  ses  compagnons  auraient  pu 
(  ))asser  sans  être  reconnus  ,  tant  jls  étaient  changés. 
Leur  chevelure  longue  et  négligée,  leurs  vête- 
mens  en  lambeaux  ,  leurs-  visages  pâles  et  em- 
preints de  lous  les  caractères  de  la  misère  ,  la  mai- 
gicur  de  leurs  corps  ,  occasionnée  par  la  famine 
et  par  la  f.iiiguc  ,  éiaient  autant  de  circonstances 
qui  seniblaient  ne  devoir  pas  fixer  sur  eux  1  ai- 
teiiiion  des  amis  qu  ils  venaient  de  rencontrer  ; 
mais  ils  éiaicnt  grecs  ,  et  il  était  naturel  qu'ils 
s'hi'forinnsséiH  de  voyageurs  grecs,  s'ils  iivaietit  vu 
laimée  ou-  cnlendai  parler  d'elle  ,  et.  dans  ce 
cas,  en  (juel  lieu  elle  était  campée.  On  satisfit  à 
leur  curiosité  ,  en  répondant  à  leurs  questions  : 
mais  ncatimoins  riiicun  soldat  du  détachement  ne 
les  reconnut  ,  et  n'imagina  de  les  questionner  à 
leur  tour.   Au  moment  011  on  allait  se    séparer  , 


Archias  dit  à  Néarque  !  il  f.îUt  âssurémr-nt  que 
cette  troupe  soit  Un  détachement  envoyé  pouf 
nfius  secourir;  car  quel  autre  inotif  pourrait  li 
lairc  crrf-r  ainsi  à  l'aventure  dans  le  désert  ?  Il 
ne  me  semble  jioint  du  tout  surprenant  que  ceS 
hommes  ne  nous  aient  point  reconnus  ;  nous 
étions  sans  doute  entièrement  déguisés  pour  eux  : 
adressons  -  leur  de  nouvelles  questions  ;  appre- 
nons-leur qui  nous  sommes  ,  et  sachons  d'eux- 
mêmes  quel  est  l'o'bjet  de  leur  excursion.  Néar-: 
que  approuva  l'avis  d  Aichias  ,  et ,  se  rapprochan't 
des  macédoniens  ,  il  leur  demanda  de  quel  côté 
ils  dirigeaient  leurs  pas.  Nous  cherchons  Néarque 
et  ses  compagnons,  répondit  l'olKcier  :  je  suii 
Néarque  !  s'écria  l'amiral  ,  et  voici  Archias  :  me- 
nez-nous vers  le  toi  ;  nous  lui  raconterons  toute 
Ihistoire  de  nos  avcnluies.  On  les  fit  aussi-tôt 
monter  sur  les  chariots,  et  ils  lurent  conduits  , 
sans  dél.i ,  vers  l'aimée.  Pendant  qu'ils  étaient 
en  marche  ,  quelques  cavaliers  ,  impatiens  d'ap- 
porter au  toi  la  nouvelle  de  cet  heureux  événe- 
ment, se  rendirent  au  camp  pour  I  informer  que 
Néarque  et  Archias  étaient  arrivés  avec  cimj 
ou  six  de  leurs  compagnons  :  ils  déclarèrent, 
au  surplus  ,  ne  rien  savoir  de  ce  qui  concernait 
la  flotte  ;  leur  rapport  allarma  vivement  Alexan' 
dre  ;  une  idée  affligeante  occupa  toui-à-coup  son 
esprit.  Il  imagina  que  ces  malheureux  seuls  s'é- 
taient sau\'és  ;  (jue  le  reste  de  la  flotte  avait  péri  , 
soit  de  taim  ,  soit  dans  les  horreurs  d  un  nau- 
frage ,-  en  un  mot  ,  il  éprouva  moins  de  plaisir 
en  espérant  de  revoir  le  petit  nombre  de  ceux 
qui  seraient  échappés  aux  péiils ,  que  de  douleiir 
en  songeant  à  la  perte  de  leur»  compagnons. 
Durant  cet  intervalle  ,  Néarque  et  les  siens  arri- 
vèrent. Ce  ne  fut  pas  sans  peine  que  le  roi  les 
reconnut  sous  un  déguisement  aussi  affreux  :  il 
n  en  demeura  que  plus  attaché  à  son  erreur,  se 
persuadant  ,  à  ce  triste  aspect  de  leurs  corps 
défigurés  et  de  leurs  babils  en  lambeaux  ,  que 
de  telles  apparences  annonçaient  un  naufrage  et 
la  destruction  entière  de    la    flotte. 

"Toutefois  il  tendit  la  main  à  Néarque  j  et 
le  prenant  à  part  ,  après  avoir  éloigné  ses 
gardes  et  les  personnes  qui  l'environnaient  , 
il  resta  quelques  moaiens  sans  pouvoir  pro- 
férer une  parole.  Lors  qu  ils  furent  seuls,  Alexan- 
dre fotidit  en  larmes  ,  et  continua  de  pleurer 
pendant  très-long-tems.  Enfin ,  se  rappelani  sa 
dignité  et  reprenant  un  air  plus  serein  :  Néarque  , 
dit-il  ,  je  ressens  beaucoup  de  saiisfaciion  en 
vous  voyant  de  retour,,  et  Archias  avec  vous; 
mais  dites-moi  en  quels  lieux  et  par  quel  mal- 
heur ma  floue  et  mes  macédoniens  o,nt  péri. 
—  Voire  flotte  ,  seigneur  ,  répondit  Néarque  , 
est  sauvée  toute  entière  ,  ainsi  que  vos  soldats  , 
ei  nous  sommes  venus  pour  vous  en  instruire.. 
A  ces  mots  ,  des  larmes  coulèrent  de  nouveau  , 
et  en  pins  giatide  abondance  ,  des  yeux  d  Alexan^ 
dre  ;  mais  ces  lar'nes  étaient  plus  douces.  Oti 
sont,  dit-il  alois,  oti  sont  mes  vnisseaux  ?  — 
Sur  l'Anamis  ,  reidiqu.!  Néarque  ,  tous  en  bori 
étal  ,  et  se  piéparant  à- achever  le  voyage.  —  Par 
le  Jupiier  Aiiimoh  qu  honore  la  Libye  ,  par  le 
Jupiier  de  la  Grèce,  je  'vous  jure,  s'écria- le 
roi,  que  celle  nouvelle  me  rend  plus  heureux 
que  la  conquête  de  toute  I  Asie  ;  car  j  aurais 
considéré  la  perte  de  nia  floue  et  le  mauvais 
succès  de  f expédition  comme  des  événemens 
qui  eussent  contre  -  balancé  d  une  manière  fâ- 
cheuse louie  la  gloiie  que  j'a'i  acquise.  Telle 
fut  la  réception  qu  Alexandre  fit  a  l' imiral  ,  tan^ 
dis  que  le  gouverneur  de  la  ptovince  ,  qui  le 
premier  avait  donné  avis  à  ce  piince  de  nou- 
velles aussi  satisfesanies  ,  était  toujours  dans 
les  fers.  En  voyant  Néarque  ,  il  tomba  à  ses 
pieds  et  implora  son  iniercession.  On  peut  bieii 
imaginer  que  le  pardon  fut  obtenu  ausshôt  qtle 
demandé.  ^> 

5»  La  joie  devint  bientôt  universelle  par  tout  le 
camp;  un  sacrifice  solennel  y  fut  offert  en  l'hoh- 
neur  de  jupiier,  conservateur;  d'Hercule,  d'A- 
pollon, protecteur;  de  Neptune,  et  de  toutes 
les  divinités  de  I  Océan  :  des  jeux  furent  célébrés  ; 
et  le  roi  ordonna  une  procession  magnifique, 
dans  laquelle  Néarque  parut  comme  le  principal 
ornement  de  la  cérérnonie ,  et  fut  l'objet  sur 
lequel  se  fixèrent  tous  les  regards.  On  tressa  des 
guirlandes  de  fleurs  pour  en  couronner  sa  tête  , 
la  foule  nombreuse  des  spectate-urs  lui  témoigna 
sa  rcconrtaissance  ,  en  les  prodiguant  sur  soii 
passage,  tandis  que  mille  voix  proclamaient  le 
succès  inexpéré  de  l'eiitreprise  ,  et  en  coilsa- 
craient  la  gloire  par  les  chants  les  plus  harmo' 
nieux.  Lorsque  la  fête  fut  achevée,  Alexandre 
déclara  à  Néiarque  qu'il  ne  voulaii  pas  l'exposer 
plus  long-tems  aux  hasards  de  la  navigation  ,  et 
que  son  intention  était  d'envoyer  un  autre  officier 
pour  conduire  la  floiie  jusqu'à  Suze.  Je  dois  , 
seigneur ,  vous  ouéir  comme  à  mon  roi,  répondit 
Néarque  ,  et  je  iiouve  un  plaisir  bien  doux  dans 
celte  obéissance  ;  mais  si  v'ouS  cr0)er  ces  senti» 
mens  dignes  de  quelque  retour  ,  et  que-  vous 
dcbiricz  de  me  le  prouver,  permettez  -  moi  , 
seigneur,  de  garder  le  commandement  justpi  à 
ce  que  j'aie  achevé  lexpédiiion.  Je  resseiiiijais 
une  douleur  ainere  si,  a|nès  avoir  lutié  contre 
tous  les  obstacles   qui   s  opposaient  au   voyage. 


1276 


vous  aviez  l'injustice  de  confier  à  un  autre  que 
moi  le  soin  de  terminer  et  de  recueillir  ainsi 
l'honneur  de  finir  sans  efforts  ce  que  j'ai  com- 
mencé avec  tant  de  peine.  Alexandre,  ne  lui 
laissant  pas  même  le  lems  de  continuer  jusqu'au 
bout,  souscrivit  à  tout  ce  que  Néarque  désirait, 
et  le  renvoya  vers  la  côte  avec  une  petite  escorte, 
ne  supposant  pas  qu'il  y  eût  aucun  danger  pour 
lui  dans  le  voisinage  de  l'armée  ,  ou  dans  un 
pa7S  qui  semblait  être  soumis  de  manière  à  ne 
donner  aucune  inquiétude;  mais  en  cela  Alexan- 
dre se  trompait  :  les  karmaniens  avaient  conçu 
«n  vif  ressentiment  de  la  destitution  de  leur 
satrape  ;  et  en  conséquence  ,  ayant  pris  les  armes, 
ils  s'étaient  emparés  des  places  fortes  de  la 
province.  ïlépoleme  ,  nommé  pour  successeur 
au  satrape  disgracié  ,  n  avait  pas  encore  eu  le 
tems  d'établir  son  auioiiié.  Il  arriva  donc  que 
Néarque  rencontra  dans  sa  marche  deux  ou  trois 
détachemens  des  insurgens  ,  et  ne  parvint  qu'avec 
beaucoup  de  peine  à  sa  destination.  Lorsqu'il 
eut  rejoint  ses  compagnons  de  voyage  ,  il  offrit 
des  sacrifices  à  Jupiter  conservateur,  et  fit  célébrer 
les  jeux  solennels  accoutumés  ,  en  reconiaaissance 
de  ses  succès.  )' 

Le  voyage  de  Néarque  a  sans  doute  aujourd'hui 
pour  nous  un  intérêt  particulier  ,  à  raison  des 
circonstances  qui,  dans  ces  derniers  tems,  ont 
attiré  nos  regards  vers  quelques  parties  de  1  A- 
frique  et  de  (Asie;  mais  ces  circonstances  elles- 
raêrpes  ne  sont  que  le  résultat  des  rapports  qu'a 
mis  la  nature  entre  l'Europe  et  ces  deux  autres 
parties  du  monde,  rapports  si  nécessaires  ,  qu'ils 
ont  eu  part  à  toutes  les  grandes  révolutions  dont 
l'histoire   nous  a  conservé    le  souvenir. 

Le  midi  de  l'Asie  a  rendu  de  tout  tems  le  reste 
du  monde  tributaire  de  son  industrie.  Ce  qui 
concerne  ces  célèbres  contrées,  offre  à  la  curio- 
sité un  attrait  que  les  siècles  ne  peuvent  altérer, 
parce  qu'à  raison  de  leur  richesse  et  de  leur  po- 
sition sut  le  globe  ,  elles  influent  sur  toutes  les 
relations  du  commerce.  Cette  considération,  en 
ajoutant  à  l'importance  de  louvrage  que  nous 
annonçons  ,  donne  aussi  de  nouveaux  motifs  à 
l'intérêt  cju'il  inspire.  Le  nom  d'Alexandre  mêlé 
avec  celui  de  i)os  navigateurs  européans  ,  le  ta- 
bleau des  anciens  usages  rapproché  des  habi- 
tudes et  des  mœurs  qu'ont  créées  dans  les  mêmes 
lieux  nos  religions  et  nos  invasiotls  modernes  , 
répandent  sur  ces  récits  un  charme,  une  sorte  de 
vérité  que  n'ont  point  la  plupart  des  anciennes 
relations  L'illusion  de  la  scène,  la  confusion  des 
hommes  et  des  noms  transportent  le  lecteur  au 
tems  dont  il  lit  l'bisfoire  ,  et  il  semble  que  l'amiral 
grec  lui-même,  s'il  était  venu  visiter  de  nouveau 
le;  pays  qu'il  parcourut,  ne  ferait  ni  avec  plus  de 
sagacité  ,  ni  avec  plus  d'élégance  U  ncit  de  ses 
voyages. 

nManw^i  — : — . 

Suite  du  cours  public  du  citoyen  Aubry  ,  géomètre  , 
sur  l'application  du  calcul  décimal  à  toutes  les 
opérations  d'administration  de  finance  ,  de  banque 
et  de  commerce  de  tous  ks  pays  de  la  terre. 

Seconde    leçon. 

\.  l".  De  la  manière    d'exprimer   en    chiffres    les 
fractions  décimales  de  l'entier. 

Autrefois  on  n'aurait  pas  exprimé  des  fractions 
autrement  qu'en  deux  lignes  de  chiffres,  «épatées 
par  uîi   trait  horisontal  comme  ceci  :  ^  ,  -^  ,  77  , 

Cela  n'était  pas  étonnant  ;  il  fallait  bien  trouver 
le  moyen  dindiquer  leur  dénominateur  d'une 
mariiere  quelconque  ,  puisqu'il  pouvait  varier  a 
l'infini ,  et  qu'il  n'y  avait  que  le  seul  moyen  d'une 
ligne  inférieure  qui  pilt  le  déterminer. 

Mais  aujourd'hui  qu'il  est  démontré  que  tout 
est  réductible  en  dixièmes  ,  en  centièmes  ,  en 
millièmes  ,  en  dix  millièmes  ,  etc.  à  quoi  servi- 
rait cette  double  ligne  et  ce  trait  horisontal  ,  si 
ce  n'est  à  rendre  très-compliquée  une  chose  fort 
simple  en  elle-même  ? 

Il  est  si  aisé  ,  en  effet ,  de  retenir  que  le  chiffre 
le  plus  près  de  la  virgule  vers  la  droite  exprime 
toujours  des  dixièmes  ,  celui  d'après,  des  centiè- 
mes, celui  d'après,  des  millièmes  ,  celui  d'après, 
des  dix  millièmes  ,  que  1  on  ne  conçoit  pas  réel- 
lemerit  comment  on  neles  apas  toujours  exprimés 
de  cette  manière. 

Au  surplus  ,  comme  beaucoup  de  personnes 
sont  encore  loin  de  s'en  douter ,  on  va  leur  pré- 
senter ici  un  tableau  qui  leur  tiendra  lieu  d  ins- 
truction. 


Tableau  de  la  manière  d'exprimer  en  chiffres^  Us 
fractions  décimales,  depuis  le  dixième  jusqu'à  la 
plus  petite  fraction  possible. 

Un  10'  qu'il  aurait   fallu  exprimer  à  l'ancienne 


Les  forts  Neuf  et  de  l'Œuf  de  Naptes  capitulèrent, 
après  1  intimation  de  les  rendre  ,  laite  aux  répu- 
blicains par  le  même  Foote  ,  et  par  les  autres  chefs 
alliés  ;  j'ai  sous  les  yeux  l'original  de  cette  capi- 
,  .  1       ■       lulaiion  ,  ainsi  que  celle  de  Casieilâmare  ,   signée 

aniere  comme  ceci  rî  ,  s  exprime  comme  il  suit  .  ^^  cardinal  Ruffo  ,  par  le  général  russe  ,  par 

ronie  ,  le  commandant  turc  ,  et  par  Mejan  ,  com- 
mandant français  d.Tns  le  fort  Saint-Elme.  Ces 
capitulations  faites  ,  Nelson  et  Hamihon  arrivèrent 
à  Njplts  ,  et  l'amiral  déclara  ne  vouloir  pas  les 
recoiina'itre  ;  les  généraux  russe  et  turc  en  lurent 
très-méconiens  ,  et  Ruffb  ,  tout  cardinal  qu  il  était, 
voulait  que  la  capitulation  fijt  maintenue  ,  et  parut 
tenir  plus  à  son  honneur  rjuc  l'amiral  ne  tenait  au 
sien  et  à  celui   de  sa  natidn  entière.  ' 


0,1,  c'est-à-dire,  zéro   entier  four  ce   qui   pré 
cedc  la  virgule  et  un  dixième. 

Et  si  l'on  a  besoin  d'exprimer  plusieurs  autres 
dixièmes  ,   voici  ce  que  l'on  fait. 

Pour  2  dixièmes  qu'on  aurait  écrit  comme  ceci: 
■nr  ,  on  écrit  :  0,2. 

Pour  3  dixièmes  . .  •  •  rz  —  O''- 

Pour  4  dixièmes -n  —  Oi4  '  ^"^-  ^"^-  "^"^v 

En  continuant  ainsi  jusqu'à  9  dixièmes,  qu'il 
aurait  fallu  écrire  comme  ceci:  ^,  et  que  Ion 
écrit  ainsi  :  0,9. 

Un  centième  ,  qu'il  aurait  fallu  écrire  à  l'an- 
cienne manière  comme  ceci  :  j^  .  s'exprime 
comme  il  suit  :  0,01  ,  c'est-à-dire  zéro  entier 
pour  celui  qui  précède  la  virgule  ;  zéro  dixième 
pour  celui   qui    la  suit  et   l   centième. 

Et  si  l'on  a  besoin  d'exprimer  tous  les  autres 
centièmes  jusqu'à  99  ,  voici  ce  que  l'on  fait  : 

Pour  2  centièmes  qu'on  aurait  écrit  comme 
ceci  :  —;  ,   on  écrit  ,  0,02. 

Pour  3  centièmes  ....  rr?  —  Oio3. 

Pour  26  centièmes  ....  7^  —  0,26.  etc.  etc.  etc. 

En  continuant  ainsi  jusqu'à  gg  cen<iemes  qu'il 
aurait  fallu  écrire  comme  ceci  :  tt;  .  et  que 
1  on   écrit  :  o.gg. 

Un  millième  qu'il  aurait  fallu  écrire  à  l'ancienne 
manière  comme  ceci  :  tsst  ^  s'exprirtie  comme  il 
suit  :  0,001,  c'est-à-dire  zéro  entier,  zéro  dixième, 
zéro  centième  et  i  millième. 

Et  si  l'on  a  besoin  d'exprimer  tous  les  autres 
millièmes  jusqu'à  ggg  ,  voici  ce  que  l'on  fart: 

Pour  2  millièmes  qu'on  aurait  écrit  comme 
ceci  :  j-~  ,  on  écrit:  0,002. 

Pour  3   millièmes rsW  —  o,oo3. 

Pour  56  millièmes rïlî  —  o,o56. 

Pour  254milliemes ri-^  —  o,254,  etc.  etc.' 

En  continuant  ainsi  jusqu'à  99g  millièmes  qu'il 
aurait  fallu  écrire  comme  ceci  :  riri  1  ^^  l^e  1  on 
écrit  ainsi  :  o.ggg. 

Quant  aux  dix  millièmes,  aux  cent  millièmes' 
aux"raillioniemcs  ,  etc.  etc.  etc.,  il  est  si  aisé' 
d'après  ce  qui  précède  ,  de  les  exprimer  conte- 
nabiemeni  ,  qu'il  suffira  de  donner  un  exemple 
de  chacun  pouir  être  assuré  d'être  compris.  Ainsi 
I  dix  millièmes  ,  que  l'on  aurait  éciit  comme  ceci  : 
TT^Jï  1  s'écrit  0,0801  ; 

I  cent-millienle  —  tîtSt  —  0,00001  ; 

I  millionième  —  rrr^TTî  —  o,ooooot. 

Observez  ,  que  si  l'on  avait  besoin  d'additionner 
toutes  les  fractions  précédentes  exprimées  à  la 
nouvelle  manière,  ce  serait  la  même  chose  que 
d'additionner  des  entiers,  tandis  que  les  doubles 
lignes  et  le  trait  qui  les  sépare,  rendraient  pres- 
qu'impossible  cette  même  addition;  or,  cette 
seule  remarque  doit  faire  voir  combien  le  calcul 
décimal  est  précieux;  sur-tout  quand  on  aura 
appris,  comme  dans  le  paraphe  suivant ,  à  né- 
glige''  les  fractions  décimales  sans  compromettre 
l'exactitude  des  calculs. 

Au  rédacteur  du  Moniteur.  —  Paris  ,  ce  5  thermidor , 
an  8. 
Citoyen, 

En  lisant  dans  votre  n°.  299,  la  séance  du  ig 
messidor  de  la  chambre  des  communes,  j'ai  été 
choqué  ,  mais  non  surpris  ,  de  l'impudence  avec 
laquelle  l'honorable  Dundas  a  menti  à  sa  nation  , 
lorsque,  pour  justifier  le  refus  de  son  gouver- 
nement à  lexécution  du  traité  fait  en  Egypte  ,  il 
a  dit  :  "  l'Angleterre  n'a  point  été  partie  dans  ce 
traité  ,  et  l'on  peut  dire  qu'elle  a  toujours  observé 
ses  engagemens  avec  une  bonne  foi  surabondante,  u 
Si  Robson  avait  eu  connaissance  de  la  conduite 
qu'ont  tenue  quelques  chefs  anglais  à  Naples  ,  il 
aurait  pu  confondre  ce  Dundas  ,  et  éclairer  en 
même  leras  sa  nation  sur  la  politique  infernale  de 
son  gouvernement.  Voici  les  faits  authentiques 
qui  ont  rapport  à  ce  que  Robson  a  dit  à  ce  sujet. 

La  garnison  du  fort  de  Caslellamare  refusa  de 
traiter  avec  les  insurgés  ,  et  consentit  à  capituler 
avec  Edw.  I.  Foote  .commandant  l'escadre  bri- 


Ce  cardinal  écrivit  en  conséquence  aux  com- 
mandans  des  forts  ,  pour  les  instruire  du  refus 
de  Nelson.  La  résolution  ferme  des  républicains  , 
et  la  résolution  oii  ,  par  leur  réponse  ,  ils  annon- 
cèrent qu'ils  étaient  décidés  à  se  défendre  jusqu'à 
la  dernière  goutte  de  leur  sang  ,  et  de  s'enseyelir 
plutôt  sous  les  ruines  des  forts  que  de  se  rendre  , 
en  imposèrent  à  l'amiral  ;  il  avait  pardevani  lui 
l'exemple  ,  terrible  pour  les  royalistes  autant  que 
glorieux  pour  les  républicains,  du  fort  Vigliena  : 
les  royalistes  en  y  entrant ,  en  vertu  d'une  capi- 
tulation ,  l'enfreignirent  par  le  massacre  des  capi- 
tules ;  ceux-ci  firent  sauter  le  fort  ,  et  s'enseve- 
lirent sous  ses  ruines  avec  les  infracteurs. 

On  déclara  donc  aux  républicains  que  la 
capitulation  était  reconnue  ,  et  qu'elle  serait 
exécutée  ;  on  les  fit  embarquer  en  conséquence  , 
et  bientôt  la  foi  anglaise  y  chargea  de,  chaînes 
beaucoup  d'enir'eux.  Il  n'est  sorte  de  cruautés 
qui  n'ait  été  exercée  envers  tous  ces  malheu- 
reux ;  on  er;  fil  débarquer  un  grand  nombre  pour 
les  plonger  dans  des  cachots  horribles  et  pour 
les  pendre  ;  et  il  est  à  remarquer  que  les  premiers 
pendus  furent  le  brave  amiral  Caracciolo,  le  gé- 
néral Nassa,  commandant  du  fort  Neuf,  et  le  com- 
mandant en  second.  En  un  mot  ,  ces  deux  ca- 
pitulations furent  enfreintes  de  la  manière  la  plus 
barbare  .  et  Nejson  et  Hamilion  furent  les  com- 
plices en  chef  de  Caroline  et  d'Aclon  dans  le» 
crimes  qui  ont  signalé  à  l'univers  entier  leur  ren- 
trée dans  ce  pays  ;  ils  auraient  dû  et  pu  les  em- 
pêcher ,  et  ils  les  ont  ptovoqués  ,  favorisés  et 
commis. 

Si  1  Angleterre  avait  toujours  observé  ses  enga-  , 
gemens  avec  une  bonne  foi  ,  non  pas  surabon- 
dante ,  comme  le  dit  Dundas  ,  mais  suffisante  , 
elle  aurait  fait  punir  Nelson  etHamilton.  La  partie 
saine  de  la  nation  anglaise,  instruite  de  la  con- 
duite criminelle  et  horrible  tenue  à  Naples  par 
ces  deux  officiers ,  imprimera  ,  sans  doute  ,  sur 
leur  froul  un  cachet  d'infamie  ,  et  méprisera  un 
gouvernement  qui  ,  par  toutes  ses  opérations  ,  ne 
tend  qu  à  l'avilir  et  à  la  rendre  odieuse  à  tou^ 
les  peuples.  Londedo. 


ANNONCES. 


Journal  philosophique.  Ce  journal  ,  destiné  à 
combattre  la  sotie  crédulité  et  le  fanatisme  into- 
lérant ,  .paraîtra  par  numéros  de  «4  pages  in-l«  , 
les  1"^  et  16  de  chaque  mois  ,  à  compter  du  1" 
vendémiaire  an  g. 

Le  prix  de  la  souscriptien  est  de  6  fr.  pour  ua 
an  .  3  fr.  pour  6  mois ,  franc  de  port  pour  toute 
la  république. 

On  souscrit  au  bureau  ,  rueGermain-l'Auxei;' 
rois  ,  n°  3i  ,  près  celle  des  Lavandières  ,  et  cheg 
les  libraires  et  directeurs  des  postes. 


COURS     DU     CHANGE. 
Bourse  du  i5  thermidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Rente  provisoire 21   Ir.  76  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  Sa  c. 

Bons  d'arréragé 85  ft.  5o  c. 

Bons  pour   l'an  8 .    85   fr.   38  C. 

Syndicat 67  fr. 

Coupures 67  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théaire    de    la  Repiibliq;je   et  des  Arts. 
Auj.  la  4'  repr.  de  Praxitelle  ou /a  Cein'Jire ,  opéra 
en  un  acte  ,   suivi  du  ballet  de  la  Dansomanie.^ 
Théatriî  du  Vaudeville.  Auj.  Maître  Adam; 
tannique    dans  la  baie   de  Naples;   les  cai^'na\éi\  Dancour  ,e.\.Jenesai-Ki  ouïes  Exaltés  de  Chartnton , 
\  s'embarquèrent  ensuite  sur  des  bàtimens  anglais.  ■  parodie  de  Beniouski. 


Uatonncmenrse  faitàParis,  rue  des  Poitevins  ,  n"  18.  Le  prix  est  de  a5  fiaads  pour  trois  mois ,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  100  francs  pour  Tannée  enUerc.  On  nes'abonne 
qu'au  commeuccmeaL  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  Icutcs  et  l'argent  ,  franc  déport  ,  ju  cit.  A  G  AS  s  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  dcl 
pays  oml'onnepeutaffiancliir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille,  au  rédacteur,  rue  de» 
Poitevins  ,  n«  l3  ,  depui  [neuf  heures  du  matin  jusqu'-i  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  017. 


Scplidi  ,  1  7   thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivitihle. 


Nous  sommes  aucorlsés  à  prévenir  nos  sousccipceurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Mo  NITE  U  R  esc  le  seul  journal  officiel. 
11  contient  les  séances  des  autorités  constiriiées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi   que  lîs  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,. aux  arts  ez   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

T  u  R  Q.  u  I  E. 

Comlantinople,  le  '2.5  juin  (6  messidor.  ) 

Xj' ÉVACUATION  de  l'Egypte  par  les  français 
éprouve  des  obstacles  auxquels  on  ne  s'était  pas 
attendu  ;  le  général  Klébcr  ,  soit  qu'il  ait  reçu 
de  nouvelles  insiruciions  de  son  gouvernement  , 
loit  qn  il  ait  jugé  que  ses  derniers  succès  contre 
l'armée  ottomane  le  mettaient  pour  longitems  à 
l'abri  d'une  attaque  ,  et  lui  laissaient  tout  le  loisir 
d'attendre  des  otdres  ultérieurs  du  gouvernement 
français,  a  formé  vis-à-vis .  dti  grand-visir  des 
prétentions  que  la  Porte  n'a  pas  jugé  à  propos 
d'agréer;  entr'autres  choses,  il  a  demandé  que 
leKaire  ,  Alexandrie  et  leurs  environs,  demeurent 
sous  la  protection  immédiate  de  la  république 
françatre  ,  ou  soient  déclarés  indépendans.  Celte 
fâcheuse  affaire  a  occupé  le  divan  le  22  ,  et  il  y 
a  été  résolu  qu'on  lèverait  une  nouvelle  armée  , 
entièrement  composée  d'européans  ,  pour  recon- 
quérir l'Egypte.  L'année  du  grand-visir .  qui  était 
réduite  à  20,000  hommes  ,  après  qu'il  en  eut 
rassemblé  les  débris  à  la  sortie  du  désert,  vient 
d'êire  encore  fort  affaiblie  par  la  peste  ,  qui  s'est 
tJianifeslée  dans  le  camp  qu'elle  occupe  aux  en- 
virons de  Giaffa. 

(Extrait  du  Journal  Politique  de  Manheim  ,  du 
ig  juillet  1800.  J 

ALLEMAGNE. 

Slultgard  ,  le  .5  thermidor. 

Le  landgrave  de  HesseCassel  a  fait  signifier 
aux  troupes  mayençaises  qu'elles  eussent  à  sortir 
de  ses  états  ,  qu'autrement  il  les  y  contraindrait 
par  la  voie  des  armes. 

La  situation  de  la  ville  de  Francfort  est  tou- 
jours la  même.  Le  général  Sainte-Suzanne  a  exigé 
d'elle  une  contribution  de  800,000  francs  ,  parce 
que  .  contre  les  promesses  de  neutralité  ,  elle  avait 
laissé  librement  passer  les  troupes  mayençaises. 
Le  magistral  s'est  refusé  à  cette  contribution  ,  et 
a  envoyé  une  dépulation   à  Paris. 

Le  6  thermidor  ,  un  détachement  de  troupes 
françaises ,  fort  d'environ  2600  hommes  ,  est  arrivé 
à  Francfort ,  et  y  a  été  logé  chez  les  citoyens  de 
la  ville.  Les  portes  sont  gardées  par  des  soldats 
républicains. 

Le  comte  de  Starray  est  arrivé  à  Vienne.  L'ar- 
chiduc Charles  est  tranquille  dans  la  Bohême  , 
et  ne  va  pas  à  Vienne  ,  comme  on  l'avait  dit. 

La   mésintelligence   paraît    se    mettre    entre    la 
Russie  et  la  Porte.   Quantité    de   troupes    russes 
se  rassemblent  sur  les  frontières  de  la  Turquie. 
[Strasb.  Weltbote.) 

ANGLETERRE. 

Journal  du  parlement.  — Chambre  des  pairs.  — Séance 
du  st  juillet  (2  thermidor) 

Bill  pour  l'incorporation  de  la  compagnie  de  Londres. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  seconde  lecture 
du  bill. 

Le  comte  de  Liverpool.  J'ai  porté  sur  la  mesure 
présente  toute  l'attention  qu'exigealHa  place  que 
j'ai  l'honneur  d'occuper.  Je  suis  convaincu  qu'il 
doit  en  résulter  les  plus  grands  avantages  pour 
le  public.  C'est  une  chose  reconnue,  que  depuis 
plusieurs  années  .  la  Grande-Bretagne  ne  produit 
point  assez  de  grains  pour  la  nourriture  et  le 
nombre  des  nouvelles  clôtures.  Dans  un  espace 
de  tems  peu  considérable  ,  il  a  été  importé 
dans  ce  pays  8g3,3o2  sacs  de  bled  ,  qui  corres- 
pondent à  une  somme  de  cinrj  raillions  sterling, 
et  quclqu'exiraorrlinaire  que  cela  puisse  paraître, 
nous  avons  payé  en  une  seule  année  5,6o6,ooo 
liv. sterling  pour  nous  procurercetteindispenssble 
denrée.  Le  commerce  de  grains  se  fait  princi- 
palement avec  des  espèces  sonnantes.  Cette  cir- 
constance ,  je  suis  fâché  d'être  oblige  de  le  dire 
a  beaucoup  diminué  cette  balance  de  commerce, 
<jui  ,  depuis  plusieurs  années  ,  était  si  fort  à 
l'av^iniage  de  l'Angleterre.  C'est  à  la  même  cause 
qu  il  laut  attribuer  le  désavantage  du  change. 
Si  vo«  seigneuries  parcourent  les  comptes,  qui 
•ont  sur  le  bureau  ,  elles  verront  (|uc  depuis 
quelcjucs  années,   les  importations  de  bled  ont 


progressivement  augmenté.  Le  pain  de  quatre 
livres  (quatern-loaj)  est  maintenant  au  prix  énorme 
d'un  shilling  six  derniers  et  demi.  Dans  l'année 
lyg.S  ,  oiî  le  pain  fut  plus  cher  qu'il  ne  l'avait 
jamais  Clé  ,  il  ne  monta  qu'a  un  shilling  trois 
deniers.  Ce  prix  ne  dura  que  peu, de  tems.  Sans 
les  mesures  prises  l'hiver  passé  "par  le  gouver- 
netnent,  les  pauvres  seraient  lillei^àlement  morts 
de    faim. 

C'est  dans  des  vues  pleines  de  palriotisme  et 
d  humanité  (jue  la  nouvelle  compagnie  se  pro- 
pose :  1°.  d'acheter  des  grains,  et  d'établir  sur 
des  principes  économiques  une  certaine  quantité 
de  moulins  ;  2°.  d'introduire  parmi  le  peuple 
l'usage  du  standard  wheaten  bread  (espèce  de  pain 
commun  ).  Les  noms  de  sir  R.  Glynn  ,  de  MM. 
Hibbert  ,  Bosanquet  ,  Angerstein  .  Devaynes  ,  etc. 
se  trouventau  nombre  des  souscripteurs,  et  prou- 
vent assez  qu'aucun  motif  d'égoïsme  ne  dirige  la 
compagnie.  D'ailleurs,  il  est  une  clause  qui  limite 
ses  profils  à  10  pour  cent.  Une  autre,  clause  règle 
qu  aucun  de  ses  membres  ne.  pourra  posséder 
d'actions  pour  phis  de  loo»  liv.  sterl.  Par  consé- 
quent looliv.  sterl.  fontlaplt5s  forte  somme  qu'ils 
puissent  gagner   annuellement. 

Le  comte  de  Liverpool  réfute  les  objections  élevées 
sous  le  préiexte  que  cet  établissernent  détruirait 
la  conctirrence  ,  et  donnerait  en  dernier  ressort 
le  monopole  des  grains  à  une  compagnie.  Il  ob- 
serve que  l'usage  des  machines  étendues  ,  dont 
lacompagnie  se  servira,  doit  naturellement  rendre 
la  farine  meilleur  marché.  Il  ne  croit  nullement 
que  le  résultat  de  cette  mesure  puisse  être  de 
ruiiier  les  meuniers  ;  peut  -  être  gagneront  -  ils 
moins  ,  mais  il  ne  serait  pas  juste  que  leur  in- 
térêt entrât  en  comparaison  avec  riniérêt  du 
peuple.  D'ailleurs  ,  leurs  profits  énormes  pour- 
raient faire  soupçonner  quelque  chose,  qui  res- 
semblerait à  un  monopole.  Us  gagnent  i5  ou  18 
pour  cent,  et  ils  ont  cinq  ou  six  fois  par  an  la 
rentrée  de  leurs  capitaux.  Il  est  avéré  que  la  hausse 
du  prix  des  farines  estsupérieure.-jn  proportion,  à 
la  hausse  du  prix  des  grains»  Quelques  personnes , 
dit  le  comte  de  Liverpool  ,  prétendent  que  la 
législature  doit  abandonner  toute  espèce  de  com- 
merce à  lui-même.  L'expérience  prouve  la  fausseté 
de  ce  raisonnement. 

Le  comte  de  Westmoreland  et  le  duc  de  Clarence 
combattent  la  mesure.  S.  A.  R.  observe  que  le  bill 
n'a  été  présenté  que  dans  les  derniers  jours  de  la 
session,  lorsqu'un  grand  nombre  des  membres 
du  parlemeni  éiait  déjà  absent.  Rien  n'est  plus 
faux  ,  plus  injuste  que  les  insinuations  dont  les 
meuniers  ,  boulangers  ,  etc.  sont  l'objet.  Aucune 
preuve  n'a  pu  être  alléguée  contre  cette  classe 
d'hommes  respectables.  L'éloquente  adresse  de 
M.  Garrow  en  faveur  du  bill  ne  contrebalancera 
point  les  dépositions  faites  à  la  barre  par  des 
hommes  dignes  de  foi.  Quant  à  l'observation  qiie 
les  profils  de  la  nouvelle  compagnie  seront  bor- 
nés à  10  pour  cent  ,  elle  net  iiullement  victo- 
rieuse. Si  cette  compagnie  est  une  fois  permise  , 
pourquoi  restreindrait-on  ainsi  ses  profits,  tandis 
que  les  meuniers  pourraient  légitimement  en  faire 
de  plus  considérables.  S.  A.  R.  regardée  la  mesure 
comrne  injurieuse  au  commerce  ,  et*  tendant  à 
établir  le  plijs  destructeur  de  tous  le  monopoles. 
C  est  en  facilitant  tous  les  moyens  de  concur- 
rence que  l'heureux  esprit  de  la  constitution  a 
conduit  l'Angleterre  à  un  si  hiut  degré  d'opu- 
lence et  de  prospérité.  C'est  cette  concurrence 
qui  permet  aux  hommes  les  plus  obscurs  de  s'é- 
lever par  leurs  talens  et  leur  industrie.  Je  me  rap- 
pelle ,  ajoute  S.  A.  R.  ,  d'avoir  dîné  un  jour  à 
la  cité  avec  le  noble  (comte  de  Liverpool.  )  Un 
homme  estimable  qui  était  assis  à  côté  de  moi  , 
me  dit  que,  dans  sa  jeunesse  ,  il  portait  un  pa- 
nier sur  sa  tête  et  un'tablier  devant  lui. 

Le  Lomtede  Stanhope.  La  mesure  actuelle  eslpré- 
seniée  sous  prétexte  de  remédier  aux  maux 
résultant  de  la  rareié  des  grains.  C'est  une  chose 
constatée  que  ,  depuis  plusieurs  années  ,  l'Angle- 
terre n'a  pas  une  quantité  de  bled  suffisante  pour 
sa  consommation.  Cela  ne  doit  être  attribué  qu'à 
une  série  de  guerres  successives  ,  et  sur-tout  à 
la  guerre  présente  ,  la  plus  injuste  et  la  plus  dé- 
sastreuse de  toutes. 

La  guerre  ,  en  augmentant  le  fardeau  public  , 
augmente  aussi  le  prix  de  la  main-d'œuvre  ,  et  le 
bled  peut  être  importé  à  moins  de  frais  que  sa 
culture  n'en  exige.  A  compter  depuis  19  ans, 
l'importation  moyenne  des  grains  s'est  élevée  à 
s5o,ooo  sacsparan.  Depuis  les  7  dertjieresannéijii, 


elle  est  montée  à  400,000  sacs.  Mais  lorsque  lo 
mal  et  une  fois  connu  ,  c'est  de  chercher  le  re- 
mède qu'il  faut  s'occuper.  Le  bon  sens  l'indiriuc. 
Vous  manquez  de  blé  .  encouragez  l'importaiioa. 
Si  nos  forêts  manquaient  de  bois  de  construction  , 
sans  doute  nous  en  irions  chercher  chi-z  nos  voi- 
sins. Mais  non  ;  les  auteurs  du  bill  actuel  croi- 
raient remédier  au  mal  par  des  rcglemens  relatifs 
aux  scieurs  ,  charpentiers  et  menuisiers  ;  rien  ne 
pourrait  être  plus  absurde. 

Je  crois  que  le  véritable  objet  du  gouvernement 
est  de  profiter  du  prétexte  de  la  disette  pour  se 
procurer  ,  par  le  moyen  d'une  compagnie  dans 
sa  dépendance  ,  le  monopole  de  tous  les  grains 
du  royaume.  Je  crois  que  ce  bill  n'est  que  le 
prélude  d'une  succession  de  mesures  pour  mettre 
dans  les  mains  du  gouvernement  le  monopole 
de  toutes  les  autres  grandes  branches  de  com- 
merce ,  telles  que  la  bierre,  le  charbon,  etc. 
Beaucoup  de  négocians  sent  persuadés  que  ce 
projet  existe.  Les  subsides  ne  peuvent  plus  se 
lever  au  moyen  du  système  fondé  ,  ni  même 
dans  une  assez  grande  étendue  ,  au  moyen  du 
nouveau  système  tant  vanté.  C'est  une  nouvelle 
ressource  que  le  gouvernement  se  prépare  à 
l'avance.  Le  devoir  de  V.  S.  est  d'arracher  le 
masque  au  monstre  pour  le  contempler  dans 
toute  sa  difformité. 

Le  lord  Chancelier  parle  à  l'appui  du  bill  ,  et 
lord  Hobart  contre. 

La  question  est  mise  aux  voix,  et  passe  à  la 
majorité  de  11  voix,  en  comptant  les  pro* 
curations. 

Séance  du  22  juillet. 

Le  comte  de  Stdnhope  présente  une  pétition  de  la 
part  de  plusieurs  individus  contre  le  bill  de  la 
Fovei^Neuve.  —  Remise  sur  le  bureau. 

5.  A.  R.  le  duc  de  Clarence  présente  une  pélidon 
de  la  part  de  certains  négocians  en  blé  ,  contre  le 
bill  pour  l'incorporation  de  la  compagnie  de 
Londres. 

La  chambre  se  forme  en  comité  pour  prendre 
en  considération  le  bill  relatif  aux  lunadques. 

Le  lord  chancelier -pToçoie  ,-çi3T  voie  d'amende- 
ment ,  deux  clauses  additionnelles.  La  première 
tend  à  soumettre  à  des  formes  de  justice  plus 
promptes  les  individus  arrêtés  pour  cause, de 
démence.  La  seconde  a  pour  objet  la  sûreté 
personnelle  du  roi.  Il  est  connu  que  les  indi» 
vidus  aitaqués  de  démence  ,  ont  une  funeste  pro- 
pension pour  s'introduire  dans  la  résidence  dé 
S.  M.  Il  y  en  a  eu  quatre  exemples  plus  ou  moins 
alarraans  depuis  1  attentat  commis  par  Hadfield. 
Cette  clause  autorise  le  secrétaire-d'état  ou  quel- 
que grand  officier  de  la  couronne  à  faire  arrêter 
les  individus  suspects  ,  à  instituer  un  comité 
d'enquête  pour  constater  leur  état  |de  démence 
et  à  s'assurer  d'eux  ,  s'ils  sont  en  effet  privés  de 
l'usage  de  leur  raison.  —  Les  deux  clauses  sont 
adoptées. 

Séance  du  a3  juillet. 

Lord  Grsnville  propose  une  suite  de  résolution» 
pour  que  la  chambre,  au  commencement  de 
chaque  session  ,  nomme  un  pair  chargé  de  rem- 
plir les  fonctions  de  président  des  comités  ,  et 
pour  que  lard  Walsingham  occupe  le  fauteuil 
jusquà  la  fin  de  la  session  présente. — Adoptées. 

La  chambre  se  forme  en  comité  relativement 
au  bill  pour  l'incorporation  de  la  compagnie 
de  Londres. 

M.  Jackson  est  entendu  comme  conseil  des 
boulangers  contre  le  bill.  Il  propose  de  pro- 
duire des  téinoins.  La  proposition  est  mise  auk 
voix  et  rejetée  à  la  majorité  de  14  contre  il. 

Le  comte  de  Stanhope  s'oppose  à  ce  que  l'évêqu'e 
de  Lincoln  donne  sa  voix,  parce  qu'il  n'a  pas 
ses  manches  de  monsseVtnes  [costume  des  évêijueS 
arigtais.)  Il  s'ensuit  une  discussion.  Le  comte  de 
Liyer|iool  dit  que  l'objection  ne  peut  être  for- 
mée régulièrement  que  par  le  président.  Le  lord 
chancelier  et  l'évêque  de  Londres  convienne  lit 
que  le  très-révérend  prélat  ne  pourrait  voter  dans 
la  chambre  sans  ses  manches  de  mousseline ( 
mais  ils  prétendent  que  l'usage  rend  le  cas  dif-, 
férent  pour  un  comité. 

La   question  passe. 

Le  duc  de  Clarence  présente  une  péiit'i  n  du 
iharcbaiids  de  grains  de  Londres  contre  le  prin- 
cipe du   bill.  —  Remise  sur  le  bureau.  1 

Dans  la  séance  d'hier  la  troisiamo  lecture  du 
blU  a  définitivement  passé. 


1278 


Chambre  des  communes.  —  Séance  du  31  juillet. 

La  cliambre,  formée  en  comilé  de  subsides, 
vote  un  crédit  de  1,400,000  liv.  ,  conformément  à 
la   demande   du  chancelier  de  l'échiquier. 

M.  Long  présente  trois  bills  p'out  l'émission  de 
9j,5oo,ooo  liv.  en  billets  de  léchiquier  ,  formant 
trois  sommes  distinctes.  —  Lu  pour  la  première 
fois. 

Le  clerc  de  ta  paix  pour  le  comté  de  Middlesex 
présente  à  la  barre  la  copie  de  l'état  des  prison- 
niers ,  etc.,  de  Gold  Baih-Fields,  fourni  par  le 
gouverneur  au  comité  des  prisons. 

M.  Jones  remet   au  lundi   sa   motion  au   sujet 
des  instructions  données   à   lord  Keilh  ,  par  rap-  ! 
port  à  l'évacuation  de  1  Egypte. 

M.  Tierney  propose  diverses  résolutions  rela- 
tives aux  finances.  Son  inteniion  n'est  point  de 
jvrovoquer  une  discussion  immédiate  ,  mais 
Simplement  de  demander  que  ses  résoluiions 
soient  remises  sur  le  bureau.  11  prendra  ,  pour 
le  discuter ,  le  jour  qui  pourra  convenir  au  tiès- 
honorable  membre  (  M.  Pilt.  ) 

L'orateur  lit  les  résolutions. 

M.  Put  dit  qu'elles  lui  pasaissent  correctes  , 
Biais  comme  il  proposera  quelques  résolutions 
addiiionnelles  ,  il  désire  que  le  débat  soit  ajourné 
à  jeudi.  —  Adopté. 

Sir  F.  Burdett  Jones  annonce  l'intention  de 
remettre  à  mercredi  sa  motion  au  sujet  de  la 
piison  de  Cold  -  Barh  -  Fields.  —  M.  Pitt  en  de- 
mande la  nature.  —  Il  répond  que  c'est  une 
enquêie  qu'il  compte  demander.  — M. 'William 
Dundas  n  en  voit  pas  ia  nécessité. 

M.  Pitt.  Si  le  but  de  cette  enquête  se  dirige 
en  effet  vers  le  bien  du  peuple  ,  il  ne  pourrait 
qu'être  rempli  au  moyen  de  la  discussion.  Je  crois 
les  motifs  de  1  honorable  baronet  parfaitement 
dignes  d'un  memb-'e  du  parlement.  Ilxloitdonc 
craindre  d'exciter  l'esprit  public.  Cependant  il 
pourrait  y  parvenir  en  agii.nntsi  souvent  une  ques- 
tion dans  laquelle  ,  au  moins  pour  le  moment  , 
la  passion  peut  si  facilement  l'emporter  sur  la 
raison.  Si  les  faiis  avancés  prouvent  la  nécessité 
de  quelque  changement  dans  l'administiation  de 
la  prison  ,  on  peut  êire  assuré  que  le  gouverne- 
ment s'en  occupera.  C'est  la  marche  la  plus  sage 
à  suivre.  Le  gouvernemant  seul  peut  donner  aux 
magistrats  des  instructions  efficaces.  Donc  toutes 
les  plaintes  doivent  être  portées  au  gouvernement 
en  première  instance.  Si  l'honorable  baronet  veut 
lui  renvoyer  celles  qu'il  recevra  et  qu  il  n'ob- 
tienne point  justice,  il  pourra  en  dernier  ressort 
s'adresser  à  la  chambre.  Il  peut  être  sûr  d  être 
alors  écoulé  avec  toute  laitention  qui  lui  sera 
due.  Le  délai  qu'il  propose  est  mal  jugé  ;  car 
jnercredi  la  chambre  n'aura  plus  que  48  heures 
pour  s'occuper  d'aflaiies. 

La  motion  est  définitivement  ajournée  au  len- 
demain. 

Séance  4u  3i  juillet. 

La  chambre  reçoit  le  rapport  du  comité  de 
ïubsides  sur  la  résolution  par  laquelle  il  est 
accordé  à  S.  M.  la  somme  de  1,400.000  liv.  pour 
la  mettre  à  même  de  remplir  ses  engagemens  en- 
vers l'empereur. 

M.  Abbot  présente  le  rapport. 

La  chambre  se  forme  en  comilé  pour  prendre 
en  considération  ta  demande  d'une  somme  de 
■5,ïoo,oco  liv.  sur  les  fonds  consolidés  ,  pour  le 
«crvic«  de  1  an  1800. 

Af-  Robson  blâme  hautement  l'envoi  d'une 
somme  de  l5o,ooo  liv.  qui  a  été  faite  à  l'empe- 
reur ,  pour  l'indemniser  de  la  perte  des  magasins 
de  Siockach.  Il  ne  voit  pas  quelle  prétention 
â'emperetir  peut  former  à  être  dédommagé  d'une 
perte  qu'il  a  éprouvée  par  les  chances  de  la 
guerre.  C'est  dailleurs  un  exemple  qui  peut  ou- 
vrir la  porte  à  de  condnuels  abus.  M.  Robson  ne 
blâme  pas  moins  l'envoi  d  une  autre  somme  de 
5oo,ooo  guinées,  à  une  époque  oh  les  taxes  sont 
si  fortes  et  la  misère  générale  si  grandes  ,  que 
le  peuple  n'en  peut  soutgnir  le  fardeau.  —  Il 
désire  savoir  quand  le  traité  avec  la  Russie  ex- 
pirera. 

Af.  Pitt  répond  que  c'est  au  comité  à  juger 
s'il  veut  ratifier  l'acte  de  générosité  de  S.  "M. 
envers  l'empereur  —  Quant  au  traité  avec  la 
Bussie  ,  il  ne  finira  que  quand  les  russes  seront 
jpartis. 

M.Jones  dit  que  c'est  ici  le  ttts  d'être  juste 
avant  que  d'être  généreux.  La  vérité  ,  ajou)c-t-il  , 
est  que  ce  nouveau  subside  donné  à  l'empereur 
n'est  autre  chose  que  la  rançon  de  'Vienne  ,  qui 
doit  passer  entre  les  mains  de  Bonaparte. 

Le  comilé  adopte  une  résptution  conforme  à  la 
demande  des5,2oo,ooo  liv. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  troisième  lecture  du 
bill  relatif  aux  combinaisons  illicites  des  ouvriers. 

Le  j>rocureur- général  déiafprouve  la  clause  qui 
autorise  les  ouvriers  à  faire  juger  ,  par  arbitrage, 
les  disputes  qui  s'élèvent  entre  eux  et  leurs  maî- 
tres au  sujet  de  leurs  gages. 

Le  colonel  Gascoyne  iiouve  peu junc  défaire  une 


I&reille  objection  aussi  tard. .^'ailleurs  51  observe 
que,  sans  cette  iciause  ,  le  secours  justement 
accordé  à  une  classe  d'ho.mjnes  uiiles  et  oppri- 
més ,  ne  vaudreit  pas  lapeine  d'être  accepté. 

M.  Dent  parle  dans  le  même  sens. 

Af.  PiK  observe  que  la  chambte  a  encore  des 
sujets  iraportans  à  traiter  dans  la  présente  séance, 
et  fait  en  conséquence  la  motion  de  renvoyer 
au  lendemain  la  discussion.  —  La  motion  de  M. 
Pitt  est  mise  aux  voix. —  Adoptée  à  la  majotité 
de  3i  contre  14. 

Prison  de  Cold  Bath-Fields. 

Sir  F.  Burdett  Jones.  J'avais  supposé  qu'après 
l'exposé  des  papiers  que  j'ai  mis  sous  les  yeux  de 
la  chambre  ,  il  serait  inutile  de  plaider  la  cause 
des  malheureux.  Je  suis  aujourd'hui  détrompé. 
On  prétend  que  la  chambre  des  communes  ne 
doit  pas  interposer  son  autorité  dans  cette  affaire, 
à  moins  qu'un  cas  d'abus  criant  n'ait  été  cons- | 
taté  ;  que  les  magistrats  n'aient  montré  de  la  mau- 
vaise volonté  pour  redresser  les  griefs  ,  et  que  les 
plaintes  portées  devant  les  cours  inférieures  ne 
soient  restées  sans  eflet.  J'espère  convaincre  ceux 
même  qui  ont  mariilesié  cette  opinron  ,  que  la 
chambre  ne  peut  se  dispenser  d  intervenir  dans 
cette  circonstance.  [Sir  F.  B.Jones  lit  les  papiers 
remis  sur  lé  bureau  pour  récapituler  Us  preuves  des 
abus  existaiis.  )  Il  résulte  du  rapport  du  grand- 
jury  ,  que  les  prisonniers  n'ont  pas  assez  de 
(ournitures  de  lit,  même  pour  l'été.  Q^^jelle  doit 
être  leur  position  en  hiver,  renfermés  dans  des  cel- 
lules humides  et  sans  feu  !  C'est  dans  une  demeure 
si  misérable  ,  que  tant  d  hommes  sont  envoyés 
avant  d'être  convaincus,  souvent  sans  être  accu- 
sés d'aucun  crime  !  Le  cas  de  Marie  Rich  est  trop 
affreux  pour  en  présenter  l'image.  La  barbarie  de 
ses  gardiens  la  mise  hors  d  état  de  remplir  le  but 
de  sa  détention.  "Demeurée  nue  ,  parce  que  sa 
couverture  avait  été  prise  par  une  femme  en 
couche  ;  elle  est  tombée  malade.  Elle  n  a  pu 
déposer  contre  l'homme  qui  avait  voulu  la  violer. 
—  La  garde,  dit-on.  en  a  reçu  l'aveu  qu'elle 
n'aurait  pas  porté  de  plaintes,  si  l'homme  lui 
eût  donné  l'argent  qu'il  lui  avait  promis.  Doit-on 
croire  sur  sa  parole  cette  garde  ,  l'une  des  prison- 
nières à  double  porrion  ..que  le  gouverneur  traite 
bien  afin  de  pouvoir  maltraiter  avec  impunité  les 
autres  ?  Quand  Marie  Rich  serait  sans  principes  , 
serait-ce  uue  raison  pour  la  trailer  avec  barbarie  .'' 
Mais  elle  est  pauvre;  ses  parens  sont  dans  une  ex- 
trême indigence.  Voilà  l'excuse  de  la  cruauté.  C  est 
une  chose  méritoire  que  d'aggraver  les  funestes 
effets  de  la  pauvreté  .'  Les  juges  ont  terminé  leur 
rapport  en  disant  que  M.trie  Rich  leur  paraissait 
avoir  été  convenablement  traitée  pendant  sa 
détention.  Cette  assertion  met  le  comble  à  l'in- 
justice. Douze  magistrats  justifient  une  scène 
d'iniquité  sans  exemple  ,  et  déchargent  de  tout 
blâme  ceux  qui  en  ont  été  les  auteurs  !  Etait-ce 
M.  Aris  qu'il  fallait  examiner  relaiivement  aux 
atrocités  dont  il  était  coupable  ,  et  à  l'acte  de 
félonie  commis  par  son  fils  ?  Mais  sans  doute 
ceux  qui  n'ont  lien  trouvé  à  reprendre  dans  le 
cas  de  Marie  Rich,  auraient  attesté  la  pureté  de 
conduite   du   gouverneur. 

Le  second  rapport  du  grand  jury,  destiné  à 
effacer  les  impressions  produites  par  le  premier, 
mérite  ici  quelques  observations.  Je  viens  d'ap- 
prendre à  ce  sujet  la  circonstance  la  plus  extraor- 
dinaire. Il  y  a  environ  dix  minutes  que  j'ai  été 
appelle  hors  de  la  chambre.  C'était  le  premier 
membre  du  jury, et  quelques  uns  de  ses  collègues, 
qui  m'avaient  fait  appeller  pour  démentir  le 
rapport  qui  leur  était  attribué.  Ils  m'ont  autorisé 
à  dite  qu'ils  n'en  avaient  jamais  fait  un  sem- 
blable de  leur  vie.  Je  regrette  infiniment  que 
le  second  rapport  du  traverse-jury  n'ait  point  été 
admis.  Il  contenait  des  faits  (d'une  haute  impor- 
tance et  je  pourrais  prouver  ,  malgré  les  asser- 
tions contraires  ,  qu'il  avait  élé  régulièrement 
envoyé  à  Guillaume  Mainwaring,  président  des 
sessions  de  quartier  du  comté  de  Middlesex. 
Le  premier  rapport  était  très-défectueux ,  plu- 
sieurs prisonniers  ayant  été  soustraits  à  la  vue 
des  membres  du  jury.  Mais  j'exposerai  quelques 
cas  que  je  puis  prouver,  quand  on  le  voudra. 
Ils  feront  voir  combien  le  jury  a  été  trompé. 
—  Un  nommé  George  Hart  mourut  le  2  juin. 
Il  était  dans  la  prison  ,  lorsque  le  jury  en  fit 
la  visite  ,  et  cependant ,  il  ne  fut  pas  produit. 
Un  autre  prisonnier,  nommé  Chenau  ,  mourut 
le  14  juillet.  'Toii.tes  les  preuves  offertes  pour 
constater  qu  il  étai'i  mort  de  faim  ,  ont  été  cons- 
tamment rejettées.  Luc  Earley  expira  le  l5  ,  et 
quoique  le  Coroner  fut  informé  qu'il  avait  péri 
de  besoin  ,  aucun/  des  matelots  qui  pouvaient 
déposer  à  l'appui  de  cette  accusation  ne  fut 
appelle.  Un  autre  matelot  avait  confirmé  Ce  fait 
dans  un  examen  précédent.  Un  des  membres 
du  jurjr  ne  permit  point  que  sa  déposition  fût 
admise  ,  et  il  lui  substitua  un  autre  témoin. 

Je  crois  que  ces  faits  ne  laisseront  point  de 
doute  sur  la  honteuse  négligence  des  magis- 
trats. J'espère  aussi  prouver  qu  il  est  du  devoir 
de  la  chambre  diniervenir  dans  cette  cause. 
Ou  renvoyé  les  opprimés  aux  cours  dejusdce. 
L  homme,  à  qui  son  dernier  ihilling  a  été  aaacbé, 


qui  tremble  de  s'exposer  à  un  traitement  encore 
plus  cruel  ,  qui  est  parfaitement  inconnu  ,  c^.t; 
on  peut  l'assassiner  sans  que  le  monde  en  ait 
connaissance;  cet  homme  portera-t-il  les  plaintes 
devant  une  cour  de  justice  ? 

Lundi  ,  7  de  ce  mois ,  pendant  que  deux  mem- 
bres du  ti;averse-jury  ,  M.  Dickle  et  Beale  ,  étaient 
présens  à  Hick's  Hall  ,  un  nomme  Williams  ,  sorti 
de  prison  la  veille  ,  vint  dire  aux  juges  qu'un  pri- 
sonnier y  était  mort  la  surveille  de  faim,  et  que 
plusieurs  autres  ,  cachés  dans  des  cellules  éloi- 
gnées ,  y  languissaient  dans  le  besoin.  Lorsque 
cet  homme  sortit,  le  clerc  du  geôlier  le  suivit, 
et  lui  mettant  la  imarn  dans  les  poches,  il  tâcha 
de  lui  enlever  ses  papitrs,  William  fut  ramené. 
Le  gouverneur  Aris  ,  de  concert  avec  le  geôlier  , 
lui  prit  de  force  ses  papiers.  Sur  la  représentation 
d'un  homme  de  loi  ,  M.  Ager,  on  les  lui  rendit, 
mais  à  lexception  dune  lente  importante,  que 
l'un  des  juges  ,  M.  Robinson  ,  retint. 

Cette  conduite  indécente  ne  prouve-t-elle  p^J 
que  les  malheureux  prisonniers  pourraient  ya|- 
nerTicnt  s'adresser  aux  magistrats  ? 

Le  procureur  -  général  observe  que  ,  grâce  au^ 
anciennes  lois  ■  du  pays  ,  l'administration  deii 
prisons  anglaises  est  la  meilleure  qui  soit  connue, 
et  que  ,  conformément  à  ces  lois  ,  un  jury  df 
Coroner  a  examiné  les  causes  qui  avaient  amené 
la  mort  du  prisonniercité  par  1  honorable  membre. 
Elles  n'avaient  rien  que  de  naturel.  Cet  hommç 
est  mort  de  consomption.  li  est  souvent  impos-? 
sible  que  ies  personnes  ,  chargées  du  gouver-j 
nement  d'une  prison  ,  s'abliennent  d'acte  arbi-t 
traires.  Mais  si  le  gouverneur  Aris  et  son  fil^ 
sont  coupables  des  crimes  dont  on  les  açcuje,  1 
ils  doivent  être  poursuivis;  les  tribunaux  soijf 
ouverts. 

Dans  le  cas  où  la  chambre  se  déterminerait  à 
intervenir  dans  celte  affaire  ,  ce  devrait  être  par 
une  adresse  à  S.  iM.  Qjiant  à  M.  Dickie,  sa  cont 
duite  a  été  irréguliere.  C  est  au  grand  jury  et  non 
aux  magistrats  qu'il  aurait  dû  (aire  ses  représeu- 
talions.  Si  les  magistrats  se  comportent  mal  ,  la 
gouvernement  peut  les  attaquer  à  la  cour  du  banc 
du  roi  ou  rayer  leur  nom  de  la  commission. 

M.  Sheridan.  Le  savant  membre  vante  les  aBr 
ciennes  lois  ;  il  nous  dit  que  les  prisonniers  peu- 
vent avoir  rwc  jurs  à  la  cour  du  banc  du  roi.  Mais 
il  oublie  que  la  prison  soliraire  dont  il  parle  ,  est 
un  établissement  d'hier  ,  que  n'a  autorisé  aucun 
de  nos  anciens  usages.  Il  oublie  que  les  règle» 
même  de  ce  nouvel  établissement  ont  éié  négli- 
gées. Le  corniié  ,  chargé  d  en  constater  l'éiat  par 
une  enquête  ,  fut  induit  en  erreur.  Dans  son  rap- 
port, il  a  avancé  des  faits  qui  n'existaient  pas,  et 
il  en  a  omis  d'autres  rjui  existaient.  C'est  ce  que 
prouve  évidemment  son  examen  léger  de  la  con- 
duite dAris,  qui,  à  la  honte  éternelle  de  ce 
pays  ,  est  encore  maintenu  dans  sa  place.  On 
pourrait  prouver  à  la  barre  que  cet  homme  a 
poussé  la  tyrannie  si  loin,  que  pluiieurs  prisonniers 
lui  ont  donné  de  l'argent  pour  éviter  les  tortures 
qu'il  leur  aurait  infligées  ,  et  qu'un  autre  a  obtenu 
sa  liberré  en  lui  donnant  une  somitie  considér 
rable.  Ce  fut  cependant  sur  la  déposition  d'ujï 
tel  homme  ,  qu'un  ordre  ,  sinon  injuste  au  moiof 
irès-indécent  ,  défendit  à  mon  honorable  ami  (  sif 
F.  B.Jones)  la  visite  de  la  prison. 

M.  Sheridan  ,  avant  de  terminer  son  discours, 
lit  une  lettre  du  riommé  Williams  ,  dans  laquellç 
il  se  plaint  d'avoir  manqué,  ainsi  que  plusieurs 
autres  prisonniers  ,  d'une  suffisante  quantité  dç 
nourriture  ,  et  prétend  que  le  nommé  Chenau  est 
mort  de  faim. 

Ai»  William  Dundas  ]u%(\^t\zQonA\i\iG  du  comité 
des  prisons  dont  il  a  été  le  président  ,  mais  il 
ajoute  que  des  deux  côtés  de  la  chambre  ,  il 
paraît  reconnu  que  tes  magistrats  n'ont  poiia 
été  assez  atterrlifs  à  ce  que  la  justtce  et  l'hu- 
manité exigeaient.  Il  est  persuadé  que  le  gou- 
vernement prendra  les  mesures  convenables  pour 
l'état  de  la  prison,  et  en  conséquence,  il  s'op- 
posera à  la  motion. 

M.  Martin  vrjit  dans  les  faits  ,  qui  viennent 
d'être  exposés  à  la  chambre  ,  de  nouvelles  rai/- 
sons  de  se  confirmer  dans  l'idée  que  la  déteu- 
tioa  solitaire  est  de  toutes  les  punitions  ,  cellp 
qui  s'écarte  le  plus  de  l'esprit  de  la  constitution. 
11  est  persuadé  que  1  homme  veriueux  qui  form^ 
le  plan  de  la  prison  de  Cold  Bath-Frelds  ,  n'avait 
en  vue  que  des  motifs  de  reUgion  et  d'humaniié, 
mais  l'expérience  prouve  le  vice  de  cette -insti- 
tution. 

Af.  Tierney  soutient  que  le  rapport  du  comité 
de  la  session  dernière  décelé  un  manque  d  at- 
tentron  quant  à  l'objet  de  l'enquête.  Mais  comme 
le  coté  opposé  de  la  chambre  ne  paraît  pas 
admettre  l'idée  d'un  examen  à  la  barre  ,  il 
propose,  afin  de  réunir  les  diff'èrens  partis  de 
présenter  une  adresse  à  S.  M.  pour  la  supplier 
de  donner  l'ordre  de  faire  faire  une  enquête 
relativement  à  létal  et  à  l'administration  de  ia 
prison  de   Gold  Bath-Fields. 

Af.  Pitt  observe  que  le  rapport  du  comité 
de  la  session  dernière  pouvait  être  fidèle  .  quand 
même  les  faits  avancés  par  l'honorable  baronet 
seratem  parfaitement  exacts.  Il  y  a  plusieurs  mots 


que  le  rapport  fut  rédigé.  Les  faits  présente' 
ijtient  allcgiics  sont  d'une  claie  poslérieure  et 
toute  lécenie.  Cependant  il  n'adople  point  ces 
faits  dans  toute  leur  étendue.  Il  convient  seule- 
ment qu  ils  méritent  l'alteniion  du  gouvernement. 
Rien  ne  justifie  à  ses  yeux  l'inierveniion  de  la 
législature-  dans  celte  circonstance.  Il  ne  voit 
pas  non  plus  la  nécessité  d'une  adresse  à  S.  M. 
Mais  comme  il  est  reconnu  que  cette  afFaire 
exige  l'examen  du  gouvernement,  et  que  la 
conduiie  des  raagisirats  a  éié  blâmable  ,  il  ne 
s'opposera  point  à  la  motion  de  l'iionorable 
membre    (M.  Tierney.) 

Sir  F.  Burdet  Jones  retire  sa  motion  du  con- 
sentement de  la  chambre.  —  Celle  de  M.  Tierney 
est  adoptée. 

Séance  du  23  juillet. 

M.  Tierney  désire,  en  l'absence  du  chancelier 
de  1  échiquier  ,  savoir  du  très-honorable  membre 
(M.  Dundas  ),  si  le  gouvernement  a  reçu  lavis 
officiel  d'un  armistice  entre  l'empereur  et  la  répu- 
blique française. — M.  Dundas  ne  répond  point. — 
M.  Tieiney  dit  alors  qu'il  compte  faire  une  motion 
tendante  à  déclarer  illégiii-nie  tout  envoi  d'argent 
à  l'empereur  ,  si  les  hostilités  ne  sont  pas  actuel- 
lement recommencées. 

M.  "Jones  avait  annoncé  déduis  plusieurs  jours 
qu'il  demanderait  copie  des  instructions  données 
par  le  gouvernement,  par  rapport  à  l'évacuation 
de  l'Egypte.  Je  voudrais  savoir,  dit-il  ,  trois  choses. 
I".  Sir  Sidney  Smith  n"éiait-il  pas  plénipotentiaire 
adjoint  à  son  frère  ,  M  Smith  ,  ministre  à  Cons- 
lantinople?  2".  Comment  s'est-il  fait  que  le  comte 
Saint-Vincent  n  ait  pas  eu  le  pouvoir  d'arrêter  sir 
iSidney  Smiih  à  Gibraltar  ?  3°.  En  vertu  de  quelle 
autorité  sir  Sidney  Smith  agissait-il  ,  lorsqu'apiès 
avoir  été  remplacé  par  le  capitaine  Trowbridge  , 
il  continua  à  commander  sur  la  côte  d'Egypte  ? 
Toutes  ces  circonstances  font  voir  que  sir  Sidney 
Smith  agissait  comme  plénipotentiaire.  On  dira 
peut-être  que  le  gouvernement  a  envoyé  à  lord 
Kcith  des  ordres  pour  s'opposer  au  retour  des 
français  ,  et  que  ces  ordres  furent  transmis  à 
Kleber  par  le  vaisseau  ,  la  Constance  ,  au  lieu  d  être 
communiqués  en  première  instance  à  la  porte  et 
à  sir  Sidney  Sinitli.  C'est  celle  conduite  qui  a  fait 
hacher  en  pièces  8uoo  turcs  et  ébranlé  de  nouveau 
le  trône  du  Grand-Seigneur.  Je  propose  qu'il  soli 
présenté  à  S.  M.  une  atlresse  pour  la  supplier  de 
nous  faire  communiquer  copie  de  la  commis- 
sion de  commandement  de  sir  Sidney  Smith  en 
Egypte- 

M.  Dundas  désire  savoir  où  tend  la  motion  de 
l'honorable  membre. 

M.  Jones  lit  la  série  des  jnotions  qu'il  compte 
proposer  pour  demander  copie  des  instructions 
envoyées  à  lord  Keilh  ,  à  M.  Sjjencer  Smiih,  et  à 
sir  Sidney  Sraith  ,  etc. 

M.  Dundas  répond  qu'il  serait  impolitique  de 
produire  les  pièces  que  l'honorable  membre  de- 
mande. Il  a  déclaré  avec  franchise  que  le  gou- 
'  vernement  savait  qu'il  se  négociait  un  traité  entre 
Je  grand-visir  et  le  général  Kléber,'  lorsque  1er 
instructions  furei)t  envoyées  à  lord  Ktiih.  — 
Quant  à  sir  Sidney  Smiih  ,  il  n'a  jamais  com- 
mandé en  chef  en  Egypte  ,  il  n'y  était  que  comme 
capitaine  de  vaisseau.  Il  est  vrai  qu'il  a  été  pléni- 
potentiaire adjoint  à  son  trere  pour  la  signature 
du  traité  d'alliance  enire  la  Turquie  et  1  Angle- 
terre, mais  aussitôt  que  le  traité  fut  conclu,  ses 
fonctions  diplomatiques  cessèrent. 

M.  Dundas  présente  le  budget  de  l'Inde  '  que 
jpous  donnerons  une  autre  fois  ).  Il  expose  que  les 
affaires  de  la  compagnie  des  Indes  se  sont  amé- 
liorées de  II  millions,  ei  il  termine  en  proposant 
une  résolution  pour  déclarer  qu'elles  sont  dans 
un   état  florissant. 

Af.  Hussey  prétend  auconiraire  qu'elles  sent  au- 
dessous  de  leur  niveau  de  6  millions.  Il  s'oposc  à 
la  motion.  —  La  résolution  passe. 

Du  t5  juillet  (  6  thermidor.) 

Le  roi  doit  se  rendre  mardi  prochain  ,  en 
cérémonie  ,  à  la  cour  des  pairs  pour  proroger 
le  parlement.  Celui  d  Irlande  doit  s'ajourner  au 
l"  aoiil  ,  ovi  la  sanction  royale  sera  donnée  au 
bili  d'union.  Aussi-tôt  après  la  clôiiire,  on  pro- 
cédera à  l'élection  des  28  pairs  qui  doivent  re- 
présenter l'Irlande. 

Le  vaisseau  de  S.  M.  ,  l'Ariane  .  est  arrivé  d'EI- 
seiieur  à  Harwich  ,  ayant  à  bord  M.  Hailes,  lord 
Whilvvoiih  et  M.  Casamajor.  Ce  dernier  avait  été 
nommé  chargé  daffaires  à  Peiersbourg.  Il  fui 
reçu  à  la  cour  après  le  départ  de  lord  Whiiworlh  ; 
mais  laudicnce  que  1  empereur  lui  accorda,  fut 
presqti  immédiatement  suivi  de  l'ordre  de  quitter 
ses  étais  dans  lespace  de  24  heures. 

Actions  tfe  la  banque.  —  3  p.  j.consolidés  red. 
65  4-  —  3  p.  j  cons.  65.  —  4  p.  5  cons.  84.  —  5  p. 
I  ann.  gy  i.  —  3  p.  |  irop.  64^.  —  3  p.  J  imp.  ann. 
5.  16  J-.  — Omnium.  5.  -  Comp.  des  Indes.  — 
Traites.  —         (Extrait  du  Cvurur  de  L,andres.) 


1279 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg  ,   Z^  1  2  thermidor. 

LEgénéral  Sorbier  a  passé  par  ici  pour  se  rendre 
à  Dijon.—  Le  général  Sainte  Suzanne  va  ,  dit-on, 
meure  son  quariier-général  à  Offenbourg  ;  il 
commandera  les  troupes  sur  le  Haut-Rhin.  Àuge- 
reau  sera  à  la  tête  de  celles  campées  sur  les  bords 
dû    Mein. 

Nos  soldats  ont  évacué  les  pays  de  Bade  et  de 
Hanau,  mais  ils  ont  occupé  ceux  d'Ortenau 
et  de  Rohan.  Le  7  de  ce  mois,  le  corps  aux 
ordres  du  gépéral  Delaborde  a  passé  le  Rhin  près 
Manheim  . et  s'est  porté  vers  Heidelbem  un  partie  , 
et  en  partie  vers  Beuchsal.  Il  n'est  rcsté'à  Manheim 
que  trente  ou  quarante  hommes  de  garnison. 

Quelques  cantons  dans  les  environs  de  celte 
ville  ,  sont  horriblement  désolés  par  k-s  sauterel- 
les. Nos  petites  affiches  ont  présenté  un  tableau 
qui  offre  tous  les  moyens  connus, -de  se  délivrer  de 
ces  insectes  redoutables.     (Slrasburgcr  WcUbote.j 


Paris  ,  /«  1  6  thermidor. 

Le  Citoyen  Français  annonce  que  les  anglais 
continuent  à  bloquer  le  port  de  Gênes;  il  y  est 
entré  ,  depuis  le  23  jusqu'au  29  messidor  un 
grand  nombre  de  bâiimens  chargés  de  vin  , 
blé  ,     huile  ,    etc.    Labondance     de     la   icco'te' 

I  du  Piémont  et  de  la  Lombardie  a  déjà  fait 
diminuer  le  prix,  des  grains  dans  la  Ligurie. 
L'épidémie  qui  ravageait  Gênes  ,  commence  à 
diminuer  :  dans  la  dernière  décade  de  messi- 
dor ,  elle  a  épargné  400  personnes  de  plus  que 
dans   les   précédentes.   On  a  transtiorté    hors   de 

j  la    ville,  au  laziret  ,  tous  ceux  qui  sont  attaqué? 

I  de  cette  maladie  qu  on  a  reconnu  être  hfevre 
des  hôpitaux. 

Le  même  journal  annonce  que  depuis  h  con- 
clusion de  l'armistice  ,  les  paysans  de  la  le\ée 
en  masse  de  la  Franconie  rentrent  dans  leurs 
loyers.  Les  travaux  qu'on  lésait  à  la  citadelle 
de  'Wurizbourg  ont  cessé  ,  et  Ion  a  rendu  à  leurs 
propriétaires  les  bestiaux  qu'on  avait  pris  pour 
I  approvisionnement  de  cette  place. 

—  Tous  les  journaux  annoncent  que  le  pape 
a  fait  son  entrée  à  Rome  le  14  messidor  au  soir. 
On  a  rétabli  lancien  gouvernement  dans  la 
Marche  d'Ancône  et  la  province  de  Pérouse.  Ces 
deux  légations  seront  distribuées  en  sept  juri- 
dictions ,  à  la  tête  de  chacune  desquelles  sera 
un  cardinal  avec  le  titre  de  délégué. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du   14  germinal  ,   an  8. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
nomme  les  citoyens  dont  les  noms  suivent  ,  pour 
composer  le  tribunal  criminel  du  département 
dEure  et  Loir,  séant  à  Chjrires  ,  savoir: 

Président.  Biocheion. 

Juges.    Liendon  ,  juge  actuel.  Paillard  ,  idem. 

Supptéans.  ho'm  .,  ex-juge.  Doublet,  ancien  ac- 
cu^aleur  public  à  Blois. 

Commissaire.  Gaillard  ,  ex-accusateur  public  , 
ex-membre  des   cinq-cents. 

Greffier.  Duquesnoy  ,  greffier  actuel. 

Ordonne  en  conséquence  fjuils  se  rendront 
de  suite  à  leur  poste  pour  y  remplir  les  fonctions 
qui  leur  sont   attribuées  par  la    loi. 

Le  premier  consul  ,  signé.,  Bonaparte; 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état^  signé ^Ji.S>.  Maret. 
Arrêté  du  1 1  Jloréal  an  8. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
ariête  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  Le  citoyen  G.idy  ,  juge-suppléant  à 
Bar-sur-Seine ,  est  rnommé  juge-suppléant  du  tri- 
bunal de  première  instance  de  Versailles  (Seine 
et  Oise)  en  remplacement  du  citoyen  Lebrun, 
démissionnaire. 

II.  Le  citoyen  Valentin  Laroque  ,  ex- commis- 
saire du  gouvernement  près  le  tribunal  de  Seine 
et  Oise  ,  est  nommé  juge  au  tribunal  civil  de 
Chartres  (Eure  et  Loir),  en  remplacement  du 
citoyen  Hoyau  ,  ci-dessous  liomiiié. 

III.  Le  citoyen  Barré  ,  commissaire  actuel  près 
le  tribunal  de  Dreux  ,  est  nommé  commissaire 
près  le  tribunal  de  Châteaudun  ,  en  remplace- 
ment du  citoyen  Henain  ,  démissionnaire. 

IV.  Le  citoyen  Hoyau,  nommé  juge  du  tribu- 
nal de  Chartres  ,  est  nommé  cornmissaire  près  le 
tribunal  de  Dreux  ,  en  remplacement  cîu  cit. 
Barré  ci-dessus  nommé. 

V.  Le  citoyen  Gault  ,  ex-juge  au  tribunal  du 
district  de  Tonnerre  {  Yonne). ,  estnomméjuge 
au  tribunal  de  Tonnerre  ,.  en  remplacement  du 
citoyen  Milliot  ,  démissionnaire. 

Le  citoyen  Godefroy  ,  ex-juge  du  département 
de  1^   Seine,  est  .nommé   juge    à  Joigni  ,   en 


remplacement  du   citoyisn  Gillet ,   l'aîné,  déinis» 
sionnaire.  '' 

Le  citoyen  MoiUar  ,  ex  -  commissaire  près  le 
tribunal  correctionnel,  est  nommé  juge  à  Avalon, 
au  lieu   du  citoyen    Housser  ,   démissionnaire. 

VI.  Le  citoyen  Gottier  ,  suppléant  .,  est  nommé 
juge  au  tribunal  de  première  instance  de  Lyon, 
en  remplacement  du  citoyen  .  Dacier ,  démis- 
sionnaire- 
Ordonné  en  conséquence  quils  se  rendront 
de  suite  à  leur  posie  ,  pour  y  remplir  les  fonc- 
tions qui  leur  sont  aitribnées  par  la  loi. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul, 

Le  secrétaire-d'étal  ,  signé,  H.  B.  MareT. 


MIN  I  S  TER  E  DE  L'INTÉRIEUR. 

Le  préfet  du  département  du  'Var  transmet  au 
mini.stre   les  faits  suivans  :  j 

La  montagne  des  Fondudes  fait  partie  de  la 
chaîne  sous  Alpine  ,  qui  borde  la  rive  droite  du 
Var.  Son  élévation  est  d'environ  3oo  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  Méditerranée.  Son  pied 
méridional  est  baigné  par  le  Var. 

Dans  le  courant  de  prairial  dernier  ,  on  s'ap- 
perçut  de  quelques  aftaissemens  dans  la  partie 
moyenne  de  la  pente  méridionale  de  celle  mon- 
tagne. Les  terres  s'ouvraient  par  tranches  et  s'affais- 
saient insensiblement.  La  partie  supérieure  se 
ressentit  bie.(iiôt  de  ce  mouvement.  Par  l'effet  de 
ces  aftaissemens  parallèles ,  la  montagne  présehtait 
1  aspect  d'un  amphithéâtre.  Enfin  ,  le 
entre  dix  et  onze  heures  du  soir  ,  par  un  lems 
calme  et  un  ciel  serein  ,  le  haut  de  la  montagne 
s'écroule  tout-à-coup  avec  un  bruit  semblable  à 
celui  du  tonnerre  ;les  terres  ébranlées  par  l'ébou- 
lement  se  répandirent  comme  une  é.iorme  lave 
vers  les  parties,  inférieures  ,  et  ne  furent  arrêtées 
que  par  un  mamelon  situé  au  bas  de  la  mon.- 
tajîne. 

Ou  évalue  à  environ  vingt  millions  de  mètres 
cubes,  les  terrts  déplacées.  Elles  ont  comblé  une 
vallée  entière  ;  entnré  [ilusieurs  maisons  de  cam- 
pagne ,  et  fait  disparaître  les  cimes  des  plus 
grands  arbres  sur  une  superficie  d'un  quart  de 
lieue  quarrée. 

Malgié  cette  énorme  chute  ,  les  affaissernens 
continuent  dans  la  montagne,,  et  I  on  craint  une 
seconde  culbute  ,  peut-être  ^ussi  désastreuse  que 
la  première. 

Le  ministre  de  l'intérieur  a  chargé  le  cit.  Moitte, 
sculpteur ,  de  l'exécution  du  tombeau  qui  doit 
être  élevé  au  général  Desaix  ,  au  couvent  dii 
mont  Saint-Bernard.  Cet  artiste  s'occupe  de  1^ 
rédaction  des  plans. 


PRÉFECTURE  DE   POLICE. 

Ordonnance  concernant  làrrosement.  —  Paris  ,  ce 
14  thermidor,  an  8  de  la  république  française  , 
une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  ,  considérant  que  les  cha- 
leurs et  la  sécheresse  qui  en  résulte ,  rendent  le 
pavé  difficile  et  dangereux  pour  la  circulation  ; 
Considérant ,  en  oulrç  ,  que  les  eaux  stagnantes 
des  rui.iseaux  produisent ,  plus  p.-.rticuliérement 
pendant  Ja  saison  de  l'été  ,  des  exhalaisons  con- 
traires à  la  s.iluhrité  de  l'air  et  nuisibles  à  la  santé 
des    citoyens  ;  ordonne  : 

Art.  V'.  Conformément  aux  ordonnances  et 
réglcmens  d£  police  non  abrogés  ,  et  notamment 
à  ceux  des  aS  mai  17S7 ,,  et  8  mai  1780  {  v.  st.  ) , 
il  est  ordonné  aux  habitans  de  cette  commune 
d'arroser  pendant  les  jours  de  chaleur ,  le  matin 
et  à  deux  heures  après  midi  ,  la  partie  de  la  voie 
publique  qui  se  trouve  devant  leurs  maisons', 
boutiques  ,  jardins  et  autres  emplacemens  en  dé- 
pendaiis ,  et  de  faire  couler  les  eaux  des  ruisseaux, 
I  pour  éviter  leurs  stagnation. 

I      II.  Il  est  expressément  défendu  de  se  servir  de 
I  l'eau   stagnante  des    ruisseaux  pour  ledit   arros'- 
sement. 

m.  Les  sonneurs  ,  pour  le  balayage  ,  seront 
tenus  de  parcourir  ,  aux  heures  ci-dessus  indi- 
quées ,  les  rues  de  la  division  à  laquelle  ils  sont 
attachés  ,  pour  avertir  les  citoyens  d'arroser. 

IV.  Les  commissaires  de  police  dresseront  des 
procès-verbaux  des  contraventions  ,  et  demeurent 
autorisés  à  faire  lesdits  arrosemens  aux  frais  des 
contrevenans,  qui  Seront  en  outre  poursuivis  con-' 
formément  aux  lois  ,  par-devant  les  tribunaux 
compétens  ;  et  sera  la  présente  ordonnance  im- 
primée ,  lue  ,>publiée  et  affichée  dans  toute  l'éten-  • 
de  cette  commune. 

Le  préfet  de  police  ,  signé  ,  Dubois. 
Par  le   préfet  , 

Le  secrétaire-général,  signé.  Pus. 

Ecole  centrale  du  département  de  Seine  et  Oise. 

A  la  suite  de  la  leçon  publique  du  t"  therml- 
dc)r ,  destinée  à  la  partie  botanique  du  cours  d  his- 
toire naturelle  ,  le  eiloyen  Paillel  a  donné  lecture 


tf'uii  friv-n'^n' '<■■'=  so"  "^""^  '^^  bibliographie  , 
aiii  se  Itouve  intéresscf  énalemeiil  rhisloire\(.le  la 
??uiyre  et  cellt;  tic  l'iiidiisuic, 

''"'"En  recliiiTlisnl  les  diverses  maiieres  sur  les- 
inullcs  liiisioirc  un  les  moiiumens  nous  appren- 
llfiirqr.e  l'on  a  coli,  ":>  voii  qu'il  y  en  a  lou- 
iours  eu  de  plus  ou  moins  Iragiles,  el  que  la  ta- 
ciî'c  muUiplic.itio:i  de  qurl.jucs-unes  chezdifférens 
pcuoies  .  it  on  diffciciis  lems  ,  a  servi  d'autant  la 
p)'opji.';S'..!On  dcsl!ii;iiercs. 

Indéi'cnilnniiiT  Ml  des  inscriptions  soUennelles  . 
fixées  sur  diveiscs  Inces  des  édifices,  les  pieries 
précieuses  et  les  métaux  en  ont  fourni  de  poria- 
tivcs.  La  loi  des  i'2  tables,  et  beaucoup  d'autres 
éiaient  sur  l'airain. 

Des  lames  de  ,  bois  ,  les  écorces  de  quelques 
arbres  ,  les  feuilles  de  certains  palmiers  encore 
usitées  anx  Indes  ,  ont  amené  l'usage  des  peaux 
préparées  d  abord  à  Pergame  ,  et  delà  appelées 
parchemin. 

Les  enduits  de  cire  ou  de  craie  préparée  ,  le  dis- 
putèrent long-tems  à  l'ivoire  et  aux  peaux  apprê- 
tées en  Mégie  ,  comme  les  gants. 

On  voyait  encore  en  iSij  le  vêtement  de  peau 
sur   lequel  Pétrarque  avait,  dit-on,   déposé    ses 
pensées. 
■    Le  linge  a  eu  le  mênie  usage. 

Le  plus  grand  nombre  des  manuscrits  qui  nous 
restent  des  anciens,  nous  montrent  une  réunion 
de  lames  fibreuses  du  Prt/)inti ,  détachées  ,  cou- 
pées et  recroisées  à  la  colle.  Les  papiers  de  pâle 
ne  furent  inventés  ,  à  ce  qu'il  paraît  ,  en  Europe  , 
que  dans  le  dixième  siècle.  Les  chinois  y  ont  em- 
ployé ,  à-peu-près  à  la  même  époque  ,  la  pâte  de 
banbou  ,  et  d'autres  matières  à  filamens  soyeux. 
L'Européen  a  fait  en  coton.  Enfin  ,  a  paru  1  heu- 
reuse invention  qui  ,  rajeunissant  la  toile  dont  le 
tissu  a  perdu  sa  force ,  et  la  broyant  au  mojliri 
pour  en  rendre  les  molécules. plus  pénétrables  à 
la  colle  ,  produit  cette  consistance  vraiment  mer- 
veilleuse de  notre  papier  de  chiffon. 

Un  des  jour  de  la  mêrrie  dédade  ,  l'herborisa- 
tion du  professeur  d'histoire  naturelle  a  fait  re- 
connaître des  plantes  assez  rares  qu'on  n'avait 
garde  dé  chercher  si  près  de  'Versailles  ,  après  le 
silence  des  botanistes  des  environs  de  Paris. 

Le  plumeau  (koUonia  patustris  )  sur  la  roule 
de  Choisi ,  à  la  mare  aux  Bœufs  ;  le  Rossolis  ,  dro- 
Seraretundifoliapiès  de  la  fontaine  desNoueites  : 
enfin  et  sur-tout  la  Lavanèse  (  galega  ojfinnalis  ) 
qui  croît  en  abondance  dans  un  jeune  taillis 
voisin  de  la  Boulie  ,  entre  'Versailles  et  Joui  ;  objet 
d'autant  plus  important  ,  que  celte  multiplication 
naturelle  en  garantit  la  réuissiie  en  prairies  artifi- 
cielles ,  suivant  le  conseil  de  nos  modernes  ins- 
tructeurs d'économie  rurale.  (Extrait  du.  journal 
du  département  de  Seine-etOise. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Moreau. 

SÉANCE   DU   16    THERMIDOR. 

Après  la  lecture  de  la  correspondance,  Laussat 
obtient  la  parole  pour  une  motion  d'ordre. 

haussât.  Tribuns-du  peuple  ,  quand  une  insti- 
tution nouvelle  est  appelée  à  remplir  ,  pour  la 
première  fois,  quelqu'ne  de  ses  principales  fonc- 
tions ,  là  va  s  établir  un  préjugé,  là  va  com- 
mencer une  tradition  dont  il  importe  à  la  des- 
tinée peut-être  d'un  état  ,  et  quelquefois  au  sort 
de  plusieurs  siècles  ,  de  bien  calculer  et  apprécier 
les  conséquences. 

Je  déposai  aux  termes  du  règlement,  il  y  a 
déjà  huit  à  neuf  décades  ,  sur  le  bureau,  la  mo- 
tion que  je  développe  dans  cet  instant.  Alors, 
s'il  vous  en  souvient  ,  ihnes  collègues  ,  les  moiio/is 
ne  cessaient,  depuis  la  vacance  du  corps-législatif, 
de  se  succéder  et  de  se  croiser  à  cette  tribune  ,  et 
il  était  impossible  d'en  être  xémoia  sans  réfléchir 
combien  labus  tenait  évidemment  de  près  au 
fréquent  usage  d'une  semblable  faculté. 

Si  cet  abus  ne  m'eût  paru  de  nature  à  pou- 
voir facilement  altérer  lesprit  de  noire  institu- 
tion ,  ou  à  en  compromettre  les  avantages  et  la 
renommée  ,  je  ne  me  fusse  pas  avisé  de  son- 
ger à  traverser  de  formes  et  d'obslacles  l'efFus- 
sion  de  ces  épanchemens  solennels  ,  par  lesquels 
nous  fixons  de  l'intérieur  de  cette  enceinte  ; 
l'atteHtion  publique  et  la  sollicitude   du   gouver- 


nement ,  sur  des  vœux  nés  de  l'application  a 
nos   devoirs  et  de  notre  amour  pOur  la  patrie. .  . . 

Parmi  nos  attributions,  il  y  en  a  de  plus  re- 
levées que  celles  d'exprimer  ,  quand  nous  ie 
jugeons  à  propos  ,  nos  vœux  :  j'estime  de  ce 
nonibre  celles  de  déférer  des  inconsiiiutionna- 
lités  au  sénat ,  et  de  dénoncer  les  ministres  ;  mais 
afFeciées  à  la  poursuite  et  à  la  condamnaiibn  de 
fautes  ou  de  crimes  ,  elles  consistent  dans'  un 
ministère  rigoureux  ,  auquel  on  ne  se  dévoue 
gueres.  que'  par  ces  efForis  pénibles  de  résigna- 
tion et  de  patiiotisnie.  Combien  au  contraiie  la 
faculté  d'énoncer  des  vœux  a  d'attraits.  C'est  un 
large  champ  ouvert  au  zèle  et  au  génie  :  aucune 
connaissance  ,  aucun  goiît  ,  aucun  talent  n'en 
est  exclu  ;  les  études  de  la  vie  entière  ,  même 
les  plus  spoculatives  et  les  plus  systématiques  , 
sont  sûres  ,  si  elles  veulent  ,  de  n'y  pas  rester 
à  lécart  ,  et  d'y  trouver  toujours  un  auditoire 
tout  prêt  ,  et  des  confidcns  honorables. 

Je  m'arrête -jçi  ,,  mes  collègues,  et  je  vous 
!  demande  s'il  a  pu  entrer  dans  des  têtes  rason- 
nables  de  créer  un  corps  politique  dont  les 
atlilbuis  ,  les  occupations  ,  et  même  le  désœu- 
vrement fussent  combinés  de  manière  à  le  rendre, 
les  deux  tiers  de  l'année  ,  l'écho  forcé  de  mille 
rêveries  on  imaginations  cieuses  .  l'organe  bannal 
de  cent  porte  -  feuilles  insignifians  ,  le  théâtre 
d'apparat  d'une  foule  de  controverses  purement 
académiques. .    . 

Parcourant  les  quâtté  espèces  de  vœux  com- 
pris dans  la  disposition  constitutionnelle  .je  vois 
qu'en  dernière  analyse  les  vœux  relatifs  à  des 
lois  faites ,  à  des  lois  à  faire,  à  des  araéiiora- 
ùons  administratives  à  entreprendre ,  sont  au  fond, 
de  la  part  du  tribunal,  des  excursions  permises, 
mais  inefficaces  par  elles-mêmes  ,  vers  i'iniiiative 
tant  de  législation  que  d'administration  ,  dont 
le  gouvernement  a  seul  le  privilège  de  pouvoir 
faire  un  usage  utile  :  or,  rarement  à  mon  avis  , 
et  l'administration  e!  la  législation  gagnerontà  ces 
excursions  du  tribunal. 

La  part  d'aclion  qui  lui  est  dévolue  dans  notre 
machine  politique  i  il  l'y  "exerce  ou  en  concours, 
ou  en  opposition  :  or  il  a  donc  sans  cesse  et 
en  tout  état  de  cause  ,  devant  lui  ,  un  émule 
ou  un  adversaire;  un  émule  quand  il  concourt, 
et  un  adversaire  quand  il  s'oppose.  Le  gou- 
vernement délibère  ou  exécute  :  il  délibère  en 
général  par  le  conseil  d'élat ,  il  exécute  par  les 
ministres.  Le  tribunal  ne  concourt  pas  à  lexé- 
cution  ,  mais  il  peut  avoir  à  y  intervenir  par 
voyc  d'opposition.  Nous  ne  parlerons  d'abord 
que  des  opérations  on  il  concourt  ,  et  par  con- 
séquent de  la  partie  délibérative  du  gouverne- 
ment qui  est  celle  pour  laquelle  il  lui  a  été 
donné   un    conseil-d'état. 

Ainsi  ,  partout  où  le  tribunal  se  montre  en 
concours  avec  le  gouvernement ,  par-tout  en 
UT«  mot  oià  il  s'agit  de  délibération  ,  soit  légis- 
lative ,  soit  administrative  ;  il  ne  manque  jamais 
l'y  avoir  deux  rivaux  toujours  en  présence  et 
souvent  aux  prises  ,  le  conseil-d'étut  et  le  tri- 
bunal. 

Le  tribunal  occupe  un  degré  plus  élevé  dans 
léchelle  de  l'ordre  constitutionnel,  le  conseil- 
d'état  un  degré  plus  haut  dans  l'échelle  du  pou- 
voir effectif  :  cette  différence  prescrit  celle  de 
leur  conduite  et.  range  du  tôle  du  tribunal  la 
réserve  et  le  ménagement. 

Q^u'il  vint,  par  exemple  ,  à  s'arroger  Ibabilude 
de  celte  initiative  de  conception  et  de  proposi- 
tions ,  tant  législatives  qu  administratives  ,  qui 
forme  le  plus  beau  des  attributs  du  conseil-d'étal  : 
il  faudrait  n'avoir  pas  la  connaissance  la  plus  su- 
perficielle du  cœur  humain  pour  se  dissimtiler, 
qu'abstraction  faite  des  circonstances  el  des  indi- 
vidus ,  par  cela  seul  qu'un  plan  quelconque  en 
législation  ou  en  administration  sortirait  de  cette 
tribune  ,  il  trouverait  au  conseil-délai  une  incli- 
nation naturelle  et  prolonde  à  le  dédaigner,  à 
le  déprécier  ,  à  le  combattre  et  à  le  rejeter. 

Si  j'y  remarquais  des  exceptions  ,je  me  défie- 
rais encore  ,  et ,  à  coup  sûr  ,  non  sans  fonde- 
ment ,  qu'il  n'existât  presque  toujours  en  pareil 
cas  ,  un  intérêt  ou  de  politique  ou  de  popu- 
larité ,  à  nous  abandonner  la  gloire  quelquefois 
odieuse  et  redoutable  de  l'invention. 

Enfin  entrer  en  lice  de  propos  délibéré  avec 
le  conseil-d'état  ,  en  allant  le  défier  sur  son  pro- 
pre terrein  ,  na  serait-ce  pas  encourir  trop  sou- 
vent les  désavantages  d'une  extrême  infériorité  ? 
je  compte  pour  rien  d  avoir   à   nous    y   mesurer 


avec  l'élite  probable  de  tout  ce  qui ,  dans  chaqu= 
genre,  est  ctiisc  avoir  donné  ie  plus  de  pleiaves 
d'iiistruclion  ,  decapacité  .  de  force  ;  mats  avons- 
nous  ,  comme  ces  rivaux  ,  le  secours  d'une  foule 
de  sous-ordres  \icil'is  d.ins  les  aff.iircs  ,  et  d'une 
riche  collection  de  documens  auihenliques  ra- 
massés de  génération  en  génération  dans  les  bu- 
reaux minisiériels  ? 

Les  motions  d'olfice  sur  dos  poiiiis  de  droit 
public  ,  de  droit  civil  ,  déconomie  jjolitiquc 
auraient  un  auue  incotivénieni  (ji'.e  je  tegatde 
comme  le  plus  rcLloutable  de  tous  ;  je  veux  dire 
de  changer  infailliblement  ,  plus  ou  moins  vite  , 
une  grande  institution  politique  en  un  collège  de 
beaux  esprits. 

Le  bavardage  ne  fui  jamais  un  bon  instrument 
de  gouvernement.  Quand  les  sophistes  eurent  ac- 
quis de  l'ascendant  sur  la  Grèce  ,  quelques  flo- 
rissantes que  fussent  les  républiques,  elles  10m- 
bcrenl  bientôt  dans  la  dégradation  ,  et  les  scolas- 
tiques  y  ont  tenu  à  leur  tour  ensevelie  durant 
plusieurs  siècles  lEuiope  moderne  ,  les  uns  et 
les  autres  toujours  par  l'exercice  de  ce  même 
art ,  qui  conduit  à  meure  la  raison  en  subtilités 
et  la  vertu  en  .paroles. 

Quoique  les  pernicieux  effets  n'en  éclatent  pas 
souuain  et  avec  impétuosàè  ,  ils  n  en  sont  pas 
moins  sûrs  et  inévitables  Le  tribunal  est  peut- 
être  une  invention  politique  qui,  de  soi-même  i 
en  favorise  irop  les  causes.  C  est  un  essai  hardi 
que  1  éiablissenienl  consiitulionnci  d'une  assem- 
blée d'orateurs  constamment  en  activité  ,  sans 
objet  consiani  el  nécessaire  d'action:  agir  pour 
agir  n'est  pas  le  moyen  d  agir  toujours  bien  ,  et 
une  longue  suite  d'actes  inutiles  n'est,  certes, 
pas  le  sentier   battu  de  la  considération 

LAréopage  ne  s'attira  tant  d'hommages  el  de 
respects ,  que  parce  que  ses  jugemens  ne  por- 
taient jamais  en  vain  ;  on  chassa  au  contraire 
des  tribunaux  ,  cl  il  devint  honteux  de  fréquenter 
ces  hommes  qui  lésaient  métier  d'aller  à  loisir 
discourant  et  décidant  des  régies  générales  du 
juste  et  de  l'injuste.  Il  nous  est  donc  commandé, 
sous  peine  d  axilissemeni .  de  n'uicr  (|u'avec  une 
exnême  modération  de  celle  facuiié  qui  nous 
a  éié  dispensée  ]iar  la  constitution  ,  de  divaguer 
à  noire  faptaisie  à  travcis  les  iniiorabrabie  motions 
que  peuvent  enfanter  cent  imaginations  en  tra- 
vail, sur  les  lois  faites  ,  sur  les  lois  à  faire  ,  sur 
les  améliorations  administratives  à  entreprendre  ; 
et  en  réfléchissant  aux  intentions  de  la  consti- 
tution ,  elle  n'a  pas  entendu  donner  à  cette 
faculié  l'indépendance  etlrennée  et  lëiendue  ilii- 
miiée  cjui  résulterait  du  sens  absolu  des  termes 
dans  lesquels  elle  s'est  exprimée. 

f  La  suite  demain.  ) 


COURS     DU    CHANGE. 
Bourse  du  16  thermidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Rente  provisoire sS  Ir. 

Tiers  consolidé 35   fr. 

Bons  deux  tiers i    fr.  56  c. 

Bons  d'arréragé.. 85  fr.  25  c. 

Bons  pour  lan  8 .   85  fr.  63  c. 

Syndical 66  ff.  75  c. 

Coupures 66  fr.  75  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 

Lyon au  p.  à  vue. 

Marseille....  au  p.  à  10. 

Bordeaux....    |  p.     à   vue.  ' 

Montpellier..  |  p.  à  25  jours. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqjje  et  des  Arts 
Auj.  relâche. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  Revanche 
forcée  ;  Bagatelle  ,  et  les  Otages. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Dem.  la  2°  repr.  des  Charlatans  littéraires  ,  com. 
nouv.  en  5  actes. 


LOTERIE    NATIONALE. 

Tirage  du  16  thermidor. 

3g.     65.     56.     52.     7. 


L'abonacmcnt  se  fait  à  Paris ,  rue  des  Poitevins,  n"  i8.  Le  prix  est  de  25  Ttaiics  pour  trois  mois ,  3a  francs  pour  6  mois ,  et  loo  francs  pour  l'année  entière.  Ou  ne  s'abonne 
qu'au  commencement  de  chaque  inois. 

Il  faut  adresser  les  leures  et:  l'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  As  s  E,  propriétaire  de  ce  journal  ,  rue  des  Poitevins  ,  u"  iS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
p»ys  ou  l'on  ne  peut  affrandiir.  Les  lettres  des  départcmcnsnon  aBFranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacleur,  rue  des 
Poitevins  ,  n*  i3  ,  depui  jncuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soit. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse ,' propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL: 


N°  3i8. 


"ididi ,    i^j  thermidor  an,  S  de  la  république  française  ,  urii  et  indivisible. 


i  i  .'ffii 


Hinniiii^.  ti  mifp 


;ii.i..i;> 


Nous  sommes- aut<?iisés'â  JiTévenir  nos  sdiiscripreiirs  qv/^  dater  â'u  7  Nivôse  leMoNITEUR  esc  le  seul  journal  officicll'  ' 

Il  contient  lesMitrê&^iifc'a.utoi-ités  constituées  ,  les  actes  du  gouvememeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
_~~  ^  ;  .  ....  ni 

l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les' correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré/ aux  sciences,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

PRUSSE. 

Berlin  ,  le  1  "  thermidor. 

V  ous  me  demandez  de  commencer  une  cor- 
respondance desiinée  à  vous  donner  des  nou- 
velles de  l'un  des  points  les  plus  iniéressahs  de 
l'Europe  ,  en  remontant  plus  haut  que  le  moment 
actuel ,  et  en  vous  disant  quelque  chose  de  géné- 
>at  sur  la  situation  de  la  Prusse,  et  sur  les  cir- 
constances qui  l'ont  successivement  préparée. 

La  Prusse  a  eu  le  rare  bonheur  de  voir  sur  son 
tiône  le  plus  grand  roi  ,  le  seul  grand  roi  ,  et  en 
même-teras  l'un  des  plus  grands  hoihmes  de  son 
siècle. 
./Son  successeur  et  son  neveu  Frédéric-Guîl- 
laume  II,  ne  rappelait  ce  prince  immortel  que 
par  une  seule  qualité  ,  la  valeur  personnelle  : 
vertu  héréditaire  dans  la  maison  de  Brandebourg, 
oii  l'éducation  toute  militaire  ,  l'habitude  des 
exercices  -guerriers  ,  le  spectacle  des  revues  ,  tous 
les  souvenirs  de  Ihistoire  ,  et  tons  les  soins  des 
instituteurs ,  dirigent  let  inclinations  des  jeunes 
princes  vers  les  moyens  de  se  distinguer  à  la 
guerre  ,  vers  l'importance  de  cette  réputation  de 
bravoure  sans  laquelle  l'héritier  même  du  trône 
ne  peut- aspirer  à  aucune  considération  per- 
Jonnelle.  j 

Frédéric  le  Grand  avait  dit  :  Vnt  armée  et  un 
trésor;  l'armée,  pour  faire  respecter  au-dehors  une 
puissance  beaucoup  plus  militaire  que  commer- 
ciale et  territoriale  ;  et  un  trésor  ,  pour  alimenter 
l'armée  qui  est  l'état. 

Frédéric-Guillaume  II  ouvrit  trop  facilement  le 
trésor  de  son  oncle  aux  dissipations,  aux  prodi- 
galités de  foute  espèce  ,  à-  toutes  les  dépensés  que 
conseille  l'amour  effréné  des  plaisirs, 

La  paix  de  Bâle  le  rendii  à  ses  véritables  inté- 
rêts ,  au  meilleur  système  politique  de  son  pays  , 
et  donna  à  son  armée  le  tems  de  réparer  les 
pertes  et  les  désastres  d'une  guerre  sans  objet, 
où  les  succès  les  plus  inattendus  n'auraient  servi 
qu'à  l'avertir  de  sa  faute  ,  en  lui  montrant  qu'il 
avait  vaincu  pour  sOn  ennemi  naturel. 

Ce  prince ,  enlevé  par  une  mort  prématurée 
après  un  règne  très-court,  ne  laissa  à  son  succes- 
seur et  à  son  fils  que  des  coffres  entièrement 
vides.  Ils  n'avaient  plus  été  confiés  à  cet  esprit 
d'économie  sévère  qui  méntia;eait  a  Frédéric  le 
Grand,  au  moment  même  où  il  terminait  la  guerre 
la  plus  dispendieuse  ,  des  ressources  auxquelles 
son  pays  ne  s'attendait  pas .  pour  construire  de 
beaux  villages  ,  fonder  des  colonies  ,  encourager 
la  culture  ,  les  manufactures  et  les  arts ,  embellir 
encore  sa  capitale,  et  orner  ses  palais. 

Tout  était  épuisé  par  un  régime  dissipateur; 
mais  du  moins  le  jeune  roi  ne  trouvait  pas , 
en  montant  sur  le  trône  ,  le  fléau  des  dettes 
étrangères. 

On  sait  que  la  grande  opération  politique  du 
règne  de  Frédéric-Guillaume  II  fut  l'achèvement 
du  partage  de  la  Pologne  avec  les  deux  cours 
impériales  :  elle  ne  peut  être  bien  jugée  sous  tous 
les  rapports  que  par  l'hisioire  et  par  le  tems. 

Heureusement  pour  la  Prus»e ,  et  pOur  le  prince 
qui  la  gouverne  aujourd  hui ,  le  règne  deFrédéric- 
Guillaume  II  ne  fut  pas  assez  long  pour  effacer 
les  souvenirs  de  gloire  ,  les  impressions  de  recon- 
naissance ,  les  tradiiions  de. bonheur  et  de  sagesse 
qu'avait  laissées  Frédéric  le  Grand. 

11  avait  lui-même  jugé  très-favorablement  la 
première  Jeunesse  du  roi  sctuel  ,  et  l'espérance 
publique  recueillit  avidement  quelques  mots  et 
quelques  présages  de  ce  grand  homme.  Le 
jeune  prince  aussi  se  montra  toujours  pénétré 
d'une  profonde  véné.;alion  pour  la  mémoire  de 
son  grand  oncle. 

On  savait  que  pendant  le  règne  de  son  père 
il  n  en  parlait  jamais  qu'avec  une  sorte  de  culte  , 
qu'il  en  lisait  et  relisait  .■sans  cesse  l'histoire  ;  et 
-  il  a  souvent  répété  linicntion  oit  il  était  de  se 
conformer  toujours  aux  vues  et  aux  systèmes 
politiques  de  Frédéric. 

Le  rôle  que  joue  aujourd'hui  la  monarchie 
prussienne  ,  le  iioids  de  sa  puissance  militaire 
dans  la  balance  du  coniinenl  ,  ses  rapports  avec 
le  nord  de  l  Europe  ,  .ses  rivalité»  et   ses  amitiés 


politiques  ,     tout  fait    croire   qu'on   ne  lira    pas  1 
sans   intérêt  quelques   détails  sur  la  cour  de  Ber- 
lin ,  et   sur   le    caractère   des  personnages    dont 
l'autorité     et    l'opinion  ,  doivent    le    plus   influer 
sur  la  décision  des  affaires. 

Le  roi  est  surtout  remarquable  par  une  ex- 
trême simplicité  dans  ses  goûis  et  dans  ses  idées  : 
né  avec  uti  esprit  droit  et  juste  .  avec  l'amour 
du  bien  public  ,  il  sent  le  besoin  de  ce  que 
l  cxpérionce  et  l'inslruciion  peuvent  seules  don- 
ner a  sa  jeunesse;  il  le  cherche  avidement  dans 
les  exemples  de  son  grand  oncle  ,  dans  les  con- 
seils de  ceuxdesesministr.es  etde  ses  aides-de- 
camp  sur  les  lumières  et  l'intégrifè  desquels  il 
croit  pouvoir   compter   davantage. 

L'amour  de  la  simplicité  éloigne  de  lui  toute 
idée  de  luxe.  Toujours  vêtu  en  uniforme  ,  la 
dépense  de  sa  parure  est  nulle  :  celle  de  sa 
tj(ble   est   aussi  très-modérée. 

Il  n'a  pas  voulu  que  ses  frères  eussent  leur 
maison  particulière.  Dès  le  premier  jour  de 
son  règne,  il  a  été  réglé  qu'il  n'y  aurait  qu'une 
table  commune  pour  les  princes  et  pour  lui. 

On  a  vu  à  Berlin  avec  beaucoup  de  plaisir  et 
d'émotion  cetie  vie  de  famille  ,  ce  spectacle 
digne  des    mœurs   antiques. 

On  sent  que  ce  même  esprit  d'économie  des- 
cend de  tout  ce  qui  concerne  personnellement 
la  famille  royale  ,  aux  diverses  branches  de  l'ad- 
ministration publique.  Tout  est  sévèrement  cal- 
culé ,  et  le  roi  se  laisse  difficilement  entraîner 
au-delà   de    la  ligne  qu'il  s'est  tracée. 

Ce  qui  ne  tient  qu'à  l'ostentation  et  à  la 
simple  magnificence  extér'reure  le  touche  peu. 
Voilà  pourquoi  il  a  suspendu  les  dépenses  que 
le  Grand-Frédéric  et  son  successeur  consacraient 
annuellement  à  élever  danS  Berlin  des  bâlimens 
nouveaux  et  réguliers.  Mais  il  n'a  fait  que  chan- 
ger la  destination  de  ces  dépenses  ,  en  les  ap- 
pliquant à  la  restauration  ,  devenue  indispen- 
sable ,  du  pavé  de  la  capitale  ,  et  à  la  construc- 
tion non  moins  nécessaire  de  chemins  publics  , 
dont  une  partie  sera  achevée  chaque  année. 

On  a  accusé  ce  prince  d'avarice  ,  ce  qui  veut 
dire  seulement  qu'il  n'est  pas  prodigue  pour 
ses  courtisans. 

Esprit  d'ordre,  d'économie  ,  de  justice,  sim- 
plicité dans  ses  manières,  affabilité,  abord  facile 
pour  tout  le  monde  .  et  surtout  pour  la  classe 
indigente  du  peuple  :  voilà  son  caractère  pour 
ce  qui  regarde  les  principes  d'administration 
intérieure,    et  les  actions   de  sa  vie   privée. 

Ses  principes  de  politique  extérieure  ne  l'ont 
jamais  éloigné  de  la  France  ;  bien  différent  en 
cela  de  son  père,  qui  s'était  rendu  neutre  par 
convenance  personnelle  ,  et  était  ennemi  de  la 
république  intérieurement  et  par  système. 

Sans  aimer  toute  la  révolution.,  il  rr'en  a  pas 
blâmé  tout  indistinctement.  Ce  sentiment  de 
justice  prolondéraent  gravé  dans,  son  ame  simple, 
ne  lui  permettait  pas  de  voir  indifféremment  la 
plupart  de  ces  droits  féodaux,  qui  dans- son  pays 
comme  dans  le  reste  de  l'Allemagne,  pèsent 
d'une  manière  iniolér^jble  sur  le  peuple  ,  sans 
être  l'rès-uliles  à  la  noblesse  qui  les  exerce.  Aussi 
s'est-ll  occupé  ,1  dès  le  commencement  de  son 
règne  ,  de  porter  la  réforme  sur  ces  abus  que 
la  France    a  si  heureusement  détruits. 

Il  a  pu  craindre  un  raomentl'invasion  des  prin- 
cipes révoluiionniires. 

Dans  lEurope  impartiale  ,  personne  n'a  pu  re- 
fuser un  sentiment  d'estime  profonde  à  la  conduite 
d^ûn  jeune  prince  qui  ,  au  milieu  des  intrigues  et 
des  séductions,  quelquefois,  des  menaces  et  des 
injures  de  l'esprit  de  parti  ,  défendait  ses  états  des 
fléaux  (jui  ravageaient  les  autres.  Il  a  bien  vu  que 
la  prétendue  cause  des  rois  sedéfcii<l  mal  quand  on 
la  sépare  de  la  cause  des  peuples  ;  qu'on_n'éloigne 
pas  les  révolutions  par  les  guerres  qui  les  ap- 
pellent ,  mais  qu'on  les  hâie  ,  au  contraire,  en 
multipliant  les  impôts  ,  en  irritant  les  nations  ,  en 
épuisant  les  empires;  que  le  sentiment  seul  du 
bien-être  peut  contenir  l'esprit  de  changement  et 
l'amour  du  mieux  ;  que  la  démence  qui  jette  les 
peuples  dans  des  guerres  sans  objet  et  sans  terme  , 
ébranle  et  menace  les  trônes,  loin  de  les  défendre. 
Aussi  ,  le  jeune  roi  de  Prusse  n'était-il  accusé  que 
par  le  délire  et  l'envie  :  son  administration  doit 
obtenir  celle  considération  toujours  attachée  à  la 
puissance  et  à  la  force,  qui  ne  se  meut  et  ne  se 
repose  qu'à  son  gré. 


L'histoire  du  moment  actuel  et  la  manifesiatioa 
de  ce  qui  ne  peut  être  que  secret  aujourd'hui  , 
apprendra  seule  si  le  cabinet  de  Berlin  a  su  re- 
cueillir les  fruits  de  sa  longue  inactivité  ,  et 
faire  servir  la  paix  de  la  Prusse  à  la  paix  du 
monde. 

.^joutons  pour  compléter  l'idée  qu'on  doit  se- 
faire  des  inclinations  politiques  du  roi  .  que  sa 
vénération  pour  les  principes  du  Grand  Frédéric  , 
l'atiitche  à  la  France  plus  qu'à  toute  autre  puis- 
sance. Il  ne  doute  pas  que  si  ce  grand  homme 
donnait  à  la  France  une  préférence  marquée  lors- 
qU  elle  était  dans  les  liens  d'une  alliance  avec  la 
maison  d'Autriche,  l'époque  de  la  rupture  du, 
traiié  de  1755  n'eût  été  celle  d'un  rapprochement 
poliuque  bien  plus  intime. 

La  reine  de  Prusse  est  extrêmement  remarqua- 
ble par  la  réunion  des  plus  heureux  dons  de  la 
nature  :  jeunesse  ,  grâces  ,  beauté  ,  aucune  femme 
de  son  royaume  ne  lui  est  peut-être 'comparable 
sous  tous  ces  rapports  ;  mais  ce  qui  la  distingue 
encore  plus  ,  c'est  la  candeur  ,  la  douceur  ,  l'iné- 
puisable bonté  de  son  ame.  Qui  croirait  qu'une 
princesse  douée  de  pareils  avantages  ,  n'en  profi- 
terait pas  pour  se  procurer  uo  ascendant  décidé 
sur  l'esprit  de  son  mari  ,  et  le  gouverner  à  volon- 
té ?  La  reine  n'en  a  jamais  eu  l'idée  ;  toute  entière 
à  ses  devoirs  de  mère  et  d'épouse  .  elle  ne  s'oc- 
cupe que  du  soin  de  ses  enlans  et  du  bonheur 
intérieur  du  roi.  Elle  ne  se  mêle  point  des  affaires, 
qu'elle  regarde  comme  lui  étant  totalement  étran- 
gères; on  ne  la  voit  dans  aucune  inti'igue  ,  ou 
plutôt  la  tournure  de  son  caracière  bien  connue 
écarte  de  sa  cour  tout  esprit  d'intrigue. 

Il  semble  que  le  plus  bel  éloge  qu'on  puisse 
faire  de  la  reine  ,  est  de  dire  qu'elle  n'a  que  des 
vertus  douces  et  aimables,  et  aucune  influence 
dans  tes  affaires  publiques. 

Il  semblait  qu'à  la  mort  du  Grand  Frédéric  la  pluî    . 
grande  influence  devait  être  destinée  aux  talens  et 
a  la  réputation  du  prince  Hemi.  L'opinion  publi- 
que fut  trompée. 

Les  ministres  craignirent  son  ascendant".  Ils  îit- 
sinuerent  donc  au  nouveau  roi  ,  que  s'il  se  livrait 
aux  conseils  du  prince  Henri,  il  devait  renoncer 
à  toute  considération  en  Europe  ,  et  que  l'on 
attribuerait  infailliblement  au  frère  du  Grand  Fré- 
déric tout  ce  qui  pourrait  se  faire  de  bien  sous 
son  règne. 

Le  roi  craignait  sur  toutes  clioses  la  réputa- 
tion de  se  laisser  gouverner.  Celte  insinuation 
perfide  produisit  donc  son  effet.  Le  prince  futac-, 
cueilli  avec  une  grande  décence  ,  et  même  de 
grands  témoignages  de  respect.  Mais  on  ne  lui 
fesait  aucune  confidence  ,  en  ne  le  consultait  sur 
rien  ;  et  il  sentit  bientôt  qu'il  était  tems  pour  lui 
de  rentrer  dans  sa  solitude  de  Rheinsberg. 

Il  y  retourna  donc,  et  ne  fit  depuis  que  de 
simples  apparitions  à  Berlin.  La  seule  occasion 
oii  le  roi  lui  témoigna  de  la  déférence  et  de  là' 
confiance  ,  fut  le  moment  de  la  paix  de  Bâle ,  sur 
laquelle  il  fut' consulté  ,  et  donna  l'avis  qu'on- de-- 
vait  attendre  d'un  prince  éclairé  et  ami  de  la; 
France. 

La  mort  de  Frédéric  Guillaume  II  pouvait  en- 
core le  rappeller  aux  affaires;  mais  déjà  l'âge  lui 
ôtait  l'activité  nécessaire.  Sa  tête  était  la  même  ," 
mais  il  était  sujet  à  de  fréquentes  maladies ,  et  le 
jeune  roi  ne  lui  fit  aucune  proposition.  Use  retira, 
encore  à  Rheinsberg. 

Les  ministres  sont  extrêmement  multipliés  en 
Prusse  :  le  grand  directoire  en  renferme  autant 
qu'il  y  a  de  branches  patticulieres  d'administratioa 
intérieure. 

Mais  ceux  qu'il' est  plus  intéressant  de  con- 
naître au  dehors  ,  sont  les  ministres  du  cabinet , 
parce  que  c'est  à  eux  qu'est  confié  le  département- 
des  affaires  étrangères.  Il  était,  il  n'y  a  pas  long- 
tems ,  composé  de  trois  membres ,  M.  le  comie' 
de  Finkenstein,  le  comte  d'Alvensleben,  et  le  comte 
d'Haugwitz.  Le  premier,  employé  très-jeune  dam 
la  carrière  politique  ,  après  avoir  occupé  dcl 
postes  très-importans  ,  a  servi  sans  interruptioa. 
jusqu'à  sa  mort ,  arrivée  dans  la  86'  année  de  soa 
âge.  Celait  le  doyen  de  la*  diplomatie  de  toute 
l'Europe.  Plein  de"  vertu  et  de  mérite  ,  il  avait 
conserve  sa  tête  ,  et  mérité  l'attachement  et  la  vé- 
nération publique  jusqu'au  dernier  moment. 

Le  second  ,  M.  le  comte  d'Alvensleben  ,  est 
généralement  connu  pour  un  très-honnête  homme: 
il  a  les  formes  douces,  liantes,  sociales.  Il  na 


manque  pas  de  franchise ,  et  la  nature  lui  a  donne 
l'esprit  de  conciliation.  Il  a  succédé  à  M.  le  comte 
de  Finkenslein  ;  et  en  cette  qualité  il  est  chargé 
des  formes  ,  des  cérémonies  ,  reçoit  les  ministres 
des  cours  étrangères  ,  les  présente  au  roi  ,  etc.  ;  il 
est  de  plus  chargé  de  la  correspondance  avec  les 
cours  d'Allemagne.  Mais  il  est  d'une  santé  faible 
et  délicate  ,  qui  ne  lui  permet  pas  un  travail  .opi- 
niâtre et  trop  long-tems  suivi. 

Dm  2  thermidor. 

On  a  remarqué  que  depuis  les  fameuses  épo- 
ques de  rivalité  entre  les  deux  pays  ,  c'était^  tou- 
jotrrs  à  Berlin  que  se  répandaient  le  plus  vite  et 
le  plus  aisément  les  mauvaises  nouvelles  de 
Vienne. 

On'  a  reçu  ici  beaucoup  de  détails  sur  l'espèce 
de  mouvement  qui  a  eu  lieu  dans  cette  capitale 
sur  les  cris  de  paix  répétés  avec  une  extrême  vio- 
lence au  spectacle,  en  présence  même  de  l'em- 
pereur et  de  l'impératrice  ,  sur  l'opposition  qui 
se  manifeste  de  toutes  parts  ,  et  à  l'emprunt  forcé 
qu'on  veut  lever  ,  et  à  la  demande  de  '60  mille 
hommes  dans  les  états  héréditaires. 

On  ajoute  qu'on  a  environné  ,  avec  menaces  , 
l'hôtel  du  bai  on  de  ïhugut.  Du  moins  tous 
les  rapports  sont  unanimes  sur  le  vœu  de  la  paix 
énergiquement  prononcé. 

Le  roi  de  Suéde  n'est  point  venu  ici  ,  comme 
on  l'a  dit,  et  certainement  il  n'aurait  pas  pu 
s'approcher  du  séjour  de  la  cour  ,  et  avoir  une 
conlérence  avec  le  roi ,  sans  qu'on  en  sût  quelque 
chose. 

On  croit  à  Berlin  que  le  principal  objet  de  son 
voyage  à  Copenhague  a  été  plus  financier  que 
politique  ,  et  qu'il  s  agissait  de  négocier  un  em- 
prunt dont  le  gouvernement  suédois  a  besoin 
pour  ne  pas  lever  un  impôt  :  ce  que  le  roi  veut 
éviter,  immédiatement  après  la  séparation  de  la 
diele. 

On  assure  ici  ,  depuis  les  'dernières  lettres  de 
Vienne  ,  que  le  comte  de  Cobenizel  doit  arriver 
ttès-incessammeni  avec  le  litre  d'envoyé  cxiraor- 
dinaire;  mais  il  y  a  des  raisons  de  douter  de  cette 
nouvelle. 

On  annonce  aussi  que  M.  Krawfort  fera  un 
voyage  de  Hambourg  oîi  il  réside  ,  à  Berlin. 

Le   roi   s'oppose   au  mariage  du  prince  Louis 
de  Prusse  avec  la  jeune  duchesse  de  Courlande; 
on  assure   qu'elle  va  ,   sur  ce  refus  ,  être  donnée 
au  prince  Louis  de  Rohan  ,   émigré  français. 
(  Extrait  du  Mercure  de  France  ,   n°  IV.) 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  le  zS  juillet,   (  6  thermidor.  ) 

La  Suffisante  ,  de  16  canons ,  a  arrêté  un  navire 
américain  ,  nommé  le  Harriot  ,  lequel  est  entré  à 
Plymouth.  Ce  bâtiment  allait  de  Boston  à  Ham- 
bourg avec  un  chargement  de  sucre  et  de  café. 

Le  sloop  armé  ,  Lefy  ,a  arrêté  et  fait  entrer  à 
Porlsmouih  ,  la  galiote,  le  Tjlden  Rit/f ,  de  Dant- 
zick  ,  VHoffnung  ,  de  Siockolm  ,  et  {Emmanuel  , 
chargés  de  blé. 

Un  Jugement  de  la  cour  d'amirauté  a  ordonné 
la  restitution  des  deux  vaisseaux  hollandais  pris 
en  dernier  lieu  ,  comme  bâtimens  de  cartel  ,  à  ta 
charge  par  Us  réctamans  de  payer  les  frais  de  ta 
procédure. 

Des  lettres  de  Bombay  ,  du  7  mars  ,  portent 
«ju'on  a  ressentit  à  Ryacotta  ,  un  très-fort  trem- 
blement de  terre  ,  dont  la  direction  était  du  nord 
à-lest  ;  qu'une  maladie  pestilentielle  a  causé  une 
grande  morlalilé  à  Tonquin  et  dans  ses  environs  , 
et  que  les  provinces  intérieures  ont  été  presqu'en- 
tiérement  dépeuplées  par  la  famine. 

'  Les  généraux  Knox  et  Don  ,  arrivés  de  l'île  de 
Wight  ,  et  le  général  sir  James  Pulteney  ,  ont  eu 
de  longues  et  fréquentes  conférences  avec  M. 
Dundas.  On  en  ignore  le  sujet.  Le  général Maitland 
est  venu  ,  dit-on  ,  ici  pour  le  même  objet  :  ce 
conseil  militaire  a  tenu  deux  fois  toute  la  nuit  à 
\yimbledon. 

La  mission  du  lord  Carysfort,  à  Berlin,  paraît  ' 
avoir  en  vue  la  neutralité  armée  du  Nord. 

Lorsque  M.  Pitt  visita  !la  prison  de  Cold-Bath-i 
Fields  ,  il  y  trouva  dans  les  fers  deux  personnes 
qui  avaient  été  ses  plus  ardens  partisans  lorsqu'il 
■e  montra  l'avocat  de  la  réforme  parlementaire. 

Il  semblerait,  parce  qu'a  dit  M.  Dundas ,  dans 
le  cours  du  débat  relatif  au  budjet  del'Inde  ,  que 
»on  intention  est  de  se  démettre  bientôt  du  bureau 
du  contrôle. 

D'après  les  dernières  nouvelles  reçues  des  Indes 
occidentales ,  la  récolte  du  sucre  y  a  été  très-abon- 
dante ;  mais  le  public  n'y  gagnera  rien  ,  car  il  ne 
paraît  qne  le  prix  du  sucre  doive  diminuer. 
Lorsque  ,  dernièrement  ,  il  fut  question  d'une 
baisse  ,'le  parlement  prêta  de  l'argent  aux  mar- 
chands ,  ahn  de  ne  pas  vendre. 


1282 

On  djriÛà^âocWur  ^lt}^iOévi^"l  «ife  SA^ \}}-:^!i^àA  crtltîtijttfi'  ke  faiV»^  r^cli^jfî^her 
David;  efffefe   du   tnarquis   de 'Btite  ,  sera  \elu    émigrés  rentres  sans  surveillance  ;  Voici  les  nt 
primat   d'Irlande,  e'    remplacé  dans   son  évéché 
par  le  docteur  Huntingtield  ,  de  Winchester. 

L'Ellison,  h  Molly  et  la  Marie  ,  sont  de  retour 
du  Groenland  ;  V Ellison  a  pris  17  baleines  et  75o 
veaux  marins  ;  la  Molty  14  baleines  ,  et  la  Marie  8. 
On  attendait  à  la  marée  suivante  deux  autres  na- 


les 
noms 


vires  baleiniers. 

Il  vient  d'être  élevé  ,  sous  un  peuplier,  dans  le 
cimetière  de  l'église  de  Saint-Pancras  ,  un  monu- 
ment en  marbre  ,  simple  mais  élégant  ,  à  la  mé- 
moire de  Marie  Wolsloncraft  Godwin  ,  auteur  de 
plusieurs  ouvrages  iniéressans ,  et  entr'autres ,  d'un  [ 
consacré  à  l'instruction  desjeunes  personnes.  {  Cet 
ouvrage  a  été  traduit  en  français,  et  a  p-irii  l'année 
dernière,  sous  le  titre  de  Marie  et  Caroline.  11  se 
trouve  chez  le  cil.  Dentu  ,  imprimeur-libraire  , 
palais  du  Tribunal.) 

On  commence  à  concevoir  des  espérances  sur 
le  rétablissement  de  lord  Macartney  ,  aitaqué  de 
la  goutte  dans  l'esloraach. 

Du  1 2   thermidor. 


Action  de  la  banque. —  1 65  166.  3  pour  cent 
consolidés  64  i  y  4  ?•  Po^'  août  65  64  i  5  J.  65-5. 
Omnium  4^4  iîi-  prime. 

M.  Ellesworth  ,  l'un  des  messagers  de  S.  M.  , 
est  arrivé  au  départemeni  de  lord  Grenville  ,  avec 
des  dépêches  de  lord  Minto  ,  notre  ambassadeur 
à  Vienne.  Il  fut  tenu  immédiatement  après  leur 
réception  ,  un  conseil  formé  de  tous  les  membres 
du  cabinet ,  pour  délibérer  sur  leur  contenu. 

Des  lettres  de  Pétersbourg  portent  que  l'empe- 
reur de  Russie  a  refusé  d'admeitre  à  son  audience 
pariiculiere  M.  de  Rosencraniz  ,  nommé  par  S.  M. 
danoise  pour  remplacer  le  baron  Deblome,  son 
envoyé  extraordinaire  et  son  ministre  à  la  cour 
de  Russie. 

L'amirauté  a  reçu  hier  (  11  thermidor)  des  dé- 
pêches du  capitaine   sir  Sidney  Smith. 

Elle  en  a  reçu  pareillement  de  l'amiral  comte 
de  Saint-Vincent,  qui  ont  éié  apportées  par  le 
capitaine  'William  Baihurst  du  vaisseau  de  S.  M. 
la  Ville  de  Paris, 

Mercredi  dernier  (5  thermidor)  ,  six  frésates 
anglaises  rencontrèrent  ,  à  la  hauteur  dOstende  , 
une  frégate  danoise  (  la  Frnnda  )  de  38  canons  , 
ayant  sous  son  escorte  ,  les  uns  disent  7  bâtimens  , 
les  autres  i3.  Le  commandant  anglais  fil  héler 
cette  frégate  ,  en  la, prévenant  qu'il  all.»it  envoyer 
son  canot  à  bord  du  convoi.  Le  commandant 
danois  répondit  qu  il  lirerait  sur  le  canot.  Celui- 
ci  avait  déjà  été  descendu  ;  il  était  armé  de  quatre 
hommes  commandés  par  un  garde  de  la  marine  , 
et  se  préparait  à  aborder  le  convoi,  lorsque  la 
frégate  danoise  tira  aussi-lôl  plusieurs  coups  de 
canon  ,  dont  les  boulets  dépassant  le  canot,  fu- 
rent frapper /a  Némésis ,  l'une  des  frégates  an- 
glciises ,  et  lui  tuèrent  un  homme.  La  Némésis 
lâcha  aussi-tôt  sa  bordée  qui  fut  fuivie  d'un  en- 
gagemeni d'environ  sS  minutes,  et  auquel  toutes 
les  autres  frégates  anglaises  prirent  part.  La  fré- 
gate danoise  ayant  ses  mats ,  ses  voiles,  etc.  criblés, 
tut  obligée  d'amener  &on  pavillon.  Elle  a  éié  con- 
duite avec  tout  son  convoi  dans  les  Dunes ,  après 
avoir  eu  huit  hommes  tués  et  un  grand  nombre 
blessés.  La  Némésis  a  eu  deux  hommes  tués  et 
plusieurs  blessés  ,  ainsi  que  la  frégate  l'Ârrow. 

Le  roi  s'est  transporté,  le  sg  juillet  (  10  iher- 
midoi  ) ,  à  la  cour  des  pairs  et  a  prorogé  le  par- 
lement. Demain  le  discours  de  clôture.  (  Extrait 
du  Morning  ChronicU  et  du  Sun.) 


de  quelques-uns  qu'elle  a  fait  arrêter 
Ouy .    dit   Ravine. 
Courtin. 
Colombot. 

Breukman  et  sa    femme. 
Chabot-Rohan  ,  (ptince  Léon). 
Faubournet  de    Montferand. 
Ducastaing  Saint  -  Angel. 
Montsec. 

Leclerc  de  Juigné. 
Dangerville  ,  etc.   etc. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  16  thermidor  ,  an  8. 

BoNAPARTe,  prenuer  consul  de  la  république 

française  ,   nomme  :  ''Jf 

Pour  le  port  de  Brest. 

Terrason,  contre  amiral,  chef  militaire.  Gaignace; 
ci- devant  directeur  des  constructions  navales-, 
chef  du  génie  maritime.  Bouchet ,  capitaine  de- 
vaisseau  ,  chef  des  mouvemens.  Léger  ,  ci-devant 
ordonnateur  ,  chef  d'adnjiinistralion.  Jurien  Des- 
varennes,  ci-devani  commissaire  de  marine  fesant 
fonctions   de  contrôleur  ,  inspecteur. 

Pour  te  port  de  Kochefort. 

Daugier ,  chef  de  division  ,  chef  militaire. 
Chevillatd  ,  aîné  ,  ci  devant  inspecteur  des  cons- 
tructions navales,  chef  du  génie  maritime.  Barbier, 
capitaine  de  vaisseau  ,  chef  des  mouvemens. 
David  ,  ci-devant  commissaire  principal  ,  chef 
d'adminlstraiion  (suspendu).  Harau  ,  ci-devaat 
ingénieur  de    vaisseau  ,  inspecteur. 

Pour  le  part  de  Toulon. 

Emeriau  .  chef  de  division  ,  chef  militaire. 
Poncet  ,  ci-devant  directeur  des  consfuctioris  , 
chef  du  génie  maritime.  Labreteche  ,  capitaine  de 
vaisseau  maritime  ,  chef  des  mouvemens.  Cha- 
renion  ,  ci-devant  commissaire  principal  ,  chef 
d'administration.  Cavelher,  ci-devani  ordonna- 
teur, inspecteur. 


I     N     T     E    R     I    E     U 

Du  Mans  ,  le   i5  thermidor. 


R. 


Le  général  de  'origade  Delarue  ,  commandant 
au  Mans,  ayant  été  instruit  qu'un  nommé  Dar- 
deville,  ancien  chef  de  chouans  ,  avait  réuni  plu- 
sieurs individus  avec  le  projet  d'arrêter  une 
diligence  allant  du  Mans  à  Paris  ,  et  qui  était 
chargée  de  ï5,ooo  fr. ,  fit  cerner  par  la  gendar- 
merie le  hameau  de  Telachc.  Mais  tous  les  bri- 
gands n'étaient  pas  encore  réunis.  Il  n'y  en  avait 
que  six  qui  ont  voulu  faire  résistance.  Le  chef 
des  brigands  d*Ar<]leville  a  été  tué  1  les  cinq 
autres  ont  été  pris  et  traduits  au  conseil  militaire. 


Paris  ,  le  l^  thermidor. 
Transmission  d(  Dunkerque  ,  au  matin. 

Le  capitaine  d'un  navire  danois  ,  qui  est  entré 
au  port  avant-hier  ,  a  rapporté  que  trois  frégates 
anglaises  s'étaient  emparées  ,  après  une  vigou- 
reuse résistance  ,  de  sept  navires  danois^  et  d'une 
frégate  qui  les  escortait  ,  et  les  avaient  conduits 
dans  les  Dunes. 

Le  prétexte  de  cette  violation  de  la  neutralité  a 
éié  le  refus  fait  par  le  capiiaiiic  de  la  frégate  de 
laisser  visiter  les  sept  bâliruens  danois. 

Pour  copie,  ChappE. 


Pour  le  port  de  [Orient. 

Guillotin  ,  capitaine  de  vaisseau,  chef  militaire. 
Pénétreau  ,  ci-devant  directeur  des  coastructions, 
chef  du  génie  maritime.  Boisquenay  ,  capitaine 
de  vaisseau  ,  ci-devant  directeur  des  mouve- 
ment, chef  des  mouvemens.  Bourdon,  ci-devant 
ordonnateur,  chef  d'administradon.  Duperrau» 
ci-devant  commissaire  de  i"°  classe  ,  inspecteui. 

Pour  te  port  du  Havre. 

Boissauveur,  chef  de  division  ,  chef  militaire 
chargé  des  mouvemens.  Lafosse  ,  ci-devant  in- 
génieur de  vaisseau  ,  chef  du  génie  maritime« 
Rignac,  ci-devant  commissaire  principal.  Lefevre, 
jeune  ,  ci-devant  contrôleur,  inspecteur. 

Pour  le  port  d'Anvers. 

Malles  ,  ci-devant  chef  des  mouvemens ,  chef 
mihtaire  ,  chargé  des  mouvemens.  Degay  ,  ci- 
devant  ingénieur  de  vaisseau  ,  chef  du  génie  ma- 
ritime. Thivend  ,  ci-devant  commissaire  princi- 
pal, commissaire  principal. Jullon,  ci-devant  com- 
missaire demarine  ,  sous-inspecteur. 

Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  est 
chargé  de  l'exécution   du   présent  arrêté. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république ,  sur  le  rapport  du 
ministte  des  finances;  vu  le  tarif  du  i5  mars 
1791  ,  et  les  lois  des  5  septembre  1792  ,  Sî  ger- 
minal an  5  ,  et  sa  brumaire  an  7  ,  relatifs  aux 
droits  d'entrée  des  tabacs  en  feuilles  ,  importé» 
par  bâtimens  français  ,  le  conseil-d'état  entendu  , 
arrêtent  : 

Art.  I".  Les  tabacs  en  feuilles  ,  importés  pat 
bâtimens  français ,  ne  seront  admis  à  la  réduc- 
tion du  droit  d'entrée  de  so  fr.  par  cinq  my- 
riagramraes  ,  accordée  par  la  loi  du  22  bru- 
maire an  7  ,  qu'autant  que  l'importation,  con- 
formémeiit  au  tarif  du  iS  mars  1791  ,  et  aux 
lois  des  5  septembre  1791  et  22  germinal  an  5  , 
en  aura  été  faite  directement  par  lesdits  bâtimens, 
soit  des  Etats  -  Unis  de  l'Amérique  ,  soit  des 
colonies  espagnoles  ,  de  l'Ukraine  ou  du  Levant  , 
et  qu'il  en  sera  justifié. 

IL  A  défaut  de  justification  de  l'importation, 
directe  desdits  tabacs  par  bâtimens  français  , 
du  port  de  l'enlèvement ,  ils  seront  assujetris 
au  droit  de  3o  francs  par  cinq  myriagrammes , 
lors  même  qu'ils  seraient  introduits  dans  les 
ports    de   1»  république  par  bâtimeos  français. 


1283 


m.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  âe 
l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  imprimé 
au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 

Autre  arrilf  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  en  vertu  de  la 
décision  du  conseil-d'élat ,  prise  conformément  à 
l'article  LXXVdela  constitution  ,  arrêtent  que  les 
cit05'ens  : 

Charles-RemiBoudimer,  agent  municipal  de  la 
commune  de  Brancourt ,  canton  de  Bohain  ,  dé- 
partement de  l'Aisne  ,  prévenu  d'avoir  fait  les 
surcharges  qui  se  trouvent  sur  le  modèle  de  la 
matrice  du  rôle  de  la  contribution  foncière  de  sa 
commune  ,  pour  l'an  7  ,  ainsi  que  les  signatures 
arguées  de  faux  ,  qui  sont  placées  à  la  fan  de  la 
matrice  dudit  rôle  ; 

Martin  Bertrand,  ex-agent  de  la  commune  de 
Cefliat ,  can'on  d'Aromaz  ,  département  du  Jura  , 
prévenu  d'avoir,  pendant  1  exercice  de  ses  fonc- 
tions d'agent  ,  et  de  concert  avec  les  gardes  de  sa 
commune,  annuilé  ,pourde  l'argent,  des  rapports 
de  délits  forestiers  ,  et  d'avoir  transigé  ,  à  son 
profit  ,  avec  d'autres  délinquans  ,  pour  les  sous- 
traire aux  poursuites  et  amendes  qu'ils  avaient 
encourues  ; 

François-Jean-Baptiste  Delavallaye ,  commissaire 
du  gouvernement  près  l'administration  munici- 
pale du  canton  de  Guislelles  ,  déparlement  de  la 
Lys  ,  prévenu  d'avoir  vendu  des  dispenses  de  ser- 
vice militaire  à  des  jeunes  gens  de  la  conscription  , 
et  d'avoir  exigé  de  l'argent  pour  accorder  la 
liberté  à  la  citoyenne  Jaussens  ,  qu'il  avait  fait 
arrêter  ,  parce  que  son  fils  ,  conscrit  ,  n'avait  pas 
rejoint-  les  drapeaux  ,  et  qu'elle  n'avait  pu  le 
représenter,  quand  on  en  fit  la  recherche  chez 
elle;  les  citoyens  Engiibert  Debert,  agent  de  la 
commune  de  Volskerske  ,  et  Philippe  Quentin  , 
ex-agent  de  celle  de  Guistelles ,  prévenus  de  com- 
plicité de  ces  derniers  délits  ,  seront  poursuivis 
devant  les  tribunaux  ordinaires. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I"'.  Il  sera  formé  quatre  noijvelles  bri- 
gades de  gendarmerie  à  pied  pour  le  département 
dllle  et  Villaine. 

IL  II  »era  pourvu  à  l'habillement  et  équipement 
de  40  hommes  formant  les  quatre  brigades  de 
gendarmerie  à  pied  ,  conformément  à  l'art.  VI 
«le  l'arrêlé  des  consuls  du  29  pluviôse. 

III.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution    du  présent   arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé,   Bonaparte. 

Par   le  premier    consul  , 

Lt  secrétaire-d  état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 


conduire  dijiîngtiée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyen  Nicolas  Lefebvre  ,  sapeur  au  3"  ba- 
l:iiilon,  à  l'afl'.iie  de  Zollhausen  ,  lors  du  passage 
du  Lech,  le  53  prairial  an  S,  dans  laquelle  il 
s  est  jiariicnliércment  distingué  en  s'élançant  le 
premier  sur  une  poutre  ,  la  seule  qui  restât  des 
débris  d'un  pont  coupé  par  l'ennemi  ;  en  fran- 
chissant, sans  en  êirc  effrayé,  un  précipice  affreux 
creusé  par  le  torrent,  et  en  tombant,  sans  être 
ariêlé  par  un  l'eu  terrible  de  mousqueterie  et  de 
mitraille,  sur  une  batterie  de  canons  qu'il  enleva 
à  I  aide  de  quelques  camarades  enhardis  par  son 
exemple  , 

Lui  décerne,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
•un  fusil  d'honneur. 

Il    jouira    des    prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné   à  Paris  le    17  thermidor,    an   8   de   la 
république. 

Le  premier  consul ,   Signé,  Bonapaiïte. 
Par  le  premier   consul  , 

Le  sécrétai? e-d' étal  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


Au    NOM    DU    peuple    FRANÇAIS. 

Brevet  d  honneur  pour  le  citoyen  Janniere ,  fusilier 
à  la  38^  demi-brigade  de  ligne. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  conduite 
distinguée  et  de  la  bravoure  éclaianse  du  citoyen 
Janniere  ,  fusilier  à  la  38^  demi-brigade  d'infan- 
terie de  ligne,  à  l'affaire  qui  eut  lieu    le   22  prai- 
rial   an   8 ,    à    Kaufringen  ,    los    du    passage    du 
I  Lech,  en  arrivant  le   premier  sur  la   rive    droite 
de    celle   rivière  ,  où  il   s'était  jette   le   second  à 
j  la  nage  ,  et  qu'il   avait   traversée  sous  la  mitraille 
'  et  le  feu  de  mousqueterie  de  ferinemi  , 

Lui  décerne  à  titre  de  récompense  nationale  , 
un  fusil  d  honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense    par  l'arrêté   du  4  nivôse  an   8.  - 

Donné  à  Paris,  le  17  thermidor,  an8  delà  répu- 
blique française. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier.consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


Au  NOM  DU  peuple  français. 

If  revêt,  d'honneur  pour   le  citoyen  Denis,  brigadier 
■  dans  la  i'  compagnie  du  3°  régiment  d'artillerie 
légère. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatanle  du 
citoyen  Denis  ,  brigadier  dans  la  2'  compagnie 
du  3'  régiment  d  artillerie  légère  ,  à  l'affaire  de 
'Wettenhausen  ,  armée  du  -Rhin  ,  le  26  prairial 
dernier,  oii  il  lit  un  ion  considérable  â  I  enneini  , 
en  l'obligeant  ,  par  les  pertes  qu  il  lui  fil  éprou- 
ver, à  disperser  et  faite  mouvoir  à  chaque  ins- 
tant un  corps  de  cavalerie  quil  tenait  masqué 
derrière  une  hauteur,  et  où  le  soir  sur-loul, 
au  moment  qui  décida  lavantage  ,  il  -assura 
lellement  la  justesse  de    ses  coups  .  malgré    une 

frêle  de  boulets  et  d'obus  qui  airivaient  sur  la 
aiteiie,  dont  la  pièce  lésait  partie,  que  chacun'de 
ses  boulets  emportait  un  homme,  un  cheval,  ou 
une  file  de  la  cavalerie  ennemie  qui  défilait  au 
galop  pour  se  sauver. 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale , 
iine   grenade  d  honneur. 

.  Il  jouira   des   prérogatives   attachées    à   ladite 
récompense  par  1  arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  1 7  thermidor ,  an  8  de  la  répu- 
blique  tiançaise. 

Le  premier  consul,  i/^n^,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d' état  ,  sig;ni,  H.  B.  MarET. 


Au     NOM    DU    PEUPLE    FRANÇAIS. 

Brevets   d'honneur. 

-  Bonaparte,  premier  consai  de  la  république, 
d'après  le  compie  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duie  distmguée  et  de  la  bravoure  éclatante  des 
citoyens  Bcllamont  ,  caporal  des  carabiniers  à  la 
10'  demi- brigade  d'infanterie  légère  ,  et  Charles 
Guétin,  chasseur  à  la  même  deini-brigade ,  à 
l'affaire  qui  eut  lieu  à  Zollhausen',  lois  du  passage 
du  Lech  ,  le  23  prairial  an  8,  en  s  élançant  des 
premiers  sur  une  poutre  ,  la  seule  qui  restait  des 
débris  d'un  pont  coupé  par  l'ennemi  ,  en  fran- 
chissant un  affreux  précipice  creusé  par  le  tor- 
rent ,  sans  en  être  eff^rayés  ,  ni  sans  être  arrêtés 
paJ  un  feu  terrible  de  mousqueterie  et  de  mi- 
traille, et  en  tombant  sur  une  batterie  de  carions 
dont  ils  aidèrent  quelques  camarades  à  s'em- 
parer ,  décerne  à  chacun  d'eux  ,  à  litre  de  ré- 
compense nationale  ,  un  fusil  d'honneur. 

Ils  jouiront  des  prérogatives  attachées   à  ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné   à   Paris,  le   17  thermidor  ,  an  8  de   la 
république  française. 

Le  premier  consul  ,  Signé  ,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état ,  signe.  H.  B.  Maret. 


Au    nom    DU    peuple   français. 

Brevet  d'honneur. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république. 
dapcès  le    compte    qui   lui   »   été  rendu  de   la 


PREFECTURE  DE   POLICE. 

Paris  ,  (e  1 7  thermidor. 

Dans  la  nuit  du  16  au  17  de  ce  mois,  vers 
une  heure  du  matin  ,  le  feii  s'esl  manifesté  au 
grand  Hospice  de  l'Humanité  (  l'Hôtel-Dieu). 

Le  préfet  s'y  est  transporté  à  l'instant  avec  un 
adjudant-général  de  l'étai-major  de  la  place,  elles 
pompiers, 

Le  feu  avait  pris  dans  la  cheminée  de  la  grande 
cuisine  ,  et  sortait  avec  violence  à  l'extérieur  ;  le 
vent  avait  porté  des  étincelles  sur  un  comble 
voisin  dépendant  de  la  même  maison  ,  et  qui 
sciait   embrasé. 

Le  préfet  de  police  a  fait  couper  les  chevrons; 
et  les  soins,  le  zèle  ,  l'activité  des  pompiers  et 
des  citoyens  arrivés  pour  porter  des  secours  , 
onl  ariêié  dans  son  principe  un  incendie  qui 
pouvait  avoir  les  conséquences  le»  plus  funestes. 

A  3  heures  du  matin  ,  tout  était  éteint ,  et  il 
n'y  avait  plus  lieu  à  la  moindre  inquiétude. 


*  T     R    I     B     U     N     A    T. 

Présidence  de  Morcau. 

suite    de     la    séance    du    16    THERMIDOR. 

Suite  de  la  motion  d'ordre  de  Lau.isat. 

Je  crois  le  faible  frein  que  je  propose  en  par- 
fait accord  avec  l'esprit  général  de  la  consti- 
tution ,  el  avec  l'esprit  particulier  de  notre  ins- 
titution. Je  crois  qu  il  est  également  en  eux  que 
nos  motions  et  nos  vœux  ,  tels  qu'ils  les  auto- 
risent, en  fart  d'administration  et  de  léijislation  , 
ayent ,  avant  tout  ,  pour  carijcteie  indispensa"ble 
et  prédominant  ,  d  êire  l'ortemant  provoqués  par 
la  clameur  publique  ou  par  un  besoin  incon- 
testable et  urgent  ;  ce  qui  les  resireinl  d'abord 
dans  le  cercle  des  objets  pratiques  ,  ei  en  quel- 
que sorie  matériels  et  vulgaires.  " 

Mais  quand  nous  offriiions  des  améliorations  et 
des  remèdes  ,  encore  souhaiterais-jc  que  ce  fut 
seulement  des  vues  générales  sur  le  fond  des- 
quelles les  bons  esprits  ne  pussent  jamais  différer 
de  senliraenl ,  non  des  dispoiiiio'is  de  détail  et 
d'exécution  ,  où  il  est  permis  à  chacun  d'avoir 
ses  idées  particulières,  et  à  tous  de  varier  ;  car 
lequel  de  nous  oserait  se  promeltre^u'Mn  jiiro- 
jet  de  loi  copié  liiléraiemènt  ,  d'après  une 
motion  consacrée  piar  un  \œd  du  tribunal, 
étant  dans  la  suiie  reproduit  aux  débals  ,  n'y 
rencontrerait  pas  une  oiiposition  victorieuse  , 
soit  que  la  majorité  autrement  affectée  ou 
mieux  informée  eût  changé  d  avis  ,  soit  que, 
par  le  résultat  des  élections  périodiques  ,  elle  eût 
changé  de  voians  ?  Q_uoi  qu'il'  en  fût,  serait-il 
décent  que  nous  plaçassions  le  lvtbuiK:i  dans  l'al- 
ternative nécessaire,  ou  cis  trahir  sa  conscience  , 
ou  de  repousser  son  propie  ouvrage  ? 

Vous  voyez  pourtant,  tribuns  ,  conire  combien 
d'écueils  noiJS  risquerions  d  être  poussés  par  les 
flots  des  motions  ,  si  nous  nous  livrions  aveuglé- 
ment et  sans  assez  de  ptétauiion  à  leur  élan,  alors 
qu'elles  roulent  sur  des  sujets  où  néanmoins  nous 
n'agissons  que  subordonnement  et  en  concours 
avec  le  gouvernement  :.  des  écueils  non  moins 
dangereux  ,  quoique  différens  ,  nous  aiicndeni  si 
nous  courons  les  mêmes  hasards  dans  les  sujets 
où  nous  agissons  en  opposition. 

Ce  mot  d  opposition  tffaioucherait-il  quelques 
oreilles  ?  Echappés  ,  si  je  peux  parler  ainsi  ,  à 
la  guerre  des  élémens  et  respirant  à  peine  ,  se- 
raii-on  importuné  même  par  le  simple  bourdon- 
nement des  calculs  purement  théoriques  d'une 
opposition  réglée  ?  Cependant  il  faut  bien  que 
nous  les  fassions  ,  ou  rjue  nous  courions  éter- 
nellement les  chances  d  une  marche  laniasque  , 
indécise  et  fausse.  Je  les  ferai  au  reste  de  fnçon  , 
j'espeie,  à  ne  laisser  d'ouverture  ni  aux  inlcrpré- 
taiions  ou  aux  espérances  malveillantes  ,  ni 
aux  ombrages  perfidement  inspiiés  ou  mal  en- 
tendus. 

A  Dieu  ne  plaise  que  jamais  je  conçoive  la 
pensée  de  fomenter  ni  de  favoriser  la  nj^oindre 
a-téraiion  dans  l'harmonie  qui  doit  régner  entre 
le  gouvernement  et  le  tribunal  !  mettant  à  part 
les  raisons  personnelles  que  j'ai  de  désirer  la 
consolidation  et  les  succès  d  un  gouvernement 
parmi  les  fondateurs  duquel  j'occupe  une  place  , 
je  crois  que  le  salut  du  tribunal,  celui  de  lous 
les  pouvoirs  ,  celui  de  la  republique  y  sont  in- 
violablenienl  attachés. 

En  général,  et  sur-tout  au  sortir  des  ébranle- 
mens  et  du  cahos  révolutionnaires  ,  celle  des  au- 
torités consiiiutionnelles  qui  a  le  plus  besoin  de 
ralliement  et  d'appui,  c'est  l'au  loriié  executive  , 
parce  que  c'est  elle  qui  piéserve  et  raaimicnt 
I  édifice  social,  parce  que  c'esi  sur  elle  que  sont 
obligés  de  diriger  el  de  renouveler  sans  cesse 
leurs  attaques  conire  tous  ceux  qui  ont  ,  pour 
exi!.tence  ,  de  renverser  et  de  bouleverser. 

L'autorité  executive  ,  nous  la  désignons  com- 
munément aujourd'hui  en  France  sous  le  nom  de 
GOUVERNEMENT;  mais  cette  exptession  est  com- 
plexe, et  ,  pour  raisonner  avec  justesse  comme 
pour  nous  entendre  ,  il  esl  essenliel  de  la  décom- 
poser et  de  la  définir.  Commençons  donc  par 
tomber  d  accord  que  le  gouvernement  chez  nous, 
d'un  aveu  unaninae,  réside  éminemment  dans  l'a u- 
loriié  consulaire  ,  laquelle  a  ,  comme  je  1  ai  déjr 
avancé  ,  les  ministres  pour  instrumens  nécessaire* 
de  ses  actes  exécutifs  proprement  dits  ,  et  le  con- 
seil-d',état  pour  instrument  nécessaire  de  ses  actes 
délibéradls  de  législation  et  d'administration.  Mais 
en  somme  ,  les  dépositaires  suprêmes  du  pouvoir 
exécutif,  ce  sont  les  coqsuls  ,  chacun  selon  l'éten- 
due des  attributions  respectives.  Au  comble  de  la 
puissance  et  des  honneurs,  à  la  tête  du  premier 
peuple  du  Monde,  l'autorité  consulaire  est  censée 
ne  pouvoir  plus  former  de  désirs  et  chercher  de 
bonheur  que  dans  ceux  du  peuple  français.  Si 
donc  elle  ne  les  rencontre  pas  ,  n'6ùs  rie  nous  en 
prendrons  point  à  elle.  ■  - 

Que  dcvieridrioiis-nnus  ,  dansqoel  état  retom- 
beiiuns-tious,  si  nous  possédions  encoie  un  pou- 
voir exécutif  sujet  à  être  assailli  ,  ébranlé  ,  déiruit 
au  gré   des.  métotueiuememi  ,  des  iaïuons,  des 


C-^prices  «t  lies  svsiêmcs  ?  un  pouvoir  exécutif  , 
ou  près  d'être  chaque-  jour  honteusement  délait 
et  retail ,  ou  obligé  de  se  tenir  sans  relâche  en 
défense  ,  tantôt  contre  des  déclamations  et  des  in- 
jures de  rhéteur  ,  taniôi  contre  des  trames  et  des 
accusations  de  parti  ?  Quelle  serait ,  en  attendant , 
iu  situation  déploiable  d'une  ndiion  ?  Nous  en 
.ivons  assez  fait  la  triste  expérience  et  le  tenis 
n  en  ail'aiblira  pas  de  siiôt  le  souvenir.  C'est  la 
faiblesse,  1  incohérente  ,  l'abjection  du  pouvoir 
exécutif  qui  ,  jusqu'à  présent,  ont  été  la  cause 
capiiale  des  longs  malheurs  et  des  perpétuelles 
vicissitudes  c\e  la  révolution.  Qji'U  reste  enfin 
dans  la  personne  de  ses  chefs  ,  hors  d'atteinte  et 
environné  de  respect  et  de  confiance.  Tel  je  le 
conçois  ,  tel  je  l'embrasse  ,  en  me  rangeant  sous 
ses  drapeaux  .  de  concert  avec  la  consiilution  et 
la  grande  majorité   des  français. 

Ce  n'est  pas  du  tout  à  dire  que  nous  devions 
rester  sans  garantie  et  sans  ressources  contre  lui 
en  cas  d'erreur  ,  de  surprise  ,  d'égarement.  Où 
serait  alors  l'otûbre  liiême  de  la  hberté  ? 

(La  suite  demain.) 


Article  commimiqué. 

Depuis  quelque  tems  on  parle  ,  dans  plusieurs 
journaux  ,  de  l'académie  française  et  de  son 
rétabiiistment.  Oel  événement  littéraire  occupe 
certaines  feuilles  publiques  beaucoup  plus  que 
la  bataille  de  Rlaringo  ou  la  paix  de  lEuropf. 
Ce  n'est  pas  que  les  auteurs  de  ces  écrits  pério- 
diques soient  plus  sensibles  à  la  gloire  des  lettres 
qu  aux  succès  militaires  ;  ce  n  est  pas  qu  ils  pré- 
fèrent les  muses  aux  armes  :  les  armes  et  les 
muses  leur  sont  également  étrangères;  mais  les 
victoires  appartiennent  à  la  patrie;  il  n'y  a  rien 
là   pour  les   passions  et   pour    l'esprit   de   palpti. 

Mais  une  société  littéraire  se  forme  ,  on  veut 
opposer  une  digue  au  mauvais'  goût;  il  faut 
saisir  celte  occasion  pour  déclamer,  pour  crier 
à  la  contre-révolution  ,  pour  fomenter  les  pas- 
sions haineuses ,  éloigner  toute  idée  de  réunion  , 
et  laisser  entrevoir  aux  français  que  toute  la  révo- 
lution n'est  pas  terminée  ,  malgré  le  i8  brumaire  , 
malgré  les  efForts  constans  du  gouvernement.  On 
n'ose  plus  trop  déraisonner  en  politique  et  en 
législation;  il  faut  user  du  moins  de  la  faculté  de 
déraisonner  en  liitéraiure  ;  et  puisqu'il  n'est  plus 
permis  de  proscrire,  il  faut  s'en  consoler  en  per- 
sécutant et  en  empêchant  le  bien. 

On  a  toujours  du  goût  pour  son  premier  métier. 

J'aurais  bien  de  choses  à  dire  à  ce^  messieurs  \ 
mais  si  vous  me  donnez  une  petite  place  ,  je  leur 
parlerai   seulement  de  I  académie. 

Des  gens  de  lettres  réunis  par  d'anciennes  ha- 
bitudes ,  par  uni;  ancienne  confraternité  ,  ont 
désiré  se  rassembler  et  soccuper  ensemble  des 
moyens  de  conserver  cl  de  propager  les  prin- 
cipes de  notre  langue  ,  de  perfectionner  le  dic- 
tionnaire de  lacadémie ,  etc.  etc.;  en  un  mot , 
de  tout  ce  qui  lieiu  à  la  grammaire  et  à  la  littéra- 
ture proprement  dites. 

Ces  gens  df  lettres  se  sont  rassemblés  ;  ils  ont 
fait  une  liste  dss  ho mnies  qu'ils  ont  cru  les  plus 
propres  à  concouiir  à  leur  but;  et  dans  la  pre- 
mière ébauche  du  règlement  qu'ils  comptent  se 
donner,  ils  ont  exigé  ,  comme  condition  ex- 
presse d'admission  ,  la  qualité  de  citojenfraiiqais. 
Il  est  donc  aussi  absurde  que  méchant  de  préien- 
dre  qu'ils  ont  regarde  1  abbé  Maury  et  le  cardinal 
de  Rohan  comme  membres  de  leur  société  .puis- 
que ces  derniers  ne  sont  pas  citoyens  français. 

■Voilà  les  faits  dans  ta  plus  rigoureuse  exac- 
titude ,  à  quoi  il  faut  ajouter  que  le  gouver- 
nement leur  a  accordé  un  local  pour  s'assembler.- 
J'ignore  rjui  aurait  le  droit  de  s'en  ofienser.  Sans 
doute  une  loi  a  supprimé  l'ancienne  académie 
française  telle  qu'elle  existait  alors  ,  et  nulle 
puissaace  ne  pourrait  la  recréer  sous  la  même 
forme,  avec  les  mêines  téglemens  ;  mais  je  ne 
vois  pas  quelle  autorité  peut  empêcher  des  ci- 
toyens de  former,  non  pas  l'académie  française  , 
mais  UNE  académie  française  ,  pourvu  que  les 
réglemens  qu'ils  se  donneront  soient  conformes 
aux   lois  et   aux  réglemens. 

Quoiqu'il  en  soit,  ja  veux  examiner  s'il  est 
de  l'intérêt  du  gouvernement  de  protéger  la 
réunion  d'une  société  littéraire  établie  sur  les 
bases  de  l'ancienne  académie  française,  soit  que 
celte  société  s'appelle  académie  française,  soit 
qu'elle  porte  un  autre  nom  ;    et  je  dirai   franche- 


l-ment  que  je  crois  que  le  gouvernement  con-/ 
;  sulteraii  mal  son  intérêt  et  sa  gloire  ,  s'il  ne 
!  la  secondait    pas. 

I  Eh  !  dans  quel  tems  une  société  littéraire  ful- 
I  elle  plus  nécessaire  ?  Onze  années  de  guerre  et 
i  de  troubles  intérieurs  ,  mille  causes  désastreuses 
ont  corrompu  noire  langue,  et  intioduil  un 
néologisme  barbare,  qui  la  rend  méconnais- 
sable à  ceux  qui  goûtent  encore  la  lecture  des 
bons  écrivains. 

Des  institutions  nouvelles  ont  dû  introduire, 
ont  introduit  des  mots  nouveaux  ;  il  faut  les 
fixer,  en  déterminer  le  sens;  mais  il  faut  bien 
avertir  que  rien  ne  nécessite  ni  n'excuse  lin- 
troduclion  ou  l'emploi  des  locutions  nouvelles. 
Ce  ne  sont  pas  les  mots  nouveaux  qui  dénaturent 
une  langue  :  ime  fois  admis  ,  ils  perdent  en 
quelque  sorte  leur  nouveauté  sous  des  plumes 
habiles  ;  mais  ce  sont  les  tournures  nouvelles  , 
les  accouplemens  bizarres  de  mots  étonnés  l'un 
de  l'autre. 

Le  langage  de  notre  tems  ne  peut  ressembler 
en  tout  à  celui  il'aucun  autre  lents  ;  mais  cerles  , 
N^ollaire  ,  Rousseau,  Montesquieu,  et  dans  des 
lems  antérieurs,  Massillon  ,  Bossuel  ,  Corneille, 
savaient  parler  un  langage  màie  et  indépendant; 
ils  savaient  parlçr,  aux  peuples  et  aux  rois  le 
langage  de  la  vérité  :  qui  de  nos  jours  osera 
se  vanter  de  plus  de  lalens  ?  Si  ces  grands 
hommes  vivaient  partir!  nous,  ils  s'étonneraient 
d'entendre  appeler  libre  ^  ce  qui  est  grossier; 
•fier.,   ce  qui  est  brutal-.,   ils  s'étonneraient  de  ce 

i  qu'on  ose  croire  la  liberté  ennemie  de  la  po- 
litesse et  des  grâces  qui  caractérisent  la  nation 
française.  Mais  au  reste  ,  ils  pourraient  s'étonner 
I  aussi    que    la    république  ,     élevée    si    haut  par 

I  ses  succès  militaires^  par  ses  succès  dans  les 
science/s  ,  soit  resiée  en  arrière  dans  prescjue 
tous-  les    arts    d  imagination  ,     dans    la    poésie  , 

I  dans  l'éloquence;  et  depuiscelte  illustre  assemblée 
constituante    qui     comptait   quelques    or  teurs  , 

I  jusqu'au    24    messidor   dernier  ,     combien  trou- 

!  veraicni-ils   d'hommes  dignes  de  se   placer  près 

j  d'eux  ? 

I      Ce   n'est  pas  seulement    à    nos   troubles    et  à 

I  nos  disseulions  qu'il  faut  attribuer  ce  défaut  de 
goût  et  de  politesse  ;  c'est  à  l'oubli  total  des 
convenances  ,  c'est  à  la  confusion  absolue  de 
toutes  les  nuances  sociales  ,  à  ces  saturnales 
qui  avaient  fait  de  l'ineptie  un  titre  à  la  puis- 
sance ,  à  ce  mépris  affecté  pour  tout  ce  qui 
était  revêlu  du  pouvoir  ,  à  ce  besoin  de  se 
dégrader  pour  n'êtie  point  prosctit ,  à  l'abandon 
total  de  l'éducation  publique.  Mais  ces  tems  sont 
passés  ;  et  puisque  le  senlimeni  des  convenances, 
qui  est  un  des  premiers  charmes  comme  un 
des  premiers  besoins  de  la  vie  ,  commence  ài 
reparaître  parmi  nous,  qu'il  reprenne  enfin  dans 
le  monde    littéraire. .1  influence   qu'il    doit   avoir. 

Aujourd'hui  qu'il  n'existe  nulle  disdnction  entre 
les  gens  de  lettres  et  les  gens  du  monde  ;  au- 
jourdhui  que  l'on  compte  dans  les  premiers 
rangs  de  l'ordre  social  ,  des  hommes  qui  hono- 
rent les  lettres  ,  des  hommes  à  cjui  leurs  lalens 
comme  écrivains  ,  assignent  une  place  distinguée 
dans  l'estime  publique  ;  aujourd'hui  que  le  mé- 
lange est  naturellement  opéré  ,  il  faut  un  point 
de  réunion  oià  ceux  qui  s  occupent  de  littéra- 
ture et  de  goût  puissent  converser,  se  comrau- 
quer  leurs  observations  ,  s'éclairer  les  uns  les 
autres  ,  et  faire  part  au  public  du  résultat  de 
leurs  travaux. 

L  institut  national  ne  peut  remplir  cet  objet.  On 
en  a  dit  plusieurs  lois  les  raisons  ;  et  moi  je  n'en 
voudrais  d'autres  preuves  que  l'expérience.  Assu- 
rément, dans  aucun  pays  de  l'Europe  ,  dans  au- 
cun tems  de  l'histoire ,  les  sciences  n'ont  éié  mieux 
cultivées ,  plus  utilement ,  plus  glorieusement  em- 
ployées. Mais  le  goût!  mais  les  lettres  !  quels  titres 
pouvons-nous  montrer  ?  que  pouvons-nous  com- 
parer aux  beaux  tems  de  notre  littérature  ? 

Je  le  répète,  et  je  crois  que  tous  les  véritables 
gens  de  lettres  sont  de  mon  avis,  une  société  lit- 
téraire ,  purement  littéraire  ,  est  utile  ;  elle  est  in- 
dispensable pour  remédier  au  mal  ,  ou  du  moins 
en  arrêter  les  progrès.  Mais  oii  voit-on  là  le  réta- 
blissement de  l'ancienne  académie  française  ,  si 
ce  n'est  que  celte  société  s'occuperait  également 
de  littérature  ,  du  perfectionnement  de  la  langue 
françiise  ,  et  non  pas  de  ces  théories  vagues  et 
abstraites  dont  il  ne  reste  aucun  fruit? 

Au  reste  ,  les  tems-,  nos  mceurs  ,  nos  usages , 
nos  lois  ,   sont  changés  :  les  statuts  cl  les  forcàes 


ne'  peuvehl  êire  les- mêmes  que  sbùs  la  monar- 
chie ;  mais-  le  but  doit  être  le  même  ,  les  avan-' 
tages  seront  les  mêmes  ,  et  je  ne  connais  dans 
le  monde  que  les  ignorans  ou  Ie3  dévots  qui  puis- 
sent s'effrayer.  , 

Je  voudrais  ,  au  reste,  pouvoir  m'expliquer  les 
motifs  qui  portent  quelqnes  hommes  à  redouter 
la  formation  de  cette  société  littéraire.  Diront-ils 
que  c'est  par  amour  pour  la  république'?  Ceux  qui 
aiment  la  lépiiblique  veulent  sa  gloire  ;  ils  veulent 
que  les  lettres  y  soient  libres  et  en  honneur  ;  ils 
veulent  que  cette  belle  langue  française,  la  langue 
des  Racine  ,  des  Fénélon  ,  des  Rousseau  ,  des' 
'Voltaire,  etc.  etc.  conserve  toute  sa  pureté;  ils 
ne  veulent  pas  que  des  barbares  la  défigurent  avec 
un  jargon  encore  révolutionnaire  :  comme  si  cet 
argot  farouche  n'avait  pas  dû  finir  le  iS  brumaire  ! 
Mais ,  grâces  à  cette  journée  ,  la  liberté  n'est  plus 
un  mot  ;  la  nation  est  rendue  à  sa  dignité  ,  à  son 
indépendance  ;  le  gouvernement  est  éclairé  sur  ses 
devoirs  ,  sur  ses  intéiêts,  sur  ses  droits  :  qu'im- 
portent donc  les  vaines  clameurs  des  éternels  en- 
nemis de  l'ordre  et  de  la  liberté  ?  Espérons  que  la 
France  ,  désormais  heureuse  et  environnée  de  tous 
les  genres  de  gloire,  les  réduira  du  moins  au 
silence  ,  s'ils  ne  veulent  consentir  à  jouir  avec 
nous  de  son  bonheur. 

Mais  il  est  des  hommes  qui  ne  vsulent  pas  voir 
que  rien  de  ce  qu'a  détruit  le  14  juillet  1789  ne 
peut  reparaître.  Esprits  ombrageux  et  poltrons,  ils 
ne  lèvent  que  contre-révolution  :  si  on  parle  de 
liberté  religieuse  ,  ifs  crient  qu'on  veut  un  culte 
dominant  ;  ils  croient  voir  un  clergé  riche  ,  puis- 
sant ,  indépendant,  faisant  un  corps  dans  l'étal,  et 
dictant  des  ordres  au.peuple  et  au  prince  ,  tandis- 
que  tout  cela  serait  impossible  quand  même  le, 
gouvernement  le  voudrait  :  si  l'on  parle  d'un  bon 
système  d'éducation  publique  ,  ils  rêvent  à  l'é- 
ducation monacale  ,  à  je  ne  sais  quelle  folie  à 
laquelle  personne  au  monde  ne  peut  vouloir 
revenir  :  si  1  on  crée  un  ordre  judiciaire  fort  „ 
indépendant ,  protecteur  et  gardien  de  la  liberté, 
civile  ,  ils  croient  voir  ces  grands  spectres  de  parU- 
mens  ,  comme  disait  Mirabeau  :  li  on  forme  une 
société  littéraire  qui  s'appelle  ou  ne  s'appelle  point 
académie  française  ,  ils  croient  voir  les  éloges  de 
la  Saini-Louis  ;  ils  oublient,  ils  feignent  d'oublier 
que  ce  qui  est  bon  doit  rester,  que  ce  qui  est 
mauvais  périra.  Les  insensés  !  ils  attaqueraient  bien 
d'autres  choses  si  la  peur  ne  les  retenait  ;  et  tandis 
que  dans  noire  indépendance  nous  parlons  dii 
moins  par  forme  de  devis  ,  sinon  par  forme  d'avis  , 
comme  dit  Montaigne  ,  ils  vont  partout  seman^ 
lombrage  et  l'inquiétude  ,  flattant  pour  trahir  , 
incapables  de  servir,  et  bons  seulement  à  nuire. 
(Extrait  du  Mercure  de  France  ,  n°  4.) 


Avis  aux    cultivateurs  de  plantes   étrangères 

Tous  les  bons  observateurs  savent  que  le  beau 
framboisier  du  Canada  (rubus  odoratus]  ,  qui  fait 
en  ce  moment  l'ornement  des  jardins  par  ses 
grandes  fleurs  rouges  et  ses  larges  feuilles  odo- 
rantes ,  est  du  nombre  des  rosacées  frappées  de 
stérilité,  comme  le  fraisier  auquel  nos  jardinieis 
donnent  le  nom  de  coucou  ,  et  les  anglais  celui 
d'aveugle.  Mais  ,  dans  l'un  et  dans  l'autre  ,  les 
fleurs  n'étant  pas  véritablement  mâles  ,  il  s'y 
forme  des  portions  de  fruits  ,  qui  ,  dans  le  frai- 
sier ,  donnent  quelques  grains  fertiles  ;  ce  qui 
ue  paraît  pas  arriver  dans  le  framboisier.  Les 
graines  du  fraisier  coucou  ayant  produij  ,  il  y 
a  plus  de  vingt  ans ,  des  pieds  fertiles  portant 
de  bons  fruits  ,  il  serait  bien  intéressant  de  ré- 
tablir de  même  la  feriilité  du  framboisier  du  Ca- 
nada ;  et  comme  la  saison  paraît  favorable  à  la 
végétation  de  cet  arbrisseau  ,  tous  ceux  qui  ea 
ont  dans  leurs  bosquets ,  sont  invités  à  les  guetter 
de  près  ,  et  s'il  s'en  trouvait  quelqu'unes  qul- 
fussent  parvenues  à  maturité  ,  on  les  exhorte 
à  les  recueillir  soigneusement  ,  et  à  ne  les  con- 
fier qu'entre  les  mains  de  pépiniéristes  expéri- 
mentés. (Extrait  du  Journal  du  département  de 
Seine  et  Oise.) 


COURS     DU     CHANGE. 
Bourse  du  17  thermidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Rente  provisoire 23  (r.  25  c. 

Tiers  consolidé 35  Jr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers '   fr.  58  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr. 

Bons  pour  l'an  8 .   85  fr.  5o  c. 

Syndicat ^6  fr. 

Coupures •  06  ,fr.  75  c. 


raboanement  s=  fait  à  Paris ,  rue  des  Poitevins ,  n»  18.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois  ,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  100  francs  pour  l'année  eoa«e.  Ou  ne  s'abonne 
qu'au  commeucemcul  de  chaque  mois.  |  , 

Il  faut  adresser  le.  lettres  et  l'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  A  s  s  E  ,  propriétaiie  de  ce  journal  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  iS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  ou  l'on  ne  peut  alfrancliir.  Les  lettres  des  départemens  non  aifranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

If  faut  «voir  som,  pour  plu»  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  des 
.  Poitevin»,  n«i.J,depui  .neuf  Ueurcs  du  matin  jusqu'acinq  hcurcî  du  soir. 


A  Paris  ,  de. l'imprimerie  du  cil.  Agasse,  propriétaire  du  Moniteur,  me  des  Poitevins,  n*  l3. 


N°  319. 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


Xonidi  y    I  9  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  Une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  aiuoriscs  à  prévenir  'nos  souscripteurs  qu'à  dicer  du  7  Nivôse  le   M  O  N  I  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officie/. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  siiC 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  parciculiéremenr  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

RUSSIE. 

Pékrsbourg  ,  le  iS  messidor. 

Xj'empereue  ,  Paul  \" .  a  nommé  pour  gouver- 
neur de  Kaminieck,  le  général  Rosenberg. 

L'amiral  Mussin-Puschkin  ,  qui  s'est  distingué 
dans  la  dernière  gueire  de  la  Russie  contre  la 
Suéde  ,  a  reçu  son  congé  ,  à  cause  des  désordres 
qui  ont  eu  lieu  sur  sa  flotte  dans  la  mer  Baltique 

Kotzebiie  doit  avoir  été  remis  en  liberté  par  le 
gouvernement  russe. 

On  donne  deux  causes  de  la  défaveur  dans 
laquelle  sont  tombés  les  émigrés  auprès  de  l'em- 
pereur :  la  première  est  la  jalousie  qu'ils  exci- 
taient par  la  place  qu'ils  occupaient  .  surtout  aux 
armées  ;  la  seconde  ,  parce  qu'on  les  regarde 
comme  partisans  de  l'Angleterre. 

Il  y  a  toujours  de  nos  soldats  sur  les  frontières 
de   la  Turquie.  [Strasb.  Wdlbote.) 

ALLE    MAGNE. 

Francfort  ,  le  10  thermidor. 

Voici  quelle  est  la  position  de  de  l'armée  fran- 
çaise :  l'aile  droite  est  dans  la  haute  Souabe  , 
son  quartier-général  à  Kempten  ;  le  centre  borde 
les  deux  rives  du  Danube,  depuis  Ulm  jusqu'à 
Ingolstadt  ;  il  a  son  quartier-général  à  Dillingen, 
dont  le  château  a  été  préparé  pour  recevoir  le 
général  Moreau.  Le  lieutenant-général  Grenier  est 
à  Piatisbonnp.  On  persiste  à  dire  que  celte  ville 
sera   déclarée  neutre. 

Le  5  thermidor ,  le  géi^éral  Moreau,  accom- 
pagné de  Desselles  ,  est  arrivé  à  Augsbourgdans 
la  nuit  du  5  au  6. 

Deux  courriers  ,  l'un  de  Prusse  ,  l'autre  de 
Bavière  ,  sont  passés  par  Ratisbonne.  On  dit 
qu  ils  portent  à  Moreau  des  dépêches  concernant 
la  paix  avec  la  Bavière  .•  aussi  il  est  probable  que 
'  les  guinécs  des  subsides  anglais  passeront  dans 
les  coffres   de   France. 

Le  comte  de  Dielrichstein  est  arrivé  le  sg  mes- 
sidor à  Vienne  ,  avec  les  conventions  de  l'armis- 
tice. L'empereur  les  a  ratifiées  sur  le  champ.  Les 
soldais  impériaux  ,  en  vertu  de  l'armistice  , 
occupent  les  bords  de  la  Redniz  et  du  Mein  , 
lieux  désignés  pour  leur  démarcation.  (  Strasb. 
Weltbote.  )  '  , 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  le  26  juillet,   (  6  thermidor.  )  > 

Journal  du  parlement.  —  Chambre  des  pairs.  —  Séance 
du  a4  juillet  (  5  thermidor] 

La  chambre  se  forme  en  comité  de  privilèges  , 
et  les  étrangers  sont  exclus. 

[  L'objet  du  comité  a  dit  être  de  s'occuper  des 
plaintes  portées  la  veille  à  la  barre  par  un  savant 
conseil  (M.  G.irrow)  sur  un  rapport  inséré  mardi 
dernier  djns  le  Times.  Ce  rapport  était  celui  tiu 
discoiirs  prononcé  au  parlement  par  un  noble 
comte,  dans  le  débat  sur  l'incorporation  de  la 
compagnie  de  Londres.  Lord  Grenville  ,  à  ce 
qu'il  paraît  ,  a  fait  une  motion  tendante  à  déclarer 
que  la  publication  des  débais  de  la  chambre  éiait 
une  haute  infraction  de  privilège  ,  et  le  comité 
a  arrêté  ,  sur  sa  proposition  ,  de  faire  comparaître 
lundi  ,  à  la  barre  de  la  chambre,  l'iraprioieur  et 
l'éditeur  du  Times.  | 

La  chambre  prend  en  considération  le' rapport 
du  coriité  sur  le  bill  pour  l'incorporation  de  la 
compagnie  de  Londres. 

Le  comte  de  Liverpool  ,  dans  l'inlenlion  de  cal- 
mer les  craintes  qui  te  sont  élevées  au  sujet  de 
ce  bill  ,  propo.ie  ,  par  voie  d'aniendenieni  ,  les 
clauses  suivantes  : 

1".  Que  la  clause  fixant  la  durée  de  la  compa- 
gnie à  10  ans  ,  soit  remplacée  par  une  clause  auto- 
lisant  S.  M.  à  la  dissouiUe  au  bout  de  six  mois  , 
et  toutes  lois  qu'il  paraîtrait  qu'elle  eût  abusé  de 
«es  pouvoirs. 

a".  Que,  pour  prévenir  le  danger  que  la  com- 
pagnie vienne  à  rivaliser  les  ncgocians  en  bleds, 
il  ne  lui  soit  pas  permis  d'en  vendre  plus  de  1000 
jacs  par  se.-naine  ,  pourvu  cependant  qu'il  soit 
pris  dci  mcturespout  qu'elle  puisse  disiioaer  de» 


grains  qui  courraient  le  risque  de  s'endommager 
dans  ses  magasins. 

3°.  Qjie  les  boulangers  soient  autorisés  à  faire 
l'espèce  de  pain  nommé  standard  toheaten  bread 
(  pain  de  ménage)  afin  que  la  concurrence  de  la 
compagnie  ne  leur  fasse  point  de  tort  :  en  même 
tenis  que  les  magistrats  de  Londres  soient  chargés 
d'en  fixer  le   prix    par  une  nouvelle  assise. 

Les. clauses  sont  adoptées  après  quelque  oppo- 
sition de  la  part  du  duc  de  Clarence  ,  de  lord 
Hobart  et  du  comte  de  Westmoreland. 

Le  bill  est  lu  pour  la  troisième  fois,  et  renvoyé 
à  la  chambre  des  communes  avec  ^es  amende- 
mens. 

Chambre  des  Communes.  —  Séance  du  n  juillet. 
(5  thermidor.  ) 

L'ordre  du  jour  appelle  la  troisième  lecture  du 
bill  pour  lever  3,5oo,ooo,  afin  de  raeitrre  S.  M.  à 
même  de  remplir  ses  engagemens  envers  l'em- 
pereur. 

M.  Tierney  ne  s'opposera  point  à  l'envoi  du 
subbide  s  il  ()eu£  ficiliicr  à  lempereur  les  moyens 
d'obtenir  une  paix  générale.  Mais  il  a  quelque 
doute  à  ce  sujet.  Dans  la  circonstance  présente  , 
il  regarde  un  armistice  à  peu  près  comme  un 
iraiié  de  paix.  En  conséquence  il  propose,  par 
voie  d'amendement  ,  11  qu'aucune  somme  ne 
puisse  être  envoyée  à  l'empereur  après  qu'il  aura 
signé  un  traité  avec  la  république   française,  n 

M.  Dundas  n'est  point  étonné  de  cette  motion. 
L'honorable  membre  agit  avec  conséquence.  Il 
n'a  point  de  confiance  aux  ministres  de  S.  M.  ;  il 
croit  que  le  gouvernement  conduit  mal  les 
affaires  ,  et  ,  d'apiès  ce  principe,  il  a  raison  de 
vouloir  anêter  les  ministre  dans  leurs  mesures. 
Mais,  ajoute  M.  Dundas,  ce  ne  sont  point  des 
hommes  tels  que  l'honorable  membre  que  je 
cherche  à  convaitjcre  ,  c'est  la  majorité  de  la 
chambre,  je  demanderai  donc  à  la  chambre  si  elle 
croit  nécessaire  de  se  mêler  des  fonctions  du  gou- 
vernement,  et  de  prononcer  une  défense  qui 
prouverait  que  le  gouvernemeni  a  perdu  sa 
confiance  ?  Si  elle  veut  déclarer  d'^.>,;aace  que  les 
ministres  abuseront  de  leur  pouvoir  ? 

M.  Jones.  S'inoui  en  croyons  les  ministres,  rien 
ne  nous  a  élè  plus  profitable  que  les  subsides 
donnés  à  nos  alliés.  La  vérité  est  que  nous  avons 
prodigué  nos  trésors  pour  payer  des  hongrois  , 
des  hessois  ,  des  allemands  et  des  condéens.  Nous 
avons  soldé  tous  les  mendians  ,  les  renégats  et  les 
mauvais  sujets  de  la  terre.  L'empereur  a  pris  nos 
millions  sans  payer  ni  principal  ,  ni  intérêt.  On 
pourrait  encore  s'en  consoler  s  il  agissait  pour  la 
cause  cominune  ;  mais  ce  serait  folie  que  de  lui 
faire  passer  de  l'argent  après  qu'il  aurait  signé  une 
paix  séparée  ou  même  un  armistice.  Cést  là  tout 
ce  que  mon  honorable  ami  voudrait  empêcher. 
Je  ne  répélerai  point  les  passages  de  Juvenal  que 
j'ai  cités  dernièrement  ,  mais  ils  sont  certainement 
applicables  à  ce  bill.  Il  m'est  extrêmement  pénible 
de  m'opposer  aux  ministres.  L'extravagance  de 
leur  conduiie  esi  la  seule  chose  qui  puisse  m  y 
forcer.  Elle  épuiserait  la  patience  d'un  Job  ,  et 
véritablement  le  peuple  anglais  se  montre  beau- 
(  coup  plus  patient  que  Job  ne  le  fut  jamais.  Au 
lieu  de  penser  à  envoyer  sur  le  coniinent  la  rançon 
de  l'orgueilleuse  métropole  autrichienne  ,  nous 
devrions  penser  sérieuseinent  à  taire  la  paix.  Je 
crains  que  la  conduite  des  ministres  ne  fasse  courir 
un  grand  danger  à  la  constitution  ,  et  je  préviens 
la  chambre  ,  qu'au  commencement  de  la  session . 
je   ferai  une  motion  à  ce  sujer. 

L'amendement  de  M.  Tierney  est  rejeté  à  la 
majorité  de  38  voix  contre  4. 

Le  bill  est  lu  pour  la  troisième  fois  et  passe. 
Séance  a!u  2  5  juillet. 

Les  trois  bills  pour  l'émission  de  9,5oo,ooo  llv. 
slerl.  en  billets  de  l'échiquier  ,  sont  lus  pour  la 
troisième   fois   et  passent. 

La  chambre  reçoit  de  celle  des  pairs  le  bill 
pour  l'incorporation  de  la  compagnie  de  Londres, 
avec  quelques  amendemens  pour  lesquels  sa 
concurrence  est  demandée. 

Lord  Haxukesbury  ptopose  que  ces  amendemens 
soient  pris  en  considération. 

M.  Nichols,  observant  que  beaucoup  de  mem- 
bres absens  ne  peuvent  connaître  ces  amende- 
mens, demande  le  renvoi  de  U  question  au  lundi. 


Il  s'élève  à  ce  sujet  une  discussion.  —  L'oraieut 
explique  qu'en  pareil  cas  1  usage  est  de  remetire 
le  débat  au  jour  suivant.  —  M.  Baker  témoigne  lé 
désir  que  la  question  soit  écartée.  —  L'orateur  dit 
que  ,  pour  suivre  les  formes  usitées  ,  les  amen- 
demens doivent  passer  jusqu'à  la  seconde  lecture  t 
et  qu'alors  c'est  à'ceux  qui  désirent  les  faire  re- 
jeter ,  de  faire  la  motion  que  cette  seconde  lecture 
soit  ajournée  à  trois  mois  ,  ou  à  tout  autre  espace 
de  t&ms. 

Les  amendemens  sont  lus  pour  la  première  fois. 

La  seconde  lecture  est  proposée. 

Al.  Baker  s'oppose  à  lecture  et  élevé  contre  les 
amendemens  les  mêmes  objections  qu'il  a  déjà 
formées  contre  le  bill. 

Lord  Hawkesbury  soutient  les  amendemens. 

M.  Tierney  prétend  que  l'octroi  des  charlrei 
d'incorporation  appartient  à  la  prérogative  de  la 
couronne  ,  que  1  intervention  du  parlement  est 
inutile.  Il  en  appelle  à  cet  égard  au  procureur^ 
général.  Mais  puisqu'enfin  la  mesure  présente  est 
soumise  à  la  sanction  du  parlement,  il  croit  que 
la  législature  devrait  avoir  le  même  privilège  que 
la  couronne  ,  celui  de  dissoudre  la  nouvelle  cor- 
poration ,  si  elle  venait  à  être  en  défaut. 

Le  procureur-général  dit  qu'il  ne  désire  point 
entrer  dans  la  discussion  du  bill  ;  il  serait  fâché 
d'avoir  pris  une  part  personnelle  dans  une  mesure 
qui  pourrait  un  jour  l'occuper  dans  sa  capacité 
judiciaire. 

La  question  est  mise  aux  voix.  —  La  seconda 
lecture  a  lieu  à  la  majorité  de  34  contre  16. 
(Courrier  de  Londres  .,  1Q  juillet,  j 

Du  2g  juillet.  —  Le  prix  moyen  du  pain  dâ 
4  livres  depuis  le  4  juillet  lygg  jusqu'au  3  juillet 
1800  ,  a  élè  de  14  pences  ,  et  près  d'un  farthing  ) 
c'est-à-dire  ,  22  s.  -j  de  France. 

Le  duc  de  Bedfort  a  donné  700  guinées  à  utl 
fermier  du  Nottingham-shire  ,  poiK  le  loyer  d'uti 
bélier  de  Leicester-shire  pour  la  saison. 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg  ,   le  i3  thermidor. 

Avant-hier  Grawnosky  ,  chef  de  l'étai-major 
de  la  légion  polonaise,  s'est  précipité  dans  le 
Rhin  et  noyé.  On  ignore  la  raison  de  ce  suicide. 
Les  soldats  ont  beaucoup  pleuré  la  mort  de  cç 
malheureux,  officier  ;  sa  bonié  et  son  excellent 
caraciere  le  lésaic*it  chérir  de  tout  le  monde  j 
depuis  quelque  tems  son  penchant  à  la  mélan-' 
colie  semblait  être  l'avant-coureur  de  cette  mort. 
Il  était  d'une  des  plus  riches  et  des  plut  hono- 
rables famille  de  la  Pologne.  U  avait  été  ,  sous 
l'ancien  régime  ,  colonel  d'un  régiment  d'ar- 
tillerie. 

Lorsque  nous  sommes  entrés  dans  les  Ligues 
grises,  nous  avons  pris  aux  autrichiens  Un  ma^ 
gasin  dans  lequel  on  a  trouvé  1800  habits  neufs  < 
6  canons,  94g  fusils  neufs  et  1100  vieux,  3oo,ood 
cariouches  ,  goo  gargousses,  40GO  pierres  à  fusil  , 
et  400  paquets  de  mèches. 

Strasburger  Weltbote. 


Paris  ,  le  iS  thermidor, 

Les  journaux  de  Strasbourg  annoncent  qua 
plusieurs  cantons  voisins  de  cette  ville  sont  dé- 
solés par  des  myriades  de  sauterelles. 

—  Quelques  journaux  anglais  annoncent  qua 
le  débordement  de  JEuphraie  a  occasionné  une 
maladie  épidèmique  qui  ,  dans  le  cours  de  deux 
mois  ,  a  enlevé  12,000  personnes  dans  les  villes 
de  Bassora  et  de  Korin. 

—  Des  cultivateurs  avaient  demandé  ,  dans  là 
Vedette  de  Rouen,  un  moyen  pour  détruire  lefe 
rats  et  les  souris  qui  remplissent  les  granges  et 
dévorentlesblés.LesrédactcursduC//£y67jFMîiÇf!iJ'', 
en  transcrivant  la  lettre  insérée  dans  le  journal  de 
Rouen,  satisfont  aux  désirs  de  ceux  qui  l'ont 
écrite  ,  en  leur  conseillant  de  jeter  dans  une  bas' 
siiioire  semplie  de  charbons  ardens  ,  une  jioignée 
de  rognures  de  corne  qu'on  ôte  aux  mulets  eu 
les  ferrant.  L'odeur  de  celte  fumigation  est  telle-' 
ment  insupportable  aux  rats  ,  qu'ils  luiront  aviIC 
ptccipitadon  1er  lieux  où  on  la  fera. 


1286 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arràé  du  17  thermidor  ,  un  8. 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête  ce  qui  suiu 

Le  citoyen  Corbigny,  ex-commissaire  du  gou- 
vernement à  Corfou  ,  est  nommé  préfet  du  dé- 
partement de  Loir-ei-Gher  ,  en  remplacement  du 
citoyen  Beyts  ,  appelé  à  d'autres  fonctions. 

Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exécu- 
tion du  présent  arrêié. 

Le  premier  consul  .,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul, 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret* 

ACTES    ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE     DE    LA    MARINE. 

RÈGLEMENT. 

De  l'exercice  de  ta  mousqueterie. 

1°.  L'exercice  de  la  mousqueterie  sera  fait  trois 
fois  par  décade  ,  à  bord  de  tous  les  bâtimens  de 
la  république  ,  tant  par  les  soldats  embarqués  que 
par  les  matelots  et  novices. 

s°.  Tous  ceux  qui  seront  suffisamment  ins- 
truits au  maniement  des  armes  ,  seront  successi- 
vement admis  à  tirer  à  la  cible.  Cet  exercice  aura 
toujours  lieu  à  bord;  et  si  la  position  du  bâti- 
ment ne  le  permettait  pas,  le  commandant  de  la 
lade  indiquerait  un  autre  bâtiment  sur  lequel  le 
détachement  désigné  se  transporterai!. 

3°.  Il  sera  délivré  une  double  ration  à  tous  les 
individus  qui  auront  atteint  le  but.     ^ 

De  l'exercice  du  canon.  1 

1°.  L'exercice  du  canon  sera  divisé  en  petit  et 
en  grand  exercice.  1     ' 

2°.  Le  petit  exercice  aura  lieu  six  fois  par  dé- 
cade à  bord  de  chaque  bâtiment  :  il  sera  fait  suc- 
cessivement par  la  totalité  de  l'équipage  ,  sur 
quatre  canons  de  chaque  calibre. 

3°.  Le  grand  exercice  aura  lieu  trois  fois  par 
décade.  I(  sera  général  ,  et  chaque  homme  occu- 
pera le  poste  qui  lui  est  affecté  dans  le  combat  ; 
ce  simulacre  sera  fait,  tant  pour  le  combat  d'un 
bord  ,  que  pour  le  combat  des  deux  bords. 

4°.  Indépendamment  du  grand  et  petit  exer- 
cice ,  il  sera  fait  un  exercice  à  feu  ,  sous  voile  , 
par  les  équipages  d'une  armée  navale  ,  escadre 
ou  division. 

5°.  Une  forte  corvette  sera  destinée  à  manœu- 
vrer sous  voile  dans  l'enceinte  de  la  rade  ,  de 
manière  à  ce  que  l'on  puisse  tirer  à  des  distances 
plus  ou  moins  éloignées  et  dans  différentes  direc- 
tions ,  sur  une  carcasse  ou  corps  flottant ,  disposés 
à  cet  effet. 

6°.  Cet  exercice  aura  lieu  tous  les  jours  ,  le 
matin  et  le  soir.  Le  commandant  de  la  rade  dési- 
gnera les  bâtimens  qui  devront  successivement 
fournir  des  détachemens  proportionnément  au 
nombre  d  hommes  composant  leur  équipage. 

^°.  Une  fois  par  décade,  pendant  les  six  mois 
d'été  ,  et  une  fois  par  mois,  pendant  les  six  mois 
d'hyver,  il  sera  fait  sur  la  corvette  d'instruction 
un  exercice  extraordinaire. 

8°.  Chaque  bâtiment  de  la  rade  enverra  à 
bord  de  la  corvette,  le  nombre  d'hommes  néces- 
saire pour  manœuvrer  un  canon. 

9°.  A  la  suite  de  l'exercice  il  sera  délivré  deux 
prix,  à  titre  de  récompense,  aux  canoniers  qui 
auront  le  mieux  pointé. 

10°.  Le  premier  prix  sera  de  10  francs,  et  le 
second  de  5  francs  :  ils  seront  décernés  par  un 
officier  major  ,  nommé  par  le  commandant  de  la 
rade  ,  pour  assister  à  chaque  exercice. 

II".  Le  bâtiment  à  qui  appartiendra  le  cano- 
niec  qui  aura  remporté  le  prix,  sera  pavoisé  tout 
le  jour. 

Exercice  de  la   manœuvre. 

1°.  Il  sera  fait  tous  les  jours  à  bord  de  chaque 
bâtiment  un  exercice  de  manœuvre. 

2".  Cet  exercice  aura  pour  objet  de  passer 
et  de  dépasser  les  mâts  de  hune,  d'amener  et  de 
hisser  les  basses  vergues  ,  de  gréer  et  dégréer  , 
carguer  et  serrer  les  voiles  ,  de  prendre  des  ris  , 
d'embarquer  et  de  débarquer  les  bâtimens  à  rames, 
et  enfin  de  faire  tous  les  simulacres  de  manœuvre 
qui  peuvent  avoir  lieu  à  la  voile  et  pendant  le 
combat. 

3".  Le  commandant  de  la  rade  indiquera  la 
manœuvre  qui  devra  être  faite  ,  et  tous  les  bâti- 
mens de  la  rade  l'exécuteront  e^  inême  tems 
au  signal  qui  en  sera  donné  par  un  coup  de 
canon. 

4°.  Le  commandant  de  la  rade  indiquera  ,  par 
le  signal  de  satisfaction  ,  le  bâtiment  qui  aura  le 
mieux  manœuvré  ;  le  signal  sera  répété  par  toute 
l'armée  ,  et  le  bâtiment  le  conservera  toute  la 
jçurnée   en  tête  du  mât. 

5°.  Le  capitaine  dudil  bâtiment  fera  délivrer 
double  ration  aux   vingt  hommes  qui  se  seront 


le   plus   distingués  dans   la  manœuvre  qui    aura 
eu  lieu. 

6°.  Le  commandant  de  la  rade  ,  le  lendemain 
de  l'exercice  ,  publiera  à  l'ordre  la  liste  générale 
des  bâtimens  ,  d'après  le  rang  que  chacun  aura 
obtenu  par  la  précision  qu  il  aura  apportée  fans 
l'exécution  de  la  manœuvre. 

Exercice  de  natatien. 

1°.  Le  commandant  de. la  rade  donnera  ordre 
aux  capitaines  de  chaque  bâtiment  de  faite  exercer 
les  équipages  à  la  natation.  Pareil  orctre  seia 
donné  dans  le  pori  par  le  préfet  maritime. 

2°.  Cet  exercice  aura  lieu  toutes  les  fois  que  le 
tems  et  les  circonstances   le   permettront.   Il   sera  1 
pris  des  précautions  pour  que  les  nageurs  ne  puis- 
sent courir  aucun  danger. 

3°.  Pendant  les  mois  de  prairial ,  messidor  ,  ther- 
midor et  fructidor,  il  sera  fait  un  exercice  général 
de  natation ,  à  la  suite  duquel  des  prix  seront  dis- 
tribués. 

4°.  Celui  qui  ,  dans  un  tems  donné ,  atteindra  le 
point  le  plus  distant  du  lieu  de  départ  ,  recevra 
à  titre  de  récompense  ,  une  somme  de  10  fr. 

5".  Le  même  prix  sera  décerné  à  celui  qui  aura 
le  mieux  plongé,  et  à  celui  qui  aura  pu  faire  un 
amarrage  ,  ou  cloué  une  planche  à  la  partie 
submergée  d'un  bâtiment  qui  aura  été  désigné. 

6°.  Un  officier  major  sera  juge  du  mérite  et  dis- 
tributeur des  prix. 

Exercice  des   mousses. 

Les  mousses  de  chaque  bâtiment  sei^onl  exercés 
tous  les  jours  ,  suivant  l'usage  établi. 

Le  ministre  'de  U  marine ,  signé  ,  Forfait. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Morcau. 

SUITE    DE     LA     SÉANCE    DU     l6    THERMIDOR. 

Suite  de  la  motion  d'ordre. de  haussât. 

La  liberté,  tribuns ,  il  est  de  sa  fatale  destinée, 
que  les  risques  pour  elle  soient  un  des  vices  insé- 
parables de  toute  institution  sociale  ,  comme  la 
destruction  est  en  quelque  sorte  un  des  vices 
inséparables  de  la  nature. 

Il  n'y  a  jamais  eu  ,  et  il  n'y  aura  jamais  sur  la 
terre  ,  de  pouvoir  exécutif  qui  ,  a  la  longue  ,  par 
une  pente  plus  ou  moins  sensible  ,  souvent  invo- 
lontaire ,  toujours  innée,  n'ait  tendu  et  ne  tende 
au  despotisme.  En  conséquence  ,  sans  se  fier  au 
bonheur  des  conjonctures,  ou  à  la  moralité  des 
hommes,  choses  qui  sont  pour  les  nations  et  les 
siècles  des  açcidcns  éphémères  ,  et  sur  lesquels  il 
n  est  point  permis,  d'asseoir  des  combinaisons 
sages  et  durables  ,  on  n'a  cessé  de  chercher  et 
d'essayer  deS  moyens,  soit  de  ralentir,  soit  de 
contrebalancer  cette  funeste  tendance.  Quelque 
modification  qu'on  ait  imaginé  de  leur  donner, 
c'est  de  tous 'les  tems  et  dans  tous  les  pays  libres 
au  contre-poids  d'une  tribune  populaire  qu'on 
a  eu  principalement  recours. 

Je  n'ignore  point  combien  de  nos  jours  on  a 
abusé  de  la  tribune  ,  et  dans  quel  décri  on  est 
parvenu  à  la  plonger;  néanmoins  pas  de  milieu  , 
ou  la  tribune  telle  que  je  viens  de  la  désigner, 
ou  la  servitude. 

Un  homme  d'état  gouvernera  peut-être  mieux 
du  fond  du  divan  que  du  haut  du  forum  :  l'obéis- 
sance est  de  toutes  parts  organisée  et  aux  écoutes , 
impatiente  d'exécuter  ses  ordres;  mais  les  droits 
de  la  liberté  humaine  ,  incessamment  et  par-tout 
en  butte  à  des  périls  multipliés  et  renaissans  , 
n'ont  le  plus  souvent  en  leur  faveur  que  la  cons- 
cience du  puissant  et  le  cri  du  faible.  Gomment, 
sans  tribune,  faire  l'appel  à  de  semblables  défen- 
seurs? Comment  les  dénonciations  et  les  plaintes 
iraient-elles  ,  sans  tribune  ,  porter  au  loin  leurs 
retentissemens  d'alarmes,  et  exciter  une  ligue  de 
réclamations  communes  dans  toutes  les  âmes  gé- 
néreuses ?  Voilà  bien  la  place  des  motions  et  des 
vœux;  c'est  pour  défendre  ce  dépôt  précieux  de 
la  liberté  ;  c'est  pour  s'élever  contre  l'injustice  et 
l'abus,  soit  qu'ils  naissent  de  corruption  ou  d'er- 
reur, que  le  tribunat  doit  réserver  cette  superbe 
prérogative  ,  de  tonner  avec  éclat  et  de  réclamer 
avec  to'ute  l'autorité  de  la  voix  nationale.  Telle 
est  l'auguste  et  sublime  mission  ,  où  il  ne  lui  a 
été    donné  ni  d'égal  ni  de  suppléant. 

Les  maax  et  les  dangers  contre  lesquels  elle 
est  dirigée  ,  ne  sauraient  provenir  ,  de  la  part  du 
gouvernement  ,  que  de  délibératioii  ou  d'exécu- 
tion :  pour  garantie  et  remède  de  la  délibération, 
la  coiisiiiution  a  livré  les  actes  du  conseil-d'état 
à  nos  débats  de  tribune  et  à  nos  poursuites  de- 
vant le  sénat;  pour  garantie  et  châtiment  de 
l'exécution  ,  la  constitution  a  consacré  la  signa- 
ture et  la  dénonciation  des  ministres. 

Mais  pendant  que  nous  menaçons  un,  abus  , 
une  violence,  un  déni  de  justice  ,  un  envahis- 
sement de  pouvoir  ,  le  silence  ou  l'arbitraire  , 
ou  la  prévarication  ou  les  complots  des  magis- 
trats ,  le   mépris  ou  l'absence  des  lois  ;  pendant 


que  nous  poursuivons  le  jugement  des  ifiinistres 
pour  la  sûreté  ou  la  vengeance  de  l'état  ou  des 
citoyens  ;  pendant  que  les  mouveraens  de  notre 
éloquence  et  les  assauts  de  notre  logique  ,  nos 
citations  devaiît  le  sénat  ,  et  notre  appel  au 
peuple  ou  à  l'opinion  publique  attaquent  les 
réglemf.ns  ,  les  projets  de  loi  du  conseil-d'état, 
l'autorité  consulaire  ,  toujours  tenue  à  une  très- 
haute  distance  de  ces  scènes  ,  demeure  en  toute 
occasion  séparée  du  mal  qui  lui  a  été  surpris, 
et  se  trouve  par-tout  connue  cl  bénie  pour  le 
bien  seulement  qui  découle  d  elle. 

Ainsi  naît  et  procède  celte  opposition ,  la 
principale  des  obligations  du  liibunat,  cette 
opposition  qui  est  tellement  inhérente  à  son 
caractère  et  à  son  essence,  qu'à  y  bien  réflé- 
chir ,  il  ne  manifeste  réellement  son  être  que 
par  elle. 

En  effet,  le  manifeste-t-il  par  son  adhésion  à 
un  projet  de  loi  ?  ôtez  les  lumières  utiles  que 
la  discussion  répand  quelquefois  dans  le  public, 
cette  adhésion  devient  au  surplus  une  formalité, 
pour  ainsi  dite  ,  d'étiquette  ,  indépendamment 
de  laquelle  ,  et  n'y  eni-il  pas  eu  de  tribunat,  la 
la  loi  aurait  été  également  rendue. 

Si  ,  changeant  de  rôle  ,  le  tribunat  provoque 
lui-même  une  amélioration  législative  ou  admi- 
nislrauve ,  ne  se  met-il  pas  dès-lors  en  état  d'oppo- 
sition ,  puisqu'un  vœu  de  cette  espèce  emporte 
nécessairement  avec  lui  la  censure  indirecte  et 
plus  ou  moins  grave  ,  de  quelque  vice  ou  de 
quelque  négligence  dans  certaines  parties  du  gou- 
vernement ? 

L'opposition  est  déclarée  et  ouverte  ,  quand  le 
tribunat  dénonce  ou  accuse  formellement,  soit 
devant  le  sénat,  soit  devant  le  coi  ps-législatif  ; 
elle  ne  l'est  pas  moins  quand  il  com'oat  un  projet 
de  loi  ,  en  relevé  les  imperfections  ,  en  prédit  le» 
fâcheuses  conséquences  ,  en  découvre  les  bases 
infidèles  ,  en  trahit  l'origine  corrompue  :  s'il  ne 
se  montrait  jdloiix  d'y  travailler  infatigablement , 
pourquoi  donc  existerait-il  avec  tant  d'appareil 
et  à  tant  de  frais  ,  à  moins  toutefois  que  ce  né 
fut  poutL  battre  des  mains  à  chacune  des  pro- 
ductions du  conseil-détat  ? 

Le  tribunat  a  été  évidemment  établi  beaucoup 
plus  pourcontredire  ,que  pOurimaginer. Sommes- 
nous  pénétrés  de  sa  véritable  vocation  PN'élançons 
point  ses  efforts  dans  l'horison  perdu  de  l'imagi- 
nation ,  au  lieu  de  les  contenir  dans  le  champ 
clos  de  la  contradiction.  Notre  part  à  la  législation 
et  à  son  étude  sont  donc ,  à  mon  sens  ,  le  second 
de  nos  devoirs.  Le  premier  ,  tribuns  du  peuple  » 
notre  devoir  sacré,  c'est  celui  que  la  consiiluiioo 
nous  a  imposé  en  nous  créant  les  surveillans  jurés 
des  abus  et  les  sentinelles  spéciales  de  la  liberté. 

Les  motions  et  les  vœux  émis  à  l'un  et  à  l'autre 
de  ces  titres,  différent  de  ceux  où  nous  prenons 
l'initiative  pour  provoquer  le  perfectionnement, 
soit  de  la  législation  .  soit  de  l'adminisiiation  ,  en 
ce  que  ceux-ci  affaiblissent  le  principe  constitutif 
du  tribunal  ,  et  que  ceux-là  au  contraire  le  ren- 
forcent. De-là  cette  conséquence  immédiate  qu'ils 
doivent  ,  en  général ,  être  accueillis  ici  dans  des 
dispositions  tout  autrement  favorahles. 

Cependant  ,  ne  nous  dissimulons  pas  que  , 
moins  dangereux  pour  notre  institution  en  elle- 
même  ,  ils  peuvent  le  devenir  davantage  au- 
dehors. 

Quels  que  soient  l'abus  ou  l'oppression  contre 
lesquels  nous  nous  élevions,  nous  aurons  aussitôt 
«n  tête  des  ennemis  puissans  et  nombreux  :  les 
querelles  s'échaufferont  ;  I  opposition  deviendra 
de  l'animosiié  ,  et  la  fermentation  des  orages.  Il 
ne  se  forment  pas  différemment  au-dessus  des 
peuples. 

L'agitation  est  le  signe  des  gouvernemens  libres: 
elle  en  assure  la  vie  et  la  prospérité;  mais  si  elle 
y  dégénérait  trop  facilement  en  troubles  ,  elle  ea 
serait  la  ruine. 

C'est  donc  une  condition  nécessaire  et  rigou- 
reuse que  les  discussions  qui  l'excitent  et  l'en»- 
tretiennent  ,  portent  sur  des  objets  sérieux  et  sur 
des  griefs  certains  ;  qu  elles  évitent,  à  moins  d'ur- 
gence et  de  péril  extiêmes,  les  jours  d'inoppor- 
tunité ;  qu'elles  se  présentent  enfin  et  sur-tout, 
exemples  de  partialité  ,  de  prévention  ,  de  pas- 
sion et  d'aigreur 

Le  genre  de  motions  et  de  vœux  qui  importe 
le  plus  à  notre  destination  ,  à  notre  gloire  ,  à 
la  constitution  ,  à  la  liberté ,  à  toutes  les  garanties 
publiques  ,  ne  saurait  être  laissé  à  la  discrétion 
des  opinions  privées  et  des  caractères  indivi- 
duels. Il  y  faut^de  la  prudence  et  de  la  mesure, 
comme  il  faut  aux  motions  législatives  et  admi- 
nistratives ,  du  choix  et  de  la  sobriété  ;  il  y  en 
faut  d'autant  plus  que  le  gouvernement  sous 
lequel  nous  vivons  est  plus  jeune  ;  d'auîant  plus 
que  les   circonstances  sont  aussi  plus   critiques, 

moins   assises,   moins  éprouvées 

En  consé(juence  ,  je  place  dans  vos  mains  un 
creuset  auquel  je  commence  par  soumettre  toutes 
les  motions.  J  établis  dans  cette  enceinte,  ce  régu- 
lateur qui  ,  dès  le  premier  abord ,  les  rejette 
ou  les  admet,  et  ce  régulateur  et  ce  creuset  ne 
sont  pas    des   commissions  partielles  ,    ne    sont 


1287 


pas  la  conscience  d'un  ou  de  quelques  membres  {  chahot ,  au  nom  d'une  commission  spéciale  , 
du   tribunal  tout   entier.  ^  |  fa,,  un   rapport  sur   la     dénonciaiion    qui    a    été 

Le  sentiment  qui  nous  fait  connaître  ce  qui  î  adressée  au  iribunai  contre  le  derr^ier  réi;lemenl 
convient  ou  ne  convient  pas,  ne  dépend  point  !  de  service  pour  la  garde  nationale  sédentaire  de 
du  raisonnement  et  du  calcul  ;  mais  d'une  espèce  '■  Paris. 

de  sensation  rapide  el*loni  souvent  nous  aurions  1  La  constitution  ,  dit»il  ,  les  droits  du  peuple 
même  de  la  peine  à  poOvon-  rendre  compte.  Elle  |  dont  vous  êtes  les  défenseurs,  tout  vous  impose 
se  communique  et  agit  avec  d  autaniplusd  empire  1  jg  devoir  de  ne  jamais  rejeter,  sans  examen  ,  les 
qu'il  se  trouve  plus  dhommes  réunis  ensemble.  |  dénonciaiions  qui  vous  sont  faites  d'actes  atten- 
J'appelle  de  touies  nos  motions  ,  avaiit  de  leur  1  (aïoires  aux  lois  ,  à  la  liberté  civile  et  individuelle 
donner  de  la  consistance  et   de  la    suite  ,   a  ce     des  citoyens. 

sentiment  prompt  et  intime  rarement  trompeur.  1      ri  ■       .  ■  .-.   .•  1  . 

*^        *^  111  ^^    vous    présente  comme  inconstitutionnel  < 

Appréhenderait-on  qu'une   formalité  préalable     tendant  à  usurper  ou  faire  usurper   l'autorité  lé- 


quelconque  ne  devînt  un  moyen  permanent, 
trop  commode  d'ejtclusion  pour  l'esprit  de  coterie 
ou  de  servitude  ,  supposé  qu'il  sorganisât  jamais 
en  majorité  réglée  dans  notre  sein  ?  Mais  en 
ce  cas  et  indépendamment  de  tout  préléminaire  , 
il  saurait  bien  arrêter  un  orateur  qui  ne  serait 
pas  de  son  bord  ,  à  lendroic  et  au  moment  où 
il  le  jugerait  à  propos. 


gislative  ,  juddiciaire  et  administrative  ,  comme 
en  opposition  avec  les  lois  ,  vexatoire  pour  les 
citoyens  et  dangereux  dans  son  exécution  ,  le 
de'rnier  règlement  fait  pour  la  garde  nationale  de 
Paris. 

Pour  examiner   des  accusation»   aussi   graves,, 
nous   allons  voir  1°  si  l'autorité  qui    a  fait  ce   rè- 
glement ,   en  avait  le    droit  ;  2"    s  ' 


Au   reste   les  précautions  prises  par  le   régie-  |  que  d'anciennes  dispositions  législatives  ,    et  des 


ment  n'équivalent  pas  à  celles  que  je  sollicite. 

Une  motion  est  déposée  sur  le  bureau  24 
heures  ,  ce  qui  ,  par  événement  ,  fait  aujour- 
d'hui plusieurs  mois  d'avance  ;  on  va  où  l'on 
ne  va  pas  l'y  lire.  Si  elles  sont  fréquentes  et 
multipliées ,  elles  cessent  bientôt  d'exciter  la 
turiosité.  Quand  l'auteur  vient  la  développer  à 
la  tribune,  on  ne  sait  le  plus  souvent  de  quoi  il 
va  parler.  Le  sut  on  ,  qui  aura  pris  à  tâche  de 
se  préparer  de  sang -froid  à  faire  une  motion 
contre  une  motion  ?  qui  saura  se  résigner  de 
son  propre  mouvement,  à  mortifier  un  de  ses  col- 
lègues par  la  demande  d'un  refus  inusité  de  la 
parole  ?  qui  même  se  souciera  de  s'engager  dans 
Cette  entreprise  désagréable,  avec  l'incertitude 
d'y   être   secondé  ?    enfin  ,  il   est   des  ordres   du 

jour  qu'on   réclame   avec    raison  ,  et  que  pour-  |  j^-^j^^  .   |,  ^„  ^^^^  ,emarquer  les  bons  effets. 
tant  on  aurait  tort  de  motiver, 


'  mesures  pour  en  assurer  1  execuuon. 

Le  rapporteur  rappelle  ici  les  premiers  moraens 
de  la  formation  de  la  garde  nationale  sédentaire  , 
et  les  lois  qui  vinrent  successivement  en  régula- 
riser le  mouvement  ,  et  particulièrement  lorga- 
nisation  de  la  garde  nationale  de  Paris.  Il  établit 
qu'un  des  travaux  les  plus  urgens  de  la  prochaine 
session  sera  sans  doute  de  réviser  les  parties  in- 
cohérentes de  ia  législation  à  cet  égard  ;  mais  la 
loi  du   16  vendémiaire  assurait  au  général  en  chef 

\  de  l'armée  de  l'intérieur ,  le  droit   de  faire  le  rè- 
glement dont  il  s'agit. 

Le  droit  de  porter  le  règlement  étant  reconnu  , 
le  rapporteur  examine  les  dispositions  attaquées 
par  le  péiitionnaire.  Il  trouve  ces  dispositions 
sages  ,   utiles  ,  conformes  aux  lois  et  au  bien  du 


La  motion  toute  nue  ,  et  telle  qu'il  est  déjà 
ordonné  de  la  déposer  sur  le  bureau  ,  étant  lue 
par  un  secrétaire  à  la  même  séance  et  au  même 
instant  où  le  développement  est  sur  le  point  d'en 
être  donné  par  son  auteur  ,  l'assemblée  prête  une 
oreille  attentive  ,  et  pour  peu  que  la  matière  in- 
téresse ,  il  s'établit  aussitôt  une  impression  simul- 
tanée d'assentiment  ou  de  réprobation  ;  que 
tout-à-coup  alors  le  président  pose  la  question 
s'il  sera  passé  à  une  seconde  lecture .  il  est  comme 
impossible  que  la  réponse  qui  prévaudra  ne  soit 
pas  celle  de  l'utililé  et  de  la  convenance.  Si  le 
contraire  arrivait  et  tournait  en  habitude  ,  le  tribu- 
Dat  serait  infailliblement  déjà  une  institution  cor- 
rompue ,  et  nul  mode  ne  serait  bon  ,  et  rien  n'y 
obvierait. 

A  ces  raisons ,  je  joins  l'autorité  d'un  exemple 
ancien  et  imposant;  ce  que  je  propose,  tribuns 
du  peuple ,  est  à  peu  près  ce  qui  se  pratique 
dans  le  parlement  d  Angleterre ..... 

Disons-le  sans  détour  :  la  nation  est  rassasiée 
de  paroles  ;  ses  oreilles  n'étaient  ouvertes  tout- 
à-l'heure  qu'aux  chants  des  combats  et  des  vic- 
toires ;  son  coeur  ne  l'est  qu'aux  désirs  de  la 
paix. 

Le  même  génie  qui  y  conduit  la  république 
à  pas  de  géant ,  sera  jaloux  qu'elle  en  jouisse 
dans  la  félicité  et  ia  splendeur':  elles  n'existent 
pas  solidement  pour  les  peuples  hors  de  la 
liberté.  Avec  une  ame  libérale  et  des  passions 
héroïques  ,  on  aime  la  liberté  comme  la  gloire  , 
et  un  tribun  indépendant  comme  un  soldat  in- 
trépide. 

A  la  paix  tous  les  ressorts  d'une  constitution 
sortie  du  fracas  des  armes  ,  et  soustraite  à  leurs 
hazards  ,  développant  tranquillement  leur  jeu,  et 
téagissant  avec  équilibre  les  uns  sur  les  autres  , 
les  tribuns  pourront  donner  un  vaste  essor  aux 
motions  de  leur  zèle  ,  et  le  tribunal  user  selon 
la  grandeur  de  sa  mission  et  de  sa  digtiiié  ,  de  la 
faculté  vraiment  tribuniiienne  ,  d  énoncer  le 
vœu  national. 

Tribuns  du  peuple  ,  vous  oflFrez  dans  votre 
ensemble  un  être  jusqu'à  nos  jours  inconnu  au 
sein  du  monde  politique.  Je  respecte  le  voile 
de  l'avenir  sur  votre  influence  et  vos  destinées  ; 
mais  je  désirerais  du  moins  que  nous  ne  méritas- 
sions jamais  le  reproche  de  n'avoir  point  pro- 
duit tout  le  bien  que  notre  institution  com- 
porte, faute  d'assez  d'esprit  de  conduite  et 
d'attention  sur  nous  -  mêmes.  Rien  ne  nous  y 
exposerait  autant  que  de  ne  pas  nous  tenir  en 
garde  contre  l'irruption  des  motions  scholastiques 
ou  des  motions  inconsidérées.  Je  fournis  au  tri- 
bunal un  moyen  facile  et  simple  de  s'en  mettre 
à  l'abri  :  c'est  d'arréicr  u  qu'aucune  motion  ne 
pourra  être  appuyée  et  développée  à  la  tribune 
par  son  auteur  ,  qu'immédiatement  après  qu'elle 
y  aura  éié  lue  par  un  secrétaire  ,  telle  qu'elle 
aura  dû  être  déposée  sur  le  bureau  en  exécution 
du  règlement  ,  et  qu'après  que  le  président  aura 
ensuiie  po'.é  la  question  :  s'il  sera  passé  à  la 
teconde  lecture. 

Le  tribunal  ordonne  l'impression  de  la  motion 
de  Laussat  et  l'ajournement  de  la  discussion. 


La  commission  pense  donc  que  la  dénonciation 
qui  a  été  faite  est  sans  fondement  sohde  ,  et  ne 
peut  êire  admise. 

Combien  cette  opinion  ,  ajoute  le  rapporteur , 
acquérerait-elle  de  force  ,  si  je  vous  rappelais 
dans  quelle  circonstance  fût  fait  le  règlement  dont 
il  s'agit.  Les  troupes  de  Hgne  ,  en  garnison  dans 
cette  cité  ,  volant  aux  frontières  ,  et  celle  immense 
commune  ,  veuve  du  premier  magistrat  de  la 
république  ,  presqu'entiéreraent  gardée  par  les 
citoyens;  des  généraux  chargés  du  maintien  de 
la  tranquillité  publiqne  ,  recevant  chaque  jour  , 
à  chaque  instant ,  des  réquisiiions  des  autorités 
civiles  ,  et  responsables  de  leur  prompte  et  stricte 
exécution.  Il  fallait  que  le  service  se  fit  avec 
exactitude  ,  et  une  discipline  sévère  était  indis- 
pensable. 

Toutes  les  capitales  des  pays  coalisés  contre 
nous  étaient  pleines  de  soldats  :  Paris  ,  après  une 
révolution  de  dix  ans  ,  et  au  moment  où  un 
nouveau  gouvernement  s'établissait ,  était  livrée 
uniquement  à  ses  forces.  Vous  connaissez,  mes 
collègues  ,  le  calme  dont  Paris  a  joui  ,  le  bon 
ordre  qui  y  a  constamment  régné.  Si  ces  effets 
ont  été  la  suite  de  l'attachement  du  peuple  au 
]  nouvel  ordre  de  choses  qu'il  venait  de  voter,  de 
la  sagesse  de  ses  magistrats  ,  les  généraux  et  la 
force  armée  de  Paris  y  ont  puissamment  con- 
couru ,  et  certes  ,  on  ne  devait  pas  s'attendre  à 
trouver  duns  une  des  causes  de  pareils  effets  , 
des  motifs   de  dénonciation. 

Votre  commission  croit  vous  avoir  prouvé  , 
1°.  que  les  auteurs  du  règlement  avaieni  le  droit 
de  le  faire;  2°.  que  ce  règlement  ne  contient 
aucune  disposition  législative,  ou  judiciaire  nou- 
velle; elle  propose  au  tribunal  de  passer  à  Tordre 
du  jour  sur  la  dénonciaiion  qui  lui  a  été  faite. 

Le  tribunal  passe  à  l'ordre  du  jour ,  et  ordonne 
limpression  du  rapport. 

Le  président  accorde  la  parole  à  Sédillez  pour 
une  motion  d'ordre. 

Sédillez.  Abolir  la  peine  de  mort ,  propor- 
tionner les  peines  aux  délits  ,  rendre  les  peines 
répressives  ,  exemplaires  et  réparatoires  ,  voilà 
ma  proposition.  Je  ne  veux  faire  ici  ni  un  plai- 
doyer ,  ni  un  livre  ;  il  n'y  a  pas  un  grand  mérite 
à  répéter  quelques  vérités  qui  heureusement  com- 
mencent à  devenir  triviales,  mais  honorer  la 
nation  en  perfectionnant  ses  lois  ,  est  un  devoir 
pour  le  tribunal  ;  puisse  notre  code  mériter 
quelque  jour  d'être  nommé  le  code  de  la  raison. 
N'ambitionnons  pas  de  faire  des  lois  divines  ; 
ayons  des  lois  humaines. 

Le  congrès,  la  torture ,  la  peine  de  mort! 
usages  barbares  qui  supposaient  qu'on  prouve 
qu'on  est  homme  en  violant  la  pudeui  ,  qu'on 
trouve  la  vérité  dans  les  supplices  ,  qu'on  répare 
un  crime  par  un  autre  crime  ,  un  assassinat  par 
un  meurtre  ! 

Nous  avons  tous  vu  l'usage  de  la  torture  établi 
dans  les  tribunaux  ,  étrange  manière  de  ques- 
lionner  son  semblable  ,  qui  méritait  bien  le  nom 
qu'elle  poitait  de  question  extraordinaire.  Si  nous 
avons  l'honneur  ou  le  bonheur  d'abolir  la  peine 
de  mort,  nos  cnfans  croiront  à  peine  qu'elle  ail 
pu  exister  en  France. 


Des  philosophes  ont  «î clamé  depuis  lon^-tems 
l'abolition  de  la  peine  de  mort.  On  en  prononça 
l'abolition  en  France  ,  au  moment  où  des  milliers 
de  viclimes  expiraient  sur  des  échaffnuds  ;  mais 
tel  est  le  caractère  de  la  raison  que  .  souillée  par 
le  crime  ,  elle  ne  perd  rien  de  sa  force  ni  de  ses 
droits. 

Dans  les  nombreuses  discussions  qui  se  sont 
établies  sur  celle  importante  maliere  ,  on  a  voulu 
prouver  ce  qiiLn  avaii  beoin  que  d'être  senti  ;  on 
a  fait  de  la  méiaphisique  ,  on  s'est  perdu  dans  les 
chimères,  mais  les  chimères  se  sont  évanouies , 
et  la  vérité  est  restée.  Nous  pouvons  aujourd'hui 
opérer  un  bien  qui  fut  si  long-lems  impossible. 

Il  ne  s'agit  plus  aujourd'hui  de  discuter  la 
question  déjà  tant  débaiiue  du  droit  de  la  société 
sur  un  coupable.  La  vraie  ,  I  unique  question  est 
de  savoir  si  jamais  dans  les  lems  ordinaires  ,  c'est- 
à-dire  sous  le  règne  des  lois  ,  la  mort  d'un  cou- 
pable peut  jamais  être  nécessaire,  et  même  utile 
à  la  société. 

Machiavel  a  dit  :  le  plus  sûr  moyen  de  se 
débarrasser  des  gens,  c'est  de  les  tuer;  mais 
outre  que  ce  moyen  est  horrible  ,  Machiavel  ne 
parlait  que  des  chefs  de  pani  dans  les  troubles 
publics  ,  voilà  ce  qu'il  faut  observer.  C  esi  ainsi 
qu'on  détruit  l'espèce  humaine;  mais  est-ce  ainsi 
qu'on  tarit  la  source  des  crimes? 

La  peine  de  mort  ne  prévient  tien  ;  elle  ne 
réprime  rien  ;  elle  n'est  qu'un  vain  et  affreux 
spectacle  qui  accoutume  le  peuple  à  la  férocité  , 
et  qui  ,  chez  les  méchans  ,  remplit  un  but  con- 
traire à  celui  qu'on  se  propose.  Avec  la  peine  de 
mort,  je  vois  deux  perles  pour  une  ;  deux  assas- 
sinats pour  un.  Cependant  un  homme  mort  n'est 
bon  à  rien  ;  et  il  n'y  a  pas  de  scélérats  qu'on  ne 
puisse  rendre  bons  à  quelque  chose. 

Celui  qui  craint  peu  de  mourir  dans  les  com- 
bats ,  craindra  de  mourir  sur  l'èchafaud.  Ce  n'est 
donc  pas  la  mort  qu'il  craint  ,  c'est  la  home  ; 
employons  donc  ce  ressort  aussi  puissant  que 
l'autre. 

La  mort  parmi  nous  est  une  peine  appliquée  à 
des  crimes  d'une  gravité  et  d'une  nature  bien 
différentes.  Un  coupable  d'un  crime  capiial  peut 
hasarderions  les  crimes  imaginables ,  les  multi- 
plier à  son  gré  ;  il  brave  ses  juges  et  les  lois  s'il  est 
décidé  à  mourir  ;  et  la  mort  n'est  pas  ce  que  les 
scélérats  craignent  le  plus. 

La  peine  de  mort  n'est  ni  nécessaire  ni  utile  ; 
voyons  quelles  seraient  les  peines  qui  pourraient 
le  mieux  concourir  à  réprimer  les  délits  qui  en 
troublent  l'harmonie.  Il  faut  que  la  peine  fasse 
éprouver  au  coupable  une  partie  du  mal  qu'il  a 
causé ,  et  que  les  délits  soient  placés  à  cet  effet 
dans  l'ordre  ,  et  suivant  l'importance  des  devoirs 
sociaux  qui  peuvent  être  violés..  Il  faut  que  la 
loi  punisse  un  crime  atroce  ,  sans  lêire  elle-même. 
En  général  nous  fesons  trop  peu  de  cas  des 
criminels  que  nous  appelons  des  scélérats  ;  la 
mort  ne  corrige  point  ,  elle  détruit.  Donnez  au 
coupable  un  intérêt  à  se  corriger  ,  il  le  fera  peut- 
être. 

Il  faut  que  la  peine  obtiennent  la  publicité 
la  plus  grande  ,  et  que  le  souvenir  ne  puisse 
en  être  proraptement  effacé.  Il  faudrait  que 
le  peuple  put  à  certaines  époques  avoir  sous 
les  yeux  ,  et  le  criminel  ,  et  la  cause  de  la 
peine  qu'il  subit.  Des  expositions  publiques  avec 
la  lecture  des  jug;mens  rendus  auraient  aussi 
leur  avantage  à  coté  du  crime  puni  ,  on  pourrait 
offrir  au  peuple  l'idée  delà  vertu  recompensée; 
ô  vous  qui  disposez  des  récompenses  et  des 
peines,  c'est  votrefaute  si  lespeuples  sont  méchans 
et  corrompus. 

Des  peines  corporelles  laissant  des  traces  visi- 
bles ,  me  paraissent  indispensables;  la  déportation 
peui  être  utilisée.  Le  crime  est  une  situation  forcée 
pour  l'homme  ,  souvent  il  suffit  de  le  changer  de 
place  pour  l'arracher  à  cette  situation.  Je  ne  parle 
pas  des  travaux  publics  ;  des  ouvrages  très-lumi- 
neux sur  cette  partie  du  système  pénal,  vous  sont 
connus. 

L'opinant  donne  des  développemens  étendus 
à  chaque  partie  des  propositions  renfermées  dans 
cette  motion  ,  et  propose  d'émettre  un  vceu  : 
1°.  Pour  que  Ja  peine  de  mort  soit  abolie. 

3°.  Pour  qu'on  adopte  un  système  pénal  qui, 
analogue  à  nos  institutions  ,  soit  en  même  tems 
humain  et   répressif,  réparatoire  et  exemplaire. 

Le  tribunal  ordonne  l'impression  de  celte  mo- 
tion  d'ordre  et  l'ajournement. 

Il  se  forme  en  séance  particulière. 


THEATRE    DE   L'OPÉRA  -  COMI  Q^UE. 

La  caste  privilégiée  ,  quoique  populaire  ,  que 
Vadé  observait  journellement  pour  la  peindre  , 
dont  il  étudiait  (e  jargon  pour  l'imiter,  dont  il 
écoulait  les  débats  et  provoquait  les  injures  pour 
les  transcrire  ,  n'a  pas  conservé  le  caractère  dis- 
linclif  qu'il  avail  autrefois.  Cette  corporation  , 
nombreuse,  bruyante,  énergique,  mais  loyale  , 
fidelle,  véridique  et  libre  des  dames  delà  halle, 
n'existe  plus  sur  le  même  pied.  Le  ton  des  balles 


h'ofTre  plus  le  cor^fr 
aiiirefo:3  ,  aver  ctli' 
licrs.  Cependant  )t 
li's  auires  ,  piaii  tiit 
On  j'Ourra' 
leaitiit  n>5L 


te  fr.ipnant   qu'il  présentait'  nombre  d'officiers    de  mérite   dans  les   difFérens 
gracies  ,   el    <ji.ii  pourraient   former    un    excellent 


aulres  qiia 
,e  u;i\c~is,  comme  tous 
iors'quil  est  bien  ttaiié. 
.n-.ijrerà  l'un  de  ces  mets  lor- 
■s  .  ilonl.les  palais  les  plus  déli- 
tais ne  dédai.i;'it:r.i  point  l'usage  .pourvu  qu'il  ne 
soit  pas  tiop  tre(iuent  ,  et  seulement  pour  reveil- 
ler de  tems  en  lems  un  appétit  qui  s'éteint. 
•  Ce  genre  n'a  eu  jusqu'ici ,  au  Théâtre  du  Vau- 
deville et  à  celui  des  Ttou'badours ,  qu'un  faible 
succès  ;  il  vient  d'en  obienir  un  complet  à  l'Opéra 
comique,,  où  il  a  élé  retiouver  son  ancien  asile. 

Vadé  y  est  peint  chez  lui  :  il  est  entouré  des 
dames  el  des  Ions  de  la  Halle,  qui,  chez  lui, 
paraissent  se  croire  chez  eux,  et  y  sont' en  effet 
à  peu-près  les  maîtres. 

Parmi  les  scènes  plaisantes  auxquelles  le  por- 
trait de  Vadé  a  pu  donner  lieu  ,  on  remarque 
celle  où  Vadé  et  l'Ecluse  ,  le  directeur  du 
tliéâire  de  la  Foire  ,  son  ami,  se  l'ont  une  peur 
mutuelle  ,  1  Ecluse  en  passant  pour  un  huissier  , 
et  en  léignaiit  de  s'enlourer  de  records  dont 
il  imite,  la  voix  ,  Vadé  en  feignant  d'appeler  à 
lui  ses  'amis  les  forts  ,  dont  il  contrefait  le  lan- 
^gage  et  le  ton  menaçant;  celle  où  Vadé  priant  une 
poissarde  de  l'accabler  de  sottises,  ne  peut  en 
obternir  que  pour  son  ami  l'Ecluse  qui  n'en 
demandait  pas  ,  situation  d'autant  plus  plaisante, 
que  le  fait  est  souvent  arrivé  à  Vadé.  Souvent 
ayant  besoin  de  quelque  fleur  nouvelle  pour  un 
de  ses  bouquets,  il  trouvait  les  dames  de  la 
balle  muettes  par  esprit  de  contradiction.  On 
sent  bien  qu'on  n'a  pu  se  servir  au  théâtre  du 
moyen  qu'il  employait  alors  pour  les  faire  parler. 

La  scène  où  la  jeune  servante  de  Vadé  est  reçue 
dame  de  la  halle  ,  a  plu  par  son  originalité.  Eu 
général  ,  ce  petit  ouvrage  offre  le  mérite  d'une 
grande  difficulté  vaincue  ;  il  n'était  nullement 
aisé  d'y  être  piquant  sans  grossièreté,  et  gai  sans 
licence  ;  l'auteur  y  a  réussi  :  son  dialogue  est  vif , 
Serré  ;  la  repartie  y  est  brusque  ,  et  le  laconisme 
en  aiguise  le  trait;  les  couplets  sont  laits  avec 
soin  ,  et  ceux  qu'on  nomme  de  facture  ,  sont 
rimes  avec  celte  régularité  recherchée  qui  en  fait 
le  mérite  principal.  Le  citoyen  de  Mautors,  auteur 
de  cette  pièce  ,  a  retrouvé  signé  de  lui  ,  dans 
un  des  numéros  des  dîners  du  Vaudeville  ,  un  de 
ses  meilleurs  couplets  ,  et 'l'a  placé  dans  Vadé  chez 
lui  :  c'est  bien  là  prendre  son  bien  où  l'on  le 
trouve  ;  on  ne  peut  que  l'en  féliciter. 

On  peut  le  féliciter  aussi  de  la  manière  dont  sa 
pièce  est  jouée  ;  mesdames  Gonthier  ,  Philippe  et 
Gavaudan  ont  ,  les  deux  premières  ,  fidèlement 
conservé,  l'autre  ,  adroitement  reçu  ,  la  tradition 
du  genre  grivois.  On  ne  peut  iiaiiter  mieux  le 
geste  animé  ,  brusque  ,  expressif  ,  sur-tout  l'ex- 
cessive volubilité,  les  finales  ironiques,  et  les 
rimes  grotesquement  injurieuses  dont  les  per- 
sonnages qu'elles  représentent  ont  [habitude. 
Gavaudan,  qui,  de  jour  en  jour,  t'ait  des  pro- 
giès  comme  comédien  ,  joue  bien  le  rôle  de 
Vadé.  Moreau  a  dans  celui  de  Jérôme  un  à- 
plomb  ,  une  franchise  ,  et  un  naturel  remar- 
quables. Qiioique  les  airs  choisis  soient  presque 
tous  tiès-anciens  ,  l'accompagnement  en  est  trop 
peu  soutenu  ;  pour  qu'au  théâtre  Favart  ,  le 
vaudeville  soit  suivi  du  public,  il  faut  qu'il  ne 
soit  pas   abandonné   de  l'orchestre. 

S.... 


Au  Rédacteur. 

Paris  ,  ce  2  thermidor. 
Conformément  à  votre  invitation  je  vous  prie 
de  vouloir  bien  insérer  la  réponse   ci-jointe,   au 
mémoire  sur  la    marine  inséré    danS-  le    n°  Sosi  , 
2   thermidor. 

La  marine  anglaise  a  été  battue  par  la  marine 
française  sous  Louis  XIV,  elle  l'a  éié  de  notre 
tems  pïr  Suffrenet  d'Esiaing;  depuis  la  révolution, 
par  Richery  ,Lejoiaille  ,  Piicher  ,  Série. 

L'auteur  du  méinoire  a  oublié  dans  les  qua- 
tités  nécessaires  pour  former  une  bonne  marine  , 
1°  le  coup-d  œil  du  moment  pour  l'officier  qui 
commande-;  2°  la  pratique  pour  ceux  qui  exécu- 
tent ;  3°. enfin  ,  l'esprit  militaire  dans  les  uns  et 
dans  les  autres  ,  sans  quoi  toutes  cer  quahiés  de- 
viennent inutiles. 

Les  vaisseaux  français  sont  meilleurs  que  les  an- 
glais ;  mais  chaque  c.ipitaine  ,  en  Angleterre  ,  fait 
avec  son  épuipage  l'aimemer.t  ,  le  gréement  et 
J'arrima"e  de  son  bàinnent.  Ce  n'est  pas  de  même 
en   France. 

De  ce  que  les  meilleurs  ouvrages  de  lactique 
ont  été  fans  par  des  marins  français,  il  ne  s  eu 
suitpas  que  les  officiers  de  marine  actuels  ,  soient 
les  meilleurs  tacticiens.  Malheurensement  ceux 
qui  ont  de  la  pratique  nom  point  de  théorie  ,  et 
ftu-x.  qui  ont  de  la  théorie  n  onl.pas  encore  de 
.pratique.  Ce  quej.'en  dis  est  depuis  les  généraux 


1"    -  . 

noyau,  si  011  s  occupait  de  la  marine   de  mer. 

Les  maielol'i  français  sont  composés  ds  conscrits 
et  de  réquiiiiionnaiieSjqui  comnicnceni  à  naviguer 
La  plus  grande  et  la  meilleure  partie  des  anciens 
matelots  l'rançuis  ,  dégoûtée  de  1  insouciance  et  de 
1  espèce  de  mépiis  que  Ion  a  eu  jusquà  présent 
pour  la  marine,  est  passée  chez  l'étranger  et  est 
très-esiimée  par  -  loui.  Et  ,  conuf;  l'opinion  de 
i'auieur  ,  je  suis  persuadé  que  le  talent  des  indi- 
vidus indue  beaucoup  sur  les  succès  d'un  combat 
naval   quoique  moins  que  sur  terie. 

La  réussite  d'un  combat  de  mer  dépend  du 
talent  du  général  pour  ordonner  ,  de  celui  des 
capitaines  pour  exécuter  les  ordres  et  suppléer  à 
ce  qui  peut  y  manquer ,  et  de  celui  des  équipages 
pour  la  manœuvre  particulière  et  l'artillerie. 

Il  n'y  a  aucun  ordre  dans  la  marine  pour  tirer 
plutôt  d'une  manière  que  de  l'autre  A  I  exercice 
on  enseigne  à  tirer  en  avant  ,  en  arrière  et  droit 
en  batteiie  ,  h  démâter ,  en  belle  ou  en  plein-buis 
et  à  couler  bas.  Dans  un  combat  on  pointe  de 
l'une  ou  de  l'autre  de  ces  manières  ,  selon  les 
circonstances. 

Il  est  sans  exemple  que  ,  comme  le  dit  l'au- 
teur,  un  mât  leçoive  cinquante  coups  de  canon 
sans  tomber.  Un  seul  peut  suffire. 

Je  vais  à  présent  vous  expliquer  pourquoi  si 
peu    de   coups  de  canon  portent   en  mer. 

Dans  le  mois  de  frimaiie  an  7  ,  la  petite  di- 
vision navale,  armée  à  Toulon  pour  porter  des 
munitions  à  Bonaparte,  était  en  rade  lorsqu'on 
reçut  du  ministre  I  ordre  dépiouvcr  la  poudre 
d  un  magasin.  Le  commandant  de  celte  division  , 
le  citoyen  Hubert  ,  s'éiant  apperçu  à  cette  époque 
de  la  inauvaise  qualité  des  poudres  de  sa  division 
en  exigea  l'épreuve.  J'y  ai  assisté  ,  et  les  résultats 
les  plus  avaniageux  n'ont  pas  chassé  le  globe  à 
plus  de  soixante-quinze  toises  de  l'éprouvele  , 
tandis  qu'il  aurait  dû  être  chassé  à  cent  quinze 
toises.  Mais  un  commissaire  de  marine  était  chargé 
de  recevoir  les  poudres  et  un  entrepreneur  en 
avait  la  fabrique.  La  poudre  de  notre  division 
était  la  même  que  celle  de  l'escadre  d'Aboukir. 
Vous  voyez  qu  il  n'est  pas  nécessaire  de  supposer 
un  vice  dans  la  manière  de  pointer  les  canons  en 
mer.  Les  boulets  de  l'ennemi  frappaient  à  bord  , 
les  nôtres  tombaient  à  moitié  chemin  ,  et.  etc. 

Les  anglais  n'ont  point  de  préfets  maritimes  ni 
de  maires  ,  pas  même  des  commissaires. 

Ils  n'ont  point  d'ariillerie  de  marine  ,  parce  que 
leurs  marins  sont  canoniers  :  et  si  l'on  ne  re- 
crutait pas  avec  la  presse  ,  6n  n'aurait  point 
de  troupes  de  marine.  Les  commandans  arment 
leurs  escadres  ,  leurs  bâtimens  ,  et  le  trésorier 
excepté  ,  ils  n'ont  point  d'administration  soit  en 
mer  ,  soit  dans  leurs  ports.  Ils  n'ont  pas  atteint 
le  point  dé  perfecùon  ;  ils  n'ont  pas  au  moins 
sacrilîé  le  principal  à  1  accessoire.  Ils  ont  pensé 
avec  raison  que  celui  qui  sur  sa  tête  était  res- 
ponsable de  la  réusite  d'une  opération  ,  devait 
seul  être  chargé  du  choix  des  matières  ,  et  de 
l'exécution  des  mouvemens. 

Quoique  ces  réflextions  soient  un  peu  longues  » 
elles  sont  nécessairement  la  réponse  au  mé- 
moire que  vous  avez  inséré,  et  quoique  vous  ne 
me  connaissiez  pas ,  le  motif  est  trop  intéressant 
pour  que  je  n'esptre  pas  que  vous  voudrez  bien 
lui  donner  place  le  plutôt  possible  dans  votre 
journal. 

Je  vous  salue  fraternellement. 

RivoiRE  ,  marin. 


Au  rédatteur  du  Moniteur.  —  Taris  ,  (e  16  thermidor- 

J'ai  été  indiqué  au  citoyen  Courtois  ,  membre 
du  tribunal,  comme  auteur  des  remarques  relatives 
à  lui  ,  fréquemment  insérées  dans  le  Journal  des 
Hommes-Libres. ]t  dois  déclarer,  qu'attaché  depuis 
cinq  ans  à  la  rédaction  du  Moniteur,  je  n  ai  ja- 
mais écrit  une  seule  ligne  dans  le  Journal  des 
Hommes-Libres.  Je  prends  à  témoin  de  ce  fait  , 
les  propriétaires  et  rédacteurs  de  ce  dernier 
journal.  Sauvo. 


Jijsqu  aux  aspirins  ;  il  taut  en  excepter  un    petit     mois. 


Faris  ,  le  16  thermidor  an  8. 

Dans  une  affaire  qui  s'est  jugée,  le  g  de  ce 
mois  ,  au  tribunal  criminel  de  la  Seine , 
témoin  impartial  des  talens  d'un  jeune  homme 
quia  débuié  avec  infiniment  de  succès,  j'ai  vu 
avec  regret  que  la  noie  de  ce  jugement,  inscrite 
dans  quelques  journaux,  ne  l'était  pas  dans  le  vôtre. 
Je  viens ,  citoyen,  guidé  parle  seul  intérêt  que 
m'a  inspiré  le  jeune  débutant,  vous  prier  de  la 
placer  dans  votre  journal  ;  ce  sera  un  motif 
d'émulation  pour  lui  et  ses  jeunes  confrères. 

Trouvez  bon  que  je  vous  envoie  la  note  pu- 
bliée   dans   it  Journal  d'indication  du    i3   de   ce 


it  Le  citoyen  Deser  avait  "été  établi  gardien  dans 
une  maison.  11  reçoit  un  billet  de  garde  ;  ses 
facultés  ne  lui  permeltant  pas  de  se  faire  rem- 
placer ,  il  passe  la  nuit  au  corps-de-garde.  A  son 
retour,  il  trouve  les  scélés  dont  il  était  le  gardien 
brisés  ,  rompus  ,  et  une  grande  partie  des  effets 
volés.  Cité  au  tribunal  de  "police  correctionnelle, 
il  avait  été  condamné  à  deux  ans  de  ter;  il  en 
avait  appelle  au  tribunal  criminel  ,  qui  l'a  dé- 
ch.irgé  de  toulc  accusalion.  Ainsi  ,  un  honrmc 
honnête  ,  à  qui  sa  partie  adverse  ne  pouvait  reiu- 
ser  son  esiime  ,  ei  qui  n'était  poursuivi  que  pour 
cause  de  négligence,  a  été  rendu  à  son  épouse 
et  à  ses  enfans. 

))  Ce  qui  ajoute  à  l'inléiêt  de  cette  aff.iirc  ,  c'est 
le  début  d'un  jeune  citoyen  nommé  St.  ¥eij,éol , 
natif  de  Brioade  ,  déparieinent  de  la  Haute-Loire  , 
âgé  de  19  ans  ,  élevé  du  défenseur  officieux  ,  le 
citoyen  Lebon  ,  dont  les  talens  sont  dignes  de  la 
réputation  qu'il  a  acquise.  Le  g  ihermidor  ,  il  a 
plaidé  en  faveur  de  1  infortuné  ,  et  son  plaidoyer, 
qu  il  a  débile  avec  chaleur  et  sensibilité  ,  a  prouvé 
qu'il  pourra  être  un  jour  l'héritier  des  talens  de 
son  maître. 

I)  Le  \)résident  du  tribunal  a  partagé  l'enthou- 
siasme du  public  ,  et  a  dit  au  défenseur  :  ujeune 
ciio)  en  ,  vous  avez  plaidé  avec  talent  dans  un 
âge  où  peu  de  personnes  ont  débuté  ;  vous  com- 
mencez sous  d  heureux  auspices  ;  vous  paraissez 
êlrc  aussi  sensible  que  votre  maître  ;  ressemblez- 
lui  ,  et  dorénavant  faiies  vous  un  plaisir  de  dé- 
fendre les   malheureux.  )> 

J'espqre  ,  citoyen  ,  qu'animé  des  mêmes  sen- 
limens  ,  vous  voudrez  bien  insérer  cette  note 
dans  voue  journal.  Dorvalet. 


EAUVEGETALE. 

Un  étranger  ,  conservant  l'anonyme  ,  fait 
hommage  au  citoyen  Sicard ,  pour  l'avantage 
de  l'institution  nationale  des  sourds-muets  de 
naissance  ,  d'une  découverte  qui  est  la  suite 
d'une  élude  botanique  et  chimicjue.  C'est  une 
eau  (jui  ôte  parfaitement  l'odeur  (jue  les  fausses 
dents  contracient  :  on  les  rend  comme  neuves 
en  les  fesant  tremper,  pendant  dix  minutes  , 
dans  celle  eau,  mêlée  d'un  tiers  d'eau  ordinaire; 
elle   les  blanchit  et   les   nettoyé   parfaitement. 

Ou  peut ,  par  le  même  moyen ,  prévenir 
l'odeur  quelles  donnent  à  la  bouche,  et  celles 
des  dents  gâiées  ;  mais  il  faut  l'affaiblir  et  n'en 
metue  fju'un,  huiiieme  dans  de  l'eau  ordinaire  , 
la  garder  un  moment  dans  la  bouche  ,  et  s'en 
ser\ir  plusieurs  fois  dans  la  journée  ,  particu- 
lièrement soir  et  matin  :  elle  arrête  le  progrès 
de  la    Carie. 

Les  personnes  qui  ont  les  gencives  délicates 
doivent  y  mêler  ^un  peu  -de  lait  ,  et  s'en  servie 
avec  une  effusion  d'Argentine  ,  en  place  d'eau. 
En  outre,  elle  est  particulièrement  propre  à 
prévenir  et  enlever  fodeur  désagréable  du  tabac 
que  contracte  la  bouche  du  fumeur  :  pour  cela, 
on  s'en  lave  la  bouche  après  avoir  fumé,  ayant  scia 
de  l'affaiblir  au  point  '  qu'elle  puisse  convenir 
aux  gencives  auxquelles  elle  n'est  nullement 
préjudiciable;  elle  entrelient  les  dents  parfaite- 
ment propres  et  prévient  la  teinte  jaune  qu'elles 
contracient  par  la  lumée  du>  tabac  ,  et  conserva 
la  bouche  propre  et  saine.  On  peut  s'assurer 
par  l'analyse,  qu'il  n'y  entre  ni  acide  ni  astrin- 
gent ;  le  tems  ne  l'altère  point  ,  ce  qui  la  rend 
précieuse   sur   mer. 

Il  sera  prélevé  une  portion  ,  au  profit  de  l'in- 
téressant Massieu,  sour-muet  ,  et  le  surplus  ne 
pourra  êire  mis  qu'entre  les  mains  du  citoyen 
Sicard  ,  qui  en  disposera  à  sa  volonté.  On  pré-- 
vient  que  l'unique  dépôt  n'est  que  dans  ladite 
instilution  des  sourds  muets  ,  rue  du  faubourg 
Saint-Jacques,  n°  ii5,  à  Paris.  Ceux  qui  en 
désireront,  pourront  s'adresser  au  citoyen  Servat, 
seul  chargé  du  débit.  Pour  éviter  la  contre-façc^n , 
les  bouieilles  seront  éiiquelées  ,  signées  et  para- 
phées par  lui. 

Les  demandes  ne  seront  reçues  qu'autant  qu'elles 
seront  affranchies. 

Eau  végétale. 

Pour  la  conservation  et  la  propreté  des  dents 
et  de  la  bouche  avec  la  manière  de  s'en  servir. 
Le  prix  est  sur  chaque  bouteille  ,  on  la  trouvé 
à  l'institution  des  sourds-muets  de  naissance , 
rue  du  fauxbourg  Saint -Jacques  ,  n°  ii5,  à 
Paris  ,  chez  le  citoyen  Servat ,  concierge  de 
l'institution. 

Bourse  du  18  thermidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Rente  provisoire 23  Ir.  38  c. 

Tiers  consolidé 35  fr.  60  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  55  c. 

Bons  d'arréragé '. .    84   fr. 

Bous  pour  l'an  8 .   85  fr.  25  c. 

Syndicat 65  fr. 

Coupures 66  fr. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


GAZETTE  NAT 


E  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


A^°  320. 


Décadi  ,    20  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  soLiSL-ripteurs  qu'à  dater  ilu  y  Nivôse  le   Mo  NI  TE  UK  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  aurorirés  constituées ,  les  actes  du  gouveniemenz ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  las  faits  et  les  notions  tant  siir 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré   aux   sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes   nouvelles. 


INTERIEUR. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

'Extrait  des  registres  dfs  délibérations  des  consuls  de 
la  république.  —  Paris .  le  i6  thermidor  an  8  de  la 
république  ,  une  et  indivisible. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  minisire  des  finances; 

Vu  les  lois  des  i''  décembre  lygo,  2  octobre 
I7gi  ,  17  brumaire  an  5  et  3  frimaire  an  7  ,  rela- 
tives aux  coniribulions   directes  ; 

Considérant  que  ces  lois  en  autorisant  l'envoi 
et  le  séjour  des  porteurs  de  conlrainie  chea  Tes 
contribuables  en  retard  de  payer  leurs  contri- 
butions, ne  retient  pas  l'emploi  de  celle  mesure  ; 

Que  le  gouvernement  doit  aux  contribuables  , 
autant  qu'au  trésor  public  ,  de  la  régulariser  , 
pour  assurer  ,  non  -  seulement  le  recouvrement 
des  conltibutions ,  mais  pour  prévenir  en  même 
tems  les  rigueurs  qui  en  résulteraient  ,  si  elle 
était  employée  sans  nécessité  ou  d'une  manière 
arbitraire  ; 

Considérant  aussi  qu'il  est  impowant  de  co- 
ordonner avec  le  système  actuel  dfé  l'adminis- 
tration les  principes  consacrés  par  les  lois  ,  en 
matière  de  contributions  ;  le  conseil-d'élat  en- 
tendu ,  arrêtent  : 

PARAGRAPHE   PREMIER. 

Dispositions  générales. 

Art.  P'.  Les  contributions  directes  sont  payables 
à  raison  d  un  douzième  par  mois. 

IL  II  y  aura  pour  leur  recouvrement  un  per- 
cepteur par  chaque  ville  ,1  bourg  et  village  ,  ayant 
son  rôle  particulier. 

III.  L'adjudicaiion  de  la  levée  des  contribu- 
tions directes  sera  faite  par  les  maires,  ou  à  leur 
défaut  ,  par  les  adjoints ,  avant  le  i''  fructidor  de 
chaque  année. 

IV.  L'adjudication  sera  faite  au  rabais  ,  et  ne 
pourra  pas  excéder  cinq  centimes  par  franc. 

V.  L'adjudicataire  fournira  un  cautionnement 
en  immeubles  dont  la  valeur  libre  sera  du  quart 
au  moins  du  montant  du  rôle  de  la  contribution 
foncière. 

■VI.  Le  receveur  particulier  de  l'arrondissement 
fera  fournir,  sur  sa  responsabilité  personnelle, 
dans  la  décade  qui  suivra  l'adjudication  ,  le 
cautionnement  exigé  par  l'article  précédent.  A 
l'efFel  de  quoi  les  maires  ou  adjoints  adresse- 
ront ,  sans  délai  ,  au  receveur  particulier  le 
procès-verbal  d'adjudication. 

VIL  Dans  les  dix  jours  de  !a  réception  de 
leur  cautionnement,  les  percepteurs  seront  tenus 
à  leurs  frais  : 

1°.  De  le  faire  inscrire  au  bureau  de  la  con- 
servation des  hypothèques  de  la  situation  des 
biens  ,  et  d'en  rapporter  ccriilicat  au  receveur 
particulier. 

2°.  De  lui  rapporter,  dans  le  même  délai, 
ï'état  certifié  par  le  conservateur  des  charges  et 
hypothèques  inscrites  sur  lesdits  biens  ,  ou  le 
certificat   qu  il   n'en   existe    aucunes. 

VIII.  Aucun  percepteur  en  exercice  ne  pourra 
se  rendre  adjudicataire  qu'après  avoir  justifié  de 
l'entier  versement  du  produit  des  conttibutions 
dont  les  termes  seroiu  échus. 

IX.  A  défaut  d'adjudicataire,  le  conseil  mu- 
nicipal convoqué  exlraordinairemenl  par  le  maire 
ou  «on  adjoint  .  noiinncra  d  office  ,  dans  la  pre- 
mière décade  de  fructidor,  un  percepteur  dont 
la  solvabilité  soit  connue. 

X.  Le  percepteur  nommé  d'office  qui  n'aura 
pas  fourni  de  cautionnement  ,  ne  jouira  que 
d'une  remise  de  trois  centimes  par  franc  :  la 
remise  sera  de  cinq  centimes  s'il  fournit  le  cau- 
tionnement déterminé  par  l'art.  V. 

XL  S'il  se  trouve  un  déficit  dans  la  caisse  d'un 

f)erctiitcur  dnnt  l'insolvabilité  soit  constatée  par 
a  discussion  de  ses  biens  et  de  ceux  de  son 
cautionnement ,  et  que  le  receveur  particulier ,  le 
rnaire  cl  les  membres  du  conseil  municipal  aieiit 
s.Misfait  ,  chacun  en  ce  <iui  le  concerne  ,  aux  dis- 
positions ci-dessus ,  l.i  somme  mamjuanie  restera  à 
la  chdrgc  de  la  communauté,  et  sera  réimposée  sur 
les  rôles  de  la  niênie  année. 

Le  sous-préfet  est  chargé  de  l'exécution  du 
prescrit   ariiclc. 

XIl.  Le  procès-verbal  d'adjudication  ,  l'acte  de 
nomination  d  office  du  perceplcur  iicra  envoyé 
avant    le     i5   fruciidor  ,   par    les   maires   ou    ad- 


joints ,    au    sous  -  préfet    qui   en    donnera   récé- 
pissé. 

XIII.  Les  rôles  de  contributions  directes  seront 
rendus  exécutoires  psr  le  préfet  ,  dans  la  décade  , 
à  compter  de,  leur  réception;  il  les  remettra  en- 
suite au  directeur  des  coniiibutions  .  qui  les  fera 
passer  ,  par  les  contrôleurs,  aux  maires  ou  ad- 
joints ,  avant  le  i"^  vendémiaire  de  chaque 
année. 

XIV.  Dans  les  cinq  jours  qiri  suivront  la  récep- 
tion des  lôles  ,  les  maires  ou  adjoints  les  feront 
publier  ,  et  le.s  remettront  au  percepteur  qui  en 
donnera  sa  reconnaissance  au  bas  du  procès- 
verbal. 

XV.  Le  percepteur  ne  pourra  rien  exiger  des 
contribuables  qu'il  ne  soit  porteur  dun  rôle 
rendu  exécutoire  et  publié. 

XVI.  Il  émargera  sur  le  rôle,  en  présence  du 
contribuable  ,  la  somme  qu'il  recevra  ;  il  croisera 
les  articles  entièrement  soldés  ,  et  ,  s  il  en  est 
requis  par  le  contribuable-,  il  lui  en  donnera 
quittance  sur  papier  libre  ,  pour  laquelle  il  ne 
pourra  rien   exiger. 

XVII.  Les  percepteurs  qui  n'auront  fait  aucune 
poursuite  contre  les  contribuables  en  relard  pen- 
dant trois  années  consécutives ,  perdront  leurs  re- 
cours et  toute  action  contre  eux. 

Après  ce  délai  ,  les  maires  ou  adjoints  retire- 
ront les  rôles  et  les  déposeront  aux  archives  de 
l'arrondissement  communal. 

Organisation   des  porteurs   de   contrainte. 

XVIII.  A  compter  de  lorganisation  du  présent 
règlement  ,  il  sera  choisi  dans  chacun  des  arron- 
dissemens  communaux  des  porteurs  de  con- 
traintes chargés  exclusivement  d'exécuter  celles 
qui  seront  décernées  par  le  receveur  particulier, 
pour  le  paiementjdes  contributions  directes. 

Les  porteuis  de  contraiotes  feront  seuls  les  fonc- 
tions d'huissier  pour  les  contributions  directes. 
Ils  ne  sont  pas  assujettis  au  droit  de  patentes. 

XIX.  Les  porteurs  de  contraintes  seront  choisis 
parmi  les  citoyens  de  1  a.iqndissement  sachant 
lire  ,  écrire  ,  calculer  cl  ayant  un»  Jnctrnnion 
suffisante  pour  exécuter  toutes  les  opérations 
relatives  à  leurs  fonctions. 

Les  invalides  et  les  anciens  militaires  réunissant 
ces  conditions  et  munis  de  certificats  de  bonne 
condiiiie  seront  choisis  de  préférence. 

Aucun  des  individus  attachés  au  service  du 
préfet  des  sous-préfets  et  des  receveurs  ,  ne 
pourra  remplir  les  fonctions  de  porteurs  de 
contraintes. 

XX.  Les  porteurs  de  contraintes  setont  nommés 
par  le  sous-préfél  sur  la  présentation  du  receveur 
particulier. 

Les  choix  du  sous-préfet  seront  isoumis  à 
l'approbation  du  préfet. 

Il  sera  fait  un  état  triple  de  cette  nom'ination, 
le  premier  pour  être  déposé  aux  archives  de  la 
préfecture;  le  second  à  celles  de  la  sous-préfecture 
et  le  troisième  pour  être  remis  au  receveur  , 
le  tout  sans  frais. 

XXI.  Le  sous-préfet  recevra  des  porteurs  de 
contraintes  la  promesse  de  fidélité  à  la  constitution, 
prescrite  par  la  loi  ;  il  en  sera  fait  mention  sur 
la  commission,  laquelle  ne  sera  délivrée  qu'après 
avoir  été  visée  par  le  préfet. 

XXII.  Les  porteurs  de  contraintes  devront  être 
munis  de  leurs  commissions  dans  l'exercice  de 
leurs  fonctions  ;  ils  en  feront  mention  dans  leurs 
actes  .  et  la  présenteront  lorsquils  en  seront 
requis. 

XXIII.  Le  nombre  des  porteurs  de  contraintes 
sera  calculé  sur  la  population  des  communes  com- 
posant 1  arrondissement  communal,  et  il  ne  pourra 
pas  excéder  celui  de  deux  par  quinze  communes 
rurales.  Dans  les  villes  et  gros  bourgs ,  le  nom- 
bre des  porteurs  de  contraintes' sera  calculé  pro- 
portionnellement à  la  population  de  vingt  com- 
munes rurales. 

XXIV.  Dans  le  cas  ou  les  porteurs  de  con- 
traintes seront  injuriés  ,  ou  s'il  leur  est  fait  ré- 
bellion ,  ils  se  retireront  chez  le  maire  ou  l'ad- 
joint du  lieu,  pout  en  dresser  procès-verbal  et 
l'affirmer. 

XXV.  Les  receveurs  particuliers  seront  chargés 
de  surveiller  et  de  faire  surveiller  la  conduite  des 
porteurs  de  contraintes,  de  prendre  à  leur  égard 
tous  les  renseignemens  qui  pourront  leur  être 
fournis  ,  soit  par  les  percepteurs  ,  soit  par  les 
contribuables,  et  de  les  adresser,  sans  délai  ,'au 
sous-préfet  de  l'arrondissemem. 


Celui-ci  surveillera  lui-mcme  et  fera  surveiller 
les  porteurs  de  contraintes  par  les  maires  ou  ad- 
joints. 

Le  directeur  des  contributions  directes  fera 
aussi  surveiller  par  les  contrôleurs  les  porteurs 
de  contraintes  ,  et  il  transmettra  au  sous-préfet 
les  renseignemens  qu'il  auJa  recueiHis  sur  la  con- 
duite de  cenx-ci. 

Les  contribuables  pourront  porter  directement 
leurs  plaintes  au  sous-])iéret  ,  tiui  statuera  som- 
mairement sur  toutes  celles  qui  lui  parviendront 
contre  les  porteurs  de  contrainte;  il  pourra  même 
les  révoquer,  sauf,  dans  tous  les  cas  ,  le  recours 
au  prélet. 

XXVI.  Si  les  délits  donnent  lieu  par  leur  nature 
a  des  poursuites  extraordinaires  ,  le  préfet  adresJ 
sera  les  pièces  aux  juges  compélens. 

XXVII.  Les  porteurs  de  contraintes  ne  joui- 
ront d  aucun  traitement  fixe,'  et  ne  seront  payés 
qu'autant  qu  ils  seront  employés. 

Le  prix  de  leurs  journées  sera  réglé  chaque 
année  par  le  préfet  sur  l'avis  des  sous-préfets  ,  et 
ne  pourra  pas  excéder  deux  francs,  ni  être  au- 
dessous  d'un  franc. 

L'arrêté  du  préfet  portant  cette  fixadon  ,  sera 
imprimé  et  affiché. 

XXVni.  Les  porteurs  de  contraintes  ne  pour- 
ront rien  prétendre  pour  les  jours  qu'ils  auront 
été  en  route  en  se  rendant  dans  les  lieux  où  ils 
doivent  être  employés  ,  non  plus  que  pour  ie 
tems  qu'ils  y  auront  passé  sans  travailler;  ils  ne 
pourront  ,  étant  en  activité  de  service  ,  exiger 
dupercepteur  ni  des  redevables  que  le  logement  , 
la   nourriture   et  une  place  au  feu  commun. 

Il  leur  est  expressément  défendu  de  se  loger 
à  lauberge  ,  aux  frais  des  redevables  ,  même  sur 
la  demande  de  ceux-ci. 

Il  leur  est  également  défendu  de  recevoir  ni 
des  percepteurs  ni  des  redevables ,  le  prix  de  leur 
travail  qui  ne  devra  leur  être  payé  que  par  le 
receveur  particulier  d'après  la  taxe  qui  en  aura 
été    faite. 

-  XXIX.  Les  procès-verbaux  et  actes  des  por- 
teurs de  contraintes  relatifs  à  leur  séjour  chez 
les  percepteurs  et  ctiez  les  redevables  ne  seront 
soumis  ni  au  timbre  ni;  à  l'enregistrement;  mats 
le  commandement  qui  précédera  les  saisies  et 
vente    sera  assujetti  à   ces   droits. 

XXX.  Les  receveurs  particuliers  décerneront 
dans  leurs  arrondisserhens  respectifs  ,  les  con- 
traintes contre  les  percepteurs  et  les  contribuables 
en  relard  de  se  libérer. 

Les  contraintes  seront  signées  par  le  receveur 
particulier  et  ne  pourront  être  rni«es  a  exécu- 
tion qu'après  avoir  été  visées  par  le  sous-préfet  dS 
1  airondissement. 

Elles  seront  conformes  au  modèle  annexé  au 
présent  règlement  sous   le  n°   i'^'. 

^     I  I  I. 

Contraintes    et    poursuites   à    exercer    contre     les 
percepteurs. 

XXXI.  Les  porteurs  de  contraintes  vérifieront 
à  leur  arrivée  ,  en  présence  du  maire  et  de 
son  adjoint  ,  la  situation  du  percepteur  ,  d'après 
les  sommes  qu'il  aura  reçues  et  les  quittances 
que    le  receveur   lui  aura   délivrées. 

XXXI.  Les  porteurs  de  contraintes  s'établiront 
à  domicile  léel  chez  le  percepteur  et  à  ses  frais 
sans  répétition  contre  les  redevables  et  avant  de 
pouvoir  exercer  contre  eux  aucune  contrainte 
ni  poursuite   dans    les   cas   suivans. 

1°.  Si  sur  les  information  que  prendrontd'abord 
les  porteurs  de  contraintes .  les  maires  et  adjoints 
leur  attestent  par  écrit,  que  le  percepteur  n'a 
pas  tait  toutes  les  diligences  auxquelles  il  est 
obligé  pour  dispenser  le  receveur  de  poursuivre 
les  redevables. 

2°.  Si  le  percepteur  a  recouvré  et  conservé 
entre  ses  mains  le  tiers  de  la  somme  exigée  par 
la   dernière   contrainte. 

3**.  Si  le  petcepieur  a  commis  un  divertis- 
sement de  deniers  ,  constaté  par  un  procès- 
verbal  des  porteurs  de  contraintes,  affirmé  devant 
le   maire  ou   son    adjoint. 

XXXIII.  Aussitôt  que  le  receveur  particulier 
aura  été  informé  d  un  divertissement  de  deniers  , 
il  fera  faire  à  I  instant  toutes  les  saisies  el  actes 
conservatoires. 

Il  pourra,  en  outre,  décerner  une  contrainte 
par  corps  contre  le  percepteur,  laquelle  ne 
pourra  néanmoins  être  mise  en  exécution  qu'avec 
ie  visa  du  juge-dc-paix. 


129© 


XXXIV.  Le  receveur  panîciilier  enverra  aussi 
le  procès-verbal  el  les  pièces  à  l'appui  au  sous- 
prélct  qui  ordonneia  au  nuiire  ou  à  son  adjoiiil 
de  procéder  sans  retard  ,  sous  peine  de  responsa- 
bililé  à  une  nouvelle  adjudication  de  ce  qui 
restera  à  recouvrer  sur  les  rôles  ;  en  conséquence 
le  receveur  particulier  fera  remettre  dans  le  jour, 
s  il  est  possible  ,  au  maire  ou  à  son  adjoint  , 
les  rôles  avec  l'éiat  des  sommes  à  recouvrer. 

A  délaut  d'adjudicataire  le  conseil-municipal 
nommera  d'oiiice  un  percepteur. 

XXXV.  Si  ,  dans  les  cinq  jours  suivans  ,  la 
somme  divertie  n'est  pas  remplacée  ,  le  rece- 
veur particulier  fera  procéder  à  la,vente  des  meu- 
bles cl  eflTeis  du  percepteur  ,  même  à  l'expro- 
priation forcée  de  ses  immeubles ,  pardevant  les 
jiiges  corapétens  ,  jusqu'à  concurrence  de  ladite 
somme  ;  et  en  cas  d'insuffisance  ,  il  sera  procédé 
pyr  les  mêmes  voies  sur  le  cautionnement. 

XXXVI.  Les  mesures  prescrites  par  les  articles 
qui  précèdent,  n'empêcheront  pas  les  poursuites 
extraordinaires  auxquelles  le  divertissement  de 
denier?  pourrait  donner  lieu. 

XXXVII.  To.us  les  frais  faits  à  l'occasion  d'un 
diveiiissement  de  deniers  seront  à  la  charge  des 
percepteurs  ,  et  seront  réglés  par  les  sous-préfets 
sans  le  recours  au  préfet  ,  à  I  exception  des  frais 
faits  devant  les  tribunaux  ,  lesquels  seront  réglés 
en  la  forme  ordinaire.  ' 

XXXVIII.  Les  maires  et  adjoints  vérifieront , 
toutes  les  décades  ,  les  rôles  du  percepteur. 

Ils  dresseront  ,  chuque  mois  ,  un  procès-verbal 
de  leurs  vérifications  ,  conformément  au  modèle 
annexé  au  présent  ,  sous  le  n"  II,  et  l'enverront 
au  sous-prélet. 

XXXIX.  Les  porteurs  de  contraintes  ne  pour- 
ront rester  plus  de  cinq  jours  consécutifs  chez  le 
même   percepteur. 

S    I  V. 

,  Contraintes  tt  poursuites  à  exercer  contre   tes 
redevables. 

XL.  Les  porteurs  d'une  contrainte  la  présente- 
ront ,  à  leur  arrivée  ,  au  maire  ou  à  son  adjoint , 
et  ei^  demandcrout  la  publication. 

XLI.  Après  que  les  porteurs  de  contraintes 
auront  vérihé  que  le  percepteur  ne  se  trouve 
pas  dans  le  cas  prévu  par  l'art.  XXXII ,  ils  feront , 
sur  le  rôle  ,  le  relevé  des  contribuables  en  retard, 
les  poiteront  sur  un  bulletin  ,  et  distribueront  à 
chacun  des  redevables  un  avertissement  sur  papier 
non  timbré  ,  conformément  au  modèle  annexé  au 
présent  règlement,  sous  le  n°  III. 

.  Il  ne  sera  payé  que  cinq  centimes  pour  chaque 
avertissement  ,  par  le   redevable  qui   l'aura  reçu. 

Les  porteurs  de  contraintes  passeront  successi- 
vement dans  les  autres  communes  comprises  dans 
la  contrainte  ,  pour  y  faire  la  même  opération. 

XLII.   Le  percepteur ,  à    la   première   réquisi- 

lion-faifb  en  priaonec    du    mair,    <,>J   dt  3<JH   oUjOlUt, 

indiquera  aux  porteurs  de  contrainte  la  demeure 
et  les  facultés  connues  des  redevables  :  en  cas 
de  refus  de  la  part  du  percepteur  ,  les  porteurs 
de  contraintes  s'é'abliront  à  domicile  réel  chez 
celui-ci  à  ses  frais  ,  et  sans  répétition  contre  les 
redevables. 

XLIII.  Qiiand  les  porteurs  de  contraintes  au- 
ront "distribué  leurs  avertissemens  dans  toutes  les 
communes  qui  y  seront~désignées ,  ils  viendront 
en  rendre  compte  au  receveur  particulier  ,  lui 
présenteront  de  nouveau  la  contrainte  à  viser  , 
et  partiront  ensuite  pour  séjourner  chez  les  rede- 
vables qui  n'auront  pas  satisfait  à  l'avertissement. 
XLIV.  Les  porteurs  d'une  contrainte  ne  pour- 
ront séjourner  plus  de  dix  jours  dans  la  même 
commune,  et  plus  de  deux  jours  chez  un  re- 
devable. 

Ils  s'établiront  d'abord  à  domicile  chez  le  plus 
fort  contribuable  en  retard,  et  successivement 
chez  les  autres,  toujours  en  continuant  par  le 
plus  fort. 

Les  porteurs  de  contraintes  ne  pourront  pas 
s'établir  à  domicile  chez  les  redevables  qui  paie- 
ront moins  de  quarante  francs  de  contributions 
directes. 

Les  frais  de  séjour  des  porteurs  de  contraintes, 
seront  répartis  sur  tous  les  redevables  de  la  com- 
mune ,  en  proportion  de  leur  débet. 

XLV.  Après  les  dix  jours  fixés  par  l'article  pré- 
cédent ,  le  bulletin,  conforme  au  modèle  an- 
nexé au  présent  règlement  sous  le  n°  IV  ,  sera 
^rempli  et  fait  double  :  il  sera  signé  par  les  por- 
teurs de  contraintes  et  certifié  par  les  maires 
et  adjoints;  il  sera  ensuite  remis  cacheté  au' 
percepteur ,  qui  le  portera  au  receveur  particulier 
avec  les  sommes  que  le  séjour  des  porteurs  de 
contraintes  lui  aura  procurées. 

XLVI.  A  mesure  que  les  bulletins  parviendront 
au  receveur  particulier  ,  il  les  adressera  au  sous- 
préfet  pour  en  régler  la  taxe  ,  qui  se  fera  sans 
frais  ,  et  ne  pourra  jamais  excéder  le  huitième 
de   la   somme  due. 

XLVII.  Le  sous  -  préfet  renverra  sans  retard 
les  bulletins  taxés  ,  au  receveur  particulier  qui 
en  gardera  un  double  ,  et  remettra  l'autre  quit- 
tancé de  lui  au  percepteur  ,  après  lui  en  avoir 
retenu  le  montant  ,  dont  celui-ci  se  remboursera 
sur  les  redevables  en  leur  donnant  quittance. 
XLVIII.  Le  receveur  panicuher  payera  sur  le 


labour ,    les   harnais   et   instrumens   aratoires   ni 


bulletin   taxé  resté  entre  ses  mains,   lés   sa-laires 

des  porteurs  de  contraintes  qui  lui  en  do.anBliuat.lJes   outils  et  métiers  à   travailler. 

<}uitlance.  •  ^'  '        '   '"  ' 

XLIX.  A  la  fin  de  chaque  année  ,  le  receveur 
particulier  rendra  au  sous  -  préfet  un  compte 
général  des  frais  établis  en  recette  et  dépense 
par  les  quittances  des  porteurs  de  contrainte. 

L.  Les  porteurs  de  contraintes  ne  pourront  dans 
aucun  cas  ni  sous  aucun  prétexte  recevoir  aucune 
somme  des  percepteurs  ni  des  contribuables  pour 
les  porter  au  receveur  particulier  ,  à  peine  de 
destiiuiion  et  de  restitution  des  sommes  reçues. 


Il  est  défendu  aux  percepteurs  et  aux  redevables 
de  leur  en  confier  ,  a  peine  de  payer  deux  fois. 

LI.  Après  les  dix  jours  fixés  par  l'art:  XLIV, 
le  percepteur  pourra  faire  procéder  pnr  \oic 
de  saisie  et  ventedes  meubles  et  effets  ,  même 
des  fruits  pendans  par  racines  ,  contre  les  con- 
tribuables (jui  n'auront  pas  acquitté  leurs  con- 
tributions  échues. 

LU.  Ne  pourront  être  saisis  pour  contributions 
arriéièes,  et  pour  frais  f:uls  et  refu5és  ,  les  lits  , 
vêtemciis  nécessaires  au  contribuable  et  à  sa  lamille, 
les  chevaux,   mulets  et  bêtes  de  trait  servant   au 


Il  sera  laissé  au  contribuable  en  retard  ,  une 
vache  à  lait  :  à  défaut  de  vache  une  chèvre  , 
ainsi  que  la  quantité  de  grains  ou  graines  néces- 
saires à  l'ensemencement  ordinaire  des  terres  qu'il 
exploite. 

Les  abeilles  ,  les  vers-à-soye  ,  les  feuilles  de 
mûrier  ne  seront  saisissables  que  dans  les  lems 
déterminés  parles  lois,  sur  les  bien  s  et  usages 
ruraux.  .■ 

Les  porteurs  de  contraintes  qui  contreviendront 
à  ces  dispositions  seront  condamnés  à  lob  francs 
d'amende. 

LUI.  Les  fonctions  attribuées  aux  sous-préfetS 
et  aux  receveurs  particuliers  par  le  présent  règle- 
ment seront  respective  ment  exercées  par  les  préfets 
et  receveurs  généraux  dans  l'arrondissement  cofti- 
munal  du  chef  lieu  du  département. 

LIV.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  imprimé 
au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  pre.mier  consul  , 
Le  secrétaire -d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


Contrainte. 


Arrondissement  communal 
d 


NO    le 


Contrainte  décernée  par  le  receveur  particulier  des  contribu- 
tions directes  ,  soussigné  pour  l'an  en  exécution  de  l'arrêté 
des  consuls  de  la  république  ,  du  rontre  les  percep- 
teurs et  redevables  des  communes  ci-après  mentionnées  ,  et  déli- 
vrée aux  citoyens  lesquels  porteurs  de  cojjtrainta 
seiotit  payés  à  raisoh  de  par  jour  ,  ainsi  qu'il  a. 
été  fixé  par  arrêté  du  préfet  du  départe  nient  ,   en   date  du 

les(iuels  porteursVe  contrainte  seront  tenus'  de  faire 
viser  la  présente  contrainte  par'  le  sous-préfet  de  l'arrondissement 
avant  de  la  mettte  à  exécution  ,   à  peine  de  nullité. 

Savoir: 


Communes. 


Sommes  ducs  par 
chacune  desd.  com- 
munes pour  le  paie- 
ment desquelles  la 
contrainte  sera  exer- 
cée ,  soit  sur  les  per- 
cepteurs ,  soit  sur  les 
redevables. 


Somme  demandée 
pendant  le  séjour 
que  feront  les  por- 
teurs de  contrainte 


Oiîservations  faites  par  le 
receveur  pour  la  conduite  que  les 
porteurs  de  contraintes  doivent  tenir 
dans  chaque  commune. 


par  mot 


Au  paiement  desquelles  sommes  seront  les  percepteurs  et  redevables  des  villes  ,  bourgs  et 
autres  lieux  ,  poursuivis  chacun  en  droit  soi  ,  par  séjours  des  porteurs  de  contraintes  ,  à  l'effet 
de  quoi  ceux-ci  s'établiront  à  domicile  réel  chez  les  percepteurs  et  redevables  arriérés  ,  jusqu'à 
ce  qu'ils  aient  payé  ce  qu'ils  doivent  des  contributions  sur  les  termes  échus  ,  sans  toutefois  que 
lesdits  porteurs  de  contraintes  puissent  demeurer  plus  de  deux  jours  chez  chacun  desdits  rede- 
vables ,  et  plus  de  cinq  chez  chacun  des  percepteurs  ;  après  lesquels  délais  ,  les  percepteurs  et 
redevables   seront  poursuivis  s'ils  ne   se   sont  pas  acquittés. 

Fait  et  délivré  au  bureau  de  l'arrondissement  de  recette   d 
receveur    dudil   arrondissement  ,   le  an 

Vu  par   moi   sous-préfet  dudit  arrondissement,  pour  être  exécuté    selon   sa   forme    et   teneur. 

A  le  .  an 

N"     I  l. 

Frocès-verbal  de  la  vérification  des   rôles  du  percepteur. 

Le  du   mois  de         -  an  de  la  république 

française   une  et  indivisible  ,  les   maire  et  adjoint   de   la  commune    de  se   sont 

transportés  chez  le  percepteur  des  contributions  directes  ,  et  se  sont  fait  représenter  i°  le  rôle 
de  la  eontribution  foncière  ;  2°  celui  de  la  contribution  personnelle  ,  mobiUaire  et  sompiuaire  ; 
3°  celui  delà  contribution   des   portes    et   fenêtre',  et  ont  reconnu 


[  Ici  constater  quelle   somme   a   été 


^■] 


Ils  se  sont  assurés   de  plus 


oncer  si   la   son 
versemeiit  n'ai 


ic    recouvréa    dans  le    moîî 
it    pas    eu   lieu  ,   enjoindr 


précédent  ;   si   les   émargemens    ont  été   exactement 


édent  a  été   versée  au  receveur  particulii 
percepteur  de  l'eÉFectucr.  ) 


Fait  à 


lesdits  jour  et  an. 


A  u 


N"    I  IL 

nom     de     la     loi. 


Je    soussigné    porteur   de    contraintes    pour   le    recouvrement  des     contributions    directes  , 

signifie  au  citoyeii                               de    la    commune    de  ,   que  faute   par    lui 

d'avoir   payé    dans    un    très-court    délai   la  somme   de  ,  échue  des  contribuions 

de  l'an                     ,  je  m'établirai  à  domicile    réel  chez  lui  et  à  ses    frais. 

A  le 

an  de  la    république. 


Recette  particulière 
de  l'arrondissement  communal 


N°IV. 


lâgi 

BULLETIN  des  porteurs  de  contraintes  dressé  en  exe'cution 
de  l'arrêté  du 


DEPAaTEMEMT 
d 


Argent . 

Fiais.    . 

Total; 


NOMS  etSIGNATURES 

des  porteurs 
de  contraintes. 


SOMME  PORTEE 

sur  la 
contrainte. 


SOMME    TROUVEE 

en  course, 
ïu  moment  de  l'arrivée 

des  porteurs 
de  contraintes. 


SOMME    PAYEE 

pendant  je  séjour 

das  porteurs 
de  contraintes , 

et  lors  de  leur  départ. 


DATE  et  HEURE 
le  l'arrivée  des  porteur 

de  contrauites 

dans  la  commune 

pour   distribuer 

les  avcrlissemens  ; 

date  et  heure 

de   leur  départ. 


DATE    et    HEURE       !    NOMBRE  DES  JOU'RS  | 
de  la  rentrée  des  portcurfi 
de  conirainies 
pour  séjourner  ; 

date  et  heure 

auxquelles  ils  ont 

terminé  leur  séjour. 


employés 

par    les  porteurs 

de  contraintes. 


Kola  Les  maire  et  adjoints  doivent 
avoir  l'attention  de  ne  signer  que  pour 
le  nombre  effectif  de  jours  qni  auront 
été   employés.  . 


Nous  Maire  ,   adjoint   et  percepteur  de  la  commune  de 
Certifions  le  présent   état   véritable ,   et  que  les  porteurs   de   contraintes  sont 
restés 

jour         ^ 

Fait  audit  lieu  ,  le  an 


SOLDE 

des  porteurs  de  contraintes. 


NOMS 

des 

REDEVABLES. 


TOTAL 

de  leurs 
contributions 
pour  l'an 


P AIEMENS 

faits 

avant  l'atrivée 

des  porteurs 

de  contraintes. 


RESTANT  DU 

lors  du  départ 


PA  lEM  EN  s 

faits 
pendant  le  séjour 

des  porteurs        des  porteurs 
de  contraintes,     de  contraintes 


FRAIS  TAXES 

pour 

le  paiement 

des  porteurs 

de  contraintes. 


EMARGFMENT 
du  paiement  fait 
au  percepteur 
pour  les  frais 
à  la  charge 
de  chaque 
redevable. 


OBSESVATlONS. 


Arrêté  du  17  thermidor. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  justice  ,  le  conseil  d  état  entendu, 
arrêtent  : 

Art.  !='■.  Il  ne  peut  être  perçu ,  d'après  la  loi  du 
1~  fructidor  an  7  ,  aucun  droit  sur  la  bierre  fabri- 
quée dans  la  ville  de  Dunkerque  ;  en  conséquence 
il  n'y  a  lieu  à  aucunes  poursuites  pour  paiement 
de  droit  contre  les  brasseurs  pour  bierre  fabriquée 
dans  l'intérieur  de  Dunkerque. 

II.  Le  conseil  municipal  de  Dunkerque  pré- 
sentera au  gouvernement  ,  pour  être  par  lui  ,  s  il 
y  a  lieu  ,  délinitivement  arrêté  le  projet  de  tarif 
et  de  règlement  qu  il  croira  convenable  pour  éta- 
blir et  percevoir  un  droit  d'octroi  sur  la  bierre  et 
autres  objets  de  consommation. 

III.  Le  ministre  de  lajustice  et  celui  de  l'inté- 
rieur  sont  chargés  de  l'exécution  de  cet  arrêté. 

IV.  Le  présent  arrêté  sera  imprimé  au  bulletin 
des  lois.  ,, 

Leprertiier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé  ,   H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport  du 
ministre  de  la  guerre  ,  le  consseil-d'état  entendu  , 
arrêtent  : 

Art.  1"^.  La  régie  nationale  des  poudres  et  sal- 
pêtres est  autorisée  à  tenir  compte  aux  salpêtriers 
des  sommes  qu  ils  sont  dans  le  cas  de  payer, 
tant  pour  le  transport  des  terres  et  démolition 
salpêtrées  que  pour  celui  du  salpêtre. 

Elle  pourra  autoriser  les  commissaires  des  pou- 
dres à  traiter  par  abonnement  avec  les  salpêtriers 
de  leurs  arrondissemens  respectifs. 

II.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté,  qui  sera  inséré  au  bulletin 
des  lois. 

Signi ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'étal,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


j  répandre  dans  le  public  ,  qu  il  s'était  manifesté  une 
épidémie  à  1  hospice  d  humanité  :  lécole  de  mé- 

I  decine,  qu'il  a  consultée  ,   dément  ce  bruit  ,  en 

I  assurant  qu'aucun  symptôme  ne  permet  de  le 
soupçonner,  et  rien  ne  prouve  mieux  la  faus- 
seté  de    cette  nouvelle  que    le   fait   constant  que 

j  le  nombre  des  morts,  à  cet  hospice  ,  a  été  moindre 
ce  mois-ci  c^ue  les  mois  précédens. 


Géraud-Falachon.  ,  chef  des  brigands  qui 
ont  assassiné  le  courier  de  Nantes  ,  en  pluviôse 
dernier ,  vient  d'être  découvert  à  Paris  ,  et  arrêté 
par  les  ordres  du  préfet  de  police,  qui  le  fesait 
rechercher. 

JV.  B.  On  a  trouvé  sur  lui  les  traces  des  coups 
de  pistolet  que  le  courier  lui  avait  tirés  en  se 
défendant. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Paris  ,  le  19  thermidor ,  an  H  de  la  Uépnblique-fran- 
r^aise ,  une  et  indivisible. 

AVIS. 

Le  préfet  de  policr  prévient   ses   concitoyens  , 
que  mal  à  pro}>os  des  persoanes  ont  cherché  à 


Les  artistes  qui  composent  le  Conservatoire  de 
musique  ont  célébré,  le  16  de  ce  mo^s  ,  l'anni- 
versaire de  la  création  de  cet  établissement. 

Ceux  qui  connaissent  toute  la  puissance  de  la 
musiqtie  sur  les  hommes  ,  savent  quel  parti  l'on 
peut  lirer  du  Consetvaioire  ;  et  ceux  qui  sont 
sensibles  à  la  gloire  de  la  république,  savent  com- 
bien d'élevés  il  a  fourni  à  la  musique  militaire. 

Les  premiers  talens  étaient  réunis  à  celte  fêle 
charmante  ,  qui  a  commencé  à  deux  heures  par 
un  concert.  On  y  a  entendu  madame  Grassini.  qui 
a  bien  complettcment  justifié  la  léputation  dont 
elle  jouit.  Elle  a  chanté  de  la  manière  la  plus 
brillante  une  scène  de  Mazolini. 

Blanchi  a  chanté  avec  une  voix  charmante  et 
une  méthode  parfaite    un  air  de  Guesch, 

Romberg  ,  qui  arrive  de  Portiigal  pour  se  rendre 
en  Allemagne  ,  l'un  des  premiers  artistes  qu'on 
ait  entendus  jusqu'à  présent  sur  le  violoncelle, 
a  exécuté  un  concerto  de  sa  composition. 

On  n'a  pu  voir  sans  intérêt  l'empressement  et 
la  grâce,  avec  lesquels  ces  aitistes  étrangers  ont 
concouru  à  cette  ïêie ,  et  les  témoignages  d'ad- 
miration et  d'estime  que  leur  ont  donnés  à  nlu- 
sieurs  reprises  les  artistes  français  qui  leS  accora- 
pagnaieiii  ;  l'orchestre  était  composé  des  plus 
glands  takns  que  possède  ha  France. 

Ce  concert  j  été  suivi  d'un  banquet  ovi  se 
trouvaient  placés ,  à  côié  de  leurs  professeurs ,  les 
élèves  du  conservatoire  qui  ont  remporté  les  pre- 
miers jiiix  aux  concours  de  l'an  5  ,  de  I  an  6  et 
de  l'an  7. 


On  -y  z  ha  :  A  ta  république.  ' 

Au  gouvernement ,  protecteur  des  arts. 

Aux  génies  gui  ont  reculé  les  bornes  de  l'art 
musical. 

A  I  union  des  artistes. 

Aux  talens  qui  ont  illustre'  les  écoles  de  l'Europe, 

Aux  progrès  des  élevés  du  conservatoire. 

A   la  paix. 

Le  cit.  Dugazon  a  chanté  d^;s  coupjels  pleins 
de  gaieté  à  l'honneur  des  aitistes  étrangers  qui 
assistaient  au.  banquet. 

Le  lêie  a  été  terminée  par  un  bal  auquel  onr 
assisté  les  femmes  des  artistes  du  conservatoire  et 
les  jeunes  élevés. 

La  réunion  de  tant  de  talens  ne  pouvait  qu'ins- 
pirer une   gaieté  aimable  ,  douce  et  décente. 

Le  minisnc  de  1  iniérieur  a  assisté  au  concert. 

Les  amis  des  aris  ne  peuvent  trop  louer,  en- 
courager, soutenir  le  conservatoire  de  musique, 
l'un  des  établissemens  qui  a  le  mieux  rempli 
l'objei  pour   lequel  il  a  élé  formé. 

Nous  rendrons  compte  des  principes  élémen- 
taires de  musique  ,  que  vient  de  faiie  imprimer 
le  conservatoire;  cet  ouvrage  utile,  f.it  par 
les  hommes  les  plus  habiles  "coniriûuera  beau- 
coup à  renclre  l'enseignement  de  la  musique 
plus  facile  et  à  prévenir  les  dangers  des  mauvaises 
méthodes  qui  nuisent  tant  aux  progrès  de  l'art. 
D. 

CINQ_UIEME      LISTE 

Des  souscripteurs  pour  le  monument  à  élever  à   la. 
mémoire  du  général  Vesaix. 

fr.     c. 
Total  des  quatre  premières  listes  , 

Charles-Joseph  Desoer  ,  receveur- 
général  du  départ,  de  l'Ourthe  , 
à  Liège , 

Les  entrepreneurs  des  équipages 
d'artillerie  à  l'armée  du  Rhin,  com- 
pagnie   A.  Julien  , 

Le  général  de  brigade  Levavasseur, 
adjoint  à  la  division  générale  de 
l'atillcric    de  la   marine  , 

Delarue  ,  Porte  Saint-Antoine  ,  mai- 
son   Beaumarchais  , 

Le  général  Laclos  ,  commandant 
en  second  de  l'équipage  de  siège 
de  l'armée  de  réserve  , 


16,554     5o 

36 

3o3     i5 

«4 
«4 


16,965     65 


De  l'autre  part 

Le  citoyen  Duidnd  ,  professeur  d'ar- 
chitecture à  l'école  ypjyieclinique, 
Lebas  ,  ex-agent  particulier  du  gotr- 
"vérnçment  aux.  îjeSigljSjljAmérique, 
Saime -Croix  Lebas,   capitaine    de 

;    £régatev,~.     .....,.-.. .-,,„.. 

Es^directo,il■e|^^(Ç^tJal    des  hôpitaux,- 
fi   militaires ,  -  ,      ,     . 

É^vrois,  .^éfBCtial  de  brigade  ,  com- 
mandant dans  le  djépartement  de 
;   ht  Meuse-iiil'érienrê  ,  ■ 

Le   chef  et  les  employés  du  bureau 
ij    des  remontes  au    ministère  de  la  " 
i_.guetre, 

teoulée  ,  à  Compiegne  , 
Victor  Birnes  ,  receveur-général   de 
■    la  Manche  ,  ' 

Sauvinet  ,   receveur   de     Quimper  , 

déparlement   du   Finistère  , 
Les  professeurs  et  administrateurs  du 
;  Muséum  d  histoire  naturelle  à  Paris, 
Bélanger  ,  rue  du  faubourg  Poisson- 
nière ,  n"  21  , 
Lespallier,  conseiller-d'état, 
Pierre     Baugier  ,     commandant     la 

garde  nationale  de  Niort, 
Les  administrateurs  ,  artistes  et  pré- 
posés du  théâtre  des  Ans , 
Félix  Desportes  ,  secrétaire-général 
'  du  ministère  de  l'iniérieur, 
Lacepede  ,   membre    du  sénat-con- 
servateur , 
Rallier  ,  membre  du  corps-législatif. 
L'amiral  I3ruix,.rue  Caumartin  ,  n° 

742  , 
Befort ,  rue  Neuve  des  Maihurins  , 

n"  687  , 
Roydot  ,  ex-secrétaire  -  général   à  la 
Guadeloupe,  rue  Basse  du  Rem- 
part ,  n"  35o  , 
Le    général    Marmont  ,     conseiller- 
d  état  ,  rue   Saint-Lazare  ,  n"  77  , 
Fabre-la-Mariilliere   ,    commandant 
en     chef    l'artillerie    de    l'armée 
d'Italie  , 
Delaitre  ,    préfet    d'Eure-et-Loire    à 

Chartres  , 
Kauffmann  ,  capitaine-lieutenant  de 

de  gendarmerie  àEvreux  , 
Les  profess'eurs  de  l'école   centrale 
du    déparlement'    de  l'Eure  :   les 
citoyens  Desoria  ,   Lariois  ,   Del- 
zeuzes  ,   Verdieres  ,  Leroux  ,  Le- 
lebours  ,    Ozanne  , 
Louis  Thoraé  ,   reritier  à   Lyon  , 
Bernard  Tromelin,  rentier  à  Lyon  , 
Thabaud  ,  administrateur   de  la  lo- 
terie nationale , 
Maisoncelle  ,   secrétaire    de   l'admi- 
nistration de  la  loterie  nationale  , 
P.    G.    Chanlaire  ,   géographe  ,    rue 

Geoffroy-Langevin  ,  11°  SjS, 
Geraudoo  ,  commissaire  des  guerres 

à  Schlestadt ,  Haut-Rhin  , 
Fauchet,  préfet  du  département  du 

Var, 
Garnier ,  préfet  du  département  de 

Jemmappes  , 
Barrairon  ,  régisseur  de  l'enregistre- 
ment et  des  domaines, 
Musset,  préfet  du  département  de  la 

Creuse  , 
Le  contre-amiral  Gantheaume,  con- 
seiller-d'état , 
Bonnaire  ,    préfet   du    département 

des  Hautes-Alpes,  à  Gap, 
Le  général   Chalbos  ,    commandant 

la  25'^  division  militaire, 
Lalue  ,    capitaine-aide-de-camp    du 
général     divisionnaire    Chalbos  , 
commandant  la   25^    division  mi- 
litaire , 
Jh.   Marie  Savanié  ,   capitaine-aide- 
de-camp  dudit  général  Chalbos  , 
Le   général   de    division   Begninot  , 
commandant     la     2'=     division     à 
Mézieres  , 
Belleville  ,    membre  du  corps-légis- 
latif. 
Lacombe-Saint-Michel  ,  général  de 
de  division  ,  commandant  en  chef 
l'artillerie  de    siège   à  l'armée  de 
réserve. 


16965 

24 

5o 

24 

,    36 


-i 
36 

100 

24 
24 

24 

540 

24 

24 
24 

24 

24 

24 


5o 
36 
24 

5o 
24 
24 

24 

6 

24 

24 

24 

24 

24 

S4 

24 

25 


24 
18712 


1292 

.  ,^     ,         ,      Ci-c&mre--  -y-  • 

Sàvàry  ^''cn'éf  ^de  brigade'  ,  ancien 
aide-de-cainp  du  général  Dcsaix, 
maintenant  aide-de-camp  du  pre- 
mier consul. 

Rapp,chcf  de  brigade  .  ancien  aide- 
de-camp  du  général  DcsaIx ,  niain- 
tenant  aidc-de-camp  du  premier 
consul.  ,.    ; 

Gcniieville ,  coramissaire^(les,,gupr- 
n,s  ,  ailaché  à  la  division  en 
E^^^pte.  > 

Colbert  ,  ■xhef,  de  brigade',  ancien 
aide-de-camp  du  général  Mural. 

Dupip  ,  préfet  du  déparlement  des 
deux  Sèvres. 

'Vitry ,  du  iklont-Bianc  ,  préfet  du 
département  de  la  Lys  ,  à  Bruges. 

Philippe  Augier  ,  sous  -préfet  .de 
rarroiidissement  de  Rochelort,,  à 
Rochefori. 


Total  jusqu'à  ce  jour.  —  livres  ou  fr.        18892     65 


Le  comité  d'administration  a  nommé  dans  sa 
séance  du  12  thermidor,  le  citoyen  Pastoret , 
président  et  le  citoyen  Delessert  ,  secrétaire.  l'I 
a  élé  arrêié  que  les  fonds  seraient  déposés  à 
la  banque  de  France  et  qu'à  cet  eÉFet  le  secré- 
taire serait  chargé  de  recevoir  les  sommes  ,  d'en 
donner  quiitance  ,  et  de  les  verser  ensuite  à  la 
banque  de  France.  , 

Le  comité  a  arrêié  ,  en  outre  ,  qu'avant  de 
fixer  la  rédaction  du  programme  pour  le  con- 
cours, les  souscripteurs  ,  artistes  et  autres  citoyens 
seraient  invités  à  donner  par  écrit  leurs  idées, 
tarit  sur  l'emplacement  que  sur  l.i  forme  à  donner 
au  monument  et  de  les  envoyer  au  comité  qui 
se  lient  chez  le  citoyen  Delessert  ,  rue  Coqueron, 
n°  58,  oii  l'on  reçoit  actuellement  les  souscrip- 
tions. 


Tableau  historique  de  la  pêche  de  la  baleine  ,  par 
S.  B.J.Noël,  membre  du  jury  d  instruction  pu- 
blique de  Rouen  ,  des  sociétés  des  sciences  de 
Paris  .  Ratisbonne  ,  Dijon  ,  etc.  A  Paris  ,  chez 
Fuchs  ,  libraire  ,  maison  de  Cluny  ,  rue  des  Ma- 
thurins. 

L'auteur  de  cet  ouvrage  est  déjà  connu  par 
diflérens  essais  sur  l'Histoire  naturelle  des  Poissons 
et  sur  Véconomie  des  pèches  maritimes.  Le  témoignage 
le  plus  autheniique  rendu  à  ses  travaux  en  ce 
genre  ,  se  trouve  consigné  dans  le  deuxième  vo- 
lume dcl'Icthyologie  du  savant  continualeur  de 
Bufîon  .  qui  vient  de  paraître.  Le  cit.  Lacepede  y 
y  ciie  ,  en  beaucoup  d'endroits  ,  l'opinion  du 
cit.  Noël  .  comme  autorité  ,  et  indique  les  difFé- 
tenles  espèces  qu'il  a  découvertes  et  dont  il  a 
enrichi  la  science  des  poissons  ,  bien  moins  avan- 
cée que  celle  des  quadrupèdes  et  des  oiseaux. 
Le  tableau  historique  de  la  pêche  de  la  baleine  que 
publie  notre  conciioyen  ,  présente  une  partie 
détachée  du  grand  travail  dont  il  s'occupe  ,  et 
quoique  rapidement  tiacé  ,  il  donne  une  idée  po- 
sitive et  juste  de  touie  l'importance  que  nous 
devons  attacher  à  la  restauration  des  pêches 
nationales  ,  puisque  celle  de  notre  marine  en 
dépend. 

Le  cit.  Noël  présente  d'abord, des  vues  générales 
sur  l'antiquité  de  la  pêche  de  la  baleine  ;  elles  sont 
suivies  d  un  tableau  de  l'état  actuel  des  pêches  de 
ces  énormes  poissons,,  tant  enEurope  qu  en  Amé- 
rique ,  et  de  réflexions  sur  les  moyens  de  ranimer 
chez  nous  les  entreprises  et  les  armemens  pour  la 
côte  du  Groenland.  Il  insiste  sur  la  nécessité 
d'offrir  des  primes  aux  armaieurs  ,  des  encoura- 
gemens  aux  pêcheurs  étrangers  qui  voudront 
se  fixer  dans  nos  ports,  et  y  trouver  une  patrie 
adoptive.  Il  voit  dans  celte  mesure  l'un  des 
principaux  moyens  de  relever  celle  des  pêches 
françaises  qui  a  le  plus  souffert  de  la  révolution. 

itEh.'  comment,  dit-il,  la  France  parvien- 
drait-elle à  raviver  cette  branche  de  son  indus- 
trie maritime,  qu'aura  si  long-  lems  desséché  le 
soufle  brûlant  de  la  guerre  ,  si  elle  ne  recourait 
aux  moyens  qu'a  employés  sa  rivale  ,  sur-toui 
depuis  que  ses  colonies  d'Amérique  dtii  pro- 
clamé leur  indépendance  ?  L'Angleterre  est  par- 
venue à  intéresser,  à  ses  succès  des  milliers  de 
matelots  étrangers  qui  se  sont  arrachés  aux  affec- 
tions les  plus  chères  ,  pour  suivre  aveuglément 
sa   fortune. 

!>  Croit-on  que  sans  la  séduisante  amorce  de  ce 
métal  brillant  avec  lequel  on  acheté  la  sueur  et  le 
sang  des  hommes,  ces  n^alelois  seraient  aujour- 
d'hui les  instrumens  secondaires  de  la  prospé- 
rité du  commerce  anglais  ,  de  ce  commerce  qui 
pompe  à  lui  seul  tous  les  sucs  du  trafic  et  des 
échanges  des   deux  hémisphères  ? 

!j  Pense-t-on'  aussi  que  sur  le  simple  désir  que 


18712  65  !  manifesterait  la  république,  en  invii-iiii  les  arma- 
leuis  à  teiiler  des  expéditions  noiiVtUcs  ,  les 
meilleurs  harpoiineurs  de  la  Frise,  cieSleswig, 
de  la  Hollande  ,  de  l'Amérique  même  ,  quitte- 
raient sponianément  le-  service  de  l'Angleierre  , 
qui  les  paie  laigcmerft  ,  et  viendraiL-nt  s'établir 
en  Fiance  ?  Non  ,  il  ne  faut  pas  s  abandonner  à 
celte  illusion  irompcuse;  c'est  créer  à  son  iman 
ginalion  des  rêves,  pour  lui  servir  daliment.j 
C'est  ,  je  le  répele  ,  à  la  seule  taveuTj  dp  J'pi^ 
que  la  France  devra  l'espiit,  1  acliviié  ,  l'énergiiS 
propres  à  diriger  celle  utile  et  grande  eritteprise  ,'' 
qui  restera  inerte  ,  comme  un  corps  sans  chaleur  , 
si  les  primes  çlu  gouverneifient  n'en  avivent  lé' 
projet  et  l'exécution. 

)i  Attirons  donc  chez  nous  ces  industrieux, 
ces  intrépides  maielois,  harponne''urs  et  capitaines; 
offrons  des  faveurs  de  tout  genre  à  ceux  qui 
prendront  du  service  en  France  ,  et  dans  quelr 
ques  années,  récompensés  de  nos  sacrifices, 
nous  pourrons  nous  écrier  avec  orgueil,  que 
la  France  est  encore  la  pairie  des  Basques,  des 
Malouins   et    des    Dunkerquois.  '> 

L  ouvrage  est  terminé  par  des  tableaux  d'ar4 
meraens  et  de  produits  de  pêche  ,  tant  en  France 
que  chez  l'étranger. 


24 

24 

24 
24 
36 


G  O  U   K  S     DU 

Bourse  du  19  thermidor.- 


C  H  A  N  G  E. 

-  Cours  des  effets  publics. 

60 , jours. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hamtiourg 

Madrid 

Effectif. 

Cadix . . 

Efl'ectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


A    3o 

/-"W 

56 

188 

5  ;r 

10c. 

I4f'r 

5o  c. 

5  Ir 

10c. 

Hb- 

3oc. 

4fr 

55  c. 

4lr 

93  c. 

57i 
1S7 


I  f 


Effets    publics. 

Rente  provisoire 23  fr.  63  ci 

Tiers  consolidé 36  fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  62   c. 

Bons  d'arréragé 84   tr. 

Bons  pour  l'an  8 .   85   fr.  3o  C. 

Syndical 65  fr.  5o  cl 

Coupures 65  ft.  : 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 
Change. 

Lyon au  p.  à  vue. 

Marseille...  au  p.  à  25. 
Bordeaux....    5  p.     à   vue. 
Montpellier..   {  ,p.   à   25  jours. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  l.\  Republiqije  et  des  Arts. 
Dem.  Hécnbe  .    et  le   ballet  de  Héro  et  Léandre. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  Pièce  cu-^ 
rieuse;  Pour  et  Contre  ,  et  te  Faucon.  ■ 

Théâtre  DE  la  Cité-Variétés.  — Pantomimes. 
Auj.  la  1"^'^  repr.  de  une  Faute  de  l'amour  ,  suivie 
de  l'Epreuve  excusable. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherinei. 
Dem.  la  3= /epr.  des  Charlatans  littéraires,  com. 
nouv.  en  5  actes. 


,317: 


Erratum  de  la  feuille  du  17  thermidor.  — 
—  1'^''^   colonne.  —  65'    ligne. 

Au  lieu  de — La     Grande-Bretagne     ne    produit 
point  assez  de  grains  pour  la  nour- 
riture et  le  nombre  des   nouvelles 
clôtures. 
Lisez  —  La   Grande-Bretagne    ne     produit 
point  assez  de  grains  pour  la  nou- 
riture  de   ses   habitans  ,  malgré  les 
progrès  de  l'agriculture  et  le  nombre 
des  nouvelles  clôtures. 
JV.  B.  Nous   reconnaissons    avec    plaisir    que 
nous   devons  la  réparation  de  cette  omission  au 
Publiciste    qui    a    remarqué    avec    be.aucoup    de 
SAGACITÉ  que  la  phrase   tronquée  ne  présentant 
aucun    sens  ,    cela    pouvait    venir    d'une    faute 
d  impression. 

■ — Le  même  Journal  vom  apprend  que  le  quarter 
est  composé  de  huit  bushels  de.  56  à  60  livres  , 
chacun.  —  Nous  croyons  que  le  quarter  est  de 
huit  bushels  dont  chacun  coiiiient  environ  48  livres 
de  froment;  mais  nous  convenons  qu'à  moins 
que  ces  384  .livres  de  bled  ne  soient  dans  ua 
sac  ,  elles  forment  un  quarter  et  non  un  SAC. 
L'article  qui  a  donné  lieu  à  ces  observations 
du  Publiciste  était  copié  du  Courrier  de  Londres  , 
journal  français  qui  s'imprime  en  Angleterre. 
Nous  avions  pris  soin  d'en  avertir  nos  lecteurs  , 
ainsi  qu'on  peut  le  voir  à  la  fin  de  la  7'  colonne 
du   n"   317.  —  17  ihermidor  an  S. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


GAZETTE 


N"  321, 


ALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


PrimTdi,    21   thermidor  an  8  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  i  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M  O  NI  T  £  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemen: .  les  nouvelles  des  armées  .  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  scleiices ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,   le  3i  juillet  (  12  thermidor. )  --  Extrait 
du  Morning-Posl. 

JLje  roi  s'est  rendu  avant-hier  à  la  chambre  des 
pairs  ,  et  après  avoii  donné  la  sanction  à  plusieurs 
bills  ,  il  a  clos  la  session  du  parlement .  qui  , 
probablement,  sera  le  dernier  parlement  anglais; 
car  il  y  a  apparence  que  la  prochaine  session  nous 
donnera  un  parlement  impérial.  > 

Les  discours  de  clôture  sont  d'ordinaire  insigni- 
fians  ,  et  celui  prononcé  par  S.  M.  en  prorogeant 
le  parlement ,  l'a  prouvé  de  reste.  Pas  un  mot 
sur  la  grande  question  de  la  paix  ou  de  la  guerre  ; 
verba  et  voces .,  pmtereaque  nihil. 

Que  les  minisires  se  soient  abstenus  de  faire 
mention  dans  le  discours  de  quelques  succès  à 
venir  contre  les  français,  tout  présomptueux, 
«eut  charlatans  qu'ils  sont  ,  cela  se  peut  conce- 
voir d  après  l'affaire  de  Maiingo  ;  mais  qu'ils 
n'aient  pas  même  misdans  labouche  du  monarque 
le  mot  de  paix,  eux  qui  sont  habitués  à  entre- 
larder (  to  interlad  )  ses  discours  au  parlement  de 
phrases  ambiguës  îendanles  à  nous  bercer  de 
quelque  espoir  sur  notre  vœu  le  plus  cher  ,  voilà 
ce  qui  nous  désole. 

La  partie  h  plus  remarquable  du  dernier  dis- 
cours est  celle  qui  déclare  l'état  floii.isant  du 
jevenu  ,  du  commerceet  des  ressources  du  pays, 
en  convenant  néanmoins  de  la  rareté  ,  ou  plutôt 
du  haut  prix  du  pain.  Nous  doutons  de  cette 
rareté  ;  quant  au  haut  prix  ,  nous  le  sentons  , 
et  nous  craignons  bien  de  le  ressentir  davantage  , 
pour  peu  que  le  revenu  et  le  commerce  aillent 
ainsi  en  florissant  ;  car  les  gens  les  plus  instruits 
attribuent  la  cherté  actuelle  des  subsistances  à 
l'accroissement  de  la  dette  nationale  et  du  revenu 
(autrement  les  taxes  j  ainsi  qu'à  l'aboiid<iin.c  du 
papier-monnaie  ,  qui  est  un  nouveau  capital  , 
lécl  ou  artificiel.  Si  cette  opinion  est  ,  malheu- 
reusement, juste  ,  la  détresse,  du  pauvre  suivra 
la  progression  de  l'état  Jlorissant  du  revenu,  et 
nous  voil.T  ,  ainsi  que  le  remarque  un  législa- 
teur français  ,  comme  Midas  ,  convertissant  en 
or  tout  ce  que  nous  touchons  ,  tandis  qtie  nous 
manquons  de  pain.  ' 

Sn  majesté  le  peupleangtais  s'est  avisé  cependant  de 
se  fâcher  contre  'e  premier  minisire  de  Georges  III. 
Au  retour  de  M.  Pin  du  parlement  ,  un  détache- 
ment nombreux  du  peuple  a  suivi  sa  voiture  , 
en  le  huant  et  le  sifflant.  Il  est  fâcheux  que  notre 
souverain  le  seigneur  roi  ne  soit  pas  delà  même 
opinion  que  notre  souverain  jfoAn  Bulle. 

Le  parlement  est  prorogé  au  mardi  7  octobre 
prochain. 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  20  thermidor. 

La  gazette  de  Prcsbourg  annonce  qu'un  violent 
incendie  a  consumé  ,  le  3o  messidor  ,  cent  deux 
maisons  de  celte  ville.  La  maison,  du  comman- 
dant, les  boucheries  de  la  ville  et  plusieurs  beaux 
hôtels  sont  du  nombre  rk-s  bâtimens  qui  ont  été  la 
proie  des  flammes.  Le  vent  poussai  t  le  leu  avec 
tant  de  violence  ,  iju  un  bateau  qui  était  à  l'ancre 
au  milieu  du  Danube  ,  faillit  êire  embrasé.  La 
perle  est  estimée  cinq  millions. 

—  Tous  nos  journaux  annoncent  que  les  an- 
glais ont  )..-vé  le  blocus  de  Dunkcrque,  depuis 
qu'ils  savent  que  les  frégates  qui  étaient  dans  la 
rade  de  cette  place  ,  sont  entrées  dans  le  port  de 
Flessingue.         

La  fête  du  14  juillet,  qui  a  élé  célébrée  à 
Paris  avec  tani  de  pompe  et'  d  éclat ,  a  été  comme 
l'on  sait  solennisée,  le  même  jour,  dans  (oute 
l'étendue  de  la  république.  Chaque  chef-lieu  de 
dépavlement  a  éié  témoin  d'une  fête  plus  ou 
moins  brillanle;  et  quoiqu'en  général  on  trouve 
dans  les  détails  de  ces  cérémonies  ,  une  ressem- 
blance que  devait  nécessairement  occasionner 
l'identité  de  circonstance  et  de  motifs ,  il  est  satis- 
fesant  pour  l'ami  de  la  république  ,  de  voir  dans 
les  diverses  relations  ,  quelle  uniformité  d'opi- 
nions rcj^nc  aujourd'hui  d'un  bout  à  l'autre  de 
Ta  France  ,  et  d'observer  comment  toutes  les  affec- 
tions se  confond'ent  dans  un  sentiment  coir>aiun 


d'amour  de  la  liberté  et  de  confiance  dans  le 
gouvernement  qui  la  garantit. 

Etnpressés  de  faire  partager  cette  impression  à 
nos  lecteurs,  nous  avons  regretté  de  ne  pouvoir 
publier  tous  les  récits  qui  nous  ont  élé  adressés 
à  ce  sujet.  Pour  e'viier  la  monotonie  qu'entraî- 
ner.iit  la  répétition  de  faits  à  peu-près  pareils, 
nous  choisissons  dans  un  grand  nombre  de  rap- 
ports quelques  particularités  qui  nous  ont  paru 
suffire  pour  faire  juger  de  l'esprit  général  qui  a 
présidé  à  cette  grande  solennité. 

—  A  Bordeaux,  le  24  nressidor,  le  théâtre  a 
été    ouvert   au    peuple   :   on    y  a   représenté   les 
Horaces  et  le  Marchand  de  Smj/rne.  Le  25,  toutes 
les  autorités  civiles  et  militaires  s'étant  réunies  sur 
la  place  de  la  Liberté  ,  le  citoyen  Thibaudeau  , 
préfet,   avant  de  poser  la  première  pierre  de  la 
colonne  départementale,  a  prononcé  un  discours 
dans   lequel   se   remarquent    les    traits    suivans  : 
'»  Cette  riche  moisson  de  gloire   que  tant  de  na- 
tions diverses  n'ont  pu  ramasser  que  pendant  des 
siècles,    la    France    la  recueillie    dans    le    court 
espace  de  quelques  années......    C'est  par' ses 

armées  que  la  France  ,  déjà  grande  par  ses  ri- 
chesses et  _  par  ses  lumières  ,  déjà  au  premier 
rang  parmi  les  puissances,  a  rriérité  d'être  appe- 
lée ,  par  loute  la  terre  ,  la  grande  nation.  Quelle 
cause  enfanta  donc  tant  de  prodiges  ?la  liberté.  .  . 
elle   développa   dans   un   soldat   les   qualités   du 

général;  elle  fil  de  tous  les  soldats  des  héros 

C'est  une  chose  nouvelle  dans  les  fastes  de  l'his- 
toire ,  qu'une  nation  puissante  ,  armée  pour  ven- 
ger les  outrages  faits  à  son  indépendance  ,  terras- 
sant ses  ennemis  et  leur  demandant  la  paix 

Que  cette  colonne  dont  nous  jetions  aujourd'hui 
les  premiers   fondemens ,  offre  sans  cesse  à  tous 

les   regards    de  grands  exemples  à   imiter 

Que  le  tems  qui  dévore  tout  respecte  ce  nou- 
veau panthéon  ;  et  que  les  contemporains  des 
ruines  qui  ,  par  la  succession  'des  siècles ,  rern- 
placent  tous  les  ouvrages  des  hommes  ,  puissent 
rlire  pn^^ro  =.»  p=.o,r,t  SUT  Cette  tivc  :  ici  fut  érigée 
une  colonne  aux  braves  du  département  de  la  Gi- 
ronde morts  dans  les  combats. 

)'  Gloire  éternelle  a  leur  mémi-hre.!)» 
Cette  première  cérémonie  fut  suivie  d'un  dîner 
que  donnèrent  les  corps  d'officiers  des  armées  de 
terre  et  de  mer.  On  y  porta  divers  to.iSts  aux 
armées  ,  à  la  république ,  à  Bonaparte-,  à  ta 
paix. 

Le  soir,  le  cortège  s'étant  réuni  au  Champ-de- 
Mars ,  le  préfet  placé  devant  l'autel  de  la  Con- 
corde prononça  un  discours  particulièrement 
relatif  au  14  juillet.- 

Ce  ne  serait  point  rendre  justice  à  ce  morceau 
que  d'en  louer  seulement  les  expressions  et  le 
style;  il  est  sur-tout  estimable  par  des  principes, 
par  des  sentimens  supérieurs  à  1  influence  des  con- 
jsidéralions  personnelles.  L'amour  de  la  liberté 
s'y  montre  par-tout  franc  et  généreux  ,  exempt 
de  préveniions  et  de  parlialilé. 

)>  Les  droits  du  peuple  français,  dit  l'orateur  , 
avaient  éié  usurpés  depuis  plusieurs  siècles;  il  les 
reprit  le   14  juillet  178g. 

i>  La  nation  avait  perdu  l'influence  politique 
que  la  situation  topographique  et  la  richesse  de 
son  territoire  lui  avaient  long-tems  assurée  :  elle 
la  recouvra  dans  cette  journée  mémorable  qui 
développa  les  germes  de  la  plus  étonnante  révo- 
lution.. . .  Quel  spectacle  imposant  présenta  cette 
garde  nationale,  s'organisani  ,  pour  ainsi  dire, 
dans  un  seuijour,  sur  tout  le  territoire  français,  et 
préparant  les  élémens  de  ces  invincibles  armées 
qui  devaient  bientôt  garantir  l'indépendance  na- 
tionale ! 

>)  Alors  tous  les  cœurs  étaient  unis ,  tous  les 
vœuxappellaient  une  régénération.  Il  n'y  avait  qu'un 
parti  composé  de  l'immense  majorité  de  la  nation. 
La  révolulion  fut  son  ouvrage  ,.  et  le  système  re- 
présentatif lut  établi  sur  les  ruines  du  pouvoir 
absolu.... 

)i  L'éirariger  voulut  s'immiscer  dans  notre  or- 
ganisaiion  intérieure  ,  et  toutes  les  puitsances 
coalisées  s'armèrent  pour  subjuguer  la  France  , 
cl  pour  rétablir  son  ancienne  servitude.. . . 

n  Des  armées  formidables  furent  organisées. 
L'ennemi  fut  par-tout  repoussé  ,  et  d'importantes 
conquêtes  lurent  le  prix  de  la  victoire.  Mais  la 
véritable  puissance  des  nations  est  dans  la  sagesse 
de  leurs  institutions.  La  France  ne  pouvait  sup- 
porter plus   long-temt  ce  gouvernement  révelu' 


tionnai.-e  si  fécond  en  crimes ,  en  héroïsme  et  en 
prodiges  ;  elle  avait  besoin  de  se  reposer  sur  une 
constitution.... 

"Ainsi  qu'au  14  juillet  1789,  une  ère  nou- 
velle va  commencer  pour  la  France  et  pour  le 
monde. 

>'  L'opinion  de  tous  les  peuples  et  de  la  plu- 
part des  gouvernemens  est  enfin  fixée  sur  le  but 
de  la  guerre  qui  embrâSe  depuis  long-tems  J'Eu- 
rope  ;  cette  opinion  est  mûre  pour  la  paix; 
tous  les  intérêts  la  commandent;  le  jour  ap- 
proche où  les  puissances  du  continent,  jouis- 
sant de  ses  bienfaits,  la  dicteront  aux  artisan» 
de  celte  longue  calamité 

"  Anniversaire  de  la  libération  de  la  France  ! 
c  est  sous  tes  auspices  que  nous  élevons  dans  nos 
cœurs  Un  autel  à  la  concorde.  Qu'elle  règne  dans 
les  campagnes ,  dans  les  cilés  ,  au  sein  des  fa- 
milles. . . .  Que  cette  auguste  solennité  devienne  , 
par  latutude  imposante  du  peuple  français  ,  le 
14  juillet  de  la  république  contre  la  coalition 
de  tous  ses  ennemis  ,  le  terme  des  malheurs 
publics  et  l'aurore  de  la  prospérité  nationale  ! 

Un  discours  du  général  Dufour ,  conforme 
aux  mêmes  principes  .  finit  pareillement  par  une 
invitation  à  la  concorde.  Le  soir  ,  lès  spectacles 
furent  ouverts  au  peuple  ,  comme  la  veille.  On 
y  joua  Guillaume  Tell  et  le  Vœu  de  la  paix  ou  la 
Victoire  de  Maringo.  Des  illuminations  ,  un  ban- 
qtiet  et  un  bal  aussi  nombreux  que  brillant  ,  ter- 
minèrent la  journée.       ■ 

—  Les  détails  de  la  fête  célébrée  à  Carcassonne 
font  honneur  au  goût  et  à  I  intelligence  des  ma- 
gistrats qui  l'ont  dirigée.  Au  corttge  composé, 
comme  dans  les  autres  déparlemens  ,  des  auto- 
rilés  civiles  et  militaires  du  pays,  on  avait  ad- 
joint cinq  vétérans  choisis  parmi  leurs  camarades, 
et  cinq  élevés  de  l'école  centrale,  dont  les  pro- 
grès et  la  conduite  leur  avaient  mérité  l'hon- 
neur d'être  choisis  parmi  leurs   condisciples. 

Cette  circonstance  a  fourni  au  citoyen Barante  , 
Pféjét  de  l'Aude  ,  un  rapprochement  plein  din- 
térêt  et  de  sensibilité.  Nous  le  copions  avec  d'au- 
tant plus  de  plaisir ,  que  l'éloge  du  général 
prononcés  ce  jour-[à7'ra'c{fêssart'*tci  â'des'com- 
patriotes  de  ce  guerrier  plus  particulièrement  ho- 
norés de  sa  gloire  ,  plus  naturellement  aflSigés  de 
sa  perte^ 

))  Hélas  !  en  traçant  ici  les  traits  qui  distinguent 
si  éminemment  Bonaparte  de  tous  les  généraux, 
ma  pensée  se  tourne  aussi ,  comme  involontai- 
rement, vers  ce  brave  Desaix  ,  dont  l'esprit  sage 
et  le  caractère  modeste  embeUissaient  les  qualiièâ 
guerrières;  qui  aimait  la  paix  .  et  qui  était  digne 
de  s'illustrer  par  elle  autant  que  dans  les  combats. 
Il  mérita  d  être  le  compagnon  et  l'ami  de  Bona- 
parte ,  dont  il  avait  partagé  la  gloire  et  les  périls 
en  Egypte.  11  accourt  pour  s'y  associer  encore 
une  lois  ,  et  il  meurt  au  sein  de  la  victoire  ,  de 
cette  victoire  qui  nous  assure  la  paix.  Il  n,e  jouira 
pas  de  ce  bien  qu'il  acheta  pour  nous  au  prix 
de  son  sang  ;  m..is  il  arrivera  ,  couvert  de  nos 
respects  et  de  notre  reconnaissance  ,  à  l'immor- 
talité que  son  grand  cœur  osa  ambitionner  ,  et 
dont  sa  modestie  refusait  de  le  croire  di<jne. 
Son  nom  sera  distingué  entre  tous  les  aunes , 
sur  cette  colonne  nationale  ,  destinée  à  perpétuer 
le  souvenir  de  nos  guerriers  mofts  pour  leur 
pays.  En  ce  moment,  dans  toute  la  F  ance  ,  on 
répète  ton  nom  avec  attendrissement  ,  jeune  et 
immortel  Desaix  !  Nos  plus  illuslres  orateurs  otit 
déjà  pa)é  à  timémoire  le  tribut  de  la  reconnais- 
sance publique!  Mais  c  est  dans  le  dépariement 
qui  t'a  vu  naître  ,  c'est  auprès  de  ta  mère  incon- 
solable ,  que  ce  nom  est  prononcé  avec  une 
douleur  plus  vraie  ,  avec  une  admiration  mieux 
sentie  ! 

))  C'est-là  que  je  fus  témoin  des  premières 
années  de  ton  enfance  ,  lorsque  ton  cœur  se 
formait  aux  vertus  ,  et  recevait  une  heureuse 
instruction  dans  l'une  de  ces  écoles  ouvertes  ,  paf 
le  gouvernement,  aux  fils  de  ceux  qui  avaient 
bien  servi  leur  pays. 

)»  C'est  ainsi  que  commença  Bonaparte,  avec 
lequel  la  gloire  de  Desaix  est  d'avoir  tant  de  traits 
de  ressemblance.  Tous  deux  appartiennent  au* 
écoles  militaires  ,  et  attestent  ,  par  leur  exemple  , 
quelle  est  la  puissance  d'une  bonne  éducation 
publique. .  . . 

))  Vous  (en  s'adressant  aux  cinq  élevés  choisis 
pour  assister  à  la  Jitej   que   le  suffrage   de   vOl 


condiscsplss  et  le  jugemeiH  de  vos  maîtres  nous 
ont  présentés  comme  la  plus  chère  espéraiice  de 
ce  département,  apprenez  que  c'est  du  sein  des 
écoles  bien  dirigées  que  sortent  les  héros  !  ap- 
prenez que  sans  les  vertus  morales  et  civiles  ,  les 
talens  et  l'insiruciion  n'obtiennent  jamais  une 
véfiiable  gloire  ,  et  essayez  de  vous  rendre  dignes 
des  grands  modèles  que  notre  siècle  vous  offre. 
Reniîez-vous  dignes  sur-tout  d'une  patrie  qui  sait 
employer  et  récompenser  lé  mérite  ,  qui  grave 
sur  le  marbre  le  nom  de  ceux  qui  meurent 
pour  elle  ,  qui  honore  et  couronne  ceux  qui 
ont  vieilli   en    la  détendant,  jj 

Le  préfet  a  alors  distribué  des  couronnes  aux 
«inq  vétérans  placçs  près  de  lui. 

—  La  cérémoilië 'qftii  a  eu  lieu  à  Tulle  a  offert 
cette  particularité  ,  que  dans  la  première  pierre 
delà  colonne  départementale ,  on  a  déposé  une 
plaque  d'airain  ,  avec  cette  inscription  : 

Au  brave  Desaix  ,  tué  d'un  coup  de  feu  à  la  ba- 
taille de  Maringo  ,  le  25  prairial  ,  an  8  de  la  répu- 
blique ,  au  moment  où  il  venait  dejixer  la  victoire  en 
faveur  de  Carmée française. 

Sa  modestie  égala  son  courage.  Il  regretta  en  mou- 
rant de  n'avoir  pas  assez  vécu  pour  sa  patrie 

Fuisse  cet  airain  transmettre  à  la  postérité  la  plus 
reculée  ,  l'expression  de  rios  vifs  regrets. 

■  Le  citoyen  'Verneilh ,  préfet  de  la  Correze  . 
dans  le  discours  qu'il  a  prononcé  à  cette  occa- 
»îon  ,  a  fait  très  -  heureusement  entrer  l'éloge 
d'un  des  généraux  les  plus  chers  à  la  répu- 
blique. 

«'Je  te  salue,  a-l-il  dit ,  je  te  salue  ,  ô  Quatorze- 
5»  Juillet  !  jour  à  jamais  mémorable  ,  ot'i  sonna  la 
s>,  première  heure  deJji  liberté  ,  qui  vit  crouler  le 
ji  despotisme  de  tant  de  siècles  avec  les  murs  de 
5»  la  bastille,  et  oii  tous  les  sentimens  des  fran- 
j>  çais  se  confondirent  dans  l'amour  brillant  et  pur 
»  de  la  patrie  ! 

5)  Je  te  salue  aussi ,  jour  moins  éclatant  peut- 
j>  être  ,  mais  non  moins  utile  à  la  république  , 
>)  qui  vis  séteindre  ,  dans  la  'Vendée  et  les  dé- 
>»  paiiemens  de  1  Ouest ,  les  torches  ensanglan- 
»i  tées  de  nos  discordes  civiles,  que  le  souffle  im- 
>)  pur  de  1  étranger  y  avait  allumées  ! 

)î  L'éclat  de  cette  partie  de  la  fête  que  nous 
j>  célébrons  ,  citoyens  ,  doit  sur-tout  rejaillir  sur 
3>'  le  département  de  la  Correze  ,  puisque  c'est  un 
j>"  de  ses  enfans  (i)  qui  reçut  et  remplit  I  hono- 
»»  rable  mission  de  porter  le  calme  et  la  paix  dans 
s»  ces  climats  long-tems  désolés.  >' 

—  Les  habitans  de  Bruxelles  ont  prouvé  ,  par 
la  joie  qu'il  ont  fait  éclater  dans  cette  jpurnée  , 
4u  ils  regardaient  le  14  juillet  comme  l'aurore 
de  la  liberté  dont  jouit  aujourd'hui  cette  Bel- 
gique si  long-tems    asservie  à  des  maîtres   étran- 

ftif'enta^e'^a'''eté"^posèe"(îaiîs°rem placement  d'un 
bassin  qui  occupait  ci  -  devant  le  milieu  du 
parc  (2).  Le  préfet  de  la  Dyle  ,  Doulcet-Ponté- 
toulant  ,  dans  son  discours,  a  particulièrement 
insisté  sur  les  avantages  que  promet  à  ces  belles 
provinces  leur  réunion  à  la  république  française. 
Il  a  présente  avec  beaucoup  de  justesse  et  de 
sagacité  le  contraste  qu'offre  leur  sort  passé  ,  com- 
paré à  celui  auquel  elles  sont  appelées.  On  a  re- 
marqué que  jamais  aucune  fête  publique  n'avait 
dans  cette  commune  ,  attiré  une  plus  grande 
alfluence  ,  ni  inspiré  une  plus  vive  satisfaction. 

—  L'excellent  discours  qu'a  prononcé  à  Dijon 
le  citoyen  Guiraudet  ,  préfet  de  la  Côte-d'Or  ,  est 
à  peine  susceptible  d  extrait.  Nos  lecteurs  ,  après 
avoir  lu  les  fragmens  que  nous  en  détachons  , 
regretteront  sans  doute  que  nous  ne  le  leur 
ayons  pas  fait  connaître  en  entier.  Nous-mêmes , 
forcés  d'abréger  ,  et  relisant  ce  qu'il  nous  a  fallu 
retrancher  ,  nous  doutons  si  ,  pour  leur  satis- 
faction ,  ce  n'était  pas  ce  qu'il  eût  fallu  transcrire. 

11  Sortez  ,  dit  le  citoyen  Guiraudet  ,  sortez  des 
(ombres  retraites  de  la  mort  ,  guerriers  qui  suc- 
xombâtes  en  combattant  pour  la  patrie  !  Quittez 
CCS  demeures  silencieuses  de  l'oubli ,  on  votre 
séjour  accuserait  la  nation  qui  jouit  de  vos  sa- 
crifices !  'Venez  vous  placer  sur  une  de  ces  colon- 
nes civiques  que  vont  élever  les  mainî  recon- 
naissantes de  vos  frères  ,  de  vos  amis  !  appa- 
raissez tout  entiers  dans  ces  lieux  qui  vous  vi- 
rent naître  ,  au  mili^  de  ces  concitoyens  pour 
qui  vous  avez  voulu  périr  !  que  votre  génie  ', 
votre  courage  et  votre  gloire  se  gravent  à  -  la- 
fois  avec  vos  noms  sur  la  pierre  que  vous  allez 
«nimer.  Placée  au  milieu  de  cette  enceinte  toute 
militaire  ,  nos  jeunes  frètes  d'armes  vont  l'en- 
tourer de  toutes  parts  ;  déjà  leur  curiosité  in- 
quiète ,  leur  ardeur  impatiente  vient  y  chercher 
des  modèles.  Qu'elle  leur  retrace  donc  sans 
cesse  et  vos  hauts  faits  et  leurs  devoirs  ;  qu'elle 
leur  présente  à-la-fois  et  un  souvenir  et  une  leçon, 
et  que  chaque  nom  soit  pour  tous  un   hommage 


(l]  Le  général  Brune. 

(ï)  Le  plus  beau  quartier  de  la   ville,    dans  le 
centre  duquel  est  uae  magnifique  promenade. 


«294 

et  un  exemple  ;  qu'ils  y  lisent  ,  brave  Cazotte  (3) 
et  ta  vie  aiistere,  et  ics  iravairx  et  tes  fatigues 
soutenues  ,  malgré  les  glaces  de  l'âge  ,  et  ta  mort 
gloiieuse  aux  champs  de  Philippeville  ,  sur 
celle  même  boucbe-à-leu  qui  vomit  long-tems  la 
mort  à  l'ennemi  avant  que  nous  eussions  à  pleu- 
rer ia  tienne. .... 

51  Dis-leur  ,  général  L:inibert  (4.)  ,  toi  qui  guidas 
les  pas  de  nos  premiers  bataillons,  comment  on 
forme  des  héros  ,  et  -les  chemins  qui  conduisent 
à  la  gloire  ,  et  1er  champs  d'honneur  où  tu 
succombas....  Parles-leur  aussi  ,  brave-  Brulet  (5) , 
des  plaines  de  Philippeville  ,  et  de  Toulon  et  de 
Saorgio.  Déjà  la  reconnaissance  nationale  ,  en 
inscrivant  ton  nom  sur  la  colonne  du  Panthéon  , 
t'a  ajipris  comment  on  instruit  les  btaves..  . 
Et  toi.,  dont  linirépidité  et  la  valeur  te  firent, 
au  siège  deFiibouig,  distinguer  parmi  les  intré- 
pides ,  et  de  simple  soldat ,  l'élever  sur-le-champ 
de  bataille  au  rang  d'officier  (6)  ,  heureux  Barbe  , 
tu  n'as  pas  même  à  craindre  qu'on  accuse  la  pré- 
vention de  les  concitoyens  de  t'avoir  VHScrit  sur 
celle  lisie  de  gloire.  C'est  d'un  chef  étranger 
alors  à  ce  département;  c'est  d'un  juge  aussi 
èclâi.é  qu'impariial  ;  c'est  d'un  général  qui 
m'entend  ,  que'  tu  reçus  ce  témoignage  méiilé 
d'estime  ,  et  ces  lauriers  qui  acquièrent  tant  de 
prix  qudnd  ils  sont  dispensés  par  une  main  habi- 
tuée à  les  cueillir 

1)  VetTçz  ,  tout,  vous  réclame  au  milieu,  de 
nous.  Eh  !  quel  plus  beau  moment  pour  appa- 
raître ,  que  celui  où  des  flots  d  un  peuple  de 
gueriiers  et  dp  frères  vous  appellent  à  eux  par 
les  plus  touchantes  acclamations  !  que  de  com- 
pagnons d'armes  vous  allez  rcironvcr  ici  !  et  ces 
braves  blessés  d'ans  les  combats  ,  dont  un  laurier 
civique  va  couronner  la  valeur  ,  i|ul  .  pour  n'avoir 
pas  obtenu  une  mort  glorieuse  ,  n'en  sont  pas 
moins  dignes  des  honneurs  qu'on  vous  leiid  ,  et 
brûlent  en  cet  instant  de  les  mériter  un  jour  !.  . . . 
Et  ce  général  sous  lequel  quelques-uns  d'enire 
vous  ont  marché  à  la  victoire  ,  qui  combattit  avec 
le   même  succès  et  le  même    courage  contre  des 

ennemis  et  en  des  lieux  si  difîérens. 

I!  Et  vous  aussi  vous  combattez  pour  la  patrie  , 
généreux  cultivateurs,  laborieux  artisans  ,  quand 
vous  partagez  votre  cabane  et  vos  meubles  rus- 
tiques ,  et  ce  qui  vous  reste  de  subsistance  avec 
tout  guerrier  qui  vous  rappelle  des  fils  occupés 
ailleurs  à  combattre  pour  elle  !  Sans  doute  ,  l'i- 
mage de  vos  enfans  exposés  aux  mêmes  besoins , 
l'idée  consolante  que  vous  leur  attirez  par  là  ,  le 
même  traitement ,  la  même  bienveillance  excitent 
vos  vertus  hospitalières  ,  et  vous  font  trouver  des 
charmes  dons  vos  sacrifices....  Touchant  et  pa-» 
triotique  échange  de  services  et  de  bienfaits  !  sa- 
crifices qui  assurèrent  si  souvent  1  existence  de 
nos  armées  !  qui  firent  retrouver  et  les  soins  pa- 
ternels et  un  père  à  des  enfans  si  loin  de  leur  pays 

.1 .„  5.0s  aussi  des  actions  et   des   vertus 

guerrières  ;  et  celui  qui  les  exerce ,  peut  se  vanter 
de  combattre  aussi  pour  la  patrie.  ... 

>>  Voulez-vous  assurer  à  jamais  son  triomphe  ? 
venez  tous  au  pied  de  cette  colonne  ,  venez  ,  s'il 
vous  en  reste  encore  ,  y  déposer  le  pénible  far- 
deau des  cruels  souvenirs  et  de  toutes  les 
iiaines. 

»!  Eh  .'  qui  de  nous  n'a  pas  une  faute  à  ex- 
pier ?  qui,  dans  celte  longue  lutte  d'intèiêts 
opposés  ,  aussi  nouvellepour  tous  ,  peut  se  vanter 
d'avoir  constamment  conservé  1  équilibre  de  la 
sagesse  ?  .  .  . 

'1  Si  tous  ,  oui  tous  ,  ont  à  se  faire  pardonner 
ou  quelqu'erreur  dans  les  principes,  ou  quelque 

excès     dans   l'application l'indulgence 

n'e£t-e!le  pas  le  besoin  le  plus  général  comme 
le  sentiment  le  plus  juste?  Hâtons-nous  de  nous 
en  pénétrer  réciproquemeni  ;  et  pour  y  parvenir 
pltrs  sûrement,  puisse  l'heureux  oubli  de  ses 
voiles  sombres  couvrir  le  passé  qui  n'est  plus.... 

"Heuieux  votre  administrateur  si  ,  laissant  au 
courage  et  aux  talens  militaires  de  ce  héros  la 
gloire  la  plus  brillante,  de  conquérir  la  paix  in- 
térieure ,  il  pouvait  concourir,  de  ses  faibles 
-t 

(3)  Lieutenant- colonel  d'artillerie,  comman- 
dant le  second  bataillon  de  la  Côte -d  Or  à 
Philippeville,  combattait  à  l'âge  de  soixante^douze 
ans  ,  toujours  à  pied  ;  il  expira  sur  le  canon  qu  il 
pointait  sur  l'ennemi.  Il  était  ficre  de  l'ingénieux 
auteur  du  lord  impromptu,  dudiable  amoureux, ttc. , 
qui  en  1792  mourut  sur  un  échalaut  ,  expiant 
misérablement  les  écarts  d'une  imaginatiou  affai- 
blie par  les  ans. . .  »   Jgnoscenda  quidtm 

{4)  Général,  de  brigade  1  mort  en  combattant 
dans  les  plaines  de  Champagne. 

(5)  Brulet,  de  Veronnes-les-Petites  ,  canton  de 
Selongey  ,  se  distingua  à  Philippeville  en  1792, 
ensuite  à  la  reprise  de  Toulon  ,  ei  en  Italie  ,  où 
d  fut  tué  à  la  prise  de  Saorgio,  le  10  floréal 
an  2.  Son  nom  a  été  inscrit  sur  la  colonne  du 
Panihéon  ,  par  la  convention. 

(6)  Barbe  ,  simple  soldat  .  se  distingua  au  siège 
de  Fribourg,  oà  il  fut  fait  lieutenant  par  ie  gé- 
néral Brune. 


moyens ,  à  procuver  une  autre  paix  moins  briî- 
bntc  sans  doute  ,  mais  plus  piécieuse  encore. 
C  est  là  qu'il  borne  son  ambition  et  ses  espé- 
rances ;  content  si  ,  après  avoir  vécu  er»  annon- 
çant le  succès  de  ses  vœux,  on  pouvait  (lire 
.de  lui  :  il  posa  une  des  pierres  du  temple  de  l» 
Concorde,  n 

—  A  Mayence  ,  la  marche  du  cortège  que 
composaient  les  auioriiés  civiles  et  militaires,  fut 
ornée  de  guidons  sur  ch.icun  desquels  étaient, 
des  inscriptions  destinées  à  rappeler  les  piin-  ■ 
cipales  époques  de  la  rcvoluiion  ,  telles  que  : 
te  14  juitlct  te  boulevard  du  despotisme  a  été  détruit  i 
la  liberté  s'est  élevée  sur  ses  1  uincs.  -  Le  dix-SepT 
VEN^EMiAiite  AN  8,  Bonaparte,  de  retour  d'Eg)ptet 
débarque  à  tréjus  ;  il  est  venu  nous  rendre,.ia.  vic-K 
t'.tire ,  la  paix  et  la  liberté.  —  Dix-HUiT  brvmAIRE.-, 
la  révolution  est  fixée  aux  principes  qui  l'Ont  com- 
mencée ,  elle  est  finie,  etc.  etc. 

D'autres  inscriptions  décoraient  l'autel  de  la 
patrie;  elles  avaient  piincipalement  pour  objet 
d  honorer  les  mânes  des  Desaix,  des  Dugommier, 
desjoubert,  des  vainqueurs  de  la  Bastille  ,  dès 
Hoche  ,  des  Marceau  ,  et  d'autres  héros  morts  au 
champ  de  la  gloire  et  au  service  de  la  liberté. 

Les  défenseurs  de  la  patrie  ,  récemment  bles- 
sés sur  les  bords  du  Mein ,  occupaient  une  place 
I  d'iiorineui.  Près  d'eux!  on  avait  placé  des  autri- 
chiens également  blessés ,  faits  prisonniers  à  la 
même  affaire.  >>  Vous  vo\ez  ,  a  dit  à  ceux-ci  le 
commissaire-généial  Shée  ,  que  les  français  hono- 
rent le  malheur  et  le  courage ,  même  dans  leurs 
ennemis.  >>  .  . 

Ce  commissaire,  dans  un  discours  plein  d'idées 
justes  et  sages  ,a  féliqté- les  habitans  des  contrées 
qu'il  administre  ,  de  l'organisation  nouvelle  qui  , 
en  les  asjiimilant  aux  autres  départemens  ,  conso- 
lide leur  réunion  et  les  associe  aux  prospérités 
et  à  la  gloire  de  la  république. 

Dans  un  repas  qui  se  donna  ensuite  à  la  mai- 
son du  gouvernement  ,  lurent  chanté*  de  jolis 
couplets  analogues  à  la  circonstance.  Des  toasts  y 
furent  portés  au  I4juillet,à  la  bat;iile  de  Ma- 
ringo  ,  à  Desaix  ,  à  Moreau  et  au  passage  da 
Danube;  àLatour-d'Auvergne  ,  à  Bonaparte,  aux 
blessés  pendant  celte  campagne  ,  aux  défenseurs 
de  la  patae  morts  dans  les  combats  ,  à  la  paix,  à 
la  république  et  à  la  constitution. 

Le  soir,  des  illuminations  invitèrent  le  peuple 
à  la  gaîté.  Plusieurs  maisons  de  la  ville,  décorées 
avec  goût ,  offraient  en  transpatens  des  hommages 
adressés,  les  uns  à  nos  armées  triomphantes, 
d'autres  à  leurs  chefs  et  à  l'espoir  de  la  paix  qui 
doit  mettre  le  sceau  à  leur  gloire. 

—  Le  journal  du  département  de  Seine-el-Oise  , 
en  pailant  de  la  cérémonie  qui  a  eu  lieu  à  Ver- 
sailles ,  fait,  au  sujet  du  discours  du  citoyen 
Gjrnier  ,  préfet  de  ce  département  ,  la  réflexioa 
suivante  : 

(1  Le  discours  du  préfet  a  mis  dans  te  cas  de 
féliciter  les  lettres  ,  si  elles  ont  pu  fournir  à 
toutes  les  places  des  écrivains  capables  de  biea 
administrer  ;  et  le  gouvernement ,  s'il  peut  s'être 
procuré  dans  tous  ses  administrateurs  d'aussi 
dignes  organes  de  la  morale  suprême  ,  qui  seule 
doit  présider  la  conduite  des  hommes.  )î 

Quelques  traits  de  ce  discours  ,  publiés  parle 
journaliste  ,  suffiraient  pour  motiver  son  opinion, 
d  ailleurs  assez  justifiée  par  les  écrits  et  la  con- 
duite politique  du  citoyen  Garnier. 

—  Le  préfet  des  Basses-Pyrénées  ,  le  citoyen 
Guinebaud,  a  su  rassembler  dans  un  petit  nombre 
de  phrases  qui  composent  son  discours  ,  ce  que 
la  circonstance  fournissait  de  plus  grand  à  l'ima- 
gination et  de  plus  touchant  à  des  tœurs  répu- 
blicains. On  doit  lui  savoir  gré  d'avoir  placé 
près  du  nom  des  héros  que  nous  regrettons  , 
ceux  des  généraux  Bernadoite  et  Lannes ,  auxquels 
le  département  des  Basses-Pyrénées  se  glorifie 
d'avoir  donné  naissance. 

Des  hymnes  ,  des  courses ,  des  jeux  d'adresse 
particuliers  aux  habitans  de  ces  contrées,  ont  pro- 
longé fortavant  dans  la  nuit  une  allégresse  qu  ins- 
pirait   la   saiisfaction  générale. 

n:  Le  retour  des  mêmes  idées  ,  l'expression  des 
mêmes  sentimens  se  retrouvent  tellement  dans, 
ces  harangues  prononcées  le  même  jour  à  de 
grandes  distances  ,  que  dans  l'Ain  comme  dans 
la  Correze  ,  aux  bords  du  Var  comme  à  ceux 
de  1  Escaut  ,  il  semble  qu'une  même  ame  ait  ins- 
piré tous  les  orateurs. 

Ce  n'est  pas  seulement  dans  les  chefs-lieux  de 
département  que  tous  les  citoyens  ont  témoigné  le 
vif  intérêt  qu  inspiraient  aux  républicains  les  sou- 
venirs de  la  première  époque  de  notre  révolution. 
Dans  les  grandes  comme  dans  les  petites  com- 
munes ,  l'es  magistrats  environnés  de  tous  les  amis 
de  la  liberté  ,  ont  tâché  ,par  des  cérémonies  ,  par 
des  chants  ,  par  des  jeux  ,  d'exprimer  la  pubhque 
joie. 

—  A  Montpellier ,  le  citoyen  Draparnault  , 
dans  un  excellent  discours  ,  a  parcouru  l'his- 
toire de  toutes  ces  merveilles  qui  font  aujour- 
dhui    de  la  France    l'açlmiratioa    du    monde  « 


1295 


comme    un  jour  ses    lois    et  ses    insiuutions  la 
renctfoni  cligne  d  en  êire  le  modèle. 

—  Le  capitaine  d'artillerie  Mariette  a  fait  ,  en 
présence  des  habitans  de  Valogne  ,  un  louchant 
éloge  de  l'infortuné  Dcsaix  dont  le  nom  désor- 
mais inséparable  de  ceiu  de  Maringo  ,  a  eu  par- 
tout la  première  part  aux  hommages  qui  se  sont 
élevés  de  tous  les  points  de  la  république  vers 
les  vainqueurs  de  l'Iiaiie. 

—  Le  citoyen  Aubert  ,  sous-préfet  du  Sas-de- 
Gand  ,  en  développant  dans  un  discours  élég-nl 
et  sage  tous  les  motifs  de  reconnaissance  cjui 
rendent  cher  aux  fiançais  le  souvenir  du  14 
juillet  ,  a  su  répandit  aussi  des  fleurs  sur  la 
tombe  du  jeune  guerrier  qu'admira  l'Egypte  et 
que  pleure  l'it.tlie.  Ainsi  a  commencé  à  se  dé- 
mentir, l'injuste  presseniiment  de  la  modestie 
du  héros  ;  ainsi  la  reconnaissance  publique  ,  en 
^'exprimant  par  la  bouclie  des  magistrats  et  de 
fous  les  citoyens  ,  a  commencé  à  paye  la  dette 
que  Ihisloire  et  la  postérité  ss  chargeront 
d'acquitter. 

~  Nous  ne  pouvons  mieux  placer  qu'à  la  fin 
de  ce  tableau  ,  une  notice  des  objets  déposés  par 
]e  ministre  de  l'intérieur  dans  la  première  pierre 
de  la  colonne  nationale  qu'il  a  posée  sur  la  place 
de  la  Révolution. 

Dans  une  boîte  d'acajou  ,  longue  de  trois 
décimètres,  et  large  de  deux  décimètres  un 
tiers  ,  étaient  : 

1°.  Six  médailles  de  cinq  centimètres  et  demi 
(25  lignes)  de  diamètre,  représentant  d'un  celé 
le  buste  du  premier  consul.  Légende  :  Bonaparte  , 
premier  consul ,  et  au-dessous  :  Camhacéràs ,  second 
consul  ,  Lebrun  ,  troisième  consul  de  la  république 
française,  et  de  l'autre,  cette  inscription  :  Piemierc 
pierre  de  la  colonne  nationale, posée  par  Lucieri  Bona- 
parte „  nmàstre  de  l'intérieur  ,  aS  messidor  an  8  , 
H  juillet  1800.  LÉGENDE  :  Le  peuple  français  à  ses 
défenseurs  ;  dont  une  dor  ,  deux  d  argent  et  trois 
de  bronze  ,  gravées  par  Duyivier,  et  fiappées  à 
la  monnaie  des  médailles. 

-  2".  Une  de  la  même  grandeur  ,  en  argent  ,  sur 
les  premières  caaipagnes  d'Italie.  Légende  : 
Bonaparte  ,  général  en  chef  de  i armée  française  en 
Italie.  ExERGtJE  :  offert  à  Cinstilut  national  par 
B.  Duvivier  ,  à  Paris.  Au  revers  :  Ce  général  , 
à  cheval  ,  tenant  une  branche  d  olivier  ,  conduit 
par  la  Prudence  et  la  Valeur  ,  et  couronne  pa  ■  '  '. 
'Victoire  qui  emporte  pour  trophée  1  Appollon  ciu 
Belvéder  et  des  manuscrits  ;  légende  :  Les  sciencee 
et  les  arts  reconnaissans.  Exergue  :  Paix  signée  à 
Campo-yorniio  ,  i  an  6  de  la  république. 

3°.  Une  de  cinq  centimètres,  en  or,  repré- 
sentant le  buste  du  premier  consul  ;  lÉcemde  : 
Bonaparte, premier  consul  de  la  république  Jrançaise. 
ExEKGi'E  :  Bataille  de  Maringo  ,  25  et  26 prairial 
an  S.  Au  REVERS  ,  une  inscription.  Le  premier 
consul  commandant  en  personne  iarmée  de  réserve  : 
Enfans  ,  rappellez-vous  que  mon  habitude  est  de  cou- 
cher sur  te  champ  de  bataille.  Gravée  par  le  citoyen 
Auguste. 

4°.  Une  de  cinq  centimètres,  en  argent.  Le  buste 
du  général  Desiiix.  Légende  :  L.  Ch.  Ant.  De^ 
sai'A  ,  né  à  Avat  en  août  1768.  Exi^rgue  :  Bataille 
de  Maringo  ,  il  prairial  an  8.  Au  revers  ,  cette 
inscription  :  Le  général  Desaix  est  blessé  à  mort. 
j>  Allez  dire  au  premier  consul  que  /emporte  le 
«1  regret  de  n  avoir  pas  fait  assez  pour  vivre  dans 
î.)  la  postérité.  11   Gravée  par  le  cit.  Auguste. 

5o.  Dans  le  seccind  tiroir  ,  plusieurs  médailles 
et  les  monnaies  ayant  cours.  Savoir  :  2  pièces 
de  5  francs  d'argent'  4  décimes  en  cuivre,  4  cen- 
times en  cuivre  et  cinq-centimes.  Les  médailles 
sont  deux  semblables  au  n°  2  ,  en  bronze  .  une 
de  Desaix,  une  de  18  lignes  pareille  au  n°  l  , 
une  de  18  lignes  ,  la  fondation  de  la  république 
représentée  par  une  femme  assise  avec  ses  sym- 
boles ,  et  au  revers  la  fixation  de  I'ere  fra>.- 
ÇAISE.  Une  portion  du  zodiaque  011  le  soleil 
enirc  dans  le  signe  de  la  balance  ;  au-dessous  , 
ère  française  commencée  à  l'tquinoxe  d  automne, 
«2  septembre  1792  .  à  g  heures,  iS  minutes,  3o 
Secondes  du  matin  ,  à  Paris.  Une  autre  ,  le  buste 
de  Barthélémy  ,  auteur  du  Voyage  d'Anacharsis  : 
Au  revers  .  les  noms  et  qualités.  Un  autre  ,  le 
buste  dej.  Duviviur  père  ,  graveur  en  médailles  , 
mon  en  1761  ;  gravée  par  B.  Duvivier  son  fils  , 
en  1798. 

.  6°.  Une  plaque  de  cuivre  ,  sur  laquelle  est 
iiiscrii  ce  qui  suit  : 

'«  La  première  pierre  de  la  colonne  nationale, 
élevée  en  l'honneur  des  défenseurs  de  la  patrie  , 
en  exécution  de  l'ariêié  du  17  ventôse  an  8  ,  a 
été  posée  par  L,'.cicn  Bonaparte  ,  ministre  de 
I  intérieur,  le  14  juillet  1800.  (  aS  messidor  an  S 
de  la  république  française)  ,  première  année 
dn  consulat  de  Bonaparte. 

Canibacérès  et  Lebiun  ,  second  et  troisième 
consuls. 

Le  ministre  a  reçu  les  médailles  ;  SAveiR  , 
celle  de  la  colonne  ,  des  mains  dn  citoyen  Du- 
vivier ,  graveur,  et  du  citoyen  Decotte  ,  direc- 
teur de  la  monnaie  des  médailles  ;  et  celle  de  la 
bataille  de  Maringo  et  du  général  Desaix  ,  des 
maitts  du  citoyen  Auguste  qu'il  avait  chargé  de 
les  graver. 


NOTICE 

Des  ouvrages  élémentaires  manuscrits ,  sur  la  langue 
chinoise  ,  que  possède  la  bibliothèque  nationale  ; 
par  L.  Langlès  ,  conservateur  des  manuscrits 
orientaux. 

QjJELt^UESUNS  de  ces  manuscrits  sont  du  nom- 
bre des  inappréciables  acquisitions  que  la  biblio- 
thèque nationale  a  faites  depuis  dix  ans  ;  les  autres 
ciaient  pL-.ccs  parmi  les  livras  chinois.  J'ai  cru 
nevoir  réunir  les  uns  et  les  autres  sous  une  même 
série  de  numéros,  et  en  former  ce  que  nous 
appelons  un  fonds  particulier,  peu  nombreux 
a  la  véiité  ,  mais  utile  aux  ]iersonnes  qni  vou- 
dront se  livier  à  l'élude, de  la  langue  chinoise. 

PREMIERE    PARTIE. 

Viitionndires     chinois    expliqués     en     langues 

européannes. 

N".    I. 

DiCTIONARlUM    SINIC  O-L  A  T  I  N  U  M. 

Rtverendissimi  patris  Basilii  à  Glemonâ  Itali  , 
missionnarii  sacra  Congregalionis  de  propagande  f  de, 
nec  71072,  vtcarii  apostoiici  pruvinciœ  Xensinensis , 
cum  indice  copioso  characliribus  mvcniendis  acco- 
modato,  eoruvique  sinicis  Elcmentis,ac  linearam  varie 
conipouentium   elencao. 

His  accessere  sinensium  Aniilhetorum,  Particu^ 
larum  tiumeraliura  ,  vocum  ,  quîbus  addiiur  parti- 
cula  Ta  atque  cognominum  accurata;  collectiones, 
cum  Cyclo  sinico. 

(  Constanlia 


(     Labore.      j 

C    A    N    T    O    N    E. 

Anno  Domini  M.   D.  ccxxvi. 

Manuscrit  in-folio  de, 673  pages  sur  papier 
d'Europe.  Ce  volume  fait  partie  de  la  mngnilî- 
que  collection  de  manuscrits  doit  nos  victoires 
en  Italie  oiu  enrichi  la  bibliothèque  nationale. 
Il  a  été  tiré  de  la  bibliothèque  du  Vatican,  oti 
il  était  coté  371.  Ce  n'est  point  a  un  des  livres 
lesmoiiis  précieu'x  que  nous'iyons  acquis,  comme 
on  va  en  juger  d'après  la  notice  un  peu  étendue 
que  je  crois  devoir  en  donner.  Il  a  été  composé 
d'après  dix  auteurs  chinois  ,  dont  on  trouve  les 
noms  immédiatement  après  le  litre  riiême  de 
rouvraa;e.  Voici  le  dénombrement  et  l'analyse 
des  différentes   pièces  qu'il   renferme. 

1°.  Une  dissertation  latine  de  n  pages  pour 
faciliter  l'usage  du  Dictionnaire. 

2°.  Le  Dictionnaire.  Il  est  écrit  avec  le  plus 
grand  ordre  et  toute  la  clarté  que  l'on  peut 
désirer.  Il  contient  5o6  pages  divisées  chacune 
en  quatre  colonnes.  Les  deux  plus  étroites  ren- 
ferment hjs  caractères  chinois,  et  les  deux  autres 
les  soiis  correspondans  exprimés  ,  autant  qu'il 
est  possible,  avec  nos  lettres  romaines  ,  et  1  ex- 
plication de  chaque  mot  avec  ses  dérivés.  On  a 
placé  sur  les  lettres  qui  représentent  les  sons 
chinois  ,  des  signes  dont  la  valeur  est  indiquée 
dans  la  dissertation  précédente. 

3°.  On  trouve  ensuite  un  petit  traité  qui  n'est, 
à  proprement  parler,  qu  un  tableau  oià  i  on  voit 
la  disposition  de  certains  traits.  Il  est  intitulé  : 
Lateralium  Tractuum  penicelli  index  ,  et  contient 
irois   pages.    . 

4°.  Les  104  pages  suivantes  contiennent  un 
tableau  analytique  tort  étendu  ,  et  intitulé  :  Diyi- 
sionumvelDispositionum  tractunm penicelli accuratus 
liber  vel  repatorium.  Il  olhe  la  progression  des 
caractères  chinois  ,  depuis  les  traits  élémentaire 
jusqu'aux  plus  compliqués.  La  Valeur  exprimée 
en  lettres  romaines  se  trouve  auprès  de  chaque 
caractère  chinois. 

5°.  Un  autre  tableau  du  même  genre  que  le 
précédent,  rirais  qui  ne  contient  que  12  pages, 
porte  en  litre  :  Literarum  tractuum  penicelli  géné- 
rale repcrtorium. 
I  6°.  Un  recueil  intitule  ,  Index  opposilarum  lite- 
rarum ,  ofire  un  rapprochement  de  mots,  dont 
les  significations  sont  opposées  ou  contraires  l'une 
h  l'autre,  tels  que  doux  ,  amer;  beau  ,  laid;  ciel  , 
terre,  etc.  Ce  recueil  occupe  20  pages.  Les  quatre 
suivantes  en  contiennent  un  autre,  sous  le  titre  de 
Numérale  variarum  rerum;  c'est  une  table  destinée 
à  laciliter  la  recherche  des  moli  dans  le  Diction- 
naire. • 

7".  Un  traité  sur  la  manière  'dé  compter  les 
années  des  chinois  :  Modus  enumerandiannos  mon 
sinico  (  24  pages. j   ,- 

8°.  Un  autre  traité  des  fonctions  de  la  lettre 
Ta  :  Hcec  littera  Ta  eonjungidebUverbis.inf.'.rioribus. 
L'on  trouve  en  effet  la  série  des  verbes  susceptibles 
de  recevoir  celte  lettre  Ta  (6  pages.  ) 

g°.  La  nomenclature  suivante  intitulée  :  Impe- 
ratoris  composilip  centum  familiarum  cognomina  con- 
linens ,  occupe  les  sept  dernierfs  pages  de  ce 
précieux  manuscrit. 

Nota.  Une  notice  de  la  main  de,GiuseppeCerrii 
nous  apprend  que  cette  copie  devait  servir  à  l'im- 
pression   de  ce    dictionnaire.    Ce    savant    s'était 
I  chargé  de  diriger  cette  imporlanie  enlrcprisc  qui 
j  nialheuieuscweut  u'a  pas  eu  lipu. 


N"  II. 

D  I  c  T  I  o  I^  A  R  I  U  M    .'î  I  N  I  i:  o  -  L  A  T  'I  W  u  M. 

Manuscrit  petit  in-40  de  800  pages  -,  papier^ 
chinois.  Ce  dictionnaire  et  absolument  le  même, 
que  le  n°  I  ;  et  avant  d'avoir  lu  la  note  italienne 
de  Giuseppe  Cerrù  ,  je  croyais  qu'il  avait  été 
copié  sur  celui-ci  qui  vient  des  missionnaires 
français.  Les  leiiillcs  fatiguées  prouvent  qu'il  a 
été  souvent  compulsé. 

Pour  faciliter  la  recherche  des  mots  chinois ,  on 
l'a  distribué  selon  l'ordie  de  l'alphabet  français , 
et  1  on  a  écrit  au  haut  de  chaque  page  les  sons 
correspondans  aux  signes  qu'elle  renferme. 

Il  faut  observer  que  la  séiie  des  mots  dont  la 
première  lettre  est  un  Z ,  termine  le  Diction- 
naire n°  I,  t.indis  qu'elle  commence  celui-civ 
dans  lequel  le  son  de  celte  lettre  est  exprimé 
par  tsa  ,  de  manière  que  le  premier  mot  de  ce' 
nianiiscrit-ci  ,  n"  ]I,  répond  à  la  page  462  de 
l'autre  (  n°  I  )  ,  et  que  le  premier  mot  de  celui- 
ci  réjiond  à  la  page  89  du  n"  II;  excepté  cette 
trans,  osition  .  le  nombre  et  l'ordre  des  mots 
sont  absolument  les  mêmes  dans  les  deux 
ouvrages. 

N"     II L 

Manuscrit  in-fol.  sur  papier  chinois  ,  de  i5  à 
18  lignes  d'épaisseur.  C'est  aussi  un  Diitionnaire- 
chinois-latin  distribué  dans  le  même  ordre  que 
les  précédens,  mais  incomplet  :  beaucoup  de 
caractères  manquent  d'exr.lication  .  mais  ils  sont 
parfaitement  peints;  ce  manuscrit  peut  srvoit  son 
utilité. 

N°    IV. 

Manuscrit  in-folio  'de  270  feuilles  ,  papier  chi- 
nois. C'est  un  Dictionnaire  chinois  -  latin  -  espcf' 
gnol.  Chaque  page  est  divisée  en  dix  colonnes 
verticales  ,  subdivisées  chacune  en  trois  parties  , 
portant  en  tête  un  caractère  chinois,  dont  l'ex- 
plication latine  et  espagnole  occupe  le  reste  de 
l'espace.  Les  caractères  chinois  sont  de  grande 
dimension  ,  et  peints  par  une  main  très-habile. 
La  prononciation  se  trouve  au  haut  des  colonnes. 
Ce  dictionnaire  est  suivi  ,  comme  les  n"^  I  et  II, 
d'un  index  très-copieux  ,  pour  faciliter  la  connais- 
sance des  clefs  ,  ci  la  recherches  des  caractères, 
N°  V. 
Manuscrit  petit  in  -  4"  de  22  pages  ,  papier 
chinois  C'est  un  petit  Dictionnaire  chinois-espa' 
gnol.  Cha<jue  page  est  divisée  en  quatre  colonnes. 
Les  deux  plus  étroites  renferment  les  caiacteres 
chinois ,  et  quelquefois  la  prononciation  avec 
l'explication  en  espagnol.  Il  est  fort  incomplet. 

N°  V  I. 
Manuscrit  petit  in-4°  de  5i2  pages  ,  papier 
chinois.  C'est  un  Dictionnaire  chinois-  espagnole 
Chaque^page  est  divisée  en  six  ^colonnes  coupées 
chacune  par  des  lignes  transversales  qui  forment 
des  quarrés  ,  dont  les  uns  renferment  les  carac- 
tères chinois  et  les  autres  la  prononciation  ,  avec 
une  courte  explication  espagnole. 

N°    VII. 

DiCCIONARIO    DE    LENGUA    MANDARINA. 

Cuyo  primer  author  fus  el  R.  P.  Fr,  Francisco 
Diaz ,  religioso  dominico  ,  annadido  despues-  poT 
los  RR.  PP.  desta  mission  de  Sancto-Domingo, 
—  Trasladado  ,  emcndadas  atgunas  tonadas  cow 
forme  à  los  diccionarios  chinicos .  puestas  algunas 
letras  en  las  tonadas  de  otras  corforme  a  los  Dic- 
cionarios dichos  ,  y  annadidas  mas  tonadas  y  tétras, 
todo  segun  los  Diccionarios  chinicos  por  Fr.  Antonio 
Diaz.[  Dictionnaire  de  la  langue  mandarine  , 
composé  d'abord  par  le  R.  P.  F.  Diaz,  dominicain» 
etaii'^menté  par  les  RR.  PP.  de  la  même  mission, 
de  Saint-Domingue,  traduit  et  corrigé  pour  leâ 
tons  ,  conlorméraent 'aux  dictionnaires  chinois", 
enrichi  de  plusieurs  lettres  ,  et  tous  conformes 
à  ces  mêmes  dictionnjiires  ,  etc.)  Petit  ifi-4°  de 
igS  feuilles  sur  papieT  chinois.  Il  contient  une 
dissertation  espagnole  sur  les  cinq  tons  de  la 
langue  chinoise  ,  et  la  manière  de  les  représen- 
ter ,  convenue  généralement  entre  les  mission- 
naires. 

N"    V  I  I  L     a.  b.  c. 

Trois  volumes  petit  in-folio  ,  reliés  à  la  manière 
chinoise  ,  et  écrits  sur  papier  chinois.  Le  premier 
peut  avoir  100  feuillets  ,  le  second  80  ,  et  le  troi- 
sième 40.  Ils  forment  un  Dictionnaire  chinois^ 
français  ,  écrit  avec  soin  et  clarté.  Chaque  page 
porte  le  chinois  sur  deux  colonnes  verticales  avec 
le  son  et  l'explication  .à  côté.  Beaucoup  de  carac- 
tères sont  restés  sans   interprétation. 

(  La  seconde  partie  à  urlprochain  numéro.  ) 


De  la  Vaccine,  par  le  citoyen  Vaume,  docteur  ert 
■médecine,  ancien  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital 
militaire  d'Ajaccio  ,  etc.  etc. 

Un  anonyme  vient  de  faire  insérer  dans  IcJ 
journaux  une  apologie  de  la  vaccine,  dans  laquelle 
il  a  avancé  des  faits  absolument  opposés  à  la  vé- 
rité ;  une  dénégation  pure  et  simple  aurait  été  ma 
seule  réponse,  si  la  société  qui  fait  les  opéra- 
tions sur  la  vaccine   n'etît   ajouté  à  cet  écrit  lUl 


rapport  abrégé  de  six  épreuves  ,  et  n'eût  ainsi  para 
approuver  les  assertions  de  l'anonyme. 

Je  vais  reciifier  les  erreurs  des  faits  avec  toute 
h  franchise  qu'on  devrait  mettre  dans  les  dis- 
cussions polémiques.  Mes  preuves  seront  luees 
des  rapports  et  observations  qui  ont  éié  faits  en 
Angleterre  depuis  environ  dix-huit  mois,  par  es 
médecins  Jeûner  ,  Pearson  ,  Siramons  ,  et  plus 
particulièrement  par  Woodville  ,  médecin  de 
l'hôpital  des  inoculés  à  Londres.  Les  médecins 
français  qui  ont  voulu  essayer  de  cette  nou- 
veauté ,  ont  puisé  leurs  idées  daris  la  même 
source  ;  nous  ne  pouvons  en  conséquence  dis- 
cuter que  sur  ce  qui  a  été  fait  en  Angleterre  ,  celte 
maladie  des  vaches  nous  étant  inconnue  et  les 
épreuves  faites  en  France  ne  cadrant  même  pas 
avec  les  annonces  des  médecins  anglais. 

Noire  anonyme  dit  qu'en  Anglettre  on  croit 
à  la  garantie  de  la  vaccine  comme  à  celle  du  para- 
tonnerre. , 

Voici  le  vrai  :  Il  n'y  a  qu'un  petit  nombre  de 
médecins  qui  a  essayé  de  cette  nouveauté,  et  celui 
de  ses  partisans  s'affaiblit  tous  les  jours  ;  en  voici 
la  preuve  :  Une  lettre  que  je  tiens  en  main  ,  ve- 
nant de  Londres  ,  m'annonce  qu'un  habitant  de 
celle  ville  ,  incertain  à  laquelle  des  deux  méthodes 
il  devait  donner  la  préférence  pour  faire  inoculer 
ses  enfans  ,  consulta  douze  des  plus  fameux  mé- 
decins de  1  Angleterre  ;  la  majorité  fut  pour  l'an- 
cienne méihode,  et  les  enfans  lurent  inoculés  avec 
la  raaliere  variolique  humaine. 

.  L'anonyme  tranche  la  question  sur  l'utilité  de 
la  vaccine,  et  ajoute  que  le  docteur  Jeûner  ne 
se  serait  pas  douté  qune  goutte  de  pus  tiré  d'une 
ujcere  de  pis  de  vaches  ,  pût  garantir  de  la  peiiic- 
yérole  ;  nous  partageons  bien  ce  dogte  avec  la 
grande  majorité  des  médecins  et  des  personnes 
sensées.  i 

'  Mais  ,  voici  une  autre  vérité..  Cfctte  maladie  de 
vaches  ,  qui  doit  préserver  de  la  peliie-vérole 
toute  l'espèce  humaine  répandue  sur  la  surface 
du  globe,  n'est  connue  que  dans  le  Glocesiershire, 
petite  province  d'Angleterre  ,  et,  quoiqu'en  dise 
notre  anonyme  ,  tous  les  rapports  faiis  jusqu'à  ce 
jour,  çonslalent  uniformément  que  les  personnes 
qui  ont  eu  la  petite-vérole,  prennent  la  vaccine 
comme  les  autres;  voici  les  propies  termes  des 
médecins  anglais  partisans  delà  vaccine  :  n  L'ex- 
îS  périence  montre  que  .  pour  avoir  eu  la  petite- 
j>  vérole  ordinaire ,  on  n'est  pas  à  l'abri  de  prendre 
1»  la  petite-vérole  des  vaches.  )i  D'après  cela 
nous  voyons  quel  degré  de  confiance  nous  de- 
vons donner  aux  assertions  fausses  ou  hasardées 
de    notre  anonyme. 

Il  n'est  pas  jplus  véridique  sur  l'article  de  la 
mortalité  des  personnes  auxquelles  on  a  intro- 
duit le  venin  des  vaChcs;  il  ne  nous  accorde 
qu'une  personne  de  motte  sur  6000  de  ces  ino- 
culés, tandis  que  les  inoculateurs  anglais  ,  plus 
sincères  ,  nous  en  accordent  déjà  trois  ,  en 
attendant  qu'il  me  parvienne  des  renseignemens  I 
ultérieurs  qu'on  m'a  promis.  Miis  ces  aveux 
piême  ,  faits  sans  doute  avec^téticence  ou  au 
moins  sans  podigalité  ,  suffisent  pour  faire  rejeter 
la  vaccine  ;  puisque  ,  par  l'inoculation  ordinaire  ] 
bien  dirigée  ,  il  ne  doit  mourir  personne  ;  il  ne 
doit  même  jamais  en  résulter  ni  mauvaises  suites 
ni  difFormiiés.  Le  citoyen  Goetz  ,  dont  les  lalens 
dans  celte  partie  n'ont  jamais  été  plus  révoqués 
en  doute  que  sa  tranchise  et  sa  probité  ,  nous 
a  annoncé  dans  le  Moniteur  du  4  germinal  der- 
nier ,  que  sur  plus  de  28,000  personnes  qu'il  a 
■  inoculées  ,^25  un  seul  n'est  mort.  Si  ce  faii  élait 
faux  ,  il  est  à  présumer  que  les  parens  ou  amis 
des  morts  auraient  déjà  donné  un  démenti  à  l'ino- 
culateur.  De  mon  côté  je  puis,  sans  craindre 
d'être  démenti  ,  déclarer  qne  sur  le  grand  nom- 
bre des  individus  que  j'ai  inoculés  ,  aucun  n'en 
est  mort,  jamais  même  il  n'en  est  résulté  de 
difformité. 

Si  donc  on  veut  être  impartial ,  on  verra  que 
l'avantage  serait  encore  du  côté  du  virus  vario- 
lique hunaain  ,  même  en  accordant  que  celui  des 
vaches  puisse  être  le  préservatif  de  la  petite  vé- 
role ;  c'est  ce  qui  reste  à  prouver  ,  et  le  con- 
traire sera  sans  doute  démoniré  d'ici  à  quelques 
mois. 

Quant  à  la  vaccine  volante  ,  adroitement  ima- 
ginée par  l'anonyine  ,  il  n'est  aucun  homme  de 
bon  sens  qui  ne  voye  dans  cette  dénomination 
tin  subterfuge  pour  se  tirer  d'affaire  ,  lorsque 
les  envachinés  prendront  la  petite  vérole  ,  soit^ 
par  contagion  ou  par  inoculation  ;  et  toutes  ces 
distinctions  de  vaccine  volante  et  non  volante 
ne  serviront  tout  au  plus  qu'à  retairder  de  quelque 
tems  le  rejet  de  cette  inoculation. 


1296 

Je  dois  ajouter  quelques  observalions  sur  le 
rapport  abrégé  de  la  société  pour  l'inocnlation  de 
la  vaccine  ;  JQ  dirai  donc-  qu'il  eût  été  à  désirer 
qu'elle  eût  fait  un  rapport  détaillé  et  norninailf 
des  personnes  sur  lesquelles  elle  a  fait  ses  épreu- 
ves ;  elle  dit  simplement  avoir  obtenu  des  résul- 
tats (ini  paraissent  suffisamment  variés  :  phrase 
vuide  de  sens  ,  qui  ne  nous  apprend  rien;  j'y 
suppléerai  pour  le  moment,  en  annonçant  que 
ces  lésullats  ont  été  ditférens  de  ceux  annoncés 
par  les  médecins  anglais  ;  mais  cette  société 
fera  vraisemblablement  son  rapport  au  public  et 
aux  souscripteurs  pour  la  vaccine  ,  au  moment 
où  on  réinoculera  les  individus  avec  le  virus 
vaiiolitiue  humain.  Mais,  qui  fera  ces  dernières 
inoculations  ?  Sans  vouloir  jetter  aucune  défaveur 
sur  la  sincérité  et  les  talens  des  gens  de  l'art  qui 
ont  dirigé  les  premières  épreuves  ,  je  crois  qu  ils 
ne  peuvent  être  juges  et  parties  ;  en  conséquence  , 
et  pour  constater  d'une  manière  solennelle  que  la 
vaccine  préserve  de  la  petite  vérole,  il  sera  indis- 
pensable que  le  comité  établi  pour  la  vaccine  , 
livre  un  .certain  «ombre  d  individus  .  reconnus 
bien  envachinés  ,  à  linoculalion  ordinaire  faite 
et  dirigée  par  les  personnes  de  l'art  qui  n'au- 
ront point  été  du  premier  coinité  ;  et  pour  qu'on 
ne  me  soupçonne  pas  de  vouloir  m  offrir  pour 
cette  dernière  épreuve,  je  désigne  aux  amateurs 
impartiaux  le  citoyen  Goetz  ,  que  je  viens  de 
citer:  une  expérience  de  plus  de  cinquante 
années  dans  cette  partie  ne  laissera  aucun  doute 
sur  l'efficacité  de  la  vaccine  ,  comme  préservatif 
de  la  petite-vérole,  si  le  virus  variolique  ne 
produit  aucun  effet  sur  ces  individus  .  et  alors 
il  ne  resterait  plus  qu'à  décider  laquelle  des 
deux  méthodes    mériterait   la  préléience. 

En  attendant  ,  je  me  réfère  aux  réflexions  que 
j'ai  déjà  publiées  contre  cette  innovation,  et  je 
répète  qu'il  est  imprudent  de  faire  venir  des 
pays  étrangers ,  sans  aucune  apparence  d'utilité, 
le  venin  dune  maladie  de  vaches  inconnue 
dans  notre  pays  ;  qu'il  est  dangereux  d'introduite 
dans  le  corps  humain  le  virus  d  une  maladie 
des  animaux  qui, peut  ajouter  une  maladie  nou- 
velle à  la  série  déjà  trop  longue  de  nos  maux. 

J'ajouterai  que  nous  devons  nous  tenir  en 
garde  contre  les  innovations  de  certains  médecins 
anglais  ,  qui  ,  souvent  systématiques  ou  charla- 
tans ,  nous  ont  déjà  induit  en  eireur  avec  la 
transfusion  du  sang;  avec  leur  spécifique  intail- 
lible  contre  le  virus  vénérien  tiré  de  1  acide  ni- 
trique ,  et  ensuite  muriatique  ;  avec  leur  phos- 
phore ,  qu'aujourd  hui  ils  prétendent  donner 
comme  calmant,  en  ie  substituant  an  camphre 
et  à  l'opium  ,  etc.  etc.  Toutes  innovations  qu'ils 
ont  successivement  abandonnées  ,  ainsi  qu'il  pa- 
raît qu'aujourd  liïii'ils  commencent  à  abandonner 
la  vaccine  ,  en  attendant  qu  ils  mettent  en  avant 
quelques  autres  no  uveautés  qui  seront  toujours 
adoptées  par  les  personnes  qui  en  sont  avides  ; 
jusqu'à  ce  que  ta  raison  et  l'expérience  fassent 
disparaître  toutes  ces  belles  illusions. 
I      Paris,  le  12  thermidor  an  8. 

'Vaume. 


Au  Rédacteur. 

Paris  ,  ce  20  thermidor. 

Citoyen  ,  les  danois  ont  une  comédie  intitulée 
lePotier  d' eliùm  palitique  ou  l' homme  d' état  imaginaire: 
On  vient  d  en  donner  une  imitation  à  I  Ambigu 
comique,  en  substituant  un  chaudronnier  au 
potier  ;  et  l'auteur  fjançais  a  le  tnérite  d'avoir 
saisi  et  d  avoir  rçudu  les  traits  les  plus  saillans  de 
son  original. 

Depuis  long-tems  j'avais  pensé  qu'un  sujet  aussi 
moral  et  à  la  portée  de  tout  le  monde  ,  méritait 
d'être  transplanté  sur  la  scène  fi'ançaise  ;  je  cédai 
au  désir  de  le  traiter,  mais  les  comédiens  à  qui  je 
proposai  ma  pièce  ,  il  y  a  plusieurs  années  ,  la 
refusèrent. 

Le  souvenir  de  ce  refus  n'est  tien  moins  que 
flatteur  pour  un  vieux  serviteur  de  Thalie,  cepen- 
dant je  vous  prie  ,  citoyen  rédacteur,  de  le  con- 
signer dans  votre  feuille  ,  peut-être  ferai-je  im- 
primer macomédie.  Grâce  à  vous  ,  mes  lecteurs  , 
instruits  de  la  source  oii  j'ai  puisé  et  des  causes 
qui  ont  empêché  mon  Homme  d  état  imaginaire  de 
paraître  sur  la  scerte  avant  son  cadet  ,  ne  pourront 
m'accuserdeplagiat.  L'auteur  de  \' Art  de  la  comédie 
et  des  Commentaires  sur  Molière  ambitionnera  tou- 
jours d'être  utile  à  ses  jeunes  rivaux  ,  jamais  de 
s'enrichira  leurs  dépens. 

Salui  fraternel  ,  Cailhara  ,  de  l  Institut. 


LIVRES    DIVERS. 

Abrégé  de  Œistoire  naturelle  de  Buffon  ,  classé 
par  ordre  ,  genre  et  espèces  selon  le  système  de 
Linné  ,  destiné  à  lusage  des  écoles  centrales  et 
autres  maisons  d'éducation  ,  un  volume  de  334 
pages  d  impression  ,  tormat  in-8°  ,  caractère  petit 
romain  ,  enrichi  de  64  planches  ,  représentant 
près  de  3oo  figures ,  gravées  avec  beaucoup  de 
soin  ;  et  une  notice  descriptive  de  chaqije  animal, 
contenant  ses  mœu.s  ,  ses  habitudes,  la  partie  du 
monde  oîi  il  habite  ,  et  la  durée  ordinaire  de 
sa  vie. 

On  peut  assurer  qu'il  n'a  pas  encore  paru  un 
ouvrage  en  ce  genre  accompagné  d'un  aussi 
grand  nombre  de  figures. 

Cet  abiégé  ,  qui  est  parfaitement  élémentaire, 
a  l'avarftage  de  pouvoir  être  mis  entre  les  mains 
des  jeunes  gens  des  deux  sexes,  parce  qu'il  est 
dépouillé  de  tout  ce  qui  a  rapport  à  l'anatomic 
et  à  la  génération  ;  de  manière  que  l'homme  ie  plus 
rigide   peut  le  confier  en  toute  sûreté  à  son  élève. 

Comme  dans  le  principe  cet  ouvrage  avait  été 
offert  au  public  par  livraison  ,  on  croit  devoir 
observer  que  les  personnes  qui  je_  trouveront 
munies  des  premiers  cahiers,  pourront  se  ctjm- 
pléter  à  la  déduction  de  ce  qu  elles  auront  paye- 
Le  prix  ,  broché  avec  les  figures  en  noir  ,  est 
de  10  ff.  pour  Paris  ,  l  fr.  5o  cent,  de  plus  pour 
les  départemens  ,  franc  de  port. 

Le  même  ouvrage  ,  avec  ligures  très-soigneuse- 
ment coloriées  ,  est  de  20  fr.  pour  Paris,  et  i  fr. 
3o  cent,  de  plus  pour  les  départemens,  aussi  franc 
de  port. 

Les  lettres  et  envois  doivent  être  affranchis, 
sinon  ,  ils  resteront  à  la  poste. 

A  Paris  ,  chez  J.  B.  Rousseau  ,  imprimeur  ,  ru« 
Dominique  ,  près  la  place  Michel  ,  n"  8. 

De  la  persécution  suscitée ,  par  Jean  -  François 
Laharpe .  contre  la  philosophie  et  ses  partisans  , 
en  réponse  à  son  écrit  intitulé  :  du  fanatisme 
révolutionnaire  ou  de  la  persécution  suscitée  par 
les  barbares  du  dix-huitieme  siècle  contre  la  reli- 
gion chrétienne  et  ses  ministres,  par  Guy  C'hau- 
mont  Quury  ,  républicain  français  ,  avec  cette 
épigraplie  : 

Il  Que  font  les  écrivains  contre-révolution» 
naires  .•'  Ils  attaquent  la  philosophie  avec  un  achat-- 
nemcnt  ,  tel  (ju  à  coup  sûr  il  ne  leur  manque  que 
la  puissance  de  Pnilippe  II,  pour  envoyer  les 
,  philosophes  au  bûcher,  comme  il  y  envoyaii  leal 
protestans.  S  ils  parvienneni  à  détraire  V ei\ji\\ phi- 
losophique ,  ils  feront  inlaillibkment  la  contre-ré- 
volution, comme  Charles  II  la  fit,  lorsqn  on  fut 
parvenu  à  anéantir  I  enthousiasme  des  puritains; 
et  par  la  même  raison  que  sa  cour  fut  athée  et 
dissolue  ,  celle  du  tyran  qu  on  nous  destine  serait 
très-relisieuse  ,  très-ignorante  ,  et  surtout  «lés- 
anti-phiiOsophe.  Hpnore  Riouffc.  !> 

Brochure  de  70  pages-  Se  trouve,  à  Paris  ,  chez 
Caillot  ,  imprimeur-libraire  ,  rue  du  Cimetière- 
André  ,  n°  6,  et  chez  tous  les  marchands  de 
nouveautés. 

Collection  générale  des  lois  et  des  actes  da 
corps-législatif  lésant  suite  à'  la  collection  des 
décrets  des  assemblées  constituante  ,  législative 
et  de  la  convention.  Un  vol.  in-S"  ,  comprenant 
les  lois  depuis  la  constitution  actuelle  jusqu'au 
10  germinal  an  8  ,  fia  de  la  session  du  corps 
législatif. 

Prix,  3  fr. ,  et  4  fr.  5o  cent.,  franc  de  port  par 
la  pos  e. 

A  Paris ,  chez  Baudouin  ,  imprimeur  du  corps- 
législaiif  et  du  ttibuuat ,  place  du  Carrouzei  ^ 
n"  660. 

Recueil  de  mémoires  adressés  â  l'institut  sur  la 
destitution  des  déportés  Barthélémy  ,  Pasioret  y 
Sicart  ,  Forrtanes  ;  par  leur  collègue  J.  de  Sales , 
nouvelle  édition  augmentée  d'un  supplément. 

Prix  2  fr.  ,  et  2  fr.  5o  cent,  frapc  de  port. 

A  Paris ,  chez  Fuschs  ,  libraire,  rue  des  Ma- 
-thurins. 

Ces  mémoires  dont  presque  tous  les  papiers 
publics  ont  fait  l'éloge,  ont  eu  un  grand  succès  par 
le  courage  noble  à  la  fois  et  décent  qui  en  fait 
la   base. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  i,a  REPUBtiq^tiE  et  des  Arts, 
Auj.   Hécube ,    et  le 'ballet  de  Héro  et  Léandre. 

rHÉATRE   DU  Vaudeville.    Auj.    Dufrent^  ; 
l'Entrevue  ,  et  Colombine  mannequin. 

Théâtre  de  la  CtrÈ-VARiÈiES.  —  Pantomimes. 
Auj.  la  1'"  repr.  de  une  Faute  de  l'amour  ,  suivie 
de  l'Epreuve  excusable. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris ,  rue  des  Poitevins,  n"  iS.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entier».  Ou  ne  s'abonne 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  et  l'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Agass  e  ,  propriétaire  de  ce  journal ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  iS.  Il  faut  comprendre  dan»  l«s  envois  le  port  dei 
pays  ou  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste.  / 

11  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuill»  ,  au  rédacteur,  rue  des 
Poitevins  ,  n*  i3  ,  depui  ineuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Pari»  ,  de  l'imptimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"    322. 


DuQcli  ,    22  thermidor  an  8  de  la  république  frariçaise  ,  une  et  mdiviiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  pi'évenii-  nos  souscripreurs  qu'à  dacer  du  7   Nivôse  le   M  O  NI  T  E  U  R  est  le  seul  journal  oJJic:eL 
Il  conaeiu  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeuï ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  Iss  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  ,aux  décoiivcttes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   EUR. 

ALLEMAGNE, 


Slulégard  ,  /c  1 4  thermidor. 


Db 


'es  troupes  bataves  sont  arrivées  à  Neuvied; 
■elles  se  rendent  à  marches  forcées  àMontabaur, 
•sur  le  Mein.  Ce  corps  est  de  8,000  hommes  , 
,Sous  les   ordres   du   général  Dumonceau. 

Des  hussards  français  sont  arrivés  à  Heidelberg. 
On  se  loue  de  leur   bonne   conduite. 

Kray  a  son  quartier-général  â  AU  Oethingen. 
(vieux  Oetlingen.)'  Son  armée  ,  conformément  à 
l'armistice  ,  occupe  Rosenheim  ,'Wessenburg  et 
(Muchldorf. 

Moreau  a  imposé  400,000  francs  de  contribu- 
tion à  la  ville  de  Ratisbonne.  Le  magistrat  a  fait 
des  représentations  à  ce  sujet.  —  Le  corps 
de  troupes  françiises  qui  est  dans  le  Wirtemberg 
est  porté  à  22,000  hommes  d'infanterie  et  Sooo 
de  cavalerie.  —  On  assure  que  la  Prusse  jouera 
un  grand  rôle  dans  les  négociations  pour  la 
paix  qui  vont  être  faites  entre  la  France  et 
l'Autriche. 

On  dit  que  si  les  hostilités  devaient  recommencer, 
le  général  Kray  prendrait  le  commandement  de 
l'armée  en  Italie  ,  et  que  le  général  CoUoredo 
le  ^eraplacerait  dans  celui  de  l'armée  autrichienne 
en  Allemagne.   (  Straburger  Weltbote.  ) 

AN   G  L  E  T  E  R  R  E. 

Londres ,  le  3i  juillet  (.  12  thermidor). 

Séance  du,  censél  de  ville.  —  (Extrait  du  Morning- 
Chronicle  du  3 1  juillet ,  12  thermidor.  ) 

Motion     pour    la     p.\ix. 

Hier  le  conseil  de  ville  s'assembla  sous  la  pré- 
sidence du  lord  maire.  Onze  aldermen ,  ainsi 
qu'un  nombre  coiisi Jciable  de  commoners  y 
assistèrent. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance  ,  M.  Hodgson  prit  la  parole  ,  et 
dans  le  cours  d'une  motion  irès-dévtioppée  en 
faveur  de  la  paix  ,  il   dit  : 

)»  Je  croib  de  mon  devoir  ,  comme  habitant 
d'un  des  quartiers  les  plus  populeux  de  la  cité 
de  Londres  ,  de  faire  celte  motion,  avant  que 
le  conseil  ne  s'ajourne  pour  le  reste  de  l'été. 
—  Ce  conseil  n'a  jamais  manqué,  à  chaque  vic- 
toire ,  de  présenter  une  adresse  de  félicitation  ; 
il  ne  saurait  aujourd'hui  se  montrer  insensible 
aux  terribles  revers  qui  ont  eu  lieu  dernière- 
ment.—  Nous  ne  pouvons  plus  reposer  notre 
confiance  en  ces  hommes  qui  nous  ont  mis  dans 
cette  déplorable  situation  ,  après  avoir  prodigué 
nos  fortunes  au  secours  du  seul  allié  qui  nous 
restait  ,  et  dont  nous  sommes  probablement 
abandonnés  dans  ce  moment.  —  Que  le  conseil 
se  dépouille  de  tout  esprit  de  parti,  de  toute 
prévention  ,  et  que  ses  membres  se  réunissent 
à  moi  pour  supplier  S.  M.  de  mettre  fin  à  cette 
guerre  désastreuse,  je  conclus  en  proj^osant 
fju'une  humble  adresse,  en  forme  de  pétition, 
soit  présentée  à  S.  M.  pour  que ,  dans  la  circons- 
tance critique  oii  se  trouvent  les  affaires  pu- 
bliques ,  elle  veuille  bien  ouvrir  une  négociation 
immédiate  avec  la  république  française  ,  à  1  effet 
de  nous  remctlrc  eu  possession  des  bienfaits  de 
la  paix.  >) 

M.  Uixon.  Il  me  paraît  très-inconvenant  que  le 
conseil  s'ingère  de  ce  qui  regarde  le  pouvoir 
exécutif ,  à  moins  qu'il  n'ait  la  conviction  que  les 
ministres  de  S.  M.  ne  veulent  pas  la  paix.  Plein 
de  confiance  dans  l'administration  ,  je  croirais 
pins  sage  de  s'en  rapporter  à  sa  prudence. 

M.  Dixon  propose  un  amendement  ,  conçu  en 
ces  termes  : 

»i  Qiie  la  paix  est  toujours  désirable,  s\irtor|t 
■pour  une  nation  commerçante,  telle  que  la  Grande- 
Bretagne;  que  le  meilleur  moyen  d'y  parvenir  d'une 
.manière  honorable  et  sûre  ,  repose  sur  une  entière 
-confiance  dans  les  gouvernaus  ,  et  dans  le  courage 
«t  l'union  des  gouvernés,  d 

M.  Wall.  J'appuie  l'amendement. 

Af .  R«rae.  J'appuie  la  motion  ,  convaincu  comme 
je  le  suis,  de  la  nécessité  pour  le  conseil  de  de- 
mander une  paix  ,  qui  est  voulue  par  les  gg""'  de 
lan'alion. 

M.  Thorp  combat  la  motion  et  l'amendement, 
lous  ptéttxic  qu'ils  ne  feraient  que  rendre  les  con- 


ditions de  paix  plus  difficiles  de  1j  part  de  l'en- 
nemi. Il  demande  la  question  préalable  sur  le  tout. 

M.  Jaiks.]e  m'oppose  à  la  motion  ,  en  ce  qu'il 
serait  possible  qu'il  y  eût  une  négociation  déjà 
entamée.  ,    .      . 

M.  Wdithman.  Je  me  suis  souvent  efforcé  de 
convaincie  le  couseil  de  l'injur.iice  et  de  I  impo 


;,■  „„  j  „  .,  ..'.  ,.  ,  —  -  —  f-  ,.,,,1  U1.1-U1JC  jd  soLicie  aepuis  sa  aerniere  assem- 
tique  d.  cette  gu.rre  ,  etjat  i.eu  de  croire  que  |  blée,  le  secrétaire-généra  a  particulièrement  dh- 
-eux  qui    ont  combattu   mon   oninion  .    rr-oaiHc-  I  .; .;  _ 1   _°        .       ■   ^      "-"uciciiiLnt  ais- 


ceux  qui  ont  combattu  mon  opinion  ,  regarde 
raient  aujourdhni  comme  trés-heureux  pour  ce 
pays  ,  que  les  mesures,  tjue  je  proposais  eussent 
été  adoptées.  Au  reste  ,  il  né  s'agit  plus  de  savoir 
si  cette  guerre  est  juste  ou  ne  1  est  pas  ;  mais  bien 
SI  elle  doit  eue  continuée  ,  et  si  ,  en  la  continuant  , 
elle  remplira  l'attente  des  ministres.  Il  avait  été 
déclaié  par  ces  ministres,  que  le  gouvernement  de 
France  devait  être  renversé,  ou  sa  puissance  ré- 
duite au  point  de  ne  pouvoir  nous  nuire.  Or,  per- 
sonne n  ignoie  que  les  moyens  employés  pour 
reiiverser  ce  gouvernement  ou  réduire  son  pou- 
voir ,  ont  opéré  l'effet  contr;iire.  Sur  (juel  fon- 
dement ces  ministres  ,  après  s'èlte  joués  de  notre 
crédulité,  après  avoir  échoué  dans  lous  leurs 
projets  ,  et  avoir  sacrifié  à  leur  exécution  notre 
sang  et  noire  aigent  ,  léclameraieni-ils  notre  con- 
fiance ?  El  comment  la  leur  conlinuerions-nous  , 
lorsque  nous  reconnaissons  que  c'est  notre  con- 
fiance aveugle  en  eux  qui  a  été  la  cause  de  tous  nos 
désastres?  On  parle  de  l'inconvenance  qu'il-  y  a 
pour  ce  couseil  de  s  ingérer  de  ce  qui  regarde  le 
pouvoir  exécuiif;  a-t-on  oublié  que  la  même  mo- 
tion fut  souvent  faite  ici  pendant  la  guerre  d  Amé- 
rique ,  et  que  cinq  jours  après  que  le  général 
Conway  eût  vu  rejeter  1a  sienne  au  parlement  , 
celle  du  membre  de  ce  conseil  passa  à  la  majo- 
rité de  19  voix  ,  et  mit  fin  à  la  guerre  ?  etc.  etc. 

L'amendement  et  la  motion  mis  aux  voix  , 
l'amendemeRt  a  obtenu  47  voix  ,  et  la  moiion  41. 
Majorité  de  6  voix  en  faveur  du  premier.  La 
question  préalable  ayant  élé  proposée  ensuite  sur 

ta     mnitr^ii     -^mr-ryAô,!       t>Ha     ^     à<â    ^,1.,.,  .i^     i      


couragemens  en  faveur  des  ans  et  de  l'industrie, 
sourcespremieres  de  la  richesse  , par  conséquent 
de  la  puissance  et  de  la  prospérité  nationales. 
(L'impression  en  a  été  votée  au  milieu  des  plus 
vils  applaudisseraens.^ 

En  rendant  compte  des  ttavaux  immenses   qui 
ont  occupé  la  sociéié  depuis  sa  dernière    assera- 


moiion   amendé 
grande  majorité. 

I     NT     É     R 


elle   a  été  adoptée   à   une 


R. 


I    EU 

Strasbourg,  le  i-j  therviidor. 

Le  général  autrichienZagg  ,  cliefde  l'état-major 
de  Mêlas  ,  qui  a  été  pris  àJVÏaiengo,  et  retourné  en 
Allemagne  sur  sa  parole  d  honneur  de  ne  plus 
servir  avant  son  échange  ,  est  passé  par  ici. 

Le  citoyen  Duroc  et  le  général  Saint-Julien  ont 
élé  accompagnés  jusq'à  K  hl  par  un  détachement 
de  cavalerie.  L  envoi  de  Duroc  à  Vienne  , 
augmente  nos  espérances  de  paix. 

(  Strashurger  Weltbote.  ) 


Paris  ,  le  21  thermidor. 

Un  nouveau  malheur  paraît  menacel  un  des 
départemens  de  lOuest,  celîii  de  l'Iile-ei-'V'ilaine. 
La  feuille  nantaise  annonce  qu'une  petite  mon- 
tagne ,   située  à  deux  lieues  de  Vitré  ,   jette  beau- 


tingue  ceux  qui  ont  mérité  une  mention  honora- 
ble ,   dans  l'oidre  qui  suit  : 

1°.  Un  mémoire  de  l'ex-représentaniRiboust  , 
sur  les  fouilles  faites  à  Isernore  ,  département 
de  1  .^m  ,  où  l'on  a  découvert  des  vestiges  bien 
conservés  de  plusieurs  temples  antiques,  et  des 
mêmes  bains  dont  Vitruve  donne  la  description. 

2°.  D  un  ouvrage  intéressant ,  présenté  par  Lc- 
vraud,  dans  lequel  il  démontre  que  la  'plupart 
de  ceux  que  Ion  croit  attaqués  de  la  lacre  ne 
perisse;nt  que  parce  qu'on  les  laisse  dans  1a  per- 
suasion qu'ils  sont  sans  ressource,  et  qu'on  les 
abandonne  au  désespoir. 

3".  D'un  mémoire  de  Ponce  sur  le  degré  de 
perfection  de  la  peinture  des   anciens. 

4°.  D'un  excellent  mémoire  de  Bcxon  sur  les 
lois  pénales  de  France  ,  comparées  avec  celles 
d  Angleterre  ,  et  sut  liusiiiution  des  jurés. 

5°.  D'une  encre  indélébile  ,  inventée  par  De- 
lunel  ,  et  avec  laquelle  on  n'a  plus  à  craindre  la 
contrefaçon  ,  m  altération  quelconque  ,  dans  les 
actes  ou  lettres  de  change. 

6°.  D'un  modèle  de  pont  méchanique  ,  à  l'aide 
duquel  un  préposé  aux  barrières  peut  ,  sans  sortir 
de  son  bureau  ,  vérifisr  le  poids  d'une  voiture 
au  moment  où  elle  passe  en  dehors  ,  par  Ré- 
gnier. 

7°.  Des  nouvelles  simplifications  et  perfection- 
nemens  apportés  par  Leblanc  ,  dans  plusieurs 
procèdes,  pour  l'extracdoii  de  la  soude  du  sel 
marin  et  la  confection' du  sel  ammoniac  ,  objets 
doriirimportaiion  coûte  chaque  année  à  la  France 
i5  à  l8  millions  ,  qu'elle  pourrait  ainsi  cesser  de 
payer  a  I  étranger. 

Dater  prises  par  divers   artistes. 

Les  objets  imporians  sur  lesquels  divers  artis- 
tes ont  pris  dale  pour  assurer  leur  propriété  et 
qu  on  a  renvoyés  à  l'examen  des  classes  ,  sont'.- 

1°.  Une  machine  présentée  par  Andrieux  pour 
la  labricauon  plus  prompte  et  moins  dispendieuse 
des  rhaines  plates  eu  fil  de  fer,  à  la  manière 
de  Vaucanson,  mais  plus  facile  et  beaucoup  /jus 
parlaiie. 

z°.   D'une  nouvelle  application   que  Delunel  a 
faite  du   legulaieur  de  Bonnernain  à  la  fonte  des  ' 
suils  en  grand,   de  manière  à  les  mieux  épurer 
en  u  employant  que  le   tiers  du    combusiîble    et 
moins  de  bras  :   enfin  ,   en  évitant  toute  mauvaise 
odeur  et  tout  danger  pour  le  feu. 

3°.  D'un  perfectionnement  de  la  gravure  sur 
verre  ,  par  Boudier  fils  ,  au  moyen  d'un  procédé 
aussi   expédnil  que   celui    de  la  gravure  sur  cui- 


vre  ,   avec  1  avantage  de  pouvoir  obt 


■enir  jusqu'à 


—  -, ,      — ....—.,- ,   .....   ,      iviiv,    Lf(;ciU 

coup  de  fumée.  On  craint  chaque  jour  une  explo 
sion  qui  empêche  d'approchei  de  la  monta'nie. 

—  Les   quatre   brigands  que  le    généial  Delà-      ,•     •     ,.  °     v  '' ""^euir  jusqu  a 

rue  a  fait  arrêter  à  ïeloché  ,  ont  été  condamnés     j'"  ™!|,     gravures  et  plus,  sans  aucune  altération 
à  mort  par  le  conseil  de  guerre  de  la  22'  division  •  "■  " 

militaire.  Le  cil.  Teulé,  chef  de  bataillon,  aide- de- 
camp  du  général  de  Lance  ,  est  aux  environs  de 
la  Flèche  avec  une  colonne  de  gendarmerie  à 
pied  el  achevai,  à  la  poursuite  des  autres  brigands. 
Le  pajs  est  au  reste  parfaitement  tranquille. 


Lycée    des    arts. 

62°  séance  publique  du   10  thermidor.  —  Présidence 
du  citoyen  Moreau  Saint-Mery. 

L'institution  naiionale  du  lycée  des  arts  a 
tenu  ,  le  10  thermidor  dernier  ,  sa  6'  séance  pu- 
blique ;  nous  n'avons  différé  d'en  rendre 
compte  que  pour  mieux  entrer  dans  les  détails 
de  cette  assemblée,  l'une  des  plus  intéressantes 
depuis  sa  fondation  ,  qui  remonte  ,  comme  on 
le  sail ,  à  l'an  i"''' de  la  république. 
Extrait  des  travaux. 

La  séance  a    été    ouverte  par  un  discours    du 
président  (i)  sur  le  besoin  de  multiplier   les    en- 

(l)  Le   même   qui,   dans   la    pcsiiion    la    plus 
difficile  et  la  plus  imprévue,    s'est  montré  si  élo- 
la  tête  des   électeurs    de 


ç".  I^^une  opération  infiniment  utile  ,  présentée 
,  par  Delunel  ,  pour  utiliser  la  rhubarbe  importée 
enFrar^ce  et  acclimatée   par  Costel  ,    en   parve- 
nant  a  la  dessécher  dune  manière  aussi  parfaite 
que  les  chinois.  '^ 

.   5°;.    °""    nouveau  thermomètre   métallique  , 
établi  sur  la  division  des  nouvelles  mesures      et 
propre  a  servir  à  la  comparaison  générale  et  pré- 
cise des   observations   météorologiques. 
Friti   décernés. 

Les  différens  rapports  sur  les  prix  qui  ont  élé 
décernes,  ont  eu   lieu  ainsi  qu'il   suit  : 

l"  Sur  le  rapport  de  Marchais  ,  une  couronne 
a  eie  décernée  aux  ciioyens  Vialard  et  Heudieis 
demeurant  rue  de  la  Harpe  ,  au  ci-devant  colléoe' 
dHarcourt,  pour  de  nouvelles  manipu|jiions''à 
laide  desquelles  il  tirent  le  plus  grand  avanta,.e 
de  différentes  méthodes  pour  restaurer  el  réyé 
nérer,  en  quelque  sorte,  le  tissu  des  vieux 
pajuers,  manuscrits,  imprimés  ou  graves ,  altéits 
et  prcsqu'anéaniis  par  la  moisissure  ,  même  anriis 
plusieurs  siècles;  de  manière  à  faire  revivre 
même  tem^   les  plus  anciennes  écritures  ,  carae- 


quent  ,    si  courageux  »  la  .tu.  uuo   ciceicuis    ue     même  iem;i   tes  plus  anciennes  écritures    car- 

Sg  ,   dont  le  nom  seul  rappelle   de    si   glorieux  ,  teies  ou  traits  dont  à  peine  il  était  possible  daT 

souvenirs.  '  j  percevoir  les  traces.  -'' 


2°  Sur  le  rapport  de  Lunel  ,  nne  couronne  a 
«té  décernée  au  cil.  Paul,  rlemeurant  rue  Lazare, 
n"  8S4,  }iour  l'att  de  composer  louies  les  espèces 
d'eaux  minérales,  avec  leurs  venus  cl  propriétés, 
en  les  aciivani  ou  les  modifiant  suivant  les  besoins 
du  malade    ou  1  intention    du   médecin.       ^ 

3"  Sur  le  rapport  de  Désaudray,  une  couronne 
a  Clé  décernée  au  cit.  Kaoul  ,  demeurant  place 
de  Thionville  ,  n"  3i  ,  pour  la  parfaite  fabrication 
et  ivcrîipe  de  ses  limes  en  tout  genre,  dont  la 
q'talité  .  toujours  égale,  a  été  reconnue  si  supé- 
rieure à  ce  le  des  limes  anglaises  ,  qu'exiles  sont 
déj.i  préférées  à  celies-ci   dans  le  commerce. 

4°  Sur  le  rapport  de  Marchais,  une  couronne 
a  été  décernée  au  cit.  Lebrun  ,  demeurant  rue 
Saint-Anloine,  près  celle  Culture  Ste. -Catherine, 
pour  un  procédé  nouveau  ,  prompt  et  peu  dis- 
pendieux, étranger  à  l'acide  rautiaiique  oxigéiié, 
à  l'aide  duquel  il  remplace  le  colon  par  la 
préparation  d  une  plante  indigène  très-abondante  ; 
et  sur-tout  pour  le  civisme  qu'il  a  montré  en 
refusant  des  offres  avantageuses  qui  lui  ont  été 
faite  par  lAngleterre  ,  et  préférant  de  faite  hom- 
mage à  sa  patrie  de  celte  intéressante  découverte. 
5"  Deux  médailles  ont  été  données ,  l'une  au 
citoyen  Potot,  demeurant  rue  du  Champfleuri , 
n°.  Il5  ,  pour  un  procédé  à  l'aide  duquel  il  rend 
loutes  les  espèces  de  cuirs  imperméables  à  l'eau  ; 
la  seconde  ,  au  cit.  Tripel  ,  jardinier-fleuriste  , 
demeurant  rue  du  faubourg  Saint-Martin  ,  n°.  146, 
pour  l'art  avec  lequel  il  sait  multiplier  les  fleurs 
et  en  améliorer  les  espèces. 

La  distribution  de  ces  prix  a  élé  entre-coupée 
par  diverses  lectures  ,  dont  les  plus  importantes 
sont  : 

1°  Une  notice  par  Désaudray  ,  sur  la  vie  de 
Monlalambert  : 

s°  Une  autre ,  par  Delunel ,  sur  la  vie  de  Costel  i 
y-  Une  ode   de  Piis,  sur  la   belle  nature; 
4°  Un  rapport,  par  Dizé,  sur  la  partie  chimique 
des    moyens  proposés  par  Trouville  pour  curer 
le  port  de  Marseille; 

6°  Enfin  ,  un  mémoire  de  Brulley ,  sur  la 
cochenille  silvestre  qui  a  été  montrée  vivante  sur 
un  nopal ,  et  dont  les  commissaires  du  Lycée 
ont  lire  une  très-belle  teinture  écarlatte.  Il  y  a 
ajouté  une  description  verbale  de  l'éducation  de 
cet  insecte  et  des  avantages  qu'on  en  peut  retirer 
dans  no*  colonies.  Ces  détails  ont  été  vivement 
applaudis. 

En  général  tous  ces  morceaux  ont  fait  la  plus 
\ive,,sensaiion. 

Cette  ^éance  ,  l'une  des  plus  brillantes  qui  ait 
eu  lieu  qu'  lycée  ,  a  été  remarquable  par  un 
concours  immense  ,  et  par  un  choix  précieux 
d'auditeurs  dont  I  attention  soutenue  ,  a  prouvé 
rintéiêi  que  le  public  continue  de  prendre  à 
cetie  utile  institution.  La  joie  pure  et  l'attendris- 
sement des  artistes  couronnés  .  ont  fait  sentir 
plus  que  jamais  combien  est  précieux  l'emploi 
du  pouvoir  de  l'opinion;  on  a  sur-tout  remarqué 
l'impresiion  vive  que  faisaient ,  sur  chacun  d'eux  , 
les  phrases  habilement  nuancées  qui  leur  étaient 
adressées  par  le  président ,  avec  celte  grâce  et 
ce  charme  de  léloquence  qui  double  le  prix  de 
la  récompense.  Ce  nouvel  exemple  a  démontré 
aux  observateurs  impartiaux  .  combien  est  sage 
et  politique  ,  le  but  que  le  lycée  des  ans  s  est 
proposé  d'aiieindre  ,  en  appelant  ainsi  les  artistes 
dans  son  sein  pour  les  offrir  à  l'intérêt  public  ; 
faire  connaître  leurs  talens  et  leur  conduite  ho- 
norable ;  appeler  sur  eux  l'attention  des  autorités  ; 
assurer  îa  date  de  leur  invention  ,  enfin  ,  leur 
faire  ,  pour  ainsi  dire  ,  les  avances  d'une  lépu- 
-lation  ,  sur  laquelle  ils  fondent  l'espoir  de  toute 
leur  fortune  ,  et  quelquefois  toute  leur  existence. 
Nous  ne  doutons  pas  que  le  gouvernement , 
ami  des  ans ,  ne  s'empresse  de  seconder  les 
efforts  d'une  société  qui,  depuis  dix  ans  ,  con- 
sacre librement,  et  sans  aucun  intérêt,  ses  tra- 
vaux à  l'encouragement  des  arts  ,  et  dont  la 
conduite  courageuse  ,  au  milieu  des  orages 
révolutionnaires,  a  constamment  mérité  le  suf- 
frage des  autorités  et  la  reconnaissance  des  artistes. 

G**. 


S«i(e  rfe  la  notice  des  ouvrages  élémentaires  manu- 
scrits ,  sur  la  langue  chinoise  ,  que  possède  la 
bibliothèque  nationale  ;  p>ar  L.  Langlès  ,  conser- 
vateur des  manuscrits  orientaux. 

SECONDE    PARTIE. 

dictionnaires  de  langues  européannes  expliquées  en 
chinois. 


I  izgS 

expliqué  par  le  chinois  pl.'cé  dans  l'eïliacc  cor- 
respondant à  droite.  Souvent  l'explication  du  mot 
est  accompagnée  de  plusieurs  phiiises  ou  exem- 
ples pour  en  faire  mieux  connaître  le  sens.  On 
regrette  que  la  piononciatiou  chinoise  ne  soit  pas 
indic|uée. 

î\°'    X    a.  h. 

DiCTION.VRIUM       LATINO-SINICUM, 

Deux  volumes  in-folio,  papier  chinois,  2j 
pouces  à  3  pouces  dépaisseur.  C  est  un  double 
du  dictionnaire  dont  je  viens  de  jjarler,  copié 
avec  tant  d'exactitude  qu'on  le  prendrait  pour  un 
calque.  Le  papier  cepcndpnt  en  est  un  peu  moins 
beau  ,  et  les  caractères  sont  tracés  av'.c  un  peu 
moins  de  netteté  que  dans  l'autre  manuscrit.  Il  est 
fâcheux  que  ,  par  un  excès  de  modestie  ,  les  mis- 
sionnaires à  qui  nous  devons  ces  utiles  et  pénibles 
ouvrages,  aient  dérobé  leuis  noms  à  notre  recon- 
naissance. 

No     X  L 

Manusciit  in-fol.  de  2  jiouces  d'épaisseur  sur  pa- 
pier chinois.  C'est  un  Dictionnaire  fraîKidis-chinois ., 
OLi  plutôt  ce  ne  sont  que  tes  ciémcns  d  un  diction- 
naire ,  car  le  plus  grand  nombre  des  mots  manquent 
d'interprétations  ;  en  outre  le  chinois  n  est  écrit 
qu'en  caractejes  latins. 

N°    XII. 

Manuscrit  in-4°  de  3  î-  pouces  d'épaisseur, 
papier  chinois.  Ce  n'est  .  comme  le  précédent , 
qu  une  ébauche   de  dictionnaire. 

N°     XIII.     a. 

Manuscrit  in-4°  Sur  papier  chinois  d'un  pouce 
d'épaiss'eur.  C'est  un  recueil  de  phrases  chinoises 

I  traduiteji  en  français.  Chaque  page  est  divisée  en 
huit  bandes  horizontales,  et  porte  en  marge,  en 

I  gros  caractère  ,  lé  signe  chinois  qui  se  trouve 
intercalé  dans  les  différentes  phrases  chinoises, 
à  côté  desquelles  est  linterpréiaiion  française. 

N»    XIII. 

Manuscrit  in-4''  ,  sur  papier  chinois  ,  de  quatre 
pouces  dépaisseur.  Ce  manuscrit  est  1  inverse 
du  précédent.  Ce  sont  des  phrases  expliquées 
en  chinois  ,  et  rangées  selon  Tordre  alphabé- 
tique pour  le  mot  principal.  Ce  manuscrit, 
quoique  volumineux,  renferme  très- peu  de 
choses  ;  la  plupart  des  pages  n  étant  pas  écrites. 

Je  dois  aussi  indiquer  le  Dictionaeium  la- 
TiNO-SiNico-TATARtcuM,  en  trois  vol.  in-fol.  que 
j  ai  placé  sous  le  n"  i^'  des  livres  taiars-mant- 
choux  (i]  de  la  bibliothèque  nationale.  Je  ne 
répéterai  point  les  détails  que  j  ai  donnés  sur  cet 
ouvrage  ,  et  sur  l'utilité  de  la  langue  mantchoue  (a) 
dans  le  V  vjliJiile  des  notices  et  extraits  des 
manuscrits  de  la  bibliothèque  nationale  ,  pages 
58i-tio6.  J'observerai  seulement  que  tous  les  mois 
et  les  exeiïiples  filins  de  ce  dictionnaire  sont 
traduits  à-la  fois  en  chinois  et  en  mantchou  ; 
le  caractère  ,  quoique  petit  ,  est  tracé  avec  beau- 
coup de  netteté;  on  regrette  qu  il  ne  soit  pas 
accompagné  de  la  prononciation  en  lettres  ro- 
maines. 

Nous  possédons  aussi  à  la  bibliothèque  natio- 
nale plusieurs  dictionnaires  chinois-manichoux 
très-étendus  et  très-volumineux  ,  rédigés  par  le 
tribunal  établi  dans  le  palais  même  de  l'empereur 
à'Pekin.  On  pourrait  tirer  parti  de  ces  ouvrages, 
par  le  moyen  de  la  langue  mantchoue  ,  avec 
laquelle  il  est  maintenant  aisé  de  nous  familiariser. 

A  la  suite  de  ce  nouveau  fonds  vient  se  placer 
naturellement  le  travail  immense  du  savant  Four- 
mont  ,  sur  la  langue  chinoise.  Ce  travail  est  ren- 
fermé dansune  tre  niaine  de  poricleuilles ,  format 
grand  in-folio  et  fort  épais.  Les  matériaux  de  son 
dictionnaire  remplissent  dix-huit  à  vingt  de  ces 
énormes  porte-feuilles. 


Le  même  savant  a  fait  graver  sur  bois  de  poi- 
rier ,  aux  frais  du  gouvernement  ,  plus  de  5o,ooo 
caracteces  chinois'^  pour  son  grand  diciionriiire. 
Qjiciqucs-uns  ont  seivi  à  l'impression  de  sa  Grdfn- 
matica  siiiica^  de  ses  Meditationes  siiiica  .  et  de  la 
liste  des  empereurs  de  la  Ch'ne  ,  qui  se  trouve  à  la 
fin  du  2"=  vol.  de  ses  Réflexions  critiques  sur  Us 
histoires  des  anciens  peuples.  Les  autres,  et  c'est 
le  plus  grdnd  nombre  ,  sont  encote  adhéreiis 
aux  pentes  bandes  de  bols  ,  sur  lesquelles  on 
les  a  taillés.  Un  léger  liait  de  scie  indique  les 
séparations.  On  a  eu  soin  en  outre  d'écrire  sur 
la  lige  ,dc  chaque  caractère  sa  valeur  ei  son  nu- 
méro. 

Celte   collection   de  types  chinois  ,  absolumen' 
unique  en   Europe  ,  a  été  déposée  à    la   biblii 
thcque  nationale  ,  il  y  a  environ  5o  ans  ;  elle  c 
parlaiiement  conservée. 

L.  Langlès. 


DiCTIONARIUM 


I  X. 

LATINO-SINICUM. 


(5)  Dontj'ai  formé  également  nn  fonds  particu- 
lier ,  qui  n'avait  jamais  existé  à  la  bibliothèque 
nationale  ,  et  qui  n'existe  dans  aucune  biblio- 
thèque d'Europe  ,  à  moins  que  ce  ne  soit  dans 
la  bibliothèque  impériale  de  Saint-Pétersbourg. 
Ce  fonds  ou  cette  collection  forme  miintenant 
plus  de  quatre-vingts  tno  ou  enveloppes  qui 
contiennent  autant  d'ouvrages  originaux  ,  ou  tra- 
duits du  chinois  en  mantchou  ,  relatifs  à  la 
géographie  ,  à  I  histoire  ,  à  la  philosophie  et  aux 
langues  des  deux  nations....  Voyez  la  premicie 
partie  de  ma  Notice  des  livres  mantihoux  de  la 
bibliothèque  nationale  .  dans  le  tome  V  des  notices  et 
extraits  des  manuscrits. 

[  6)  D'après  le  témoignage  positif  des  mission- 
naires les  plus  instruits  ,  tek  que  le  vénérable 
Amyot  ,,i'  il  n'y  a  pas  un  bon  livre  chinois  ,  qui 
ne  soit  traduit  en  tatar-mantchou.  d  Cette  der- 
nière langue  a  une  écriture  alphabéihique  et 
des  règles  assez  sirnpUs.  Ses  difticuliés  n'ont  r'ren 
de  comparable  avec  celle  que  présente  le  lan- 
gage hiéroglyphique  des  chinois  ,  commeje  crois 


Manuscrit  in-folio  de  3  j  pouces  à  4  pouces 
dépaisseur  ,  papier  chinois  très-mince.  C  est  un 
Dictionnaire  latin-chinois  très-complet  et  écrit  avec 

le  plus  grand  ordie.  Les  caractères  soni  peints  par  j  l'avoir  démontré  dans  ma  Dissertation  sur  l'alpha 
une  main  habile.  Chaque  page  est  divisée  en  deux  i  tef  mantchou,  placée  à  la  tëie  du  Dictionnaire 
colonnes  subdivisées  chacune  en  dix  bandes  hori-  |  mantchou  français  ,  que  j'ai  publié  ,  ,en  trois  vol. 
Bonlales.  Les  bandes  à  gauche  renferment  le  lalin     in-4°  ,  chez  le  cit.  Didot  l'aidé  ,  en  1787  -  1790. 


A  le     thermidor  ,an%de  la  république. 

Survotreinvitaiion  ,  citoyen  rédacteur  ,  je  vous 
adresse  ci-joinl  quelques  réflexions  sur  la  question 
ii.iiiée  dans  le  mémoire  inséré  au  Moniteur , 
n"  3o2  an  8. 

Je  vous  salue  ,  N 

Copie  et  un  mémoire  adressé  il  y   a  quelques  années 
au  gouvernement. 

Citoyen,  je  vous  invite  à  agréer  des  obser- 
vations qui  pourront  contribuer  à  des  succès 
encore  plus  raaniués  des  armes  de  la  république 
sur  la  mer.  J'ai  de  la  douleur  de  ne  I  avoir  pas 
fait  il  y  a  trois  mois. 

Nous  voulons  détruire  les  vaisseaux  de  celte 
nation  peifide  ,  piraie  et  corrompue  .  et  nous  le, 
ferons;  mais  j  ai ,  sans  avoir  jamais  navigué  , 
observé  il  y  a  plus  de  20  ans ,  pour  la  première 
fois,  que  le  français  suit,  dans  les  combats  de 
mer  ,  une  impulsion  qui,  quoique  très-naturelle, 
ne  mené  pourtant  pas  le  plus  directement  au  bu. 
qu'il  se  propose.  Plus  anciennement  marin  ,  et  pjr 
conséquent  plus  expert  dans  l  art  nautique  ,  et  su 
tout  dans  celui  des  manœuvres  ,  que  nous,  1  ■■■■.- 
glais  en  suit  une  autre  plus  profondément  et  pi.i 
justement  raisonnée.  Voici  l'observation  qui  me  le 
prouve. 

Les  capitaines  en  second  de  nos  bâti.îiens  de 
guerre  ,  grands  ou  petits  ,  dont  le  poste  ,  dans 
le  combat  est  sur  le  gaillard  d'avant,  sous  la 
raizaine,  sont  atteints  ou  tués  beaucoup  plus 
souvent  que  les  capitaines  commandans  qui  se 
tiennent  communément  sur  le  gaillard  d'arrière: 
or,  rien  ne  se  fait  au  hasard;  tout  a  une  cause  ; 
les  deux  exemples  très-posiiifs  qui  ont  achevé  de 
me  confirmer  dans  ce  que  je  soupçonnais  depuis 
plusieurs  années  ,  sont  ceux  de  la  Belle-Poule  et 
du. ...  (je  ne  me  rappelle  plus  du  nom  )  ,  dont 
les  capitaines  en  second  ,  Green  de  Sainl-Mai- 
ceau  et  Bessey  de  la  Voûte  ,  furent  tués  :  j'ignore 
la  proportion  des  accidens  de  ce  genre  qui  a 
eu  lieu  dans  notre  dernier  combat;  mais  je  ne 
'crains  point  de  dire  qu  il  est  infiniment  probable 
que  nous  avons  perdu  plus  de  capitaines  ea 
second  que  de  commandans.  Voici  comme  cela 
s'explique  ;  la  conséquence  sera  très  -  aisée  à 
tirer.  , 

Pour  se  rendre  maître  d'un  bâtiment ,  il  s'agit 
moins  de  le  canonner  en  belle  ,  au  corps  ,  de  le 
cribler  de  boulets  ,  de  porter  le  carhage  dans  se» 
entreponts  ,  que  de  jetier  bas  sa  mâture:  car  sans 
mâture  ,  point  de  manœuvres,  et  un  bâtiment  qixi 
ne  manœuvre  point  est  pris  si  on  veut  le  prendre; 
les  marins,  comme  ceux' qui  ne  le  sout  pas  ,  ne 
peuvent  nier  cet  enchaînement  de  conséquences. 

Or ,  toute  la  mâture  hâlée  un  peu  en  ar- 
rière par  les  haubans  et  les  calle  -  haubans  ,  a 
pour  point  d'appui  principal  le  mât  de  inizaine 
conlrelenu  par  son  étay  ,  frappé  sur  la  poulaine  ; 
cela  étant,  il  est  hors  de  doute  que  ce  ne  soit 
sur  ce  mât  et  son  éiay  qu'il  est  grandement  utile 
de  diriger  les  boulets  ,  non  pas  de  chaque  pièce 
de  canon  en  particulier,  mais  du  tiers  ou  delà 
moitié  considérée  en  masse  ,  du  bord  qui 
combat  ,  posiée  convenablement  par  la  ma- 
nœuvre ;  c'est-à-dire,  en  considérant  ,  pour  ainsi 
dire  ,  le  bâtiment  comme  un  grand  affût  qui  porte 
de  chaque  bord  un  grand  nombre  de  pièces  d  ar- 
tillerie ;  pour  achever  de  me  faire  enteridre  ,  je 
dirai  que  l'artillerie  des  vaisseaux  doit  être  diri- 
gée ,  moins  par  les  différens  chefs  de  pièces  que 
par  le  commandant  qui  ,  au  moyen  de  la  ma- 
nœuvre ,  poste  ou  cherche  continuellement  à 
poster  sou  bâtiment  pour  l'objet  actuel  qu'il  se 
propose. 

Il  suit  donc  de  ces  observations  combinées  , 
qu'il  est  indispensable  de  recommander  aux  ca- 
pitaines de  nos  vaisseaux  de  manœuvrer,  et  aux 
chefs  de  pièces  de  pointer  pour  l'objet  de  jeter 
bas  la  mâture  du  vaisseau  ennemi,  en  dirigeant 
le  feu  constamment,  ou  du  moins  de  préférence, 
sur  le  mât  de  mizaine  et  son  étay  ,  à  quoi  l'an- 
glais ne  manque  jamais  ,  au  lieu  de  s'attacher  à 
cribler  le  corps  du  bâtiment ,  comme  il  paraît 
que  noua  fesons  ea  voulaat  l'enflammer  par  nos 


1899 


boulets  rou<;es  ;  car  i!  est  évident  que  3oo  b  ou- 
lets  portés  dans  le  bois  avancent  moins  l'issue  du 
combat  que  deux  ou  trois  qui  le  dégréent  dans  ses 
manœuvres  d'avant  ,  et  qui  jettent  bas  son  mât  de 
mizaine  ,  dont  la  cbûte  entraîne  coramunérn  ent 
celle  des  autres  ,  s'il  vente  un  peu  frais  :  le  cou- 
rage des  républicains  lera  le  reste.  N... 

Observations  pour  la  marine  militaire. 

Avoir  le  vent,  sur-tout  en  escadre,  est,  très- 
certainement,  un  grand  avan!as;e;  voilà  pourquoi 
les  plus  habiles  font  tous  leurs  efTorts  pour  le 
gagner  avant  le  combat. 

L'escadre  sous  lèvent  nepeutguerçs  refuser  l'a- 
bordage debout  qu'en  arrivant  promptement  ,  et 
«n  prenant  ,  dumoins  pour  le  moment,  une 
courte  chasse. 

L'escadre  au  vent  peut  arriver,  quand  il  lui 
plaît  et  à  un  signal  convenu  ,  soit  que  l'évolution 
de  la  ligne  doive  être  générale ,  soit  qu'elle  doive 
être  partielle;  et  avant  que  celle  sous  le  vent  se 
soit  déterminée  à  ariiver  ,  ou  qu'elle  ail  reconnu 
la  nécessité  de  le  faire  ,  l'escadre  au  vent  est 
sur  elle. 

L'anglais  ,  qui  vraiment  est  manœuvrier  ,  ne 
veut  ni  détruire  nos  bâiimcns  ,  ni  les  cribler  de 
boulets;  il  ne  veut  que  leur  couper  les  ailes, 
les  dégréer,  pour  les  forcer  ensuite  à  se  rendre; 
il  ne  cherche  point  tant  à  détruire  une  grande 
escadre  qu'à  l'amoindrir  ;  ainsi  peu-à-pcu  ,  de 
combat  en  combat,  il  anéantirait  notre   marine. 

A  l'affaire  du  i3  prairial  an  2  ,  nous  avons 
combattu  sous  le  vent ,  ce  qui  est  évidemment 
un  grand  désavantage  ,  vu  sur-tout  le  projet  cons- 
tant que  suit  l'anglais  de  couper  la  ligne  ;  car  , 
s'il  ne  se  proposait  que  de  canonner  en  ligne 
parallelle  .  il  n  ambitionnerait  pas  autant  le  dessus 
du  vent  :  le  projet  que  l'anglais  a  toujours  tâché 
d'exécuter,  et  qu'il  a  en  effet  souvent  exécuté, 
est  de  couper  notre  ligne  ,  d'en  séparer  4,  5  , 
eu  6  vaisseaux.  Les  vaisseaux  ainsi  séparés ,  il 
les  chaufie  dans  leurs  manoeuvres  d'avant  ,  de 
préférence,  par  un  plus  grand  nombre  ,  tandis 
que  la  tête  de  sa  ligne  tâche  de  prolonger . 
d'entretenir  le  combat  avec  la  tête  de  la  nôtre, 
sur  faire  du  plus  près  d'abord  adoptée  départ  et 
d'autre  :  pendant  ce  tems-là  nos  vaisseaux  sont 
coupés  ,  désemparés  ,  pris  ;  et  le  reste  de  notre 
ligne  ne  pourrait  aller  à  leur  secours  qu'en  arri- 
vant grandenient  ;  ce  qui  ne  manquwait  pas  de 
porter  le  désordre  par-tout ,  avec  peu  d'espoir 
d'interrompre  la  manoeuvre  de  l'arriére  de  la-  ligne 
ennemie  qui  aurait  coupé  et  désemparé  cinq  ou 
six  des  nôtres. 

La  convention  nationale  ordonna  par  un  dé- 
cret à  tout  capitaine  de  se  faire  aborder  plutôt 
que  de  permettre  à  lennemi  de  couper  la  ligne  : 
son  décret  sera  exécuté  ,  sans  doute  ,  si  le  bâu- 
meni  français  en  avant  duquel  l'ennemi  voudra 
passer,  manoeuvre  avec  un  peu  plus  d  habileté 
pour  se  laire  aborder,  que  1  anglais  pour  éviter 
l'abordage  ;  mais  je  crois  devoir  observer  qu  il 
en  résultera  seulement  que  1  anglais  choisira  pour 
former  la  tête  de  la  partie  de  sa  ligne  ,  qui  devra 
couper  la  nôtre  ,  un  bâtim:nt  plus  fort  que  celui 
qui!  devra  probablement  abordei  ;  et  qu'avec 
le  teras  .  il  en  construira  même  quelques-uns 
qu'il  destineraà  cette  maneuvre  ;  dans  ce  cas,  ayant 
déjà  l'avantage  d'arriver  sur  celui-là  debout  au 
corps,  il  le  coulera  bas  ,  à  son  grand  détriment, 
sans  doute  ,  mais  il  percera  ,  et  le  reste  s'ensuivra. 

Ce  qui  serait  ,  selon  moi  ,  très-avantageux, 
que  dis-je  ,  ce  qui  est  indispensable  ,  ce  serait 
d  ordonner  que  nulle  escadre  à  force  égale, 
ne  livrera  déterminéraent  combat  quayant  le 
vent. 

Le  décret  de  la  convention  qui  ordonne  atout 
capitaine  de  se  faire  aborder  plutôt  que  délaisser 
couper  la  ligne  ,  était  iiropre  à  remplir  de  noms 
d'illustres  victimes  ,  le  Panthéon  français;  la  loi 
,que  je  propose  finirait  par  former  des  manœu- 
vriers encore  plus  habiles  que  les  anglais  :  c'est 
alors   que  nous  couperons  les  lignes  anglaises. 

Qu'une  comparaison  me  soit  permise  :  si  notre 
armée  de  terre  ne  devait  jainais  combattre  que 
sur  un  plan  incliné  d'une  manière  un  peu  mar- 
quée ,  ne  faudrait-il  pas  que  le  général  fît  les 
plus  grands  efforts,  sacrifiât  tout  ou  presque 
tout  pour  gagner  la  position  d'en  haut  ?  En  efiet , 
la  maxime  de  guerre  qui  dit  que  ,  qui  est 
maître  des  hauteurs  ,  est  maître  du  pays  ,  con- 
firme la  nécessité  de  cette  détermination  :  le 
dessus  du  champ  de  bataille  ,  n'est  autre  chose 
que  la  force  de  gravitation ,  et  le  dessus  du 
vent  que  celle  de  la  pression  ,  ajoutées  au  cou- 
rage d'une  part  ,  retranchées  au  courage  de 
l'autre  :  cela  étant  ,  je  veux  que  nos  vaisseaux 
ou  escadres  refusent  le  combat  jusqu'à  ce  qu'à 
force  d'habiles  évolutions,  il»  ayent  gagné  le 
dessus  du  vent,  et  qu  en  manœuvrant  tout  aussi 
près  du  vent  que  possible  ,  plus  près  encore  ,  s  il 
le  faut,  qu'on  l'a  faitjusqu'à  ce  jour  ,  ils  sombrent 
plutôt  que  de  le  céder  à  l'ennemi. 

Un  prince  fort  expert  dans  la  tactique  des  ar- 
mées de  terre  ,  a  dit  que  le  secret  en  était  dans 
les  jambes  :  disons  que  le  secret  de  la  tactique 
des  armées   navales  est  dans  les   voiles. 

Mais,  puisque  nous  devons  peut-être  craindre 


encore  quelque  tems  que  l'anglais  exécute. avec 

succès  la  manauvre  favorite  et  bien  conque  de  cou- 
per nos  esr:idres  ,  ne  serait-il  pas  expédient  d'or- 
donner ,  en  attendant,  que  le  premier  où  les 
deux  premiers  bâiimcns  du  tiers  ou  du  quart  ar- 
rière de  notre  ligne  fussent  les  plus  forts  de  l'ar- 
mée ?    On  voit  pourquoi. 

De  plus  ,  ne  serait-il  pas  encore  expédient  ou 
ne  serait-il  pas  praticable  que  ,  dans  le  cas  rù 
le  général  se  verrait-  enfin  forcé  de  combattre 
sous  le  vtnt  .  il  racourcît  d'un  quart  sa  ligne  ; 
en  en  redoublant  la  queue  par-dessous  le  vent  à 
elle,  du  nombre  des  bâiimens  dont  il  fautait  ra- 
courcie  ?  Dans  cette  circonstance  ,  il  paraît,  ou 
que  1  ennemi  ne  hasarderait  pas  de  couper  ,  ou 
que  ,  s  il  couiiait  ,  il  aurait  affaire  à  un  nombre 
double  de   bâiimcns. 

Salut  et  fraternité.  N. . . 

P.  S.  L'auteur  du  mémoire  sur  la  marine,  inséré 
au  Moniteur  du  2  thermidor  an  S  ,  11°  3o2  ;  et 
page  I2t8  et  suivantes  ,  paraît  être  sur  l'objet, 
dont  il  s'agit  ,  d'un  avis  diaméti'alemcnt  opposé 
au  nôtre:  cependant  pour  y  ramener  nos  lecteurs 
et  les  siens,  même  fauteur  du  mémoire  ,  je  me 
réfère  à  ce  qu'il  dit  lui-même;  au  18'  alinéa 
de  son  écrit,  en  ces  termes  : 

1)  Les  faits  qui  ont  eu  lieu  à  cet  égard,  dans 
les  principaux  combats  de  cette  guerre  ,  viennent 
à  l'appui  de  ces  raisonnemens.  Au  1"  juin  1794  , 
les  anglais  avaient  deux  vaisseaux  démâtés  de 
leurs  mais  ;  les  français  en  avaient  onze.  Au 
combat  du  Nil  ,  les  premiers  en  avaient  un  ;  et 
les  autres  en  avaient  jix.  n 

L'auteur  du  mémoire  du  Moniteur,  n*"  3o2  an  8, 
est  invité  à  répliquer.  N 

Observations  du  mime  auteur  sur  plusieurs  asser- 
tions que  renferme  l'article  publié  dans  le  Moni- 
teur du  2  thermidor. 

ig°  alinéa.  —  ti  Au  combat  duNil.,.  les  vais- 
seaux, anglais  démâtés  furent  précisément  ceux 
qui  perdirent  le  plus  de  monde.  )> 

Réponse.  — Ils  perdirent  plus  dé  monde  ,  parce 
que  les  français  ne  liraient  pas  ,  en  général  ,  à 
démâter  ,  ei  parce  que  la  chiite  des  mâts  de  ceux 
qui  le  furent  cependant,  leur  fil  perdre  beaucoup 
de  monde  ,  tant  de  ceux  qui  étaient  eu  haut ,  que 
de  ceux  qui  étaient  sur  les  gaillards. 

21  et  22'  alinéa.  —  "  L'amiral  Howe  et  l'amiral 
Duncan  n'ont  obtenu  la  victoire  sur  les  français 
et  les  hollandais  qa'en  passant  sous  le  vent  de 
ceux-ci.  )i 

Réponse.  —  L'amiral  Howe  qui,  était  au  vent  , 
ordonna  de  couper  la  ligne  française.  L'amiral 
Duncan  fit  exécuter  la  même  n>,anceuvre  à  légard 
des  hollandais. 

Le  i3'  alinéa  semble  dire  que  dans  ces  deux 
combats  les  amiraux  Howe  et  Duncan  ont  op- 
posé vaisseau  à  vaisseau. 

Réponse.  —  Les  anglais  ne  cherchent  point  à 
opposer  vaisseau  à  vaisseau  ;  ils  savent  bien  ,  par 
l'expérience  des  combats  particuliers  ,  qu'ils  ne 
peuvent  qu'y  perdre  beaucoup  ;  mais  ils  cher- 
chent à  couper  la  ligne  ennemie. 

Le  24'  alinéa  explique  ,  par  la  position  de  l'ar- 
mée française  à  Aboukir,  et  par  celle  du  contre- 
amiral  Nelson  ,  pourquoi  celui-ci  n'a  point  atta- 
qué la  ligne  française  toute  entière. 

Réponse.  —  Le  contre-amiral  Nelson  a  encore 
eu  pour  faire  la  manœuvre  favorite  des- anglais  , 
jilus  beau  jeu  que  les  autres  amiraux  de  cette 
nation  ,  puisque  nos  vaisseaux  étaient  à  l'ancre  , 
mime  embosses  :  pouvaient-ils  éviter  d'être  coupés 
par  une  armée  sous  voiles  ? 

Les  alinéa  27  et  28,  rappellent  que  l'amiral 
Rodney  et  1  amiral  Howe  se  sont  écartés,  l'un  le 
12  avril  1782  ,  et  l'autre  le  2g  mai  1794,  de  la 
tactique  ordinaire  des  anglais  ,  celle  de  se  placer 
sous  le  vent ,  et  donnent  la  raison  de  cette  sorte 
d'innovation. 

Réponse.  —  Quand  on  est  sous  le  vent  d'une 
ligne  ennemie  pour  la  traverser,  la  couper,  il  faut 
commencer  par  gagner  le  vent  sur  elle  ;  pour  cela 
il  faut  manœuvrer  un  peu  au  large  si  les  terres  le 
permettent.  En  effet  ,  si  Howe  ,  qui  était  sous  le 
vent,  a  essayé  de  couper  notre  ligne,  il  n'y  a 
pas  réussi  ;  il  ne  devait  pas  réussir  :  car  ,  com- 
ment se  porter  au  vent ,  si  ce  n'est  par  de  lon- 
gues bordées  et  de  savantes  manœuvres  ? 

Le  29'  alinéa  pose  comme  une  des  règles  de 
la  tactique  française  .  que  les  marins  de  cette  na- 
tion s'attachent  à  dcsmparer  les  vaisseaux  de 
leur  ennemi.  O  1  ciu  pourjuslifier  cette  asser- 
tion  le  combat   du  Nil. 

Réponse. — L'intention  des  français  n'est  point 
de  désemparer  les  vaisseaux  anglais,  et  sur-tout 
ce  n'est  vioint  pour  éviter  une  affaire  décisive; 
et  à  quoi  l'auteur  du  mémoire  juge-t-il  qu'ils 
ont  presque  conservé  cette  habitude  ?  Les  anglais 
ont  été  moins  désemparés  que  nous  ,  piiisque 
notre  armée  a  été  détruite. 

Le  30"=  alinéa  contient  encore  des  exemples 
i   l'appui  de    l'assertion   exprimée   dans  l'alinéa  , 


précédent  ,  et  auquel  l'auteur  des  observation 
répond  ainsi  : 

Réponse.  ---  Le  vaisseau  de  tête  de  la  ligne 
anglaise  dont  parle  l'auteur  du  mémoire,  n'a  ell 
qu  un  homme  tué  ,  par.ce  que  nous  lirons  toU' 
jours  au  fort  du  vaisseau  dont  l'épaisseur  couvre 
les  canoniers  des  entreponts  ;  et  nous  rie 
tuons  pas  de  monde  en  haut,  ou  pour  mieux 
sexjirimer,  nous  en  fesons  peu  tomber  à  là. 
mer  ou  sur  le  pont  .  parce  que,  nous  ne  tirons 
qu  au  corps  du  vaisseau.  Le  vaisseau  français  s'est 
rendu  à  Un  seul  vaisseau  anglais  qui  n'a  eu  que 
deux  hommes  tués,  parce  que  lui,  français  ,  ne 
pouvait  plus  manœuvrer ,  étant  désemparé. 

Dans  le  Si' alinéa  ,  on  dit  que  c'estloujours  la 
perte  d'hommes  qui  force  les  anglais  à  se  ren- 
dre; quils  n'étudient  point  comme  les  français 
un  système  de  tactique  navale  ;  qu'ils  n'ont  pas 
même  une  école  pour  la  marine. 

Réponse.  —  Vraiment  l'on  croit  bien  que  si  ott 
tuait  presque  tous  les  hommes  d'un  vaisseau  an- 
glais ,  il  se  rendrait,  nuiis  ce  n'est  pas  en  tirant 
au  tort.  On  a  montré  qu'il  fallait  plutôt  forcer  son 
ennemi  à  ne  pouvoii  plus  manœuvrer  qu'à  lui 
lucr  quelques  hommes...  La  cause  ?  la  cause; 
c'est    qu'ils  manœuvrent  mieux  que  nous. 

Oui  ,  sans  doute,  les  français  ont  réduit  la  tac- 
tique navale  à  un  système.  En  effet  .  on  se  sou- 
vient qu'il  y  a  trente  ans  les  officiers  de  la  marine 
de  Rocheforl ,  qui  étaient  les  plus  ihéoiiciens  des 
trois  départemens  ,  ont  été  jusqu'à  soutenir  qu'il 
y  avait  de  1  avaniage  à  se  tenir  sous  le  vent  ;  mais 
les  marins  qui  n  étaient  pas  membres  de  ja  ma- 
rine ro)ale  ,  du  grand  corps  ,  haussaient  les 
épaules. 

Quand  les  anglais  s'apperçoivent  que  tels  sont 
les  principes  des  français  ,  ils  jugent  qu'ils  en 
savent  assez  pour  les  vaincre,  surtout  en  escadres, 
et  qu'ils  n'ont  pas  besoin  d'écoles.  La  faciliié  avec 
laquelle  ils  triomphent  de  leiirs  ennemis  ,  leur  a 
fait  négliger  l'étude  de  la  théorie. ...  de  la  théorie 
des  français. 

Dans  le  32°  alinéa,  on  traite  la  question  de 
savoir  si  les  vaisseaux  anglais  ont  de  meilleurs 
marins  et  en  plus  grand  nombre  que  les  vaisseaux 
français  ,  et  l'on  observe  que  ceux-ci  ont  des 
canonniers  ,  tandis  que  les  anglais  n'en  ont  point. 
On  y  met  en  cjuesiion  si  les  marins  anglais  sont 
plus  braves  que  les  marins  français. 

Réponse.  —  Les  vaisseaux  anglais  n'ont  pas  de 
meilleurs  marins  et  en  plus  grand  nombre  que 
les  vaisseaux  français  ;  leurs  équipages  sont  au 
contraire  moins  nombreux  que  les  nôtres.  Ils 
ne  sont  pas  meilleurs  marins  si  on  les  considère- 
hors  des  manœuvres  ;  mais  leurs  officiers  et  le 
fond  de  leurs  matelots  savent  que,  pour  détruire 
une  escadre  ,  il  faut  en  désemparer  les  vaisseaux  , 
et  sur-tout  la  couper  ,  et  ils  ne  manquent  pas  db 
le  faire. 

Dans  te  33'  alinéa ,  on  avait  conclu  des  ré- 
flexions antérieures  ,  que  la  supériorité  de,  la 
marine  anglaise  consistait  dans  la  manière  djî 
diriger  ses  canons,  et  que  la  boiité  de  ses  offi- 
ciers et  de  ses  marins  dans  le  combat ,  n'était  qtie 
la  conséquence  nécessaire  de  cette  habileté. 

Réponse.  Il  semble,  d'après  ces  nouvelles  obser- 
vations, que  la  supériorité  de  la  marine  anglaise 
consiste  dans  la  manière  de  manœuvrer  ses  vais- 
seaux ,  et  que  la  bonté  de  ses  officiers  et  de  ses 
marins  dans  le  combat,n'en  est  que  la  conséquence 
nécessaire. 

— Au  surplus  ,'rauteur  de  ces  réponses  termine 
comme  fauteur  du  mémoire  ,  et  pense  comme  lui 
que  ,  si  l'on  employait  contre  cette  marine  ses 
propres  moyens  de  vaincre  ,  elle  ne  serait  pas  tou- 
jours'le  principal  soutien  d'un  gouvernnement 
qui  est  le  plus  grand  obstacle  au  triomphe  de  la 
liberié. 


THEATRE      F  E  Y  D  E  A  U, 

Ce  théâtre  vient  de  nouveau  de  s'adjoindre  U 
troupe  comique  dont  la  dissolution  avait  affligé  les 
amis  de  l'art  dramatique,  et  dont  la  réunion  oiFre 
les  avantages  d'un  second  théâtre  français  ,  sans 
les  inconvéniens  d'une  trop  forte  rivalité.  Le 
citoyen  Picard,  et  ses  anciens  camarades  ,  ont 
reparu,  et  ont  été  accueillis  de  la  manière  la 
plus  flatteuse.  On  a  revu  avec  intérêt  Dorsaa 
et  Devigny  ,  madame  Mole  ,  mademoiselle  Mo- 
lière ,  et  un  acteur  nommé  Boquet ,  qui  ,  nous 
le  croyons,  a  été  de  l'ancienne  troupe  du  Marais  , 
et  qui  ne  paraît  pas  sans  mérite. 

On  donnait  pour  cette  rentrée  le  Collatéral  1  un 
des  ouvrages  les  plus  gais  que  l'on  puisse  votf. 
Nous  croyons  devoir  engager  Devigny  à  ne  plus 
perdre  de  vue  la  manière  dont  il  jouait  son  tôJjS 
de  la  Saussaye  dans  les  premières  représentations^ 
il  en  avait  appcrçu  tout  le  comique  ,  et  sai$i  la 
véritable  nuance  :  jl  en  fait  aujourd'hui  une  cari- 
cature ,  et  le  dénature  ,  en  voulant  en  outrer  ^t 
le  costume  et  la  phisionomic. 

Après  le  Collatéral,  on  a  donné  la  première 
représentation  ,  à  Paris  ,  d'un  petit  ouvrage  in- 
titulé ia  Saint-Pierre ,  ou  Corneille  à  Rouen  ,  qui , 


dans  cette  dernière  ville  ,  avait  eu  un  succès 
complet.  Cela  devait  être  ,  non  que  nous  peu- 
siens  que  des  productions  faibles  puissent  réussir 
plus  aisément  dans  une  ville  que  dans  une  autte  ; 
mais  une  cité  glorieuse  d'avoir  vu  naîue  les  deux 
Corneilles,  et  leur  neveu  Fontenelle ,  devait 
savoir  beaucoup  de  gré  à  l'aulcur  qui.presentau 
ces  trois  illustres  personnages  réunis  ,  aux  yeux 
des  descendans  de  leurs  concitoyens.  L  a-propos 
a  donc  été  pour  beaucoup  dans  le  succès  de 
Corneille  à  Rouen.  Ce  mériie  miinquait  à  l'ouvrage 
lorsqu'il  a  été  donné  à  Paris.  En  supposant  qu  il 
dût  V  être  donné,  ce  n'était  pas  au  Théâtre 
Feydeau  qu'il  devait  paraîlre.  La  manière  d'ex- 
poser un  lable^ui  le-  fait  toujours  juger  plus  ou 
moins  favorablement. 

Corneille  a  dû  intéresser  à  Rouen  plein  de  son 
souvenir  ;  il  ne  devait  paraître  à  Paris  que  sur 
une  scène  remplie  de  sa  gloire  ;  c  est  assez  nom- 
mer le  Tbéâire  Français.  C'est-là  ,  en  effet ,  qu'un 
hommage  lendu  à  Corneille  ,  l'exquisse  de  son 
poruait.  celui  de  son  frère,  le  tableau  de  1  in- 
térieur des  deux  familles  qui  n'en  lésaient  qu'une, 
se  trouvaient  parfaitement  à  leur  place. 

Cet  ouvrage  a  été  joué  au  Théâtre  Feydeau 
très-froidement  ,  et  a  été  entendu  de  même. 
L'auteur  n'a  pas  été  nommé.  Nous  croyons  ce- 
pendantpouvoir  le  faire  connaître  :  c'est  le  cuoyen 
-Picard.  Assez  d'.TUtres  ouvrages  plaident  la  cause 
de  son  talent  ;  celui-ci  l'honore  malgré  sa  chute; 
il  s'est  chargé  lui  seul  de  payer  une  dctié  natio- 
'nalé  :à  ce  litie,  il  doit  permettre  qu'on  le  nomme  , 
et  qu  au  lieu  de  critiques  inutiles  ,  on  lui  adresse 
des  félicitations  sur  l'intention  qui  a  dicté  le  choix 
de  son  sujet. 


Au  Rédacteur. 

Nous  vous  prions  d'insérer  dans  votre  prochain 
numéro,  l'annonce  suivante  : 

Suite  des  éditions sléréotyfies  envcnfe .  à  Paris,  qu'on 
ne  trouve  que  chez  Pierre  Didot  l  aîné  .  imprimeur  , 
■galleric  du  Louvre  ,  rue  des  Orties  ;  et  Firmin  Didot, 
iibrai'.e,  rue  de  Thionville,  n°"  116  et  iS5o. 

La  Henriade  de  'Voltaire,  l  vol.  in-18.  Prix,_ 
en  feuilles  ,  papier  ordinaire  ,  65  cent.  ;  papier  fin  , 
I  fr.  ;  petit  papier  vélin  ,  3  fr.  ;  grand  papier  vélin  , 
■4  fr.  5o  cent. 

Les  poésies  de  Malherbe  .  i  vol.  in-18.  Prix  ,  en 
feuilles  ,  papier  ordinaire  ,  yS  cent.  ;  papier  fin  , 
j  fr.  25  cent.-,  petit  papier  vélin,  3  fr.  ;  grand 
papier  vélin  ,  4  fi.  5o  cent. 

■Voilà  une  annonce  que  le  citoyen  Renouârd 
trouvera  encore  bisarre.  { 'Voir  le  n°.  du  4  ther- 
midor.) Mais  qu'y  faire  ?  Est-ce  que  Firmin  Didot 
n'est  pas  l'inventeur  de  son  procédé  stéréotype? 
■Est-ce  que  Pierre  Didot  l'aîné  ne  les  a  pas  im- 
"priméts  .'  N'en  sont  ils  pas'  tous  deux  proprié- 
taires ?  Et  ,  puisque  le  citoyen  Renouard  n'esi  pas 
■chargé  de  leur  vente,  oii  est  la  bisarrerie  d'annoncer 
Squ'on  ne  les  trouve  que  chez  eux  seuls  ? 

Mais  ,  selon  le  citoyen  Renouard  ,  il  est  abon- 
damment pourvu  de  nos  éditions.  De  quelles 
■donc  ?  de  celles  que  nous  annonçons  ,  du  Voyage 
sentimental  en  anglais  ,  des  cornes  de  la  Fontaine  , 
•des  chefsrdœuVre  de  Pierre  et  Thomas  Corneille? 
-Nous  ne  lui  en  avons  fourni  aucun  exemplaire. 
Des  œuvres  de  Molière?  il  en  a  tiré  3  douzaines  , 
il  y  a  deux  mois  environ  ,  et  les  a  payées.  Des 
fables  de  Gay  et  de  Moore  ,  en  anglais;  des  poé- 
'sies  d  Horace  ?  elles  ne  seront  terminées  que  dans 
quelques  jours  ,  ainsi  que  le  second  volume  de 
"Voltaire.  Des  autres  ?  peut-être  se  trompe-t-il; 
■car  ,  nous  avons  lieu  de  penser  autrement  par  ses 
diverses  demandes  ,  verbales  et  par  écrit  ,  faites 
à  des  conditions  que  nous  n'avons  pas  acceptées. 
Et  quand  même  il  en  serait  pourvu  ,  ce  qu'il  aurait 
de  commun  avec  les  autres  libraires  ,  eit-ce, 
encore  une  fois  ,  une  bizarrerie  d'annoncer  qu'on 
tie  trouve  -que  chez  no'us  seuls  ,  la  suite  de  nos 
^dilipns  dont  il  n'est  pas  chargé. 
'  A  Véiiard  du  singulier  empressement  que  nous 
'avons  mis  à  faire  imprimer  l'avis  inséré   dans   le 


i3oo 

quejustju'à  ce  motnent  il  n'existe  aucunes  autres 
éditions  stéréotypes  que  celles  que  nous  avors 
publiées. 

Salut  et  fraternité. 

Pierre  Didot,  l'aîné.   Firmin  Didot. 

P.   S.  —  Notice    des    éditions    stéréotypes   qui    ont 
paru,  précédemment. 

AUTEURS       FRANÇAIS. 

Œuvres  de  Molière,  8  vol.  in-18.  Prix  ,  en 
feuilles  ,  papier  ordinaire  ,  5  fr.  20  ceni.  ;  papier 
fin  ,  8  fr.  ;  petit  papier  veiin  ,  24  fr.  ;  grand  pa- 
pier velin,  36  fr. 

Chefs-d'œuvre  de  Pierre  et  Thoraes  Corneille' 
4  vol.  in-18.  Prix  en  feuilles,  pap.  ordinaire' 
3  fr.  ;  pap.  fin  .  5  Ir.  ;  p.  pap.  vel.  ,  12  fr.  5 
grand  pap.  vel.  18  fr. 

Œuvres  de  Racine  ,  5  vol.  in-  18.  Prix,  en 
feuilles  ,  pap.  ordin.  ,  3  fr.  25  c.  ;  pap.  fin  ,  5  fr.  ; 
p.  pap.  vel.  ,  i5  fr.;  grand  pap.  vel.  ,  22  fr.  5o  c. 

Fables  de  Lafontaine  ,  2  vol.  in-18.  Prix  ,  en 
feuilles  ,  pap.  ord.  ,  i  fr.  20  c;  pap.  fin  ,  2  fr.  ; 
p.  pap.  vel.  ,  6  fr.  ;    grand  pap.  vel.  ,  9  fr. 

Contes  et  Nouvelles  en  vers,  du  même,  2  v. 
in-18.  Prix,  en  feuilles,  pap.  ord.  ,  i  fr.  20  c.  ; 
pap.  fin,  2  fr.  ;  p.  pap.  ,  v.  ,  6  fr.  ;  grand  pap. 
vel.  ,  9  fr. 

Les  Avantures  de  Téléraaque  ,  2  vol.  in-iS. 
Prix  ,  en  feuilles  ,  pap.  ord.  ,  l  fr.  26  c.  ;  pap. 
fin  ,2  fr.  ;  p.  pap.  vel.  ,  6  fr.  ;  grand  pap.  vel.  , 
9   fr. 

Odes  ,  Cantates  ,  Epîtres  et  Poésies  diverses  de 
J.  -  B.  Rousseau  ,  2  vol.  in-18.  Prix  ,  en  feuilles  , 
pap.  ord.  ,  I  fr.  3o  c.  ;  pap.  fin  ,2  fr.  ;  p.  pap. 
vel.  ,  6  fr.  ;  grand  pap.  vel.  ,  9  fr. 

Œuvres  de  Boileau  ,  2  vol.  in-18.  Prix  ,  en 
feuilles  ,  pap.  ord. ,  i  fr.  5oc.;  pap.  fin,  s  f.  5o  c.  ; 
p.  pap.  vel.  ,  6  fr.  ;  grand  pap.  vel.  ,  9  fr. 

AUTEURS       LATINS. 

Publius  Virgilius  Maro  ,  un  vol.  in-t8.  Prix  , 
en  feuilles  ,  pap.  ord.  ,  75  c.  ;  pap.  fin  ,  i  fr.  25  c.  ; 
p.  pap.  vel.  ,  3  fr.  ;  grand  pap.  vel.  ,  4  fr.  5o  c. 

Phadri  Fabularum  Libri  quinque  ,  un  vol.  in-18. 
Prix  ,  en  feuilles  ,  pap.  fin  ,  5o  c.  :  p.  pap.  vel. 
I    fr.  5o  c.  ;  grand  pap.  vel.  ,  2  fr.   5o  c. 

Cornelii  Népotis  vits  imperatorum  ,  un  vol. 
in-18.  Prix  ,  ea  feuilles  ,  pap.  ord.  ,40  c.  ,  pap. 
fin  ,  7S  c;  p.  pap.  vel.  ,  2  fr.  ;  grand  pap.  vel.  , 
3   fr. 

AUTEURS    ANGLAIS. 

The  'Vicar  of  Wakcfield  ,  avec  des  notes,  un 
vol.  in-18,  Prix,  en  feuilles,  pap.  ordinaire,  yS  c.  ; 
papier  fin  ,  i  fr.  g5  c.  ;  p.  pap.  vél. ,  3  fr.  ;  grand 
pap.  vél.  4  fr.  5o  c. 

Leiiers  of  My|ady  ^Wordey  Montague  ,  un  vol. 
in-18.  Prix  ,  en  feuilles  ,  papier  ordinaire  ,75  c.; 
papier  fin  ,  l  fr.  25  c;  p.  pap.  vél.  3  fr.  ;grand 
pap.  4  fr.  5o. 

The  Sentimental  Journey  ,  un  vol.  Prix  ,  en 
feuilles  ,  papier  ordinaire,  75  cent.  ;  papier  fin  , 
I.  fr.  25  cent.  ;■  pet.  pap.  vél.,  3  fr.  ;  gr.  pap. 
vél.  ,   4  fr.  5o  cent. 

Il  paraîtra  incessamment  le  second  volume  du 
choix  des  œuvres  de  Voltaire  ,  in-18  ; 

Qj.iinius  Horatius  Flaccus  ,  i  vol.  in-18  ; 

Fables  of  Gay ,  and  Moore  ,  l  vol.  in-18  ; 

Aminta  del  Tasso  ,  i  vol.  in-18. 


de  cet  empereur.  Il  fait  connaître  les  découverte» 
des  russes,  leur  navigation,  leurcomiiicrce  ,  leur 
industrie  ,  les  revenus  de  l'empire  ,  ses  forces  mi- 
litaires et  sa  population.  L'hisloire  des  peuple» 
sauvages  et  barbares  soumis  à  la  Russie  ,  n'est 
peut-être  pas  la  partie  la  moins  iniéressanie  de  soa 
ouvrage. iiPour  bien  connaîne  l'humanité  ,  il  faut 
d  abord  léiudiér,  dit-il,  dans  son  berceau  ,  c'est- 
à-dire  ,  dans  l'état  de  l'homme  sauvage Plus 

une  peuplade  sera  brute  encore  ,  moins  elle  aura 
fait  cîe  ces  progiès  qui  ne  sont  dus  qu'au  long 
usage  de  la  société  ,  et  à  de  longues  communi- 
cations des  diftérentes  sociétés  entre  elles,  et  mieux 
nous  reconnaîtrons  ce  qu  était  l'homme  dans  le 
premier  état  de  nature  ,  et  par  quelles  voies  il  est 
devenu  lel  que  nous  le  voyons  dans  les  états 
policés.  Où  trouver  un  théâire  plus  favorable  à 
cette  étude  si  piquante  pour  ceux  qui  veulent 
suivre  la  marche  de  l'esprit  humain  ,  que  dans 
les  vastes  contrées  qui  composent  la  dominatioa 
dçs  russes  ?  C'est  là  qu'on  voit  des  nations  plon- 
gées dans  l'état  le  plus  brut  dont  on  puisse  à  pré- 
sent rencontrer  le  modèle  sur  la  terre  ;  d'auues 
qui  ,  sauvages  encore  ,  se  distinguent  des  ptc- 
mieres  par  une  industrie  plus  avancée  ;  d'autres 
qui  ,  déjà  trop  perfectionnées  pour  être  confon- 
dues avec  les  sauvages  ,  doivent  être'placées  dans 
'la  classedes  peuples  que  nous  appelions  barbares; 
d'autres  eiifin  qui  ont  franchi  plus  ou  moins  de 
degrés  de  la  civilisation,  d 

Comme  la  plupart  des  matériaux  de  l'histoire 
de  Russie  sont  en  langue  russe  ,  elle  ne  pouvait 
être  eutiepiise  que  par  un  homme  qui  eût  passé 
plusieurs  années  dans  le  pays,  et  qui  en  cuf 
étudié  la  Unique  ancienne  et  moderne. 


Histoire  de  Russie ,  par  Pierre-Charles  Levesque  , 
ci-devant  membre  de  l'académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres  ,  et  maintenant  de  l'Institut  na- 
tional de  France  ,  nouvelle  édition  corrigée  et 
augmentée  par  l'auteur  ,  et  conduite  jusqu'à  la 
mort  de  Catherine  II,  avec  une  belle  carte  de 
l'empire  de  Russie.  Huit  vol.  in-8''.  Prix  ,  40  fr. 
brochés. 

A  Paris,  chez  Guillaume,  libraire,  au  col- 
lège d  Harcourt  ,  rue  de  la  Harpe  ;  à  Hambourg 
et  à  Brunswick  ,  chez  P.  F.  Fauche. 

Cet  ouvrage    est  connu  ,    et  a   été  traduit  en 


Aimants  ARTIFICIELS  du  cit.  le  Noble,  ou  moyers  _ 
de  se  guérir  soi-même  par  l'application  ,  et  le 
toucher  continué  de  ses  aimants  artificiels  ,  des 
maladies  de  nerfs  suivantes;  des  affections  dou- 
loureuses de  la  face;  de  l'odontalgie  ou  duimal 
de  dents  ;  des  douleurs  rhumatismales  en  diffé- 
rentes parties  dit  corps;  des  douleurs  nerveuses 
à  la  région  des  reins  ;  des  douleurs  nerveuses 
à  la  tête;  des  crampes  nerveuses  à  la  poitrine; 
des  crampes  ou  contractions  nerveuses  des  cxtré- 
miiés  ;  des  palpitations  ;  des  tremblemens  el  treS- 
saillcraens  convulsifs  ;  des  convulsions;  de  l'é- 
pilepsie  ,  de  la  rétention  d'urine  ;  des  affecdonï 
vaporeuses  ou  du  vertige  ténébreux  ;  lesquels 
moyens  ont  été  1°.  éprouvés,  de  1777  a  1783, 
par  le  citoyen  le  Noble  ,  sur  les  treize  maladies 
ci-dessus  indiquées  ,  en  présence  des  citoyen^ 
Andry  et  Thouret  ,  commissaires  de  la  société 
de  médecine  de  Paris  ,  chargés  par  elle  de  cons'- 
tater  l'efficacité  et  la  vertu  de  ces  aimants  arti- 
ficiels contre  ces  maladies; 

2".  Certifiés  à  eux  par  les  citoyens  Desperriercs, 
Bouvart ,  Chamseru  ,  Gaulavd  ,  G'iofFroy,  Jeanroy 
Laplanche,  Leroy,  Lorry,  Vicq-d'Azir,  Mauduyi, 
membres    de    la    même  société  et  nommes  tous 

dans    les    observations     rédigées    par    ces   deux 

commissaires  ; 

3°.  Piésenlés  à  l'instruction   publique   par  ua 

rapport  de  ces  mêmes  commissaires,  lu  à  la  société, 

imprimé   en    1783  ,   envoyé  à  tous  ses  correspon- 

dans,  et  par  un  recueil   d'observations  faites  par,. 

eux  ,  el  insérées  tome  III  de  ses  mémoires  ; 

4°.  Confirmés  par  M.  de  Buflbn,  histoire  natvr 

relie    tome   IX    des    minérctux  ;  et  par  le   citoyen 

Bâcher  ,   de  la  société  de  médecine  ,  gazette  de 

santé   de  1779  et  1780  ; 

5°.  Constatés  de  nouveau  par  les  lettres  écrite* 

depuis    limpression    de    ces   trois    ouvrages  ,  et 

recueillies,  par  P.  J.  F  Luneau  Boisjermain.  in-18, 

cinqfeuillcs  de  36  pages  chacune.  Prix,  75  cent.; 

port  franc  ,    1    franc  ,  «n  s'adressant  par  lettres 

affranchies. 

A  Paris  ,    chez    fauteur  et  rédacteur,  rue  cî- 

devant  Condé  ,   n°  7. 


Ti°  3q  du  Tournai   typographique  ,    nous  pensons  1  pl'JSieurs    langues.   Lediiion   qtii  ena  ete    fane 


En  effet  quil  peut  paraître  iJW-jm^u/ier  que  nous 
'ayons  attendu  près  d'un  an,  et  sa  lettre  insérée 
'dans  le  h"  38  du  même  journal,  pour  informer 
Tes  libraires  de  la  dissolution  de  notre  société 
'avec  le  '  citoyen  Herhan  ,  et  les  prévenir  que 
■libus  soinmes  demeurés  propriétaires  de  toutes 
nos  éditions  stéréotypes,  à  l'exception  du  Ra- 
'cine  resté  au  citoyen  Herhan'',  et  non  au  citoyen 
•Renouard  qui  n'était  pas  notre  associé. 

Nous  terminons  par  cet  avis  :  comme  les  carac- 
•teres  de  nos  éditions  stéréotypes  n'existent  que 
dans  notre  imprimerie  ,  le  public  pourra  facile- 
'«lent  reconnaître  ,  si  celles  qu'on  annoncerait 
'comme    en  fesaht  Va   suite  ,   sont   réellement  d- 


â  Paris  et  celle  d'Yverdun  ,  étaient  épuisées  de 
puis  iong-tems.  Celle  que  nous  annonçons  a 
été  revue  avec  soin  par  l'auteur.  Il  déclare  , 
dans  son  avertissement ,  qu'il  n'y  a  presqu'au- 
cune  page  à  laqiaelle  il  n'ait  fait  des  corrections 
plus  ou  moins  importantes.  Il  a  conduit  le  règne 
de  Catherine  II  jusqu'à  la  mort  de  cette  prin- 
cesse. 

Voltaire  qui écrivaitf histoire  dePierre-le-Grand 
pour  fimpératrice  Elisabeth  ,  n'a  pu  le  représenter 
que  du  côté  favorable.  Le  cit.  Levesque  montre  , 
dans  ce  prince  ,  l'homme  de  génie  et  l'homme  mal 
élevé  ,  le  grand  homme  et  le  barbare,  le  législa- 
lateur  et  le'bourreau.  Il  a  donné  dans  cette  nou- 


ThÉATRE     de      la    REPUBLIQ.tJ'E    ET    DES    ARTS. 

Auj.  Iphigénie  en  Aulide  ,  et  le  ballet  de  Psyché. 

Théâtre   du  Vaudeville.  Auj.  Arlequin  tout 
seul  ;  les  deux  Veuves ,  et  la  Pièce  curieuse. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.   le  Mariage  de  Figaro  ,   orné    de    tout  son 
notre  collection  ;  et  ce  dont  il  doit  être  sûr  ,  c'est  1  vèlle  édition  de  nouveaux  détails  sur  la  vie  privée     spectacle. 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  21  thermidor.  —  Cours  des  effets  publia. 

Rente  provisoire 22  fr.  75  c. 

Tiers  consolidé 36  fr. 

Bons  deux  tiers i 1  fr.  60  c. 

Bons  d'arréragé 84  fr.   i3  C. 

Bons  pour  fan  8 85  fr.   i3  c. 

Syndicat ,65  fr.  l3  c. 

Coupures..   '. 66  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 


4.  Patis,   de  f  imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,,xue-des  Poitevins ,  n"  i3. 


ZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  323. 


Tridi  ,    23  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  pcévenlr  nos  souscripœurs  qu'à  dater  du  7  Nivôso  le   M  O  N I  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  coiuieut  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenr ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  las  faits  et  les  notions  tant  su 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  stra  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  3i  juillet  (  1 2  thermidor  } . 

(  Les  articles  suivans  sont  extraits  du  Courier  de 
Londres  ,   du    i"  au    5   août.  )  : 

Journal  duparlement.  — Cliambre  des  pairs.  —  Séance 
du  ig  juillet   [lo  thermidor.) 

XjE  roi  s'élant  rendu  dans  la  chambre ,  à  4  heures, 
el  placé  sur  son  trône  avec  les  cérémonies  usitées  , 
sir  Francis  Molyneux  ,  huissier  de  la  verge  noire , 
fut  envoyé  avec  un  message  de  S.  M,  à  la  chambre 
des  communes,  pour  lui  ordonner  de  se  rendre 
dans  celle  des  pairs.  —  I.'orateur  ,  accompagné 
.  de  MM.  Pitt,  Dundas  ,  el  de  plusieurs  membres, 
vint  à  la  barre  et  prononça  le  discours  suivant  : 

>)  Très-gracieux  souverain  , 

>5  Vos  Ëdelcs  communes  se  rendent  humble- 
ment auprès  de  V.  M.  avec  le  bill  par  lequel  leiirs 
octrois  sont  compleités  pour  le  service  public  de 
l'année. 

))  Vos  communes  croyent  qu'après  avoir  pourvu 
aux  divers  besoins  de  celle  imporianle  circons- 
tance ,  elles  se  sont  acquiuécs  d'un  devoir  in- 
dispensable envers  V.  M.  et  leur  pays  ,  en  mani- 
festant leur  ferme  détermination  de  combiner  le 
maintien  du  crédit  public  avec  des  efforts  telle- 
ment étendus,  qu'ils  puissent  amerter  la  lutte  dans 
laquelle  nous  sommes  engagés  à  une  conclusion 
juste  el  honorable. 

»  Vos  communes  ont  observé  avec  un  haut 
degré  de  satisfaction  que  ,  parmi  les  vicissitudes 
qui  ont  accompagné  cette  lutte  pénible,  la  sécu- 
rité de  l'empire  britannique  s'est  affermie  ,  sous 
beaucoup  de  rapports  .  son  pouvoir  s'est  conso- 
lidé ,  ses  ressources  se  sont  augmentées.  Les  succès 
brillans  et  décisifs,  par  lesquels  se  sont  terminées 
les  dernières  hostilités  dans  I  Inde,  ont  été  le  ré- 
sultat de  la  faveur  accordée  par  la  providence  à 
l'union  de  la  sagesse  et  de  la  vigueur  dans  les 
conseils,  avec  la  bravoure  et  l'habileté  dans  les 
camps.  Ces  succès  ont  nécessairement  donné  lieu 
à  d'amples  et  nouveaux  réglemens. 

1)  Vos  communes  espèrent  donc  que  la  mesure 
adoptée  en  conséquence  ,  aura  l'effet  de  procurer 
à  ce  pays  tous  les  avantages  qui  peuvent  dériver 
de  ces  précieuses  possessions  ,  et  qu'en  rnême  tems 
elle  assurera  aux  naturels  du  pays  le  bienfait  en- 
tier delà  protection  du  gouvernement  britannique. 

)j  Mais  parmi  les  mesures  qui  ont  engagé  l'at- 
tention de  vos  communes  ,  nulle  ne  leur  a  inspiré 
plus  de  confiance  et  de  satisfaction  que  celles  qui 
ont  contribué  au  grand  et  important  arrangement , 
par  lequel  les  sujets  de  V-  M.  dans  la  Grande- 
Bretagne  et  dans  llrlande  ,  ne  constitueront  dé- 
sormais qu'un  peuple  ,  dirigé  par  les  mêmes  vues, 
lié  par  les  mêmes  intérêts,  gouverné  par  lesmêrnes 
lois.  En  contemplant  cette  mesure  et  la  perspective 
heureuse  qu'elle  présente,  vos  communes  ne  peu- 
vi-nt  manquer  d  être  animées  de  l'espoir  ,  égale- 
ment bien  fondé  et  conforme  au  génie  bienfcsant 
de  V.  M. ,  que  le  roytiume-uni  présentera  toujours 
au  monde  l'exemple  d'un  peuple  libre  et  puissant  , 
résolu  de  n'employer  ses  forces  et  ses  ressources 
combinées  que  pour  son  honneur  et  sa  sécurité  ; 
décide  à  prouver  par  la  justice  et  la  modération 
de  sa  conduite  et  de  ses  ccmseils  ,  qu  il  n'est  pas 
indigne  du  bonheur  dont  il  pourra  jouir,  x 

Après  ce  discours  ,  le  roi  donna  sa  sanction 
à  divers  bills  ,  et  termina  la  session  par  le  discours 
suivant  : 

51  Milords  et  messieurs  , 

55  En  terminant  cette  laborieuse  session  du 
parlement  ,  je  dois  vous  expiimer  combien  je 
suis  satisfait  de  la  diligence  et  de  la  persévérance 
avec  lc5quellcs  vous  vous  êtes  appliqués  aux  di- 
verses branches  des  aifaires  politiques  qui  ont 
été  remises  à  voire  délibération.  C'est  avec  une 
satisfaction  particulière  que  je  vous  félicite  du 
succès  des  mesures  que  vous  avez  prises  pour 
effectuer  une  entière  union  entre  mes  royaumes 
de  la  Grande-Bretagne  et  d  Irlande. 

5>  Depuis  long-tems  mes  souhaits  les  plus  ar- 
dcns  se  dirigeaient  vers  cette  grande  mesure.  Je 
la  consicléreiai  to'.ijouis  comme  le  plus  heureux 
évéucmgnt  de  mon  règne  ,  persuadé    que  rien 


ne  peut  contribuer  plus  efficacemeni  à  faire  plei- 
nement participer  mes  sujets  d'Iilande  aux  bien- 
faits de  la  conslilution  britannique,  et  à  établir 
sur  les  plus  solides  fondemens  la  force,  la  pros- 
périté et  le  pouvoir  de  tout  l'empire. 

>i  C'est  avec  une  grande  douleur  que  j'ai  vu  , 
pendant  \2ne  longue  disette  ,  les  besoins  pressans 
de  mon  peuple.  tVIais  j'espère  (|ue  ,  sous  la 
faveur  de  la  providence  ,  la'  moisson  prochaine 
lui  fournira  un  secours  prompt  et  elficace  n 

5)  Messieurs  de  la  chambre  des  communes  , 
l'Je  vous  fais  mes  remercimens  particuliers 
pour  le  zcle  et  la  libéralité  avec  lesquels  vous 
avez  pourvu  aux  divers  besoins  du  service  pu- 
blic, je  regrette  profondément  la  nécessité  de  ces 
sacrifices  répétés  de  la  pan  de  nus  sujets.  Mais 
ils  ont  été  indispensables  pour  la  préscivalion  de 
nos  plus  chers  intérêis  ,  et  c'est  une  grande  con- 
solation d'observer  que  ,  malgré  la  coniinualion 
de  furdeaux  inusités  ,  le  revenu  ,  le  commerce 
elles  ressources  du  pays  onl  fleuri  au-delà  de  tout 
exemple  et  sont  encore  dans  un  état  d  augmen- 
tation progressive.  »> 

55  Milords  et  messieurs  , 
55  Le  cours  de  la  campagne  sur  le  continent, 
a  trompé  par  un  revers  soudain  ,  les  espérances 
flatteuses  ,  que  la  situation  des  affaires  ,  lors- 
qu'elle a  commencé  ,  paraissait  pleinement  jus- 
tifier. Malheureusement  ,  une  grande  partie  de 
l  Europe  se  trouve  encore  exposée  aux  calamités 
et  aux  dangers  ,  dont  elle  avait  été  récemment 
délivrée  par  les  brillans  succès  de  mes  alliés. 

55  Quelque  fâcheux  que  soient  ces  événemens, 
ce  seraioujours  un  juste  sujet  de  satisfaction  pour 
moi  de  réfléchir  ,  que  ,  dans  le  cours  de  cette  im- 
portante lutte  ,  mes  efforts  et  ceux  de  mon  par- 
lement ont  é:é  sans  relâche  employés  au  main- 
tien de  nos  droits  et  -de  nos  intérêts  ,  tandis 
qu  ils  n'ont  cessé  d'animer  et  de  soutenir  les  autres 
puissances  ,  dans  leurs  efforts  pour  défendre 
les  libertés  de  l'Europe. 

15  Malgré  les  vicissiti*des  de  la  guerre  ,  votre 
constance  et  votre  fermeté  ont  produit  les  avan- 
tages les  plus  imporians  et  les  plus  durables, 
dans  la  situation  générale  des  affaires.  La  déter- 
mination manifestée  par  voire  conduite  et  vos 
déclarations  récentes,  me  fourniront  sans  doute 
les  meilleurs  moyens  de  soutenir  ,  de  concert 
avec  mes  alliés  ,  les  iniérêts  généraux ,  et  de 
pourvoir  ,  dans  toutes  les  circonstances,  à  l'hon- 
neur de  ma  couronne  .  au  bonheur  de  mes 
sujets  ,  à  la  sécurité  et  au  bien  être  de  toutes  les 
parties  de  lEmpire  Britannique  )> 

Après  que  S.  M.  eut  prononcé  ce  discours, 
le  lord  chancelier  dit  : 

Il  Mylord  et  messieurs  , 

51  C'est  le  plaisir  et  la  volonté  royale  de  S.  M. 
que  ce  parlement  soil  prorogé  à  mardi  7  du 
mois  d'octobre  prochain.  Ce  parlement  est  en 
conséquence  prorogé  à  mardi  7  du  mois  d'oc- 
tobre prochain.  51 

Chambre  des  communes.  —  Séance  du  iS  juillet. 

M.  Jones  dit  qu'il  a  appris  qu'un  armistice 
avait  été  conclu  entre  l'empereur  d'Allemagne 
et  la  France.  Il  pense  que  comme  c'est  jeudi 
dernier  que  la  chambre  a  passé  un  biil  pour 
envoyer  de  l'argent  à  l'empereur  ,  ce  ne  sera 
pas  trop  de  demander  au  très-honorable  membre 
(M.  Pitt),  si  l  Angleterre  est  comprise  dans 
l'armistice,  ou  du  moins  s'il  est  probable  qu'elle 
le  soit  dans  les  préliminaires  de  paix. 

M.  Pitt  réplique  qu'il  n'est  pas  dans  le  cas  de 
répondre  à  une  pareille  question. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  sur  les  ré-' 
solutions  de  finances  présentées  par  M.  Tierney 
et  par  M.  Pitt 

M.  Tierney  dit  qu'il  suivra latmême  marche  que 
l'année  passée.  Ses  calculs  s  accordent  avec  ceux 
du  très-honorable  membre  (M.  Pitt),  bien  que 
ce  dernier  ait  peut-être  estimé  au-dessous  de 
leur  montant  les  dépenses  probables  de  l'établis- 
sement de  paix.  La  différence  entr'tux  n'existe 
que  dans  la  manière  d'envisager  le  sujet.  Le  plan 
de  M.  Tierney  est  de  montrer  l'étendue  de  la 
dette  à  laquelle  l'Angleterre  s'est  engagée  pour 
celte  raison  ;  ily  a  compris  la  dcile  de  1  em- 
pereur. Il  termine  en  proposant  sa  première  ré-  j 
solution.  I 


^  M.  Pitt  dit  qu'il  s'accorde  parfaitement  avec 
l'honorable  membre  quant  aux  chiffres.  Toute 
la  différence  gît  dans  le  résultat  des  conséquen- 
ces. Mais  la  question  ,  sous  quelque  point  de 
vue  qu'on  veuille  l'envisager,  offre,  après  une 
guerre  longue  et  dispendieuse,  le  lableau  des 
finances  les  plus  florissantes.  L'honorable  raem-, 
bre  compare  noire  situation  actuelle  avec  l'époque 
de  la  dernière  paix  ;  il  eiit  été  plus  Juste  de  là 
comparer  à  l'époque  où  se  termina  la  guerre  d'A- 
mérique. Il  aurait  dii  distinguer  les  dépenses  per- 
maneiites  des  dépenses  temporaires.  Enfin  il  au-, 
ratt  été  juste  de  comparer  au  progrés  des  charges,  ' 
le  progrès  du  commerce  et  du  revenu.  Le  fond 
d  amortissement  ,  qui  formait  à  la  fin  de  la  dei- 
nicre  guerre  la  238=  partie  de  la  clette  ,  n'en  fait 
aujourd'hui  que  la  82'  partie. 

M.  Pitt  termine  son  discours  en  proposant  la 
question  piéalable. 

Elle  est  adoptée,  et  les  résolutions  de  M.  Tier- 
ney étant  écartées  par  ce  moyen  ,  celles  de  M.  Pitt 
lui  sont  substituées, 

Résolutions  sur  les  finances  présentées  à  la  chambre 
__     des  communes  par  M.  Pitt. 

I.  Le  montant  de  la  dette  fondée  éiait  le  5  jan- 
vier 1786  de  238,231,248  liv.  sans  les  annuités 
longues,  courtes  et  viagères  jusqu'à  concurrence 
de  1,373,550.  — -  Le  i".  janvier  lygS  les  fonds 
rachetés  s'élevaient  à  10,242,100  liv,  :  Somme 
dans  laquelle  avait  éié  comprise  celle  de  79,880 
d'annuités  éteintes.  Ainsi  à  cette  époque  la  dette 
fondée  se  trouvait  réduite  à  227,989,148  liv.  et 
les  annuités  à  1,293,670  l.  — Le  i"  lévrier  iSoo  , 
les  fonds  rachetés  s'élevaient  à  32,404,845  liv  : 
Somme  dans  laquelle  était  comprise  celle  de 
119,8^0  liv.  d'annuités  éteintes;  ainsi  ^  à  cette 
époque  ,  la  dette  antérieure  à  la  guerre  se  rédui- 
sait à  2o5,  826,403  liv.  et  les  annuités  à  1,253,670 1. 

II.  Le  montant  de  la  dette  fondée,  créée 
depuis  le  1"  février  1793  (y  compris  les  sommes 
empruntées  dans  la  présente  session  ,  mais  non 
compris  7,5o2,633  liv.  en  3  pour  cent  consolidés 
et  ï3o,ooo  liv.  d'annuités  créées  par  les  emprunts 
imj^ériaux)  ,  était  le  i"  fév.  iSoo,de  257,787,79a 
liv.  sans  compter  les  longues  annuités  jusque 
concurrence  de  283, 206  liv.  par  an.  De  cette 
somme  i5,3i5,ooo  l.  sont  au  compte  de  llrlande 
et  56,445,000  liv.  sont  couvertes  î>3c  Vincome-tax,^ 
ce  qui  laisse  une  dettepermanente  de  186,027,792 
liv.  —  Le  1='  février  iSoo  ,  les  fonds  rachetés 
allaient  à  12,328,44g  liv.  Ainsi  la  dette  créée 
depuis  le  5  janvier  1793,  se  réduit  à  173,699,343 
liv.  sans  compter  les  longues  annuités. 

III.  Le  total  de  la  dette  fondée  permanente, 
(après  en  avoir  déduit  la  som.me  rachetée  de 
44,733,294  liv.  et  les  annuités  éteintes)  s'élevait 
le  l"  février  1800,  à  379,525,000  liv.  plus  les 
courtes  annuités  qui  allaient  à  54g, i3o  et  les 
longues  annuités  qui  allaient  à  987,947  ,  dont 
il  faut  cependant  déduire  les  annuités  à  la  charge 
de  l'Irlande. 

IV.  La  somme  annuellement  applicable  à  la 
réduction  de  la  dette  nationale  ,  (conformé- 
ment à  l'acte  de  1786)  était  de  1,000,000  liv. 
ce  qui    fesait  à-peu-près   la   238™'  partie    de  là 

'  dette  existant  alors.  En  I7g3  ,  cette  somme  était 
de  1,427,143  I.  fesant  environ  la  160™'  partie  de  la 
dette  nationale  alors  existante.  Celle  même  somme 
peut  être  estimée  pour  l'année  1800,  à  4,730,000  , 
c'est-à-dire  ,  environ  la  82™=  partie  de  la  dette. 
'  V.  Les  dépenses  annuelles  provenant  de  h  dette 
permanente,  étaient,  au  5  janvier  1786,  de 
9,297,000  1.  avant  qu'il  eût  été  créé  aucun  fonds 
applicable  à  la  réduction  de  la  dette  nationale. 
Le  5  février  1793  ,  ces  dépenses  étaient  de 
10,325,000  I. ,  y  compris  les  1,000,000  applicables 
au  rachat  de  la  dette. 

VI.  Les  dépenses  annuelles  provenant  de  la 
dette  ciéée  depuis  le  5  janvier  1793  f  y  compris 
314.000  I.  d'intérêts  permanens  et  les  dépenses 
relatives  aux  emprunts  de  la  session  présente  ) 
rnonleni  38,582,429  1.,  dont  6,684,469  I.  pour 
intérêts,  annuités  et  frais  d'adminiairatiou  ,  et 
1,897,960  I.  pour  l'exiinciion  de  la  deite.  Le  par- 
lement en  outre  a  garanti  une  dépense  ai»nuelle 
de  497,73.5  I.  ,  au  cas  que  l'cmpereiir  d'Aliemagne 
ne  payât  pas  lintérêt  de  ses  emprunts. 

VII.  Les  délies  flottantes  moniaient  le  Sjanvier 
1793,  à  1,32  7,112  I.,  et  le  5jany.  1800,  à  8,890,791!. 
U  a  été  pourvu  au  tetnboursemcm  total  de  ccg 


-dettes  tant  dans  la  dernière  que  dans  la  présente 
session. 

VIII.  La  dette  non  fondée  (non  compris  l'anti- 
cipation ordinaire  sur  certaines  taxes  annuelle- 
ment votées)  ,  montait  le  5  janvier  '793  ■  a 
8,92542i  1.  ,  et  le  5  janvier  i8oo.  à  14,40b, sbS  I. 
Surquoi  il  a  été  pourvu  dans  la  session  présenie.a 
■une  somme  de  1,914,000  I.  ,  ce  qui  laisse  une 
detle  non  fondée  de  12,494, 28S  1.  Celte  augmen- 
tation de  3,S66.SC6  1.  depuis  le  5  janvier  179J  ,  a 
été  principalement  occasionnée  par  une  addition 
de  1,000,000  en  billets  de  l'échiquier  et  par  des 
dettes  de  la  marine  ,  qui  résullent  de  la  guerre  , 
mais  qui  ne  portent  point  d'intérêt. 

IX.  Le  produit  net  des  taxes  permanentes  exis- 
«ani  le  5  janvier  1784,  montait  alors  à  io,ig4,i59  !• 
Les  taxes  postérieurementimposées  pour  délrayer 
les  dépenses  de  la  dernière  guerre,  montaient  en 
i786  ,  à  938,000  I. ,  ce  qui  portait  la  totalité  des 
taxes  à  ii,t33,ooo  1. 

X.  Le  produit  net  total  des  taxes  permanentes 
tel.  qu'il  est  rapporté  à  l'aiticle  ci-dessus,  plus 
i37,ooo  liv.  provenant  de  l'acte  de  consolidation 
ec  de  droits  imposés  en  1789  ,  était  à  l'année  expi- 
rant au  5  janvier  1793  ,  de  14,384.000  liv.  ;  au  5 
janvier  1794,  de  13,941,000  liv.  ;  au  5  javier  179^, 
de  i3,858,oooL;  auSjanvier  1796,  de  i3,557,oool. 
au  5  janvier  1797  ,  de  14,292,000  liv.;  au  5  janvier 
1798,  de  l3,332,ooo  liv.;  au  5  janvier  1799,  de 
13,275,000  (.,  et  au  5  janvier  1800  ,  de  15,432,254 
liv.  Celle  dernière  somme  ,  après  en  avoir  déduit 
les  droits  provenant  de  l'acte  de  consolidation  et 
ceux  imposés  en  1789,  excède  ,  le  produit  net  des 
taxes  permanentes  ,  tel  qu'il  est  rapporté  à  l'article 
ci-dessus  ,  de  4,i63,254  liv. 

XI.  Le  produit  net  actuel  des  taxes  imposées 
le  5  janvier  1793  ,  s'est  élevé  pendant  l'année  expi- 
rant au  5  juillet  tSoo,  à  8,477, 100  liv.  —  Mais  sur 
une  partie  de  ces  taxes  ,  le  produit  de  l'année  n'a 
pasencore  éié  touché.  Il  n'a  été  perçu  que  113,707 
liv.  sur  celles  qui  ont  été  imposées  dans  le  cours 
de  l'année  et  qui  sont  estimées  à  35o,ooo  liv. 

XII.  La  valeur  totale  des  importations  faites 
dans  laGrande-Bretagne  pendant  l'année  expirant 
au  5  janvier  1784,  a  été  de  i3,l2i,235  I.  ;  et  d  après 
l'évaluation  moyenne  d_e^,  six  années  précédentes  , 
de  1 1 ,690,829  liv.  — »La  valeur  totale  des  importa- 
tions faites  dans  la  Grande-Bretagne  pendant  l'an- 
née expirant  au  5  janvicri793,  a  été  de  19,659,358 
liv.  ;  e;  d  après  l'évaluation  moyenne  des  6  années 
précédentes,  de  18,685.390  liv.  —  La  valeur  totale 
de  toutes  les  importations  faites  dans  la  Grande- 
Bretagne  pendant  l'année  expirant  au  5  janvier 
1800  (supposé  que  les  importations  des  Indes  orien- 
tales ,  dont  les  comptes  ne  sont  pas  encore  arrivés , 
aient  été  comme  Tannée  précédente),  ont  été 
de  29.945,8081.  —  Comparées  avec  celles  de  1784, 
les  importations  ont  ainsi  augmenté  de  16,823,573 
liv.  ,  et  comparées  avec  1792  ,  elles  ont  augmenté 
de  10,286,450  liv.  —  Ces  mêmes  importations, 
d'après  l'évaluation  moyenne  des  6  années  qui  pré- 
cédèrent le  5janvier  1800,  ont  été  de  24,407,0001.  ; 
ce  qui  ,  comparé  avec  les  évaluations  raoj'ennes 
précédant  le  5 janvier  1794,  fait  une  augmentation 
de  13,717,000  I. ,  et  comparé  avec  les  évaluations 
moyennes  précédant  le  5  janvier  1793',  fait  une 
augmentation  de  5,722,000  liv. 

XIII.  La  valeur  totale  des  objets  de  manufac- 
tures britanniques  ,  exportées  pendant  l'année  ex- 
pirant au  5  janvier  1784,  a  été  de  10,409,713  liv. , 
et  d'après   l'évaluation  moyenne  des   sibc  années  1 
précédentes,  de  8,616,660  liv.  — La  valeur  totale 
desdites  exportations  ,  pendant  l'année   expirant 
au  5  janvier   r7g3  ,   a  été   de    iS,336,85i   1.,   et 
d'après  l'évaluation  moyenne  des  six  années  pré- 
cédentes ,  de   14,771,049  liv.  —  La  valeur  totale 
desdites  exportations ,  pendant  l'année  expirant  au 
5  janvier  iSoo  ,  a  été  de  24,084,000  1.  ,  ce  qui  com- 
paré  avec  1783,  fait  une  augmentation  de  l3.6/4, 
375  1.  ;  et  avec  1792  ,  de  5,748,000  1.  —  Ces  mêmes 
exportations,   d  après  l'évaluation   moyenne    des 
six  années  qui  précédèrent  le  5  janvier  1800  ,  onr 
été  de  18,804,000  1  ;  ce   qui,  comparé  avec  les 
évaluations  moyennes   précédant   le  5  jan.  1784, 
fait  une  augmentation  de    10,188,000  I.  ;  et  com- 
paré avec  les  évaluations  moyennes  précédant  le  5 
janvier  I7g3  ,  fait  une  augmentation  de  4,o33,ooo  I. 
XIV.  La  valeur  totale   des  marchandises  étran- 
gères ,    exportées  de  la  Grande-Bretagne  pendant 
l'année  expirant  au  5  janvier  1784,  a  été  de  4,332, 
909  liv.  ,  et  d'après  lévaluaiion  moyenne  des  six 
années  précédentes,  de  4,263,930  liv.  —  La  valeur, 
totale  desdi'.es  exportations  ,  pendant  l'année  ex 
pirant  au   5  jan.    1793,  a  éié  de  6,569,000  1. ,  et 
d'après  l'évaluation  moyenne  des  six  années  pré- 
cédentes ,  de  5,468,014  I.  —  La  valçur  totale  des- 
dites exportations  pendant   l'année  expirant  au  5 
jan.  1800  ,  a  été  de  11,906,000  1.,  ce  qui  ,  comparé 
avec  1783  ,  fait  une  augmentation  de  7,574,000  I.  : 
et  avec  1792  ,  de  5,338, 000  I.  Oes  mêmes  expor- 
tations, d'après  l'évaluation  moyenne  des  6  années 
précédant  le  5  jan.  1800,  ont  été  de  11,677,000  1.  ; 
ce  qui ,  comparé  avec  les   évaluations   moyennes 
précédant  le  5  jan.  1784  ,  fait  une  augmentation 
de  7,414,000   1.;   et  comparé  avec  les  évaluations 
moyennes  précédant  le  5  jan.  ïjgS  ,  fait  une  aug- 
mentation de  6,209,000  1. 


i5oi 

XV.  La  somme  totale  à  lever  dan»  la  Grande- 
Bretagne  pendant  l'année  1800  ,  peut  être  estimée 
ainsi  qu'il  suit  : 

dtiiérêtde  la  dette  publique 
fondée  ,  frais  d'aduiinistta- 
tion  ,  fojids  d'amoriisse- 
ment ,  jusqu'au  5  jan.  1800, 
déduction  faite  des  intérêts 
payables  par  l'Irlande  .   .  . 

Intérêt,  etc.  à  payer  entre 
le  5  janvier  iSoo  et  le  5  jan- 
vier 1801  ,  sur  les  fonds 
créés  par  des  emprunts , 
dans  la   présente  session  ,. 

Intérêts  des  bills  de  l'é- 
chiquier   

La  liste  civile 

Autres  charges  sur  le 
fonds  consolidé  ,  estimées 
comme   en    1799.   .... 

Gouvernement  civil  d  E- 
cosse 

Pensions   sur   le   re 
héréditaire 

Warrants  pour  la  milice,' 
et  les  déserteurs  f 

Primes  pour  l'encourage- ,  ' 
ment  des  pêcheries  et  desi 
manufactures  de  toile  ) 

Frais  d'administration  du 
du  revenu  ,  y  compris  \'in- 
come    tax i,779i769 


19,307,000 


962,000 

i,02i,6ï6 
898,01)0 


239,000 


Evenu  ? 


647,183 


Ce  qui  porte  la  totalité 
des  dépenses  permanentes 
à  défrayer  sur  la  recette  des 
revenus  permanens,  à  .  . 

Subsides  votés  en  iSoo  , 
sans  compter  la  somme  de 
1,914,000  I.  pour  délrayer 
le  vote  de  crédit  de  1799  . 


Somme  avancée  à  1  Ir- 
lande . 2,000,000 

Voie  de  crédit  pour  les 
contingens  piobables   .      .      1,400,000 

Intérêts  payables  pour  les 
emprunts  impériaux     .     .        497')000 


24,554,875 

35,686,552 
60,541,427 


Mais  les  dépenses  additionnelles  ré- 
sultant de  l'augmentation  du  nombre 
de  billets  de  l'échiquier  flottant ,  sont 
(jg ,....,..  55,000 

Intérêt  des  sommes  exigées  par 
l'augmeiitaiion  de  la  dette  de  la  ma- 
rine .  à  5  pour  100 i5o,ood 

Charge  additionnelle  sur  le  fond 
consolide  ..........  l3i,ooo 

Dépense  additionnelle  provenant 
de  la  sornmc  annuellement  votée 
pour  le  rachat  de  la  dette.     .     .     -  200,000 

Ainsi  l'établissement  de  paix  futur, 
non  compris  les  497,000  1.  d'intérêts  - 
payables  pour  Icsemprunis  impériaux; 
1  intérêt  des  sommes  que  pourra  exi- 
ger la  liquidation  des  dépenses  de  la 
guerre  et  les  augmentations  qui  pour- 
raient avoir  lieu  dans  les  étab!issem<Sns 
do  la  marine  et  de  1  armée  ,  mais 
toute  fois  en  comptant  l'augmentation 
de  paye  et  autres  dépenses  de  cette 
nature  ,  évaluées  à.    .....     •  700,000 

Peut  être  estimé   à.     .     .     .    »5, 788,223 

XIX.  Le  produit  de  Yincome  tax 
pendant  1  année  1799,  paraît  avoir 
été   de 5,801,624 

Les  contributions  volontaires  s'élè- 
vent   à 225,000 

Les  droits  d'exportations  et  importa- 
lions  peuvent  être  estimés  à.     .     .     .      i,25o,ooo 

7,306,624 

Elle  produit  des  taxes  permanentes  antérieures 
au  5  jan.  1793  ,  a  rendu  pendant  l'année  expi- 
rant au  5  juillet  1800,  2,000,000  1.  déplus  que 
la  somme  esiimée  (.ar  le  comité  de  1791  ,  néces- 
saire pour  1  eiablissement  de  paix. 

XX.  Si  le  produit  de  Yinconu-tax  ,  pendant  la 
durée  de  ceite  taxe  ,  après  la  ,hn  de  la  guerre  , 
rendait  7  millions  ,  la  toialilé  de  la  dépense  an- 
nuelle pourrait  êire  estimée  à  33  millions  ,  y  com- 
pris ladite  somme  de  7  millions  ,  annuellement 
apiilicable  (  indépendamment  de  toutes  autres 
sommes  qui  pourraient  être  dans  les  mains  des 
commissaiies  j  à  la  réduction  de  la  dette. 

XXI.  Le  montant  des  3  p.  C.  créés  en  1798  , 
1799  et  1800,  dont  l'intéiêt  doit  être  défrayé  et, 
le  principal  racheté  par  Vincome  tax  ,  est  de  55. 
millions. 

XXII.  Supposé  que  la  guerre  finisse  dans  l'an- 
née 1800  ,  que  le  prix  moyen  des  3  p.  C.  reste 
pendant  3  ans  après  la  paix  ,  à  80  1.  ,  et  qu  entin , 
lincome-tax  produise  7  millions  par  an  ,  le  capital 
de  56,445,000  1.  et  les  intérêts,  seront  rachetés  dans 
le  cours  de  l'année  1808. 

—  Nous  ne  donnons  point  les   résolutions  de 

M.  Tierney.    Elles    s'accordent    avec    celles    de 

M.  Pilt  pour  la  substance.  La  différence  consiste  , 

1°.  En  ce  que  M.  Tierney  ne    remonte  point 

'  dans  ses  calculs   à  1  époque  qui  termina   la  der- 

'  nière  guerre. 

I       2°.  Il  ne  compare  point  les  progrès  des  res- 
sources au  progrès  de  la  dette. 

3".  Il  suppose  que  ,  dans  l'hypothèse  que  la 
guerre  finisse  en  1800  ,  le  capital  et  les  intérêts 
de  la  dette  de  56,449,000  1.  st.  ne  seront  rachetés 
qu'en  1810. 

4°.  Enfin  ,  que  les  dépenses  probables  des  9 
premières  années  de  paix  s'élèveront  à  326,000. 

De  ConstantinopU  ,  le  10  juin  1800. 
Vous  avez  au  moins  soupçonné  d'après  la  rela- 
tion que  je  vous  adressai  ,  le  i3  du  mois  dernier  , 
de  la  bataille  ou  pluiôt  de  la  déroute  dEl-Hanca, 
que  les  français,  maîtres  dufortet  de  la  citadelle 
du  Kaire  ,  n'auraient  pas  de  bien  grands  efforts  à- 
tinue  à  être  telle  qu'elle  a  été  en  1799  ,  et  si  l'on  I  Q^pjoyer  potH- débusquer  decetle  ville  les  troupes 
y  ajoute  le  produit  attendu  des  taxes  imposées  j  jg  Nazouf  Pacha  et  de  Murad-Bey.  Aussi  un 
pendant  cette  session  ,  le  montant  total  de  la  |  bombardement  les  a-t-il  bientôt  mis  dans  la' 
somme  à  lever  pourl'ari  iSoo,  au  moyen  d«s  taxes  |  nécessité  de  se  rendre  à  discrétion.  C'est  la  nou- 
velle que  la  Porte  a  reçue  le  3  de  ce  mois,  et 
dont  je  vous  garantis  le  fait  ,  sans  cependant, 
pouvoir  vous  éclaire."  sur  les  détails,  que  mes 
seules  correspondances  particulières  me  mettront-, 
I  à  portée  de.  vous  donner  avec  exactitude-  La 
I  léserve   du  gouvernement  à  cet  égard  décelé  ses' 

et  tout  ce 


3,897,000 


Total  ....        64,438,427 

XVI.  La  recette  du  revenu  perma- 
nent s'est  élevée  pendant  l'année  ex- 
pirant au   5  juillet  1800,  à 28,238,000 

Vincome  tax  est  estimé  pour  l'année 
1800,  à 7,000,000 

Les  droits  sur  les  importations  et 
exportations  sont  estimés ,.        l,25o,ooo 

Autres    somrties    applicables   au 
service  de  l'an   1800: 

Surplus  du  fond  consolidé  après 
avoir  complété  les  octrois  jusqu'au  5 

avril    1800 597,000 

Rentrée  delà  grand-iraprests  et  lotte  rie         826,000 

Le  reste  des   subsides  pour   l'an 
iSoo  ,    se    compose  : 

D'un  emprunt  pour  la  G.  B.  de.    .     18,000,000 

D'un  emprunt  pour  l'Irlande.    .    .       2,000,000 

Des  billets  de  l'échiquier  portés  sur 
les  comptes  futurs  de  1801 3. 000, 000 

D'un  emprunt  de  la  banque  ,  de.    .      3, 000,000 

Du  produit  additionnel  des  taxes 
espéré   pour  l'an    1800 240,000 

Total 64.651,000 

XVn.  Si  la  recette  des  revenus  permanens  con- 


permanentes  et  temporaires,   peut  être  compte  a 
36,728,000  1. 

XVni.  Il  paraît  d'après  le  rapport  d'un  comité 
de  la  chambre  ,  fait  en  1791  ,  que  les  dépenses 
actuelles  (y  compris  le  million   destiné  au  rachat 

de  la  dette  ,  les  frais  de  l'armement  de  1787  ,  les     

paieraens  faits  aux  lOyahstes  Américains  et  divers    inquiétudes    comme    son    embarras, 

articles  temporaires  )  s'élevaient  ,  d'après  l'évalua-     que  l'on  peut  .interpréter    en    faveur   de   l'espé- 

tion     moyenne     des     5     années      précédentes  ,1  lauce  qu'il  nourrit  au  milieu  de  ses  revers  mili-- 

à     .     . 16,816,985  I  taires  ,   se  puise    dans  les   procédés    du    général 

— ■ Kleber  envers  le   visir  :  il    lui  a  renvoyé  du  Kaire 

!  le  Kiaya-Bey  avec  les  oiEciers  de  sa  maison.    Tel 

15.969,178  I  est ,   monsieur,  le  dernier  coup  de  fouel  donné  . 

I  par  une  poignée   d'hommes   à   une   armée    de  60 

I  mille    hommes  ,    que    quelques   heuies   ont  dis- 

I  soute,  après  avoir  employé  huit  mortels  mois  à 

[la  former.  C'est   assez  vous    convaincre  que  les, 

[nouveaux  efforts  militaires  que  peuL  méditer    le 

8  582,395  i  le  capitan  Pacha  ,  parti  de  Rhodes  pour  la  co;a 

'      , d'Egypte  ,    et  toutes   les   ressources    tacnciennes 


Mais  l'établissement  de  paix  était 
estimé  par  ledit  comité  à    .     .     .     . 

Les  dépenses  de   1792  montèrent 
à  peu  près  à  celte  somme. 

Les  dépenses  additionnelles  ,  per- 
manentes et  provenant  de  la  dette 
créée  depuis  1793  ,  sans  compter  les 
intérêts  payables  par  l'Irlande,  sont  de 


Ce  qui   fait,     ........    «4,551,573    du  générai  KoeUler,  qui 


se  rend  décidément  avec 


i3o5 


•avecson  état-major  auprès  du  visir  ,  dans  l'inten- 
lion  de  ressusi-iier  son  armée  et  d'en  éleciriser 
Icinulation,  n  enlèvent  rien  à  l'opinion  qui  en 
loise  d'avance  la  nullilé.  Je  crois  au  reste  que  la 
Porte  est  assez  raisonnable  pour  peser  à  peu  près 
les  mêmes  résultats  ;  du  moins  sa  ronduile  paraît 
fixer  toutes  ses  ressources  dans  les  moyens  de 
lenouer  ses  négociations.  Elle  compte  beaucoup 
sur  l'influence  du  commodorc  Sidney  Smith  , 
qu'elle  espère  ébranler  dans  la  résolution  qu'il 
a  prise  de  se  limiter  strictement  à  sa  croisière 
hostile  sur  la  cote  ,  et  qui  s'est  refusé  d'une 
manière  tics  -  piononcée  aux  sollicilaiions  que 
lui  a  faites  Je  visir  de  se  rendre  auprès  de  lui 
àjaffa.  Enfin  .  toutes  les  roues  ne  tournent  que 
sur  ce  sillon  ,  et  les  instructions  qui  parviennent 
au  camp  ne  tendent  qu'à  concerter  les  mesures 
qui  peui  ent  vcnouvcllcr  la  convention  d'Arich. 

Si  Ion  s'en  rapporte  au  x  bruits  qui  courtnt  ici 
le  janissaire  Aga  et  le  Dg  ebtdgi  Bachi  ,  ctiel  des 
muniiionnaires  ,  auiaicnt  pa)e  de  leurs  têtes  la 
déiouie  de   l'armée  du  visir. 

On  vient  de  recevoir  la  nouvelle  qu'un  incen- 
die a  consumé  une  partie  du  quartier  turc  à 
Smirne  :  il  faut  convenir  que  cette  ville  oij  la 
peste  fait  de  plus  dans  ce  moment  de  granch  ra- 
vages ,    n'est  pas  sous  un  étoile  heureuse. 

Le  grand-seigneur  vient  d'ordonner  la  cons- 
iiuctioii  d'un  immense  hôpital  aux  casernes  du 
Le  vend  Echiifiik.  ,  situées  à  deux  lieues -de  Cons- 
«anlinople  ;  il  sera  bâti  sur  le  plan  de  M.  Kauf- 
fer  .  émigié  français  et  ingénieur  au  service  de 
la  Poiie. 

—  Le  plan  de  la  cour  de  Dannemarcls  ne  paraît 
plus  équivoque.  Les  commandans  de  ses  vaisseaux 
lienntul  la  même  conduite  dans  toutes  les  mers  , 
et  refusent  aux  ofiSciets  anglais  la  permission  de 
visiter   les    navires   qu'ils    escortent. 

■Une  frégate  danoise  de  44  canons  fut  ren- 
contrée dernièrement  dans  la  Méditerranée  par 
le  Leviathan ,  que  commandait  l'amiral  Duck- 
worth.  Lamiral  n'ayant  pas  reçu  de  réponse  satis- 
fesantc  sur  les  vaisseaux  que  le  capitaine  danois 
avait  sous  son  escorte  ,  il  le  prévint  qu'il  allait 
envoyer  à  son  bord.  Le  capitaine  danois  répoiidit 
qu'il  ferait  feu.  Il  tint  parole  ,  et  tua  un  homme 
sur  le  canot  du  Leviathan.  L'amiral  Duckwonh  le 
menaça  alors  de  lui  lâcher  une  bordée  et  exigea 
qu'il  le  suivit  à  Gibraltar.  La  suite  de  cette  affaire 
n'est  pas  connue.  Cette  rencontre  et  celle  du 
convoi  pris  par  la  A'emesis  ,  n'ont  pas  été  les  seules 
de  celle  nature.  Les  craintes  qu'elles  ont  fait  naître 
avaient  engagé  1  amirauté  à  relarder  le  départ  de 
la  floue  d'Yarmouth  pour  la  Baltique.  Tes  ordres 
ont  ayssi  été  envoyés  à  Leith  pour  y  a.  ,êter  un 
convoi  qui  devait  ii>cessamment  faire  voile  pour 
le  Nord.  Ce  différend  amènera  sans  doute  des 
explications  très -délicates  entre  les  deux  cours. 
Lord  'Wbitworih  est  désigné  pour  se  rendre  à 
Copenhague.  M.  Drummond  l'accompagnera. 
Celle  négociation  demande  d'autant  plus  de  talens 
de  leur  part  ,  que  l'habileté  du  ministre  danois  , 
M.  le  comte  de  Berusiorff,  rappelle  le  souvenir  de 
son  illustre  père. 

La  .guerre  continué  entre  le  Dannemarck  et  la 
régence  de  Tunis.  Les  corsaires  tunisiens  prennent 
tous  les  navires  danois  qu  ils  rencontrent.  Le  dey 
fait  conduire  les  munitions  dans  ses  arsenaux  ,  les 
marchandises  dans  ses  magasins  ,  mais  il  laisse  en 
liberté  les  hommes  et  les  fait  remettre  au  consul 
danois  qui  n'a  pas  encore  quitté  Tunis. 

L'ambassadeur  turc  près  notre  cour  a  reçu  jeudi 
dernier  la  nouvelle  son  rappel  à  Consianiinople. 
On  le  croit  destiné  à  remplir  le  poste  du  reis 
effendi.  C  est  M.  Agrinople  ,  son  premier  drago- 
man  ,  jenue  grec  .  âgé  de  22  ans  au  |plus  ,  qui  le 
lemplacecomme  chaigé  d'affjires.  Cesl  une  chose 
unique  dans  les  annales  de  I  empire  ottoman  , 
qu  un  chtétien  chargé  de  représcnicr  le  Grand- 
Seigneur.  Mais  ce  n  est  pas  la  seule  nouveauté 
qui  ait  signalé   le  règne  de  Selim. 

Nouvel  nffut  de  canon. 

Samedi  dernier  on  a  éprouvé  en  présence  de 
S.  A.  R.  M.  le  duc  dYorck  et  d'une  quantité 
considérable  d'officiers  de  tous  rangs  ,  1  affût 
de  canon  inventé  par  M.  le  baron  de  Monta- 
lembert.  (  t  ) 

La  première  épreuve  a  été  fifitS  dans  la  sup- 
position que  l'jflût  avait  perdu  ses  quatre  roueï 
par  le  feu  de  l'ennemi.  La  pièce  était  par  ter^e'^ 
sur  son  châssis ,  placée'  comme  elle  le  strâil 
cjans   des   casemates ,  ou   des  batteries   de  côte  , 

fiour   avoir  la  facilité   de   la  faire   tourner  circu- 
aircmeiii    et    de    battre    par    ce-  moyen  loul    le 
icrrein   situé  devant  elle.    Quatre  coups   ont  été 
liiés  dans  cette  position  et  tous  ont  bien  réussi. 
Dans   la  seconde  éiircuvo  ,    on  a  supposé  que 

(1)  Le  lédacteur  se  iiompe  ;  cet  alFùl  a,  été  in- 
venté par  le  citoyen  Monialcmberi,  qui  est  mort 
derniéicmeiii  à  Paris  ,  lionoié  de  l'estime  de  tous 
les  «avans  el  des  regieis  de  tous  les  bons  ciloyens. 
Son  neveu  dont  on  parle  ici  sous  le  nom  de  baron 
de  M'oiiialémbcrt  ,  n'a  fait  que  présenter  au  duc 
d  Yorck  l'ouvrage  ac  «on  ouclci  Voye»  l'e  Trttt 
BtTtion ,  i  aoât. 


l'affût  avait  perdu  son  avant  train.  La  pièce  était 
par  conséquent  posée  sur  ses  deux  roues  de 
devant  et  supportée  par  derrière  par  trois  leviers 
d'appui.  Dans  celte  seconde  position  ,  on  a  vu 
remploi  qu'on  pouvait  en  faire  ,  si  le  lerrein 
n  était  pas  assez  large  pour  tirer  avec  un  affût 
ordinaire,  ou  dans  une  place  derrière  un  rempart, 
ou  dans  un  retranchement  quelconque.  On  a  tiré 
dans  cette  position  six  coups  ,  qui  ont  parfai- 
tement réussi. 

La  troisième  épreuve  s'est  faite  ,  l'affût  sur 
son  avant  train  ,  tel  .qu'il  doit  être  quand  il  est 
dans  son  entier.  On  a  vu  ainsi  1  usage  dont  il 
pouvait  Sue  ,  soit  comme  pièce  de  position  , 
soit  pour  protéger  une  retraite,  puisqu'on  n'a  pas 
besoin  de  dételer  les  chevaux  pour  iirer;soil  pour 
délendre  un  poste  retranché  ou  non  ;  soit  enfin 
pour  attaquer  une  place  ,  un  fort  ,  ou  un  re- 
tranchement. Ou  a  la  ceriitude  de  pouvoir  tou- 
jours porter  le  boulet  au  même  point  .  sans 
être  obligé  de  changer  la  direction  à  chaque 
coup,  ce  qui  est  Irès-ulile  pour  faire  brèche, 
pour  tirer  à  ricochet  et  pour  tirer  de  nuit  comme 
de  jour.  La  pièce  a  lire  dans  cett«  troisième 
position  six  coups  ,  qui'ont  également  réussi. 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,U'22  thermidor. 

Lf.  Journaljlu  Commefce  annonce,  sous  la  date 
deFianctoit,  que  les  prisonniers  français  qui  se 
trouvent  à  l'rcsbourg  ,  se  sont  exposés  aux  plus 
grands  dangers  pour  arrêter  l'incendie  qui  a  failli 
iéduire  cette  ville  en  cendres.  L'empereur, 
ajoute-t-on  ,  pour  récompense  de  leur  dévoû- 
ment  et  des  services  qu'ils  ont  rendus,  leur  a 
accordé  la  liberté  avec  une  gratification  de  aaoo 
florins. 

La  Gazette  Ligurienne  rapporte  une  lettre  de 
Lucques  qui  ferait  croùe  que  les  insurgens  de  la 
Toscane  se  préparont  à  attaquer  le  territoire 
lucquois.  Suivant  la  même  gazette,  l'épidémie 
commence  à  ralentir  ses  funestes  effets  dans  la 
ville  de  Gênes.  On  a  remarqué  que  cette  maladie 
emportait  plus  d'hommes  que  de  femmes.  Mais, 
comme  si  un  mal  devait  être  remplacé  par  un 
autre  ,  au  moment  oti  l'on  se  félicite  de  la  dimi- 
nution des  ravages  épidémiques  ,  on  est  obligé 
de  s'aitrisier  sur  des  assassinais  assez  nombreux 
qui  se  comraetlent  pendant  la  nuit,  et  dont  on 
ne  devine  point  encore   la  cause. 

Le  gouvernement  ligurien  a  interdit  l'exercice 
de  leur  profession  à  des  médecins  qui  ont  refusé 
de  saigner  des  malades  au  lazareih. 

—  La  Clef  du  cabinet  annonce  sous  la  date  de 
Naples  ,  le  3o  messidor  ,  qu'à  lancienne  consti- 
tution de  ce  royaume,  vient  d'en  succéder  une 
qui  ressemble  beaucoupà  celle  qu'on  a  établie  de- 
puis quelques  temps  en  Sicile,  a  II  y  aura  un  tri- 
bunal conservateur  ,  dont  les  fonctions  seront  de 
former  un  livre  d'or  ,  ei  d'y  inscrire  ceux  qui  se- 
ront réputés  dignes  d'être  nobles.  Ceux  qui  jouis- 
sent aujonrd  hui  des  droits  de  la  noblesse  1,  ne 
seront  plus  nobles  ,  s  ils  ne  sont  pas  inscrits  sur 
le  livre  d'or.  Le  marquis  del  "Vasto  sera  déclaré 
premier  noble  du  royaume.  Le  même  tribunal  for- 
mera un  livre  d'argeiit  oix  seront  inscrits  les  nobles 
de  la  seconde  classe  ou  la  haute  bourgeoisie. 
Chaque  année  ,  il  tiendra  des  séances  ,  soit  pour 
inscrire  de  nouveaux  nobles  ,  soitpour  rayer  ceux 
qui  auront  déplu  à  la  cour.))  —  Les  familles  qui 
ont  pris  part  à  la  révolution  ne  seront  point  ins- 
crites sur  le  livre  d'or.  Lé  corps  municipal  de 
Naples  est  remplacé  par  un  sénat  de  rieuf  mem- 
bres ,  qui  seront  nommés  par  le  roi' 

Un  édit  a  réduit  les  fois  de  crédit  à  la  valeur 
qu'elles  ont  au  cours  du  change  ,  c'est-à-dire  , 
à  moins  de  20  pour  cent  ;  car  ces  assignats  per- 
dent plus  de  80  pour  Cent.  Par  un  autre  édit  , 
on  a  hiis  en  vente  pour  ,cinq  millions  de  (ducats 
de  biens  apparlena'nt  aijx  proscrits.  Les  fois  de 
crédit  réduites  ierûtit  reçues  en  paiement  de  ces 
biens. 

—  Les  journaux  de  Bordeaux  annoncent  que 
mille  arpens  de  biens  appartenant  à  la  nation  et 
à  des  citoyens  de  la  commune  de  Bellet ,  ont  été 
consumés  par  un  incendie  dont  on  ignore  en- 
"core  la  cause.  Les  citoyens  des  communes  envi- 
ronnantes ont  mis  le  plus  grand  zèle  à  arrêter  les 
progrès  de  cet  incendie. 


Les  auteurs  de  WDécade philosophique  rappoftent, 
dans  leur  dernier  numéro  ,  que  le  comité  des 
souscripteurs  ,  pour  le  monument  à  élever  à 
Dcsaix  ,  a  examiné  s'il  ne  convient  pas  de  faire 
tourner  ce  monument  à  l'utilité  publique  ,  el  d'en 
faire  ,  par  exem^ile  ,  une  foniaine  dans  un  des 
lieux  de  Paris  ,  oii  le  besoin  d'eau  se  fait  le  plus 
sentir. 

Celte  idée  mérite  d'être  examinée  par  les  citoyens 
et  par  les  artistes.  Quel  usage  plus  utile  peut-on 
faire  des  fonds  librement  offerts  par  des  sous- 
cripteurs qui  ,  tous  ,  sans  doute  ,  s'honoreront 
d'un  seifvice  impoitani  rendu  à  la  commune  de 
Paris  ?Qucl  plus  noble  emploi  les  arlisles  peuveni- 
ils  faire  de  leurs  talens  ?  ils  trouveront  une  assez 
vaste  carrière  dans  l'érection  d'uiie  fontaine  sur 
une  place  publique  ;  la  sculpture  ,  l'architecture 


pourront  s'exercer  sur  un  s!  beau  sujet;  tant  de 
souvenirs  glorieux  se  mêlent  au  nom  de  Desaix  ! 
tant  d  idées  utiles  se  joignent  à  l'établissement 
d  une  fontaine. 

Les  auteurs  de  la  Décade  observent  que  la  mo- 
dicité des  fonds  ,  serait  un  obstacle  à  l'exécution 
de  ce  projet;  mais  peul-être  est-il  raisonnable  d'esr 
pérer  que  le  nombre  des  souscripteurs  augmen- 
terait beaucoup  si  l'emploi  des  fonds  éiall  déter- 
miné pour  un  objet  utile  ;  peut-être  aussi  obtien- 
drait-on ,  soit  de  la  ville  de  Paris  ,  soit  du  gou- 
vernement ,  le  supplément  qui  serait  jugé  né» 
cessaire. 

Mais  il  s'agit  moins  aujourd  hui  de  discuter  le 
fonds  du  projet  el  les  moygns  d'exécution  ,  que 
d'appeler  l'attenlion  du  public  sur  cette  idée  , 
et  d  engager  les  journalistes  amis  des  ans  à  la 
discuter. 

D. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT, 

Arrêté  du   l-iforéal  ,   an   8. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république 

nomme  les  citoyens  dont  les  noms  suivent  ,  pour 

remplir  dans    le  dépaiicment    du    Morbihan   les 

fonctions  ci-après  désignées,  savoir: 

Tribunal  criminel  séant  a  'Vannes. 

Président.  Perret,  ex-président  du  tribunal  cri- 
minel ,   ex-législateur. 

Juges.  Nayc  Villaubry  ,  commissaire  actuel  près 
les  tribunaux.  Lemenez-Kerdelleau  ,  juge  aciuel. 

Suppténns.  Poussin  ,  juge  au  tribunal  civil,  juge 
actuel.   Serres  ,  juge  actuel. 

Commissaire.  Lucas  Bou.geiel ,   ex-législateur. 

Greffier.  Taslé  ,  greffier  aciuel. 

Tribunal  civil  séant  a  "Vannes. 

Président.  Lauzer  ,  président  actuel  de  l'admi- 
nistration. 

Juges.  Leblanc  ,  ex-législateur.  Duperron  p'efe  , 
juge  actuel.  Bosquet,  idem. 

Suppléans.  Caradet ,  membre  actuel  de  l'admi- 
nistration municipale.  Lucas  Bourgerel  père  ,  ei- 
constituant.  Coué  ,  juge  aciuel. 

Commissaire.  Favero!  ,  ex-législateur. 

Greffier.  Jamet ,  greffier  actuel. 

Tribunal  séant  a  l'Orient. 

Prâident.  Legallic-Kerisouet ,  juge  actuel. 

Juges.  Bargain  cadet ,  juge  actuel.  Régnier  ,  ex- 
juge du  tribunal  de  cassation.  Deschiens  ,  com- 
missaire aciuel  près  la  police  correclionnelle. 

Suppléans.  Barré  ,  ex-juge.Josse  ,  défenseur  offi- 
cieux. Marion  ,   idem. 

Commissaire.  Lauzac,  juge  actuel. 

Greffier.  Renaud  ,  greffier  actuel  de  la  police 
correctionnelle. 

Tribunal  civil  séant  a  Pontivï. 

Président.  Ruinet ,  ex-juge  ,  ex-adminislrateu^ 
du    département. 

Juges.  Le  Gogal ,  ex-juge  ,  ex-administrateur. 
Dulaigna  ,  juge  aciuel. 

Suppléans.  Guepin  ,  ex-administraieur ,  ex-juge. 
Paillon  Beaublé  ,  commissaire  près  l'adrainislra- 
lion  municipale  de  Poniivy. 

Commissaire.  Tahier  ,  substitut  actuel  du  com-' 
missaire  près  les  tribunaux. 

j  Greffier.  Petiot ,  administrateur  actuel   du   dé- 
partemeiit. 

Tribunal  civil    séant  a  Ploermel. 

Président.  Rouault,  ex-conventionnel 

Juges.  Chaignaift  ,  ex-conventionnel,  ex-légis- 
laieur.  Legonesbé  Belle  ,  juge  actuel.  Robert, 
membre  aciuel   de   l'administralion  centrale. 

Suppléans.  Maillart,  juge  actuel.  Priiigué  Du- 
fourgeray  ,  homme  de  loi  à  Ploermel.  Moreau  y 
juge  actuel.  - 

Commissaire.  Dumay  Moriais  ,  commissaire/ 
aciuel  près  la  police  correctionnelle. 

Greffier.  Dupariail ,  greffier  aciuel  prés  la  police 
correctionnelle. 

Ordonne   en   conséquence   qu'ils    se   rendront, 
de  suite  à  leur  poste,  pour  y  remplir  les  fonc- 
tions qui  leur  sont  attribuées  pai*  la  loi. 
i  Le  premier  consul ,  signé.   Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  ,  , 

Le  secrétaire-d'étal ,  signée  H.  B.  Maret.'   d 


MINISTERE  DE  L'INTÉRIEUR. 
Le  ministre  ayant  ordonné  ,  dès  le  mois  de  flo- 
réal dernier  ,    le  paiement    des   indemnités  dues 
pour  les  six    derniers    mois    de   l'an  7  ,  et  les  six 
I  premieis  mois  de  l'an  8,  aux  élevés   externes  de 
l'école  riaiionale  de  Liancourt  .maintenant  à  Com- 
piegne  ,  ceux  de  ces  élevés  ou  les  parens  qui  Itfj' 
I  représentent  et  qui  u  ont   pas  encore  retiré    leur 
I  avis  de  paiement ,  sont  invités  à   se    présenter  , 
!  dans  le  plus  court  délai ,  au  bureau  central  de  la 


t3o4 


comptabilité  du  ministère  ,  rue  Grenelle  ,  maison 
Coniy  ,  pour  recevoir  leur  lettre  d'avis  et  en  lou- 
cher le  montant  au  trésor  public, 

—Le  secrétaire-général  du  ministère  del'intérieur 
prévient  ses  concitoyens  qu'à  dater  du  i  Iruc- 
tidor  prochain,  il  ne  recevra  que  les  lettres  qui 
seront  affranchies. 

PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Le  préfet  de  police  ,  instruit  des  inquiétudes 
que  la  Mongolfiere  du  cit.  Garnerin  avait  fait 
concevoir  au  public  ,1e  l5  du  courant,  l'amande 
dans  la  matinée  du  16,  et  lui  a  f<iit  défense  de  se 
servir  dorénavant  de  pareils  procédés  pour  ses 
asceniians  aërostatiques.  Il  a  intimé  le  même 
ordre  à  tous  les  entrepreneurs  des  fêtes.        ., 

—  Le  préfet  de  police  réitère  les  défenses  failes 
aux  cabaretiers  et  limonadiers  de  donner  à  boire 
aux  miliiaires  qui  sortent  de  leurs  cazernes  et  se 
répandent  dans  Paris  après  la  retraite  battue.  Il 
les  rend  personnellement  responsables  des  délits 
qui  résulteraient  de  leur  inexactitude  à  se  con- 
former à  cette  défense. 


La  citoyenne  Roussel  ,  demeurant  rue  du 
Grand-Chaniier,  n°  2  ,  a  remis  au  concierge  de 
la  maison  d'arrêt  des  Madeloneltes  ,  une  somme 
de  6  francs  pour  les  femmes  les  plus  indigentes 
détenues  en  cette  maison. 

Cette  somme  a  été  distribuée  ,  suivant  l'inten- 
tion de  la  citoyenne  Roussel  ,  à  dix  prisonnières 
les  plus  nécessiteuses. 


Rapport  fait  à  la  classe  des  sciences  mathématiques 

et  ph)'siques  ,  dans   sa  séance  du  6  messidor  an  8  , 

,  par  la  commission  chargée  de  répéter  les  expériences 

de  M.  Achard,  sur   le  sucre  contenu   dans    la 

betterave,  (i) 

Parmi  les  difFérens  produits  que  l'homme  s'est 
appliqué  à  extraire  des  végétaux  ,  le  sucre  est  un 
de  ceux  dont  l'usage  est  le  plus  étendu. 

Sa  saveur  douce  et  agréable  ,  la  propriété  dont 
il  jouit  de  servir  de  condiment  à  plusieurs  de 
nos  alimens  ,  de  nos  boissons  ,  et  même  de  nos 
ôiédicamens,  l'ont  fait  placer  ,  à  juste  titre  ,  au 
nombre  de  ces  substances  dont  il  serait  d'autant 
plus  difficile  de  se  passer  ,  qu'elles  sont  devenues 
des  objets  de  première  nécessité. 

Considéré  sous  le  rapport  du  commerce  ,  le 
sucre  est  aussi ,  pour  la  France  ,  une  de  ces 
denrées  qui  offrent  beaucoup  de  chances  aux 
spéculateurs  ,  et  leur  assurent  un  bénéftce  cer- 
tain ,  lorsqu'ils  sont  favorisés  par  les  circons- 
tances. 

Dans  des  tems  ordinaires  .  c'est-à-dire  ,  lorsque 
les  opérations  commerciales  ne  soiit  sujettes  a 
aucun  inconvénient  ,  tout  le  sucre  qui  se  fabrique 
annuellement  est  bientôt  débité;  et  quoique  la 
consommation  qui  s'en  fait  alors  soit  très-consi- 
dérable ,  On  observe  que  son  prix  se  soutient 
toujours  à  un  taux' modéré. 

Cet  effet  qui  est  le  produit  de  la  coiicurrence  , 
tourne  au  profit  du  vendeur  et  de  l'acheteur  , 
puisque  le  flremier  peut  se  défaire~de  son  sucre 
à  mesure  qu'il  arrive  dans  ses  magasins  ,  et  que 
k  second  peut  aussi  se  procurer  a  volonté  ,  et 
sans  beaucoup  de  dépenses  ,  toute  la  quantité  de 
cette  denrée  dont  il  a  besoin. 

En  tems  de  guerre  les  choses  se  passent  bien 
autrement.  Les  risques  du  transport  ,^  les  diffi- 
cultés quon  éprouve  pour  faire  des  échanges  , 
et  plus  encore  les  accaparemens  considérables 
que  souvent  on  se  permet,  sont  autant  de  causes 
qui  contribuent  à  augmenter  le  prix  du  sucre, 
et  le  mettent  bientôt  au-dessus  des  moyens  pé- 
cuniaires de  la  plus  grande  partie  des  consom- 
mateurs. 

C'est  à  ces  causes  aussi  que  nous  devons  depuis 
'     dix  ans  les  hausses  progressives  du  prix  du  sucre , 
prix  qui ,  à  certaines  époques  de  la  révolution  ,  a 
été  si  considérable  que  les  personnes  riches  pou- 
vaient seules  le  payer. 

Les  moyens  de  parer  à  de  semblables  inconvé- 
niens  n'étaient  pas  faciles  à  trouver  ;  mais  ,  ayant 
d'assurer  qu'ils  n'existaient  pas  ,  on  crut  devoir  se 
livrer  à  quelques  recherches. 

D'après  l'opinion  reçue  que  la  canne  à  sucre 
était  la  plante  qui  fournissait  le  plus  de  sucre,  011 
imagina  qu'en  la  naturalisant  en  France  on  en 
obtiendrait  assez  de  produit  pour  subvenir  aux 
besoins  de  la  consommation  (2). 


En  raisonnant  ainsi,  on  entrevoyait  deux  grands 
avantages  :  celui  de  n.èue  plus  tributaire  de 
l'étranger  ,  et  celui  sur-iout  de  pouvoir  en  tout 
tems  et  sans  risques  se  piocurer  du  sucre  qui  ne 
devait  pas  être  sujet  aux  mêmes  variations  dans 
le  prix,  que  celles  qu'il  éprouve  si  souvent. 

Dans  le  nombre  de  ceux  qui  le  plus  récem- 
ment se  sont  occupés  de  cultiver  la  canne  en 
France  ,  nous  citerons  le  citoyen  Bermond. 

C'est  à  la  nouvelle  Tempée  ,  près  de  Nice  , 
département  des  Alpes-Maritimes  ,que  ce  citoyen 
fil  choix  d'un  terrain  pour  ses  plantations. 

La  température  du  climat  de  ce  dépariemeiit , 
un  des  plus  méridionaux  de  la  France  ,  semblait 
devoir  être  très-favorable  au  succès  de  ses  expé- 
riences. En  effet,  la  canne  acquit  une  haui^eur  1 
et  une  grosseur  analogues  à  celles  de  la  même 
plante  cultivée  en  Amérique  ;  mais  lorsquil  liit  i 
question  d'en  retirer  du  sucre  ,  on  ne  piit  obtenir 
que  du  mucoso-sucré,  c'est-à-dire  un  sirop  non 
cristallisable. 

Le  travail  fait  à  ce  sujet  a  été  présenté  à  la 
classe  parieciioyen  Gels;.  Le  mémoire  dans  le- 
quel il  est  consigné  contient  en  outre  des  détails 
très-intéressans,  tant  sur  la  culture  de  la  canne 
en  général-,  que  sur  les  sigries  auxquels  on  re- 
connaît Sôii  état  de  maturité. 

Ce  n'est .  dit  notre  collègue  ,  que  lorsque  la 
canne  est  complettement  mûre  ,  qu'on  peut  assurer 
qu'elle  fournira  de  bon  sucre  -,  mais  pour  que  sa 
maturité  ait  lieu  ,  il  ne  suffit  pas  que  le  terrain 
soit  bon  ,  il  faut  encore  le  concours  d'une  cha- 
leur long-tems  continuée  ,  et  de  beaucoup  d  hu- 
midité. Or  sur  le  sol  le  plus  favorable  de  la  repu- 
blique on  ne  peut  pas  se  flauer  de  reuiiir  ces 
deux  avantages.  L  hiver,  plus  ou  moins  prolonge  , 
suspend  pour  un  tems  la  végétation;  et  s  il  est 
certain  que  dans  les  climats  les  plus  chauds  on  ne 
peut  avoir  les  cannes  mûres  au  plutôt  avant  un  an, 
il  est  aisé  d'en  conclure  qui)  ne  faut  pas  songer  a 
cultiver  la  canne  à  sucre  en  France. 

Les  tentatives  du  citoyen  Bermond  ,  comparées 
à  d'autres  du  même  genre  faites  à  diHérentes 
époques,  et  toujours  infructueusement,  durent 
faire  renoncer  aux  espérances  qu'en  avait  ctjn- 
çues  :  aussi,  ne  paraît-il  pas  que  depuis  on  s  en 
soit  occupé. 

Il  en  fikt  à-peu-près  de  même  de  l'érable  à 
iucie  acer  saccharinum  de  Linnée. 

Cet  arbre  ,  qui  croît  facilement  dans  les  Etats- 
Unis  de  l'Amérique  ,  et  qui  y  donne  annuel- 
lement une  certaine  quantité  d'un  fluide  sucre 
dont  on  peut  retirer  du  sucre  cristallisé  ,  partit 
d'abord  offrir  la  ressource  qu'on  cherchait  depuis  , 
si   long-tems. 

En  effet,  il  semblait  qu'il  suffisait  de  multiplier 
l'érable  en  France  pour  n'avoir  plus  qu  à  recueillir 
le  fluide  qu'on  présumait  qu'il  devait  fournir 
chaque  année.  Cependant  ,  en  y  réfléchissant  , 
on  ne  tarda  pas  à  «e  convaincre  qu'en  admet- 
tant même  les  circonstances  les  plus  favorables, 
le  sucre  de  cet  arbre  serait  toujours  plus  cher 
qu8    celui   de   la  canne. 

Restait  à  examiner  d'autres  végétaux  dont  la 
saveur  semblait  annoncer  la  présence  du  sucre. 

Le  navet ,  la  cai'otte  ,  la  châtaigne  ,  le  panais, 
les  tiges  de  maïs,  et  beaucoup  d'autres  ,  furent 
successivement  soumis  à  l'expérience  ;  mais  , 
malgré  les  assertions  des  enthousiastes  ,  tl  fut 
prouvé  que  tous  ces  végétaux  ne  pouvaient  pas 
suppléer  la  canne  ,  et  que  les  tentaûves  qu'on 
ferait  pour  extraire  le  sucre  qu'on  présumait 
qu'ils  devaient  contenhr ,  seraient  sans  succès. 

Tel  était  l'état  des  choses  lorsque  M.  Achard, 
chimiste  de  Berlin  ,  annonça  qu'il  avait  trouvé 
des  procédés  au  moyen  desquels  il  pouvait  retirer 
de  la  betterave  blanche  une  quantité  de  sucre 
assez  considérable  pour  que  ,  en  calculant  tous 
les  frais  ,  ce  sucre  ne  revînt  pas  à  plus  de  28 
à  3o centimes  la  livre  , poids  de  marc  (i). 

Déjà  Margraf ,  aussi  chimiste  de  Berlin  ,  avait 
fait  connaître  ,  il  y  a  plus  de  quarante  ans  ,  la 
possibilité  d'extraire  un  véritable  sucre  de  cette 
racine  ;  mais  ,  comme  la  quantité  du  produit  qu'il 
avait  obtenu,  malgré  l'exactitude  de  ses  procédés, 
ne  lui  avait  pas  semblé  assez  considérable  pour 
qu'on  pût  en  tirer  un  parti  avantageux  ,  il  s'était 
contenté  de  présenter  l'extraction  du  sucre  de  la 
betterave ,  comme  une  simple  découverte  qui 
ajoutait  un  produit  nouveau  à  ceux  de  l'analyse 


végétale  ,  et  il  en  avait  conclu  que  le  sucre  n  ap- 
partenait pas  exclusivement  à  la  canne,  puisqull 
existait  encore  dans  d'autres  végétaux. 

Si  Margraf,  d'après  ce  qui  vient  d'être  dit ,  doit 
être  regardé  comme  l'auteur  de  la  découverte  du 
sucre  dans  la  betterave  ,  il  faut  convenir  aussi 
que  ,  toute  précieuse  que  fut  cette  même  décou- 
verte ,  elle  était  bien  éloignée  d'avoir  ce  degré 
d'importance  que  M.  Achard  lui  a  donné  ,  en 
annonçant  qu'à  l'aide  de  ses  procédés  ,  on  pouvait 
retirer  de  la  racine  dont  il  s'agit  une  quantité  de 
sucre  qui ,  dans  bien  des  cas ,  pourrait  remplacer 
celui  de  la  canne. 


Malgré  la  réputation  dont  jouit  M.  Achard, 
l'impression  que  fit  la  première  annonce  de  se» 
procédés  ,  ne  fut  pas  aussi  favorable  qu'on  pou- 
vait s  y  attendre.  Sans  positivenfént  prétendre  que 
les  faits  qu'il  avait  exposés  n'étaient  pas  exacts  , 
on  se  peimil  délever  des  doutes  ,  on  proposa 
des  objections  ;  enfin  ,  on  resta  dans  une  sorte 
d'indécision  qui  semblait  faire  entendre  que  les 
expériences  de  ce  chimiste  ,  avant  d'être  regardées 
comme  concluantes  ,  devaient  être  vérifiées. 

Instruit  sans  doute  de  cette  incertitude  ,  M. 
Achard  crut  devoir  la  faite  cesser  en  s'appuyant 
de  l'autorité  de  plusieurs  personnes  dignes  de 
foi  ,  en  présence  desquelles  il  avait  iravaillé  ; 
ensuite  ,  pour  ne  rien  laisser  à  désirer  ,  il  publia , 
en  allemand  ,  un  mémoire  dans  lequel  il  fit  con- 
naître ses-  procédés  avec  assez  de  détails  pour 
qu'on  pût  les  répéter  à  volonté. 

Tous  les  ouvrages  périodiques  s'empressèrent 
d'annoncer  ce  mémoire,  et  le  piésenieientMpus 
des  rapports  si  favorables  ,  que  bientôt  1  opinion 
générale  fut  fixée,  et  quon  ne  douia  plus  de 
l'utilité  dont  pouvait  être  la  découverte  de  M. 
Achard.  .         , 

Cependant,  il  restait  une  grande  question  a 
décider.  Il  s'agissait  de  savoir  si  les  betteraves, 
en  France,  étaient  aussi  riches  en  sucre  que  celles 
qui  croissent  à  Berlin. 

En  effet  ,  il  était  facile  de  concevoir  que  ,  dans 
le  cas  où  le  contraire  aurait  été  prouvé  ,  le  mériie 
de  la  découverte  de  M.  Achard  se  trouvait  plus 
resserré,  que  l'espèce  d  enthousiasme  avec  lequel 
elle  avait  été  accueillie  en  France  devait  cesser , 
et  que  ,  par  la  même  raison  ,  toutes  les  spécu- 
lations auxquelles  elle  avait  pu  donner  lieu, 
devaient  nécessairement  produire  de  mauvais 
résultats. 

C'est  pour  acquérir  à  cet  égard  des  rensei- 
gnemens  suffisant  ,  que  la  classe ,  d'après  la 
propositon  d'un  de  ses  membres,  crut  devoir 
charger  une  commission  de  s'occuper  spé<:ia- 
lement  des  expériences  relatives  à  l'extraction 
du  sucre  contenu  dans  la  betterave. 

La  commission  s'est  empressée  de  satisfaire 
au  vœu  de  la  classe  ;  et  si  elle  n'a  pas  présénlé 
plutôt  le  résultat  de  son  travail  ,  c'est  qu'elle  a 
voulu  répéter  plusieurs  fois  ses  expériences,  les 
varier  ,  et  n'omettre  aucun  des  moyens  qui  lui 
ont  paru  convenables  pour  dissiper  les  doutes 
et   connaître  la  vérité. 

Afin  de  mettre.de,  l'ordrg  dans  l'exposé  de 
ses  expériences ,  la  commission  a  divisé  ce  rap-' 
port  en  trois  parties. 

La  première  contiendra  le  détail  des  tenta- 
tives qui\ont  été  failes  pour  constater  la  quaiitité 
exacte  de  sucre  contenue  dans  la  betterave  cultivée 
en  France. 

Dans  la  seconde  on  traitera  du  procédé  de  M. 
Achard. 

La  troisième  offrira  l'exposé  des  essais  faits  pour 
perfectionner  ce  procédé. 

/  La  suite  demain.  ) 

COURS     DU    CHANGE. 
Bourse  du  i3  thermidor.  —  Cours  des  effets  publics. 
3o  jours.      à  60  Jour, 


(1)  Les  commissaires  chargés  de  faire  ce  rap- 
port ,  sont  les  citoyens  Cels  ,  Chaptal  ,.  Darcet  , 
Fourcroy  ,  Guyton  ,  Parmentier ,  Tessier  ,  Vau- 
quelin  et  Deyeux. 

(ï)  On  ignore  l'époque  précise  de  la  première 
culture    des  cannes    à    sucre   en  France  ;   mais 


«4  il  paraît'-que  vers  le  quinzième  siècle  cette 
))  sorte  de  i:ulture  devint  une  espèce  d'engoue- 
)>  ment  général.  Beaujeu  ,  qui  écrivait  en  i55l  , 
>i  dit  que  les  provençaux  en  cultivaient  depuis 
»>  deux  ans  ,' qu'elles  avaient  poussé  assez  bien; 
)i  mais  qu'on  n'avait  pas  pu  prononcer  sur  la 
ji  qualité  du  sucre  qu'elles  donnaient.  )'  ("  His- 
foire  de  laiiie privée  des  Français ,  pat  le  citoyen 
Legrand-d'Aussy.  ) 

(  I  )  Voyez  Annales  de  chimie  ,  0°  96  ,  p.  168. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif. 

Cadix. 

Effectif 

Gênés  effectif 

Livourne 


Bâle.'. 


56| 

188 

5  tr.  10  c 
i4fr.5o  c 

5  fr.  toc 
14  fr.  Soc 

4fr.35c 

4  fr.  98  c 


187 


Effets   publics. 

Rente  provisoire s3  fr.  38  c. 

Tiers  consolidé 35   fr.  63  c. 

Bons  deux  tiers •    fr.  Sg  c. 

Bons  d'arréragé 83  fr.  75  c. 

Bons  pour  l'an  8 §4  fr.  76  c. 

Syndicat 64  fr.  5o  c. 

Coupures 65  fr.  a5  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


A  Paris,   de  l'imprimerie  du  cit.  Agasje  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^V^"  324. 


Qjiariidt  ,  24  thermidor  an  8  de  la  république  françme  ,  une  et  indivinble. 


Nous  sommes  autoiisés  à  prévenir  nos  sousciipteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   M  O  NIT  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 

Il  condetic  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées .  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  si. 


l'iutévieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes 


sUes. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  /e  1  7  thermidor  ,  (  5  août.  ) 

\Jn  a  appris  par  un  bâtiment  américain  ,  nom- 
mé U  Junon  ,  venant  de  Norfolk,  et  allant  à 
Rotterdam  ,  chaigé  de  tabac  ,  que  la  Minerve , 
corsaire  frarîçais  ,  s'éljit  emparée  de  quatre  na- 
vires anglais. 

Le  départ  d'un  convoi  prêt  à  faire  voile  de 
Leiih  pour  Elseneur ,  a  été  suspendu  par  ordre 
des  lords  de   l'amiraulé. 

Il  a  été  transporte  ces  jours  derniers  à  la  banque, 
sur  trois  chariots  ,  un,  million  sterling  en  dollars  , 
venus  de  la  Jamaïque  par  te  Brunswick  ,  pour  le 
service  du  conimeice. 

Les  poursuites  formées  contre  les  agioteurs  , 
accapareurs  ,  monopoleurs  .  revendeurs  ,  re- 
gratners ,  eic.  vont  mettre  au  jour  de  grandes 
iniquilés.  Il  a  été  souscrit  des  fonds  dans  beau- 
coup de  coiptés  du  royaume  pour  subvenir  aux 
frais  de  ces  poursuites.  Ce  sont  des  fonds  bien 
placés  .  par  les  avantages  qui  en  résulteroBt  pour 
la  chose  publique. 

La  pêche  du  hareng  a  commencé  dans  le  golfe 
deForih,  et  |>iomct  dette  très-abondante.  Il  a 
déjà  p.iiu  de  très-beaux  harengs  fiais  dans  les 
marchés  d Edimbourg, 

Qjjelques  jours  avant  l'arrivée  du  lord  Thurlow 
à  Madras  ,  il  a  été  découvert  parmi  I  équipage  de 
ce  navire  une  conspiration  pour  enlever  le  bâ- 
timent et  l'amener  à  1  Lie  de  France.  Elle  devait 
éclater  la  nuit  suivante.  Trois  des  principaux  con- 
jurés ,  entr'autrcs  celui  convenu  pour  remplacer 
le  capitaine  ,    ont  été  arrêtés  et  mis  aux  fers.      — 

Il  a  été  harponné  dans  la  baie  de  Sainte-Hélène 
le  l"^  mai  ,  une  baleine  d'une  grandeur  consi- 
dérable ,  et  ce  n'a  été  qu'avec  beaucoup  de  peine 
qu'on  est  parvenu  à  la  faire  atiértr;  dépecée  , 
elle  a  produit  3si  barils  d'huile.  On  rencontre 
fréquemment  de  ces  baleines  dans  la  latitude  de 
S'ainle-Hélene. 

Deux  particuliers  ont  été  cpndamné»  par  le 
magistrat  de  Louth  à  une  amende  de  20  scbell.  , 
pour  avoir  attelé  un  dimanche. 

Il  existe  dans  le  Lincoln-shire  une  Elisabeth 
Alison  ,  âgée  de  117  ans ,  jouissant  de  la  meilleure 
santé  et  de  l'usaje  de  toutes  ses  facultés.  Sur  la 
demande  qui  lui  a  été  faite  .  si  elle  se  rappelait 
avoir  vu  les  déniées  au.ssi  chnres  qu  elles  le  soiit 
aujourd'hui  ,  elle  a  répondu  que  la  même  cherté 
avait  eu  lieu  il  y  avait  environ  90  ans. 

Des  lettres  de  Botany-Bay  portent  que  cette 
colonie  sera  bientôt  en  état  de  se  passer  des 
secours  de  la  mere-patrie.  Un  taureau  et  quatre 
vaches  lâchées  ,  il  y  a  huit  ans  ,  dans  l'intérieur 
du  pays  ,  ont  produit   17.1  (êtes  de   bétail. 

La  répugnance  qu'ont  plusieurs  personnes  à 
faire  donner  la  vaccine  à  leurs  enlans  ,  paraît 
provenir  de  la  crainte  qu'elles  ont  que  leur  pro- 
géniture ne  soit  métamorphosée  en  veaux. 

Une  grande  pratique  du  cow-pock  a  mis  en  état 
le  docteur  Thornlon  de  présenter  au  public  un 
tableau  comparatif  de  la  vaccine  avec  U  petite 
vérole.  (Nous  donnerons  demain  ce  tableau.) 

Une  cause  d'un  intérêt  majeur  a  éié  plaidée 
le  Qgjuillet  '  lothermidor)  à  Worcester.  Un  nommé 
Waddington  était  accusé  de  monopole.  Les  dé- 
bats ont  duré  douze  heures.  Le  jury  avait  à  pro- 
noncer sur  neuf  chefs  d'accusation  .  réduits  à  ces 
deux  principes  :  1°.  que  Samuel  Ferrand  Wad- 
dington ,  négociant,  avait,  dans  le  marché  du 
ig  mars  dernier,  à  Worcester,  travaillé  mécham- 
ment à  faire  hausser  le  prix  du  houblon  ,  répan- 
dant à  cet  effet  des  bruits  alarmans  ,  en  présence 
de  divers  planteurs  et  marchands  de  houblon  ; 
publiant  que  cette  plante  était  presqu'épuisée  , 
qu  il  y  aurait  bientôt  disette  ,  et  qu'ayant  que  le 
houblon  de  cette  année  pût  être  apportée  au 
marché  ,  celui  de  l'année  précédente  uMiiquerait 
loiaicment  ;  son  intention  étant  d  em^  êv:h';r  les 
petsonnes  présentes  ,  qui  étaient  des  marchands 
i\i  houblon  ,  et  qui  en  avaient  une  ^'tande  quan- 
tité à  vendre  ,  d  en  amener  ou  en  envoyer  nux 
ti>4iché3  ou  dans  les  foires  ,  el  de  les  clétcimintr 
k  ne  pas  en  vendre  de  iong-tcms  ;  moyens  ■  ûrs 
p»»!!!  faire  hausser  cousidétablcment  le  prix  de 
c;ltc  dtnice. 


Le  second  chef  était  ,  qu'en  accaparant  lui- 
même  une  grande  quantité  de  houblon  ,  pour  le 
revendre  ,  avec  un  bénéfice  énorme  ,  il  s'était 
efibrcé  de   mettre  la  hausse  dans  cirite  partie. 

M.  Plomer ,  parlant  contre  l'accusé,  a  dît 
que  cette  cause  fixait  les  regards  de.  toute  la 
nation  ,  qui  en  attendait  les  résultats  avec  in- 
quiétude; qu  il  s'agissait  d'un  délit  des  plus 
graves  ;  que  M.  Waddington  n'avait  jamais  été 
vu  à  'Woicester  avant  lé  39  du  mois  de  mars 
dernier;  qu'on  pouvait  juger  du  dessein  qui  ly 
avait  conduit,  et  par  ses  actions  et  par  ses  dis- 
cours ;  tju'il  était  prouvé  qa  il  était  alois  pos- 
sesseur d'une  grande  quantité  de  houblon  qu'il 
avait  acheté  dans  différeiis  marchés;  que  son  in- 
tention avait  été  de  persuader  aux  planteurs  de 
retirer  leur  houblon  du  marché  ,  pgur  en  faire 
hausser  le  prix  ;  qu'il  avait  communiqué  cette 
intention  à  M.M  "ifarringlon  et  Plnllips  ,  mar- 
chands de  houblon  à  Worcester  ,  qui  étaient 
ses  agens  ;  qu  il  les  avait  avertis  amicalement  de 
faire  leurs  achats  avant  qu'il  eût  paru  dans  le 
marché;  ((u'aprés  avoir  invité  publiquement  tous 
les  planteurs  de  houblon  à  un  dîner  où  ils  se 
trouvèrent  au  nombre  de  97.  convives,  il  leur 
recommanda  publiquement  de  ne  point  vendre 
leur  houblon  au  bas  prix' du  marché,  et  leur 
représenta  qu'^n  le  gardant  pendant  quelque 
leras  ,  ils  en  tireraient  plus  d'argent  ;  que  si  les 
houblons  nétaient  que  de  10  à  12  1.  st.  ,  ils  ne 
devaient  en  accuser  qu'eux-mêmes  ,  et  qu'ils 
pouvaient  aisément  le  faire  monter  à  20  I.  ;  que 
la  denrée  étant  presque  épuisée  ,  les  brasseurs  i 
seraient  bientôt  à  leurs  genoux  ;  qu'au  reste  ,  | 
s'ils  avaient  quelques  craintes,  et  qu  ils  voulussent 
vendre,  il  se  présentait  à  eux  pour  acheter;  qu'il  ! 
était  déterminé  à  faire  une  hausse,  etc.  I 

Une  autre  circonstance  à  (remarquer,  dit  I\I.  j 
Piomcr  ,  c'est  que  M.  Wa  Jdin;ïion  assura  aux  1 
planteurs  que  cette  baisse  était  l'efl'ct  d'une  pro- 
cédure intentée  contre  lui  :  il  eut  la  hardiesse  de 
"déclarer  que  cette  affaire  allait  finir,  et  que  la 
hausse  ne  tarderait  pas  à  se  (iiire  sentir.  Il  voulait 
par  là  encourager  les  planletâts  à  coopérer  à 
l'exécution  de  son   prrjet. 

M.  Plomer  suit  M.  Waddington  à  Hop-Dale- 
inn  (i)  ,  oti  ,  en  conséquence  de  son  invitation  , 
97  planteurs  s'étaient  réunis  pourdioer;  un  papier 
avait  été  rais  sur  la  porte  ,  en  dehors  ,  pour  avertir 
qu'il  n'y  avait  que  les  planteurs  qui  fussent  admis.  I 
Après  le  dîner,  M.  Waddington  porta  le  toast 
suivant  :  le  houblon  à  20  /.  st.  le  ctut.  Ce  toast  fut 
accueilli  avec  transport.  M.  Waddingio-n  annonça 
que  son  iniendon  était  de  revenir  à  Worcester  , 
dans  trois  semaines.  Il  tint  parole  :  car  il  revint 
le  19  avril  ,  à  la  grande  satisfaction  des  planteurs , 
qui  le  regardaient  comme  leur  meilleur  ami  el 
leur  prolecteur.         ^ 

M.  Plomer  conclut  en  disant  que  ,  si-  les  faits 
qu  il  vient  de  dénoncer  sont  vrais  ,'et  que  l'accusé 
soit  reconnu  coupable  ,  il  est  dans  le  cas  de  ceux 
que  les  lois  anglaises  flétrissent  comme  oppresseur 
des  pauvies  et  ennemi  public  de  toute  la  com- 
munauté et  de  la  patrie.  (Paiiperum  depressor  ,  et 
tviius  cDmmunitatis  et  patrie  pubitcus  inimtcus.  } 

Les  témoins  entendus  ,  pour  et  contre  ,  le  jury 
a  déclaré  que  l'accusé  était  coupable.  (Times  ,  du 
4  août.) 


Prises  et   nouvelles  de  mer. 

Le  lougrc  anglais  te  Ttey.  capitaine  Beelhletî , 
pris  sur  son  lest  ,  à  deux  lieues  nord  de  l'île 
d'Origny,  par  le  capitaine  Lefori  est  entré  à 
Cherbourg  le  même  jour. 

On  mande  de  Cherbourg  que  les  sept  bâtimens 
chargés  de  bois  de  consiruciian  ,  de  mâture  et 
de  giémens  ,  soriis  du  Havre  depuis  long-tems, 
relâchés  à  Barfleur ,  viennent  enfin  de  tromper 
la  surveillance  des  anglais  ,  el  qu'ils  sont  heu- 
reusement entrés  à  Ghei bourg  ,  le  ti  thermidor. 

Le  chasse-marée  te  Laborieux  ,  se  rendant  de 
Nantes  à  Boideaux,  avec  une  cargaison  de  farine 
et  froment ,  a  été  attaqué  par  un  culter  et  plu- 
sieurs chaloupes  anglaises.  Elles  lui  ont  enlevé 
partie  de  son  chargement,  une  grande  quantité 
d'effets,  et  lui  ont  causé  un  dommage  considérable. 
Buitetin  du  Havre. 


I     N     T     E     R     I     E     U 

Pontchdteau  ,  1 2  thermidor. 
Citoyen, 


R. 


Aujourd'hui  ,  sur  les  deux  heures  après-midi  , 
la  moitié  de  notre  halle  est  crouice  ,  et  n'a  heu- 
reusement blessé  personne.  Si  cet  événement  fût 
arrivé  un  jour  de  marché  ,  beaucoup  de  monde 
et  de  bestiaux  auraient  éiéi  écrasés  ;  et  sans  un 
corps-de-garde  ,  construit  dessous  depuis  un  an  , 
tout  cet  édifice  serait  anéanti.  On  attribue  la  Cause 
à  la  grande  sécheresse  et  à  une  surcharge  deplan- 
ches  ,  car  cette  halle  paraissait  neyve. 

Il  y  a  huit  jours  ,  nous  avons  encore  eu  ,  dans 
nos  parages  ,  un  autre  événement,  et  plus  mal- 
heureux :  les  habitans  du  bourg  de  Quilli,  proche 
Cambon,  étaient  allés  en  pèlerinage  a  Sainte-Anne 
d'Aurai  ;  le  feu  a  pris  chez  un  d'eux  à  7  heures 
(lu  soir  ,  et  n'a  pu  êite  éteint  que  le  lendemain 
lauie  de  secours.  Sept  à  huit  maisons  oht  été 
consumées. 

{Feuille  Nantaise,  i5  thermidor.) 


I  Paris  ,  le  23  thermidor. 

La  gazette  de  la  cour  de  Vienne  .  du  4  ther- 
midor ,  contenait  le  programme  des  questions 
proposées  par  l'institut  national  de  France  aux 
savans  de  tous  les  pays.  Les  propositions,  les 
années,  mois  et-ptjids  républicains  éiaient  an- 
noncés en   allemand   et  en   fiançais. 

—  Le  Mercure  universel  de  Ratisbonne  contient 
Une  lettre  de  l'ancien  évêque  de  Luçon  qui 
désavoue  un  mandement  qui  avait  éîé  lepandu 
dans  la  Vendée  ,  et   qui  lui   avait   été  attribué. 

-'-  La  Gazette  de  France  annonce  ,  sous  la  date 
de  Vienne  et  sous  celle  de  Francfort,  que  lel 
états  du  Tyrol  ont  rejeté  la  proposition  d'une 
levée  ert  masse  qui  ieur  avait  été  faite  avant  la 
conclusion  de  l'armistice. 

—  La  même  gazette  nous  apprend  que,  tandis 
que  nous  somrnes  exposés  ici  à  toute  l'ardeur 
d'une  zone  torride  ,  on  éprouve  en  Allema>Tne 
le  fioid  de  l'hiver.  Il  a  fait  à  Neuss  ,  près  D^us- 
seldorff ,  dans  la  nuit  ei  la  matinée  du  «4  au  s5 
messidor,  une  gelée  si  forte  que  le  sarrasin  es» 
entièrement  perdu  ,  et- que  les  feuHIcs  des  pom- 
nies-de-terrc  ont  été  grillées  ,  comme  cela  anive 
aux  plantes  qui  sont  sur  terre  ,  par  les  grands 
froids. 

—  On  annonce  l'arrivée  à  Paris  du  compositeur 
Stebeldt  ,  auteur  de  l'opéra  de  Roméo  et  Juliette: 
Il  sera  suiVi  sous  peu  ,  dit-on  ,  par  un  autre 
compositeur  non  moins  recoramandable  M. 
Haydn. 

—  Le  Journal  du  Commerce  annonce  que ,  le 
16  theinïidor  à  deux  heures  après-midi  ,  le 
thertftoraerre  de  Réauraur  a  monté  à  Bordeaux 
à  3i  degrés  ,  un  degré  de  plus  que  celui  de  la 
chaleur  du  Sénégal.  Le  17  ,  il  a  passé  î8  degrés. 
On  attribue  à  l'extrême  chaleur  la  venue  d  une 
troupe  dlbis  ,  oiseau  qui  ne  se  nourrit  que  d'in- 
sectes venimeux,  sur-tout  de  serpens  ,  et  n'ba- 
bi'e  qu'en  Egypte.  Les  citoyens  du  canton  de 
Libourne  en  ont  lué  plusieurs.  On  en  a  pris  un 
vivant  dans  le  clocher  de  l'église  de  Montaigne 

à  quatre  lieues   de  Libourne.  ' 

Des  cultivateurs  des  environs  d'Orléans  disent 
que,-  dans  la  journée  du  16 ,  ils  ont  observé 
dans  leurs  champs  une  masse  de  feu  de  forme 
pyramidale,  dont  la  base  3  brûlé  quelques  car- 
reaux de  choux  et  divers  herbages. 


(1)  Auberge  de  Worcester. 


MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

Le  ministre  de  ta  justice  ,  nux  commissaires  du 
gouvernement  près  les  tribunaux  d'appel  et  dt 
première  instance.  —  Paris.,  le  18  thermidor 
an  8  de  la  republique. 

U.M  des  principaux  objets  ,  citoyens  ,  de  la 
sollicitude  des  consuls  ,  est  le  maintien  et  la 
conservation  des  droits  et  des  propriétés  des 
braves  militaires  qui  exposent  leur  vie  avec  tant 
de  succès  et  tant  de  gloire  pour  la  défense  de 
la  pairie.  La  loi  du  6  brumaire  an  5  ,  ac<iuiita 
à  leur  égard  une  partie  de  la  recounaissauce 
nationale  ,  en  ordonnant  ,  article  i"^"^  ,  k  que 
i>  les  tribunaux  civils  de  département  nomme- 
î)  raient,  dans  les  cinq  jours  de  la  réception 
>i  trois  citoyens  probes  et  éclairés,  qui  foime- 
)»  raient  un  conseil  officieux,  ohargé  de  con» 
5j  suller  et  de  défendre  gratuiieme'nt  ,  sur  la 
î>  demande  des  fondés  de  pouyoir  ,  les  affaires 
»  des   défenseurs  de    la  patrie  ,    ce   des  autres 


i3o6 


5»  citoyens  absens  pour  le  service  des  armées 
■Il  lie  lerre  et  île  mer.  >;  Les  tribunaux  civils  de 
département  ont  ëlé  supprimés  :  mais  l'obligalion 
qui  leur  était  imposée,  subsiste  encore  ;  elle  passe 
aux  tribunaux  qui  les  ont  remplacés.  Ch.icun 
d'eux,  soit  de  première  instance,  soit  d'appel, 
doit  se  hâter  de  former  le  conseil  oflicicux  pres- 
crit par  la  loi  du  6  brumaire  an  5.  Je  suis  con- 
vaincu qu'il  ne  sera  pas  un  avoué  qui  ne  brigue 
avec  instance  cette  honorable  mission.  Je  vous 
tharge  de  provoquer  ie  rétablissement  de  ce 
conseil  dans  le  plus  court  délai. 

Vous  voudrez  bien  me  certifier  incessamment 
de  vos  diligences. 

Salut  et  fraternité  ,  Abrial. 


j\'a?nar,   le  5   thermidor    an   8    de    la     république 
française ,   une  et   indivisihlt. 

Le  préfet  du  département  de  Sambre  et  Meuse, 
déclare  que  la  chaire  de  professeur  de  lé;;islation 
près  l'école  centrale  du  ilépaitemtni  de  Sambre 
«t  Meuse  est  vacante  ;  invite  en  conséquence  les 
aspirans  à  celte  chaire  à  se  faire  inscrire  au  se- 
crétariat de  la  préfecture  ,  avant  de  se  présenter 
au  concours  qui  sera  établi  à  cet  eff;;!. 

Ce  concours  aura  lieu  le  l5.  fructidor  prochain  , 
neuf  heures  précises  du  matin  ,  dans  la  salle 
ordinaire  des  séances  du  jury  d'instruction  pu- 
blique à  Namur. 

Le  présent  sera  imprimé  et  affiché  dans  les  prin- 
cipales communes  du  département. 

Il  en  sera  adressé  des  exemplaires  au  ministre 
de  l'intérieur,  à  linslitut  national  ,  aux  membres 
composant  le  jury  d  instruction  publique  àNamur, 
aux  préfets  des  départemcns  réunis  et  d'entre 
Meuse  et  Rliin  ,  à  (:eux  de  la  Seine  ,  du  Nord  et 
des  Ardennes. 

Signé ,  PÉRÈS. 

Par  le   préfet  , 

Le  secrétaire- général  de  la  préfecture. 

Signé  ,   Bauchau. 
Pour   expédition  , 

C.J.  Bauchau. 

Lettre  du  préfet ,  au  citoyen  DucKesne  ,  l'un   des  ré- 
dacteurs du  journal  du  département.  —  Versailles  , 
.  /c  14  thermidor  an  8. 

•  Le  bruit  s'était  répandu  ,  citoyen  ,  qu'une  mala- 
die contagieuse-  s'était  manifestée  dans  les  envi- 
rons de  Monifort ,  sur  les  bêtes  à  laine  ,  et  qu'elle 
s'était  étendue  sur  les  hommes  qui  avaient  touché 
au  sang  de  ces  auimanx. 

D'après  les  renseignemens  les  plus  scrupuleux 
pris  sur  les  causes  de  ce  bruit  allarmant  ,  j'ai  été 
assuré  que  rien  n'était  moins  fondé.  Ou'à  la  vérité 
le  citoyen  Frichoi,  fermier,  avait  acheté  à  une 
foire  ,  aux  environs  de  Fontainebleau  ,  plusieurs 
moulons  assez  gras;  qu  ayant  été  amenés  trop 
rapidement ,  plusieurs  étaient  tombés  malades  en 
arrivant ,  et  quelques-uns  morts  ;  que  les  hommes 
qui  les  avaient  dépouillés  ,  avaient  gagné  du  mal 
aux  doigts  ,  mais  qu'ils  sont  guéris. 

L'on  a  pris  d'ailleurs  toutes  les  précaulious  pos- 
sibles pour  empêcher  la  maladie  de  se  propager  , 
si  elle  en  eût  été  susceptible;  mais  je  suis  assuré 
qu'il  n'existe  ni  épizootie  ni  épidémie  dans  ce 
canton. 

je  vous  prie  d'insérer  cet  avis  dans  votre  journal 
pour  rassurer  le  public. 

Salut   et  fraierniié  ,  G.  Garnier. 

Le  secrétaire-général  ,   Peyronet. 


Suite  du  rapport  fait  à  la  classe  des  sciences  mathémati- 
queset physiques , dans ^aséancedu  6  messidor  an  8, 
par  la  commission  chargée  de  répéter  les  expériences 
de  M.  Achard ,  sur  le  sacre  contenu  dans  la 
betterave. 

:     ■■  PREMIERE         PARTIE. 

Tentatives  faites  pour  connaître  la  quantité  de  sucre 
contenue  dans  la  betterave. 

Les  expériences  qu'on  va  rapporter  sont  à-peu- 
près  les  mêmes  que  .celles  citées  par  Mar-graf  , 
daris  son  Mémoire  sur  h  sucre  de  différens  végétaux.' 

Il  a  paru  d'autant  plus  utile  de  les  répéter, 
qii'elles  ont  fourni  un  moyen  sûr  pour  con- 
naître la  quantité  de  sucre  contenue  dans 
les  betteraves  sur  lesquelles  il  fallait  opérer  ,  et 
juger  si  cette  quaniiié  était  en  rapport  avec  celle 
qu'on  obtient  en  suivant  le  procédé  de  M.  Achard 
ou  d'autres  qui  lui  sont  analogues. 

D'après  la>'propriéié  qu'a  l'alcool  d'être  un  dis- 
solvant du  sucre,  noUs  nous  sommes  procuré 
une  certaine  quanliié  de  ce  fluide,  et  nous  l'avons 
fait  reetiher  jusqu'à  ce'  que,  à  une  température 
de  quinze  degrés  au  thermomètre  de  Uéaurnur, 
il  marquât  trenle-sept  à  l'aréomelre  de  Baume. 
Dans  cet  état,  il  nous  a  paru  assez  déphicgmé 
pour  pioduire  l'elTet  que  nous  désirions. 

Nous  ignoro'ns  si  celui  dont  s'est  servi  Margraf 
l'était'  davantage  ,  puisqu'il  n'en  a  pas  indiqué 
le  degré.'  et  qu'il  s'est  contenté  de  dire  qu'il 
était  cxtrêment  rectifié. 


D'auiTe  part  ,  nous  nous  procurâmes  l'espèce 
de  belterave  recommandée  parM.  Achard,  comme 
étant  celle  qui  contenait  plus  de  sucre  que  les 
autres ,  c'est-à-dire  ,  celle  dont  les  racines  sont 
(usilormes,  grosses,  bien  succulentes,  rougcâires 
à  l'cxiéricur  et  blanches  en  dedans.  Elles  nous 
turent  lournies  par  le  ciioyen  Saeerei  ,  membre 
de  la  société  d'agriculture  du  département  de  la 
Seine,  qui  les  av^it  cultivées  diins  un  terrein  dé- 
pendant de  sa  fetme  de  Billancour  ,  près  de 
Sèvres.  Elles  annonçaient  ,  par  les  qualités  exté- 
rieures ,  quelles  étaient  le  produit  d'une  bonne 
végétation. 

Ces  racines  ,  récemment  tirées  de  la  terre  , 
après  avoir  été  mondées  et  coupées  par  iratichcs 
minces  ,  furent  placées  dans  une  étuve.  En  moins 
de  tiois  jours  elles  devinrent  sèches  et  cassantes. 
Le  déchet  qu'elles  éprouvèrent  par  cette  opération 
fat  évalué  aux  trois  quarts  de  leur  poids. 

Au  lieu  de  les  réduire  en  poudre  ,  comme 
Margral  le  reconiniande  ,  on  préféra  les  casser 
par  petits  morceaux;  dans  cet  état  on  les  intro- 
duisit dans  un  mairas. 

Sur  huit  parties  de  ces  racines  ainsi  préparées  , 
on  versa  trente-deux  parties  d'alcool  rectifié 
comine  on  l'a  dit  plus  haut.  Après  troi.sjours  de 
digestion  sur  un  bain  de  sable  médiocrement 
chaud  ,    on  se  hâta  de  décanter  le  fluide. 

Ce  fluide  avait  une  couleur  légèvcraent  ciirine, 
et  une  saveur  décidément  sucrée.  Par  le  refroidis- 
sement, il  laissa  piécipiier  une  foule  de  petits 
cristaux  blancs  qui  tapisseient  l'intérieur  du  vase, 
au  point  de  lui  faire  perdre  une  partie  de  sa  trans- 
parence. 

Lorsque  nous  jugeâmes  que  le  précipité  n'aug- 
menterait plus ,,  on  fit  décanter  l'alcool ,  et  ou  le 
rnit  de  côié. 

Une  nouvelle  quantité  d'alcool  fut  versée  sur 
les  betteraves  restées  dans  le  matras  ,  et  sé(jaré  , 
comme  le  précédent  ,  après  quatre  jours  de  di- 
gestion. 

Ge  second  fluide  ,  moins  colorié  que  le  pré- 
cédent ,  avait  cependant  encore  une  saveur 
sucrée. 

Une  troisième  dose  d'alcool  n'ayant  pas  acquis, 
au  bout  de  plusieurs  jours  do  digestion,  de  sa- 
veur semblable  à  celle  des  deux  premières ,  nous 
jugeâmes  que  tout-  le  sucre  contenu  dans  les 
betteraves  sur  lesquelles  nous  opérions  ,  avait  été 
séparé. 

Alors  on  fit  réunir  les  trois  liqueurs  ,  et  ,  au 
moyen  de  la  distillation  ,  on  eà  sépara  les  trois 
quarts. 

Dans  cet  état,  le  fluide  restant  présentait  un 
véritable  sirop  par  sa  consistance  et  sa  saveur:  on 
le  mit  dans  une  capsule,  et  on  l'abandonna  à  l'é- 
vaporation  spontanée; 

Nous  nous  attendions  qu'il  cristalliserait 
promptement;  cependant  ce  ne  fut  qu'au  bout 
de  dix  jours  que  sa  surlace  se  couvrit  d'une 
croûte  cristalline  que  nous  brisâmes  avec  précau- 
tion ,  afin  que  ses  fragmens  pussent  se  réunir  au 
fond  de  la    capsule. 

Peu  de  jours  après  ,  nous  apperçûmes  des  cris- 
taux assez  gros  et  isolés  ,  adhérensaux  parois  du 
vase.  Ces  cristaux  augmentèrent  insensiblement; 
enfin  ,  lorsqu  onjugea  qu'il  ne  s'en  formerait  plus, 
on  fit  décanter  le  sirop  ,  qui  alors  avait  une  con- 
sistance mielleuse.  "" 

Présumant  que  cette  consilance  s'opposait  à  la 
séparation  du  sucre  que  le  sirop  devait  encore 
contenir  ,  on  la  fit  délayer  dans  suffisante  quan- 
tité d'alcool,  et  après  l'avoir  exposé  pendant 
quelques  minutes  à  la  chaleur  d'un  bain-marie  , 
il  fut  abandonné  de  nouveau  à  lévaporation 
spontanée. 

Peu  à  peu  il  se  forma  de  nouveaux  crystaux  , 
mais  en  petite  quantité  ;  enfin  il  ne  resta  plus 
qu'une  véritable  mélasse  qui  refusa  absolument  de 
cristalliser. 

Le  produit  des  deux  crystailisations  dont  on 
vient  de  parler,  après  avoir  été  bien  égoutté  et 
séché,  représentait,  en  poids  ,  trois  seizièmes  de 
la  racine  sèche  employée.  Sa  s.iveur  était  agréable 
et  quoiqu'il  eût  une  couleur  jaune  ,  on  aurait  pu 
s'en  servir  en  place  de  certaines  cassonnades  de 
cannes  ,  cjui  ne  sont  pas  parfaitement  blanches. 

On  a  dit  plus  haut  que  lalcdol  mis  en  digestion 
sur  Its  betteraves  sèches  ,  avait  laissé  déposer  , 
avanrd'étre  concentré  ,^un  sédiment  cristallin.  Ce 
sédiment  ,  examiné  ,  nous  a  paru  être  un  véritable 
sucre  ;  il  en  avait  la  saveur  et  les  propriétés.  Son 
poids  s  est  trouvé  être  de  près  d'un  seizième  de  la 
racine,  sèche.       -, 

Voilà  donc,  en  réunissant  les  produits  obtenus 
par  les  diSerentes  opérations  dont  on  vient  de 
parler  ,  deux  parties  de  sucre  fournies  par  huit 
parties  de  betteraves  sèches  ,  lesquelles  ,  comme 
on  le  fait  observer ,  étaient  elles-mêmes  le  résultat 
de  trente-deux  parties  de  betteraves  fraîches , 
c'e.st-à-diie  ,  pourvue  de  leur  eau   de  végétation. 

Ainsi ,  d'après  ce  premier  apperçu  ,  nous  pou- 
vons déjà  établir  comme  chose  certaine  ,  que  la 
belterave  fraîche  sur  laquelle  nous  avons  opéré, 
contenait  au  moins  deux  huitièmes  de  son  poids 
de  sucre  ctisiallisable. 


I  Nous  disons  au  moins  ,  car  il  est  plus  que  vrai- 
I  semblable  que  ,  pendant  les  diflTérentes  opéra- 
I  tions  que  nous  avons  fait  subir  à  la  betterave  ,  il 
I  Y  a  eu  une  certaine  quantité  de  son  sucre  qui  a 
été  convertie   en  mucoso-sucré. 

Nous  sommes  d'autant  plus  fondés  à  croire  à 
,  cette  conversion  du  sucre  en  mucoso-sucré  ,  que , 
d'après  des  expériences  faites  particulièrement  par 
un  de  nous,  nous  savons  qu'on  ne  peut  jamais 
rapprocher  une  solution  de.  sucre  le  plus  pur, 
quel  que  soit  le  fluide  employé  pour  le  dissoudre  , 
sans  fjire  perdre  à  une  partie  de  ce  sucre  la  pro- 
priété de  cristalliser. 

C'est  sans  doute  par  cette  raison  qu'il  nous  est 
resté,  après  les  cristallisations  ,  une  sorte  (ïeau- 
mere  assez  semblable  à  la  mélasse  de  canne. 

Ojioique  le  soin  pris  pour  suivre  nos  expé- 
riences ne  dûl  nous  laisser  aucun  doute  sur 
la  cj^uanlilé  réelle  de  sucre  contenue  dans  la 
betterave  ,  voularrt  cependant  acquérir  une  plus 
grande  certitude  à  cet  égard  ,  nous  crûmes  devoir 
opérer  sur  deux  nouvelles  doses  de  racines 
sèches. 

Les  résultats  que  nous  eûmes  dans  ce  cas, 
compaiés  aux  premiers  ,  ne  nous  ayant  pré- 
senté qu'une  légère  différence,  nous  dûmes  en 
conclure  que  le  produit  d'abord  obtenu  ,  était 
celui  sur  lequel  on  pouvait  compter,  et  qu'il 
devait  servir  de  base  aux  calculs  qu'on  voudrait 
faire. 

Pour  terminer  celte  première  partie  de  notre 
travail ,  il  restait  à  constater  le  déchet  que  le  sucre 
provenu  de  nos  difleienles  opérations,  éprouve- 
rait par  le  raflinagc. 

Pour  cela  nous  en  fîmes  dissoudre  soixante- 
quatre  grammes  dans  suffisante  quantité  d'alcool. 
La  dissolution  filtrée,  évaporée,  puis  mise  à  cris- 
talliser .  donna  ,  en  trois  cristallisations ,  un  sucre 
assez  semblable  au  sucre  candi  du  commerce.  La 
perte  que  nous  avons  eue  par  l'eau-mere  restée  , 
a  été  évaluée  à  un  huitième  du  total  de  la  ma- 
tière employée. 

Si  maintenant  on  compare  le  produit  en  sucre 
que  nous  avons  obtenu  en  traitant  nos  racines 
par  le  moyen  de  l'alcool,  avec  celui  que  Margraf 
assure  aussi  avoir  eu  en  se  servant  du  même 
moyen  ,  on  voit  que  les  betteraves  cultivées  ea 
France  sont  plus  pourvues  de  sucre  que  celles 
sut  lesquelles  ce  chimiste  a  opéré  à  Berlin  il  y  a 
environ  quarante  ans. 

En  effet,  il  n'avait  retiré  qu'une  demi-once  de 
sucre  pur  de  8  onces  de  betteraves  desséchées , 
tandis  qu'il  est  constant  qu'une  même  quantité 
des  nôtres  a  donné  ,  à  peu  de  chose  près  ,  deux 
fois  et  demie   de  sucre  de  plus. 

Cette  difTérence  peut  -  elle  être  attribuée  aii 
défaut  de  précautions  prises  par  Margraf  pour 
extraire  tout  le  sucre  contenu  dans  les  racines 
sur  lesquelles  il  travaillait?  Nous  ne  le  pensons 
pas. 

L'exactitude  que  ce  chimiste  mettait  dans  toutes 
ses  expériences  est  trop  connue  pour  qu'on  puisse 
l  accuser  de  négligence  dans  la  conduite  d'une 
opération  au  succès  de  laquelle  il  semblait  atta- 
cher (juelque  prix. 

Nous  aimons  mieux  croire  que  les  betteraves 
qui  ont  fait  le  sujet  de  son  examen  n'étaient  pas 
d'une  aussi  bonne  qualité  ,  ni  de  la  même  espèce 
que  les  nôtres  ;  peut-être  aussi  leur  culture  n'avait- 
elle  pas  été  suttisamment  soignée. 

Ce  qui  me  semblerait  confirmer  cette  dernière 
conjecture  ,  c'est  la  remarque  que  M.  Achard  dit 
avoir  faite  au  sujet  des  betteraves  blanches,  qui, 
suivant  lui  ,  ne  donnent  beaucoup  de  sucre  qu'au- 
tant qu'elles  or-t  été  bien  cultivées. 

L'existence  du  sucre  dans  la  betterave  une  fois 
constatée  ,  et  la  somme  de  son  produit  bien 
connue  ,  nous  nous  sommes  occupés  de  répétée 
les  expériences  de  M.  Achard. 

SECONDE      PARTIE. 

Procédé  de  M.'.  Achard  pour  retirer  le  sucre  de  la 
betterave. 

Le  procédé  qu'on  a  suivi  pour  faire  les  expé- 
riences dont  il  va  être  question  ,  nous  a  été  com- 
muniqué par  notre  collègue  Van-Mons ,  qui  lui- 
même  le  tenait  de  M.  Achard.  Ce  procédé  a  été 
imprimé  depuis  ,  dans  le  n"  gS  des  Annales  de  , 
chimie. 

Il  consiste  à  faire  cuire  les  betteraves  avec 
suffisante  quantité  d'eau  ,  jusqu'à  ce  qu'elles  soient 
assez  ramollies  pour  qu'on  puisse  y  faire  entrer 
une  paille  ;  alors  on  les  coupe  par  tranches  , 
et  à  l'aide  d'une  forte  presse  on  en  exprime 
le  suc. 

Le  marc  doit  être  mis  en  macération  dans 
de  l'eati  pendant  douze  heures,  après  quoi  oa 
l'exprinie  :  enfin  on  procède  à  l'évaporation  du 
fluide  résultant  de  ces  deux  expressions. 

Pour  cela  on  le  fait  bouillir  continuellement 
jusqu'à  ce  qu'il  ait  la  consistance  d'un  sirop 
liquide  ;  seulement  on  a  la  précaution  de  le 
passer  de  tems  en  tems  au  travers  d'une  étoffe 
de  laine,  pour  le  séparer  des  corps  qui  flottent 
dans   son   milieu    et  qui   troublent   sa    transpa- 


Le  sirop  ainsi  rapproché' doit  être  versé  dans 
^s  teiriiits  irès-évasées.  On  les  place  il.ms  une 
ëiuve  dont  la  cluilcur  en  de  3o  à  35  dfi;fés.  Peu 
à  peu  il  se  forme  à  la  surface'  du  siioi'  une 
croule  cristalline  <ju"il  faut  briser  lorsqu'on  :ippcr- 
çoit  qu'elle  devient  trop  épaisse. 

Da  moment  oii  ,  au  lieu  de  cette  crouie,  on 
voit  une  particule  gommcuse  qui  n'est  pas  gre- 
nue ,  c  est  une  preuve  que  la  matière  ne  cris- 
tallisera plus;  il  faut  alois  arrêter  1  evaporation. 
Ce  qui  reste  est  un  mclaniie  plus  ou  moins 
épais  de  moscouade  et  de  matière  visqueuse. 

Pour  séparer  la  moscouade  de  ceiie  espèce 
d'extrait,  on  met  le  tout  dans  un  sac  de  toile 
mouillée  ,  et  on  l'exprime  graduellement.  La 
moscouade  reste  dans  le  sac  ,  et  l'eKirait  li- 
quide se  sépare. 

Cette  moscouade,  dit  M.  Achard  ,  peut  servir 
aux  mêmes   usages  que   le  sucre;  par  les  opéia- 
tions    du    raifiuage     elle    peut    acquérir    la    plus' 
grande  blancheur  cl  être   convertie  eu  pains  sem- 
blables à  ceux  qu  on  trouve  dans  le  commerce. 

Nous  avons  suivi  avec  la  plus  grande  exactitude 
le  procédé  qu  on  vient  de  décrire.  Les  phéno 
menés  indiqués  par  M.  Achard  ont  eu  lieu  ; 
mais  noua  avons  remarqué  plus  que  lui  que  tiès 
que  la  liqueur  commençait  à  bouillir,  elle  per- 
dait presque  lout-à-fait  sa  saveur  sucrée,  et  ne 
ia  reprenait  que  lorsqu'elle  était  réduite  à  moitié  , 
et  qu'on  la  privait  de  cette  écume  qui  se  forme 
si  abondamment  pendant  tout  le  couis  de  l'opé- 
lation, 

Xa  plus  grande  dilEcuhé  que  nous  ayons  éprou- 
vée pendant  le  cours  de  ceiîe  opération  ,  a  été 
de  trouver  le  point  de  rapprochement  oti  le 
»iroi>  devait  être  porié  ,  pour  cristalliser  :  aussi 
n"esi-ce  qu'après  bien  des  lâtonnemens  que  nous 
y  sommes  parvenus. 

Nous  avons  aussi  remarqué  que  pour  obtenir 
facilement  des  cristaux  ,  il  fallait  opérer  un  peu 
en  grand. 

Dans  nos  petits  essais  ,  nous  n'avions  qu'un 
siiop  qui  ,  le  plus  souvent  ,  refusait  de  crisialli- 
ser  ;  il  semblait  que  tout  le  sucre  qu  il  contenait , 
était  conveni  eu  lîiîicojo-jucre.  C  esi  dapies  celte 
observaiion  que  nous  nous  déierminâmes  à  opé- 
rer sur  ii52  pallies  (ou  ii52  onces  de  betteraves 
à  ia  fois. 

Celle  quantiic  est  la  plus  forte  que  nous  ayons 
employée  ,  n  ayant  pas  à  notre  disposition  des 
vaisseaux  pour  travailler  plus  en  grand. 

Ces  iiSs  parties  de  betterave  nous  ont  fourni 
tin  sirop  qui  .  en  deux  cristallisaiions  ,  a  donné 
18  parties  (  iS  onces)  d'une  moscouade  très- 
brune  ,  très  -  poisseuse  et  d'une  saveur  peu 
agréable. 

On  a  essayé  de  la  purifier  en  la  fesant  fondre 
dans  de  l'eau  ,  et  en  clarifiant  sa  solution  avec 
du  blanc  dœul.  La  liqueur  mise  ensuite  à  éva- 
porer ei  à  cristalliser  ,  a  donné  en  plusieurs  fois 
une  moscoiLide  un  peu  moins  loncée  en  couleur 
que  la  première.  Par  une  seconde  et  une  troi- 
sième purilicadons  ,  nous  parvînmes  encore  à 
diminuer  sa  couleur;  ce  qui  nous  fit  piésumer 
qu'il  aurait  éié  possible  de  l'obienir  parfaitement 
Olafiche  ,  si  on  avait  continué  à  la  soumeiiie  aux 
différentes  opérations  d  usage  dans  les  raffine- 
ries. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  qu'à  chaque  pu- 
ïlfication ,  on  éprouve  un  déchet  considérable. 
D'après  des  calculs  que  nous  avons  faits  ,  nous 
avons  presque  la  certitude  que  ce  déchet  pour- 
l'ait  être  évalué  à  près  d  un  tiers  du  poids  de  la 
moscouade  cmplojée  ,  si  on  voulait  pousser  sa 
purification  assrz  loin  pour  qu'elle  fût  convertie 
en  sucre   parfaitement  blanc. 

Il  ne  suffisaitpas  d'avoir  ainsi  constaté  la  possi- 
bilité d  extraire  de  la  moscouade  de  betlerave  un 
sucre  pur  ;  il  restait  encore  à  comparer  la  quan- 
tité ûbicrrue  de  ce  dernier  avec  celle  que  pou- 
vait fournir  la  moscouade  de  canne. 

Celle,  comparaison  nous  païut  d'autant  plus 
nécessaire  ,  qu'elle  pouvait  servir  à  faire  cqnnaître 
l'avantage  qu  il  y  aurait  à  employer  l'une  de  ces 
deux  moscouades  de  prélétence  à  l'autre  dans 
les  opérations  du  raffinage. 

Pour  cela  nous  nous  procurâmes  de  la  rnos- 
couade  de  canne  et  de  la  moscouade  de  bette- 
rave; toutes  11!  deux  provenaient  du  premier 
produit  de  la  cristallisation   des   sirops. 

Après  les  avoir  fait  dessécher  à  une  douce 
chaleur  ,  nous  mîmes  une  égale  quantité  de  cha- 
cune d'elles  dans  de  l'alcool  leciifié.  La  liiges- 
lion  achevée  ,  les  liqueurs  turent  filtrées  et  èva- 
poitcsjusquà  consistance  d'un  sirop   épais. 

Au  bout  de  48  heures  ,  nous  aperçâmes  des 
cristaux  dont  le  nombre  et  la  grosseur  augmen- 
lereni  avec  le  tem».  Le  produit  de  celte  cri.fialli- 
•ation  ayant  été  bien  égouiié  et  desséché,  nous 
trouvâmes  que  la  quantité  de  sucre  fournie  par  la 
moscouade  de  canne  était  à  peu  près  d  un  sei- 
zième plu»  çpnsidéiaLie    que    celle   de  la  mos-' 


l307 

On  voit  d'après  ce  qui  précède  : 
1".  Qj.i'à  l'aide  du  procédé   de  M.  Achard  on 
peut  obtenir,  des  betteraves,  une  véritable   mos- 
cou.ide. 

2".  Q31C  le  produit  en  sucre  pur  retiré  de  cette 
moscouade  ,  comparé  avec  celui  que  fournit  la 
moscouade  de  canne  ,  présente  une  petite  diflé- 
rence  qui  est  à  i  avantage  de  la  moscouade  de 
canne  ,  puisque  celle-ci  ,  traitée  jiar  les  mêmes 
moyens  de  purification  ,  donne  un  peu  plus  de 
sucre  que  l'autre. 

3"^.  Qji  il  est  crinstantque  pendant  les  opérations, 
que  M.  Achard  lecommande  de  faire  subir  aux 
betteraves  ,  pour  en  obtenir  le  sirop  dans  lequel 
s?  forme  la  moscouade,  une  partie  du  sucre  de 
ces  racines  se  trouve  décomposée  au  point  de  ne 
pouvoir  plus  cristalliser;  puisqu'on  obtient  moins 
de  moscouade  qu'on  n'en  alliait  léellemeiit  retiré 
si,  au  lieu  défaire  cuire  les  racines  ;  elles  eussent 
élé  seulement  traitées  par  l'alcool. 

Celle  dernière  considération  nous  a  paru  assez 
importante  pour  rechercher  s  il  ne  serait  pas  pos- 
sible d'améliorer  le   procédé  de  M.  Achard. 

Q_uoinUe  les  essais  que  nous  avons  fai;s  pour 
y  parvenir  n'aient  pas  eu  tout  le  succès  que  nous 
desirions  ,  nous  avons  cependant  jiensé  qu'il 
pourrait  êire  mile  de  les  faire  connaître  à  ceux 
qui  ,  comme  nous  ,  voudraient  s'occuper  de  pci- 
teciionner  le  travail  relaiil  à  l'extraction  du  sucre 
de  la  beiierave. 

C  est  d'après  ce  motif  que  nous  nous  sommes 
déteimiiiés  à  les  consigner   dans  ce  rapport. 

/  La  suite  demain.  ) 


Au  Rédacteur. 

Citoyen,  je  ne  m'amuse  .pas  à  examiner  si  les 
français  lireni  en  l'air,  tandis  que  les  anglais  tirent 
à.  couler  bas  ,  ou  si  un  marin  n'est  pas  plus  propre 
au  canon  que  celui  qui,  à  son  premier  voyage, 
est  toujours  malade  et  ne  peut  se  tenir  debout  ; 
de  pareilles  assenions  ne  peuvent  être  un  objet 
de  discussion  qu'entre  ceux  qui  ne  connaissent 
ni  la  mer,  ni  les  vaisseaux.  Je  n'ai  jamais  admis 
la  prétendue  supéiiorité  ■  de  la  marine  anglaise 
sur  la  marine  française  ,  et  mon  opinion  est 
fondée  sur  le  tableau  suivant  des  principaux 
événemens  des   trois   dernières    guerres. 

Je  passe  sous  silence  les  momens  biillans' de  la 
marine  sous  Louis  XIV  ;  les  noms  des  Tourville  , 
Duquesne.  Forbin,JeaifcBari,Du-Guay-Trouin-,  ne 
sauraient  être  effacés  de  la  mémoire  dès  français. 
Je  laisse  de  côté  les  affaires  particulières  ,  oîi  la 
bravoure  et  les  talens  décident  ordinairement  du 
sort  des  corabais  .  et  dans  lesquelks  il  est  géné- 
ralement reconnu  que  les  français  ont  presque 
toujours  l'avauiage  ;  enfin  je  commence  à  174O1 
à  l'éporjiie  de  nos  plus  grands  désastres  sur  mer; 
conséquemment  vous  voyez  qu,e  je  ne  néglige 
rien  pour  confirmer  la  répuiaiion  des  anglais.  Le 
lecteur  im.iariial  pourra  juger  jusqu  à  quel  point 
elle  est  londée. 
Salut  et  l'iaierniié. 

QuESNOT  ,  rue  Mesla)< ,  n°  18. 
Ajj'anes  à    l'avantage  des   anglais. 

x-jt^l  ,  14  juin. — Monsieur  de  la  Junquiere  , 
'  commandant  4  vaisseaux  de  ligne  et  5  frégates, 
est  plis  avec  toute  son  escadre  par  l'amiral  Anson  , 
qui  avait  16  vaisseaux  de  ligne. 

L'amiral  Hawke  ,  en  amérique  avec  30  vais" 
seaux,  rencontre  M.  l'Esteiiduère  qui  escor- 
tait   un    convoi    avec    huit   vaisseaux   de    ligne    ; 

6  vaisseaux  liançais  sont  pris  après  un  combat 
sanglant.  M.  de  Vaudrcuil  ,  commandant  le  Ton- 
nant .ptilk  la  remorfjue  l'Intrépide  ,  vaisseau  com- 
mandant démâié  ,  et  le  sauva  avec  lui  ;  la  flotte  se 
rendit  aussi  à  sa  destinaiion. 

1748  ,  Il  février.—  Le  Magnanime  ,  conimandé 
par  le  comte  d  Albert  ,  revenant  dé  l'Amérique  , 
démâté  par  une  tempête  ,  est  pris  après  un 
combat  furieux  de  huit  heures  contre  quatre  vais- 
seaux anglais. 

1754,  juin.  — Deux  ans  avant  la, guerre,  l'Al- 
cide  et  le  Lys.  séparés  de  l'escadre  de  Dubois  de  la 
Mothe  ,  tombent  dans  l'escadre  de  l'amiral  Bos- 
cawcn  ,  et  sont  pris   par  l3  vaisseaux  de  ligne. 

1758.  —  L'amiral  Holborn  ,  avec  16  vaisseaux 
de  ligne  et  5  frégates',  piend  le  foudroyant  et 
lOrphée,  jeiés  par  un  coup  de  vent  au  milieu  de 
son   escadre. 

L'escadre    de    l'amiral    Hawke   s'empare   aussi 
du    Raisonnable,     de    64,     dans    le     golphe    de 
Biscaye. 
"    'iyS'g  ,   \-j  août.  —  Combat  de  M.  Delaclue  avec 

7  vaisseaux  contre  14,  commandés  par  1  amiral 
Boscawen  ,  jirès  du  cap  Sainte-Marie.  Nous  pet- 
dons  3  vaisseaux  pris  et  2  brûlés. 

20  novembre.  Combat  de  Conflans  et  Hawke  ; 
21  vaisseaux  contre  23  ;  un  vaisseau  français  pris  , 
2  brûlés  ,  un  perdu  à  l'angle  d  Escomblas  ,  à  l'em- 
bouchure de   la    Loire. 


J4.J8. — Keppel  avec  «3  vaisseaux  de  ligne 
couade'  de  betterave.  Ces  deux  sucres  d  ailleurs  I  prend  deux  frcj;ates  ,  la  Licorne  et  ia  Patlas  ,  le 
étaient  asiez  purs  pour  l'usage  ordinaire.     .  I  12  juin.       '    !     . 


1780,  ^janvier.  —  Rodney  avec  21  vaisseauxde 
ligne  prend  te  Guifniscoa ,  espagnol,  et  21  bâti- 
mens    de    son  convoi. 

16  janvier.  —  Rodney  avec  21  vaisseaux  de  ligne 
rencontre  iloii  Juan    de   Langara  qui  n'en   avait, 
que  9  :  aiiics   un  combat   sanglant,    il   prend  le  ■ 
Phénix,   le  Diligent,  la  Vrincessi  et  le  Monarca  i 
le  Saint-Domingue  sauta  en  l'air  pendant  l'action. 

Dans  sa  traversée  de  Gibraltar  à  l'Amérique  ,, 
Rodney  prit  encore  le  Protée  ,  qui  ne  se  rendit 
qti'apiès  la  plus  vigoureuse  résistance. 

17S2  .  12  avril.  —  Comb.M  de  Grasse  avec  3s 
vaisseaux  contie  Rodney  38.  Le  Glorieux,  l'Ardent , 
le  César  ,  l'Hector  et  la  Ville  de  Paris  sont  pris.  On 
sait  assez  rjue  dans  ce  combat  tous  les  vaisseaux 
français    n'ont  pas    donné. 

Le  César  sauta  en  l'air  le  soir  même.  L'Hector , 
en  revenant  eu  Europe  ,  coula  sur  le  banc  de 
'ferre-Neuve  ,  à  la  suiie  d  un  combat  contre  les 
l'(és,:Mi:!.,  l'Aigle  et  la  Gloire.  Le  Glorieux  et  la  Ville 
de  Paris  ,  coulèrent  bas  en  revenant  de  l'Amé- 
'liiiiie.  Enfin  ,  \' Ardent ,  après  avoir  manqué  couler 
bas  deux   fois,   lut  condamné  à  Antigue. 

Le  Caton,  le  Jason  et  la  .frégate  l'Aimable, 
quelques  jours  apiès  le  combat  du  ,12  ,  lurent 
pris  par  6  vaisseaux  aux  ordres  de  l'amiral  Hood. 
D.ins  touies  ces  affaires,  les  anglais  étaient 
tellement  supérieurs  en  vaisseaux  ,  que  la  force 
moyenne  des  franç.iis  est  à  celle  des  anglais  dans  ■ 
le  rajiport  de  l  à  2  et  demi  ;  et  si  on  exclut 
les  combats  de  Conflans  et  de  Grasse,  oii  la 
disproportion  n'était  pas  très-grande  ,  on  trouve 
Mue  le  ra))poit  des  forces  était  de  I  à  4  et  denii. 
De  (laieilles  victoires  n'ont  pas  besoin  de  com- 
meniaires. 

Affaires   à  l'avantage  des  français. 

1741  ,  janvier.  —  Combat  du  chevalier  de 
lEpinay  ,  à  Saint-Domingue,  avec  4  vaisseaux 
contre  6.  Les  anglais  ne  pouvarit  l'entamer  font 
des  excuses  et  attribuent  leur  agression  à  ce  qu'ils 
avaient  pris  les  français   pour    des  espagnols. 

5  août.  —  Le  Borée ,  l  Aquilon  et  la  frégate  la  ; 
Flore,  sont  assaillis  à  Gibialtar  par  quatre  vais-' 
seaux  anglais  et  une  frégate.  Les  anglais  aban- 
donnent le  champ  de  bataille  après  trois  heures 
de  combat. 

1744,  12  février.  —  Combat  de  Toulon.  Douze 
vaisseaux  espagnols  aux  ordres  de  dom  Joseph 
Navarro ,  et  quatorze  vaisseaux  français  comman- 
dés par  M.  de'Court  .  contre  trente-irois  vaisseaux 
de  ligne  et  neuf  frégates  .  amiral  Maihews  ;  Le 
vaisseau  espagnol  le  Poder ,  amena  pendant  le 
combat;  les  anglais  v  jetèrent  un  lieutenant  et, 
vingt-trois  hommes  ;  kiais  il  fut  repris  par  les  ' 
français.  L'amiral  Malhews  ftit  cassé  ,  et  1  amiral 
Lestock ,  qui  commandait  l'arriere-garde  ,  fut 
acquitté  honorablement. 

1747  ,   i5    septembre.  ^-  Dubois    de  la  Motte  ^ 
commandant  le  Magnanime  de  ■  80  et  l'Etoile    de 
40  ,  combat  et  met  en   fuite  4  Vaisseaux  de  ligne  ' 
anglais  dont  deux  de  80  ,    et  sauve  son  cotlvdî:''-' 
La  Bourdonnaye  ,  avec  9  vaisseaux  marcha'nds 
de  toute   grandeur  armés  en  guerre,  bat  et  di!s- 
I  perse  la  flotte  de  l'amiral  Barnet,  s'empare  de  Ma-' 
I  dras  et  le  rançonne. 

1755.  -La  frégate  l'Atalante  de34,  à  l'atterrage 
de  la  Martinique,  combat  et  fait  amener  leWarwich  ' 
de  64.  Elle  était  accompagnée  du  Prudent  de  74  , 
et  de  la  frégate  te  TJphir  ,  qui  n'ont  pas  donné 
pour  lui  laisser  toute  la  gloire  de  l'action. 

i;57. — M   de   Kersaint  ,  avec  trois   vaisseaux 
et  cinq  Irégaics ,  combat  et  met  en  fuite  cinq  vais-  ■ 
seaux  et  quatre    frégates  anglaises  en  partant  dei 
Saint-Domingue,    et  amené  son   convoi  sain- et  : 
sauf  en  France.  .      ,      '  ,  . 

Juin.  —  L'amiral  Saunder,  avec  cinq  vaisseaux  ,  ■ 
aiiaque  M.  du  Revest  sortant  de  Malaga  ,  quin'ea  ■ 
avait  que  quatre  ,   et  ne  peut  l'entamer.  ..'.•'• 

1760  ,  27  mai.  —  A  Q_uebec  ,  'Vauquelin  ,  çapi-,^ 

taine  Marchand  ,   commandant  lAtalante    de  3o , 

combat  un  vaisseau  de  60  et  une  frégate  ,  et  saui?â'J 

son  convoi. 

l 

1778  ,   17  juin.  —  Laclocheierie  ,  commandant 
la  Belle-Poule  ,  se    bat  contre  une   frégate   et  un  , 
cutter,   à  la  vue    de  14   vaisseaux  de    ligne  ap- t 
glais  .^   et  se  sauve.  ,  •    ,i;.v  ■.'■■''. 

177g  ,  6'  décembre.  —  I.amotte  -  Piquet',"- ',aV6c 
trois  vaisseaux  ïknnibal ,  ■  le  Pdflééhi  et  le  Vejigeurt' 
se  bat  dans  la  rade  du  fort  Royal  contre  sep't.' 
vaisseaux  de  la  flotte  de  Parker  de  14  vaisse'auxi' 
de  ligne  ,  qui  poursuivaient  un  convoi  escprté_^ 
par  la  frégate  l  Aurore  .  sauve  la  frégate  et  le  gros 
du   convoi ,  dont  neuf  seulement  furent  pris-j   " 

178 1  ,  5  août.  -^  Combat  de  Dogger-bank.  Séflt.^ 
vaisseaux  hollandais  ,  commandés  par  l'^iniral 
Zooilman  contre  8  vaisseaux  anglais  .  commiindù 
par  l'amiral  Parker.  Les  anglais  avaient  le  venï. 
Les  hollandais  les  ont  laissés  approcher  à  leur 
volonté  ,  sans  lirer  un  coup  de  canon  ,  qunii|u'on 
puisse  tirer  avec  avantage  sur  celui  qui  ,  étant  au 
vent  ,  est  obligé  de  laisser  arriver  ,  et  présciiler 
le  bout  pour  parvenir  à  la  portée  du  canon.' 


i3o8 


Au  mois  de  décembre.  —  M.  de  Vaudreuil  avec 
4  vaisseaux  eut  un  combat  contre  l'amiral  Kem- 
penfeld  qui  pn  avait  is  ;  i!  ne  put  l'empêcher  de 
nous  prendre  une  vingtaine  de  transports.  M.  de 
Guichen  qui  escortait.le  convoi  avec  18  vaisseaux 
était  alors  sous  le  vent,  à  3  ou  4  lieues  ;  il  fit  de 
vains  efforts  pendant  deux  jours  pour  joindre  les 
anglais. 

1782  ,  9  avril.  —  Combat  partiel  sous  la  Domi- 
nique entre  M.  de  Grasse  et  l'amiral  Rodney, 
33  contre  38. 

1783  ,  10  juin.  —  Combat  de  M.  Suffren  et  de 
ramiral  Hughes  dans  l'Inde ,  5  contre  19.  Le 
combat  dura  depuis  quatre  heures  jusqu'à  la 
nuit,  qui  sépara  les  combattans.  Les  anglais  firent 
savoir  le  lendemain  àM.  deSuffren  la  cessation  des 
hostilités  qu'ils  connaissaient  déjà  depuis  ]d  veille; 
ils  avaient  voulu  profiter  de  leur  supériori(é.  Est- 
ce   ainsi  qu'on  se  joue  de  la  vie   des  hommes  ? 

'Voilà  l5  combais  dans  lesquels,  en  exceptant 
celui  du  9  avril  1788  ,  qui  ne  fut  que  partiel  , 
on  trouve  que  la  force  moyenne  des  ffançai-. 
esi  à  celle  des  anglais  comme  un  à  un  et  demi. 

Il  n'est  pas  étonnant  que  nous  n'ayons  pas  pris . 
de  vaisseaux  ,  puisque  les  anglais  étaient  plus  tons 
d'un  tiers  ,  et  qu'eux-mêmes ,  dont  on  vante  tant 
les  exploits ,  ne  nous  en  prennent  que  lorsqu'ils 
sont  au  moins  deux  ou  trois  contre  un. 

Affaires  indécises  dans  lesquelles  les  français  ont  eu 
quelquefois  plus  de  vaisseaux  que  les  anglais. 

1758,  ag  avril  et  3  août.  Combat  de  M.  d'Aché 
et  l'amiral  Pocock ,  dix  conire  sept. 

1759,  10  septembre.  —  .Troisième  combat  de 
d'Aché  et  Pocock ,  onze  contre  neuf.  Quoique 
M.  d'Aché  eût  plu»  de  vaisseaux  dans  les  trois 
combats  .  les  anglais  étaient  supérieurs  par  la 
qualité  des  vaisseaux  et  le   nombre  des  canons. 

La  plupart  de  nos  vaisseaux  étaient  des  vais- 
seaux de  la  compagnie  ,  ayant  à  peine  4  pieds 
o.u  quatre  pieds  et  demi  de  batterie  ,  et  portant 
mal  la  voile ,  etisorte  que  M.  d'Aché  était  obligé 
de  céder  l'avantage  du  vent  à  l'ennemi ,  et  de  se 
battre  sous  le  vent,  où  l'on  est  beaucoup  plus 
exposé  aux  accidens  du  feu. 
.  1779  1  juillet.  —  Combat  d'Ouessant ,  entre 
Dorviïliers  et  Keppel ,  trente  contre  trente. 

8  juillet.  —  Combat  de  la  Grenade ,  entre 
Destaing  et  Byi'on  ,  vingt-cinq  contre  vingt-un.  Il 
n'y  eut  que  quinze  de  nos  vaisseaux  qui  prirent 
p^rt  à  l'action  ;  les  autres  ne  marchant  pas  assez 
pour  joindre  les ,  combatcans  ,  et  les  anglais 
n'ayant  pas  envie  de  noui  attendre  ,  ils  prirent 
la  faite  sitôt  qu'ils  eurent  apperçu  le  pavillon 
français  sur  les  forts  de  la  Grenade. 

1756,  ao  mai.  —  Combat  de  la  Galissonniere 
et  Biiig  ;  12  vaisseaux  contre  13.  Il  est  suivi  de 
la  prise  du  port  Mahon  par  les  français. 

1780,  17  avril.  —  Combat  de  Guichen  et  Rod- 
ney ,  32  contre  si  ,  dans  le  canal  de  la  Domi- 
nique. L'action  dura  depuis  une  heure  jusqu'à 
cinq ,  où  les  afiglais  serrèrent  le  vetit  et  s'éloi- 
g.nerent. 

,  i5  mai.  —  Deuxième  combat  des  mêmes  ,  au 
*£nt  de  la  Martinique,  entre  l'arriere-garde  an- 
.glaise  et  l'avant-garde  française. 

ig  mai.  —  Troisième  combat  des  mêmes ,  qui 
dura  peu  ,  les  anglais  ayant  abandonné  le  champ 
de  bataille  pour  se  réfugier  à  la  Barbade  ,  emme- 
nant trois  de  leurs  vaisseaux  à  la  remorque.  Le 
Qornowal  coula  bas  à  la  vue  du  port. 

1781.  — «  Combat  de  Saint-Yago,  entre  Suffren 
et  Jonstfaone  ,  5  contre  5. -Su&en  continue  sa 
route  pour  l'Inde  après  le  combat ,  et  Jonstbone 
reste  16  jours  i  se  réparer  à  Saint-'Yago. 

ag  avril.  —  Combat  à  la  Martinique  ,  entre 
de(>ra*se  et  l'amiral  Hood,  2s  contre  18  ;  il  dura 
.âe^^itis  M  heures  jusqu'à  3  ,  et  ne  fut  pas  général. 
0etHtdeno$  vaisseaux  qui  n'étaient  pas  doublés 
en  cuivre  n'ayant  pas  pu  joindre  à  tems  ,  M.  de 
Grasse  leva  la  chassa  après  les  avoir  poursuivis 
inutilement  plus  de  3o  lieues  à  l'ouest  de  Sainte- 
Lucie. 

16  mars.  —  Combat  de  Destouches  et  Arbuth- 
not ,  à  l'entrée  de  la  Chesapeak  ,  8  contre  3.  Les 
anglais  avaient  un  vaisseau  à  3  ponts;  le  plus 
fort  vaisseau  français  n'était  que  de  80;  il^  avaient 
563  canons  ,  et  les  français  SsS. 

5  septembre.— Comha.\.  de  la  Chesapeak  entre  de 
Grasse  et  l'amiral  Graves  ,  depuis  4  heures  jus- 
qu'à la  nuit;  24  centre  ig.  —  Même  remarque 
qu'au  combat  du   sg  avril.  D'ailleurs  les   anglais 


avaient  le  vent  ;  ce  qui  leur  donna  la  faculté  de 
choisir  la  distance. 

1782,  \b  février. —  Combat  de  Madras ,  eiiire 
Suffren  et  Hughes,  11  contre  9.  M.  de  Su&ren 
renvoie  à  lîle  de  France  quatre  capitaines  de 
vaisseau  .  qui  se-  sont  mal  comportés.  Prise  de 
Goudelour  ,  le  8  avril. 

12  avril.  —  Combat  de  Provedien  entre  le» 
mêmes ,  depuis  une  heure  jusqu'à  six. 

6  juillet.  — Troisième  combat  des  mêmes  à  Né- 
gapainam  de  onze  heures  à  une  heure.  Un  coup 
ce  vent  sépare  les  escadres.  Prise  de  Trinquemale 
au  mois  d'août. 

3  septembre.  —  Quatrième  combat  des  njêmes 
à  Triliquemale.  Au  bout  de  deux  heures  ,  les 
anglais  abandonnent  le  champ  de  bataille  ,  et 
s'en  vont  à  Madras. 

Les  anglais  avaient  tous  leurs  vaisseaux  doubles 
en  cuivre.  M.  de  Suffren  n'en  a  jamais  eu  que 
cinq  qui  le  fussent;  les  autres  étaient  doublés  en 
bois  et  mailletés  ,.ensorte  qu  il  était  impossible  de 
les  poursuivre  lorsqu'ils  abandonnèrent  le  champ 
de  bataille.  Le  nombre  des  vaisseaux  a  un  peu 
varié  dans  ces  différens  combats,  ensorte  qu'au 
dernier  combat ,  le  10  juin  1  783  ,  M.  de  Suffren 
en  avait  quinze  et  les  anglais  dixineuf.  On  n'a 
jamais  pu  donner  quatre  pieds  et  demi  de  balleri  e 
au  Severe  et  à    l'Ajax. 

25  et  i6  janvier.  —  Petits  engagemens  partiels 
entre  M.  de  Grasse  et  l'amiral  Hood  à  Saint-Chris- 
tophe ,  3o  contre  22  .  suivis  de  la  prise  de  Saint- 
Christophe  ,  Montférat  et  Nevis  par  les  français. 

20  septembre.  —  Combat  à  Gibraltar  entre  l'ar- 
mée combinée  de  46  vaisseaux  et  le  lord  Howe  , 
qui  en  avait  34.  Il  fut  impossib  e  d'engager  une 
action  jjijnérale  ,  et  les  anglais  s'échappèrent  pen- 
dant la  nuit. 

En  tout  20  combats,  parmi  lesquels  quatre  à 
nombre  égal  ;  dans  les  seize  autres  où  la  supé- 
riorité des  français  n  était  souvent  qu'apparente, 
on  trouve  que  la  force  moyenne  des  français  était 
'à  celle  des  anglais  comme  un  un  quart  à  un.  Il 
n'est  donc  pas  étonnant  qu  on  ne  leur  ait  pas 
pris  de  vaisseaux,  puisqu'eux-mêmes  n'en  ont 
pas  pu  prendre  lorsqu'ils  étaient  plus  forts  d'un 
tiers  que   les    français. 

Résumé   général. 

i3  combats  oÀ  les  anglais,  plus  forts  du 
double  au  triple  que  les  français  ,  n'ont  pas  pris 
de  vaisseaux. 

i5  combats  où  les  anglais,  plus  forts  d'un  tiers 
que  les  français,  n'ont  rien  pris.  •  - 

Seize  combats  où  les  français  plus  forts  d'un 
quart  que  les  anglais  ,  au  moins  en  apparence , 
n'ont  rien  pris." 

La  prise  d'un  vaisseau  n'est  donc  pas  aussi  facile 
qu'on  le  croit. 

Je  crois  qu'on  ne  m'accusera  pas  d'avoir  flatté 
le  tableau;  j'ai  fait  tout  mon  possible  pour  faire 
briller  les  anglais ,  j'ai  mis  tous  les  tons  du  côté 
des  français  ;  je  n'ai  point  parlé  de  la  prise  des 
vaisseaux  de  5o  anglais  ,  par  nos  frégates  ,  de  la 
prise  de  leurs  ÉonVois  ,  de  leurs  colonies ,  de 
leurs  armées  de  terre  en  Amérique  ,  faits  qui 
déposent  hautement  en  faveur  des  flottes  fran- 
çaises et  espagnoles  pendant  la  guerre  de  l'in- 
dépendance, et  qui  prouvent  incontestablement 
que  quand  on  atita  des  vaisseaux  en  nombre  égal 
à  leur  opposer ,  ils  seront  toujours  aussi  peu 
redoutables  sur  mer  que  sur  terre. 

Cessons  de  faire  le  procès  à  une  marine  qui  n'a 
jamais  manqué  ni  de  bravoure  ,  ni  de  taiens  ;  à 
une  marine  qui  n'a  jamais  su  compter  le  nombre 
de  ses  ennemis',  et  mettons-nous  bien  dans  la 
tête  ,  que  ce  n'est  pas  avec  40  ou  5o  vaisseaux  , 
qu'on  peut  lutter  contre  200. 

Ceux  qui  croiraient  avoir  trouvé  le  gain  de 
leur  cause  dans  la  guerre  actuelle  ,  ne  sont  pas 
mieux  fondés  que  les  autres  ;  c'est  sur  quoi  je 
pourrai  reveaii  dans  un  autre. moment. 


seconde  fois,  et  ramené  l'homme  qu'il  cherche 
au  bord  de  la  rivière  ,  où  les  secours  de  l'art  1  ont 
rappelle  à  la  vie. 

La  municipalité  de  Commercy  qui  ne  laisse 
passer  aucune  occasion  d'encouiàger  la  vertu  , 
a  le  lendemain  fait  venir  le  jeune  homme  au 
Temple  décadaire  T  l'a  couronné  de  chêne  et' 
l'a  fait  reconduire  chez  lui  précédé  par  la  musi- 
que de  la  ville. 

J'ai  pensé,  citoyen,  que  ce  fait  ne  pouvait  avoir 
trop  de  publicité. 

Je  vous  salue  ,  Hussenot. 

LIVRES    DIVERS. 

B0TANIQ.UE  DES  ENFANS  OU  histoire  naturelle 
générale  et  particulière  du  règne  végétal  ,  conte- 
nant,  1°  les  lettres  élémentaires  deJ.J.  Rousseau 
sur  la  Botanique  ;  2"  une  introduction  supplé- 
mentaire à  l'étude  de  cette  science  ;  3°  la  descrip- 
tion de  plus  de  quatre  mille  espèces  de  plantes 
d'Europe  distribuées,  d'après  Linné  ,  en  classes  , 
ordres  ,  sections  ,  genres  ,  espèces  et  variétés  ; 
avec  la  table  latine  ci  française  des  genres,  celle 
des  familles  naturelles  et  des  noms  français  vul- 
gaires des  espèces  ,  et  un  vdcabulaire  complet  de 
tous  les  termes  techniques  ;  première  et  seconde 
partie  ,  brochées  en  un  gros  volume  in-S".  Prix  , 
7  fr.  pour  Paris  ,  et  8  fr.  5o  cent,  pour  les  dépar- 
lemerîs,  franc  de  port. 

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national  des  sciences  et  des  ans ,  place  du  Car- 
rouzel. 

'Histoire  naturelle  des  poissons  .  par  le 
cit.  Lacepede  ,  tomes  3  et  4  .  in-12  ;  prix  ,  6  fr. 
So  cent,   brochés  en  carton. 

A  Paris  ,  chtz  Plassan  ,  imprimeur-hbraire ,  rue 
du  cimetière  Aiidré-des-Arts  ,  n"  10. 

Le  tome  2  in-4°  a  paru  il  y  a  un  mois.  Les  tomes 
5  et  6  qui  termineront  cet  important  ouvrage  , 
seront  publiés  en  frimaire  prochain. 


Le   sous-préfet    de    l'arrondissement   communal  de 

Commercy ,    au    citoyen   rédacteur   du  Moniteur. 

Commercy  ,  le  24  thermidor  an  8. 

Je  crois ,  citoyen ,  devoir  vous  transmettre  uti 

fait   qui   honore    trop  l'humanité  ,  pour   ne  pas 

croire   que   vous    lui   donnerez   une   place  dans 

votre    journal.     Le  '(8''  du 'courant ,    un  jeune 

horn'me    de    dli-buit   ténu  ,«e   baigriatit  dans   la 

Meuse  sous  Commerty  ,  tomba  dans  une  fosse. 

Le  nommé  Hachoitè  ,  eixfant  de  douze  ans  ,  voit 

cet   accident  ,    saute    tout   habillé   à   l'eau.    Son 

premier  essai  ,    est  infructueux,    il   plonge   une 


Plume  élastique  qu'on  ne  taille  pas  et  portant 
son  encie  ,  à  l'essai  ,  ép;ouvée  et  approuvée  par 
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l'auteur  (  le  cit.  Barihelot  ]  ,  rue  et  maison  de  la 
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galerie  de  pierres  ,  n°  2  ;  Onfroi ,  libraire  ,  quai 
des  Augustins  .  n°  35  ;  au  dépôt  des  lois  ,  au  Car- 
rousel ;  au  salon  de  lecture,  boulevard  Cerutti, 
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Demain  ,  Iphigénie  en  Aulide  ,  et  le  ballet  de 
Télémaque. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Arlequin  tout 
seul  ;  les  deux  Veuves  ,  et  la  Pièce  curieuse. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Dem.  la  Femmti  juge  et  partie  ,  suiv.  de  l'Amitié 
vaincue  par  l'amour. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés. — Pantomimes. 
Le  a8  ,  la  l"'  repr.  de  Jenny  ,  drame  en  troi» 
actes.  ____^_____^.^.^__ 

^  ERRATUM. 

Dans  le  a"  3a3 ,  6'  alinéa  de  l'article  Paris  ,  au" 
lieu  de  mille  arpens  de  biens ,  lisez  :  mille  arpenr 
I  de  pins. 


irmbooaement  se  fait  à  Paris ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  18.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois ,  5o  fraoc»  pour  6  moi» ,  «t  100  francs  pour  l'an&^c  entiert.  On  nes'abonnc 
■u' au  commencement  de  ckaque  jnois.  .  ■  .     .   '. 

Il  fcut  adresser  les  leUres  et  l'argent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  A  G  .\  s  s  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  rue  des  Poitevini ,  n»  iS.  Il  faut  comprendre  dans  les  env^iileport  dei 
»«y«  o*  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départcmcns  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  re'dacteur,  rue  de» 
Poitevins  ,  n'  l3  ,  depui  jneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n°  l3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEURUNIVERSEL. 


N"  325. 


Qjiinlidi  ,  25  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indiuùibfe. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M O  N!  T  E  U  R  esc  lë'^.éli^'jôurnai  qj^cicl 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement  Jes  nouvelles  des   armées  .  ainsi   que 'les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  er  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ALLEMAGNE. 

Augs bourg  ,  le  12  thermidor. 

A-<  E  quartier-général  de  Moreau  était  avant-hier 
dans  celle  ville.  Il  y  reçut  un  officier  autrichien 
qui  lui  apportait  des  dépêches  importantes  du 
général  Kray.  Il  est  parti  aujourd'hui  pour  la 
Souabe. 

Stuttgard ,  le  i5  thermidor. 

L'armée  française  s'étend  journellement  dans 
le  Wirietnberg.  Les  villes  de  Marbak  ,  Marggro- 
ningen  ,  Ludwisbo'urg  ,  et  tous  les  villages  en- 
vironnons sont  occupés  par  des  troupes  françaises. 
Hier  ,  le  quartier-général  du  général  Drouet  était 
à  Ludwisbourg  .  et  celui  du  général  Waliher  à 
Kaunsiatt.  Des  troupes  venant  de  Kehl  à  d'Of- 
fenbourg  traversent  toujours  les  défilés  de  la 
Forêt-Noire.  Quantité  de  français  défilent  vers  le 
Neker. 

On  dit  que  les  troupes  russes ,  qui  se  rassem- 
blent sur  les  frontières  occidentales  de  leur  pays, 
sont  destinées  à  attaquer  la  Gallicie  .  au  cas  ori 
l'qmpereur  ferait  difficulté  de  payer  à  Paul  !"■  les 
dépenses  de  la  dernière  campagne.  —  Aucunes 
troupes  françaises  n'ont  jusqu'à  présent  pénétré 
dans  lé  cercle  de  Françonie  .  mais  on  y  en  en- 
verra bientôt. 

Il  y  a  à  "Wurzbonrg  trois  officiers  français  char- 
gés de  tracer  la  ligne  de  démarcaiion  autour  de 
la. forteresse  ,  et  de  pourvoir  à  son  approvision- 
nement en  vivres  et  en  munitions  de  guerre. 

Le  général  Moreau  a  fixé  la  contribution  de 
Heilbroun  à  400,000  fr.  f  Strasb.  Wdtbote.  ) 

PRUSSE. 

Berlin  ,  le  1"  thçrrhidor. 

Les  négociations  se  suivent  avec  vivacité  aussi 
bien  à  Paris  et  à  Vienne  qu'à  Berlin.  Le  roi  de 
Prusse ,  de  concert  avec  le  Dannemarck  ,  la 
Suéde  et  l'Espagne,  et  peut-être  avec  la  Russie, 
travaille  à  effectuer  la  paix  de  lEurope,  ou  au 
moins  du  continent ,  et  à  organiser  une  neutralité 
armée,  si  la  guerre  devait  continuer  entre  la 
France  et  l'Anoleterre.  Chaque  jour  arrivent  ici 
des  courriers  de  Paris .  de  Vienne  ,  de  Londres  , 
de  Petersbourg.  On  dit  que  les  traités  se  feront  à 
Kârlsbad  ,  et  que  le  général  Beurnonville  s'y 
rendra  sous  peu. 

Des  nouvelles  particulières  de  Hollande  disent 
qu'il  y  aura  aussi  un  armistice  sur  mer.  Les  espé- 
rances de  paix  augmentent  à  Vienne  ,  à  en  juger 
par  la  hausse  des  effets  publics. 

Le  général  danois,  le  comte  Golz,  ci-devant 
adjudant  de  Frédéric-le-Grand,  va  partir  pour  le 
Portugal  ori  il  est  nommé  généralissime  des 
troupes  portugaises. 

{Straburger   Weltbote.) 

ANGLETERRE. 

Londres ,  /«  1  7  thermidor  ,  (  5  août.  ) 

Tableau  comparatif  de  la  petite-vérole    et  de    la 
vaccine ,  par  le  docteur  Thornion. 

P  R  T  I  T  F.    VÉROLE. 

(  Smalpox.  ) 

i".  Le»  pustules  de  la 
petite  -  vérole  con- 
tiennent une  matière 
épaisse  qui    n'affecte 

Îioint     beaucoup    la 
ancette. 

2".  Pic(]uemment  la  pe- 
tite vérole  agit  for- 
tement sur  la  consti- 
tuiion  ;  d'oii  résultent 
de  vives  inquiétude» 
souvent  fondées. 

3".  La  petite  vérole  est 
accompagnée  ordi- 
naircmentde  boutons 
p.utulcns. 


4°.  Si  la'  petite  vérole 
est  confluente  ,  les 
traits  du  visa,ge  se 
grossissent  ,  la  peau 
se  creuse  ,  les  yeux 
s'entreprennent  ,  le 
nialade  souft'ie  horri- 
blement el  la  fièvre 
secondaire  l'emporte, 
ou  il  reste  aveugle  et 
défiguré  pour  tou- 
jours. 

5°.  L'odeur  qui  émane 
de  la  petite  vérole  est 
très-désagréable. 

6°.  La  peliie  vérole  est 
irès-contagicuse. 


4".  Il  n'existe  rien  de 
tout  cela  d.ins  la  vac- 
cine ;  point  de  fiè- 
vre secondaire  ,  ni 
de  cécité  ou  d'alié- 
ran'on  dans  les  traits 
et  sur  ia  peau.         ' 


5°.  Aucune  odeur  ne 
s'exhale  de  la  vac- 
cine. 

6°.  La  vaccine  n'est  du 
tout  point  conta- 
gieuse. 

7°.  Personne  ne  meurt 
de  la  vaccine. 


VACCINE. 

(  Cow-pock.  ] 

1°.  Les  pustules  de  la 
vaccine  renferment 
une  matière  fluide 
qui  affecte  rapide- 
ment la  lancette. 

2°.  D'ordinaire  la  vac- 
cine n'agit  aucune- 
ment sur  la  consti- 
tution où  son  influ- 
ence n'est  presque 
pas  sensible. 

3».  Les  boutons  de  la 
vaccine  sont  remplis 
d'une  matière  bé- 
nigne. 


7°.  Beaucoup  de  per- 
sonnes meurent  de  la 
peliie  vérole. 

Observations.  —  Il  existe  une  si  grande  dis- 
semblance entre  la  petite  vérole  et  la  vaccine  , 
que  tout  êire  raisonnable  ne  saurait  hésiter  dans 
son  choix.  Qns.  ceux  qui  oni  eu  la  vaccine 
soient  parfailcmcnl  assurés  qu'ils  n'auront  pas  la 
petite  -  vcîole  ;  je  puis  le  leur  gatarjiir  d'après 
une  infinité  d'exemples.  J'ai  inoculé  à  plusieurs 
reprises  la  peiiie-vérole  à  des  ciifans  qui  avaient 
eu  la  vaccine;  je  les  ai  fait  jouer  et  coucher 
avec  d'autres  enfans  attaqués  de  la  péliie-vé- 
role  confluente  ;  je  leur  ai  fait  loucher  leurs 
pustules  l'une  après  l'autre  ,  sans  que  jamais  la 
petile-véïole  se  soit  manifestée  chez  eux.  lima 
aussi  été  démontré  par  un  nombre  considérable 
de  preuves  que  la  vaccine  n  était  point  conta- 
gieuse. J'ai  inoculé  des  enfans  au  sein  de  leurs 
mères  ,  lesquelles  n'avaient  jamais  eu  la  petite-vé- 
role ni  la  vaccine.  Les  enfms  ont  eu  la  vaccine, 
et  les  mères  n'ont  tien  éprouvé.  J'si  souvent, 
pour  m'asstirer  de  plus  en  plus  de  l'incontagion 
de  la  vaccine,  inoculé  l'un  après  lautre  des 
enfans  d'une  même  famille  ;  et  j-amais  ma  con- 
fiance dans  ce  procédé  ,  ni  celle  des  pareijs'en 
moi  n'ont  élé  trompées.  En  tout  ,  le  succès  a 
toujours  surpassé  l'espoir  ,  tant  ceue  méthode 
comporte  en  elle  un  caractère  particulier  de 
bénignité.  La  vaccine  forme  une  ère  dans  les 
annales  de  la  médecine  ,  et  doit  éterniser  la 
mémoire  du  docteur  Jenner  à  qui  il  était  réservé 
de  taire  celle  belle  et  salutaire  découverte ,  ef 
d'en  propager  les  bienfaits. 

— Le  Royal  Souverain,  de  110  canons,  amiral  sir 
Alan  Gardner  ,  ei  le  Pompée  ,  de  80  ,  fesant  partie 
de  ia  grande  flotte  ,  sont  entrés  à  Plymouth  pour 
se  réparer. 

Douze  warrants  (  décrets  de  prise  de  corps  ) 
ont  été  lancés  contre  des  accapareurs  et  regrat- 
tiers  de  Sheffield. 

On  dit  qu'il  sera  réparti  entre  les  officiers  et  les 
équipages  de  l'escadre  de  l'amiral  Mitchell  ,  la 
somme  de  200,000  liv.  sterl.  ,  compensation  de 
leurs  pans  de  prise  dans  les  bâiimens  hollandais, 
capturés  par  cette  escadre  au  Helder.  ■ 

Tandis  qu'une  réunion  de  cultivateurs  de 
houblon  buvait  à  la  santé  de  M.  'Waddirigton  , 
comme  au  sauveur  du  Worcesiershire  ,  les  inté- 
ressés dans  les  emprunts  publics  ,  en  un  mot , 
Ions  les  agitateurs  buvaient,  dans  la  cité  ,  à  celle 
de  M.  Pitt,  comme  au  sauveur  de  l'Angleterre. 

Un  des  transportés  à  Botany-Bay  mande  que 
ce  serait  le  seul  pays  du  monde  pour  faire  for- 
tune ,  si  un  homme  pouvait  y  épouser  une  bonne 
femme  ;  mais  malheureusement  il  n'y  en  exis- 
tait   pas. 

(Extrait  du  LondonVackeU,  du  Star  et  du  thé 
Courrier  and  evening  Gazette.  ) 

INTÉRIEUR, 

Strasbourg ,  le  io  thermidor. 

La  navigation  libre  du  Rhin  ,  depuis  l'Helvélie 
jusqu'aux  frontières  de  la  Batane  ,  est  rétablie. 
Le  commandant  de  Philisbourg  ne  se  refuse  plus 
à  l'exécution  de  l'ariicle  de  l'armistice  qui  rétablit 
la  liberié  de  la  navigation.  Déjà  plusieurs  baieaux 
se  sont  portés  vers  Mayence. 

On  apper<iut ,  il   y   a  uois  jour»,un  violent 


înceridie  sur  la  rive  droite  du  Rhin.  Nous  avons 
appris  que  la  forêt  de  Kappcl  a  été  la  proie  des 
j  Uammes.  ' 

A  Hordt,  il  y  a  deux  jours, .cinq  granges,  trois 
maisons  et  un  moulin  à  huile  ,  ont  eu  le  même 
sort,   (  Strasbinger  Weltbote.  )  ■• 

JVantes  ,   le  ig  'thermidor. 

L'animal  féroce  qui  fesait  depuis'  plusieurs 
mois  la  terreur  de  quelques  com.-nunes  de  ce  dé- 
partement,  a  éié  lue  hier.'  "'.  '.. 

Ce  n'est  point  une  hyène  ,  car  le  caractère  àfi 
cet  anirnal  est  de  n'avoir  à'  chaqijc  pie  J. 'que 
quatre  doigts  ,  et  l'animal  tué',  qui  en  a  cinq  ,  est 
une  louve.  ■:. 

On  sait  assez  que  le  loup  peut  quelquefois' 
prenore  I  habitude  de  la  ciïair  humaine'  et 
qu  alors  il   devient  plus  féroce  et  pjus'furieuxi 

C  est  le  ciioyen  Amiens  ,  cultivateur  à  la  Freu-  .' 
diere  ,  commune  de  Saint-Phiibert ,  qui  a  délivré  ' 
le  pays  de  ce  monstre  carnassier. 

Dans  les  premiers  âges   du  monde  ,  la  destruc- 
tion d  un  monstre  lésait  la  répulaiion  d'un  héros  ■  ' 
dans   celui-çi    on    doit    au    citoyen    Amiens    les 
e  oges  que  merttem  le   courage  et  le  sang- froid. '^ 
Il  a  apperçu  la  bête  en  ouvrant  la  polie  de  son 
logis;  après  les  comptes  absurdes   répandus  de-' 
puis  quelque  tems  .  plus  d'un   homme  aurait' re- 
lernie  sa  porte  ,  celui-ci  à'  sâulé  sur  son  fusil  et  a 
perce  la   poiinne    de   l'animal    qui    s'avançait   sur' 
lui.  L animal  e.-t, tombé  au  coup  et  a  péri,   après" 
avoir  pendant  long-tems  poussé   d'affreux  hurle-' 
menj.  ...  '  ' 

On  ne  peut  guerès  douter  que  ce^nésoit  le 
même  qui  a  ex.ercé  sa  cruauté  dans  ces  cantons. 
*.e  loup  se  retire  ordinairement  à  l'approche  du 
jour,  etcelm-ci  s'était  approché  des  habiiaiions 
et  y  rodait  au  lever  du  soleil  ,  à  l'inslani  où  il  a 
ete  tue.  Vn  a  d  ailleurs  reconnu  dans  l'animal  tué 
•  f  '«^■PO"  de  celui  qui  s'était  t. m  fait 
craindre.   Il  a  été  amené  à  la  préfecture  on  l'on 

^B'wL.-,,*,'^£"i,/--'^*'?'"?"'  ^pleri    corda    tuendo. 
(  Extrait  du  Pifbtiçateur  de  Mantes.  J 

Paris  ,  le  94  thermidor. 

Extrait  d'une   lettre  de  Naples  ,  le  5  juillet    1800  '. 
(  messidor  an  8.  ] 

Je  puis,  enfin,  satisfaire  votre  impatience  en 
vous  donnant  des  nouvelles  sûres  de  notre 
malheureux  pays.  Je  profite  pour  cela  de  l'oc- 
casion dun  de  mes  amis  qui  part  pour  Livourne, 
d'où  j'ai  la  certitude  ,  qu'il  y  aura  moyen  de 
vous  laire  parvenir  ma  lettre. 

Ces  contrées  que  la  nature  semblait  avoir 
destinées  au  bonheur  ,  présentent  l'aspect  le 
plus  désolant;  le  sceptre  de  fer  du  gouverne- 
metil  pesé  sur  toutes  les  classes  indistinctement. 
11  n  y  a  pas  de  jour  qu'il  ne  soit  pris  des  mesures 
fanes  pour  amener  la  plus  grande  fermentation  , 
et  qui  ne  fassent  pressentir  quelque  crise  ter- 
rible. 

Une  loi  ,  publiée  le  8  mai  dernier  .  réduit  les 
fedi  di  crédita,  autrement  billets  de  banque  ,  de 
leur  valeur  nominale  à  celle  du  cours  journalier 
de  la  place  .même  pour  le  paiement  des  charges 
publiques.  Ces  fedi  di  crédita  ne  conserveront 
encore  ,  que  pendant  quatre  mois  ,  leur  valeur 
nominale  ,  et  seulement  pour  les  objets  suivans,: 
1°.  Pour  les  placer  sur  le  gouvernement  ,  à 
raison  de  3  pour  cent  par  an,  auquel  paieiment 
est  hypothéqué  le  recouvrement  de  la  dîme  ,  qui  , 
maintenant ,  par  la  taxe  extraordinaire  ,  mise  pour 
l^  §"^"6  1  va  devenir  un  impôt  perpétuel  ,  sans 
être  d'aucune  aumentation  pour  le  trésor  public, 
comme  d'autres  revenus. 

2°.  Pour  l'acquisition  des  biens-fonds  ,  prove- 
nans  des  confiscations  faites  sur  les  criminiels 
d  élat ,  de  ceux  provenans  du  patronat  royal ,  et 
de  l'administration  des  écoles  ,  et  si  ces  biens  ne 
suffisent  pas  jinur  remplir  les  5  millions  destinés  à 
éteindre  les  billess  de  banque,  ou  y  suppléera  avec 
les  biens  des  monastères  suprimés  sur  lesquels  on 
fera  passer  les  pensions  imposées  sur  les  biens 
confisqués. 

Une  telle  mesure  a  achevé  de  discréditer  les 
fedi  di  crédita,  dont  la  valeur  sera  dans  peu  ré- 
duite à  zéro.  Les  propriétaires  ont  été  forcés  pat 
des  circonstances  aussi  ruineuses,  à  se  réduire  à 
la  plus  stricte  économie,  d'où  il  résulte  que  les 
ouvriers  et  les   artisans  ne  gagueui  pas.  de.  quoi 


i3ie 


svibvenir  à  "leurs  btsoins  journaliers ,  et  languis- 
sent dans  la  plus  grande  misère  ,  ainsi  que  la 
majeure  partie  de  ceux  qui  étaient  attachés  au 
service  domestique, 

Cependant  ,  on  excite  sans  cesse,  sous  main  , 
l'esprit  d'anarchie  d'une  partie  des  lazzaroni  qui  , 
devenus  le  soutien  du  gouvernement  ,  pour  con- 
tenir les  autres  classes  ,  se  perroetteni  tome  sorte 
de  délits  que  ce  gouvernement  lui-même  est 
obligé  de  laisser  impunis.  Il  règne  cependant 
parmi  le  peuple  une  grande  disrention  ,  et  beau- 
coup d'entr'enx  sont  las  de  la  silu;ition  actuelle 
des  affaires.  Dernièrement,  en  fesant  ériger  une 
croix  sur  la  grande  place  du  palais  du  roi  ,  à 
l'endroit  même  où  l'arbre  de  la  liberté  avait  été 
planté  ,  les  lazzaroni  du  quartier  de  S.  Luccia  , 
qui  avaient  pri.<  part  à  la  révolution,  furent  in-  . 

suites  par  les  lazzaroni  des  autres  quartiers  ,  parce     pogtaphique  de  1  armée 
que  les  premiers  étaient  partisans  des  patriotes  , 
9t  on  se  battit  de  part  et  d'autre. 

La  noblesse  est  entièrement  avilie  :  la  notavelle 
loi  publiée  le  8  mai  la  prive  de  tous  ses  antiques 
privilèges  ,  prérogatives  et  émolumens ,  tous  ob- 
jets auxquels  elleétait  extrêmement  attachée  ;  et 
comme  lés  nobles  ont  pris  part  à  la  révolution  , 
le  gouvernement  reut  maintenant  régénérer  la  no- 
blesse souillée  d'un   délit  qui  n'a  jamais  existé. 

On  a  créé  un  tribunal  suprême  et  conservateur 
qui  divisera  la  nouvelle  noblesse  en  trois  clas- 
ses ;  la  première  sera  enregistrée  dans  un  livre 
appelé  /«  livre  d'or.^  dont  ce  tribunal  sera  Is  con- 
servateur. Aux  députés  et  élus  pour  le  gouverne- 
ment de  la  cité  ,  on  a  substitué  un  sénat  royal.  Le 
tribunal  suprême  et  conservateur,  le  sénat  royal  et 
lés  autres  tribunaux  et  députations  seront  tous 
nommés  et  révoqués  par  sa  majesté.  Cette  loi  lait 
frémir  le  petit  nombre  de  nobles  qui  étaient  restés 
attachés  au  parti  royal. 

Les  provinces  sont  également  aigries  et  mé- 
contentes ;  les  visiteurs  qui  ont  été  envoyés  avec 
dçs  pouvoirs  illimités  contre  les  partisans  de  la 
liberté  ,  ont  renouvelle  les  scènes  sanguinaires 
et  horribles  de  la  capitale,  avec- une  férocité 
que  la  plume  se  refuse  à  décrire.  Beaucoup  d'hon- 
nêtes gens  menacés  de  perdre  la  vie  ont  été  obli- 
gés de  se  réfugier  dans  les  bois.  Quelques  villes 
ont  repoussé  par  la  force  ces  infâmes  visiteurs. 
Venafro  ,  Marlina  et  la  campagna  d'Eboli  ont 
montré  en  cette  occasion  la  plus  grande  énergie. 

La  cour  avait  récemment  ordonné  aux  pro- 
vinces de  payer  comptant  les  impots  établis  par 
les  français  et  le  gouvernement  républicain  ,  et 
de  faire  une  levée  forcée  de  quarante  mille 
hommes.  Les  provinces  s'y  sont  ouvertement 
refusées  ;  on  n'a  pas  payé  un  sou  ,  ni  fait  une 
seule    recrue.    Ceux  mêmes   que    la  cour   avait 


Lorsque    les    français  firent    la    conquête   du        V  ,  .    .       . 

aumc  deNaples,  eritr'autres  objets  pris  pour     dans  dans  les  departemcns  ,  tous  les   rentiers    et 


VL  La  banque  fera  payer  par   ses  correspon- 


le  compte  de  leur  nation ,  il  y  avait  plusieurs 
cuivres  précieux  du  muséum  d'Hcrculanurii  ,  les 
cuivres  de  plusieurs  caites  des  douze  pr.vinces  , 
gravés  sous  la  direction  de  Rizzi  et  de  Zannoni. 
Ce  derniervendit  à  l'agent  du  gouverneraentfran- 
çals  tous  les  cuivres  qui  lui  appartenaient,  pour 
tioe  somme  de  25,ooo  lir.  qu'il  toucha  imraédia- 
teraenl.  Les  français  s'étant  retirés  de  Naples  , 
Zaïinoiii  se  rendit  avec  eux  à  Rome.  Lors  de 
l'entrée  de  l'armée  napolitaine  dans  Rome  ,  il  se 
présenta  en  qualité  de  commissaire  du  roi  des 
Ùeux-Siciles  ,  et  il  reprit  pour  lui  non-seulement 
les  cuivres  qu'il  avait  déjà  vendus  ,  ^ais  encore  l 
ceux  qui  avaient  été  pris  à  Naples. 
Le  citoyen   Marsilli,  directeur    du   bureau  ty 


Note. 

La  cour  dç  Naples  a  fait  dire  au  fondé  de 
procuration  de  quelques  grands  propriétaires  qui 
se  trouvent  en  pays  étranger  sans  y  être  con- 
damnés et  sans  qu'aucunjugement  les  ait  frappés  , 
mais  qu'on  voit  pourtant  de  mauvais  œil  ,  qu  ils 
^eussent  à  vendre  leurs  biens  pour  en  emporicr 
le  prix  et  ne  jamais  revenir.  Ces  propriétaires 
ne  demanderaient  pas  mieux  que  d'obéir  ,  et  de 
sauver  leur  bien  en  le  transportant  en  France  ; 
rrrais  la  permission  de  vendre,  offerte  par  la  cour, 
n'est  qu'une  grâce  illusoire. 

1°.  Il  est  impossible  de  trouver  des  acheteurs ,  à 
une  époque  ou  le  mécontentement  est  général  et; 
oti  tout  le  inonde  est  ruiné. 

2".  Les  propriétés  féodales  sont  assujetties  à  la 
réversibilité  de  la  couronne,  lorsque  la  succes- 
sion en  ligne  directe  manque.  Elles  sont  assu- 
jetties à  un  droit  de  valimento  d'une  grande  por- 
tion du  revenu  ,  quand  le  propriétaire  est  absent 
du  royaume.  Elles  sont  assujetties  à  des  J/dei- 
commissi ,  à  des  testamens  qui  établissent  des  droits 
d'aînesse.  Comment  vendre  de  tels  biens  ? 

3".  Les  propriétés  bourgeoises  sont»  presque 
toutes  assujetties  à  des  Jidei-commissi  et  à  des 
testamens. 

La  permission  de  vendre  et  d'emporter  le 
prix  de  ces  biens  ,  ne  sera  jamais  qu'une  grâce 
illusoire  pour  les  patriotes  ,  de  la  part  du  roi  de 
Naples  ,  si  elle  n'est  pas  précédée  d'une  loi  qui 
dégage  les  biens  des  Jidei-commissi  et  des  tes- 
tamens. 


4u  i5  thermidor. 


séduits  piT  de  grandes  proiri« 
militaires,  d  exempnons  d  impots  et  autres  pri- 
..tlpacs  ont  pris  part  à  cette  résistance.  Armés 
pour  la  contre-révolution  ,  ils  ont  tourné  leurs 
armes  contre  le  gouvernement  en  voyant  que 
toutes  les  promesses  qu'où  leur  avait  faites 
étaient  sans   effet. 

Les  troupes  organisées  ne  montent  dans  tout 
le  royaume  qu'à  environ  neuf  mille  soldats  , 
dont  un  grand  nombre  a  été  repris  de  justice. 
Tous  sont  mal  vêtus  et  mal  payés ,  tandis  qu'on  - 
exige  d'eux  un  service  continuel  et  très-pénible. 
Les  officiers  qui  les  commandent  manqtient  tous 
de  talens  ,  de   courage  et  de  moralité. 

Les  anciens   officiers  qui   ont    échappé    à    la 
mort ,  à    la  déportation   ou  à    la    prison  ,  sont 
privés  de  leurs   emplois  et  réduits  à  la  misete  et 
au    désespoir.   Il  n'y  a  plus   un  seul   soldat   de 
ttoupes  auxiliaires  ;  quelques  centaines  de  russes 
qui  étaient  restés  se    sont  embarqués  le   «6  du 
mois  passé  (  7  messidor  )  ,  sur  deux    frégates  de 
leur  nation.  Depuis  le  départ  des  russes  ,Tes  deux 
chefs  de  brigands  ,  Sciarpa  et  Luigi-Brandi ,  ont 
demandé  iju'on  leur  confiât  la   garde    des  forts 
de  Castel  Nuovo  et  de  San  Elmo.  On  dit  qu'il 
l'obtiendront  ,  parce    que  la:  cour  se  méfie   des 
commandans  militaires  des   troupes  de  ligne.  Il 
est  impossible  de  décrire  tou.s  les  tourmens  qu'on 
a  fait  souffrir  aux  officiers  qni  ont  pris  du  service 
pour  la  république.  Il  suffit  de  dire   que  la   ma- 
jeure partie  des  officiers  de  la  légion  Bruzia  a  été 
conduite  l'espace  de   24  milles  ,  précédée  d'un 
crieur  public  qui  ,   à  son  de  trompe  ,  annonçait 
qu'il  était   permis   à   tout  individu  d'insulter  ces 
malheureux,  tandis  que  sa  majesté  ne  se  réservart 
que  le  droit  royal  de  leur  donner  la  mort.  Les  offi- 
ciers   conduits    dans  les    prisons   de   Salerne ,  y 
sont  restés  plusieurs  mois  avec  les  fers  aux  pieds 
et  aux  mains  ,  et  le  visage  tourné  vers  la  muraille. 
Plusieurs  en  sont  morts ,  ne  pouvant  résister  à  tant 
de  tortures  ;  mais  on  a  eu  la  barbarie  de   laisser 
pendant  plusieurs  jours  leurs  cadavres  auprès  de 
leurs  camarades  cjui  soupiraient  après  le  moment 
de  perdre  leur  vie  pour  mettre  un  terme  à  leurs 
maux. 

Tous  les  raonuraens  des  beaux  arts  qui  étaient 
à  Rome  ,  et  qui  appartenaient  à  la  nation  fran- 
çaise ,  ont  été  transportés  ici ,  et  le  chevalier  Ve- 
ruti  chargé  de  ce  transport  l'a  fait  avec  une  cé- 
lérité incroyable. 


Lettre,  d'un  réfugié  à  Marseille 

Les  dernières  nouvelles  reçues  de  Naples  ne 
sont  nullement  rassurâmes  pour  l'avenir.  Tous 
les  détenus  jugés  ou  à  juger  ont  éié  réunis  dans 
le  châieau  Saint-Elme.  On  foriifie  les  autres  châ- 
teaux,  ainsi  que  les  îles  de  Procida  et  d'Ischia. 
Cette  dernière  est  destinée  à  recevoir  à  tout 
événement  le  gouverneraent  établi  à  Naples  et 
la  fameuse  junte  d'état.  On  a  déjà  fait  précé- 
demment l'expérience  qu'un  trajet  de  mer  suffit 
pour  garantir  ces  pouvoirs  délégués,  de  la  force 
étrangère  ,  en  les  laissant  les  libres  dépositaires 
des  vexations  et  de  la  violence.  On  s'apperçoit 
évidemment  que  le  plan  actuel  est  d'abandonner 
(avec  l'humanité  ordinaire  )  ce  pays  à  I  anarchie 
qui  y  a  été  préparée  ,  -de  transporter  avec  le 
tribunal  le  reste  des  victimes  d'une  fureur  qui 
pourrait  devenir  encore  plus  atroce  ,  et  enfin 
de  se  tenir  toujpurs  à  portée  de  perpétuer  les 
troubles  et   Iss  malheurs  de  la  ville  de  Naples. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  sS  thermidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  la  proposi- 
tion du  ministre  des  finances ,  ariêtent  ce  qui 
suit  : 

Art.  I".  A  compter  du  second  semestre  de 
l'an  8  ,  les  rentes  et  pensions  sur  l'état  seront 
acquittées  en  'numéraire. 

IL  Ces  paiemens  seront  effectués  par  l'inter- 
médiaire de  la  banque  de  France. 

IIL  La  banque  .ouvrira  à  cet  effet  un  compte 
avec  la  trésorerie  nationale  pour  la  recette  des 
fonds  destinés  à  l'acquit  des  rentes  et  pensions, 
et  pour  le  paiement  à  chaque  partie  prenante 
du  mandat  sur  la  banque  ,  qui  lui  aura  été  dé- 
livré à  cet  effet  au  trésor  public. 

rV.  La  banque  établira  un  nombre  de  caisses 
suffisant  pour  que  le  service  soit  fait  sans 
trouble  et  avec  l'activité  nécessaire.  Elle  ne 
pourra  donner  dans  chaque  paiement  plus  du 
vingtie;me  en  monnaie  de  cuivre. 

■V.  Le  paiement  des  rentes  et  pensions  ,  pour 
le  second  semestre  de  l'an  8  ,  s'oiivrira  au  pre- 
mier nivôse  prochain  ;  il  s'effectuera  dans  les 
six  mois  ,  et  par  ordre  de  numéros  des  ins- 
criptions. La  somme  nécessaire  pour  les  paie- 
mens sera  fournie  par  la  trésorerie  nationale  ,  à 
la  banque  ,  en  obligations  des  receveurs-géné- 
raux, aux  échéances  correspondantes  ,  dont  la 
première  sera  au  3o  brumaire  an' 9  ,  et  ainsi 
successivement  de  mois  en  mois. 


pensionnaires  qui  y  sont  actuellement  payes  ,  et 
ceux  qui  voudront  l'être  à  l'avenir  ,  après  qu'ils 
en  auront  fait  leur  déclaration  dans  les  formes 
d'usage. 

VIL  II  sera  alloué  à  la  banque  ,  pour  tous  frais 
de  recouvrement  ,  établissement  de  bureaux  , 
transports  de  fonds,  et  indemnités  quelcon()Ucs , 
une  provision  d'un  et  demi  pour  cent  ,  pour 
raison  du  service  des  renies  et  pensions  dit 
deuxième  semestre  de  l'an  8.  La  fixation  de  cette 
commission  sera  de  nouveau  réglée  pour  le  ser- 
vice du  premier  semestre  de  l'an  9. 

VIII.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  inséré, 
au  bulletin   des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premiet  consul  , 
Le  secrétaire-d'étaf  ,  signée  H.  B.  Maeet. 
Autre  arritr  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  vu  la  pétition 
présentée  par  les  maire  et  adjoints  de  la  com- 
mune de  Pont-de-Vaux  ,  et  sur  le  rapport  du 
ministre  de  l'intérieur,  arrêtent  : 

Art.  I"^.  La  commune  de  Pont-de-Vaux  est  au- 
torisée à  élever  ,  à  ses  frais,  uti  monument  à  la 
mémoire   du  général  Joubert. 

II.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au  bulletin 
des  lois.  ' 

Le  premier  consul ,  signé.   Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  sig7ie\  H.  B.  Maret. 

MINISTERE  DE  LA   MARINE. 

Extrait   d'une  circulaire  du  ministre  de  la  marint 
et  des  colonies  ,  aux  préfets  maritimes, 

Des  préliminaires  de  paix  .  citoyen 

préfet,  sont  arrêtés  entre  la  république  française 
et  le  roi  d'Alger.  Ils  ont  été  signés  à  Alger  le  is 
thermidor  ,  par  le  citoyen  Thainville  ,  chargé  de 
pouvoirs  du  gouvernement.  Le  dey  a  donné  des 
ordres  aux  bâlimens  naviguans  sous  son  pavillon  , 
de' respecter  celui  de  la  république  française. 

Le  premier  consul  m'ordonne  en  conséquence 
de  faire  respecter  également  les  couleurs  algé- 
riennes par  les  bâtimens  français.  Vous  voudrez 
bien  notifier ,  dans  tous  les  ports  de  votre  arron- 
dissement ,  les  intentions  formelles  du  gouver- 
nement ,  et  veiller  à  leur  prompte  exécution. 


Arrêté  des  maire  et  adjoints  d'Amiens. 

Les  étrangers  qui  arrivent  dans  cette  ville.,  *ont 
étonnés  et  choqués  d'y  voir  une  affluence  de  meO- 
dians  Valides  qui  les  environnent,  les  conduisent ^ 
les  importunent  de  leurs  demandes  ,  de  leurs  dis- 
putes et  de  leurs  cris. 

Il  est  juste  ,  il  est  humain  de  venir  au  secours 
des  pauvres  veillards  et  des  infirmes  ;  mais  quaiid 
des  individus  ,  pleins  de  force  bt  de  santé  ,  en 
état  de  travailler  ,  s'abandonnent  à  la  mendicité 
et  à  la  fainéantise ,  sa  compagne  inséparable , 
tout  le  travail  qu'ils  ne  font  pas  ,  tous  les  secours 
qu'ils  reçoivent ,  sont  autant  de  vols  faits  à  la 
société  et  aux  vrais  pauvres  ;  et  ceux  qui  ont  la 
faiblesse  de  leur  donner  ,  s'en  rendent  com- 
plices. ' 

Il  y  a  eu  des  tems  de  calamité  où  la  mendicité 
pouvait  être  excusée  -,  mais  aujourd'hui  que  les 
travaux  des  manufactures  reprennent  de  l'activité, 
que  ceux  de  la  moisson  sont  ouverts  ,  que  les 
chefs  d'ateliers  manquent  de  bras  ,  qu'un  octroi 
de  bienfesance  a  été  établi  pour  soulager  l'indi- 
gent ,  le  magistrat  qui  souffrirait  l'abus  honCeuK 
de  la  mendicité  ,  Serait  coupable  aussi. 

La  loi  veut  qu'il  soit  pourvu  à  la  subsistance  4(i 
pauvre  ;  mais  elle  veut  aussi  que  la  mendicité  soit 
réprimée.  Elle  a  voulu  ,  en  conséquence  ,  qu'il 
soit  établi ,  dans  chaque  département ,  des  maisons 
de  répression  où  le  travail  sera  introduit ,  et  où 
les  mendians  seront  conduits  :  c'est  la  disposition 
textuelle  de  l'art.  XIV  du  décret  du  19  mars  1798 
qui  subsiste  toujours. 

Il  est  tems  qu'elle  soit  exécutée  pour  le  bien  de 
la  société  et  pour  celui  des  vrais  pauvres  ,  et  pour 
extirper  tous  les  désordres  qui  résultent  de  l'oisiveté 
des  mendians. 

En  conséquence  ,  les  maire  et  adjoints  arrêtent: 

Les  réglemens  ,  qui  font  défense  de  mendier, 
seront  exécutés. 

Huit  jours  après  la  publication  des  présentes  , 
toutes  personnes  valides  qui  seront  trouvées  men- 
diant dans  les  rues  ou  aux  portes  des  édifices 
publics  et  des  maisons  particulières  ,  seront  arrê- 
tées et  conduites  au  dépôt  de  mendicité. 

Il  est  enjoint  à  tous  les  mendians  valides  ,  de  se 
procurer  du  travail  pendant  le  délai  accordé  ea 
l'art.  II  ci-dessus. 

La  commission  des.secour(  cst.invitée  àdreuer-' 


de  nouveaux  états  exacts  dés  pauvres  vieillards 
€t  de  ceux  infirmes  ,  pour  être  avisé  ,  de  concert 
avec  elle  ,  aux  secours  à  distribuer  à  cette  classe 
intéressante  de  nos  concitoyens. 

Les  commissaires  de  police  veilleront  à  l'exé- 
cution du  présent,  et  feront  airêter,  après  le 
délai  fixé  en  lart.  Il ,  tous  mcndiaiis  valides. 

Les  citoyens  sont  invités  à  venir  au  secours  des 
Vrais  pauvres  et  à  verser  dans  la  caisse  de  bien- 
fesance  ,  en  outre  de  leurs  dons  de  chaque  mois, 
ceux  qu  ils  distribuenldans  les  ruesaux  mendians. 


Discours  prononcé  par  le  citoyen  Lanxade  ,  com- 
missaire du  gouvernement  près  le  tribunal  cri- 
minel du  département  de  la  Vordogne  ,  le  jour  de 
l'installation  de  ce  tribunal. 

Citoyens  juges  , 
Tandis  que  la  première  des  nations  ne  poursuit 
au  dehors  la  carrière  ouverte  par  la  victoire  ,  que 
pour  donner  la  paix  à  lEurope  ,  et  sécher  enfin 
les  pleurs  que  la  guerre  fit  verser  à  l'humanité  ; 
vous  êtes  appelés  par  son  gouvernement  à  exer- 
cer ,  pour  assurer  la  tranquillité  intérieure  ,  le  plus 
redoutable  des  ministères.  Protéger  l'innocence 
timide  ,  réprimer  le  crime  audacieux,  garantir 
la  sureé  de  tous  ,  et  maintenir  ainsi  l'harmonie 
sociale ,  telle.^  sont  les  fonctions  augustes  que 
vous  allz  remplir;  et  vos  concitoyens  vont  dé* 
sormais  voit  en  vous  les  dépositaires  de  leur 
libellé  et  de  leur  vie. 

Mdii ,  Citoyens ,  combien  ce  ministère  serait 
plus  pénible  encore  si  la  loi  ne  veut  eût  entourés 
des  toi  mes  conservatrices  de  la  liberté  publique 
et  individuelle  ,  et  si  vous  étiez  appelés  ,  seuls  ,  à 
prononcer  sur  le  sort  de  vos  concitoyens  !  vous 
entendez  déjà  que  je  veux  vous  parler  de  la 
sublime  instituiion  des  jurés  de  cette  forme  pré- 
cieuse de  jugement  qui,  distinguant  le/az(  d'avec 
la  loi  ,  entre  essentiellement  dans  la  constitution 
d'un  peuple  liore  ,  et  présente  de  si  grands  avan- 
tages sous  le  rapport  des  mœurs  publiques,  et 
sous  celui  de  la  liberté   privée. 

Parmi  les  caractères  qui  distinguent  celte  ins- 
titution ,  il  en  est  un  bien  essentiel ,  aussi  conso- 
lant pour  la  conscience  du  juge  qu'il  est  ras- 
surant pour  l'accusé  ,  c'est  que  ce  dernier  a  un 
garant  certain  de  la  probité  de  son  juge  ;  en  efiFet 
si  ce  juge  n'est  çhaigé  que  d'appliquer  la  loi  à 
une  décision  étrangère  ,  il  ne  peut  plus  la  faire 
plier  à  l'opinion  particulière  qu'il  aurait  pu  se 
■former  d'avance  sur  le  fait  de  1  accusation.  C'est 
ainsi  que  le  citoyen  se  rassure  en  songeant  qu'il 
ire  peut  être  jugé  sans  le  concours  de  jurés  qui 
n'exercent  qu'un  ministère  momentané  ,  et  qui 
doivent  rentrer  ensuite  dans  la  foule  pour  y  être 
•oumis  à  leur  tout  au  même  pouvoir  qu  ils  auront 
exercé  sur  leurs  semblables  :  leur  intérêt  per- 
sonnel sera  donc  le  premier  garant  de  leur  im- 
partialité ,  et  tel  est  l'avantage  de  cttte  forme  de 
jugement ,  qu'elle  a  le  salutaire  eflFet  d'afFatblir  la 
puissance  particulière  dtijtige,  pour  fortifier  et 
afiFermir  celle    de  la  justice. 

C'est  vous ,  citoyens  juges  ,  qui  êtes  appelés  à 
■diriger  cette  institution  toute  faite  pour  la  liberté  , 
cette  institution  qui  ,  selon  l'expression  d'un  phi- 
losophe ,  est  le  plus  beau  présent  que  l'humanité 
ait  pu  faire  à  la  justice.  Vous  remplirez  cette 
tâche  honorable  avec  le  courage  et.  l'impartialité 
qui  conviennent  à  des  magistrats  républicains. 
Tous  les  citoyens  auront  devant  vous  un  droit 
égal  à  la  protection  de  la  loi  ;  cette  enceinte  sera 
ledoutable  pour  le  crime  ,  mais  aussi  elle  de- 
viendra le  refuge  de  l'innocence. 

Quant  à  moi ,  à  qui  la  société  remet  aujour- 
d'hui la  mission  auguste  d'exercer  ses  droits  , 
et  de  poursuivre  en  son  nora  les  coupables; 
quant  à  moi  ,  que  ta  loi  place  comme  ia  pre- 
mière sentinelle  pour  veiller  à  la  sûreté  de  tous, 
je  ne  négligerai  rien,  citoyens  juges ,  pour  pré- 
parer d'une  mauiere  digne  de  vous  les  oracles 
de  la  justice.  Chargé  de  poursuivre  le  crime,  il 
n'aura  point  d'ennemi  plus  terrible  que  moi  ; 
pujssai-je  n'avoir  pas  à  vous  présenttrsouvent  son 
nideuxet  détestable  tableau!  puissent  les  contrées 
soumises  à  ma  surveillance  ne  receler  aucun  de 
ces  hommes  contre  lesquels  la  société  se  soulevé  , 
et  qui  provoquent  l'indignation  publique  et  la 
sévétiié  des  lois.'. . . 

Mai»  ,  citoyens  juges  ,  combien  aussi  je  serais 
à  plaindre  ,  sije  ne  pouvais  envisager  les  fonctions 
que  ia  loi  nie  confie  que  ccrume  un  ministère  de 
rigueur  et  de  vengeance  publique  !  Combien 
j'aurais  à  souffrir  si  je  n'avais  que  le  triste  droit 
d  accuser  !. . .  Que  l'innocence  se  rassure  ,  j  aurai 
aussi  le  droit  de  la  défendre  ,  si  la  malice  ou  la 
perversité  osaient  la  traduire  devant  vous  ;  et 
certes,  celte  partie  de  mes  devoirs  ne  sera  pas 
la  moins  précieuse  pour  mon  coeur.  Sécher  les 
l^rtDci  d'un  malheureux  accusé  ,  l'arracher  aux 
cachots  oij  l'aurait  plongé  la  calomnie  ,  le  rendre 
aux  embrassemens  de  sa  famille  et  de  ses  amis  , 
est  pour  l'amc  du  juge  la  plus  douce  des  jouis- 
•ancei. 

Tels  seront  nos  senlimens  communs  ,  citoyens 
aiagiitrats  ,  et  c'est  ainsi  que  n«tis  tâcherons  de 


repondre  aux  vues  du  gouvernement  qui  nous 
appelle  ,  et  à  l'attente  de  nos  concitoyens  ;  eh  ! 
je  vous  le  demande  ,  sous  quels  plus  heureux 
auspices  pouvions-nous  entrer  dans  la  carrière 
qui  nous  est  ouverte  ?  Déjà  la  trompette  fran- 
çaise a  résonné  la  victoire  ;  un  orgueilleux  en- 
nemi qui  naguère  repoussait  toute  idée  de  né- 
gociations pacifiques,  incline  aujourd  hui  son 
front  humilié  devant  la  Grande-Nation  ,  nous 
rend  en  suppliant  ,  ses  villes  et  ses  forteresses  , 
demande  à  grands  cris  que  les  armes  soient  sus- 
pendues ,  et  rend  ainsi  un  hommage  forcé  à  la 
justice  de  noue  cause  ,  à  l'héroïsme  de  nos  guer- 
riers. Voilà  de  tes  prodiges  ,  homme  étonnant  , 
qui,  après  avolrsauvé  la  France,  as  rendu  une 
seconde  t'ois  la  liberté  à  l'Italie  !  Guerrier  magistrat, 
encore  à  la  fleur  de  tes  ans,  lu  as  déjà  vieilli 
dans  la  gloire  ,  et  pour  y  mettre  le  comble,  lu 
vas  le  montrer  à-la-fois  en  vainqueur  et  en  paci- 
ficateur ! 

Oui  ,  citoyens  ,  le  sang  a  déjà  cessé  de  couler  , 
et  celte  paix  .  l'objet  de  toiis  nos  vœux  ,  le  terme 
de  toutes  nos  espérances  tiotïs  sera  bientôt  rendue; 
elle  doit  être  le  fruit  de  nos  Wîohaphes  et  la  ré- 
compense de  nos  efforts.  '' 

Quelqu'étranger  que  soit  ce  sanctuaire,  citoyens 
juges  ,  aux  détails  des  combats  ,  son  silence  peut 
être  rompu  aujourd'hui  par  le  bruit  de  nos  armes  , 
puisque  la  victoire  nous  annonce  la  paix  ,  et  que 
la  paix  est  la  compagne  de  la  justice.  Puisse-t-elle 
redescendre  bientôt  au  milieii  de  nous,  puisse - 
t-elle  réunir  enfin  lous  les  cœurs ,  confondre  tous 
les  sentiraens ,  et  nous  faire  goûter  ,  sans  mélange  , 
ses  inappréciables  bienfaits  ! 

Comment  ne  pas  se  livrer  à  cette  douce  espé- 
rance !  Quel  est  donc  le  germe  de  division  qui 
pourrait  rester  encore  au  milieu  de  nous  ?  Vie 
sommes-nous  pas  tous  français  ?  chacun  de  nous 
n  a-t-il  pas  sa  ponion  de  la  gloire  dont  se  couvrent 
nos  guerriers  ?  La  liberté  enfin  n'est-elle  pas  le 

patrimoine  de  lous  ? Ah  !  citoyens  ,  après 

dix  années  entières  de  haines,  de  vengeances  et 
de  disseniions  civiles  ,  respirons  enfin  sous  l'égide 
d'un  gouvernement  sage  et  juste  ;  nous  avons  lous 
besoin  du  repos  qu  il  nous  assure.  Lorsqu'en  fesant 
cesser  le  fléau  destructeur  des  combats  ,  nous 
aurons  consolé  lEurope  ,  ne  nous  déchirons  pas 
de  nos  propres  mains  ,  et  prenons  notre  part  du 
bonheur  que  nous  destinons  aux  autres  peuples. 

Je  promets  fidélité  à  la  constitution. 


Suite  du  rapport/ait  à  la  classe  des  sciences  maihémati- 
ques  et  physiques  ,dans  saséancedu  6  messidor  an  8, 
par  la  commission  chargée  de  répeter  les  expériences 
de  M.  Achard ,  sur  U  sucre  contenu,  dans  la 
betterave.  .  ,   ;;,>  «.,  ■ 

TROISIEME      P  'À'r   Ï  T  Ï.' 

Expériences  faites  dans  l'intention;:  de  perfectionner 
les  procédés  de  M.  Achard. 

Lorsqu'on  réfléchit  aux  avantages  qui  résulte- 
raient de  l'emploi  du  procédé  de  M.  Achard  , 
s'il  fournissait  le  moyen  de  retirer  dé  la  betterave 
une  aussi  grande  quantité  de  sucre^que  celle  qu'il 
dit  avoir  eue  ,  on  n'est  plus  étonné  de  l'empres- 
sement qu'il  a  mis  à  lui  donner  de  la  publicité  ; 
mais  ce  qu'on  doit  regretter  ,  c'est  que  ,  pour 
éviter  à  tiautres  des  tentatives  infructueuses  ,  ce 
chimiste  n'ait  pas  communiqué  les  expériences 
qu'il  a  sans  doute  été  obligé  de  faire  ,  avant  de  se 
déterminer  à  adopter  ce  procédé  de  préférence 
à  tout  autre. 

N'ayant  eu  entre  les  mains  que  des  extiails  de 
l'ouvrage  que  M.  Achard  a  publié  sur  l'extraction 
du  sucre  de  la  betterave,  et  ces  extraits  ne  nous 
ayant  rien  présenté  qui  fût  relatif  aux  tentatives 
qu'il  avait  faites  avant  d'arriver  au  point  où  il 
s'est  arrêté  ,  nous  avons  taché  de  suppléer  à  ce 
qui  nous  manquait  ,  en  variant  la  manière  d'o- 
pérer et  en  cherchant  à  découvrir  des  moyens 
pour  obtenir  des  betteraves  ,  iipn-seulemenl  une 
plus  grande  quantité  de  sucre ,  mais  même  encore 
de  l'avoir  plus  promptemént  et  plus  facilement 
qu'en  suivant  le  procédé  recommandé  par  le  chi- 
miste de  Beilin. 

Pour  cela  ,  après  nous  être  assurés  que  la  raos- 
couade  obtenue  de  la  betterave  ne  devait  sa 
couleur  brune  foncée  ,  sa  saveur  peu  agréable 
et  sa  difficulté  â  cristalliser,  qu'à  la  présence  de 
quelques  principes  immédiats  de  ces  racines  ,  qui 
étaient  fortement  unis  et  même  combinés  avec 
les  molécules  saccharines  ,  nous  essayâmes  d'o- 
pérer la  séparation  deces  principe»,  èn'soume'ttânt 
le  suc  exprimé  des  betteraves  cuites  aux  difFére;ntés 
bpérations  employées  lorsqu'on  tiaite  le  suc  ex- 
priiné  de   la  canne. 

Il  BOUS  était  d'autant  plus  aisé  de  suivre  à  cet 
égard  les  expériences  qu'il  s'agissait  de  faire  , 
que  nous  avions  pour  nous  aider  le  citoyen 
Mitouart,  chef  du  laboratoire  de  chimie  de 
l'école  de  médecine  de  Paris,  qui,  ayant  tra- 
vaille pendant  six  ans  en  Amérique  ,  dans  une 
sucrerie  assez  considérable  ,  était  très  au  courant 
des  opérations  (jui  s  y  pratiquaient, 

L'eau  de  chaux  ,  la  lessive  des  cendres ,  le  sang 


de  bœuf  ,  le  blanc  d'œuf ,  les  filtratiohs ,  et  géné- 
ralement tous  les  procédés  en  usage  dans  les 
sucreries,  furent  successivement  employés  ,  et  à 
diverses  reprises,  sur  plusieurs  quantités  de  suc 
de  betteraves  cuites  (\ue  nous  avions  lait  préparer 
exprès;  mais,  malgré  la  constance  et  l'exactitude 
que  mit  le  citoyen  Mitouard  à  suivre  les  procé- 
dés qu'il  croyait  devoir  réussir,  il  ne  put  jamais 
faire  arriver  ce  suc  à  l'état  pariiculier  qu'acquiert 
ordinairement  le  suc  de  canne;  et  d'après  lequel, 
le  maître  de  cuite  prononce  que  'son  sirop  don- 
nera de  bon  sucre.  ' 

Cependant  tous  nos  sirops  ,  mis  à  l'éluve  , 
cristallisèrent  ;  mais  la  quantité  de  moscouade  ne 
lut  pas  plus  considérable  que  lorsrjue  nous  avions 
seulement  opéré  comme  M.  Achard. 

Une  fois  nous  crûmes  avoir  trouvé  le  vrai  pro- 
cédé auquel  il  fallait  s  arrêicr  ,  parce  que  le  sirop 
que  nous  obtînmes  nous  donna  ,  en  assez  peu  de 
tems  ,  une  moscouade  moins  brune  et  en  plus 
grande  quaniité  que.  toutes  celles  de  nos  précé- 
dentes expériences. 

Voici  ce  procédé,  qui,  à  ce  qu'on  nOus'a 
assuré  depuis  ,  est  aussi  employé  avec  quelques 
succès  dans  les  ralfineries  ,  sur  -  tout  lorsqu'il 
s'agit  de  purifier  des  moscou^es  extrêmement 
colorées. 

Après  avoir  fait  évaporer  jusqu'à  moitié  environ 
une  quantité  donnée  de  suc  de  betteraves  cuites  , 
et  avoir  séparé  avec  exactitude  les  écumes  ,  au 
lieu  d'y  mêler  de  l'eau  de  chaux  ,  nous  y  ajoutâ- 
mes de  la  chaux  nouvellement  éteinte  à.  Vatt.  La 
liqueur  se  tuméfia  tout-à-coup;  l'effervescence  fut 
si  vive  et  si  forte  «u'une  partie  du  fluide  dépassa 
les  bords  de  la  bassine.  Il  se  fit  une  grande  ,, 
quantité  d'écume.  La  liqueur  acquit  alors  une 
sorte  de  transparence  ,  ei ,  pour  l'avoir  tiès-claire  , 
il  fallut  seulement  la  passer  au  travers  d'une  étoflFe 
de  laine  serrée.  Cette  liqueur  ,  évaporée  jusqu'à 
consistance  de  sirop ,  et  mise  dans  une  étuve  , 
I  nous  donna  au  bout  de  trente  jours  du  sucre  ea 
gros  cristaux  beaucoup  moins  colorés  que  toutes 
nos  précédentes  moscouades  ;  et  dès  la  première 
cristallisation  nous  eûmes  plus  de  produit  que 
nous  n'en  avions  obtenu  jusqu'alors  des  sirop» 
qui  avaient  été  traités  par  d'autres  procédés. 

En  examinant  ensuite  ce  sucre,,  nous  trou- 
vâmes qu'il  avait  une  saveur  nauséabonde,  et 
telle  qu'il  était  difficile  de  la  supporter. 

La  quaniité  de  chaux  employée  dans  cette  ex- 
périence représentait  à  peu-près  la  640=  partie  du 
fluide  sur  lequel  nous  opérions. 

On  a  essayé  dé  purifier  ce  sucre;  mai»  il  a  con- 
servé sa  première  saveur,  qui  sans  doute  était 
due  à  une  certaine  quantité  de  chaux  unie  du 
combinée  avec  lui. 

Nous  avons  renvoyé  à  un  autre  temps  l'examen 
de  ce  sucrer,  dont  les  propriétés  ,  essentiellement 
différentes  de  celles  du  sucre  ordinaire,  méritent 
bien  d'être  constatées  d'une  manière  posidve. 

Le  fait  le  plus  essentiel  qui  résulte  de  l'expé- 
rience qu'on  vient  de  citer,  est  qu'à  l'aide  de  la 
chaux,  on  peut  dépouiller  le  suc  de  betterave 
cuite  d'une  partie  des  matières  qui  se  trouvent 
combinées  avec  les  molécules  saccharines  ,  et 
donner ,  par  ce  moyen ,  à  ces  dernières  une  plus 
grande  disposition  à  cristalliser. 

Nous  avons  dit ,  en  donnarit  la  description  du 
procédé  de  M.  Achard,  qu'une  des  conditions 
essentielles  recommandées  par  ce  chimiste  ,  élait 
de  fait  cuire  les  betteraves  avant  d'en  exprimer 
le  suc. 

En  pendant  à  ce  que"  pouvait  produire  cette 
opération  ,  no\xs  crûmes  apercevoir  qu'elle  de- 
vait être  plus  préjudiciable  qu'utile. 

En  effet,  il  nous  semblait  qu'on  ne  pouvait  pas 
faire  cuire  les  betteraves  avec  de  l'eau  ,  sans  les 
priver  d'une'partie  de  leur  sucre,  et  sans  que  le 
sucre  restant  ne  se  combinât  avec  les  autres  subs- 
tances q'ui  l'accompagnent  dans  ces  racines.. 

Nous  étions  d'autantplus  fondés  à  croire  que 
les  choses  se  passaient  ainsi  ,  que  nous  connais-; 
sions  la  différeuce  bien  sensible  qui  existe  entre 
nn  extrait  fait  avec  la  décoction  dune  plante  ,  et 
celui  préparé  seulement  avec  le  suc  exprimé  de 
la  même  plante. 

Voulant,  au  reste ,  acquérir  une  plus  grande 
certitude  à  cet  égard  ,  nous  nous  décidâmes  à 
faire  les  expétiences  suivantes. 

1°.  Au  lieu  de  faire  cuire  les  betteraves,  comme 
dans  le  procédé  de  M.  Achard,  nous  les  erar 
ployâmes   crues.  i 

Pour  obtenir  leur  suc  avec  facilité  ,  on  les  fit 
réduire  en  pulpe  ,  à  l'aide  du  moulin  à  râpe  dont 
notre  collègue  Parmentiera  donné  la  descriplioa 
dans  son  Traité  sur  la  pomme  de  terre. 

Cette  pulpe  fut  soumise  à  l'action  d'une  forte 
presse.  Par  ce  moyen  ,  on  oblint  de  onze  cent 
cinquante-deux  parties  de  betteraves  fraîches  sept  . 
cent  soixante-huit  parties  d'un  fluide  un  peu 
trouble,  d'une  saveur  décidément  sucrée  et  d'une 
couleijr  brune. 

Après  l'avoir  laissé  déposer  pendant  quelques 
heures  dans  un  endroit  frais  .  on  le  fit  décanter 
et  passer  au  travers  d'une  étoffe  de  laine. 


l3l2 


Qiiolqu'il  ne  fût  pas  encore  très-clair,  nous 
crûmes  ne  devoir  pas  i'aiieiidre  plus  loni;-ienis  , 
d^ns  la  crainte  que  la  fermentation  ne  vînt  changer 
la  nature  du  produit  qu'il  s'agissait  principalement 
d'obtenir. 

Ce  suc  ainsi  dépuré  a  été  évaporé  jusqu'en  con- 
sîsiance  de  sirop  ,  à  l'aide  d'une  chaleur  assez 
forte  pour  le  tenir  toujours  en  ébulliùon. 

Pendant  celle  opération  il  s'est  sépaié  beau- 
coup d'c-cuiïie  qu'on  fit  enlèvera  mesure  qu'elle 
.se  foriiiaJt.  Avec  ceite  précaution  le  sirop  de- 
vint assez  clair;  il  fui  alors  versé  dans  une 
le-rrine  évasée  ,  et  placé  dans  une  étuve  (i). 

Après  quarante  jours  d'évaporation  spontanée; 
nous  obiînmes  en  deux  cristallisations  ,  vingt- 
quatre  parties  de  moscouade  ,  quantité  qui 're- 
présentait le  quarantt-luiiiierae  de  la  betterave 
eiuployéer  Cette  moscouade  était  moins  brune 
que  celle  du  procédé  du  M.  Acbaul  ;  mais  la 
mélasse  dans  laquelle  elle  s'était  formée  ,  était 
très-briine,  visqueuse  et  fort  épaisse.  Celle  der- 
rière fut  abantlonnée  loisqu'on  vit  quelle  ne 
donnait    plus   de  cristaux. 

s".  Au  lieu  d'employer  seul  le  suc  de  betterave 
crue  ,  comme  on  vient  de  le  diie  ,  on  en  lit 
évaporer  une  quaniiié  égale  à  celle  de  la  pré- 
cédente expérience  ,  jusqu'aux  (rois  quans  :  alors 
on  y  mêla  de  l'eau  de  chaux.  Cène  addition 
parut  faciliter  la  clarification  ,  et  le  sirop  l'ut 
moins  visqueux  ;  après  l'avoir  sufEsarament  con- 
centré ,  on  le  mit  à  l'étuve.  Au  bout  d'un  mois 
nous  trouvâmes  qu'il  avait  déposé  dans  la  leriTne 
vingt  parties  de  moscouade  un  peu  moins  b''une 
que  celle  précédemment  obtcinse.  La  mélasse 
qui  surnageait,  remise  ensuite  à  t  étuve  ,  a  refusé 
de  cristalliser. 

3°.  Présumant  que  l'action  de   l'eau   de  chaux 


frais  toulé  la  quantité   de   cette   pulpe   dont  on 
aurait  besoin. 

Nous  venons  d'exposer ,  dans  cette  troisième 
pariie,  quel(iues-unes  des  expéiiences  que  nous 
avons  fiitcs  pour  perfectionner  le  travail  ilt 
l'exuacuon  du  sucre  de  bcierave  :  il  ne  nous 
resic  plus(]uà  présenier,  sur  les  principaux  faits 
que  nous  avons  recueillis,  des  rélkxions  géné- 
rales (jui  serviront  à  jusnhcr  les  conclusions  de 
notie  tappoit.  (  L'i  suite   demain.) 

e  et  le 


Avis    des  plus  intéressant  pour   ta    banqu 
commerce. 

Tous  ceux  qui  connaissent  le  calcul  de  la 
banque  .  savent  qu  il  existe  à  peu  près  3oo  mon- 
naies différentes  en  Europe  ,  servant  à  coter  le 
change  des  places  entr'eiles  ,  et  que  sur  ce 
nombre,  il  en  est  plus  des  deux  tiers  qui  ne  ser- 
vent pas  aux  écritures. 

Comme  luniié  et  la  simpliciié  ont  éié  de  tous 
tcnis  le  principes  des  grandes  choses,  ci)  a 
pensé  que  le  public  n'apprendiait  pas  indiflé- 
lenimetit  que  1  on  peut  aujourd  hui  se  dispenser 
de  faire  des  calculs  sans,  nombre  pour  la  réduc- 
tion respective  des  monnaies  entr'eiles  .  et  borner 
ses  opéfaiions  de  change  à  une  seule  multipli- 
cation. Voici  en  conséquence  deux  exemples  qui 
serviront  à  le  démontrer. 

Premier  exemple.  — Réduire  2,400  fr.  en  livres 
et  sols  hors  de  banque  de  Gênes,  au  change  de 
96  sols  5  huitièmes  pour  une  piastre  de  5  livres 
l5   sols. 

'Opération.  —  Mu'tipliez   ces  2400  Ir.  par    1,19 

valeur  exacte  du  franc  en  livres  hors  de  banque  , 

au  change    indiqué,   il  viendra   2856   livres  hors 

de  barliiue  'qui  n'auront  exigés  que  10  chiffies  de 

„-,,.-,,        .     ,•  ■  „.  ,  «,,,  -,       „     calcul,   tandis    qire  Ruelle,  pour   une   règle   du 

navait  pas   eie   assez  marquée  ,   nous  essayâmes  i      .       '  ^  ,      ,  *  ■     .         ■  j 

j.  ..,-.       j  j     1    .:  ,    I     I     I  même  iienre  ,  en  a  emp  oye  112,  et  s  est  servi  de 

de  traiter  du  sucre   de  betlerave  crue  avec  de  la     .  ,  °        .  '.  '^     '  ' 

chaux  ;   il   se   forma  aussitôt  beaucoup  d'écume,  i       '^^  ""  ''^onjoinie 


Tfint  que  la  liqueur  restait  bouillanie  elle  parai 
sait  claire  .  mais  en   refroidissant  elle  se  troublait,  i 
Le  sirop  ayant  été  mis  à  l'étuve  ,  la  ctislallaiion  ne  I 
s.e   fit  pas   plus   prorapiemcnt  ,  et  la  quantité   de 
moscouade    fut  à-peu- près    la   même   que   celle 
que  nous  avions  eue  dans  l'expérience  où  OQ  avait 
employé  l'eau  de  chaux. 


Deuxième  exemple.  —  Réduire  3368  léaux  de 
platie  de  Cadix  en  marcs  et  sols  lubs  de  Ham- 
bourg, au  change  de  gS  trois  quarts  deniers  de 
gros  pour  un  ducat  de  change. 

Opération.  —  Multipliez  ces  3368  réaux  par 
o,26j6  valeur  exacte  du  réal  en  marcs  lubs  au 
change  pareillement  indiqué  ,  il  viendra  8q4  marcs 


Au  reste,  la   saveur   de  cette  moscouade  était  1  lubs  54  ceniiemes   (  c'est-à-dire.  894  marcs  6  sols 


désagréable  ,  et  assez  semblable  à  celle  dont  on  a 
parlé  lorsqu'il  a  éié  cjnesiion  du  suc  de  betterave 
cuite  traiié  par  la   chaux. 

On  voit  ,  d'après  ces  expériences  .  qu  il  ne  doit 
plusrester  la  moindre  inceriiiude  sur  la  nécessité, 
surtout  dans  une  opération  en  grand  ,  de  préférer 
le  suc  de  betterave  crue  à  celui  de  la  même 
racine  cuite  ,  puisque  le  premier  donne  plus  de 
moscouade  .  et  que  cette  moscouade  est  déci- 
dément moins  coloiée  ,  et  par  conséquent  plus 
facile  à  purifier. 

Un  autre  avantage  cju'il  est  essentiel  de  ne  pas 
perdre  de  vue  ,  et  qui  confirme  la  préférence 
qu'on  doit  donner  au  suc  de  bcuerave  crue  ,  c'est 
que  les  frais  pour  convertir  ce  suc  en  siiop  sont 
moins  considérables  que  lorsqu'on  se  sert  de  la 
méthode  de  M.  AchaW  ;  car,  dans  ce  dernier 
cas  ,  il  faut  employer  une  certaine  quantité  de 
combustible  qu'on  peut  économiser  lorsqu  il  ne 
s'agit  que  du  suc  de  betterave  crue.  , 

Le  seul  inconvénient  qu'il  y  aurait  à  employer 
ce  dernier  suc ,  serait  l'embarras  de  réduire  la 
racine  en  pulpe;  mais  il  serait  facile  d'y  remé- 
dier,  si ,  comme  on  peut  supposer  que  cela  de- 
vrait être  dans  une  grande  opération  ,  on  avait  un 
moulin  fait  exprès  ,  et  plus  facile  à  faire  ihouvoir 
que  celui  auquel  nous  n'avons  eu  recours  que 
parce  que  nous  n'en  connaissions  pas  de  plus 
commode. 

Au  reste  ,  on  conçoit  la  possibiHté  de  cons- 
truire des  moulins  à  tape  ,  qui  ,  étant  destinés 
seulement  à  réduire  la  betterave  en  pulps  ,  réu- 
niraient une  perfection  telle  ,  qu'en  peu  de  lems 
on    parviendrait    à   obtenir  ,    sans   beaucoup   de 

(i)  Ce  n'est  pas  sans  raison  qu  on  recommande 
de  tenir  toujours  la  liqueur  en  ébullition  ,  et 
de  séparer  continuellement  les  écumes  à  mesure 
qu'elles  se  forment.  Sans  ces  deux  précautions 
le  sirop  devient  épais  ,  visqueux  ,  et  ne  donne 
pas  de  moscouade.  Il  faut  aussi  ne  pas  pousser 
trop  loin  la  cuisson  du  sirop.  Enfin  ,  lorsqu'on 
Je  met  à  l'étuve ,  il  faut  que  les  terrines  qui 
Je  contiennent  soient  recouvertes  d'un  papier 
percé  de  plusieurs  petits  trpus  ,  ou  d'une  toile 
dont  le  tissu  soit  peu  serré. 


8  dénie  rs  lubs)  qui  n'auront  également  exigé  que 
25  chifiVes,  tandis  que  Ruelle,  pour  la  méine 
règle,    en  a    employé  110. 

(  Si  on  veut  se  servir  du  Compaiatcur,  il  faut 
ouvrir  son  compas  pour  le  premier  exemple  de 
24  iransveisales  sur  29,6  ,  en  le  reportant  sur  A  , 
et  pour  le  deuxième  de  33  transversales  2  tiers 
sur  49,5  ,  en  le  reportant  sur  B  ;  on  obtient  alors 
les  mêmes  résultats  sans  calcul.  ) 

Comme  ceci  n'est  aucunement  problématique, 
et  que  le  commerce  est  pour  en  retirer  les  plus 
grands  avantages  ,  ceux  qui  veulent  adopter  celte 
manière  infiniment  brève  de  calculer  leurs  opé- 
rations de  change  ,  et  mcme  leurs  arbitrages  , 
peuvent  s'adresser  à  toute  heure  du  jour  chez  le 
citoyen  Aubry  ,  géomètre,  quai  des  Augustins  , 
n"  42  ;  il  leur  donnera  non-seulement  tous  les 
renseigncmeus  qu'ils  pourront  désirer  sur  ce 
procédé  inhniment  curieux,  mais  si,  après  en 
avoir  reconnu  l'efficaciié  ,  ils  désirent  l'appliquer 
à  l'instant  même  à  leur  banque  ,  il  leur  pro- 
curera les  changes  de  tous  les  pays  ,  transformés  , 
de  telle  sorte  qu'ils  sersnt  à  même  de  faire  en 
une  minute  ce  qui  leur  exigeait  des  heures 
entières  de  travail. 

Ces  mêmes  personnes  sont  en  otitre  prévenues 
qu  il  se  fait  chaque  décade  ,  au  domicile  du  même 
citoyen  ,  un  cours  en  4  leçons  sur  l'application  du 
calcul  décimal  à  toutes  les  opérations  d'administra- 
tion, de  Jinance ,  de  banque  et  de  commerce  de  tous 
les  pays  de  la  terre,  moyennant  3  francs;  lequel 
a  lieu  les  jours  impairs  (  excepté  le  quintidi)  de 
5  à6  heures  du  soir. 

JV.  B.  La  persuasion  intime  dans  laquelle  on 
est  que  les  ouvrages  du  citoyen  Aubry  n'ont  rap- 
port qu'aux  nouvelles  mesures  ,  pouvant  induire  en 
erreur  des  milliers  de  personnes  sur  le  véritable 
but  de  ce  cours  ,  et  les  détourner  de  s'y  rendre. 
On  les  prévient  qu'il  n'y  est  aucunement  question 
de  cet  objet. 


méthodique  ,  suivant  Véiat  actuel  de  la  botanique 
et  de  l'agticuhure  ;  où  l'on  trouve  l'expose  des 
caractères  du  genre,  de  l'espèce  ;  les  diveises 
variétés  ,  les  synonimes  ,  la  description  ,  le  tcms 
de  la  floraison  et  de  la  maiurité  des  fruits  ;  le  lieu 
natal;  les  usages  économiques  et  médicinaux; 
leur  culture;  les  moyens  à  piendrc  pour  les  natu- 
raliser ;  l'époque  ot'a  ils  ont  éié  appoiiés  en  Eu- 
rope, et  des  remarques  historiques  sur  leurs  noms 
anciens  et  modernes  ;  avec  des  figures  _  pe'inies 
parj.  P.  Redouté  ,  peintre  du  Muséum  d'histoire 
naturelle  ,  et  de  la  classe  des  sciences  physiques 
et  maihématiques  de  l'institut  ,  membre  de  la 
société  d'histoire  naturelle  de  Paris  ;  a\ec  ceite 
épigraphe  :  Utile  dulci. 

Chaque  livraison  est  composée  de  six  planches- 
Conditions  de  la  souscription. 
1°.  Les  souscripteurs  ne  paient  rien  d'avance, 
mais  seulement  en  recevant  chaque  livraison. 

2°.  Les  personnes  qui  habiientles  déparlemens 
recevront  l'ouvrage,  franc  de  port,  par  la  poste  ,  • 
ou   par    la    diligence,   moyennant  quils   fassent 
passer  à  l'adresse  indiquée  le  prix  de  quatre  livrai- 
sons à-la-fois. 

3".  Cet  ouvrage  est  tiré  sur  trois  papiers  diffé- 
rens  ;  savoir  ,  ie  premier  sur  beau  carié  ,  avec  les 
planches  en  noir  ;  prix  ,  9  fr.  par  livraison  :  le 
second  sur  carré  veiin  avec  les  planches  im- 
primées en  couleur  ,  et  terminées  au  pinceau; 
prix,  18  fr.  par  livraison  ;  et  enfin  ,  le  troisième 
sur  papier  nom  de  Jésus  velin  ,  avec  les  planches 
imprimées  en  couleur  et  terminées  au  pinceau  ; 
prix  ,   3o  fr.  par  livraison. 

La  partie  typographyque  est  extrêmement 
soignée  ,  et  sort  des  presses  de  Didot  l'aîné  , 
au  Louvre.  Les  planches  sont  imprimées  en 
taille-douce  ,  par  Barez.  On  eJt  prié  d'affranchir 
les  lettres.  _    ' 

On  souscrit  à  Paris  chez  Etienne  Michel ,  édi- 
teur ,  rue  des  Francs-  Bourgeois  au  Marais, 
n°  69g  ;  et  chez  Didot  l'aîné  ,  au  Louvre  ;  Lanny, 
quai  des  Augustins  ,  et  Vilmorin  -  Andrieux  , 
quai  de  la   Feraille  ,   n°  29. 

Il  a  déjà  paru  deux  livraisons  du  Jrailé  des 
arbres  et  arbustes  ,  qui  donnent  l'idée  la  plus 
avantageuse  de  l'entreprise  ,  et  font  désirer  vive- 
ment la  suite.  La  troisième  livraison  sera  bientôt 
publiée. 

Nous  nous  proposons  de  faire  connaître  plus 
particulièrement  le  plan  de  cet  ouvrage ,  ainsi 
que  les  livraisons  qui  ont  paru. 

Albert  et  Théadore  ou  les  Brigands,  2  vol.  in-n 
avec  fig.  Prix  ,3  fr. ,  et  franc  de  port  4  fr. 

A  Paris,  chez  Vaiar  -  Jouannet  ,  imprimeur- 
libraire  ,  rue  Cassette  ,  n°  gi3. 

Le  journal  critique  de  Londres  a  fait  le  plu» 
grand  éloge  de  cette  production  ;  elle  est  en  effet 
bien  supérieure  à  celles  dont  l'Angleterre  nous 
inonde  depuis  nombre  d'années.  Quant  à  la 
traduction  que  nous  annonçons,  elle  a  de  l'élé- 
gance ,  de  la  pureté  ,  et  de  la  précision.  Nous 
croyons  pouvoir  assurer  du  succès  à  cet  ouvrage. 

La  Nouvelle  inattendue,  ou  la  Reprise  de  l'Italie, 
vaudeville-impromptu  en  un  acte. 

Les  Hâbleurs  ,  suite  de  M.  de  Crac  ,  comédie  en 
un  acte  et  en  vers. 

Deux  et  deux  font  Quatre  ,  ou  le  Savetier  de 
Chartres,  comédie  en  un  acte  mêlée  de  vaudevillç. 

A  Paris ,  chez  Hugelet ,  imprimeur  ,  rue  des 
Fossés-Jacques,  n°  4. 


LIVRES    DIVERS. 

Traité  des  arbres  et  arbustes  que  l'on  cultive  en 
France  en  pleine  terre  ,  par  Duhamel  ;  nouvelle 
édition  ,  augmenté  de  plus  de  raoiiié  pour  le 
nombre  des  espèces  ;  distribué  dans  un  ordre  plus 


COURS     DU    CHANGE. 
Bourse  du  24  thermidor.  —  Coiirs  des  effets  publics. 

Rente  provisoire aS  tr.  38  c- 

Tiers  consolidé 3;   fr.  aS  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  5g  c. 

Bons  d'arréragé 83  fr.  yS  c. 

Bons  pour  l'an  8 85  fr. 

Syndicat 65  fr. 

Coupures 65  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq_ue  et  des  Arts. 
Aujourd.  Iphigénie  en  Aulide  ,  et  le  ballet  de 
Télémaqui. 

THEATRE  DU  Vaudevjlle.  Auj.  ta  matrone 
d'Ephese  ;  le  Moulin  de  Sans  Souci ,  et  la  Revanche 
forcée.  ,  ■ 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Caiheriiré. 
Auj.  la  Femme  juge  et  partie  ,  suiv.  de  iAimtii 
vaincue  par  l'amour.  \ 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomini^s. 
Le  2S  ,  la  i="  repr.  de  Jenny  ,  drame  en  trais 
actes. 


T'  booiemenise  fait  à  Paris  rue  des  Poitevins ,  n°  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  Ounes'abonne 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  fauradiesser  les  lettres  etl'aigent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ag  as  s  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  u"  18.  Il  faut  compieadre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  o^l'oo  nepeutaer.anchir.  Les  lettres  des  départemcns non  afFrancliies  ,  ne  sciont  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  pour  plu»  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs  ,  et  adresser  lou^  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  des 
Poitevins  ,  n"  l3  ,  depui  «neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris  ,  de  I  imprimerie  du  cil,  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteu»,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


A*  326 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 

Sextidi  ,5  6   thermidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à   dater  du  y   nivôse  le  MONITEUR  est   le   seul  journal  officiel. 
Il  contient    les    séances  des  autotités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  liinéneur  que  sur  l'extétieur,   fournis   par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  atts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXT  É  R  I   E  U  R. 

ALLEMAGNE. 

Stultgard  ,  le  26  thermidor. 

J_»  E  général  Mon-au  avait  imposé  à  8  millions 
de  contribulion  l'électoral  de  Bavière.  Sur  les 
représentations  de  l'envoyé  Celto  et  du  chargé 
d  affaires  de  Prusse  Harnier  ,  il  a  fait  une  dimi- 
nution de  deux  niiilions  ,  et  prolongé  les  termes 
du  paiement. 

Avant-hier  au  soir,  14  thermidor  ,  l'adjudant 
général  Duroc  et  le  général  Saint-Julien  ,  suivi 
d'un  officier  de  Neugebauer ,  ont  passé  par  ici. 

Moreau  se  prépare  à  un  voyage  qui  a  pour 
but  la  visiie  de  toutes  les  divisions  de  son  ar- 
mée. Celle  ci  reçoit  chaque  jour  des  troupes 
fraîches.  Lecourbe  a  encore  son  quartier-géné- 
ral à  Kempien  ,  et  celui  de  Gudin  est  tr.insponé 
à  Memraingen.  Le  poste  important  de  Renii  est 
occupé  par  800  français.  Le  prince  de  Reuss  a 
son  quartier-général  à  Inspruck.  C'est  aussi  là  que 
se  trouve  l'artillerie  de  réserve.  La  caisse  militaire 
autrichienne,  est  allée  à  Hall.  (Strasb.  Weltbote.j 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  3  aoù,t  ('17   thermidor  '■• 

Droits  maritimes  des:  nations  belligérantes ,  rela- 
tivement aux  natioiis  neutres.  —  Extrait  du  dis- 
cours prononcé  par  sir  William  Scott ,  juge  de 
l'amirauté ,  dans  l'affaire  du  navire  suédois  ,  la 
Maria. 

Le  fait  exposé  ,  je  dois  établir  le  droit.  —  Je 
vais  en  conséqu  nce  rechercher  quelle  est  la 
ïegle ,  en  d'autres  termes  ,  à  quoi  sont  assujettis 
les  neutres  par  la  loi  des  nations.  A  cet  tiiet  je 
poserai  quelques  principes  que  je  tiens  pour 
incontestables- 

i".  Le  droit  de  visiter  les  navires  marchands  en 
pleine  mer,  quels  que  scient  ces  bâtiniens,  leurs 
cargaisons  et  leurs  destinations  ,  es;  un  droit  dé- 
volu inccnieslableraent  aux  croiseurs  patentés 
d'une  nation  belligérante,  je  dis  ,  quels  quesoieht 
les  bâtimens  ,  leurs  cargaisons  et  leurs  Ucstina- 
tions  ;  parce  >iu'avant  qu  ils  n  aient  été  visités  ,  on 
ne  sait  ni  qui  ils  sont  ,  ni  quelle  est  la  nature  de 
leur  cargaison  ,  ni  dans  quel  port  ils  se  rendent  ; 
et  c'est  pour  s'en  assurer  que  ce  droit  de  visite 
existe.  Ce  droit  est  si  fondé  en  principe ,  que 
quiconque  admet  qu'on  peut  légitimement  faire 
des  prises  sur  mer  ,  doit  nécessairement  le  recon- 
naître ;  car  si  ou  n'a  pas  la  liberté  de  s'assurer 
qui  1  on  peut  prendre  ,  il  devient  alors  impos- 
sible de  prendre-  Ceux  mêmes  qui  soutiennent, 
à  tort  ,  que  les  navires  neutres  rendent  les  car- 
gaisons neuties  (  free  ships  make  free  goods  )  , 
doivent  Convenir  de  la  justice  de  ce  droit,  du 
moins  quant  à  la  nécessité  de  s'assurer  préala- 
blement si  ces  navires  sont  neutres  ou  s'ils  ne 
le  sont  pas. 

Ce  droit  de  visite  est  également  fondé  en  pra- 
tique ;  car  l'usage  en  esi  général  ,  constant  et 
Vniformc.  Les  traités  des  nations  européannes  qui 
.  réfèrent  à  ce  droit  ,  y  réfèrent  comme  à  un  droit 
pré-existant  dont  ils  ne  font  que  régler  l'exercice. 
Tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  la  loi  des  na- 
tions ,  sans  en  excepter  Hubner  lui-même  ,  ce 
grand  champion  des  privilèges  des  neutres  ,  ont 
Itconnu  ce  droit.  Il  n  est  aucun  homme  ,  en  un 
»ol  .  plus  ou  moins  versé  dans  cette  matière, 
qui  ail  laissé  entrevoir  ,  du  moins  que  je  sache  , 
le  plus  léger  doute  sur  la  légitimité  de  ce  droit. 

Ce  droit  de  visite  ,  sans  contredit ,  doit  être 
exercé  avec   le  moins  de   rigueur  et  de  vexation 

Îiossibles.  Il  faut  au  contraire  chercher  à  lui  en- 
,  ever  tout  ce  qu'il  peut  avoir  d'acerbe-,  il  iaut 
rectifier  le  fond  par  la  forme.  C  est  bien  un 
droit  de  force,  mais  d'Une  force  légale;  c'est 
quelque  chose  de  la  nature  des  procès  civils 
OÙ  la  force  est  employée  ,  mais  une  force  réglée 
&  laqtielle  on  ne  saurait  légitimement  résister  ; 
car  il  est  absurde  de  prétendre  que  ,  quelle  que 
(oit  la  nature  de  la  force  qu'on  emploie  ,  on 
puisse  y  opposer  la  force.  IJne  force  qui  dérive 
«le  la  loi  des  nations,  ne  «aurait  jamais  être  lé- 
giiimement  repoussée.  Le  «cul  tas  où  ,  en  pareille 
maiicre  ,  la  chose  puisse  avoir  lieu  ainsi  ,  est 
l'état  de  guerre  entre  deux  nations  où,  si  l'une 
a  le  droit  d'employer  la  force  jiour  attaquer  , 
l'autre  a  celui  d  en  laite  usage  pour  se  défendre  ; 


mais  lorsqu'il  est  question  de  deux  pays  qui 
n'ont  point  rompu  leur  lien  de  paix  ,  un  tel  droit 
de  représaille  .est  inadmissible.  {La  suite  dans  les 
feuilles  prochaines.  ).         ' 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  25  thermidor. 

Le  ciioyen  Bouvard,  astronome  de  TObserva- 
toire  n:uional ,  a  calculé,  par  ordre  du  ministre 
de  l'intérieur,  les  vîiesses  des  diflérentes  courses 
qui  ont  eu  lieu  au  Champ-de-Mars  ,  le  3o  messi- 
dor dcinier.Voici  le  résultat  de  se5  observations  à 
ce  sujet. 

Course  à  pied. 

La  longueur  de  la  couise  était  de  216  {  mètres. 
Huit  pelotons  ont  couru  : 
Le  vainqueur  du  l"  peloton  a  fourni 

sa  course  en           '  3o       ■ 

Le  vainqueur  du  2*  peloton,  en  3o"  f 

Le  vainqueur  du  3=  peloton  ,  en  ,29  'iT' 

Le  vainqueur  du  4'  peloton.,  en  3o"-^ 

Le  vainqueur  du  5=  peloton  ,  en  sg" ^s 

Le  vainqueur  du  6'  peloton  ,  en  27  "  7% 

Le  vainqueur  du  7'  peloton,  en  29    1% 
Enfin  le  vainqueur  du  8'  peloton  ,  qui 
élan    forroé    des    vainqueurs   dcf    autres 

pelotons,  a  parcouru  la  cartiéte^en  27"'ït 
Ce  qui  donne  une  vitesse  de  7  mètres  9a5  milli- 
mètres par  seconde. 

Counse  à  cheval. 

La  longueur  de  la  course  était  de  2358  mètres. 

Deux  cavaliers  ont  couru  : 

Le  premier  a  parcouru  l'arène  en  2  ' ,  58  ".  Ce 
qui  donne  une  vitesse  absolue  de  l3  metrcs  21 
centimei.  par  seconde. 

Le  second  cavalier  a  mis  daiis  sa  course  2  "  j  de 
plus  que  le  premier  j 

Les  chevaux  ont  mis  à  faire  îe  second  tour  de 
leur  course  ,  2  "  de  plus  que  djus  le  premier.  Ce 
r..llentissement  e-st  provenu  d||  l'épuisement  de 
leurs  forces.  \ 

Course  en  chars. 

La  longueur  de  la  course  était  de  2090  mètres. 

Quatre  chars  ont  couru. 

Le  premiervainqueura  fourni  sacourse  en  3'  4", 
ce  (]ui  donne  une  vitesse  absolue  de  II  mettres 
359  millimètres  par  seconde. 

Le  second  vainqueur  est  arrivé  4"  plus  tard  que 
le  premier. 

Les  vitesses  ont  été  pliu  grandes  cette  année 
que  l'année  dernière. 

La  différence  est  : 

Pour  la  course  à  pied,  SsS  millimètres  par 
seconde  ; 

Pour  la  course  à  cheval  ,  un  mètre  par 
seconde  ; 

Pour  la  course  en  chars,  249  millimètres  par 
seconde. 

On  doit  peut-être  cette  augmentation  de  vitesse 
au  soin  qu'on  a  pris  de  rendre  les  lices  moins 
sinueuses ,  et  le  terrein  plus  uniforme  et  moins 
sablonneux. 

La  vitesse  des  chevaux  français  surpasse  celle 
des  chevaux  barbes  ,  dans  les  courses  de  Rome  ; 
mais  elle  est  bien  au-dessous  de  celle  des  che- 
vaux anglais  ,  qui  parcourent  i5  mètres  par 
seconde  dans  les  courses  de  Newmarket. 


Le  ministre  de  la  police  générale  de  ta  république, 

au  préfet  du  département    d —  Pans  , 

le       thermidor ,  an  8  de  la  République ,  une  et 
indivisible. 

En  vous  transmettant  les  derniers  arrêtés  du 
gouvernement  concernant  les  émigiés ,  je  dois 
vous  dire  ,  citoyen  préfet,  qu'il  ri  en  est  aucun 
dont  l'exécution  absolue  vous  soit  plus  recom- 
mandée. 

Il  ne  suffit  pas  que  les  émigrés  ne  puissent  faire 
aucun  mal  ,  il  faut  encore  qu'ils  ne  puissent  pas 
donner  la  plus  légère  inquiétude.  Des  bruits  ont 
été  semés  dans  les  départemens  que  le  gouverne- 
ment doit  faire  rentrer  dans  les  domaines  natio- 
naux les  émigrés  à  qui  il  a  permis  de  rentrer 
au  milieu  de  la  république.  Voua  ne  laisserez  pas 


à  ces  bruits  le  pouvoir  d'infirmer  la  confiance 
que  l'on  floit  aux  lois  :  leur  exécution  est  à  la 
fois  le  seul  pouvoir  du  gouvernement  et  son  plus 
grand  intérêt. 

Le  gouvernement  ne  peut  pas  plus  livrer  les 
propriétés  des  acquéreurs  de  domaines  nationaux 
aux  émigtés  rentrés  ,  qu'il  ne  peut  livrer  LA 
France  elle-même  à  la  famille  des  Bourbons. 
Le  tiire  de  domaines  nationaux  ,  que  n'ont  point 
encore  perdu  ces  propriétés  ,  les  rend  plus  invio- 
lables dans  les  mains  de  leurs  acquéreurs  ;  il  en 
montre  l'origine. 

Si  on  a  pu  douter  quelquefois  de  l'obligation  du 
corps  social  à  défendre  ,  avec  touies  ses  forces  , 
des  propriétés  acquises  par  les  hasards  de  la 
naissance  ,  par  les  jeux  de  la  fortune  ,  par  les 
caprices  des  donations  ,  pour  qui  pourrait  jamais 
être  douteuse  l'obligation  de  la  république 
FRANÇAISE  à  déployer  tout  ce  qu'elle  a  de  puis- 
sance ,  pour  gaianiir  et  pour  protéger  contre  le 
monde  entier,  s'il  le  fallait,  ces  propiiétés  par 
qui  elle   existe  elle-même  ? 

Les  vaines  alarmes;  dissipez-les  par  ces  discours 
d'une  vérité  si  simple  et  si  puissante  :  s'il  en  est 
de  fondées,  traitez  ceux  qui  les  répandent  comme 
ceux  qui  s'arment  comte  LA  nation  :  que  chaque 
acquéreur  de  domaines  nationaux,  au  milieu  de 
ses  sillons  ,  se  voie  toujours  environné  de  la 
république  toute  entière. 
Le  ministre  de  ta  police  générale ,  signéYovcHi. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du   26  thermidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  police  générale ,  le  conseil- 
d'éiat  entendu  arrêtent  : 

Art.  l".  Les  passeports  ou  sauf-conduits  ac- 
cordés par  les  ministres  et  autres  agens  diplo- 
matiques des  puissances  alliées  ou  neutres  ,  soit  à 
des  individus  qui  ne  sont  pas  de  leur  nation  , 
soit  à  des  français  naturalisés  chez  ces  puissances 
depuis  le  14  juillet  1789  ,  ne  seront  point  admis 
en  France. 

II.  L'entrée  du  territoire  de  la  république  est 
•interdite  aux  personnes  désignées  dans  l'article 
précédent ,  sous  peine  d'être  traitées  comme  gens 
sans  aveu  ,  ou  comme  émigrés. 

III.  Tout  étranger  actuellement  en  France  en 
vertu  de  passeport  à  lui  délivré  par  un  ministre, 
ou  agent  d'une  puissance  alliée  ou  neutre  ,  et  qui 
se  trouve  dans  le  cas  de  l'article  I''  du  présent 
arrêté  ,  est  tenu  de  faire  constater  ,  d'ici  au  l5  fruc- 
tidor ,  par  un  certificat  du  ministre  ou  agent  de 
sa  nation  ,  résidant  en  France  ,  qu'il  est  de  la  na- 
tion- au  nom  de  laquelle  le  passeport  lui  a  été 
délivré. 

IV.  Tout  étranger  qui  se  trouve  dans  le  cas 
prévu  par  l'art  P'  ,  et  qui  n'aura  pas  satisfait  aux 
dispositions  ci-dessus  ,  sera  arrêté  et  conduit  horj 
du  territoire  de  la  république. 

V.  Tout  individu  né  français  ,  actuellement  en 
France  en  vertu  d'un  passeport  étranger  ,  sera 
tenu  ,  pour  pouvoir  y  continuer  son  séjour  ,  de 
se  pourvoir  ,  dans  le  délai  de  trois  jours  pour 
Paris ,  et  de  deux  décades  pour  les  départemens  , 
de  la  permission  expres<e  du  ministre  de  la  police 
général,  sous  peine  d'être  traité  comme  prévenu 
démigration. 

VI.  Le  ministre  de  la  police  générale  est  chargé 
de  l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  inséré 
au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul.  Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  ,  - 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
au  ministre  de  la  police  générale  ,  le  conseil  d  état 
entendu,  arrêtent: 

TITRE    PREMIER. 

Art.  1".  L'arrêté  du  14  ventôse  dernier,  qui 
applique  aux  quatre  départemens  des  Deux- 
Sevres ,  de  la  Vendée  ,  de  Maine-et-Loire  ,  et  de 
là  Loire-Inférieure,  le  bénéfice  de  l'amnistie  ac- 
cordée par  celui  du  7  nivôse  précèdent ,  est 
rendu  commun  anx  départemens  mis  hors  l'em- 
pire de  la  constitution,  par  la  loi  du:2i3  nivôse 
dernier. 

II.  Aucun  habitant  de  ces  départemens  ne 
pourra  êtic  recherche  et  poursuivi  pour  les  faitt 


relatifs  à  ces  troubles ,  soif  pour  action  publique 
au  nom  de  la  nation  ,  soit  pour  action  civile  au 
nom  des  individus  qui  prétendraient  avoir  été 
lésés. 

III.  Tout  mandat  d'arrêt  ,  de  qnelqu'aUtôrité 
qu'il  soit  émané  ,  tout  atte  d'accusation  ou  juge- 
ment pour  faits  relatifs  aux  troubles  antérieurs 
à  la  publication,  seront  considérés  comme  non 
avenus. 

IV.  Au  moyen  de  ces  dispositions  générales  , 
tout  certificat  particulier  d'amnistie  devenant  inu- 
tile ,  il  est  défendu  à  tout  agent  civil  d'en  accor- 
der à  l'avenir. 

V.  Ceux  d'entre  les  amnistiés  qui  croiront 
avoir  besoin  d'un  titre  particulier  pour  leur  ga- 
rantie personnelle  ,  et  qui  auraient  obtenu  pré- 
cédemment un  certificat  des  agens  militaires  o"à 
civils  auxquels  ils  ont  remis  les  armes  ,  sont  tenus 
de  s'adresser  au  uiiniiire  de  la  police  générale 
pour  l'obtenir.  Tout  autre  cerrificat  est  nul  et  de 
nu]  tlFet. 

VI.  Aucun  cetiificat  d'amnis>ie  .  même  ceux 
signés  par  le  ministre  de  Ja  police  ,  ne  pourra 
tenir  lieu  de  passeports  aux  individus  qui  en 
seront  porteurs.  Ils  se  conformeront,  à  cet  égard, 
aux  lois  et  régiemcns  sur  les  passeports. 

TITRE    II. 

VII.  L'amnistie  n'efTaçani  que  les  délits  commis 
pendant  les  troubles  et  à  leur  occasion  ,  et  ne 
pouvant  couvrir  le  crime  d'émigration  ,  ne  dis- 
pense pas  les  amnistiés  inscrits  et  non  rayés  défi- 
nitivement ,  des  formalités  et  mesures  prescrites 
par  les  lois  envers  tous  les  français  prévenus 
d'émigration. 

yill.  Tout  individu  inscrit  sur  la  liste  des  émi- 
grés ,  qui  ne  sera  pas  rayé  définitivement ,  ou  qui 
n'aiira  pas  obtenu  du  ministre  de  la  police  géné- 
rale une  surveillance  antérieure  au  s5  messidor  , 
ou  qui  ;  résidant  dans  l'un  des  départemens  mis 
hors  l'empire  delà  constitution ,  n'aura  pas  obtenu 
du  préfet  dudit  département,  une  surveillance 
antérieure  au  i'='' floréal  an  8  ,  sera  tenu  de  sortir 
du  territoire  de  la  république  ,  dans  les  lojours 
qui  suivront  la  publication  du  présent  arrêté. 

IX.  Les  surveillances  qui  auraient  pu  être  ac- 
cordées par  les  préfets  des  départemens  qui  n'ont 
point  été  mis  hors  de  la  constitution  ,  sont  nulles. 

X.  Les  préfets  des  départemens  mis  hors  de  la 
constitution  par  la  loi  du  23  nivôse  ,  enverront  ,  ' 
dans  les  cinq  jours  de  la  publication  du  présent 
règlement ,  au  ministre  de  la  police  générale  ,  la 
note  des  individus  domiciliés  dacs  leurs  dépar- 
temens, prévenus  d'émigration  ,  et  auxquels  ils 
auraient  accordé  des  surveillances  antérieures  au 
l"  floréal. 

Le  ministre  de  la  police  générale  remettra  au 
gouvernement  ledit  état  par  ordre  alphabétique, 
dans  la  dernière  décade  de  fructidor. 

XI.  Les  ministres  de  la  justice  et  de  la  police 
générale  sont  chargés  ,  chacun  en  ce  qui  le  con- 
cerne ,  de  l'cxccuiion  du  présent  arrêté  qui  sera 
imprimé. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 

Rapport  aux  consuls  de  la  république,  d'après  lequel 
il  a  été  pris  [arrêté  relatif  au  paiement  des  rentes , 
inséré  dans  notre  n°  dhier. 

Citoyens  consuls, 

La  direction  des  contributfons  directes  ,  établie 
dans  les  premiers  momens  de  mon  ministère  ,  a 
coraplettemcnt  rempli  le  but  de  son  institution. 

Au  18  brumaire  dernier ,  35,ooo  rôles  restaient 
à  faire  poui-  les  diverses  contributions  de  l'an  7; 
et  les  contributions  de  l'an  8  n'étaient  pas  encore 
décrétées. 

Aujourd'hui ,  non-seulement  la  perception  des 
contributions  de  l'an  8  est  par-tout  en  activité 
depuis  plusieurs  mois  ,  mais  encore  tout  est 
préparé  pour  que  ,  dans  le  mois  de  ventlemiaire 
prochain  ,  les  rôles  de  l'an  9  ,  soient  mis  en  re- 
couvrement. Ainsi ,  l'ordre  qui  avait  été  inter- 
rompu depuis  le  commencement  de  la  révolu- 
tion ,  va  se  trouver  rétabli  pour  toujours. 

D'jin  autre  côté  ,  le  système  des  obligations  des 
receveurs^  généraux  ,  malgré  tous  les  obstacles 
que  nous  avons  eu  à  combattre  ,  s'assied  et  se 
consolide.  Le  service  du  trésor-public  prend  de 
jour  en  jour  une  marche  moins  incertaine  ,  et' 
nous  avons  l'assurance  de  réunir,  d'ici  au  com- 
mencement de  l'an  9  ,  dans  les  coffres  de  la  répu- 
blique, sur  les  seules  contributioiis  directes, 
pour  plus  de  soo  millions  de  valeur  d'une  rentrée 
bien  assurée. 

Ces  résultats  ,  citoyens  consuls,  me  mettent  à 
portée  de  vous  proposer  avec  confiance  un  me- 
sure que  je  crois  également  importante  ,  et  pour 
le  crédit  national  et  pour  le  rétablissement  de 
l'ordre  dans  les  finances  ;  je  vous  parle  du  paie- 
ment des  rentes  en  numéraire. 

Le  mode  adopte  dans  Ces  'derniers  tems  pour 
l'àcquiiiement-  de  cette  dette  'sacrée  a'  enfraîiié 


i3i4 

de  graves  inconvéniens  :  l'émission  des  bons 
d'arrérages  ,  indépendamment  des  pertes  inévita- 
bles qu'elle  a  occasionnées  aux  rentiers  et  pen- 
sionnaires ,  quoique  sans  profit  pour  le  trésor  pu- 
blic ,  a  fait  pénétrer  l'esprit  d'agiotage  et  la  démo- 
ralisation qu'il  produit  ,  jusqu'au  sein  des  cam- 
pagnes. La  perception  des  contributions  y  est 
devenue  l'objet  d'une  avide  spéculation  ,  et  tous 
calculs  suf  les  rentrées  probables  en  numéraire 
sont  devenus  impossibles  par  la  facilité  de  l'échange 
de  la  part  des  percepteurs  ,  du  produit  de  leurs 
recettes  elTectives  contre  les  bons  d'arrérages  et 
contre  les  bons  de  réiiuisition  qui  leur  procurent 
des  profits  aussi  considérables  qu'illégitimes. 

Il  est  tems  enfin  de  faire  disparaître  ces  traces 
honteuses  du  désordre  révolutionnaire;  la  banque 
de  ï'rance  nous  offre  un  moyen  facile  et  sûr  de 
réaliser  à  des  époques  certaines  le  paiement  en 
numéraire  des  rentes  et  pensions  :  il  «uflSra  de 
prélever  sur  200  et  tant  de  millions  ,  obligation 
que  les  receveurs  vont  souscrire  pour  les  contri- 
butions de  l'an  g  ,  la  quantité  nécessaire  qui  sera 
remise  à  l'avance  à  la  banque  chargée  d'en  faire 
le  recouvrement.  Celle  disposition  réunira  le 
double  avantage  de  distribuer  les  fonds  dans 
les  proportions  exactement  relatives  à  la  marche 
des  recouvremens  ,  et  d'affranchir  les  rentiers  et 
les  pensionnaires ,  des  sacrifices  auxquels  ils  ont 
él4  trop  Ipng-tems  condamnés. 

J'ajouterai  comme  une  considération  favorable 
à  la  proposition  que  j'ai  l'honneur  de  vous 
soumettre  ,  le  mouvement  et  la  faveur  que  devra 
donner  aux  opérations  de  la  banque  un  service 
public  auquel  se  rattachent  de  si  nombreux  intérêts. 
Les  régens  de  cet  établissement  ont  apprécié 
ces  avantages.  Ils  se  chargent  de  faire  accepter 
les  rentes  et  pensions  du  deuxième  semestre  de 
l'an  8  et  suivans  à  bureau  ouvert  en  numéraire  , 
à  partir  du  i"  nivôse  an  g.  Il  est  convenu  que 
la  banque  ne  pourra  donner  plus  du  vingtième 
en  monnaie  de  cuivre  dans  chaque  paiement  , 
jusqu'à  ce  que  cette  proportion  puisse  être  en- 
core affaiblie  ,  lorsque  la  circulation  sera  soulagée 
d'une  partie  de'cêtte  monnaie  qui  la  surcharge 
aujourd'hui.  Je  prépare,  à  cet  égard  ,  un  travail 
que  je  serai  incessamment  en  état  de  vous  sou- 
mettre ;  mais  le  moment  n'est  pas  venu  de  vous 
entretenir  de  cet  objet  avec  plus  de  détail.  Je 
reviens  à  ma  première  proposition  ,  et  je  joins  à 
ce  rapport  le  projet  d'arrêté  nécessaire. 

Paris  ,  ce thermidor  ,  an  8  de  la  répu- 
blique. 

Le  ministre  des  finances  ,  signé  ,  Gaddin. 


MINISTERE     DE    LA    MARINE. 

Le  cojitre-amiral  Decrès ,   au  ministre  de  la  marine  et 
des  colonies.  — Le   i"' floréal  an  %. 

Citoyen    ministre  , 

J'ai  le  malheur  d'avoir  à  vous  rendre  compte  de 
la  prise  du  vaisseau  h  Guillaume  Tell,  commandé 
par  le  capitaine  Saulnier  ,  et  sur  lequel  j'avais 
récemment  porté  mon  pavillon.  C'est  le  9  ger- 
minal dernier  que,  quelques  heures  après  son 
départ  de  Malle ,  et  après  une  résistance  dont 
je  vais  vous  donner  les  détails  ,  il  m'a  fallu  céder 
à  la  cruelle  nécessité  de  le  rendre  à  l'ennemi , 
à  eiiviron  7  lieues  dans  le  sud  du  cap  Passaro  , 
île  de  Sicile. 

Lorsqu'il  dut  appareiller,  outre  deux  vaisseaux 
anglais  mouillés  dans  Marsasiroco  ,  trois  autres 
l'étaient  devant  la  Valette  (d'ôià  il  devait  sortir) 
les  huniers  hauts  et  hors  la  portée  de  nos  forts; 
une  frégate  du  premier  rang  ,  une  plus  petite  , 
et  plusieurs  corvettes,  louvoyaient  à  petite  dis- 
tance ;  et  ,  pour  'surcroit  de  difficultés  ,  nous 
étions  assurés  que  l'ennemi  était  instruit  du  projet 
de  notre  départ;  mais  quels  que  fussent  les  périls 
ce  départ  était  trop  nécessaire  pour  balancer  à 
l'effectuer. 

Ce  fut  le  8  germinal  qu'il  s'exécuta  ,  à  onze 
heures  du  soir  ,  environ  une  heure  après  le  cou- 
cher de  la  lune. 

Malgré  ceue  précaution  pour  éviter  d'être  vu , 
le  vaisseau  avait  à  peine  largué  ses  amarres  de 
la  pointe  de  la  Sengle  ,  que  les  postes  anglais 
l'apperçurent  et  le  signalèrent.  On  fit  feu  sur  lui 
de  toute  part. 

Le  vent  était  au  sud-est ,  assez  faible  en-dedans 
des  forts  ,  mais  bon  frais  au  large. 

Lorsque  le  vaiweau  y  fut  parvenu  ,  je  jugeai 
qu'en  tenant  le  plus  près  11  passerait  au  vent  des 
vaisseaux  de  ligne  et  ne  rencontrerait  tout  au  plus 
que  des  bâtim.ens  de  moindre  force  ,  comme  il 
arriva  effectivement. 

Courant  près  et  plein  ,  îl  en  avait  déjà  doublé 
plusieurs  qui  l'avaient  pris  pour  un  des  leurs  , 
lorsque  vers  onze  heures  trois  quarts  il  fut  recTSnnu 
par  une  frégate  qui  vira  sur  lui  en  se  couvrant  de 
feux  pour  signaler  sa  chasse,  et  rallier  tous  les 
ennemis. 

C'était  la  Pénélope,  de  44  canons,  qui  malheu- 
reusement avait  sur  le  Guillaume  Tell  un  grand 
avantage  de  marche.  Elle  gagna  de  manière  qu'à 
utie'  heiire  du  matin  ,  9,  elle  en  était  à  très-petite 


portée,  lorsquelle  lança  dei  deux  bords  et  e«' 
voya  ainsi  dans  sa  poupe  deux  bordées  ,  aux» 
quelles  il  riposta  par  ses  canons  de  retraite.  Pins 
d'une  fois  elle  en  fut  atteinte  ,  mais  cela  ne  l'era- 
pccha  pas  de  réitérer  cette  manœuvre  toute  la 
nuit  ,  avec  tout  l'avantage  qui  résultait  pour  elle 
de  la  supériorité  de  sa  marche  et  du  choix  de 
ses  positions  ,  attendu  la  nécessité  où  j'étais  de 
fuir. 

Vingt  fois  je  fus  tenté  de  faire  manœuvrer  pour 
la  meure  hors  de  combat  ainsi  que  quelques  cor- 
vettes qui  tiraillaient  de  l'arriére  ;  mais  comme  le 
vent  était  très-frais  ,  et  que  malgré  l'obscurité  de 
la  nuit  ,  on  voyait  à  l'horison  les  bâtlmens  qui 
les  appiryaient,  je  rie  pus  me  dissimuler  que  , 
pour  peu  que  je  m'arrêtasse  ,  j'étais  joint  inces- 
samment par  tous  les  chasseur*  et  ne  pouvais  plus 
échapper. 

Nous  fûmes  donc  ainsi  incommodés  toute  la 
nuit  par  Cette  frégate  ,  qui  parvint  à  démâter  le 
vaisseau  de  son  grand  mât  d  hune  vers  5  heures 
du  matin. 

Presqu'au  même  instant  survint  le  vaisseau  le 
Lion  de  64  canons,  qui  se  mit  à  portée  de  mous- 
quet par  le  travers  de  bâbord  du  Guillaume-Tell  ^ 
tandis  que  la  Pénélope  le  canonnait  de  l'arriére. 

Pendant  trois-quarts  d'heure  enviroii  que  le 
Lion  prêta  le  côté  ,  il  reçut  et  fit  un  feu  très-vif  ! 
mais  enfin  le  sien  faiblit ,  et  nous  étions  à  demi- 
portée  de  pistolet ,  lorsque  je  m'apperçus  qu'il 
n'avait  plus  personne  sur  les   gaillards. 

J'ordonnai  au  capitaine  Saunier  de  saisir  U 
;  premier  moment  pour  l'aborder. 

La  première  tentative  que  cet  officier  en  fit  ne 
put  réussir  par  le  soin  que  l'ennemi  mit  à  l'é- 
viter ;  mais  l'ayant  tenté  une  seconde  fois,  il 
parvint  à  engager  le  baupré  du  Guillaume  Tell 
dans  les  haubans  d'artimon  du  Lion  ,  et  l'abor- 
dage réussissait  certainement,  si  par  la  rupture 
du  bout  dehors  du  premier,  les  deux  vaisseaux 
ne  se  fussent  dégagés  au  moment  même  oii  un 
matelot  amarrait  les  gréemens  .  et  où  une  troupe 
de    braves  se   présentait  pour  se  jeter  à  bord. 

Ce  coup  de  main  manqué  ,  le  Lion  désemparé 
de  toutes  ses  voiles ,  ayant  son  gréemeni  haché  , 
sa  mâture  chancelante,  fut  obligé  de  faire  vent 
arrière,  ses  écoules  en  bandes,  sans  tirer  un 
coup  de  canon. 

Le  Guillaume  Tell  le  poursuivit  quelques  mir 
nutes  .  puis  fut  contraint  de  revenir  sur  bâbord  f 
pour  recevoir  le  Foudroyant  qui  venait  prendre 
paît  au  combat. 

Il  était  environ  six  heures.  Ce  Foudroyant  de 
86  canons,  l'un  des  plus  beaux  vaisseaux  de 
l'Angleterre  ,  passa  de  l'arriére  du  Guillaume  TilU 
en  lui  criant  de  se  rendre  ,  et  lui  envoyant  aussitôt 
sa  bordée. 

Par  le  conflit  de  leur  manoeuvre  ,  les  deux  vaisr 
seaux  se  trouvèrent  bientôt  par  le  travers  l'un  d« 
l'autre  ,  le  Foudroyant  à  stribord  et  la  Pénélope  daD< 
la  hanche. 

Le  feu  dans  ce  moment  fut  terrible  de  part  et 
d'autre  ,  et  dura  ainsi  près  d'une  heure  d'aussi 
près  qu'on  peut  l'être  sans  s'aborder. 

Il  y  avait  environ  36  minutes  que  le  mât  d'arti- 
mon du  Guillaume  Tell  était  tombé  ,  lorsque  veri 
les  sept  heures  moins  un  quart  son  grand  mSIt 
eut  le'  même  sort. 

Les  voiles  et  le  gréement  du  Foudroyant  étaient 
en  pièces  ;  il  avait  été  quelques  momens  sans 
gouverner ,  et  comme  il  présentait  la  poupe  ,  soi» 
mât  d'artimon  avait  été  coupé,  et  plusieurs  -de 
ses  vergues  étaient  en  pentenne. 

Cependant,  retiré  du  combat  depuis  une  heure., 
le  Lion  s'était  réparé  ,  et  revenait  à  la  charge  sur 
bâbord. 

Dans  l'état  où  était  le  Guillaume  T'e// ,  j'avoue 
qu'il  y  avait  peu  à  espérer  pour  son  salut  d'utt 
combat  aussi  inégal  ;  mais  la  détermination  de  son 
équipage  était  telle  ,  que  j'étais  au  moins  sûr  de 
le  vendre  cher  à  l'ennemi ,  et  d'ailleurs  ,  tant 
que  le  vaisseau  gouvernait  ,  il  pouvait  encor* 
tout  entreprendre  ,  sans  avoir  rien  à  ménagef 
pour  lui-même;  c'est  pourquoi  j'ordonnai  au 
capitaine  Saunier  de  tâcher  d'aborder  le  Fou- 
droyant,  dont  nous  voyions  que  le  feu  avait 
beaucoup  faibli. 

Ce  commandant  le  serrant  du  plus  près  qu'il 
put ,  saisit  un  instant  où  il  était  parvenu  à  le  dé- 
passer ,  et  lançant  brusquement  sur  stribord  ,  il 
vint  en  travers  sur  son  baupré. 

L'ennemi  ,  jugeant  notre  intention  ,  manœuvra 
pour  éviter  l'abordage  en  coeffant  ses  voiles  ,  et 
les  deux  vaisseaux  se  touchèrent  presque  ,  mais 
ne  purent  s'accrocher. 

Il  résulta  au  moins  de  cette  manoeuvre ,  que  Iç 
Foudroyant  ,  qui  avait  déjà  son  mât  d'artimon  à 
bas  ,  fut  bauu  à  bout  portant  de  l'avant  en  arr 
riere  ;  son  petit  mât  d'hune  tomba  ;  il  s'élojgna  , 
ayant  ce  qui  restait  de  mâture  extrêmement  mal» 
traité ,  et  se  tint  le  reste  du  combat  à  une  distance 
qui  ne  permettait  plus  d'abordage. 

Ce  fut  alors  que  le  capitaine  Saunier  ,  qui  jus* 
ques-là  avait  commandé  la  manoeuvre  avec  une 


i3i5 


habileté  peu  commune  ,  fut  blessé  grièvement,  et 
remplacé  dans  ie  commandement  par  le  premier 
lieutenant  Donnadieu  ,  officier  d'un  très-grand 
mérite. 

Depuis  sept  heures  ,  le  Guillaume  Tell  n'ayant 
plus  que  son  mât  de  misaine  et  son  petit  mât  de 
nune,  eut  à  combattre  à  la  fois  les  deux  vaisseaux 
et  la  frégate;  il  répondait  à  tous  tirant  toujours 
des  deux  bords, et  souvent  de  l'arriére  en  même- 
tems. 

Le  feu  avait  ptij  plusieurs  fois  dans  les  hauts  , 
çt  chaque  fois  on  éiaii  parvenu  à  l'éicindre.  Plu- 
sieurs explosions  que  j'avais  vues  à  bord  des 
ennemis  m'assuraient  que  le  même  accident  leur 
«tait  arrivé.  , 

Malheureusement  le  démltage  engageait  une 
grande  partie  de  nos  batteries  de  bâbord  ,  et 
nous  étions  obligés  d'arioser  continuellement  ce 
côté  où  les  débris  de  voilures  et  de  gréemens, 
dont  nos  efiForts  ne  suffisaient  pas  à  nous  dé- 
barrasser ,  s'embrasait  à  chaque   instant. 

A  huit  heures  (et  je  cite  ce  moment,  parce 
que  je  ne  puis  pas  préciser  de  combien  l'état 
des  batteries  s'était  empiré  à  la  fin  de  l'action  ) 
il  y  avait  un  canon  de  crevé  ,  un  de  cassé  par 
les  boulets  et  dix-neuf  de  démontés  sans  comp- 
ief  ceux   d«s   gaillards. 

Comme  le  grand  mât  avait  été  coupé,  deux  fois , 
~on  de  ses  troncs,  d'environ  14  pieds  de  long, 
barrait  le  gaillard  d'arrière  tout  encombré,  d'ail- 
leurs, des  débris  de  la  dunette. 

Malgré  cet  accident  et  le  spectacle  de  beaucoup 
de  sang  répandu  ,  la  détermination  de  l'équipage 
allait  en  croissant  ,  et  malgré  le  feu  réuni  des 
trois  bâtimens  ennemis,  la  défense  du  Guitlaume- 
Tell  était  encore  très -rigoureuse  à  8  heures  et 
demie  ,  lorsque  son  mât  de  misaine  tomba  sur 
bâbord. 

Tout  ce  côté  battu  par  le  Lion  se  trouva  alors 
engagé  par  les  mâtures.  L'ennemi  profitant  de 
l'embarras  de  cette  position  ,  pût  choisir  celle  qui 
lui  convenait  ,  et  où  il  rious  devenait  impossible 
de  lui  répondre.  Le  Foudroyant  qui  était  le  plus 
maltraité  ne  pouvait  se  tirer  des  travers  de  stri- 
bord  ,  mais  dans  la  hanche  de  bâbord  était  le 
lion  ,  ayant  ses  voiles  et  son  gréemeat  haché  et 
quelques  vergues  cassées  ;  enfin  ,  la  Pénélope  qui 
était  la  moins  maltraitée  avait  passé  de  l'avant,  et 
tous  réunissaient  leur  feu  sur  le  Guillaume-Tell 
qui ,  rasé  rie  tous  ses  mâts  ,  ne  gouvernait  plus.  Il 
était,  balotté  par  un*  grosse  houlle  qui  ,  depuis 
qu'il  n'était  plus  appuyé  par  la  mâture,  le  forçait 
à  chaque  roulis  de  fermer  les  sabords  de  la  batterie 
basse  pour  ne  pas  remplir. 

Dans  cette  position  ,  il  ne  me  fut  que  trop 
«vident  ,  non-seulement  que  le  salut  du  vaisseau 
était  impossible  ,  mais  encore  que  je  n'avais 
plus  de  mal  à  faire  à  l'ennemi.  Je  ne  pus  donc 
me  dissimuler  que  les  hommes  que  je  perdrais 
par  une  plus  longue  résistance  ,  seraient  gratui- 
tement sacrifiés  à  une  vaine  obstination.  Sur  cette 
conviction  ,  et  celle  que  la  défense  du  Guillaume 
tell  avait  été  assez  soutenue  pour  n'avoir  rien 
que  d'honorable  ,  je  crus  de  mon  devoir  de 
céder  à  la  fortune  ,  et  à  neuf  heures ,  trente-cinq 
minutes  environ  après  le  complet  démâtement , 
le  pavillon    fut   amené. 

La  frégate  la  Pénélope  fut  seule  en  état  d'ania- 
lîner  le  vaisseau,  et  lui  donna  la  remorque  pour 
se  rendre  à  Siracuse.  Après  vingt-quatre  heures 
de  réparation  ,  le  Lion  la  donna  au  Foudroyant  , 
dont  toutes  les  vergues  étaient  criblées  ;  et  en 
voyant ,  après  le  combat ,  ce  qui  restait  de  mâture 
à  ce  vaisseau  ,  Jrançais  et  anglais  ne  concevaient 
pas  qu'elle,  put  encore  tenir  debout.  (.D'après  le 
combat ,  vergues  et  mâts  quelconques  ,  tout  a  été 
changé  àMinorque.  ) 

Le  capitaine  Saunier  vous  transmet,  citoyen 
xainistre  ,  l'état  des  hommes  tués  ou  blessés  dans 
Jlecoinbat.  L'ennemi  n'a  pas  dissimulé  qu'il  avait 
y,erçlij  beaucoup  de  monde,  et,  d'après  ce  que 
j'ai  vu  et  ce  qu'on  m'a  dit  immédiatemet  après  l'af- 
iiaire  ,  il  paraît  certain  qu'à  cet  égard  les  vain- 
queurs n'ont  pas  été  plus  heureux  que  le  vaincu- 

Jçcrois  superflu  de  m'éiendre  sur  la  conduite 
de  l'éiat-major  et  de  l'équipage  du  Guillaume 
Tell...  Leseul  fait  .de  son  conibat  et  trois  tentatives 
d'abordage  ,  où,  malgrélasupériorité  del'ennemi , 
nous  avons  été  voisins  du  succès  ,  vous  disent 
assez,  citoyen  ministre  ,  quelle  confiance m'inspi- 
zaientles  lalens  du  capitaine  ,  la  dévouement  des 
officiers  et  la  bravoure  de  tous  ceux,  de  quelque 
grade  qu'ils  fussent  ,  que  j'avais  l'honneur  de 
commander.  Signé,  Degrés. 


Fin  du  rapport  Jait  à  la  classe  des  sciences  mathémati- 
ques el  physiques , dans  sa  séance  du  6  messidor  an  8, 
parla  commission  chargée  de  répéter  les  expériences 
dt  M.  Âihard ,  sur  le  sucre  contenu  dans  la 
betterave. 

'Referions  générales  sur  tes  expériences  précédentes. 

Parmi  les  différens  agens  employés  pour  extraire 
de  la  betterave  le  sucre  qu'elle  contient  ,  l'alcool 
e«t  celui  qui  ,  jusqu'à  ptéseni ,  parait  avoir  le 
mieux  léuisi. 


En  effet,  lés  expériences  que  nous  avons  citées 
proiivent  d'une  manière  incontestable  ,  qu'à  l'aide 
de  ce  fluide  on  peut  obtenir,  d'une  quantité 
donnée  de  betteraves  fraîches  ,  deux  trente- 
ileuxiemes  de  sucre.  Mais  ,  comme  l'emploi 
d'un  semblable  moyen  deviendrait  très-dispen- 
dieux s'il  s'agissait  d'une  opération  faite  en  grand, 
«t  dont  le  résultat  serait  de  prouver  que  le  sucre 
de  betterave  doit  être  moins  cher  que  celui  de  la 
canne  ,  nous  avons  dû  chercher  à  vérifier  si  , 
comme  on  l'avait  annoncé ,  le  procédé  de  M. 
Achard  était  décidément  plus  économique  que 
celui   par' l'alcool. 

On  a  vu  ,  d'après  ce  que  nous  avons  dit  dans 
ce  rapport,  que  itSî  parties  de  betteraves  fraî* 
ches  ..traitées  par  ce  procédé,  avaient  donné  18 
parties  de  nioscouade  ;  que  cette  moscouade  était 
d  un  brun  foncé  ,  et  que  sa  saveur  était  peu 
agréable. 

Nous  avons  fait  observer  que  cette  moscouade 
pourrait  difficilement  êtte  proposée  pour  sùcrër 
les  alimens  et  l^s  boissons,  à  cause  des  matières 
étrangères  au  sucre  qu'elle  contenait  ;  mais  nous 
avons  ajouté  qu'il  était  possible  ,  par  des  purifi- 
cations suffisantes ,  de  lui  donner  toute  la  perfec- 
tion du  sucre  de  canne. 

Nous  avons  dit  aussi  que  la  moscouade  de  bet- 
terave ,  comparée  à  celle  de  canne  ,  fournissait  , 
lors  de  sa  purification  par  l'alcool ,  un  seizième  de 
sucre  de  moins  que  cette  dernière. 

Enfin,  nous  avons  insisté  sur  la  perte  que  la 
moscouade  de  betterave  éprouverait  si  on  voulait 
la  soumettre  aux  différentes  opérations  d'usage 
dans   les  raffineries. 

C'est  après  avoir  réuni  toutes  ces  données  ,  que 
nous  avons  essayé  d'établie  le  prix  du  sucre  des 
betteraves  de  France. 

D'abord  ,  nous  avions  pensé  que  pour  obtenir 
à  cet  égard  un  résultat  à  peu  près  certain  ,  il  suffi- 
sait de  connaître  l'état  de  nos  dépenses  ,  et  de  le 
balancer  avec  celui  du  produit  ;  mais  nous  ne 
tardâmes  pas  à  nous  appercevoir  que  celte  ma- 
nière de  calculer  serait  défectueux. 

En  effet  ,  il  était  facile  de  concevoiï  que  nos 
opérations  n'ayant  été  faites  que  sur  de  petites 
quantités,  le  sucre  que  nous  avions  obtenu  devait 
être  nécessairement  plus  cher  que  si  nous  eussions 
travaillé  en  grand,  puisque  les  frais  n'auraient  pas 
été  plus  considérables  ,  si ,  au  lieu  de  ne  traiter  , 
par  exemple  ,  à  la  fois  ,  que  trente-six  kilogrammes 
de  betteraves ,  nous  eussions  opéré  en  même  tems 
sur  plusieurs  centaines  de  kilogrammes  de  ces 
racines. 

Nous  nous  déterminâmes  donc  à  faire  nos 
calculs  autrement  ,  et  pour  leur  donner  plus 
d'exactitude  ,  voici  le  procédé  que  nous  avons 
suivi. 

D'abord,  on  a  supposé  une  opération  faite  en 
grand  avec  le  produit  en  betterave  obtenu  d'une 
étendue  de  terrein  de  341g  mètres  quarrés  (  un 
arpeut  de  900  toises  quarrées  ). 

Ensuite,  pour  connaître  la  quantité  de  ce  pro- 
duit, on  s'est  adressé  à  différens  agriculteurs  ac- 
coutumés à  cultiver  la  betterave;  on  a  pris  aussi 
auprès  d'eux  des  renseignemens  sur  les  frais  de 
culture. 

Enfin  on  a  calculé  tous  les  frais  de  fabrication. 

Il  est  résulté  des  détails  qu'on  a  reçus  sur  tous 
ces  points  : 

1°.  Que  le  terme  moyen  auquel  il  fallait  éva- 
luer le  produit  d'une  étendue  de  terrain  cultivé 
en  betteraves,  de  3419  mètres  quarrés  ,' était  de 
25,000  kilogrammes  pesant  de  ces  racines  (ou 
5o  milliers). 

2°  Que  tous  les  frais  pour  semence,  labour, 
culture ,  angrais ,  etc. ,  pouvaient  représenter  une 
somme  de  23o  francs. 

3°.  Que  dans  cette  somme ,  il  ne  fallait  pas 
comprendre  la  location  du  terrain  ,  attendu  qu'elle 
était  amplement  payée  par  le  produit  des  feuilles 
données  aux  bestiaux  comme  fourrage. 

4°.  Enfin  que  les  frais  de  fabrication  du  sucre 
devaient  être  évalués  à  i5o  francs. 

Il  était  évident,  d'après  ce  calcul,  qu'avec 
400  fr.  on  pouvait,  non-seulement  se  procurer 
25,000  kilogrammes,  ou  5o  milliers  pesant  de 
betteraves,  mais  même  encore  subvenir  à  toutes 
les  dépenses  nécessaires  pour  convertir  cette 
quantité  en  un  sirop  susceptible  de  donner  de 
la  moscouade. 

Restait  à  connaître  la  quantité  de  moscouade 
qu'on  devait  attendre  de  ce  sirop. 

La  commission  put  aiséinent  se  satisfaire  à  cet 
égard  ,  en  consultant  le  journal  de  ses  expé- 
riences. 

Sachant  en  effet  combien ,  dans  ses  essais  par- 
ticuliers ,  elle  avait  eu  de  moscouade  d  une  quan- 
tité donnée  de  betterave  ,  il  lui  était  facile  d'éva- 
luer ce  qu'elle  en  aurait  obtenu  ,  si  elle  eût 
opéré  de  même  sur  s5,QOo  kilogrammes  de  ces 
racines. 

Le  résultat  de  son  calcul  fut  que  25,ooo  kilo- 
grammes pcsaiit  de  betteraves  ,  devraient  fournir 
391  kilogrammes ,  ou  78a  livre»  environ  de  mos- 


couade, laquelle,  à  raison  du  déchet  qu'elle  éproil» 
verait  par  les  opérations  du  raffinage  ,  ne  donne- 
rait plus  que  â24  kilogramme!  ,  ou  448  livres  de 
sucre  pur ,  ce  qui  par  conséquent  devrait  établir 
le  prix  de  ce  sucre  à  90  centimes  le  demi-kilo- 
gramme ,  ou  à  t8  sous  la  livre. 

Ce  prix  qui  ,  comme  on  voit,  n'est  pas  déjà 
très-considérable,  pourrait  cependant  encore  être 
diminué  ,  si ,  au  lieu  du  procédé  de  M.  Achard  , 
on  en  adoptait  un  autre  qui  ne  favorisât  pas  au- 
tant la  décomposition  du  sucre  ,  et  qui  fût  aussi 
moins  dispendieux.  Alors  on  conçoit  que  la  quan- 
tité de  moscouade ,  toutes  choses  égales  d'ailleurs  , 
étant  plus  grande  et  les  frais  pour  se  la  procuret 
moins  considérables  ,  il  devrait  nécessairement  en 
résuher  une  diminution  sensible  dans  le  prix  (lu 
sucre. 

QueKiu'avantâgeuse  que  paraisse  l'extraction 
du  sucre  de  la  betterave  ,  d'après  l'exposé  qu'oni 
vient  de  faire,  il  s'en  faut  de  beaucoup  qu'elle 
le  soit  autant  que  M.  Achard  l'a  annoncé. 

Cependant ,  avant  d'accuser  ce  chimiste  d'exa-* 
gération  ,  il-  faudrait  savoir  si  les  racines  suc 
lesquelles  il  a  travaillé  à  Berlin  ,  s'étaient  pas  plus 
sucrées  que  celles  qui  croissent  en  France  ,  et 
principalement  dans  les  environs  de  Paris  ,  oà 
ont  été  récoltées  celles  employées  par  la  com- 
mission pour  faire  ses  expériences  ;  il  faudrait 
aussi  savoir  si  ,  comme  le  prétend  encore 
M.  Achard  ,  on  peut,  par  une  culture  soignée  , 
rendre  les  betteraves  plus  sucréei'  qu'elles  ne  le 
sont  ordinairement. 

Enfin  ,  il  aurait  fallu  pouvoir  comparer  les  bet- 
teraves de  BerUn  avec  celles  de  France. 

Relativement  à  ce  dernier  objet  ,  la  commis- 
sion a  fait  beaucoup  de  démarches  ;  mais  jusqu'à' 
présentil  lui  a  été  impossible  de  pouvoir  se  pro- 
curer des  betteraves  de  Berhn. 

Au  reste  ,  il  serait  très-possible  que  les  bette- 
traves  de  ce  pays  fussent  plus  sucrées  que  celles 
de  France  ;  dans  ce  cas  ,  on  concevrait  facile- 
ment comment  le  sucre  que  M.  Achard  a  retiré 
ne  lui  est  pas  revenu  à  plus  de  6q  centimes 
le  kilogramme  ,   ou  6  sous  la  livre. 

Peut-être  aussi  existe-t-il  dans  quelques  dépar^ 
temens  de  la  France  des  endroits  plus  favorable» 
à  la  culture  de  la  betterave  blanche  ,  que  ceux 
des  environs  de  Paris.  Des  expériences  ,  pour 
s'en  assurer  ,  sont ,  à  ce  qu'on  prétend  ,  déjà 
commencées  ;  en  sorte  qu'il  est  vraisemblable 
qn'avant  peu ,  on  sera  en  état  de  prononcer 
d'une  manière  positive  sur  la  question  dont  il 
s'agit. 

En  attendant  ,  nous  croyons  devoir  prévenir 
ceux  qui  se  sont  livrés  à  ce  genre  de  culture  ', 
que  quand  même  le  produiten  sucre  qu'ils  obtien- 
draient de  leurs  betteraves  ,  serait  plus  çonsidé- 
ble  que  celui  que  nous  avons  eu  des  nôtres ,  ils 
n'en  doivent  pas  moins  s'occuper  des  moyens  de 
perfectionner  le  procédé  de  M.  Achard  qui  ,  ainsi 
que  nous  l'avons  fait  remarquer  ,  est  défectueux 
sous  quelques  rapports. 

Il  sera  ,  sans  doute  ,  facile  de  remédier  aux 
imperfections  qu'il  présente  ,  lorsqu'ayant  à  sa 
disposition  une  grande  quantité  de  betteraves  , 
on  pourra  varier  Tes  procédés ,  et  faire  beaucoup 
d'expériences  que  le  défaut  de  tems  nous  a  em-> 
péché  d'entreprendre. 

Nous  devons  engager  aussi  ceux  qui  s'occupe- 
ront de  l'extraction  du  sucre  de  la  betterave  ,  à 
bien  connaître  toutes  les  opérations  auxquelles 
on  soumet  le  suc  exprimé  de  canne  ;  car  ,  comme 
on  est  obligé  de  varier  les  procédés  suivant  les 
diflTérens  états  où  il  se  trouve  ,  il  est  à  présumer 
qu'il  en  sera  de  même  pour  le  suc  exprimé  de 
betterave  ,  et  que  ,  si  on  voulait  se  fixer  à  une 
seule  manière  d'opérer  ,  on  éprouverait  infailli- 
blement des  pertes  considérables. 

Enfin  ,  il  ne  suffira  pas  de  savoir  extraire  la 
moscouade  des  betteraves  ,  il  faudra  encore  cher- 
cher les  moyens  qui  seront  les  plus  économique» 
pour  la  purifier  ;  car  ,  quoiqu'on  en  ait  dit,  on 
ne  pourra  jamais  tirer  un  très-grand  parti  de  cette 
moscouade  que  lorsqu'on  lui  aura  fait  éprouver- 
la  purification  dont  elle  a  besoin. 

C'est  pour  arriver  à  cette  purification  d'oii- 
résultera  un  sucre  très-blanc  i  qu'on  rencontrera 
beaucoup  de  difficultés. 

M.  Achard  assure  avoir  préparé  plusieurs  pains 
de  sucre  semblables  à  ceux  qu'on  trouve  dans 
le  commerce  ;  mais  il  ne  parle  pas  du  moyen 
qu'il  a  employé  ,  ni  du  déchet  qu'il  a  éprouvé  ; 
il  parait  même  ,  tant  d'après  ce  qu'il  a  publié  , 
que  par  les  détails  particuliers  que  nous  avons- 
reçus  ,  qu'il  n'a  pas  encore  trouvé  le  procédé 
véritablement  économique  qu'il  faut  adopter. 

C'est  cependant  de  ce  procédé  que  dépend  le 
sort  du  sucre  de  betterave  ,  et  c'est  lorsqu'il  sera 
connu  qu'il  sera  possible  de  fixer  d'une  manière 
positive  le  prix  de  ce  produit. 

On  sera  sans  doute  étonné  que  jusqu'ici  nous 
n'ayons  pas  fait  mention  de  l'alcool  et  du  vL- 
naigre  que  M.  Achard  assure  qu'on  peut  retirer 
de  la  betletave,  en  la  lésant  passer  à  la  fermen- 
tation. 


i3i6 


Ces  deox  produits  qui,  selon  ce  chimiste, 
doivent  augmenter  le  bénéfice  auquel  ont  droit 
de  prétendre  ceux  qui  s'occuperont  de  1  exploi- 
tation de  cette  racine ,  ne  nous  ont  pas  paru 
devoir  être  pris  en  grande  considéranon  ,  sur- 
tout si  ,  comme  le  demande  M.  Achard  ,  on  se 
sert  ,  pour  les  avoir  ,  des  rejets  qui  proviennent 
de  l'expression  du  suc  des  betteraves  cuites. 

La  mêlasse  qui  reste  après  la  cristallisation  de 
la  moscouade ,  ainsi  que  celle  qui  se  forme 
lors  de  la  purification  de  cette  dernière  ,  pour- 
raient seules  présenter  quelqu'avantage  ,  si  on  les 
convertissait  en  alcool  ;  la  grande  ressemblance 
qn'elles  ont  avec  la  mélasse  decanne,  ne  doit 
même  laisser  aucun  doute  à  ce  sujet. 

Il  est  vraisemblable  aussi  que  l'alcool  qu'elles 
fourniront  sera  de  bonne  qualité  ,  mais  nous  igno- 
rons quels  sont  les  frais  qu'il  faudra  faire  pour 
obtenir  ce  rési:iltat. 

Au  reste  ,  nous  n'avons  pas  négligé  de   cons- 
tater la  possibilité  de  faire  passer  la  betterave  à 
la   fermentation  spiritueuse   et   acide;  et  si   nous 
avons  eu  la  preuve  qu'pn  pouvait  en  obtenir  un 
bon  alcool ,  nous  sommes  certains  aussi   que  le 
vinaigre  qu'elle  fournit    est  trop  faible  en   qua- 
lité ,  pour  qu'on  puisse  le  conserver. 
Conclusions. 
Il'  résulte  de  ce   qui  précède  : 
t°.  Qu'il  est  certain  que  la  betterave  qui  croît 
en  France  ,  et  qui    est  reconnaissable  à  sa   chair 
blanche  traversée  par  des  bandes  ou  voies  rouges, 
contient  du  sucre,  ainsi  que  celle   de  la  même 
espèce  cultivée  à  Berlin  ,  sur  laquelle  M.  Achaid 
a  travaillé; 

s".  Qe  ce  sucre  peut  être  extrait  par  diffé- 
tens  procédés  ,  et  acquérir,  à  l'aide  de  purifica- 
tions suffisantes  ,  toutes  lei  qualités  du  suci:e  de 
canne  ; 

3°.  Que  la  quantité  de  sucre  que  celte  racine 
contient  est  assez  considérjble  ,pour  mériter  qu'on 
s'occupe  de  son  extraction; 

4°.  Que  si ,  comme  l'annonce  M.  Achard  ,  on 
peut  ,  pour  ainsi  dire  ,  rendre  à  volonté  celte 
betterave  plus  riche  en  sucre,  en  soignant  sa 
culture  ,  ils  est  à  désirer  que  des  expériences 
loient  faites  pour  s'en  assurer  ; 

5°.  Qu  indépendamment  de  ces  expériences ,  il 
sera  unie  de  savoir  si.  parmi  les  variétés  de  la 
betterave,  il  n'en  existe  pas  quelques-unes  plus 
pourvues  de  sucre  que  celle  que  M.  Achard  a 
indiquée  ; 

6°.  Q,u'en  admettant  le  succès  des  expériences 
qu'il  s'agit  de  faire  à  ce  sujet  ,  il  doit  rester  pour 
démontré  que  la  betterave  pourra  .jusqu'à  un  cer-. 
tain  point ,  suppléer  la  canne  à  sucre  ; 

7".  Que  s'il  est  vrai  de  dire  qu'à  la  rigueur  le 
prix  du  sucre  de  betterave  ne  pourra  être  déter- 
miné d'une  manière  très-positive  ,  que  lorsqu'on 
connaîtra  le  résultat  d'opérations  faites  en  çrand  ; 
cependant ,  dès-à-présent ,  on  a  lieu  de  présumer 
que  ce  prix  ne  devra  pas  s  élever  plus  haut  que 
celui  du  sucre  de  canne  ,  dans  les  teras  ordi- 
naires ; 

8».  Enfin,  que  si  Margraf  doit  être  cité  à  juste 
titre  ,  comme  étant  l'auteur  de  la  découverte  du 
sucre,  dans  la  betterave,  il  faut  convenir  aussi 
que  M.  Achard  est  le  premier  qui  ait  fait  une 
heureuse  apphcaiion  de  cette  découverte  ,  non- 
seulement  en  annonçant  le  parti  avantageux 
qu'on  pouvait  en  tirer ,  mais  même  encore  en 
indiquant  les  procédés  auxquels  il  fallait  avoir 
recours  pour  léussir. 

Telles  sont  les  conclusions  que  vos  commis- 
saires ont  cru  devoir  tirer  des  expériences  qu'ils 
ont  faites  sur  la  betterave. 

En  les  présentant  à  la  classe  ,  nous  sommes  bien 
éloignés  de  croire  avoir  tout  dit  sur  l'extraction 
du  sucre  de  la  racine  dont  il  s'agit;  nous  pen- 
sons au  contraire  que  cette  opération  est  encore 
bien  éloignée  de  létat  de  perfection  dont  elle 
est  susceptible,  et  qu'elle  acquerra  bientôt,  lors- 
qu'elle sera  confiée  à  des  personnes  habiles  qui  , 
en  la  considérant  comme  devant  offrir  une  nou- 
velle branche  de  commerce,  ne  négligeront 
-aucun  moyen  pour  diminuer  les  dépenses  et 
augmenter  le  produit. 

Nous  ne  dissimulerons  pas  non  plus  à  la 
classe,  qu'en  commençant  notre  travail,  iious 
étions  bien  éloignes  de  nous  attendre  aux  résul- 
tats que  nous  a\ons  obtenus  :  aussi  avons-nous  eu 
ijesoin  de  répéter  plusieurs  fois  nos  opérations , 
avant  d'être  convaincus  que  ces  résultats  étaient 
ceux  sur  lesquels  on  pouvait  compter. 

Aujourd'hui  que  tous  nos  doutes  sont  dissipés, 
îl  ne  nous  reste  plus  qu'à  désirer  que  des  expé- 
riences faites  plus  en  grand  que  les  nôtres,  achè- 
vent de  donner  au  travail  de  M.  Aphard  cette 
authenticité  qu'il  mérite,  et  assurent,  par  ce 
moyen  ,  à  ce  savant ,  le  tribut  de  reconnaissance 
qui  lui  est  dû. 


RÉUNION  d'Émulation  d'Amkns. 
Il  a  été  lu ,  à  la  dernière  séance  de  la  réunion 
d'émulation  ,  un  mémoire  contenant  le  projet  de 
fabriquer  des  eaux  minérales  artificielles  ,  poui 
le  soulagement  des  pauvres  malades  de  ceue  ville. 
L'auteur  ,  le  citoyen  Barbier  ,  a  fortement  invité 
la  réunion  à  se  charger  de  la  fabrication  et  de  la 
distribution  de  deux  sortes  de  ces  eaux  :  1  eau 
de  Spa  et  celle  de  Scdiiiz  ont  été.indiquées  par  lui 
comme  plus  usitées  et  plus  faciles  à  préparer  :  elles 
seraient  données  gratis  aux  pauvres  malades  ,  au 
au  nom  de  la  réunion.  L'auteur,  après  avoir 
parlé  de  la  possibilité  de  réaliser  le  projet ,  s'est 
sur-tout  attaché  à  démontrer  que  la  chimie  amain- 
tenant  acquis  assez  de  précision  dans  les  analyses , 
et  de  justesse  dans  ses  procédés  ,  pour  pouvoir 
rivaliserla  nature  dans  la  fabrication  des  eaux  mi- 
nérales ;  qu'elle  surmonte  facilement  les  obstacles 
qui  peuvent  se  présenter  dans  la  préparation  de 
ces  liquides  médicinaux. 

Il  a  combattu  le  sentiment  de  ceux  qui  pré- 
tendent qu'on  ne  peut'  donner  à  ces  eaux  les 
mêmes  venus  et  les  mêmes  principes  qu'ont  les 
eaux  minérales  naturelles.  11  s'est  appuyé  du 
sentiment  des  plus  célèbres  chimistes,  et  a  ré- 
pondu avec  ceux  de  l'institut ,  que  les  eaux 
minérales  artificielles  étaient  souvent  supérieures 
aux  naturelles.  En  un  mot  ,  l'art  chimique  a 
trouvé  sur  cet  objet  le  secret  de  la  nature.  Il  a 
cité  !  établissement  des  citoyens  Paul  et  compa- 
gnie ,  pour  la  fabrication  de  toutes  les  eaux 
minérales  artificielles  ;  le  jugement  des  com- 
missions de  l'institut  et  de  la  société  de  méde- 
cine de  Paris  ,  favorable  à  cet  établissement  ,  et 
d'après  lequel  les  deux  sociétés  savantes  lui  don- 
nèrent l'approbation  la  plus  distinguée  et  la  plus 
authentique. 

Après  avoir  parlé  de  la  composition  des  deux 
espèces  d'eaux  minérales  qu'il  propose  à  la  réu- 
nion d'imiter  ,  des  recettes  à  cuivre  ,  il  a  passé 
à  leurs  venus  ;  l'une  jouit  d'une  vertu  tonique  et 
stomachique,  bien  reconnue  ;  et  l'autre  est  légè- 
rement purgative  et  fondante  ;  elles  conviennent 
dans  les  maladies  chroniques  ,  dans  les  mala- 
dies de  faiblesse,  dans  les  obstructions,  dans 
toutes  les  maladies  où  se  manifeste  une  inac- 
tion presqu'absolue  d«  la  nature  ,  oiJ  il  est  si  utile 
d'exciter ,  de  ranimer  l'énergie  des  fibres  ,  et 
d'augmenter  leur  activité  vitale. 

Ces  eaux  sont  souvent  indiquées  chez  les  pau- 
vres malades  de  cette  ville  ,  chez  qui  ces  maladies 
sont  si  communes  et  s'invélereiu  si  facilement. 
Combien  de  malheureux  n.e  viennent  à  l'hospice 
civil  que  quand  la  maladie  a  produit,  dans  leur 
économie  ,  des  délabremens  au-dessus  des  res- 
sources de  l'art  !  combien  n'y  apportent  que  des 
'ressorts  usés!  combien  ny  viennent  que  pour 
mourir,  tandis  ijue  quehjues  secours  administrés 
d'abord,  auraie^nt  souvent  suffi  pour  les  guérir  ! 
etc.  Il  a  terminé  par  rappeler  que  les  pauvres, 
étant  dans  l'impossibilité  de  subvenir  aux  frais 
d'un  voyage  ,  d'aller  chercher  au  loin  les  moyens 
de  guérison,  qu'il  est  souvent  difficile  de  rem- 
placer, il  était  de  la  dignité  dune  réunion  nais- 
sante et  compatissante  ,  de  leur  en  fournir  ,  sans 
déplacement  .  sans  frais  ,  et  dans  toutes  les  sai- 
sons; sur-tout  lorsqu'il  est  prouvé ,  par  toutes  les 
autorités  médicales  ,  qu'elles  valent  autant  que 
celles  des  sources  mêmes. 

La  réunion  démulaiion  a  renvoyé  le  mémoire 
à  une  commission  ,  pour  faire  un  rapport  sur  le 
mode  d'organisation  de  ce  projet. 

(  Extrait  du  journal  intitulé  :  la  Décade  du  dépar- 
tement de  la  Somme  ,  du  so  thermidor.  ) 


chers  à  la  patrie  par  leurs  boB,nej  mœurs  et  leurs 
taiens  :  ce  discours  contenait  des  éloges. flatteurs 
pour  les  professeurs  et  pour  les  élevés  qui  avaient^ 
avant  le  jour  de  la  distribution  des  prix  ,  soutenu 
des  exercices  publics  sur  les  diverses  parties  d'en- 
seignement que  l'on  professe  dans  nos  écoles. 

Empressé  de  jouir  d'une  des  plus  belles  pré- 
rogatives attachées  à  ses  augustes  fonctions  ,  le 
préfet  a  rendu  d'abord  hommage  aux  maîtres  , 
en  couronnant  les  bustes  de'Voltaue  et  de  Gresset: 
il  a  ensuite  lui-même  distribué  les  couronnes  et 
les  prix  aux  élevés  ,  et  les  a  tous  embrassés  de  la 
manière  la  plus  affectueuse  et  la  plus  encou- 
rageante. 

Nous  pouvons  assurer  ,  qu'en  aucun  tems  ,  ce, 
genre  de  solennité  ne  fut  plus  intéressant  dans 
notre  commune  :  que  l'on  n  y  vit  jamais  une  telle 
affluence  de  spectateurs  ,  et  que  les  discours  quî 
l'ont  précédée  -  et  les  larmes  de  joie  qui  y  cou- 
lèrent,  l'ont  rendue  l'une  des  fêtes  les  plus  lou- 
chantes de  lan  8  ,  et  font  concevoir  les  plus  belles 
espérances  pour  l'avenir. 

(Extrait  du  journal  intitulé  :  la  Décade  du  dépar- 
tement de  la  Somme,  du  io  thermidor. 


Le  maire  d'Orléans  ,   au   rédacteur    du    Moniteur 
universel,  —  Orléans ,  le  l^  thermidor  an  8  delà 

république. 

Citoyen  ,  c'est  avec  surprise  que  je  lis  dans  le 
N°3l4  de  votre  journal  la  relation  mensongère 
de  l'incendie  qui  s'est  manifesté  le  9  de  ce  moi» 
dans  la  maison  d'un  teinturier  de  cette  commune, 
rue  du  Cheval-Rouge  ,  et  extraite  du  n°  962  de 
la  Gazette  de  France.  Cet  incendie  a  é.é  peu  de 
chose,  et  les  premiers  secours  en  ont  ariêté  les 
progrès.  Le  feu  n'a  pas  commencé  par  une 
chaudière  ,  mais  bien  dans  le  manteau  d'une 
chemnée  près  les  chaudières  ,  oià  il  s'était  con- 
servé depuis  plusieuis  jouis.  Il  est  également  faux 
qu'il  se  son  communiqué  aux  coitibuslibles  en- 
vironnans  ,  ni  qu  on  ait  été  contraint  d'abattre 
un  pan  de  muraille  pour  couper  la  commu- 
nication avec  un  hangard  contenant  du  bois. 
Un  lait  qu'aurait  dû  contenir  la  même  lettre  ,  et 
oublié  par  un  motif  que  je  ne  puis  deviner, 
c'est  que  k  même  jour  huit  heures  du  ipalin  , 
un  autre  incendie  s'est  manifesté  chez  le  citoyen 
Marceau  le  jeune  ,  épicier-droguiste  ,  rue  de  la 
Loi,  dont  les  magasins  remplis  de  matières  in- 
flammables, lésaient  craindre  les  suites  les  plus 
fâcheuses  ;  les  prompts  secours  qui  ont  été  ap- 
portés ,  les  ordres  qui  ont  été  donnés  ,  ma  pré- 
sence ,  celle  de  mes  adjoints  ,  ayant  à  notre  tête 
le  préfet  de  ce  département,  la  force  armée, 
un  détachement  de  cavalerie  en  passage  dans 
celte  commune  ,  et  commandé  par  le  général  de 
brigade  à  la  résidence  d  Orléans,  le  zèle,  l'ac- 
tivité des  potiipiers  à  qui  on  ne  saurait  trop 
donner  d'éloges  ,  un  concours  nombreux  de 
citoyens  parmi  lesquels  se  trouviii»  it  plusieurs 
fonctionnaires  publics  ,  ont  bientôt  fait  cesser 
toutes  les  craiiites  ;  quatre  heures  Ont  suffi  pour 
éteindre  en  totalité  le  feu  qui  déjà  avait  consumé 
une  partie  de  la  couverture  du  bâtiment  où  il 
avait  pris.  Aucunes  marchandise»  ni  meubles 
n'ont  été  la  proie  des  flemmes. 

J'espère  ,  citoyen  ,  que   pour  rétablir  les   faits 
tels  qu'ils  se  sont  passés  ,  vous  voudrez  bien,  in- 
sérer cette  lettre  dans  votre  prochain  numérp. 
Salut  et  fraternité. 

Crignon  Déformeaux. 


Instruction    publiq_ue. 

C'est  le  14  thermidor  que  les  écoles  centrales 
de  notre  département  ont  terminé  leurs  travaux 
de  l'an  8  :  la  distribution  des  prix  s'est  faite 
avec  tout  l'appareil  que  comporte  une  telle  cé- 
rémonie ,  dans  la  cour  de  l'école,  en  présence 
des  autorités  civiles  et  militaires. 

A  quatre  heures  après  midi  ,  toutes  les  autorités 
s'étaient  rendues  à  la  préfecture,  ainsi  que  les 
professeurs  de  l'école  :  le  cortège  s'est  mis  en 
marche  ,  précédé  d'un  détachement  de  la  garde 
nationale,  et  est  arrivé  à  cinq  heures  au  tnilieu 
d'une  assemblée  immense  de  citoyens  et  de  mères 
de  famille  qui  attendaient  le  moment  de  la  céré- 
monie :  le  préfet  du  département  et  les  autorités 
se  sont  placés  sur  l'autel  où  étaient  en  évidence 
les  bustes  de 'Voltaire  et  de  Gresset  :  la  séance  a 
été  ouverte  par  le  citoyen  Crepin ,  professeur 
d'histoire  ,  qui  ai  prononccun  discours  analogue  , 
dans  lequel  il  a  exposé  l'état  ou  se  trouve  l'ins- 
truction dans  notre  école  ,  et  les  circonstances 
présentes  qui  concourent  au  bonheur  du  peuple 
français  et  à  la  régénération  de  l'instruction  pu- 
blique :  le  préfet  a  ensuite  adressé  la  parole  aux 
élevés  :  il  leur  a  fait  sentir  les  avantages  du  travail 
et  l'obligation  qu'ils  allaient  contracter,  par  leurs 
premiers  succès,  de  se  rendre  un  jour  utiles  et 


Les  frères  Coulon  ,  tanneurs  et  manufacturiers  ,  à 

Bercy  ,  au  rédot'eur  du  Moniteur.  —  Bercy ,  It 

s5  thermidor  an  8. 

Citoyen  ,  par  une  circulaire  du  10  de  ce  mois , 
nous  avons  informé  les  chefs  de  brigade  et  les 
administrations  des  corps ,  qu'ils  trouveraient 
dans  notre  fabrique  tous  les  effets  d'équipement 
et  de  harnachement  que  l'arrêté  des  consuls,  dtt 
9  du  même  mois ,  les  charge  d'acquérir. 

Nous  avons  fourni  au  gouvernement  tous  les 
effets  d'équipement  employés  dans  le  cours  de 
cette  année  ,  et  nous  redoublerons  ,  s'il  se  peut, 
de  zèle  pour  un  service  qui  nous  a  obtenu  des 
suffrages  que  nous  sommes  jaloux  de  cons«rver. 

Nous  vous  prions  d'annoncer  que  nous  conti- 
nuerons de  tenir  notre  dépôt  à  Bercy  près  Paris  , 
que  l'on  y  trouvera  les  effets  propres  à  l'équipe- 
ment des  officiers  et  au  harnachement  de  leur» 
chevaux  ,  que  nous  fournissons  de  la  meilleure 
quaHiéetàunprixpltls,basque  toutautre  fabricant. 

Salut  etfraternité  ,  Coulon  frère». 


Erratum  et  omission. 
Dans  le  n»  d'hier  ,  5'  colonne,  17*  ligne,  au- 
lieu.de  ces  mots  ,  le  cit.  Marsilli,  directeur  du 
bureau  typographique  de  l'armée  ,  lisez  ;  le  cit. 
Marsilli,  directeur  du  bureau  topographique  de 
l'armée  de  Naples  ,   peut  certifier  ce  fait. 


A  Paris,  de  l'imprimcfic  du  cit,  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n»  i3. 


E  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^r'  32^ 


StpUdi ,  «7  thermidor  an  8  de  la  républiqm  françaiie  ,  um  ei  indiviuble. 


--^  -^ '-^■^-^ r, .— iiiii»!!!      i.W|ili^Mi      ijpMBP^j      IL-  JU,  IM'  '-'  ■ -L-  lyi    _        .■» 

Nous  sonTtues  autorisés  à  ptévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  4u  7  Nivôse  le  MONITEUR  oïtJe  tetd  journal  officiel. 
Il  contient  ies^ésBces  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvemefneni ,  U4  «ouVéUas  des  armées ,  aiiut  que  |ei  iùrn  f t  les  nqtiofts  t«nt  su« 
rincérieur  <j«e  Sut  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  Mouvelloï, 


EXT  ERI  E  U  R. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  te  ^  août  (  2 1  thermidor  ] . 

Coufs  des  effets  publia. 

jTxction  de  la  banque. —  l66  {. — 3  pour  cent 
consolidés.  64  ^  |.  Pour  septembre.  64  ^. —  3  pour 
I  impériaux.  63  |.  64.  —  Omnium  44  5. 

On  mande  de  Ponsmouth ,  en  date  du  ig 
fberraidôf ,  que  le  vent  ayant  louriié.  dans  l'après- 
siidi  ,  au  nord  nord-est ,  les  transports  avec  les 
troupes  y  erfibarquéfs  pouf  l'expédiiion  secrète, 
ont  fait  voile  de  Sainte  Hélène  ,  sous  l'escorte 
de  tEnridke  ,  et  qu'avant  SÏK  tieures  du  soir  , 
ils  étaient   Entièrement  hors  de  vue. 

Si  Belle-Isle  est  le  point  de  mire  de  nos  mi- 
nistres dans  celte  expédition  ,  on  ne  Voit  p<is 
trop  comment  la  prise  de  cette  île  nous  appla- 
niiait  la   route   de  Parti. 

Nous  recevons  des  eazeites  des  Etats-Unis  du 
9  juillet.  Elles  ne  contiennent  rien  d'important. 
Les  amis  de  M.  Adams  et  ceux  de  M.Jefferson 
occupiiient  toujours  laiêne. 

M.  Pitt  et  lord  Spencer  sont  descendus  hier 
i  Blackwall  ,  pour  voir  essayer  la  marche  du 
Truniit ,  vaisseau  portant  cinq  mâts. 

(  Extrait  du  Morning-Chronicle  et  du  Sun.  ) 

INTÉRIEUR. 

Parti ,  le  36  thermidor, 
ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrltê  du   aS  thermidor  an  8. 

Las  consuls  de  la  république  ,  vu  1".  leprocès- 
irerbal  rédigé  le  29  novembre  1791  ,  en  consé- 
quence d'un  arrêté  du  directoire  du  département 
dllle  et  Vilaine  ,  du  19  octobre  précédent,  qui 
constate  que  le  rléiournement  du  Coesnon  du 
pied  des  dig\ies  de  Dol  .  est  le  seul  moyen  de 
les  préserver  de  leur  destruction  ;  2".  le  décret 
de  la  convtniion  nation.ile  ,  du  24  février  lygS  , 
elle  rapport  fait  en  conséquence,  le  sgihermi  Itir 
an  î,  par  les  ingériieurs  Anfi-ay  et  Gugelin  ,  ainsi 
que  les  devis  ,  déiail  estimatif  et  nivellement  joints 
à  ce  rapport .  pOii  1  exécution  des  travaux  ,  3*.  les 
avis  de  l'assemblée  des  pOfits  et  chaussées  ,  eri 
date  des  6  messidor  an  5  ,  4  nivôse  et  2t  frimaire 
an  4  qui  estiment  ,  qu'ôil  ne  peut  entretenir  les 
digues  de  Dol  tant  que  le  doesnon  sera  attaché 
à  leur  pied  ;  4'.  le  message  du  directoire  au  con- 
seil des  cinq-cents  ,  en  date  du  3  frimaire  an  5  , 
ui  fait  connaître  la  nécessité  de  changer  le  lit  du 

oesnon  •,  S",  les  réclamations  en  date  des  g  du 

érae  mois,  5,  8  et  l5  ventôse  même  a  ri  née  , 
fofmées  par  les  Cantons  de  Poniorsoi .  Avranchcs 
et  Sancley  ,  contre  le  projet  de  faite  passer  le 
Coesnon  à  trav«r«  le  départemelit  de  la  Manche  , 
dont  ils  font  partie. 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'intétieuf  ,  le 
conseil-d'ciat  entendu  ,  arrêtent  : 

An.  1".  Le  cours  de  la  rivière  du  Coesnon  sera 
détDiirné  du  pied  des  digues  de  Dol,  par  un 
canal  qui  prendra  depuis  le  coude  dt  Foréolle  , 
passera  à  travers  les  t^iêves  herbues  de  Beauvoir  , 
A  l'est  du  Mont -Saint- Michel  ,  piés  la  Tour- 
Boucle  ,  cl  ira  aboutir  à  la  rivière  de  Gelune. 

II.  Ce  redressement  sera  effectué  conformé- 
ment aux  plans  et  d'après  les  devis  estimaiils 
déjà  rédigés  et  approuvés  en  la  manière  accou- 
I  nrtée. 

III.  Pour  aider  aux  dépenses  ,  il  est  accordé  , 
par  le  gouvernement  un  secours  de  200,000  (r. 
sur  les  fonds  mis  à  la  disposition  du  rtiinisire  de 
Tintérieur.  Le  p.ùcment  sera  effectué  à  raison  de' 
5o,ftoo  fr.  par  an  pendant  les  années  9 ,  ro  ,  n 
el  14  ,  par  le  receveur  particulier  de  l'arrondisse- 
meni  communal  de  Port-Milo  ,  sur  la  recette  du 

rincipal  de  la  contribtJiion  foncière  établie  sur 
es  terres  qui  composent  le  matais  de  Dol. 

IV.  Le»  propriétaires  desdiies  terres  seront 
tenu»,  en  conformité  de  leurs  offres,  de  payer  , 

I  darts  le  même  délai  .  une  pareille  somme 
I  de  200, ocf)  Ifanr.s  ;  à  l'effet  de  quoi  \U  rép/r- 
i       Iit6fil  iur  eux-mêmes  une  contribuiiuru  égale  <(u 


t 


Ic! 


Îirincipal  de  la  cotltttbution  fontîerç  établie  «ur 
esJiles  terres. 

V.  Ces  diverses  sommes  seront  versée»  dam 
lacaisse  des  syndics  des  propriétaire»  d«:t  m-i- 
rais  de  Dol  ;  les  quittances  du  caissier  ,  visées 
par  les  syndics,  des  somires  venéespar  le 
receveur  particulier  de  l'arrondissemetit  ,  seront 
prises  pour  cornptant  par  le  receveur  général  du 
département,  qui  les  remettra  au  payeur  général 
des  déperlses  diverses.  Contre  les  ordonnances  du 
ministre  de  l'intérieljr. 

yi.  Le  préfet  du  départeréent  surveillera  l'em- 
ploi des  fonds  destinés  auxdites  réparations,  con» 
forraément  à  la  loi  du  4  pluviôse  an  6  el  arrêtés 
relatifs. 

VII.  Eu  cas  d'ifisufEsancc  de  U  somme  de 
400  mille  franés,  les  propriétaires  seront  tenus  de 
l'ire,  par  la  rtême  voie  d'une  contribution  en- 
tr'tux  ,  les  fonds  nécessaires  pour  l'entier  achevé* 
ment  du  canal   de  dérivation. 

VIII.  Les  inderantlês  qui  seront  dues  aux  pro- 
priétaires dts  tefeins  sur  lesquels  sera  établi  le 
nouveau  lit  du  Coesnon,  seiôtit  réglées  eri  la 
forme  accoutumée  ,  et  acquiiiées  suc  les  fond» 
ci-dessus  désignés. 

IX.  Les  ministres  de  l'intérienT  et  Jes  finances 
sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le  cfftjcerfte  ,  de 
l'exécution  du  présent  arrêté,  ^tii  sera  imprimé. 

Le  premier  coHsut ,  iighé.   Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  ^ 

Ll  secrétaift-d'étaf ,  iipit,W.  B.  MaHeT. 

ACTES  ADMINISTRATIFS- 

MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

Le  ministre  de  ta  justice  é,  âltxcvmmisiitiNS  du  (oU' 
vernemenl  prés  tes  tribuntitu  trimineU  .  tribunink 
de  première  instance,-  aux  r»mmissnirei  de  police 
et  adjoints  de  mai¥&  dt;  commune),  de  la  répit- 
bique,  —  Paris,  le  l5  tkefmider  fin  8. 

Si  l'établissement  d'une  nouvelle  constitution 
républicaine  ,_  citoyens  ,  appelle  la  vigilance  de 
tous  les  magistrats  qui  sont  chargés  d  en  faire 
mouvoir  les  ressorts,  c'est  .sur-tout  à  ceux  que  le 
gouvernement  honore  de  sa  confiance  particu- 
lière ,  qu'il  appartient  de  maintenir  les  dispositions 
des  lois  et  des  arrêtés  dont  l'exécution  leur  est 
personnellement  déléguée.  Cependant,  il  est  un 
grand  nombre  de  commissaires  du  gouvernement 
qui  ,  jusqti  à  présent ,  ont  paru  ignoref  l'existence 
de  l'ariêlé  dft  4frîmâireàn  î  ,  et  l'obligation  qui 
leur  est  imposée  de  s'y  conformer  iVec  exacti- 
tude. La  majeure  partie  des  commissaires' près 
les  tribunaux  de  première  instance,  et  b  presque 
totalité  des  adjoints  de  maire  ,  n'anifciienucnt 
pr>int  la  corresjondance  décadaire  que  Leur  pres- 
crit l'arrêté  dont  il  s'agit.  J'aime  à-  croire  que  cette 
inaction  provient-  plus  de  1  ignorance  oii  ils  sont 
de  toute  l'étendue  de  leur  ministère  ,  que  d  un 
dclaui  de  zèle  pour  en  remplir  toutes  les  parties. 
Celte  correspondai>ce  n'aurait  dû  souffrir  aucune 
interruption.  L'organisation  nouvelle  des  tribu- 
naux de  répression  n'ayant  introduit  aucun  chan- 
gement dans  leurs  relations  mutuelles  ,  le»  rap- 
ports enir'eux  sont  les  mêmes  que  ceux  précé- 
demment établis  par  les  lois  entre. les  tiibunaux 
criminels  .  correctionnels  et  de  police. 

L'article  I"  de  la  loi  du  2;  vef»iô.«e  dernier 
confirme  particulièrement  cette  véiité.  Il  veut  que 
les  (onctions  du  ministère  pn-blic  scient  remplies 
par  les  commissaires  de  police,  dans  les  *idUx 
f  ù  il  en  est  établi  :  et  dans  les  autres ,  parles  ad- 
joints de  maire.    .  ' 

C'est  étl  conséquence  'de  cette  dijpflsltion  ijué 
les  adjoints  de  maire  ,  en  exercice,  étant  chargés 
des  (onctions  que  remplissaient  auparavant  •près 
les  tribunjux  de  police  les  commissaires  quils 
ont  remplacés  ,  doivent  cori'espondre  av«c  les 
commissairi-s  près  les  tribunaux  correctionnels  de 
leurs  .irrondisseinens  respectifs  ,  coriforrnéiïient 
aux  articles  IV,  V  et  VI  de  Cet  arrêté. 

Il  en  est  de  même  des  commissaires  près  les 
tribunaux  de  première  instance.  Dans  les  matières 
Correciionncllcs  .  ils  exercent  les  fonctions  du 
miiiisteie  public.  Ils  sont  à  cet  égard  ce  qu'étaient 
les  cOtïiiTiiss.iiies  près  les  tribunaux  correctionnels. 
Ils  ne  pcmcui  donc  ,  sans  mériter  le  reproche 
de  nciligx'iici;,se  dispenser  de  surveiller  les  0(  é- 
riiioiis  (Hie'les  ajoiiits  de  maire  cxcculenr  prés 
lïs  liibunauii  de  pdhce  ,  de   correspondre  à  cet 


égard  avec  eut,  et 4e trainsttaettre  au  cenimissaire 
du  gouvernement  près  le  tribunal,  criminel  de 
leuis  départemt-ns  respt-ctifs.  le  tableau  de  ces 
opération»,  ainsi  quf  celui  des junemen»  rendus 
par  les  tribunaux  pré»  lesqueU  ils  exercent  les 
!  fonctions  du  ministère  public. 

j  Je  ne  puis  trop  vous  recommander,  cttoyenï  , 
j  de  surveiller  l'exécution  de  I  ariê'é  du  4  fiimaire 
an5,et  d'en  exécuter  liipér .lemtnt  les  disposition* 
gui  sont  déléguées  à  chacun  de  vous.  Le  bort 
ordre  el  la  tranquillité  publique  résuheront  de 
votre  exactitude  çi  de  vos  efforts  1  ils  etl  «eroitj 
la 'récompense  la  plus  digpe.de  vous. 

Salut' et  fraferhité.  AbriaU 


MINISTERE  DE  LA   GUERRE.  ' 

.Stfitf  dit  rapport  ' géné'fàl  des  opérations  de  fnrmie 
du   Rhin.  -^  Au  quartier^  général  d'Augsbourg  , 
^«14  tïiermidor  an  8  de  la  république  frnitidise 
une  et  indivisible. 

.  Toute  l'armée  ehnemie  s'éiànt  retirée  sur  la 
rive  gahehe  du  Danube,  le  eénéràl  en 'chVf 
résolut,  après  le  combat  dii  «6"floiéal  ,  de  ma- 
nœuvrer pour  la  ftjrrcér  à  abandonner  la  place 
d  Ulm  .  otl  du  moins  pour  reconnaître  les  ou- 
vrages qui  avaient  été  ajoutés  à  cette  place  .  et 
la  force  du  camp  retranché  aorjuel  on  n  avait 
cessé  de   travailler   depuis   la  paix  de    Gampo- 

Le  st  '  lec<J»ps  du  Heutenant-générsl  I.ecoutbe 
prit  positiot)    entre    la  Ountz   et  WeiSscnhorn  •, 
I  refusant  »a  drnjte  ,  et   couvrant  par  utt  détache"- 
I  ment   le  débouché  de  Babtnhausen. 

La  réserve   s*   porta   de  Wcissenhotn  à  Unter- 
kiibers.   Totjt   le   corps    du    lieutenant  -  général 
]  Saim-Cyr  se  plaça'  sur   la  rive  gauche  de  I  Iller. 
•  Le  général  Sainte^Suzanne  resta  en  position. 
Lé  «S  ,  l'armée  éôntinua  d'appuyer  à  sa  gaUché. 
Le  lieutenatJt-gértéral  S:iiint-C\r  passa  le  Danube  ,  • 
et  se  pLiçant   à  la  droite    du  lieutenant-généràl 
Santte-Suzaiine  ,  prit  posiitdn  entre   lé   Danube 
et  la  BIkw. 

Le  lieutenant-génér.I  Sainte- Suzanne  .  Iifen 
Ihêrftê  tétns  uii  moiivèmerit  pat  Sa  gaUche  ,  ert  se 
pOi'tant  sut  la  rite  gauche  de  la  BlaW  ,  à  mesure 
qu  il  était  relevé  pjr  lei  troupes  du  lie'ute^ant- 
géfiéral  Saitit-Gyfi 

Une  partie  dé  là  réserve  se  plaça  à  Goeklingen, 
prête  à  joùteilir  lés  troupes  qui  se  trouvaient  stjr 
la  Jjve  gàUcbe  dd  Dandbé. 

Le  99,  on  suivit  Iç  mouvement ,  pour  porter  la 
majeure  {laiiia  de  l'armée  sur  ia  rive  gauche  du 
Danube. 

Le» dcu-x divisions Leslere  e'iRichepanse,  feJam 
partie  du  coi^»de  tçseive  ,  passèrent  llller  i,  et  ie 
placèrent  à  Goeklingen  ,  prêtes  à  se  joindre  a\x 
corps  du  lieutenanr-aénéraj  SÉintCvr.  La  3«  divi- 
sion ,  Commandée  par  le  général  Dolmas  .  viiit 
appuyer  sa  {ijauche  .i  llHer  en  avant  d  Unter- 
keibcr^  •  ^«■'^"ere  Landg^rtaberi  ,•  la  droite  s'étendit 
vers  Morbach. 

Lt;  corps  du  lieutenant-général  LecoUrbe  appuya 
aussi  sur  la  gauche,  pour  se  lier  à  la  division 
Dïlmas. 

On  se  trouvait  en  présence  de  l'armée  erinemf*. 
Sa  giuche  »appuvart  à  la  place  JUim,- autour  de 
laquelle  elle  pivotait  ;  sa  droite  éuit  vers  Lâu^ue- 
nau  et  Eschingen  ,  suivant  de»  hauteurs  ,  toii- 
verte  d'une  formidable  a.lillerie. 

M.  Kray  avirà  éié  rejoint  par  son  corps  dit  Bai- 
Hhin  ;  »e«  réserve»  étaient  arrivée»  ,  et  nous  rie 
pouvion»  l'arra«her  de  »a  position  ,  du'apiès  une 
bataille. 

Après  un  eXameiii  réfléchi ,  le  général  en  éhef 
crut  ne  pas  devoir  la  hasarder.  La  gauche  rffe 
l'ennemi  ,  appuyée  à  Ulra  et  couverie  par  les 
ouvrages  du  camp  rctraOÉhé,  était  inattaquable. 
C  était  dot>6  sur  U  droite  seulement  qu'on  poir- 
vait  diriger  un  effort;  et  potlr  y  parvtnlr  .  lioùS 
devions  nous  élever  au  Tùoim  à  deux  jou.i  ée» 
de  raatclie.  L'aimée  enne:aie  pouvait,  |)en  arlt 
ce  Ion?  mouvement,  passer  à  i(m  toui'  I*  Dm'  be, 
soit  à  Ulm  ,  soit  à  Eschingen.  prentiro  la  lis;ii  clC 
liller,  se  joindre  aU  coips  du  prince  de  Rr  ss' 
regagner  les  Grisons  et  lier  «es  opciaiions  à  ^r» 
niée  aulrichienne  en  Italie,  dont  nos  mauœu  rei 
jusquà  ce  moment  .ivaieiit  tiniqutintnt  leiiJi  à 
1.1  séparer.  Si  nous  voulions  gardei  las  diux  rivi  i 
du'   Danube,    nbu»    divisions  ^no»    foret»,   et 


i3i8 


l'ennemi  réuni  pouvait  facilement  écraser  la  partie 
qu'il  voudrai!   aiiaquer.' 

-Le- général  en  chef  se  décida  donc  à  reporter 
l'armée  sur  la  rive  droite  du  Danube  et  à  ma- 
nœuvrer sur  le  Lecli  ,  pensant  que  l'ennemi  rie 
voudrai!  pas  le  laisser  forcer. 

Le  3o  ,  le  lieuicnanl-gcnéral  Lecourbe  replia 
sa  gauche  jusque  sur  la  Guniz.  La  réserve  repassa 
1,'lller  Cl  prit  position  sur  Weissenhorn. 

Le  corps  du  lieutenant-général  Sain!-Cyr  re- 
passa le  Danube  à  Erbach.  Deux  divisions  res- 
tèrent sur  la  gauche  de  l'Iller  ;  la  troisième  se 
plaça  sur  la  rive  droite  ,  s  éclairant  jusqu'à  la 
Leiben. 

Le  lieutenant- général  Sainte  ■  Suzanne  fit  un 
mouvement  rétrograde  et  se  plaça  ,  la  droite  à 
Erbach  ,  la  gauche  vers  Papelaw. 

Le  i'"' ,  le  lieutenant  -  général  Lecourbe  prit 
position  en  avant  de  la  Guniz  ,  ayant  son  centre 
vers  Kircharlach  ,  et  couvrant  de  sa  droite  la 
route    de    Krennébach. 

.La  réserve  se  plaça  derrière  la  Guntz  ;  la  droite 
à  TaplerzofF;  la  gauche  vers  Enaertelslen.  Le 
corps  du  lieutenant-général  SaintCyr  se  porta  , 
la  droite  à  Roggembourg  ,  le  centre  à  Veissen- 
horn  ,  la  gauche  devant  Ulm  ,  s'éclairant  jusque 
vers  Holzvi'ang. 

Le  corps  du  lieutenant-général  Sainte-SuzaTine 
repassa  en  entier  le  Danube,  et  prii  position 
entre  ce  fleuve  et  l'Iller  ,  appuyant  sa  droite  à 
Unterkirberg  ,  et  étendant  sa  gauche  pour  cou- 
vrir notre  ligne  d'opérations. 

Le  .2  prairial ,  l'armée  continua  son  mouve- 
ment à  droite. 

Le  lieutenant-général  Lecourbe  se  porta  stir  la 
Hamlach  ,  la  gauche  au  confluent  de  cette  ri- 
vière dans  le  Mindel.  La  réserve  de  cavalerie 
suivit  son  mouvement.  Le  corps  de  réserve  se 
plaça  entre  la  Guntz  et  la  Mindel ,  occupant 
Kumbach  et  Hasperg. 

Le  lieutenant-général  Saint-Cyr  prit  position 
entre  Veisseinhorn  et  la  Guntz,  laissant  un  corps 
d'observation  devant  Ulm. 

L'ennemi  voulant  connaître  le  but  de  nos 
■  TOOuvemens,  ou  peut-être  nous  obliger  à  cesser 
de  manœuvrer  par  notre  droite,  en  attaquant 
notre  gauche ,  marcha  le  s  prairial  contre  le 
corps  duHeutenant-général  Sainte-Suzanne. 

Dès  huit  heures  du  matin  il  fit  des  démonstra- 
tions d'aitaque;  une  colonne  d'infanterie  et  de 
cavalerie  sortit  du  camp  d'Ulm  et  se  dirigea  sur 
Erbach.  A  onze  heures ,  3oo  chevaux  s'appro- 
chèrent du  Danube  vers  Denausteiten.  Quelques 
volées  de  canon  les  firent  replier.  Dans  le  même 
moment  ,  une  colonne  ,  composée  en  grande 
tiartie  d'infanterie  ,  se  portait,  en  marchant  entre 
les  bois  et  le  Danube  ,  vers  Daunauriedeii  ,  Tis- 
chingen  et  Optingen. 

A  trois  heures  l'ennemi  établit  onze  pièces  de 
canon  en   avant   d  Erbach  ,    et  nos    postes  se  re- 

f)lierent  surDelmesingen.  La  cavalerie  passa  alors 
e  Danube  ,  et  pendant  qu'elle  tiraillait  dans  la 
plaine  ,  le  pont  fut  rétabli.  L'artillerie  ,  environ 
3ooo  hommes  d'infanterie  et  looo  chevaux  pas- 
sèrent aussitôt ,  pendant  que,  par  Daunaurieden, 
Tischingen  et  Opiingen,  il  filait  une  cavalerie 
nombreuse  qui  ,  après  avoir  tourné  Eslingcn  , 
marcha  sur  AchÈtelten  qu'occupaient  les  troupes 
delà  division. 

Le  principal  effort  de  l'ennemi  se  porta  sur 
Delmesingen.  Sa  nombreuse  cavalerie  et  1 1  pièces 
d'artillerie  lui  donnant  une  supériorité  marquée  , 
il  s'empara  de  ce  village.  La  brigade  du  général 
Decaen  fit  alors  un  changement  de  front  ,  en 
appuyant  sa  droite  au  Danube  en  avant  Donsg- 
tetten  ,  et  sa  gauche  au  bois  en  arrière  de  Del- 
niesingen. 

Le  20'  régiment  de  chasseurs  à  cheval  fit  un 
très-beau  mouvement  de  charge  contre  le  tégi- 
nient  de  Wetzay  qui  tenta  de  déboucher  de  Del- 
mesingen ,  mais  il  fut.  arrêté  par  une  baiterie 
embusquée  ,  et  l'ennemi  ayant  lui-même  rétro- 
gradé ,  on  continua  seulement  à  se  canonner  de 
part  et  d'autre. 

Pendant  que  le  corps  qui  1  le  premier  ,  avait 
passé  le  Danube  attaquait  Delmesingen  ,  de  nou- 
velles troupes  passaient  le  pont  d'Erbach  ,  et  se 
formaient  dans  la  plaine  pour  soutenir  ce  corps 
et   celui  qui  s'était  porté  vers  Achetetten. 

L'attaque  Cornmencée  sur  ce  dernier  point  fit 
seulement  reculer  nos  avant-postes  ,  et  la  bonne 
contenance  du  général  Legrand  arrêta  l'ennemi 
qui  avait  également  cessé  tout  mouvement  à  la 
droite.  Le  lieutenant-général  Sainte-Suzanne  or- 
donna alors  au  général  Colaud  de  faire  marcher 
•sa  réserve  et  de  reprendre  Delmesingen.  Celui-ci 
^•smarcha  aussitôt  après  avoir  disposé  en  trois  co- 
lonnes un  bataillon  de  la  48°  et  quelques  pièces 
de-  position  qu'il  fit  soutenir  par  le  7=  ,  le  10=  et  le 
19°  de  cavalerie.  Le  général  Souham,  prévenu  de 
celte  attaque  ,  se  porta  de  nouveau  en  avant. 
,  L'ennemi  ,  déconcerté  de  l'audace  avec  laquelle 
les  colonnes  du  général  Colaud  traversaient  la 
plaine  de  Scetten   à  Delmesingen,  y  fit  i5o  pri- 


sonniers ;  et  serj-ant  ensuite  ,  de  concert  avec  l'ar- 
tillerie légère  ,  la  cavalerie  ennemie  ,  ils  la  for- 
cèrent de  remonter  le  Danube  et  de  se  retirer  en 
déiordre  sur  Donaurieden  ,  après  avoir  beaucoup 
souffert  par  le  feu  de  l'infanterie  du  général  Co- 
laud et  de  plusieurs  compagnies  de  la  septième 
demi-brigade  ,  qui  ,  arrivées  à  la  gauche  de 
Delmesingen,  lui  firent  un  très-grand  mal. 

La  gauche  du  lieutenant-général  Sainte-Suzanne 
fut  aussi  heureuse.  Les  deux  aides-de-camp  du 
général  Legrand  conduisant  chacun  une  colonne, 
poursuivirent  l'ennemi  .  le  chassèrent  d'Ersingtn 
et  le  culbutèrent  dans  le  Danube  où  beaucoup 
se  noyèrent. 

Le  lieutenant-général  Sainte-Suzanne  a.fail  dans 
cette  affaire  environ  3oo  prisonniers  parmi  les- 
quels se  trouvent  quatre  oHiciers  et  un  major 
tyrolien  ;  sa  perte  ne  s'élève  en  totalité  qu'à 
79  hommes.  Il  a  combattu  un  corps  de  douze 
raille  honjmes  ,  dont  la  moiiié  au  moins  de 
cavalerie,  comuiandée   par  le  prince  Ferdinand. 

Le  général ide  division  Colaud  et  le  général  de 
brig,idedeGaen,ont  déployé  les  plus  grandstalens. 
L'adjudant-général  Deviau  ,  chef  de  l'élat-major 
de  l'aîle  gauche  ,  a  constamment  accompagné 
le  général  Colaud  qui  se  loue  beaucoup  de  sa 
manière  de  servir.  Les  ci!oyens  Bailly  et  Mar- 
chand ,  aides-de-camp  du  général  Colaud  ;  Le- 
grand et  Laval  ,  aides  -  de  -  camp  du  général 
Legrand  ,  e(  Reignard  .  officier  au  3'  régiment 
d'hussards  ,  se  sont  particulièrement  distingués. 
Le  citoyen  Baron  ,  chef  d'escadron  au  20'  ré- 
giment de  chasseurs,  officier  justement  estimé, 
a  eu  le  poignet  emporté  par  un  boulet  de 
canon. 

Le  lieutenant-général  Sainte-Suzanne  se  loue 
iufiniment  de  la  conduite  de  toutes  ses  troupes  , 
ainsi  que  du  zele  ,  du  dévouement  et  des  laleiis 
de  tous  les  officiers  généraux  de  son  corps 
d'armée. 

Le  général  de  division,  chef  de  l'e'tat-majifr-général. 
Signé,  Desolles. 
Pour  copie  conforme  . 

Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé,  Caenot. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Copie  de  la  lettre  écrite  par  le  préfet  de  police,  aux 
rédacteurs  du  Journal  de  Paris  ,  en  date  de  ce 
jour.  — Paris  ,  lé  26  thermidor,  an  8. 

Vous  avez  inséré  ,  citoyens ,  dans  votre  feuille 
de  ce  jour,  une  lettre  du  citoyen  Vigier,  pro- 
priétaire des  bains  chauds  ,  dans  laquelle  il  dit . 
que  le  préfet  de  police  a  fait  conseiller  au  peuple 
de  Paris  de  ne  pas  boire  de  l'eau  de  rivière  pure 
Je  désavoue  cette  partie  de  la  lettre  du  citoyen 
Vigier,  et  je  vous  invile  à  ne  jamais  insérer  dans 
votre  joiirnal  aucune  lettre  oià  des  individus  assu- 
reraient que  f  ai  dit  ou  fait  telle  ou  telle  chose  ,  sans 
en  avoir  acquis  vous  mêmes  la  certitude  ,  en  me 
demandant  des  renseignemens. 

Le  préfet  de  police  ,  signé  ,  Dubois. 


Réponse  au  mémoire  sur  les  causes  de  (infériorité  de 
la  marine  française  ,  inséré  dans  le  Moniteur  du 
2  thermidor.  ' 

L'infériorité  constante  de  la  marine  française , 
produite  par  un  si  grand  nombre  de  causes, 
ne  semble  cependant  provenir  que  d'une  seule  , 
(  suivant  l'auteur  d'un  mémoire  inséré  dans  le 
Moniteur  du  2  thermidor),  et  celte  seule  cause, 
est  la  mauvaise  manière  de  diriger  l'artillerie  à 
bord  des  vaisseaux. 

Ainsi  ,  tant  de  batailles  perdues  ,  tant  de  pertes 
essuyées  ,  une  décadence  totale  enfin  ,  n'auraient 
pour  principe  que  l'ignorance  dans  la  manière  de 
pointer  un  canon. 

Certes  ,  une  artillerie  bien  servie  ,  bien  dirigée 
surtout  ,  contribue  de  la  manière  la  plus  avanta- 
geuse au  succès  d'un  combat  naval  ;  mais,  pour 
bien  employer  cette  artillerie  ,  pour  la  bien  diri- 
ger, il  faut  des  momens  avantageux;  ces  momens, 
c'est  Ihabileié  de  la  manœuvre  qui  les  fait  saisir 
ou  qui  les  produit  :  c'est  donc  la  imanœuvre  prin- 
cipaleiTient  qui  peut  donner  la  victoire  :  (  les 
manœuvres  savantes  de  l'amiral  français  au  com- 
bat de  Ouessant  ,  rendirent  sans  effet ,  la  supé- 
riorité que  donnaient  aux  anglais  le  nombre  ,  la 
force,  le  rang, de  leurs  vaisseaux  et  le  calibre  de 
leur  artillerie.  Histoire  navale.] 

Il  faut  donc  bien  manœuvrer  et  bien  diriger 
son  artillerie  ,  pour  obtenir  un  succès  prompt  et 
décisif. 

Notre  manière  de  diriger  nos  canons  ,  n'est  pas 
avantageuse  ,  j'en  conviens  aisément  avec  l'auteur 
du  mémoire  que  j'ai  cité.  Je  lui  observerai  ce- 
pendant ,  quelle  l'est  directement  ,  suivant  la 
méthode  qu  il  indique  comme  si  supérieure  et 
nouvelle  pour  notre  marine  ,  quoiqu'elle  soit  en 
usage  depuis  trop  long-iems  à  bord  des  Vaisseaux 
français. 

Il  a  donc  commis  une  erreur  bien  grande  ,  en 
avançant  que  les  anglais  dirigeaient  leur  artillerie 
au  corps  du  vaisseau,  tandis  que  les  français  ti- 


raient dans  la  mâture  et  les  gvéemeni;  s'il  avait 
été  témoin  de  quelque  engagement  sur  mer  ,  s'il 
avait  consulté  des  relations  exactes  ,  ou  s'il  ea. 
avait  appelle  au  témoignage  des  marins  ,  il  s» 
serait  convaincu  du  contraire  de  ce  quil  avance. 
Les  anglais  ,  par  une  sage  méthode  ,  s'attachent  à 
démâter  leur  ennemi  ,  à  le  désemparer  et  le  mettre 
par  ce  moyen  hors  d'état  d'agir  :  a«  lieu  que  les 
français  ,  suivant  une  mauvaise  routine  ,  tirent 
assez  ordinairement  en  plein  bois. 

Dans  le  compte  rendu  par  larairal  Hugbel  de 
son  combat  devant  ïrinquemale  avec  M.  de 
SufFren  ;  il  dit  que  plusieurs  de  ses  vaisseaux 
avait  reçu  une  grande  quantité  de  boulets  dans 
le  bois  et  à  la  flotaison  ,  surtout  les  vaisseaux  le 
Burford  ,  le  Montenouth,  l'Aigle  et  le  Superbe.  La 
tcla'iion  française,  au  contraire,  nous  apprend, 
que  les  Viiisseaux  de  notre  armée  avaient  beau- 
coup souffeil  dans  leurs  mâtures  et  agrès,  en- 
tr'autres  l  Illustre ,  le  Héros  ,  VAjax  qui  ,  après  un 
combat  d'une  heure  et  demie  ,  furent  entiérem'ent 
désemparés  ;  le  Héros  et  l  Illustre  démâtés  de  leur 
grand  mât  furent  ramenés  à  Trinquemale. 

A  l'affaire  du  l3  prairial  an  2  ,  il  y  eût  onze 
vaisseaux  français  de  démâiés  ,  comme  l'auteur 
du  mémoire  le^  dit  lui-même  ;  miis  ,  suivant  lui  , 
le  raison  en  était  que  les  boulets  dirigés  au  corps 
des  vaisseaux ,  et  qui  passaient  par-dessus ,  allaient 
frapper  aux  mais. 

Si  les  anglais  avaient  dirigé  réellement  leurs  coup» 
au  corps  des  vaisseaux  ,  létal  de  la  mer  qui  était 
très-belle  ,  leur  en  laissait  la  faculté ,  et  cependant 
Ion  sait  que  ce  furent  les  mâts  d'hune  princi- 
palement et  les  vergues  hautes  ,  qui  se  trouvèrent 
ou  coupées  ,  ou  endommagées. 

Un  grand  nombre  de  combats  généraux  et 
pariicuiiers ,  tant  de  la  dernière  guerre  que  de 
celle-ci,  et  le  témoignage  général  des  marins, 
confirment  que  les  anglais  tirent  constamment 
à  démâter ,  et  que  les  français  suivent  la  mé- 
I  ihode  tant  désirée  par  l'auteur. 

Est-il  jilus  avamagcux  de  tâcher  de  désemparer 
son  ennemi  ,  plutôt  que  de  s'atlacher  uniquement 
à  lui  tuer  du  monde  ? 

Il  n'est  pas  de  marin  qui  ne  sache  qu'un  vaisseau 
démâié  est  un  corps  sans  bras,  et  par  conséquent 
incapable  d'agir;  ne  pouvant  évoluer,  l'ennemi 
peut  le  tourner  en  tous  sens,  et  le  prendre  par 
des' points  qui  rendent  son  artillerie  presque  inu- 
tile ;  car  il  pourra  le  canonner  soit  en  poupe, 
soit  en  prôue  ,  soit  par  la  hanche  :  le  vaisseau 
désemparé ,  abandonné  au  mouvement  de  la  mer, 
et  ne  pouvant  régler  les  siens,  sera  forcétnent 
exposé  à  tous  les  coups  de  son  ennemi ,  et  mal- 
gré tous  ses  efforts  ne  pourra  riposter  que  très- 
l'aiblement.  Ainsi  tout  ce  qu'une  semblable  posi- 
tion a  de  critique  sera  le  résultat  avantageux  de 
s'être  ennérement  occupé  à  tuer  quelques  hom- 
mes de  plus  à  son  ennemi  ,  au  commencement 
du  combat. 

Si,  dans  un  combat  particulier,  il  est  si  dan- 
gereux de  se  trouver  désemparé ,  combien  ne 
doit-il  donc  pas  l'êlre  davantage  lorsqu'on  est 
en  ligne,  non  -  seulement  pour  son  vaisseau^ 
mais  pour  foule  l'armée. 

En  ligne  ,  le  vaisseau  désemparé  est  obligé  d'en 
sortir  pour  se  réparer  ;  il  diminue  par-là  la  force 
de  la  ligne  d'un  vaisseau  ,  et  par  sa  position 
peut  souvent  faciliter  à  l'ennemi  le  moyen  de  la 
couper.  Le  comte  dEstaing  en  oflFre  un  exemple 
au  combat  dé  la  Grenade  :  il  fit  manœuvrer  son 
armée  dans  le  dessein  de  couper  les  vaisseaux 
anglais,  le  Grafton ,  le  Cornwall  et  le  lion,  qui, 
ayant  éié  désemparés  ,  étaient  tombés  à  une 
grande  distatice  de  l'arriére,  et  avaient  donné  par 
ce  moyen  la  facilité  à  l'armée  française  de  cou- 
per leiir  ligne. 

Il  est  constant  qu'un  vaisseau  désemparé,  et 
n'ayant  personne  de  tué,  sera  incapable  de  con- 
server son  posie  ,  au  lieu  que  celui  qui  aura  sa 
mâture  et  son  gréement  en  bon  état  ,  eût-il  le 
tiers  de  son  équipage  détruit,  pourra  néanmoins 
résister  long  tems  ,  et  conservera  la  facilité  de 
manœuvrer  pour  se  tirer  du  feu  ,  si  quelque  cir- 
consiance  l'y  obligeait. 

Ces  vérités  sont  si  connues  ,  sur-tout  des  ma- 
rins ,  que  je  ne  sais  comment  on  a  pu  les  mettre* 
cn-problême. 

Après  avoir  fait  sentir  que  ce  n'est  pas  un 
avantage  de  tuer  du  monde  à  son  ennemi,  plus- 
tôt  que  de  le  désemparer,  il  est  mile  de  jetter  ui^ 
coup-d'œil  sur  quelques  autres  assertions  conte- 
nues dans  le  même  mémoire. 

L'expérience   ne   prouve   pas  qu'il    faille    que 
plusieurs  boulets  frappent  directement  au  même 
endroit  du  mât  pour  le  faire   tomber  ;   certes  il 
pourrait  tomber  promptement  de  cette  manière  ; 
mais    l'expérience    prouve     que    des     haubans , 
drisses  ,  balancines  ,  eic.  ,  coupés  ,  peuvent  éga- 
j  lement  entraîner    la   chute    et   des   mâts   et    de» 
1  vergues,  sur-tout  s'il  vente  un  peu,  ou  s'il  y  a 
I  un  peu  de  mer  ,  ce  qui  arrive  ordinairement. 
I      II  paraît  que  le  plus  grand  nombre  et  la  bonté 
des  marins  n'entrent  pour  rien  dans  les  considé- 
rations  dé   l'auteur    du  mémoire  ;   cependant  il 


i 


est  ceriain  que  ce  grand  nombre  de  bons  ma- 
telots est  la  principale  cause  de  la  supéiiotilé 
des  anglais.  <i  On  alléguera  peut-être  ,  dii-il  dans 
son  mémoire  ,  que  les  vaisseaux  anglais  ont  de 
meilleurs  marins  et  en  plus  grand  nombre  que 
les  vaisseaux  Irançais  ;  mais  dans  un  combat  il  y 
en  a  un  certain  nombre  de  choisi  pour  la  ma- 
noeuvre ,  les  autres  font  le  service  de  l'artillerie  , 
et  uh  marin  n'y  est  pas  plus  propre  qu'un  autre 
homme,  u  C'est-à-dije  qu'on  doit  conclure  de 
son  raisonnement  que  les  vaisseaux  françiis  ayant 
moins  de  marins  que  les  vaisseaux  anglais,  mais 
un  égal  nombre  d  hommes  ,  doivent  par  consé- 
quent avoir  le  même  avantage. 

Je  ne  sais  comment  on  peut  s'appuyer  sur  un 
raisonnement  pareil  ;  la  différence  d'avantages 
est  cependant  assez  sensible  pour  être  apperçue 
de  suite. 

La  majeure  partie  des  matelots  destinés  à  la 
manoeuvre  ,  peut  se  trouver  détruite  dans  le 
cours  d'un  combat ,  et  le  reste  devenir  insuffi- 
sant pour  exécuter  de  ces  ra.inœuvres  vives 
et  délicates  ,  d'où  peut  dépendre  la  sûreté  d'un 
vaisseau. 

Dans  ces  occasions  pressantes  ,  oîi  il  est  plus 
utile  de  manœuvrer  que  de  charger  un  canon  , 
que  feront  les  anglais  ?  ils  prendront  indiffé- 
remment des  baueries  le  nombre  d'hommes  né- 
cessaire pour  exécuter  la  manoeuvre.  Tous  ces 
bommes  étant  autant  de  bons  matelots,  on  sera 
persuadé  qu'ils  s'acquitteront  avec  célérité  et  pré- 
cision des  opérations  qui  tiennent  particulière- 
ment à  leur  métier. 

Les  français  auront-ils  la  même  ressource? 
La  perle  de  quelques  uns  de  leurs  bons  matelots 
va  les  mettre  hors  d'état  ,  vu  leur  petit  nombre , 
d'exécuter  les  manœuvres  nécessaires  ,  ou  du 
moins  les  obligera  de  le  faire  bien  plus  lente- 
ment ;  cette  inexécution  ou  celte  lenteur  peu- 
vent en  plus  d'un  cas  compromettre  la  sûreté 
d'un   vaisseau. 

Dans  un  cas  de  chasse  ,  une  avarie  un  peu 
considérable  ,  réparée  trop  lentement ,  va  donner 
à  un  ennemi   le   moyen  de  s'échapper. 

En  retraite  .  une  semblable  lenteur  dans  un  cas 
pareil  ,  va  vous  faire  tomber  entre  les  main  d  un 
ennemi  auquel  un  travail  exécuté  plus  promp- 
lement  vous  eût  donné  le  moyen  d'échapper. 

Tous  les  matelots  anglais  enfin  sont  canonniers 
et  peuvent  conséqueniment  servir  soii  à  l'ariil- 
lerie  ,  soit  à  la  raanœuvre  ;  les  canonniers  fran- 
çais ne  sont  pas  matelots  ,  et  ne  peuvent  dente 
être  utile  que  d'une  façon.  De  quel  côté  est 
l'avantage  ? 

Les  marins  anglais  sont-ils  plus  braves  que  les 
marins  irançais?  non.  Mais,  comme  le  dit  fort  bien 
lauieur  du  mémoire  ,  l'habitude  de  vaincre  , 
j'ajouterai  ,  les  moyens  de  le  faire  ,  la  confiance 
et  plusieurs  autres  motifs  ,  peuvent  échauffer 
leur  zèle   et  augmenter  leurs  forces. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  sur  les  autres  parties  de  son 
mémoire,  un  simple  examen  montre  assez  qu'elles 
sont  de  nature  à  tomber  d'elles-mêmes. 

Quelles  sont  donc  les  raisons  de  l'infériorité  de 
]a  marine  française  ?  les  causes  qui  ont  amené 
sa  décadence  ? 

Tant  de  causes  ont  concouru  à  sa  perte  ,  qu'il 
serait  très-difficile  de  les  énoncer  toutes  ;  je  vais 
tlonc  lâcher  d'indiquer  les  principales  :  il  serait 
trop  long  de  les  déployer  entièrement. 

L'issue  malheureuse  et  inattendue  du  combat 
du  l3  prairial  an  2  ,  peut  être  regardée  comme  la 
première. 

On  sait  qu'à  ce  combat  les  français  avaient 
d'abord  obtenu  l'avantage,  l'armée  anglaise  avait 
déjà  commencé  à  abandonner  le  champ  de  ba- 
taille oià  elle  venait  d'acquérir  des  preuves  non 
équivoques  de  la  bravoure  des  marins  français  ; 
ceux  de  nos  vaisseaux  qui  étaient  désemparés  , 
attendaient  le  moment  oii  notre  armée  ferait  le 
mouvement  nécessaire  pour  les  couvrir.  Ce  mou- 
vement que  les  circonstances  indiquaient  ,  que  le 
'général  avait  déjà  ordonné,  allait  être  exécuté; 
ce  mouvement  salutaire  ,  et  qui  devait  préparer  la 
gloire  de  la  marine  française  ,  n'eut  pas  lieu  :  un 
représenlant  du  peuple  ,  absolument  étranger  à 
l'art  de  la  guerre  cl  à  ses  combinaisons  ,  en  arrêta 
l'efFet. 

Quel  fut  le  motif  d'une  opposition  qui  coûta 
sept  vaisseaux  à  la  république  ,  donna  le  signal 
du  découragement  parmi  les  marins  ? 

Dans  une  guerre  maritime  ,  les  premiers  succès 
dr-cident  généralement  de  la  suite  ;  vouloir  mettre 
ce  princi^jc  en  doute  ,  c'est  prétendre  lèfuter  l'ex- 
périence. 

Sept  vaisseaux  pris  rendirent  subitement  la 
marine  anglaise  plus  forte  que  la  nôtre  de  qua- 
toizc  vaisseaux  ;  l'élite  de  nos  matelots  prison- 
nicis  ,  et  qui  plus  est ,  la  confiance  qu'inspira  à 
l'ennemi  un  tel  début  ,  marquant  dès-lors  notre 
infériorité  ,  préparèrent  notre  décadence. 

On  n'ignore  pas  que  le  général  Martin  ,  com- 
mandant une  escadre  dans  la  Méditerannée  ,  tou- 
chait au  moment  où  ,  par  ses  bonnes  manœuvres  , 


i3i9 

il  allait  joindre  une  escadre  anglaise  inférieure 
en  forces ,  et  qui  cherchait  vainement  à  s'é- 
chapper. 

On  n'ignore  pas,  dis-je,  qu'au  moment  où 
toute  l'armée  se  réjouissait  d'avoir  trouvé  l'oc- 
casion de  battre  l'ennemi  ,  elle  vit  avec  douleur 
le  signal  d'abandonner  la  chasse,  monter  à  bord 
du  général  ;  des  ordres  formels  de  ne  pas  atta- 
quer ,  donnés  encore  par  un  représentant  du 
peuple  ,  en  furent  la  cause. 

Cependant  toute  l'armée  anglaise  fit  sa  jonc- 
tion ,  nous  attaqua  ;  et  malgré  tous  nos  efforts  , 
il  nous  en  coûta  CAlciàe  et  le  Ça-iia  ,  vaisseaux  de 
74  canons.  La  républi(]ue  aurait  pu  gagner  (juel- 
ques  vaisseaux  ,  si  les  talens  de  son  général  et  la 
bravoure  de  son  armée  n'avaient  pas  été  enchaînés 
par  un  ordre  ou  traître  ou  absurde. 

La  sortie  de  l'armée  navale  ,  au  milieu  de 
Ihiver  ,  diminua  les  forces  maritimes  ,  de  six  vais- 
seaux qui  naufragerent. 

Le  peu  de  réussite  des  autres  opérations  ma- 
ritimes porte  à  croire  qu'elles  ont  été  constam- 
ment contrariées.  On  peut'donc  ranger  pour  pre- 
mière cause  de  la  décadence  de  notre  marine  , 
les  entraves  sans  nombre  qui  ont  été  apportés 
pour  faire  échouer  les  généraux  les  mieux  inten- 
tionnés et  les  plus  distingués  par  leurs  talens. 

2°.  Quelquefois  des  commandans  d'escadre  , 
divisions  ,  vaisseaux  ,  fiégates  ,  n'ont  pas  montré 
cette  activité  ,  ces  talens  nécessaires  à  leurs  fonc- 
tions ou  aux  circonstances  oii  ils  se  sont  trouvés  : 
ce  manque  de  moyens  a  été  bien  funeste  à  la 
mariRe. 

3".  Le  découragement  a  été  porté  jusqu'à  sou 
comble  chez  les  marins  par  les  dégoûts  qu'on 
leur  a  fait  éprouver  et  les  injustices  dont  ils  ont 
été  victimes  ;  de  nombreuses  prises  qu'ils  avaient 
faites,  qui  auraien  dû  servir  à  les  encourager  et 
contribuer  au  bien  de  l'état  ,  ont  été  au  contraire 
dilapidées  à  leurs  yeux  et  n'ont  servi  qu'à  enri- 
chir une  classe  d'individus  qui  certes  n'est  pas 
la  plus  zélée  pour  le  service  de  la  république. 

4°.  La  lutte  continuelle  entre  le  militaire  et  le 
civil  a  entraîné  une  foule  d  inconvèniens  ,  et  n'a 
pas  peu  contribué  à  l'afFaiblissement  total  de  la 
marine  française. 

G.  ,  enseigne  de  vaisseau. 


VARIETES. 


Un  événement  aussi  singulier  dans  son  prin- 
cipe el  aussi  important  dans  ses  résultats  que  la 
révxjluiion  française  ,  était  fait  pour  être  lu  dans 
l'avenir ,  et  devait  avoir  des  historiens  long-tems 
avant  que  d'avoir  des  acteurs. 

C'est  ainsi  que  nous  devons  expliquer  les  pré- 
dictions que  Linguet,  Voltaire  ,  J.  J.  Rousseau  , 
Frédéric  II  et  M.  de  Choiseul  ont  laissées  sur  le 
grand  événement  qui  nous  occupe  aujourd'hui  , 
et  qui  se  préparait  de  leur  tems. 

Ces  hommes  n'étaient  point  visionnaires,  et  la 
sagesse  de  leurs  ouvrages  atteste  celle  de  leurs 
conceptions.  Ils  connaissaient  le  cœur  humain  et 
Ihistoire  de  la  monarchie  française  ;  ils  voyaient 
le  délabrement  de  l'édifice  ;  ils  pouvaient  en  pré- 
voir l'écroulement, 

Ce  n'est  point  d'eux  dont  je  veux  parler  ici.  J'ai 
sous  les  yeux  une  prophétie  plus  étonnante  que 
tout  ce  qu'ils  ont  écrit,  et  tout  le  monde  peut  se  la 
procurer  à  peu  de  frais.  Elle  est  extraite  du  n°  27 
d'une  notice  de  i'almanaclï  sous  verre  des  associés, 
rue  Saint-Jacgiies ,  année  lySi^.  c'est-à-dire,  cinq 
ans  avant  la  révolution  ,  ce  qu'il  faut  soigneuse- 
ment observer...  tems  où  personne  n'y  songeait  , 
ailleurs  que  dans  les  laboratoires  chirtliques  et 
philosophiques  du  duc  d'Orléans.  Eh  bien  voici 
ce  qu'on  lit  dans  cetre  noiîVê ,  page  262  ,  art.  17J. 
Je  n'y  changerai  pas  un  mot. 

>>Ona  découvert  cette  année  (1784)  un  su- 
perbe manuscrit  astrologique  de  l'année  l5gb.  Il 
est  rempli  de  détails  curieuxel  très-extraordinaires 
de  prédictions  sur  le  son  des  siècles  futurs ,  et 
d'explications  savantes  sur  ce  qui  est  arrivé  dans 
les  siècles  précédens...  Ce  qu'il  y  a  de  vraiment 
étrange  .c'est  que  l'auteur  a  rencontré  juste  sur  des 
choses  qui  ne  sont  arrivées  que  long-tems  après 
sa  mort.  Il  'y  a  sur  le  siècle  qui  court  ,  et  prin- 
cipalement sur  l'année  1800  ,  une  prédiction  de 
la  plus  haute  importance...  La  France,  si  l'on 
en  croit  l'astrologue,  doit  éprouver  dans  cette 
année  1800  une  grande  et  nouvelle  crise  ,  et  se 
trouver  ,  après  des  crises  fatales  ,  au  plus  haut  degré 
de  gloire  où  elle  soit  jamais,  parvenue.  Cet  état  de 
gloire  et  de  bonheur  durera  jusqu'en  1860.  L'an- 
née 1804  sera  fatale  à  l'empire  des  musulmans  ,  et 
lEspagne.sera  intéressée  dans  la  catastrophe..  .  A 
l'égard  de  1  Angleterre  ,  ce  qu'en  dit  le  manuscrit 
peut  d  un  côté  détruire  la  confiance  ,  et  la  rétablir 
de  l'autre.  " 

Observons  encore  une  fois  que   ceci  n'a  point 
été  fait  après  coup  ,   et  soit  que  le  manuscrit  as- 
trologique existe  ,   soit  qu'il  n'existe  pas  ,  il   n'en 
est  pas  moins  vrai  que  les  associés  de  la  rue  Saint- 
Jacques  ont  écrit  en  1784  l'histoire  de  l'année  1800. 
Quid  EÎt  fiituTum  ,   cras  fuge  quxrcre 
et   quem    sors    dicrum  cumque    dabis 
Lucro   apponc.    .  Horat. 

i,  Affiches  du  Calvados ,  .  sa  thermidor.  ) 


Manufacture  de  lapiscerie  de  BeauvaiSi 

En  1664,  à  l'époque  où  Colbeijt  revivifiait  le 
commerce  et  les  ans  ,  Louis  Hlnard  projelta 
rétablissement  d'une  manufacture  de  tapisserie  à 
Beauvais(i).  Le  gouvernement  lui  donna  !o,ooo 
irancs  ,  pour  aidera  ses  premiers  achats  î  el.3o,ooo 
pour  les  bâlimens  qu'il  avait  à  faire  construire.  On 
arrêta  que  dans  la  première  année  ,  l'entrepre- 
neur employerail  cent  ouvriers  qui  ,  dans  les 
cinq  années  suivantes  ,  seraient  portés  jusqu'à 
ciuq  cens.  —  Les  deux  tiers  du  tout  alois  devaient 
appartenir  à  Louis  Hinard.  Malgré  les  privileçti 
et  les  faveurs  qu'il  obtint  ,  sa  négligence  et  ccl'e 
de  son  fils,  laissèrent  presque  tomber  I  établis- 
sement. Il  ne  se  releva  qu'en  1684  ,  sous  li 
direction  d'un  nommé  Bebacle  ,  domicilié  jus- 
qu'alors à  Touinay.  Louis  XIV  lui  donna  tous 
les  moycnsdèiablir  la  manufacture.  C'est  à  lui 
qu'on  doit  Iss  grandes  et  belles  tapisseries  ,  reprc- 
^  semant  les  actes  des  apôt:es,  qu'on  voit  dans 
I  les  salles  de  la  picfeciure.  Elles  sont  faites  d'après 
I  les  carions  de  llaphaël  ;  on  on  admire  sur-lout 
le  coloris.  Les  ouviics  des  Gobelins,  que  les 
j  dépenses  de  la  guerre  ne  permettaient  pas  de 
'  payer,  se  réfugièrent  à  Beàuvais  en  1693.  Ils  furent 
recueillis  pai  Bchatle  qui  les  employa.  Cet  entre- 
preneur habile  mourut  en  17(14.  Ses  hériiiers 
continuèrent  sa  gcsiion  pendant  les  six  années 
qui  suivirent  sa  mort. 

Les  frères  Filleul  qui  ,  par  lettres  patentes  de 
1711  ,  gércreni  la  manutaciure  ,  furent  Jdéposéj 
par  arrêt  de  la  coui",  du  i5juillet  1722.  Mérous 
qui  leur  succéda  .  ne  lit  qu  a^igraver  le  mal  ,  et 
quitta  l'éiablissnfiint  dçvan!  au  gouvernement  1* 
somme  de  98,000  Ir. 

Eu  1726,  le  célèbre  Oudry  céda  aux  instances 
de  M.  de  Fai;on  ,  il  obtint  un  bail  de  vingt  ans  , 
réiablit  lécole  de  dessin  que-  Behacle  avait  Ifon- 
dée  ,  distribua  des  prix  aux  élevés.  Ses  succès 
passèrent  toute  espérance. 

Depuis  1754  jusqu'en  1780,  Charon  conserva 
jusqu'à  cinquante  ouvicrs.  Le  gouvernement  fut 
satisfait  de  sa  gestion.  Demenou  lui  succéda  ; 
il  établit  une  fabrique  de  tapis  de  pieds  ,  à  l'imi- 
tation de  celle  de  Chaillot  ;  il  augmenta  le 
nombre  des  ouvriers  qui  s  élevait  à  cent-vingc 
en  1788.  Les  pioduils  de  ses  atteliers  ornèrent 
les  plus  riches  salions  ,  se  répandirent  chez  1  é- 
l'étranger.  La  révolution  ne  lui  permit  plus  de 
débiter  ses  marchandises  précieuses;  en  17921 
il  résilia  son  bail  ;  le  gouvernement  fil  géret 
la  manufacture  pour  son  compte.  Le  ministre 
Benezech  parvint  à  la  relever  de  sa  chute  , 
presque  complette.  ... 

Le  citoyen  Camousse  ,  et  le  citoyen  Laronde, 
artistes  des  Gobelins .,  n'ont  rien  négligé  pour 
souienir  .  perfectionner  mêiBe  la  manufacture 
de  Beauvais.  Le  premier  vient  de  mourir.  Le, 
citoyen  Larondc  ,  recommandé  par  son  mérite, 
par  de  rares  lalens_,  par  l'entente  sur-lout  des 
couleurs  ,  de  leurs  eftets ,  de  1  insensible  dégra-, 
dation  qui  les  fait  valoir,  demandé  pour  chef 
par  la  totalité  des  ouvriers.,'  par  le  préfet  du 
déparlement,  attend  du  gouvernement  la  juste 
récompense  de  ses  travaux. 

Il  est  certain  que  la  manufacture  des  tapisseries 
de  Beauvais  jouit  d'une  graride  célébriié  ,  qu'elle^ 
est  le  diamant  de  la  ville  ,  si  j'ose  employer  cette 
expression;  qu'il  ne  lai' manque  que  de  beaux 
tableaux  pour  égaler  les  Gobelins  ;  que  les  meu- 
bles qu'elle  produit  sont  d'une  fraicheur  ,  d'un 
coloris  inimitable  ;  que  sa  réputation  s'est  établie 
malgré  les  tableaux  de  Boucher  et  de  maîtres  à 
petites  manières  qu'elle  a  été  forcée  de  suivre  ; 
qu'un  peu  de  jalousie  peut-êrrearrèia  ses  progrès, 
mais  que  ,  sous  Un  gouvernement  dont  les  idées 
sont  grandes  ,■  aidée  des  beaux  modèles  qu'on 
peut  lui  fournir,  elle  produira  des  chefs-d'ceuvre, 
(Extrait  du,  journal  du  département  de  l'Oise.  ) 


Nombre  de  personiies,  lérnoigneni  leurs  craintes 
sur  les-  suites  dé  la  sécheresse  actuelle  ,  et  sut" 
ses  effets  futurs  relativement  à  leur  santé.  Q_uoiquo 
rien  ne  doive  les  alarmer  jusqu'à  présent  :  cepen- 
dant celles. qui  sont  un  peu  limotées  peuvent 
se  tranquilliser  ,  en  prenant  les  précautions  que 
je   vais  indiquer.  : 

Il  faudra  d'abord  se  tenir  soi-même  et  son 
habitaiion  extrêmement  propres,  et  ne  conservef 
aucune  immondice  dans  sa  demeure. 

Lorsque  la  pluie  viendra,  si  elle  est  peu  con- 
sidérable elle  délaiera  par  gradation  la  vase  dans 
les  rues  ;  pour  se  garantir  des  effets  de  la  mau- 
vaise odeur  qui  devra  en  réspiter  ,  on  fera  bien 
d'arroser  les  apparlemens  avec  du  vinaigre  ,  et 
d  y  brûler  quelquelois  des  plantes  aromatiques, 
telles  que  le  genièvre,  la  sauge,  le  ihym  ,  lô 
romarin  et  la  marjolaine  ,  ensemble  ou  sépa- 
rément. 

Dans  son  régime  ,  on  devra  éviter  les  viandes 
trop  faites  ,  et  assaisonner  d'un  peu  de  vinaigre 
toutes  celles  donl  on  fera  usage  :  on  aura  soin  , 
s.'il  est  possible ,  de  se  nourrir  plutôt  de  légumes, 

(I   La  nianulnciure  de  Beauvais  précéda  dg  troi» 

ans  celle  des  Guboliiis. 


l320 


de  fruits  de  bonnes  qualité  ,  et  âe  boire  de  bon 
vin  ,  en  préférant  ia  qualité  à  la  quantité. 

Je  conseillerais  sur-tout  à  ceux  dont  les  diges- 
tions sont  lentes  et  pénibles  ,  et  particulière- 
ment aux  enfans  quoique  sains  d'ailieuis  ,  de 
prendre  ,  de  tems  en  tems ,  le  matin  à  jeun, 
un  petit  verre  de  vin  d'absinthe ,  par  -  dessus 
lequel  on  mangerait  une  petite  croûte  de  pain, 
pour  le  maintenir  plus  long  tems  dans  1  esto- 
mac. 

La  préparation  de  ce  vin  est  aussi  simple 
que  facile.  Il  suffit  de  mettre  une  poignée  de 
feuilles  et  sommités  d'absinthe  dans  une  bou- 
teille de  bon  vin  blanc.  Dès  le  lendemain  on 
peut  en  faire  usage  ;  et  si  ,  au  bout  de  quel- 
ques jours  ,  il  se  couvre  de  fleurettes  ,  il  suffira 
de  le  passer  à  travers  un  linge  ,  dans  une  autre 
bouteille  ,  et  de  jetter  labsinihe.  C'est  un  des 
meilleurs  vermifuges  que  l'on  puisse  donner 
aux  enfans  ,  dans  la  saison  des  fruits. 

II  serait  à  désirer  ,  si  la  pluie  débute  par 
une  forte  averse,  qu'au  moment  même  de  sa 
'  chute  abondante  ,  tous  les  domestiques  armés 
de  balais  ,  Bssent  couler  avec  la  rapidité  d  un 
torrent  ,  tous  les  ruisseaux  à  la  rivière  ,  pour 
ne  pas  donner  le  tems  aux  miasmes  mal-sains  qui 
s'en  évaporent  de  corrompre  l'air  que  nous  res- 
pirons, ou  du  moins  pour  nous  en  débarrasser 
plus  vîie.  (Extrait  de  la  feuille  Nantaise  du  lo 
thermidor.  ) 


Le  maire  de  la  commune  de  Commercy  ,  au  rédacteur 
du  Moniteur.  —  Commercy ,  le  23  therm'dôr , 
an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indi- 
visible. 

Je  vous  transmets ,  citoyen  ,  le  récit  d'un  trait 
de  courage  et  d  humanité  que  nous  venons  de 
couronner.  Vous  jugerei  si  ra  publicité  pourra 
exciter  l'émulation. 

Le  i8  de  ce  mois ,  le  citoyen  Pierre  Leroi ,  âgé 
de  l5  ans  ,  se  baignant  avec  d'autres  jeunes  gens  , 
fut  entraîné  à  la  fosse  très-dangereuse  ,  sous Tem- 
palemcni  du  reversoir  du  canal  de  nos  forges. 
Ses  camarades  effrayés,  ne  purent  ou  n'osèrent 
lui  porter  secours.  Epuisé  en  efforts  inutiles  ,  il 
é^ait  déjà  sous  l'eau  quand  arriva  François-Xavier 
Hachotte  ,  âgé  de  is  ans,  qui ,  ne  consultant  que 
son  coeur ,  se  jeta  à  la  nage  tout  habillé  ,  plongea 
à  plusieurs  reprises ,  et  pa-rvinl  enfin  à  ramener 
à  bord  le  jeune  homme  expirant.  Un  adjoint  mu- 
nicipal accouru  ,  fit  administter  au  noyé  des  se- 
cours qui  ont  été  efficaces ,  et  félicita  le  libé- 
rateur. 

La  municipalité  a  appelé  le  citoyen  François- 
Xavier  Hachotte  ,  à  sa  dernière  séance  décadaire; 
elle  lui  a  décerné  ,  après  un  juste  éloge  ,  une 
couronne  civique  en  récompense  de  cet  acte 
d'autant  plus  remarquable  ,  qu'il  semblait  au- 
desssus  de  ses   forces. 

Le  concours  du  public  était  gtand  ,  et  les 
applaudissemens  oiit  été  vifs.  Les  instituteurs 
avaient  réuni  et  amené  leurs  élevés  à  la  séancïe  ; 
leurs  jeunes  cœurs  se  sont  ouverts  aux  sentimens 
généreux.  La  musique  a  reconduit  le  jeune 
Flachotte  chez  i€s  parens 

Salut   et  considéiation 

Signé  ,  Ducis. 


Au  rédacteur  du  Moniteur.  —  Paris,  le  zS  thermidor. 

Dans  \t  Journal  des  Hommes-Libres  du  19  de 
ce  mois  ,  cuoyen  ,  un  homme  de  lettres  appelle 
l'attention  du  gouvernement  sur  le  besoin  qui 
se  fait  plus  vivement  sentir  cette  année  ,  de  s'oc- 
<uper  enfin  des  moyens  de  fournir  abondamment 
de  l'eau  pure  et  saîubre  aux  fontaines  de  Paris. 

Un  homme  [de  loi ,  dans  ic  Journal  du  Commerce 
4u  20  ,  annonce  que  trois  projets  tendans  à  rem- 
plit ce  but ,  sont  dans  ce  moment  soumis  à  l'exa- 
men du  préfet  de  la  Seine. 

Ce  citoyen  se  permet  de  juger  ces  trois  projets  ; 
et  donne  ta  préférence  à  celui  des  itères  Vachetes , 
qui  consiste  à  construire  encore  une  machine  sur 
la  Seine.  11  fait  le  procès  aux  deux  autres  qui 
çjat,  dit-il,  pour  but  d'amener  des  eaux  étran- 
gères pai;  des  canaux  et  des  acqueducs  qu'il 
condamne. 

Permettez  qu'un  homme  du  métier  fasse  à  ce 
citoyen  une  petite  observation  qui ,  en  rectifiant  son 
opinion  ,  éclairera  peut-être  le  gouvernement  sur 
la  plus  grande  utilité  de  ces  divers  projets. 


Les  romains  ,  nos  maîtres  en  ouvrages  d'arts  , 
lorsqu'ils  ont  voulu  fournir  de  l'eau  pour  les  be- 
soins des  nombreux  habitans  de  la  première 
cité  du  monde  ,  ne  se  sont  pas  amusés  à  cons- 
truire de  frêles  machines  ,  dont  les  produits  sont 
toujours  insuffisans  et  souveut  incertains.  Ils  ont 
amené  ,  par  de  superbes  aqueducs  ,  les  eaux  des 
sources  et  des  rivières  qui  se  trouvaient  plus 
élevées  que  le  sol  de  la  ville  de  Rome;  plusieurs 
de  ces  monumens  subsistent  encore  et  font 
l'admiration  des  étrangers. 

Leurs  soins  se  son;  étendCs  à  presque  toutes  les 
villes  d  Itahe  ;  aux  colonies  qu'ils  ont  formées 
dans  les  diverses  parties'  de  l'univers  ;  plusieurs 
villes  méridionales  de  la  France  leur  doivent  en- 
core les  belles  eaux  qui  les  alimentent  :  Paris 
même  leur  doit  l'aqueduc  d'Atcueil. 

L'administration  dé  la  ci-devant  province  dé 
Languedoc  a  voulu  les  imiter  ,  en  conduisant  par 
un  aqueduc  ,  digne  de  figurer  à  côté  des  leurs , 
les  eaux  limpides  et  abondantes  qui  décorent  la 
place  du  Fcron  ,  et  se  répandent  dans  tous  les 
quartiers  de  la  ville  de  Montpellier. 

Les  anglais ,  moins  mSgiiifiques  dans  leurs  nio- 
numens  que  les  romaïtîs  ,  mais  habiles  à  saisir 
les  circonstances  heureuses,  ont  profité  de  la 
disposition  du  terrein  .  pour  amener  tout  simple- 
ment ,  par  une  rigole  ,  sur  un  point  qui  domine 
la  ville  de  Londres  ,  une  parue  des  eaux  de  la 
rivière  de  Lew.  Cette  rigole  ,  appellée  la  nouvelle 
rivière  ,  ouverte  depuis  près  de  200  ans  par  une 
compagnie ,  amené  journellement  à  Londres  4000 
pouces  d'eau  (288,000  muids ,  ou  80,000  kylo- 
litres.  ) 

L'un  des  deux  projets  qu'improuve  le  citoyen 
Hommedeloi  ,  comme  la  rigole  qui  alimente 
LouHres  ,  a  pour  but  de  conduire  sur  un  point 
assez  élevé  pour  qu'elles  puissent  être  distribuées 
dans  tous  les  quartiers  de  Paris  ,  une  partie  des 
eaux  d'une  rivière  qui  n'éprouve  point  de  va- 
riations sensibles  ,  et  dont  les  eaux  analysées  à 
différentes  époques,  viennent  de  l'être  récem- 
ment encore  par  deux  membres  de  linstitut  na- 
tional ,  qui  a  approuvé  le  projet.  La  meilleure 
analyse  de  ces  eaux  est  d'ailleurs  l'usage  journalier 
qu'en  font  les  habitans  des  bourgs  et  des  villages 
qui  bordent  cette  jolie  rivière. 

Le  nouveau  lit  qui  doit  la  dériver  pour  la  con- 
duire à  Paris  ,  au  moment  où  elle  se  perd  dans 
ijne  rivière  plus  considérable  ,  sera  ouvert  sur  des 
dimensions  assez  lasges  et  avec  une  pente  assez 
rapide  ,  pour  que  les  eaux  conservent  leur  pu- 
reté et  leur  salubrité  ,  et  que  les  gelées  les  plus 
rigoureuses  ne  puissent  suspendre  leur  cours  :  les 
eaux  courantes  ne  gèlent  jamais  aU-delà  de  3o 
pouces  d'épaisseur  ;  l'aqueduc  d'Arcueil  a  seul 
continué  de  couler  ,  quand  toutes  les  machines 
étaient  paralysées  pendant  l'hiver  de  l'an  7. 

Ce  canal  auquel  on  pourra  ,  à  juste  titre  , 
donner  le  nom  de  Nouvelle  rivière  ,  amènera 
constamment  et  journellement  6,000  pouces  d'eau 
(ou  120,000  kylolilres  )  dont  la  moitié  sera  des- 
tinée à  alimenter  une  navigation  importante  ,  et 
l'autre  moitié,  c'est-à-dire  3,ooa  pouces  (  ou  60,000 
kylolilres  ou  2j6,oqo  muids)à  être  distribué  dans 
Paris  pour  fournir  aux  fontaines  pubhques  ;  dé- 
corer les  places  ,  les  jardins  et  les  promenades  ; 
laver  les  rues,  purifier  les  égouts  ,  approvision- 
ner de  nombreux  résftvoirs  contre  les  incen- 
dies ;  faire  des  baiiis,  des  lavoirs,  des  abreuvoir 
publics  ;  des  écoles  de  natation  ;  donner  enfin  à 
cette  grande  cité  tout  ce  qui  lui  manque  pour 
rendre  son  séjour  aussi  salubre  qu'agréable. 

Peut-on  se  promettre  de  semblables  résultats 
avec  des  machines  que  les  hautes,  les  bases 
eaux  ,  les  glaces  paralysent  également  ;  que  le 
tems  détruit,  qui  n'offrent  jamais  que  des  pro- 
duits mesquins  ?  Lorsque  la  nature  a  disposé 
de  grands  moyens  et  d'une  exécution  aussi 
simple  que  facile  .  aurions-nous  la  maladresse  de 
leur  préférer  de  petits  moyens  artificielels  dont  les 
chétifs  produits  seraient  encore  incertains  ? 

Destourn  ELLES  .  architecte. 


forme  et  la  couleur  de  sa  racine  ,  et  la  nuance  de 
sa  graine  lorsque  la  tige  est  bleue,  poui  1  obseivei 
avec  l'auteur  de  cette  note  jusqu'en  sa  maturité. 

D.  S. 


Commission   administrative  des  hospices  civils 

de  Paris. 
Tous  les  rentiers  des  hospices  ,  soit  perpétuels 
on  usufruitiers ,  seront  tenus  de  présenter  les  titres 
qui  constituent  leur  créance  ,  au  bureau  du  con- 
trôle et  de  la  vérification  des  dépenses  ,  et  ce  dans 
le  plus  bref  délai. 


Conservatoire  de  musique. 

Aux  termes  du  règlement  du  conservatoire  de 
musique  ,  les  inspecteurs  de  l'enseignement  pro- 
céderont ,  le  25  fructidor  prochain  ,  à  l'examen 
des  aspirans  aux  places  d  élevés  en  cet  établisse- 
ment. 

Les  aspirans  doivent  être  préalablement  inscrits 
au  secrétariat  du  conservatoire  ,  ils  ne  peuvent 
l'être  que  sur  là  présentation  de  leur  acte  denais- 
sance  duement  légalisé. 

Le  directeur  du  conservatoire  de  musique , 

S  A  R  R  E  T  T  E. 


Avis  d'un  armement  en  course  au  port  de  Calais. 

Cet  armement  consiste  en  un  navire  brick,  sor- 
tant du  chantier  ,  des  mieux  construit ,  de  l'avi* 
devons  les  marins,  portant  18  canons  de  quatre 
livfes  de  balle  et  de  cent  hommes  d'équipage  , 
muni  de  toutes  armes  nécssaires  pour  la  course  , 
approvisioné  de  vivres  pour  quatre  décades  ,  et 
l'équipage  payé  d'un  mois  d'avance. 

Ledit  corsaire  pourra  être  mis  en  mer  pour  ,1e 
3o  vendémiaire  prochain  ,  moyennant  la  somme 
de  90,000  fr.  On  pourra  s'y  intéresser  par  actions 
de  1000  fr.  et  pour  autant  qu'on  le  désirera.  À 
ceteiFet,  on  s'adressera  ,  à  Calais  ,  aîi  cit.  Alex. 
Becquet  ,  inspecteur  de  l'octroi  municipal  , 
désigné  par  une  société  pour  le  seul  armateur 
dudit  corsaire  ,  qui  aura  l'avantage  de  réunir  à 
son  brave  équipage  un  capitaine  connu  et  expé- 
rimenté dans  1  att  de  la  navigation  f' le  citoyen 
Hamel ,  dit  Rondelle  ,  de  la  même  commune), 
lequel  se  réserve  6000  fr.  d'intérêt  ,  sans  laquelle 
condition  il  renonce  au  commandement. 

—  '!'■«*■— —1—»— ' 

LIVRES    DIVERS. 

Voyages  dans  les  départemens  du  Nord ,  de  la  Lys  , 
de  l'Escaut ,  etc. ,  pendant  les  années  7  «t  8  ,  par  le 
cit.Barbault-Royer, ex-haut-juré  deSt.-Domingue. 

Prix  ,  s  fr.  5o  cent,  et  3  fr.  20  cent,  franc  de 
port. 

A  Paris ,  chez  Lepetit ,  libraire  ,  Palais-Egalité  , 

faleriet    de    bois,'n''    223,    et    à    Lille,   chez 
anackere  ,  libraire  sur  la  Grand'Place. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  3b  thermidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

i  3o  jours.      à  Gojoun; 


PHENOMENE. 

Dans  un  deseit  sablonneux  on  a  vu  croître  une 
plante  qui  a  de  tares  vertus  ;  sa  tige  a  la  forme 
d'un  C&ne  a.  Sept  jours  après  avoir  été  plantée  elle 
noircit,  et  au  sommet '%st  une  graine  semblable 
au  cristal  ,  ce  qui  fait  connaître  à  l'artiste  sa 
bonté  ,  etc.  -■;-,. 

On  invite  une  personne  qui  aurait  également 
I  vu  cette  plante,    de  dire,  par   cette  fe utile  ,  la 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif. 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


56| 

57| 

'87  1 

186  i 

5  ir.  loc. 

i4fr.35c. 

5  fr.  toc. 

14  fr.  i5c. 

4  fr.  55  c. 

4  fr.  98  c. 

p. 


Rente  provisoire s3  fr. 

Tiers  consolidé 3;  fr.  88  c. 

Bons  deux  tiers 1  fr.  5g  c. 

Bons  d'arréragé..    81  fr.  75  c. 

Bons  pour  l'an  8.. 86  fr.   t5  c. 

Syndicat 

Coupures 65  fr. 


SPECTACLES. 

THÉÂTRE    DE     lA    REPUBLI(;yjE    ET    DES    ArTÎ. 

Dem.  la  5'  repr.  de  Praxitelli  ou  la  Cein'.ure ,  opeti 
en  un  acte  ,   suivi  du  ballet  de  la  Dansemanie. 

Théâtre  DU  Vaudeville.    Auj.  Dancourl , 
Bagatelle  ,  et  l'Entrtvut. 

Théâtre  Dtl  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Le  29 ,  la  3*  repr.  des  Charlatans  littéraires  ,  com. 
nouv.  en  5  actes. 


X.'aUonncmeat  se  fait  à. Pari  s  ,  rue  des  Foitevios,  £l°  i3.  Le  prix  e»tde  $5  fntocs  pour  trois  mois  ,  ioitttiti  pour  6  mois  ^  et  xoo  filaocs  pour  l'aïuiée  eotiere.  On  nes'abonfie 
iju'au  coramcucemcnt  de  ckaque  .mois. 

Il  faut  adre&seiles  Icutes  etl'argent  ,  frant  de  port  ,  au  cit.  AcASs  «,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  n"  t%.  Il  faut  coœprendrt  daas  les  etmult  le  port  des 
çays  ou  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seiout  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plu»  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  lenferraent  des  valeurs,  et  adresser  lout  ce  qui  conceine  U  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  ne  di| 
Poitevins  ,  n"  i3,dep'ui  (neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heurts  du  soir. 


A  Paris  ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  dii  Moniteur,  tue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTfrrmf  lONALJE  ou  LE  MONITEUR  UNIVER^SEL. 


N'  328. 


OcHdi  ,28  thermidor  an  8  de  la  république  françaiie  ,  une  et  indiviiible. 


,  ■/  -'■ 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  Hu  7  Nivôse  le   M  O  NI  T  £  L)  H  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  Us  faits  et  les  nociont  tanc  sut 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.     " 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelle?. 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  le  g  août  (  21   thermidor). 

Les  articles  suivons  sont  extraits  du  Courier  de 
londres ,  du  8  août  1800  (20  thermidor). 

Deux  nouvelles  prises  danoises  viennent  d'être 
conduites  par  un  lougre  armé  à  Hull.  L'embargo 
continue  dans  tous  nos  ports  sur  les  convois  qui 
devaient  faire  voile  pour  le  Danemarck.  Cepen- 
dant les  polices  d'assurance  pour  les  ports  de  la 
Baltique  n'ont  augmenté  que  de  2  pour  cent. 
Lord  Whiiworih  ei  M.  Drummond  se  sont  em- 
barquéj  lundi  dernier  pour  Copenhague,  à  bord 
de  la  frégate  l'Andromeda.  M.  le  comte  de  Wedel 
Jarisberg ,  ministre  de  Danemarck  près  notre 
cour,  s'est  rendu  à  Deal  pour  y  voir  les  officiers 
de  la  frégate  danoise  prise  par  la  Némésis. 

Le  comité  de  la  chambre  des  communes  chargé 
de  prendre  en  considération  les  travaux  à  faire 
au  port  de  Londres ,  a  présenté  une  suite  de 
résolutions  à  ce  sujet.  Le  projet  est  de  recons- 
truire le  pont  de  Londres  vis-à-vis  la  Bourse , 
avec  une  aiche  en  fer  élevée  de  65  pieds  ,  et  sous 
laquelle  passeront  les  vaisseaux.  On  doit  aussi 
construire  des  quais  sur  les  bords  de  la  Tamise 
depuis  le  pont  de  Black-Friars  jusfju'à  la  Tour. 

En  creusant  un  canal  près  la  ville  de  Vienne  , 
«n  paysan  trouva  une  urne  qui  conienait  298 
pièces  d  or,  toutes  du  poids  d'une  guinée.  Elles 
sont  de  la  grandeur  du  ducal,  mais  beaucoup 
plus  épaisses  :  224  ont  été  placées  dans  le  Muséum 
impérial  à  Vienne.  Ces  pièces  sont  très-bien  con- 
servées, ïl  y  en  a  75  de  Nerva  ,  95  de  Vespasien  , 
42  de  Trajan  et  21  d  Adrien. 

Suite  de  la  lettre  de  Constantinople ,  datée  te  10  juin 
1800.   (  Correspundance  particulière.) 

L'avènement  dn  sultan  au  trône  a  été  l'époque 
d'une  subversion  assez  marquée  dans  l'adminis- 
tration de  cet  empire.  Trois  favoris  de  Selim,  et 
quelques  têies  saillantes  attelés  au  crédit  de  la 
jultahe  mère,  se  sont  emparés  à  peu  près  des 
lênes  du  gouvernement.  L'autorité  supiêrae  du 
visir  réduite  aux  seules  déférences  extérieures  et 
limitée  ainsi  par  cette  espèce  de  matadors,  n'a 
plus  eu  qu'une  concurrence  de  force  à  partager 
avec  eux  ,  et  dépendante  de  leur  réunion  qui 
forme  le  conseil-d'éiat.  Dès  ce  moment  tout  a 
fléchi;  et  juscju'à  la  volonté  même  du  sultan  a 
plié  sous  1  impulsion  de  cette  assemblée.  Des 
innovations  de  tous  genres  ont  aussitôt  marqué  le 
nouveau  règne.  Un  appel  aux  militaires  curo- 
péans  les  a  atiirés  pour  y  discipliner  des  corps 
mieux  payés  et  mieux  disposés  que  les  janissaires 
à  l'obéissance.  D  habiles  constructeurs  et  char- 
pentiers ont  été  employés  àla  reconstruction  d'une 
marine  qui  compte  aujourd  hui  les  plus  beaux 
vaisseaux  dans  ses  chantiers;  un  bassin  s'est  formé 
pour  leur  radoub,  et  l'exécution  a  répondu  à 
ton  importance  et  à  son  utilité.  L'établissement 
d'un  grand  nombre  de  belles  cazernes  parfaite- 
ment entendues  dans  leurs  distributions  ,  s'est 
Téuni  à  la  bâtisse  de  plusieurs  forteresses  pour  la 
sûreté  du  canal;  des  écoles  psur  le  génie  ,  l'ar- 
tillerie et  la  bombe  ,  et  jusqu'à  une  imprimerie 
française  .  se  sont  élevés  avec  des  maîtres  dans 
ces  différens  genres  ;  enhn  une  foule  d'édlKces 
publics  et  de  maisons  royales ,  ont  orné  et  embelli 
1j  capitale  et  ses  environs.  Voilà  ,  monsieur  ,  ce 
qu'ont  produit  en  tiès-peu  de  tems ,  les  efforts 
d'un  petit  nombre  d  hommes  disposés  à  étonner 
leurs  compatriotes  ,  et  à  lever  le  voile  dont  le  fa- 
natisme et  l'ignorance  les  couvraient.  Ajoutez  à 
ces  nouveautés  ostensibles  une  guerre  décjdée 
contre  beaucoup  de  préjugés,  une  tolérance  (rès- 
matquée  à  l'égjrd  des  rayas  ,  et  une  théorie  nou- 
velle dans  la  perception  des  impôts  ,  dégagée  de 
beaucoup  d'entraves  et  mieux  administrée.  Cet 
apperçu  réellement  exact ,  n'esi-il  pas  fait  poiir 
vous  donner  la  plus  haute  idée  des  personnages 
auxquels  on  doit  ce  prodige  ?  Vous  voyez  cepen- 
'  dant,  monsieur  ,  que  cet  empire  n'a  jamais  été 
plus  près  des  dernières  convulsions  de  l'agonie, 
el  n'attend  pour  ainsi  dire  que  le  hocquet  de 
la   mott. 

C  est  que  ces  grands  de  l'empire  qui  ont  voulu 
1p  relever  par  des  iiiiiovationt ,  ont  moins  réfléchi 
i  leur  gloire  ,  qui;  secondé  leur  ambition  et  Itu  ^ 


avidité,  et  que  la  première  instruction  qu'ils  ont 
donnée  ati  peuple ,  a  été  celle  de  leur  dépravation. 
Delà  cette  lutte  parmi  toutes  les  classes  entre  les 
hommes  indignés  contre  les  innovateurs ,  et  ceux 
qui  les  admirent.  Delà  ces  secousses  et  ces  rébel- 
lions continuelles  qu'on  ne  peut  plus  étouffer  , 
parce  que  la  séduction  gagne  bicntÔL  ceux-mêmes 
qu'on  envoie  pour  les  réprimer. 

Après  vous  avoir  parlé  des  choses  ,  il  est  bon 
de  vous  faire  connaître  les  individus  qui  tiennent 
le  timon  de  ce  gouvernement ,  et  je  renvoie  au 
Courier  prochain  à  vous  donner  leurs  noms  , 
accompagnés  de  quelques  apostilles. 

VARIÉTÉS. 

On  apprend  de  Botany-Bay  que  deux  taiireâiix 
et  I  quatre  vaches  qui  s'étaient  égarés  dans  linté-' 
rieur  des  terres  ,  il  y  a  quelques  années  ,  ont 
tellement  multiplié  que  leur  face  fornie  aujour- 
d'hui  174  têtes. 

—  Lundi  passé,  un  hot»me  ,  en  creusant  la 
terre  dans  une  cour  à  Sioke',  près  dg  Monta- 
cute  ,  découvrit  dans  un  trou  d'environ  deux 
pieds  carrés  sur  trois  de  profondeur  ,  une  quan- 
tité de  vieilles  monnaies  d'argent.  Plusieurs  sont 
de  la  grandeur  d'une  demi  -  couronne.  La  lé- 
gende ,  presqu  effacée  ,  paraît  être  d'un  côté: 
Carolus  Austria  Chris to  ,  autour  ;  d'une  .  cotte- 
d'arme.  L'autre  côté  représente  un  homme  à 
cheval. 

—  Le  gouverneur  Hùnter  met  un  zèle  infati- 
gable à  rendre  agréable  l'établissement  fait  par 
l'Angleterre  à  Botany-Bay  ;  il  fait  rebâtir  en 
pierre  de  taille  léglise  ,  Ja  prison  et  l'école  pu- 
blique de  la  ville  de  Sydney  Cove  ,  qui  avaient 
été  consumées  par  un  incendie. 

Le  gouverneur  après  avoir  conçu  l'idée  que 
la  terre  de  Van-Diemen  ine  fesait  point  partie 
de  la  côte  de  la  Nouvelle-Hollande,  et  qu'elle 
en  était  séparée  par  un  détroit  semé  de  petites 
îles  ,  voulut  se  rendre  certain  de  l'erreur  ou 
de  1»  vérité.  Il  expédia  un  petit  sloop  sous  la 
co'nduite  du  second  lieutenant  du  vaisseau  de 
guerre  la  Reliance.  Cet  officier  trouva  effective- 
ment le  détroit  préjugé  par  le  gouverneur  ;  il 
remonta  assez  haut  deux  rivières  qui  arrosent 
le  pays  de  Van-Diemen;  l'exltêmiié  méridionale 
de  ce  pays  est  exactement  au  Sg™'  degré  de 
latitude.  Le  détroit  est  rempli  de  petites  îles. 
On  recevra  incessamment  en  Angleterre  une 
carte  géographique  de  celte  nouvelle  découverte. 
.On  a  aussi  découvert  dans  l'intérieur  du  pays 
des  mines  de  charbon ,  de,  pierre  et  de  sel 
éloignées  d'environ  60  à  70  milles  de  Sydney- 
Cove. 

IRLANDE. 

Dublin,  le  2  août  (i^  thermidor.) 

Le  parlement  s'est  rassemblé  hier  conformément 
à  l'ordre  de  son  ajournement.  Quelques-uns  des 
nouveaux  pairs  ont  prêté  serment  et  pris  séance. 

Le  lord-lieutenant  s'est  rendu  dans  la  chambre 
des  pairs  ,  et  placé  sur  le  trône  ,  il  a  sanctionné 
lé  bill  d'union,  el  78  autres  bills  ,  tant  publics 
que  particuliers.  Aujourd  hui  vers  4  heures  , 
S.  Ex.  est  retournée  au  parlement  en  grande 
cérémonie  ,  et  a  prononcé  du  trône  le  discours 
suivant  : 

«1  Mylords  et  messieurs  , 

))  Toutes  les  affaires  de  cette  importante  ses- 
sion étant  enfin  heureusement  terminées ,  c'est 
avec  la  plus  sincère  satisfaction  que  je  vous 
communique  ,  par  l'ordre  exprés  de  S.  M.  le 
témoignage  de  sa  vive  reconnaissance  pour  ce 
zèle  ardent,  cettfe  persévérance  inébranlable  que 
vous  avez  si  ouvertement  manifestés  ,  en  mûris- 
sant et  en  achevant  la  grande  mesure  d'une 
union  législative  entre  ce  royaume  el  la  Grande- 
Bretagne. 

»)  Les  preuves  que  vous  avez  données  ,  dans 
cette  occasion  ,  de  votre  attachement  uniforme 
au  véritable  bien-être  de  votre  pays  ,  insépaïa- 
blement  lié  à  la  prospérité  générale  de  l'empire  , 
vous  donnent  non-seulement  des  droits  à  l'en- 
tière approbation  de  votre  'Ouverain  et  aux  ap- 
plaudissemcns  de  vos  concitoyens  ,  mais  doivent 
encore  vous  assurer  la  reconnaissance  de  la  pcs- 
,-  élite. 


i>  Vous  regretterez  a^éib  ^S.  M.  les  revers  que 
ses  alliés  ont  éprouvés  sur  l«  tontînènt  ;  mais  sa 
majesté  est  persuadée  que  la  fermeté  et  l'esprit. 
*  dont  ses  sujets  sorit  animés  ,  'la  mettront  à  même 
de  persévérer  dans  la  ligne  de  coiiduite  la  plu» 
convenable  à  Ihonneur  et  aux  l'niérêts  essentiels 
de  ses  états  ,  dont  les  moyens  et  les  .ressources 
viennent,  par  votre  sagesse,  de  se  côm'biner  d'une 
manière  plus  étroite  et.plus  intime.  '  , 

Il  Messieurs  de  la  chambre  des  communes  yo^r 
"Je  dois  vouî  remercier,  au  nom  de  S.  M.  ^ 
des  subsides  libéraux  que  vous.avcz  donnés  avec 
empressement  pour  les  "diverses  et  imporiantes 
branches  du  service  public  pendant  cette  annéoi' 
>'  S.  AL  a  aussi  vu  avec,  plaisir  cette  sage  lib'é- 
'r'âlilë,  qui  lui  permettra  d'accorder  une  juste  et 
équitable  rétribution  aux  individus  dont  lés  pri- 
vilèges et  les  intérêts  sont  affectés  :  par  fanion. 
Elle  a  observé  avec  la  même  satisfaction  l'attention 
que  vous  avez  apportée  à  la  prospérité  du  pays  en 
favorisant  les  progrès  et  l'étendue  de  la  navigation 
intérieure.  .      .  !.. 

)>  Mllords  et  riiessieiirs, '"""'    -■■"-^•^ 

.  j-.'U.i.T-Jl    t'.  —  f.l 

-  >>  J'ai  le  bonheur  de  pouvoiRvous^annoncer 
que  le  pays  est  en  général  rentrédatis  son  ancien 
état  de  tranquillité.  S'il  existe  encore  dans  quel- 
ques districts,  un  esprit  de  pillage  et  de  mécon- 
tentement ,  ces,  désordres,  à  ce  qaeje  crois  , 
sont  purement  locaux  ,  et  je  ne  doute  pas  qu'il» 
ne  cessent  bientôt. 

)>  Les  effets  de  la  disette.,  malgré  les  secours  de 
la  générosité  privée  et  les  salutaires  précautions 
de  la  législature  ,  se  sont  prolongés  avec  une 
sévérité  extrême  pour  les  classes  pauvres  ;  mais 
j'espère  qu'avec  |a  faveur  .de  la  providence  ,  la 
perspective  d'abondance  future  que  nous  pré- 
sente l'apparence  actuelle  des  moissons ,  pourra 
se  réaliser. 

)»Je  suis  persuadé  que  la  grande  mesure  qui 
s'est  enfin  accomplie,  n'aurait  jamais  01,1  .s  effec- 
tuer, si  Voua  ucuMici  eie  convaincus  quelle  ten- 
dait à  rétabhr  et  à  pïéserver  la  iranquilliié  de  et 
pays  ,  à  augmenter  son  commerce  et  ses  ma- 
nufactures ,  à  perpéiuer  ses  liaisons  avec  la 
Grande-Bretagrie- ,  et  à  accroître  les  ressources  de 
l'empire. 

>>  Vous  ne  manquerez  point  d'inculquer  ce» 
sentimens  dans  l'esprit  de  vos  concitoyens  ;  vou» 
encouragerez  et  vous  cultiverez  cette  juste  con- 
fiance qu'ils  ont  manifestée  pour  le  résultat  de 
vos  délibérations  sur  cette  question  difficile  ; 
vous  aurez  soin  sur-tout  de  leur  faire  sentir 
qu'unis  avec  le  peuple  de  la  Grande-Bietagne, 
en  un  seul  royaume,  gouvernés  par  le  même 
souverain  ,  protégés  par  les  mêmes  lois  et  repré- 
sentés dans  la  même  législature  ,  rien  ne  man- 
quera de  leur  part  qu'un  esprit  d'industrie  et 
d'ordre  piur  leur  assurer  les  pleins  avantages 
qui  ont  valu  au  peuple  de  la  Grande-Bretagne  un 
degré  de  prospérité  ,  de  sécurité  et  de  liberté  dont 
aucune  autre  nation  n'a  joui. 

"Je  ne  puis  terminer  sans  vous  offrir  et  à  la 
nation  en  général,  mes  félicitations  personnelles 
sur  l'accomplissement  de  ce  giand  ouvrage  ,  qui  a 
reçu  la  sanction  et  la  concurrence  de  notre  sou- 
verain dans  le  jour  heureux  qui  plaça  Sa  famille 
illustre  sur  le  trône  de  ces  royaumes.  L'empire  est 
maintenant  tellement  uni  par  vos  effoits,  telle- 
ment afferriji  par  l'union,  qu'il  est  en  état  de  défier 
toutes  les  tentatives  que  ses  ennernis  pourraient 
faire,  soit  pour  l'aff^ibhr  par  la  division  ,  soit 
pour  le  renverser  par  la  force.  J'cspere  que, 
sous  !a  protection  divine,  les  royaumes-unis  de 
la  Grande-Bietagne  et  de  l'Irlande  ,  demeureront 
dans  tous  les  âges  le  plus  beau  monument  du 
çegne  de  S.  M.  déjà  signalé  par  des  bienfaits  si 
nombreux  et  si  variés  <  répandus  sur  toutes  les 
classes  de  ses  sujets.  >» 

— ^^Le  choix  des  repiésentans  de  bourgs  qui  doi- 
vent completter  la  représentation  de  l'Irlande  au 
parlement  impérial  ,  n'aura  lieu  que  la  semaine 
prochaine. 

:—  L'élection  des  28  pairs  qui  représenteront 
la  pairie  irlandaise  s'est  faite  aujourd  hui.  Elle 
n'a  roulé  qu'entie  145  pairs,  quoique  le  nombre 
des  pairs  irlandais  soit  de  2o3  ,  non  compris  les 
princes  du  sang.  41  pairs  d  Irlande  le  sont  en 
même  tems  de  la  Grande-Bretagne,  et  17  pair» 
siègent  en  ce  moment  à  la  chambre  des  com- 
munes d'Angleterre  ;  ils  n'ont  pu  être  comprit 
dans  l'élection.  ( Extrait  du  Courier  dtLendrts.) 


N  l^'^El'-R 


LEUR. 


Paris  ,  U  i]'  thermidor. 
ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

C  O  N  SEJAL,-  D'ETAT, 

jP.RÉi'Eptpi^E-DU   DÉPARTEMENT  DE   l'EscAUT. 

Exlrait  du  registre  des  arrêtés  du  préfet  du  départe- 
ment de  l  Ricaut. 

Le  préfet  du  dépatteraent  de  l'Escaut ,  îhstruit 
du  daHgei^  <j«e-la  ci-devant  FlandTe  hollatidaise 
et  toute  la  paHia  du)SQl  de  ce:  département  situé 
âù-dessous  dii  niy.eau  de  la  /ner  courent  d'être 
îhoiidéts  ;  ailepdii  que  les  réparations  péces- 
Jaiics  aux  dïgucs  qui  les  défendent  ont  été  né- 
gligées ou  li  ont  pas  été  faites  depuis  cinq  ans  ; 
qu'il  est  douieux  -si  une  grande  partie  de  ces 
digues  pourra  cbntépir  les  efforts  de  la  mer  pen- 
dant çei  hiver,  et  qu'il,  paraît  certain  qu'une 
âiïfre  partie  sera  incapable  de  résistera  la  force 
des  vagues  ;  s'étant  assuré  par  lui-même  de  la 
réalité  d  un  danger  .aussi  imminent; 
.  Considérant  que  la  conservation  d'une  étendue 
aussi  eonsidécable  d'un  des  pays  les  plus  produc- 
tifs de  l'Europe ,  des  habitations  et  de  la  vie 
de»  laborieux  et  industrieux  habitans  ,  qui  eux- 
njêmes  ,  ou  dant  les  pères  l'ont  conquis  sur  la 
mer  ,  commaiide.  de*  mesures  promptes  et  effi- 
caces^ ,■;:■.).■  :  '  ■ 

•  iConsidér^nlque  des  octrois  de  l'ancien  gou- 
vernement avaisnt  autorisé  les  propriétaires  des 
polders  à  percevoir  sur  eux  -  mêmes  des  taxes 
pour  subvenir  aux  frais  de  l'entretien  et  répa- 
rations des  digues  ,  ainsi  qu'aux  dépenses  dites 
.internes  desdits  polders  ;  que  ces  octrois  étaient 
régulièrement  renouvelles  à  teurs  expirations, 
■et  qu'ainsi  il  ne  s'agit  pas  d'établir  une  impo- 
sition nouvelle  ,  mais  de  continuer  la  percep- 
Hon  d'une  taxe  reconnue  nécessaire  et  sollicitée 
par  tous  les  propriétaires  ,  ainsi  que  d'en  déter- 
miner le  mode  d'après  les  principes  de  la  jus- 
tice ,  sur  les  bases  générales  et  dans  le  sens  de 
la  législation  française  ; 

Considérant  que  si  les  polders,  bordés  par  la 
mer,  doivent  acquitter  une  forte  partie  des  dé 
penses  qu'entraîne  la  réparation  des  digues ,  i 
«'est  pas  moins  juste  que  tous  les  propriétaires 
;qui  doivent ,  au  bon  état  de  ces  digues,  la  con 
servation  de  leurs  biens,  concourent  en  propor- 
tion des  avantages  qu'ils  en  retirent  au  paiement 
desdites  dépenses  ;  que  s'il  en  était  autrement , 
les  revenus  des  polders  de  première  ligne  étant 
loin  de  pouvoir  suffire  à  les  acquitter ,  les  pro- 
.prieiaiics  ac  „„  p„ij,,.  „«  T^miphi  bicuiûi 
obligés  de  les  abandonner  ,  et  que  chacun  de 
ceux  qui  les  suivent  étant  également  dans  l'im- 
possibilité de  se  défendre  contre  les  attaques  de 
la  mer  ,  elle  atteindrait  infailliblement  jusqu'au 
dernier  des  polders  situés  au-dessous  de  son 
niveau  ; 

Considérant  que  si  les  circonstances  impé- 
rieuses où  se  trouve  placé  le  gouvernement,  ne 
lui  permettent  pas  de  venir  au  secours  des  pro- 
priétaires des  polders,  il  importe  d'autant  plus 
à  tous  ceux  qui  sont  intéressés  à  la  conservation 
des  digues ,  de  concourir  à  supporter  une  dé- 
pense qui  leur  est  utile  ,  et  qui  ainsi  deviendra 
presqu'insensible  pour  chacun  ; 

Considérant  qu'en  assurant  le  paieoaent  des 
dépenses  que  la  situation  actuelle  des  polders  et 
leur  entretien  annuel  exigera ,  il  estjuste  et  con- 
forme aux  principes  de  loyauté  des  habitans  de 
la  ci-devant  Flandre  hollandaise  ,  de  les  mettre 
à  même  de  remplir  des  engagemens  sacrés  con- 
tractés pour  le  même  objet,  antérieurement  à  la 
réunion  de  ce  pays  à  la  France ,  et  sous  la  foi  du 
gouvernement  existant ,  arrête  : 

TITRE     PREMIER. 

Mode  de  constater    les  réparations  nécessaires. 

Art.  I".  L'ingénieur  en  chef  de  la  direction  de 
l'Escaut  fera  ,  dans  le  courant  de  la  décade  pro- 
chaine ,  la  visite  de  toutes  les  digues  de  mtr  bor- 
dant les  côtes  des  ci-devant  cantons  de  l'Ecluse  , 
Oostbôurg  ,  Ysendick  ,  Axel  ,  Hulst  ,  et  la  rive 
droite  de  l'Escaut  jusqu'à  la  tête  de  Flandre;  i! 
constatera  l'état  de  ces  digues  et  les  réparations 
qui  devront  y  être  faites  cette  année,  pour  meti.re 
le  pays  à  l'abri  de  toute  espèce  de  danger.  L'in- 
génieur sera  accompagiié  ,  dans  cette  visite  , 
par  deux  citoyens  de  ce  pays ,  choisis  par  le 
•préfet. 

II.  La  direction  de  chaque  polder  bordant  la 
mer ,  avertie  d'avance  du  passage  de  l'ingénieur 
en  chef  ,  sera  tenue'  de  se  réunir  au  lieu  qu'il 
lui  indiquera  ,  et  de  lui  fournir  tous  les  rensei- 
gnemens  qu'il  pourra  lui  demander. 

Les  maires  des  communes  et  tous  autres  fonc- 
tionnairespublicset  employéssontégalement  tenus 
de  le  seconder  de  tous  les  moyens  qiii  sont  en 
leur  pouvoir. 

III.  Pendan.t  la^visite. ,  l'ingénieuf  en  chef  char- 
gera la  ditection  de  chaque  polder  de  dresser  de 


l322 

suite  un  devis  estimatif  des  réparations  qu'elle 
jugera  utiles  et  indispensables  de  faire  aux  digues 
de  mer  qui  la  concernent,  et  d'adresser  ce  devis 
à  1  un  des  deux  inspecteurs  dont  fait  mention 
l'article  IX  du  titre  III  du  présent  arrêté  :  celui-ci, 
après  l'avoir  examiné  et  avoir  donné  ,  confor- 
mément aux  instructions  qui  lui  seront  transmises, 
son  avis  star  les  dépenses  qui  y  seront  détaillées, 
l'enverra  à  l'ingénieur  en  chef. 

TITRE     II. 

Adjudication  des  réparations. 

IV.  Toutes  les  fois  qu'une  digue  sera  reconnue 
devoir  être  réparée,  l'ingénieur,  en  remettant  à 
la  direction  du  polder  dont  elle  dépend,  copie 
du  devis  estimatif  ,  anêié  par  lui  ,  des  travaux  à 
y  faire ,  lui  prescrira  de  prendre  les  mesures 
nécessaires  pour  qu'il  soit  procédé  à  leur  adju- 
dication publique  ,  ainsi  qu'il  va  être  expliqué 
ci-après. 

V.  Lorsque  les  (lavaux  à  efifectuér  ne  seront» 
évalués  dans  le  devis  dressé  ,  comme  il  est  dit 
ci-dessus  ,  qu'à  une  somme  de  10,000  francs  , 
l'adjudication  en  sera  faite  devant  le  maire  de 
la  commune  dans  le  territoire  de  laquelle  les  di- 
gues à  réparer  seront  situées  ;  et  s  ils  sont  éva- 
lués au-dessus  de  ladite  somme  de  10,000  ir., 
devant  le  sous-préfet  de  l'arrondissement  daSas- 
de-Gand.  '      '  î  ?f  rir 

VI.  L'ingénieur  rédigera  ,  de  concert*  avec  les 
deux  citoyens  qui  l'auront  accompagné  dans  la 
visite  ordonnée  par  l'article  I"  ,  un  projet  de 
considéfations  générales ,  qui  ,  étant  approuvées 
par  le  préfet ,  devront  servir  aux-dites  adjudica- 
tions ;  le  cahier  de  ces  conditions  sera  remis  à 
chaque  direction  dé  polder,  qui  pourra  y  ajouter 
toutes  les  clauses  que  les  localités  et  les  circons^ 
tances  exigeront  ,  pourvu  qu'elles  ne  soient  pas 
contraires  à  celles  arrêtées  par  le  préfet. 

VII.  Dans  tous  les  cas  ,  les  directions  des  pol- 
ders ,  apiès  être  convenues  avec  les  maires  ou  les 
sous-préfets  des  jour  et  heure  auxquels  lesdites 
adjudications  devront  avoir  lieu  ,  rédigeront,  fe- 
ront imprimer  ,.s-'il  y  a  lieu,  et  afficher  par-tout 
oîi  il  seia  nécessaire  ,  l'annonce  qui  en  donnera 
connaissance  au  public. 

Aucune  adjudication  ne  pourra  avoir  lieu  que 
dix  jours  après  l'apposition  des  affiches  aux  lieux 
accoutumés  ;  les  certificats  qui  ,  étant  signés  par 
les  maires  ou  leurs  adjoints  ,  constateront  que 
cette  formalité  a  été  remplie,  seront  joints  aux 
procès-verbaux   d'adjudication. 

Les  directions  des  polders  pourront ,  si  elles  le 
jugent  nécessaire  ,  étendre  le  débi  qui  devra  s'é- 
couler entre  la  publication  des  affiches  et  les,  ad- 
judications. 

VIII.  Les  directions  des  polders  assisteront  en- 
tièrement,  ou  par  dépuiation  ,  aux  adjudications 
qui  les  concerneront  ;  les  membres  de  ces  direc- 
tions qui  y  auront  assisté  ,  signeront  les  procès- 
verbaux  avec  les  maires  ou  sous-préfets  et  les 
adjudicataires. 

Les  minutes  des  procès-verbaux  seront  remises 
par  les  maires  ou  sous-préfets  ,  aux  directions 
qui  leur  en  adresseront  uneexpédinon  conforme, 
ainsi  qu'à  l'ingénieur  en  chef,  à  l'un  des  inspec- 
teurs nommés  par  l'article  suivant,  et  aux  adjudi- 
taires.  , . 

f  I  T  R  E      I  I  I. 

Exécution  des  réparations. 

IX.  Les  deux  citoyens  nommés  à  l'effet  d'ac- 
compagiiét  l'ingénieur  en  chef  dans  la  visite  qu'il 
doit  faire  conformément  à  l'article  1='  du  présent 
arrêté  ,  auront  lé  titre  d'inspecteurs  des  travaux 
relatifs  aux  digues  de  mer. 

Leurs  fonctions  seront  permanentes;  elles  con- 
sisteront à  veiller  à  l'exécution  des  adjudications, 
à  ce  que  les  réparations  soient  laites  en  bon  état, 
à  prévenir  l'ingénieur  en  chef  des  dégradations 
qui  pourraient  subvenir  ,  à  ordonner  les  travaux 
qui  deviendront  nécessaires  pendant  le  cours  du 
tems  pour  lequel  l'adjudication  aura  été  faite  ,  et 
qui  n'auront  pas  été  compris  dans  le  devis  esti- 
matif qui  lut  aura  servi  de  base  ,  et  à  remplir 
les  obligations  qui  leur  sont  imposées  par  le 
piésent  arrêté,  et  se  conformer  aux  ordres  par- 
ticuliers qui  leur  seront  transmis  pour  la  con- 
servation du  pays  défendu  par  les  digues  ;  ils 
seront  sous  la  surveillance  immédiate  de  l'ingé- 
nieur en  chef ,  et  il  leur  sera  donné  une  commis- 
sion par  le   piéfet.  / 

Le  traitement  annuel  de  chacun  des  inspecteurs 
sera  de  i5oo  fr,  ,  sans  qu'ils  puissent  prétendre  à 
aucuns  frais  de  teurnée. 

X.  L'ingénieur  en  chef  divisera  en  deux  arron- 
dissemens  ,  les  digues  bordant  la  mer  et  celles 
de  la  rive  droite  de  l'Escaut;  il  assignera  à 
chacun  ries  deux  inspecteurs,  celui  de  ces  arron- 
dissemens  oti  il  exercera  les  fonctions  qui  lui  se- 
ront confiées. 

-XL  Lorsqu'il  sera  constaté  par  l'inspecteur  dés 
travaiax  qu'un  adjudicataire  ne  se  sera  pas  con- 
farmé  aux  conditions  de  son  bail  ,  le  préfet 
.  sur  l'avis  de  la  direction  du  polder  dont  il  s'agira  , 


de  l'ingénieur  en  chef  et  du  sous-préfel  de  l'ar» 
rondissement ,  prononcera  l'annulhition  de  l'ad- 
judication ,  et  il  en  sera  sur  le  champ  fait  une 
nouvelle  à  la  folle  enchère  des  adjudicationif 
déchues. 

XII.  Lorsque  pendant  le  cours  du  tems  pour 
lequel  une  adjudication  aura  eu  lieu  ,  une  répa- 
ration non  désignée  comme  devant  être  faite 
dans  le  devis  estimatif  qui  aura  précédé  ladite 
adjudication  ,  deviendra  indispensable  ,  la  direc- 
tion du  polder  fera  à  l'ingénieur  en  chef  la 
■demande  d  ordonner  cette  réparation  et  y  join- 
dra un  état  des  frais  qu'elle  occasionnera.  Cette 
demande,  et  l'état  y  joint  ,  seront  communiqués 
à  linspecteur  de  l'arrondissement  qui  donnera 
'  son  avis  d  après  leqiiel  l'ingénieur  approuvera  , 
modiliera  ,    ou  rejettera   la  dépense. 

XIII'.  Les  réparations  ordonnées  en  vertu  de 
1  article  qui  précède  ,  seront  exécutées  par  les 
adjudicataires  aux  prix  et  conditions  stipulées 
dans  leurs  procès-verbaux  ,  pour  les  réparations 
comprises  aux  devis  estimatifs. 

XIV.  Les  formalités  prescrites  par  les  article."! 
XII  et  XIII  ci-dessus  ,  ne  pourront  être  exi- 
gées que  lorsqu'il  s'agira  de  réparations  dont, 
le  paiement  devra  être  affecté  sur  la  caisse  de 
secdurs'dont  il   sera  parlé  ci-après. 

T  I  T  R  E     1  V. 

Moyens  pour  subvenir  aux  frais  qu'entraîneront  les 
réparations. 

XV.  Tout  polder  bordant  la  mer  ,  sera  tenu 
de,  contribuer  à  la  dépense  des  ouvrages  et  ré- 
parations qui  seront  ordonnés  et  exécutés  cette 
année  à^  la  digue  ,  pour  une  somme  qui  ne 
pourra  être  moindre  de  i3  fr.  par  hectare  , 
(5  fr.  85  cent,  par  arpent  de  pays  )  ,  ni  excéder 
la  ii'oitié  du  produit  net  qu'en  retirent  les  pro- 
priétaires. 

XVI.  Toutes  les  dépenses  faites  pour  la  con- 
servation des  digues  bordant  la  mer,  et  qui 
excéderont  la  moitié  du  produit  net  d'un  polder, 
seront  acquittées   par  la  caisse  de  secours. 

XVII.  Toute  direction  de  polder  qui  récla- 
mera l'avantage  dont  fait  mention  l'article  pré- 
cédent ,  devra  adresser  au  sous-préfet  du  Sas- 
de-Gand  un  état  triple  de  l'évaluation  de  son 
revenu  net  qui  sera  le  prix  du  fermage  ,  déduc- 
tion faite  de  la  contribution  foncière  et  de  la 
taxe  povir  les  frais  internes  du  polder.  Cet  état 
d'évaluation  devra  contenir  la  quantité  de  terre 
dont  le  polder  est  composé  ,  leur  situation  et 
leur  produti  net.  Aussi-tôt  qu'il  sera  parvenu 
au  sous-préfet ,  il  l'adressera  aux  directions  des 
trois  polders  les  plus  voisins  qu  il  désignera  pout 
donner  leur  avis  ,  d'après  lequel  ,  et  "les  rensei- 
gneraens  qu'il  prendra  de  l'inspecteur  de  l'ar- 
rpndissement  ,,il  arrêtera  l'évaluation  du  produit 
net  du  polder  réclamant  ,  et  adressera  une  ex- 
pédition de  son  ariêté  à  la  direction  dudit  polder. 

XVIII.  Une  somme  de  200,000  fr.  est  affectée 
aux  dépenses  de  cette  année  ,  qui  devront  être 
acquittées  par  la  caisse  de  secours;  cette  somme 
sera  levée  ainsi  qu'il  suit: 

XIX.  Tout  polder  bordé  d'une  digue  de  mer, 
qui  ne  contribuera  que  pour  5  fr.  85  centimes  par 
arpent  pour  la  conservation  des  polders,  et  dont 
les  dépenses  pour  l'entretien  de  la  digue  qcii  le 
défend  particialiérement  de  la  mer  ,  n'absorberont 
pas  le  produit  de  ladite  taxe  ,  sera  tenu  de 
verser  l'excédent  dans  la  caisse  de  secours. 

XX.  Pour  assurer  l'exécution  de  l'article  pré- 
cédent ,  toute  direction  de  polder  ,  bordé  par  une 
digue  de  mer  ,  qui  n'aiH-a  contribué  que  pour 
une  somme  de  5  fr.  85  cent,  par  arpent  ,  sera 
tenue  de  présenter  ,  le  1''  vendémiaire  de  cette 
année  ,  au  sous-préfet  de  l'arrondissement  dti 
Sas-de-Gand  ,  un  compte  de  l'emploi  du  pro- 
duit de  ladite  taxe  ,  et  s'il  en  résulte  que  ce  pro- 
duit a  excédé  les  dépenses  de  l'entretien  de  là 
digue  de  mer,  le  sous-préfet  prendra  un  arrêté 
qui  ordonnera  à  la  direction  de  verser  de  suite 
l'excédent  dans  la  caisse  de  secours. 

Les  dépenses  iriternes  des  polders  bordés  par 
tjne  digue  de  mer ,  telles  que  celles  relatives  aux; 
écluses,  ponts  et  fossés  ,' ne  sont  pas  comprises 
au  nombre  de  celles  au  paiement  desquelles  est 
'  affecté  le  produit  de  la  taxe  de  5  fr.  80  cent,  par 
arpent. 

XXI.  Tous  les  polders  attenans  à  un  autre 
bord  d'une  digue  de  mer,  contribueront,  pour 
cette  année ,  à  raison  de  80  fr.  66  cent,  pat 
hectare  (  3  fr.  90  cent,  par  arpent  du  pays  )  ,  aux 
dépenses  qu'occasionnera  lentretien  des  digues 
de  mer. 

XXII.  Toutes  les  parties  des  territoires  des 
ci  -  devant  cantons  de  l  Ecluse,  Oostbôurg, 
"if  sendick,  Axel,  Hulst,  Saint-Gillis  ,  Loothristy, 
CapryckeetAstcnide,  qui  sont  considérées  comme 
polders  ,  contribueront  cette  année  ,  à  raison  de 
4  fi.  33  cent,  par  hectare  (i  fr.  95  cent,  par  arpent 
du  pays.  ) 

XXIII.  Toute  association  de  polders  qui  aurait 
eu  lieu  jusqu'à  présent  pour  l'entretien  et  la  ré- 
paration des  digues  de  mer ,  en  y  contribuant  tous 
d'une  même  somme  par  arpent  ,  sera  considérée 
comme  un  seul  polder  bordé  par  une  digue 
de  nier. 


\3i3 


XXIV.  Dans  la  décade  qui  suivra  la  visilc 
que  1  ingénieur  en  cliel  doit  faire  en  exéculiou  de 
J'ari.  I"  du  présent  arrêié  ,  les  inspecteurs  des 
travaux  relalits  aux  digues  de  mer  ,  dresseiont, 
chacun  pour  leur  arondisseraent ,  trois  étiits  indi- 
catifs :  le  premier  de  tous  les  poldeis  bordés  par 
une  digue  de  mer,  ou  considérés  comme  tels; 
le  deuxième  ,  de  tous  les  polders  aticnaiis  à  un 
autre  bordé  d'une  digue  de  mer;  le  troisième  , 
de  tous  les  polders  fesant  partie  du  territoire  des 
ci-devant  cantons  dénommé  ,  en  l'article  XXII 
du  présent  arrêté.  Ce  deinier  état  sera  divisé  en 
trois  parties  :  la  première  comprendra  les  polders 
des  cantons  de  l'Ecluse,  Oosibourg  ,  Ysendick  , 
Axel  ,  Hulst  ,  Caprycke  ,  Asienide  ;  la  seconde 
ceux  du  canton  de  Saini-Gilbs  ;  la  Itoinieme  , 
ceux  du  canton  de  Loochiisty. 

XXV.  Chaque  inspecteur-  adressera  les  trois 
états  qu'il  aura  formés  en  exécution  de  l'article 
précédent,  au  sous-préfet  du  Sas-dc-Gand  ,  ex- 
ceptés ceux  relatifs  aux  polders  situés  dans  les 
ci-devant  cantons  de  Sainl-Gillis  et  Looclirisiy  ; 
lesquels  états  il  fera  parvenir  aux  sous-préfeis  des 
arrondissemetis  de  Termonde  et   Gand. 

•  XXVI.  Chacun  des  sous-préfeis  à  qui  lesdits 
états  auront  éié  cnvo5és,  avertira,  aussitôt  que  le 
préfet  le  lui  aura  prescrit  ,  les  directions  des 
polders  situés  dans  son  arrondissement ,  de  la 
classe  à  laquelle  ils  appartiennent,  et  de  la 
quotité  de  la  taxe  dont  ils  devront  verser  le  pro- 
duit dans  la  caisse  des  secours. 

XXVII.  Les  taxes  imposées  en  vertu  du  présent 
arrêté  ,  seront  à  charge  des  propriétaires  ,  et  payés 
aux  receveurs  particuliers  des  polders ,  dans  le 
niois  qui  suivra  l'avertissement  donné  aux  di- 
rections par  le  sous  préfet  de  la  classe  à  laquelle 
les  polders   qu'elles  régissent ,  appartiennent. 

XXVIII.  Les  receveurs  particuliers  des  polders 
seront  tenus  de  verser  dans  les  dix  jours  qui  sui- 
vront l'expiration  du  délai  ci-dessus  prescrit  , 
dans  la  caisse  générale  de  secours  qui  sera  établie 
à  Gand  .  le  produit  total  de  là  taxe  imposée  sur 
ces  polders  pour  l'entretien  des  digues  de 
fiier. 

XXIX.  En  cas  de  retard  de  la  part  des  pro- 
priétaires de  payer  leur  taxe  à  la  caisse  du  rece- 
veur particulier  d'un  polder  ,  et  de  celui-ci  d'en 
verser  le  montant  total  dans  la  caisse  générale , 
les  paiemens  et  versemens  en  seront  poursuivis 
par  les  mêmes  voies  et  dans  les  mêmes  formes 
ijue  pour  la  contribution  foncière. 

XXX.  Le  receveur-général  de  la  taxe  imposée 

Î>our  Tentrelien  des  digues  de  mer  seranommé  par 
e  préfet. 
Il  jouira   d'un    traitement   annuel  de   600   fr. 
et  d'une  remise   d'un  centime  pour  franc  sur  le 
montant  de  sa  recette. 

Il  ne  lui  sera  alloué  aucuns  fonds  potir  frais  de 
bureau. 

XXXI.  Le  receveur-général  sera  tenu  de  pxé- 
setiter  à  l'agréationdu  préfet,  dans  ladécade  de  sa 
nomination,  un  cautionnement  de  la  valeurde  40000 
fr.  en  immeubles  ;  l'hypothèque  résultant  ue  ce 
cautionnement  durera  ,  dans  le  cas  oià  le  rece- 
veur général  cesserait  ses  fonctions  ,  jusqu'à  ce 
qu'il  ait  rendu  ses  comptes  et  qu'ils  aient  été  ap- 
prouvés. 

T  I  T  R  E    V. 

Mode  de  paiement  des  dépenses  relatives  à  l'entretien 
des  digues  de  mer. 

XXXII.  Aussitôt  qû6  l'adjudication  des  répa- 
rations à  faire  à  un  polder  sera  terminée  ,  lin- 
géniéur  en  chef  en  fera  part  au  préfet,  en  lui 
annonçant  à  combien  s'élève  le'  prix  de  cette 
adjudication. 

XXXIII.  Toutes  les  fois  que  la  direction  d'un 
polder,  bordé  par  la  mer,  demandera  qu  une 
partie  de  ses  dépenses  soit  acquittée  par  la  caisse 
de  secours  ,  et  que  le  sous-préfet  du  Sas.de-Gand 
aura,  conformément  à  laiiicle  XVIII  du  présent 

"arrêté  .  déterminé  le  montant  de  son  revenu  net, 
il  en  rendra  compte  au  préfet,  en  lui  envoyant 
copie  de  l'arrêté  qu'il  prendra  à  cet  égard. 

XXXIV.  Le  préfet  après  avoir  déduit  du  mon- 
tant du  prix  de  l'adjudication  des  réparations  ,  la 
moitié  du  revenu  net  du  polder,  ouvrira  à  la 
direction  de  ce  polder  un  crédit  de  l'excédent 
sur  la  caisse  générale  de  secours,  pour,  ledit 
excédent  êire  acquitlé  dans  les  délais  fixés  par  1 
Xes.  conditions  auxquelles  l'adjudication  a  eu  lieu.  ' 

XXXV.  La  direction  de  chaque  polder  pourra 
décerner  des  mandats  ,  suivant  le  modèle  qui  lui 
en  sera  adicSbé  ,  sur  la  caisse  générale  de  se- 
cours ,  jusqu'à  concurrence  du  montant  du  cré- 
dit qui  lui  aura  été  ouvert  ,  lesdits  mandais  paya- 
bles aux  termes  indiqués  dans  ledit  crédit. 

XXXVI.  Le  premier  de  chaque  trimestre, 
linspecieur  des  trjvaux  adressera  à  1  ingénieur 
en  chef  un  étal  par  chaiiue  polder  de  répara- 
tions non  comprises  dans  les  devis  estimatifs  ser- 
vant de  base  aux  adjudications,  et  qui  auront 
été  exécutées  conformément  aux  articles  XIII  et 
XIV  du  présent  arrêté  ,  pendant  le  trimestre 
ftécédent. 


Cet  état  indi(|uera  le  prix  de  chaque  répara- 
tion :  l'ingénieur  en  chef  ,  après  l'avoir  visé  , 
l'adressera  au  préfet  qui  ouvrira  sur  la  caisse 
générale  de  secours  à  chaque  direction  de  pol- 
der ,  y  compris  un  crédit  égal  au  montant  du 
prix  desdites  réparations. 

Cette  direction  décernera  ,  au  profit  des  en- 
trepreneurs ,  des  mandats  sur  ce  crédit,  de  la 
même  manière  que  sut  celui  dont  il  est  parlé 
dans  l'article  précédent. 

XXXVII.  Chaque  mandat  devra  être  accom- 
pagné d'un  certificat  de  IJnspecteur  des  travaux 
de  larrondissement,  visé  par  l'ingénieur  en  chef , 
constatant  que  les  réparations  à  payer  ont  élé 
exécutées  par  l'entrepreneur  ,  conformément  aux 
clauses  de  son  adjudication. 

Ce  certificat  ,  dont  le  modèle  sera  envoyé  par 
le  préfet  à  l'ingénieur  en  chef  devra  toujours 
rappeler  que  la  direction  qui  décernera  ce  man- 
dat a  justifié  à  l'inspecteur  des  travaux  avoir  em- 
ployé la  moitié  de  son  revenu  net  au  paiement 
d'une  partie   des  dépenses. 

XXXVIII.  Les,  fonds  de  la  caisse  générale  de 
secours  ne  pourront  dans  aucun  lems  ,  et  sous 
quelque  prétexte  que  ce  soit ,  être  détournés  de 
1  objet  de  leur  destination  ;  tout  mandat  qui  ne 
serait  pas  décerné  dans  les  formes  ci-dessus  men- 
tionnées ,  et  à  l'appui  duquel  ne  se  trouverait 
pas  le  certificat  exigé  par  l'article  précédent,  sera 
rejeté  des  comptes  du  receveur  -  général.  Sont 
néanmoins  exceptés  de  cette  disposition  les  man- 
dats que  le  préfet  décernera  pour  les  iraitemens 
des  inspecteurs  des  travaux  ,  du  receveur-géné- 
ral .  et  frais  extraordinaires  de  tournées  et  visites 
de  l'ingénieur  en  chef. 

XXXIX.  Tous  les  trimestres  le  receveur- 
général  rendra  ses  comptes  au  préfet  de  ce  dé- 
partement. Un  extrait  de  ses  comptes  indiquant 
la  date  des  mandats  ,  leur  montant  ,  la  date  des 
paiemens  et  les  noms  des  parties  prenantes  ,  sera 
régulièrement  adressé  parle  préfet  à  la  direction 
de  chaque  polder. 

T  I  T  R  E    V  L 

Dispositions    générales. 

XL,  Dans  le  cas  oià  la  direction  d'un  polder 
n  aurait  pas  procédé  à  l'adjudication  des  répara- 
tions dont  le  devis  approuvé  ou  arrêté  par  l'ingé- 
nieur en  chef  lui  aurait  été  adressé  ,  l'inspecteur 
des  travaux  en  rendra  compte  à  celui-ci  qui  y 
fera  procéder  sur-le-champ  à  la  charge  dudit 
polder  et  à  la  diligence  dudit  inspecteur.  Dans 
ce  cas  ,  le  polder,  dont  il  s'agit,  serait  déchu 
pour  l'année  de  l'avantage  d'obtenir  le  paiement 
sur  la  caisse  de  secours  de  la  partie  de  dépenses 
qui  excédera  la  moitié  de  son  revenu. 

XLI.  Si  la  direction  d'un  polder  négligeait  de 
demander,  conformément  à  l'article  Xlll  du 
présent  arrêté  ,  à  l'ingénieur  en  chef  d'ordon- 
ner une  réparation  non  comprise  dans  le  devis  esti- 
matif servant  à  l'adjudication  de  celles  à  effectuer 
pendant  l'année  ,  il  ordonnerait  également ,  sur  le 
rapport  de  l'inspecteur  des  travaux  ,  qu'il  y  soit 
procédé  à  la  diligence  de  ce  dernier,  et  à  charge 
du  polder  en  défaut. 

XLII.  Dans  le  cas  ovi  la  direcdon  d'un  polder 
bordé  par  la  mer  ,  ferait  effectuer  des  travaux 
sans  s'être  conformé  aux  formalités  prescrites  par 
le  présent  arrêté  ,  les  frais  qui  en  résulteraient  ne 
pourraient  être  imputés  sur  le  produit  de  la  taxe 
de  5  francs  85  centimes  par  arpent  ,  ni  sur  la 
moitié  de  son  revenu  ou  la  caisse  de  secours  , 
mais   resteraient  à  charge  dudit  polder. 

XLIII.  L'ingénieur  en  chef  ,  en  arrêtant  les 
devis  estimatifs  qui  lui  seront  présentas  par  les 
directions,  et  en  autorisant  les  réparations  non 
comprises  dans  ces  devis  ,  ne  perdra  pas  de  vue 
que  cette  année  les  dépenses  à  charge  de  la 
caisse  générale  de  secours  ne  peuvent  excéder 
300,000  fr. 

XLIV.  Dans  le  cas  cependant  011  il  serait  re- 
connu que  les  dépenses  absolument  nécessaires 
pour  mettre  le  pays  à  l'abri  du  danger  d'une 
inondaiion  pendant  Ihiver  ,  devraient  excéder  le 
montant  des  recettes  ,  il  y  sera  pourvu  par  une 
Ijxe -additionnelle  déterminée  par  le  préfet,  et 
recouvrable  de  la  même  manière  que  celle  impo- 
sée en  conséquence  du  présent  arrêté.  Si  au 
contraire  les  dépenses  ne  s  élèvent  pas  au  mon- 
tant des  recettes  ,  l'excédent  des  recettes  sera 
réservé  four  être  employé  au  paiement  des  répa- 
rations à  faire  l'année  prochaine. 

XLV.  Chaque  année  ,  le  préfet  de  ce  dépar- 
tement prendra  un  arrêté  qui  déterminera  la  quo- 
tité de  la  taxe  à  laquelle  chaque  classe  de  polder 
devra  êtreimposée  en  proportion  des  travaux  pré- 
sumés nécessaires  ;  cet  arrêté  sera  envoyé  à  l'ap- 
probation du  gouvernement. 

XLVI.  Les  dispositions  du  présent  arrêté  rela- 
tives au  mode  de  constater  les  réparations  né- 
cessaires à  leur  adjudication  et  exécution  ,  aux 
moyens  de  subvenir  aut  dépenses  ,  au  mode  de 
paiement  et  à  l'administration  des  polders,  seront 
exécutées  chaque  année  suivant  leur  forme  et 
teneur  ,  à  moins  qu'il  n'y  soit   formellement  dé- 


rogé ,  et  dans  ce  cas  les  arrêtés  du  préfet  coa- 
tenani  ces  dérogations  ,  seront  soumis  à  l'appro- 
bation du   ministre  de  liniérieur. 

XLVII.  Le  préfet  du  département  de  I  Kscaul 
prendra  toutes  les  mesures  qui  pourront  être 
nécessaires  ,  donnera  des  instructions  aux  ingé- 
nieurs ,  inspecteurs  ,  directeurs  et  receveurs  des 
polders  ,  ainsi  qu'au  receveur  -  général  de  la 
caisse  de  secours  pour  assurer  l'exécution  du 
présent   arrêté. 

XLVIII.  Les  directions  des  polders  sont  main- 
tenues telles  qu'elles  sont  instituées  actuellement  , 
conformément  aux  loix  ,  usages  et  réglemens  en 
vigueur  sous  l'ancien  gouvernement.  Néanmoins, 
les  dispositions  de  ces  lois  ,  usages  et  réglemens 
qui  seraient  contraires  au  présent  arrêté  ,  sont 
formellement  annullées. 

XLIX.  Les  octrois  de  l'ancien  gouvernement 
d'après  lesquels  des  taxes  étaient  imposées  et 
perçues  tant  pour  le  remboursement  que  pour 
les  intérêts  de  divers  emprunts  faits  par  plusieurs 
polders  pour  la  construction  ou  l'entretien  de 
leurs  digues  ,  coniinueront  à  recevoir  leur  exé- 
cution jusqu'à  parfait  remboursement  desdits  ca- 
pitaux et  paiement  des  intérêts. 

L.  Le  présent  arrêté  ne  pourra  recevoir  son  exé- 
cution qu'apiès  avoir  été  approuvé  par  le  gou- 
vernement. 

Fait  à  Gand  ,  le  19  messidor  ,  an  8  de  la  répu- 
blique. 

Signée  Faipoult. 

Pour  expédition    conforme. 

Par  le  préfet  du  département  de  l'Escaut, 

Le  secrétaire-général  ,  signé ,  Lehodey. 

Pour  copie   conforme  , 

Le  secrétaire-général  du  conseil- d'état , 

Signé  ,  J.  G.  LocRÉ. 
Arrêté  du  i3  thermidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république,  vtî  les  différentes 
pétitions  adressées  par  les  directions  des  polders 
de  la  ci-devant  Flandre  hollandaise  ,  tendant  à 
réclamer  une  mesure  qui  puisse  les  garaniir  d  un» 
submersion  générale  dont  ils  sont  menacés  par 
le  mauvais  état  des  digues  de  mer  ;  le  rapport 
de  linspecteur-général  des  ponts  et  chaussées 
du  département  de  l'Escaut ,  les  plans  dcsdit» 
polders  et  digues  ; 

Vu  l'arrêié  du  préfet  dudit  département  et* 
date  du  19  messidor  dernier,  soumis  à  l'fappro- 
bationdu  gouyernement  .  lequel  arrêté  a  poutf 
objet  de  régler  et  ordonner,  suivant  les  anciens  usa- 
ges, la  levée  sur  les  propriétaires  despblders,  de» 
sommes  nécessaires  pour  subvenir  à  leur  conser- 
vation et  à  faire  verser  ces  fonds  dans  unef 
■  caisse  de  secours  établie  par  les  dits  proprié- 
taires ,  sur  le  rapport  du  ministre  de  t'intéiieur , 
le  conseil-d'éiat  entendu  arrêtent  ce  cjui  sijit  : 

Art.  1"^._  L'arrêté  pris  par  le  préfet  du  dépar- 
tement de  lEscaut  en  date  du  jg  messidor  an  8, 
est  approuvé  pour  être  exécuté  suivant  sa  forme 
et  teneur. 

Une  expédition  de  cet  arrêté  sera  annexée  k 
la  minute  des  piésentes. 

II.    Le  ministre   de   l'intérieur   est    chargé     de 

l'exécution    du  présent  arrêté  qui.  sera  iraprinié. 

Le  premier  consul ,  signé.   Bonaparte.       = 

Par   le  premier  consul  ,  ; 

Le  secrélaire-d' état ,  signé,  n.  B.  Maret. 
Arrêté  du   27    thermidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  arrêtent  ce  qui 
suit  :  . ,  -, 

Les  noms  des  militaires  qui  auront  obtenu  des 
sabres  ,  des  fusils  ,  des  mousquetons  on  carabi- 
nes ,  des  baguettes  ,  des  trompettes  ou  des  gre- 
nades d'honneur  ,  seront  inscrits  sur  une  table 
de  marbre  dans  l'enceinte  du  temple  de  Mars  , 
avec  désignation  du  département  et  de  la  com- 
mune oti  ils  sont  nés. 

Le  ministre  de  liniérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cuiion  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au  bul- 
letin des  lois. 

Signé  ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  sscrétaire-d'état,  signé ,  H.  B.  Maret. 


Au     NOM     DU     PEUPLE     FRANÇAIS". 

Brevet  d'honneur,. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duiie  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  jacquet,  tambour  des  grenadiers  de  la 
94'  demi-brigade  de  ligne  ,  à  l'affaire  du  aa  mes- 
sidor an  8  à  la  prise  de  Fuessen  :  ce  brave  mili- 
taireaéiévu  durant  toute  ceitejournée  à  la  tête  de» 
tirailleurs  ,  armé  d'un  fusil  et  de  sa  caisse  ,  battant 
la  charge  et  l'exécutant  par  iniervalles  ;  ce  fut  lui 
qui  ,  à  coup  de  hache  ,  enfonça  la  porte  de 
Fuessen,  oiîi  il  entra  le  premier  battant  la  charge 
et  poursuivant  l'ennemi  en  déroute  ',  seul  il  Ht 
plusieurs  prisonniers. 


i324 


Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
des  baguettes  d'honneur. 

Il  jouira    des   prérogatives    attachées    à   ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  27  thermidor ,  an8  de  la  répu- 
blique  française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 


Au     NOM    DU     PEUPLE    FRANÇAIS. 

Brevets  d'honneur  pour  le   citoyen    Valencienne , 

tambour  ,  ao'  demi-brigade  de  ligne. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  Valencienne  ,  tambour ,  20  demi-brigade 
de  ligne  ,  à  l'affaire  du  aS  messidor  an  8  ,  où  ce 
brave  militaire  ,  voyant  que  l'ennemi  cherchait  à 
gagner  le  flanc  gauche  de  l'avant-garde  et  que 
sa  compagnie  n'était  pas  encore  réunie  ,  battit  la 
charge ,  tut  un  des  premiers  à  la  rencontre  de 
Tenncmi,  et  reçut  un  coup  de  feu  ;  ' 

Lui  décerne  à  titre  de  récompense  nationale, 
des  baguettes  d'honneur. 

Il  jouira    des  prérogatives   attachées   à  ladite 
récompense  ,par  l'arrêté   du  4  nivôse  an   8. 

Donné  à  Paris,  le  27  thermidor,  an 8  delà  répu- 
blique françaist:. 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  prenaier  consul  , 
Le  sesrétaire- d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé ,  Garnot. 


'  de  Landshut ,  et  l'empêchant  de  se  rallier,  il 
fondit  sur  un  détachement  de  hussards  qui  es- 
cortait deux  pièces  de  canon  ,  le  mit  en  fuite  ,  et 
s'empara  des  deux  pièces  attelées  de  leurs 
chevaux. 

Lui   décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
un  mousqueton  d'honneur. 

Il   jouira   des    prérogatives   attachées    à    ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le   27    thermidor  ,   an   8  de  la 
république  française. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Leministre  delà  guerre ,  s'\gné ,  Carnot. 


Au    NOM    DU    peuple   FRANÇAIS. 

Brevet  d  honneur  pour  le  eitoyen  J.  F.  Jeaudon  , 
fusilier  ,  3;'  de  ligne. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  . 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyen  J.  F.  Jeaudon,  fusilier,  87'  demi- 
brigade  de  ligne  ,  à  l'affaire  qui  eut  lieu  ,  le  3o 
prairial  an  8  ,  au  passage  du  Danube,  où  cet 
intrépide  militaire  prit  ,  lui  seul  ,  à  l'ennemi  , 
près  DiUingen  ,  une  pièce  de  canon,  lui  tua  un 
canonnier,  fit  prisonnier  un  autre,  ainsi  qu'un 
charretier  qui  conduisait  la  pièce  ; 

Lui  décerne,  à  titre  de  recompense  nationale  , 
un  fusil  d'honneur. 

Il  jouira    des    prérogatives  attachées  à   ladite 
récompense  par  l'arrête   du  4   nivôse  an  8. 

Donné   à  Paris ,  le  27  therihidor  ,  an  8  de   la 
république  française. 

Le  premier  consul ,  Signé ,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé ,  Carnot. 


Au    NOM    DU     peuple     FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Horrent  ,  capo- 
ral dans  la  18=  compagnie  du  1"  régiment 
d'artillerie  à  pied. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  quilui  a  été  rendu  de  la  cçnauite 
distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du  citoyen 
Horrent,  caporal  dans  la  18'  compagnie  du 
1"  régiment  d'artillerie  à  pied,  à  l'affiire  du 
3o  prairial  dernier ,  lors  du  passage  du  Danube, 
où,  avec  les  citoyens  Mocque  ,  Guilliaru,  Jannet, 
Cillard  ,  canonniers  de  la  même  compagnie  ,  et 
Cdillet ,  canonier  dans  la  2°  compagnie  du 
6'  régiment  à  cheval ,  il  a  passé  le  pont  de 
Blentheim  au  moyen  d'une  échelle  placée  hori- 
zontalement surlacoupure  dune  arche,  pouraller 
servir  deux  pièces  de  canon  que  l'ennemi  avait 
abandonnées  ;  manœuvre  par  laquelle  la  cons- 
truction du  pont  a  été  protégée  ;  lui  décerne  , 
à  titre  de  récompense  nationale  ,  une  grenade 
d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite  ré- 
compense par  1  arrêté  du  4  nivôse  an  8, 

Donné  à  Paris  le  27  thermidor,  an  8  de  la  répu- 
blique française. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consial , 

Le  secfétaire-d'étnt ,  signé  ,  H.  É.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre ,  signé ,  Carnot. 


Au    NOM    DU    peuple    FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Mathias  Jacob. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  Mathias  Jacob  ,  chasseur  à  cheval  au  10' 
régiment,  à  l'affaire  du  18  messidor  an  8  ,  lorsque 
poursuivant  l'ennemi  sur  Iîs  hauteurs  de  la  ville 


Au   nom   du   peuple  français. 

Brevet  d  honneur  pour  le  citoyen  Terpille  (Marc). 

BoiSAPARTE  ,  premier  consul  de  /la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  Terpille  (Marc)  ,  chasseur  à  cheval  au 
lo"^  régiment,  à  l'affaire  du  18  messidor  an  8  , 
quand  pénétrant  une  colonne  ennemie  ,  malgré  le 
feu  de  î  infanterie,  il  foiça  à  se  tendte,  et  emmena 
l'officier  supérit:ur  qui  la  commandait  ; 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale, 
un  mousqueton   d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachée^  à  ladite 
récompense   par    i'arrêié  du   4   nivôse   an  8. 

Donné  à  Paris  ,  le  27  thermidor  ,  an  8  de  la  ré- 
publique française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le    premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,    H.  B.  Maret. 
Le  minisire  de  la  guerre  ,  signé  ,  Carnot. 


MINISTERE     DE    LA    MARINE. 

Le  citoyen  David ,  commissaire  principal  de 
marine,  et  le  citoyen  1  Hermite  ,  capitaine  de 
vaisseau  ,  chef  de  l'état-major  à  Dunkerque  , 
ont,  d'après  les  ordres  des  consuls,  été  interrogés 
sur  les  fircoQSfances  qui  ont  précédé  le  départ 
pour  Flessingue  ,  des  frégates  dout  l'armement 
avait  été   ordonné  dans  le  premier  port. 

Demande  première.  —  Si  lorsque  l'ordre  d'armer 
les  frégates  la  Poursuivante,  la  Désirée,  la  Cartnagnote 
et  l'Incorruptible  leur  est  parvenu ,  ils  ont  fait 
chacun  ,  en  ce  qui  le  concernait  ,  les  dispo- 
sitions nécessaires  pour  que  cette  opération  fût 
exécutée  avec  célérité? 

Réponse  première.  —  Qu'aussitôt  que  l'armement 
des  frégates  a  été  ordonné  ,  ils  se  sont  occupés 
de  la  levée  des  marins  qui  devaient  en  former 
les  équipages  ,  ainsi  que  du  rassemblement  et 
de  la  confection  des  cordages  et  munitions'  de 
toute  espèce,  nécessaires  à  ces  bâtimens,  et 
que  les  comptes  rendus  par  eux  au  ministre, 
prouvent  quils  n'ont  rien  négligé  pour  accé- 
lérer ces  opérations  autant  qu  il  était  possible. 

Demande  seconde.  — A  quelle  époque  ces  bâ- 
timens  étaient  en  état  de  partir  pour  Flessingue, 
et  quel  a  été  le  résultat  de  l'inspection  qui  en 
a  été  faite  ? 

Réponse  seconde.  —  Que  les  frégates  pouvaient 
appareiller  pour  Flessingue  deux  ou  trois  jours 
après  leur  mise  en  rade  ,  et  qu'elles  y  ont  été 
du  5  germinal  au  5  floréal  suivant  ;  que  ,  d'après 
l'itjspection  qui  en  était  faite  journellement  ,  il 
est  constant  qu'elles  étaient  en  état  de  résister  à 
l'ennemi,  puisque  leur  artillerie  était  placée  à 
bord  ,  qu'il  y  avait  des  armes  et  une  partie  de 
la  poudre  et  des  munitions. 

Demande  troisième.  —  Quelles  causes  ont  pu  re- 
tarder leur  départ  ? 

Réponse  troisième.  —  Que  nulles  causes ,  autres 
que  les  vents  ou  la  présence  de  forces  su- 
périeures ,  ne  pouvaient  empêcher  les  frégates 
de  se  rendre  à  Flessingue. 

Demande  quatrième.  —  Si  des  prétendons  élevées 
par  eux  ,  où  le  citoyen  Castagnier  ,  orjt  rel?rdé 
les  opérations  de  l'armement  et  le  départ  des 
frégates  ? 

Réponse  quatrième.  —  Que  l'armement  n'a  été 
entravé  ni  arrêté  par  aucune  prétention  de  service, 
et  que  la  meilleure  intelligence  a  régné  entre 
les  chefs. 

Demande  cinquième.  —  Si  le  citoyen  Castagnier 
a  fait  des  demandes  auxquelles  ils  n'ayenfpas 
satisfait  ? 

Réponse  cinquième.  —  Que  le  citoyen  Castagnier 
n^a  présenté  que  deux  demandes  auxquelles  il 
n'ait  pas  été  satisfait  par  ce  qu'elles  portaient  sur 
des  objets  qui  exigeaient  une  décision  minis- 
térielle. 

Demande  sixienu.  —  S'il  élait  possible  d'aug- 
menter les  moyens  de  défense  du  citqyeij  Cas- 


tagnier ,  en  armant ,  pour  les  réunir  à  sa  divi- 
sion ,  des  petits  bâiiinens  ou  embarcations  du 
port. 

Réponse  sixième.  —  Qu'ils  ont  fait  tout  ce  qui 
dépendait  d'eux  pour  la  sûreté  de  la  rade  et 
de  la  division  du  citoyen  Castagnier  ,  en  armant 
des  batteries  flottantes  et  une  corvette  station- 
naire,  et  en  procurant  à  ces  bâtimens,  les  moyens 
sufiisans  pour  résister  à  l'ennemi  au  moment  où 
il  aurait  pu  se  présenter. 

Demande  septième.  —  Quelles  observations  ont 
été  faites  au  citoyen  Castagnier  sur  l'exécution 
de  l'ordre  qu'il  avaij  reçu  de  conduire  sa  divi- 
sion  à  Flessingue? 

RépSnse  septième.  —  Qu'ils  ont  souvent  fait  des 
observations  au  citoyen  Castagnier,  sur  la  néces- 
sité de  son  départ  ,  d'après  les  ordres  réitérés 
du  ministre. 

Demande  huitième. —  Quelles  dispositions  ont  été 
faites  de  concert  avec  le  citoyen  Castagnier  lors- 
que les  ennemis  pnl  attaqué  sa  division  ,  et  s'il  en 
avait  été  pris  iiltérieuremcnl  pour  la  sûreté  de  ces 
bâtimens  ?.. 

Réponse  huitième  —  Qu'ils  n'ont  été  averds  de 
l'attaque  des  ennemis  que  par  le  bruit  du  canon; 
qu'ils  se  rendirent  sur  le  port  ;  qu'ils  firent  sortir 
plusjieurs  embarcations  pour  remorquer  les  brû- 
lots et  les  conduire  à  la  côte  ;  que  les  troupes 
de  la  marine  furent  rangées  en  bataille  sur  le 
port  pour  s'opposer  au  débarquement  des  enne- 
mis,  mais  qu'il  ne  leur  fut  possible  déconcerter 
aucune  opération  avec  le  citoyen  Castagnier; 
que  ,  sur  une  demande  de  ce  chef  de  division  . 
ils  se  proposaient  le  18  de  faire  sortir  le  lende- 
main deux  canonnières  ;  mais  que  le  citoyen  Cas- 
tagnier ayant  pris  le  soir  même  20  des  hommes 
qui  composaient  les  équipages  de  ces  bâtimens, 
il  était  devenu  impossible  de  les  sortir  du  port  ; 
qu'auparavant  toutes  les  dispositions  convena- 
bles et  possibles  avaient  été  ordonnées  et  exé- 
cutées. 

Drmande  neuvième.  —  Qiielle  était  la  différence 
de  situation  des  frégates  lors  de  l'attaque  ,  et  à 
l'époque  de  leur  départ  pour  Flessingue. 

Réponse  neuvième.  —  Que  l'effectif  des  marins 
cornposant  les  équipages  le  jour  de  l'attaque  , 
étaient  de  1254;  que  le  nombre  des  présens  se 
trouvait  réduit,  par  la  maladie,  à  1146;  que 
l'artillerie  ,  les  munitions  et  les  armes  étaient 
au  complet  et  en  bon  état ,  ainsi  que  les 
les  autres  parties  de  l'armement  ;  que  s'il  man- 
quait quelques  comestibles  ,  on  les  aurait  trouvés 
à  Flessingue  ;  que  lors  du  départ  des  trois  fré- 
gates pour  ce  port  ,  les  marins  désertés  ou  à 
l'hôpital  ont  été  remplacés ,  ainsi  que  les  cables 
et  cordages  coupés  ou  perdus  dans  l'affaire  « 
et  que  les  équipages  réunis  de  ces  trois  bâti- 
mens s'élevaient  à  gao  hommes  ,  ce  qui  forma 
le  complet  ainsi  qu  il  a  été  fixé. 

Les    consuls    ayant  pris  connaissance   de    ce» 
réponses  ,  ont  prescrit   de    lever  les  arrêts    des 
citoyens  David  et  l'Hermite. 
Pour  copie  conforme  , 
Le  ministre  de  U  marine ,  signé  ,  Forfait 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  ly  thermidor.  —  Cours  des  effets  publics. 


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"Théâtre  de  la  Repoblu^ue  et  des  Arts. 
Auj.  la  5=  repr.  de  Praxitelle  ou  la  Cein'.ure ,  opéra 
en  un  acte  ,   suivi  du  ballet  de  la  Dansomanie. 

Théâtre  pu  Vaudeville.  Auj.  Pour  et  Contre  ; 
Dans  quel  siècle  sommes-nous  ?  et  Bagatelle. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Le  29,  la"  3'  repr.  des  Charlatans  littéraires  ,  com. 
nouv.  en  5  actes. 


A  Parii,   de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n»  i3.. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N^  329. 


Uonidi  ,  29  thermidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aucotisés  à  piévenir  nos  sousctlpteuis  qu'à  dacer  du  7   Nivôse  le    M  O  ^M  T  E  U  R  esc  le  seul  journal  officie/. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sut 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  tes  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   EUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  g  août  (  S 1   thermidor  ) . 

On  trouve  dans  le  True-Briton  du  S  août  (  i5 
thermidor  )  ,  l'arlicle  suivant ,  intitulé  :  Evasion 
miraculeuse. 

Le  public  a  entendu  dire  ,  il  y  a  quelque  tems  , 
que  le  vaisseau  armé,  le  Trinquemale  .  avait  saule 
dans  un  combat  qu'il  avait  eu  à  soutenir  contre 
un  corsaire  Irançais  dans  la  mer-rouge.  La  lettre 
suivante  ,  adressée  par  M.  John  Carmlington  , 
(  premier  officier  du  vais:seau  de  la  compagnie 
des  Indes  la  Perle  ,  qui  ,  au  moment  du  combat, 
était  prisonnier  sur  le  corsaire)  ,  à  son  frère,  à 
New-Castle  ,  donne,  dans  le  plus  grand  détail ,  le' 
récit  de  ce  triste  événement. 

■Mascaie  ,    24  octobre  1799. 

Peu  de  tems  après  ma  dernieEe  ,  le  capitaine 
Spence.  commandant  de  la  Verte,  se  rendit  dans 
l'Inde  ,  à  l'effet  d"y  acheter  un  ou  deux  vaisseaux 
pour  le  commerce  du  gofphe.  M.  Joseph  Cam- 
bridge Fowlcr  ,  premier  officier  ,  fut  nomnié 
pour  commander  la  Perle  ,  et  moi  pour  le  rem- 
placer dan,s  sa  qualité  de  premier  officier.  Le  i'"^ 
octobre  ,  nous  sortîmes  de  l'a  tiviere  de  Bas'sora  . 
dans  l'intention  de  nous  rendre  à  Bombay,  et 
nous  continuions  assez  agréablement  notre  route, 
lorsque  le  7  ,  vers  les  g^  heures  du  soir  ,  ayant 
parcouru  environ  les  deux  tiers  du  golphe  , 
nous  vîmes  tout-à-coup  paraître  près  de  nous 
un  bâtiment.  Il  s'était  tenu  caché  sous  une  île 
appelée  la  Grande  Tombe  ,  et  nous  avait  apperçus 
avant  le  coucher  du  soleil ,  quoique  nous  ne 
l'eussions  pas  vu.  Nous  étant  hêlés  mutuellement, 
nous  reconnûmes  avec  chagrin  qu'il  était  français. 
Le  combat  s'engagea  ,  mais  le  feu  de  l'ennemi 
était  si  supérieur  au  notre,  que  les  lascars, 
épouvantés ,  quittèrent  leurs  postes  ,  et  s'enfuirent 
tous  en  bas.  Le  corsaire  était  alors  à  portée  du 
pistolet  ,  et  se  préparait  à  nous  aborder  ,  n'y 
ayant  pas  pour  le  recevoir  un  seul  homme  armé  , 
excepté  moi  et  cinq'  on  six  arabes  qui  n'avaient 
pas  bronché. 

Je  me  vis  donc  dans  la  dure  nécessité  de  me 
rendre  .  après  avoir  jette  à  la  mer  trois  paquets  de 
dépêches  du  gouvernement.  Le  capitaine  Fowler  , 
à  la  seconde  bordée,  avait  reçu  au  travers  du 
corps  un  boulet  de  huit  ;  nous  avions  trois  lascars 
blessés,  dont  un  mourut  peu  de  momens  après; 
■une  balle  dé  mitraille  avait  percé  mes  culottes 
et  laboure  le  derrière  de  ma  cuisse  ,  et  un  éclat 
du  même  coup,  qui  avait  tué  le  capitaine  ,  m'avait 
légéremeiit  blessé  au  bras  gauche.  Le  combat 
ne  dura  pas  plus  d'un  quart-d'heure.  Le  corsaire 
me  prit  à  bord  ;  il  n'avait  personne  de  blessé, 
et  n'avait  reçu  que  quelques  boulets  dans  ses 
voiles.  Ce  bâtiment  se  nommait  l'Iphigénie  ,  capi- 
taine Malloix  ,  de  Ilslede-France  ;  il  était  monté 
de  18  canons,  dont  deux  carronnades  de  48, 
9  pierriers  de  8,  et  10  dé  6  ;  il  avait  170  ou  l8o 
hommes  d'équipage.  Nous  n'avions  que  10  canons 
tous  fort-petits  et  de  divers  calibres;  aucun  n'était 
bon',  excepté  2  pierriers  de  9  ,  et  noire  équipage 
n'était  que  de  5o  hommes,  tous  naturels  du  pays, 
excepté  le  capitaine  et  moi.  Nous  étions  pour 
l'ennemi  une  prise  très-précieuse  ,  ayant  à  bord 
110  sacs  d'argent,  valant  plus  de  trois  lacks  de 
roupies,  40  chevaux  ,  .Sooo  saumons  de  cuivre  , 
«yuire   plu.sieurs  balles,   caisses,   etc. 

Le  trésor  fut  transporté  le  lendemain  à  bord  du 
toriaire.  Les  capleuis  étaient  si  contens  de  leurs 
luccès  qu'ils  se  décidèrent  à  quitter  sur  le  champ 
ttUr  croisière.  Mais  le  lô  au  soir  ,  nous  rencon- 
trâmes le  vaisseau  de'  S.  M.  le  Trinquemale  , 
capitaine  Rowe  ,  monté  de  12  carronnades  de 
24;  mais  mal  fourni  d'hommes.  11  avait  été  équipé 
à  Bombay,  et  croisait  dans  le  golphe  depuis 
neuf  ou  dix  mois.  Les  maladies  avaient  enlevé 
une  partie  de  son  équipage  ,  et  il  n'avait  pas 
trouvé  à  le  remplacer.  Il  n'y  avait  ,  m'a-t-on 
dit  ,  à  bord  que  70  hommes  en  état  de  service. 
Un  commencemehl  d'action  eut  lieu  entre  les 
deox'bâiiihenB,  lorsqu'ils  passèrent  l'un  aupicu 
de  rauli;e.  Le  12  à  trois  heures  après  midi,  ils 
ie  retrouvèrent jïticorc  à  ponce,  et  se  canonnc- 
rênl'  jusqu'après  le  coucher  du  soleil  ,  mais  à  une 
trop  grande  distance  pouV  se  faire  aucun  mal: 
lecalraeou  dtsvenis  trop  faible»  ne  leur  per- 
laettaient  pa»  .  de    t'appcocbur.    Ud   tcbooiier, 


nommé  la  Comète,  monté  de  huit  petits  canons  , 
accompagnait  le  Trinquemale.  Le  corsaire  avait 
bien  envie  de  le  couper;  mais  grâce  au  courage 
et  à  I  habileté  du  capitaine  .  il  n  en  vint  pas  à 
bout ,  et  le  schooner  tint  le  combat  avec  la  Perle, 
avec  laquelle  il  était  au  moins  égal  en  force. 

Le  même  soir  à  six  heures  et  demie  ,  une  jolie 
brise  s  étant  élevée  ,  le  corsaire  porta  sur  sa  prise. 
Le  Trinquemale  le  suivit ,  et  à  dix  heures  enga- 
gea ,  au  clair  de  la  lune  .  un  combat  qui  dura 
pendant  plus  de  deux  heures  avec  une  extrême 
furie  à  portée  du  mousquet.  Les  deux  vaisseaux 
passant  alors  l'un  à  côté  de  l'autre  ,  s'accrochè- 
rent bord  à  bord.  Ils  restèrent  dans  cette  posi- 
tion environ  une  heure  ,  pendant  laquelle  il  se 
fit  des  deux  côtés  un  grand  Carnage.  Les  français 
étant  les  plus  nombreux,  se  préparaient  à  l'abor- 
dage ,  lorsque  par  un  fatal  accident  le  Trinque- 
male sauta.  Tout  ce  qui  était  à  bord  périt ,  excepté 
un  marin  anglais  no  m  méThomas  Dawson  et  un  las- 
car. L'explosion  fut  si  forte  ,  el  les  vaisseaux  étaient 
si  bien  attachés  l'un  à  l'autre  .  que  le  bordage 
de  la  batterie  du  corsaire  fut  emporté. 

Je  vous  laisse  à  juger  de  la  poiit'i'on  terrible 
dans  laquelle  je  me  trouvais  pendant  cette  crise. 
J'étais  dans  les  entreponts  ,  dans  le  quarré  de  la 
grande  calie  ,  lieu  destiné  aux  blessés.  Ils  y  arri- 
vaient en  foule  ,  ofTrani  un  tableau  qu'il  m'est 
impossible  de  vous  décrire.  Tout  d  un  coup  ,  cet 
espace  se  remplit  de  bois  :  les  lumières  s'éteigni- 
rent ;  1  eau  se  précipitait  en  lovrcns  ,  et  je  ne 
voyais  aucun  passage  pour  reg.igncr  le  pont.  Le 
vaisseau  semblait  être  brisé.  Les  membranes  avaient 
fléchi  si  fortement  ,  que  dans  un  endroit  oti  l'ins- 
tant d'auparavant  il  était  facile  de  se  tenir  presque 
debout,  on  ne  pouvait  plus  que  ramper  en  se 
traînant  sur  les  mains  et  les  genoux  ,  ce  que  je 
fis  pour  m'approcher  de  l'ouverture  par  oii  l'eau 
entrait.  Auprès  de  celle-ci  j'appcrçus  ,  à  l'aide  du 
clair  de  lune,  une  trace  qui  venait  de  se  faire 
enfe  les  deux  ponts  ,  probableiuent  par  la  chute 
de  quelque  canon  diJ  Trinquemale.  j'en  profitai 
pour  me  rendre  ,  non  sans  peine  ,  sur  le  pont. 
A  l'instant  ou  j'y  arrivais  ,  je  vis  le  vaisseau  qui 
s  enfonçait  de  l'avant.  Passant  alors  ,  aussi  vite 
que  je  le  pus,  par-dessus  tous  les  Corps  morts 
dont  le  pont  était  couvert,  je  parvins  à  la  lissé 
,  du  couronnement  ,  d  oià  je  sautai  dans  la  mer. 

Je  nageai  pendant  quelques  morhens  ,  dé  ma- 
nière à  m'éloigner  du  bâiiment  ,  craignant  d'être 
englouti  par  l'eau  au  ilooment  oià  il  s'e'nl'oncerait  ; 
mais  ,  quarid  je  jetai  les  yeux  du'  côté  où  je  le 
supposais,  je  ne  le  vis  plus.  Je  m'emparai  d  une 
pièce  de  bois  à  laquelle  je  m  attachai  fortement; 
je  me  soutins  avec  ce  secours  pendant  environ 
une  heure  et  demie  ,  au  bout  de  laquelle  les 
canots  de  la  Perle  vinrent  pour  nous  retirer  de 
leau.  Il  y  avait  ,  à-peu-piès  ,  une  trentaine  de 
français  dans  le  même  étal  que  moi.  Tous  furent 
sauvés.  L  officier  français  qui  commandait  la  Perle 
entendant  dire  qu  il  y  avait  quelques  anglais  à 
l'eau  ,  donna  sur  le  champ  l'ordre  aux  catiots  de 
retourner  à  notre  recherche,  et  Ion  nous  prit  à 
bord  ,  moi  et  Thomas  Dawson  ,  seul  échappé 
jusqu'alors  au  naufrage  du  Trinquemale. 

Il  y  eut  à  bord  de  l'Iphigénie  ti5  ou  120 
hommes  tués  ou  noyés  ,  dont  le  capitaine  ,  7  offi- 
ciers, le  chirurgien  ,  2  jeunes  volontaires  de 
risie  -  de  -  France ,  le  maître  d'é(iuipage  ,  le 
premier  contre-maître  ,  le  canonnicr  tt  le  char- 
pentier. Tout  le  trésor  périt  avec  le  corsaire.  Le 
capitaine  Rowe,  commandant  du  Trinquemale, 
;avait  été  tué  avant  que  son  bâtiment  sautât ,  ainsi 
que  le  premier  lieutenant  qui  s'appelait  'Williams. 
La  Comète,  aussitôt  que  l'accidcnr  fut  arrivé, 
s'éloigna  de  la  Perle.  Je  suppose  qu'elle  craignit 
d'avoir  à  combattre  un  trop  grand  nombre  de 
français. 

Le  i5,  nous  arrivâmes  ici  pour  y  faire  de 
l'eau  ,  etc.  ;  l'officier  français  eut  la  bonté  de  me 
donner  ma  liberté.  On  me  mit  à  terre  le  24,  jour 
où  la  Perle  fit  voile.  Les  français  ont  vendu  Ici 
leurs  chevaux  ,  et  je  les  ai  rachetés  pour  M.  Ma- 
nesty  ,  résident  de  la  compagnie  à  Bassoia.  J'cs- 
pere  les  faire  embarquer  d  ici  à  deux  ou  trois 
jours,  à  bord  d'un  vaisseau  desiitié  poui  Bombay, 
sur  lequel  j'ai  arrêté  aussi  mon  passage. 

( Extrait  du   True-Briton.) 

Lr  docteur  Garncil,  dans  sa  lecture  sur  la  com- 
position et  la  décomposition  de  leau  ,  a  lait 
connaître  une  expérience  inléressfinte  ,  qui  peut 
conduii'e  à  des' ret^hârches  irnporiuiites  et  à   de 


iiouvelles  connaissances  sur  les  phénomènes  de 
l'économie  animale  ,  sur  la  chimie  et  l'électticiié.' 
C  est  la  décomposition  de  l'eau  par  le  procédé 
de  Galvani.'M.  Vôlia  a  envoyé  dernièrement  un 
mémoire  sur  cette  expérience  au  président  de  la 
société  royale.  MM.  NichoUon  et  Carlisie  en  ont 
tait  l'expérience  ,  et  mercredi  le  docteur  Garneit 
en  donna  une  démonstration  ;  on  préj'ara  un 
certain  nombrede  morceaux  de  zinc  de  la  largeur 
d  un  écu  ,  et  une  même  quantité  de  pièces  de 
cartes  coupées  dans  la  même  forme.  Ensuite  on 
posa  sur  une  table  un  morceau  de  zinc  ,  el  dessus 
un  écu  qu'on  couvrit  d'une  pièce  de  carte  im- 
prégnée d  eau.  Sur  cette  cane  on  mil  un  nouveau 
rnorceau  de  zinc  ,  et  S'ur  ce  morceau  un  autre 
écu  ,  puis  une  autre  cane  mouillée  ,  el  ainsi  al- 
ternativement jusqu'au  delà  de  plus  de  40  pièces 
de  chaque  espèce;  alors  une  personne  dont  les 
mains  étaient  bien  mouillées,  toucha  dune  main 
le  centre  d'un  morceau  de  zinc  ,  et  de  l'autre  un 
écu  à  son  extrémité;  elle  éprouva  une  forte  se- 
cousse qui  eut  lieu  autant  de  fois  que  le  contact 
fut  renouvelé.  Lorsqu'on  réitérait  fattouchement 
avec  des  pièces  de  métal  qu'on  tenait  en  main  , 
l'effiîl  était  le  même,  ou  plutôt  plus  coosidéra- 
blc  ;  mais  quand  on  employait  de  la  cire  à  ca- 
cheter, du  verre  ,  ou  tout  autre  objet  qui  ne  peut 
servir  de  conducteui  ,  on  u  éprouvait  aucune  se- 
cousse. 

Urt  tube  dé  verre  ayant  été  rempli  d'eau  et 
bt^uché  aux  deux  extrémités  ,  on  passa  un  hl  de 
laiton  à  tiravers  chaiicie  bouchon  ,  de  façon  que 
de  chaque  côté  il  était  enfoncé  dans  l'eau  ,  à  trois 
pouces  dé  distance  l'un  de  l'autre.  On  fit  com- 
muniquer les  bouts  du  fil  de  laiton;  l'un  avec 
le  centre  d'un  morceau  de  zinc  ,  et  l'autre  avec 
une  demi-couronne  ;  des  bulbes  de  gaz  hydro- 
gène s'élevèrent  sur-le-champ  de  l'un  des  points 
du  hl  de  laiton  qui  était  dans  l'eau,  et  formèrent 
un  bouillonnement  continuel  qui  touchait  le 
somtiiet  du  tube  ,  tandis  cjue  l'autre  point  du  fil 
de  laiion  étaii  vivement  oxidé  ,  et  i'oxide  se  pré- 
cipitait rapidement  au  fond  du  tube. 

(Extrait  dû  Courier  de  Londres  du  8  août  ,  20 
thermidor.  ) 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg,  le  9^  thermidor. 

M,  d'Albim  est  parti  d'AschafFenbourg  pour 
Vienne.  —  Le  général  suédois  Armfeld  est  à 
Catisbad. 

Le  9  de  ce  mois  ,  l'ambassadeur  espagnol 
Huerta  ,  de  liné  pour  la  Suéde  ,  est  arrive  à 
Augsbourg.  Le  prince  Antoine  de  Saxe  et  son 
épouse  sont  partis  ,  le  12  ,  de  Prague  pour 
Dresde. 

L'évêque  catholique  de  Watterford,  en  Irlande, 
est  à  -Berlin.  Aranjo  ,  jadis  ambassadeur  de  Por- 
tugal en  France,  part  pour  la  Silésie  où  les  en^ 
voyés  espagnols  et  portugais  doivent  le  rejoindre 
pour  aller  à  Berlin.  L'ambassadeur  palatin  à  Ra- 
tisbonne,  Rechberg  ,  est  nommé  à  l'ambassade 
de   Berlin  et  de  Dresde. 

On  mande  de  Vienne,  en  date  du  12  ,  que 
trois  jours  auparavant,  Piti  avait  fait  savoir  à  la 
cour  qu'il  voulait  prendre  part  au  traité  de  paix  , 
et  que  les  envoyés  de  Madrid  à  Constantinople 
ont  eu  des  conférences  avec  Thu'fut. 

Le  21  messidor  ,  Paul  I"  a  fait  manœuvrer  les 
galères  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérù'jalem  ;  il 
cominandaiten  personne,  el  cc>mme  grand-maître 
de  l'ordre,  il  s'est  fait  saluer  par  les  vaisseaux 
de  ligne  russes,  ensuite  il  a  nommé  des  chevaliers. 

Le  roi  de  Suéde  est  revenu  de  la  Poméranie  à 
Istadt  en  Scanie.  Il  doit  partir  de  cette  ville  pour 
se  rendre  à  Trollhalia  ,  et  assister  à  l'ouverture 
des  nouvelles  écluses. 

Dans   le  pays  de  Neuvied  ,  une  bande  de  vo- 
leurs ,  lotte  de  400  hommes  ,  donne  de  grandes 
inquiétudes.  Leur  chef,  connu  squs    le  nom    de 
Schender  Hauns  ,  est  un  second  Charles  Moor. 
[  Kronik  der  Franàen.  J 
Nantes  ,   le  ■21    thermidor. 

Le  lougre  améncaui  le  Neptune  ,  capitaine  Henri 
Smith  ,  parti  de  Nantes  avec  un  ch.irgemeni  de 
sel  pour  Hambourg  ,  a  été  rencontré  ,  trois  jours 
après  sa  sortie,  par  un  corsaire  anglais  qui  la 
capturé  ,  a  pris  son  équipage  ,  et  l'a  laissé  ,  lui  cl 
son   coq,     avec    uu   capitaine    de  prise   et   qUi^ 


i326 


anglais  auxquels  il  a  donné  l'ordre  de  faire  route 
j>our  Guernesey. 

Le  lendemain  ,  le  capitaine  Smilh  et  son  coq 
ontliouvé  moyen  de  se  rendre  maîtres  des  anglais, 
et  ont  repris  le  Neptune. 

Six  heures  après  ,  un  corsaire  de  Jersey  leur  a 
donné  chasse  ,  ei  s'en  est  encore  emparé.  11  a  relire 
le  coq  ,  a  mis  a  bord  un  nouveau  capitaine  de 
prise  et  un  hommme  qui  .  joint  aux  cinq  anglais 
qui  s'y  trouvaient  déjà  .  ont  formé  un  équipage 
de  deux  officiers  et  six  hommes.  Le  capitaine 
Smith  s'est  ainsi  trouvé  seul  sous  celte  lorie 
garde.  Trois  jours  après  ,  ce  brave  marin  s'est 
servi  d'un  stratagème  qui  lui  a  réussi  :  il  est  par- 
venu à  se  mettre  ,  la  nuit ,  sous  le  canon  des  forts 
de  lîle  de  Balz  et  sous  la  protection  du  station- 
naire.  Il  s'est  rendu  maître  une  seconde  fois  du 
navire  ,  et  l'a  introduit  heureusement  à  Morlaix. 
[Extrait  de  la  Feuille  nantaise.) 

Vu  S4  thermidor.  —  Le  ii  du  présent  mois  de 
thermidor  ,  les  citoyens  Letourneur  ,  préfet  du 
département  ae  la  Loire-Inférieure  ,  et  Montaut- 
Desiles,  préfetdu  département  de  Maine-et-Loire, 
ont  visité  à  Montrelais  divers  atteliers  des  mines 
de  charbon  de  terre  ,  dont  deux  puits  fournis- 
•ent  xin  minéral  qui,  par  ses  qualités  ,  égale  celui 
de  New-Casile.  Ils  ont  sur-tout  fixé  leur  attention 
sur  la  manière  dont  on  y  utilise  les  vieillards  et 
les  enfans  ;  et  après  différentes  manœuvres  exécu- 
tées en  leur  présence,  ces  magistrats  ont  témoigné 
leur  satisfaction  sur  l'utilité  et  la  bonne  admi- 
nistration d'un  établissement  aussi  important  , 
qui  s'est  maintenu  malgré  les  malheureux  évé- 
nemens  auxquels  il  a  été  long-teras  en  proie. 
(Extrait  du  Publicateur  de  Nantes,  j 

—  Un  incendie  a  dévoré,  hier,  trois  mai- 
sons à  Toulouse  ,  quartier  de  Pouzonville  , 
près  le  rempart;  le  feu  a  commencé  à  g  heures 
et  a  duré  jusqu'à  midi.  Personne  n'a  péri;  mais 
trois  maisons  sont  détruites  et  deux  autres  seule- 
ment endommagées  ,  par  les  mesures  prises  pour 
couper  les  communications.  Voici  la  cause  de 
ce  luneste  événement.  Une  femme  après  avoir 
t'ait  cuire  des  poires  [était  sortie  :  elle  avait  oublié 
d'éteindre  eniiérement  son  feu  ;  son  enfant  pro- 
fitant de  son  absence  alluma  de  la  paille  pour 
faire  cuire  d'autres  poires  dont  il  s'était  empaié. 
Le  feu  se  communiqua  bientôt  à  quelques  neibcs 
que  sa  mère  avait  glanées  ;  l'enfant  efTrayè  s'enluit 
sans  crier  au  feu  ,  sans  rien  dire  de  sa  funeste 
étourtierie.  Il  n'y  avait  plus  d'espoir  quand  on 
s'apperçut  des  jiremiers  progrès  de  lincrndie. 
Les  citoyens.,  les  militaires  d'une  caserne  voisine 
s'y  portèrent  en  foule;  les  pompes  ,  Its  paniers 
arrivèrent  bleniôt  avec  le  maire  et  des  inspec- 
teurs de  police.  L'éloignement  de  la  rivière  et 
des  fontaines  ralentissait  le  secours  ,  ont  eut  re- 
cours à  tous  les  puits  voisins  ;  on  parvint  à 
sauver  un  enfant  au  berceau  ,  beauroup  de  meu- 
bles et  d'effets.  Les  maisons  incendiées  et  celles 
qui  étaient  contigues  ,  étaient  vieilles  et  bâties 
en  bois,  comme  presque  toutes  celles  de  ce 
quartier;  on  ne  peut  calculer  les  effets  désastreux 
de  l'incendie  s'il  fût  atrivé  la  nuit. 

On  cite  les  noms  d'une  vingtaine  de  citoyens 
qui  se  sont  distingués  par  leur  intrépide  dé- 
vouement. Le  maire  a  fait  recueillir  leur  noms. 
Le  préfet  s'est  aussi  transporté  à  la  commune , 
et  de-là  au  lieu  de  l'incendie.  Le  feu  avait  cessé 
ses  ravages  ;  il  n'en  restait  que  l'effrayant  et  dou- 
loureux tableau.  Ce  terrible  fléau  n'a  frappé  que 
des  familles  laborieuses  ,  sans  autres  moyens  que 
le  produit  de  leur  travail  journalier.  Oi»  espère 
pouvoir  annoncer  qui  leur  a  été  distribué  des 
secours  provisoires.  On  a  vu,  avec  plaisir ,  les 
voisitis  s'empresser  de  recueillir  ces  infortunés, 
les  aider  à  retrouver  leur  linge  et  les  débris  de 
leurs  meubles.  Des  factionnaires  ,  placés  aux 
issues  ,  éloignaient  les  curieux  des  amas  de  linge, 
d'ustensiles  ,  etc,  ,  sauvés  de  la  fureur  des 
flammes. 

(Extrait  du  journal  de  Toulouse  :  l'Observateur 
Républicain  ou  l' Anti-Royaliste  ,  du  «3  thermidor.) 


de   curateur  à  l'accusé.   Le  citoyen  iMaugeret , 
homme  de  loi ,  est  son  défenseur. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du.  26  thermidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  marine  et  des  colonies,  le 
conseil-d'état  entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I^''.  La  dépense  du  bureau  des  colonies 
établi  à  Paris  ,  ne  pourra  excéder  la  somme 
de  6o,goo  francs  par  an. 

II.  La  ;éduction  des  dépenses  de  ce  bureau  aura 
son  effet,  à  dater  du  1"  vendémiaire  an  9. 

m.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies 
est  chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté,  qui 
sera  imprimé  au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,   signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire- d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 
Arrêté  du  27    thermidor. 

Les  consuls  de  la  république  ,  en  conséquence 
de  la  décision  du  conseil-d'état  ,  prise  confor- 
mément à  l'article  LXX'V  de  la  constitution, 
arrêtent  ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Prat,  ex-agent  forestier  national  de 
la  ci-devant  maîtrise  de  Moulins  ,  prévenu  de 
malversations  graves  dans  l'exercice  de  ses  fonc- 
tions ,  sera  poursuivi  devant  les  tribunaux  or- 
dinaires. 

Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de  l'exécu- 
tion du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signe'',  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  arrêtent  ce  qui 
suit  : 

Art.  I".  Il  y  aura  un  commissaire  général  de 
police  ,  dans  chacun  des  ports  de  Brest,  Toulon, 
Rochefort  et  l'Orient. 

II.  Le  ministre  de  la  police  générale  est  chargé 
de  1  exécution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul.  Signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état ,  signé .  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du   même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances,  relatif  aux  arrentemens 
faits  par  le  ci-devant  district  de  Versailles  et  au- 
tres du  département  de  Seine  et  Oise  ,  de  terres 
provenant  ,  soit  de  la  liste'civile  ,  soit  des  émi- 
grés ,  en  faveur  de  chefs  de  famille  indigente 
des  communes  de  Vaucresson  ,  Vélizi  ,  Louve- 
ciennes  ,  Montigny-le-Brelonneux  et  autres  ; 

Vu  les  lois  des  3  et  10  juin  ,  i3  septembre  lygS 
et  les  arrêtés  des  représentans  du  peuple  envoyés 
en  mission  ,  confirmaiifs  de  quelques-uns  des  ar- 
rentemens dont  il  s'agit; 

Considérant  qu'il  importe  au  crédit  et  à  l'ordre 
public  de  maintenir  les  aliénations  de  domaines 
nationaux  et  d'en  protéger  les  acquéreurs  ,  le 
conseil-d'état  entendu  ,   arrêtent  : 

Art.  I^'.  Les  arrentemens  dont  il  s'agit  sont 
confirmés,  et  recevront  leur  pleine  et  entière 
exécudon. 

II.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de  l'exé 
cution  du   présent  arrêté. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul, 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 


conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyen  Jean  Lapeyre  ,  fusiller,  27*  deaai-bri- 
gade  de  ligne  ,  à  1  affaire  du  26  prairial  an  8  , 
en  avant  du  pont  de  Brandebourg  ,  où  ,  étant 
détaché  en  tirailleur  ,  et  se  voyant  entouré  par 
12  à  i5  soldats  ennemis  ,  qui  le  sommèrent  de 
se  rendre  ,  il  répondit  qu'il  ne  se  rendrait  pas  ; 
appela  à  lui  ses  camarades  ,  et  fit  six  prisonniers , 
parmi  lesquels  se  trouvait  un  capitaine  du  régi- 
ment d ,  commandant  les  tirailleurs  en- 
nemis, 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
un    fusil    d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite  ré- 
compense  par  l'arrêté   du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris,  le  S7  thermidor  an  8  de  la  ré- 
publique  fançaise. 

Le  premier  consul  ,  signé,   Bonaparte. 
Par   le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  sigrié ,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé  ,  Carnot. 


Au    NOM     DU    PEUPLE     FRANÇAIS., 

Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  républitjue, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyen  Jean  Lefort  ,  fusilier  à  la  46'  demi- 
brigade  de  ligne  ,  à  l'affaire  qui  eut  lieu  le  3o 
prairial  an  8  ,  ai;  passage  du  Danube  ,  oià  ce 
brave  et  intrépide  militaire  enleva  lui  seul  un 
drapeau  au  milieu  des  rangs  ennemis  ;  lui  dé- 
cerne ,  à  titre  de  récompense  nationale  un  fusil 
d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  27  thermidor  ,  an  8  de  la 
république   française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé ,  H.  B.  Maret. 

Le  ministre  de  la  guerre ,  signé ,  Carnot. 


Paris  ,  /«2  8  thermidor. 

Les  nouvelles  de  Gênes  donnent  comme  plus 
considérable  que  par  le  passé  ,  le  nombre  des 
personnes  mortes  dans  la  première  décade  de 
thermidor  ,  mais  en  remarquant  qu'il  n'y  a  pas  de 
nouveaux  malades:  l'on  espère  que  l'épidémie  est 
sur  le  point  de  cesser. 

—  La  littérature  allemande  vient  de  perdrejean- 
Georges  Burck,  professeur,  dont  les  ouvrages  re- 
marquables par  un  but  d'utilité  constant  ,  lui 
avaient  assigné  un  rang  distingué.  Il  est  mort  à 
Hambourg,  lei7  thermidor,  dans  la  73*  années  de 
S3n  âge. 

—  Un  sourd-muet  de  naissance  est  en  ce  mo- 
ment traduit  devant  le  second  conseil  de  guerre 
de  la  17'  division  militaire.  Il  doit  être  jugé  le  2 
du  mois  prochain.  Il  est  prévenu  de  vol  avec 
effraction  extérieure  et  attroupement.  Le  citoyea 
Sicard  ^  instituteur  des  sourds-muets  ,  doit  servir 


Au    NOM     DU    peuple    FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Bruyer  ,  chasseur  , 
10*  légère. 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyea  Bruyer  ,  chasseur,  10'  d'infanterie 
légère  ,  â  l'affaire  qui  eut  lieu  le  22  messidor  , 
an  8  ,  à  la  prise  de  Fuessen  ,  oià  ce  brave  mih- 
taire  s'est  précipité  le  premier  sur  une  pièce  qui 
a  été  enlevée   à  l'ennemi  , 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
un  fusil  d  honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives   attachées  à  ladite  ré- 
compense par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  ,  le  27  thermidor  ,  an  8  de  la  ré- 
publique française. 

Le  premier  consul ,  signé ,  |Bonafarte. 
Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'étal  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé ,  Carnot. 


Au     NOM     DU     peuple     FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur  pour   le    citoyen   Jean   Lape}re  , 
fusilier,  iT^  demi-brigade  de  ligne. 

Bonaparte  ,   premier  consul  de  la  république  , 
d'après    le   compte    qui  lui  a  été  rendu   de  la 


au   nom    du    peuple    français. 
Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  de  la  bravoure  éclatante  du 
du  citoyen  Luneau  (  Pierre  )  ,  tambour  des  gre- 
nadiers du  2'  bataillon  de  la  89'  de  ligne  ,  1"  à 
l'affaire  qui  eut  lieu  le  i3  floréal  an  8  ,  où  ce 
militaire  se  laissa  culbuter  par  la  cavalerie  autri- 
chienne ,  plutôt  que  de  rétrograder,  disant  qu'un 
grenadier  en  face  de  l'ennemi  ne  devait  jamais 
retourner  sur  ses  pas;  2°.  à  l'affaire  du  18  messidor, 
même  année  ,  où  le  citoyen  Luneau  ,  blessé  par 
un  coup  de  -feu ,  refusa  de  se  retirer  et  dit , 
après  avoir  été  blessé  une  seconde  fois ,  et  mi» 
hors  de  combat,  que  son  seul  regret  était  de  voir 
son  capitaine  marcher  au  feu  sans  lui  ;  lui  dé- 
cerne ,  à  titre  de  récompense  nationale,  des  ba- 
guettes d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  s^  thermidor,  an  8  de  la 
république. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé ,  Carnot. 


A.U    nom     du   peuple   Français. 

Brevets  d'honneur  pour  les  citoyens  François  David., 
Philippe  Lionnet  ,  et  Jacques  Dunain. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  de» 
citoyens  François  David  ,  Philippe  Lionnet ,  et 
Jacques  Dunain  ,  carabiniers  au  l"^  régiment,  qui 
à  l'affaire  du  3o  prairial  en  8  ,  au  passage  du  Da- 
nube ,  rapportèrent  chacun  un  drapeau  du  champ 
de  bataille; 

Leur  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
un  mousqueton  d  honneur. 

Ils  jouiront  des  prérogatives  attachées  à  ladita 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris ,  le  27  thermidor,  an  8  de  la  ré- 
république française 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'étal,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  ta  guerre  ,  signé  ,   Carnot. 


MINISTERE    DES    FINANCES. 

Lettre  du  ministre  des  finances,  au  eitoyen  Davalet, 
receveur-  général  da  département  de  la  Seine.  ^- 
1«  27  thermidor  an  8, 

Je   reçois,    citoyen,   avec    votre   réponse    du 
s3   thermidor,  à  ma  lettre  du  même  jour,  Iqs 


i327 


soumissions  que  vous  tne  renvoyez,  acceptées  par 
vous  ,  pour  le  versement  au  trésor  public  des 
contributions  directes  de  l'année  prochaine.  Je 
Tendrai  compte  aux  consuls  de  la  république  de 
cette  nouvelle  preuve  de  votre  zèle  empressé. 
L'exactitude  scrupuleuse  avec  laquelle  vous  avez 
rempli  jusqu'à  présent  les  engagemens  que  vous 
aviez  contractés  ,  me  garantit  celle  que  vous  met- 
trez à  l'acquit  des  nouvelles  obligations  que  vous 
venez  de  souscrire.  Je  vous  transmets  avec  plaisir 
le  témoignage  de  la  satisfaction  du  gouver- 
nement. 
Je  vous   salue  ,  Gaudin. 


MINISTERE    DE   LA   GUERRE. 

JVoM  indicative  des  départemens  qui  ont  exécuté  avec 
7.ele  la  loi  du  4  vendémiaire  an  S',  qui  ordonne  une 
levée  extraordinaire  de  40,000  chevaux  pour  le  ser- 
vice des  armées. 

Noms    d  e_s    départemens. 


^01    ONT  FOURNI    )  ({^UI  ONT  TERMINE 
AU-DELA     DE 
lED»    CONTINGENT. 


Mozelle. 

Haute-Vienne. 

Tarn. 


Bas-Rhin. 

Hautes-Pyrén. 

Bouches-du- 

Rhône. 
Arriége. 
Eure-et-Loir. 


(fVl    SONT 

SUR    LE    POINT 

DE   t-^  TERMINER, 


Gironde. 

Vienne. 

Hautes-Alpes. 

Gard. 

Charenle-Infé. 

Cantal. 


Relevé  du   nombre    des  chevaux  fournis    depuis  le 
16  thermidor ,  jusqu'au  56  suivant. 

Le   nombre   des   chevaux   levés   à 
l'époque  du   16  thermidor,  est  de..        41,123 
Ceux  levés  depuis ,  sélevent  à. . . .  981 


Total  au  26  themidor.. . .       42.104 
Le  secrétaire-général ,  signé  A.  Collignon. 

MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Paris  ,  ce  27  thermidor. 

Le  ministre  de  l'intérieur  réitère  aux  artistes 
l'invitation  de  lui  adresser  sans  délai  leurs  projets 
pour  l'érection  de  la  colonne  nationale  ;  déjà 
il  en  a  reçu  plusieurs  ;  il  lui  en  parvient  jour- 
nellement pour  les  colonnes  départementales  ; 
il  se  propose  de  les  exposer  ,  afin  que  l'opinion 
se  prononce ,  et  que  les  artistes  distingués  re- 
cueillent la  plus  noble  récompense  de  leurs 
travaux,  l'estime   de  leurs   concurrens. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Paris  ,  le  26  thermidor,  an  8  de  la  république 
française  ,  une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  rappelle  à  ses  concitoyens, 
les  ordonnances  de  police  qui  enjoignent  à  tous 
propriétaires  de  maisons  ovi  il  y  a  des  puits ,  1°  de 
les  entretenir  de  cordes ,  poulies  et  sceaux  ;  2°.  de 
les  maintenir  en  bon  état  ,  en  sorte  quil  y  ait  au 
moins  5o  centimètres  d'eau  ;  3°.  de  les  faire  né- 
toyer  ,  curer  et  même  creuser  ,  si  cette  quantité 
d'eau  vient  à  manquer. 

Il  est  de  l'inlérêt  de  tous  les  propriétaires  de 
prendre  ces  mesures  ,  afin  d'avoir  de  prompts 
secours  en  cas  d'incendie  ,  et  procurer  à  ceux 
qui  occupent  leurs  maisons ,  les  moyens  d'arroser 
le  devant  de  leurs  habitations. 

Le  préfet  de  police,  Dubois. 

Sur  la  sécheresse  de  l'été  de  [an  8. 

On  remarque  quelquefois  dans  nos  climats  que 
l'état  de  latsmosphere  pendant  une  durée  assez 
considérable  reste  ayec  une  sorte  dopiniâtreté 
à  peu-près  le  même  ,  c'est-à-dire  sans  variation 
notable. 

Cet  état  de  l'atmosphère  auquel  on  pourrait 
donner  le  no.Ti  d'état  stationnaire  ,  dure  ordinai- 
rement environ  cinquante  jours  ,  un  peu  plus  ou 
un  peu  moins  ;  mais  il  paraît  ne  pouvoir  gueres 
se  prolonger  au-delà  de  deux  mois  ,  parce  que 
celte  durée  est  plus  que  suffisante  pour  changer 
l'aspect  du  soleil  d  une  manière  importante  pour 
l'atmosphère  ,  ce  qui  modifie  les  circonstances 
ou   les  autres  causes  influentes. 

Pendant  que  l'atmosphère  est  stationnaire  dans 
un  climat  ,  tous  les  points  lunaires  ,  même  les 
plus  influens  .  y  sont  sans  puissance  ,  et  l'eSét 
opposé  de  certaines  déclinaisons  de  la  lune  ,  y 
Semble  alori  anéanti. 

Cet  état  de  choses  constitue  ,  pour  la  saison 
qui  se  trouve  dans  ce  c^s  ,  un  caractère  particu- 
lier et  extraordinaire.  Très-souvent  il  influe  sur 
l'année  même  où  il  se  rencontre  ,  c'est-à-dire 
qu'il  influe  sur  les  productions  utiles  de  la  terre 
et  sur  tout  ce  qui  concerne  l'économie  animale.  Il 
en  résulte   quelquelois    des   années  ou  d'abon- 


dance ou  d'une  sorte  de  slérililé  ;  des  années  de 
bonncou  de  mauvaise  récolte;  des  années  où 
les  fruits  de  la  terre  ont  de  bonnes  ou  de  mau- 
vaises qualités  ;  enfin  des  années  ou  des  saisons 
pendant  lesquelles  des  épidémies  destructives 
causent  de  grands  dommages  en  divers  endroits. 

L'été  de  l'an  8  offre  un  exemple  de  celle  cons- 
tance opiniâtre  de  l'asmosphere  à  rester  dans  le 
même  état  ,  ou  à  peu-près  ,  pendant  une  durée 
de  52  jours.  Cet  été  fut  chaud  ,  quoique  la  cha- 
leur n'ait  pas  éié  extrême  ,  puisque  le  thermo- 
mètre ne  s'est  élevé  iju'à  25  etj-;  mais  il  a  éié 
sur-tout  remarquable  par  une  sécheresse  soute- 
nue qui  produisit  une  grande  aridité  ,  et  fit 
périr   beaucoup    de  vegélaujc. 

Pendant  près  de  deux  njois  les  vents  ont  do- 
miné dans  les  régions  du  nord-ouest  ,  du  nord  , 
et  sur-tout  du  nord-est  ,  et  ont  occasionné  un 
ciel  clair,  un  grand  dessèchement  de  l'air,  et 
à  [3  surface  de  la  terre  une  évaporation  consi- 
dérable. La  plupart  des  mares  se  sont  tjries  , 
beaucoup  de  puits  manquent  d'eau  ,  et  la  Seine 
est  considérablement  diminuée. 

En  remontant  au  plus  loin  ,  on  peut  dire  que 
dès  le  26  prairial  (  le  i5  juin  v.  st.  )  le  caractère 
de  cet  état  de  choses  commença  à  se  faire  ap- 
percevoir,  car  la  constitution  boréale  qui  com- 
mença ce  même  jour  ,  ne  fut  point  d'accord 
avec  le  principe  de  la  déclinaison  de  la  lune  , 
les  vents  pendant  sa  durée  ayant  soufflé  princi- 
palement des  points  du  nord-ouest  et  du  nord. 

Néanmoins  on  ne  peut  fixer  avec  raison  le 
commencement  de  la  sécheresse  de  l'été  de  l'an  8 
qu'au  4  messidor  ,  le  2  et  3  du  même  mois 
ayant  été  des  jours  pluvieux,  par  suite  de  la 
co'incidence  de  la  nouvelle  lune  avec  le  lunistice 
boréal  ai'rivé  le  lendemain  du  solstice. 

Depuis  cette  époque  (  le  4  messidor)  ,  la  séche- 
resse ^  fut  graduellement  caractérisée  ,  et  ne  fit 
que  s'accroître  ,  à  quelques  interruptions  près  , 
qui  furent  locales  et  causées  par  quelques  orages. 
Aussi  les  constitutions  australes  furent-elles  con- 
cordantes avec  le  principe  de  ces  déclinaisons, 
et  les  constitutions  boréales  très-discordantes. 

Tant  que  la  cause  de  cet  état  stationnaire  de 
l'atmosphère  a  conservé  son  énergie  ,  les  points 
lunaires,  même  les  plus  influens  ,  n'ont  eu  sur 
cet  état  aucune  puissance.  Mais  à  mesure  que 
celte  cause  s'est  affaiblie ,  c'est-à-dire  à  mesure 
que  la  réunion  de  circonstances  qui  l'occasionne 
s'est  altérée  ,  les  points  lunaires  ont  commencé  à 
se  faire  ressentir. 

En  effet,  la  nouvelle  lune  du  s  thermidor  n'a 
produit  qu'une  légère  perturbation  dans  l'état  du 
ciel.  Le  tems  fut  couvert  dans  l'après-midi  ,  et  il 
lut  encore  nuageux  le  lendemain.  Néanmoins 
l'état  stationnaire  de  l'atmosphère  n'en  fut  point 
dérangé. 

La  pleine  lune  du  16  thermidor  opéra  ,  pendant 
les  trois  jours  qui  suivirent  ,  une  perturbation 
plus  marquée.  Le  ciel  devint  nuageux,  et  la 
plupart  des  nuages,  tantôt  en  balayure  ,  et 
tantôt  pommelés,  fesaient  croire  que  le  tems  allait 
changer. 

Enfin,  l'apogée  de  la  lune,  qui  arriva  le  25  , 
lendeiuain  de  la  seconde  quadrature  ,  produisit, 
malgré  la  faiblesse  de  son  influence,  encore  un 
effet  plus  marqué.  On  vit  ce  jour  la  région  supé- 
rieure des  nuages  promener  avec  une  lenteur 
extrême,  dans  une  direction  du  sud  au  nord, 
des  nuages  fort  élevés  et  pommelés  ,  pendant 
que  le  vent  inférieur  se  conservait  encore  au 
nord-est.  Chacun  sentit  cette  fois  que  le  tems 
allait  changer'.  Ce  vent  de  sud  supérieur  existe 
eiicore  aujourd'hui  ,  et  me  paraît  excité  par  la 
déclinaison  boréale  de  la  lune  qui  approche  de 
son  lunistice.  Néanmoins  ,  je  suis  porté  à  croire 
qu'on  n'aura  de  changement  bien  complet  dans 
l'éiat  de  l'atmosphère  que  vers  les  premiers  jours 
de  Iructidor  ,  à  cause  de  la  nouvelle  lune  ,  qui 
est  un  point  lunaire  très-influent,  à  moins  qu'il 
ne  fasse  quelqu'orage. 

Ce   26  thermidor  ,  an  8.  Lamarck. 


Au  Rédacteur. 


Citoyen  ,  je  lis  dans  votre  feuille  du  17  et 
dans  celle  du  Publiciste  du  ig  thermidor  ,  qu'on 
a  soumis  au  parlement  d'Angleterre,  un  projet 
de  bill  pour  ériger  en  corporation  une  compa- 
gnie qui  se  propose  de  se  charger  de  la  vente  et 
de  la  fabrication  de  la  farine  et  du  pain  à  Lon- 
dres ,  selon  quelques  papiers  anglais  cités  par  le 
Publiciste  dans  les  débats  qui  oni  eu  lieu  à  la 
cliambre  des  pairs  à  ce  sujet.  Le  lord  Liverpool  , 
en  appuyant  le  bill,  a  répandu  de  grandes  lu- 
mières sur  les  principes  mimes  du  commerce  des 
grains. 

Je  ne  connais  l'opinion  du  lord  Liverpool  que 
par  ce  que  j'en  trouve  dans  votre  journal  et  dans 
le  Publiciste.  Mais,  d  après  l'approbation  que  ce 
lord  donne  au  projet  dont  il  s'agit  et  d'après 
l'exposé  qu'on  y  fait  de  sa  doctrine  ,  je  suis  bien 
éloigné  de  croire  qu'il  ait  pu  répandre  aucune 
lumière  sur  le  sujet  ;  et  si  ma  maxime  n'était  pas 
que  les  progrès  des  lumières  et  de  la  prospérité 


chez  une  nation  ,  même  ennemie  ,  sont  Utiles  ek 
souhaitables  pour  toules  les  autres  ,  je  dirais  des 
opinions  qu'annonce  le  lord  Liverpool  s 

Dî  meliora  plis  erroremque  hostibus  illum. 

Je  dirai  d'abor'd  de  son  projet  de  corpotaliOii  , 
que  toute  corporation  de  ce  genre  ne  peut  se 
passer  de  privilèges  ;  mais  est-ce  au  tems  où 
nous  vivons  qu'on  peut  encore  regarder  une 
corporation  privilégiée  pour  vendre  le  pain  et  li 
farine  ,  comme  1  ouvrage  des  lumières  d'un 
homme  d'état?  Esi-ce  aujourd'hui  qu  on  ptut 
méconnaître  encore  cette  grande  vérité ,  (jue 
l'exercice  le  plus  illimiié  des  droits  de  la  pro- 
priété et  de  Id  liberté  est  le  moyen  le  plus;  sûr  de 
porier  1^  production  dés  subsisiances  sur  le  sol, 
au  plus  hjiit  degré  où  elle  puisse  s'élever,  et  de 
suppléer  à  ce  qui  y  man(|ue  ,  le  plus  abCmdam- 
mentqu'ilcstpossible,étani  don  né  que  les  capitaux 
de  culture  et  de  commerce  actuels,  et  générale- 
ment que  la  propriété  et  la  liberté  ,  sont  les  seuls 
agcns  auxcjuels  on  puisse  confier  l'approvision-" 
nement  d'un  grand  pays-. 

je  passe  aux  aulrejs  idées  politiques  du  lord 
Liverpool.  n  Selon  lui  ,  c'est  un  grand  nialheuc 
pourla  Grande-Bieiagne  qu'ellesoii  obligés  d  im- 
porter chez  elle  du  bled  étranger  (  700  mille 
quarters  ,  environ  1400  mille  septiers  de.  Paris  )  ; 
parce  que  le  prix  de  cette  denrée  en  est  ren- 
chéri en  lems  de  disette  ,  et  la  misère  du  pauvre 
aggravée.  îj 

On  ne  comprend  pas  comment  l'importation 
du  bled  étranger  ,  ou  même  la  nécessité  de  cène 
importation  renchérit  la  denrée,  l'effet  de  l'im- 
portation tfiective  étant  au  contraire  d'empêcher 
le  renchérissement  ,  et  le  bled  importé  du  de- 
hors en  Angleterre  étant,  généraleiuent  parlant  , 
à  plus  bas  prix  que  le  bled  natif,  le  prix  des 
marchés  de  la  Baltique  ,  de  la  Sicile  ,  de  la  Bat^ 
barie  ,  de  la  France,  etc.  étant  de  beaucoup  in-" 
férieur  à  celui  des  bleds  du  crû  de  la  Grande- 
Bretagne. 

J'observe  en  second  lieu  que  ,  selon  le  lord 
lui-même  ,  celle  grande  importation  ne  peut  être 
attribuée  qu'à  un  accroissement  de  population  et  à 
une  augmentation  d  aisance  dans  le  peuple  ;  d'après 
cette  observation  générale  qu'à  mesure  que  Us  états 
se  policent  et  s'enrichissent  ,  il  s'y  optre  une  aug-' 
mentation  proportionnée  dans  la  consommation  du 
bled  ;  et  je  demande  comment  le  politique  qui  a 
reconnu  cette  vériié  générale ,  peut  s'affliger  et, 
s'effrayer  pour  son  pays,  en  voyant  la  consomma-' 
tion  du  bled  y  augmenter  ainsi. 

Je  remarque  encore  qu'à  supposer  les  1400 
mille  septiers  importés  et  la  consommation  totale 
à  raison  de  2  septiers  par  tête  (  ce  qui  est  forcer 
tout  )  pour  8  millions  d'habitans  ,  poriée  à  16  mil- 
lions de  septiers  ,  ce  ne  serait  gueres  que  le  11"= 
de  la  consommation  nalionale  importée  en  An- 
gleterre ,  et  il  n'y  a  pas  là  encore  de  quoi  s'ef- 
frayer ,  si  l'on  considère  que  la  Hollande  ,  la 
Suisse  et  beaucoup  d'autres  états  politiques  sonç' 
soumis  à  la  nécessité  de  tirer  du  dehors  une  bien 
plus  grande  partie  aliquote  de  la  leur. 

Mais,  selon  lord  Liverpool,  il  faut  que.J»^ 
Grande-Bretagne  paye  pour  ce  bled  imporié  no,'- 
raillions  de  France  ;  perte  de  numéraire  qu'aucua 
pays   ne  pourrait  supporter. 

A  cela  je  réponds  1°  que  le  pays  qui  fournit 
celle  somme  ,  par  cela  même  peut  y  suffire  et  y 
suffit  en  effet  ,  à  l'aide  de  la  prospérité  et  de  l'en- 
richissement que  suppose  cet  accroissement  de  sa 
consommation,  selon  lord  Liverpool  lui-même. 

2°.  Je  demande  ce  que  signifie  pour  un  homme 
éclairé  sur  la  nature  et  les  mouvcmens  du  com- 
merce ,  celle  crainie  devoir  s'écouler  le  numé^ 
raire  ;  comme  on  ne  donne  pas  ce  numéraire 
pour  rien,  mais  pour  un  équivalent  encore  plus  né- 
cessaire que  l'argent,  tel  que  le  bled  dans  l'exem- 
ple présent ,  il  n'y  a  pas  de  quoi  s'effrayer  ni  se 
plaindre. 

3°.  Dans  ce  qu'affirme  le  lord  Liverpool  ,  que 
ces  bleds  ont  été  payés  en  numéraire  ,  il  ne 
montre  pas  une  grande  connaissance  de  la  nature 
du  commerce.  On  ne  peur  savoir  en  effet  si  ces 
bleds  ont  été  payés  ainsi,  que  d'après  la  balance 
faite  de  tout  le  commerce  d'exportation  et  d'iiu- 
poriation  entre  l'Angleterre  et  tous  les  autres  pays 
du  monde.  Comme,  en  fin  de  compte,  les  nations 
paient  chacune  ,  avec  les  produiis  de  son  sol  et 
de  son  indnsirie  ,  les  ptoduciions  du  sol  et  de 
findustrie  des  autres,  lorsque  l'of  du  Portugal  et 
1  argent  du  Mexique  ,  achetés  par  les  anglais  avec 
le  thé  ,  les  mousselines  ,  le  calé  de  llnde  ,  avec 
les  marchandises  coloniales  de  l'Amérique,  ou 
les  étoffes  de  laine  et  de  coton  anglaises  ,  ou  les 
quincailleries  et  la  coutellerie  de  Sheffield  et  de 
Birmingham  sont  portés  à  Hambourg  ou  àDaut- 
zik  ,  pour  payer  des  bleds  de  la  Baltique,  ce 
sont  les  produis  du  sol  et  de  l'industrie  anglaise 
qui  paient  ces  bleds  ,  et  non  pas  les  120  millions 
d  or  et  d'argent  qui  reviennent  par  les  canaux  du 
commerce  racheter  de  nouveau  des  anglais 
les  mêmes  objets  en  échange  desquels  ils  leur 
avaient  élé  donnés.  M;iis  la  quaniiié  plus  ou 
moins  grande  de  ces  métaux  intervenant  daiH 
ces  échanges  ,    n'est  d'aucune    imy'onance  à   U 


iSsS 


richesse  et  à  la  prospérité  d'une  natioB  ,  celle  qui 
a  donné  l'argent  ayant  les  marchandises  .  et  celle 
qui  a  cédé  Içs  marchandises  ayant  l'argent,  jus- 
qu'à ce  qu'il  se  fasse  un  nouvel  échange  que  la 
marche  du  commerce  ne  manque  pas  d'amener. 
4°.  Toute  cecte  arithmétique  politique  du  lord 
Liverpool  est  incertaine  et  en  coniradiclion  avec 
elle-même. 

En  effet,  dans  une  partie  de  son  exposé, 
l'importation  totale  des  bleds  étrangers  pour  la 
Grande-Bretagne  (qui  necomprendpointrirlandc) 
est  de  700  mille  quartcrs  ,  environ  14  cent  mille 
sepliers  de  Paris  ,  pour  lesquels  il  esiime  qu  elle 
paie  environ  120  millions  de  livres  de  France. 
Mais  ces  deux  données  sont 'en  contradiction 
l'une  avec  l'auire  ,  et  en  voici  la  preuve. 

On  ne  peut  gueres  supposer  que  le  prix  de* 
bleds  du  dehors  (  j'entends  le  prix  d'achat  sur  le^ 
lieux  ,  ie  seul  payé  à  l'étranger  et  qu'il  faille  , 
selon  lui  ,  exporter  en  numéraire  )  soit  de  plus  de 
24  il.  le  septier.  Pour  ses  120  millions  exportés  , 
la  Grande-Bretagne  aurait  donc  cinq  millions  de 
septiers  et  non  pas  seulement  14  cent  mille  ,  et 
si  elle  n'importe  en  effet  qut  14  centmille  septiers 
au  même  prix  de  24  liv  ,  il  ne  lui  en  coûtera  que 
33,600,000  liv.  ,  qui  ne  sont  guères  que  les  deux 
septièmes  des  120  millions  que  le  lord  Liverpool 
regrette  si  amèrement. 

Quand  on  supposerait  le  bled  acheté  au-dehors 
et  sur  les  lieux  à  36  liv.  le  septier,  ce  qui  est 
exorbitant ,  on  ne  retrouverait  pas  encore  d'accord 
entre  les  deux  parties  du  calculde  lord  Liverpool  ; 
car  en  en  tirant  du  dehors  14  cent  mille  septiers  , 
il  n'en  coûterait  que  5o  millions  400  mille  liv.  On 
peut  reconnaître  par  ce  que  je  viens  de  dire  , 
l'incertitude  de  cette  arithmétique  politique  qui 
ne  sert  le  plus  souvent  qu'à  combaitre  les  vérités 
les  mieux  établies. 

Je  reviens  au  bill  en  lui-même.  Le  lord  Liver- 
pool, à  l'objection  si  naturelle  et  si  forte  ,  que 
l'établissement  proposé  seia  contraire  à  la  liberté 
d.u  commerce  ,  répond  :  a  Que  cette  doctrine  de 
la  liberté  du  commerce  a  été  mise  à  la  mode  par 
le  docieur  Adam  Smith  qui  l'avait  empruntée  des 
économistes  français  ,  dont  les  opinions  en  cette 
rriaiiere  seraient  ,  dit-il  ,  aussi  dangereuses  à  la 
prospérité  du  nôtre  ,  si  elles  étaient  adoptées  , 
que  celles  de  leurs  politiques  à  notre  bonheur 
sècial.  )i 

Commeles  opinions  de  nos  politiques  modernes 
sont  aussi  multipliées  que  les  têtes  et  que  les 
livres ,  et  que  je  ne  puis  savoir  lesquelles  de  ces 
opinions  le  lord  Liverpool  a  eues  en  vue.  Je 
n'entrerai  pas  en  discussion  avec  lui  sur  ce  point  , 
mais  je  réfuterai  en  peu  de  mots  ce  qu'il  dit  de 
la'  doctrine  de  Siniih  sur  la  liberté  du  commerce. 
C'est ,  dit-il ,  une  doctrine  qu'on  entend  bien  peu. 
Je  sais  bien  que  le  mot  liberté  est  assez  générale- 
rnent  Ion  mal  entendu  ;  mais,  appliqué  au  com- 
iâerce ,  il  me  semble  que  ,  pour  des  hommes  de 
quelque  bonne  foi  ,  il  ne  peut  être  équivoque 
en  aucune  manière.  L  homme  le  plus  borné  sait 
fort  bien  que  lorsqu'il  ne  lui  est  pas  permis  d'exer- 
cer une  industrie  innocente  en  elle-même  ,  d'em- 
ployer son  capital  grand  ou  petit  à  l'achat  d'une 
dfenréeou  dune  marchandise  ,  pour  la  revendre 
avec  le  profil  qu'il  en  peut  tirer ,  sa  liberté  est 
gênée  en  matière    de     commercé. 

Nous  savons  tous  parfaitement  que  le  com- 
tneice  n'est  pas  libre  dans  un  paysoù  on  accorde 
des  privilèges  exclusifs  d'exportation  ou  d'impor- 
tation à  un  petit  nombre  ;  où  on  établit  des  prohi- 
bitions ou  des  droits ,  soit  à  l'entrée  des  denrées 
et  marchandises  étrangères  ,  soit  à  la  sortie  des 
produits  du  sol  et  de  l'industrie  nationale  ;  qu'il 
n  est  pas  libre  là  où  des  corporations,  des  jurandes, 
des  droits  de  patentes  ,  arrêtent  l'activité  de  l'in- 
dustrie et  l'emploi  des  capitaux  dans  une  partie 
de  la  nadon,  et  donne  ces  avantages  à  lautre  : 
or  ,  c'est  contre  ces  atteintes  à  la  liberté  "du  travail 
et  de  l'industrie  ,  droit  naturel  à  l'homme  ,  inalié- 
nable et  imprescriptible,  au  sein  même  delà  société 
à-  laquelle  il  est  antérieur ,  que  Smiih  s'est  élevé 
avec  courage,  et  dont  il  a  montré  l'injustice  , 
l'inutilité  et  les  inconvéniens  :  or ,  en  cela,  il 
s'est  fort  bien  entendu  ,  et  en  lisant  ses  ouvrages 
avec  l'attention  que  demandent  la  nature  de  ces 
discussions  abstraites  ,   on  l'entend  fort  bien. 

Ce  que  dit  lord  Liverpool  que  Smith  avait  em- 
prunté sa  doctrine  sur  la  liberté  du  commerce 
des  économistes,  manque  d'exactitude  pat  beau- 
coup de  côtés. 

1°.  Cette     doctrinç    n'est  pas    originairement 


des  cconoiTiistes ,  mais  de  beaucoup  d'hommes 
publics  et  d'éciivains  politiques  qui  l'ont  ensei- 
gnée avant  les  premiers  ouvrages  des  économistes , 
tels  que  I  intendant  du  commerce,  Gouruay  , 
Herbert,  Forbonnais  ,  Daugeuil  ,  Turgot  et  moi- 
même. 

2°.  Ces  mêmes  principes  se  trouvaient  déjà 
bien  avant  les  économistes  dans  beaucoup 
d'ouvrages  anglais  ,  tels  que  ceux  de  Tucker  ,  de 
Decker  ,  dont  ie  dernier  ,  dans  l'ouvrage  cju'i  a 
pour  titre  :  Essai  sur  les  causes  de  la  décadence 
(  vraie  ou  supposée  )  du  commerce  de  la  Grande- 
Bretagne,  compte  parmi  ces  causes  tous  les  genres 
de  monopole  ,  de  privilèges  ,  de  corporations  , 
de  compagnies  ,  et  enfin  jusqu'au  fameux  acte  de 
navigation  que  Smith  a  combattu  par  tant  et  de 
si   bons  argumens. 

3°.  Enfin  ,  je  dirai  qu'il  faut  avoir  lu  Smiih 
bien  mal  ,  pour  n'avoir  pas  vu  que  sa  doctrine 
toute  entière  est  une  plante  née  sur  son  sol,  qu'elle 
n'est  prise  de  personne  ,  et  que  c'est  un  genre  de 
métaphysique  qui  appartient  exclusivement  à  celui 
qui  l'emploie  ,  parce  qu'on  ne  pouvait  jamais 
emprunter  d'un  autre  la  série  des  raisonnemens 
et  les  analyses  délicates  que  l'auteur  enchaîne 
avec  un  art  qui  ne  peut  être  qu'à  lui. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  répondre  à  cette- 
assertion  gratuite  du  lord  Liverpool  ,  que  la  doc- 
trine de  Smith  ou  celle  des  écrivains  français  sur 
la  libetié  du  coamieice  adoptée  par  l'Angleterre , 
lui  serait  funeste.  Car  c'esi-là  ce  qui  est  en  ques- 
tion entre  le  lord  Liverpool  dune  part  ,  et  tous 
les  écrivains  qui  ont  défendu  la  cause  de  celte 
liberté  ,  parmi  lesquels  Smith  tient  une  place  si 
distinguée- 
Mais  je  dirai  un  mot  du  principe  général, 
d'après  lequel  le  lord  prétend  décider  la  question 
en  faveur  de  la  compagnie  de  commerce  de  fa- 
rine 1  ;  il  ny  a,  dit- il  ,  aucune  branche  de  com- 
merce qui  ait  autant  besoin  de  réglemens  que 
celui  des  choses  nécessaires  à  la  vie  ,  parce  qu  on 
peut  refuser  d'acheter  un  carosse  s'il  est  trop  cher, 
mais  il  faut  acheter  du  pain  ,  quelque  prix  qu'il 
coûte  ;  qu'à  cet  égard  l'acheteur  est  un  esclave  et 
le  vendeur  son  tyran  ,  et  qu'il  faut  que  la  légis- 
lation vienne  au  secours  de  l'opprimé  contre 
l'oppresseur. 

Quelle  politique   et  quel  langage! Les 

vendeurs  de  grains  et  de  farines  sont  les  cultiva- 
teurs qui  les  tirent  du  sol  ;  les  marchands  qui  les 
achètent  des  cultivateurs  les  conservent  et  les 
distribuent  aux  consommateurs  et  les  boulangers 
qui  les  façonnent  en  pain.  Or  ,  aucun  de  ces  gens 
là  n'a  de  moyens  d'opprimer  les  acheteurs. 

1°.  Comment  opprimeraient-ils  ?  en  vendant  , 
dit-on  ,  à  un  prix  exorbitant,  excessif.  Mais  qu'est- 
ce  qu'un  prix  excessif  et  exorbitant  ?  On  n'entend 
pas  sans  doute  par-là  de  la  part  du  cultivateur  un 
prix  au-dessus  de  ce  que  lui  a  coûté  la  produc- 
tion du  bled,  ni  de  la  part  du  négociant  ou  du 
boulanger,  un  prix  au-dessus  du  prix  d'achat  et 
des  frais  de  conservation  et  de  fabrication  ;  puis- 
qu'il faut  bien  que  ces  gens  retirent  de  leurs 
travaux  et  de  leurs  capitaux  des  profits  qui  les 
déterminent  à  se  livrer  aux  uns  et  à  employer  les 
autres. 

Un  prix  excessif  serait  donc  celui  qui  passerait 
ces  limites  ;  mais  d'après  quelle  règle  lelordjuge- 
t-il  qu'elles  sont  passées  ?  Eït-ce  parce  que  la  livre 
de  pain  vaut  environ  9  sous  de  France  ?  Mais  ce 
prix  est  nécessairement  relatif  aux  frais  fails  par  le 
cultivateur  qui  a  vendu  en  première  instance,  et 
à  ceux  qu'a  faits  le  marchand  pour  les  conserver 
et  les  porter  au  marché  ,  et  enfin  à  ceux  du  bou- 
langer  qui   a  fabriqué   le   pain. 

Il  faudrait  donc  pouvoir  dire  avec  certitude  et 
connaissance  de  cause  au  cultivateur,  au  mar- 
chand ,  au  boulanger  :  chacun  de  vous  fait  dans 
son  commerce  et  par  son  travail  un  profit  exor- 
bitant ,  et  à  l'examen  il  n'y  a  pas  un  de  ces  hom- 
mes qui  ,  à  raison  des  mêmes  circonstances 
qui  font  qu'ils  vendent  plus  cher  ,  n'ait  fait  plus 
de  dépenses  et  de  frais:  le  premier,  pour  pro- 
duire-la  denrée  :  le  second,  pour  la  conserver 
et  la  distribuer;-et  le  troisième  ,pour  la  façonner 
en  pain.  Leur  prolit  n'est  donc  point  exorbitant  , 
au  sens  auquel  il  faut  entendre  ce  mot. 

Pour  que  ces  vendeurs  puissenj  exercer  ce 
genre  d'oppression  ,  il  faudrait  qu'ils  pussent 
toujours  vendre  au  prix  qu'ils  veulent  ,  et  quand 
ils  veulent  ,  et  que  les  acheteurs  fussent  toujours 
forcés  de  payer  la  denrée  au  gré  des  vendeurs  , 
uniquement  parce  que  c'est  du  blé  et  du  pain 
qu'ils  vendent. 


Mais  la  moindre  réflexion  nous  fait  voir  que 
cela  n'est  pas  ainsi.  Le  cultivateur  a  besoin  de 
vendre,  parce  qu'il  doit  pourvoir  à  celles  de  ses 
dépenses  personnelles  et  aux  frais  de  son  ex- 
ploitation qui  demandent  du  numéraire  ,  et  au 
paiement  de  son  propriétaire.  Le  marchand  a 
besoin  de  vendre  pour  fournir  de  même  à  tous 
ses  genres  de  besoin  ,  et  sur-tout  à  celui  de  payer 
les  capitalistes  qui  lui  ont  donné  des  fonds  pour 
son  commerce ,  et  aux  frais  et  aux  risques  de  ce 
commerce  même.  Enfin  ,  le  boulanger  ne  peut  se 
dispenser  non  plus  d'employer  ses  farines  qui 
se  gâteraient,  et  de  pourvoir  par  l.t  vente  jour- 
nalière à  ses  divers  besoins;  et,  comme  je  l'ai 
remarqué  tout  à  l'heure,  leur  dépense  pour  sa- 
tisfaire aux  divers  besoins  qui  les  forcent  de  ven- 
'dre  ,  s'augmente  toujours  par  1  action  des  mêmes 
causes  qui  cnchéi'issetit  le  prix  du  bled  et  du 
pain  ;  ils  ne  peuvent  donc  pas  opprimer  l'acheteur. 

Si  les  acheteurs  ont  besoin  du  bled  et  du  pain 
que  vendent  k-s  agriculteurs  ,  les  marchands  et  les 
boulangers  ,  tous  ces  vendeurs  n'ont-ils  pas  ua 
besoin  tout  aussi  pressant  des  denrées  que  leur 
sol  ne  produit  pas  ,  et  de  tous  les  genres  de  tra- 
vaux qu'on  fait  pour  eux  ?  L'agriculteur  peut-il 
se  passe  du  charron  ,  du  bourrelier  ,  du  maréchal, 
du  boiicher ,  de  l'épicier,  du  marchand  de  bois 
et  de  charbon  ,  du  brasseur  ou  du  vigneron  ,  du 
cordonnier,  du  tailleur,  etc  ?  et  le  marchand  de 
de  grains  et  le  boulanger  n'ont-ils  pas  des  be- 
soins du  même  genre  ?  Dès-lors  si. le  vendeur  de 
grains  et  de  farine  haussait  arbitrairement  le  prix 
de  sa  denrée  I,  1  acheteur  haussera  le  prix  de» 
siennes  et  celui  de  ses  travaux.  Il  y  a  donc  une 
une  défense  naturelle  er  suffisante  contre  l'op- 
pression" 

Il  faut  le  dire  avec  courage  ,  et  sans  flatter  des 
hommes  égarés  par  leur  ignorance  et  souvent 
par  des  factieux  :  loin  qtre  les  vendeurs  dont  il 
s  agit  ici  puissent  être  regardés  comme  des  op- 
presseurs ,  ce  sont  bien  plutôt  certains  consom- 
mateurs eux-mêmes  qui  sont  toujours  prêts  à  le« 
oppri.mer,  s'il  ne  sont  contenus  par  le  frein  des 
lois  et  la  vigilance  d'un  gouvernement  vigoureux; 
ce  sont  eux  qui  sont  toujours  prêts  à  pilier  les 
greniers  du  cultivateur  ,  les  magasins  des  mar- 
chands et  les  boutiques  des  boulangers  ,  c'est-à- 
dire  à  ruiner  et  décourager  la  culture  et  le 
commerce  qui  les  nourrissent  ,  et  à  fouler  aux 
pieds  les  propriétés  ,  les  premiers  et-  les  plus 
essentiels  fondemens  de  l'ordre  social. 

Mais  il  y  a  une  politique  inquiète  et  timide- 
qui  veut  tout  faire  ,  et  faire  plus  qu'elle  ne  doit 
et  plus  qu'elle  ne  peut  ;  qui  veut  être  bienfesante 
au  lieu  d'être  juste  envers  tous,  ce  qui  est  la. 
véritable  et  sublime  bienfesance  ,  et  à  qui  il  ne^ 
tient  pas  qu'on  ne  voie  un  grand  pays  peuplé  de- 
pauvres  qu'elle  nourrit  ,  au  lieu  d  hommes  labo- 
rieux qui  se  nourrissent  eux-mêmes. 

C'est  cette  politique  qui  a  introduit  la  ma- 
xime funeste  qiie  le  gouveTne'meht  doit  au 
peuple  Sa  subsistance  autrement  que  par  les 
soins  qu'il  doit  se  donner  d'assurer  à  chacun  dans 
la  plus  grande  étendue  la  libre  exeition  de  tous 
les  moyens  qu'il  a  de  se  la  procurer  ,  tandis  que 
ces  soins  tout  seuls  Sont  ce  qui  peut  donner  à 
tout  un  peuple  plus  sûrement  et  plus  cons- 
tamment là  plus  grande  somme  de  subsistances  , 
de  jouissances  et  de  bonheur.  C'est  enfin  cett» 
fausse  et  absurde  politique  qui  a  enfanté  le 
projet  de  compagnie  privilégiée  pour  la  vente 
de  la  farine  et  du  pain  .  dont  on  vieïit  d'exposer 
leS' vices  et  les   inconvéniens. 

Ce  w  therrtiidor  an  8. 

Mo  RE  L  LET. 


IBourse  du  28  thermidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Rente  provisoire s3  fr.  38  c. 

Tiers  consolidé 3;  fr.  i3  c. 

Bons  deux  tiers 1    fr.  61  c. 

Bons  d'arréragé 83  fr.  s'5-  c. 

Bons  pour  l'an  8 ...    .  Sy  fr.  38  c. 

Syndicat 64-  fr;  So  c. 

Coupures.  . 65  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  DU  Vaudeville.  Auj.  le- Pot-Pourri  ; 
Dancourt  ,  et  Adèle. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  3'  repr.  des  Charlatans  littéraires  ,  cota. 
nouv.  en  5  actes  ,    et  les  fausses  Infidélités. 

Dem,  la  1'*°  repii  de  Encor  des  ruses  ou  /«' 
quatre  Signataires. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris,  riie  des  Poitevins  ,  n"  iS.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  moii ,  5o  franc»  pour  6"  mois  )  et  100  francs  pour  l'aiinée  entière.  On  Des'abonne 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl' argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  GÂS^  s  E ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  Jes  Poitevins  ,  n°  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envoh  le  port  de* 
pays  où  l'on  ne  peut  afifiançhir.  Xes  lettres  des,  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retÎTees  delà  poste i- 

Il  faut  ayoir. soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qni  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout -ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuitll-,  an- rédacteur ,  rue  des 
Ppitevin: ,  a'  i3,depui  sneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soii. 


AParis,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse,  propriétaire  du  Mpnitfiiu,  rue  desPoUevins,  n?  l3. 


GAZETT 


^^ 


ONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N*  33o 


Décadi  ,  3o  thermidor  an  8  de  la  république  françaiie  ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le  Mo  NITE  u  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi  que  les  kùa  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   E  U  Rc 

ANGLETERRE. 

Londres ,  /«  2 1  thermidor  ,  f  5  août.  ) 

J_je  lord  chancelier  a  tenu  avant-hier,  pour  la 
dernière  fois  de  la  saison,  le  grand-sceau  ,  auquel 
ont  passé  quatorze  banqueroutes  ,  deux  présen- 
tations ,  plusieurs  pairies  irlandaises  de  la  dernière 
fabrique  ,  deux  patentes  pour  inventions  ,  difFè- 
rens  actes  du  parlement,  une  commission  impor- 
tante au  lord  lieutenant  d'Irlande  ,  relative  à  l'ad- 
ministration de  xe  pays .  après  sa  fusion  avec 
le  parlement  impérial  anglais  i  etc.  etc. 

Le  gouvernement  ,  pour  engager  les  femmes 
des  soldats  employés  dans  la  dernière  expédition 
secrette ,  à  descendre  des  transports  oii  leurs 
maris  sontembarqués,  a  donné  ordre  de  distribuer 
à  chacune  d'elles  une  guinée  ,  et  cinq  sbellings 
par  l£te  d'enfant  pour  frais  de  route. 

Le  colonel  Hawkes,  officier  distin eue  ,  au  service 
de  la  compagnie  des  Indes  à  Bombay',  s'est 
noyé  en  traversant  un  gué  pour  se  rendre  à.  une 
petite  île  située  près  de  ce  port.  Ceux  qui  le 
portaient  dans  son  palanquin  furent  si  effrayes 
par  la  rapidité  du  flot,  qu'ils  le  laissèrent  tomber. 
Safemme  venait  de  passer  heurf  usement  le  même 
gué. 

Deux  des  matelots  de  la  frégate  l'Hermione . 
convaincus  d'avoir  participé  au  meurtre  de  leurs 
officiers  ,  viennent  de  subir  la  peine  de  mort. 
i.'un  d'eux  n'avait  que  quatorze  ans  ,  lors  de  ce 
meurtre. 

L'amiral  lord  Saint- Vincent,  a  donné  mille 
livres  sterling  en  faveur  d'un  nouvel  établisse- 
ment, portant  le  nom  de  Britiih N àtional  Endeavour, 
et  créé  pour  l'éducation  ,  la  nourriture  ,  l'entre- 
tien ,-et  l'apprentissage  des  enfans  dont  les  pères  , 
ont  péri,  comme  soldais  ou  comme  matelots, 
dans   la  présente   guerre.    .■ 

Madame  Banti  ,  la  première  chanteuse  de  Doire 
Opéra,  et  une  des  plus,?fameuses  caniatrices  de 
l'Europe  ,  ayant  appris,  la  délivrance  de  llialie  , 
par  Bonaparte  ,  a  résilié  l'engagement  qu'elle 
avait  ici,  et  va  se  rendre  à  Bologne.  Elle  traversera 
la  France  et  passera  par  Paris. 

Lesnavires  laConrorde.  d'Embden;  la  Catherine, 
de  Lubeck ,  et  le  Bergen,  de  Christiansand  ,  ont 
élé  arrêtés  et  conduits  à  Portsmouth  ,  par  le  Ant  , 
la  Woolverine  et  le  Beaver. 

Il  est  entré  à  HuU  dans  l'intervalle  du  17  au  21 
thermidor  ,  onze  bâtimcns  revenans  de  la  pêche , 
dans  les  parages  du  Groenland.  Ils  ont  pris  entre 
eux  68  baleines,  614417  veaux  marins.  Le  Sym- 
melry .  autre  navire  baleinier,  arrivé  précédem- 
ment ,  a  élé  pris  dans  la  glace  par  les  80  et  80 
dégrés  et  demi  nord,  et  y  est  resté  depuis  le  32 
avril  jusqu'au  i"^  juillet ,  exposé  la  plus  grande 
partie  du  lems.  au  danger  de  périr.  Moins  heu- 
reuse, la  Marie- Anne,  de  Londres ,  capii'  Pindar, 
a  été  ,  dans  l'espace  de  10  minutes  ,  partagée  en 
deux  par  la  glace  ,  et  ce  n'a  été  qu'avec  beaucoup 
de  difl^culté  que  l'équipage  est  parvenu  à  se 
sauvpr. 

Le  Mars  ,  de  74  ,  contre-amiral  Berkeley  ;  le 
london  ,  de  98  ;,  et  le  Cumbetland,  de  74  ,  sont 
entré.i  à  Plymouih  pour  se  réparer ,  venant  de  la 
grande  floue.  Ils  doivent  y  être  remplacés  dans  ce 
moment  par  le  Windsor-Castle  et  le  Glory,  de  98,  et 
•  la  Défiance,  de  74  ,  sortis  du  même  port. 

Le  transport  l'Hiltsboroug  est  arrivé  à  Botany- 
Ray  ,  après  avoir  perdu  ,  sur  3oo  déportés  qu'il 
avait  à  bord  ,  200  ,  moris_  de  maladie  dans  le 
cours  de  la  traversée. 

Il  a  élé  recueilli  ,  vendredi  dernier ,  d'une  ruche 
«ituée  dan»  le  voisinage  de  Glascow  ,  126  livres 
de  iniei.  Cette  ruche  renferme  plus  de  5o  mille 
abeilles  ,  qui  toutes  sont  piovpuue»  d'une  Seule 
uieie  abeille. 

Londres  ,    le  24  thermidor. 

Il  n  a  élé  fait  aujourd'hui  aucune  affaire  à 
stock  exchange. 

Cours    des  effets   publics  ,  U  23. 

Actions  de  la  banque  167.  ^  3  p.  f  consolidés 
64.  {•[.  pour  septembre  64.  x".  J.  —  Omnium  4.  '-.  ~ 
piiaici. 


Une  lettre  reçue  ce  matin  de  Déal  porte  que  1 
vingt  vaisseaux  de  ligne  ont  ordre  de  se  rendre 
dans  les  dunes  ,  et  que  plusieurs  même  y  sont 
déjà  arrivés.  On  supposait  que  leur  destination 
é'.ait  d  entrer  dans  la  Baltique  ,  en  cas  de  rup- 
ture  avec  les   puissances  du  Nor ',. 

Neuf  vaisseaux  de  ligne  ,  qujtrr  galiotes ,  cinq 
brniots  ,  deux  sloops  et  deux  cutters  ont  fait  voile 
de  la  rade  d'Yarmouih,  pour  aller  se  joindre  à 
une  flotte  de  transports  qui  a  paru  dans  les  du- 
nes ,  escortée  par  un  vaisseau  purtaut  pavillon 
d'amiral. 

Le  Swan  ,  cutter  de  14  canons ,  commandé  par 
le  lieutenant  Hacley  ,  est  entré  à  Falmouth  ,  ar^ 
rivant  de  lajama'ique  après  une  traversée  de  45 
jours.  Il  a  rencontré  par  Sa  d.  8  m.  de  latitude 
nord  et  55  de  longitude  ouest  ,  un  schooner 
percé  pour  i6  canons  -,  qui  floltail  au  gré  des 
vents,  ayant  perdu  son  gouvernail  et  tous  ses 
mais.  Il  annonçait  une  construction  américaine  ; 
mais  il  n  y  avait  poi'iit  de  nom  inscrit  à  l'ar- 
riére. 

On  a  appris  par  le  Swan  que  l'Anniba(et^e 
Sûlebay  ont  dû  appareiller  ,  le  3o  juin  du  port 
Anionio  de  lajama'ique  avec  un  convoi  mar- 
chand. 

11  est  aussi  entré  à  Falmouth  le  brick  américain 
le  William  ,  chargé  de  1224  barils  de  farine  pour 
le  pays.  Il  avait  été  acosté  ,  le  3i  juillet  par  La 
Déessede  lamer,  cormiie  français  de  so  canons,  qui, 
après  examen  fait  de  ses  papiers  ,  l'a  laissé  con- 
tinuer sa  route.  Ce  corsaire  retournait  au  port  , 
le  lems  de  sa  croisière  étant  expiré. 

Une  lettre  de  l'île  de  Périm  ,  annonce  que 
très-récemment  on  avait  apperçu  dans  le  détroit 
de  Bîbelm^ndel  deux  petits  bâtiraens  aux  prises, 
l'un  supposé  un  corsaire  français,  et  l'auire  un 
des  vaisseaux  armés  du  pjys.  La  nui;  les  fit  perdre 
de  vue  ,  sans  qu'on  ait  appiis  depuis  à  qui  la 
victoire  était  restée. 

Laflolte  detransportsappareillée,  jeudi  dernier, 
de  Porisnioulh,  n'avait  point  cncr»e-j>aru  dtux 
jours  après  à  Plymouth  ,  ei  cependiiît-lévem  était 
favorable. 

Le  ministre  de  Portugal  auprès  delà  cour. .de 
Russie  ,  a  dii  quitter  Pctersbourg. 

L'évêque  de  SlandafF  a  imaginé  un  moyen,  très- 
ingénieux  de  détruire  la  salure  de  la  mer  à  dilFé- 
renies  laiiiudes  ,  et  M.  Wales  a  construit  un  ins- 
trument pour  reconnaîtie  ta  température  à  diffé- 
renies  profondeurs. 

(  Extrait  du  Britisk-Evening-Fost  ,  du  Sun  ,  du 
Star  ,  et  du  Morning-Chronicle. ) 

REPUBLIQ.UE    HELVÉTIQ.UE. 

Extrait  du  Nouvelliste  Vaudois  ,  du  dimanche 
10  août  1800  (  22  thermidor  an  8.J.  —  Berne,  le 
7  août. 

Le  changement  politique  dont  la  nécessité  était 
depuis  long-lenis  sentie  ,  et  qui  à  plusieurs  re- 
prises avait  été  tenté  inutilement ,  vient  enfin  de 
s'effectuer  ,  d'une  manière  à  la  vérité  incom- 
plette.  jusqu'ici ,  mais  qui  ne  tardera  pas  à  deve- 
nir entièrement  satisfesante  pour  tous  les  vrais 
ainis  de  la  patrie.  —  Le  grand- conseil  n'a  pas  mis 
grande  opposition  aux  mesures  ado)itées  par  le 
gouvernement.  Souter,  NucéelBilleterontmême 
gardé  un  profond  silence,  et  pour  décider  la 
question  on  n'a  pas  seulement  eu  recours  à  l'ap- 
pel nominal  ,  qui  était  d'usage  dans  les  grandes 
affaires.  •—  En  sénat  il  n'en  a  pas  été  de  même. 
Le  citoyen  Cart  s'est  surtoiJ'  montré  ardent,  et  il 
y  a  eu  plusieurs  fois  du  turauiie.  —  La  commis- 
sion executive  a  été  en  permanence  jusqu'à 
8  heures  et  demie  du  soir.  Elle  se  rassemblera 
demain  malin  à  7  heures.  — •  Pendant  toute  la 
journée  la  tranquillité  publique  a  été  parfaite.  La 
force  armée  était  sous  les  armes.  De  nombreux 
délachemens  patrouillaient  dans  les  rues,  et  les 
oflîciers  supérieurs  s'étaient  réunis,  dès  le  matin  , 
avec  le  ministre  de 'la  guerre  auprès  de  la  com- 
mission executive.  —  Ce  n'est  point  une  in- 
fluence étrangère  qui  a  dicté  les  événemens  qui 
se  passent  ;  mais  comme  le  gouvernement  actuel 
de  la  France  favorise  tout  ce  qui  peut  procurer 
le  bonheur  de  ses  alliés,  il  approuve  positive- 
ment tout  ce  qui  vient  de  se  faire  ici. 

(Des   détails  ultérieurs  se  trouvent   dans   l'ex 


Graïiid-conseil.  ~  Présidence  de  Gmiir. 

Séance  du  mercredi  6  août. 

Cartier,  par  motion  d'ordre,  demande  que  la 
commission  nommée  pour  examiner  la  constitu- 
tion fasse,  sous  trois  jours ,  un  rapport  ,  sur  la 
question  ,  s'il  ne  convient  pas  de  proposer  aux 
prochaines  assemblées  primaires  la  nouvelle  di- 
vision du  territoire  de  la  république  en  go  dis- 
tricts. —  Custor  se  déclare  pour  cet  avis ,  de 
même  qu'Erlacher .  Kilchmann  ei  Debons.  Il  est 
combattu  par  Jominj  ,  Carrard  ,  Vesloës  ,  Carmin- 
tran  ,  Huber  ei  Rigoiza,  qui  trouvent  cette  divi- 
sion bien  mauvaise  et  bien  inexécutable.  -^  La^ 
motion  de  Cartier  est  adoptée.  —  Carmintran  fait 
un  rapport  sur  l'extension  de  la   loi   d'amnistie. 

—  On  renvoie  la  discussion  à  trois  jours.  —  On 
commence  à  discuter  le  projet  d'Escher  sur  la 
police  des  eaux. 

Du  7.  On  lit  quelques  pétitions  ,  qtii  presque 
touies  sont  renvoyées  à  la  commission  executive. 

—  On  lit/le  message  suivant,  sur  l'ajournement 
des  conseils  et  l'organisation  d'un  gouvernement 
provisoire. 


La' commission  executive  au  corps  législatif. 

Citoyens  représentant  ,  si  jamais  délibération 
mérita  l'atietiiion  la  plus  impartiale  ,  comme  1^ 
moins  partagée  ^  le  silence  absolu  de  toute  pas- 
sion et  de  tout  intérêt  particulier  ,  c'est  celle  du 
moment  actuel  ,  oii  la  commission  executive  , 
pressée  par  le  sentiment  impérieux  du  devoir  , 
vient  vous  exposer  la  vraie  situation  de  notre, 
patrie  et  vous  proposer  en  même-tems  la  seule, 
mesure  qui  puisse  la  sauver  d'une  ruine  totale. 
—  Il  suffît  d'un  coup-d'œil  rapide  sur  l'intérieur 
de  noire  organisation  sociale  ,  pour  se  convaincre 
qu'elle  marche  à  grands  pas  vers  une  prochaine 
dissolution.  Uns  constitution  qui  n'est  calculée 
ni  sur  nos  besoins  ni  sur  nos  ressources,  sans 
garantie  pour  sa  propre  existence  ,  et  pleine  en 
elle-même  de  contradictions  et  de  lacunes.  — 
Aucune  loi  organique  qui  désigne  aux  ressorts 
par  lesquels  cette  consiiitation  eu;  dû  être  main- 
tenue en  mouvement,  leur  place  et  la  sphère  dtf 
leur  activité.  — Tous  les  anciens  rapports  dissous 
et  lesnouveaux  laissés  dana  le  vague.  — La  sûreté 
des  personnes  et  de  la  propriété  exposée  aux 
atteintes  de  l'arbitraire  par  le  défaut  des  formes 
protectrices  de-  la  liberté  c'vile.—  Une  foule 
innombrable  de  fonctionnaires  publics,  produit 
iuforme  des  choix  d  an  peuple  peu  préparé  à  cet 
exercice  de  sa  sJsuveraineté.  —  Ces  fonctionnaires 
succombant  sous  le  poids  des  sacrifices  qu'ils 
ont  dû  faire  depiiis  deux  ans  à  la  chose  publique  \ 
attiédis  par  l'effet  même  de  la  contrainte  qui  les 
enchaîne  à  leurs  places  ,  et  pour  la  plupart  sans 
connaissance  de   leurs  droiis   et  de  leurs  devoirs. 

—  Les  ressources  de  l'éiat  les  plus  abondantes 
convertijs  en  charges  réelles.  —  Un  système  de 
finances  vicieux  dans  ses  bases  et  sans  aucun 
instrument  d'exécution.  —  Le  capital  de  la  for- 
tune publique  eniamé  pour  subveniraux  dépenses 
courantes.  ^~  Le  crédit  national  anéanri  de  loutes 
parts  et  une  foule  de  besoins  pressans  auxquels 
le  triple  même  de  la  recette  serait  loin  de  suffire. 

—  Les  asiles  ouverts  à  la  maladie  et  l'indiuence 
privés   de    leur  entretien    le   plus   indispensable. 

—  La  classe  nombreuse  des  ministres  de  la  reli- 
gion luttant  avec  la  misère.  .—  Au  lieu  de  patrio- 
tisme et  d'esprit  public  ,  par-tout  l'indifférence 
la  plus  completie  ,  ou  l'aniraosiié  des  passions.  — 
L'autorité  publique  tombée  dans  le  discrédit. 
Un  inépris  ouvert  pour  les  lois;  mépris  qui  eût 
entraîné  dès  longiems  les  horreurs  de  l'anarchie 
et  le  renversement  complet  de  tout  ordre  social  , 
si  le  caractère  impassible  de  noire  peuple  et  la 
compression  de  deux  ans  rie  malheurs,  en  ajou- 
tant à  cette  force  d'inertie,  n'eussent  résisté  aux: 
progiès  de  la  désorganisation.  —  Telles  sont  , 
citoyens  représentans  ,  les  principaux  traits  dé 
l'effrayant  tableau  dont  en  vain  on  essayerait  d'af- 
faiblir les  couleurs  ,  ou  de  mettre  la  vérité  en 
doute.  —  (^.uelques- unes  des  causes  qui  ont 
amené  cet  éiat  de  chos^ïs  ,  se  présentent  dans  la 
manière  dont  la  révolution  s'est  opérée  chez  nous 
et.pnurront  dès-là  passer  pour  un  résultat  de» 
circonstances  ;  cependant  il  est  certain  que  la  plu» 
grande  partie  en  doit  être  attribuée  aux  hommes 
mêmes,  dont  les  mains  reçurent,  et  ont  gardé 
jusquà  présent  le  dépôt   des  affaires    publiques. 

La  commission  executive,   citoyens   représtn- 


posé  des  séances  des  conseils  et  dans  l'article  qui  1  tans,  n'anticipera  point  ici  sur  l'imparijaliié  de  vos 
le  suivra.  )  1  propres  réflexions.    Elle    vous  laiss^  1©   soin  de 


i33o 


éprendre  en  pensée  ,  et  d'apprécier  vous-mêmes 
a  carrière  que  vous  avez  suivie  pendant  ces  deux 
années;  de  rechercher  ce  que  la  nalion  helvétique 
a  dâ  attendre  de  ses  léprésenlans,  et  de  dire  en 
présence  de  cette  nalion  qui  vous  juge  et  de 
l'Europe  qui  vous  observe  ,  jusqu'à  quel  point 
cette  attente  a  été  remplie.  —  Votre  jugement 
pourra  être  d'autant  plus  impartial  ,  que  plus 
d\ine  fois  déjà  l'aveu  de  votre  propre  insuffi- 
sance s'est  fait  entendre  dans  votre  sein  ,  sans 
jamais  avoir  été  contredit.  La  commission  con- 
vient de  son  côté  avec  la  même  franchise  qu'elle 
n'a  point  rempli  l'attente  de  la  confiance  publique^ 
ÏWais  simple  instrument  d'exécution,  elle  a  dû 
suivre  la  route  tracée  ,  et  se  serait  efforcée  envain 
d'en  changer  la  direction  :  car ,  comment  aurait- 
elle  pu  entreprendre  quelqu'amélioration  essen- 
tielle ,  tandis  que  ses  vues  les  moins  équivoques 
étaient    dénaturées   et    méconnues,   et  que   des 


juste  ,  contre  lequel  le  pouvoir  exécutif  s'est-êlevé  !  îij«ufne  la.  discussion.  —  Schlumpf ,  IndirfnatUH  » 
envain  ,  qu'il  faut  l'atiiibuer.  — Tels  sont ,  c'noytns  ITrosch  ,BessUr  et  Carmentran   paileni  pour  1  ac* 


eprésentaris  ,  les  motifs  qui  obligent  la  commis 
sion  executive  à  vous  proposer  par  projet  de 
décret  joint  à  ce  message  ,  le  changement  des 
autorités  législative  et  executive.  Leur  développe- 
ment vous  aura  convaincu  que  ce  changement  , 
s'il  doit  atteindre  son  but  ,  nt  peut  s'effectuer  que 
dans  les  formes  proposées.  Toute  modification 
que  l'on  voudrait  apporter  à  ces  formes  ,  tout 
délai  par  lequel  on  voudrait  renvoyer  une  dé- 
cision qui  n'est  susceptible  d'aucun  délai  ,  ne 
prouveraient  rien  qu  une  résolution  constante  de 
rejetter  le  dernier ,  l'unique  moyen  de  salut  public 
qui  se  trouve  encore  en  vos  mains.  Salut  répu- 
blicain. Le  président  de  la  commission  exe- 
cutive. 

Signé,  FiNSLER. 

Projet  de  décret. 


mesures  de  salut  public  étaient  rejetteeJ'par  cela 

seul  qu'elle  les  proposait  ?  Comment  aurait-elle  •      Sur   le  message  de  la  commission  executive  , 

pu  mettre  des  bornes  aux  progrès  de  l'esprit  de     du  7  août  ;  considérant  que  l'état  actuel  des  res- 


pu 

parti  et  de  la  démagogie ,  tandis  que  l'un  et  l'autre 
trouvaient  un  asyle  ou  plutôt  des  autels  dans 
vos  assemblées  ?  Comment  aurait-elle  pfi  réta- 
blir l'équilibre  entre  les  ressources  et  les  besoins 
de  l'étal,  tandis  que:  les  premières  recevaient 
sans  cesse  de  nouvelles  atteintes  ,  et  que  ceux- 
ci  augmematent  et  se  multipHaient  chaque 
jour  ?  Comment  aurait-elle  pu  assurer  à  la  loi 
le  respect  et  l'obéissance  ,  tandis  que  trop  -sou- 
vent la  passion  et  les  haines  personnelles  prési- 
dèrent à  sa  rédaction,  tandis  que  le  renversement 
des  lois  était  impunément  prêché  au  milieuj  de 
vous  ,  tandis  que  le  mauvais  citoyen  ,   celui  qui 

.■  voulait  se  soustraire  à  une  obligation  civique  , 
9  une    charge  imposée    à    tous  ,   à   la   volonté 

'manifeste  de  l'autorité  légitime  ,  était  sûr  de 
trouver  des  défenseurs  jusques  dans  le  sanctuaire 
des  lois  ?  Où  la  commission  executive  aurait- 
elle  puisé  la  force  nécessaire  ponr  agir  ,  tandis  que 
c'était  ,  chez  une  partie  de  la  législature  ,  affaire 
4t  système  que  de  la  déconsidérer  aux  yeux  de  la 
nation  ,  de  lui  ôter  sa  confiance  et  avec  elk  tout 
Ipôyen  de  l'influencer  d'une  manière  salutaire?  — 
En  vain  s'esi-elle  efforcée  de  vous  rendre  attentifs 
aux.  suites  pernicieuses  de  cette  marche  ?  en  vain 
â-l-elle  tenté  des  voies  de  rapprochement.  Au 
lieu  d'y  accéder  ,  on  vous  a  vus  égarés  par  la  mé- 
fiance et  aveuglés  par  la  passion  ,  dépasser  plus 
d'une  fois  les  bornes  de  l'autorité  qui  voiis  fut 
confiée,  attenter  manifestement  à  1  indépendance 
de  l'ordre  judiciaire  ,  seul  bouclier  de  la  hberté 
<ivile  ,  etmême  compromettre  esseniielleroent  les 
lelations  diplomatiques  de  la  plus  haute  impor- 
ttnce.  —  Cette  marche  de  la  législature  ,  ces  dis 


sources  publiques,  ainsi  que  la  nécessité  de  pré 
parer  l'établissement  d'une  nouvelle  constitution 
demandent  impérieusement  une  réduction  dans 
les  corps  législatifs  ;  le  grand-conseil,  après  avoir 
déclaré  l'urgence  ,  a  résolu  :  1°  à  compter  de  la 
date  du  présent  décret ,  les  conseils  législatifs 
sont  ajournés  ;  2°  à  leur  place  est  établi  un  con- 
seil législatif  de  quarante-trois  membres  ;  3°  pour 
former  ce  conseil ,  la  commission  executive  devra  , 
dans  l'espace  de  vingt-quatre  heures  après  la  ré- 
ception du  présent  décret ,  faire  choix  de  trente- 
cinq  membres  pris  dans  la  ci-devant  législature  ; 
4°  aussitôt  après  les  avoir  convoqués  ,  la  com- 
mission executive  se  démettra  entre  leurs  mains 
de  ses  pouvoirs  ,  et  les  membres  qui  la  compo- 
saient,  prendiopt  place  dans  le  conseil  législatif; 
5°  ce  conseil  ainsi  constitué  ,  s'adjoindra  encore 
huit  membres ,  qui  seront  pris  sur  la  généralité 
des  citoyens ,  et  procédera  à  la  repourvue  des 
places,  qui  pourraient  vaquer  par  refus  ou  dé- 
mission ;  6"  immédiatement  après ,  le  conseil  lé- 
gislatif fera  choix  de  sept  membres  ,  pris  dans 
son  sein ,  qui  formeront  un  nouveau  conseil  exé- 
cutif; 7°  le  conseil  législatif  réunira  l'autorité  et 
les  fonctions  que  le  titre  5  de  la  constituiion  attri- 
bue aux  deux  sections  de  la  législature.  Il  les 
exercera  avec  les  mêmes  droits  et  sous  les  mêmes 
obligations  ;  8°  le  conseil  exécutif  exercera  le 
même  pouvoir  que  le  titre  6  de  la  constitution 
attribue  au  directoire  ,  avec  les  mêmes  droits  et 
sous  les  mêmes  obligations;  9°  le  conseil  légis- 
laïf  devra,  dè$  qu'un  projet  de  loi  aura  été  adopté 
par  la  majorité  de  ses  membres ,  le  communiquer 
de  suite  au  conseil  exécutif  pour  qu'il  doiine  son 
lentions  perpétuelles ,   soit  entre  les  représentans    avis  sur  ce  projet  ;  10°  le  conseil  exécutif  est  tenu 


du  peuple  eux-mêmes ,  soit  enir'eux  et  le  pouvoir 
txéculif ,  ont  été  la  saurce  féconde  des  maux  qui 
torcent  aujourd'hui  à  désespérer  d'une  améliora- 
lîôn  de  notre  sort  sous  les  formes  actuelles  ,  et 
9  voir  ,  dans  un  changement  des  autorités  ,  le 
«eul  moyen  de  salut  public.  La  nécessité  indis- 
pensable de  ce  changement  est  d'autant  mieux 
démontrée  au  pouvoir  exécutif,  qu'elle  paraît 
depuis  long-tems  être  sentie  par  vous-mêmes,  et 
que  les  propositions  tendantes  à  l'amener,  toujours 
écartées ,   reparaissent  cependant  toujours. 

Mais  il  est  un  autre  point  de  vue  ,  sous  lequel 
ce  changement  devient  plus  urgent  encore.  Le 
inoment  ne  paraî^t  plus  éloigné  ,  citoyens  repré- 
sentans  ,  oij  il  s'agira  chez  nous  de  préparer  le 
passage  à  un  ordre  de  choses  meilleur ,  et  on  une 
nouvelle  constitution  adaptée  au  caractère  de  la 
nation  ,  devra  être  étabhe  sur  les  bases  de  la  li- 
berté civile  ,  de  l'égalité  ,  des  droits  politiques  , 
de  la  séparation  des  pouvoirs  et  du  système  repré- 
sentatif. Qu'unetelle  constitution  ne  puissejamais 
être  l'ouvrage  d'une  assemblée  nombreuse  flot- 
tant au  gré  des  passions  qui  la  maîtrisent ,  c'est 
une  opinion  que  démentent  les  efforts  inutiles 
faits  jusqu'à  présent  pour  l'essayer.  Cette  consti- 
tution destinée  non-seulement  à  rallier  la  gé- 
nération présente  ,  mais  à  faire  le  bonheur  de 
celles  qui  doivent  la  suivre  ,  demande  d'être 
méditée  dans  le  calme  de  la  réflexion  et  avec 
cet  emploi  complet  des  moyens  ,  seul  propre 
à  donner  à  l'édifice  de  la  Solidité  et  de  l'ensem- 
ble ,  c'est-à-dire  ,  qu'elle  ne  peut  être  l'ouvrage 
que  d'une  assemblée  oià  se  trouvent  à  la  fois  l'ho- 
mogénéité des  parties  et  la  restriction  du  nombre. 
—  Un  avantage  immédiat  de  cette  réducùon  des 
Conseils  législatifs  ,  c'est  une  épargne  assez  consi 


de  communiquer  sot}  avis  dans  Tespace  de  deux 
jours  ,  si  le  projet  de  décret  est  accompagné 
d'une  déclaration  d'urgence  ;  et  dans  celui  de 
dix  jours  si  cette  déclaration  ne  s'y  trouve  pas  ; 
11°  après  avoir  entendu  l'avis  du  conseil  exécutif; 
le  conseil  législatif  pourra  ,  selon  les  circons- 
tances, ouvrir  une  nouvelle  discussion  sur  la 
matière  ;  mais  dans  tous  les  cas  le  projet  devra 
être  mis  aux  voix  de  nouveau  ,  et  ne  deviendra 
loi  qu'après  et  second  vote  ;  is"  les  deux  auto- 
rités établies  par  la  présente  loi  ,  demeureront 
en  fonctions  jusqu'à  ce  qu'une  nouvelle  consti- 
tution ail  été  projetée  ,  puis  acceptée  par  la  nation 
helvétique  et  mise  en  exécution. 

Tjmmermann  vote  pour  l'acceptation  de  ce  dé- 
cret. Il  croit  que  le  peuple  est  assez  préparé  à  un 
changement ,  et  que  nos  relations  extérieures  le 
rendent  sur-tout  nécessaire  ,  vu  que  les  momens 
actuels  doivent  fixer  notre  destinée  future. —  Car- 
tier demande  que  le  conseil  se  déclare  en  perma- 
nence ,  et  en  donne  avis  au  sénat.  —  Fterz  veut 
ajourner  la  disclission  à  demain.  —  Cuslor  et  Koch 
appuient  l'avis  de  Cartier  ,  qui  est  adopté;  puis  on 
continue  la  discussion.  —  Custor  a  su,  depuis  son 
enfance  ,  qu'il  vaut  mieux  faire  volontiers  et  de 
bonne  grâce,  ce  qu'on  ne  peut  se  dispenser  de 
faire.  Il  adopte  la  proposition  de  la  commission 
executive  ,  parce  que  c'est  le  moyen  d  éviter  une 
influence  étrangère.  —  Anderwerth  vote  de  tout 
son  cœur  pour  le  projet  :  il  désire  qu'il  soit  una- 
nime ,  ce  dernier  décret  du  corps  législatif,  et 
qu'il  soit  très-salutaire  à  la  patrie.  —  Fierz  de- 
mande une  commiss  an  qui  fasse  son  rapport  dans 
trois  jours.  —  Ackermann  est  du  même  avis ,  et  ii 
vote  pour  l'ajournement  ,  mais  non  pour  l'élec- 
tion du  conseil  législatif  par  la  commission   exé 


dérable  qui  en  résultera  pour  les  dépenses  publi-  |  cutive.  —  fen'ff  ,  Cartier  et  Gra/parleni  en  faveur 
ques;  épargne  que  notre  situation  sollicite  iriipé-  .       .        -. 

rieusement.  —  A  la  vérité  ,  on  eût  dû  attendre  des 
premiers  fonctionnaires  de  la  nalion,  qu'empres- 
sés de  donner  l'exemple  toutes  les  fois  qu  il  serait 
question  de  sacrifices,  ils  auraient  parJenr  dévoue- 
ment évité  de  blcssei-les  principes  de  la  justice  et 
de  l'égalité  dans  les  points  où  leur  lésion  devait 
sur-tout  être  sensible.  Au  lieu  de  cela  ,  la  com- 
mission executive  doit  déclarer  que  les  paiemens 
ordonnés  de  tems  en  lems  par  décret  en  faveur 
des  premières  autorités  ,  ont  été  la  cause  princi- 
pale du  dénuement  absolu  dans  lequel  ont  été 
laissés   pendant  deux  ans   les   fonctionnaires   de 


du  projet  de  t»  commission  executive.  Ils  trou 
vent  aussi  que  c'est  le  seul  moyen  d'éviter  une 
nouvelle  influence  de  l'étranger,  qui  nous  serait 
pernicieuse  dahs  ce  moment.  —  Rellstnb  rejette 
la  proposition.il  sent  bien  qu'il  est  faible;  que 
ses  moyens  n'égalent  point  sa  bonne  volonté  ; 
mais  au  moins  si  on  a  des  reproches  à  faire  .  il 
faut  qu'on  s'adresse  aux  membres  éclairés  et  ins- 
truits ,  aux  savans.  Pour  lui ,  il  craint  le  retour  de 
I  aristocratie.  —  PelUgrini  veut  l'ajournement  ;  mais 
il  veut  aussi  que  ce  soit  le  corps  législatif  qui 
nomme  le  gouvernement  provisoire.  —  Pozzi  ac- 
cepte le  projet  de  décret.  —  Schoch  ,  au  lieu  d'ac 


canton  ,  et  que  si  les  dépenses  les  plus   urgentes  j  cepter  ce  décret ,  voudrait  plutôt  qu'on   destituât 
sont  demeurées  en  arrière,  c'est  à  ce  procédé  in-    la  commission    executive.    Il    demande    qu'on 


cepiation.  ^i^  On  trie:  aux  voix,  aux  voix,  aux 
voix.  —  On  décrète  daller  aux  voix.  —  Une  grandi 
majoTité  accepte  le  projet  de  la  comtnission  exé- 
cutive,,,el   la  séance  est  levée. 

SÉNAT.  —  Présidence  de  Attenhofer, 

Séance  du  mercredi  6  août. 

On  accepte  la  résolution  qui  excepte  du  droit 
d'enregistrement  les  nouvelles  maisons  de  l'arron- 
dissement municipal  d'Altorf  pour  le  terme  dç 
12  années.  —  En  comité  secret  on  accepte  une  in- 
vitation à  la  commission  executive  de  soumettre 
à  la  sancnoa  du  corps  législatif  les  partages,  jus- 
qu'ici-^effectués ,  des  biens  d  état  d'avec  ceux  des 
communes. 

Du  7.  On  commence  par  l'appel  nominal  ,  et 
44  membres  sont  présent.  — ■  On  lit  le  message  de 
la  commission  executive  et  le  projet  de  décret 
pour  l'ajournement  des  conseils,  et  l'organisacioa 
d'un  gouvernement  proviioire.  (  Voyez  grand- 
conseil  du  7.)  iutAi  (de  Soleure  a  la  parole.  Lé 
grand-conseil  ,  dit-il,  a  reçu  le  même  message; 
il  s'en  occupe  dans  ce  moment.  Attendons  sa  té- 
solution.  Je  demande  que  le  sénat  se  déclare  eix 
permanence.  —  Kubti.  Je  ne  parlerai  pas  encore 
sur  la  chose  en  elle-même.  Quoi  !  il  faut,  donc 
que  ce  fruit  du  7  janvier  paraisse  le  7  août  !  et 
on  voudra  nous  mener  comme  alors  !  On  voit 
du  militaire  dans  les  rues.  On  demande  la  per- 
manence. Je  m'y  oppose.  Rien  ne  m'intimidera.' 
Je  demande  ajournement  de  toute  discussion.  — 
Rothii.  Nous  attendrons  la  résolution  du  grand-"  ' 
conseil.,  et  en  attendant  nous  pourrons  continuer 
nos  autres  affaires.  —  Crauer..  A  quoi  bon  cette 
permanence  ?  je  demande  l'ordre  dujour  sur  cette 
motion.  Ce  n'est  pas  ainsi  que  je  me  laisserai 
renvoyer.  Au  lieu  de  ce  message  renversant  la 
constitution  ,  ce  sont  ses  comptes  que  la  com- 
mission executive  aurait  dû  nous  adresser.  — 
Luthi  (de  Soleure.  )  Dans  des  cas  importans  , 
nous  avons  toujours  décrété  la  permanence;  en 
la  demandant ,  je  ne  prétends  pas  que  la  chose 
soit  traitée  et  finie  aujourd  hui  ;  je  veux  seule- 
ment qu'on  soit  prêt  à  chaque  moment  à  s'oc- 
cuper de  ce  que  décrétera  le  grand-conseil.  — 
Rothii  et  LajUchére  votent  pour  une  telle  perrha- 
rrence  qui  ,  au  reste  ,  n'obligera  pas  précisément 
de  rester  dans  h  salle.  La  permanence  est  dé* 
ctétée.  — Brunner  ,  au  nom  d'une  comojissioh  , 
conseille  le  rejet  de  la  résolution  qui  valide  le» 
ventes  de  plusieurs  biens  nationaux  dan^  le  dis- 
trict de  Dornach.  —  Elle  est  rejetée.  — Le  gfttnd- 
conseil  adresse  sa  résolution  d  aujourd'hui ,.  qui 
est  l'acceptation  de  la  proposition  de  la  commis- 
sion executive  pour  l'ajournement  des  cOQSeilt 
et  lorganisation  d'un  gouvernement  provisoire. 
—  Gart.  Profondément  affligé  de  tout  ce  tjui  se 
passe  depuis  le  7  janvier,  j'étais  décidé  à  quif- 
1er  ma  place  ;  c'est  dans  ce  sens  quç,  j'ai 
volé  dernièrement  en  faveur  de  la  téïolntidtt 
qui  permettait  aux  fonctionnaires  publics  de  don« 
ner  leurs  démissions^  La  résoliitibn  indpottante 
qui  nous  est  présentée  dans  ce  moment ,  rem- 
plit donc  mon  vœu  paiticulier  ;  mais  fidèle  à  la 
constitution  que  j  ai  voulu  conserver ,  je   la   re^ 

jette C  est  aujourd'hui    le  7  août;   il  paraît 

que  certaines  gens  aiment  le  nombre  de  7.  — 
Le  7  janvier ,  vous  avez  destitué  le  directoire  j 
justice  vous  est  rendue;  le  7  août,  on  vous  desti- 
tue. Q,uel  sera  le  son  de  ceux  qui  Vont  vous  rem-! 
placer  .-'....  Je  demande  qu  on  aille  aux  voix  pat 
appel  nominal.  —  Crauer.  Nous  avons  des  devoirs 
à  remplir ,  et  il  ne  dépend  pas  de  nous  de  quittée 
légèrement  nos  places.  Nous  avons  voté  tant  d« 
crédits ,  produits  de  la  sueur  des  peuples  ;  il  nous 
faut  les  comptes,  pour  les  présenter  au  peuple. 
Qu'on  ne  se  laisse  donc  pas  intimider.  Je  dernandâ 
une  commission.  —  Kubti.  Voilà  donc  les  suites 
du  7  janvier.  Bien  des  gens  qui  avaient  voté  pour 
cette  journée ,  ont  eu  le  tê.ns  de  s  en  repentir} 
seront-ils  encore  dupes  en  ce  jour  ?  je  ne  com- 
prends pas  par  quels  motifs  le  grand-conseil  a  pa 
se  laisser  entraîner  à  décréter  tout  de  suite  ce 
qu'on  lui  proposait.  Il  est  déshonorant  ,  il  est 
incompatible  avec  nos  devoirs  de  mettre  en  dis- 
I  cussion  un  tel  message.  La  souveraineté  du  peupla 
est  renversée  par  ce  projet.  On  y  voit  beaucoup 
d'analogie  avec  celui  proposé  par  le  cit.  Ustéri 
dans  sa  constitution  ;  encore  celle  -  ci  était  -  ello 
beaucoup  plus  modérée.  Oh,  combien  il  vaudrait 
mieux  rentrertoutuniment  daus  la  constitution.'... 
Je  vote  pour  la  commission.  — Pettolaz  demande 
aussi  une  commission.  — Muret.  Le  voilà  donc 
arrivé  le  jour  préparé  depuis  long'tems.  Moi  aussi 
je  suis  persuadé  qu'un  changement  est  nécessaifCi 
On  a  tellement  entravé  le  corps-législâtif,  qu'effec-* 
tivement  il  ne  pouvait  plus  faire  le  bien.  Ub 
changement  était  donc  indispensable  ,  mais  noa 
tel  qu  on  nous  le  propose  aujourd'hui.  On  aurait 
dû  rentrer  dans  la  constitution  ,  élire  liniioUveàu 
directoire  .  et  après  cela  ajourner  les  conseils.  Jef 
vote  pour  l'ajournetnent  ,  tnais  je  De  puis  pat 
voter  pour  que  la  commission  executive  noiDiue 
les  membres  restans ,  je  ne  verrais  plus  en  eu* 
auculie  représentàdon  nationale.  Du  r,e8le  ,  je 
demande  aussi  le  renvoi  à  une  comnisiioA.  -«i; 


i33i 


Vsiéri  Je  me  demande  quels  motifs  ont  pu  déter- 
miner les  membres  du  grand  -conseil  à  voler 
avec  une  majorité  aussi  imposante-  et  sans  lon- 
gue discussion  le  projet  proposé  ?Je  crois  irouver 
ces  motifs  dans  la  conviciion  intime  où  sont 
ces  membres,  que  le   corps  -  législatif  est  inc'a- 

Eable  d'opérer  le  bien  et  de  sauver  la  réipu- 
lique  ;  que  le  changement  proposé  le  peut  au 
contraire  ;  que  c'est  le  seul  et  unique  moyen  de 
inettie  lin  aux  disseniions  qui  sont  parvenues  à 
leur  plus  haut  degré  ,  ei  qui  compromettent  aussi 
éminemment  la  liberté  et  l'indépendance  de  la 
patrie;  Les  mêmes  motifs  détermineront ,  jeu  suis 
sûr,  la  majorité  du  sénat  à  accepter  sans  hésitation 
aucune,  la  résolution  qui  nous  est  offerte  ;  car 
à  quoi   servirait   un'  renvoi  à  ufie   commission  , 

Ïirsque  depuis  six  mois  chacun  a  pu  se  convaincre 
e  l'indispensable  nécessité  de  ce  qu'on  propose 
aujourd'hui ,  et  lorsque  tant  de  questions  plus  ou 
,  meips  semblables  à  cellcrci  ,  ont  occujpé  depuis 
quelque  mois  les  conseils?  D  ailleurs  on  ne  peut 
ajourner  la  décision  ;  le  grand-conseil  n'existe 
plus  ,.il  faut  que  le  sénat  se  décide,  je  vote  pour' 
l'acceptation.  —  Kubli.  Ce  pas  fait,  nous  retom- 
bonssans  doute,  dans  l'ancien  régime.  Si  là-dessus 
on  a  des  reproches  à  faire  aux  conseils, qu'on  s'a- 
dresse aux  membres  savans  ,  aux  grands  génies 
de  l'assemblée.  Ce  sont  eux  qui  nous  ont  perdus.  — 
Rothli.  Le  salut  du  peuple  est  une  loi  suprême.  Si 
j'étais  convaincu  que  l'acceptation  dix  projet  pût 
nous  sauver,  j'accepterais.  Ne  l'étant  pas  encore  , 
je  vote  pour  une  commission.  —  Mittelholzer  par 
motion  d'ordre,  demande  que  le  sénat  ne  se  sépare 
pas.  (Ici  s'élève  une  lof.gue  discussion  sur  la  ques- 
tion si  cette  permanence,  ou  bien  la  commission, 
doit  être  mise  aux  voix  la  première.)  —  Pettolaz  , 
Kubli ,  Crauer  ,  Cart ,  Wegmann  et  Bodmer  insistent 
fortement  pour  la  commission.  —  Bay  et  Deflue 
la  coinbattent.  —  Enfin  ,  la  commission  est  dé- 
crétée ,  et  on  en  nomme  les  membres  au  scru- 
tin. Ce  sont  Muret,  Cart,  Bay,  Luthi  de  Sol. 
et  Kubli.  —  Mittelholzer  demande  que  la  com- 
mission qui  vient  d  être  nommée,  fasse  son 
rapport  à  5  heures  du  soir.  —  Il  est  appuyé  par 
Luthi.  —  Kubli,  Crauer  et  RofA/i  insistent  pour  que 
lé  rapport  soit  renvoyé  à  demain.  —  La/léchefe 
ési  aussi  de  cet  aVis  ,  d'autant  plus  quil  veut 
un  rapport  étendu  qui  réponde  au  message  , 
et  qui  justifie  les  conseils.  —  24  voix  contre  20 
décrètent  que  le  rapport  se  fera  demain  à  neuf 
heures. 

11  est  2  heures ,  et  la  séance  est  levée. 
A  5  heures  du  soir.  Le  sénat  est  convoqué  de 
nouveau,  i—  Lé  président  fait  lire  une  lettre  de 
Itl  commission  executive  ,  par  laquelle  elle  lé 
ïômme  de  convoquer  le  sénat  pour  5  heures 
du  soir.  Il  faut,  dit-elle  ,  que  le  sénat  se  décide 
anjoùrd'hui.  Il  ne  dépend  plus  de  lui  d'ajourner 
•^  décision  ,  le  graild-conscil  s'étant  déclaré  en 
l^rmaneoce.  —  £uthi  de  Sol.  La  commission 
«|ue  V0U.3  avez  nommée  est  prête  à  faire  son 
rapport,  sjon  ne  l'exige  pas  par  écrit  ,  mais 
Vetbalementi  —  Kubli.  Moi  aussi  je  suis  de  la 
cohiniission  ,  et  je  déclare  que  je  ne  me  sens 
point  piêt,à  faire  un  rapport. . .  Mais  ce  qui  me 
-fcii  plaisir  ,  c'est  la  sommation  de  la  commission 
executive  ,  elle  est  digne  de  cette  journée.  Pour 
nous ,  nous  agirons  en  braves ,  et  nous  maintien- 
Hrons  notre  décret.  —  Rothli.  C'est  donc  par  l'or- 
dre de  la  commission  executive  que  nous  sommes 
ici:  c'est  dans  ces  derniers  momens  encore ,  oià 
nous  avons  montré  la  meilleure  volonté  ,  qu'on 
nous  met  le  poignard  sur  la  gorge  ;  mais  nous  ne 
serons  pai  des  lâches  ;  passons  à  l'ordre  du  jour. 
(On  crie  -.appuyé ,  appuyé.  )  —  Crauer  s'élève  avec 
force  contre  l'indécence  du  message  de  la  com- 
mission executive.  Jamais  les  anciens  gouverne- 
mens  ,  dit-il ,  ne  s'étaient  permis  un  tel  langage 
et  Un  tel  despotisme.  —  Diethelm.  Je  suis  indigné 
on  ne  peut  pas  plus.  Quoi  !  la  commission  execu- 
tive ose  nous  dire  que  le  grand-conseil  est  en 
permanence  ,  et  voilà  ses  membres  qui  sont  pré- 
sens à  nos  délibérations  ,  parce  que  la  porte  de 
leur  salle  se  trouve  fermée  par  ordre  de  la  com- 
fnission  executive.  Quelle  honteuse  dérision!  — 
Wegmari.  Je  suis  étrangement  étonné  que  le  pré- 
sident n'ait  pas  refusé  de  recevoir  un  message 
aussi  indécent  ,  et  qu'il  ait  osé  le  présenter  à  l'as- 
semblée.Je  demandequ'on  passe  à  Tordre  dujour. 
Si  on  refuse  l'ordre  du  jour,  alors  venez,  citoyens, 
et  sortons  de  la  salle.  —  On  crie  :  bravo;  appuyé , 
appuyé.  On  claque  des  mains.  Le  tumulte  se  pro- 
longe. ^-  Le  président  fait  lire  une  lettre  du  pré- 
sident de  la  commission  executive  ,  qui  lui  an- 
nonce qne  c'est  une  erreur  de  croire  ,  comme  on 
/-innonce  ,  que  là  salle  du  grand-cotiseil  ait  été 
fermée  par  ordre  de  la  commissiod  executive.  Le 
sénat  n'ayaqt  rien  statué  encore  ,  la  commission 
executive  s'est  seulement  concertée  avec  le  pré- 
sident du  grand-conseil  pour  suspendre  la  séance 
que  ce  conseil  avait  voulij  tenir  à  trois  heures  , 
pour  entendre  la  résolution  du  sénat.  —  On  veut 
continuer  la  discussion  sur  le  message  qui  a  solli- 
cité celte  assernblée  extraordiiiairç.  —  De  toutes 
fans  on  réclame  l'ordre  dujour.  —  On  passe  à 
erdre  du  jour  ,  et  les  membres  se  lèvent  pour 
sortir.  —  Ûsléri  réclame  vivctnent  la  parole.  Énlln 
elle  lui  est  accordée.  —  Voi^  venez,  dit-il  ,  de 
passer  k  l'ordre  du  jour  sur  celte  lettre.  Moi  aussi 


je  partai;e  l'indignation  que  la  mesure  prise  par 
la  commission  executive  doit  exciter.  Mon  cœur' 
est  navré  de  douleur,  et  je  viens  de  manifester 
mes  seniimens  à  cet  égard  ,  aiix  auteurs  mêmes 
de  ces  mesures.  (On  crie  bravo  ,  et  on  applaudit.) 
Oui  ,  vous  avez  bien  fait  d'adopter  cet  ordre  du 
jour;  mais  il  vous  reste  encore  quelque  chose  à 
taire.  Au  nom  de  la  liberté,  aU  nom  de  la  patrie, 
je  vous  en  conjure,  mettons  fin  au  scandale  qui 
augmente  d  heure  en  heure  ,  consultons  le 
danger  où  se  trouve  la  chose  publique  .  en- 
trons de  suite  en  discussion  sur  la  résolulion 
tlu  grand-conseil,  mais  avec  calme  et  sagesse, 
et  adopions-là  aujourd'hui.  — Je  remercie  notre 
respectable  collègue  ,  dit  Rothli  ,  de  ce  qu'il 
partage  votre  indignation  sur  la  conduite  de 
la  commission  executive.  Mais  il  nous  est  im- 
possible de  suivre  son  intention  ,  car  nous  venons 
dépassera  l'ordre  du  jour  précisément  sur  ce 
qu'il  demande.  —  Kiibli'ss  récrie  contre  la  pro- 
position d'Ustéri  ,  et  réclamé  la.kvée  de  la  séance. 
—  Cart  élevé  sa  voix.  Se.laissera-t-on  donc,  dit-il, 
toujours  et  éternellement  conduire  par  des  mots. 
Quelle  honte!  que  viens-je'  d'entendre  !  Nous 
prosternons-nous  devant  des  gens  qu'on  appelle 
respectables  et  qui  ne  sont  qu'habiles  ?  La  motion 
d'Ustétl  n'est  que  la  répétition  du  message.  On 
vous  joue,  citoyens.  C'est  trop  abuser  de  notre 
patience. Qu'on  seleve  avec  indignation,  et  qu'on 
passe  à  l'oidre  du  jour  sur  cette  proposition  mas- 
quée. (On  crie  aux  voix  !  aux  voix  !  levons-nous  ; 
partons.  (Il  y  a  duiumulte.j  t/iieVi  se  fait  entendre. 
Je  vous  le  répète  ,  dit-il  ,  il  faut  que  cela  finisse. 
Il  ne  s'agit  pas  de  nous.  Il  s'agit  de  la  patrie  ;  nos 
discussions  et  cette  guerre  ouverte  dans  laquelle 
nous  vivons  ,  la  précipitent  dans  l'abîme.  Dès  ce 
moment,  je  ne  me  <:onsidere  plus  comme  mem- 
bre du  sénat  et  je  quitte  J'assenablée.  (Il  sort  de  la 
salle.)  — Baji  déclare  qu'il  ne  voit  plus  dans  l'as- 
semblée qu'un  club  de  factieux.  —  (Le  tumulte  est 
à  son  comble.  )  —  Luthard  annonce  qu'il  suit,  aussi 
l'exemple  d'Ustéri ,  et  il  sort  de  lasalle.  —  L'assem- 
blée se  levé. 

Berne  ,  8  août,  11  heures.  Déjà  hier  au  soir  les 
sénateurs  Ustéri  et  Luthard  avaient  signé  une  dé- 
claration portant  :  qu'ils  sont  persuadés  que  le 
projet  de  la  commission  exécudve  est  le  seul 
moyen  qui  puisse  sauver  la  république  et  ter- 
miner les  dissentions  par  le  moyen  desquelles 
on  veut  la  perdre  ;  qu'en  conséquence  ils  adhé- 
rent à  la  résolution  du  grand-conseil  et  ne  se 
regardent  plus  comme  membres  du  sénat.  — 
Ce  matin  on  a  vu  paraître  unt  autre  déclaration 
d'autres  sénateurs  ,  qui  attestent  qu'une  nouvelle 
réunion  du  sénat  leur  paraît  infiniment  dange- 
reuse ,  et  que  par  cette  raison  ils  préfèrent 
d'adhérer  par  signatures  ihdiyidtiel|es  ,;^.à  la  ré- 
solution du  grapd-conseil.  H  est'  plus  que  pro- 
bable que  la  majorité  du  sénat  signera.  Ceux  qui 
jusqu'ici  ont  signé  ,  sont  :  Bay  ',  Luthi  de  Soleure  , 
Dejlue,  Attenhojer,  Berolding,  Schwaller,  Kesselring, 
Scherer  ,  Mittelholzer,  Pfyffer,  ,~Badoux  ,  Devevey  , 
Frossard  ,  Fatk  ,  Kunzli.  —  Ce  matin  à  8  heures 
et  demie  le  sénat  s'est  rassemblé  et  le  président 
Attenhofer  a  commencé  par  lire  une  lettre  de 
la  commission  executive  ,  qui  annonçait  qu'une 
partie  des  membres  du  sénat  avait  accédé  par 
écrit  à  la  résolution  du  7  ,  et  qu'il  était  par 
conséquent  invité  à  lever  la  séance.  —  Le  sénat 
réduit  à  24  membres  ,  a  déclaré  ne  vouloir  pas  se 
rendre  à  cette  invitation  et  à  commencé  à  délibérer. 
Les  orages  les  plus  tumultueux  n'ont  pas  tardé  à 
s'élever.  Le  président  a  fait  plusieurs  tenta- 
tives inutiles  pour  lever  la  séance  ,  et-  enfin  il 
a  quitté  le  fauteuil  ,  et  le  sénat  au  milieu  de 
l'agitation  a  nommé  un  autre  président  en  la  per- 
sonne du  cit.  Meyer  ,  d'Arau.  Il  a  ensuite  entendu 
le  rapport  de  la  commissiontldnamée  hier ,  et  s'est 
formé  en  comité  secret  pour  délibérer  sur  ce  rap- 
port, qui  passe  à  Tordre  du  jour  sur  la  résolu- 
tion. ^-  La  commission  executive  apprenant  cela, 
lui  a  encore  envoyé  un  autre  message  pour  l'in- 
viter à  se  dissoudre  ;  mais  en  ce  moment  il  de- 
meure réuni.  Cette  assemblée  illégale  produit  une 
grande  agitation  dans  la  ville  ,  et  nos  portes  sont 
fermées. 

La  commission  executive  ayant  en  main  l'adhé- 
sion de  la  majorité  des  membres  des  deux  con- 
seils au  projet  présenté  hier,  et  considérant  que 
lé  sénat  n'est  plus  en  nombre  suffisant  pour  pou- 
voir délibérer ,  vient  d'arrêter  la  mise  en  exécu- 
tion de  la  résolution  du  grand-conseil,  qui  paf 
le  fait  SB  trouve  être  un  décret  formel. — Ensuite 
la  commission  a  nommé  en  vertu  de  l'article  3  de 
ce  décret ,  les  trente-cinq  membres  de  la  nou- 
velle législature  qui  va  se  constituer  et  nommer 
encore  aujourd  hui  lesmembres  du  nouveau  pou- 
voir exécutif.  'Voici  les  noms  de  ces  législateurs  : 
ils  se  réunissent  en  ce  moment  dans  la  salle  des 
audiences  publiques  de  la  commission  executive  : 
Anderwert  ,  Attenhofer  ,  Bay,  Badoux,  Blatman  , 
Carmintian  ,  Cartier  ,  Carrard  ,  Deflue  ,  Desloës  , 
Escher  .  Egg  ,  Fischer  ,  Genhard  ,  Gmiir  ,  Graff 
(  de  Schotiîiis  )  Graff'(  d'Appenzell)  Huber,Inder- 
maiieii  ,  Kesselring,  Koch,  Kunh,  Legler,  Luscher, 
Liiihard  ,  Luthi  ,  Marcacci  ,  Mittelholzer  ,  Œsch, 
Muréi  ,  Piyffer  ,  Schlumpt ,  Stokar  ,  Usteri  , 
■Wuhrman  et  Zimmerraann. 


.  ./V.  B.  Notfs  croyons  iTelie  liste- exacte',  3  l'ex- 
ception d'un  nom  quiparâti  y  être  dB'  trop  ,  car 
elle  en  porte  36  aa-licu  de  35.  A  l'ordinaire  pro- 
chain nous  aurons  de  plus  grands  détails. 

P.  S.  A  midi  ,  lasalle  du  sénat  est  açluellemcnt 
fermée.  —  Carrard  doit  avoir  refusé  la  place  de 
nouveau  législateur.  (  Extrait  du  Nouvellistl , 
vaudois.) 


I     N     T     E     R     I     E     U 

Paris  ,  le  ig  thermidor. 


R. 


On  lit  le  passage  suivant  dans  une  lettre 
écrite  de  Francfort  : 

<<  On  n'a  qu'à  se  louer  du  soldai  français  ,  et 
II  Ton  doit  autant  admirer  sa  discipline  ,  sa 
I)  conduite  paisible  au  sein  des  cités  ,  que  sa 
II  bravoure  au  milieu  des  combats.  Une  autre 
II  remarque  non  moins  importante  ,  c'est  que 
II  l'esprit  qui  règne  maintenant  dans  le  militaire 
11  fiançais  ,  est  précisémeui  ce  qu'il,  doit  être 
n  pour  éiayer  et  consolider  au  milieu  de  la  paix 
11  l'édifice  que  les  travaux  guerriers  de  ces  braves 
11  ont  tant  contribué  à  élever,  d 

—  On  remarque  les  expressions  Suivantes  dans 
une  lettre  pastorale  adressée  par  Tévêque  de 
Nbvarre  aux  curés  de  sort  diocèse: 

"  La  soumission  aux  loix  ,  l'obéiSsânce  aux 
11  autorités  constituées  ,  soumission  et  obéissance 
II  qui  ne  dérivent  pas  de  la  méprisable  et  servile 
II  crainte  de  la  punition,  mais  du  libre  amour 
n  de  la  justice  ,  sont  des  co.mra.anderaens 
I'  divins;  c'est  sur-tout  aux  prêtres  à  en  donner 
1!  l'exemple  ,   etc."  -v 

—  Le  préfet  du  département  de  la  Seine  fera  , 
aujourd'hui  décadi  ,  à  midi  ,  dans  la  salle  de 
l'Oratoire,  rue  Honoré,  la  distribution  solennelle 
des  prix  décernés  aux  élevés-  des  écoles  cen- 
trales. 

—  Le  3o  thermidor  ,  à  midi,  il  sera  célébré 
dans  le  temple  de  la  'Victoire  (  Sulpice  )'  une 
fête  à    la   Vieillesse. 

—  Madame  Helvétius  ,  veuve  du  célèbre  écri- 
vain de  ce  nom,  vient  de  mourir  à  Auteuil.  Sa' 
maison  était  fréquentée  par  un  petit  nombre  de 
personnes  qui  cultivent  avec  succès  les  lettres  ,  le» 
arts  ,  la  philosophie.  Elle  a  été  ,  conformément 
à  son  vœu  enterrée  dans  son  jardin. 

—  Les  incendies  se  multiplient  depuis  quelque 
tems  d'une  maniéré  affligeante  ;  Textrêine  séche-^ 
resse,  la  disette  d'eau  généralement  éprouvée  , 
rendent  les  suites  de  ces  accidens  plus  désas- 
treuses que  dans  des  tems  ordinaires.  On  écjit  de 
Besançon  que  dans  la  nuit  du  ïl  au  82  Je  ce 
mois  ,  dans  une  ferme  voisine  de-  cette  vilie  ,  lé 
feu  s'étant  déclaré  ,  s'est  bientôt  communiqué  à 
sept  autres  fermes  remplies  de  grains  qi^'il  a 
consumées.  .; 

C^est  aussi  le  22  qu'une  incendie  ayant  éclaté 
dans  le  département  de  1  Eure  a  consumé  la 
presque  totalité  d'un  village  situé"  à  une  lieue 
et  demie  de  la  rivière.  Le  défaut  d'eau  a  em- 
pêché d'arrêter,  les  progrès  du  feu.  Heureuse- 
ment toute  ta  moisson  n'était  pas  encoie  rentrée, 
dans  les  granges;  plus  heureusement  encore  per- 
sonne n'a  péri. 


Tribunal  d'appel  séant  à  Taris. 

L  E  tribunal  a  Jchoisi  les  citoyens  Bellard  ,• 
Lajarriette  et  Carbonnier,  hommes  <le  loi ,  pouT 
former  le  conseil  officieux  chargé  de  consulter 
et  défendre  les  affaires  des  défenseurs  de  lapatrie, 
et  des  autres  citoyens  absens  pour  le  service  des 
armées  déterre  et  de  mer,  aux  termes  delà  loi 
du  6  brumaire  an  5.  .  ; 


Le  tribunal  criminel  du  département  de  TAiix. ' 
a,  dans  .sa  séance  du  21  thermidor,,  condamné 
à  mort  les  nommés  Leprêtre  ,  Guyot ,' Hyvert  et- 
Amiet ,  convaincus  d'avoir  anêté  ,  dans  la  nuit 
du  26  au  27  ventôse  dernier,  la,  diligence  de 
Genève  à  Lyon  ,et  d'avoir  enlevé  l'argent  et  les 
effets  précieux  dont  elle  était  chargée. 
-  Le  jury,  le  tribunal  et  les  témoins  ont  dan» 
cette  circonstance  ,  déployé  le  plus  grand  carac- 
tère. Les  dépositions  des  témoins  n'ont  été  in- 
fluencées ni  par  Tor  qiii  leur,  a  été  offert,  ni 
par  les  menaces  les  plus  terribles'  d'assassinat  et 
d'incendie  4  employées  pour  les   intimider. 

La  déclaration  du  jury  a  été  pareillement  ditriée' 
par  un  esprit  de  justice  et  d'impacrialité  qtii  fait' 
honneur  à  la  sagacité  de  ceux  qui  le  compti- 
saient  ;  ils  ont  été  inaccessibles  à  la  séductioti 
et  aux  subtilités  des  partisans  de  ces  criminels, 
qui  espéraient  les  corrompre  ou  leur  en  imposer,; 

Le  tribunal  ,  a  rais  dans  celte  procédure  luiè 
activité  et  tine  éner'gie  dignes  déloges. 

On  soupçonne  que  les  quatre  condamnés  sont 
des  chefs  de  bande;  et  les  tentatives  faites.,  a.  dewfc 
reprises  différentes,  soit  pour  favoriser  leur  éva- 
sion ,  si:>it  jiour  influencer  la  décision  du  tri- 
bunal ,  ne  peuvent  que  confirmer  ce  soupçon. 


i332 


L'un  des  dits  coilSamnés  (Laurent  Guyot  ) 
n'est  pas  connu  sous  son  véritable  nom;  le  com- 
missaire du  gouvernement  près  le  tribunal  cri- 
minel a  acquis  'la  preuve  qu'il  en  portait  un 
faux. 

Pendant  que  le  président  du  tribunal  pronon- 
çait le  jugement  de  mort,  Hyvert  ,  (  l'un  des 
accusés,  âgé  de  vingt  ans)  disait  en  s'adressant 
à  lui,  n  faut-il  trembler  pour  prononcer  un  juge- 
ment, de  mort  !  "  le  même  ajouta  lorsque  le 
le  président  eut  cessé  de  parler  ,  u  citoyen  pré' 
sident  vous  avez  encore  oublié  d'ordonner  l'impres- 
sion et   l'affiche  du  jugemetit.  n 

Un  peuple  immense  a  témoigné  sa  satisfac- 
tion de  la  décision  du  tribunal  et  son  indignation 
de  l'audace  qu'affichaient  les  condamnés. 

Le  citoyen  Ozun  ,  préfet  avait  ordonné  une 
féunion  de  brigades  de  gendarmerie  pour  veiller 
à  la  sûreté  des  prisons;  il  a  pris  les  mesures  les 
plus  vigoureuses  pour  ôler  aux  quatre  criminels 
toute  espérance  d'évasion  ;  le  mauvais  état  des 
prisons  de  Bourg  ,  et  la  nécessité  d'un  grand 
exemple  ,  font  désirer  qae  le  tribunal  de  cas- 
sation s'occupe  sans  délai  de  cette  procédure. 


Sur   la  marine. 

Demande.  Que  font  les  marins ,  sinon  languir 
dans  les  ports  ?  Que  doit-on  à  cette  marine  qui 
épuise  les  trésors  de  létal? 
:  Réponse.  L'homme  libre  cherche  la  vérité  ,  seul 
il  ose  la  dire.  Quiconque  est  gêné  ,  soit  par  la 
crainte  et  le  respect  qu'il  doit  à  ses  maîtres,  soit 
par  la  tyrannie  des  lois,  se  tait  s'il  hait  le  men- 
songe. S'il  parle  ,  fasciné  par  l'esprit  de  parti  ,  il 
devient  l'organe  de  l'erreur  et  de  l'intrigue.  Heu- 
rèuseaieut  il  est  arrivé  .  le  jour  où  l'homme  probe 
peut  hautement  rendre  hommage  à  la  vérité. 

Vous  avez  raison  ,  citoyens  ,  de  demander  qxiels 
sont  les  succès  de  nos  armées  maritimes,  lors 
même  qu'elles  sont  combinées  avec  celles  de  nos 
alliés  ;  de  dire  que  l'état  n'a  ni  trésors  ni  excédent 
de  population  pour  les  entretenir,  et  qu'au  fait 
les  dépenses  que  nécessitent  nos  armées  navales 
sont  au-dessous  de  nos  forces  ,  et  à  peu-près  inu- 
tile^. Mais  sans  feuilleter  les  annales  des  tems 
reculés  ,  sans  entrer  dans  des  détails  trop  minu- 
tieux ,  permettez-moi  de  vous  I  demander  à  mon 
tQur,  à  qui  doit-on  les  heureux  succès  de  la 
guerre  dernière  ,  dans  laquelle  nos  ennemis  ont 
perdu  une  grande  parde  de  leurs  colonies?  Auriez- 
vous  déjà  oubHé  ces  tems ,  cependant  si  lécens , 
où  nos  armées  poursuivaient  et  dispersaient  le 
pavillon  britannique  ,  qui  aujourd'hui  flotte  en 
despote  sur  toutes  les  mets  du  globe  ?  Ils  ne  sont 
plus  il  est  vrai  ;  mais  encore  maintenant  ,  ceux 
qui  ont  observé  la  conduite  de  nos  marins  avec 
les  tilens  nécessaires  pour  la  juger  ,  ont  pu  -se 
convaincre  que,  presque  dans  toutes  les  octa- 
sioris  'où  les  circonstances  indépendantes  de  tout 
effort  d'un  ofEcier  ne  se  sont  pas  montrées  con- 
traires, les  marins  ont  fait  voir  une  audace  et  un 
courage  vraiment  héro'iques.  Qui  pourrait  nier 
qu'ils  ont  toujours  sacrifié  leurs  intérêts  particu- 
liers à  leur  patriotisme  et  à  leur  zèle  pour  la  pros- 
fiérité  de  leur  pays  ?  Abandonnés  ,.  presque  dans 
indigence,  ils  souflFrent  avec  patience  et  rési- 
gnation les  caprices  de  la  fortune  ,  et  toutes  les 
espe-ces  de  privations. 

Si  la  marine  ne  tend  pas  aujourd'hui  les  mêmes 
services  ,  c'est  que  ses  blessures  l'ont  mis  hors 
d'état  de  servir  :  et  doit-on  raisonnablement  se 
plaindre  de  ceux  qui,  en  tout  subordonnés  à  la 
volonté  d'autrui  ,  ne  peuvent  qu  obéir  ?  Les  re- 
vers que  la  marine  éprouve  aujourd'hui  ,  j'ose  le 
dire  ,  prennent  leur  véritable  source  dans  les 
vices  du  gouvernement  qui  n'a  jamais  attaché  as- 
sez d'importance  à>  cette  partie  pouriant  si  inté- 
Tessante  de  la  force  publique.  Quelle  supériorité, 
l'opinion  dominante  en  Angleterre  ,  les  disposi- 
tions du  gouvernement ,  l'ex^éiience  et  les  lu- 
iftiéres  du  tribunal  de  l'amirauté  ne  donneiit- 
elles  pas  à  la  murine  de  cet  état  sur  celles  des 
puissances  confédérées  .' 

Les  opérations  mariiiraes  de  ces  dernières  ont 
été  presque  toujours  dirii^ées  par  l'intrigue  ou  la 
mauvaise  foi  ',  et  souvent  conçues  par  des  mi- 
nistres nullement  versés  dans  cette  panie  ,  et  dont 
quelques-uns  n'ont  jamais  monté  Sur  des  vais- 
seaux. En  France  ,  en  Espagne,  la  marine  tou- 
jours considérée  comme  un  moyen  de  puissance 
indirect  et  relatif,  n'a  jamais  tait  la  principale 
occupation  de  leurs  gouvernemens  ,  qui  n'ont  pas 
voulu  non  pliis  écouler  ou  accueillir  ceux  qui 
pouvaient  les  éclairer  sur  cet  objet,  u  C'est  une 
périté,  reconnue  ,  dit  l'abbé  Raynal  ,  que  la  balance 
du  pouvoir  a  passé  dans  les  mains  des  nations 
maritimes.  Comme  la  nature  de  leurs  forces  les 
approche  de  tous  IcS  pays  qui  bordent  l'Océan 
et  ses  dilfér^cis  golphes  ,  il  leur  est  possible  de 
faire  du  bien  et  du  mal  à  plus  d'états  ;  elles  doi- 
vent donc  avoir  plus  d'alliés,  plus  de  confédé- 
lations  el  plus  d'influence.  »> 


Quelle  triste  et  désolante  perspective  pour  un 
corps  dont  le  service  est  si  pénible  ,  dont  l'acti- 
vité est  accompagnée  de  tant  de  désagrémeiis  et 
de  privations  ,  qui  se  dévoue  si  généieusemtint  à 
des  fatigues  continuelles,  à  des  dangers  toujouis 
renaissons,  de  se  voir  en  but  à  la  hatiie  ,  et,  di- 
sons plus,  à  I  indignation  des  autres  classes  de 
citoyens,  loin  d  en  obtenir  aucune  espèce  de 
dédommagement  des  sacrifices  éionnans  qu'il  fait 
à  la  patrie  !  J  en  appelle  à  tous  les  hommes  de 
bon  sens  et  impartiaux  ;  n  est-il  pas  absurde  et 
révoltant  pour  un  marin  dêne  jugé  dans  ses 
opérations  par  des  ignorans  qui  n'entendent  rien  , 
qni  ne  trouvent  rien  d'impossible  pour  les  blâmer 
plus  facilement  ;  par  des  hommes  enfin  qui  n'ont 
même  aucune  connaissance  des  lieux  où  la  marine 
éprouve  ses  revers,  des  difficultés  insurmontables 
qui  peuvent  s'y  rencontrer ,  et  qui  ,  incapables 
déjuger  de  l'étendue  et  de  la  valeur  de  ses  moyens 
actuels,  dissimulent  par  une  mauvaise  foi  mar- 
quée ,  ou  par  un,e.  .inconséquence  ridicule  une 
partie  de  ceux  qui  iui  sont  opposés,  el  jugent 
leur  conduite  avfec  un  ton  tranchant  et  une  sévérité 
quils  n'auraient  pas  pour  nos  ennemis?  (i) 

je  ne  nie/pas  qu'il  ne  se  soit  glissé  dans  la  ma- 
rine beaucoup  d'abus  et  de  préjugés;  mais  je  le 
répète,  ils  proviennent  du  gouvernement.  C  est 
à  lui  ,  lorsqu'il  aura  acquis  les  connaissances 
nécessaires  ,  à  entreprendre  une  sage  réformation, 
à  remonter  les  ressorts  dyne  constitution  rnari- 
timc  trop  faible  et  trop  mal  entendue ,  à  porter  au 
plus  haut  degré  de  peifeciion  toutes  les  pailies 
de  son  administration  ,  et  à  augmenter  sa  puis- 
sance. Il  n  est  point  nécessaire  qu'un  gouverne- 
ment donne  tout  à  coup  à  sa  marine  un  accroisse- 
ment gigantesque  ,  et  une  splendeur  passagère. 
Cet  accroissement  doit  être  progressif,  tel  qu'il 
puisse  en  imposer  aux  états  voisins ,  et  donner  du 
poids  aux  négccialions  ;  les  forces  rasriiimes 
doivent  être  réglées  sur  les  besoins  de  l'état  ,  sur 
les  intéiêts  réels  ,  sur  les  alliances  ou  liaisons 
utiles  qui  peuvent  lésuller  de  la  position  topo- 
graphique de  la  métropole  et  des  colonies.  C'est 
à  la  politique  inléiieure  d'un  état  à  constituer  ces 
forces,  à  les  former  et  les  organiser  suivant  le 
génie  et  les  moyens  de  la  nation  ,  et  sur-tout  à  les 
constituer  de  manière  à  ce  qu'elles  soient  pré- 
servées de  cette  mobilité  de  vues  ,  de  cette  va- 
riété d'opinions ,  de  cette  inconstance  dans  leur 
emploi  ,  qui  ,  jusqu'à  cette  heure  ,  ont  été  les 
causes  funestes  de  leur  nullité  ,  et  de  leur  anéan- 
tissement. En  effet ,  que  voit-on  maintenant  dans 
ce  qui  est  relatif  à  la  marine  ,  sinon  une  multi- 
tude d'ordonnàneeS'  et  d'arrêtés  qui  se  succèdent 
avec  la  plus  grande  rapidité,  et  dont  le  but  est 
d«i  faire'et  défaire  ,  établir  et  renverser,  blâmer 
et  approuver  suivant  l'esprit  du  moment  et  l'opiT 
nion  doi^inante. 

Jamais  la  marine  n'aura  de  prospérité ,  que 
lorsque  ,  par  la  uâture  de  sa  constituuon  ,  elle 
Sets,  goiivemée  constamment  par  des  hommes 
déjà  distingués  dans  cette  carrière  ,  incapables  de 
se  livrer  à  l'espi^it  de  parti,  au-dessus  de  l'intrigue, 
doués  des  lumières  et  de  l'expérience  nécessaires 
pour  éclairer  le  gouvernement  sur  l'emploi  de 
ses  forées  maritimes,  pour  en  calculer  les  moyens, 
diriger  les  opérations,  juger  sainement  les  fautes, 
et  corriger  les  abus  ;  par  des  hommes  enfin  pour 
qui  l'expérience  du  passé  ne  serait  pas  perdue. 

Que  nous  somàies  loin  de  cet  état  de  choses  ! 
El  comment  peut-on  se  flatter  de  triompher  d'un 
ennemi  qui  ,  dejJuis  un  siècle  et  demi  ,  sacrifie 
tout  à  l'entretien  de  sa  marine  ?  lorsque  nous 
ne  voyous  qu'un  changement  perpétuel  de  mi- 
nistres ,  qui  (en  leur  supposant  les  lumières  les 
plus  étendues  et  le  génie  le  plus  transcendant) 
manquent  toujours  du  tems  nécessaire  pour  dé- 
velopper leurs  tilens  ?  A  peine  élevés  à  ces 
postes ,  il  faut  qu'ils  s'occupent  des  moyens  de 
s'y  maintenir  avant  de  songer  à  remphr  les  de- 
voirs qiii  leur  sont  imposés  ,  et  il  ne  reste  aux 
mieux  intentionnés ,  fatigués  par  les  cabales  , 
rebutés  par  les  obyacles ,  ni  le  tems  ni  la  force 
de  réformer  les  abus. 

Chaque  ministre  forme  un  système  nouveau. 
L  un  croit  parvenir  à  la  perleciionpar  une  réforme, 
et  il  l'annonce  ;  aussitôt  les  ignorans  intriguent  , 
çabalent,  et  par  leurs  clameurs  et  leurs  railleries 
parviennent  à  arrêter  l'exécution  de  son  projet. 
S  efForce-t-il  de  tenir  tête  à  l'orage?  il  est  décrié 
par-tout  ;  et  s'il  survient  un  revers  ,  sa  disgrâce 
est  complette  ,  il  «st  remplacé. 

Un  autre  croit  y  atteindre  par  une  voie  plus 
sûre;  il  prodigue  les  grâces,  ne  refuse  rien  de  ce 

(i)  Il  est  très-difficile  de  connaître  les  circons- 
tances d'un  combat  naval  ,  et  on  doit  être  bien 
circonspect  pour  le  juger.  La  mal-adresse  d'un 
seul  capitaine  ,  la  lâcheté  ou  l'insubordination  de 
quelque  autre  ,  un  feu  plus  heureux  ,  enfin  le 
hazard  peuvent  amener  la  défaite  d'une  armée. 
Les  talens  ,  le  courage  et  la  bonne  volonté  de 
tous    les   autres  sont   soumis  à  tous  ces  accidens. 


qu'on  lui  demande  ,  dispense  d'une  main  libérale, 
les  dignités  ,  les  honneurs  ,  les  pensions  ,  et  pense 
s'attirer  par  ses  bienfaits  la  bietiveiUaricc  du  genit» 
humain.  Mais  combien  il  se  trompe  !  Il  nuit  au 
bien  du  service,  et  n'oblige  que  des  ingrats  qui 
regardent  comme  dues  et  méiiiées^depuis  loug- 
tems  les  récompenses  prématurées  qu'il  leur  ac- 
coide  ,  et  ne  retire  d'autre  fruit  de  sa  faible  con- 
descendance ,  que  d'être  entouré  momentané- 
ment de  flatteurs  et  de  partisans  qui,  au  moment 
où  il  est  remplacé  ,  l'abandonnent  pour  s'attacher 
à  son  successeur. 

Pour  entretenir  une  marine  ,  il  faut  lui  mé- 
nager ,  sans  interruption  ,  des  ressources  nou- 
velles ;  il  faut  trouver  les  moyens  de  Id  roainienir 
dans  un  état  de  force  et  de  vigueur;  et  pour  y 
parvenir  ,  nous  devons  nous  dépouiller  de  toute 
fausse  piéventioii  nous  garder  sur-tout  d'écouler 
la  voix  d'une  timide  économie  mal  entendue  , 
et  imiter  nos  epnemis.  t-irLa  nalion  anglaise  ,  dit 
encore  Raynal  ,  regarde  sa  marine  comme  le 
rempart  de  sa  sôieié  ,  comme  la  source  de  ses 
richesses  ;  c'est  dans  la  paix  ,  comme  dans  la 
guerre  ,  le  pivot  de  ses  espérances  ;  aussi  leve- 
t-elle  etplus  volontiers  une  flotte  qu'un  bataillon  ; 
elle  n'épargne  aucun  moyen  de  ressource  ni  au- 
cune dépense  pour  avoir  des  hommes  de  mer. 

!)  Les  fondemens  de  cette  maiine  ,  ajoute-t-il  , 
furent  jetés  au  milieu  du  siècle  dernier  par  ce 
fameux  acte  de  navigation  ,  qui  assurait  aux. 
anglais  toutes  les  productions  de  leur  vaste  empire, 
et  qui  leur  promettait  une  grande  partie  de 
celles  des  autres  régions.  Par  cette  loi  on  sem- 
blait dire  à  tous  les  peuples  de  songer  à  soi; 
cependant  cette  loi  a  été  inutile  jusqu'à  nos 
jours  aux  autres  gouvernemens  ,  et  aucun  d'eux 
ne  l'a  prise  pour  règle  de  sa  cbnduile  II  est 
possible  que  les  yeux  s  ouvrent;  mais  la  Grande- 
Bretagne  aura  toujours  joui  pendant  plus  d'un 
siècle  des  fruits  de  sa  prévoyance  ,  et  peut-être 
acquis  dans  ce  long  intervalle  assez  de  forces  et 
de   lumières  pour  perpétuer  ses  avantages. 

Il  n'est  pas  donc  étonnant  que  l'Angleterre  lutte 
avec  autjnt  de  succès  contre  les  débris  .de  deux 
marines  ,  et  sur-tout  lorsque  la  mal-adresse  et  le 
peu  d'accord  que  nos  gouvernemens  ont  mis  dans 
leur  emploi  ,  dans  la  combinaison  ,  et  dans 
les  opérations  qu'ils  ont  prescrites  ,  ont  détruit  ta 
grande  partie  les  effets  qu'ils  auraient  pu  pro- 
duire ,  et  par-là  augmenté  les  triomphes  de  nos 
ennemis ,  toujours  prêts  à  profiter  de  nos  moin- 
dres fautes. 

C'est  dans  la  direction  de  nos  forces  ,  et  dans 
la  fausse  élection  de  quelques  chefs  ,  que  nouS; 
avons  sur-tout  montré  potie  négligence  et  notre 
ineptie. 

Comment,  en  effet  ,  nos  gouvernemens  placés 
à  une  grande  distance  du  centre  des  opération» 
maritimes  ,  qu'ils  ne  peuvent  juger  que  par  des 
rapports  dont  ils  nîont  ni  le  tems  ni  les  moyens 
d'approfondir  la  véracité  et  les  circonstances  , 
peuvent-ils  applanir  les  difficultés  et  obvier  aux 
inconvéniens  qui  peuvent  se  présenter?  On  marche 
toujours  à  tâtons, et  on  ne  rccontiaitles  fautes  que 
lorsqu'elles  sont  irréparables. 

Cet  exposé  doit  occuper  l'attention  de  nres 
concitoyens  ,  c'est  le  vœu  de  l'homme  impartial , 
et  l'hommage  le  plus  libre  qu'on  puisse  rendre 
à  la  vérité.  Qu'on  rassemble  tous  les  généraux 
qui  se  sont  montrés  à  la  tête  de  nos  armées,  ou 
qui  aspirent  à  cette  dangereuse  prééminence, 
qu'on  les  sotnme  de  répondre  avec  une  fran- 
chise éloignée  de  tout  ménagerrient  ;  et  s'ils  di- 
sent que  j'ai  tort,  je  consens  dépasser  pour  un 
imbécille  ou  un  fou. 


AVIS. 

Le  cit.  David,  peintre  et  membre  de  l'institut 
national,  a  1  honneur  de  prévenir  le  public  que 
l'expositiondes  Sabines  continue  d'avoir  lieu  tous 
les  jours,  depuis  onze  heures  du  matin  jusqu'à 
sept  du  soir ,  cour  du  Louvre. 

Biais,  marchand  mercier,  rue  des  Noyers  , 
n°  I  ,  montagne  Geneviève,  prévient  les  ciioyeus 
juges  qu'ils  trouveront  dans  son  magasin  des 
manteaux  tout  faits  pour  les  juges  près  les  diffé- 
rens  tribunaux. 


Hernies  ou  dsscentes. 

Remède  pour  la  guérison  radicale  des  hernies 
ou  descentes  ,  récentes  et  anciennes.  S'adresser  au 
cit.  Millet  ,  rue  Antoine  ,  n°  5o ,  vis:à-vis  le 
bureau  des  voitures  de  Melun  ,  au  second  sur  le 
devant.  On  le  trouve  tous  les  jours  depuis  dix 
heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir.  Il 
tient  aussi  pour  les  deux  sexes  des  bandages 
élastiques  à  ressort  età  coulisses  ,  qui  contiennent 
parfaitement  les  hernies  sans  gêner  ni  former 
aucune  épaisseur  sur  les  hanches. 

Il  prouvera  à  ceux  qui  auraient  des  doutes  sur 
l'efficacité  de  son  remède  ,  qu'il  a  guéri  des  per- 
sonnes de  tout  âge  ,  même  de  70  ans  ,  et  qui 
étaient  incommodées  depuis  plus  de  vingt  ans. 


A  Paris,   de  rimprimcrie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  t3. 


-=:SS^^^^ 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL; 


N"  33i. 


Primcdi  ,  i"  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


No 


•lous  sommes  autorises  a  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
:    Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sut 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  ks  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  k  24  thermidor  ,  ('  1  2  août.  ) 

Xj'intentio  >i  du  gouvernement  a  sans  doute  été 
de  donner  le  change  à  l'ennemi  ,  en  faisant  pu- 
blier ,  dans  1  un  de  ses  journaux  ,  que  la  flotte  de 
transports  ,  expédiée  de  Portsmouth  ,  toucherait 
à  Plymouth  ,  où  elle  serait  jointe  par  sir  William 
Pulteney  ;  car  les  lettres  de  ce  port  ,  écrites  de 
samedi  dans  la  nuit,  c'est-à-dire  ,  troisjours  après 
la  sortie  de  cette  flotte  ,  ne  font  mention  ni  de 
l'arrivée  du  général  Pulteney  ,  ni  de  l'apparition 
des  transports  ,  quoique  le  vent  ait  continué 
d'être  favorable  pour  le  trajet  de  Portsmouth  à 
Plymouth.  —  Quelle  que  soit  la  destination  de 
cette  flotte  ,  on  dit  que  le  camp  de  Windsor  ,  si 
elle  a  du  succès  ,  sera  embarqué  pour  aller  la 
seconder.  Pariié  de  tems  ,  parité  de  mesures  , 
parité  de  confiance  ,  c'est  à-peu-près  tout  comme 
l'année  dernière.  Si!  y  a  parité  dans  le  dénoue- 
ment ,  nos  ministres  ne  manqueront  pas  aussi 
d'argumens  pareils  pour  le  justifier. 

Un  particulier  d'Edimbourg  ,  a  reçu  une  lettre 
de  New-York  ,  en  date  du  a^juin  ,  dans  laquelle 
on  lui  mande  qu'il  s'était  montré  dans  cette  ville 
quelques  symptômes  de  la  fièvre  jaune  ,  et  qu'un 
grand  nombre  d'habitans  alarmés  ,  avaient  fui  à 
la  campagne.  Nous  avons  vu  des  gazettes  de 
New-York  ,  du  27  juin  ,  qui  disent  .  au  contraire, 
qu'il  ne  s'y  est  manifesté  aucun  symptôme 
d'épidémie. 

L'arrivée  de  notre  flotte  de  la  Baltique  à^rid- 
lington  ,  a  fait  cesser  les  inquiétudes  que  l'on 
avoit  qu'elle  n'y  eut  été  détenue. 

Le  14  thermidor  ,  à  huit  heures  du  matin  ,  le 
tbermomètre  de  Fareinheit.  marquait  àEdimbourg, 
70  dégrés  ,  et  le  même  jour,  à  une  heure  après 
midi  ,  72  degrés  et  demi  ,  à  Bath  ,  où  il  s'est 
élevé  le  lendemain  375  degrés. 

On  est  dans  l'habitude  en  Angleterre  de  laisser 
foutes  les  fenêtres  ouvertes  pendant  la  chaleur 
du  jour;  rien  d'aussi  mal  entendu.  En  Italie  et 
dans  tous  les  pays  chauds  ,  on  ferme  de  bonne 
heure  les  volets  pour  empêcher  qu'aucun  rayon 
du  soleil,  ni  l'air  réchauffé  de  l'extérieur  ne 
puissent  pénétrer  dans  les  appartemens.  On  de- 
vrait manger  des  glaces  plutôt  le  matin  qu'après- 
dîner  ;  elles  donnent  du  ton  à  l'estomach  quand 
il  est  vuide  ;  elles  le  débilitent  quand  il  est  plein  , 
fesant  refluer  la  circulalion  vers  les  extrémités. 
L'air  du  matin  est  plus  salubre  ;  il  énerve  moins 
les  forces  que  vers  le  milieu  du  jour  ,  et  il  est 
moins  humide  que  l'air  qu'on   respire  le  soir. 

M.  Piit ,  poursuivi  par  les  huées  du  peuple 
en  sortant  du  parlement ,    avait  l'air  de  se  dire  : 

Populus  me  sibîlat ,  at  mihi  plaudo. 

La  canaille  me  siffle  ,   et  moi  je  m'applaudis. 

Dix-sept  jeunes  femmes  se  sont  évanouies  der- 
nièrement au  spectacle  ,  soit  par  l'effet  de  la 
grande  chaleur,  soit  par  le  bien  joué  de  la  pièce 
qui  était  le  Point  d'honneur.  ( tlu  Point  of  ho- 
nour.  J  Le  prince  de  William  de  Gloucester  a 
été  d'une  attention  parfaite  pour  plusieurs  d'en- 
tr'elles.  (  Extrait  du  Morning-poit.  ) 


Errata  pour  l'artide  Angleterre  du  Moniteur  d'hier 
3o  thermidor: 

Au  lieu  de  l'èvêque  de  Slandaff  ,  lisez  l'évêque 
de   Llandaff. 

Au  lieu  de  détruire  la  salure  ,  lisez  :  de  dé- 
terminer le  degré  de  salure.  Dans  le  même  alinéa , 
au  lieu  de  température  ,  lisez  :  température  de 
la  mer. 

INTÉRIEUR. 

Nantes  ,  le  22  thermidor. 
Au  rédacteur  de  la  Feuille  nantaise. 
Citoyen  ,  il  vient  d'être  commis  un  délit  très- 
gijve  ,  prévu  et  rigoureusement  puni  par  les 
ordonnances  des  eaux  et  forêts  ,  renouvelées  par 
larlicle  X  du  titre  IV  du  règlement  du  port  de 
Nantes  ,  parce  qu  il  est  extrêmement  dangereux 
par  ses  conséquences.  On  a  jeté  des  coques  du 
Levant  ,  ou  autres  drogues  enivrantes  ,  dans 
la  rivière.   Les  peines  indiquées  s'étendent  même 


sur  les  marchands  qui  vendent  ces  drogues  ,  à 
cause  de  l'abus  et  des  maux  qui  peuvent  en 
résulter. 

Il  fut  jette  dans  la  rivière  ,  il  y  a  'un  an  ,  sans 
doute  de  la  coque  du  Levant  ,  ou  autres  ingré- 
diens  défendus  à  juste  titre  ,  de  la  tête  de  lîle 
Marteliere  ,  située  au-desius  di  grande  Biesse  , 
d'où  partit  sur  l'eau  une  prodigieuse  quantité  tle 
poissons  de  toutes  espèces  ,  âge  ou  grandeurs  , 
morts  ou  enivrés  ,  (mais  assurément  empoison- 
nés )  ,  et  dont  les  particuliers  voisins  s'emparè- 
rent avec  avidité  ,  emportant  au  moins  ce  qu'ils 
purent  àpleins  paniers ,  parportoires  ,  vaisseaux  , 
elc, 

Pendant  ce  tems  ,  on  a  vu  des  hommes  ,  dans 
l'eau  jusqu'à  la  ceinture  ,  avancés  sur  une  grève  au 
banc  au  côté  septentrional  de  cette  île  ,  et  postés 
là  avec  des  paniers.  On  a  dû  penser  qu'ils  y  étaient 
pour  attendre  ce  poisson  à  passer  ,  en  enlever  ce 
qui  leur  convenait ,  et  que  c  étaient  sans  doute  les 
auteurs  du  délit. 

Les  deux  derniers  décadis  ,  le  même  crime 
vient  d'être  renouvelé  par  des  gens  comme  les 
premiers,  et  peut-être  les  même's.  Il  est  difficile 
de  croire  qu'ils  ne  soient  pas  connus  de  leurs  voisins 
même  et  des  pêcheurs  qui  doivent  avoir  à  s'en 
plaindre  ,  et  refusent  cependant  de  les  désigner  , 
sans  doute  par  crainte  et  parce  qu'ils  sont  en  grand 
nombre.  Il  paraît  que,  jusqu'à  présent,  toutes 
recherches  et  enquêtes  ,  démarches  publiques  ou 
secrettes  ,   ont  été  vaines. 

Tonnez,  citoyen  rédacteur,  contre  les  coupa- 
bles de  ce  délit  :  si  vous  réussissez  à  les  effrayer 
ou  à  les  convaincre  sur  les  suites  affreuses  de 
leurs  manœuvres  criminelles ,  vous  aurez  rend-u 
un   grand  service  à  la  société.  Votre  abonné. 

Note  du.-  rédacteur  ,   Victor  Mangm. 

Je  commencerai  par  citer  l'article  même  de  l'or- 
donnaute  de  la  marine  ,  et  la  ntote  de  sod  savant 
commentateur. 

Titre  II   de  l'ordonnance  de  la  marine. 

Article    XII. 

>'  Fesons  défenses  aux  pêcheurs  d'employer  de 
!)  la  résure  pour  attirer  la  sardine  ,  et  à  tous 
>i  tnarchands  d'en  vendre,  qu'elle  n'ait  été  visi- 
)>  lée  et  trouvée  bonne  ,  à  peine  de  3oo  francs 
)'  d'amende.  )> 

Note  du  Commentateur, 
La  résure  de  mauvaise  qualité  ne  peut  qu'em- 
poisonner la  sardine  ;  c'est  pourquoi  il  est  ex- 
pressément défendu  par  cet  article  aux  pêcheurs 
de  s'en  servir,  et  aux  marrchands  d'en  vendre, 
qu'elle  n'ait  été  visitée  et  reconnue  bonne,  à 
peine  de   3oo  livres  d'amende. 

Il  est  également  défendu  ,  sous  peine  de  pa- 
reille .iraende  ,  pour  la  première  fois  ,  et  de 
1000  liv.  en  cas  de  récidive  ,  à  toutes  personnes 
indistinctement  ,  de  jetter  dans  la  mer,  le  long 
des  côtes  et  aux  enibouchuies  des  rivières  ,  dans 
les  mares  et  les  étangs  salés  de  la  chaux  ,  des  noix 
vomiques  ,  noix  de  cyprès  ,  coques  du  Levant , 
inomie  ,  musc  ,  et  autres  drogues  pour  servir 
d'appât  et  empoisonner  le  poisson.  [Art.  XXXIX 
de  la  déclaration  du  23  avril  1726.  ) 

Les  mêmes  défenses,  pour  la  pêche  en  eau 
douce,  avaient  déjà  éié  ïailes  -pai  l'article  XIV , 
litre  XXXI  de  l'ordonnance  des  eaux  et  forets. 

Qnelle  honte  pour  l'humanité,  que  l'avarice  des 
hommes  donne  occasion  de  porter  contre  eux  de 
pareilles  lois  ! 

La  coque  du  Levant  est  un  frait  gros  comme 
de  gros  poids,  de  forme  sphérique  ,  dun  brun 
noirâtre,  qu'on  nous  envoie  des  Indes.  On  s'en 
sert  comme  de  staphisaigre  ,  pour  faire  mourir  les 
poux;  on  a  découvert  qu'il  avait  la  propriété 
d  endormir  et  d  enivrer  tellement  les  poissons  , 
qu'ils  paraissent  comme  morts  ,  et  sont  ainsi  très- 
faciles  à  prendre,  u  Mais  ,  dit  Valmoni  de  Bomare 
dans  son  dictionnaire  d'histoire  naturelle ,  comme 
on  a  reconnu  que  la  chair  du  poisson  pêche  par 
cette  méthode,  é'ait  dangereuse,  on  décerna 
dans  le  siècle  dernier,  des  peines  pécuniaires 
et  même  alflictives  en  cas  de  récidive,  contre 
ceux  qui  useraient  à  l'avenir  de  cette  mé- 
thode. )> 

Le  témoignage  de  ce  naturaliste  n'est  pas  sus- 
pect; et  ceux  qui  se  sont  rendus  coupables  de 
ce  crime  ,    s  ils   n'eu  ont.  pas  connu    les    consé- 


quences ,  doivent  être  prévenus  qu'elles  sont  de» 
plus  dangereuses.  ■  ,       , 

Tout  le  poison  ainsi  enivré  et  empoisonné  n'est 
pas  enlevé  :  il  en  périt  do.nc  une  très-grande  quan-" 
lité  dans  leau  ,  ([ui  peut  ainsi  se  corrompre,  et 
incommoder  beaucoup  ceux  qui  en  boivent.  Le 
poisson  cjui  provient  de  cette  affreuse  pêche  peut 
occasionner  les  mêmes  malheurs. 

Si  donc  ceux  qui  se  sont  permis  celte  contra- 
vention aux  lois  ignorent  ces  dangers  ,  qu'ils  ap- 
prennent à  les  connaître,  qu'ils"  frémissent ,  et 
qu'ils  sachent  qu'ils  peuvent  devenir  ain.«i  le» 
bourreaux  de  leurs  plus  proches  parens  et  de 
leurs  mei!  eu  s  amis. 

S'ils  sont  instruits  de  ces  suites  terribles  ,  ce 
sont  des  monstres  que  leurs  voisins  ne  doivent 
pas  ménager:  la  loi  ne  le.s  punit  pas  de  mort;  et 
lorsque  h  police  et  les  officiers  de  port  qui  sont 
chargés  de  découvrir  les  coupables  ,-  les  inter- 
rogent,  je  ne  vois  pas  pourquoi  ces  voisins  ne 
déclareraient  pas  la  vérité. 

Le  plus  petit  mal  qui  puisse  en  résulter  ,  c'est  la 
destruction  entière  du  poisson  de  la  Loire  ;  tous 
ceux  qui  habitent  notre  cité  savent  de  quelle 
ressource  est  cette  nourriture  ,  d'un  prix  très- 
doux  ,  et  sans  laquelle  un  uers  de  la  ville  ne 
pourrait  subsister. 

Au  reste  ,  la  police  les  veille  ,  les  commissaires 
de  police  et  les  officiers  de  port  sont  chargés  de 
recherches  qui,  osons  l'espérer,  ne  seront  pa» 
infructueuses. 

[Feuille  Nantaise,  25  tkertnidor.) 
Paris  ,  le  3o  thermidor. 

Les  otages  toscans  sont  partis  de  Mâcôn  le 
le  21  de  ce  mois  ;  ils  ont  adressé  au  préfet, 
avant  leur  départ  ,  une  lettre  dans  laquelle  ils 
exprirnent,  d'une  manière  touchante,  leur  re- 
connaissance envers  le  gouvernement  qui  les 
rerid  à  leur  patrie  ,  leur  sensibilité  pour  la  bien- 
veillance que  le  préfet  de  Saône  et  Loire  leur 
a  témoignée  ,  pour  ses  procédés  hospitaliers , 
pour  les  égards  et  les  soins  par  lesquels  il  s'est 
efforcé  de  les  consoler  du  malheur  d  être  absens 
de  leur  patrie.  (Journal  de  Paris.  ) 

—  Le  22,  des  parlementaires  ont  ramené  dans 
le  port  de  Cherbourg,  56  prisonniers  français, 
marins,  et  le  23,  129  autres  prisonniers,  tous 
pêcheurs  ,  rendus  en  conséquence  de  l'arran- 
gement pris  entre  les  deux  gouvernemens  pour 
la  liberté   de   la   pêche. 

—  Une  lettre  de  Marseille,  citée  par  la  Gazette 
nationale  de  France,  annonce  qu'un  parlemen- 
taire entré  dernièrement  dans  le  port,  a  ramené 
les  prisonniers  français  faits  à  bord  du  Guillaume 
Tell.  Il  paraît  que  la  peine  la  plus  cruelle  que 
ces  braves  militaires  aient  éprouvée  dans  leur 
captivité  ,  étiiit  le  sentiment  des  malheurs  de 
leur  patrie  ,  et  des  revers  qu'elle  a  essuyés  l'année 
dernière  ;  car  on  a  de  la  peine  à  se  faire  une 
idée  de  leur  étonnement  et  de  la  joie  qu'ils  ont 
ressentie  en  apprenant  les  nouvelles  victoires  de 
la  .--épublique  ,  et  la  situation  formidable  de  ses 
armées. 

,,.~  "^""s  '^5  papiers  publics  rapportent  que 
I  incendie  qui  ravage  les  forêts  de  Fredenstat 
et  du  Kniebis,  dure  depuis  dix  jours  et  fait  des 
ravages  considérables.  La  rive  gauche  du  Rhin 
n  est  pas  tout-à-fait  exempte  de  ce  fléau.  La 
forêt  d'Haguenau  a  eu  quelques  parues  incen- 
diées. 

-^Le  cit.  Fausas  Saint-Fond  commencera  de- 
main I"  fructidor,  à  neuf  heures  du  matin  ,  un 
cours  de  géologie  ou  d'histoire  naturelle  appli- 
cable à  la  théoiie  de  la  terre:  il  le  continuera 
tous  les  jours  impairs,  à  la  même  heure  ,  danj 
la  grande  salle  de  la  bibliothèque  du  Muséum. 

, —  L'administration  du  Mont-de-Piété  ,  voulant 
faire  participer  aux  bienfaits  de  son  établissement 
les  quarders  qui  s'en  trouvent  éloignés  ,  vient 
d'ouvrir  une  nouvelle  maison  de  prêt  ,  rue 
Vivienne  ,  n"  45.  C'est  une  ressource  de  plus 
offerte  aux  indigens ,  un  avantage  pour  le  com- 
merce, puisque  la  baisse  de  l'ini^érêt  de  l'argent 
est  une  suite  nécessaire  de  cette  facilité  accordée 
à  ceux  qui  se  trouvent  dans  l'obligation  de 
recourir  à  une  telle  ressource.  (Journal  dit 
Débats.) 

Le  journal  des  débats  annonce  aussi  l'cvénc- 
rocnl  malheureux  dont  on  va  lire  les  détails. 


Dans  la  nuit  du  t7  ^  iT?  ,  te  citoyen  thé liitier  , 
célèbre  «botaniste  ,  et  membre  de  l'institut  ,  a  été 
assassiné  ,  rue  des  Araandiers-Popincourt,  à  q,iiel- 
ques  pas  de  sa  maison.  On  l'a  trouvé  ,  le  n>atin  , 
mort ,  et  percé  de  plusieurs  co,ups.  Il  paroît  qu'en 
se  défendant  contre  son  assassin  ,  le  citoyen  Lhé- 
ritier  était  parvenu  ,  un  moment  ,  à  se  saisir  de 
son  arme  ,  et  qu'elle  lui  avait  été  arrachée  ,  car 
il  avait  les  doigts  de  la  main  droite  coupés.  L'in- 
tention d'un  vol  ne  paraît  pas  d'ailleurs  être  le 
motif  de  cet  assassinat ,  car  on  a  trouvé  sur  le  ca- 
davre une  montre  et  quinze  francs  en  argent.  L'in- 
fortuné Lhérilier  laisse  cinq  enfans.  Sa  fille  aînée 
était  sur  le  point  de  se  marier.  On  a  eu  beaucoup 
de^pèifie  à  l'arracber  de  dessus  le  cadavre  de  son 
jBa(b«urçu,x  jpèçe, 

—  Le  préfet  du  déparlement  du  Rhône  ,  le  ci- 
ipjfjn  .Verninac  ,  et  le  citoyen  Noël ,  commissaire 
général  de  policeà  Lyon  ,  réunis  à  quelques  mem- 
bres de  l'ancienne  académie  ,  viennent  de  rétablir 
<;ette  précieuse  institution  ,  sous  le  titre  d'Athénée. 
l^e  nowbrede  membres  qui  devront  le  composer, 
est  fixé  à  quar.ante-cinq  ,  parmi  lesquels  sont 
<;oçp,ptés  d'abord  ceux  qui  faisaient  partie  de  j'an- 
cj^enne  académie  ;  le  nombre  en  est  réduit  à  16. 
LAlbénée  aura  en  outre  quinze  associés  ,  et  un 
i»Qmt>,re  illimité  de  correspondans.  Deux  classes 
so,nt  établies  ,  l'une  pour  les  sciences  et  les  arts, 
rautre  pour  les  belles  letties  et  les  beaux  arts.  La 
première  séance  publique  a  eu  lieu  le  80  de  ce 
Jnois. 

Déj^  l'Aihénée  a  proposé  et  arrêté  un  sujet  de 
fifipi  ,  dont  voici  le  programme  : 

iP.  Indiquer  les  substances  indigènes  ,  miné- 
rales ,  et  végétales  qui  peuvent  fournir  le  principil 
colorant  ,  applicable  aux  soies  ,  cotons,  lins,  chan- 
yj-e^  ,l4ipes  et  papiers. 

a°.  Exposer  les  procédés  pour  ext:aire  ,  fixer, 
aviver  les  couleurs  que  peuvent  fournir  les  subs- 
tances simples  indigènes  ,  qui  ne  sont  pas  encore 
connues  dans  l'art  de  la  teinture. 

Le  prix  sera  décerné  dans  la  séance  publique  du 
!S4  mtssidor  an  9.  Il  consiste  en  deux  médailles 
d  or  de  3oo  fr.  chacune  :  la  seconde  est  louinie 
fof  le  cit.  Verninac. 

Les  membres  ordinaires  de  l'Athénée  seront 
exclue  du  concours. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Rapport  présenti  aux  consuls  de  la  république 
par  le  ministre  de  Cintérieur.  —  Paris ,  le  29 
thermidor. 

GiXOYENg    CONSOIS  , 

Quatre  à  cinq  cents  enfans  de  soldats  morts 
à  la  défense  de  la  patrie;  de  pompiers,  victimes 
d-  leur  zèle  et  de  leur  dévouement  ;  de  corse? 
et  de  colons  réfugiés  ,   recevaient  une  éducation 

fi'aïuiie  en   venu    des   décret    du    18    et  du   26 
rumaire  ,  du  14   thermidor  an  a  ,  et  du  9  nivôse 
an  3. 

Ils  étaient  épars  dans  plusieurs  écoles ,  à  la 
caserne  de  Popincourt ,  oii  était  autrefois  une 
école  pour  les  enfans  des  gardes-françaises  ;  au 
prieuré  Saint-Martin  ,  dirigé  par  le  cit.  Léonard 
Bourdon  ;  et  dans  une  autre  petite  ferme  ,  où 
le  cit.  Liancourl  avait  autrefois  établi  une  école 
cour  les  enfans  de  l'armée. 

La  convention  avait  ordonné  la  formation  d'une 
grande  école  à  Versailles  ;  mais  des  motifs  de 
ftkisieurs  genres  lui  ont  fait  abandonner  ce  projet  ; 
lerlle  a  transféré  cet  élablissemeiit  à  Liancoùrt  par 
décret  du  20  prairial  an  3. 

Ces  élevés  ont  tous  été  réunis  à  la  fin  de 
çocssidot;  ils  étaient  alors  à  la  charge  du  dépar- 
lement de  I3  guerre  ;  ils  sont  passés ,  le  , 
jiQus  la  directioi»  de  l'intérieur. 

Il  paraît  que  cet  établissement  a  été  long^tems 
abandonné  à  lui-même  ;  qu'il  ne  lui  a  été  donné 
aucune  direction  bien  déterminée;  que  les  con- 
didons  d'çidmission  n'ont  jamais  été  précises  ,  çt 
que  sans  le  courage  et  les  soins  du  cit.  Crouzet  , 
«on  directeur  ,  il  n'eût  pas  subsisté  long-tems  , 
o\i  que   dumoins  il  n'eût  produit  aucun  fruit. 

I^a  loi  du  3  vendémiaire  an  4  ,  fixe  le  nombre, 
des  élevés  à  600;  niais  l'insuffisance  du  local  et 
l'embarras  des  fonds  ont  déterminé  à  l'arrêter  à 
)n  à  400  ;  à  accorder  à  chaque  élevé  i  fr. 
par  jour  ,  et,  à  fixer  la  dépense  totale,  y 
compris  Us  chefs, les  professeurs,  etc. ,  à  iSooofr.  î 
par  mois.  ' 

^i  l'école  eât  été  réguliéreinent  payée  ,  elle 
(.urait  dû  recevoir  en  germinal  an  8,  495,000  fr.  ; 
Selle  n'avak  cependant  touché  que  244,230  fr. 
pi]c  avsit  donc  un  arriéré, de  250,769  fr. 
Au.cun  établissement  ne  peut  se  soutenir  avec 
ce  désordre;  aucun,  mais  sur-tout  un  pension- 
nat où  il  faut  que  les  enfans  soient  nourris  , 
habillés  ;  instruits  ,  aussi  rien  n'égalait  leur  mi- 
•ere ,  et  les  soins  du  cit.  Crouzet  ne  pouvaient 
jAppLéer  aux  défauts  de  moyens. 

Le  19  prairial  an  7  ,  le  directoire  exécutif  prit 
un   ariêté    qui    renferme    quelques    dispositions 


Sqo 
as 


1334 

il   élabltt   up  ,agent   compiable  ;  mais    H    paraît  , 
prouvé   que    cet  arrêté  pèche    par  ,  deux^  causes 
égal e m  eut  _gra \:es . 

1°.  Il  ;Crée  et  multiplie  ks  3gei>s  ,  sar^s  déter- 
miner leurs  fonctions  et  sans  leur  donner  de 
-moyens.  - 

2".  Il  porte  sur  les  mêmes  bases  que  la  loi  du 
20  prairial  an  3  ;  il  laisse  donc  subsister  dans 
rétablissement  un  mélange  incohérent  de  civil  , 
de  militaire  ,  d'instriiction  et  d'administration  : 
il  n'y  a  d'ailletirs  rien  d'arrêté  ,  rien  de  fixe  dans 
les  études  ,  etc. 

C'est  cependant  la  partie  qui  a  été  la  plus  soi- 
gnée ;  et,  quoiqu  on  se  soit  écarté  du  but  de 
l'instruction,  on  ne  peutnier  qu'il  en  résulte  des 
fruits  utiles. 

Le  premier  consul  m'a  renvoyé  un  rnémoire 
du  citoyen  Crouzei  sur  son  établissement  ;  il  est 
fort  bien  fait  :  il  renferme  des  vues  utiles  et 
sages  ,  dont  plusie-urs  devront  être  adoptées  ; 
mais  l'établissement  de  Liancoùrt  pèche  par  ses 
bases. 

La  république  doit  à  tous  les  citoyens  des 
moyens  d'instruction. 

Elle  les  doit  gratuits  auxenfans  de  ceuxquisont 
morts  à  son  service. 

Mais  elle  ne  doit  pas  à  tous  ,  sans  doute,  la 
même  instruction  ,  et  personne  ne  peut  fiier  que 
la  pairie  ait  acquitté  sa  dette  ,  quand  elle  a  fait 
élever  ses  enfans  comme  les  pères  les  eussent 
fait  élever  eux-mêmes  ,  s'ils  ne  s'étaient  p^j  im- 
molés à  son  service. 

D  après  ce  principe  incontestable  ,  la  patrie  ne 
doit  pas  aux  enfans  d'un  artisan  ,  mort  à  son 
seivice,  la  même  instruction  qu  au  fils  du  ma- 
gistrat ,  mort  à  son  service. 

Il  est  fâcheux  d'insister  sur  ces  idées  ;  cela  est 
cependant  devenu  nécessaire  pour  réparer  les 
erreurs  dan«  lesquelles  on  est  tombé  ,sur 
Liancoùrt. 

On  y  a  placé  des  enfans  dont  les  parens  sont 
dans  la  dernière  indigence,  et  on  les  a  élevés 
comme  si  ,  en  entrant  dans  le  monde,  ils  eussent 
dû  jouir  de  quelqu'aisance;  au  lieu  de  les  rendre 
indépendans  en^leur  enseignant  un  métier  qui  les 
fit  vivre  ,  qui  les  rendit  bons  citoyens ,  bons  pères 
de  famille  ,  on  en  a  fait  des  hommes  malinstruits  , 
également  déplacés  parmi  les  artisans,  comme 
dans  toute  autre  classe  de  la  société. 

Ce  n'est  pas  tout;  privés  de  moyens  d'existence 
au  sortir  de  l'école  ,  ils  sont  txposés  à  toutes 
les  séductions  qui  entraînent  l'indigent  qui  ne 
sait  pas  travailler,  qui  rougit  de  travailler;  ils 
sont  à  la  fois  malheureux  et  dangereux. 

11  faut  remédier  à  ces  abus ,  et  en  fesant  pour  les 
enians  des  braves  soldats  ce  que  commandela  jus- 
tice ,  l'humanité  et  la  reconnaissance,  il  ne  faut  pas 
s  écarter  des  preiijiers  principes  de  l'ordre  social  , 
ni  s'exposer  à  perdre  le  prix  de  la  dépense  que 
fait  le  gouvernement  pour  l'instruction  de  quelr 
ques  citoyens. 

Le  gouvernement  ,  en  plaçant  près  de  chaque 
bataillon  deux  enfans  de  soldats  ,  a  fait  une  ins- 
titution utile  ,  et  qui  ne  peut  manquer  d'atteindre 
son  but  ;  en  ordonnant  que  dans  chaque  dépar- 
tement on  paiera  à  quatre  enfans  de  soldats  l'ap- 
prentissage du  métier  dans  lequel  leurs  parens 
désireront  les  faire  élever,  il  a  payé  la  dette  de 
la  patrie  ,  et  au  jlieu  de  600  places  créées  à  Lian- 
coùrt, mal  payées  et  peu  profitables  ,  il  fait  des 
citoyens  qui  rentJront  un  jour  à  la  patrie  ,  par 
des  travaux  utiles  et  productifs  ,  ce  qu'ils  ont  reçu 
d'elle  pour  leur  apprentissage. 

Mais  maintenant  ,  que  fera-t-on  de  l'établisse- 
ment de    Compiegne  ? 

Je  pense  qu'il  est  utile  ,  qu'il  est  indispen- 
sable de  le  réunir  à  l'administration  générale 
du  Prytanée  pour  la  comptabilité  et  pour  l'ordre; 
ce  sera  d'une  part  une  grande  économie  ,  d'une 
autre  beaucoup  moins  d'embarras  et  d'entraves 
pour  le  ministre  ;  enfin  ,  un  moyen  de  plus 
pour  assurer  les  payemens  :  car  les  établissemens 
dépendans  du  Prytanée  ,  s'entraideront  réci- 
proqueroent. 

L'organisation' 'intérieure  pour  l'adminislralion 
serait  telle  que  je  l'ai  établie  à  Saint-Cyr  ,  et 
telle  que  je  me  propose  de  la  régler  pour  les 
autres  collèges  :  en  un  mot,  sous  ce  rapport, 
Compiegne  séràh  une  diyision  dtj  Prytannée. 

L'iiidépendarice  que  j'ai  assurée  aux  direc- 
teurs ,  ces  relations  immédiates  que  je  leur  ai 
conservées  avec  moi  .  me  donnent  le  moyen 
de  former  à  Compiegne  une  instruction  diffé- 
rente de  celle  des  autres  collèges ,  et  je  pense 
qu'elle  doit  être  d'un  degré  au-dessous  de  celle 
des  autres  collèges  ;  c'est-à-dire  ,  que  Compiegne 
doit  être  le  premier  degré  des  autres  collèges 
et  qu'on  doit  sortir  de  là  ,  prêt  à  entrer  ailleurs , 
c'est  une  sorte  de  pépinière  pour  les  écoles 
d  un  ordre  plus  relevé.  Là  la  partie  supplée 
à  1  irnpossibilité  où  se  trouvent  les  parens  de 
donner  la  piemiere  éducation  exigée  par  les 
régleriiens  pour  entrer  au  Prytanée  :  là ,  ££S 
enfans  v^ouvent  des  pères ,  au  lieu   de  ceu»  qui 


C'est  donc  pltjs  jejijnes ,  mo.i.Bts  instruits  qu'à 
Saint-Cyr  ,  qu'il  faut  entrer  à  Compiegne,  c'est 
donc  dans  un  autre  sens  qu'il  doit  être  formé. 

C'est  en  /suivant  ces  pensées  «me  je  yien» 
d'indiquer ,  que  j'ai  l'honneur  ,  citoyens  Consuls, 
de  vous  proposer  J'atrêié  ci-joint. 

Arrêté  du  2g  thermidor. 

Les  consuls  de  la  république ,  vu  la  loi  du  »o 
prairial  an  3  ,  arrêtent  : 

Art.  1".  L'école  nationale  de  Compiegne  est 
réunie  au  prytanée  ,  elle  en  fera  une  division. 

II.  Il  y  aura  à  l'école  de  Coropieg-ne  trois  ceni 
places  d'élevés  gratuites  ,  qui  seront  données  par 
le  premier  consul  aux  enfans  des  militaires  morts 
sur  le  champ  de  bataille  ,  ou  des  fonctionnaires 
publics  morts  dans  l'exercice  de  leurs  fonctions. 

III.  Ces  enfans  et  ceux  que  leurs  parens  vou- 
dront y  placer  ,  recevront  les  élémcns  de  I  ins- 
truction nécessaire  pourêtre  admis  dans  les  autres 
divisions  du  prytanée  ,  où  l'enseignement  sera 
perfectionné.  L'instruction  pourra  dans  la  suite 
être  établie  à  Compiegne,  à  l'instar  des  autres 
divisions   dti   prytanée. 

IV.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  autorisé  9 
faire  tous  les  régletnens  nécessaires,  tant  poux 
l'administration  que  pour  1  instruction  de  l'école 
de  Compiegne. 

Le  premier  consul  ,  ligné,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

taris  ,  ce  29  thermidor. 

Le  préfet  de  police  vient  de  faire  saisir  et  con- 
duire dans  la  maison  de  justice  du  tribunal  crimi- 
nel du  département  de  la  Seine  ,  le  nommé 
Sébastien-Gilles  Huet  de  Guerville  ,  ancien  avocat 
de  Rouen  ,  condamné  par  ce  tribunal  ,  le  6  ven- 
tôse an  7  .  à  vingt  années  de  fers,  par  contumace  , 
pour  complicité  du  faux  quaterue  de  la  loterie 
nationale. 


d'ordre;  il  sépare  rinstruciioB de  l'admiiiJstratiçni'    sont  raoctf  pour  la   réptjbjijji^e. 


Plusieurs  personnes  nous  ayant  témoigné  le 
désir  de  connaître  plus  particulièrement  les  deux 
édits  du  roi  de  Naples  ,  dont  il  est  *£ait  men- 
tion dans  la  lettre  écrite  de  cette  ville  ,  le  5  juillet 
dernier  (16  messidor)  laquelle  a  été  insérée  dans 
le  n°  325  du  Moniteur  (25  thermidor)  l'ijn  coii- 
cernant/iii  di  crédite  ou  billet  de  banque  ,  lautrç 
relatif  a  la  noblesse ,  nou#  en  donnon;  ici  le 
texte  littéral. 

1°.  Edit  sur  le  billet  de  banque. 

Ferdinand  IV  par  la  grâce  de  Dieu  ,  roi  des 
Siciles ,  de  Jérusalem  ,  etc.  infant  d'Espagne ,  ditç 
de  Parme ,  Plaisance ,  Castro  ,  etc.  grand  prince 
héréditaire  de  la  Toscane  ,  etc.  etc.  etc. 

Les  nouveautés  qui,  dans  ces  derniers  tems, 
ont  eu  lieu  dans  toute  lEurope  ,  la  nécessité 
de  recourir  à  des  moyens  extraordinaires  pour 
préparer  une  défense  vigoureuse  et  pour  assurer 
la  tranquillité  de  nos  bien  aimés  sujets,  les  troubles 
et  les  changemens  qu'ils  ont  amenés ,  ont ,  entra 
autres  maux  ,  occasionné  celui  de  l'agiotaga 
sur  le  change  des  billets  de  banque.  Cet  agiotage 
accru  d'une  manière  efFrayante  ,  tourmente  la 
circ,ulation  intérieure  ,  et  porte  de  grands  pré- 
jtadices  à  la  propriété  des  particuliers  et  à  nos 
rappors  commerciaux  avec  l'étranger.  Un  désordre 
dont  les  conséquences  sont  si  graves  ,  n'a  pas 
échappé,  dès  son  principe  ,  à  notre  vigilance 
et  à  notre  sollicitude  paternelle;  et  à  cet  effet, 
nous  avons  de  tems  à  autre  ,  dans  les  années 
précédentes  ,  publié  différens  édits  et  ordonnances 
pour  y  apporter  remède.  Nous  avons  reconnu 
que  toutes  ces  mesures  de  notre  prévoyance  , 
parles  changemens  arrivés  dans  l'état  des  choses, 
ne  peuvent  plus  en  partie  avoir  leur  effet ,  et 
que  d'ailleurs  elles  sont  insuffisantes  pour  extir- 
per entièrement  un  fléau  qui  a  fait  de  si  grands 
progrès.  Voulant ,  cependant ,  siir  u^  objet  au««i 
essentiel  ,  aviser  au  moyen  de  couper  court  à 
tout  désordre  et  combiner  ce  moyen  avec  la 
sûreté  des  propriétés  particulières  ,  quelques  dif- 
ficultés que  présentent  dans  cette  entreprise  les 
circonstances  actuelles  ,  parce  qiie  nous  préfé- 
rons à  toute  autre  considératioii  le  bien  être 
de  nos  sujets  ,  nous  nous  sommes  déterminés 
d'après  une  mûre  délibération ,  à  prendre  les 
résolutions  suivantes  ,  émanées  de  iiotre  souve- 
raine autorité  ,  pour  être  exécutées  d'une  manière 
inviolable. 

1°.  Comme,  de  laisser  circuler  en  certains  cas 
les  billets  de  banque  à  leur  valeur  nominale, 
il  résulte  l'inconvénient  très-grave  que  les  par- 
ticuliers qui  les  reçoivent  ne  peuvent  les  remettre 
sur  la  place  au  même  taux  ,  par  l'effet  de  l'agio- 
tage ,  et  qu'ils  sont  exposés  à  des  pertes  qui 
donnent  tous  les  jours  lieu  à  des  contestations 
et  à  des  procès  ;  pour  mettre  tjn  terme  à  ce 
désordre  duquel  il  résulte  que  le  même  billet 
de  banque  à  deux- valeurs  absolument  dispro- 


iS35 


.portiehnés.,  ip^urvyhehtout  ttoiainia^  aux^pro-    delà  dîme  ,   des  revenus  de  leurs  fonds  ,  .qui  se- 


Eriétës  des  particuliers,  et  enfin,  pour  que  nos 
ien-armés  sujeis  ne  ;.scnyeni  jplixs  tourmentés  et 
grevés  p^r  <Jes  ffi^)s.de,procédures  ,  nous  ordon- 
Hptjs  que  dujpur  de  la, publication  du  présent 
édjt  .(  dérogearft  à  cet  effet  à  toute  décision 
intérieure  )  IciS  billets  de  banque,  dans  tous  iles 
pis  ou  pour  quelque  .payen>ent  pu  obligation 
que  ce  soit  ,  se  payeront  el  recevront  ,  non 
suivantleur  valeur  nominale,  mais  au  cours  ou  à  la 
valeur  qu'ils  auront  dans  la  circulation  et  s'é- 
cbaugent  sur  la  place  en  numéraire  effectif, 
dans  le  jour  oii  le  payement  sera  exécuté  ,  et 
pour  empêcher  toutes  espèce  de  coniestation 
qui  pourrait  s'élever  sur  l'inlerpretalion  de  notre 
volonté  royale  ,  nous  déclarons  que  la  même 
rnesure  devra  avoir  lieu  pour  toutes  les  obliga- 
fions  et  tous  les  contrats  faits  av^nt  la  publi- 
cation du  présent  édit,  .pourvu  que  le  payement 
«'en  soit  pas  déjà  consommé  .  et  qu'on  ne  soit 
pas  convenu  expressément  d'exécuter  le  payement 
en  billets  de  banque  ,  dans  lequel  cas  de  con- 
vention particulière  ,  nous  en  iaissons  la  déci- 
sion à  nos  tribunaux  ordinaires. 

2°.  Comme  de  l'exécution  de  l'article  précé- 
dent il  pourrait  résulter  des  dommages  et  iniéiêis 
aux  particuliers  possesseurs  des  billets,  soit  parce 
qu  ils  les  auront  reçus  en  valeur  nominale  pour 
le  paiement  de  leurs  revenus  ,  sort  parce  que  leurs 
débiteurs  leur  auront  remboursé  le  capital  en 
billets  de  banque  ,  soit  pour  toute  autre  raison  , 
sans  avoirégard, poumons,  à  la  coiisidéraiionque 
les  possesseurs  actuels  des  billets  ,  ne  les  ont  , 
pour  la  plupart  ,  acquis  qu'au  cours  qu  ils  ont  eu 
d'un  jour  à  l'autre  sur  la  place ,  et  rualgré  le  dom- 
mage qui  est  résulté  pour  noire  trésor  royal,  de 
rechange  fait  4es  billets  de  bancjue  contre  de 
l'argent  comptant  dans  les  caisses  du  fisc  ;  toute- 
fois sacrifiant  à  la  «ûrcté  des  ptopriéics  particu- 
lières et  àlinieniion  où  nous  sommes  de  garantir 
le  capital  entier  des  billets  ,  toute  autre  considé- 
ration et  notre  propre  avantage  ,  nous  voulons 
qu'il  soit  permis  aux  paiiiculiers  eux-mêmes  de 
faire  l'emploi  des  capitaux  de  ces  billeis  ,  dans 
l'espace  de  quatre  mois,  à  la  cour  royale  qui  les 
recevra  pour  leur  valeur  nominale- 

3".  A  cet  effet  nous  ordonnons  que  toute  per- 
sonne qui  voudra  placer  ses  billets  de  banque  sur 
la  cour  royale  ,  et  les  déposera  dans  les  quatre 
mois  ,  à  compter  du  jour  de  la  publication  du 
présent  édit,  puisse  le  faire  libreuieni.  Les  billets 
seront  reçus  pour  la  valeur  nominale  ,  et  il  y  sera 
asssigné  un  intérêt  annuel  de  (rois  pour  cent  par 
an  ,  au  comptant  et  franc  de  dîme  ,  payable  piir 
-pornon  tous  les  quatre  mois  ,  et  ceiiniérêi  c  our- 
lera du  jour  oii  les  billets  auront  été  déposés. 

4°.  Le  paiement  des  trois  pour  cent  énoncés 
dans  l'article  précédent,  sera  effectué  par  la  cour 
royale  ,  de  la  même  manière  qu'il  se  pratique  pour 
les  créances  assignées  sur  les  revenus  quelle  pos- 
sède ,  et  il  sera  pris  sur  le  produit  de  la  dîme  ,  qui 
continuera  à  êire  administrée  suivant  le  sysiême 
qui  se  trouve  établi  j  réservant  à  noire  volonté 
royale  de  prendre  à  lavenir  ,  sur  Tadminisiraiion 
de  cette  branche  de  revenus  ,  le  le  mesure  que 
nous  croironspius  convenable  etplus  avantageuse. 
Cependant ,  pour  la  garantie  des  intéressés  res' 
pectil's  ,  nous  déclarons  qu'outre  le  produit  de  la 
dîme  ,  nous  hypothéquons  et  obligeons  ,  ppu;  la 
turelé  des  capitaux  et  le  paiement  des  inlérêls  , 
tous  les  biens  de  la  couronne  ,  de  quelque  nature 
qu'ils  soient. 

5'.  Pour  le  plus  grand  avantage  des  intéressés, 
nous  voulons  quil  soit  libre  à  tout  possesseur  de 
billets  ,  qui  voudra  placer  sur  la  cour  royale  ,  d'en 
faire  faire  lassign^tion  loco  jacilioris  exacMnis  , 
ju&qu'à  concurrence  du  nionunt  de  liniéiêl  an- 
nuel qui  lui  sera  dû  ,  ou  de  la  pa  lie  de  dîme 
qu'il  paye  lui  même  à  la  cour  royale  ,  ou  de  quel- 
%ii 'aune  partie  i^mi  dcin  ndera  ;  en  préférant  tou- 
jours ,  et  dans  tous  les  cas  ,  pour  la  mèaïc, assigna- 
tion demandée  ,  celui  qui  aura  le  premier  eûiciué 
le  dépôt  deéfedi  di  crédita  ou  billet  de  banque. 

6".  Voulant  avec  autant  de  proui|iiiiude  que 
tl'etticacilé  ,  inettie  un  terme  au  deaoïdre  qui  lé- 
arulle  dé  la  grande  quantité  de  billets  de  banque  , 
et  que  les  possesseurs  de  ces  billets  oblicnucnt 
ff>utes  les  facilités  possibles  pour  la  surcié  de  leurs 
capitaux  ,  nous  ordonnons  que  dèi-à-piéscnl  On 
prLîcede  à  la  vente  de  biens  fonds  ,  jusqu  à  Con- 
currence de  cinq  millions  payables  en  billets  de 
banque.  On  mettra  d  aborcf  en  vente  les  biens  de 
tous  les  criminels  d'état  ,  confisqués  conlorraé- 
nicnt  aux  loi» du  royaume  ;  ensuite  une  quantité 
de  biens  dévolus  ,  de  ceux  de  patronat  toyal  ,  et 
de  ceux  de  iazienda  di  tducwione  ,  pour  pathire 
les  cinq  millions  ,  si  les  biens  confisques  ne  s'élè- 
vent pa4  jusriu  à  CCMC  valeur  ;  et  Ion  fera  passer 
»ur  les  biens  des  tnonastères  supprimés,  les  pen- 
jions  assignées  sur  Iç»  .biens  coutisqt^és.  Létat  àx 
tous  ces  biens  londs  assignés  à  1  usage  indiqué 
ci-dessus  ,  sera  dressé  et  publié  en  même  tçmps 
que  le  piéteni  édit ,  pour  l'instiuclion  des  inté- 
retlis. 

7°.  Nous  voulons  que  lesdites  paiiies  de  biens 
confisqués  ,  de  reux  dévolus,  de  patronat  royal  , 
Cl  de  l'tizimd'i  di  tdw.azione  ,  ainsi  que  des  monas- 
tères suppiimés ,  soient  indetinnisct  sur  le  produit 


ront  vendus  ou  giévésde  pensions. 

'8°.  Les  frai.'i  de  la  vente  serout  fixés  sur  le 
revenu  net  de  chaque  bien  fonds  ,à  un  et  demi 
pour  cent  ,  dans  les  territoires  de  Naples  et 
d  Aversa  ,  à  deux  pour  cent  dans  les  autres 
cantons  de  la  terre  de  labour  ,  et  à  deux  et 
demi  pour  cent  dans  toutes  les  autres  provinces 
du  royaume  ;  avec  cette  circonstance  que  pour 
la  vente  des  maisons  ,  leur  prix  sera  fixé  de  la 
manière  que  l'on  croira  la  plus  utile  et  la  plus 
convenable. 


Q"-  Quiconque  préférera  l'acquisition  des  biens 
fonds  à  la  renie  sur  la  dîme,  en  devra  faire  la 
soumission  dans  les  quaire  ijiois  à  dater  du  jour 
de  la  publication  de  ledit  ,  et  dans  l'acte  de 
soumission  il  devra  s.pccifier  la  quaniiié  de 
billets  de  banque,  correspprulanie  à  la  valeur  du 
bien-fonds  qu  il  se  propose  d'acquéi'.ir  ,  dès  que 
le  revenu  en  sera  consiaié  ;  dans  le  cas  où  ce 
revenu  seraii  inoerlain  ,  l'acquéreor  devra  déposer 
une  quaniiié  de  billeis  de  banque  ,  déicrmince 
par  la  junte  qui  sera  chargée  de  l'exécution  du 
présent  édit.  On  lecevra  ensuite  sa  soumission  , 
sur  laquelle  on  fera  Tenchere  ,  et  l'on  observera 
toutes  les  formalilés  nécessaires  pour  l'alicnalion 
des  biens  fonds  du  fisc.  Le  bien  fonds  sera  donné 
au  plus  offrant,  et  roui-es  les  fpii.s  qu'il  ne  resitra 
pas  au  premier  enchérisseur,  celui-ci  sera  cou- 
vert de  ses  billeis  déposés  par  l'acquéicur  du 
bicn-londs  ,  si  mieux  n'aime  le  premier  en  liiie 
1  emploi  à  la  cour  royale  ,  suivant  le  mode 
prescrit  dans  les  article  3  ou  4  du  présent 
édit. 

10°.  Si  dans  le  délai  prescrit  des  quatre  mois, 
deux  personnes  soumissionnent  le  même  bien- 
fonds  avec  des  biilets  de  banque  .  nous  voulons 
que  la  préférence  soit  toujours  donnée  à  celui 
qui  aura  le  premier  déposé  ses  billets  ,  sauf  les 
enchères  au  bénéfice  du  trésor  royal. 

11°  S  il  arrivait  que  les  biens  fonds  tnis  en 
vente  fussent  épuisés  par  le  grand  nombre  des 
soumissions  ,  nous  voulons  (jue  les  possesseurs 
des  billeis  ne  puissent  les  déposer  dans  le  délai 
des  quaire  mois  à  la  cour  royale  ,  qu'à  là  con- 
diiion  d'en  recevoir  linlérêt  de  trois  pour  cent 
au  comptant  et  franc  de  dîme,  de  ia  manière 
spécifiée   dans  les  susdits  ariicles  3   et   4. 

12°  Tous  ceux  qui  soumissionneront  des  biens- 
fonds  ,  et  qui  déposeront  leurs  billets  confor- 
mément à  l'ariicle  9,  jouiront,  à  compter  du 
jour  du  dépôt,  et  tant  qu'ils  ne  seront  pas  en 
possessien  du  bien  et  de  son  revenu  ;  de  l'inté  et 
de  trois  pour  cent  par  an  au  compt.int  et  franc 
de  dime. 

t3°  Les  quatre  mois  ,  à  partir  du  jour  de  la 
publication  de  l'édit ,  étant  expirés ,  nous  voulons 
que  la  cour  royale  ne  reçoive  plus  les  billets  pour 
leur  valeur  nominale  ;  mais  nous  ordonnons  que 
tous  ceux  qui  se  p:ésenteront  p  ssé  ce  délai,  ne 
reçoivent  les  trois  pour  cent  au  comptant  et 
franc  de  dîme  ,  qu'au  taux  de  la  valeur  du  billet 
au  cours  de  la  place  ,  ou  du  numéraire  effectif 
qu'il  représentera  au  jour  du  dépôt.  Seront  évalués 
de  même  les  billets  qui,  passé  les  quatre  mois, 
seront  déposés  pour  l'acquisiiion  des  biens-fonds. 

14°  Les  billets  et  fedi  di  credilo  ,  qui  seront  I  °'^' 
déposés  chaque  jour  ,  soit  pour  avoir  la  rente 
sur  la  dîme  ,  soit  pour  l'acquisiiion  de  biens- 
fonds  ,  seront  numérotés  .et  paraphés  suivant 
l'ordre  de  leur  dépôt,  non-seulement  par  les 
personnes  chargées  de  cet  objet,  mais  encore 
par  le  directeur  de  nos  finances  royales,  ou, 
à  son  défaut,  par  un  des  membres  de  la  junte 
du  gouvernement,  que  nommera  à  cet  effet  le 
lieutenant  du  royaume.  Chaque  semaine  l'état  en 
seia  publié   el   imprimé. 

i5°.  Ordonnons-en  outre  qu'à  mesure  que  les 
billeiç  de  banque  seront  déposés,  ils  seront,  en 
présence  et  avec  l'assistance  du  propriétaire  de 
ces  billets  lui-même  ,  frappés  des  deux  côlcs 
d  une  marque  particulière ,  afiri  qu'ils  disparaissent 
entièrement  de  la  circulation.  Cette  premièie  opé- 
ration faite,  nous  voulon-s  que  lesdits  billets  ainsi 
marqués,  soient ,  à  un  jour  déterminé  delà  se- 
maine ,  frappés  un  à  un  ,  d'une  autie  marque  ,  en 
présence  du  directeur  de  nos  finances  ,  de  loute 
la  chambre  de  la  Sommaria  ,  et  de  deux  personnes 
de  la  dcp.utation  de  la  TiUe.  ]Mous  voulons  qu'en 
même  tems  on  diesse  un  éiat  exact  de  tous  ces 
billets  annullés  et  retirés  de  la  circulaiion  ,  et  que 
cet  état  soit  imprimé  et  publié  clraque   semaine. 

16".  Si  les  emploie  sur  la  dîme  et  les  billets 
donnés  en  paiemcns  des  biens  fonds  excédent  le 
montant  du  débit  de  là  cour  royale  avec  les  ban- 
ques ,  nous  voulons  que  la  cour  royale  soit  rem- 
boursée de  l'avance  sur  les  effets  des  banques 
mêmes. 

17°.  Quant  aux  billets  que  l'es  particuliers  ne 
déposeront  pas  à  la  cour  royale,  nous  permctions 
que  les  banques  en  fassent  Tenirée  et  la  sortie 
comme  on  l'.i  prati'iué  jusqu'à  présent  ,  et  d'apiès 
les  règles  établies.  Nous  ordonnons  touiefois  que 
chaque  banque  ouvre  un  compte  nouveau  des 
fedi  di  crédita  en  denier  effectif  ,  en  y  apposant 
d-es  marques  particulières  qui  les  distinguent  des 
autres ,   et  spécialement    en  notant   sur    losdites 


r^di  di  r.redito  qu'cll.'s  sont  dépôtde  denier^Cllf, 
éiant  désormais  absolument  défendu  de  mettre  en 
circulation  cei  fedi  di  credilo  de  compte  uouveau, 
sans  montrer  le  denier  effectif. 

18".  Pour 'l'cxécuiion  du  contenu  du  présent 
édit,  pour  l'établissement  du  compte  nouveatt 
déterminé  pour  les  banques  ,  nous  avons  jugé  à 
propos  d'ériger  une  junte  composée  de  sujets 
que  nous  noiniiicioiis  ,  laquelle  prendra  toutes 
les  mesures  convenables,  el  nous  rendra  compte 
de  tout  ,  par  le  canal  de  la  secrétairerie  royal» 
de  VAzienda. 

Convaincu  que  le  vrai  moyen  de  faire  pros- 
pérer notre  règne  ,  est  d'amonir  les  dettes  que 
noire  trésor  toyal  coniractcra  pour  cette  opéra- 
tipii  ,  et  désirant  (jue  nos  sujets  ne  ressentent 
aucun  dpmmage  de  l'ppéraiion  elle-même  ,  nouî 
déclarons  que  dès  que  les  circonstances  le  per- 
meltront  ,  nous  prendrons  les  mesures  les  plus 
efficaces  pour  rendre  aux  propriétaires  respectifs , 
touies  les  sommes  pour  le.juelles  .  en  venu  du 
présent  édit ,  il  rccevroni  I  ass  gnaiion  de  la  tente 
sur  la  dîme  ,  ei  ces  remboursement  s'cftectueiont 
dans  le  même  ordie  où  les  billets  auront  été 
déposés. 

Et  afin  ,  que  loire  édit  souverain  soit  connu 
de  tous  ,  nous  voulons  el  ordonnons  qu'il  soit 
publié  dam  les  lieux  actouiumés  de  la  capitale 
ei  di:s  provinces  du  royaume  ,  signé  de  nous, 
scellé  de  nos  armes  ,  contre  signé  par  notre 
secrétaire  d  état  de  1  Azl>.nda  .  visé  par  notre  vice- 
proionotatre  ,,  etc.  '  Donné  à  Palerrae  ,  le  25  avril 
iSoD   (  5  floréal  an  8.  ) 

Signé,  Ferdin.^nd  ,   etc. 

Cet  édit  a  éié  publié  à  Naples ,  le  8  mai  suivant 
(  18  floréal.) 

[Demain  nou%   donnerons  l'édit  sur  la  noblesse.  ] 


Observations  sur  In  si'chcrefsi'  actuelle  ,  ses  causes 
et  les  moyen-,  de  pnvrnir  la  progression  de  ce  f  tau; 
par  Anl.  Alexis ,  cadcl ,  de  Vaux,  membre  des 
sociétés  d  a>;Ficu!iure  des  départeraens  de  la  Seine, 
de   Seine  et  Oise  ,    etc.  etc. 

Combien  huit  jours  d'intervalle  ont  changé 
le  coup-doeil  de  la  campagne  et  le  rendent  aiSi- 
geant  !  La  moisson^  est  laite  et  le  peu  de  pro- 
ductions qui  occupe  encore  le  sol  ,  est  gris  de 
poussière  et  sans  vie  ;  une  sécheresse  excessive 
donne  une  vraie  fluidité  aux  terres  légères, 
tandis  que  les  lerres  fniies  sont  pirofondement 
déchirées.  Entretenons  un  peu  1  habitant  des 
villes  du  soi'i  de  nos  champs. 

J'ai  rendu  compte  à  la  société  d'agriculture  dç 
l'influence  de  1  hiver  et  successivement  de  celle 
du  priniems  sur  les  productions  de  la  vallée 
de  Montmorency.  Q'ie  dirai-je  de  l'influence 
de  I  été  ?  on  na  pas  à  se  plaindre  des  récoltes. 
C'est  à  Cela  que  se  borne  le  bienfait  de  l'année 
rurale  ,  que  les  prémices  de  la  saison  printan- 
niere  annonçaient  si  1  vorablement.  Une  pluie 
de  48  heures  ,  qui  lut  lombée  quelques  jours 
av  ni  la  moisson  ,  aurait  augmenté  de  48  millions 
le  produit  en  argent  du  seul  froment  ;  car  il 
enire  plus  d'eau  que  de  soled  dans  la  compo- 
sition des  grains.  Qjiel  à  compte  cette  pluie 
eâi  é'é  sur  le    prix  des  contributions. 

Le  foin  a  été  abondant  ,  mais  nulle  espèce  de 
regain. 

Les  pois  ,  vesces  ,  lentilles ,  le  lentillon  qui  , 
à  la  faveur  d'un  beat»  priniens  ,  promettaient 
beaucoup  ,  ont  donné  assez  tn  fourrage  ,  mais 
peu  en  grain. 

Le  sarrazin  ,  plante  d'Afrique,  a  trouvé  cette 
année  le  climat  île  ia  France  trop  brûlant  pour  y 
prospérer;  il  rendra,  peut-être,  sa  semence  et 
'ien  de  plus. 

La  vigne!  elle  n'est  pas  assez  robuste  pour 
réiisier  à  lanl  d'intempéries  ;  des  venis  froids  , 
un  soleil  ardent  ,  ynbâle  desséchant,  sansparler 
des  insecles  plus  multipliés  que  jamais,  qui  se  sont 
disputés  sa  feuille  tendre  encore  ,  ses  grains  à 
peine  prononcés  ,  enfin  ,  la  grappe  rnême  qu'ils 
piquaient  et  desséchaient  sur  leur  ceps. 

Ces  fléaux  ont  déjà  réduit  de  beaucoup  les 
espérances;  la  pluie  qui  en  eût  été  le  remède, 
n  arrive  point  ou  elle  arrivera  trop  tard  ,  au 
moins  pour  les  liuiis,  car  leur  pedunculc  est 
desséché  ;  la  sève  épaissie  en  a  obstrué  les  c<inaux 
et  l'eau   ne    peut    jiliis   y   circuler. 

Excepié  la  ttiise  et  la  groseille  ,  il  n'y  aar» 
pas  eu  de  liult;  et  c'est  une  bien  légère  indem- 
niié  ;   ni   pi  unes,  ni  pommes. 

L'abricot  a  pourri  sur  1  arbre  au  moment  de 
mûrir  ,  parce  que  l'excès  de  la  chaleur  et  de  la 
pluie  nuisent  également  à  la  maturité  des  fVuiis  ; 
c  esl  pour  celte  raison  (jn'on  ne  peut  pas  en 
cultiver  à  la  Cauniiic  dont  le  climat  et  la  tem-' 
[lèratuie  leur  seraieni  d'ailleurs,   trè.-f.ivorables. 

La  poire  est  assez  abonda.nte;  mais  déjà  elle 
lombe  et  la  pluie,  s  il  en  survient ,  en  fera  tomber 
plus  encore. 

La  pêche  se  colore  et  n'a  pas  acquis  le  tiers 
de  sa  grosseur.  —  Ces  melons  si  volumineux  de 
Çoulqmicts  ,  dHonflcui  ne  prennent  pas    d'ac- 


i336 


troissement ,  la  taille  de  cette  x^'ante  était  réglée 
sur  i'èlat  habituel  de  noire  climat.  , —  La  lige 
du  haricot  se  desseclie  aver  sa  fleur. 

Les  racines  potagères,  la  carotte,  le  panais, 
la  betieravc  ,  qui  doivent  à  l'action  du  soleil  le 
développement  de  leur  principe  sucré,  doivent 
aussi  à  )  liumidité  leur  accroissement;  ces  racines 
n'accjuereronl  par  leur  volume. 

La  pomme  de  terre  si  complaisante,  qui  résiste 
à  tant  d  intcnipéries  ;  mais  qui  ne  résiste  pas  à 
une  excessive  sécheresse  ,  sera  peu  productive. 

Fatigués  par  les  ardeurs  du  soleil  et  par  l'ha- 
leine des  vents  desséehans  ,  les  planies  sont  pri- 
vées du  bieniait  des  rosées  ;  ni  la  soirée  ,  ni  la 
matinée  ne  leur  ont  apporté  le  plus  léger  trtbut 
, d'humidité  ;  enfin  le  froid  des  nuits,  succédant 
*  la  chaleur  des  jours  ,  fait  passer  les  plantes 
"e  la  plus  grande  dilatation  à  un  état  de  con- 
densation qui  altère  la  vie  végétale.  Il  n'y  a 
pas  de  corps  vivant  qui  puisse  résister  à  cette 
alternative  de  chaud  et  de  froid  ;  d'ailleurs 
les  plantes  ne  croissent  pas  à  l'aspect  du  soleil  ; 
cet  astre  prépare  la  végétation  ;  c'est  la  douce 
température  des  nuits,  qui  ,  seule  ,  l'opère,  et 
nos  nuits  sont  froides. 

Cet  été  est  pour  beaucoup  d'arbr&s  forestiers 
leur  automne  ;  le  feuillage  des  uns  a  pris  un  verd 
intense  et  sombre  :  la  feuille  des  autres  jaunit  et 
tombe;  enfin  tous  les  végétaux  ou  languissent, 
ou  périssent  de  sécheresse. 

Tandis  que  nous  soupirons  après  les  pluies  , 
d'autres  corurées  en  sont  inondées  ;  elles  retardent 
en  Flandre  le  moment  des  récoltes  ,  et  cela  doit 
être  ainsi  ;  car  l'eau  vaporisée  doit  finir  par  se 
condenser  en  lorrens.  En  avalanges  ,  quand  les 
grains  végétaux  ne  les  attirent  pas  pour  les  ré- 
soudre en  rosées  el  en  pluies  ,  c'est  le  bienfait 
qu'on  doit  aux  arbres. 

J'ai  publié  ,  il  y  a  deux  ans  ,  des  observations 
sur  la  diminution  progressive  des  eaux  ,  imprimées 
et  publiées  par  ordre  du  gouvernemens  ;  j'y  éta- 
blis que  celle  diminution  est  la  suite  de  la  dé- 
gradation des  bois  ;  il  s'agissait,  à  cette  époque  , 
,  de  l'aliénation  des  forêts  natiotiales  ,  c'est-à-dire, 
de  leur  destruction.  Organe  de  la  physique  ,  j'in- 
diquai les  effets  désastreux  de  celle  dégradation. 
'  j'aime  à  croire  que  le  tableau  effrayant  que 
j'esquissai  de  la  stérilité  proAaine  à  laquelle  la 
France  allait  être  condamnée  ,  intimida  les  bons 
esprits  du  corps-législatif  ,  el  ceux  qui  ,  ayant 
des  propriétés  ,  devenaient  meilleurs  juges  de  la 
propriété    publique^ 

'Mais  il  ne  s'agit  plus  à  présent,  cotnrae  alors, 
de  destruction  ;  le  gouvernement  actuel  en  a 
trisé  la  massue  ;  il  veut  régénérer  ,  et  les  amis  de 
leur  pays  ,  ainsi  cjue  les  amis  des  sciences  ,  sont 
admis  ,  convoqués  à  ce  conseil  de  régénération. 

Nous  sommes  dévorés  de  sécheresse  ,  et  la 
science  dit:  il  ne  faut  pas  accuser  la  nature, 
mais  l'homme,  qui  ,  en  aîiérant  la  surface  de  la 
terre,  a  changé  le  cours  de  l'atmosphère  ,  et  con- 
séquemment  l'influence  des  saisons-  La  nature 
avait  jette  dévastes  forêts  sur  le  globe;  elle  en 
avait  couvert  la  cîme  des  monts;  l'homme  ne 
cesse  d'y  porter  la  hache  sacrilège,  et  ne  replante 
pas  ;  elle  avait  disséminé  les  arbres  sur  toute  la 
surface  du  globe  ,  el  il  n'y  a  pas  une  qualité  de 
terre  qui  ne  soit  propre  à  la  production  d'un 
arbre;  ils  croissent  sur  la  dune,  sur  la  roche 
nue  ;  les  règnes  terrestres  ,  aquatiques  ,  atmos- 
phériques,  sont  liés  au  sort  de  la  végétaiion 
forestière  ,  et  à  son  sort  est  lié  celui  des  asso- 
ciauons  politiques. 

Les  société  ne  se  forment  que  dans  des  con- 
trées boisées,  parce  que  la  terre  n'a  de  feriiliié 
que  dans  ces  contrées-là;  elles  n'y  existent  qu'au- 
tant qu'il  y  existera  des  bois  ;  la  contrée  est-elle 
déboisée  ,  il  n'y  a  ]i!us  que  stérilité  ;  la  dépo- 
pulation en  esi  la  suite  inévitable  ,  l'espèce  des 
animaux  utiles  et  des  hommes  s'y  éteint,  des 
peuplades  sauvages  erient  sur  le  sol;  le  lion,  le 
tigre,  loiseau  de  proie  et  le  serpent  régnent  là 
oik  paissaient  le  bœuf  ,  le  mouton  ,  l'oiseau  de 
basse-cour  et  l'innocent  reptile.  Une  fo:êt  avait 
formé  les  liens  d'une  société  ,  sa  dégradation  les 
a  rompus  :  combien  de  vastes  contrées  en  Asie, 
en  Affrique  ,  jadis  stériles  et  peuplées  autant  que 
celte  France  orgueilleuse  de  son  sol  et  de  sa 
fécondité,   sont   devenues  de   vastes    déserts. 

La  fécondité  de  la  terre  dépend  des  arbres 
seuls  ,  parce  qu'eux  Seuls  y  entretiennent  l'hu-' 
midité  du  sol ,  multiplient  les  sources,  les  ruis- 
seaux ,  les  étangs ,  les  rivières  ,  les  fleuves ,  enfin 


les    amas    d'eau    dont   l'évaporation    favorise   la 

végétation  et  salubrilie  l'air. 

Les  arbrfes  fécondent  la  terre,  non-seulement 
en  y  entretenant  l'humidité  ,  mais  encore  en  la 
couvrant  des  débris  de  leurs  feuilles;  voilà 
pourquoi'  le  terrein  le  plus  infenile  devient 
propre  à  la  culture  forestière  ;  osez-le  défricher 
pour  le  rendre  à  d'autres  cultures  ,  elles  y  pros- 
pèrent pendant  trois  ou  quatre  années  seulement  ; 
ce  leras  suffit  pour  usur  \  humus  .  et  le  sol  qu'oc- 
cupait une  vaste  et  belle  forêt ,  devient  une 
plage  aride  ;  il  se  couvrira  de  ronces  et  de 
chardons;  tel  est  le  sort  de  ces  nombreux  dé- 
ftichemens  ;  il  n'y  a  pas  iine  commune  qui  n'ait 
à  regteter  une  plantation  que  la  cupidité  a  fait 
abattre,  qui  n'y  ait  perdu  une  source  fécondante, 
un  abri  salutaire  ,  et  une  reproduction  en  bois 
relative  à   sa   consommation. 

Les  arbres  influeiit  sur  la  fertilité  de  la  terre, 
en  abiiiant  les  contrées  des  vents  desséchans. 
J'ai  dans  mou  petit  domaine  un  verger  qui  n'a 
rien  à  redouter  des  gelées  ;  je  le  dois  à  une 
haie  vive  qui  l'eniourc  ,  et  sur-tout  à  un  bou- 
quet de  i5  ou  20  arbres  qui  se  présente  angu- 
lairement  au  ventdu  nord  et  le  brise  ,  c  est  pour 
mon  berger  ia  roche  granitique  de  Maringo. 
Abbaitez-le  :  je  gelé. 

Une  forêt  est  un  foyer  de  chaleur  :  elle  devient 
le  réservoir  du  calorique  émané  du  soleil,  de 
celui  qui  n'ait  de  la  fermention  de  cette  couche 
épaisse  de  feuilles  et  de  débris  d'insectes  qui 
recouvrent  son  sol  ;  enfin  ,  une  grande  végé- 
tation ,  une  masse  d'êtres  organisés  qui  ont  vie, 
développent  le  calorique  :  l'arbre  a  un  degré  de 
chaleur  supérieur  à  celui  de  l'atmosphère  qui 
l'environne. 

Le  règne  atmosphérique  est  lié  au  sort  de 
la  végétation  forestière;  en  effet,  l'atmosphère 
est  le  réservoir  de  tous  les  fluides  qui  émanent 
de  la  terre  et  du  soleil  ;  c'est  un  vaste  labora- 
toire ou  les  météores  gazeux  ,  aqueux  ,  ignés, 
se  modifient  ,  se  composent  pour  former  les 
vens  ,  les  rosées  ,  les  brouillards  ,  la  neige  ,  la 
grêle  ,  la  pluie  et  ,  de  concert  avec  la  matière 
électrique,  les  orages  et  la  foudre;  mais  les 
forêts  ,  les  arbres  multipliés  règlent  cet  empire  de 
l'atmosphère  ;  les  grands  végétaux  peuvent  seuls 
la  forcer  à  payer  le  tribut  régulier  de  rosées  , 
de  pluies,  dans  lesquelles  se  résolvent  les  météores 
aqueux  pour  les  porter  vers  la  terre  qui  ,  res- 
tituant à  l'atmosphère  cette  eau  qu'elle  en  a 
soutirée  par  les  canaux  des  arbres  ,  s'alimente 
et  alimente  ainsi   les  météores. 

Les  arbres  servent  aussi  à  établir  la  circulation 
du  fluide  électrique  de  1  atmosphère  à  la  terre  :  un 
seul  arbre  voisin  d'une  chaumière  ,  peut  la  pré- 
server de  la  foudre  ,  il  attire  sa  portion  d'humidilé. 
Que  ne  peut  donc  pas  une  forêt  sur  les  météores 
aqueux  et  ignés  ? 

Je  suivais ,  l'année  dernière  ,  l'avenue  de  Saint- 
Denis  ,  un  livre  en  mam.  je  ra'appeiçus  que  je 
marchais  tour  à  tour  dans  la  boue  et  sur  la  pous- 
sière. Cette  avenue  n  étoit  pas  alors  replantée  :  il 
y  avoit  eu  ,  le  malin  ,  du  brouillard  ;  là  oii  posait 
un  grand  arbre  ,  le  sol  était  profondemeiit  mouillé; 
dans  l'intervalle  déboisé  ,  le  mouvement  du  pied 
poudroit  :  un  simple  choux  reçoit  bien  aussi  son 
tribut  de  rosée.  Les  arbres  sont  donc  les  régula- 
teurs des  météores  ,  conséquemment  des  saisons; 
taudis  que  c'est  aux  vents  froids,  aux  vents  brûlans, 
au  sirocô,  au  mistral,  aux  ouragans  que  sont  livrées 
les  contrées  dénudées  de  forets. 

Il  ne  pleut  jamais  dans  ces  contrées  ,  parce 
qu'un  sol  sec  ei  brûlant  sollicite  en  vain  ce  mé- 
téore :  il  faut  un  sol  humide  pour  attirer  ,  pour 
déterminer  la  pluie;  c'est  .la  cause  pour  laquelle 
nous  en  sommes  privés  depuis  deux  mois. 

Les  nuées  sont  devenues  des  fleuves  dont,  les 
vents  du  nord  et  d'est  règlent  le  cours  ,  qui  atti- 
rent et  entraînent  tout  ce  que  l'atmosphère  con- 
tient d'eau  ;  aussi  depuis  long-tems  nous  ne  con- 
naissons plus  ni  rosée  ni  serein;  nous  sommes 
livrés  tout  à-la-fois  à  un  vent  rigoureux  ,  à  un 
soleil  brûlant  que  ne  tempère  nul  météore  humide. 

Ces  fleuves  d'eau  s'écouleront  enfin  en  lorrens  , 
en  avalanges  ;  ils  étaient  destinés  à  féconder  la 
terre  ,  ils  la  dévasteront,  et  malheur  au  pays  con- 
damné à  recevoir  ses  cataractes  !  cinquante  lieues 
de  surface  auront  été  desséchées  pour  inonder 
Plombières. 

La  matière  électrique  soutirée  du  sein  de  la 
terre  et  entraînée  par  les  pues  ,  nous  prive  des 


orages  ,  et  quel  orage  n'eSt  pas  préférable  à  Cfit 
état  de  choses.  .  v  •    ,    ■ 

La  nature  ne  s'entretient  que  par  les  révolutions: 
la  mer  a  ses  tempêtes  ;  /'atmosphère  sa  foudre  et 
ses  carreaux;  la  terre  ses  tremblemens  et  ses  vol- 
cans ;  I  économie  animale  ses  crises  et  ses  mala- 
dies ;  les  gouvernemens  enfin  ont  leurs  révolii- 
tions  ;  toutes,  phisiques  ou  politiques  ,  so-nt  ac- 
compagnées de   désastres. 

Mais  enfin  le  calme  succède  à  toutes,  quand  le 
génie  de  la  nature,  ou  celui  d'un  grand  homme, 
en  ordonnent  ainsi  ;  alors  les  élémens  et  les 
nations  se   pacifient. 

[La  suite  demain.) 

^VJS      MARITIME. 

Le  navire  ta  jeune  Aimée  ,  cap.  Hugues ,  doublé 
en  cuivre  ,  du  port  de  33o  tonneaux  ,  très-connu 
pour  la  supériorité  de  sa  marche  ,  partira  pour 
risle-de-Fr.ince  du  i5  au  20  septembre  v.  st.  Il 
prendra  des  passagers  ,  qui  seront  très-bien  logés. 
S'adresser  au  cit.  Cline,  armateur,  rue  S.  François, 
n°  6  ,  Bordeaux. 


GEOGRAPHIE    ET    HYDROGRAPHIE. 

Collection  de  plans  déports,  baies,  villes,  etc. 
dressés  au  dépôt  des  cartes,  plans  etjournaux  de 
la  nrarine  ,  par  ordre  du  gouvernement. 

Plan  du  port  du  Passage. 

Anse  et  baie  de  Bilbao. 

Port  de  Saniona. 

Port  de  Saniander. 

Anse  de  Gijon. 

Havre,  de  'Vivaro,  Ribadeo,  et  port  de  Cedeira. 

Havre  de  Barquero  et  estaca  de  Vares.  >, 

Port  du  Ferol,  avec  le  pbn  de  la  darseou  bassin. 

Port  de  Caraarinas. 

Anse  et  havre    de    Corcubion. 
.    Plan  du   havre   de  Pontevedia. 

Havre  de  Vigo. 

Plan  de  la  ville  ,  du  port  et  de  l'arsenal  de 
Cartagêne. 

Baye  de  Palme  ,  port  d'Andrache  ,  de  Poller  , 
de  Petra   et  Cala-Longa. 

Chacuii  de  ces  plans  se  vend  séparément  l  fr. 
25  cent. 

Carte  itinéraire  de  la  France  ,  en  quatre  feuilles, 
divisée  par  dépariemens  ,  indiquant  les  chefs- 
lieux  de  dépariemens  ,  les  préfectures  ,  sous- 
préfectures,  etc.  etc.  Toutes  les  routes  de  postes , 
lieux  de  relais  ,  et  autres  routes  de  communica- 
tions ;  d'une  très-belle  exéculion  ;  nouvellement 
revue  et  augmentée  ,  par  Dezauche  ,  géographe. 
Prix  ,    12  francs, 

La  France  par  dépariemens  ,  préfectures  ,  sous- 
préfectures.  Une  feuille.   I   f.  5o  cent. 

AÇaris,chez  Dezauche,  géographe,  succes- 
seur de  Guil.  Delisle  et  Phil.  Buache,  géographes, 
rue  des  Noyers  ,    n°.  33. 


LIVRES    DIVERS. 

l-Hsloire  de  lafevre  qui  a  régné  épidémiquement 
à  Grenoble  pendant  les  mois  de  vendémiaire  , 
brumaire,  frimaire  et  nivôse  de  la  présente  année, 
parle  cit.  Trousset ,  docteur  en  médecine  de  la. 
faculté  de  Montpellier  ,  professeur  de  phisique  et 
de  chimie  à  l'école  centrale  du  département  de 
risere  ,  inspecteur  des  eaux  minérales  de  ce  dé- 
partement ,  médecin  de  l'hospice  civil  de  la 
commune  de  Grenoble  ,  et  membre  ou  corres- 
pondant de  plusieurs  sociétés  de  sciences  et  arts, 

A  Grenoble  ,  chez  J.  L.  A.  Giroud  ,  imprimeur- 
libraire  ,  place  aux  herbes  ,  et  à  Paris  ,  chez 
Mauge  ,  libraire  ,  rue  des  Bons-Enfans  ,  n"  19 
et  36. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republk^ue  et  des  Arts. 
Dem.  les  Prétendus,   elle   ballet  de  Fygmalion. 

Théâtre  DU  Vaudeville.  Auj.  le  Pot-Pourri  i 
Dancourt  ,  el  Adèle. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  i"^''^  repr.  de  Encor  des  ruses  ou  ks 
quatre  Signataires  ,    et  l'honnête  Criminel. 

Dem.  la  1"'  représ,  des  Avant-postes ,  pièce 
anecdotique  en  un  acte. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes, 
Auj.  la  2°  reprès.  ds'  Jenny  ou  tes  Ecossais  . 
drame  en  3  actes. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris  ,  rue  des  Poitevins,  n°  18.  Le  prix  est  de  25  flancs  pour  trois  mois,  5o  fiajic»  pour  6  mpis,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonne 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  IcUres  ctTatgcnt  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  A  s  s  e,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  n"  iS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  où  l'on  ne  peut  atFtancliir.  Les  Icures  des  dépancmens  non  a£rranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  dei 
Poitevins, n«  i3,depui  jueuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UMvERSEL. 


^^332. 


Duodi  ,  2  fructidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Novs  somtties  autorisés   i  prévenir  nos  soiis.ciipreuts  ,  qu'à   dater  du  7   iiivôie  k  M  O  N' I  T  EU  R  esc   le   seul  jàiirnat  officiel. 

Il  contient    les    séances  des  autorités  GOnstitiiées ,  les  actes  du  gouvernement  4  les  r.onvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les   ilo'dbhi 
rantswr  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournil  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  artiale  ssia  piciîculiérement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   E  U  R. 


ANGLETERRE. 

Aj'article  suivant  a  paru  le  premier  août .  dans 
le  journal  anglais  intitulé  l  Or/irclt,  Il  est  à  reinai- 
quer  qu'à  cette  éi)Oi.iue  les  journaux  anglais  n'a- 
vaient point  encore  parlé  de  la  prise  d  un  convoi 
danois  par  la  frégate  aiigbite  la  Nemésis  ,  non 
plus  que  de  la  violence  exercée  par  l'amiral 
Ouckworth  ,  contre  une  frégate  danoise,  f)uil  a 
conduite  à  Gibraltar.  Les  réflexions  de  l'Oracle 
coïncident  très-bien  avec  ces  événemens.  La 
ifiéorie  sert  ici  d'explication  aux  faits  ,  et  montre 
aux  nations  neutres  jusqu  à  quel  point  elles  peuvent 
compter  sur  la  considération  et  les  égards  de 
TAngleterrq 


Ce  qui  occupe  actuellement  l'attention  des 
politiques  ,  est  le  renouvellement  d'un  système 
de  neutralité  armée  ,  qu'imagina  l'ancien  roi  de 
Prusse,  vers  la  fin  de  la  guerre  d'Amérique  ,  et 
qu'adopta  ,  avec  empressement  ,  l'impératrice 
Catfierine  II.  Nos  ministres  ,  à  cette  époque  , 
furent  fort  blâtnés  de  n'avoir  pas  envoyé  sur-le- 
*champ  une  floue  dans  la  Baltique  ,  pour  épou- 
vanter et  dissoudre  une  confédération  fondée  sur 
les  dispositions  les  plus  contraires  aux  intérêts  de 
notre  pays. 

;  L'Angleterre  avait  cependant  alors  plus  d'une 
affaire-,  et,  malgré  les  brillans  avantages  de  ses 
flottes  ,  la  puissance  navale  de  ses  adversaires 
était  si  loin  d'être  entièrement  détruite  ,  qu'elle  se 
,  montrait  quelquefois  jusque  dans  le  canal  an- 
glais (l)  avec  une  orgueilleuse  supériorité.  Les 
choses  aujourd  bui  sont  bien  changées  ;  l'Angle- 
terre n'a  plus  de  concurrent  à  l'empire  des  mers. 
Les  tristes  restes  des  marines  française,  espagnole 
et  hollandaise  (relliquia  Danaum)  cachés  dans  les 
pprts.  n'osent  paraître  sur  1  Océan  ,  ni  se  montrer 
devant  les  escadres  triomphantes  de  la  Grande- 
Bretagne. 

On  ne  peut  croire  que,  dans  de  pareilles  cir- 
constances, notre  cabinet  veuille  se  soumettre  aux 
ordres  des  puissances  mariiimes  du  Nord  ;  faibles 
ennemis  dont  les  plus  grands  efforts  seront  aussi 
impuissans  contre  nous  ,  que  la  lance  de  Priam 
contre  le  bouclier  de  Pyrrhus.  Cette  combinaison 
lointaine  n'a  pas  échappé  ,  dans  son  origine  ,  à 
la.  vigilance  des  ministres  anglais  qui  ont  observé 
ses  progrès  avec  inquiétude ,  quoiqu'ils  n'eussent 
pas  de  moyens  pour  l'empêeher  de  se  former. 
Tant  qu'elle  n'a  point  eu  d'effets  visibles ,  on  ne 
pouvait  dans  ce  pays-ci  prendre  aucune  mesure 
pour  la  détruire,  sans  séxposer  à  passer  pour 
aggresseur.  Mais  à  présent  qu'elle  prend  une 
forme  plus  déterminée  ,  et  qu'elle  tente  de  porter 
à  l'ennemi  des  secours  que  les  lois  de  la  guerre 
nous  autorisent  à  intercepter,  l'accusation  d  ag- 
gression  retombe  nécessairement  sur  elle  :  et  l'An- 
gleterre se  voit  forcée  à  exiger  par  la  force  des 
•  cmes  les  égal  ds  que  Ion  refuseaux  lois  du  bon 
voisinage  et  aux  droits  des  nations. 

Rien,  dans  le  caractère  connu  de  nos  ministres;, 
ne.  peut  faire  supposer  qu'ils  suivent  les  conseils 
d'une  timide  politique  ,  ni  qu'ils  laissent  impu- 
nément avilir  ou  insulter  lAnglcterre.  Les  plus 
gjands   hommes    d'état,    les    meilleurs    écrivains 

Îiolitiques  ont  toujours  tenu  pour  maxime  q,ue 
A  plus  juste  cause  d'une  guérie  est  le  désir 
de  venger  l'honneur  d'une  nation  outragée. 
Nous  n  avons  montré  peut-être  que  trop  de  con- 
descendance (2),  à  ces  puissances  du  Nord  et  par- 

(t)  La  Manche. 

(2)  La  condescendance  du  gouvernement  anglais 
il  I  égard  der  puissance»  neutres,  est  une  expres- 
sion si  nouvelle,  (ju'elle  doit  paraître  une  ironie' 
à  ceux  qui  savent  avec  qu.el  dédain  les  agens  de 
ciitc  naiton  iniient  les  cours  dont  ils  cTOycnt 
nWoit  point  à  redouier  le  ressentimerrt.  On  conte 
à  ce  sujet  qu'un  ministre  anglais  ,  à  l'époque  où 
Is  trahison  avait  livré  Toulon  à  ces  acheteurs  de 
conquêtes  .  cherchait  à  persuader  au  célèbre 
Bi;riisiofl  .  que  le  Dannemarck  devait  sans  plus 
tarder  entrer  dans  une  coalition-dont  lee  succèiî 
lui  permettaient  d'exiger  que  personne  ne  restât 
neutre  dans,  sa  (]ueri-:llci  Le  ministre  danois;  fei- 
gnant une  affaire  (jui  I  appelé  pour  (]uelqv>et  mi- 
outet-,  inyi(«rang]|aia  à. rosier,  et  lui  remet,  pour 


ticullérenient  à  l'une  d'elles  qui  n'a  jamais  dé- 
guisé son  animosilé.  Mais  lorsqu'on  ose  nous 
jeter  le  gant .  ce  n'est  pas  à  nous  à  refuser  le 
défi.  Livres  déjà  à  une  guêtre  dispendieuse  qui 
séiend  à  tant  de  parties  du  monde  .  l'Angleterre 
n  ira  pas,  de  gaiié  de  cœur,  prQyoi]uer  de 
nouveaux  ailversaires  :  comme  le  disait  notre 
roi   Henri  'V  ,  avant  la  bataille   d'j^aincourt  : 

Dans  l'état  où  nous  sommes  nous  ne  ihirrhoiu 
pas  à  comJinttre  ;  mais  malgré  l'état  où  nous  soynmcs , 
nous  ne  l'éviterons  pas. 

Quant  aux  moyens  d'attaque  respectifs  entre 
nous  et  ces  puissances  .  il  v  a  si  peu  de  pro- 
portion ,  que  ,    sans  l'aogres.'inn  et  l'intervention 

iimprudtnie  de  la  ligue  ,  1  Angleterre  pourrait 
cire  soupçonnée  d'ambition  dans  ses  motifs  ,  et 
accusée  de  vouloir  profiter  de  la  force  prodi- 
gieuse de  sa  marine  ,  au  moment  de  sa  plus  haute 
activité  ,  pour  écraser  en  un  coup  toutes  les 
puissances  maritimes    du   monde,  et  s'assurer  à 

!jamais  l'empire  des  mers  ;  mais  la  ligue  et  l'in- 
discrétion des  confédéiés  nous  épargnera  proba- 
blement ce  reproche  ;  et  si  de  promptes  et  vi- 
goureuses remontrances  ne  suffisaient  pas  pour 
dissoudre  cette  association  hostile  qui  se  couvre 
du  nom  spécieux  de  neutralité  ,  nous  pourrions 
bien  voir  le  héros  du  Nil  cueillir  de  nouVeaux 
lauriers  dans  la  Baltique.  Une  escadre  .  pareille 
à  celle  que  lord  Nel.son  conduisit  dans  la  Mé- 
diterranée ,  anéantirait  les  armées  navales  de  tou- 
tes les  puissances  du  Nord.  Nous  n'avons  pas 
oublié  i|uc  le  roi  de  Danemarck  s'est  vu  obligé 
de  faire  arrrende  honorable  ,  lorsque  le  corâmo- 
dore  de  trois  vaisseaux  de  ligne  anglais  vint  dans 
sa  capitale  lui  demander  raison  de  sa  conduite  , 
et  nouï  savoi^is  assez  que  l'approche  d'une  flotte 
anglaise  jetterait  la  consternation  et  i'effroi  parmi 
les  habitans  de  Coppcnhague.  Une  attaque  sur 
le  Sund ,  pour  peu  qu'elle  réussît  .aurait  bientôt 
décidé  la  question;  et  quant  aux  trois  îles  danoi- 
ses de  l'Amérique  ,  on  ne  peut  douter  qu'elles 
ne  fussent  obligées  de  se  rendre  à  la  première 
sommation. 

Toutes  ces  considérations  nous  font  penser 
que  les  mesures  promptes  et  vigoureuses  que 
paraît  prendre  le  ministère  pour  la  dissolution 
de  cette  ligue  ne  seront  pas  sans  eflTet,  A  tout 
événement,  il  n'y  a  pas  lieu  d  en  craindre  de 
fâcheux  résultats  -,  quelques  canaux  de  notre 
commerce  seront  pour  un  moment  obstrués  ; 
mais  ce  genre  d  inconvéniens  retombera  bientôt 
sur  ceux  qui  l'auront  provoqué.  Enfin  nos  mi- 
nistres semblent  disposés  à  agir  d'une  manière 
énergique  et  décisive  ,  et  nous  ne  doutons  point 
que  le  résultat  de  la  contestation  ne  soit  hono- 
rable et  avantageux  à  la  nation  anglaise. 

(The  Oracle-,  l"  août  .  l3   thermidor.) 

I     N     T     É     R     LEUR. 

Paris  »  le  i^^'  fructidor. 

L'iNSTmrr  national  a  assisté  le  sg  de  ce  itiois 
aux  funérailles  dti  eho'yen  Lhéritier. 

—  Il  se  confirme  qu'à  Gêne»  l'épidéitiie  a 
diminué  de  manière,  à  faire  espère»  dans  peu 
sa>  cessation  totale. 

—  Dans  la  nuit  du  2g  au  3o  ,  le  tonnerre  est 
tombé  sur  l'édifice  connu  à  Paris  sous  le  nom 
du  petit  Châtelèl;  il  a-  oecasiortné  quelques  dé- 
gâts ;  mais  personne,  n'a    péri. 

—  En  Ai>gleterre  ,  le  courrieraciuel  deiattlallî 
entre  Shal'ion  et  Sarum  ,  a  lait,  depuis  qu'il  est 
au  service  de  la  poste  ,  tant  sur  cette  route  qu« 
sur  celle  de  Sherborne,  plus  de  325,200  railles, 
108,733  lieues,  ce  qui  fait  plus  de  douze  fois 
le  tour  dé  la  terre  ,  et  probablement  plus- ijue- 
personne  n'a  jamais  fait  en  Angleterre  sur  la 
nrêïne  route. 


s'occuper,  en  attendant  son  retour,  un  journal 
français'  qui  venait  d'arriver.  L'envoyé  lit  le 
Moniteur,  et  trouve  à  la  premierepagc  la  reprise 
de  Toulon  par  les  français.  On  suppose  que  , 
dans  lai  suite  de  l'entretien,  aU'  lieu  d'exalter  la 
puissance  de  la  coalition  ,  il  parla  de-  celle  de  la^ 
France  ,  et  qti  il  insista  plus- sur  la  nécessité  de  la 
défensive  que  sur  la  probabilité  de.  la  conquête. 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT.. 

Arrêté  du  ^^  thermidor. 

BoNArARTP.  (premier  consul  de  la  républiqile  , 
arrête  ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  jourdan  ,  est  WoWrtié  sécrétai i^e-gé- 
niral  de  la  piéltciure  de  la  Roè"*  ^  en  remplaee- 
riieiit  du  citoyen  Gorbigny  ,  ap|>élé  à  dâujtfttf 
foiiclintis. 

Le  ministre  de  U  justice  est  chargé  de  l'exécu- 
tion du  présent   arrête. 

Le  prenjir  consul  ,  Signé ,    Bonaparte. 
Par  le  premier  Lonsitl-, 

Le  sectétaiie-d'étàt .  signé.  H.  B.  Maret. 

Au    NOM    1>U    f  E  iJ  i"  L  K    FP.ANÇAIS.      •     ' 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapJJOrB 
du  miiiislre  de  l'iniédeut  ,  anêteril  :        .  . 

Art.  I"'.  Il  eît  accordé  au  citoyen'  Pierre  Pre-J 
min  ,  chimiste  ,  demeurant  à  Paris  ,  rue  du  iAu%- 
bourg  Martin  ,  n°  206  ,  un  brevet  d'itiveniion  dé 
quinze  années  entières  et  consécutives ,  à  compter 
de  la  date  des  présentes  :  à  l'effet  de  pouvoir  pra- 
tiquer, vendre  et  débiter  par-toiit  oià  il  le  jugera 
convenable  .  dans  toute  l'étendue  de  la  répubh- 
que  ,  le  charbon  de  bois  ,  la  tourbe  corporiliée 
ou  en  charbon,  et  tous  autres  charbons  résultans 
d'opérations  faites  suivant  son  procédé  ,  et  d'après 
SCS  appareils  pour  la  carbonisation  par  disullation, 
dont  il  a  déclaré  être  à  la  fois  1  inventeur  et  le 
perfectionneUr  ;  à  la  charge  par  lui  d'einployer 
les  moyens  indiqués  danfe  son  mémoire.  Sur  tes 
appareils  servant  à  cette  carbonisation  ,  il  pourra 
être  appliqué  un  timbre  ou  cartel  avec  Ces  mot^  : 
brevet  d'invention  et  le  nom  de  l'auteur  ,  jJour 
par  lui  et  ses  ayant  cause  jouir  dudil  brevet  , 
dans  toute  létendue  de  la  république  pendant 
quinze  années. 

IL  II  est  expressément  défendu  d'iitiiter  et 
d'employerles  moyens  dontil  3  agit ,  sous  quelque 
caujc  que  ce  soit;  et,  pour  assurer  au  citoyen 
Pierre  Fremin  la  jouissance  dudit  brevet ,  le  pré- 
sent arrêté  sera  inséré  au  bulletin  des  lois.     ■ 

III.  Les  tribunaux  ,  les  préfets  et  sous -préfet» 
feront  jouirpleineraent  et  paisiblement  des  droits 
conférés  par  ce  présent ,  le  citoyen  Pierre  Fremin 
ou  ses  ayant  cause  ,  fesant  cesser  tout  empêche- 
ment contraire.  Ils  feront  transcrire  ce  brevet  sur 
leurs  registres  .  lire  ,  publier  et  afficher  dans  leurs 
ressoit  et  départemens  respectifs  ,  pour  être 
exécuté  pendant  s'a  durée  comme  loi  de  la  ré- 
publique. 

Fait  au  Palais  national  des  consuls  de  la  ré- 
publique ,  le  2  J  thermidor  an  8. 

Le  premier  consul .,  sign.é ,  Bonaparte. 
Par  le  preolier  consul  ,     ; 
Le  secrétaire-d'état ,  signé'\  H.   B.  Maret. 

Arrêté  du  29  thermidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  marine  et  des  colonies,  le 
conseil-d'élat  entendu  ,  arrêtent  ce  qui  suit  : 

TITRE.    P  R  E  M  I  E  R. 

Composition  àu  corps  militaire  de  Id  mdr'in'e. 

Art.  I'^.  Il  sera  entretenu  ,  pour  le  service  de 
fe  marine  ,  le  nombre  de  treize-cents  cinquante- 
quatre  officiers ,  déterminé  par  la  loi  du  3  bru- 
maire an  4. 

n.  Ce  nombre  d'officiers  sera  réparti  dans  le9 
difTérens  grades  de  la  marine  dans  la  proportion 
siuivante  : 

8  Vice-arairaux. 
16  Contre-attiiraux. 
i5o  Capitaines  de  vaisseau. 
180  Capitaines  de  frégate. 
40tf  Lieirtenarts  de  vaisseau. 
6oo'  Enseignes  de  vaisseau. 

1354 

IIÏ.  Les  officiers  de  tous  les  grades  seTotit  dît- 
tingucs  en  officiers  en  activité  de  service  et  oSÏ" 
cierS  eh  non  activité. 

IV.  La  liste  dés  officiers  en  activité  sera  arrêlét , 
chaque  année,  par  le' premiet*  consul. 

V.  Elle  sera  réglée,  sur  les  besoins'  prévus  du 
service  de  l'année  :  elle  comprendra  lononnbre 
d'officiers  né c« («aires. 


I"  Poor  former  l'éfat-inajor  de  tous  les  vais- 
seaux,  frégates  et  autres  bâtimens  armés  et  à 
sttmer  pendant  le  cours  de  l'année  ; 

2°  Pour  être  employés  aux  mouveraens  des 
ports  ; 

3°  Pour  le  service  habituel  des  ports  ,  arse- 
naux, comprenant  gardes,  rondes,  visiies  .  ré- 
cents et  autres  fonctions  attribuées  aux  officiers 
de  vaisseau  par  les  réglemens. 

VI.  Chaque  année,  dans  la  dernière  décadi' 
de  thermidor,  le  minisire  fera,  au  premier  con- 
sul, un  rapport  dans  lequel,  exposant  les  a rme- 
mens  à  faire  ou  à  conserver  pour  l'année  sui- 
vante ,il  proposera  le  nombre  d'officiers  à  laisser 
ou  à  mettre  en  activité  pour  le  service  de  l'année 
et  en  présentera  la  liste  nominative. 

VII.  La  liste,  telle  qu'elle  aura  été  arrêtée  par 
le  premier  consul,  sera  publiée,  au  plus  tard, 
dans  la  dernière  décade  de  fructidor. 

VIII.  Les  fonctions  de  préfet  maritime  n'inter- 
rompent point  l'activité  de  service. 

IX.  Les  ofliciers  à  mettre  en  activité  de  service 
ne  pourront  être  pris  que  parmi  ceux  composant 
le  corps  des  officiers  de  vaisseau. 

TITRE    II. 

Service  des  officiers  en    activité. 

X.  Les  ofliciers  en  activité  de  service  seront 
employés  sur  les  bâtimens  armés  ou  dans  les 
ports. 

XI.  Au  désarmement  de  chaque  vaisseau  ,  le 
dernier -capitaine  qui  l'aura  commandé  ,  et  à  son  I 
défaut ,  le  capitaine  de  frégate  qui  y  ét.iit  em- 
ployé ,  restera  affecté  à  ce  vaisseau  pour  veiller  à 
son  entretien  :  il  sera  secondé  par  un  lieutenant 
de  vaisseau  et  un  enseigne. 

Il  sera  pareillement  affecté  au  vaisseau  nou- 
vellement construit  un  capitaine  de  vaisseau  ,  et 
à  son  défaut  ,  un  capitaine  de  frégate  également 
secondé  par  ufi  lieutenant  et  un  enseigne. 

XII.  Il  sera  affecté  pour  le  mime  service  un 
capitaine  de  frégatS "et  un  lieutenant  à  chaque 
frégate  ;  il  aura  sôiis   ses  ordres  un  enseigne; 

Un  lieutenant  à  toute  corvelle  de  vingt  canons 
et  au-dessus  ; 

Et  un  enseigne  à  toute  corvette  ou  brick  de 
douze  à  vingt  canons, eiàtous  bâtimens  décharge 
de  trois  cents  tonneaux  et  au-dessus. 

XIII.  L'officier  attaché  en  chef  à  la  surveillance 
d'un  bâtiment  de  guerre  sera  tenu  d'en  faire  ,  au 
moins  deux  fois  par  an  ,  la  visite  et  d'en  dresser 
procès-verbal. 

XIV.  Les  officiers  employés  de  cette  manière 
feront  aussi  le  service  habituel  des  gardés  ,  rondes  , 
visites  et  recette  ,  à  exécuter  dans  les  ports. 

XV.  Les  officiers  affectés  à  chaque  bâtiment 
seront  chargés  d'en  commencer  l'armement  jus- 
qu'à la  formation  de  leur  état-major  ,  et  il  leur 
sera  adjoint  le  nombre  d'officiers  nécessaire  pour 
les   seconder. 

XVI.  Les  officiers  de  vaisseau  préviendront  le 
chef  des  mouvemens  ,  de  tous'  les  besoins  que 
pourraient  avoir  les  bâtimens  auxquels  ils  sont 
attachés. 

■Us  rendront  compte  au  chef  militaire  des  dé- 
tails relatifs  aux  autres  parties  du  service  dont 
ils  pourraient  être  chargés. 

TITRE    III. 

Des  officiers  en  non  activité. 

XVII.  Les  officiers  en  non  activité  de  service  , 
seront  autorisés  à  se  retirer  dans  les  lieux  qui 
leur  conviendront  davantage  ,  sous  l'obligation 
d'-en  prévenir  le  préfet  maritime  de  leur  arron- 
dissement. 

XVIII.  Il  ne  sera  payé  aucune  conduite  aux 
officiers  en  non-activité  ,  tant  pour  se  rendre  dil 
port  de  leur  résidence  au  lieu  de  leur  retraite  ,  que 
pour  revenir  à  ce  port  ,  au  moment  où  ils  seront 
rappelés. 

XIX.  Ils  pourront  commander  des  bâtimens  de 
commerce  ou  y  être  employés  en  quelque  qualité 
que  ce  soit,  après  en  avoir  obtenu  la  permission  du 
ministre  ,  s'ils  sont  capitaines  de  vaisseau  ,  et  du 
préfet  ,  s'ils  n'ont  qu'un  grade  inférieur. 

Ils  seront  tenus  de  produire  cette  permission 
au  commissaire  de  l'inscription  maritime  du  port 
d'équipement  du  bâtiment  de  commerce. 

XX.  A  dater  de  la  formation  de  la  première 
liste  d'activité  ,  tout  officier  qui  aura  été  trois  ans 
sans  activité  de  service  militaire  ,  sera  censé  ré- 
formé ,  et  il  lui  sera  alloué  un  traitement  de  ré- 
forme proportionné  à  la  durée  de  ses  services. 

XXI.  Tout  officier  cessera  d'être  en  activité  de 
service  ,  dès  le  moment  oià  il  ne  sera  plus  com- 
pris dans  la  liste  d'activité  ,  qui  sera  publiée  , 
chaque  année  ,  dans  le  mois  de  fructidor. 

TITRE     IV. 

Officiers  non  entretenus. 

XXII.  Il  ne  sera  employé  d'officiers  non  en- 
tretenus que  lorsque  la  totalité  des  officiers  entre- 


i338 

lentis  mis  en  activité  ,   sera  insuffisante-  pour  les 
besoins  du  service. 

XXIII.  Les  officiers  non  entretenus  appelés  au 
service  ,  y  seront  en  activité  dans  le  grade  dont  ils 
ont  le  titre  ,  et  en  auront  le  traitement. 

XXIV.  Les  capitaines  des  bâtimens  de  com- 
merce au  long  cours  ,  ne  peuvent  être  appelés 
au  service  qu'en  qualité  d  enseignes  non  en- 
tretenus. 

Ils  ne  pourront  devenir  liciilenans  que  par  leurs 
services  dr.ns  la  marine  militaire  ,  ou  par  des  ac- 
tions d'éclat  sur  des  bâtimens  particuliers  ,  dont 
mention  sera  faite  dans  leurs  commissions. 

XXV.  Les  appoiritemens  des  officiers  non  en- 
tretenus cesseiom  du  moment  oià  ils  ne  seront 
plus  employés. 

XXVL  II  leur. sera  pa)^é  des  conduites  pour 
aller,  et  revenir,  .à  moins  qu'ils  n'ayent  demandé 
de  qiiii.ter  le  ,  service  ,  auquel  cas  il  ne  leur  est 
dû  Tucune  conduite  de  reioui. 

XXVII.  Les  otticicrs  non  entretenus  prendront 
tang  avec  les  officiers  entretenus  suivant  leur 
ancienneté. 

L'ancienneté  des  ofliciers  non  entretenus  est 
évaluée  par  le  lems  pendant  lequel  ils  ont  été 
réellement  employés  au  service  de  l'éiai  ,  soit 
dans  les   ports,  soit   sur  les    vaisseaux. 

XXVIII.  Tout  enseigne  non  entretenu  qui  sera 
fiit  lleuienanl  de  vaisseau  ,  fera  partie  du  corjjs 
des  officiers  entretenus  de  la  marine  ,  et  prendra 
rang   de  la   date    de   son  brevet  de  lieutenant. 

TITRE      V. 

Appointemens. 

XXIX.  Les  appointemens  de  tous  les  officiers 
seront  réglés  poui  le  tems  de  paix  ;  en  tems  de 
guerre  ,ils  seront  augmentés  d'une  moitié  en-sus. 

XXX.  Pour  les  ofliciers  de  vaisseau  ,  le  ser- 
vice à  terre  ,  a  moins  qu'il  n'ait  lieu  dans  lar- 
mce  de  terre,  est  réputé  service  de  paix  ,  en 
tems  de  guerre  comme  en  tems  de  paix  ;  le 
service  à  la  mer  est  réputé  service  de  guerre  , 
pendant  la   paix  comme  pendant  la  guerre. 

XXXI.  A  compter  du  i"  vendémiaire  ,  les 
appointemens  des  officie.s  de  vaisseau  en  ac- 
tivité de  service  en  lems  de  paix,  seront  : 

Pour   les   vice-amiraux,   de.    .    .    .      12,000  fr. 

Contre  amiraux 8,oc(o 

(  Un  tiers  à   la 

Capitaine   de  vaiss.  )  ;î('  ''^^."-  :       4,ooo 
\  iJeux  tiers  a 
^  la   i'   classe.       3,6oo 

Capitaines   de   frégate 2.400 

Lieuienans  de  vaisseau 1,600 

Enseignes  de  vaisseau 1,200 

XXXII.  L'augmentation  d'une  moitié  en-sus 
pour  les  officiers  de  vaisseaux  armés  ,  n'aura 
lieu  que  depuis  le  jour  de  la  revue  d'armement 
jusqu  au  jour  de  la  revue  du  désarmement. 

XXXin.  Seront  traités  comme  les  officiers  em- 
barqués ,  ceux  qui  seront  employés  d'une  manière 
permanente  aux  mouvemens  des  ports  ,  et  les 
officiers  d'état-major  des  ports  en  tems  de  guerre 
seulement.  ' 

XXXIV.  Les  officiers  en  non  activité  n'auront 
que  la  moitié  du  traitement  donijouissent,  à  terre, 
les  officiers  en  activité  de  service. 

Les  officiers  remis  en  activité  jouiront  de  la 
totalité  des  appointemens  de  paix  ,  dès  le  jour 
de  leur  arrivée  dans  le  lieu  oîi  ils  auront  été 
rappelles.  , 

XXXVI.  Les  appointemens  d'activité  cesseront 
pour  les  officiers  non  compris  dans  la  liste  d'ac- 
tivité du  jour  où  cette  liste  sera  arrivée  dans  le 
port  ou  ils  sont  employés. 

XXXVII.  Les  officiers  hors  d'activité  qui  , 
sans  excuses  valables  ,  ne  se  rendront  pas  au 
port  où  ils  auront  été  rappelés  ,  seront  censés 
démissionnaires,  et  nepourrontprétendreà  aucun 
traitement  de  réforme  ou  de  solde  de  retraite. 

TITRE      VI. 

Avancement. 

XXXVIII.  Il  n.e  sera  fait  de  promotion  dans 
les  grades  de  la  marine  ,  que  lorsque  le  nombre 
des  officiei:s  stra  au-dessous  de  celui  qui  a  été 
fixé  par  l'article  II  ,   pour  chaque  grade. 

Sont  exceptés  les  avancemens  extraordinaires 
pour  faits  de  guerre  et  actions  d'éclat. 

XXXIX.  Les  promotions  seront  faites  à  l'ancien- 
neté ou  au  choix  dans  les  proportions  suivantes  : 

Les  officiers  généraux  seront  tous  au  choix  du 
premier  consul  ; 

Les  capitaines  de  vaisseau  seront  nommés  un 
quart  à  l'ancienneté,  et  les  trois-quarts ,  auchoix 
du  premier  consul  ; 

Les  capitaines  de  frégate,  naoitié  à  l'ancienneté, 
moitié  au  choix  ; 

Les  lieutenans  de  vaisseau  ,  les  trois-quarts  à 
l'ancienneté  ,  le  quart  au  choix  ; 


Les  enseignes  de  vaisseau  ,  les,  sept-huitièmes 
au  concours  ,   et  le  huitième  au   choix. 

XL.  Nul  officier  ne  pourra  être  promu  à  un 
grade  qu'apiès  avoir  passé  deux  ans  au  moins 
dans  le  grade  immédiaiemcnt  inférieur. 

XLI.  Nul  individu  aspirant  ou  autre  ,  ne  peut 
être  l'ait  enseigne  de  vaisseau  ,  qu'après  quatre  ans 
effectifs  de  navigation  en  (juelque  qualité  que  o.e 
soit;  néanmoins  ceux  qui  prouveront  ,  par  ex- 
traits ou  journaux  détaillés  et  certifiés  de  capi- 
taine .qu  ils  ont  deux  ans  de  navigation  effective, 
c'est-à  dire  sous  voile  ,  non  compris  le  tems  de 
relâche  et  les  séjours  en  rade  ou  dans  le  port  , 
seront  réputés  avoir  le  lems  de  navigation  exigé 
pour  ê;re  faits  enseignes. 

XLII.  Les  quatre  ans  de  navigation  seront  éga- 
lement exigés  des  aspirans  qui  se  présenteront 
au  concours  pour  être  faits  enseignes. 

XLIII.  Sont  exceptés  les  avancemens  pour 
actions  d  éclat ,  qui  ne  sont  assujetis  à  aucune  de» 
c   nJiiionsxi^dessus  énoncées. 

XLIV.  Les  promotions  ,  soit  à  l'ancienneté, 
spii  au  choix  ,  porteront  indistinctement  sur  le» 
officiers  eiitreientis  et  'es  officiers  non  entretenus, 
suivant  leur  mérite  ou  leur  ancienneté  respective. 

XI.V.  Elles  ne  pourront  avoir  lieu  que  parmi 
les  officiers  en  activité  de  service. 

XLVI.  Tout  officier  remis  en  activité  reprendra 
son  rang  ,  mais  seulement  dans  le  grade  qu'il 
avait  ,  lorsqu  il  a  cessé  d  être  en  activité. 

XLVII.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies 
est  chargé  de  lexécution  du  présent  arrêté  ,  qui 
sera  imprimé  au  bulletin  des  lois.  ■ 

Le  premier  consid  ,  signé ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 

ACTES  ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Le  ministre  de  l'intérieur ,  aux  préfets  des  départe-^ 
mens.  —  Paris  ,  le  28  thermidor,  an  8  de  la  répu- 
blique française  une  et  indivisihle. 

Pli;sihurs  d'entre  vous  m'ont  consulté,  citoyen 
préfet ,  pour  savoir  quelle  est  l'intention  du  gou- 
vernement sur  la  célébration  des  décadis;  et  dans 
I  incertitude  où  les  laissaient  les  lois  rendues  sur 
ces  questions  ,  quelques-uns  même  ont  pris  de» 
aiiêiés  qu'il  n'a  pas  été  possible  d'approuver.  Le 
gouvernement  a  voulu  faire  cesser  tous  les  doutes 
qui  s'étaient  élevés  ,  et  il  a  posé  dans  son  arrêté 
du  7  de  ce  mois  ,  que  je  vous  adresse  ,  les  prin- 
cipes d'après  lesquels  vous  devez  vous  conduire. 

L'institution  du  calendrier  décadaire  est  un  des 
fruits  les  plus  utiles  de  la  révolution  ;  c'est  une 
des  plus  précieuses  conquêtes  de  la  philosophie  ; 
elle  appartient  à  la  république:  il  n'est  pas  per- 
mis à  ceux  qui  la  servent  et  qui  l'aiment ,  de  faire 
usage  d  une  autre  manière  de  diviser  le  tems. 
C  est  sur  ce  calendrier  que  doivent  se  régler  •'- 
leurs  actes  publics  ;  c'est  aussi  le  seul  que  le 
gouvernement  adopte,  le  seul  qu'il  reconnaisse. 

Mais  cette  division  civile  à  laquelle  sont  assu- 
jettis par  la  loi  tous  ceux  que  salarie  la  répu^ 
blique,  à  laquelle  se  conforment  avec  empresse- 
ment tous  ceux  à  qui  elle  est  chère  ,  n'a  rien 
de  commun  avec  les  actions  particulières  de» 
citoyens  qu  une  opinion  quelconque  détermine 
à  travailler   ou  à  se  reposer  tel  jour. 

Tel  est  l'esprit  de  l'arrêté  que  je  vous  transmets  : 
il  est  conforme  à  tous  les  principes  de  la  raison 
et  de  la  liberté  ;  il  était  désiré  par  tous  les  ci- 
toyens ,  par  tous  les  amis  de  la  république.  Le 
gouvernement  ne  veut  pas  se  mêler  de  ce  qui 
tient  à  la  conscience  particulière  de  chacun  ;  il 
n'en  demande  pas  compte  ;  et  tous  ceux  qui 
obéissent  aux  lois  ,  peuvent  ,  dans  leurs  affaires 
privées  ,  tenir  la  conduite  qui  leur  paraît  la  plus 
convenable  :  mais  en  accordant  à  tous  liberté  et 
protection  ,  il  réprimera  avec  une  inflexible  sé- 
vérité ceux  qui  ,  abusant  de  cette  liberté  même  , 
oseraient  s'en  servir  comme  d'un  moyen  de  per- 
sécution contre  des  citoyens  qui  n'adopteraient 
pas  leur  opinion.  Que  tous  soient  libres  «n  •ob- 
servant les  lois. 

Le  calendrier  décimal  est  celui  de  la  répu- 
blique ;  il  est  celui  de  tous  les  français  :  les  au- 
tres appartiennent  à  tel  ou  tel  culte,  et  n'ont  rien 
de  national. 

Je  vous  adresse  également,  citoyen  préfet  ,  un 
autre  arrêté  du  même  jour  sur  la  célébration  des 
mariages.  La  loi  du  20  septembre  1792  çn  est  la 
base  :  vous  la  prendrez  pour  règle  de  votre 
conduite;  et  dans  tous  les  cas  qui  pourraient  vous 
présenter  des  doutes ,  c'est  à  elle  que  vous  aure» 
recours. 

Les  maires  et  les  adjoints  sont  les  seuls  officiers 
civils  ;  eux  seuls  peuvent  donner  aux  actes  qui 
constatent  l'état  des  citoyens,  l'authenticité  lé- 
gale. Les  formes  des  publications  ,  les  délais  , 
les  formules  d'actes  ,  les  lieux  ,  tout  est  prévu 
dans  la  loi  ;  c'est  à  vous  à  veiller  à  ce  qu'ils  s'y 
conforment.  ■' 

Je  vous  s^lue ,  Signé ,  L.  Bonaparte. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Le  sg  thermidor  au  soir  ,  un  enfant  âgé  d'en- 
viron quinze  ans  ,  qui  se  baignait  près  le  quai 
des  Moifondus  ,  s  exposa  imprudemment  au 
courant  de  la  rivière  et  bientôt  il  disparut.  Un 
autre  entant  qui  n'avait  que  douze  ans  se  préci- 
piie  au  milieu  de  l'eau  ,  plonge  jusqu  à  cinq 
fois  et  le  ramené  enfin.  Cejcune  citoyen  se  nomme 
MaTsekiiu. 

Peu  de  jours  avant  ,  une  femme  occupée  à 
laver  du  linge  au  pori  Saint-Paul  ,  tomba  dans  la 
rivière  etr,eirouva  aussitôt  cmbairassée  sous  la  levée 
du  bateau  à  lessive;  elle  allait  périr  lorsqu'un 
jeune  homme  nommé  Dubois  ,  gaiçon  marinier  , 
ne  consultant  que  sa  sensibilité  ,  se  précipite  sous 
la  levée,  dégage  la  personne  en  danger  et  la  ra- 
mené jusqu'à  son  domicile. 


Extrait  du  rapport  fnit  au  lycée  libre  de  Rouen  , 
h  2  1  thermidor  an  8  ,  par  les  commissaires  nom- 
més pom  faire  ïtxamen  d'une  machine  inventée  par 
le  citoyen  Biard  ,  de  Rouen  ,  destinée  à  remplacer 
la  main-d  œuvre  dans  la  fabrication  des  toiles ,  ete. 

Vos  commissaires  ,  citoyens,  après  avoir  scru- 
puleusement examiné  le  modèle  de  la  machine 
du  citoyen  Biard  ,  ont  remarqué  avec  plaisir  que , 
par  l'exactitude  de  la  combinaison  ,  elle  assure 
la  plus  heureuse  rétissile  dans  le  travail  que 
s'est  proposé  son  inventeur.  Cette  machine  nous 
a  paru  devoir  figurer  avantageusement  parmi  les 
inventions  modernes  qui  doivent  le  plus  contri- 
buer à  la  prospérité  des  manufactures.  Nous 
avons  cornpris  sealemeni  que  le  tissu  qu'elle 
doit  produire  sera  de  la  plus  grande  régularité. 
Le  citoyen  Biard  nous  en  a  lui-même  ,  en  effet, 
convaincus  ,  en  nous  présentant  deux  sortes  de 
toiles  qu  il  a  faites  sur  sa  machine  ,  et  nous  avons 
reconnu  la  vérité  de  ce  qu  il  avance  dans  son 
mémoire,  lorsqu  il  dit  qu  il  est  impossible  à  un 
ouvrier  d'atteindre  à  un  aussi  haut  degré  de  per- 
fection. 

Nous  croyons  donc  que  cette  machine  ,  une 
fois  répandue  dans  les  diverses  fabriques  de  la 
république  ,  améliorera  singulièrement  noire 
commerce  en  ce  genre.  C'est  pourquoi  nous 
concluons  à  ce  qu'extrait  du  présent  soit  inséré 
dans  les  journaux  et  envoyé  aux  sociétés  sa- 
vantes avec  lesquelles  nous  correspondons  ,  afin 
de  donner  une  grande  publicité  à  une  invention 
aussi  essentielle  aux  progrès  du  commerce. 

Note  du  rédacteur.  —  Outre  les  avantages  dé- 
veloppés dans,  l'extrait  qu'on  vient  de  lire  ,  il  en 
est  un  qui  mérite  d'être  pris  en  grande  consi- 
dération :  c'est  qu'au  moyen  de  cette  machine  , 
les  frais  de  rfiain  -  doevre  seraient  réduits  des 
quatie-cinquicmes.(T«dflf«  cle  Rouen,  ï/^  thermidor.) 


Suite  des  observations  sur  la  sécheresse  actuelle ,  ses 
causes  ,  et  les  moyens  de  prévenir  la  progression 
de  ce  fléau  ;  par  Ant.  Alexis  Cadet  de  Vaux. 

Fesons  maintenant  l'applicalion  de  ces  grands 
principes  à  la  diminution  ;  et  pour  nombre  de 
territoires  ,  à  la  disparulion  totale  des  eaux. 

Ce  fléau  s'accroît  ;  d'années  en  années  ,  dans 
une  progression  effrayante.  J  ai  recueilli  des  faits 
dans  la  contrée  que  j  habite  ;  je  ne  les  citerai 
pas  ,  parce  que  j'en  aurais  cent  à  citer. 

Nous  avons  eu  des  années  remarquables  par 
des  chaleurs  plus  fortes  et  de  plus  longue  durée  , 
d'autres  remarcjuables  pat  une  plus  longue  ab- 
sence de  pluie  ;  mais  on  avait  de  l'eau  ,  parce 
qu'alors  il  y  avait  des  arbres. 

J'ai  une  pièce  d'eau  qui  portait  bateau  ,  il  y  a 
dix  ans  ;  son  volume  avait  exigé  la  construction 
de  pierrées  pour  l'écoulement  de  ses  eaux  ;  elle  a 
tari  une  fois  et  pour  un  moment,  mais  en  lais- 
sant son  sol  humide  :  voilà  ,  cette  année-ci  ,  deux 
mois  ,  qu'elle  est  profondément  desséchée. 

Je  vis  hier  un  vieillard  de  Saint-Leu-Taverny  , 
pleurant  sur  la  perte  des  sources  dont  ce  coteau 
était  arrosé  ;  mais  des  pleurs  alimenteraient  mal 
les  sources  épuisées.  Ce  vieillard  ne  les  verra  pas 
renaître  ,  ses  enlans  non  plus  ;  mais  les  généra- 
tions futures  en  jouiront  de  nouveau  :  ce  sera  un 
des  bienfaits  du  gouvernement  actuel  qui  va  ré- 
tablir ces  sources ,  eo  s  occupant  de  l'organisation 
forestière. 

J'en  reviens  à  mon  vieillard  ;  il  me  demanda  la 
cause  de  celte  diminution  des  eaux.  Ce  sont  , 
lui  dis-je  ,  les  bois  qu  on  a  abattus  ;  ce  fut  pour 
lui  un  irait  de  lumière  :  il  me  cita  Bessancouri  , 
village  voisin  ,  toujours  riche  en  eaux  ,  parce 
qu'on  a  respecté  le»  bois  qui  le  couronnent, 
î»  Tenez  ,  ajouta-i-il ,  voilà  un  lerrein  sec  et  aride , 
c  était  un  bois  ;  il  a  produit  quelques  récoltes, 
maintenant  il  ne  produira  plus  rien  ;  depuis  deux 
ans ,  sa  culture  cesse  de  couvrir  les  frais  ;  ce 
bouquet  de  bois  qui  occupait  quelques  perches, 
avait  le  pied  dans  l'eau  :  on  a  arraché  Icssouches 
de  la  vase  ,  et  par  fois  il  en  ruisselait  une  petite 
source.  >» 

Etienne  Chevalier,  cultivateur  à  Argcnteuil  , 
excellent  agriculteur    ci    bon   observateur ,    m'a 


t339 

conduit  aujourd'hui  au  marq.is .  lieu  qui  tire  son 
nom  de  son  état  marécaueux  ;  il  est  environné  de 
vastes  fossés  :  jusqu'à  présent  ils  ont  é'é  constam- 
ment rempli  d'eau  ,  ils  sont  cette  année-ci  à  sec. 
Chevalier  aune  pièce  de  terre  daos  le  voisinage; 
il  n'a  pu  la  cultiver  en  I7g3,  qu'en  s'entourant 
d'un  fossé  ,  et  il  lui  a  fallu  la  labourer  en  plan- 
ches ;  elle  peut  recevoir  aujourd'hui  la  culture 
de  la  plaine  des  Sablons. 

Que  le  gouvernement  charge  les  préfets  et  sous- 
prétets  de  f.dre  dans  chaque  territoire  une  en- 
quête de  tous  les  faits  qui  se  réunissent  en  faveur 
de  celle  proposition  ,  que  la  diminution  progressive 
des  eaux  est  en  raison  de  la  diminution  progressive 
des  bois  :  vingt  mille  viendront  à  l'appui  ;  on  se 
convaincra  de  cette  grande  vérité  ,  que  telle  forêt , 
tel  bois  .  tel  simple  bouquet  d'arbres  ont  exercé 
une  influence  plus  ou  moins  marquée  ,  selon  leur 
étendue,  sur  les  règnes  lerresire-,' .Tnétéorique , 
aquatique. 

La  nature  est  soijmise  à  la  loi  des  grand,;  événe- 
mens  provenans  de  petites  causes.  Un  figot  jtité  en 
avant  d'une  bcig«  ,  devient  le  noyau  d'un  atlé- 
rissement,  d'un  îlot  ;  une  pointe  métallique,  en 
attirant  la  matière  élccldquc  ,  dissoul  là  foudre. 
Un  seul  aibre  peut  quelque  chose  sur  la  maison 
qu'il  avnisine  ;  un  bouquet  d'arbres  sur  quel- 
ques perches  qui  l'environneni  ;  un  bois  sur  un 
territoire  qu'il  alimente  d'une  source  ;  à  combien 
plus  forte  raison  une  grande  forêt  ne  doit-elle  pas 
influer  sur  une  contrée  ,  et  leur  multiplicité  sur 
une  vaste  étendue  ? 

L'on  peut  tirer  de  grandes  conséquences  de 
ces  principes  :  la  première  c'est  qu'ils  n'étaient 
pas  dignes  de  posséder  ,  ceux-là  qiri  ,  pour  jouir 
de  l'instant  présent  ,  consentaient  à  stériliser  le 
sol  qu  ils  laissaient  à  leurs  descendans  ;  la  se- 
conde ,  c'est  que  ceux  qui  gouvernent  doivent 
porter  sur  les  forêts    un    œil  atteniif. 

L'organisaiion  forestière  ne  doit  plus  se  borner 
au  régime  conservateur  des  foiêis  naiionales  , 
diminuées  d  ailleurs  en  partie  de  celles  qui  ap- 
partenaient aux  grands  propriétaires,  aux  roain- 
moriables  ;  les  forêts  nationales  sont  aujour- 
d'hui dans  une  trop  faible  proportion  avec  les 
besoins  de  la  France  ,  et  sur-roui  avec  les  besoins 
de  la  nature  ,  à  laquelle  il  faut  une  bien  plus 
grande  masse  de  grands  végétaux  pour  rétablir 
ses  lois  ,  sur-iout  celles  de  l'équilibre  entre  l'at- 
mosphère   et   la    terre. 

L'Asie  mineure  ,  déboisée  ,  avec  le  tems  qui 
détruit  tout  ,  moins  que  I  homme  cependant , 
devenait  stérile  et  se  dépeuplait  ;  Cirus .  à  qui  cela 
seul  aurait  mérité  le  nom  de  Grand  ,  replanta 
l'Asie,  et  en  lui  rendant  sa  fertilité,  il  lui  rendit 
sa  population  ;  qu'on  en  fasse  autant  en  France. 

SuUy,  ce  ministre  agricuheur l'avait  déjà  replan- 
tée; mais  on  les  a  abattus  ces  arbres  (l)  qui  bordaient 
nos  voieries  ,  qui  ,  placés  autour  des  cimetières" , 
servaient  à  en  purifier  l'air  ,  qui  ombrageaient 
tout  à  la  fois  la  tombe  du  perc  .  de  lépoux  ,  et 
l'énlant  et  la  veuve  qui  venaient  y  pleurer;  ces 
arbres  antiques  ,  le  lieu  leur  donnait  quelque 
chose  de  religieux  :  on  les  a  détruits  ,'  et  avec 
eux  beaucoup  d  idées  morales  et  de  doiices  affec- 
tions. Recommençons  l'ouvrage  de  Sully  ;  que 
toutes  les  communes  de  la  république  soient 
tenues  de  planter  les  places  vagues  ,  les  voieries  , 
les  chemins  vicinaux,  le  pourtour  de  leur  com- 
munaux ;  qu'elles  plantent  sur-lout  ces  friches 
stériles  auxquels  on  donne  le  nom  de  pâtures  ; 
cent  hectares  de  regain  de  luzerne  sont  en  ce 
moment  plus  utiles  que  les  milliers  d'hectares 
abandonnés  en  France  sous  le  nom  de  commu- 
naux; qu'on  fasse  enfin  ce  qu'a,  fait  le  canton 
de  Châtillon  -  sur  -  Seine  ;  je  me  permettrai  de 
citer  cet  exemple  ;  ce  n'est  pas  par  amour-pro- 
pre ;  être  utile  à  son  pays ,  inspire  un  sentiment 
plus  noble  et  de  plus  douces  jouissances. 

La  Décade  philosophique  avait  imprimé  mes  ob- 
servations sur  la  diminution  des  eaux.  Quelque 
tems  apiès.  elle  inséra  la  lettre  que  voici  ,  de  I  ad- 
ministration du  canton  de  Châtillon. 

<«  Les  réflexions  du  citoyen  Cadet  de  Vaux,  im- 
primées dans  votre  journal  ,  oni  tellement  frappé 
l'administraiion  qu'elle  vient  de  faire  planter  600 
arbres  de  ligne  sur  les  places  communales  du 
mêmelieu.n 

Peu  de  communes  en  France  imiteront  tel 
exemple  de  spontanéité;  mais  la  loi  peut  et  doit 
les  contraindre  :  quelle  vaste  forêt  ofti'iraient  ces 
surfaces  partielles  ;  et  combien  la  dissémination 
de  ces  arbres ,  n'«jouterait-elle  pas  à  leur  accrois- 
sement! Leproduit  en  serait  le  double  de  sa  super- 
ficie. 

Une  forêt  non  moins  étendue, ce  sont  les  grandes 
routes,  si  on  doublait  les  rangées  d'arbres;  mais 
l'administration  des  ponts  et  chaussées  parait  s'op- 
poser à  celle  mesure  ,  et  on  doit  respecter  l'opi- 
niim  d'un  corps  aussi  éclairé. 

Cependant  j'ai  vu  dan»  la  Belgique  de  beaux 
chemins  et  de  doubles  rangées  d'arbres  que  nous 
avons  abattues. 


plinte  cefui  qui  existe  ;  qu'on  en  plante  sur  les 
rouies  où  il  n  y  en  a  pas  ;  sur  celles  de  la  Beauce, 
plaine  dénudée  d'nrbrcs,  et  qui  serait  bien  plu» 
fertile  ,  si  elle  était  boisée. 

Ne  peut-on  pas  ,  ne  doit-on  pas  exiger  que  tout 
propriétaire  plante  un  nombre  d'arbres  propor- 
tionné à  l'étendue  de  son  tertein  ?  Des  arbres 
fruiiiers  seulement  djns  les  petites  possessions; 
des  arbres  forestiers  dans  les  grandes  :  car  indé- 
pendamment de  I  utilité  néncrale  des  gr;inds  vé- 
gétaux ,  charfiie  individu  consommant  du  boiS 
pour  ses  besoins  ,  et  toute  associaiiop  pohtiqtae 
étant  un  vérit.iblc  pique-nique  .  la  communauté  ne 
doit  pas  plus  chauffer  que  nourrir  celui  qui  peut 
planter  comme  il  sème  :  chacun  son  écot  au  f^^^* 
cmme  au  .banquet  ;  voilà  une  des  bases  rie  1  éga- 
lité ,  celle  des  devoirs  de  cb.icun  envers  tous. 

Planter  les  dunes;  la  société  d'agriculture  vten» 
de  donner  une  médaille  d'or  à  Bfemontier  pou! 
avoir  planié  celles  de  Bordeaux  ;  test  une  con' 
ronne  civique  qu  il  mériie  ;  car  indépcndammen 
du  bienfait  de  la  végéiition  forestière  qu  ri  p  o* 
cure  à  ces  contrées  stériles  ,  il  fixe  les  domaines 
du  continent  et  de  la  mer;  un  genêt,  un  sapin 
sont  les  bornes  qu'il  a  posées.  / 

Mais  pour  planter,  il  faut  multiplier  les  pépi- 
nières ;  et  l'habitant  des  campagnes  ignore  ce  que 
c  est  qu'une  pépinière  ;  un  pépin  ,  un  noxau 
tombent  sur  terre  ,  y  germent  et  prennent  racine; 
on  n'apperçoit  pas  le  jeune  arbrisseau  ,  au  milieu 
des  mauvaises  herbes,  qui  couvrent  le  ch.tmp  ; 
/  à  un  premier  labour  ,  on  le  coupe  ;  à  un  second  , 
on  le  mutile  :  il  lune  contre  sa  destruction  ;  il 
s'élance  :  on  l'élève  san^  tuteur  ,  et  sa  tige  est 
contournée  ;  on  ne  connoîi  pas  son  père  ,  eioa 
igrwre  l'espèce  de  fruit  qu  il  dortnera.  Enfin,  voilà 
un  arbre.  Pour  dix  sous  un  habitant  aurait  eu  à  la 
pépinière  un  beau  jet  de  merisier  ,  de  porricr  , 
de  prunier  qu'il  aurait  greffé  sur  place  ,  et  dont 
la  dépouille  ofFriraii  à  ses  enf.ins  un  revenu  annuel. 
ILs'agitdonc  d'encouragerlcs  pépinières,  soir  en 
protégeant  ceux  qui  formeront  ces  entreprises  , 
soit  en  exigeant  que  ch^trjue  commune  consacre 
quelques  perches  de  terre  • -à  cène  culiure  ;  car 
une  pstite  pépinière  fournit  un  bien  grand  nom- 
bre d'arbres  ;  quelques  perche»  suffiraient  à  un 
territoire  de  2000  arpens  ;  les  habitans  :)e  la  com- 
mune donneront  des  soins  communs  à  la  pépi- 
nière ,  c'est-à-dire  ,  chacun  une  heure  ou  deux 
dans  l'année.  Quelle  source  de  réprodtrctions  ! 
il  s'établirait  une  heureuse  rivalité  entre  les  terri- 
toires ,  et  la  Frattce  se  replanterait;  je  ne  con- 
nais pas  de  loi  plus  facile  à  établir  que  celle  qui 
lie  1  intérêt  particulier  à  l'intérêt  général;  et  celui 
qui  i^e  sanctionnerait  pas  une  pareille  lui,  ne 
mérite  'pas  de  vivre  sous  les  lois  protectrices 
d'une  société. 

Ce  moyen  de  reproduction  est  pins  facile. que 
l'ouverture  de  canaiix  qui  feraient  par  la  suite 
circuler  les  bois  des  pays  forestiers  ;  d'ailleurs  ce 
n'est  pas  sous  ses  rapports  purement  économiques 
de  chauffage  ,  de  construction  de  marine  qti'oa 
envisage  ici  le  bois  .  mais  sous  de  grands  rapports 
physiqueSr 

Je  me  résume  enfin  sur  le  moyen  d'opérer  le 
reboisement  de  la  France. 

)»  Prescrire  ,  dans  l'organisaiion  forestière  .  le 
régime  conservateur  et  régénérateur  des  forêts  na' 
lionales. 

))  Etendre  ce  régime  aux  propriétés  forestières 
de  quelqu'etendue. 

>i  Permis  de  planter  ;  mais  peut-être  devrait-on 
ne  pas  perinellTe  d'arracher  un  arbre  sans  auto- 
risation. 

Faire  replanter  les  bois  qu'on  n'aurait  pas 
dû  détruire  ;  ceux  dont  le  sol  ,  après  avoir  pro« 
duii  quelques  récoltes  ,  est  maintenant  condamné 
à  ta  stériliié  pour  toute  autre  culture. 

Replanter  ,  car  elles  l'ont  été  ,  et  on  vient  de 
les  abattre,  les  voieries  ,  les  ter  reins  vains  et  vagues, 
les  cimetières  ,  le  pourtour  des  pâtures  com- 
munales ,  les  landes  *  les  friches  ;  replanter  le» 
chemins  vicinaux  ,  d'arbres  fruitiers;  leurs  bord» 
sont  semés  de  ronces  ,  de  chardons  dont  le» 
semences  ailées  sont  portées  par  les  vents  à  de 
grandes  distances. 

Réparer  la   plantation    des  routes. 
Doubler  ,  s'il  est  possible  ,  les  rangées  d'arbres. 
Reporter    des    arbres    au     sommet    des   mon- 
tagnes; de   ces  arbres  dont  : 

Le  front  au  Cnucase  pare!!, 

NoQ    content  d'arrêter  les   rayoas   dri   soleil, 
Brare   l'effort    de   la    lempéte. 

LafonTAINX. 
Rien  n'est  impossible  à  l'homme. 
En  protéger  le  semis,  comme  B.emonlier  l'a 
fait  dans  les  dunes  ;  cent  arbres  riui  auront 
pris  racine  dans  les  fentes  d'un  rocher  proté- 
geront l'enfance  de  mille  autres;  la  nature  est 
prodigue  de  germes;  elle  est,  il  est  vrai  ,  avare 
de  réproduciions  ,  mais  l'industrie  de  l'homine!' 


Que  la  loi  attache  un  grand  prix  à  ce  premier 

arbre  qu'un    cultivateur  mdusirieux  aura  planié 

Avant  de   planter  le  double   rang  ,   qu'on  re-  |  ^^^  [^  sommet  d'un   moi»t  chenu  ;  car   ce   sont 

là  les  arbres  protecteurs  de  la  végétation  ;  ce 
sont  eux  qui  abritent  au  loin  la  contrée  ,  qui 
opposent  une  barrière  aux  vents;  qui,  fcsanl  filer 
les    orages  sur  ta  cime  des  monuj^nes  en   pré- 


(i)  Ils  portent  encore  «on  nom  ;  on  les  nomme 
des  Sully. 


îtfTvetit  les  vallons;  nous  ne  les  connaissions  pas 
drfns  la  vallée  de  Montmorency  ,  mais-  bientôt 
>io'ûs  les  conii:iîlrons  ,  car  la  hache  çtesiruclive 
nç  se  repose  pas;  file  retentit  sur  nos  côteau^K 
»r  avec  elle  les  plaintes  de  l'ami  de  l'a^iicul- 
•iure  et  de  son  pays. 

.Ces,!  des  rpx"V'''>g".^^  çQurontiées  çl'aiibrrçs  ,  .que 
<  «9^1.11601  Iss  sources ,  riye  desçençlsn' Çss  fjeuyes , 
q'-ii.i-s^lo^i  rexp«'essipi)  de  Virgile  i  eatralncm  un 
ii^pn  <]ui  porte  la  iecçinditç. 

^\ie  cplui  qui  aura  planté  cet.arbre  prolecteur 
reçoive  i)(i  prix  ;  oij  en  accord*  bien  à  celai 
qiti  dans  là  .iitiC  esj  vaitiqueur;  pn  doit  des 
rëcompcnse.3  à  la  gytnnastiqwe  ,  mais  on  en  doit 
aussi  au  bicnlaiteur  de  son'p<(ys,  et  celui-là  le 
sera  qui  xe;peuplera  le  somnniel  des  montagnes 
<]»p  1«  nature  avjiit  semées  d  aibi:e.s. 

jQue  Sout  propriétaire  plante  ,  en  raison  de 
l'élenduç  de  son  terrain ,  des  arbres  frtiitiers 
où  forestiers.  Ervldn  ,  qu'on  forme  une  pépinière 
daç^  chaque  cpmmune  de  la  république  ;  car 
illaui  reposer  sa  tête  à  lopbte  d'un  arbre  ou 
d^ns  !s  çreu;t  d'u,ii  rpcher. 

Je  soumets  ces  réflexions ,  dictées  par  l'amour 
de  ipon  pays ,  aujt  lumières  des  savans ,  et  à  la 
sollicitude  d'un  gouvernement  sage  et  éclairé. 


THÉÂTRE      FEYDEAU. 

C'est  le  plus  souvent  la  mauvaise  conduite  des 
maris ,  qui  produit  ta  mauvaise  conduite  des  fem-- 
mes.  Cette  vérité  incontestable  ,  prouvée  par 
l'expérience  ,  apportée  par  les  femmes  ,  comme 
une  excuse  assez  raisonnable  de  leurs  torts , 
et  avouée  par  tous  les  hommes  de  bonne 
foi ,  est  la  moralité  que  présente  une  comédie 
nouvelle  en  cinq  actes  ,  intitulée  Les  trois  maris  , 
et  jouée  au  théâtre  Feydeau.  Le  sujet  pou- 
vait être  traité  dans  le  genre  sérieux  ;  il  y  avait  de 
quoi ,  sans  doute  ,  composer  un  drame  bien  lu' 
gubre,  des  scènes  bien  larmoyantes ,  et  des  ser- 
mons fort  inutiles  :  le  nom  de  l'auteur  doit  ras- 
surer à  cet  égard  :  cet  auteur  est  le  cit.  Picard  :  pour 
arriver  au  but  moral  qu'il  voulait  atteindre, il  a  pri« 
one  route  un  peu  détournée  :  il  s'est  quelquefois 
égaré  en  s'égayanten  chemin  ;  mais  comme  on  ne 
l'a  pas  suivi  sans  quelqu'agrément ,  on  arrive  avec 
liii  sans  fatigue  au  terme  indiqué.  C'est  par  te 
ridicule  qu'il  attaque  les  défauts  principaux  des 
maris  ,  le  trop  de  confiance  ,  le  trop  de  jaloiusie: 
c'est  en  excjtaiit  le  rire  qu'il  cherche  à  corriger  les 
mœurs  :  il  est  donc  fidsle  aux  principes  qui  cons- 
tituèni  la  bonne  coipédie.  C'est  sou»  ce  rapport 
que  aous  croyons  d'abord  Ijui  devoir  un  éloge  , 
quel  que  loit  d'ailleurs  le  plan  de  son  nouvel  ou- 
vrage ,  e|  la  ii^aniere  dont  il  a  traité  son  sujet. 

Un  époux  jaloux  à  l'excès,  voyant  par-tout 
dtj  danger  pour  son  honneur ,  et  dans  la  moindre 
aétion  de  sa  femme  ,  l'intention  d'un  tort  ;  un 
aiitre  époux  donnant  par  vanité  dans  l'excès 
céniraite  ,  poussant  le  sentiment  de  son  propre 
mérite  jusq^u'à  une  confiance  peu  flatteuse  pour 
s»  femme;  un  autre  encore  déjà  veuf  deux  fois 
et  cherchant  avec  peu  d'empressement  la  troi- 
sième compagne  qu'il  a  perdue  ,  placé  au  milieu 
OÙ-  à  côté  des  deux  autres  ,  comme  confident  ou 
ami ,  brouillon  ou  conciliateur,  comme  on  voudra 
le  nommer,  tels  sot)t  les  trois  maris. 

Deux  bourg.episçs  honnçtes  sç  plaignant  égR- 
lej)C)ea,t  4e  'eurs  épou?ç  ,  mais  cherchant  poiir 
les  corriger  des  moyens  à  ce  point  singuliers, 
qu'elles  vqni  les  chercher  chez  une  devineresse; 
ccUe-cijous  le  nom  de  madame  Jacob,  employant, 
dOQ  son  art  chimérique,  ipaia  uiie  subtilité  réeUe, 
«'une  grande  habitude  de  l'intrigue,  à  donner 
aux.  maris  la  leçon  do^t  ils  gnt  besoin  ;  tels  spqt 
les  tôles  àe  femmes. 

Ua  fatd'uae  condition  assez  nouvelle  au  théâtre, 
qui  s'est  mi^  en  tête  de  pUire  aux  deux  épouses 
à  la  fois  ,  est  le  ressort  principal  dont  la  devi- 
neresse se  S.««  pour  les  servir  toutes  deux.  Elle 
leur  irac«  les.  rôles  différons  qu'elles  doivent 
jouer  ;  l'une  doit  allarmer  son  époux  trop  con- 
fiant ,  l'autre  chercher  à  inspirer  à  son  jaloux 
la  ^éc«i;ili  1|  b14»  pcofoiidç.  Le  fat  est  encouragé; 
de.SL  lettres  5pn,t  adressées  et  surprises,  des  rendez- 
voiis  sont  donnés  et  découverts  ,  les  rencontres 
se  succèdent  ,  les  quiproquo  se  multiplient  ;  les 
aveux  ,  les  asi^  donnes  d'un  côtç  ,  les  précau- 
tions prises,    le   mystère  ^ardè  Ue  l'autre,  ont 


l340 

le  double  effet   d'opérer,  un  changement  subit 
^ur  les  deux  époux. 

Corrigés  de  Irurs  travers  ,  la(  leçon  qu'ils  re- 
çoivent est  leur  punition.  Le  fat  est  éconduit. 
Ç)uant  à  la  devitieresse  que  \e  troisième  mari 
épiait  .  observait  et  questionnait  pour  le  service 
des  deuy  autres  .  ce  dernier  ripn  moins  cioniié 
que  le  spectateur  d'un  hasard  aussi  siugaliçr  que 
la  ])lupart  des  situations  de  l'ouvrage  ,  reconnaît 
en  elle  la  troisième  femme  qu'il  croyait  perdue. 
Qiioique  devineresse  ,  on  volt  qu'elle  ernployait 
son  tems  en  personne  d'hpnncur.  Sa  réconciliation 
coropleiie  le  dénouement  ,  et  le  dénouement 
amène  la  moratité  que  nous  avons  citée. 

Cet  ouvrage  a  réussi  ,  mais  l^'a  pas  eu  cpnstam- 
rnent ,  et  daivs  toutes  ses  parues  ,  le  succès  auquel 
les  productions  précédentes  de  1  auteur  semblent 
l'avoir  accoutuitié.  Il  n'est  pas  également  gai  ,  les 
actes  ne  sont  pas  également  pleins  ,  les  incidcns 
égalemer»t  vraisemblables.  Nous  n'avons  pas  assez 
présentes  à  l'esprit  ,  ta  coupe  des  actes  et  la  dis- 
tribution des  scènes  ,  pour  affirmer  que  la  réduc- 
tion de  l'ouvrage  en  trois  actes  ,  serait  d'une 
exécution  facile  ;  mais  le  mérite  du  3""  et  du 
5""  acte  ,  la  faiblesse  du  a""  ,  le  peu  de  liaison 
du  4™°  avec  les  autres  ,  semblent  indiquer  cette 
réduction  comme  praticable  ,  si  elle  n'est  néces- 
saire. 

L'ouvrage  en  trois  actes  conserverait  tes  situa- 
tions principales  ,  les  scènes  qui  ont  fait  un  vé- • 
ritable  plaisir,  et  dans  lesquelles  on  reconnaît  le 
cachet  de  l'auteur  ;  on  n'y  trouverait  plus  le 
vuidc  de  quelquesmomens,  ledouble  emploi  des 
mêmes  moyens,  une  action  renouée  au  qua- 
tiieme  acte  ,  des  allées  et  venues  extrêmement 
fréquentes,  quelques  inconvenances,  beaucoup 
d  inutilités. 

Le  dialogue  acquérerait  par  cette  nouvelle  dis- 
tribution l'avantage  d'être  infiniment  plus  serré  , 
plus  vif,  plus  laconique.  Les  traits  saillans  qu'il 
renferme  ,  et  qui  sont  à  ce  point  naturels,  qu'ils 
semblent  échappés  à  la  gaieté  du  comédien  plutôt 
qu'à  la  plume  de  1  auteur ,  se  trouveraient  rap- 
prochés ,  et  feraient  plus  d  effet.  On  a  beaucoup 
ri  de  la  reconnaissance  du  troisième  mari  avec 
sa  femme  :  il  faut  que  cette  situation  soit  au  fond 
très-comique  ;  car  depuis  Cléanihis  jusqu  à  ma- 
dame Jacob  ,  les  scènes  roulant  sur  un  tel  fond, 
ont  été  constamment  applaudies ,  même  à  lOpéra. 

Picard  a  été  y  chercher  la  seule  idée  comique 
qui  y  existe  peut-être  comme  sur  un  sol  étranger  , 
celle  de  Panurge  retrouvant  sa  Climene. 

On  affecte  de  reprocher  à  cet  ingénieux  auteur 
de  choisir  ses  personnages  dans  une  classe  peu 
élevée  ,  et  de  donner  ainsi  à  son  style  une  cou- 
leur quelquefois  triviale.  Sans  doute  ,  chez  d'au- 
tres personnages  ,  il  trouverait  des  manières  fac- 
tices ,  un  jargon  de  convenance  ,  un  ton  étudié 
que  d'autres  auteurs  se  sont  chargés  de  peindre  ; 
mais  leurs  tableaux  sont  froids  et  guindés  ,  la  cou- 
leur en  semble  prête  à  s'effacer.  Qui  préférerait 
imiter  Marivaux  et  Dorât ,  plutôt  que  Molière  , 
Bégnard  et  même  Dancourt  ?  La  classe  bourgeoise 
est  celle  que  ces  maîtres  de  la  scène  ont  le  plus 
souvent  observée  et  dépeinet.  C'est  là  qu'ils  ont 
trouvé  ces  traits  décidés  ,  ces  ridicules  frappants, 
ces  physionomies  franches  et  expressives  que  le 
miroir  de  la  comédie  aime  à  réfléchir.  C'est  là 
que  furent  trouvés  Chrysale  ,  Sganarelle ,  Ar- 
nelphe  ,  Orgon  ,  le  Légataire. 

Qiioiqu'il  en  soit  de  cet  ouvrage  ,  et  de  ta 
nature  de  son  succès,  il  fait  naître  une  obser- 
vation qui  ne  peut  échapper  à  personne.  Son 
auteur  n'a  presque  que  la  liberté  du  choix  de  ses 
sujets,  et  ils  ont  tous  cJu  comique  et  de  l'origi- 
nalité ;  mais  il  n'est  pas  maître  du  tems  qu  il 
devrait  mettre  à  tes  composer.  Un  public  avide 
de  nouveautés ,  ta  direction  d'une  troupe  qui 
ne  peut  fpnder  que  sur  elles  une  existence  pré- 
caire,  tout  asservit  Picard  ,  et  le  presse  à  la  fois. 
Libre  et  dégagé  de  soins  cle  cette  nature ,  appelé 
à  la  place  que  la  voix  publique  lui  assigne  ,  il  ne 
concevrait  pas  avec  rpoins  de  facilité  ,  et  appor- 
terait à  son  exéc^tion  plus  de  correction  et  de 
soins.  C'est  là  qu'il  fau,t  l'attendre  ;  c'est  alors. 
qu'on  pourrait  traiter  avec  rigueur  ses  monjens 
de  faiblesse.  Aujourd'hui,  il  y  aurait  presque 
injustice  à  lui  reprocher,  même  l'abus,  d'une 
facilité  qui  liji  est  nécessaire,  et  celui  d'un  talem 
qu'on  met  à  contribulioo. 

'  S.... 


A  VIS. 
Un  lifimme  de  lettres ,  itplien  ,  offio  de  datait 
des  leçons  des    langues  latine    et  iialienne  ,   de 
sphère     et   de   géographie.   —   S'adresser,  PotU- 
Michcl,   au  coin  de  la  rue  Louis  ,  n"  2t. 

Théâtre  niRt-A  Ctw.-VARiÉTÉs. — PanUmimes. 
On  offre  des  émolumens  lionnêtes  à  un  caissier 
et  trois  burslistes ,  qui  ,  pour  une  recette  de 
aooo  franc,  parjour ,  avanceraient  une  seule  fois  , 
l'un  -Qoo  f).  ,  ei  les  auires  loo  Ir.  Ils  reiicndraieiiit 
chaque  jour  une  soiiime  co^ivciiue  pour  le  prin- 
cipal et  lesinléiêts.  —  S  adresser  au  cit.  Ladigeois, 
noiaiio  ,  parvis-Notre-Dame. 


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Française  ;  Desenne  ,  Sarosne  ,  Petit  ,  Durand  , 
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LOTERIE    NATIONALE, 

Tirage  du  1"  ffuctidor. 

34.     43.     84.     18.     33. 


ERRATA.  ' 

Dans  le  n"  d'hier,  i"  fructidor  page  t'" 
s*  colonne  ,  ligne  74,  poids,  lisez  pois.  3'  colonne, 
ligne  3  ,  tout  le  poison,   lisez  tout  le  poisson. 

Page  2',  3'  colonne,  ligne  46,  concernant 
fedi  di  crédita  ,  lisez,  les  fedi  di  crédita  ou  billets 
de  banque.  Ibid  ,  ligne  46  ,  édit  sur  le  billet  de 
banque  lisez ,  sur  les  billets  de  banque. 

Page  3  ,  I"  colonne  ,  ligne  it  ,  et  s'échangent, 
lisez  et  qu'ils  s'échangeront.  Ibid ,  ligne  l3  ,  sera 
exécuté  ,  et  pour.  ,  lisez  sera  exécuté.  Et  pour.. 
Ibid,  ligne  So  ,  partie  qui  demandera,  iisaqxx'ii 
demandera.  Ibid  ,  ligne  83  ,  billet  de  banque , 
lisez  billets  de  banque. 

Page  4  ,  i'*  colonne  ,  ligne  s6  ,  berger  ,  Usez 
verger.  Ibid  ,  ligne  35  ,  en  torrens.  En  avalanges, 
lisez  en  torrens  ,  en  avalanges.  Ibid  ,  quand  les 
grains  végétaux  ,  lisen  grands  végétaux.  Ibid,  ï™e 
colonne  ,  ligne  3o ,  nait  de  la  fermention  ,  lisez 
liiaît  de  la  fermentatÎQn. 


LVInmaeifcnt  le  fait  >  Paris,  rue  de»  Poitevins,  &°  tS.  I^e  prix  eic  de  2S  francs  four  trois  in.oit,  $4^  (rf.i)e>>  B4W  >'*   mois,  et   xoo  francs  pour  l'année  entière.  On  ne 
s'âbonnre  qu"-AU  commeucemeiit  de  cbaqûe  moi's. 

ItTaut  adresser  les,  Uttrcicc  l'argent,  franc  de  port., aucif.  ACASSE,  propriétaire  it«a«J9un»trTa<idei.If<Httev>Ba, a"*  ig.  Clfautcam^^^dte  daqi  i.«l  «nvois  le  p  oit  de* 
pars  9K  l'on  aç  peut  affranchir.   Les  lettres  des  département  «von,  afranchiçs  ,  ne terout pohit  Mtirâïs.  do  H.  poste. 
■  il  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celie^  (jui   senfei;nvonç4?s  yMei»r%,  et  ïdT4«seJitoi*ece.quiconeern,«  1»  rédaftlooi  4e   la  feuille  ,    a»  iéd«cecur  ,  m«  de^ 
Pioiteïint ,  n»  i3 ,  depuis  neuf  heures  du  matin  juniu.'»  ciog  heures  du  soir. 


^  ?4ti§,  (Je  ritjjpxitpçfie  du  cit.  Agassc  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  (jes Peitevins  .  n"  i3. 


GAZ 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL» 


N'^  333. 


"ïridi  ,  B  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


~«  y  11. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  djrer  du  7'  Nivôse  le   MONITEUR  esc  le  seul  journal  officiel.       ■   -■•'i""'J'|' 
Il  cpniciçnt  les  .séafiçes  des  aucpritéç  coijsçi.çiiçes  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ^insl   que  les  £jlts^,,les|jptJ9PS  pl^nsut 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  lès  Correspondances, ministérielles!  ■'      '  ''■    ' 

Un  article  sera  particuUéreroeiw  consacré  iS-^rn  sciences ,  au»  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR, 

ALLEMAGNE. 

Stuttgard,  le  ^i  thermidor. 

I  OUTES  les  nouvelles  s'accordent  à  dire  que 
Duroc  a  perte  à  Vienne  VuUimatum  du  gouver- 
xiement  français  sur  les  propositions  de  paix. 
On  nous  dit  aussi  que  dans  le  cas  ou  ces  pro- 
portions ne  seraient  pas  acceptées  ,  le  citoyen 
Duroc  doit  envoyer  aux  généraux  Moreau  et 
Masséna  des  courriers  pour  les  avettir  de  rompr^e 
■raTmiMice. 

Le  roi  de  Prusse  a  nommé  le  recteur  de  Magde- 
bourg,  Delbruk  ,  gouverneur  de  son  fils  aîné. 

La  ville  de  Ratisbonne  a  payé  sa  contribution  , 
et  aussitôt  les  otages  ont  été  mis  en  liberté.  On  y 
manque  de  vivres  ,  car  les  autrichiens  n'y  laissent 
entrer  par  la  rive  gauche  du  Danube  que  de 
petites  provisions. 

On  apprend  d'Amberg  ,  que  le  séjour  de  la 
cour  de  Bavière  .  et  d'un  corps  de  20,000  hom- 
mes dans  le  haut  Palalinat ,  y  a  considérablement 
augmenté  le  prix  des  denrées  ;  ce  pays  a  aussi 
beaucoup  souffert  par  la  retraite  d'une  partie  de 
.l'armée   auirichiene. 

Francfort  est  encore  occupé  par  les  français. 
[Strasb.  Weltbote.  ) 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  24  thermidor  ,  f  i  2  -août.  ) 

On  parle  d'ouvrir  un  congrès  à  Francfort  pour 
y  régler  les  dilFérens  et  les  iniérêts  de  1  Europe. 
Jl  y  sera  établi  des  lignes  télégraphiques  pour 
Londres ,  Paris  ,  Madrid  ,  Naples  ,  Rome  ,  Milan  , 
Vienne  ,  Constantinople  ,  Pétersbourg  ,  Berlin  , 
Dres.de  ,  Copenhague  et  Stockholm.  On  évitera 
par  là  que  noire  envoyé  à  ce  congrès  n  expédie 
un  Courier  ici  à  chaque  difficulté.  Au  moyen  de 
notre  ligne  de  communication  ,  M.  Pilt  adressera 
au  congrès  des  discours  d'une  heure  ou  de  deux  , 
qui  seront  extraits  ensuite  par  tous  les  autres 
télégraphes.  (Extrait  du  Morning-Poit ,  du  24  ther- 
midor. ) 

Dans  le  fait ,  il  n'est  point  dit  que  nous  soyons 
pour  quelque  chose  dans  les  négociations  de  paix. 

II  est  probable  que  le  gouvernement  français 
ne  voudra  nous  y  admettre  que  lorsque  l'em- 
pereur aura  accédé  à  quelques  préliminaires  pour 
la  paix  continentale. 

Comme  il  est  notoire  que  nos  ministres  ont 
exercé  toute  leur  influence  auprès  du  cabinet 
de  Vienne  pour  le  détourner  de  négocier  avec 
la  France  ,  il  ne  serait  pas  à  présumer  qu'ils  se 
joignissent  à  lui  avec  un  sincère  désir  de  la 
_paix.  On  ne  verrait  dans  cette  réunion  que  le 
désir ,  au  contraire  ,  de  créer  des  difficultés  pour 
gagner  du  tems. 
j  II  faut  donc  conclure  de-làque  nous  ne  sommes 
j  ^çncore  pour  rien  dans  la  négociation  ,  el  que  si 
on  nous  y  laisse  intervenir  ,  ce  ne  sera  que  vers 
IfL  fin.  Nous  devons  avouer  aussi  que  les  efforts 
de  no^roinistres  pour  obstruerlescommunications 
entre  l'Autriche  et  I3  France,  nous  excluent  na- 
turelletnent  des  préliminaires.  Il  fdut  ,  si  les  mi- 
nistres veulent  participer  à  la  négociation  géné- 
rale ,  qu'ils  changent  grandement  d'opinions  et 
àe  conduite  ,  et  que  ce  qu'ils  ont  d'abord  refusé 
par  système  et  par  opiniâtreté  ,  il  ne  soient  pas 
pbligés  de  l'accepter  par  nécessité.  Ils  traiteraient 
.alors  avec  tous  les  désavantages  possibles  ;  car 
non-seulement  ils  auraient  la  présomption  contre 
eux  ,  mais  l'ennemi  les  voyant  céder  à  la  loi  im- 
périeuse de  la  nécessité  plutôt  qu'à  l'amour  de 
la  paix  ,  se  montrerait  moins  facile  qu'il  ne  l'^ût 
été  dans  le  dernier  cas.  (l^xtra't  du  Morning-Ç/tro- 
nicle  du  «3  thermidor.  ) 

Dans  le  dernier  travail  du  lord  chancelier,  il  y 
avait  sur  le  bureau  75  pétitions  fortes,  relatives  à 
des  banriuerouiej  ;  de  mémoire  d'employé  en  la 
cour  de  la  chançelerve  ,  jamais  séance  n'a  été  aussi 
longue.  ' 

Le  nombre  des  bâlimens  employés  sur  laTamise 
s'est  accru  ,  dans  le  18'  siècle  ,  de  6547  ,  et  celui 
du  tonnage  ,  de  1,327,763. 

Samedi  dernier  .  les  magistrats  d'Ashburton  ont 
mis  à  l'amende  i^  bouchers  ,  -boulangers  et  bou- 


tiquier ,  pour  avoir  vendu  à  courts  poids  et 
mesures. 

M.  Hammet  vient  {l'être  élu  ,  à  l'unanimité, 
membre  du  parlement  pour  Taunton  ,  à  la  place 
de  son  père  ,  sir  Benjamin  Hammet ,  qui  a  re- 
présenté ce  bourg  à  quatreparlemens  consécutifs. 

On  poursuit  ici  les  monopoleurs,  accapareurs, 
regrattiers  ,  etc.  etc.  comme  on  chasse  au  renard  , 
■et  comme  jadis  on  courrait  après  les  loups. 
(Extrait  du  Morning  et  de  l'Evening-Posts  des  aS 
et  24  thermidor.  ) 

Droits  maritimes  des  nations  belligérantes  ,  relati- 
vement aux  nations  neutres.  —  Extrait  continué 
du  discours  de  sir  William  Scott. juge  de  l'ami- 
rauté ,  dans  l'affaire  du  navire  suédois  la  Maria. 
(Voyez  le  Moniteur  du  11  thermidor  dernier. J 

2°.  LiNTERPOsiTiON  (de  la  force  au  nom  du 
souverain  d'un  pays  neutre  ,  neprouve  rien  contre 
les  droits  du.  croiseur  breveté  d'une  des  nauons 
belligérantes  ;  je  dis  qu'elle  ne  prouve  rien  , 
parce  qu'il  peut,  à  ce  sujet,  exister  des  considé- 
rations, ou  avoirélé  pris  entre  les  puissances  des 
arrangemens  qui  ne  sont  pas  de  mon  ressort. 
Tout  ce  que  je  puis  assurer  ,  c'est  qu'on  ne  saurait 
soutenir  avec  raison  ,  que  si  un  croiseur  suédois 
patenté  ,  a  le  droit ,  en  vertu  de  la  loi  des  nations , 
d  arrêter  et  de  viiiter  lés  navires  neutre?  ,  pen- 
dant les  guerres  de  son  pays  ,  le  roi  d'Angleterre  , 
supposé  en  neutralité  avec  la  Suéde  ,  est  autorisé 
par  li  même  loi  à  empêcher  que  ce  droit  de 
visite  ne  soit  exercé  envers  les  navires  marchands 
de  son  pays.  J  ajouterai  ,  avec  tout  le  respect  que 
je  dois  au  psince  ,  quela  force  qu'il  ferait  opposer, 
ne  serait  qu'une  résistance  illégale  à  l'exercice  d'un 
droit  légitime.  Deux  souverains  sont,  sans  contredit 
les  maîtres  ,  et  il  y  en  a  des  exemples  récens  ,  de 
convenir  entr'eux  ,  que  la  présence  d'un  de  leurs 
bâtimeiis  armés  ,  escortés  des  navires  marchands 
de  leur  pays  ,  indiquera  réciproquement  que  les 
navires  ne  portent  rien  qui  contrevienne  aux  lois 
de  l'amitié  ou  de  la  neutralité.  Cet  accord  existant, 
on  n'a  pas  plus  le  droit  de  s'y  opposer  ,  qu'à 
l'exécution  de  tout  autre  traité  que  ces  souve- 
rains auraient  fait  entr'eux;  mais,  certes,  aucun 
souverain  ne  serait  fondé  à  faire  agréer  de  force 
une  pareille  garantie.  La  seule  connue  pour  être 
autorisée  par  la  loi  des  nations  ,  et  qui  est  indé- 
pendante de  toute  convention  particulière  ,  est 
le  droit  d'arrestation  et  de  visite,  dévolu  à  ceux 
qui  ont  intérêt    de   l'exercer. 

Je  n'ignore  pas  que  des  publicistes  modernes 
ont  cherché  à  établir  en  principe,  qu'il  serait 
mieux  de  substituer  les  garanties  aux  visites.  Je 
ne  m'arrêterai  point  à  combattre  cette  abstraction 
de  l'esprit.  Je  n'opposerai  à  ses  auteurs  que  la 
loi  et  la  pratique  constante  des  nations  ,  qui 
demandent  à  être  observées  ,  jusqu'à  ce  que 
les  nations  conviennent  enir'elles  d'un  auire 
usage.  Le  principe  de  ces  publicistes  est  un 
des  élémens  de  ce  système  qui  ,  s'il  pouvait  se 
réaliser,  abolirait  entièrement  les  captures  sur 
mer  ,  ou  ,  en  d'autres  termes  ,  changerait  la  na- 
ture des  hostilités  ,  telles  qu'elles  ont  toujours 
existé  parmi  les  puissances  maritimes  ,  et  .  fina- 
lement ferait  d'un  état  de  guerre  un  état  de 
paix.  En  voulant  remplacer  un  usage  qui  a  pré- 
valu pendant  des  siècles  chez  les  nations  civi- 
lisées, il  faudrait  du  moins  que  l'usage  nouveau 
fût  si  claircrii|Enl  défini  quil  n'opérât  pas  le 
contraire  de  ce  qu'on  aurait  voulu  lui  faire  pro- 
duire, c'est-à-dire  qu'il  ne  donnât  point  ouverture 
à  l'interposition  de  l,a  force  entre  puissances 
neutres  .  et  ne  compromît  pas  ainsi  la  vie  et  la 
sûreté  des  individus  innocens. 

3°.  La  peine  encourue  pour  la  résitance  au 
droit  de  visite  maritime  ,  est  la  confiscation  de 
la  propriété  que  I  on  voulait  soustraire  aux  re- 
cherches. En  preuve  de  ce  que  j'avance  ,  je  me 
bornerai  à  citer  Vatcl  ,  un  des  plus  exacts  ,  mais 
non  un  des  moins  indulgens  des  publicistes 
njodernes.  Il  s'exprime  ainsi  ,  liv.  3  ,  chap.  7  , 
section  114:11  On  ne  peut  empêcher  le  transport 
)>  des  effets  de  contrebande,  si  l'on  ne  visite 
5»  pas  les  vaisseaux  neutres  que  l'on  rencontre 
M  en  mer.  On  est  donc  en  droit  de  les  visiter. 
)>  Quelques  nations  puissantes  ont  refusé  en  <llf- 
)>  Icrens  tems  de  se  soumettre  à  cette  visite. 
>'  Aujourri  hui  un  vaisseau  neutre  qui  refuserait 
>)  de  souffiii  la  visite  ,  se  feiait  condamner,  par 
>>  cela  seul  ,    comme  étant  de  bonne  prise.  >> 

(  Demain  la  suite  et  la  fin  de  l'extrait,  ) 


I    N  T    É  R  I   E  y  §. 

Strasbourg:  ^  le  96  thermidôri^  ^-""-^ 

Le  grand  incendie  de  la  forêt  du  lCn,iei)J3 
dure  toujours.  Toutes  les  peines  que  l'oixs'.sit 
données  pour  l'éteindre  ont  été  vaines.  Hier  et 
avant  hier  nous  voyions  d'ici  -le  feu  très-dis- 
tinctement. On  porte  cette  perte  à  plusieurs 
millions.  Quelques  autres  forêts  oivt  été  âû^^i 
incendiées  dans  notre  département  et  dans'  céltii 
du  Haut-Rhin;  mais  on  est  parvenu  à  éteirfdre 
l'incendie.  On  ne  sait  si  ces  accidens  ,  devenus 
très-fréquens,  doivent  être  attribués  à  la  chaleur 
et  à  la  sécheresse  qui  dure  depuis  deuxmSois, 
ou  à   la  malveillance. 

Augereau  a  transporte  son  quar.tier-généra'l  de 
Mayence  à  Hochstet.  Andréossi  commande  datjs  * 
la  première  ville  à  la   place  du   général  Levai.' 

Le  général  Moreau  a,  depuis  peu  ,  une  garde 
à  cheval  ;  son  uniforme  est  un  vert  foncé  ,  reVets 
orange,  avec  vestes  et  culottes  blanches;  le 
casque  est  surmonté  d'un  panache  de  crin» 
blancs.  Le  18  ils  ont  fait  la  parade  à  Augsbouig 
pour  la  première  fois.  (Strasb.  Weltbote. J 

Les   Sables.  ■"_-' 

Le  convoi  nombreux  qui  était  retenu  depiuis 
long-tems  dans  le  port,  a  fait  voile  le  20-8U 
soir  pour  Froraentine  ,  et  y  est  arrivé  safas  aucun 
accident  ,  sous  l'escorte  des  bâijmens  station- 
naires.  Il  était  composé  de  j3o  voiles.  Dès  que 
la  marpe  viendra  à  augmenter  ,  on  espère  qu'il 
poursuivra  sa  route  pour  la  rivière  de  Nantes- 
Le  23  ,  les  mêmes  bâtiment  stntionnaires  en  opt 
ramené  un  autre  d'environ  5o  voiles  ,  qui  a 
profité  de  suite  du  vent  favorable  pour  se  rendre 
dans  les  periuis.  Les  croisières  dispendieuses 
des  anglais-,  n'ont  ■  heureusement  servi  qu'à  dif- 
férer le  départ  de  ces  convois  ,  et  ne  leur  oAt 
pas  procuré  la  prise-  d'un-  seul  bâtiment  sur 
nos  côtes.  (Extrait  de  la  feuille  périodique  des 
Sables  ,   23  thermidor.  )  ' 

Paris  ,  le  2  fructidor. 

La  Clef  du  Cabinet  donne  les  détails  du  monu- 
ment que  les  habitans  de  Riom  ,  conc'toyens  du 
général  Desaix  ,  se  proposent  de  liii  élever. 

Ce  monument  sera  un  obélisque  carré  dans 
les    proportions  égyptienhes. 

Il  aura  trente-deux  assises,  nombre  des  années 
du  jeune  héros.  Sur  chacune  d'elles  des  iiis- 
criplions  en  niarbre  Iratlsnieitront  à  la  postéi*ité 
ses  principales   actions. 

L'obélisque  sera  tronqué  et  ihrisé  au  milieu  , 
comme  l'a  été  ilaxarrierej brillante  de  ce  vertueux 
guerrier.  - 

Sur  la  première  face  du  monument  on  liia  : 
Desaix  protégeant  ta  retx^te  de  .liar.rnée  en  Alle- 
magne.  en   l'an   4. 

Sur  la  seconde  :  Desaix^éfer^dan^^ellin  l'an  5. 

Sur  la  troisicine  :  Desaix  spumethint  la  Haute-- 
Eg)pte .  en  .Canq.  •        :'     ■       \ 

Sur  la  quatrième  :  I}fsa,ifi  .culpulaift  lÀfti.nemi  à 
Maringo  ,  en  l'an  8.       "  '     '       '    '-  •■  ^ 

On  lira  aussi  ,  gravés  sur  une  des  parties  du 
monument ,  les  noms  des  citoyens  de  Riom  ,  qlii , 
cornme,Des.aiiX, sont  monts  au  champ  d  honneur. 

—  Le  tonnerre  est  tombé  cette  nuit  sur  l'an- 
cien couvent  des  Augustins  otj  il  a  coupé  qij'el- 
ques  chevrons  et  rais  le  feu.  L'incendie  a,été 
promptement  éteint.  Il  est  aussi  tombé  sur  le 
caffé  nouvellement  établi. au  terre-plein  du'-Pdnt- 
Neuf,  on  il  n'a  f%it  que  relever. les  plombs  de 
la  toiture  ,  et  datjs  J(;s  riifis  (jl,e  ^ItlJifqadçWe  et 
de  la  Hucttefte.      .;,  .  ■,,  ,,:,-..'   :,,.-;.      .  ;  ,7 

—  Un  incendie  a  .conçunvé  dans  la  nuit  |du 
22  ^au  23  thermidor,  soix.anie  maisons  de  la 
commune  de  Beaujeu  ,'près  Gcay  ,  .dépaitçment 
de  la  Haute-Saône.  Une  ,femnie  et  un  «nfjnt 
de  trois  ans  ont  péri.  Les  maisons  .étaient  pfps- 
que  toutes  remplies  de  grains  et  de  fourrages, 
la  désolation  est  dans  ce  village  qui  a  .fcijut 
perdu. ..L'auteur  de  cet  in^ndie  est,  dit-on  ,  ijné 
femme  de  65  ans  que  l'on  a  arrêtée  et  conduuc 
dans  les  prisons  dé  -Gray.  Dans  le  nombre  des 
propriétaires  dont  les  maisons  ont  été  la  proye 
des  flammes,  deux  sont  absens;  ce  sont  les 
citoyens  Duthelard  etMoniclat,  médecin  oculiste. 

(  Extrait  dune  lettre  particulière  ,  dutic  fi<  iDam- 
pierre,  le  24  thermidor.) 


1^48 


—  On  trouve  dans  quelques  journaux  l'article 
suivant,  qui  offre  Un  rapprochement  aussi  juste 
qu'il  est  satisfcJant  pour  les  amis  de  la  répu- 
blique. 

Du  crédit. 

Il  y  a  un  an,  on  n'escomptait  le  meilleur  papier 
de  banque  qu'à  un,  et  un  et  demi  pour  cent  par 
mois. 

Le  papier  de  commerce  ne  se  plaçait  qu'à 
deux  ,  trois  ,  et  jusqu'à  quatre  pour  cent  par 
mois. 

Les  délégations  du  gouvernement,  prêtes  à 
écheoir,  perdaient  trente-cinq  et  quarante  pour 
cent, 

Les  rentes  étaient  à  huit  pouccent,  c'est-à-dire, 
que  l'intérêt  de  la  dette  constituée  était  à  soixante- 
deux  et  demi  pour  cent. 

Par    une    progression     successive    depuis     le 
l8  brumaire  ,    l'intéiêt    de   toutes  les  valeurs  a 
,  ^.  'baissé. 

'*  Le  papier  de  banque  se  relire,  parles  accep- 
'tèùrs  ,  à  un  demi  pour  cent  et  au-dessous;  il  se 
place  à  la  banque  de  France ,  à  un  pour  cent  pour 
deux  usances. 

La  caisse  du  commerce  escompte  tous  les  effets 
de  coramcrçans  connus  ,  à  sept  huitièmes  par 
mois    (i). 

Les  capitalistes  offrent  et  placent  des  fonds  à  six 
pour  cent  par  an. 

Les  effets  du  gouvernement ,  tels  que  les  obli- 
gations des  receveurs,  ayant  été  exactement  ac- 
quittés jusqu'à  ce  jour ,  se  reçoivent  comme  les 
effets  commerciaux  ordinaires,  et  perdent  moins 
que  les  billets  des  fermes  sous  Galonné. 

Enfin  ,  les  rentes  sont  à  douze  pour  cent ,  c'est- 
à-dire,  que  la  propriété  des  rentiers  est  améliorée 
de  plus  des  quatre  cinquièmes. 

Une  année,  moins  d'une  année  ,  a  produit  ce 
changement. 

Et ,  pendant  cette  année ,  on  a  créé  trois 
armées  1  sans  compter  celle  qui  s'organise  sous 
Amiens.  On  a  acquitté  une  partie  de  l'arriéré  des 
innées  précédentes  ;  on  a  organisé  une  adminis- 
tration nouvelle  :  on  a  vaincu  par-tout  où  on  a 
combattu  ;  on  a  préparé  la  paix. 

Que  sera-ce  ,  si  cette  paix  offerte  par  la  répu- 
blique avant  de  combattre  ,  offerte  encore  apiès 
la  victoire  .  vient  enfin  ranimer  le  commerce,  l'in- 
dustrie et  les  arts. 

Offrez  cet  apperçu,  citoyens,  aux  espérances 
des    républicains ,   et    aux    réflexions     de    leurs 


Le  tribunal  renvoie  cette  pétition  aux  consuls. 

Le  tribunat  renvoie  également  aux  consuls  la 
pétition  d'un  citoyen  qui  demande  d'être  trans- 
porté à  la  Guyanne  avec  sa  famille  pour  y  mettre 
des  terres  en  valeur.  ,     ^^  ^^^^^  ^^^^^   ^,.,.,g.   ^^5,  ^„  „„ 

On  procède  au  scrutin  pour  le  renouvellement  I  jjgjjg   jg   motiver  et   de   soutenir  d 


gradées,  et  pour  .  éelâ -.nums  avons  résolu  de 
donner  une  nouvelle  forme  à  la  noblesse  de 
Naples  ,  en  lui  rendant  en  même  tems  son  lustre 
et  sa  splendeur. 

Ce  qui  a   le  plus  contribué  à  la  détermination 

i  la  har- 
uu  écrit 


du  bureau.  Andrieux  a  été  nommé  président  ; 
les  secrétaires  sont  Mathieu  ,  Say  ,  Carret  et 
Boulteville. 

Un  autre  scrutin  a  eu  lieu  pour  la  nomination 
d'un  inspecteur  ;  pe'ndant  son  dépouillement  , 
le  tribunat  s'est  formé  en  cotnité  secret  pour 
s'occuper  de  ses  dépenses  intérieures. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 


Edit  du  roi  de  Naples  sut  la  noblesse. 
Ferdinand  IV  ^  par  la  giaee  de  Dieu  ,   roi  des 
Deux-Siciles,  etc. 

la  noblesse  d'une  monarchie  bien  réglée  en 
fjit  le  plus  solide  appui  et  le  meilleur  soutien  , 
comme  elle  en  est  la  gloire  ,  quand  elle  a  pour 
base  de  sa  conduite  Ta  fidélité  et  la  valeur;  su- 
blimes objets  auxquels  doivent  tendre  unique- 
ment toutes  les  institutions  qui .  dans  les  monar- 
chies,  font  de  la  noblesse  un  corps  distingué^  et 
illustre  parmi  les  différens  ordres  de  l'état.  C'est 
donc  avec  la  douleur  la  plus  vive  que  nous  avons 
vu  dans  ces  derniers  tems  que  les  sedili  (i)  ou 
pimie  de  la  cité  de  Naples  ,  sont  restés  dans  une 
eniieie  indifférence  sur  le  sort  de  l'état,  et  ont 
confié  et  abandonné  leurs  fortunes  à  une  troupe 
déjeunes  gens  coirompus ,  sans  attachement 
pour  la  cause  de  Dieu  et  à  la  nôtre  ,  en  les 
laissant ,  ainsi  qu'il  est  notoire  ,  porter  les  pre- 
miers atteinte  à  notre  autorité  suprême ,  sans 
s'opposer  à  l'usurpation ,  faite  par  eux  ,  de  celte 
puissance  que  notre  vieaire-général  tenait  uni- 
quement et  légitimement  de  nous;  et  quoique 
les  élus  et  députés,  après  avoir  criminellement 
outre-passé  de  beaucoup  les  limites  de  leurs 
pouvoirs,  cédant  peut-être  à  un  moment  de 
remords  ,  et  embarrassés  par  les  circonstances  , 
eussent  donné  aux /liazze  leurs  démissions,  celles- 
ci  néanmoins  n'ont  pas  voulu  les  accepter,  con- 
firmant ainsi  la  révolte  et  la  sédition  des  éliis  et 
députés  ,  quand  il  était  au  pouvoir  des  /liazie 
d'accepter  ces  démissions ,  et  de  choisir  des 
hommes  connus  par  leur  attachement  pour  la 
religion  et  le  trône.  Les  piazie  devaient  faire  plus 
encore ,  et  du  moment  ovi  elles  s'apperçurent 
des  excès  des  élus  et  des  députés  ,  leur  retirer 
tous  les  pouvoirs  qu'on  leur  avait  confiés ,  et 
faire  un  nouveau  choix  de  sujets  probes  et 
fidèles. 

Notre  royal  et  très-clément  esprit  est  bien  loin 
de  supposer  dans  les  individus  des  piazze  des 
dessins  hostiles ,  et  peu  d'attachement  pour 
notre  royale  couronne  ;  mais  nous  n'avons  pu 
nous  empêcher  de  remarquer  dans  ces  institu- 
tions elles-mêmes,  un  vice  intrinsèque  qui  a  dé- 
couragé les  bons  ,  et  donné  aux  raéchans  oc- 
casion de   faire  le  mal.  Il   est  connu  que  depuis 


Le  préfet  de  police  prévient  ses  concitoyens  , 
que  les  certificats  de  résidence  qu'il  est  chargé  de 
délivrer,  d'après  l'arrêté  des  consuls  du  12  mes- 
sidor dernier  ,  sont  limités  aux  seuls  certificats 
exigés  par  la  loi  du  25  brumaire  an  3,  concernant  I  long-tems  les  sages  et  honnêtes  Cavalieri  avaient 


les  émigrés. 

Pour  l'obtention  de  ces  certificats  ,  il  faut  en 
faire  la  demande  par  écrit  sur  papier  dmbré  , 
et  se  présenter  au  secrétariat-général  de  la  pré- 
fecture avec  neuf  ou  trois  témoins,  selon  qu'on 
est  ou  non  prévenu  d'émigration. 

A  l'égrd  des  certificats  relatifs  au  paiement  des 
rentes  et  arrérages  des  pensions  à  la  charge  de 
la  république  ,  ou  tous  autres  qui  ne  sont  pas 
prescrits  par  la  susdite  loi ,  ce  sont  les  mairies  qui 
continuent  de  les  délivrer. 


T     R    I    B    U     N     AT. 

Présidence  d'Andrieux. 
SÉANCE   DU    2    FRUCTIDOR- 

Cn  secrétaire  fait  lecture  de  la  correspon- 
dance. 

Le  citoyen  Saladin  ,  avoué  au  tribunal  de 
cassation  ,  réclame  contre  un  arrêté  du  gou- 
vernement ,   qui  annuUe  une   vente  de   bois. 


l)  Les  directeurs  de  la  caisse  d'escompte  du  com- 
merce ,  au  directeur  du ]ouinz\  de  Paris. 
Nous  vous  prions  ,    citoyen  ,  de  vouloir  biçn 
réformer  une  erreur  faite  dans  votre  journal  de  ce 
jour  (2-7  thermidor  •)  à  l'article  crédit. 

La  caisse  d'escompte  du  commerce  n'escompte 
point  à  j  p.  I  par  mois  ,ce  qui  serait  10  7  p.  f  pour 
l'année  ,  mais  seulement  à  j  p.|  par  mois  ,  ce  qui 
ne  fait  pour  l'année  que  7  t  p.  |. 

Lors  de  sa  formation  ,  le  4  frimaire  an  6  ,  le 
taux  d'intérêt  pour  le  commerce  était  à  s  et  2  -î 
p.  J  par  mois  ;  elle*ne  porta  le  sien  qu'à  1  p.  ~. 

Au  1''  de  nivôse  an  7  ,  elle  le  réduisit  à  ^p.|. 

Au  I"  nivôse  suivant ,  à  f  p.  §. 

Et  il  est  à  présumer  qu'au  i"  nivôse  an  9, 
ion  taux  d'escompte  ne  sera  plus  qu'à  i  p.  |.  par 
mois ,  c'est-à-dire  6  p.  I  pour  l'année. 


peu  d'influence  ou  même  n'en  avaient  pas  du 
tout  dans  les  réunions  des  sedili ,  parce  que 
les  votes  s'y  donnant  par  tête  et  non  par  famille  , 
tous  les  jeunes  gens  inconsidérés  que  la  cor- 
ruption des  tems  avait  fait  dégénérer  et  achevé  de 
pervertir  ,  composant  la  majorité  dans  les  réso- 
lutions ,  les  choix  ne  tombaient  souvent  que  sur 
des  sujets  peii  dignes  ;  ils  étaient  par  ce  moyen 
devenus  un  motif  de  scandale  pour  les  bons  , 
à  raison  des  cabales  qui  s'y  ourdissaient ,  et  qui 
malheureusement  parvenaient  à  procurer  les  em- 
plois à  des  gens  qui  en  fesaient  un  objet  de 
lucre   et   d'abus. 

De,-  même  ,  l'aggrégation  aux  sedili ,  objet  si 
délicat  pour  une  "illustre  et  antique  noblesse  , 
était  devenue  plus  d'une  fois  un  trafic  honteux  ; 
en  sorte  que  nous-mêmes  ,  dans  les  derniers 
tems  ,  instruits  que  des  dépôts  d'argent  avaient 
été  consignés  à  cet  effet  ,  nous  dûmes  nous 
opposer  à  ces  aggrégations  scandaleuses  ,  puisque 
quand  la  noblesse  s'achette  et  n'est  pas  la  ré- 
compense de  la  fidélité  ,  de  la  valeur  ,  aussi 
bien  que  le  résultat  d'u.ne  longue  suite  de  gétié- 
rations  qui  ,  vivant  noblement ,  se  sont  distin- 
guées par  leur  valeur  et  leur  fidélité,  elle  cesse 
d'être  la  gloire  et  l'appui  d'une  monarchie. 
Comme  il  ne  convient  pas  à  la  couronne  de 
souffrir  parmi  les  nobles  des  institutions  qui  les 
dégradent  ,  et  comme  après  avoir  reconquis  le 
royaume  de  Naples,  avec  l'aide  de  Dieu  et  par  la 
force  de  nOs  armes  victorieuses  ,  il  est  de  notre 
devoir  de  détruire  et  de  réformer  ces  insti- 
tutions vicieuses  qui  se  sont  introduites  dans  les 
ordres  de  l'état ,  et  n'ont  pas  répondu  aux  prin- 
cipes de  la  fidélité  inviolable  qui  nous  est  due  , 
nous  avons  cru  nécessaire  de  rappeler  à  leur 
objet    primitif  et   essentiel  ces    institutions    dé- 


(t)  On  nomme  piazze  ou  sedili ,  les  lieux  oià 
s'assemblent  les  nobles  soit  pour  délibérer  sur 
l'admission  des  candidats  ,  soit  pour  élire  des 
officiels  publics  qui  ont  quelque  part  à  l'admi- 
nistration de  la  ville  ou  du  royaume.  Ces  mo- 
numens  remontent  au  tems  des  étrusques. 


fait  pour  la  défense  des  élus  çt  des  députés  des 
piazze  .  que  celles-ci  ont  le  privilège  ,  quand  l'en- 
nemi est  à  Aversa  ,  de  lui  porter  les  clés  et  de 
se  soumettre  au  conquérant,  quel  qu'il  soit, 
comme  aussi  de  prendre  part  au  gouvernement, 
à  l'approche  de  l'ennemi  ;  privilèges  absurdes, 
qui  n'ont  jamais  existé,  et  que  la  lâcheté  la 
'  plus  effrontée  a  pu  seule  imaginer.  Ne  devant 
'  donc  supporter  aucune  institution  qui  ose  préten- 
dre à  de  tels' privilèges  .  parce  que  ce  serait  la 
même  chose  qu'autoriser  la  lâcheté  et  l'indiffé- 
rence pour  le  bien  de  l'état,  et  autoriser  dans 
les  tqnis  de  crise  ,  lanarchie  et  l'insubordina- 
tion ;  .»  ces  fins  ,  au  moyen  de  notre  souverain 
édit  ,  devant  valoir  à  perpétuité  ,  par  notre  puis- 
sance suprême,  et  la  plénitude  du  droit  qui  nous 
appartient  en  venu  de  la  reprise  que  nous  avotîs 
faite  de  la  capitale  et  du  royaume  ,  nous  abo- 
lissons pour  toujours  les  piazze,  ou  les  sedili 
de  la  cité  de  Naples  ,  et  nous  leur  défendons 
de  se  réunir,  sous  peine  de  délit  de  félonie,  contre 
ceux  qui  provoqueraient  ou  formeraient  ces 
réunions  ,  révoquant  et  annullant  à  cet  effet 
toutes  lois,  capitulaires  ,  et  concessions  accordés 
précédemment  à  ces  piazze. 

En  conséquence  nous  abolissons  entièrement 
le  corps  des  élus  ou  le  tribunal  de  Saint-Laurent, 
et  toutes  les  dépuiations  de  ville,  nous  réser- 
vant de  pourvoir  ci-apvès  dans  le  présent  édit 
au  gouvernement  des  .ttfaires  de  l'université  de 
la  ville  de  Naples,  pour  ce  qui  concerne  le» 
subsistances  (i)  et  autres  objets  qui  étaient  dirigés 
par  le  tribunal  de  Saint-Laurent  et  autres  tribu- 
naux et  députations  de  ville  que  nous  avons 
abolis  à  perpétuité. 

Nous  crèdns ,  en   conséquence,  un   nouveau 
tribunal,    qui   sera  appelé   le    tribunal   suprême 
conservateur  de    la    noblesse    du    royaume    de 
Naples,  lequel  sera   composé  d'un  président  et 
de  six  conseillers  pris  parmi  les  cavalieri  probes 
et   distingués    connus    par    leur    attachement    à 
la  couronne,  et  par   leurs  maximes,  leurs  sen-   ■ 
timeiis    élevés,     et   nous    ordonnons    que    l'on 
donne    à    ce  tribunal  les   honneurs   d'excellence. 
Les  fonctions  de  ce  nobilissime  tribunal  suprême, 
seront  essentiellement  de  maintenir  toujours  in- 
tacte la  pureté  et  la  distinction  des  familles  nobles, 
comme  aussi  d'entretenir  toujours  vivans  dans  fa 
noblesse  les  principes  d'honneur  ,  de  fidélité  et  de 
valeur,  et  d'exécuter  ,    de  préparer  et  de  propo- 
ser toutes  les  ordonnances  que  nous  jugerons  à 
propos   de   rendre   sur   ces   grands  et  importana    - 
objets.  Il  sera  chargé  premièrement  de  conserver 
un  registre  exact  de  toutes  les  familles  qui  étaient 
inscrites    dans    les  piazze    ou    sedili  de  Naples, 
lequel   registre  s'appellera  le  livre  d'or  de  la  no- 
blesse napolitaine ,  noai  réservant  seulement  dans 
la  plénitude  de  notre   puissance  ,  en  considéra- 
tion des  services  signalés  et  de  l'ancienneté  recon- 
nue de  la  noblesse  ,  d'ag^réger  audit  livre  d'or 
les  sujets  les  plus  distingues  et  les  plusméritans, 
avec  leurs  familles. 
Ledit  tribunal  tiendra  aussi  un  registre,  mai» 
!  séparé,  de  toutes  les  familles  qui  n'étaient  pas 
inscrites  dans  les  sedili ,  mais  qui  possèdent  des 
fiefs  depuis  ïoo  ans  au  moins.  Il  tiendra  également 
registre  de  toutes  les  familles  qui  sont  reçues  de 
droit  dans  l'ordre  de  Malte  ,  en  marquant  depuis 
quel  tems  elles  y  sont  reçues  ,  et  il    conservera 
un  autre  registre   de   tous  les  nobles  inscrits  aux 
sedili  chiusi  des  villes  du  royaume   qui  forment 
noblesse  ;    indiquant   dans   un    livre   à  part  les 
familÛs  et  les  individus  qui,   étant  de   la  classe 
susmennonnée  ,  mais  non    du  livre  d'or,   sont 
domiciliés  dans  Naples. 

El  comme  nous  désirons  ardemment  que  les 
seniimens  d'honneur  qui  sont  le  plus  bel  appa- 
nage  d'un  cœur  noble  ,  soient  inviolableraent 
conservés  dans  la  noblesse  ,  ce  tribunal  aura  soin 
de  prendre  les  plus  sévères  informations  sur  les 
nobles  qui  pourront  y  avoir  manqué  ,  et  ils  raye- 
ront (  après  nous  en  avoir  fait  préalablement  le 
rapport  )  celui  qui  sera  dans  ce  cas  ,  savoir ,  du 
livre  d'or,  s'il  est  noble  de  cette  classe  ,  et  des  au-  ' 
très  registres ,  s'il  est  des  autres  classes  susmeii- 
lionnées  ,  le  déclarant  déchu  des  honneurs  ,  pré- 
rogatives et  prééminences  de  son  grade. 

Le  tribunal  suprême  ,  conservateur  de  la  no- 
blesse du  royaume  de  Naples,  fera  imprimer 
chaque  année  l'état  des  individus  qui  auront  en- 
couru une  semblable  dégradation  ,  et  les  sujets 
dégradés  ne  pourront  jamais  être  admis  au  baise- 
main royal  (  ai  reali  baciamani),  ni  à  l'exercice 
d'aucun  emploi  public. 

Nous  voulons  ,  en  outre  ,  que  dans  tous  les 
jugemens  pour  affaires  d'honneur  ,  à  rendre  p,ar 
ledit  tribunal  suprême  ,  interviennent  avec  voix 
délibéraiive ,  deux  officiers  généraux  de  notre 
aisiée  que  nous  nommerons  à  cet  effet. 


(i)   L'université   avait    anciennement  quelques 
droit»  sur  le»  subsistances. 


Ledit  tribunal  tiendra  uii  autre  registre  exact  , 
qui  s'appellera  du  mérite ,  dans  lequel  seront  re- 
latées toutes  les  actions  de  fidélité  ,  de  valeur  et 
d'attachement  à  l'état  ,  faites  par  les  nobles  des 
différentes  classes  ;  il  sera  imprimé  tous  les  ans  ; 
et  nous  sommes  fermement  déterminés  à  n'ac- 
corder d'honneurs  et  de  prérogatives  qu'à  ceux 
d'entre  les  nobles  qui  te  seront  distingués  par  de 
pareilles  actions. 

Le  même  tribunal  formera  ,  suivant  les  règles 
usitées  ,  un  système  des  armoiries  dont  chaque 
classe  des  nobles  pourra  faire  usage,  et  il  le  sou- 
mettra à  notre  approbation  .  pour  ensuite  le 
publier  et  le  faire  exécuter  irrévocablement. 

Nous  créons  et  établissons ,  pour  gouverner  les 
alFaires  de  luniversité  de  Napïes  ,  un  sénat  royal  , 
composé  d'un  président  et  de  huit  sénateurs  , 
lesquels  exerceront  pendant  un  an  les  fonctions 
attribuées  au  tribunal  suprême  de  Saint-Laurent. 
Ils  seront  nommés  par  nous  et  choisis  parmi   les 


1343 

nommer   après   avoir  pris  des    infornwiions  sur  'Ton  ne  doive  rien  aiiic  savantes  manœuvres  que 


les  lalens  et  les  seivices  rendus  par  les  individus 
respectifs  de  la  faculté. 

Toutes  les  "autres  dépulations  de  la  ville  sont 
abolies  ,  et  pour  ce  qui  concerne  celle  des 
revenus  dits  de  la  ville,  à  laquelle  les  piazze 
nommaient  ,  nous  voulons  que  noire  lieutenant  , 
et  le  capitaine  général  du  royaume  de  Naples  , 
ainsi  que  la  junte  du  gouvernement  ,  nous  pro- 
posent un  plan  convenable  pour  cette  adminis- 
tration ,  conformément  à  l'esprit  de  cet  établis- 
sement et  des  autres   revenus. 

Les  œuvres  pies  qui  étaient  administrées  par 
quelques  plane,  continueront  de  I  être  par  les 
individus  que  nous  choisirons  exclusivement  dans 
les  familles  qui  y  avaient  droit. 

Les  familles  qui  avaient  seules  le  droit  d'être 
admises  dans  le  monastère  des  dames  de  Sainl- 
Gregoire  l'Arménien,  continueront'  à  en  jouir 
seules.  ,     ■     ■ 


sujets  les  plus  protes.  Le  président  et  deux  sena-  |      j^e   sénat  royal  de  N.ples  ,  étales  députations 
teurs   seront  pris  dans   les    nobles  du  hvre-d  or  ,  ,  ^^^^  ^^.^^^  conserve^es   par   noire  éd,t  .  s'as- 

deux  sénateurs    parmi     les   nob  es  qui   ne  sont    /^^j^,^^^_^^  ^^^^   ,^  monastère  du  Mont-Olivet , 
pas  sur  le  liyre-d  or     mais    sur  les  autres  régis-  ^^,^  ^^  ^^,^^  munificence  souveraine, 

ties,et  domicilies   a  Naples  ;   deux  autres  dans     '      '  f  ,„       ..  .      ' 

l'ordre  des  gens  de  robe  ,  et  les  deux  autres  enfin 
dans  le  corps  des  négocians  :  et  comme  nous 
voulons  que  ledit  sénat  ait  toute  l'autorité  con- 
venable pour  tout  ce  qui  concerne  les  subsis- 
tances ,  plus  grande  même  que  celle  dont  jouis- 
-«ait  le  tribunal  de  Sainl-Lauréni  ,  nous  abolissons 
la  charge  de  préfet  des  vivres  ,  et  l'appel  à  notre 
chambre  royale  de  Sainte-Claire  ;  et  nous  voulons 
qu'après  l'installation  du  sénat ,  toutes  les  matières 
des  subsistantes .  qui  se  décidaient  par  le  tribu- 
nal de  Saint-Laurent  ,  par  le  préfet  des  vivres  et 
par  la  chambre  royale  de  Sainte-Claire,  soient 
décidées  sans  appel  par  le  susdit  sénat  ,  en  la 
présence  et  avec  le  suffrage  de  deux  sénateurs  de 
la  robe  ,  dans   les   matières    de  justice,  nous  ré 


les  officiers  de  la  marine  savent  exécuter;  mais 
ces  manœuvres  pourraient-elles  avoir  toujours 
lieu  sous  le  feu  supérieur  d'une  artillerie 
ennemie. 

L'aiiicur  i^ous  apprend  gue  tes  français  dirigent 
leurs  ranons  aux  mâtures  ,  ce.  qui  comprend  tout  ce 
qui  est  au-dessus  du  corps  des  vaisseaux;  que  les  trms 
quarts  de  cet  espare  forment  un  vuide  ,  de  sorte  que 
les  trois  quarts  des  boulets  que.  Ion  tire  se  perdent 
en  l'air. 

La  dernière  phrase  n'est  pas  exacte  ,  les  boulets 
devant  nécessairement  se  perdre  dans  l'eaU. 

D'après  l'élévation  vague  que  Von  donne  aux  canons 
lorsqu'on  tire  aux  mâtures  ,  les  boulets  qui  atteignent 
les  mâts ,  les  frappent  nécessairement  ,  les  uns  au- 
dessus  des  autres,  et  l'expérience  prouve  quebo 
coups  de  canon  que  reçoit  un  mât  de  cette  manière 
ne  le  rompent  pas  ,  etc. 

Lorsqu'on  tire  aux' ttiâtnres ,  ce  n'es(   qu'à  une 

dislance  où  l'on  peut  espérer  quelqu'avantage  de. 

ce  genre  de   tir.  C'est  lorsqu'on   se   trouve    à  la 

portée  du  but  en  blanc.  Il  ne    faut  pas   donner 

aux   pièces    beaucoup   d'élévation,    et  elle  peut 

nous    leur   accordons  à  cet  effet.   Nous  vouions  ;  être   déterminée  ;  mais  lorsqu'on  tire  au-delà  de 

que  le  sénat   et  les   députations    soient    installés  |  cette  portée  ,  il  faut  élever  la     pièce    en  raison 

le  premier  jour   de   chaque    année  ,  et    que    les     de   la  dislance.  Alors    sa    volée    cache   le    corps 

sujets  qui  doivent  les  coinposer  pour  la  première     du  vaisseau   ennemi    et  même  sa   niâiure  ,   si    la 

fois,  nous    soient  proposés    après    les    examens  :  distance  est  considérable,   à   lœil    du    poiiiteur. 

requis  ,  et  en  la  forme  accoutumée  pour  les  autres     C'est-là    sans    douie   ce    qui   aura  donné    lieu  à 

charsfes  ,  par  notre  lieutenant-général  du  royaume  j  l'auteur  de  supposer  qu'on  lirait  à   la   mâtuie   du 

'vaisseau  ennemi,  lorsqu'on  ne   se  pro.posait   que 


de  Naples  ,  et  par  la  junte  de  gouvernement  , 
en  recommandant  que  la  junte  qui  est  actuelle- 
ment à  la  tête  des,  subsistances  de  !a  ville  de 
Naples,  continue  à  exercer  ,  jusqu'à  cette  époque, 
ses  fonctions  avec  le  zèle  qui  la  distinguée  jus- 
qu'à présenti 

Enfin  ,  Thomas   d'.^valos  ,  marquis    del  Vasio 
et  de  Pescaire,  ayant  abandonné  tout  ,  pour  nous 


servant   d'accorder  ,  dans  quelques  cas  extraor-     suivre   en  Sicile  ,  au  leras   de  1  invasion  de  l'en- 
dinaires  ,     la    révision   dans    ledit    sénat,    en  y     n^mi  ,   et   ayant    par   la    renouvelle    '-      ' 


adjoignant  les  ministres 

L'habit  de  cérémonie  du  sénat  sera  à  l'instar 
de  celui    de  la  ville   de    Palerme. 

Le  sénat  royal,  en  corps,  sera  traité  d'excellence, 
comme  l'était  le  tribunal  Saint-Laurent,  il  jouira 
des  mêmes  prérogatives  et  honneurs  ,  et  sera 
admis  dans  les  cérémonies  publiques  ,  et  au 
baise-main  royal  ,    avec   les  mêmes  distinctions. 

Chaque  sénateur  ,  à  tour  de  rôle  ,  remplira 
pendant  un  mois  les  fonctions  de  justicier  du 
roi  ,  et  proposera  dans  le  sénat  Us  affaires 
importantes. 

Les  fonctions  de  \'élu  du  peuple  seront  exercées 
par  un  des  deux  sénateurs  négocians  ,  alterna- 
livement  pendant  un  mois.  C'est  à  lui  qu'il  appar- 
tiendra de  proposer  toutes  les  matières  de  do- 
léance  dans  le  sénat  ,  e:  il  veillera  attentivement 
■au  bon  ordre  du  marché  et  des  places  ;  les 
marchands  seront  sous  son  inspection  comme 
par  le  passé  ,  et  il  procédera  dans  les  formes 
ordinaires  et  accoutumées. 

Nous  recréons  le  tribunal  (i)  des  fortifications, 
eaux  et  pavé  de  la  ville  de  Naples  ,  et  voulons 
qu'il  soit  composé  du  surintendant,  comme  par 
le  passî! ,  de  deux  députés  pris  dans  le  livre 
d'or,  de  deux  nobles  pris  dans  les  autres  registres 
parmi  les  domiciliés  à  Naples  ,  d'un  négociant  et 
d'un  avocat,  qui  seront  tous  désignés  par  nous, 
et  exerceront  pendant  un  an  les  fonctions  attri- 
buées ci-devant  au  dit  tribunal  de  fortification. 

Nous  voulons  que  le  tribunal  général  de  santé 
continue  ses  intéressantes  fonctions  ,  comme  par 
le  passé  ;  seulement  nous  lui  donnons  la  nou- 
velle forme  qui  suit  :  il  sera  composé  d'un  sur- 
intendant ,  qui  aura  les  mêmes  pouvoirs  qu'il 
avait  auparavant  ,  et  de  douze  députés  ,  dont 
quatre  pris  parmi  les  nobles  du  livre  d'or  ,  deux 
parmi  les  nobles  des  autres  registres;  trois  seront 
tirés  de  la  classe  des  négocians ,  et  trois  de  celle 
des  avocats  Ils  exerceront  aussi  long-tems  que 
cela  nous  plaira  ;  ils  auront  les  mêmes  fonctions 
que  l'ancien  tribunal  de  santé. 

Nous  conseivons  l'office  de  Portolano  (2)  telle 
qu'elle  existait  ;  il  sera  nommé  par  nous  tous  les 
ans  ,  en  le  prenant  une  année  parmi  les  nobles 
du  livre  d  or  ,  et  l'autre  année  parmi  ceux  des 
autres  registres. 

Nous  conservons  également  la  députation  du- 
dit  office  de  Regio  Portolano  .  et  nous  voulons 
qu'il  soit  composé  à  notre  choix  ,  de  six  députés, 
dont  deux  seront  des  nobles  du  livre  d'or,  deux 
des  nobles  des  autres  registres  ,  et  deux  pris  in- 
distinctement de  la  classe  des  négocians  et  des 
avocats.  Nous  voulons  que  le  chef  des  tavolarj  (3) 
du  conseil  royal  soit  dorénavant  une  personne 
de  la   faculté  (4)  ;  et  nous  uffUs  réservons  de  le» 

(!)  Ce  tribunal  est  la  jurisdiction ,  appellée 
la  grande  voycrie. 

|ï)  Officier  chargé  pariiculiéremcnt  de  la  voie 
publique. 

(3j  Huissiers  experts  que  les  tribunaux  nom- 
ment |)Our  estimer  la   valeur  des  objeli. 

(4)  Des  avocats. 


de  l'atteindre,  je  conviendrai  que  lorsque 
nonnier  marin  tire  au-delà  du  but  en  blanc  ,  il 
n'a  rien  qui  lui  indique  de  combien  il  élevé  ou 
abaisse  sa  pièce  ,  qu'il  ignore  cette  quantité  pré- 
cise au  moment  du  départ  du  boulet.  De  ce  qu'il 
/tire  au  hasard  qui  peut  quelquelois  le  favoriser 
au  point  de  ramener  la  pièce  au  même  degré, 
pendant  plusieurs  coups  ,  je  ne  crois  pas  qu  il  s'en 
suive  nécessairement  que  les  boulets  doivent  se 
loger  dans  les  mâts  ,  ou  les  atteindre  précisément 
les  uns  au-dessus  des  autres. 

Les  anglais  dirigent  toujours  leurs  canons  au  corps 
du  vaisseau  ,  etc.  etc. 
[  L'auteur  aurait  dû  établir  un  terme  de  com- 
de  son  souverain  ,  en  créant  premier  titulaire  et  1  paraison  duquel  on  pnt  partir  pour  évaluer  les 
premier  baron  du  royaume  de  Naples  ,  Tom-  effets  de  l'artillerie.  Je  suppose  une  distance  quel- 
maso  d'Avalos  ,  marquis  del  Vasto  et  de  Pescaire  ,' conque  :  il  est  évident  que  tous  les  coups  di- 
et  tous  ses  dcscendans  mâles  premier-nés  à  per-  rigés  au  corps  du  vaisseau  ennemi, à  la  distance 
pétuité  ;  voulant  aiissi  que  la  noblesse  napolitaine  de  deux  encablures,  ne  le  peuvent  manquer, 
ait  un  monument  durable  de  la  constante  fidélité    puisqu'il   n  est  pas   possible   que   les     boulets    le 


nemi  ,  et  ayant  par  la  renouvetle  le  glorieux 
exemple  de  fidélité  ,  que  son  illustre  ayeùl  Alfonse 
d'Avalos  ,  marquis  del  Vasto,  donna  au  roi  Fer- 
dinand II  ,  noire  auguste  prédécesseur ,  nous 
avons  résolu  d'accorder  à  cette  illustre  famille  , 
un  gage  constant  et  durable  de  la  reconnaissance 


de  cette  famille  ,  et  de  la  récompense  qu  elle  a 
obtenue. 

El  afin  que  tout  ce  que  nous  avons  prescrit  dans 
noire  édil  royal .  signé  de  notre  main,  muni  de 
notre  sceau ,  et  contre-signe  parcnoire  ministre 
d'état ,  parvienne  à  la  connaissance  de  tous  ; 
nous  ordonnons  qu'il  soit  imprimé  et  publié 
selon  les  formes  accoutumées  ,  dans  la  ville  de 
Naples ,  et    dans  les   provinces  du   royaume. 

Palerme  25  avril   1800. 

Ferdinand. 
François  Seratti. 

Publié  à  Naples   le   8   mai. 


Quelle  est  la  cause  de  la  supériorité  de   la   marine 
anglaise  sur  la  marine  française  .  dans  le  combat  f 

L'auteur  du  rtiémoire  sur  la  marine  (1  )  traite 
celle  question  intéressante  ,  qui  est  Ires-propre  à 
réveiller  l'ajlention  des  marins  et  des  ariilleurs- 
marins.  Ce  sujet  ne  paraissant  pas  être  de  la  com- 
pétence d'un  officier  particulier,  on  peut  me 
blâmer  de  publier  ces  observations  que  je  n'ose 
hasarder  que  parce  que  je  les  ai  crues  d'une 
utilité  majeure  ;  luais  n  importe.  Ne  dusseni-elles 
que  s'attirer  la  critique  des  officiers  de  l'artillerie 
de  marine  ,  j'aurai  atteint  mon  but ,  si  je  fais 
sortir  ceux-ci  de  l'apathie  dans  laquelle  ils  sem- 
blent retenus. 

L'auteur  a  déterminé  trois  causes  qui  peuvent 
donner  de  la  supériorité  dans  les  Combats  de 
de  mer  ;  i°.  les  meilleurs  vaisseaux  ;  2°.  la  plus 
profonde  connaissance  que  les  officiers  auraient 
de  la  lactique  navale  ;  3°.  le  meilleur  usage  de 
l'aitillerie. 

L'auteur  ayant  ensuite  démontré  ,  en  quelque 
sorte  ,  que  les  deux  premières  causes  étaient  en 
faveur  des  français,  il  conclut  que  c'est  lemauvais 
usage  que  nous  fesons  de  l'artillerie,  qui  «st  la 
cause  de  nos  revers.  Il  me  semble  qu'il  aurait  été 
plus  juste  de  conclure  que  nos  défaites  ne  pro- 
venaient que  de  l'infériorité  de  notre  artillerie. 

Les  deux  premières  conditions  de  la  question 
n'étant  pas  de  mon  ressort  ,  et  ayant  déjà  été 
résolues  ,  je  vais  examiner  avec  l'auteur  qu'elle 
peut  être  l'influence  de  la   troisième. 

On  ne  peut  douter  que  cette  influence  ne  soit 
infiniment  grande  dans  les  combats  de  mer ,  lors- 
qu'on sait  que  I  ariillerie  y  est  employée  comme 
agent  principal  ;  que  si  elle  prépare  souvent  la 
victoire  aux  armées  de  terre  ,  ici  elle  doit  la 
préparer  et  la  fixer.  Je   suis   loin  de   penser   que 


(I)  Voyez  len°.  du  ï  thermidor. 


manquent  en  divergeant  latéralement  ,  et  que 
leurs  abaissemens  ne  sont  que  de  dix-sept  à  dix- 
huit  pieds  ;  mais  si  l'on  suppose  une  distance  de 
six  encablures  ,  on  ne  devrait  plus  diriger  les 
pièces  au  corps  du  vaisseau  ennemi  •,  car  les  bou- 
lets toucheraient  leau  vers  le  tiers  de  cette  dis- 
tance et  n'arriveraient  pas.  Il  faudra  donc  dans  ce 
cas  donner  à  la  pièce  une  certaine  élévation  ; 
alors  sa  volée  cachera  l'objet  au  canonnier  qui 
sera  obligé  de  pointer  par  les  côtés  ,  méthode 
qui  ne  peut  que  l'induire  en  erreur  ,  et  dont 
l'usage  est  recommandé  faute  de  moyens  meilleurs. 
Il  n  esl  pas  rare  qu'avec  des  méthodes  de  poin- 
tage aussi  incertaines  ,  le  canonnier  le  mieux 
eyercé  ne  se  trouve  d  un  degré  et  plus  dans  l'élér, 
vation  de  la  pièce  ;  ce  qui  doit  lui  faire  manquer 
toutes  les  parties  du  vaisseau  ennemi,  puisqu'à  la 
distance  où  nous  le  supposons  les  abaissemens 
des  boulets  sont  de  deux  à  trois  cens  pieds.  Je 
crois  trop  long  et  inutile  de  recenser  toutes  les 
erreurs  qui  peuvent  résulter  du  pointage  latéral. 

Lorsiju'on  tire  avec  nos  pièces  au-delà  du 
but  en  blanc  ,  c'est  presque  toujours  au  hasard. 
On  ne  peut  donc  pas  assurer  qu'on  puisse 
atteindre  telle  ou  telle  paitie  du  vaisseau  en- 
nemi ,  mais  on  tire  dans  l'espoir  de  l'atteindre 
dans  quelques  parties.  On  voit  dans  ce  cas  com- 
bien il  serait  ridicule  de  faire  tirer  à  couler 
bas. 

Lorsqu'on  dirige  les  canons  au  corps  du  vaisseau 
ennemi  ,  les  boulets  qui  passent  au-dessus  doivent 
passer  presqu'à  lu  même  hauteur,  de  sorte  que  ceux 
qui  atteignent  les  mâts  ,  les  frappent  tous  à  peu-près 
au   mime  endro't  .  etc.  etc. 

Ce  que  fauteur  dit  ici,  est  vr^i  lorsqu'on  est 
à  la  portée  du  but  en  blanc.  Je  crois  avoir 
démontré  plus  haut,  qu'au-delà  de  cette  portée 
on  ne  pouvait  plus  assurer  où  les  boulets  frap- 
peraient. 

Ainsi  ,  les  instructionsi  que  l'auteur  nous  a  don- 
nées, sur  l'emploi  de  l'artillerie  en  mer  ,  s'éten- 
dent jusqu  à  portée  du  but  en  blanc;  Ses  vues 
ne  se  bornent  sans  doute  pas  à  ce  point.  Il  y 
a  lieu  d  espérer  que  dans  un  second  mémoire 
il  les  développeia  pour  l'instruction  des  offi- 
ciers de  l'artillerie  de  marine. 

On  doit  supposer  par  la  conduite  des  français , 
dans  le  combat,  que  leur  intention  n  est  que  de 
désemparer  les  vaisseaux  anglais  ,  afin  d'éviter  une 
affaire  décisive  ,  etc.  etc.  etc. 

Je  suppose  que  l'intention  des  mariris  français 
est,  lorsquils  se  battent,  de  faire  tout  le  mal 
possible  aux  ennemis  ,  que  si  l'eiFet  ne  répond 
pas  à  leur  inteniion  ,  c'e«t  le  défaut  de  l'arme 
dont    ils    *e  servent. 


Je  ne  citerai  qu'un  fait  pour  donner  une  idée 
de  l'effet  de  notre  artilleiie  :  lors  de  la  retitree 
des  armées  françaises  et  espagnoles  ,  comman- 
dées par  l'amiral  Bruix,  on  a  vu  ,  par  un  ttes- 
beau  leras,  tirer  nçuf  cents  coups  de  canon  au 
moins,  sur  un  bâtiment  algérien  qui  ne  les  valait 
pas.  Je  ne  crois  pas  que  ,  dans  un,  combat  de 
cette  nature ,   on  ait  jamais  autant  tiré  inulilÈment. 

Quoique  l'om  odoive  préférer  de  diriger  les 
coups  de  son  arnllerie  de  sorte  qu'ils  atteignent 
le  corps  du  vaisseau  ennemi,  je.  ne  crois  pas 
que  cette  opinion  de  l-'a,uteiir  doive  être  regardée 
comme  principe  exclusif.  Q,uc  dans  un  combat 
particulier,  le  commandant  d'un  vaisseau  recon- 
naisse la  supérioriié  de  son  artillerie  sur  celle 
de  l'ennemi ,  il  devrait  ce  me  semble  ,  dans  ce 
cas ,  se  ménager  le  vaisseau  ennemi ,  et  ne  faire 
tirer  qu'à  la  mâture. 

L'auteur ,  en  examinant  la  conduite  des  ami- 
raux anglais  .dans  les  combats  ,  nous  prouve 
qii'ils  ont  négligé  les  finesses  Je  manœuvre  ,  les 
avantages  des  positions  ,  et  qu  ils  n'ont  compté 
que  sur  la  supériofiié  de  leur  artillerie.  Les 
amiraux  anglais  ont  fait  ce  que  tout  babile  général 
fera  ,  lorsqu  ayant  la  supéiioriié  d'arme  ,  il  pourra, 
en;  combattao»  l'armée  ennemie  dans  l'ordre 
parallelle  ,  l'aborder  dans  toute  l'étendue  de  son 
front  et  la  détruire  completiement. 

L'auteur  observe  que  tes  anglais  n'ont  produit 
guun  ouvrage  méprisable  sur  la  tactique  navale  ;  en 
échange  ils  en  ont  produit  sur  l'ariillerie ,  ce  qui 
est  au  moins  aussi  essentiel.  Qu'ils  n'ont  pas  d'école 
ioitr  la  marine  ;  il  nous  manque  des  écoles 
o  artillerie  pour  celte  partie.  Enfn  ,  quils  n'ont 
pas  de  corps  d'artillerie  de  marine;  c'est-là  le  cas 
de  demander  si  nous  en  avons  un  ;  si  celui  que 
nous  connaissons  sous  ce  nom  est  organise 
comme  il  le  devrait  être  ,  si  les  hommes  qui  le 
composent  ont  éié  choisis  et  s'ils  sont  com- 
mandés à  la  mer  par  les  officiers  qui  les  ayent 
formés  (i). 

Le  seul  auteur  qui  se  soit  occupé  de  l'artillerie 
de  marine,  est  le  citoyen  Texier-Norbec.  Son 
ouvrage,  quoique  moderne,  me  paraît  incom- 
plet, parce  qu'il  ne  fait  pas  mention  des  grands 
çhangemens  que  l'artillerie  de  terre  a  éprouvés 
en  1765  et  depuis  cette  époque  ,  ni  des  décou- 
vertes auxquelles  les  discussions  sur  l'artillerie 
ont  donné  lieu,  quoiqu'il  ait  dû  en  avoir  con- 
naissance. Il  est  vrai  qu  il  ne  paraît  pas  avoir 
eu  pour  but ,  dans  ses  recherches  ,  d'estimer  la 
valeur  de  ces  çhangemens  ,  ni  d'en  faire  aucune 
application  à  l'artillerie   de   marine. 

L'artillerie  de  terre  ayant  été  portée  à  un  point 
de  perfection  qui  a  attiré  l'attention  des  militaires 
et  même  des  savans  de  l'Europe  ,  il  serait  sur- 
prenant que  l'artillerie  de  la  marine  ne  se  fût 
pas  ressentie  de  cette  perfection  ,  ne  fut-ce  que 
dans  les  parties  de  ses  différentes  constructions 
qui  ont  quelque  rapport  avec  celles  de  l'artillerie 
de  terre  ,  si  elle  avait  eu  un  corps  destiné  par- 
ticulièrement à  son  service ,  dont  les  officiers 
fussent  ariilleuts.  Ce  corps  n'ayant  pas  existé  , 
l'artillerie  de  marine  n'a  éprouvé  que  peu  ou 
point  de   changement 

J'ai  fait  voir  que  notre  artillerie  de  marine  ne 
fournissait  aucun  moyen  pour  assurer  le  poin- 
temejit  ;  elle  est  encore  plus  défectueuse  sous  le 
rapport  des  constructions  ,  p»iisqu'elle  ne  sont 
établies  sur  aucun  principe  raisonné  ;  quelques- 
unes  étant  contiaires  aux  règles  les  plus  simples 
de  la  mécanique  ,  il  serait  impossible  de  leur 
en  trouver  un.  Je  conclus  que ,  sous  tous  les 
rapports,  elle  est  inférieure  à  celle  des  anglais; 
nous  en  avons  lait  la  triste  expérience.  Il  ne 
nous  suffit  doue  pas  seulement  pour  obtenir  des 


(l)  Une  lettre  du  ministre  de  la  marine  Truguet , 
au  commandant  des  armes  à  Brest ,  porte  ,  relati- 
vement aux  commaiidemeni  de  batterie  dans  le 
combat  :  "  11  n'y  a  pas  de  doute  que  ce  com- 
>î  mandement  doive  être  attribué  à  l'officier  de 
51  la  marine  ,  puisque  ,  dans  aucun  cas  ,  il  ne 
51  peut  recevoir  des  ordres  de  l'officier  d'artillerie 
!)  dont  les  fonctions  ne  s'étendent  pas  au-delà  du 
ji  service  de  son  détachement.  Vous  voudrez 
))  bien  tenir  la  main  à  ce  que  mes  intentions 
>i  soient  exécutées.  " 

•  Les  intentions  du  ministre  sont  mises  ici  à  la 
■place  de  la  loi  du  3  brumaire  an  4.  Des  récla- 
mations ont  été  faites  à  cet  égard  ,  elles  sont 
restées  sans  réponse. 


i3'44 

succès  conslans  ,  d'avoir  perfectionné  la  cons- 
truciion  des  vaisseaux,  approfondi  la  lactique 
nav.le  et  formé  des  officiers  de  marine,  il  faut 
encore  perfÈctionnier  notre  artillerie  ,  et  la  rendire, 
s'il  se  peut  ,  sujiérieure  à  celle  de  l'ennemi.  Je 
vais  présenter  quelques  idées  principales  des 
causes  que  je  croirais  propres  â  lui  taire  regagner 
la  s^ipétiori'té.  :..,•-• 

Il  faudrait  rendre  notre  artillerie  plus'légere'(i); 
établir  les  dimensions  des  picces  d'après  la  con- 
naissance des  lois  de  la  cohésion ,  de  la  force  de 
lénaciié  des  parties  de  fer  coulé  ,  et  de  l'cffêt'de 
la  poudre  qui  tend  à  les  rompre. 

Adapter  à  nos  pièces  des  boutons  de  mire  et 
des  hausses  mobiles  semblables  à  celles  dont  ou 
se  sert  aux  pièces  de  bataille  ,  mais  dont  les  pro- 
priétés seraient  plus  étendues  et  l'usage  plus 
sûr  ,  sans  ex!îger  plus  de  scJenè'e  de  la  part  du 
canonnier.  '      "  ' 

Faciliter  le  pointage  latéral. 

Donner  les  moyens  d'amarrer  les  pièces,  de 
sorte  que  leur  poids  étant  plus  rapproché  du 
centre  de  gravité  du  vaisseau ,  les  mouvemens 
soient  moins   considérables. 

Refondre  les  caronnades  dont  la  construction  , 
ainsi  que  celle  de  leur  affût  ,  est  évidemment 
mauvaise. 

Former  des  écoles  d'artillerie  pour  la  marine  , 
ou  les  officiers  pussent  ,  par  une  bonne  théorie  , 
se  préparer  à  servir  utilement. 

Former  un  corps  d'artillerie  de  marine,  d'hom- 
mes choisis,  aux  officiers  duquel  on  accorderait 
l'avantage  de  diriger  l'artillerie  en  mer  ,  et  celui 
de  commander  et  de  discipliner  leurs  canonniers. 
Ces  officiers  ne  devant  plus  être  aussi  nuls  qu'ils 
le  sont  aujourd'hui  à  bord  des  vaisseaux,  au- 
raient la  gloire  de  pouvoir  contribuer  à  nos 
succès  ,  la  seule  dont  ils  puissent   être  jaloux. 

Le  zcle  qui  m'anime  pour  l'honneur  du  corps 
auquel  j'ai  l'avantage  d'être  allaché  .  doit  me  taire 
pardonner  les  fautes  de  cet  écrit.  Si  je  rne  suis 
trompé  dans  les  conclusions  que  j'ai  tirées  ,  je 
souhaite  que  des  officiers  plus  consommés  dans 
la  pralique  et  dans  la  théorie  du  métier  ,  en  le  fe- 
sant  connaître  ,  proposent  mieux. 

Par  un  officier  de  Cartillerie  de  marine. 


L'ingénieur  en  chef  du  département  de  l'Aube  ,  au 
rédacteur  du  journal  officiel  le  Moniieirr.— Tro/w, 
le  i5  thermidor  an  8  de  la  république  ,  une  et 
indivisible. 

Citoyen  ,  j'ai  été  honoré  aussi  de  l'amitié  du 
brave  Latour-d'Auvergiie  ,  et  si  la  plupart  de 
ses  traiis  de  bravoure  sont  déjà  connus  ,  on 
peut  encore  y  ajouter  quelques  traits  moins 
saillans  ,  mais  qui  n'intéresseront  pas  moins  par 
leur  bonhomie. 

J'étais  chargé  de  la  conduite  des  travaux  de 
la  rade  de  Saint-Jean  de-Luz' ,  analogues  à  ceux 
de  Cherbourg.  Le  régiment  d'Angoumois ,  où 
Latour-d'Auvergne  était  capitaine  ,  y  (ut  employé 
pendant  deux  années  avant  la  révolution  ,  et  il 
commandait  le  détachement  de  3oo  hommes  qui 
étaient  casernes  au  fort  du  Soccoa  où  se  fesaient 
les  travaux. 

J'y  passais  avec  lui  la  plus  grande  partie  des 
journées  et  des  nuits  ,  suivant  le  cours  des 
marées  ;  c'est  là  qu'il  fallait  voir  celte  attention 
multipliée  qu'il  avait  pour  la  santé  de  ses  soldats. 
Comme  il  avait  soin  de  les  faire  sécher  et  chan- 
ger de  bardes  lorsqu'ils  revenaient  du  travail 
mouillés  par  les  vagues  ,  de  leur  procurer  le 
petit  verre  d'eau-de-vie  ,  mais  avec  modéra- 
tion ,  pour  les  rechauffer,  afin  de  leur  éviter 
des  maladies  !  C'était  son  occupation  de  tous 
les  jours. 

L'eau  de  la  citerne  était  trop  crue  ,  et  il  n'y 
avait  qu'une  petite  source  à  demi-quart  d'heure 
du  fort  où  l'eau  n'était  pas  suffisante  pour  les 
soldats  qui  étaient  souvent  obligés  d'aller  courir 
au  loin  ,  ou  d'attendre  long-tcms  leur  tour 
pour  en  avoir.  Il  ne  cessait  chaque  jour  de 
me  parler  d'y  faire  arranger  une  fontaine  comme 
je  le  desirais  moi-même.  J  obtins  quelques  fonds , 
et   l'on  s'y  mit  aussitôt.  H  voulut  deux  bassins  , 


(il  On  peut  le  faire  sans  danger.  L'exemple  des 
anglais  et  celui  de  nos  alliés  ,  les  espagnols  ,  dont 
l'attillerie  est  d'un  quart  plus  légère  que  la  nôtre  , 
le  prouve. 


l'un  ^ot?r''î*?â&  lii%o'A-é  ,  éï  ?Mte'f6^r  servir 
de  lavoir  ,  et  séparer  les  eaux  mal-propres.  Nous, 
réunîmes  dans  un  réservoir  les  différens  filet» 
d'eau  dont  plusieurs  se  perdaient.  Il  y  travaillait 
souvent  de  ses  mains  pour  hâter  la  jouissance 
de  ses  soldats.  Il  avait  ombragé  celte  fontaine 
d'une  manière  agréable  dans  le  valloti  solitaire' 
où  elle  est  située  ,  et  il  allait  souvent  s'y  livrer 
à   l'étude  et  aux  méditations. 

Il  se  baignait  souvent  à  la  mer  à  l'entrée  du 
port  du  Soccoa.  deux  de  ses  soldats  se  trouvent 
uu  jour  entraînés  par  la  marée  ,  il  cpurt  vers  eux 
à  leur  secours;  il  est  entraîné  lui-même.  Un 
jeunelambour,  boii  nageur,  s'élance  et  le  sauve; 
les  camarades  sont  également  secourus  par  dçs 
marins  ,  mais  l'épouvante  a  duré  parmi  lés  spec- 
tateurs ,  des  minutes  qui  leur  ont  paru  bien  'lon- 
gues.. Ah!  brave  jeune  homme  ,  tu  sais  corpme 
tu  fus  porté  en  triomphe  par  tous  tes  camarades  , 
comme  tu  fus  béni  d'avoir  sauvé  leur  cOipman- 
dant  ,  mais  bien  plus  encore  leur  ami  !  Il  méritait 
ce  tiire  ,  car  il  leur  consacrait  la  plupart  de  se>' 
momens  ;  les  autres  étaient  employés  à  l'étude  , 
ainsi  qu'à  faire  des  notes  sur  son  médaillée  qu'il 
me  montrait  souvent  ,  et  qui  lui  servait  à  son 
ouvrage  des  origines  gauloises. 

Je  n'oserai  rien  dire  de  ses  différeng  traits  d«i 
courage  ,  quoique  j'en  aie  été  témoin  plusieur^ 
fois  pendant  les  trois  campagnes  des  Pyrénées, 
occidentales,  que  j'ai  faites  aussi  comme  ingé- 
nieur en  chef  chargé  des  communications  d«[ 
l'armée  et  des  reconnaissances.  Je  me  retrouvais 
souvent  avec  lui  et  toujours  avec  un  nouveau 
plaisir,  sur-tout  lorsque  la  colonne  où  il  était  4 
la  têle  des  grenadiers  vint  ,  de  la  vallée  dç 
Bastan ,  se  rçunir  à  celle  du  centre  où  j'étai^ 
avec  le  général  en  chef  Moncey  ,  à  l'attaque  de^ 
redoutesvautour  des  hautes  montages  de  Ronçe- 
vaux  ,  où  Ion  fit  S  à  9000  prisonniers.  Comme 
il  se  baiiit  dans  les  défiles  et  à  travers  les  rocher^ 
et  les  bois,  contre  les  meilleurs  tireurs  espag(^ols.^ 
les  miquelets  catalans ,  pour  s'emparer  des  pelles 
fonderies  dHenguy,  vers  Pampelune  !  Commç  il 
étoit  beau  encore  ,  tour  couvert  de  sueurs  , 
brûlé  par  la  chaleur  ,  et  sachant  résister  à  la 
fatigue  d'une  course  de  5o  à  60  heures  de  suite, 
toujours  à  pied  à  travers  les  montagnes,  et 
défiant,  avec  les  grenadiers  et  chasseurs  basques^ 
la  cavalerie  espagnole  losrqu'elle  voulait  queU 
quefois  les  attaquer  I 

Il  n'a  manqué  â  la  gloire  de  Latour-d'Auvergne 
que  d'avoir  combattu  sous  les  yeux  du  premier 
consul  ,  dont  la  présence  multiplie  tous  les  cou- 
rages par  son  exemple ,  et  inspire  si  bien  la  noble 
ardeur  de  servir  la  pairie  et  de  verser  soii  sang 

pour  elle L'exemple  du  premier  grenadier 

de  l'armée  en  a  beaucoup  inspiré  aussi  à  se» 
frères  d'armes ,  e'  c'est  en  cela  qu'il  est  encore 
plus  digne  des  pleurs  qu'il  est  bien  permis  à 
îamitié  de  répandre  sur  ses  cendres  qui  atteste- 
ront toujours  le  souvenir  de  ses  vertus. 

Salut  et  fraternité  ,  DescolinS. 


LIVRES    DIVERS. 

Œuvres  choisies  de  Condillac ,  contenanirla  gram- 
maire ,  l'art  d'écrire  ,  dissertation  sur  l'harmonie 
du  style  ,  l'art  de  raisonner  ,  l'art  de  penser  ,  la 
logique  ou  premiers  développemens  de  l'art  de 
penser  ,  traité  des  animaux  ,  etc.  ,  belle  édition  , 
sur  beaupapier  et  en  beauxcaracteres,  avec  figures 
et  le  portrait  de  l'auteur  ,  s  vol.  in-4°  ,  brochçs , 
10  francs. 

N.  B.  Il  existe  plusieurs  éditions  du  cours 
d'étude  de  Condillac  ;  mais  on  a  toujours  distingué 
de  ses  ouvrages  ceux-ci  que  nous  annonçons  au 
public,  qui  ont  toujours  excité  l'amiration  des 
gens  de  lettres.  Ses  abrégés  d'histoire  ancienne 
et  moderne  ne  sont  point  regardés  comme  de» 
chefs-d'œuvre  ,  et  nous  renvoyons  pour  l'étude 
de  1  histoire  aux  œuvres  de  Mably  ,  qui  en  est 
auteur.  Ce  choix  est  précédé  du  discours  prélimi- 
naire de  son  cours  d  étude  ,  où  l'auteur  détaille 
les  raisons  et  les  circonstances  qui  l'ont  déterminé 
à  faire  ces  différens  traités ,  et  1  ordre  qu'ils  doi- 
vent occuper. 

Cet  ouvrage  ,  d'une  exécution  riche  et  élégante, 
est  à  un  prix  bien  doux  pour  favoiiser  les  élevés 
et  les  amateurs. 

A  Paris  ,  chez  Genêts  ,  libraire  ,  rue  du  Foin- 
Jacques  ,  en  face  de  celle  de  Bouttebrie  ,  maison 
du  cit.  Serviere. 


L'abonnement  se  fait  â  Paris ,  rut  des  Poitevins,  n"  iS.  Le  prix  est  de  s.5  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois,  et  100  francs  pour  l'année  eotieici  Onnes'aboanc 
qu'au  commeucemcnt  de  chaqac  mois. 

Il  faut  adresser  les- lerires  etl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ae  AS  s  E,  propriétait»  de  ce  journal  ,  loe  des  Poitevins  ,  n"  iS.  II  faut  comprendre  dans  les  envois  le  pett  dc> 
pays  oa  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemensnon  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  peur  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  de»  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concert>e  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  des 
Foitevios  ,0"  i3  I  depui  sneuf  hçures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Aj^asse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


AT"  334. 


Quartidi .  4  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Paris  ,  le  3  fructidors 

PLUSlEURSJournaux  ont  publié  la  lettre  suivante, 
écrite  par  le  roi  de  Prusse  à  la  loge  des  francs- 
maçons  de  Berlin. 

"J'ai  reçu  de  vous  ,  au  nom  de  vos  loges  réu- 
nies, vos  bases  revisées  elle  livre  des  lois  :  je 
ne  puis  refuser  mon  approbation  à  l'esprit  d'or- 
dre ,  aux  efforts  pour  le  maintien  des  bonnes 
iTiœurs  et  des  seniimens  loyaux  ,  et  aux  établisse- 
mens  en  faveur  des  membres  de  vos  loges  ,  non 
plus  que  la  publicité  avec  laquelle  vous  opérez 
ppur  prouver  vos  bonnes  inieniions.  Aussi  long- 
terns  donc  que  vous  resterez  fidèles  à  vos  principes 
et  à  vos  lois  ,  vous  mériterez  non-seulement  la 
protecnon  dont  je  laisse  jouir  votre  sociéié  ,  mais 
vous  serez  récompensés  vous-mêuies  par  le  ju- 
gement des   hommes  loyaux  et  sans  préjugés. 

Charlottembourg  ,   le  la  themidor. 

Signé,  Frédéric  Guillaume. 

—  On  mande  de  Berlin  que  l'exportation  des 
grains  sera  défendue  sous  peu  dans  tous  les  états 
qui   font    partie    de    la    domination    prussienne. 

/Journal  des  débats,  j 

—  Il  paraît  que  la    première    édition   de    l'ou- 
vrage de  M'""  de  Staër  a  été  très-rapidement   en-  I 
levée  ;  elle  en  prépare  ,  dii-nn ,  une  seconde  dans  I 
laquelle  elle    répondra  à  différentes  observations 
critiqiies  qui  lui  ont  été  adressées  ,  et  nolammenl  ) 
à  celles  qui  ont  paru  dans  le  Mercure.  j 

'j—  On  écrit  de  Marseille  que  le  commissaire  de 
p<j|ice  ,  je  citoyen  Ltcointe-Puyraveau  ,  s'occupe,  { 
d'apiéf),^le^  nombreuses  réclamations  de   nps   né- j 
gbcians',  d'un  règlement' de   bourse  calqué  »ur  j 


I  celui  qui  existait  avant  la  révolution.    Celte  me- 

i  IT.L""  *"""'  ''^".''"  ^^  '^  bourse  aux  faillis  , 
en  elojgnerait  aussi  de  nombreux  abus. 

—  La  Gazette  de  France  annonce  que  quelques 
actes  de  vengeance  particulière  ,  commis  l 
tZ,  {  determme  la  consuta  à  porterune  loi 
spéciale  contre  leurs    auteurs. 

-  Le  5  fructidor  à  midi ,  il  y  aura  ,  en  pré- 
sence du  ministre  de  la  marine  et  des  colonies 
nr.în'^nT   H  "°"  ?'^.™"«"^  de  prix  à  l'institution 
nationale   des  colonies,    ci-devant  collège  de  la 
IVWhe.   tlle  sera  précédée  d'un  exercice  liué- 

Jn,^/'  ""^l'r  ''",.  '^'"^'^'"^  arrondissement  nous 
invite  a  publier  1  arrêté  suivant  ;  il  est  du  26 
thermidor. 

Considérant  que,  pendant  l'extrême  chaleur 
qu  11  fait  depuis  quelque  tems  ,  il  pourrait  être 
dangereux  de  la.sser  pendant  24  heures  ,  sans  être 

1  inhumes ,  les  corps  de  quelques  décédés   de  ma- 

I  ladies  contagieuses,  arrête  : 

j  Les  officiers  de  santé  de  l'arrondissement  sont 
invites  a  déclarer  au  bureau  de  l'état  civil  l'urgence 

I  d  inhumation  des  corps  des  décédés  qui ,  par  une 
prompte  putréfaction  ,  pourraient  nuire  à  la  salu- 
brité publique. 

Fout  la  stricte  exécution  del'articcle  précédent 

II  y  aura  dans  cette  saison  un  employé  de  l'état 
civil  et  un  porteur  des  convois  de  garde  ,  les 
decad.  et  quintidi      matin  et  soir,    comme   tous 

dePoT'  ^T'  '*'.^'  '^"^<^^-  S"^  la  déclaration 
de  1  ofiic.er  de  same  ,  et  d'après  l'ordonnance  du 
juge  de  paix  ou  du  commissaire  de  police  eri 
cas  de  mort  violente,  l'employé  de  garde'  re- 
querra le.  porteur  de  service  d'aller  prévenir  se» 
confrères  etl  inspecteur  de  se  rendre  sur-le-champ 
finn  H""'r  r"'  ''!-'"i'"  procéder  à  l'inhuma^ 
tion  dans  le  heu  ordinaire  des  sépultures 


Nous  sommes  autorisés  à  piévenir  nos  souscripteurs  au'à  dar^r  A„  .,   w   «      1      a^  ~ 

rinrérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles  '  ^  '  "°"°"'  ""'  '"' 

Un  article  sera  particulièrement ,  consacré  aux  sciences ,  au.  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 

E  X  T  É  R  I   EUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  /e  24  thermidor  ,  (  iz  août.  ) 

Droits  maritimes  des  nations  belligérantes,  relativement 
aux  nations  neutres.  —  Fin  de  l'extrait  continué 
du  discours  de  sir  William  Scott ,  juge  de  l'ami- 
rauté ,  dans  l'affaire  du  navire  suédois  la  Maria. 
Voyez  le  Moniteur  du  17  thermidor  dernier  et 
celui  d'hier.  ) 

V  aTel  ,  dans  le  passage  que  nous  avoils   cité 
de  lui ,  doit  être  considéré  ,  non  comme  un  ju- 
risconsulte qui  émet  une  simple  opinion  ,    mais 
commme  un  témoin  qui  assure  un  fait  ;  le  fait , 
que  tel  est  l'usage  de   l'Europe   moderne.    Il  est 
singulier  seulement   qu'il  rapporte    cet  usage   à 
une  loi  de  nos  jours ,  quand  on  se  rappelle  que 
c'est  un  principe  ,  non-seulement    de   la  loi  ci- 
vile sur  laquelle  est  fondée  en  grande  partie  la 
loi    des   nations ,   mais    encore  la  jurisprudence 
particulière  de  la  plupart  des  contrées  de   lEu- 
lope,    que  le  refus   de  se  laisser  visiter    entraîne 
la  peine   attachée  à  la  contravention.    Conformé- 
ment à  ce  principe  ,  l'article  XII  de    la  célèbre 
ordonnance    française   de   l68t    toujours  en   vi- 
gueur ,   déclare  gue    chaque   bâtiment .   en  cas  de 
résistance  et  de  combat ,  sera  réputé  de  bonne  prise. 
Et  Valin  ,   dans   son  petit  commentaire  ,    dit   ex- 
pressément,    page   81,    que,     quoique   l'article 
porte  ,  résistance  et  combat,  la  résistance  seule  suffit. 
Il   renvoie  en  même   icms   à  l'ordonnance   espa- 
gnole de  1718  ,   évidemment  calquée  sur  celle  de 
1681  ,   et  où  il  est  dit   :  en  cas  de  résistance  ou  de 
combat.  Des    exemples  d  une    date    encore   assez 
rçcente  ,  prouvent  que  l'Espagne  continue   d'agir 
c^'aprèsce  principe.  Un  ordre  du  conseil  de  1664 
_<jue  j'ai  recueilli  demes  recherchessurnos  propres 
instituts  touchant  cette  maiierp,  norte  .  ar»  .vu  . 
-..  <,iio  «OUI.  i:.-.:..*oin   rencontre   par  un  vaisseau 
de  la  marine  royale,  ou  quelqu'autre  à  ce  com- 
inis  ,  qui  opposera  la  voie  des  armes  ou  un  refus 
formel  ,  sera  considéré  de  bonne  prise  ,  ainsi  que 
sa  cargaison.  <( 

Un  pareil  article  se  présente  dans  la  procla- 
mation de  1672  ,  sans  parler  de  ce  qu'on  trouve 
dans  les  registres  (  the  black  books)  de  l'amirauté. 
Je  sais  que  parmi  les  articles  que  contiennent  ces 
ordres  et  ces  proclamations  ,  il  en  est  qui  ne  sont 
sont  pas  parfaitement  en  harmonie  avec  la  loi 
des  nations  telle  qu'elle  est  entendue  maintenant, 
et  même  qu'elle  l'était  à  l'époque  de  la  rédacion 
de  ces  articles  ;  car  ils  ont  été  expressément  cen- 
surés par  le  lord  Clarendon. 

Il  n'a  pas  porté  le  même  jugement  de  l'article 
que  j'ai  cité  ,  et  une  chose  remarquable  ,  c'est  que 
«ir  Robert  Wiseman  qui,  en  1763  ,  époque  où  il 
était  avocat  général  du  roi,  s'éleva  contre  quel- 
ques-uns de  ces  articles  ,  comme  trop  sévères  et 
inusités,  ne  désapprouva  point  celui  en  question. 
Je  suis  donc  fondé  à  dire  qu'il  était  incontesta- 
blement la  règle  de  conduite  de  l'amirauié  bri- 
tannique. Je  ne  veux  pas  dire  que  des  considé- 
rations politiques  n'en  aient  quelquefois  fait  dé- 
vier ,  comme  je  ne  prétends  pas  non  plus  que 
l'administration  de  cette  espèce  de  loi  ne  doive 
recevoir  quelqu'adoucissement  dans  ces  tribu- 
naux, faiis  pour  la  maintenir  et  l'appliquer.  On 
ire  saurait  ,  en  effet  ,  nier  qu'un  état  ne  puisse  se 
relâcher  de  ses  droits  ,  ni  que  ses  tribunaux  su- 
prêmes ne  soient  autorisés  à  déterminer  les  cas 
où  il  convienne  d'en  agir  ainsi  ,  les  capteurs  par- 
ticuliers ne  pouvant  jamais  avoir  d'auire  droii  ni 
d'autre  titre  que  ceux  appartenans  à  l'état  dans 
les  mêmes  circonstances.  Mais  je  persiste  à  sou- 
tenir ,  d'après  le  dictamen  de  la  raison  ,  d'après 
l'autorité  de  Vatel  ,  et  les  instituts  des  grandes 
contrées  maritimes  ,  ainsi  que  les  nôtres  propres  , 
qu'une  résisiance  formelle  de  la  part  d'un  bâti- 
ment neutre  envers  un  croispiir  patenté  ,  entraîne 
«a  confiscation  et  celle  de  son  chargement,  en 
venu  de  la  loi  des  nations  ,  telle  qu'elle  existe 
aujourd'hui.  Sir  'William  Scott  a  terminé  son 
discours  par  (es  conclusions  suivantes. 

u  Mon  opinion  est  qu'il  n'existe  dans  l'affaire 
de  ce  bâiiment  (  la  Maria)  aucune  circonstance 
qui  puisse  le  faire  excepter  de  la  règle  appli- 
cable à  tous  les  faits  de  cette"  nature  ,  et  la 
tfgle  ,  comme  je  viens  de  l'exposer  ,  est  la 
confiscation  de  la  propriété  ,  lorsqu'on  a  cher- 
ché à  empêcher  la  visite  par  l'interposition  de  la 
force  ou  par  un  refus  formel.  Il'' petit  se  Taire- 


quil  existe,  dans  le  cas  dont  il  s'agit  ,  quelques 
considérations  particulières  ,  de  nature  à  faire 
mitiger  la  rigueur  de  la  règle  ,  si  la  règle  peut 
ère  justement   taxée   de  rigSeur  ;   mais  «s  con- 

1«  drn',°7  T  'c°"'  *"«"""«,  et  je  n'ai  point 
le  droit  de  les  faire  valoir.  Si  ,  comme  on  l'a 
donne  a  entendre  ,  l'honneur  et  la  bonne-foi  bri- 
tannique ^^  trouvent  engagés  ici  par  quelque 
negc^ciation  particulière  ,  on  doit  se  reposer 
sur  l  habitude  de  ce  pays  à  remplir  des  enga-e- 
mens  d  une  nature  aussi  sacrée.  Mon  affaîre  à 
moi  se  borne  à  décider  purement  et  simple- 
ment s.  dans  une  cour  de  loi  des  nations ,  on 
est  toride  a  y  soutenir  une  prélenlion  qui  ne 
tend  a  rien  moins  qu'à  détruire  le  droit  des 
captures  mariiimes  en  tems  de  guerre  ;  et  par 
quels  rnoyens?  par  l'interposition  directe  delà 
force  dun  état  neutre.  Il  est  tems  de  prononcer 
sur  une  pareille  prétention,  dont  l'existence  en 
Europe  rernome  à  peu  d'années.  Une  décision 
légale  devient  d'autant  plus  importante  à  ce 
sujet ,  qu'il  n'est  point  d'état  pire  que  celui  d'un 
conflit  de  juridiction  entre  la  loi  et  l'arbi- 
traire. >j 

N.  B.  Le  navire  et  la  cargaisor^  ont  été  con- 
damnes. (Traduit  du  London-Packet.) 

I     N     T     É     R     I     E     U     R. 

Strasbourg,  le  26  thermidor. 

Des  couriers  français  arrivés  les  so  et  21  ther- 
midor ont  assuré  que  le  général  eii  chef  Moreau 
serait  le  22  ou  le  23  à  Stuttgard. 

Les  fortifications  de  Renti  sont  occupées  par 
1200  français  ;  les  avant-postes  autrichiens  sont 
derrière  Le  18,  les  français  se  jsont  avancés 
jusquaVolkach  ;  le  même  jour  ,  legénéral  Hau- 
poult  s  est  réuni  avec  un  corps  d'4rmée  venant 
r  rmfi'^J  a"  ^  lio'henbourg ,  et  se  dirigeant  vers 
iift'nt''e'n  cas^dènécessiiér-^^  ,jf/''''^o.''^  efficace- 
Ic  nom  d'armée  de  Bohème  ,  et  1  autre""  Pjendra 
d'armée  du  Danube;  elles  forment  ensemble  une 
armée  forte  de  140,000  hommes.  La  ligne  de 
démarcation  est  occupée  par  beaucoup  plus  de 
troupes  françaises  que  de  troupes  autrichiennes. 
—  L'ambassadeur  de  Russie  en  Portugal  esr  rap- 
pelé. Le  conseiller-d  état  Wasiliew  est  nommé 
à  sa  place  ,  et  le  secrétaire  d'ambassade,  Forman , 
est  par  intérim  le  chargé  d'affaires  près  cette 
cour.  Le  conseiller-d'étai  Italinsky  est  aussi  nommé 
ambassadeur  à  la  cour  de  Sicile. 

On  dit  que  le  but  du  yoyage  du  roi  de  Suéde  , 
a  Hambourg,  était  de  faire  un  emprunt. 

(  Kronik  der  Franken.  ) 


Le  sous  -préfet  de  l'arrondissement  communal  de 
Châteaudun  .  au  préfet  du  département  d'Eure  ef 
Loir.  —  Châteaudun  ,  le  11  thermidor  an  8  d^ 
la  république. 

Citoyen  préfet , 
Je  vous  fais  passer  un  probès-verbal  dressé 
par  le  maire  d'Arrou,  en  date  de  ce  jour,  duquel 
il  résulte  que  les  citoyens  Savigny  et  Foulon 
ont  dans  la  journée  d'hier  détruit  une  louve 
enragée  qui  désolait  ces  cantons  depuis  quelque 
tems.  '  , 

Ces  deux  citoyens  sont  dans  la  pauvreté  ,  et 
le  service  qu'ils  viennent  de  rendre  à  la  société, 
ne  manquera  pas  d'intéresser  votre  sollicitude 
pour  les  faire  jouir  du  bénéfice  delà  loi  du  lo 
messidor  an  S.  Mais  je  ne  dois  point  vous  laisser 
ignorer  les  circonstances  du  combat  qui  a  eu 
heu  entre  le  citoyen  Savigny  et  cette  bêle  féroce. 
Le  dévouement  et  le  courage  héroïque  de  ce 
citojen  vous  paraîtront  sans  doute  dignes  d'une 
récompense  particulière,  propre  à  éveiller  dans 
toutes  les  âmes  ces  sentimens  généreux  qui  nous 
portent  à  nous  sacrifier  pour  le  bien  public. 

La  louve  poursuivant  un  troupeau  ,  le  citoyen 
Savigny  se  rencontre  sur  son  passage  ;  il  est 
aussitôt  l'objet  de  sa  fureur  :  elle  se  précipite 
sur  lui  ;  il  veut  lui  opposer  une  maiTi  ,  elle  est 
mise  en  pièces  ;  prêt  à  succomber ,  sans  espoir 
contre  une  bête  animée  par  la  rage  ,'  le  citoyen 
Savigny  s'écrie  :  Je  suis  perdu  ,  mais  je  veux  délivrer 
la  contrée  d'un  pareil  J/éau  :  sans  armes,  blessé 
a  la  main  droite,  il  rappelle  ses  forces,  saisit 
la  louve  aux  mâchoires,  et  lutte  ainsi  corps  à 
corps  avec  elle;  il  est  assez  heureux  j.our  la 
terrasser,  et  lorsqu'il  la  lient  étroitement  sous 
lui  ,  il  appelle  du  secours  ;  plusieurs  moisson- 
neurs accourent  à  ses  cris  avec  leurs  instruitierisV 
le  citoyen  Foulon  ,  d'un  coup  de  faulx,  Iranche 
la  tête  à  l'animal  ,  en  débarasse  lé  citoyen  Savigny 
tout  mutilé  et  tout  sanglant.  La  bêie  étant  pré- 
sutnée  attaquée  de  la  rage  ,  ce  citoyen  infortuii'é 
a  été  transporié  à  Monidoubleau  pour  y  êlré 
traité.  Il  est  père  dé  huit  enfans  et  accablé '(jal'' 
l'indigence.  ,■  •'  '   ■^■' 

Salut  et  respect.  Signé  ,  MarcbàU. 

Pour  copie  conforme. 
Le  secrétaire-général  de  la  préjecturi-  d'Eure  et  Loit.' 
Signé  ,  jB  A  R  R  JÊ. 


MINISTERE  DE  LA  GUERRE. 

Une  colonne  de  200  hommes  de  la  47'  demi" 
brigade  ,  dans  laquelle  étaient  compris  les  grena- 
diers ,  revenait  du  pont  du  Var ,  pour  se  rendre 
à  Digne.  Elle  partit  pour  Manosque  ,  le  21  prai- 
rial, passa  la  Ûurance  à  la  barque(  dite  du  Loup)  , 
c-hemin  du  Meez.  Il  y  avait  au  moins  60  hommes 
dans  cette  barque.  Lorsqu'elle  est  au  milieu  de  la  tra- 
versée ,  la  corde  casse  ;  le  batelier  engage  les 
jçrenadiers  à  chercher  à  faire  attérir  la  barque. 
Ils  se  jettent  à  l'eau  ,  dont  la  rapidité  les  entraîne  , 
et  ils  se  seraient  noyés  ,  sans  le  citoyen  Regnaud  , 
sous-lieutenant  de  la  deuxième  compagnie  des 
grenadiers  ,  qui  s'élançant  au  secours  de  ses  ca- 
marades, parvint  ,  en  dix  voyages ,  à  en  sauver 
quatorze  ,  desorte  qu'aucun  n'a  péri. 

Celte  action  héroïque  rend  le  citoyen  Regnaud 
d'autant  plus  digne  de  l'attention  du  gouverne- 
ment,  que  sa  bravoure,  ses  talens  et  sa  mora- 
lité .  répondent  entiéremenit  à  l'idée  que  celte 
belle  action   donne  de  sa  personne. 

—  Le  gouvernement  a  reçu  les  nouvelles  les 
plus  satisfesantes  de  la  situation  du  département 
de  l'Ardêchc  ,  qui  ,  jusqu'ici  ,  avait  été  livré  au 
trouble  et  au  brigandage.  L'amnistie  qui  y  a  été 
publiée  ,  a  éclairé  tous  les  habiians  insurgés,  qui 
ne  voient  plus  dans  le  gouvernement  qu'un  pou- 
voir prolecteur  et  réparateur ,  dans  lequel  ils 
commencent  à  placer  toute  leur  confiance.  Par- 
tout ils  déposent  les  armes  et  se  soumettent 
avec  joie  et  empressement.  Les  jeunes  gens  pren- 
nent des  feuilles  de  route,  et  partent  pour  l'ar- 
mée. Ceux  qui  se  sont  soumis  ,  se  montrent 
même  disposés  à  se  joindre  aux  troupes,  pour 
exterminer  les  véritables  brigands  ,  qui  sont  main- 
tenant abandonnés  à  eux-niêm»s  ,  et  sont  dési- 
gnés sous  le  nom  de  la  Bande  noire. 

Cette  heureuse  pacification  est  due  au  zèle  in- 
faiigjble  et  éclairé  du  général  Férino,  comman- 
dant la  7'  division  militaire  ,  du  général  Ruby, 
commandant  dans  le  département  de  l'Ar- 
dêche  ;  du  citoyen  Carré  ,  son  aide-de-camp  ;  du 
citoyen  Defrance  ,  sous-préfet  provisoire  à  l'Ar- 
gentiere  -,  du  citoyen  Rouviere  ,  juge  de  paix  ;  et 
ou  citoyen  Crose  ,  commandant  de  la  garde  na- 
tionale de  Privas.  L'activité  et  les  soins  du  préfet 
du  département,  ainsi  que  la  confiance  inspirée 
par  les  nouvelles  nominations  ,  n'ont  pas  conitt- 
bué  moins  efticacemcnt  au  retour  de  l'ordre  et  de 
la  tranquillité  dans  ce  département. 

—  Le  25  thermidor  ,  à  9  heures  du  soir  ,  on 
apperçut  de  Grenoble  un  feu  violent  derrière  les 
montagnes  ijui  sont  au  nord-ouest  de  la  ville. 
On  crut  d'abord  que  le  feu  avait  pris  aux  forêts 
wv^^i»  J71.- .wJ-,..«V«p— p-o^n  5  i.-n--a5Jarer  ,  détrui- 
sirent ces  bruits  ,  et  apprirent  qu'une  partie  des 
Hois  de  Lorene  ,  de  Saini-Marlin  Levinoux  et  la 
montagne  du  Rachais  ,  étaient  le  théâtre  de  l'in- 
cendie. La  compagnie  de  sapeurs  ,  qu'au  premier 
signal  du  danger  ,  le  préfet  avait  fait  mettre  sur 
pied  ,  se  porta  aussitôt  sur  les  lieux  ,  et  l'incendie 
fut  heureusement  arrêté  et  détruit  dans  la  matinée 
du  20. 


PRÉFECTUREDE     POLICE 

Paris  .,  le  i  fructidor  an  S. 
Aujourd'hui  ,  vers  six  heures  de  l'après-midi , 
après  la  grande  averse,  la  rivière  entre  le  Petit- 
Pont  et  le  Pont-Michel  était  extrêmement  noire, 
et  couverte  de  poissons  morts  ,  ou  mourans  qui 
se  débattaient.  Des  enfans  et  même  des  p  êcheurs 
les  ramassaient  ,  et  malgré  les  avis  de  quelques 
nommes  sages  voulaient  les  emporter;  mais  le 
juge-de-paix  delà  division  de  la  Ciié,ei plusieurs 
commissaires  et  inspecteurs  de  police  qui  s'y 
étaient  transportés  ,  les  en  ont  empêches  autant 
quil  a  ete  possible.  Cependant,  comme  il  en 
aurait  pu  être  ramassé  avant  l'arrivée  des  officiers 
de  police,  le  préfet  a  de  suite  donné  des  ordres 
pour  que  tous  les  poissons  de  rivière  soient  de- 
main visites  à  la  halle  ,  et  enfouis ,  s'ils  avaient  le 
moindre  caractère  de  putridiié. 


Extrait  dâ  l'organisation  de  la  préfecture  de  police 
de  Paris. 

{  Le  public  ayant  des  rapports  journaliers  et 
tres-multiphes  avec  la  préfecture  de  police  ,  nous 
croyons  lui  rendre  un  service  tïès-essentiel  en  lui 
donnant  connaissance  de  l'organisation  de  cette 
partie  si  intéressante  de  l'administration.  C'est  le 
moyen  d'éviter  aux  citoyens  une  foule  de  dé- 
marches ,  qui  ne  deviennent  souvent  inutiles 
que  faute  d  êt.-e  instruits  de  la  marche  qu'ils  ont 
4  suivre  ,  et  des  préposés  auxquels  ils  doivent 
s  adresser.  L  ordre  qui  règne  dans  la  division  et 
la  distribution  du  travail,  peut  aussi  donner  une 
Idée  de  la  sagacité  et  de  la  vigilance  du  madstrat 
qui  remplit  les  foncuous  de  préfet  de  police  de 
Pans.  ) 

Les  bureaux  de  la  préfecture  de  police  sont 
divises  ainsi  qu'il  suit  :  le  secrétafiat-général  •  huit 
divisions  qui  ne  sont  plus   distinguées  que   par 


1346 

leur  ordre  numérique  ;  la  comptabilité  ;  la  caisse  -, 
le  bureau  des  nourrices. 

Le  service  aupj.ès  du  préfet  est  f.iit  par  deux 
huissiers.  Le  secrétaire-général  a  auprès  de  lui  un 
garçon  de  bureau. 

Au  secrétariat-général  appartiennent  l'ouverlure 
des  dépêches  ,  celles  des  ministres  exceptées  ;  les 
renvois  aux  divisions  ;  la  correspondance  géné- 
rale ;  l'expédition  des  affaires  qui  n'ont  point  de 
départemens  fixes  ;  les  dépenses  secrettes  ;  le  rap- 
port général  des  opérations  journalières  ;  la  con- 
fection des  m  irchés  et  adjudications  relatifs  au 
balayau;e  ,  à  l'enlèvement  des  boues  ,  à  larrosage 
et  à  l'illumination  ;  les  certificats  de  résidence  ; 
les  actes  de  notoriété  ;  les  légalisations;  les  dé- 
clarations ;  la  traduction  de  pièces  édites  en 
langues  étrangères  ;  les  demandes  de  places  ; 
les  uomjnations  ,  révocations  ,  et  destitutions  ;  les 
archives  ;  le  dépôt  des  pièces  à  conviction  et  des 
effets   trouvés  ;  les  fournitures   de   bureaux. 

Les  dépêches  sont  enregistrées  sommairement 
au  seciéiariat  général  ,  et  envoyées  ds  suite  aux 
divisions  sous  un  numéro  d'ordre.  Les  chefs  de 
division  en  donnent  récépissé.  —  Chaque  jour  il 
est  remis  au  préfet  une  feuille  contenant  l'analyse 
de  ces  dépêches.  —  Deux  registres  sont  ouverts 
au  secrétariat  général  ;  le  piemier  pour  les  cer- 
tificats de  résidence  à  trois  témoins  ;  le  second 
pour  ceux  à  neuf  témoins.  —  Les  certificats  de 
résidence  à  trois  témoins  sont  délivrés  d'après 
les  formes  observées  jusqu'à  ce  jour;  mais  ceux 
à    neuf  témoins  sont  assujettis  au  mode  ci-après. 

Les  commissaires  interrogateurs  entendent  les 
témoins  ,  leur  font  des  questions  et  des  observa- 
tions sur  la  nature  et  les  conséquences  de  leur 
témoignage  ,  et  constatent  les  (déclarations  et 
réponses  par  un  procès-verbal  ,  qui  est  transmis 
au  chef  de  la  première  division,  chargé  de  don- 
ner sonijavis  par  écrit.  —  Celui  des  commissaires 
interrogateurs  qui  a  entendu  les  témoins  fait  son 
rapport  au  préfet  qui  porte  une  décision.  Le 
secrétariat-général  ne  peut  expédier  un  certificat 
de  résidence  ,  que  sur  le  vu  de  cette  décision.  Il 
en  est  de  même  pour  les  actes  de  notoriété.  Ces 
difFérens  actes  sont  signés  par  le  préfet  et  contre- 
signés par  le  secrétaire  général  ou  le  secrétaire 
adjoint.  Un  registre  est  ouvert  au  secrétariat-gé- 
néral pour  recevoir  les  actes  de  notoriété.  Le 
registre  des  déclarations  Ouvert  à  la  deuxième 
division  ,  passe  au  secrétariat  -  général.  —  Les 
papiers  des  divisions  sont  versés  tous  les  six  mois 
aux  archives,  excepté  ceux  relatifs  aux  affaires 
non  encore  terminées.  —  Les  projets  d'ordon- 
nance de   police  sont  discutés   dans  un  conseil, 

charsé  spéciale^'e'"   "^X^i"    .„  "   a   '       r  "' 

.  ^  ..■  ^  ^-  •■  -•  'Églemens  de  police  non- 
abroges.  —  Ce  conàeil  est  composé  du  citoyen 
Jullienne  défenseur-officieux  des  indigens  ,  du 
secrétaire-général  de  la  préfecture  ,  du  secrétaire- 
général  adjoint,  du  garde  des  archives  ,  ci  de  tous 
les  chefs  de  divisions  qui  y  soumettent  les  projets 
d  ordonnances  relatives  à  leurs  attributions  res- 
pectives. Le  citoyen  JuUiennc  est  spécialement 
charge  de  tous  les  travaux  préparatoires  de  cette 
partie  importante.  —  Il  est  aussi  ,  comme  con- 
seil de  piefeciure  chargé  de  suivre  ,  auprès  des  I 
tribunaux  correcuonnel  et  criminel  ,  toutes  les  | 
aliaires  qur  leur  sont  renvoyées  pour  contra- 
vention aux  lois  et  réglemens  de  police  ,  etc. 

Le  conseil  se  rassemble  au  moins  une  fois  par 
décade  dans  le  cabinet  du  secrétaire-général,  de- 
puis sept  heures  du  soit  jusqu'à  dix  heures.  — 
Tous  les  chefs  de  division,  qui  auraient  â  pro- 
poser une  ordonnance,  peuvent  demander  une 
ou  plusieurs  séances  extraordinaires  par  décade. 
La  séance  ordinaire  est  fixée  au  primedi  de  cha- 
que décade.  Le  conseil  peut  mander  à  ses  séances 
les  commissaires  de  police  et  tous  les  prépofés  et 
agens  de  la  préfecture,  Chaque  membre  du  con- 
b-^cil,  présent  aux  séances,  reçoit  ,  à  titre  d'in- 
demnité ,  un  }eiton  de  la  valeur  de  3  fr. 

A  la  première  division  sont  attribués  les  affaires 
urgentes  ,  les  affaires  secrettes  ,  les  émigrés  ,  le  1 
port  d'armes  à  feu  ,  les  attroupemens  ,  les  c'oa-  | 
huons  d  ouvriers,  les  réunions  tumultueuses  ,  les  | 
requisitionnaires  ,  les  conscrits  ,  les  prisonniers  de 
guerre  évadés  ,  les  déserteurs  ,  les  marins  .  la 
ratihcation  des  engagemens  ,  les  marchandises 
prohibées  par  les  lois  ,  la  garde  nationale  séden- 
taire ,  la  gendarmerie  ,  la  troupe  de  ligne  la 
surveillance  sur  la  fraude  des  droits  nationaux'  et 
sur  celle  des  droits  de  bienfesance  ,  les  faux  en 
écritures  authentiques  et  publiques  relatifs  à  la 
révolution,  leseffets  et  papiers  pubhcs  ,  les  man- 
dats d  amener  .  la  chambre  d'arrêt  et  le  dépôt 
près  la  préfecture  ,  la  vente  et  distribution  des 
poudres  et  salpêtres. 

La  première  division  est  toujours  en  perma- 
nence ,  et  les  affaires  urgentes,  de  quelque  na- 
ure  quelles  soient,  lui  sont  renvoyées  ,  quand 
les  auues  sont  fermées.  —  Les  24  officiers  de  paix 
sont  tenus  d  y  faire  le  service.  —  L'officier  de  paix 
de  service  commence  à  huit  heures  du  malin 
el  ne  quitte  le  lendemain  qu'après  avoir  été  relevé 
par  un  de  ses  collègues.  Tous  les  jpurs  un  offi- 
cier de  paix  de  chaque  brigade   rwid  compte 


verbalement  au  chef  de  division,  de  ce  qu'il  a 
fait  ,  vu  et  entendu.  Chaque  brigade  donne  tous 
les  jours  un  rapport  par  écrit.  Tous  les  soirs  , 
avant  dix  heures  ,  un  officier  de  chaque  brigade 
vient  prendre  les  ordres  à  exécuter,  ou  les  envoie 
chercher  par  un  inspecteur.  —  11  est  tenu  un  re- 
gistre des  permissions  de  port  d'armes  à  feu.  Ces 
permissions  ,  sujettes  au  timbre  et. signées  du  se- 
crétaire-général ,  ne  sont  délivrées  que  sur  un 
certificat  du  commissaire  de  police  ,  et  sut  l'at- 
testation de  deux  témoins  qui  répondent  de  la 
moralité  de  l'individu.  —  Il  est  tenu  un  registre 
particulier  des  conscrits  ,  réquisitionnaires  déser- 
teurs ,  marins  et  prisonniers  de  guerre.  —  Il  y  a 
un  registre  des  réquisitoires  faits  à  la  garde  natio- 
nale sédentaire, à  la  gendarmerie  ,  etc.  et  un  autre 
de  tous  les  mandats  d'amener. 

Les  attributions  de  la  2'  division  sont  les  vols  , 
les  assassinais  ,  les  fausses  monnaies  anciennes 
et  nouvelles  ,  les  rogneurs  et  aliérateurs  de  mon- 
naie ,  les  faux  en  écritures  authentiques  et  pu- 
bliques non  relatifs  à  la  révoluiion,  les  hôtels 
garnis  et  les  logeurs  ;  les  maisons  de  prêts  ,  les 
prêteurs  sur  gages,  les  brocanteurs,  les  encans, 
les  salles  de  vente  ,  les  escroqueries,  les  insensés, 
les  furieux  ,  les  vagabonds  ,  les  gens  sans  aveu , 
les  mendians,  les  évadés  de  prison  et  des  fers, 
le  recueil  des  renseignemens  relatifs  aux  inçlividus 
dénoncés  ,  arrêtés  ou  jugés.  —  L'état  des  permis- 
sions de  séjour  et  des  cartes  d'hospitalité  est 
envoyé  au  ministre  de   la  police   générale. 

Les  attributions  de  la  troisième  division  sont  les 
interrogatoires  et  le  renvoi  des  prévenus  devant 
les  officiers  de  police  judiciaire  ;  l'audition  des 
témoins  dans  les  certilicals  de  résidence. — Les  per- 
sonnes arrêtées  et  amenées  à  la  préfecture  ,  sont 
distinguées  en  deux  cl.sses.  La  première  com- 
prend les  personnes  arrêtées  pour  n'avoir  pas  fait 
viser  leurs  iiasseports  ;  celles  qui  ont  perdu  leurs 
cartes  de  sûreté  ;  les  réquisitionnaires  et  les  cons- 
crits. La  seconde  comprend  les  personnes  arrêiét» 
pour  toute  autre  cause  que  celle  désignée  ci- 
dessus. —  Chaque  interrogatcurdonne  lespermis- 
sions  pour  voir  les  détenus,  dont  il  est  chargé  de 
faire  les  interrogatoires  ;  le  commissaire  interro- 
gateur déeadiste  répond  au  public. — Les  témoins  , 
dans  les  certihcats  de  résidence  à  neuf  témoins. , 
sont  entendus  au   bureau  des  interrogatoires. 

Les  attributions  de  la  4'  division  sont  les  pas- 
seports pour  voyager  de  Paris  dans  l'intérieur 
de  la  république;  le  visa  des  passeports  des 
voyageurs  ;  le  visa  des  permissions  ou  congés 
accordés  aux  militaires  ou  marins  qui  voudront 
résider  ou  séjourner  à  Paris  ;  le  visa  des  cartes 
délivrées  aux  élevés  de  l'école  polytechnique  et 
.  J..S  „j.r~:--:-Nr,<,  fjg  séjour  aux  voya- 
geurs qui  veulent  résider  a  raiis  plus  a,.  \r<,i» 
jours  ;  la  correspondance  avec  les  autorités 
constituées  dé  la  république,  pour  obtenir  des 
renseignemens  ;  les  caries  de  sûreté  ,  celles  d'hos- 
pitalité ;  les  passes  aux  sages-femmes  pour  cir- 
culer la  nuit.  / 

Les  commissaires  de  police  secondent  le  préfet 
dans  la  délivrance  des  passeports  pour  l'inté- 
rieur de  la  république  ,    dans  la  délivrance  des 

I  permissions   de  séjour  ,   et  dans    le   renouvelle- 

I  ment  des  cartes   de   sûreté. 

Ceux  qui  demandentdes  passeports  pourvoya- 
ger  dans  l'inlérieur,  doivent,  s'ils  ne  sont  pas 
notoirement  connus,  se  faire  assister  de.  deux 
citoyens   domiciliés,  etc. 

Ceux  qui  demandent  le  renouvellement  de 
leurs  cartes  de  sûreté  perdues  ou  égarées  ,  se 
font   assister  de  quatre  témoins. 

Les  passeports  et  autres  objets  ci-dessus  énon- 
cés, sont  délivrés  par  la  préfecture  de  police, 
sur  le  vu  du  certificat  du  commissaire  de  police. 

Les  attributions  de  la  5'  division  sont  les 
théâtres,  les  bals,  les  fêtes  publiques,  les  sociétés, 
les  réunions  politiques,  les  maisons  de  jeux , 
celles  de  débauche,  les  femmes  publiques,  les 
offenses  faites  aux  moeurs  et  à  l'honnêteté  publi- 
que ,  les  déclarations  des  ministres  des  cultes, 
les  temples  ,  oratoires  et  autres  lieux  ,  les  institu- 
teurs ,  les  fêtes  et  insiitutions  républicaines  ,  l'an- 
nuaire républicain  ,  l'imprimerie  ,  la  librairie  , 
les  journaux  et  pamphlets  ,  les  peintures,  gravures 
et  images  ,  les  colporteurs  de  journaux,  etc.  Les 
inhumations  sous  le  rapport  delà  décence,  les 
les  sépultures  particulières  ,  les  exhumations  , 
les  enfans  moi-ts  -  nés  ,  l'état  civil. 

La   6'    division  est  subdivisée   en  six   classes. 

—  Les  attributions  de  la  l"  sont  la  petite  voierie. 
L'ouverture  des  boutiques  ,  etc.  Les  conduit» 
pour  les  eaux  de  pluie  elles  goutieres  ,  etc. 

Les  attributions  de  la  2°  classe  sont  la  con- 
servation des  monumenset  établissemens  public?'." 

—  La  correspondance   avec  le  préfet  du  dépar- 
tement sur  les  réparations  ,  chmgemens  ou  cons-  ' 
tructions  à  f.iire  3ux  prisons,  aux  corps  de  garde 
de  la  force  armée  sédentaire  ,  à   ceux  des  pom-''' 
piers  ,  aux    pompes  ,  machines  et  ustenciles  en' 
dépendans  ,  aux  nalles   el  marchés  ,  aux  voieries' 
et  égoutS4,  aux   murs   de  clôture  ,   aux  barrières 
sous   la    ville    et    hors    des    murs  ,    aux   ports  , 
quais,    abreuvoirs,    bords,   franc-bords,  pui- 


4lards  ,  garres  et  estocades  à  la  rivierre  de  Bievre  , 
aux  ëtablissemens  et  machines  placés  près  de  la 
^rivière,  pour  porter  secours  aux  noyés,  à  la 
bourse  ,  aux  temples  ou  édifices  destinés  au 
culte. 

Les  allributions  de  la  troisième  classe  sont  la 
correspondance  avec  le  préfet  de  déparlement 
sur  les  réparations  ,  changemens  ou  constructions 
à  faire  aux  fontaines,  regards,  aqueducs  ,  con- 
duits ,  pompes  à  ieu  ,  etc.  etc. 

Les  attributions  de  la  quatrième  classe  sont  : 
l'illumination  ,  le  balayage  ,  etc.  la  recherche  et 
l'aballage  des  chevaux  et  autres  animaux  attaqués 
de  maladies  contagieuses;  l'équarrissage,  les  salles 
de  dissection  ,  la  basse-géole  ,  les  atiéliers  ,  ma- 
nufactures ,  laboratoires  ou  maisons  de  santé  qui 
doivent  être  hors  de  l'enceinte  des  villes  ;  les  ma- 
ladies contagieuses  ,  les  épidémies. 

Les  attributions  de  la  cinquième  classe  sont  : 
les  carosses  de  place ,  les  cabriolets  ,  les  voitures 
publiques  ,  les  charrettes  et  baquets,  les  cochers, 
postillons,  charretiers,   brocanteurs  ,  etc. 

Les  attributions  de  la  sixième  classe  sont  :  la 
surveillance' du  corps  des  pompiers  ,  les  corps- 
de-garde  et  magasins  de  pompes  ,  réservoirs  , 
tonneaux  et  sceaux  à  incendie,  etc.  les  incendies. 

La  septième  division  se  subdivise  en  six 
classes. 

Les  attributions  de  la  première  classe  sont:  les 
échauHoirs  ,  londoirs  et  étaux  ,  les  halles  et  mar- 
chés, les  marchés  de  Sceaux  ,  Poissy  ,  la  Cha- 
pelle et  Saint-Denis  ;  les  magasins  de  fourrages  , 
la  libre  circulation  des  subsistances ,  les  patentes 
des  marchands  forains  .  etc.  les  mercuriales  ,  les 
taxes  légalement  faites  et  publiées  ,  les  vacheries, 
les  épizooties  ,  la  saisie  et  la  destruction  ,  dans  les 
halles  et  marchés  ,  des  comestibles  gâtés  ,  corrom- 
pus ou  nuisibles. 

Les  attributions  de  la  seconde  classe  sont  les 
débordemens  et  débâcles  et  les  précautions  à 
prendre  ,  telles  que  déménagemens  des  malsons 
menacées,  les  secours  aux  noyés  et  le  placement 
des  boëtes  fumigaioires  ,  la  rivière  ,  les  chemins 
de  hallage  ,  les  ports  ,  les  coches  d  eau  et  galio- 
tes  :  etc.  les  mariniers,  bachoteurs  ,  etc.  la  saisie 
et  destruction  sur  la  rivière  ,  sur  les  ports  et  chez 
les  marchands  de  vin. 

Les  attributions  de  la  troisième  classe  sont  les 
chantiers  de  bois  à  brûler  ,  les  dépôts  et  maga- 
sins de  charbons  ,  lélat  des  arrivages  ,  ventes  et 
prix  de  ces  combustibles. 

Les  attributs  de  la  quatrième  classe  sont  la  vé- 
rification des  balances,  poids  et  mesures  chez  les 
fabricans  et  les  marchands  ,  l'exécution  des  lois 
qui  prescrivent  l'emploi  des  nouveaux  poids  et  me- 
sures, les  patentes  des  marchands  domiciliés  ,  la 
saisie  et  destruction  dans  les  boutiques  ,  chez  les 
bouchers  ,  boulangers  ,  brasseurs  etc. 

Les  attributions  de  la  5'  classe  sont  la  bourse 
et  ■  les  lieux  où  se  réunissent  les  agens  de 
change  ,  courtiers  ,  échangeurs  ,  et  ceux  qui 
négocient  et  trafiquent  sur  les  effets  publics. 

Les  attributions  de  la  6°  classe  sont  l'inspec- 
tion des  magasins  ,  boutiques  et  ateliers  des  or- 
fèvres et  bijoutiers  ,  pour  assurer  la  marque  des 
matières  d'or  et  d'argent  ,  et  l'exécution  des  lois 
sur  la  garantie. 

Les  attributions  de  la  8'  division  sont  la  police 
des  prisons  ,  maisons  d'arrêt  ,  de  justice  ,  de 
force  ,  de  correction  et  de  détention  ;  la  dé- 
livrance des  permissions  de  communiquer  avec 
les  détenus,  le  classement  des  détenus  dans  les 
maisons  selon  la  nature  de  leurs  peines  ,  les 
transféremens  ,  les  extractions,  le  départ  delà 
chaîne  ,  les  mises  en  liberté ,  la  surveillance 
des  maisons  de  santé. 

■  Les  attributions  de  la  comptabilité  sont  toutes 
les  opérations  préliminaires  aux  recettes  et  aux 
dépensés  ,  lorsque  les  principes  en  auront  été 
adoptés  par  le  préfet,  sur  la  proposition  des 
chefs   de   division. 

Les  atlîibutions  de  la  caisse  sont  les  recettes  et 
les  dépenses   ordonnancées  par  le  préfet. 

■  Les  allributions  du  bureau  des  nourrices  sont 
les  meneurs  ,  les  nourrices  ,  et  le  recouvrement 
de»  mois  de  nourriture. 

Le  Setirétairé-général  surveille  (es  bureaux,  et 
tient  la  main  à  l'exécution  des  décisions  du 
préfet.  —  La  signature  pour  les  affaires  urgentes, 
telles  que  les  mandats  d'amener  .  les  perquisitions 
<l  mises  en  liberté,  a  lieu  à  toute  heure.  —  Aucun 
employé  ne  peut  recevoir  personne  dans  les  bu- 
reaux, pour  telle  affaire  que  ce  soit.  —  Les  citoyens 
qui  veulent  parler  aux  chefs  de  divisions  doivent 
indiquer  ,  par  une  note  succinte  ,  lobjct  qui  les 
amené  ;  ils  ne  sont  introduits,  qu'apiès  que  le 
chef  en  a  donné  Tordre  ;  les  garçons  de  bureaux 
sont  tenus  à  lexécuiion  de  celte  consigne  ,  sous 
peine  de  de»iituiion. 


i347 

Arnould  ,    membre   du  tribunal  ,   au  rédacteur   du 
Moniteur.  —  Faris  ,  le  3  fructidor  ,  an  8. 

Citoyen  ,  votre  feuille  est  accueillie  avec  em- 
pressement des  étrangers  cbmrtie  des  nationaux  , 
el  son  étendue  la  rend  un  des  dépôts  modernes 
les  plus  complets  de  politique  et  d'économie 
publique.  Les  espérances  de  paix  donnent  à 
toutes  ces  questions  un  intérêt  encore  plus  vif. 
Je  vous  invite,  en  conséquence,  à  insérer  dans 
un  de  vos  prochains  numéros  la  présente  notice 
sur  Us  finances  et  la  dette  publique  de  l'Angleterre. 

Finances  et  dette  publique  de  V Angleterre. 

Les  rédactmrs  anonymes  d'un  article  du  'Journal 
lie  Prtm  ,  n"  326,  en  prétendant  réfuter  un  pas- 
sage de  l'ouvrage  sur  le  système  maritime  et  poli- 
tique ,  passage  ainsi  conçu  :  D'ailleuts,  l'énormilé 
de  la  dette  publique  en  Angleterre ,  porte  en  soi  son 
remède  dans  la  réduction  des  intérêts  .  opérée  déjà  à 
plusieurs  périodes  de  ce  siècle  sans  violence ,  s'ex- 
priment ainsi  : 

>'  Quanta  la  réduction  des  intérêts,  elle  n'a  eu 
lieu  qu'une  seule  fiis  en  1749;  lorsque  les  fonds 
étaient  à  i3o,  c'est-à-dire,  à  3o  pour  cent  au- 
dessus  du  pair,  circonstance  qui  probablement 
ne  se  rencontrera  jamais;  encore  celte  réduction 
n'affecta-elle  qu'une  très-petite  partie  de  la  dette. 
(Voir  •.Journal  de  Paris,  n°  826,  le  26  thermidor 
an  8.) 

Je  vais  prouver  1°  que  cette  réduction  a  eu 
lieu,  comme  je  l'ai  avancé  ,  à  plusieurs  périodes 
de  ce  siècle;  2°  que  les  réductions  qui  s'effec- 
tuèrent dès  1737  ,  et  se  consommèrent  en  1749, 
portèrent  sur  une  très-grande  partie  de  la  dette  ; 
3°  que  cette  opération  n'eût-elle  affecté  qu'une 
très-petiie  partie  de  la  dette  ,  la  doctrine  que  cette 
combinaison  développe  ,  n'est  pas  moins  une  res- 
source efficace  pour  l'Angleterre. 

Il  ne  faut  qu'avoir  étudié  ayec  fruit ,  l'histoire 
des  finances  de  l'Angleterre'depuis  un  siècle, 
pour  justifier  cette  opinion. 

Toutes  les  fois  que  l'on  veut  suivre  l'enchaî- 
nement du  système  financier  de  la  Grande-Bre- 
tagne ,  on  se  trouve  forcé  de  remonter  à  Guil- 
laume III  ;  son  règne  fut  fécond  en  entreprises 
politiques  et  en  ressources  économiques  dont  il 
avait  puisé  les  gerines  dans  l'observaiion  ou  dans 
la   conduite  des  affaires  de  la-  Hollande. 

Guillaume  ,  impatient  de  réaliser  les  ressources 
mises  à  sa  disposition  ,  par  I4  création  de  nou- 
velles taxes  ,  imagina  d'en  vendre  le  produit  à 
quiconque  lui  en  avancerait  le  capital  sur  un 
taux  convenu.  Le  crédit  de  semblables  opéra- 
lions-  en  Angleterre  ,  était  trop  nouveau  pour 
que  Guilliiume  pût  trouver  des  acheteurs  ,  pour 
ainsi  dire  ,  à  bureau  ouvert;  aussi  employa-i-if  les 
moyens  de  tentation  ,  de  persuasion  et  dé  né- 
gociations envers  de  riches  capitalistes  ;  et  ,  il 
parvint  ,  en  un  mot  ,  à  emprunter  par  l'inter- 
médiaire de  compagnies  privilégées. 

On  sait  en  effet  que  ce  furent  les  compagnies 
successives  des  Indes  ,  la  compagnie  de  la  mer 
du  sud  et  ta  banque  qui  réunirent,  centralisèrent 
ou  consolidèrent  la  majeure  partie  des  premiers 
capitaux  fournis  au  gouvernement  vers  la  fin  du 
siècle  dernier  et  au  commencement  de  celui-ci  ; 
et  ces  premiers  capitaux  font  maintenant  encore 
partie  de  la  dette  publique. 

Voyons  donc  comment  la  réduction  des  inté- 
rêts de  ces  capitaux  primitivement  fournis  a  eu 
lieu  dans  ce  siècle  ,  pour  chacune  de  ces  com- 
pagnies privilégées  ,  ou  pour  leurs  actionnaires. 

Par  un  bill  passé,  le  5  septembre  1698,  la 
seconde  ou  nouvelle  compagnie  des  Indes  fut  admise 
à  prêter  à  l'état  2  millions  sterling  à  8  pour  cent. 

En  1702,  les  deux  compagtiies  se  réunirent, 
et,  outre  le  prêt  de  2  millions  à  8  pour  cent  dont 
nous  venons  de  parler ,  elles  en  firent  un  de 
1,200,000  liv.  sterling  dans  la  6'  année  de  la  reine 
Anne. 

Par  un  acte  de  la  3'  année  de  Georges  II  (en 
lySo),  l'intérêt  de  ces  3,200,000  liv.  sterl.  fut  ré- 
duit à  4pour  cent;  et ,  en  i  749  ,  il  le  fut  à  3  et  demi; 
et  depuis,  en  1757  ,  à  3  pour  cent.  (Voir,  the  Bri- 
tish  Merchant  ,  traduction  française  sous  le  titre 
de  Négociant  Anglais.  ) 

Quant  à  la  compagnie  de  la  mer  du  sud  ,  celte 
compagnie  fut  chargée,  en  17 10,  de  l'acquit  de 
9  millions  sterling  de  délies  nationales  ,  dont 
1  intérêt  fut  assigné  à  6  pour  cent  sur  divers 
revenus. 

Le  24juin  1723  ,  les  capitaux  de  la  compagnie 
de  la  mer  du  sud  ,  ou  les  SomiWes  dont  l'état  lui 
était  redevable  ,  montaient  à  33,8o2,483  liv.  14  s. 
3  den.  sterling. 

Cette  somme  fut  partagée  en  deux  portions 
égales,  chacune  de  16,901,241  liv.  17  s.  i  d.  sterl. 
L  une  fut  regardée  comme  un  emprunt  de  la 
compagnie  (  au  compte  de  l'él.if)  ,  et  les  créances 
qui  la  formaient  appelées  annuités  de  la  mer  du 
sud.  On  leur  assigna  ;  au  lieu  de  6  pour  cent  , 
taux  de  1110,  un  intérêt  de  5  /^owj' cch<  jusqu'au 
24  juin  1727;  et  de  celle  date  à  l'avenir  ,  jusqu'à 
parfait  remboursement,  wi -mierit  de  4  pour  cent 


à  prendre  sur  la  somme  de  845,062  liv.  sterling 
qui  devait  être  payée  annuellement  à  la  compa- 
gnie par  l'échiquier.  L'autre  moitié  du  capital  de 
la  mer  du  sud  fut  déclarée  stock  ou  capital  de 
commerce  de  la  compagnie ,  et  n'a  point  trait  à  la 
question  présente  de  la  réduction  à  différentes 
époques  ,  de  linléiêl-  statué  originairement  pouc 
un  capital  emprunté  pour  létal.  (Voir,  the  Bn- 
tish  Merchant.  ] 

Par  rapport  à  la  banque  ,  son  premier  fonds 
fut  de  1,200.000  liv.  qu'elle  avança  au  gouverne- 
ment à  8  pour  cent  d  intérêt  sur  plusieurs  brari- 
ches  de  revenu  public.  En  1709,  ce  fonds  pri- 
mitif fut  augmenté  de  400,000  liv.  stetl.  (  Statuts, 
7'  année  de  la  reine  Anne,  )  et  comme  cette 
dernière  somme  fut  prêtée  au  gouvernement 
sans  intéiêis  ,  ceux  du  cajjital  de  la  banque  se 
trouvèrent  par-là  réduits  à  6  pour  cent  (Voir 
l'ouvrage  qui  vient  de  paraître  de  Frederick  Gentz.) 

En  1717.  la  banque  fournit  pour  acquitter 
des  billpls  de  l'échiquier  une  somme  de  2  mil- 
lions sterl.  à  5  pnur  cent  (  Statuts  3  ,  Georges  l'M  , 
qui  lui  appoiterenl,  sur  ce  taux,  une  annuité 
de    100,000   liv. 

En  1727  .Je  parlement,  du  consentement  de  la 
banque,  réduisit  iintérêt  de  ces  2  millions  à^  pour 
cent;  et  par  conséquent  l'annuité  qui  était  de 
100,000  liv.  sterl.  ,  ne  fut  plus  que  de  80,000  l.  st. 
(Voir,  états  du  commerce  de  l' Aîigleterre,  par  John 
Carry,  traduction  française.) 

Nous  voici  maintenant  arrivés  à  l'opération  de 
1749,  l'J^  ^^^  rédacteurs  anonymes  du  Journal  de 
Paris  nomment  la  seule  réduction  qui  probablement 
ne  se  reitontrera  jamais  ,  et  qui  n'affecta  quune 
très-petite  partie  de  la  dette. 

Voici  quelle  fut  l'occasion  el  le  résultat  de  cette 
réduction.    . 

En  1737  il  se  présenta  dans  la  chambre  des 
communes  du  pa.lement  d'A'ngleterre  une  ques- 
tion sur  l'emploi  qu'il  conviendrait  mieux  de 
faire  d'un  million  sterling  que  le  chevalier  Robert 
■Walpole  venait  de  déterminer  le  parlement  à 
ajouter  annuellement  au  fonds  d'amortissement. 

Ce  ministre  voulait  appliquer  ce  foiids  au  rem- 
boursement des  aciions  de  la  mer  du  sud  ,  dont 
le  capital  se  montait  beaucoup  plus  haut  que  celui 
d'aucune  autre  compagnie  de  commerce  de  I  An- 
gleterre :  et  le  chevalier  Bernard  soutenait  au 
contraire  qu'il  conviendrait  mieux  d'en  faire  usage 
■  pour  rembourser  la  banque  ,  à  1  approche  du  lems 
d'expiration  de  son  privilège,  circonstance  qui 
fesait  baisser  ses  actions. 

Le  chevalier  Bernard  ayant  échoué  dans  cette 
proposiiion  ,  en  fit  une  auite  ;  lorsque  la  dette 
nationale  fut  mise  sous  les  yeux  de  la  chambre, 
et  quelle  fut  constatée  monter,  le  3i  décembre 
1736,  à  la  somme  de  47,866,598  1.  3  s.  3  d.^.sterl. , 
il  demanda  que  a.  sa  majesté  lût  autorisée  à  lever 
de  1  argent,  soit  par  vente  d'annuités  ou  par  tarit 
d'années  à  vie  ,  soil  par  emprunt  et  à  un  intérêt 
qui  ne  passât  pas  3  pour  cent  pour  rembourser 
pareille  somme  des  anciennes  et  nouvelles  an- 
nuités de  la  compagnie  de  la  mer  du  sud  ,  et 
que  les  annuitaires  qui  voudraient  souscrire- pour^ 
le  montant  de  leurs  annuités  fussent  préférés  à 
tous  autres.  >>  •  ■ 

Dans  les  débats  ,  un  membre  proposa  de  rendre 
la  loi  générale  et  de  l'étendre  à  la  réduction  de 
tout  papier  public.  Le  comité  résolut,  en  con- 
séquence ,  que  tous  les  fonds  publics  rachetables 
et  ponant  iniérêt  à  4  pour  cent,  seraient  rem- 
boursés. Deux  députés  proposèrent  de  substituer 
à  ces  mots  3  pour  cent ,  ceux-ci ,  3  et  demi  pour  cent. 
—  Le  bill  passa  ;  et  la  réduction  de  ià  i  {pour  cent 
eut  lieupour  14  ans,  de  1787  à  1749;  et  ,  depuis , 
(  1749)  ""  nouveau  bill  porta  la  réduction  jusqu'à 
3  pour  cent.  —  (  Discours  pour  et  contre  la  réduction 
du  taux  d'intérêts  ,  prononcés  ,  en  i;37,  dans  la 
chambre  des  communes  ,  traduits  de  l  anglais.  ) 

Il  résulte  1°  que  cette  dernière  réduction  a  eu 
lieu  par  deux  bills  différens  et  à  divers  taux, 
savoir,  dès  1787  à  3  1  p.  f,  et  définitivement  à 
3  pour  cent  en  1749  ;  2°  9"'^  "^^^  deux  réduc- 
tions de  1737  et  de  1749  ont  porté  sur  la  ma- 
jeure partie  de  la  dette  déclaiée  rachelable  ,  tels 
que  les  capitaux  de  la  mer  du  sud  et  autres.  Ceux 
de  la  mer  du  sud  (  déjà  réduits  de  6  pour  cent  à 
5  et  34  pour  cent)  montant,  lors  de  la  liquidation 
de  1723,  à  environ  17,000,000,  formaient  seuls 
plus  du  tiers  de  la  dette  publique  ,  qui  s'élevait 
i  à  environ  48,000,000  au  3i  décembre  1736.  La  ré- 
duction portait  aussi  sur  les  3, 200,000  liv.  du  ca- 
pital des  compagnies  des  Indes.  Enfin,  en  l75o, 
second  terme  de  réduction  ,  le  capital  de  la 
banque  était  de  10,780,000  liv.  st.  ;  et  ce  fut  a 
cette  époque  qu'elle  consentit  ,  pour  sa  pari  ,  à 
la  réduction  générale  qui  fixa  à  3  pour  cent  tous 
les  intérêts  payés  par  le  gouvernement.  (  Voif 
l'ouvrage  de  Gentz.) 

Il  est  donc  évident  ,  par  le  simple  narré  des 
faits,  que  Vénormité  de  la  dette  anglaise  porte  en  soi 
son  remède  dans  la  réduction  des  intérêts  .  opérée  déjà 
à  plusieurs  périodes  de  ce  siècle,  sans  violence.  (Sys- 
tème maritime  et  politique.] 

On  a  vu  que  ,  pendant  son  (ours ,  Iç  gouverne- 


ment  anglais  a  habilement  mis  à  profit  le  crédit 
des  compagnies  privilégiées  ,  pour  se  procurer 
des  fonds,  au  soutien  de  ses  vastes  projets  de 
politique  et  de  domination  maritime  ;  on  a  vu 
que,  plus  habileraentencore.il  a  su  se  préva- 
loir auprès  de  ces  compagnies  ou  de  leurs  ac- 
tionnaires ,  tantôt  de  leur  concurrence  ,  tantôt 
de  leur  empressement  à  voir  renouveller  leur 
charte  ,  pour  les  faire  consentir  ,  soit  à  la  réduc- 
tion des  annuités  primitives  achetées  par  les  ca- 
pitaux fournis  ,  soit ,  de  gré  à  gré,  à  grossir  le  prêt 
de  ces  mêmes  capitaux,  en  fesanl ,  sans  intérêts, 
de  nouveaux  fonds  au  trésor  public. 

La  cupidité  qui  donna  la  naissance  et  le  mou- 
vernent  à  la  compagnie  de  la  mer  du  sud  ,  était 
mêtpe  un  appât  offert  par  le  gouvernement  anglais, 
comme  un  moyen  de  liquidation  et  de  réduction 
de  la  dette  publique.  Et,  aujourd'hui  encore, 
le  ministère  ,  constamment  fidèle  à  ce  système 
d'allégement ,  que  Guillaume  III  avait  apporté  de 
la  Hollande  ,  où  Jean  de  W't  l'avait  pratiqué  vers 
h  milieu  du  siècle  dernier.  (  Voir  les  discours  pour 
et  contre  ,  traduits  de  l'anglais  ,  déjà  cités.]  aujour- 
d'hui, dis-je  ,  le  ministère  ne  vient-il  pas  d'ob- 
tenir de  sa  banque  (en  1800)  pour  le  renouvel- 
lement ,  douze  ans  à  l'avance  ,  de  son  privilège, 
un  prêt  de  trois  millions  sierl.  pour  six  ans  san 
intérêts. 

Qu'est-ce  autre  chose  ,  au  fond, dans  ce  dernier 
cas  ,  qu'une  réduction  du  taux  des  annuités 
payables  par  le  gouvernement  à  la  banque,  com- 
parativement au  capital  fourni  ;  car  diminuer  les 
intérêts  ou  le  montant  des  annuités  à  servir ,  ou 
bien  augmenter  le  capital  requis  ,  sans  augmen- 
tation d'annuité  ,  n'est-ce  pas  faire  que  le  créancier 
obtienne  moins  en  donnant  plus  ,  et  le  débiteur 
obtienne /i/uî  en  donnant  momî  ? 

Les  rédacteurs  anonymes  du  journal  de  Paris  ont 
donc  bien  peu  réfléchi  sur  la  matière  qu'ils  veulent 
commenter  ,  lorsqu'ils  disent  :  Quant  à  la  réduction 
des  intérêts,  elle  n'a  eu  lieu  qu'une  seule  fois  en  1749  , 
lorsque  les  fonds  publics  étaient  à  i3o.  C'est-à-dire 
à  3o  pour  cent  au-dessus  du  pair ,  circonstance  qui 
probablement  ne  se  rencontrera  jamais  ;  encore ,  cette 
réduction  n  affecta-t-elle  qu'une  très-petite  partie  de 
là  dette.  ^ 

On  a  vu  comment  ce  paragraphe  contient  pres- 
qu'autant  d'erreurs  que  de  mots  ;  caria  réduction 
du  taux  des  intérêts  a  eu  lieu  sous  différens  modes  , 
en  1709  — 1723  —  1727  —  1737  —  1749  —  e'  i?^?. 
et  elle  s'effectua  sur  les  treis_  quarts  au  moins  de 
la  dette  alors  existante. 
^  L'expérience  des  combinaisons  financières  cons- 
tamment suivies  par  le  gouvernement  ^nglais  , 
pour  dimiriuer  ce  poids  ,  justifie  donc  tout  ce 
q'ue  j'ai  dit  sur  la  dette  publique  de  l'Angle- 
terre ,  dans  mon  ouvrage  sur  le  système  maritime 
et  politique.  J'invite  à  lire  cet  article  ,  pages  SaS 
à  332.  (  Cet  ouvrage  se  trouve  chez  Antoine 
Bailleul ,  rue  Grange-Batéliere  ,  n"  3.  )  Les  rédac- 
teurs anonymes  du  Journal  de  Paris  ayant  cru 
devoir  en  supprimer  la  très-grande  partie  ,  ces 
suppressions  nuisent  à  l'enchaînement  des  idées  , 
à_la  force  des  raisonnemens  et  à  la  justesse  des 
conséquences. 

Quant  à  leur  opinion  particulière  que  cette  cir- 
corxstance  de  réduction  du  taux  des  intérêts  ne  se 
représentera  probablement  jamais  ,  je  réponds 
que  ce  but  n'a  point  été  perdu  de  vue  ,  un  seul 
moment  dans  ce  siècle  ,  par  le  gouvernement  an- 
glais  qui  a  opéré  aussi  par  cette  voie  l'allégement 
du  poids  de  sa  dette  ,  sans  secousse  ni  violence  , 
pour  une  partie  aliquote  assez  considérable.  Les 
divers  modes  adoptés  ne  changent  rien  ni  à 
l'essence ,  ni  à  Veffet  de  cette  mesure.  Toutes  ces 
combinaisons  variées  ,  appât  de  bénéfices  commer- 
ciaux (  1710  et  1723);  appel  de  fonds  (1709  et  1800)  ; 
offre  de  remboursement  (1737  et  1749);  réduction 
de  gré  a  grc  (1727  et  1757);  et  même  le  rachat 
facultatif  entamé  en  1798  de  la  taxe  territoriale 
par  compensation  avec  la  dette  publiq.ue ,  toutes 
ces  nuances  d'une  même  conception  n'ont  eu 
de  succès  que  parce  qu'elles  furent  adaptées  suc- 
cessivement aux  circonstances  ,  au  génie  et  à 
l'iniéiêt  du  peuple  anglais;  c'est  à  l'aide  de  sem- 
blables illusions  que  la  banque ,  dans  sa  crise  de 
1745  ,  se  soutint  en  payant  en  argent  ,  au  lieu  de 
faire  ,  en  or,  le  remboursement  légal  de  ses  billets. 
C'est  ainsi  encore  que  récemment,  en  1796, 
malgré  la  suspension  de  l'échange  en  numéraire 
de  ses  billets  ,  la  banque  évita  sa  dissolution  par 
Yacceptation  de  ces  mêmes  billets  de  la  part  des 
banquiers  de  Londres.  Tout  cela  ,  comme  je  l'ai 
di,l,  est  affaire  de  famille. 


1348 

En  définitif  ,  tout  système  de  réduction  du  taux 
des  intérêts  des  fonds  publics  ,  pratiqué  en  Hol- 
lande et  en  Angleterre  ,  et  tel  qu'il  peut  être  per- 
teclionné  par  ces  innovations  ingénieuses  dont  est 
capable  l'esprit  national  des  anglais  ,  ne  semble- 
t-il  pas  dériver  de  deux  principes  relaiils  à  la 
conservation  et  à  la  vigueur  des  états  f  principes 
dont  il  n'est  pas  de  mon  sujet  de  sonder  le  plus 
ou  moins  de  solidité  ;  savoir  ,  le  premier:  Un 
corps  politique  laisstra-t-il  consommer  sa  dissolution 
lorsqu'il  possède  des  moyens  de  virilité?  (Je  ne  dis 
pas  de  débilité ,  comme  en  France  par  la  mobili- 
sation des  deux  tiers,  )  et  le  second  :  L allégement  du 
fardeau  des  taxes  trop  pesantes  ,  peut  -  il  être  un 
moteur  de  l'équilibre  à  rétablir  entre  le  prix  du 
travail  ,  le  loyer  de  l'argent  et  les  facultés  des  con- 
sommateurs ? 

Dans  deux arliclessubscquens,  j'examinerai  l'?  si 
cette  énormilé  da  la  dette  anglaise  trouve  exclu- 
sivement son  remède  ,  comme  le  prétend  le  ré- 
dacteur anonyme  du  Journal  de  Paris  ,  dans  la 
caisse  d'amortissement  ,  telle  qu'elle  existe  ,  de- 
puis 1792  ;  2°  si  les  effets  alarmans  pour  l'Angle- 
terre d  une  confédération  maritime  ,  ne  sont  que 
la  suite  de  préjugés  et  de  principes  prohibitifs  et 
illibéraux  en  matière  de  navigation,  de  commetce 
et  de    richesse   publique. 


Le  Cultivateur  Anglais,  ou  Œuvres  choisies  d'agri- 
culture et  défonomie  rurale  et  politique  d'Arthur 
Toung  ;  traduit  de  l'anglais,  par  les  cit.  Lamare, 
Benoist  et  Billecoq  ,  avec  des  notes  par  le  cit. 
Delalauze,  coopérateur  du  cours  d'agriculture  de 
l'abbé  Rozier  ,  et  des  planches  gravées  par  le 
citoyen  Tardieu  ;  quinze  à  dix  -  huit  volumes  , 
grand  in-8°. 

Jamais  époque  ne  fut  plus  favorable  que  celle- 
ci  aux  entreprises  agronomiques  ,  et  jamais  un 
plus  grand  nombre  de  citoyens  de  tous  les  étals, 
de  toutes  les  classes  ,  de  toutes  les  fortunes  ,  ne 
fut  appelle  par  les  circonstances  ,  à  l'exercice 
des  professions  rurales.  C'est  en  ce  moment  que 
les  auteurs  et  éditeurs  de  l'ouvrage  ci-dessus  an 
nonce,  offrent  au  public  un  tableau  exact  et 
complet  de  l'agriciilture  anglaise  ,  que  les  fran- 
çais ne  connaissent  encore  que  partiellement. 

Nos  agriculteurs,  tant  anciens  que  nouveaux , 
ont  besoin  de  leçons  et  d'exemples.  Les  écrits 
de  M.  Young  présentent  ,  sous  ce  point  de  vue 
tous  lès  avantages  qu'on  peut  désirer.  Chacun 
peut,  en  les  lisant  s'approprier  les  résultats  d'une 
longue  expérience.  Agriculteur  -  pratique ',  M. 
Young  est  peut-être  le  seul  qui  n'ait  bâti  ses 
théories  que  sur  des  faits.  S'il  décrit  et  analyse 
en  philosophe,  il  a  observé  et  exécuté  en  pra- 
ticien. Sa  vie  entière  à  été  consacrée  à  létude 
de  l'agriculture.  Non-content  du  champ  qu'of- 
fraient à  ses  observations,  sa  ferme  et.son  voi- 
sinage ,  il  a  visité  l'Angleterre  du  nord  au  sud 
et  de  l'est  à  l'ouest;  il  a  parcouru  1  Irlande , 
une  partie  de  l'Ecosse  ,  de  l'Italie ,  de  l'Espagne . 
et  la  France  entière,  pour  en  examiner  le  sol, 
en  comparer  les  cultures  ,  les  produits  et  les 
ressources. 

La  collection  ci-dessus  annoncée  ,  sera  divisée 
en  deux  parties  ;  la  première  et  la  plus  volu- 
mineuse ,  comprendra  les  Voyages  agronomiqnes 
en  Angleterre  et  en  Irlande.  Dans  ces  écrits,  1  au- 
teur a  recueilli  et  discuté  toutes  les  méthodes 
prauquées  par  les  petits  ,  par  les  moyens,  et 
sur-tout  par  les  grands  cultivateurs.  Les  détails 
qu'il  donne  sur  ces  objets  peuvent  être  regardés 
comme  authentiques  ;  car  il  cite  les  noms  de 
tous  ceux  dont  il  a  reçu  des  informations  ,  ou 
dont  il  lui  a  été  permis  de  compulser  les  registres; 
triais  la  partie  la  plus  curieuse  et  la  plus  impor- 
tante de  ces  récits  ,  c'est  la  description  qu'il 
donne  de  l'agricnlture  des  Gentlemen.  Plus  variée 
et  plus  étendue  que  celle  des  fermiers  ordinaires, 
elle  est  aussi  plus  productive,  à  mesure  qu'ils 
y  versent  de  plus  fortes  sommes.  Ceux-là  peu- 
vent seuls  faire  des  essais  en  grand  ,  tenter  de 
nouveaux  systèmes  d'assolement,  de  dessèche- 
ment et  d'amélioration  de  tous  les  genres,  inventer 
de  nouveaux  instrumens  ou  perfectionner  les 
anciens  ;  ceux-là ,  enfin  ,  sont  en  possession 
d'exercer  par  l'exemple  ,  une  salutaire  influence 
sur  le  champ  de  leurs  voisins. 

La  seconde  partie  comp  rendra  les  dissertations 
que  l'auteur  a  publiées  sous  différens  titres  ,  tels 
que  les  Lettres  d'un  Fermier  ;  le  Guide  du  Fermier  ; 
Essais  sur  l'Economie  rurale  ,  etc.  ;  une  collection 
d'expériences  faites  par  lui-même  ;  un  choix  de 


mémoires  extraits  de  ses  Annales  agronomiques^ 
et  les  plus  analogues  à  notre  culture. 

Chaque  volume  sera  précédé  d'un  tableau  com- 
paratif des  monnaies  ,  poids  et  mesures  d'Angle- 
terre ,  avec  les  monnaies  ,  poids  et  mesures  de 
France. 

Première  livraison , 

Formant  si»  gros  volumes  ,  avec  quarante-cinq 
planches  en  taille-douce,  et  contenant  les  Voyages 
au  sud  et  au  midi  de  l'Angleterre  ;  le  Voyage  au  nord 
et  le  Voyage  à  l'est.  Elle  sera  mise  en  vente  au 
i"  vendémiaire  prochain.  Les  autres  livraisons  se 
succéderont  rapidement. 

Pour  les  personnes  qui  souscriront  avant  cette 
époque  ,  chez  Maradan  ,  libraire  à  Paris  .  rue 
Pavée  Saint-André -des-Arts  ,  n"  16  ,  le  prix  de 
chaque  volume  ,  tant  de  cette  livraison  que  de 
toutes  les  livraisons  subséquentes  ,  sera  de  4  fr, 
5o  cent,  pris  à  Paris  ,  ou  de  6  fr.  franc  de 
port  par  la  poste  ;  c'est  donc  27  fiancs  à  faire 
parvenir,  franc  de  port,  à  ladite  adresse, 
avant  le  l"  vendémiaire  prochain  ,  en  y  ajoutant 
I  fr.  5o  cent,  par  chaque  vol.  ,  pour  ceux  qui 
voudront  les  recevoir  ,  franc  de  port.  -         , 

Passé  le  premier  vendémiaire  prochain  ,  les 
personnes  qui  voudront  se  procurer  la  collec- 
tion ,  paieront  i  fr.  de  plus  par  volume  ;  ils 
auront  alors  à  faire  passer  ,  franc  de  port,  pour 
la  livraison  ci-dessus  ,  à  ladite  adresse  ,  33  fr.  ,  et. 
I  tr.  5o  cent,  par  volume  ,  si  elles  veulent  les  rece- 
voir ,  franc  de  port. 


Introduction  à  la  philosophie  de  Platon  ,  traduite 
du  texte  d'Alcinoiis ,  philosophe  platonicien  ,  par 
J.  J.  Combes-Dounous  ,  membre  de  plusieurs 
sociétés  littéraires,  du  corps-législatif;  de  l'impri- 
merie de  Didot  l'aîné,  et  chez  les  libraires  qui 
vendent  les  nouveautés.  Prix  ,  2  fr.  5o  cent,  et  3 
fr.  par  la  poste. 

Cet  ouvrage  ,  ainsi  que  le  dit  le  traducteur  dans 
sa  préface  ,  présente  aux  amateurs  de  la  philo- 
sophie ancienne  ,  l'épiiôme  de  la  philosophie  de 
Platon.  Sous  ce  rapport  il  a  droit,  de  les  intéresser. 
Il  n'est  en  effet  personne  de  ceux  qui  sont  déjà 
versés  dans  la  philologie  ,  ou  qui  s'y  adonnent  , 
pour  qui  la  cane  de  réduction  du  platonisme  ne 
soit  uu  ouvrage  de  quelque  prix. 

Un  second  point  de  vue  sous  lequel  l'ouvrage 
que  nous  annonçons  mérite  de  fixer  l'attention  du 
public  ,  c'est  qu  il  paraît  pour  la  première  fois 
en  français ,  et  à  cet  égard  ,  il  y  a  lieu  de  s'éton- 
ner qu'aucun  de  ceux  de  nés  littérateurs  qui  ont 
fait  passer  dans  notre  langue  des  parties  plus  ou. 
moins  considérables  de  la  collection  des  ouvrages 
de  Platon  ,  tels  que  Dacier  ,  Grou  et  autres  ,  et 
qui  dans  leurs  préfaces  ont  taché  de  nous  donner 
une  idée  de  l'ensemble  de  la  philosophie  du. 
prince  des  philosophes  ,  n'ait  pensé  à  s'épargnet 
beaucoup  de  peine,  en  traduisant  Alcinous , 
comine  le  fit  Stanley  dans  son  histoire  de  la  philo», 
Sophie. 

D'ailleurs ,  quoique  nous  devions^  laisser  atix 
hellénistes  de  profession,  à  apprécier  au  juste  là" 
traduction  que  nous  annonçons  ,  l'auteur  nous 
paraît  mériter  des  éloges  et  des  encouragemensl 
Si  ce  que  J.  J.  Rousseau  a  dit  de  Tacite,  qu'a- 
vant d'en  avoir  une  excellente  traduction  ,  il 
faudra  supporter  bien  dçs  thèmes,  est  vrai  de^ 
tous  les  auteurs  grecs  et  latins  ,  on  doit  de  la 
reconnaissance  aux  écrivains  laborieux  dont  les 
travaux  procurent  des  jouissances  à  leurs  contem- 
porains ,  en  préparant  des  succès  pour  ceux  qui 
les  suivront  dans  la  même  carrière. 


COURS     DU     CHANGE. 
Bourse  du  3  fructidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Rente  provisoire 19  (r.  5o  c. 

Tiers  consolidé. 32  fr.  75  c. 

Bons  deux  ders i  fr.  56  c. 

Bons  d'arréragé 82   fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 85  fr.  38  c,i 

Syndicat 64  fr. 

Coupures 64  fr.  75  c. 


Errata. 

j  Dans  le  n°  d'hier  ,  333  ,  article  d'Angleterre  , 
I"  colonne,  ligne  71  au-lieu  de  75  pétitions  fortes, 
lizse  :   pétitions  toutes  relatives  ,  etc. 

2^  Colonne,  ligne  38,  au-lieu  de  bâtimens 
armés,  escortés.  Usez  :  bâtimens  armés,  escor- 
tans  ,  etc. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris ,  lue  des  Poitevi 
flu'au  coHimeucement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,  franc  de  port     au  cit.  Ag  AS  s  E,  proDriétairp  H»  rp  ;n„r„,1      ....<..  t>»;>..  '  o    o    Tir  j       ,        , 

•  6        '  r        ,  '  r"P'i^""'^  "■:"  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  n"  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  d«i 

pays  oa  l'on  ne  peut  aefianchir.  I,es  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 
Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté ,  de  charger  celles   qui  renferment  de 

'Poitevins  ,  n'  l3  ,  depui  «neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


iS.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  ncs'abon 


1  valeurs,  et  adresser  tout  ce   qui   concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  dei 


A  Paris ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,. propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins,  n»  i3. 


TE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  33S. 


QjmiUdi  ,  5  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  da  7  NivÔse  le   M  O  NI  T  E  U  R  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvetnemenz ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  cane  sut 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  ec   aux  découverces  nouvelles. 


Ë  X  T  E  R  I   EUR. 


B. 


ALLEMAGNE. 

Augsbourg  ,  le  22  thermidor. 


'eux  cents  hommes  de  cavalerie  française  sont 
entrés  à  Dinkelspiel.  On  y  attend  le  quartier- 
général  de  Haupoult.  Le  comté  de  Limbourg 
n'avait  pas  encore  reçu  depuis  la  guerre  aucun 
soldat  ;  le  4°  régiment  de  hussards  y  a  pris  ses 
quartiers  :  l'étal-major  de  ce  régiment  est  à 
Geildorf. 

Le  duc  de  Wirtemberg  est  parti  d'Elangen  ,  oiî 
il  fesait  sa  résidence  ,  pour  aller  à  Vienne. 

Le  lieutenant-général  Grenier  est  parti  de  Ra- 
tisbonne  pour  Straubingen  ,  quartier-général  de 
Legrand.  Le  général  Ney  ,  qui  commande  les 
troupes  devant  Ingolstadt ,  a  son  quartier-général 
à  Neubourg.  La  garnison  de  Raiisbonne  ,  quoi- 
que très-nombreuse ,  observe  la  plus  exacte  dis- 
cipline. —  Le  corps  de  troupes  bataves  aux  ordres 
de  Dumonceau  ,  va  occuper  l'évêché  de  Fulde. 

Les  anglais  enrôlent  beaucoup  de  soldats  dans 
difiërens  endroits  de  l'empire  ;  il  donnent  un  fort 
engagement.  Mais  les  autrichiens  recherchent  les 
transports  et  enlèvent  tous  les  déserteurs  impé- 
riaux qu'ils  y  trouvent.  (  Strasb.  Weltbote.  ) 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  24.  thermidor  ,  f  1 2  aoÎLt.  ) 

Un  boulanger  à  Bath  a  été  condamné  à  une 
amende  de  dix  liv.  sterling ,  pour  avoir  vendu 
deux  pains  avant  le  terme  désigné  par  la  loi  , 
c'est-à-dire  avant  vingt-quatre  heures  ;  et  lemaire 
a  fait  publier  que  tout  boulanger  pris  en  contra- 
vention payerait  cinq  livres  sterling  pour  chaque 
pain  non   rassis. 

Un  peu  de  terre  de  foulon ,  délayée  avec  de 
l'eau  ,  à  la  consistance  d'un  onguent  ,  et  appli- 
quée aux  pieds  en  se  couchant ,  est  un  spécifique 
Jouverain  contre  l'enflure  et  les  ampoules  qui 
•surviennent  à  la  suite  d'une  longue  marche. 

Il  y  a  eu  186  appels  de  la  cour  de  session  en 
liasse  à  la  chambre  des  pairs  pendant  les  seize 
dernières  sessions  du  parlement.  De  ces  186  ap- 
pels ,  29  seulement  ont  été  rejettes. 

On  parle  d'instituer  un  nouvel  ordre  pour  la 
récompense  du  mérite  naval. 

John  Young  ,  condamné  à  mort  à  Gloucester 
pour  avoir  assassiné  sa  femme  ,  s'est  pendu  lui- 
même  dans  la  prison  avec  son  mouchoir. 

Il  y  avait  plus  de  dix  mille  personnes  of  the 
beau  monde  au  Vauxhall  ,  le  12  août,  jour  de 
l'anniversaire  de  la  naissance  du  prince  de 
Galles  qui   entrait  dans  sa  Sg"'  année. 

Un  fermier  ,  résidant  près  de  Bishop's-CIyst  , 
ayant  demandé  la  semaine  dernière  ,  au  marché 
de  Dévon  .  24  shellings  d'un  boisseau  de  blé  , 
le  peuple  lui  lia  une  corde  autour  du  corps  , 
et  le  promena  ainsi  dans  les  rues  ,  en  le  tirant 
violemment.  S'étant  arrêté  pour  le  laisser  res- 
pirer, il  lui  cria  :  !)  Monsieur  le  fermier,  com- 
bien le  boisseau  à  présent  ?  —  Une  guinée  . 
(  21  shellings.  )  Une  seconde  pause  ayant  eu  lieu  , 
on  lai  cria  de  nouveau  :  n  monsieur  le  fermier  , 
à  présent  .  combien  le  boisseau  ?  —  18  shellings. 
A  la  troisième  pause,  même  question,  et  le 
fermier  de  répondre  14  shellings.  —  A  la  bonne 
heure  ,  s'écria  (a  troupe  ,  qui  ,  lâchant  la  corde  , 
se   dispersa  aussitôt. 

M.  Waddington  a  déclaré  aux  marchands  de 
houblon  de  Worcester  ,  que  la  baisse  du  prix 
de  cette  denrée  provenait  de  la  poursuite  intentée 
contre  lui.  Si  le  fait  est  vrai  ,  et  nous  sommes 
disposés  à  le  croire  ,  quelle  diminution  ne  de- 
vons-nous pas  attendre  dans  le  prix  du  bled  , 
lorsqu'on  aura  fait  arrêter  deux  ou  trois  douzaines 
d  accapareurs  ! 

Il  n'est  pas  vrai  ,  dit-on  ,  que  M.  Fox  ait  re- 
noncé à  se  mettre  sur  les  rangs  pour  la  représen- 
tation de  'Westminster  dans  l'élection  générale 
prochaine. 

Un  vieux  chêne  tombé  la  semaine  dernière,  près 
de  Sheflield  ,  comportait  40  pieds   de   circonfé- 
rence. 
11  est  reconnu  que  nous  fesdns  à-peu-près  les  trois 
quaiis  du  commerce  de  la  Russie.  Quelleperlede 


bénéfice  .'quelle  disette  de  matières  premières,  soit 
pour  nos  manufactures  ,  soit  pour  notre  marine, 
nous  éprouverions  si  nos  ministres  venaient  à  nous 
brouiller  avec  cette  puissance  ! 

Une  lettre  de  sa  majesté  vient  de  lever  les 
obstacles  apportés  au  départ  de  l'ambassadeur 
ottoman  par  son  séjour  à  Weymouth  ,  où  il  y 
avait  quelque  inconvenance  que  son  excellence 
se  transportât  pour  prendre  congé.  Au  moyen 
de  cette  lettre  ,  l'ambassadeur  se  mettra  en  route 
le  26  thermidor,  pour  Yarmouth  ,  où  il  s'embar- 
quera pour  Cuxhaven. 

La  peste  continue  ses  ravages  à  Tétuan  et  à 
Tanger  ,  où  ,  comme  dans  d'autres  parties  des 
états  de  Maroc  ,  elle  n'attaque  que  les  jeunes 
personnes  des  deux  sexes. 

Suivant  un  rapport  fait  à  l'amirauté  par  le  doc- 
teur Trotter,  un  des  premiers  médecins  de  la  ma- 
rine  royale  ,  il  paraîtrait  que  ,  d'après  un  très- 
grand  nombre  d'essais  ,  le  scorbut  de  mer  ,  jus- 
!  qu'à  présent  un  des  écueils  de  l'art,  cède  com- 
pleltement  aux  effets  de  Yacide  concret  de  citrons  , 
préparé  par  M.  Coxvvrell ,  de  Temple-Bar. 

Un  sermon  sur  la  charité  ,  prêché  à  Norwich  , 
a  produit  l85  liv.  sterl.  11  sh.  pour  l'hôpital  de 
cette  ville  ,  et  une  souscription  faite  à  l'issue  d'un 
repas  de  corps  à  la  taverne  de  l'Ange  ,  Sg  liv. 
sterl.    II   sh. 

Sur  le  sommet  du  Kymen ,  une  des  belles 
collines  dont  est  ceinte  la  ville  de  Morltmouth  , 
se  construit  un  temple  que  l'esprit  public  qui 
anime  les  habitans  du  voisinage,  leur  fait  ériger 
en  l'honneur  de  la  marine  royale  ;  il  portera  le 
nom  de  new  naval  temple. 

Des  calculateurs  allemands  portent  à  i5  mille 
le  nombre  des  auteurs  de  leur  pays  vivans.  C'est 
sans  doute  par  délicatesse  qu'ils  ne  nous  ont 
point  encore  appris  depuis  quel  tems  ni  com- 
bien de  tems  ils  vivaient. 

Le  fameux  Barington  est  haut  consiable  à 
Parematta ,  une  des  dépendances  de  Botany-Bay. 

Une  expéiience  faite  en  dernier  lieu  ,  a  prouvé 
qu'en  exposant  une  grenouille  vivante  dans  une 
fourmilliere  ,  elle  périt  en  3  ou  4  minutes  , 
quoique  les  fourmis  ne  l'aient  pas  encore  mordue. 
On  attribue  cette  mort  à  une  forte  vapeur  pesti- 
lentielle qui 's'exhale  de  ces  petits  insectes,  la- 
quelle vapeur,  recueillie  en  assez  grande  quan- 
tité pour  êtse  analysée,  a  paru  être  extrêmement 
caustique. 

Des  dépêches  venues  par  terre  de  l'Inde  ,  an- 
noncent que  le  marquis  de  Wellesley  a  terminé 
avec  le  nabab  d'Oude  pour  la  cession  de  son 
territoire  à  la  compagnie  ,  moyennant  une  rente 
annuelle. 

Un  caporal  d'artillerie  écrivit  il  y  a'quelques 
années  à  un  bombardier  pour  lui  reprocher 
d'avoir  séduit  sa  femme.  Il  terminait  sa  lettre 
en  disant  que  puisqu'elle  était  avec  lui  ,  il  con- 
sentait à  ce  qu'il  la  gardât;  mais  qu'il  lui  recom- 
mandait son  enfant.  S'étant  ravisé  parla  suite, 
il  a  réclamé  sa  femme,  et  sur  le  refus  du  bom- 
bardier de  la  lui  rendre  ,  il  a  porté  sa  demande 
en  justice,  où  elle  a  été  jugée  dernièrement  aux 
assises  du  comté  de  Kent.  Lord  Kenyon  a  débouté 
le  caporal  sur  le  vu  de  sa  lettre  ,  qui  ,  selon  lui  , 
le  privait  du  droit  d'intenter  action.  Lord  Kenion 
a  profité  de  l'occasion  pour  tonner  de  nouveau 
contre  ladultere  ,  et  revenir  sur  ce  qui  s'était 
passé  derniéreraeut  à  ce  sujet  dans  la  chambre  des 
pairs  ,  et  qu'il  croyait  lui  être  personnel. 

f  Extraits  du  Morning-Chronicle  ,  du  Morning- 
Post^du  British-Evening-Post,  du  Star,  de  l'Oracle 
et  du  Sun.  ) 

INTÉRIEUR. 

Faris  ,  le  ^  fructidor. 

On  mande  de  Nantes  que  le  24  thermidor  on 
a  vu  une  aurore  boréale  très-lumineuse  depuis 
neuf  heures  du  soir  jusqu'à  onze.  Le  siège  prin- 
cipal de  ce  phénomène  était  peu  élevé  sur  l'ho- 
rison  ;  il  était  placé  dans  le  nord-est.  Elle  s'y  est 
allumée  et  s'y  est  éteinte.  La  lueur  en  était 
blanchâtre  ;  elle  avait  un  point  de  centre  assez 
peu  consitlérable ,  d'où  partaient  des  jets  de 
lumière  qui  la  rendaient  assez  remarquable  ,  en 
ce  que  dans  certains  momens  la  lueur  en  était 
très-faible,  et  que  dans  d'.rutres ,  au  contraire, 
elle  était  très-vive. 


—  Le  citoyen  Bonnaterre  fait  imprimer  une 
notice  historique  sur  le  sauvage  de  l'Aveyron  et 
sur  quelques  autres  individus  qu'on  a  trouvés 
dans  les  forêts  à  diverses  époques. 

—  Le  tribunal  de  première  instance  ,  séant  au 
Palais  de  Justice  à  Paris ,  prévient  ceux  des  an- 
ciens huissiers  et  tous  citoyens  qui  désireraient 
être  maintenus  ou  appelés  à  ces  fonctions,  qu'ils 
doivent  s'inscrire  et  remettre  leur  pétition  avec 
les  pièces  justificatives,  au  grefié  du  tribunal, 
qui  sera  ouvert  tous  les  jours,  jusques  et  com- 
pris le  9  fructidor  courant. 

Que  ce  délai  expiré  ,  en  exécution  de  l'arrêté 
des  consuls  du  22  ihermidor  dernier  ,  le  tribunal 
formera  ses  listes  de  présentation  sur  les  inscrip- 
tions et  pétitions  qui  auront  été  remises  en  con- 
séquence du  présent  avis. 


LoRSQ_UE  tous  les  citoyens  regarderont  une 
insulte  faite  à  la  chose  publique  comme  une 
attaque  personnelle  ,  lorsqu  ils  sentiront  bien 
qu'il  ne  peut  être  porté  aucune  aueinte  à  la 
tranquillité  générale  ,  sans  que  la  commotion  s'en 
fasse  sentir  et  dans  le  sallon  du  riche  ,  et  sous 
le  chaume  du  pauvre,  nous  serons  bien  près  de 
jouir  de  la  paix  intérieure. 

Les  braves  habitans  des  montagnes  du  Cantal  , 
viennent  de  donner  à  la  république  un  exemple 
qui  trouvera  des  imitateurs  par-tout  où  les  citoyens 
seront  las  de  gémir  sous  les  menaces  et  le  fer 
d'une  poignée  de  brigands. 

La  recette  de  Saint-Flour  et  de  Murât  est  atta- 
quée et  prise  par  des  brigands  ,  sur  la  routa 
d'Aurillac;  le  préfet  du  Cantal  l'apprend;  il  en 
instruit  toutes,  les  communes  voisines  du  lieu 
de  la  scène.  Aussitôt  le  tocsin  sonne  de  toutes 
parts;  les  citoyens  s'arment  de  faulx  ,  de  fourches, 
de  pioches  ,  de  coignées  ,  et  ,  leurs  maires  à 
leur  tête  ,  vont  s'embusquer  dans  les  défilés  des 
montagnes.  Une  battue  générale  ,  dirigée  par  la 
gendarmerie,  a  lieu  pendant  tout  le  jour;  à 
l'entrée  de  la  nuit,  les  brigands  sont  apperçus 
par  un  petit  détachement  ,  sur  le  bord  d'un 
précipice  ;  ils  se  défendent  avec  fureur  ,  mais  ils 
sont  attaqués  avec  de  fureur  encore  ;  ils  sont 
enfin  forcés  de  se  rendre,  après  avoir  épuisé 
leurs  munitions,  et  avoir  perdu  la  plus  grande 
partie  des  leurs.  Ils  sont  conduits  dans  k-maisort 
d'arrêt  de  la  commune  de  Murât. 

Trois  de  ces  brigands  sont  connus  ;  ce  sont  des 
émigrés.  Ils  se  nomment  Castetla  ,  Dessaurets  , 
Dauliac.  On  saura  bientôt  quels  sont  les  autres. 
La  plus  grande  partie  des  deniers  volés  est  retrou- 
vée ;  on  est  certain  de  découvrir  le  reste. 

On  ne  peut  donner  trop  d'éloges  au  préfet  du 
Cantal  ;  c'est  à  la  vigueur  des  mesures  qu'il  a 
prises  ,  qu'on  doit  le  succès  d'une  expédition  qui 
assure  pour  long-tems  la  tranquillité  de  ce  dépar- 
tement. Les  citoyens  et  les  gendarmes  ont  rivahsé 
de  bravoure.  Le  citoyen  Croie  ,  maréchal-des- 
iogis  ,  s'est  particulièrement  distingué.  Le  mi- 
nistre de  la  police  générale  ,  auquel  il  a  été 
rendu  compte  de  ces  faits  ,  a  mis  à  la  disposition 
du  préfet  du  département,  une  somme  de  600  fr. , 
destinée  à  être  réparde  entre  les  habitans  et  les 
militaires  qui  çnl  été  blessés  dans  cette  expédition. 
Aucun  d'eux  ne  l'est  dangereusement. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT, 

Arrêté  du  2  fructidor. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'étaj 
entendu  ,  arrêtent  : 

TITRE   PREMIER, 

Etat -major  des  divisions. 

Art.  I"^.  A  dater  du  l"  vendémiaire  prochain  , 
il  ne  sera   employé  pour  le  commandement  de» 
divisions  militaires  ,  que  zSo  officiers  , 
S  A  y  o  1  B  : 

Généraux   de  division .        g5   - 

Généraux  de    brigade 5o 

Adjudans-commandans  ,   ou   chefs  de 

brigade 5j 

Aides-de-camp.    ,    .    .    , losj 

«3o 

II,  Tous  les   officiers-généraux  ,    supérieurs  ou 

subalternes  ,  qui  sont  actuellement  employés  dans 

lesdites  divisions  ,   à  quelque  titre  ,  sous  quelque 

dénominalien ,  et  pour  quelqus   service  qu«  ca 


r35o 


toit  ,  qui  ne  seront  pas  compris  parmi  les  s36 
officiers  conservés  en  activité,  ne  jouiront,  à 
dater  du  l"  vendémiaire ,  que  du  traitement  de 
non>activité. 

Il  est  expressément  prohibé  au  ministre  de  la 
guerre  d'employer  dans  lesdites  divisions  un 
plus  grand  nombre  d'officiers,  sous  prétexte  de 
dépôt  de  conscrits,  de  levée  de  chevaux,  de 
tribunaux  militaires  ,  ou  sous  tout  autre  ;  les  aSo 
officiers  conservés  en  activité  devant  suffire  à  ces 
divers  objets. 

III.  Il  sera  attaché  à  chaque  division  militaire 
un  général  de  division  et  deux  généraux  de 
brigade.  Chacun  desdits  généraux  de  brigade 
aura  le  commandement  de  l'un  des  départemens 
de  la  division. 

Le  commandement  de  chacun  des  autres  dépar- 
temens de  la  division  ,  sera  confié  à  l'un  des  5î 
adjudans  -  comraandans  ou  chefs  de  brij^ade  , 
conservés  en   activité   de  service. 

IV.  Les  adjudans  commandans  ,  employés  dans 
les  divisions  militaires ,  n'auront  point  d'adjoints. 

L'un  de«  aides-de-camp  du.généfal  de  division 
remplira  les  fonctions  de  chef  d'état-major  de  la 
division. 

Nul  des  aides-de-camp  des  généraux  de  divi- 
sion ou  de  brigade  ,  ne  pourra  jouir  d'un  traite- 
ment plus  élevé  que  celui  de  capitaine. 

V.  Il  ne  sera  conservé  pour  les  divisions  terri- 
lorriales  militaires,  que  12S  commissaires  des 
guerres  ;  savoir  : 

«6  commissaires  -  ordonnateurs  , 
loz  commissaires   ordinaires  ,    dont    5i    de 
première    classe    et    5i     de   deuxième. 

VI.  Il  sera  attaché  à  chaque  division  militaire 
nn  commissaire-ordonnateur,  et  autant  de  com- 
missaires des  guerres  qu'il  y  aura  de  départemens 
dans  la  division. 


cun  prétexte  ,  ernplover  dans  les  places  ou  à  leur 
Suite  un  nombie  d'officiers  plus  considérable  que 
celui   qui  est  déterminé  par  l'article  ci-dessus. 

L'article  VII  ci-dessus  ,  relatif  à  la  solde  des 
états-majors  des  divisions  ,  est  rendu  commun  à 
celle  des  états-majors  des   places. 

T  I  T  R  Ç      I  I  L 

Des  inspecteurs  aux  revues. 

X.  Le  ministre  de  la  guerre  déterminera  le 
nombre  des  inspecteurs  en  chef,  inspecteurs  et 
sous-inspecteurs  aux  revues  ,  ainsi  que  leurs  ad- 
joints qui  devront  être  payés  dans  l  intérieur  de 
la  république  ,  et  les  divisions  dans  lesquelles  ils 
devront  être  soldés. 

L'article  VU  du  présent  arrêté  est ,  du  reste  , 
rendu  commun  à  la  solde  des  inspecteurs  en 
chef,  inspecteurs,  sous-inspecteurs  et  leurs  ad- 
joints. 

XI.  Outre  Ips  officiers-généraux  et  commissaires 
des  guerres  ,  dont  le^nombre  a  été  fixé  ci-dessus  , 
le  ininistre  de  la  guerre  est  autorisé  à  employer 
dans  l'intérieur  de  la  république  ,  où  le  besoin 
du  service  l'exigera  ,  deux  généraux  de  division, 
quatre  généraux  de  brigade  et  six  commissaires 
des  gueires  ,  dont  trois  de  première  classe  et  tiois 
de  seconde  classe.  Lesdits  officiers-généraux  et 
commissaires  des  guerres  sont  censés  attachés  à  la 
17*   division  militaire  ,  et  y  toucheront  leur  solde. 

XH.  Les  ministres  de  la  guerre  et  des  finances  , 
sont  chargés  ,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,  de 
lexécuiion  du  préïent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé 
au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 
Autre  arrêté  du  mime  jour. 


T  •      •       j  .     11  .  1      Les  consul)  de   la  république ,   sur  le  rapport 

Les  commissaires  des  guerres  actuellement  em-      ■  .     ■  "^       ■'  1  j.-    '^ 

_    .     j         ,••     .  ■         °     .  .  du   ministre   de  la  guerre,   le   conseil-dciat  en- 


ployés  dans  l'intérieur  .  qui  ne  seront  pas  com- 
pris dans  le  nombre  des  is8  conservés  en  acti- 
vité ,  ne  jouiront,  à  dater  du  i"  vendémiaire  , 
que  du  traitement  de  non-activité. 

Le  ministre  de  la  guerre  ne  pourra  ,  sous  aucun 
prétexte  ,  employer  dans  les  divisions  militaires 
lin  plus  grand  nombre  de  commissaires  des 
guerres  que  celui  qui  est  déterminé  par  l'ar- 
ticle V. 

VII.  Le  ministre  de  la  guerre  adressera  ,  avant 
ie  i"  vendémiaire ,  aux  préfets  un  état  nomi- 
natif de  tous  les  o.Ticiers  d'élat-major  qui  auront 
droit  de  toucher  la  solde  dans  leurs  départe- 
mens respectifs  ;  les  préfets  enverront  copie  du- 
dil  état  au  payeur  de  la  guerre  de  la  division 
militaire. 

Le  ministre  de  la  guerre  adressera  en  même 
tems  au  ministre  des  fininces  un  état  nominatif 
général  de  tous  lesdits  officiers  d'état-major  qui 
devront  être  soldés  dans  chaque  division. 

Le  ministre  des  finances  adressera  à  chaque 
payeur  l'extrait  du  tableau  qui  le  concernera  , 
et  donnera  des  ordres  pour  qu'à  la  fin  de  ven- 
démiaire et  successivement  de  mois  en  mois, 
il  y  ait  dans  la  caisse  du  payeur  de  chaque 
division  ,  les  fonds  nécessaires  au  paiement  de 
ladite   solde. 

Les  payeurs  de  la  guerre  ne  pourront,  sous 
aucun  prétexte,  payer  valablement  comme  em- 
ployés dans  les  divisions  ,  des  officiers  dont  le 
nom  ne  leur  aura  pas  été  transmis  par  le  mi- 
nistre des  finances  et  un  préfet;  ils  ne  pourront 
non  plus  payer  valablement  pour  chaque  division 
un  plus  grand  nombre  d'officiers  d'état  -  major 
que  celui  qui  est  fixé  dans  les  articles  précédens. 

TITRE    II. 

Des  états-majors  des  places. 

VIII.^  Conformément  à  l'arrêté  du  s6  germinal 

an  8  ,  le  nombre    des   individus   employés  aux 

états-majors  des  places  est  fixé  à  488  ;  savoir  . 

7   commandans    d'armes    de   l'°    classe. 

17  idem.     .  '  .     .     .     .     .     de  s'. 

3o  idem de  3'. 

go  idem de  4"^. 

100  adjudans de  i'°    classe. 

100  adjudans de  s'. 

7  secrétaires de  f'. 

17  idem de  s'. 

3o  idem de  3«. 

go  idem de  4'. 


tendu  ,  arrêtent 

Art.  I''.  Tout  militaire  invalide,  qui  sera  con- 
vaincu d'avoir  vendu  ou  donné  en  totalité  ou  en 
partie ,  les  eiFets  qui  lui  auront  été  distribnés 
pour  son  usage ,  sera  puni  ,  s'il  est  officier  ,  d'un 
mois  de  prison  ;  de  20  jours  de  prison  ,  s'il  est 
sous-officier;  de  l5  jours,  s'il  est  soldat. 

Les  uns  et  les  autres  seront ,  en  sortant  de 
prison  ,  consignés  à  l'hôtel  ,  privés  de  Ihonneur 
de  porter  Ihabit  d'invalide  ,  de  la  moitié  de  leur 
ration  de  vin  ,  et  de  la  moiié  de  leur  pension 
pour  menus  besoins,  jusqu'au  moment  on,  par 
l'effet  de  ces  deux  retenues  réunies,  ils  auront 
soldé  le  prix  entier  des  effets  qu'on  leur  aura 
fournis  en  remplacement  de  ceux  qu'ils  auront 
donnés  ou  vendus. 

II.  Le  militaire  invalide  qui  aura  commis  deux 
fois  cette  même  iaute  ,  sera  renvoyé  avec  la 
pension  représentative  dç  l'hôtel  :  dans  aucun 
tems  il  ne  pourra  être  de  nouveau  admis  audit 
hôtel. 

III.  Tout  invalide  consigné  à  Ihôtel  pour  les 
cas  prévus  au  présent  arrêté  ,  ou  qui  l'aura  été 
pour  toute  autre  faute  ,  portera  ,  pendant  la  durée 
de  sa  punition  ,  un  bonnet  de  police  et  une 
longue  redingotte^d'une  grosse  étoffe  de  l'aine 
grise.  Celui  qui  ,  çorisigné  à  Ihôtel,  en  sortira  , 
subira  un  mois  de) prison  ;  et,  après  ce  tems.  il 
recommencera  le  tems  pour  lequel  il  avait  été 
consigné. 

IV.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  imprimé. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 

Att.  I''.  Il  sera   nommé  par  le  ministre  de  la 

I  guerre   un   comité   chargé  de  préparer   le  travail 

relatif  à  l'exécution  de  l'arrêté  des  consuls  du  4 

'  germinal  ,  concernant  l'organisation  du  corps  des 

vétérans  nationaux, 

II.  Ce  comité  sera  composé  d'un  général  de 
division  ,   inspecteur  des  vétérans  nationaux. 

De  trois  des  chefs  de  brigade  du  corps  des 
vétérans  nationaux. 

Du  commissairé-ordofinateùrchargé.de  la  mai- 
ion  des  invahdes. 

IIL  II  sera  assigné  à;  ce  comité  ,  pour  tenir  ses 
séances ,  une  salle I  dans  la  inaison  où  sont  dé- 
posés les  litres  [  des  services  des  vétérans  na- 
tionaux. 


1°  en  réformant  cens  d'entre  eux  qui  auront  été 
induemeni  admis  dans  lesdiies  compagnies  ;  2"  en 
proposant  pour  la  solde  de  retraite  ceux  qui 
seront , dans  le  cas  de  l'obtenir  et  en  auront  le 
désir  ;  3°  en  proposant  pour  l'hôtel  ceux  qui  au- 
ront droit  d'y  être  admis  par  leur  âge  avancé  ,  la 
gravité  de  leurs  blessures  ou  de  leurs  infirmités. 

V.  Le  comité  présentera  son  travail  au  ministre 
dans  la  3°  décade  de  fructidor  au  plus  tard  ,  afin 
que  les  officiers  et  sous-officiers  des  demi-brigades 
des  bataillons  et  des  compagnies  puissent  être 
organisés  à  la  fin  de  vendémiaire. 

VI.  Les  officiers  et  sous-officiers  qui  pourront 
être  réformés  en  exécution  du  présent  arrêté  , 
seront  traités  ainsi  qu'il  est  prévu  par  l'article  VI 
de  l'arrêté  du  4  germinal  an  8. 

VII.  Dès  qu'une  demie-brigade  de  vétéran» 
nationaux  sera  formée  ,  le  conseil  d'adminisr 
tration  fera  ,  d'après  les  mêmes  principes  ,  pour 
les  caporaux  et  les  vétérans  ,  un  examen  sem- 
blable à'celui  qui  est  prescrit  au  comité,  et  il 
enverra  de  suite  son  travail  à  l'inspecteur  de» 
vétérans,  qui  le  soumettra  au  ministre.  Ce  travail 
devra  être  terminé  de  manière  à  ce  que  leacàpo-^ 
raux  ,  les  soldats  et  les  tambours ,  soient ,  à  dater 
du  1='  frimaire  ,  réduits  au  nombre  fixé  par  l'arrêté 
du  4  germinal. 

VIII.  Dans  le  cas  où  par  le  résultat  du  travail 
des  conseil  d'administration  il  manquera  de» 
vétérans  pour  complelter  les  compagnies  ,  le 
ministre  pourvoira  à  leur  compleitcment  ea 
s'astreignant  aux  règles  prescrites  par  l'arrêté  du 
4  germinal ,  et  en  donnant  la  préférence  aux 
caporaux  et   soldats   actuellement  à  l'hôtel. 

IX.  Le  ministre  de  la  guerre  est  autorisé  à  faire 
rentrer  dans  leurs  corps  et  dans  leurs  grade» 
respectifs  ,  pour  y  gagner  la  vétérance  ,  ceux 
des  sous-officiers  et  soldats  qui  ,  par  suite  de 
l'examen  du  comité  ou  de  celui  des  conseils 
d'administration  ,  seront  reconnus  manquer  des 
conditions  prescrites  par  1  article  V  de  l'arrêté 
du  4  germinal  ,  et  pouvoir  néanmoins  servir 
dans  les  troupes  de  ligne. 

X.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 


IX.  Tous  autres  officiers  attachés  aux  places  , 
à  quelque  titre  et  sous  quelque  dénomination 
que  ce  soit ,  cesseront  d'y  être  employés  à  dater 
du  i"  vendémiaire  prochain  ,  et  jouiront  dans 
leurs  domiciles  respectifs  du  traitement  de  nbn- 
activité. 


Ces  titres  seront  représentés  au  comité  toutes 
les  fois  qu'il  le  demandera.  Il  en  sera  de  même 
des  titres  des  individus  qui  prétendront  entrer  en 
qualité  d'officiers  ,  sous-officiers  ou  soldats  ,  dans 
le  corps  des  vétérans  nationaux. 
IV.  Le  comité  réduira  le  nombre  des  officiers  , 
-         .   .  ,     ,  des  sergens-majOrs,  des  sergens  et  des  fourriers  , 

Le  mipistrc  de  la  guerre  nt  pourra,  sous  au-    à  celui  qui  en  fixé  par  l'arrêté  du  4  germinal; 


AVIS. 

Les  citoyens  soru  prévenus  que  toutes  le» 
demandes  particulières,  sur  tel  objet  que  cC 
soit  ,  doivent  être  adressées  directement  aux 
ministres   que    ces  demandes    concernent. 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  ;  et  c  est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  dé  s'occUper  de  ce» 
objets. 

Le  conseiller-d'état  chargé  spécialement  des  ponts  et 
chaussées  canaux  ,  taxe  d'entretien  ,  et  cadastre. 
Aux  préfets  des  départemens.  —  Faris  ,  le  sS 
thermidor,   an  8  de  la  république. 

Citoyen  ,  l'article  IX  de  l'arrêté  des  consuls, 
du  1"^  floréal  dernier  ,  relatif  à  la  taxe  d'en- 
tretien des  routes,  porte  que  faute  par  un  fer- 
mier de  remplir  les  conditions  de  son  bail , 
la  résiliation  en  sera  prononcée  ,  pour  être  pro- 
cédé ensuite  à  utie  nouvelle  adjudication  à  la 
folle  enchère  de  ce  fermier. 

Cette  mesure  a  pour  but  d'assurer  dans  fous  le» 
cas  au  gouvernement  la  rentrée  totale  du  mon- 
tant de  la  première  adjudication. 

Je  vais  vous  tracer  la  marche  que  vous  devez 
tenir  pour  arriver  à  ce  but. 

Lorsque  vous  avez  prononcé  la  résiliation  d'un 
bail  ,  et  déclaré  qu'il  sera  procédé  à  une  réad- 
judication sur  folle  enchère,  vous  devez,  con- 
formément à  l'article  XXV  du  cahier  des  charges, 
faire  exercer,  pour  le  compte  du  fermier  évincé  , 
une  régie  temporaire  qui  doit  commencer  aussi^ 
tôt  la  résiliation  prononcée  ,  et  se  prolonger 
jusqu'au  jour  de  la  mise  en  jouissance  du  nouvel 
adjudicataire. 

Vous  êtes  autorisé  ,  d'après  ce  même  article 
du  cahier  des  chaiges  ,  à  prélever  sur  les  pro- 
duits brutrde  la  TCgie  temporaire,  les  traitcmens 
dus  aux  employés  ,  et  à  les  acquitter  suivant  le 
taux  qui  aura  été  fixé  par  le  fermier. 

Une  résiliation  peut  souvent  être  prononcée 
aussitôt'  1  adjudication  passée  ,  et  avant  la  mise 
en  jouissance  du  fermier  ,  parce  que  celui-ci 
n'aura  pas  rempli  quelques-unes  des  condition» 
qui  doivent  la  précéder  :  dans  ce  cas  ,  la  régi? 
temporaire  doit  toujours  avoir  lieu  pour  son 
compte.  En  vain  voudrait-il  objecter  qu'il  n'a 
pas  fixé  le  traitement  des  employés  ;  c'est  alors 
vous  qui  devez  y  pourvoir,  en  accordant  le» 
traitemens  fixés  par  la  loi  du  3  nivôse  an  6 , 
et  en  y  ajoutant ,  s'il  y  a  lieu  ,  les  indemnité» 
autorisées  par  l'art.  VII  de  l'arrêté  des  consuls  du 
f  floréal  dernier. 


Après  avoir  défalqué  les  frais  de  la  régie 
temporaire  ,  vous  devez  veiller  à  ce  que  le  pro- 
duit net  soit  versé  dans  la  caisse  du  receveur  de 
l'enregistrement  ,  en  déduction  des  sommes  dues 
par  le  fermier  évincé  ,  pour  couvrir  la  différence 
existante  entre  le  prix  de  son  bail  et  celui  de  l'ad- 
judication passée  à  sa  folle  enchère. 

Vousaurez  soin  de  vous  concerteravec  les  rece- 
veurs de  renregistiement,  pour  qu'ils  n'exigent  que 
le  produit  net ,  et  que  le  surplus  soit  affecté  au 
paiement  des  frais  de  régie. 

Toutes  les  fois  que  vous  m'enverrez  un  procès- 
verbal  d'adjudication  sur  folle  enchère  ,  vous 
aurez  soin  d'y  joindre  un  bordereau  dans  lequel 
vous  accolerez  le  fermier  évincé  au  nouveau  fer- 
mier :  vous  y  indiquerez  en  même-tems  les  som- 
mes que  l'un  et  l'autre  doivent  acquitter;  savoir, 
le  premier  ,  pour  compléter  la  d  fférence  de  prix 
existante  entre  les  deux  adjudications  ;  et  le 
second  ,  pour  le  prix  réel  de  son  bail.  Ces  deux 
sommes  jointes  ensemble  doivent  nécessairement 
équivaloir  au  prix  de  la  première  adjudication  , 
sur  laquelle  le  gouvernement  ne  doit  éprouver 
de  perte  dans  aucune  circonstance  ;  et  il  importe 
d'autant  plus  de  les  présenter  rapprochées  l'une 
de  l'autre  ,  que  ,  sans  cette  connaissance  ,  il  se 
trouverait ,  dans  la  comptabilité  ,  des  différences 
de  prix  qui  ne  peuvent  exister  qu'au  renouvel- 
lement du  bail  actuel. 

Accusez-moi  ,  je  vous  prie  ,  la  réception  de 
cette  lettre. 

Salut  et  fraternité , 

Signé ,  Cretet. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Il  a  été  trouvé  le  2  fructidor  ,  sur  le  quai  de 
Chaillot  ,  une  chaîne  d'or;  s'adresser,  pour  la 
réclamer,  au  commissaire  de  police  de  la  division 
des  Champs-Elysées  ,  rue  du  faubourg  du  Roule, 
n"  ia6. 


Extrait  du  procès-verbal  des  séances  du  -conseil- 
général  du  département  de  la  Seine  -  Inférieure  , 
session  de  tan  8. 

Le  conseil-général ,  sur  la  motion  d'un  membre 
fortement  appuyée  ,  arrête  qu'il  se  transportera  , 
à  la  fin  de  sa  session ,  chez  le  préfet  ,  pour  lui 
témoigner  la  satisfaction  que  ses  membres  res- 
sentent de  le  voir  à  la  tête  de  l'administration  de 
ce  département ,  l'espérance  qu'ils  fondent  et  sur 
ses  talens  distingués  et  sur  les  principes  de  sa- 
gesse et  d'équité  qui  le  guident ,  et  le  désir  de 
le  voir  rester  parmi  nous  ,  et  y  maintenir  la  tran- 
quilité,  l'ordre  ,  l'obéissance  aux  lois  par  lesquels 
ce  département  s'est  toujours  fait  connaître. 

Pour  extrait  conforine. 

Le  secrétaire-général  de  la  préfecture.  Gani. 


VARIETES. 

Quelques  personnes  très-instruites  dans  les  con- 
naissances naturelles ,  le  citoyen  Cadet  Devaux 
entr'autres  ,  regardent  l'étonnante  destructions  des 
bois  ,  qui  a  eu  lieu  en  France  depuis  une  trentaine 
d'années  ,  comme  une  des  causes  physiques  des 
sécheresses  que  nous  avons  éprouvées  ,  et  prin- 
cipalement de  celle  qui  dure  depuis  plus  de  deux 
mois  avec  une  continuité  dévorante.  Sans  admet- 
tre cependant  cette  cause  comme  principale,  on 
peut  croire  que  .  réunie  au  dessèchement  d'un 
grand  nombre  d'étangs  ;  elle  a  pu  contribuer  à 
changer  la  température  de  notre  climat  ,  et  à  nous 
rapprocher  lentement  de  celle  de  1  Espagne  ;  car 
on  sait  que  la  dislance  de  l'équateur  n'est  pas  la 
seule  mesure  des  degrés  de  froid  ou  de  chaud  , 
de  sécheresse  ou  d'humidité  qu'on  éprouve  dans 
un  pays  ,  et  que  les  défrichemens,  les  étangs  taris 
ou  conservés  y  modifient  prodigieusement  les 
qualités  de  l'atmosphère. 

Qiioiqu'il  en  soit  de  ces  observations,  on  ne 
peut  se  défendre  d'un  sentiment  de  douleur  à  la 
vue  de  la  destruction  des  grands  arbres  ,  que 
Ion  tolère  dans  presque  tous  les  déparlemens  ; 
destruction  qui  n'est  point  réparée  par  de  faibles 
plantations  dont  une  grande  partie  manque  par 
le  mauvais  choix  du  plant  et  la  sécheresse  même 
à  laquelle  sont  exposées,  par  défaut  d'ombre, 
les  jeunes  plantations. 

Ce  n'est  pas  seulement  dans  les  forêts,  dans 
les  grands  bois  que  cet  inconvénient  fâcheux  se 
remarque  ,  c'est  encore  sur  les  grandes  routes  , 
dans  les  villages  ,  dans  les  parcs  et  dans  les  mai- 
sons des  anciens  grands  propriétaires.  Tous  les 
beaux  massifs  de  verdure  ,  ces  longues  allées 
boisées  qui  traversaient  deux  et  trois  lieues  de 
plaine  pour  aller  joindre  les  grandes  routes;  les 
bosquets  ,  les  couverts  ,  les  piomenades  des 
églises,  des  couvents  ,  des  remparts  des  villes  ont 
été  détruits  ou  sont  condamnéi  à  la  destruction 
chaque  jour,  aujourdhui  sous  un  prétexte  et 
demain  bOus  un  autre. 

Je  cite  une  de  ces  condamnations  qui  a  lieu 


i35i 

dans  ce  moment  dans  un  village  du  déparlement 
de  Seine-et-Oise  ,  la  commune  d'Ecouen  ;  on  y 
a  arrêté  d'abalire  et  de  déraciner  ,  à  la  chute  des 
feuilles  ,  une  belle  et  vigoureuse  plantation  de 
jeunes  ormes  de  vinut-citiq  à  trente  ans  ,  dépen- 
dante du  châleau  d  Ecouen  ,  et  qui ,  par  sa  po- 
sition ,  non-seulement  doit  contribuer  à  former 
les  élémens  humides  qui  amènent  la  rosée  et  les 
pluies  d'été,  mais  encore  à  garantir  une  partie  de 
cette  côte  aride  ,  des  vents  de  nord-est  ,  cause 
ordinaire  des  long  froids  et  des  longues  séche- 
resses. 

Les  roules  sont  brûlées  de  l'atlion  des  rayons 
solaires  ;  les  anciens  et  utiles  réglemens  sur  l'éla- 
gage  de  ces  beaux  ormes  ,  l'ornement  de  nos 
grands  chemins  ,  ne  sont  point  observés  ;  on 
rencontre  des  quarts  de  lieue  entiers  dépourvus 
d  arbres  ,  ou  dont  les  branches  ont  été  coupées 
jusqu'au  dernier  bouquet  qui  termine  la  flèche. 

Ce  n'est  point  ainsi  que  l'on  peut  prévenir  les 
inconvéniens  de  sécheresses  et  du  manque  de 
bois  i  soit  pour  la  marine  ,  soit  pour  la  char- 
pente. Peijchet. 


THEATRE    DES    ARTS. 

L'administration  de  ce  théâtre  mérite  que 
l'on  remarque  l'activilé  avec  laquelle  les  nou- 
veautés s'y  siiccedent  :  c'est  un  mérite  auquel 
le  public  avait  cessé  d'être  accoutumé  ,  plus  sans 
doute  par  le  défaut  de  moyens  ,  que  par  le  défaut 
de  zèle  et  d'activité  de  la  part  des  administrateurs 
précédcns  ;  en  peu  de  teras  deux  opéras  ,  trois 
ballets  ,  plusieurs  remises  ,  ont  contribué  à  ra- 
mener la  foule    à    ce  théâtre. 

Le  ballet  donné  hier  sous  le  titre  de  Figmalion  , 
était  déjà  connu  du  public;  il  avait  été  exécuté 
sur  l'un  de  nos  petits  théâtres  consacrés  à  la  pan- 
tomine et  à  la  danse.  Il  y  avait  eu  le  succès  le  plus 
brillant.  Le  cadre  était  étroit ,  le  tableau  devait 
paraître  complet  ;  les  premiers  sujets  de  la  danse 
de  l'Opéra  s'étaient  empressés  daller  y  figurer; 
mais  dans  le  nouveau  cadre  où  celte  production 
se  trouve  placée  ,  elle  a  été  jugée  plus  faible  , 
sans  que  cependant  on  ait  regardé  comme  une 
faute  de  l'administration  le  choix  qu'elle  vient 
d'en  faire. 

Ce  ballet  est  en  deux  actes  :  le  premier  s'ouvre 
par  une  scène  allégorique  ,  dont  l'idée  est  prise 
de  1  un  des  chants  des  métamorphoses  du  citoyen 
Leraercier.  Les  amours  conslans  ,  les  amours 
légers  ,  forgent  chacun  de  leur  cô:é  les  traits 
dont  ils  doivent  s'armer;  leurs  aîles  sont  diffé- 
rentes ;  leurs  couleurs  ne  sont  pas  les  mêmes; 
ils  ne  sont  pas  également  dangereux.  C'est  un 
madrigal  mis  en  action  ,  et  cette  action  ,  un  peu 
prolongée  ,  n'ayant  pas  avec  le  sujet  une  liaison 
bien  évidente ,  a  quelque  chose  de  la  froideur  du 
madrigal.  ,..,., 

Pygmalion  ,  jeune  berger  ,  se  mêle  aux  jeux 
des  amours  :  un  trait  le  blesse  ;  il'voit  Delphide 
et  l'adore  ,  mais  bientôt  il  lit  sur  un  hêtre  les 
noms  de  Delphide  et  de  Palémon  que  1  amour 
vient  d'y  graver  entrelacés.  Il  se  livre  au  déses- 
poir :  le  (ils  de  Vénus  lui  fait  don  d'un  cizeau. 
les  ans  doivent  le  consolet  des  rigueurs  d'un 
amour  malheureux.  "> 

Au  second  acte  ,  Pygmalion  se  trouve  daiis  son 
attelier  :  on  ne  sait  pas  assez  s'il  l'avait  quitté 
pour  s'attacher  à  Delphide  ,  ou  s'il  y  est  entié  de- 
puis les  rigueurs  qu'il  éprouve.  Quoiqu'il  en  soit , 
des  chefs-d'œuvre  sont  déjà  soriis  de  ses  mains  : 
déjà  sa  Galathée  a  troublé  sa  raison  ;  il  invoque 
Vénus ,  qui  ,  animant  sa  statue  ,  l'accorde  à  ses 
vœux.  C  est  la  scène  de  Rousseau  ,  moins  son 
action  graduée  ,  moins  ses  mouvemens  drama- 
tiques ,  moins  la  force  des  pensées  ,  moins  la 
chaleur  de  l'expression  ,  moins  ce  feu  divin  que 
Pygmalion  conjure  Vénus  de  répandre  suc  son 
ouvrage  ,  et  dont  sur  les  pages  de  Rousseau  on 
semble   découvrir  la  trace. 

Il  est  sensible  que  l'auteur  de  ce  ballet  n'a  pas 
tiré  de  son  sujet  tout  le  parti  possible  ;  il  y  a 
des  longueurs  ,  des  scènes  vuides  :  le  rôle  de 
Delphide  est  insignifiant;  celui  de  Palémon  peu 
motivé  ;  celui  de  Pygmalion  est  lié  à  une  double 
action  ,  dont  la  première  nuit  beaucoup  à  l'effet 
de  la  seconde.  Vestrisjoue  assez  bien  ce  dernier 
rôle  ;  mais  il  n'y  est  pas  exempt  d'exagération. 
Le  désir  d'y  produire  de  l'effet  l'entrainc  trop 
loin  :  entre  le  désespoir  de  Pygmalion  amoureux- 
et  trahi  ,  et  celui  d  Oresle  agité  par  les  furies  .  il 
doit  y  avoir  quelque  différence.  Vesiris  ne  paraît 
pas  l'avoir  sentie  :  aussi  ses  transports  pour  Ga- 
lathée intéressent-ils  peu,  après  l'extrême  violence 
de  ses  regrets  pour  Delphide  î  ç'csten  ce  sens 
que  nous  avons  observé  que  la  situation  du  pre- 
mier acte  était  de  nature  à  nuire  au  second. 

La  composition  de  ceballet  a  plus  de  mérite  sous 
le  rapport  chorégraphique  que  sotis  celui  de  la 
disposition  des  scènes.  Presque  tous  les  pas  dessi- 
nés par  le  cit.  Milon  sont  agréables.  Leur  exécution 
est  confiée  aux  premiers  sujets  de  la  danse.  M"' 
Gardel  y  déploie  sur-tout  le  talent  le  plus  pré- 
cieux. Le  choix  des  airs  est  remarquable  ;  ils  sont 
tous  liés  avec  art ,   et  heureusement  adaptés  à  la 


situation.  Leur  arrangement  est  dû  au  citoyen  Le 
febvre.  On  a  reconnu  avec  plaisir  les  beaux  duo 
d'Armide  et  de  COlympiade  ,  des  airs  charmaiisde 
Mozart  et  de  Grciry  ,  et  une  foule  de  morceaux 
tirés  des  meilleures  productions  instrumentales 
d  Haydn  et  de  Pleyel.  L'entrée  la  plus  remarquée 
a  été  unpas  de  deux  dansé  par  Vestriset  MlleCha- 
meroy  ,  sur  une  charmante  polonaise  exécutée- 
par  Frédéric  Duvernoy.  L'ouverture  de  la  Frasca- 
tana  ,  sur  laquelle  est  arrangée  une  de  ces  finales 
de  danse  dont  Gardel  est  I  inventeur  ,  termine 
l'ouvrage  d'une  manière  brillante.  S.... 


Au  citoyen  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue 
des  Poitevin.s  ,  n°  i3  ,  à  Paris.  —  Carcassonne  ^ 
le  18  thermidor  ,  an  8  de  la  république. 

Citoyen, 

Le  conseil-général  du  département  de  l'Aude 
vient  de  terminer  sa  session  ;  il  a  rempli  les  hautes 
epérances  qu'en  avaient  conçues  les  amis  d'un 
gouvernement  fortement  constitué.  Il  a  rattaché 
à  cette  institution  bienfesante  ceux  qui  ,  étonnés 
du  changement  précipité  de  notre  régime  admi- 
nistratif, et  n'ayant  pas  bien  distingué  le  but  des 
nouveaux  étabiissemens  ,  n'en  semaient  pas  en- 
core tout  le  prix. 

J'ai  suivi  de  près  toutes  les  opérations  du  con- 
seil ;  j'aurais  désiré  que  mes  concitoyens  eussent 
eu  le  même  avantage.  Mais  puisque  ces  assem- 
blées n  ont  pu  êlre  publiques  ,  et  que  leurs  actes 
ne  seront  point  imprimés  ,  qu'il  me  soit  pert^iis 
de  consigner  dans  votre  journal  le  bien  j  ai  vu 
faire  ,  et  1  expression  de  ma  reconnaissance. 

Tout  ce  qui  intéresse  la  prospérité  publique 
était  du  domaine  du  conseil  ;  il  éiait  du  devoir 
de  l'autorité  supérieure  de  mettre  sOus  ses  yeux 
la  véritable  situation  du  département  ;  de  lui 
montrer  les  objets  qui  ,  les  premiers  ,  devaient 
fixer  sa  sollicitude  ;  de  l'éclairer  par  la  science 
des  fiiis  ,  qui  s'acquiert  pat  l'exercice  non-inter- 
rompu  des  fonctions  publiques  ,  et  de  diriger  ses 
vastes  connaissances  vers  l'utilité  générale. 

Ce  but  a  été  atteint  ;  et  j'ai  vu  avec  la  plus 
douce  salisfatlon  séiablir  entre  le  conseil  et  le 
citoyen  préfet,  un  échange  réciproque  de  lu- ■ 
mieres  ,  sans  lequel  les  meilleurs  plans  d'écono-- 
mie  politique  pouvaient  demeurer  imparfaits  ,  à 
j  défaut  de  point  fixe  d'application.  C'est  dans  ces 
moraens  où  le  dépositaire  de  l'autorilé  et  des 
hommes  recommandables  par  les  talens  et  l'amour 
de  la  patrie  ,  se  prêtaient  des  secours  mutuels  , 
que  j'ai  élé  convaincu  de  cette  -vérité  que  le 
citoyen  préfet  avait  énoncée  dans  son  discours 
d'ouverture  :  <i  L'institution  des  conseils  est  une 
î)  démocratie  sage  ,  qui  rassure  le  peuple  sans 
))  alarmer  le  gouvernement  ;  au  moment  où  l'on 
I)  a  senti  la  nécessité  de  concentrer  l'action  et 
)>  de  la  rendre  plus  forte  ,  on  a  senti  également 
)>  qu'il  convenait  de  la  tempérer  par  le  concours 
>)  de  ces  conseils  ;  mais  aii  lieu  de  chercher  des 
)>  contre -poids  chimériques  ef  d'opposer  une 
))  action  à  une  autre  ,  on  a  pensé  qu'il  était 
1)  plus  sûr  encore  de  fournir  des  lumières  à  celui 
)i  qui  administre  ,■  que  de  l'environner  d'obs- 
j)  lacles  ;  le  pouvoir  du  gouvernement  ne  peut 
n  plus  être  balancé  actuellement  que  par  celui  de 
»i  la  raison  et  de  l'expérience,  qu'il  a  chargées  de 
)>  l'éclairer.  >> 

C'est  d'après  ces  principes  qu'on  a  cherché  tout 
le  bien  qui  pouvait  être  fait  ;  c'est  dans  ces  heu- 
reuses dispositions  qu'on  a  porté  d'abord  les  re- 
gards sur  celte  surcharge  amigeanle  d'impôts  qui 
écrase  le  département  de  l'Aude  ,  comparé  aux 
autres  ■  déparlemens  ,  et  qu'on  a  présenté  les 
moyens  de  parvenir  à  la  distribijtion  la  plus  pv 
faite  des  charges  générales ,  et  à  leur  sous-répar- 
tition la  mieux  proportionnée  aux  revenus  vrais 
des  citoyens. 

L'état  déplorable  des  hospices  ;  la  dégradation 
inouie  des  grandes  routes  et  des  chemins  de  com- 
munication de  commune  à  commune  ;  la  néces- 
sité de  reconstruire  et  de  réparer  des  édifices  et 
des  ouvrages  essentiels  ;  les  moyens  de  rendre 
un  peu  de  vie  au  commerce  détruit  par  les 
effets  d'une  guerre  longue  et  cruelle  ;  la  pro- 
position des  seuls  encouragemens  qui  puissent 
rétablir  nos  grandes  forêts  et  multiplier  nos  plan- 
tations :  tous  ces  objets  ont  été  présentés  au 
gouvernement,  avec  autant  de  force  que  de 
vérité. 

Le  conseil  a  dû  proposer  également  ,  comme 
moyen  d'amélioration  de  l'agriculture  et  du  com- 
merce ,  un  projet  de  loi  répressive  et  imitalivc 
des  défrichemens. 

Il  s'est  occupé  de  ce  'qui  peut  remplacer  avec 
avantage  les  impôts  d'octroi  et  de  la  taxe  d'en-  . 
irelien  des  routes,  qui,  diminués  de  la  moitié  de 
leur  produit  par  les  frais  énormes  de  perception, 
sont  loin  de  pouvoir  faire  face  aux  dépenses 
auxquelles  ils  doivent  être  applicables  ,  et  fati- 
guent les  citoyens  sans  aucun  intérêt  public  bien 
prononcé. 

Au  milieu  de  la  discussion  de  ces  vues  d'amé- 
lioration ,  il  n'a  point  «ublié  ce  qu'il  devait  à 


Vinstruciion  publique  ,  dont  il  a  réglé  une  dis- 
pensaiion  plus  jusie  et  plus  utile  ,  en  volant  l'éia- 
blissement  d'écoles  secondaires  dans  les  chefs- 
lieux  d'arrondissement  communal,  lia  porté  ses 
regards  sur  tout  ce  qui  intéresse  la  conservation 
des  hommes,  en  créant  quatre  cours  gratuits 
d'un  art  qui  remonte  aux  premiers  instans  de  la 
vie. 

Enfin,  il  a  indiqué  au  gouvernement  les  fonds 
dont  il  pouvait  disposer  sur-le-champ  ,  pour  ren- 
dre à  ce  département  l'aisance  et  le  bonheur  dont 
il  jouissait  nagueres,  sans  grever  les  administrés 
par  de  nouvelles  charges,  et  sans  se  priver  des 
ressources  que  les  circonstances  doivent  resserrer 
autour  de  lui. 

Certes  ,  il  était  difficile  de  remplir  avantageu- 
tement  une  si  grande  tâche  ,  dans  les  limites 
étroites  d'une  session  de  i5  jours;  mais  que 
n'avait-on  pas  le  droit  d'attendre  d'une  réunion 
de  citoyens  qui  se  sont  distingués  dans  les  diffé- 
rentes assemblées  législatives  ou  dans  les  admi- 
nistrations supérieures  de  ce  département ,  lors- 
qu'on les  a  vu  présidés  par  un  savant  illustre  , 
dont  les  conseils  sont  des  bienfaits  pour  l'huma- 
nité ,  et  toujours  piêls  à  s'environner  des  con- 
naissances d'un  administrateur  qui  fait  la  félicité 
publique  ,  et  dont  le  choix  honore  le  gouver- 
nement. 

Le  ministre  de  l'intérieur,  auprès  de  qui  le 
citoyen  préfet  s'est  constitué  le  solliciteur  assidu 
de  toutes  les  demandes  faites  par  le  conseil , 
achèvera  sans  doute  de  satisfaire  à  l'attente  de 
mes  concitoyens  ;  et  si  ,  dans  la  vive  impatience 
qu'ils  ont  de  voir  fermer  tout  d'un  coup  la  source 
des  maux  qui  les  afflige  ,  ils  pouvaient  croire  que 
tout  le  bien  possible  n'a  pas  été  fait ,  ils  trouve- 
ront la  garantie  que  le  conseil  s'en  occupera  avec 
succès  ,  dans  ce  passage  de  la  réponse  de  son 
président  au  discours  du  citoyen  préfet  : 

îî  Nos  opérations  ne  peuvent  atteindre  un  de- 
»i  gré  de  perfection  approchant  de  celui  qu'il 
11  nous  est  permis  d'ambitionner  ,  qu'autant  que 
!>  nous  nous  conformerons  aux  principes  fonda- 
5»  mentaux  de  l'économie  politique.  Dans  celte 
S)  belle  science  ,  ces  principes  ,  une  fois  bien  dé- 
)>  terminé,  restent  immuables,  quoique  leurs 
>>  applications  souffrent  des  variations  à  l'infini, 
>>  suivant  la  mesure  des  lumières  et  la  force  des 
)>  passions  des  hommes  d'étai.  Ces  grands  prin- 
5>  cipes  sont  les  seuls  qui  puissent  diriger  les 
)>  législateurs  éclairés  et  bien  intentionnés ,  à 
51  travers. les  interminables  agitations  des  circons- 
))'  tances  qui  semblent  leur  dérober  sans  cesse 
M  la  route  qu'ils  doivent  tenir. 

îï  Nous  sentons  comme  vous  combien  un  long 
5)  espace  de  tems  est  nécessaire  pour  produire 
5!  des  biens  solides.  Les  hommes  qui  ne  vivent 
î>  qu'un  jour,  veulent  trop  souvent  faire  naître 
js  dans  ce  jour,  ce  que  la  nature  ne  crée  que 
j)  dans  un  siècle.  Presque  toujours  ,  et  plus  en- 
>>  core  dans  la  chaleur  immodérée  d'un  mou- 
s!  vement  révolutionnaire,  ils  hâtent  à  l'excès 
»»  leurs  productions  qui,  par  leur  précocité, 
)>  sont  communérhent  stériles  ,  et  touchent  seu- 
1)  lement  de  plus  près  à  leur  destruction.  ji 

Si   vous    croyez  ,     citoyen  ,   que    ce    morceau 
puisse   faire  naître  quelques  idées  générales   de 
bien  public  ,  je  vous  prie  de  l'insérer  dans  votre 
journal,  avec  la  lettre  initiale  de  mon  nom 
Salut  et  fraternité. 

R ,  ex-militaire. 


Au  Rédacteur. 

Dans  votre  feuille  du  27  thermidor ,  vous  avez 
inséré,  sur  les  eaux  de  Paris,  une  lettre  à  laquelle 
je  crois  devoir  répondre  ,  parce  que  dans  mon 
opinion  elle   contient  des  erreurs. 

L'auteur  de  cette  lettre  trouve  étrange  qu'un 
homme  de  lettres  et  un  homme  de  loi  se  soient 
occupés  de  cet  objet  d'une  considération  majeure 
pour  la  ville  de  Paris  ,  comme  si  une  vaste 
entreprise  d'intérêt  public  ne  devait  jamais  être 
analysée  que  par  les  hommes  de  l'art  auquel  elle 
se  rattache. 

On  aurait  aussi  le  droit  ,  et  par  la  même  raison  , 
de  s'étonner  que  l'auteur  qui  se  dit  du  métier,  sans 
pourtant  eue  connu  en  hydraulique  ,  se  mêlât 
d'un  art  qui  n'a  nul  rapport  avec  l'architecture  , 
le  dessin  et  l'art  de  profiler. 


i352 

L'auieur  n'a  sûrement  pas  assez  médité  sur  cet 
objet  ;  il  paraît  n'.ivoir  pas  poussé  assez  loin 
SCS  recherches  :  il  n'a  pas  vu  que  les  romains , 
qui  ne  sont  pas  plus  nos  maîtres  que  les  grecs  , 
n'avaient  que  très-peu  de  notions  en  hydraulique; 
la  preuve  résulte  de  la  multiplicité  des  acque- 
ducs   qu'ils  ont  laissés. 

En  leur  supposant  même  des  connaissances 
en  cette  partie  ,  les  romains  ne  pouvant  boire 
les  eaux  bourbeuses  et  mal-saines  du  Tibre  , 
n'ont  eu  d'autre  moyen  d'alimenter  Rome  qu'en 
fesant  venir  ,  à  l'aide  des  bras  de  leuis  esclaves, 
les  eaux  étrangères. 

Mais  je  Laisse  la  discussion  des  monumens 
romains,  qui  tient  tome  à  l'architecture  ,  et  je 
reviens  à  l'hydraulique  et  aux  eaux  de  Paris. 

Trois  projets  ,  dit  -  on  ,  ont  été  proposés  au 
gouvernement  qui  les  a  renvoyés  à  l'examen 
du  déparlement ,  (  aujourd'hui  représenté  par  le 
préfet  de  la  Seine.  )  Cette  autorité  a  nommé  une 
commission  composée  de  trois  hommes  dont  les 
talens  ,  les  études  et  les  connaissances  promet- 
taient un  rapport  fait  pour  éclairer  lautorité 
qui    les  consultait. 

On  assure  qu'après  cinq  mois  de  méditations 
et  de  travail  ,  ces  trois  commissaires  ,  réunis  au 
même  avis,  ont  fait  leur  rapport. 

Je  ne  sais  quelle  est  leur  opinion  ;  mais  il  est 
plus  que  probable  qu'ils  auront  sévèrement  exa- 
miné les  trois  projets  ,  sous  les  rapports  de  l'art  , 
des  moyens  d'exécution  et  des  finances  ,  ce  qui 
constitue  toule  proposition  faite  ou  à  faire  au 
gouvernement. 

Il  faudrait  connaître  ce  rapport  ,  ou  au  moins 
les  trois  projets  ,  les  propositions  qui  sont  la 
conséquence  de  chacun  ,  et  avoir  examiné  la 
sincérité  de  ces  propositions  pour  pouvoir  asseoir 
un  jugement. 

Le  rapport  servirait  de  base  à  l'opinion  pu- 
blique qui  appréciant  le  travail  des  commissaires, 
s'enrichirait  par  là  même  de  toutes  les  idées 
conductrices  au  bonheur  public;  et  telle  est  la 
véritable   manière   d'éclairer  l'opinion. 

La  question  qui  s'agite  ,  se  réduit  à  cette  pro- 
position, )i  Dans  la  pénurie  des  eaux  qu'on 
éprouve  ,  et  avec  le  système  d'économie  adopté 
par  le  gouvernement  ,  vaut-il  mieux  recourir  à 
des  moyens  magnifiques  ,  somptueux  même  .  mais 
dont  on  ne  peut  espérer  de  succès  qu'avec  beau- 
coup de  tems  et  25  ou  3o  millions  ,  que  d'em- 
ployer ceux  qu'on  possède,  sauf  quelques  amé- 
liorations très-peu  coûteuses  qui  les  rendront  suf- 
ffisans  ?  ou  vaut-il  mieux  amener  à  Paris  ,  par 
des  aqueducs  et  des  canaux  ,  des  eaux  étrangères 
et  suspectes  (  pour  ne  rien  dire  de  plus  )  ,  que  les 
eaux  de  la  Seine  (  dont  la  bonté  recoimue  est  gé- 
néralement estimée  )  ,  à  l'aide  de  machines  que 
ce  fleuve  peut  animer  ?  n 

J'ignore  ,  je  le  répète  ,  quelle  a  été  la  décision 
des  commissaires  ;  mais  à  cet  égard  mon  opinion 
était  faite  depuis  long-tems. 

Je  réprouve  les  eaux  étrangères ,  parce  qu'elles 
sont  toutes  saturées  ,  imprégnées  ,  plus  ou  moins, 
de  sels  plus  ou  moins  dangereux  ,  presque  tou- 
jours d'un  goût  ou  d'une  saveur  marécageuse 
plus  tenace  qu'on  ne  pense  ;  qu'elles  altèrent  , 
gâtent  ou  font  tomber  les  dents  ,  produisent  les 
goitres  ou  donnent  des  maladies;  qu'elles  ne  sont 
propres  ni  à  la  cuisson  des  alimens  ,  ni  au  service 
des  buanderies. 

Je  réprouve  les  canaux  et  les  aqueducs  ,  parce 
qu  ils  sont  d'une  exécution  longue  et  difficile  qui 
nécessite  découper,  de  percer  les  montagnes  ou 
de  contourner  leur  base  ,  d'exhausser  les  vallons, 
de  mutiler  les  propriétés  ,  (  ce  qui  cause  l'exas- 
pération des  propriétaires  )  ,  d'enlever  des  terreins 
à  l'agriculture,  souvent  de  détruire  des  usines  irès- 
uliles  qu'on  ne  peut  remplacer  ,  et  dont  il  faut 
payer  le  prix. 

Parce  que  la  malveillance  peut  d'un  moment  à 
l'autre  en  corrompre  ou  empoisonner  les  eaux  , 
en  détourner  le  cours  ,  en  couper  la  conduite  ; 

Parce  que  l'avarice  et  l'insatiable  cupidité  négli- 
geant ou  ne  fesant  pas  le  curage  des  canaux  ,  les 
eaux  sont  bientôt  viciées  et  dangereuses  ; 

Parce  qu'en  supposant  que  ce  curage  se  fît 
exactement ,  il  est  lui-même  un  fléau  pestilentiel 
pour  les   propriétaires   riverains  ; 

Parce  que  si  la  conduite  principale  manque  , 

tout  manque  ; 

Parce  que  1  hiver  ,  l'expansion  forcée  de  ces 


eaux  qu'on  ne  peut  retenir  ,  est  une  calamité 
en  sens  inverse  de  Celle  que  nous  éprouvons 
maintenant  ; 

Parce  que  ce  système  coûte  des  millions  te  des 
années  avant  de  donner  une  goûte  d'eau  ; 

Parce  qu'en  France,  toute  entreprise  de  longue 
haleine  se  commence  rapidement ,  se  suit  avec 
lenteur,  languit  bieniôt  ,  et  ne  finit  jamais, 
ce  qui  tient  un  peu  à  la  légèreté  de  notre 
caractère. 

Je  donne  la  préférence  aux  machines  hydrau- 
liques ,  parce  qu'elles  sont  d'une  surveillance  et 
d'une  administration  plus  aisées  : 

Parce  que  lorsqu'elles  sont  mues  par  difFérens 
moyens  supplétifs  et  auxiliaires  les  uns  des  autres, 
tels  que  le  courant  d'un  fleuve  ,  le  feu  et  les 
chevaux  ,  nulle  cause  ne  peut  interrompre  leur 
service. 

Parce  qu'elles  sont  d'une  constraction  facile  et 
prompte,  qu'elles  coûtent  peu  ,  donnent  bientôt 
des  eaux  potables  ,  et  ne  sont  pas  des  gouffres 
oà  les  millions  viennent  s'engloutir. 

Parce  qu'elles  travaillent  ou  s'arrêtent  au  gré 
du  besoin  et  de  la  volonté,  et  que  leur  vétusté 
même  n'est  pas  un  fléau  sous  le  rapport  de  leur 
remplacement. 

Je  livre  ces  réflexions  dictées  par  l'intérêt  de 
la  ville  de  Paris,  à  la  méditation  des  hommes 
sages  et  éclairés. 

Salut  et  cordialité  , 

PoissENEL  ,  ingénieur-méchanicien , 


LIVRES    DIVERS. 

Explication  de  la  loi  du  4  germinal  an  S,  sur 
la  faculté  de  tester  et  de  disposer  entre  vifs , 
par  le  cit.  Levasseur  ,  ancien  jurisconsulte  ;  in-12.. 
Prix  ,   I  fr.  5o  cent,  et  2  fr.  pour  les  départemens. 

A  Paris  ,  chez  Garnery ,  libraire  ,  rue  de  Seine  , 
ancien  hôtel  Mirabeau. 

.  L'auieur  s'est  proposé  de  résoudre  les  prin- 
cipales difficultés  auxquelles  peut  donner  lieu 
l'exécution  de  cette  loi  ,  notamment  celles  qui 
dérivent  de  ses   dispositions  particulières. 

Tableau  comparatif  Ats  productions  des  colonies 
françaises  aux  Antilles  avec  celles  des  colonies  an- 
glaises, espagnoles  et  hollandaises,  avec  des  obser- 
vations importantes  sur  l'étendue  que  les  habitations 
de  ces  contrées  doivent  avoir ,  pour  conserver  un 
existence  et  une  prospérité  assurées  ;  par  le  cit.  ■ 
Avalle  ,  habitant  cultivateur  de  Saint-Domingue: 
in-4°  broché  ,  contenant  i3  tableaux  très-détaillés., 

Prix  ,  4  fr.  5o  cent,  et  5  fr.  5o  cent,  par  1% 
poste. 

A  Paris ,  chez  Goujon  fils ,  imprimeur-libraire  , 
rue  Taranne  ,  n°  787  ;  Debray,  libraire,  palais  du 
Tribunal,  galerie  de  bois;  et  Fusch  ,  libraire, 
rue  des  Maihurihs. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  4  fructidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

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Rente  provisoire 19  fr.  63  c. 

Tiers  consolidé 33  fr. 

Bons  deux  tiers 1  fr.  56  c. 

Bons  d'arréragé 82  fr.  i3  c. 

Bons  pour  l'an  8 85  fr.  63  c. 

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Coupures 64  fr.  5o  c. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqije  et  des  Arts. 
Auj.  Iphigénie  en  Tauride  ,  et  le  ballet  de  Pyg- 
malion. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  les  Vendangeurs  ; 
Vancourt ,  et  les  Avant-postes. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés. — Pantomimes, 
Dem.  la  1^"  repr.  de  Jenny  ou  tes  Ecossais  . 
drame  en  3  actes. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris,  rue  des  Poitevins,  n°  18.  Le  prix  est  de  85  francs  pour  trois  mois,  5o  flancs  pour  6  mois  ,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonne 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  A  s  s  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lae  des  Poitevins  ,  n»  iS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  où  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  det 
Poitevins  ,  a'  l3  ,  dcpui  tneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'iiiiprimerie  du  cit.  Agasse,  propriétaii:e  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  •?. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


vV°  336. 


Sextidi  ,  6  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  so,Times  autorisés  à  prévenu-  nos  sousq^aSs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M  O  NI  T  E  U  R  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemen:  /les  nouvelles  des   armées ,  ainsi   que  les  faits  et  les  ijotions  tant  sut 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  pat  les  correspoii^ances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arcs  et   aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   EUR. 

INDES    ORIENTALES. 

JlJ  e  s  lettres  de  Canton  ,  reçues  à  Bombay  , 
portent  que  le  nouvel  emfH^reur  de  la  Chine 
s'est  rendu  déjà  exlrêmement  populaire.  Il  a 
ordonné  que  le  i^'  mai  de  chaque  année  il  serait 
érijé  des  théâtres  dans  les  principales  rues  des 
difierentes  villes  de  l'empire  ,  où  l'on  jouerait 
des  pièces  pour  l'amusement  du  peuple.  Ces 
spectacles  qui  dureront  plusieurs  jours  ,  seront 
y      kux  frais  de  l'empereur. 

'  Nous,  apprenons  par  des  lettres  de  Sumatra  , 

,que  le  major  Glayton  a  pénétré  l'espace  de 
quelques  centaines  de  milles  dans  l'intérieur  du 
pays  ,  pour  en  reconnaître  les  naturels  et  le  sol, 
que  Ion  représentait  comme  très-productif,  il 
a  eu  plusieurs  entrevues  avec  le  chef  des  bailas  , 
et  il  a  trouvé  ce  peuple  très-disposé  à  seconder 
notre  commerce  de  casse. 

Pendant  le  dernier  tremblement  de  terre  qui 
s'est  fait  sentit  à  Sumatra,  la  mer  était  telle- 
ment agitée  le  long  des  côtes  ,  qu'elle  y  est  montée 
.5o  pieds  plus  haut  que  sa  marque    ordinaire. 

Le  fameux  cheval  Abdutla,  à  qui  l'on  n'avait 
jamais  connu  dans  l'Inde  de  rival  à  la  course  ,  a 
été  empoisonné  quelques  jours  avant  celle  de 
Calcutta.  Des  récompenses  considérables  ont  été, 
promises  pour  la  découverte  de  l'auteur  de  ce 
crime  ;  mais  elles  n'ont  encore  rien  produit. 

Les  siamois  ont  défait  dernièrement  5poo  hom- 
jnes  du  Burmah  ,  qui  ,  outre  un  grand  nombre 
de  soldats  tués,  ont  perdu  deux  de  leurs  meilleurs 
généraux.  Ils  se  disposaient  néanmoins  à  risquer 
une  action  générale. 

Cavilore,  Rajacottah,  Kistnagerry,  Sankerdroog, 
■Chinna  ,  Royadroog ,  et  la  plus  grande  parue  du 
district  de  Baramahal  ,  ont  éprouvé  récemment 
plusieurs  fortes  secousses  de  tremblement  de 
terre.  L'alarme  a  été  très-grande  àjugole  ,  à  cause 
de  son  voisinage  d'une  montagne  formée  de  ma- 
tières combustibles,  à  qui,  en  conséquence,  les 
naturels  du  pays  ont  donné  le  nom  de  Bungle- 
Conda  ,  ou  de  la  charbonnière. 

Tippoo,  voulant  obtenir  l'assistance  de  Scindiah, 
'  «:t  sachant  combien  l'argent  avait  d'empire  sur  lui , 
iit  charger  d'espèces  38  chameaux,  qu'il  lui  en- 
voya ,  avec  la  tondidon  qu'il  se  mettrait  aussitôt 
en  marche  avec  son  armée  pour  venir  le  joindre. 
Peci  se  passa  deux  mois  avant  l'attaque  de  Serin- 
gapatam.  Scindiah  répondit  ,  en  gardant  l'argent, 
quil  avait  fait  consulter  l'état  du  ciel,  et  que 
i'aspect  des  étoiles  ne  lui  permettait  pas  d'aban- 
donner le  gouvernement  du  Poonah  pendant 
toute  la  durée    de  la   guerre. 

Au  commencement  de  janvier  dernier,  le  co- 
lonel Malcolm  a  été  envoyé  de  Bombay  en 
ambassade  vers  la  cour  de  Perse.  Lui  et  toute  sa 
suite  ont  fait  le  trajet  sur  la  frégate  le  Bombay  , 
capitaine  Sylvia. 

Xes  fortifications  de  Tranquebar  viennent  d'être 
entièrement  réparées  ,   et  la  garnison  augmentée. 

Un  seul  bâtiment  de  ce  pays  ,  expédié  l'année 
dernière  à  Goa  avec  une  grande  quantité  d'es- 
pèces ,  en  a  rapporté  du  poivre  et  des  mar- 
chandises en  pièces  pour  la  valeur  de  cinqlacks 
de  roupies. 

Les  préjugés  superstitieux  des  portugais  pro- 
fitent à  Bombay,  au  préjudice  de  Goa  qui  pos- 
sède naturellement  de  nombreux  et  imporians 
avantages.  Son  revenu  actuel  ,  qui  se  compose 
du  produit  de  ses  prises  et  de  ses  fermes  de  ta- 
bac ,  est  calculé  se  monter  à  environ  20,000.000 
de  pardors  ,  où  dix  lacks  de  roupies.  Si  le  caffé 
était  cultivé  dans  le  voisinage  de  cet  èt3blisse- 
ment  ,  il  en  retirerait  des  bénéfices  énormes  , 
d'après  l'étendue  et  la  qualité  particulière  du  sol. 

Par  le  dernier  traité  conclu  entre  la  compagnie 
des  Indes  et  le  nabab  Saadut  Ally  Khan  ,  la  pre- 
mière s'est  engagée  à  entretenir  10  mille  hommes 
de  irnupcs  anglaises  et  du  pays  dans  le  district 
de  Oude  .  cl  à  en  augmenter  le  nombre  selon  que 
la  sûreté  de  la  province  l'exigerait.  Si  ce  nombre 
vient  k  surpasser  celui  de  i3  mille  hommes , 
l'excédent  «era  aux  frais  du  nabab,  d'après  le 
taux  de  la  ration  actuelle. 

Les  dispositions  ho«iilc3  des  rodillas  nous  ont 
forcés  de   faire  une    augrnentation  considérable 


dans  notre  établissement  militaire  sur  la  frontière 
septentrionale  de  l'Inde;  mais  aussi  elle  nous  y 
rend  inexpugnables. 

(Extrait  de  COhstrver  et  du  Star.) 

I     N     T     É     R    f    E     U     R. 

Paris  ,  le  5  fructidor. 

Plusieurs  feuilles  publiques  annoncent  que 
M.  de  Honspccb,  rhinistre  des  finances  de  lélec- 
ttur  de  Bavière  ,  est  mort  le  il  août  à  Munich. 

—  Malgré  toutes  les  perquisitions  faites  à  cet 
égard,  on  n'a  pu  découvrir  encore  l'assassin  du 
malheureux  Lhéritier. 

—  Un  de  ces  derniers  jours  cinq  enfans 
jouaient  sur  la  fenêtre  d'un  étage  très-élevé  ;  la 
planche  qui  les  soutenait  ayant  faibli  ,  les  cinq 
enfans  sont  tombés  à  la  fois.  Divers  récits  de  cet 
événement  malheureux  ont  été  publiés  dans  les 
journaux  La  lettre  suivante  ,  écrite  par  le  citoyen 
l.acaze,  chirurgien  en  chef  du  Roule,  paraît 
donner  les  détails  les  plus.intéressans  et  les  plus 
authentiques. 

)i  Ce  que  vous  avez  écrit  me  paraît ,  d'après 
les  rapports,  assez  conforme  àla  vérité  ;  je  vous 
observerai  seulement  que  quatre  de  ces  enfans 
ont  été  sur  le  champ  portés  à  l'hospice  du  Roule, 
où  on  leur  donne  les  soins  que  nécessite  une 
chnte  aussi  grave.  Je  me  plais  à  croire  que  nous 
aurons  le  bonheur  de  les  saliver.  Quant  au  cin- 
quième enfant,  le  citojen  Charles  Senig,  géné- 
ral ,  passant  dans  la  rue  et  témoin  de  cette  catas- 
trophe ,  après  avoir  pris  une  p^rt  active  à  la  situa- 
tion lamentable  des  parens  ,  et  leur  avoir  donné 
des  preuves  de  sa  ra?é  générosité  ,  s'en  ejt  em-; 
paré  ,  avec  leur  agrément ,  et  l'a  emporté  chez 
lui  pour  lui  faire  prodiguer  les  secours  néces-i 
saires.  Ce  dernier  infortuné  semble  offrir  le  même! 
espoir  que  celui  auquel  je  me  livre  sur  la  gué- 
rison  des  quatre  autres.  Si  mob  devoir  et  l'hu- 
manité, citoyen,  m'ont  por'.c  i.  vous  écrire,  les 
mêmes  motifs  vous  détermineront  sans  doute  à 
rendre  ma  lettre  publique,  ji 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du   i'^'  fructidor. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 

TITRE       PREMIER. 

Du  taux  de  l'indemnité  pour  l'étape. 

Art.  I""^.  Il  sera  tracé  sans  délai  une  nouvelle 
carte  d'étape  ;  les  gîtes  seront  ,  autant  qu'il  sera 
possible  ,  choisis  de  manière  à  ce  que  la  journée 
de  marche  soit  de  3o  kylomelres  (  6  lieues  de 
2l56  toises  chacune  )  au  moins  ,  et  de  40  kilo- 
mètres   (  8  lieues  )  au    plus. 

II.  A  dater  du  I"  vendémiaire  prochain,  les 
troupes  à,  pied,  qui  seront  en  marche  ,  dans 
l'iniérieur  de  la  république  ,  ne  recevront  en 
nature  que  le  logement  et  la  ration  de  paiji  ; 
les  troupes  à  cheval  recevront  le  logement  ,  le 
pain   et  le  fourage. 

III.  Les  troupes  à  pied  et  à  cheval ,  recevront 
toujours  le  pain  pour  quatre  jours. 

Les  troupes  à  cheval  recevront  les  fourrages 
pour  deux  jours  au  plus. 

En  conséquence  ,  les  gîtes  seront  distingués  en 
trois  classes  : 

1°.  Les  gîies  où  l'on  ne  donnera  que  le 
logement  ; 

2°.  Ceux  où  l'on  donnera  le  logement  et  Iç 
pain  ; 

3°.  Ceux  où  l'on  donnera  le  logement,  le  pain 
et  les  fourrages. 

Il  sera  ,  dans  les  ordres  de  route,  fait  mention 
des  lieux  où  ces  différentes  livraisons  devront: 
être  faites. 

IV  Les  troupes  à  pied  et  à  cheval  rec.evront 
une  indemnité  en  argent  pour  leur  tenir  lieu  de 
supplément  d'étape  :  cette  indemnité  sera  de 
25  centimes  par  jour  pour  les  caporaux  ,  bri- 
gadiers et   soldats  ; 

De  35  pour  les  fourriers  ,  sergens  et  maré- 
chaux-de-logis ; 

De  40  pour  les  maréchaux-de-logis  chefs  et 
les   sergens-majors  ; 

D'un  franc  pour  les  adjudans  sous  -  ofiici«rs. 


De  2  fr.  5o  cent,  pour  les  lieutenans  etsous- 
lieuienans  ; 

De   3    fr.  pour  les  capitaines; 

De  4  fr.  pour  les  chefs  de  bataillon  et  d'esca- 
dron ; 

De  5  fr,  pour  les  chefs  de  brigade  et  adjd- 
dans-comraandans  ; 

Les  officiers  autorisés  à  avoir  des  chevaux  , 
et  ceux  qui  sont  tenus  à  en  avoir  ,  recevront 
en  nature  des  rations  de  fourrage  ,  mais  seu- 
lement pour  les  chevaux  qu'ils  auront  réellç- 
meni.  Dans  aucun  cas  ,  les  capitaines  ,  les  chef» 
de  bataillon  et  d'escadron  ne  pourront  en  avoir 
plus  de  trois  ,  les  chefs  de  brigade  plus  de 
quatre  ,  les  généraux  de  brigade  plus  de  six , 
les  généraux   de  division  plus  de   huit. 

V.  Le  pain  des  troupes  en  marche  leur  sera 
fourni  par  les  entrepreneurs  généraux  des  sub- 
sistances militaires  ;  il  en  sera  de  même  des 
fourrages.  ' 

TITRE     II. 

I  Du  mode  de  paiement  de  l'indemnité ,  gîte. 

yi.  Les' troupes  ne  voyageront  dans  l'intérieur 
I  qu'en  exécution   des  ordres  du  ministre  ,  ou  des 
généraux  en    chef  des    armées,   ou    enfin     que 
d'après  dès  réquisitions  des  préfets. 

Lorsque  le  ministre  de  la  guerre  donnera  à  un 
corps  l'ordre  de  voyager,  il  adressera  en  même- 
tems  au  conseil  d'administration  une  rescriptioa 
du  trésor  public,  d'une  somme  égale  à  celle 
qui  sera  riécessaire  au  corps  pour  le  paiement 
de  la  totalité  de  ses  indemnités  de  route. 

Lorsque  le  général  en  chef  d'une  armée  don- 
nera à  un  corps  l'ordre  de  voyager  dans  les  dé- 
partemens  de  la  république  ,  lésant  partie  de 
l'arrondissement  de  l'armée  qu'il  commande,  il 
lui  fera  adresser  en  même-tems  ,  par  l'ordonna- 
teur en  chef,  les  fonds  nécessaires  au  paiement 
de  ses  indemnités  de  rentes. 

L'ordonnateur  en  chef  adressera  ,  chaque  dé- 
cade ,  l'état  des  fonds  ,  dont  il  aura  ainsi  disposé  , 
au  ministre  de  la  guerre,  afin  qu'il  pourvoie  à 
leur  remboursement. 

Lorsque  les  préfets  requerront  un  mouvement 
de  troupes  ,  ils  pourvoiront  provisoirement  au 
paicmenf  des  indemnités  de  route  ,  et  en  instrui- 
ront le  ministre  de  la  guerre  qui  leur  en  fera 
tenir  compte. 

VII.  L'indemnité  sera  payée  aux  troupes  stir 
le  reçu  des  conseils  d'administration. 

Les  officiers  qui  ne  seront  pas  présens  au  corps 
et  ceux  qui  ne  voyageront  point  avec  les  éfen- 
dards  aux  drapeaux  ,  n'auront  aucun  droit  a  l'in- 
demnité  de  route.  ' 

yill.  Les  i5  centimes  par  lieue  accordés  parla 
loi  du  28  floréal  an  5  ^  ne  seront  payés  aux  sous- 
officiers  et  soldats  qui  voyageront  isolément  que 
d,ins  les  cas  et  dans  les  formes  prescrites  par  l'ar- 
ticle XXXV  du  règlement  du  26  ventôse  an  8. 

Les  sous-préfets  donneioni  aux  sous-officiers  et 
soldats  qui  seront  dans  ce  cas  ,  un  mandat  sur 
le  receveur  de  la  sous-préfecture  ,  qui  donnefa 
lesditsmandals  pour  comptanlau receveur-général 
du  département. 

Les  receveurs-généraux  des  départemens  adres- 
seront,  chaque  décade,  au  payeur-général  de  la 
guerre,  dps  bordereaux  (conformes  au  modèle 
ci-joint  )  des  mandais  qui  auront  été  acquittés.     >g 

Celui-ci  fera  les  fonds  nécessaires  dans  les  caisses 
de  ses  préposés  dans   ces  départemens  ,  pour  le 


remboursement   des   mandat; 


en  sorte  que  les 


receyeijrs-génèraux  des  départemens  ne  puissent 
jamais  être  en  avance  ,  chacun  ,  déplus  de  26,000 
francs.  ' 

IX.  I^es  sous-préfets  enverront  chaque  décade 
au  préfet  un  bordereau  (  cqnforme' au  modèle 
ci-joint)  dès  mandats  qu'ils  auront  donnés.  Le 
préfet  en  enverra  l'état  général  au  ministre  c^e  fa 
guerre  ,  afin  de  le  mettre  à  même  de  délivrer 
son  ordonnance.  '  '   " 

X.  Le  quartier-maître  précédera  de  trojs  joj^ys 
toute  troupe  en  marche  dan?  l'inlérieiir  ,d'en[a 
république  ,  afin  de  prendre  les  mesures  r)éc,eV 
saires  pour  que  les  marchés  soient  abondamment 
pourvus. 

XI.  Le  ministre  delà  guerre  remettra  sous  Jn» 
yeux  des  chefs  des  corps  et  des  conseils  d'admi- 
nistration ,   les   réglemens  concen'iant  les   revue» 


de  route  et  de  subsistance  ,  ainsi  que  la  police 
des  troupes  en  marche. 

Le  présent  arrêté   sera  inséré  au   bulletin  des 
lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul, 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 


Les  bureaux  du  directoire  de  l'habillement  , 
cïéés  par  l'arrêté  des  consuls  du  g  theiroidor 
dernier  ,  sont  établis  à  la  maison  Joseph  ,  rue 
Dominique. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Paris ,  le  4  fructidor  an  8. 

Le  préfet  de  police,  par  suite  des  recherches 
sévères  qu'il  {'ait  faire  des  aliérateurs  et  émission- 
.naires  de  monnaies  altérées  ,  vient  de  découvrir 
et  faire  saisir  une  mécanique  avec  laquelle  on 
pouvait  ,  dans  moins  d'un  quart  de  minute  ,  don- 
ner un  nouveau  cordon  aux  écus  de  six  liv.  rognés. 
L'individu  qui  se  livrait  à  celte  manoeuvre  crimi- 
nelle est  en  arrestation  et  traduit  devant  l'oHice  de 
police  judiciaire. 

Du  5.  On  vient  de  découvrir  une  fabrique  de 
faux  bons  de  la  trésorerie.  Il  a  été  saisi  au  lieu  de 
la  fabrication  un  individu  en  flagrant  délit  ,  et 
pour  une  somme  considérable  de  faux  bons  <''t 
ïo  francs  ,  prêts  à  être  mis  en  émission  ,  d'autres 
qui -n'étaient  pas  encore  achevés  ,  un  limbie  s.cc 
et  un  balancier  pour  l'appliquer.  On  est  à  la 
recherche  des  complices. 


fROGRAMMB  des  prix  proposés  par  la  Socifté 
d'Agriculture  du  département  de  la  Seine ,  dans 
sa  séance  publique  du,  so  messidor  ,  an  8  de 
la  république. 

Dans  son  assemblée  publique  du  3o  prairial 
an  7 ,  Ja^  sociéié  avait  proposé  deux  prix  qui 
devaient  êire  distribués  dans  la  séance  actuelle. 
L  un  avaii  pour  objet  l'art  de  perfectionner  les  cons- 
tructions rurales;  lautr«  ,  le  meilleur  plan  à  suivre 
pour  faire  des  descriptions  topographiques. 

Relativement  au  concours  pour  le  premier  de 
ces  prix  ,  il  lui  a  été  adressé  treize  mémoires, 
doni  dix  étaient  accompagnés  de  plans.  Ces  mé- 
moiies  et  plans  ont  éié  examinés  avec  soin  par  la 
»ocié(é  :  plusieurs  contiennent  d'excellentes  vues  ; 
les  uns  sur  le  placement  ,  i'orientement  et  la 
distribution  des  bâlimens  ruraux;  les  autres  sur 
la  conservation  des  produits  ,  des  fumiers  ,  ou 
des  animaux  ;  d'auires  sur  le  peifeciionnement 
des  matériaux  de  consiruciion  ,  et  sur  la  manière 
de,  les  employer  ;  mais  il  se  trouve  dans  tous  des 
omissions  ou  ries  imperfections  notables  sur  plu- 
sieurs de  ces  poinis ,  dont  cependant  la  réunion 
complette  est  nécessaire  pour  servir  à  faire  la 
règle  et  le  modèle  d'une  construction  rurale  bien 
appropriée  au  but. 

La  société  a  distingué,  dans  ces  mémoires, 
celui  dont  la  devise  est  :  utile  dulci ,  et  celui  qui 
a  pour  devise  :  ô  fortunatos  nimiùm ,  sua  si  bona 
norint,  agricolas;  elle  y  a  trouvé  uifiérens  objets 
bien  traiiés  ,  et  a  regretté  que  toutes  les  parties 
ne  le  fussent  pas  également  ,  et  qu'il  y  en  eût 
■plusieurs  d'oubliées. 

En  général  les  mémoires  sont  trop  chargés  de 
•détails^  et  de  lieux  communs  sur  la  destination 
des  bâlimens  ruraux.  Cette  destination  est  trop 
bien  connue  des  cukivalcurs  instruits  ,  et  même 
■de  ceux  qui  n'ont  que  l'expérience  aidéeidun 
bon  jugement,  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'en 
expHquer  longuement  les  raisons  :  l'artiste  qui 
doit  les  savoir,  soit  par  lui-même,  s'il  a  pra- 
tiqué ou  s'il  a  bien  observé  la  culture  ,  soit  par 
de  bonnes  informations  reçues  de  cultivateurs 
exercés  et  habiles,  n'a  pas  besoin  de  s'y  appe- 
santir. Il  fera  assez  connaître  qu'il  en  était  instruit 
avant  de  faire  son  plan  de  construction,  si  Ion  y 
voit  que  tout  a  éié  prévu  et  approprié  au  but 
proposé.  Il  sera  seulement  obligé  de  s'expliquer 
sur  ses  motifs  lorsque  quelque  idée  nouvelle  et 
meilleure  ,  ou  quelques  localités ,  du  nombre  de 
celles  qui  se  rencontrent  souvent ,  l'auront  fait 
sortii  de  ce  qui  était  communément  pratiqué  dans 
la  construction  rurale  ;  et  alois  il  doit  bien 
prendre  garde  si  un  avantage  cherché  n'est 
pas  contrarié  par  quelque  inconvénient  qui  le 
surpasse  ,  ou  si  l'innovation  qu'il  propose  n'est 
pas  d'une  exécution  trop  difficile  ou  trop  dis- 
pendieuse. 

Enfin  ,  la  plupart  des  concurrens  ont  trop  donné 
à  la  décoration  et  à  la  symétrie  ;  plusieurs  ont 
consacré  à  l'établissement  d'un  corps  de  ferme  , 
beaucoup  trop  de  lerrein  et  d'argent.  Il  en  est 
qui  ont  mis  depuis  six  jusqu'à  dix  hectares,  et 
dont  les  devis  montent  depuis  80,000, —  100,000, 
—  l5o,ooo,  et  jusqu'à  4o2,ooo  francs;  ce  qui, 
«ans  parler  des  mécomptes  ordinaires  ,  en  fait  de 
devis ,  surpasserait  ou  égalerait  la  valeur  entière 
d'une  ferme  considérable. 


1354 

Il  ue  faut  pas  sans  doute  négliger  !a  symétrie 
et  la  grâce  dans  les  constructions  rurales  ;  mais 
on  11c  doit  jamais  en  faire  un  sujet  de  trop 
;rande  dépense,  et  encore  moins  y  sacnntr 
'utilité  et  la  convenance  ,  qui  en  toutes  choses 
sont  la  vraie  base  de  la  beauté.  Ainsi ,  par  exem- 
ple ,  si  pour  la  grâce  et  la  symétrie  on  met  en 
opposiiion  deux  corps  de  bâlimens  ,  parce  que 
leur  forme  est  pareille  ,  sans  songer  tjue  ces  deux 
bâlimens  doivent  par  leur  destination  êire  mis  à 
côté  fut)  de  l'autre;  ou  si  à  cause  de  leur  forme 
on  les  fait  coniigus,  quand  leur  destination  exige 
ju'ils  soient  éloignés ,  on  a  manqué  le  but;  et 
pour  une  ferine  sûr-iout  ,  ce  qui  est  incommode 
et  placé  à  contre-sens  de  l'objet  qu'on  se  pro- 
pose ,  ne  peut  pas  être  réputé  beau^ 

La  société  ayant  trouvé  qu'aucun  de  ces  mé- 
moires et  plans  n'a  rempli  le  but  proposé,  et 
salisfait  aux  conditions  de  son  programme ,  a 
cru  devoir  remettre  la  distribution  de  ce  prix  à 
l'année  prochaine. 

Elle  rapptlera  ici  le  véritable  objet  de  son 
programme  :  il  s'agit  de  déterminer  par  des  plans 
d'un  genre  simple  et  de  facile  exécution  ,  sans 
une   dépense  disproportionnée  , 

1°  Le  meilleur  placement  et  orientement ,  la 
meilleure  distribution  relative  des  divers  bâti- 
meiis  d'un  corps  de  ferme  ,  ei  de  tous  les  accins 
qui  doivent  v.  être  joints  ,  pour  satisfaire  à  tomes 
les  conditions  d'une  bonne  exploita'ion  rurale; 
ce  qui  comprend  la  facilité  de  tout  surveiller  et 
de  tout  faire  avec  le  moins  de  bras  ,  avec  la 
moindre  perle  de  tcms .  les  moindres  risques, 
les  moindres  frais  ,  et  la  moindre  consommation 
que  faite  se  puisse  ;  et  de  même  pour  deux  habi- 
tations de  villageois,  destinées,  l'une,  à  une 
famille  vivant  de  son  travail  journalier  ;  l'autre, 
au  cultivateur  d'une  petite  piopriété. 

2°.  La  meilleure  manière  de  construire  dans 
les  campagnes  pour  obtenir  la  solidité  ,  la  durée 
el  la  salubrité  des  bâlimens ,  tant  à  l'égard  des 
hoiTimes  et  des  animaux  ,  que  pour  la  conser- 
vation des  récoltes  ,  des  denrées  et  des  Tumiers, 
et  pour  diminuer  le  danger  des  incendies  ,  l'effet 
des  météores  nuisibles  ,  et  le  ravage  des  ani- 
maux   destructeurs. 

Dans  cette  seconde  partie  ,  les  artistes  sont 
invités  à  indiquer  le  choix  des  matériaux  et  les 
moyens  de  suppléer  à  ceux  dont  on  e.n  dé- 
pourvu en  beaucoup  d'endroits  ,  ou  de  rendre 
meilleurs  ,  ou  moins  coûteux  ceux  qu'on  y 
trouve ,  soit  par  des  piocédés  de  fabrication  , 
soit  par  l'emploi  plus  économique  et  plus  du- 
rable de  ces  matériaux. 

La  société  désire  que  1  on  suppose  une  ferme 
à  construire  dans  un  pays  de  grande  culture  , 
afin  de  donner  un  cadre  plus  étendu  à  I  objet 
proposé  ,  et  qu'on  le  prenne  ,  à  partir  des  dé- 
parteniecs  du  Loîiet  ,  dEure  et  Loire  ,  et  autres 
de  même  parallèle  ,  jusqu'aux  latitudes  suivantes 
vers  le  noid  ;  mais  elle  n  exclura  point  pour 
cela  les  mémoires  et  plans  qui  pourrdrit  lui  être 
adressés  pour  les  latitudes  inférieures.  Elle  croit 
seulement  que  \i  première  supposition  est  sus- 
ceptible d'un  projet  plus  général  .  plus  propre 
au  pertectionnement  de  I  agriculture  ,  sous  le 
rapport  des  bâlimens  qu'elle  exige  ,  et  que  si 
le  sujet  proposé  au  concours  ,  est  traité  d'après 
les  convenances  des  pays  qu'elle  vient  d'indi- 
quer,  il  pourra  mieux  servir  aux  progrès  de 
l'art  des  constructions  rurales  ,  et  s'appliquer  à 
un  plus  grand  nombre  de  localités.  Il  ne  s'agira 
plus  que  de  connaître  les  différences  de  la  na- 
ture ,  pour  sentir  ce  qu'elles  exigeront  aussi  de 
différent  dans  lart   de  la  construction. 

Elle  désire  enfin  que  pour  les  plans  ,  on  adopte 
l'échelle  de  7  millimètres  au  plus  ,  par  deux 
mètres,  ce  qui  suppose  que  le  plan  pourra  avoir 
g  décimètres  en  carré. 

L'importance    de   la   question    a   déterminé   la 
société  à  y  consacrer  deux  prix ,  l'un  sera  de  isoo 
fr. ,   le  second   de  5oo  fr,  ;   l'un  et  l'autre  seront 
adjugés  dans  la  séance  publique  du  3o  prairial  ,  1 
an  9.  Les  mémoires  doivent  être  adressés  avant  le  | 
3o  germinal  de  la  même  année;  ce  terme  est  de  r 
rigueur. 

La  société  avait  proposé  pour  sujet  du  second 
prix  ,  qui  devait  être  distribué  aujourd'hui  ,  cette 
question  :  Quel  est  le  meilleur  plan-  à  suivre  pour 
faire  des  descriptions  topographiques  complexes  ? 
Deux  mémoires  ont  été  envoyés  au  concours; 
l'un  d'entr'eux  a  rempli  en  général  le  vœu  de  la 
société  ;  il  a  pout  devise  ,  nous  n  avons  plus  besoin 
de  connaître  les  abbayes ,  les  fiefs  et  les  blasons  ,  mais 
nous  vouions  savoir  quelle  est  lapoputation  ,  te  genre 
de  culture  et  l'espèce  de  commerce  de  chaque  partie 
de  la  France.  L'auteur  y  donne  un  plan  de  tppo- 
)  graphie  ,  auquel  il  a  joint  une  description  assez 
étendue  du  département  du  Gers.  Son  plan  pré- 
sente d'une  manière  précise  et  méthodique  ,  tous 
les  objets  qui  doivent  entrer  dans  la  description 
particulière  d  un  pays.  Il  a  adopté  une  série  de 
questions  ,  comme  plus  propre  à  faciliter  et  à 
simplifier  les  recherches.  Il  indique  les  causes  qui 
s'opposentau  progrés  de  l'agriculture,  desartsetdu 
««rametcï ,  çt  s  auacbe  particulièrement  à  celles  qui 


ont  le  plus  d'influence  sur  h  prospérité  publique. 
On  peut  regretter  seulement  qu'il  n'ait  pas 
donné  plus  d  extension  à  son  sujet  dans  quelques 
parties.  On  pourrait  désirer  ,  par  exemple  ,  plus 
de  développement  aux  parasiiaphes  dans  lesquels 
il  traite  de  la  culture  de  différentes  plantes  ,  de 
la  nourriture  et  des  soins  qu  on  donne  aux  bes- 
tiaux ,  du  jardinage  ,  des  instrumens  et  machines 
propres  à  lagriculture.  Il  aurait  pu  aussi  donner 
plus  d'étendue  aux  procédés  des  arts  et  manu  • 
factutes  ,  et  à  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  police  , 
aux  mœurs  ,  aux  usages ,  etc.  Mais  si  l'on  peut 
lui  reprocher  ces  légères  imperfections  ,  on  voit 
dans  la  description  détaillée  qu'il  a  donnée  du 
dépaiiement  du  Gers,  qu'il  est  maître  de  son 
sujet  ,  et  qu'il  est  aussi  habile  à  décrire  qu'à 
indiquer  la  manière  dont  on  doit  le  faire.  Cet 
ouvrage  peut  servir  à  démontrer  les  avantages 
inappréciables  que  produiront  de  semblables 
descriptions  iors'.ju'elles  seront  multipliées  ;  eâ 
exposant  les  abus  et  les  méthodes  vicieuses  ,  elles 
fei ont- sentir  enfin  la  nécessité  d'y  apporter  re- 
mède. 

Le  sol  et  les  productions  de  ce  département 
sont  assez  variés  ;  mais  bien  qu'il  soit  fertile  ,  il 
ne  donne  en  généial  que  de  faibles  récoltes  , 
eflTet  qu'on  doit  attribuer  principalerpent  à  I  inac- 
tivité et  à  1  ignorance  des  habitans  lies  campagnes. 
Les  coupes  de  bois,  multipliées  sur  le  sommet 
des  coteaux  ,  ont  condamné  à  la  stérilité  une 
partie  du  département  ;  la  terre  végétale  a  été 
entraînée  par  les  pluies  ,  et  le  sol  jadis  couvert 
d'une  belle  verdure  ,  â'ofFre  aujourd'hui  qu'un 
roc  aride. 

Une  cause  non  moins  funeste  aux  succès  de 
l'agriculture  dans  ce  département  ,  c'est  l'usage 
de  cultiver  chaque  année  une  trop  grande  por- 
tion des  champs.  Les  terres  labourables  sont  aux 
piairics  dans  la  proportion  de  ,«ix  à  un  ;  el  cette 
manie  de  mettre  tout  en  bled  ,  qui  n'est  pas 
moins  générale  dans  la  plupart  des  autres  dé- 
parlemens  de  la  république  ,  doit  être  regardée 
comme  un  des  obstacles  les  plus  contraires  aux 
progiès  de  l'agriculture  française. 

Les  prairies  artificielles  sont  presqu'inconnue» 
dans  le  département  du  Gers  ,  le»  troupeaux 
qu'on  y  élevé  sont  trop  peu  nombreux  ,  et  de 
mauvaise  race  ;  la  durée  des  baux  qui  n'est  que 
de  trois  ou  six  ans  ,  et  qui  ne  se  prolonge 
jamais  au-delà  de  neuf,  s'oppose  à  toute  espèce 
d'améroration. 

Le  bas  prix  des  denrées  occasionné  par  le 
défaut  de  communication  ,  décourage  l'agricul- 
teur et  ctouiFe  l'industrie  ;  plusieurs  manufac- 
tures établies  à  différentes  époques  ont  été  aban- 
données peu  de  tems  après  ,  à  cause-  de  la 
difficulté  des  transports. 

En  rendant  navigables  les  rivières  qui  arro- 
sent ce  département,  on  doublera  les  produits 
de  l'agriculture;  on  donnera  naissance  à  une 
industrie  active  ,  et  l'on  étendra  les  limites  du 
commerce. 

L'auteur  s'étend  sur  tes  avantages  qu'une  ins- 
truction convenablement  dirigée  ,  pourrait  pro- 
curer au  département  du  Gers  ,  et  sur  l'espèce 
d'attention  que  le  gouvernement  pourrait  donner 
à  sa  culture',  pOur  lui  procurer  le  degré  de 
prospérité  dont  ses  ressources  naturelles  le  ren- 
dent susceptible. 

Son  ouvtage  dans  lequel  on  trouve  l'Ordre  et 
la  clarté  ,  est  écrit  d'un  style  pur  et  simple  ,  et 
renferme  un  grand  nombre  de  vérités  utiles  ; 
il  annonce  un  observateur  éclaiié  et  un  citoyen 
zélé  pour  le  bien  de  sa  patrie. 

La  société  a  cru  devoir  lui  accorder  le  prix 
proposé  pour  la  question  qu'il  a  traitée.  Le 
billet  cacheté  qui  renfermait  le  nom  de  l'au- 
teur, a  été  ouvert,  et  a  présenté  le  citoyen 
Dralet ,  cultivateur  qui  déjà  en  1790  a  obtenu 
de  l'ancienne  société  d  agriculture  de  Paris  ,  une 
médaille  d'or,  pour  avoir  écrit  divers  ouvrage» 
sur  l'agriculture-pratique ,  fait  des  plantations 
considérables  dans  un  pays  oii  cette  branche 
d'économie  rurale  est  très-peu  étendue  ,  intro'- 
duit  l'usage  de  plusieurs  instrumens  agraires  , 
et  cultivé  le  premier  dans  son  département 
diverses  plantes  utiles  ,  notamment  la  pomme 
de  terre  dont  il  a  distribué  le  produit  aux 
laboureurs  de  son  canton  ,  et  auxquels  il  a 
fait  ainsi  adopter  la  culture  de  cette  racine. 

Premier  sujet  de  prix  pour  Can  9  ,  sur  l'art  d'aU 
terner  les  récoltes  ,>^  ou  du  meilleur  assolement. 

Les  bons  cultivateurs  conviennent  qu'en  fesant"" 
succéder  dans  un  champ   des  végétaux  à  racines 
pivotantes,  à  des  végétaux  à  racines  superficielles 
ou  non  pivotantes,  on  peutsupprimerlesjacberes. 

Par  cette  méthode  d'alterner  les  récoltes  ,  on 
obtient  une  plus  grande  quantité  de  bled  en  en 
cukivant  moins  souvent .  et  une  plus  grande 
quantité  de  fourrages. 

Il  est  prouvé  qu'il  y  a  des  plantes  qui  restituent 
à  la  terre  ,  par  la  destruction  de  quelques-unes  de 
leurs  parties  ,  tout  ce  qu'elles  ont  pu  lui  enlever  : 
que  d'autres  plantes  épuisent  moins  la  terre  que 
c«ltes,qui  croisent  aaturellemeot  siir  Içs  jachères. 


iSM 


Pout  obtenir  d'une  terré  le  plus  grand  produit 
en  la  f^li^uant  le  moins  possible  ,  tout  l'art  coii- 
«isle  à  varier  convenablement  les  récoltes  ,  de 
manière  à  laisser  entr'elles  les  intervalles  néces- 
saires.pour  les  façons  de  cette  terre- 
La  société  demande  ,  quelle  est  la  meilleure 
manière  d'alterner  les  récoltes  ,  à  l'usage  du  plus 
grand  nombre  de  cultivateurs-,  à  l'cfFet  de  dimi- 
nuer ,  autant  qu'il  est  possible  les  jachères  ,  sui-  ' 
vant  la  diD'érente  nature  des  terres. 

Celle  question  sera  résolue  pour  les  principales 
natures  de  terres  ,  en  distinguant  ce  qui  doit  con- 
venir plutôt  au  nord  qu'au  midi  de  la  république. 
L'avantage  des  assolemens  proposés  sera  appuyé 
par   les  calculs  des  diiférens  produits. 

Comme  il  existe  sur  ce  sujet  beaucoup  de  bons 
ouvrages  ,  la  société  donnera  la  préférence  au 
mémoire  qui  contiendra  les  calculs  appuyés  sur 
les  faits  les  plus  nombreux. 

Ce  prix  sera  de  la  valeur  de  mille  francs; 
il  sera  distribué  dans  la  séance  du  3o  prairial 
an  g.  Les  mémoires  doivent  parvenir  à  la  société 
avant  le  3o    germinal  de  la  même  année. 

Second  sujet  de  prix  pour  fan  g.   Un  manuel  pra- 
tique sur  l'éducation  des  abeilles. 

On  a.  dans  tous  les  tems  beaucoup  écrit  sur 
les  abeilles  ;  mais  dans  le  plus  grand  nombre 
des  ouvrages  publiés  sur  ce  laborieux  insecte  , 
on  l'a  principalement  considéré  sous  les  rap- 
ports de  l'histoire  naturelle;  et  dans  ceux  oii  il 
en  est  question  sous  le  point  de  vue  écono- 
mique ,  chaque  auteur  préterid  rendre  exclusive 
une  méthode  souvent  défectueuse.  Il  serait  pour- 
tant du  plus  grand  intéiêt  de  fournir  aux  culti- 
vateurs des  moyens  sûrs  et  faciles  d'étendre  cette 
branche  précieuse  de  l'économie  rurale.  La  so- 
ciété demande  un  ouvrage  pratique  qui  ren- 
ferme les  procédés  les  plus  propres  à  rendre 
familiers  à  l'habitant  des  campagnes  ,  l'éduca- 
tion et  la  conservation  des  abeilles ,  ainsi  que 
l'amélioration  et  la  mise  en  œuvre  de  leurs  pro- 
duits.' Elle  désire  que  les  concurrens  tiennent 
compte  dans  leurs  ouvrages  ,  des  modifications 
qu'exige  léducaiinn  des  abeilles  ,  suivant  les 
climats  et   les  différentes    localités. 

Ce  prix  sera  de  la  valeur  de  600  francs  ,  il  sera 
décerné  dans  la  séance  du  3o  prairial  ,  an  9.  Les 
mémoires  devront  être  remis  à  la  société  avant 
le  3o  germinal  de  la  même  année; 

Premier  sujet  de  prix  pour  l'an  10,  sur  les  engrais 
en  général. 

Les  engrais  sont  tout  ce.  qu'on  ajoute  à  la  terre 
pour  déterminer  la  meilleure  végétation  des 
plantes  qu'on  lui  confie  ;  l'eàu  même  ,  sous  ce 
rapport ,  est  l'un  des  plus  puissams  engrais. 

Pour  appliquer  convenablement  ces  engrais , 
il  faut  apprécier  leur  manière  d'agir;  mais  cette 
action  dépend  de  la  nature  des  terres ,  et  de  celle 
des  racines  des  plantes  qu'on  culuve. 

Cette  connaissance  acquise  ,  il  reste  à  détermi- 
ner la  quantité  relative  ,  la  préparation  et  l'appli- 
catioh  des  engrais 

La  société  demande  : 

l".  Comment  les  engrais  agissent  en  général  ? 

2°.  Onels  sont  les  divers  engrais  ,  suivant  les 
dlfFérenies  terres  ,  et  les  différentes  natures  de 
lacines  ou  de  plantes  ? 

3°.  Quelles  sont  leurs  quantités  relatives  dans 
ces  divers  cas  ? 

4".  Quelles  peuvent  être  les  différentes  pré- 
parations de  ces  engrais  ? 

5°.  Quelles  sont  les  meilleures  manières  de  les 
appliquer  ? 

Les  réponses  à  ce»  questions  doivent  être  ap- 
puyées sur  des  faits. 

Lé.  prix  sera  de  la  valeur  de  i5oo  francs  ; 
il  sera  décerné  dans  la  séatice  du  3o  prairial , 
an  10. 

Les  mémoires  devront  être  remis  avant  le  3o 
germinal  de  la  même  année. 

La  suite  incessamment. 


Epître  en  vers  ,  en  réponse  ,  de  cette  dame  ' 
au  même. 

L'envoi  de  cette  note  est  une  invitation  à  la 
séance. 

JV.  B.  L'assemblée  de  la  société  littéraire  est 
invariablement  fixée  au  premier  de  chaque  dé- 
cade ,   à  sept  heures  précises  du  soir. 


THÉÂTRE  DU   VAUDEVILLE. 

QufXQDES  journaux  ont  rapporté  une  anecdote 
qu'ils  ont  attribuée  au  général  Lecourbe.  Ce  gé- 
néral ,  oni-ils  dit,  s'étant  déguisé  en  meunier  pour 
faire  une  reconnaissance  i  et  se  trouvant  surpris 
par  une  patrouille  allemande  ,  s'esquiva  en  in' 
diquant  comme  général  français  et  de  bonne 
prise  ,  le  meunier  dont  il  avait  pris  les  habits  ,  et 
qu'il  avait  affublé  des  siens. 

Ce  fait  ou  celte  historiette  vient  d'être  le  Suje' 
d'un  vaudeville.  La  situation  principale  ,  quoique 
peu  neuve  (  c'est  celle  de  l'embarras  des  riches- 
ses); quelques  couplets  heuceux  ;  un  rôle  de 
paysanne  allemande,  très-bien  joiié  par  madame 
Henri  ;  celui  d'un  caporal  allemand  ,  rendu  par 
Carpentier  d'une  manière  très-originale  ,  ont  fait 
réussir  ce  petit  ouvrage.  On  a  beaucoup  applaudi 
au  trait  d'un  officier  qui  conseille  à,  son  général 
de  feindre  d'avoir  peur  ,  pour  qu'on  ne  le  recon- 
naisse pas.  La  pièce  est  un  vaudeville  ,  le  premier 
ouvrage  du  citoyen  Vial  et  de  deux  autres  auteurs, 
dont  elle  paraît  être  le  coup  d'essai. 


Le  sous-préfet  de  l'arrondissement  de  Péronne  .  au 
■  rédacteur.  — Péronne.  le  2  fructidor  ,  an' S  de  la 
'    république  franr^aise  ,  une  et  indivisible. 

Je  vous  prie  ,  citoyen  ,  de  consigner  dans  votre 
journal  ce  trait  de  dévoûment  et  décourage  d'un 
jeune  citoyen  de  cette  ville. 

Le  26  thermidor,  le  nommé Jean-Baptiste-Céles- 
lin  Lemaître  ,  garçon  serrurier,  âi;é  de  i5  ans 
5  mois  ,  se  baignant  da;ns  la  Somme  ,  s'apperçut 
que  le  citoyen  Martine  se  noyait  ;  il  courut  aus- 
sitôt à  son  secours  ;  mais  celui-ci  l'ayant  pris  par 
le  bras  ,  l'entraîna  trois  fois  au  fond  de  1  eau  ; 
étant  parvenu  à  se  débarasscr ,  il  plongea  ,  et  fut 
repris  par  la  jambe  ;  après  s'être  dégagé  ,  il  eut 
le  courage  de  plonger  de  nouveau  ;  il  trouva 
Martine  sans  connaissance  ,  le  saisit  par  les 
cheveux;  mais  le  ruban  qui  .  les  nouait  s'étant 
détaché  ,  il  lui  échappa.  Cet  intrépide  jeune 
homme,  malgré  les  dangers  qu'il  courait,  sa 
lassitude  ,  et  la  grande  quatitité  d'eau  qu  il  avait 
bue,  se  précipita  une  quatrième  fois  dans  l'eau  , 
oii  il  chercha  fort  long-tems  l'objet  de  son  zèle; 
l'ayant  trouvé  ,  il  le  mena  avec  des  efforts  in- 
croyables,  près  d'une  muraille  ,  contre  laquelle 
il  se  soutint  jusqu'à  ce  que  des  spectateurs  lu 
eussent  jette  des  cordes  ,  par  le  moyen  des 
quelles  on  sauva  Martine  ,  en  le  fesant  passer 
par  un  trou  qui  était  pratiqué  dans  cette  mu- 
raille. 

Les  autorités  constituées  de  Péronne  célébrèrent, 
le  3o  thermidor,  par  une  fête  et  des  danses  ,  le 
courage  de  ce  jeune  héros.  Il  fut  couronné  dans 
le  temple  décadaire,  au  milieu  des  applaudisse 
mens  d'un  peuple  nombreux,  et  on  lui  décerna 
une  médaille  d'argent,  sur  laquelle  est  gravée 
cette  éclatante  action. 

Je  vous  salue  ,  Malafosse. 


Lycée  de  Taris,  rue  du  Hasard-Richelieu  .in° H  , 
maison  Seguier.  —  Veillées  des  muses ,  du  7  fruc- 
tidor de  l'an  8  ,  à  sept  heures  du  soir. 

Fragment  sur  le  talent  qu'ont  les  femmes 
•:pour  la  composition  des  romans  ,  par  le  citoyen 
Eusebe-Salverte. 

Vers  faits  en  contemplant  une  campagne  pitto- 
resque ,  par  le  citoyen  Mellinet  ,  aîné. 

Ode  sur  la  paix,  par  le  citoyen  Mabire. 

Vers  inédits  de  Saint-Aulaire  ,  avec  des  vers 
en  remercîmens  de  l'envoi  de  cette  pièce  ,  par 
le  citoyen   Coriolis. 

Nadir  ,  conte  arabe  ,  du  citoyen   Saint-Marcel. 

Vers  inédits  de  feu  Venance-de-Carcassone  , 
à  une  dame ,  sur  l'inutilité  delà  parure. 

La  séance  sera  terminée  par  la  lecture  d'une 
épître  de. .  .  à  madame  *  *  *  ,•  au  retour  de  son 
voyaj^e  en  Grcce  cl  en  Italie. 


J'ai  lu  ,  citoyen  ,  dans  le  Journal  de  Paris  du 
9  messidor  ,  deux  notés  tendantes  à  affaiblir  la 
confiance  que  niéritent  les  moyens  que  je  viens 
d'offrir  au  public  ,  dans  une  lettre  adressée  au 
capitaine  Baudin ,  pour  faire  cesser  et  disparaître 
en  faveur  de  la  postérité  le  fléau  de  la  petite 
vérole. 

L'auteur  de  la  première  note  ,  effrayé  de  me 
voir  proposer  la  suppression  de  la  ligature  du 
cordon  ombilical  au  moment  de  la  naissance  des 
enfans  ,  préférerait  qu'on  essayât  au  contraire  le 
procédé  de  la  ligature  sur  des  animaux  ,  aRn 
de  constater,  par  céTte  expérience  invcise  ,  s'il 
est  vrai  que  la  petite  vérole  résulte  exclusive- 
ment de  ce  procédé  que  je  combats. 

Les  tentatives  qu'on  fait  en  ce  moment  pour 
prouver  qu'une  épizootie  observée  dans  cer- 
tains cantons  de  l'Angleterre  parmi  les  vaches, 
offre  les  caractères  de  la  petite  vérole,  méri- 
tent peut-être  plus  justement  l'improbation  dont; 
l'auteur  de  la  première  note  insérée  iu  Journal  dt 
Paris  ,  paraît  animé  contre  fnes  essais. 

Je  liie  rappelle  d'avoir  .remarqué  dans  une 
partie  de  la  Haute-Allemagne  et  de  la  Siaisse  , 
oii  l'on  est  dans  l'usage  de  secourir  les  vaches 
au  moment  de  leur  délivrance  ,  que  l'on  emploie 
la  ligature  comme  pour  le9  enfans;  aussi  règne» 
t-il  dans  ces  cantons  des  épizooties  très  -  fré- 
quentes parmi  les  bête»  à  cornes.  Il  reste  à  exa- 
miner si  ces  mala  lies  sont  du  même  genre  que 
celles  observées  en  Angleterre  ,  et'  si  on  y  em- 
ploie la  ligature  pour  hâter  la  délivrance  des 
vaches. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  sans  doute  plus  im- 
portant de  mettre  un  terme  à  la  propagation  de 


la  petite  vérole  ,  que  de  s'occuper  des  nioyeiti 
de  la  produire  et  de  la  perpétuer.  Au  lieu  <)é 
prolonger  à  cet  égard  l'incertitude,  par  des  dis- 
cussions frivoles  ou  des  expériences  inutiles  i 
pourquoi  ne  pas  adopter  et  utiliser  le  plus  ptomp- 
tement  possible  ,  la  méthode  que  j'ai  indiquée  , 
et  dont  les  heureux  résultats  sont  déjà  sufiisam- 
ment  prouvés  par  le  raisonnement  et  par  les  laits  ? 

J'invite  ,  au  surplus  ,  ceux  que  des  craintes  re- 
tiendraient d'essayer  cette  opération  ,  à  venir  exa- 
miner l'enfant  que  j'ai  chez  moi  et  sur  lequel  j'ai 
fait  les  premiers  essais.  Il  a  été  souvent  exposé 
à  la  contagion  de  la  petite  vérole  depuis  3  ans, 
et  j'offie  de  le  soumettre  encore  aux  mêmes 
épreuves. 

L'assurance  que  je  donne  qu'il  ne  peut  résulter 
aucun  inconvénient  de  cette  pratique  ,  et  la 
grande  probabilité  de  voir  se  réaliser  un  jour  les 
avantages  qu'on  en  doit  attendre  ,  détermineront 
sans  doute  les  personnes  de  la  prudence  la  plusf" 
scrupuleuse  à  ne  pas  différer  un  instant  d  en  con)- 
mencer  l'expérience.  Celles  que  leur  pusillanimité 
ou  d'autres  motifs  porteraient  à  attendre  le  résultat 
des  recherches  du  capitaine  Baudin  ,  pourraient 
se  reprocher  un  jour  d'avoir  .  par  ce  retard,  privé 
leurs  enfans  nés  pendant  son  eStpédition  ,  d  un 
avantage  aussi  précieux. 

Dans  une  seconde  note,  un  des  propriéïkites 
du  Journal  de  Paris  m'objecte  que  le  moyen 
proposé  n'est  ni  nouveau  ,  ni  d'un  effet  assuré.  Je 
répète  que  j'ai  conçu  le  premier  cette  opinion  il 
y  a  3o  ans,  et  je  n'en  ai  jamais  fait  un  secrtt  ;. 
depuis  ao  ans  que  je  suis  arrivé  en  France  .  je  n'ai 
cessé  de  la  communiquer  et  d'en  recommander 
la  pratique  aiix  personnes  qui  étaient  en  relation 
avec  moi  ,  soit  comme  malades  ,  soit  comrrie  mes 
élevés  dans  la  doctrine  du  magnétisme.  Il  est 
donc  possible  quele  citoyen  Rcedércr  ail  entendu 
parler  de  ma  théorie  ;  il  l'a  fait  pratiquer,  dit-il  , 
sur  ses  trois  enfans;  mais  il  n  y  avait  aucune  con- 
fiance, puisqu'il  n'en  a  point  attendu  l'effet,  et 
qu'il  les  a  fait  inoculer  8  ans  après  ;  ils  ont  eu 
(comme  cela  devait  arriver)  tous  les  trois  la 
petite-vérole  ,  parce  que  toutes  les  fois  ([u'ori 
inocule  une  maladie  à  un  individu,  il  doit  né- 
cessairement être  malade. 

De  la  conduite  qu'à  tenu  le  cit.  Rœderer,je 
conclus  que  ce  moyen  et  ses  effets  sont  encore 
nouveaux  pour  lui.  J'obseir've  ici  ,  qu'il  ne  suffit 
pas  d'exprimer  le  sang  contenu  dans  le  cordon 
ombilical  extérieur  ,  comme  l'a  pratiqué  l'accou- 
cheur de  son  épouse  ;  il  faut  encore  provoquer 
l'écoulement  absolu  de  toute  liqueur  ,  qui  peut 
se  trouver  dans  les  vaisseaux  intérieurs  ,  lesquels 
réunis  à  l'anneau  ombilical  ,  forment  le  cor- 
don. Il  est  bon  de  se  rappeller  ici  la  théorie 
relative  au  traitement  d'une  plaie  profonde.  La 
petite  portion  de  liqueur  séreuse  exclue  de  la 
circulation,  est  suffisante  pour  devenir  par  soa 
séjour  ce  puissant  levain  ,  ce  ferment  qui  étant 
résorbé  ,  peut  exciter  tôt  ou  tard  une  fermen- 
tation dans  la  partie  séreuse  du  sang  dont  la  crise 
sera  la  petite  vérole. 

Cette  maladie  n'existe  pas  dans  la  nature  ;  é1I«* 
est  le  produit  factice  d'une  sollicitude  mal-en-; 
tendue  de  l'homme  qui  offre  ses  premiers  soins; 
à  l'enfant  nouveau  né.  C'ést-là  qu'il  loi  prépare 
et  qu'il  lui  inocule  ,  par  un  procédé  que  l'instinct' 
et  l'exenaple  uniforme  des  animaux  réprouvent  , 
le  germe  d'une  maladie  qu'on  a  depuis  longtems 
regardé  comme  inévitable  et  universelle  ,  et  qui' 
n'est  qu'un  résultat  de  l'universalité  du  préjugé. 
Celle  première  erreur  en  enfanta  ensuite  une 
seconde  :  \inocuhtion  par  l'insertion  ou  l'iniro- 
ducliori  dans  la  partie  séreuse  du  sang  d'un  fer- 
ment déjà  formé  et  entièrement  caractérisé  ,  et 
cela  pour  prévenir  une  invasion  quelquefois  dan- 
gereuse, mais  du  moins  incertaine  ,  et  dans  le 
dessein  d'en  empêcher  les  ravages.  C'est  donc 
cette  double  sorte  d'inoculation  qui  est  la  cause 
immécliale  et  artificielle  de  la  pelile-vérole  ;  le' 
résultat  de  l'un  ei  de  l'autre  de  ces  procédés  éH 
lé  niême  ,  une  espèce  de  fermentation.  El  c'est' 
une  loi  de  la  nature  que  toute  fermentation  dont  ' 
le  développement  est  une'fois  achevé  ,  né  se  re^I 
produit  jamais  une  seconde  lois. 

D  après   ce  que  je  viens  de  dire  ,  01:   Coii^cSif- 
facilement  pourquoi   l'on   n'est  point  passible  fli.î 
de  l'invasion   spontanée,    ni  de    la  contagion  d^e' 
la    pelite    vérole,   sans    urt  levain  ou   un   germé, 
préexisfanf ,  et  communiqué  par  l'un  de  ces  getircsl^ 
d'inoculation.   On  concevra  également  cOniment, 
on  produira  celte  maladie  par  rinoculation  danS 
tous  les  cas  où   le  développement  n'en  aura   pas 
encore   eu   lieu.  On   explirjiiera   paJ   tes   lûêraes 
raisons  pourquoi  l'on  n'est  pas  attaqué  deux' lois 
de  cette  maladie;  on   expliquera  aussi  pourquoi 
les  enfans  du   citoyen  Rcederer  ont  cu  la  pedts 
vérole  ;   en  supposant  même  que  l'opérairon  em«-- 
ployée  à  leur  naissance  eût  élé  parfaitement  e*é- 
cutée  ,   ils   ont   dû  avoir    cette    maladie  ,   parçji 
qu'elle  leur  a  été  inoculée   et  qu  ils  ne  l'avaient 
pas  encore  eue.  ^  •    ,t  v'V  '' 

Je  conclus,  en  conséquence,  ^ue  l'inoculanoH 
rie  pourra  jamais  servir  de  preuve  pour  ou  contre 
la  vérité  de  mes  assertions  ,  relatives  aux  moyeiïSI 
de  prévenir  et  de  faire  cesser  cette  maladie.  Car 
rihoculatioH  <  soil  de  la  vaccine ,  soit  de  là  petit* 


i356 


Vfirole  humaine  ne  prouve  rien  ,  si  ce  n'est  qu  on 
ij'i  pas  eu  la  pcliic  véiole  ,  et  comme  il  est  beau- 
coup plus  essentiel  de  garantir  les  eiifans  de  ces 
çlcux  inteciioiis  ,  que  de  les  réduire  à  choisir 
entre  une  des  devis  ,  je  persiste  à  penser  qu'il 
vaut  mieux  employer  une  pratique  qui  ne  peut 
i-ire  dangereuse  ,  et  qu'on  peut  regarder  comme 
un  piéservatif  contre  linoculation  ,  de  même 
■qu'on  regarde  l'inoculation  comme  un  préservatif 
contre  la  maladie  ,  que  de  tenter  sur  de  mal- 
heureux enf'ans ,  des  essais  inhumains  et  condam- 
nables ,  par  cela  rnçme  qu'on  n  en  connaît  point 
les  ayatitages  et  qt,i'Qn  n'en  saurait  prévoir  les 
suites.  ' 

Et  afin  de  ne  pas  sacriËer  plus  'long-tems  les 
çntaqs  aux  doiites  et  à  l'indc/lence  ,  il  est  à  désirer 
que  la  nation  française  ,  en  adoptant  dans  son  in- 
légriié  le  moyen  préservateur  que  je  lui  oftre  , 
consente  à  réiorraer  l'ancienne  pratique  dons  l'ac- 
çoucbement ,  et  qu'elle  fasse  ,  la  première  ,  jouir 
l'enfaot  du  droit  impit-scriprible  que  la  nature  ré- 
clame ,  de  ne  pas  être  injecté  d'un  venin  mortel  dès 
sa  naissance  par  l'ignorance  et  les  préjugés  des  au- 
ciens  auteurs  de  ses  jours.  Et  pour  géneraliseï  l'opi- 
nion à  cet  ég;»rd  ,  il  conviendrait  peut-être  de 
fixer  et  de  solçnniser  par  une  institution  natio- 
nale ,  l'époque  de  l'afFrarichissement  de  ce  fiéau 
en   faveur  Jes  générations  futures. 

Mesmer,  D.  M. 


Citoyen  rédacteur  ,  j'ai  l'honneur  de  vous  pré- 
venir ,  qu'attendu  la  maladie  du  ministre  de  l'in- 
térieur ,  la  distribution  des  prix    du  Prytanée   est 
remise  à  décadi  prochain.   Paris  ,  5  fructidor  an  8. 
Signé ,  Çha!MP.\gne  ,  directeur  du  Prytanée. 

ANNONCES. 

Iw-'^TiTUTioN  POLYTECHNIQUE ,  et  éducation 
particulière  pour  vingt  élevés  seulement,  sous  la 
direction  d  un  maître  ès-arts  en  la  ci-devant 
tjniversité  de  Paris  ,  rue  d'Orléans  au  Marais  , 
hôtel  Carabise  ,  n°  6  .  près  le  boulevard  du 
Temple.  La  maison  est  dans  la  plus  belle  situa- 
tion ,  le  jardin  en  est  beuu  et  spacieux,  la  cour 
vaste   et   belle  ,   l'air  yu'on  y  respire  est  pur. 

Les  élevés  y  ont  tous  les  maîtres  d'agrémens  , 
tels  sont  ceux  de  musique  pour  toutes  sortes 
a'instrumens  ,  de  musique  vocale  ,  de  danse  , 
de  fait-d'armes,  de  dessin,  et  de  langues  étran- 
gères ;  telles  sont  les  langues  anglaise  ,  italienne, 
et  allemande  :  leur  éducation  est  basée  sur  l'étude 
des  calculs  français  et  étrangers  ,  les  parties  dou- 
bles ,  l.es  langues  française  çt  latine,  les  mathé- 
jjiatiques  ,  le  dejsin  pour  les  fortifications,  l'his- 
tpire  ,  1a  géographie  ,  et  généralement  siir  tout 
ce  qui,  constitue  une  bonne  éducation  ,  etc.  Ils 
i](rangent  à  la  table  du  directeur,  et  ne  sortent 
qu'^ecoiïJpagués  d'un  maître. 
-  Les  jeunes  gens  y  sont  admis  jusqu'à  lâge  de 
dix-huit  ans.  La  plus  petite  pension  est  de 
8oo  fr.  jusqu'à  1  âge  de  dix  ans  ,  et  augmente 
de  cent  fr.  par  année  jusqu'à  l5oo  fr.  ,  qui  se 
payent  à  dix-sept  -ans.  Tous  les  maîtres  sont  cora- 
p,ris  dans  le  prix  de  la  pension ,  aitjsi  que  le 
bjanç|iissage  ,  ftl^.  Il  n'y  a  point  de  méisnoire 
deifjépe^isiîr      ■■-,-  

Ç^olle'ctidn  complctle  du  Mercure  de  France  ,  qui  a 
païu  entre  l'ancien  et  le  nouveau  Mercure  -,  le 
tout  pouvant  for rner  lo  volumes  in- 12  ;  prix  3o  fr. 
{  il  it'en  existe  plus  que  1:0  exemplaires.) 

S'adresser  au  ci-devant  bureau  général  du  Mer- 
cure de  France  ,  rue  de  la  Harpe  ,  n°  461  ,  en  face 
de  cel'le  de  l'Ecole  de  Médecine. 


GhANGEMEÎ4T     UE      DOMICILE. 

Jacques  Mignard  ,  auteur  et  propriétaire  de 
rètixir  et  de  l'opiat  de  Gayac  anti-goutte  ,  ci-devant 
rues  Montmartre  et  Taranne  ,  demeure  présen- 
ternent  rue  Neuve  des  Petits-Champs ,  n°^  12  et 
45  ,  la  seconde  porte  cochere  à  droite  en  entrant 
par  là  rue  Gaillon  ,  à  Paris.  Depuis  25  ans  le 
citoyen  Mignard  distribue  ce  retuede  avec  le  plus 
grand  succès  ,  pour  la  guérison  de  la  goutte-,  des 
rhumatismes ,  du  scorbut ,  dartres ,  gale  ,  humeurs 
froides,  fleurs  blanches,  lait  répandu,  fièvres, 
maladies  vénériennes  ,  gdnbrrhées  ,  toute  espèce 
d'écoulement  qu'il  guérit  avec  une  rapidité  éton- 
nante ,  quelquefois  en  huit  jours  ,  (juand  ils  ne 
font  que  commencer;  et  toutes  les  maladies  qui 
naisserjt  de  l'acidité  et  de  la  stagnation  des  hu- 
njeilrs  ,  pa.rce  que  la  vertu  fondante  de  son  élixir 


et  de  son  opial  ,  purifie  et  facilite  la   circulation 

régulière  du  sang  ,  en  désopilant  les  engovgemens. 

Ce  remède  est  des  plus  balsamiques  et  stoma- 
chiques ,  il  purifie  la  masse  du  sang,  et  est  par 
conséquent  1  uniijue  remède  aux  personnes  poi- 
trinaires ou  aiiaquées  de  phthisie  ,  de  maladies 
chroniques  ,  eiç. 

Toute  personne  qui  ne  jouirait  pas  d'une  par- 
faite santé  ,  peut  la  recouvrer  en  trèsrpeu  de  tems 
par  l'usage  de  ce  remède.  Celle  qui  aurait  qucl- 
(jues  soupçons  de  maladies  peut  les  lever  par 
le  même  usage. 

Lélixir  se  vend  vingt  francs  la  bouteille  ,  et 
vingt  francs  le  pot  d'opiai  ,  et  qualrc-viiigt-deux 
francs  la  caisse  ,  contenant  deux  bouteilles  et  deux 
pots  ,  y  compris  la  boîte;  ce  qui  suffit  ordinaire- 
ment pour  une  maladie  récente.  On  délivre  ,  avec 
l'élexir  et  l'opiat  ,  la  manière  de  s'en  servir. 

Pour  prouver  l'efficacité  de  ce  remède  en 
France ,  le  citoyen  Mignard  pourrait  rapporter 
quantité  de  leares  des  cures  nombreuses  qu'il  a 
opérées  avec  son  élixit  et  son  opiat  depuis  son 
retour  de  1  Amérique  ,  et  mentionnées  en  parlie 
dans  un  ouvrage  de  médecine  ,  intitulé  :  Remargues 
sur  les  maladies  vénériennes  ,  scorbutiques  et  gout- 
teuses,  avec  lesvraii  remèdes  pour  les  guérir,  ouvrage 
qu'il  a  fait ,  et  qui  se  trouve  chez  lui.  (  Cette 
brochure  de  5o  pages  iu-S°.  ,  beau  papier  ,  se 
vend  I   fr.  20  cent.  ) 

On  trouve  à  la  même  adresse  les  Œuvres  phi- 
lophiques  et  politiques  de  Jacques  Mignard  .  bro- 
chure in-8°. ,  de  5oo  pages  d'impression.  Prix  3  fr. , 
et  4  fr.  ,  franc  de  port.  Ce  volume  contient  diflé- 
rens  ouvrages  qui  se  vendent  sépaiément ,  savoir: 

Remarques  sur  les  maladies  vénériennes  ,  le 
virus  vénérien  ,  scorbutique  et  goutteux  ,  et  la 
manière  d'agir  du  mercure  ,  avec  les  vrais  remèdes 
pour  guérir  ces  différentes  maladies.  Prix  i  fr. 
20   cent. 

Système  sur  la  formation  de  la  terre  et  de  toutes 
choses  dans  lequel  on  n'admet  que  deux  élémens. 
Prix  60  cent. 

Première,  seconde  et  troisième  attaques  portée? 
au  charlatanisme  des  citoyens  LafFecteur  et  aux 
vertus  chimériques  de  leur  rob  anti-syphilitique, 
2'  édition.  Prix  60  cent. 

Apperçus  des  crimes  commis  par  les  anglo- 
américains  envers  les  français  ;  avec  cette  épi- 
graphe : 

Timeo  Danaos  et  donaferentes. 

Prix    I   franc. 

Quelques  escrocs  anglais  démasqués  ,  ou  les 
déserts  de  l'Amérique  démontrés  tel»  qu'ils  sont , 
avec  cette  épigraphe  : 

Que  ne  suis-je  ce  portier  dont  parle  Lafontaine. 
it  Ce  chien  énorme 
)>  Expédiant  les  loups  en  forme.  !> 
Prix   I   franc. 

GÉOGRAPHIE. 

Les  souscripteurs  de  la  Parte  générale  du  théâtre 
de  la  guerre  en  Italie  ejt  dans  les.Alpes  en  3o  feuilles  . 
par  Bâcler  Ualbe  ,  notamment  ceux  qui  sont  aux 
armées  ,  sont  invités  à  faire  retirer  la  3'  livraison 
de  l'ouvrage  chez  l'auteur  ,  ingénieur-géographe 
à  Paris  ,  rue  des  Moulins  ,  n"  642  ;  et  à  Milan, 
chez  les  frères  Bordiga  ,  graveurs. 

Cette  3'  livraison  complette  .  pour  les  souscrip- 
teurs ,  la  carte  géographique  la  plus  détaillée  qui 
ait  encore  paru  de  cette  partie  si  intéressante  de 
l'Europe. 

Ce  grand  et  superbe  ouvrage  ;mérite  à  tous 
égards  d'être  distingué  ;  entrepris  en  ItaUe  par 
ordre  du  général  Bonaparte  ,  sor»  auteur  n'a  rien 
négligé  pour  en  faire  un  monument  digne  de  lui 
et  des  braves  qu'il  commandait  ;  toutes  les  mar 
ches  militaires  ,  batailles  ,  elt.  y  sont  tracées  avec 
soin.  Un  abrégé  historique  d'un  style  précis  et 
chronologique  explique  facilement  toute  la  mar. 
che  des  opérations. 

Quanta  la  partie  physique  ,  nous  connaissons 
très-peu  de  canes  qui  rendent  aussi  bien  le  sys- 
tème des  montagnes  ,  sur-tout  des  Alpes  ;  celle-ci 
donne  l'idée  d'un  relief  sur  lequel  l'effet  de  Ja 
lumière  fait  distinguer  facilement  les  sommités 
aiguës   et   les  vallées  profondes. 


Ce  bel  ouvrage  devient  d'une  uliliié  indispen- 
sable, non-seulement  aux  railiiaires  et  personnes 
attachées  à  l'armée  ,  mais  aussi  à  celles  qui  aiment 
à  suivre  dans  leur  cabinet  la  marche  de  nos  ar- 
mées triomphantes;  pour  la  jeunesse,  c'est  un 
rnonument  instructif. 

Les  perles  que  l'auteur  a  essuyées  lors  de 
l'entrée  des  autrichiens-en  Italie,  oii  il  a  perdu 
ses  atteliers  et  même  une  partie  de  ses  cuivres  , 
ont  retardé  jusqu'à  ce  jour  la  publication  de  cette 
3"  livraison  ;  sa  persévérance  et|  son  activité  le 
mettent  dans  le  cas  de  satisfaire  bientôt  l'empres- 
sement que  le  public  a  témoigné  de  possède»' 
l'ouvrage  complet.  La  seconde  édition  des  planr 
ches  perdues  se  pousse  avec  la  plus  grande  ac- 
tivité ,  et  elle  sera  terminée  avant  trois  mois. 

En  attendant,  on  peut,  en  s'inscrivant  che? 
l'auteur  pour  l'ouvragp  complet  ,  reliref  la  l'" 
et  la  3'=  livraison;  ces  vingt  feuilles  compren- 
nent la  partie  k  plus  essentielle  dans  ce  nio- 
ment. 

Le  prix  dç  l'ouvrage  complet  en  3o  feuilles  est 
de  144  francs.  Il  faut  affranchit  les  lettres  et 
l'argent. 


GRAVURES. 

Uva  nigra  etuva  alba,  raisinnoir  et  raisin  blanc  , 
dit  chasselas  ,  dessiné  d'après  nature  ,  par  li^ 
cit.  P.  F.  Legrand  ,  et  gr^é  par  le  même. 

A  Paris ,  chez  l'auteur  ,  rue  Jacques  ,  n°  16, 
Prix  3  francs. 

Cet  artiste  est  celui  qui  grave  les  dessins  de 
Gérard  Vanspaendonck. 


LIVRES    DIVERS. 

Code  des  successions  ,  donations  ,  substitutions  ,  " 
testamens  et  partages  ,  3'"''  édition  revue  ,  corrigea 
et  augmentée  de  plusieurs  lois  importantes  rela- 
tives aux  successions  des  étrangers  ,  émigrés  ,  etc. 
et  d'une  table  alphabétique  contenant  l'analysç 
abrégée  de  toutes  les  lois  rapportées  dans  ce  code , 
par  A.  C.  Guichard  ,  2  vol.  in-12  ;  prix  ,  4  francs  , 
et  5  fr.  pour  les  départemens. 

Dissertation  sur  le  régime  actuel  des  succesàons  , 
contenant  1  historique  ,  l'analyse  et  1  explication  , 
par  ordre  de  matières  ,  des  nouvelles  lois  rendues 
en  cette  partie  ;  avec  des  observations  morales  et 
critiques  sur  les  incpnvéniens  graves  qui  résultent 
du  nouveau  mode  de  succéder  introduit  par  ces 
lois,  par  A.  C.  Guichard,  2™^  édition  in-12  ; 
prix  ,  I  fr.  5o  cent,  et  2  fr.  pour  les  départemens. 

Ces  deux  ouvrages  se  vendent  chez  Garner'y  , 
libraire,   rue   de  Seine,  ancien  hôtel  Mirabeau:. 


COURS     DU     CHANGE. 
Bourse  du  5  fructidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

3o  jours.       à  6ojourt. 


Amsterdam  banco . 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

— — Effectif. 

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Effectif. . , . . . 

Gênes  effectif 

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5  fr.  10  c, 
I4fr.35c. 

5  fr.  loc, 
14  fr.  i5c. 

4fr.55c. 

4  fr.  95  c. 


187 


Jîp. 


Effets   publics. 

Rente  provisoire jg  fr.  38  c- 

Tiers  consolidé 33  fr. 

Bons  deux  tiers i   fr.  5g  c. 

Bons  d'arréragé 8?  fr.  25  c. 

Bons  pour  l'an  8 85  fr.  63  c. 

Syndicat 

Coupures 64  fr.  75  c. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqije  et  des  Arts. 
Auj.  relâche. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Comment  foire  ? 
es  Avant-postes  ,  et  Bagatelle. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Fanthmimes, 
Aju.  la  i'"  repr.  de  Jenny  ou  les  Ecossais  . 
pièce  en  3  actes  ;  l  Epreuve  excusable  ,  et  Diogene. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue.  Culture-Catherine. 
Auj.  Robert ,  chef  des  brigands  ,  prèc.  des  deux 
Chasseurs  et  la  Laitière. 


.;L'aboppeJBcnt  f^  fiitVParjf,, TOC  (ie^  Ppilevins,  n°  jS,  Leprix  est  de  25  francs  pour  trois  mois,  5o  franc»  pour   liï   mois  ,   et    100  francs  pour  l>iijiée  çntieie.  On   iià 
4'itbonnequ"'îfW  commeii<e'tp,ep;t  4e  cliaq.uç  mpis.  '•'■'•  <■  ■  '  / 

'illfaai  adresser  les  Leiireset  l'argent ,  franc  de  port  ,  au  ci  t.  Acasse,  pr.opriéiaire  de  ce  journal  ,  rue  des  Poitevins,  a»  j8.  Ilfaiitcomprevadj-*  dans  Jet  envois  'ÏB^tttX  iluf 
pays  où  l'on  ne  peut  aÏTOncHir.   Les  letlres  des  départemens  non  affranchies  ,  neseioutpoint  retirées  de  la  poste.  '    ''  -  !''"3  j 

Il  faut  avoir  soiuj  poui  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui   ceufermeni  des  valeurs ,  «adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de   la  feuilje  ,    ay  lédaçtffif-),  .r'vi$i4{4 


Poitev 


3,  depui 


uf  heures  dm 


injusqu; 


inq 


heures  du  soi 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  tue  des  Poitevins  ,  n"  l3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  337. 


Sepiidi  ,  7  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


TT: 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu  a  dacer  du  7  Nivôse  le   MONITEUR  esc  le  seul  journal  officiel.  '''■   '    ,''» 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenï ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux   sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I    EU   R. 

ALLEMAGNE. 

Augsbourg  ,  le  S27  thermidor. 

XjES  autrichien'!  ont  fait  sur  la  rive  gauche  du 
Danube  UQ  camp  vis-à-vis  Raiisbonne  ;  il  doit 
contenir  plusieurs  milliers  de  soldats.  Le  clergé 
de  celte  ville  doit  payer  la  moitié  de  la  conici- 
bulion  de  25o,ooo  francs  à  laquelle  elle  est  im- 
posée. L'électeur  de  Bavière  a  envoyé  en  outre 
90,000  florins  au  chapitre  de  la  cathédrale,  et 
5o,ooo  à  celui  de  Saint-Emeran  pour  le  paiement 
de  la  contribution  de  la  Bavière.  Il  a  nommé  le 
baron  de  Rechberg  son  envoyé  à  Berlin  ,  et  le 
chevalier  Bray  à  Londres. 

Les  français  ont  tiré  de  l'arsenal  de  Munich 
11,192  fusils  ,  5r,ooo  sabres,  114  affûts  de  canon  , 
3îOO  bombes  ,  1662  grenades  ,  126,000  boulets, 
3i63  bayonnettes  ,  2666  pistolets  ,  2  petits  ca- 
nons d  argent  ,  des  statues  ,  des  timbales  de 
même  métal  ,  etc  ;  les  canons  de  métal  avaient  été 
emmenés  avant  leur  arrivée.  On  estime  le  tout  à 
Un  million  6go,ooo  florins  ,  plus  de  3  millions 
de  France. 

Le  savant  Jean  Busch  ,  homme  plein  de  raé- 
riie  et  professeur  à  Hambourg  ,  y  est  mort  der- 
nièrement âgé  de  73  ans. 

—  A  Schonbrunn,  on  a  arrêté  un  jeune  homme 
qui  voulait  incendier  le  palais  de  l'empereur. 

Stuttgard  ,  le  $27   thermidor. 

Depuis  quelques  jours  le  feu  s'est  déclaré  de 
nouveau  dans  la  Forèi-Noire.  Plusieurs  baillis  ont 
reçu  l'ordre  d'y  envoyer  au  plus  vite  une  quantité 
de  monde  suffisante  pour  l'éteindre. 

Le  général  Drouet  est  allé  de  la  rive  gauche 
sur  la  rive  droite  du  Necker  ,  avec  les  troupes 
qui  occupaient  le  pays  de  Lu^wigsbourg  et  de 
Marggroningue. 

Augereau  a  son  quartier-général  à  Francfort , 
Souham  a  le  sien  à  OfFenbach  ,  et  Delaporte  à 
Bruchsal. 

Le  général  Moreau  avant  son  départ  de  Nym- 
phenbourg  pour  la  France  ,  reçut  un  officier  de 
î'état-major  autrichien  ,  le  chevalier  Vacain  ,  qui 
lui  remit  des  dépêches  concernant  Duroc.  Les 
généraux  Zagg  et  Saint  -  Julien  sont  arrivés  à 
Vienne  ,  le  lendemain  de  l'arrivée  de  la  reiiie  de 
Naples  et  de  l'amiral  Nelson  dans  cette  même 
ville  ,  le  ig. 

Il  paraît  qu'à  la  paix  de  grands  chailgemens  se 
feront  dans  l'empire  ,  surtout  par  rapport  à  la 
sécularisation  :  les  cours  de  Vienne  et  de  Berlin 
t'entendent  à  ce  sujet ,  mais  Paul  I"^  n'y  a  pas 
encore  donné  les  mains.  Il  est  ennemi  de  toute 
innovation.  Il  est  tiès-atiaché  au  rétablissement 
de  la  république  de  Venise  ,  et  conséquemment 
il  réfuse  de  reconnaître  la  nouvelle  république 
des  îles  ex-vénitiennes  ,  quoiqu'elles  soient  sous 
la  protection  de  la  Porte  Ottomane. 

Il  paraît  que  le  projet  d'une  neutralité  armée 
n'a  encore  été  adopté  que  par  la  Suéde.  La  prusse 
et  leDannemarck  ne  s'y  prêtent  point..  L'empereur 
Paul  a  dernièrement  refusé  audience  à  l'ambassa- 
deur danois,  à  cause  du  refus  de  sa  cour  d'entrer 
celte  ligue  ,  qu'il  a  conçue.   (  Strasb.  Weltbote.  ) 

REPUBLIQ.UE    HELVÉTIQUE. 

Berne  ,  le  2S  thermidor. 

AujOURn  util  ,  un  corps  de  français  venant  du 
Léman  est  arrivé  ici.  On  apprend  de  Coire  que 
les  républicains  que  les  autrichiens  avaient 
emmenés  à  Ingolstadt.  vont  être  transportés  plus 
loin  ,  et  peut-être  en  Hongrie. 

Le!  nouvelles  autorités  des  cantons  de  Lugano 
et  de  Bellinzonasont  en  activité.  Ces  deux  cantons 
«ont  occupés  par  des  troupes  cisalpines.  La 
cherté  des  vivres  et  leur  rareté  y  est  toujours 
très-grande. 

La  révolutfon  du  19  est  maintenant  terminée, 
et  a  atteint  son  premier  but,  sans  que  tous  les 
moyens  que  l'on  a  employés  pour  y  parvenir 
aient  été  publiquement  approuvés.  La  plupart 
des  membres  de  l'ancienue  législature  ,  après 
»  être  rassemblés  à  un  repas  d'adieu  ,  et  s'y  être 
jurés  amitié  et  fraternité  ,  sont  parti»  pour  leurs 
payi. 


L'article  de  l'armistice  concernant  les  grisons  , 
qui  dit  :  Le  pays  conservera  d'ailleurs  sa  forme  dé 
gouvernement ,  occasionne  quelques  discussions, 
et  donne  lieu  à  diverses  interprétations.  Cepen- 
dant ,  le  pays  est  gouverné  d'après  la  consti- 
tution. {  Straburger  Weltbote.  ] 

A  N  G  L  E  T  E  R  R  E. 

Londres ,  le  g  août.  (  2 1  thermidor.  ) 
Extrait  de  quelques  journaux  anglais.  —  l'Oracle 
(  le  10  août  1800.) 
Les  papiers  de  Paris  jusqu'au  6  ,  n'oflFrent 
aucune  lumière  qui  puisse  dissiper  d'une  manière 
salisfesante  les  nuages  qui  couvrent  toujours  les 
négociations  du  continent.  On  ne  saurait  douter 
que  la  lenteur  des  négociations  ne  provienne  de 
l'intervention  secrète  de  la  Prusse.  La  cour  de  Berlin 
a  trop  d'intérêt  dans  cette  affaire  .  pour  permettre 
que  la  paix  se  termine  sans  son  influence  ,  et  cette 
influence  doit  avoir  beaucoup  de  poids  ,  non 
seulement  à  cause  des  forces  militaires  de  la 
f  russe  ,  mais  plus  encore  à  cause  de  la  fédéra- 
tion maritime  du  nord  ,  dont  le  roi  de  Prusse 
est  l'un  des  principaux  membres.  Il  est  en  effet 
le  chef  de  la  neutralité  armée  du  Nord  de 
l'Allemagne.  Dans  le  traité  qui  doit  se  con- 
clurre  ,  l'objet  dont  il  s'agit  ne  se  bornera  pas 
uniquement  à  régler  les  intérêts  respectifs  de 
l'Autriche  et  de  la  France  ;  Il  importera  aussi  de 
concilier  ceux  de  tous  les  prince  du  corps  germa- 
nique.  dont  quelques-uns  ont  été  priiés  de  leur 
territoire  ,  et  dont  d'autres  ont  essuyé  des  pertes 
considérables  par  l'invasion  l'ennemi. 

Lorsqii'à  ces  considérations  l'on  ajoute  celles 
de  tant  d'intérêts  divers  à  concilier  ,  les  vastes 
compensations  à  faire  et  la  fixation  delà  balance 
de  l'Europe  ,  l'ou  ne  saurait  douter  qu'il  n'existe 
point  de  puissance  continentale  qui  ne  soit  pro- 
fondément intéressée  à  ce  trai)é  ,  et  ne  doive  né- 
cessairement y  prendre  part.  Nous  ne  devrons 
donc  point  être  étonnés  de  voir  que  les  négocia- 
tions n'aillent  point  avec  cette  rapidité  que  quel- 
ques politiques  supeificiels  attendaient  d'abord. 
Tout  nous  porte  à  croire  ,  il  est  vrai ,  que  l'Au- 
triche et  la  JFrance  en  viendront  bientôt  à  quelque 
arrangementrelatif  à  leurs  intérêts  mutuels;  mais 
il  est  à  présumer  que  cet  arrangement  particulier 
sera  suivi  d'un  congrès  chargé  de  régler  ceux 
des  autres  puissances  ,  et  d'établir  un  sysiême 
de  balance  politique  du  continent  ,  sous  l'in- 
fluence de  la  Russie  et  de  la  Frusse.  (i) 

Il  ne  se  passe  pas  de. jour  sans  qu'on  fasse 
courir,  parmi  la  haute  classe  des  émigrés  .  des 
contes  ridicules  sur  de  prétendus  changemeUs 
arrivés  dans  le  gouvernement  de  France.  Tantôt 
ils  sont  venus  par  des  lettres  reçues  -,  tantôt  par 
des  personnes  récemment  arrivées  de  France  ,  qui , 
à  lenvi  les  unes  deç  autres  ,  donnent  daiisles  fic- 
tions les  plus  extravagantes. 

Toutes  ces  fables  ont  leur  source  dans  l'es- 
prit de  parti  qui  domine  aujourd'hui  chez  les 
émigrés  de  haut-parage  ,  dont  quelques-uns  dési- 
rent leur  retour  en  France  ,  tandis  que  les  au- 
tres s'y  opposent  violemment.  De  là  les  pam- 
phlets polémiques  mis  en  circulation  pour  et 
coniTt  \a. promesse  de  fidélité  e%\géc  de  la  part  de 
ceux  qui  sont  admis  à  lentrer.  De  là  les  décrets 
nouvellement  fabriqués  dans  la  société  d'émigrés  ; 
et  les  changemens  qu'ils  ne  se  font  aucun  scru- 
pule d'opérer  aux  articles  officiels ,  insérés  dans 
les  journaux  qui  sont  sous  l'influence  d'un  paru  , 
etc.  etc.  etc. 

L'Observateur  ,  ("/<  10  août  1800.  J 
Les  nouvelles  d'Egypte,  du  dernier  courier^ 
rapportent  que  la  reprise  des  hostilités  fut  plus 
funeste  qu'on  ne  l'avait  d'abord  annoncé;  dans 
le  combat  avec  Klebet ,  les  turcs  ,  au  lieu  de  dix 
mille  hommes  ,  en  perdirent  -20^000  par  l'épée 
et  par  les  fatigues ,  la  faim  et  la  soif  daiis  le 
désert;  c'est  à  ces  désastres  que  la  multitude 
attribue  la  peste  qui  a  ravagé  et  ravage  encore  les 
restes  de  l'armée   ottomane. 

Dans  le  nombre  des  personnes  tombées  au  pou- 
voir du  général  français  à  la   bataille  du   Caire  , 

(  i)  Le  Sun  du  8  août ,  après  des  réflexions 
analogues  à  celles-ci  ,  'ajoute  :  Augsbourg  et 
Anspach  sont  désignés  pour  être  le  lieu  du  con- 
grès. Mais  il  n'y  a  de  certain  en  ccl.a  que  les  sou- 
haits des  négocians  et  des  aubergistes  de  ces  deux 
villes. 


était  M.  Morea,-  secrétaire  d'ambassade  anglaise  à 
Constanlinople  ,  qui  fut  traité  par  Kleber  et  les 
autres  généraux  de  la  manière  la  plus  distinguée, 
et  avec  toute  l'humanité  imaginable.  On  lui  a.' 
permis  de  rejoindre  le  grand-visir  avec  qui  ile 
était  quand  on  nous  a  écrit  ces  nouvelles.  Quoi-1 
qu'au  milieu  de  l'armée  ,  nous  craignons  qu'il  ne- 
soit  dans  le  plus  grand  danger.  Plusieurs  per- 
sonnes de  la  suite  du  grand-visir  ont  été  atteintes» 
et  victimes  de  la  peste. 

On  parle  avec  assurance  du  renouvellement' 
des  bonnes  disposiiions  des  égyptiens  envers  les 
français  ,  et  de  la  résolution  de  Kleber  de  ne  pas 
abandonner  la  conquête  de  Bonaparte.  On  cite 
une  autre  cireonsiance  très-importante  pour  ce 
pays-ci  ,  c'est  que  sept  voiles  de  lignes  françaises 
et  espagnoles  et  cing  frégates  se  sont  échappées, 
de  Brest  ,  ont  passé  le  détroit,  de  Gibraltar  le  5. 
juillet,  avec  le  dessein  de  longer  la  côte  d'Afri.-. 
que,  pour  secourir  et  renforcer  l'armée  d'Âlexan-; 
drie. 

Londres  ,  /e  12   août   1800.  ■ 

Conséquences  qui  résulteraient  pour  notre  commefce 
d'une  rupture  avec  la  Russie. 

La  coalition  du  Nord  ,  qui  chaque  jour  ;Se 
développe  davantage  ,  commence  à  partager  l'at- 
tention publique  avec  Timportante  qjjestion  de 
la  paix  ou  de  la  guerre  ,  sur  laquelle  elle  devra 
nécessairement  avoir  une  très-grande  influence. 

L'empereur  Paul ,  notre  ci-devant  magnanime 
allié  ,  se  placera  naturellement  à  la  tête  de  cette' 
confédération.  Quel  que  soit  le  motif  qui  dirige 
ses  intentions  hostiles  contre  nous  ,  elles  ne  pour- 
raient être  que  rrès-préjudiciables  non  seulement 
à  notre  commerce  ,  mais  même  à  notre  sûreté. 
Sans  doute  ,  la  guerre  exposerait  aussi  la  Russie, 
à  de  grands  sacrifices  commerciaux  ;  car  ses  rela- 
tions mercantiles  avec  nous  sont  très-variées  et 
très-étendues.  Il  est  même  des  personnes  qui  esti- 
ment que  les  avantages  qui  en  résultent  pour 
elle  .  contrebalancent  presque  ceux  qui  en  pro- 
viennent pour  nous.  Un  peu  d'attention  sur  la 
nature  de  notre  cominerce  d'importation  et  d'ex- 
portation avec  ce  pays  ,  suffira  pour  démontrer 
de  quel  côté  penche  la  balance. 

Nous  importons  en  Russie  le  produit  du  sol  et 
des  manufactures  des  trois  royaumes  ,  ainsi  que 
celui  de  nos  colonies  et  de  notre  commerce 
dans  l'Inde,  auxquels  il  faut  ajouter  la  plupart 
des  denrées  du  crû  de  l'Europe  ,  et  spécialement 
celles  de  France  en  tems  de  paix  ,  sur  quoi  nou^ 
retirons  le  bénéfice  du  fret  et  les  avantages  d'ua 
commerce  d'économie. 

Les  objets  que  la  Russie  nous  fournit  en 
échange  consistent  principalement  dans  des  mu- 
nitions navales  ,  telles  que  des  bois  de  construc- 
tion ,  des  mais  ,  du  fer  ouvré,  du  chanvre,  du 
goudron  ,  etc.  ,  etc.  Nous  entretenons  même  dans 
quelques  parties  de  te  pays  des  manufactures  011 
nous  faisons  donner  .aux  matières,  brutes  une 
première  main-d'œuvre  qui  nous  revient  à  deux 
tiers  meilleiir  niaiché  qu'ici.  Nous  ayons  des 
maisons  de  commerce  et  des  factoreries  à  Mos- 
cow,  Wologda  ,  Tula,  Joroslaw,  Casan,  e(  même 
à  Astracan  ,  d'où  nous  étendons  notre  commerce 
jusque  sur  la  mer  Caspienne.  Nous  employonf 
dans  l'intérieur  de  la  Russie  des  commis  et  de» 
facteurs  anglais  pour  surveiller  les  manufactures 
de  toiles  à  voiles  ,  de  cordages  et  de  toute  espèce 
de  feriures  ,  à  l'usage  de  nos  chantiers ,  de  nos 
arsenaux  ,  etc.  etc. 

Les  avantages  que  l'Angleterre  retire  du  comt- 
merce  de  ces  différens  articles,  ne  peuvent  se 
calculer.  Le  premier  de  tous  pour  elle  est  d'avoir 
en  sa  disposition  une  source  itiépuisable  de  ma- 
tériaux pour  la  formation  ,  la  réproduction  et 
l'augmentation  de  ses  marines  militaire  et  mar- 
chande. C  est  ce  commerce  avec  la  Russie  qui 
lui  donne  la  vie;  c'est  .ce  commerce  encore  qui 
la  lui  conserve.  Il  faut  observer,  en  outre,  que 
ce  grand  et  avantageux  commerce  est  actif  de  la 
part  de  la  Grande-Bretagne,  et  purement  passif 
de  la  part  de-  la.  Russie;  ce  qui  assure  à  la 
première  tout  le  bénéfice  de  la  commission  dil 
fret ,  du  change  ,  et  même  d'urte  partie  de  la 
main-d'œuvre,  comme  nous  l'avons  déjà  fait 
remarquer. 

On  peut  objecter,  il  est  vrai  ,  que  ,  malgré  ce 
désavantage  pour  la  Russie  d'un  commerce  passif, 
elle  relire  de  nous ,  tous  les  ans ,  en  tems  de  paix , 


en  d«nii-niillion  sterling,  presque  tout  en  espèces; 
mais  celte  balance  en  sa  faveur  est  plus  aiiparente 
que  réelle. 

En  effet,  outre  les  matériaux  que  nous  lirons 
de  la  Russie  ,  et  qui  nous  servent,  non-seulement 
à  construire,  mais  encore  à  équiper  ,  armer  ,  ré- 
parer et  entretenir  notre  masse  de  navigation  , 
nous  recueillons  dans  le  bénéfice  du  fret,  etc.  etc. 
plus  du  double  de  ce  que  nous  pay.ons  en 
espèces  ou  en  marchandises  pour  former  cette 
prétendue  balance  ,  et  le  coûi  d'e  ce  fret ,  etc.  etc. 
est  acquitté  ,  non-seulemï»it  par  la  Russie  ,  mais 
encore  par  l'Espagne,  le  Portugal,  l'Italie  ,  la 
France  (  en  tems  de  paix)  ,  f  Allemagne  ,  et  en  un 
niot  par  tout  le  nord  ,  avec  lequel  nous  fesons 
un  commerce  très-actif,  et  qui  est  tout  bénéfice 
pour  nous.  L'Angleterre  est  donc  plus  intéressée 
que  la  Russie  à  l'existence  et  à  la^  continuité  de 
•ce  commerce.  En  général ,  il  paraît  que  nous  ab- 
sorbons les  trois  quarts  du  commerce  de  cet  ern- 
pire.  Combien  dès-lors  notre  conduite  ne  doit- 
elle  pas  être  mesurée  pour  éviter  une  rupture  qui 
afFccierait,  non -seulement  nos  bénéfices,  mais 
encore   nos  capitaux  ! 

(  Extrait  du  Morning-ChTOnuk\  du  il  thermidor 
«u  g  août.  ) 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg,  le  z fructidor. 

.  Le  général  Moreau  est  arrivé  ici  il  y  a  4  jours. 
Deux  lieures  après  y  arriva  aussi  le  citoyen  Duroc;- 
Sl  laissa  une  lettre  pour  le  général  Moreau.  Kray 
était  à  visiter  les  positions  de  son  armée  ,  lorsque 
Duroc  arriva  au  quartier-général  de  Allotlingen. 
Le  comte  de  Lerbach  s'excusa  sur  ce  qu'on 
n'avait  pas  eu  le  tems  d'envoyer  aux  généraux 
les  instructions  nécessaires.  On  ignore  la  rçponse 
que  Tapporte  Duroc. 

La  présence  du  général  Moreau  ,  dans  cette 
ville  ,  fait  le  plus  grand  plaisir.  Ce  digne  guer- 
rier a  fait  une  campagne  qnl  lui  fait  autant  d'hon- 
neur du  côté  du  génie  militaire  et  de  la 
bravoure  ,  que  du  désintéressement  et  de 
l'équité.  Tous  les  cœurs  des  habitans  sont  pour 
lui  ,  et  le  sentiment  de  là  considération  et  de  la 
reconnaissance  est  dans  l'ame  de  tout  le 
monde.  Moreau  à  mangé  avant-hier  chez  le  gé- 
néral Sainie-Susanne.  On  ignore  de  combien 
sera  son  séjour  ici.  Il  a  parfaitement  bien  reçu 
les  officiers  de  la  garde  nationale  qui  ont  été  lui 
faire  visite.  Ceux-ci  lui  ont  demandé  qu'il  envoyât 
une  demi  -  brigade  pour  soulager  les  citoyens  du 
service  pénible  de  la  Ville  11  a  promis  que  sitôt 
que  les  circonstances  le  permetraien,il  se  rendrait 
à  leurs   désirs. 

Le  général  Lecourbe  qui  a  pris  une  par*  si 
active  aux  exploits  de  cette  campagne  ,  est  ar- 
rivé à  Colmar.  Nous  l'attendons  dans  notre  ville 
d'où  il  doit  partir  pour  Pariîi  Strasburger  Weltbote. 


Paris  ,  le  6  fructidor. 

On  écrit  de  Dijon  que  le  feu  a  pris  à  un  ma- 
casin  de  fourrages  à  Cessey  ,  l'un  des  yj^ages  qui 
bordent  le  camp.  Cinq  maisons  ont  été  la  proie 
des  flammes;  trois  militaires,  un  vieillard  et  un 
enfant  ont  péri.  L'un  des- trois  soldats  a  étsé  la 
victime  de  son  zèle  :  c'est  en  venaiit  au  secours 
du  viellard  et  des  enfans  qu'il  a  péri. 

—  On  apprend  également  de  divers  autres 
points  de  la  république  ,  que  des  parties  assez 
considérables  de  bois  sont  devenues  la  proie  des 
flammes. 

: —  Le  8  fructidor,  le  capitaine  rapporteur  ,Riou  , 
présentera  au  deuxième  conseil  de  guerre  de  la 
17'  division  ,  l'importante  affaire  de  Gohier , 
le  Gard,  Pupier  et  Fossard  ,  amnistiés  et  accusés 
d'embauchage.  Le  citoyen  Dufriche- Fontaines 
portera  la  parole  pour  les  quatre  accusés. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  aS  thermidor  an  8. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête  : 

Le  général  Brune  est  nommé  général  en  chef 
de  l'armée  d'Italie. 

Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé   de  l'exé- 
cution du  présent  ariêté. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonapakte. 
Par  le  premier  consul , 
L(  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H,  B.Maret. 
Arrêté  du  6  fructidor. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  république , 
arrête  : 

Le  général  Macdonal  est  nommé  général  en 
chef  de  l'armée  de  réserve. 

Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exécu- 
tion du  présent  arrêté. 

Le  premier  tonsul ,  Signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Lt  stcrétaire-d'état ,  signe ,  H.  B.  Maket. 


i358 

EKtrait  des  registres  des  dâibérations  des  consuls  de 
la  répiMigîie.  —  P-,iris  ,  le  5  fructidor,  an  8  de  la 
république  fravçiiis-e  ,  une  et  ilidivisible. 
Les  consuls  de"  la   république  ,   sur  le  rapport 
du   ministre  de  la  justice,   considérant  la  néces- 
sité de  concilier,  «avfec  l'organisation  actuelle  des 
tribunaux  ,    le   vœu  de   la    loi   qui   accorde   des 
vacances   aux  juges  ,    le   conseil-d'éiat  entendu  , 
arrêtent   ce    qui    suit  : 

Art.  1='.  Dans  l'intervalle  du  i5  fructidor  au  i5 
brumaire  ,  il  sera  donné  ,  par  chaque  section  des 
tribunaux  ,  soit  d'arrondissement  ,  soit  d'appel  , 
une  audience  au  moins  par  décade  ,  pour  le  ser- 
vice des  vacations. 

II.  Les  sections  auxquelles  les  matières  de  po- 
lice correctionnelle  sont  exclusivement  dévolues 
dans  quelques  tribunaux  d'arrondissement  ,  tels 
que  celui  de  Paris,  n'ont  point  de  va<;ance. 

III.  Le  tribunal  de  cassation,  les  tribunaux  cri- 
minels ,  les  tribunaux  de  coriimcrce  n'ont  point 
de  vacance  ,  noir  plus  que  les  directeurs  de  jury 
qui  sont  en  exercice  depuis  le  l5  fructidor  jus- 
qu'au  i5   brumaire. 

IV.  Le  niinisiré  de  la  justice  est  chargé  de 
l'exécution  d'à  piéseni  arrêté  ,  qui  sera  imprimé 
au   Bulletin  des   lois. 

Le  premier  consul,   signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.    B.  Maret. 


MINISTERE    DE    LINTÉRIEUR. 
Paris ,  le  &  fructidor  an  8. 
La    distribution    des  prix   pour  le  Prytannée  , 
aura  lieu  le  l3  ;   pour  l'école  des  ponis  et  chaus- 
sées ,  le  i5,àmidi;   Le  ministre  de  l'intériettr  y 
assistera. 


L'article  suivant  a  déjà  paru  dans  ce  journal,  le 
10  nivôse  dernier.  Quelques  personnes  paraissant 
incertaines  si  ,  à  cette  époque  ,  le  Moniteur  était 
officiel  ,  il  a  paru  convenable  de  le  publier  de 
nouveau. 

)i  On  a  dû  remarquer  dans  un  des  arrêtés  des 
consuls  ,  du  7  nivôse  an  8  ,  que  les  ministres  des 
cultes ,  assujettis  par  les  lois  antérieures  à  un  ser- 
ment ou  déclaration  quelconque  ,  y  satisferont 
par  la  déclaration  suivanie'.Je  promets  fidélité  à  la 
constitution.  Cette  formule  est  à  elle  seule  une 
garantie  part..ile  de  la  liberté  des  opinions  reli- 
gieuses ;  car  elle  respecte  toutes  les  délicatesses  , 
et  jusqu'aux  scrupules  de  la  piété  la  plus  crain- 
tive. Ce  n'est  point  un  serment  ,  une  promesse 
faite  à  Dieu  ;  c'est  un  engagement  purement  civil. 
Celle  de  toutes  les  religions  qui  défendrait  avec 
le  plus  de  sévérité  la  fréquence  des  sermetis  ,  ne 
peut  donc  appoi-ter  ici  aucun  obstacle  :  on  ne 
promet  pas,  comme  par  le  passé,  de  maintenir  la 
constitution  :  il  y  avait  dans  le  mol  maintenir ,  ou 
du  moins  il  paraissait  y. avoir  une  promesse  d'ac- 
tion directe  et  positive  pour  soutenir  ,  pour  dé- 
fendre un  code  qu'après  tout  on  ne  pouvait  être 
tenu  d'approuver  :  or  ,  on  conçoit  qu'un  tel  enga- 
gement pouvait  jetter  une  sorte  d'inquiétude  dans 
quelques  âmes  qu'il  était  bien  cruel  de  tourmen- 
ter pour  une  formule  :  aujourd'hui  on  promet 
uniquement  d  être  fidèle  ,  c  est-à-dire  ,  de  se  sou- 
mettre ,  de  ne  point  s'opposer  :  or  ,  une  pareille 
déclaration  est  d  abord  très-suffisante  ,  et  de  plus 
elle  offre  l'inappréciable  avantage  de  ne  pouvoir 
rencontrer  de  résistance.  Q.uelle  est  la  religion  , 
en  effet ,  qui  ne  recommande  la  soumission  aux 
lois  du  pays  où  l'on  est?  et  quel  est  l'homme  , 
quel  est  le  prêtre  qui  ,  par  le  fait  même  de  son 
habitation  dans  un  lieu  ,  ne  se  croie  pas  tenu  de 
respecter  ces  engagemens. ?  Il  ne  peut  en  exister 
aucun  qui  s'y  refuse.  >' 


ils  tiendront  compte  des  différences  qu'apportent 
à  cet  égard  la  nature  du  climat  ,  celle  du  sol  et 
celle  des  aliiuens  que  les  cultivateurs  peuvent 
leur  donner. 

Us  décriront  les  soins  qu'exigent  l'éduêation  et 
l'engrais  de  ces  animaux.  Ils  feront  de  nouvelles 
expériences  sur  l'influence  des  aliinens  cnids  ou 
cuits  ,  froids  ou  chauds  ,  tirés  du  règne  végé'al  ou 
du  règne  animal ,  et  sur  celles  de  la  propreté  ,  de 
l'uir  et  de  la  température. 

Ils  recueilleront  des  observations  exactes  sur 
les  habitudes  de  cet  animal  ,  sur  les  maladies 
auxquelles  il  est  sujet,  et  sur  l'efficacité  des 
des  différens  moyens  curatifs  ;  ils  indiqueront  la 
préparation,  l'emploi  économique  et  le  com- 
merce des  divers  produits  qu  on  en  obtient; 
ils  feront  connaître  les  cas  dans  lesquels  on 
trouve  du  bénéfice  à  élever  des  porcs  ,  ceux  oà 
il  est  préférable  de  se  borner  à  les  engraisser; 
enfin,  les  profits  accessoires  que  donnent  ces 
animaux  dans  plusieurs  établissemens  ■  indus- 
triels ,  tels  que  les  distilleries  d'eau-de-vie  ,  le»' 
brasseries  ,  les  araidonneries  ,  etc.  Ils  lâcheront 
d'appuyer  leur  opinion  sur  des  résultats  effectifs  , 
et  des  calculs  certains. 

Le  prix  sera  de  la  valeur  de  5oo  francs  ; 
il  sera  décerné  dans  la  séance  du  3o  prairial 
an    10. 

Les  mémoires  devront,  être  reçus  avant  le  3o 
germinal  de  la  même  année. 

Conditions  générales  à  remplir  par  les  aspirans  aux 
prix  ,  sur  quelque  sujet  qu'ils  concourent. 

On  ne  mettra  pas  son  nom  à  son  manuscrit  , 
mais  seulement  une  sentence  ou  devise.  Oa 
pourra,  si  Ion  veut,  y  attacher  un  billet  séparé 
et  cacheté  ,  qui  renfermera  ,  outre  la  sentence  ou 
devise  ,  le  nom  et  l'adresse  de  l'aspirant.  Ce  bille» 
ne  sera  ouvert  par  la  société,  que  dans  le  cas  où 
la  pièce  aurait  remporté  'e  prix. 

Les  ouvrages  destinés  au  concours  peuvent 
être  envoyés  à  la  société  ,  sous  le  couvert  dti 
préfet  du  département;  oti  peut  aussi  les  adresser, 
francs  de  port  ,  à  Paris ,  au  secrétaire  de  la  société, 
ou  bien  les  faire  remettre  entre  ses  mains.  Dans 
ce  dernier  cas  ,  le  secrétaire  en  donnera  un  récé- 
pissé,où  seront  marqués  la  sentence  de  l'ouvrage 
et  son  numéro  ,  selon  l'ordre  ou  le  tems  dans  le- 
quel il  aura   été   reçu. 

C'est  le  trésorier  de  la  société  qui  délivrera  le 
prix  au  porteur  du  récépissé  de  l'ouvrage  cou- 
ronné ;  et  dans  le  cas  où  il  n'y  aurait  pas  de  récé- 
pissé,  le  prix  ne  sera  remis  qu'à  fauteur  même  , 
ou  au  porteur  de  sa  procuration. 

François  (  de  Neufchâteau  ) ,  président. 
SiLViLsrRE  ,  secrétaire.' 


Suite  du  Programme  des  prix  proposés  par  la  Société 
d'Agriculture  du  département  de  la  Seine ,  dans 
sa  séance  publique  du  so  messidor  ,  an  8  de 
ta  république. 

Second  sujet  de  prix  pour  l'an  10.  Sur  l'éducation 
et  la  multiplication  des  porcs. 

Tous  les  ouvrages  d'économie  traitent  de 
l'éducation  du  porc  ;  pltisieur^  même  peu 
vent  être  regardés  comme  renfermant  des  traités 
complets  sur  cette  matière.  On  doit  citer  par 
ticulieremeiit  les  travaux  du  citoyen  Parmentier  , 
ceux  -d'Arthur  Yûilhg,  et  plusieurs  bons  traités 
en  langue  allemande. 

Cependant  il  manque  encore  un  manuel  po- 
pre  à  être  mis  entre  les  mains  des  habitans 
de  la  campagne  ,  et  qui  renferme  sous  un  petit 
volume  tout  ce  qu'il  leur  importe  de  savoir 
sur  cet  article.  C  est  ce  travail  que  la  société 
demande. 

Les  concurrens  commenceront  par  établir  les 
caractères  disiinctifs  des  races,  et  déterminer  celles 
qui  méritent  la  préférence  ,  suivant  le  rapport  de 
leur  tempérament  plus  ou  moins  robuste,  et  de  la 
facilité  avec  laquelle  on  parvient  à  les  engraisser  ; 


Notice  sur  la  distribution  de  Médailles  d'encou- 
ragement ,  faite  par  la  société  d'agriculture  du 
département  de  la  Seine  ,  dans  la  séance  publique 
du  20  messidor,  an  8  de  la  république. 

Avant  de  distribuer  les  médailles  d'encoura- 
gement ,  la  société  croit  devoir  renouveler  la 
déclaration  qu'elle  a  faite  l'année  dernière  :  elle  a 
déterminé  son  choix  sur  les  titres  qui  lui  ont  paru 
les  mieux  établis  ,  entre  ceux  qu  elle  a  été  à  portée 
de  connaître  ;  sans  prétendre  que  parmi  les  cul- 
tivateurs dont  elle  ne  connaît  pas  les  travaux,  il 
n'y  en  ait  pas  dont  les  droits  soient  aussi  bien 
fondés. 

Elle  déclare  aussi  qu'aucun  des  citoyens  qui 
vont  être  désignés  ,  n'ont  été  instruits  du  choix 
de  la  société  ,  et  que  ceux  même  qui  peuvent 
se  trouver  présens  à  la  séance  ,  n'y  ont  été 
appelés  que  comme  un  grand  nombre  d'autres 
cultivateurs.  ; 

Mais  elle  a  de  plus  que  l'année  dernière  ,  l'as- 
surance qui  lui  a  été  donnée  par  plusieurs  de  ses 
correspondans  ,  que  les  médailles  distribuées  par 
elle  ,  avaient  été  une  utile  ériiulation  dans  les  can- 
tons habités  par  ceux  qui  les  avaient  reçues.  C'est 
un  résultat  satisfesant  pour  elle,  et  une  preuve 
flatteuse  du  prix  attaché  à  sonjugeraent,  prononcé 
sous  les  yeux  du  public  éclairé. 

Elle  se  borne  cette  année  à  la  distribution  de 
cinq  médailles  ,  et  pense  que  le  petit  nombre 
de  ces  récompenses  peut  encore  ajouter  à  leur 
mérite.  ^ 

Le  citoyen  Bremontier,  ingénieur  en  chef  des 
ponts  et  chaussées  ,  est  un  des  hommes  utiles  à 
l'agriculture  qui  ont  fixé  les  regards  de  la  société, 
tant  pour  l'importance  que  pour  I  heureuse  exécu- 
tion d'une  partie  des  travaux  qu'il  a  entrepris. 

Les  dunes,  ces  montagnes  de  sable  qui  se  trou- 
vent entre  fiayonne  et  la  pointe  de  Grave  ,  à  l'em- 
bouchure de  la  Gironde,  rejettées  par  la  mer , 
s'avancent  continuellement  dans  I  intérieur  ,  et  sur- 
montent tout  ce  qui  se  trouve  à  leur  rencontre  : 
forêts  ,  champs  cultivés ,  édifices  ,  rien  ne  résiste  à 
ce  fléau  ;  souvent  elles  obstruent  le  cours  des  ri- 
vières, causent  des  inondations,  et  forment  des 
marais  pestilenriels.  Elles  couvrent  en  ce  moment 
une  étendue  de  3oo  milles  carrés;  déjà  elles  ont 
englouti  plusieurs  villages,  en  menacent  immédia- 
tement plusieurs  autres  ,  et  par  suite  la  ville  de 


fordeanx  même,  finirait  p?r  en  être  couverte.  L'im- 
portance de  la  fixation  de  ces  dunes  a  frappé  le 
citoyen  Bremontier ,  et  il  a  cherché  les  moyens  de 
résoudre  cet  iniércssant  problême. 

Après  avoir  éluiiié  long-tems  leur  histoire  phy- 
sique et  naturelle,  it  a  entrepris  divers  essais.  Il  a 
reconnu  que  plusieurs  arbres ,  et  notamment  les 
pins  maritimes  ,  végètent  avec  force  au  milieu  de 
ces  sables  ;  pour  assurer  le  succès  de  ses  semis  , 
il  a  établi  sur  le  bord  de  la  mer  dts  cotdons  de 
fascines  qui  s'élevaient  à  un  mètre  de  hauteur, 
et  empêchaient  le  sable  de  couvrir  les  jeunes 
plantes;  il  a  aussi  placé  sur  ses  semis  des  bran- 
ches d'arbres  verts ,  fixées  solidement  avec  des 
piquets  .  afin  d'empêcher  le  vent  d'enlever  les 
semences,  et  pour  donner  à  ses  plants  le  tems 
de  prendre  de  la  consistance.  Depuis ,  perfec- 
tionnant encore  son  travail ,  il  a  adopté  un 
moyen  plus  économique  ,  qui  consiste  à  mêler 
de  la  graine  de  genêt  à  celle  de  pin.  La  végéta- 
tion rapide  de  cet  aibrisseau  offre  en  peu  de 
tcms  un  abri  solide  aux  arbres  verts  qui  sont 
cultivés. 

Plusieurs  autres  plantes  qu'il  a  indiquées  ,  se 
propagent  aussi  fa'cilenjent  dans  cesterreins  mou- 
vans,  qu'elles  servent  à  fixer.  Semées  au  milieu 
des  arbres  résineux,  files  empêchent  le  progrès 
des  incendies  dont  la  plantation  pourrait  devenir 
la  proie.  Ces  travaux  deviennent  d'ailleurs  d'un 
très-grand  avantage  pour  la  marine  ,  en  ce  qu'ils 
conservent  aux  monticules  des  formes  constantes  , 
qui  dirigent  lé  pilote  et  lui  font  éviter  les  écueils 
nombreux  dans  ces  parages. 

C'est  un  nouveau  motif  pour  le  gouvernement 
et  pour  les  liabiians  du  département  de  la  Gi- 
ronde ,  de  concourir  à  terminer  cette  utile  entre- 
prise,  dont  le  succès  semble  maintenant  assuré. 
Car  ce  n'est  point  un  objet  de  pure  spéculation 
sur  lequel  la  sociéiéappelle  aujourd'hui  les  regards 
du  public.  Le  citoyen  Bremontier  a  exécuté  ce 
qu'il  avait  pensé,  autant  que  les  circonstances  le 
lui  ont  permis  ;  il  a  fixé  solidement  une  étendue 
d'environ  cinq  kilomètres  de  longueur  ,  sur  une 
largeur  plus  ou  moins  considérable  ;  il  y  a  cul- 
tivé un  grand  nombre  de  plantes  différentes  , 
notamment  le  froment ,  le  seigle  ,  la  vigne  ,  et 
diverses  espèces  de  plantes  potagères  et  a'arbres 
unies  ;  enfin  il  a  constaté  ,~par  un  calcul  exact  , 
que  la  fixation  générale  de  toutes  les  dunes  qui 
couvrent  cette  partie  de  la  république ,  ne  coûte- 
rait pas  plus  de  quatre  millions,  et  rapporterait 
en  intérêts  une  somme  égale ,  au  bout  de  25 
années.  Limporiance  de  l'objet  des  travaux  du 
cit.  Bremontier  ,  concourt  donc  avec  sa  manière 
heureuse  et  approfondie  de  voir  cette  entreprise 
en  grand  ,  et  d  en  commencer  l'exécution  ,  à  lui 
mériter  la  médaille  que  la  société  lui  décerne  au- 
jourd'hui.   

•  On  ne  saurait  trop  appeler  l'attention  des  fran- 
çats  sur  les  avantages  qui  doiveiit  résulter  du  peii- 
fectionnement  des  laines  par  le  croisement  des 
races  indigènes  avec  celles  d'Espagne  ;  c'est 
parce  que  celte  vérité  a  été  présenté  depuis 
vingt  années  sous  toutes  les  formes  ;  c'est  parce 
que  le  gouvernement  a  consenti  à  faire  des  sa- 
crifices à  Rambouillet  ,  pour  donner  un  utile 
exemple  ,  que  la  race  espagnole  commence  sensi- 
blement à  se  répandre  dans  les  divers  cantons 
de  la  république.  La  sociéié  cite  avec  plaisir  ,  en 
ce  moment  ,  une  conquête  faite  dans  ce  genre 
par  le  citoyen  Macmahon  ,  habitant  de  Caumont 
dans  le  département  du  Gers.  Cet  agriculteur  a 
conçu  le  piojét  de  naturaliser  les  bêtes  à  laine 
superfine  dans  ce  département.  Il  a  fait  venir 
d'Espagne,  à  ses  frais,  deux  cent  douze  brebis 
et  six  béliers  de  cette  espèce;  il  s'est  procuré  un 
berger  ,  élevé  de  l'école  de  Rambouillet ,  et  des 
chiens  particuliers  d'une  rare  intelligence.  Cet 
établissement  a  prospéré  dans  l'espacç  d  une  an- 
née ;  le  citoyen  Macmahon  n'a  perdu  que  cinq 
ou  six  de  ces  animaux  ,  et  déjà  plus  de  cent 
agneaux  à  laine  superfine  assurent  le  succès  de 
son  entreprise.  Il  vend  4  francs  les  cinq  hecto- 
grammes (  la  livre)  de  ses  laines  lavées  ,  tan- 
dis que  celles  des  brebis  du  pays  se  vendent  2  tr, 
au  plus. 

On  peut  ajouter  à  celte  considération  ,  que  les 
habitans  du  département  du  Gers  acheieut  des 
étoffes  de  laine  pour  une  somme  plus  que  dou- 
ble de  celle  qu'ils  retirent  de  la  vente  de  leur 
laine  et  de  leurs  troupeaux;  ce  qui  enlevé  cha- 
que année  le  numéraire  du  pays,  et  accroît  sa 
pauvreté.  Si  au  contraire  la  race  d  Espagne  y  était 
par-tout  introduite  ,  les  exportations  de  ce  genre 
pourraient  facilement  excéder  de  beaucoup  les 
importations  actuelles.  Sous  ce  rapport ,  le  ci- 
toyen Macmahon  peut  être  considéré  comme  un 
bienfaiteur  pour  le  pays  qu'il  habite  ,  si  l'on 
ajoute  sur-tout  qu'il  offre  d  instruire  gratuitement 
les  bergers  qui  lui  seront  envoyés  ,  et  qu'il  cher- 
che avec  grand  soin  à  multiplier  la  race  précieuse 
des  chiens  qu'il  a  fait  venir.  La  société  croit 
remplir  un  devoir  en  offrant  le  citoyen  Mac- 
mahon à  la  reconnaissance  nationale  ,  et  en  lui 
décernant  publiquement  une  médaille. 

Une  partie  trop  consi'lérable  du  sol  de  la  répu- 
blique est  encore  couverte  de  marais  pestilentiels, 


l359 

qui  enlèvent  des  ressources  à  l'agriculture  et  des 
hommes  précieux  à  l'humaniié  ,  lors<jU  ils  osent 
s'établir  dans  leur  voisinage.  Le  département  de 
l'Aiij  (  ci-devant  Bresse  )  ,  est  plus  que  tout  autre 
pof  ion  de  la  France  ,  affligée  de  ce  fléau.  La  tran- 
quillité intérieure  et  extérieure  de  la  jépublique 
permettra  ,  sans  doute  ,  bientôt  de  mettre  à  exé- 
cution un  système  général  sur  l'assèchement  com- 
plet de  ces  marais  ;  système  qui  assure  à  la  vérité 
de  grands  avantages  ,  mais  qui  exige  la  mise  pre- 
mière d'énormes  capitaux;  cependant,  jusqu'à 
ce  que  le  gouvernement  puisse  s'occuper  lui- 
même  de  cette  belle  entreprise  ,  on  doit  témoi- 
gner plus  particulièrement  de  la  reconnaissance 
aux  citoyens  éclairés  ,  qui  ont  provoqué  ou  entre-" 
I  pris  des  dessécheraens  partiels. 

Le  citoyen  Carbon  de  Fontaines  a  mérité  à  ce 
titre  la  reconnaissance  de  la  société  :  ce  cultiva- 
teur recomraadable  d'ailleurs  par  sa  probité  ,  sa 
bonne  conduite  ,  son  intelligence  en  agriculture  , 
et  son  activité  pour  l'amélioraiion  de  ses  fonds, 
a  provoqué  le  dessèchement  dumaraisdesEchcts, 
dans  un  tems  où  l'on  était  bien  loin  de  pouvoir 
s'occuper  d'aucune  aiïiélioration. 

Ce  marais  ,  qui  fait  partie  du  département  de 
l'Ain  ,  était  anciennement  un  grand  lac  ,' situé  sur 
une  langue  de  terre  très-élevée  ,  au-dessus  du 
Rhône  et  de  la  Saône  ;  il  ne  pouvait  être  rais  à 
sec  et  converti  en  prairies  ,  que  par  des  coupures 
qui  auraient  conduit  ces  eaux  dans  les  deux  ri- 
vières. Les  ducs  de  Savoie  ,  anciens  maîlres  de. 
ce  pays  ,  avaient  entrepris  ce  desséchem.ent  avec 
succès  ,  et  il  reste  encore  des  traces  de  leurs 
travaux  ,  et  de  magnifiques  haras  qu'ils  avaient 
déjà  établis  sur  ce  teirein  ;  mais  le  dessèchement 
n'ayant  pas  été  achevé  ,  une  grande  portion  du 
lac  est  resiée  en  ra.irais  ;  depuis  ,  le  ministre  d'Ar- 
genson  accueillit  une  compagnie  qui  se  soumettait 
à  opérer  ce  dessèchement  .sous  certaines  condi- 
tions. Mais  les  communes  voisines  prétendirent 
avoir  des  droits  de  pâturage  sur  ce  marais  ;  le 
tems  s'écoula  ,  le  ministre  fut  disgracié  ,  et  le  bien 
général  sacrifié  à  un  intéiêt  particulier  mal  en- 
tendu. 

L'art  de  concilier  ces  diverses  piélenlions  et 
d'animer  d'un  même  esprit  uçt.  si  grand  nombre 
de  propriétaires  ,  était  peut-être  lobjet  le  plus 
difficile  de  celte  entreprise.  Le  citoyen  Carbon 
de  Foniaines  pénétré  de  sort  litilité  ,  animé  d'un 
zèle  infatigable  et  investi  de  la  confiance  de  ses 
concitoyens  ,  qu'il  devait  à  ses  lumières  et  à  une 
conduite  sans  reproche,  est  parvenu  à  disposer 
tellement  les  esprits  ,  que  les  voeux  pour  le  des- 
sèchement devinrent  unanimes. 

Il  fit  plus  ,  il  n'épargna  ni  ses  soins  ,  ni  ses 
démarches ,  ni  même  ses  dépenses  pour  obtenir 
des  autorités  supérieures  les  permissions  néces- 
saires pour  commencer  l'entreprise.  Secondé  par 
le  citoyen  Lolive  ,  domicilié  dans  le  même  can- 
ton ,  il  fit  lever  les  plans  ,  détruisit  les  pbstacles, 
surveilla  les  travaux  :  on  lui  devra  enfin  le  succès 
de  celle  utile  opération  qui,  mdintenant  en  grande 
activité  ,  n'aura  pas  élé  onéreuse  au  gouverne- 
ment, et  va  rendre  à  la  culture  une  vaste  étendue 
de  terres  fertiles  ,  situées  dans  la  plus  heureuse 
'  position  ,  puisqu'elle  n'est  qu'à  un  myriaraetre  de 
I  Lyon  ,  à  deux  kilomètres  de  la  Saône  ,  et  à  peu- 
près  autant  du  Rhône. 

La  sociéié  a  cru  devoir  offrir  un  témoignage 
de  son  estime  à  ce  citoyen  ,  qui  remplit  avec  un 
égal  succès  les  fonctions  de  bon  laboureur  et  de 
magistrat  éclairé  ,  et  qui  unii  à  des  connaissances 
positives  en  économie  publique  ,  un  zèle  et  une 
philantropie  dignes  des  plus  grands  éloges  :  elle 
a  arrêté  qu'il  lui  serait  décerné  une  médaille  dans 
cette  séance. 

La  société  a  cru  devoir  aiissi  distinguer  le 
citoyen  Leberriays  ,  dont  les  travaux  ont  été 
éminemment  utiles  à  la  culture  des  arbres 
fruitiers. 

Ce  vieillard  respectable  a  beaucoup  contribué 
à  la  rédaction  du  traité  des  arbres  fruitiers  ,  pu- 
blié en  1768,  par  Duhamel  ,  -qui  dans  cet  ou-  j 
vrage  reconnaît  devoir  sa  publication  au  zèle 
éclairé  du  citoyen  Leberriays.  Depuis  il  a  rédigé  1 
lui-même  le  traité  des  jardins  ,  iniiiulé  :  Nouveau 
la  Quintinie^  et  de  suite  un  abrégé  de  Ce  tra- 
vail pour  les  jardiniers  et  les  cultivateurs  pe,u 
fortunés. 

Depuis  quelques  années  ,  iltraVaille  àunenpu-. 
velle  édition  du  traité  des  arbxeç.  fruitiers ,  corri- 
gée et  augmentée  d'un  grand  noipbre  de  bonnes 
espèces.  Il  en  réduit  lui-même  les  dessins  sous 
format  in-S"  ,  afin  de  mettre  le  prix  de  cet  ou- 
vrage classique  à  la  portée  de  tout  le  monde. 
Ses  travaux  pratiques  lui  ont  lait  aussi  découvrir 
et  propager  plusieurs  fruits  nouveaux. 

Sa  vie  laborieuse  n'a  pas  été  employée  à  cette 
seule  occupation  ,  il  en  a  consacré  une  partie  à 
l'instruction  de  ceux  qni  l'environnaien*. ,  et  à  dis- 
tribuer des  secours  aux  indigens,  avant  que  les 
circonstances  lui  eussent  enlevé  sa  fortune.  Par- 
venu à  1  âge  de  78  ans,  il  conserve  .pour  tout 
bien  la  conscience  d'une  vie  utileprtent  occupée. 
La  médaille  donnée  parla  société  va  devenir  pour 


lui  un  témoignage  de  l'estime  pubWque  ,  que  isa 
travaux  et  ses  venus  lui  ont  méiitce. 


S'il  est  du  devoir  de  la  société  d'.igriculture , 
d'honorer  les  hommes  qui  font  l'emploi  le  plus 
utile  des  végétaux  indigènes  ou  acclimatés  sur 
notre  sol  ,  elle  ne  doit  pas  moins  d'encourage- 
ment à  ceux  qui  traversent  les  mers  pour  enrichit 
la  république  des  productions  étrangères  qui 
peuvent  augmenter  ses  ressources  agricoles. 

Il  est  à  regretter  que  les  noms  des  voyageurs  qui 
ont  apporté  en  France  les  productions  exotiques  , 
céréales  ,  arbres  fruitiers ,  légumes  ,  arbres  et 
I  arbustes  d'ornement  ,  qui  embellissent  nos  jardins 
et  fournissent  des  substances  utiles  aux  arts, 
soient  pour  la  plupart  ignorés  ;  en  désittnant  à 
la  reconnaissance  nationale,  ceux  qui  dorénavant 
rempliront  cette  utile  mission,  la  société  sauvera 
de  l'oubli  des  noms  sacrés  qui  méri.ent  d'en  être  . 
garantis. 

A  ce  titre  ,  elle  décernera  une  médaille  au  cit. 
Riedbé  ,  premier  ga'çon  jardinier  de  l'école  boia- 
nique  du  Muséum  national  dhistoire  naturelle, 
pour  avoir  ,  dans  le  voyage  qu  il  a  fait  avec  le 
capitaine  Baudin,  choisi  et  recueilli  dans  les 
îles  de  Ténérife  ,  de  Saint-Thomas  ,  de  la  Trinité, 
de  Sdinte-Croix  et  de  Porto-Rico ,  avoir  culiivé 
pendant  une  traversée  longue  et  périlleuse  ,  et 
apporié  en  France  dans  le  meilleur  état,  des 
productions  dont  voici  le  sommaire. 

1°.  Neuf  cent  treize  espèces  de  semences  , 
fruits  ou  capsules  propres  à  être  semés  ,  et  dans 
une  assez  grande  abondance  de  chaque  espèce  , 
pour  les  partager  entre  cinquante  jardins  d'écoles 
centrales  de  la  république. 

2°.  Deux  cent  trente  et  un  échantillons  de  bois 
d'espèces  différentes,  de  deux  tiers  de  mètre  de 
long,  sur  un  diamètre,  depuis  deux  centimètres, 
jusqu'à  six  décimètres.  Il  se  trouve  dans^cel  assor- 
timent, des  bois  de  teinture,  de  marquetterie  , 
médicinaux  et  de  construction. 
;  3°.  Environ  douze  cents  exemplaires  d'espetfes 
différentes  de  plantes  sèches  prèpaiées,  avec  leur 
fructification,  et  formant  plus  de  3,000  échantil- 
lons. Ils  portent  les  mêmes  numéros  que  les  se- 
mences, les  bois  et  les  végétaux  en  nature,  au 
moyen  de  quoi  ,  il  a  élé  facile  de  rapporter  ce» 
différentes  substances  à  leur  véritable  nomencla- 
ture botanique,  précaution  trop  négligée  par  les 
voyageurs  ,  et  qui  diminue  la  valeur  de  leurs 
récoltes. 

4".  Enfin,  sept  cent  quatre-vingt-quatorze  indi- 
vidus vivans,  d'arbres  ,  d'arbustes  et  de  plantes  , 
3o7  espèces  différentes  ,  appartenant  à  cent 
quarante-un  genres  ,  dont  soixante  -  sept  man- 
'  quaient  à  la  collection  nationale  ,  et  parmi  les- 
quelles, dix  paraissent  inconnues  aux  botanistes.' 

Dans  le  nombre  des  végétaux  qui  composent 
celte  collection  ,  tant  en  graines  qu'en  plantes  vi- 
vantes ,  il  se  trouve  des  fourrages,  des  racines 
alimentaires  ,  des  arbres  fruitiers  et  des  végétaux  , 
qui  fonrnlsseTit  des  produits  utiles  aux  arts.  Il 
n'est  pas  douteux  que  plusieurs  ne  puissent  s'ac- 
climater dans  les  parties  de  la  France ,  oti  l'on  cul- 
tive avec  succès  ,  en  pleine  terre  ,  les  orangers  , 
les  citronniers  et  les  palmiers  dattiers.  Nous  pou- 
vons pronostiquer  qu'on  naturalisera  dans  ces 
pays  plusieurs  espèces  d'anones ,  de  corossols  , 
d'avocatiers  et  de  caimitiers ,  qui  font  partie  da 
cet  envoi  ,  et  qui  sont  déjà  naturalisés  dans  le- 
royaume  de  Valence.  Il  ne  s'agit  que  de  le  vou- 
loir, et  d'employer  les  moyens  convenables  pour 
remplir  ce  but  important. 

La  société  ,  en  accordant  une  médaille  au  ci« 
toyen  Riedbé  ,  a  moins  en  vue  encore  de  récom- 
penser en  lui  le  mérite  d'avoir  réuni  cette  pré- 
cieuse collection  ,  que  telui  bien  plus  rare  , 
d'avoir  choisi  avec  intelligence  les  individus  vi» 
vans  les  plus  propres  à  supporter  les  fatigues  de 
la  trversee  ,  et  sur-tout  d'avoir  employé  une  cul- 
ture assidue  et  savante  pour  les  conserver  en  santé 
sur  un  élément  si  peu  convenable  à  leur  nature. 
Ce  mérite  deviendra  encore  mieux  apprécié  ,  si 
l'on  observe  que  sur  vingt  envois  de  cette  naiùre 
expédiés  des  colonies  au  muséum  d'histoire  na- 
turelle, a  peine  en  arrive-t-il  quelques-uns  dans 
lesquels  il  se  rencontre  un  petit  nombre  de  vé- 
gétaux vivana. 

D'après  les  mêmes  considérations  ,  la  société 
croit  devoir  faire  la  mention  la  plus  honorable 
du  capitaine  Baudin  ,  qui  a  imaginé  et  exécuté 
une  entreprise  difficile,  qui  avait  pour  but  d'en- 
richir le  Muséum  des  productions  naturelles  des 
Antilles  ,  qui  manque  à  ses  collections  et  à  son 
école.  ' 

Cet  estimable  marin  a  su  applanir  des  difficul- 
tés de  toute  espèce,  qui  s'opposaient  à  l'exécu- 
tion de  son  projet.  Il  a  trompé  la  malveillance 
des  ennemis  de  la  république ,  qui  voulaient 
anéantir  le  fruit  de  son  voyage.,  et  il  a  échappé 
par  ses  lalens  à  plusieurs  tempêtes  qui  mena- 
çaient d'engloutir  son  vaisseau  entr'ouvett,, 

Ami  zélé  des  sciences ,  il  a  fourni  aux  natura- 
listes qu'il  avait  emmenés,  tous  les  moyens  qui 
pouvaient  assurer  le  fruit  de  leurs  rcehercbtis  ;  U 


Ses  accompagna  souvent  dans  leurs  courses ,  et 
icfs  jiJa  dans  leurs  Iravaus..  11  a  enrichi  le  JVjiU- 
stum  d'une  nombreuse  el  superbe  colleciion 
viimsecies.  Eniin  le  journal  de  son  voyage  ,  quil  a 
rédigé  en  deux  volcmes  in-Jolio  ,  rcriferme  des 
obscîvaiioas  intéreisanics  sur  la  géographie  , 
l'astronomie  ,  la  navigation  et  1  histoire  naturelle  ; 
il  est  accompagné  de  cartes  ,  de  vues  des  îles 
qu'il  a  parcourues  ,  et  d'un  grand  nombre  de 
hgures  d'objets  de  la  nature  ,  qu'il  a  dessinées  et 
coloriées  avec  autant  d<;  soin  que  d'agrément. 

Tant  de  travaux  inléressans  exigent  ,  sans 
doute  ,  une  récompense  digne  de  leur  impor- 
tance; mais  c'est  au  gouvei.nement  à  acquitter 
cette  dette.  Il  paraît  qu'il  s'en  occupe  ,  puisqu'il 
vient  de  désigner  le  capitaine  Baudin  pour  une 
mission  lointaine  et  périlleuse  ,  qui  le  mettra  à 
même  de  partager  la  gloire  des  Cook  et  des  Bou- 
gainville. 

La  société  croit  aussi  devoir  faire  dans  celte 
séance  mention  honorable  de  deux  autres  voya- 
geurs qui  ont  accompagné  le  ciiOyen  dEntre- 
casieaux  à  la   recherche  de  la  Peyrouse. 

L'un  est  le  citoyen  Labillardierc  ,  naturaliste 
distingué  ;  l'autre  le  cit.  Dclahaye  ,  jardinier  en 
chef  du  dépôt,  national  de  Ttianon.  Tous  deux 
se  partagent  l'honneur  cl'avoir  recueilli  dans  les 
mers  du  sud  l'arbre  à  pain  cultivé. 

Poivre  avait  introduit  depuis  lon-tems  à  l'île  de 
France  l'arbre  à  pain  sauvage  ;  mais  ce  végétal 
est  presque  nul  pour  les  usages  économiques  : 
son  fruit  est  rempli  de  noyaux  dont  pn  ne  peut 
manoer  les  amandes  qu'après  qu'elles  ont  été 
grillées.  Le  fiuit  de  l'arbre  à  pain  cultivé,  au 
contraire  ,  qui  est  presque  de  la  grosseur  de  la 
lêie  ,  est  re'mpli  d'une  pulpe  qui  n'a  besoin  qne 
d'être  cuite  sous  la  cendre  pour  devenir  un  ali- 
ment sain  ,  très-nutritif,  et  d'un  goût  si  agréable 
que  l'équipage  le  préférait  au  pain  qui  lui  était 
distribué  ,  quoique  cet  aliment  liit  devenu  très- 
rare  à'  cette  époque. 

Les  anglais  ont  entrepris  à  grands  frais  deux 
expéditions  dans  les  îles  des  Amis  ,  pour  se  pro- 
curer cette  variété  d'arbre  à  pain  domestique  ,  et 
pour  la  transporter  à  lajama'ique,  où  elle  pros- 
père en  ce  moment. 

•  L'ancienne  société  d'agriculture  de  Paris  avait 
décerné,  en  1789  ,  un  prix  au  citoyen  J.  Martin, 
pour  avoir  porté  de  l'Isle-de-France  à  Cayenne  , 
l'arbre  à  pain  sauvage  ,  qu'on  confondait  à  cette 
époque  avec  le  cultivé.  Cet  arbre  a  réussi  dans  la 
colonie  ,  et  depuis  il  a  été  transporté  dans  les 
Antilles  ,  où  il  servira  à  recevoir  les  greffes  de 
l'arbre  à  pain  cultivé  ,  st  à  accélérer  très-prompte- 
œent  par  ce  moyen  ,  sa  multiplication. 

Non-seulement  cet  arbre  précieux  réussira  dans 
nos  colonies  ,  mais  il  est  probable  qu'il  viendra 
aussi  en  pleine  terre  dans  nos  départemens  méri- 
dionaux ,  où  le  mûrier  à  papier  croît  déjà  faci- 
lement. Les  voyageurs  ont  presque  toujours  ren- 
contré sut  le  sol  qui  produisait  l'arbre  à  pain 
comestible,  le  mûrier  à  papier,  dont  l'écorce 
sert  à  faire  les  toiles  et  les  vêtemens  des  naturels , 
et  qui ,  introduit  chez  nous  depuis  io  années  , 
n'est  gueres  plus  délicat  que  rios  arbres  indigènes. 
On  peut  donc  espérer  qu'un  jour  l'arbre  à  pain 
cultivé  ,  fera  partie  des  végétaux  qui  sont  du  do- 
nsaine  de  notre  économie  rurale  -,  qu'il  augmen- 
tera nos  ressources  pour  la  nourriture  des  hom- 
mes ;  et  les  citoyens  Labillatdiere  etDelahaye, 
qui  auront  procuré  ce  bienfait  à  la  république 
par  leur  courage  er  par  leur  industrie  ,  méritent 
bien  sans  doute  que  la  société  offre  leurs  noms 
réunis  à  la  reconnaissance  nationale  ,  et  pro- 
clame aujourd'hui  qu'ils  ont  tous  deux  bien  mérité 
d«  l'agriculture  et  de  l'h*manité. 

François  (  de  Neufchâteau  ) ,  président. 
SiLYESTRE,  secrétaire. 


Au  Rédacteur. 

Saint-Gcrmain-en-Laye  .  le  28  thermidor. 

Citoyen  ,  le  bruit  s'est  répandu  que  la  com- 
mune de  Saint-Germain-en-Laye  ,  si  renommée 
pour  la  beauté  de  son  site  et  la  salubrité  de  lair 
quon  y  respire  ,  était  inteclée  d'une  maladie  épi- 
démique  ,  pestilentielle.  Il  est  de  mon  devoir, 
comme  médecin  des  hôpitaux  de  cette  commune  , 
et  des  trois  pensions  les  plus  nombreuses  ,  de 
démentir    un   fait  aussi  notoirement    controuvé 


>36» 

Saint-Germain-en-Laye  -,  et  enfin  celle  de  madame 
Campan  ,  égaletpent  à  Saint-Germain-en-Laye  ,  il 
n'y  a  pas  d,.ns  ce  moment  un  seul  malade.  Dans 
les  mois  de  messidor  et  thermidor,  un  seul  élevé 
a  été  malade  aux  Loges,  et  a  été  guéri  dans  quel- 
ques jours.  Un  des  maîtres  du  citoyen  Mertro  a 
eu  une  fièvre  intermittente-tierce  ;  et  chez  madame 
Campan  ,  une  fièvre  tierce. 

Pour  ne  laisser  aucun  doute  ,  sur  la  prétendue 
épidémie  ,  j'ai  prié  les  administrateurs  de  l'hos- 
pice des  malades  ,  de  faire  un  relevé  sur  leur 
registre  ,des  malades  reçus  et  sortis  pendant  mes- 
sidor et  thermidor,  ainsi,  que  des  morts  ;  ils  ont 
trouvé  ,  que  vingt-quatre  malades  avaient  été  reçus 
à  l'hospice  en  messidor,  que  dix-neuf  en  étaietit 
sortis  ;  que  trois  étaient  morts.  En  theimidor,  il 
en  a  été  reçu  vingt-six  ,  treize  sont  sortis  ,  il  n'y 
a  eu  qu'un  seul  mort. 

L'administration  municipale  ,  à  ma  prière  ,  a 
également  fait  vérifier  sur  le  registre  des  morts 
et  des  naissances  ,  ia  quantité  de  personnes  mortes 
pendant  ces  deux  mois.  Elleauouvé  qu'elle  était 
inférieure  à  la  quantité  que  donne  le  même  espace 
de-  tems  dans  les  circonstances  les  plus  ordi- 
naires. 

L'administration  municipale  ,  en  légalisant  ma 
signature  ,  a  bien  voulu  certifier  la  vérité  des 
faits  énoncés  dans  ma  lettre. 

Je  vous  prie,  citoyen  ,  de  vouloir  l'insérer  dans 
votre  journal  ,  le  plutôt  possible  ,  ainsi  que  le 
certificat  du  maire  et  des  adjoints. 

Salut  et  estime  , 

DuBREUiL  ,  officier  de  santé ,  médecin. 

Pour  légalisation  ,  certifions  la  signature  du 
citoyen  Dubreuil  ,  ofEcier  de  santé  ,  et  la  vérité 
des  faits  exprimés  dans  sa  déclaration  ;  par  nous 
maire  et  adjoints  de  la  ville  de  Saint-Germain- 
en-Laye,  le  27  thermidor,  an  8  de  la  république 
française. 

Degauville  ,   maire  ;    Mary  ,   'Valmont  , 
adjoints. 

Au  citoyen  rédacteur  du,  Moniteur. 
On  lit ,  citoyen  ,  dans  la  Réponse  au  mémoire  sur 
les  causes  de  [infériorité  .de  la  marine  fraçaisc ,  in- 
sérés dans  votre  n°  827  ,  que  le  général  Martin  , 
commandant  une  escadre  dans  ia  Méditerranée  , 
était  parvenu,  par  ses  bonnes  manœuvres ,  à  forcer 
au  combat  une  escadre  anglaise  inférieure  en 
nornbre  ;  mais  qu'un  ordre  ou  traître  ou  absurde 
du  représentant  du  peuple  embarqué  sur  la  flotte 
avait  empêché  l'engagement,  et  qu'après  la  perte 
d'une  occasion  si  favorable  pour  les  français, 
l'armée  anglaise  ayant  fait  sa  jonction  ,  nous  atta- 
qua et  nous  enleva  l'Alcide  et  le  Ça  ira.  Cette 
assertion  m'a  engagé  à  vous  envoyer  le  récit  de 
la  prise  du  Ça  ira  ,  tel  qu'il  m'a  été  fait  par 
M.  Ellison  ,  premier  lieutenant  de  la  Boston  , 
lorsque  j'étais  prisonnier  à  bord  de  cette  frégate 
anglaise  ,  et  qui,  lors  du  combat  dont  il  s'agit, 
montait  le  vaisseau  la  Princesse 'Royale  ,  présent 
à  l'action. 

it  Nous  apperçnroes  de  grand  matin  (  c'est 
M.  Ellison  qui  parle  )  la  flotte  française  à  quelques 
lieues  de  distance.  On  voyait  éntr'elle  et  nous 
un  de  ses  vaisseaux  démâtés  des  deux  mâts  de 
hune  ,  et  remorqué  par  une  frégate  ;  cette  frégate 
fut  remplacée  par  un  vaisseau  de  ligne  ;  le  vais- 
seau démâté  était  le  Ça  ira ,  et  celui  qui  remorquait 
était  le  Censeur.  Notre  amiral  fit  signal  de  leur 
donner  chasse;  la  flotte  française  restait  immo- 
bile ,  excepté  cinq  vaisseaux  qui  s'en  détachèrent 
pour  soutenir  les  deux  vaisseaux  écartés  ;  mais 
ces  cinq  vaisseaux  ne  se  voyant  pas  soutenus  ,  se 
relirererent  après  avoir  livré  pendant  quelque 
tem#un  combat  assez  vif.  Le  Ça  ira  et  le  Censeur 
restèrent  seuls  exposés  à  toute  l'action  de  la  flotte 
anglaise.  Cet  abandon  ,  loin  d'abattre  le  courage 
des  équipages  ,■  parut  leur  donner  les  forces  sur- 
naturelles qu'inspire  le  désespoir,  le  Ça  ira  sur- 
tout fit  des  prodiges  qui  surpassent  la  croyance 
humaine  :  attaqué  par  six  vaisseaux  ,  il  soutint 
leur  feu  un  tems  très-long  ,  et  les  foudroya  avec 
tant  de  fureur  et  de  succès ,  que  quatre  furent 
démâtés  ,  trois  desquels  étaient  en  danger  de  périr; 
on  en  sauva  deux  à  force  de  travail  et  de  soins  ; 
le  troisième  alla  échouer  sur  les  côtes  d'Italie. 
Qirant  le  Ça  ira  se  rendit ,  une  très-grande  partie 
de  son  équipage  était  tué  ou  blessé ,  presque 
toute  son  artillerie  démontée  ,  et  ses  poudres 
étaient   mouillées    par   l'eau    qui    remplissait   sa 


Voilà,  citoyen,  en  substance,  la  relation  que 
m'a  fait  l'officier  anglais  de  l'afFaire  mémorable 
du  Ça  ira.  Il  ajouta  à  cette  narration  ,  que  si 
après  ce  combat  la  flotte  française  avait  donné 
toute  entière  ,  les  anglais  auraient  été  ernbarassés. 
Quand  on  considère  la  retenue  affectée  que  la 
renommée  a  mis  à  publier  une  action  aussi 
éclatante  ,  on  est  porté  à  croire  que  quelques 
personnes  furent  intéressées  à  étoufiér  sa  voix. 
J  u  M  E  E  1  N. 


Avis  à  l'humanité. 

Je  soussigné  ,  ci-devant  greffier  de  la  commune 
d'Houdreville  ,  canton  de  Vezelise  ,  dépattemeiil 
de  la  Meurthe  ,  âgé  de  67  ans  ,  aveugle  depuis 
4  ans  ,  certifie  avoir  recouvré  la  vue  par  l'opé- 
ration de  la  cataracte  ,  que  le  citoyen  Pellier , 
fils  ,  oculiste  domicilié  à  Nancy  ,  rue  de  1  Espla- 
nade ,  n°.  2'26  ,  m'a  faite  .  sans  avoir  éprouvé  la 
moindre  douleur.  Il  est  d'autant  plus  intéressant 
pour  les  personnesqui  peuvent  êire  dans  le  même 
cas  ,  de  faire  connaître  le  mérite  et  les  talens  de 
cet  artiste  ,  que  je  croyais  être  aveugle  le  restant 
de  mes  jours  ;  et  que  j'avais  eu  la  folle  confiance 
de  me  faire  opérer  le  même  œil  par  un  prétendu 
oculiste ,  nommé  Duchelard  ,  qui  sortait  de  Nancy, 
et  qui  a  trompé  tous  ceux  qui  se  sont  malheureu- 
sement confiés  à  lui.  En  publiant  cette  cure  ,  je 
paye  au  citoyen  Pellier  un  bien  faible  tribut  de 
ma  reconnaissance  ;  et  j'engage  ceux  qui  pour- 
raient se  trouver  dansle  mêmecas,  à  avoir  recout»' 
à  son  zèle  et  à  ses  talens.  Genot. 


Dans  les  trois  pensions  ,  savoir  ,  celle  du  citoyen  j  sainte  -  barbe    et'^  montait  jusqu'à    sa    première 
Iraberl ,  aux  Loges;  celle  du  citoyen  Mertro  ,  à  1  batterie,  n  ' 


Journal  de  Médecine. 

Les  citoyens  Corvisart ,  J.  J.  Leroux  et  Boyer  ,- 
tous  trois  professeurs  de  1  école  de  médecine  de 
Paris  ,  etc.  etc.  se  proposent  de  donner  au  public 
la<ontinuation  du  Journal  de  Médecine,  Chirurgie, 
Pharmacie,  rédigé  successivement  par  MM.  Vander- 
mone  ,  J.  j.  Leroux  ,  les  citoyens  Bâcher  el  Du- 
mangin  ,  et  enfin  le  cit.  Bâcher.  Ils  continueront 
le  format  in-i2  de  l'ancien  journal  ,  et  ils  emploie- 
ront les  mêmes  caractères. 

Il  paraîtra  tous  les  mois,  à  commencer  en  ven- 
démiaire an  9  ,  un  cahier  de  96  pages. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  de  12  francs  pour 
Paris  ,  et  de  i5  francs  pour  les  départemens  , 
franc  de  port. 

On  s'abonne  chez  le  citoyen  Migneret,  impri- 
meur,  rue  Jacob  ,  n°.  ii56. 

Manufacture  d'huile  rafinée  ,  rue  Neuve-des- 
Petils-Chaaips  ,  la  porte  cochere  n°^  10  et  47  , 
entre  les  rues  Gaillon  et  d'Antin. 

On  continuera  d'y  trouver  des  huiles  et  bougies 
de  toutes  espèces,  dans  les  qualités  de  choix,  à 
la  satisfaction  des  consommateurs  les  plus  délicats. 
La  distribution  s'en  fait  aux  prix  ci-après ,  fixé»  au 
cours  le  plus  bas  du  commerce  ;  savoir  : 

Huiles  pour  lampes. 

Huile  de  spermacéty,  pour  quinquets  et  veilleuses, 
i"  qualité  ,  80  centimes. 

—  2'  qualité  ,  pour  le  même  usage  ,  75  cent. 

—  3°   qualité  épurée  ,   pour  les  illuminations  et 
lampes  ordinaires  ,  70  cent. 

Huile  extraite  du  blanc  de  baleine ,  l  franc. 
Huiles  pour  la  bouche. 

Huile   d'olive    surfine,   avec    goût    de  fruit,  la 

livre ,  I  fr.   60  cent. 
Huile  surfine  douce ,  sans  fruit  ,  l  fr.  40  ceat. 
Huile  vierge  d'Aix  ,  i  fr.  80  cent. 
Huile  fine  ,   i  fr.  25  cent. 
Huile  de  noix ,   tirée  à  froid  ,  1  fr. 
Huile  de  faine  ,  pour  salade  et  friture  ,  70  cent. 

Huiles  pour  la  peinture. 
Huile  de  lin ,  65  centimes. 
Huile  d'œillet ,  70  cent. 
Huile  de  noix  ,  80  cent. 

Huiles  pour  la  tannerie  et  le  chamois. 
Huile  de  baleine  ,  80  centimes. 
Huile  de  morue  ,  85  cent. 

Bougies. 
Bougies  de  table  ,  la  livre  de  16  onces ,  s  fr.  5o  c. 
Bougies  du  Mans ,  idem  ,  s  fr.  70  cent. 


L'abounemcat  se  fait»  Paris,  rue  des  Poitevins,  11°  18.  Le  prix  est  de  j5  francs  pour  trois  mois  ,  5o  francs  pour  sii    mois,   et    100   fraacs   pour  l'année  entière.  On  se 
s'abonne  qu'i^u  commeucenicnt  de  cbaqne  mois. 

Ilfaut  adresser  les  leureset  l'argent,  franc  de  port  ,aucit.  Agasse,  propriétaire  de  cejournal, rue  des  Poitevins, n."«  18.  Ilfautcompreodre   dans  Ui  envois  le  pott   de» 
pays  où  l'on  oc  peut.aEfranclitr.   Les  lettres  des  départemens  nou  affranchies  ,  ne  scroutpoint  retirées  de  la  poste, 
'il  faut  avoir  soin,  poui  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui   reufermentdes  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  coBcerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,   au  rédacteur  ,  rue  dc< 
PoiteviHS  ,  n"  t3,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  n"  i3- 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL.1 


N°  338. 


Odldi  ,  8  fructidor  an  8  de  la  républiqttt  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  cjua  dater  du  7  Nivèse  le  MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi  que  les  faits  e:  1 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  ^B 

Un  article  sera  patciculiércment  consacré  aux  sciences ,  aux  arcs  et  aux  découvertes  nouvelles.  '  "- 


es  notions  tant  sur- 


INTERIEUR. 

Bordeaux,  le  24  thermidor. 

XjZ  corsaire  l'EoW,  de  ce  port ,  capilaine  Dijeau  , 
est  de  relâche  en  rivière.  Il  a  i'ait  quatre  prkes  , 
dans  l'ordie  suivant  : 

Il  a  capturé  .  le  l8  messidor,  le  navire  anglais 
le  GreenCdslle  ,  allant  de  la  Jamaïque  à  Liver- 
pool ,  et  clijrgé  de  3ï2  bariques  sucre,  i5o 
pièces  rhum  ,  et  23  boucauds  de  café. 

Le  ig  du  même  mois ,  le  navire  anglais  le 
l^eirson  ,  allant  de  la  Jamaïque  à  Londres,  et 
cbiirsé  de  491  bariques  et  35  tierçons  de  sucre  , 
77  pièces  rhum  ,  et  63  boucauds  de  café. 

Le  1"^  thermidor,  le  brick  l'Iris,  allant  de 
New  -  Yorck  à  Bristol  ,  e«  chargé  de  22  bou- 
cauds de  tabac  ,  de  goudron  ,  térébenthine  et 
meriains. 

Le  9  du  même  mois  ,  le  navire  anglais  l'Alhion  , 
allant  de  la  ]amaï(]ue  à  Londres  ,  et  chargé  de 
460  bariques  el  5o  tierçons  de  sucre  ,  106  pièces 
de  rhum  ,  17  boucauds  de  café,  et  4  tonneaux 
et  demi  de  bois  de  teinture. 

Le  susdit  corsaire  avait  fait,  lé  21  de  ce  mois  , 
une  première  relâche  à  Jigon  ,  d'oti  il  s'est  rendu 
ici  en  trois  jours  ;  là  ,  le  commissaire  des  relations 
commerciales  de  I.1  république  ,  lui  a  déclaré 
qu  il  y  avait  une  de  ses  prises  attérie  en  Espagne. 
On  observera -qu'il- les  avait  toujours  laissées  der- 
rière lui.  Il  a  également  laissé  dans  la  baie  de 
Ribadeos  la  Mincrva  ,  de  ce  port  ,  capitaine 
Langlois.  Ce  dernier  corsaire  venait  d'y  relâcher; 
on  ignore  si  ,  durant  sa  croisière  ,  il  a  fait  aussi 
quelques  prises.    (  Exiràt.  du  Bulletin  iu  Havre. ) 

Liège  ,  le  2  fructidor. 

La  distribution  des  prix  aux  élevés  de  l'école 
centrale .  a  eu  lieu  aHijoard'hui  avec  un  con- 
cours extraordinaire  de  citoyens.  Les  discours 
prononcés  ,  dans  celte  circonstance  ,  ont  été 
cou  verts  d'à  pplaudissetnens  bien  mérités;  et  chaque 
élevé  ,  en  recevant  des  mains  du  préfet  la  récom- 
pense de  son  travail  .  a  dû  être  flatté  des  marques 
d'approbation  qui  éclaltaient  de  toutes  pans. 

Le  sou!-inspectenr  des  bois,  M ngerolte,  au  citoyen 
Desàer ,  rédacteur  de  la  gazette  de  ce  nom.  — 
Roy  .  le.  26  messidor  an  8  de  la  république  française 
une  et  indivisible. 

Veuillez,  citoyen,  insérer  dans  votre  pro- 
chain numéro  ,  que  le  feu  a  pris  dans  la  grande 
fange  du  bois  de  Bande  ,  au  canton  de  Nas- 
sogne ,  département  de  Sambre  et  Meuse ,  et 
qu'en  moins  de  sin  heures  de  teras  les  flammes 
avaient  moissonné  au  moins  cent  cinquante 
arpens  ,  tant  bois  que  fange  ,  et  que  sans  l'in- 
trépidité des  braves  habiians  des  communes  , 
savoir  :  B^nde,  Nassogne  Grune  ,  Masbourg  , 
Mauchamp,  Laneuville  -  au  -  Bois  ,  Champion, 
Journal  et  Roy  ,  sans  l'assistance  de  ces  citoyens 
bienlesans,  qui  n  ont  point  craint  les  flammes  ni 
la  fiimée  de  cet  incendie  .  sans  leur  courage  in- 
trépide qui  a  arrêté  les  progrès  de  lincendie  , 
le  feu  aurait  dévoré  peut-être  plus  de  huit  mille 
arpens  de  bois.  De  mon  côté  ,  je  leur  suis  bien 
reconnaissant  ,  et  ils  ont  mérité  à  tous  égards  la 
reconnaissance  du  gouvernement. 

Salut  et  fraternité,  Magerotte. 

P.  S.  Il  est  à  présumer  que  cet  incendie  a  éjé 
occasionné  par  des  malveilUns  ,  attendu  que  le 
feu  a  pris  au  milieu  de  la  fange  où  aucuns  che- 
mins n'aboutissent.  (Extrait  de  la  gazette  de  Liège.) 

Strasbourg ,  le  3  fructidor. 

Lp.  géiicial  Lecourbe  et  le  général  de  division 
II.iiipouli  tnni  arrivés  ici.  Aujourd'lnii  ces  géné- 
raux et  le  général  en  chef  Moieau  sont  allés  faire 
une  grande  chasse  à  Obeikirch. 

Depuis  qucl<]iics  joiirs  des  transports  considé- 
rables de  rnuniiions  et  d'artillerie  de  siège  sont 
partis  d'ici  pour  I  Allema;;ne.  On  profile  du  lems 
de  I  armistice  pour  augmenicr  l'armée  el  la  meure 
sur  le  pied  le  plus  fornndable.  L'Autriche  fait  de 
niènie  de  son  côté.  La  Bohême  el  les  étais  de  la 
maison  d.\utrithe  fournissent  un  grand  nombre 
de  recrues.  Ci-ite  levée  donne  lieu  à  mille  vexa- 
tions ;  néanmoins   lus    espérances    de   paix  sont 


encore  grandes.  L'empereur  n'a  point  encore  rati- 
fié le  traité  des  subsides  avec  l'Angleterre.  Il  n'a 
pas  touché  le  moindre  argent  ,  ((uOiique  le  ban- 
quier Pries  ait  plein  pouv^oirde  l'Angleterre  pour 
payer.  '         i_i-'* 

Les  français  travaillent  avec  iJElk»  grande  acti- 
vité à  la  démoliiion  des  fortifflPwons  de  Renti  à 
l'entrée  du  TyroL 

La  cavalerie  française  et  en  général  les  troupes 
du  Brisgaw  sont  considérablement  augmentées. 
Quatre  ceniscavaliers  ,  200  faniassins  ,  et  un  dépôt 
de  Cavalerie  sont  à  présent  à  Fiibourg. 

(  Straburger  Weltbole.  ) 

Paris  ,  te  7  fructidor. 

Une  lettre  écrite  de  Lubeck ,  et  citée  par  le 
Journal  des  Débats,  contient  des  détails'  assez 
singuliers  sur  l'arrivée  dans  ce  port  de  soixante 
trapisies  et  de  presqu'autant  de  femmes  aiiachécs 
à  leur  ordre.  Ces  religieux  établis  en  France  , 
s'élaieVit  d'abord  réfugiés  à  Fribourg  en  Suisse. 
C'est-là  r(u'ils  avaient  fondé  une  maison  de  leur 
ordre  pour  les  femmes-  Appelés  en  Russie  oià 
des  offres  séduisantes  leur  étaient  faites,  ils  ont 
quitté  Fribourg  ,  mais  arrivés  à  la  frontière  , 
leurs  prétentions  n'ont  point  été  accueillies.  Ils 
viennent  d'entrer  à  Lubeck.  Modestes  el  silen- 
cieux .  ils  fuyaient  tous  les  regards  ;  ils  atten- 
dent des  nouvelles  d  Angleterre  avant  de  se 
décider  à  aller  s'y  établir.  Un  évêque  propose 
de  les  y  accueillir  dans  son  dioctze.  Les  lois 
contre  les  prêtres  et  les  religieux  papistes  nele  lui 
permettront  peut-être  pas  ;  alors  ces  trapisies 
iraient  aux  Etais-Unis  oii  ils  sont  aussi  demandés. 

Un  français  a  trouvé  parmi  ces  tr,.p!stes  un 
ancien  officier  de  dragons  avec  qui  il  élait  lié. 
Ce  dernier  a  fait  semblant  de  ne  le  pas  recoii- 
aaûre- 

Le  même  journal  cite  le^ttâit  suivant ,  sotis  i» 
date  d'Augsbourg. 

ï>  Un  commissaire  français  qui  se  rendait  de 
Neubourg  à  Augsbourg  avec  une  somme  de  12 
mille  florins,  fut  assassiné,  il  y  a  quelques  semaines 
dans  un  bois  ,  par  des  paysans  des  environs 
de  Potmess ,  qui  se  partagèrent  cet  argent.  On 
parvint  à  découv/ir  les  coupables  ,  qui  furent 
amenés  enchaînés  à  Augsbourg,  où  ils  sont  encore 
détenus-  Il  y  a  quelques  jours  .  quatorze  enfans, 
qui  leur  appartiennent,  arrivèrent  ici  sur  des 
chariots  ,  se  jelterent  aux  pieds  du  général 
Moreau  ,  et  le  supplièrent  de  faire  grâce  aux 
auteurs  de  leurs  jours.  Le  général  leur  répondit 
que  les  lois  seules  pouvaient  décider  du  sort 
de  leurs  parens  ;  niais  vivement  ému  ,  il  fit  remettre 
à  chacun  des  ces  enfans  quarante  huit.livres.  )' 

—  Les  enfansélevés  à  l'hospicegénéral  de  bien- 
fesance  d'Auxerre  ayant  été  imiormés  que  deux 
villages  venaient  d'être  submergés  à  la  suite  d'un 
orage  afireux  ,  ont  chargé  leur  digne  et  vertueux 
économe,  le  citoyen  Champeaux,  d'employer 
au  soulagement  des  victimes  de  ce  désasiie  , 
le  peu  d  argent  qu'ils-  avaient  reçu  à  tiire  d  en- 
couragement. 

—  On  vient  de  former  dans  Paris  un  établis- 
sement, auquel  ses  premiers  dé.veloppemens  pro- 
mettent de  grands  succès  et  une  influence  mar- 
quée dans  le  commeice  ;  c'rst  une  filature  de 
coton  et  une  fabiique  de  basins  ,  de  piqués  et 
de  bas  dont  la  beauté  ,  la  blancheur  et  la  finesse 
surpassent  les. mêmes  objets  sortis  de  la  main  des 
anglais  et  si  vantés  en  France.  Quatre  cents  bras 
sont  occupés  chaque  jourdans  cette  manufac- 
ture ,  et  Ion  admire  l:i  disiribulion  des  travaux  , 
le  nombre  ,  lélégance  ,  la  piécision  des  méca- 
niques ,  et  la  diminution  graduelle  et  rapide  des 
fils  de  colon.  On  travaille  à  rétablissement  de 
deux  manutactures  semblibles  ;  l'une  à  Alençon, 
l'autre    à  Saint-Quentin. 

—  Le  tl  fructidor  à  midi  un  quart  ,  le  citoyen 
Lacepedc  ouvriia  ,  dans  une  des  galeries  supé- 
rieures du  muséum  d  histoire  naturelle  ,  un  cours 
d'hiitoire  naturelle  des  oiseaux  .  pat  un  discours 
sur  la  vie  et  les  ouviages  de  Dauhenton  ,  considérés 
relativement  à,  la  manière  d'étudier  l  histoire  natu- 
relle. Il  continuera  ce  couis  à  la  même  heuie 
et  tous  les  jouis  ,  excepté  les  quintidis  et  les 
décadis. 

—  Le  citoyen  Cuvillier  ,  auteur  de  plusieurs 
pantomimes-  qui    presque  toutes    ont    attiré  la 


foule  ,  vient  de  mourir  à  Dijon.   Il    fesait  parti» 
du  corps  des   hussards  volontaires. 

—  Le  10  fruciidor  à  1 1  heures  et  demie  ,  il 
sera  célébré  ,  dans  le  temple  de  la  Victoire 
(  Sulpice  )  ,  une  lête  à  la  mémoire  du  courageux 
défenseur  des  indiens  opprimés  ,  Barthélémy  de 
las  Casas  ,  déjà  jusiifié  ,  dans  l'instiiut  national  , 
du  reproche  qu  on  lui  a  fait  d'être  l'inventeur  de 
la  traite  des  nes-res. 


MINISTERE  DE  LA  GUERRE. 

J^oTE  indicative  des  départemens  qui  ont  exécuté  avec 
tele  la  loi  du  \vendeminire  an  8  ,  qui  ordonne  une 
levée  extraordinaire  de  40,000  chevaux  pour  le  ser- 
vice des  armées. 

Noms    o  e  s    départemens. 


ÇOT   ONT  FOURNI     )  <^Ut  ONT  TERMINÉ 


AU-DEL.V    PE 


LEUR    CONTINGENT. 


Seine. 
Cantal. 


Vciges. 

Haut-Rhin. 

Orne. 

Scine-Infér. 

Aube. 

Cher. 


qui   SONT 

SUR    W    POINT 
PE    LA  TERMINER. 


Hautes- Alpési''* 
Gard.  '■-'■o* 
Manche.  T^'d 
Yonne.  • 
Côie-dOr, 


Relevé  du  nombre    des  chevaux  fournis 
26  thermidor ,  jusqu'au  6  fructidor. 

Le   nombre   des   chevaux   levés   à 

l'époque  du  26  thermidor,  était  de.. 

Ceux  levés  depuis ,  s  élèvent  à. . . . 

Total  au  6  fructidor.. . . 


buis  II 


42,104 
546 


4a,65o 


Décision  relative  à  la  prise  du  navire  le  Républicain* 

AIT    NOM    DE    LA    RÉFUB1.IQ_UE    FKANÇAISE. 

Le  conseil  des  prises  ,  établi  par  l'arrêié  des 
consuls  du  6  germinal  an  8,  en  vertu  de  la 
loi  du  26  veniôse  précédent,  a  rendu  la  déci- 
sion suivante,  entre  James  Simpson  ,  capiraine 
ilu  navire  le  Républicain  ,  d'une  part  ;  et  Philippe 
V.iodhoren  ,  négociant,  armateur  du  corsaire 
fr,iri"çais  le  Spartiate,  de  Bordeaux,  stipulant  pour 
les  intéressés  ,  capitaine  et  équipage  dudit  cor- 
saire i  d'autre  pail;  vu  ,  etc. 

Vu  les  conc'usins  du  commissaire  du  gouver- 
nement ,  laissées  aujourd  hui  par  écrit  sur  le 
bureau  ,  et  dont  la  veneur  suit. 
,  La  prise  du  Républicain  par  le  corsaire  le  Spar- 
tiate ,  a  éié  déclaiée  valide  par  le  vice-consul 
français  à  la  Corogne  le  8  pluviôse  an  7  ,  et  par 
le  tiibunal  civil  du  département  de  la  Loire- 
Iniériéurc  ,  le  25  pluviôse  an  8. 

LafFaire  était  pendante  au  tribunal  de  cassa- 
tion ,  lorsqu'elle  a  éé  renvoyée  au  conseil. 

Le  capilaine  du  navire  capturé  ,  avait  fait  assi- 
gner le  capieur  pour  venir  déduire  ses  moyens 
de  défense  datis  quinzaine  ,  à  compter  du  jour 
cle  la  signification  de  l'ordonnance  portant  fixa- 
tion de  ce  délai. 

Chacuri  peut  renoncer  à  son  droit.  Le  capteur  , 
par  le  ministère  de  la  personne  chargée  de  sa 
défense  ,  consent  à  êire  jugé  avant  l'expiration  du 
délai  qui  lui  avait  été  donné  :  le  capturé  m'a  fait 
remettre  ,  le  3  ,  un  mémoire  manuscrit  qui  con- 
tient ses  réponses  aux  moyens  qui  lui  avaient 
été  opposés.  Rien  ne  sauiait  donc  mettre  obs- 
tacle au  jugement  d'une  cause  déjà  instruite  tl 
jugée  deux  fois. 

Le  capteur  a  proposé  quatre  moyens  de  con- 
fiscation : 

1°.  Il  a  prétendu  que  le  navire  /«Républicain, 
ayant  autrefois  appartenu  à  des  propriétaires  autres 
que  ceux  auxquels  il  appartient  aujourd'hui  ,  le  cap' 
turé  aurait  dû.  être  poUeur  d'actes  authentiques  par 
lesquels  la  propriété  en  eût  été  transmise  aux  proprit' 
taires  actuels. 

2°.  Il  a  soutenu  que  le  Républicain  est  en  con' 
travcntion  à  Inrticle  KXV  du  traité  Hii  6 /ivrier 
177S,  entre  la  t.rance  et  les  Etats-Unis  dAnintgui  . 
parce    quif    It  norU'  des    propriétaires''  -du  natift 


r 


par  k  registre,  n'est  pas  rappelé  par  /«] navire  le  Républicain  ,  ne   u 
t  et  l'acte  de  serment  dont  ce  passeport  est    à  la  forme  de  l'acte  ;  il  iieht 


362 

tient  pas  uniquement 


SUIVI. 

3°.  Il  s'est  prévalu  de  ce  que  l'origine  des 
marchandises  et  de  la  cargaison  n'était  pas  cons- 
tatée ,  et  de  ce  qu'il  avait  été  déclaré  par  le 
capturé  qu'une  partie  de  sucres  en  boucauts  pro- 
vient de  l'île  espagnole  de  la  Trinité ,  tombée  dans 
la  possession  des  anglais  en  1797. 

4°,  On  a  reproché^fc  navire  le  Républicain 
d'avoir  appliqué  au  P^j^rit  voyage  un  rôle  d'é- 
quipage qui  avait  déjà  servi  pour  un  voyage 
précédent. 

Le  capturé  a  répondu  ,  et  il  répond  encore  , 

1°.  Que  d'après  les  réglemens  ,  on  n'est  tenu 
de  justifier  du  changement  de  propriété  du 
navire  ,  que  lorsque  ce  navire  esi  originaire- 
ment de  fabrique  ennemie  ,  ou  qu'il  a  appartenu 
à  un  ennemi;  mais  que  toutes  ces  précautiotjs 
sont  inutiles  quand  le  navire  est  originairement 
neutre  ; 

2°,  Que  le  traité  de  1778  ne  soumet  point 
les  américains  à  désigner  dans  le  passeport ,  le 
nom  du  propiéiaire  ou  des  proptiéiaiies  du  na- 
vire ,  et  qu'il  suffit  que  le  navire  soit  indéfi- 
niment déclaré  propriété  américaine  ; 

3".  Qii'on  n'a  pas  besoin  de  remonter  à  l'oii- 
gine  des  marchandises  pour  en  prouver  la  neu- 
tralité; que  cela  n'avait  été  exigé  que  parla 
loi  du  29  nivôse  ;  et  que  d'ailleurs  on  ne  pou- 
vait abuser  de  l'aveu  fait,  qu'une  partie  de  sucre 
en  boucauts  provenait  de  lîle  de  la  Trinité  , 
tombée  dans  la  possession  des  anglais  ,  attendu 
qu'on  ne  pouvait  regarder  comme  possession 
anglaise  une  île  occupée  accidentellement  en 
vertu  du  droit  de  la  guerre  ,  et  de  laquelle  les 
sucres  auraient  pu  être  extraits  avant  cette  occu- 
pation ; 

4°.  Qu'il  est  dit  dans  les  réglemens,  qu'un 
passeport  ne  peut  servir  que  pour  un  voyage  ; 
mais  qt^'il  n'est  dit  nulle  part  ,  qu'on  ne  puisse 
•e  servir  povir  plusieurs  voyages ,  d'iui  même  rôle 
4'équipage. 

Telles  sont  les  défenses  respectives  des  parties. 

Il  est  de  principe  que  la  propriété  neutre 
"du  navire  et  de  la  cargaison  doit  être  prou- 
vée ,  et  que  cette  preuve  est  à  la  charge  du 
capturé. 

C'est  une  autre  vérité  ,  que  la  preuve  de  la 
propriété  neutre  a  été  déterminée  par  les  ré- 
glemens. 

Dans  l'hypothèse  présente  ,  la  neutralité  du 
navire  le  Républicain  et  de  sa  cargaison  est-elle 
constatée  ? 

Je  ne  m'arrêterai  point  à  l'objection  déduite  de 
ce  que  le  changeiuent  de  propriété  du  navire , 
qui,  dit-on  ,  appartenait  autrefois  à  des  proprié- 
taires autres  que  les  propriétaires  actuels  ,  n'est 
point  prouvé  par  des  actes  authentiques.  Je  con- 
viens ,  d'après  le  règlement  de  1778 ,  qu'une  telle 
précaution  ne  serait  nécessaire  que-  dans  le  cas 
d'un  navire  originairement  de  construction  ou  de 
propriété  ennemie. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  non  plus  à  la  circonstance 
que  le  nom  du  propriétaire  ou  des  propriétaires 
du  navire  n'est  point  spécifiquement  désigné  dans 
le  passeport.  Le  traité  de  1778,  passé  eritre  la 
France  et  les  Etats-Unis  de  l'Amérique  ,  exige 
seulement  que  le  navire  soit  reconnu  prop/iété 
iaméricaine  ,  sans  une  désignation  particulière  du 
nom  du  propriétaire. 

iMais  je  découvre  dans  le  passe-port  un  vice  qui 
■l'a  paru  essentiel. 

Le  capturé  avoue  ,  dans  le  mémoire  manuscrit 
qui  m'a  été  remis,  que  U  capitaine,  avant  son  départ, 
doit  prêter  serment  entre  les  mains  des  officiers  de 
manne  ,  que  le  navire  appartient  à  un  ou  plusieurs 
sujets  des  Etats-Unis,  sans  autre  désignation;  il 
avoue  encore  que  ,  par  la  formule  annexée  au 
traité  de  1778  ,  cette  affirmation  assermentée  doit 
être  à  la  suite  du  passe-port. 

Or  ,  j'ai  vérifié  qu'à  la  suite  du  passe-port  dont 


à  sa  subsLince  :  car 
un  acte  non  signé  n  existe  pas.  Dans  un  cas 
pareil  ,  la  nullité  n'a  pas  besoin  d'être  prononcée 
par  la  loi  à  titre  de  peine  ;  elle  est  inhérente  à 
la  chose  même.  , 

Vjinemeni  objecterait-on  qu'un  acte  nul  prouve 
toujours  la  bonne-foi  de  celui  qui  en  est  porteur, 
puisqu'il  prouve  au  moins  le  désir  que  i  on  avait 
de  se  le  procurer. 

Cela  est  vrai,  quand  l'acte  n"est  qu'irrégulier  ; 
mais  la  thèse  change  ,  s'il  s'agit  d'un  acte  imparfait 
et  non  consommé.  Un  tel  acte  n'ayant  aucune 
existence  ,  ne  peut  produire  aucun  effet. 

On  prétend  que  .la  seule  nullité  du  passe-port 
ne  peut  entraîner  la  confiscation  ,  si  d'ailleurs 
la  propriété  neutre  est  constatée  par  les  autres 
pièces. 

Je  conviens  du  principe  général  ;  mais  je  crois 
que  ce  principe  dôii,  ^tre  appliqué  avec  discer- 
nement. -S"  ,     ,,, 

Il  n'est  exactement  et  rigoureusement  vrai ,  que 
lorsqu'il  n'est  question  que  dune  nullité  extrin- 
sèque à  I  acte  ,  c'esl-à-dire  ,  d'une  nullité  qui  ne 
peut  faire  suspecter  la  foi  de  la  personne.  Dans  la 
cause  actuelle  ,  le  défaui-de  signature  de  l'officier 
public  et  de  la  partie,  rstde  nature  à  faire  présumer 
qu'on  n'a  osé  affirmer  à  serment  la  neutralité  du 
navire.  Ce  défaut  n'influe  pas  seulement  sur  U 
plus  ou  sur  le  moins  de  solennité  de  l'acte  ;  i 
eni polie  l'acte  même  ,  et  il  fait  suspecter  la  bonne 
volonté  de  cclai.qui  était  tenu  de  le  rapporter. 

Au  reste  .  le  passeport  n'est  pas  la  seule  pièce 
que  l'on  soit  en  droit  de  censurer.  On  n  a  trouvé  , 
sur  le  navire  le  Républicain  ,  d'autre  rôle  d'équi- 
page que  celui  qui  avait  déjà  servi  pour  un 
voyage  précédent. 

Je  sais  que  .  s'il  faut  en  croire  le  capiuié  ,  on 
ne  doit  pas  raisonner  sur  le  rôle  d  équipage  , 
comme  l'on  est  londé  à  raisonner  sur  le  passeport. 
Par  les  réglemens  ,  dil-on  ,  un  passeport  ne  peut 
servir  que  pour  un  voyage  ;  mais  nous  ne  voyons 
pas  ^le  le  rôle  d'équipage  ait  été  soumis  à  la 
même  règle. 

Je  réponds  que  l'article  IX  du  règlement 
du  s6  juillet  1778,  porte  :  11  Seront  de  bonne 
I»  prise  tous  bâtiraens  étrangers....  qui  n'auront 
)>  pas  à  bord  un  rôle  d  équipage  arrêté  par  les 
1»  officiers  des  lieux  neutres  d'où  les  bâlimens  serotrt 
Il  partis.  "  Il  est  impossible  de  ne  pas  voir  dans 
cette  disposition  la  nécessité  d'avoir,  pour  chaque 
voyage  ,  un  rôle  d'équipage  arrêté  par  les  offi- 
ciers publics  du  lieti  du  départ. 

On  allègue  que  le  lieu  du  départ,  a  été  le 
même  dans  le  premier  et  dans  le  second  voyage, 
et  qu'il  n'y  a  point  eu  de  changement  dans  les 
hommes  de   l'équipage. 

Je  réponds  que  ,  si  le  lieu  du  départ  a  été  le 
même  dans  les  deux  voyages  ,  il  aurait  pu  être 
différent.  Donc  ,  quand  les  réglemens  ont  voulu 
qu'il  y  eût  à  bord  des  bâtimens  étrangers  un 
rôle  d'équipage  arrêté  par  les  officiers  publics 
des  lieux  neutres  dCou  ces  bâlimens  sont  partis  , 
ils  ont  nécessairetnent  supposé  qu'à  chaque 
voyage  il  faut  un  rôle  d'équipage  arrêté  par  les 
officiers  publics  du  lieu  d'où  l'on  est  parti  ;  car 
les  mots  ,  des  lieux  neutres  d'où  les  bâtimens  seront 
partis  ,  ne  peuvent  s'entendre  que  des  lieux  du 
départ,  c'est-à-dire,  du  lieu  où  commence  le 
voyage  auquel  on  applique  le  rôle  d'équipage 
que  l'on  est  tenu  d'avoir  à  bord. 

On  p.eui  partir  deux  fois  du  même  lieu  pour 
deux  voyages  différens  :  mais  chaque  voyage  sup- 


Simpson  est  capitaine  ,  destiné  à  un  voyage  duport 
de  Baltimore  en  Maryland  à  Roterdam.  Le  rôle 
d'équipage  avait  donc  son  application  limitée  à 
un  voyage  de  Baltimore  à  Roierdam  ;  le  capturé 
était  donc  averti  ,  par  la  pièce  même  dont  il 
était  porteur  ,  qu'il  devait  se  munir  d  un  nou- 
veau rôle  d'équipage  ,  s'il  enltepienait  Un  nou- 
veau voyage. 

Il  était  averti  qu'un  rôle  d'équipage  destiné 
à  un  voyage  de  Baltimore  à  Roterdam  ,  ne  pou- 
vait lui  servir  pour  un  second  voyage  de  Balti- 
more à  Falmouth. 

Il  ne  doit  point  y  avoir  de  contradiction  entre 
les  pièces  de  bord,  sur-tout  sur  un  point  aussi 
important  que  celui  de  la  destination, du  navire. 
Or  ,  le  rôle  d'équipage  dont  il  s'agit ,  et  qui 
avait  été  fait  pour  un  voyage  de  B.iltimore  à 
Roterdam  .  ne  s'accorde  plus  avac  le  passeport 
du  second  voyage  de  Baltimore  à  Falmouth. 

Ce  n'est  pas  tout  :  en  confroiitani  les  pièces  dès 
deux  voyages  .  ou  découvre  de  nouvelles  raisons 
de  suspecter  le  capturé.  Dans  le  passeport  du 
premier  voyage  pour  lequel  le  rôle  d'équipage 
avait  été  expédié  ,  on  trouve  l'énonçiation  d\x 
nombre  des  hommes  méntionnéi  sur  ce  rôle: 
on  ne  retrouve  plus  la  même  énoncialion  dans 
le  passeport  du  second  voyage  pour  lequel  oa 
veut  se  servir  du  même  tôle  d'équipage.  Pourquoi 
cette  différence  dans  la  rédaction  des  deux  passe- 
ports ?  Dans  le  premier  ,  ou  s'était  conformé  , 
sur  ce  point,  au  traité  de  1778;  pourquoi  ne 
s'y  conforme-t-on  pas  dans  le  second  ? 

Je  pourrais  me  dispenser  ,  après  cette  discus- 
sion ,  d  entrer  dans  d'autres  détails  :  mais  je  dois 
faire  observer  au  conseil  que  le  navire  et  la 
cargaison  étaient  destinés  pour  Falmouth  ,  c'est- 
à-dire  ,  pour  un  port  anglais  ;  et  que  ,  de  Ijveti 
du  capturé  lui-tnême,  partie  des  sucres  en  bou- 
cauts étaient  du  cru  de  l'île  de  la  Tiinité  ,  tombée 
sous  la  domination  anglaise. 

Sans  doute  un  neutre  peut  aller  dans  un  port 
ennemi  non-bloqué  ;  mais  la  destination  pour 
un  port  ennemi  est  une  circonstance  extiênie- 
ment  grave  ,  quand  le  prétendu  neutre  manque 
d'ailleurs  des  principales  pièces  de  bord  ,  ou 
que  celles  qu  il  exhibe  sont  essentiellement 
vicieuses. 

L'origiiie  anglaise  d'une  partie  des  sucres  est 
constatée  par  la  propre  déclaration  du  capitaine 
du  navire  le  Républicain.  On  voudrait  corriger 
cette  déclaration  .  en  soutenant  que  lîle  de  la 
Trinité  est  espagnole  ,  et  qu'elle  ne  pourra  être 
regardée  comme  possession  anglaise  ,  que  lors- 
cjue  .par  un  traité  de  paix  ,  elle  aura  été  reconnue 
devoir  appartenir  aux  anglais  ,  qui  jijsqu  ici  ne 
l'occupent  qu'accidenteUeméni  par  le  droit  de  la 
guerre.  Mais  ces  objections  ne  sont  pas  impo- 
santes. Il  ne  s'agit  pas  ici  d'examiner  si  les  anglais 
sont  légitimes  possesseurs  de  l'île  de  la  Trinité,  ou 
s'ils  le  seront  toujours  ;  il  suffit  qu'ils  possèdent 
cette  île  ,  pour  que  les  producuons  qui  y  nais- 
sent soient  actuellement  en  leur  pouvoir.  Si  c'est 
accidentellement  et  par  le  droit  de  la  guerre  qu'ils 
occupent  l'île  de  la  Trinité,  c'est  aussi  par  une 
suite  de  la  guerre  que  Ion  s'empare  de  ce  qu  ils 
occupent  bien  ou  mal-à-propos. 

Dire  que  les  marchandises  dont  il  s'agit  ont 
pu  être  extraites  de  l'île  de  la  Trinité  avant  la 
possession  des  anglais ,  c'est  dire  une  chose  inu- 
tile. L'origine  de  ces  marchandises  est  convenue  , 
et  lépoque  à  laquelle  on  suppose  qu'elles  ont 
passé  dans  des  mains  neutres  ,  n'est  ni  convenue 
ni   prouvée. 

On  objecte   qu'il  ne  faut  point  avoir  égard 


voyage  suppose  encoreun  nouvel  engagement  de 
la  part  des  hommes  qui  composent  l'équipage. 
Donc  ,  à  chaque  voyage  ,  il  faut  un  rôle  arrêté 
par  les  officiers  publics  du  lieu  du  départ.  Telle 
est  ta  lettre  et  l'esprit  des  réglemens. 

S  il  en  était  autrement ,  quelle  certitude  aurait- 
on  que  les  hommes  de  l'équipage  sont  les  mêmes  ? 
Dira-f-on  qu'il   faudrait  prouver  que  ce  sont 
d'autres  hommes  ?  Mais  la  preuve  de  la  neutralité 
est  à  la  charge  du  capturé  et  non  à  la  charge  du 

le  captiïré  était  porteur ,  il  n'existe' qu'une  décla- (  capiecir.  La  preuve  qiie  l'équipage  est  neutre, 

ration  d'aérmation ,  -sans  aucune    signature   ni  {  doit  résulter  du  tôle  d 


pose  un  départ  à  des  époques  différentes:  chaque  !  l'origine  d'une  marchandise  ;  mais  simplement  à 


de  l'officier  public  devant  lequel  l'affirmation 
assermentée  a  dû  être  faite  ,  ni  de  la  partie 
même  qui  est  censée  _avoir  prêté  le  serment.- 
On  ne  s'est  donc  point  conformé  au  traité 
4e  1778.  . 

■Un  apte  n'est  rien  s'il  n'est  signé  ;  c'est  la  signa- 
ture qui  fait  tout.  Jusque-là,  je  vois  moins  un  acte 
qu'un  simple  projet,  c!,esi-à-dire  ,  une  rédaction 
qui  n'a  été  ni  précédée rii  suivie  d'aucun  effet  réel. 
Je  suis  donc  autorisé  à  conclure  que  l'affirmation 
assermentée,  prescrite  par  le  traité  de  1778  ,  n'a 
point  été  faite. 

Le  traité  de  1778,  dit-on  ,  n'a  point  prescrit 
les  formalités  du  passeport  à  peine  de  nullité , 
mais  seulement  dans  l'objet  d'arrêter  et  de 
prévenir  de  part  eu  d'autre  toutes  dissentions  et 
Querelles. 


équipage.  Tout  peut  avoir 
été  neutre  dans  uii  voyage  et  ne  l'être  pas  dans 
un  autre.  Dans  chadùe  voyage  ,  on  doit  justifier 
de  la  neutralité  ;  il  fatit  donc  ,  à  chaque  voyage  , 
se  munir  des  pièces  de  bord  indiquée!  par  les 
réglemens  pour  la  Constater:  donc  un  rôle  d'équi- 
page arrêté  pour  un  premier  voyage,  ne  peut  servir 
que  pour  ce  voyage  \  et  ne  saurait  être  utilement 
appliqué  à  un  autre.  Faite  une  telle  application , 
c'est  se  rendre  suspect  de  fraude  ;  c'est  annoncer 
qu'on  avait  quelque  intérêt  à  ne  pas  représenter 
les  hommes  que  l'on  prenait  à  bord.  Un  simple 
défaut  de  forme  dans  un  rôle  d'équipage  ,  n'en 
prouverait  que  l'irrégularité;  mais  l'application 
insolite  et  insidieuse  d'un  ancien  rôle  d'équipage 
à  un  voyage  nouveau  ,  fait  justenient  suspecter  la 
I  foi  de  celui  qui  se  sert  d'une  telle  pièce. 
I  Allons  plus  loin(  'Voici  ce  que  nous  lisons  à 
la  tète  du  tôle  d'équipage  :  Rôle  d'équipage  duna 


Le  vic«  q»8  j'ai  découvert  dans  le  passe-port  du  I  vire  le  Républicain ,  de   Baltimore ,  dont  Jamei 


la  qualité  de  son  propriétaire  actuel  ;  et  que  Ion 
ne  doit  plus  être  régi  ^  à  cet  égard  ,  par  la  loi 
abrogée  du  29  nivôse.  Mais  en  laissant  à  l'écart 
cette  loi  ,  sur  laquelle  nous  n'avons  pas  besoin 
pour  le  moment  de  nous  expliquer,  le  capturé 
ne  saurait  jamais  se  soustraire  à  l'ensemble  des 
faits  qui  l'accablent.  Point  de  passeport  ,  ou  ,  ce 
qui  est  pire  ,  passeport  demeuré  aux  termes  d'un 
simple  projet  ;  point  de  rôle  d'équipage  pour 
le  voyage  actuel  ;  et  application  frauduleuse 
à  ce  voyage,  d'un  ancien  rôle  évidemment  su- 
ranné, et  littéralement  destiné  pour  un  voyagé 
précédent  :  contradiction  entre  les  pièces  trou- 
vées à  bord  ;  marchandises  extraites  d'une  pos- 
session anglaise  ;  destination  du  Navire  et  de  la 
cargaison  pour  un  port  anglais.  Dans  un  pareil 
concours  de  circonstances  ,  peut-on  dire  que  la 
neutralité  soit  prouvée  ?  tout  n'annonce-t-il  pas 
au  contraire  la  propriété  ennemie  ? 

Par  ces  considérations  ,  je  conclus  à  la  con- 
firmation du  jugement  rendu  par  le  tribunal 
civil  de  la  Loire-Inférieure  ,  et  confirmatif  de 
celui  du  vice-consnl  de  la  Corogne. 

Délibéré  à   Paris,   ce    4    thermidor,  an  8   de 
la  république  française  ,   une  et  indivisible. 
Signé ,  PoRTALis. 

Ouï  le  rapport  du  citoyen  Montigny-Monpiaisir, 
membre  du  conseil  ;  tout  vu  et  considéré  , 

Le  conseil ,  conformément  aux  conclusions  du 
comniiss^ire  du  gouvernement,  et  aux  jugeraens 


rendus  par  le  vice-consul  chargé  des  affaires  du 
consulat  de  la  république  française  en  Gjiice  , 
résidant  à  la  Corogne  ,  et  par  le  tribunal  civil  du 
département  de  la  Loire  Inférieure  ,  des  8  plu- 
viôse et  25  fructidor  an  7  ,  décide  que  la  pi»se  du 
navire  le  Républicain  et  de  sou  cliargement  est 
bonne  et  valable  ;  en  couséquence  ,  adjuge  au 
profil  de  Philippe  Vaudhoren,  armateur,  et  des 
équipages  du  corsaire  le  Spartiate  ,  tant  ledit 
navire  le  Républicain  ,  ses  agrès  et  apparaux  ,  ap- 
partenances et  dépendances  ,  que  toutes  les 
marchandises  de  son  chargement ,  sauf  les  droits 
appartenant  aux  invalides  de  la  marine  ;  pous  le 
tout ,  si  fait  n'a  été  ,  être  vendu  aux  formes  et 
dp  la  (naniere  prescrites  par  les  lois  et  le  rcgie- 
nieni  sur  te  fait  des  prises,  et  le  produit  remis 
auxdils  armateurs  et  équipages  ;  à  quoi  faire 
tpus  gardiens  ,  séquestres  et  dépositaires,  seront 
contraints  par  toutes  voies  dues  et  raisonnables  , 
même  pai  corps  ;  quoi  fesant ,  ils  en  seront  bien 
el  valablement  quitics  et  déchargés. 

Fait  le  6  thermidor  ,  an  8  de  la  république  fran- 
çaise ,  une  et  indivisible.  Présens  les  citoyens 
Reron  ,  président;    Niou ,    Lacoste,    Baren- 

NES  ,    MONTIGNY  -  MONPLAISIR  ,    DuFAUT  ,   PaR- 

SF.VAL  -  Grandmaison  .  Tournachon  ,  tous 
membres  du  conseil  des  prises,  séant  à  Paris  , 
maison  de  1  Oratoire. 

Au  NOM  DE  LA  REPUBLIQUE  FRANÇAISE,  il  eSt 
ordonné  à  touy  huissiers  sur  ce  requis  de  mettre  la 
présente  décision  à  exécution  ;  à  tous  comman- 
dans  et  ofiSciers  de  la  force  publique ,  de  prêter 
main-forte  lorsqu'ils  en  seront  légalement  requis; 
«t  aux  commissaires  du  gouvernement  près  les 
tribunaux  ,  d'y  tenir  la  main. 

En  foi  de  quoi  ladiie  décision  a  été  signée  par  le 
président  du  conseil  et  par  le  rapporteur. 
Par  le  conseil  : 
^e  secrétaire-général ,  signé  Calmelet. 


bonseil  de  guerre  de  la  17'  division  militaire. — 
Le  3  fructidor. 

Le  3  de  ce  mois  ,  le  s"  conseil  de  guerre  de  la 
17'  division  ,  présidé  par  le  citoyen  Borel,  d'après 
^es  conclusions  de  son  capiiaine  rapporteur  ,  et 
les  moyens  de  défense  allégués  par  le  citoyen 
Maugeret ,  délenseur  officieux  du  jeune  François 
Duv^l ,  sou:d-muet  de  naissance  ,  âgé  de  vingt 
ans  ,  de  la  commune  de  Candas  ,  près  Amiens  , 
dépanera.ent  de  la  Somme  ,  assisté  du  cit.  Sicard 
tesafli  fonction  de  curateur,  a  déclaré  ledit  ci- 
toyen Duval ,  sourd-muet, non-coupableducrime 
de  vol  avec  effraciion  et  complices  ,  dont  il  était 
accusé  ,  a  prononcé  sa  mise  en  iibené  ,  au:^  termes 
de  la  lui  ,  avec  cette  resiriction  pourtant ,  qu'il 
lesterait  sous  la  survei'lançe  du  concierge  de 
l'Abbaye  ,  jusqu  à  ce  que  le  ministre  de  J'inié- 
lieur  ,  lésant  droit  aux  voeux  du  tribunal  ,  eût 
ordonné  que  ce  malheureux  serait  confié  aux  soins 
paternels  du  citoyen  Sicard  ,  etc. 

Tel  est ,  citoyens ,  le  rapide  exposé  d'une  cause 
«t  d'un  jugement ,  qui  feront  époque  dans  les 
annales  de  la  jurisprudence  criminelle  ,  et  dans 
celle  des  observateurs  de  Ihomme  ;  dans  les  an- 
nales de  la  jurisprudence  ,  pour  fixer  ,  à  l'avenir  , 
l'opinion  des  législateurs  et  des  magistrats  sur  un 
dcli^  non  prévu  jusquà  présent  ;  dans  les  annales 
des  observateurs  de  Ihomme  ,  parce  que  dans 
cette  cause  tout  est  un  sujet  neuf  de  méditation  , 
d'instruction  et  d'admiration. 

Quel  sujet,  en  effet ,  plus  digne  d'occuper  toute 
l'attention  d'un  magistrat ,  que  d'avoir  à  prononcer 
la  peine  capitale  contre  un  accusé  pris ,  à  la  vérité  , 
en  flagrant  délit,  dans  une  maison  où  il  s'était 
introduit  à  7  heures  du  soir  ,  en  hiver,  au  moyen 
d'un  trou  fait  dans  le  mur  ;  mais  qu'on  ne  saurait 
jregarder  comme  coupable  ,  s'il  est  vrai  ,  que  la 
counaissance  présumée  de  la  loi  peut  seule  en 
déterminer  l'application  contre  celui  qui  la  violée. 
François  Duval ,  sourd-inuet  de  naissance .  n'était- 
il  pas  ,  à  cause  de  sou  infirmité  même  ,  dans  cet 
çt^t  d  igiioiance  )nvmcible  qui  devait  le  faire 
abfoiidre  ?  Spiis  doute,  il  était  physiquement  im- 
possible ,  que  l'idée  de  la  loi  eût  pu  pénétrer 
ju?(jiicj  dans  son  ame  par  le  chemin  organique 
de  son  oreille  ;  mais  un  individu  qui  avait  pu  , 
jusqu'à  I  époque  de  son  délit ,  apprendre  lélat  de 
cordonnier  et  vivre  avec  les  autres  hommes ,  sans 
reproche  ,  n'avaii-il  pas  reçu  par  les  yeux  asse^ 
d  idées  pour  distinguer  le  juste  de  l'injuste,  et 
cette  action  de  se  cacher  sous  un  lijpour  se  sous- 
traire aux  regards  du  propriétaire  ,  qu'il  avait  in- 
tention de  voler,  ne  prouvc-t-elle  pas ,  que  ce 
jnalheureux  avait  une  connaissance  suffisante  du 
mal  attache  à  l'action  qu'il  avait  faite  ?  Le  trou 
pratiqué  dans  le  mur  pour  se  glisser  furtivement 
dan»  la  maison  ,  les  ténèbres  de  la  nuit  qu'il  avait 
choisie;  ,  pour  exécuter  son  entreprise  ,  ne  dé- 
posaienl-iU  pas  contre  son  innocence  ?  et  le  glaive 
de  la  loi  pouvait-il  rester  plusloug-tems  suspendu 
sur  sa  têie  coupable? 

Cependant  1  accusé  pouvait  avoir  été  séduit  par 
de»  complice»  enchantés  de  trouver  en  lui  un 
associé  ,  qui  ne  pouvait  physiquement  les  com- 
pioraeitre  ,  et  à  1  égard   du<{uel  ils  auraient  été 


1363 

I  comme  le  singe  de  la  fable.  Dans  celte  liypothe«e  • 
j  Duval  paraissait  moins  criminel  ;  d  ailkuis  ,  il  était 
I  nécessaire  pour  le  bien  de  la  socicic  ,  de  con- 
I  naître  ces  brigan.fs  de  profession  .  ses  violateurs 
,  rusés  d  une  loi  qui  les  condamne  jusienient  à 
(perdre  U  tête.  Qjiaire  de  ces  mallicureux  dési- 
gnés ,  par  signes ,  à  l'officier  public  ,  par  l'infortuné 
Duval  ,  lors  de  son  arrestation  ,  avaient  été  mis 
en  prison  ,  et  ensuite  hors  de  cour  .  faute  de 
preuve  suffisante.  Le  seul  Duval  gémisbail  depuis 
deux  ans  dans  les  fers.  Deux  tribunaux  s'étaient 
déclarés  incorapétens  pour  juger  un  pareil  indi- 
vidu ,  ils  l'avaient  tnême  taxé  d'imbécilliié  ;  mais , 
d'après  tout  ce  qu'on  vient  de  lire  ,  n'éiail-il  pas 
démontré  ,  que  les  juge5  n'avaient  regardé  ce 
sourd  -  muet  comme  imbécille  ,  que  faute  de 
moyens  pour  linterrogei  ?  C'est  ici  où  le  capiiaine 
rapporieur-,  qui  ,  par  une  têie  supérieurement 
organisée  ,  dédommagera  pairie,  dans  des  fonc- 
tions pacifiques  ,  du  sang  qu'il  ne  peut  plus  verser 
pour  elle;  c'est  ici  ,  dis-je  .  où  le  citoyen Vaniuge 
sentit  le  besoin  non  pas  d'un  idéologue  ,  muis 
d  un  homme  accoutumé,  par  une  Ipn^ue  expé- 
rience ,  à  pénétrer  dans  les  plus  profonds  replis 
de  Tarne  ,  à  travers  les  organes  du  corps.  Pou- 
vait-ils'adresseràun  autrequ'au  célèbre  instituteur 
des  sourds-muets,  à  celui  quia  perfectionné  ce  que 
l'iramotiel  abbé  de  lEpée  avait  commencé,  à 
Sicard  ,  en  un  mot  ,  qui  ,  par  une  connaissance 
exacte  de  la  mécanique  des  idées  ,  s'élevant  suc- 
cessivement de  la  matière  à  res])rii  ,  de  l'esprit 
au  cœur,  du  fini  à  I  infini,  fait  parcourir  à  des 
sourds-muets  les  vastes  régions  du  monde  méta- 
physique ,  sans  jamais  perdre  de  vue  le  point  du 
départ  ,  sans  jamais  voguer  un  instant  au  gré  des 
hypothèses  et  des  conjectures. 

Sicard  donc  fut  nommé,  par  le  capitaine  rap- 
porteur, curateur  du  sourd-muet  accusé;  c  est 
lui  que  le  tribunal  chargea  de  le  faire  commu- 
niquer avec  ce  malheureux,  de  I  interroger  par 
signes  ,  d'en  tirer  l'aveu  de  sa  faute,  le  nom  de 
ses  complices;  en  un  mot,  tous  les  renseigne- 
raens  nécessaires  pour  éclairer  -sa  conscience  , 
dans  la  circonstance  pénible  où  il  avait  à  pro- 
noncer sur  une  accusation  grave,  dont  la  con- 
viction  entraînait  à  sa  suite  la  peine  de  mort. 

Ici  commence  la  partie  véritablement  instruc- 
tive de  cette  affaire;  qu'on  se  représente  le  mal- 
heureux Duval  entouré  de  gardes,  tremblant  de- 
vant ses  juges  ,  craignant  avec  raison  la  juste 
sévérité  des  lois  ;  d  un  autre  côté  ,  qu'on  se  figure 
l'auditoire  le  mieux  composé  ,  4es  yeux  fixés  avec 
avidité  sur  un  jeune  homme  de  vingt  ans  ,  courbé 
sous  le  poids  d'une  accusation  grave,  intéressant 
par  la  douceur  de  sa  ph-sionoiiîie  ,-  par  sa  jeu- 
nesse ,  et  plu#  encote  par.  l'impoisibiUié  physique 
d'entendre  les  griefs  qu'on  lui  reprochait,  et  de 
faire  parvenir  à  l'oreille  de  ses  juges  la  moin- 
dre parole  pour  justifier ,  ou  du  moins  pour 
atténuer  son  crirne.  Si  l'on  joint  à  ce  tableau 
l'état  pénible  des  membres  du  tribunal  ,  et  le 
dcsir  qu'avaient  ces  magisirais  militaires  ,  que 
de  l'interrogatoire  public  qui  allait  suivre  ,  put 
jaillir  quelque  trait  de  lumière  capable  de  fixer 
leur  incertitude  ,  on  pcvunajuger  du  degré  d'in- 
térêt qu'inspirait  cette  cause  absolument  neuve  , 
et  de  l'allenlion  avec  laquelle  tous  les  yeux  se 
dirigèrent  à  la  lois  sur  le  citoyen  Sic.ird  ,  sur  les 
trois  élevés  qu'il  avait  menés  avec  lui  ,  et  sur  le 
malheureux  qui  allait  enfin  être  interrogé  par  ses 
pairs. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  ici  aux-  lecteurs 
la  gradation  qu'on  fut  obligé  de  suivre  ,  pour 
tirer  quelque  lumière  de  cet  enfant  de  la  nature, 
si  loin  de  la  civilisation.  D  abord  le  tribunal  ,  par 
l'organe  de  son  président  ,  inieipellait  te  citoyen 
Sicard  et  lui  fesait  les  demandes  qu'il  croyait  con- 
venables ;  le  citoyen  Sicard  les  traduisait  en  si- 
gnes convenus  aux  sourds  -  mueis  ses  élevés  ; 
ceux-ci  ,  dirigés  par  Massieu  ,  tâchaient  de  faire 
parvenir  dans  l'ame  du  sourd-muei  privé  d'ins- 
truction ,  à  ia  faveur  des  signes  naturels  ,  ces 
mêmes  demandes  qu'il  aurait  été  impossible  à  cç 
malheureux  de  comprendre  ,  îans  cette  panto- 
rainre  parfaite  qui  rendit  1  interrogatoire  sensible 
à  tous  les  yeux  ,  et  mit  tous  les  spectateurs  en 
état  de  comprendre  d'eux-mêmes  ,  et  les  deman- 
des qu'on  fesait  à  1  accusé  ,  et  les  léponses  qu'on 
obtenait  de  lui  au  moyen  de  celte  langue  uni- 
verselle. Il  est  nécessaire  d  obseçver  encore  ici 
que  le  sourd-muet  privé  d'instruction  ,  n'ayant 
pas  la  moindre  connaissance  des  signes  abstraits  , 
il  fut  impossible  de  l'interroger  sur  son  nom  , 
ses  prénoms ,  le  lieu  de  sa  naissance  ,  etc.  Tous 
ces  noms  et  leurs  semblables  ne  pouvant  se  pein- 
dre aux  yeux  que  par  des  signes  de  convention  , 
le  citoyen  Sicard  fit  remarquer  avec  raison  qu'il 
était  parfaitement  inutile  d  essayer  de  les  lui  faire 
comprendre.  Il  n  en  fut  pas  de  même  de  son 
âge ,  cette  idée  présentant  une  succession  de 
tems  ,  et  le  tems  pouvant  être  figuré  par  le  pas- 
sage successif  d'un  objet  d  un  li^u  à  un  autre  ; 
Massieu  parvint,  à  laide  de  plusieurs  figuics  que 
j'affaiblirais  en  voulant  les  décrire  ,  il  parvint  , 
dis-je  ,  à  l'interroger  sur  son  âge  ,  el  à  lui  faire 
répondre  qu'il  avait  déjà  soufflé  vingt  fois  uan» 
ses  doigts  ,  qu'il  avait  vu  moissonner  vingt  fois, 
CI  vingt  fois  presser  les  raisins  dans  la  cuve.  Il 


répondit  avec  ses   doigts  à   cette  inlerrogaiion 
on  appciçut  iiiénie    sa  physionomie    s'ouvrir    un     ^ 
peu   il  I  aiptct    des    signes    que    lui    lésaient    les     f 
sourds-muets  ,   tant  au  milieu  du  plus  grand  dan-^^i 
ger ,  on  preul  plaisir  à  ne  pas  se  voir  abandonné 
de  la  riiiture  entière. 

Cependant  il  n'était  pas  sans  inquiétude  ,  et  il  y 
avait  loin  de  ce  sourire  passager  à  la  véritable 
tranquillité  de  lame.  Ses  yeux  égarés,  son  front 
souicilktix  ,  son  corps  incliné  .  ses  mains  se  mou- 
vant comme  celles  d'un  automate ,  autour  d'un 
bonnet  de  police  ,  avec  lequel  il  semblait  jouer  , 
décelaient  involontairement  la  cruelle  inceiiitude 
qui  l'agitait.  Malgré  ce  trouble  iirérieur ,  il  n'en 
répondit  pas  moins  à  la  deuxième  question  qu'on 
lui  fil  sur  sa  profession.  Son  intelligence  même  la 
prévint  ;  car  Massieu  lui  a) ant  fait  déjà  le  signe 
figuratif  de  l'état  de  menuisier  et  de  celui  de 
maçon  ,  il  répondit  de  lui-même  par  le  signe  non 
équivoque  de  celui  de  cordonnier.  Il  n'était  donc 
pas  imbécile  ni  privé  de  tout  raisonncmmi  ,  celui 
dont  1  intelligence  piévenait  une  question  jjar  une 
réponse  anticipée  et  caihégoiique  ?  Non  ,  certes  ; 
car  Massieu,  au  moyen  de  signes  si  bien  figurés  , 
et  si  expressifs,  qu'il  était  impossible  de  ne  pas 
admirer  son  génie  ,  ayant  obtenu  de  lui  l'aveu 
qu'il  était  véritablement  enlié  dans  une  maison 
par  un  trou  ,  le  soir  à  7  heures  ,  el  qu  il  avait  éié 
trouvé  par  le  propriétaire  ,  caché  sous  un  lit, 
ne  put  tirer  de  lui  que  des  réponses  vaguement 
affirmatives,  lorsqu'il  l'interrogea  sur  le  motif  qui 
l'avait  porté  à  faire  cette  action.  Est-ce  pour  dor- 
mir ,  lui  dit-il ,  que  tu  es  entré  dans  cette  maison  ? 
est-ce  pour  le  mettre  à  l'abri  du  froid  ,  ou  pour 
te  garantir  de  la  pluie?  Oui,  lépondit-il  à  tout; 
mais  ce  oui  ,  arraché  à  la  crainte  de  se  compro- 
mettre ,  ne  disait  pas  son  véritable  motif  ,  car  il 
ne  regardait  personne  en  face  en  l'exprimant.  Ainsi 
le  soi-disant  imbécile  qui  avait  déjà  préveny  ,  par 
une  réponse  anticipée  ,  une  quesiion  qu'on  de- 
I  vait  lui  faire,  semblait  amener  graduellement  .par 

I  ces  affirmations  vagues  ,  le  silence  profond  qu  il 
garda  ,  lorsque  Massieu  ,  figurant  l'eiilevemenc 
d'une-  bourse  pleine  d'argent ,  semblait  lui  dire  : 
avoue-le  ,  mon  ami  ,  c  éiaii-là  ta  véritable  inten- 
tion. Duval  ne  répondit  rien  à  Massieu  dans  ceite 
ciiconstance  décisive  pour  son  intelligence;  mais 
la  rougeur  qui  se  répandit  sur  tout  son  visage  , 
plus  expressive  qu'aucun  signe  affirmatif  ,  décela 
à  tous  les  observateurs  qui  l'examinaient  ,  qua 
cet  enfant  de  la  nature  n'était  pas  insensible  à  la 
home,  et  que  tout  espoir  de  le  reconquérir  à  la 
société  n'était  pas  perdu. 

Ce  fut  peut-être  le  sentiment  d'intérêt  que 
cette  scène  muette  inspira  au  tribunal  en  faveur 
du  malheureux  accusé  ,  qui  motiva  l'ordre  de  le 
rassuret,  et  de  lui  inspirer  tout'é~ra  confiance 
possible  ,  afin  que  ses  réponses ,  n'étant  plus  com- 
priméc's  par  une  crainte  trop  justement  fondée  , 
pussent  devenir  plus  claires  et  plus  inslruciives 
pour  le  fond  de  cette  affaire  embrouillée.  Massieu 
lui  fit  parvenir  ces  idées  consolantes.  Tranquillisè- 
toi  ,  lui  dii-il  ,  ne  crains  point  ,  tes  juges  ne  veu- 
lent point  l'embarrasser  ,  ils  ne  veulent  point  le 
taire  fusiller  ;  ils  sont  justes  ,  ils  sauront  distin- 
guer le  malheureux  entraîné  dans  le  vice  ,  d'avec 
CCS  hor.ibles  séducteurs  qui  ont  voulu  se  faire 
de  la  personne  un  leropart  contre  la  loi.  A  me- 
sure que,  à  la  faveur  des  signes  les  pltis  expressifs, 
la  douce  espérance  entrait  dans  l'ame  de  l'in- 
fortuné Duval  ,  on  voyait  la  crainte,  comme  un 
voile  ténébreux  qui  se  retirait  successivement  de 
sa  physionomie  ;  elle  disparut  enfin  totalement. 
Duval  parut  dès-lors  un  autre  homme  ;  la  con- 
ver-ialion  s'anima  entre  lui  et  ses  interrogateurs; 
il  lépondit  sans  peine  à  toutes  les  questions  qu  ils 
lui  firent.  Ch.icuu  admira  les  procédés  ingéniei  x 
avec  lesquels  Massieu,  Fontaine  et  Mathieu  par- 
vinrent à  lui  faire  entendre  que  le  peu  de  gain 
que  sou  état  lui  procurait  et  le  peu  de  zèle  avec 
lequel  il  travaillait  ,  l'avaient  disposé  d'avance  à 
prêer  l'oreille  aux  séducteurs  qui  l'avaient  en- 
traîné dans  le  vice.  Duval  en  convint  ;  il  avoua 
aussi  qu  il  avait  quatre  complices  ;  que  le  plus 
jeune  d  entre  eux  avait  donné  le  conseil  ;  qu'ils 
avaient  tous  ai<lé  à  faire  le  trou;  que  lui  seul 
. était  entré  ;  que  ces  scélérats  étaient  sans  état  et 
rîiendians  ,  et  qu'ils  avaient  le  projet  de  partager 
entre  eux  le  bénéfice.  Malheureusement  les  noms 
propres  ne  pouvant  être  représentés  par  dés  signe  s 
naturels  ,  on  ne  peut  avoir  que  des  renseigiie- 
menS  vagues  sur  les  quatre  bandits  qu'il  aurait 
été  si   utile  de   connaître. 

Ainsi  finit  cet  inierrogaioire  mémorable  ,  qui 
fut  suivi  des  conclusions  les  plus  favorables  à  l'ac- 
cusé de  la  part  du  capitaine  rapporteur  ,  el  d'un 
discours  éloquent  et  plein  de  logique,  dans  le- 
quel le  citoyen  Maugeret,  défenseur  officieux  , 
déui»nlra  que  la  peine  de  mort  ,  prononcée  par 

II  loi  dans  le  cas  présent,  n'étant  pas  applicable 
à  un  enfant  ordinaire  avant  lâge  de  16  ans  a6- 
couiplis  ,  à  plus  forte  raison  ne  devaii-on  p-as 
l  appliquer  à  un  sourd-muet  qui  ,  sous  le  rap- 
port de  l'intelligence,  quand  il  esi  privé  diiii- 
iruciion  ,  reste  souvent  ,  pendant  toute  sa  vie  , 
iijférieur  à  un  enfant  de  6  ans  ,  qui  jouit  de 
l'iniégrité  de  ses   organes. 

Le  tribunal ,  pénétré  de  la  justesse  des  conclu- 


i364 


sir>ns  de  son  ca(jiluiiie-rapporleur,  et  des  raisons 
k  «ilégtiëts  par  le  défendeur  officieux  ,  convaincu  de 
'  h  dislance  immense  cjee  la  nature  a  mise  entre  les 
■•îOurds-JTiucis  dp  naibsaiiceeilcs  enfansovdinaires, 
rrononça  ,  por  l'oii^ane  de  son  pré"ident  ,  le  cit. 
f>'iicl  ,  1e  jiigc'iii-.iii  que  nous  avons  déjà  rap- 
l'orié.  M'jssieu  fuuhirgé  d'en  faire  partà  l'accusé, 
il  s'acquitta  de  la  commission  avec  celle  sensibi- 
lité (jui  lui  est  propre,  et  qui  se  réfléchissant  peu 
î  peu  .  avec  les  gestes  qui  I  exprimaient  ,  sur  la 
[)h\sionornie  de  Duval,  piéscnla  aux  yeux  de 
Ttiui,  d.ins  les  transports  de  reconnaissance  que 
Ce  sourd-muet  lu  éclater  envers  ses  juges  ,  l'image 
ta  plus  coniplettc  de  la  création  ,  et  des  trans- 
poiis  d  amour  que  dût  faire  éclater  le  premier 
homme  envers  celui  qui  l'avait  animé  de  son 
souffle. 

Ce  spectacle  ravissant  fit  une  telle  impression 
dans  lame  des  guerriers  qui  composaient  le 
tribunal  ,  que  le  président  Borel ,  dans  un  discours 
de  la  plus  éloquente  simplicité  ,  manifesta  ,  au 
nom  de  tous  ses  collègues  ,  sa  juste  admiration 
pour  l'instituteur  de  ces  intéressans  élèves  ,  qui, 
dans  tout  le  cours  dç  i'inierrogaloire  ,  avaient 
donné  au  public  des  preuves  si  multipliées  de 
l'inielligenLe  la  plus  rare  unie  aux  plus  aimables 
vertus. 

Le  public  ,  à  son  tour,  fit  éclater  de  la  manière 
la  plus  sensible  la  satisfaction  qu  il  éprouvait 
d'un  jugement  qui  ,  en  rendant  à  la  liberté  un 
malheureux  sourd-muet  de  naissance  ,  manifestait 
le  vœu  de  le  voir  réuni  aux  membres  de  ceue 
iiiléressanie  fjmille  dont  Sicard  est  le  père.      Y. 


Voyage  de  la  Fropontiie  et  du  Tont-Euxin ,  avec 
la  carte  particulfere  de  ces  deux  mers  ,  la  des- 
cription topographique  de  leurs  rivages,  le  tableau 
des  mœurs,  des  usages  et  du  commerce  des  peu- 
ples qui  les  habitent  ;  la  cane  particulière  de  la 
plaine  de  Brousse  en  Bylhinie  ,  celle  du  Bosphore 
de  'l'hrace  ,  et  celle  de  Conslaniinople  ,  accom- 
pagnée de  la  description  des  monumens  anciens 
et  modernes  de  cette  capitale;  par  J.  B.  Leche- 
valier  ,  membre  de  plusieurs  académies  et  auteur 
du  Voyage  de  la  Troade  ;  2  vol.  in-8°  ,  sur  papier 
carré  tin ,  ornés  de  six  belles  cartes. 

Prix  ,  7  fr.  5o  cent.  ,  et  8  fr.  5o  cent. ,  franc  de 
port  par  la  poste. 

Papier  vélin ,  12  fr.  ;  et  14  fr.  franc  de  port. 

Jdem  ,  avec  les  cartes  enlurhinées ,  18  fr.  ;  et 
80  fr. ,  franc  de  port. 

A  Paris  ,  chez  Dentu  ,  imprimeur  -  libraire  , 
palais  du  Tribunat ,  galeries  de  bois  ,  n°  940. 

L'année  dernière  nous  annonçâmes  avec  éloge 
[e  Voyage  de  la  Troade.  L'accueil  fait  à  cet  ou- 
vrage du  citoyen  Lechevalier .  prouve  que  nous 
lavions  bien  jugé.  C  est  avec  la  même  confiance 
que  nous  annonçons  aujourd  hui  le  Voyage  de 
la  Propontide  et  du  Pont-Euxin.  Ecrit  avec  une 
pureté  de  style  peu  commune  ,  rempli  d'anec- 
dotes inièressantes  ,  nourri  d'observations  justes 
et  profondes,  il  attache,  sur-tout  par  la  nature 
des  objets  qui  y  sont  traités.  Ce  n'est  pas,  comme 
dans  le  voyage  de  la  Troade  ,  un  pays  moins 
illustré  encore  par  les  héros  qui  l'ont  habité  ,  que 
par  les  chantres  immortels  qui  ont  célébré  leurs 
exploits  .,  que  le  citoyen  Lechevalier  nous  fait 
parcourir;  c'est  une  région  très-peuplée,  assez 
voisine  de  nous  ,  et  qui  nous  est  presqu'aussi 
inconnue  que  si  nous  en   étions  à  2000  lieues. 

Beaucoup  de  voyageurs  nous  parlent  de  Cons- 
tantinople  ,  nous  décrivent  les  mœurs  de  ses 
habitans  ,  leurs  usages,  leur  vie  privée  ,  comme 
s'ils  avaient  vécu  familièrement  avec  eux  ,  et 
avaient  été  admis  dans  finlérieur  de  leurs  fa- 
milles. On  sait  cependant  que  les  turcs  commu- 
niquent très-peu  avec  les  francs.  Les  faubourgs 
Galaia  et  Péra  qu'occupent  ceux-ci  ,  sont  séparés 
de  la  ville  de  Constantinople  par  les  eaux  du 
port.  Plusieurs  cl'cntr'eux  quittent  ce  séjour  , 
pour  revenir  dans  leur  pays  ,  sans  avoir  fait  ce 
court  trajet.  Mais  tout  voyageur  aime  à  conter  , 
et  l'on  aime  mieux  dire  des  mensonges  que  ne 
rien  dire  du  tout.  Delà  les  notions  fausses  que 
nous  avons  généralement  sur  les  tuics.  Miladi 
Montagne  ,  dans  ses  lettres  écrites  au  commen- 
cement de  ce  siècle  ,  se  plaignait  de  cet  abus  , 
et   ses  plaintes  n'ont  corrigé  personne. 

Mais  le  citoyen  Lechevalier  ,  animé  de  cet 
amour  des  sciences  qiii  fait  tout  entreprendre  , 
a  surmonté  tous  les  dégoûts,  bravé  et  les  dédains 
du  turc  et  les  dangers  de  U  peste  pour  satisfaire 


une  curiosité  d'autant  plus  louable  qu'il  la  fait 
tourner  à  notre  profit.  Aidé  du  crédit  de  l'am- 
bassadeur de  France  ,  (  Choiseul-Gouffler)  et  sur- 
tout de  cette  clé  d'or  qui  ouvre  les  portes  de 
Sainte  Sophie  à  Conslaniinople ,  comme  celles  de 
S.iiiit-Paul  à  Londres  ,  il  est  etitié  souvent  dans 
l'intérieur  de  la  ville  ,  a  parcourii  ses  rues  ,  visité 
ses  édifices  ,  pénétré  jusque  dans  le  château  des 
Sept-Tours  ,  et  découvert  des  monumens  qui 
avaient  échappé  aux  recherches  ou  à  la  sagacité 
de  Pierre-Gilles.  Il  rapporte  ce  qu'il  a  vu:  et  il 
a  bien  vu.  L'idée  qu'il  nous  donne  de  la  nation 
turque,  s'accoide  avec  ce,  qu  en  a  écrit  Milady 
Montague.  Ainsi  cju'elle  ,  il  notis  représente  les 
turcs  comme  des  hommes  moins  supersiiiieux  , 
iTQ-iins  barbares,  moins  jaloux  qu'on  ne  le  croit 
communément. 

Il  y  a  dans  Conslaniinople  treize  bibliothèques 
publiques  .  el  des  écoles  pour  la  jeunesse  ;  on  y 
voit  des  cabarets,,  et  l'usage  du  vin  y  est  aussi 
commun  aujourd  hui  que  l'était  autrefois  celui  de 
l'opium.  Les  (emmes,  dans  l'intérieur  du  harem  , 
sont  traitées  avec  beaucoup  d'égards,  surtout 
quand  elles  ont  eu  le  bonheur  d  avoir  un  fils.  La 
stérilité,  chez  les  femmes  turques,  passe  pour 
une  disgrâce  du  ciel  ,  et  le  célibat  pour  un 
opprobre. 

Les  rues  de  Conslaniinople  sont  étroites  et 
sales  ,  les  maisons  construites  sans  goût ,  l'étage 
supérieur  déborde  de  beaucoup  1  étage  inférieur  ; 
mais  l'intérieur  est  décoré  avec  beaucoup  de 
luxe  :  les  bains  sont  construits  ei  distribués  avec 
une  grande  recherche. 

La  nation  turque  est  aussi  susceptible  qu'aucune 
autre  d'instruction  ,  de  politesse  et  de  perfec- 
tionnement social  ;  mais  la  nature  de  son  gou- 
vernement s'oppose  à  ses  progrès.  Si  la  sublime 
Porte  ne  se  hâte  pas  de  travailler  elle-même  à  une 
réforme  qiJe  la  civilisation  d'un  voisin  puissant  et 
ambitieux  rend  plus  nécessaire  pour  elle  aujour- 
d'hui que  jamais  ,  l'empereur  Selim  sera  traité 
par  les  russes  comme  Mahomet  II  traita  le 
malheureux  Cotistantin. 

L'ouvrage  du  ci,toyen  Lechevalier  est  orné  de 
caries  levées  par  l'auteur  lui-même  ,  géomètre 
aussi  habile  que  bon  écrivain  ,  et  gravées  avec 
beaucoup  de  soin  et  de  netteté  par   le    citoyen 

Lhuillier  ,  fils. 

En  lisant  cet  ouvrage  ,  la  carie  sous  les  yeux  , 
on  croit  être  du  voyage.  On  voit  la  Propontide, 
ou  mer  de  Marmara  :  le  pont  Euxin  ,  ou  la  mer 
Noire  ;  le  Bosphore  de  Thrace  ,  ou  canal  de 
Constantinople;  le  Caucase  et  le  mont  Heemus  ; 
la  Crimée  et  la  Natolie,  comme  si  Ipn  y  était  :  et 
le  cit.  Lechevalier  peut  dire  comme  le  pigeon  du 
bon  Lafoniaine  : 

Mon  voyage  dépeint 
Vous  se»  d'un  plaisir  extrême. 
Je  dirai  :  j'étais  U;  telle  chose  m'avisi  : 
Vous  Y  cioirez  être  vous-même. 

Petit. 


Au  Rédacteur. 

Carcasionne ,  le  28  thermidor  an  &. 

Permettez  ,  citoyen  ,  que  je  relevé  une  erreur 
qui  vous  est  échappée  dans  le  n°  3ai.  Il  importe 
de  n'en  laisser  subsister  aucune  dans  un  journal 
tel  que  le  vôtre,  et  lorsqu'il  s'agit  d'un  homme 
dont  le  nom  appartient  déjà  à  la  posiérilé ,  je 
veux  parler  du  brave  Desaix.  Vous  avez  bien 
voulu  citer  dans  votre  feuille  ce  que  j'ai  dit  de 
lui  dans  un  discours  prononcé  le  25  messidor  , 
à  Carcassonne.  Vous  ajoutez  que  cet  jéloge  du 
général  Desaix  s'adressait  à  des  compatriotes  de 
ce  guerrier.  Il  en  faudrait  conclure  qu'il  était  né 
dans  le  département  de  r.\ude ,  ce  qui  n'est  pas. 
Dans  cette  circonstance  ,  vous  avez  appliqué  aux 
auditeurs  ce  qui  n'appartenait  qu'à  celui  qui 
leur  adressait  la  parole.  C  est  moi  qui  ,  pour 
me  servir  de  vos  expressions  ,  me  sentais  plus 
particulièrement  honoré  de  sa  gloire  ,  plus  naturel- 
lement affligé  de  sa  perte.  Né  comme  lui  dans  le 
département  du  Puy-de-Dôme  ,je  n'ai  pu  m'em- 
pêcher  de  confondre  dans  un  même  souvenir  et 
ma  pitvie  et  celui  qui  dans  ce  moment  l'honore 
par  sa  mort  glorieuse. 

Son  norn  m'a'rappellé  les  lieux  oii  je  fus  quel- 
quefois témoin  des  premières  années  de  son  en- 
fance ;  et  c'est  au  départenient  oîi  j'ai  passé  ma  vie 
jusqu'à  présent,   et  flon  à  celui  dont  l'adminis- 


tration m'est  confiée  depuis  quelques  mois  ,  qu'il 
faut  rapporter  tout  ce  que  vous  avez  eu  la  bonté 
d'inséier  dans  votre  feuille. 
j€   vous  salue  , 

-     Le  préfet  de  C  Aude  ,  Basante. 


Le  cit.  Delunel .  pharmacien,  rue  Honoré' 
entre  Saint-Roch  etla  rue  des  Frondeurs  ,  n°  1424, 
nous  invite  à  annoncer  qu'il  a  fait  la  découverte 
d  une  encre  qui  ne  peut  être  déiruite  ni  par 
l'acide  murialiquc  oxigené  ,  ni,  par  l'acide  niiio- 
murialique  ,  ni  par  les  autres  réactifs  chimiques  , 
sans  que  le  papier  sur  lequel  on  voudrait  effacer 
des  caractères  tracés  avec  cette  encre  ,  n'en  soit 
altéré.  Un  papier  déposé  au  secrétariat  de  l'insti- 
tut fait  foi  ,  dit-il  ,  de  celte  assertion.  Le  lycée 
des  arts  l'a  confirmée  par  son  suffrage;  et  le  gou- 
vernement ,  ajoute  le  cil.  Delunel  ,  a  accordé 
tin  brevet  d'invention.  Qjielques  adrninistraiions , 
et  notamment  celle  de  la  loterie  nationale  ,  otit 
déjà  adopté  I Usage  de  cette  encre  qui  auxavan' 
tages  qui  lui  sont  particuliers  ,  joint  toutes  les 
qualités  d'une  bonne  encre.  Le  cit.  Delunel  offre 
de  répéter  des  expériences  en  présence  des  per- 
sonnes' qui  voudraient  se  convaincre  par  elles- 
mêmes  de  la  vérité  de  ce  qu'il  avance. 


GRAVURES. 

Collection  d'études  gravées  à  la  manière  du. 
crayon,  et  dessinées  d'après  l'antique  et  Raphaél. 

Les  trois  premiers  cahiers  de  quatre  feuilles 
chaque  ,   i  franc  5o  cent. 

En  feuilles  séparément ,  5o  cent. 

Etudes  de  jambes  grosses  comme  nature  ,  i  fr. 
20  cent. 

Têtes  d'après  Raphaël,  2  crayons  ,  i  fr.  20  cent. 
Se  trouve  à  Paris  chez  Augustin  Legrand  ,  place 
et  près  la  porte  du  Muséum  ,  n"  8. 


LIVRES    DIVERS. 

Cause  portée  devant  le  tribunal  de  commerce 
du  département  de  la  Seine  ,  par  le  cit.  Castanet , 
négociant  el  habitant  au  Cap  Français  ,  contre  le 
cit.  Barrillon  ,  son  associé.  Question  de  fidélité 
sociale,  déféiée  à  tous  les  gens  de  bien,  avec 
celle  épigraphe  : 

II  Hélas!  après  les  bouleversemens  rapides  qui 
!'  ont  fait  -disparaître  à  la  fois  tant  de  pro- 
î>  priélaires  ,  d'hériiiers  ,  de  créanciers,  de 
11  témoins ,  de  titres  ,  de  souvenirs ,  assez  de 
!i  trésors  non  réclamés  .  de  dépôts  inconnus  , 
î'  de  successions  délaissées  ,  ont  formé  de 
î>  honteux  patrimoines  !  sssfz  de  gardiens 
"  et  de  coiifidens  se  sont  transformés  ea 
)i  propriétaires  !  assez  de  fortunes  ,  en  un 
"  mot,  dont  le  secret  est  au  fond  du  tom- 
)>  beau  des  victimes  ,  ne  se  coimposerent 
î)  que  de  leurs  dépouilles  !  j) 
in-8°  de  35o  pages  ,  compris  les  pièces  justifi- 
catives. 

Prix,  I  fr.  80  cent.;  et  franc  de  port  par  la 
poste  ,  2  fr.  80  cent. 

A  Paris ,  chez  Desenne  ,  libraire,  au  palais  du 
Tribunat. 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  7  fructidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Rente  provisoire )  8  fr. 

Tiers  consolidé 3i   fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers I  fr.  57  c. 

Bons  d'arréragé 81   fr.  75  c. 

Bons  pour  l'an  8 85  fr.  38  c. 

Syndicat 

Coupures .. , 65  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  REPUBLii;y)E  et  des  Arts. 
Auj.  Anacréon  chez  Polycrate  ,  et  le  ballet  de 
Pygmalion. 

Théâtre  du  Vaudeville.    Auj.   Honorint  , 
et  les  Avant-postes... 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes, 
Le    10  ,  la  2'   représ,    du    Meunier.,  général,  et' 
Jenny    ou    tes    Ecossais. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  relâche. 


L'abonnée 


:  fait  «Paris,  rue  des  Poitevins ,  n»  18.  Le  prix  est  de  85  francs  pour  trois  mois ,  5o  francs  pour  six   mois,   et    100   francs   pour  l'année  entière.  On   ne 
t'abonne  qu  au  commeuce-nent  de  cliaqne  mois. 

Ufiutadrcsser  les  leitrcsct  l'argent,  fraocde  port  ,aucit.  AcASSE,  propriétaire  de  cejournal  ,'ruedes  Poitevins, n"  18.  Ilfautcomprejidre   dan»  les  envois  le  port   des 

pay»  où  l'on  ne  peut  affianclitr.   Les  letlres  des  départemens  non  alfranchies  ,  ne  serout  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin,  pour  ^lus  de  sùreic  ,  de  charger  celles  qui   rcnfermcnldes  valeur»  ,  etadresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de    la   feuille,    aa  rédacteur,   rue  des 
Poitevin!,  n"  1 3,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 

A  Paris,  de  l'imptimetie  4u  cit.  Agasie  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  339. 


Monidi  ,  9  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivinbk. 


Nous  sommes  autorises  à  ptévenit  nos  souscripicurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MoNlTE  U  il  esc  le  seul  lournai  officie/. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenz ,  les  nouvelles  des   années  ,  ainsi  que  l<:s  fiits  et  les  notions  tant  sut 
J'intérieur  que  sur  l'extérieur,  tournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  auix  sciences  ,  aux  arti  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE, 

Esquisse  de  l'histoire  du  sucre ,  par  TV.  Faleener. 

ij 'usage  du  sucte  remonte,  à  ce  qu'il  paraît, 
à  une  haute  antiquité;  car  il  est  fait  mention 
de  la  carjne  douce  {sweet  cane)  dans  Isaïe  et  dans 
Jérëmie  ,  et  tous  les  deux  en  parlent  comme 
d'une  macliandise  venant  d'un  pays  éloigné  ;  ce 
qui  ferait  conjecturer  que  la  canne  ne  croissait  pas 
dans  la  Judée.  —  Il  est  à  remarquer  que  le  mot 
taickar  signifie  en  hébreu  ivresse  (inébriationj)  , 
d  où  il  y  a  lieu  de  croire  que  le  jus  de  la  canne 
(kvait  è(é  employé  de  bonne  heure  à  faire  quelque 
liqueur  fermentée. 

■  Les  con-quêies  d'Alexandre  Semblent  avoir  fait 
eonnaiire  davantage  celte  plante  aux  parties  oc- 
cidentales du  globe. 

•  Néarque  ,  son  amiral  ,  trouva  la  canne  à  sucre 
dans  les  Indes  orientales  ,  ainsi  qu'il  paraît  par 
ce  passage  de  Sirabon  :  ii  au  rapport  de  Néarque  , 
»)  dit  ce  géographe  grec  ,  l'Inde  produit  du  miel 
5j  sans  le  secours  des  abeilles.  Il  provient  de 
»)  grands  roseaux  qtii  ne  portent  point  de  fruits, 
se  mais  doili  le  jus  est  enivrant.  j>  Ce  passage 
n'exprime  point  clairement  que  les  indiens  fissent 
osagc  de  quelque  procédé  pour  amener  le  jus 
de  la  canne  à  la  consistance  de  sucre.  (Sirabon 
dit  ,  quelques  lignes  plus  haut  ,  qu'il  croît  dans 
l'Inde  (fes  roseaux  ,  dont  le  jus  douxde  sa  nature. 
estédulcOié  encore  davantage  par  l'action  du  feu. 
■--  Remarque  du  traducteur.  ) 

Théophras'e  ,  qui  vivait  peu  de  tems  après 
Néarque  (3o3A.  G.),  parait  avoir  connu  le 
eucre ,  ou  du  moins  la  canne  qui  le  produit. 
En  fesant  lénuniéralion  des  différentes  espèces 
de  miel,  il  en  nomme  une  qu'il  dit  provenir 
rfe  roseaux  .  par  lesquels  il  entendait  sans  doute 
quelques-uns  du  genre  de  ceux  qui  donnent  du 
sucre. 

Eraloslhene  ,  cité  aussi  par  Strabon  ,  parle  de 
glands  roseaux,  trouvés  dans  llnde  ,  dont  le 
jus  est  aussi  doux  au   goût,  cru  que    bouilli. 

L'auteur  ancien  ,  le  plus  voisin  de  nous,  qui 
art  fait  mention  du  sucre,  est  Varron  ,  dont 
Isidore  nous  a  conservé  un  fragment  ovi  il  fait 
allusion  évidemment  à  cette  substance.  Il  la  décrit 
comme  un  fluide  exprimé  avrc  force  d'un  grand 
roseau  ,  et  plus  doux  que  le  miel. 

Indien  nam  magnâ  nimis  arbore  crescit  arundo  ; 
IlliurS  elentis  premilur  radicibus  humor 
Dulcia  cui  nequeant  succo  contendere  mella. 

Isidore  ,  liv.  17,  chap.  7. 
Unde  présente  à  Iceil  une  plante  élancée, 
tJn  roseau  dont  la  tige  avec  force  pressée  , 
Laisse  échapper  un  suc  qui  flatte  tous  les  goûts  , 
Et  l'emporte  en  saveur  sur  le  miel  le  plus  doux. 

Dioscorides,  parlant  des  diflFérentes  espèces  de 
miel,  dit  qu'il  en  est  une,  nomm '.e  saccharon 
i  sucre  )  qui  provient  de  roseaux  trouvés  dans 
finde  et  dans  I  Arabie  heureuse.  Ce  sucre,  ajoute- 
t-il  ,  a  l'apparence  et  la  dureté  du  sel  ,  il  est 
friable  et  il  fond ,  comme  lui  ,  sur  la  lanoue. 
Dissous  dans  de  l'eau  ,  c'est  un  bon  spécifique 
pour  l'estoroach  et  les  entrailles;  il  est  utile  aussi 
dans  les  maladies  de  la  vessie  et  des  reins.  Injecié 
dans  I  œil  ,  il  le  délivre  des  corps  étrangers  qui 
le  blessent  ou  l'empêchent  de  voir.  (J'ai  connu 
un  médecin  nègre  ijui  s'en  servait  avec  succès 
pour  enlever  li;s  taies. — Noie  du  traducteur.) 
Dioscorides  est  le  premier  ,  que  je  sache  ,  qui  ail 
fidi  merilion   des  vertus   rnédicinales  du  sucre. 

Galien  par;iîi  avoir  bien  connu  le  sucre  ,  dont 
il  donne  à  très-peu  prés  la  même  description  que 
Dlo^cOlide.  Il  le  représente  comme  une  espèce 
de  miel  ,  quil  nomme  sacrhar ,  et  qu'il  fait  pro- 
vci.ir  de  roseaux  qu'on  trouve  dans  1  Inde  et 
dans  l'A.abie  heureuse.  Si,!on  lui  le  sucre 
e»t  moins  doux  que  le  mitl  ;  mais  comme  ce 
■dernier,    il     est    détergent    et    dessicatif.     Il    loi 

•  ccorde  déplus  la  qualité  de  faciliter  la  diges- 
tion ,  et  de  ne  point  ailéier. 

iii  le  troisième  livr*  dc.Calicn,  qui  traite  des 
lemcdes   facile»  ix  se   procurer ,  est   biea  de  lui , 


on   est  fondé  à  croire  que  le   sucre   n'était  point 
un  aniçle    rare  de   son    icnis ,   car   il   Iç   prescrit 

souvent. 

(La  suite  dans  les prtckaines  feuilles.  ) 

1    NT    É   R    I   SU    R. 

Rennes  ,   le  2  fructidor. 

Le  préfet  du  dipnttcment  d'IUe  -  et  -  Villaine  ,   au 
eitojen  Chausseblanche. 

CtTOVEN  .,.des  papiers  ont  annoncé  l'éruption 
d'un  volcan  aux  environs  île  Ville.  Voici  des 
renseignemens  que  je  vous  invite  à  publier  pour 
détruire  cetie  erreur. 

Le  feu  a  piis  par  hasard  .  ou  a  éié  mis  dans 
les  bruyères  des  landes  de  Moniauiour  ,  situé  à 
deux  lieues  de  Ville.  Il  s  y  conserve  depuis  un 
moi  dans  les  racines  ,  après  avoir  brûlé  de  pro- 
che en  proche  les  cimes  dîs  arbiates  poussés  au 
milieu  des  rochers. 

Salut  et  ftaternilé.  BoEIE. 

—  Le  citoyen  Richer  ,  chef  de  brigade  ,  com- 
mandant l'arrondissement  de  Viiié:,'  noirs  a 
transmis  les  mêmes  renseignemeus.  (Extrait  du 
journal  du  Nord-Ouest  ,  i^Jructtdor,  ) 

Mantes  ,   le  i"' fructidor. 

La  chaleur  extraordinaire  que  nous  avons  res- 
sentie  ces  jours    derniers  ,   mcriie    d  être  notée. 

Un  de  mes  thermomètres  au  mercure  ,  exposé 
au  nord  ,  à  l'ombre  et  isolé  ,  est  monté  hier  à 
10  heures  du  raatiii  ,  à  Si  degrés  ;  et  au  soleil 
sur  un  mur  déjà  échauffé  par  lui ,  il  est  vrai  ,  est 
moulé  jusqu'à  48,  chaleur  plus  considérable  que 
celle  que  j'ai  observée  en  Chypre  çt  au  Kaire, 
en  1787  ,  lorsque  souElîait  le  veut  de  a^ud,  notniiié 
hampscin. 

Les  contradictions  sur  les  observations  du 
thermomètre  viennent  de  ce  que  tous  ces  ins- 
trumens  ne  sont  pas  comparatifs  dans  toutes  leurs 
parties,  et  encore  plus  de  lendioit  oii^ot»  les 
expose  ;  car  le  même  à  ma  cave  ne  donnait 
que  12  degrés  ,  dans  ma  cuisine  22  ,  et  dans  ma 
chambre  25  seulement.  Mais  c'est  sur  la  tempé- 
rature exiéiieure  que  Ion  doit  faire  ses  remar- 
ques; l'e   tems   s'est  rafraîchi  apiés   10  heures. 

Nota.  Depuis  huit  jours  l'hygromètre  à  plume 
avait  baissé  :  l'éieciriciié  était  faible  .  ei  lévapo- 
ration  était  diminuée  de  moitié.  De  5  à  6  lignes  , 
par  24  heures  ,  que  j  avais  constamment  depuis 
un  mois,  je  n'en  trouvais  plus  que  3,  ce  qui 
prouve  que  1  air  est  presque  saïUié  d  humidité  , 
qui  doit  enfin  se  résoudre  en  pluie  ,  ici  ou  ail, 
leurs  ;  car  nous  n'avons  encore  aucun  moyen 
certain  pour  pronostiquer  tes  changcmcns  de 
tems,  localement  et  dans  la  légion  dair  o 
nous   vivons. 

Le'  baiOmetre  se   tient  toujours   au-dessus  d 
îS  pouces,   il  est  ew-core  à  2    lignes  ce   malin; 
et  le   thermomètre  à  21   degiés  ^  malgré  quil  ait 
un  peu  plu  cette  nuit. 

,L.  HuETTE  ,    opticien .,  membre  de   l'institut 
départemental. 
[Extrait  de  la  feuille  Nantaise,  du  i  fructidor.) 

Angers  ,   le   2  fructidor. 

Le  29  thermidor  au  soir,  le  cit.  Barré,  sous- 
préfet  à  Beaupreaû  ,  passant  à  la  Jubaudicre  , 
appier>d  que  deux  scélérats  ,  depujs  long-tems  le 
fléau  de  ee  pays  ,  s  y  étaient  retirés;  pour  ne  pas 
leur  donner  léveil  ,  il  court  à  Jallais  et  levient 
piomptement  avec  huit  ciioyens  commandés  par 
le  citoyen  Barboi.  L'auberge  est  investie  ;  Théo- 
dore Ferid-l'air,  l'un  des  brigands  ,  est  saisi  par  le 
citoyen  Nicolas  ,  malgré  sa  résistance  ,  et  corjduit 
garotié  a  Bcaupreao.  Humeau  ,  dit  Poussière  ,  est 
de  même  anêie  par  les  habiians  de  la  Jubaudiere. 
Tous  montrent  lu  plus  grand  zèle  à  seconder  leur 
sous- préfet  ,  à  qui  t>ous  devons  le  bon  esprit  qui 
anime  aujourd'hui  les  habitans  d'une  contrée  «jui 
a  éié  depuis  liuit  ans  le  théâtre  de  la  guerre  in- 
testine. 

Le  général  de  brigade  ,  Girardon. 

(  Extrait  des  affiches  d  Angers.  ) 


Paris  ,  le  %  frudidor. 

Le  citoyen  Michaux,  associé   de   l'institut  ,  a 
rappoité   de   ses    voyages    en    Pcise   Uiw;   piefic 


de  la  nature  du  bazalte  ,  chargée  sur  toute  si 
surlace  d'inscriptions  chaldécnnes  ,  el  de  figures 
parfaitement  conservées  :  il  annonce  l'avoir  trou- 
vée à  une  journée  au-dessous  de  Bagdad  ,  dans 
les  ruines  d  un  palais  ,  nommé  les  jardins  dt 
Sémiramis  ,  auprès  du  Tijire  ;  ruines  qui  annonr 
cent  que  ce  palais  était  un  vaste  et  somptueux 
édifice.  On  y  voit  encore  de  vastes  souterrains  , 
des  aqueducs  ,    etc.  etc. 

Le  citoyen  Michaux  a  déposé  sa  pierre  à  la 
bibliothecjue  nationale  ;  on  pourra  la  voir  pen- 
dant deux  décades,  les  3,6  et  g,  depuis  diic 
heures  jusqu'à   deux. 

(Extrait   du  Citoyen  français.) 

—  Une  lettre  particulière  ,  datée  du  camp  de 
Remilly ,  et  insérée  dans  le  Citojen  Français  ,  con- 
tient les    détails  suivans: 

Le  29  thermidor,  à  trois  heures  de  l'après- 
midi  ,  il  s'est  manifesié  une  incendie  au  norti 
du  village  de  Cesscy.  Tout  a  malheureusement 
favorisé  ce  désastre  ;  la  chaleur  excessive  cl  pro- 
longée de  la  s  ison  ,  et  la  nature  des  matériaux 
avec  lesquels  les  maisons  des  habitans  de  Cessey 
sant  construites  ,  étani  toutes  bâdes  en  bois  ,  ver- 
moulues par  leur  ancienneié  ,  et  couvertes  de 
chaume.  Eu  un  instant,  avec  une  véiociié  in- 
cioyable  ,  le  feu  a  fait  des  progiès  que  tous  les 
amis  de  1  humanité,  ne  peuvent  que  déplorer. 
J'éiais  à  unniiUe  du  théâtre  de  la  dévasiaiion  et 
de  la  douleur.  J  accours  ,  et  déjà  la  flamme 
s'élance  en  petites  getbes  ;  mais  bientôt  gagnant 
de  pioche  en  proche,  et  embrasant  subitement 
toutes  les  matières  sèches  et  combusiibles  ,  elle 
s'est  reproduite  en  une  épaisse  colonne  de  feu. 
A  l'aspect  de  cet  immense  brasier  ,  les  militaires 
qui  composent  l'armée  de  réserve  ,  campée  à 
Remilly  ,  spni  sortis  de  leurs  baraques  ,  et  ont 
couru  presqu'en  masse  au  secours  des  propriéiés 
menacées  ,  et  de  celles  que  la  flamme  avait  déjà 
atteinies. 

J'ai  vu  alors  les  soldats  républicains  ,  unique- 
ment iTius  par  l'éloquenie  imp.uUkin  de  Ihuma- 
niié,  s'élancer  vers  le  lieu  de  l'incendie  .^Dortans 
dans  leurs  mains  leurs  bidons  qui  leur  servaient 
de  sceaux  pour  éteindre  le  feu  ;  ceux  qui  ne 
pouvaient  en  avoir  ,  employaient  leurs  chapeaux 
qu'ils  plongeaient  dans  la  Tille.  Enfin  ,  le  zèle  e.t 
l'activité  des  miliiaires  de  tous  grades  ontnon-seu- 
lement  empêché  que  l'incendie  ne  s'étendit  au 
loin  et  ne  consumât  le  village  entier  ,  mais  ifs 
ont  encore  sauvé  une  ferme  de  conséquence 
attenante  à  cinq  maisons  que  tous  lés  efforts 
n'ont  pu  empêcher  d'être  brûlées.  Dirigés  sur  c'e 
point  imporiaiit  par  le  général  Mallet  ,  commaa^ 
dant  le  camp,  dont  l'empressement  et  le  zèle, 
ainsi  que  celui  du  citoyen  Joly  son  aide-dé- 
camp,  sont  au-dessus  de  tous  les  éloges  datfs 
celle  triste  circonstance  ,  une  partie  d'entr'éux 
s'est  élancée  à  la  voix  du  général. et  avec  lui  ,  suc 
les  haies  que  le  feu  avait  déjà  embrasées  en  plu- 
sieurs endroits  ,  et  qui  alhicnl  nécessairement 
communiquerl  incendie  et  le  propager  des  plantes 
aux  maisons,  des  maisons  aux  arbres  de  la  forêt 
et  de  là,  portées  par  le  vent  qui  s  élevait ,  mena- 
cer les  baraques  du  camp.    . 

Les  mains,  les  pieds,  les  bâtons,  tout  a  é(é 
employé  alors  pour  étouffer  les  flammes,  et  le 
lieutenant  Vincent,  de  la  quatrième  demi-brigade 
dOrient,  voyant  près  de  ce  lieu  un  monceau  de 
fumiL-r,  s'en  est  servi  avec  ses  camarades  pour 
étouffer  le  feu  ,  ce  qui  a  parfaitement  réussi  ; 
cependant  le  dommage  a  été  considérable  pour 
les  infortunés  habitans  dont  f'incendie  a  atteint 
les  propriétés.  Beaucoup  de  bestiaux  ont  été 
brûlés  dan^s  lesétables  ;  un  vieillard  octogénaire, 
voulant  sauver  les  animaux  ,  a  vu  le  feu  prendre 
à  ses  li^bits  sans  qu  il  pût  l'éteindre,  et  il  s'est 
vu  presque  consumer  entier  ,  malgré  les  secours 
qu'on  lui  a  portés  ;  il  est  mort  le  soir  même. 
Des  militaires  emportés  par  un  zèle  maguanune, 
ont  eu  les  uns  les  mains  ,  les  auuts  les  jainbcS 
brûlées;  de  ce  nombre  est  le  citoyen  Dcsoriicr  , 
capitaine  au  premier  régiment  de  hussarcls  à 
pied. 

Les  officiers  du  2'  bataillon  complémentaire 
de  la-deuxieme  demi  brigade  dOiient,  qui  Us 
premiers  ont  pris  cette  touchante  détermination 
et  ceux  du  £*  tcgiment  de  hussards  à  pied,  ont 
donné  une  journée  de  leur  paye  ,  pour  soulai;er 
les  malheureux  incendiés.  Cet  exemple  a  tlé 
suivi  pat  l'cl^t-majot  et  l'armce  cnticie, 


i366 


—  Une  lettre  écrite  de  Riedenburg  en  Bavière,  Inoir  ,  veste  rouge  et  culotte  bleue  ,  boutons  de 


citée  par  la  GazetU  nationale  de  Franu  ,  contient 
entre  autres  détails  sur  la  position  des  français 
dans  ce  pays  ,  ceux  qui  suivent. 

»  Les  français  n'avaient  point  encore  pénétre 
jusqu'ici  :  ce  n'est  que  par  suite  de  l'armislice 
qu'ils  s'y  sont  établis.  On  se  fesait  de  nous  l'idée 
d'hommes  sans  mceurs ,  sans  discipline  et  sans 
religion.  On  est  tout  surpris  de  voir  l'ordre 
régner  dans  nos  rangs  ,  la  décence  dans  les  mai- 
sons des  particuliers ,  notre  tolérance  et  noire 
respect  poar  toutes  les  opinions  et  tous  les 
cultes.  La  gaîlé  qui  distingue  particulièrement  le 
soldat  français,  paraît  nous  mettre  assez  en  re- 
commandation auprès  des  jeunes  bavaroises.  Il 
y  a  ici  beaucoup  de  prêtres  dépoiiés  et  d'émi- 
grés ;  ils  se  montrent  pour  la  plupart  honnêtes 
et  prévenaiis  envers  nous.  » 

—  Le  citoyen  Chamoulaud  ,  auteur  de  la 
banque  générale  du  commerce  de  Fiance  ,  vient 
de  présenter  au  premier  consul  un  p|an  qui  a 
pour  objet  ,  i°  de  créer  à  titre  d'iudemînité  une 
■existence  aux  rentiers  et  pensionnaires  de  I  état  , 
au  moyen  d'établisseraens  particuliers  par  les- 
quels la  nation  fera  des  a-vances  qui  lui  seront 
remboursées  sur-le-champ  et  dans  la  suite  ,  tant 
par  les  rentiers  pensionnaires  à  même  d'y  satis- 
faire ,  que  par  les  secours  de  caisses  auxiliaires 
de  bienfesance.  2°.  De  produire  ,  par  suite  des 
lembourscmens  faits  à  la  nation  ,  une  hausse 
majeure  et  double  dans  les  valeurs  des  inscrip- 
tions ,  hausse  dont  profiteront  tous  les  rentiers 
et  pensionnaires  de  l'état  qui  ne  voudront  pas 
Jfairé  usage  des  asyles  qui  leur  seront  ouveits  , 
et  dont  le  crédit  public  éprouvera  la  plus  heu- 
reuse influence.  Les  détails  de  ce  plan  sont  con- 
sigfiés  dans  un  projet  d'arrêté  en  3l  articles  , 
qu  on  tiouve  chez  l'auteur  ,  rue  Chabannois  ,  et 
chez  les  principaux  libr^res  des  déparieraens. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  6  fructidor. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 

An.  I".  Il  sera  successivement  et  à  mesure  du 
besoin,  donné  quatre  succursales  à  la  Maison 
nationale  des  Invalides  située  a  Paris. 

La  premitre  sera  placée  dans  la  «4°  division 
militaire  ; 

La  seconde  ,  dans   la  sô*^  ; 

La  troisième  ,  dans  la   12'; 

La  quatrième  ,  dans  la  8^. 

II.  Chacune  de  ces  maisons  sera  destinée  à 
avoir  deux  mille  invalides  au  moins. 

III.  Les  invalides  qui  résideront  dans  les  stiC- 
cuisales  seront  logés,  vêtus,  nourris  et  trailés  , 
sous  tous  les  rapports  ,  comme  le  sont  ceux  qui 
résident  à  l'hôtel. 

IV.  L'éiat-major  de  la  seconde  de  ces  succur- 
sales ne  sera  formé  qu'au  moment  où  la  première 
sera  coropletie. 

V.  L'état-raajor  de  chaque  succursale  sera  com- 
posé d'un  général  de  brigade ,  commandant  en 
chef;  d'un  chef  de  brigade,  commandant  en 
second;  et  d'un  commissaire  des  guerres  de  1'' 
classe. 

'VI.  On  n'admettra  à  l'avenir  dans  l'Hôtel  de 
Mars  ,  situé  à  Paris  ,  que  les  militaires  qui  auront 
été  très-gravement  blessés.  Les  rations  distribuées 
hors  de  l'hôtel  seront  d  abord  éteintes. 

VII.  Les  militaires  invalides  qui  aimeront  mieux 
se  retirer  dans  leurs  familles  ou  dans  quelque 
autre  partie  de  la  république,  que  de  résidera 
l'hôtel  ou  dans  ses  succursales,  jouiront  de  la 
pension  destinée  à  représenter  l'hôtel. 

Cette  pension  sera  déterminée  d'après  les  bases 
fixées  par  la  loi  du  28  fructidor  an  7, 

VIII.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  piésent  arrêté  qui  sera  imprimé  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  comul  ,  signé-,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  iecrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 


Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  ,  le 
conseil-d'état  entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I".  Les  préfets  maritimes  porteront  Un 
habit  français  bleu  ,  veste  et  pantalon  bleus  , 
brodés  en  argent  de  la  largeur  d'un  centimètre  , 
le  dessin  représentàrit  des  ancres  enirelassées  dans 
des  cables,  chapeau  brodé. en  argent,  et  une 
arme. 

II.  Il  n'est  rien  changé  à  l'uniforme  des  vice- 
amiraux  et  contre-amiraux. 

III.  Les  capitaines  de -vaisseau  et  capitaines  de 
frégate  n'auront  plus  de  broderie.  Ils  seront  dis- 
tingués par  les  épaulettes  de  leur  grade. 

iV.  L'uniforme  des  officiers  du  corps  du  génie 
maiilime  sera  habit  bleu  national,  collet  de  velours 


cuivre  doré,   portant  une  aricre ,  chapeau  un 
cocarde   nationale  ,  retenue  par  une   ganse  d'or 
et  un  petit  boulon  à  l'ancre. 

L'irispecteur  aura  collet,  revers  et  paremens  de 
velours  noir  ,  et  deux  bouionnieres  brodées  en 
or  sui:  le  collet  ,  cinq  sur  les  revers  ,  trois  sur 
chaque  parement. 

Le  chef  de  construction  aura' collet ,  revers  et 
paremens  de  velours  noir,  et  des  boutonnières  en 
or  sur  le  collet  seulement. 

Lesingénieursauront  collet ,  reverset  paremens 
de  velours  noir. 

Les  sous-ingénieurs,  collet  et  paremens  de  ve- 
lours noir,  et  lluabit  sans  revêts. 

Les  élevés,  le  collet  cte  velours  noir,  et  les 
paremens  de  la  couleur  de  l'habit. 

Les  officiers  du'  génie  maritime  joindront  à 
leur  uniforme  les  épiiiuletles  du  grade  militaire 
quils  auront  acquis  à  la,  mer. 

V.  L'uniforme  des  inspecteurs 'séVa  réglé  ainsi 
qu'il  suit. 

Habit  de  drap' écarbtte  ,,  collet  et  paremens 
de  drap  bleu  national  ,  veste  et  culotte  blanches, 
boulons  de  cuivré  dbré,  portant  une  ancre,  cha- 
peau uni  ,  ganse  vene  et  bouton  a  l'ancre. 

Les  inspecteurs  porteront  ijme  double  broderie 
de  soie  verte  ,  semblable  à  celle  qui  a  été  arrêiée 
pour  les  inspecteurs  aux  revues  ,  sur  le  collet, 
les  paremens  et  la  patte  de  la    poche. 

Les  sous-inspecteurs  porteront  une  seule  bro- 
derie de  soie  verte  sut  le  collet  et  les  pare- 
mens. 

VI.  L'uniforme  de  l'administration  de  la  marine 
sera  habit  bleu  de  ciel,  paremens  et  collet  écar- 
laite  ,  veste  culotte  et  doubluie  blanches,  et 
boulons  de  cuivre  doré,  portant  une  ancre, 
chapeau  uni  ,  gâiiVe  blanche  et  un  petit  bouton 
à   l'ancre. 

Les  chefs  d'administration  porteront  une  double 
broderie  de  soie  blanche  de  deux  centimètres  de 
largeur,  conformément  au  dessin  arrêié  par  le 
départeinent  de  la  guerre  pour  les  ordonnateurs 
et  commissaires  des  guerres,  sur  le  collet  et  les 
paremens  et  la  patte  de  la  poche. 

Les  commissaires  principaux  ,  une  double 
broderie  de  soie  blanche  ,  semblable  à  celle 
des  chefs  d'administration  ,  sut  le  collet  ei  les 
paremens. 

Les  commissaires  ordinaires  porteront  une  seule 
broderie  de  soie  blanche  ,  sur  le  collet  et  les 
paremens. 

Les  sous-commissaires  porteront  une  seule  bro- 
derie sur  le  colletseulement. 

Les  commis  principaux  de  l'administration 
porteront  l'habit  bleu  de  ciel  ,  le  collet  et  les 
paremens  écarlatte  ,  avec  le  bouton  à  l'ancre. 

Les  commis  oi'dinaires  de  la  marine  porte- 
ront l'habit  bleu  de  ciel  ,  et  le  collet  écarlaite. 
•  VII.  L'uniforme  des  officiers  de  santé  de  la 
marine  et  des  colonies  est  composé  d'un  habit 
de  drap  bleu,  piqué  d'un  16°"^  de  blanc  et  con- 
forme à  celui  des  officiers  de  santé  du  déparlement 
de  la  guerre. 

Les  collets  ,  revers  et  paremens  seront  de 
velours  noir  pour  les  médecins  ,  cramoisi  pour 
les  chirurgiens  ,  et  verd-bouteille  pour  les 
pharmaciens  ,  boutons  surdoses  ,  timbrés  d'une 
ancre. 

La  doijblure  de  même  couleur  que  l'habit ,  et 
la  culoite  dé  même  drap  ; 

La  vesie  écarlatte,  en  hjver ,  et  blanche  en 
été  ,  chapeau  uni  ^  ganse  noire  et  petit  bouton 
à  l'ancre. 

Les  premiers  officiers  de  santé  en  chef  des 
trois  états  ,  et  les  consultans  auront  le  collet , 
revers  et  paremens  de  velours  de  la  couleur 
aiiachée  à  leur  profession  ,  avec  neuf  bouton- 
nières brodées  en  soie  bleue  de  ciel  ,  sur  le 
reveis  de  l'habit,  deux  sur  le  collet  ,  deux  sur 
chaque  parement,  et  trois  sur  la  patte  de  la 
poche. 

Les  seconds  officiers  de  'santé  en  chef  porte- 
loril^sepl  bouionnieres  sur  le  revers,  deux  sur 
le  collet,  deux  au  parement,  et  trois  sur  la 
patte    de   la  poche. 

Les'  professeurs  porteront  cinq  boutonnières 
sur  lé  revers,  deux  au  collet,  deux  au  pare- 
ment',  et  trois  sur  [la  patte  de  là  poche  de 
l'habiJ.  ..;_ 

Les' officiers  de  santé  de  pretniere  classe  au- 
ront le  collet ,  les  revers  et  le  parement  de  ve- 
lours de  la  couleur  affectée  pour  désigner  leur 
état  -.ils  porteront  deux  boutonnières  brodées 
au  collet,  deux.au  parement,  et  trois  sur  la  patte 
la  poche  de  de  l'habii.    . 

Lrs  officiers  de  santé  de  seconde  classe  por- 
teront deux  bouionnieres  brodées  au  collet  et 
deux  sur  le  parement. 

Les  officiers  de  santé  de  troisième  classe  por- 
teront deux  boiilounieres  brodées  ,  sur  le  collet 
seulement.  . 


Les  étudians  qui  ,  après  un  examen  ,  auront 
mérité  dêlre  comptés  au  nombre  des  candiifciis  , 
pourront,  sur  la  proposition  du  conseil  de  salu- 
brité ,  approuvée  par  le  préfet  niaiilime  ,  poner 
l'habit    uni,  avec   les    boulons  unifoimes, 

VUI.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colo- 
nies est  chargé  de  l'exécution  du  présent  ariêié 
qui  sera    imprimé   au   bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,   signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 
Arrêté  du  7  fructidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  minisire  de  la  marine  et  des  colonies  ,  le  con- 
seil-d'état entendu  ,  arrêtent  :  - 

Art.  1°'.  Il  sera  fait  une  lire  des  officiers  de  la 
marine  ,  qui  ne  comprendra  que  le  nombre 
d'officiers  indiqué  pour  chaque  grade  par  lat- 
ticlc  II  de  l'arrêté  du   26   thermidor.  , 

Le  projet  de  cette  liste  sera  présenté  par  le 
ministre  à  l'approbation  du    premier  consul. 

II.  Les  cent  cinquante  places  de  capitaines 
de  vaisseau  seiont  remplis  indistinciement  par 
des  chefs  de  ,  division  et  des  capitaines  de  vais- 
seau actuels. 

III.  Les  chefs  de  divisision  qui  seiont  con- 
servés au  service  prendront  rang  avant  tous  les 
capitaines  de  vaisseau. 

Leurs  appoiniemens  de  paix  restent  fixés  à 
4800  ff. 

IV-  Le  service  attribué  par  les  lois  et  régle- 
mens  aux  chefs  de  division  ,  sera  fait  pat  les 
capitaines  de  vaisseau. 

V.  Les  officiers- généraux  ,  chefs  de  division  , 
capitaines  de  vaisseau  ,  capitaines  de  frégate  et 
lieutenans  de  vaisseau  ,  non  compris  dans  la  liste 
ordonnée  par  l'article  l^' ,  seront  censés  réfor- 
més ,  et  il  leur  sera  alloué  le  traitement  de  ré- 
forme affecté  à  leurs  grades  et  à  leurs  services, 
lequel  leur  sera  payé  à  compter  du  1"  vendé- 
miaire an  g. 

VI.  Les  enseignes  non  compris  dans  cette  liste 
seront  réputés  officiers  non  entretenus  ,  et  seront 
les  premiers  appelles  au  service,  si  les  besoins  de 
la  marine  l'exigent. 

A  défaut  d'emploi  ,  ils  seront  réputés  officier» 
réformés  ,  et  les  dispositions  de  larticle  précé- 
dent leur  seiont  appliquées. 

VII.  Le  t*^'  vendemiaiie  an  9  est  fixé  pour 
l'époque  de  la  mise  en  acuvité  de  la  nouvelle 
organisation  du  corps  de  la  marine. 

VIII.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies 
est  chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui 
sera  imprimé  au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,   signé  ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  marine  et  des  colonies,  le 
conseil- d'état  entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I".  L'arrêté  du  directoire  exécutif,  du  14 
brumaire,  an  8,  qui  ordonne  qu'indépendamment 
des  retenues  précédemment  établies  au  profit  de 


la  caisse  des  invalides  de  la  marine  ,  il  sera  pré- 
levé un  décime  par  franc  sur  le  produit  net  de 
toutes  les  prises  faites,  soit  par  les  bâtimens  de  5» 
république  ,  soit  par  les  bâtimens  du  commerce  , 
est  maintenu;  en  conséquence  ladite  retenue  sera 
exercée  ,  ainsi  qu'il  est  prescrit  par  les  art.  I*'  et 
ly  dudit  arrêté  ,  pour  en  être  le  produit  versé 
dans  la  caisse  des  invaHdes  de  la  marine,  et  em- 
ployé au  soulagement  et  à  l'entretien  des  prison- 
niers de  guerre  français  ,  provenant  des  bâtimens 
de  la  répubhque  et  du  commerce  ,  conformément 
à  l'article  II  du  même  arrêté. 

II.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  est 
chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera 
"inséré  au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B. Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
nomme  le  citoyen  Lescallier  ',  conseiller-d'éiat  ? 
préfet  matitimeà  l'Orient. 

Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  est 
chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté. 

Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du   même  jour. 

Les  consuls  de  la  répubhque,  vu  les  lois  du 
7  frimaire  au  5  ,  du  8  thermidor  même  année, 
du  6'  jour  complémentaire  an  7  ,  relatives  aux 
droits  à  percevoir  sur  les  spectacles  ; 

Vu  la  loi  du  5  ventôse  an  8 ,  relative  aux 
octrois; 


Vq  également  la  loi  du  25  ventôse  an  8,  qui 
proroge  pour  l'an  g  les  contributions  directes  cl 
indirectes  de  l'an  8  ; 

Sur  ie  rapport  du  ministre  de  l'intérieur ,  le 
conscil-d'élat  entendu  ,  anêicnt: 

Art.  1"^.  Les  droits  établis  suc  les  spectacles  , 
bals  ,  feux  d'artifice  ,  concerts  ,  courses  et  exer- 
cices do  chevaux  et  autres  iêtes  où  l'on  est  admis 
en  payant ,  continueront  à  être  perçus  pendant 
l'an  g  ,   suivant  le  mode  établi  ^<ar  les  lois. 

II.  Le  produit  de  ces  droits  continuera  d'être 
affecté  aux  besoins  des  hôpitaux  et  des  secours 
à  domicile  de  chaque  commune  ,  d'après  la 
répartition  qui  en  sera  faite  par  le  préfet ,  sur 
l'avis  du  sous-piéfet. 

III.  Le  ministre  de  l'intérieur  cstchargé  de  l'exé- 
ctiiion  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au  bul- 
letin des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


MINISTERE     DE    LA    MARINE. 

I^ES  corsaires  ie  Bien-infermé  et  le  Coureur  ,  de 
Boulogne,  ont  capturé  à  la  côte  d  Angleterre  et 
lait  entrer  dans  le  port  ci-dessus  un  lougre  an- 
glais ,  chargé  de  genièvre  ,  eau-de-vie  et  tabac. 

Le  corsaire  la  Mouche,  de  Bordeaux,  capitaine 
Plassiard  ,  a  pris  et  envoyé  à  Sainte  -  Croix  de 
Ténériffe  le  brick  portugais  Espirit»  Santo  é  San 
Fedro  allant  de  Madère  à  Saint-Michel,  l'une  des 
Açores  ,  chargé  de  diverses  maichandises. 

Le  même  corsaire  a  envoyé  à  Orotava  ,  île  de 
Ténéiitfe  ,  le  navire  la  Lune  ,  de  Livcrpool  ,  qui 
s'est  rendu  à  lui  ,  après  un  combat  où  l'anglais  a 
eu  plusieurs  personnes  tuées  et  d  autres  blessées. 
Ce  bâtiment  était  destiné  pour  la  côie  de  Guinée  , 
et  il  avait  à  bord  des  marchandises  appropriées 
au  commerce  d'Afrique. 


RÉFECTURE    DE     POLICE. 

Avis. 

Du  8  fructidor  ,  an  8  de  la  république  française  , 
ura  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  prévient  ses  concitoyens 
qu'indépendamment  des  acies  désignés  dans  son 
avis  du  i3  thermidor  dernier  ,  que  l'arrêté  des 
consuls  en  date  du  12  messidor  piécédent  lui 
attribue,  le  même  arrêté  te  charge  aussi  : 

De  viser  les  perniissions  ou  congés  des  mili- 
lilaires  ou  marins  qui  auront  obtenu  des  congés 
limités  ou  absolus,  et  qui  ,  apiès  avoir  rempli 
les  formalités  prescrites  par  les  réglcmens  mili- 
taires ,  voudront  résider  et  séjourner  à  Paris  ; 
De  délivrer  les  cartes  d'hospitalité  ; 
Les  permissions  de  communiquer  avec  les  dé- 
tenus ,  dans  les  cas   piévus  par  la   loi  ; 

De  recevoir  les  déclarations  des  ministres  des 
cultes  et  leur  promecise  de  fidéli;é  à  la  consti- 
tution de  1  an  8  ,  ordonnée  par  la  loi  ,même  lors- 
qu'ils n'auvbient  pas  piêté  lessermens  prescrits  par 
les   lois  aniérieures; 

De  recevoir  les  déclarations  et  de  délivrer  les  per- 
missions pour  port  d'armes  à  feu  ,  pour  l'entrée 
et  sortie  de  Paris  avec  fusils  de  chasse; 

Pour  ouvrir  des  boutiques  ,  étaux  de  boucherie 
et  de  charcuterie  ,  et  pour  établir  des  auvens  ou 
constructions  du  même  genre  ,  qui  prennent  sur 
la  voie  publique. 

Le  préfet  de  police  invite  ses  concitoyens  à  se 
conformer ,  en  tout  ce  qui  les  concerne ,  à  l'arrêté 
des  consuls  ,  du  n  messidor,  et  les  avertit  que 
les  bureaux  de  la  préfecture  de  police  sont  ou- 
verts tous  les  jours ,  excepté  le  décadi  ,  depuis 
neuf  heures  précises  du  matin  jusqu'à  quatre  de 
relevée. 

Le  préfet,  signé ,  Dubois. 
.ATo^a.  Toutes  les  pétidons  présentées  au  préfet 
doivent  être  faites  sur  papier  timbré,  excepté 
celles  relatives  aux  demandes  de  secours;  sans 
cela  elles  seraient  mises  au  rebut.  (Loi  du  i  floréal 
an  5.  ) 


SIXIEME       LISTE 

Des  souscripteurs  pour  le  monument  à  élever  à   la 
mémoire  du  général  Vesaix. 

Montant  des  cinq  premières  listes  , 

livres  de  France,  j8,8g2f. 65c. 

Un  citoyen  des  Etats-Unis  d'Améri- 
que qui  ne  veut  pas  être  nommé, 
lu  guinées  ,  ou  3i5 

Le  général  de  brigade  ,  Ledoyen  , 
inspecteur  aux  revues  à  Bruxelles,        3o 


ig,«37    65 


i367 

De  l'autre  part 19,237  f.  65  c. 

Cochon  ,  préfet  du  département  de 

la  'Vienne ,  à  Poitiers ,         .  24 

Ducis,  membre  de  l'institntnational,         \% 
Magnien,  adrninistrat.  des  douanes,         «4 

Contant,  employé  à  l'administration 

des  douanes  ,  6 

Barrillon ,  négociant ,  rue  Neuve-du- 

Luxembourg ,  n"  161  ,         .(»  l5o 

Richard  ,  préfet  du  département  de 

la  Haute-Garonne ,  48 

Dantigny,   secrétaire -général  '<!le   la 

préfecture   du   département  de  la  | 

Haute  Garonne  ,  24 

'Vence  ,  préfet  maritime  à  Toulon,  5o 

Lidoux,  lieutenant  de  vaisseau  ,  ad- 
judant de  la  marine,  qui  passa  sur 
sa  frégate  P«aiA' en  Egypte;  12 

Nicolas  Révérend  Perdrix ,  négociant 

à  la  Vacquerie  ,  près  Guise,  24 

Le     général   de    division    'Vignole , 

commandant  la  Lombardie  , ,  24 

L'adjudani-général  Hulin  ,  comman^       „ 
dant  la  place  de  Milkn ,  24 

Brack,  directeur  des  douanes  à  Mar- 
seille ,  24 

Le  général  Mathieu,  5o 

Laur-dOlongues,  membre  du  con- 
seil-général du  département  de 
1  Hérauh ,  24 

Brucher,  ancien  officier  au  régiment 

de  Bretagne,  à  Courtaison,  24 

Gros  Davillers  et  compagnie  ,  njgo- 

cians  ,  24 

C.  D.  Misegaes,  de  Bremen  ,  3o 

P'^'  Pierre  ,  commissaire-général  de 

police  à  Bordeaux  ,  35 

Babut  ,  neveu  ,  secrétaire  -  général 
attaché  au  commissariat  -  général 
de  police  à  Bordeaux  ,  i5 

Dupré ,    directeur    des    fourages  à 

Mayence.  24 

Michelot,garde-magasinà  Mayence.         24 

Guyot,  garde-magasin  à  Mayence.  24 

Auguste  Vaa  Ruymbecke  ,  légis- 
lateur. 34 

Jean -Joseph  'Wclter  ,  associé  cor- 
respondant de  l'institut  national.  24 

Duiremblay  ,    administrateur  de   la 

loterie,   rue  Montmartre  ,  n°  3.  24 

Jacques  Robert ,   chef  de  brigade  , 

sous-inspecteur  aux  revues.  24 

Jacques  Robert  fils ,  âgé  de  12   ans.         is 
Delisle  ,    commissaire    général    des 

relations  commerciales  ,  et  chargé 
. d'affaire    de    la   république    fran- 
çaise en  Suéde,  à  5iockolm.  24 
Bâcher,  coramissaireipour l'échange 

des  prisonniers  ,  à  Francfort.  5o     60 

Collin  ,  préfet  du    département  de 

la  Drôme.  56 

Dubois  ,  préfet  du  département  du 

Gard  ,  à  Nîmes.  24 

Saint-Ceran  ,  propriétaire  à  la  Bour- 

hirc  ,   département  de  là  Vendée.         24 
Dannery  ,  commissaire  des  relations 

commerciales  à  Barcelbnne.  24 

Samuel  Adam  Dannery  ,   son  fils.  24 

Colchcn  ,    préfet   du    département 

de  la  Moselle.  24 

Berteaux  ,  secrétaire  de  la  préfecture 

du  département  de   la  Moselle.  24 

Verneilh  ,  préfet  du  département  de 

de  la  Correze.  24 

Le  tribunal  d'appel  séant  à  Bourges, 

département  du  Cher.  72 

Bontibonne,  ancien  officier  d'infan- 
terie à  Qjiimper.  12 

Bontibone  fils ,   à  Quimper.  6 

Le  citoyen  Gerphjnion  ,   préfet  du 

département  de  la  Lozère.  24 

Malye  ,  général  de  brigade  ,  natif 
de  Clermont-Fcrrand  ,  comman.» 
dant  la  place  de  Juliers.  «4 

Mollevaut  ,  membre  du  corps  lé- 
gislatif, à  Nancy.  24 

Le  commandant  et  les  adjudans  de 

la  place  à  Cologne.  24  . 


Observations  ntétéorologitjraes  faites  à  Rouen,  durant 
lu    sécheresse. 

Voici  quels  ont  été  les  degrés  de  chaleur  à 
Rouen  ,  d-urant  les  six  derniers  jours  de  ther- 
midor: 

Expositioo  à  l'est.  Exposition  à  l'ouest. 

deg.  dix.  dcg.  dix. 

Le  24,à  loh.  du  m.,  3i     5     A3h.dus.,35  5 


Le  25, 3i 

Le  26  , 37 


Le  27,  .    .    .    . 

Le  28 

Le  29,  .  .  .  . 
Le  3o,  .  .  ,  . 
Le  l"  fructidor 


33  5 
non  observé. 
35  5 
3i  5 
35  5 
37  o 
33  o 


Total  jusqu'à  ce  jour.  — Livres  oufr.  20,53o     a5 


On  continue  à  recevoir  les  soQscriptions  chez 
le  citoyen  Dclessert  ,  secrétaire  du  comité  des 
souscripteurs  ,  rue  Coq-Héron  ,  n"  58. 


33  o 

34  o 
34  o 
34  75 
3i     o 

On  rerparquera  que  ,  le  3o  ,  jour  à  la  fin  duquel 
a  éclaié  l'orage  qui  nous  a  donné  de  la  pluie  ,  le 
iliermomeire  a  monté  à  37  degrés  ,  trois  heure» 
aVant  que  le  tonnerre  se  fât  Fait  eiiter.dre  ;  on 
remarque  encore  que  cette  chaleur  est  celle  du 
Sénégal.  La  chaleur   de   la  peau  humaine  est  de 

29  à  3o  degrés.  Ainsi  ,  nous  avons  ,  le  3o  ,  é'é 
pénétrés  ou  enveloppés  d'une  chaleur  mesurée 
par  67  degrés. 

On  fait  observer  que  le  thermomètre  a,  dan$ 
tous  les  cas,  été  isolé,  en-  plein  air  et  en  plein 
soleil.  Le  baromètre  ,  le  3o  ,  était  à  28  pouces, 
S  lignes.- Le  24,  il  s'était  élevé  à  29  pouces. 

Décadi  à  midi  ,  un  physicien  a  voulu  s'assurer 
de  la  température  de  la  Seine.  Il  s'est  placé  à  l'un 
des  éperons  dû  pont,  dans  la  partie  où  l'eau  est 
la  plus  rapide.  Le  thermomètre  placé  à  trois  déci- 
mètres au-dessous  de  la  surface,  est  descendu  de 

30  degrés  à  ig  ,  où  il  était  à  l'air  libre  sur  le 
pont  ;  et  porté  au  fond  de  la  rivière  ,  à  9  mètres 
de  profondeur  (  27  pieds  environ)  la  tempéra- 
ture ne  s'est  abaissée  que  d'un  degré  ,  c'est-à- 
dire  que  là ,  la  température  de  Icau  était  à 
18  degrés.  .     '' 

Cette  expérience  n'avait  point  encore  été  faite, 
à  Rouen.  On  y  a  mis  beaucoup  d'exactimde  et 
le  tems  suffisant;  on  peut  y  compter.  Si  l'on 
part  de  la  température  de  l'eau  gelée  à  10  degrés  , 
comme  elle  la  été  cet  hiver  ,  on  trouve  que  la 
différence  de  la  chaleur  éprouvée  par  les  pois- 
sons ,  est  de  29  degrés  ;  ce  quils  ne  supporte- 
raient pas,  s'ils  l  éprouvaietit  instantanément. 
L'homme  seul  peut  passer  presque  subitement 
d'une  température  basse  à  une  tès-élevée  ,  sans 
en  être  sensiblement  incommodé. 

(  Extraif  de  la  Vedette  de  Rouen ,  le  5  fructidor.) 


L  Homme  dss  champs  ou  les  Géorgiques  françai- 
ses ,  poëmc  en  quatre  chants  ,  par  Jacques, 
Delille. 

Pour  faire  connaître  le   plan  de    ce   pocme  , 
nous  ne  pouvons  faire  mieux  que   d'emprunter- 
les  paroles  de  l'auteur  lui-même  :   le  passage  suU. 
vant  est  extrait  de  sa  préface. 

>)  Ces  nouvelles  Géorgiques  n'ont  rien  de  com- 
mun avec  celles  qui  ont  paru  jusqu'à  ce  jour,  et 
le  nom  de  Géorgiques,  ainsi  que  dans  d'autres  poè- 
mes français,  et  particulièrement  dans  le  poëme 
des  Saisons  du  cardinal  de  Bernis  ,  est  employé 
ici  dans  un  sens  plus  étendu  que  son  accepdon 
ordinaire.  Ce  poëme  est  divisé  en  quatre  chants, 
qui  ,  tous  relatifs  diu-x.  jouissances  champêtres  ,  ont 
pourtant  chacun  leur  objet  particulier.  Dans  le 
premier;  c'est  le  sage  qui,  avec  des  sens  plus' 
délicats  ,  des  yeux  plus  exercés  que  le  vulgaire  , 
parcourt  dans  leurs  inombrables  variétés  les  riches 
décorations  des  scènes  champêtres  ,  et  multiplie 
ses  jouissances  en  multipliant  ses  sensations  ;  qui, 
sachant  se  rendre  heureux  dans  son  habitation 
champêirej,  travaille  à  répandre  autour  de  lui  son 
bonheur,  d'autantplus  doux  qu'il  est  plus  partagé. 
>'  Le  second  peint  les  plaisirs  utiles  du  culti- 
vateur. Mais  ce  n'est  pas  ici  l'agriculture  ordinaire  , 
qui  semé  ou  recueille  dans  leurs  saisons  les  pro- 
ductions de  la  nature  ,  obéit  à  ses  vieilles  lois  , 
et  suit  ses  anciennes  habitudes  :  c'est  l'agricultuie 
merveilleuse  ,  qui  ne  se  contente  pas  de  mettre 
à  profit  les  bienfaits  de  la  nature  ,  mais  qui  triom- 
phe des  obstacles  ,  perfectionne  les  productions 
et  les  races  indigènes,  naiuralise  les  races  et  les 
productions  étrangères  ,  force  les  rochers  à  céder 
la  place  à  la  vigne  ,  les  torrens  à  dévider  la  soie 
ou  à  dompter  les  métaux;  sait  créer  ou  corriger 
les  terreins  ,  creuse  des  canaux  pour  l'agriculture 
et  le  commerce  ,  fertilise  par  des  arrosemens  le» 
lieux  les  plus  arides ,  réprime  ou  met  à  profit  les 
ravages  et  les  usurpations  des  rivières  ;  enfin 
parcourt  les  campagnes  ,  tantôt  comme  une  déesse 
qui  semé  des  bienfaits,  tantôt  comme  une  fée 
qui  prodigue  les  enchantemens. 

>i  Le  troisième  chant  chant  est  consacré  à  l'ob' 
servateur  naturaliste ,  qui  ,  environné  des  ouvrages 
et  des  meilveilles  de  la  nature  ,  s'attache  à  les 
connaître,  et  donne  ainsi  plus  d'intéiêt  à  ses 
promenades  ,  de  cha  mes  à  son  domicile  et  d'oc- 
cupation à  ses  loisirs;  se  forme  un  cabinet  dliis- 


i368 


tdirs  riaiurellg,  otûlé ,  ri io fi  dé  rhefVfeilles  étfitt- 
gcies  ,  nuis  de  celles  «]ui  l'environnent',  et  qui  , 
nues  tluns  son  propre  sol,  lui  deviennent  plys 
iiitéressantes  encore.  Le  sujet  de  ce  chant  est  le 
plus  fécond  de  tous  ,  et  jamais  une  carrière  plus 
vasie  et  plus  neuve  ne  fut  ouverte  à  la  poëiie. 

)>  Éiifin  ,  le  quatirième  apprend  3U  pd'ëtê  des 
chrMfts  à  Célébrer,  eu  vêts  dignes  de  la  nature, 
sts  pfiéiioiiienes  çt  Ses  licllésses.  En  énseigrtànt 
i  ail  de  peindre  les  beautés  chanapêttes  ,  1  auteur  a 
lâché  d'en  saisir  lui-mêipe  les  trails  les  plus  ma- 
jes'lUeiix  et  les  plus  touchans.  u 

Les  éditeurs  de  ce  poëine  en  publierit  plusieurs 
édiiibns  ; 

Urie  édition  in-8°  ,  avec  giavure  ,  papier  grand- 
raisin  blanc  ,  3  fr.  .  . 

La  mênrc',  avec  gravure  ,  sur  grand-  raisin 
vélin  ,  12  fr. 

Ld  même  ,  avec  gravure  avant  la  lettre,  sur 
gltarid-raisin  vélin  supeifiii  d'Aurionay  ,  i8  fr. 

Uiie  édilon  iri  -  12  ,  papier  ordinaire  ,  avec 
giravCiré  ,    2    Ir. 

La  même,  aVet  ^favùfé  ,  Sur  papier  grand- 
ràisiri  blahc  ,  3   fr.  5ô  cent. 

La  rtième ,  avec  gravure  ,  sUt  grand  raièin  vélin  , 
8  fraticâ. 

La  même,  avec  gravure  avant  la  lètite,  sur 
papier  giand -raisin  vélin  superflu  d'AtinOiiay  , 
12  francs. 

Une  édition  in-iS  ,  avec  une  gravure  seule- 
ment ,   I    fr.  80  cent. 

La  même,  avec  4  gravures,  sur  papier  carré 
En  ,  3  fr.  5o  cent. 

La  même,  avec  4  gravures.,  sur.  grand-raisin 
vélin  ,  g  francs. 

La  même  avec  gravures  ,  avant  la  lettre  ,  suc 
papier  grand-raisin  vélin  superfin  d'Aunonay, 
i5    fr. 

Une  édiiiuii  in-S".  sur  papier  commun  ,  sans 
noies  ,  I  fr. 

Une  édition  in;ia  sur  papier  commun  ,  sans 
notes  ,  75  cent. 

Une  édition  in-j8  sur  papier  commun  ,  sans 
lïb'tés  ,  60  cent. 

L]édition  in-4°  sur  papier  grand-jesus  vélin  su- 
jjerfiii  d'Annonay  sera  ornée  de  quatre  gravures 
du  citoyen  Guérin  l'aîné  ,  connu  surtout  par  sa 
Belle  estampe  de  C Amour  désarmé  ;  il  n'eu  sera 
tiré  que  25o  exemplaires. 

.  Cette  édition;  Sera  nécessairement  retardée  de 
deux,  à  trois  mois  par  la  gravure  des  planches  et  la 
çonfeciion  de  caractères  nouveaux;  mais  les  édi- 
teurs reçoivent  dès-à-présent  des  souscriptions  , 
et  les  épreuves  des  gravures  seront  délivrées  exac- 
ten'ient  à  chaque  Souscripteur,  d'après  le  numéro 
de  l'inscription. 

Le  prix  de  cette  édition  est,  pour  les  exem- 
plaires avec  la  lettre  ,  de  48  fr.  Pour  ceux  avint 
là  lettre,  de  72  fr. 

Les  souscripteurs  de  l'édition  \u-^°  recevront 
gratis  un  exeniplaii'e  dé  rin-12  ,  papier  blanc, 
ftvec  gravure  ,  en  payant  d'avance  le  prix  de  la 
souscription. 

On  s'adresse  ,  pour  recevoir  cet  ouvrage  ,  et 
l'on  souscrit  pour  l'édition  in-4": 

A  Strasbourg,  chez  les  fceres  Levrault ,  imp'ri- 
meurs-libraires. 

A  Paris  ,  chez  les  mêmes  ,  quai  Malaquai  ,  aa 
coin  de  la  rue  des  Peiiis-Augustins  ;  Pougens  , 
libraire  ,  quai  Voltaire  ,  n"  10  ;  Fuchs  ,  rtiaison  dt 
Clugny,  rue  des  Mathurins.     • 


Suite  du  cours  public  du  citoyen  Aubry  ,  géomètre, 
sur  l'application  du  calcul  décimal  à  toutes  Les 
opérations  d'administration  de  finance  ,  de  banque 
et  de  commerce  de  tous  les  pays  de  la  terre. 

Seconde    leçon. 

^.  IL  De  la  manière  de  négliger  Us  décimales  quand 
elles  se  trouvent  en  trop  grand  nombre. 

Ce  qui  a  trompé  jusqu'à  ce  jour  ceux  qui  n'é- 
taient point  exercés  au  calcul  décimal,  c  est  que 
personne  ne  leur  avait  appris  la  manière  d'ap- 
précier les  chiffres  décimaux  pour  ce  qu  ils  sont , 
e!t  qu'ils  les  avaient  toujours  considérés  comme 
des  entiers. 

En  effet ,  s'ils  ont  vu  i ,  suivi  d'un  certain  nom- 
bre de  chifFres,  comme  ceux-ci  qui  soucies  plus 
gros  de  l'ariitiméiique  :  1,999999999999999. 

Ail  lieu  de  considérer,  dans  tous  ces  9,  une 
Valeur  inférieure' à  celle  du  i  qui  précède  la  vir- 
gule ,  ils  se  sont  imaginés  livoir  devant  les  yeux 
itne  quantiié  cxhorbifante. 


C'est  doni  pour  les  détromper  qu'on  va  leur 
faire  le  raisonnement  suivant  : 

Qu'est'-ce  que  le  premier  g  représente  ?  n'est-ce 
pas  -^  ?  Eh  bien  -^  n'égaleroiu  jamais  les;  dix 
dixièmes  qui  composent  1  entier  1  ,  puisqu'il  s'en 
manque  d  un  dixième. 

Q_u'est-ce  ensuite  que  les  deux  premiers  9  re- 
préscnieiii  ?  n'est-ce  pas  9  dixièmes  et  9  csntieines  , 
autrement  gg  csiltiemes  i*  Eh  bien  ,  gg  centièmes 
n'égalcrofll  jamais  non  plus  les  tou  ceiiiiemes  (jui 
composent  le  même  enlicr  1  ,  puisqu'il  s'en  man- 
que d  un  ceniicme. 

Qu'est-ce  enfin  que  les  trois  premiers  chiffres 
représentent  (  car  il  est  facile  de  diviser  le  rcsie 
de  la  progression  )  ?  n'est-ce  pas  g  dixicincs  9  cen- 
tièmes et  g  millièmes  ,  autrement  ggg  millièmes? 
Eh  bien  ,  les  ggg  millièmes  n'égaleront  jamais  les 
1000  millièmes  qui  composent  le  même  tiuler  1  , 
puisqu'il  s'en  faut  encore  d'un  millième. 

Comme  on  voit,  il  y  aurait  un  millier  de  g  à  la 
suite  du  i  ,  que  ces  mille  g  n'égaleraient  jamais  en 
valeur  le  i  en  question  : 

D'où  l'on  doit  conclure  , 

Que  si  l'unité  des  raclures  est  d'une  tlès-peliie 
valeur  ,  comme,  par  exemple,  un  franc  ,  il  suHira 
toujours  de  la  première  décimale  écrite  ,  si  la 
deuxième  ne  passe  pas  5  ,  et  de  l'augmenter  d'un 
si  elle  passe  5  ;  le  tout  comme  on  en  a  l'exemple 
dans  4,34798,  et  dans  7,26g42g  ,  qui  s'alsrégeront 
comme  ceci  ,  4,3  ;,  parce  que  dans  le  premier 
nombre  le  4  qui  suit  le  3  est  inférieur  à  5  et  7, 
3  ;  parce  que  dans  le  deuxième  nombre  le  6 
de  la  deil'xieme  décimale  passe  5. 

Que  si  celte  même  uniié  vaut  de  i  à  10  fr. , 
il  sulKra  toujours  des  deux  premières  décimales 
écrites  si  la  troisième  ne  passe  pas  5,  et  augmen- 
ter le  second  d'un  i  si  la  troisième  décimale 
passe  5;  le  tout  comme  on  en  a  l'exemple  dans 
28,4  72g  567,  et  dans  l4,5o5'679,  qui  s'abrégeront 
comme  ceci,  28,47,  à  cause  que  dans  le  premier 
nombre  le  2  de  la  troisième  décimale  ne  passe 
pas  5  ,  et  14,  5l  ;  à  cause  que  dans  le  deuxième  , 
le  5  de  la  troisième  décimale  fait  pencher  la 
balance  en  faveur  du  chiffre  à  ajouter. 

Que  si  enfin  l'.unité  des  mesures  vaut  de  10  à 
100,  (  car  il  est  également  facile  de  deviner  le 
teste  de  la  progression  )  ,  il  suffira  toujours  des 
trois  premières  décimales  écrites  si  la  quatrième 
ne  passe  pas  5,  et  d'augmenter  la  troisième  d'un 
un  si  celte  quatrième  décimale  passe  5  ;  le  tout 
comme  on  en  a  l'exemple  dans  388,437ogg578,  et 
dans  5472,2428g327  qui  s'abrégeront  comme 
ceci  388,437  ,  à  cause  que  le  zéro  de  la  quatrième 
décimale  dans  le  premier  nombre  est  certaine- 
ment inférieur  à  5,  el,5472,243;  à  cause  que  le  S 
de  la  quatrième  décimale  dans  le  second  nombre 
lui  est  supérieur.  Comme  ion  voit  ,  il  ne  faut  pas 
s'effrayer  des  chifFres  nombreux  qui  suivent  la 
virgule  ,  et  qui  se  présentent  fréquemment  à  la 
suite  d'une  multiplication  et  d'une  division  ;  c'est 
même  de  cette  habitude  ,  à  les  considérer  pour 
ce  qu'ils  sont ,  que  doivent  dépendre  les  progrès 
que  l'on  sera  dans  le  cas  de  faire  dans  l'étude  du 
calcul  décimal. 

AVIS. 

La  commission  administrative  du  sénat-conser- 
vateur, recevra  des  soumissions  pour  les  appro- 
visionnemens  de  bois  de  chauffage  et  les  illumi- 
nations du  palais  du  Luxembourg  dans  les  fêtes 
publiques  ;  elle  invite  ceux  qui  voudront  en  faire, 
à  les  reSietire  ,  «rvant  le  i5  fructidor  au  plus  tard, 
au  secrétariat  de  la  commission. 

La  manufacture  nationale  des  porcelaines  de 
Sèvres,  s'occupant  de  renouveller  ses  formes  et  les 
modèles  de  ses  marchandises  ,  donne  avis  qu'elle 
fera  vendre  à  l'enchère.,  à  Paris,  le  21  courant  et 
jours  suivans  i  toutes  les  porcelaines  anciennes  , 
tant  blanches  que  décorées,  qui  existent  encore 
dans  ses  magalîins.  Cette  vente  aura  lieu  au  palais 
national  du  Louvre  ,  dans  une  salle  qui  sera 
indiquée  par  de  nouveflles  affiches. 

Théâtre  des  Elevés  du  Vaudeville  ,  rue  du  Bacq. 

La  nouvelle  direction  justifiera  du  titre  qu'elle 
prend  s  en  n'offrant  au  public  que  des  vaudevilles 
nouveaux  ,  mêlés  de  quelques  comédies  en  un 
acte,  pour  pa'rcr  seulement  ài  l'ennui  ordinaire 
des  entractes.  Il  est  impossible  aux  administra- 
teurs de  faire  représenter  plus  de  deux  fois  par 
décade  ,  jusqu'à  l'époque  où  leur  répertoire  seia 
plus  étendu. 


Livres  anglais  à  vendre  au  prix  de  Londres. 
Le  ciioyen  Tavernier,  libraire,  rua  du  Bacq, 
n°  gS?  ,  a  l'iionneur  de  prévenir  les  amateurs  de 
livres  anglais,  quil  conliniie  de  faite  la  commis- 
sion en  ce  genre.  On  trouvera  chez  /ui  ,  en  ce 
moment  ,  Un  iiès-joli  choix  de  livres  anglais  , 
reliés  à  Londres,  qu'il  cédera  absolument  aux 
prix  qu'ils  se  vendent  dans  celle  ville;  ce  qui 
présente  aux  acquéieurs  un  grand  avantage  , 
les  Irais  de  tianspoit  élant  depuis  la  gucnc  a'un 
taux  fcxorbitaul. 


LIVKES    DIVERS. 

Description  des  plantes  nouvelles  et  peu  connues  , 
cultivées  dans   le  jardin  dej.  M,  Çcis  ,  avec  iig.  : 
parE.  P.  Vcnicnat,  de  l'insillut  naiîonal  de  France 
I  uii    des 
Paniliéon. 


---  - 'lance  , 

rvateurs    de    la    bibliothèque    du 


De  l'inipnme'iie  de  Crapelet.  A  Paris  ,  chez 
1  auieur  ,  à  la  bibliothèque  du  Panthéon  ;  Barrois  . 
l'aine  ,  libraire ,  rue  de  Sjvoye  :  Fuchs  ,  libraiie  , 
rue  des  Mathurins  ,  hôtel  de  Cluny  ;  Garnery  , 
libraire  ,  rue  de  Seine  ,  vis-à-vis  la  rue  Mazarine  ; 
Kœnig,  libraire  ,  quai  des  Augusiins. 

Cet  ouvrage  sera  composé  de  20  fascicules  611 
cahiers.  Chaque  fascicule  contiendra  la  descrip'*' 
lion  de  dix  plantes  avec  leur  figuie  et  celle  des 
détails  de  la  fructification. 

Le  premier  cahier  paraîtra  le  t'^'' vendémiaire 
an  g  ,  et  plutôt  s  il  est  possible;  les  autres  paraî- 
tioiit  successivement  de  tiois  mois  en  trois  mois. 

Le  format  de  cet  ouvrage  est  grand  in-^"  ^ 
sur  papier  nom-de-jésus  ,  et  in-fol.  sur  papier 
gr^nd  raisin  vélin  On  ne  tirera  qu'un  petit  nom- 
bre d'exemplaires  de  ce  format. 

Le  prix  de  chnqi.e  fosticule  tV/-4°  sera  de  12  fr. , 
et  i7i-jol.  de  24  fr. 

Les  souscripteurs  pour  le  formai  in-i°  paieront 
12  Ir.  en  recevant  le  premier  fascicule  ;  ils  paie- 
ront 12  fr.  en  retirant  •  chacun  des  fascicules 
suivans.  Les  sousciipieuis  pour  le  papier  grand- 
raisin  vélin,  paieront  le  double. 

Les  souscripteurs  auront  les  prerriieresépreuvéâ, 
et  ils  seront  fournis  suivant  1  ordre  des  numéros 
de  leur  sousciiption. 

Les  plus  habiles  artistes  ont  concouru  à  la 
peifeciion    des   figures. 

On  souscrit  chez  fauteur ,  et  chez  les  libraires 
mentionnés   ci-dessus. 

Portefeuille  de  M.  de  Bievre  ou  recueil  de  calam- 
bourgs  figurés  ,  à  l'usage  des  amateurs  de  charades  , 
rébus  ,  énigmes  et   logogryphes  ,  f'  livraison. 

Prix  ,  en  feuilles  ,  2  fr.  ,  et  2  fr.  5o  cent,  franc 
de  port  ;  en  boîte,  2  fr.  80  cent. 

A  Paris  ,  chez  Constantin,  hbraire  ;  et  à  l'an- 
cienne librairie  de  Dupont  ,  rue  de  la  Loi , 
n"    I23i. 

Le  Gondolier  ou  ta  Soirée  Vénitienne  ,  opéra  en 
un   acte. 

A  Paris  ,  chez  S.  A.  Hugelet,  rue  des  Fossés- 
Jacques  ,  n"  4. 

Premiers  élémens  de  Minéralogie  ,  selon  la  mé- 
thode de  d'Aubenton  ,  par  Auguste  Traversay, 
116  pages  in-S°  ,  beau  papier  ,  caractère  neuf; 
prix,    2   fr.  25  cent. 

A  Paris ,  chez  Deterville  ,  libraire  ,  rue  du  Bat- 
toir ,  n°  16,  et  chez  Croullebois  ,  libraire  ,  ru.e 
des  Mathurins-Jacques  ,  n"  3g7. 

L'auteur  mu  par  le  désir  d'être  utile  aux  amis 
de  la  minéralogie  ,  n'a  pas  voulu  attendre  que  son 
ouvrage  fût  entièrement  imprimé  pour  offrir  au 
public  le  tableau  méthodique  des  minéraux  du 
célèbre  Daubenton  ,  que  l'on  ne  trouve  plus  dans 
le  commerce  ;  outre  les  additions  considérable* 
qu'il  y  a  faites  , 'on  lira  avec  intérêt  les  notions 
préliminaires  sur  la  minéralogie  qui  le  précèdent. 
Les  deux  autres  cahiers  qui  completteront  son  ou- 
vrage paraîtront  sous  peu. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  2,  fructidor.  —  Cours  des  effets  publics.. 

Rente  provisoire I7   fr.  88  c. 

Tiers  consolidé 3i   fr.  Soc. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  Sg  c. 

Bons  d'arréragé 82   Ir. 

Bons  pour  l'an  S. 85  fr.  38  Ci 


L'uboiiaetB-ciit  se 
abonne  qu':iu  con 


aris,  rue  des  Poitevins,  n"  18.  Le  prix  est  de  aSfrancipdtir  troi»  tno'ia,  So  frïùcj  pour  six   mois,   et    100   francs   pour  l'année  entière.  On   n 

ment  de  chaque  mois. 
11  fiiil  adresser  les  lellrcs  et  l'argent  ,  franc  de  port  ,lucit.  ACASSE,  propriétaire  de  cejournal  , rue  des  Poitevins,  n"   18.  Ilfantcomprejidre    dans  les   envois    le  pott  \l« 

■  pays  aii.  l'on  ne  pe'at  affranchir.   Les  lettres  des  dëparteméns  èon  affranchies  ,  nèseroiitpôintretirée!  d«.la  fiDSte. 

U  faut  aVcfir  soin,   poui  ^lus  de  sûreté  ,  de  charger  celles  qui   reufermenldes  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  quicaucetne  la  rédaction  de   la   feuille,    au   rédacteur,   rue  de 
Poitevins,   n°  l5,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  citq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL: 


w°  340. 


Déc-adi ,  10.  fructidor  an  S  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  piévenlr  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7.  Nivôse  le   M  O  N  IT  E  U  R  est  le  seul  journcfl  officUL 
Il  Contient  les  séances  des  autaricés  constituées ,  les  actes  dugouverHêtneni',  les  htfuVdIfes  dëS'ârmée 
intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  corfeisp'oh'dAAcléi'rninistéiri'pIPé^.  '"''if""''»' 


iëS' armées,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 

il       I  1:>  ,  .,.„     •,.      '■,    >'Vi  iiTl.ii.r  •<,I  -- 


Un  atticle  sera  piàTticuKéreiiiènr  coftsacré  •  aux  sciences  ^  aux  airts  et  aUx  decouvertesinoui^élles.-' 


bares.  Il 
donc  été 


les  assurances  bien  sin- 
et    de    ma    haute    consi- 


IN  TE  RI   E  UR. 

Paris ,  le  gfriutidor.     , 

L'  •     ,  .•  ■  T I  < 

E  gouvernement  reçoit ,  par  la  voie  çlç.jCons- 
f^nùnople  ,  la  copie  des  deux  lettres  suivantes, 
sans  commentaires  ni  autres  explications. 
.  On  ne  peut  se  dissimuler  que  ces  pièces  portent 
vn  caractère  de  vérité.  Cependant  ,  quand  oii 
jéfléchit  que  la  nouvelle  de  la  mort  du  général 
Bonaparte  était  parvenue  à  Paris  par  les  relations 
çlffieielles  de  la  cour  de  Londres,  on  conçoit  en- 
core de  l'espoir  ,  et  l'on  peut  mettre  en  doute 
l'horrible  assassinat  que  ces  pièces  annoncent 
avé'ir  été  commis  sur  la  personne  d'à  génë'ral 
JRlébfer. 

Au  reste  ,  toutes  les  nouvelles  reçues  par  la 
même  voie  ,  s'accordent  à  dire  que  l'armée , 
animée  du  meilleur  esprit  ,  était  dans  une  très- 
bonne  .situation.  Ce  lâche  attentat  avait  excité 
findignalion  de  lotis  les  français,  qui  brûlaient 
d'impatience  dé  trouver  l'occasion  de  venger  leur 
général.  i 

On  ne  s'étendra  pas  sûr  les  qualités  du  général 
Rléber  et  les  services  qu'il  avait  rendus  à  la  rêpu- 
.blique;  un  juste  tribut  d'éloges  se  m&léra  naïu- 
irellement  à  d^s  regrets  dont  nous  devons  sus- 
pende  l'expression,  jusqu'à  ce  que  des  nouvelles 
directes  d  Egypte  nous  apprennent  si  en  effet 
la  république  a  perdu  l'un  de  ses  plus  célèbres 
guerriers. 

jf.  Menou,  général  en  chef,  à  sir  Sidney  Smith  , 
commandant  le  vnissenu  de  S.  M.  britannique  le 
Tigre.  —  Au  quartier-général  au  Kaire  ,  le  i" 
mtssidor. 

J'Ai  reçu  ,  moiisîeur  ,  la  lettre  que  vous  m'avez 
îàit  l'honneur  de  m'écriie  ,  en  date  du  g  juin  , 
à  bord  du  Tigre  devant  Rhodes. 

L'horrible  assassinat  commis  sur  la  personne 
du  général  en  chef  Kleber  ayant  privé  l'armée 
française  de  son  chef,  j'en  ai  pris  le  coramande- 
sient. 

Vos  alliés  les  turcs,  n'ayant  pu  vaincre  les 
français  à  Mataxich  ,  ont  employé  pour  se  venger 
1  arme  du  poignard  ,  celle  arme  qui  n'est  que 
celle  des  lâches. 

Un  janissaire  parti  de  Gaza  ,  il  y  a  aujour- 
d'hui quarante-deux  jours,  a  été  envoyé  poUr 
cotnmèttrc  Cet  horrible  crime.  Les  français  airhent 
à  croire  que  les  osmanlis  Seuls  sont  coupables. 
Cet  assassinat  doit  être  dénoncé  à  toutes  lèS 
liations  ,  et  toutes  ont  intérêt  à  le  venger. 

La  marche  que  vous  avez  tenue  ,  monsieur, 
relativement  à  la  convention  qui  avait  été  faite, 
à  El-Arisch  ,  me  trace  parfaitement  celle  que  je 
dois  tenir.  Vous  avez  demandé  la  ratification  de 
votre  gouvernement  -,  je  dois  également  de- 
mander celle  des  consuls  ,  qui  gouvernent  au- 
jourd'htii  la  république  française  ,  pour  toute 
espèce  de  traiié  qui  pourrait  être  conclu  entre 
l'armée  que  je  commande  ,  les  anglais  et  leurs 
alliés.  C'est  la  seule  marche  légale  ,  la  séule'côn- 
venable  dans  les  négociations  qui  pouifaient  avdîr 

^'^"-  ...  !  ^  ^^''  différer    l'échange    désiré  ;   quand    S.    E 

Ainsi  que  Vous  ,  mobsieur  ,  j'abhote  les  fléaux     sera  dç  retour  à   son  escadre  .  comme  l'aide-de 

6e  la  guerre  ;  ainsi  que  vous  ,  monsieur ,  je  désire  |  camp  Baudot  est  devant  Alexandrie  ,  l'affaire  de 

de  voir  la   En  desrnaux   qui  affligent  l'univers;     l'échange  pourrait  s'y  conclure  ,  si  vous  le  jugiez 

à  propos  ;  mais  je  ne  vois  pa*  pourquoi  vous 
faites  dépendre  dune  affaire  qui  ne  regarde  que. 
vous  et  la  Porte,  la  mise  en  liberté  de  l5o  an- 
glais qui  ont  fait  naufrage  au  cap  Biulos.  J'at- 
tends de  votre  loyauté  et  de  votre  justice  que  . 
suivaiit  les  régies  convenues  entre  nos  deux 
naiions  pour  1  échange  réciproque  de  nos  pri- 
sonniers auquel  nous  somrties  autorisés  à  tra- 
vailler ,  vous  perrnettrez  le  tetour  dii  capitaine 
Butai  ,    de  ses   officiers  et  de  son  équipage. 

Les  promesses  que  vous  me  faites,  dans  l'espé- 
rance de  la  réciprocité  de  ma  part,  ne  peuvent 
êire  appliquées  à  cette  circonstance  ,  et  je  crois^ 
superflu  de  vous  olTrir  en  réciprocité  la  proinesse 
de  mes  bons  offices  en  faveur  d'une  personne 
(lui  se  trouve  dans  une  position  fâcheuse,  que 
j  ai  moi-mêriLt  éprouvée.  Je  suis  persuadé  que  le 
grand  -  visir  meiira  Iç,  Sceau  de  sa  généreuse  et' 
haute  approbation  à  tous  les  procédés  honnêtes 
(jue  nous  aurons  les  uns  pour  les  autres.  Les  ruses 
de  la  guerre  ne  sOnt  connues  ni  de  vous  ni  de 
nous  1  et  outre  que  je  continuerai  à  me  comporter 


être  sacrée  pour  les  natioijs  les  plus  bar 
avait  été  envoyé  en  parlementaire  ;  j'ai  ' 
force  ,  contre  mes  principes  et  contre  mon  opi- 
nion ,  d'user  de  représailles  envers  vos  compa- 
triotes. 'Ils  ne  setoiit  relâchés  qu'au  moment  où  le 
citoyenB;aiadot  arrivera  à  Ojmiétfe.  Là  il  doit  être 
échangé  contre  'Moustaphà  pacha  et  quelques 
commissaires,  turcs.  Si,  comme  je  ne  puis  en 
douter,  monsieur,  vous  avez  de  l'influence  parmi 
vos  alliés ,  cette  affaire  devra  être  bientôt  terminée; 
Elle  intéresse  votre  honneur  et  compromet  éini- 
nemme*.*  i5o  de  vos  coihpatriotes.  ' 

J  ai  I  hoiineur  de  vous  répéter,  monsieiir ,  que 
ee  Sera^vcc  l'enthousiasme  de  la  Satisfaction  que 
je  verrai  icrniiner  une  guerre  qui  ,  depuis  'si 
long-tems,  désole  le  monde  entier;  mais  quan^d 
de  grandes  nations  traitent  ensemble  ,  ce  ne  doit 
être  que  sous  des  conditions  également  hono-. 
râbles  pou i:  toutes  les  deux  et  ^avantageuses  pour 
leur  prospérité.  .,,         .;.■(... 

Recevez,  monsieur, 
ceres  de  nion  esiime 
déralion. 

Signé ,].  MenOU; 

.    Pour  copie  c.onfoi;me  V    ,  .-  i 

Signé  ,■  -StotJET^  SmïtIH.'   ' 

Copie  de  'M-tr'àductiàn  du  turc  ^''ïiné  téifre  de  sir 
Sidney  Smith,  au  général  Menou  ,  commandant 
en  chef  l'armée  française  en  Egypte ,  écrite  origi- 
nairement en  frariqais  ,  de  Jaffé-,  en  date  du  aa 
juin   iSoo. 

Monsieur  le  général  , 

J'ai  reçu  ce  soir  la  lettre  que  Vous  m'avez 
fait  l'honneur  de  m'écrire  le  ao  juin.  Au 
moment  oiî  .jê  m'attendais,  à  voir  le  général 
Kleber  sous  les  auspices  les  plus  favorables  et 
les  plus  heureux,  j'apprends  avec  le  plus  vif 
chagrin,  et  la  plus  grande  douleur  sa  mort  tra- 
gique. J'en  ai  fait  part  sur  le  champ  au  grand- 
visir  et  aux  ministres  ottomans  dans  les  termes 
que  vous  in'aniioncez  ce  triste  événement,  et  il 
n'a  rien  moins  fallu  que  la  certitude  elles  détails 
avec  lesquels  vous  rue  donnez  cette'  nouvelle  , 
pour  que  leurs  excellences  y  ajoutassent  foi.  Le 
grand-visir  m'a  déclki'é  forrn'elltmênt  et  officiel- 
lement qu'il  n'avait  pas  la  moindre  connaissafice 
de  ceux  qui  ont  commis  cet  assassinat ,  et  je  suis 
très-sur  qii«  sa  déclaration  est  vraie  et  sincère  ; 
et  sans  entrer  dans  les  détails  de  ce  malheureux 
événement  qui  nie  cause  une  Jjeine  inexpri- 
mable ,  je  me  contenterai  de  répondre  aux  arti- 
tles  de  votre  lettre  qui  ont  trait  à  nos  affaires. 

Si  le  grand-visir  a  retenu  à  son  camp  l'aide- 
de-camp  Baudot ,  qui  lui  avait  été  envoyé  àjebil- 
il-Illam  ,  c'est  que  S.  E.  n'avait  pas  jugé  à 
propos  de  laisser  sortir  personne  de  son  camp  au 
moment  qu'il  se  voyait  environné  de  ses  enne- 
mis. Baudqt  était  arrêté  à  Jebil-il-Illam  comme 
les  officiers  turcs  destinés  à. servir  réciproquement 
avec  lui  d  otages  ,  étaient  retenus  au  Kaire, 

Cet  aide-de-camp  a  été  envoyé  à  l'escadre 
ottoniane  ,  pour  être  échangé  coinme  vous  le 
desirez,  et  dans  cet  intervalle  S.  E.  le  capitan- 
pacha  étant  arrivée  ici,  son  absence  de  l'escadrfe 
a    fait  différer    l'échange 


.iiif..,a  iàriji.  h  tiii.ti. 


Snais  je  ne  me  départirai  jamais  de  tout  ce  qui 
peut  tenir  à  l'honneur  de  la  république  française 
et  de  ses  armée».  Je  suis  bien  convaincu  que  cette 
façon  de  penser  doit  être  aussi  la  vôtre.  La 
fconne  foi  et  la  moralité  doivent  présider  aux 
traités  que  font  entre  elles  les  nations.  Les  répu- 
blicains français  ne  t<)nUaissent  pas  ce  que  c  est 
que  les  ruses  de  guerre  dont  il  est  parlé  dans 
le  papitr  de  M.  Morieie  ;  ils  n'ont  d'autres  règles 
<le  conduite  ,  que  le  courage  datis  le  combat, 
^énéroiité  aprèi  la  victisSre  et  bonne  foi  dans 
les   traités. 

Cent  cinquante  anglais  sont  prisonniers  ici.  Si 
je  n'avais  consulté  que  la  générosité  républicaine  , 
je  les  aurais  fenvoyés  sans  les  considérer  comme 
prisonniers.  Car,  échoués  sur  la  côte  d'Egjpte,  ils 
n'ont  pà»  été  pris  les  armes  à  la  main  .  et  je  suis 
bien  assuré  que  les  consuls  de  ta  république  fran- 
çaise nS'eussent  approuvé;  mais  vos  alliés  ,  par  la 
JjIus  vile  de  toutes  les  conduites,  ont  retenu  le 
ciioycii  Baudot  ,  chef  de  brijjide  ,  aide-de-camp 
du  général  Kleber  ,  lorsqut  sa  personn»  devait 


e^vefs  Vous  avec  la  nie  m  è  franchise  et  la  f.nême 
loyauté  que  je  l'ai  fait  jusqu'à  présent  ,j'^mpl6ye- 
rai  fortement  tous  mes  efforts  pour  qu'aucune 
personne  sur  laquelle  je  puis  avoir  quelque  in- 
fluence ,  ne  tienne  une  conduite  contraire  à  ce^ 
principes.  Soyez  persuadé  cjue  les  dispositions 
hostiles  qui  ont  été  annoncées  par  de  pi^emieres 
oppositions,  et'qui  ont  acfjuis  de  l'eXténslon  et 
de  k  publicité,  pcUVe'n't'sé  calmer  par  les  inoyèhi 
que  les  t:irconstances  présentes  fourniront  auii; 
deux  partis  de  correspondre  et  de  s'emendre  l'éci- 
proquena^nt,  .et.quà  la  (in  nous  serons  unis  par 
les  liens  d'une  sincei'e  amitié  :  en  alfend'aijî  ,'nous 
ferons  la  guerre  avec  les  moyens  que  nous  avons 
employés  jusqu'à  préseiit  contre  vous  ,  et  ceux 
que  nous  pouvons  encore. nous  procurer  ,  et  nous 
lâcherons  de  nous  rfendce  dignes  de  l'éstiiiiÊ  de 
vos  braves  troupes.        ;'-'     >     •--      '■■>  ^i'.'n>  i 

Les  hostilités  que  vous'  avfe»  Côt^ttoisès-'ianil  at- 
tendre la  réponse  d-î  l'amifâl  Rèîth',- qàr  h'àv^ilt 
pas  eu  connaissance  de  la  convetlliqh- cbi^cltjé 
pour  lévacuation  de  i;Egypte  ,  ontservi  de  régie 
a  notre  coriduile.  Je  n'avais  pas  demandé  à  nia 
<:our  sa  ratification;  je  n'avais  cherché  qu'à  lever 
'liuctques  difficultés  imprévues  qui  avaienli  pt^ 
s'opposer  au  retour  des  français  '  datis  leui^ 
iSairie.  ■ 

Le  général  Kleber,  dans  les  derniers  préli- 
minaires qui  ont  été  arrêtés  ,  ft'ayant  pas  fait 
enteiidre  que  le  traité  qui  devait  suivte  ai-ait 
besoin  de  Ja  ratificaijon  des  consuls  qui  gouver- 
neiit  aujourd'hui  la  France  .  cette  condition  ,  que 
vous  mettez  dans  vos  prélîminaîres  ,  semble 
être  un  refus  d'évacuer  1  Egypte,  et  le'grand-visir 
ni'a  chargé  de  vous  demander  à  ce,  sujet  «ne 
,  réponse  claire  et  précisé  ;  vous  desirez  comme  moi 
la  fin  du  fléau  'de  la  guerre'  qui  désoie  tduV 
i'univers.  •     - 

Il  est  dans  votre  pouvôiV  d'écarter  uij  des  obs- 
tacles qui  s'opposent  à  la  paix,  en  évacuanflEgyptè 
aux  conditions  convenues  avec  le  général  Kiebgr  5 
et  si  vous  vous  y  refusez  ,  nous  enploierons  touî 
nos  moyens  et  ceux  de  nos  alliés,  pour  vous  y 
contraindre  à  des  conditions  qui  pourroiit  bieçi 
ne  pas  vous  être  si  avanta|euses.  Je  ne  puis  pa> 
vous  dissimuler  combien  il  m'en  coâierait,  de 
remplir  ce  devoir  ,  mais  l'évacuation  de  lÈgypte 
étant  un  point  si  intéressant  pour  le  bien  de 
l'humanité  ,  les  Voies  des  conférences  et  des  coi;- 
reSporidances  pour  faire  les  dispositiotîs  néces- 
saires à  cette  fit] ,  soilt  toujours  ouvertes.    "   '       ' 

Comme  l'arniral  sous  les  ordres  duquçl  je  sufs-, 
se  trouve  à  des  distancés  éloignées  de  moi  ,  je 
suis  autorisé  à  souscrire  à  tels  arrangemeiis  que 
les  circonstances  riëcessitéront  ;  et  quoique,  par 
la  nature  des  événemens  ,  je  ne  sois  pas  dans  Ira 
cas  de  vous  faireaucune  nouvelle  pro'pdsition, 
cependant  je  suis  prêt  et  disposé  à  enténdr^ 
toutes  celles  que  vous  voudriez  me  faire.  Je  ptH» 
vous  déclarer  officiellement  que  j'emplbirais  totis 
mes  effiàris  et  tous  mes  moyens  poiir  empêcher 
toute  démarche  inconsidérée  et  pour  m'oppoSer 
à  toutes  vexations  de  la  part  de  qui  que  ce  sBit. 

Je  remplirai  à  la  lettre  les  instructions  jprécise! 
de  ma  cour.  Je  connais  ses  principes  foh'dés  sUr 
U  pips  exacte  équité  et  la  plus  parfaite  loyauté. 
Ma  conduite  sera  £;qnforme  à  ces  principes,  «t 
tous  mes  efforts  jèndront  à  reiaplir  mon  devoiren 
sei;vant, ses  intérêts. 

Comme  il  n  est  p^s  encote  certain  sur  quel 
pointje  vais  me  porter,  je  vous  prie  de  me  faire 
deux  expéditions  dé  votre  réponse.  Vous  adres- 
serez l'Une  à  Alexandrie,  et  l'autre  ^  Jafi^  ,  aU 
carbi)  du  grand-visir.         '    '  |  \'_  '  _ 

Des  lettres  écrites  dç  Carentan ,  anijopcent 
(jU'un  iiiçendie  considérable  a.  éclaté  dans  Cette 
comtnuUè  le  l"  fructidor.  Le  feu  a  pris  a  minuit 
par  l'imprudence  d'un  boulanger  :  près  de  cent 
maisons  sont  devenues  la  pi  oie  des  flammes  S 
deux  fernmes  ont  péri ,  beaucoup  d'autres  orit  été 
blessées.  La  désolation  et  dans- la  ville.  Plus  de 
trois  cents  familles  sont  sans  asyle  et  sans  com- 
merce. Sans  éiablissemens  publics  ;  la  communs 
est  hors  d'état  de  venir  efficacement  à  leur  secours. 
Uni  bureau  de  bienfesancç  a  été  ouvert  à  la  maitie; 
les  militaires  et  tods  lès  iitoyens  se  sont  empressés 
de  payer  un  tribut  au  malheur.  On  espère  que  la 
sollicitude  du  gouiieiiieitten't  s'étendra  sur  les  in- 
cendiés. Le  maire  de  la  commune  à  particuliéfc- 
ment  contribué  a  arrêter  les  progrès  de  l'incendi» 
'"  ,^?.'?J"^"' J.^^  ordres  les  jjIus  proraptj  ,  4t  <h 
prciisànt  1  ftièi:ution  par  son  exemple. 


—  Oo  éiiît  de  tatké*  que  le  cïtoyéti  Ramood  , 
^crivain-distiogué,  membre  de  la  première  assem- 
blée législalive  et  du  corps -législatif  actuel ,  a 
fcpris  ,  pendanl  la  vacance  présente  ,  le  cours  de 
«es  travaux  et  de  ses  voyages  dans  les  Pyrénées , 
dont  il  prépare  l'histoire  naturelle  completle. 

—  ■  Le  sénai-conservateur  doit  nommer  ,  dans  la 
décade  prochaine  ,  à  une  place  vacante  au  itibu' 
nal  de  cassation. 

■—  Le  Journal  des  Débats  annonce  qulsabey  et 
CarkVernef  s'occupent  d'un  dessiii  qui  représen- 
tera les  grandes  parades  du  quintidi ,  et  qu  Isabey 
y  a  placé  divers  portraits  d'après  nature. 

—  Les  nomnïés  Goyaux  et  Pierre  Guilleux , 
brigands  de  la  bande  de  Bcianl ,  viennent  d'êire 
arrêtés.  Briant  l'avait  été  le  t4  du  mois  dernier. 
Cette  bande  était  la  terteur  du  département  de  la 
Mayenne.'  Elle  n'était  heureusetnent  composée 
que.de  quatre;  trois  sont  déjà  arrêtés,  le  quatrième 
o'c  tardera  pas  à  l'être. 

L'a  veuve  Mathurin  Rezé  ,  de  la  commune  de 
tioudray  ,  qui  recelait  ces  scélérats ,  a  été  aussi 
arrêtée  et  condijite  avec  ses  complices  dans  les 
^irisons  de  Château-Gontier. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Atnté  du  8  fructidor. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 


1370 

Nidda  jusqu'à  sa  source.  Le  général  Dumonceau 
voulait  entrer  par  Wetzlard  et  Giesen  dans  le 
Ulrichstein,  mais  des  représentaiions  ont  été  faites 
à  ce  sujet  par  les  autiichiens. 

Le  fort  de  Pizwangs  ,  dan«  le  Tyrol  ,  que  les 
français  avaient  occupé  ,  en  vertu  de  l'armistice  , 
va  être  démoli.  '     '     '     ' 

La  petite  ville  de  Neubourg ,  dans  le  Haut-Pala- 
tinat  ,  a  été  entièrement  réduite  en  cendres. 

Le  26  thermidor  est  arrivé  à  Nuremberg  un 
courrier  français  ,  avec  des  dépêches  du  général 
Moreau  ,  adressées  à  la  diète.  Le  contenu  de  ces 
dépêches  concerne  une  contribution  de  six  miN 
lions  de  francs  imposés  au  cercle  de  Franconie. 
La  diète  a  tenu  une  assemblée  extraordinaire  à 
ce  sujet. 

Le  3o  thermidor,  le  général  Augereau  a  passé 


>s  J'eittiporte  au  milieu  de  rirmêe  un  vif  in- 
térêt pour  la  consulta  ,  et  pour  le  Sort  du 
Piémont.  " 

Le  nouveau  ministre  et  président  lu!  ensuite 
le  discours  suivant:  •     . 

Citoyens, 

5»  Envoyé  par  le  gouvernement  de  la  républi- 
que française  en  qualité  de  ministre  extraordinaire 
près  legouvernement  piémoniais  ,  je  me  félicite 
d'être  en  même  tems  chargé  de  présider  l'as-- 
semblée  qui  doit  préparer  l'organisation  du  goi%- 
vernement.  Heureux  ,  si  dans  des  fonctions  aussi 
iraporiantes,  je  ptiis  coopérer  au  bonheur  de  la 
nation  ;  j'y  travaillerai  avec  zèle  et  dévouement. 

))  Une  des  qualités  essentielles  à 'un  législateurj, 
c'est  d'être  dépouille  de  tout  esprit  de  parti.  Les 
lois  doivent  êire  le  résultat  des  raédiutions  froides; 
rarement  l'eriihousiasme  en  fit  de  bonnes  ;  tou- 


en   revue  la  garnison  de  Francfort.  Elle  consiste  |  jq^j   l'çsprit  de   parti  en  a   fait  de  mauvaises;: 

en  3  bataillons  d'infanterie,  avec  quelques  esca-  '    ■■  ,    .■   1^.    1  — j..   i^.  i ..  k... 

drons  de  dragons  ,  et  dé  l'artillerie  à  cheval. 


'  Le  roi  de  Prusse  a  nomme  M.  de  Formey.',  con- 
seiller d'anibassade  à  Francfort,  pour  sc3n  résident 
à  la  cour  de  Hesse-Darmstadt. 

Le  corps  du  général  Delaborde  ,  dans  le  pays 
de  Spire  ,  doit  être  renforcé  de  so,ooo  houimes. 
Les  généraux  Delaborde  ,  Rallier  et  Bidonville 
sont  logéi  au  château  de  Bcuchsal. 

—  Il  y  a  à  AschafFcnburg  un  commissaire  anglais 


sur  le  rapport  dti  ministre  de  la  police  générale  ,    qui  paie  aux  troupes  mayençaises  les  subsides  de 
vu  l'arrêté  des  consuls  du  27  thermidor ,  j  chaque  mois.  Ces  subsides  se  montent  à  60,000 

Nomme  ,  pour  remplit  les  fonctions  de  com-  1  florins  par  mois.  Le  nouvel  ambassadetir  anglais  , 


mis»aires-généraux  de  police  ,  à  Toulon  ,  Brest , 
l'Orient ,  les  citoyens  i 

ï^oa/on.— ^Pérard,  ex-tttïinbre  dé  la  commission 
des  émigrés.  ■  "      '■ 

Brat.  -^  Lasalle  ,  ex-  tn'érnbfe  de  la  commission 
des  éniigiés. 

L  Orient.  —  Charron  ,  ex-président  du  départe- 
mtnt  de  la  Maine. 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrélaire-d'état,  signé ,  H.  B.  Maret. 

Strasbourg ,  le  5  fructidor. 

Hier  ,  le  général  en  chef  Moreau  a  ev  une 
eonlérenceavec  leslieutenans-cénéraux,Lecourbe 
etSainte-Suzanneet  le  général  de  division  Souham, 
arrivé   ici  avant-hier.   On  igniwe  quel  en  a  été  1 
l'objet.  Le  général  Waliher  est  ici. 

Les  préparatifs  de  guerre  continuent  toujours. 
L'armée  du  Rhin  est  présentement  dans  la  meil- 
leure position  ,  et  reçoit  ihaque  jour  des  ren- 
forts considérables.  Les  troupes  sont  divisées  en 
quatre  corps  principaux  ,   qui  sont  : 

1°.  Celui  du  lieutenant-général  Sainte-Suzanne , 
qui  consiste  en  quatre  divisions  ;  celle  de  Klay 
dans  le  Brisgaw ,  l'évêché  de  Strasbourg ,  Ortenau  ; 
quartier-général  à  Schuttem  :  celle  de  Delaborde 
dans  le  Palatinat  et  le  pays  de  Spire;  quartier- 
général  à  Bruchsal  :  celle  de  Souham  ,  entre 
Francfort  et  le  Spessart  ;  quartier-général  à  Offen- 
baich:  celle  de  ColaudiàMayenceetWurizbourg; 
le  quartier-général  doit  être  à  Ochsenfurt. 

s''.  L'aîle  gauche  de  l'armée  commandée  par 
le  Heuterjant-général  Grenier  ,  cantonnée  sur  les 
deux  rives  du  Danube ,  depuis  son  origine  jusqu'à 
Kellheim  ,  et  de-là  sur  la  rive  droite  du  fleuve 
jusqu'à  sa  jonction  avec  la  Vils.  Cette  division  se 
partage  en  trois  corps  ,  celui  de  Richepanse  , 
dans  le  Wirtemberg  ,  quartier-général  à  Siuitgard  ; 
celui  de  Ney  jusqu'au  de-là  d'Ingolstadt,  quariier- 
gétiéral  à  Neubourg  ,  et  celui  de  Légrand  ,  quar- 
tier-général à  Straubingen. 

3°.  Lencentre  ,  sous  le  commandement  immé- 
diat du  ^néral  en  chef,  occupe  la  Bavière  ,  et 
se  subivise  en  deux  divisions  ,  celle  de  Leclerc  , 
quartier-général  à  Landsbut  ,  et  celle  de  Decaen  , 
quartier-général  à  Munich. 

4°.  L'aile  droite-,  sous  le  lieutenant-général 
Lecourbe  ,  couvre  la  Haute-Souabe  ,  le  Vorarl- 
berger ,  les  Grisons.  Trois  divisions  aux  ordres 
des  généraux  Montrichard ,  Gudin  et  Molitor  la 
composent. 

Le  corps  d'armée,  commandé  par  Augereau, 
est  jusques  à  présent  indépendant  de  l'armée  dû 
Rhin. 

Le  commissaire  Mathieu  Favier  est  revenu  ici 
aujourd'hui,  et  .repart  demain  pour  l'Allemagne. 

Le  général  Lecourbe  part  demain  pour  Paris, 
f  Strasburgtr  Welbette.  ) 

E     X    T    É     R    I    E    U     R. 
A^X  L  E   M  A  G   N   E. 

Stuttgard,  le  1  "fructidor, 

Ls  général  Walther  est  farti  d'ici  ponrla  France. 
Le  comnjlssaire-général  .Vlathieu  Favier  est  arrivé 
hier.  Oa4it  que  Icscr  o^pes  bataves  garnissent  la 


à  Berlin  ,  i«  comte  de  Carysfort ,'  a  obtetlu  son 
audience. 

L'Allemagne,  la  France,  Itîelvciie  sont  dans 
plusieurs  endroits  je  théâtre  d'une  infiriité  d'in- 
cendies ;  des  lorêls  ,  des  villages  ,  des  villes  ,  sont 
la  proie  des  flammes,  et  on  ne  sait  à  quoi  attri- 
buer ces  malheurs. 

Augs bourg  ,  le  3e  thermidor.- 

La  députaiion  du  cercle  de  Souabe  ,  assem- 
blée ici  pour  la  répartition  des  contributions  ,  a 
imposé  à  34,767  francs  le  landgrave  de  Darmstadt. 
Les  bailliages  de  Hatiau-Lichtemberg  qui  en  dé- 
pendent ,  n'avaient  pas  payé  le  premier  tiers  au 
tems  prescrit  ;  et  l'adjudant-général  Ghénier  se 
disposait  à  envoyer  des  troupes  dans  ces  bailliages 
pour  les  faire  exécuter  ;  mais  le  général  en  chef,  ' 
Moreau  ,  a  décidé,  d'après  les  représentations  qui 
lui  ont  été  faites ,  que  ces  bailliages  ne  devaient 
pas  payer  ,  sait  parce  qk'ils  appartiennent  au 
cercle  du  Hatit-Rhin  et  non  à  celui  de  Souabe  , 
soit  parce  que  depuie  dix-huit  mois  le  landgrave 
de  Darmstadt  a  observé  la  neutralité  la  plus  par- 
faite à  l'égard  de  la  France. 

(StrasburgerWeltbote.) 

PIÉMONT. 

Liberté.  Égalité. 

Extrait  du  procès -verbal  de  la  séance  publique  de  la 
Consulta  du  Piémont ,  assemblée  dans  la  salle 
ordinaire,  à  midi ,  du  î7  thermidor  an  8.  (  i5 
août  i8oo  ,  V.  st.  ) 

La  consulta  étant  assemblée  ,  et  ayant  ouvert 
la  discussion  sur  les  objets  à  l'ordre  du  jour  ,  les 
généraux  divisionnaires  Dupont  etjourdân  sont 
entrés  dans  la  salle  de  la  séance,  accompagnés  de 
leurs  états-majors  :  ayant  pris  leur  place  à  ta  table 
dul  président  ,  le  général  Dupont  fit  reconnaître 
le  général  Jourdan  en  qualité  de  nouveau  prési- 
dent, en  prononçant  le  discours  suivant  : 

CiTOYEMS  membres  de  la  consulta  , 


jj  Le  général  Jourdan  que  je  présente  à  la 
consulta  ,  est  nommé  ministre  extraordinaire  de 
la  république  française  à  Turin. 

M  Dans  le  cours  de;  relations  qu'il  aura  avec 
vous  comme  président  de  cette  assemblée  ,  vous 
n'aurez  qu'à  vdus  applaudir  du  choix  qu'a  fait  le 
premier  consul ,  et  les  avantages  qui  en  résulteront 
ne  vous  laisseront  rien  à  désirer. 

»)  En  cessant  de  partager  vos  travaux  .pour 
reprendre  les  fonctions  militaires  ,  il  doit  m'être 
permis  de  rendre  hommage  aux  principes  dont 
je  vous  ai  vus  aniinés  ,  et  à  la  sagesse  de  vos 
délibérations,.        _     , 


elles  sont  destinées  à  rendre  le's  hommes  Kett-; 
reux ,  elles  doivent  donc  être  dictées  par  U 
sagesse. 

>>  La  multiplicité  des  lois  ■amené  toujours  l'in- 
coliérence  entr'élles  :  celte  incohérence  leur  attire 
bientôt  le  mépris  public.  Il  esf  du  devoir  d'utt 
sa^e  législateur  d'éviter  avec  soin  ces  inconvé- 
niens ,  et  d'avoir  toujours  en  vue  le  bonheur 
de  la  nation  ,  pour  laquelle  ilfait  des  lois. 

S)  Vos  premiers  pas  dans  la  carrière  législative, 
citoyens  ,  doivent  rassurer  tous  les  amis  de  la 
liberté  .  et  doivent  vous  mériter  la  confiance  de 
la  nation  piémoniaise  ;  elle  doit  attendre  avec 
calme  le  résultat  de  vos  travaux  :  vous  conti- 
nuerez à  vous  occuper  de  son  bonheur  ;  et  moi  , 
suivant  l'exemple  de  mon  prédécesseur,  je  vous 
seconderai  de  tous  mes  efforts  et  de  tout  moa 
pouvoir.  » 

Le  citoyen  Botta  ,  invité  p.v  le  secrétaire-général 
à  être  l'interprète  des  sentimens  de  respect  et 
d'admiration  de  tous  les  membres  de  la  con- 
sulta envers  les  généraux  susdits  ,  moniç  k  i« 
tribune  ,  et  y  prononce  le  discours  suivant  : 

Citoyens  législateurs , 
))  C'est  sans  doute  une  journée  bien  mémo- 
rable pour  le  Piémont,  que  celle  oii  l'un  des 
premiers  fondateurs  de  la  liberté  dans  les  deux 
mondes",  celui  qui  a  fait  écrouler  dans  les  champs 
de  Fleurus  la  puissance  autrichienne  ;  celuitnfin, 
dont  le  nom  rappelle  les  noms  fameux  des  Epa- 
minondas,  des  Scipions  et  desWasingihon  ,  a  paru 
parmi  vous.  Le  gouvernement  français  ne  pou- 
vait donner  au  peuple  ^iémontais  une  plus  grande 
marque  de  son  attachement  et  de  i'inlétêî  qu'il 
prend  à  son  .bonheur  ,  qu'en  envoyant  parmi 
nous  un  citoyen  aussi  recommandable  par  se* 
vertus  civiles ,  que  renommé  par  ses  exploits  mi- 
litaires. On  voyait  autrefois  les  guerriers-  avec 
effroi  ;  mais  qu'ils  sont  dignes  de  notre  recon- 
naissance ceux  ,  qui  au  prix  de  leur  sang  à  tra- 
vers tant  de  dangers  et  de  privations ,  nous  pro- 
curent cette  liberté  ,  sans  laquelle  la  vie  est  un 
opprobre  .  et  la  mort  une  nécessité  pour  tout 
homme  généreux  et  magnanime  !  Tels  sont  lej 
Moreau.  les  Massena ,  les  Brune,  les  Berthier; 
tels  ont  été  les  Dngommier  ,  les  Darapierre,  les 
Joubert ,  les  Desaix  ;  tel  est  le  premier  co;ns,ul  de 
la  république  française  ;  tel  est  celui  qui  parait 
aujourd'hui  au  milieu  de  vous.  C'est  au  nom  de 
la  constilta,  au  nom  du  peuple  piémontais ,  de 
<e  peuple,  que  sa  situation  et  ses  trop  longs 
malheurs  rendent  si  intéressarrt',  que  je  proteste 
solennellement  ici  au  gouvernement  français  et 
à  son  premier  magistrat,  notre  vive  reconnais- 
sance ,  et  notre  constant  désir  de  concourir  de 
tous  nos  moyens  au  bonhenr  commun. 

u  Citoyen  ministre  ,  vous  paraissez  au  milieu 
de  nous  dans  un  moment  difficile  ;  mais  si  vous 
rencontrez  par-tout  les  traces  de  la  misère  et  d'un 
régime  odieux,  vous  y  trouverez  au  moins  la 
meilleure  volonté  ,  et  un  concours,  heureux  de 
tou.tes  les  autorités  constituées.  Des  passions 
différentes  s'agitent  en  tout  sens;  des  plaies  pro- 
fondes ont  presqu'anéanti  la  vie  de  1  état.  Votre 
modération  ,  votre  prudence  ,  votre  fermeté  sau- 
ront comprimer  les  unes  et  guérir  les  autres. 
Vous  achèverez  l'ouvrage  que  le  sage  et  modeste 
Dupont  a  si  bien  commencé  ;  et  lorsque  la  paix 
aura  couronné  vos  générux  efforts,  lorsqu'ua 
gouvernement    constitutionnel ,  également  sage 


,.  Vous     avez    heureusement   rempli     les    in- 1  ^"5  H^:  ^^\^  rassirré  aux  familles  la   tranquil- 
tentions   du    premier   consul;    vous   avez    fidel-     hle  et  1  abondance  ;  lorsqi.  enfin  en   oubhant  nos 


lement  observé  le  voeu  de  ses  arrêtés ,  en  re 
plaçant,  par  de  bonnes  lois,  les  lois  désastreuses 
émanées  du  pouvoir  que  les  austro-russes  avaient 
■institué. 

>;  L'armée  française  couvre   la  belle  Italie  de 


craintes  et  nos  malheurs  passes  ,  nous  pourrons 
nous  livrer,  sans  mélange  ,  à  toutes  les  affections 
douces  qui  honorent  et  soulagent  l'humanité  , 
nous  prononcerons  vos  noms  avec  tout  l'atten- 
drissement de  la  reconnaissance.  La  modération 
et  les  bienfaits  des  vainqueurs  du  Rhin  ,  du  Da- 


ses  puissantes  armes,  et  vous  êtes  destines  a  faire     „„be  ,  du  NU  et  du  Pô  ,  ne  s'effacerontjamais  d 


refleurir  la  liberté  de  votre  patrie  sous  cette  égide 
tutélaire. 

»>  Vos  décrets  sur  les  finances  ,  sur  les  transac- 
tions et  le  mode  de  paiement  ,  sur  l'adminis- 
tration de  la  justice  ,  et  sur  l'établissement  delà 
force  publique  ,  sont  des  titres  irrécusables  à 
l'estime  reconnaissante   de  vos  concitoyens. 


notre  #némoire  ;  on  se  r.ippellera  toujours  que, 
si  le  vertueux  Catinat  a  désobéi  formellement  aux 
ordres  de  son  roi  pour  ne  pas  désoler  ce  malheu- 
reux pays  ,  vous  avez  suivi  fidellement  ceux  du 
premier  magistrat  de  la  républiquç  ,  pour  y  ap- 
porter la  liberté  ,  la  paix  ,  le  bonheur  et  l'abon- 
dance. » 


L«6  généraux  quittent  l'asiimblée  ,  et  la  séance 
est  continuée. 

Les  çitayèns  membres  de  la  consulta  ,  Botta  , 
Piossasco  et  Ricati  ,  sont  chargés  par  l'assemblée 
d'aller  chez  le  général  Dupont,  pour  lui  témoigner 
en  son  nom  les  seiitimens  du  commun  regret  de 
voir  partir  de  Turin  un  minisire  qui  ,  par  la 
grande  influence  qu'il  a  eue  aux  éclatans  succès 
pe  la  journée  de  Maringo  ,  par  ses  lalens  mi- 
litaires ,  littéraires  et  politiques  généralement  con- 
nus ,  jouit  par-tout  de  la  plus  haute  réputation, 
et  qui,  par  sa  douceur  républicaine  et  sa  modeste 
fermeté  ,  a  su  se  gagner  l'amour  du  public  «t 
la  confiance  du  gouvernement.  Lesdits  citoyens 
ftsiuTcroDt  aussi  le  général  de  la  plus  sipcere  re- 
connaissance de  la  consulta  pour  le  vif  intérêt 
gu'il  a  montré  pendant  son  ministère  pour  le 
ien  général  de  la  nation  piémoniaise  ,  et  pour 
CD  assurer  l'indépendance  et  la  tranquillité. 
'  Les  trois  députés  partent  de  l'assemblée  pour 
s'acquitter  de  la  commission  dent  ils  sont  chargés, 
et  la  séance  est  ajournée. 

Turin  ,  du  palais  de  la  Consulta  ,  le  a^  ther- 
midor ,  an  8  de  la  république  française  (  i3  août 
1800,  V.  s.  )  • 

L.  ProssASCo  ,  membre  de  la  consulta  et  secrétaire- 
gémrai- 

REPUBLiq.UE     HELVÉTIQUE. 

.  Berne  ,  le  i"'  fructidor. 

On  a  écrit  au  citoyen  Kùhn  une  lettre  très- 
honorable  ,  dans  laquelle  on  l'engage  ,  au  nom 
de  la  pairie,  à  lui  consacrer  ses  connaissances 
et  ses  laculiés ,  comme  législateur.  I]  est  le  seul 
qui  ne  soit  pas  encore  rendit  à  la  législature. 
.  Dans  plusieurs  cantons  de  1  Helvétie  des  in- 
cendies ont  éclaté  dans  les  forêts  et  dans  d'autres 
endroits.  Parmi  les  forêts  oà  le  feu  a  pris ,  on 
compte  celles  de  Schwiiz  et  de  Menzing,  près 
Zug.  A  Mondon  ,  douze  maisons  ont  été  réduites 
en  cendres.  La  sécheresse  extrême  a  fait  déserter  , 
aux  pâtres  et  aux  bêles  fauves  ,  les  Alpes  et  la 
plupait  de  nos  montagnes.  Le  fourrage  est  des- 
séché, les  fontaines  sont  taries  ,  et  l'avenir  ne 
nous  présente  tien  que  de  triste. 
■  Aujourd'hui  les  troupes  françaises  venant  du 
Léman  sontarrivées  ici. 

A  Bâle ,  cent  chevaux  ont  été  rais  en  réquisi- 
tion pour  transpoirter  des  pOtitons  à  l'armée  du 
Rliin.        (  Strasb.  Weltbote.  ) 

ANGLETERRE. 

Suite  de  Cesguisse  de  Chisloire  du  sucre ,  par  W- 

Falconer. 
'  'LucAiN  fait  allusion  au  sucre  dans  son  troisième 
Kvre  ,   oîi  il  parle  de  roseaux  qui  rendaient  un 
jus  doux,  que  buvaient  les -peuples  de  l'Inde  : 

Quique  bibuntjenezâ  dulees  ab  arundine  succos. 
Pharsalia  ,  liv.  III. 

Séneque  ,  le  philosophe  ,  parle  de  même  de 
roseaux  contenant  un  jus  épais  et  doux,  le 
même  ,  vraisemblablement ,  que  celui  de  la  caiihe 
à  Sucre. 

u  On  dit ,  observ.T  Séneque  ,  que  l'on  recueille 
-dans  llnde  sur  des  feuilles   de  roseaux  un  miel 
très-doux   et  très-gras.  Il   doit  sans   doute  cette 
qualité  à  la  rosée  du  ciel  ,  ou  au  suc  que  con- 
tiennent ces  roseaux.  )i  —  Séneque,  lettre  84. 

Pline  cotinaissait  mieux  cette  substance  ,  qti'il 
nomme  saccharon  ,  et  qu'il  fait  venir  de  l'Arabie 
et  de  llnde.  Selon  lui,  ce  dernier  est  le 
meilleur. 

«4  C'est  ,  dit-il  ,  une  espèce  de  miel  que  pro- 
duisent des  roseaux.  Il  a  la  blancheur  de  la 
gçmme  ,  et  est  friable  sous  la  dent.  Les  plus 
forts  morceaux  sont  de  la  grosseur  d'une  noi- 
sette. On  n'en  fait  usage  que  comme  remède.  >> 
PtiNE  ,  histoire  naturelle  ,  liv.  12  ,  chap.  8. 

Salmaze  .  dans  ses  annotations  sur  Pline  ,  dit 
que  cet  auteur,  rapporte  ,  d'après  l'historien  Juba  , 
qu  il  croît  dans  les  îles  Fortunées  des  roseaux  qui 
s'élèvent  à  la  hauteur  des  arbres,  et  qui  don- 
nent une  liqueur  douce  et  agréable  au  goût. 
Salmaze  en  conclut  que  ce  doit  être  la  canne  à 
sucre;  mais  je  ne  trouve  pas  que  le  passage  de 
Pline  autorise  une  semblable  conclusion.  [Voyez 
Elinr.,  liv.  6  ,  chap.  32.) 

Jtisqu'ici  nous  n'avons  rien  vu  qui  eiît  trait 
directement  à  la  fabrication  du  sucre  ,  soit  par 
le  moyen  du  feu,  soit  autrement;  mais  voici 
deux  vers  de  Stace  qui  ,  s'ils  sont  exacts  ,  sem- 
blent y  faire  allusion.  Stace  ,  dans  son  cinquième 
livre  des  Sylves  ,  dit  : 

Et  quas  pracoquit  ebosita  cannay 
Largis  graluitum  cadit  rapinis. 

c«  Il  n'y  a  pai  <lc  doute  ,  remarque  Robert 
Etienne  dans  son  Thésaurus  lingua  latinct ,  que  par 
cannas  ,  Stace  entend  les  cannes  dont  on  exprime 
et  fait  cuire  le  suc.  Peut-être  même  a-t-il  employé 
le  mot  tanne  pour  celui  de  sucre.  Mais  nous 
n'avvni  encore  tiouvé  nulle  part  le  mot  ebosila. 


1371 

Il  serait  possible  que  ce  fût  le  nom  iun  peuph 
de  l'Inde  ,  Oii  le  sucre  est  très  -  commun,  v  — 
Robert  Etienne  ,  Thésaurus  ,  au  mot  canna. 

Artien  ,  dans  son  Périple  de  la  mer  Rouge 
parle  du  miel  de  roseaux  ,  appelle  sacchar  ou 
sucre  ,  comme  étant  un  des  articles  dé  commerce 
entre  Ariace  et  Barygaza,  deux  places  de  l'Inde  ciié- 
rieure  et  quelques-uns  des  ports  de  la  Mer- 
Rouge. 

jElien  fait  mention  dans  son  histoire  naltlrelle  , 
d'une  espèce  de  miel  que  l'on  exprime  d'un 
roseau  qui  croît  chez  les  Prasii ,  peuple  voisin 
du  Gange. 

Tertullien  parle  aussi  du  sltcre  dans'  son  livre 
de  Judicio  dei ,  comme  d'une  espèce  de  miel  pro- 
venant de  cannes.  (  ■     ■ 

«i  Mella  viridanti  confragrant  pinguia  canna,  tt 

(La  suite  dans  Us  prochaines  feuilles.  J, 


V  A  R  lÉ  T^ÇS.-^;"  '   ;      '  / 
Sur  le  moriument  de  Desaix. 

En  quoi  vont  se  métamorphoser  les  2o,ôpï)  fr. 
liiOnlant  de  la  souscription  pour  le  monument  de 
Desaix?  En  verrons-nous  sortir  un  village  ,  un 
hôpital  militaire,  un  grenier  d'abondance ,  un 
obélisque,  une  statue,  ou  une  modeste  foritaine  ? 
Ce  monument  s'èlévera-t-il  sur  la  place  des  Vic- 
toires ,  sur  celle  de  llndivisibilité  ,  sur  l'esplanade 
des  Invalides ,  sur  la  terrasse   des  Tuileries ,   la 

I  cour  du  Louvre  ,  ou  le  milieu  du  Pont-neuf  ? 
Chacun  voudrait  le  construire  à  sa  manière  :  l'un 
désirerait  qu'on  fît  élever  simplement  un  obé- 
lisque de  granit  de  100  pieds  de  haut,  sans  pen- 
ser qu'il  faudrait  plus  d  un  million  pour  cet 
objet;  un  autre  a  demandé  à   plusieurs  reprises 

i  qu'on  reconstruisit  un  village  brûlé  ,  qui  porterait 

1  le  nom  de  Desaix.  Cette  dernière  idée  ,  qui  pa- 
raît bonne  au  premier  aspect,  n'est  [gueres  sus- 
ceptible d'exécution  ;  si  On  avait  assez  d'argent 
pour  acheter  un  terrein  et  faire  construire  plu- 
sieurs maisons,  si  le  village  brûlé  était  dans  la 
patrie  de  Desaix  ,  ou  y  avait  quelques  rapports , 
on  pourrait  le  tenter;  mais  la  somme  est  trop 
bornée  pour  coiistruire  tout  un  village;  et  comme 
il  serait  injuste  de  bâtir  les  maisons  de  quelques 
paysans  et  non  de  tous,  on  ne  pourrait  que  ré- 
partir également  une  petite  somme  à  chacun  ;  et 
cela  ne  serait  peut-être  pas  un  motif  suffisant 
pour  les  engagera  changer  un  nom  consacré  par 
un  long  usage.  Au  reste,  puisque  la  personne 
qui  a  proposé  le  village  a  avancé  que  ,  si  son 
projet  était  adopté,  il  y  aurait  deux  ou  trois  fois 
plus  de  souscripteurs ,  il  faut  profiter  de  ces 
bonnes  dispositions ,  et  l'engager  à  recueillir  la 
somme  qu'elle  promet,  qui  servira  toujoursi  à 
soulager  quelques  malheureux.    ' 

Une  autre  idée  heureuse ,  et  qui  est  plus  à  la 
portée  des  finances  de  la  souscription,  est  celle 
d'une  fontaine  ;  ce  genre  de  monument,  si  utile 
dans  une  grande  ville  ,  peut  être  construit  de 
mille  manières  :  le  passage  du  Rhin  ,  la  défense 
de  Kelh,  la   conquête   de  la   Haute-Egjfpte  ,  le 

]  Nil ,  fourniraient  une  foule  d'idées  aux  artistes. 
La  difficulté  est  de  se  procurer  de  l'eau  ;  mais  les 
machines  de  Perrier,  de  la  Samaritaine ,  du  Pont- 
Notre  Dame  pourraient  en  fournir.  Je  pense  donc 
que  le  comité  devrait  établir  un  concours  pour 
la  construction  d'une  fontaine  qui  porterait  le 
nom  de  Desaix ,  et  située  soit  dans  la  cour  du 
Louvre  ,  soit  dans  la  place  vis-à-vis  le  Palais  du 
Tribunal ,  soit  dans  le  nouveau  marché  des  Jaco- 
bins ,  soit  sur  le  boulevard  ,  soit  ailleurs. 
Un  souscripteur. 


Sur  la  vaccine. 

En  élevant  le  premier  des  doutes  sur  le  succès 
de  la  vaccine  ,  dans  votre  journal  du  4  germinal 
dernier ,  j'invoquais  principalement  la  nécessité 
de  faire  de  nombreuses  expériences  ,  avant  qu'il 
fût  possible  de  reconnaître  l'avantage  de  ce  genre 
d'inoculation.  Le  vœu  que  je  formais  a  été  par- 
faitement rempli  ;  les  essais  qui  ont  eu  lieu  ont 
offi:rt ,  il  est  vrai  ,  des  résultats  différens ,  mais 
quelques-uns  ont  présenté  les  caractères  qu'avaient 
annoncés  les  anglais ,  et  il  ne  reste  plus  qu'à  faire 
une  dernière  expérience  ,  celle  d'inoculer  avec  le 
virus  variolique  ,  les  sujets  qui  ont  pris  la  vaccine. 
C'est,  j'en  conviens  ,  la  pierre  d'achoppement  où 
pourront  bien  se  briser  les  efforts  ,  sans  doute  , 
louables  des  amis  de  l'humanité  qui  voudraienr 
faire  adopter  ceue  découverte  ).  mais  jusques-là 
on  devait ,  je  crois ,  s'abstenir  de  prononcer  pour 
ou  contre  ,  et  mieux  apprécier  les  intentions 
franches  du  comité  chargé  des  essais.  Toutes  ses 
opérations  ont  en  effet  été  pratiquées  sous  les 
yeux  d'un  grand  nombre  de  gens  de  l'art  ,  et 
leur  publicité  a  dû  faire  juger  de  son  impartialité, 
et  du  désir  ardent  qu'il  a  de  distinguer  la  vérité 
à  tfavers  tant  d'opinions  diverses.  Quand  on  eût 
voulu  ,  d'ailleure ,  ne  raisonner  que  d'après  ce 
qui  s'était  passé  en  Angleterre  ,  on  devait  encore 
s'abstenir  de  juger  définitivement  ,  puisque  les 
médecins  anglais  ne  sont  pas  d'accord  entra  en». 


Malgré  tout  ccJa  ,  quelques  personnes  parni 
lous  ont  cru  pouvoir  trancher  Ja  question  ,  et 
levancer  le  jugement  du  comité  ,  qutiqu'il  doive 
être.  Un  anonyme  ,  dans  le  Journal  de  Paris  du 
5  thermidor,  s  est  répandu  en  éloges  outrés  sur 
la  vaccine.  A  1  entendre  ,  il  possédait  toutes  le» 
preuve»  qui  doivent  ,  sous  tous  les  rapports,  la 
taire  triompher  de  l'inoculatiorl  variolique  ordi-, 
iiaire  ;  enfiri  ,  il  n'a  pas  tenu  à  notre  apologiste  qaç' 
celle-ci  ne  fût  sur  le  champ  détrôriée  par  l'autre  , 
et  condamnée  au  néant.  De  son  côté  ,  le  citoyen 
Vaumc  n'a  pu  tenir  contre  ce  flux  de  louanges  , 
et  ernpressé  de  venger  l'inoculation  ordinaire,  il  s'est 
escrimé  à  son  tour  contre  la  vaccine  ,  contre  l'ano- 
nyme ,  contre  qijelques  médeçiiis  anglais,  et  même 
un  peu  contre  le  comité.  Quelques  fondées  que 
puissent  être  ses  objections,  quelque  fianchise 
qu'il  mette  dans  cette  discussion  polémique  , 
comme  il  l'annonce  lui-même  ,  tous  ces  tiioyens 
suffiront-ils  pour  parvenir  à  la  vérité  ,  et  ne  con- 
viendra-t-il  pas  toujours  mieux  d'attendre  dfe  la 
part  du  comité  qui  poursuit  ses  recherches  ,  le 
rapport  définitif  de  leurs  résultats ,  peur  adopter 
ou  rejeter  la  vaccine?  Il  faut  l'avouer ,  si  elle  était 
vraiment  un  préservatif  contre  la  petite  vérole,  si 
elle  pouvait  l'absorber  ou  la  neutraliser,  ce  serait 
un  très-grand  bien  pour  l'hUmaniié  ;  car  sa  ma* 
tiere  produit  dans  le  corps  humain  une  inoculation, 
si  bénigne  ,  qu'on  ne  pourrait  pas  la  regarder 
comme  une  maladie  ,  et  Ion  n'aurait  plus  qu'-à 
luuer  contre  l.t  difficulté  de  se  procurer  du  viru& 
vaccin  fluide  et  frais  ,  dont  le  défaut  fait  feianqueC 
une  grande  partie  des  inoculation»-  ■  ■  ' 
Paris  ,  ce  24  thermidor  an  8.      '       '•  '  '" 

Salmade  ,  médecin,  inoçulçi^etit. „f^r^  ~ 


Le  pré/et  dû  département  de  l'Escaut  ."au' féUaHéur 
du  Moniteur. -^  Gand  .  le  5  fructidor  t,  dn  S  dt 
la  république  frani;aise ,  une  'et  indivisikii. 

Je  vous  prie ,  citoyen  ,  d  insérer  dans  votre 
feuille  ,  dans  le  plus  bref  délai  possible,  l'exposé 
ci-joint  :  vous  contribuerez  par-là  à  entreietiif 
parmi  les  jeunes  gens  lémulation  si  nécessaire  aux 
progrès  des  sciences  et  des  arts  ,  et  à  inspirer  de 
plus  eii  plus  aux  parens  le  goût  des  institutions 
républicaines. 

Je  vous  salue  ,  F.\ipûulT. 

<c  D'après  un  arrêté  du  préfet  du  départetpent 
de  l'Escaut  ,  basé  sur  les  réglemens  et  l'usagé  ',  la 
distribution  des  prix  de  l'école  centrale  a  été  faite 
au  3o  thermidor  ,  terme  de  l'année  scholaire. 

Toutes  les  autorités  administratives  ,  judiciaires 
et  militaires ,  se  sont  empressées  d'obtempér(;r  à 
1  invitation  qui  leur  avait  été  faite  d'assister  à  cette 
cérémonie.  Les  membres  de  ces  diflFérentes  au- 
torités ,  hiérarchiquement  placés  ,  et  marchatyt 
au  bruit  d'une  lausique  analogue  aux"  circons- 
tances, se  sont  rendus  de  l'école  centrale  au 
temple  de  la  Loi  ,  suivis  et  précédés  d'un  peuple 
nombreux.  Surle  passage  du  cortège  ,  desçroupes 
de  citoyens  et  citoyennes  ajoutaient  par  IcuiT 
empressement  à  l'allégresse  que  manifestaient 
tous  les  assistans ,  et  sur-tout  les  élevés  des 
écoles  primaires  ,  dont  quelques  -  uns  portaient 
des  guidons ,  où  étaient  inscrits  les  noms  des- 
sciences  cultivées  dans  les  écoles  centrales  ; 
d'autres,  chargés  de  corbeilles  assez  anistem'ent 
arrangées  pour  laisser  voir  au  public  les  prix  , 
les  lauriers  ,  et  'es  médailles  destinés  aux  vain- 
queurs ,  niarchaient  fiers  dit  fardeau  qu'ils  por- 
taient :  on  remarquait  sur  les  traits  des  élevés  de 
l'école  centrale  et  de  l'école  gratuite  de  dessin , 
cette  douce  inquiétude  que  laissent  nécessaire- 
ment dans  l'amc  l'incertitude  du  succès  et  l'eS- 
poir  du  triomphe. 

Arrivés  au  temple ,  les  prix  exposés  aux  regards 
d'un  peuple  plus  nombreux  que  dans  aucune 
autre  année  précédente  à  pareille  cérémonie  , 
il  est  procédé  à  la  distribution  de  vingt  grati- 
fications ,  pensionnats  ou  bourses  ,  pour  l,an  7  , 
entre  vitigt  élevés  ,  formant  enserobleun  total  de' 
8000  francs;  puis  il  est  fait  lecture  de  l'arrêté 
ci-joiot  : 

«<  Le  préfet  du  département  de  l'Escaut,  qui' 
'  s'est  fait  rendre  compte  de  la  conduite  généreuse 
qu'a  tenue  ,  le  5  du  courant,  le  citoyen  Gérard 
Sakessyn  ,  plombier  ,  domicilié  en  la  comniune" 
de  Gand  ,  et  père  de -dix  enfans  en  bas  âge,  qtii 
s'est  précipité  dan«  l'Escaut  pour  en  arracher  un. 
citoyen  prêt  à  périr  ,  et  auquel  il  a  ,  par  ses 
éfibrts  et  son  courage  , -heureusement  sauvé  1», 
vie  ; 

»»  Considérant  qu'il  importe  de  publier  le  àé-'j 
voûmeut  du  citoyen  Sakessyn,  et  de  lui  donnef  • 
Un  témoignage  de  reconnaissance  publique  , . 
arrête  : 

»»  Le  nom  de  Gérard  Sakessyn  sera  honorable-» 
ment  proclamé  au  temple  de  la  Loi  ,  le  3o  ther- 
midor courant ,  jour  fixé  pour  la  distribution  des  '. 
prix  aux  élevés  des  .écoles  publiques  ;  il  lui  sera 
délivré  par  le  préfet,  à  titre  de  récompense  natto-' 
nale  ,  une  somme  de  100  francs. 

»  Le  présent  sera  Inséré  dans  la  gazette  de  Gand, 
et  dans  les  çleuïi  Uaguts,  cnyoyi  au  cil.  Sakeisyn , 


iS^  2 


transmis  à  la  màîrie  de  Gand  ,  et  an  ministre  de. 
l'intérieur  pout  leur  inforination.  A        ' 
,    ,  Faili/Gand  ,  Ip  i6  thermidor  an  8.  ' 

:-  Signé,  Faipoult. 

ïl  est  délivré  en  cdnséfjuence  à  ce  bon  citoyen  , 
père  de  dix  enfans  ,  qui  s'est  dévoué  pour  sau- 
ver son  semblable  ,  une  gratification  de  cent  fr. , 
irôp'  faible  rëcoftipe'rise  ;  sans  doute,  Si  on  la  con- 
ïidt're  dominé  vaieuï  ,pji'ais  qui.  rehaussée  par  le 
iiodë  dé  la  présenter,  a  pleinement  satisfait  le 
public  ef'le  bon  S'aWyssyn  ,  plus  iflatlë  de  la 
publicité  (ju'on  doiih'àîr  à  sa  belle  action  que  de 
Ja  gratification  éti  éllé^-tïiémé:  on  a  eu  l'atterition 
dé  le  placer  hoiridrà'bleinéht  daris  l'enceinte  ùVeC 
feii   membiiéà  ;dés'  premières  autorités'.       " 

Ensuite,  |e,. président  du  conseil  de  l'admi- 
iiistration  çle,  l'école  centrale  lait  l'appel  des 
élevés  à  couronner.  Chaque  nom  de  vainqueur 
«si  proclaiiié  au  son  des  instrumens  et  des  fan- 
feres  ;  le ,  pféfet  distribue  à  chacun  d'eux  le 
îrix  qu'il  a  reojporlé ,  et  en  lui  mettant  line 
^).Tanche  de  la'yirjer  à  la  main  ,  lui  donne  l'acco- 
Iide  fraternelle.  Le  même  cérémonial  est  observé 
jjar  le  maire  de  Gand  pourl.s  élevés  de  l'école 
\    gratuite,  de  dessin  de  cette  commune. 

,nj)es  hymnes ,  des  cèants  accompagnés  d'une 
Rol^iqvie  btillarite  contribuent  à  .prolonger  l'en- 
«sSbantement  des  élevés  couronnés  ,  la  saiistaction 
des  parens  et  des  sptena'teurs;  delà  naît  une 
<^ece  (i'extase  ,qui  prépare  le  silence  respec- 
tueux avec  lequel  on<  éié  entendus  les  discours 
du  professeur  de  belles-lettres,  du  préfet  et  d'vin 
des  éleveSi  de  l'écp.le  centrale  ;  ces  discours 
adaptés'  ku  sujet,  ont  produit  sur  les  auditeurs 
une  sensation  généralement  agréable. 
-Lp  cortège  i  dans  le.  même  ordre  .qu'il  était 
iSlitréau  temple,  s'est  mis  en  marche  pour. la 
préfecture  ,  i;ù  ,  par  Les  soins  du  piélet ,  un  ban- 
quet civique  attendait  le  brave  homme  ,  les  pro- 
fo'seiirs  et  les  élèves  qui  avaient  remporté  les  p're- 
ihlers  prix. 

..  Le  repas  a  été  gai ,.  enjoué  ;  il  y  a  régne  un 
epîihchement  naturel  qui  ins'pire,  qui  commande 
mêin.e  la  confiance  réciproque.  On  y  a  porté  les 
toà.sts  sutvans  : 

A  la  prospérité  de  notre  gouvernement  pater- 
nel   qui  sait  employer  des  agens  dignes  de  lui  ! 

,'A(ix  progiès  des  sciences  et  des  ans  ! 
..Aux  professeurs  des  écoles  centrales  qui ,  par 
léûr  zèle  ,  leurs  talens  et  leurs  vertus  ,  travaillent 
à  propager  les  institutions  républicaines  ! 

A  la  jeuiiesse  qui  se  distingue  par  ses  lalens  et 
a^s  vertus  ! 

.  Après  le  banquet,  les  élevés  ont  .été  conduits 
Ml  spectacle. 

Aiinsi  s'est  passée  celte  journée  consacrée  spécia- 
lement à  la  jeunesse. 

Lintéièt  que  le  gouvernement  met  à  protéger 
lès  institutions  destinées  à  l'éducation  ,  doit  en- 
courager de  plus  eh  plus  les  pères  à  envoyer 
léurfe  cnfans  aux  leçons  des  écoles  centrales. 


Gi'toyéiï*  habitaws  de  loir  er  Cher  ,  ag'réeE  ll"ex- 
prÈSsion  de  ma  reconnaissance  et  de  ma  senii- 
ijbilitë  pour  les  marques  de  confiïnte  dont  vous 
m^av'cz  honoré  pendartt  nïa  Courtt  administration, 
et  sur-tout' pour  les  regrets^qti'eii  ce  dernier  rïio- 
ment  v©i3is  avez  bien  voulu'  me  témoigner.  En 
quelque  lieu  de  la  t^îrre  que  le  service  de  la 
répùbliqlie  m'appelle  ,  j'y  porterai  le  souvenir 
éternel  de  votre  attachement  et  de  votre  bien- 
veillance ;  et  mon  dévoueroewt  au  département 
de  Loir  et  Cher  ne  cessera  qu'avec  le  dernier 
soufflç  de  ma  |Vie, 

Le  citoyen  Corbigny  est  entré  de  suite  en  exer- 
cice; des  fonctions  qui  liir  sont.délégiiées  ,  et  a 
dit  : 

C    I   T 


Biois  ,   k   i"  fructider. 

Le  l"  fructidor,  le  citoyen  Corbigriy  ,  appelé 
parle  prerhier  cbnsul  à  remplacer  dans  les  fonc- 
tions dé  préfet  du  département  dé  Loir  et  Cher 
lé  citoyen  Beyts  ,  nomme  cotnmissaire  du  gou- 
vernement près  le  tribiiriàl  d'appel ,  séant  à 
Bruxelles  ,  a  été  installé  dans  cette  qualité.  A  cette 
occasion,  le  citoyen  Béyts  a  prononcé  le  dis- 
cours suivant  : 

Citoyen  s. 

Vous  savez  depuis  lotig-teras  que  le  premier 
cbnsùl  m'appelle  à  d'autres  fonctions.  Aujour- 
d'hui le  citoyen  Corbigny ,  nommé  préfet  du 
département  de  Loir  et  Cher ,  prend  les  rênes  de 
l'administration  ;  et  lé  regret  avec  lequel  je 
jn'éloigne  d'un  pays  que  j'ai  tant  de  raisons 
d'estimer  et  de  chérir,  diminue  lorsque  je  con- 
sidère que  le  premier  magistrat  qui  vous  est 
donné  réunit  éminement  toutes  les  qualités  qui 
peuvent  assurer  votre  bonheur.  Sachez  que  le 
citoyen  Corbigny  a  fixé  le  suffrage  personnel 
du  premier  coqsul;  et  certes  la  confiance  d'un 
homme  tel  que  Bonapartiç  ,  doit  être  au  nouveau 
préfet  un  sûr  garant  d'obtenir  la  vôtre. 

Citdyenî  ,  eiitourézlépfémièT  magistrat  de  votre 
dépancment  du  respfett  qiib  cominande  son  ca- 
ractère ,  et  de  l'amour  que  vous  inspireront  les 
efforts  qu'il  fera  pour  le  bien  général  :  accor- 
diz-iui  votre  coivhance  ;, sans  elle  ,  en  adminis- 
tr^adon  publique  ,  il  n'y  a  point  de  sacçèsv 

Je  recommande  à  tous  les  employés  de  la  pré- 
fecture qiie  je  vois  ici   présens  ,  d'obéir  dès  ce 

moment  au  citoyen  Gorbieny  ,   eh   sa  qualité  de 

T  ,    j  j      I       I- '^  .       .  ,    i""'"»-  ^v-     ..-..V,  ,  vL  aut-iuuL  ue  uotanique .  ont  Eté  rorm^es 

V'^¥  '.^'  'i'^  ""^«^"d^r  I  exécution  de  ses  ordres     en  Europe  ;  l'urte  à  Londres  ,  par  le  respecuble 
arec_ zelis  .  avec  activité  et  av^c  respect.  1  c-i-     -..^:  °.:*^       '=   ics^jci-iduie 


E  N  S, 

Ge  n'est  qu'avec  une  juste  défiance  de  -r«e« 
forces  que  j'ai  accepté  les  fonctions  honorables 
dont  je  suis  chargé  dans  ce  département  :  cette 
crainte  s'«st  accrue  en  voyant  de  prés  l'impor- 
tance et  l'immensité  de  mes  travaux  ,  ainsi  que 
les  laleiis  distingués  de  mon  prédécesseur.  Le 
chef  d'une  administration  supérieure  doit  réu- 
nir à  une  grande  activité  d'esprit,  de  la  netteté 
dans  les  idées  et  de  la  force  dans  le  caractère  : 
toutes  ces  qualités  sont  nécessaires  pour  que  la 
jconce.ptron  et  l'exécution  soient  rapides  et  uni- 
I  formes. 

'  Le  préfet  que  vous  perdez  ,  citoyens  ,  en  avait 
i  puisé  1  heureuse  habitude  dans  l'étude  de  cette 
partie  des  connaissances  humaines  où  l'on  ne 
procède  qu'au  moyen  d'une  méthode  rigoureuse, 
mais  où  chaque  pas  conduit  à  une  vérité  nou- 
velle ,  où  limagination  n'exerce  point  son  em- 
ipire  séducteur  ,  mais  où  la  certitude  de  ce  qu  on 
découvre  attache ,  enchaîne  au  travail  ,  et  fait 
contracter  à  l'esprit  une  rectitude  utile  dans  toutes 
les  circonstances  de  la  vie  ,  et  qui  devient  inap- 
préciable dans  l'administrateur  chargé  de  pro- 
noncer sur  les  intérêts  de  ses  concitoyens. 

Le  citoyen  Beyts  a  ,  joint  à  toutes  ces  qualités . 
un  attachement  sincère  pour  le  département  de 
Loir  et  Cher,  et  ses  efForis  ont  été  constamment 
dirigés  vers  lamélioration  de  votre  sort.  Que  ne 
devait-on  pas  attendre  d'une  administrateur  pour 
qui  ses  devoirs  étaient  des  afFcciions  !  Les  mar- 
ques d'estime  et  d'attachement  qu'il  reçoit  de 
vous  à  I  instant  où  il  cesse  ses  fonctions ,  sont  la 
preuve  la  plus  convaincante  de  la  manière  équi- 
table dont  il  les  a  remplies  -,  et  je  ne  serai  encore 
que  votre  organe  quand  je  l'assurerai  que  ce 
département  conservera  son  souvenir  avec  recon- 
naissance ,  qu'il  se  rappellera  toujours  le  zèle  qu'il 
a  mis  dans  l'organisation  de  Tordre  actuel  des 
choses  ,  et  qu'il,  le  suivra  toujours  de  sa  pensée 
et  de  ses  vœux  dans  la  nouvelle  carrière  qu'il  va 
parcourir. 

Pour  moi ,  citoyens .  ce  n'est  que  dans  la  con 
fiance  dont  vient  de  m'honorer  le  gouvernement, 
dans  l'exemple  que  me  laisse  mon  prédécesseur, 
dans  les  lumières  du  secrétaire -général  et  des 
conseillers  de  préfecture  ,  et  dans  le  zèle  de  tous 
ines  collaborateurs ,  que  je  puis  trouver  des  mo- 
tifs -de  confiance  pour  me  charger  du  fardeau 
qui  m'est  imposé.  Persuadé  que  la  rapidité  est  le 
premier  mérite  de  l'administration  ,  j'ai  la  ferme 
résolution  de  hâter,  malgré  tous  les  obstacles, 
l'ejcécution  des  lois.  Ces  lois  sont  égales  pour 
tous;  tous  aussi  obtiendront  justice,  et  quelles 
qu'aient  été  les  jiuances  d'opinions  antérieures  au 
moment  actuel ,  je  ne  verrai  dans  ceux  qui  obéi- 
ront aux  lois  et  qui  aimeront  la  patrie  ,que  des 
citoyens  ayant  tous  le  môme  droit  à  la  bietiveil' 
lance  de  leur  administrateur.  J'obéirai  en  cela 
aux  instructions  que  j'ai  reçues  du  premier  con- 
sul ;  après  avoir  porté  la  gloire  de  la  république 
dans  plusieurs  parties  du  monde  ,  il  s'occupe 
uniquement  des  mtiyens  d'assurer  le  bonheur  de 
notre  patrie.  Il  sait  que  la  révolution  a  imprimé 
à  tous  les  esprits  un  mouvement ,  une  activité  qui 
produiront  les  plus  heureux  efi'ets  ,  s'ils  sont  di- 
rigés vers  les  différentes  branches  de  la  fortune 
publique.  L'agriculture  ,  les  sciences  ,  les  arts 
mécaniques  et  libéraux  ,  sont  autant  de  carrières 
ouvertes  à  l'industrie  ,  et  qui  présentent  de  riches 
moissons  à  recueillir  ;  entrez-y  avec  courage  , 
citoyens  de  Loir-et-Cher,  et  secondez  le  vœu 
de  la  nature  et  du  gouvernement  qui  vous  appelé 
à  la  prospérité. 

Votre  administrateur  vous  promet  qu'aucune 
espèce  de  travaux  et  de,  sacrifices  ne  lui  coûtera 
pour  être  utile  4  un  déparlement  qui ,  à  dater 
de  ce  jour,  Itii  devient  aussi  cher  que  le  sien 
propre,  et  qtu,  sans  doute  ,  répondra  a  ses  soins. 
Et  se  distinguera  entre  tous  les  autres  par  Son 
obéissance  aux  lois  ,  ainsi  que  par  son  atiache- 
taeat  au  gouvetnenïent  républicain. 


Deux  bibliothèques   de  livrés  d'histoire  natu- 
relle ,  et  sur-tout  de  botanique,  ont  été  formées 


Banks ,  ami  et  compagnon  dé  voyage  du  célèbre 


Oook  ;  l'auire   par  notre  compatriote  liiérit'i|ey,, 
qu'un  .  événement    affreux  vient    d'enlever   à  .  U 
EDciéié  et  à   la  s'crence  qu'il  servait  et  htinoT^t 
également.  Mairrs  complette  peut-être  qii'e'  cféW 
du   naturaliste   anglais  ,  parce   qu'elle  fui   dtUt^^ 
mentée  quelijués'  arihéés    phis    taïd  ,   la   bibfià' 
thtqiie   de  Lhérfiier  est    extrêmement  précieû^i? 
par  l'importante- des  livres  qu'elle   ccrn^ieTit  ;"^ 
plus  erïcore  par  leur  l'éun'ion.    Dans  une  grtthdti 
ville  ,  à  Paris ,  à  Londres ,  il  n'est  pas  trèi-diffiéilè? 
de  former  une  no-mbreuse  biblioiheqtie  ,  et  mêïnèf 
de  la  rendre  riche  en  livres  rares  et  pYecieux.  Jus- 
qu'à un  certain  point ,  il  n^   fant  pouV  cela  Ijirt' 
de  l'bpulence   et   quelqu'itistruttiion  ;    on'  S  W 
rhême  d'es  gens  aSsez  peu  ihstruirs  former  de  ttfà^ 
gnifiqties  bibliothèques,   à    l'aide   de  cOnseillWï 
qui  dirigeaient  le   choix.   Mais    tvop   souvent  c^ 
attiiside  livTes  ne  sont  que  des  cabiners  di  cu'^Hi- 
siiés  ,  au  moins  ilssotlt  s'atrs  rfrtéiêt ,  tomme  bHÎ 
utilité  pour  le  public.  Ge   qui    est   au  ^ontt^re 
d'une  extrême  importance  ,  et  d'un  intérêt  vrai-» 
ment  général  ,  ce  sont  les  bibliothèques  fomi'ééB 
par  des  ho4nraes   que   dirige   un    goût  positif;  et 
dominant ,  sur-tout  lorsqu.ils  réunissent  les  eonrt 
naissances  aux  moyens  d  acquérir.  Aussi  les  bibli.a-i 
iheques  boianiqups  de  Banks   à  Londres  ,  et  de 
Lhéritier  à  Paris  ,  sont-elles  deux  trésors  pour  les 
nations  qui  les   possèdent.  Les   anglais  sont  bien 
péhéilés  de  cette  vérité  ,  et  qclle  de  letir  hâitura^ 
liste  ne  sera  jamais    démembrée.   Il    est   bien   à 
souhaiter   que    notre    gouvernement  -s'empresse 
aussi  de. prévenir  la  dispersion  de  celle  que  laisse 
le  savant  que   nous  regrettons.  Ce  que  des  con- 
servateurs'de   dépôts    publics  ne  pourraient  ras- 
sembler, même  avec  de  longues  années,  se  trouve 
tout  réuni  ;  et  ces   livres   placés    au   muséum   du 
Jardin   des  Plantes  ,  y  feraient  sur-le-champ  une 
bibliothèque  ,  qu'il  serait  désormais  bien  plus  fa- 
cile d'augmenter'quil  ne  l'a  été  de   la    former. 
Cést  isur-toui  pour  une  science  qui  consiste  pres- 
que'entièrement  en  cotinaissances  acquises,  qu'une 
amp'le  réunion  de  livres  est  liécessaire.  Un  poé'tâ 
n'a  pas  besoin,  pour  faire  de  bous  vêts,  d'avôiîr 
à  sa  disposition   une   bibliothèque  complette  -dé 
,poètes  aiiciens  et  modernes. Uneimaginalion  hcu- 
rense  ,  dirigée  par  l'étude  du  petit  tiombfe  des 
grands  modèles .  voilà  ce  qui  enfante   les  chefs- 
d'œuvre.  Mais  il  faut  qu'un   botaniste  connaisse 
tout  ce   qui    a   été  dit  sur  le' sujet  qu'il   traite. 
Veut-il  parler  d'une  plante  ,  d'un  arbre  ,  il  tom- 
bera peut-être   dans  quelque   erreur  ntrisible   et 
fera  une  omission  préjudiciable  dont  il  eût  été 
préservé  ,  s'il  eût  eu  sous  la  main  telle  brochure  , 
telle  pièce  volante  négligée  ,  dédaigtrée  'par  tout 
autre  que  par  celui  qui  l'a  recueillie  pour  servir 
à  Ses  études,  pour  flatter  ses  goût»  partituliér». 
Ne  nous  préparons. pas  des   regrets   inutiles  ,  et 
évitons  la  dispersion  d'une  bibliothèque  qtii  est 
perdue  si   elle   est  démembrée  ;  les  grands  livres 
iront  s'ensevelir  dans  les  cabinets  des  amateui;s , 
et  les  pièces  volantes,  les  écrits  particuliers,  ceux 
qui   représentent  peu  d'écus ,  mais  qui  n'en  sont 
pas  iniatns  la  portion  la  plus  précieuse  de  cette 
collection  ,  seront  éparpillés ,   et   peut  -  être  dé- 
truits en  partie. 

J'ose  espérer  que  le  gouvernement  accueillera  . 
mon  idée,  et  quil  ne  négligera  point  cette  pré- 
cieuse occasion  de  faire  un  présent  aussi  utile 
aux  botanistes  dé  la  France ,  (3u  monde  ep'ti'er. 
Salut  et  considération  , 

Ant.  Aug.  Renouard  ,  lièrairt^ 


Avis  d'un  armement  en  tours»  au  port  de  CataiHi 

Cet  armement  consiste  en  un  navire  briclc.'sors 
tant  du  chantier  ,  des  mieux  construits  ,  de  l'avU 
cje  tous  les  marins  ,  portant  i8  canons  de  quatre 
livres  de  balle  et  de  cent  hommes  d  équip'agfc ., 
muoi  de  lotîtes  armes  nécessaires  pour  la  coirrsé  ,' 
approvisionné  de  vivres  pour  quatre  décades  ,  *« 
l'équipage  payé  d'un  mois  d'avance. 

Ledit  corsaire  pouria  être  mis  en  mer  pour  le 
3o  vendémiaire  prochain  ,  moyennant  la  somme 
de  90,000  Fr.  On  pourra  s'y  intéresser  par  acticrhs 
de  1000  fr.  et  pour  autant  qu'on  le  désirera.  A 
cet  effet ,  011  s'adressera  ,  à  Calais ,  au  cit.  Alex. 
Becquet  ,  inspecteur  de  l'octroi  municipal^; 
désigné  par  une  société  pour  le  seul  armateur 
dudit  corsaire  ,  qui  aura  l'avantage  de  réunir  â^ 
son  brave  équipage  un  capitaine  connu  et  expéw 
rimenté  dans  fart  de  la  navjgatiori  (le  citoyettî 
Hamel,  dit  Rondelle,  de  la  même  commune )|^ 
lequel  se  réserve  -6000  fr,  dintérêt ,  sans  laquelle , 
condition  il  renonce  au  commandement. 


Bourst  du  g  fructidor.  -^  Cours  des  eftts  fùMiti. 

Rente  provisoire t1  fr.  aS  t. 

Tiers  consolidé 3l   fr.' stS  t. 

Bons  deux  tiers. . . . . .  1 . . .  w . . .  i . . .     i  fr»  5;  c. 

fions  d'arréragé. .............  i 84  frv 

Bons  pour  l'an  8 .   86  fr. 

Coupures 64 

S'yndicat , . . .  64  fr. 


A  Pans,  dcl'ittipriMene  du  cît.  Amasse ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevin;! ,  n»  il, 


^v.i  ;i]uOiij  iiiv 


4"  ^'/>v 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


K°  341. 


Primcdi  ,  1 1  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  esc  k-  seul  journal  officiel. 
Il  coii:rsnt  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouveniemenz ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi   que  las  feits  ëc  lei  notions  tant  sur 
«  l'intérieur  que  sur  l'extérieuir,  fournis  par  les.  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles.  ''  1   '^  ■ 

, -        .  .  .,  ,,,'.',.  ....  in ;   .i:l    ,j;tl    .vl 


EXT  E  RI   É  U  R. 

ANGLETERRE. 

Suite  de  lesijuisse  de  t'hisloire   du  sucre,  par  W. 
Falconer. 

JrV  L£X'AN*t)RE  d'AphrodisÉe  paraît,  dans  ses 
écrits,  avoir  bien  connu  le  sucre,  qui  était  regardé 
de  son  tems  comme  une  ptodUction  de  1  Inde.  Il 
dit  que  ce  que  les  indiens  appellaient  de  ce  nom  , 
était  une  espèce  de  miel  extrait  d'un  roseau  ,  res- 
semblant à  des  grains  de  sel  ,  de  couleur  blan- 
che ,  friable  ,  détersif  et  purgatif  comme  le  miel  ; 
mais  qui  ,  bouilli  comme  lui  ,  perdait  un  peu  de 
cette  dernière  qualité  ,  sansriep  pecdre  de  sa  vertu 
nutritive. 

Paul  Eginèie  parle  de  sucie  qu'on  recueillait 
de  son  tems  en  Europe  ,  et  qu'on  apporiait 
aussi  de  l'Aribie  heureuse.  Il  semble  regarder 
dernier    comme     moins     doux    que     celui 


dont  les  ravages   de  l'incendie  avaient   causé    la 
ruine.  ' 

—  On  écrit  deLeipsick,  que  jamais  on  n'y  eût 
l'espoir  d'y  voir  une  foire  aus."!!  njaj^nificjue  que 
celle  de  celle  année,  On  sait  que  cette  foire  est 
comme  le  centre  du  commerce  de  la  librairie. 

— •  La  foire  de  Valenciennes  est  fixée  ,  cette 
année  ,  au   20   fructidor. 

—  La  Gazette  de  France  cite  comme  extrait  des 
papiers  ani^lais  le  fait  suivant.  —  Parmi  les  per- 
sonnes qui  sont  arrivées  à  la  foife  franche  de 
Portsmouili ,  est  le  célèbre  William  Dacres  ,  de 
King's-Cliif,  comté  deNorthampton.il  voyage  avec 
des  marchatidi.scs  de  Tunbridge  ,  chari;ées  sur 
des  mulets  et  des  ânes,  est  it  es -grossière  ment  vêtu 
et  porte  une  barbe  d  un  demi  pied  de  Ion  g.  Il  piraîl 
avoir  environ  40  ans.  Il  a  distribué  à-iieu-près 
800.000  francs  à  son  dernier,  voyage  tians  diffé- 
rentes parties  du  royaume  ,  sans  compter  le  pro- 
duit d'une  ferme  considérable  qu'il  pariage  avec 
les  pauvres  familles  de  son  voisinage.    Il    se  re- 


du    chargement  comme  acquiescée.  et  .consom^ 


produit    en   Europe  ;   mais   il  ifjoute  qu'il    n'est  '  ^V*^  '°"' '    excepté  les  premières  néccsçiiés  de  la 


pas  ,  comme  lui  ,  nuisible  à  l'esiomach  ni  al- 
térant. 

Athmel ,  écrivain  qui,  selon  quelques-uns, 
vivait  vers  l'an  83o  ,  représente  le  sUcre  comme 
flae   chose  très-commune  de  son  tems. 

Avicenne ,  médecin  arabe  ,  pat'.e  du  sucre 
comme  étant  i^.-oduit  par  des  roseaux, Il  le  notinme 
tabaxir  Ou  tabàrtct. 

Il  ne  paraît  pas  qu'aucun  des  auleurs  dont 
j'ai  fait  mention  ci-dessus  ,  connût  la  méthode  de 
V  fabriquer  le  sucre,  en  fesatit  bouillir  le  jus  de 
Is  canne  jusqu'à  consisiance.  Il  y  à  même  lieu 
âe  croire  que  le  sucre  dont  ils  parlent  ,  n'était 
pas  le  produit  de  notre  canne  à  sucre,  mais  bien 
d'une  autre  canne  beaucoup  plus  grande  et  plus 
grosse  ,  à  qui  Avicetine  ,  comme  nous  venons 
de  le  voir,  donne  le  nom  de  tabarzet  ,  et  qui  est 
Yàfundo  arbor  de  Gaspar  Bauhin  ,  le  saccar Mambu 
des  derniers  écrivains  et  l'aruîirfo  Brtintw  deLinnée. 
Celui-ci  rend  un  jus  de  la  douceur  du  lait  ,  et 
souvent  ttne  matière  très-ciislallisée  qui  a  èxacie- 
ment  le  goût  et  l'apparence  du  sucre. 

Qiielques  écrivain.s  disent  que  le  nom  de 
Tabarzet  donne  â  ce  sucrç  ,  dérive  de  celui  d'une 
ville  appelée  Tabarzons.  Le  mol  Tabarzet  signifie 
blanc  ,  et  Ducahse  le  traduit  par  ceux  de  saccar 
album  {  sucre  blanc).  D  Herbelot  ,  Bibliothèque 
orientale,  page  810  ,  dit  que  les  persans  nom- 
Jnaicnt  ainsi  le  sucre  le  plus  crisialisé  et  le  plus 
fâfiné. 

Les  historiens  des  croisades  que  j'ai  compulsés, 
font   une   mention  très-expressé  du  sucre. 

L'auteur  de  l'Histoire  de  Jérusalem  dit  que  les 
croisés  trouvèrent  en  Syrie  certains  roseaux  , 
pommés  Canname'lès  ,  dont  il  apprit  qu'on  fesait 
Wne  espèce  de  m.iel  sauvage  ;  mais  il  ne  dit  pas 
qu'il  ait  vu  de  ce  miel. 

(  Demain  la  fin  de  celte  esquisse.  ) 


vie.  Sa  fortune  qui  esi  à-peu-près  de  200  mille 
francs  de  rente  ,  est  employée  à  soulager  le  mal- 
heur. Dans  sa  recherche  des  individus  sur  lesquels 
il  peut  exercer  son  incomparable  huminiié  ,  il 
n'a  égard  ni  au  pays  ,  ni  aux  opinion§  politiques  , 
ni  à  la  religion  ,  ni  à  I  âge  ,  ni  au  sexe.  Les  in- 
fortunés ,  par-tout  où  il  les  renconire  ,  soni  l'objet 
particulier  de  ses  soins. 

—  La  société  d'agriculture  de  Strasbourg  vient 
de  publier  un  avis  pour  inviter  les  culiivaieurs 
à  semer  ,  après  la  pluie  qui  a  tombé  ,  de  l'avoine 
ou  du  seigle  ou  de  l'orge  vescée.  On  Siit  que  ces 
semences  lèvent  vîtc  ;  elles  donneront  du  fou- 
rage.  La  société  publiera  le  mode  de  le  conserver 
verd  pendant  la  saison  rigoureuse  ,  e.n  le  salant  : 
elle  va  aussi  publier  une  insiruciioo  pour  l'épi- 
zooiie  qui  reconrtmence  à  se  manifesier.  En  aiten- 
dant  ,  elle  tehd  atieniif  à  rompre  toute  commu- 
nication avec  les  bêtes  m.ilades  ,  à  cerner  même 
les  endroits  oii  3e  manlteste  I  épizootie  ,.  et  con- 
seille de  nourrir  tes  bêteS  à  cornes  avec  de  la 
farine  d'orge  mêlée  avec  du  sel  et  de  l'eau  ,  qu'on 
laisse  s'aigrir  comme  du   levain  ,   et  qu  on    mêle 


I  mêlées  avec  ia  paille  ci-dessus  ,  suffisent  pour 
nourrir  et  même  pour  engraisser  une  vache.  Cette 
nouiriiure  augmente  aussi  le  lait,  et  est  un  pré- 
servatif contre  l'épizoolie. 


I     N 


R. 


T     E     R     I     E     U 

Parti  ,  le  10  fruitidor. 

Lé  eapitiine  Riou  ,  rapporteur  au  second  con- 
seil de  guerre  ,  a  c/mr lu  à  la  peine  de  mort  contre 
Legard  ,  Fossard  et  Pupier  .  amnisiiés  et  accusés 
<I'embauch.ii!e  ,  et  à  la  mise  en  hberié  en  faveur 
ée  Gohier.  Fass.ird  est  coniumax.  l.-  cit.  Coilerel 
ê'ih  plaider  pOu/  Legjrd  ,  le  cil.  Dùfriche  Fou- 
Idints  portera  la  parole  pour  Gohier  et  Pupier. 

—  Une  lettre  èetile  de  'WurizboHrg  ,  en  dalç 
dn  9  fructidor ,  et  insérée  au  Jaurnal  de  Paris  , 
aontient  les  faiis  suivans  : 

Le  feu  a  pris  leîithsrmi^lor  à  Markheidenfeld  ; 
il  a  dévoré  deux  maijons  dan.t  l'e.space  de  quatre 
heures.  Grâce  au  zèle  et  à  I  intrépidité'  de  là  r'" 
et  2™°  compagnies  du  3""=  bataillon  de  la  20"'"= 
demi  -brigade  française,  I  incendie  n'a  pas  clé 
aussi  fune.sie  qu'il  .Tuiait  pu  le  devenir.  Ces  braves 
Joldals  ont  travatlté  sans  relâche  jn.'.qu  à  ce  que 
la  flamme  fûi  enliéiement  éteinte.  Leurs  oiSciers 
leur  donnaient  1  exemple.  La  commune  de  Marck- 
heidenfeld  touchée  de  cetie  belle  conduite, 
voulut  en  témoigner  sa  reconnaissance  en  offrant 
anx  capitaines  une  somme  d'argent  ,  pour  être 
distribuée  p.lrnii  les  «oldats  ;  mais  ces  derniers  la 
fluiereUt  «t  répooilircnt  pHr  une  lettre  remplie 
des  sculiniens  les  plus  délicats  ,  qu'ils  desir.iicnt 
que  toit»!  iomme   tti   clis.liiibuéc   aux  infortwnéj 


mee  sans  retpur. 

Examinons  avec  attention  les  éyslêmes  respcc™ 
tifs  des  parties. 

La  recousse  est  le  prerhier'iqotif  à  la  faveur 
duquel  le  capteur  soUtiem^J'a-e;  le  pavire  auiait 
dû  éirc  déchré  de  bonne  prisé-.  Ge  moiiP  ést-il 
justifié  pari  le*  principes,?''       _ ' 

En  matière  de  recOUsse  ,' IT  né  faut' pas  con- 
fondre les  navires  fran'çàis  avec  les  tiavires.  étran- 
gers se  préiendant  neutres.  '  \    ' ''  ,     .    '     "!    ■' 

Un  navire  français  est-il  reçpi^s,  5ur,reon.er»ii 
par  un  autre'  français  ?  .on.doit,,d;8ti,ng,u.er  ,.<ians. 
ce  cas,  s'il  est  recous  pjr  un,,bâtin>eal,  dfe  Viétat 
ou  par  un  corsaire  particitlier. .j ,  _,-^  i;..:i- 

Létal  est  tenu  de  défendre  Jat  personne  «et  la 
propriéié  de  tous  les  citoyens.  Delà  y  un  bâtiment 
de  l'état  qui  jeprend  stjr  l'erinsmi  un  narire  fran- 
çais ,  n'exence  qu'un  acte  .de  prôiectiou  cjui  ne. 
peut  açquéin  à  la  républiqu.e  Iti  propriété  de  ce, 
navire.  Aussi  nos  lois  veulent  que  ,  dans  une 
telle  hy,poib.ese.,  le  navire  soit,  rendu  au  véritable 
propriétaire,  (l)  .  ... 

Il  en  est  autrement  d'ijn  navire  français  recoîi  s 
sur  l'ennemi  par  un  corsaire  particulier.  Corruné' 
c'est  ;  ux  risques  .de  leur,  vie  .et  dfe  leur  fortune 
que  les,  armateurs  particuliers,  se  livrent  .à.. la 
course  ,  on  a  cru  devoir  leur  laisser  la  pro- 
priété du  navire  français  recous,  sur  l'eiine-mi. 
Il  est  pouiiaht  des  armaleurs 'qu'i  ,  après  avoir 
délivré  leur  compatriote  par  leur  courage  ,  l'ont 
rétabli'  dans  ses  droits  p^r  «n  sepiiinent'"  de  jus,- 
fice  et  de  gé|iérosité.  .   '  ', 

La  dernière  guerre,  nous.*  offieMi- à  cet-égarti'; 
des  exemples  qui  honorcrit  la  naiion  ,  et,  gui 
méritent  d'être  encouragés'  [par  Ip  gouvprnç.; 
ment,  (2)  ,  ',.'[' 

Qiiant  aux  navres  étrangers  ?'e  prétendant  neu- 
tres ,  et  recous  sur  l'ennemi ,  soit  par  un  bât,iiijenl 
de  l'état ,   soit  par  des  corsaires  particuliers  .,,.09 
n'acquiert   aucun    droit   sur    ces   navires  ,  pai;,.  Iç 
simple  fait   de    la  recousse.    On  invoquerait  vai^ 
hement  l'ordonnance  de  la  marine  de  ,i68t  et  leî 
lois  intervenues  postérieuremcni.  Toutes  ces  lois 
avec  quinze  ou  vingt  livres  de  paille  d''orge.  Cinq  j  ne    statuent    que    sur  la     recousse    d  un   navire 
livres  de  farine  avec   dix   livres  d'eau  par  jour  ,  |  fiançais  par  un    autre   navire  français;  ,elli;s  son,t 
■"       '    ■  ■"  '  absolument  étrangères  à  l'hypothèse  d'u.n  navir.^ 

étranger  e{  se  prétendant  neutre  ,  recous   par  u,ij 
navire  français.  ,  , 

A  défaut  de  lois  précises,  il  faut  donc  recouiir 
aux  maximes  générales. 

D'après  ces  maximes  ,  un  navire  neutft;' dort 
être  respecté  par  tous  les  peuples.  S'iT  est  ot"' 
primé -par  une  des  nations  belligérantes  ,  ce  n'est 
pas  une  raison  pour  que  les  autres  Se  rentleïi't 
complices  de  celte  oppression  ,  ou  soient  auto'- 
risées  à  la  détourner  à  leur  profit.  De  là  ,  un 
naviie  étranger  se  prétendant  neuire  ,  et  recous 
par  un  français  sur  l'ennemi,  doit  êire  relâché, 
si  sa  neutralité  est  constatée. 

Mais,  dira-t-on  ,  pourquoi  traiter  avec  plus  de 
ménagement  un  navire  étranger  se  prétefidant 
neutre,  qu'un  navire  français? 

La  raison  en  est  sensible.  Dans  la  supposition 
sur  laquelle  les  lois  ont  raisonné  et  sur  laquelle 
nous  raisonnons  nous-mêmes,  le  navire  français 
lo.nbé  dans  les  mains  de  l'ennemi  ,  aurait  été 
perdu  pour  toujours  ,  s'il  n'avait  été  recous  :  con^ 
séquemment<  la  reprise  de  ce  navire  est  une 
véritable  conquête  sur  l'ennemi  même.  S'il  s'agit  v 
au  contraire,  d'un  navire  étranger  se  prétendant 
neutre  .  l'arresiaiion  de  ce  navire  par  l'ennemi  ne 
le  rend  pas  subitement  propriété  ennemie  ,  puis- 
que la  confiscation,peut  n  en  être  pas  prononcée 
par  le  magistrat.  Juscjuaii  jugement  qui  con- 
fisque, le  navire  qui  voyage  comme  neutre,  ne 
perd  ni  son  caractère  ;ni  ses  droits.  Après  1  arres- 
tation ,  il  peut  recouv^rer  sa  liberlé.  Dans  un  pa- 
reil éiat  de  choses  ,  \?.  recousse  de  ce  navire  ne 
saurait  donc  en  faire  passer  la  propriété  dans 
les  mains  du  français  par  lequel  celle  recousse  a 
éié  opérée.  La  que.-tîon  de  ncuiraliic  demeure 
toujours  entière  ;  elle  doit  être  jugée  avam  tout. 

Tel  est  le  laugage  de  tous  les  publicisies  ; 
telle  est  la  coutume  générale  de  touies  les  na- 
,  lions  policée,-'. 


CONSEIL    DES    PRISES 

Décision  relative  à  la  prise  du  navire  la  Statira. 

An     NOM    Dlî    LA    RÉPUBLIQ^UIL  FRANÇAISE. 

Le  conseil  des  prises  ,  établi  jjar  l'arrêié  des 
consuls  du  6  germinal  an  8,  en  venu  de  la 
loi  du  26  ventôse  piécédent,  a  rendu  la  déci- 
sion suivante  ,  entre  le  capitaine  John  Seawards  , 
commandant  le  navire  la  Slalira  ,  sous  pavillon 
américain  d'une  part;  et  les  citoyens  Marc-Antoine 
Erussart  et  Etienne-Jean-julien  Maucrcr  ,  arma- 
teurs du  corsaire  français  te  Hasard  ,  de  Port- 
Mâlo  ,  ensemble  les  capitaine  et  équiiKiges  dudit 
corsaire  ,  d  autre  pan  ;  vu  etc. 

Vu  les  conclusinns  du  commissaire  du  gouver- 
nement ,  déposées  cejourd'hui  sur  le  bureau  , 
et  dont  la   teneur  suit  : 

Le  navire  la  Statira  ,  sous  pavillon  américain, 
fut  recous  sur  un  corsaire  anglais,  par  le  Ha- 
sard, corsaire  français  de  Port-Mâlo  ,  et  conduit 
au  port  de  Perros-Guirec  ,  piés  de  Paimpol. 

Les  tribunaux  qui  ont  déjà  prononcé,  ont  or- 
donné U  confiscation  du  chargement  ,  et  la 
main-levée  du  navire  ,  en  adjugeant  au  capi- 
taine le  fret ,  la  prime  et  une  indemnité  de  io5o  f., 
à  raison  de  5  fr.  par  jour,  et  par  horame  de  son 
équipage. 

Le  capteur  s'était  pourvu  au  tribunal  de  cas- 
sation ,  sur  le  fondement  que  ,  d'après  nos  lois 
françaises  ,  le  navire  devait  être  confisqué  comme 
la  cargaison. 

Le  capitaine  capturé  n'avait  point  réclamé 
contre  les  décisions  par  lesquelles  la  cargiison 
avait  été  confisquée  ;  mais  dans  un  mémoire  im- 
primé ,  qu  il  vient  de  produire  devant  le  conseil, 
il  réclame  et  la  cargaison  et  le  navire. 

Le  capteur  prétend  que  le  navire  n'aurait  pas 
dû  être    relâché  ;  et  il  regarde    li  éônfiscaiion 


(1)  Lettre  du  mitiisice  de  la  marine  ,  du  3(> 
aodi  1779. 

;  2  )  Trotté  des  assurances  ,  par  Emerigon  ,  tome 
1"  >  499-       ; 


Cela  posé  ,  le  navire  la  Statira  n'est  pas  devenu 
conliscable  ^ar  cela  seul  qu'il  a  été  recous  sur 
l'ennemi.  11  laul- laire  ce  qu'auiait  fait  l'ennemi 
lui-même  ,  c'esl-à-dire  ,  il  faut  juger  la  neutralilé. 

te  second  motif  allégué  par  le  capteur  pour 
faire'pronoiucr  la  confiscation  du  navire,  est 
déduit  de  ce  une  ce  navire  po'nail  une  cargaison 
composée  d'objets  prohibés  ou  de  contrebande. 

Ce  nioiif  donne  lieu  à  deux  questions  :  lune 
do  droil  ,  et  1  autre  de  fait. 

I''.n  droit,  la  qualité  du  navire  doit-elle  être 
dtierrainée  par  celle  de  la  cargaison  ? 

En  fait  ,  la  cargaison  chargée  sur  le  navire  ta 
Slatira  ,  consisiait-ene'éir  objets  prohibés  ou  de 
contrebande?-  .  it-,    .        . 

Le  consulat  de  la  raer  décide  ,  i°  quon  peut 
enlever  les  effets  hostiles  qui  se  trouvent  dans  le  na- 
vire neutre^  en  pa;)atit  te  nollis  et  l hj'pothcrjue  due 
au  capitaine;  2°,  que  si,,  dans  un  naviie  enncrrii  , 
il  y  a  des  marchandises  qui  appartiennent  à  des  I 
neutres ,  ort  doii  tes  leur  rendre.  j 

L'ordonnance  de  l543  ,  article  XLli  ,  et  celle  j 
de  ) 58^,  art.  LXlX,pai'alsseni  déclarer  de  bonne 
prise  lenavi:«  liéutrf  qui  contient  des  eâets  hos- 
tiles-, et  loUie  liià'rciiâiidise  qui  se  trouve  dans  un 
navire  ennemi  ,  <]uoiqu'ell«  appariieiifie  à  un 
àroi.  Celle  ligueur  fut  adoucie  par  I4  déclaration 
du  I"  février  i65o  ,  art.  VI  :  &i  aucuhe  prise ,  est- 
il  dit  daa»  cet  ariicle  ,  a  été  faite  par  aucfms  capi- 
taines nos  sujets.....  ùi 'marchandises  qui  se  trou- 
veront apparte-nir  'à  not  amis  ,  atliis  et  sujets ,  seront 
rendues  et  resiiluc4U.  . 

-L'ordonnance  de  ta  marine  ^  titr«  des  prises, 
^ti.  VII  ,  i«tabtit  l'ancienne  sévérité  :  l^tus  navires., 
porte  cet  article  ,  qiù  te  Jrouverent  chargés  d'effets 
appartenant  à  nos  ennemis,  et  Us  marchandises  de 
rtàs  sujets  et  alliés  qui  si  trouveront  dans  un  navire' 
(nrtemi ,  seront  dt  bonne  prise, 

■  Ld  réj^lement  du  «3  juillet  1704  porte,  en  l'ar- 
^cle  V  ,  que  ,  t'ii  se  trouve  sur  le»  vaisseaux 
oei^tre*  des  effet»  appartenant  aux  enner^ls  ,  les 
^aissiau»  et  t«ut  U  chargement  seront  de  bonne 
prise. 

■  -Cette  ligueur  fui  de  nouveau  adoucie  par  le 
•ëglemetM  du  si  octobre  1744,  art.  V  :  ti^S'il  se 
trouve  ,  cst-il  dit ,  >ur  les  navires  neutres  ,  des 
marchandise»  ou  effets  appartenant  aux  ennemis , 
lesdites  marchandises  ou  effets  seront  de  bonne 
prise  ,  *t  néanmeins  tes  navires  retâchés,  i? 

Le  réglemcfrt  du  26  juillet  1778,  art.  I"'  ,  s'ex- 
prime en  ces  termes  ;  x  Fait  défense  sa  majesté  , 
à  tous  araïaieurs  ,  d'ariêter  et  conduire  dans  les 
ports  du  royaunae  les  navires  des  puissances 
neutres  ,  quand  même  ils  sortiraient  des  ports 
CDeelnis  ou  qu'ils  y  seraient  destinés ,  à  l'excep- 
tion toutefois  de  ceux  qui  porteraient  des  secours 
à  des  places  bloquées  ,  investies  ou  assiégées.  A 
l'égard  des  navires  des  étals  neutres  qui  seraient 
chargés  de  marchandises  de  contrebande  destinées 
à  l'ennemi  ,  ils  pourront  être  arrêtés  ,  et  lesdites 
marcliandises  seront  saisies  et  confisquées  ;  mais 
\es  bâtimins  et  te  surplus  de  leur  cargaison  seront 
felâchés ,  à  moins  que'  lesdites  marchandises  de 
contrebande  ne  composent  les  trois  quarts  de  la 
valeur  du  chargement;  auquel  cas,  le  navire  et 
la  cargaison  seront  confisqués  en  entier  :  se  ré- 
(ervaut  au  surplus  sa  majesté  ,  de  révoquer  la 
liberté  portée  au  présent  article  ,  si  les  puissances 
ennemies  n'accordent  pas  le  réciproque  dans  le 
délai  de  six  mois.,  à  compter  du  jour  de  la  publi- 
cation du  présent  règlement.  )) 

La  loi  du  sg  nivôse  an  6  changea  toute  l'éco- 
fiomie  de  ces  dernières  dispositions  ;  elle  ordonna 
<jue  l'état  des  navires  ,  en  ce  qui  concernait  leur 
qualité  de  neutre  ou  d'ennemi  ,  serait  déterminé  par 
leur 'Cargaison  ;  en  conséquence  ,  que  tout  bâtiment 
trouvé  en  mer ,  chargé  en  tout  ou  en  partie  de  mar- 
chandises provenant  d  Angleterre  ou  de  ses  posses- 
sions ,  serait  déclaré  de  bonne  prise  ,  quel  que  Jût 
le  propriétaire  de  ces  denrées  ou  marchandises. 

Mais  la  loi  du  «3  frimaire  an  8  ,  en  abrogeant 
celle  du  29  nivôse  an  6  ,  a  fait  revivre  les  dispo- 
«ilions  du  règlement  de  1778. 

Il  résulte  du  tableau  historique  des  lois ,  qu'elles 
ont  varié  selon  les  mœurs  et  les  circonstances  ; 
que  la  pohtlque  du  moment  a  presque  toujours 
modifié  les  principes  du  droit  politique  ;  qu.e 
dans  nos  tems  modernes  ,  les  réglemens  ont  paru 
constamment  incliner  vers  1  équité  générale  i^et 
que  la  nation  française  peut  s'honorer  d'avoir  eu  , 
dans  la  dernière  guerre  ,  riniiia''ve  des  maximes 
douces  et  généreuses  qui  ont  prévalu,  et  d'avoir 
donné  des  exemples  unies  à  tous  les  peuples. 

Cependant  ,  comme  tout  doit  être  réciproque 
«ntre  les  diverses  nations  ,  on  voit  que  le  légis- 
lateur s'est  toujours  réservé  le  droit  de  devenir 
pkts  sévère  ,  si  les  autres  nations  belligérantes 
•devenaient  plus  jalouses  et  luoins  justes. 

Le  capteur  demande  à  être  jugé  d'après  la  loi 
du  ag  nivôse  an  6.  Il  soutient  que  c'est  sous  l'era- 
pire  de  celte  loi  qu'il  s'est  livré  aux  enireprises 
périlleuses  de  la  course  ,  et  qu'il  a  lart  la  crvpture 
du  navire  là  Statira.  Les  lois  et  les  réglemens  , 
dit-il,  ne  peuvent  point  avoir  d'effet  rétroaclif, 
;D^attire  paît,  le»  citoyens  ne  sont  pas  juges  des 


'       «574 

lois;  41  importe  donc  fort  peu  que  Ton  vienne 
argumenter  des  vices  ou  des  suites  funestes  de  la 
loi  dit  29  nivôse  ;  mon  droit  était  acquis  avant 
l'abrogation   de   ceiie  loi. 

Sans  examiner  le  degré  de  fofce  et  d'autotsié 
que  l'on  doit  accorder  à  la  loi  du  ag  nivôse,  je 
dirai  qu'en  général  les /Véglemcns  de  la  course  , 
qui  ne  portent  qu'improprement  le  nom  de  lois  , 
et  qui  par  eux-mêmes  sont  eS|Seniiellcnicnt  varia- 
bles , /»«  temjioribus  et  causis  ,  sont  toujours  sus- 
ceptibles ,  dans  leur  application  ,  d'être  tempérés 
pat  des  vues  de  sagesse  et  d'équité.  .J'ajouterai 
qu'eu  exécuiant  des  réglemens  d'une  extrême 
rigueur  ,  il  faut  plutôt  les  restreindre  que  les 
étendre  ;  et  que  ,  dans  le  choix  des  diveis  sens 
dont  ils  peuvent  être  susceptibles  ,  on  doit  pré- 
férer celui  qui  est  le  plys  favorable,  à  la  justice 
et  à  la  liberté.  Le  droit  ne  naît  pas  des  réglemens; 
mais  les  réglemens  doivent  naître  du  droit.  Con- 
séquernment  ,'les  lois  ou  les  règles  particulières 
doivent  toujoui^s 'être  exécijtéës  de  la  manière  là 
plus  conforme  aux  principes  de  la  raison  uiii- 
verjelle  ,  surtout  dans  les  matières  appartenant 
au  Oroit  des  gens  ,  dans  lesrjuelles  les  législateurs 
se  sont  loujours  glorifiés  de  n'être  que  les  respec- 
tueux interprètes  de  la  loi  naiurelle. 

La  loi  du  sg  nivôse  veut  que  la  qualité  du 
navire  neutre  ou  ennemi  soit  déterminée  par  celle 
de  la  cargaison  :  elle  ajoute  que  tout  bâiiment 
'chargé  en  tout  ou  en  partie  de  marchandises  prove- 
nant d' Angleterre  ou  de  ses  possessions  ,  est  de  bonne 
piise.  Mais ,  comment  doit-on  entendre  les  mois  , 
en  tout  ou  en  partie  i~ïom  doute  est  résolu  ,  si  le 
chargement  est  composé  en  entier  de  maichan- 
dises  prohibées  ou  de  contrebande  ;  mais  si  les 
marchandises  prohibées  ou  de  contrebande  ne 
composent  qu'en  partie  le  chargement  ,  qu'elle 
règle  faudra-t-il  suivre  .•* 

Le  règlement  de  1778  ne  confisquait  le  navire 
et  la  cargaison  entière  que  lorsque  les  objets 
de  contrebande  excédaient  des  trois  -  quarts  la 
valeur  du  chargement.  La  loi  du  29  nivôse  ne 
fixe  aucune  quotité  déterminée  :  elle  ne  donne 
aucune  mesure  ;  elle  se  borne  à  dire  que  le 
navire  et  la  cargaison  sont  de  bonne  prise,  quand 
celte  cargaison  ,  en  tout  ou  en  partie  ,  est  d'une 
natuie  prohibée.  Mais  la  loi  n'est  jamais  pré- 
sumée vouloir  des  choses  absurdes.  En  in- 
terprétant les  lois  ,  on  doit  ,  par  respect  pour 
elles  ,  éviter  de  leur  prêter  un  sens  que  la 
raisf.n  désavouerait.  Or  ,  il  serait  certainement 
absurde  de  croire  que  la  loi  du  29  nivôse  n'ayant 
déteiminé  aucune  quotiié  ,  une  portion  impet' 
ceplible  d'une  matière  prohibée  ou  de  contre- 
bande pût  servir  de  prétexte  à  la  confiscation 
absolue    d'un  navire  et  de  son  chargement. 

Il  existe  des  principes  connus  pour  l'inierpré- 
tation  des  lois  ;  la  raison  civile  ne  permet  pas 
de  penser  que  ,  dans  les  cas  où  la  loi  parle 
d'uite  quotité  quelconque  dont  elle  ne  fixe  pas 
la  mesure  ,  on  puisse  suppléer  à  la  loi  par  des 
appréciations  ou  des  hypothèses  dérisoires.  En 
termes  de  jurisprudence  ,  peu  est  considéré 
comme  rieu,  parum  pro  nihito  habetur.  Consé- 
quemmenl,  lorsque  la  loi  se  sert  des  mois  ,  en 
tout  ou  en  partie  ,  on  doit  supposer  qu'elle  a 
entendu  quil  faut  le  tout  ou  du  du  moins  une 
partie  assez  considérable  pour  obtenir  quelque 
iinpotrance  auprès  de  tout  esprit  juste  et  raison- 
nable. 

je  suis  donc  autorisé  à  conclure  que  ,  même 
d  après  la  loi  du  29  nivôse  ,  un  navire  et  son 
chargemerît  ne  sont  et  ne  peuvent  être  exposés 
à  la  confiscation,  qu'autant  que  les  eftets  pro- 
hibés ou  de  contrebande  qui  se  trouvent  à  bord, 
s'élèvent  à  ufie  quantité  capable  de  faiff  im- 
pression ,  et  de  faire  naître  de  justes  présomp- 
tions de  fraude  contre  tout  le  reste  du  char- 
gement. Quelle  sera  donc  cette  quantité  ?  par 
cela  seul  que  la  loi  ne  la  détermine  pas  .  elle 
l'abandonne  à  l'équiié  du  magistrat  ,  c'est-à-dire  , 
à  cette  sagesse  éclairée  qui  explique  la  loi  lors- 
qu'elle est  obscure,  la  supplée  lorsqu'elle  est 
insufifisante  ,  la  corrige  lorsqu'elle  est  impar- 
faite ,  et  sans  laquelle  l'exercice  de  la  puissance 
de  juger  ou  d'administrer  deviendrait  impos- 
sible. 

En  fait .  il  faut  donc  examiner  aciuelleroent  la 
nature  de  la  cargaison  trouvée  à  bord  du  navire 
la  Statira. 

Il  résulte  des  pièces  .  qu'il  y  avait  à  bord 
soixante  barils  de  lérébenihine  et  quarante  barils 
de  goudron.  Le"' capteur  a  présenté  ces  objets 
comme  objets  de  contrebande.  Le  capturé  a 
soutenu  que  ,  d'après  le  fraité  de  commerce  et 
d'amitié  passé  en  1778  entre  la  France  et  les 
atnéricaiAS  ,  le  goudron  et  la  térébenthine  n'é- 
taient point  énoncés  dans  la  classe  des  matières 
prohibées  ou  de  contrebande. 

Je  conviens  que  le  traiié  de  1778  n'a-point  placé 
la  térébenthine  et  le  goudron  dans  le  nombre  des 
maiieres  protiibées.  Mais  nous  lisons  d^ns  ee 
traité  ,  que  le  gojivernement  français.et  les  Etats- 
Unis  s'engagent  mutuellement  à  n'accorder  aucune 
faveur  particulière  à  d'autres  nations  en  fait  de 
commerce  et  de  navigation  ,  qui  ne  devienne  aussitôt 
commune  à  l'autre  partait.  Les  américains,  en  trai- 


tant postérieurement  avec  l'Angleterre  *  n'ont 
donc  pu  consentir,  envers  les  anglais,  à  con- 
sider  le  goudron  comme  matière  de  contre- 
bande ,  sans  qu-'ausùtôt  la  même  chose  ne  soit 
devenue  commune  avec  la  Fra;;ce.  Sans  cela  , 
les  anglais  auraient  un  avantage  que  nous  n'au- 
rions pas  ;  et  c'est  ce  qu'on  a  voulu  prévenir 
par   la  clause  que   nous  venons  de  rapporter. 

L'arrêté  du  directoire  ,  du  12  ventôse,  affirme 
le  point  de  fait,  c'est-à-dire,  .il  affirme  que  les 
américains  ont  consenti  ..  envers  les  anglais-,  à; 
s  interdire  ,  comme  contrebande  ,  le  iianspprt 
du  goudron.  Donc  nous  Sommes  autorisés ,  par 
le    traité    de  ^778,   à  jouir  du  même  avantage. 

Il  .est  donc  incoutest,ible  que  le  ^goudroti  , 
chargé  à  bord  du  navire  la  Statira,  est  marchan- 
dise  prohibée. 

Le  chargement  de  cette- marchandrée  iie  paraît 
justifié  par  aucun,  connaissement  :  ce  défaut  de 
connaissement  est  un  indice   de  fraude. 

Mais  le  goudron  ,  trouvé  à  bord  du  navire  la 
Statira  est  une  poition  trop  légère  du.  .charge- 
ment de  ce  navire  ,  pour  pouvoir  en  motiver 
la  confiscation,  même  d'après  la  loi  du  .  29 
nivôse.  

On  allègue  ,  en  second  lieu  ,  que  deux  mille 
neuf  cents  onze  pièces  de  bois  de  carapéche  ». 
chargées  sur  lé  navtre  la  Stiitira  ,  sont  dil  crft»  'j 
des  possessions  anglaises.  On  étaie  celle  allègar,- 
lion  sur  un  rapport  d'cxpcris,  auquel  on  a  fait 
procéder.  Mais  ce  rapport  a  été  regardé  comme, 
irrégulier  par  le  tribunal  civil  du  déparlement 
des  Côies-du-Nord.  Lecapteur  y  fait  procéder, 
sans   appeler  le  cap  uré. 

Il  ne  paraît  pas  que  les  experts  aient  opéré  en 
venu  de  l'autorité  du  juge  compétent.  Le  rapport 
dont  il  s'agit  ne  peut  donc  être  regardé  .que 
comme  un  sitiiple  document ,  un  simple  mémoire 
qui  peut  instruire  le  magistrat,  mais  quj  ne  sau- 
rait enchaîner  sa  conviction. 

Ce  qui  est  certain  ,  c'est  que  la  destination  de 
tou^  le  chargement  était  pour  Londres.  On  avoue 
que  celte  circoni.tnce  ne  suffit  pas'jiour  légitimer, 
la  prise  ,  et  qu  elle  ne  doit  servir  qu'à,  nous 
rendre  plus  attentifs  et  plus  soupçonneux  sur  la' 
conduite  et  les  procédés  du  capturé. 

Je  ne  puis  dis.simuler  au  conseil  ,  qu'après  le 
jugement  du  tribunal  de  commerce  dePairppol, 
ponant  confiscation  du  chargement,  le  capturé 
n'a  point  appelé  de  cette  disposition  ,  et  que  l'af- 
faire n'a  élé  portée  au  tribunal  d'appel  que  par  le 
capteur,  qui  se  plaignait  de  ce  que  le  navire 
n'avait  pas  élé  confisqué.  Le  tribunal  d'appel 
ayant  confirmé  le  premier  jugement  ,  je  dois  ob- 
server encore  que  c'est  le  capteur  seul  qui  s'est 
pourvu  en  cassation.  Cette  indifférence  du  cap- 
turé ,  ce  silence  constani  de  sa  part  sur  des  juge- 
mens  qui  lui  éiaientplus  défavorables  qu'au  cap- 
teur ,  jettent  des  soupçons  sur  la  nature  et  la.  vé- 
ritable destination  du  chargement.  On  peut  même 
dire  que  le  capturé  a  sanctionné  ,  par  son  acquies- 
cement au  moins  tacite  ,  toutes  les  prononcia- 
tions contre  lesquelles  il  n'a  pas  réclamé  dans  Içs 
délais  de  droit. 

Mais  cela  peut-il  influer  sur  le  navire  qui  .est 
constaté  évidemment  neutre  par  les  pièces  jde 
bord? 

je  pense  qu'il  y  a  assez  de  circonstances  poUl" 
mettre  le  capteur  à  l'abri  du  paiement  de  toute 
indemnité  quelconque.  La  recouss'e  suffirait  pouf 
autoriser,  sinon  la  confiscation  entière  du  navire,' 
du  moins  son  arrestation.  Les  marchandises  de 
contrebande  trouv1;es  à  bord  ,  quoiqu'en  petite 
quaniité  ,  les  nuages  élevés  sur  l'origine  du  bois 
de  campêche  ,  la  .destination  de  tout  le  charge- 
ment pour  Londres  ,  pouvaient  faire  naître  des 
doutes  raisonnables  sur  l'application  des  principes 
qui  existaient  alors  ;  et  conséquemment  la  con- 
duite rigoureuse  du  capteur  n'a  point  été  saijs 
cause  et  sans  motif  ;  le  capturé  ne  peut  imputer  ^ 
qu'à  lui-même  tout  ce  qu  il  a  souffert.  Mais  pour 
la  confiscation  absolue  du  navire  ,  il  faudrait 
quelque  chose  de  plus  ,  même  d'après  la  loi  du 
29  nivôse  :  il  faudrait  qu'une  partie  considérable 
de  La  cargaison  eût  élé  évidemment  composée 
d'objets  de  contrebande  ou  de  marchandises  pro- 
hibées. Or,  si  l'on  excepte  le  goudron  ,  qui  ne 
formait  qu'une  bien  mince  portion  du  charge- 
ment ,  tout  le  reste  n'a  élé  déclaré  de  bonne  prise 
par  les  tribunaux  devant  lesquels  l'affaire  a  été 
i  portée  ,  que  par  des  circonstances  qui  ne  pou-  ] 
valent  avoir  aucune  influence  contre  la  neutralitéi  I 
prouvée  du  navire. 

Il  serait  difficile  ,  sur  ce  poin^  ,  d'être  plus  ri- 
goureux que  les  juges  qui  ont  déjà  prononcé  ,  et 
qui  étaient  dans  habitude  d'appliquer  avec  une 
extrême  rigueur  des  principes  infiniment  rigou- 
reux. 

En  discutant  la  question  relative  au  navire  ,  j'ai 
discuté  celle  concernant  la  cargaison  ;  puisque, 
par  le  silence  du  capturé  ,  l'une  se  trouvait  liée 
à  l'autre.  Je  crois  donc  avoir  mis  sous  les  yeux 
du  conseil ,  toutes  les  observations  qu'il  pouvait 
attendre  de  moi. 

En   cet  état ,  je   conclus   à  la   confiscation   de 


l'entier  cbargenicnt,  et  à  la  main  -  levée  duDa-j  3 10,000  liy.  st.,  ou  7,440,000  fr.  ;  en  faiix  billets,  :  France,  aîns!  que  la  différence  de  nos  iostituiion» 


vire  ;   le  capteur  demeurant  déchargé    du   paie- 
ment de  toùie  indemniié  (Quelconque. 

Délibéré  à   Paris,   ce    5    tliermiilor,  an  8   de 
}i  république  française  ,    une  el   indivisible. 
Signé ,  PoRTÀLis. 

Ouï  le  rapport  du  cjtoyen  Niou  ,  membre  du 
conseil  ;   tout  vu  et  considéré  , 


escrof[i4erics  25o,ooo  liv.  si.  ,  ou  6,000,000  francs. 
Toial  2,000,000  sierl.  ,  ou  48  millions  de  France. 

Ce  biigandage  est  facilité  par  les  moyens  que 
trouvent  ceux  qui  le  commettent,  de  se  défaire 
des  objets  volés.  M.  Cplqulioun  remarque  qu'il  y 
a  Loudies  trois  raille  petites  boutiques  ou  lieux 
connus  pour  acheter  à  vil  prix  et  presque  pour 
rien  de  toutes  personnes  ,  Ifs  efftis  volés  «ju  on 
.Le  conseil.,  faisant  dro.it  sur  le  toiit  ,  en  ce  quijjf"''.  =>PPOfle-  Une  aiitre  cause  de  vol  public  est 


concerne  le  navire  la  Statira  .  fait  main  -  levée 
pure  et  simple.du  corps  dudit  navire  au  capiiaine 
John  Scawards  ;  ordonne  eu  conséquence  qu'il 
Jùi  sera  restitué  avec  ses  a^iés  ,  ustensiles  et 
apparaux  ;  le  tout  sans  aucun  fret  ni  indemnité 
quelconque. 

Età  légard  du  chargement  dudit  navire  la  Stalira, 
décide  que  la  prise  est  boiii;e  et  valable  ;  en  consé- 
quence, adjuge  au  proBt  des  armateurs  et  équipages 
du  corsaire  le  Hasard,  de  Port-Malo,  toutes  les  mar- 
chandises composant  ledit  chargement  ,  sauf  les 
droits apparienanl  aUxinvalidesde  laraàrine;  pour 
le  tout  ,  si  fait  n'a  été  ,  êuÊ  vendu  aux  formes  et 
ck.  la  manière  pies.ctijes  par  les  lois  et  le  règle- 
ment sur  le  fait  des  prises,  et  le  produit  remis 
auxdits  armateurs  et  équipages  ;  à  quoi  fair'e 
lÔQS  gardiens  ,  séquestres  et  dépositaires,  seront 
contraints  par  toaies  voies  dues  et  raisonnables  , 
même  par  corps  ;  quoi  fcsant ,  ils  en  seront  bien 
et  valablemeni  quities  et  déchargés. 

Faille  6  thermidor , -an  8  de  la  répiiblitjue  fran- 
çaise ,  une  et  indivisible.  Présens  les  citoyens 
Kedon  , président;  Niou  ,  Lacoste  ,  Morèau.  Ba- 

RENNES  ,  MONTtGNY-MONPLAISIR  ,  DUFAUT,  PaR- 

sÊVAL  -  Gramdmaison  .  Toubnachon,  tous 
membres  du  conseil  des  prises,  séant  à  Paris, 
maison  de  1  Oratoire. 

Au    NOM  DE    LA    RÉPUBLIQUE  FRANÇAISE,   il  est 

ordonné  à  toa.«  huissiers,  sur  ce  requis ,  de  mettre  la 
présente  décision  à  exécution  ;  à  tous  comman- 
dans  et  officiers  de  la  force  pnblique,  de  prêter 
main-foite  lorsqu'ils  en  seront  légalement  requis; 
et  aux  con^missaires  du  gouvernement  près  les 
tribunaux,  d'y  tenir  la  main. 

En  foi  de  quoi  ladiie  décision  a  été  signée  par  le 
Pjiésident  du  conseil  et  par  le  rapporteur. 
Par  le  conseil  : 
Le  secrétaire-général ,  signé  Galmelet. 


De  la  police,  de  Londres. 

,  On  ne  peut  se  défendre  de  quelque  surprise  , 
en  voyant  u-ne  des  premières  villes  du  monde 
long-lems  privée  des  moyens  de  police  aux- 
quels on  est  ailleurs  habité  à  attribuer  la  tran- 
quillité  cl  le  maintien  de  l'ordre  public  ? 

Jusqu'en  1798  ,  que  sur  le  rapport  d'un  co- 
iciié  nommé  ad  hoc  ,  le  parlement  autorisa 
l'établissement  dune  nouvelle  magistrature  de 
police  ,  Londres  ne»  connaissait  point  d'autres 
que  celle  des  juges  de  paix  et  de  quelques  offi- 
ciers publics  ,  dont  les  fonctions  se  réduisaient 
a   empêcher   les    rixes  ,   à   arrêter   les  coupables 

Î>ris  en  flagrant  délit,  et  à  les  conduire  devant 
£S  juges. 

A  cette  époque  ,  le  gouvernement  crut  avoir 
des    motifs  pour   solliciter   des    réglemens    d'un 

Îiouvoir  plus  étendu,  et  Te  parlement  accorda 
es  fonds  nécessaires  aux  dépenses  de  ce  nou- 
veau régime. 

Quclqu'aversion  que  l'on  puisse  avoir  pour  les 
formes  arbitraires  de  la  police  de  stueté  ,  quelque 
doute  que  l'on  soit  dispo^é  à  adopter  sur  l'étendue 
«t  l'utilité  du  droit  de  prévenir  les  délits  par  la 
surveillance  des  individus,  on  doit  cenvenir  que 
lé  brigandage  ,  les  vols  ,  les  escroqueries  ,  étaient 
Jiaivenus  à  un  tel  point  dans  cette  grande  ville  , 
^u'on  ne  voit  point  comment  elle  aurait  pu  se 
passer  encore  loog-tems  des  iiouvelles  mesures 
autorisées  pour  les  réprimer. 

C'est  sur-tout  à  M.  Colquhoun  que  Londres 
doit  cette  amélioration  dans  son  administration. 
Ce  magistrat  recueillit  ,  avec  un  soin  particu- 
lier ,  il  y  a  4  ou  5  ans  ,  tous  les  documens  qui 
pouvaient  éclairer  ses  concitoyens  sur  les  désor- 
dres qui  les  environnaient.  Louvrage  qvil  com- 
posa pour  cet  objet,  sous  le  titre  de  Traité  de 
là  police  de  la  Métropole,  inspira  le  plus  grand 
intérêt,  et  eut  six  éditions  de  suite. 

On  y  voit  avec  éionneraent  l'énormilé  des  vols 
et  des  brigandages  qui  se  commettent  annuelle- 
ment à  Londres  ;  et  les  étals  que  M.  Colquhoun 
en  donne  ,  pourraient  paraître  douteux  ,  s'ils 
néiaiciii  piS  gaianiis  par  le  caractère  de  l'auteur 
et  lauiheniiciié  des  souices  d  où  il  les  tire. 

Les  simples  vols  et  lilouteries  ,  qui  se  cOra- 
meiicrit  dans  les  boutiques  ,  dans  les  magasins  , 
dans  les  maisons ,  s  éUvent  a  une  valeur  de  7  10,000 
liviCi  sicil.  annuellement ,  c'est-à-ditc  ,  17,040,000 
francs;  ceux  ijui  ont  lieu  sur  Ica  rivières,  les 
quais  ,  les  chantiers  et  sur  la  Tamise  ,  à  45o,ooo 
livre»  stcrl.  ,  c'est-à-dire  ,  10,800,000  francs;  vols 
avec  effraction  et  sur  les  grands  chemins  piès  d 
Londres,  !i8o,ooo  1.  st.  ,  c'est-à-dire,  6,710.000  ft.; 


l'existence  d'espèce  d'agioteurs  de  monnaies  .,  chez 
qui  IfS  cocheis  ,  les  brocanteurs  ,  les  juifs  .  las 
dOracsticjues  ,  les  femmes,  des  hjllcs  trouveijl  a, 
cent  pour  cent  de  bénéfice  des  pièces  de  petite 
monnaie  au-de'ssous  du  titre'.  Enfin  ,  une  grande 
occasion  de  désordre  et  de  provocation  au  vol  , 
ce  sont  les  maisons  de  jeux.  Les  sommes  qui  s'y 
versent  annuellement  s  élèvent  à  7,2a5,ooo  liv.  st. , 
ce  qui  ,  joint  à  3,i35,ooo  liv.  stcrl.  jouées  en  assu- 
rances Irauduleuses,  fait  10,460,000  liv.  s;erl. ,  ou 
251,040,000  fr.  ,  lésullat  supérieur  au  revenu  de 
plusieurs  grands  états  de  l'Europe. 

M.  Colquhoun  observe  qu'il  n'est  pas  étonnant 
qu  il  y  ait  à  Londres  une  si  grande  énormité  de 
larcins  sur  la  propiTété  mobiliaire  ;  elle  y  est 
excessive.  Pour  en  donner  une  idée  ,  il  fait  l'es- 
timaiion  des  objets  que  le  commerce  de  terre 
et  celui  de  la  Tamise  offrent  à  la  consommation , 
à  l'industiie  ,  aux  opérations  raeicaniiles  de  celte 
grande  ville.  Tant  en  objets  importés  ,  qu  ex- 
portes ,  la  Tamise  présente  ,  depuis  quehjues 
années  ,  une  valeur  aimuelle  de  60,597,989  liv.  st. 
ou  1,454,351,736  francs  ;  et  le  commerce  par  voie 
de  terre  10,000,000  liv.  st.  ou  240,000,000  fr. 

Mais  une  chose  qu'il  est  inutile  de  remarquer  , 
c  est  que  l'expérience  a  prouvé  que  le  nombre 
des  vols  qui  se  commettent  sur  la  Tamise  est 
prodigieusethent  diminué  depuis  la  nouvelle 
police  marine  adopiée  dans  cette  vue.  On  voit  en 
enet  que  les  vois  sur  les  seules  denrées  colo- 
niales s'étaient  élevés  à  25o,ouo  liv.  st.  en  1797, 
et  que  depuis  ils  n'ont  pas,  dépassé  1 1 1 ,000  1.  st. 

Doil-on  regarder  comme  un  défaut  de  police 
ou  une  preuve  de  l'habileté  des  voleurs  ,'le  petit 
nombre  de  gens  arrêtés  et  condamnés  ,  en  pro- 
portion des  délits  de  vols  qui  se  commettent  à 
Londres  ?  c'est  ce  qui  ne  paraît  pas  aisé  à  déci- 
der ;  ce  qu'il  y  a  de  sûr,  c'est  qu'en  1794  le 
nornbre  des  personnes  conduixes  dans  les  prisons 
de  Londres  a  été  de  7  187  ;  sur  ce  nombre  ,  4462 
ont  été  déchargées  d'accusation  et  élargies  ;  106 
déportées  ;  216  envoyées  pour  servir  sur  les  vais- 
seaux du  roi  ;  1282  renvoyées  dans  leurs  paroisses 
respectives;  61  condamnées  à  mort  ;  le  reste  à 
une  détention  plus  ou  moins  longue.  On  voit 
aussi  ,  par  un  extrait  du  rapport  de  la  chambre 
des  communes,  que  de  1787  à  1797  inclusive- 
ment,  5858  personnes  ,  hommes,  femmes,  en- 
lans ,  ont  été  déportées  à  la  Nouvelle-Galles  et 
à  l'île  de  Norfolk.  Les  dépenses  pour  le  trans- 
port de  ces  condamnés  oiit  été  de  870,887  liv. 
sterling. 

L'état  des  pauvres  est  encore  un  des  objets 
qu'embrasse  M.  Colquhoun  dans  son  ouvrage.  Il 
propose  des  moyens  de  les  soulager  aux  moin- 
dres frais  possibles.  Aujourd'hui  ,  outre  les  cha- 
rités particulières  ,  on  levé  à  Londres  700,000  liv. 
sterling  ou  16.800,000  francs  pour  cet  objet  , 
auxquels  sont  encore  employés  d'anciens  revenus 
de  la  valeur  de   i5o,ooo  liv.  sterling. 

Après  avoir  parlé  des  causes  qui  peuvent  trou- 
bler les  citoyens  dans  lajouissance  de  la  propriété  , 
l'auteur  entre  dans  les  détails  de  celles  qui 
affectent  les  mœurs.  Nous  ne  chercherons  point 
à  discuter  ici  jusqu'à  quel  point  telle  ou  telle 
opinion  de  l'auteur  peut  mapqiier  à  cet  égard  de 
de  justesse  ou  de  justice;  nous  nous  bornerons 
à  faire  connaître  le  résultat  du  tableau  de  la  pros- 
titution  de  Londres. 

Cette  ville  a  bien  près  de  900.000  individus  , 
parrni  lesquels  se  trouvent  par  conséquent  en- 
viron 450,000  femmes.  M.  Colquhoun  estime  que 
sur  ce  nombi'e  ,  il  y  en  a  5o,ooo  liviée's  à  la  pros- 
titution. C  est  uri  neuvième.  Il  les  partage  en 
quatre  classes. 

La  première  classe  est  composée  de  femmes 
qui  ont  été  bien  élevées  ,  et  leur  nombre  n'excède 
pas  2000  ;  la  seconde  ,  dé  femmes  au-dessus  de 
letat  de  domestiques  à  gages  ,  3ooo;  la  tr'oisiemé, 
de  femmes  qui  ont  été  domestiques  et  vivent 
uniquement  de  prostitution  avouée  ,  20.000  ;  la 
quatrième  classe  est  composée  de  femmes  de 
différentes  professions  dans  là  société  ,  et  qui 
vivent  en  partie  de  prostitution  ,  avec  des  hommes 
avec  qui  elles  ne  sont  point  mariées,  «5,000. 
Total  5o,oso. 

Nous  n'étendrons  pas  plus  loin  l'extrait  de  cet 
ouvrage  qui  nous  a  paru  intéressant  ,  non-seule- 
ment sous  le  rapport  de  faits  semblables  à  ceuit 
que  nous  venons  de  rapporter  ,  mais  encore  par 
les  grandes  vues  qu'il  coriiient  sur  la  police  01  la 
manière  de  considérer  cette  importante  partie  de 
l'ordre  public.  Aussi  avons-nous  pensé  qu'il  y 
aurait  de  l'utilité  non-seulement  à  traduire  en 
français  cet  important  ouvragé  ,  mais  encore  à 
l'accompagner  de. notes  et  d'obseivaiions  propres 
à  faire  connaître  jusqu'à   quel  point  les  vœux  de 


et  de  leurs  résultats,  aux  institutions  et. aux  résid-> 
lats  analogues  chez  les  anglais. 

Ce  travail   que   nous   avons   déjà   commeticé  -, 
nous  espérons   le   terminer  sous   peu  ;  mais   VHn 
conçoit  que  pour  lui  donner    IC' degré    d'utilité 
qu'on   doit  en  attendre,   il  faut   de   grandes  re- 
cherches ,  beaucoup  de  rappiochemens  ,  el  l'exa- 
meri  approfondi  de  plusieurs   faits  qui  ,n,c  nous 
paraissent   pas   a.ssez   constatés    chez   nous  ,pO(iï, 
(levenrr  utr,(eim>;  de  coinpaiials'O.ii. 
I   Et)  attendant  quç  nous  ayons  pu  atteindre  ce 
!  but:;'rtous  ferons  ■(/oihlJtitre'par  un  second  extrait 
j  détaillé  ,  un  autre  ouvrage  4^  M,  Colquhoun  sur 
I  le  commerce  et  la  police  mai ine  de  la  Tamise,   qu'il 
J  a  publié  if  y  a  six  mois',  et  qui  contient  des  laSis 
de  la  plus  grande  inst;uctio:!.  Pf.ucHET.^ 


Tableau,  statistique  des  pap  ecclésiastiques. en  SçMdbe 
et  tranconie. 

L'ÉvÊCHÉ  de  Wurtzbourg.  —  Production  :  du  blé 
abondamrhent  ,  de  Itèsrbons  vins  ,  des  fruits  ,  dés 
pâliirages ,  (jUantiié  de  bons  cheVaUx  ,  des  salines, 
du  bois  ,  du  chai  bon  de  teiie  ,  du  marbre  ,  des 
eaux  rainéral',-s.  —'Etendue  :  270  li;-ues  (de  25  au 
degié  j  quanées.  ^-  l'opdlatiun  :  260.000  aiiieS.  — 
Revenus  du  prince-évéque:  I,i3o,doo  tloi^.  Qiielqùes 
auteuis  portent  cette  somtnc  à  i,5oo,ooo  il.  ,  mais 
c'est'sans  doute  en  y  ajoutant  les  revenus  du  cha- 
pitre. —  Militaire  :  looo  liorarties.  -^  Places  fortes  : 
le  château  de  Marienbe'rg  près  XVurtzbourg  ,  et 
la  ville  de  Konigshol'en.  —  Fabriques  cl  manufac- 
tures :  des  glaces  ,  des  cUÎts  appiêiési  des  'cha- 
peaux, des  bas,  des  vetnissurc-s  ,  etc.  —  Com- 
merce considérable  sur  le  Mein. 

L'évêché  de   Bomherg. — Production   ;   du  blé  j 
du  vin  ,  beaucoup    de    bé'-aii,  d;s  pêcheries,    dui  i 
gibier,  des  fruits  et  des  légumes  en  abondahctfV'J 
du  safran  ,  de  la  reglisse  ,    du  houblon  ,  du  bois'  ' 
en  quantité,  du  fer,  du  cuivre,  du  charbon  de 
terre  4   de  l'ardoise,  etc.   — .  Etendue   :   luo  lieues 
quarrées.  —  Population  :  iS5,ooo  âmes.  -—Pùvtnus 
duprince-évêque  :  ico,ooofl.  — fabriques  el  manufac- 
tures :  du  papier  ,  des  ustensiles  en  bois  .  des  tan- 
neries ,   des   brasseries.  —  Commerce  .•   des  fruits  j 
du  jardinage  ,  du  suif.  etc.  sur  le  Redniz  et  le 
Mein.   La  ville  de.  Bamberg  a  20,000  h.^buans  ', 
Forcheim  est  fortifiée. 

L'évêché  d'Eichstedt.  —  Productions  :  du  bled  « 
des  fruits,  (des  châtaignes)  ,  des  léguines,  du 
houblon,  du  lin,  du  chanvre  ,  du  bétail  à  cog- 
nes et  à  laine  ,  du  marbre  et  du  fer ,  des  pêche- 
ties  et  sur-tout  des  écrévisses.  —  Etendue  :  60  ■ 
lieues  quarrées.  —  Population  :  bfi,noo  âmes.  — 
Revenus  de  l'évêque  :  220,000  florins.  Le  château 
de  Willibaldsburg  est  fortifié. 

L'évêché  d  Augsbourg.  -^  Productions  :  du  fer  , 
du  marbre,  du  bois  et  sur-tout  des  fruits  ,  dont 
il  se  fait  une  exportalion  Considérable.  —  Etendue  '. 
100  à  120  lieues  quarrées.  —  population  :  plus 
que  70,000  âmes.  —  Revenus  de  l'évêque  (  actuel- 
i  lement  l'électeur  de  Trêves  )  :  3oo,ooo  florins  ; 
du  chapitre  ,  70  à  80,000  florins.  —  Gommera  : 
avec  la  ville  d'Augsbourg  et  avec  la  Suisse. 

L'évêché    de    Constance. — Etendue  :    12  lieues 
quarrées.  —Population:  11,000  âmes.  —  Revenus  : 
I  200,000  florins. 

L'abbaye  ■  principauté  de  Kempten.  —  Etendue  : 
40    lieues  quarrées.  —  Population  -.  36, 000  amesi 

—  Revenus    du  prince-abbé  :  100,000  florins  ;  ceux, 
i  idu    chapitre  ,  60,000  ;  ceux  de  la  caisse  du  pays  ,. 

JO.OOO. 

La  prévôté  -  principauté  d'Etwàngen  (unie  à 
Augsbourg.)  —  Productions  :  du  bétail ,  du  bled  , 
des   mines  de  fer.  — Etendue  :  22  lieues  quarrées. 

—  Population  :  tS,ooo  âmes.  —  Revenu  :  120,000 
florins.   Fabrique   de   fayence  à  Schrezheim. 

Les  abbayes  de  Salmansweilter.  —  Population  : 
8,000  âmes.  —  Revenu  :  60,000  llotius.  —  d'Och- 
senhausen.  —  Population  :  5,ooo  ames.^ — KaicerS- 
heim.  —  Popul.  :  6.000  âmes.  —  Revenu  5o,ooo  fl< 

—  De  Wettenliausen.  —  Popul.  :  5, 000  âmes.  —De 
Neresheim  ;  5, 000  âmes.  — De  Buckau  ;  8,400  am'es. 

—  Revenu  ,  40,000  florins,  —  De  Soe/Iingen;  3,'8oo 
âmes.  —  ÏÏTrsée;  -4,150  anies.  —  D  Etchingen  j 
3,625  âmes  :  un  territoire  très-fertile.  —  D  Urspefgf 
3,000  araes. —  De  Roggenburg ,  2,760  arnes.  —  De 
Rolh  ,  1,200  âmes.  (Ce  qui  lait  en  tout  5o.875ame9 
et  3oo  à  400,000  florins  de  revenu.  ) 

Les  abbayes  de  Weingarten  ,  de  Zwiefalletl , 
de  Peiershausen,  de  Schussenried,  de  Wei;jSenau, 
de  Rothmunster  ,  de  Lindau  ,  de  Saint-Georges 
àjsny,  de  Neggbath,  de  Marchlhal,  de  Gutenzéll,  ' 
de  Gengcnbach  et  de  Baindj  ,  sont  en  partie 
très-considévubics ,  mais  on  n  a  pas  des  donnée» 
certaines  sur  leurs  revenus  et  sur  la  population 
de  leur  territoire.  Celle  de 'Weingarten  a  ,  sans- 
doute,  10,000  sujets  au  moins.  On  ne  se  trom- 
perait pas  de  beaucoup  en  portant  le  total 
de  leur  population  à  3o,ooo  aines  ,  et  celui  d«' 
leur  revenu  à    environ   i5o  à  200,000  floriris. 

L'abbaye  d'Oltobcureu  a  des  bâtiraens  magni' 
fiques  et  ici  mille  sujets. 

Celle  (médiate)  de  Saint-Biaise,  dans  la  Forât' 
Noire,  18,000  sujets  et  So.ooo  florins  de  revenu. 


«n  fabrique»  dé  luonnaie  au-deasou»  de  «on  titre  I  l'auteur  anglais  peuvent  trouver  d'applicaiioa  en  |  Celle  de  Saint-Ulrich  «t  Saint-Afia  à  Augsbouijjv 


fSye 


Ctfle  de  Scktntaî  ^anS  la  Franconie  ,    et  qii'ct-  ' 
quès  àiStfes  ,     sans  avoir  siège  et  voix   dans   les 
assembtées  circulaires,  sont  pourtant  en  différentes 
liaisofii' avec  ces  deux  cercles. 

.     "Réiiiltc^t  général. 

Lés  iàitys  Wclésiastiqués  de  là  Souabe  et  de  là 
FrirrctJnïi  •dilieiiViron  7So,oo6  habitans  ,  et  don- 
nent 3,700,060  à  4,01*0 ,t>dO  de  flbriris  eri  revenu" 
adnuBl. 

■M.  C.  BfiO'N  ,   quai  Voltaire 

chez  ïreuitel  e  Wuriz  ,  libraires. 


là  préfet  du  département  de  l'Eart,  au  rédacteur.  ^^ 
ÈVrtux  .   le  Sftuctidcr  an  8. 

Je  voys  transmets  avec  plaisir,  cilO)'en  rédacteur, 
un  faii  d<ihi"les  détails  m'oni  élé  constatés. 

Dans  la  soirée  du  i8  thermidor  dernier  ,  quatre 
citoyens  se  bnignaient  dans  la  Seine  ,  sur  un 
bàiic  iii'.  sablts  ,  vis-à  vis  le  petit  Andely  ,  Tun 
deux  sachant  nager,  s'avance  au  milieu  de  la 
rivière,'  mais  un  étourdissement  le  prend  ,  il 
cède  au  courant  qui  l'enlrainë  et  va  l'engloutir. 
Le  citoyen  Rebut,  âgé  de  ig  à  20  ans  ,  un  des 
bàietieurs  s'en  apperçoil",  il  sait  t'aibleinent  nager, 
mais  né  consultant  que  son  courage  .  il  s'élance 
au  milieu  dos  eaux  ,  plonge  dans  l'endroit  oii 
le  malheureux  avait  déjà  disparu  et  reparait  l'ins- 
taât  d'après  ,  dirigeant  de  tous  ses  efFons  vers 
le  rivage,  là  victime  que  le  courant  lui  dispu- 
tait encore. 

Pendant  ceite  lutte  pénible  ,  les  deux  autres 
individus  qui  ne  savent  pas  nager  ,  voulant  se 
pprter  vers  ceux-ci  pour  les  secourir  ,  perdent 
terre  'et  tombent  dans  un  précipice  de  25  à  3o 
pfeds  de  profondeur  ,  ils  s'accrochent  l'un  à 
Tatilre  et  vont  infailliblement  périr.  Le  hazard 
vçut  que  le  jeune  Rebut  traverse  la  surface  de 
cç  précipice  et  les  apperçoive  au  fond  ;  il  quitte 
up  moment  sa  prise  ,  et  plongeant  de  nouveau, 
il  çnleye  et  pousse  si  violemment  celui  qu'il 
rencontre  ,  que  celte  impulsion  suffit  pour  le 
porter  sur  la  terre  on  il  prend  pied  entraînant 
avec  I«i  son  malheureux  compagnon  qui 'le  tenait 
par  la  jambe. 

Aussitôt  le  jeune  Rebut  revient  au  premier 
et  parvient  ,  non  sans  peine  ,  à  le  déposer  sur 
le  sable.  Il  l'abandonne  un  instant  aux  soins 
des  deux  autres  et  court  à  la  pointe  de  l'île  pour 
se  montrer  aux  spectateurs  effrayés  aux  cris  des- 
quels il  avait  cru  reconnaître  ses  tendres  parens. 
Ce  devoir  filial  rempli  ,  il  retourne  vers  ses 
compagnons  auxquels  il  prodigue  de  nouveaux 
soins  et  ne  les  quitte  qu'après  les  avoir  con- 
duits chez  eux. 

Le  jeune  Rebut  est  fils  unique  de  l'officier  de 
santé  de  1  hospice  de  la  commune  des  Andelys. 
11  est  aussi  distingué  par  la  douceur  de  ses 
mœurs  ,  qu  il  est  recommandable  par  ce  trait 
de  courage  ,  de  réflexion  et  d'humanité. 

Des    trois     individus    arrachés     par   ce   jeune 
homme    à  une  mort  inévitable,    deux  sont  pères 
de    famille  ;   le    troisième   est  un  citoyen  respec- 
table ,   âgé   de    cinquante  ans. 
Je  vous  salue  , 

JPour  absence  du  préfet. 
Le  secrétaire-général,  L.  A.  Roussel.'' 


(Nous  avans  été  invités  à  publier  le  testament 
ci-apiès ,  pour  1  instruction  des  parties  intéressées.) 

Au  nom  de  la  très-sainte  et  individue  Trinité ,  Dieu 
le  père ,  I)iev.  le  fils  et  Dieu  le  saint-esprit.  Ainsi 
soit-if. 

Connu  et  notoire  soit  à  tous  et  un  chacun  à 
qui  il  appariiendta  ,  que  cejourd'hui  troisième 
jour  du  mois  de  juin  ,  rnil  sept  cent  nonagte- 
cinq.  Pardevant  moi ,  Wenceslas  Wenger  ,  notaire 
admis,  au  conseil  -  souverain  de  sa  majesté  à 
Luxembourg  ,  y  résidant  soussigné  ,  et  les  témoins 
nommé?  aii  bas  de  cette ,  à  ce  spécialement  requis 
et  appelés.  ,  fvitçrjt  présens  -et  comparutent  per- 
so.anellement ,  le  sieur  Philippe -Joseph  Looz, 
bourgeois  -  marchand  en  cette  ville  ,  natif  de^ 
Napaur  ,  6,1s  de  Deodale  L002  et  Marie -Joseph 
Moraux  ,  gissant  malade  au  lit  ,  jouissant  néan- 
moins de  ses  pleins  bons  sens  ,  mémoire  et  en- 
leadémens ,  et  soa  épouse  Catherine  'Wilhelra  , 


cette  d«r«i€tte  allawa  et  vfeiiawte^  tous  deux 
connus  depuis 'lo'ftg"teai«  à  nous  notaire  Et  té- 
moins ç  lequel  premier  comparant  a  dit  et  déclaré 
que  n'aimant  pas  quiti'.-r  ce  monde  sans  avoir 
disposé  de  ce  que,  le  tout-ptùssai»!  a  bien  voulu 
lui  accorder  ,  a  pris  la  réjolulion  de  faj-i-e  son  les^ 
tajï)«Rt  ,  ainsi  qu'il  le  tait  par  et  en  vertu  de  U 
pr^ésenle  ,  de  ça  pure;,  franche  et  libre  volopt*  ,die 
la  w^qiere  siiivante  v  à  savoir  : 

E'nti'ôisiemè  Heù' ,'et'sàns  déroger  à  l'usufruit 
aj^parlenant  au  deVriiér  vivant  ensuite  de  ta  cou- 
tume ,  le  pretiiier  coniparani  testateur  Philippe- 
Joseph  Looz  ,  nomme  et  institue  pour  ses  héri- 
tiers universels  de  la  part  de  ses  immeubles  ac- 
q  lis  Constant  so^ri  mariage  avec  son  cpoiase  ,  les 
enfans  de  son  frère  Ger'main  et  de  sa  sœur  con- 
sanguine ;  mais  comme  les  enfans  du  frère  du 
testattur  ont ,  dé  soij  su  ,  élé  expatriés  ,  ne  sachant 
s  ils  sont  rentrés  et  existent  encorde  ou  de  leurs 
enfans  légitimes';  et  <iu'e  sa  susdite  soeur  a  élé 
établie  et  iiratiéeeii  Hollande  ,  ne  sachant  non 
plus  si  elle  vit  encore  ou  de  seS  enfans  légi- 
times. C'est  pourquoi ,  pOur  les  découvrir  ,  lesicur 
testateur  ordonne  ,  qu'après  son  trépas  lettres 
soient  écrites,  tant  à  la  magistrature  de  Namur 
qu  en  France  et  en  Hollande  ,  et  mis  dans  les 
feuilles  publiques  et  gazettes  ,  pour  que  lesdiis 
héritiers  aient  en  déans  un  an  ,  à  date  de  telles 
recherches  et  averlissemens  ,  se  présenter  pour 
recueillir  celte  dite  succession  ;  et  au  cas  que 
SCS  susdis  héritiers  ne  se  présentent  pas  en  déans 
ledit  an  et  jour  ,  le  sieur  testateur  nomme  en  leur 
place  et  leur  substitue  par  la  présente  pour  ses 
héritiers  immobiliers  ,  les  pauvres  orphelins  de 
celle  ville  ,  tant  pour  les  garçons  que  pour  les 
filles  ,  «  tirer  par  moitié  ;  que  cependant  la  suc- 
cession du  sieur  premier  comparant  testateur  reste 
intacte  pour  la  jouissance  de  l'usufruit  jusqu'au 
décès  de  la  seconde  comparante. 

Le  tout  quoi  le  sieur  testateur  déclare  être 
sa  pure  ,  franche  et  libre  disposition  de  dernière 
volonté  ,  voulant  et  ordonnant  qu'apiès  son  décès 
elle  sortisse  ses  pleins  et  entiers  effets  .  et  qu'elle 
soit  ponctuellement  exécutée  ,  soit  comme  testa- 
ment ,  codicile  ,  donnation  à  cause  de  mort ,  ou 
tout  autrement  qui  de  droit  et  de  coutume  pourra 
ic  mieux  valider  et  subsister ,  révoquant  toute 
autre  disposiliou  de  dernière  volonté  qu'il  pour- 
rait avoir  fait  ci-devant  ,  se  réservant  de  pouvoir 
aussi  révoquer,annuller,  augmenter  et  dimirruer, 
celle  sa  présente  disposition  de  dernière  volonté  , 
toutes  et  quantefois  que  bon  lui  semblera  et  qu  il 
sera  trouvé  convenir-,  en  foi  de  quoi  et  après  claire 
et  intelligible  'eclure  en  fait  ,  le  èieur  testateur  et 
son  épouse  sachant  écrire,  comme  ils  ont  dé- 
claré ,  de  ce  par  moi  notaire  enquis  ,  ont  signé  , 
en  présence  du  sieur  Dominique  Bcincour  ,  mé- 
decin ,  résidant  en  celte  ville  ,  et  de  Jean  Neyen  , 
bourgeois-voiturier  en  ceite  même  ville  ,  qui  , 
comme  témoin  à  ce  spécialement  requis  ,  sachant 
aussi  écrire  ,  de  ce  enquis  ont  signé  quant  et  moi 
noiaiie  susdit.  A  Luxembourg,  date  que  dessus. 

Sont  à  la  minute  signés  comme  s'ensuit  : 

Philippe-Joseph  Looz  ,  avec  un  trait  de  plume; 
Certzerviner'Wils.^m,  D.  Brincour,  médecin  ; 
Testis.Joirmins.Néyen  et  Infidem.'W. 'Wenger, 
notaire  ,  avec  paraphai 

Pour  extrait  authentique  et  trouvé  conforme  , 
quû  ad  pasium  concernentem  audit  testament ,  par 
moi  Winccsias  Wenger  ,  notaire  public  ,  patenté  , 
établi  par  le  département  des  Forêts  ,  à  la  rési- 
dence de  celle  commune  de  Luxembourg  ,  sous- 
signé ,  le  g  fructidor  ,  an  8  de  la  république. 

W.  Wenger,  notaire. 

Le  maire  certifie  la  signature  ci  -  dessus  du 
notaire  Wenger  véritable  ,  et  que  foi  y  doit  être 
ajoutée  tant  en  justice  que  dehors. 

Fait  à  Luxembourg  ,  le  3o  thermidor ,  an  8. 

Schiffer. 


AVIS. 

Le  cit.  Desquinemard  .  ingénieur-mécanicien  , 
membre  de  ia  société  des  inventions  et  des  dé* 
couvertes,  s'emprefse  de  venir  au  secours  des 
habitai'is  de  la  campagne  ,  que  la  grande  sèche- 
resse  prive  de  faire  moudre  leurs  bleds. 

Dans  son  nouveau   logement  ,  cour  du  palais 


marchand  près  la  fotitaîne,  ti"  6  ,1epnblic  pourra 
voir  jourellemem  les  moulins  de  son  invention. 

Quoique  les  plus  petits  de  ces  moulins  n'aient 
que  quatre  pieds  de  longueur  sur  dix-sept  pouces 
de  largeur  et  deux  pieds  et  demi  de  hauteur ,  ' 
un  seul  individu  peut  dans  une  heure  ,  sans  beau- 
coup d'effort  .  moudre  25  liv.  de  bled  à  la  grossç, 
qui  ,  par  l'effet  de  la  même  impulsion  ,  se 
répartissent  en  même-tems  dans  quatre  caSeS  diffé- 
rentes ,  et  qui  donnent  fleur  de  farine,  gruau  , 
recoupe  et  son. 

Les  moulins  confectionnés  avec  le  même  mé- 
canisme ,  et  qui  ont  six  pieds  de  longueur  sur  3f^ 
pouces  de  largeur  ,  donnent  depuis  60  jusqui 
100  liv.  de  mouture  par  heure.  .•  , 

On  obtient  les  mêmes  résultats  pour  toute 
espèce  degrains  depuis  la  fève  de  maraisjusqu'au  ' 
millet.   , 

Ces  inpulins  ne  sont  pas  soumis  au  repiquage 
comme  les  moulins  à  meule  de  pisrre  ,  ni  à  toute 
autre  espèce  d'entretien. 

Leur  prix  est  depuis  quatre  centsjusqu'à  douze 
cents  francs.  -  . 

Le  cit.  Desquinemard  prévient  qu'il  ne  recçvr?^ 
aucune  lettre  qu'elle  i^e  soit  affranchie. 


L  I  V  R  E  S    D  I  V  E  a  S. 

Voyage  d'Antenor  enGrece  et  en  Asie  ,  avct  dè»J 
notions  sur  l'Egypte  ,  manuscrit  trouvé  à  Hercu-' 
lanum ,  traduit  par  E.  F.  Lanlier ,  avec  cinq  très-' 
jolies  gravures,  troisième  édition  revue  et  corrigée 
par  l'auteur  : 

Ament  meminisse periti  !  Virg. 

5  volumes  in-i8  de  1400  pages,  imprimées  suc 
carré  lin  d'Auvergne;  prix  ,  7  fr.  broch.  et  9  fr. 
par  la  poste  ,  franc  de  port.  AParis,  chez  Buisson,, 
imprimeur-libraire  ,  rue.Hautefeuille  ,  n°  no. 

Antenor  s'est  fait  lire  après  AnacKarsis  ,  et  ce 
n'est  pas  un  mince  éloge  pour  un  ouvrage  léger 
et  gracieux  que  d'avoir  réussi  après  un  livre  qui  , 
traitant  les  mêmes  matières ,  semblait  avoir  épuisé  I 
ce  qu'elles  offraient  de  plus  riche  et  de  plus  sédui- 
sant. La  lecture  d' Antenor  attache  peut-être  moins 
l'attention,  elle  fountit  moins  à  la  réflexion  et 
aux  grandes  pensées  ,  mais  elle  amuse  conti- 
nuellement l'Imagination  par  un;  suite  de  ta* 
bleaux  ,  tantôt  piquans  ,  tantôt  voluptueux,  tou- 
jours dessinés  avec  goût  .  et  peints  avec  les  plus 
aimables  couleurs.  Au  reste,  le  cit.  Lantier,ea' 
montrant  beaucoup  moins  que  le  savant  auteut- 
d  Anacharsis.  la  prétention  d'instruire  ,  fait  vôi» 
une  très  giande  connaissance  des  mœurs  qu'il' 
représente  ;  il  semble  ne  vouloir  que  divertir  tes 
lecteurs ,  mais  ,  fidèle  observateur  des  costumes  4. 
familier  avec  Ihistoirc  et  la  topographie  des 
lieux  où  il  les  conduit,  il  enseigne  en  jouant, 
et  lorsqu'on  a  fini  son  ouvrage  ,  on  est  pres- 
que étonné  d'avoir  beaucoup  appris  en  ne  croyant 
que    s'être  amusé. 

La  nouvelle  édition  que  nous  annonçons  est 
très-soignée  ,  nous  ne  doutons  pas  qu'elle  ne' 
soit  promptement  épuisée, 

La  Théologie  naturelle  ,  histoire  philosophique  , 
critique  et  morale  ,  c«u  les  pensées  d'un  homme' 
sur  1  être-suprême  ,  el  sur  la  nature  et  l'immorta-. 
lilé  de  lame  ,  avec  des  instructions  surles  dogmes 
fondamentaux  de  la  religion  des  justes  el  det 
sages  de  tous  les  siècles  ,  par  G.  Tarenne  ;  priit  , 
I  fr.  80  cent,  broché  ,  pour  Paris  ,  et  9  fr.  35  c. 
pour  les  départemens  ,  franc  de  port. 

Se  vend ,  à  Paris  ,  à  l'ancienne  librairie  de 
Dupont ,  rue  de  la  loi  ,  n°Ha3i  ;  Fuchs ,  rue  de» 
Mathurins  ,  hôtel  de  Cluny;  Denné  jeune  ,  rue. 
Vivienne,  n°  41;  Deroy,rue  Haute  feuille  ,  n"  43; 
Débute  l'aîné  ,  rue  Serpente  ,  n°  6  ;  Debray  ,. 
Palais  du  Tribunal  ;  Laurent  jeune  ,  rue  Ja^gues  , 
n°32  ;  Pichard  ,  qiiai  Voltaire  ,  n°  18  ;  Johanneau, 
rue  du  Goq-Honoré,  etchez  quelqu.esprincipau» 
libraires  de  Paris. 

Observations  cliniqves  sur  une  maladie  épidé- 
mique  qui  a  régné  cette  année  à  l'hospice  du 
Nord  ,  ci-devant  Saint-Louis  ,  par  le  cit.  Ruette  , 
membre  de  la  société  médicale  de  Paris  (  an  8), 
brochure  in-S"  de  3g  pages  ;  prix  ,  60  cent,  et  gS  c. 
franc  de  port.  A  Paris  chez  Théophile  Barroij , 
libraire  ,  rue  Hautefeuille  ,  n"  32.  > 


L'abauaCaicHWefâ'ttaPïrU,  Tiic  des  Poitevins,  a«  iS.Lepriiceicdci5  franupourtraUmoii,  5o  fcamoi  pour  ii](   mots,  et    joo  fraoci   peur  l'innoe  entière.  On   ne- 

t'abonne  qu  au  commeucenient  de  cliaqne  mois. 

llfaui  adresser  les  Uttrcset  l'argent,  franc  déport  ,auc!t.  AGASSE,  propriétaire  de  cejournal  ,ruedes  Poitevins, u»  18.  Ilfautcomprandre   dans  les   envois   le  port   des 

pays  où  l'on  ne  peut  affrancliir.   Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  reffrées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin,  poui  ^lus  de  sûreté  ,  de  charger  celles  qui   rcnfermeni  des  valeurs,  et  adtester  rout  w  qui  toncetne  la  rédaction  dé   la  feuille,    aa  rédatteur  ,  rue  de» 

Poitevins,   n'  l3,  depuis  neuf  heuiet  duinatia  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  pro,priéuire  du  Moniteur  ,  tue.  de#Poitevilis  ,  a'  tS- 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


..NZ  342. 


Duodi  ,  12  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  autonsés  à  prévqnir  nos.  soji;Jcripceurs  <5u'i'  dater' ;du  '7   Nîvôse  le  M  O  N I  T  £  U  R  esc  le  seul  journal  offidcl. 
Il  conrient  les  séances  des  autorités  consticuées  ,  les  actes  du  gouverneîittnr ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  ^jué  los  faits  et  les  notions  tant  s,.,i 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  tournis  parles  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement,  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  RIE  U  R. 

§CT  Nous  recevons  à  l'instant  les  journaux 
anglais,  depuis  le  I2  jusqu'au  aS  août  (  du  24 
thermidor  au  7  fructidor.  )  Le  tems  ne  nous  per- 
met pas  de  les  analyser  aujourd'hui  ;  nous  nous 
bornons  à  publier  quelques  extraits  des  n°^  des 
l5  ,  19  et  22  août. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  le  1 5  août  f  27  thermidor.) 

Nous  'n'avons  point  encore  de  nouvelles  de 
la  flotte  sortie,  dimanche,  de  Yarmouih  sous  les 
ordre!;  de  Tarairal  Dickson.  Si  elle  était  entrée 
dans  la  Manche  ,  on  en  aurait  eu  connaissance. 
C'est  vers  le  nord  qu'elle  a  fait  voile.  On  la 
croit  destinée  à  appuyer  la  mission  de  lord 
Whitworth  à  Copenhague  ,  dans  le  cas  où  la 
cour  de  Danncmark  refi^'ierait  de  reconnaître  nos 
prétentions.  On  sait  aujourd'hui  qu'aussitôt  après 
la  capture  du  convoi,  le  ministre  danois  ,  comte 
de  'Wedel  -  Jarlsberg,  écrivit  à  lord  Grenville 
pour  lui  demander  satisfaction  de  la  conduite 
des  officiers  anglais.  Lord  Grenville  répondit  , 
en  demandant  satisfaction  de  la  conduite  des 
officiers  danois. 

Le  cutter  le  Dfake  ,  expédié  par  ordre  de  l'ami- 
rauté dans  la  mer  Baltique,  y  est  arrivé  avant 
que  la  nouvelle  de  la  capture  des  vaisseaux  da- 
nois y  fût  parvenue.  Ce  cutter  a  remis  dans  la 
rade  d'Elseneur  ses  dépêches  au  capitaine  Wis- 
beach  du  sloop  de  guerre  la  Favorite,  sans 
communiquer  à  terre.  Tous  les  vaisseaux  anglais 
qui  se  trouvaient  dans  le  Sund  ,  au  nombre  de 
100  ,  sont  aussigôt  sortis  pour  se  rassembler 
dans  le  Categat. 

[  .  ~  Un  exprès  a  porté  au  commandant  de  la  gar- 
nison de  Cork,  l'ordre  de  faire  embarquer  pour 
service  secret  les  dragons  de  Hompesch  et  deux 
bataillons  de  gardes  cantonnés  à  Bandon.  On 
imaginera  peut-être  qu'il  s'agit  toujours  d'expé- 
ditions. Nous  croyons  plutôt  qu'il  est  question 
de  relever  nos  garnisons  éloignées  ou  de  leur 
porter  des  renforts. 

La  découverte  de  la  vaccine  promet  les  plus 
heureux  résultats,  et  obtient  chaque  jour  de 
nouveaux  succès.  S.  Ex.  M.  le  baron  de  Jacobi  , 
ministre  de  Prusse,  vient  de  faire  inoculer  nou- 
vellement la  vaccine  à  son  fils,  âgé  de  8  mois. 
Elle  a  parfaitement  réu  ssi. 

Le  Morning-Posl  rapporte  qu'il  y  a  eu  hier  à 
Col-Bath-Fields  un  tumulte  inquiétant.  Les  pri- 
«onniers  s'étaient  emparés  du  gouverneur  Aris  , 
et  de  concert  avec  des  personnes  du  dehors  , 
ils  avaient  ameuté  la  populace  qui  voulait  dé- 
inolir  la  prison.  Les  volontaires  associés  ont 
rétabli   l'ordre. 

(Extrait  du  courrier   de  Londres  ,  n°.  14.  ) 

Du  19  août.  —  Les  officiers  autrichiens  estiment 
à  34,000  hommes  la  perte  que  l'armée  ,  sous  les 
ordres  du  généjal  Kr<.y  ,  a  éprouvée  en  tués  , 
blessés  ,  prisonniers  et  déserteurs.  La  perte  des 
troupes  d'Empire  n'est  pas  comprise  dans  ce 
calcul. 

Les  lettres  de  l'Inde  nous  apprennent  que  l'am- 
bassade du  capitaine  Malcolin  à  la  cour  de  Perse  , 
sera ,  selon  toute  apparence  ,  couronnée  d'un 
plein  succès.  Le  capitaine  Malcolm  a  des  présens 
considérables  pour  Timor  Shah  Abdalla  ,  roi  de 
Candahar  ,  dont  les  états  comprennent  plus  de 
sept  cent  milles  de  longueur.  Zemaun  Shah, 
quoique  roi  de  Cabul  ,  est  au  nombre  de  ses 
tributaires. 

■Vendredi  dernier  ,  trois  corsaires  français  ont 
«u  la  témérité  de  s'approcher  jusques  sur  les 
sables  de  Goodwin  ,  en  présence  des  vaisseaux 
de  S.  M.  Aussitôt  les  matelots  de  Deal  vinrent 
offrir  leurs  services  volontaires  ,  et  se  mitent  en 
mer  avec  leurs  chaloupes  pour  aller  à  l'ennemi; 
mai»  les  français  favorisés  par  le  vent  ,  eurent  le 
tems  de  gagr'ier  le  large  avec  une  chaloupe  du 
port  dt  Hasiings,  qu  ils  avaient  prise. 

Le  gouvernement  suédois  a  envoyé  un  com- 
missaite  en  Laponic  ,  pour  y  percevoir  le  revenu 
annuel.  Ce  commissaire  dit  que  ce  pays  ,  pendant 
l'hiver  dernier  ,  a  été  dans  une  situation  plus  heu- 


reuse que  la  partie  méridionale  de  la  Suéde. 
Les  lapons  n'ont  point  manqué  des  objets  néct-s- 
saires  à  la  vie  (  leur  nourriture  est.  la  vérité, 
des  plus  frugales.  )  Ils  commencent  à  acquérir 
quelques  connaissances  de  l'état  de  civilisation  ; 
ils  secouent  un^peu  la  paresse  qui  leur  était  na- 
tiirelle  ,  et  quittent  leur  ancienne  manière  de 
vivre.  Le  haut  prix  du  cuivre  et  ieç  récompenses 
que  le  gouvernement  donne  à  ceux,  qui  décou- 
vrent et  exploitent  des  mines,  a  excité  leur  ému- 
lation. Ils  viennent  de  découvrit  une  mine  de 
cuivre  qui  promet  singulièrement  ;  elle  est  située  à 
\Visangi  ,  au  nord  du  pays  qu'a  parcouru  le  com- 
missaire qui  rapporte  ce  fait ,  mais  qui  n'a  pas 
eu  la  curiosité  de  l'aller  voir. 

Un  passager  arrivé  dans  le  mois  de  janvier 
dernier  de  la  Chine  à  la  ente  de  Malabar,  à 
bord  du  JVe//; ,  a  fait ,  auprès  de  Macao  ,  une 
découverte  très-curieuse  pour  l'histoire  naturelle. 
Cette  découverte,  qui  appartient  à  deux  règnes, 
est  celle  d'une Jleur  animale,  qui  parait  avoir  un 
degré  de  vie  de  plus  que  la  plante  sensiiive. 
Cette  fleur,  dont  la  plante  n'a  point  de  feuilles, 
croît  dans  les  rochers  et  au-dessous  de  l'eau. 
Dès  qu'un  objet  quelconque  s'ei;i  approche  à  la 
distance  d'un  pied  ,  elle  se  contracte  soudaine- 
ment et  se  retire  dans  une  espèce  de  lige  creuse  , 
dont  l'enveloppe  ressemble  à  la  peau  d'un  ver  ; 
elle  rentre  enfin  totalement  dans -le  rocher  ,  et  il 
estaès-difficile  de  l'atteindre.  La  itauiere  de  la 
conserver,  est  de  la  tenir  constamment  dans  de 
l'eau  fraîche. 

Les  anglais,  jaloux  de  se  procurer  de  belles 
espèces  en  animaux,  avaient  souvent  fait  des 
tentatives  pour  faire  passer  dEspagiie  tn  An- 
gleterre la  race  des  beaux  ânes  ;  mais  on  n'avait 
point  encore  réussi  à  transplanter  l'âne  espagnol 
dans  cette  partie  de  l'Europe.  Le  duc  de  Riche- 
mond  a  reçu  ,  par  le  moyen  de  M.  Locke,,  qui 
a  résidé  long-tems  en  Sicile  ,  un  âne  et  une 
ânesse  d  Espagne.  Le  mâle  et  la  femelle  ne  sont 
âgés  que  de  deux  ans  ,  et  cependant  ils  ont  déjà 
quatorze  palmes  de  hauteur.  I!  y  a  lir.u  de  croire 
qu'ils  gagneront  encore  en  grandeur,  et  rempli- 
ront lobjet  qu'on  s'était  proposé  ,  celui  de  faire 
multiplier  les    beaux  ânes    en   Angleterre. 

EfAï  comparatif  des    dépenses   des  trois    dirnieres 
guerres. 

Emprunts  pour  la  guerre  de  sept  ans. 


Cy-conire  ,    5i,5oo,ooo 


1796 

— 

7,5oo,ooo 

— 

4 

12 

2  '■ 

1797 

^ — 

18,000,000 



5 

14 

I 

179; 



14,000.000 



6 

6 

10 

1798 

— 

17,000,000 

— 

6 

4 

„&.  , 

1799 

— 

3,000,0fl0 

— 

5 

12 

Jt&dil 

1799 



15,000,000 



5 

5 

r'oTrT 

1800 



20,500,0O0 



4 

14 

2 

1756 
1757 
1758 
1759 
1760 
1761 
1762 
1763 


Sommes  empruntées. 
'     t'w. 

—  2,000,000 

—  3,000,000     — 

—  5,000,000     — 
— ■       6,600,000     — 

—  8,000,000 

—  12,000,000      — ■ 

—  12,000,000 

—  3,5oo,ooo     — 


Intérêts. 
liv.     ,. 


d. 


3 

12 

0 

3 
3 

'4 
16 

3 
5 

3 
3 

10 
i3 

9 
7 

4 

I 

II 

4 

10 

9 

4 

4 

2 

Total     52,100,000 


Emprunts  pour  la  guerre   d'Amérique. 


1776 

— 

2,000,000 

. — 

3 

9 

1777 

5,000,000 



4 

5 

1778 

— 

6,000,000 

— 

4 

18 

1779 

— 

7,000,000 

__ 

5 

18 

1780 

— 

12,000,000 

— 

5 

.6 

I78I 



12,000,000 

5 

II 

1782 



j3,ooo,ooo 
12,000,000 

— 

-5 

18 

1783 

— - 

— r- 

•4 

i3 

1784 

— 

6,000,000 

5 

6 

Total  146,500,000 

Cour    de    l'amirauté. 
Cause  de  capture. 

Le  sujet  de  celte  cause  était  la  restitution  du 
vaisseau  l'Emmanuel,  a  Hambourg,  réclamé  fJar  des 
sujets  neutres  dAllemagne.  Mais  le  vaisseau,:^ 
chargé  d'une  cargaison  précieuse  dans  le  port 
d'.Amsterdam  ,  était  destiné  pour  l'île  de  Saint- 
Thomas  ,  aujourd'hui  possédée  par  la  France. 
■  Le  docteur  Lawrence  ,  avocat  des  demandeurs, 
se  retrancha  dans  cet  argumen't  ,'  que  la  cargaison 
appartenait  à  des  propriétaires  neutres,  et  était 
également  consignée  à  des  négodans  neutres  , 
dont  il  était  probable  que  quelques-uni  étaient 
sujets  des  Etals-Unis  ,  la  plupart  des  négocians 
de  Saint-Thomas  étant  de  cette  nation.  Les  doc- 
teurs Nichol  et  Swaby  ,  avocats  des  capteurs  , 
prétendirent  que  les  propriétaires  apparens  a'ér 
taient  que  des  prê;e-noms  qui  servaient  à  mas- 
quer un  commerce  illicite. 

Le  juge.  Sir  W.  Scott,  ^n  donnant  son  opi- 
nion ,  observa  le  danger  de  favoriser  un  com- 
merce de  cette  nature  conduit  directement  entre 
un  port  ennemi  et  une  colonie  française.  Lç 
prétexte  de  neutralité,  lui  paraissant  dans  cette 
circonstance  plus  que  douteux  ,  il  considérait 
le  cas  comme  nouveau,  et  ne  se  réglerait  point 
d'après  les  décisions  précédemment  rendues  par 
les  cours  supérieures  dans  les  causes  navales. 
D'ailleurs  il  n  avait  point  reçu  d'instructions  à 
ce  sujet  et  ne  pouvait  tirer  aucune  lumière  du 
droit  commun  ou  maritime.'  D  après  toutes  ces 
considérations  ,  il  ajouta  qu  il  condamnait  la  car- 
gaison, mais  que  les  propriétaires  pouvant  ignorer 
à  qui  elle  appartenait  ,  il  prononçait  la  restitu- 
tion du  vaisseau  en  leur  faveur  sans  toutefois 
leur  accorder  de  dommages. 

[Entrait  du  courrier  de  Londres  ,  n".  i5. 
La  suite  demain. 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg ,  lé  6  fructidor. 

L'empereurFrançois  doir,dit^on  ,  demander, 
dans  sa  réponse  au  gouvernement  français  ,  un 
armistice  ,  pendant  lequel,  au  moyen  d'une  mé- 
diation ,  on  travaillerait  à  conclure  la  paix  avec 
le  cabinet  de  Saint-James. 

Le  comte  de  Konigsek-Rothenfels  qui  ,  comme 
beaucoup  d'autres  princes  d'Allemagne,  avait 
abandonné  sa  résidence  à  Immenstadt  ,  lors  de 
1  arrivée  des  français  ,  y  est  revenu  ,  d'après  l'in- 
vitationqui  lui  en  a  été  faite.  Le  cit.  Dumontrey, 
commandant  du  Palatinat  ,  vint  au-devant  de  lu» 
avec  un  régiment  de  hussards,  A  son  entrée  ,1a 
musique  de  la  10=  demi-brigade  légère  l'a  reçu 
avec  l'air  :  Où  peut-on  être  mieux  ,  etc. 

(  Kronik  der  Franken.  ) 


Total     75,000,000 


Emprunts  peut  la  guerre  présente. 

1793 4,5oo,ooo 4      3 

'794     ■ 11,000,000    — , —    4     10 

1795 18,000,000 4     i5 

1796 18,000.000 4     14 

5i,5oo,oo» 


Farts  ,  le  11  fructidor. 

Une  flotte  anglaise  de  douze  vaisseaux  de 
guerre  et  de  quatre-vingts  bâtiraens  detianspori est 
venue  mouiller  devant  Beile-lsle.  On  croyait  que 
les  anglais  voulaient  débarquer  ;  la  garnison  et 
les  habitans  se  fesaient  un  plaisir  de  les  bien 
recevoir.  Toui-à-coup  ils  ont  levé  l'ancre  et  ont 
disparu.  Les  anglais  s'amusent  à  sonder  toute  la 
côte  depuis  la  Bretagne  jusqu'en  Batavie.  Il  y  a 
cependant  assez  longtems  qu'ils  font  le  métier 
de  croiseurs  dans  ces  parages  ;  ils  devraient  avoir 
appris  à  les  connaître. 

Le  général  Bernadolle  a  tout  disposé  sur  les 
côtes  ;  mais  l'ardeur  des  troupes  et  la  tranquillité 
des  départemens  ci-devant  insurgés  sont  telles  , 
qu'il  a  cru  pouvoir  faire  partir  la  58'  demi'- 
btigade  pour  l'armée  de  réserve  ,  malgré  les 
menaces  de   débarquement  des  anglais.    On  d« 


i37S 


craint  pas  davantage  les  sondeurs  sur  les  fotés 
du  nord;  car  un  nouveau  déiachement  deTarmée 
de  Batavie  va  rejoindrcl'armée  d'Augeicau. 

—  Le  2  de  ce  mois  ,  le  sénat-conservaleur  a 
perdu  l'un  de  ses  membres  .  le  citoyen  Dailly  ;  il 
est  mon  à  l'âge  de  85  ans.  On  trouve  à  ce*ujei, 
dans  te  Journal  de  Paris  ^  la  notice  suivante  : 

C'était  un  de  ces  hommes  modestes  qui  font  le 
bien  pour  eux-mêmes  ,  cest-à-dire  ,  sans  aspirer 
à  la  fortune  ni  à  la  gloire  ,  moins  chères  encore 
pour  eux  que  la  pairie.  Ami  de  Franklin  et  con- 
seil de  Turgot ,  il  pratiqua  leurs  principes  et  leur 
doctrine  politique.  Telle  éiaii  la  modération  de 
son  caractère  ,  qu'egalernént  recherché  de  tous 
les  partis  ,  il  commanda  souvent  le  silence  des 
passions.  Premier  président  aux  étals-généraux  , 
ensuite  membre  du  dépanemeni  de  Paris  ,  i'I  ne 
quilia  les  aftaires  publiques  qu'à  celte  époque 
désastreuse    où  l'impuissance    de    la   venu  et    le 


du  19  ventôse  an  8,  à  confirmer  celui  du  tribunal 
correctionnel  de  Morlaix  qui  avait  accordé  à 
John  Davidson  la -main  levée  de  ses  marchan- 
dises ,  ainsi  que  de  son  navire,,  c^  avait  orflqriné 
sa' riiiisé  en  liberté.      '    '    '    ■■    '"   .       '**       "'  ' 

Le  défenseur  officieux  de  la  té gied^s  douanes 
s'est  pourvu  en  cassation  contre  ce  jugement  , 
mais  aucun  mémoire  n'a  été  fourni  ,  aucun 
moyen  n'a  éfé, .articulé  à  1  appui  de  ce  recours, 
El  dans  le  fait  ,  que  pourrait-on  dire  pour 
l'appuyer?  s'il  s'agissait  ici,  diuri  navire  ordinaire, 
nous  demanderions  quelle  loi  a  violé  le.  tribunal, 
criminel  du  Finistère  en  prononçant  comme  il 
l'a  fait  ? 

Serait-ce  l'article  'VII  du  titre  H  de  la  loi  du 
4  germinal  an  2  ,  par  lequel  les  bâiimens  au- 
dessous  de  cent  tonneaux  ,  mouillés  ou  louvoyant 
dans  les  deux  myriametres  des  côtes  de  France  , 
hors   le  cas  de   force  majeure  ,    sont  sujets  ,à  la 


«ridînphe  du  crime  ont  fait  ériger  en  problême  la  confiscation  avec  leur  cargaison  ,  et  800  francs 
libeïte^ des  nations.  Mais  ce  n'est  pas  seulerÀent  d  atiiende  lorsqu  ils  ont  a  bord  des  inwchandises 
„,.  u„ ,;.,,„,.    „„Ki;^„»  ^„»  U    ,.;,o„».,     prohibées  a  I  entrée   ou   a  la  sortie  ?   —Mais   il 


par,,  la  reconnaissance  pubfique  que  le  citoyen 
Dailly  se  survit  à  lui-même.  Comme  il  pensait 
que  la  science  devait  être  un  bienfait  commun  , 
il  se  plut  à  faire  de  nombreux  élevés  qui  hono- 
rent aujourd'hui  les  administrations.  Chose  enfin 
rare  ,  peut  être  ,  après  avoir  occupé  les  premiers 
emplois  ,  il  ne  laisse  à  sa  famille  que  1  héritage 
de  ses  vertus  et  les  regrets  douloureux  de  sa 
patrie. 

, — Le  second  conseil  de  guerre  delà  19'  di- 
vision militaire  a  condamné  ,  hier  ,  les  nommes 
P^pier-Fonicnelle  ,  lieutenant  ;  Legard  ,  sergent  ; 
tossard  ,  capitaine  au  3'  bataillon  des  chasseurs 
jrancs  ;  le  premier  à  quatre  ans  ;  le  second  à 
-deux  ans  de  détention  ,  et  le  troisième  à  la  peine 
de  mort  ,  comme  coupables  tous  trois  d'embau- 
chage pour  les  chouans.  Ce  troisième,  échappé 
des  prisons  de  Versailles  ,  est  coniuraax. 

Le  nommé  Gohier,  sous-lieutenant  au  même 
corps  ,   accusé  du    même  délit,  a  été  acquitté. 

—  Didot  prépare  une  nouvelle  édition  de  la 
traduction  de  Pope  ,  par  le  citoyen  Fonlanes. 
On  annonce  que  les  changemens  que  l'auteur 
y  à  faits  ,  le  rendent  un  ouvrage  presque  nou- 
veau. •    '  i    '  \'^' 

On  annonce,  atissi  ,  comme  devant  bientôt 
paraître  ,  un  oùvrag'e  d'u  cuoyen  Laharpe  ,  qui  , 
S'ous  plusieurs  rapports,  semble  propre  à  inté- 
resser la -curiosité  publique  :  c'est  .ra  correspon- 
dance littéraire  avec  Paul  P'  ,  alors  grand^-  duc 
dé  toutes  les  Russies. 


TRIBUNALDECASSATION. 

L.^  demande  en  cassation  d'un  jugement  du 
iribunal  criminel  du  déparlement  du  Finistère, 
du  19  ventôse  an  8  ,  conlirmatif  d'un  autre  rendu 
le  6  pluviôse  précédent  ,  par  le  tribunal  correc- 
'tionnel  de  Morlaix ,  vient  de  donner  lieu  au 
tribunal  de  cassation  de  manifester  avec  éclat, 
1ê  respect  que  le  peuple  français  et  son  gou- 
vernement ont  montré  ,  à  toutes  les  époques 
de  la  révolution  ,  pour  les  principes  du  droit 
des  gens  ,  relatifs  aux  envoyés  dès  p'uissknces 
étrangères. 

Voici  quels  ont  été  daris  cette  affaire  ,  le 
résumé  el  les  tonclusions  du  substitut  du  com- 
missaire du  gouvernement  près  le  tribunal  de 
cassatron. 

Pour  apprécier  le  recours  en  cassation  ,  sur 
lequel  il  s'agit  de  statuer ,  il  importe  de  se 
fixer  d'abord  sur  les  faits  reconnus  pour  cons- 
tàns  ,  par  le  jugement  qui  en  est  l'objet. 

Le  jugement  doit  ,  en  effet,  être  à  cet  égard, 
considéré  comme  une  déclaration  de  jury  ,  et 
ïl  n'appartient ,  par  conséquent  ,  à  aucune  au- 
torité   de  le  réformer  en  celte  partie. 

Ôr  ,  il  est  constaté  par  le  jugement,  que 
John  Davidson  ,  capitaine  du  vaisseau  anglais 
k  Phénix  a  été  chargé  par  son  gouvernement 
.de  conduire  de  Liverpool  à  Morlaix  ,  sous  pa- 
villon parlementaire,  3j5  prisonniers  de  guerre 
français  ; 

^u'il  a  rempli  cette  mission  avec  exactitude , 
qu  arrivé  dans  la  rade  de  Morlaix  ,  il  a  reçu 
à  son  bord,  une  garde  armée  de  militaires  fran- 
çais ,  avec'  un  détachement  d'employés  de.  k 
douane,,  qui  ne  lui  ont  permis  d'avoir  aucune 
communication  avec  la  terre  ; 


P, 

n'est  pas  ici  question  d'un  bâtiment  au-dessous 
de  100  tonneaux  ;  le  Phénix  su  porte  aSg  ,  ainsi 
que  le  prouvent  les  pièces  de  bord  qui  sont  join- 
tes au  dossier. 

Serait-ce  l'arlicle  l'r  de  la  loi  du  It)  brutiiàire 
an  5.  qui  prohibe  toute  importation  de  mar- 
chandises anglaises?  —  Mais  lejugemerit  coris 
taie  que  John  Davidson  n'a  introduit  ni  tenté 
d'introduire  en  France  aucune  partie  de  sa  car- 
gaison. 

Serait-ce  l'article  II  de  la  même  loi  ,  ponant 
!)  qu'aucun  bâtiment,  chargé  en  tout  ou  en  partie 
de  marchandises  anglaises  ,  ne  pourra  entrer  dans 
les  ports  de  la  république  ,  sous  quelque  pré- 
texte que  ce  soit  ,  à  peine  d'être  saisi  sur-le- 
champ  ?  >» —  Mais  le  navire  le  Phénix  n'est  pas 
entré  dans  le  port  de  Morlaix  ;  le  procès-verbal 
de  saisie  prouve  lui-même  qu'il  est  reslé  dans 
la  rade ,  et  c'est  encore  un  poiut  de  fait  jugé  par 
le  tribunal  criminel. 

En  un  mot ,  il  n'existe  aucune  lot  que  l'on 
puisse  mettre  en  opposition  avec  le  jugement 
dont  il  s'agit ,  même  en  lui  supposant  pour  objet 
un  vaisseau  ordinaire. 

Et  à  combien  plus  forte  raison  ce  jugement  se 
trouve-t-il  à  l'abri  de  tout  reproche  dans  la  cir- 
constance, où  il  a  été  rendu  !  Non  ,  ce  n'était 
point  un  vaisseau  ordinaire  que  montait  John 
Davidson  ,  lorsque  sa  cargaison  a  été  saisie  ,  lors- 
que son  bâtiment  lui-même  a  été  arrêté ,  lorsque 
sa  propre  personne  a  été  frappée  d'un  mandat 
d'arrêt.  C  était  un  vaisseau  placé  sous  la  protec- 
tion immédiate  du  droit  des  gens  ;  c'était  un  vais- 
seau recommandé  spécialement  à  l'honneur  et  à 
la  loyauté  française  ;  celait  ,  en  un  mot  ,  un 
vaisseau  parlementaire. 

Et  c'est  en  l'an  huit  de  la  république  ,  c'est 
au  moment  où  tous  les  esprits  se  réunissent  pour 
terminer  la  révoludon  en  la  consolidant,  que 
des  français  se  sont  permis  un  attentat  dont  les 
orages  révolutionnaires ,  même  les  plus  violens , 
n'ont  pas  offert  l'exemple,  ni  fait  naître  l'idée! 
c'est  en  l'an  huit  que  l'on  a  osé  violer  une  loi 
du  l3  ventôse  de  l'an  deux ,  a  qui  interdit  à 
toute  autorité  constituée  d'attenter  en  aucune 
manière  à  la  personne  des  envoyés  des  gouver- 
nemens  étrangers  ,  5>  et  qui  ordonne  que  "  les 
réclamations  qui  pourraient  s'élever  contre  eux  , 
seront  portées  )  au  gouvernement  )  seul  compé- 
tent pour  y  faire  droit  !  )>  et  c'est  au  tribunal 
suprême  de  la  république  que  l'on  ose  dénoncer 
commme  contraire  aux  lois  dont  le  dépôt  lui 
est  confié  ,  un  jugement  qui  ne  fait  que  réparer 
(et  encore  ne  le  fait-il  que  très-faiblement  )  l'ou- 
trage qu'a  essuyé  le  droit  des  gens  dans  la  per- 
sonne de  John  Davidson  !  —  Ah  !  du  moins  , 
ce  n'est  pas  d'une  administration  nationale  qu'est 
partie  celte  dénonciation  ;  non  ,  citoyens  magis- 
trats ;  quoique  le  nom  de  la  régie  des  douanes 
figure  dans  le  pourvoi  sur  lequel  vous  avez  à 
statuer  ,  nous  n'avons  pas  à  rougir  pour  elle 
d'une  démarche  aussi  irréfléchie  ,  pour  ne  rien 
dire  de  plus.  C  est  d'un  individu  sans  caractère, 
sans  misàon  quelconque,  qu'est  émané  ce  pour- 
voi; et  l'honneur  même  de  la  nation  nous  com- 
mande d'en  requérir  le  rejet  par_/jn  de  non-recevoir. 
Nous  devons  aller  plus  loin  ;  le  juge-de-paix 
qui  a  décerné  le  mandat  d'arrêt,  sous  lequel 
John  Davidson  gémit  encore  dans  la  prison  de 
Morlaix,  a  violé  ,  comme  no*s  le  disions  lou 
.  i   ri, 1^1.,; -I.,   .a  ..„_.A„.T .  .'i  .'   .. 1 


Qii'après    le    débarquement    des  prisonniers  ,'  ^'"^^."'^^ ''* '°i  du  t3  ventôse  an  2  ;  il  s'est  rendu 


'des   préposés   de   la  douane    se  sont  transportés 

'à  son   bord  ,    et  y    ont  saisi   quelques  marchan- 

'disés  ,   reste    d'une  c'àrg'aison   qu  il  avait  prise  en 

'Arlgle^erre    pour  la    transporter   aux    îles   de   la 

Baibade  ;        '    '        ' 

Qjie    depuis    sort    arrivée     dans    la   rade    de 

IVloilaix  ,   il  n'a  ni  débarqué  ni   tenté  de  débar- 
quer aucune  partie  de  ce  reste  de  marchandises; 

^     Que.   cependant,    son   bâtiment   a   été  saisi, 

'et  qu"e  lui-même  a  été  conduit  à  la  maison  d'arrêt 
en  venu  d'un  orJre  du  juge  de  paix. 

C  est  d  après  ces  faits  ,  que  le  tribunal  criminel 

du  Finistère   s'est  déterminé,  par  son  jugement  '  exécuté  sefon  sa  forme  et  t'erîeiïr; 


Pesant  droit  sur  nos  coticldsIîoHS  ,:  vu  le-  mandat 
d'arrêt ,  décerné  le  22  nivôse  an  8  ,  par  le  ciioyeu 
Maurice  Jezeq-uef,  juge  de  paix  de  la  communs 
de  Morlaix  ,  contre  John  Davidson  ,  envoyé-  en 
celle conS'ftilme  par  le  gouvernement  britànni'qUc, 
en  quaniéde.parletnentairej^le  casser  et  arintille.r, 
comme  atlenlaioire  au  droit  des  gens  et  à  laloi.du 
i3  Velrltôsean  2  ;  J      ■     '.  . 

Npus  donner  acte  de  la  dénonciation  <jne 
nous  déclarons  porter  contre  ledit  citoyen  Jeze- 
qutei;,  fotnme  prévetiu  de  s'être  ,  par  ce  mandiat 
d'arrêt  ,.  rendu  cpupa^le  du  ciime  d'arrestaijon 
arbitraire  ,  et  renvoyer  cette"  dérîbnciation  ,  a'iiisi 
que  les  pièces  y  afférentes  ,  à  la  section  des  re- 
quêtes ,  .pour  y,staiuer  ^nsi  qV  "1  appattiendrA., 
d'à-près  la  loi  dtï27  \{entoSi  dertiier.  ^      ^  _ 

Ordonner  qu'à  notre  diligence  ,  le  jugement 
â'  iPit'ervéni'r  sera'  iitiprîi.ié  èf  lïânsci'it  sur  les 
régistl-és  du  juge  dé  p*ix-  de"  la  Cdftitnune  à6 
Môi'laix.  ■,!       ■ 

(Ces  cônilùsions  ont  été  ado'^'ftèipîfr  jiii^n/ètté 
du  îg'i'h'Éfiiii'dor  an  8.  )  '' 


par  là  coupable  d'arrestation  arbitraire  ;  car  c'est 
bien  arrêter  arbitrairement,  que  d'arrêter  lors- 
qu'une loi  positive  en  ôte  le  droit ,  et  c'est  assez 
vous  dire  que  notre  ministère  nous  oblige  de 
provoquer  votre  juste  sévérité  contre  lui. 

Par  ces  considérations  ,  nous  estimons  qu'il  y 
a  lieu  ,  attendu  que  le  pourvoi  formé  contre  le 
jugement  du  19  ventôse  an  8  ,  l'a  été  par  un  in- 
dividu sans  caractère  public  et  sans  procuration 
de  la  tégie  des  douanes  ,  ni  de  ses  préposés  à 
ce  autorisés  ,  de  déclarer  qu'il  n'y  a  lieu  d'y 
statuer  ;  ■ 

Ordonner enconséquence  que  ce  jugement  sera 


C  O  N  S  Ë  I  L    D  E  SI    f>?R  I  S  E  S 


Décision'  relative   à  tu  ^rise   du  navire  amérifoin 

Au     NOM    DE   L.i^    RgPUftbïQIJEr  FRAUÇAISE^V; 

Lé  conseil  des  phSes,  établi  par  l'arrS'ré  dé^s 
consuls  du  6  germinal  an  8,  en  vertu  de  la 
loi  du  26  ventôse  précédent,  a  fendu  la  déci- 
sion suivante  ,  entre  Abel  Lunt  ,  capitaine  dti 
navire  tUnion  ,  pris  par  le  corsaife  français  li 
Tartare i  et  la  citoyenne  Lesaine  ,  veuve  de 
Benjamin  Dubois  ,  armateur  dia  corsaire  français 
te  Tartare  ,  commune  en  bien  avec  lui,  et  sa 
donataire,  procédant  sous  1  autorité  et  assistance 
du  cit.  Leconte  ,  homme  de  loi  ,  son  second 
mari,  et  les  héritiers  et  représentans  dudit  Ben- 
jamin Dubois  ; 

Vu  l'acte ,  etc.  etc. 

Vu  les  conclusions  ducoramissaire  du  gouver- 
nement ,  déposées  cejourdjhui  sur  le  bureau  , 
et  dont  la   teneur  suit  : 

Le  22  frimaire  an  7  ,  le  tribunal  de  commerce 
de  Bordeaux  a  prononcé  l'invalidité  de  la  prise 
du  navire  rt/îiiorj  par  le  corsaire  le  Tartare  ,  et 
il  a  déboulé  le  capitaine  du  navire  capturé  ,  do 
sa  demande  en  dommages-intérêts. 

Le  tribunal  civil  du  département  de  la  Gironde 
a  réformé,  paivson  jugement  du  26  nivôse  i  ceitii 
du  tribunal  de  commerce,  et  il  a  déclaréile 
navire   /  Union   de  bonne  prise. 

Le  capitaine  capturé  s'est  pourvu  en  cassation« 
et  son  mémoire  a  été  admis.  C  est  en  cet  état 
que  l'affaire  se  trouve  soumise  à  la  décision  da 
conseil. 

La  prise  est-elle  valide  ,  ou  ne  l'est-elle  paS.? 
Dans  le  icas  où  l'invalidité  de  la  prise  serait 
reconnue,  faudrait-il  accorder  des  dommages- 
intérêts   au  capitaine   capturé  ? 

Telles  sont  les  questions  de  la  cause. 

Les  réglemens  veulent  que  la  neutralité  d'un 
navire  el  de  sa  cargraison  soit  prouvée  par  le 
passe-port,  le  rôle  d'équipage  ,  les  connaissement 
et  autres  pièces  de  bord. 

Il  est  convenu  que  le  passe-port,  les  connais>r 
semens  et  les  factures  trouvés  à  bord  du  liavifç 
l'Union,  sont  en  bonne  et  due  forme;  que  ces 
pièces  annoncent  la  propriété  neutre  du  navire 
et  de  sa  cargaison  ,  et  sa  destination  pour  Amsterr 
dam  :  mais  on  critique  la  forme  du  rôle  d  équi- 
page ,  et  on  prétend  que  les  autres  pièces  ,  dont 
la  forme  est  hors  d'aiteinte  ,  sont  entachées  du 
vice  de  simulation. 

Si  en  général  la  simulation  est  le  plus  grave  des 
reproches,  elle  est,  dans  les  circonstances  par^ 
ticulieres  ,  la  plus  facile  des   objections. 

Quand  la  neutralité  est  prouvée,  on  ne  peut 
admettre  le  roproche  de  simulation  sans  preuves. 
Des  soupçons  arbitraires  ne  peuvent  détruire  des 
actes  authentiques.  Or  comment  justifie-t-on  que 
la  neutralité  du  navire  l'Union  et  de  sa  cargaison 
n'était  que  simulée  ? 

D'abord  ,  on  avait  soutenu  que  les  marchan- 
dises qui  composaient  le  chargement  ,  étaient 
anglaises.  Un  rapport  d'experts  a  démenti  cette 
assertion  ,  et  le  corsaire  n'a  osé  recourir  de  ce 
rapport. 

On  a  dit  ensuite  que  le  capitaine  du  navire 
capturé  avait  rencontré  une  frégate  anglaise  ,  et 
que  cette  frégate  ,  après  avoir  fait  la  visite  de 
ses  papiers  ,   l'avait  relâchée. 

Le  fait  est  vrai  :  mais  ce  qui  ne  l'est  pas  ,  c'est 
la  conséquence  que  l'on  voudrait  en  déduire. 
Car  ,  s  il  faut  en  croire  le  corsaire  ,  le  navire 
l'Union  aurait  été  pris  par  la  frégate  anglaise  , 
bien  loin  d'être  relâché  par  elle  ,  s'il  n'avait 
montré  d'autres  papiers  que  ceux  que  l'on  exhibe 
aujourdhui.  D'où  l'on  conclut  quil  est  évident 
que  le  capiiaine  du  navire  l'Union  avait  de» 
expéditions  doubles. 

Quel  raisonnement  et  quelle  logique  !  Pou? 


détruire  der  ait8S»:qiî8  l'on  vott^'r'SfliffiP^l'sâ^en 
supposer  d'auiœsj  qwe  l'on  ne  vwitpaS?'' A'qiicii 
servirait  de  se  conformer  au  réglemenc  ,  si  'ie'i 
pensées  caj?ricieuieijiiRj,lieniBie  préialaienl  sur 
1  autorité  de  la  loi  ?  .  •   .    .  .        , 

Les  anglais  sont  nos  ennemis  ;  mais,\ils-  re,çon- 
naisserit'des  nélitre's.  Il  n'^est  donc  pas  extraordi- 
naire qu'une  de  leurs  frégates  ait  respecté  un  na- 
vire américain.  Dire  que  le  navire  /'{/«ion  eût  éfé 
pris  par  eux ,  si  ce-  navire  n'eût  eu  à  leur  préseti'té'i' 
que  les  pièces  que  nous  con'naissons ,  c'èVt  aVOTt-r 
formellement  que' ces  pièces  sont  parfaii-érneni'én 
règle  ,  et  qu'elles  nte  peuvent 'nous  êii'ei'sus'p'ectes , 
puisqu'on  pense  q'U''elles- n^auraient  pU  Têïrè  "qu'à 
nos  ennemis. 

On  paile  de  troiis  -lettres  trouvées  'par  Hasard 
dans  le  navire  l'Union.  On  suppose  que 'rès  lettres 
prtîuvaieat  que  le  navire  élâii  destliié'pôur  l'An- 
gleterre. Mais  qiie' coiMenaiertt  donc  cts  lettrés? 
par  qui  étaient-elles  écrites  ?  à  qui  ëtaientJelles 
adreasées  ?  tommeht  étjient-elles  parvenues  dans 
le  navire  ? 

Le  tribunal  de  coiprner^ce  de  Bordeaux  les  avait 
»ous  les  yeux  ,  lorsqu'il  a  jugé  la  cause.  Il  ne  s'y 
est  .point  arrêté  fil  'les  a  écartées  comme  absolu- 
ment inconcluanies.  Le  tribunal  d'appel  les  â 
accueillies  plus- favorablement  ;  mais  il  n'a  pu 
,  tes  rendre  plus  sérieuses  quelles  ne  l'étaient.  De- 
puis, elles  ont  disparu.  Gomment  ont-elles  été 
soustraites,  et  par  qui  ?  on  ligriore.  ' 

Le  vrai  est  que,  d'après  les  traces  qui  en  restent 
dans  le  procès  .  les  trois  lettres  dont  il  s'agit  étaient 
étrangères  au  navire  ,  authentiqutmcnt  expédié  pour 
Amsterdam  ,  et  quelles  n'éiaieni  parvenues  dans 
ce  navire  que  par  la  suite  dune  rencontre  fortuite. 

Le  corps  de  'ces  lettres  ne  roule  sur  aucune 
affaire;  il  n^  contient  que  quelques  phrases  insi- 
gnifiantes ,  purement  relatives  à  un  siinple  intérêt 
d'aipitié  ou  de  liaisons.  Je  sais  qu'on  a 'voulu  se 
prévaloir  de  ce  que  l'on  avait  trouvé  dans  une 
de  ces  lettres  une  phrase  .".éparée  qui  semblait 
annoncer  que  le  navire  /  Union  était  desiiné  pour 
Londres  :  mais  on  a  observé  que  ceite  phrase 
isolée  se  trouvait  écrite  d  une  main  autre  que  celle 
qui  avait  écrit  le  corps  de  la  lettre.  On  a  ajoulé 
^vec  raison  que  ,  dans  aucun  cas  ,  le  sort  du 
navire  l'Union  ne-pôUvâit  dépendre  de  l'asseriion 
conjecturale  ou  hasardée  dun  tiers  étranger  à  ce 
navire  ,  d'un  tiers  qui  ne  pouvait  connaître  la 
destination  d'un  voyage  qui  ne  le  regardait  pas  , 
d'un  tiers  enfin  dont  la  qualiié  et  les  propos  pré- 
jugeaient l'inconsidération  el  l'i^^norance. 
'  Pour  moi  ,  j'observerai  ^encore  que  la  destina- 
tion pour  un  port  ennemi  n'est  point  un  motif 
â'ârresiaiion  ,  quand  on  n'y  porte  pas  des  mar- 
chandises prohibées- ou  de  contrebande. 

C'est  la  disposition  formelle  du  règlement  de 
1778. 

A  qui  la  soustraction  soudaine  des  trois  lettres 
en  question  peut  -  elle  être  imputée?  Aucune 
preuve  n'éclaircit  ce  point  :  mais  il  paraît  que  les 
parties  sont  à-peu-près  d'accord  sur  le  contenu  de 
ces  lettres  ;  et  il  est  clair  que  ce  contenu  ne  prouve 
ïien  et  ne  peut  rien  prouver. 

C'est  doncUne  bien  singulière  manière  d'établir 
■un  système  de  simulation  ,  que  de  le  supposer 
sans  preuves  et  contre  les  preuves.  Un  rapport 
-d'experts  ,  qui  n'a  point  été  attaqué  ,  démontre 
que  non-seulemenj  les  marchandises  sont  neutres , 
mais  même  qu'elles  sont  françaises.  Des  pièces 
«n  bonne  forme  constatent  l'origine  et  la  destina- 
tion de  ces  marchandises  ;  équipage  ,  propriété  , 
pavillon  ,  chargement ,  navire  ,  lout  est  neutre.  Le 
fait  de  la  neutralité  est  porté  jusqu'à  1  évidence; 
point  de  traces  de  simulation. 

On  la  suppose  ,  au  mépris  de  toutes  les  pièces 
authentiques  qui  la  démentent.  Dans  les  principes 
d'une  saine  dialectique,  on  va  du  connu  à  lin- 
connu  :  ici  ,  on  part  de  ce  que  l'on  ne  connaît 
pas  ,  pour  ébranler  ce  que  l'on  connaît.  On 
combat  les  expédiiions  que  le  capitaine  capturé 
montre  ,  en  le  soupçonnant  d'avoir  d  autres  ex- 
péditions qu'on  1  accuse  de  cacher  ;  on  oppose 
des  lettres  missives  qui  ne  disent  rien  .  à  des 
'  actes  auiheniiques  qui  prouvent  tout  ;  on  court 
après  l'ombre  ,  quand  on  tient  le  corps  ;  on  résiste 
ouvertement  à  la  vérité  démontrée;  on  fuit  la 
hitniere  pour  marcher  dans  les  ténèbres. 

Je  ne  m'arrêterai  point  à  lout  ce  que  l'on  s'est 
permis  d'alléguer  pour  censurer  la  (orme  du  rôle 
d'équipage.  Ce  rôle  a  été  arrêié  par  un  officier  pu- 
blic ,  dont  le  commissaire  français  a  légalisé  la 
signature,  et  dont  il  a  attesté  la  qualité.  Il  est 
çonfoime  .aux  réglemens  ;  et  ne  le  iût-il  pas,  il 
l'était  suppléé  par  l'ensemble  de  toutes  les  autres 
preuves. 

Je  pense  donc  que  la  prise  est  invalide. 

Faui-il  accorder  des  dommages  et  intérêts  au 
capiuié  PLcjugcmenidu  tribunal  de  commerce  de 
Bordeaux  les  lui  refuse;  mais  le  capturé  n'a  jamais 
acquiescé  à  cette  disposition  du  jugemenl.  Il  en 
avait  appelé  ;  se!  droits  sont  donc  entiers.  Il 
s'élait  même  pourvu  au  tribunal  de  cassation  , 
tant  contre  ce  jugement  que  contre  celui  du  tri- 
bunal d'appel. 


D'âMfre>  t('.irfv'e*Wini(è'nt  iê  ((iLunàl  'éfe''iiiom- 
merco'-'dl'-boi'Jléfulx  a-t-il  motivé'Iri  dëboulerrienr 
de  la  demande  en  dorrijYiàgcs"  et  intérés  ?  On 
a  prétendu  que'  ,  'rtoiibbitant'lpùtcs  les  preuves 
delà  netifralité  ,  le- tapitairic'du  navire  capturé 
aurau  dd  se  munir  "d'un  rénificat  dtl  consul 
Irançais  ,  et  que  lo  défaut  dc'  octte  pièce  a  {)u 
délerrain.er  l:e  corsaire   françHisà  faire  Is'caplureJ 


lis    aubiWi    rciilumcnt   n'a  re<]uis .un 
n  ;   Ics-dois  veulent   seialcment'quë 


tel   celti- 
que  IS'-neU' 


trdiiiè  soit  .prouvée.  '        .'.   >i  d 

Le  capteitY  n'a  donc  jSu ','avtà  bort.nij>T6i  ,'se 
prévaloir!  cï-e  r'On,iissi-o-ti  d'ui^'e 'pyétfè  que  les  loij 
n'exigent  f'a's:'Cétt'e  bmis.sioft-n''a  point  servi  de 
base'fi  la-clàpture;  elle  rie"'pedt  donc 'fneiire 
le   capteur  à   l'dbti  des' dommages 'et  intérêts. 

De  plus,  il  résulte  delà  déclaration  faite  au 
juge  de  paix  pur  'Nicolas  Lamotte  ,  second  ca- 
pitaine du  corsaire  qu'on  avait  arboré  pavillon 
anglais ' dans  la  chasse  faite  au  navire  l'Union  , 
gui  avait  répondu  par  un  pavillon  américain.  Or  ; 
d'apiès  les  lois,'  ce  trait  de  perfidie  suffit  prjur 
F  moiiver  l'adjudication  des  dommages  et  intérêts  : 
car  nous  tisons  dans  l'ordonnance  du  17  mars 
1696,  ii'.qu'un  pareil  procédé  est- .contraire  à  la 
loi  publique  ,  à  l'honneur  du  pavillon  français  , 
aux  ordonnances  ,  et  particulièrement  à  celle  de 
1681.  En  conséquence,  le  législateur  veut  (jue 
tous  les  C/ipitaines  cammandant  ses  vaisseaux  , 
ou  ceux  armés  en  course  par. ses  sujets  ,  soient 
tenus  d'arborer .  pavillon  français  avant  de  tirer 
le  coup  d'assurance  et  de  semonce  ;  leur  fait 
très-expresses  inhibitions  et  défenses  de  tirer 
sous  pavillon  étranger,  à-  peine,  d'être  privés, 
eux  et  leurs  armateurs  ,  de  tout  le  provenu  de 
la  piise  ,  qui  sera  confisqué  au  profit  de  sa  majesté 
si  le  vaisseau  est  jugé  ennemi;  el  en  cas  que  le 
vaisseau  pris  soit  jugé  neutre  ,  les  capitaines  et  ar- 
mateurs seront  condamnés  aux  dépens  i  dommages  et 
intérêts  des  propriétaires.  j>        ,  .      ,  ,,    • 


-"■■Vàh  le  ^  Messidor,  an  8  dejk'lcpnbfîqiie  Tr^ 
<;aïie-;"une  et  itidivi.îible.  Prescris  ]i/i  a}by''M 
K'i'.Uo'n  ;  pHsi(ient  \;H\<.)\i  ,'  Mrii'.r.AU  ,  Mo!^Tt«*lV» 
M6m'la(S(K',"  BApN'Nt..S  , /DtrPÀtiT,'  rAK.?r''(''Âlilf 
Ghaniimmison'.-  et  T<jv'ii\kht'(io'ti  ,"  tàul'Wém'b'i-es 
du  cô'niéi'l  des' prises,- i'éctm^%'¥3rh  ,  maison  d* 
l'Oratoire;   '  -  ':''"r   ' ..■-...-       ..    ç^i.- 

,  ;,  ._..■:  ,  ,  ...  •.  ■  :••;.-  !?i  'II',  •  tKijHiv' 
Au  J^OM  rfE  LA  REPtiBLIf^UE  F.iy^J^Çf'.SJÏjsil  «^4 
ordonné  à  tou."  huissiers  sur  ce  requis",  tie  jneltr^la 
présente  décision  à  'cj^t-éutiyp,';' à  tdtV^  cdiinïîinj 
dans  et  officiers  cfe  la  force'.p'J'bl.l'lue  ,'  de  pr^irr 
main.-foite  lorsqu'ils  en' serai'it  •|:é'p''aleuv'er<i  l'tfdjiVs.'S 
ef  a'ù'x  cordmissài res' ■  à'tx- 'j^quvitïientaai'  é.tei"i'(!^ 
tribunaux  ,  d'y  tenii"Ia"rria)'n.'  "  '•''•'''  *"'.-''"  ' 
En  foi  de  quoi  ladil'é  décision  aété  sigjnéè' tàf  1^ 
p'VésidètK  dii  t'onscil'ét.p'aVle'rapporteuf.'  J      '    ' 

.;^,    Li ^^^eçr-^taire-général  ,  signé  CalmëUEIV! 


Dans  les  circonstances  particulières  de;la  cause, 
l'adjudication  des  dommages  et  intérêts  n'est 
donc    que  la  nue   application  de  la  loi. 

Par  ces  considérations  ,  je  conclus  à  ce  que  ; 
fesant  droit  sur  le  recours  déclaré  par  le  capi- 
taine du  navire  t  Union  contre  le  jugement  du 
tribunal  civil  de  la  Gironde  du  26  nivôse  an  7  , 
et  contre  celui  du  tribunal  'de  commerce  de 
Bordeaux  du  22  frimaire  an  6,  dans  la  dispo- 
sition relative  aux  dommages  et  intérêts  ,  il  soit 
décidé  par  le  conseil  que  la  prise  du  navire 
iUnion  ,  par  le  corsaire  lé  Tartare  ,  est  nulle  et 
de  nul  effet  ;  en  conséquence  ,  que  pleine  et 
entière  main-levée  sera  faite  à  Abel  Lunt  ,  dudit 
navire  l'Union^  de  ses  agrès  et  apparaux,  ou 
de  leur  prix  et  légitime  valeur  ,  ensemble  des 
papiers  ,  effets  et  manchandises  de  son  charge- 
ment; et  qn'il  soit  ordonné  à  la  veuve  Benjamin 
Dubois  ou  ses  ayans-câuse  ,  dfe  les  restituer 
audit  Abel  Lunt  ,  ainsi  que  toutes  les  pièces 
et  papiers  de  bord  :  à  quoi  faire  tous  gardiens 
et  dépositaires  seront  contraints  par  les  voies  de 
droit  ;  quoi  lésant,  déchargés  :  le  tout  avec  dom- 
mages çt  inlétêts ,  suivant  la  liquidation  qui  en 
sera  faite  à  la  forme  des  réglemens. 

Déhbéré    à    Paris,   ce    9    messidor,    an  8   de 
la   république  française  ,    une  et  indivisible. 
■  Signé ,  PORTALIS. 

Ou'i  le  rapport  du  citoyen  Montigny-Mon- 
plaisir  ,  membre  du  conseil  ;  tout  vu  et  con- 
sidéré ,  ,   . 

Le  conseil  ,  sans  Si'arrêter  au  jugement  rendu 
par  le  tribunal  civil  de  la  Gironde  le  26  nivôse 
an  7  ,  non  plus  qu  à  la  disposition  de  celui  du 
tribunal  de  commerce  de  Bordeaux  du  22  frai- 
maire  même  année  ,  relative  aux  dommages- 
intérêts  ,  contre  laquelle  disposition  le  capitaine 
AbeT  Lunt  s'était  pourvu  , 

Décide  que  la  prise  du  navire  l'Union  et  de 
sa  cargaison,  faite  par-  le  corsaire  le  Tartare, 
est  nulle  et  de  nul  effet  ;  en  conséquence  ,  or- 
donne que  la  veuve  ,  héritiers  et  représenlans 
de  Benjamin  Dubois,  armateur  dudit  corsaire, 
ensemble  tous  dépositaires  et  consignataires  . 
seront  tenus  de  rendre  et  restituer  audit  Abel 
Lunt  le  prix  provenant  de  la  vente  faite  en 
exécution  du  jugement  du  tribunal  civil  du  dé- 
partement de  la  Gironde  ,  tant  dudit  navire 
[Union  ,  de  ses  agrès  et  apparaux  ,  que  dés  effets 
et  maicliandises  de  son  chargement;  àrjuoifâire 
ladite  veuve  ,  héritiers  et  représenlans  dudit 
Dubois  seront  contraints  par  toutes  voies  dues 
et  raisonnables  ,  et  en  outre  les  dépositaires  et 
consignataires  des  deniers  de  ladite  vente  ,  par 
coriis  ;  quoi  fesant  ,  déchargés  ; 

Oi  donne  pareillement  que  toutes  les  pièces  et 
papiers  de  bord  seront  remis  audit  Abel  Lunt; 
à  quoi  f.iire  tous  gardiens  et  dépositaires  seront 
contraints  4  même  par  corps;  quoi  fesant,  dé- 
chargés :  condamne  en  outre  ladite  veuve  , 
héritiers  et  leptésentans  dudit  Dubois,  aux  dom- 
mages et  intérêts  envers  ledit  Abel  Lunt,  d'après 
la  liquidation  qui  en  sera  faite  aux  formes  de 
droit  ; 

Sur  le  surplus  des  autres  fins  et  conclusions 
dcï  paities ,  les  met  hors  de  cause. 


■  Il''    uli 


■■[^  '';  '-'^     ;_  P    O'-É  -5.  ^  ,■£.■ 

,.,,i'rftw',iere  kttre  sur^^lei.QiQrgigrns  frangimir^ 

-'  S'il-  est  en  liltéraWr'é  tipe'  ctitréprise  dcl^'cate'ei 
même  téméraire  .  c'esr'ééire  de  jnger  les  ouvragée 
de  ces  maîtres  de  l'arf^  dont  ^le  nom  -et  la!  gloire 
impriment  le,  respect.  Comment  en  effet  criliquéf 
ce  qu'on  admire,  et  par  quelles  expressions  asssi 
énergiques  peut-on  louer  dignement  un  poët'e 
qui  mériterait  qû  on  lui  décernât  des  courôfinès? 
Il  fiut  pourtant  vous  parler  des  Géorgiqutr» 
(rançaises.  Mais,  circonspect  et -respeciueLtx^'^ê 
ne  me  permettrai  point  de  porter  un  jygsreleni; 
J'exposerai  seulement  mon  opinion  ;  je  reiid'fà! 
compte  des,  impressions  que  j  ai  éprouvées  i 
tremblant  encore  de  paraître  trop  audaeièux',  et 
même,  en  bazardant  une  observation  critiqué,  de 
commettre  une  sorte  de  sacrilège.  '         '  "  •' 

.  La  poésie  didactique  ,  que  l'on  a  si  bien  définie 
par  ces  mots  ;  ta  vérité  mise  en  vers  ,  paraît  avoir 
précédé  tous  les  autres  genres  de  poésie.  Lei 
hommes  commencent  toujours  par  inventer  cû 
qui  leur  est  utile;  ils  cherchent  ensuite  l'a'gréabléj 
et  finissent  par  les  réunir.  Orphée,  Amphion; 
rassemblant  les  hommes  aux  sons  de  la  lyre  j 
leur  enseignaient  l'art  de  bâtir  des  villes,  des^ 
donner  des  lois  ,  et  de  vivre  heureux  en  société  \ 
leurs  chants  étaient  donc  didactiques  ?  on  sait 
que  ,  long-tems  avant  Homère,  Hésiode  avait 
donné  les  préceptes  de  l'agriculture  dans  soa 
poëipe  des  Travaux  et  des  Jours.  , 

Pour  révéler  aux  hommes  l'existence  de  14 
divinité  ,  pour  leur  donner  des  idées  religieuses  , 
établir  la  morale  ,  et  enseigner  les  ans  .utiles.) 
les  premiers  législateurs  se  servirent  du  charmé 
de  la  poèsié'èt  de  celui  de  .la  musique  qui  dans 
ces  tems  reculés  étaient  toujours  unis.  Les  dieux 
prononcèrent  en  vers  leurs  wracles  ;  les  lois  furent 
écrites  dans  ce  langage  mesuré  ,  pour  être  plus 
facileiiient  retenues.  Celte  poésie  vraiment  didac- 
liqtle  devint  la  source  de  tous  les  biens.  ,G^ 
fut  sans  doute  pour  avoir  instruit  les  hommes  i 
et  les  avoir  civilisés  qu'ils  la  nommèrent  le  lan* 
gage  des  dieux  ,  qu'ils  honorèrent  les  poètes 
comme  leurs  organes  ,  et  qu'ils  dressèrent  des 
autels  aux  Muses. 

Ce  ne  fut  que  quelqiaes  siècles  après ,  c'est* 
à-dire  à  une  époque  où  les  hommes  plus  éclai- 
rés n'avaient  plus  besoin  de  cette  première  ins^ 
truction  ,  que  la  poésie  changea  d'objet.  Elle 
fut  consacrée  par  Homère  à  chanter  les  héros. 
Après  lui  ,  Eschile  ,  Sophocle  ,  Euripide  prê- 
tèrent son  langage  à  ces  mêmes  héros  qu'ils  firent 
paraître  sur  la  scène.  Pindare  célébra  les  vainr 
queurs  dans  les  jeux  olympiques,  et  Théocrile 
chanta  les  douceurs  de  la  vie  pastorale.  Mais  , 
livrés  à  toutes  ces  brillantes. fictions  ;  les  grecs 
parurent  oublier  ou  dédaigner  le  genre  didac- 
tique. Après  Hésiode,  on  ne  trouve,  ce  me 
semble  ,  pavmi  leurs  poètes  que.Tfiéognis  ,  qui 
écrivit  en  vers  sur  la  morale. 

Parmi  les  poètes  didactiques.  Virgile  tient  , 
cle  l'aveu  de  tous  les  siècles  et  de  toutes  les  na- 
tions ,  le  premier  rang.  Comme  Hésiode,  il  a 
chanté  l'agriculture;  niais  il  s'est  tellement  élevé 
au-dessijs  de  son  modèle,  que  Ion  ne  peut  éta- 
blir enir'eux  aucune  comparaison.  Dans  le  même 
tems  ,  Horace  relevait  aussi  l'honneur  de  la  poésie 
didactique,  en  donnant,  dans  son  Epiire  aux 
Pisons ,  les  préceptes  de  l'art  des  vers. 

Dans  la  littérature  du  moyen  âge  ,  nous  trou- 
vons encore  des  traces  de  ce  genre  de  poésie. 
Les  Troubadours  et  les  Trouvères,  leurs  devan- 
ciers ,  ne  se  bornaient  point  à  chanter  leurs 
amours  ,  les  exploits  des  chevaliers  et  les  mys- 
tères de  la  religion  ;  ils  enseignaient  aussi  daiis 
leurs  vers  la  morale  ,   les  sciences  et  les  ans. 

Dès  le  commeucement  du  9'  siècle  ,  sous  le 
règne  glorieux  de  Charlemagne  ,  les  lettres  fu- 
rent remises  en  honneur  ,  et  la  poésie  latine  fut 
cultivée  avec  succès.  'Walafride  Strahon  est  un 
des  poètes  les  plus  estimés  de  ce  tems.  If  se  li- 
vra comme  'Virgile  au  genre  didactique  .  et  fou 
trouve  dans  sa  Description  des  plantes  quelque» 
endroits  dignes  du  siècle  d'Auguste- 
Je  ne  puis  citer  aucun  poète  didactique  du  i«* 


)âecle.  On  sait  qu'à  cette  époque  ,  «goalee,  par 
tant  de  troubles  ,  la  poésie  tomba  dans  une  dé- 
gradation déplorable.  Les  moines ,  seuls  dépo- 
ïifaîres  des  manuscrits  et  seuls  instituteurs  ,  dé- 
fendaient^^ leurs  disciples  la  lecture  des  poêles 
profanes",,  et  se  l'interdisaient  à  eux-mêmes.  Les, 
vies  des  saints,  et  des  epîtaphes  écrites  en  vers 
barb.ares  sont  les  seuls  monumens  Ijoétiques  de 
ce' iîecle  M'igribrànce. 

>  Le  11=  'siècle  vit  renaître  le  goût  de  la  poésie. 
Il  lut  illustré  par  Marbolde  ,  évêque  de  Rennes , 
auteur  d'un  poëme  didactique  en  vers  latins  ,  in- 
litulé  :  de  Lapidibus  prtliosis.  Il  fut  traduit  en 
français   dans  le  siècle  suivant. 

Dans  le  12=  siècle  .  Philippe  de  Than  dédia  à 
la  reitie  Adélaïde  ,  femipe  de  Henri  I ,  roi  d'An- 
gleterre ,  un  poëme  sur  l'histoire  naturelle  des 
animaux  et  des  oiseaux. 

L«  poëme  moral,  intitulé  le  Caslokment  (i) 
A^un  père  à  son  fils ,  ctlui  de  Simon  Dutiesne, 
sur  l'insconstance  de  la  fortune,  datent  de  la 
'fin  du  même  siècle'.  Au  commencement  du  i3*, 
Guillaume  de  Normandie  publia  un  poëme  sur 
l'histoke  naturelle  ,  beaucoup  plus  ample  que 
Ccllii'dé  Philippe  de  Than. 

Et»  1246  ,  Gautier  de  Metz  fit  un  poëme  sur 
\t%  sept  arts  libéraux,  intitulé  :  l'Image  du  Monde. 
<le  siècle  eut  aussi  son  art  poétique  ,  eii  latin  ; 
îl  fu«  dédié  au  pape  Innocent  III ,  par  l'auteur 
qui  se  nommait  Gautier,  Dans  le  14'  siècle  ,  Gace 
de  la  Signe  ,  chapelain  du  roi  Jean  ,  fit  un  poëme 
«ur  les  plaisirs  de  la  chasse  ;  et  dans  le  i5' ,  Jean 
de  Gourcy  en  fit  un  intitulé  :  le  Chemin  de  Vail- 
lance, poëme  pour  former  l'esprit  et  le  rœiir  des 
jeunes  chevaliers.  Ce  detnier  ouvrage  est  vraiment 
didactique  ;  l'auteur  enseignait  aux  chevaliers 
l'art  de  combattre ,  et  mêlait  à  ces  préceptes  des 
leçons  de  morale. 

La  plupart  de  ces  poëtes  étaient  normands. 
On  en  pourrait  citer  un  plus  grand  nombre  ; 
mais  il  me  suffit  de  prouver  que  la  poésie  di- 
daciique  fut  cultivée  dans  ces  siècles  qui  pré- 
cédèrent la  renaissance  des  lettres.  Il  est  k  re- 
marquer que  datis  ces  tems  de  ténèbres  où  les 
peuples  paraissaient  être  retournés  vers  leur 
enfance  ,  toutes  les  histoires  ,  tout  ce  qu'on  vou- 
lait graver  dans  la  mémoire  des  hommes  pour 
leur  instruction  ,  était  écrit,  en  vers  comme  dans 
lajplus  haute  antiquité. 

J'ignore  si  l'Espagne  ,  l'Angleterre  et  l'Alle- 
inagne  eurent  des  essais  dans  ce  genre  ,  à  cette 
époque  où  leur  liiiérature  était  encore  si  gros- 
sière; mais  le  17'  siècle  et  le  commencement  du 
18'  furent  illustrés  dans  ce  genre  de  poésie  ,  en 
"France,  par  Despréaux  ,  et  en  Angleterre,  par 
l'illustre  Pope  (  2  )  ;  1  un  par  son  Art  poétique  , 
CI  l'autre  par  son  Essai  sur  la  critique  et  son 
Essai  sur  l'homme  se  placèrent  au  rang  des  plus 
grands  poëtes  didactiques  de  l'antiquité.  Leurs 
iuccès  excitèrent  lémulaiion  d'un  grand  nombre 
dauteurs.  Je  ne  parlerai  que  de  ceux  de  notre 
pays.  Nous  eûmes  dans  le  cours  du  18=  siècle 
des  poëmes  sur  l'agriculture  ,  sur  la  peinture  , 
«lit  la  déclamation  ,  sur  presque  tous  les  ans  , 
sur  quelques  sciences  et  mêrùe  sur  la  philosophie 
de  Descartes.  Les  uns  ,  tels  que  celui  de  Rosset, 
n'étaient  que  des  traités  en  vers  ;  les  autres  , 
comme  celui  de  Dorât ,  ne  pouvaient  intér^ser 
que  quelques  artistes.  Ils  eurent  peu  de  succès. 
1  Parmi  ces  poëmes,  je  ne  dois  pas  oublier  celui 
que  composa  le  grand  Frédéric  ,  sur  l'art  de  la 
r  guerre,  qti'il  avait  si  bien  pratiqué.  C'est  un  monu- 
ment honorable  pour  notre  1-angue.  Les  militaires 
doivent  lire  cet  ouvrage  avec  intérêt  ;  mais  il  eut 
à-peu-près  le  sort  des  autres.  On  commençait  à 
croire  que  le  genre  didactique  n'était  point  dans 
le  génie  français  ,  et  que  Boileau  resterait  sans 
imitateurs.  Il  est  même  à  remarquer  que  ce  genre 
est  le  seul ,  peut  -  être  ,  que  n'ait  point  essayé  cet 
bomme  universel ,  qui  fit  la  Henriade  et  la  Pucelle, 
Mahomet  et  Candide. 

Enfin  Delille  parut.  Sa  traduction  des  Géor- 
giques  de  Virgile  fut  un  événement  dans  la 
littérature  française.  Il  prouva  que  notre  poésie 
pouvait  donner  des  préceptes  sur  l'agriculture 
avec  précision  et  clarté ,  et  descendre ,  sans 
manquer  de  noblesse  ,  aux  détails  les  plus 
simples  de  la  vie  et  des  travaux  champêtres. 
Voltaire  ne  cessa  d'admirer  cette  difficulté  vain- 
cue ,  et  le  roi  de  Prusse  disait  que  cette  tra- 
duction était  l'ouvrage  le  plus  original  du  siècle. 
Delille  ,  encouragé  par  ce  premier  succès ,  vou- 
lut honorer  son  pays  par  une  production  vrai- 
jnenc  originale  dans  ce    genre  :  il  fit   le  Poëme 


des  Jardins.  Ce  poëore  fut  accablé  de  critiques , 
comme  l'ont,  été  dan*  tous  les  tems  les  ceuvres 
du  génie  ,  surtout  lorsqu'il  ose  tenter  uiie  inno- 
vation ;  i'  eut  ,  des  détracteurs ,  des  envieux 
peut-être,  mais  il  eut  aussi  des  admirateurs  dont 
l'opinion  a  triomphé.  l. 

La  gloire  de  notre  premier  poète  didactique 
lui  a  donné  de  dignes  rivaux.  :,  1  un  a  traduit 
1  Essai  'sur  l'homme  ,  et  marcWe  l'égal  de  son 
modèle  ;  l'autre  la  Foiêt  de  "Windsor  avec  uri 
succès  également  biillant.  Le  premier  a  chanté 
les  vergers  et  l'astronomie  ;  le  second  a,  publié 
quelques  Iragraens  d'un  poëme  sur  les  pays.iges; 
tous  deux  s'occupent,  dit-on  ,  d'ouvrages  encore 
plus  importans ,  et  soutiendront  avec  Delille 
l'honneur  de  la  poésie  française.  1: 

Telle  est  en  peu  de  mots  l'histoire  de  la  poésie 
didactique  ,  jusqu'au  moment  où  paraissent  les 
Georaiques  fiançaises;  elles  doivent  faire  époque 
dans  celte  histoire.  Il  est  tems  de  passer  à  l'examen 
de  ce  nouveau  poëaie. 

DeHUe  a  fait  une  préface  ;  elle  est  presqu'en- 
tiéiement  consacrée  à  se  justifier  du  reproche 
qui  lîii  fut  adressé  par  un  M.  de  M...  de  ne 
traiter  que  des  •sujets  peu  iméressans.  La  gloire 
des  Géorgiques  et  le  succès  durable  du  poème 
des  jardins,  répondait  assez  à  ce  critique.  Delille 
en  le  réfutant  semble  avoir  pris  une  peine  inutile: 
mais  dans  ce  discours  préliminaire  ,  je  me  suis 
arrêté  avec  étonnement  sur  un  paradoxe  qui 
pourrait  jeter  de  la  défaveur  et  même  de  l'odieux 
sur  une  des  plus  brillantes  parties  de  notre  littéra- 
ture. Delille  prétend  que  les  ouvrages  de  théâtre 
accoutument    lame    à   des    sensations   violentes 


Delille  tenpine  celle  jpréiace  en  traçant  le  pîaa 
de  son  ouvrage.  L'examen  du  premier  chant  sera 

le  sujet  d'une  autre  lettre.  ■ 


Le  secrétaire- général  du,  conseil  des  prises  au  rédac- 
teur du  Moniteur.  —  Paris,  te  ^Jructidor  an  o.  ,, 

L'imprimé  de  la  décision  du  conseil  des  prises  j 
relative  au  navire  le  Républicain ,  insérée  ,  citoyerr 
rédacteur,  dans  le  Moniteur  du  8  de  ce  mois  , 
a  omis  de  comprendre  ,  parmi  les  membres  qui 
ont  participé  à  cette  décision  ,  le  nom  du  citoyen 
Moreau  ,  quoiqu'il  résulte  de  la  véiilicatioQ  que 
j'ai  faite  du  procès -verbal  de  la  séanos  où  la 
décision  aété  rendue  ,  qu  il  y  a  réellementassistév 

Je  vous   serai  obligé   de    faire  ^connaître    cette 

réclamation  qui  a  pour  objet  ,'éh  réparant  une 

erreur  de  copiste  ,    de  ne  pas  laisser  croire; q«ç 

le  cit.  Moreau  (lit  absent  de  SO/U  poste.      .ii.>)j!^ 

Salut  et  fraternité,     .    •  •'-■'•  ■"••  J 

Signé,  CALMELBïib»; 


AVIS. 


qui    sont    opposées 


l'heureuse    habitude    des 


(ï)  Ce  vieux  mot  signifie  ici'  les  instructions. 

(ï)  Je  n'ai  pas  cru  devoir  citer  Vaniere ,  autelir 
du  Fradium  rusticum  ,  et  Rapin,  premier  chaiitre 
des  jardins  :  en  écrivant  leurs  poëmes  en  latin  , 
ils  semblèrent  regarder  la  langue  française  comme 
incapable  de  rendre  avec  noblesse  les  détails 
géûrgiqucs. 


sentimens  doux  et  modérés  ,  et  il  fait  entendre 
que  c'est  au  besoin  d'impressions  fortes  et  de 
raouvemens  désordonnés  ,  que  l'on  doit  attribuer 
les  excès  de  la  révolution. 

Delille  ,  depuis  trop  long-tems  absent,  aurait-il 
oublié  que  les  sensations  énergiques  que  nous 
font  éprouver  nos  chefs-d'œuvre  drainatiques 
sont  toutes  en  faveur  de  la  vertu  ?  Soit  qu'ils 
nous  représentent  des  forfaits  comme  dans  Br/- 
tannicus  et  Mcihomet  ,  pour  nous  en  inspirer  l'hor- 
leur  ;  soit  qu'ils  no«s  retracent  des  actions  géné- 
reuses comme  dans  Cinna  et  danSi4/zîre,  pour 
exciter  notre  admiration  ;  soit  enfin  qu'ils  pei- 
gnent les  grandes  passions  et  tous  les  désordres 
qu'elles  enfantent  comme  dans  Phèdre  et  dans 
TJïire  ,  il  m'est  imposssble  de  cioire  que  les  im- 
pressions que  nous  recevons  au  théâtre  ,  nous 
portent  plutpt  aux  excès  du  crime  qu'à  l'amour 
de  la  vertu.  Npn  ,  les  hommes  ne  sont  point  en 
général  assez  pervers  pour  se  modeler  sur  les 
scélérats  dont  le  poëte  retrace  au  théâtre  les  odieux 
portraits,  et  pour  méj>riser  la  moralité  salutaire 
des  bons  ouvrages  dramatiques.  Je  vais  plus  loin  : 
je  suis  persuadé  qu'il  est  peu  d  hommes  qui  ne 
se  sentent  meilleurs  en  sortant  de  la  représenta- 
tion des  tragédies  de  nos  grands  poëtes. 

Les  tragédies  de  Sophocle  et  d  Euripide,  celles 
de  Shakespear  et  d'Addisson  ,  ont  elles  produit ,  . 
dans  la  Grèce  et  en  Angleterre,  les  effets  que 
Delille  attribue  à  la  scène  française  ?  et  le  poëte 
avait-il  besoin  de  recourir  à  cette  imputation 
contre  un  art  dont  la  perfection  fait  partie  de 
la  gloire  nationale,  pour  relever  à  nos  yeux  le 
mérite  et  futilité  de  la  poésie  didactique.  Ses 
ouvrages  suffisent  pour  nûus  en  (aire  sentir  tout 
le  charme. 

11  me  semble  qu'il  s'est  également  trompé , 
lorsqu'il  a  dit  que  l'Europe  comptait  deux  cents 
bonnes  tragédies..  Un  littérateur  aussi  distingué  que 
Delille  sait  mieux  que  personne  que  la  France 
elle  seule  est  plus  riche  que  le  reste  de  1  Europe 
en  bons  ouvrages  de  ce  genre  ,  et  qu'elle  compte 
à  peine  cinquante  ou  soixante  tragédies  qui  pas- 
seront à  la  postérité.  Mais  il  n'en  est  pas  moins 
vrai ,  ainsi  qu'il  l'observe  ,  que,  les  poëmes  di- 
dacnqués,  comme  celui  dç  Virgile  ,  et  les  poëmes 
philosophiques  ,  comme  celui  de  Lucrèce  ,  sont 
beaucoup  plus  rares  en  Europe  que  les  bonnes 
tragédies. 

Le  chantre  des  jardins  répond  ,  après  quinze 
ans  de  silence,  aux  critiques  qui  furent  faites  de 
ce  poëme.  Il  nous  eu:  promet  une  édition  dans 
laquelle  il  a  corrigé  quelques  défauts  qu'il  avoue , 
et  qu'il  a  a.ugmenlée  de  plusieurs  morceaux  et  de 
plusieurs  épisodes  iméressans  ,  qui  donneront , 
dit-il ,,  un  nouveau  prix  à  l'ouvrage. 

Il  parle  aussi=de  sa  belle  traduction  des  Géor- 
giques  latines  ,  et  nous  fait  connaître  l'origine  dé 
cet. , ouvrage  i'minortel.  Rien  de  plus  intéressant 
que  le  récit  de  son  entrevue  avec  le  fils  du  grand 
Racine,  qu'il  consulta  sur  cette  entreprise;  elle  fut 
d'abord  jugée  téméraire.  Comme  Boileau  com- 
mençant l'Art  Poétique ,  et  consultant  le  célèbre 
Patru,  Delille  porta  les  premiers  vers  de  sa  tra- 
duction à  l'auteur  du  poëme  de  la  Religion,  et 
celui-ci  étonné,  exhorta  le  jeune  poëte  à  pour- 
suivre. 


I  .  -,  ■-■.oi 
Le  cit.  Dufour,  fondeur  ,  dein«utant  rti«)Tf«* 
verse  ,  barrière  de  Sève ,  n°  877  .  vient  de  000»^ 
truire  des  puits  eucoffre  dans  deux  maisons  situées 
à  Paris ,  rue  Marceau  ,  ci-devant  Kohan  ,  a°*  17. 
et  19  i  l'une  de  ces  maisons  est  occupée  par  le 
cit.  Simoneau ,  boulanger  ,  el  l'autre  par  le 
cit.  Séguin. 

L'architecte  de  la  préfecture  de  police  a  suivi 
avec  attention  les  procédés  qu'emploie  le  cit. 
Dufour  dans  la  construction  des  puits  tn  coffre., 
et  il  pense  qu'ils  sont  d  autant  plus  avantageux  , 
qu'ils  offrent  la  facilité  d'établir  ces  sortes  de  puits 
dans  des  maisons  déjà  construites  sans  craindtedc 
nuire  à  leur  solidité.  On  peut  par  ce  moyen  se 
procurer  abondamment  et  à  peu  de  frais  l'éaa 
qui  manque  dans  la  plupart  des  maisons  de  Paris. 
Ces  puits  seraient  d'une  grande  utilité  en  cas 
d'incendie. 

Les  procédés  du  cil.  Dufour  réunissent  en  putrç 
l'avantage  de  pouvoir  utiliser  les  puits  gâtés,  ec 
ceux  qui  ne  fournissent  pas  de  1  eau  en  quantité 
suffisante. 


LIVRES    DIVERS. 

Abrégé  d' anthropographie  ou  description  exacte 
de  toutes  les  parties  extérieures  du  corps  humain  , 
avec  un  dictionnaire  des  mots  techniques  et  des 
noms  propres  ou  d'auteurs  qui  y  sont  employés  , 
ouvrage  élémentaire  à  la  portée  de  tout  le  monde., 
destiné  à  1  instruction  dîs  jeunes  personnes  de 
l'un  et  de  l'autre  sexe,  et  renfermant  toutes 
qu'il  faut  savoir  de  cette  science  dans  l'usage 
ordinaire  de  la  vie  civile  ,  par  G.  Tarenne.  Prix., 
1  fr.  60  cent,  broché  ,  pour  Paris ,  et  2  fr.  poac 
les  déparlemens  ,  franc  de  port. 

A  Paris,  chez  Desenne  ,  libraire  ,  au  palais  diii 
Tribunal .  n°  2.  '■ 


Le  cit.  Hennrichs  ,  tenant  l'ancienne  librairie 
de  Dupont,  rue  de  la  Loi,  réimprime  en  ce 
moment  les  Mères  rivales  ou  la  Calomnie ,  ouvrage 
de  madame  de  Genlis ,  qui  a  déjà  obtenu  à  Berlin 
le  plus  grand  succès ,  et  que  son  auteur  a  revs 
depuis  et  considérablement  augmenté.  Cet  ou- 
vrage formera  quatre  volumes  ,  et  il  en  paraîtra 
diverses  éditions  ,  dont  une  in- 18  d'un  prix  très- 
modéré.  Le  même  libraire  est  chargé  de  l'édition 
nouvelle  de  la  collection  des  œuvres  de  madame 
de  Genlis.  L'ouvrage  qu'il  annonce  aujo'urd'haî 
en  sera  la  première  livraison. 


COURS    DUCHANGE. 

Bourse  du  11  fructidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Rente  provisoire JJ  fr.  5o  c. 

Tiers  consolidé........ 3i  fr.  63  c- 

Bons  deux  tiers < 1   fr.  60  c. 

Bons  d'arréragé 84  Ir. 

Bons  pour  l'an  8 86  fr.  75  c. 

Coupures. ,64  fr. 

Syndicat '  64  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqjje  et  des  Arts. 
Auj.  (Edipe  à  Colonne  ,  opéra  en  3  actes  ,  suivi 
du  ballet  de  Pygmalion. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  le  faucon  ; 
Adèle,  et  les  deux  'Veuves. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.— -Pan/omfnwx, 
Demain  ,  la  i'"  représ,  du  Meunier ,  général , 
Jenny  ou  les  Ecossais  ,  et  l'Epreuve  e^tasable. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine- 
Auj.  relâche. 


A  Païis,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Monitear  ,  rue  des  Poitevins ,  n'  i3. 


GAZE 


ATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  344. 


Tridi  ,  i5  fructidor  an  8  de  la  république  françaue  ,  une-^lindivisme. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  quà  dater  du  7   Nivôse  'le   Mo  NIT'E  i^ia  ,s;  le  s.ul  journal  officiel 
Il  contint  les  séances  des  autorités  constituées  .  les  actes  du  gouv.rncmen,  .  les  nouvelles  des   arînét.  .  ainsi  que  ,.s  faits  et  les  notions  cant  sur^ 
1  intérieur  que  sur  1. extérieur,  tournis  par  les  correspondances  ministérielles^ 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux. découvertes  nouvelles. 


r 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  22  août  (  /^fructidor.  ) 

De  ConstantinopU  ,  le  si  juin. 
Monsieur  , 
La  Porle  coniiniie  à  garder  le  silence  le  plus 
obstiné  sur  les  affiires  dEgypte  ,  qui  n'offrent 
d'ailleurs  que  la  solution  de  l'impuissance  de  ses 
efforts  mililaires  ,  absolument  paralysés  depuis  la 
déroute  de  1  armée  du  visir,  et  ta  capiiulaîion  des 
iroupes  qui  se  trouvaient  au  Kaire  ,  et  qui  ont 
été  renvoyées  au  camp  dejaffa  ,  après  avoir  au- 
tant conliibué  que  leur  ennemi  à  la  ruine  et 
destruciion  de  cette  capitale.  Le  capitan  pacha 
n'a  point  relâché  à  llhodts  ,  ainsi  qu'on  s'y  atten- 
dait et  qu'il  se  le  proposait.  Des  impulsions  éiran 


n  ont  point  de  prise  sur  t'indépendance  que  lui 
donrie  son  poste.  Lsouf  Aga ,  maître  p:issé  dans 
école  de  l'intiigue  ,  s'en  est  approprié  toutes 
les  ressources  et  a  saisi  ardemment  le  système 
innovateur  comme  le  plus  suscepiible  de  seconder 
sa  morale  ,  de  perpétuer  son  crédit  et  d'alimenter 
sa  cupidiié.  Sophiari  A,^a  ,  lire  du  serrail  comme 
le  capiian  pacha  ,  et  aussi  couvert  que  lui 
de  ta^  faveur  de  son  maître,  n'a  j.imais  ambi- 
tionné les  pbicts  ,  qui  offrent  plus  de  d.ingers 
qu'elles  ne  donnent  de  ciédit.  Assez  puissant 
par  celui  tlont  il  jouit,  il  s'est,  (ail  Capi  Kiaya 
du  pacha  de  Bagdad  et  de  presruie  tous  les 
visirs  ,  dont  il  est  plutôt  le  protecteur  à  Cons- 
taniinople  que  l'homme  d'affaices.  Ses  richesses 
ont  autïnt  d'ex:ension  que  son  influence,  et 
quoique  modesicment  relégué  dans  la  classe  des 
pariiculieis  ,  il  n'en  est  moins  un  des  person- 
nages les  plus   marqudos   dé   l'Empire. 

Méhémsi  Chelebi  Effendi,  Tefterdjr  du  camp. 


gères  lui  ont  fait  éviter  la  rencontre  de  sir  Sidney  nommé  Kussé  Kiava  .  par  un  sobrinuet  nui  lu. 
Smilh  qui  s  y  trouv.iu  ,  et  il  a  ele  jeitcr  1  ancre  fut  donné  étàn:  K.aya  Bey  .  à  cause'd*  sh  petite 
»ur  la  cote  de  Caran,ame.  barbe  de  chèvre,  est  un  des.4,ommes  de  I  Empire 

Le  drogman  du  camp  étant  décédé  récemment,  jt^s  plus  déliés  et  les  plus  ti.Ttil.es  en  ressouices; 
1.1  Porle  avait  jetlé  les  yeux  sur  le  sieur  Jacovaky  ''  a  passé  du  ministère  de  ii  g'ierre  au  cou- 
Argirople  ,  frère  des  deux  iiitei prêtes  de  lambas-  i  'l'ôle   géiiér.  1   de   larmée    du  visir  où  son  crédit 


Sade  turque  à  Londres  ,  dont  le  méiite  et  les 
connaissances  ne  pouvaient  que  contraster  évi- 
demment avec  la  nullité  complète  du  défunt  ; 
mais  les  habitudes  et  la  vie  sédentaire  du  sieur 
Jacovaky  lui  ont  fait  refuser  ce  poste,  qui  n'est 
d'ailleurs  que   secondaire    et  vekil  du  drogman 


ta  suivi;  long-tems  à  la  tête  des  nouveautés, 
c  est  lui  qui  les  a  pour  ainsi  dire  iniroduites  au 
milieu  des  orages  et  de  tous  le.vobsiacics  qu'il  a 
su  surmonter  en  bravant  les  préjugés  et  la  haine 
publique.  Un  peu  désorienté  d'un  déplacement 
qui  l'éloigmit  de  la   capitale  pour  lepvoyer  aux 


et  de  la   Porle.   Un   grec   peu  connu    en   a    été  ,  *'^'"^^s  ,  il  est  devenu  bieniôt  l'homme  essentiel 

du  visir,    et  a    ainsi  déjoué  adroitement  le  piegc 
dangereux  qu'où  lui  avait  tendu. 

Voilà,  monsieur,  les  quatri'S  chevilles  ouvrières 


pourvu. 

Je  vous  ai  transmis ,  monsieur  ,  quelques  idées 
dans  ma  dernière  lettre  sur  les  innovations  assez 
marquantes  qui  ont  signalé  distinctement  le 
règne  de  Selira  IlL  II  est  conséquent  aujour- 
d'hui d'en  émeitre  quelques-unes  sur  les  indivi- 
dus qui  tiennent  le  timon  du  gouvernement. 

Hussein,  capitlan  pacha,  fut  liié  du  serrail  à 
l'avènement  du  sultan  au  trône,  pour  commander 
les  forces  navales  de  cet  empire,  dont  il  n'avait  na- 
turellement aucune   idée  ,  mais  la  faveur  de  son 


de  cet  Empire  ,  c'es(-à-dirc  ,  les  quaire  person- 
nages dont  le  crédii  individuel  active  les  ressorts-, 
tandis  que  les  autres  ,  à  commencer  du  visir  jus- 
qu  au  Rcis  Effendi ,  ne  lui  iraprimçni  de  mouve- 
ment qu'en  raison  du  pouvoir  et  de  l'autorité 
que  leur  donnent  les  charges  et  dignilés  dont 
ils  sont  revêt.us.  Il  n'est  pa«  moins  intéressant 
d'ajouter  à  vos  notions  actm.lles  l'appel  nominal 


maître  suppléa  à  tout.  Son  crédit,  lesrooyensqu'il  des  principaux  ministres  de  la  Porte,  que  je 
lui  procurait  et  la  soif  d'une  réputation,  nourrirent  j  vous  réserve  pour  le  courrier  prochain  ,  avec  la 
et  réaliserentpresqu'aussiiôt  le  projet  de  relever  son  ''Sle  des' individus  qui  composentle  corps  dipio- 
dépariement  de  l'éial  de  langueur  où  il  se  trouvait,     maiique  de  cette  résidence. 

Tous  les  chanuers  fureta;  mis  cnaciivilé,  tt  ,  M.Alexandre  Charters,  de  Drum-Lane  ,  pa- 
la  belle  corislruction  française  int.oduite  par  M.  roisse  deBalmaghie  ,  en  Ecosse  ,  a  maintenant  un 
Brun  excellent  ingénieur  ,  que  la  Kussie  vient 
de  recueillir,  donna  aux  turcs  une  des  brillantes 
marines  de  l'Europe.  Les  grands  revenus  de  l'a- 
miral ,  ses  dépenses  encore  plus  excessives  et 
une  générosité  illimilée  ,  en  échauffant  le  zèle 
dés  européans  qu'il  a  employés  ,   ont  produit  les 


métamorphoses  qui  frappent  aujourd'hui  dans 
l'arsenal  de  Constanrinople  ,  sous  le  point  de 
vue  de  comparaison  de  ce  qu  il  était  et  de  ce  qu'il 
est;  mais  si  l'on  veut  aller  plus  loin,  et  fran- 
chir les  bornes  du  coup  d'oeil ,  on  se  retrouve 
au  milieu  de  l'ignorance  et  de  l'indiscipline  , 
et  on  se  rend  bientôt  compte  du  peu  de  res- 
sources dont  les  escadres  turques  ont  été  à 
Corfou  ,  sur  la  côte  dlialie  et  sur  celles  de 
l'Egypie  et  de  la  Syrie  ,  qui  ne  rappellent  que 
des  insurrections  et  le  retour  en  Europe  de 
Bonaparte.  Hussein  ,  capitan  pacha  dont  le  crédit 
fortement  appuyé  par  son  mariage  avec  la  fille 
du  feu  Sultan  Abdul-Hamed  et  par  la  faveur 
constante  du  grand-seigneur  ,  n'a  plus  cepen- 
dant la  même  influence  dans  le  conseil  ,  et  si 
celle  qu'il  conserve  encore  suffit  à  le  maintenir 
avec  assez  d  indépendance  à  la  lêie  de  son 
département  ,  elle  ne  dépasse  point  ce  cercle. 
Le  capitan  pacha  d  une  irès-pciiie  taille  et  d  une 
figure  abjecte  ,  doit  plus  aux  pérogalives  de  son 
rang  ,  à  sa  magnificence  ,  à  son  extrême  géné- 
rosité et  à  son  goût  passionné  pour  les  usages 
enropéans  ,  qu'à  toute  autre  transcendance  , 
l'espèce  de  réputation  dont  il  jouit.  Sa  cam- 
pagne contre  Passwan  Oglou  n'a  pas  prouvé  en 
faveur  de  ses  lalens  mililaires,  et  sa  croisière 
actuelle  sur  la  côte  dEgypte,  dont  on  peut 
ptévoir  au  moin»  d'avance  la  nullité  ,  ne  fera 
pas  davantage  pour  sa  gloire;  ainsi  en  l'isolant 
dan»  se»  seules  ressources  individuelles  ,  on  ne 
retrouvera  en  lui  que  l'homme  médiocre. 

Issouf  Aga  Siiiian  Kyaya  ,  a  tout  le  génie 
qui  fait  profiler  des  ciiconsiances  et  de  la  faveur. 
C'est  la  principale  cheville  ouvrière  de  I  Empire. 
Son  influenccéchauffée  continuellement  du  souffle 
de  la  Sultane  meré  ,  le  rend  d  autant  plus  redou- 
table àlout    Ici  jaloux  de  *a  puissance  ,  qu'ds 


champ  entier  de  riz  qu'il  a  dû  faire  couper  le 
9  de  ce  mois.  C  es»  le  preiiaier  exemple  du  suc- 
cès de  la  culture  de  ce  grain  dans  la  Grande- 
Bietagne. 

Nos  journaux  donnent  la  liste  suivante  des 
articles  dont  l'imporiation  est  défe.idue  en 
Russie  ,   soit  par  terre  ,  soit  par  mer  : 

"  Bijoux  .  tels  que  tabatières  ,  chaînes  de 
montre  ,  cachets  ,  anneaux  ,  croix  ,  etc.  ,  verres 
de  lunette  ,  excepté  ceux  qui  sont  montés  en 
perles  ,  pierres  précieuses  ,  or  ou  argent  uni  sans 
être  gravé;  toute  espèce  de  dentelles  ,  franges, 
glands  ,  bandouhercs  d'or  ou  d'argent;  poignées 
d  épée  ,  sabres  ,  grands  couteaux  et  autres  armes  ; 
bonnets  de  fourrure,  bottes,  souliers  et  pan- 
touffles  de  toute  espèce  ;  ferrures  et  verroux  , 
cadres  de  miroirs  et  de  tableaux,  à  moins  qu'ils 
ne  soient  en  or  ou  en  argent  ;  voitures  et  traî- 
neaux ,  etc.  chapeaux  ,  noir  de  souliers  ;  peaux 
et  cuirs  pour  souliers  et  bottes  ;  couteaux  et 
fourchettes  ;  bronze  et  inslrumens  de  cuisine 
faits  en  cuivre  ;  dentelles  et  blondes  ,  aiguilles 
et  épingles  ;  éventails,  fouets  et  gants;  parures 
de  toutes  espèces  pour  les  femmes;  manchons  , 
meubles  d'appartement  ,  miroirs  ,  moulins  à  café  ; 
papie.s  bleuet  autres  papiers  à  l'usage  des  pein- 
tres ;  papiers  de  soie,  peignes  ,.  poudre  ,  pom- 
made ,  poupées  ,  rubans  rayés  ou  mouchetés  ; 
étoffes  de  soie ,  brodées  ou  a  dessin  ;  velours  de 
soie  ,  papiers  peints  et  tapisseries,  i'  ' 

Etat  du  change  et  fonds  puhlics ,  d'après  la  liste  de 
Lloyd^du  2 1  août  i8oo  (Sfructidor.J  —  Prix  des  fonds. 

Aciions  de  la  banque 

3  pour  cent    Red 64^ 

3  pour  cent  Coris 64^ 

4  pour  cent  Cons 84-i 

5  pour  cent.  Ann .     g8 

3   pour  cent  Imp 53  | 

3  pour  cent  Imp.  Ann 

Omnium 4 

Comp.  des  Indes s!o3 

Traites 


Cours   des  changes. 

Hambourg  24  us 355 

Altona  2  j  us 3a 

Livourne. 

Gênes 

Venise. 

Lisbonne , 

Oporto ;     . 

Dublin ..'.*.'.' 

Matières. 

Portugaises ol.     os. 

Or  en  lingot ol.     5s. 

Pièce  du  Mexique os'. 

Argent  en   lingot os. 

(Extraits  du  Courrier  de  Londres  ,  n"  2s 


5ii 

46 

49i 

61 

61 


od. 
6d. 
od. 
od. 

J 


The  Times,  sS  août  1800  ,  {  b  fructidor,  an  8  ). 

Nous  ne  sommes  pas  fort  habiles  en  bota- 
nique ,  mai.i  nous  croyons  que  ia  fleur  animale 
dont  il  est  parlé  dans  quelques  journaux  ,  n'est 
pas  une  nouvelle  découverie.  Il  nous  semble 
quil  en  est  question  dans  quelques-unes  des 
Flores  françaises  ,  sous  le  nom  de  lavergogneuse. 

Incendie  au  pays  de  Galles.  —  Extrait  dune  lettre 
de  Shrcwsburj. 
Un  accident  très-singulier  a  eu  lieu  dernière- 
ment sur  les  montagnes  qui  entourent  de  tous 
cotés  la  vallée  de  Llangollen.  Les  bruyères  .  fou- 
gères à  ajoncs  ,  etc.  ont  pris  feu  vers  h  fin  de  la 
semaine  dernière;  l'incendie  durait  depuis  plus 
de  huit  jours  ,  et  les  flammes  s'éiaieni  ponées 
en  divers  directions  à  une  distance  effrayante. 
Jeudi  et  vendredi,  le  feu,  dans  la  pariie  .ds 
la  vallée  qui  joint  la  teire  de  sir  W.  W.  'Wynne  , 
s'étendait  de  8  à  10  milles,  et  du  côié  opposé 
à  environ  4.  En  plein  jour,  on  voit  la  fumée 
monter  en  vastes  tourbillons  à  une  hauteur  pro- 
digieuse ,  et  lout  le  pays  est  comme  enveloppé 
dans  une  espèce  de  brouillard  qui  dérobe  à  la 
vue  tous  les  objets  éloignés.  Quand  la  nuit  coni- 
mence,  le  spectacle  est  encore  plus  frappant 
et  plus  terrible  :  une  personne  placée  vers  le 
milieu  des  montagnes,  découvre  une  ciiconfé- 
rence  denvisnn  20  milles,  d'où  ,  comme  d'un 
immense  volcan  ,  s'élèvent  des  flammes  dévo- 
rantes qui  ,  malheureusement  ont  déjà  atteint 
plusieuis  champs  de  bled. 

On  fait  sur  cet  éttange  événement  plusieurs 
conjectures  ;  quelques  personnes  perdent  qu'il  a 
été  occasionné  par  la  foudre  ou  par  l'extrême 
chaleur  des  rayons  du  soleil  ,  concentrés  dans 
quelque  défilé  de  ces  montagnes  ;  d'autres 
croyent  quil  provi.-nt  de  bruyères  qu'on  aiira 
brûlées,  soit  pour  écobuer  des  terreins  à  défri- 
cher, soit  uniquement  pour  faire  des  cendres. 
Q_uelle  que  snii  la  cause  première  de  ce  terrible' 
incendie  ,  à  raison  de  la  sécheresse  de  toutes  les 
plantes,  il  s'est  .répandu  coiunre  un  feu  follet 
avec  une  telle  tapidiié  ,  que  quelques  béies  à  ' 
laine  ,  surprises  par  la  flamme,  y  ont  péri.  On  a 
employé  sur-le-champ  un  grand  nombre  de  bras 
à  faire  des  tranchées  pour  arrêter  ce  fléau  ;  mais 
jusqu'ici  on  a  obtenu  peu  de  succès  ;  l'air  ,  tant 
à  Shrevvsbury  qu'aux  environs  ,  a  été  fortement 
imprégné  depuis  plusieurs  jours  d'une  odeur  de 
tourbe  brûlée  qui  s'est  fait  sentir  toutes  les.  fois 
que  le  vent  venait  de  ce  côié  ;  il  peut  sembler  ex- 
traordinaire que  cet  effet  ait  lieu  à  une  distance 
de  5o  milles  ,  mais  cela  ne  semblera  nullement 
lucroyable  aux  personnes  qui  ont  lu  les  relations 
authentiques  de  sir  W.  Hamilion  et  d'autres  sur 
le  mont  Etna. 

—  On  s'occupe  de  travaux  importans  à  faire  au 
pont  de  Londres.  Suivant  le  projet  que  l'ou  se  pro-' 
pose,  dit-on,  de  soumeure  à  la  cham.  des  commu- 
nes ,  les  pont  de  Londres  sera  rebâti  de  manière  à 
permettre  en  tout  tems  ,  et  par  toutes  les  marées , 
un  libre  passage  pour  des  vaisseaux  d'un  certain 
port  entre  ledit  poni  et  celui  de  Blackfriars.  Ce 
pont  consistera  en  trois  arches  de  fer ,  avec  des 
pieds  droits  en  pierres,  dont  le  centre  ne  pourra 
pas  avoir  moins  dé  65  pieds  au-dessus  de  la 
marque  des  plus  bat  tes  marées  ,  etc. 

Du  25  août  (  T  fructidor.  J  -  ■■ 

Cours  des  3  pour  cent  consolidé?,  à  i^ne  faetire.. 
—  6,(  j  ,  64  ,  63  J  de  l'omnium.  —  3  i  i. 

La  Confiance  ,  corsaire  français,  a  rencontré  et 
pris,  le  sg  frimaire  dernfet ,  à  la  hauteur  de 
Cheduba  ,    It  tord   Clive ,    vaisseau   de  Unde  , 


revenant  ie  GaijJQn  ,  _ïvcc  une  çargaiso». estimé* 
80    miHe  dollars. 

On  dit  que  le  même  corsaire  s!e.st  .empaxjéid'ijxi 
«utre  bâifment  nomme  le  Gloucester. 

Lord  Whitworth  est  arrivé   le   22  thermidor  à' 
Eiséncur,  et  il  était  le  lendemain  à  Copcnha^^e. 
te  gouvernement  danois,  à  qui  la    eapture   du 
convoi  de  sa  naiipn  était  connoedés  le  I9.  venait     ^^  ^^^   ^^ 
de  donner  des    ordres  pour  ^irmer  en  diligence     aw>laudis 
Une  escadre  de  six  vaisseaux   de  ligne.  —  Il  avait     „f!r,u|-    „ 
t^;,  ;„    „_    „i 1  .    °  ,>.,,.      ,        repuDtiqu 


Mckl^nbourg,  pour  mettre  en  éiat  de  défense 
la  iorteresse  de  Cronembourg  ,  qui  commande 
l'entrée  du   Sund. 

Une  flotte  ina.r,eiiainde  d'envifdn  47  voiles , 
venant  des  Isles-sous-le-Vent  ,  sous  i'ejcor,tç  4e 
l'Invincible  de  74.  ef  du' sloop  le  Fiirt,  a  été 
vue  de  l'île  de  Wiglu  ,'  fesant  route  pour  les 
dunes. 


1382 

^Îim;  ,  ?yec  les  principales  autorités  ,  cha*  le 
général  DuFout  commandant  la  il*  division 
militaire  ;  il  .est  allé  ,  le  soir  ,  .aji  grand  -titéâwe 
dans  la  loge  du  préfet.  I.'orcheure  a  exécuté 
,J',»ir  fii  ^eiU-.oH  itr-e  mium.  On  a  chamé 'des  cou- 
plets en  l'honneur  de  l'umi,  du  compagnon  de 
-Bonaparte  ,  du  général  de  la  glorieuse  armée  de 
réspr^e  ;  on  lui  a  priante  u.œ  ijiauthe  de  iautier 
et  une  couronne  d'imniorielles ,  au  milieu  des 
ssemens  et  des  cris  répétés  de  vive  la 
vive  Bonapane,   vive   Berihier.    L 


fiii  na,,;,-   .r,  w^i™,»  ,.™,  ]'         •    °j'     -M         T    M^P"°"9"6  '  ^'"^^  Bonapane,   vive   Berihier.    La 
tau  pai'ii    en  même  tems  le  maior  d  artillerie  de     „  11  l^      •   r  in  .        • 

M^■tMnhr„■ro■     r,r.„r    rv,».,r„.      ',  .    j      jT          (  Salle  OC  pou  vaii  Suffire  a  I  a  tfluciice   dcs  citoVeus. 
JiicKienDourg  ,  pour    mettre  en  eiat   de    delcnse     i„„„ki;J^„^. ;.  i_  .k^A....  ^.  ;      .  .■ 


Le  public  occupait  le  dhéâirc  et  jusqu'aux  avenues. 

Le   g-énéral   B«rt4ier  est  parti,   ce   matin   à   10 
Ijieiufe;! ,,  poux  l£S|Pftsiiie. 

Rouen  ,ki\  fructijçr. 

H'iF.R  vers  les  4  heures   du   soir  ,   les  citoyens 
Foutenay,  maire,  Leliévre  adjoint,  ainsi  que  les  cil. 
I  Pascal  et  Frey,  chef  de  brigade,  ont  honoré  de  leur 
I  piésence    les    obsèques    du  citoyen   Fiênot.    Un 
I  détaihemei/t    de  l'a   garde  nationale   et  tome   la 
gendarmerie  à  la  résidence  de  Rouen  ,  ont  formé 
le  cortège  funèbre.  On  est  ailé  prendre  le  corjis 
rue   de  la   Chaîne.   Le   cortège   est    ensuite  des- 
cendu   par  la   rue   Malpaiu  ,    liçu   même   où   le 
malheureux  Frênot  avait  été  tué  la  veille.  Dc-là 
il   a  filé  le   long    du    port  ,    a  remonté   le  cours 
de    Paris  jusqu'à   la     dtmi-lune  ,     d'où    il    s'est 
rendu    au  cimetière  situé    sur   le   Moin-Gnrgan. 

— =-' C  est    en    ce    moment    que   le    citoyen    Ltlievre 

fin    de  l'esquisse  de    l'histoire   du  sucre,  par  W   |  f    l"»"»""   une    courte    oraison    funèbre.,    en 
Fatconer-  1  I  honneur    du     citoyen    Frênot.    Cinq  décharges 

ont  eu  lieu  sur  la  tombe. 

Vedette  de  Rouen. 

Le  Havre  ,  le  g  fructidor. 

Des  pêcheurs  de  ce  port  ont  trouvé  hier  en 
mer  ,  à  une  lieue  et  demie  de  la  Heve  ,  une 
assez  grande  quantité  de  barils  de  genièvre.  Jus- 
qu'à présent  il  en  a  élé  déposé  106  dans  les 
magasins    de   la    douane. 

Bulletin  du  Havre. 


^1  n'est  resté  de  nos  vaisseaux  au-delà  du  Sund , 
gYR  ceux  qui  étaient  engagés  avant  dans  la  mer 
Baltique. 

.^*  brtjit  s'est  répandu  qu'une  de  nos  frégates  a 
été  arrêtée  ,  et  retenus  ânas  un  port  danois  du 
Catégat. 

^Vamjral  Dukson  a   été  laissé  à  la  hauteur  des 
cgips  de  Norwege  ,  fesant  route  pourElséneur. 
/  Extrait  du  Merning-Post ,  du  Times  et  du  Star.) 


Falconer. 

.  Albertus  Agnensis  rapporte  que  les  croisés 
trouvèrent ,  en  très-grande  quantité  ,  dans  les 
njaines  situées  autour  dp  Tripoly  en  Syrie  ,  des 
Tçseauîc  dou^  comme  du  miel ,  que  l'on  appelait 
ziiçra.  L'armée  'des  croisés  les  suçait  ,  et  ne 
P0^vsit  s'çri  rassasier  ,  tant  elle  Us  trouvait 
douces._  L'auteur  ajoute  qu'ils  étaient  cultivés 
avec  soin,  et  qu'ofi  çn  fesait  de  grandes  plan- 
tations tous  les  ans.  Lorsqu'ils  étaient  mûrs  ,  on 
les  pilait  dans  des  mortiers  ,  et  le  jus  en  était 
recueilli  dans  des  vases  ,  où  il  restait  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  acquis  la  consistance  de  la  neige  ou  du 
sel  blanc.  On  le  réduisait  ensuite  en  poudre 
pour  le  manger  avec  du  pain,  ou  on  le  fesait 
fpjidie  dans  de  l'eau  ,  et  on  formait  du  tout  une 
espèce  de  soupe.  Il  était  préféré  au  miel  comme 
jtlus  doux  et  plus  sain.  L'armée  engagée  aux 
sièges  d'Albaria  Marra  et  d'Archas ,  mourant  de 
faim  et  de  soif,  lui  dut  sa  conservation. 

Le  même  auteur,  dans  sa  description  du  règne 
de  Baudouin,  dit  que  onze  chameaux  chargés  de 
sucre  1  furent  pris  par  les  croisés  ,  ce  qui  indique- 
rait quil  s'en  fabriquait  de  grandes  quantités. 

Jacques  de  Vitri  ,  natif  de  la  commune  de  ce 
nom  ,  près  de  Paris  ,  et  curé  d'Argenteuil ,  qui , 
apnt  suiyi  les  crçisés  dans  la' terre  sainte  ,  obtint 
levephç  de  Ptolémaide  ,  ensuite  ie  chapeau  de 
cardinal  et  l'évéché  de  Frescati ,  et  qui  fut  em- 
ployé dans  diverses  légations  ,  où  il  montra 
beaucoup  de  talent  ,  fait  mention  ,  dans  son 
Histoire  orientale  et  occidentale,  de  roseaux  qui 
croissaient  dans  la  Syrie  ,  et  qui  étaient  pleins 
de  miel ,  c'est-à-dire  ,  d'un  jus  doux,  que  l'on 
lecijeillaii  à  l'aide  d'une  pressç  ou  d'un  pressoir. 

Oe  JUS  ,  exposé  sur  le  feu  ,  y  acquérait  la  consis-  -r---  -  -y  n-t^.uui  ^ 
tatice  de  sucre  [zuuara].  —  Jacques  de  Vitri  est  êf'son  et  se?  é.quipages 
le  Dremier  aiirpur    à   ma  /-nr.mïoo'.^^^     — ;  i- 1       IV.  F. n  nri*»n^int  ir. 


Paris  ,  /f  I  2  fructidor. 

Le  citoyen  Dubois-Thainville  ,  envoyé  à  Alger 
par  le  premier  consul  pour  y  négocier  un  ac- 
commodement, a  conclu,  le  1"  thermidor,  un 
armistice  dont  la  teneur   suit  : 

Armistice  illimité  conclu  entre  son  excellence  Mus- 
tapha pacha ,  dey  d'Alger  ,  et  le  citoyen  Charles - 
François  Dubon-Thainville ,  commissaire-général 
des  relations  commerciales ,  muni  des  pleins  pou- 
voirs du  premier  consul  de  la  république  Jranqaise 
a  l  effet  de  traiter  la  paix  avec   cette  régence. 

,    ^î^,';.^''-  ^  P'"'""  ''"  3o  messidor  an  8  ,  toutes 
hostilliies  cesseront  entre  les  deux  nations. 

n.  Il  sera  sur-le-champ,  donné  ,  par  le  dey 
des  ordres  à  tous  les  commandans  des  corsaires 
de  cette  régence,  de  respecter  le  pavillon  fran- 
çais ;  comme  le  eu.  Dubois-Thainville  s'engage 
a  faire  défendre  par  son  gouvernement,  à  tous 
les  armateurs  de  la  république  ,  de  courir  sur 
ceux  d'Alger. 

m.  Tout  bâtiment  pris  de  part  ou  d'autre  I 
après  le  3p  i^icssidor  ^  sera,  rendu,  avec  sa   car- 


le  premier  auteur,  à  ma  connaissance  ,  qui  fasse 
une  mention  précise  dç  l'emploi  du  feu  dans  la 
cemposition  du  sucre. 

A  peu  pj-ès  à  la  même  époque  ,  il  se  fabriquait  , 
au  rapport  de  Guillaume  de  Tyr  ,  dans  le  voisi- 
î\?§?  de  cette  viUç  ,  du  sucre  qui  était  envoyé  de 
ia.dans  dautres  contrées  éloignées. 

Marin, Sanuio  ,  vénitien,  dit  qu'on  fesait  beau- 
CQWP  de  sucre  dans  les  pays  sous  la  domination 
d^  sultatt,  ainsi  que  dans  ceux  qui  appartenaient 
au5(.  chrétiens  ,  tels  que  Chypre,  Rhodes,  la 
Moreç  ,  Italie  ,  la  Sicile  ,  etc.  etc. 

Hugues  Falcandus ,  qui  vivait  vers  le  tems  de 
Utnpereur  Frédéric  Barberousse,  et  auteur  d'une 
histoire  de  Sicile  ,  parle  du  sucre  comme  d'une 
production  très-commune  dans  la  Sicile.  Il  pa- 
rait qu'où  y  en  fabriquait  de  deux  espèces;  l'iTne 
SQus  la  forme  du  miel  ,  et  l'autre  sous  celle  d'un 
corps  solide  ;  la  consistance  était  réglée  par  le 
degré  de  cuisson. 

Tels  sont  tous  les  passages  que  mes  recherche? 
ont  pu  me  procurer  au  sujet  du  sucre.  J  ai  pensé 
^uils  pourraient  être  utiles  et  éviter  de  la  peine 
a  ceux  qui  voudraient  écrire  l'histoire  de  cette 
précieuse  substance. 

W,  Falconer. 

INTÉRIEUR. 

Bordeaux ,  le  /j  fructidor. 
_  Le  général  Berthier-,  attendu  depuis  plusieurs 
jour?,  est  arrivé  hier  matin  à  dix  heures  dans 
ce«e.  ville.  'Vingt-quatre  coups  de  canon  l'ont 
ànnot)cé.  Apfès  avoir  pris  quelques  momens  de 
*^PP».»  »'  est.  allé  voir  le  port,  les  magasins  des 
Tiyï.c»  dç  la  marine,   et  visiter  le  préfet.   Il   a 


IV.  En  attendant  la  paix  définitive  ,  les.  hâii- 
mens  d  Alger  seront  reçus  dans  les  ports  de 
trance  ,  comme  ceux  de  la  république  seront 
admis   dans  les    ports  de  cette  régence. 

V.  Dans  le  cas  de  rupture  du  présent  armis- 
tice ,  Il  est  convenu  qu'il  sera  réciproquement 
donne  avis  de  la  reprise  des  hostihtés  ,  trente 
jours   avant  qu'elles  recommencent. 

A  Alger  le  i"  thermidor.  S»"»  année  de  la 
république  française,  et  le  i%.  de  la  lune  de 
beter,  1  an  de  1  He  gire  I2i5. 

Signés.  Mi;sTAPHA,  pacha,  etc.,  et  Dubois- 
Thain,vill.e, 

A  la  suite  de  cette,  convention  ,  le  dey  a  écrit 
a.u  dey  de  Tunis ,  en  le  pressant  fortement  d'a- 
dopter pareille  mesure,  et  de  rendre  la  liberté 
aux  français   qui  se  trovivent  dans    ses.  états. 

Le  cil.  Dubois-Thainville  a,  eu  même  tems 
obtenta  la  mise  en  liberté  d'environ  sSo  militaires 
français   qui  fesaient   partie    de    la    garnison    de 
l-prtou.   et  avaient, élé  pris   par   un  corsaire  al- \ 
gcnen  lors  du  retoiif  de   Cette   île. 
_  Le  cit.   Dubois-Thainville  est  allé  remercier  le 
Jey,   c|ui  lui    a   dit:  le  grand  seigneur  les   avait 
vainement  réclamés  par  trois  firmans  ;  je  les'  rends 
pour  1  amour  de  Bonaparte. 

lihZ,??.  '/''  '**"'  '^  J°"'"^'  '^^  MilaB,  /'^wirfsia 
Miette  itatieme,  un  Iragment  d'un  discours  pro- 

dlmola.    en  faveur  de    la  liberté  et  de  l'ég^lùé 
républicaines.  En  voici  la  traduction  littérale^ 

«'  Non  ,  mes  très-chers  frerçs,la  formcdu  «ou- 
vernement  démocratique,  adopté^  paV^i   nfus 
n  est  poine  en  opposition\vec^le'  rS^x^^s   quJ 
nous  .vous  avans  jus^u  à  présçnt  expose* ,  et  ^ 


eepugne  poieit  à  îlcv^igife.  la  démocratie  exigfe 
aus..j  loutt  s  les  vertus  sublimes  que  l'on  n'.apprend 
qu'à  Wcol-e  de  j-ésuî-Chirs-t,  et  ^  vous  les  p-raii- 
q.uez  relig.lcusiiîient  ,  elles  assureront  ,non-ftt>ule- 
■ruent  -votre  fé^iciié  ,  mais  encore  la  ^oirc  et  la 
splendeur  de  notre  republique. Je  vous  en  con^ 
jure ,  renonçons  donc  à  tout  esprit  de  (action.  Les 
passions  ,  les  iiïtérêws  jianic-uliers  ,  l'ambition  ,  et 
toutes  les  autres  couMapiicences ,  indignes  d'un 
honnête  homme  et  d'un  chrétien  ,  ne  vous  ren- 
dront pas  heureeix,  rniais  au  icor/irHire  'Oiiv-Hrofii 
la  porte  à  votre  ruine,  sous  le  leurre  impositur 
d  iMie  gloire  mensongère.  La  venu  rjui  seule  con- 
duit [homme  à  b  peifcctioii,  qui  le  dirige  vers  le 
grand  objet  qui  doit  occuper  ses  pensées  ;  cette 
veiiu  vivliliÈc  par  ses  8umi<aes  i»aiureSles  et  ensei- 
girécs  p,-,T  l'évangile  ;  est  le  loudemént  de  notre 
démociat^e  ,  «te.  etc. 

—  On  a  plac«  dep.uis  quelques  jours  ,  dans 
I  une  cks  galeries  supérienres  du  muséum  d'his- 
toire n;!turelJe  ,  une  dépouille  de  giraffe  ,  pré- 
parée et  montée  ;  elle  est  à  la'place  qu'occupait 
le  s(jueieiie  d'un  individu  de  la  même  espèce  ,  et 
qu'oïl  a  iiansporté  dans  une  des  salles  d'anatto- 
n)ie  ,  comparée  et  consacrée  à  l'étude  de  los- 
léologie. 

—  Une  lettre  écrite  de  Rouen,  et  citée  par  le 
Cilojen  Français ,  contient  les  détails  suivans  : 
.e  II  (iiiCiidor,  vers  les  huit  heures  du  soir,  un 
assassiiiat  a  été  commis  sur  la  personne  d'un  bri- 
gadier de  la  gendarmerie,   n-jmmé  Frénol. 

Lassaîsin  a  dit   se  nommer  François   Aîarigni  , 
et  avoir  déserté  du  6*  régiment  de  cavalerie  ,  ci- 
I  pcvant  du  roi  ,  lorsqu'il  s'enu;agea. 

D,ins  son  interrogatoire  ,  il  a  déclaré  avoir  élé 
arreie  par  le  citoyen  F,énoi.  Le  gendarme  lui 
ayant  demandé  ses  papiers ,  il  lui  dit  qu'il  né  les 
avait  pas  sur  lui,  et  qu'ils  étaient  dans  là 
Grand  rue.  Le  gendarme  lui  annonça  qu'il  allait 
.1  accompagner.  Il  le  suivit  en  eUet  jusqu'à  l'en- 
trée de  la  rue  Mjlpalu  ;  mais  s'étani  apperçu 
que  ledit  Al.irigny  avait  le  dessein  de  lui  échap- 
per,  il  fil  ht  un  mouvement   pour  le   saisir. 

Marigni  parvient  alois  à  s'enfuir',  le  gendarme 
crie  lorce  à  la  loi  ,  court  après  et  le  ressaisit. 
Mais  le  brigand  se  dégage  de  nouveau;  puis  , 
lésant  a  1  improviste  un  demi-tour,  il  revient 
sur  lÊ  gendarme  et  lui  lire  à  bout  ponant  un  coup 
de  pistolet   dans  la  poitrine. 

Le  gendarme  ,  atteint  d'un  coup  mortel  ,  est 
tombe  devant  la  maison  du  citoyen  Main- 
dorge,  qui  s  est  aussitôt  mis  à  la  poursuite  de 
I  assassin  qu'on  est  parvenu  à  saisir. 

Le  ciioyen  Frênot  fesait  à  Rouen  les  fonction» 
de  maréchal  des-logis.  Sun  fiere  a  été  tué  à  la 
fameuse  bataille  de  Maringo. 

—  On  annonce  comme  ouvrages  sur  le  point 
de  paraître  ,  la  relation  des  deux  dernières  cam- 
pagnes du  général  Massena  enHelvétie,  et  celle- 
du  siège  de  Gênes;  ces  deux  ouvrages  seront 
dus  a  deux  officiers  employés  piès  lie  ce  eé- 
néral.  ° 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

.    Arrùé  du   g  fructidor. 
Les  consuls  de  la  république  ,  en  conséquence- 
de  la  décision  du  conseil-d'état,  prise  conformé- 
ment à  l'article  LXXV  de  la  constitution  ,  arrêtent 
ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Rivail  ,  agent  national  forestier 
de  a  ci-devant  maîtrise  de  Belly  ,  département 
de  lAm,  prévenu  de  prévarication  dans  l'exei- 
cice  de  ses  loneiions  ,  sera  traduit  devant  les 
tribunaux  ordinaires. 

II.  Le  ministre  de  la  justice  est  chargé. de  Vexé 
cution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'étal,  signé,  H.  B.  Maret. 


Au   NOM  DU    PEUPLE   FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Roche. 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  conduite 
distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du  citoyen 
Pierre  Roche  ,  chasseur  dans  le  8<=  régiment  de 
chasseurs  à  cheval,  à  l'affaire  du  q8  messidor 
an  8  ,  à  l'armée  du  Rhin  ,  où  il  s'est  emparé  , 
avec  peu  de  secours ,  de  trois  pièces  de  canon  , 
dont  il  avait  déjà  éprouvé  une  décharge  à  mi- 
traille. 

Lui  décerne  ,  à  titre  de. récompense  nationale» 
un  mousqueton   d'honneur. 

Il  jomta  des  prérogatives  attachées  à  ladite- 
recompense   par    l'arrêté  du   4  nivôse  an  8; 

Donné  à  Paris ,  le  is  fructidor  ,  an  8  de  la  ré- 
publique française. 

Le  premier  consul,  Sigw  ,    Bonaparte,. 
Le searétaire-d'état,  signé,    H.  B.  Maret. 
il  ministre  de  ta  guerrt  i  sigjié;  Carno-t, 


1^83 


Av    tih'M'nv   p  ie'ùVl  E   F  R  A  N  ç  A  I  s. 
Brevet  d'honneur  pour   le  citvyen  Courtdin. 

,  BotNaI'A'R'tê  ,  prerhiei  consul  delà  république, 
B'âul'ès  le  compte  quiliii  a  éié  rendu  de  la  con- 
•ntiltÈ  d'isriiiguée  et  de  la  bravoure  éclai.uiie  ijU 
tftèy'eh  je'ah  Counaifi  ,  brigadier  d:;^^  le  S' 
fêgiifttnt  de  clias'séurs  à  cheval  .  à  r^ilaiie  du 
tS  messidor  ah  S  ,  à  Tarniée  du  Rhin  ,  oi'i  il  s'est 
emparé  seul  d'un  obusicr  prêt  à  laire  Icu  ; 
■  Lui  décerne  à  ïiue  Je  récompense  nationale , 
tiil  iliouiqueton  d'honneur. 

Il  jouira    des    piérogaiives    attachées   à, ladite, 
fëcômpense    par  l'arrcic   du  4  nivôse  an   8. 

Donné  à  Paris,  le  12  fructidor ,  an 8  de  la  répu- 
blique française. 

±v  premier  consaî  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrétane-eCétat  ,  iigiié  ,  H.  B.  MareT. 
Le  ministre  de  la  guerre ,  signé,  Carnot. 


Au    NOM   DU    PEUPLE   FRANÇAIS. 

Bnv  et  d'honneur  pour  le  citojen  Lauriot  ,  grenadier 
^  à  la  1)5'=  demi  -  brigade  de  ligne. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'aptes  le  compte  qui  lui  à  été  renolu  de  la  con- 
dltité  disiiiiguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
dtoyen  Lauriot  .  gienadier  à  la  g5'  demi-brigade 
de  ligne,  à  l'affaiie  qui  eut  lieu  au  passage  du 
Rhin ,  à  Rechnan  ,  où  ce  brave  mililairc  ,  et  deux 
de  ses  camarades  ,  les  citoyens  Benoist  et  Eëli- 
saire  ,  s'étant  présentés  avec  audace  sur  la  rive 
d\i  fleuve  que  bordait,  à  là  dioite,  lintanlerie 
éntiemie  ,  parvinrent  à  construire  le  pont  sous 
lin  feu  continuel  de  mousqueterie  ,  le  passèrent 
tous  trois  les  piemiers  ,  suivis  des  autres  grena- 
diers ;  se  précipitèrent  sur  la  redoute  de  l'ennemi, 
et  l'enlevèrent  d'un  coup  de  main.  Le  cit.  Lauriot 
n'a  pas  un  seul  instant  quitté  le  pont  qu'il  n'ait  été 
construit,  et  il  y  a  placé  toutes  les  planches  ; 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
un  fusil  d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite  ré- 
compense par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris ,  le  12  fructidor ,  an  S  de  la  té- 
publique  française. 

Le  premiet  consul,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier    consul , 

Lt  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé ,  Carnot. 


Jiorttcz  statistique  sur  l'état  Bavaro  -  Palatin. 

Lieues  quar-         Amef.  Rcvcau. 

lies,  25  au 

I.  Le  duché  de 

Bavière  ,    (  35  ■ 

vill.,g5  bour., 

86     couvents.     1,600        879,700  J 
S.  Le    Palatinat  >6,5oo,ooo  fl. 

supérieur....         340        171.7803 

3.  Les  princip. 
de  Suhbacli 
et  Neubourg, 
avec  la  seign. 

dEhenfels...        200        i3a,ooo        700,000 

4.  Le  Landgra- 
viatde  Leuch- 
tenbetg  ,  le 
corat.d'Haag, 
les  seigneur, 
de  Sulzburg., 
Py  rn  bau  m  , 
Nohen,  WaU 
deck  et  Bru- 

tetieck 27  3o,oeo        190,000 

5.  Les  sei'gn.  de 
Mindelheim  , 
de  Wiescns- 
leg  et  de  Sch- 
wabeck,  dans 

la.  Souabe...  3o         26,000        200,000 

6.  Lé  :'fS(4«tinat 

inférieur 210        ï3o,ooo     i,aoo,ooo 

7.  Les  princip. 
de  Simmern  , 
Lauiern ,  Vel- 
flenz,  et  une 
partie  du  com- 
té   de    Spon- 

Iieim .*       90  76,000        700,000 

a.  Le  duché  de 
Deiix-Fonis , 
avec  les  pos- 
sessions en  Af- 
«ace *     23o        160,000     1,000,000 

(g.  Le  duché  de 
Julicrs *     «00        200.000     1,200,000 

«1927     1,945,480   il,6go,ooo 


Ci-coTitre.  8(927     1,945,480  11,690,000  fl. 

)o.  Le  duché  de 

Btrg iSo        «00,000     1,006,000 

1 1.  La  seigneur. 

de  Kavestein  , 

ericlav.     Qàns  ' 

la  république 

Bjtave *        4  io,obb  60,006 

3,111  2,115,480  12,750,000 
Comme  les 
pays  numéros 
7,  8  ,  9,  II  ,  et 
partie  du  n"  6  , 
sont  siiués  sur  la 
rive  gaucVie  du 
Rhin  ,  il  faut 
défalquer 644        576,000     3,760,000 

Reste 2,467     1,539,480     8.990,000  fl. 

La  ttaute-Baviere  et  le  Palatinat  ont  des  foréis 
considérables  ,  des  mines  riches  en  argent  ,  fer 
et  plomb  ,  des  cariietes  d'un  beau  marbre,  des 
salines  et  des  eaux  minérales.  Les  contrées  du 
milieu  produisent  abondamment  des  blés  ,  du 
lin  ,  du  chanvre  et  du  houblon.  Le  bétail  trouve 
d'exceileus  pâturages  le  long  des  fleuves  du 
Danube,  de  User  et  de  1  Inn.  Le  gibier  et  le 
poisson  y  sont  en  abondance.  Dificrenies  branches 
de  l'indusliie  bavaroise  méritent  d'ëire  citées.  On 
fabrique  des  hautes  lisses  ,  des  étoff'es  de  soie  , 
de  laine  et  de  colon  ,  des  bas  ,  des  cartes  à  jouer  ; 
des  pinceaux  à  Munich  ,  de  la  porcelaine  à  Nvra- 
phenburg  ,  des  montres  à  Friedbetg  ,  etc.  La  Ba- 
vière n'a  presque  aucune  part  à  la  navigation 
du  Danube  ,  celle-ci  étant  monopolisée  entre  les 
mains  des  ulmois ,  dés  ratisbonnois  et  des  vien- 
nois ;  pourtant  la  petite  ville  de  Kelheim  gagne 
i  beaucoup  par  la  construction  des  vaisseaux. 

Le  Palatinat  inférieur  est  un  des  pays  les  plus 
agréables  et  les  plus  Itriiles  de  l'Europe.  Les  blés, 
les  vins,  les  fruits  ,  même  lès  amandes  y  viennent 
en  abondance.  On  cultive  du  lin  ,  du  tabac  ,  de  la 
garance;  on  eut  ,  en  17S3  ,  quarante-cinq  mille 
livres  de  soie  avec  35o,ooo  mûiiers  ;  un  troupeau 
de  chèvres  d'angora  y  est  naturalisé.  On  trouve 
du  ter,  du  cuivre  ,  du  plomb  ,  du  vif-argent,  de 
l'or  fluvial  ,  de  l'albâire  ,  des  améthystes  ,  des 
cornalines  ,  ect.  etc,  etc.  Les  fabriques  et  les  ma- 
irufaciures  étaient  dans  un  état  florissant ,  quand 
la  guerre  ,  pour  la  troisième  fois  dans  l'espace  de 
deux  siècles  ,  vint  dévaster  celte  intéressante 
contrée. 

Le  duché  de  Berg  a  des  mines  considérables , 
du  fer  et  du  plomb  ,  des  carrières  jde  marbre  , 
une  grande  q^lantité  de  moulons  et  décochons, 
peu  de  bled  ,  et  encore  moins  de  vin  ;  des 
fabriques  en  fer  et  en  acier  à  Solingen  ;  en  (oiles 
et  coionneries  à  Elverfeld  ;  en  lormerie  à  Rems- 
cheid  ,   etc. 

Les  sciences  n'ont  pas  été  cultivées  avec  beau- 
coup de  zçle  par  les  bavaro-palatins  ;  mais  les 
beaux  ans  trouvèrent  dé  tout  tems  des  prolec 
leurs  parmi  les  plinces  ds  cette  maison.  L'aca 
demie  des  sciences,  la  galerie  et  la  bibliothèque 
électorale  ,  l'école  du  dessin  ,  l'école  forestière 
à  Munich  ,  les  universilés  d'Ingolstadt  et  de  Hei 
delberg,  l'école  d'économie  pohtique  ,  etlejar 
din  botanique  dans  la  dernière  ville  ,  lobser 
vatoire  ,  le  théâtre  anatomique  ,  là  galerie  ,  le 
cabinet  d'estampes  et  des  dessins  à  Manhejm  ; 
enfin  la  galerie  de  Dusseldorf  sont  les  objets 
les  plus  intéressans  que  trouvent  ici  Ihomme  de. 
letires  et  1  artiste.  Avant  la  guerre,  Manheim  eut 
une  des  meilleures  sociétés  d'acteurs  ,  dout  le 
célèbre  Ifland  était  et  l'ornement  et  le  chef. 

Le  règlement  de  1789  porte  la  force  armée  en 
teins  de  paix  à  89,000  homme»;  mais  la  position 
désavantageuse  de  ces  pays  disséminés  par  tome 
l'Adcmagne  ,  et  dépourvus  de  places  fortes  ,  in- 
terdit au  gouvernement  bavato-palatin  tout  es- 
poir de   grandeur  militaire. 

On  croit  conjmunéraent  que  la  dette  de  l'état 
s'élève  à  40  millions  de  florins  au  moins  ;  l'éta- 
blissement d'une  langue  de  l'ordre  de  Malte  , 
a  coûté  6  millions. 

Les  villes  les   plus  considérables  sont  Munich 

avec   37,000    habitans  ,  Manheim,  avec    20,000  , 

Elverfeld  avec   12,000,  Hcidefberg  et  Amberg, 

f  chacune  avec    »o,ooo  ,   et  DusSeidorf  avec  gooo 

habitans. 

En  général  ,  la  solidité  et  la  .beauté  des  bâti- 
mens  ,  ainsi  que  la  propreté  dans  les  rues  et  sur 
les  escaliers  ,  donne  ,  même  au  plus  petit  village 
de  la  Bavière  propre  ,  un  air  noble  et  attrayant  ; 
la  Suisse  seule  offrait  autrefois  un  spectacle  sem- 
blable. Les  beaux  chemins  et  les  haies  vives  qui 
charmaient  l'œil  du  voyageur,  ont  sans  doute 
beaucoup  soufi'ert  par  les  passages  réitérés  des 
armées.  M.  C.  Brun. 

JV.  B.  Dans  les  pâlatinats  et  le  duché  de  Berg  , 
les  protesians  et  les  catholitjues  ont  des  droits 
presqu'cgaux  ;  mais  dans  la  Bavière  propre  ,  le 
catholicisme  liomine  exclusivement-  l,^  clergé  a 


l'influente  là  pluî  ,iiAbr(Vi'iee  et  Un  uès''gt^'kk\f^if- 
venu  ;  il  'y  avait  cri  ,1798  environ,  booa  Im6\vf.i> 
Aussi  là  rnultiiude  est  exufemenrjciii  ,\ui)crsiiiiciJi.,e  ) 
et  les  personnes  mi'euît  irislifuiics  soi|it  ou  ç-l^h,^ 
gées,ou  iniéres.'iéés  à  Sé  ihiie,  le  .Iwil  sulvji'iif 
suffit  pour  le  prouver:  eu  1791  ,  le'lç'ottcgiuTii  nie- 
dicum  de  Munich  apprcyuvà  .'comme  un  tûoyen. 
sûr  contre  ia  rage  îles  çhiens_,_^e  les  brûler  avec 
la  clef  de  S.  /7«i!)er/!Lâ'6jvTcré  fut,,  dp.nxisjOwp  ,) 
le  Ihéâirc  de  lu  ihaum.iitli'.^re  dé  ■  Gàj'itièr',  et' Jlc 
la  cruelle  persécuiion  d^jç^i^^,  qu^OH.déai'^oasOU» 
ih  hùm  à* illuminés.  .  ,   ,  w  '       i    1.  :  :,.m).)i: 


■ilililli^iilfifii 


A  C  R.i:,ç  ij'  l'i;,.  ti'R.E. .  '.. 

Le  4*  volume  iie  1*  biblioilieciUé  liVitanniq.ue 
poiie  ,    page  401^  :  -i    • 

)>  Rutabaga  ,  Ife  plus  beau  chàrôï»  dV  turnepâ 
de  Suéde  que  j'aie  vu,  esï  chez  IbrH  'W.  Il  y  ei*; 
avait  14  acres  semés  le  i{)  chai';  ils  étaient  siti^ 
guliéremeut  égaux  en  volume  et  tiés-gios. 

n  Un  pesant  léienduc  d'une  perche  carrée  ,  je 
calculai  i|ue  le  produit  de  l'acre  devait  peser  ■i') 
formes.  Je  pris  une  racine  semblable  à  plusieurs 
centaines  d'autres  du  même  champ  éi  je  la  pesai  J 
elle  pesait  l3  livres  :  ces  turueps  éiaieut  par- 
faitement cultivés  et  exempts  d  herbes.  Trois  ru- 
tabagas ,  mis  en  expérience  pendaiit  tout  l'hiveC 
dernier  sur  !e  toit  d'une  maison  ,  se  scSnt  trouvés 
parfaitement   sains  aU  printems.  >> 

Il  y  a  plus  de  dix  ans  que  cette  plante  utile  eçt 
iniioduiie  en  France.  Le  citoyen  Boussonnet 
m'en  remit  de  la  graine  en  1790  ,  sous  le  mèmê| 
nom  de  rutabaga  ou  navet  de  Suéde  ,  et  quelques 
tems  avant  j'en  avais  reçu  par  l'enireniise  d'un 
jardinier  allemand.  Néanmoins  elle  n'est  pas  assei 
connue  ;  mais  comme  l'annonce  que  je  viens  de 
citer  engage  les  cultivaieurs  à  s'en  piocuter  de 
la  graine  ei  à  s'instruire  de  la  culiUre  ,  je  crois 
convenable  de  publier  que,  dans  l'insiruciiou. 
sur  la  culture  des  navets  ,  lédigée  en  l'an  2  par' 
la  ci-devant  agence  d  agriculture  ,  imprimée  et 
publiée  par  le  gouvernement  ,  on  lit  ,  page  2  ^ 
après  avoir  dit  que  le  navet  iauné  résiste  au 
froid  i 

)>  Le  navet  de  Suéde  ,  nouvellement  introduit 
en  Fiance  ,  y  résiste  plus  encore  ;  il  a  supporié 
les  gelées  de  1792,  Sa  chair  fine,  serrée,  jau- 
nâtre tient  du  chou-rave  ;  ses  feuilles  qui  ressem- 
blent à  celles  du  colsa  ,  sont  très-bonnes  pour 
lanourriture  des  bestiaux  :  cuiies  et  assaisonnées  , 
on  peut  les  servir  sur  table  eu  hiver.  Cette  espèce 
mérite  d'être  ctiltivée.  i> 

J'ajouterai  que  j'ai  constamment  cultivé  ce  na- ' 
vet  depuis  que  nous  le  possédons  ;  il  a  toujours 
supporté  les  froids  les  plus  rigoureux.  En  lau  3  4 
en  l'an  7  et  en  l'an  8,  sur  plus  de  25  espèces 
que  je  cultivais  ,  celle-ci  et  le  chou  frisé  du  nord 
furent  les  seules  plantes  de  Cette  famille  qui  ré- 
sistèrent à  l'intensité  du  fioid. 

Le  navet  de  Suéde  est  plus  lent  à  se  former 
que  toute  autre  espèce  ;  il  supporte  très-bien  la 
transplantation,  avantage  qu'on  ne  tiouve  pas 
dans  les  autres  navets.  Semé  etj-  place  ,  il  réussit 
également  bien  ,  si  on  a  l'atteniion  de  le  semef. 
clair.  Cette  plante  qui  tient  en  eff'et  beaucoup 
du  chou  ,  fdit  mieux  que  tous  les  navets  ordi-. 
naires  dans  une  terre  substantielle  et  même  uil 
peil  forte, 

Qiioique  l'époque  la  plus  reculée,  à  laquelle 
j'aie  jusqu'à  présent  semé  le  rutabaga,  soit  en  juil- 
let (v.  st.)  ,  je  crois  que  dans  ce  moment  Ae  pluies 
favorables  on  peut  encore  en  confier  à  la  terre  < 
ainsi  que  toule  aulre  espese  de  navet.  Celle-ci  est 
à  la  vérité  plus  lente  à  se  former,  mais  comme 
elle  ne  redoute  pas  les  gelées,  le  nav.et  grossira 
si  l'hiver  est  doux;  et  au  commencemeni  du  ptin- 
tems,  époque  à  laqùêUe  la  nourriture  fraîche  pour 
les  bestiaux  est  ordinairemeni  rare ,  la  racine  et 
les  feuilles  pourront  être  d  une  grande  ressource. 
Au  surplus  dans  le  cas  où  on  voudrait  laisser 
monter  cette  j)lante  à  graine  ,  on  la  recollerait 
pour  en  tirer  de  l'huile.  Le  pioduii  en  est  aussi 
abondant  que  celui  du  cols*,  et  1  huile  n'^  pas 
une  moindre  qualité  que  celle  qu'on  tire  de  toutelJ 
les  graines  de  celle  famille. 

Le  citoyen  Lasierie,  qui  a  rapporté  du  nord 
beaucoup  de  graines  intéressantes  ,  m'en  a  reraiï 
plusieurs  espèces,  notamment  de  celle  de  r.uia- 
baga.J'ai  semé  comparalivemcnt  de  cette  dernière 
el  j'ai  reconnu  que  c'était  bien  la  même  espèce 
que  je  Cultive  depuis. environ  douze  ans  ;  j'ai  seu- 
lement trouvé  cette  différence  que  les  navets  pro-" 
venant  de  la  graine  arrivant  de  Suéde  ,  éiaient 
plus  renflés  que  ceux  de  ma  récolie,  Q^ialiié  qtje 
les  miens  possédaient  également  dans  les  pre-- 
mieres  années.  Heureusement  j'ai  de  quoi  renou- 
veller  celte  espèce  iniéressanie.  On  en  trouveiAj 
de  la  grairie  dans  ma  maison  de  commerce  ^  qUal 
de  la  Mégisserie  ,  n°.  29.  , 

Du   6    fructidor  an  8, 

Vilmorin-Andrieux  ,  cultivateur  el  mar- 
chand grainier. 

La  société  d'agriculture  du  département  de  lit 
^«inC)  4ans  sa  séance  du  6  fructidor  <  a  approiditii 


cette  rote;  et  eUe  a  pensé  que  sa  publicité  dans 
les  circonstances  aciuelles  devait  être  d'un  grand 
inférêt  pour  Icj  cultivateurs  ,  le  rutabaga  pouvant 
se  semer  encore  avec  succès  dans  ce  moment , 
après  la  sécheresse  extrême  qui  a  fait  périr  un  si 
grand  nombre  dé  plantes  potagères ,  dans  les  en- 
virons de  Paris,  ' 

j    ,,  SiLVESTRZ  ^.secrétaire  de  la  société. 


THÉÂTRE    DE   L'OPÉR.A- COMI  Q_UE. 

Ce  iFiéâtrenous  foutait  chaque  jour  une  preuve 
nouvelle  à  l'appui  de  l'assertion  que  nous  nous 
sommes  permise  à  son  égard.  Ce  qui  lui  est  ,  ou 
du  moins  ce  qui  paraît  lui  être  le  plus  dilÈcile  , 
c  est  ûe  se  mainlenir  dans  son  véritable  genre  ; 
il  altère  tous   ceux   auxquels    il   se   livre. 

Hier  on  y  donnait  une  pièce  nouvelle  ,  le 
double  rendez  -  vous.  Çlle  était  intitulée  :  Oltéra 
comique  ,  mêlé  de  vaudevilles.  Il  est  résulté  de 
ce  litie  double  et  "presque  contradictoire  ,  que 
ni  l'une  ni  l'autre  des  idées  qu'il  présente,  n'ont 
été  remplies. 

Les  troubadours  ont  donné  ,  il  y  a  quelque 
tems  ,  une  assez  jolie  pièce  intitulée  :  la  leçon 
conjugale  :  elle  a  beaucoup  de  ressemblance  avec 
l'ouvrage  nouveau  ;  c'est  aussi  une  leçon  con- 
jugale que  le  le  double  rendez-vous  a  pour  but  de 
donner:  c'est  encore  un  époux  infidèle,  surpris, 
repentant ,  et  promettant  de  se  corriger. 

Mais  il  est  dans  le  double  rendez-vous  une  idée 
très-agréable  qu'on  ne  peut  applaudir  dans  la 
pièce  jouée  aux  Troubadours.  L'éj'ouse  du  t>iaii 
infidèle  lui  remet  une  boëte  d'or  :  il  cioit  y 
trouver  le  portrait  de  sa  femme;  il  paraît  vou- 
loir I  ouvrir  avec  empressement  :  on  l'arièie  ,  on 
lui  apprend  qu'il  n'y  trouvera  pas  ce  qu'il  pense, 
mais  bien  son  portrait  à  lui-même  peint  de  sa 
propre  rnain.  Il  s'étonne  ,  il  ouvre  ,  et  recon- 
naît le  billet  par  lequel  il  demandait  un  rendez- 
vous  à  une  amie  de  sa  femme.  C'est  dans  ce 
billet  qu'en  effet  il  s'était  peint  lui-même  ,  très- 
ressemblant  ,  c'est-à-dire  sous  les  traits  de  l'in- 
constance. Comme  de  telles  pièces  ne  peuvent 
finir  par  un  mariage  ,  elles  doivent  se  terminer 
par  une  réconciliation.  Tel  est  Ip  dénouement  du 
double  rendez-vous.  La  situation  que  nous  venons 
d'indiquer  a  fait  plaisir  ,  mais  elle  n'est  pas 
neuve;  nous  la  croyons  entièrement  imitée  d'une 
petite  pièce  donnée  sur  un  de  nos  théâtres  se- 
condaires. Il  y  a  fort  long-lems  qu'on  ne  l'y  a 
vue  ,  mais  pas  assez  pour  qu'on  l'ait  tout-à-lait 
oubliée.  Sou  titre  nous  échappe.  i 

Le  ton  général  du  double  rendez-vous'est  celui 
d  un  marivaudage  fade  ,  précieux,  maniéré.  Les 
premières  scènes  sont  d'une  extrême  froideur. 
Mesdames  Phillis  et  Gavaudan  y  chantent  avec 
infiniment  de  goût;  mais  si  le  musicien  leur  doit 
des  remercîmens  ,  l'auteur  des  paroles  leur  doit 
quelques  reproches  :  il  est  impossible  qu'oji  ait 
apprécié  le  mérite  de  ses  couplets,  et  nous  nesau- 
lions  parler  de  ce  nous  que  n'avons  pu  entendre. 
Nous  serions  aussi  tentés  de  nous  plaindre  de 
Solier,  en  nous  rappelant  quelle  est  la  facture 
des  petits  airs  dont  il  a  semé  ce  prétendi;  opéra 
comique.  Point  de  chant,  ou  du  moins  un 
chant  peu  naturel  ,  de  l'uniformité  dans  la  coupe, 
de  la  monotonie  dans  le  mouvement  ;  partout 
l'accent  de  la  complainte  ,  et  le  ton  de  la  ro- 
mance ,  au  lieu  de  la  tournure  piquante  du  vau- 
deville ou  de  la  ritournelle  ingénieuse  et  ex- 
pressive de  l'opéra  comique.  Cependant  on  a 
applaudi  un  trio  sur  un  mouvement  de  valse  , 
et  un  petit  duo  assez  bien  dialogué.  En  admet- 
tant ces  deux  morceaux  parmi  les  productions 
de  Solier,  qu'il  nous  permette  de  ne  voir  dans 
le  reste  que  des  négligences  échappées  à  son 
talent  facile.  S  . 


Au  Rédacteur. 

Liège  ,  le  a6  thermidor. 
Au  nom  des  sciences ,  citoyen  ,  et  pour  l'hon- 
ïieur  des   botanistes  ,  je  vous    prie  d'insérer  les 
observations  suivantes  dans  votre  Journal. 

Ce  n'est  pas  sans  surprise  que  j'ai  lu  dans  le 
Moniteur  du  17  du  courant,  page  taSo,  l'annonce 
suivante  : 

»>Un  des  jours  de  la  même  décade,  l'herbo-^ 
»>  risation  du  professeur  d'histoire  naturelle  a 
»>  fait  reconnaître  des  plantes  assez  rares  ;  le  plu- 
1)  meau  (  Hettsnia  palustris  )  trouvé  sur  la  route 


i384 

)»  de  Choisi  :  le  Rossolis  (  Drosera  rotmidifolia]  ; 
"  enfin  et  surtout  la  Vanese  {Galega  officirialis) 
>5  trouvée  entre  Versailles  et  Joui  ;  plantes  qu'on 
"  n'avait  garde  de  chercher  si  près  de  Versailles, 
!'  apiès  le  silence  des  botanistes  des  environs  de 
1.  Paris.  -. 

Il  fallait  dire  ,  plantes  assez  rares  que  l'on 
pouvait  chercher  avec  d'autant  plus  de  confiance 
près  de  Versailles,  qu'elles  ont  éié  indiquées  par 
Sébastien  Vaillant  ,  par  Tournefort  ,  botanistes 
des    environs    de   Paris ,  pai   Laraarck. 

Preuves— ht  Plumeau,  (Hottonia  palustris.  ) 
Le  Bolanicon  parisknse  de  Sébastien  Vaillant, 
prouve  jusqu'à  révi'dcnce  que  cet  auteur  ,  loin 
d'avoir  gardé  le  silence  sur  cette  plante,  l'a.  au 
contraire,  indiqué  dans  son  volume  in-12  , 
p.'ige  120  et  page  290  dans  son  in-lolio  ,  sous 
le  nom  de  Stratioies  ftuviatiiis.  Pitton  Tourne- 
fort  dans  son  histoire  des  plantes  des  environs 
de  Paris  ,  tome  II  ,  "page  444  ,  l'indique  aussi 
sous  le  nom  de  Mille-folium  aquaticum  ,  sive  Viola 
aqùatica  caule  nudo, . 

Parlons  du  Rossolis  [Drosera  rotondifolia). 
Sébastien  Vaillant  n'a  pas  plus  gardé  le  silence 
sur  cette  plante  que  sur  la  première  ;  il  en  parle 
dans  son  Botanicon  Parisiense  ,  il  en  indique  même 
les  deux  espèces  ,  volume  in-12  ,  page  iog. 
Tournefort  n'a  pas  oublié  de  l'indiquer  dans 
le  second  volume  de  son  histoire  des  plantes 
des  environs  de  Paris,  page  499.  En  parlant 
au  Rossolis  ,  il  dit  :  Cette  plante  croit  à  Meudon  , 
autour  de.  l'étang  de  la  Garenne  ,  et  à  Versailles 
derrière  le  potager ,  où  MM.  Vigueur  l'ont  dé- 
couverte. 

Passons  à  la  Vanese  (Galega  officinalis.)  Ouvrez 
le  second  vol  urne  delà  F/or«-/rançaw  de  Lamarck  , 
vous  y  lirez,  page  654  -  3U  milieu  de  la  page, 
n°  626  :  on  trouve  cette  plante  aux  environs  de 
Paris  où  elle  croît  maintenant  sans  culture. 

J'ai  cru  ,  citoyen  ,  devoir  ces  observations  à 
des  auteurs  recomraandables  auxquels  on  doit 
non  -  seulement  de  la  reconnaissance  ;  mais 
dont  les  travaux  et  les  courses  pénibles  ont  de 
plus  été  suivis  des  p?us  heureux  succès. 

Vaucher  ,  I).  Af .' ,  ancien  médecin  des  armées 
de   la   république. 


Le  maire  de  Saint  Germain  .,  arrondissement  com- 
munal de  Saint  Yr'teix  ,  département  de  la  Haute- 
Vienne ,  au  rédacteur.  —  Saint-Germain,  le  2 
fructidor  an  8. 

Citoyen,  de  tous  les  traits  que  vous  recueillez 
pour  les  offiir  à  l'estime  publique  ,  et  pour  les 
faire  servir  à  l'émulation  .  je  doute  qu'il  en  soit 
de  plus  digne  de  voue  choix  que  la  circonstance 
que  je  vais  vous  rapporter  ;  elle  est  moins  rare 
par  le  fait  qu'elle  embrasse  ,  qu'elle  n'est  admi- 
rable par  les  sentimens  qu'elle  a  développés  dans 
de  jeunes  cceurs,  desquels  il  était  assez  naturel 
d'attendre  plutôt  une  alarme  stérile  que  le  dé- 
vouement affectueux  et  héro'ique  qui  lait  le  sujet 
de  ma  lettre  :  No  basta  la  substancia  ,  nequiere 
setam  bien  la  eirconstancia. 

Dans  la  2'  décade,  de  thermidor  dernier,  six 
jeunes  élevés  de  deux  écoles  particulière  se 
réunissent  pour  aller  se  baigner  dans  la  petite 
rivière  de  la  Briansole  ,  qui  traverse  notre  com- 
mune, et  choisirent  l'endroit  où  les  effets  de 
la  sécheresse  s'étaient  le  moins  absolument  pro- 
noncés; ils  ignoraient  que  très-près  de  là  se  trouvait 
un  abîme  d'une  profondeur  inconnue.  Jean- 
Baptiste  Foret,  âgé  de  16  ans,  fut  le  premier 
qui  se  trouva  surpris  par  le  danger,  et  disparut 
à  la  vue  ds  ses  camarades.  Poulon  Leyssenne  , 
âgé  de  l3  ans,  ne  consultant  que  son  cœur  et 
le  désir  de  sauver  son  ami  ,  se  précipite  inopi- 
nément du  côté  ovi  il  le  juge  englouti;  mais  il 
le  devient  aussitôt.  Jean  Duteil  et  Antoine  Léger, 
le  premier  de  lâge  de  16  ans ,  et  l'autre  de  i3  , 
loin  de  se  laisser  abattre  par  la  réalité  éprouvée 
du  péril  ,  et  le  nombre  de  ceux  qui  y  avaient 
succombé  ,  sentent  leur  générosité  s'exalter,  et 
se  dévouent  successivement  à  un  secours  à-la- 
fois   instant   et  si  périlleux. 

Un  meunier  dont  l'habitation  se  trouvait 
proche  ,  ayant  apperçu  cet  événement ,  était 
accouru  chez  lui  pour  se  munir  d'une  perche 
avec  laquelle  il  comptait  retirer  de  l'eau  le 
jeune  infortuné.  A  son  arrivée  ,  trois  étaient 
paivenus  ,  à  force  de  se  débattre  ,  à  gagner  le 
rivage;  mais  Leyssenne  était  resté  ,  et  il  fut  im- 
possible de  l'atteindre  avec  la  perche.  Alors  un 
des   deux  qui  n'avajt    pris    aucune   part   active 


a  la  scène,  Fanfan  Brejat ,  âgé  de  10  ans. 
jugeant  que  les  momcns  étaient  extrêmes  ,  et 
que  toute  hésitation  ne  laisserait  rien  espérer 
d'utile  dans  cette  funeste  conjoncture,  se  <rfé- 
cide  de  se  sacrifier  à  l'amitié  ,  et  de  hasarder 
sa  vie  pour  le  salut  de  son  ami.  Il  fut  au  fond 
de  l'eau  ,  avant  que  sa  dispaiition  fût  remarquée, 
et  ramené  ,  un  instant  après  ,  l'objet  de  sa  solli- 
citude qui  ,  presque  évanoui  ,  ne  larda  point 
à  reprendre  la  vie. 

Ici  l'amitié  et  le  courage  ont  donné  des  preuves 
bien  précoces  du  succès  dont  ils  sont  capables 
dans  un  grand  danger  :  que  ne  devaient  -  ils 
pas  entreprendre  lorsque  la  raison  et  la  prudence 
les  secondent  !je  me  flatte  que  dans  cette  occasion 
vous  concourrez',  avec  moi,  à  rendre  un  hom- 
mage public  aux  généreuses  qualités  dont  elle 
a  donné  le  spectacle:  c'est  le  moyen  de  fomentei" 
celle-ci ,  et  d'en  faire  éclore  ailleurs  de  plus  d'un 
genre. 

Recevez  l'assurance  de  ma  considération. 


Souscription '/iro/iof'ê  par  le  cit.  Desmonceaux , 
médecin-oculiste  .demeurant  rue  Louis  au  marais  , 
»"  588.  ^ 

J'ai  donné  en  1786  un  Traité  complet  des  ma- 
ladies des  yeux  et  de  celles  des  paupières  ;  j'y  ai 
ajouté  l'esquisse  d'un  traité  méthodique  des  mala- 
dies des  oreilles .  le  premier  qui  ail  encore  paru 
en  ce  genre  ,  ce  qui  a  formé  deux  volumes  grand 
in-8°  ,  avecplanches  et  gravures;  mais  comme  les 
premières  observations  pratiques  laissent  toujours 
un  notjveau  cadre  à  remplir ,  je  me  suis  décidé  à 
en  rédiger  de  nouvelles  ,  à  donner  ce  que  j'ap- 
pelle mon  ultimatum  par  un  suppiétnent  de  plus 
de  600  pages,  ce  qui  formera  un  3""=  vo'ume 
plus  considérable  que  les  premiers,  avec  une 
gravure  analogue  aux  nouveaux  cornets  acousti- 
ques que  j'ai  éiablis,  aux  instrumens  dont  on  peut 
se  servir  dans  l'examen  ,  et  en  cas  d'accidens. 
J'ose  dire  que  ce  supplément  renferme  des  obser- 
vations plus  lumineuses  que  les  premières  du  côté 
des  maladies  des  yeux  et  de  celles  des  oreilles; 
des  observations  en  différens  genres  qui  peuvent 
être  utiles  aux  praticiens;   mais  je    ne    puis    en 

entreprendrel'impression  qu'avec  le  sccoufsd'une 
souscription. 

Cette  souscription  sera  ouverte  depuis  le  i" 
vendémiaire  an  9  ,  jusqu'au  i««  nivôse  même 
année;  elle  sera  pour  le  suppiétnent,  formant 
le  troisième  volume  du  Traité  des  maladies  des 
yeux  et  de  celle  des  oreilles,  de  6  fr.  5o  cent, 
broché,  et  1  fr.  de  plus  relié;  l'impression  sera 
en  beaux  caractères  ,  et  le  papier  carié  fin  d'An- 
goulême.  Le  délai  de  la  souscription  passé  , 
l'exemplaire  broché  sera  de  7  fr.  60  cent,  et  9  (r. 
relié.  Sj  la  souscription  était  trop  inférieure  au 
I'' nivôse  ,  la  somme  de  5  fr.  prix  de  l'abonne- 
ment, sera  exactement  rendue  aux  souscripteurs. 

On  souscrit  chez  le  cit.  Desmonceaux,  médecin- 
ocuHste  ,  rue  Louis  au  marais ,  n°  588. 

Les  lettres  et  l'argent  doivent  être  adressés  franc 
de  port. 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  12  fructidor.  —  Cours  des  effets  publia. 

Rente  provisoire '17  fr,  ^5  ^^ 

Tiers  consolidé 33  (r.  i5  c. 

Bons  deux  tiers j  fr.  5q  c. 

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Bons  pour  l'an  8 ...    .   Sg  fr.  ^5  f.^ 

Coupures ..'63  fr.  5o  c* 

Syndicat .- 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  REPUBnq_UE  et  des  Arts. 
Auj.  relâche. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Boursault  ; 
Susanne  ,  et  la  Danse. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  — Pantomimex, 
Aujourd.  la  i'"=  représ,  du  Meunier,  générât., 
Jenny  ou  tes  Ecossais;  rEprtmie  efitasable  ,  et  ie 
Dépit  amoureux. 

■Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  GabrielU  de  Vergy  ,  tragédie  ,  suivie  des 
quatre  Signataires. 


I 


L'abouuemïnt.e  fait.  Par»,  r«e  d.,  Poit.via»,  n»  ,8.  Le  prix  est  d.  ï5  franc,  pour  trois  mai,,  5o  fra»»  pour  .ix   moi,,   et    .00   frauc,  pour  laanée  entie 
ft*aboaac  qu  au  cotamencemeot  de  cbaqae  moii. 

l'\^!^^.'^T.^"!'T.'V''T''\'''^''\'^^  .8.Ilfautcompr«dr«   dan.  i«   envoi.   1, 

serout point  retirées  de  la  poste. 


pays  où  l'on  ne  peut  aS'ranchir.   Les  lettres  des  départe 
Il  faut  avoir  soin,  poui  plus  de  sûreté,  de  charger  ce 
loitevins  ,  n"  i3,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cii  ^  heures  du  soir 


is  non  affran 
retifer 


e  poit   dei 


ntdesTaleurs.etadresseitoutcequicoocerac  la  rédaction  de   la  feuille,    as  rédacteur,  rue  det 


A  Pstis.  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  344. 


Qiiartidi  ,  1 4  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indiviiible 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Moniteur  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des  armées  .  ^insi  que  J;s  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

Constantinople ,  le  le  juillet  (2 1  messidor.) 
Notice  SUT  Us  principaux  ministres  de  la  Porte. 

Cadgi  Feya  JusstiF  ,  pacha  ,  grand-visir  ,  doit 
moins,  à  la  faveur  qu'à  son  mérite  les  dignités  par 
lesquelles  il  a  successivement  passé  au  suprême 
%!siHàt  ;  et  si  la  déroute  d  Ei-Hanca  y  porte  une 
tetrlble  atteinte  ,  il  faut  cependant  moins  l'im- 
toùfbr  à  son  inexpérience  qu'à  l'indiscipline  de 
•on  armée  trop  généralisée  pour  y  pouvoir  porter 
rémede.  L'activité ,  l'énergie  et  la  sagesse  qu'il 
développa  ,  il  y  a  quelques  années  ,  dans  son  ex- 
pédition contre  les  curdr.s  ,  et  dans  son  gouver- 
nement d'Etzerum  ,  sont  des  titres  qui  parlent  en 
sa  faveur.  Quoique  le  pouvoir  illimité  de  sa 
charge  ait  été  restreint  par  celui  qu'a  acquis  le 
conseil,  il  ne  conserve  pas  moins  encore  aujour- 
d'hui les  plus  grandes  prérogatives  et  tout  l'ap- 
jpareil  de  la  puissance  qui  relevé  de  sa  dignité. 
Les  miniàtres  de  la  Porte  le  suivent,  lorsqu'il  com- 
nlindé  en  personne  les  armées  ;  et  ils  sont  sup- 
pléés à  Constantinople  par  d'autres  ministres  du 
rîcbîab  ,  c'est-à-dire  ,  ministre  auprès  de  l'étrier 
Impéiial. 

Rassik  Méhémet  reis  efiFendi  est  titulaire  au 
camp.  Il  fut  envoyé  en  qualité  d'ambassadeur  ex- 
traordinaire à  Saint-Pétersbourg  ,  lors  de  la  der- 
piere  paix  des  turcs  avec  lés  russes  :  c'est  un 
homme  assez  niédiocte  ,  et  qui  a  peu  d'in- 
fluence. 

Osman  effendi ,  précédemment  chaoux  bachi  , 
est  kjaya  bey  au  camp.  Il  a  des  principes  ,  une 
très-grande  réputation  de  probité  ,  et  aurait  joué 
tin  rôle  marquant  en  Egypte  saiià  la  déroute  du 
visir  qui  l'a  chassé  du  Kaire  ,  oti  ii  était  déjà  ins- 
tallé provisoirement  comme  gouverneur. 

Janib  ,  reis  effendi  de  l'étrier ,  et  successeur 
jJ'Atif  effendi  ,  n'occupe  cette  place  que  depuis 
environ  trois  mois.  Originairement  commis  des 
bateaux  de  la  chancellerie  d'état  ,  il  en  a  été  tiré 
pour  administrer  la  dépense  du  bassin  du  cons- 
tructeur suédois  Rodée  ,  sous  la  qualification  de 
Binna  Emini.  A  la  confection  de  cet  ouvrage  ,  il 
a  été  récompensé  par  la  charge  de  teftèrdar  ,  et 
presque  aussitôt  élevé  par  circonstance  au  posie 
qu'il  occupe  actuellement.  L'italien  qu'il  a  appris 
dans-  son  inspection  sur  les  ouvriers  européans 
de  l'arsenal ,  et  qu'il  parle  assez  bien  ,  prouve  de 
l'intelligence  ,  et  il  n'est  pas  sans  mérite. 

Ncfus  attendons  ici  avec  impatience  le  résultat 
He  la  mission  de  lord  'Whilworth.  La  certitude 
ttu'aucuh  traiié  de  neutralité  maritime  n'a  été  con- 
clu entre  les  quatre  grandes  cours  du  Nord  ,  et  las 
nouvelles  dispositions  que  l'on  suppose  à  Paul  I'', 
font  espérer  que  cette,  querelle  avec  le  Danne- 
marck  se  terminera  à  l'amiable.  Cependant  de  part 
et  d'au'lrê  On  agit  coilnnie  si  l'on  était  préparé  à 
la  guerre.  Il  n'est  plus  douteux  que  l'ainiral  Dick- 
son soit  allé  avec  son  escadre  à  Elseneur.  Plu- 
iiéufs  vaisseau-x  l'ont  rencontré  en  mer,  les  uns 
à  la  hauteur  de  Fleckeren  en  Norvège  ,  les  autres 
dans  lé  Caiégai ,  près  de  l'île  d'Anholt.  De  son 
côté  ,  ta  cour  de  Dannemarck  fait  équipper  une 
flotte  de  six  vaisseaux  de  ligne  .  et  elle  a  ordonné 
t»ne  presse  générale  dans  tous  ses  états,  même  dans 
te  daihé  de  Holstein.  Tous  les  vaisseaux  qui  re- 
IBontent  l'Elbe,  pouT  aller  à  Hambourg,  sont 
àtrêiés  et  cxnmiiiés  au  fort  d'Altona.  Plusieurs 
havii'es  sKédïiis  et  danois ,  ayant  é'é  tout  nou- 
x^dletaie^l  pris  en  sortant  de  celte  rivière  ,  un  em- 
bargo général  a  été  mis  sur  tous  les  vaisseaux  de 
éts  d'eux  nations  qui  se  trouvaient  dans  les  poris 
de  Jutland.  Lord  Wliiiworih  est  arrivé  le  lo  à 
Elseneur  ,  et  le  1 1  à  Copenhague.  Qjjoiqu'il  n'ait 
point  pris  publiquement  de  caracleie  officiel  ,  il 
te  déjà  eu  plusieurs  conférences  avec  M.  le  comie 
d«  Pecnstorf.  Ce  ministre  danois  en  avait  tenu  te 
fa  urne  très-longue  avec  tes  chargés  d'affaires  de 
Russie  et  d'Angleterre.  Celle  conférence  (ut  suivie 
dç,renvoi  de  deux  courriers  à  Saint-Pétersbourg  , 
lîun  par  met  et  l'autre  p^r  Siockolm.  Celui  qui 
B.  pris  la  route  de  terri;  est  le' lieutenant  Glals  , 
Me  l'on  croyait  devoir  être  envoyé  en  Angle- 
Ipire.  L'autre  courrier .  parti  à  bord  d'un  culler  , 
cit  le  licu:enant  de  Lilienberg.  Le  nouveau  mi- 
ïiisire  de  Fratice,  Bourgoing  ,  était  attendu  à 
C}6^MibgU4  le  (7. 

Ùa  éitii  de  cette  viU*  qUb'l^mijsion  de  lord 


■Whitworih  se  bornera  à  l'objet  du  différend  sur- 
venu entre  les  deux  cours.  Le  colonel  Whitworih 
et  M.  lyynne  l'ont  accompagné.  M.  Merry  sera 
remplacé  dans  la  qualilé  de  chargé  des  affaires 
par  M.  Drummond. 

Quatre  vaisseaux  de  guerre  russes  ont  ietté 
l'ancre  dans  le  port  de  Copenhague,  et  vingt- 
deux  autres  doivent  Croiser  dans  la  Baltique. 

On  a  découvert  récemment  que  la  levure 
de  bierre  était  un  grand  spécitique  contre  les 
fièvres  putrides.  Il  suffit  d'en  donner  au  malade 
une  cuillerée  dans  un  peu  de  bierre  ou  d'eau, 
de  deux  heures  en  deux  heures.  La  cure  ne 
dure  pas  plus  de  48  heures.  (Extrait  du  Courrier 
de  Londns  du  26  août  ^  8  fructidor.  J 

INTÉRIEUR, 

Paris  ,  le  ï3  fructidor. 

On   lit  dans  une  lettre  de  Strasbourg,  insérée 
dans  la  Clef  du   Cabinet,  le  paragraphe  suivant  : 
j)  Dans  aucun   lems  de  la  présente  guerre   l'ar- 
!  mée  du   Rhin   n'a  été  dans   un  état  aussi   forrai- 
I  dable  que  dans  ce  moment.  Tous  les   corps  sont 
au  grand  complet.  La  solde  arriérée  est  payée.  La 
plus  exacte   discipline  est  observée.  Généraux  et 
soldats   sont  irès-contens   de    Iraceueil  que   leur 
ont  fait  les  allemands  ;  ils   y   répondent  par  une 
conduite  prévenante  et  gracieuse.  On  les  regarde 
plutôt    comme    pacificateurs  ,    que    comme    en- 
nemis. ]> 

—  On  écrit  de  Nancy  que  la  gendarmerie  du 
département  de  la  Meurthe  augmente  chaque 
jour  ses  droits  à  la  recoiinafssance  publique. 
DEpuis  trois  décades  elle  a  saisi  284  déserieurs  , 
un  prévenu  de  viol,  un  prévenu  d'assassinat, 
4  vagabonds  ,  et  22  prévenus  de  délits  prévus 
par  le  code  de  la  police  correctionnelle. 

—  Hier  matin  à  neufheurçs,  un  trou  de  trois 
à  quatre  pieds  de  diamètre,  et  de  huit  à  dix  de 
profondeur,  s'est  ouvert  soudiin  au.  milieu  de 
la  rue-  du  Regard  ,  dans  une  cive  -abandonnée  , 
selon  toutes  les  appaiences  ,  long-lems  avant  que 
la  rue  fut  bâiie.  Ce  n  était  rien  ;  mais  dans  un 
instant  le  bruit  s'est  répandu  qu,e  louies  les  mai- 
sons allaient  s'enfoncer  danî  les  carrières.  Exa- 
men fait,  chacun  a  pu  facilement  se  convaincre 
que  cette  excavation  n'avait  rien  de  commnn 
avec    les  carrières  ;  on    s'occupe   à   la  combler. 

(  Publiciste.  ) 

—  Plusieurs  journaux  citent  le  trait  suivant  , 
qui  a  dû  d'abord  sa  publicité  au  citoyen  Shée  , 
commissaire  du  gouvernement  dans  les  quatre 
nouveaux  départemens  de  la  rive  gauche  du 
Rhin. 

1)  Le  citoyen  Louis  Guinauth  ,  propriétaire  à 
Winnweder  ,  djiis  le  dépariement  du  Monl- 
1  onnerre  ,  a  mis  à  la  disposition  de  ce  déj'arte- 
menl  une  somme  de  22.523  fr.  pour  servir,  à 
l'entretien  de  la  roule  de  Mayence  à  Paris.  >» 

— •  Le  docteur  Léon  David,  de  Rolierdam , 
vient  d'arriver  à  Paris  ,  pour  s'instruire  de  l'ino- 
culation par  la  vaccine. 

—  Le  20  ihermidor  dernier  ,1e  préfetdu  Léman 
voyageant  avec  le  citoyen  Piciel  ,  rencontra  près 
des  élablissemens  de  Servoz  ,  à  l'endroit  même 
où  les  voyageurs  commencent  à  gravir  sur  les 
somraels  les' plus  élevés  de  la  chaîne  des  Alpes, 
un  jeune  homme  dont  la  physionomie  portait 
l'empreinte  de  la  plus  vive  douleur.  Il  apprit 
bientôt  que  ce  jeune  étranger  était  né  lans 
l'évêché  de  Bubeck  ;  qu'il  se  nommait  Théodore 
Ziemssen  ;  qu'il  voyageait  pour  s'instruire  avec 
un  de  ses  Compatriotes  nommé  Frédéric-Auguste 
Eschen,  j^une  ctJmrne  lui,  et  son  intime  ami  ; 
que  la  curiosité  les  ayant  conduits  au  pied  du 
glacier  du  Buei ,  M-  Eschen  s'éiait  avancé  malgré 
les  avis  du  guide,  et  que  lout-à-cQÙp  la  neige 
sur  laquelle  il  marchait  ,  et  qui  ne  recouvrait  que 
faiblement  uiie  crevasse  du  glacier  ,  s'étant  ou- 
verte sous  son  poids  ,  il  était  tombé  dans  un 
précipice  dont  on  ignorait  la  profondeur. 

Dans  l'espérance  qu'il  vivait  encore,  et  qu'on 
pourrait  le  sauver  ,  le  préfet  donna  les  ordres  les 
plus  pressansde  voler  à  son  secours. 

Le  citoyen   Deville  ,  père,  l'un  des  guides  les 
plus  instruits  e't  les  plus  sages  du  pays,  se  chargea 
de   celte    commission,   aidé    de   ses   deux   fils, 
Jean  -  Claude   et  Bernard,   et  de  l'aubergiste  dç  J 
Servoz  ,  nommé  Joseph  Eule. 


Ils  ont  marché  toute  la  nuit  ,  et  ne  sont  par- 
venus qu'au  point  du  jour  sur  le  glacier.  Arrivés 
sur  le  plan  du  Buel  ,  près  du  lieu  qu'on  leur 
avait  indiqué  ,  ils  ont  apperçu  les  signes  d'une 
crevasse  recouverte  par  la  neige  ;  mais  ce  n  est 
qu'à  deux  heures  que  le  citoyen  Deville  a  décou- 
vert tin  trou  carré  de  2  pieds  de  côté  ,  par 
lequel  il  parais'aii  qu'avait  été  englouti  M.  Eschen. 
La  sonde  ,  descendue  à  plus  de  100  pieds  ,  a 
fait  connaître  Ja  présence  d'un  corps  étranger  à  la 
glace. 

Bernard  Deville  se  fil  descendre  danscet  abîme, 
et  il  approchait  du  cadavre  assez  pour  l'apperce- 
voir-,  mais  la  crevasse  se  rétrécissant  jusqu'à  huit 
pouces  ,  ne  lui  a  pas  permis  d'aller  plus  bas. 
Ces  travaux  ,  ces  efforts  se  sont  tellement  pro- 
longés ,  que  les  Deville  ne  sont  rentrés  chez  eux 
qu  à  10  heures  du  soir. 

Ils  ont  eu  le  courage  de  recommencer  le  len- 
demain la  même  entreprise  ,.  et  Deville  ,  père, 
s'étant  fait  descendre  à  1  aide  d'une  corrie  ,  il 
fut  arrêié  ,  comme  l'avait  été  son  fils  par  le 
rapprochement  des  parois  de  la  crevasse.  Il 
s  était  muni  d'une  hache  avec  laquelle  il  a  élargi 
le  passage  en  façon  de  cheminée  à  côté  du 
lieu  où  élait  le  cadavre  ,  pour  que  les  fragmeas 
de  glace  ne  le  recouvrissent  pas.  Descendu  peu 
a  peu  jusqu'à  la  hauteur  de  la  ceinture  ,  il  essaya 
de  le  lemuer;  mais  il  était  trop  fortement  engagé 
entre  les  parois.  Il  tût  obligé  démailler  la  glace 
tout  autour  ;  il  parvint,  enfin,  à  le  dégager  et 
à  le  retirer  de  ce  gouffre,  en  lui  passant  une 
corde  sous  les  bras. 

Cette  opération  pénible  et  hazardeuse  ,  a  de- 
mandé trois  jours  d'un  travail  constant ,  et  d'un 
courage  rare. 

Le  préfet  du  Léman  en  apnblîquement  témoigné 
sa  satisfaction  aux  citoyens  Deville  ,  père  ,  et 
à  ses  deux  fils ,  et  à  l'aubergiste  de  Servoz.  Ces 
hommes  intrépides  et  généreux  ont  montré  ce 
qu'on  peut  faire  quand  ont  est  animé  de  l'amour 
du  bien. 

Il  a  fait  inhumer  le  corps  du  jeune  Voyageur 
sur  un  raonii;ule  également  à  la  vue  du  sentier 
qui  conduit  au  glacier,  cl  du  chemin  de  Chamonni. 
Un  monument  provisoire  indique  aux  autres 
voyageurs  les  dangers  et  limprudence  de  né  pas 
écouler  les  avis  des.  guides  ;  il  leur  prouve  aussi 
les  sentiracns  hospitaliers  quiéprouvent  les  fran- 
çais pour  ceux  que  l'amour  de  l'élude  amené 
parmi  eux. 

Le  préfet  du  Léman,  s'est  montré  digne  d'ad- 
ministrer une  contrée  si  cèJebre  par  son  goût 
pour  les  lettres  ; 

Dans  d'autres  tems,  le  citoyen  Félix  Desportes, 
alors  icsidant  à  Genève  ,  avait  f.iit  construire 
à  ses  frais  une  espèce  d'hospice  ,  et  pour  servit 
d'asyle.aux  voyageurs,  il  y  avait  fait  établir  quatre 
liis  ,  quelques  insirumens  de  physique  et  lotis 
les  ustensiles  nécessaires  a  des  voyageurs;  il 
élait  placé  sous  la  surveillance  de  la  munici- 
palité de  Chamonni  et  sous  la  sauve  garde  de 
tous  les  philantTOpes.  Ce  monument  était  élevé 
sur  le  Moiiianveri  ,  près  de  la  mer  de  Glace.  Des 
barbares  l'ont  détruit  ,  le  citoyen  Deymar  a 
proposé  des  moyens  de  le  rétablir  ;  il  lui  con- 
vient plus  qu'à  un  autre  de  s'occuper  dé  ces  ho- 
norables soins. 

PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Du  i"  Jruclitfbr.  —  Lé  préfet  de  police  ,  vu  le» 
lettres  du  ministre  de  l'intérieur  des  3  floréal  et 
l5  prairial  derniers,  desquelles  il  résulte  que  sur 
la  detnande  des  marchands  de  bois  ,  le  ministre 
a  décidé  qu'attendu  la  difficulté  reconnue  de 
changer  la  longueur  de  la  bûche  des  bois  de 
chauffage  ,  sans  de  grands  inçonvénrens  pour  la 
formation  des  trains  ,  le  flottage  et  l'empilage  ,, 
I  excédent  qui  avait  été  laissé  à  la  membrure  des- 
tinée au  mesurage  ,  est  devenu  inutile,  et  qu'on 
peut  le  supprimer  ; 

La  lettre  du  minisire  de  l'intérieur,  dtj  5  mes- 
sidor ,  par  laquelle  ,  «n  adiessant  au  préfet  un'e 
noie  ou  insiruGliou  sur  le  riiode  d'opérer  lé  chan- 
gement dessiercs  et  doubles 'Stères  qui  sonp  dan* 
les  chantiers,  il  le  charge  de  la  transmettre  circu* 
lairement  à  lous  les  marchands  de  bois,  de  leUr 
fixer  u,n  délai  pour  faire  vérifier  et  poinçonner 
leurs 'njes,ures  ,  et  l'époqus-  à''iaq.ucllc  le  mesu- 
rage ne  p<wjrfa  se  faire;  <i%'»Vac  Jw  tnemlprure» 
téduitei  j 


i386 


Considérant  qu'en  opérant  le  changement  pro- 
poié  par  les  marchands  de  bois  ,  et  autorisé  par 
le  ministre  de  l'intérieur  ,  le  mesurage  des  bois  de 
chauffage  ne  continuera  pas  moins  de  se  faire 
dans  les  dimensions  métriques  ;  ordonne  ce  qui 
suit  : 

L'instruction  adressée  nu  préfet  par  le  minisire 
de  l'intérieur  sur  le  changement  à  faire  par  les 
marchands  de  bois  aux  stères  et  doubles  stères  qui 
sont  dans  leurs  chantiers  ,  sera  imprimée  ;  il  en 
sera  envoyé  à  tous  les  marchands  de  bois  un 
exemplaire  ,  ainsi  que  de  la  présente  ordonnance. 
Il  leur  est  enjoint  de  s'y  conformer  avant  le  3o 
fructidor  prochain',  et  de  faire  vérifier  et  poin- 
çonner les  membrures  avant  le  l"  vendémiaire  ; 
à  l'expiration  de  ce  délai ,  te  mesurage  ne  pourra 
plus  se  faire  que  dans  les  membrures  réduites. 

Il  est  enjoint  aux  marchands  d'en  avoir  un 
nombre  suffisant  pour  (e  service  de  leurs  chan- 
tiers. ' 

Il  sera  pris  envers  les  contrevenans  telles  me- 
sures administratives  qu'il  appartiendra. 

Le  f  rejet  de  police,  Dubois. 
Par  le   préfet , 

Le  secrétnire- général,  signé.  Pus. 

'Changement  à  faire  par  tes  marchands  de  bois  aux 
_  stères  et  doubles  stères  qui  sont  dans  les  chantiers. 

En  venu  de  l'arrêté  du  ministre  de  l'intérieur  , 
qui  ordonne  que  la  hauteur  qui  excédait  la  tête 
des  monlans  des  membrurespour  le  mesurage  du 
bois  ,  sera   supprimée. 

Les  marchands  de  bois  seront  tenus  ,  i°  de  faire 
démonter  la  ferrure  qui  se  trouve  au  sommet  des 
montans  ; 

2°.  De  faire  couper  ces  mêmes  montans  à  fleur 
des  entailles,  en  s'assurant  toutefois  qu'il  restera 
88  centimètres  de  hauteur  depuis  la  plate-forme 
jusqu'au  sommet  des  montans  ; 

3".  De  rétablir  une  ferrure  dans  le  même  sens 
qu'elle  était  ci-devant ,  sur  toute  la  largeur  de  la 
tête  ,  c'est-à-dire  ,  que  ladite  ferrure  sera  incrus- 
tée de  toute  son  épaisseur  ,  et  en  retour  sur  cha- 
que côté  ,  pour  être  retenue  avec  deux  broches 
traversant  te  bois  et  rivées  d'afBeureraent ,  ou  par 
des  vis  fraisées  ; 

4°.  Enfin  ,  que  les  têtes  des-  montans  soient 
établies  bien  d  équerre  à  vivc-arrête  ,  et  que  le 
bois  n'excède  pas  la  ferrure. 

Comme  les  membrures  seront  vérifiées  de 
nouveau  ,  il  est  essentiel  que  les  fabricans  ou 
marchands  de  bois  s'assurent  si  elles  ont  les 
autres  dimensions  réquisel  et  développées  dans 
rinstruction  publiée  à  ce  sujet  par  ordre  du  mi- 
nistre de  l'intérieur. 

Paris,  ce  5  messidor  an  7  de  la  république. 
Vu  te  ministre  de  l'intérieur,  L.  BonapaSte. 


qui  resteraient  dans  lesdits  bateaux ,  de  même 
que  celles  qui  auraient  été  ,  pendant  le  cours  de 
la  vente  .  jugées  défectueuses  en  les  sonnant , 
seront  jettécs  à  la  rivière  ,  dans  la  forme  indiquée 
ci-dessus. 

VIT.  Il  est  défendu  à  tous  individus  d'aller  au- 
devant  des  acheteurs  ,  et  de  s'entremettre  pour 
leur  procurer  dos  huîtres  ^ainsi  que  d'entrer  dans 
les  barquts.  Les  huîires  seront  portées  sur  la 
berge  ,  et  livrées  aux  acheteurs ,  après  les  avoir 
sonnées. 

VIII.  A  l'égard  de  la  vente  des  huîtres  amenées 
parterre,  il  est  également  défendu  d'aller  au- 
devant  des  voitures  ,  sous  prétexte  d'acheter  ou 
retenir  des  paniers  d  huîtres ,  comme  aussi  de 
les  acheter  ,  choisir  ou  marquer  sur  les  voitures  , 
avant  que  la  vente  en  gros  soit  ouverte  ,  et  de 
remettre  les  paniers  à  ceux  qui  prétendraient  les 
avoir  marqués  ou  retenus,  soiten  route  ,  soit  dans 
les  voilures. 

IX.  Chaque  panier  d'huîtres  blanches  devra 
contenir  48  douzaines,  et  le  demi-panier  et  le 
quart  à  proportion. 

X.  La  vente  des  huîtres  en  bateauaura  lieu  tous 
tes  jours  sans  exception  ,  aux  heures  déterminées 
pour  la  vente  des  marchandises  sur  les  ports. 

Qjiant  à  la  ve'iite  des  huîtres  à  la  rue  Montor- 
gueil  ,  elle  ne  se  fera  que  dans  la  matinée  depuis 
sept  heures  jusqu'à  dix. 

Pendant  les  heures  de  la  vente  ,  il  ne  pourra 
être  rt  ndu  ni  au  regrat  ,  ni  au  détail  ,  des  paniers 
d'huîtres ,  dans  les  endroits  ci-dessus  désignés. 

Les  paniers  d'huîtres  invendus  pourront  êtfe 
déposés  par  le  marchand  chez  qui  bon  lui  sem- 
blera ,  pour  y  être  vendus  comme  les  autres 
comestibles. 

XI.  Il  est  défendu  d'exposer  en  vente  ,  et  de 
crier  des  huîtres  en  public  ,  depuis  le  1"  floréal 
jusqu'au  l"  vendémiaire. 

XII.  Il  sera  plis  envers  les  contrevenans  aux 
dispositions  ci-dessus  ,  telles  mesures  administra- 
tives qu'il  appartiendra  ;  ils  seront  en  outre  pour- 
suivis conformément  à  la  la  loi  du  ig  r=  22  juillet 
1791  (v.  st.)  au  code  des  délits  et   des  peines  du 

'3  brumaire  an  4  ,  et  aux  autres  lois  et  réglemens 
de  police  qui  leur  seront  applicables  ,  et  notam- 
ment aux  ordonnances  des  12  septembre  1788, 
et  23  septembre  1790. 

XIII.  La  présente  ordonnance  sera  imprimée, 
publiée  et  affichée;  elle  sera  envoyée  aux  auto- 
rités qui  doivent  en  connaître  ,  aux  officiers  de 
police  ,  et  aux  préposés  de  la  préfecture  ,  pour 
que  chacun  ,  en  ce  qui  le  concerne  ,  en  assure 
la  stricte  exécution. 

Le  préfet ,  signé  ,  Dubois. 
Par  le  préfet,  le  secrétaire-général  ,  signé.  Pus. 


Ordonnance  concernant  ta  vente  des  huîtres.  — 
Du  ï"  fructidor ,  an  8  de  la  république  française , 
une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police , 

Considérant  que  pour  prévenir  les  abus  dans 
la  vente  des  huîtres  à  l'écaillé  il  importe  de 
rappeler  les  dispositions  non  abrogées ,  des  ré- 
{[lemens  de  police   reirdus  sur  cette  matière  ; 

Ordonne  ce  qui  suit  : 

Art.  I'^.  Les  huîtres  amenées  à  Paris  ,  conti- 
nueront d  être  vendues  aux  endroits  qui  leur 
sont  affectés  ,  savoir  : 

Celles  venant  par  eati,  à  l'endroit  du  port  Ni- 
colas ,  appelé  le  port  aux  Huîtres  ,- 

Et  celles  venant  par  terre  ,  dans  la  rue  Montor- 
gueil ,  près  la  cour  Mandar. 

II.  Les  huîtres  devront  être*  exposées  en  vente 
de  la  mênae  manière  et  dans  les  mêmes  paniers 
qu'il  est  d'usage  de  les  expédier  ;  et  elles  devront 
être  livrées  aux  acheteurs  directement,  sans  au- 
cun intermédiaire  ,  et  telles  enfin  qu'elles  auront 
été  amenées  ;  c'est-à-dire  ,  bonnes ,  loyales,  mar- 
chandes et  non  mélangées. 

III.  Les  commissaires  de  police,  le  commis- 
'  taire  des  halles  et  marchés  ,  et  les  inspecteurs  des 

ports ,  sont  autorisés  à  examiner  si  les  huîtres 
sont  saines  ,  et  à  cet  effet  d'en  faire  ouvrir  quel- 
ques-unes qui  seront  prises  au  hasard. 

IV.  Les  huîtres  gâtées  venues  par  bateau ,  seront 
jtettées  à  là  rivière ,  aux  endroits  désignés  ;  et 
celles  amenées  par  terre  ,  qui  seraient  gâtées ,  se- 
ront conduites  à  la  voierie  ;  le  tout  aux  frais  du 

.vendeur,  procès- verbal  préalablement  dressé, 
l'expertise  ,  si  elle  a  eu  lieu  ,  constatée ,  et  expédi  - 
tion  du  procès-verbal  remise  dans  le  jour  à  la 
préfecture  de  police. 

V.  Il  n^  pourra  être  transpctfté  ,  ni  exposé  en 
.vente  à  la  rue  Montorgueil ,  des  huîtres  venues 
par  eau,  ni  conduit  et  vendu  sur  le  port,  des 
.Jiuîtres  venues /)ar  fêrrç. 

VI.  Les  bateaux  d  huîtres  ne  pourront  'rester  à 
port  ,  ni  garder  planches  pour  la  vente  plus  de 
finq  jours  ,  ^près-  lequel-  tems'-,-  toutes  les  huîtres 


Extrait    du    registre  des   arrêtés    du  préfet  de    la 
Correie  ,  du  1"  fructidor  an  8. 

iCejourd'hui  i"  fructidor  an  8 ,  huit  heures 
du  matin  ,  les  «eize  citoyens  désignés  par  l'arrêté 
du  préfet  du  18  thermidor  dernier  ,  pour  former 
le  premier  noyau  d'une  société  libre  d'agricul- 
ture au  chef-lieu  du  département,  s'étant  réunis 
dans  la    salle  des  séances  de   la   préfecture  ,    le 

préfet  du  département  s'y  est  rendu 

Le  secrétaire  a  lait  lecture  de  l'arrêté  du  18 
thermidor ,  ensuite  le  préfet  a  prononcé  le  dis- 
cours suivant  : 

)' Je  vous  ai  convoqués,  citoyens,  pour  for- 
mer le  premier  noyau  d'une  société  d'agri- 
culture. ^ 

i)  Ces  sortes  d'institutions  conviennent  sur-tout 
dans  les  nouvelles  circonstances  où  la  révolution 
nous  a  placés.  L'instinct  de  la  liberté  semble 
avoir ,  en  effet  ,  donné  une  nouvelle,  énergie  à 
l'agriculture.  Le  cultivateur  ,  fier  sans  doute  de 
voir  son  champ  libre  comme  sa  personne  ,  s'y 
attache  plus  fortement  ,  et  semble  l'arroser  plus 
volontiers  de  ses  sueurs  ;  et  déjà  l'on  observe 
dans  presque  toutes  les  parties  de  la  France  que  , 
malgré  la  multitude  des  bras  qu'une  guerre  de 
neuf  ans  lui  a  enlevés  ,  l'agriculture  a  pris  gé- 
néralement une  phisionomie  plus  riante  et  plus 
animée. 

))  D'ailleurs  il  est  peu  de  départemens  dans 
la  république  oiî  une  société  d'agriculture  ftit 
plus  désirable  qiiei dans  celui  de  la  Correze. 

>>  Une  contrée  d'une  très-vaste  étendue ,  oti 
les  terroirs  sont  aussi  variés  que  la  température  , 
oii  presque  tous  les  climats  de  la  France  se  trou- 
vent réunis  ,  où  par  conséquent  tous  les  genres 
de  culture  sont  applicables ,  une  telle  contrée  , 
dis-je  ,  était  plus  susceptible  qu'aucune  autre  de 
mériter  et  d'obtenir  une  de  ces  réunions  civiques 
qui  ont  pour  objet  de  perfeclionnerje  premier  , 
comme  le  plus  utile  des  arts. 

1)  Vainement  on  voudrait  se  le,  dissimuler; 
tant  que  les  progrès  de  l'agriculture  seront  aban- 
donnés à  la  tardive  expérience  et  aux  faibles 
ressources  du  cullivateur ,  ils  seront  presque 
toujours  retenus  par  l"nabitude  ou  les  préjugés  , 
I  l'ignorance  ou  la  routine. 


H  II  faut  donc  chercher  à  vaincre  cts  obsta- 
cles ,  et  l'on  ne  peut  y  parvenir  que  par  une 
continuité  d'études  et  d'observations  commu- 
nes sur  les  meilleurs  moyens  de  fertiliser  des 
terres  si  étrangement  diversifiées  ,  en  leur  appli- 
quaniles  divers  genres  de  culture  dont  elles  sont 
susceptibles. 

)i  II  ne  faut  cependant  pas  trop  donner  d'in- 
fluence à  la  théorie  et  aux  abstractions  de  l'es- 
prit. La  nature  veut  qu'on  l'épie  ,  qu'on  l'ob- 
serve de  près  ,  et  sui-iout  qu  on  la  prati(jii«. 
C'est  principalement  en  fait  d'agriculture  qu  li 
est  vrai  de  dire  qu'il  vaut  mieux  agir  que 
parler. 

>)  Aussi  ne  manquerez-vous  pas  ,  citoyens  ,  de 
vous  associer  le  plus  grand  norabi'e  possible  de 
ces  agriculteurs  précieux  ,  qui  ,  vivant  au  milieu 
des  champs  et  placés  plus  près  de  la  nature  , 
sont  aussi  plus  à  portée  de  faire  des  expériences 
utiles  et  de  cultiver  avec  succès  les  diverses  bran- 
ches de  l'économie  rurale. 

"  Citoyens ,  une  idée  consolante  vient  ajouter 
encore  aux  espérances  que  déjà  vous  faites  naître. 
Les  sociétés  d'agriculture  ,  outre  leur  but  direct 
d'utilité  publique,  présentent  un  autre  avantage 
moral  bien  précieux,  sur-tout  dans  les  départemens 
qui,  comme  le  nôtre,  sont  plus  isolés  et  plu's 
éloignés  de  la  capitale  ;  j'entends  parler  -de  ce 
lien  de  rapprochement  et  de  civilisation  ,  qui  ré- 
sulte d'un  commerce  doux  et  habituel  de  con- 
naissances et  d'obseivaiions  communes  ;  souvent 
une  société  d'agriculture  n'a  été  que  la  première 
pierre  d'un  établissement  de  belles-lettres. 

Il  Quoiqu'il  en  soit  ,  citoyens ,  j'abandonne 
à  vos  lumières  et  à  votre  sagesse  le  soin  de 
vous  organiser  et  de  réglementer  votre  associa- 
tion de  la  manière  que  vous  croirez  la  plus 
propre  à  produire  les  heureux  effets  qu'on  doit 
en  attendre.  Le  gouvernement  ,  à  qui  je  vais 
en  rendre  compte,  apprendra  avec  intérêt, 
j'en  suis  sûr  ,  la  nouvelle  de  votre  formation; 
quant  à  moi,  dans  la  place  qu'il  m'a  confiée, 
vous  me  trouverez  toujours  disposé  à  seconder 
vos  vues  bienfesantes  de  tous  les  moyens  qui 
seront  en  mon  pouvoir,  ii 

Le  préfet  s'est  ensuite  retiré,  laissant  la  nou- 
velle société  à  ses  délibérations  particulières. 

Nota.  Celte  nouvelle  société  compte  parmi 
ses  membres  ,  le  citoyen  Delort  ,  membre  da 
cOrps-législaiif ,  et  les  citoyens  Penieres  et  Bar- 
thelemi ,  tribuns  ;  son  nombre  est  de  trente. 


VARIETES. 

De  M.  de  Sarttnes  et  de  Joseph  II, 

Aucun  prince  n'a  peut-être  été  moins  heureux 
en  innovations  ei  en  établissemens  politiques  dans. 
ses  états  que  l'empereur  Josep  II.  Il  en  essayai! 
un  très-grand  nombre  à  la  fois,  et  mettait  souvent 
trop  d'importance  à  des  objets  dont  l'autorité 
souveraine  ne  peut  se  mêler  sans  se  rendre  ridi- 
cule ou  odieuse  ;  ce  qui  est  toujours  un  trèsr 
grand  mal.  Quoi  qu'il  en  soit  de  sa  manière  de 
voir  et  de  sa  conduite  en  cela  ,  on  rapporte  que 
ce  qu'il  avait  le  plus  à  coeur,  était  d  établir  à 
Vienne  ce  qu'il  appelait  une  bonne  police.  Celle 
qu  il  avait  vue  à  Paris  était  l'objet  particulier  de 
son  admiration  ;  il  ne  pariait  jamais  de  M.  de 
Sartines ,  sous  ce  rapport ,  que  comme  du  pre7 
mier  homme  d'état  de  son  siècle.  Il  imitait  en  tout 
les  établissemens  de  celui-ci,  pour  donner  à  la 
police  de  Vienne  la  même  tenue  et  le  même  or- 
dre qu'on  remarquait  dans  celle  de  Paris.  Le» 
soins  qu'il  s'était  donnés  à  cet  égard  ,  lui  parais- 
saient être  suivis  d'un  plein  succès  ,  et  il  préten- 
dait avoir  surpassé  son  modèle  dans  l'objet  qulJl 
s'était  proposé.  Mais  une  circonstance  particu- 
lière lui  prouva  qu'il  s'était  trompé  encore  à  cet 
égard  ,  qu'il  ne  suffisait  pas  d'organiser  des  bti- 
reaux  pour  avoir  une  police  ,  et  qu'il  lui  maii- 
quait  des  hommes  assez  intelligehs  et  assez  déliés 
pour  la  diriger. 

Un  criminel ,  né  son  sujet  et  qui  avait  commis 
des  atrocités  dans  ses  états  ,  s'était  retiré  à  Paris  ; 
la  police  de  Vienne  ayant  eu  connaissance  de  sa 
fuite  etdu  lieu  de  son  refuge  ,  en  avertitjoseph  II 
qui  ordonna  à  son  ambassadeur  près  la  cour  de 
France  de  demander  que  le  coupable  fut  arrêté 
et  remis  entre  les  mains  de  la  justice.  ; 

M.  d'Argenteau  s'étant  en  conséquence  adressé 
à  M.  de  Sartines  ,  le  magistrat  lui  dit  que  l'em- 
reur  n'était  pas  bien  instruit  ;  qu'en  effet  1  homme 
dont  il  lui  parlait  était  venu  à  Paris ,  et  que  si  cela 
lui  fesait  plaisir,  il  lui  dirait  où  il  avait  logé  ,  les 
maisons  de  jeux  et  autres  lieux  de  débauche  qu'il 
avait  fréquentés  pendant  son  séjour;  mais  qu'il 
était   reparti. 

L'ambassadeur  persuadé  ,  comme  son  maître, 
que  la  police  de  'Vienne  était  supérieure  ,  ou  tout 
au  moins  aussi  exacië  qiie  celle  de  Paris,  assu-^ 
rait  positivement  que  le  criminel  êtail'à  Paris  ,  qu'il 
en  était  certain  ,  qu'autrement  l'empereur  ne  lui 
aurait  pas  ordonné  de  faire  cette  demande. 

M.  de  Sartines  se  mit  à  rire  de  l'incrédwUté^e, 
l'ambassadeur ,  et  lu(i'dit^:«',M,oasieur ,  inforniez  , 


f>  je  vous,  prie,  l'empereur  votre  maître,  que 
»»  celui  qu'il  fait  chercher  a  quitté  Paris  le  lo  du 
>»  mois  dernier ,  et  qu'il  est  maintenant  à  Vienne 
5'  même,  logé  dans  une  chambre  donnant  sur  un 
ï>  jardin  ,  au  troisième  étage  ,  rue  de. .  .  ,  n". . .  , 
u  011  sa  majesté  peut  être  sûte  de  le  trouver,  n 

La  chose  était  comme  M.  de  S.irtincs  l'avait 
annoncé.  Le  coupable  tut  arrêté  à  Vienne,  dans 
le  lieu  précisément  tel  que  la  police  de  Paris  en 
avait  donné  la  notice  ;  mais  ce  ne  fut  pas  sans  un 
secret  dépit  de  la  pan  de  Joseph  II  qui  voyait, 
dans  cet  événement  une  preuve  évidente  de  l'im-' 
puissance  de  sa  police  de  Vienne ,  et  de  la  supé- 
riorité de  M.  de  Sanines  sur  lui  en  cela. 

PlîUCHEÏ. 


Histoire  du  Canal  du  Midi ,  connu  précédem- 
ment sous  le  nom  de  Canal  de  Languedoc  ;  par 
F.  S.  Andréossy  ,  génér.il  de  division  ,  et  inspec- 
teur-général du  corps  de  l'artillerie  :  un  vol.  in- 
8°  de  plus  de  400  pages  ,  imprimé  sur  beau  carré 
fin  d  Angoulême  ,  avec  une  belle  carte  de  ce 
canal. 

Prix  ,  6  fr.  broc.  ,  et  7  fr.  aS  cent,  port  franc 
par  la  poste.  —  En  papier  vélin  ,  12  fr. ,  et  l3  fr. 
s5  cent,  port  franc. 

A  Paris .  chez  F.  Buisson  ,  libraire  ,  tue  Haute- 
feuille,  n°  20. 

Sous  le  titre  d'^Histoire  du  Canal  du  Midi ,  l'au- 
teur a  écrit  celle  des  progrès  de  la  partie  la  plus 
importante  de  l'architecture  hydraulique.  Ainsi 
le  discours  préliminaire  présente  d'abord  une 
idée  générale  sur  les  différentes  espèces  de 
canaiix  ,  et  des  détails  sur  ceux  d'épuisement  et 
en  terrain  élevé.  Le  général  Andréossy  fait  con- 
naître l'emploi  que  les  bataves  ont  fait  des  pre- 
miers ,  et  comment  les  italiens  perfectionnèrent 
les  seconds;  il  combat  dans  cette  partie  de  son 
ouvrage  l'opinion  de  ceux  qui  contestent  aux 
habiians  de  l'Italie  l'invention  des  écluses  à 
double  porte,  pour  en  faire  honneur  aux 
chinois. 

L'Histoire  du  Canal  du  Midi  est  divisée  en 
sept  chapitres  ,  dont  quelques-uns  sont  subdi- 
visés en  sections;  elle  contient  en  outre  des 
pièces  justificatives  ,  des  tableaux  très-iniéressans  , 
l'itinéraire  du  canal,  et  des  notes  historiques  et 
littéraires  sur  la  ci-devant  province  de  Lan- 
guedoc. 

Le  premier  chapitre  est  divisé  en  trois  sec- 
tions ,  oîi  se  trouve  le  projet  dû  canal  du  midi 
déduit  de   la  considération  des    cours   d'eau   du 

Îiays  ;  le  résumé  de  la  marche  des  eaux  depuis 
a  Montagne-Noire  jusqu'ati  point  de  partage  , 
et  un  àpperçu  du  canal  depuis  le  point  de  par- 
làgejusqu'à  ses  deux  seuils.  On  retrouve  dans 
ce  chapitre  ces  ingénieuses  applications  dont  le 
général  Andréossy  donna  le  premier  l'exemple 
dans  ses  deux  mémoires  sur  les  lacs  de  Natrou 
et  de  Menzaléh, 

.  Dans  le  second  chapitre  ,  l'auteur  expose  les 
rapports  qui  existent  entre  le  canal  du  midi  et 
les  étangs  ,  tant  maritimes  que  de  lintérieur  ,  qui 
sont  dans  son  voisinage;  on  y  trouve  encore 
des  considérations  sur  la  formation  des  plages 
plates  du  ci-devant  Languedoc  ,  au  moyen  des 
attérissement  causés  par  le  courrant  littoral  et 
l'action  des  vents  qui  agitent  et  soulèvent  les  sables 
de  la  mer. 

Le  troisième  chapitre  ,  subdivisé  en  quatre 
sections  ,  présente  l'analyse  du  tracé  et  des  ou- 
vrages d'art  du  canal.  L'examen  de  ces  ouvrages 
est  celui  d'un  homme  supérieur  ,  qui  rectifie  en 
iraprouvant ,  et  perfectionne  quand  il  approuve. 
Il  ne  borne  point  ses  vues  au  plus  haut  degré 
de  perfectionnement  de  ce  beau  monument, 
mais  les  étendant  autant  que  son  sujet  le  permet  , 
il  propose  encore  les  moyens  de  parer  aux  acci- 
dens  qui  menacent  de  fermer  les  ports  d'Agde  et 
de  Cette.  Ce  chapitre  est  terminé  par  deux  ta- 
bleaux :  le  premier  indique  la  quantité  d'eau 
partie  du  point  de  partage  dans  les  années  1784 , 
1785  et  1786,  et  le  nombre  des  barques  qui 
voguèrent  sur  le  canal  dans  celte  période  de 
tems  ;  le  second  contient  les  dimensions  de  ce 
bassin  de  Saint-Ferriol  ,  que  Bélidor  appelait 
lé  plus  grand  et  le  plus  magnifique  ouvrage  des 
Modernes. 

Le  générai  Andréossy,  dans  le  chapitré  qua- 
trième ,  torapare  le  produit  des  sources  et  des 
jjriics  d'eau  a  la  consommation  qui  s'en  fait  ;  il 
i'occijpe  de  i'iiiHuence  des  filtrations  et  de  l'éva- 
poraiion  sur  les  eaux  qui  arrivent  au  point  de 
partage  ,  et  sur  celles  qui-se  distribuent  de  ce 
jioint  .lux  deux  versans.  Il  calcule  la  masse 
d'eau  nécessaire  au  remplissage  du  canal  du 
Midi  ,  cl  fait  rematquer  l'insumsancc  du  réser- 
voir de  Lampy  pour  alimenter  le  canal  de  Nar- 
bonne. 

Le  cinquième  chapitre  contient  des  projets 
))Our  augmenter  le  volume  des  eaux ,  sans  ôter 
a  I  agriculture  celles  qu'elle  piend  au  canal  du 
Midi  i  il  parait  qu'un  réieryoi^  coiistri{it^ai3J  le 


1387 

Vallon  du  Sor  procurerait  ce  double  avantage. 
L'auteur  présente  des  considérations  du  plus 
grand  inléiêt  sur  la  conservation  des  forêts. 

Le  chapitre  sixiem*  est  consacré  au  parallèle 
entre  l'ancien  mode  d'admiiiistriHion  et  le  nou- 
veau ;  on  y  trouve  le  tableau  progressif  des  re- 
ceiles,  dépenses  et  produits  du  canal,  depuis 
I(i86  jusqu'en  1791.  L'objet  du  chapitre  suivant 
fera  ietilir  aux  aines  délicates  pourquoi  l'auteur 
dans  celui-ci  ,  s'occupe  des  droits  de  la  f. mille 
de  P.  Riquet  .à  la  propriété   du  canal  du  Midi. 

Le  général  .\ndrcossy  coniiiience  le  chapitre 
septième  en  disant  :)>  Les  liotnmes  qui  se  sont 
rendus  vraiment  utiles  par  leurs  travaux  ou  par 
leurs,  découvertes  ,  méritent  que  leurs  noms 
soient  dérobés  à  la  nuit  de  l'oubli.  Si  leurs  des- 
cendans  n'en  retirent  d  autre  avantage  que  celui 
de  compter  un  homme  de  génie  parmi  leurs 
ayeux  ,  ce  sentiment  flatteur  p'roduit  ,  du  moins 
dans  leur  ame  ,  cette  noble  et  vertueuse  émula- 
tion qui  nous  attache  plus  fortement  à  nos  de- 
voirs ,  et  nous  rend  dès  citoyens  dignej  de  la 
patrie. 

"  C'est  le  désir  de  se  survivre  ,  si  puissant  sur 
les  âmes  fortes  et  sur  ceux  que  la  nature  a  doués 
de  génie,  qui  produit  les  grandes  actions,  les 
belles  découvertes  ,  et  qui  enfante  ces  projets 
dont  l'exécution  ,'  à  la  fois  utile  et  glorieuse  ,  fait 
l'admiration    de   tous  les  âges,  n 

Après  ce  début  qui  caractérise  l'historien,  le 
motif  de  sa  dédicace  (i)  et  l'objet  de  sa  réclama- 
tion, il  se  présente  au  nom  de  la  piété  filiale  ,  de 
la  justice  ,  et  demande  pour  l'un  de  ses  auteurs  , 
T.  Andréossy  ,  le  titre  de  créateur  du  canal  du 
midi. 

La  nature  des  pièces  qu'il  soumet  au  public  ,  et 
leur  authenticité,  forment  une  évidence  irrésis- 
tible. L'âge  de  P.  Riquet  ,  l'aveu  de  son  igno- 
rance en  architecture  hydraulique  et  eq  mathé- 
matiques ,  aveu  fait  par  ceux-là  même  qui  l'ont 
présenté  aux  respects  de  la  postérité  (1)  ,  les  plans 
manuscrits  de  T.  Andréossy,  le  mémoire  de  cet 
homme  de  génie  ,  sa  dédicace  à  Louis  XIV  , 
tout  dans  cette  controverse  ne  laisse  que  le 
sentiment  de  létoniiement  sur  la  puissance  du 
crédit  qui  ,  pendant  plus  d'un  siècle  ,  détourna 
les  rayons  de  la  gloire.,  er  usurpa  l'immortalité. 

Le  bel  emploi  que  P.  Riquet  fit  de  sa  fortune  , 
la  confiance  qui!  montra  au  jeune  Andréossy, 
âgé  de  27  ans  ,  prouvent  qu'il  avait  ce  tact  pré- 
cieux qui  découvre  le  génie  1  cette  élévation 
de  sentimens  qui  nous  porte.au.  grand  ,  et  sous 
ces  rapports  l'entrepreneur  cïy  canal  du  Midi  à 
des  droits  à  la  reconnaissance  ij.^tionale. 

Le  généra!  Andréossy  a  terminé  son  ouvrage 
par  des  notes  historiques  e( littéraires  sur  la  ci- 
devant  province  de  Languedoc,  dans  ce  cadre 
agréable  par  lui-même  ,  et  p^r  la  manière  dont 
il  est  rempli  ,  on  trouve  les  noms  des  hommes 
illustres  qui  honorèrent  cette  partie  de  la  répu- 
blique ,,  et  ceux  des  savans ,  hommes, de  lettres 
et  ariiites  dont  les  travaux  ou  la  naissance  les 
attachent  à  celte  division  du  territoire  français. 
Parmi  ces  derniers  ,  on  distingue  les  citoyens 
Darcet  et  Chaptal  auxquels  lés  sciences  doivent' 
les  plus  intéressantes  recherches  ,  et  des  travaux 
qui  simplifient  et  perfectionnent  les,  arts  de  la 
métallurgie  ,  de  la  verrerie  ,  de  la  poterie. 
Montpellier,  dit  l'auteur,  u  se  glorifiera  d'avoir 
donné  le  jour  à  ce  magistrat  qui  ,  dès  sa  jeu- 
nesse se  fit  un  nom  dans  la  législation  ,  t-j  en 
devint  l'oracle  à  la  tribune  des  assemblées  natio- 
nales ;  une  sagesse  supérieure  ,  une  série  crois- 
sante de  services  constamment  utiles  ,  l'ont  liré 
de  l'obscurité  philosophique  où  il  vivait  dans 
l'exercice  de  ses  talens,  pour  l'élever  à  la  seconde 
dignité   de  la  république.  !) 

Les  .hommes  de  l'an  trouveront  dans  fet  ou- 
vrage des  apperçus  utiles  ,  des  discussions  lumi- 
mineusés  et  Celte  étendue  de  connaissances  qui 
réfléchit  sur  chaque  objet  la  lumière  des  sciences 
accessoires. 

,,    ,        ,^      Ferdinand  Bayakd. 

-'    '-'i''il  


régiment  des  gardes  ,  l'école  muiicale  qui  en 
fesait  partie  sous  le  nom  de  dépôt,  et  que  ses 
agréables  exercices  du  soir.  dailS  l-fes  beaiix  jours 
d'été,  le  long  du  boulevard  d'Anlin.  avaient 
déjà  rendue  célèbre,  allait  subir  la  même  dis- 
persion ,  et  les  enfans  qu'on  y  instruisait  ,  privés 
d'asyle  et  de  ressources  ,  éiaient  menacés  de  la 
plus  affreuse  misère.  —  Un  particulier,  que  son 
état  rendait  fort  éfranger  à  ce  dépôt,  puisqu'il 
n'est  ni  musicien,  ni  militaire;  un  commerçant 
à  qui  le  sort  avait  fait  donner  dans  son  di  irict 
le  conimaiidement  de  la  division  où  le  dépôt 
était  enclavé,  prend  sur  lui  le  soin  deces^nlans 
que  sa  seule  humanité  lui  recommande  ;  il  les 
recueille  ,  leur  obtient  un  logement  provisoire, 
fait  les  avances  de  leur  noiirriiure  ,  p.u  risqué 
de  n'en  êire  jamais  remboursé,  parvient  à  force 
de  demandes  et  de  soins  à  leur  assurer  les  secours 
les  plus  urgcns .  et  à  persuader  à  l'autorité  mili- 
taire qu'il  est  de  son  intérêt  de  conserver  unô 
institution  aussi  utile;  que  la  rriusique  instru- 
mentale flônt  l'effet  particulier  est  d'enflamer 
le  courage  ,  devait  entrer  pour  beaucoup  dans 
les  événemens  qui  se  préparaient.  Par  la  suite  , 
et  dans  des  tei^.s  encore  plus  difficiles  furent 
posées  les  premières  bases  du  conservatoire  , 
sous  le  titre  d'institut  national  de  musique. 

Le  plan  du  citoyen  Sarrele  s'était  prodigieuse- 
ment agrandi ,  à  mesure  que  ses  succès  étendaient 
le  champ  de  ses  espérances.  Ce  n'étaient  plu» 
quelques  malheureux  enfans  qu'il  sauçait  de 
l'abandon  ,  c'était  l'art  musical  même  qu'il  déro- 
bait à  la  destruction  dont  tous  les  autres  étaient 
menacés;  ce  n'é:ait  plus  une  petite  école  de 
musique  militaire  qu'il  voulait  établir  ,  c'était  un 
vaste  collège  où  seraient  enseignées  toutes  le» 
parties  de  la  science  musicale  ,  offrant  à  la  foi» 
une  ressource  et  des  moyens  d'instruction  à  de 
jeunes  élevés,  que  la  suppression  des  chapitres 
en  avait  privés;  une  occupation  honorable  à 
une  foule  de  professeurs  qui  commençaient  à  en 
manquer  ,  et  un  piétexte  aux  bienfaits  du  gou- 
vernement, en  faveur  de  nos  compositeurs  le» 
plus  distingués.  Ainsi  naquit,  se  forma  ,  se  con- 
solida le  conservatoire  de  musique  ,  dont  le» 
progrès  ,  rendus  publics  chaque  année  à  la  dis- 
tribution des  pris  donnés  aux  élevés,  attestent 
assez  l'utilité.  Ce  précieux  établissement  est  dû 
aux  soins  constans  ,  aux  courage  infatigable  ,  à 
la  rare  habileié  d  un  homme  passionné  pour  les 
arts  ;  qtld  cependant  ne  possède  celui  de  la 
musique  que  comme  tous  ceux  qui  reçurent 
dans  leur  jeunesse  une  éducation  soignée  mais 
ordinaire,  et  qui  probablement  ,  s'il  l'eut  prati- 
quée lui-même  ,  n'aurait  pas  obtenu  les  mêmeS~ 
succès. 

Ce  n'était  pas  assez  pour  les  professeurs  , 
pour  les  inspecteurs  de  l'enseignement,  que  des 
leçons  fussent  données  sur  toutes  les  parties  de  la 
musique,  ils  ont  pensé  qu'il  leur  convenait  de  n'ea 
donner  que  d'après  une  méthode  qui  leur  fût 
propre,  qui  fût  le  résultat  de  leur  réunion. 
L'un  d'eux  ,  le  citoyen  Gossec  ,  se  chargea  dç 
préparer  le  travail  ;  la  rédaction  en  fut  examinée, 
disculée  ,  amendée  par  la  commissiori  nommée  à 
Cet  effet,  composée  des  citoyens  Chérubini,  Lan-- 
glè  ,  Lesueur,  Catel ,  Martini,  Mèhul,  Gossec, 
auxquels  le  citoyen  Lacépède,  de  l'institut  natio-* 
nal,  voulut  bien  s'adjoindre.  Des  noms  aussi  im- 
posans  ,  une  réunion  de  talens  aussi  distingué» 
ne  peuvent  que  donner  l'idée  d'un  excellent  ou- 
vrage. Il  en  est  résulté  la  méthode  dont  nous 
annonçons  la  première  partie.  La  seconde  trai- 
tera'de  l'harmonie  ,  des  accoids  ;  et  la  troisième, 
de  la  composition  ,  c'est-à-dire  de  l'art  de  le» 
employer. 

Cette  première  contient,  comme  toutes  les  ra'éthp- 
des  connues,  les  élémens  de  la  lecture  ,  la  forma 
des  notes  ,  leurs  noms  ,  leur  durée  ,  leur  position 
sur  les  lignes  ,  leur  intonÀion  ,  l'ordre  graduel 
de   ces   séries   nommées  échelles,    et  qu'encore 


Principes  élémentaires  de  musique  ,  arrêtés  par 
les  membres  du  conservatoire  ,  pour  servir  à  l'étude 
dans  cet  établissement ,  suivis  de  Solfèges,  par.  les 
citoyens  Agus  ,  Catel,  Chérubini,  Gossec, 
Langlé  ,  le  Sueur ,  Mèhul  et  Rigel  :  première 
parue.  ,  , 

A  Paris  à  l'imprimerie  dû  conservatoire  ,  fau- 
bourg Poissonnière. 

L'établissement  du  conservatoire  de  musique 
s'élevant  sans  cesse  ,  du  sein  même  de  la  des- 
truction ,  son  existence  est  une  pr^euve  de  tout 
ce  que  peut  l'amour  éclairé  des  arts  ,  soutenu 
d'une   constance  à  toute  épreuve. 

En  1789,  parmi  le  désordre  , que  le  1,4  juillet 
répandait   dans  Paris;    après    la   dissolution  du 

(i\  Cet  ouvrage  est  dédié  au  premier  consul  de 
la  république, 
(a)  Histoire  du.canal  de  Languedoc. 


aujourd'hui  on  appelle  gammés  ,    quoique   cette 
■  dénomination  ne  leur  convienne  plus  ,  etc. 

I      D'après  le  règlement  du  couservaloire  ,   et  sur- 

I  tout  d'après  le   désir  bien   prononcé   des   mera- 

,  bres  ,  d'élever  l'an  qu'ils  professent  au  plus  haut 

degré  auquel  il  puisse  atteindre  ,  à  mesure  qu'ils 

découvriront  ,  soit  par  eux  mêmes  ,   soit  par  les 

I  observations  qui  leur  seront  présentées  ,  quelque 

I  perfectionnement   à   faire  à   leurs  méthodes  ,  ils 

I  s'empresseront  de  le  saisir  et  de  le  rendre  public. 

Ils  en  préparent  d'autres  dans  le   même   esprit, 

pour  tous    les    instrumens   qui    s'enseignent    au 

conservatoire. 

Les  auteurs  de  la  méthode  que  nous  annonçons 
n'ont  cru  devoir  se  permettre  aucune  innovation 
dans  la  manière  d  exposer  les  principes;  mai» 
c'est  sur-tout  dans  les  solfèges  qui  en  suivent  , 
l'énoncé,  qu'on  retrouve  tout  le  mérite  de  ceux 
qui  les  ont  ctmlposés.  Les  exercices  sur  toutes 
les  gammes ,  sur  toutes  les  difficultés  dont  l'ex- 
pljcalion  précède  ,  accortipagnés  d'une  basse 
aussi  ingénieuse  qu'élégante  et  correcte  ,  meii'ent 
cette  méthode  fort  au-dessus  de  toutes  cellel 
qui  ont  paru  jusqu'à  cejour. 

F  R  Atif  £  R  y. 


i38S 


ffeuvelle  déeowertt  sur  la  fabrication  de  l'acier , 

reconnu   égal    à   celui    d  Angleterre ,   d'après    le 

procès-verbal  ci-après. 

Aujouid'hui  «4  prairial ,  an  8  de  la  républi- 
que ,  à  Sept  heuVes  du  soir ,  en  vertu  de  TinviiM- 
tion  à  nous  faite  par  le  citoyen  François  -Louis 
Guerin-Sercilly  ,  chef  de  bataillon  ,  commandant 
la  place  de  la  Ciotat  ,  de  nous  trouver  à  une 
expérience  qu'il  projeiiaii  faire  dans  remplace- 
ment de  l'ancien  Saint-Sauveur,  pour  la  fabrica- 
tion de  l'acier  par  cémentation  ,  ainsi  que  du 
procédé  qu'il  employait  relativement  aux  limes 
et  tous  auires  outils  et  pièces  qui  ont  besoin  d'être 
acérées  pour  servir  ,  et  auquel  il  obvie  au  moyen 
de  sa  cémentation  et  de  sa  trempe  ;  à  quoi  obtem- 
pérant et  désirant  encourager  par  tous  les  moyens 
possibles,  une  découverte  qui  povvait  être  utile 
aux  arts  et  au  besoin  public. 

Nous  Charles  Delacroix  ,  préfet  du  département 
des  Bouches-du-Rhône ,  nous  y  sommes  iranspor- 
lés  conjointement  avec  le  cit.  Lecointre-Puyraveau, 
commissaire-général  de  police  de  celle  commune 
cle  Marseille  ,  et  là .  en  notre  présence  et  celle   de 

Î)lusieurs  artistes  qui  se  trouvaient  réunis  audit 
ocal ,  le  cit.  Guerin-Sercilly  nous  a  présenté  plu- 
sieurs tas  des  bigornes,  petites  enclumes,  marteaux 
de  toute  espèce  et  deux  cents  paquets  de  lime  et 
outils  de  divers  échantillons  ,  lesquels  après  ex- 
périence laiie,  avons  reconnu  n'être  que  de  fer , 
et  de  suite  ledit  citoyen  Guerin-Sercilly  a  procédé 
à  la  mise  en  caisse  de  tous  les  objets  ci-dessus, 
garni  de  son  cément  ,  laquelle  opération  faite  , 
ladite  caisse  a  été  mise  dans  un  four  à  réverbère 
de  sa  composition  ,  lequel  a  été  lutté  devant 
flous,  et  le  feu  y  a  éié  mis  en  notre  présence  , 
nous  ajournant  au  26  du  courant  neuf  heures  du 
malin  ,  d'après  la  demande  du  cit.  Guerin-Sercilly 
pour  être  présens  à  l'ouverture  dudit  four,  et  à 
la  trempe  desdiis  objets  qui  devait  s'ensuivre: 
dont  du  tout  avons  fait  le  présent  procès-verbal , 
pour  servir  et  valoir  ce  que  de  raiion  ,  et  avons 
signé.  Marseille  lesdits  jours  et  an  que  dessus. 

Signés,  Charles  Delacroix,  le  commissaire- 
général  Lecojnte-Puyraveau. 

Aujourd  hui  s6  prairial  ,  an  8  de  la  république, 
à  rteuf  heures  du  malin  ,  en  venu  de  notre  ajour- 
nement en  date  du  94  courant,  nous  Charles 
Delacroix,  préfet  du  département  des  Bouches- 
4u-ilhône,  nous  sommes  transportés  dans  l'em- 
placement de  l'anciei)  Saint-Sauveur  ,  sis  en  cette 
commune  ,  rue  de  Nuit ,  pour  assister  à  l'ou- 
verture du  four  de  cémentation  du  cit.  Guérin- 
Sercilly,  chef  de  bataillon,  commandant  la  place 
de  la  Ciotat  ,  lequel  en  notre  présence  et  celle 
de  divers  artistes ,  a  fait  ouvrir  ledit  four  qui 
avait  été  lutté  devant  nous  ,  et  de  suite  en  a  fait 
retirer  une  caisse  ,  laquelle  nous  avons  reconnue 
être  celle  qui  avait  éié  mise  en  noire  présence  , 
e.  a  procédé  ensuite  à  sa  trempe  au  moyen  de 
l'immersion  qu'il  a  faite  de  tout  le  contenu  de 
la  dite  caisse,  dans  un  réservoir  préparé  par 
lui  a  cet  effet  :  ladite  opération  faite  ,  ledit 
citoyen  Guerin-Sercilly,  nouî  à  représenté  sortant 
de  ladite  trempe  ,  toutes  les  pièces  qui  y  avaient 
Clé  misés  et  dont  nous  avons  fait  mention  dans 
noire  précédent  jKOcès-verbal,  lesquels  éprouvées 
devant  nous  ,*par  des  ouvpiers  et  artistes  à  ce 
connaissans,  ont  été  trouvées  de  la  meilleure 
<rcmpe  et  telles  que  l'étranger  rl'en  a  jamais  intro- 
duit de  meilleure  en  France  ,  ce  dont  il  nous  a 
été  aisé  de  nous  convaincre,  envoyant  que  des 
limes  anglaises  n'ont  pas  pu  mordre  sur  aucun 
des  o'ojets  cémentés  et  trempés  par  le  cit.  Guerin 
SerctUy ,  et  qu'au  contraire  ses  limes  ontj^ris  sur  les 
lijnes  anglaises  et  les  ont  fortement  endommagées; 
de  plus  ,  il  nous  a  été  présenté  un  outil  qui  , 
cassé  en  noire  présence,  a  présenié  le  gr»in 
d'acier  égal  à  celui  d'Angleterre ,  et  reconnu 
ar  les  ouvriers  pour  être  d'un  aussi  bon  usage  ; 
ont  du  tout  avons  fait  le  présent  procès-verbal , 
pour  servir  et  valoir  ç^  que  de  raison ,  et  avons 
tigné. 

Marseille  ,  lesdits  jours  et  an  que  dessus. 

Signés  Charles  Delacroix  ,  et  Cartaurot  , 
Bancal,  L.  F.  Jacquinet  et  Jean  Buret, 
artistes.         

Suite  du  cours  publie  du  citoyen  Aubry  ,  géomètre  , 
tur  lapplitation  du  calcul  décimal  à  toutes  les 
ep>érations  d'administration  de  finance ,  de  banque 
4t  de  commerce  de  tous  les  pays  de  la  terre. 
Seconde  lEçoN. 
^.  III.  De  la  manière  de  se  servir  de  la  table 
■  universelle  des  fractions  pour  celles  dites  dt  ia  pre- 
'miere  classe,  (r) 

Rien  de  si  aisé  que  d^  is^fAr  se  servir  de 
cèttt  table  pour  les  fraction*  de  première  classe. 


s: 


(r)  Le  lecteur  voudra  bien  se  ressouvenir  que 
cette  table  Se  trouve  dans  tous  les  ouvrages  du 
ciloyen  Aubry  ,  dont  nous  avons  donné  la  note 
dans  le  Moniteur  du  3  messidor  ,  et  que  l'on  se 
ptocnre  chez  Moreati  ,  libraire  ,  quai  des  Augus- 
lihs  ,  n^  48. 


C'est  de  considérer  nn  pied  courant  comme 
le  6=  d'une  toise  courante  ,  un  pied  quarré  comme 
un  36'de  toise  quarrée,  un  pied  comme  un 
216'  de  toise  cube,  un  setier  de  giain  comme 
î^  de  rauid  ,  un  boisseau  comme  -^  de  selier, 
un  litron  comme  17  de  boisseau ,  une  vclie 
comme  ^  de  muid  ,  une^inte  comme  \  de  velte, 
une  once  comme  yz  de  livre  ,  un  gros  comme 
un  I  d  once  .  un  grain  comme  ^  de  gros,  un 
sol  comme  ^  de  livre  tournois  ,  un  denier 
comme  -5^  de  sol  ,  -etc.  etc.  ,  et  chercher  en 
conséquence  à  chacune  de  ces  fractions  les  nom- 
bres décimaux   correspondans. 

Avez-vous  en  eiFet  38  lieues  un  quart?  vous 
alTcz  à  la  fraction  un  quart  ,  et  comme  vous  y 
voyez  écrit  o,25o  ,  qui  veulent  dire  sSo  millièmes 
(autrement  le  quari  de  1000  millièmes),  vous 
joignez  celle  quantité  fractionnelle  aux  38  lieues  , 
comme  ceci  ,  38,25o  lieues. 

Avez-vous  3  auiies  -^  ?  vous  allez  à  la  frac- 
tion ^,  et  comme  \ous  y  tiouvez  0,437.  qui 
veulent  dire  437  millièmes  ,  vous  joignez  celle 
quanliié  fractio.inelle  aux  trois  aunes  ,  comme 
ceci.  3,437  aunes. 

Avez-vous  7  toises  4  pieds  courans  ?   comme 

4  pieds  sont  les  |  idè  6  pieds  ,  vous  allez  à  f ,  et 
vous  y  prenez  0,667  ,  qui  veulent  dire  667  mil- 
lièmes ,  que  vous  joignez  au  7  toises  ,  comme 
ceci  ,  7,667  toises. 

Avez-vous  8  pieds  5  pouces  courans  ?Comme 

5  pieds  sont  les  -^  du  pied  ,  vous  allez  à  -n-  d 
vous  y  prenez  0,417  qui  veulent  dire  417  mil- 
lièmes ,  ijue  vous  joignez  aux  8  pieds  ,  comme 
ceci  :  8,417  pieds. 

Avez-vous  \h^  loises  quarrées,  sa  pieds  quarrés  , 
Comnii'  il  laul  36  pieds  quarrés  pour  faire  une 
toise  quarrée  ,  vous  allez  à  fj-  qui  sont  la  même 
chose  que  ^  (1)  ,  et  vous  y  piencz  0,611  qui  veu- 
lent dire  611  millièmes  ,  que  vous  joignez  aux 
157  toises  quarrées ,  comme  ceci  :  i57,6ii  loise» 
quarrées. 

Avez-vous  19  setiers  7  boisseaux  de  grains  ? 
Comme  7  boisseaux  sont  les  -j^  d'un  setier  de 
grains  .  vous  allez  à  -^  et  vous  y  prenez  0.5S3 
qui  veulent  dire  583  millièmes  .  que  vous  joignez 
aux  19  setiers  ,  comme  ceci:  19, 583  setiers. 

Avez-vous  68  livres  g  onces  .•"  comme  les  9  on- 
ces (ont  les  Yï  de  la  livre  ,  vous  allez  à  ^  et  vous 
y  prenez  o,562  qui  veulent  dire  56i  millièmes,  que 
vous  ajoutez  aux  68  liv. ,  comme  ceci  :  68,562  iiv. 

Avez-vous  enfin  17  Viv.  19  sous  ?  comme  19  s. 
sont  les  ig  vingtièmes  de  la  livre  tournois  ,  vous 
allez  à  ij  et  vous  y  prenez  o,g5o  ,  c"est-à-djre  , 
gâomilliemes.qué  vous  ajoutez  aux  17  liv.  comme 
ceci:    17,950  liv.  tournois. 

Comme  on  voit ,  il  n'est  rien  de  plus  facile  que 
celte  transformation  des  fractions  ;  sur-tout  quand 
elles  sont  naturellement  des  raoijiés ,  des  quarts  des 
6",  des 8",  des  ia'%desi6=',  des  24*',  des 36"  etc. 
et  autres  fractions  dont  on  peut  prendre  la  moi- 
tié ,  ou  le  tiers  ,  ou  le  quart  ;  mais  comme  il  en 
est  qui  présenient  aussi  quelques  difficultés,  telles 
que  les  mesures  agraires  et  de  capacité,  qui  se 
divisent  souvent  en  plusieurs  centaines  de  par- 
ties, les  mesures  quarrées  et  cubiques  qui  se  di- 
visent en  bien  plus  grand  nombre  ,  et  les  frac- 
lions  de  fractions  toujours  esseniiellement  com- 
pliquées, ce  sera  la  matière  des  paragraphes  qui 
vont  suivre. 


Au  Rédacteur. 

Paris,  teS  fructidor  an  S. 

Citoyen'  ,  je  ne  suis  pas  aussi  savant  que  ceux 
qui  plaident  éloquemment  dans  les  journaux , 
pour  et  contre  les  projets  proposés  pous  fournir  à 
Paris  des  eaux  salitbres  et  abondantes;  mais  je 
vois  avec  mon  gros  bon  sens  ,  que  depuis  que 
nous  nous  fions  aux  machines  pour  nous  en  four- 
nir, nous  en  manquons  toujours  ;  que  ia  su- 
perbe machine  de  Marly  a  toujours  fait  plus  de 
bruit  que  de  besogne  ,  et  qu'elle  a  passablement 
coulé....;  que  Veisailles  et  Paris  sont  à  sec, 
malgré  notre  grande  supériorité  sur  les  grecs 
et  les  romains  en  hydraulique  ;  tandis  que 
l'aqueauc  d'Arcueil  ,  par  lequel  l'eau  arrive 
tout  bêtemenl  à  la  hauteur  de  l'Estrapade  , 
est  encore  une  de  nos  plus  grandes  ressources  ; 
taudis  que  cette  nouvelle  rivière  de  Londres, 
creusée  sans  luxe  et  sans  dépense  ,  coule  depuis 
deux  cens  ans ,  et  abreuve  ,  sans  interruption ,  les 
habiians  de  cette  grande  cité.  ' 

Enfin  ,  j'ai  vu  avec  adrnîration  que  ces  canaux 
et  ces  aqueducs  ,  kL  gauchement  imaginés  par  les 


romains  il  y  a  deux  mille  ans  ,  fourrtîasent  à  tous 
les  coins  de  Rome,  aujourd'hui  même  encore, 
des  fontaines  jaillissantes  qui  m'ont  paru  pré- 
férables aux  superbes  fontaines,  sans  eau  ,  dé- 
laissées par  nos  savantes  mécaniques.  D'où  je 
conclus  que  nous  ne  ferions  pas  mal  d'avoir  aussi 
quelques-uns  de  ces  grands  ouvrages  qui  peu- 
vent facilement  laver,  purifier,  abreuver,  dé-r 
corer  une  ville  comme  Paris  ,  et  donner  ant. 
haute  idée  de  ses  habilans  à  la  postérité  ;  le  plus 
cher  dans  ce  cas  serait  le  meilleur  marché. 

MAfiCEL  ,  bon  habitant  de  Paris. 


AVIS. 

La  aianufacture  nationale  des  porcelaines  de 
Sèvres ,  s'occupant  de  renouveller  les  formes  ec 
modèles  de  ses  marchandises  ,  donne  avis  qu'elle 
fera  vendre  à  l'enchère,  à  Paris ,  le  21  courant  et 
jours  suivans  ,  toutes  les  porcelaines  ancienne», 
tant  blanches  que  décorées ,  qui  existent  encore 
datis  ses  magasins.  Cette  venie  aura  lieu  au  palai» 
national  du  Louvre  ,  dans  une  salle  qui  sera  in- 
diquée par  de  nouvelles  affiches. 


L  I  V  R  E  S    D  I  V  E  R  S. 

Entomologie  ou  hisioire  naturelle  des  insec- 
tes ,  avec  les  différences  sjjécifiques  ,  la  descrip- 
tion ,  la  synonymie  et  ta  figure  enluminée  de  tou» 
les  insectes  connus ,  giaiid  in-4°,  par  le  ciioyea 
Olivier ,  membre  de  l'institut  national ,  23=  U- 
vraison. 

Cet  ouvrage  ,  retardé  par  un  voyage  de  six 
années  que  1  auteur  a  fait ,  par  ordre  du  gouver- 
nement  ,  dans  les  contrées  orientales,  sera  bien- 
tôt terrniné:  il  contiendra  cinq  volumes,  ou  à 
peu  près  26  livraisons.  Celle  que  nous  annonçons 
aujourd  ui  for^e  les  Irois  quarts  du  4»^  volume 
et  comprend  le  discours  de  56  planches. 

On  peut  s  adresser  à  l'auteur,  rue  Doraininue- 
denler,  n°  73^.  .^ez  Carette,  à  la  place  Ven- 
dôme ,  n»  „.  Baz.in  ,  marchand  d  estampes  . 
rue  Serpente  ,  Tllliard  ,  libraire  ,  rue  Pavée^ 
Andre-des-Arts. 

OpuHuleandlyliqueim  l'intégration  des  équation* 
à  différences  finies  ,    in-4''  ,  en  italien. 

Calcul  intégral  des  équations  linéaires ,  1  vol. 
in-4»  ,  ital. 

Traité  de  navigation  ,  8  vol.  in-4'',  à  l'usage  de» 
marins,  avec  des  planches. 

A  Paris .  chez  Bernard  ,  libraire  pour  les  ma- 
thématiques, sciences  et  arts  ,  quai  des  AugusUnî, 
actuellement  n°  3i. 

Ces  trois  ouvrages  distingués  sont  du  fcélebré 
Vincent  Brunacci  ,  professeur  de  mathématiques 
et  de  navigation  ,  à  Livourne.  On  connait  le» 
taîens  de  ce  matliéraaticien  ,  émule  de  Masche- 
roni  et  de  Caoli. 

Il  vend  aussi  les  principes  du  calcul  algébrique^ 
par  Caoli  ,   2   vol   in-4",  ave^  des  planches. 

Le  pied  dt  Fanchette  ,  ou  le  soulier  couleur  de 
rose,  par  N.  E.  Resiif-la-Bretone  ,  5™*  édition, 
revue  ,  corrigée  et  augmentée  de  plusieurs  anec- 
dotes curieuses  et  amusantes.  L'auteur,  en  Icsy 
ajoutant ,  n'a  rien  négligé  pour  que  cette  nou- 
velle édition  fol  plus  correcte  que  toutes  celles 
qui  ont  paru  jusqu'à  ce  jour.  La  netteté  de  l'im- 
pression et  la  beauté  du  papier,  ajouteront  encore 
au  plaisir  qu'ont  toujours  éprouvé  les  lecteurs  de 
cet  intéressant  roman  ;  3  volumes  in-i8  ,fig.  Pr», 
2  fr.  S5  cent,  pour  Paris,  et  3  fr.  pour  les  dèparte- 
raens. 

A  Paris  ,' chez  Cordiér  et  Lé  gras  ,  imprimeurs- 
libraires,   ïueGalande',  n?  5o. 

Bourse  du  i3  fructidor.   -~-  Cours  des  effets  publict. 

Rente  provisoire. 18  fr.  i3  c. 

Tiers  consolidé Ss  fr.  88  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  5g  c. 

Bons  d'arréragé 83   fr.  5o  c 

Bons  po^r  l'an  8 .  86  fr.  63  c. 

Coupures 63  fr.  75  c. 

Syndicat 64  fr. 


SPECTACLES. 


..d 


(i)  Ceci  est  fondé  sur  le  principe  qwe;  toute 
fraction  dont  les  termes  Sont  en  mêrtie  rapport , 
doivent  toujours  exprimer  les  thèmes  valeurs  : 
en  effet ,  ta  seizièmes  ,  6  huitiethts  et ,  3  '  quarts , 
sont  exactement  la  mêrhe  chose  ,  par  la  raison 
que  12  est  à  16  cottirMe  6  est  à  8,  et  cpnime  3 
est  à  4.  Le  lecteur  voudra  bieh  s'e'ii  ressouvenir 
pour  l'intelligendi  des.  deuit'  paragraphes  qui 
suivent.  


Théâtre   de    la  Republiq^iJe  et  des  Arts-^ 

Dem.  k6*  repr.  de  PraxiMleoulà  Cein'.ure,  opeii 

'  en  un  acte  ,  suivi  du  ballet  de  la  Dansemanïe. 

y    .  Thé.*tre  de    la    rue.  Feydéau.  Aujourditbî 

les  Fisitandines ,  opéra  en   trois   actes  ,  suivi-   «fe' 

Marcelin, 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Boursault  ; 
la  i^r'  repr.  de  Trois  cintre  un  ou  Âh  !  que 
fêtais  bête  !  et  Ba, 


erratum. 

Dans  le  n*'  342  ,  4'  page  ,  l''  colonne.  Sa'  lig. 

l'aulirur   de  l'art   poétique  qui  fut  dédié  àlnuio- 

cent  ni,  dans  le  i3' siècle  ,   ne  se  nommaiitpanJ 

Gautier,  mais  Geoffroy  de'VVinçpuf,  ï!  éiaitiaijgl/ç. 


A  Paris,  de  l'imptimeiie  du  cit.  Agisse  ,  propri^airË  dti  MaàttèUl;-,  i?ue  dôSPoittviaS'i  «'  iS'- 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  345. 


Quintidi ,  1.5  fructidor  an  8  de  la  république  française,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripceurs  qui  dater  du  7  Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel.  j 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemehr ,  les  nouvelles  des  armées  .  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  su 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  27  etiS  août  (geti o fructidor. ) 

Trois  pour  |  coinsolidés  64  }  j  J  i.  —  Pour 
octobre  04  j  65  i.  —  Omnium  4  {  j  î. 

Le  capitaine  Duvat  de  la  marine  est  arrivé  hier, 
a6  août  ou  8  fructidor,  avec  des  dépêches  de 
lord  Withworih.  —  M.  Basilicd  ,  un  des  messa- 
gers de  S.  M.  ,  en  a  apporté  en  même  lems  de 
m.  Paget  ,  notre  ministre  à  Florence  ,  qui  peu- 
vent transmettre  des  avis  encore  plus  récens  que 
ceux  reçus  de  Vienne.  Toutes  ces  dépêches  ont 
donné  lieu  à  la  tenue  d'un  conseil  du  cabinet  . 
où  étaient  présens  le  duc  de  Poriiand  ,  les  com- 
tes de  Spencer  ,  Chatam  et  Liverpool,  le  lord 
Grenville  ,  MM.  Pitt  et  Dundas.  A  la  suite  de 
ce  conseil  qui  a  duré  cinq  heures  ,  le  capitaine 
Uuval  est  reparti  pour  en  porter  lerésultal  à  l'ami- 
f^\  Dickson  ,  chargé  de  le  faire  parvenir  à  lord 
Withworih.  Rien  n  a  encore  transpiré  de  la  né- 
gociation de  ce  lord. 

On  mande  d'Elseneur  ,  en  date  du  16  août 
6u  s8  thermidor,  que  le  vaisseau  de  guerre  U 
Romnef  ,  commandé  par  sir  Ho. ne  Popham  , 
ainsi  que  le  lougre  le  Lark  et  un  cutter  ,  sont 
arrivés  dans  ce  port;  mais  que  n'ayant  point  en- 
core eu  de  communication  avec  la  terre  ,  on 
ignorait  l'objet  de  leur  mission. 

Le  prix  de  la  farine  ayant  haussé  de  8  sh.  5  d. 
par  sac  ,  quoique  celui  du  blé  ait  baissé  de  17  sh. 
4  d.  par  quart  (  mesure  de  8  boisseaux  )  ,  le  lord 
maire  ,  après  avoir  entendu  la  comiia;;nie  des 
boulangers,  s'est  trouvé  dans  la  dure  nécessité, 
coufounémeni  à  l'acte  du  parlement ,  d'augmen- 
,»cr  de  4  s.  la  livre  le  pain,  à  commencer  d'aujour- 
d'hui (  28  août  ou  10  fructidor).  Le  pain  de  4  liv, 
est  fixé  à  I  sh  I  j  d.  Si  I  on  ne  nous  préserve 
pas  des  accapareurs  ,  ndus  ne  savons  ce  que 
nous  deviendrons.  (Extrait  du  M^orning-Chronick.) 

Extraits    du  Times .    sg    août   (  1 1  fructidor.  )  — 
Elseiieur  ,  te  ig    août  (  t"  fructidor. ) 

L'amiral  Dickson  est  avec  sa  flotte  à  Kulbn; 
elle  consiste  en  huit  à  neuf  vaisseaux  de  ligne  , 
deux  frégates  ,  plusieurs  canonieres  ,  et  l'on  dit 
qu'elle  a  à  bord  des  troupes  de  débarquement. 
Des  cutters  croisent  sans  cesse  dans  la  rade  , 
vont  et^eviennentauprès  des  vaisseaux  anglais. 

Le  capitaine  Popham  a  fait  prévenir ,  le  16, 
le  Commodore  danois  Lutken  qui  croise  dans 
la  rade  avec  quatre  vaisseaux  et  une  frégate,  qu'il 
passerait  le  Sund  avec  la  1"  division  ;  mais 
aucun  vaisseau  n'est  encore  entré  dans  le  détroit. 

Hier  matin  ,  le  régiment  Z^eland  est  arrivé 
ici  avec  100  hommes  d'artillerie.  Un  escadron 
de  hussards  est  campé  auprès  de  la  ville.  Deux 
régimens  ont  dû  marcher  vers  Friderickwick 
et  les  côtes  voisines.  Dans  la  nuit  du  17  au  18, 
un  courrier  russe  a  passé  par  ici  se  rendant  à 
Slockolm. 

Le  Commodore  Luiken  ayant  reçu  hier  un 
courrier  de  Copenhague  ,  a  envové  la  nuit  der- 
nière un  officier  au  capitaine  Popham  avec 
des  dépêches.  A  sept  heures  du  matin  le  régi- 
ment du  jirince  Fiédéiick  est  arrivé  dans  celte 
place.  Pendjnt  ces  trois  derniers  jours,  des 
détachemens  de  hussards  ont  fait  des  patrouilles 
le  long  des  côtes.  Nous  attendons  avec  une 
extrême  inquiétude  I  issue  de  celte  contestation; 
mail  nous  sommes  tous  sans  exception  exttê- 
inent  attachés  à  notre  pays  ,  à  notre  gouverne- 
ment ,  et  à  la  conservation  des  dioiis  des  na- 
tions. 

Extrait  d'une  autre  lettre  sous  la  mime  date. 

Une  flotte  anglaise  de  «5  vaisseaux  de  ligne 
ou  frégates,  et  dix  transports,  a  paiu  hier  au 
peoir  et  ce  matin  à  la  hauteur  dAnholt. 

Un  vaisseau  anglais  et  une  fiégate  ont  jette 
l'ancre  à  Kronbutg  ,  avec  environ  cent  bâtimens 
marchands  venant  de  la  Baltique. 

Au  moment  oi^  nous  fermons  cette  lettre,  seize 
des  vaisseaux  de  ligne  anglais  ci-dessus  mention- 
nés jettent  l'ancre  à  Rronburg. 

Des  propositions  d'une  nature  toute  particu- 
lière ont  été  faites  à  la  cour  de  Copenhague 
de  la  part  du  gouvernement  anglais  ;  mais  elles 
001  été  rcjciiées. 


quj 


I  Copenhague  ,   /«    ig  août. 

1  Dimanche  dernier,  le  régimen*  Zeeland  ,  .j,, 
fait  partie  de  la  garnison  de  cette  ville  ,>  tcçu 
l'ordre  de  se  rendre  à  Elseneur  «t  à  Kronbuiji  , 
avec  cent  hommes  d'artillerie.  A  quatre  heures  de 
l'après-midi  ils  étaient  en  marche  pour  leur  des- 
tination. '    . 

Hieij,  à  six  heures  du  soir,  le  régiment  du  prince 
Frederick  se  mit  iiu'<rsi  eu  marche  vers  JCronburg. 

Les  forges  d'Elseneur  et  les  fonderies  de  Fré- 
déricksweik  sont  gardées  par \jn  détachement  de 
hussards.  * 

Les  grenadiers  et  le  régiméjit  du  prince  royal 
ont  reçu  l'ordre  de  se  tenir  prêts  à  partir  sous  peu 
d'heures  .  pour  Elsenetrr. 

Tous  les  bâtimens  de  guerre  sont  préparés 
avec  la  plus  grande  ))roraptilude.  S.-imedi  dernier 
l'ordre  de  sortir  fnt  donné  aux  Vaisseatix  suivans  : 
Le  Zjelnnd  .  Justitia  ,  Indigentte  et  Dencbrock.  Avec 
les  quatre  vaisseaux  qui  croisent  acruçilemènt  dans 
le  Sund  ,  il  y  en  aura  treize  autres  dont  on  a 
oidonné  la  prompte  expé  iition. 

Deux  vaisseaux  de  ligne  russes  et  trois  frégates 
sont  aussi  dans  la  rade. 

Indépendamment  du  vaisseau  anglais  leRomney, 
de  64  ,  capitaine  Popham  ,  qui  'èsr "arrivé  à  Horn- 
beck  auprès  d'Elseneur,  avec  tin  loiiirre  et  un 
cutter,  on  a  vu  croiser  dans  le  Catégat  une 
escadre  anglaise  .  dans  laquelle  il'  y  a  trois  vais- 
seaux de  ligne.  Celte  escadre  .  composée  en  tout 
de  vingt-deux  voiles  ,  est  arrivée  à  la  hauteur 
d'Elseneur. 

L'escadre  commandée  par  l'alniral  Dickson  , 
corapo<ée  de  six  vaisseatix -de  ligne  et  de  plu- 
sieurs autres  bâtimens,  a  i5té  vufe  croisant  à  la 
hauteur  de  Gothenbourg.  j 

Tous  les  bâtimens  marchanJS  anglais  ,  venant 
de  la  Baltique  ,  n'abordent  pas',  comme  aupara- 
vant, à  Elseneur  »  mais  ils., Vont  jeter  l'ancre  au- 
près dTioresbe'ck  .  dés  qu'ils  orït- satisfait  au  droit 
rie  visite.  La  frégate  anglaise  qui  a'  porté  le  lotd 
Withworih  ,  est  dans  le  même  endroit. 

Le  conseil- privé  dii  îîanemlirck.  a  ordonné 
hier  aux  magistrats  de  Copenhague  d'envoyer 
tous  les  ouvriers  employés  daftsdes  chantiers 
particuliers  à  Scahnlm.  Chaque  régiment  de  la 
garnison  est  obligé  de  fournir  cent  quarante-quatre 
ouvriers  pour  l'armement  maritime. 

Hambourg  ,  le  2a   août. 

Les  danois  mettent  beaucoup  d'activité  à  ras- 
sembler les  matelots.  On  dit  même  que  le  gou- 
vernement a  donné  l'ordre  au  passage  du  Sund 
de  prendre  sur  les  vaisseaux  anglais  les  malelou 
sujets   du   Danncmark. 

On  donne  dans  ce  moment  poiir  certain  que 
la  cour  de  Dannemark  ,  intimidée  par  l'apparition 
dans  le  Sund  d'une  force  anglaise  aussi  impo- 
sante ,  a  consenti  à  payer  les  frais  de  l'arme- 
ment ,  et  que  tous  les  autres  points  seront  arrangés 
à   l'amiable.   (Extrait  du  Times  ,  2g  août.) 

REPUBLIQ^UE     HELVÉTIQUE. 

Berne  ,  le  5  fructidor. 

Les  otages  des  Ligues-Grises  ,  qui  avaient  été 
conduits  en  France  ,  vont  être  ramenés  à  Saint- 
Gall  ,  pour  être  échangés  contre  ceux  qui  avaient 
été   amenés  des  Gri-ons   à  Inspiuck. 

_  Le  3  de  ce  mois,  une  partie  de  l'armée  de 
réserve  en  marche  pour  le  pays  des  Giisons  ,  a 
passé  par  ici.  Deux  éscadrofis  'de  volontaires  se 
sont  fait  remarquer  avec  plaisir.  Nous  attendons 
encore  des  troupes  pour  dernain  et  les  jours 
suivans. 

Deux  membres  delà  législature  ,  les  citoyens 
Desioés  et  Long  ,  ont  donné  leur  démission.  Le 
conseil  de  législature  a  décidé  qu'il  pourrait 
nommer  à  ces  places  ,  sans  le  secours  dih  con- 
seil exécutif.  ■   (  Kronik  der  Franken.  ) 

INTÉRIEUR. 

Bordeaux ,  le     fruciidor. 

Le  préfet  du  tlépariement  de  la  Gironde,  vu 
la  lettre  du  commandant  par  intérim  de  la 
place  de  Bordeaux  ,  qui  attendu ,  le  départ  du 
bataillon  des  Basques,  requérait  la  mise  en  ac- 
tivité de  la  garde  nationale  pour  remplacer  ce 
corps   dans  toutes  les  parties  du  service   mili- 


taire, avait  pris,  le  4  thermidor,  un  arrêté  d«nl 
voici  les  principales  dispositions. 

Il  sera  créé  ,  dans  chatun  des  trois  arrondis- 
senmus  de  Bordeaux,  ur)  corps  de  cent  trente 
rernpiaçans  choisis  par  le  maire  ,  sur  la  présen- 
laiion   des   chefs  de   bataillon. 

Nul  citoyen  ne  pourra  faire  partie  de  ce  corps  , 
s'il  n'est  pourvu  d'uue  cane  de  sûreté,  d'un  f)*sil 
et  de  l'uniforme  national. 

Les  chefs  de  bataillon  feront  commander,  par 
des  billets,  les  citoyens  de  Service  ,  quatre  jours 
à  l'avance. 

Les  citoyens  qui  ne  pourront  pas  faire  leur 
service,  en  préviendront  deux  jours  d'avance 
l'adjudant  soldé,  à  qui  ils  paieront  la  taxe  de 
reinplaceniervt. 

Celle  taxe  demeure  fixée  à  4  francs  5o  cen- 
times pour  un  service  de  vingt-quatre  heures,  et 
à  3  francs  .pour  un  service  de  douze  heures. 

Les  reraplaçans  seront  désignés  à  tour  de  rôles 
sur  le  tableau.  Nul  d'enir'eux  ne  sera  remis  en 
activiié  qu'après  vingi-^juatre  heures  de  repos. 

Sur  le  produit  des  taxes ,  il  sera  compté  à 
chaque  remplaçant  3  fr.incs  pour  un  service  de 
vingi-quaire  heures  ,  et  3  fraii'cs  pour  un  service 
de  douze  heures.  ....... 

Les  sommes  restantes  serviront  à  acquitter  les 
frais  d'impression,  l'indemnité  due  aux  adjudans 
et  aux  tambours ,  et  les  autres  frais  relatifs  au 
service. 

Tout  chef  de  poste  constatera  par  écrit  les  con- 
traventions aux  règles  du  service.  Il  fera  par- 
venir, dans  le  jour,  son  rapport  au  commandant 
de  bataillon  ,  qui  le  transmettra  au  conseil  de 
discipline. 

Le  chef  de  poste  sera  tenu,  sous  sa  respon- 
sabiliié  ,  d'avoir  en  tout  tems  auprès  de  lui  les 
trois  quarts  de  sa  garde.  En  cas  de  contravendon 
à  cet  égard,  il  sera  cité  au  .conseil  de  discipline  , 
et  condamné  à  deux  jours  de  détention  au 
m'oins..... 

Toutes  exemptions  de  service  demeurent  in- 
nullées;  le  prélel  seul,  d'après  l'avis  du  maire; 
prononcera  sur  les  réclamations  de  ce  genre..  .. 

Les  corps  des  remplaçans  po'rrront  être  requis 
lorsque  les  circonstances  l'exigeront.  En  consé- 
quence ,  aucun  remplaçant  ne  pourra  s'absenter 
sans  la  permission  écrite  de  son  adjudant. ...  . 

Toute  réquisition  existante  des  colonnes  mobiles 
de  1^  ville  de  Bordeaux  est  révoquée  ;  en  consé- 
quence ,  et  en  attendant  que  le  gouvernement 
ait  statué  sur  l'organisation  de  la  garde  nationale, 
tous  les  citoyens  seront  tenus  d'en  faire  le 
service....... 

L'exécution  de  cet  arrê'é  ayant  éprouvé  quel- 
ques obstacles  et  donné  lieu  a  quelques  incon- 
véniens  ,  le  préfet  a  pris  le  4  fructidor  l'arrêté 
suivant  : 

Lorsque  le  corps  des  chasseurs  Basques  partit 
de  Bordeaux  pour  se  rendre  à  l'armée  ,  il  fallut 
pourvoir  au  service  des  divers  postes  de  la  ville. 
On  ne  put  obtenir  aucun  secours  de  la  garde 
nationale  ,  en  grande  partie  désorganisée.  Le 
ministre  de  1  intérieur  m'écrivait  qu'il  ne  fallait 
point  la  réorganiser  ,  jusqu'à  ce  que  le  gou- 
vernement eût  arrêté  un  règlement  à  cet  égard. 

C  est  dans  ces  circonstances  que  j'établis,  par 
arrêté  du  4  iherrnidor  dernier  ,  un  corps  de 
remplaçans  ,  comme  on  l'avait  fait  à  Paris'.  Je 
pris  toutes  les  précaudons  pour  que  les  citoyens 
appelés  à  ces  fonctions  fussent  capables  de  les 
remplir,  '      , 

Mais  l'autorité  n'avait  point  d'armes  à  sa  dis-  ' 
position  pour  les  besoins  de  ce  service.  Instruit 
qu'ils  en  avaient  distribué  beaucoup  à  diverses 
époques  de  la  révolution  ,  je  chargeai  les  maires 
d'en  faire  rentrer  une  quantité  suffisante  pour 
armer  les  remplaçans,  et  pour  tenir  les  corps- 
de-garde  garnis. 

La  malveillance  a  dénaturé  toutes  ces  dispo- 
sitions, et  calomnié  les   intentions  de  lautoriié; 

elle  lui  a  piêié  des  projets  de  désarroemeni 

L'exécuiion  des  mesures  prescrites  par  l'arrêté  du 
4  thermidor  dernier  éprouve  des  difficultés- 
Dans  cet  état  de  choses  ,  le  service  est  nul  , 
les  postes  les  plus  imporians  soni  déserts,  les 
prisons  sans  gardes;  il  p'y  a  de  sécurité  que 
que  pour  les  voleurs   et  les  assassins. 

Les  armes  distribuées  aux  cittayens  ne  so&t 
ppini   leur    propriété  ;    elles  ■  ne    leut  ;«n»  iii 


confiées  que  pour  la  sûreté  publique  et  la  défense 
commune. 

Cependant  elles  ne  sont  point  employées  à  cette 
destination  ;  des  citoyens  aujtijuels  on  a  distribué 
des  armes,  ne  font  point  leur  service,  ou  ne 
les  apportent  point  au  corps-de-garde. 

Ces  abus  sont  intolérables  ;  je  ne  composerai 
point  avec  les  murmures  hypocrites  de  quelques 
hommes  évidemment  ennemis  de  l'ordre  ;  ils  ne 
parviendront  pas  à  égarer  les  bons  citoyens.  Mon 
premier  devoir  est  de  répondre  au  gouvernement 
et  aux  habilans  de  Bordeaux  de  la  tranquiliiié 
de  cette  ville. 

Le  préfet  du  département  de  la  Gironde,  vu 
l'arrêté  du  4  thermidor  dernier  ,  arrête  : 

Art.  I".  Chaque  maire  se  procurera,  dans  la 
décade,  la  quantité  de  i3o  fusils  pour  arrrier  les 
remplaçans  ,  et  pour  le  service  des  divers  postes 
de  la  ville. 

II.  Ces  fusils  seront  jemis  par  les  citoyens 
auxquels  il  en  a  éié  distiibué  ,  dans  les  deux 
jours  de  laverlissement  qui  leur  en  sera  donné 
par  le   maire   de    leur    arrondissiement. 

III.  Tout  citoyen  ,  dépositaire  d'un  fusil,  qui 
ne  fera  pas  son  service  en  personne  et  avec  son 
arme  ,  sera  tenu  de  la  rendre  au  maire  de,  son 
arrondissement,  sur  l'avertissement  qui  lui  en 
jera  donné. 

IV.  Tout  citoyen  qui  refusera,de  remettre  son 
fusil  ,  aux  termes  des  articles  II  et  III  ,  sera  , 
•sur-le-champ,  dénoncé  par  le  maire  aux  tribu- 
naux, pour  être  poursuivi  comme  détenteur  d'ef- 
fets appartenans  à  la  république. 

"V.  Les  maires  rendront  compte  au  préfet , 
dans  la  décade,  de  l'exécution  des  mesures  ci- 
dessus  prescrites. 


Paris  ,  le  14.  fructidor. 

On  lit  la  lettre  suivante  ,  dans  le  journal  des 
.Hommes-Libres. 

Qu'il  rae  soit  permis  ,  citoyen  rédacteur  ,  de 
douter  encore  de  la  mort  du  général  Kleber 
annoncée  presqu'officielleraenl.  La  remarque  , 
.que  fait  à  ce  sujet  le  Moniteur,  est  très-sensée, 
lorsqu'il  dit  que  la  mort  du  général  Bonaparte 
était  aussi  parvenue  par  la  même  voie.  Mais  ce 
qui  doit  donner  de  l'espérance  aux  vrais  amis 
de  la  patrie  ,  c'est  l'invraisemblance  des  dates 
qui  se  fait  remarquer  dans  les  deux  lettres  : 
celle  du  général  Menou  est  du  i"  messidor, 
«t  la  réponse  de  Sidney  Smith  est  du  22  juin  , 
correspondant  au  3  messidor.  Or  ,  en  calculant 
la  distance  du  Kaire  ,  d'oîi  le  général  Menou 
écrit  ,  àjaffa  ,  lieu  où  se  trouvait  Sidoey  Smith, 
il  est  impossible  de  croire  que  ,  soit  par  mer, 
soit  par  terre  ,  cet  espace  ait  été  franchi  en 
trois  jours  ou  plutôt  deuxjour.i  et  demi,  puis- 
que la  réponse  est  datée  du  3.  Il  est  dit  encore 
dans  cette  réponse  qu  il  s'est  concerté  avec  le 
grand-visir  :  ce  n'était  point  en  deux  heures 
de  tems  que  Sidney  Smith  aurait  pu  parler  au 
grand-visir  ,  entrer  dans  des  détails  qui  deman- 
dent des  réflexions  ,  et  faire  au  général  Menou 
la   réponse  que  nous   avons    vue.  ; 

Il  faut,  pour  aller  du  Kaire  à  JafiFa  ,  traverser 
le  désert;  il  faut  au  moins  quatre  jours  pour 
ce  trajet  ,  et  la  moitié  du  chemin  est  faite  à 
peine. 

'  Faites  ,  si  vous  le  jugez  à  propos,  usage  de 
mes  réflexions ,  et  donnez  à  la  famille  de  ce 
brave  général  quelques  consolations. 

Baudillers. 

—  On  écrit  de  Rouen  ,  que  l'assassin  du 
malheureux  Frénot ,  a  déclaré  son  nom  ;  il  s'ap 
pelle  Chauleau  ,  et  est  fils  du  concierge  du 
château  de  la  Coumeuve,    près   Saint-Denis. 

—  Un  incendie  terrible  à  consumé,  le  27 
thermidor,  la  plus  grande  partie  de  la  ville  de 
Lintz  eH  Autriche. 


iSgo 

calculé  sur  l'excédent  des   10  raillions ,  k  raison 

d'un  dixième  sur  le  îî'  million  ,  ci  ainsi  de  suite 
en  augmentant  d'un  dixième  par  chîijue  million 
juscju'à  pailage  égal ,  sans  pouvoir  jamais  dépasser 
cette  dernière  proportion. 

Quant  à  la  perception  faite  el  à  faire  depuis  le 
20  tljerraidorjusqu'au  i"  vendémiaire  ,  le  citoyen 
Dnssap  en  comptera  de  clerc  à  maître,  moyen- 
nant une  avance  d'un  million  .par  forme  d'à 
compte  ;  cette  avance  est  déjà  versée  à  la  caisse 
du  receveur-général. 

Pour  ce  qui  concerne  l'administration  ,  rien 
n'est  innové.  Les  mêmes  lois  ,  les  mêmes  régle- 
mens  qui  ont  été  suivis  jusqu'à  ce  jour  ,  doivent 
guider  la  régie  intéressée.  Des  inspecteurs-géné- 
raux sont  chargés  d'exercer  sur  elle  la  plus  stricte 
surveillance.  Ainsi  la  liberté  et  les  droits  des  ci- 
toyens sont  à  l'abri  de  tou'e  atteinte  ,  et  l'acquit 
des  dépenses  de  la  commune  se  trouve  assuré  sur 
des  rentrées  fixes   et  sufiËsantes 


MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

'Rapport  présenté  aux  consuls  de  la  république  par 
te  ministre  deTiritérieur.  —  Paris  ,  te  i3 fructidor 
_,ftn  8. 

'.,,    Citoyens  CONSULS , 

.   J'ai  l'hqnncur  de  vous  prévenir  que  ,  conformé- 
ment à  votre  arrêté  qui  autorise  la  mise  en  régie 
intéressée  de  l'octroi  municipal  et  de  bienfesance 
de  Paris  ,   le  préfet  de  la   Seine   vient  de   passer 
avec  le  citoyen  Dussap  un  traité  que  je  crois  très- 
avantageux  à  ceKe  commune. 
En  voici  les  conditions  principales. 
Le  bail  doit  durer  trois   années  ,  à  cominence; 
du   I"  vendémiaire  prochain  ;  mais  l'administra- 
tion publique  peut  le  résilier  ,  si  elle  le  juge  con- 
venable ,  moyennant    une  indemnité    fixée  aux 
deux  tiers  du  produit  présumé  d'un  mois. 
"    Le  citoyen  Dussap  annonce  un  produit  annuel 
de    10    millions    (c'est  à  tort  que  ;les  journaux 
lO'ont  annoncé  que.  9  miliions  )  ,  payable  par  12' 
'.de  mois  ea  mois  et  d'avance.  .Soo  bénéfice  esi 


atl  corps-législatif  Tors  de  sa  rentrée  ,  au  fribunat 

et  au  premier  consul  de  la  république  ,  pour  leur 
notifier  le  décès  du    citoyen  Dailly  ,  et  les  inviter 
à  présenter  des  candidats  pour  la  place  vscante, 
conformément  à  1  article  16  de  la  constitution. 
Signé  ,  Li.m.RCii!.R  ,  président. 
Kellermann  et  Garât,  stcrétuifts. 
Par  le  sénat-conservateur. 

Le  secrétaire- général ,  signé  ,  Cauchy. 


Distribution  des  prix  des  éeo.ies  centrales  du  dépar- 
tement de  ta  Seine. 

L'examen  qui  a,  précédé  celte  disttibuiipjj 
solennelle  a  prouvé  que  pendant  l'année  srholai^ 
qui  vient  de  finir  ,  il  y  a  eu  un  progrès  sen- 
sible dans  les  études  des  iroi^  écoles  centrale» 
de  Paris. 
.0  .«...1.V.VC  ",^..0   v.»  ..^..^ocx^^a.  ,      Cet  examer»  a  duré  deux  jours  pour  chacune 

Pour  reconnaître  l'avantage,  que   retire   de    ce     ^"   "f''  écoles  ,  en  présence  du  jury,  des  écple. 
.;.i  1,   ..:ii.  j„  D..,:..      ;i  „?,u:.\j„i,.. ,.-..^.-    „.,«     centrales  du  département   de    la   oeine.   Le  lUry 


traité  la  ville  de  Paris  ,  il  suffit  d'observer  que 
le  produit  de  l'octroi  de  l'an  7  ,  n'a  éié  que  de 
7,64,000  francs,  et  que  celui  des  dix  premiers 
mois  de  l'an  8  ,  malgré  le  tarif  additionnel  du 
19  vendémiaire  dernier  ,  n'a  pas  atteint  7  millions  ; 
il  est  à  désirer  que  les  mêmes  bases  soient  suivies 
par-tout  oti  les  localités  permettront  d  adopter  le 
système  de  la  régie  intéressée. 

Je  votas  annonce  avec  plaisir,  citoyens  con- 
suls ,  que  la  réussite  de  cette  importante  opéra- 
lion  est  due  au  zèle  et  aui  connaissances  du 
préfet  de  la  Seine. 

Salut  et  respect. 

Le  ministre  de  l'intérieur,  L.  Bonaparte. 


parlement  ae  ta  oeine.  L.e  jury 
a  été  très-saiislait  ,  non-seulement  des  réponse* 
des  élevés  ,  mais  en  général  des  questions  posées 
par  les  piofesseurs.  Ce  dernier  objet  mérite  la 
plus  sérieuse  attention  ;  l'art  d'interroger  pbilor 
sophiquement  el  analytiquement  ,  est  un  fruit 
des  nouvelles  méthodes  qui  s'applique  à  toute» 
les  branches  de  l'enseignement  ,  et  qui  à  mesure 
qu'il  se  perfeciionne  dans  les  maîtres,  garantit 
dans  les  élevés  les  progrès  de  l'an  de  répondre. 

Une  chose  encore  a  paru  digne  de  remarque 
dans  ces  examens  ;  c'est  l'aisance  décente  el 
l'assurance  modeste  des  jeunes  gens  ,  la  clarté  et 
la  précision  de  leur  langage  dans  les  explication^ 
qui  permettent  le  moins  le  soupçon  d'un  pur 
effort  de  mémoire;  enfin,  le  ton  d'une  bonne 
éducation  ,  qui  n'a  cependant  rien  d'afFecté  ,  de 
minutieux  ni  de  servile. 

De  cinq  écoles  que  la  loi  donnait  à  Paris , 
il  n'y  en  a  encore  que  trois  en  activité  ;  celles 
du  Panthéon  ,  de  Mazarin  ou  des  Quatre-Nations, 
et   des  Jésuites  ou   de  la  rue  Antoine. 

On  sait  la  position  de  ces  trois  écoles ,  et  les 
quartiers  dont  chacune  est  à-peu-près  le  point 
central  ;  on  sait  aussi  que  les  deux  autres  qui 
doivent  être  placées  ,  l'une  au  Prieuré  Martin, 
l'autre  aux  Cipucins  de  la  Chaussée- d'Antin  ', 
n'étant  point  ouvertes  ,  les  citoyens  de  ces  deux 
quartiers  très-populeux  ne  savent  où  faire  inslruirç 
leurs  ent'ans. 

Cette  négligence  du  gouvernement  directorial, 
sera  sans  doute  promptement  réparée  par  Iç 
gouvernement  consulaire.  Il  sait  que  rinstructiot^ 
publique  n'est  pas  un  bienfait  ,  mais  une  dettç 
du  gouvernement  d'un  peuple  libre.  Si  l'on  pou* 
vait  autrefois  cantonner  toutes  les  écoles  de  Panj 
dans  un  quartier  qu'on  appelait  /ajin, parce  qu'eç 
effet  on  n'y  enseignait  pas  autre  chose  ,  on  doit 
les  répandre  aujourdhui  également  dans  cçtte 
immense  cité  ,  parce  qu'en  fréquentant  les  nou- 
velles écoles  ,  on  apprend  ce  qu'il  faut  savait 
pour  devenir  ,  dans  les  diverses  professions . 
utile  à  sa  patrie. 

Les  professeurs  de  ces  deux  écoles ,  non  encotç 
en  activité  ,  sotît  nommés  depuis  long-tems. 
Plusieurs  ont  été  appelés  pour  remplacer  ceutf 
des  liois  écoles  actives  ,  que  la  mon  a  enlevés 
ou  qui  ont  étç  appelés  à  d'autres  fonctions. 
Aux  écoles  du  Panthéon  et  des  Quatre-Nations; 
les  professeurs  de  langues  anciennes  ont  obtenà 
que  ceux  de  la  quatrième  et  de  la  cinquième 
vinssent  à  leur  secours,  et  formassent  deux  se»- 
condes  classes  pour  l'étude  de  ces  langues.  L'étolls 
delà  rue  Antoine  a  prié  le  jury  de  lui  procureiç 
la  même  faveur  ,  en  fesant  donner  pour  second 
à  son  professeur  de  langues  anciennes  ,  le  pro* 
fesseur  de  belles-lettres  de  l'une  des  deux  écoles 
inactives. 

Cet  arrangement  ,  purement  administratif,  i» 
fera  sans  doute.  Le  fruit  qu'en  ont  retiré  deux 
des  écoles  de  Paris,  et  le  vœu  présenté  par  la 
troisième  ,  démontrent  de  plus  en  plus  ce  que 
l'on  Sjit  depuis  long-tems  ;  c'est  qne  si  les  langue^ 
grecque  et  latine  régnaient  trop  exclusivement 
dans  les  anciennes  études ,  elles  sont  trop  négli+ 
gées  dans  les  nouvelles  ,  et  qu'un  second  pro» 
fesseur  chargé  de  les  enseigner  est  indispensable 
dans  toutes  les   écoles.  1 

Ouelques-autres  changemens  encore  et  quel- 
qucT  légères  modifications  y  sont  nécessaires. 
I  C'est  le  désir  de  tous  les  bons  esprits  qui  ont  porté 
sur  cette  partie  si  importante  de  l'adminisiraiti'on 
publique  des  regards  atienrifs  et  non  prévenus. 
C'est  celui  mème'^des  professeurs  qui  ont  eu  peRj 
dant  long-tems  la  force  de  supporter  les  priva- 
tions et  les  découragemens  de  toute  espèce  dont 
ces  écoles  ont,  en  quelque  sorte  ,  été  abreuvées^ 
qui  jouissent  maintenant  de  l'état  ou  florissant, 
on  du  moins  supportable  où  ils  les  ont  fait  par- 
venir, mais  qui  n'en  voient  que  mieux  ce  qiil 
manque  encore  à  leur  perfectionnement  et  à  leti* 
prospérité.  '  ■  -     ^ 

Ce   ne  sont  pas  ces  améliorations ,  ni  ces  lég«ii| 

_    ._.^:-- :.-- j J  —  ..:.'**• 


SÉNAT-CONSERVATEUR. 

Extrait  des   registres  du  sénat  conservateur  , 
fructidor  ,  an  8. 

Le  sénat-conservateur  arrête  l'envoi  du  message 
suivant  au  corps-législatif,  lors  de  sa  rentrée, 
au  tribunat  et  aux   consuls  de  la  république. 

La  loi  du  3  ntvose  dernier  porte ,  art.  II  :  u  Le 
sénat-conservateur  déterminera  son  costume,  etc." 

Conformément  à  cette  loi  ,  le  sénat  a  réglé  le 
costume  de  ses  membres,  celui  de  son  secrétaire- 
général ,  et  de  ses  messagers  et  huissiers. 

Il  vous  en  transmet  ci-joint  la  description. 

COSTUME   DES    sénateurs. 

Grand  costume. 

H.ibit  franç?iis  fermé  de  drap  bleu  barbeau  , 
brodé  en  or ,  la  broderie  au  palmelie  et  au  passé  ; 
boutons  biodcs  ,  veste  ou  gilet  de  Casimir  blanc , 
avec  la  même  broderie  réduite  ;  culotte  pareille 
à  l'habit  ,  avec  jarretières   et  boutons  brodés. 

Echarpes  de  soie  blanche  avec  broderie  et 
frange  d'or;  gance  et  boulon  d'or  au  chapeau. 

fet'it  costume. 

Habit  ou  déshabillé  de  drap  bleu  ,  même 
nuance  ,  coUet  et  parement  brodés  en  or  ,  avec 
un  lizéré  au  bord  de  l'habit;   boulon  brodés. 

Costume  du  secrétaire- général  et  de  son  adjoint. 

Habit,  veste  et  culotte  même  étoife  et  même 
nuance  que  ceux  des  sénateurs  ;  broderie  en  soie 
aurore  nuancée. 

Echarpe  de  soie  blanche  avec  broderie  et 
frange  d'argent. 

Chapeau  pareil  à  celui  des  sénateurs. 

Costume  des  messagers  d'état. 

Habit  fermé  en  drap  violet  ,  broderie  en  soie 
aurore  nuancée  ,  pareille  à  celle  du  secrétaire- 
général ,  sur  le  collet,  les  manches  et  les  poches 
de  l'habit;  ceinture  en  soie  aux  trois  couleurs 
avec  frange  en  soie  bleue  ,  le  chapeau  surmonté 
de  plumes  tricolores. 

Costume  des  huissiers. 

Habit  fermé  en  drap  noir,  plumes  bleues  au 
chapeau  ;  et  pour  marque  de  leurs  fonctions  , 
la  baguette  en  ébène  ,  garnie  d  ivoire  â  ses  ex- 
trémités. 

Si$né ,,  Lemerçier  ,  président  sKti-lSSMAHN  et 
Garât  ,  secrétaires. 

Par  le  sénat-conservateUr  , 

Le  secrétaire-général ,  signé  ,  Gauchy. 

Extrait  des  registres  du  sériât-conservateur,   du  14 
fructidor  ,  an  S  de  ta  république. 

On  lit  une  lettre  du  citoyen  P.etit  Desrosiers, 
adressée  au  président  du  sénat-conservaleur,-sous 
la  date  du  5  de  ce  mois.  Le  citoyen  Desrosiers 
annonce  parcelle  lettre  que  le  citoyen  Dailly  , 
son.  parent,  l'un  des  membres  du  sénat-conser- 
vateur, est  décédé  le  2  fructidor  à  Raucourt, 
piès  Montargis  ,  où  il  s'était  rendu  pour  rétablir 
sa  santé. 

Le    sénat  ordonne   l'insertion  de  la'  lettre  >au  '  changemens  que  certains  esprits  demandeat  ;  c'est 
S  ptocès-vetbal  ,  et   arrêiç    l'envoi  -diiH  fnessage    un  changement  total ,  une  réforme  complelte ,'«« 


il'o^eau,  pfan  *  de  nouveaux 'noihs  ,  un  '  nouveau 
système  d'études.  Les  malheureux  prolesseuis  que 
fesaii  trembler  autrefois  un  mot  inconsidéré  lancé 
du  haut  de  la  tribune  ,  éprouvent  maintenant 
d'autres  terreuts. 

Les  partisans  de  ces  grandes  réformes  .  pour 
faire  adopter  ce  qui  n'est  pas  ,  commencent  par 
calomnier  ce  qui  est.  Selon  eux  ,  les  écoles  cen- 
trales n'ont  de  succès  nulle  part  ;  elles  sont  toutes 
désertes  ;  il  y  a  par-;out  des  professeurs  et  point 
il'éleves  ;  le  petit  nombre  de  celles  qui  sont  fté- 
quçniées  prouvent  ,  par  leur  peu  de  progrès  , 
Ua  vices  de  ce  nouvel  enseignement. 

L'état  actuel  de  plusieurs  de  ces  écoles  dans  les 
départemens  ,  répondrait  victorieusement  à  ces' 
accusaiions  s'il  était  mieux  connu  :  mais  on  s'in- 
quiète peu  de  le  connaître  :  on  ne  cherché  même 
pas  à  sinstruire  de  l'éiat  des  écoles  de  Paris.  Les 
examens  y  ont  été  publics.  C  était  pour  |es  ania- 
gonisies  du  système  d  insttuclion  dont  elles  font 
partie  ,  une  belle  occasion  de  s'en  démontrer  à 
»oi-mème  les  défecluosiics .,  et  de  les  prendre 
ainsi  en  flagrani-dé'il.  Celle  occasion  n'a  pas  éié 
sa,i8ie  ;  nous  avons  assisté  à  ces  examens  ,  et 
nous  pouvons  affirmer  qu'aucun  d'eux  ne  s'est 
-donné  la  peine  d'y  paraître. 

L'intéressante  solennité  de  la  distribution  des 
prix  a  été  célébrée  le  29  rhermidor  ,  dans  la  ci- 
devant  église  de  l'Oratoire  ;  le  local  convenable- 
ment décoré,  était  rempli  de  personnes 'de  tous 
états  ;  sans  doute  le  plus  grand  nombre  était 
composé  des  parens  des  élevés  couronnés  ;  mais 
on  y  distinguait  aussi  plusieurs  savans ,  geus-de- 
leltres  et  amis  des  sciences  ,  parmi  lesquels  étaient 
queiqu'is  membres  des  premières  auiorités  cons- 
umées de  la  republique. 

Le  préfet  du  département  ,  le  citoyen  Frochot , 
a  prononcé  un  discours  ,  où  ,sans  refuser  de  justes 
éloges  à  ce  qu'avaient  de  bon  les  anciens  collèges, 
il  a  fait  sentir  les  avantages  des  nouveaux  éia-; 
blissemens.  Il  a  parlé  de  ceux-ci  en  quelque  sorte 
comme  s'ils  étaient  une  des  créations  du  gouver- 
nement du  18  brumaire;  ce  qui  est  viai  dans  ^t  sauront  qu'il  vau 
ce  sens ,  que  ce  gouvernement,  institué  pour  tout 
irégénérer  et  tout  rétablir ,  semble  créer  en  effet 
ce  qu  il  conserve.  Ou  a  pu  tirer  du  discours  du 
prétct  un  heurtux  augure  pour  la  stabilité  des 
écoles  centrales ,  et  pour  les  encouragemens  et  le 
perfectionnement  dont  elles  ont  besoin. 

Le  citoyen  Lacroix  ,  professeur  de  mathéma- 
tiques ,  dans  un  discours  ires-élendu  ,  a  répondu 
àuxaccusaiions  des  ennemis  du  nouvel  enseigne- 
'ment.  Il  a  rappelé  que  c'était  pour  la  quattieme 
fois  que  lui  et  ses  collègues  voyaient  terminer, 
par  cette,  distribution  de  couronnes  ,  le  cours 
annuel  des  études.  Il  a  fait  en  quelque  sorte 
l'^iistoire  de  renseignement  en  France  ,  et  re- 
montant jusqu'au  tems  de  la  renaissance  des 
lettres  ,  il  a  fait  voit  que  l'objet  qu'on  se 
prçposait  alors  dans  les  études  ,  ayant  été  pu- 
rement religieux  et  scolastique ,  on  avait  tout 
dirigé  vers  l'apprentissage  de  la  langue  dans  la- 
quelle avaient  écrit  et  écrivaient  encore  ,  bien 
pu  mal,  tous  les  auteurs  qui  traitaient  de  ces 
matières;  qu  on  y  avait  seulement  joint,  sous 
le  nom  de  philosophie  ,  l'art  de  sophistiquer 
comme  eux  ;  et  sous  celui  de  physique ,  de 
hausses  notions   et  de  mauvais  raisonnemens  sur 


•    i5gi 

de  l'émulation,  et  de  l'instinct  delà  gloire. Jamais 
cet  intérêt  n'avait  paru  plus  vrai  ,  et  ne  s'était 
exprimé  par  des  applaudissèmcns  plus  vifs  et  plus 
universels.    ■  'G. 

(  Extrait  de  la  Décade  Philotophique  ,  n"  34.  ) 


——*«<■ ■imiIBBHMi^KMIIIIIiiiii  

POÉSIE. 

Seconde  lettre  sur  tes  Ccorgiques  franqaisei. 
Qui  fait  aimer  les  champs  ,  fait  aimer  la  venu. 

C'fst  un  des  premiers  vers  du  poème,  il  en  con- 
tient totite  la  moralité.  Il  était  ingénieujt  de  1» 
placer  de  la  sotte,  pour  lairc  sentir  l'impor^ 
tance  d  un  ouvrage  ,  qu  un  grand  nombre  de 
lecteurs  auraient  iieui-êire  regardé  comme  frivole 
et  de  pur  agrément.  Cette  moralité  déterminera, 
les  esprits  les  plus  graves  à  lire  le  poème  ^  non 
seulement  pour  jouir  du  charme  des'  beaux 
vers  ,  mais  encore  pour  y  puiser  des  leçons  de 
sagesse  et   de    bonheur. 

Le  poète  tient  parole  :  il  est  injpossible  de  lire 
son  ouvrage  sans  être  pénéttré  des  sentimens 
doux  et  vertueux  qui  respirent  dans  ses  images 
comme  dans~  ses  préceptes.  Il  peint  d'abord 
l'ennui  qui  suit  par-tout  le  riche  inilolent  et  cor- 
rompu ,  et  les  dégotâts  qui  attendent  1  ambitieux 
aupiès  des  hommes  puissans.  Je  ne.puis  résister 
au  désir  d'enrichir  ma  lettre  de  cette  peinture; 
d'une  vérité  frappante  : 

Bien  plus  à  plaindre  encor,  les  jeunes  te'méraires 
Qui  ,  larsés  tout  à  coup  du  manoir  de  leurs  pères  , 
Vont  sur  le  grand  théâtre  ,  ennuyés  à  grandi  frais  , 
Transporter  leurs  champarts  -,  leurs  moulins  ,  leurs  forêts  ; 
Des  puissances  du  jour  assiègent  la  demeure  , 
Pour  qu'un  regard  distrait  en  passant  les  effleure. 
Ou  que  par  l'homme  en  place  ,  un  mot  dit  de  côté  , 
D'un  faux  air  de  crédit  flatte  leur  vanité. 


Malheur 


tbcs  , 


illir  leu 


sous  leurs  humbles  lambris  , 
Vivre  heureux  au  hameau  qu'intrigant  à  Paris. 

Quelle  vérité  de  coloris  dans  ce  regard  distrait 
qui  effleure  en  'passant  ,  et  dans  ce  mot  dit  de  côté 
par  I  homme  en  place  ! 

C'est  après  ces  tableaux  que  ,  par  une  oppo- 
sition ingénieuse  ,  le  poète  appelle  aux  chainps 
l'homme  sensible  ,  développe  à  ses  yeux  1  im- 
mense et  brillant  speritacle  de  la  nature  ,  et 
chante  la  douceur  et  la  variété  des  plaisirs  cham- 
pêtres. Mais  il  faut  avertir  ici  '  le  lecteur  que 
l'homme  des  champs  dont  la  vie  et  le  bonheur 
sont  célébrés  dans  ce  poème,  n'est  point  le  simple 
laboureur  occupé  des  travaux  de  l'agriculture , 
et  que  les  vers  de  Delille  n'ofFrent  pas  ,  comiue 
ceux  de  Virgile  ,  un  grand  nombre  de  préceptes 
sur  cet  art.'  C'est  l'homme  assez  riche  pour  avoir 
des  terres  et  des  jardins  ,  pour  se  livrer  à  la 
chasse  ,  à  la  pêche,  à  l'étude  des  ans  ,  des  sciences , 
de  la  philosophie  ,  et  aux  plaisirs  de  la  bien- 
fesance  ;  pour  avoir  dans  sa  maison  rustique  un 
cabinet  d  histoire  naturelle  ,  et  pour  y  recevoir 
une  SB'ciété  d  amis  choisis  ,  amateurs  cornme  lui 
des  jouissances  paisibles  que  l'on  goûte  dans 
celte  douce  vie.  Enfin,  c'est  l'homme  doué  d'un 


la  nature.  C'est  à  quoi  s'étaient  réduites  pendant     ^,^="    '^"1^   génie    pour  chanter   leç  objets  dont 
■     •  ^         .         .  .,  r  j[   pj[  environne,     et   le  bonheur    dont  il  jouit. 

Ou   plutôt  cet   homme  des   champs  ,   c'est , De' ' 


Îilusieurs  siècles  ,  et  même  jusqu'à  notre  tems  , 
çs  études  nommées  humanités  dans  lès  univer- 
iiiiés  et  dans  les  collèges. 

.  L'école  militaire  ,  fondée  en  faveur  d'une  classe 
à^  privilèges  ,  donna  lidée  d  un  meilleur  ensei- 
gnement ,  d  un  enseignement  dirigé  vers  les  be- 
«jpins  de  l'éiat  ,  et  destiné  à  meure  la  jeunesse  à 
portée  d'y  satisfaire.  La  révolution  ,  qui  a  détruit 
les  privilèges,  a  voulu  rendre  commune  à  tous 
l'instruction  réservée  jusqu'alors  anx  privilégiés. 
C'est  cette  instruction  solide  et  variée  ,  dont  tous 
les  citoyens  peuvent  puiser  les  éléraens  _dans  les 
écoles  centrales  ,  et  qui  leur  est  donnée  ensuite 
avec  plus  de  dcveloppemens  et  de  transcendance 
dans  des  écoles  spéciales  et  de  service  public, 
lorsqu'une  vocation  particulière  les  appelle  à  servir 
Ja  république  dans  des  fonctions  ,  soit  militaires, 
soit  civiles  ,  où  cette  instruction  est  spécialement 
Nécessaire. 

Le  citoyen  Lacroix  a  répondu  ensuite  avec 
beaucoup  de  talent  et  de  clarté  aux  objections  de 
ilélail  ;  son  discours  en  général  bien  pensé  et  bien 
écrit  ,  n'en  a  laissé  sans  réponse  aucune  qui  ait 
yielque  importance 

Une  fanfare  militaire  a  ensuite  annoncé  la  dis- 
tribution des  prix.  Les  lauréats  des  trois  écoles 
bni  été  successivement  appelés ,  et  ont  été  présen- 
tés par  l.eu;s  professeurs  au  préfet ,  de,  ryji  ilspflt 
reçu  des  branches  de  chêne  et  des  livres  analogues 


lui-même  qui  s'est  peint  dans  cet  ouvrage.  Ce 
sont  les  beautés  delà  nature  que  chante  encore 
une  fois  notre  poète;  c  est  de  l'art  d'en  jouir 
qu'il  donne  les  préceptes  ,  quoiqu^l  ait  dit  en 
commençant  que  cet  art  ne  s'enseigne  point  ; 
contradi_ciion  légère  qui  lui  est  échappée;  tel 
est  l'homme  des  champs  ,  tel  est  le  sujet  des  Géor- 
gigues  Françaises. 

Plaeez-vous  dans  la  situation  que  je  viens  de 
tracer;  habitez  une  jolie  niaison  Je  campagne  au 
milieu  d'un  riche  paysage  ;  réunissez-y  quelques 
amis  selon  votre  cceur  ;  jouissez  ,  au  printems  ,  | 
des  merveilles  de  la  nature  renaissante  ;  dans  ' 
l'été  ,  de  la  fraîcheur  des  nuits  ;  en  automne  , 
de  cette  doiicejnélancollc  qu'inspire  la  destruc- , 
lion  dé  la  verdure  et  des  fleurs  ;  en  hiver  ,  de 
tous  les  agiémens  d'une  société  réunie  dans  des 
apparieraens'bien  chauds,  où  Ton' se  livre  tour- 
à-tour  au  jeu  i  à  la  conversation  ,  à  la  lecture 
et  aux  plaisws-de  la  table  ;  que  la  chasse  succède 
à  la  pêche;  4él*i?sez-vous  de  ces 'exercices  salu- 
taires en  culti-vant  les  ans  ;  enfin  devenez  par  vos 
bieufails  ,  pour-  le  hameau  que  vous  habitez  , 
une  autre  providence  ,  et  vous  serez/*  sage  dont 
Delille  célèbre  le  bonheur. 

Le  premier  chant  des  nouvelles  Géorgiques  est 
rempli  des  tableaux  que  je  viens  d'indiquer.  Je 
vais  en  placer  quelques-uns  sous  vos  yeux.  Mais 


au  genre  de  composition  dans  lequel  chacun  commençons  par ,  la  critique  ,  pour  ayoir  le  plai 
dfUx  avait  obtenu  1  avantage.   Les   premieir»  prix  |  sir  de  finir  par  des  éloges. 

on;  eu  de  plii,  une  médaille  en  bronze  ,  frappée  |  Qn  pourrajt  r.eprocher  à  ce  preîftier  chant  d'être 
à  I  occasion  de  la  colonne  départementale,  dont  ^^j,  'i^s  souvent  sur  le  ton  familier  de  l'épîlre 
la  première  pierre  fut  posée  le  aS  messidor  der-  J^^^s  le  style  élevé  du  poème  ;mais  l'auteur 

lucr,  ann.vet.airedii  I4jui,llet.  répondrait  par    l'exemple  de  l'Art  poétique  ,    où 

On  sait  quel  iniérêt  ofire  le  spectacle  de  ces  |  l'on  neuve  même  des  traits  de  satyre,   et  en   di-' 
pieinicrj  triomphes  ,  de  ces  pfeSi»iefleijOuiMlt«i*e»    sï«t  e(ïtcftHe«)^il*>àu">  '       '  /■■i  ,rn»t^J\    ■: 


MeutiiuX  qui  datis  sesvèrs  aâitd'unr!  YoUlégere  , 
Passer  du  grave  au  doux,  du  plaisant  au  sévère. 

Ce  défaut  .  si  c'en  est  un  ,  a  .du  moins  ^e{ 
avantage  qu'il  en  résulte  une  variété  de  nuances  « 
nécessaire  dans  le  poème  didactique  plus  qUq 
dans  tout  autre,  pour  éviter  l'ennui  des  précepte^ 
et  de  la  monotonie. 

Il  y  a  des  vers  f.  ibles  dans  ce  chant.  J'en  irt- 
dicjuerai  plusieurs.  Les  défauts  d'un  grand  poetâ 
.'.otu  daiigeteux  ,  parce  qu'ils  servent  aux  jaune! 
gens  d'cx(:use  ,  et  quelquefois  luême  d  autorilii./ 
Ce  riche' qui  ,  d'avance  usanttout)  «ej  plaisirs  , 
Ainsi  que  son  argent  lourtncnto  bcs  désirs. 

Qji'entend  le  poêle  par  tourmenter  son  argent  f 
et   (juelle  analogie  troiive-i-il  ici  entre  l'argent  et 
les  désirs  ?  Delille  fait  quelquefois  de  ces  rappro' 
chemei^S  qui  sont  plus  bizarres  qu'ingénieux.       ^ 
Tel  est  l'homme  ;  il  corrompt  lit  dénature  tout; 
Qu'au  milieu  des  cités,   soi>  superbe,  dégoût , 
Ail  transpoué  les  bois  ,  les  (leurs  et  la  verdure  , 
Je  lui  pardonne  eucor  :  .  .  .  . 

On  sent  combien  la  finale,  du  premier  vers  çst 
ilure  ,  et  combien  la  rime  est  défectueuse.  Voici 
un  autre  exemple  cte  c;es  m'auvaiscs.  rimes  ,  qui 
heureusement  sont  tiès-rares  dans  les  poèmes  dtf 
D.lille. 

Tant  l'homme  se  corrompt  alors  qu'il  se  déplace! 
Laissez  donc  à  Mole  ,  cet  acteur  plein  de  grâce.  .  .  *  ^  ■ 

Il  lui  est  échappé  quelquefois  une  autre  fauttS 
contre  les. règles  de  la  versificat.On  ;  c'est  defairô 
rimer  les  hémistiches  de  deux  vers  qui  se  suivent! 
Il  a  trop  souvent  aussi  répété  le  même  mot.  Er» 
parlant  des  jeux,  dramatiques  auxquels  se  livrenf 
les  riches  à  la  campagne  ,  il  dil  : 
Cette  pompe  convient  à  leurs  Châteaux  pompeux. 

Est-il  élégant  de  répéter  ce  mot  et  comme  subs- 
tantif et  -conime  adjectif  dans  le  même  vers  ? 
D'ailleurs  les  jeux  dramatiques  ont -ils  de  Ijt 
pompe  chez  des  particuliers  qui  n'en  font  qu'un 
simple  amusement?  Il  m'a  semblé  que  tout  câ 
que  disait, le  poè'e  du  danger  de  ces  jeux  aima-" 
blés  ,  était  ekagéré. 

Néron  ,  bourreau  de  Rome  ,  en  était  l'histiion. 

Certes  ,  il  ne  peut  exister  aucun  l'apport  entré 
ce  monstre  et  des  jeunes  gens  qui  jouent  la  co- 
médie à  la  campagne.  Delille  ajoute  : 

Puis  ,  quelque  fois  les  moeurs  se  sentent  des  ctjelissès, 
Et  souvent  le  boudoir  y  choisit  ses  actrices. 

Cela  peut  s'appliquer  aux  théâtres  publicSj 
Mais  comment  croire  que  ,  dans  une  société  bon" 
nête,  déjeunes  personnes  corrompenlleurs  moéurS 
en  se  livrant ,  sous  les  yeux  de-leurs  mères  ,  à 
un  amusement  qui  est  une  école  d'esprit-et  d* 
grâces  ,  et  qui  peut  mêiïie  en  devenir  une  de  mo" 
raie  ?  On  me  permettra  d'ajouter  une  observa-' 
tion  grammaticale  sur  ces  vers  :  je  douté  que  l'ori 
puisse  dire  qu'un  boudoir  choisit;  Celle  métaphore 
est  au  moins  hasardée.  '"  ■  J 

Je  trouve  un  peu  plus  bas  ces  vers  : 
I  Tantôt  la  nouveauté  . 

Embellit  les  objets;  tantôt  leur  déclin   même 
Aux    objets  fugitifs  prête  un  charme  qu'on  aime. 

Qjrand  on  parle  d'un  charme  ,  n'est-il  pas  stl- 
perllu  de  dire  qu'07i.  t'airne  ?  H  me  semble  qud 
c'est  affaiblir  le  spns  du  mot  c/jarme  ,  et  qu'il  y  a 
pléonasme. 

j'ai  dit.  que  Delillerépétait  souvent  les  mêiiies 
expressions.  En  effot ,  dans  la  page  qui  suit  les 
vers  qu'on  vis-'ui  de  lice,  j,e  compte  neuf  foil 
l'adjeçtjf  ÈMîi  ou  belle  ,  ei  cette  page  ,  fi-u'î  par 
quatre  vers  très-laibiçs ,  qui,  de  plus,  ont  je. dé- 
faut ,  selon  moi  ,  d'exprimer  des  idées' 'fa'ùssé-s* 
Que  le  lecteur  enjuï;e;  '     '.-     1  -■ 

On  revoit  les  beaux  jours  avec  ce  vif  transport 
Qu'inspire  un  lench'e'' ami  dont  on  pleurait  la  mort  ; 
Leur  départ  ,  quoique  triste ,  à  jouirnous  invite  î 
Ce  sont  les  doux  adieux  d'un  ami  jui  nous  qniUt  ; 
Chaque  instant  q\iHl  accorde  ,  on  aime  à  le  saisir  ; 
El  le  regrer  lui- roènje  augipente  le  plaisir. 

Voilà  sans  doute  de  grands  dé  fa  u  là  ;  mais  voyez! 
comme  l'auteur  se  relève  dans  le  'morceau  quii 
suit  ces  négligences  :  ' 

Majestueux  été  ,  pardonne  à  raipiï  sileticc  ! 

J'admire  too  éclat,  maif  craiijs  , ta  violence  ,'  ,,     , 

Et  je  n'aime  à  té  voir  qu'en  de  plus  doTix  instans  , 

Avec  l'air  de  l'automne  ou  les  traits  du  printerns.- 

Qfiq  dis-iq  ?,Ah  !  si  tes  J9ui&fatiguen.f  la  nature',' 

Que  tes  iiiiits  oijt  de  ,çh^,rtn,e  ,   et  quelle  fraîctieitjr,.pj)i<j/ 

■yjéntpçemplacfr  de», Çicvît'le  brûlant  appareil  1!,  1 

ÇQtpbJeiJ  l'.œil ,  fatigué  de?  popi'pes  du  s,9leil,, 

Aime  à  voir  de  la  n-uit  la  racrdestecourrierey 

Revêtir  mo'llemeivt -de  «i  pile  liiroi ère  ,  . 

Et  le  sein  des  vallons  ,  et  le  front  d.es  coteaux, 

âe  glisser  dans  les  boi»  et  trembler  dans  le&  6aux  { 

Qjielquèï    vers    faibles    servent    de    tr»ini»ii(f«>fl 


•  392 


pour  chanter  aussi  l'hiver  et  ses  plaisirs  ;  mais 

bientôt  le  poète  redevient  digne  de  lui-même: 

L'hirer  a  ses  beautés.  Que  j'aime  et  des  frimati 

L'éclatante  blancheur  ,   et  la  glace  biillante  , 

En  lustres  azuiés  i  ces  roches  pendante  ! 

Et  quel   plaisir  cncor  ,   loisqu'échappc  dans  l'air, 

Vn  rayon  du  priiitems  vient  embellir  l'hiver  , 

Et  ^  tel  qu'un  doux  ^uris  qui  naît  parmi  des  larmes , 

A  la  campagne  eu  deuil  rend  un  moment  ses  charmes  ! 

Qu'on  goûte  avec  transport  cette  faveur  des  cicux' 

jQuel  beau  jour  peut  valoir  ce  rayon  précieux  , 

Qui  1  du  moins  un  moment,  console   la   nature! 

Et  si  mon  ccil  rencontre  un  reste  de  verdure 

Dans  les  champs  dépouillés  ,  combien  j'aime  à  le  voir! 

Aux  plus  doux  souveuirs  il  mêle  un  dopx  espoir  , 

Et  je  jouis,  malgré  la  froidure  cruelle  , 

P«s  beaux  jours  qu'ilpratntt,  des  beaux  jsurçqu'iliappeUe. 

La  description  d'une  soirée  d'hiver,  des  jeux 
et  des  occupations  qui  la  remplissetit,  est  un  mo- 
dèle de  p;^écision  et  de  légèreté.  Mais  , 

Ea   tableaux  variés  ,  les  beaux  jours  plus  fertiles  , 

Oat  des  plaisirs  plus  vifs  ,  des  scènes  moins  tranquilles. 

Le  poëte  va  les  décrire.  Il  commence  par  la 
pêche  : 

Sotis  ces  saules  toufifus,  dont  le  feuillage  sombre 
A  la  fraîcheur  de  l'eau  joint  la  fraîcheur  de  l'ombre, 
Le  pêcheur  patient  prend  son  poste  sans  bruit , 
Tient  sa  ligne  tremblante  ,  et  sut  l'onde  la  $uit. 
Penché  ,  l'oeil  immobile  ,  il  observe  avec  joie 
Le  liège  qui  s'enfonce  et  le  roseau  qui  ptoic. 
Quel  imprudent  ,  surpris  au  piège  inattendu  , 
A  l'hameçon  fatal  demeure  suspendu  ? 
Ë3t<e  la  truite  agile  ,  ou  la  carpe  dorée  , 
Ou  la  perche  étalant  sa   nageoire    pourprée  , 
Ou  l'anguille  argentée  ,  enant  en  longs  auneaux  , 
Ouïe  brochet  glouton,  qui  dépeuple  les  eaux  ? 

Delille  nous  apprend  lui-même  qu'il  a  imiié 
ces  vers  du  poëme  anglnis  île  la  forêt  de 
Windsor.  Ils  paraîtraient  parlails  ,  s'ils  n'avaient 
été  surpassés.  Tous  les  amaieurs  de  la  poésie  ont 
lu  la  belle  traduciion  de  ce  poëme.,  par  Boisjostin. 
Il  me  semble  que  dans  ses  vers,  cette  description 
de  la  pêche  est  beaucoup  plus  brillante  encore: 
On  en  va  Juger. 

Ab  retour  du  printcms ,  sous  une  ombre  incertaine  , 
Quand  de  fraîches  vapeurs  s'exhalent  sur  la  plaine  , 
Le  pêcheur  immobile  ,  attentif  et  penché  , 
Tient  sa  ligue  tremblante  j  et ,  sur  l'onde  attaché  , 
Son  avide  regard  sembU  espérer  sa  proie  , 
Et  du  liège  qui  saute  ,  et  du  roseau  qui  ploie. 
Windsor  offre  en  ses  eaux  tout  un  peuple  écaillé. 
L'anguille  au  corps  glissant  et  d'aigent  émailté  , 
De   son    vêtement  d'oi  la  carpe    enorgueillie, 
La  perche  à  l'œil  ardent  et  de  pourpre  embellie, 
La  truite  que   colore  uk  éclat   cnBammé  , 
Et  le   titan   des    eaux,   le  brochet  aBamé. 

Il  est  inutile  de  faire  observer  combien  l'ex- 
pression de  ces  derniers  vers  est  plus  poétique. 
Ce  n'est  point  le  seul  endroit  de  ces  imitations' 
de  Pope  ta  Boisjolin  soit  supérieur  à  son  maître. 
Il  me  semble  qu'il  l'empone  aussi  dans  la  pein- 
ture de  I  oiseleur.  Rapprochons  ces  deux  mor- 
ceaux. Ces  comparaisons  sont  souvent  plus  utiles 
aux  progiès  de  l'an,  que  des  critiques  vagues 
où  l'on  blâme  ce  qui  est  fait,  sans  pouvoir  donner 
l'exemple  de  ce  qu'il  faudrait  faire.  Voici  les  vers 
de  Delille  : 

Aux  habiians  de  l'air  faut-il  livrer  la  guerre^? 
LcchAsseur  prend  son  tube  ,  image  du  tonnerre  (i)  ; 
Il  l'élevé  au  niveau  de  l'oeil  qui  le  conduit  (2)  ; 
Le  coup  part ,  l'éclair  brille  ,  et  la  foudre  le  «oit  (i). 
Quels  oiseaux  va  percer  la  grêle  meurtrière  ?  (4) 
C'est  le  vanneau  plaintif,   errant  sur  la  bruyère  ; 

(i)Le  tube  d'un  fusil  ne  peut  pas  être  l'image 
du  tonnerre,  quoiqu'il  en  produise  les  effets. 

{i]  Ce  vers  est  prosaïque  ,  eleonduit  n'est  pas  le 
mot  propre. 

(3)  Cette  image  a  été  trop  répétée  par  Ceiix  qui 
ont  voulu  peindre  des  o'rages  ou  les  effets  de  l'ar^ 
tillerie. 

(4]  Ce  tour  resseiriBlé  trop  à  celui  que  l'^iu- 
teura  employé  dans  la  descriptioii  de  la  j^êche. 


C'est  toi  ,  jeune  alouette  ,  habitante  des  airs! 
Tu  meuis  en  préludant  à  tes  tandies   concerts.    [5) 

Voici   les  ver*  de  Boisjoslin  : 
Le  givre  a-t-il  blanchi  les  bosquets  dépouillés  ? 
Les  colonifaes  volant  aux  rameaux  effeuillés  , 
Les  ombiagcnt  en  groupe  ,   et  la  daiiiere  humide 
Ënfcime  datis  son  sein  la  bécasse  timide. 
L'oiseleur  au  pas  lent  ,  au  regard  empressé  , 
Ten^  son  tube  ,  le  guide  ,  et  le  coup  est  lancé  ) 
Il  atteint  le  pluvier  errant  sur  la   bruyère. 
De  la  frêle  alouette  ,  à  la   voix  printannierc  , 
Da^ts  l'air  qu'elle  égayait  ,  souvent  le  plomli  fatal 
Frappe  le  vol  léger  et  le  chant  matinal. 

Ce  dernier  hémist  che  serait  très-hasardé  s'il 
ne  passait  à  la  faveur  de  celui  qui  le  précède  ; 
mais  ainsi  placé  ,  je  le  regarde  comme  une  har- 
diesse   heureuse. 

Delille,  qui  sut  toujours  encourager  et  chérir 
le  talent  jusqiies,  dans  ses  rivjux  ,  ne  sera  pas 
fâché,  sans  doute,  qu'un  homme  quil  a  aimé, 
et  auquel  il  se  .plaisait ,  dii-on  ,  île  donner  des 
conseils  suf  Târt  "des  ver»,  l'ait  surpassé  une  fois 
dans  ce  grand  art. 

La  description  de  la  chasse  serait  admirable, 
si  les  vingt  premiers  vers  de  ce  morceau  étaient 
moins   négligés  ;    mais    on  y  lit  : 

Le  cerf  frémit ,  s'èionne  ,  et  balance  Ung--tems, 
et  (juatre  vers  après  : 
//  héiite  lùng-ttmi  ,  la   peur  enfin  l'emporte  ; 
//  part,   H  court  ,  il    vole,   etc. 

On  y  trouve  des  vers  dont  quatre  et  même  sept 
syllabes  commencent  par  une  S ,  sans  tiue  le 
poëie  ail  eu  l'intention  de  produire  de  l'harmonie 
imiiative  ,  comme  dans  ce  beau  vers  de  Racine: 

Pour  qui  sont  ces  serpens  qui  sifflent  sur  vos  têtes? 

Je  pourrais  relever  plusieurs  autres  défauts , 
sur  tout  dans  ces  dix  vers  s!  faibles  ,  oiï  laulcur 
rappelle  les  exemples  de  bonté  que  nous  donne 
la  nature,  et  dans  ceux  où  U  faim  vient  étaler 
sa  pâleur  iviportune  ;  mais  je  crains  de  m'êire  déjà 
trop  appesanti  sur  des  taches  légères  qu'effacent 
un  si  grand  nombre  de  beautés  ;  je  crains  le 
reproche  de  ne  mètre  point  assez  arrêié  sur  ces 
beautés  pour  les  faire  connaître,  et  pour  en  en- 
richir les  lettres.  Je  suis  dans  l'embarras  du  choix. 
Les  vers  sur  les  arts ,  les  vers  sur  l'amitié  ,  la 
peinture  des  tombeaux,  celle  du  curé  de  village 
et  du  maaister  ,  des  jeux  des  enfans  et  des  amu- 
semens  de  lâdolescence ,  sont  des  morceaux 
également  séduisans.  Ariêions-nous  sur  celui  où 
le  poète  invile  les  amis  de  la  nature  à  élever 
dans  leurs  campagnes  des  stalues'aux  poêles  qui 
lont  chantée.  .■ 

Ne  pouvcz-vous  èrtcore  y  consacrer  les  traits. 
De  ceux  par  qui  Heiitit  l'art  fècoUAl-^de  Cérès  ? 
Pouvez-vous  à  Bcrghem, refuser  un  asylc  , 
Un  marbre  i  Theocrite  ,  un  bosquet  à  Virgile  ? 
Hélas  !  je  n'ai  point  droit  d'avoir  place  auprès  d'eux  ; 
Maïs  si  de  l'art  des  vers  quelqu'ami  généreux 
Daigne  un  jour  m'accorder  de  modestes  hommages. 
Ah  !  qu'il  ne  place  pas  le  chantre  des  bocages 
Dans  le  fracas  des  cours  |ou  le  bruit  des  cités, 
'Vallons  que  j'ai  chéris  , .  coteaux  que  j'ai  chantés  , 
Soufflez  que  parmi  vous  ce  monument  repose  ; 
^u'un  peuplier  le  couvre  ,  et  qu'un  ruisseau  l'arrose  ! 
Mes  voeux  sont  exaucés.  Du  sein  de  leur  repos  ,  . 
Un  essaim  glorieux  de  belles,  de  héros  , 
Qui  ,  successeurs  polis  des  Sarmates  sauvagei , 
De  l'antique  Vistisle  honoie  les  rivages  , 
Auprès  de  Sain.-Lambert ,  de  Pope  ,  de  Thompson , 
Offre  dans  scsjardins  une  place  à  mon  nom. 
Que  dis-je  ?  tant  d'honneur  n'est  pas  fait  pour  ma  mute  9 
La  gloire  de   cet  noms  dn  mien  s,eraît  cooFusc. 
Mais  si  dans  un  bosquet  obscur  et  retiré  , 
Il  est  un  coin  désert  ,  un  réduit  ignore  , 
Au-dessous  de  Gestncr  ,  et  bien  loin  de  Virgile  , 
Hôtes  de  ces  beaux  Ueui,  gardez-moi  cet  asyle  ; 
Content  ,  je  vous  verrai  ^  dans  vos  rians  vallons. 
De  l'art  que  je  chantai  pratiquer  les  leçons  , 
Enrichir  vos  hanKâiS',' ^ârer  leur  solitude  » 
Des  partis  turbulens  calmer  l'inquièludc.' 
Heureux  si  quelquefois  ,  sous  Vos  ombrages  verts  , 
L'écho  redit  mon  nom,  mon  hommage  et  mes  vers. 


(5j  Wy  a  trop  de  T  dans  ce  vers  ;  ils  en  détrui- 
sent l'harmonie. 


Au  rédacteur  du  M&niieur — Du  14  fructidor. 

L'administration  du  Musée  central  des  arts  vous 
invite,  citoyen,  à  annoncer  au  public,  que  ie 
sallon  d'exposition  des  productions  des  peintres 
modernes  ,  sera  ouvert  demain  ,  i5  fructidor,  à 
dix  heures  du  matin. 


A  VI  S. 

Le  public  est  averti  que  la  ville  de  Haguenau  , 
département  du  Bas-Rhin  ,  cherche  un  citoyen 
de  1  intérieur,  qui  soit  en  état  d'enseigner  la 
langue  française  ,  les  principes  du  1aiin  ,  les  élé- 
mens  de  la  géographie  et  (les  mathématiques  ,  et 
qui  réunisse  aux  -connaissances  nécessaires  à 
linstruction  des  jeunes  gaiçons  ,  une  moralité 
attestée  par  des  certificats  authentiques.  L'on  offre 
un  sort  convenable  à  celui  qui  ,  après  avoir  subi 
l'examen ,  méritera  la  préférence. 

La  mêmevilledemandeégalementui»€citoyenne 
qui  sache  enseigner  aux  jeunes  filles  la  langue 
française,  llécciturt:  .,  l'arithmétique  et  quelques 
ouvrages  d'aiguille. 

S'adresser  au    maire    de    ladite  ville  ,  ou  ao 
cit.   Levrauli  ,    quai   Malaquais  ,    rue   des   PetitS- 
Augustins ,  qui  fournira  des  renseignemens. 
Albert,  maire. 


Manufacture  d'huile  rafinée,  rue  Neuve~des- 
Peiits-Champs  ,  laporie-cochere  n°  10  et  47,  entre 
les  rues  Gaillon  etd'Antin. 

On  continuera  d'y  trouver  des  huiles  et  bougies 
de  toutes  espèces  ,  dans  les  qualités  de  choix  ,  à 
la  satisfaction  des  consommateurs  les  plus  délicats. 
La  distribution  s'en  fait  aux  prix  ci-après  ,  hxés  au 
cours  le  plus  bas  du  commerce  ;  savoir  : 

Huiles  pour  lampes.  —  Huile  de  spermacety, 
pour  quinqueis  et  veilleuses  ,  1"  (jiialiié  ,  80  cent, 
«'qualité,  pour  le  même  usage,  yS  cent. 3'  qua- 
lité épurée  ,  pour  les  illuininations  et  lampes  ordi- 
naires ,  ;o  cent.  Huile  extraite  du  blanc  de  ba- 
leine ,  I    fianc. 

Huiles  pour  ta  bouche.  —  Huile  d'olive  surfine  , 
avec  goût  de  fruit  ,  la  liv.  1  fr.  60  cent,  huile 
surfine  douce,  sans  fruit,  l  fr.  40  cent,  huile 
vierge  d'Aix  ,  1  fr.  80  cent,  huile  fine  ,  i  fr)  25  c. 
huile  de  noix  ,  tirée  à  froid  ,  l  fr.  huile  de  faine  , 
pour  salade  et  fiiiure  ,  7e  cent. 

Huiles  pour  la  peinture.  —  Huile  de  lin,  65  c- 
huile  d'œillet,   70  cent,  huile  de  npix.,  80    cent» 

Huiles  pour  la  tannerie  et  le  chamois.  —  Huile  de 
baleine ,  80  cent,  huile  de  morue,  85  cent. 

Bougies.  —  Bougies  de  table  ,  la  livre  de  16 
onces,  s  Ir.  5o  cent,  bougies  du  Mans  ,  id.  s  fr  70  c. 


GRAVURES. 

Le  jugement  de  Paris  ,  estampe  gravée  par  Blot, 
d'après  le  tableau  d  Adrien  Vanderwerf  ,  tiré  de 
la  ci-devant  galerie  du  palais  dOléans.  A  Paris  , 
chez  l'auteur,  rue  des  Moulins  ,  butte Sainl-Rocb, 
près  celle  Thérèse,  n"  53o.  Prix  ,.  16  fr. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  14  fructidor.  —  Cours  des  effets  publia. 

Rente  provisoire 17  Ir.  i3  c. 

Tiers  consolidé. »...  3  f   Ir.  88  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  60  c. 

Bons  d'arréragé.. 8î   fr.  88  c. 

Bons  pour  l'an  8 86  fr.  63  c. 

Coupures 63  fr.  5o  c- 

Syndicat. 63  fr.  5o  c. 

Lyon.  .  ....  au  p.  à  vue. 

Marseille.. .  au  p.  à  i5. 

Bordeaux ^  p.     à  vue. 

Montpellier..  {  p.  à  s5  jours. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ie  et  des  Arts. 
Auj.  la  6'  repr.  de  Fraxitelle  ou  ta  Cein'.ure,  opéra 
en  un  acte  ,  suivi  du  ballet  de  la  Dansomanie. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Comment  faire  ? 
(Entrevue  ,  et  les  Très  Gervais. 

Théâtre  DE  L.*.  Cité-Variétés. — Pantomimes, 
Le  17  ,  la  i'"  repr.  du  Défi  dangereux  ;  la  2'  dit. 
Meunier,    général  ;  le  Moine  ,  pantomimes  . 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  relâche. 


L'abonoemcBt  te  fait»  Paris,  ruades  Poitevins,  n"  i».  Leptixest  de  î5  franc»  pour  trois  mois  ,  So  franc»  pouf  «x  mois,  et  100  francs  pour  l'année  enUere.  On  ne 
s'à1>onn'e  qu''.iu  commencement  de  chaque  mois.  '  , 

Ilfaui  adresser  le»  letHoset  l'argent,  franc  de  port, lucit.  Agasse,  propriétaire  de  cejournal, rue  des  Poitevins,' n"  t8.  Ilfautcompre«dre  dans  les  envoi»  le  port  de» 
pays  où  l'on  né  peut  àffriachir.   Les  lettres  des  départemens  nou  affranchies  ,  ne  seroûtpoiot  retirée»  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  sois,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeur»,  et  adresser  tout  ce  quicoacerne  la  rédaction  de   la  feuille  ,    au  rédacteur,  tue  de» 


Foitcvins ,  n"  iS,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cii  ■^  heures  du  soir. 


A  Paùs.  de  l'intpciiaene  di^cit.  Agaste ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  <  a"  i5. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  346. 


Sextidi  ,  1 6  fructidor  an  8  de  la  république  françaiic  ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  A\x  7   Nivôic  le    MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sut 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspond^inces  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ALLEMAGNE. 

Augsbourg  ,  le  5  fructidor. 

Uepuis  quelque  lems  on  remai'que  des  mou- 
vemtns  dans  differens  petits  corps  de  l'armée 
française.  Quelques-uns  viennent  de  Bavière  en 
Suabe,  d'autres  vont  de  Kcmplen  ,  Memmiti- 
gen  .  etc.  ,  dans  la  Bavière.  Une  grande  partie 
de  l'artillerie  française  se  porie  vers  la  Haule- 
Suabe  et  le  Voralberg.  Huit  charriots  chargés  de' 
papiers  des  archives  de  Bruchsal  ,  ont  été  con- 
duits à,  Manheim  sous  l'escorte  de  quelques  po- 
lonais. 

Bambcrg ,  le  S  fructidor. 

Le  gouvernement  anglais  voulait  prendre  à  sa 
solde  des  troupes  de  notre  ville.  Le  ministre  an- 
glais Wickham  avait  plein-pouvoir  pour  traiter; 
mais  il  y  a  renoncé. 

(  Strasburgn  Weltbote.) 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  2  8  août  (  i  o fructidor.  ) 

On  lit  dans  les  n"'.  du  Sun  ,  des  Qi  et  22  août  . 
le   morceau    suivant  : 

Questions  faites  dans  Un  comité  de  la  chambre  des 
communes  ,  sur  le  commerce  de  poissons  ,  au 
révérend  r.erbert  Marshal ,  et  réponses  de  celui-ci. 

Demande.  Avez-vous  résidé  long-tems  en  Alle- 
magne ,  et  combien  de  tems  y  avez-vous  résidé  ? 

'Réponse.  J'y  ai  résidé  environ  douze  ans  ,  et  j'ai 
voyagé  douze  mois  dans  les  autres  parties. 

D.  Ayant  résidé  si  long-tems  en  Allemagne  , 
dites-nous  ce  que  vous  avez  appris  louchant  la 
quantité  de  ha reng.s  et  autres  poissons  salés  qui 
se  consomment  dans  ce  pays  ,  les  places  où  s'en 
fait  la  vente  et  la  consommation  .  le  prix  qu'on 
les  vend,  les  espèces  qui  sont  préfétéesv,  la  roa- 
ijiere  dont  on  les  transporte  dans  l'iniérieur  du 
pays ,  et  celle  de  les  faire  cuire  et  de  les  manger. 

R.  L'Allemagne  ,  en  y  comprenant  tous  les  états 
du  roi  de  Prusse  ,  peut  avoir  consommé  peu- 
dar.t  chacune  des  deux  ou  trois  années  qui 
viennent  de  s  écouler  ,  i3o\ooo  barrils  de  harengs 
salés  -,  consommation  bien  inférieure  à  celle 
qu'elle  fesait  auparavant.  Par-tout  on  s'y  plaint 
de  la  rareté  de  cette  denrée.  Voilà  sur  quoi  sont 
fondés  mes  calculs  sur  la  consommation  du  ha- 
Teng  en  Allemagne  pendant  ces  deux  ou  trois 
dernières  anuées.  En  179S,  le  nombre  précis 
des  bartils  importés  à  Hambourg  fut  de  12,674, 
et  en  1799.  il  se  monta  à  13,067  ,  ainsi  que 
le  prouvent  les  éiais  imprimés,  qui  se  publient 
tous  les  ans  à  Hambourg. 

Je  ne  connais  pas  le  montant  exact  de  l'impor- 
tation qui  a  eu  lieu  à  Bremen  pendant  les  deux 
dernières  années  ;  mais  une  lisie  imprimée  en 
1790  porte  à  io,!o5  le  nombre  des  barils  importés 
dans  celte  place  ,  et  l'importation  à  Hambourg 
avait  été,  la  même  année, de  17,179.  En  lésant  donc 
une  déduction  proportionnelle  pourBtenien,nous 
ne  devons  poiterquà  environ  8000  barils  l'im- 
portation actuelle. 

Le  port  d'Ahona  .  près  de  Hambourg  ,  est 
approvisionné  par  des  busses  ,  petits  bâtimcns 
frétés  à  Altona  ,  et  qui  font  la  pêche  du  hareng 
au  sud  des  îles  Shetland  ,  comme  les  hollandais 
avaient  coutume  de  le  faite.  Le  nombre  de  ces 
busses  qui  sortirent  d  Altona  en  1799  .  montait  à 
environ  26  ,  ainsi  quejel'ai  appris  deiniérement 
sur  ks  lieux  mêmes  ;  et  comme  on  peut  esiiiiier  , 
par  un  calcul  modéié  ,  que  chacun  de  ces  bâti- 
mcns prend  depuis  le  24  de  juin  jusqu'à  la  fin 
de  la  sjison  delà  pêche,  environ  mille  barils, 
il  est  certain  que  26,000  barils  ,  au  moins  ,  ont 
éié  poriés  à  Aliona  en   1799. 

Je  ne  sais  pas  précisément  le  nombre  de  bu!»es 
qui  ont  mis  à  la  voile  d'Embden  ,  l'année  der- 
nière ;  mais  comme  il  en  était  parti  40  de  ce 
port  les  ar;nées  précédentes  ,  et  qu  il  n'y  a  pas 
de  raison  pour  supposer  que  le  nombre  en  ait 
diminué  depuis  que  les  hollandais  ne  peuvent 
plus  sortir  ,  on  ne  craindra  pas  de  s'écarter  de 
la   vérité  en  supposant   que   40,000    barils ,    au 


moins  ,  ont  été  conduits  à  Embden  l'année  der- 
nière. 

On  peut,  d'après  ces  évaluations,  potier  à 
87,000  barils  le  hareng  salé  ,  im\)Orté  dans  les 
quatre  ports  de  Hambourg  ,  Altona,  Bremcn  et 
Embden.  : 

Pour  déterminer  la  quantité  des  harengs  impor- 
tés dans  les  ports  de  l'Allemagne,  situés  sur-la 
Baltique,  je  n'ai  d  autre  méthode  que  de  cher- 
cher d.ins  le  nombre  de  vaisseaux  chargés  de 
harengs  qui  ont  passé  le  Sund  ,  ceux  qui  étaient 
destinés  pour  ces  poris.  Or  ,  il  paraît  pur  les  élats 
publiés  à  Elseneur,  que  le  nombre  exact  des 
vaisseatjx  chargés  de  harengs  salés  .  qui  onr  passé 
le  Sund  en  1799,  était  de  338,  dont  '^87  étaient 
suédois  (  de  Gdthembonrg  ,  M,irsir;ind  ,  Udde- 
v/alla  ,  etc.!  ,  43  norwr-^kns  ,  5  d'Enibden  ,  un 
dAlitni,  un  de  AaH  o  g  et  un  de  Lcith.  Nous 
croyons  pouvoir  assurer,  sans  bitfsser  la  vérité, 
qu'un  tiers  de  ces  bâtimens  éi;iii  chargé  pour  les 
ports  d'A'Iemagne  situés  sur  la  B.iIiujut.- ,  tels  que 
Lubeck.  Ro.>.lock,  Siral.sund  ,  Woigas^t  ,  Sietiin  , 
Danizick  ,  Pellan  ,  Kouigsbevg  ,  cic.  ,  et  que 
chaque  v,isseau  ,  l'un  dans  loutre,  j>oriait  400 
barils.  I)  a.près  ce  calctil ,  les  poiis  d'All;mj;;iie 
sur  In  Baltique  reçoivent  p!uii  de  45,000  barils-, 
qui  ajoutés  à  ceux  que  reçoiv:.-nt  les  pOHS  d  Alle- 
magne situés  sur  la  mer  du  Nord  ,  dont  1  évalua- 
tion est  portée  à  87.000 ,  font  un  total  de  l3o,ooo. 
J'ai  appris  de  plusieurs  négocians  allemands  qui 
font  ce  commerce  ,  qu'avant  que  la  guerre  retînt 
dans  leurs  ports  les  bâlimens  liollandais  ,  la  con- 
sommation du  hareng,  dans  lAHeniagne  ,  était 
bien  supérieure  à  celle  qui  s'y  lait  aujourd'hui. 

Qjiant  aux  autres  espèces  de  poissons  .tels  que 
la  morue  salée .  la  morue  sèche  ,  etc.  qui  se  con- 
somment en  Allemagne  ,  je  ne  peux  .  en  général  , 
en   donner   l'évaluation  précise  ;    mais  il  paraît 


arriva  le  matin  à  Mondon  ,  petite  ville  atJx  envi- 
rons de  Lauzanne.  Peu  de  tems  après  un  violent 
incendie  s'y  manifesta  :  la  troupe  avertie  du 
progrès  des  flimmes  par  la  gétiérale  qu'on  batdt 
de  tous  côiés  ,  se  précipita  à  l'instant,  officiers 
et  soldats  au  milieu  du  danger.  L'acliviié  fut 
telle  .  les  secours  furent  si  bien  dirigés  que  sept 
maisons  seulement  furent  la  proye  des  flammes; 
non  feulement  les  soldats  républicains  sauvèrent 
des  fureurs  de  lincendie  les  propriétés  ,  mais 
encore  il  les  firent  respecter.  Dans  ce  moment 
d'aliarme  générale  ,  ovila  ville  devait  être  réduite 
en  cendres  .  aucun  vol  ,  aucun  désordre  ne  fut 
commis;  des  officiers  et  soldais  dont  l'incendie 
avait  dévoré  les  eflFels  ne  se  plaignirent  que  de 
ne  pouvoir  soulager  les  malheureuses  victimes 
de  ce  fléau  dévastaieur. 

C'est  ainsi  que  le  même  jour  les  braves  com- 
posant l'aimée  de  réserve  livalisaient  de  zèle  à 
Alondon  et  au  village  de  Cessey  .  prés  le  camp 
sous  Dijon,  pour  arrêiei  l'incendie  violent  qui 
y  avait  éclaté  ,  et  par  le  sacrifice  d'un  jour  de 
leur  paye  ,  en  adoucissaient  le  malheur. 

Plein  du  sentiment  qui  anime  lout  soldat  fran- 
çais ,  les  braves  savent  et  prouver'jnt  chaque 
jour  qu'il  est  doux  d'allier  la  sensibilité  à  la 
valeur. 

Je  vous  salue  , 

G.    DUPERRI'UX. 

—  Aux  observations  insérées  hier  .  sur  le  degré 
de  probàbiliié  de  la  nouvelle  relative  au  général 
Kleber  ,  on  peut  ajouter  les  remarques  suivantes 
insérées  au  journal  de  Paris. 

n  II  y  a  92  lieues  ,  de  2,400  toises  ,  du  Kaire 
à  Gaza,  lorsqu'on  ne  peut  passer  le  pont  sur 
/  l'exirêmité  du  lac  entre  Caitié  et  Salahié  ;  lors 
I  qu'on  suit  la  route  sur  laquelle  le  pont  se  trouve, 
par  les  états  imprimés  à  Hambourg  .  que  l^impor-  1  ''  y  a  74  lieues, 
tation  de  ces  poissons^  dans  ce  port  est  ir'ès-con-  j^ffa  est  à  moitié  chemin  entre  Gaza  à  Akka 
siderable,  et  que  c  est  principalement  de  la  ou  Acre.  Il  y  a  5o  lieues  de  2400 
Norwcge  que  maintenant  on  les  lire.  11  est  pro-  Gaza  à  Akka.  Jafîa  est  doue  distant 
bable   aussi  que  la  Notwege  continuera  toujours  '    ■       -  ■■  - 

à   fouinir  la  morue  sèche  aux  marchés  de  l'Alle- 
magne ,  parce    que  ,   dans   les  parties  septenirio 


toises  ,  ae 
fie  Gaza 
de  25  heues.  En  lout,  il  y  a  J17  lieues  du  Kaire 
à  Jaffa  par  h  route  la  plus  longue  ,  et  9g  par 
la  route  la  plus  courte.  Un  ar".;be  ,  monié  sur 
un  hidj  ou  dromadaire  ne  peut  lane  cette  roule 
que  dans  cinq  jours.  J.  G. 

—  On   écrit  de   Rouen,  en  date    du   i3  fruc- 
tidor ,  que   les   voleurs   de   la  receue   de  Neul- 


nales  de  la  NoiWegc,  où  la 'pêche  de  la  morue 
dure  jusqu'à  la  fin  de  Ihiver ,  le  froid  est  si  rude 
et  l'air  est  si  serein  ,  que  l'on  conserve  la  morue  , 
en  la   fesant   sécher  en    plein    air  .    sans   qu'il  soit 

nécessaire  de  la  saller  ;  avantagé  qu'on  ne  peut  se  I     ,.         -,  —    -      -   

procurer  dans  aucun  autre  lieu.  Ajoutez  à  cela  |  <^"atel  ,  détenus  dans  la  prison  de  la  Conciergerie, 
que  les  allemands  aiment  mieux,la  morue  sèche  |  °"'  '^^f.^.^'^  .'^'^  s  enfuir.  Douze  de  ces  détenus 
de  Norwcge  ,  qui  n'a  point  été  salée  ,  que  la  mo-  °"'  ''^J^  A^  condamnés  à  la  mort  et  au  fers, 
rue  sèche  (jui  l'a  été.  La  ijurue  salée  ou  raarinée  |  '"^^   ^'^    heures   du    soir  ,  ils  grimpèrent  par 

que  les  allemands  appellent  Lflfccrrfan,  est  moins  1  ""^  '^^erainée,  et  descendirent  dans  une  des 
estimée  d'eux  que  la  morue  sèche  ,  qu'il  appelent  l?^'.'*',*  '^'^  Palais  de  Jusiice.  Déjà  ils  en  avaient 
Stockfisch  (merluche,  )  En  sorte  qu'en  1798,  il  n'y  I ''■■'''*^.  .'^   porle  ,  quand  une  décharge  à   poudre 


eut  que  48»  barrils  de  morue  salée  ,  ou  LaiêriiaTi, 
importés  à  Hambourg  :  et  en  1799  ,  l'importation 
fut  réduite  à  8  barrils  seulement  ,  qui  furent  ap- 
portés de  Shetland. 

Mais  la  morue  sèche  et  salée  paraît  avoir  mieux 
réussi;  et  il  est  extrêmement  probable  que  celle  d'E- 
cosse, particulière  ment  celle  que  l'on  connaît  sous  le 
nom  de  Barraling,  qui  est  très-estimée  ,  pourrait 
être  envoyée  avec  avantage  à  Hambourg.  Un 
essai  d'exportation  de  hing  salé  ,  de  Leyde  à 
Hambourg,  fut  fait  en  1798;  et  il  faut  que  la 
spéculation  ait  eu  quelque  succès  ,  puisqu'en 
17(J9  on  exporta  de  Leyde  à  Hambourg  140 
quiniaux  deLing  salé,  ainsi  que  le  prouvent  les 
étais  impiimés  à  Hambourg.  11  est  vrai  que  cette 
quantité  n'est  rien  en  comparaison  de  ce  qui  fut 
importé  à  Hambourg  la  même  année  ,  de  Bergen  , 
Droniheim  et  Chrisiiana  ;  mais  au  moins  cela 
peut  être  un  motif  d'encouragement  pour  ceux 
qui  voudront  faire  des  tentatives  dans  le  nord 
de  l'Angleterre.  La  suite  demain. 


IN     T     E     R    I    E     U 

Paris  ,  le  i5  fructidor. 


R. 


Lv.  Journal  de  Débats  insère  aujourd'hui  la  lettre 
suivante  ,  en  daie  du  10  fructidor  ,  adressée  du 
quirlier-général  à  Couternon  ,  par  l'adjudant- 
général  Duperreux,  sous-chef  provisoire  de  l'état- 
major-général  de  l'armée   de    réserve. 

Je  vous  invite,  citoyen,  à  faire  connaître  par 
la  voye  de  votre  intéressant  jouirnal  le  trait  sui- 
vant qui  ajoute  encore  à  la  gloire  du  soldat 
français. 

Le  29  thermidor  une  colonne  de  l'avant-garde 
de  l'aroice  de  réserve  étant  en  marche  en  Helvétie, 


fut  l'aile  sur  eux.  Parmi  les  fusils,  ils  s'en  trouva 
deux  qui  éiaient  chargés  à  plomb.  Un  des  fuyards 
a  été  atieini  à  la  iê:e.  On  ignore  encore  si  ce 
coup  est  mortel.  Tout  ces  scélérats  ont  été  repris 
et  renfermés  plus  strictement. 

—  Le  citoyen  Sancerolte,  membre  associé  de' 
l'Institut  national  ,  a  fait  à  Luncville  le  relevé 
des  naissances  et  des  morts  ,  depuis  Tan  1669 
jusqu'en  l'an  1799.  Il  s'ensuit  que  depuis  ircuic 
ans  ,  la  mortalité  est  beaucoup  moins  forte  parmi 
les  femmes  en  couche  et  les  nouveaux  nés. 
Ce  ciioyen  attribue  celte  augmentation  de  la  vie 
commune  aux  progrès  de  la  médecine  prést- 
vatrice  ,  aux  plus  grands  exercices  que  preiuieut 
les  femmes  en  couche  ,  et  à  l'allaitement  presque 
général  des  enfans  par  leur  raere.  Ainsi  les 
sciences  se  perfectionnent  et  la  théorie  amélio.'c 
ia  pratique.  (Extrait  du  Citoyen  Français.  ) 

Prises  et  nouvelles  de  mer, 
Le  corsaire  l Irréprochable  .    de  Cherbourg,    a 
conduit  sur  la    rade  de  cette  ville  ,  un  sloop  an- 
glais d'environ  40  tonneaux. 

Les  corsaires  le  Bien  Informé  et  le  Coureur ,  de 
Boulogne,  ont  cii|)iuré  à  la  côte  d'Anglelerie 
et  fait  entre  dans  le  port  ci-dessus,  un  lougre, 
anglais  ,  chargé  de  genièvre  ,  eau-de-vie  et 
tabac. 

Le  corsarre  la  Mouche  ,  de  Bordeaux  .  capi- 
taine Plassiard  ,  a  pris  et  envoyé  à  Îaiuie-Croix 
de  Téiiéiiffe  ,  le  brick  poriugais  Espirito-:Santo- 
e-San-Pedro  ,  allant  de  Madère  à  Saint-Michel  , 
l'iine  des  Açores  ,  chargé  de  diverses  marchan- 
dises. 

Le  même  coriaiffi  a  envoyé  à  Oiarava  ,  île  de 
Ténériffc  ,  le  navire  la  Lune  ,  de  Liverpool ,  qù.» 


s'est  rendu  à  lui  après  un  combat  où  l'anglais  à 
eu  plusieurs  personnes  luées  et  d'autres  blessées. 
Ge  bâtiment  était  destiné  pour  la  côte  de  Guinée  , 
et  il  avait  à  bord  des  marchandises  appropriées 
au  commerce  d'Afrique,  f  Extrait  du  journal  du 
Commerce  du  Havre  ,   du  n  fructidor.  ) 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  14  fructidor. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances  ; 

Considérant  que  les  intérêts  de  la  république 
seraient  lésés  si  le  piix  commun  des  grains  et 
autres  denrées  s'établissait,  pour  la  liquidation  du 
rachat  des  rentes  dues  en  nature  à  la  république, 
sur  les  années  pendant  lesquelles  les  dentées  ont 
été  vendues  en  papier  monnaie  et  au  maximum; 

Considérant  qu'il  serait  même  impossible  dans 
beaucoup  d'endroits  de  régler  le  prix  d'après  les- 
dites  années  ,  faute  de  mercuriales  du  tems  du 
papier-monnaie  ; 

Le  conseil  d'état  entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I''.  L'article  II  de  l'arrêté  des  consuls  du 
18  ventôse  dernier,  portant  que  les  rentes  Sti- 
pulées en  nature  seront  liquidées  d'après  le  rnode 
éjabli  par  la  loi  du  29  déembre  1790  ,  sera  exécuié 
de  la  manière  suivante  : 

Pour  former  l'année  commune  du  prix  des 
grains  et  autres  objets  en  nature,  on  prendra  les 
dix-huit  dernières  années  desquelles  on  retran- 
chera, 1°  les  annés  1793,  1794.. '79^  et  1796 
(v.  st.  ),  pendant  lesquelles  le  papier  -  monnaie 
a  eu  cours  ;  2°  Les  deux  plus  fortes  et  les  deux 
plus  faibles  des  autres  i4années,  et  le  prix  com- 
mun sera    établi  sur  les  dix  années  restantes. 

IL  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul, 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jop,r. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  marine  et  des  colonies,  le 
«onseil-d'état  entendu  .  arrêtent  : 

Art.  I''.  Tous  marins  étrangers  résidans  sur 
le  territoire  de  la  république  ,  qui  ont  épousé  une 
femme  française,  et  navigué  sur  les  bâtimens  de 
commerce  ,  sont  assujettis  à  servir  sur  les  vais- 
seaux de  l'éiat. 

II.  Lesdils  marins  sont  tenus  de  se  présenter 
au  bureau  de  l'inscription  maritime  du  quartier 
dans  l'étendue  iduquel  ils  résident  et  à  s'y  faire 
inscrire. 

III.  Après  leur  inscription  ils  seront  considérés 
comme  marins  français  et  participeront,  comme 
eux  ,  aux  avancemens  ,  augmentations  de  paye  , 
paris  de  prises  et  pensions  accordées  par  les  lois 
aux  e;ens  de  mer. 

VU.  Les  préfets  feront  faire  par  les  sous-préfets  , 


1394 

PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Taris ,  le  \b  fructidçr  an  8. 

Le  préfet  de  police  est  parvenu  à  découvrir 
la  retraite  du  nommé  Dubosq ,  l'un  des  six 
assassins  du  courrier  de  la  malle  de  L'yoî!  ,  qui  fut 
massacré  avec  son  posiillon  la  nuit  du  8  au  9 
floréal  an  4,  enùe  Licursain  et  Meliin  ,  et  volé 
d'une  somme  de  10  millions  mandais,  et  de  10 
à  12  mille  francs  en  numéraire,  destinés  pour 
l'armée  d  Italie.  Dubosq  a  élé  arrêiè  hier,  et 
amené  à  la  préfeciure  de  police,  ainsi  que  sa 
femme  déj.i  condamnée  à  22  ans  de  réclusion  , 
et  qui  s'éiait  échappée  .avec  lui  des  prisons  de 
Versailles.  Il  était  muni  d'une  infinité  dinstrumms 
à  voleurs  ,  d'une  perfecuon  dont  il  n'y  a  pas 
eu  encore  d'exemple. 


court,  Parmentier,  Cadet  de  Vaux  ,  Molsrd  ^ 
piésidcnt  du  conservatoire  des  arts  et  raéiiers, 
Lasieytie  ,  la  sociéié  philomaiique ,  la  société 
d'agriculture  du  dépanement  de  la  Seine  ,  la 
Ccpède  ,  membre  du  sénat  conservateur,  Say , 
membre  du  liibunat,  Delarochc  ,  Lamande  , 
Aubeit,  Gelin  ,  membres  du  comité  de  bienfai- 
sance de  la  division  du  Mail,  Cottart ,  idem, 
M.=  Anson  .  de  CandoUe  ,  Brogniard  ,  professeur 
d  histoire  naturelle  aux  écoles  centrales,  et  di- 
recteur de  la  manufacture  nationale  de  porcebinc 
de  Sevrés,  Thouin,  membre  de  linsiitui,  Bi- 
dermann  ,  Delessen,  Godefroy.  chef  de  bureau 
des  secours    et    de  l'agent  comptable. 

Nota.  On  publiera  a  mesure  le  nom  des  sous- 
cripteurs. 


Souscription  pour  former  des  établisscmens  de  soupes 
économiques  dans  Paris. 

De  tout  tems  ,  on  s'est  occupé  des  moyens  les 
plus  propres  à  soulager  les  indigens,  et  en  parti- 
culier à  leur  procurer  ,  àbas  prix,  une  nouriiiure 
salubre. 

Entre  les  nombreux  essais  qui  ont  été  faits ,  il 
n'en  est  aucuns  qui  aient  atteint  le  but  d'aussi  près 


P  R  Y  T  A  N  É  E    FRANÇAIS. 

Le  i3  de  ce  mois  était  le  jour  fixé  pouf  la  distri- 
bmion  des  prix  obtenus  par  les  élevés  du  Piy- 
tanée. 

Le  ministre  de  l'intérieur  ,  ■avant  de  couronner 
les  vainqueurs  ,  a  prononcé  le  discours  suivant  : 

Il  Jeunes  citoyens  ,  en  présidant  à  la  distribu- 
lion  des  prix  que  vous  avez  mérités,  je  remplis 
une  tâche  d'autant  plus  agréable  pour  moi,  que 


que  ceux  du  comte  de  Rumford.  Les  soupes  éco-  !  j'ai  craint  d'en  être  privé.  J'e  me  félicite  do 
nomiques  établies  en  Allemagne  ,  en  Angleterre  ,  i  pouvoir  mesurer  de  mes  propres  yeux  l'éien- 
en  Suisre  et  en  France,  ont  par-tout  servi  d'une  ;  due  des  espérances  que  vous  donnez  à  vos  fa- 
maniere  efficace  à  soulager  les  pauvres.  On  a  pu,  I  milles  et  à  l'état.  Vos  succès  ajoutent  un  nou\^eau 
dans  Paris,  juger  de  leur  utilité  pai  le  succès  '  fleuron  à  la  couronne  civique  des  hommes  dis- 
dont  jouit  l'établissement  fondé  à  la  rue  du  Mail  ,  luigués  qui  vous  dirigent;  et  si  vos  concours 
n"    16.  liiiéraires   ont   produit,  les  années  précédentes  , 

Léconomiedes  sept  huitièmes  du  combustible,  |  lémulalion  la  plus  udie  ,  combien  ne  doivent-ils 
l'économie  de  la  main-d'œuvre  .  la  .salubrité  et  la  j  pas  flje  plus  salislaisans  encore  aujourd  hui  que 
bonté  de  la  soupe  ,  tels  sont,  les  avant..gcs  de  la  1  etabhssement  de  ctnq  nouveaux  collèges  reunis 
soupe  en  elle-même.  Ajoutons-y  la  facililé  de  au  Prylanee  ,  asstire  que  l  instructiori  commence 
nourrir  les  pauvres,  et  en  particulier  les  pauvres  |  a  acquérir  cet  éclat  ,  signe  certain  de  la  prospc- 
honteux  ,   la  certitude  qu'ils  ne   mésuscront  pas  I  "^"^  des  empires  . 


des  dons  qu'on  leur  fait  ,  la  possibilité  de  dimi- 
nuer la  mendicité  ,  et  nous  aurons  une  idée  de 
l'uiiliié  dont  sont  les  soupes  à  la  Rumfoid.  Cette 
utilité  a    frappé    tous   les  philanlropes.    1 

Le  citoyen  Parmentier,  organe  du  comité  cen- 
tral de  bienfaisance  ,  l'a  développée  dans  un  rap- 
port fait  au  ministre  de  l'intéiieur,  et  imprimé  par 
son  ordre.  Il  n'existe  à  Paris  qu'un  seul  établisse- 
ment en  activité  ;  ce  qui  est  insuffisant  pour  une 
ville  aussi  peuplée  :  il  nous  a  paru  que  le  moyen 
le  plus  convenable  pour  propager  ces  fondations, 
était  d'ouvrir  une  souscription. 

Nous  en  avons  communiqué  le  plan  au  ministre 
de  l'intérieur  ,  qui  l'a  approuvé  ;  il  a  fait  plus  , 
il  a  bien  voulu  promettre  de  fournir  les  emplace- 
mens  nécessaires  pour  établir  les  fourneaux  dans 
différens  quartiers. 

Le  citoyen  Dubois  ,  préfet  de  police  ,  toujours 
empressé  à  eacourager  ce  qui  peut  être  utile  ,  a 
annoncé  qu'il  seconderait  cette  association  et  a 
été  un  des  premiers  à  souscrire. 

An  de  donner  à  cette  souscription  l'extension 
et  la  stabilité  nécessaires,  voici  le  plan  qui  nous 
a  paru  le  plus  convenable. 

1°.  Le  prix  de  la  souscription  est  de  18  francs , 


maires  et  tous  autres  dépositaires  des  registres  de  j  payables  en  vendenrimre. 


J'état  civil  ,  le  relevé  des  mariages  contractés  avec 
des  femmes  françaises  depuis  1798  ,  par  des  ma- 
lins étrangers  actuellement  résidans  sur  le  terri- 
toire  de  la  république. 

Ils  enverront  ces  états,  dans  le  mois  qui  suivra 
la  publication    du  présent  arrêté  ,   aux   officiers  1 
d'administration  et  préposés  à  l'inscription  mari- 
time  de   chaque  quartier. 

V.  A  l'avenir  lesdits  maires  et  adjoints  feront 
passer,  au  commenci^ment  de  chaque  mois,  aux 
administrateurs  chargés  de  l'inscription  maritime 
un  semblable  état  desdiis  mariages  contractés  dans 
le  mois  précédent. 

VI.  Lesdils  administrateurs  porteront  sur  les 
reeistres  de  1  inscription  maritime    de  leur  quar 

.°     .  !■._     t-^    1 J l'i._Ui;. 


2".  Chaque  souscripteur  recevra  en  échange 
180  billets  de  soupe  à  raison  d'un  par  jour  pen- 
dant six  mois  ,  de  manière  qu'avec  ces  18  francs 
on  pourra  donner  journellement,  pendant  six 
mois,  à  un  indigent,  une  soupe  suffisante  pour 
un  repas ,  et  en  outre  avoir  la  satisfaction  de 
contribuer  à  la  formation  de  ces  utiles  établis- 
semens. 

3°.  Le  5  vendémiaire  an  g  ,  les  souscripteurs 
s'as»cmbleront  dans  un  local  désigné  dans  les 
journaux  ,  et  nommeront  un  comité  central. 
4°.  Ce  comité  sera  chargé  de  se-  concerter  avec  le 
ministre  sur  le  chpix  des  emplacemens,  dans  les 
divers  quartiers,  de  choisir  les  employés,  de  pré- 
parer les  logemens  ,  de  faire  bâtir  les  fourneaux  , 
d'acheter  les  provisions ,  de  recevoir  les  sous 
^er  les  établisseraens  de 
oupes  économiques 


«ier  les  susdits   marins  étrangers,    dont  l'étabhs-     „  „, ._„  j. 

sèment  en  France  sera  constaté   par   les  états  ci-  1  criptions,  et    de  propag 

dessus  énoncés  ,    et  lorsqu'ils  auront  le  nombre  .  soupes  économiques. 

de  mois  de  mer  fixé  par  la  loi  du  3  brumaire  an  4,         50.  Qn  fondera  autant  détablissemens    qu'il  y 

concernant  linscnpnon  maritime.  ^^^^  ^^  ^^^^  3^0  souscriptions. 

VII.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  est         go    Le  comité  central  nommera  un  comité  parti- 
chargé  de  l'exécution  dti  présent  arrête  ,  qui  sera     culier  pour  inspecter  chaque  établissemeni, 
inséré  au  buUeun  des  lois.  .      ,-  .     .  ,      , 

]      7°.  Les  femmes  sontinvitees  a  concouiir  a  cette 
Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


AVIS. 

Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particuUeres,  sur  tel  objet  que  ce 
soit ,  doivent  '  être  adressées  directement  aux 
ministres   que   ces  demandes    concernent. 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  -,  çt  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
.est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ces 
"ebjets. 


souscription. 

8".  On  souscrit  à  l'établissement  des  soupes  à  la 
Rumford  ,  rue  du  Mail  ,  n"  16  ,  depuis  9  jieures 
jusqu  à  2. 

9°.  Les  personnes  qtii  n'auraient  pas  le  tems 
d'y   aller,   peiivent    envoyer    leur   nom    et    leur 


Oui  ,  jeunes   citoyens  ,    à   votre  instruction 

se  rattache  la    prospérité  des  empires Dans 

un  demi  siècle  tous  ceux  qui  sont  aujourd'hui 
les  dépositaires  de  la  puissance  nationale  n'exis- 
teront plus  ,  et  la  sûreté  de  leur  lombeau  dé- 
pendra de  l'éducation  actuelle  de  la  jeunesse.... 
L  intervalle  qui  sépare  votre  âge  de  l'âge  mûr  ,  est 
dévoré  par  le  tems,  qu'il  y  aurait  de  la  folie 
à  ne  pjs  regarder  votre  instruction  comme  aussi^ 
nécessaire  que  toutes  les  lois  ;  c  est-elle  qui  en 
grave  l'amour  dans  les  jeunes  cœurs ,  et  qui  pré- 
pare ainsi  de  siècle  en  siècle  le  foyer  qui  les 
nourrit  et  les  conserve. 

1)  Aussi  l'état  où  l'instruction  contrarie  les  lois 
s'approche  de  sa  chute  ,  et  cette  leçon  que 
nous  donne  l'histoiie  ,  sert  de  réponse  à  ceux 
qui  voudraient  que  les  gouvernemens  fussent 
éirangers  à  l'instruction  des  citoyens  ,  et  qu'elle 
fût  abandonnéej[toute  entière  à  des  instituteurs 
particuhers  sans  devoirs  et  sans  frein. 

)>  Cet  étrange  sophisme  a  pour  adversaires  la 
raison  et  la  puissance.  Tous  les  instituteurs  doi- 
vent suivre  limpulsion  donnée  dans  les  écoles 
nationales.  Il  n'est  que  trop  vrai  que  quelques- 
uijs  d'entre  eux  négligent  ce  devoir  ,  et  que 
revenant  sans  cesse  à  leurs  vieilles  habitudes  , 
ils  oublient  que  le  18'  siècle  est  pour  la  France 
le  siècle  de  la  philosophie  ,  ils  abusent  de  l'iso- 
lement momentané  on  les  laissent  les  occupa- 
tions pressantes  et  journalières  du  gouverne- 
ment. 

1)  Ces  sophistes  n'ont  pas  approché  de  vous  ,  ■ 
fils  adoptifs  de  la  patrie  ;  mais  quelques-uns  de 
vos  jeunes  frères  ,  de  vos  jeunes  amis  ont  peut- 
être  ouï  leurs  leçons  flétrissantes  :  parlez-leur  avec 
orgueil  de  celles  que  vous  avez  reçues  dans  ccS 
lieux  ;  dites-leur  qulci  l'on  vous  apprit  que  les 
lois  gouvernent  tous  les  hommes  ,  ei  qu'aucun  homme 
n'est  au-dessus  des  lois  \  qu'il  n'y  a  d'autre  distinction 
raisonnable  que  celle  des  vertus  et  des  lumiere-s  ,  et 
que  tous  les  cultes  plaisent  également  à  l'Eternel  , 
pourvu  qu'ils  commandent  d'être  bon  Jils  ,  bon  père  , 
bon  époux,  bon  citoyen..  . . 

)i  Lorsque  vous  leur  tiendrez  ce  langage  ,  votre 
voix  trouvera  le  chemin  de  leur  cœur  ;  et  lelle 
est  la  toice  de  la  vérité  ,  qu'ils  oublieront  près 
de  vous  les  leçons  qu'ils  peuvent  avoir  reçues  de 
l'ignorance. 

))  Mais  c'est  en  vain  que  l'ignorance  voudrait 
entourer  la  génération  naissante  de  son  ombre  i 
cette  génération  s'élance  d'elle-même  vers  lés 
idées  libérales  qui  lui  sont  offertes....  LéduSa- 
tion  des  choses  ,  plus  puissante  que  celle  dés 
houuaes  ,  la  pousse  vers  l'héro'isme  et  la  philo- 
sophie.... car  les  troubles  politiques  qui  allii- 
méiit  toujours  le  flambeau  de  la  guerre  et  de 
la    discorde  ,    allument    aussi   le    flambeau    du 


adresse  ,    (franco  )  par   la  petite-poste  ,  audit  éla-  !  génie. .  .  . 
blissement ,  et  ou  fera    recevoir  le  montant  cher!      Çhi'ils   cessent   donc   d'espérer  les   instituteur» 
elles.  I  de  la  servitude:   dans  leurs  entretiens  solitaires  , 

10°.  Les  souscripteurs  actuels  sont:  les  citoyens  j  je  les  entends  se  répéter  que  la  génération  nais- 
Dubois  ,  préfet  de  police  de  Paris.  (6  souscrip-  j  santé  ,  ramenée  lentement  aux  habitudes  de  la 
lions.)  Ad.  Duquesnoy  ,  rapporteur  du  ministre  j  monarchie  ,  finira  par  se  précipiter  vers  elle... .. 
de  l'intérieur.  (  2  souscriptions.  )  Françris  (de  j  Les  insensés  ne  voient  pas  que  la  génération 
Neufchâieau.  )  membre  dé  l'Institut  national  et  [nouvelle ,  vierge  des  crimes  et  des  fautes  de  la 
du  sénat  conservateur  ,  Larochcfoucauld  -  Lian- t  révolution  ,   en  reCiieilleta  to-vK    les   fruils  ,   en 


y3g5 


aura  toutes  les  venus  ,  et  que  nos  cnfans  seront 
meilleurs  que   nous!... 

>>  Celle  vérité  d'observation  est  consacrée  par  le 
senliinent  de  (ieiié  naùonale  que  je  vois  briller 
dans  le  regard  de  Ccs  jeunes  élevés  ,  par  les 
palpitalions  ,  par  les  nobles  élans  qui  font  battre 
leur  cœur.. . . 

)'  Jeunes  gens  ,  vous  sentez  votre  bien-être  , 
vous  êtes  dignes  de  vos  pères  et  du  gouver- 
nement qui  vous  adopte  ,  vous  êtes  dignes  de 
vos  instituteurs..,.  Q_ue  me  reste-t-il  à  vous  dire 
qu'ils  ne  vous  ayem  liiille  lois  rcpéié  !  dans  tous 
les  pays  et  dans  tous  les  leois  l'insiruclion  est 
la    meilleure    amie   de   lliomme  :   elle   diminue 

les  peines,   elle    ajoute  au  plaisirs par  elle 

les  affections  douces  s'élendeiil  et  acquièrent 
plus  de  délicatesse  ,  et  les  sujets  de  distraction 
qui    soulagent    dans   le  malheur    se    muhiplieni 

par    elle Le    malheur! dans   tous    les 

étais  même  les  plus  enviés  sa  mâln  de  fer  sou- 
vent brise  lame!  eh  bien  croyez  moi,  il  n'en 
est  pas  qui  reste  long-tems  inaccessible  aux  con- 
.solaiions  de  l'étude.  —  Voyez  cet  homme  que 
la  mort  vient  de  frapper  dans  l'objet  de  ses 
affcciious,  toutes  les  distraciions  accourent  autour 
de  lui  ;  Il  est  environné  des  amis  du  jour  , 
la  loule  des  afFaircs  et  des  intérêts  le  presse  , 
que  sont  les  iniéiêis  et  les  affaires  pour  le  mal- 
heureux ? à  peine   formé,   leur  souvenir  se 

détruit;    il   cherche    la  solitUde Eh    bien! 

c'est  là  qu'il  trouve  le  seul  ami  qu'il  peut  sup- 
porter ,  c'esl-là  que  les  beaux  ans  et  les  lettres 
l'aiiendeni  ;  son  imagination  se  reveille  ;  il  retrace 
l'image  de  ce  qui  n'est  plus  et  son  pinceau  qui 
devrait  redoubler  sa  peine  ,  la  soulage.....  Il 
conhe  au  triste  papier  sa  complainte  silencieuse 
et  son  cœur  est  moins  oppressé  ,  les  larmes 
trouvent  un  passage  et  la  douleur  sentie  rem- 
place le  désespoir  insensible.  —  Mais  du  sein 
des  villes  reportez  vos  regards  loin  de  vous  ; 
voyez  ce  vieillard  jette  par  l'orage  dans  une 
triste  solitude  ;  parens.  amis  ,  biens,  pairie,  toul 
a  disparu  :  l'orage   a   tour  emporté  ;   il   est  seul  , 

seul  dans    1  Univers Toul  ceux  qui    ont  été' 

frappés  comme  lui  sont  devenus  la  proie  de  la 
tcmpêie  :  ici  ,  quel  appui  le  souiient  ?  quelle  esi 
la   divinité    bienfesanie    qui    ramené    le    sourire 

sur  ses  lèvres   flétries?....  c'est  l'étude Elle 

lui  rend  à  la  fois  ses  amis  ,  ses  pinceaux,  sa 
patrie  ;  il  retrouve  ses  jardins  immortels  ,  ses 
jardins  dont  le  feuillage  hospilalier  le  met  à 
l'abri  de  la  douleur.  Vous  paraissez  dans  des 
jours  bien  prospères;  jeunes  gens,  livrez  vous 
donc  sans  relâche  à  létude.  Dans  la  carrière 
immense  où  vous  allez  entrer  ,  si  vous  avez 
acquis  des  laiens  ,  rien  ne  s'oppose  plus  à  votre 
course....  Tous  les  obstacles  que  le  despotisme 
et  Ja  vanité  opposaient  à  vos  pères  ,  vos  pères 
les  ont  renversés  au  prix  de  leur  sang;  et  c'est 
pour  vous  applanir  la  route  qu'ils  se  sont  élancés 
sans   crainte  au  milieu  d'un  empire  bouliversé  : 

)i  Enfans  du  grand  peuple  ,  il  n'est  point 
dambiiion  qui  ne  vous  soit  permise  :  au  milieu 
de  vous  ,  peut-être  mes  regards  voient ,  sans  les 
discerner,  ceux  qui,  dans  les  jours  de  noire 
vieillesse  ,  seront  les  consuls  de  la  république  , 
et  ceux  à  qui  dans  le  sénat  sera   conhé  le   dépôt 

sacré  de  la  charte  nationale Jeunes   amis  , 

»emez  dans  ces  beaux  jours,  pour  recueillir 
dans  des  plus  beaux  encore  :  vous  qui  n'avez 
pas  été  couronnés ,  redoublez  d'ardeur  ;  que  la 
soif  d'apprendre  ,  le  besoin  de  parvenir  ,  vous 
consument  :  et  vous  dont  nous  célébions  le 
triomphe,  voyez  dans  ces  prix  glorieux  1  obli- 
gation solennelle  que  vous  contractez  d'en  ac- 
quérir de  nouveaux  l'année  prochaine  à  pareil 
Jour,  u 

Ce  discours  a  été  couvert  d'applaudissemens 
Unanimes.  I.afîluence  des  ciloyens  ,  la  présence 
d  un  grand  nombre  de  membres  des  premières 
autorités  de  la  république  ,  prouvaient  le  vif  in- 
-leiêl  que  mettent  aujourd  hui  loutes  les  classes 
de  citoyens  à  la  bonne  éducation  de  la  jeu- 
nesse. C'est  le  bienfait  de  celte  bonne  éducation 
^ue  la  France  attend  du  gouvernement.  On  peut 
dire  que  les  esprits  y  sont  préparés  ,  et  malgré 
quelques  sourdes  oppositions  ,  on  peut  présager 
que  bientôt  enfin  nous  aurons  une  éducation  na- 
tionale adaptée  à  nos  mœurs  et  aux  principçs  de 
iTorre  gouvernement.  Cet  appui  manque  encore 
au  soutien  de  la  révolution  française  ;  c'est  par-là 
qu'elle  sera  enfin  affermie  et  entièrement  con- 
solidée. 

Le  citoyen  Luce  ,  professeur  de  liitérature  a 
prononcé  un  discours  sur  l'utilité  des  langues 
anciennes  ,  qui  étaient  trop  exclusivement  en- 
seignées autrelois  ,  et  que  peut  être  on  néglige 
trop  aujourd'hui.  Parmi  des  morceaux  très-bril- 
lants ,  cl  qui  prouvent  autant  de  talent  qued'ha- 
Liclé  dans  l'art  décrire  ,  on  a  remarqué  celui-ci 
qui  a  été  vivcraeni  applaudi,  u  Que  ne  puis-je  ] 
>>  évoquer  ici  les  ombres  de  tous  ceux  de  nos 
)>  écrivains  qui  joignant  le  goût  au  génie  ,  et  1  é- 
II  lude  au  talent  ,  ont  enlanté  les  chefs-d'œuvre 
!!  de  iiotic  liiicrature  !  Copistes  sublimes,  devenus  | 
))  modèles  à  leur  tout  vous  les  entandrez,  recon- ' 


>)  nai<î5nns  et  modestes,  avouerpour  leurs  guides, 
II  pour  leurs  maître's  ,  pour  leurs  vainqueurs  , 
i>  ces  grecs  et  ces  laiins  aujourd'hui  si  dédaignés. 
"  Que  l'imagiiialion  nous  transporie  un  moment 
'I  dans  cet  éivsée  ,  heureux  séjour  des  morts 
»i  célèbres  :  là  nous  verrons  tous  nos  grands 
Il  hommes  assis  chacun  à  côié  rlu  grand  homme 
Il  qu'il  se  fit  gloire  d'imiier;  Corneille  sourit  à 
11  Homère  ,  à  Sophocle,  et  niêine  à  Lucain  ; 
Il  R.icine  embrasse  Euripide  et  Virgile  ;  Bossuet 
I'  tjL-nd  la  main  à  Demosihenes  ;  Fléthier  ca- 
II  resse  I;ocr;iif  ;  Ijoilcju  rcmeicie  Horace  ,,et 
'1  Juvéïial  ;    iMjisillon   écoule    Giccron. 

51  Le  bon  Lalontaine  s'clonne  de  voir  E'sope 
11  et  l'^hcdre  à  ses  pieds  :  Molière  cherche  Arislo- 
11  pli.trie.  Plante  et  Tércnce  ,  qui  pâlissent  à  son 
II  aspect:  Buffon  converse  avec  Pline,  qui  le 
'1  force  de  s'asseoir  au-dessus  de  lui  :  Jean-Jacqnes 
11  et  Montesquieu    discutent   avec   Platon. 

11  Voltaire  enfin,  se  promenant  seul  au  milieu  de 
lices  grands  hommes  ,  salue  chacun  <reux  en 
u  passant  ,  et  va  se  perdre  dans  une  forêt  de 
11  lauriers.  i> 

Le  public  a  é^ilement  entendu  avec  iniérêt 
plusieurs  élevés  'de  l'âge  de  quinze  à  seize  ans, 
lire  des  morceaux  de  poésies  de  leur  composiiion, 
dans  lesquels  on  a  remarqué  des  vers  tièsheure-ux. 
Le  jeune  Pérée  a  lu  une  traduction  du  discours 
de  Didon  .  du  quatrième  livre  de  lEne'idc  de 
Virgile  r  les  vers  suivans  ont  été  favorablement 
accueillis. 


Un  étranger  me  brave   avec  cette  insolence  ! 
Et  je  ne  verrai  point  au  gie   de  ma   vengeance 
Tous  mes  sujets  s'armer  ,  s'élancer  sur  les  eaux 
Poursuivre  ,  submerger  ,    abîmer    ses    vaisseaux  ! 
j  Partez:  qu'attendez-vous?  Ou'on  saisisse  la  rame, 
I  Qu'on   prépare  et  la  voile    et  le  fer,   et  la  flainme... 

Il  Où  suis-je?  qu'ai-je  dit?  quel  aveugle  transporta 
Malheureuse  Didon,  tu   gémis  sur  ton   sort! 
Son  horreu^  en   tout  lieu  te  suit  et  t'environne  ! 
Il  fallait  le  prévoir  quand    tu  donnais   un    trône  ! 
Voilà  donc  ce  héros  ,  ce  sauveur  de  ses  Dieux , 
Du   respect  filial   ce   modèle   pieux  , 
Qui  d'un  fardeau  sacré    noble   dépositaire  , 
Parmi  le   fer,  la   flamme,  emporta  son  vieux  père  I 
K'ai-je   pu  déchirer  ses  membres   p,ilpitans  ! 
N'ai-je  pu  les  semer  sur   les   flots   écumans  , 
Egorger  de  ma  main  le    fils    de   l'Infidèle , 
Et  charger  d'un  tel   mets  la   table   paternelle  ! 
Le  danger  eut  trompé    mon  espoir:  Le  danger? 
Que  craindre?  je   voulais   périr,  mais  me  venger. 

Le  jeune  Nicod  à  lu  une  descriplign  du  passage 
du  Saini-Bernard  par  Bonaparte  ,  qui  a  été  écoutée 
avec  intérêt;  en  voici  quelques  vers: 

Le  sombre  Saint-Bernard  oppose  à  son  ardeur 
De  ses  rochers  neigeux   l'invincible    hauteur. 
Quand  du  sentier  étroit  qui   sur  ses  flancs  serpente , 
Le   voyageur  tremblant  suit  la   pénible  pente  , 
D'un  coté  son  œil  plonge  en  des  gouffres  sans   fond  : 
De  l'autre,  il  voit   des  pics  suspendus  sur  son  front  , 
Et  quelquefois  d'en  haut  les  neiges  éboulées 
Poulcnt ,  et  dans  leur  cliûte  en  bloc  amoncelées , 
Au  sein  du  précipice,  océan  de  frimats  , 
L'engloutissent  vivant  sous  leurs  vastes  amas. 
Bonaparte  commande  ,   et  cet  afl"reux  passage 
Seulement  assez  sûr  pour  le  .chamois  sauvage  , 
Où  d'une  mort  terrible  un  faux  pas  est  suivi , 
Par  tous  nos  bataillons  ,   se  voit  bientôt  franchi. 
Le  coursier  s'y  confie  ,   et   dans-  des  troncs  de  chêne 
Les  bronzes  destructeurs  descendent  vers  la  plaine.... 
Qu'il   était  beau   de  voit  en  sueut ,  haletant 
Aux  pointes  des  rochers  se  pençlre  en  gravissant , 
Et  parmi    ses    soldats,  sur  la   neige   polie. 
Glisser  le  général   dont  l'attaqne  hardie 
Devait  à  Maringo  dissiper  les    germains  , 
Et  qui  maître  en    virtgt  jours  dé  tous  les  Appenins  , 
Du  chef  ffartiiaginois  Venbuvelle  et  surpasse 
La  conquête  rapide  et  la   brillante  fllidace  ! 

Des  dessins  fort  bien  faits  ,  tant  d'après  les 
modèles  aniiques  que  d'après  naiure,  des  cartes 
géogiaphiques  soigneusement  de-ssinées  ,  les  dif- 
térens  genres  tl'enseignement  et  d'instruction, 
tous  dirigés  vers  les  besoins  de  la  société  et  l'uli- 
lilé  des  individus  ,  ont  attiré  l'attention  du  public. 
Et  les  pères  de  famille  se  disaient  ,  avec  recon- 
naissance pour  le  gouvernement  actuel  ;  Voilà 
comme  j'aurais  Voulu  être  jadis  instruit  dans  mon 
collège. 

Le  ministre  de  l'intérieur  a  stiivi  avec  une 
extrême  attention  les  divers  genres"  d'insiruction 
qui  étaient  indiqués  par  la  distribution.  Il  a  cou- 
ronné les  vainqueurs  avec  une  affabihtè  et  même 
des  prévenances  qui  ont  été  t)ien  scniiea  et  vive'- 
ment  applaudies  par  les  pères  ,  et  sur-tout  les 
mères  de  famille.  Il  a  ajouté  au  prix  une  médaille  i 
qu'il  a  donnée  lui-même  à  chaque  élevé.  Il  s'est  ' 
retiré  satisfait  au  milieu  des  félicitaiions  et  des! 
remercîmens  unanimes  des  élevés,  des  maîtres  I 
et  du  public.  j 


AGRICULTURE. 

On  lit  dans  le  journal  du  dépanement  de 
l'Oise,  n"  3.  quelques  détails  sur  U  manière  de' 
faire  le  vin. 

On  met  en  question  !  Faut-il  fgrajiper  Us  rai- 
sins ?  Oui  et  non  ;  je  vais  ra'exphquer  La  fouf- 
clittte  à  trois  becs  indiquée,  remplit  au  moins 
bien  longuemeut  l'objet  que  l'on  se  propose.  On 
sent  que-dans  m  vignoble  considérable,  il  fau- 
drait un  teras  infini  ,  un  grand  nombre  d'ouvricrj 
pour  égrapper  le  raisin  iiécessairel  pour  faire  seii- 
icmeiit  deux  pietés  de  vin  ,  à  bien  plus  lotte 
raison  pour  en  faire  deux  on  trois  cents  pièces. 

Voici  un  procédé  simple  et  facile,  au  moyen 
dutjuel  un  seul  ouvrier  peut  égrapper  autant  de 
raisins  que  vingt  vendangeurs  peuvent  en  cueillir. 

On  tait  choix  d'une  petite  cuve,  pouvant  con- 
tenir deux  ou  trois  pièces  de  vin  ;  on  fait  faite 
un  châssis  octogone,  de  petites  tringles  de  bois, 
ajustées  et  solidement  clouées  les  unes  aux  autres  , 
un  peu  plus  large  (jue  la  cuve,  afin  qu'il  puisse 
porter  sur  tous  les  bords  de  cette  cuve  sur  laquelle 
on  le  place;  on  le  fait  garnir  en  treillage  de  fil 
de  ter,  maillé  cijirame  uu  filet  de  pêcheur,  en 
riDscrvatit  que  la  maille  soit  de  grandeur  conve- 
n.ible  ,  pour  laisser  pas.ier  faejlement  le  plus  gros 
grain  de  raisin  ;  cela  sulîii. 

On  a  un  double  râteau,  ou  plutôt  deux  râteaux 
de  bois  croisés  l'un  sur  l'autre  ,  et  solidement  at- 
tachés par  le  milieu  ;  mais  il  faut  que  les  demi 
de  ce  râteau  ,  au  lieu  d  être  pointues  ,  soient  ob- 
tuses, plus  grosses  pareil  bas  qu'en  haut,  cou- 
pées unies  et  égales  ,  afin  qu'elles  ne  puissent  pas 
entrer  dans  la  maille  du  treillage  ,  qu'elles  aient- 
environ  deux  pouces  de  longueur. 

Lorsque  l'on  apporte  la  vendange  de  la  vigne, 
on  la  jette  sur  le  treillage  ;  en  deux  ou  trois  tours 
de  râteau  que  l'on  promené  dessus  en  tournant, 
lout  le  grain  passe  ,  le  gros  bois  de  la  grappe 
reste  ,  et  il  passe  encore  assez  de  petit  bois  vert 
tenant  au  grain  ,  pour  donner  au  vin  un  acide 
nccessinre;  c'est  ce  qui  m'a  fait  répondre  ,  oui  et 
non  ,  car  le  raisin  n  est  pas  nettement  égrappé  : 
celui  qui  est  encore  en  verjus,  reste  attaché  à  la 
grosse   g'rappe. 

On  jette  de  côté  dans  une  cuve  ce  gros  boiâ 
qui  sert  encore  à  faire  de  la  boisson  ,  en  y  met- 
tant de  l'eau  ;  enfin  on  le  brûle  ,  après  l'avoir  fait 
sécher,  ou  oi\  le  donne  dans  l'hiver  aux  pigeons 
qui  aiment  beaucoup  le  pépin. 

.Alors  le  moût  de  la  Vendange  ainsi  égrappée,  se 
met  avec  une  pelle  ou  un  sceau  dans  la  grande 
cuve  où  le  vin  doit  fermenter. 

Si  quelque  propriétaire  désire  adopter  cet  usage 
au  moyen  duquel  j'ai  fait  égrapper  au  moins  i^ado 
pièces  de  vin,  j'offre  d'envoyer  un  modèle  en 
petit  ,  de  la  grille  et  du  râteau  ,  ou  de  les  faire 
exécuter  par  un  ouvrier,  sous  mes  yeux.  On  peut 
s'adresser  au  citoyen  Bernard  ,  maire  du  village 
d'Auchy,  canton  de  Saint-Germer ,  dèpartemeiK  da 
l'Oise  ,  qui  se  fera  un  plaisir  d'être  de  quelque 
utilité  à  quelqiies-uns  de  ses  concitoyens.  [Journal 
du  département  de  l'Oise,  ^fructidor.  ) 


Suite  du  tableau  statistique  des  pays  ecctéiSfastiqueit- 
Cercle  DE  Bavière.  (ï). 
1°.  L'.'Vrchevêché  de  Sâlzboiirg.  - —  Productions  i 
dn  sel  et  du  bétail ,  du  lin  et  du  chanvre  ,  du  marbre 
et  d'autres  minéraux  ,  beaucoup  de  cuivre  et  de 
fer,  quelque  peu  d'argent,  d'or  et  de  plomb, 
quantité  de  poisson  et  de  gibier  ,  mais  pas  assea 
de  bled  —  Etendue  :  6oo  lieues  quarrées  (selon 
d  autres  440  )  -^Population  :  sSo.ooo  âmes.  -^ 
Revenus  :  i,25o,oooflorins.  — Industrie  etcoftimerci  i 
fabrication  d'acier  et  de  laiton  ;  on  vend  déi 
bœufs  et  des  c'hevaux  ,  mais  on  acheté  des  bleds. 
—  Militaire  :  i,'ooô  soldats  et  8  à  9,000  miliciens. 

a".  U'Evêché  dé  Passau.  —  Productions  :  du 
bétail,  du  poisson,  des  perles,  du  chanvre, 
du  bois  ,  de  la  terre  à  porcelaiue  ,  de  la  plomba* 
gine.  —  Etendue  :  5o  lieues  quarrées.  —  Populationi 
25,000  âmes.  —  Revenus:  198,000  florins. — 7;j- 
dustrie  :  on  fait  de  la  porcelaine  et  des  reiortes  de 
plombagine.  -—Commerce  :  sur  le  Danube, 

3°.  L'évêché  de  Rê^rejftMrg- :  (  RatisbOnne  ). -^ 
Population:  io,oob  âmes  su'r'5  lieues  quarrées.—" 
Revenus.:  60,000  forins  au  moins;  selon, quelqilej» 
auteurs  ,  jusqu'au  double  de  cette  somme.  Lb 
prince  évêque  actuel  est  eri  même  tems  évêqub 
de  Freysing ,  et  pirévôt  dfe  Berielsgaden.  (Voyéi 
ci-après  ).  ■    ' 

4°.  L'évêché  de  Frxysing.  —  Etendue  :  40  lieues 
quarrées ,  avec  le  comté'de  VVerdenfcIs.  —  Popw 
laùon,  24vooo:atrtes.  —  RiMfenteJ  i<5o,ooo  florins;  Les! 
nitnes  ,  dans  le  'Wertleofel»  ,  :ne<sontr  pia.  itis- 
productivc.r.  ,1 

5°.  La  prévôté  prin,ci€r,e  de  Berchtols'gaden.  —^ 
Productions  :  du  sel  et  du  marbre.  — -  .£teisdut 
et  J/o.palatipn  :  i8,ooo;  ^mes^sur  s5  lie^jes  quarrées. 
—  Revenus  1   96,000  florins, 

6°.   Les  abbayes    princieres  de  Saint-'Eméfàti' 

(\)  Voyeï  les  n.»»  341  et  343, 


i3ç)6 


de  Nider ,  et  Ober-Munster ,  dans  la  ville  libre 
et  impériale   de  Regensburg. 

Résultat. -—  Environ  700  lieues  carrées  ,  33o,ooo 
habitans  ,   et   i,Soo,ooo  florins   de   revenus. 

Errata.  —Les  revenus  du  Barabergsont  eslimés 
1,000,000  de  fl.,  et  non  pas  100,000  comme  il  a 
été  imprimé  dans  le  précédent  tableau. 

Par  mégarde  j'ai  employé  le  terme  de  vaisseaux 
en    voulant  parler  des  bateaux   et   barques    que 
l'on  construit  à  Kclheim  ,  en   bavierc;    on   par- 
donnera cette  faute   de  langue  à   un  étranger. 
M.  C.  Brun. 


SPECTACLES. 

Lb  théâtre  français  vient  de  reprendre  un  ou- 
vrage dont  le  succès  avait  été  prodigieux  à 
rOdéon.  La  rentrée  de  mademoiselle  Simon  a 
domié  lieu  a  cette  remise  ,  qui  a  attiré  un  con- 
cours de  spectateurs  très-considérable  :  nous 
voulons  parler  du  drame  traduit  de  Koizbue, 
sous  le  titre  de  Misantropie  et  repentir  :  on  peut, 
sous  beaucoupde  rapporis  ,  critiquer  cet  ouvrage, 
en  proscrirele  genre,  en  faire  ressoriirles  invraisem- 
blances ,  y  ttouver-de  l'exagération  dans  les  senti- 
mens.  peu  de  liaison  dans  les  situations,  des  sce;>es 
inutiles ,  des  épisodes  étrangers  au  sujet  ;  on 
n'en  citera  un  modèle  dans  aucun  des  chefs- 
d'œuvre  de  noire  scène  :  nos  grands  maîtres  n  ont 
pas  vu  et  dépeint  leurs  personnaj^es  sous  de  telles 
couleurs;  ils  ne  les  ont  pas  placés  dans  des  situa- 
tions aussi  forcées;  il  serait  dangereux'sans  doute 
.qu'un  tel  ouvrage  eût  de  nombreux  imitateuis  : 
mais  en  laissant  Ihomme  de  goût  et  le  critique 
éclairé  relever  tous  ces  défauts,  et  combattre 
l'ouvrage  au  no.m  des  règles  qui  y  sont  violées  , 
n'est-il  pas  permis  de  demander  et  de  recher- 
cher quelle  peut  êi;e  la  cause  du  succès  soutenu 
qu'obtient  une  production,  pour  laquelle  il  sem- 
blait qu'on  eût  épuisé  la  curiosité  publhjue  et 
tari  la  source   de   toutes  les  larmes  ? 

Il  n'en  faut  pas  chercher  un  auue  que  l'inléiêt 
profond  qui  y  règne  ,  et  qu'une  sili;aiion.  fxiraor- 
dlnaire  sans  doute,  mais  réellement  attachante, 
cl  au  fond  nullement  impossible  ,  inspire  à  toutes 
les  classes  de  spectateurs.  Le  vrai  comique  a  cet 
avantage  dêtre  saisi  par  tous  les  esprits,  et  de 
faire  circuler  le  rire  sur  toutes  les  physiono- 
mies :  une  situation  vraiment  attendrissante  a  le 
r  ê  ne  effet  sur  les  cœu  s;  il  semble  même  que  I2 
communication  est  plus  rapide  ,  plus  générale  , 
et  qu'il  est  plus  facile  de  ne  pas  rire  d'un  trait 
comique  que  de  n'être  pas  ému  d'une  scène 
intéressante  et  pathétique. 

Misantropie  et  Repentir  en  renferme  une  qui 
attache  à  ce  point  que  Ihomme  le  plus  prévenu 
contre  de  telles  impressions, se  sent  ému  jusqu'aux 
larmes  ,  et   avoue    lui-même  sa  défaite. 

En  parodiant  le  vers  de  Piron ,  il  faudrait  dire 
alors  : 

J'ai  pleuré ,   me   voilà  désarmé. 

Mais  il  est  plus  d'un  spectateur  qui  n'a  pas  celte 
bonne-foi ,  et  qui  ,  s'irtiiani  de  sa  faiblesse  ,  accuse 
l'auteur  qui  lui  en  arrache  l'aveu.  On  oublie 
pour  un  moment  qu'on  a  cédé  ,  et ,  examinant 
ce  qui  a  pu  en  être  la  cause,  on  conclud  les  lar- 
mes aux  yeux  que  ,  selon  tous  les  principes  du 
théâtre  ,  on  ne  devait  pas  pleurer:  rien  ne  rappelé 
mieux  ces  premières  et  glorieuses  campagnes  de  la 
liberté  où  un  chef  ennemi ,  surpris  et  accablé  dans 
ses.formidables  retranchemens,  soutenait  qu'il  n'a- 
vait pu  être  battu,  et  se  plaignait  qu'on  l'eût  at- 
taqué contre  les  règles  de  la  tactique. 

Qu'on  ne  croie  pas  cependant  que  nous  partagions 
l'opinion  de  ceux  qui  regardent  ces  règles  en  lit- 
térature ,  et  sur-tout  au  théâtre..,  comme  une  en- 
trave au  génie  ;  elles  ne  sont  un  joug  que  pour  la 
médiocrité  :  brisez  leur  frein  salutaire  ,  des  pro- 
ductions monstrueuses  naîtront  à  l'instant:  le  goût 
les  repoussera  sans  doute  ;  mais  la  multitude  leur 
prodiguera  ses  suffrages  :  voilà  le  danger. 

Toutefois  les  bornes  que  les  grands  maîtres 
ont  posées  ,  ne  sont  pas  à  ce  point  franchies  dans 
Misantropie  et  Repentir.,  que  l'on  puisse  de  bonne 
foi  en  redouter  un  effet  bien  dangereux  pour  le 
goût.  Les  écarts  qui  s'y  trouvent,  les  défauts  qu'on 
y  reconnaît  peuvent  être  imités  sans  doute:  mais 
on  ne  doit  pas  redouter,  disons  mieux  ,  on  ne 
d  oit  pas  espérer  qu'on  conçoive  souvent ,  et  qu'on 
dispose  une  situation  aussi  dramatique  que  celle 
bui  termine  ce  drame.  On  ne  doit  donc  voir  à  sa 
représentation  que  le  danger  d'être  fortement  ému 
mais  à  celui-là  il  n'y  a  peut-être  qu'un  remède 
c'est  de  n'y  pas  aller;  car  la  nouvelle  distribution 


des  rôles  ét.-.nt  toute  à  l'avantage  du  drame  ,  et 
ajoutant  encore  à  ton  effet  théâiral,il  est  diOicile 
qu'on  y  évite  l'impression  à  laquelle  n'a  pu 
éch.ipper  l'homme  prévenu  dont  nous  avons 
parlé.  S 


Les  maire  et  adjoints  4u  onzième  arrondissement , 
au  rédacteur  duMan\\eui.  — ^aris  ,  le  i5  fructidor 
an  S  de  la  républiijue  française  une  et  indivisible. 

Nous  vous  adressons  ,  citoyen  ,  une  note 
que  nous  vous  prions  d  insérer  dans  votre  plus 
prochain    numéro. 

Vous    vous   en    ferez   un   plaisir  ,  parce  qu'il 
s'agii   de    doriner   de    la  publiciié  à   des  actes  de 
courage  et  de  dévouement  qui  honorent  le  corps 
des  pompiers. 
Nous  vous  saluons. 

Boula RD  ,  maire. 
Lemoine  et  DoLORET  ,   adjoints. 
RouTHiiR  ,  secrétaire  en  chef. 

Le  feu  a  pris  le  14  de  ce  mois,  à  deux 
heures  et  demie  du  matin  ,  dans  une  cuisine  au 
rez-de-chaussée,  maison  d'un  boulanger,  rue 
de  la  Huchetie.  Les  pompiers  de  garde  au 
Palais  s'y  sont  rendus  de  suite  ,  et  affroniint  le 
danger  ,  ont,  au  milieu  des  flammes  .abaliu  la 
boiserie  ainsi  <]u'une  cloison  ,  qui  allaient  porter 
l'incendie  dans  une  pièce  voisine.  Lun  deux 
a  été  blessé  ,  et  n'en  a  pas  moins  voulu  con- 
tinuer ses  utiles  secours  jusquà  la  fin.  La  con- 
diiiie  de  ces  braves  cilo'icns  mciiie  les  plus 
grands  éloges,  et  leurs  noms  qui  suivent,  ne 
peuvent  être  trop  publiés  : 

Le  citoyen  Dtscouy  ,  caporal  de  la  2'  com- 
pagnie  des   pompiers  ; 

Aitesan  .    garde   de  la  2'   compagnie  ; 

Binquet  ,     blessé   par  excès  d'activité; 

Gerbaut  ,  3'  pompagnic. 

Ceriilié  véritable. 

RouTHiER,  secrétaire  en  chef  de  la  mairie. 


AVIS. 

Les  citoyens  Treutiel  et  Wûrtz,  libraires  .  quai 
Voltaire  n"  2  ,  mettront  en  vente  le  17  de  ce  mois, 
la  léiiTipression  de  l'ouvrage  de  M.  de  Geniz  , 
intitulé  :  Essai  sur  l'état  actuel  des  finances  et  de  la 
richesse  nationale  delà  Grande-Bretagne  ,  vol.  in-8° 
de  près  de  3oo  pages  ;  prix  ,  3  fr.  et  4  fr.  franc  de 
port. 

Les  personnes  tiui  se  sont  fait  inscrire  ,  pour- 
ront dès  la  veille  taire  retirer  leurs  exemplaires. 

LIVRES    DIVERS. 

Notice  historique  sur  le  sauvage  de  l'Aveyron  ,  et 
sur  quelques  autres  individus  qu'on  a  trouvés 
dans  les  forêts  ,  à  différentes  époques  ,  par  P.  J. 
Bon nai erre  ,professeurdhistoie  naturelle  à  l'école 
centrale  du  département  de  I  Aveyron  ;  prix  i  fr. 
et  t  fr..  so  c'ïîit.  franc  de  port.  A  Paris ,  chez  la 
veuve  Panckoucke  ,  imprimeur-libraire  ,  rue  de 
Grenelle  ,  n"  321  ,  faubourg  Germain  ,  en  face  de 
la  rue  des  Peies. 

(Nous  donnerons  un  extrait  de  celte  brochule 
intéressante.  ) 

Idyles  et  poèmes  champêtres  de  Gesner  ,  avec  la  tra- 
duction interlinéaire  .  2  vol.  in-8°.  Prix  4  fr.  5o  c. 
et  5  fr.  5o  cent,  parla  poste.  AParis  ,  chez  Colnel , 
libraire  ,  rue  du  Bacq  ,  n"  61S  ,  au  coin  dt  celle 
de  Lille. 

Cet  ouvrage  est  nécessaire  à  totis  ceux  qui  étu- 
dient la  langue  allemande  ,  ainsi  que  'CAvis  d'une 
mère  à  sa  fille  .  de  mad.  de  Lambert .  publié  chez 
le  ciioyen  Agasse  ,  imprimeur-libraire.  Ces  deux 
traductions  interlinéàires  de  l'allemand  sont  du 
cit.  Boulard,  notaire  à  "aris. 

On  a  joint  à  ces  Idylles  quelques  maximes  en 
danois  ,  avec  la  traduction  interlinéaire. 

Histoire  du  temps  ou  mœurs  écossaises ,  traduite 
de  l'anglais  sur  la  seconde  édition  ,  trois  volumes 
in-l2  ,  avec  jolies  figures  ,  imprimés  avec  soin  ; 
prix  ,  4  fr.  5o  cent,  et  6  fr.  pour  les  départemens. 

AParis  ,  chez  Ducauroy,  imprimeur-libraire  , 
rue  et  maison  Sorbonne  ,  n*  382. 

Ce  roman  offre  le  tableau  des  mœurs  écossaises 
dans  la  haute  noblesse  ;  après  avojr  décrit  les 
vertus  très-recommandables  de  certa'ms  person- 
nages ,  leur  manière  de  vivre  extrêmementlouable 
et  édifiante  ,  l'autpur  s'amijse  à  peindre  les  ridi- 
cules et  les  travers  de  quelques  autres.  La  variété 


des  caractères  lui  fcutnit  les  occasions  de  faire 
des  réflexions  Irès-roor.ile.icl  très-instructives  pour 
ses  letieurs.  L'I.éro'ine  de  ce  roman  in.,piie  le 
pliis  gra:id  iniéiè!  pjr  le  contraste  de  son  carac- 
tère aiigélique  avec  let  reaijlcrts  brutales  de  son 
mari.  Les  jeunes  personnes  apprendront  en  lisant 
ce  livie  ,  à  se  préinunircontre  les  effets  dune 
première  impression  ,  et  à  soumettre  à  l'txameTi 
d'une  froide  raison  l'individu  <|ui  se  présente  à 
elles  revêtu  de  formes  séduisantes  pour  captiver 
leur  cœur  :  ce  roman  consacre .  encore  celte  im- 
portante vériié  ,  que  la  vertu  et  la  raison  peuvent 
seules  conduite  au  bonheur.- 

Cours  complet  d'agriculture  théorique  ,  pratique. 
Economique,  et  de  médecine  rurale  et  vétéri- 
naire, ou  Dictionnaire  universel  d'agriculture ,  par 
urie  sociéié  il  agiiculieuis  ,  t;  iéi.ligé  par  l'abbé 
Rozier,  Tome  dixième  ,  rédigé  par  les  citoyens 
Cliapial,  cnn.'ieiller-d'éial  et  membre  de  l'institut 
national;  Dussieux  ,  Lastevric  et  Cadet-de-Vaux  , 
de  la  sociéié  d'agriculture  de  Paris,  Parmentier, 
Gilbert,  Rnngier-Labcrgerie ,  et  Chambon  de 
l'institut  naiiori.il. 

Rien  n'a  été  épargné  pour  que  ce  volume  ré- 
pondit à  I  alterne  du  public.  Le  citoyen  Chaplal 
a  rédigé  l'article  vin;  le  citoyen  Dussieux,  f.ir- 
ùc\i:  vigne  ;  ct\u''  vinaigre  l'a  été  par  le  cito-j'en 
Parmentier  ;  iicj(M».\  auverd,  par  Rougicr-Laber- 
gerie  et  par  Gilbert,  etc.  Ce  volume  est  orrié  de 
3o  planches  supéiieurcment  gravées  par  Tardieu. 
Le  buste  de  Rozier.  avec  tous  les  attributs  de 
l'ag'iculturc  ,  qui  indiquent  les  travaux  de  cet 
homme  célèbre  ,  a  éié  gravé  d'après  un  dessin 
d  une  composition  aussi  ingénieuse  que  simple  , 
de  son  ami  1  abbé  Diquemaie. 

Tous  les  extmjilaircs  qui  ne  porteraient  pas  au 
bas  de  la  prcmieie  page  ,  après  le  fron'ispice  ,  la 
signature  du  cli.  A.  J.  Dngour ,  auieur  de  la  Notice, 
sur  la  vie  et  les  écrits  de  iîozter .  seront  répuiés 
contrt-laçons.  Nous  inviions,  ali  nom  du  respect 
qui  est  du  à  une  des  propriétés  les  plus  sacrées, 
au  nom  même  de  leur  propre  intérêt  ,  loiis  les 
ciioyens'qui  auiaieni  quelques  itenseignemens  à 
cet  égard  ,  de  nous  les  faire  parvenir  sur  le 
champ. 

Le  prix  de  ce  volume  sera  le  même  que  celui 
de  la  souscripiion  ,  c'est-à-dire  ,  ta  fr.  en  feuil- 
les ,  12  fr.  25  cent,  broché,  et  16  fr.  franc  de 
port  par  la  poste  jusqti'aux  fioniieres  ,  14  fr.  relié 
en  basane  .  i5  fr.  relié  en  veau  ,  la  reliure  con- 
forme à  celle  des  autres  volumes.  On  ne  recevra 
aucune  leltre  qui  ne  soit  afjranchie. 

Oi»  adressera  les  demandes  au  directeur  de  la 
librairie  de  1  éducation  et  des  sciences  cl  arts ,  rue 
du  Bacq,  n°  264,  j>rès  la  rue   de   lUniversiré.    j 

Il  ne  reste  qne  quelques  exemplaires  de  1  ou- 
vrage complet  en  10  vol.;  prix  l3o  fr.  broché, 
et  i5o  fr.  relié. 


COURS     DU     C  H  A  N  ifi  E. 
Bourse  du  i5  fructidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

3o  jours.       à  tio  .jouTX. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif 

Cadix.  ...    : 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâie. 


S7! 
187^ 


Effets  publics. 

Rente  provisoire ; .  17   fr. 

Tiers  consolidé 3l   fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  5gl  c. 

Bons  d'arréragé Fs   fr.  75  c. 

Bons  pour   l'an  8 86   fr.  63   c. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  REPUBLiq^uE  et  des  Arts. 
Auj.  relâche.  ' 

Xhéatrk  nu  Vaudeville.  Auj.  la  bonne  Au- 
baine; Champagnac  ,  et  Trois  centre  un  ou  Ah! 
que  J'étais  bete  1 

ERRATUM. 

Dans  le  D°  d'hier  ,  2'  pag,  t'^  col.  3'  alinéa  ,  rap- 
port présenté  aux  consuls  de  la  républicjue  par 
le  ministre  de  l'intérieur  sur  l'ociroi  municipal  de 
bicnfesance  de  Paris  ,  au-lieu  de  le  cit.  Dussap 
annonce  ,  lisez  :  le  cit.  Dussap  assure. 


L'abonnement  se  fait  i  Paris,  rue  de»  Poitevins,  n°  18.  Le  prix  est  de  aS  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  six  mois,  et  »oo  francs  pour  I'; 
•'abonne  qu'ku  comraeucement  de  chaqne  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  et  l'argent ,  franc  de  port ,  au  cit.  AcASSE,  propriétaire  de  ce  journal  ,rue  des  Poitevins,  n"  j8.  Il  faut  comprejidrc  dans  le 
■pavi  où  l'on  ne  peut  affrancliir.   Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  neseroutpoint  retirées  de  la  poste. 

il  faut  avoir  soin,  pont  plus  de  sûreté  ,  de  cliarger  celles  qui  reiifermetii  des  valeuts  ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille,  a 
Poitevins  ,  n"  t3,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cii  ^  heure»  du  soir. 


Qvois    le  port    de 


A  Pavis,  de  l'imprinaerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


/f  347. 


Septidi  ,  1  7  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dacer  du  7  Nivôse  le    MONITEUR  est  le  seul  Journal  officie!. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvevnemenr ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  1-s  faits  et  les  notions  tant  sut 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  au)f  sciences ,  aux  arts  et  aux  dérouvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  28  août(  io fructidor.) 

Suilf  dés  questions  faites  dajts  un  comité  de  la 
chambre  des  communes  ,  sur  le  commerce  de 
poisson  ,  au  révérend  t.erbert  Marshal ,  et  des 
réponses  de  celui-ci. 

QpANT  aux  places  d'Allemagne  oiî  se  font  le 
plus  grand  commerce  et  la  plus  grande  con- 
sommation de  hareng  ,  il  faut  observer  qu'indé- 
pendamment des  ports  de  mer  dont  j'ai  déjà 
parlé,  presque  toutes  les  villes  d'A'lemagne, 
«xposent  en  vente  du  hartng  salé  ,  soit  en  gros, 
goit  en  détail,  et  que  les  villages  sont  approvision- 
nés par  des  colporteurs  des  villes  voisines.  Le 
iiareng  se  transporte  dans  l'Allemagne ,  en  partie 
par  eau  ,  et  en  partie  par  terre.  Celui  qui  va  à 
Leipsick  ,  à  Dresde  ,  et  dans  les  autres  endroits 
de  lélçciorat  de  Saxe  ,  est  apporté  sur  l'Elbe , 
dans  des  barques  ,  de  Hambqurg  à  Magdebourg  ; 
et  de  Magdebourg  à  Leipsick  ,  etc  ,  il  est  trans- 
porté par  terré.  Celui  qui  est  destiné  pour  Ber- 
lin ,  feit  toute  la  toute  par  terre  ,  soit  de  Ham- 
bourg ,  soit  de  Stettin.  Le  hareng  est  transporté 
à  Bremen  par  le  Weser  ;  autrefois  les  hollan- 
dais en  envoyaient  beaucoup  ,  par  le  Rhin  ,  à 
Cologne,  Mayence  ,  Francfort  -  sur-  le-Mein, 
Manheim  ,  etc.  ,  d'où  il  était  distribué  par  le 
Mein  et  le  Necker  dans  l'intérieur  de  la  Fran- 
•conie  et  de  la  Souabe.  Le  hareng  destiné  pour 
la  Bohême  et  l'Autriche  ,  est  conduit  par  mer 
à  Stettin  ,  et  transponé  delà  sur  des  barques  , 
par  roder,  aussi  loin  qu'il  est  possible,  dans  la 
Silésie  ,  d'oià   le  transport  se  continue  par  terre. 

Quant  au  cas  que  l'on  fait  en  Allemagne  des 
différentes  espèces   de  hareng  ,    on  montre   une 

Îjréférence  marquée  pour  le  hareng  de  Hol- 
ande,  ensorle  que  ,  quoique  le  hareng  de  Suéde 
ait  été  vendu  dernièrement  un  tiers  et  même  un 
quart  de  moins  que  celui  de  Hollande  ,  il  n'y 
aura  que  les  gens  les  plus  pauvres  du  peuple  qui 
achèteront  du  hareng  suédois  ,  tant  qu  o«  pourra 
se  procurer  de  celui  de  Hollande  ,  ou  du  moins 
du  hareng  préparé  à  la  manière  des  hollandais. 
Les  marchands  dEmbden  ont  appris  des  hollan- 
dais leur  méthode  ;  mais  ils  n'en  ont  pas  encore 
éteint  la  perfection  ;  et  j  ai  entendu  dire  à  des 
personnes  qui  font  ce  commerce  ,  que  le  hareng 
préparé  à  Altona  ne  se  gardait  pas  aussi  bien 
que  ce'ui   de  Hollande. 

Pour  le  prix  du  hareng  dHolIande  .  comme  il 
se  vend  par  barils  dans  les  ports  hollandais ,  je 
m'en  suit  procuré  les  états  depuis  1788  jusqu'à 
1797  ,  qui  est  l'année  oii  les  hollandais  ont  été 
forcés  de  discontinuer  leur  commerce  ;  voici 
quels  ont  été  les  prix  pendant  ces  dix  années  : 


Kixdalcs. 

.   .   i3 
.   .  i3 


AoDces, 
I7S8.  , 
1789., 
»79o-  . 
J791.  . 
Jjgs. 

Quand  le  cours   du 


Anaéeg. 

1793.  . 
IT94-  • 
1795- . 


1797. 


K.ix<lii)«t. 
.    .    lo\ 

•  •    17 
.    .    16 

•  .    19 
.     .    25 


v"«..v.  .w  w«-.,   v..^   change  est   au  pair,   six 
fixdâles  équivalent   à  une  liy.  st.   et  cinq  ou  six 

Îiences  ;  en  sorte  qu'en  1797  le  hareng  de  Hol- 
andc  fut  vendu,  même  dans  les  po  is  hollandais, 
plus  de  4  liv.  st.  le  baril.  Depuis  ce  tems  le  ha- 
reng d  Altona  et  d  Embden  ,  le  seul  qui-  remplace 
celui  de  Hollande,  a  été  porté  à  un  prix  encore 
plus  élevé  l'année  dernière  ,  179g  ;  le  hareng  d'AI- 
tona  t'y  est  vendu  3o  dollars  ,  ou  plus  de  5  1.  st. 
le  baril.  Un  marchand  qui  revenait  de  Magde- 
bourg m'a  dit  ,  au  mois  de  septembre  dernier, 
que,  quoique  le  transport  d'Aliona  à  Magde- 
bourg se  fasse  par  eau  ,  le  hareng  d'Ahona  s'est 
vendu  à  Magdebourg  38  dollars  le  baril  ,  et  que 
celui  d'Embden  s'y  est  vendu  plus  cher  encore. 
Dans  le  même  été  ,  deux  cargaisons  de  hareng 
furent  expédiées  de  Leiih  à  Hambourg  ;  le  négo- 
ciant qui  avait  fait  une  de  c^s  cargaT-ont ,  vn'-t 
dit  que,  quoiquil  eût  acheté  le  hareng  à  Leith 
environ  20  liv.  81.  le  baril,  personne  à  Hambourg 
ne  voulut  lui  en  donner  ce  prix.  J'ai  goiîié  depuis 
du  hareng  de  Leith,  et  j.ai  reconnu  que  ,  bien 
loin  de  ressembler  à  celui  de  Hollande  ,  il  était 
aussi  mal  préparé  qu'il  est  possible  que  du  hareng 
le  soit.  Néatjmoins,  à-peu-ptès  vers  le  même  lems 
il  vint  de  Siornoway  dans  Itle  de  Lewis  ,  à  Ham- 
bourg, une  cargaison  de  harengs  salés  ,  et  quoi- 
qu'ils ire  »c  vendisseut  pas  plus  de  Oioitié  4»  srix 


des  harengs  d'Aliona  ,  ils  furent  vendus  trois  fois 
cejui  du  hareng  de  Leiih  ,  cette  cargaison  ayant 
été  vendue  environ  33  marcs  ,  ou"  à-peu  près 
î  liv.  st.  le  baril. 

Le  hareng  de  Suéde  s'est  'vendu  à  Goihem- 
bourg ,  au  mois  de  mars  de  l'année  derpiere  , 
c'est-à-dire  environ  deux  t^^ois  après  que  la  pêche 
de  hareng  en  Suéde  est  finie,  4^  rixdalcrs  de 
Suéde,  ou  environ  l  liv.  s  s.  sterl  ;  prix  auquel 
les  harengs  du  Nord  de  l'Ecosse  se  sont  vendus 
l'été  dernier  à  Greenock?  ensoite  qu  à  prix  égal  , 
)e  hareng  de  Greenock,  s'il  était  d'une  cjualité 
décidément  supérieure  ,  se  vendrait  avec  plus  de 
rapidité  que  le  hareng  de  Gothembourg  même. 
Quant  à  présent,  il  est  difficile  de  décider  lequel 
tles  deux  obtient  la  préférence.  L-i  grande  objec- 
tion contre  le  hareng  de  Greenock,  dont  j'ai 
acheté  en  octobre  dernier  quelques  barils  pour 
les  envoyer  en  Saxe  .  est  l'inégalité  qui  se  trouve 
entre  les  harengs  d'un  même  baril;  en  effet, 
quoique  dans  chacun  de  ceux-ci  il  y  eût  beau- 
coup de  harengs  d'uu  bon  fUmet,  et  même  de 
fort  supérieurs  aux  harengs  de  Suéde  ,  il  s'y  en 
trouvait  aussi  de  très-inférieurs  à  ces  derniers.  Je 
donnerai,  en  répondant  à  une  des  questions  qui 
suivent .  mes  conjectures  sur  les  causes  de  cette 
inégalité  à  laquelle  on  n'est  jamais  exposé  avec  la 
méihode  des  hollandais.  Le  hareng  de  Norwege  , 
apporté  de  Bergen  ,  Drontheira  et  Christiana  ,  est 
iriféjîeur  même  à  celui  de  Suéde.  Une  des  prin- 
cipales causes  de  celte  infériorité  .  vient  de  ce 
qu'en  Norwege  les  caques  aux  harengs  sont  faites 
de  bois  de  sapin,  ce  qui  communique  au  pois- 
son un  goût  désagréable  ,  et  affecte  la  saumure 
dans  la  totalité  du  baril.  Leï  suédois  ,  au  con- 
traue  ,  qui  à  la  vérité,  à  cause  de  la  rareté  du 
chêne,  ne  font  pas  leurs  caques  de  ce  biis, 
comme  nous  ,  comme  les  hollandais ,  et  les  habi- 
tans  d'Altona  et  d  Embden  les  font  en  hêtre. 

J  ignore  le  prix  du  hareng  de  Dannemark  ; 
mais  il  doit  se  vendre  meilleur  marché  que 
celui  de  Suéde  ;  car  sans  iela  ,  il  ne  trouverait 
pas  de  débit.  En  1779  i'  e»i  venu  à  Hambourg 
329r  barils  de  harengs  deSaede,  et  iSgS  barils 
de  harengs  de  Norwçge^      ■; 

Quant  à  la  manière  dont 'se  consomment  en 
Allemagne  les  harengs  salés  ,  les  allemands  le 
mangent  crû  comme  les  anihois  ;''pour  cela 
même  ,  il  faut  q,wif  soit  prépaVé  avec  plus  de 
soins  et  de  propreté  que  s'il  devait  être  mangé 
cuit.  Mais  comme  lAllemagne  lie  reçoit  pas 
maintenant  de  harengs  de  la  Hollande  ,  et  que 
ceux  d'Altona  coûtent  très-cher  ,  ce  qui  force 
le  pauvre  à  faire  usage  du  hareng  de  Suéde , 
quelques  personnes  le  font  griller  ou  rôilr;  mais 
cette  méthode  est  encore  très-peu  usitée  ;  je  n'ai 
point  entendu  dire  qu'on  le  lit  bouillir. 

(  La  suite  demain.) 
Un  triste  accident  vient  de  prouver  cornbien  il 
est  dangereux  de  chercher  en  cas  d'orage  un  abri 
&OUS  les  arbres  élevés.  Le  19  août,  entre  5  et  6 
heures  du  soir  ,  beaucoup  de  personnes  s'étaient 
rassemblées  dans  un  champ  près  de  Lyme  ,  dans 
le  Dorset<.hirc  ,  pour  voir  des  exercices  d'équi- 
taiion.  Un  orage  étant  survenu  ,  plusieurs  des 
spectateurs  allèrent  se  réfugier  sous  quelque» 
ormes  voisins.  A  l'instant  une  femme  ,  et  deux 
filles  d'environ  i5  ans  ,  y  furent  tués  par  la 
loudre  ;  un  enfant  ,  qu'une  femme  tenait  dans 
ses  bias,  resta  comme  mon  pendant  piès  d'une 
demie  -  heure  ,  mais  il  reprit  ses  sens.  Sur 
I  arbre  qu'a  frappé  le  tonnerre  ,  on  distingue 
facilement  sa  trace  ,  une  partie  de  l'écorce  ayant 
été  enlevée.  Qi/and  l'accident  arriva  ,  il  y  avait 
a  peine  une  minute  que  20  personnes  aveities  du 
danger  avaient  (juilté  la  même  place. 

Singulier  pari.  —  Mardi  dernier,  un  cordonnier 
nommé  Georges  Simmons  ,  qui  demeure  près  de 
Easl-Smiihlield,«ntreprii,  pour  le  misérable  pari  de 
deux  bouteilles  de  bierre  ,  de  délivrer  de  mouches 
la  boutique  d  un  épicier.  En  conséquence  ,  accom- 
pagné d  une  nombreuse  suite  de  gaiçons  tailleurs  , 
de  cochers  de  fiacres  ,  etc.  ,  il  s  est  rendu  d  un 
cabaret  cù  c  était  faite  la  gageure  ,  à  la  boutique 
d'un  épicier  à  Tostet  -  Hell.  Ayant  informé  le 
marchand  du  pari  ,  il  se  fit  donner  trois  feuilles 
de  papier  frottées  de  ihériaque  ,  dont  il  mit  une 
sur  sa  iê;e  ,  et  une  dans  chaque  main  j  puis  il  se 
mit  à  se  promener  de  côté  et  d'autre  dans  la  bou- 
tique,  en  fesant  une  espèce  de  bourdonnement 
pareil  à  celui  que  ferait  en  volant  une  grosse 
mouche  :  en  moins  de  trois  minutes ,  un  nuage 
de   mouches    viat  se  ra»8 e m l>l«r  autour  d»  la 


tête  ,  qui  en  fut  comme  enveloppée.  Il  sortit 
alors  ,  et  alla  jusqu'au  marches  de  la  Tour,  où 
il  déposa  son  cortège  aîlé  dans  l'ouverture  d  une 
petite  boutique  de  marchand  d'eau-de-vie  ,  ache- 
vant ainsi  son  exploit  à  la  ^rande  admiration  de 
la  foule  qui  l'avait  suivi.     (Extrait  du  Sun.) 

Du  29  août  (  1 1  fructidor,  j 

Une  lettre  de  Portsmouth  ,  datée  d'hier,  an- 
nonce que  la  veille  il  avait  régné  une  grande 
agitation  dans  cette  ville  ,  au  sujet  d'une  aug- 
mentaiioii  dans  le  prix  du  pain,  que  Ion  s'élait 
attendu  à  voir  plutôt  baisser.  Ce  mouvement 
n'a  pas  eu  de  suite  sérieuse;  mais  on  craignait 
qu'il  ne  se  renouvellât  le  lendemain.  Il  a  éié'pris 
en  conséquence  des  précautions. 

On  mande  du  cap  de  Bonne-Espérance,  qu'un 
catfre ,  nommé  Cayao  .  chef  d'une  borde  irè?- 
formidable  ,  a  fait  deux  voyages  dans  cette  ville  , 
où  il  a  été  introduit  au  conseil.  On  espérait  , 
par  son  crédit ,  n'avoir  plus  rien  à  craindre  de 
sa  horde. 

La  flotte  poir  la  Baltique,  détenue  depuis; 
quelque-tems  dans  le  port  de  Huli  ,  par  ordre  des 
lords  de  l'amirauté  .  a  reçu  permission  de  mettre 
en  mer;  ce  qu'elle  a  dû  faire  avant-hier,  sous 
1  escorte  du  bâtiment  armé   le  Prince  William. 

Une  somme  de  3oo  et  tant  de  livres  sierling  a 
été  souscrite  dernièrement  dans  une  réuniiin  d  ha- 
bitans  voisins  de 'Woodbridge,  pour  f.iciliter  les 
poursuites  contre  les  accapareurs  ,  monopo- 
leurs ,  etc.  etc.  etc. 

Une  partie  de  la  flotte  de  la  Jama'fque  est  arrivée 
saine  et  sauve.  Le  reste  a  été  vu  en  bon  état  le  «3 
à  la  hauienr  du  cap  Clear. 

Un  navire  appartenant  au  port  de  Surate,  et 
ayant  dix  lacks  de  roupies  à  bord,  a  été  capturé 
par  un  bàiimeat  franc  lis. 

La  Ccm,  bâtiment  américain,  revenant  de  llsle- 
de-France  ,  et  chargée  principalement  en  espèces, 
a  fait  naufrage  sur  l'île  d'Auguna.  Le  capitaine  ,  lé 
subrécargue  et  un  passager  ,  s'étant  avancés  dans 
l'intérieur  ,  pour  en  reconnaître  les  naturels  et  se 
concilier  leur  bienveillance,  fuient  massaeiés  par 
eux.  Le  reste  de  1  équipage ,  qui  s'était  caché  dans 
les'  bois ,  de  retour  le  soir  au  b  leau  qui  avait  servi 
à  le  sauver  du  naufrage  ,  ainsi  qu'une  partie  de 
I  argent  du  havirc  ,  trouva  qu'il  n'en  avait  été  rien 
distrait.  Trop  certain,  malheureusement  ,  de  la 
perte  de  son  capitaine  et  des  deux  personnes  qui 
l'accompagnaieni ,  il  se  hasarda  à  faire  route  pour 
Batavia  ,  oii  il  a  eu  le  bonheur  d  arriver  avec  4  à 
5  mille  dollars  à  bord  du  bateau. 

Une  polacre  allant  de  la  Trinité  à  Gibraltar,  et 
la  Spéculatla  ,  se  rendant  de  la  Martinique  à  la 
Jama'ique  ,  ont  été  prises  et  conduites  à  la  Gua- 
deloupe. 

On  dit  qu'il  a  été  fait  ,  de  l'île  de  la  Triniié  où 
se  sont  établies  plusieurs  maisons  de  commeice 
ariglaises  ,  pour  un  million  sterling  de  demandes 
d'objets  de  nos  manufactures, 

Ben-Johnson  preriait  toujours  médecine  avant 
de  composer  ses  pièces.  Il  attribuait  leurs  succès 
à  celte  précaution. 

INTÉRIEUR. 

Mont-de-Marsan  ,  le  S  fructidor  ati  8. 

Le  général  Alexandre-Berihier  ejt  arrivp  ce 
malm  à  dix  heures  dans  nos  murs;  il  a  été  ac 
cueilli  aux  acclamations  des  citoyens  qui  se  pres.- 
saient  en  foule  pour  voir  le  compagnon  de 
Bonaparte,  le  général  de  Maringo.  'Jous  les 
cœurs  étaient  transportés  d'enthousiasme. 

Il  est  descendu  chez  le  préfet.  Toutes  les  au- 
toniés  sont  venues  successivement  lui  rendrp 
hommage  :  les  dames  de  la  ville  lui  ont  offett 
une  couronne  de  lauriçr,  qu  il  a  acceptée  au 
nom  de  la  brave  armée  d'Italie.  Il  a  bien  voulu 
donner  des  détails  sur  la  bataille  de  Maripgoi 
la  simplicité  de  son  récit,  la  modestie  avec  ,1a!- 
quelle  il  parlait  de  cette  célèbre  victoire  à  laquelle 
il  eut  tant  de  part ,  n'eussent  pas  permis  ,  à  qui- 
conque ne  l'eût  pas  connu  ,  de  deviner  qu'il 
avait  devant  les  yeux  le  général  des  héros  gui 
illustreront  à  jamais  cette  mémorable  journée. 

Il  a  continué  sa  route  pour  Madrid  après  une 
heure  et  demie  de  repos.  Il  a  pu  juger,  pendant 
ce  court  espace  de  temps  de  la  sincérité  dé 
l'a-ttacbemeot  de  cette  contrée  au  gouvelnémeni , 
et  de  Ja  toflfiance  universelle  dan»  le  itottgisiiîh 


1-398 


«Itint  la  fiicsence  et  Vadminisiralion    assurent  au  1 

ticparicnieiit    la    tranquilliié  ^   apiès   laquelle    ils 

soupiraient  depuis   si    loiig-teins.  ' 

C.  Cipit.iine  commandant  de  la3T'  compagnie  j 

aes  vétérans  nationaux.  \ 


Paris,  le  id fructidor. 

On  éciit  de  Bordeaux,  en  daie  du  II  fructi- 
iloi  :  "  La  police  s'occufie  avec  la  plus  grande 
aciivilé  de  la  pour'cuiie  des  brigands  qui  ont  dé- 
jiouillé  le  counicr,  et  ses  recherches  semblent 
couioiinécs  du  plus  heureux  succès.  Des  reusci- 
gnenitns  certains  lui  sont  parvenus  ,  et  tout  pro-  i 
n.ei  qu'elle  léussira  bientôt  à  découvrir  les 
coupables. 

—  On  a  saisi  et  conduit  clans  les  prisons  de 
Roanne  ,  le  nommé  Richard  ,  l'un  des  chels  des 
brigands  qui  ont  commis  tant  de  vols  et  d'ass.^s- 
sinats  dans  la  commune  de  Lyon  et  ses  environs. 

(Journal  des  débats.) 

—  Le  docteur  David  ,  médecin  de  Rotterdam  , 
vient  d'-arriver  à  Paiis  pour  suivre  les  expériences 
de  la  vaccine.  Son  intention  est,  après  qu'il  se 
sera  bien  convaincu  de  la  supériorité  de  cette 
méthode  sur  l'inoculation  de  la  petite  vérole 
ordinaire,  d'emporter  du  virus  vaccin  ,  pour  être 
à  même  de  taire  jouir  son  pays  des  bienfaits  de 
celte  étonnante  découverte, 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  i5  fructidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  vu  la  loi  du  !"■ 
brumaire  an  7  ,  concernant  les  patentes  ;  celle  du 
Il  frimaire  suivjnt ,  rel.ntive  aux  dépenses  dé- 
partementales ,  municipales  et  locales  ,  et  celle 
du  28  pluviôse  au  8,  qui  établit  un  nouveau 
régime  administratif,  sur  le  rapport  du  ministre 
des  finances  ,  le  conseil-d'état  entendu,  arrêtent  : 

Art.  1^'.  A  compter  de  l'an  9,  les  contrôleurs 
des  contributions  directes  sont  chargés  de  for- 
mer ,  avant  le  \"  frimaire  au  plus  tard  ,  chacun 
dans  son  arrondissement ,  les  tableaux  des  ci- 
toyens assujétis  à  la  patente  ;  d  établir  la  nature 
de  leur  commerce,  industrie  et  profession  les 
plus  imposables  ,  la  valeur  locative  de  leurs 
maisons  d  habitation  ,  usines,  ateliers  .  magasins 
et  boutiques  ,  d  après  les  rèa,les  ])rescrites  par 
les  articles  5  et  9  de  la  loi  du  i"  brumaire  an 
7  ;  lesdits  tableaux  seront  arrêtés  par  les  maires, 
qui  les  viseront,  qui  pourront  y  joindre  leurs 
observations  ,  et  qui  en  conserveront  un  double 
dont  les  citoyens  pourront  aussi  prendre  com- 
munication. 

IL  Les  contrôleurs  enverront ,  sans  délai  ,  les 
tableaux  qu'ils  auront,  formés  en  exécution  de 
l'article  l"^  ,  au  sous  préfet ,  qui ,  dans  la  décade 
suivante  ,  les  fera  passer  ,  avec  ses  observations, 
au  préfet  .  lequel  remettra  le  tout  au  directeur 
des   contributions    directes. 

m.  Dans  la  décade  qui  suivra  la  réception 
des  tableaux,  le'  directeur,  bxera ,  d'après  les 
lois,  le  montant  de  chaque  patente  ;  il  remettra 
au  préfet  les  rôles  ainsi  formés,  et  il  y  joindra 
"Jes  observations  qui  auront  été  adressées  parle 
sous-préfet  et  par  les  maires. 

IV.  Dans  la  décade  suivante  ,  le  préfet  ,  après 
avoir  véiifié  les  lôles  et  les  avoir  rendus  exécu- 
l«ires  ,  les  adressera  au  directeur  de  l'enregis- 
trement ,  qui  les  fera  parvenir  aux  receveurs 
chargés  d'en   suivre  le  recouvrement. 

V.  Le  receveur  de  1  enregistrement  délivrera 
aux  parties  intéressées  quittance  du  droit  de 
patente;  il  leur  remettra  en  même  tems  la  formule 
de  patente  après  l'avoir  rédigée  au  nom  du  maire 
du  domicile  du  requérant  patenté.  Celte  formule 
de  patente  sera  signée  par  le  maire  ,  sur  la  re- 
mise de  quittance,  et  revêtue  du  sceau  de  la 
convinune.  La  quittance  restera  déposée  au  se- 
crétariat de  la  mairie  ,  et  il  y  sera  aussi  tenu  un  1 
registre  conforme  à  l'article  XXJI  de  la  loi  du  | 
i"  brumaire  an   7.  | 

VL  II  sera  statué  sur  les  réclamations  formées 
par  les  citoyens  compris  aux  rôles  des  patentes  , 
contre  leur  taxe  ,  de  la  manière  prescrite  par  lar- 
têtè  ■  du  24  floréal  .dernier  ,  concernant  les  dé- 
chargée et  réductions  eti  matière  de  contributions 
directes.  ' 

•"VII-  Il  est  alloué  pour  l'an  9  ,  aux  agens  dé  V 
dileciion  des  contributions  directes  ,  pour  leur 
travail  relatif  à  la  contribution  des  patentes  ,  y 
compris  les  frais  des  registres,  impressions  et 
tous  autres  ,  2  décimes  par  franc  du  10'  affecté 
par  les  lois  aux  dépenses  locales  des  communes  , 
isur  le  protluit  net  des  patentes. 
'  'Ladisttibuiion  ^e  cette  somrue, sera  réglée,  ppijr 
chaque  département,  par  le  uiiiiiyr.e,  d§f,&nanc,e^^ 
sur  les  états  qui  lui  seront  ipiifn^Sfptaf;.,  jes,  djisisft- 
teurs  des  contributions.  '.-çr.''   •     ,•■■>■■'  "i  \\i 

VlUr  Le  morriam,  des  sommes  qui  sont  accor- 
dées poui'  ces  uifferen.s  frais  ,  sera.acquitté  sur.le's 
états  dà  'mihtstie  ,.pa:"  les  receveurs  de  1  enregis- 
irernept'des  chefs-iie^i^;r4^s.!Pjrèfeçt)i)r^Aie:Ç  AP'jtsp 
^ïefectures.  ,  i'v.-.v/r.ii  -.lii-i^ut;  si  tij  is 


IX.  Le  10'  du  produit  net  des  droits  de  pa- 
tente,  déduction  faite  de  2  décimes  par  franc  , 
continuera  à  être  alFecté  et  employé  aux  dépenses 
locales  de  chaque  commune  pour  les  dépenses 
de  lan  S  et  pour  celles  de  l'an  9  ,  et  la  délivrance 
en  sera  faite  par  les  receveurs  de  1  enregisireuient , 
sur  les  mandats  des  piéfets. 

X.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  ariêtc  ,  qui  sera  inipiimé  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé  ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul, 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,   H.  B.   .Mariît. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  vu  la  réclama- 
tion du  citoyen  Dupetit  Manieux  contre  une  dé- 
cision du  ministre  dès  finances  ,  en  date  du  14 
pluviôse  an  7  ,' relative  à  un  passage  contesté 
entre  le  réclamant,  acquéreur  du  ci-devaiil  pres- 
bytère de  la  commune  d'Esbly  ,  département  de 
de  Seine  et  Marne  ,  et  .le  citoyen  Frager  ,  acqué- 
reur de  la  maison  d'école  de  la  même  com- 
mune ; 

■Vu  aussi  la  loi  du  l3  brumaire  an  7  &ur  le 
timbre  ; 

Considérant  qu'aucune  des  pièces  produites 
par  le  citoyen  Dupetit  Manieux  ,  n'est  revêtue 
des  formes  exigées  par  la  loi  ;  le  conseil  d'état 
entendu  ,   ariêtent  : 

Art.  I".  Il  ne  sera  statué  sur  la  pétition  du 
citoyen  Dupetit-Manieux  ,  qu'autant  qu'il  présen- 
tera une  nouvelle  pétition  sur  papier  timbré. 

II.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présentarrêté ,  qui  sera  inséréaubuHetin 
des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bon.\parte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 


MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Faris ,  le  /i  fructidor  ,  an  8  de  la  république 
française ,  une  et  indivisible. 

Le  ministre  de  l'intérieur  arrête  : 

An.  1".  Les  projets  de  colonnes  départemen- 
tales seront  exposés  dans  une  salle  du  Louvre  , 
dans  le  courant  de  vendémiaire. 

II.  L'exposition  durera  quatre  décades. 

III.  Le  citoyen  Raimond ,  architecte  du  Louvre  , 
est  chargé  de  l'exécution  du  présent  anêié. 

Le  ministre  de  l'intérieur,    signé  L.    Bonaparte. 


On  a  lu  dans  un  des  précédens  numéros  des 
détails  sur  la  mort  tragique  d'un  jeune  voyageur 
danois.  Le  préfet  du  Léman  les  a  transmis  au 
ministre  de  I  intérieur,  qui  s'est  empressé  d'ap- 
prouver les  témoignages  de  satisfaction  donnés 
aux  citoyens  D«ville,  père  et  fils,  et  au  citoyen 
Deluze, 

Le  ministre  a  chargé  le  préfet  du  Léman  de  lui 
présenter  le  projet  et  l'aperçu  de  la  dépense 
d'un  monument  durable  à  élever  au  malheureux 
EschetL  II  lui  a  aussi  demandé  des  -renseigne- 
mens  sur  les  moyens  de  rétablir  l'hospice  cous- 
truit  par  le  citoyen  Félix  Desportes. 

MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 
Le  i6  fructidor  ,  an  8. 

Des  filoux  continuent  dadresser  de  Paris  dans 
presque  tous  les  départemens  ,  des  lettres  dites 
dejetusalem.  Sous  te  prétexte  de  vouloir  décou- 
vrir des  trésors  que  les  persécutions  ont  fait  en- 
fouir, ils  ne  cherchent  qu'à  escroquer  de  I  argent. 
Les  lettres  et  les  auteurs  ne  méritent  que  le  mé- 
pris. Le  ministre  de  la  police  générale  en  a  fait 
arrêter  plusieurs  le  mois  dernier.au  moment  oii 
ils  se  présentaient  pour  recevoir  l'argent  ;  il  invile 
les  citoyens  qui  eu  recevraient  ,  à  ne  pas  même 
y  attacher  assez  d'importance  pour  les  lui  faire 
passer,  à  moins  quils  n  eussent  une  connais- 
sance personnelle  des  faussaires. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Ordonnance  concernant  les  chefs  des  pettsionnats  , 
tes  maîtres  des  écoles  particulières  ,  et  toutes  les 
institutrices.  — Du  J'i  fructidor  cçn  8  de  la,  répu- 
blique française  ,'une  et  indivisible.  ^ 

Le  préfet  de  police,  vu  la  circulaire  du  ministre 
de  l'iniérieur,  en  d^te  du  8  de  ce  mois,  portant 
:que  i'ariêté  des  consuls  du  7  thermidor  deinicr, 
•relatif  à  l'observation  des  (/t'cadî'i  par  les  autorités 
constituées  et  les  fonctionauires  publics  ,  et  appli- 
cable aux  instituteurs  primaires,  l'est  également 
aux  chefs  des  pensionnats,  aux  maîtres  des  écoles 
particulières .  et  à  toutes  les  institutrices,  enjoint 
■aux  commissaires  de  police  et  aux  oHiciers  de 
paix  de  veiller  à  la  pleine  et  entière  exécution 
de  la  décision  du.  ministre  de  llntérieur  ,  de 
constater  les  contraventions  qui  pourraient  avoir 
^  .lieu  ,  et  d'envoyé*  leurs  piocès-verbaux  et 'rap- 


ports à  la  préfecture  de  police  ,.  pour  cire  pris 
j  par  le  préfet  les  mesures  ordonnées  par  les  loi» 
contre  les  contrevenans. 

I      La  présente  ordoirnance  sera  imprimée  ,  affichée 
etenvoyée  aux  autorités  quidoiveut  en  coimaître, 
I  aux  officiers  de  police   et  aux   préposés  de  la  pré- 
fecture ,  pour  que  chaciirr  ,  en  ce  rpri  le  concerne, 
puisse  concourir  à  en  assurer  l'exécution. 

Le  préfet  de  police,  Dubois. 
Par  le    préfet  , 

Le  secrétaire-général ,  signé.  Pu». 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  d^Andrieux.  ■  ■ 

SÉANCE   DU   16    FRUCTIDOR. 

■  Le  cit.  Cornl  es  Daunou  ,  fait  hommage  de  son 
Introduction  à  la  pnilosophie  de"Platdn.  -. 

Le  tribunal  arrête  la  mention  au  procès-verbal.       4 

La  famille   du    cil.   Dailly ,  membre  du    sénat-        * 
conservateur,   annonce    la  mort  de  ce  citoyen. 

Le  tribunal  procède  à  la  nomination  de  deux, 
membres  pour  complettet  sa  commission  des 
inspecteurs. 

Les  citoyens  Chabot  et  Thibaut  obtiennent  la 
majorité  des  suffrages  ,  er  sont  élus. 

Organe  d'urle  com|nissJon  spéciale  ,.  Pcrre.îa 
fait  un  rapport  sur  la  dénonciation  faite  par  le 
citoyen  Saladin  ,  d'un  arrêté  des  consuls  du  16 
prairial  an  8  ,  qui  annulle  la  vente  faite  au 
citoyen  Desmareis  d'un  boiS  national  ,  .comme 
formellement  contraire  à  la  disposition  de  la  loi, 
en  ce  que  ce  bois  n'est  pas  à  la  distance  otj  il 
devrait  être  d  un  autre  bois  national  noii 
aliénable. 

A  sa  dénonciation  ,  le  citoyen  Saladin  a  joint 
les  deux  questions  suivantes  : 

u  Quelle  est/ la  manière  de  mesurer  la  di.'stance 
d'un  bois  aliénable  par  contenance  ,  à  un  aulre 
bois  inaliénable  ? 

!)  Une  aliénation  légalement  consommée  d'un 
bois  national  jugé  aliénable  .  peut-elle  être  an- 
nullée  sous  le  prétexte  d'un  aulre  mode  de  cal- 
culer sa  distance  d'un  autre  bois  non  aliénable  ?  j> 

Sur  la  première  question  nous  répondrons , 
qu'il  n'y  a  point  de  dispositions  dans  les  lois  qui 
détermine  le  mode  de  incsuie. 

Quant  à  la  seconde  question  ,  sans  doute  qu'un 
acte  du  gouvernement  qui  annullcrait  une  vente 
de  domaines  nationaux  faite  selon  toutes  les  con- 
ditions qu'exigent  la  loi  et  l'iniétêt  public  ,  blesse- 
rait la  constitution  ;  mais  l'arrêlé  dénoncé  par  le 
citoyen  Saladin  n'est  pas  dans  ce  cas  ,  et  nous 
nous  bornerons  à  faire  observer  que  la  venie  d  un 
bois  naiional  faite  au  citoyen  Desmareis  ,  étant  ua 
acte  purement  adminiuraiif  ,  qui  ne  porte  aucun 
caractère  Q'iiiconstilutionnali,té,nous  n'aVonspoint 
à  nous  en  occuper. 

Votre  commission  vous  propose  en  conséquence 
de  passer  à  l'ordre  du  jour  sur  la  dénonciation 
dont  il  s'agit. 

Le  tribunal  passe  à  l'ordre  du  jour. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  sur  la 
motion  d'ordre  de  Chazal  ,  relative  aux  succes- 
sions lestaraenlaires. 

'  Avant  de  discuter  celte  motion ,  Andrieux  invite 
ses  collègues  à  examiner  très-scrupuleusement  les 
propositions  qui  lui  sont  faites,  à  les  discuter  avec 
sagesse  et  njaturité  ,  mais  à  éviter  avec  .  soin  ; 
lorsque  ces  propositions  ontpour  objeila  réforme 
de  quelques  .points  de  législation  ,  de  les  présenter 
comme  le  vçeu  formel  et  unanime  du  tribunat. 
Contentons  -  nous  ,  dit-il,  après  ]a  discussion  , 
d'ajourner.  L'ajournement  ne  sera  point  une 
condamnation  de  la  proposition  ,  et  je  déclare 
quil  m'arrivera  souvent  d'approuver  individuel- 
lement une  proposition  ,  et  de  m'opposer  en 
même  lems  à  ce  que  cette  proposilion  soit  pré- 
sentée comme  le  vœu  du  tribunat.  Je  vais  en  don- 
ner l'exemple  dans  la  discussiori  actuelle. 

J'arrive  maintenant  à  la  motion  de  notre  collè- 
gue Chazal  ,  et  je  |e  remercie  d'abord  de  lavoir 
faite  ;  car  elle  aura  toujours  eu  celle  utilité  de  cons- 
tater un  point  important  sur  lequel  notre  discus- 
sion de  la  loi  du  4  germinal  ,  relative  à  la  faculté 
de  disposer  dé  ses  biens,  avait  laissé  une  incerti- 
tude désolante. 

Lorsqu'on  nous  présenta  le  projet  de  cette  loi  , 
ceux  qui  le  combattirent  (  et  je  fus  du  nombre  ) 
représentaient  que  c'était  retarder ,  et  peut-être 
rci)à:e  interminable  la  confecnon  du  code  civil , 
que  d'admettre  partiellement  des  dispositions  lé- 
gislatives qui  devaient  se  rattacher  et  tenir  à  beau- 
coup d'autres  parties  corrélatives. 

On  nous  répondit  que  le  code  civil  ne  viendrait 
prs  sitôt  ;  l'orateur  même  du  gouvernemeirt ,  en 
présentant  ce  projet  de  loi ,  avait  paru  traiter  d'im- 
praticable le  projet  de  faire  et  de  donner  enfin  à 
la  France  ce  code  civil  après  lequel  elle  soupire 
depuis  si  long-iems  ^  et  dont  elle  a  un  si  préjsaat 
besoin.  ,  '  ' 


i3gg 

Aujourd'hui   on  lient   un  langage  diffi'renl;  et  '      Non,  mes  collègues  ,   je  ne  pense   pas  qu'elle 
l'on  a  cnmbauu  certaines  parties  de   la  motion  de  '  sou  d'accord  ni  avec  les  sentiniens  de  la  nature  , 


ChazaI  ,  comme  inutiles  et  intempestives  ,  attendu 
qu'il  y  sera  pouivu  par  ic  code  civil  ,  dont  quel- 
ques portions  existent  eu  projet  ci  nous  ont  été 
distrilucécs. 

J'observe  que  notre  argument  pris  de  la  né- 
cessité d'avoir  un  code  civil  ,  était  liès-lbrt  contre 
une  loi  p:irticlle  ,  qui  scinblait  ,  nial-à-propos  , 
détachée  de  ce  code  ;  au  lieu  que  l'argument  in- 
verse qu'on  tiie  de  lexiMeiice  tl  un  pïojet  de 
code  civil  ,  ne  peut  pas  laiie  taisonnablcmeni  de- 
sapprouver une  niotinu  q'.ii  y  est  leladve  ;  car  euftn 

de  ce  qu'une  madcie   se    tiouve   classée  dans  ce  !  leur conduiic  privée  des  motils  pou"r  iacoinbaiir 
projet,  il  ne  s  eUMirt  pas  que  nous  ne   puissions     Ali  !  je   le  crois  sans    peine,  j'esiime   trop    c 
pas,  que  nous  ne  devions  pas  I  examiner,  la  dib-     vertueux  collègues  pour  en  douter  un  rnoineni  ; 
cuier  sur  la  proposition  d  uu  de  nos  collègues.  J  mais  je  les   plains  d'avoir  étouffé  la  voix  de   la 

Osons  donc  parler  du    code  civil  ,  osons  l'ap-  i  nature  que  leur  cœur  leur  lésait  entendre  ,  pour 
peler  de   toutes   nos    lorces  ti  de  toute   1  énergie  j  se   jeiler  dans   de    laux  et  froids  raisonnemens  , 


ni  avec  les  règles  de  la  morale  ,  ni  avec  les 
principes  républicains.  Je  regrette  profondément 
qu  elle  ait  éié  faite  ,  parce  qu'elle  n'est  propre 
qu  a  reculer  noire  régénération  morale  ,  sans 
laquelle  notre  génération  politique  ne  peut  se 
soutenir.  Qjiolqu'on  fasse,  il  n'y  aura  jamais  de 
republique  ni  de  véritable  liberté  que  là  où  il 
y  aura  de  la  vertu  ;  et  ceux  mêmes  qui  ont  dé- 
tendu cette  loi  funeste,  ont  avoué  ,  en  la  défeti- 
daiit  ,  qu  elle  lépugnaii  à  leur  coeur;  qu'ils  avaient 
e  bonheur  de  trouver  dans  leur  famille   et  dans 


de  nos  vœux  et  de  nos  désirs  ! 
-  J'examine  h  présenl  quelques  parties  de  la  mo- 
tion de  noire  collègue;  car  mon  dessein  n'est 
fiis  de  la  suivre  dans  toutes  ses  branches. 

Il  a  proposé  d'abord  la  suppiessiou  de  la  re- 
présentation à  l'iiij'uii  en  ligne  coUatérute  ,  repié- 
sentalicn  qui  existait  dans  quelques-unes  de  nos 
anciennes  coutumes  ,  et  que  la  loi  du  17. nivôse 
avait  étendu  à  la  France  entieie. 

Assuiénient  on  ne  peut  encore  que  ienfl.fe 
giace  à  1  auteur  de  cette  proposiiion  ,  sur  la- 
quelle il  paraît   que  nous  somtiies  tous  d'accord. 

La  rcprést-ntaiion  à  l'jnlini  avait  pour  but  la 
division  des  patrimoines,  et  celte  intention  éiait 
louable  ;  mais  lexcès  in  tout  a  ses  inconvéniens  ; 


dictés  par  l'habitude  elles  préjugés.  ■  Ainsi  ils  ont 
désavoué  comme  fils  et  comme  jiere  1  opinion 
qu  ils  soutenaient  comme  magistrats;  pour  moi 
je  ne  pense  pas  qu'il  existe  deux  raçrales  ,  et 
qu  on  doive  en  adopter  une  dans  ses  opinions, 
dont  on  rougirait  pour  sa  propre  conduite  ;  je 
pense  que  toutes  les  lois  ne  doivent  être  que  le 
développement  et  l'applicaiion  des  principes  de  la 
morale  ;  je  pense  que  le  législateur ,  pour  faire  de 
bonnes  lois,  ne  doit  ,  pour  ainsi  dire  ,  que  les 
découvrir  ;  elles  existent  ;  elles  sont  dans  la  na- 
ture etdans  le  cœur  de  l'homme;  il  y  a  en  morale 
comme  en  mathémaivque  des  rapports  éternels  et 
ceriams  ;  il  ne  s'agit  que  de  les  trouver. 

Or  ,  je  suis  persuadé  ,  et  l'on  ne  me  le  conteste 


à  force  d'appeler  des  liéritieis  qui  tous  amènent  j  pas  ,  qu'une  des  dispositions  de  la  loi  du  4  ger- 
leurs  conseils,  leurs  hommes  de  loi,  les  succès-  minai  est  en  opposition  avec  ces  rapports;  je 
'siens  s'évapoient  et  se  volatilisent  sous  la  main  (orme  donc  individuellement  le  vœu  bien  sinceie 
des  gens  d'affaires  ;  le  but  de  la,  loi  est  inancpaé.  que  celte  dispositions  disparaisse  du  code  civil; 
11  paraît  que  la. reforme  de  celte  loi  sera  proposée  |  mais  je  ne  pioposerai  point  au  tribunal  d'émeure 


et  n'éprouvera  pas  de  uifEculi 

Je  ne  partage  pas  de  même  l'avis  de  ChazaI  , 
lorsqu  il  propose  de  fixer  utt  degré  de  paienié  , 
passé  lequel  la  successibiliié  cessera  ,  et  !a  répu- 
'bliquc  héritera  au  lieu  et  place  des  parens 
éloignés. 

Je  pense  que  tant  qu'il  existe  un  parent  qui 
peut  prouver  sa  filiation  ,  ce  parent  doit  hériter; 
que  même,  à  début  de  parens,  l'époux  survivant, 
comme  le  propose  le  n  ,uveau  projet  de  code 
civil  ,  doit  être  préféié  à  la  république;  le  droit 
de  déshérence  ne  saurait  être  un  droit  favorable, 
ou  plutôt  ce  c'est  pas  un  droit;  le  fisc  ne  re- 
cueille alors  une  succession  qu'attendu  le  fait 
qu'elle   est  vacante   faute   d'bériters  connus. 

Il  n'est  pas  de  l'inléiêt  public  que  l'état  soit 
si  grand  propriétaire;  les  propriétés  publiques 
sont  toujours  les  plus  mal  cultivées,  les  moins 
bien  administrées.  La  république  ,  dira-t-on  , 
vendrait  les  propriétés  qu'elle  aurait  ainsi  re- 
cueillies ;  mais  elle  les  vendrait  mal  ;  mais  ce 
serai-ent  des  occasions  perpétuelles  de  dilapida-- 
iions  ,  de  malversations,  de  friponeries  ;  ce  serait 
alors  les  acrjuéreurs  qui  deviendraient  les  héri- 
t  ers  ;  auiant  et  mieux  vaut  laisser  les  biens  aux 
hériliers  du  sang,  quoicjue  dans  un  degré  éloigné. 
Enfin  ,  notre  collég^ue  a  demandé  que  l'égalité 
fût  maintenue  en  ligne  directe,  et  qu'un  père, 
tine  mère  ,  un  ayeul  ,  une  ayeule  ,  ne  pussent 
pas  avantager  un  de  leurs  enlans  ou  descendans 
au  i.uéjudice  de  1  auiie. 

Vous  savez  à  cet  égard  ,  mes  collègues  ,  quelle 
était  mon  oj/inion  avant  la  loi  du  4  germinal  ;  je 
l'ai  manifestée  alors  autantquc  le  peu  de  tems  laissé 
à  notre  discussion  me  1  a  permis. 

Mon  oj.iiiion  n'a  pas  été  adoptée  par  le  tribunal; 
le  corps  législati!  tn  a  sanctionné  uns  contraire; 
que  faire  dans  celle  posiiion  ?  jCar  je  pense  que 
1  émission  d'un  vœu  oppo  é  à  une  loi  si  récente  , 
««rajt  encore  plus  inconvenante  iju'inulile. 

J  ai  donc  piis  mon  paru'  de  croire  que  cette  loi  , 
qui  met  le  rtspet  de  l'or  et  le  désir  des  richesse*  à 
la  place  de  l'amour  de  la  gloire  et  de  la  vertu  ,  est 
jrès-sage  et  très-morale. 

Qui  enseigne  aux  fils  que  la  bénédiction  d'un 
père  blanchi  dans  une  indigente  probité,  est  moins 
vénérable  et  moins  douce  que  celle  d'un  père  opu- 
lent ,  quelqu'impure  que  soit  la  source  de  sa  lor- 
tune  ; 

'  Qiii  leur  enseigne  que  les  premiers  et  les  plus 
dbux  sentirnens  delà  nature  ,  l'amour  paternel, 
la  piété  filiale  ,  les  tendresses  du  sang,  se. comptent 
el  se  pèsent ,  s'achètent  et  se  vendent  ; 

Que  les  devoirs  les  plus  saints  et  les  plus  douces 
jouissances  peiivcnt  être  évalués  en  aident  et  esti- 
més à  ju<lc  )irix  ; 

Qu  on  doit  soigner  le  père  riche  et  négliger  le 
père  indijjtnl ,  qui  ne  peut  pas  payer  une  prime 
d'encouiagenicni  pour  les  soins' qu  on  lui  dunne  •, 
J'ai  ptis  mon  parti  de  croite  ,  et  je  croirai  puis- 
qu'il le  laul ,  que  l'inégalité  autorisée  entre  les  en- 
lens  sera  peu  considérable  ;  je  lâcherai  ,  dis-je  , 
de  le  croire,  malgré  Barêine  cl  le  calcul  qui  dé- 
montrent ijue  dans  Ions  les  cas.  hors  un  seul,  l'en- 
tant lavonsé  auia  le  double  des  autres  ,  réduits 
à  Uui    portion  légitime. 

.fiais  je  quille  Inonie  que  je  n'ai  employée  que 
pour  cxpiimtr  plus  lortemcni  une  pensée  sur 
tous  les  maux  (jui  niv  icnibleni  devoir  résulter 
du  cette  loi. 


un  vœu  solennel  sur  cet  objet. 

Pour  me  résumer,  il  ré.-ulie  ,  selon  moi,  de 
celle  discussion  -.  1°  que  ,  relativement  aux  mo- 
tions ou  propositions  à  faire  par  des  tribuns,  et 
aux  vœux  à  ém_p!îie  par  le  tribunal  pris  collec- 
tivenieni  .  il  faut  vous  en  tenir  à  l'exécution 
stricte  des  su.  XLIV  et  XLVII  de  votre  règle- 
ment, ainsi  n'y  rien  ajouter;  2°  que  la  motion 
de  notre  collègue  ChazaI  a  eu  cette  uiiliié  d'ap- 
peler de  nouveau  la  confection  du  code  civil , 
et  d'en  faire  Concevoir  l'espérance. 

Qji'elle  a  encore  rendu  ce  seivice  de  fixer 
les  idées  sur  la  nécessité  de  supprimer  l'a  lepié- 
senlation  à  l'infini  en  ligne  collatérale. 

Au  surplus  ,  je  ne  crois  pas  qu'il  doive  en  résul- 
ter un  vœu  à  émettre  par  le  tribunal;  et  je  pense 
qu  il  est  inutile  d'en  renvoyé!:  l'examien  à  une 
commission. 

Je  propose  d'ajourner  celle  discussion. 

Le   tribunal  ajourne  la  discussion, 

l.a  suite,  demain. 


Caisse  d  amortissement  en  AngletftTi. 
Archimede  et  VaubÀn  étaient  bien  loin  d'ima- 
giner   qu'il    cxisierait    un   jour   une    machine    de 
guerre  ,  sous  le  nom  de  caisse  d'amortissement. 

Cette  institution  financière  qui  ,  aujourd'hui  , 
dévaste  I  Europe  par  des  subsides,  el  feitiiise  la 
Grande  -  Bietagne  par  dts  empiunts,  y  a  pris 
naissance  ,  vers  le  commencement  du  siècle. 
L'origine  ,  les  progrès  et  le  degré  actuel  de  puis- 
sance de  la  caisse  d'amortissement  en  Angleterre  , 
méritent  d'être  analysés  ,  sou  pour  apprécier  jus- 
qu'otà  d  ingénieuses  combinaisons  peuvent  aug- 
menier  la  force  intrinsèque  des  états,  soit  pour 
jngei  des  bornes  que  la  nature  des  choses  el  les 
chances  des  événemens  politiques  doivent  mettre 
au  succès  moderne  chez  les  anglais,  de  cette 
machine  vraimont  infernalt  pour  les  peuples  pa- 
cifiques» 

La  caisse  d'amortissement  est  née  de  la  crainte 
salutaire  ou  exagérée  qu'a  conçue,  de  bonne 
heure,  le  gouvernement  britannique  sur  les  pro- 
grès de  la  dette  publique.  Dans  une  riotice  sur 
les  financés  de  l'Angleterre  ,  insérée  dans  le 
Moniteur  du  4  fructidor  dernier,  n°  334,  j''' 
rappelé  historiqueriacnt  les  diverses  époques  de 
réduction  du  taux  des  inièrêls  de  la  <ietle  publi- 
qire  ,  pour  l'allégement  de  ce  fardeau  ;  et  j'ai  pro- 
mis ,  dans  un  second  article,  d'examiner  si  l'énor- 
mité  de  la  dette  anglaise  trouve  ,  comme  le  pré- 
tend un  anonyme,  son  remède .  dans  la  caisse 
d'amortissement .,  telle  cju'elle  existe  depuis  J792.(Vûir 
aussi  le  Journal  de  Paris  ,  n"  SaS  ,  le  à6  thermidor 
an  8).  '.'■■■ 

J'entre  en  matière.  En  considérant  cet  çtablis- 
seinent  \°diins  ses  ejfeîs,  depuis  sacréalion jusqu'en 
1786 ,  époque  de  sa  rénovation  a'prês  'la  guerre 
d'Amérique  ;  2"  Danr  swi  my/«en«  ,  depuis  1786  , 
et  pendant  la  première  coalition  contre  la  France  ; 
3°  Enfin  dans  la  force  extraordinaire  qu'elle  a 
reçue  du  ministre  Pitl  ,  depuis  1798,  époque  de 
la  seconde  coalition. 

i**.  Caisse  d'amortissement  jusqu'en   1786. 
Celte  création  fut  faite  en  1717  ,  an  commence- 
ment du  règne  de  Georges  1"  ,  sous  la  condition 
c^ue  les  fonds  assignés  it  cettt;caiii«t:.,-serat»nt  des' 


tinés  à  pBVef  sutctfssivemehl  les  dcHcs  coiltraetéeï 
avant  1716;  Mais  ■,  comme  il  lut  ajouté  daiis  I  «(<;* 
que  ces  ionds  seraient  à  la  di^f)Ositto\i  du  parlement  i 
on  n'a  pjsfjrdé  à  en  conclure  que,  siVfiJ-jnt  sa  pru^ 
dence  ,  il  pouvait  les  appliquer  aux  services 
ordinaires;  ce  qui  conduisit  à.  suspendre  ,  en 
tenis  de  guerre,  tous  remboursemeus  ou  amor- 
lisserrieris. 

Oès  l'année  17^2,  il  se  fil  plusieurs  infractions 
a  celte  loi.  a  Tantôt  le  fonds  d'amortissement  fut 
"  assigné  poui  hypolheque  subsidi.iiie  aux  pos- 
"  sesseurs  de  certains  billeis  de  léchi.juicr;  laniùt 
"  on  s'en  servit  pour  couviir  les  pertes  piovcnJut 
>'  d'une  refonte  des  monnaies;  tantôt  on  1  cm" 
"  ploya  à  payer. les  .iiuéi.èis  de  nouveaux,  eiu- 
"  |irunts.  ji 

tl  Mais  en  1/33  le  gouvernement  détourna  harj- 
>'  dinu-nt  un  deiiii-millioii  de  la  somme  destinée 
"  à  raraonissernent  ,  pour  eri  côiisacier  le  mou- 
"  tant  aux  besoins  ordinaires  de  l'étal.  L'.innéa 
"  suivante  la  lotaliié  de  la  leceiie  de  ce  fonds  , 
"  nioniant  à  i,'joo,ooa.liv.  5,1.  ,  reçut  encore  Une 
"  sçmbLibl»  destination  ;  ou  alla  niêuie  jusqu'A 
"  l'anticiper  et  l'engager  en  1735  el  1735,  —  En 
"  1742,  le  ministre  se  fil  accorder  un  million  du 
>)  Irmds  d  amonissement  ,  pour  .sqbvcnir  aux 
>'  dépenses  de  l'état;  et  Tobjet  de  cet  établisse* 
"  ment  fut  presque  tuiiéfemciit  oublié  ,  soit  dans 
>>  les  guerres  de  175?  et  de  1777  ,  soit  dans  Ici 
>'  intervalles  de  paix  qui  les  sépaierent.  n ''Dt'i 
finances  et  de  la  richesse  de  l  Angleterre  ,  par 
Geiiiz.  ) 

pans  celte  première  période   de   17  17  à  1786, 
qui  comprend  environ  70  ans  ,  toute  lu  dette  qui 
fut  amortie  ou  éteinte  ne  s'élève 
pas  à  plus  de 24,63-7,7î9  1.  si. 

Le  montant  de  la  dette  pu- 
blique était,  le  5  février  1786, 
de 238,241,248 

Ce  qui  fesait  une  masse  de 
deite  subsistante  ou  contractée 
dans  le  cours  de  70  ans  ,  de 262,878,977 

Le  montant  de  toutes  les  det- 
tes publiques  ,  en  1 7  ig ,  était  de       5t,3o3,556 

Donc   l'accroissement    de  la  "^ 

dette,  dans  celte  période,  fut  de     21 1,575,421  1.  st. 

Donc  aussi  ,  la  délie  devint  8  fois  plus  consi^ 
dèrable  que  le  rooniant  d'C  la  diminution  ou  de  . 
l'exiinction  qu'on  avait  voulu  opéler  par  le  pro- 
cédé de  l'amortissement.  Ce  but  ne  païul  alors  ati' 
gouvernement  anglais  que  très  -  secondaire  ,  et 
peut-être  même  impossible  à  atteindre.  Il  ne  se 
servit  de  cet  étabhssement  que  coiirme  d'un  paU 
liaiifaaf.  yeux  de  lopinion  ;  mais  il  sut  trouve?, 
un  secours  accidentel  dans  l'épargne  que  présen- 
tait le  fonds  destiné  à  l'amortisscinent  ;  et  cettd 
épargne  servit  tciiiporairemeut,  soit  à  soulager  leS 
contribuables  par  la  diminution  ou  remise  des 
tixes ,  soit  à  combler  le  -déficit  de  fausses  opéra* 
lions,  soit  à  devenir  un  motif  de  Confiance,  en 
assignant  à  celte  caisse  des  intérêts  à  servir,  soit 
enfirt  à  suppléer,  en  Icms  de  guerre  .  la  surcharoç 
de  nouveaux  impôts  difficiles  à  obtenir  sans  dépo" 
pularité.  On  ne  parut  pas  s'appercevoir,  dans  und 
longue  période  ,  qu'en  suspendant  les  rembour^ 
semens  en  lems  de  guerre  ,  époques  où  les  im- 
pôts se  multiplient  à  raison  de  la  durée  des  hos- 
liliiés  ,  il  en  résultait  une  baisse  considérable  dans 
les  fonds  publics  ,  et  par  conséquent  une  au"--  , 
mentation  d'intérêts  dans  les  nouveaux  emprunts» 
Celle  théorie  va  être  mise  en  pratique  dans  Icâ 
époques  suivantes.  ' 

a".  Caisse  d'amortissement  en  17SG  ,  et  pendant  Id 
première  coalition  contre  la  France. 
Dans  le  cours  de  cette  période  ,  qui  comprend 
six  années  de  paix  el  six  années  de  guerre  jus-' 
qu'à  la  fin  de  1798,  trois  genres  d'améliorationa 
turent  communiqués  par  le  ministre  Pitl  à  la  caisse, 
d'amortissement.  , 

he  premier  lui  constitua  un  nouveau  fonds  de 
1,000,000  liv.  st.  pour  acheter  autant  d'effets  pu- 
blics que  le  cours  de  la  bourse  le  permetttait. 
Les  iniérêts  des  effets  retirés  successivement  de  lii'' 
circulation  .,  aussi  bien  que  les  rentes  viagères  ef 
autres  annuités  à  terme  ,  à  mesure  qu'elles  expiJ 
rent  ,  sont  régulièrement  ajoutés  au  fonds- pri^' 
mitif;  ce  qiji  doit  avoir  lieu  jusqu'à  ce  que  te 
fonds  se  soit  élevé  à  4,000,000  liv.'  SI.  de  revenus 
annuels  ,  le  parlement  se  réservant  alors  les  dis^' 
positions  ultérieures. 

Le  second  point  d'amélioration  fut  en  1792  ,  l'ad^ 
diiion  au  million  du  fonds  d'artiortissement  (  dô" 
1786  )  de  200,000  liv.  st.  ,  lesanl  la  moitié  del'fcx'-'' 
cèdent  à  celte  époque  (  1792')  des  revenus  sur.'lVs"- 
dépenses.  '  '  '''t.'t-l 

Enfin  le  troisième  genre  d'améiioratibit  lésxiltfdà' 
la  clause  insérée  dans  l'article  II  de  renovâliorï' 
de  la  caisse  d'aniort.issement  en  1792  ,  clause  qtil 
portait  j>  qu'à  chaque  emprunt  f'uiur,   on  leverai'i;' 
n  en  outre  des  taxes  imposées  pour  en  payer  l'èj' 
>!   iniéiêis  ,   un  surplus  arniuel  égal    à    un  p^uf 
"  cent  de  capital  nominal  créé,  surplus  .qui  ser'aTr 
)i  spécialement    dcsiiné  ati  rachatMe  ce  Capi'iali>» 
Malgré    CCS  trois    vues  législatiVi's   d'''aiiiélic*fj' 
lion  dn  régime  de  cens  caisse  ,  en  l/SS'ctT;^!»^' 


voici  quelle  a  été  son  influence  pour  modérer 
Vénormiti  de  la  dette  publique  dans  cette  période 
4e  douze  années ,  qui  se  termine  à  la  fin  de 
1798  ,  époque  de  la  seconde  coalition  contre  la 

France. 

Ji».    atcil. 

Le  capital  entier  de  la  dette  publi- 
que était,  le  5  février  1786,  de   (i)     538,241,248 

L'augmentation  de  ce  capital ,  de- 
puis 1786 jusqu'en  décembre  1798, 
est  de -(a)  . 170,840,931 


Total  de  la  dette  publique ,  exis- 
tante ou  contractée  jusqu'au  3i  dé- 
cembre 1798 409,082,179 

Suivant  ïcuvrage  de  Gentz ,  les 
deux  fonds  d'amortissement ,  créés 
en  1786  eten  1792  ,  avaient  éteint  au 
1"  février  1799,  savoir  : 

Le  ly  fonds  (1788)  |  28,677,689  ?  gj^gg,,^^, 
Le  a=  fonds  (1792)  5    8,704,0323     "      '" 


De  manière  que  le  capital  sub- 
sistant au  1"  février  1799  ,  était 
encore  de 371,700,408 

D'où  il  suit ,  i"  que  la  progression  de  la  dette 
dans  ces  douze  ans,  dont  six  de  paix  et  six  de 
guerre,  a  éié  dix  fois  plus  considérable  que  le 
montant  de  l'extinction  ;  2°  que,  dans  les  six  seules 
années  de  guerre  ,  l'augmentation  qui  est  de  plus 
de  170  millions  ,  comparée  aux  8  à  <)  millions 
<iu  second  fonds  d'amoriisscment  ,  se  trouve  de 
vingt  fois  fois  plus  considérable  que  le  montant 
de  lexiinction  dans  celle  dernière  période  :  la 
même  proportion  n'était  que  de  huit  fois  dans  les 
70  ans  écoulés  depuis  1716  jusqu'en  1786  ,  époque 
qui  cependant  comprend  trois  grandes  guerres. 
Le  sjstême  d'amortissement  de  1792  n'est  donc  pas 
plus  un  remède  absolu  à  l'énormité  de  la  dette 
anglaise  que  le  système  de  1786  ou  celiii  de 
1716. 

L'examen  des  dispositions  ultérieures  du  mi- 
nistre Piit ,  et  les  débais  entre  lui  et  les  chefs  de 
l'opposition  ,  à  l'époque  de  la  seconde  coaliiion 
(  1798)  ,,vont  dévoiler  ,  d'une  manière  palpable, 
ce  que  le  gouvernement  britannique  pensait  alors 
de  la  faiblesse  de  ces  mêmes  combinaisons  de 
1786  et  de  1792  ,  comme  remède  à  ténormité  de  la 
dette  publique. 

i".   Caisse  d'amortissement  depuis  la  fn  de  1798, 
I  époque  de  la  seconde  coalition. 

Quelle  qu'eût  été  la  conËance  du  ministre  Pitt 
dans  les  digues  qu'il  avait  cherché  à  opposer  dès 
1786  et  en  1792  ,  à  l'énormité  de  la  dette  publique., 
1  expéiience  lui  avait  prouvé  que  tousses  moyens 
étaient  devenus  impuissars  pour  alléger  le  far- 
deau des  capitaux  que  dévoraient  la  guerre  et  la 
première  coalition  à  sa  solde  :  plusieurs  faits  irès- 
significatifs  avaient  marqué  le  terme  oii  le  gou- 
vernement britannique  allait  voir  s'écrouler  les 
bases  de  son  crédit. 

L'embarras  du  ministre,  sur  la  fin  des  années 
1796  et  1797  ,  devint  extrême  ,  pour  trouver  les 
nouvelles  taxes  qui  devaient  servir  tant  d'hypo- 
iheques  aux  nouveaux  emprunts  ,  que  de  fonds 
additionnels  d'amortissement.  Non-seulement  le 
choix  ou  la  simple  nomenclature  de  ces  taxes 
prêtait  aux  contrariétés  de  l'opposition  ,  mais  la 
plupart  se  trouvaient  atteintes  du  ridicule  ,  et 
enfin  attaquées  plus  sérieusement  encore  ,  sous 
le  rapport  d'un  produit  sinon  nul ,  au  moins  très- 
iventuel. 

Dans  chacune  des  dernières  années  de  la  pre- 
mière coalitiorr,  on  a  vu  le  chancelier  de  l'échi- 
quier venir  proposer  lui-même  la  mutation  en  de 
nouvelles  taxes  de  celles  adoptées  la  session  pré- 
cédente ,  et  s'exposer  ainsi  (en  juillet  1797)  aux  re- 
•proches  de  Sheridan  qui  accusait  le  ministre  de 
présenter  des  taxes  dont  il  demandait  ensuite  l'abo- 
lition Le  déficit  de  toutes  les  taxes  établies  depuis 
aix  ans  de  1793  à  1798  ,  était  de  2,057,374  liv.  st. 
(près  de  5o  millions  tournois )  ces  taxes  auraient 
àù  produire  ,  d'après  le»  évaluations  primitives  , 
8,466,500  1.  st..  (  environ  [2o3  millions  tournois) 
et  leurs  produits  réels  n'étaient  que  de  6,409,126 
liv.  st.  (environ  i53  miUions  tournois) ,  la  livre 
tterling  seulement  à  24  fr. 

Le  résultat  d'une  semblable  incertitude  devait 
influer  sensiblement  sur  le  crédit  de  l'Angleterre  : 
'Car  les  prêteurs  ne  pouvaient  se  dissimuler  qu'il 
était  impossible  de  compter  sur  la  réahté  d'un 
gage  reposant  sur  de  nouvelles  taxes  dont  on 
ridiculisait  l'espèce ,  dont  on  Contestait  le  produit , 
et  dont  bientôt  on  venait  demander ,  en  plein 
parlement.,  la  révocation;  le  génie  fiscal  le  plus 
fertile  n'aurait  fait  que  multiplier  les  difficultés, 
en  présentant  toutes  les  nomenclatures  possibles, 
pour  recevoir  successivement  le  joug  de  l'impôt. 

Cet  état  des  choses  fut  généralement  senti  par 
tous  les  capitalistes  ,  lorsqu'en  1797  les  3  pour 
100  tombèrent  au-dessous  de  47  ,  et  que  la  banque 
fut  exposée  à  une  crise  alarmante. 


(i)  Voir  l'ouvrag^e  de  Gentz. 
(2)  Voir  les  Moniteurs  des  i8  vendémiaire  an  7 
et  l3  frimaire  an  8. 


1400 

Le  ministre  ,  dans  cet  embaras  inexprimable , 
avait  tenté  le  sort  des  négociations  de  Lille  ,  qui 
échouèrent.  Alors  une  nouvelle  coalition  se  pré- 
parait contre  la  France  ;  il  fallait  en  soigner  les 
commencemens ,  et  en  diriger  les  eflFeis.  Pitt 
entreprend  dès -lors  de  s'affranchir,  par  une 
seule  conception,  du  poids  des  controverses 
périodiques  sur  le  budjet  anwiel  et  sur  les  voies 
et  moyens  pour  assurer  tous  les  services.  Il  se^ 
propose  de,  créer  d'un  seul  jet  un  nouvel  impôt 
de  guerre  de  7,000,000  liv.  sterl.  (  168,000,000 liv. 
tournois.  ) 

Pour  écarter  toute  divagation  sur  le  choix  des 
objets  soumis  au  nouvel  impôt ,  il  le  restreint 
d'abord  à  l'augraeniaiion  du  double  et  du  triple 
de  l'impôt  déjà  existant  sous  le  nom  de  taxa 
assises  (assessed  taxes]  qui  comprend  notamment 
les  maisons  ,  les  domestiques  ,  les  chevaux  ,  les 
montres  ,  etc. 

Le  succès  de  cette  nouvelle  mesure  fut  jugé 
d'une  telle  importance  dans  l'ordre  des  débats 
de  la  chambre  des  communes ,  que  les  chefs 
de  l'opposilioni  qui  n  y  venaient  plus  ,  résolu- 
rent dy  faite  une  apparition  en  décembre  1797, 
pour  co,n>,battre  les  triples  taxes  assises  :  elles  pas- 
sèrent néanmoins ,  malgré  de  violentes  discus- 
sions ,  à  la  majorité  de  175  membres  contre  5o. 

Le  ministre  enhardi  par  la  réussite  de  ce 
projet ,  entreprit  de  le  perfectionner  et  de  le 
consolider  dans  le  budjet  de  1799;  et,  en  effet, 
en  décembre  1798,  il  présenta,  en  remplace- 
ment des  triples  taxes  assises  ,  un  impôt  du  10* 
sur  le  revenu  (  l'income-tax  )  ,  dont  il  évalua  le 
produit  annuel  à  10,000,000  liv.  st.  (  240,000,000 
liv.  tournois.  ) 

Les  bases  de  ce  nouvel  impôt  furent  ainsi 
graduées  :  ii  Tout  revenu  annuel  de  200  liv.  st. 
)>  (  4,800  liv.  tournois  )  et  au-delà  ,  paie  10  pour 
5>  cent  ;  tout  ce  qui  est  au-dessous  de  60  liv.  st. 
1)  11440  liv.  tournois)  en  est  exempt;  et  tout 
>)  revenu  entre  60  et  200  liv.  st.  contribue  dans 
i>  une  proportion  dont  le  plus  bas  terme  est  de 
"  4  cinquièmes  pour  cent ,  et  qui  s'élève  graduel- 
)»  Icment  jusqu'à  10  pour  cent.  >i  Celle  taxe  doit, 
même  après  la  guerre  ,  continuer  encore  d'être 
payée  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  éteint  le  capital  et 
les  intérêts  de  la  plus  grande  patiie  de  la  dette 
contractée  depuis  1798  pour  les  dépenses  extraor- 
dinaires ;  but  que  l'on  pense  devoir  être  atteint 
en  un  nombre  d'années  de  paix,  égal  à-peu-près 
au  nombre  d'années  de  guerre  qui  pourront 
s'écouler  encore.  Ce  nouvel  impôt  a  produit 
en  1799  7,000,000  liv.  st.  ou  i5S  millions  tour- 
nois ;  et  le  ministre  persisie  à  penser  qu'il  rap- 
portera 10   millions  st.,  ou  240  millions  tournois. 

Il  est  facile  de  voir  tout  ce  qu'a  de  grand  et 
d'efficace  .pour  te  crédit  de  l'Angleterre  l'entre- 
prise audacieuse  du  ministre  Pitt  ,  qui  d'un  seul 
trait  a  butiné  ,  s'il  est  permis  de  le  dire  ,  sur 
le  sol  et  l'indu  trie  de  la  Grande-Bretagne  un 
impôt  de  24b  millions  tournois. 

Par  cette  conception  vigoureuse  ,  tout  ce  qui 
était  chancelant  a  été  raffermi  ,  les  prêteurs  ont 
obienu  un;  gage  certain  ;  les  effets  publics  oiit 
repris  leur'  niveaii  ,  les  dépenses  extraordinaires 
ont  été  assurées  ;  le  fonds  d'amotdssemcnt  des 
nouveaux  emprunts  à  réaliser  ,  a  été  consolidé 
et  séparé  de  celui  qui  avait  été  créé  pour  les  dettes 
antérieures  à  1798.  Les  fonds  d'amortissement  de 
1786  et  de  1792,  ont  été  dégagés.  C'est  depuis  lors 
(1798)  que  la  caisse  d'amortissement  empoin\>2tt 
virtuellement  des  capitaux  par  le  rouage  de  l'emprui  t 
et  en  les  restituant  aux  prêteurs  par  le  rouage  des 
remtoursetrens,  est  devenue  dans  la  seconde  co  ■» 
lition  une  machine  de  guerre  qui  facilite  tous  Us 
services  de  la  Grande-Bretagne  ,  et  le  payement 
des  subsides  aux  nations  gratifiées,  pour  de- 
meurer les  ennemies  de  la  France. 

Rien  n'est  égal  à  la  confiance  que  la  réussite 
de  ce  plan  a,  inspirée  au  ministère  anglais  ;  et 
Pitt  lui-même ,  si  mesuré  dans  les  débats  du 
parlement ,  lors  de  la  première  coalition  ,  semble 
avoir  perdu  ,  depuis  ce  dernier  succès  ,  toute 
reserve  dans  les  discussions. 

Voici  comment  il  s'exprimait  ,  en  fesant  l'ex- 
position de  cette  grande  innovation  dans  le 
budget  de  1799. 

Il  J'ignore  1  dit-il  ,  quelle  pourra  encore  être 
/i)  la  durée  de  celte  guerre;  mais  quoique  l'on 
5)  pût  ,  en  apparence  ,  douter  des  moyens  de  la 
>»  continuer  encore  huit  années  ,  après  les  dé- 
))  penses  considérables  qu'elle  a  entraînées  depuis 
îi  son  principe  ,  je  puis  affirmer  que  je  saurai 
'»  trouver  ,  san*  embarras  ,  dans  l'année  actuelle  , 
>i  les  ressources  qui  seraient  nécessaires  pour 
'I  ces  huit  années  subséquentes,  et  même  avec 
1»  plus  de  facilité  que  Ion  ne  trouvait  précédem- 
)>  liient  ,  l'çs  voies  et  les  moyens  pour  une  seule 
)»  année.  1»  , 

C'en  est 'assez,  sans  doute,  potar  prouver 
que  c'est  une  opinion  irréfléchie  que  celle  du 
réducteur  anonyme  du  Journal  de  Paris  ,  lors  qu'il 
dit  que  la  éaisse  d'amortissement  telle  qu'elle  existe 
depuis  1792  est  un  remède  contre  l'énormité  de  la 
dette  anglaise;  son  fond  créé,  soit  en  1786,  soit 
en  1792  se  trouvait  englouti,  vers  les  années 
1796  et  1797  ,  par  l'énormité  des  besoins,  l'in- 
certitude et  linsuffisance  des  ressources  ;  l'équi- 
libre était  rompu  entre  la  somme  graduelle  des 


remboursemeni ,  et  la  masse  progressive  des 
emprunts  ;  ceux-ci  étaient  devenus  vingt  fois 
plus  considérables  que  les  premiers  ,  au  lieH 
de  huit  fois  qu'ils  avaient  été  dans  les  70  an« 
de  1716  à  1786,  époque  qui  comprend  aussi 
trois  grandes  guerres. 

Mais  la  nouvelle  combinaisson  de  1799,  par  réta- 
blissement d'un  seul  impôt  de  240  millions  tour- 
nois a  rétabli  cet  équilibre  et  a  dégagé  1  ancien 
fonds  d'amortissement  qui ,  en  1800  ,  est  estimé 
de  4,730,000  liv.  environ  114  millions  tournois; 
(  seulement  à  24  francs,  la  liv.  stetling  )  somine 
immense  qui ,  retournant,  chaqde  année,  chaquÊ 
mois,  chaque  jour  et  à  chaque  instant,  même 
par  partie  aliquote  ,  entre  les  mains  de  tout 
prêteur,  et  à  sa  volonté ,  facilite  lanivée  pos- 
térieure de  nouveaux  capitaux  dans  la  trésorerie 
britannique  ,  mécanisme  puissant  qui  fait  monter 
le  ministre  Pitt  de  la  place  de  grand  fnancier 
dans  la  classe  des  habiles  tacticiens;  en  effet, 
par  ce  changement  majeur  introduit  à  dater 
de  1799  dans  le  système  des  finances  de  la  Grande- 
Bretagne  et  qui  ne  me  paraît  pas  avoir  été  assez 
remarqué  ni  de  l'homme  d'état  ni  du  publiciste , 
le  ministre  Pitt  a  triomphé  des  obstacles  toujours 
renaissans  de  l'opposition,  a  doté  une  nouvelle 
coalition  ,  s'est  affranchi  ,  pour  huit  ans,  selon  lai 
de  l'embarras  de  la  guerre,  a  consolidé  ainsi 
ses  moyeùs  de  perpétuer  le  carnage  des  europeans 
pour  continuer  d  enrichir  de  plus  en  plus  sa 
nation  ,  de  leurs  dépouilles  ;  enfin  Pitt  a  même 
assuré  jusqu'après  la  paix  ,  sa  sécurité  sur  l'énor- 
mité de  la  dette  ,  ayant  fait  prononcer  jusqu'au 
]  de-lâ  de  cette  époque  ,  l'existence  temporaire 
de  lincom-tax  ou  de   l'impôt  sur  le  reveau. 

Cette  conception  de  1799  renferme  diveii  points 
d'utilité  majeure  qu'il  importe  de  bien  piéciser. 
1°.  une  partie  des  frais  de  la  guerre  se  trouve 
pour  longues  années  ,  suiiportée  par  le  nouvel 
impôt  colossal  ;  ce'  qui  diminue  d'autant  la  masse 
des  emprunis  à  effectuer  ,  2°.  le  gage  des  nou- 
veaux emprunts,  à  partir  de  1798,  se  trouve 
à-peu-près  assuré  ;  3".  les  fonds  d'amortissemens 
de  1786  et  de  1792,  sont  rendus  à  leur  destina- 
tion ,  et  continuent  de  broker  les  dettes  antérieures  â 
1798;  4°  cette  abscrbtion  des  charges  publiques  par 
la  caisse  d'amortissement  ,  communique  au  gou- 
vernement une  force  aspirante  de  nouveaux  ca- 
pitaux à  emprunter  ;  5°.  l'amortissement  de  ce* 
mêmes  capitaux  doit  s'effectuer  à  la  paix  par 
la  4nême  puissance  de  Vimpôt  qui  a  créé  des 
etiiprunts  et  des  ressources  pendant  la  guerre. 
Et  ce  qui  est  vraiment  à  remarquer  pour  la 
rénovation  du  crédit  de  l'Angleterre  à  celte  der- 
nière époque ,  c'est  qtie  pendant  tout  le  cours 
du  siècle  ,  l'impôt  n'a  fait  que  suivre  les  emprunts^ 
mais  aujourd'hui  ,  l'impôt  ou  le  gage  à  l'avance 
précède  et  appelle  les  nouveaux  capitaux.  Enfin, 
un  autre  trait  caractéristique  consiste  à  faire  con- 
tribuer, en  partie,  les  générations  présentes  à  ia 
création  des  sommes  nécessaires  au  soutien  de 
la  guerre  ,  dont  le  principal  poids ,  dans  tout  le 
cours  du  18'  siècle  ,  devait  retomber  sur  le$  >' 
générations  futures.  Ce  nouvel  cewure  du  ministère 
anglais  est  sans  doute  Mardi,  et  sur-tout  merveil-^ 
leusement  approprié  pour  lui  aux  besoins  et  aux 
circonstances  du  moment.  Mais  est-il  sans  danger 
pour  l'avenir?  Peui-on  regarder  comme  solide 
cette  prospérité  extraordinaire  de  l'Angleterre  qui 
y  rend  aujourd'hui  possible  l'addition  subite  aà 
revenu  de  l  état  de  plus  du  tiers  des  contribution* 
exisianies  qui  étaient  montées  à  près  de  26  million» 
sterling  (624  millions  tournois),  avant  la  taxe  de 
10  millions  sterl.  sur  le  revenu.  En  n'estimant 
même  cette  taxe  qu'à  7  millions  ,  on  trouve  ,  en 
1800,  et  avec  un  terme  inconnu,  37  millions  911 
mille  livres  sterling  (près  de  810  raillions  tour- 
nois )  pour  la  masse  générale  des  contributions. 
Elles  étaient,  avant  la  guerre,  seulement  de  16 
millions  212  mille  livres  sterl.  (  environ  390  mii- 
lions  tournois),  d'après  le  produit  moyeu  des  4 
années  de  1788  à  1791.  ^ 

Déjà  ,  les  efforts  vigoureux  de  la  Grande-Bre-  m 
tagne  ne  sont-ils  pas  devenus  ,  dans  leur  aciioa  * 
perturbatrice  du  repos  de  l'Europe  et  de  la  liberté 
des  iners ,  des  germes  de  défiance  auprès  des 
nations  neutres  ,  et  notamment  d'anciens  coalisé^ 
qui  possèdent  des  moyens  d'attaque  également 
aihléliques  ?  Le  choc  des  intérêts  de  tant  dfc 
nations  ,  intérêts  si  opposés  à  ceux  de  l'Angle-f 
terre,  ne  peut-il  pas  lui  devenir  bien  plus  lata| 
que  ne  doit  être  efficace  tout  remède  à  l'énornâtt 
de  la  dette,  résultant  soit  de  la  réduction  acci- 
dentelle du  taux  des  intérêts  ,  soit  des  rembour- 
semens  de  la  caisse  d'amortissement,  suivant  son 
régime  de  1786  et  de  1792  ,  ou  d'après  sa  puis- 
sance magique  de  1799.  Tout  cela  mérite  réflexion 
et  fera  l'objet  de  nouvelles  recherches  lorsque 
j'examinerai  ,  ainsi  que  je  lai  promis,  si  Us  effets 
alàrmans  pour  l'Angleterre  d'une  coi^fédératicn 
MARITIME  ,  ne  sont  que  la  suite  de  préjugés  et  de 
principes  prohibitifs  et  illtberaux  en  matière  dt 
navigation  ,  de   commerce   et  de   richesse  publique. 

Aenould  ,  membre  du,  tribunal 


A  Paris ,    dé    1  imprimerie    de    H.  Agasse  , 
propriétaire  du  Moniteur. 


GAZE 


ATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  348. 


Octidi  ,  1  8  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  somraes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   Mo  NIT  E  U  R  est  le  siul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouveniemenz ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  Us  faits  et  les  notions  tant  s 
l'ititérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 


U^ 


Londres  ,  'igaoûtf  10 fructidor.) 


'ne  letire  de  Keho  ,  en  date  duaidecç  mois, 
contiem  le  crue!  événement  suivant. 

Miss  Ayres  ,  liile  unique  ,  et  miss  Andersen  , 
dont  le  père  se  trouve  à  la  Jamaïque  ,  étaient 
venues  passer  quelques  jours  dans  la  famille  de 
M.  Scott ,  près  de  Selkirk.  S.imedi  dernier ,  M.  et 
mde  Scott  ,  ayant  été  obligés  de  s'absenter,  ces 
demoiselles  furent  se  promener  dans  le  jardin 
avec  les  deux  demoifelles  Scott  .  après  s'être  in-- 
formées  de  Iheure  à  laquelle  le  dîner  serait  prêt. 

Un  teras  considérable  s'était  écoulé  au-delà  de 
l'heure  indiquée  pourle  dîner,  et  ces  demoiselles 
De  paraissaient  pas  ,  lorsqu'une  des  domestiques 
de  la  maison  sortit  pour  aller  les  prévenir  que  le 
dîner  était  servi.  En  entrant  dans  le  jardin,  elle 
fut  frappée  de  voir  leurs  habits  étendus  sur  le 
fcord  de  la  rivière  Eitrick  qui  passe  à  travers  le 
jardin  ,  un  peu  plus  loin  ,  elle  découvrit  au  fond 
de  l'eau  les  corps  des  quatre  malheures  victimes. 
La  pauvre  fille  courutausïitôt  chercher  du  monde; 
les  corps  furent  retirés  de  la  rivière  ;  mais  tous  les 
secours  employés  ne  purent  les  rappeler  à  la  vie. 
Quelle  horrible  catastrophe  !  et  quel  deuil  pour 
des  parens  !  Il  paraît  que  les  jeunes  personnes 
étaient  entrées  dans  la  rivière  pour  se  baigner. 
L'Eitrick,  dans  son  cours  à  travers  le  jardin  ,  est  , 
en  ^énérnl  .  très-peu  profond  .  si  ce  n  est  dans  un 
endroit  on  il  l'est  beaucoup.  On  suppose  qu'une 
des  jeunes  baigneuses  ,  prob.iblement  une  des 
deux  étrangères,  comme  moins  au  fait  du  local  , 
sera  tombée  ,  par  quelque  accident  ,  dans  ce 
trou  ,  et  que  ses  compagnes  .  en  voulant  l'en 
retirer  ,   auront  partagé   son   sort. 

Ces  quatre  infortunées  étaient  dans  toute  la 
fleur  de  1  âge.  On  dit  même  que  l'une  d'elles 
devait  se  marier  incessamment.  Leur  destinée  est 
lin  terrible  e-^emple  du  peu  de  siabiliié  des 
choses  humaines,  et  elle  est  faite  pour  inspirer 
de  salutaires  quoique  bien  tristes  réflexions.  Puisse- 
t-el)e  être  une  leçon  pour  b  jeunesse  fie  tous  les 
pays  !  (  Extrait  du  Star.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  i~  fructidor. 

Les  citoyens  Corvisart ,  Leroux  et  Bover  ,  tous 
les  trois  professeurs  de  médecine  de  Paris  ,  se 
proposent  de  continuer  le  Journal  rje  Médecine  , 
lédigé  successivement  par  MM.  'Vandermonde  , 
Roux  ,  Baker  et  Dumangin. 

—  Le  II  decemois.  vers  huit  heures  du  soir, 
un  loup  enragé  sortit  de  la  forêt  de  Chaumont, 
rencontre  deux  enfms  qui  venaient  de  glaner  , 
laisse  passer  le  premier  et  déchire  le  second.  Il 
Irouve  ensuite  une  femme  dont  il  déchire  la 
figure  et  la  main  ;  poursuit  sa  route,  aitrape  une 
peiite  fille  qui  gardait  les  vaches  .  et  lui  fait  des 
entailles  à  la  lê'e  ;  mord  un  frère  de  celte  petite . 
qui  était  accouru  à  son  secours  ;  se  jctie  sur  un 
cheval,  qu'il  mord  au  cou;  se  dirige  vers  une 
ferme  voisine  :  deux  domestiques  en  sortent  aux 
cris  réitérés  fz»  secours!  la  nuit  qui  commençait  à 
«'épaissir ,  les  empê"'che  de  voir  la  bêie  :  elle  était 
déjà  sur  eux  ,  et  en  mord  un  cruellement  à  la 
figure;  l'autre  lui  tire  un  coup  de  fusil,  et  la 
renverse  sans  la  tuer  ;  elle  se  relevé ,  et  c'est 
encore  pour  mordre  ;  un  second  coup  de  fusil 
l'achevé  ,  et  termine  avec  sa  vie  les  effets  de  sa 
rage.  Tout  cela  s'est  pas<é  dans  l'espace  d'un 
quari-d  heure.  Trois  des  blessés  sont  dans  l'étai  le 
plus  déplorable.  Le  souspréfet  a  aussiiôi  envoyé 
à  leur»  secours  un  officier  de  sanié  fort  habile, 
mais  on  craint  bien  que  ses  eflorts  ne  soient 
infructueux.  Le  pays  est  dan»  la  consternation. 
(  Publiciste.  ) 

—  M"'  Banii  ,  premice  cantatrice  de  l'opéra 
de  Londres  ,  s'est  embarquée  ))nur  leloiirncr 
dan»  sa  pairie  ;  on  espère  qu'elle  fera  un  voyage 
à  Paris  ,  où  sa  haute  réputation  la  fait  vivement 
désirer. 

—  Le  célèbre  professeur  Calisson  ,  de  Copen- 
hague ,  a  lu  dernièrement ,  dans  une  séance  de  la 
ïotiéié  royale  de  médecine  ,  un  irailé  où  il  dé- 
montre que  l'usj^c  extérieur  de  ^ea^  bouillante 


produit  dans  les  inflammations  intérieures  un  effet 
beaucoup  plus  prompt,  plus  efficace,  et  sans 
doute  aussi  sûr   que   les  vessicatoires. 

—  Le  Journal  des  Débats  annonce  un  buste  en 
marbre  du  premier  consul  Bonaparte  ,  i'.x'u  à  Milan 
par  Ceracchi  ,  sculpieur  romain.  La  souscriplion 
est  ouverte  chez  le  citoyen  Chambeue  ,  notaire  , 
rue  Christine  ,  faubourg  Germain.  , 

—  Le  20  fructidor,  à  ri  heures  et  demie, 
il  sera  célébré  dans  le  temple  de  la  'Vicloire' 
i  Sulpice  )  ,  une  fêle  A  la  Bknfesance  ,  dirigée  vers 
l'instruction  des  enfans.  La  collecte  sera  consacrée 
à  cet  objet. 

—  Une  afFaire  très-importante  a  occupé  pen- 
dant plusieurs  audiences  la  première  seciion  du 
tribunal  de  première  instance.  Il  s'agissait  d'une 
somme  de  quatorze  cent  mille  francs  que  récla- 
ment les  nr^mmés  Pitiilier  et  Coen  ,  contre  les 
frères  Cerf-Beres  ,  pour  avoir  géré  pour  eux  î'en- 
treprise  des  équipages  de  Lanier  Delaïa.  Ces  der- 
niers avaient  pour  défenseur  le  ciioven  Berrier 
qui  a  moniré  un  grand  talent ,  ai'nsi  que  le  ciioyeri 
Bonnet  .  défenseur  des  premiers.  Le  tribunal  a 
déclaré  les  parties  du  ciioyen  Bonnet  non-rece- 
vables  dans  leur  demande  .  et  a  jironnncé  la  main- 
levée des  oppositions  formées  sur  toutes  les  pro- 
priélés  des  frères  Cerf-Beres. 

—  On  lit  dans  la  Feuille  nantaise  la  lettre 
suivanie  : 

Ciioycn,  vous  êtes  père  de  famille,  et  vous 
devrz  aimer  les  belles  aciions  :  je  m'empresse 
donc  de  vous  informer  de  celle  dont  je  viens 
d'être  le  lémoin.  Publiez-la  par  votre  feuille  ;  et 
puisse-t-elle  servir  d'exemple  à  tous  ceux  qui  en 
ont  besoin  : 

î)  Ces  jours  derniers,  un  malheureux  vieillard 
se  désolait  dans  un  lieu  où  un  homme  aisé  de 
cette  coinmune  était  à  ponée  de  le  voir.  Cet 
homme  rare  aborde  avec  douceur  linforluné, 
lui  demanda  le  sujet  de  sa  peine.  —  Hélas  \ 
monsieur  ,  rép<ind-il  ,  je-suis  a  la  suite  d'un  pro- 
cès ,  dont  mon  droit  m'assure  le  succès  ;  mais  je 
crains  ,  (auie  de  fonds  ,  de  ne  pouvoir  le  termi- 
ner .  el  l'aumône  est  ma  seule  ressource.  — Après 
quelques  informations  rapides,  l'inconnu  rassure 
le  vieillard.  Il  m'csi  ,  ce  matin,  venu  consigner 
une  sonime  dont  il  n  a  exigé  aucun  reçu  ,  ei  s'est 
retiré  avec  la  sérénité  de  la  blenfesance,  en  me 
laissant  le  cœur  plein  de  respect  et  d'admiration. 

Je  vous  salue  , 

Clavf.l  dit  Gabriel  .  professeur  d'éloquence 
et  défenseur  officieux. 
(Extrait  de  la  Feuille  nantaise,  du  li  fructidor.) 

ACTES    ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DES    FINANCES. 

Le   ministre  des  finances  au  citoyen  Fischer  ,   caissier 
des  articles.  —  Pans,  le  se  fructidor  an  8. 

L'administration  des  postes  m'a  rendu  compte, 
citoyen,  de  voire  arrivée  d.Aix  à  Milan  avec  la 
caisse  elles  papiers  impo  tans  confiés  à  vos  s-iins. 
Je  vois  que  ,  pendant  une  route  d'un  mois  .vous 
avez,  par  votre  exemple,  souienu  le  couiage 
des  employés  et  courriers  nui  vous  Bccorapa- 
gnaicnt,  et  toujours  heureusement  résisté  à  leur 
lê'C  aux  brigands  qui  vous  oiu  souvent  attaqués. 
Votre  conduite  en  cette  occasion  ruérite  les  plus 
grands  éloges  ,  et  je  me  suis  empressé  de  la 
liieilre  sous  les  yeux  des  consuls  de  la  républi- 
que. Recevez  et  transmettez  à  vos  compagnons 
irs  témoignages  de  leur  satisfaction.  Je  recom- 
mande à  l'adininisitation  des  posie-s  voire  avan- 
cement. Faiies  -  lui  connaître  le  nom  des  em- 
ployés et  courrier  qui  vous  ont  secondé  avec  le 
plus  de  zelc. 
J,e  vous  salue. 

Signé  ,   Gaudin. 

MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Le-mini\tre  de  la  police   générale  de  la   république., 

au  préfet  du  département    d —  Paris  , 

U       Jructidor  .  an  8  de  la  république  française  , 
une  el  indivisible, 

L'AtiRÊTÉ  des  consuls,  du  8  germinal  ,  citoyen 
prélei  ,  a  réglé  les  (onclionk  de  la  gendarmerie  et 
ses   rapports   avec   chaque   ministt;re. 

Celle  force   armée ,   organisée  comme  toutes 


les  autres,  dans  le  ministère  de  la  guerre,  et 
distribuée  dans  les  divers  dépanemèns  de  la 
république  ,  est  en  quelque  sorte  l'armée  de  la 
police  :  elle  a  ses  chefs  en  elle-même  ;  la  police 
ne  la  commande  pas.  et  rie  devait  pas  la  com- 
mander ;  mais  elle  devait  l'avoir  loujours  à  sa 
disposition  :  elle  y  a  été  mise  ;  c'était  le  vœu 
des  lois,  c'est  aujourd  hui  l'ordre  du  gouver- 
nement. 

Celte  combinaison  d'up  corps  mjlitaire  par  sa 
nature  ,  mais  organisé  pour  l'intérieur  ,  el  mis 
en  action  par  des  mai;istrais  civils  ,  est  le  résul- 
tat d'une  sagesse-  profonde  ;  et  vous  devez  en 
saisir  toutes  les  vues  ,  pour  en  bien  remplir  toutes 
les   intentions. 

Sur  un  territoire  de  l'étendue  de  la  France  , 
traversé  de  toute  part  ,  jour  et  nuit  ,  par  les 
produits  de  tous  les  genres  d'industrie  destinés  à 
tous  les  échanges  ,  et  portés  à  toutes  les  dis- 
tances ;  chez  un  peuple  où  les  droits  sont 
égaux  et  les  fortunes  nécessaire,ment  inégales  ; 
où  le  spectacle  delà  richesse  et  ses  jouissances 
en  donne  trop  souvent  la  passion  et  le  besoin  à 
l'indigence  même  el  à  la  paresse  ;  où  les  que- 
relles et  les  combats  de  parti  ont  donné  au 
brigandage  une  organisation  ,  ont  ensei<>'né  à 
marcher  au  vol  e:  à  l'assassinat  .  par  des  ma- 
nœuvres de  guerre  ;  dans  un  tel  pays  et  à  une 
telle  époque  ,  la  sûreté  des  domiciles  ,  des  routes 
cl  des  communications  ne  peut  être  garantie  et 
défendue  que  par  des  hommes  accoiilurnés  au 
port  et  au  bruit  des  armes  .  aux  marches ,  aux 
fatigues  el  aux  combats  militaires. 

Pour  bien  garder  des  toutes  ,  des  hameaux  et 
des  fermes  .  il  fallait  avoir  gardé  des  camps  ,  des 
forêls  Cl  des  lignes  ;  pour  combattre  avec  succès 
des  bandes  de  brigands  ,  il  fallait  êlrc  instruit 
à  attendre  ,  à  surprendre  et  foudroye'r  dis  co- 
lonnes :  la  gendarmerie  actuelle  a  tous  ces  ca- 
ractères ,  et  elle  est  distribuée  dans  tous  les 
cantons  de  la  lépublique. 

D'une  autre  part  .  la  présence  continuelle  dans 
l'intérieur  de  la  république,  d'une  force  qui  sem- 
ble organisée  pour  la  guerre,  dont'lavue  réveille 
les  idées  dun  empire  miitaire  et  absolu  .  plu- 
tôt que  les  idées  de  l'empire  de  la  loi  et  de 
la  volonté  générale,  les  souvenir  confus  ,  mais 
terribles  ,  des  maux  faiis  à  la  liberté  par  des 
ttoupes  qni  avaient  les  mêmes  formes  et  por- 
taient le  même  nom  ;  toutes  ces  impressions  qui 
se  communiquent  et  s'exagèrent  si  tapidemeut 
dans  une  république  ,  pouvaient  faire  de  ces 
insirumens  .  créés  pour  la  sûreié  de  la  nation 
les  causes  de  ses  plus  profondes  inquiétudes.  En, 
un  mot ,  ce  qui  aurait  protégé  la  sûreté  ,  pouvait 
effrayer  la  liberté;  et  la  sagesse  du  gouverne- 
ment voulait  les  garantir  T'une  et  l'autre  ensemble. 

C'esi  ce  qu'elle  a  fait,  lorsqu'elle  a  mis,  dans 
les  mains  du  niiniure  de  la  police  ,  le  ressort  qui 
fait  mouvoir  la  gendarmerie  dans  tous  les  acies 
qui  porient  sur  les  droits  des  individus  et  sur 
l'ordre  social. 

Ainsi  ,'  la   gendarmerie    par   son   organisation 
et  par  sa  force  ,   lient   à  l'état  militaire  ;   mais  par 
son  principe  d'action  ,   elle  tient  à  l'état  civil. 
Ainsi,  la  république  aura  dans  son  sein  même, 

i.  Une  force  armée  qui  pourra  tout  pour  sa  sûieié  et 

j  li-n  contre  sa  liberté. 

I  Mais  pour  obtenir  cet  heureux  résultat,  il  ne 
faut  p-as  permeiire  de  distraire  sans  cesse  dé  ses 
vénjables  fonctions  la  gendarmciie  nationale  ^ 
de  l'employer  à  servir  des  correspondances  ,  de 
l'occuper  fastueuscmeni  à  des  gardes  d'honneur, 
lorsqu  elle  devrait  éclairer  les  roules  ou  louiller 
les  forêts. 

Quel  succès  la  police  peut-elle  espérer  de  sa 
coiiliuuelle  surveillance  ?  Comment  parviendra-1- 
elle  à  arrêter  un  coupable  ,  si  ,  quand  elle  veut 
disposer  de  quelques  brigades,  elle  les  irouve 
dispersées  ,  s'il  Liut  plusieurs  jours  pour  les 
rassembler  et  les  meure  en  action  ?  alors  ,  non 
seulement  il  est  impossible  de  prévenitles  crimes, 
mais  il  est  diflicile  de  les  réprimer,  ei  les  brigands 
loujours  léunis,  toujours  actifs  réduiseni  la  force 
punliqueà  l'impuissance  ou  à  la  fuite.  ' 

Réprimez  sévèrement,  ces  abus  ,  citoyen  préfet , 
et  déuoucez-les  moi,  si  vous  vouiez  niéaiei  la 
reconnaissance  de  vos  administrés  ,  et  l'estime 
du  gouvernement. 

Li  ministre  de  la  police  générale  , 

Signe,  FoucHÉ. 


DÉPARTEMENT   DE   L  A  S  E  I  N  E. 

]J  préfet  du  département   de  la  Seine,    au  vunhtre 
de   l'intérieur,—  Paris  ,   le  IT  fructidor  an  S. 

Citoyen  ministre  , 

Je  vous  remevcic-  du  compte  avantageux  que 
vous  avez  bien  voulu  rendre  ,  dans  votre  rappoit 
du  i3,  de  l'opération  relative  à  l'octroi  de  bien- 
fesante  de  la  comniune  de  Paris  ;  mais  comme 
il  ne  serait  pas  juste  que  la  reconnaissance  de 
cette  commune  se  portât  eniiérenienl  sur  moi  , 
je  pense  qu'il  est  de  mon  dcvois  de  lui  avouer 
que  mon  zèle  et  mes  connaissances  ont  été  dirigés, 
dans  cette  importante  opération  ,  par  vos  lumiè- 
res et  par  votre  expénence. 

Je  vous  salue  avec  respect. 

Signé,  Frochot. 


(  L'abondance  des  matières  nous  a  empêché  de 
publier  plutôt  le  discours  suivant,  prononcé  par 
le  citoyen  Froc'tiot  ,  préfet  du  département  dé 
(le  la  Seine  ,  le  jour  de  la  disiiibuiion  dus  prix 
de  l  école  centrale  de  ce  département.  ) 


Ce  n'est  point'  une  insignifiante  et  vaine  forma- 
lité que  je  viens  r'éitipiir  dans  cette  l'été  de  la 
Jeunesse,  en  assistant  à  la  distribution  des  ré- 
compenses décernées  à  ses  premiers  essais. 

J'y  viensau  nom  d'un  goiivcrriement.qui,  comp- 
table envers  la  république  des  moyens  d'instruc- 
tion remis  en  son  pouvoir  ,  veut  en  assurer  la 
dii'ection. 

J'y  viens  au  nom  d'un  département,  qui  ,  jaloux 
de  voir  les  écoles  cenirales  de  Paris  continuer  la 
célébrité  que  plusieurs  siècles  avaient  acquise  aux 
anciennes  écoles  de  cette  première  cité  de  lEu- 
rope  ,    veut  en  connaître  les  succès. 

J'y  viens  au  nom  des  chefs  de  famille  ,  qui  , 
s.-chant  apprécier  les  avantages  de  1  éducation 
républicaine  ,  et  bénissant  chaque  jour  le  gouver- 
nement de  la  leur  avoir  procurée  ,  veulent  en 
suivre  les  progrès. 

J'y  viens'  enfin  pour  l'intérêt  de  ccux-ià  même 
qui  ,  sacrifiant  à  d'aveugles  préjugés  le  plus  sacré 
de  leurs  devoirs  ,  le  bonheur  de  leurs  enfans  ,  les 
ont  jusqu'à  ce  jour  tenus  loin  de  nos  écoles; 
majs  qui  ,  devenant  témoins  de  la  surveillance 
exercée  par  le  gouvernement  sur  l'instruction 
publique  ,  des  encouragcmens  qu'il  lui  consacre,  ! 
de  ses  efforts  pour  en  déterminer  l'influence  ,  ab- 
jureront bientôt  ,  il  faut  du  moins  l'espérer  ,  et 
leurs  injustes  préventions  contre  1  éducation  mo- 
derne ,  et  leut:  attachement  superstitieux  pour  les 
institutions  anciennes. 

C'est  peut-être  une  chose  assez  peu  observée, 
et  pouitant  vraiment  digne  d'observation  ,  que 
l'éducation  ancienne  a  trouvé  ses  partisans  ex- 
clusifs ,  précisément  dans  ceux  qui  en  rapportaient 
le  moins  de  fruits  à  la  société  ,  et  qui  par  cela 
même  étaient  le  plus  désintéressés  dans  cette 
apologie  ;  qu'au  contraire  elle  a  trouvé  ses  plus 
Brdens  déiracteiirs  dans  des  hommes  tellement 
dotés  de  ses  bienfaits  ,  que  la  profondeur  de 
leurs  lumières  semblait  être  la  meilleure  censuté 
de  leur  opinion. 

Etltre  ces  deux  extrêmes  ,  la  raison  et  la  sa- 
gesse ont  décidé  depuis  long-tems. 

Sans  doute  le  fonds  d'une  instruction  ,  à  qui 
là  France  a  dû  tant  d'hommes  célèbres  dans 
tous  les  genres,  ne  pouvait  être  mauvais  abso- 
Ibment  :  et  comment  le  prétendre  devant  des 
maîtres  habiles  qui  lui  doivent  leurs  connaissances 
et  lé  talent  plus  rare  encore  de  les  communiquer. 
Mais  les  détails  de  celte  instruction  étaient 
vicieux.  Aux  sublimes  leçons  des  orateurs  grecs 
ou  romains  se  lïiêlaierit  Its  puéiiles  arguties  de 
lécole. 

Ses  dogmes  et  ses  pratiques  étaient  incohé- 
rens.  L'impassible  constance  de  Mutius  était 
donnée  en  exemple  ;  les  formes  les  plus  humi- 
liantes étaient  infligées  en  punition. 

Elle  n'avait  point  de  but ,  ou  bien  alors  elle 
était  en  contradiction  avec  elle-même.  Enflam- 
mant de  jeunes  cœurs  pour  le  dévouement  pa- 
triotique de  Cafon  ,  elle  pliait  en  même  lems 
les  élevés  aux  usages  serviles  d'une  société  au 
sein  de  laquelle  ils  auraient' un  jour  à  chercher 
vainement  une  patrie. 

Un  corps  d'instruction  ,  composé  d'clémens 
aussi  étrangers  les  uns  aux  autres  ,  pouvait  uifa- 
cilement  produire  des  résultats  constamment 
avoués  par  la  raison  et  par  la  saine  philosophie  ; 
mais  il  faut  convenir  de  bonne  foi ,  que  la  faute 
tn  était  plus  particulièrement  encore  aux  insti- 
tutions politiques  alors  existantes.,  qu'au  mode  de 
l'insiniction.  En  vain  la  jeunesse  avait  été  nourrie 
de  grands  exemples  et  de  grartds  souvenirs  :  à 
•peine  entrée  daj'ns  le  monde,  il  était  de  son  in- 
térêt ,  souvent  même  il  semblait  être  de  son  devoir 
de  les  oublier,  ou  du  moins  il  lui  fallait  nVn  coïi- 
setver  la  mémoire  que  commie  tfe  ces  illusions 
brillantes  ,  imaginées  moins  pour  former  son 
tcsûr  que  pour  otnci  son   esprit. 


I  402 

Aiosi  ,  les  idées  généreuses  reçues  au  pi'emicr 
â'i,e  ,  et  qui  ,  par  la  manière  dont  elles  nous  hap- 
pent alors  ,  devraient  créer  d'inaltérables  souve- 
nirs ,  ne  laissèrent  ,  pendant  long-terns  ,  aucunes 
iiaces  durables  dans  l'esprit  du  plus  grand  nom- 
bre -,  mais  elles  restèrent  dans  quelques  araes 
fones  ,  elles  y  fermeinereiit  d'autant  plus  vive- 
ment que  la  puissance  politique  prenait  plus  de 
soin  de  les  comprimer  ;  elles  se  mûrirent  ,  elles 
se  lorliherent  par  une  longue  méditation  .jusquà 
ce  qu'enfin  il  leur  lût  petmis  de  paraiire  au 
grand  jour,  et  d'opéier  par  leur  application  ,  la 
régénération  politique  de  notre  pays. 

Vainement  s'élevèrent  contr'elle  et  les  préjugés 
j  superstitieux,  et  l'ignorance  farouche  qui  voulut 
un  moment  s'emparer  d'une  conquête  unique- 
ment due  aux  progi-ès  des  lumières.  L'heure  de 
la  philosophie  était  arrivée  ,  ellï  devait  triompher 
de  tous  les  obstacles. 

Assez  long-tems  le  bonheur  public  avait  été 
retardé  ;  assez  long-tei'ns  aussi,  inquiète  de  voir 
qu'une  jeunesse  destinée  à  recueillir  l'héritage  le 
plus  précieux  ,  ignorerait  peut-être  la  première 
source  des  droits  dont  elle  devait  jouir,  la  France 
réclamait  le  bienfait  d'une  éducation  vraiment 
nationale  et  dirigée,  pour  la  première  fois,  vers 
un  but  conforme  à  son  institution. 


Enfin ,.  l'influence  protectrice  et  puissante  qui  , 
détruisant  tous  les  partis  ,  a  consolidé  les  vrais 
principes  de  la  révolution  ,  assure  aujourd'hui  à 
l'éducation  nationale  une  direction  également 
sage  et  éclairée,  digne  à  la  fois  et  de  nos  insti- 
tutions politiques ,  et  de  la  téputation  d'un  peuple 
distingué  dans  l'Europe  ,  autant  par  l'étendue  de 
ses  lumières  que  par  l'éclat  de  sa  valeur. 

Organes  de  l'antiquité  ,  interprêles  des  sciences , 
propagateurs  des  arts  ,  quelle  carrière  s'ouvre 
devant  vous  !  nous  ne  sommes  plus  dans  ces 
tems  où  la  naissance  marquait  les  rangs  ,  oii  , 
dans  les  bornes  fixées  à  son  ambition  ,  le  jeune 
élevé  trouvait  la  mesure  qu'il  imposait  lui-même 
à  ses  études.  Aucune  branche  dinstruclion  ne 
doit  être  étrangère  à  des  français  appelés  désor- 
mais à  tous  les  emplois ,'  en  raison  de  leurs  vertus 
et  de  leurs  talens. 

C'est  le  propre  des  républiques  de  vouloir  et 
de  former  des  hommes  prêts  à  les  servir  ,  lour-à- 
tour,  au  lycée  ,  au  forum  ou  dans  les  camps,  et 
sachant  allier  à  la  science  des  affaires  publiques  , 
l'amour  et  la  connaissance  des  lettres. 

Périclès  ,  le  plus  grand  homme  de  son  teras  , 
fut  le  créateur  de  1  atticisme  ;  Cicé.on  se  délas- 
sait de  l'administration  publique ,  en  composant 
des  traités  de  litiéraïuie  et  de  philosophie  ;  César 
fut  aussi  bon  orateur  qu'excellent  gétiéial.  Enfin 
de  tous  les  hommes  animés  du  deslr  de  lillus- 
tration  ,  quel  est  celui  ,  s'il  fut  \éritablenient 
grand  ,  qui  n'ait  pas  recherché  la  .gloire  des 
sciences  et  des  lettres  ,  soit  en  leur  piêtant  son 
appui  ,  soit  en  les  cultivant  lui-même. 

Aggrandissez  les  âmes  de  vos  disciples  par  ces 
fameux  souvenirs  ;  qia'ils  sachent  que  les  con- 
naissances dont  vous  avez  à  les  doter  ,  ne  seront 
plus  comme  autrefois  ,  étrangères  au  bonheur 
de  la  société  ,  et  alors  les  fruits  de  l'éducation 
ne  se  dessécheront  plus  dans  les  cœurs  qui  les 
auront  lecueillis.  Ces  cœurs  heureusement  vierges 
de  tous  pièjugés  ,  s'embraseront  du  feu  sacré 
du  patriotisme  ,  et  la  France  fiere  de  ses  écoles 
républicaines ,  en  verra  sortir  des  citoyens  ,  des 
guerriers  ,   des  hommes  d'état. 

Quant  à  vous ,  jeunes  élevés ,  je  n'ai  sans  doute 
pas  besoin  de  vous  faire  un  devoir  de  votre 
attachement  pour  ceux  a  qui  vous  devrez  cet 
heureux  développement  de  vos  facultés.  La  sécu- 
rité qui  se  peint  sur  vos  jeunes  fronts  ,  cette  facile 
assurance  de  votre  maintien  ,  si  différente  de  l'at- 
titude servile  de  nos  anciens  élevés  en  présence 
de  leurs  maîtres,  m'apprennent  assez  que  dans 
les  vôtres  vous  voyez  des  amis ,  et  que  déjà  ,  pour 
eux  ,  vos  cœurs  s'ouvrent  à  la  reconnaissjnce. 

Mais  c'est  surtout  dans  lâge  mûr  ,  c'est  au 
moment  oii  la  société  vous  aura  distingués  par 
vos  vertus  et  par  vos  talens  ,  que  vous  sentirez 
I  étendue  d'une  dette  aussi  sacrée. 

\  '■ 

La  lettre  de  Philippe  à  l'instituteur  de  son  fils , 
moitument  éternel  de  l'empire  des  lumières  sur 
la  puissance  des  rois  même  ,  en  vous  nior,trant 
quelle  importance  les  anciens  attachaient  aux 
sciences  et  aux  lettres  ,  vous  dit  aussi  leur  respect 
pour  ceux  qui  en  étaient  les  organes. 

Mais  déjà  votre  impatience  m'accuse  de  re- 
tarder ,  par  mes  discours  ,  l'heure  de  votre  gloire  , 
et  je  ne  veux  pas  la  différer  plus  long-tems.  Laissez- 
moi  seulement  me  complaire  dans  cette  pensée 
que  le  triomphe  dont  plusieurs  d'entre  vous  vont 
jouir,  est  le  prélude  des  brillans  succès  qui  les 
attendent  dans  diverres  carrières.  Doux  espoir 
de  la  patrie  ,  puisse   ce  moment  si  heureux  pour 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Frèiidence  d^ Andne.ux. 

riN    DE    LA    SÉANCE    DU    16    FRUCTIDOR. 

Le  citoyen  Gharaoulaud  fait  hominage  au  (ri- 
bunat  d'un  plan  pour  assurer  l'existence  des 
rentiers  et  pensionnaires  de  l'état  ;  la  mention 
au  procès-verbal  et  1«  renvoi  à  la-  bjblioihequï 
sont  ordonnés. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  sur  le 
rapport  de  Savoy -Roilin  qui  avait  proposé  de 
renvoyer  au  gouvernement  la  réclamation  du 
ci(ùyen  Borel  ,  contre  un  arrêté  du  conseil-d'éiat 
concernant  la  liquidation  des  créances  sur  les 
anciennes  fermes  et  régies  générales. 

Ganilh  combat  la  proposition  du  rapporteur 
l'e  iribanai  ordonne  l'impression  du  discauis  , 
prononce  l'ajournement  et  levé  sa  séance. 

J\'otice  sur  le  citoyen  hailly  .  membre  du  sénat  con- 
servateur ,  mort  le  2  de  ce  mois. 

Le  citoyen  Michel-François  Dailly  ,  né  à  Roc- 
quencourt  près  Versailles ,  département  de  Seine 
et  Oise,  le  26  décembre  1724,  débuta  dans  la, 
carrière  du  barreau ,  oii  il  forma  des  relations 
d'estime  et  d'aràiiié  avec  le  vertueux  Turgot.  La 
délicatesse  de  sa  santé  et  les  instances  réitérées 
de  ses  amis  ,  purent  seules  le  déterminera  renoncer 
à  une  profession  qu'il  aimait,  pour  se  livrer  aux 
travaux  intéressans  de  l'administration  publique. 

Formé  pendant  plusieurs  années  aux  objets 
d'administration  ,  par  l'exercice  des  fonctions  de 
secrétaire-général  et  de  subdélégué  de  la  ci-devant 
généralité  de  Rouen  ,  il  fut  fixé  à  Paris  ,  dans  le 
département  des  finances  ,  successivement  en  qua- 
lité de  premier  commis  des  finances  ,  de  direc- 
teur-général des  vingtièmes,  et  enfin  de  directeur- 
général  des  impositions  directes.  Il  obtint  le  brevet 
de  cotiseillet-d'élat  en  récompense  de  ses  longs  et 
utiles  services. 

Il  eut  un  intervalle  de  repos  ;  à  la  fin  de  1787  , 
il  fut  appelé  du  sein  de  sa  retraite  ,  oià  il  vivait 
en  philosophe,  environné  de  ses  amis  et  de  la  con- 
sidération de  ses  concitoy-ns  ,  pour  remplir  le» 
fonctions  de  procureur-général-syndic  de  1  assem- 
blée provinciale  de  l'Isle-de-France.  En  1789,  le 
vœu  du  peuple  l'appela  à  l'assemblée  consti- 
tuante. 

Il  siéga  au  directoire  du  département  de  la 
Seine  ,  en   1792. 

L'opinion  des  amis  de  l'ordre  autant  que  le 
choix  éclairé  des  premiers  magistrats  de  la  répu- 
blique ,  le  placèrent  en  frimaire  dernier  ,  au  rang 
des  membres  dii  sénat-conservateur. 

Il  a  concouru  constamment  pendant  le  cours 
de  sa  vie  administrative  ,  à  des  travaux  utiles  en 
faveur  de  l'agriculture  ,  et  particulièrement  avec 
le  citoyen  Dotmesson  ,  alors  conseiller-d'èlat  ,  à 
la  rédaction  des  lois  qui  furent  rendues  en  1764  , 
1765  et  1766,  pour  encourager  les  desséchemens 
des  marais  et  les  défrîchemens.  Il  n'eut  pas  moins 
de  part  à  la  promulgation  de  celle  sur  l'aboli- 
tion du  droit  de /lartroiiî'i. 

Les  soins  qu'il  ne  cessa  de  porter  à  l'améliora- 
tion ,  aux  progrès  et  à  l'encouragement  de  l'agri- 
culture ,  et  les  nombreuses  connaissances  qu'il 
possédait  ,  le  firent  recevoir  rnembre  des  sociétés 
d'agriculture  de  Rouen  et  de  Paris,  et  de  l'acadé- 
mie littéraire  de  Châlons  sur-Marne. 

Né  avec  une  ame  généreuse  et  sensible  ,  il  eut 
plusieurs  fois  occasion  de  développer  ce  caractère 
heureux  qui  fait  un  besoin  de  défendre  les  inté- 
rêts du  peuple,  soit  dans  la  réduction  des  impôt» 
en  faveur  des  classes  industrieuses  et  indigentes  , 
soit  dans  la  répartition  générale  des  mêmes  im- 
pôts ,  soit  en  proposant  d'augmenter  la  masse  des 
fonds  de  décharges  et  modérations  ,  dont  l'appli- 
cation et  l'emploi  étaient  surveillés  avec  une  sage 
sévérité. 

C'est  aussi  avec  le  citoyen  Dormesson  qu'il 
perfectionna  et  fit  encourager  par  l'ancien  gou- 
vernement ,  l'ouverture  et  la  confection  des  che- 
mins vicinaux  qui  se  multiplièrent  à  l'infini,  et 
qui  devinrent,  comme  on  le  sait,  si  avantageux 
pour  les  campagnes.  Dans  l'exécution  de  ce  plan 
si  heureusement  conçu  et  suivi  avec  succès  pen- 
dant une  longue  suite  d'années  ,  les  propriétaires 
furent  intéressés  à  contribuer  à  des  opérations  d'ua 
genre  aussi  utile  ;  et  par  ce  moyen  les  pauvres  et 
les  journaliers  trouvaient  des  ateliers  nombreux 
ouverts  ,  dans  les  saisons  011  les  travaux  de  la  Cam- 
pagne ont  le  moins  d'acuvité,  et  le  propriétaire  et 
le  cultivateur  un  débouché  facile  et  assuré  pour 
leurs  denrées. 

Des  idées  vertueuses  et  ses  principes  de  justice 
distributive  ,  le  firent  coopérer  essendellement  à 
tous  les  travaux  et  projets  de  lois  et  réglemens 
qui  précédèrent  et  assurèrent  l'établissement  des 


vous  ,  présageî-le  tems  oh  vous  ajouterez  à  l'hon-     premières    assemblées  provinciales  dans  l'ancie» 
neur  de  vous  distinguer  par  vos  talens  ,  'la  gloire    ^erry  et  dans  le  ci-devaiit  Quercy. 
;plus  rare  -eiacore    de  ks   rendre   utiles   à    votre        C'est  à  partir  de  celte  époque  mémorable  par 
pays  !  I  l'effet  des   idées  libérales  qui  présidèrent  à  ces 


nouveaux  établisscracns  ,  que  celle  importante 
poriion  du  peuple  qu  on  appelait  tiirs-étut  .  com- 
mença à  picndie  une  part  notable  et  influante 
dans  l'exercice  des  lonciions  publiques  et  poli- 
tiques de  l'administration  générale. 

L'ami  des  ïurgot,  des  IVliilesherbes  ,  des  Dor- 
niessnn ,  des  Fianklin,  le  principal  coopéraltur 
sous  le  ministère  de  Necker  en  1777,  177H,  1779: 
17S0,  1781  ,  i7bS,  et  pren)iers  mois  de  1 789  ,  reçut 
.la  plus  juste  ci  la  plus  légitime  des  récompenses 
dans  la  place  de  iiiembic  du  sénat  conservateur. 
Il  y  développa  ce  caiactcrc  heureux  de  modéra- 
tion et  de  sagesse,  qui  avait  distingué  à  toutes 
les  époques  ses  uiiles  travaux  et  les  lonciions  di- 
verses qu'il  avait  reitjplies  pendant:  l'espace  de 
45  ans.  Ilcst  mort  aveccalme  et  sérénité  au  bout 
lie  sa  75^  année,  au. milieu  d  un  petit  nombie 
ti'amis ,  et  de  ses  cnfans  d'adoption  qu'il  avait 
fixés  auprès  de  lui  pour  consoler  sa  vieillesse  et 
en  adoucir  les  derniers  inomens. 

En  lui  prodiguant  les  qualités  du  cœur  ,  la  na- 
ture s'était  encore  plue  à  le  douer  de  celles  qui 
contribuent  à  l'aire  resso.rtir,  ifuelquelois  même  à 
déceler  l'homme  peu  ordinaire.  Un  maintien 
noble,  une  hguie  expressive,  une  aftabililé  sou- 
tenue sans  atteteiie,  une  élocution  douce  et  la- 
cile  ,  prévenaient  toujours  en  sa  laveur,  et  sem- 
blaient ou  comniandei'  U;  respect  ,  ou,  gagner  la 
confiance. 

Un  de  ses  amis  ,  citoyen  estimé  et  connu  dans 
la  république  des  lettres,  et  qui  n'a  plus  aujour- 
d  hui  que  des  larmes  à  verser  sur  sa  tombe  ,  a 
lait  l'heuieuse  épreuve  de  l'égalité  de  son  carac- 
tère. Unis  l'un  à  l'autre  par  celte  force  de  sim- 
paihic  ,  dont  1  attraction  est  si  puissante  dans  un 
âge  oii  toutes  les  impressions  restent  profondé- 
ment gravées,  ils  ont  vécu  60  aub  dairs  liniimiié 
la  plus  inaltérable  ;  jamais  la  plus  petite  cause 
n'est  venue  atténuer  leur  affection,  et  le  moins 
à*  i)laindre  n'est  sans  doute  pas  celui  qui 
suivit. 

Personne  ,  mieux  que  le  citoyen  Dailly  ,  ne 
posséda  toutes  les  vertus  sociales  :  bon  parent  , 
ami  tendre  et  constant  ,  il  fut  dans  son  intérieur 
ce  qu'il  était  clans  l'exercice  de  ses  fonctions  pu- 
bliques,  toujour»  occupé  du  bonheur  de  ce  qui 
l'environnait.  Généreux  ,  huai^in  et  sensible  à 
l'excès  ,  il  ne  jouissait  que  du  contentement  des 
autres  ;  il  n'éprouva  jamais  de  véritable  plaisir  que 
celui  qu'il  partagea,  et  tous  les  instans  de  sa  vie 
lurent  consacrés  à  la  satisfacdon  ou  au  soulage- 
ment de  ses  semblables.  F.  D.  R. 

(Extrait  de  la  Gazette  de  France.) 


Distribution  de  prix  qui  a  eu  lieu  le  3o  thermidor 
à  iéiole  ceutrale  du  département  de  Seine-et-Oise. 

Le  jugement  des  compétiteurs  vaut  celui  des 
meilleurs  juges  ,  sur-tout  lorsqu'il  est  question 
de  décerner  au  plus-appliqué  le  prix  d'encou- 
lagcmenl.  Ce  mode  ,  adopté  par  l'assemblée 
générale,  a  procuré  à  Frédéric  Meslier  ,  Jacques- 
Joseph  Aubri  et  Charles-Joseph  Gauguin,  les 
prix  du  dessin  ,  des  langues  et  des  mathéma-' 
tiques  ,  les  trois  seules  classes  assez  nombreuses 
pour  qu'il  ait  paru  convenable  d'y  en  accorder. 
11  était  nécessaire  d'e^^  rétablir  l'onaissioii  dans 
[fi  première  liste. 

Les  autres  prix  et  accessit  ont  été  adjugés  par 
l'école  assemblée,  avec  le  jury  ,  pour  examiner 
soit  les  concurrens  eux-mêmes  par  la  voie  de 
l'interrogation  ,  soit  leurs  compositions  simul- 
tanées sur  un  sujet  donné  au  concours  , 
excepté  pour  le  dessin  ,  où  le  travail  dure  plu- 
sieurs jours.  L'un  et  l'autre  de  ces  moyens  ex- 
posent les  élevés  au  danger  de  succomber  à  l'effet 
de  cette  indisposition  dans  les  organes,  qui  ne 
permet  pas  à  l'intelligence  de  produire  ce  dor^t 
finsiruclion  précédente  et  L'application  habituelle 
l'ont  rendue  capable.  Au  reste,  cette  portion 
de  hazard  est  un  remède  aux  deux  suites  fâ- 
cheuses des  luttes  de  ce  genre  ,  le  décourage- 
ment et  l'orgueil.  L'un  peut  espérer  d'avoir  plus 
de  bonheur  ;  1  autre  dire  comme  le  militaire  : 
te  jour  là  ,   ma   bravoure  m'a  bien  servi. 

Sous  ce  point  de  vue  ,  le  partage  des  piix 
pourrait  être  une  nécessité  plus  fréquente  qu'on 
ne  le  croit. 

Les  classes  du  dessin  ,  des  langues  et  des 
belles-lettres  avaient  été  soumises  à  un  concours 
de  composition  ;  les  autres  à  un  examen  per- 
iniinel  ,  avec  liberté  à  chaque  professeur  de 
jcuraujer  le.s  deux.  C  est  ce  qui  a  eu  lieu  aux 
bciles-leittes.  Le  même  élevé  a  eu  l'avantage 
daDS  les  deux  combats  :  dans  ie  cas  contraire, 
les  juges  auiaient  pu  être  dans  l'embarras  de 
décider  entre  la  production  improvisée  qui  éblouit, 
et  la  productiou  méditée  qui  s'expose  à  la  rigueur 
de  lanalyse. 

Les  trois  jours  d'exercices  ont  procuré  celte 
lois  à  1  école  la  satisfaction  de  trouver  parmi 
les  assi^tans  ,  des  interrogateurs  qui  ont  bien 
voulu  s'assurer  à  fonds  de  l'état  d'instruction 
des  élevés. 

Dans  la  journée  du  3o,  en  présence  du  préfet, 


I  4-83 

du    nKiire  ,    de   presque   tous    les   fonctionnaires    la    rive    gauche,   3:20    lien 
et    de   beaucoup    de    citoyens,    quelques   élevés  |  âmes  .  Hoo, 000  flotins.  Sur 
ont     débité     divers     moi'ceaux    relatifs    à    leurs 
cours.  - 

Blond  et  B.irdet  ont  présenté  pour  l'histoire 
et  les  bclles-letties  ,  Pierre  le  Grand  et  Milton. 
Des  moiceaux  de  Lucien  et  de  Virgile  ont  été 
traduits  par  le  même  Blond  et  par  Pichaid. 
Demairgciii  ,  après  avoir  indiqué  ,  dans  l'immen- 


qearrcfs  ,  100,000 
!ve  droite  :  40  lieues 
quarrées  ,  So.ooo  amcs  .  i8i).oi>i)ilorins.  Coblence 
rivaliseia  un  jour  a.vec  iMayence  ;  si  celle-ci 
a  le  Mi.iii  pour  lui  apporter  les  productions 
de  la  Fiancoiiie.  £oblenc^a, ,  par  la  Moselle, 
une  coinuionlcrtion  facile  avec  une  partie  de  la 
France. 
3". 


L'éleciorat    et  archevêché    de    Cologne.  — 


c   l.i  connaissance  de  la  nature,  les   objets     Etendue  et  Jwjiulalion  :  1  électoral  propre  ,  sur  la 


(jue  la  brièveté  du   tems  rie  jjcrmcttail  pas  même 


<t;j   toucher,    a   préscnié 


Jlue.i 


rive 


les 


ificrcuces   entte  la  1  Sur  la    rive  droite 


e,iuiite:   1.10    lieues   quaiicts  ,   95.000   âmes. 


(lotit  lliomme  exerce  .^ur  la  nature  liii- 
de  son  génie  ,  .i  l'cgaid  des  minéraux  , 
j  ou  à  l'égard  des  végétaux  qui  foin  paiiie  des 
■  êtres   orgcinisés. 

Ensuite  ,  trois  expériences  de  physique  ,  la 
I  combiisiion  augmentée  tians  l'oxigeiiC  sépaié 
1  de  tout  autre  ^laz  ,  l'aliraciion  éleciive  d  un  nié- 
j  liingi?  de  soulrr  el  de  ciyabre  en  poudre  ,  par  les 
!  états  opposés  de  l'électricilé  positive  et  négative ,  i 
1  communiqués  à  diverses  parties  d'un  électro-  ] 
,  pliore.  Enhn  ,  l'expérience  hydrislaiique  de  la 
I  pression  des  liquides  ,  à  raison  de  leur  hauteur 
jet  de  la  base  de  leur  récipient,,  sans  égaid  à 
'  l'augmenlalion  ou  à  la  diminution  de  son  dia- 
I  nieiie  dans  les  parties  supéiieures  ,  ont  donné 
rlicuàlluvé  d'exposer  brièvement  les  principes 
j  q^;;    y    ont    rapport. 

I  Le  prélet  avait  ouvert  la  séance',  en  fcsntit 
j  sentir  en  peu  de  paroles  limporunce  de  lins- 
I  iruction  publique  sur  laqnelle  repose  la  ptos- 
'  périie  nationale.  Avant  la  distiibutiun,  le  citoyen 
,  Perriot  ,  yirolesseiir  de  dessin  ,  dans  le  discours 
I  de  clôiure  dont  il  avait  été  chargé  par  l'école  , 
j  a  lié  d'une  manière  intéressante  la  cause  de,Ver- 
'  sailles  à   celle  de  l'école  centrale. 

i    Société  d'agriculture  du  département  de   Seine  et 
Oise. 

Les  programmes  des  prix  proposés  doivent 
faire  paiiie  des  mémoires  qui  seront  publiés  à 
la  suite  du  Journal  de  Seine  et  Oise.  Mais  il  y  a 
urgence  à  l'égard  du  prix  de  pratiqu'e  pour  le 
vin  le  mieux  fabriqué .  c'est-à-dire  celui  qui,  à 
égalité  de  terroir  ,  devra  sa  meilleure  qualité 
aux  soins   donnés  à  la  vendange  et  au  cuvag.e. 

En  conséquence  ,  il  sera  nécessaire  que  tout 
cultivateur  ,  qui  se  dispose  à  concourir  ,  fasse  , 
vers  la  tin  de  fructidor  ,  constater  par  le  maire 
de  la  commune  ,  en  présence  de  deux  ou  trois 
vignerons  ,  quel  est  celui  de  ses  voisins  dont 
le  vin  a  le  plus  de  ressemblance  avec  le  sien  , 
lorsqu  ils  son*  fabriqués  par  la  routine  de  tous 
'es  ans.    Les  mêmes   témoins   surveilleront  le  vin 


araes.  Le  comté  d 
rées  ,  18,000  arn 
180  lieues  qua  ié( 


que  fera  ce  voisin  sans  précautions  particulières,-  prisonnier  pour  dettes  lui  vient  à  l'esprit  ;  il   se 

-.    1.        ■  -11-',  •        /.  1    .         '   AÀ,.., 1   1'    ..■ [• 1 i    u;„„.A. 


:  '20  lifi.es  qunrxts  ,  ii.noo 
Rtkliiigliitti  :  40  licueS  <)M.ii- 
.  Le  duché  de  Weriphaiie  : 
,  ioo,ouo  âmes.  Ainsi ,  sur  la 
rive  droite  .,  en  tout  :  129,000  amts  sur  540  lieues 
quariées.  —  Productions  :  quelques  vins  ,  du 
bled  ,  du  bois  ,  du  sel ,  du  fer  ,  du  ciiiyre  ,  un 
peu  d'or,  de  la  calamine,  etc.  Le  duché  de 
VVestphahe  nourrit  quantité  de  bétail.  —  Revenus, 
avant  la  guerre  :  1,000.000  florins.  Lélectcur 
aciiiel  est  en  même  tems  évêque  de  Munster  : 
600  iieues  quai  rées  ,  35o,ooo  iuiics  ,  i  ,200,000  fl.  , 
el  peut  inettre  Sooo  liQiijmcs  sur  pied. 

Résultai.  —  Sur  la  rive  gauche  :  473  lieues 
quatrées  ,  SlS.ooo  âmes,  1. 100. 000  lioiius  de 
levenus.  Sur  la  rive  droite  :  65;  lieues  quarrées  ,. 
422,000    âmes  ,    2,000,000  liorins. 

M.   C.  Brun. 


THEATRE  DES   TROUBADOURS. 

U.M  vieux  recueil  d'anecdotes  contient  celle  qui, 
suit:  I'  Un  peintre  ayant  lait  le  portrait  d'un  homme 
riche  qui  refusait  de  le  payer  ,  prit  pour  se  ven- 
ger un  parti  assez  singulier  :  il  reprit  son  tableau , 
couvrit  lie  barreaux  de  fer  la  figure  de  son  débi- 
teur,  et  exposa  publiiinemcnt  le  tableau,  avec 
celte  inscription  :  Au  pauvre,  prisonnier. 

Tel  est  le  trait  que  vient  d'arranger  pour  la 
scène  le  citoyen  Dubois ,  auquel  le  théâtre  des  ' 
Troubadours  doit  depuis  quelque  temps  (es 
ouvrages   qu'il  a   donnés  avec  le  plus  de  succès. 

Voici  une  idée  de  son  plan  : 

Un  jeune  peintre  fesant  le  portrait  de  l'onclç 
d'une  jeune  personne  dont  il  est  amoureux  ,  dis- 
pose le  lieu  dé  la  séance  ,  de  manière  qu'en  pa- 
taissani  fixer  les  yeux, de  l'oncle  ,  il  voit  eu  effet , 
et  dessine  les  traits  de  sa  jeune  amie.  L'oncle  voit 
le  stratagème  ,  s'amuse  un  moment  de  la  situa- 
tion ,  et  finit  par  se  fâcher  ,  il  enlevé  au  'peintre 
le  poftrait  de  la  jeune  personne  ,  et  en  échange 
lui'  laisse  le  sien  qu'il  ne  veut  ni  prendre  ni  payer. 
L'artiste    veut   se   venger.  L'idée   du  portrait   du 


et  le  vin  qui  doit  disputer  le  prix.  Ils  pieudtOnt 
les  mesures  nécessjiies  pour  s  assurer  de  la  \érité, 
jusqu'au  moment  de  tirer  de  chacun  une  boir- 
teille  .  lesquelles  seront  envoyées  cachetées  à  la 
société. 

Le  prix  sera  obtenu  par  celui  des  essais  qui 
présentera  une  plus  grande  différence  d  avec  le 
vin    commun. 

(  Extrait  du  Journal  du  département  de  Seine  et  Oise 
du  10  Ji uctidor .  ) 


Suite     du    tableau    statistique    des   pays    ecclésias- 
tiques (I). 

Cercle    du    Bas-Rhin. 

1°.  L'éleciorat  et  l'archevêché  de  May^nce.  — 
Etendue  et  population  :  L'électoral  proprement  dit , 
avec  les  jiossessions  d.ins  la  Hesse  et  une  -jiariie 
du  comté  de  Rhineck  ,  280  lieues  quarrées  , 
216,000  âmes  (dont  sur  la  rive  gauche  du  Rhin 
i3  lieues  quarrées  et  43,000  âmes  :  )  l'Eiclisfeld  , 
80  lieues  quarrées  ,  40,000  âmes.  Erfort  et  ses 
annexes  ,  5o,ooo  âmes  sur  cnvirein  3o  lieues  quar- 
rées •,  ce  qui  fait  eu  défalquant  la  partie  sur  la  rive 
gauche  ,  377  lieues  quarrées  et  263,ooo  âmes. 
—  Revenus  :  en  défalquant  289,000  florins  pour  la 
.rive  gauche,  il  reste  1,324,000  florins. — Produc- 
tions :  pour  l'éleciorat  seul ,  le  meilleu.r  vin  de 
l'Allemagne  ,  du  blé  et  du  bétail  ,  du  lin  ,  du 
chanvre  ,  du  bois  ,  du  sel  ,  quelques  minéraux  ; 
pour  l'Eichsfeld,  du  lin  ,  du  chanvre,  du  bois  , 
du  blé-,  pour  Erfort,  des  fruits,  du  jardinage, 
de  la  garance  ,  du  saffran  bâtard  ,  etc.  —  Industrie 
et  commerce  :  on  fabrique  des  étoffes  de  laine  ,  des 
rubans  ,  des  bas  à  Erfort  et  dans  1  Eichsfeld  ; 
Mayence  qui  fesait  un  commerce  assez  vif  ,  su.r- 
tout  de  fruits,  va  sans  doute,  un  jour  dévenir 
l'entrepôt  de  l'Allemagne  et  de  la  France  ,  et  une 
rivale  dangereuse  pour  Francfort ,  mais  elle  est 
sur  la  rive  gauche  ,  et  même  à  présent  chef-lieu 
d'un  département  de  France  (27,000  habitans  :) 
l'électeur  avait  ordinairement  3ooo  soldats  sur^ 
pied. 

2°.  L'électoral  et  archevêché  de  Trêves. — Produc- 
tions :  d'excellens  vins  ,  du  gibier,  du  poisson  , 
du  charbon  de  terre,  du  fer,  du  cuivre  et  d'autres 
minéraux.  —  Etendue  ,  population  et  revenus  :  sur 

(i)  Voyez  les  n."'  841 ,  3^3  el  346. 


détermine  a  l'exécuter.  L'oncle  apprend  bientôt 
qu'il  est  au  salon  l'objet  de  la  risée' publique.  Le 
peintre  ne  consent  à  retirer  la  figure  eràprison- 
iiée  ,  qu'en  tibtenant  la  main  de  la  jeune  per- 
lonne.  Après  avoir  vainement  épuisé  les  offres  et 
les  menaces  ,  l'oncle  donne  un  consentement 
lorcé.  A  l'instant  il  apprend  qu'il  peut  se  rassu- 
rer .  son  portrait  n'a  point  élé  au  salon  ;  le  peintre' 
l'a  menacé  pour  obienir  son  aveu  ,  et  s'en  venge 
sans   devenir  tout-à-fait  méchant. 

Cette  dernière  idée  a  un  peu  raccommodé  le 
public  avec  i'ouvrage  :  on  irouvait  la  conduite 
du  jeune  peintre  très-peu  décente  ,  celle  de  la 
jeune  personne  avec  son  oncle  au  moins  très- 
inconven.inie  ,  et  son  langage  très-deplacé,  lac- 
lion  Icnle  ,  Jes  scènes  vidés,  des  longueurs  dans 
toute  la  pièce.  L'oncle  n'avait  pas  eu  constam- 
ment tort  :  l'auteur  ne  l'avait  point  piésenté  sous 
des  traits  ridicules  ;  1  acteur  même  lui  avait  donna 
u-ije  phisiononne  assez  ai.iiablè:  qui  eût  pu  par- 
tager ,ivec  x  peiiure  un  projei  de  vengeance  non 
méritée  ?  Pour  que  la  siiuauon  eût  élé  comique  , 
il  eût  fallu  que  cet  oncle  dupé  eût  été  présenté 
comme  un  avare  excessif,  comme  un  jaloux  ri- 
dicule. Ce  changement  est  facile  ,  le  succès  de 
l'ouvrage  y  est  peut-être  attaché.  On  y  trouverait 
alors  un  peu  plus  de  mpralité  ,  et  plus  de  respect 
pour  les  coiivcnances. 

Quelques  traits  du  dialogue  sont  piquans  :  cep 
tains  couplets  sont  très-bien  tournés  ;  mais  la  plu- 
part ne  tienncnr  point  à  lu  situation;  ce  sont  des 
pensées  détachées  ,  des  lieux  communs  de  ga- 
lanterie ,  des  madrigaux  rebattus.  Il  est  assez  sin- 
gulier que  le  rôle  de  l'oncle  eil  contienne  la  plus 
grande  partie.  Jin  général  cet  ouvrage  paraît  avoir 
été  fait  rapidernent  :  les  scènes  sont  filées  avec 
peu  cje  sojn.  C'.est  un  défaut  qui  semble  au- 
jourd'hui d'habitude.  N'est -if  pas  vrai  de  dire 
qu'en  fait  de  productions  littéraires,  la  qualité 
est  piéférable  au  nombre  ;  et  ne  vaudrait-il  pas 
mieux  réussir  complettement  une  lois  ,  que  de 
donner  à  sa  réputation  l'appui  chancelant  d'une 
foule  de  demi-succès?  S 


Du  Jacobinisme  des  Anglais  si^r  les  mers  ,  et  des 
moyens  d'etp  triompher ,  adressé  aux  pations  ue.utriy , 
par  un  neutre  ;  brochure  in-S".  A  Paris  ,  impri- 
merie du  Cercle  Social. 

L'Angleterre  , .  di.t  l'auteur,  anjuse  l'Univers 
avec  les  dangeis  de  ce  qu'elle  .appelle  \ei  principes 


Jficohins  ,  et  cela  dans  un  tems  où  rien  de  sem- 
Dlable  n'existe  en  France;  mais  tous  les  jours  sur 
l'océan  les  droits  du  commerce  sont  envahis  , 
insultés  et  déliuiis.  C'est  pour  combattre  \tt  jaco- 
binisme des  anglais  ,  leur  odieuse  tyrannie  ,  tjuil 
fait  dans  ce  petit  écrit  un  appehà  1  honneur  et  à 
l'intérêt  de  toutes  les  nations  comnierçjiites  ;  il 
Jeiir  démontre  la  nécessité  de  faire  cause  com- 
mune avec  les  français .  non  que  la,- Frai;cc  ait 
besoin  de  secours  pour  elle-même,  mais  parce 
que  les  dioits  du  commerce  et  la  liberté  des 
niers.sont  attachés  à  ses  destinées. 

Il  leur  dévoile  les  véritables  jirojets  et  la  poli- 
tiq"ne  astucieuse  de  la  Grande-Bretagne  dans  la 
gurrre  actuelle  ,  qui  n'est  rien  autre  chose  de  la 
part  de  cette  puissance  qu'une  guerre  de  mono- 
pole ;  il  leur  représente  le  gouvernement  anglais 
vcu!ant  donner  sa  volonié  absolue  pour  loi  uni- 
verselle ,  refusant  avec  insolence  de  ratifier  le 
traité  dEl-Arich  ,  cherchant  à  retenir  l'armée  fran- 
çaise en  Egypte,  afin  d'avoir  un  prétexte  dy 
débarquer  poirr  les  en  faire  sortir  ,  et  à  la  faveur 
d'une  •  capture  officieine  et  condilionnetle  ,  de  s  y 
établir  à  la  tête  de  la  mer  Rouge  ,  et  d'occuper 
ainsi  les  deux  passages  aux  Indes,  à  l'exclusion 
de  toute  autre  puissance;  enfin  ,  il  leur  expose 
les  conséquences  du  succès  de  ces  desseins  ambi- 
tieux. Elles  n  ont  pas  les  mêmes  dangers  à  redou- 
ter de  la  part  du  peuple  fiançais.  La  France,  grande 
par  etle-racme  ,  n'est  point  dévouée  par  la  nature  à 
l'esprit  de  menoyio/e.  Un  vaste  champ  d'améliora- 
tions et  de  prospérité  intérieure  vient  de  s'ouvrir 
pour  elle;  il  demandera  tous  ses  soins,  toute 
son  attention  :  le  monopole  ne  peut  jamais 
faîve  partie  de  sa  politique.  Ses  intérêts  à  l'ex- 
térieur sont  dans  la  plus  grande  étendue  des 
droits  du  commerce  des  nations;  elle  a  mainte- 
riant  en  sa  puissance  les  plus  grands  moyens  d  être 
utile  au  monde  commercial ,  que  le  monde  com- 
mercial s  unisse  donc  aux  meilleurs  desseins  ,  au 
lieu  d  aggraver  la  perle  de  la  marine  française  ,  en 
favorisant  l'accroissement  de  celle  des  anglais. 

L'auteur  offre  un  moyen  de  relever  l'une  et 
d^abaisser  l'autre  ,  dans  les  observations  suivantes  , 
que  nous  rapportons  textuellement. 

.  u  On  doit  considérer  l'Angleterre  sous  un 
double  point  de  vue.  D'abord  .  comme  une 
gritnde  nation  commerçanie  ,  et  ensuite  comme 
une  grande  puissmce  raarjlime.  Sj  m..rine  dé- 
pend de  son  commerce  ,  mais  son  commerce 
dépend  de  la  volonié  ou  du  consentement  des 
nations  qui  lui  permettent  de  commercer  avec 
elles.  Ce  consentement  est  ^  son  tour  en  la  puis- 
s:ince  des  nations  ,  qui  peuvent  l'accorder  ou 
le  refuser  :  l'Aiiglctcire  est  donc  en  effet -une 
nation  dépendante  des  aunes  nations,  (i)  La  gtan- 
deiu  de  la  France  est  intérieure  et  inhérente  à 
son  existence  ;  celle  de  l'Angleterre'  est  dissé- 
minée ,  et  toute  entière  attachée  à  des  choses 
extérieures  qu'il  n'est  pas  en  sa  puissance  de 
diriger  à   son   gré. 

»i  Si  les  nations  neutres  de  rEiirope  ,  en- 
semble avec  les  Etats-Unis  d'Amérique  ,  entraient 
dans  une  association  pour  suspendre  tout  com- 
merce avec  toute  nation  belligérante  qui  moles- 
terait quelque  vaisseau  appartenant  à  cette  asso- 
ciation ,  l'A-  gleterre  à  l'instant  perdrait  son  com- 
merce  ,  ou  consentirait  dès-lors  à  la  liberté  des 
mers. 

55  Pend:int  la  guerre  d'Amérique,  une  neutralité 
armée  fut  formée  dans  le  Nord,  sous  la  protec- 
tion de  la  Russie  :  les  marines  de  France  et  d  Es- 
pagne étaient  alors  en  pleine  activité;  et  cet  heu- 
reux état  des  choses  fit  respecter  la  neutralité 
aimée.  Mais  la  balance  du  pouvoir  niaritime  en- 
tre la  Fiance  et  l'Angleterre  étant  maintenant 
rompue  ,  une  neutralité  armée  ne  ferait  pas  sur 
l'Angleterre  une  forte  impression.  Point  de  neu- 
tralité armée  du  Nord  qui  puisse  inspirer  des  al- 
larmes  ,  si  les  flottes  de  France  et  d'Espagne  ne 
balancent  pas  la  marine  anglaise,   ne   retiennent 

(i)Nous  observerons  en  passant  que  l'auteur 
partageant  ici  une  erreur  trop  commune  ,  attache 
au  commerce  étranger  une  importance  bien 
plus  grande  qu'il  n'a  réellement  même  en  An- 
gleterre. Il  a  été  remarqué  dernièrement  avec 
beaucoup  de  justesse  que  le  commerce  étranger 
de  celte  nation  ,  la  plus  Commerçante  du  globe  , 
ne  tient  pas  dans  la  masse  de  ses  circulations  la 
20*  partie  de  celle  qu'occupe  son  commerce 
imérieur.  Quoiqu'on  en  dise  ,  c'est  celui-là  qui 
fan  sa  richesse  ,  et  l'autre  n'en  est  qu'un  bien 
mince  accessoire. 


1404 

pas  ses  vaisseaux  dans  la  Manche  ,  ou  dans  quel- 
qu'autre  mer  du  Midi.  La  Prusse  ,  par  sa  posiiion, 
peut  fliire  respecter  son  pavillon  ;  et  quoiqu'elle 
ne  soit  jias  un  grand  pouvoir  maritime  ,  elle  peut 
jeter  un  jioids  immense  dans  une  neutralité  ar- 
mée :  Georges  sait  bien  que  la  Prusse  peut  s'em- 
parer deM'Hanovre. 

51  Mais  dans  l'état  présent  des  affaires  ,  et  même 
dans  tous  les  terns  ,  c  est  une  neutralité  désarmée  . 
(qui  peut  se  faire  tout  de  suite  ,  et  qui  ne 
coule  ni  sang  ,  ni  argent),  c'est  une  association 
commerciale  dans  le  genre  de  celle  dont  nous 
venons  de  parler  ,  qui  peut  seule  commander 
le  respect  au  gouvernement  anglais.  C'est  par 
son  commerce  qu'elle  est  vulnéralile  ;  c'est  pour 
elle  le  talon  d'Achille. 

>)  Le  commerce  des  nations  septentrionales  est 
de  la  plus  grande  importance  pour  l'Angleterre  ; 
elle  peut  à  peine  su'isisîer  sans  ce  corainerce: 
et  les  nations  du  no.d  peuvent  aisément  se  passer 
d'elle  :  conséqnçmment  les  nations  ont  dans 
leurs  propres  mains  la  puissance  de  faire  la  vé- 
ritable loi  des  nations,  et  de  ne  point  permettre 
à  1  Angleterre  de  leur  dicter  ,  pour  loi  univer- 
selle, s.i  volonté.  La  protection  que  le  commerce 
peut  se  donner  à  soi-même  par  le  mnven  d  une 
association  commerciale  (  sur-tout  si  H.imbourg 
y  est  compris  ,  ce  que  Hambourg  ne  peut 
refuser  )  ,  est  au  moins  d'un  poids  égal  à 
une  neutralité  armée  ;  mais  les  deux  moyens 
réunis  seraient  ,  dès  ce  moment  ,  capables 
de  faire  la  loi  ,  ou  du  moins  de  faire  pâlir 
le  despotisme  de  1  Angleterre ,  jusqu  à  ce  que 
la  marine  française  soit  assez  torie  pour  ré- 
tablir la  balance  du  pouvoir  naarillmc  ;  et  c'est 
alors  qu'on  peut  former  une  loi  générale  des 
Nations  ;  oeuvre  de  bienfcsance  et  de  génie,  qui 
immorialiseraiil   la    république    franç-aisf;    dans  le 

monde   commerçant. 55 

En  attendant  a  comme  l'Angleterre  a  saisi  le 
Cap  de  Bonne-Etpérance  ,  il  serait  de  la  meilleure 
politique  de  garder,  du  consentement  de  la  Porte, 
la  lêlc  de  la  mer  Rouge,  et  de  pcrmeitre  aux 
nations  du  Nord  de  commercer  par  ce  canal  avec 
les  nations  de  lOrient.  La  Hollande  ,  en  parti- 
culier ,  serait ,  p;)r  cela  seul,  indemnisée  de  la 
I  perle  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

ssC'cst  un  des  avantages  que  le  monde  coramer- 
I  çnnt  peut  retirer  de  la  révolution  fanç.iise  ,  et 
1  par  les  moyens  de  sa  puissance  ;  tandis  que  de 
I  la  part  de  1  Angleterre  ,  elles  ne  peuvent  attendre 
I  que  monopole  ,  oppression  et  insulres.  L'Egypte 
1  gagnerait  beaucoup  à  cet  éublissemenl ,  et  non- 
I  seulement  il  esV  de  son  inléiêt  d'y  consentir ,  mais 
I  d'employer  tous  les  moyens  en  son  pouvoir  pour 
I  concourir  à  le  rendre  stable.  C'est  1  Angleterre 
\  seule  qui  est  intéressée  à  s'y  opposer;  et  quel 
1  que  soit  son  intérêt  ,  il  est  évidemment  contraire 
à  la   prospérité  des   autres  nations.  15 


pirer  :  il  a  donné  avis  de  cet  événeroènt  aux 
préfets  des  départemens  environnans.  La  plus 
grande  surveillance  est  exercée  ;  des  pairouilie» 
multipliées  parcourent  les  campagnes  et  fouillent 
les  endroits  suspects  ;  il  a  écrit  des  lettres  de  sa- 
tisfaction aux  fonctionnaires  et  aux  citoyens  qui 
ont  tait  preuve,  dans  cet  événement,  décou- 
rage et  de  zèle  ;  et  les  secours  les  plus  prompts 
et  les  plus  louchans  ont  été  administrés  à  ceux 
qui  ont  reçu  des  blessures  dans  .'a  poursuite  et 
l'arrestation  des  brigands.  Celte  occasion  a  fait 
connaître  le  bon  esprit  qui  règne  dans  le  dépar- 
tement du  Cantal ,  et  les  assassins  royaux  qui 
ont  pu  s'échapper  ,  s'éloigneront  sans  doute  d'un 
pays  où  on  les  ponrchasse  comme  des  bêles  en- 
ragées ,  et  oià  ils  seraient  témoins  du  jurte  châ- 
timent auquel  leurs  complices  vont  être  con- 
damnés. ' 

On    a   recouvré  près  de  la  moitié  de  la  somme 


enlevée, 
Salut  et  sraternité. 


Palis. 


Les  maire  et  adjoints  de  la  ville  de  Saint-Quentin ^ 
au  rédacteur  de  la  Gazette  nationale.  —  Saint- 
Quentin  ,  le  i^  fructidor  ,  an  8  de  la  7'épub-liqra 
française. 

CiTOYiîN  ,  nous  vous  prions  d'insérer  dans  un 
de  vus  prochains  numéros  l'avis  à  lous  les  mar- 
chands de  la  république ,  que  notre  foire, dont  la 
durée  est  de  neuf  jours  francs  ,  aura  lieu  le  21 
vendémiaire  prochain  ;  que  les  marchands  qui 
désireront  y  avoir  des  loges  ,  devront  s'adresser 
au  citoyen  Sarrasin  ,  menuisier  ,  ou  à  nous,  en 
affranchissant!  eut  s  lettres:  qu'il  n'est  apporté  aucun 
changement  au  prix  de  ces  loges  ,  qui  est  comme 
l'année  précédenie  de  3  liv.  tournois  pour  3  cen- 
timètres 25  millimètres  ;  qu'enfin  ils  trouveront 
prcle-iion  et  sûreté  pour  leur  personne  et  leurs 
marchandises. 

Blondel. 


Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  du  Cantal  ,  au 
rédacteur  du  Moniteur.  —  Aurillac  ,  U  S  fructi- 
dor an  8. 

Citoyen  ,  un  événement  importarit  vient  d'a- 
voir lieu  dans  le  département  du  Cantal  ;  et 
comme  il  a  éié  dénaturé  dans  quelques  journaux  , 
je  vous  prie  d'insérer  cette  courte  notice  ,  dont 
je  vous  garantis  l'exactitude  et  l'authenticité. 

Le  23  thermidor  ,  des  brigands  royaux  dont 
on  ne  sait  pas  précisément  le  nombre  ,  ont  at- 
taqué ,  à  neuf  heures  du  matin,  une  faible  es- 
corte qui  conduisait  de  Murât  à  Aurillac  une 
recette  de  8  à  gooo  fr.  Le  lieu  favorisait  leur 
entreprise';  c'était  dans  un  passage  étroit,  en- 
touré de  montagnes  ,  de  bois  et  de  précipices. 
De  trois  gendaimes ,  l'un  a  été  tué  sur  la  place  , 
un  autre  blessé  ,  un  troisième  a  semé  f'allarme  et 
réclamé  des  secours.  Peu  de  tems  après ,  40  ci- 
toyens de  Murât  ,  dirigés  par  le  citoyen  Crolte  , 
maréchal  des  logis  de  la  gendarmerie  ,  et  par  le 
citoyen  Treillard-Nozerollrçs  ,  fils  ,  ont  volé  à  la 
poursuite  des  assassins  ;  les  maires  des  communes 
de  Dienne  et  de  Saint-Jacques-des-Blats  ont  fait 
sonner  le  tocsin  ,  ont  rassemblé  un  grand  nom- 
bre de  braves  citoyens ,  se  sont  emparés  des 
somrôets  et  des  gorges  des  montagnes  ;  et  après 
quelques  heures  de  battues  ,  quatre  brigands  ont 
été  découverts  et  saisis.  Ces  scélérats  ont  fait  une 
défense  désespérée  ,  et  nous  avons  à  déplorer  le 
malheur  de  quelques  citoyens  qui  ont  été  blessés. 

Le  préfet  a  sur-le-champ  pris  toutes  les  me- 
sures que  le  zèle  et  le  patriotisme  pouvaient  ins- 


LIVRES    DIVERS. 

MÉMOIRES  sur  les  lignes  télégraphiques  ,  et  s«i 
le  télégraphe  décimal  circulaire  ,  établi  sur  la 
tour  du  temple  du  Génie  (  S.  Roch  J  ,  qui  va 
former  la  première  staiion  de  l:i  nouvelle  ligne 
décimale  de  Paris  au  Havre  ;  par  F.  G.  B.  Laval  , 
ingénieur  de  la  marine  et  membre  du  Lycée  des 
Arts,' et  A.  S.  Lcblond ,  professeur  de  mathé- 
matiques. 

Prix  ,  l  fr.  5o  cent,  la  collection  des  mémoires  , 
planches  et  tableaux:  et  25  centimes  la  feuille 
d'explication. 

Cet  ouvrage  se  trouve  ,  chez  Baure  ,  libraire  , 
sous  la  tour  de  S.  Roch;  Mcurant,  aîné  .  libraire, 
rue  des  Grands-Augustins  ,  n"  i3  ;  Meurant, 
jeune,  cour  des  'Vétérans,  près  les  Tuileries; 
Roussot  ,  portier  des  Tuileries  ,  côté  du  Manège. 

Les  expériences  du  télégraphe  décimal  de  la 
ligne  du  Havre,  qui  avaient  été  annoncées  pour 
cette  décade,  auront  lieu  primidi  prochain, 
21  Iruciidor  .jusqu'au  29  suivant,  de  cinq  heures 
du  soir  à  sept. 

Les  officiers  civils  et  militaires  du  génie  ,  de 
l'artillerie,  de  la  guerre  et  de  la  marine,  des 
ponts  et  chaussées  ,  et  les  membres  des  sociétés 
savantes  qui  désireront  assister  à  ces  expériences , 
pourront  se  faire  inscrire  chez  le  libraire  qui  est 
au  bas  de  la  tour  on  le  télégraphe  est  placé.  Le 
jour  suivant  il  leur  sera  délivré  des  billets. 

Le  local  ne  pouvant  contenir  qu'un  petit  nombre 
de  personnes  ,  cette  précaution  est  indispensable. 


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Uf»ni  adresseï  les  leuiesel  l'argent  ,  franc  de  port  ,aucit.  Agasse,  propriétaire  de  cejournal  , rue  des  Poitevins,  n"  l8.  Il  fautcomprejidre  dan»  les  envois  le  port  de 
payk  ou  l'on  ne  peut  aETrinrliir.    Les  lettres  des  départemens  non  atFranchics  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin,  poui  ^lus  de  sûreré  ,  de  charger  celles  qui  renfcrmenl  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de  la  feuille,  au  rédacteur  ,  rue  de 
Poitevins,  n'  i3,  depuis  aeuf  heures  du  matin  jusqu'à  cil  :;  heures  du  soir. 


A  Patis,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  l3. 


GAZE 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


;V^'  349- 


Nakidl'',  \%,  fructidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indiviilble. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qui ,  dater  du  7   nivôse  le  Mon  iTeuR  est   le  seul  journal  ojfiaeL     ■' ■ 
.  Il  contient    les    séances  des  autorités  constituées  ,,Jiçs,  actes  diigpuverntmenri,  Ie«f»ouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits;  et  les   notions 
tantsur  l'intérieur  qirt  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministénelles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


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EGALITE, 


REPLJBLI<iU£    FRANÇAISE. 

ARMÉE    D'ORIENT. 

Mtnou  ,  général  en  chef  provhoire  ,  au  citoyen 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république 
Jr^nqaise.  —  Au  quartier-général  du  Kaire ,  /«  14 
messidor  .  an  8  de  la  république. 

Citoyen    Consul, 

Un  horrible  événemeni  qui  a  peu  d'exemples 
dans  les  annales  de  l'histoire  ,  vient  de  me  porter 
lu  comraandementprovisoire  de  l'armée  d  Orient. 
Le  général   Kiéber  a  été  assassiné  le  25  du  mois 


dois  avoir rhoiineiir  de  vous  prévenir  auparavant 
que  les  papiers  du  général  Kiéber  n'étant  pas  tn^ 
core  en  ordre  ,  je  ne  puis  vous  instruire  des 
événemens  que  p^r  la  simple  date  des  laits.  Dans 
des  circonsiancfs  plus  favorables  ,  je  vous 
enverrai  tous  les  détails  ;  mais  il  est  si  instant 
que  vous  connaissiez  notre  position  que  je 
me  suis  déterminé  à  ne  vous  adresser  qu'un 
simple  journal, 

Dates  des   événemens  arrivés   A    l'armée  d'Egypte  , 
depuis  le  iraiti  d'El  Ariicki 

i".  Traité  conclu  à  El  A"sch  le  3  pluviôse,  et 
ratifié  par  le  général  en  chef  ,  le  8  du  même 
mois  ,   au  camp  de  Salahieh. 

a".  Conférences  de  Sebillé  Hallem  ,  près  Ma- 
thariclj.  Elles  ont  eu  lieu  depuis  le  sa  ventôse 
jusqu  au  27  du  même  mois. 

3°.  Lettre  de  milord  Keith  ,  livrée  à  l'impres- 
sion et  annoncée  à  l'aripée  le  27  avec  la  pro- 
clamaiion  du  général  en.  clu.f  Kiéber, 

4".  Rupture  officiellement  signifiée  au  visir  le. 
«8  ventôse. 


'  Les  queues  de  plusieurs  pachas  ont  été  prises  , 
soit  â  Matharieh  ,  soit  à  Belbeys  ,  Salahieh  et 
le  Kaire. 

Après  la  bataille  dHéUopolis  ,  des  troupes 
ont  maiché  pour  reprendre  D<«mieitc  qui  avait 
été  cédie  aux  turcs  ,  d'après  la  capitulation. 
Douze  cents  osmanlis  y  ont  éié  tués  ;  les  autres 
ont  fui  par  le  lac  Menziic  et  le  désert. 

Position  actuelle  de  t'arniée française. 

Dix  miUionî  ont  été  imposés  sur  la  ville  du 
Kaire  pour  la  punir  de  sa  rçvolle.  Tout  l'arriéré 
dti  à  l'aimée  est  payé  ,  et  dorénavant  la  solde  sera 
assurée. 

On  perfectionne  \êa  fortifications  du  Kaire, 
Douzs  forts  eniotjrent  actuellement  cette  yille^ 
lis  seront  totalement  finis  dans  i5  jours.  Les  ar- 
cades du  grand  acqueduc  ont  été  bouchées  de 
m'aiiieie  qu'il  n'est  plus  possible  actuellement 
de  passer  ,  depuis  la  prise  d'eau  au  bord  de  là 
rivière  jusqu'à  la  citadelle.  De  l'autre  coté,  on  a 
relevé  Ic^  remparts   de    la  ville  ,   et  on  va  fermer 


par  une   muraille   tout    l'espace   compris   depuis 

'  le  fort  Gamin,  derrière  le  quartier-général,  jusqu  à 

5°.    Bataille   de    Matharieh    ou     d'HéliopoIis  ,  1  Boulac. 

dernier.  Un    misérable  expédié  de   Gaza ,  il  y  ^  Iga-inée  \i   29  ventôse   coniie   l'armée    du   grand-         On    augmente    beaucoup   les    fortifications  de 

aujourd'hui  48  jours  ,  par  l'aga  des  janissaires  de  !  visir  forte,  de  60,000  hommes  ;  prise  de  20  pièces  j  Salahieh;    elles     seront     lera«inécs    avant    troif 


l'armée    oîtomane  ,   s  percé  de  quatre  coups   de  !  ^^   canon, 
poignards  le   général  en  chef,  au  moment  où  il 
se  promenait  avec  le  citoyen  Protain  ,  architecte , 
wrla  terrasse  qui,  du  jardin  du  quartier-général, 
»  vue  sur  la  place  Ezbekier. 


Le  citoyen  Pvolain  voulant  défendre  le  général, 
i  élé  lui-même  percé  de  6  coups  de  poignard.  Le 
premier  coup  qu'a  reçu  Kiéber  élsit  mortel;  il  a 
été  renversé.  Protain  existe  encore.  Le  général 
qui   donnait    des    ordres  pour  la   réparation   du 


6",  L'aide-de-camp  Beaudot  ,  envoyé  pour  par- 
lementer pendant  l'action  ,  a  été  raaltr^iié  et  re- 
tenu prisonnier  contre  le  d.oir  des   gens. 

7''.    Soulèvement  au   Kaire  le    2û ,  six   heures;  r      ■  »l      1-  -■  •        . 

ap.èsie   dépari  de  l'aimée.    Il   éiai,  fomente    par  i  ^    l^"^^f,V°'?- ,A^°^H',   "'   ^'î"'='ement  repare, 
quelques  osmanlis  ,  rpii,  depuis  la  convention  d  El 
Arisch,  s'étaient  introduits  dans  le  Kaire. 


serriaines.  .  j  ;,:■) 

Ltîsbé  ,  piès  Damieite  ,  est  terminé  .  et  on  bâtit 
des  tours  sur  les  différentes  passes  qui  donnent 
de  la  mer  dans  le  lac  Menzalé.  Le  fort  de  Burlos 
va  êire  bieniôt  achevé.  Celui  de. Rosette  est  dans 


On  travaille  à  force  à  Alexandrie., 

Not.e  artillerie  est    dans  le   meilleur  état,  les 
„„..,,„,.,         ,       ,  .„     ,     .travaux   de   l'arsenal  de  Gizeh  sont   dans  la  plus 

0°.  Arrivée  de  Nasil  pacha  dans  cette  ville  le  j  grande  activité 

„       Tl    ^Â.^l.    JL^U À    .1„     l'„r — J,^      U-.,..„        -. '    o    -    .       .    .. 


3o.  Il  S  était  échappé  de  l'armée    battue  ,  et  pre- 


quariier- général  et  du  jardin  (  i  )  ,  n'avait  avec  lui  ,  nant  un  grand  détour,   il  enîra  dans  le  Kaire  par  | 
aucun   aide-de-carap  ,   aucun  homme   du  corps  '  la  porte  B.ib-el-Nass ,  dite  des  Victoires. 


des  guides.  Il  avait  voulu  être  seul  ;il  a  été  trouvé 
expirant.  L'assassin  découvert  dans  un  tas  de  dé- 
combres ,  et  amené  au  quartier-général ,  a  avoué 
^n'il  avait  été  sollicité  à  commettre  ce  crime  par 
l'aga  des  janissaires  de  l'armée  OMomane  .  com*  ' 
mandée  par  le  grand-visir  en  personne:  Ce  visir, 
n  ayant  pu  vaincre  les  français  lesarmes  à  la  mair»  , 
a  employé  pour  se  venger  le  poignard  ,  celle  1 
ïrme   qui   n'appartient    qu'aux  lâches.  i 


g".  Arrivée  de  l'armée  française  à  ^elbeys  le 
3o.  L  enrterai  est  constamment  poursuivi  ,  et  fuit 
devant  elle. 


de  huit   pièces  de  canon 

II".  Affaire  de  Core'id  ,  le  2  germinal, 
tï".  Arrivée  de  l'armée  à  Salahieh  le  3  ;  prise 
L'assassin  se  nommait  Souleyman  el  Alepi  ,  ^l  "^^  j,^  P'^"^"  '^^  ""°"  '•"^  camp  du  grand-visir 
était  d'Alep;  arrivé  au  Kaire  ,  aptes  avoir  traversé  •*'  "^  ""^  immense  quantité  de  bagages  .  aban- 
le  désert  sur  un  dromadaire  ,  il  i'élait.  logé  à  la  i  bonnes  par  1  ennemi  dans  sa  tmte  précipitée  au 
grande  mo-quée  Eléazar  ;  il  eri  sortait  tous  les  ""'vers  des  déserts  qu'il  a  jonchés  de  cadavres; 
jours  pour  épier  le  moment  de  commettre  le  °"  '=^"™'^  a.i»,«>oole  nombre  des  hommes  péris 
crime.  Il  avait  confié  son  secret  à  quatre  petits  depuis  S.lahieh  jusqu  a  G.iza.  Déwirt  du  général 
cheiks  de  la  loi  ,  qui  ont  voulu  le  détourner  de  i  ^"  "^'^^  Kleber  Icmême  jour  pour  le  Kaire. 
son  projet  ,  mais  qui  ne  l'ayant  pas  dénoncé  ,  ont  [      i3".  Son  arrivée  au  Kaire  le  6   germinal. 


J  établis  un  dépôt  de  5oo  chevaux  à  Gizeh, 
ainsi  qu  un  parc  de  réserve  de  5oo  chameaux. 
Plusieurs  milliers  de  grecs  se  sont  enrôlés  à  uotre 
service  ,  ainsi  que  5oo  cophtes  et  syriens. 

Soixante-dix  vaisseaux  turcs  ou  grecs  sont  en- 
trés après   la   rupiure  qu'ils    ignoraient   dans   les 


10".  Reddition    du   fort  de  Belb-.jy»   le  l"  ger-    ppr's  d'Alexatidrie  et  Damiette  ;  ils  venaient  pour 

inal  ;   600    turcs    prisonniers  dé  guérie; ,  prise     'évacuation  ;  ils  ont  été  retenus  prisonniers  ;   les 

•     ■       ■  •  '  marchandises  qu'ils  avaient  appônées   nous   seC- 

vent  à  payer  les  troupes.  '  ,        • 

Une  caravane  de  dix  mille  esclaves  et  de  quinze 
mille  charneaux  arrivé  de  Darf'uriii  et  dû  Niger; 
elle  est  à  Syoulh   que  nous  avons  conservé   dans 


été  arrêtés  d'ajirès  les  dépositions  de  l'assassin  , 
condamnés  à  mort  et  exécutés  le  28  du  mois 
dernier. 

Pour  instruire  ce  procès  ,  j'avais  nommé  une 
commission  ad  hoc  ,  composée  du  général  de  di- 
vision Reynier  ,  du  général  de  brigade  Robin, 
de  l'adjudant-général  Morand  ,  de  l'adjudant- 
général  Martinet ,  du  chef  de  brigade  de  la  22"" 
légère  ,  le  ciioyeo  Goguei  ;  du  chef  de  brigade  de 
l'artillerie  ,  Faute  ;  du  chef  de  brigade  du  génie  , 
Bertrand  ;  du  commissaire  des  guerres  ,  Régnier, 
Total ,  neuf. 

Rapporteur  ,  Sartellon  ,  commissaire-ordonna- 
teur. 

Commissaire  du  pouvoir  exécutif,  le  commis- 
saire des  guerres  le  Père. 


14°.  Première  capitulation  du  Kaire  ,  arrêtée  le 
14  germinal  1  les  turcs  se  refusent  à  sortir  et  con- 
tinuent à  se  batire.         ^ 

l5°.  Arrivée  d'Osman  bey  el  Ascar  et  d'un 
officier  de  Nasif  pacha ,  le  29  germinal  pour 
parlementer.  Mine  pratiquée  par  les  français 
fait  sauter  une  très-grande  maison  dans  laquelle 
étaient  4  à  5oo  osmanlis. 

16°.  Cap'tulation  définitive  pour  l'évacuation  de 
la  ville  du  Kaire  par  lesturcs  arrêtée  le  i"  floréal. 

17°.  Le  2  ,  l'adjudant-géneral  René,  et  le  citoyen 
Tioch  ,  officier  de  l'éiai-majOr  ,  sont  envoyés  en 
otage  pour  assurer  l'exécution  de  la  capitulation  , 
et  échangés  sur  la  place  Esbekier  ,  contre  Osman 
bey  et  Ascar  ,  et  le  Kiiaya  de  Nasif  pacha.  Les 
turcs  et  les  osmanlis   les    insultent  dans  la  ville  , 


Greffier-secrétaire  ,  le  commissaire  des  guerres  ,  1  ils   sont  forcés  de  se  réfugier  dans  une  mosquée 

Pintt.  I  où  Elfy   bey,  qui  avait  été  chargé  de   leur  garde, 

,  .    .  ...  ,        ,  les  défendit    contre    les    efforts    d'une  populace 

La  commission  ,  après  avoir  mis  toute  la  solen-      g-.'  »    r 

nité  possible  à  1  instruction  du  procès,  a  cru  devoir. 


dans  l'application  de  la  peine  ,  suivre  les  usages 
de  l'Egypte  ;  elle  a  condamné  l'assassin  à  être  em- 
palé ,  aptes  avoir  eu  la  main  droite  brûlée  ,  et 
ttois  des  cheiks  coupables  ,  à  être  décollés  et 
leurs  corps  brûlés.  Le  quatrième  n'ayant  pas  été 
arrêté  ,  a  été  condamné  par  contumace.  Je  joins 
ici ,  citoyen  consul ,  tes  différentes  pièces  relatives 
au  procès. 

Actuellement  ,  citoyen  consul .  il  s'agit  de 
vous  faire  connaître  les  événemens  presqu'in- 
croyablcs  qui  ont   eu  lieu  en   Egypte  ;    mais  je 

(I)  Le  quaitict-général  aveit  élé  criblé  de  bou- 
lets pendant  le  siège. 


18°.  Départ  des  tiircsati  nombre  de  cinq  mille 
hommes,  le  3  floréal. 

19*.  Assassinat  du  général  Kleber  ,  le  s5  prairial. 

20".  Exécution  de  l'assassin  et  de  ses  complices, 
le  28  prairial, 

La  paix  a  été  conclue  avec  Mourat  bey  pen- 
dant le  siège  du  Kaire.  Les  provinces  de  Girgé 
et  d'A^suan  lui  ont  été  cédées.  Il  en  jouit  à  litre 
de  prince-gouverneur  pour  la  république  (ran- 
çai.ie.  Il  esta  remarquer  que  pendant  la  bataille 
dHéliopolis,  Mourat  bey  se  tint  constamment 
avec  600  mameluks  sur  une  hauteur  à  portée  du 
chaii;p  la  bataille.  Il  avait  fait  dire  qu'il  ne  ferait 
aucun    mouvement  ;   il  tint  parole.  ' 


notre  traité  avec  Mourad-bey. 

Une  caravane  de  Tor  et  une  d'Yambo  sont 
arrivées  ici  par  Suez;  je  leur  donne  et  donnerai 
toute  facilité  pour  le  commerce  que  je  voudrais 
rétablir  ,  en  tâchant  de  nourrir  l'Arabie  par  Suez. 
J'y  organise  une  caravane  qui  partira  d'ici  tous  les 
quinze  jours.  Une  autre  caravane  venant  de 
Fczanna  ,  contrée  du  Beled  el  Gezid  ,  à  cinquante 
jours  de  1  Egypte  ,  est  également  arrivée  au 
Kaire. 

L'institut  va  reprendre  ses  séances. 
Le  grand-visir  est  à  Jaffa  avec  ènviroR  sept  à 
huit  mille  hommes  ;  il  en  a  deux  mille  à  Gaza 
el  mille  à  El-Arich.  Câthieh  est  détruit.  S'il  par- 
vient à  recru:er  son  aimée  et  qu'il  tente  encore 
de  passer  le  désert  ,  nous  iroi^s  le  rerevoir  à 
Salahieh  ;  les  troupes  sont  déterminées  à  le 
battre. 

Le  capilan-pacha  est  avec  vingt-quatre  voiles  de- 
vant Alexandrie  ,  Rosette  et  Damiétte  ;  ils  croi- 
sent de  l'un  à  l'autre  port.  On  compte  dans  celte 
escadre  huit  vaisseaux  de  ligne  turcs  et  deux  ' 
anglais  ;  par-tout  nous  sommes  en  mesure.  L'ar- 
mée se  battra  jusqu'à  la  mort  ;  heureux  si  nous 
pouvons  conserver  à  la  république  une  magni- 
fique colonie  que  vous  avez  fondée. 

Je  ne  puis  vous  envoyer  les  noms  de  ceux 
qui  se  sont'  distingués  ;  je  pourrais  dire  que  c'est 
toute  l'armée.  Je  n'entrer.ii  dans  ces  détails  que 
lorsque  les  papiers  du  général  Kleber  serons  en 
ordre. 

Je  me  bornerai  à  vous  demander  en  grâce  , 
citoyen  consul  ,  de  confirmer  les  prorooiions  qui 
ont  été  faites.  Il  y  a  des  généraux  de  division  , 
des  généraux  de  brigade  el  de  tous  les  autres 
grades  inlérieurs.  Beaucoup  de  braves  Ont  été 
tués  ,  beaucoup  ont  été  blessés  ;  tous  méritent 
votre  intéiêt. 

Vous  connaissez  mon  respect  et  mon  dévoue- 
ment ;  l'un  et  l'aune  sont  sans  bornes, 

Abd.  j.  Menoij, 


Md.  J.  Metiou  ,  ^nérai  ic  division  .  commnrditrii 
en  chef  t^rmée  d'Ôrieni  par  intérim  ,  à  l'armée. 
—  Au  quartier-général  du  Kaire  .  le  26  prairial 
.  an&4e  la  répu^Hfite  française. 

Soldats  ,  un  horrible  aiienisi  vient  de  voiu 
enlever  un  général  que  vous  chérissiez  et  respec- 
tiez. Un  enTiemî  quf  né  mérite  que  le  mépris  et 
l'indignation  du  naonde  entier  ,  un  ennemi  qui 
n'avait  pu  vaincre  l€S  français  commandés  par  le 
brave  Kleber,'  a  eu  la  lâcheté  de  lui  envoyer  un 
assasin  !  Je  vous  dénonce  ,  je  dénonce  au  monde 
eiM'er  le  grand-visir  ,  chef  de  cette  armée  que 
vous  avez  détruite  dans  les  plaines  de  Maihaijeh 
et  d  Héliopolis.  C'est  lui  qiai ,  de  concert  avec  son 
aga  des  janissaires  ,  a  mis  le  poignard  à  la  main 
du  nomméSolejraan  el-Alepi,  qui,  parti  de  Gsza 
depuis  32  jours  ,  nous  a  enlevé  hier ,  par  le  plus 
noir  des  assassinats  ,  celui  dont  la  mémoire  doit 
être  chère  à  tout  bon  français. 

Soldats  ,  Kleber  avait  dissipé  en  marchant  à 
votre  tête  cette  nuée  de  barbares  qui  de  l'Europe 
et  de  lAsie  étaient  venus  fondre  sur  l'Egypte. 

Kleber  en  dirigeant  vos  invincibles  cohortes  , 
avait  reconquis  1  Egypte  entière  en  dix  jours  de 
lems. 

Kkaber  avait  tellement  restauré  les  finances  de 
l'armé«  ,  que  tout  l'arriéré  était  payé  ,  et  Ja  solde 
jmise  au  caurani, 

KIciier  .  par  les  réglemei^s  les  plus  sages ,  avait 
réformé  une  grande  partie  des  abus  presqu  inévi- 
tables dans  les  grandes  administrations. 

X.epl>35  bel  hommage  que  vous  puissisz  rendre 
à  ht  mémoire  du  brave  Kleber  ,  est  de  conserver 
cette  attitude  fiere  el  imposante  qui  fait  Trembler 
vos  ennenais  partout  otà  vchjs  portez  vos  pas  ;  c'est 
de  vous  astreindre  vous-mêmes  à  celte  discipline 
,  4jui  fait  la  force  des  armées. 

C'est  de  vous  rappeler  sans  cesse  que  vous  êtes 
des  républicains  ,  et  que  partout  vous  devez 
donner  l'exemple  de  fa  moralité  et  de  l'obéissance 
i  vos, chefs,  comme  vous  donnez  partout  celui 
du  courage  et  de  l'audace  dans  les  combats. 

Soldats ,  l'ancienneté  de  grade  m'a  porté  provi- 
soirement au  commandement  de  l'armée.  Je  n'ai 
à  vous  offrir  qu'un  attachement  sans  bornes  à  la 
république  ,  à  lu  liberté  et  à  la  prospérité  de  la 
France. 

^'invoquerai  les  mânes  de  Kleber  ;  j'invoquerai 
It  génie  de  Bonaparte  ;  et  marchant  au  milieu  de 
vous,  nous' trjva'llerons  tous  de  concert  pour 
l'intérêt  de  !a  république. 

L'armée  connaîtra  incessamment  tous  les  détails 
de  l'horrible  assassinat ,  ainsi  que  de  la  procé- 
dure qui  a  lieu  pour  la  recherche  et  punition 
de  l'assassin  et  de  ses  complices. 

Signé,  Abd.  J.  Menou. 


1406 

P^oje  ;  ï{  n'JyaÀt  J)iusî 
a  ordonlîê 


Jugement  rendu  par  la  commission  militaire  ,  établie 
'  par  ordre  du   général  Menou  ,  contre  Vassasin 
du  général  en  chef  Kléler  ,  et  ses  complices. 

Au   NOM     DU    PEUPLE   FRANÇAIS. 

L'an  8  de  la  république  française  ,  et  le  s; 
prairial,  dans  la  maison  occupée  par  le  général 
de  division  Reynier ,  se  sont  assemblés  en  vertu 
de  l'ajrrêté  du  général  Menou  ,  commandant  l'ar- 
mée d'Orient  par  intérim  ,  du  jour  d'hier ,  le 
général  de  division  Reynier  ,  le  général  de  bri- 
gade Robin ,  l'ordonnateur  de  la  marine  Le  Roy  , 
l'adjudant  général  Martinet ,  l'adjudant  général 
Morand  ,  le  chef  de  brigade  d'infanterie  Goguel, 
le  chef  de  brigade  d'artillerie  Faure ,  le  chef  de 
brigade  du  génie  Bertrand  ,  et  le  commissaire 
des  guerres  Régnier  ;  le  commissaii^  ordonna- 
teur Sartelon  ,  fesant  fonction  de  rapporteur, 
le  commissaire  des  guerres  Le  Père  faisant  fonc- 
tion de  commissaire  du  pouvoir  exécutif,  écri- 
vant le  commissaire  des  guerres  Pinet  ,  greflBej 
de  ladite  commission  ,  pour  procéder  au  juge- 
ment définitif  de  l'assassinat  commis  dans  la  jour- 
née du  a5  de  ce  mois ,  sur  la  personne  clu  gé- 
néral en  chef  Kleber. 

La  commission  assemblée  ,  le  général  de  divi- 
sion Reynier,  président,  a  fait  déposer  devant 
lui,  sur  le  bureau  ,  un  exemplaire  dudit  arrêté 
du  général  Menou  ,  dont  lecture  a  e'té  faite  ;  le 
rapporteur  a  ensuite  fait  lecture  du  procès-ver- 
bal d'information  ,  et  celle  des  pièces  à  charge  et 
à  décharge  envers  les  prévenu^  Soleyman  el  Alepi, 
Se'id  Abdoul  Kadir  el  Gazi,Mohhammed  el  Gazi, 
Abdallah  el  Gazi  ,  Achmed  el  Ouali,et  Moh- 
hammed  effendi. 

La  lecture  finie,  le  président  a  ordonné  que 
les  prévenus  seront  amenés  devant  la  commis- 
sion ,  libres  et  sans  fers  ,  accompagnés  de  leurs 
défenseurs  ,  les  portes  de  la  salle  ouvertes  et  la 
séance  publique. 

Le  président,  ainsi  que  les  membres  de  la  com- 
mission ,  ont  fait  différentes  questions  aux  pré- 
ve,nus  ,  par  lintermise  du  citoyen  Brachwich  , 
interprète  ,  auxquelles  ils  ont  répondu  en  per- 
sistant dans  l'aveu  de  leur  crime  consigné  dans 
leurs   précédens  interrogatoires. 

Le  président  leur  a  demandé  s'ils  n'ont  rien 
à  ajouter  pour   leur "  défense  ;  leur  défenseur  , 


nommé  <f  offlce';  a  pris 

rien  à  jdîre .  le  pvéti-iden<t  a  ofdoniîë  qtle  lesac- 
cusés  seront  reconduits  dans  leur  prison  par  leur 
escoTt-e.    -r         - 

Le  jM^^iyd^nt  ■.àiVlirràandé' 'a«iit  jnBmixrea  dei^J^a  (  ' 
commission  s'ils  n'avaient  jpas  d'obs^vaiions  _à_ 
faire  ■•^sûr  leur  réponse  négative  ,it  a  ordonné  que 
tout  le  inonde  te  retirât ,  pour  opinera  huit  clos  ; 
il  a  posé  la  première  question  ainsi  qu'il  suit  i 
a  Soléyn^aW  el  Alcpi ,  âgé  de  24  ans  ,  domicilié 
à  Alep,  accusé  d'avoir  assas»i,çi|é  le  généial  en 
chef  Kleber  et  le  citoyen  Protaiii  ,  architecte, 
dans  le  jardin  du  quartier  général  ,  le  «3  du  cou- 
rant, est-il  coupable?)! 

Les  voix  ojt  été  recueillies ,  en  commençant 
par  le  grade  inférieur  •,'  la  commission  a  déclaré 
à  l'unanimité  ,  que  ledit  Soleyttian  el  Alepi  est 
coupable. 

Sur  la  seconde  question,  «t  Seid  Abdoul  Kadir 
el  Gazi,,.  lecteur  du  coran  à  la  grande  mosquée 
dite  el  Hazar ,  natif  de  Gaza  ,  domicilié  au  Kaire  , 
accusé  de.<;pinpiicité,  d'avoir,  été  le  dépositaire 
du  projet  d'assassiner  le  général  en  chef,  de  ne 
l'avoir  pas  révélé  ,  et  d'avoir  fui ,  est-il  cou- 
pable ?  » 

La  coiAmissi&n  a  déclaré  à  l'unanimité  qu'il 
est  coupable. 

Il  a  ^insi  posé  la  iroisierne  question  .  it  Moh- 
hammed  el  Gazi  ,  âgé  de  vingt-cinq  ans  ,  lec- 
teur de  la  grande  mosquée  ,  natif  de  Gaza  , 
accusé  d'avoir  été  le  dépositaire  du  secret  d  as- 
sassiner le  général  en  cnef,  d'en  avoir  été  ins- 
truit dans  le  moment  ovi  l'assassin  se  mettait  en 
route  pour  l'exécuter,  et  de  l'avoir  pas  révélé, 
est-il  coupable  ?  )> 

La  v.ommission  a  déclaré  à  l'unanimité  qu'il 
est  coupable. 

La  qualtieiiii«  question  a  élé  ainsi  posée  : 
Abd'allah  cl  Gazi  ,  âgé  de  trente  ans,  natif  de 
Gaza ,  lecteur  à  la  grande-  mosquée  ,  accusé 
d'avoir  reçu  la  confidence  du  projet  d'assassiner 
le  général  en  chef,  et  de  ne  l'avoir  pas  révélé  , 
est-il  coupable  ?  u 

La  commission  a  déclaré  à  l'unanimité  qu'il 
est  coupable. 

La  cinquième  question  a  été  ainsi  posée  : 
n  Achmed  el  Ouali  ,  natif  de  Gaza,  lecteur 
du  corail  à  lagrande  mosquée ,  accusé  d'avoir 
eu  connaissance  du  projet  d'assassiner  le  général 
en  chef ,  et  de  ne  l'avoir  pas  révélé  ,  est-il 
coupable  ?  u 

La  commission  a  déclaré  à  l'unanimité  qu  il  est 
coupable. 

La  sixième  question  a  été  ainsi  posée  :  Moh- 
hammed  efîendi  ,  âgé  de  quatre-vingt-un  ans, 
natif  de  Bourse  ,  prévenu  de  complicité  ,  est-il 
coupable  ?  » 

La  commission  a  déclaré  à  l'unanimité  qu'ii 
n'est  pas  coupable  ,  et  a  ordonné  sa  mise  en 
liberté. 

Le  commissaire  du  pouvoir  exécutif  a  requis 
l'application  de  la  peine  aux  accusés  ci-dessus 
déclarés  coupables. 

La  commission  est  allée  aux  voix  sur  le  genre 
de  supplice  à  infliger  aux  coupables;  elle  a  fait 
lecture  de  l'art.  V  de  l'arrêté  du  général  Menou  , 
du  jour  d'hier,  conçu  en  ces  termes  :  <'  La 
!)  commission  décernera  le  genre  de  supplice 
J)  qu'elle  jugera  convenable  pour  punir  l'assassin 
>>  qui  a  commis  le  crime,  ainsi  que  ses  cora- 
il plices.  >>  Elle  a  décidé  ,  à  l'unanimité  ,  de 
choisir  un  genre  de  supplice  en  usage  dans  le  i 
pays  pour  les  plus  grands  crimes  ,  et  propor- 
tionné à  la  grandeur  de  l'attentat  ;  et  a  condamné 
Soleyman  el  Alepi  à  avoir  le  poignet  droit  brûlé  , 
être  ensuite  empalé,. et  rester  sur  le  pal  jusqu'à 
ce  que  son  cadavre  soit  mangé  par  les  oiseaux 
de  proie.  Ceue  exécution  aura  lieu  sur  la  butte 
du  fort  de  l'Institut,  aussitôt  après  l'enterrement 
du  général  en  chef  Kleber  ,  en  présence  de 
l'armée  et  des  habitans  réunis  pour  ledit  enter- 
rement. Elle  a  prononcé  la  peine  de  mort  contre 
Se'id  abdoul  Kadif  el  Gazi,  contumace;  ses  biens 
seront  confisqués  et  acquis  à  la  république  fran- 
çaise ,  son  jugement  sera  affiché  au  poteau  des- 
tiné à  recevoir  sa  tête.  Elle  a  condamné  Moh- 
hammed  el  Gàzi,  Abd'allah  cl  Gazi  et  Achmed 
el  Ouali  à  avoir  la  tête  tranchée  et  exposée  sur 
le  lieu  de  l'e.xécaiion  ;  leur  corps  sera  brûlé  sur 
un  bûcher  dressé  dans  ledit  lieu  â  cet  effet.  Les- 
ditsooadamaés  seront  exéciités  dans  l'ordre  sui- 
vant ,  savoir  :,  Abd'allah  el  Gazi ,  Achmed  el 
Ouali  ,  Mohhammed  el  Gazi ,  et  Soleyman  el 
Alepi  le  dernier.  Le  présent  jugement  et  les  con- 
clusions du  rapporteur  seront  imprimés  en  lan- 
gues turke,  arabe  et  française  ,  et  seront  affichés 
au  nombre  de  5op  exemplaires.  Le  rapporteur 
demeure  chargé  de  faire  ses  diligences  pour 
que  le  présent  jugement  soit  misa  exécution. 

Fait  au  Kaire  ,  les  jour  ,  mois  et  an  que 
dessus ,  et  ont  les  membres  de  la  commission 
signé  avec  le  grefiSer. 

Signés  à  l'original ,  le  commissaire  des  guettes 
de  première  classe  Régnier  ;  le  chef  de  brigide 
d'artillerie  Faure  ;   le  chef  de  brigade  du  génie 


Bii!''rlANî)  ;  lé  chei*,âé\à  fi*  derai-btijad^  d'in' 
-kme-fie -iègiré  GCt^ET  ;  l*adj•lrc^x^'t-gé^lérâi  Mo- 
lîAND;  l'adjudani-i'énéral  Majitinet  ;  l'ordorina- 
fFui^JéTa"n;iarine  Leroy  ;  lé  général  de  "BrigaiHe 
RoBiTJj  le  général  de  division Reynieb,^  Pi^et  , 

grefEcr.  

Pour  copie  conforme;  Pinet. 


Le  générât  en  chef  Mewou 
d'Orient,  — -  Au.  quartier  ■ 
3  messidor  an  8. 


,    à   l'armée  fVèihqme 
géuéral   d»  ■Knite;^,ii 


GÉ-NéftAux  ,  offiders  .  sous-oflkiers  el  sotdats  , 
la  vérité  toute  entier*  doit  v&u*  être  ee-wi-ue.  Lit 
voici  : 

Lb  gofvenremeiit  ffaïiçafs*  ayaftf  afj^is  en 
l.'aft  6  ,  ^uel*s  eÂnefflis  dé  la  rép-ubli^iri:  for- 
maient des  projets  ,  pour  s'emparer  de  1  î!e  de 
Malte  et  de  lËgypte,  nésolut  de  les  prévenir. 
Les  intérêts  du  commerce  du  Levant  ,  dont  les 
bénéfices  sékvsient  annuellement  à  près  de 
cinquante  millions  ,  commandaient  impérieuse- 
ment cette  mesure. 

L'expédition  de  Malte  et  d'Egy^pte  fut  ordon- 
née ;  Bonaparte  en  lut  chargé.  Il  avait  élé  arraiigé 
qu  au  même  instarvt  que  partirait  l'armée ,  un 
ambassadeur  français  se  rendrait  à  Constantino- • 
pie  ,  pour  instruire  le  grand-seigneur  d'as  motifs 
de  l'invasion  de  l'Egypte  :  par  une  fatalité,  dont 
on  ne  peut  que  soupçonner  la  cause  ,  l'ambas- 
iadjar  nç  fut  point  envoyé  à  Constantioople  ;  le 
grand-seigneur  ne  fut  point  instruit  des  motifs 
du  gouvernement.  Nos  ennemis  ,  les  russes  et 
les  anglais  ,  profitèrent  avec  adressé  de  cette 
circonstance  ,  et  forcèrent  le  grand-seigneur  à 
entrer  dans  la  coalition  qui  depuis  plusieurs 
années  combat  contre  notre  révolution  et  contre 
notre  liberté.  Des  armées  turkes  ,  dirigées  par 
les  anglais  ,  vinrent  débarquer  à  Abou-Qyr  et  à 
Daraieite  ;  vous  les  renversâtes  dans  la  mer  :  une 
autre,  armée,  commandée  par  le  grand-visir  en 
personne  ,  s'achemina  par  la  Syrie  ;  des  négo- 
ciations eurent  lieu;  une  capitulation  ,  surlatjueile 
je  ne  me  permets  aucune  réflexion  ,  fut  conclue  : 
vous  savez  avec  quelle  perfidie  elle  fut  rompue  ; 
vous  vous  rappelez  avec  quelle  indignation  vo'ii* 
apprîtes  que  Ion  voulait  vous  faire  prisorin'ier* 
de  guerre  ;  comme  si  vous  aviez  perdu  deux 
ou  trois  batailles  ;  et  par-tout  vous  aviez  été 
triomphans. 

L'armée  ottomane  s'avança  ;  vous  l'attaquâtes  à 
Maiharieh  et  Héliopolis  ,  elle  fut  dissipée  en  ur» 
insJant.  Quelques  restes  de  ceue  horde  se  jetèrent 
dans  le  Kaire;  voue  fûtes  obligés  de  faire  le  siégfr-. 
de  cette  ville  ,  elle  capitula  après  tan  mois  d» 
blocus.  Vous  savez  par  quel  horrible  attentat,  un 
chef  dont  nous  respectons  tous  la  mémoire,  votl* 
fut  enlevé.  On  n'avait  pu  vous  vaiiivc^i-e  en  bataille 
rangée  ;  vo:-  inlâraeo  enne'fn'is  ont  eu  recours  au' 
poignard  ,  croyant ,  par  ce  noir  atteniat ,  désorga- 
niser l'armée  de  la  république.  lis  ne  savent  pas<jue^ 
l'as^assirMit  de  Kleber  ne  tait  que  redoubler  votre^ 
audace  et  votre  courage.  Tout  1  Orient  dût-il  sft; 
rassembler  ,  vous  vengerez  dans  son  sang  celui  d© 
votre  général. 

Mais   qui  désormais  dirigera  notre  conduite  ? 
qui  nous  dictera  ce  qlie  nous  avons  à  faire  ?  Celui 
qui  seul  tn  a  le  droit  ,   le  gouvernement  de  la  ré- 
publique française.  C  est  à  lui  seul  qu'il  appartient" 
de  ratifier  ou  de  rejeter  tout  ce  qui  pourrait  avoif', 
été  conclu  ,  tout  ce  qui  pourrait  lêtre  à  l'avetiic - 
entre  l'armée  française  et  les  puissances  ennendies. 
Tous  ceux  (  et  je  suis  certain  que  c'est  tous)  ,  tou» 
ceux,  d'is-je  ,  qui  ne  voudront  entendre  que  la 
voix  de  l'honneur  ,   celle   de  l'attachement  à  l'in- 
térêt  naiiottal  ,   sentiront    qu'il    ne    peut  exister   • 
d  autre  vo'C  légale   et  honorable   de  conclure  un  ' 
traité  quelconque  avec  nos  ennemis.  Si  je  ne  con- 
sultais que  mon  intérêt  privé  ;  si  j'oubliais',  pour 
un  instant  ,  que  je  suis  français;  51  je  pouvais  pré- 
férer à  la  prospérité    publique  ce    qui  m'est  per- 
sonnel ,  ainsi  que   vous  je  ne  balancerais  pas  un 
instant  à- vouloir  retourner  dans  mon  pays. 

Mais  non  ,  braves  républicains  ,  ni  vous  Bi 
moi  ne  pensons  pas  ainsi.  L'intérêt  seul  de  la  répii- 
blique  nous  dirigera  ;  s'il  le  faut ,  nous  côrn- 
battrons  et  nous  vaincrons.  Si  j'on  veut  négocier  , 
nous  écoulerons  les  propositions  qui  nous  seront 
faites  ;  mais  aucun  traité  ne  pourra  être  mis  à' 
exécution  ,  qu'il  ne  soit  ratifié  par  notre  gouver-. 
nement.Vous  connaissez  tous  Bonaparte  ;  il  vous 
a  tant  de  fois  conduits  à  la  victoire  !  c'est  lui  qui  . 
en  sa  qualité  de  premier  consul  doit  diriger  notre 
conduite  ,  éclairer  notre  marche  ;  il  saura  tout  , 
et  placé  au  centre  il  nous  fera  connaître  la  volonté 
nationale. 

Je  viens  de  vous  parler  le  langage  de  la  vériié  , 
je  n'en  connaîtrai  jamais  d'autre.  En  suivant  les 
exemples  de  Bonaparte  et  de  Kleber,  je  tâcherai 
de  mériter  votre  confiance  et  votre  estime  ;  je  ne 
passerai  pas  un  instant  sans  m'occupèr  de  vous  , 
sans  chercher  ce  qui  petit  vous  être  utile.  Klebet 
avait  commencé  à  rétablir  les  finances  ,  j'achèverai 
son  ouvrage.  Désormais  votre  solde  sera  journeU 
lementassurée  ,  les  dettes  anciennes  seront  payées; 
je  tâcherai  de  détruire  tous  les  abus  :  mai»  rap- 
pelez-vous qu'un  instant  fait  le  mal,  et  qu'il  faut 
un  tems  considérable  pour  le  réparer. 


-'l'Obéissance  aiw  xriiefi  de  tous  les" «Vides  ,  dhil- 
pliti*  eX'RCte  ei  irrBralliiié';  c'est  ce  que  je  Aitmi/nde 
à  r^rmèe  .  c'est  es' qti'e  j«  »\iii  en  dtoit  d'exiger 
d'elle  ,  c'est  ce  que  ju^'iul  répéterai  sans  cesse  : 
I  pliais  nous  soranij^s-rcfitblJcaitis  ,  nods'  ssatdhs  en 
avoir  les  vertus.  Q^iiand  un  jour  nous  Serons  de 
retour  dans  notre"patrie,  nous  nous  glorifierons 
Jous  d'avoir  tait  partie  d'une  expédition  qui  au- 
j.ÇUfd  liui  devient  d  un  si  grand  poids  dans  la 
Ëàlance  politique  de  l'univers. 

Signé,  Abd.  J.  Menou. 
K   A    I    R    E. 
Obsèques  du  général  Kléber. 

Lé  canon  tirait  de  demi-heure  en  demi-heure 
depuis  l'instant  où  le  général  en  chef  Kléber  avait 
cessé  de  vivre.  Le  28  prairial  au  nnaiin  ,  des  salves 
d'artillerie  de  )a  citadelle  ,  répétées  par  tous  les 
forts  ,  annoncèrent  que  l'armée  allait  lui  vendre 
1^  honneurs  funèbres. 

Le  convoi  partit  du  quartier-général  Ezbekyer, 
au  bruit  d'une  salve  de  cinq  pièces  de  canon  et 
4'une  décharge  générale  de  mousqueterie  ,  pour 
traverser  la  ville  dans  l'ordre  suivant  ,  et  aller 
déposer  les  restes  du  général  dans  le  camp  re- 
tranché ,  désigné  sous  le  nom  d'Ibrahim-bey. 

Un. détachement  de  cavalerie  formant  l'avant- 
gaide  ; 

Cinq  pièces  d'artillerie  de  campagne  ; 

La   vingt-deuxième  demi-brigade   d'infanteiie 
]égcte  ; 
.  Le  premier  régiment  de  cavalerie  de  l'armée  ; 

Les  guides  à  pied  ; 

Les  différentes  musiques  de  la  garnison  ,  exé- 
cutant tour  à  tour  des  morceaux  analogues  à  cette 
tfiste  cérémonie  ; 

Le  corps  du  général  Kléber  ,  renfermé  dans  On 
cercueil  de  plomb  ,  était  porté  sur  un  chat  funé- 
raire d'une  belle  foirme,  recouvert  d'un  lapis 
de  velours  noir  ,  parsemé  de  larmes  d'argent  . 
entouré  de  trophées  d  armes  ,  surmonté  du  cas- 
aque et  de  l'épée  du  général,  et  traîné  lentement 
par  six  chevaux  drapés  en  noir  et  panachés  en 
blanc  ; 
.  Le  général  en  chef  Menou  ,  précédé  des  gui- 
dons du  corps  des  guides ,  ornés  de  crêpes ,  mat- 
cbait  immédiatement  après  le  char  qui  était  envi- 
ronnné  des  généraux  et  de  l'élat-major-général  , 
ei  précédé  des  aides-de-carap  du  général  Kléber. 

Venaient  ensuite  le  général  commandant  de  la 
place  et  son  état-major; 

Le  corps  du  génie  ; 

Le*  nombres  de  l'institut; 

Lt"  commissaires  des  guerres; 

Les  officiers  de  santé  ; 

Les  administrations  ; 

Le  corps  des  guides  à  cheval  ; 

îlassein  kachef ,  commissaire  de  Mourad  bey  , 
accompagné  de  sesmamiouks; 

Les  agas  ,  le  kady,  les  cheyks  et  u'Iemas; 

Les  évêques  ,  prêtres   et  moines  grecs; 

Les  cophtes  et  catholiques  ; 

Les  différentes  corporations  de  la  ville  ; 

La  neuvième  demi-brigade  ; 

La  treizième  demi-brigade  ; 

La  marine  ; 

Les  sapeurs  ; 

Les  aérostiers  ; 

Les  dromadaires  ; 

L'artillerie  à  pied  ; 

Le  bataillon  grec  ; 

Les  milices  cophtes  ; 

Les  corps  de  cavalerie  ; 

Les  œamloucks  et  syriens  à  cheval. 

Un  détachement  de  cavalerie  française  fermait 
la  marche. 

Le  convoi  arriva  à  onze  heures  sur  l'esplanadej 
du  fort  de  l'institut  :  les  troupes  s'/  développere 
en  exécutini  plusieurs  manœuvres  qui  lurent  su' 
\ie9  d'une  décharge  de  cinq  pièces  de  canon  ,   et 
dff  toute  la  mousqueterie. 
•      Le  char,  suivi,  environné  et  précédé  comme 
<;i-dfc'ssu9,  s'avança  vers  le  camp  retranché. 
;      On  avait  ouvert  une  brèche  sur  la  face  d  u  bas- 
lioii  noid  de  la  couronne  d  Ibrahym-bey  ,  pour 
pénétrer  plus  directement  dans  la  gorge  du  bastion, 
au  cçnlrc  de  laquelle  on  avait  élevé  un  tertre  ,  dont 
le  sommet  planté  de  cyprès  était  entouré  de   dra- 
peties  funéraire>. 

Ce  fut  au  milieu  de  cette  enceinte  que  l'on  dé- 
posa le  corps  du  général,  sur  un  socle  entouré  de 
candélabres  de  forme  antique. 

L'étai-major-général  mit  pied  à  terre  ,  pour  sa- 
luer les  restes  du  général.  Des  militaires  de  toutes 
les  armes  et  de  tous  les  grades  s'avancèrent  spon- 
tanément en  foule  ,  et  jetèrent  suif  le  tombeau  des 
couronnes  de  cypiè«  et  de  lauriers  ,  en  acconi- 


1407 

fiàghfent   ce  défftîer  hbmnlag?  des    accens  vrais 
et  flatteurs  d'e  leurs  regrets. 

Alors.  |ç  citoyen  Fourier  ,  commissaire  français 
ptès  dli'  diVJid  ,  chargé  par'  le  général  en  chef 
d'cxprinier'  dans  ce  jour  la  douleur  cpmmune , 
alla  se  placer;  environné  de.  léiat-niajo'r  général 
et  des  grands  officiers  civils  et  militaires  du 
Kaive,  sur  un  bîistion  qlii  dominait  l'armée  ran- 
gée eu  bataille  ,  et,  d'une  voix  érauc  par  la  sen- 
sibilité, il  prononça  le  discours  suivant  : 

Français, 

i<  Au  milieu  di-  ces  apprêts  funéraires  ,  témoi- 
gnages lugilifs  ,  mars  sincères  ,  de  la  douleur 
publique,  je  viens  rappeler  un  nom  qui  vous  est 
cher  ,  et  que  l'histoire  a  dcj.i  placé  dans  ses 
fastes.  Trois  jours  ne  se  sont  poirit  encore  écoulés 
depuis  que  vous  avez  perdu  KUber  .  général  en 
chef  de  l'armée  jraniiaise  en  Orient.  Cet  homme 
que  la  mort  a  tant  de  lois  .îspecté  dans  les  com- 
bats ,  dont  les  faits  militaires  ont  rclehti  sur  les, 
rives  du  Rhin  ,  du  Jourdain  et  du  Nil  ,  vient  de' 
périr  sans  défense  sous  les  coups  d'un  assassin. 

Lorsque  vous  jetterez  dcsormais  les  yeux  sur 
cette  place  dont  les  flammes  ont  presque  entière- 
ment dévoré  l'enceinte,  et  (ju'au  milieu  de  ces 
décombres  qui  attesteront  lung-tems  les  ravages 
d'une  guerre  terrible  et  nécessaire  ,  vous  apper- 
cevrez  cette  maison  isolée  où  cent  français  ont 
soutenu,  pendant  deux  joins  entiers,  tous  les 
efforts  d'une  capitale  révoltée  ,  ceux  des  mam- 
lucks  et  des  ottomans  ,  vos  regards  s'arrêteront , 
malgré  vous  ,  sur  le  lieu  fatal  où  le  poignard  a 
tranché  les  jours  du  vainqueur  de  Maestrick  et 
d  Héliopolis.  'Vous  direz  :  C'est  là  qu'a  succombé 
notre  chef  et  notre  ami.  Sa  voix  tout  -  à  -  coup 
anéantie  ,  n'a  pu  nous  appeler  à  son  secours.  Oh  ! 
combien  de  bras  ,  en  effet ,  se  seraient  levés  pour 
sa  délense  ,  combien  de  vous  eussent  aspiré  à 
l'honneur  de  se  jeter  entre  lui  et  son  assassin  ! 
Je  vous  prends  à  témoin  ,  intrépide  cavalerie  qui 
accourûtes  pour  le  sauver  sur  les  hauteurs  de 
Kora'im ,  et  dissipâtes  en  un  instant  la  multitude 
d'ennemis  qui  l'avaient  enveîoppé.  Cette  vie  qu'il 
devait  à  votre  courage  ,  il  vieiit  de  la  perdre  par 
une  confiance  excessive  qui  lé  piortait  à  éloigner 
ses  gardes  ,  et  à  déposer  ses  armes. 

Après  qu'il  eut  expulsé  de  lEgypte  les  trou- 
pes de  Yoùs.eph  pacha  ,  grand  visir  de  la  Porte  , 
il  vil  fuir  ou  tomber  à  ses  pieds  les  séditieux  , 
les  traîtres  ou  les  ingrats.  C'est  alors  que  détes- 
tant les  cruautés  qui  signalent  les  victoires  de 
l'Orient,  il  jura  d  honorer  par  la  clémence  le 
nom  français  qu'il  venait  d'illtfstrer  par  les  armes; 
il  observa  religieusertvent  cette  promesse  ,  et  ne 
connut  noinf  de  '-'^'.tp^b'^,  .^ucun  d'eux  n'a 
péri  ,  le  vainqueur  seul  expire  au  milieu  de  ses 
trophées.  Ni  la  Hdélitc  de  ses  gardes  ,  ni  celte 
contenance  noble  el  martiale,  ni  le  zèle  sincère 
de  tant  de  soldais  'qui  le  chérissaient  ,  n'ont  pu 
le  garantir  de  celle  mort  déplorable  :  voilà  donc 
le  terme  d'une  si  belle  et  si  honorable  carrière  ! 
c'ést-là  qu'aboutissent  tant  de  travaux  ,  de  dan- 
gers et  de   services  éclataris. 

Uri  homme  agité  par  la  sombre  fureur  du 
fanatisme  est  désigné  dans  la  Syrie  par  les  chefs 
de  l'armée  vaincue  ,  pour  commettre  l'assassinat 
du  général  français  ;  il  traverse  rapidement  le 
désert  ,  il  suit  sa  victime  pendant  uri  mois  , 
l'occasion  fatale  se  préseute  ,j:j;  le  crime;  est  con- 
sommé! ' 

Négociateurs  sans  foi  ,  généraux  .sans  courage 
ce  crime  vous  appartient  ,  il  sera  aussi  connu 
(  que  votre  défaite.  Les  français  yous  ont  livré 
leurs  places  sur  la  foi  des  traités;  vous  touchiez 
aux  portes  dé  la  capitale,  lorsque  les  anglais 
ont  refusé  d'ouvrir  la  mer.  Alors  vous  avez  exigé 
des  français  jju'ils  exécutassent  uri  traité  que 
vos  alliés  avaient  rompu  ,  vous  leur  avez  offert 
le  désert  pour  asyle. 

L'honneur,  le  péril,  l'indignaiion,  ont  enflammé 
tous  les  courages  ;  en  trois  jours  ,  vos  armées  ont 
été  dissipées  ei  détruites;  vous  avez  perdu  3  camps 
et  plus  de  60  pièces  de  canon;  vous  avez  été  for- 
cés d'abandonner  toutes  les  villes  el  les  forts  depuis 
"^amiette  jusqu'au  Saïd  :  la  seule  modéralion  du 
'général  français  a  prolongé  le  siège  du  Kaire ,  ville 
malheureuse  ou  vous  avez  laissé  répandre  le  sang 
des  hommes  dèsarmés.Vousavezvuse  disperser  ou 
expirer  dans  les  déserts  cette  multitude  de  soldats 
rassemblés  du  fond  de  l'Asie  ;  alprs  vous,  avez 
confié  votre  vengeance  à  un  assassin  ! 

JWais  quels  secours  .  citoyens ,  nos  entiemis 
attendent-ils  de  ce  forfait  ?  En  frappant  ce  gé- 
né'ral  victotieux  ,  Oht-ils  cru  diisiper  les' soldats 
qui  lui  obéissaient?  Et  si  un  main  abjecte  suffit- 
pour  faire  verser  tant  de  pleurs  ,  .  pourra-t- 
elle  empêcher  que  l'airaée  française  ne  soit  com- 
mandée par  un  chef  digne  d'elle  ;  non  ,  sans 
doute;  et  s'il  faut  dans  ces  circonstances  plus 
que  des  venus  ordinaires  ,  si  pour  recevoir  le 
fardeau  de  cette  mémorable  entreprise  ,  il  fdut 
un  esprit  relevé  qu'aucun  préjugé  ne  peut  attein- 
dre, un  déyouetrient  tans  réserve  à  la  gloire  de 
sa  nation  ,  citoyens,  vous   trouverez  ce»  qualités 


,..1..'   'if    .      •    .     ...l    .i  Vi    .'ÎJÎ  ..i   '  ,<*  ^    i.  :     . 

reunies  dans  son  succesiscur.  U  possédait  I  «'slune 
de  Bonaparte  'et-  '(ie"'M.lfcbi!t ;  il  l>ilr  jùrcede 
aujourd'hui.  Ainsi  ,'i!>»y  aUra  aiicuVie  interrup- 
rion  ,  ni  dans  les  honttrijjles  espérances  des  fràii' 
çais  ,  ni  dans  le  désespoir  dp  leurs  cuoemis, 

Amié\  qVii  rédnMei  les''nbAs  de  l'IlâKe  .  du 
liliifi  et  de  l'Egypie,  le  sort  vous  a  placée-dans 
des 'circonstances  cxiraotoinaires  ;  il  vous  dohoe 
en  spectacle  au  monde  entier,  il  ,  ce  tjuijcst 
plus  encore  ,  b  patrie!  admire  v.otre  sublime 
coufagc.  clic  'con»,icri;r|i  vos"  (rin'rnph'".i  pji  sa 
ifCiliui.iissaiice.  fjl  onblit  z,  j,o  41.'.  .'t'Jc  yc/jie  i '■  s 
ici  mêinL-'sous  les  yeui  tie  ce  ]',r:incl  homme 
que  'a  fortune  de  la  France  a  tHoîsi  pôilr  ïïxcr 
la  destinée  de  l'état  ébraii'é  par  les  ragjlhdur», 
publics  :  son  i^éni?  n'est  point  borné  pir  les  niers 
qui  inoùs  séparent  de,  nbire  patrie  ,  il  subsiste 
encore  au  milieu  de  vous  :  il  vous  aime ,  il  vous 
excite  à' la  valeur,  à  la  confi.iarè  iîst^f  vbs*  cKélSv 
sans  laquelle  la  valeur  tst  inutile  ,  à  rouies  U» 
venus  guerrières  dont  il  vçjMS  a  laissé  tant  et  {le 
si  glorieux  exemples.  Puisseiii,  les  dpuceur»  d'un' 
2.ouverncn^eril  prospère  cocironner  les  effort's  dps 
français  !  C'est  alots,  gu'erriérs  cilirnable.i,  qije 
voui  jouirez  dfs  honnt;ur5  dus  aux  vrais  citoyens; 
vous  vôHs  rniretiendi-ez  de  celte  contrée  loii;- 
tai,ac  que  vous'  av.pz  dgiix  fois  conquise  ,  et 
des  années  innorubrabl-s  que  vous  .avez  dé- 
truites ,  sOit  que  la  ptévoy.inte  audace  de  Bo- 
naparte aille  les  chercher  jusques  dans  la  Syrie, 
soit  que  l'invincible  courage  d^  Kléber  les  dis- 
sipe oans  le  cœur  même  de  l'Egypte.  Oue  de 
glorieux  et  touchans  souvenirs  vous  aurez  à  re-- 
por_t(?r  dans  je  sein  de  vps  famille  !  Puissent-t-elles 
jouir  d  un  bonheur  qui  adoucisse  l'amertume  de 
vos  regrets  !  'Vous  mêlerez  souvent  à  vos  récits  le 
nom  chéri  dé  Kléber  ;  vous  ne  le  prodoacerei 
janaais  sans  éti'e  attendris  ,  et  vous  direz'  :  il  était 
l'ami  et  le  compagnon'  des  soldats ,  il  ménagèàiit 
leur  sang,   il  diminuait  leurs  soufFiances. 

Il  est  vrai  qu'il  s'entretena;it  chaque  jour  déi' 
peines  de  l'armée  ,  et  ne  songeait  qu'aux  jnoyén's' 
de  les  faire  cesser.  Combien  n'a-t-il  pasété^ôur- 
menté  parles  retards  alors  inévitables  de  la  solde 
militaire.  Indépendamment  des  contributions  éx' 
t.'aordinaires  ,  objet-  des  seuls  ordres  sévère»' 
qu'il  ait  jamais  donnés  ,  il  s'est  appliqué  à  régler 
les  finances ,  ei  vous  connaissiez  les  succès  de 
ses  soins.  Il  en  a  confié  la  gestion  à  des  mains 
pures  et  désignées  par  l'estime  publique.  Il'  mé- 
ditait une  organisation  générale  qui  embrassât' 
toutes  les  parties  du  gouvernement.  La  mort  l'a 
interrompu  brusquement  au  milieu  de  cet  uiile 
projet.  Il  laisse  une  métrioire  cheré  à  toUs  les 
gens  de  bien:  personne  ne  desifait  plus  ,  et  ne 
méritait  mieux  d'être  aimé.  11  s'aiiachait  de  plus 
en  plus  à  s«s  anciens  amis  ,  parce  qu'ils'  lui 
offraient  des  qualités  semblable*  aux  siennes.  Leur 
juste  douleur  irouvera  du  moins-  quelque  con-' 
solation  ^  dans  l'estime  de  1  année  et  ''unanimité 
de   nos  regrets. 

Réunissez  donc  tous  vos,  hommages  ,  car  vous 
ne  composez  qu'une  se'ul'e  famille  ,  guerriers 
que  voire  pays  a  appelés  à  sa  défense  ;  vous 
tous  ,  Français  ,  qu'un  sort  commun  rassemble 
sur  cette  terre  étrangère,  vos  hommages  s'adres- 
sent aussi ,  dans  cette  journée  ,  aux  braves,  qui , 
dans  les  champs' de  la  Syrie,  d'Abou-Q,yr  et 
d'HéKopolis  ,  ont  tourné  vers  la  France  jeurs 
derniers  regards  et  leur*dernieves  pensées. 

Soyez  honoré  aaps  CjCS  pbséqiie^  ,  vous  au'una 

amitié  particulière  urjissail  à  Kléber  ,  ô  Caffarellî, 

modèle  de  désintéressement  et  de  vertus  ,  si  com,- 

palissant   pour    lés   autres ,  si  sto'l'que  pour  vous- 

^  mêmes. 

Et  vous',    Klêbïr-,    objet   illustre  et   dirà'i'-j;e  ' 
iiilortuné  ,   de  cette  c^rénàohié    qUi   aést'  siiivie 
d'aucune  autre  ,  reposes:'  en  piaix",  ombre  magna- 
nime et.  chérie  ,    au   milieu  dés  monumeris  clé 
la  gloire  et  des  arts!  Habitez  une  terre  depuis 
si  long-iems   célèbre;    que  votre    nom  s''un'isse'i 
à  ceux  de   Germanicus,   de  Tiius  ,   de  Porhpéè,  ' 
et  de  ta,nt  de  grands  capitaines  et  dé  sages  qui/ 
opt   laissé,    ainsi  ^ue  vous,    dans  cette  contiétJ' ' 
d'îmiinortels  souvenirs  lu  '      ■ 

Un  récuillemeiit  religieux  succéda  un  instant 
aux  émotions  vives  et  profondes  qu'avait  pro- 
duites l'orateur. 

,  ^  Lçs  troupes  défilèrent  çnsuite  par  peloton  ,  s'ar- 
rêtèrenf  devant  le  sarcophage  ,  firent  une  troisième 
décharge  de  mousqueierie  ,  pendant  que  l'artil- 
lerie de  campagne  ,  celle'delà  citadelle",  dès  forts 
e^  du  ca.rap  retranché  liront  également  ;  et,  en 
sortant  par  la  porte  de  la  denii-lune,  elles  s,e  ren-, 
dirent  sur  l'esplanaile,  pour  y  .reprendre  Tordre 
de  m'aîclic  et  rentrer  dans'li  ville. 

Les  plans  ,  les  décorations,  l'exécution  de' ces 
funérailles,  aussi  pprnpeus.es,  que  lugubres,  avaiett«r 
été  confiés  à  une  commission  composée  des  ci- 
toyens Lepere  ,  directeur  et  ingénieur  en  chef  de» 
ponis  et  ch.iussés  ;  Gpnté  ,  chef  de  brigade  des 
aérostiers ,  directeur  dès  aueliers  méclVaniqucs  ;  t.» 
Geoffioy  ,  directeur  du  parc  du  génie. 


1408 


MINISTERE  DE  LA  GUERRE. 

Nore  indicative  des  déparUmens  qui  ont  exécuté  avec 
zèle  ia  loi  du  ^  vendémiaire  an  8  ,  qui  ordonne  une 
Uvce  extraordinaire  de  40,000  chevaux  pour  le  ser- 
vice des  armées. 

J^  0  M  S      DES      DÉPARTEMEKS. 


qvt    ONT  FOURNI 


AU-DELA.    Pî 


LEUR    CONTINGENT. 


Lot. 


<^UI  ONT  TERMINE 


Forêts. 

Alpes.   (Basses-) 

Gard. 


Relevé  du   nombre    des  chevaux    fournis   depuis  le 
6  fructidor ,  jusqu'au  l6  dudit.         ^i  • 

Le  nombre   des   chevaux   levés   à 
l'époque  du  6  fructidor,  était  de. . . .        42,65o 
Ceux  levés  depuis ,  s'élèvent  à 410 

Total  au  16  fructidor.. .       48,060 
Le  secrétaire  général  du  département  de  la  guerre. 

AUG.   COLLIGNON. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 


Notre-Dame  ,  la  Satnarilaine,  les  aqueducs,  pom- 
pes-à-feu, et  les  5o  fontaines  placées  dans  les  divers 
quartiers  de  la  commune. 

Ils  s'obligent  de  plus  à  construire  dès-à-présent 
sur  la  Seine  ,  et ,  saris  rien  demander  au  trésor 
public  :  1°  un  superbe  monument  qni  ne  portera 
aucun  préjudice  à  .la  navigation  ,  sera  un  objet 
dembellissernerii  ,  él'donnera  de  l'eau  abondam- 
ment dans  toutes  les  saisons,  même  dans  les 
gelées  les  plus  fortes  et  les  plus  coniinues.  Il  rem- 
placera les  vieilles  pompes  Je  la  cité  et  de  la 
Samaritaine,  qui  menacent  ruine  ne  fournissent 
que  très-peu  deau,  et  encore  momentanérnent  ; 
2"  quatorze  belles fontain'çs  etréservoirs  ,  indéperi- 
damraent  de  ceux  qui  existent  ,  afi.T  de  répartir 
en  plus  grande  quantité  l'excellente  e^u  de  la 
Seine  dans  tous  les  quartiers  de  Paris  ,  (  mêine 
sur  l'Eslrapade)  ,  dans  les  jardins  ,  palais  ,  mai- 
sons et  hospices  naiioriaux;  les  réservoirs  four- 
niront des  jels-d'eau  de  8  à  10  mètres  de  hau- 
teur- danï  plusieurs  de  ces  jardins  et  palais  ,  com- 
me ils  procureiont  gratuitement  ,  et  autant  que  le 
besoin  l'exigerait ,  de:  i'£au  paur  les  incendies. 

Les  frères  Vachette  s'engagent  aussi  à  donner 
à  l'état  uue  somme  aanuelle  en  numéraire  ,  et 
qui,  jointe  à  la  masse  des  économies  résultantes 
des  nouveaux  établissemens  proposés  ,  procurera 
au  trésor  public  un  bénéfice  d'environ  5oo,ooo  fr. 
par  année. 

Pour  l'exécution  de  leur  entreprise  ,  ils  ne  de- 


sopt  tous  présentés  souà  des  poi-nts  de  vuedîffé- 
rens  de  ceux  sous  lesquels  ils  avaient  é'é  off^ns. 
Diîs  anecdotes  piquantes  ,  des  traits  caractériques, 
des  faits  ignorés  ou  peu  coÀnus  les  rajeunissent, 
s  il  est  permis  de  s'exprimer  fiinsi^  et  leur  donnem 
une  vie  nouvelle,         .  ..     ■        ')  •  v^ 

Ce  sera  une  superbe  -gâterie  que  celle  oià  l'on 
trouvera  les  portraits  de  tous  lès  écrivains  fran- 
çais qui  ont  existé  avant  et  depuis  l'invention  de 
l'ait  sublime  de  l'imprimerie.  Aucun  esprit  de 
parti  ne  se  fait  sentir  dans  cet  ouvtage.  On  y  rend 
justice  à  l'auteur,  sans  s  inquiéter  s  il  a  été  d'une 
secte  ou  d'une  autre.  Ce  n'est  point  le  sectaire 
dont  on  s'est  proposé  d'écrire  la  vie  et  de  trans- 
mettre le  portrait  ;  mais  de  l'homme  de  lettces 
qui  a  droit  à  la  reconnaissance  publique  par  ses 
talens  et  ses  productions.  Si  les  écrivains  morts 
sont  souraisà  laciilique  ,  on  juge  leurs  ouvrages 
avec  impardaihé.  Ce  n'est  point  pour  satisfaire 
la  malignité  ,  qu'on  en  relevé  les  défauts  ,  m.iis 
pour  empêcher  qu  on  les  reproduise.  Aux  détails 
biographique!  ,  on  trouve  joint  tout  ce  qui  peut 
éclairer  sur  la  partie  bibliographique.  Cette  der- 
nière partie  est  traitée  avec  t^ne  étendue  qu'aucun 
ouvrage  n'a  encore  offert  jusqu  ici.  Plus  de  5ot} 
articles  d'auteurs  vivans  se  trouvent  dans  les  deux 
volumes  que  nous  annonçons  ,  et  ce  qii  ils  ren- 
ferment est  d  autant  plus  précieux  ,  que  le  ci- 
toyen Desessarts  prévient  q(u  il  le  doit  aux  auleuis, 
mêmes,  qui  lui  ont  fourni  les  matériaux  de  leurs 
i  articles.  Les  nouveaux  siècles  littéraires  de  la  France 


améliorés,  et  à  percevoir,  durant  cet  intervalle. 

Copie  d'une  lettre  tcrite  le  ït  fructidor  an  8  ,  par  le    ^„^  légère  rétribution  que  le  gouvernement  fixera 

préfet  de  police,  auii  commissaires  de  police  et  aux  |  ç,  ^^  moyen  de  laquelle  le  consommateur  paie- 

offitiers  de  paix.  1  rait  moins  cher  qu'il  n'a  payé  jusqu'à  présent, 

une  eausalubre,  aspiiée  du   grand    courant   de 
la  Seine.  A  l'expiration  de  ce  terme  ,  tous  les  éta- 


mandent  que  la  jouissance  pendant   trente  ans  ,  |  présentent   plusieurs  diHéiences  qui    doivent   les 
de  leurs  établissemens  construits    ou    réparés  et     j— ^.^  jisijnguer  des''trois  siècles   de   la   littérature 


J'appelle,  citoyens,  toute  votre  surveillance 
sur  les  chanteurs  qui  parcourent  les  rues  ou 
stationnent  sur  les  places  publiques.  Les  aniis  des 
lois  ,  du  gouvernement  et  des  mœurs  se  plaignent 
avec  raison  que  ces  chanteurs  agitent  le  peuple  , 
en  reportant  son  attention  sur  des  malheurs  passés , 
et  le  démoralisent  en  l'amusant  par  des  chansons 
obscènes.  Ce  serait  envain  que  le  gouveineinent 
veillerait  à  ce  qu'il  ne  fût  offert  sur  les  théâtres 
rien  qui  pût  ranimer  le»  haines  ,  et  nous  empêcher 
de  jouir  du  calme  intérieur.  Ce  serait  envain  que 
je  ferais  purger  quelques  magaz  ns  de  librairie  de 
ces  brochures  obscènes.,  objet  d'une  honteuse 
spéculation  ,  si  sous  vos  yeux  et  devant  le  pu- 
blic entier  ,  des  chanteurs  osaient  insulter  à 
l'honnêteté  publique ,  porter  la  corruption  dans 
le  cœur  de  la  jeunesse  ,  et  faire  renaître  les  dis- 
sensiotjs  civiles  ,  en  rappelant  des  époques  désas- 
treuses que  les  soins  du  gouvernement  tendent 
Sans  cess«  à  faire  oublier.  'Vous  devez  donc  , 
citoyens,  redoubler  de  zèle  et  d'activité  ,  pour 
rendre  vaines  ces  nouvelles  tentatives  de  la  mal- 
veillance. Je  vous  charge  en  conséquence  de  sur- 
veiller les  chanteurs  ,  et  de  prendre  contre  ceux 
qui  manqueraient  au  respect  dû  aux  lois  et  aux 
mœurs ,  les  mesures  de  police  auxquelles  vous 
êtes  autorisés  dat«  l'exercice  de  vos  fondions. 
Vous  me  rendrez  compte  des  résultats. 

Le  préfet  de  police,  iî'ifne,  Dubois. 


Au  Rédacteur. 
Citoyen  , 

Parmi  les  différentes  0'{)inions  que  vous  avez 
accueillies  sur  la  nécessité  d'alimenter  Paris  d'eau 
avec  plus  d'abondance  ,  tant  pour  les  besoins 
journaliers  de  ses  habitans  que  pour  leur  sûreté 
en  cas  d'incendies  ,  nous  avons  remarqué  la 
lettre  du  citoyen  Poissenel,  (ii°.  du  5  fructidor) 
où  il  est  question  de  trois  projets  qui  auraient 
été  soumis  au  gouvernement  et  renvoyés  à  l'exa- 
men du  déparlement  de  la  Seine  ;  nous  vous 
adressons  l'apperçu  de  celui  que  les  frères  Vachette 
ont  présenté  au  ministre  de  l'intérieur ,  le  1 1 
vendémiaire  an  7,  espérant  que  vous  voudrez  bien 
Itti  accorder  une  place  dans  votre  estimable 
feuille. 

Les  frères  Vachette  ,  entrepreneurs  et  proprié- 
taires des  premiers  étabhssemens  hydrauliques 
formés,  depuis  3o  ans,  aux  quatre  principaux 
points  de  Paris  ,  ayant  contrôlé  les  pompes  a  feu 
pendant  plus  de  10  ans  ,  connaissant  partaitement 
les  vices  de  tous  ces  établissemens ,  et  le  meilleur 
Parti  qu'on  en  peut  tirer ,  s'obligent  par  soumis- 
sion de  réparer  et  améliorer  à  leurs  frais  toiis 
ceux  existans ,  *els  que  la    machine    du  Pont- 


blissemens  reviendront    en   toute   jouissance  et 
propriété  à  la  commune  de  Paris. 

Le  monument  construit  au-dessous  ,  et  éloigné 
du  Pont-Neuf,  près  la  Samaritaine  ,  qui  ne  serait 
démolie  que  lorsque  la  nouvelle  machine  serait 
mise  en  activité  ,  n'aura  pas  1  inconvénient  d'ob- 
struer les  deux  arches,  sur  l'alignement  desquelles 
il  sera  établi.  Les  moyens  pris  pour  diriger  l'eau 
aux  arches  coursieres.dans  les  eaux  basses  ,  ser- 
viront à  la  faire  refluer  dans  les  arches  tnari- 
nieres  ,  alors  la  navigation  en  serait  plus  facile. 

Placé  au  centre  de  Piiis  ,  ce  monument  offri- 
rait l'avantage  d'avoir  ses  branch-s  de  distribu- 
tions ,  pour  s'étendre  aux  extrémités,  bien  pjus 
courtes ,  moins  sujettes  à  réparations  que  si  l'on 
distribuait  l'eau  par  des  établissemens  placés  à  la 
circonférence-,  en  cas  d'incendie,  1"S  secours 
seraient  d'ailleurs  beaucoup   plus  prompes. 

Cette  entreprise  a"'  été  conçue  par  les  frères 
Vichotte  depuis  fort  Ion g-iems;  il  a  plus  de  12 
ans  que  les  bases  du' monumcrit  hydraulique  et 
de»  restaurations  qu'Us  proposent  ,  et  qui  leur 
coûteront  plus  de  3, 000,000  f  . ,  ont  été  soumises 
par  eux  aux  magistrats. 

Si  leursoumission  était  acceptée  en  ce  momeiit, 
les  frères  Vachette  mettraient  de  suite  en  activité 
et  à  leur  compte  ,  plus  de  600  ouvriers  ,  pour 
l'exécution  de  leurs  {itans  ,  et  le  gouvernement  ne 
pourrait  que  voir  avfec  satisfaction  s'ouvrir  des 
travaux  de  cette  importance. 

Vachette  ,  frères  ;  architectes  et  ingénieurs. 


Les  siècles  littéraires  de  la  France  ou  nouveau 
dictionnairehislorique, critique  elbibliographique 
des  tous  les  écrivains  français  ,  morts  et  vivans 
jusquà  la  fin  du  18"*  siècle;  contenant,  1°.  les 
principaux  traits  de  î*vie  des  auteurs  morts,  avec 
desjugemens  sur  leurs  ouvrages;  2°.  des  nou(:es 
bibliographiques  sur  les  auteurs  vivans  ;  3".  l'in- 
dication des  différentes  éditions  qui  ont  paru  da 


par  Sabathier.  Les  premiers  eiubrasscpt,  en  effet , 
tous  les  siècles  ,  et  montrent  les  progrès  des  lettres 
depuis  la  barbarie  ,  jusqu'à  l'époque  la  plus  écla- 
tante des  lumières  ;  tandis  que  les  trois  siècles  ne 
renlermetit  qu  un  espace  borné.  D  ailleurs  ceux- 
ci  ne  sont  ([ue  trop  souvent  l'ouvrage  de  la  passion 
et  de  1  esprit  de  parti  ,  tandis  que  les  autres  offrent 
un  exemple  d  iiiipartiahtè  qui  n'est  malheureuse- 
ment qiie  trop  raie. 

Pour  se  convaincre  de  cette  vérité  ,  il  ne  faut 
que  parcourir  quelques-uns  des  articles  traités  dans 
les  deux  ouviages  ;  tels  que  ceux  de  d  Alembeit  , 
de  la  Beaumelle  ,  de  Bossuet,  de  Boulanger ,  de. 
Buffon  ,  de  Chabanoii  ,  de  Chamfori  ,  de  Collar- 
deau  ,  de  la  Condainiiie  ,  de  Condillac  ,  de  Con- 
doicct  ,  de  Couit  de  Gebelin  ,  de  Dubos  ,  d« 
Duclos  ,  etc.  ,  qui  se  trouvent  dans  les  deux  pre- 
miers volumes  des  nouveaux  siècles  litéraires  de 
la  France.  En  faisant  cette  comparaison  ,  on  sera 
àpoitée  d'apprécier  l'utilité  et  le  mérite  des  dçux 
ouvrages.  Le  citoyen  Desessarts  ,  voulant  donner- 
à  ceiuf  qu'il  publie  le  degré  de-  perfection  dont  il" 
est  susceptible  ,  s'est  déi>:rmiiié  à  le  faire  paraître 
par  livraisons  ,  afin  que  les  lecteurs  puissent  lui 
adresser  leurs  obseï  vationspour  rectifier  leserreurs 
qui  ont  pu  lui,  échapper.  Il  appelle  la  cridque  la 
plus  sévère  ,  et  loin  de  la  redouter  ,  il  en  attend 
les  plus  heureux  effets  ;  mais  il  invite  ceux  qui  lui 
adresseront  des  observations,  à  les  lui  faire  par- 
venir franches  de  port. 

En  recevant  les  deux  premiers  volumes,  on 
paie  12  fr.  On  paiera  9  fr.  pour  la  s'  livraison  qui 
paraîtra  dans  trois  mois  ,  et  la  même  somme  pour 
la  3'  livraison  qui  sera  composée  des  5=  et  6= 
volumes  qui  compléteront  l'ouvrage  ;  mais  pour 
jouir  de  cette  modération  de  prix,  il  faut  se  pro- 
curer les  deux  premiers  volumes  avant  le  3o  bru- 
maire prochain.  Après  cette  époque  ,  qui  est  de 
rigueur,  l'ouvrage  coûtera  36  francs  au  lieu  de  3o. 

Les  demandes  doivent  être  adressées  ,  franche* 
de  port,  au  cit.  Desessarts,  homme  de  lettres, 
imprimeur  et  hbraire  ,  place  de  lOJéon. 

AUX      ARTISTES. 


CusSAC  ,     imprimeur  -  libraire  -  éditeur     des 

_  .       ^.  _         ,  ,  ^fwres  de  Plutarqued'Amyot  et  du  Théâtre  des  grecs , 

tous  les  livres  français,   de   l'aniiée  où  ils  ont  ete  |  ^jgjirant  être  utile  aux  artistes  de  tout  genre,  dont 


publiés  ,  et  du  lieu  où  ils  ont  été  imprimés.  Par 
N.  L.  M.  Desessarts  et  plusieurs  bibhographes. 

Les  tomes  I*'  et  II*  de  cet  important  ouvrage 
viennent  d  être  mis  en  vente  chez  l'auteur  ,  place 
de  t'Odéon.  Ces  deux  volumes  ,  qui  contiennent 
60  feuilles  in-8°.  à  deux  colonnes  ,  sont  aussi 
curieux  qu'intéressans  par  la  variété  qui  y  règne. 
Parmi  les  articles  de'  biographie  ,  on  en  trouve 
un  grand  nombrç  qui  réunissent  au  mérite  de  la 
nouveauté,  celui  délire  rédigés  avec  le  plus  grand 
soin.  Dans  la  classe  de  ceux  qui  ont  déjà  été 
traités  ,  on  remarq,uc>-airec  plaisir  que  ces  articles' 


les  différentes  productions  n  auraient  pas  été 
{  d'après  1  intention  du  ministre  de  l'intérieurj  de 
faire  partie  de  l'exposition  du  salon  du  muséum  , 
leur  offre  un  \aste  emplacement  tout  prêt  a  y 
exposer  leurs  ouvrages,  sous  la  dénomination  de 
Salon  central  et  commercial  des  arts  ;  soit  qu'ils  dé- 
sirent que  leurs  talens  soient  appréciés  du  public, 
soit  enfin  qu'ils  veuillent  en  retirer  une  juste  rétri- 
bution ;  dans  l'un  et  l'autre  cas  ,  il  ct>  sera  dressé 
une  nonce  historiqiie  ,  disposée  p-ar  ordre  niiraé- 
rique  d'enregistrement  ,  dont  le  cii,  Cussac  livre 
une  reconnaissance  descriptive  aux  dépositaire 


^L'abonn.m«.«faitàFav»,  rue  d«  Poitevins,  a»  18.  L.  prix  est  de  ï5  franc,  pour  troi,  moi.  ,  5o  fraa»  pour  6  mois ,  et  .00  fr«cs  pour  l'année  entière.  0«  ne. '«b^^nc 
qu'au  commencement  de  chaque  mois.  •    1  j 

11  faut  adresser  le,  Utties  ert'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  c  AS  s  E ,  propriétaire  de  ce  journal  .  .«  de,  Poitevins  ,  n«  .?.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de. 
.«ays  Où  l'on  ne  peut  affranchir,  les  lettres  des  dépattemens  non  affranchie,  ,  ne  «eront  point  retirée,  de  la  poste.  j 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plu.  de  sûreté,  de  charger  celle,  qui  renferment  de.  valeur,,  et  adre..<;r  tout  ce   qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  : 
Toiievios  ,  R«  l3  ,  depui  jneuf  heure,  du  matin  jusqu'icinq  heure,  du.soir. 


édacieur ,  rae  d<-, 


A  Pari  S ,  de  l'imprimerie  du  cit.  AgâJse ,  piopiiétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins,  n°  'î. 


gâzettf'Mtionale  ou  le  moniteur  universel. 


t'Tv 


N'  ZbiK 


Décadi  ,  20  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivitibie. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Mo  NIT£  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
U  contient  les  séances  des  autocités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  années ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  su) 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et .  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  P:  R  I   E  U  R. 

ANGLETERRE, 

Londra  ,  zgaoûtf  11  fructidor.) 

lU  N  ex-officiet  d'un  régiment  de  fencibles  vient 
4'imaginer  un  procédé  au  moyen  du(iue!  un  sim- 
ple navire  marchand,  pourvu  qu'il  ne  soit  pas 
«l'uu  port  trop  au-dessous  de  200  tonneaux, 
peut .  dit-on  ,  couler  bas ,  ou  brnlei  un  vaisseau 
de  guerre,  n  importe  de  quelle  force,  sans 
qu'aucune  résistance  ou  précaution  humaine 
puisse  l'empêcher.  Toute  lempératuie  ,  ajoule-t- 
on  ,  convient  à  cet  agent  ;  il  est  représenté 
comme  aussi  efficace  dans  la  tempête  que  Uans 
le  calme. 

-  Un  gros  bâtiment ,  qui  fesait  partie  ,  à  ce  que 
l'on  cioit  du  dernier  convi>i  arrivé  des  Indes 
occidentales  ,  a  été  pris  pies   de    Folksione. 

On  évalue  à  un  million  sterling  les  dcniatidcs 
fafles  annuellement  d'objets  de  nos  manutaciures 
par  les  maisons  de  comiuei'ce  qui  se  sontétablies 
a  risie  de  la  Tiiuiié  ,  depuis  que  nous  en  sommes 
en  possession. 

Le  duc  de  Portland  a  chargé  M.  Ford  Je  la 
surveillance  des  éiraitaers  ,  à  la  plate  de  M.  Fiint , 
«jiii  a  éié  i.i5vo)é  en  Allemagne  avec  une  mission 
diplomatique. 

La  marine  vient  de  perdre  l'amiral  Barringion. 
C'était  un  des  cinq  frères  de  ce  nom.  qui  ont  dû 
à  leur  mérite  personnel  dêire  élevés  aux  plus 
hautes  dii^inlé?.  Laine  émit  pair  :  le  second  (Jean  j 


aujourd'hui,  il  fournissait ,  assaisonné  avec  queL 
ques  potjimes  de  terre  ,  un  mets  sain  et  peu 
coûteux.  Dans  la  partie  catholique  de  l'Aflemagne 
ou  la  religion  prescrit  l'abstinence  de  viande  , 
certains  jours  de  l'année  ,  les  demandes  sont  plus 
considérables;  mais  d  un  autre  coté,  cetie  in- 
fluence de  la  leligion  sur  la  coi)*<vnimaiion  est 
moins  sensible  qu'il  ne  semble  qu'elle  dût  l'être, 
patcc  (jue  la  panie  catholique  de  4  Allemagne  , 
éianl  située  entièrement  au  midi  ,  la  longueur 
du  transport  par  lerie  ,  augm,;nie  le  prix  de 
la  dcniéc  ,   ce  qui  en  diminue  la  consoiiiiuaiion. 

D.  Avez  vous  connaissance  que  1  ont  ait  importé 
du  hareng  d'Angleterre  en  Allemagne  ?  les  essais 
ont-ils  été  heureux  ou  mallicutcux  ?  Quelle  a  été 
la  cause   du  succès,  ou  delà  no.n-iéu:,site  ? 

R.  Je  n'ai  jamais  entendu  dire  (|u'il  se  fût 
fait  aucune  importation  de  hareng  d'Ângleierre 
en  AUemagne  avant  la  hn  de  iatioée  tygS  , 
oij  il  vint  de  l'île  Martin  dans  le  Loch  Brom 
un  vaisseau  ehargé  de  3oi  barils.  Vers  le  même 
le-.ns  il  arriva  à  Harnbouig  un  vaisseau  parti  de 
Greneock  ;  il  portait  3o  barils.  Je  n'ai  pas  su 
combien  avait  éic  vendu  le  iKWpng^  de  l'île 
Mattiji  ;  mais  comme  dans  1  annça  suivante  il 
ne  revînt  aucun  vaisseau  de  cette  i^îltt  ,  on 
peut  en  conclure  que  le  hareng  ,  appotlé'eo'  1798, 
n'était  pas  préparé  de  manière  à  être  vendu  assez 
avantageusement  pour  qu'on  entreprît  un.  secontl 
voyage  à  Hambourg.  En  1799  Hambourg  reçut 
de  Leiih  G64  barils,  260  de  Altoa  ;  une  car- 
usison  expédiée,  de  Stornoway  .  plusieurs  de 
Shetland,  en  totalité  1,208  b;iiils.  J  ai  déjà  parlé 
du   succès    de    la   vente    du   hireng    apporté  de 


géiïéial;  le  troisième  (  Daines   Bariingion  ,  mon  l  Ltiih  ,    de    Shedand   et  de  Siouioway  ,   tout  ce 
■     ■        ■  ■  ■  ■  •  "  ■       que  je  peux  dire  du  hareng  deAlloa,   c  est  qu'il 

n'a  pas  été  du  goût  des  allemands. 

Douze  barils  furent  envoyés  pour  essai  ,  de 
Geneockà  Hambourg  .  par  un  marchand  saxon. 
Sixéiaicni  de  la  Hauie- Ecosse,  et  tix  duLochfyne. 
Celaient  tous  de  tiés-gros  hatengsj  mais  ils 
n'éiaient  pas  aussi  gi^s  que  les  bons  harengs  de 
Hollande.  Ceux  du  Lochlyne  étaiénunieux  pré- 


aus'.i  depui?  peu  )  juge  ;  le  quatrième  (Samuel, 
celui  dont  il  est  ici  quesdon  )  urniial  ;  et  le  cin- 
quième (  Shulc  ,  le  seul  qui  rene  ^lujourd  hui  de 
cette  famille  illustre-)  est  évêque  de  Durham.  — 
Le  premier  lord  de  ce  nom  ,  le  père  de  ceux-ci , 
était  le  fils  d  un  marchand  ,  et  lui-même,  outre  la 
célébrité  que  lui  valurent  les  honneurs  auxquels 
il  paiviiil  ,  a  mérité  celle  d'un  grand  écrivain. 


iT         •  I     u       r    -  •    /■         ,  J  r     n  •  pares  que  ceux  de    a  Hauie-Ecosse  ,  et  se   ven- 

Une  pièce  de  bœuf  roti   (roasted  bccfj  ,  portée  K  ^   ■  ■     ,         v  ^^  ^  ^    ■  «-••  ^^  \'-' 

,.■  ■   .   !>,  -i    J   1    I  •  '  •      -^  '  ',  c     .  uueni  mieux  :    mai»  Its  uns  ei  les  autres  étaient 

d  ict  a  rbiladelpliie  par  un   capiiaine  américain  ,  ,■        ■    ,■■,•  ■  1.     j     -u   n       1       i 

i,        ir     .  .■        i  I  I   ■         ■  A     ■     ■  ■'"■i  iriterieui.'i    aux    hareii^rs  de  Ho   ande.   Leur 


à  la  solliciiation  de  quelques  anglais  qui  desiraient 
manger  un  roast  beef  de  leur  pays  ,  est  arrivée 
paifaiiement  conservée  ,  et  a.été  woiïvëe  excel- 
lenie. 

'Voici  les  précauilons  pri-es  à  cet  effet.  Le  bœuf 
availété  d  abord  bien  rôii,  et  onTavait  misensuite 
dans  une  forte  boîie  d  éiain.  Apiès  avoir  rempli 
de  paille  lous  les  intervalles  vuides  et  recouvert 
pareillement  le  dessus  de  la  viande  ,  on  avaii 
sondé  la  boîie  tout  autour  ,  et  de  manière  que 
l'air  ni  l'eau  ne   pussent  y  pénéirer. 

Suivant  des  avis  récens  de  la  Chine  ,  le  pre- 
mier ministre  de  ce  pays  ,  le  grand  ennemi  des 
anglais  ,    a  éié  mis  à  mort  par  les  ordres  de  l'em 


piemier  défaut  est  <iuil  s'en  faut  de  beaucoup 
que  tous  aient  le  même  goûi  :  quelques-uns  ont 
un  fumet  assez  bon  ,  pendant  que  les  autres  , 
tiiés  du  même  baril  ,  ont  un  goût  très-désagréa- 
ble. Celle  incgaliié  vient  probablement  d'une 
cause  que  je  développerai  dans  la  lépo^nse  à  la 
la  quesiion  qui  soit. 

]).  Savez-vous  s'il  existe  une  raison  qui  doive 
faire  piélérer  le  harengde  Hollande  à  celui  d'An- 
gleterre ,  et  en  quoi  elle  consiste  ? 

R.  Plusieurs  circonsiances  concourent  -  à  faire 
piélérer  le  hareng  de  Hollande  à  celui  d'Angle- 
terre :  la  première   est  que  les  hollandais  niesu- 


pereur  Ca-Hiug  ,  qui    a    saisi    tous    ses    t.é.-ois  j  rent  avec  plus  de   précauiion    la  quantité   de   sel 
snontant  à  70  millions  de  taies  ,   sans  compter  ses  1  qu  ils  emploient  ,  de  manière  que  leors  harengs  , 


Q^0U3(  estimés  valoir  des  sommes  considérables 
Le  marquis  de  Lansdowne  ,  enti'autres  qua- 
lités personnelles  ,  a  celle  d'accueillir  parfaite- 
ment les  étrangers.  Cette  conduite  lui  fait  d  au- 
tant plus  d  honneur,  que  des  personnes  qui 
ont  voyagé   sur  le    continent  ,     ont    entendu   s'y 


eirc  trop  sales  ♦  ne.  courent  cependant  pas 
le  risque  de  se  corrompre  et  de  prendre  une 
mauvaise  odeur  à  défaut  de  sel  :  la  seconde  cause 
est  la  qualité  même  du  sel  ,  qui  contribue  autant 
(lue  la  quantité  à  donner  au  hareng  le  goût  qui 
en   fait  le  prix  :  la  troisième  est  le   choix  <iu'on 

.        J P ! .11  *  .-1 


plaindre  que  nous  manquions  de  cetie  fleur  d'ur-     ""^'  ."^^"^  l'assortiment   du   hareng  ,    avant  qu'il 
■  •  ■  ••  ■  ■  reçoive  son  second  sel.   Cette  seconde  opéraiion 

ne  se  lait  qu'après  que  les  harengs  ont  éié  apportés 
sur  le  port  par  des  hommes  chargés  de  ce  tra- 
vail ,  et  qu'on  appelle  fsh  wardcns.  C  est  à  l'ha- 
bileté de  ces  hommes  ijue  le  hareng  de  Hollande 
doit  particulièrement  sa  supérioiiie. 

Une  autre  grande  raison  de  la  supériorité  du 
hareng  de  Hollande  sur  celui  d  Angleterre, 
résulte  de  la  manière  dont  on  les  traite  au 
moment  même  où  on  les  tire  de  l'eau  ;  il  est 
bien  connu  que  plutôt  le  hareng  est  vuidé  et 
salé  au  sortir  de  l'eau  ,  nuillcur  il  est  ,  et  que  , 
pour  peu  qu'il  reste  quelques  heures  seulement 
en  plein  air ,  et  pariiculiéreiiieni  au  soleil  ,  il  est 
moins  susceptible  de  recevoir  un  bon  fumet. 
C'est  pour  cela  que  les  hollandais  n'exposent 
jamais  leur  hareng  à  découvert  en  plein  air  ;  mais 
aussiiôt  qu'il  est  sorti  de  l'eau,  ils  le  jettent  dans 
la  saumure  ,  puis  ils  le  vuident  el  l'emballent  ;  et 
s  il  en  est  resté  quelques-uns  quand  on  jette  le 
Hlct  une  seconde  fou  ,  on  est  obligé  ,  par  les  lois 
du  pays  ,  de  rejeter  ce  reste  ,  conime  ne  pouvant 
pas  être  employé;  de  là  vient  cette  égalité  qu'on 
icnaurque  dauii  les  hiirengi>  de  Holbn<^c, 


baijilé  et  de  ceite  politesse  extérieure  ,  qui  ne 
nvanquent  jamais  de  prévenir  les  éirangers  en 
faveur  du  pays  qu'ils  parcourent.  (  Extrait  du 
Morning- Herald  ^  du  Morning  el  du  Saiut-jatnes- 
Chronicles.  ) 

Suite  des  questions  faites  dans  un  comité  de  la 
ihambre  des  communes  ,  sur  le  commertce  de 
poisson,  au  rCuiiend  .i:erbert  Marshal ,  et  des 
ixiionses  de  celui-ci. 

■^  i_IO>J 

Demande.  La  consommaiion  du  poissoin  salé 
en  Allemagne,  doit-elle  être  attribuée  particu- 
lièrement au  goût  de  la  naiion  ,  ou  bien  aux 
pfihcipes  de  la  religion  catholique  romaine,  ou 
des  autics  institutions  publiques  ?  cette  consom- 
mation a-i-elle  lieu  également  dans  les  états  pro- 
lettans  et  catholiques  ? 

Réponse.  Le  hareng  salé,  si  j'en  crois  les  notions 
que  J  ai  sur  ce  pays  ,  est  également  estimé  dans 
toute  l'Allemagne  quand  il  est  bon.  Il  y  élail 
incherclié  ,  soit  parce  (jue  ,  préparé  à  la  manière, 
des  hollandais,  il  (lauc  le  goût  des  allemands, 
ioit  ^ica  qu  Ayant  qu'il  fût  austi  cher  qu'il  Ven 


■  Mais  dans  le  nord  de  l'Anclelerre,  quand  le 
hareng  a  été  tiré  hors  du  filet  ,  on  le  laisse 
exposé  jusqu'à  ce  qu  il  ait  éié  graduellement 
vuidé,  salé,  et  empaqueté;  ceux  qui  sont  mis 
les  premiers  en  paquet  ,  ont  un  meilleur  fumet 
que  ceux  qui  le  sont  les  derniers  ,  et  de-là  vieut 
probablement  l'inègaltié  qui  se  trouve  entre  le» 
harengs  d'un  même  baiil  dans  les  pêchoires 
où  l'on  se  sert  de  bateaux  ,  et  où  le  hareng 
se    piépaie   sur    le    rivage. 

Il  serait  peut  -  être  difficile  d'adopter  cette 
partie  de  la  méihode  des  Hollandais  ,  à  moina 
(lu'ii  n'y  eût  sur  tous  les  lacs,  (  J  )  où  se  prend  le 
poisson  ,  des  maisons  destinées  à  cette  prépa- 
raiion  ,  (  comme  il  y  en'  a  déjà  sur  le  lac  Torr 
ridou  )  auxqitelles  les  bateaux  passent  le  h-- 
r;ng  à  mesure  qu'ils  le  pieonent;  mais  comroe 
on  expédie  tous  les  ans  de  Greenock  et  de 
Campbeltown  des  busses,  il  n'y  a  aucune  bonne 
raison  pour  que  les  harengs  qu'elles  portent, 
ne  ioicrit  pas  en  tout  point  semblabies  à  ceux 
dss  hoilariJais  ;  et  si  ,  après  la  premieie  prépara- 
tion a  bord  ,  ou  suivait  pour  le  poisson  dc.pes 
busses  ,  le.s  mêmes  léglcmens  qu'on  suit  eu  Hol- 
lande ;  si  des  fih  xvardens  (gardes-poissons  '; 
étaient  éiabiis  à  Greenock  ,  à  Campbeltown  et 
dans  les  autres  places  pour  recevoir  tout  le  ha- 
reng qui  y  arriverait-,  Iç  disposer  dans  les  maga- 
sins ,  conime  on  le'  fait  à  Énckuyscn  et  à  Ular- 
dingeii  ,  puis  le  déballer  ,  l'assortir  ,.  le  resaller  , 
eu  aysnt  égard  aux  différens  marchés  pour  les- 
quels il  est  destiné  ,  le  hareng  d'Angleterre  pour- 
rait atteindre  la  perfection  de  celui  de  Hollande. 
li  est  à  observer  néanmoins  que  ,  même  en  sui^- 
vant  la  méihode  hollandaise,  on  ne  fera  rien  en 
Allemagne  ,  si  le  hareng  ,  quoique  d  une  forte 
taihe  ,  est  maigre.  Il  faut  que  le  hareng  soit  rond 
et  gras  ,  ce  que  les  hollandais  appellent  votchering: 
tel  que  celui  qu'on  pêche  dans  la  haute-mer  après 
le  24  de  juin  ,  ,au  sud  des  îles  Shçiiand.  —  Les 
hollandais  envoient  aux  Indes-occidentales  le 
hareng  maigre  ,  péché  dans  l'arriei-^e  saison. 
La  suite  demain. 

INTÉRIEUR. 

Parti  ,  le  i  g  fructidor. 

Le  Puhliciste  annonce  conime  certain  le'  trait 
suivant  : 

)i  Le  cit.  Derbecq,  domicilié  à  la  Chapelle,  s'est 
rendu  adjudicaiaire  de  la  perception  de.î  contii- 
buiions  ,  pour  l'an  9  ,  de  sa  commune  ,  iianj  au- 
cuns émolumens  ou  réiribudons.  >7 

—  Le  minisire  de  l'iotérieur  a  donné  à  dîner 
à  tous  ceux  des  élevés  du  prytauéé  qui  ont  rem- 
porté de»  prix. 

—  Les  travaux  de  la  place  des  Invalides  sç 
poussent  avec  aciiviié.  Bientôt  on  jouira  des  eaux 
abondantes  que  répandra  une  fontaine  placée  ai* 
centre  ,  et  (^ui  servira  utilement  à  1  approvisiorjr 
nementde  la  nombteusepopulationdc  ce  quartier. 

—  Les  observateurs  physiciens  sont  invités  à 
faire  part  de  Icurij  découvertes  au  citoyen  Rauch  , 
ingénieur  des  ponts  et  chaussées  ,  à  'Veruaviile 
près  Dieuze  ,  qui  s'occupe  d'un  ouvrage  'sur  la 
nouvelle  harmonie  hydrovégétale  à  créer  en 
Fiance,  par  la  nécessité  de  régénérer,  avec  lea 
forêts  ,  les  sources  ,  les  rivières  et  les  ruisseaux  , 
et  de  la  direction  hydrOvègéiale  à  éiablir  au  sie^e 
du  gouvernement  ,  et  dans  lous  les  chefs-lieu 
de  préfecture  et  de  sous-préfecture. 


Fin  du  tableau  statistique  des  paj/s  ecclésiastiques  (ij. 
Cercle    du    H  a  u  t  -  R  h  i  m. 

1°.  L'évêché  de  Worms.  —  Productions  :  du  vin  , 
du  bétail  ,  des  fruits.  — Etendue  ,  population  ,  reve- 
■ms  :  sur  la  rive  gauche ,  10  lieues  quarrées  , 
10,000  âmes  ;  sur  celle  droite  ,  6  lieues  quarrées  , 
4,oùo  âmes  ;  en  tout  3o.oo6  flo.  réuni  temporai- 
rement à  ceux  de  Mayence  et  Constance.  ^Voytj 
1  ariicle  d'hier.  ) 

8°.  L'évêché  de  5.^î7«.  — Productions  :  les  même» 
que  le  précédeni  ,  ctu  tabac  ,  du  bled  de  Turquie, 
abondamment  du  bois  ,  du  sel  ,  etc.  —  Etendut 
tt  population  .-sur  la  rive  gauche  .  90  lieues  quar- 
lées  ,    80,000  âmes  ;  sur    la  rive  droite  ,   3o  lieues 

(I)  Lochs.  Bayes  et  étangs  d'eau  de  mer  qui  se 
trouvent  en  grand  nombre  sur  lés   côtes   de  l'Ir- 
lande  et  de   lEcosse   septentrionale. 
(g)  Voyez  les  n."  341 ,  343  ,  346  et  348. 


1410 


quarrées  ,  5o,ooo  âmes.  —  Revenus  :  g5o,ooo  ftb. 
(  Pcrçiu.en  Alsace  ,  tjS.ooo  flo.  par  an.  ) 

3°.  L'évêché  de  Siiaslourg.  —  Sur  la  rive  droite, 
8  lieues  quarrées  ,5, 000  âmes  ,  35, 000.  flo. 

4°,  L'évêché  de  Bâte.  —  Comme  la  plus  grande 
partie  du  territoire  a  été  réunie  au  départemcui 
^u  Moiu-ïeriible  ,  nous  ne  remarquerons  que 
les  revenus,  que  l'on  portait  à  25o. 000  fl. 

5°.  Le  grand  -prioraf  maltais  de  Hestersheim  , 
cjontla  juridiction  s'étendait  ^ur  tout  le  jiord  ; 
mais  à  présent  le  priorat  de  Brandebourg  et  la 
lar.çue  nouvelle  de  Bavière  en  sont  indépendans. 

6°.  L evêché  de  Vulda.  —  Productions  :  du  bled  , 
des  fruits  ,  quelques  vins  ,  du  bois  ,  du  sel  ,  des 
caiix  minérales,  etc.  —  Etendue  et  population  :  120 
li.enes  quarrées  ,  70,000  à  80,000  araes-.  Revenus  : 
350,000  ,  ou  ,    selon  d'autres ,  430.000  flo. 

Résultat  :  sur  là  rive  droite  160  à  180  lieues 
quarrées  ,  120,000  am'ès  ;  sur  la  rive  gauclie  ,  eavi- 
ron  6.0  lieues  quarrées  ,  et  70  à  80,000  âmes 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

ÂTUté  du  jS  fructidor   an  8. 

Les  consuls  de  là  république,  sur  le  rapport 
du  mi)iistr.e   de  l'intérieur,  arrêtent: 

Art.  I"^'.  Le  programme  présenté  par  le  ministre 
de  l'iniéiieur  ,  pouf  la  fête  du  ]"■  vendémiaire 
9  ,   est  adopté. 

IL  Le  ministre  de  l'iniérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cuiion  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé  ainsi 
que   le  rapport. 

Le  premier  consul  , 

Signé  ,  Bonaparte. 

Au     NOM    DU     PEUPLE    FRANÇAIS. 

'  Brev£t  d'honneur. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  cornpie  qui   lui  a  été  rendu  de  la  con- 
Afo;^    'y.,«;t,^.  ^i.,„   (  T.-  T)      .  \  ■    .  duiie  distinguée   et  de  la   bravoure  éclatante   du 

tae^r,t5^,l#'''L      /?''•"'   r°P'"'"l     J<=  viens  vous  présenter  le  programme  de   la     citoyetf'Hébert ,   grenadier   dans    la    i"    demi- 
Sline  ^  -'^         "^'"m  T'erun"''"'  I  ^'"   '^"    '"  vendémiaire.  |  brigade  de  h^ne  :  i"  à  l'affaire  du  1 1  floréal  an  8 . 

'    ■  "     -  ■  [     J'ai  d'après    vos   ordres     invité    des    fonction- |  9",'^''-'"^^'"''''^''^'^' "°"^""^*§'''^"*'^^^"^Vant 

naires    publics    de   tous   les    départemens  à  s'y  1  ^'^ ''■'°'^°"',y^'* '^■""'."" ''°'.*  l'^^""  P°^'^  ^""^'"'« 


Rapport  présenté  aux  consuls  de  la  république  par  le 
ministre  de  l  intérieur.  —  Paris  ,  le    iS  fructidor 
an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 
Citoyens  consuls. 


puis   la  retraite  à  la  manière  des  autrichiens ,  et 
par-là  fit  avorter  leur  projet  ; 

Lui  décerne  ,  à  litre  de  récompense  natrônale  , 
une  trompette  d'honneur. 

Il   jouira   des   prérogatives   attachées   à    ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris    le    18   fructidor  ,    an   8    de  la 
république  française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul,      i 

Le  sécrétait e-d'état  ,  signé  ,  H.  B.^iIaret. 

Le  ministre' de  la  guerre  ,  signé ,Ca.k'hqt. 


■  ■"■  Hôtel-Dessin,  à  Calais. 
Quillacq  et  Duplessis ,  successeurs  de  feu  Pierre 

^uillàCq  ,  dit  Dessin,  ont  l'honneur  d'annoncer 
aux  vôyayeurs  qu'ils  n'^ont  rien  épargné  pour  ren- 
dre cet  bôtèl  un  des  plus  agiéables ,  comme  il 
•sj.cn  des  plus  vastes  «t  des  plus  commodes  de 
l'Europe. 

"  Il  est  tellement  connu  des  voyageurs  anglais  et 
autres  qui  ont  passé  par  Calais,  que  Quillacq  et  eh 
Duplessis  croyent  pouvoir  se  dispenser  de  faire  |  <1" 
ici  l'énuméraifcTi  dçs  agrémcns  qu'il  offre,  tels 
que  Ja  salie  des  spectacles  située  dans  l'en- 
■teinte  dudii  hôtel,  un  café,  billard,  jardins, 
promenades  ,  etc. 

Et  alin  de  ne  rien  laisser  à  désirer  aux  person- 
nes-qtii  n'aimeraient  pas  à  manger  seules ,  on  y  a 
ajouté  une  table  d'hôte,  servie  avec  autant  de 
variété  que  de  propreté. 

■  On  y  trouvera  ,  comme  ci-devant ,  des  voitures 
-de  toute  espèce  ,  à  vendre  et  à  louer  ,  de  même 
tjue  des  chevaux  et  cochers  pour  conduire  les 
voyageurs  avec  autant  de  célérité  ei  plus  d'éco- 
nomie que  la  poste. 

•  Quillacq  et  Duplessis  se  chargent  également  de 
•ventes,  achats,  consignations  de  marchandises , 
■et  de  toute  autre  transaction  commerciale. 

•  JVote  du  rédacteur.  Nous  avons 'vu  nous-mêmes 
cet  'établissement  destiné  pour  les  voyageurs  ,  et 
dont  la  réputation  ne  s'est  point  démentie  depuis 
plus  de  tiente,  ans.  C'est  le  plus  beau  ,  en  son 
genre  ,  qui  existe  en  France  ,  par  l'étendue  et  la 
distribution  de  ses  bâiimcns ,  et  par  les  secours  et 
Jes  agrément  de  toute  espèce  qu'il  peut  ofirir. 
Avant  la  guerre  ,  le  port  de  Calais  était  l'e  rendez- 
vous  de  presque  tous  lesnaiionanxcicirangersqui, 
de  tous  fïS  points  de  la- France  et  de  l'Europe,  y 
_affliii!i«^>i-pour3c  1  cndre  en  Angleterre.  Sans  doute 
il  devait  en  partie  cet  avantage  à  sa  position  qui 
offre  le  plus  court  trajet  à  faire  pour  aborder  à 
cette  île  fameuse  ;  mais  nous  avons  aussi  entendu 
dire  à  nombre  de  voyageurs  qu'ils  préféraient  ce 
passage  ,  parce  qu'ils  trouvaient  dans  la  maison 
Dessin  ,  soit  à  leur  départ  ,  soit  à  leur  retour  , 
bien  des  ressources  qu'ils  ne  pouvaient  espérer 
«illeurs.  En  santé  ,  on  y  joussait  de  tous  les  agré- 
mens  dont  la  réunion  appartient  presqu'exclusi- 
.vement  aux  grandes  villes  ,  tels  que  bains  ,  spec- 
tacles ,  concers  ,  bals  ,  nourriture  aussi  saine  que 
délicate  ;  en  maladie  ,  on  était  soigné  avec  tant 
d'attention  ,  qu'on  se  croyait  au  sein  de  sa 
famille.  On  y  trouvait  également  des  chevaux 
de  main  et  des  équipages  pour  se  promener,  ainsi 
Tjue  des  voitures  de  toute  grandeur  pour  se  rendre 
dans  telle  ville  de  l'Europe  que  l'on  voulait. 
On  pouvait  y  laisspr  en  toute  sûreté  les  équi- 
pages et  les  effets  qui  auraient  pu  embarrasser 
'dans^  les  excursions  que  l'on  se  proposait  de 
faire,  soit  eu  Angleterre,  soit,  dans  tout  autre 
pays.  Enfin  ,  cette  maison  était  un  entrepôt  infi- 
niment commode  pour  toute  espèce  de  marchan- 
dises; et  nous  n'exagérons  pas  en  disant  que 
l'Anglerre  si  justement  renommée  pour  ses  au- 
berges ,  ne  présente  pas  en  ce  genre  un  éta- 
blissement aussi  complet.  Plus  d'Un  étranger  qui 
s'est  trouvé  dans  l'embarras  ,  a  eu  des  obliga- 
tions essentielles  au  maître  de  la  maison  ,  qui  ,  par 
;çs  procédés ,  avait  beaucoiip  contribué  au  succès 
dé  son  entreprise.  D'autres  voulant  jouir  du 
spectacle  de  la  mer ,  charmés  de  la  salubrité  dé 
de  l'air  de  Calais  ,  et  de  l'urbanité  de  ses  habi- 
lacs  ,  e:  trouvant  réunis  dans  la  maison  Dessin 
tous  les  plaisirs  qui, pouvaient  rendre  leur  séjour 
agréable,  y  ont  passé  des  mois  entiers  comme 
dans  une  majson  de  plaisance.  Des  voyaoeurs 
jqui  ont  publié  des  relations  en  font  un  éloge 
qui  n'est  point  suspect.  (  Voyez  le  Voyage  senti- 
mental de  Sterne  et  l  Itinéraire  de  Dutems  ,  le  plus 
exact  que  >ious  ayons  avec  sa  brièveté.  ) 

Les  citoyens  Quillacq  et  Duplessis  ,  succes- 
seurs de  feu  Dessin  ,  n'ont  rien  négligé  pour 
iouienir  cet  étabhsscment ,  malgré  la  difEcalté 
des   tems  ;    et  il  n'y    a   point  de   doute   qu'à  ' 


trouver.  Ainsi  sera  représentée  la  grande  fa 
mille  des  français  ;  ainsi  se  resserreront  les  liens 
qui  unissent  les  enfans  de  la  patrie. 

Je  vous  propose  de  rendre  ,  dans  celte  cir- 
constance ,  un  hommage  solennel  à  la  mémoire 
d'iin  grand  homme  ;  il  faut  honorer  tout  ce 
qui  est  grand,  tout  ce  qui  a  servi  la  patrie  ; 
eh  !  quel  citoyen  ,  quel  guerrier  mérite  plus 
.  s  ,  Tiirenne  d'être  placé  dans  un  monurncnt 
élevé    à   la  gloire  des  armées   françaises  ? 

Vous  avea  ordonne  que  les  noms  des  braves 
qui  ont  obtenu  des  armes  d'honneur  ,  fussent 
inscrits  sur  des  tables  de  marbre;  vos  intentions 
seront  remplies. 

Le  tnême  jour  ,  on  proclamera  dans  toute  la 
I  république  et  dans  les  armées ,  conformément  à 
votre  arrêté  du  17  ventôse,  le  nom  des  dépar- 
temens  qui  ont  le  mieux  payé  leurs  contribu- 
tions ,  le  nom  de  ceux  qui  ont  fourni  le  plus  de 
conscrits ,  et  une  place  de  Paris  prendra  le  nom 
du  département  que  vous  aurez  jugé  digne  de 
cet  honneur. 

Ainsi  tout  rappellera  la  gloire  de   la  nation. 

J'ai  en  conséquence  l'honneur  de  vous  proposer 
le  projet  d'arrêté  ci-joint. 

Salut  et  respect.' 
Le  ministre  de  (intérieur,    signé  L.    Bonaparte. 

Programme  de  la  fête  du  1"  vendémiaire  an  9. 

Art.  P'.  Le  dernier  jonr  complémentaire  ,  à 
six  heures  du  malin  ,  des  salves  d'artillerie  an- 
nonceront 'la-fête  ;  elles  continueront  d  heure  en 
heure  jusqu'àJa-  nuit. 

Il  en  sera  tie  même  le   i"  vendémiaire. 

II.  Les  envoyés  des  département ,  invîlés  à  la 
fête,  seront  présentés  aux  consuls  parle  ministre 
de  l'intérieur. 

III.  Le  corps  de  Turenne  sera  solennellement 
transféré  au  temple  de  Mars,  oij  il  restera  déposé. 
Le  monument  élevé  à  sa  mémoire  y  sera  placé. 

IV.  A  six  heures,  les  spectacles  seront  ouverts 
au  public. 

V.  Le  1^'  vendémiaire  à  midi,  toutes  les 
atitorités  se  réuniront  au  temple  de  Mars  pour 
célébrer  l'anniversaire  de  la  fondation  de  la  répu- 
blique. 

Les  fonctionnaires  des  déparlemeus  y  occupe- 
ront une  place  distinguée. 

Conformément  à  l'arrêté  des  consuls  du  17 
ventôse  ,  les  noms  des  départemens  qui  ont  le 
mieux  payé  leurs  contribuiioms ,  et  qui  ont  fourni 
le  plus  de  conscrits,  seront  solennellement  pro- 
clamés. Ils  le  seront  également  dans  les  armées. 

VI.  A  trois  heures  il  y  aura  des  jeux  au  Champ- 
de-Mars  :  ils  consisteront  dan»  l'exercice  du  tir 
au  blanc  ,  à  pied  et  au  fusil  ;  dans  le  même  exer- 
cice à  cheval  et  au  pistolet;  dans. les  courses  à 
cheval  et  dans  les  courses  de  cfîars. 

Ils  seront  terminés  par  l'enlèvement  d'un  aéros- 
tat et  iine   descente  en  parachute. 

VI.  Le  soir  il  y  aura  illumination  et  feu  d'ar- 
tifice. 

Le  ministre  de   l'intérieur , 

Signé ,  Lucien  Bonaparte. 


composé  d'un  officier  et  de  i5  hommes  ,  dit  à  ses 
camarades  :  Tombons  dessus  à  la  bayonnette  sans 
tirer  ;  en  criant  :  Grenadiers  ,  en  avant!  l'officier 
tut  sommé  de  se  rendre  ,  et  la  troupe  de  déposer 
les  armes  ,  ce  qu'ils  firent  ;  2°  à  l'aff.tire  du  19  , 
même  mois,  à  Riberach,  où  le  citoyen  Hébert, 
détaché  en  tirailleur ,  ayant  été  chargé  par  quatre 
cavaliers,  en  ajusta  un  elle  tua,  en  démonta  un 
second  de  très-près,  et  Et  plusieurs  pas  en  arrière 
en  rechargeant  pour  rajuster  ,  lorsque  les  deux 
autres  cavaliers, prirent  la, fuite  ; 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
un  fusil  d'honneur. 

Il  jouira    des    prérogatives  attachées  à   ladite 
récompense  par  l'arrêté   du  4   nivôse  an  8. 

Donné  à   Paris,  le   18   frUclidor  ,  an  8  de  la 
république  française. 

Lé  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 
Le  ministre  delà  guerre ,  signé ,  Carnot. 


Ft^"^„",'?  """'°''  "^  redevienne  le   rendez-vous    lage  de  Rhincthal ,  défendu  par  600  hussard 

ue  tous  les    vovacpiirs    df       FMrr,r,a       ,.,,-„. —    J„        ';__. _.•_   i-  -  .    r,        """    uuoaaiu 


de  tous  les  voyageurs  de  l'Europe 
voir  la  France  et  l'Angleterre. 


curieux  de 


Au  nom,  du  peuple  français. 
Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Werck. 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  Werck,  trompette  au  6'  régiment  de 
chasseurs,  à  l'affaire  du  7- messidor,  à  l'armée  du 
Khm,  quand  son  régiment  et  deux  compagnies 
dinlanterie  attaquant  à  10  heures  du  soir  le  vil- 


l'instanl  oii  l'ennemi   sonnait  la  charge  ,  il   passa 
dans  ses  rangs ,   sonna   d'abord  le   ralliement , 


Au   nom  du   peuple   français. 

Brevet  d'honneur'  pour  le  citoyen  Steinbach. 
Bonaparte,  premier  consul  delà  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  Steinbach  ,  chasseur  à  cheval  au  8' régir 
ment .  à  l'affaire  du  16  prairial  an  8,  à  l'armée 
du  Rhin,  quand  à  la  prise  de  Kirchberg  il  est 
arrivé  lé  premier  sur  une  pièce  de  canon, 
et  s'en   est  emparé.  ,. 

Lui  décerne  à  litre  de  récompense  nationale, 
un  mousqueton  d'hçnneur.  ; 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense    par  l'arrêté   du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris,  le  18  fructidor,  au  8  de  la  répu- 
blique française. 

Le  premier  consul,   signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé ,  Carnot. 

ACTES  ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Le  minisire  de  l'intérieur,  aux  préfet  des  dépar- 
temens. —  Paris  le  1" fructidor  an  8. 

Le  çouveinement  désire  ,  citoyen  préfet ,  que 
vous  invitiez  en  son  nom  trois  citoyens  de  votre 
département  à  assister  à  la  fête  du  i"  vendémiaire. 
Vous  les  prendrez  parmi  les  membres  du  con- 
seil général  du  département  ,  les  maires  ou  autres 
fonctionnaires  ;  et  vous  aurez  soin  de  choisir 
ceux  qui  ont  donné  ,  depuis  1789,  les  preuve» 
les  plus  conslaiiies  de  leur  attachement  à  la 
patrie.  Vous  m'enverrez  les  noms  de  ceux  que 
vous  aurez  désignés  ;  vous  les  engagerez  à  se 
rendre  à  Paris  au  plus  tard  le  troisième  jour 
complémentaire  ;  ils  me  remettront  la  lettre  d'in- 
vitation qu'ils  auront  reçue  de  vous  ,  et  qui  fera 
leur  litre. 

Ils  occuperont  une  place  distinguée  à  la  fête; 
ils  seront  présentés  aux  consuls,  ils  verront  de 
près  le  gouvernement  qui  s'occupe  sans  relâche 
du  bonheur  de  la  France  ;  ils  apporteront  à  Paris 
les  sentitaens  d'aflèction  et  d'amour  qui  animent 
toiite  la  f€pubhque;  ils  partageront  l'enthousiasme 
qu  inspirent  ces  augustes  solennités  ;  ils  rediront 
à  leurs  .concitoyens  ce  qu'ils  auront  vu  ,  ce  qu'ils 
auront  éprouvé.  Les  français  combattent  depuig 
dix  ans  pour  la  gloire  nationale  ;  ils  jouiront 
maintenant  ,  sans  trouble  et  sans  mélange  ,  de 
la  hberté  et  de  la  gloire  qu'ils  ont  conquises. 

L'intention  du  gouvernement  n'étant  pas  d'ac- 
cordef  des  frais  de  voyage  aux  citoyens  qui  assis- 
teront à  la  fête  ,  vous  aurez  soin  de  les  choisir 
parmi  les  propriétaires  aisés  et  acquéreurs  de 
domaines  nationaux. 

Je  vous  salue,  L.  Bonaparte. 


SUPPLÉMENT     AU     MONITEUR    UNIVERSEL. 


N°  35o. 


Décadi  ,  20  fructidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


EGYPTE. 

Extrait  de  diocrs  n"^   du   Courrier   de   l'Egypte. 
JV°  59.  —  Le  3o/pluviôse  an  8. 

K  A  I  R  E. 

kJn  a  parlé  dans  le  N°  a6  de  ce  journal,  des 
ruines  qui  se  trouvent  à  l'exirèmilé  occidentale 
du  lac  connu  sous  le  nom  de  Birket  Keroun.  Peu 
de  tems  après  ,  les  citoyens  Bertre  et  Jomard  , 
ingénieurs  géographes  ,  et  d'autres  membres  de 
la  commission  des  sciences  et  arts,  les  citoyens 
Castex  ,  Rozieres  et  Dupuis  firent  deux  courses 
dans  cette  partie  du  désert  lytric^tie.  Les  faciliiés 
que   le    général    Zayonchek    a,  ^ien  voulu    leur 

Erocurcr,  leur  ont  permis  de  reconnaître  une 
onne  partie  du  lac  ,  et  de  prendre;  les  détails 
des  ruines  qui  sont  à  l'ouest.  On  a  dessiné  les 
plans  ,  les  élévations  et  les  orneraens  du  Kasr 
Keroun  que  Paul  Lucas  a  étrangement  défigurés, 
et  dont  Pockoke  a  donné  une  description  vague 
et  incomplette.  Ce  mçnuraent  dont  le  premier 
des  deux  voyageurs  a  tait  le  labyrinthe  ,  et  où 
il  a  trouve  un  grand  nombre  de  chambres  toutes 
revêtues  en  marbre  ,  n'est  autre  chose  qu'un 
temple  égyptien  bâti  en  pierre  calcaire  ,  et  dont 
les  dimensions  sont  d'environ  88  pieds  sur  58. 
Il  est  précédé  d'un  portique  de  deux  colonnes  , 
et  son  éiage  intérieur  n'est  composé  que  de 
quinz;  pièces  dont  onze  sont  fort  retrecies  ,  et 
dont  la  plus  remaïquable  paraît  avoir  servi 
pour  les  oracles  On  en  publiera  une  descrip- 
tion complette  avec  les  dessins  ,  dans  la  col- 
lection des  antiquités  de  l'Egypte.  Quant  au 
Birket  Keroun  ,  son  développement  est  d'envi- 
ron 14  lieues  ,  et  sa  circonférence  de  29.  Sa 
position  géogi.rphique  coïncide  avec  celle  que 
les  anciens  ont  assignée  au  Mœris ,  et  le  citoyen 
Jomard  se  propose  de  faire  voir  dans  la  noiice 
sur  le  lemjie  dont  on  vient  de  parler  ,  que  le 
Birkti  Keroun  est  un  resie  de  ce  lac  fameux 
que  les  voyageurs  et  les  géographes  modernes 
ont  placé  d  une  manière  si  difiérente. 

Les  citoyens  Rozieres  ,  Rouyere  et  Regnault 
se  sont  occupés  des  lechetches  qui  concernent 
les  arts  chimiques  de  lEgypte  ;  ils  se  sont  prin- 
cipalement attachés  ,à  ceux  qui  ayant  été  connus 
des  anciens  égyiiens  ,  se  sont  conservés  jusqu'à 
présent  parmi  les  égyptiens  modernes  ,  tels  que 
la  fabrication  du  sel  ammoniac  ,  l'art  de  faire 
éclore  les  poulets  par  le  moyen  de  la  chaleur 
artificielle  ,   etc. 

Ils  ont  rassemblé  et  examiné  les  renseigne- 
mens  qui  existent  sur  les  arts  raétallurgîtiues  et 
inanufacturiels  des  anciens.  La  nature  des  pote- 
ries antiques  et  de  leurs  diverses]  couverles^,  les 
verres  ,  les  émaux  ,  les  pâtes  dont  sont  formées 
les  idoles  qui  se  trouvent  dans  les  ruines  égyp- 
tiennes ,  ont  éié  examinés  ,  et  même  déjà  sou- 
mis en  partie  à  une  analyse  exacte. 
.  Les  ciments  ,  les  mortiers  ,  les  enduits,  les  cou- 
leurs qui  ornent  encore  les  temples  et  les  ou- 
vrages égyptiens  ,  seront  examinés  de  la  même 
manière. 

L'embaumement  des  momies  d'hommes  et  de 
différens  animaux  ,  qui  doit  faire  maintenant  un 
des  points  principaux  de  nos  connaissances  sur 
les  coutumes  et  les  cérémonies  religieuses  des 
égyptiens,  a  été  observé  et  décrit  avec  beaucoup 
de  détails  ;  la  nature-  des  matières  qu'on  y  a 
employées  a  été  constatée  par  les  moyens  que 
l'analyse  peut  fournir;  enfin,  tout  ce  qui  peut 
servir  à  taire  connaître  l'éiat  des  connaissances 
et  de  l'industrie  des  égyptiens  sur  cette  partie  , 
a  été  recueilli  soigneusement. 

On  a  également  eu  pour  objet  en  décrivant 
les  arts  chimiques  de  lEgypte  moderne  ,  de  cons- 
tater létat  actuel  de  ces  arts  ,  et  de  tracer  le 
tableau  exact  de  cette  partie  de  l'industrie  dans 
le  pays  où  elle  semble  avoir  pris  naissance. 

Cependant,  quoique  en  entreprenant  ce  tra- 
vail ,  ils  aient  eu  principalement  en  vue  de 
recueillir  des  matériaux  iniéressanspour  l'histoire 
des  arts  ,  ils  ont  rencontré  souvent  certaines  pra- 
tiques particulières  qui  pourraient,  si  elles  étaient 
connues  dans  nos  fabriques  ,  en  faire  modifier 
quelques  procédés  d'une  manière  avantageuse  : 
ces  divers  points  ont  été  examinés  avec  plus 
d'attention  ;  et  les  renseignemens  ayant  été  pris 
Jépatément  ,  leur  comparaison  a  fourni  les 
moyens  de  s'assurer  de  leur  exactitude.  Des  des- 
sins détaillés  relatifs  à  chacun  de  ces  objets  , 
ont  été  pris  sur  les  lieux. 

Ils  s'empresseront  de  faire  connaître  ces  di- 
vers ifdvaux  en  y  joignant  des  renseignemens 
précis  ,  soit  sur  l'origine  des  matières  que  ces 
ans  emploient ,  «oit  sur  les  moyens  dont  00  se 
les  procure. 


—  Le  citoyen  Desgenetles  se  propose  de  publier 
comme  partie  du  travail  de  la  commission  des 
renseignemens  {v.  le  n".  5i  ,  pag.  2.)  le  résultat 
général  des  tables  nécrologiques  duKaire,  recueil- 
llies  avec  beaucoup  d'exactitude  sur  les  rapports 
adressés  par  les  commandans  de  sections  au  gé- 
néral commandant  de  la   place. 

En  attendant  ce  travail  ,  nous  pouvons  déjà 
annoncer  au  public   les  résuliats  suivans  : 

Nombre  des  individus  morts  au  Kaire  les  29  et 
3o  brumaire,  et  en   frimaire  an  7  .      .     3i8 

Nivôse 36r 

Pluviôse 4go 

Veriiôse 699 

Germinal.      ........     5i8 

Floréal 57i 

Piairial '  .      .      .     SSg 

Messidor 604 

Thermidor 726 

Fructidor    et    les    six  jours  complé- 
mentaires       ,      ,      .     736 

Vendémiaire  ,  an  8.    .      .      .      .      .     55o 

Brumaire. 6zt> 


Total   de  368  jours. 


6439 


Extrait  de  C ordre  du  jour  du  24  pluviôse  an  8. 

L'armée  est  préyenue  qu'il  est  expressément 
défendu  à  qui  que  ce  soit  ,  ofliciers  ou  employés 
de  l'armée  de  terre  et  de  mer ,  d'embarquer  au- 
cunes ^marchandises  ou  effets  comraerciables  , 
étiangers  au  service  du  vaisseau  ou  au  besoin 
des  passagers  ,  sous  peine  de  s'exposer  à  êire 
jiuni  conformément  auxibis  de  la  marine,  et  de 
confiscation  des  marchandises  au  profit  de  la 
caisse  des  invalides  de  la  marine. 

Le  n".  60  manque.  — JV".  6j.  —  18  ventôse. 

KAIRE. 

Le  chef  de  brigade  Latour-Maubourg  est  arrivé 
de  France  ,  le  14  du  courant,  au  quartier-général 
du  Kaire  ,  où  il  a  apporté  avec  la  constitution  des 
nouvelles  des  événemens  des  18  et  tg  brumaire. 

Extrait  de  tordre  du  jour  du   17  ventôse  an  8. 

Le  général  en  chef  ayant  exigé  justice  de  l'as- 
sassinat de  deux  grenadiers  de  la  75'deini-brigade 
ttiés  par  des  soldats  échappés  de  l'armée  du  grand- 
visir ,  dans  la  journée  du  12  veniôse  ,  en  lésant 
pa'rbuille  dans  le  Kaire  ,  ciriq  des  osmanlis  ,  cou- 
pables de  ce  crime  ,  qui  Qnt  été  arrêtés  ,  viennent 
d'être  étranglés  aujourd'hui  par  ordre  du  pacha, 
et  leurs  corps  exposés  sur  la  place  Ezbékyéh  ; 
cinq  autres  ont  eu  la  têie  tranchée. 
Le  général  de  division  ,  chef  de  rétat-major-général , 
Signe',  Damas. 

Pour  copie  conforme  au  registre  d'ordre. 
V  adjudant-général ,  sous-chef  de  C  état-major  général. 
Signé ,  René. 

Le  n'  62  du  courrier  d'Egypte  nous  manque, 
nous  voyons  pat  le  n"  63  qu'il  contenait  la  pièce 
officielle  suivante  que  nous  plaçons  ici  pour 
suivre  l'ordre  des  événemens. 

Le  général  en  chef  Kleber  ,  à  l'armée.  -^  Au  quartier- 
général  du  Kaire ,  le  27  ventôse  nn  8  de  la 
république  française,  une   et  indivisible. 

Soldats  ! 

Voici  la  lettre  qui  vient  de  m'être  adressée 
par  le  commandant  en  chef  de  la  flotte  anglaise 
dans  là  Méditerranée. 

A   bord  du  vsisseau  de  S.  M.  B.  7a  Reine 
Charlotte,  le  8  janvier  1800.. 

Monsieur  , 

)j  Je  vous  préviens  que  j'ai  reçu  des  ordres 
i>  positifs  de  S.  M.  de  ne  consentir  à  aucune 
>»  capitulation  avec  l'armée  française  que  vous 
))  commandez  en  Egypte  et  en  Syrie,  à  moins 
>)  qu'elle  ne  mette  bas  les  armes  ,  qu'elle  ne 
)j  se  rende  prisonnière  de  guerre  ,  et  n'aban- 
i>  donne  tous  les  vaisseaux  et  toutes  les  muni- 
)>  tiens  des  ports)  et  ville  d'Alexandrie  aux  pui- 
))  sances  alliées  ;  qu'en  cas  de  capitulation  je 
>>  ne  dois  permettre  à  aucune  troupe  de  retourner 
))  en  France  avant  qu'elle  n'ait  été  échangée. 
)'  je  crois  également  nécessaire  de  vous  informer 
)>  que  tous  les  vaisseaux  ayant  des  troupes  fran- 
>>  çaises  à  bord  ,  et  fesant  voile  de  ce  pays 
)>  munis  de  passeports  signés  par  d'autres  que 
)i  ceux  qui  ont  Je  droit  d'en  accorder  ,  seront 
M  forcés  par  les  officiers  des  vaisseaux  que  je 
>>  commande,  de  rentrer  à  Alexandrie;  enfin, 
11  que  les  bârimens  qui  seront  rencontrés  relour- 
)i  nant  en  Europe  avec  des  passeports  accordés 
ti  en  conséquence  d'une  capitulation  particulière 
)i  avec  une  des  puissances  alliéei  ,.  seront  ratenut 


))  comme  prises  ,  et   tous  les  individus  à   bord 
"  considérés  comme  prisonniers  de  guerre.  >» 

Signé  ,  Keith., 

Soldats ,  nous  saurons  répondre  a  une 
telle  insolence  par  des  victoires;  préparez- 
vous  a  combattre. 

Kleber. 
Le  général  de  division  ,  chef  de  l'état-major 
général  de    l'armée  , 

Signé  Damas.  j| 
JV°.  63.  —  18  germinal. 
KAIRE. 

La  translation  de  l'imprimerie  nationale  à  Gyzéh 
n'a  pas  permis  d'annoncer  pUiiôt  Iss  événemens 
imporians  qui  ont  eu  lieu  depuis  la  publication  du 
n".  62. 

L-i  proclamation  du  général  en  chef ,  du  27 
ventôse  (  Voyez  le  n°.  62  ,  page  41  )  ,  circulait  dans 
l^armée,  lorsque  le  soir  du  même  jour,  environ  trois 
mille  hommes  descendirent  de  la  haute  Egypte  , 
et  prirent  position  au  dehors  du  Kaire  ,  près  la 
Koubéh.  Un  appareil  formidable  de  guerre  se  dé- 
ployait de  tous  côtés  ,  et  annonçait  que  le  mo- 
ment d'en  venir  aux  mains  s'.appiochait. 

Quelques  jours  auparavant  ,  Mourad-bey  qui , 
conformément  à  la  convention  d'el-Arisch,  avait 
passé  à  "fhourah  ,  rive  orientale  du  Nil  à  quel- 
ques lieues  du  Kaire  ,  fit  demander  au  général  en 
chef  un  sauf-conduit  pour  se  rendre  au  camp  du 
grand-visir  à  el-Kankah.  L  adjudant-général  Mo- 
rand fut  chargé  de  l'aller  prendre  et  de  le  conduiie 
à  travers  nos  avant-posles  de  la  Koubéh.  Comme 
le  cortège  de  Mourad-bey  était  composé  d'environ 
quinze  cents  chevatix  ,  toute  la  cavalerie  française 
était  montée  achevai.  Le  général  Leclcrc  qui  la 
commandait  ,  fit  faire  ,  au  moment  où  Ion  up- 
percut le  bey  ,  des  évolutions  qui  insi>jrerent  aux 
mamiouks  un  moment  de  surprise  et  d  inquiétude, 
qui  se  dissipèrent  bientôt  lorsque  l'on  vit  le  gé- 
néral s  avancer  vers  Mourad-bey  ,  et  le  saluer. 

L'adjudant-général  Morand  reçut  ,  au.  moment 
où  il  prit  congé  de  Aiourad  ,  un  cheval  de  race 
eiiharnaché  ,  et  il  fut  revêtu  d'un;  béniche  d'écar- 
laie.  C'est  lafaute  des  français  ,  lui  dit  le  bey  d'unç 
nianière  grjcieuse  ,  si  mon  présent  n'est  pas  plus 
riche.  D'apiè-i  tous  les  discours  que"  les  beys  de 
Mourad  tinrent  à  l'adjudant-général  Morand,  on 
peut'inférer  qu'ils  étaient  incertains  sur  l'accueil 
qu'ils  recevraient  du  grand-visir  ,  et  sur  leur  sort 
ultérieur.  ■ 

Le  28  ,,  vers  les  huit  heures.jfu  soir,  ,îe  général 
en  chef  fit  appeler  ,  et  retint  piès  de  lui  ,  au  quar- 
tier-général ,  Mustapha  pacha  qui  ,  de  son  agré- 
ment ,  avait  résidé  au  Kaire  ,  comme  commissaire 
ottoman  ,  ainsi  que  HaSsan  aga  ,  lefFiadar  ou 
ordonnateur  en  chef  de  1  armée  ,  et  l'on  lit  passer 
à  Gyzéh  l'ofiicier  anglais  ,  pottcur  des  dépêches 
du  lord  Keith. 

A  minuit  environ,  le  géiiéral  en  chef  partit  dt» 
quariier-^énéral  avec  une  faible  escorte  ,  et ,  dans 
le  plus  grand  silence  ,  se  rendit  à  la  Koubéh.  Les 
deux  camps  à  la  droite  et  à  la  gauche  du  fort 
Shuikousky  se  mirent  aussitôt  en  mouvement. 
Eiiitequatie  et  cinq  heures  du  matin  du  2g  ,  on 
entendit  au  Kaire  les  premiers  coups  de  canon  ;■ 
mais  ce  ne  fut  que  le  surlendemain  ,  premier 
germinal  ,  que  I  on  y  apprit  ,  par  l'arrivée  du 
général  Lagrange  ,  la  victoire  completie  rem- 
portée sur  1  armée  ottomane  à  Héiiopolis. 

Sur  ces  entrefaites  ,  Nassif  pacha  ,  battu  à  Ma- 
thariéh,  entra  au  Kaire  ,  avec  environ  six  mille 
osmanlis  ou  mamiouks  ,  et ,  une  quantité  prodi- 
gieuse d'habitans  des  villages.  Il  fut  reçu  avec 
acclamation  au  delà  de  la  porte  des  Victoires  , 
par  une  grande  partie  des  habitans  du  Kaire  ,  qui 
avait  déjà  levé  en  sa  faveur  l'étendaid  de  la  ré- 
bellion. Nassif  proclam~à  la  victoire  aux  sien.i  ,  et 
secondé  par  Osman  efFendy  ,  Ibrahim  et  Elfy 
beys,  il  parvint  à  soulever  la  ville  et  à  former  le 
blocus  de  1  habitation  ordinaire  du  quartier-gé- 
néral ,  place  Ezbékyéh. 

Le  général  de  division  Priant  ,  envoyé  de  Bel- 
beys  ,  au  secours  du  Kaire  ,  confirma  la  Nouvelle 
de  nos  succès  éclatans  ,  et  la  fuite  précipiiée  de 
l'ennemi  qui  était  vivement  poursuivi!  Enfin  ,  le 
géiiéial  en  chef  arriva  lui-même  le  6  au  matin  ;  il 
trouva  sa  maison  complettement  investie  et  battue 
par  cinq  pièces  d'artillerie.  Tous  les  rajjports  con- 
firmaient que  les  rues  étaient  barricadées  par  de 
fortes  murailles  crénelées  ,  e'i  chaque  maison  ciait 
devenue  Uk^c  citadelle  dont  on  avait  déjà  atuqjé 
plusieurs  avec  avantage  ,  et  d'autres  avec  quel- 
ques pertes. 

La  première  chose  dont  le  général  en  chef  s'oc- 
cupa ,  (ut  d'cnlierenpourpailer  avec NiiKsif  pacha 
et  Osman  eflendy  ,  par  l'entremise  de  Mustapha 
pacha.  Le  1 1  germinal  ,  les  hostilités  ces,>èieh;  ,  et 
on  éleva  une  tente  au  milieu  de  la  place  Ezbékyéh 


pour  les  coï»fetencesi  On  v«  s'y  i'endre  "des  8eux 
côiés  le  général  chef  de  i'état-ma*or-général ,  plu- 
sieurs cnefs  de  l'armée  ouomane  ,  et  quelques 
Elieykhs  du  Kaife  ,  chargés  de  réclamer  le  pat  ion 
du  vainqueur  pour  les  habitans  de  cette  ville. 

Le  résultat  de  celte  conférence  fut  une  capitu- 
lation d'après  laquelle  lès  troupes  oliomaiies 
jiev.jiient  sortir  soùs  iroisjours  du  K.aire  a-vec  armes 
et  b.agAges,  et  remettre  le  lendemain  matin  tous 
les  postes  qu'elles  occupaient  autour  de  la  place 
Ezbeky"éh  ;  mais  on  fui  bien  étonné  le  lendemain 
de  voir  que  ces  Iroiipes  refusèrent  de  céder  leuis 
postes.  Un  parlemeni.Hire  de  Nassif  pacha  apporta 
au  quartier-général  une  lettre  adressée  à  Mustapha 
pacha  ,  dans  laquelle  il  témoignait  ses  regrets  per- 
sonnels ?u,r  l'ihexécuijon  de  k  capitulation  ,  et  il 
lui  disait  que  non-seulement  les  janissaires,  les 
inamlfpuks  et  le  peuple  du  Kaire  révolté ,  se 
refusaient  formellemen.t  à  exécuter  la  capitula- 
tion ,  mais  qu'ils  préféraient  plutôt  s'ensevelir  sous 
les  ruines  embrasées  de  leur  ville ,  que  de  la  livrer 
jamais  aux  mains  des  infidèles. 

Au  moment  on  nous  écrivons  (  18  germinal  )  . 
il  est  arrivé  de  nouvelles  troupes  de  Ssaléhhiéh 
«t  de  là  basse  Egypte  qui  resserrent  plus  étroiie- 
nient  la  ville;  il  est  arrivé  des  convois  de  muni- 
lions  ;  Je  bombardement  est  comipencé  de  la 
citadelle,  dés  forts  Dupuis  ej  Shuikoujky,  des 
batteries  du  Quartier-général  et  de  toutes  celles 
placées  siir  les  hauteurs  qui  dominent  la  ville  ; 
enfin  .  tout  annonce  que  1  issiie  du  siégf  nçpourra 
manquer  d'être  funeste  aux  ennemis. 

N"  64.  -^  s4  germinal. 

KAIRE. 

Kleber ,  général  en  chef,  aux  invalides  ahotus  de 
l'armée.  —  Au  quartier-général  du  Kaire,  a  ger- 
minal an  8. 

Braves  soldats ,  j'ai  voulu  alléger  vos  souffrances 
en  vous  rendant  à  votre  patrie  ;  la  mauvaise  foi  de 
nos  ennemis  s'oppose  à  mes  projets....  Qiie  votre 
courage  vous  mette  au-dessus  de  leur  perfidie, 
et  bientôt ,  je  vous  le  promets  ,  vous  ne  devrez 
cette  laveur  qu'à  vos  compagnons  victorieux. 

Soldats,  vous  êtes  toujours  l'objet  de  ma  solli- 
citude ,  et  c'est  afin  de  pourvoir  plus  facilement  à 
vos  besoins ,  que  j'ordonne  ce  qui  suit  : 

Art.  I"^.  Les  invalides  absolus  seront  formés  en 
une  demi-brigade  de  deux  bataillons  ,  et  chaque 
bataillon  sera  composé  de  quatre  compagnies. 

IL  Le  plus  ancien  chef  de  brigade  prendra  le 
commandement  dp  ce  corps  ;  les  autres  seront  à 
la  suite  :  il  en  sera  de  même  des  chefs  de 
bataillon. 

.  Les  officiers  et  sous-officiers  seront  répartis  en 
nombre  et  grades  égaux  dans  les  compagnies. 

IIL  II  y  aura  ua-idjudant  major ,  un  adjudant 
sous-officier  ,  et  un  quariier-maîire  par  bataillon. 

Il  y  aura  un  conseil  d'administration  à  l'instar 
des  autres  corps. 
_  TV.  Le  premier  bataillon  sera  en  garnison  à  la 
citadelle  du  Kaire  ,  aiinsi- que  l'état-raajor.  Lés 
deux  premières  compagnies  du  second  bataillon 
seront  à  Alexandrie  ,  les  deux  autres  à  Rosette. 

V.  Ce  corps  sera  assujetti  à  toutes  les  règles  de 
discipline  militaire  ;  mais  son  service  ne  sera  que 
relatif  à  sa  police  intérieure ,  sauf  les  cas  extra- 
ordinaires. 

VI.  Aussitôt  que  ce  corps  aura  été  formé ,  et 
<}ue  la  revue  en  aura  été  passée  et   arrêtée ,  les 
individus   le   composant   cesseront  d'être  portés 
sur  les  contrôles  des  corps  auxquels  ils  auraient  1 
appartenu. 

VII.  Les  officiers,  sous-officiers  et  soldats  rece- 
vront tous  la  solde  accordée  à  l'infanterie,  qiri 
sera  chaque  mois  tenue  au  courant,  sans  qu'il 
puisse  y  avoir  d  arriéré. 

VIII.  Le  chef  de  l'éial-major-général  donnera 
les  ordres  des  détails  nécessaires  pour  la  prompte 
exécution  des  dispositions  ci-dessus. 

Signé ,  Kleber. 

Ordre  du  jour  du  sS  germinal  an  8. 

Le  général  en  chef  a  été  fort  content  de  la  con- 
duite du  détachement  dés  dromadaires  qui  a  été 
employé  ,  dans  la  nuit  dii  21  9u  32,  à  s'emparer 
de  la  maison  ci-devant  occupée  par  la  direction 
du  génie,  près  celle  du  général  Reytiier,  ainsi  que 
du  cléiacheraent  de  la  88'  et  des  grenadiers  de  Ta 
s5'  qui  ont  travaillé  ensemble  ,  avec  la  plus  grande 
activité  elle  plus  grand  courage  à  faire  ,  pendant 
là  nuit  et  dans  la  matinée  du  M  ,  tous  les  travaux 
nécessaires  pour  la  sûreté  de  ce  poste  ;  Ion  s'y  est 
établi  si  solidement  et  si  rapidement ,  que  l'ennemi 
a  eu  vingt  hommes  tués  et  au  moins  autant  mis 
b'ors  de  combat,  tandis  que  nous  n'avons  eu  que 
deux  soldats  légèrement  blessés.  Les  (5fficiers  du 
génie  et  le  détachement  de  sapeurs  employés  à 
cette  attaque  ont  aussi  mis  le  plus  grand  zele  à 
fonifier  Ce  poste  :  le  général  en  chef  leur  en  té- 
moigne à  tous  sa  sàtislaction. 

.    Le  général   de  division  ,  chef  de  l'état-major 
générdh        Sign^',^  Çaji^s. 


1414 

—  Le  bombardement  du  Kaire  conjïnue  ,  et  les 
enncmis'resserrés  chaque  jour  de  plus  en  plus  ne 
peuvent  guère  résister  davantage. 

N°  6j.  —  3o  geripiti?!. 

Le  général  eh  chef  fit  sommer  pour  la  troisième 
fois  ,  le  24  du  courant  ,  les  liab'iiaiis  de  Boulaq 
de  Se  soilinettr.e ,  en  leur  promettant  qu  un  oubli 
.profond  du  passé  et  une  proicciio.n  efficace  se- 
raient leprix  de  leur  obéissance.  Ils  ié,iondirenl 
qu'ils  étaient  lésalus  à  suivi.e  ie  sort  du  Kaire,  et 
qu'ils  se  d.éfciidiaient  j.us(iu'à  la  dernière  exiré- 
milé  ,  si  on  les  attaquaii.  Tous  îles  moyens  de 
conciliation  ayaul  donc  éii  vainement  épuisés  ; 
le  général  de  division  Fiian-t  reçut  ordre  de  se 
présenter  le  lendemain  devant  CLiif  ville  a,vec 
une  partie  de  sa  division  ,  de  latiaquer  et  de  la 
prendre  de  vive  force  ,  si  les  habitans  ne  se  sou- 
mettaient pas  ,  à  la  vue  des  tioujies. 

Le  25  ,  cet  ordre  fut  exécuté;  la  ville  fut  bom- 
bardée ;  il  y  eut  un  combat  des  plus  acharnés  ;  le 
feu  embrasa  une  partie  des  plus  beaux  éd.fices  ; 
le  sang  coulait  de  tous  côtés,  et  les  cris  de  la 
fureur  et  du  désespoir  éclataient  dans  l'intérieur 
des  murs,  lorsque  Ion  offrit  encore  aux  ennemis 
l'olivier  de  la  concorde.  Ils  rejettent  toutes  pro- 
positions; le  combat  s'engage  de  nouveau  ;  1  in- 
cendie se  déploie  avec  plus  d'activité  ;  on  pénetie 
de  toutes  parts ,  et  le  pillage  dura  quelques  heures 
pour  cesser  à  l'instant  même  où  les  principaux 
de. la  ville  vinrent ,  au  nom  du  peuple  ,  invoquer 
trop  lard  la  clémence  d'un  vainqueur  généreux. 

Le  26  ,  on  prépara  une  expédition  sur  Souès. 
L'on  avait  aussi  projette  ,  sur  toutes  les  maisons 
qui  environnent  la  place  Ezbékyéh  ,  une  attaque 
dont  l'exécution  fut  retardée  par  une  pluie  tiès- 
abondante  qui  se  serait  opposée  au  développe- 
ment de  l'incendie. 

.  Le  27  ,1e  bombardement  et  ia  canonnade  con- 
tinuèrent ,  et  il  y  eut  quelques  fusillades  assez 
vives. 

On  exécuta ,  le  28 ,  le  projet  d'attaque  du  26. 
Le  général  de  division  Reynier  pénétra  fort  avant 
dans  la  ville,  et  incendja  une  grande  quantité  de 
maisons.  La  division  Priant  mit  le  feu  aux  mai- 
sons qui  avoisinent  la  droite  de  la  place  Ezbé- 
kyéh. La  mine  praiiquée  sous  la  maison  ci-devant 
occupée  par  le  général  Reynier  ,  fit  un  très-grand 
effet  :  les  osmanlis  perdirent  un  très-grand  nombre 
d'hommes.  Le  même  jour  ,  des  pour-parleu  lou- 
chant la  reddiiion  du  Kaire  recommencèrent  avec 
Osman-bey  Bardychy  et  Osman-bey  Askar  qui 
étaient  chez  le  général  en  chef  pendant  l'attaque. 

Le  29  n'a  présenté  aucun  événement  militaire 
remaïquable  ;  on  vit  seulement  aller  et  venir  Ité- 
quemment  plusieurs  kachefs  et  mamiouks  de 
Mourad-bey  ,  de  leur  camp  dans  la  ville,  et 
chez  le  général  en  chef.  Il  partit  aussi  pour 
Soués  un  déiachèm^ride  troupet  commandé  par 
l'adjudani-général  Mïc-Sechy  cl  le  chef  de  bri- 
gade Lambert. 

Aujourd'hui  3o  ,  on  a  attaqué  les  environs  de 
la  mosquée  située  derrière  la  maison  du  général 
Reynier  qui  avait  sauté  l' avant-veille ,  et  on  a  mis 
le  feu  à  la  maison  ci-devant  occupée  par  l'agent 
en  chef  des  hôpitaux  ,  et  à  celle  qui  est  conugue. 

On  voit  que  la  position  des  ennemis  devient 
de  jour  en  jour  plus  cridque. 

JV"  66.  ■ —  gforéal. 

Lp  kyaya  du  visir ,  qwi  était  retourné  prés  de 
Nassif  pacha,  le  29  germinal,  après  avoir  eu  une 
audience  publique  du  général  en  chef,  revint 
le  3o  apporter  des  propositions  pour  l'évacuation 
du  Kaire  par  les  osipanlis.  Le  général  en  chef 
lui  remit  les  articles  de  la  capitulation  qu'il 
voulait  accorder  aux  assiégés.  Avant  de  les  porter 
à  Nassif  pacha  et  à  Ihrahin-bey,  le  kyaya  du 
visir,  qui  n'avait  pu  obtenir  du  général  en  chef 
une  suspension  d'armes  ,  lui  demanda  qu  aumoins 
il  ne  lit  pas  d'aussi  grandes  attaques  que  celle  du 
sS, parce  qu'il  était str  que  l'on  s'arrangerait  pour 
l'évacuation.  Le  général  en  chef  ne  promit  rien; 
et  le  soir,  il  y  eut  une  nouvelle  attaque  dans  le 
quartier  de  la  Tannerie  ,  oîi  l'on  vint  mettre  le 
feu  jusqu'aux  maisons  de  la  place  Ezbékyéh , 
voisine  de  celle  ci-devant  occupée  par  le  géné- 
ral Reynier  . 

Letnêmejour,Osman-bey-el-Askqar  et  le  kyaya 
du  visir  furent  convaincus  que  nous  édons  maîtres 
de  Damiette  ,  en  voyant  les  officiers  lurks  qui 
commandaient  dans  cette  place,  qu'on  avait  fait 
venir  de  Gyzéh  pour  leur  parler  et  leur  donner 
la  certitude  que  nos  troupes  occupaient  la  place 
de  Lesbéh  ;  ce  qu'ils  paraissaient  ignorer  jus- 
qu'alors. "  ' 

Le  kyaya  revint ,  le  premier  .floréal ,  apporter 
au  généi'ai  en  chef  la  capitulation  signée  par 
Nassif  pacha   qui  l'avait  acceptée. 

Le  2  au  matin  ,  l'échange  des  otages  récipro- 
qties  ,  en  garantie  de  l'exécution  ,  se  fit  sur  la 
place  Ezbékyéh.  Les  otages  français  furent  con- 
duits d'abord  où  se  trouvaient  les  chefs  de  l'ar- 
mée turke  ,  et  envoyés  ,  sous  la  garde  d'Elfy  bey 
et  de  quelques  mamiouks  ,  dans  une  maison  du 
qi^artier  Gémehf  :  ils  furent  assaillis  en  route  par 


Iji  Pfk{>}i1a«e  qv5  îeuf  4i.S9't"lÊS  plus  gj-andes  injii- 
fes  ,  au  point  qu'Éffy-bey  les  ht  entrer  dans  une 
raosqiiée  où  il  4"ut  ofeli.!ié  de-faire  mettre  le  sa^K 
à  la  main  à  ses  mamiouks  ,  et  barricader  les 
po,ites  .  pour  les  mettre  à  l'abri  des  insultes  t  ils 
y  resiereiit  ju^ques  dans  la  nuit  où  ils  rcjoigniretjt 
la  maison  dElfy-bey. 

Les  poste§  fie  J'eiit^emi  futept  retirés  ce  même 
jour  de  lautre  côié  du  canal  qui  traverse  le 
Kaice  f^^p.ujs  la  piise  d'eau  ,de  I  aqueduc  jusV 
qu'auprès  du  fqrt  S|ialkouiki ,  et  les  postes  fran- 
çais fur;:nl  portes  sur  la  rive  gauche  de'  çu  canal 
dont  ils   occupaieiit  tpus  («s  ponts. 

Le  même  jour,  le  général  en  chef  public  In 
pcoclàmation  suivante. 

Kleber,  général  en  chef ,  à  i'ar^ifée.^Âu  QuattiffTr 
générai  du,  Kaire  ,  le  2  floréal  <?»§., 

Soldats,  pour  épargner  votre  sa-ng  ,  j'ai  fait 
marcher  de  front  les  négociations  avec  les  opé- 
rations militaires.  Le  plus  grand  obstacle  que  j'ti 
rencontré  est  celui  de  parvenir  à  rassurer  lei 
habitans  contrç,^Je  pillage  et  la  dévastation  : 
l'exemple  de  Boulaq ,  où  je  vous  ai  permis 
d'assouvir  un  instant  votre  juste  vengeance  ,  était 
terrible  à  leurs  yeux.  Je  suis  parvenu  à  dissiper 
leurs  craintes  ;  je  leur  ai  promis  sûreté,  pro- 
tection ,  tant  pour  leurs  personnes  que  poui: 
leurs  propriétés  ,  et  aussitôt  ils  ont  de.tsé  d'appor- 
ter des  «rapêchemens  à  la  sortie  des  troupes 
ottomanes. 

Soldais,  quand  votre  chef  prend  des  ensSee- 
I  mens  au  nom  de  l'armée  ,  c'est  à  vous  a  les 
remplir.  Je  compte  à  cet  égard  également  sur 
votre  obéissance  et  sur  le  sentiment  de  yotrç 
propre  intéiêt  ;  un  seul  excès  pourrait  rendrç 
illusoire  la  capitulation  qu  vient  d'être  conclue. 
Ne  vous,  bornez  donc  point  à  vous  abstenir  dij 
moindre  désordre  ;  mais  empêchez  encore  qu'il 
n'en  soit  commis  par  cette  foule  d  hommes  qui , 
cachés  pendant  que  les  dangers  vous  entourent, 
ne  sortent  de  leurs  refuges  ,  lorsque  le  péril  est 
passé,  que  pour  mettre  le  comble  à  leur  dés- 
honneur. Je  défends  toute  espèce  de  pillage  ,  et 
m'en  réfère  à  ce  sujet  à  mon  ordre  du  27  ger- 
minal dernier.  Signé  Klebeç. 

Les  3  et  4,  il  sortit  de  la  ville  une  grande 
quantité  de  m«imlouks  qi^i  rejoignirent  Mourad-r 
bcy. 

Le  5  ,  la  ville  fut  entièrement  évacuée  par  le» 
osr*ianlis ,  et  les  otages  réciprO(jue;pe<it  jrçndltf  à 
dix  heures  du  matin. 

La  division  du  générai  Reynier  partit  pour  es- 
corter les  turks  justju'à  Ssalehhyeh  ;  il  régna  le 
plus  grand  ordre  dans  la  roule  ;  et  les  osmanlis, 
qui  d'abord  avaient  été  effrayés  de  se  voir  suivit 
par  l'infanterie  française  ,  prirent  bientôt  conr 
hance  lorsqu  ils,  virent  qu'ils  n'avaient  rien  à  eii 
craindre.  La  prise  de  possession  de  la  ville  fui 
annoncée  lesoirp^r  des  salyes  ^^ttillçriç  de  (o<us 
les  forts. 

Le  6,  on  s'occupa  à  détruire  dans  l'intérieur 
de  la  ville  les  barricades  et  fortifications  de 
l'ennemi  ,  t.^nt  autour  de  la  place  Ëiibékyéh  , 
que  dans  les  diflèrentes  riies. 

Le  7  ,  le  général  en  ctief  fit  réunir  en  avant 
de  la  Koubéh  la  division  du  général  Pliant,  îa 
cavalerie  et  l'artillerie  qui  étaient  au  Kaire.  Après 
avoir  passé  les  troupes  en  revue  ,  leur  avoir  té- 
moigné s,a  saiisftiction ,  et  fait  exécuter  diSerentea 
manoeuvres  en  présence  des  beys  Osman  el- 
Berdichy  et  Osinan  el-Ac{iqar  ,  qui  avîtietïl  désiré 
l'accompagner  ,  ce  corps  d  armée  ,  dans  la  plu», 
belle  tenue  ,  fit  son  erirrée  trionjphale  dans  la 
ville  du  Kaire  par  la  porte  des  VictP'tes.  Les 
cheyks  de  la  loi  ,  les  agas  et  les  chefs  des 
différentes  corporations  fesaient  partie  du  cor- 
tège ;  l'infanterie  marchait  la  première  ,  le  général 
en  chef  ensuite  ,  et  la  cavalerie  derrière.  L'en- 
trée des  troupes  au  Kaire  fut  annoncée  par  de* 
salves  d'artillerie  de  tous  le^  forts. 

Le  8  n'a  offert  aucun  événement  remarquable. 

Aujourd'hui  9 ,  le  général  en  chef  a  des  con- 
férences avec  les  beys  Osman  el-Berdichy  et 
Osman  el-Achqar,  sur  plusieurs  affaires,  et  eii 
particuher  sur  le  départ  de  Mourad-bey  pour  la 
haute  Egypte  ,  et  il  a  déterminé  avec  eux  un 
rendez-vous  pour  demain  10 ,  au  yiUage  de 
Syriéh ,  près  Gyzéh. 

Le  cit.  Gloutier  ,  administrateur  -  général  des 
finances  ,  et  membre  de  1  institut  d'Egypte  ,  est 
mort  à  Gyzéh  le  6  du  courant ,  regretté  de  tous 
ceux  qui  l'ont  connu  ,  comme  réunissant  à  une 
probité  austere^'On  jugement  sain  et  très-exercé 
dansles  différentes  parttesde  l'économie  politique. 

N"-  67.—  i^floréaL 
Ordr/e  du  jour  du  lo  J$réal  an  8. 

Le  20  floréal ,  toutes  les  garnisons  de  l'Egypte  , 
excepté  celle  du  Kaire,  célébreront  par  des  salves 
d'.irtillerie  et  des  décharges  de  mousquetetrie  ,  la 
victoire  d'Héliopolis  et  la  prise  du  Kaire  ,  c'est-à- 
dire  ,  X'Egyptt  reconquise. 

Des  six  mille  turcs  qu!  s'étaient  jeté,s  d^ns  li^. 
Kaire,  sous  les  ordres  de  Nassif  pacha  et' d'Osœaiâ' 


Effendi,  3,000  6eul«metit  sonit  sortis,,  le °5flo(éa). 
par  capiiulation  ;  les  autres  ont  élé  lues  ou  blessés  : 
ces  derniers  sont  restés  en  notre  pouvoir. 
Il  a  été  pris  à  l'ennemi  60  bouches  à  feu, un  grand 
ijpnibre  de  caissons, el  11  7  dr»peauxou  étendards, 
fant  à  Maiharyeh  qu'à  Belbcys  ,  Ssalehhyeh  ,  Da- 
,  miette  et  au  Kaire. 

'Àssitôt  après  que  tous  les  rapports  des  diffé- 
içni_es  armes  seront  parvenus  au  général  en  chet, 
.î)  fera  connaître  par  l'ordre  du  jour  les  (niliiwires 
'  qui  ont  eu  plus  parliciilièreiiient  occasion  de  se 
d)stingi!er  dans  les  dilfétens  combats  de  cette 
glorieuse  campagne,  ainsi  que  des  récompenses 
militaires  accordées  à  leur  valeur. 

Kléber  ,  général  en  chef,  ordonne  : 
Art.  1".  Tout  habitant  du  Kaire  qui  donnera 
asyle  à  un  osmanlis  ou  niamlouk  ,  sans  en  avoir 
fait  sa  déclaration  préalablp  au  commandant  mi- 
liiaite  ,  vingt-quatre  heures  après  la  publication 
du  présent  ordre  ,  sera  puni  dç  mort  ,  sa  maison 
rasée  et  ses  biens  confisqués  au. profit  du  fisc.j.j.^ 

il.  Le  géxiéral  en  chef  promet  une  récompense 
de  .5oo  piastres  à  celui  qui  dénoncerait  avec  fon- 
dement un  contrevenant  à  l'ordre  ci-dessus. 

III.  Tout  soldat  .français  qui  arrêterait  dans 
les  rues  du  Kaire  ou  dans  les  environs  de  cette 
ville  ,  soit  un  osraardis  ,  soit  un  raamlouk  ,  rece- 
vra comptant  une^gratiHcaiion  de  100  liv.  ;  à  rnoins 

'  que  ledit  osmanlis  ou  Hiamlouk  ne  soit  porteur 
d'une  carte  de  sûreté  ,  signée  par  le  chef  de  j'étal- 
major  général. 

IV.  Les  osmanlis  qui  durant  les  5  jours  qui  sui- 
vront la  publication  du  présent  ordre  ,  seraient 
arrêtés  ,  seront  considérés  comme  prisonniers  de 
guerre.  Ceux  arrêtés  après  ce  terme  ,  seront  re- 
gardés comme  espions  ,  el  punis  de  mort.  Les 
itiamiou'ks  arrêtés  en  contravention  ,  seront  répu- 
tés déserteurs  ,  et  employés  aux  travaux  des  for- 
ij^cations  ,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  été  réclaittés 
par  Mourad-bey.  ■  - 

V.  Les  osmanlis  ou  mamlouks  blessés  seront 
iransportés  dans  un  des  hôpitaux  ,  ou  ils  seront 
traités  avec  les  mêmes  soins  que  les  français. 

JV°.'^i8.    —    27  jl.oréat, 

L'armée  a  léié  prévenue  par  l'ordre  du  jour 
du  17  d-u  courant,  que  le  général  en  chef  avait 
affccordé  la  paix  à  Mourad-bey  ,5  au  nom  de  la 
république  ,  en  lui  fesant  concession  des  revenus 
de  la  province   de  Gyrgéh. 

KUber  ,  général  en  chef.,   à  l'armée.  —  Au  quartier- 
léjiéral  eu  Kaire;  le  18  floréal  an  8. 

Soldats, 

Les  intérêts  de  la  république  ont  rendu  néces- 
«àires  l'établissement  d'une  nouvelle  constitution  , 
et  je  suis  chargé  de  la  proposer  à  votre  accep- 
tation. Je  désire  que  votre  adhésion  soit  unanime  , 
(jtque  ,  malgré  la  distance  qui  vous  sépare  de  vos 
«oncitoyens,vous  confondiez  vos  opinions, vos  sen- 
t?nnen5  et  vos  vœux  avec  ceux  de  la  nation  entière. 

Le  général  en  chef  ordonne  : 

1^.  Des  exemplaires  delà  constitution  de  l'an 
8  seront  envoyés  à^  tous  les  corps  de  l'armée  , 
pour  qu'elle  soit  soumise  à  leur  acceptation , 
à  la  diligence  des  officiers  et  généraux  ,  chefs  de 
corps   commandans  de  place  ; 

•i".  Les  réunions  des  corps  ou  détachemens, 
à  ce  sujet,    auront  lieu,  sans  armes  ; 

3°.  11  en  sera  dressé  des  procès-verbaux  , 
lesquels  seront  envoyés  sans  délai  au'  chef  de 
l'êtat-major  général. 

Signé  ,    Kleber. 

Pour  copie  conforme  , 

Le  général  de  division  ,    chef  de   tétat-major 
général  de   l'armée  , 

Signé  ,   Damas. 

Extrait  d'une  lettre  du  général  de  brigade  Donxelot 
'  au,  général  en  chef  Kleber.  — A  Bebéhaudessvs  de 
Beny-Souef,    le  ii^  floréal  an  S. 

On  me  dit  hier  que  Mourad-bey  était  à  Mlnyé  , 
Moh,arpraed-bey  el-Manfou  àMelany,  et  Derwich 
paiiha  à  Syouih  ;  pour  de-là  aller,  par  Kosseyr , 
rejoindre  à  M.édine  Yousep  pacha  ,  son  ancien 
nj^ttç.  ' 

-Aujourd'hui  ,  l'on  dit  qu'à  l'approche  de  Moii- 
lad  ,  Derwich  a  abandonné  son  camp  et  ses 
bagages,  et  s'est  sauvé  snr  la  rive  droite  avec 
quelques  hommes.  L'on  ajoute  que  des  beys 
ont  aussi  passé  le  Nil ,  et  sont  à  sa  poursuiste,  Qn 
porte  à  ^S,OKlO.  piastres  la  caisse  de  ce  pacpa 
qui  a  été  prise.  D'autres  disetjt  que  ce  paçba  «( 
aciêtc  ,   et  qu'on   doit  vous  l'envoyer. 

Demain  ou  après-demain  je  serai  mieux  in&- 
tniit. 

penriant  le  «iege ,  ce  pacha  était  descendu 
ju^qu'à  Bcbéh  011  il  ne  resta  que  deux  jours. 
Ayant  appris  le  résultat  du  siège  ,  il  retourna 
de  suite.    Il    fut    d'ailleurs    abandonné    par   les 


1415 

tahoûis.',  lie?  Zedds',  étaient   de  ce  nombre,  tls 

habstenr  dans  île  premier  arrondissement. 

La  troupe  de  Derwic'h  était  de  l5o  janissaires 
et  de  5o  à  60  'hommes  à  cheval  ;  plus  un  ca- 
chef  d'Ibrahim-bey  avec  environ  25  mamlouks. 
En  descendant ,  ce  pacha  devait  encore  augmen- 
ter son  armée.  Elle  a  commis  as.sez  de  désordres 
dans  ce  canton  pour  faire  regretter  les  fran- 
çais. 

En  passant,  Qsipan-bey  el-Achqar  a  recom- 
mandé ,a.u  theykl)  ,de  Bcbéh  de  bien  recevoir 
les  fiançais. 

Il  est  au  surplus  public  dans  le  pays  ,  que 
Mourad  ,  salué  par  les  chcykhs  de  plusieuis  vil- 
lages et  de  Miniéh  ,  leur  a  répondu  :  Je  suis 
actuelkjnent  un  sultan  français  ;  les  français  et 
moi  ne  sommes  qu'un. 

Ordre  du  jour  ,  â'u  gjoréal  an  S.  —  Au  quartier- 
général  du  Kaire.  ■ 

KtÈBER  ,  général  en  chef,   ordonnes 
Article  I".  La  commission   des   subsistances  , 

créée    par  l'ordre  du    22    vendémiaire  dernier  , 

est  supprimée. 

II.  L'ordonnateur  en  chef  et  ce'ui  .de  la  ma- 
ritre  ,  le  payeur-général  ,  le  citoyen  Beaude  et  le 
citoyen  Reynier  ,  ci-devant  agent  français.,  for- 
meront un  comité  administratif. 

III.  Ce  comité  sera  spécialement  chargé  de 
l'administration  de',  grains  que  cenaincs  provin- 
ces de  l'Egypte  paient  en  sus  de  leur  contribu- 
tion en  argent  ,  du  mobilier  national  ,  des  sai- 
sies ,  des  prises  maritimes  et  autres  ,  de  tomes 
les  contributions  extraordinaires  et  drorti-. quel- 
conques payés  .çn  nature. 

IV.  11  dressera,  à  fur  et  mesure  des  recou- 
vremens  ,  l'état  estimatif  de  tous  les  objets  en- 
trant  en  tnagasin  ,  indiquant  exactement  , 

Les  noms  des  individus  qui  les  auront  remis  , 
Ceux  des  experts  qui   les  auront  estimés  , 
'Et  le  montant   de  leur  estimation. 

V.  Lorsqu'il  s'agira  d'un  recouvrement  consi- 
dérable à  opérer  hors  du  Kaire  ,  uji  membre  de 
ce  comité  se  transportera  sur  les  lieux  pour 
en  être  plus  particulièrement  occupé  ,  et  éviter 
toute  dilapidation. 

■yi.  Les  objets  pjopres  au  service  de  la  ma- 
rine ,  de  l'ariillcrie  ,  du  génie  ,  des  subsistances , 
des  hôpitaux  et  des  transports  ,  ne  pourront  ja- 
mais changer  de  destitiation  ,  et  ils  seront  lou- 
joui^s  livrés  à  ces  services  au  prix  de  leur  es;i- 
malion. 

VII.  A  l'égard  des  objets  non  propres  aux 
services  ci-dessus  ,  ils  seront  toujours  vendus  à 
l'encan  ,  en  ^irésence  de  deux  mciphres  au  moijis 
clu  comité  ,  et  de  deux  officiers  nomrnés  par 
l'élat-major-général  ,  ou  donnés  en  paiement  par 
le  payeur  gétiérai  au  prix  de  l'estimation.  Les 
ventes  seront  toujours  annoncées  dix  jours  d'a- 
vance ,  et  ne  pourront  être  faites  qu'au  Kaire. 

VIII.  Il  ne  pourra  rien  sortir  des  magasins 
djj  comité  sans  un  ordre  signé  de  trois  de  ses 
membres  au  moins. 

IX.  Le  général  en  chef  mettra  tous  les  mois, 
à  la  disposition  du  comité  administratif,  les 
fonds  qui  lui  seront  nécessaires  pour  le  paiement, 
tant  des  appointemens  de  ses  membres  et  em- 
ployés ,  que  des  frais  quelconques  auxquels  il 
sera  assujetti. 

X.  L'ordonnateur  en  chef  sera  le  président  né 
de  ce  comité  ,  qui  tiendra  ses  séances  au  moi.  s 
cinq  fois  par  décade,  clans  un  lieu  particulier  qui 
lui  sera  désigné. 

Signé  y  Kleper. 
Le  général  de  division  ,  chef. de  l'état-major-général. 
Signé  ,   Damas. 
Pour  copie  conforme   au  registre  d'ordre. 
L'adjudant-général,  sous-chéf  de  l'état-major-général. 

René. 


Ordre  du  jour  des  27  ,  a8  et  29  prairial.  —  Au 
quaitier-général  au  Kaire. 

Rien   de  nouveau. 

Ordre  du  jour  du  3o  prairial  an  8.  —  Copie  d'un 
arrêté  du  comité  administratif,  pris  dans  sa  séance 
du  33  floréal  an  8. 

Le  comité  administratif  arrête  : 

Art.  I".  Il  sera  formé  dans  tous  les  ports  de 


rewionlercim  jusqu'à --l'époqtîe  de  la  reprise  aeé 
hostilfiés  cla'ns  toilj  Tes  autres  poi'ts ,  e(i  'é"afc! 
aux  bâiiniens  dont  la  neutralité  ne  serait  pis  fc 
connue.  1 

IV.  En  cas-  d'absence  ,  les  mem'bres  de  cette 
tomniission  seront  remplacés  par  ceux  qui  les 
siippléent  dans  les  fonctions  de  leur  place.  S'il 
ri  en  existait  pas,  les  présens  nommeront  d'office 
dautres  supplcans  dont  ils   répondront..  ■ 

V.  Les  conservateurs  de  santé  el  astres  seront 
tenus  Je  procurer  à  cette  coiniçiission  tuu:cs  l'.-S. 
dcclaïaiions  ,  rapports  et  reno«igneitli;i;i>  qui  dé- 
pendront d  eux.  , 

Signés  Le  Roy,  Daure  ,  Esjeve  et.REVNfER. 

Le  général  en  chef  ordonne  linserdon  à  l'ordre 
du  jour  de  l'auêié  ci-de.ssus,  dont  les  disposition» 
seront  exécuiécs  sans  délai.  '      ' 

Signé,  Ménou. 
Le  général  de  division  ,  t:tc. 
Ordre  du  jo-tr  du  i".  messidor    on  8.  -^  Au  quaf. 
tier-général  au  Kaire. , 

Le  général  en  chef  ordrynne  i 

Il  seia  accordé  un  supplément  dé' six  dc'ni'eh 
aux  troupes  en  garnisoïj  à  la  crtaûelle  d'u  Kai^è  ,' 
de  sorte  que  chaque  horiime  aura  par  jour  deux' 
sous  six  deniers  ,  en  remplacement  des  objets 
supprimés  par  l'article  IV  de  l'arrêré  du  8  prai-riâl' 
an  8.  Signé  Abu.  J.Mekvv. 

-—Le  service  des  transports  p3r  eau  qui  ,'d*a-=' 
près  I  ordre  du  jour  du  8  prairial,  devait  être 
l-it  p.ir  la  marine  ,  à  date.-  du' l'''.  messidor,  ne 
sera  pris  par  elle  qu'au  16  de  ce  mois.  En  con- 
séquence ,  le  service  continueta  à  ^tre  fait  par 
1  ancienne  administration  ,  jusqu'à  celte  époque. 

—  On  renouvelle  la  défense  aux  chefs  des  dif- 
terens  corps  de  l'armée  de  recevoir  aucuns  marins 
déserteurs  ,  et  ils  feront  conduire  aux  commkn-; 
dans' de  marine  Ceux  qui  se  présenteraient  pour 
être  enioics.  .. 

■Le  général  de  division  ,  iti:. 

Oidre  'du  jour  des  a  ,  i  ,  ^  ,  5  et  6  missidvr.  —  4u 
quartier-général  du  Kaire. 

Rien   de  nouveau. 

Ordre  du. jour  du  7  messidor  an  8. 

Le  général  en  chef  .  voulant  prendre  des  joe-^ 
sures  ijui  assurent  d'une  manière,  invariable  la' 
bonne  tenue  des  hôpitaux  ; 

Voulant  assurer  aux  militaires  qui  tombent 
malades  ,  un  asyle  oij  ils  puissent  trouver  dès 
consolations  ,  de  bons  remèdes  et  des  alimens 
sains  ; 

Voulant  enfin  détruire  les  abus  qui  se.  sont 
introduits  dans  l'administration  des  hôpit<|iûk4. 

Arrête  ce   qui   suit  :  , 

Le  citoyen  Daure;  commissaire- ordoiinaieur 
en  chef;  le  citoyen  Desgenettes  ,  médecin  en' 
chel  ;  le  citoyen  Larrey,  chirurgien  en  chef;  le 
citoyen  Royer ,  pharmacien  en  chef;  te  citoyen 
Boudet,  directeur  de  la  pharmacie  de  l'armée  } 
le  général  Sanson  ,  commandant  l'arme  du  génie  ; 
le  citoyen  Le  Roy  ,  corftmissaire-ordonnateur  de 
la  maxine  ,  se  rassembleront  sur  le  champ  ,  pour 
concerter  ensemble  les  mesures  qui  tendront  à 
améliorer  dans  toutes  ses  parties  l'administratiotl 
des  hôpitaux. 

Ils  s'occuperont  eh  conséquence  de  tout  ce  qui. 
a-  rapport  au  local  ,  aux  alimens  ,  aux  remèdes  , 
aux  fournitures  de  toute  espèce,  tels  que  lits  '' 
linge  de  corps ,  draps  ,  couvertures  ,  etc. 

Ils  aviseront  aux  moyens  d'é;ablir  une  polic« 
et  une  surveillance  qui  empêchent  toatfi  storts^ 
d'abus. 

Linteniion  du  général  en  chef  est  qu'il  ne 
manque  rien  dans  les  hôpitaux;  il  sacrifiera  tout 
pour  y  parvenir. 

La  commission  s'occupera  aussi  de  tout  ce  q'uJ 

a    ra;)pon    à   1  .administration    sanitaire  ;   elle   rC-- 

mettra  dans  le  plus   couii  délai  ses  observations 

au  général  en  chef  qui  en  ordonnera  l'exécution." 

Signé,  Abd.  J.  Menou.     " 

—  Les'  marins  qui,  après  avoir  servi  dans  diver» 
corps  de  larmée  ,  sont  rentrés  dans  la  marine  , 
et  auxquels  il  est  du  des  mois  de  solde  pendant 
lesquels  ils  ont  été  employés  daiw  ces  corps  ,  en 
seront  payés  par  les  conseils  d'administration  , 
sur  la  tépréseniaiion  des  décomptes  qui  ont  dû 
être  délivrés  ,   et  à  fur  et  mesure  que  le  paiemenc 


l'Egypte  une  commission  nommée  Commission  des  I  j"  "j-  •"  '  "  "  ""',  ^'  "'^'",'=  ^ihc  ic  paicmcnc 
Neutres  ;  elle  sera  composée  du  commandant  de     ?,"    "  ™T'  ''V^  ordonnance  ;  car  nul  ne  peut 
•        ■     ■           •            ju  I  ce  paye  dans  le  corps  on  il  a  passé  la  revue. 


la  place  ,  de  l'administration  de  la  iç^xi^e  et  d 
directeur  français  de  la  douane.  " 

II.  Celte  commission  sera  chargée  de  réunir 
aux  déclarations  et  rapports  faits  par  les  capi- 
taines subrécargues  ou  autres  ,  tous  les  rensei- 
gnjeraens  susceptibles  de  la  nrietire  à  même  de 
rédiger  une  preiriiere  instruction,    qu'elle   devra 


arabes    et    les    paysans   qu'il   avait   amenés    On^àt^'^^x^^xcomni:iàm■mnu^i\ï,om6n<l]o^^K, 
en  porte   le  nomVe   à  8  ou    10,000  à  pied  .  et  2  I  ^  compter  de  celui   des  déclarations. 
i.3opo  à  cheval.  Le»  arabes  de  Mahamout ,  Bény-        IIL  Ces  instructions  n'auront  lieu  pour  le  port 
Sou'ef  de  Korain  ,   les  lairons  ,  l«l  gênâmes ,  les  |  d'Alexandrie,  qu'à  coirvpter  du  1°'  prairial  ,   et 


Le  général  de  division  ,  etc. 

Ordre  du  jour,  du  8  messidor ,  an 8-  — .Au  quartier'- 
général  du  Kaire.  , 

Rien  de  nouveau. 

Ordre  du  jour  ,  du  9  messidor  an  8. 

Le  général  en  chef  a  été   faire  là  visite   des  h(>  • 
pitaux  de   la  citadelle   du  Kaire  et  de  la   ferttM! 
dlbraliym-bey ,  le  7   de  ce  mois.  Il  a  été  mc'con'-  ' 
leul  de   plusieurs  objets  rulatifj  à   la  iicH4ri«tor«' 


i4i@ 


des  malades  ,  à  la  négligence  des  directeurs  pour 
fournir  ce  qui  est  nécessaire  à  la  pharmacie,  au 
mauvais  service  de  quelques  infirmiers.  Le  géné- 
ral en  chef  à  ordonné  que  le  directeur  et  le 
garde-magasin  de  Ihôpilal  dlbrahym-bey  fus- 
sent emprisonnés  à  la  citadelle  ,  pour  leur  ap- 
prendre à  remplir  plus  exactement  ieiii   devoir. 

Le  général  en  chef  s'est  fait  repiésenter  le 
registre  de  l'hôpital  d'Ibrahym-bey  ,  sur  lequel 
l'oliEcier  de  jour  doit  apposer  sa  signature,  pour 
prouver  qu'il  a  lait  sa  visite.  Depuis  douze  jcrurs 
il  ne  s'est  trouvé  qu  une  seule  signature  sur  le 
registre.  Le  général  en  chef  n'a  pas  voulu  se  laire 
représenter  les  rapports  de  la  place  ,  qui  lui  euç- 
sem  indiqué  le  nom  des  officiers  de  jour  qui  ont 
manqué  à  leur  devoir;  il  a  voulu  leur  rappeler  , 
avant  de  se  résoudre  à  les  punir  ,  qu'une  des 
plus  honorables  de  leurs  fonctions  ,  est  de  s'oc- 
s'occuper  constamment  de  tout  ce  qui  à  rapport 
à  la  santé  des  soldats. 

Le  général  recommande  à  tous  les  comman- 
dans  de  province  et  de  places  ,  à  tous  les  chefs 
Eiiiiiaires  quelconques ,  à  tous  les  officiers ,  à  tous 
les  commissaires  des  guerres  ,  de  suiveiller  avec 
la  plus  grande  attention  tout  ce  qui  a  rapport 
aux  hôpitaux.  Les  officiers  de  jour  devront , 
dans  toutes  les  villes  ovi  il  existe  des   hôpitaux 


en  faire  la  visite  avec   la  plus  grande  exactitude 

et  la   plus  grande  sévérité.  Les  commandans  c' 

province  rendront  un  compte  direct  de  cet  obj 


l'officier  de  marine  ;  ils  seront  visés  par  l'officier 
général  ou  le  commandant  en^chef. 

XV.  Pour  éviter  aux  reys  trop  de  démarches 
pour  leur  jjaiement  ,  l'ordonnateur  de  la  ma- 
rine est  autorisé  à  étabhr  à  Boulaq  un  caissier 
des  transports  du  Nil. 

XVI.  Il  sera  fait  au  commencement  de  cha- 
que mois  les  fonds  nécess  lires  pour  le  service. 
Le  caissier  des  transports  s'entendra  avec  les 
payeurs  des  autres  ports,  pour  que  la  compta- 
bilité soit  aussi  exacte  que  régulière. 

XVII.  A  la  fin  de  chaque  mois  ,  il  sera  remis 
au  payeur  général  des  ordonnances  ,  en  forme  , 
pour  les  dépenses  qu'auront  occasionnés  les 
transports  par  eau  de  la  Basse  et  Hàuie-Egypte. 

X'VIII.  L'artillerie  et  le  génie  auront  un  nom- 
bre de  bâtimens  affectés  à  leur  service;  s'ils 
avaient  besoin  de  l'augmenter ,  ils  s'adresse- 
raient à  cet  effet  au  général  de  division  ,  chef 
de  l'élat-major  général. 

Les  frais  de  transport  d'artillerie  et  du  génie 
seront  toujours  acquittés  sur  les  fonds  remis  à 
ces  armes. 

XIX.  Le  présent  règlement  sera  publié  ,  affiché 
en  français  et  en  arabes  dans  toutes  les  provinces, 
places  et  villages  de  l'Egypte.        Signé  Menou. 


Le   général  en   chef  témoigne  son  niécontente- 

,        ,  ,        ,..,-,-  dLuiuui,     i^çjjj  jg    ^ç  qyg    Ipj  Iqjj  sanitaires    ne    sont  pas 

et  la   plus  grande  severite.  Les  coni.ijandans  de  1    ^^^      .^^^^^^^^^    observées.   Cependant  chacun 

province  rendront  un  compte  direct  de  cet  objet  !    ,   _  '■    ,;_■_,..    _..:    .r       . 

si  essentiel  au  général  en  chef,   en  lui  envoyant 


le  rapport  des  hôpitaux  toutes   les   décades. 

Signé  Menou. 
Le  général  de  division  ,  ihef  de  Utat-major  général , 
Signé  Damas. 
Pour  copie  conforme  au  registre  d'ordre  , 
Ladjvid-ant- général ,  sous-chef  de  l'étal-major-général. 
Signé  René. 

Ordre  du  Jour  du  lo  messidor  an  8.  —  Au  quar- 
tier-général du  Kaire. 

Rien  de  nouveau. 

Ordre  du  jour  ,  du  il   messidor  an  8. 

Le  général  en  chef  s'étant  fait  repiésenter  l'ordre 
du  8  prairial ,  qui  prescrit  que  les  transports  par 
eau  seront  faits  par  la  marine  ,  ordonne  ce  qui 
suit  : 

Art.  I"  Les  ordres  pour  les  transports  ne  pour- 
ront être  donnés  que  par  le  général  de  division, 
chef  de  l'étai-raajor  général  de  l'armée  ,  et  les 
ordonnateurs  en  chef  de  terre  et  de  mer  ;  ils 
seront  adressés  au  chef  de  l'état-major  de  la 
marine  ,  qui  les  communiquera  aux  officiers  et 
_ administrateurs  employés  dans  la  marine. 

II.  Dans  les  ports  ,  autres  qne  Boulaq  ,  l'offi- 
cier général  .  ou  le  commandant  en  chef  ,  don- 
neront  les  ordres  relatifs  aux  transports. 

III;  L'administration  de  la  maripe  est  autorisée 


des  individus  qui  composent  larmée  ,  devrait 
bien  se  persuader  que  les  négligences  à  cet  égard 
peuvent  entraîner  des  inconvéniens   majeurs. 

En  conséquence  ,  le  général  en  chef  ordonne 
que  les  réglemtns  sanitaires  seront  exactement 
observés  ; 

Qpe  tout  individu  ,  de  quelque  grade  qu'il 
soii ,  qui  voudri:it  s  y  soustraire  ,  sera  sévèrement 
puni. 

Les  administrateurs  et  atitres  employés  des  ad- 
ministrations s:initaires  ,  qui  seront  convaincus 
d'avoir  mis  de  la  négligence  dans  l'exercice  de 
leurs  fonctions  .  se  tout  destitués ,  empribonnés  à 
la  citadelle  du  Kaiie  ,  et  employés  aux  travaux 
publics* 

Le  général  en  chef  a  été  informé  qu'il  se  com- 
mettait aussi  de  grands  abus  dansquelques-unes 
des  administrations  sanitaires ,  où  des  employés  se 
fesaient  un  revenu  des  vexations  qu  ils  se  per- 
mettaient d'exercer  sur  les  individus  soumis  aux 
quarantaines  ,  en  diminuant  ou  augmentant  ,  à 
prix  d'argent,  le  nombre  de  jours  qu'ils  devaient 
passer  dans  les  lazarets. 

Il  a  été  également  informé  qu'il  se  commettait 
de  grandes  dilapidations  ,  sous  le  prétexte  de 
considérer  ou  de  ne  pas  considérer  comme  con- 
tumace ,  soit  les  effets  appartenans  aux  individus 
soumis  à  la  quarantaine  ,  soit  ceux  trouvés  après 
le  décès  des  pestiférés. 

Le  général  en  chef  recommande  aux  généraux, 
aux  commandans  de  province  et  de  place  ,  aux 
commissaires  des  guerres  et  à  tous  autres  officiers 


a  traiter  a  tant  par  voyage. 

ï_,      rr,  1      1  r  i  cuuiiiiissdiica  uca   Huciicaci  a  luus  auiica   uiiii.icis 

ly.  Tout  reys  de  barque  recevra  une  facture  |  ^-^^^^-^^^  „  .i^;,,^  d'apporter  tous  leur  soins  à 
de  ladmimstrationde  la  manne:.!  ne  pourra  être  |  ,,,,^^j^^  ,^^^  ^^^  abus  et  à  punir  sévèrement 
payé  qu  ensuite  du   reçu  des   objets  portes  dans    .  i^..      ... 


les  coupables. 


Signé  Menou. 


ladite  facture 

V.  Toutes  marchandises  ou  effets  illicitement     Ordre  du  jour  ,  du  12  messidor  an  8.  —  Au  quartier- 
embarqués   ou  non  portés  sur  la  facture  ,  seront  1  général  du  Kaire. 
confisqués,  à  moins   d'une  autorisation  particu-  ;      Le  général  en   chef,  voulant   connaître   de  la         \    ■  a    r       h 

•lière  ,  qui  ne  pourra  être  donnée  que  par  le  chef    manière  la  plus  positive  ,  quelles  sont  les  dépenses     "^elui  de  tjysen 
de  1  etat-major  de  la  marine  ,  ou  par  les  genera,ux    ordinaires  de  1  armée  ,  connaissance  sans  laquelle 
et  autres  commandans  de  province.  i  il  ne  pourrait  parvenir  à  établir  un  système  sage  et 

VI.  Aussitôt  que  possible  ,  il  sera   formé    des  \  économique  d'administration  ; 
listes  des  bâtimens  du  Nil  ;   le    nom  du   village  ,  I      Ordonne  ce  qui  suit  : 

celui  du   propriétaire   et  du    cheykh  ,  y    seront        Le  commissaire-ordonnateur  en  chef  de  l'armée 
portés.  i  remettra  ,  dans   le  plus  court   délai  possible  ,    un 

VII.  Il  y  aura  dans  chaque  port  des  cheykhs  et  état  circonstancié  et  détaillé  de  toutes  les  admi- 
reys  qui  seront  chargés  ,  en  suite  des  instructions  nistralions  partielles  qui  sont  soumises  à  son  ins- 
du  chef  de  l'étal-  major  commandant  les  forces  pection  ,  en  désignant  le  nombre  des  individus  , 
sur  le  Nil,  de  l'exécution  des  ordres  relatifs  aux  leurs  fonctions  ,  leur  solde  ,  et  le  nombre  de  ra- 
gens  du  pays  navigateurs  sur  le  Nil.  tions  dont  ils  jouissent. 

VIII.  Les  bâtimens  de  la  Haute-Egypte  ne  pour-  I  II  remettra  également  un  état  de  toutes  les  ra- 
ront  être  employés  dans  la  Basse  ,  et  ceux  de  la  ',  tions,  autres  que  celles  de  la  marine  ,  qui  sont  dues 
Basse  dans  la  Haute  ,  sans  ordres  spéciaux.  I  journellement  à  l'armée. 

IX.  Le  général  de  division,  chef  de  lètat-major        II  remettra  également ,   en  se  concertant  avec  le 
général  ,  indiquera  les  postes  militaires  sur  le  Nil,  '  payeur  général  .  un  état  détaillé  de  toute  la  solde 
où  il  sera  indispensable  que  l'administration  de  la  j  de  larmée. 
marine  ait  un  établissement.  Le  commissaire  ordonnateur  de  la  marine  exé- 

X.  Lorsqu'il  ne  sera  pas  possible  de  se  pro-     cuiera  ,  quanta  la  marine  ,  tout  ce  qui  est  prescrit 


les  individus  que  les  circonstances  pourraient 
forcera  ne  pas  employer  dans  les  administrations 
de  l'armée.  Signé   M  E  N  o  t;. 

Le  général  de  division  ,  etc. 
Ordre  du  jour  du  i3  messidor  an  8.  — Au  qaarlier- 
'   général  du  Kaire. 

Le  général  en  chef  ,  vu  les  circonstances  où  se 
trouve  larmée  ,  et  prenant  en  considération  les 
différentes  réclamations  qui  ont  été  faites  par  les 
chirurgiens  de  corps  ,  pour  leur  avancement  ,  or- 
donne au  chirurgien  en  chef  de  l'armée  ,  de 
prendre  connaissance  par  toutes  le.-i  épreiaves  qu'il 
croira  convenables  ,  en  suivant  l'intention  des 
lois  du  19  floréal  an  4  ,  il  frimaire  et  21  pluviôse, 
an  6  ,  des  talens  ,  des  services  et  campagnes  de 
chacun  de  ces  officiers  de  santé. 

Il  parcourra  à  cet  effet  les  pnncipaux  postes  de 
l'armée  ,  où  les  chirurgiens  des  corps  seront  tenus 
de  se  rendre  ,  sur  l'invitation  qui  leur  en  sera  faite 
par  le  chirurgien  en  chef. 

A  la  fin  de  sa  mission  ,  il  rendra  compte  du 
résultat  de  «es  opérations  à  l'ordonnateur  en  chef, 
qui  délivrera  des  brevets  provisoires  à  ceux  qui 
auront  mérité  de  l'avancement  par  leurs  réponses, 
l'ancienneté  de  service  ,  le  zèle  et  l'activité  qu'ils 
auront  montrés  pendant  l'expédition. 

Signé,  Menou. 

Arrêté  du  comité  administratif ,  du  9  messidor  an  8. 

Le  comité  administratif  arrête: 

Art.  I".  La  ville  de  Damretle  versera  tous  les 
mois  ,  à  dater  du  i''  messidor  jusqu'au  i"  bru- 
maire an  9  dans  la  caisse  du  payeur  de  l'arrondis- 
sement ,  la  somme  qui  aura  été  déboursée  pendant 
le  mois  pour  le  paiement  aux  troupes  des  deux 
sous  accordés  par  l'ordre  du  8  piaitial  en  rempla- 
cement de  la  viande. 

II.  La  contribution  extraorcfinaire  en  viande, 
mise  sur  cette  ville  par  le  général  en  chef  Kleber , 
ne  sera  plus  payée  .  et  celle  en  riz  continuera 
d'avoir  son  exécution. 

III.  Le  général  de  division  commandant  le  6= 
ariondissement  ,  voudra  bien  se  charger  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté. 

Signés  ,  Estève  ,  Daure  ,  Reynier  et  Le  Roy. 

Le  général  en  chefa  approuvé  et  ordonné  l'exé- 
cution dudii  arrêté.  Signé,  Menou. 

—  L'armée  est  prévenue  que  le  conseil  de  sanié 
commencera  demain  son  travail  pour  les  inva- 
lides ,  conlormèrocnt  à  l'ordre  du  jour  du  25 
prairial  dernier  ;  il  tiendra  ses  séances  chez  le  com- 
missaire-ordonnateur Sarteloii. 

Le  général  de  division ,  etc. 

Ordre  du  jour  du  14  messidor  an  8.  —  Au  Q-urtier- 
général  du  Kaire 
Le  général  en  chef  a  visité,  le  il  ,•  tous  le» 
attcllers  et  le  parc  d'artillerie  à  Gyzéh.  Il  a  trouvé 
cet  établissement  dans  le  plus  bel  ordre  et  la  plus 
grande  activité.  I  s'empresse  de  rendre  aux  gé- 
néraux Songis  et  Faulliier  toute  la  justice  qui  est 
due  à  leurs  talens.  Il  la  rend  également  â  tous  les 
officiers  et  aux  braves  soldats  qui  composent  le' 
corps  d'artillerie.  Cette  arme,  tant  au  matériel 
qu  au  personnel ,  est  par-tout  dans  le  meilleur 
état.  Le  général  en  chel  sait  que  le  parc  d'Alexan- 
drie offre  la  même  activité  et  le  même  ordre  que 


curer  à  l'amiable  les  bâtimens  nécessaires  au  ser- 
vice ,  ils  seront  mis  en  réquisition  ,  et  le  paie- 
ment en  seta  fait  au  même  prix  que  ceux  traités 
è  l'amiable. 

XI.  Dans  le  cas  où  les  barquei-.employées  pour 
le  service  des  transports  ,  lesteraient  plus  de  trois 
jours  dans  le  port,  avant  de  partir  ,  indépendam- 
ment de  ceux,  d'arrivée  et  de  départ ,  les  reys  re- 
cevront, pour  chaque  jour  de  retard,  une  indem- 
nité qui  sera  fixée  par  l'administration  de  la  marine, 
d'après  la  capacité  de  la  barque. 

XII.  Le  chef  de  l'état-major  de  la  marine  ,  dans 
cliaqiw:  port,  sera  chargé  de  la  protection  des 
convois  et  de  l'exécution  des  réquisitions. 

XIII.  Le  général  en  chef  réunit  aux  fonctions 
de  chef  de  l'état-major  de  la  marine  à  Boulaq  ,  le 
commandement  des  forces  armées  sur  tout  le  Nil , 
aiiisi  que  sur  les  lacs  de  Burlos  et  Menzaléh. 

XW.  Dans  les  ports  où  il  n'y  a  pas  d'adminis- 
trateurs de  la  marine  ,  les  marchés  seront  passés 


ci-dessus 

Les  généraux  commandant  l'artillerie  et  le  génie, 
feront  remettre  également  des  états  bien  détaillés 
de  ce  qui  regarde  leur  arme  ,  quant  aux  dépenses 
ordinaires. 

Le  directeur  général  des  ponts  et  chaussées  , 
celui  des  ingénieurs  géographes  ,  celui  des  atte- 
liers  mécaniques,  celui  des  poudrières  ,  et  celui  de 
l'imprimerie  nationale  fourniront  aussi  les  mêmes 
états. 

Le  secrétaire  perpétuel  de  l'institut  d'Egypte 
formera  aussi  un  état  de  tout  ce  qui  a  rapport  à  cet 
établissement ,  ainsi  qu'à  la  commission  des  arts. 

Le  payeur  général  de  l'armée  fournira  aussi  un 
état  de  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  trésorerie. 

C'est  par  la  réunion  de  tous  ces  états,  que  le 
général  en  chef  pourra  prendre  une  connaissance 
exacte  de  tout  ce  qui  intéresse  l'armée  ;  il  n'a  pas 
d'autre  volonté  ni  d'autre  désir  que  de  fournira 
tous  ses  besoins  ,  de   réformer   sans  secousse   les 


Le  général  en  chef  a  également  visité  tous  les 
travaux  du  génie  autour  de  lavilieduKaire.il 
offie  aussi  au  général  Sanson  ,  commandant  le 
génie  ,  ainsi  qu'aux  autres  officiers  de  cette  arme, 
employés  dans  toutes  les  parties  de  l'Egjpte , 
les  témoignages  de  sa  satisfaction.  Les  travaux 
sont  tracés  avec  talent,  dirigés  avec  la  plus  grande 
survaillance,  et  exécutés  avec  activité. 

Signé ,  Menou. 
Le  général  de  division  ,  etc 


Erratum, 
Dans  quelques  exemplaires  du  numéro  du  ig 
fructidor  du  Moniteur  n°  349  ,  i"  page  ,    s*  col. 
ligne  24' ,  au-lieu  de  ces  mots ,  gagnée  le  27  vea- 
tôse  ,    lisez  :  gagnée  le  29  ventôse. 


4e  concert  par  le  commissaire    des  guerres  et  i  abus ,  et  de  pourvoir  à  l'existence  honnête  de  tous 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  igfructidor. 
Les  consuls  de  la  république  arrêtentce  qui  suit: 
Art.  I''.  Il  sera  élevé  un  monument  à  la  mé- 
moire des  généraux  Desaix  et  Kléber  ,  morts  le' 
même  jour  ,  dans  le  même  quan-d'heure  ;  l'uQ 
après  la  bataille  deMaringo  ,  qui  reconquit  l'Italie 
aux  armes  de  la  république  ;  l'autre  en  Afrique 
après  la  bataille  d  Héliopolis  ,  qui  reconquit 
l'Egypte  aux  français. 

II.  Ce  monument  sera  élevé  au»  milieu  de  la 
place  des  Victoires.  La  première  pierre  en  sera 
posée  par  le  premier  consul ,  le  1"  vendémiaire 
prochain. 

Un  orateur  sera  chargé  de  prononcer  une 
oraison    funèbre  de  ces  deux  illustres  citoyens. 

III.  Le  ministre  de  lintérieurest  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté,  qui  sera  imprimé  ai» 
Bulledn  des  lois.  Signé,  BoVjaparte. 

Par  le  premier  consul. 

Le  seerétairt-d'état ,  signé,  H. B. Marst. 


PREMIER    TA.BLEÂU. 


1411 


M  I  N  I  S  T  E  R  E      D  E      L  :  I  N  T  E  R  I  E  U  R. 

Gissememens  qui    exigeraient  un    long  trajet  par   terre  avant    que    de  pouvoir   former    des   emharcdtiens   pmr   çdriduife,^^  #. 

masses  moyennes    à  Paris.  '       I  '^'C/i'-.;^"      -,      .inu.- 

TRANSPORTS      DIFFICILES. 


POSITION 

relaiivement 
à  Paris. 


DEFARTEMENT 

OU  cbaine 
de  montagnes. 


OISSEMENS 

des 
rocliers. 


NUMÉROS 

de  la  c,irt< 
deCassini, 


NOMS      ET      DESCRIPTIONS 

des 

ROCHERS. 


R    V  A   T   I   O    N    s. 


(r; 


Environs     de 
Giromagny 


Montagne  du 
Ballon  de  Giro 
|niagny    .    .    . 


Au  levant  Ç  Montagnes  des 
.<. .  Vosges  .   .    • 


de  Paris. 


Vallée  de  Plan- 
cher-les -Mines. 

Vallée  de  Saint- 
Maurice  ,    et    à 
Fraise ,  départe 
ment  delaHaute 

Saône 

I  Vallée  de  Saint 
Maurice.  L'ana- 
logue se  trouve 
aussi  à  Fraise, 
département  de 
la  Haiite-Saône. 


Vallée  de  Saint- 
Maurice  et  Val- 
lée de  Giroma- 
gny.  .    .    . 


Isère. 


A^u  sud-est.  .  1,  Saône-et-Loire. 


Côte-d'Or  . 


^u  midi.   . 


Allier  . 
Allier  . 

Gorreze 


Sur  les  bords 
du  Drac  de  la 
Romanche  et 
les  environs.  . 

[Environs  d'Au 
tun   .    .    . 


Environs  di 
Semur  et  de 
Saulieu   . 


Environ»    de 
Moartutxbk. . . 

Environs  de 
Montet4i  aux- 
Moines.   .    .    . 

Environs    de 
iTulle 


Environs    de 
HaMta-Vi»niie.l  Limoges àPierre 
rBuUiere.    .    .    . 


N°  144. 


Hem. 


Idem. 


idtm. 


Idem. 


Idem, 


Granit  à  fonds  de  feldspath  rougeâire  ,  et  de 
grands  cristaux  blancs  ,d'un  très-bel  cfFet. 
Il  était  travaillé,  en  grand  à  la  scierie  de 
Phcningturne  ,  près  de  Giromagny  ,  ac- 
tuellement  abandonnée    et  oii    est  fixée 

I  école-pratique  des  mines. 

Granit  avec  beau  feldspath  rouge  ,  parsemé 
de  horne-blende  noirâtre  ,  fesant  uii  l'iès- 
bel  efFet.  C'est  de  ce  granit  dont  on  poui- 
rait  extraire  les  plus  grandes  masses  ;  il 
constitue  la  montagne  du  Ballon  d'Alsace  ; 
il  est  à  découvert  près  de  Giromagny  , 
dans  plusieurs  parties  ,  sur  une  assez 
grande  étendue  ;  la  route  qui  communi- 
que du  département  du  Haut-Rhin  dans 
celui   des  Vosges,  a  été   taillée   dans    la 

^  roche  même.  Il  a  été  exploité  dans  la 
scierie  de  Pheningturne  ,  et  il  l'est  en- 
core à  celle  de  la  Mouline  ,  près  le  Tillot. 
Cette  manufacture  transporte  ses  granits 
par  lerre  jusqu'à  Paris,  ou  jusqu'à  Sairit- 
Dizier-sur-Marne  ;  elle  n'envoie  que  des 
poids  de  agS  kylogrammes  ,  (  environ 
6,000  livres,  fesant  au  plus  Sa  pieds  cubes.) 
La  position  de  ce  granit  du  côté  de  Giro- 
magny ,donne"rait  plus  de  facilité  de  con- 
duire vers  la  Saône. 

Granit  à  fonds  de  feldspath  rouge  ,  quel- 
quefois très-foncé  de  horne-blende  ,  et 
cristaux  de  feldspath  blanc  ,  d'un  assez 
bel  effet. 

Granit  à  petites  parties  ,  fotid  rougeâtre 
assez  agréable..  Il  se  trouve  en  grandes, 
masses ,  et  s'exploite  pour  la  scierie ,  près 
le  Tillot. 

PoTpkire  à  pâte  d'un  rpiige  foncé  et  cris- 
taux de  feldspath  blanc  ,  se  trouve  en 
grandes  masses  ,  ce  qui  est  très-rare  ;  il 
ferait  un  très-bel  effet ,  mais  il  est  rempli 
de  petites  cavités  qui  nuisent  à  la  beauté 
de  son  poli. 

Torphire  à  pâle  fine  ,  d'un  brun  foncé  ,  par- 
semé d'un  grand  nombre  de  cristaux 
blancs,  légèrement  modifiés  par  une  teinte 
de  la  pâte  ,  espèce  d'ophite   très-rare. — • 

II  prend  un  beau  poli  et' ferait  un  superbe 
effet.  Il  paraît  qu'il  se  trouve  en  assez 
grandes  masses  dans  la  vallée  de  Saint- 
Maurice  ,  et  en  petites  masses  dans  celle 
de  Giromagny.  • 

Il  y  a  des  poudingues  dans  les'  Vosges .  mais 
nous  ignorons  si  le  ciment  en  est  assez 
compact  pour  être  solide  et  pour  prendre 
un  beau  poli. 


Le  transport (  «les  montagnes  des:,)î^os|èâ''^ 
Paris  .est  très-dofficile  à  cause  du  chemin  qu'il 
faut  faire,  dans  un  pays  de  montagnes  ,  et  da 
la  distance  pendant  laquelle  il  faudrait  porter 
les  masses  par  terre  d'un  cô'é  ,  jusqu'à  SaTffP' 
Dizier-sur-Marne  i  éloigné  d'environ  18  my"^ 
riametres  ;  de  l'autre,  en  gagnant  Auxone 
sur  la  Saône  ,  éloigné  d'environ  14  myria-", 
mètres  ,  ce  qui'  obligerait  de  descendre  )« 
Rhône  dans  la  Médiierannée  ,  puis  dé  suivre! 
le  canal  des  detix  mers  ,  1  Océan  et  la  Seine''r 
trajet  considérsble  et  sujet  à  bien  des  frais  ^t 
des  accidens.  ...  .1 

On  pourrait  ^agnqr  le  Rhin  par  le. canal  dô 
Ne  uf-Brisach, éloigné  de  14  myriameires  ;  mais 
il  faudrait  venir  ensuite  par  la  mer  du  Nord 
et  le  Pas-de-Calais. —  Si  la  Moselle  était  ren* 
due  navigable  jusqu'au^  dessus  d'Epinal  v  ori- 
devrait  prendre  le  canal  de  Lorraine  ,  ancien- 
nement projeté  ,  devant  conduire  au-dessauj 
de  Souvelle-sur-Saône  ;  et  mieux  .  encore  la 
rivière  d'Oignon  qui  parcourt,  toute  la  Ion' 
gueur  du  département  de  la  Haute-Saône  » 
si  elle  était  rendue  navigable  ,  ainsi  que  vient 
de  le  projeter  le  préfet  de  ce  départemenj  S 
les  granits  des  environs  de  la  montagne  dii, 
Ballon  ,  ceux  de  toute  la  partie  méridionald, 
des  Vosges  pourraient  facilement  être  trarts" 
portés  dans  toute  la  France  ,  en  Espagne  ,  erl 
Italie  ,   etc. 


119.  120.C  Granit  avec    feldspath  rose,   quartz  verd  ,  C       Transport  difecile   à  Grenoble  sur  Ilsère  5 
i5o.  iSi.i      très-beau.  i  éloigne  de  deux  ou  trots  myriametres,  -.•  J  ' 


83.  84. 


M 


5o. 


34, 


33. 


Granit  varié  ,  celui  rare  nommé  graphique , 
aspect  rouge  clair  ,  a  des  lignes  tra,nsver- 
sales  de  quartz  translucide. 

Granit  rougeâtre  agréable  ,  prophire  et 
autres  variétés  doiit  les  masses  roulées , 
mais  décomposées ,  sont  apportées  par' 
l'Armanson ,  le  Serain  et  la  Cuve  ,  etc. , 
dans  l'Yonne  i  et  delàpar  la  Seine  jus- 
qu'à Paris. 

Granit  abondant  en  feldspath,  d'un  très- 
beau    rouge  i    qui  y   existe  en    grandes 

masses.  ■      / 

Granits  et  porphires  très-beaux  sur  environ 
un  demi  myriametre  de  rayon. 

Granits  extrêmement  abondans  en  horn- 
blende noire  et  verte  d'un  bel  effet. 

Granit  ordinaîrefflerlt  gris ,  ']()eu  apparent  < 
souvent  feuilleté  ;  ils'y  en  trouve  rjuel- 
quefois  de  rose  ,  d'autres  mêlés  aVec  la 
hotn^blènde  d'un  bel  elFçt.  A  Royers  et 
à  SdiQt-Léonard  «  granit  blztnc-verdâtre  « 

viiirei  .■,.:.."..       ..!.....„..:... 


Transport  par  terre  de  trois  ou  quatre  fllfff 
riametres  jusqti'au  canal  de  Bourgogne  lors- 
qu'il sera   terminé. 


Transport  facile  lorsque  le  canal  de  Ëour- 
jogne  sera  icitftiiné  ,  jusqties  -  là  tiès-dif-' 
icile.  •'  ■'  ' 


_  Transport  par  terre  d'environ,  quatre  rdy- 
riametres  jusqu'à  l'Ailier.    Un  canal  projeté 
pour  les  mines  de   Fins  et  Noyant  diminue- 
rait de  moitié  ce  transport  ,  ainsi  qu'un  ûot^ 
\  lage  probable  à  Montiuçon  sur  le  Cher^ 

c       Transport  d'environ  trois  royritfmetTesjtii" 
iqu'à  Moulins  sur  l'Allier/  • 

„  ,,  .  .,      Vj    ; 

Transport  par  terre  d  environ  qtiatre  .ifiy- 
rrametres  jusqu'à  Terrasson  de  la  Dordogne  y 
'a  Gironde  et  l'Océan;  flollage possible  à  1  ulU 
nême  sur  la  Vezevi 
rendue  navigable. 


(même  sur  la  Vezeve  <  qui  peut  faciltment  êir«! 
rendue  navigable. 

Transport  par  terre  d'environ  quatre  niy- 
tiamet'res  jusqu'à  Châlelleraut  sur  la  Vicriii'i 
et  la  Loirç  ;  flottage  probable  à  Limo'cei 
niême  ,  tout  bâti  en  granit.  Trïffispoyt  j)Ti>» 
diiikil*  ens'o'iâ.'auii  da  Liixto'etsj 


X4»2 


POSITION 

relativement 
I   à  Paris. 


DEPARTEMENT 

OU  chaînes 
de    montagnts. 


Au  midi. 


La  chaîne  des 
[Monts- Pyrénées 


Seine-et-Oise, 


Eure-et-Loir. 


iConËns  des  dé- 


.  ,     partcmens  de 

*>Û,COuchantA     lOrne   et    d 
laSaithe.   . 


GISSEMENS         MiiMÉKOS 
des  de  la 

rochers. 


NOMS      ET      DESCRIPTIONS 

'  des 

<l  p  C  H  E  R  ^. 


P   B    S    E    B    V    A   T   I   O    ÇJ   :S,. 


Dans  beaucoup 
d'endroits.  .   • 


Environs   d'E- 
(anipcs   et    piès 
du    moulin 
Bogny.  .    . 


de 


Environs  de 
Gallardon  près 
de  Chïrtrcs.  .  . 


Environs  d'A- 
Iciiçou   .    .    .    . 


Idem. 


63. 


Granits  très  -beaux  ,  très  -  abondans  ,  en 
grandes  masses  et  de  toutes  les  variétés. 
On  profiterait  souvent  des  voûics  taillées 
dans  les  montagnes  pour  le  transport  de 
la  mâture  ou  pour  celui  des  beaux-mat^ 
bes  qui  y  existent ,  et  ont  été  exploités 
par  l'ancien  gouvernement  pour  oinef 
Versailles  et  Trianon. 

Poudingues  ,   employés  à  décorer  un  jardin  Ç 

à  I  anglaise  .  formé  par  Laborde  à  Mère-  J 

ville  ;  Hs  sont  susceptibles  ,  pai  la  nature  \ 

compacte  du  ciment  qui   lie  les  cailloux  f 

roulés,  de  recevoir  un  iiès-beau  poh.  | 


Fondingnes  à  pâle  fine  siliceuse  ,  susceptible 
d'un  tiès-beau  poli. 


Granit  abondant    en  mica  et   en  feldspath 
blanc,   généralement   peu  solide  et  d'un    , 
aspect   blanchâtre.  On   annonce  pouvoir  ^ 
y  tailler  des  colonnes  de  6  à  7  mètres  de    / 
longueur.  ( 


Transport  extrêmement  difEcile  en  grandes 
masses  ,  en  ce  qu'il  faudrait  le  faire  long;-lems 
pfir  4.eirc  paur  gagner  8,jyoune  sur  lAdouc 
ou  sur  le  canal  des  deux  meis,  exiiêmement 
éloigné  de  la  chaîne  des  Pyrénées.  Flottage 
piobable  iu-dessous  de  Saint-Jean-Pied-de- 
Port  sur  la  Nive  ,  à  Oléton  suri  le  Gave  , 
à  Monlrejean  sur  la  Garonne  ,  à  Foix  sut 
lArri^gA  ,  à  Mirepaix  sur  le  Lens  ,  à  Limoux 
sur  l'Aude  ,  etc. 

Le  transport  par  tene  sur  la  grande  route 
serait  (^ehviion  quatre  myriamett-es  jusqu'à 
Cc^rl)fijjmr  Seine. 

Transport  d'environ  sept  myriametres  pat 
des  grandes  routes  jus(ju'à  Paiis,  si  la  rivière 
dEureéiait  rendue  navigable,  ainsi  qu'il  a 
été  proposé  depuis  Mainienon  ;  le  transport 
en  serait  irès-lacile  :  on  assure  que  les  aque- 
ducs de  Mainienon  ont  été  construits  avec 
de  la  chaux  de  Senonches  ,  que  ion  a  fait 
remonter  la  rivière  dEutc. 

Transport  par  terre  ,  au  nord,  de  neuf  à 
dix  myriametres  jusqu'à  Caën  suj  lOrne  , 
puis  la  mer  et  la  Seine.  Tianspoitau  midi, 
d'environ  cinq  myriametres  jusqu'au  Manu 
sur  la  Sinhe  ,  puis  la  Mayenne  ,  la  Loire  , 
Je  canal  d'OiIéans.  Floltage  probable  à  Alen- 
çon  ,  même  sur  la  Sarihe. 


Du  projet  dune  statistique élimentaire  de  la  France 

Lexécution  paraît  en  avoir  plusieurs  fois  éié 
tentiée  par  le  gouvernement.  On  se  souvient  en- 
core que  vers  1698,  Louis  XIV  voulant  donner 
au  dauphin  une  idée  jusie  du  royaume  qu'il  était 
appelé  à  gouverner,  fil  demander  aux  i.nlendans 
Ulie  nolice  exacte  de  l'état  miliiaire  ,  civil,  reli- 
gieux et  économique  de  leurs  généralités  lespec- 
ti-ifeS.  Il  résulta  de  leuis  travaux  quelques  bons 
lïiémoires  qui  sont  restés  manuscrits  ,  mais  dont 
llcxiiait ,  fait  par  le  comte  de  Boulainvillers ,  et 
iinpritaé  sous  le  litre  dEtat  de  la  France  , 
forme  le  meilleur  apperçu  que  l'on  eût  encore 
à  celte  époque.  Depuis  ,  quelques  écrivains  éco- 
nomistes ont  donné  des  notices  assez  bien  faites 
des  anciennesfjjrovinces  ;  le  Journal  Economique 
qui  les  a  recueillies,  peut  offrir  des  matériaux 
yiiles  pour  l'histoire  de  la  géographie  agricole, 
Uiciusirielle  et  politique  de  la  France. 

L'aciivité  des  assemblées  provinciales ,  le  zèle 
lies  sociétés  d'agriculture  qui  s'étaient  multipliées, 
avait  ajouté  beaucoup  aux  moyens  déjà  existans 
de  parvenir  à  l'exécution  d'une  bonne  statistique 
de  la  France,  et  M.  Necker  ,  qui  semait  l'utiliié 
de  ce  travail,  avait  créé,  ou  au  moins  beaucoup 
étendu  les  attributions  d'un  bureau  destiné  à  re- 
cueillir les  faits.  Lui-même  nous  a  laissé  dans  son 
Traité  de  (administration  des  finances  ,  une  très- 
bonne  notice  statistique  de  la  France  ,  et  la  pre- 
mière qui ,  depuis  le  travail  des  intendans ,  ait  eu 
un  caractère  authentique. 

•La  tenue  de  l'assemblée  des  notables  et-  les 
travaux  de  l'assemblée  constituante  fournirent  de 
nombreux  matériaux  pour  cette  entreprise.  Les 
opérations  relatives  à  la  division  départemen- 
laic  ont  été  autant  de  pas  faits  pour  son  exé- 
(;.ution.  Deux  ouvrages  parurent  ensuite  où  se 
trouva  la  plus  grande  partie  des  données  qui 
entrent  dans  un  projet  de  statistique.  L'un  est 
la  Balance  du  commerce  du  citoyen  Arnould  , 
dans  le  second  volume  duquel  l'auteur  a  con- 
signé le  dépouillement  des  états  déposés  au 
bureau  dont  nous  venons  de  parler  ;  l'autre , 
intitulée  Richesses  et  ressources  de  la  Francs,  par 
M.  Bonvallet  .Desbrosses  ,  serait  une  excel- 
lente statistique  de  l'ancienne  France  ,  si  l'exacti- 
tude des  notions  égalait  la  méthode  dans  la- 
quelle l'ouvrage  est  conçu  et  exécuté. 

Lé  savant  Lavoisier  a  fait  pour  le  comité  des 
finances  de  l'assemblée  législative  un  travail  im- 
nîense,  où  l'on  remarque  toute  l'exactitude  dans 
les  calculs  ,  et  la  sagacité  dans  les  estimations  , 
qu'on  devait  attendre  d'un  esprit  aussi  juste  et 
aussi  éclairé.  C'est  sans  contredit  le  meilleur 
recueil  de  bases  économiques  pour  parvenir  à 
4a  connaissance  de  la  richesse  nationale. 

Les  diverses  géographies  qui  parurent  pendant 
tout  le  tems  de  la  première  et  seconde  assemblées 
nationales  ne  furent  que  des  répétitions  et  de 
nouvelles  combinaisons  des  anciennes  geographies 
aiigmcniées  à  la  vérité  des  résultats  dos  tableaux 
du  territoire  et  de  la  population  qui  avaient  servi 
aux  travaux  da  comice' de  division. 

Sous  la  convention  nationale,  le  comité  du 
salut   public    tenia    d'obtenir   un  état  agricole  et 


industriel  de  la  France.  La  commission  du 
commerce  et  desaris  reçut  de  très-bons  maté- 
riaux ijui  furent  envoyés  alors  par  les  adminis- 
trations de  dristiici,  el  qui  déposés  dans  un  bureau 
du  ministère  de  l  intérieur  ,  pourraieiK  être  ttès- 
utilement  emplpyés  à  l'histoire  de  la  statisiique 
de  la  France. 

Nous  ne  voyons  pas  que  depuis  cette  époque 
jusqu'au  ministère  (  du  citoyen  François  de  Neu- 
châieau)  l'on  ait  repris  l'exécution  du  projet 
d'une  statiiisque  française.  L'on  trouve  vers  l'épo- 
que de  germinal  an  8  ,  une  lettre  de  ce  ministre 
aux  administrations  centrales  dans  laquelle  il 
leur  explique  avec  beaucoup  dé  clarté  et  de 
méthode  les  objets  suc  lesquels  il  importe  au 
gouvernement  d  avoir  des  renseignemens  sûrs 
et  des  faits  authentique;. 

Cependant  les  soins  du  citoyen  François  (de 
Neulcliâieau)  ne  furent  pas  suivis  du  succès  qujl 
avait  droit  d'en  attendre.  La  plupart  des  adminis- 
trations ne  répondirent  pas  ;  d'autres  le  firent 
sans  méthode,  sans  exactitude,  el  se  bornèrent  à 
présenter  des  plans  ,  plutôt  que  l'état  territorial  du 
département. 

Ce  sont  sans  doute  ces  inexactitudes  ,  ce  man- 
que d  attention  et  cet  oubli  de  la  pan  des  anciens 
administrateurs  ,  qui  déterminèrent  le  ministre 
actuel  de  lintétieur  à  recommander  de  nouveau 
aux  préfets  l'envoi  des  noies  statistiques  sur  leur 
département.  Il  leur  a  fait  adresser  des  tableaux 
divisés  par  Lolonnes  ,  et  conçus  avec  une  telle 
sagacité  ,  quil  ne  s'agit  plus  que  de  les  remplir 
pour  fournir  les  matéïiaux  complets  de  l'un  des 
plus  beaux  monumens  du  siècle  sur  cette  matière. 
Pour  appeler  toutes  les  lumières  sur  cet  œuvre 
digne  de  ses  vues,  il  a  ,  par  une  lettre  du  mois 
de  messidor  dernier ,  adressée  à  la  classe  des 
sciences  physiques  de  l'institut  ,  demandé  le  con- 
cours et  la  coopération  des  savans  qui  la  compo- 
sent pour  parvenir  à  former  un  tableau  teririto- 
rial  de   la  France. 

t<  Personna  plus  que  vous  ,  dit  le  ministre ,  ne 
peut  seconder  mon  désir  et  répondre  à  mes 
vues  ;je  vous  demande  donc  le  concours  de  vos 
moyens ,  et  j'y  compte. 

5)  Une  bonne  topographie  des  diverses  parties 
de  la  France  ,  coniinue-t-il  ,  est  un  des  plus  pré- 
cieux ouvrages  que  l'on  puisse  donnera  la  répu- 
blique. Aucun  des  livres  que  nous  avons  n'est  bon; 
et  quoiqu.e  nous  ayons  quelques  descriptior» 
de  dépariemens  assez  soignées  et  assez  bien  faites  , 
quoique  les  mémoires  de  la  société  de  médecine 
et  ceux  de  l'ancienne  société  d'agriculture  de  Pa- 
ris ,  renferment  quelques  modèles  ,  je  ne  crois 
pas  que  nous  ayoïis  rien  d'assez  Complet  sur 
aucune  partie.  " 

Nous  ignorons  quels  moyens  la  classe  de  l'ins- 
titut a  adoptés  pour  répondre  aux  iotentioas 
éclairées  du  ministre  ,  ex  procurer  -à  la  France 
une  description  physique  de  chacun  de  ses  déparie- 
mens ;  mais  il  nous  semble  que  le  seul  moyen 
efficace  à  suivre  serait  de  charger  up  ou  deux 
hommes  de  lettres  du  soin  exclusif  de  la  rédac- 
tion de  cet  ouvrage  sur  les  mémoires  qu'on  leur 
adresserait  ,  et  sur  les  notes  quils  seraient  auto- 
risés à   prendre  dans   les  divers   dépôts   publics  ; 


car  depuis  les  sondes  des  côtes  jusqu  à  l'estima- 
tion de  la  quantité  de  bled  que  produit  un  ar- 
pent de  terre  dans  les  diffcrens  dépariemens  , 
tout  ce  qui  tient  à  la  connaissance  statitisqoe, 
agricole  ,  commerciale  de  la  France  ,  doit  entrer 
dans  sa   géographie  physi  que. 

Nous  voyons  au  reste  par  les  tableaux  que  plu- 
sieurs préfets  ont  déjà  envoyés  au  ministre,  que 
le  travail  ^e  continue,  et  que  les  données  posi- 
tives sur  létal  des  dépariemens  se  multipheni  ,  et 
formeront  à  la  longue  les  matériaux  d'une  statis- 
tique cosaplette. 

Gn  a  déjà  fait  connaître  deux  apperçus  de  ce 
genre  dans  ce  journal  ,  celui  de  l'Aube  el  de 
la  Seine  inférietire  ;  comme  celle  connaissance 
peut  être  agréable  à  beaucoup  de  lecteurs  ,  et 
est  très-propre  à  inspirer  le  goût  de  l'étude  des 
bonnes  choses  ,  il  sera  iniéiessant  de  continuer 
dç  les  consignera  mesure  qu'ils  seront  connus; 
mais  auparavant  il  peut  paraître  utile  de  pré- 
senter ie  la'bjpau  statistique  de  la  Ffance  en 
général  ,  c'est-à-dire  l'apperçu  de  1  étendue  de 
son  territoire  comparée  à  sa  population  pat 
lieues  et  hectares  quatiés  ,  ainsi  que  le  pro- 
duit préstamé  di.i  territoire  et  de  la  consomma- 
tioii.  Ce  qui  fet^  lobjet  d'un  article  dans  un 
prochain  ^uipéro.  Peuchet. 


AVIS. 
La  vente  des  porcelaines  de  la  manufacture 
nationale  de  Sevrés  ,  annoncée  pour  le  si 
fructidor,  est  remise  au  aS  dudit  mois.  Il  y  aura 
pendant  les  deux  jours  qui  la  piécéderont  , 
exposition  publique  des  principales  pièces;  les 
affiches  annonceront  précisément  le  lieu  et  1  heure 
derpxp.ositioingt  de  la  vente.         , 


Ç  0  URS     DU    CHANGE. 
'  Course _dH  i&  ifiuctiàor.  — Cours  des. tffets  pubikt. 
Effets  publics. 

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Coupure^ .  .    . .  ;. 64  Ir 


S^P  E  c  T  A  c  I,  ,E  S. 

ThÉA-TRE     de'     la    R'EPUBLiqtJEET    DES    ARTS. 

Auj.  Fraxiteileoyi  la  Cein:urc,  opéra  en  un  acte  , 
suivi  du  ballet  de  la  Dansomanje.       _    _    .  ;_,  ,    .  ,' 

Théâtre  pij  y^ udeville.  Auj.  le  Mur;  Adèle  i 
Trois  contre   un  011  Ahl  que  j'étais  béte  ! 

Théâtre  delà  Çité-Variétés.— Pt/iromimer, 
Auj,  la  1"' tepi.  du  Défi  dangereux'^  la'"  de 
lafol[e  é^r^^i^fi  ,  et  la  fausse  Meu,  p.i..iomime. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  euliure-Caiherinc» 
Aujt  Honora  ou  tEpuux  généreux  ,  corn.  nouv.  , 
suivie   du  Sourd  ou  l'Auberge   pleine.  


A  Patis,  de  l';mpcimeiic  du  cii.  Amasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  11"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N'^  35i. 


Primedi  ,  21  fructidor  an  8  de  la  républipe  françahe  ,  Une  et  indivisible.    . 

!:  ''.    •■  ■     '  1 r- ■■ '— "   '    '  ' . ^ j 


I  j  ihT  jiij  I  ■  jiBji.iJi» 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  soiiscripceurs  .qu'à  d«er  du  7  Nivôse  le  MONITEUR  est  le  seul:  journal  officiel.  '      : .r 

il  contient  les  séances  des  autoriîés  CQÇistituéçs!,  les  actes  dtfgôiiv^tnemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les,  faits  èç  )fs  pfltioBs  CanVîuï 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  pAr'Ies  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


i.'h    *ioiTl    .' 

■jiin.'-  !  ■ih  ■'.. 


E  X  T  È  R  I    E  y   R. 

EGYPTE. 

Extrait  de  deux  lettres  du  coyimissaire-ordonnateur 
Le  Roy ,  au  ministre  de  la  marine ,  datées  du  Kaire , 
Us  2  et  j  messidor. 

Citoyen  ministre. 

Depuis  le  6  prairial  ce  sont  les  turcs  qui  b!c- 
<juent  Alexandrie.  Le  nombre  des  bâtimens  de-leur 
escadie  a  varié,  raremetii  au-dessous  de  14  ou 
i5  ;  il  s'est  élevé  jusqu'au  double  ,  ei  lors  du  pins 
graVid  nombre,  on  a  cru  reconnaître  le,  25  dernier, 
i5  vaisseaux  de  ligne  ,  dont  un  à  trois  ponts  , 
8  (régates  ,  un  pinque  ,  une  demi  -  galère  ,  un 
bâtiment  dé  transport  ,  deux  que  l'on  n'a  pu 
distinguer,   enfin  un  brick  anglais. 

Le  capitan-pachj  qui  commande  en  personne, 
3  envoyé  deux  fois  ,  eh  parlementaire  ,  un  turc 
nommé  Isaac  Bey  ,  connu  pour  avoir  résidé  en 
France. 

Peu  avant  l'arrivée  de  cette  escadre,  Ips  anglais 
avaient  di-paru  :  on  dit  qu'ils  o.-»  été  à  Rhodes  et 
de  là  àJafFj. 

Depuis  le  10  du  mois  dernier,  époque  à  la- 
quelle s'arrêtait  la  dernière  leitre  que  j'ai  eu 
1  honneur  de  vous  écrire  ,"  il  est  encore  entré  à 
Alexandrie  quelques  bâ  imens  turcs  et  grecs.  Le 
nombre  total  de  ceux  arrivés  est  d'environ  quatre- 
vingt.  Les  propriétés  ennemies  qui  se  soiU  trou- 
vées sur  ces  bâtimens ,  ont  été  vendues  et  em- 
ployées au  paiement  de  la  solde.  Celles  des 
neutres  et  des  grecs  ont  été  rendues. 
•  La  nuit  du  3o  floréal  au  i^'  prairial,  la  corvette 
anglaise  le  Cormoran  ,  de  22  caronades  de  32  et 
deux  pièces  de  9  en  chasse  ,  commandée  par  sir 
Courtenay  Boyie  ,  et  armée  de  i5o  hommes  d'é- 
quipage ,  a  fait  côte  à  trois  heuès  et  demie  du 
bogaz  de  Rosette  et  deux  lieues  et  demie  du  lac 
Burlos.  Le  chef  des  mouvemens  de  Rosette  , 
l'ingénieur- constructeur  Ferand  ,  et  le  citoyen 
Zevaco,  commis  principal,  qui  est  chargé  du 
service  de  ce  quartier ,  s'y  rendirent  aussitôt  avec 
des  ouvriers.  Le  coinmissaire  principal  d'Alexan- 
drie y  envoya  également  un  sous-ingénieur  ,  un 
sou'-chiff  des  mouve.Tiens  et  des  ouvriers.  Malgré 
les  efforts  les  plus  suivis  ,  on  n'a  pu  sauver  que 
la  mâture  ;  les  voiles ,  les  manœuvres  ,  l'ariillerie  , 
tout  ce  que  contenait  la  coque  n'a  pu  l'être  ;  le 
bâtiment  s  était  ensablé  de  cinq  pieds  à  son  mi- 
lieu ,  et  rempli  de  sable  et  d'eau  jusqu'à  la 
hauteur  du  pont.  C'est  la  corvette  l'Etna  ,  cons- 
truite au  Havre-de-Groce  en  1 793  (  v.  st.  )  ,  et  qui 
avait  été  pjise  par  les  anglais. 

J'esyiere  ,  citoyen  ministre  ,  que  vous  êtes  ins- 
truit des  événemens  qui  se  sont  succédés  depuis 
le  29  veniôse  ,  époque  de  la  rupture  de  la  con- 
vention d'El-Arisch.  En  voici  le  résumé. 

La  victoire  d'Héliopdiis  a  complettement  dé- 
truit l'armée  aux  ordres  du  graod-visir  .  rt  en  a 
chassé  les  restes  jusqu  au  désert.  L'extinction  des 
troubles  du  Kaire  et  de  Boulac  ,  la  reprise  de 
tous  les  ports  ont  completté  la  conquête  nouvelle 
de  l'Egyp-.e. 

La  pacification  avec  Mourad-bey. 
L'entrée    à    Alexandrie  d'un   convoi   de    près 
de  80  voiles  turques  ,  escortées   par  quatre  cor- 
vcties  du  grand-seigneur. 

L  échouement  ,  dans  la  nuit  du  i"^  prairial  , 
«lire  Rosette  et  le  cap  Burlos  ,  de  la  corvette 
anglaise  te  Cormoran  :  on  a  heureusement  sauvé 
l'ciat-major .  l'équipage,  ainsi  qu'une  partie  des 
ïgrè»  du    bâtiment. 

Vous  n'apprendrez  pas  sans  horreut  le  crime 
d  un  ta..aiique  ,  qui  ,  venu  exprès  de  Syrie  ,  est 
TjMfveiiu  ,  aptes  avoir  logé  trente  jouis  dans  une 
moquée,  à  asAassinir  le  général  en  chef  Kléber 
<jin  >e  piomciiait  dans  son  jardin. 

Pi ofilant  de  la  convention  d'El-Arisch,  les  an- 
g  als  avaient  expédié  un  oflicier  à  Bombay  ,  et 
aMisitôt  le  cotitte-amiral  John  Blankett  est  venu 
fijns  la  Mcr-Kougc  OÙ  ,  ayant  mis  à  lerre  400  hom- 
i)ic>  de  troupes,  il  était  resté  à  croiser  avec  un 
Vaisseau,  deux  frégates ,  quatre  bricks  et  quel- 
ques autres  bâtimens. 

A  la  nouvelle  de  l'anivée  de  no»  troupes  ,  les 
11.(1^15  es  il-,  sont  rcnibatijiiés  ,  cl  à  l'époque  de  la 
«ttcisfcxn  icn  vaisseaux  se  som  «loigités. 


Vers  le  6  prairia'  ,  les  vigies  d'Alexandrie  ont 
vii  paraître  une  escadre  turque  de  quinze  vais- 
seaux de  ligne,  dont  un  à  trois  ponts,  huit 
Irégates  ,  une  demi-galere  et  quatre  autres  bâti- 
mens légers,  chargés  vraisemblablement  d'inter- 
I  dire  l'entrée  des  ports  d'Egyp'e  aux  bâiinieiis  de 
sa  natioti  ;  elle  a  remplacé  la  cré'j'sierc  anglaise. 
Cette  dernière  ,  qui  n  était  cotpposée  que  de 
d.ux  vaisseaux  et  quelques  bâtirnens  légers  , 
s'était  éloignée  quelques  jours  avant  pour  aller  , 
dit-on  ,  vers  Rhodes  et  Chypre. 

Salut  et  respect.  Signé,  Leeoy. 

A  ces  lettres  étaient  jointes  les  pièces  sui- 
vantes :  ' 

Ordre  du  jour  des  i,  2,  3,  4,  5,  %,t,  floréal  an  8.  — 
Au  quartier-général  au  Kaire. 

Rien    de  nouveau. 

Ordre  du  jour  du  8  Jloréal  an  8. 

Kléber,  général  en  chef,  ordonne  : 

Art.  I".  Il  n'y  aura  plus  d'administration  des 
finances  en  Egypte. 

n.  Le  payeur  général  (le  citoyen  Esteve  )  de- 
meure spécialement  chargé  de  la  direction  des 
revenus  publics.  Il  réglera  et  vérifiera  les  comptes 
des  recettes  de  la  contribution  générale  dont  il 
sera  parlé  à  Fart.  IV  ci-après  ,  et  de  celles-  des 
douanes  ,  du  myry  des  propriétaires,  du  droit  de 
l'enregistrement,  des  domaines  nationaux,  de  la 
monnaie  du  Kaire  .  et  des  dlfférens  droits  connus 
sous  le  nom  d'adjudicauons. 

III.  Les  agens  français  sont  supprimés.  Le 
payeur-général  pourra  néanmoins  les  employer, 
soit  comme  payeurs,  soit  comme  douaniers, 
selon  qu'il  le  jugera  convenable.  Ils  lui  rendront 
tous  ,  dans  le  plus  court  délai  possible  ,  le  compte 
général  et  détaillé  de  leurs  opéradons,  depuis 
leur  entrée  en  fonctions. 

IV.  Les  contributions  et  droits  quelconques  en 
argent,  tels  que  le  myry,  le  fays ,  le  barany  ,  le 
nabarry ,  le  kouchoufié ,  etc.  ,  des  provinces  de 
l'Egypte  ,  non  concédées  ,ne  seront  plus  conuus', 
à  partir  de  l'an  1214  de  l'hégire,  que  sous  la 
dénomination  générique  de  contributions  générales 
en  argent. 

V.  Le  général  en  chef  déterminera,  chaque 
année,  en  raison  de  la  crue  du  Nil,  de  son  inon- 
dation ,  et  du  produit  des  terres  ,  la  somme  à 
laquelle  la  contribution  générale  en  argent  devra 
être  portée. 

VI.  Immédiatement  après  la  fixadon  de  la  con- 
tribution générale  en  argent,  l'intendant  général 
cophte  présenteta  à  l'approbadon  du  général  en 
chef,  la  répartition  qu'il  conviendra  d'adopter 
dans«lcs  provinces  ,  afin  qu'elle  soit  perçue  sans 
aucune  espèce  de  déduction  ,  et  en  raison  de  la 
fertilité  de  chacune  d'elles  et  des  diflérens  droits 
qu'elles  payaient  antérieurement. 

Vu.  Le  général  en  chef  arrêtera  chaque  mois 
la  somme  que  l'intendant  général  devra  faire 
percevoir  et  verser  dans  la  caisse  de  l'armée  ,  à 
compte  de  la  contribution  générale. 

VIII.  Les  intendans  cophtes  demeureront  seuls 
chargés  de  la  perception  de  la  contribution 
générale.  Les  commandans  -des  provinces  ,  sur 
1  ordre  du  chef  de  l'état-major  général  ,  leur  four- 
niroui  la  force  armée  nécessaire,  et  veilleront, 
ainsi  que  les  préposés  du  payeur-général  ,  à  ce 
que  tous  les  fonds  perçus  soient  fidellement  ver- 
sés dans  la  caisse  de  l'armée. 

IX.  Les  intendans  cophtei  ne  pouiront  recevoir 
aucuns  à-co;iiptes  de  villages ,  sans  en  donner 
des  reçus  provisoires  aux  cheykhs. 

Ces  reçus  seront  toujours  échangés  par  ces 
intendans  à  la  fiu  du  paienlent-rde  la  £ote<part 
de  chaque  vUiagie  ^contre  un  seul  reçu  général  et 
définitif. 

X.  Les  préposés  du  payeur  général  fourniront 
aux  intendans  cophtes  un  récépissé  provisoire  pour 
chaque  versement  effectué  dans  leurs  caisses. 

XI.  Les  versemens  auront  heu  en  présence  du 
commandant  de  la  place  et  du  commissaire  des 
guerres. 

XII.  Les  payeurs  échangeront  toutes  les  dé- 
cades comte  un  seul  récépissé  comptable  ,  con- 
forme à  celui  qu'ils  adressent  au  payeur  géné- 
ral,  vous  les  récépis6é«. provisoires,  qu'ils  autoiit 
fournis  pendant  la  décade.  ... 


Il  sera  dres.fé  procès-vér'bal  de  tét'édiange 
par  le  commandant  de  la  place  et  le  commis- 
saire des  guerres.  ,  ,  ,   r 

XIII.  Lorsqu'il  n'aura' été  fait  aucun  versernfent 
pendant  la  décade,  il  sera  dressé  procès-verbal 
de  non  versement. 

Xiy,  Le  commandant  delà  place  et  le  com- 
missaire des  guerres  retireront  chacun  une  expé- 
dition originale  des  procès  -verbaux  désignés 
dans  Içs  deux  articles  précédens.  Le  çoram^p- 
dam  de  la  place  adressera  son  expédition  3* 
général,  chef  de  l'état-major  générai  ,  et  l«  com- 
missaire des  guerres  à  l'ordonnateur  çn  çnef.,,     t 

.  XV.  Les  récépissés  décadaires  fourni»  aux 'in- 
tendans cophtes  ,  conformément  à  1  article  XII, 
ci-dessus ,  seront  leurs  seules  pièces  de  dé- 
charge ,  et  il  ne  pourra  sous  aucun  prétexte  leur 
en  être  alloué  d'autres  dans  le  compte  annuel 
qu'ils  devront  rendre  au   payeur  général. 

XVI.  A  la  fin  de  chaque  année  ,  et  avant  que 
le  payeur  général  règle  le  compte  annuel  de  la 
contribution  générale,  les  commandans  déplaces^ 
les  commissaires  des  gtierres  et  les  préposés  du 
payeur  général  ,  prendront  les  mesures  convena- 
bles pour  que  le  cheykh  de  chaque  village  leur 
produise  le  reçu  fourni  par  les  intendans  cophtes» 
conformément  à  l'article  IX  ci-dessus,  pour' la 
côie-part  de  son  village  dans  la  contribution 
générale  de  l'année  échue.  ., 

Ils  en  feroni  le  relevé  exact,  et  l'adresseront , 
certifié  par  eux,  chacun  ,  à  leur  chef  respectif. 

XVII-  Il  sera  accordé  aux  intendans  cophte» 
percepteurs  une  prime  de  8  pour  cent;  elle  sera 
indépendante  de  la  contribution  générale  et  le» 
cophtes  la  percevront  dans  les  provinces  à  leiit 
proht  :  elle  figurera  cependant  dans  une  colonne 
particirherç  sur  1  état  de  répartition  dont  il  est 
parle  alarncle  VI  ci-dessus ,  et  les  villages  qui 
devront  la  payer  seront  désignés. 

XyiII.  La  prime  accordée  auxintendans  copte* 
pari  article  précèdent  deviendra  le  seul  et  uni- 
que salaire  auquel  ils  pourront  prétendre  soit 
pour  les  recompenser  de  leurs  travaux  dans  la 
perception  de  la  contribution  générale  et  le  re- 
couvrenient  des  grains,  soit  pour  le  rembour- 
sement des  frais  quelconques  auxquels  ils  seront 
assujeuis  ;  elle  pourra  néanmoins  être  réduite  à 
la  tnoitié  ,  lorsque  les  versemens  à  faire  chaque 
mois  ,  conformément  à  l'article  VII  çi-desSus 
n'auront  pas  été    effectués   en  entier.  ' 

XIX.  Les  recettes  que  le  payeur  général  a 
faites  en  ce  moment  sur  les  contributions  de  l'aA 
1214  seront  considérées  comme  un  à-coinpte 
perçu  sur  la  contribution  générale  de  cette  année. 

L'ordonnateur  en  chef  dressera  procès-verbai 
de  ces  recettes  en  présence  du  payeur  général  et 
de  l'intendant  général. 

XX.  A  l'égard  dps  contributions  et  autre» 
droits  des  provinces  perçus  sur  l'an  iai3  il  ei» 
sera  encore  dressé  p^ocèsrverbgl  par  l'ordoniiateur 
en  chef  ,  en  présence  du  payeur  général  et  dé 
l'intendant  général.  Le  général  en  chef  ,  après 
la  remise  qui  lui  sera  faite  de  ce  procès-verbal 
abandonnera  au  projBt  des  intendans  cophtes  ' 
ainsi  qu'il  l'a  fait  pour  l'an  1212  ,  tout  ce  qui 
peut  rester  dû  de  celte  année.  Il  fixera  la  som^ne 
que  les  cophtes  devront  compter  extraordinaire.- 
ment  pour  lâchât  de  cet  abandon.    ■ 

XXI.  Les  douanes  ,  le  myYy  des  propriétaires  ,  /<i 
monnaie  du  Kaire  ,  les  adjudications  ,  te  droit  de 
l'enregistrement  et  /«,  domaines  nationaux  sont  in- 
dépeudans  de  la  contribution  générale. 

Le  général  en  chef  arrêtera  particulièrement  Te 
mode  de  perception  et  d'administration  de  chacun 
de  CCS  dinérens  revenus.  1 

XXII.  Il  ne  pourra  plus,  sous  ^ucur;  prétexte., 
être  passé  de  balix  pour  affermages  de  village». 

Signé ,  Kleber. 
Le  général  de  division;  chef  de  létat  major  général , 
Signé  Dama  -s. 
Pour  copie  conforme  au  registre  d'ordre  , 
L'adjvdfiVt- générai ,  sous-chef  Ht  l'étal-major-générai. 
Signé  René. 

•(  f^j^d-ans  le  supplément  au  Moniteur  ^'h\tx 
l'ordre  du  jout  des  9  et  lo'floiéal.  )  '     J 


Ordn  du  jouir,  des  ii,'  i«,  W  i3  Jlorial,  —  A^ 
quartier-génital  aur  Kaire  ,  U  if  foréat  an  8. 

-  Rien  de  nouveau. 

Ordre  du  jour  ,  du  14  Jlorêal  an  8. 
Kleber,  général  en  chef,  ordonne: 
Le  comité  administratif  fera  une  vente  pour 
six  cents  mille  fran,cs  ,  des  objets  existans  dans 
«es  magasins  hoiï  propres  au  service  de  l'armée. 
Cette  somme  sera  uniquement  destinée  au  paie- 
ment des  deux  mois  d'appointemens  de  l'an  7  , 
dus  aux  officiers  de  l'armée. 

Signé,  Kleber. 
Lt  général  de  division  ,  chef  de  tétat-major-général. 
Signé ,  Damas.'  . 
Pour  copie  conforme   au  registre  d'ordre.     '  •■ 
L'adjudant-général ,  sous-chef  de  i état-major-général. 

René. 

Ordre  du  jour,  du  16  Joréal  an  8.  —  Au  quartier- 
général  au  Kaire. 

Kleber,  général  en  chef,  ordonne  : 

A  dater  du  vingt  floréal  courant ,  il  sera  perçu 
un  droit  de  péage  au  pont  de   Gyzéh. 

Art.  I".  Tout  militaire  ou  employé  français  à 
la  suite  de  l'armée  est  exempt  du  droit  de  péage. 

II.  Tout  égyptien  ,  sans  aucune  exception, 
payera  ; 

Pour  un  homme  à  pied,  5  quinettes,  ou  un 
demi-parat. 

Pour  chaque  âne  ,   i  parât. 

Pour  chaque  cheval,  chameau  ou  boeuf,  2  par. 

Pour  un  djermon  ou  demi-djermon  vide  ,10  p. 

Pour  un  djecmon  chargé  à  moitié  ou  à-peu- 
près ,  20  parais. 

Pour  un  djermon  entièrement  chargé,  3o  par. 

Pour  une  djerme  vide  ,   i5  parats. 

Pour  une  djerme  ciiargée  à  moitié  ou  à-peu- 
près  ,  3o  parats. 

Pour  une  djerme  entièrement  chargée  ,  40  par. 
Signé,  Kleber. 
te  général  de  division,  chef  de  l'état-major-général , 
Signé  Damas. 

Pour  copie  conforme  au  registre  d'ordre. 
L'adjudant-général ,  sous-chef  de  l'état-major  général. 
Signé,  René. 

Ordre  du  jour  du  17  floréal.  — Au  quartier  -  général 
au  Kaire. 

L'armée  est  prévenue  que  le  général  en  chef  , 
BU  nom  de  la  République  ,  a  accordé  la  paix  à 
Mourad-Bey,  en  lui  faisant  concession  des  revenus 
de  la  province  de  Gyrgéh. 

Désormais  le  premier  arrondissenrient  sera  com- 
posé des  provinces  de  Syoulh  et  de  Minjéh  ; 

Le  deuxième,  des  provinces  de  Beny-Souef  et 
du  Fayoum  ; 

Le  troisième ,  des  provinces  d'Attfyèhhly  et  de 
Gyzéh  ; 

Le  quatrième  ,  des  provinces  de  Charqyéh  et 
du  Qéleyoubéh  ; 

Le  cinquième,  comme  ci-devant,  des  provinces 
de  Bahhyréh   et  de  Rosette; 

Le  sixième,  comme  ci-devant,  des  provinces  de 
Damiette  et  de  Manssourah  ; 

Le  septième,  comme  ci-devant,  de  la  province 
de  Gharbyéh  ; 

Le  huitième  ,  comme  ci-devant ,  de  la  province 
de  Menouf. 

Le  général  de  brigade  Donzelot  commandera 
le  premier  arrondissseraent. 

Le  général  de  brigade  Zayonchek  coinman- 
dera  le   deuxième. 

Le  général  de  division  Priant  commandera  le 
troisième  ; 

Le  général  de  division  Reynier  commandera  le 
quatrième. 

Le  général  de  division  Lanusse  commandera 
le  cinquième. 

Le  général  de  division  Rampon  commandera 
le  sixième. 

Le  général  de  division  Veidier  commandera  les 
septième  et  huitième. 

Le  service  des  postes  reprendra  son  activité  au 
prenaier  prairial;  il  y  aura  des  bureaux  établis  au 
KLaire  ,  Boulac  ,  Alexandrie  ,  Rosette  ,  Damiette  , 
Menouf  ,  Belbeys  ,  Bény-Souef  et  Syoulh. 

Les  couriers  partiront  tous  les  jours  impairs  ,  à 
midi. 

Le  général  de  division  ,  chef  de  i  état-major  général , 
Signé  Dama» 
Pour  copie  conforme  au  registre  d'ordre  , 
L'adjudant  général ,  sous-chef  de  l'état-major  général , 
René. 

Ordre  du  jour,  du  18  floréal,   an8'  —  Au  quartier- 
général  au  Kaire. 

L'on  a  oublié  de  mettre  à  l'ordre  du  jour  du  l6, 
qu'il  c'y  a  lien  eu  de  nouveau  le  l3. 


1418 

^  A  commencer  du  l".  thessid^r  vfes  demi  -  bii.- 
gades  demeureront  chargées  de  la'confection  des 
souliers  ,  à  raisoji  de  4S  ious  pat-paire  ,  etd'une 
paire  par  trimestte  pour  chaque  homme. 

Le  payeur  gènétal  pécomptera  de  suite  'à"icha-' 

cune  des  demi  brigades, une  somrne  de  2,000  liv.  , 

poui  les  même  a  même  lie  faire  les  emplettes,  et 

de  foi  mer  les  établiSJemens  relàt4fs-à  cet  objet.     ■ 

/  ,  :  'v  ■Sî'g-fie.'K'-E-BKp.    , 

Le  général  de  division  ,  chef  de  l'éiat-'major  général , 

.   .  :^^  V        ^Signé  Damas.' 
L' adjudant-général ,  sous-chef  de  l' état-major  général. 


René. 

Ordre  du,  jour  ,■  du  g  f  créai  an  8.  —  Au  quarfier- 
général  du  Kaire. 

Rien  de  nouveau. 

Ordre  du  jour ,  du  20  floréal  an  8. 

Kleber,  général  en  chef,  ordonne  : 

An.  I".  Les  marchandises  et  denrées  exisi'^t 
dans  les  magasins  de  la  douane  à  Alexandrie  , 
autres  que  celles  propres  aux  services  de  l'armée 
et  de  la  marine  ,  seront  mises  en  vente  le  20 
du  mois  de  prairial  prochain. 

II.  Le  comité  administratif  enverra  à  Alexandrie 
l'un  de  ses  membres  qui  sera  chargé  de  diriger 
cette  veste  ,  et  auquel  il  donnera  des  instruc- 
tions en  conséquence. 

III.  Le  comité  fera  connaître  ,  par  une  affiche 
imprimée  dans  les  deux  langues  ,  la  qualité  et 
les  quantités  approximatives  des  marchandises 
qui  seront  à  vendie. 

IV.  Il  sera  formé  une  commission  chargée  de 
prononcer  détiiiijivemenl  sur  les  réclamations 
relatives  à  la  propriété  desdites  marchandises  et 
denrées  ,  et  qui  devront  lui  être  présentées  cinq 
jours,  au  .moins  ,  avant  l'époque  fixée  par  la 
vente. 

V.  Cette  commission  sera  composée  du  mem- 
bre du  comité  administratif  chargé  de  la  vente  , 
du  commandant  dtf  la-  place  d'Alexandrie  ,  et 
du  citoyen  Maillot  ,  commissaire  de  marine  : 
elle  sera  présidée  parle  membre  du  comité. 

Signé,   Kleber. 
Le  général  de  division ,  chef  de  l'étal-major-général 
de   l'armée  , 

Signé  ,   Damas. 

Pour  copie  conforma  ,   au  registre-  d  ordre. 
L'adjudant-général,  sous-chef  de  l'état-major  général, 
René. 

Supplément  à  l'ordre  du  jour  du  jour  du  ï5  prairial. 
—  Au  quartier-général  au  Kaire. 

Kleber,  général  en  chef,  ordonne  : 

Art.  I''.  L'ordre  du  jour  du  6  pluviôse  an  7 
est  lapporté  :  les  dispositions  suivantes  et  celles 
du  29  germinal  concernant  la  légion  nautique  , 
compléteront  le  mode  de  comptabilité  du  per- 
sonnel de  la  marine. 

II.  Vu  l'ordonnance  du  3i  octobre  I784,  et 
l'arrêté  des  consuls  ,  du  28  frimaire  an  8  ,  il  sera 
réservé  un  tiers  sur  les  appointemens  des  officiers 
civils  et  militaires  de  la  marine  ,  pour  être  payé 
en  France   à  leur  famille. 

A  l'égard  des  autres  marins,  les  mois  de  famille 
seront  acquittés  par  l'excédent  de  leur  solde  de 
mer  sur  celle  d'assimilation  avec  l'armée  de  terre. 

La  paie  actuelle  des  novices  et  mousses  ne 
laissant  rien  pour  cet  objet ,  ils  seront  payés  ,  à 
compter  du  t'' vendémiaire  an  8  ,  les  novices  à 
7  fr.  5o  cent,  par  mois  ,  les  mousses  à  6  fr. 

III.  Les  rôles  d'équipages  seront  tenus  avec 
soin  à  bord  de  chaque  bâtiment.  Les  doubles 
de  ces  rôles  seront  déposés  dans  les  bureaux  de 
la  marine  du  lieu  de  l'armement  ou  autres. 

IV.  Il  ne  sera  fait  de  paiement  aux  marins  et 
autres  employés  au  service  de  la  marine  ,  que  sur 
les  états  des  commissaires  de  la  marine. 

V.  L'ordonnateur  de  la  marine  prendra  les 
mesures  pour  que  les  décomptes  arriérés  des 
marins  passés  dans  divers  corps  de  l'armée  ,  soient 
acquîtes  aussitôt  que  les  marins  des  deux  arron- 
dissemens  auront  été  soldés  des  mois  désignés 
dans  les  ordres-'dti  jour. 

Signé ,  Kleber. 

Le  général  en  chef  ordonne  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  Les  magasins  de  la  marine  à  Alexan- 
drie ,  les  bâtimens  stationnés  sur  les  côtes  ,  seront 
pourvus  de  vivres  de  campagne. 

II.  La  quantité  ,  la  nature  et  l'époque  des  dis- 
tributions desdits  vivres,  seront  déterminées  par 
des  ordres  particuliers. 

III.  Dans  les  rades  ,  et  dans  toutes  leiî  autres 
circonstances  ,  les  marins  seront  nourris  en  se 
centormant  aux  articles  III ,  IV  et  V  de  l'oidre 
du  S.  


IV.  Les  fonds  pour  indemnités  seront  remis 
aux  aides-'corfimissaircs  et  employés  .  à  l'instar  de 
.ce>ix_pt.éçédeaixn&nt  dêsiiflis  .aux  achats  de  lé- 
gumes  frais. 

^    ■  :.      vi\<^\'\  Sîgne,  RiiERER'./. 

"tE-gétréral-  en  ctieï,-considéranrque  le  biocus 
des  pX(P(ii|S  d'Çgypie  ,  également  nuisible  anx  jn- 
térêts  de  la  république  et  à  ceux  du  corumeirce  , 
exige  des  mesures  relatives  aux  ciicousiancés  , 
ordonne  ?  ,       .     , 

Art.  I".  Tous  les  ordres  relatifs  aux  bâtimens 
de  commerce  ,  et  notamment  ceux  des  27  fruc- 
tidoran  6  ,  23  fri^^ire  et  i5  pluviôse  an  7  ,  sont 
rapportés. 

II.  L'affrètement  passé  le  i"  germinal  an  7- pouf 
40  bâiiméns,  à  l'exclusion  des  autres ,  est  atvnullé* 

III.  Pour  que  l'intéiêt  des  armateurs  des  bâti- 
mens de  commerce  retenus  par  force  majeure  , 
le  sort  des  capitaines  ,  officiers  et  marins  qui  y 
sont  embarqués,  soient  conveaablemcni  stipulés ,- 
il  sera  établi  un  conseil  intitulé  des  capitaines  dt 
navire. 

IV.  Ce  conseil  ,  présidé  par  le  chef  du  bureaiji 
de  l'insciiplion  maritime  ,  sera  composé  des  mem- 
bres ci-apiès  nommés  par  tous  les  capitaines  d« 
navires  et  pris  , 

Savoir: 
Parmi  ceux  du  convoi  de  Toulon   .    .       t 
Parmi  ceux  du  convoi  de  ^Iarseille.    .       i 
Parmi  ceux   du  convoi  de  Gênes.    .    .       i 
Parmi  ceux    des    convois    de    Corse  , 
Civita-Vccchia  ,  et  des  bâtimens  qui  n'ap- 
partiennent à  aucun  convoi t 

Total  .       4 

V.  Ce  conseil  sera  chargé  de  réunir  et  présenter 
chaque  décade  au  commissaire  principal  de  la 
marine,  un  état  des  demandes relativesaux  besoins 
des  marins  du  commerce  ,  de  tenir  la  main  à  l'en- 
tretien des  navires  ,  et  de  répartir  la  somme  qui 
sera  mentionnée   ci-apiès. 

VI.  Le  général  en  chef  alloué  par  mois  une 
somme  de  seize  mille  livres  ,  qui  sera  consacrée 
aux  dépenses  d'entretien  des  bâtimens,  au  pro- 
rata du  plus  ou  moins  de  port  ou  tonneaux  , 
et  aux  à-compies  de  solde  aux  capitaines. 

VII.  Le  conseil  des  capitaines  de  navire  déter- 
minera ce  qui  devra  être  réservé  par  mois  pour 
l'entretien  de  chaque  navire;  l'excédent  sera  là- 
compte  de  solde  du  capitaine. 

VIII.  Au  moyen  de  ce  ,  les  capitaines  demeu- 
reront responsables  de  la  situation  des  bâtimen» 
qui  seront  inspeciés  dans  la  première  décade  de 
chaque  mois  ,  par  les  chefs  du  mouvement ,  de» 
constructions  et  de  l'artillerie.  Le  ptocès-verbal 
de  cette  visite  sera  remis  au  commissaire  prin- 
cipal. 

IX.  Les  officiers  des  bâtimens  de  commerce  , 
autres  que  les  capitaines  ,  recevront  un  franc  par 
jour  et  la  ration  ,  comme  à-compte  de  ce  qiii 
pourra  leur  revenir  au  désarmement. 

X.  Les  officiers  mariniers  et  matelots  du  com- 
merce ef  autres  ,  recevront  pareillement  comme 
à-compte  ,  en  sus  de  la  ration  ,  la  solde  .  con- 
formément à  leur  grade  au  rervice  de  l'état,  et 
en  suivant  l'assimilation  avec  l'armée  de  terre. 

XI.  Le  paiement  de  cette  solde  ,  tant  pour  ce 
qui  est  dn  de  l'an  7  que  pour  l'an  8,  sera  divisé 
en  trois  parties.  Les  marins  recevront  deux  tiers, 
et  il  sera  demandé  au  ministre  de  la  marine  et 
des  colonies  ,  de  faire  payer  l'autre  tiers  aux 
familles. 

XII.  Les  marins  restés  au  service  des  bâtimens 
du  commerce  seront  soldés  immédiatement  après 
ceux  de  la  maiine  militaire. 

XIII.  Le  chef  du  bureau  de  l'inscription  mari- 
time est  chargé  de  tenir  registre  des  sommes  payées 
en  Egypte  aux  capitaines ,  aux  officiers  des  bâti- 
mens du  commerce  ,  aux  officiers  mariniers  ,  ma- 
telots ,  et  autres  desdits  navires.  Il  remettra  à 
chacun  son  décompte  au  moment  oh  il  aura 
ordre  de-  (Quitter  l'Egypte. 

XIV.  Il  sera  accordé  aux  bâtimens  qui  parti-  ■ 
ront  ta  quantité  de  vivres  nécessaire  relativement 
à   la  diirèe  possible  de  leur  navigation   et  à  la 
composition  des  équipages. 

XV.  Lorsque  la  situation  des  magasins  le  per- 
mettra ,  l'administration  de  la  marine  pourra  faire 
délivrer  ,  sur  les  demandes  des  capitaines  visée» 
par  le  conseil  dénommé  dans  l'article  III  ,  les 
matières  nécessaires  à  l'entretien  des  navires  ;  mai* 
alors  le  prix  en  sera  retenu  sur  les  fonds  d'en- 
tretien de  l'article  VI.  *■ 

XVI.  Toute  fourniture  de  vivres  (les. râlions 
ordinaires  exceptées  )  feront  partie  des  retenues 
à  exercer  sur  le  décompte  tinul  de  chaque  navire. 

XVII.  Il  sera  formé  un  état  définitif  des  bâti- 
mens qui  ont  été  démolis  ou  achetés  pour  le 
service  de  la  république.  Cet  état  indiquera  le 
nom  des  capitaines,  celui  des  propriétaires ,  et 
fera,  connaître  ceux  qiii  ont  été  soldés  en  lettres- 


3e-ehange  ,  et  ceux  rjui  n'ont  reçu  aucun  paie- 
ment. ,  .,^.  '  /',■''.  .'■ 
XVIII.  Le  général  en  chef  prendra  à  l'égard 
des  propiiélaires  des  bâiinitiis  exisians  aujour- 
d'hui dans  les  ports  de  lEKypte  le  parti  le  plus 
favorable  aux  inléiêls  commun»  ,  et  tel  que  la 
situation  des  choses  le'JJerraetira. 

Signé ,  K.LEBER. 

ALLEMAGNE. 

Hambourg  ,  k  2  fructidor, 

"Les  letties  arrivées  her  de  Londres  et  de  Dan- 
nemaik  ,  ne  permeiteit  plus  de  douter  qu'une 
«xpédiiion  anglaise  re  soit  dirigée  comte  le  Dan- 
nemaïk.  Les  anglais  coniitiuent  à  prendre  les  vais- 
seaux danois.  Les  capitaines  îles  bâiiraens  anglais 
disent  unanimement  qu'ils  ont  reçu  ordre  de  cou- 
rir sur  tous  les  vaisseaux  danois  ,  suédois  et 
russes.  Non  contens  de  cela,  ils  s'en.parent  de 
lous  les  vaisseaux  destinés  pour  AlfOna  et  pour 
notre  ville.  Un  vaiiseau  prussien  même  a  éié  , 
ces  jours  derniers  ,  leur  proie.  On  ne  veut  plus 
assurer  de  vaisseau  danois  ou  suédois  ;  les  as- 
surances ont  même  monlé  pour  les  vaisseaux  an- 
glais. P.usieurs  de  ces  derniers  se  trouvent  à  1  em- 
bouchure de  l'Elbe  ,  et  prennent  tous  les  navires 
inarchjnds  :  auc  un  vaisseau  n'ose  sortir. 

Les  préparatifs  de  guerre  sont  très-considérables 
dans  tout  le  Danneraaik.  P.usieurs  régimens  ont 
eu  ordie  de  se  rendre  à  Elsetièur  et  à  Kronburg. 
Qjiaire  vaisseaux  de  ligne  stationnent  dans  le 
Sund  ;  des  ordres  ont  été  donnés  poitr  le  giée- 
ment  de  treize  autres  ,  dont  deux  de  80  canons  , 
sans  compter  les  vaisseaux  destinés  à  la  défense 
des  côtes  et  des  ports.  Une  flotte  anglaise  de  «5 
vaisseaux  de  ligne  et  frégates  ,  avec  dix  bâtiraens 
de  transport,  est  arrivée  à  Anholt.  Seize  de  ces 
■vaisseaux  sont  allés  à  Kronburg.  Le  capitaine  an- 
glais Popham  a  fait  signifier  au  commandant  d  El- 
seneur,  qu'il  voulait  entrer  dans  le  Sund  avec  sa 
division  :  la  menace  ceper.da.it  n'a  pas  encore  été 
réalisée.  Il  n'y  a  qu'une  voix  dans  tout  le  Dm- 
nemarck  :  ')  Sacrifions  tout  à  la  défense  de  notre 
patrie  ,  de  notre  gouvernement  ,  de  nos  droits, 
contre  les  usurpateurs  anglais.  ;» 

La  guerre  paraît  prête  à  éclatfr  dans  le  nord  ; 
elle  dépend  de  la  décision  de  Paul  I".  S'il  se 
déc  are  pour  le  Dancemark  et  la  liberté  du  com- 
merce ,  l'orgueil  anglais  sera  humilié.  Cette  fiere 
nation  ne  voudra  pas  s'engager  dans  une  guerre 
qui  pouf  rail  être  si  avantageuse  pour  les  puissances 
mariiimes,  et  sur-tout  pour  la  France  ,  l'Espagne 
et  la  Batavie. 

Slrasb.  Weltbote. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  2g  août  (  11  fructidor.) 

Le  dernier  tremblement  de  terre  qui  s'est  fait 
sentir  dune  manière  si  terrible  sur  la  côle  de 
Sumatra  ,  a  élevé  à  la  surface  de  la  mer  un  écueil 
;  dangereux  et  d'une  grande  éiendu<-  ,  qui  n'est 
point  encore  marqué  sur  la  carte.  Il  a  été  dé- 
couvert,  le  20  biumaire' dé  cette  année,  par  le 
navi:e  le  Bergen.  Le  relevé  exact  qui  en  a  été  pris, 
va  être  rendu  public  pouf  l'instruction  des  na- 
vigateurs. 

On  mande  de  Bombay  que  le  port  de  Galles  , 
OÙ  touchent  les  vaisstiux  dans  louits  les  saisons 
de  Tannée  ,  a  été  paifaiiement  reconnu  par  le 
master  attendant  du  lieu  (  le  capitaine  du  port  )  ; 
mais  comme  1  entrée  du  havre  est  difficile,  on 
n'en   publiera  le  plan  qu'à  la  pa'x. 

Le  gouve  nemtnt  suprême  du  Bengale  ,  vu  la 
rareté  du  bois  de  construction  au  Cap-de-bonne- 
E^pét,ance  ,  a  permis  d'y  en  importer  de  grandes 
quantités  du  Pégu. 

Une  des  voitures  de  suite  de  l'ambassadeur  turc 
s'étant  rompue  sut-  la  route  d'Yarm.uth  où  il 
allait  s'embarquer ,  son  excellence  fit  aussitôt 
arrêter  la  sienne  ,  et  ,  descendue  avec  tout  son 
monde  ,  elle  se  retira  dans  un  bois  voisin  ,  en 
attendant  que  la  voilure  lût  réparée;  ce  qui  de- 
manda près  de  deux  heures  de  tems.  Un  tapis 
fut  étendu  parterre;  les  postillons  eurent  ordre 
de  faire  du  feu  :  on  servit  ensuite  du  caffé  à  l'am- 
bassadeur qui  le  prit  assis  à  la  manière  turque  et 
sous  un  pavillon  attaclié  à  quelques  arbres.  Son 
excellence  ,  loin  de  paraître  sensible  à  l'accident  , 
semblait  au  contraire  heureuse  de  l'occasion  qu'il 
lui  fournissait ,  ainsi  qu  à  sa  suite  .  de  fumer  une 
pipe  en  plein  air. 

Lord  Bridport  ,  comme  lieutenant-général  des 
troupes  de  la  marine  ,  remplace  l'amiral  Bar- 
ringion  qui  en  éiait  général.  Le  comte  de  Saint- 
Vincent  a  été  nommé  au  gradç  cl''  premier. 

Du  l"  septembre  (  H  fructidor.  J 

Trois  pour  cent  consolidés  65  ;.  —  Omniurn  5  i. 

Les  dernières  nouvelles    de  Copenhague  ,  qui 

•ont   du  23  août  ,  portent  que  l'amiral  Dickson 

continue  de  mouiller,   avec. sa  floue,  sous  la 


M19 

forteresse  t^pa  Cronembourc;.  Chaque  vaisseau 
anglais  est'  en  face  d'un  vaisseau  danois  ,  et  de 
pari  et  d'auire  on  est  tout  prêt  au  conibai.  Cr- 
pendant  les  uflicie  s  des  deux  flottes  se  visitent 
mutuelleiiicnt.  L'amiral  danois  est  venu  à  bord 
du  vaisseau  de  l'amiral  Dickson,  qui  l'a  fait 
saluer  de  g  cotrps  de  canon.  Ce  dernier  a  éie 
ensuite  inyiié  à  dîner  à  terre.  Notre  llan,e  reçoit 
d'Elseneur  toutes  les  provisions  dont  elle  a 
besoin.  ui.    . , ,    ■.  ., 

Les  vaisseaux  expédiés  sous,'  f«,  'bVdres  du 
capitaine  Graves  pour  aller  re'iïftii'cél-  l'amiral 
Dickson  ,  sont  ;  ,'  '   -'    '    ' 

Le  Cumherlund ,  de  74;  Le  Terrible,  de  74;  la 
Résolution,  de  74  ;  l'AgameMrtott.-.y'  de  64;  le 
Raisonnable,   de  64;  et  le  Mon'moulh  ,   de  64. 

On  apprend  que  le  Roi-Georges ,  navire  mar- 
chand de  700  tonneaux,  revenant  de  la  Jamaïque 
à  Londres,  a  sauté,  et  qu'une  (grande  partie  de 
son  écjuipage  a  péri.  Il  y  avait  400  pipes  de  vin 
de  Madère   à   bord. 

La  floue  de  la  Jamaïque ,  consistant  en  40  voiles, 
est  arrivée  à  l'île  de  Wight ,  soijs  l'escorte  de 
l'Annibal,  de  74.  Les  bâiirnens  de  Bristol  ,  au 
nombre  de    U  ,  y  sont  cnttés. 

Il  existe  ici  ,  dans  ce  moment ,  un  aloës  en 
fleur  qui  a  plus  de  sSoo  boutons.  Le  jei  de  la 
fleur  est  très-droit ,  et  présente  la  régul.iriié  d'un 
beau  candélabre  de  trente  branches.  C'est  une 
des  plus   belles  producuons  de  la,  nature. 

[Extrait  du  Courrier  et  du  Sun.  ) 

I     N     T     É     R     I     E     U     R. 

Parii  ,  le  '20  fructidor. 

OuiKEL  eiSchreder,  associés  des  brigands  qu'on 
poursuit  à  Lyon  ,  et  qui  ont  as's^sslné  la  femme 
Pinel  ,  leat  messidor  dernier ,  ont  été  condamnés 
s  mort  et  ont  subi  leur  jugement.  Ils  ont  fait  , 
avant  de  mourir  ,  des  révélations  qui  vont  devenir 
fort  utiles  pour  la  recherche  de   leurs   complices. 

—  Le  21  de  ce  mois,  le  théâtre  de  1  Opéra 
comicjue  donnera  un  concert,  dans  lequel  seront 
entendus  quelques-uns  des  artistes  italiens  dont 
le  talent  a  déjà  eu  l'occasion  dç  briller  au  temple' 
de  Mars,  le  jour  de  l'anniversaire  du  Qjratorze- 
Juillet. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  dm  18  fructidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  -,  sui-  le  rapport 
du  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  ,  le 
conseil  d'étal  entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  l'f.  Lorsque  les  colons  propriétaires,  ou 
autres  citoyens  français,  munis  de  passeports 
visés  du  ministre  de  la  inarine  et  dés  colonies  , 
auront  éprouvé  du  retard  pour  leur  embarque- 
ment pour  les  colonies  ,  les  préfets  maritimes 
dans  les  grands  ports  ,  ou  les  commissaires  prin- 
cipaux de  marine  dans  les  ports  de  cotnmerce  , 
sont  autorisés  à  proroger  le  terme  de  ces  passe- 
ports ,  pour  trois  mois  ou  plus,  suivant  les  cir- 
constances, en  rendant  compte  au  ministre  de 
de    la   maiine   et  des  colonies. 

II,  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  est 
chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera 
imprimé  au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 

Par   le    premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre  ,   arrêtent  ce  qui  suit  : 

Art.  I"  Les  chefs  d'escadron  ou  de  bataillon  , 
adjoints  aux  états-majors-générapx  ,  recevront 
la  même  solde  que  les  aides-de-camp  du  même' 
grade. 

II.  Les  ministres  de  la  guerre  et"'  des  finances 
sont  chargés  ,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé,  IBonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état,  signé.,  H.-B.  ^Maret. 
Autre  arrêté  du   même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport  du 
ministre   de  l'inièrieur  ,  ariêtent  : 

Art.  I".  Les  habitans  du  dépariemeht  du  Fi- 
nistère sont  autorisés  à  élever  à  Carhaix  un  mo- 
nun.ent  à  la  {mémoire  de  Latour-d'Auyergne. 

II.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  imprimé 
au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  Signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  ctjn&ul  , 
Le  Mcrélaire-d'étai,  signé,   H.  StJMarbt. 


Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  répEibliqtié  ,  surn^"?aj>p<jrt 
du  ministre  de  la  jtistité',  le  Cotjseil- ci'ètat''fiii"-' 
tendu  ,  arrêtent  :       '     "''     •  '    • 

An.  1''.  Les  iriburiàux  d'arrondissement  et 
d  appel  ,  aux^juels  il  est  accordé  des  vacances, 
et  quisont  divisés  en  sections,  remplisseiu  Ib' 
devoir  qui  leur  est  imposé  par  l'ariicle  premiéiP 
de  l'anêté  du  5  de  ce  mois  ,  soit  que  chacuni; 
des  sections  en  7)aniculier  donn'e  au  rnoins  une 
audience  par  décade  pendant  le  ierns  des'  vaca- 
tions ,  soit  qu'une  des  sections  ou  mémo' une 
réunion  suffisante  déjuges  ,  pris  sur  tout  le  tri- 
bunal, satislasse  à  1  obligation  'commune  j  en- 
donnant  par  décade  au  moins  autant  d'audiences' 
qu'il  y  a  de  sections  dans  le  tribunal.  ' 

U.  Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de'l'ex.é- 
cuiion  du  présent  arrêté,  qiii'sera  imptime'iu 
Bulletin  des  lois.  ■•>,■■•■  .  , 

Le  premier  consul ,  Signé,  BoNA!>ARtE. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire'd'étai ,  sJLgnè .îi,^.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
présenté  par  le  ministre  de  lajustice  : 

Vu  la  pétition  des  avoués  établis  près  le  tri- 
bunal d'appel  à  Paris. 

La  loi  du  20  mars   1791  ,  portant  : 

Art.  III.  >)  Il  y  aura  auprès  des  districts  .  des  of- 
ficiers ministériels  ou  avoués  ,  dont  la  fonction 
sera  exclusivement  de  représenter  les  parties., 
d  être  chaigés  et  responsables  des  pièces  et  tiires 
ries  parties  ;  de  faire  les  acies  de  foime  néces- 
saires pour  la  régulariié  dé  la  'procédure  .  et 
metir.-  l'affaire  en  état:  les  avoués  pouiront  rtiême' 
défendre  les  parties  ,  soit  verbalement  ,  soit  par 
écrit.  )> 

La  loi  du  6  mars  1791  ,  portant  : 

Art.  XXXII.  Il  Par  provision,  et  en  attendant 
quilnité.é  fait  un  nouveau  tarif,  les  émolutnens 
personnels  des  grefKers  sur  chaque  e.ipédiioa, 
des  avoués  ,  sur-  chaque  acte  de  procédure  des 
huissiers  -  audienciers  ,  sur  chaque  exploii  ou 
signification  ,  seront  des  trois  quarts  des  anciens. 

Il,  Tous  ces  droiis  ne  seront  perçus  sur  ce  pied, 
même  dans  les  affaires  d'app  .1  ,  qu'eu  égird  aux 
tarifs  établis  dans  chaque  lieu  pour  les  affaires  de 
première  instance. 

)'  A  Paris  ,  le  tarif  de  1778  qui  avait  lieu  aux 
requêtes  du  Palais  ,  servira  de  base  aux  propor-. 
tions  ci-dessus  déterminées  ,  eu  ce  qm  concerne 
les  droits  des  greffiers  et  des  avoués  ,  sans  qu'il 
puisse  êfre  alloué  aux  avoués  aucun  droit  de  con- 
seil ni  de  consultation  ,  attribué  par  ce  tarif  au;i. 
ci-devant  procureurs.  >> 

,  Et  article  XXXIV.  «Jusqu'à  ce  que  l'assem-. 
blée  nationale  ait  statué  sur  la  simphfication  de 
la  procédure  ,  les  avoués  suivront  exactement 
celle  qui  est  établie  par  l'ordonnance  de  1667  , 
et  réglemens  postérieurs.  " 

Vu  la  loi  du  3  brumaire  an  g  ,  qui  supprime 
les  avoués  et  la  procédure  ; 

Vu  la  loi  du  27  ventôse  ,  qui  établit  des  avoués 
près  les  tribunaux  ,  avec  le  droit  de  postuler  et 
de  conclure. 

Considérant  que  de  la  loi  du  27  ventôse  der- 
nier,  q.ui  rétablit  les  avoués  et  leur  donne  le 
droit  de  postuler  et  de  conclure  ,  il  résulte  que 
la  loi  qui  avait  supprimé  les  avoués  et  la  pro- 
cédure  est  implicitement  rapportée  ; 

Que  le  droit  de  postuler  est  celui  d'instruire 
les  aîFaires  et  de  les  présenter  aux  tribunaux  pour 
être  jugées  suivant  les  formes  établies  par  les  lois 
et  réglemens  ,  le  conseil-d'état  entendu  ,  arrête  ce 
qui  suit  :  ' 

Art.  I'^  Jusqu'à  ce  qu'il  ait  été  statué  par  une 
loi  sur  la  simplification  de  la  procédure  ,  la  loi 
du  20  mars  1791  relative  aux  attributions  des 
avoués  ,  celle  du  6  mars  1791  qui  fij^e  les  émo- 
lumens  des  greffiers,  avoués  et  huissiers  g,;} 

ordonne  que  par  provisions  les  avoués' suivront 
exactement  la  procédure  établie  par  l'ordon- 
nahce  de  1667  et  réglemens  postérieurs ,  seront 
exécutées. 

IV.  Le  ntinistre  de  la  justice  est  chargé  de 
l'exécution  du  ptésent  arrêté  ,  qui  sera  imprinié 
au   Bulledn  des  lois.  ^        , 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte, 
Par  le  premier  consul , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B. Maret. 
Arrêté  du  même  jour.  , 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  l'intérieur,  vu  les  divers  arrêtés 
des  administrations  centrales  des  départemens  de 
la  Lys ,  de  la  Dyle  ,  deS/  Deux-Neihcs  ,  de 
rO.urihe  et  de  l'Escaut ,  sur  les  elablis.scm.ens 
nommés  Béguignages  ; 

Vu  les  actes  des  diverses  autorités  locales  qv^. 


consistent  que  ces  établis|emens  ont  toujours  etc 
consacrés  au  soulagement  des  pauvres  et  aux 
foiris  des  malades  indigens  ; 

Vu  les  lois  du  i"  mai  1793  ,  3  fructidor  an  3  , 
«  brumaire  et  s«  germinal  an  4  ,  r6  vendémiaire 
et  90  veniôse  an  5  ,  et  S  frimaire  an  6  ,  qui  eiiçepte 
de  II  vente  des  domaines  n^tonaux  les  biens 
dependans  de  pareils  établissemens  ,  le  conseil- 
délat  entendu,  arrêtent: 

Art.  1".  Tous  les  biens  et  revenus  des  établis- 
semens de  secours  existans  dans  les  déparlemens 
réunis  à  la  France  et  connus  sous  le  nom  de 
Béguignages ,  continueront  d'être  gérés  et  adnii- 
nisirés  conformément  aux  lois  ,  par  les  commis- 
sions des  hospices  dans  arrondissement  desquels 
ces  établissemens  sont  situés. 

II.  Le  ministre  de  l'intérieur  et  des  finances  sont 
chacun  en  ce  qui  le  concerne  chargés  de  1  exé- 
cHiiion  du  présent  arrêié  qui  sera  imprimé  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premkx^  consul',   rigi»  ,  Bonaparte. 

Par  le  premier''  consul  , 

*   Le  secrtiaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 


AVIS. 

Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particulières,  sur  tel  objet  que  ce 
soit  ,  doivent  être  adressées  directement  aux 
ministres  que   ces  demandes   concernent. 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  ;  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ces 
objets. 


PRÉFECTURE  DU  DÉPARTEMENT. 

Arrêté  du   19  fructidor  an  8. 

Vu  le  traité  de  régie  intéressée  de  l'octroi  mu- 
nicipal et  de  bienltsance  de  la  commune  de 
Paris  ,  passé  ,  par  le  préfet  du  département  , 
au  nom  de  ladite  commune,  le  16  thermidor 
dernier. 

Et  l'arrêté  du  ministre  de  l'intérieur,  en  date 
du  17  du  iême  mois,  portant  approbation 
dUdit  traité. 

Considérant  que  l'intérêt-général  de  la  com- 
rfiune  de  Paris  et  celui  de  chaque  citoyen  en 
particulier  ,  exige  de  la  part  de  l'adminislation 
publique  une  surveillance  constante  et  éclairée 
des  opérations  de  la  régie  intéressée  de  l'octroi 
pour  tout  ce  qui  concerne  la  perception  de 
ce  droit. 

Considérant  de  plus  que  les  actions  à  intenter 
(»H  à.  suivre  devant  les  tribunaSx  dans  les  cas  de 
saisie  et  confiscation  ,  intéressent  particulièrement 
les  établissemens  de  bienfesance  publique  de 
la  ville  de  Paris,  appellée  par  la  loi  ,  au  partage 
pour  moitié  ,  des  condamnations  prononcées  ; 
qu  ainsi  la  poursuite  des  contraventions  et  déhts 
ne  peut-êtie  abandonnée  à  l'intérêt  particulier 
des  régisseurs. 

'  Le  préfet  du  déparlement  de  la  Seine  ,  arrête  : 
Art.  1='.  Il  est  établi  pour  la  commune  de  Paris , 
une  agence  de  surveillance  près  la  régie  intéressée 
de  l'octroi. 

II.  Cette  agence  est  composée  d'un  commis- 
saire-général et   de    deux  agents. 

m.  Elle  est  chargée  :  1°  de  vérifier  les  registres 
de  déclarations ,  recette  et  travail  aux  barrières 
pour  s'assurer  si  la  perception  se  fait  entière- 
ment ,  si  elle  n'est  pas  exigée  au-delà  du  taux 
6xé  par  la  loi  ,  si  enfin  le  service  des  employés 
£6t  fait  exactement 


1420 

.      •    U-  •  ■  -  '' 

cemœune  de  Paris,  en  première  fRStai><:e,. et 
en  cause  d'appel  ,  sous  l'approbation  du  préfet 
devant  tous  tiibunaux  coropéiens ,  les  proCes 
poor  faits  de  contraventions  à  l'octroi  et  de 
dénoncer  au  ministère  public  tous  délits  de  fraude 
accompagnés  de  rébellion  et  de  violence. 

IV.  Au  moyen  des  attributions  déterminées 
dans  le  dernier  paragraphe  de  l'article  précédent, 
tous  procès-verbaux  de  saisie  seront. j-emis  à 
l'agence  par  les  régisseurs  ;  et  nul  rachat ,  pei  mis 
par  l'article  IV  de  la  loi  du  19  frimaire  dernier, 
ne  poilrra  être  effectué  que  daprès.  le  visa  de 
l'agence. 

V.  Indépendamment  des  attributions  précisées 
par  l'article  III,  l'agence  demeure  chargée  de 
la  suiveillance  générale  de  la  perception  et  de 
la  régie  de  loctroi.,  ainsi  que  de  l'emploi  des 
moyens  particuliers  qu'elle  jugera  nécessaiies 
pour  prévenir  et  découvrir  les  fraudes  ,  et  raettie 
les  fraudeurs  sous  la  main  de  la  loi. 

VLA  cet  effet,  les  fonds  restans  libres  du 
centime  par  franc  ,  réservés  pour  les  Irais  de 
surveillance  paj:  le  traité  de  régie  intéressée  , 
déduction,  faite  du  traitement  des  inspectcuis- 
gérréraux  nommés  par  le  mniistte  dt  l'intérieur , 
et  des  frais  de  l'agence  établie  par  k  présent 
arrêté,  seront  à  la  disposition  de  cette  agence, 
pour  être  employés  ,  sous  l'approbation  du  pré- 
fet du  département,  aux  frais  accidentels  de 
surveillance. 

VII.  Le  préfet  nomme  ,  pour  composer  l'agence 
établie  par  le  présent   arrêté  , 

Commissaire-gémral  :  le  cit.  Bergerot  ,  ancien 
liquidateur-général  de  la  dette    des   émigrés; 

Agents  :  le  cit.  Joiibert  ,  actuellement  agent  du 
contentieux  de  la  régie  de  l'octroi  municipal  de 
Paris; 

Et  le  cit.  Daulmont,  ancien  secrétaire  en 
chef  de  l'administration  centrale  du  département 
du  Gard. 

VIII.  L'agence  entrera  en  activité  le'  premier 
vendémiaire  prochain  ;  d  ici  à  cette  époque  il 
sera  pourvu  ,  par  des  dispositions  et  instructions 
particulières,  à  ,  son  placement,  au  mode  de 
son  organisation,  et  à  la  fixation  du  traitement 
des  agens. 

Le  présent  arrêté  sera  adressé  au  ministre  de 
l'intérieur. 

Il  sera  envoyé  aux  régisseurs  de  l'octroi. 
Il  sera  imprimé   et   affiché. 
Fait  à  la  préfecture  ,  le   19  fructidor   an  8. 
Signé,  Frochot. 
Pat  le  préfet,  le  secrétaire-général  de  la  préfecture , 
Signé  Et.  Méjan. 


loiiviage ',  invite'  les  'iîousctîpleurs  de'  faire  reti,çet , 
chaque  livraison,  aussitôt  après  sa  publicatifto  1 
afin'  de  faciliter  (  par  la 'le'ntréë'd'e  ses  avàiric'eé')  ; 
les'  moyens  de  terminer  promplement  ce'li^'lelle 
collection. 


.;:    tiVV  K  ES    D  I  V  E  R  S. 

A  Fath'e)'s  Legnc} ,  to  hii  Dandiner  s  ;  c'est-à-dlce. 
Legs  d  un  pert  à  ses  filles,  pai  Giegory  ,  docttm 
en  médecine  ,  dEdimboutg  ;  uaduit  ddangiais 
par  Andté'Morellet.  Un  vol.  in-i'i  ,iiouv.  éd.  ,à 
laquelle  on  a  ajouté  le  texte  anglais  à  côté  du  fran- 
çais.. Q  fr. ,  et  2  fr.  5o  c.  parla  poste.  ^ 

Le  succès  qu'a  eu  cet  excellent  ouvrage  d*' 
morale  en  Angleterre,  la'téputation  du  traducteur, 
l'utilité  dontil  e.t  pour  les  personnes  de  l'un  et  tJô 
l'autre  sexe  qui  désirent  apprendre  la  langue* lan- 
glaise  ,  fera  sans  doute  accueillir  cette  ntiuvellft' 
édition. 

Le' mime ,  en  français  seulement  ;  i  fr^  ,  et  i  fr. 
25   cent,   par  la  poste. 

Le  même  ,  en  anglais  ,  1  fr'.  ,  et  1  fr.i25  cent. 
par  la    poste. 

On  a  tiré  quelques  exemplaires  des  trois  édi-, 
tions  sur,  papier  vélin. 

A  Paris  ,  chez  Caillot,  imprimeur-libraire  ,  rue 
du  Cimeliere-Aiidré-des  Ans  ,  n°  6  ;  et  Louis, 
libraire,  rue  Saint-Severin  ,  n"  tio. 

Supplément  3.\i  première  édition  de  la  géographie 
de  Guthrie  ,  tiré  de  la  seconde  édition  française  , 
pour  compleltcrli  i''  édition  ,  l  vol.  de  3oo  pag. 
avec  trois  tableaux  ?  Le  papier  ,  la  justification  et 
les  caractères  ,  sont  Les  mêmes  que  ceux  de  la 
1"  édition. 

Pfix  broché  3  fr.  Co  cent.  ,  et  4  fr.  60  cent,  y 
franc  de  port.  . 

A  Paris  ,  chez  Hyacinthe  Langlois  ,  libraire  * 
quai  des  Augustins  ,  n".  46. 

On  trouve  chez  le  même  libraire  la  2'  édition 
française  de  la  géographie  de  Guthrie  ,  traduit 
de  1  anglais  ,  6  vol.  iii-8°.  et  i  d'atlas  ,  in-4°. 

Prix,  broché  27  fr.  avec  atlas  enluminé;  reli^ 
en  belle  bazane  35  f r.  ;  en  veau  87  fr.  ;  il  faut 
ajouter  7  fr.  5o  cent,  pour  le  franc  de  port. 
L'atlas  se  vend  séparément  ,  broché  to  fr.  5o  c, 
enluminé  et  en  noir  7  fr.  5o  cent.  ;  la  relieure 
en  sus  est  de  i  fr.  5o  cent,  bazanne.  L'abrégé  de 
de  la  susdite  géographie  seule  véritable  édition 
un  fort  vol.  8°  avec  10  cartes  enluminées;  pris 
6  fr.  et  7  fr.  75  cent,  franc  de  port  par  la 
poste  ,  et  relié  7  fr.  Il  tient  un  grand  assortiment 
d'atlas  ,  de  cartes,  de  globes  ,'de  sphères  ,  de 
livres  anglais  ,  etc. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Copie  de  la  lettre  écrite  par  le  préfet  de  police  ,  à  la 
régie  de  l'octroi  municipal  et  de  bienfaisance.  — 
Du  18  fructidor  an  8.  ■ 

Citoyens,  je  suis  informé  que  vos  employés 
à  la  barrière  de  la  Garre  ,  montrent  le  plus  grand 
zèle  à  secourir  les  personnes  noyées.  Déjà,  par 
des  secours  administrés  avec  intelligence  et  avec 
un  soin  tout  particulier  ;  ils  ont  rappelé  à  la  vie 
plu'ieurs  victimes  de  l'ignorance  ou  de  la  témé- 
rité. Le  citoyen  Evrard  (Jean  ) ,  contrô'eur  î.mbu- 
lant  ,  stationcé  à  cette  barrière  ,  s'est  spécialement 
distingué  par  des  traits  d  humanité  et  de  courage. 
Veuillez  bien  leur  transmettre,  et  notamment  au 
citoyen  Eviard  ,  letétiioignage  de  ma  satisfaciion. 
Vous  deyez  vous  féliciter  ,  citoyens  ,  d'avoir 
choisi  de  pareils  préposés  ;  car  il  est  impossible 
que  des  hommes  qui  prodiguent  avec  tant  d'em- 
pressement et  de  constance  leurs  soins  aux  mal- 
De   se    faire   rendre   compte   par. la  régie  |  heureux  ,    ne  remplisse-il    pas  parfaitement    les 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  19  fructidor.  —  Cours  des  effets  publics, 

i  60  jourf. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif. 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif. . . . . 
Livourne.  ........ 


Bâle. 


56| 

1881: 

5  fr.  toc. 
i4fr.35  c 

5  fr.  10  c. 
14  fr.  i5c. 

4  fr.  55  c. 

4  fr.  gr 


If  p. 


des  mesures  génér.iles  par  elle  prises,  pour  assurer 
la  perception  et  anêter  la  fraude. 

3°.  De  prendre  communication  du  registre 
des  délibérations  poiir  s'assurer  si  elles  sont 
conformes  aux    lois    et  à  l'intérêt  de   l'étabhs- 

sement.  .   ,    ,-       ,       l 

4°.  De  se  faire  représenter  a  la  fin  de  chaque 

mois ,  les  états  à  la  recette  générale. 

5°.  De  vérifier  aussi  .  chaque  mois  ,  les  états 

âe   nombre  et  de   traitement  des  employés  dont 

les  salaires  entrent  en  frais  de  régie. 

6".    De  poursuivre    d'office,    au  nom  de  la 


fonctions  que  vous  teur  avez  confiées. 


G  R  A  VU  R  E  S. 


Galerie  du  ci-devant  Talais-Roj/al ,  gravée. d'après 
les  différentes  écoles  qui  la  composent,  avec  un 
abiéue  de  la  vie  des  peintres,  et  une  description 
historique  de  chaque  tableau  ;  38=  livraison  :  prix 
12  fr.  A  Paris,  chçz  Vilquin ,  marchand  d'es- 
tampes ,  graniïfe  cour  du  Palais-Egalité  ,  n"  20. 


Effets  publics. 

Rente  provisoire ., 17  fr.  i3 

Tiers  consolidé 32  fr.  25 

Bons  deux  tiers 1   fr.  Sg 

Bons  d'arréragé 83  fr.  75 

Bons  pour  l'an  8 ...    .   77  fr.   i3 

Syndicat 64  fr.  75 

Coupures.  . 94  fr.  75 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  22   fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de    la  Republiq^je  et  des  Arts, 
Auj.  relâche. 

IHÉATRE  DU  Vaudeville.  Auj.  Commentfairei 
Trois  centre  un  ou  Ah!  que  fêtais  bêle  ,   et  /'£n» 
Le  cit.  Couché  ,   graveur  et  propriétaire  de  cet  I  trevue. 


t-ab-onôènient  se  fait  à  Paris,  rue  des  Poitevins .  n'  18.  U  prix  est  de  85  franc»  pour  twis  mois,  Sofraacs  pour  6  mois,  et  109  ftiHcs  pour  l'année  entière.  Ou  ncs'abonDC 
au'au  cosimeuceoient  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  ACASS  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  n"  iS.  Il  faut  comprendre  dans  1er  enTois  le  port  des 
.pays  ba  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  de.  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

il  faut  avoir  soin  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  de«  valeurs ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  des 
•roitcvi»i,n«  t3,  depui  fueuf  heures  du  matin  jusqu'icinq  heures  dusoir. 


<A.  PtrU.,  de  l'imptinierie  du'  cit.  iVgttse,  .pr«ptiét»ii«.^«îitoftite»r ,  rue  des  ^Poitevins,  W"  »<. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  352. 


Duodi  ,  22  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  Une  et  indivisible..  .,„„i ,   / , 


,      Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  (iu  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  ojficicl.  '    ,■.'/: 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  lés  acres  dil  gouvernemeni ,  les  nouvelles  <les   armées ,  ainsi  que  les  faits  er  ]ds  notions  tant  sùj 

l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  • 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

EGYPTE. 

§3"  Les  lettres  suivantes  ont  été  écrites  anlériexi- 
rement  aux  événemens  auxquels  a  donné  lieu  en 
Egypte  l'inexécution  du  traité  dEl-Arisch. 

J.  Me-nou  ,  général  de  division  ,  au  citoyen  Lebrvn  , 
consul  de  la  républiqiie  française  —  A  Rosette,  le  g 
ventôse  nn  8  de  la  république  française  une  et 
indivisible. 

Citoyen    Consul, 

Un  soldat  ,  qui  ne  désire  et  n'ambitionne  que 
la  prospérilé  de  son  pays  ,  vient  d'apprendre  ,  en 
Egypte  ,  que  les  destinées  vous  avaient  appelé 
au  gouvernement  de  la  république  française  ; 
riendez-la  heureuse  ,  citoyen  consul  ;  vous  n'avez 
que  du  baume  à  verser  dans  ses  plaies.  Quelle 
magnifique  mission  que  celle  d  être  chargé  de 
rendre  la  paix  à  trente  millions  d'hommes  ,  et 
peut-être  à  l'univers  ?  Permettez-moi  de  vous 
Jappeller  qu'ensemble  nous  avons  combattu  pour 
la  liberté;  qu'ensemble  nous  avons  été  ses  fon- 
dateurs ,  et  qu'alors  nous  n'étions  animés  que 
du   désir  de  faire  le  bien. 

L'Egypte  ,  dont  les  français  ,  sous  les  ordres 
de  Bonaparte  .  avaient  fait  si  glorieusement  la 
conquête,  pouvait  et  devait  être  un  magnifique 
établissement  pour  la  république  française  :  des 
dépêches  officielles  vous  apprendront  quel  en  est 
le  triste  résultat.  Je  ne  puis  vous  exprimer  quelle 
est  ma  douleur. 

Salut  et  profond  respect , 

Citoyen  Consul  , 

Signé ,  Ab.  J.  Menou.  ' 

jf*.  ^ienou  ,  général  de  division  ,  au  cit.  Cambacérès , 
consul  de  la  république  française. — A  Rosette  ,  le 
g  ventôse ,  an  8  aj  la  république  française  ,  uns 
et  indivisible. 

Citoyen    consul. 

Un  petit  bâtiment  français  arrivé  hier  à  Abou- 
Quir  en  Egypte  ,  nous  a  apporté  la  nouvelle 
officielle  que  vous  veniez  d'être  appelle  au  gou- 
vernement de  la  France  ;  vous  la  rendrez  heu- 
leu'îe  ;  la  moralité  et  les  talens  vont  donc  exercer 
leur  influence  ;  nous  aurons  donc  enfin  une 
lépublique  et  de  véritables  républicains.  Vous 
létablirez  la  paix  intérieure  ;  peut-être  la  donne- 
lez-vous  au  monde  entier  :  c'est  tout  ce  que  désire 
■un  soldat  qui  n'a  d'autre  ambition  que  de  voir 
prospérer  son  pays.  Accomplissez  vos  belles  des- 
tinées ,  citoyen  consul ,  et  votre  nom  déjà  révéré 
ne  sera  prononcé  par  la  poftériié  quavec  les 
accens  de  la  reconn^ssance  et  de  l'adiniralion. 

Salut  et  profond  respect  , 

Signé  ,  Ab.  J.  Menotj. 

J.'Menou^général  dediViision,  au  citoyen  Bonaparte, 
premier  consul  de  la  république.  —  Rosette  ,  28 
ventôse  an  8 

Citoyen  consul  ,  les  anglais  ne  tiennent  pas 
la  capitulation  :  voici  quel  est,  aujourd'hui  38 
ventôse  ,  l'état  des  choses. 

Lord  Keith  est  venu  prendre  le  commandement 
de  la  station  anglaise  dans  la  Méditerranée.  11  a 
signifié  à  M.  Smith  qu'il  ne  voulait  tenir  aucun 
des  articles  de  la  capitulation  ,  et  que  s  il  pouvait 
en  exister  une  ,  c'était  de  faire  les  français  pri- 
sonniers de  guerre,  laissant  leurs  canons  ,  leurs 
fusils ,  et  généralement  tout  ce  qu  ils  ont  apporté. 
M.  Smith  a  fait  part  de  cette  nouvelle  au  général 
en  chef,  lui  mandant  qu'il  était  au  désespoir  , 
mais  qu  on  lui  avait  retiré  ses  pouvoirs.  Qaani  à 
moi  ,  je  crois  que  M.  Smith  était  de  moitié  ,  et 
que  les  anglais  ne  connaissent  que  la  fides 
punica. 

Les  événemens  concourent  donc  poui^  que  nous 
n'iibandonnions  pas  cette  belle  possessioii.  Ci- 
ffi^  en  consul  ,  j'ose  vous  assurer  quelle  est  in- 
fcniiTicnt  plus  précieuse  qu'on  ne  le  croyait.  Des 
renseigncmens  pris  avec  soin  prouvent  que  les 
beys  dépensaient  ici  plus  de  60  millions.  Mourad 
et  Ibrahim-bcy  ,  seuls  ,  en  dépenaieni  innuel- 
lémciit  20.  Il  y  avait  22  autres  beys  ,  sSc  cachels 
et83oo  mamelouks  ,  tans  compter  quelques  trou- 
pes 9  pred. 


Chaque  mamelouck  ,  de  premier  achat  et 
d'équipement  ,  coûtait  1000  piastres  d  Espagne  ; 
son  entrelien  annuel  moulait  de  i5oo  à  2000  fr. 

Quand  on  les  mariait,  on  leur  donnait  maison  , 
esc  laves  et  tout  leur  ameublement.  Jugez  de  ce  que 
devaient  recevoir  les  cachefs  qui  Vivaient  plusieurs 
villages  en  propriété  ,  et  de  ce  que  pouvaient 
dépenser  les  22  autres  beys. 

Il  est  prouvé  que  les  cophtes  nous  ont  trompés 
de  la  manière  la  plus  affreuse.  Ils  ont  toujours 
fait  trois  portions  des  revenus  de  l'Egypte  ;  un 
tiers  aux  français,  un  tiers  pour  eux,  et  le  troi- 
sième tiers   ils  le  fesaient  passer  aux    beys  ,   aux 

cachefs  et  aux  mararéloucks  fugitifs,  etc.  etc 

J'ai  puisé  ces  renseigneraens  aux  meilleurs  sour- 
ces. Il  est  vrai  que  les  douanes  qui  rapportaient 
i5  millions  avant  la  guerre,  ne  doivent  plus  être 
comptées  pour  rien.  Mais  il  régnait  un  revenu 
de  45  millions  ,  et  nous  n'en  avons  jamais 
reçu  20  ,  sur  lesquels  ont  eu  lieu  toutes  les  dé- 
prédaiions  de  nos  administrateurs  ;  car  ,  il  faut 
le  dire  ,  citoyen  consul  ,  et  vous  aimez  la  vé- 
rité ,  notre  administration  ici  a  été  détestable.  La 
soif  de  l'or  a  dominé,  ainsi  <jue  l'oubli  de  tous 
principes  d'honneur  et  de  moralité.  Il  faut  du 
tems  pour  y  porter  remède  ;  mais  les  circons- 
tances vous  ont  encore  mieux  placé  pour  notre 
bonheur.  Il  résulte  donc  que  la  colonie  d  Egypte 
était  la  plus  belle  acquisition  pour  la  France  ,  que 
tous  les  frais  d  administration  et  de  garde  n'eus- 
sent rien  coulé  à  la  république  ,  puisque  ce  pays 
a  un  revenu  territorial  plus  que  suffisant  pour 
couvrir  toutes  les  dépenses  ,  et  que  tous  les  pro- 
duits du  commerce  eussent  été  un  bénéfice  net 
pour  la  France  ;  que  si  nous  l'abandonnons,  les 
anglais  s'en  rendront  maîiies  ,  ce  qui  détruira 
entièrement  notre   commerce  du  Levant. 

Le  général  en  chef,  d'après  la  conduite  des 
anglais,  a  repris  une  attiiude  de  guerre;  celte 
armée  du  grand-visir  est  pitoyable  ;  6000  français 
la  mettraient  grandement  en  déroute,  et  nous 
avons  plus  que  le  triple  à  lui  opposer.  Je  crains 
bien  que  les  anglaisne  reviennent  sur  leur  sottise, 
et  ne  sentent  I  avantage  immense  que  leur  pro- 
curait l'évacuation.  Que  fera  le  général  en  chef  ? 

Le  général  Galbaud  est  arrivé  à  Damiette, 
qui  était  déjà  au  pouvoir  des  turcs.  Il  y  a  été 
pris  et  conduit  à  Belbeys  ,  au  grand-visir  ,  qui 
l'a  bien  reçu.  Paiis  l'audience  ,  le  général  fran- 
çais a  témoigné  au  visir  son  étonnement  de  la 
coalition  de  la  Porte  avec  la  Russie.  Le  visir 
a  répondu  qu'environ  deux  mois  après  l'invasion 
de  l'Egypte  ,  les  anglais  et  les  russes  avaient 
proposé  au  grand-seigneur  d'entrer  dans  la  coa^ 
lition.  Il  répondit  qu'il  n'avait  aucun  motif  pour 
déclarer  la  guerre  à  la  France  ;  qu'il  était  vrai 
que  l'Egypte  était  envahie  ,  mais  qu'il  deman- 
dait dertx  mois  pour  envoyer  en  France.  ,  afin 
de  s'éclairer  sur  les  motifs  qui  avaient  porté  à 
s'emparer  de  1  Egypte.  Les  ministres  de  Russie 
et  de  Londres  répondirent  alors  qu'on  ne  lui 
donnait  que  24  heures  pour  se  décider.  Guerre 
contre  la  France  ,  ou  guerre  contre  les  russes 
et  les  anglais;  alors  ,  dit  le  grand-visir,  la  Porte 
a  été  obligée  de  se  rendre.  Les  russes  avaient 
des  forces  considérables  dans  la  mer  Noire  ,  et 
rien  à  leur  opposer  à  Constantinople.  Il  a  fallu 
déclarer  la  guerre  à  la  France.  Je  tiens  celle 
anecdotte  importante  du  général  Galbaud  lui- 
même  ,  qui  a  élé  renvoyé  par  le  grand-visir  à 
Damiete  ,.  d'oià  par  terre  à  Rosette  ,  et  est  parti 
avanl-hier  pour  le  Kaire. 

Signé.  Abdallah.  J.  Menou; 

ALLEMAGNE. 

Augs bourg  ,  le  12  fructidor. 

Les  environs  de  Hanau  avaient  été  jusqu'à  pré- 
sent occupés  par  les  autrichiens  ,  comme  étant 
situés  sur  la  rive  droite  du  Mein  ;  mais  comme 
cette  position  leur  serait  très  -  désavantageuse  , 
dans  le  cas  de  la  reprise  des  hostilités  ,  les  fran- 
çais pouvant  les  tourner  par  le  pa)S  de  Wuriz- 
bourg  et  leur  ôier  tout  moyen  de  retraite ,  il 
se  sont  retirés  à  Schweinfurth.  Les  bagjges  qui 
étaient  à  Gelnhauseh  en  sont  partis.  Les  chasseurs 
de  Trêves,  qui  occupaient  le  Mein  au-dessous 
d'AschaffenboUrg  .  se  sont  retirés  ;  il  en  est  de 
même  du    milieu   de  Wurtzbourg. 

Qiiantité  de  familles  abandonnenl  la  Souabe 
pour  aller  çherclier  des  pay^  plu?  tranquilles. 
— ■  Le   géfléral    autiichien    Alvinzy    est  nommé 


commandant  pénéral   de  toute  la  Hongrie  ;  déjà 
il  est  arrivé  à  Ofen. 

Le  9  au  soir,  sur  les  dix  heures,  le  général 
en  chef  Moreau  est  revetiu  ici.  Le  général 
Dessolles  était  arrivé  la  veille.  Les  généraux 
Grenier,  Richepanse  ,  et  quelques  autres  ont' 
aussi  reçu  l'ordre  de  se  rendre  ici  ,  probable- 
ment à  l'effet  de  tenir  un  conseil  de  guerre. 

ANGLETERRE. 

l.07idi'es  ,  ^septembre.  (IT fructidor..) 

Actions  de  la  banque  172  {■.  —  3  pour  |  con- 
solidés 65  |-^  i.  64  f  Pour  octo'bré  ,  66  i.  65|f> 
6>  T-  —  Omnium  5  ^  ?  t  ?•  4  i-  i  prime. 

Avant-hier  ,  le  lord  maire,  en  conséquence  dft' 
l'énorme  augmentation  du  prix  de  la  farine,»' 
élevé  celui  du  pain  de  3  assises  ;  ce  qui  porte  le 
prix  (les  quatre  livres  à  un  shelling  trois  deniers" 
anglais. 

Le  major-général  Knox  vient  d'être  nommé  gou»" 
verneur-général  de  lajama'ïque,  et  va  partir  pour 
cette  destination.  ^        .^ 

Il  est  entré  à  Falmouth  quatre  nouveaux  bâtî- 
mens  venant  de  l'Inde  :  savoir,  t  Arrow  ,  l'Eliza' 
Anne,  l'Amiral  Rainier  et  le  Tbnmes.  Ils  ont  ap- 
pareillé le  26  juin  ou  7  messidor  de  Sainte-Hélène, 
où  ils  ont  laissé  mouillés  le  Lusinghton  et  It  Por- 
cher ,  venant  aussi  de  1  Inde. 

Le  navire  le  Rodnty  ■  faisant  partie  de  la  der- 
nière flotte  de  la  Jama'fque  et  entré  à  Cowes  ,  a  dû 
à  la  vitesse  de  sa  marche  d'échapper  à  un  vaisseau; 
espagnol  de  74  .  dans  le  golfe  de  la  Floride.  Il 
avait  été  attaqué  à  la  hauteur  de  Cuba  ,  p^ir  un 
corsaire   et  une  felouque  de  la  même  nation.     . 

On  croit  que  le  duc  de  Kent ,  qui  vient  d'arriver 
d'Hallifax  ,  sera  nommé  commandant  général  dei- 
forces  de  l'Irlande.  ' 

Le  résultat  de  la  mission  de  lord  'Wbitworth  était 
encore  incertain  parles  dernières  nouvelles. 

I    N     T     É     RI     EUR. 

Nantes  ,  le  1 S  fructidor. 
Les  anglais  qui  ,  depuis  leur  disparution  ,  le  3  , 
avaient  reparu  sur  nos  côtes  ,  les  ont  de  nouveau 
abandonnées  ,  le  10  au  soir,  et  paraissent  avoir 
totalement  levé  leur  station.  Il  resta  une  grossâ- 
corvette  jusqu'au  lendemain.  Ils  ont  filé  la  côte; 
de  Bretagne.  Ainsi  se  termine  cette  expédition 
qui  n'a  abouti  à  rien,  qu'à  leur  faire  dépenser  do 
l'argent.  Ils  ont  compté  sur  des  mouvemens  qui 
ri'ont  eu  et,  n'auront  plus  lieu.  Une  insurrec-, 
lion  ne  se  fait  pas  sans  chefs  ;  et  s'il  s'en  mon- 
trait quelques-uns  ,  ils  seraient  bientôt  pris  qU 
tués  :  tout  est  disposé  de  manière  à  les  serrer  de 
près  ,  et  à  les  arrêter  avec  certitude.  D'ailleurs  ,  les 
paysans ,  qui  ont  reconnu  les  douceurs  de  la  paix, 
ne  veulent  plus  se  faire  tuer,  et  faire  dévasterleu'r», 
champs  pour  les  menus  plaisirs   de  M., Put. 

[Feuille  Nantaise,  le  li fructidor.)     \ 


Paris  ,  te  <2ï  fructidor. 

Plusieurs  artistes  ,  poêles  ,  littérateurs ,  ayant  de- 
mandé à  l'administration  du  Musée  le  plâtre  de  \à' 
tête  dHomère  apportée  de  Rome  avec  les  mo- 
numensde  l'Italie,  elle  vient  de  donner  désordres 
pour  qu'on  la  moulât  ;  en  conséquence  ,  les  per- 
soiines  qui  désireraient  en  obtenir  des  plâtres, 
doivent  se  faire  inscrire  au  bureau  du  Musée.' 
Une  souscription  est  de  même  ouverte  pour  la- 
belle  tête  de  Bacchus ,  connue  des  artistes  sous  le' 
nom  de  V Ariane  du.  Capitale, 

-  Les  journaux  démentent  la  mort  du  citoyèft' 
Cuvelier  qu  ils  avaient  annoncée  sur  la  foi  d'une' 
lettre  écrite  de  Dijon.  La  Clef  du  Cabinet  affirroa 
que  ce  jeune  homme  intéressant  sous  le  rapporf' 
de  ses  talens,  et  de  son  dévouement  volontaire,' 
est  en  ce  moment  à  Lucerne.  ■< 

ACTES     DU    GOUVERNEMENt. 

Arrêté  du  19  fructidor   an  8.  ' 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 

arrête  ce  qui  suit  :  " 

Le  général   Menou  esl  nommé  général  en  chef, 

de   l'armée  d'Orient. 

Le  ministre  de   la  guerre   est  chargé  de   l'aie* 
cution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul.  Signé,    BonapAr't». 
Par  le  premier  consul  , 
Le  stcrstairc'lélat ,  $igné,   H,  £.  Markt. 


1422 


Autre  arrêté  du  mime  jour. . 
Bonaparte,  premier  consulde  la  république  , 
arrête  ce  qui  suit  : 

Les  généraux  Priant,  Lanusse  ,  Verdier  ,  Ram- 
pon  ,  Belliard  sont  confirmes  dans  le, grade  de 
général  de  division. 

Le  •chef  dt-  brigade  Delorgneîl'adjudant-général 
Morand  ;  le  chef  de  brigade  du  génie  Bertrand 
sont  nommés  généraux  de  brigade. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'élat ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête  que  le  général  Marmontcst  nomrnégénéral- 
ccmimandanten  chef  l'ariilleiie  del'armée  d'iialie. 
Le    ministre  de  la  guerre  est  chargé    de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul ,  signée  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  police  ,   arrêtent  ce  qu.  suit  : 

Art.  l".  Le  nom  de  Ferrand  Vaillant,  ex-lé- 
fiislateur  ,  condamné  à  la  déportation  par  la  loi 
du  l8  fructidor  an  5  ,  sera  ajouté  à  la_  liste  des 
individus  qui  ,  se  trouvant  dans  le  même  cas  , 
ont  été  rappelés   par  larrêlé  du  5  nivôse  dernier. 

IL  Le  ministre  de  la  police  générale  est  chargé 
de  l'exécution  du  présent  arrêté  qui  seia  imprimé. 

Le  premier  consul,  signé ,  Bonaparte. 
Par   1&  premier  consul  , 

Li  secrétaire-d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 


Au    NOM   DU    PEUPLE   FRANÇAIS. 

Du    ig  fructidor. 

BoNAfARTE,  premier  consul  de  la  république, 
arrête  ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Collet  Descotils,  préfet  du  Calvados, 
Est  nominé  membre  du  conseil  des  prises. 

Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul,     \ 

Le  secrétaire-d'état ,  signé .  H.  B.  Maret. 


MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR.  police  de  Paris,  le  bon  ofRce  rendu  à  celle  de 

..  Vernon,  le  même   moyen   ne   fût  employé  avec 

Le  conseiller  d'Etat,  charge  spécialement  des  ponts    jg  même  succès. 
et  chaussées  ,  canaux  ,  taxe  d'entretien  et  cadastre  , 
aux  préfets  des  départemens.  —  Parij  ,  le  \i^  fruc- 
tidor, an  8  de  ta  republique  française ,  une  et  indi- 
visible. 

Citoyen  ,  je  suis  informé  que  plusieurs  fermiers 
percepteurs  de  la  taxe  d  entretien  des  routes  ,  s'ap- 
puyant  sur  l'article  III  de  l'arrêté  des  consuls  ,  du 
l"^  floréal  an  8  ,  qui  rapporte  toutes  les  franchises 
et  modérations  accordées  par  arjêiés  du  ci-devant 
directoire  exécutif,  prétendent  assujettir  les  trains 
d'artillerie  au  paiement  de  la  taxe. 

Cette  prétention  est  d'autant  moins  fondée  ,  qu'il 
existe  un  arrêté  des  consuls  ,  du  i3  nivôse  an  8  , 
par  lequel  les  soldats  du  train  d'artillerie  sont  assi- 
milés aux  autres  soldats  de  la  république.  Il  est 
clair  que  ,  d'apiès  cette  disposition  ,  l'exemption 
accordée  par  lariiele  'V  de  la  loi  du  3  nivôseanô, 
aux  troupes  de  cavalerie  marchant  en  corps, 
devient  applicable  au  train  d'artillerie-. 

Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  les  voitures 
connues  sous  le  nom  d'éqtiipages  et  convois  mili- 
taires ,  et  toutes  celles  cliaigécs  d'effectuer  les 
mouvemens  des  Mjbsistances  :  la  franchise  dont 
jouissaient  ces  difiércntes  voilures  ,  se  trouve  ef- 
fectivement rapportée  par  l'anêié  des  consuls  , 
du  i"  floréal  an  8.  Il  n'y  a  donc  que  le  train  d'ar- 
tillerie qui  soit  exempt. 

Je  vous  invite  à  prendre  les   mesures  convena- 
bles pour  que  cède    franchise  lui    soit  appliquée 
dans  toute  l'étendue  de  votre  départemcni. 
Salut  et  fraternité.  Cretet. 


Erratum.  —  Dans  Tarrêié  du  tg  de  ce  mois , 
ie)atif  aux  honneurs  à  rendre  à  la  mémoire  des 
généraux  Desaix  et  Kleber ,  au  lieu  de  :  u  Un 
orateur  sera  chargé  de  prononcer  une  oraison 
funèbre  ,  etc.  lisez,  uu  orateur  sera  chargé  de 
prononcer  1  oraison  funèbre  ,  etc. 

MINISTERE     DE    LA    MARINE. 

Latouche  Tréville ,  contre-amiral,  commandant, 
l'armée  navale  au  ministre  de  la  marine  et  des  \ 
colonies.  —  Brest  ,   le  3  fruclidor  an  8. 

Citoyen  ministre  , 

J'ai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  que 
dans  la  journée  du  i^',  quatre  vaisseaux  de  ligne 
ennemis  sont  entrés  dans  la  baye  de  Douarnenez. 
Les  deux  bateaux  canonniers  128  et  12g,  ainsi 
que  lachaloupe  canonnière  /'/nr^ute/e  étaient  mouil- 
lés sous  le  cap  Lachevre.  Ces  bâtimens  ontmis  sous 
voile  pour  se  réfugier  sous  les  batteries  du  fond 
de  la  baye  ;  mais  bientôt  ils  ont  été  joints  par 
un  des  vaisseaux  qui  a  commencé  à  les  canonner. 
Ils  ont  riposté  courageusement  de  leurs  canons 
de  retraite,  gouvernant  sur  Douarnenez.  Le  ba- 
teau canonnier  ,  commandé  par  l'enseigne  de 
vaisseau,  Lecaplain  ,  ayant  éiéapproché  à  portée 
de  la  voix  d  un  des  vaisseaux  anglais  ,  celui-ci 
lui  a  crié  d'amener  ;  il  lui  a  répondu  par  un  coup 
de  canon  de  8  à  mitraille  ;  ce  brave  homme  a 
essuyé  6  volées  de  ces  4  vaisseaux ,  et  par  un  bon- 
heur inoui  ,  il  n'a  pas  été  coulé  ;  il  a  eu  son  grée- 
pient  haché  ,  mais  il  n'a  perdu  personne. 

Lercalme  étant  survenu  ,  il  a  fait   usage  de  ses 
avirons  ,   à  l'aide  desquels  il  s'est  éloigné  des  en- 
nemis ,  et  a  eu  la  satisfaction  de  voir  son  courage 
couronné  du  succès.  Il  a  gagné  le  port  de  Douarne- 
nez avec  les  deux  autres  bâtimens.  Laconduite  du 
lieutenant  Payet  ,   commandant  la  station  ,  mérite 
des  éloges  ;    mais  la  valeur  et  le  devoûment   du 
citoyen  Lecaplain  mérite  une  récompense.  Je  vous 
demande  le  grade  de  lieutenant  de  vaisseau  pour 
lui,  celui  d  enseigne  entretenu,  pour  le  citoyen 
Descbaraps  ,  son  second  ,  et  un  mois   de  solde  , 
payé  comptant  ,  en  gratification  à  l'équipage. 
Signé  Latouche  TrIville. 
Pour  copie   conforme  , 
Lt  rairàitre  de  la  marine  et  des  colonies ,  Forfait. 


Le  préfet  du  département  du  Rhône  ,  consi- 
dérant qu'il  importe  que  la  chaire  d  histoire  va- 
cante à  l'école  centrale  du  département ,  par  la 
mort  du  citoyen  Beriholon  ,  soit  remplie  ,  au  pre- 
mier brumaire  .  époque  à  laquelle  l'école  rouvrira 
ses  cours';  vu  l'aitide  "V  de  la  loi  du  3  brumaire 
an  4  ,  portant  que  les  professeurs  des  écoles  cen- 
trales seront  examinés  et  élus  par  un  jury  d'ins- 
truction ,   arrête  : 

Art.  I"'.  Le  jury  d'instrciion  publique  ,  du  dé- 
partement du  Rhône  ,  présentera  et  soumettra  à 
l'approbation  Uu  piéfet,  du  20  au  3o  vendémiaire 
prcchain ,  l'élection  d'un  candidat  pour  remplir 
la  chaire  d'histoire  ,  vacante  à  l'école  centrale  par 
la  mort  du  citoyen  Bertholon. 

II.  Les  citoyens  qui  voudront  concourir  pour 
cette  chaire  ,  se  présenteront  au  jury  d  instruction 
publique,  à  l'effet  d'être  examinés  par  lui  ,  ou 
feront  connaître  par  écrit  au  dit  jury  les  litres 
qu'ils  peuvent  avoir  à  ladite  chaire. 

III.  Le  présent  arrêté  sera  rendu  public. 

Fait  à  Lyon  ,  à  la  préfecture  ,  le  14  fructidor , 
an  8  de  la  répubtiqtjie  française. 

-Sifflé,  R.  Verninac. 
'Pour  extrait  confo/me  , 
Le  secrétaire-général  de  la  préfecture. 

URBAm  JaUME. 


VARIETES. 

Depuis  long-tems  toutParisse  ressent  de  l'avan- 
tage inappréciable  qu'il  retire  du  corps  des  pom- 
piers. Si  les  édifices  publics  et  les  propriétés  des 
particuliers  échappent  aux  ravages  des  incendies, 
c'est  au  zèle  ,  à  l'activité  et  à  l'intelligence  des 
citoyens  iniéressans  qui  le  composent  qu'on  est 
redevable  de  ce  bienfait. 

Tous  les  jours  ils  reçoivent  des  tributs  d'éloges 
mérités  pour  les  services  qu  ils  rendent  à  la  cité  ; 
tous  les  jours  ils  s'en  rendent  plus  dignes. 

Le  trait  suivant  quoiqu'appartenant  à  un  seul 
d'entr'eux  ,  donnera  une  juste  idée  de  l'esprit  qui 
anime  tout  le  corps  ;  car  on  n'y  connaît, d'autre 
rivalité  que  celle  du  bien  public. 

Leshabitans  de  la  commune  de  Vernon  ,  jaloux 
de  se  procurer  un  semblable  établissement  ,  se 
sont  adressés  ,  dans  la  personne  de  leur  maire  , 
au  préfet  de  police  de  Paris  ,  à  l'efiFet  de  leur  pro- 
curer un  pompier  qui  fût  dans  le  cas  de  diriger 
leur  entreprise.  A  peine  ,  le  citoyen  Duperche  , 
capitaine  dans  ce  corps  ,  est  désigné,  qu'il  part 
sur  le  champ  ,  el  dix-neuf  jours  lui  suffisent  pour 
mettre  les  pompes  en  bon  état  ,  et  les  nouveaux 
pompiers  au  fait  de  toutes  le»  opérations.  Il  est 
revenu  à  son  poste  après  avoir  acquis  à  Vernon, 
tant  sous  le  rapport  des  procédés  que  sous  celui 
des  talens  ,  des  droits  certains  à  l'estime  et  la  gra- 
titude de  ses  habitans.  Une  lettre  du  maire  de 
Vernon  au  préfet  de  police  en  contient  l'ex- 
pression. 

Le  maire  de  Vernon  nous  semble  avoir  eu  daivs" 
cette  occasion  l'idée  la  plus  juste,  el  du  succès- 
que  devait  avoir  dans  sa  commune  un  établisse- 
ment de  pompiers,  et  trouvé  le  moyen  le  plus 
sûr  de  l'y  former  en  peu  de  tems.  Peu  de  com- 
munes ont  de  tels  établissemens.  Les  incendies 
multipliés  pendant  la  sécheresse  en  ont  partout 
fait  sentir  le  besoin.  Nous  ne  doutons  pas  que  si 
diverses  eomiuunes   demandaient  au  préfet    de 


Les  journaux  ont  tous  parlé  de  l'expédition  que 
va  commander  le  capitaine  Baudin  ,  pour  étudier 
la  navigation  de  la  Nouvelle  -  Hollande  ,  et  les 
savans  ont  vu  avec  le  plus  grand  intérêt  les  soins 
que  le  gouvernemenla  pris  pour  rendre  ce  voyage 
utile  à  1  histoire  naturelle  et  à  la  connaissance  de» 
moeurs  des  sauvages. 

En  même-tems  le  Vaillant  .  déjà  connu  par  son 
voyage  dans  l'intérieur  de  l'Afrique  .  se  dispose 
à  partir  pour  pénétrer  cette  fois  par  d'autres  ré- 
gions ;  tout  en  cherchant  la  fameuse  cité  dont 
on  annonce  l'existence  au  centre  de  la  zone 
lorride  ,  il  doit  préparer  ou  établir  des  reUtion* 
utiles  avec  ces  contrées  dont  trop  long-tems  on  ne 
s'est  occupé  que  pour  l'abominable  traite  de» 
noirs. 

Les  fonds  de  son  voyage  sont  faits  par  une 
compagnie  de  ncgocians  de  Marseille  ,  réurii» 
sous  le  titre  de'  Société  de  l'Afrique  intérieure  , -et 
qui  ont  eu  la  grande  idée  de  chercher  les  avan- 
tages du  commerce  dans  le  concours  d'efforts  que 
que  les  savans  peuvent  tenter  pour  augmenter 
leurs  connaissances. 

Cette  société  a  voulu  signaler  le  respect  dfi 
aux  voyageur!  de  long  cours,  en  donnant  le  7 
un  repas  d'adieu  au  capitaine  Baudin,  et  en 
y  invitant  les  membres  de  l'Institut  national  et 
ceux  de  la  société  des  observateurs  de  Ihomme 
qui  se  sont  le  plus  particulièrement  occupés  de 
l'une  et  de  l'autre  expédition.  Ce  banquet  auquel 
se  sont  réunis  environ  cinquante  personnes  a 
eu  lieu  dans  la  salle  de  1  hôtel  de  la  Roche- 
foucault  ott  siègent  les  observateurs  de  l'homme. 
Le  capitaine  Baudin  était  placé  entre  le  Vail- 
lant qui  lui  lésait  les  honneurs  de  la  journée, 
et  l'illustre  Bougainville  ,  dont  le  nom  réveille 
à  la  fois  le  courage  et  l'espoir  de  tous  ceux 
qu'il  a  précédés  dans  limmensité  des  mers. 

Tous  lesioiSts  ont  été  soutenus  par  une  brillante 
harmonie  exécutée  par  la  musique  de  la  garde 
des  consuls. 

1".  Toast  ,  par  le  Vaillant  :  Aux  navires  le 
Naturaliste  et  le  Géographe  ;  Puissent-ils  voguer 
sans  danger  jusqu  aux  extrémités  du  monde.  — 
Musique  :  La  fanfare  à  bord  des  bâtimens,  suivie 
de  l'ariette  du  sorcier,  Le  Vaisseau,  qui  a  été  chanté» 
par  le  citoyen  B6elle  du  théâtre  des  Aits  et 
pendant  laquelle  on  a  remis  sur  la  table  le  modèle 
du  Naturaliste  que  doit  comnaiander  le  capitaine 
Baudin. 

s=  par  Baudin:  A  Bonaparte  ,  premier  consul 
de  la  république    Irançaise,   protecteur  de  l'ex- • 
péditicJn.  — Harmonie  :  la  Victoire  est  à  nous.  — 
Ariette  :  les  Beaux-arts  sont  les  dieux  du  temple  dt 
Mémoire  ,  paroles  de  la  Dixraerie. 

3'  parMaifredy ,  agent  delà  société  de  l'Afriqu» 
intérieuie  :  A  la  prospérité  du  commerce.  Puis- 
sent les  amis  de  la  pairie  fixer  leur  attenliorj 
sur  cette  sourcp  importante  de  la  prospérité  pu- 
blique !  —  Harmonie  :  Où  peut-on  être  mieux  quai» 
sein  de  sa  famille  ! 

4°  par  Jussieu  (  le  plus  zélé  moteur  de  l'expédi- 
tion confiée  à  Baudin  ]  :  Au  progrès  des  sciences 
physiques  et  naturelles  ,  à  qui  contribueront  effi- 
cacement les  voyages  de;  Baudin  et  Levaillant. — 
Harmonie  :  Enfant  chéri  des  dames. 

5'  par  Jauffret  ,  secrétaire  perpétuel  de  la  so- 
ciété des  observateurs  de  l'homme  ;  Aux  progrès 
de  ranthropologie.*Puisse  notre  société  s'honorer 
un  jour  des  recherches  utiles  de  ses  illustres  cor- 
lespondans.  —  Harmonie  :  la  Musette  de  Nina. 

6*.  Par  Darquier  ,  agent  de  la  société  de  l'A- 
frique ;  A  l'amélioration  du  ^sort  des  sauvages. 
Puisse  leur  civilisation  résulter  de  la  visité  que  les 
Français  vont  leur  faire.  —  Harmonie  :  La  marche 
de  Château- Vieux. 

7'.  Par  Fourcroy  ;  Au  voyageur  Bougainville. 
Paisse  son  fils  ,  en  héritant  de  son  nom  ,  hériter 
un  jour  de  sa  gloire.  ">— Harmonie  :  La  ^a2(et/iï/« 
et  pure. 

8*.  Par  Maimieux  ,  président  des  observateurs  : 
Au  retour  de  Dolomieu,  domicilié  dans  cet  hôtel. 
—  Harmonie  :  La  Victoire  en  chantant. 

g'.  Par  Bougainville  :  Au  retour  du  capitaine 
Baudin  et  des  observateurs  qui  font  partie  de  son 
expédition.  — Harmonie  -..Oùpeut-on  être  mieux 
qu'au  sein  de  sa  famille  ,  suivie  d  un  couplet  de 
Jauffret  ,  sur  l'air  i  Vous  quittez  notre  aimable  asyie, 
ctianté  par  le  citoyen  Brielle. 

Vous   quittrz  aujourd'hui  la  France  , 
Mais   vous  emportez  tous  nos  voeux  , 
Et  déjà  vos  succès  heureux  , 
Par-tout  sont  applaudis  d'avance. 
Sur  le  cœur  de  tous  les  mortels. 
Votre   gloire  à  Jamais    se  fonde , 
11  n'est  pas  de  pays  au  monde 
Où  le   savoir  n'ait  des   autels. 

10'.  Par  Halle  et  Jussieu  :  Aux  coopérateurs  da 
l'expédition.  Puissent  les  citoyens  Maugé  et 
Riedlé  retrouver  dans  ce  voyage  le  prix  du  zcle 


qu'ils  5nt  maiiifeilé  dans  celui  de  l'an  4  aux 
Antilles,  pendant  lequel  le  capitaine  Baudiu  a 
servi  de  garde-mahide  au  citoyen  Rié<tlé.  — 
Harmonie  t  musique    hardie  du  pas-de-churj^e. 

II'  LHerminier  s'est  levé  et  a  ditr^l  la  Pérouse.... 
Celte  l'ois  un  silence  respectueux,  a  suspendu  toute 
harmonie  et  toute  expression  extérieure. 

IS°.  Par  Bissy  ,  astionome  en  chc[  de  l'expcdi- 
tioii  .•  A  l'institut  national. 

l3'.  Par  Leblond  ,  vice-président  des  obser- 
vateurs :  A  l'institut  national  de  France  ,  et  aux 
sociétés  savantes  de  1  Europe.  Puisse  la  réunion  de 
leurs  lumières  et  de  leurs  efforts  eftacer  les  moin- 
dres traces  de  dissention  ,  et  amener  le  bonheur 
^iversel.  —  Harmonie  de  Gossec  :  QWUm  féu 
ici  s'apprête. 

14'.  Par  Millin  :  Aux  insulaires.  Puissent-ils 
connaître  le  prix  dts  soins  que  se  donnent  K-s 
français  pour  les  faire  participer  aux  avantages  de 
la  civilisation.  —  Harmonie  :  Veillons  au  salut  de 
tEmpire. 

^  i5°.  Ce  dernier,  par  le  capitaine  Baudiri.  Puis- 
»ions-nous  nous  revoir  dans  cette  même  salle  . 
au  retour  d'une  expctlition  inspirée  par  le  zèle  le 
plus  pur  pour  les  progrès  des  sciences  et  des  lu- 
mières. L'hainionie  a  lépé^é  de  nouveau  :  Où 
f fut-on  être  mieux  ? 

Alois  le  citoyen  Baillot  ,  du  conservatoire  de 
rnusique,  a  exécuté  un  trio  avec  les  citoyen  Tariot 
etBaudioi  ,  ilignes  ,  par  la  précision  de  leur  jeu  , 
de  seconder  l'un  de  nos  premiers  violons. 

Au  moment  de  quitter  la  table  ,  on  s'en  aperçu 
que  le  jeune, frère  dejauffcet  avait  piofité  de  la 
durée  du  repas  pour  tixer  ,  par  son  crayon,  les 
traits  du  capitaine  Baudin.  On  l'a  déterminé  à 
les  laisser  voir  dans  I  état  où  ils  étaient,  et  tous 
Jes  convives  ont  applaudi  à  son  zèle.  Ce  dessin 
va  être  confié  au   burin  de  Gaucher. 

Jean  Thouin  a  terminé  la  fête  à  la  française  par 
une  ronde  que  lui  a  demandée  le  citoyen  Dufresne 
aussi  du  jardin  des  Plantes.  C  était  la  gaieté  mar- 
teillaise  ,  et  elle  était  l'expression  naturelle  des 
Mntiniens  de  toute  l'assemblée  pour  les  négOi;iaris 
de  Marseille  ,  auxquels  était  due  cette  iniéres- 
lanle  réunion. 


POÉSIE. 

Troisième  lettre  sur  les   Gsorgiques  françaises. 

D,\NS  ma  précédente  lettre  sur  les  Géorgiques 
ftançaises  ,  je  vous  ai  donné  l'analyse  du  premier 
ch^iit  de  ce  poëme  ;  j'ai  hasardé  quelque»  ob- 
«ervations  critiques  ,  comparé  Delille  à  l'un  de 
ses  plus  dignes  émules  ,  et,  pour  justifier  l'ad- 
Duraiion  que  m'inspire  un  aussi  beau  talent  , 
admiration  que  je  voudrais  voir  partagée  par  tous 
mes  compatriote»  ,  j  ai  cité  quelques  -  uns  des 
morceaux  où  brille  éminemment ,  et  ^;our  ainsi 
dire  sans  nuage  ,  le  génie  poétique  de  l'auteur. 
Je  suivrai  la  même  méihode  pour  les  trois  autres 
chants.  En  ïxpiitnant  ce  que  j'ai  senti  ,  je  n'ai 
point  ,  je  le  répète  ,  la  piéieniion  de  poiter  un 
Jugement.  Perniettez-moi  de  mappu)er  ici  de 
J'opinion  d  un  homme  de  lettres  tiès  distingué  , 
qui  a  bien  voulu  me  communiquer  par  écrit  son 
«entiment  sur  les  Géorgiques  françaises. 
■  »»  Dans  le  premier  chant  ,  dit-il  ,  celui  de  tous 
où  le  poëie  a  le  plus  varié  le  ton  ,  où  il  a  le  plus 
complètement  traité  son  sujet  ,  quoiqu  il  m'y  pa- 
laisse  ,  comme  dans  les  autres,  avoir  omis  bien 
des  détails  iniéressans  pour  quelques  autres  dont 
l'étendue  n  est  point  en  proportion  avec  leur 
iDttponance  ,  dans  ce  premier  chant  il  faut  con- 
venir qu  on  croit  souvent  lire  Horace  un  peu 
inoins  naturel  ,  mais  plus  soigné  ,  plutôt  que 
Virgile  dont  la  majesté  simple  et  le  grand  sens 
poétique  me  senibleralerit  plus  dacccid  avec  le 
Style  de  ce  chani.  C  est  ,  au  reste  ,  un  assez  grand 
dédommagement  que  1  esprit  et  ia  giace  d'Horace. 
Aussi,  avec  "des  hommes  tels  que  Delille  ,  il 
n'y  a  gueres  moyen  de  ne  pas  finit  pat  convertir 
la  censure  en  éloge.  " 

J'avoue  que  la  conlormitéde  cette  opinion  avec 
la  mienne,  me  rassuie  et  m  encourage.  Je  vais  donc 
c\3niiuuer  1  examen  des  Géoigiqucs  françaises  , 
et  je  passe  au  second  chant. 

Heureux  qui   dans  le  'sthï  de  ses   dieux   domestiques 
Se  dérobe  au  fracas  des  tempêtes  publiques  , 
à  Xt  dans  un  doux  abri  trompant  tous  les  regards  , 
Cultive  ses  jardins,    les   vertus  et  les  arts! 
Tel,   quand   des  triumvirs  la  main   ensanglantée 
Disputait  les  lambeaux   de  Rome  épouvantée  , 
Virgile  ,    des  partis  laissant  rouler  les  flots  , 
Dli  nom  d*Amaryllis  enchantait  les  éclios. 
Mul  mortel    n'eût  osé,  troublant  de  si  doux  charmes  , 
Xntourer  son  réduit  du  tumulte   des  armes  ; 
Zt  lorsque   Rome,   enfin,  lasse  de    tant  d'horreuri , 
Sous  un  regae  plus  doux  oubliait   ses   fureurs, 
6*îl  vint  redemander  au   maître  de  la  terre 
L<  champ  de  ses  aycux  que  lui   ravit  la    guerre. 
Bientôt  on  le  revit ,  loin  du    bruit  des  palais , 
Favori  du  dieu  Pan ,   coljtliian  de  Paies  , 
Fouler ,   pris  du  beau   lac   où   le  cygne  se  joue , 
let  prés  tlors  si  beaux  dé  »a  cliere  Maxtioue. 


1423' 

I  Là ,    tranquille  au   milieu   des  vergers  ,    des  troupeaux , 
Sa  boiiclie   harmonieuse  errait  sur  ses  pineaux  , 
Et  ranimant  le   goût  des    richesses   rustiques , 
Chantait   aux    fiers  romains   ses  douces  geoigiques. 
Comme  lui ,    je  n'eus  point  un  champ  de  mes  ayeux , 
Et  le  peu  que  j'avais  je  l'ab.indonnc  aux  dieux  ; 
Mais,  comme  lui  ,    fuyant  les   discordes   civiles, 
J'échappe  dans  les  bois  au   tumulte    des  villes , 
Et,  content  de  former  quelques  rustiques  sons, 
A  nos  cultivateurs  je  dicte  des  leçons. 
Vous  donc  qui  prétendiez,  profanant  ma  retraite, 
En  intrigant  d'état  transformer  un  poète  , 
Epargnez  à  ma  Muse   un  regard  indiscret; 
De  son  heureux  loisir  respectez  le  secret. 
Auguste  ,  triomphant ,   pour  Virgile  fut  juste  ; 
J'imitai   le  poète,  imitez   donc  Auguste,  ' 

Et  laissez-moi  ,  sans  nom  ,  sans  fortune  et  sans  fers  , 
Rêver  au  bruit  des  eaux  ,    de  la  lyre  et  des  vers. 

Que  d'élégance  ,  de  noblesse  et  d'harmonie  ! 
ne  vous  semble-t-il  pas  entendre  une  musique 
mélodieuse,  ei  le  poë;e  n'a-t-il  pas  ébranlé,  pour 
ainsi  dire  ,  toutes  h:s  Cactiltés  de  votre  ame  ?  C'est 
ainsi  que  'Virgile  et  Racine  ont  fait  des  vers.  Tel 
est  le  commencement  du  second  chant  desGéor- 
giques  Irarçaises  ,  et  l'un  dçs  plus  beaux  mor- 
ceaux de  ce  poëme. 

'  C'est  dans  ce  chant  que  le  nom  de  Géorgiques 
est  enliéreineni  justifié.  L'^uleu  r  annonce  qu  il  ne 
vient  plus  répéter  aux  français  les  leçons  des  ro- 
mains ;  mais  il  donne  des  préceptes  généraux 
dagricultuie  ;  il  enseigne  lart  de  corriger  les 
terrains,  de  fertiliser  le  sol  le  plus  ingrat,  et  de 
diriger  les  eaux  des  torrens  ,  des  rivières  et  des 
ruisseaux  ,  pour  prévenir  leurs  ravages  et  pour 
les  faire  servir,  soit  à  cette  f-rtilisa(ion  des  terres  , 
soit  au  perfectionnement  des  fabriques  auxquelles 
les  eaux  donnent  le  mouvement ,  soit  à  la  pros- 
péiilé  du  commerce  par  le  moyen  des  canaux.  Il 
invite  les  cuUivateurs  à  naturaliser  les  plantes 
étrantieres  ,  à  soigner  les  animaux  ,  à  propager 
les  plus  belles  races.  Enfin ,  il  donne  des  leçons, 
non  sur  les  détails  de  l'agriculture,  comme  Vir- 
gile ,  mais  sur  les  moyens  de  la  peirfectionner  et 
d  aggrandir  son  domaine. 

Dans  ces  vers  didactiques,  qu'il  est  si  difficile 
de  rendre  inléressans  ,  on  reconnaît  le  rare  talent 
du  traducteur  de  Virgile  et  de  l'auteur  dù-poeme 
des  Jardins. 

Avec  quelle  grâce  il  parle  des  arbres  .étrangers 
naturalisés  dans   nos    climats  ! 

Ce  n  est  pas  un  des  moindres  charmes  de  la 
poésie  de  savoir  nous  inspirer  un  tendre  intérêt 
pour  des  êtres  inanimés,  de  leur  donner  la  vie,  de 
leur  prêter  des  seniimens  ;  mais  elle  est  sur-tout 
admirable  lorsque  npn  contente  de  la  métaphore, 
eHc  s  élevé  jusqu'à  ces  fictions  brillantes  qui  nous 
présentent  des  vérités  phisiques  ou  morales  sous 
le  voile  séduisant  de  l'allégorie.  Delille  en  offre 
un   excnojde  dans  le  mênje  chjnt.   Pour  peindre 

I  homme  domptant  les  fleorves  et  les  torrens, 
dont  il  dirige  la  coufse,  iremprunte,  à  Ovide 
la    fable   suivante  :  '  ' 

.....  Acheloiis  ,  échappé  de   son  lit , 
Entraînait  les  troupeaux  dans  ses   eaux   orageuses,  ' 

Roulait  l'or  des  moissons  dans  ses  vagues  fangeuses, 
Emportait  les  hameaux,   dépeuplait  les  cités  , 
Et  changeait  en  déserts  les  champs  épouvantés. 
Soudain   Hercule  arrive  et  veut   dompter  sa  r.nge: 
Dans  les  (lots  écumans  il  se  jette  à  la   nage. 
Les  fend  d'un  bras  nerveux     appaise   leurs  bouillons  , 
Et  ramené  en  leur  lit  leurs  fougueux  tourbillons. 
Du  fleuve  subjugué  l'onde  en  couroux  murmure  : 
Aussitôt  d'un  serpent  il   revêt  la  figure  ;  ; 

II  siffle  ,  il  s'enffle,  il  roule  ,  il  déroule  ses  nœuds  , 
Et  de  ses  vastes  plis  bat  ses  bords  sablonneux. 

A  peine  il  l'apergoit ,  le  vaillant  fils  d'Alcraeh» 
De  ses  bras  vigoureux  le  saisit  et  l'enchaine  ; 


Il  le  presse , 
Laisse  le  de: 


il  l'etouffe ,  I 


Durant 


rpli 


Oses-ti 


Des  serpens  é 


expirant  , 
fureur  et  lui    dît  :   téméraire  , 
d'Hercule  affronter  la  coleie  ? 
tu  pas  qu'en  son  berceau  fameux,"  ' 
touffes  furent  ses  premiers  jeux  ? 
Etonné  ,    furieux  de  la   double  victoire  , 
Le  fleuve  de  ses  flots  prétend  venger  la  gloire  : 
Il  fond  sur  son  vainqueur.  Ce  n'est  plus  un  serpent 
En  replis  onduleux  sur  le  sable  rampant ,, 
C'est  un  taureau  superbe  ,  au  front  large  et  sauvage  : 
Ses  bonds  impétueux  déchirent  son  rivage , .    ' 
Sa  tête  bat  les  vents ,  le  feu  sptt  de  ses  yeux  | 
11  mugit ,  et  sa  VOÏK  a  fait  trembler  "les  cieux. 
Hercule  ,  sans  effroi  ,  voit  renaître  la  guerre  , 
Fart ,  vole  ,  le  saisit  ,  le  combat  et  l'atterre  , 
L'accable  de  son  poids  ,  presse  de  son  genou 
Sa  gorge  haletante  et  son  robuste  cou  ; 
Puis,  fier  et  triomphant  de  sa  rage  étouffée, 
Arrache  un  de  ses  dards  et  s'en  fait  un  trophée. 
Aussitôt  les  Sylvains,  les  Nymphes  de  ces  bords  , 
Dont  il  vengea  l'empire  et  sauva  les  trésors  , 
Au  vainqueur  qui  repose  apportent  leurs  offrandes  , 
L'entourent   de  festons  .    le   parent  de  guirlandes  , 
Et  dans  la  corne  heureuse  épanchant  leurs  faveurs  , 
La  rsoaplissent  de  fruits ,  U  couronnent  de  Heurs. 


L'auteur  rejette  les  projets  de   ces  agriculteur» 
systématiques   qui     font   des   livre»  et   ne   savent 
pas  cultiver  un  champ. 
Gardf.-z-vous  d'imiter   ces  docteurs  téméraires. 
Hardis  blasphémateurs  des  travaux  de  leurs  pères. 
Laissez-là  ces   projets  recueillis  par  Kozier  , 
Beaux  dans  le  cabinet,  féconds  sur  le  papier, 
Des  semeurs  citadins  l'éléiiante  méthode. 
Leurs  modernes  semoirs  ,  leur  charrue  à  la  mode  , 
Leur  ferme  en  miniature  ,  enfin  tous  ces  secrets 
(Qu'admire  le  Mercure  et  que  maudit  Gérés, 

Néanmoins  le  poëte  nous  invite  à  ne  pas  suivre 
servilement  les  pas  de  nos  ayeux.  Il  retrace  les 
heureuses  métamorphoses  que  la  grefl'e  et  l'art 
du  jardinage  ont  opéiées  paimi  les  fleurs  elles 
arbres  à'fruit. 

Après  avoir   donné   des  préceptes   sur  l'art  de 
diriger  les  eaux  ,  ie  poëte  célèbre  le  chef-d'œuvre 
de    cet  art.  Sa  brillante  desciiption  sera  sui-tout 
admirée  de  ceux  qui  ont  vu  le  Canal  du  Midi. 
Riquet  de   ce  grand  art  atteignit  la  hauteur  , 
LorsquVi  ce  gr/ind  travail  du  peuple  monastique 
Dont  long-tems  l'ignorance   honora  Rome   antique  , 
Son  art  joignit  encor  des  prodiges  nouveaux  ^ 
Et  réunit  deux  ^ers   par   ses. hardis  travaux. 
Non  ,  l'Egypte  et  son  lac ,  le  Nil  et  ses  merveilles  , 
Jamais   de   tels   récits  n'ont  frappé  les   oreilles. 
Là  ,  par  un  art   magique  ,   k  vos  7eux   sont  offerts  , 

Des  tieuves   sur  des  ponts  ,   des  vaisseaux  dans  les   airs , 

H 
Des  chemins  sous  des  monts  ,  des  rocs  changés  eu  voûtai , 

Où  vingt  fleuves,  suivant  leurs  ténébreuses  routes. 

Dans  de  noirs  souterrains  conduisent  les  vaisseaux, 

Qui  du  nuit   Achéron  semblent   fendre  les  eaux  ; 

Fuis  ,  gagnant  lentement  l'ouverture  opposée, 

Découvrent  tout-à-coup   un  riant  Elysée, 

Des  vergers  pleins  de  fruits   et  des  prés  pleins  de  fleurs  , 

Et  d'uo  bel  horison  les   brillantes  couleurs. 

En  contemplant  du  mont  la  hauteur  menaçante. 

Le  fleuve  quelque  tems  s'arrête  d'épouvante  ; 

Mais  d'espace  en  espace  en  tombant  retenus  , 

Avec  art  applanis  ,  avec  art  soutenus , 

Du  mont  dont  la  hauteur   au  vallon    dcit  les  rendre  , 

Les  flots  de  chute  en  chute   apprennent  à  descendre , 

Puis  ,   traversant  en -paix  l'éniait  fleuri  des  prés. 

Conduisent    à  la  mer  les   vaisseaux  rassurés. 

Chef-d'œuvre  qui  vainquit  le;s  monts  ,  leji  champs  ,  les  ondes, 

Et  joignît  les  deux  mers  qui  joignent  les  deux  Mondes. 

Ce  chant  est  terminé  par  un  épisode  qui  semble 
naître  de  quelques  préceptes  que  donne  le  puëre 
surl'artdeprofiter  des  terteins  mobiles  que  les  eaux 
détachent  quelquefois  de  leut  base  pour  en  enri- 
chir d'autres  rivages.  Egerie  et  Dolon  habitent 
deux  îles  voisines  ,  situées  dans  un  lac  de  1  Ecosse; 
ils  s'aiment,  mais  leurs  parens  s'opposent  à  letîr 
union.  L'amour  invite  Eole  à  joindre  les  deux 
îles,  et  lui  promet,  pour  récompense  ,  de  retidre' 
une  des  nymphes  de  Thétis  ,  sensible  à  la  flâme  . 
dont  il  brûle  pour  elle.  Eole  y  consent,  excite 
une  tempête,  l'île  d'Egerie  se  détache  de  sa  base 
et  va  joindre  celle  dé  son  amant.  Dolon  restiiue 
au  père  de  celle  qu'il  aime  tout  le  terrein  qu'il 
I  a  perdu  ,  et  celui-ci  consent  au  bonheur  des  deux 
amans. 

Je  pourrais  critiquer  le  fond  de  cet  épisode  , 
ses  accessoires  poétiques  ,  et  sur-Iout  la  diction 
où  l'on  rémarque  des  négligences  que  pourrait 
éviter  un  écrivain  aussi  distingué  que  Delille; 
mais  j'aime  mieux  ,  sur  ce  point  délicat ,  faire  par- 
i  1er  encore  l'homme  de  lettres  dont  j'ai  déjà  rap- 
porté quelques  observations.  Voici  ce  qu'il  dit  du 
second  chant  des  Géorgiques  françaises. 

«1  D.ms  ce  chant  dont  l'objet,  le  luxe  de  l'agri- 
culture, se  trouve  plus  en   harmonie  avec  le  ta- 
lent de  l'auteur ,  j'ai  toujours  senti  ,  avec  un  vif 
plaisir  ,  le   mérite   devenu  si  rare  d'un  fond   de 
choses    neuves  en   poésie  ,    la    savante   distribu- 
tion des  préceptes  et  des  digressions  analogues  au 
sujet  ,  et  sur-tout   les   nouvelles   richesses   poéti- 
ques  que   l'auteur  a   renfermées  dans  ce  cadre  , 
comme  aussi   la   sagesse  avec   larjuelle  il  l'a  fait,  ■ 
et   la   souplesse   facile   avec  laquelle   il   a  vainju 
les  difficultés  qu'il  s'était  faites  lui-même.  Le  petit 
épisode  du  Rcuve  Acheloiis  est  très-heuteux ,  très- 
ingénieux  et  irès-poetKiue.    C  est  ainsi  qu'il  con- 
vient maintenant  d'introduire  la  vieille  mitholo- 
gie  dans  la  poésie  française.  Il  n'en  est  pas  tout- 
à-fait  de   même  de  l'épisode  un  peu  dispropor- 
tionné qui  termine  ce  chant.  J'avoue  que  je  n'aime 
pas  l'invention  de   cet  épisode-là  ,  et  que  l'exé- 
cution  même,  quoique  bonne  sous  certains  rap- 
ports ,  est  inférieure  à  ce  que  l'on  pouvait  attendre 
de   Delille.   D  abord  je  crois  que  ce  n  était  pas  à 
cet  accident  d'une  petite  ,  bien  petite  île  détachée 
de  sa  base  .  etc.  qu  il  était  le  plus  intéressant  d'at- 
tacher un   épisode  de  cent  cinquante  vers  ,  épi- 
sode dont  le  résultat  ne  ramené  point  ,  d'ailleurs  , 
comme  il  le  faudrait,   aux  résuliats  des  préceptes 
et  de  I  objet  de  ce  chant.  Ensuite,  en  admettant 
1  épisode,  je  vous  répéterai  ce  que  je  vous  ai  tiit , 
qiie  le  choix  de  I  Ecosse  ,  pour  lieu  de  la  scène  , 
aurait  pu  fournir  à  I  imitgination    du  poète  ,  une 
action  prise  dans  les  moeurs  écossaises  du  vieux 
lems ,  et  des  accessoitcs  tirés  de  U  naiiLolftgic  du 


1424 


nord  ,  dont  le  souvenir  des  poésies  erses  indique 
assez  le  genre  d'iniérél,  plus  circonscrit  saris 
doute  que  dans  la  miihologie  grecque,  mais 
moins  usé,  peut-êire,  plus  romanesque  et  plus 
propre,  du  moins  une  lois  ,  à  ébranler  1  imagi- 
nalion  du  lecteur  rassasié  ,  el  à  émouvoir  le  cœur. 
Céuit  une  belle  occasion  pour  DeliUe  de  laire 
voir  comment  un  talent  antique  et  classique  peut 
un  moment  trai:er  en  vers  français  ce  qu  on  ap- 
jielle  le  genre  ossianiqué  )>. 

Si  j'examinais  dans  ses  moindres  détails  le  style 
du  secondchant  des  Gèorgiques  ,  je  pourrais 
relever  des  expressions  trop  souvent  répétées  , 
des  hémisiiches  qui  manquenl  d  harmonie  ,  et 
même  des  vers  entiers  qui  ne  peuvent  être  avoues 
par  le  goûi  ;  mais  ces  remarques  minutieuses 
m'entraîiieriient  trop  loin,  et  deviendraient  in- 
sipides pour  le  lecteur  éclairé  ,  qui  saura  les  faire 
lui-même  en  lisant  l'ouvrage. 

Un  est  pas  impossible  de  trouver  dans  un  long 
poëme  un  petit  nombre  de  défauts;  mais  ubt 
plura  nitent  in  carminé ,  non  ego  paucis  offendar 
maculis.  Clierchér  parmi  de  beaux  vers  de  lé- 
gères incorrections .  des  négligences  dont  le  poêle 
n'a  pas  daigné  s'appercevoir ,  c'est  troubler  vo- 
lontairement le  charme  dont  il  nous  environne  ; 
c'est  ressembler  à  l'ingrat  qui  ,  comblé  des  bien- 
faits du  sort ,  épluche  vétilleusement  ses  propres 
jouissances  ,  et  de  sa  main  indiscretie  flétrit  les 
fleurs  ,  au  lieu  de  s  enivrer  de  leur  parfum.  L  o- 
leille  charmée  ,  les  yeux  en  pleurs  ,  conieste-t-on 
à  Racine  ou  la  rime  ,  ou  la  pariicule  ?  Assez 
d'autres  se  livreront  au  soin  pénible  de  compter 
quelques  mots  répétés  ,  de  peser  des  expressions 
inusitées  :  nulle  œuvre  sans  doute  n'est  parfaite  , 
et  nul  poëie  n'est  sans  défaut  ;  mais  l'homme  de 
talent  est  celui  qui  les  couvre  par  de  grandes 
beautés  ,  et  qui  ne  laisse  au  lecteur  ravi  ni  le 
tems , ,  ni  le  courage  de  lui  adresser  un  reproche. 
Empressés  de  faire  oublier  ceux  que-nous  nous 
nommes  permis ,  nous  nous  plaisons  à  transcrire 
un  des  morceaux  les  plus  agréables  du  qviairieme 
chant. 

Jadis  hcuieux  ,  vainqueur  d'une  terte  ennemie  , 

Un  vieinar4  avait  su  de  ses  champs   plus  féconds. 

Vaincre  ringratitude  et  doubler  les  moissons; 

Il  avait ,  devinant  l'art  heureux  d'Angleteiie , 

Pétri,  décomposé ,  recomposé  la  terre-, 

Cré^  des  prés  nouveaux  ;   et  les  riches  sainfoins  , 

Et  l'herbe  à  triple  feuille  ,  avaient  payé  ses  soins. 

Ici  ,  des  jeunes  fleurs  il  doublait  la  couronne  , 

Là  ,  de  fiants  inconnus  enricliissait  l'autoinne. 

Nul  repos  pour  ses  champs  ,  et  la  variété  , 

Seule  ,  les  délassait  de  leur  fécondité. 

Enviant   à   ses  soins  un  si  beau  privilège  , 

Un  voisin  accusa  son  art  de  sortilège. 

Cité  devaiîl  le  juge  ,  il  étale  à  ses  yeux 

Sa- herse,   ses  râteaux  ,  ses  bras  laborieux  , 

Baconte  par  quel  soin  ,   son  adresse  féconde , 

A  su  changer  la  terre,  a  su  diriger  l'onde: 

Voila  mon  'sorlilége  et  mes  enchantemens  , 

Leur  dit- il.   Tout  éclate  en  jjpplaudisscmens  : 

On  l'absout;  et  son  art,   doux   charme  de   sa  vie, 

Comme  d'un  sol  ingrat  triompha  de  l'envie. 

On  ne  peut  se  détendre  ,  après  avoir  lu  les 
beaux  vers  que  j'ai  cités,  dt;  cette  sorte  d  enthou- 
siasme qui  plaçait  les  poètes  des  premiers  âges 
'  bien  loin  au-dessus  des  autres  hommes.  De 
quelle  justesse  d'esprit  ,  de  quelle  tinesse  de 
tact  ne  doit  pas  être  doué  celui  qui  sait  rendre 
de  si  grandes  idées  ,  des  sentimens  si  nobles  et 
si.  vrais  en  un  langage  si ,  séduisant  !  Ah  !  rie 
craignons,  pas  de  trop  louer  l'homme  de  génie 
qui  honore  par  sfS  œuvres  la  langue  que  nous 
parlons,  qui  ajoute  un  nouveau  lustre  au  nom 
français  ,  et  par  un  autre  genre  de  triomphe 
donne  à  nos  livaux  un  nouveau  sujet  d'envie 
et,  de  désespoir.  Les  muses  ont  aussi  leurs  vic- 
toireç  ;  le  pcëie  qui  arrache  aux  nations  étran- 
gères un  tribut  de  louanges  et  d'admiration  ,  a 
droit  comrnc,  le  guerrier  à  l'amour  et  à  la  recon- 
naissance tie  ses  concitoyens. 


du  produit  des  abonneniens  d'un  an  au  lycée;  je 
m'oblige  de  soumettre  chaque  mois  à  la  commis- 
sion de  bienfaisance  le  registre  des  spuscriptions 
et  de  lui  remettre  le  montant  dudit  huitième. 
Lebrun. 


Esmonnot,  ex -commissaire  du  gouvernement,  au 
rédactmr  du  Moniteur.  —  Bruges,  le  b  fruc- 
tidor an  8. 

Citoyen  ,  une  partie  de  votre  journal  étant 
spécialement  consacrée  à  tout  ce  qui  a  rapport 
aux  sciences  et  aux  arts  ,  je  crois  que  vous 
.trouverez  digne  d'être  inséré  dans  votre  feuille  , 
le  détail  ci-joint  de  ce  qui  s'est  passé  lors  de 
la  distribution  des  prix  de  lecole  centï-dle  du 
département  de  la  Lys  à  Bruges. 

Salut  et  considération  , 

Esmonnot. 

La  distribution  des  prix  de  l'école  centrale 
du  département  de  la  Lys  ,  séant  à  Bruges  , 
s'est  faite  le  3o  thermidor  ,  avec  un  éclat  que 
n'avait  eu  jusqu'à  ce  jour  aucune  fête  nationale 
dans  ce  département.  Dans  les  quartiers  de  la 
ville  ,  où  dem&uraient  des  élevés  couronnés  ,  les 
citoyens  avaient  orné  leurs  maisons  de  verdure  , 
de  fleurs,  de  tableaux,  avec  une  gaîré  qui  tenait 
de  1  enthousiasme.  A  trois  heures  de  l'après-midi , 
le  préfet  et  tous  les  membres  des  atatorités  crins- 
iilués  en  grand-costume  ,  après  s'être  réunis  a 
la  préfecture  ,  se  rendirent  à  l'école  centrale. 
Le  cortège  était  composé  de  plus  de  trente  voi- 
tures qui  offraient  le  plus  beau  spectacle.  Une 
assemblée  brillante  était  déjà  réunie  dans  la  salle, 
qui,  quoique  très-vaste,  pouvait  à  peine  conte- 
nir le  grand  nombre  de  personnes  qui  étaient 
jalouses  d'assister  à  cette  fête  ,  et  de  l'embellir. 

La  séance  fut  ouverte  jiar  un  discoiirs  que  pro- 
nonça le  citoyen  Deconinck  ,  corseiller  de  pré- 
fectiire  ,   et  président  du  jury  central. 

Le  citoyen  JuUien  ,  chef  de  division  dans  les 
bureaux  de  la  préfecture  ,  lut  à  l'assemblée  un 
morceau  de  poésiç  ,  composé  à  l'occasion  de  la 
fê'e.  La  lecture  de  ces  vers  fut  couverte  d'ap- 
plaudissemens. 

Le  citoyen  J.  B.  Levée  ,  professeur  de  belles- 
lettres  ,  et  membre  du  jury  d'instruction  pour 
les  écoles  primaires  ,  prononça,  au  nom  de  ses 
collègues  ,  un  discours  dans  lequel  il  traça  les 
travaux  et  les  progrès  des  élevés  pendant  la 
durée  des  leçons  en  l'an  8. 

Ce  discours  plein  d'éloquence  et  de  sentiment , 
a  iiispiié  le  plus  vif  intérêt. 

Ce  citoyen  a  prociamé  ensuite  les  noms  de  ceux 
qui  ont  obtenu  des  prix  ,  et  mérité  la  mention 
honorable. 

Le  citoyen  Louis  Destoop  ,  de  Bruges ,  l'un  des 
élevés    couronnés,  prononça  avec  feu  ,   uii  dis- 
cours de  reraercîmentau  nom  de  ses  condisciples. 
Le  soir,  la  plus  grande  partie  des  maisons  de 
la  commune  étaient  illuminées. 

Plus  de  deux  mille  personnes  des  deux  sexes 
ont  assisté,,  dans  un  verger  attenatit  à  l'école 
centrale  ,  à  un  bal  qui  a  duré  jusqu'à  3  heures 
après  minuit. 


rieur  de  ce  triste  et  cruel  événement,  et  je  vous  invite 
à  vouloir  bien  consigner  dansvotre  feuille  le  trait 
du  citoyen  Ltclerc.  On  ne  saurait  donner  trop  de 
publicité  à  cet  acte  de  courage  ,  puisqu'il  se 
vouait  à  une  mort  certaine  ,  pour  qu'on  eut  le 
tems  de  venir  tuer  jusques  sur  lui  et  dans  ses  bras 
un  animal  qui  pouvait  causer  les  plus  grands  ra-' 
vages  dans  son  canton. 

Je  vous  salue. 
Pour  l'absence  du  préfet  , 
Le  secrétaire  -  général  de   la   f'réfecture  , 

D   O   R   I  V   O  T. 


Avis. 

Le  a5  courant  et  jours  suivans  ,  depuis  dix 
heures  du  matin  jusqu'àquaire  heures,  on  vendra 
au  Louvre  ,  dans  l'ancienne  salle  des  pairs  ,  près 
du  Jardin  dit  de  VInfanle  ,  une  grande  quantité  de 
porcelaines,  tant  blanches  que  décorées  ,  appar- 
tenant à  la  manufacture  nationale  de  Sevrés  ,  et 
provenant  de  ses  magasins  ,  consistant  en  toutes 
sortes  d'objets  de  service  et  d  ornemens  ,  dont 
différentes  pièces  très-précieuses  par  leur  déco- 
ration, et  notamment  un  superbe  service  ,  fond 
verd  et  à  fleurs  ;  difFérens  lots  de  porcelaines 
profires  aux  restaurateurs  ,  limonadiers  et  fayan- 
ciers  ;  plus,  divers  assortimens  de  groupes  et 
figures  en  porcelaine,  biscuit,  etc.  Il  y  aura  exposi- 
tion publique  de  ces  objets  ,  les  aS  et  24  ,  dans 
la  même  salle  et  aux   mêmes  heures. 


Lebrun  ,  directeur  du  lycée  de  Para,  au  propriétaire- 
éditeur  du  Moniteur-universel.  —  Du  l6  fruc- 
tidor ,  an  8  de  la  république  française. 

Je  viens  de  lire  ,  citoyen  ,  dans  votre  intéressant 
journal,  un  article  sur  l'utilité  des  soupes  à  la 
Rumfort ,  et  sur  la, nécessité  d'en  multiplier  les 
éiablissemens  ;  je  suis  d'autant  plus  pénéité  des 
sentimens  d'humanité  qui  ont  donné  lieu  à  cette 
institution  ,  qu'ayant  été  long-tems  commissaire 
de  bienfaisance  dans  U  section  très-populeuse  tle 
Bon-Conseil,  j  ai  été,  plusqu'un  autre,  à  portée 
de  connaître  les  besoins  du  pauvre ,  et  l'insufE- 
sance  des  moyens  de  le  secourir  d'une  manière 
constamment  efEcace.  On  ne  saurait  donc  trop 
aagmenier  ces  heureuses  ressources  :  pOur  y  con:- 
courir  de  tout  mon  pouvoir,  et  faire  participer 
lc5  amis  des  lettres  à  ces  œuvres  vraiment  philan- 
ttopiq«es ,  je  propose  d  abandonner  le  huitième 


Nous  avons  déjà  inséré  dans  ce  journal  le  fait 
suivant;  mais  comme  il  est  raconté  avec  plus  de 
détail  et  d'authenticité  ,  nous  croyons  devoir  le 
publier  de  nouveau. 

Le  préfet  du  département  des  Ardennes  ,  au  rédacteur 
du  Moniteur.  —  Mezières  ,  le  1 5  fructidor  .  l'an  8 
de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 

Citoyen, 
Un  événement  cruel  vient  d'avoir  lieu  dans  le 
département  des  Ardennes  ,  le  II  de  ce  mois  ,  à 
sept  heures  du  soir.  Un  loup  enragé  a  traversé  le 
territoire  d'Adoo  ,  commune  du  quatrième  ar- 
rondissement ,  s'est  jeté  avec  fureur  successive- 
ment, et  à  des  distances  éloignées  ,  sur  six  indi- 
vidus, les  a  terrassés,  et  lésa  mis,  par  ses  morsures 
et  sa  férocité  ,  dans  un  état  qui  fait  craindre  pour 
leurs  jours.  Heureusement  on  est  parvenu  à  le 
tuer  sans  qu'il  ait  causé  d'autres  accidens. 

Il  y  a  dans  cet  événement  une  circonstance  par- 
ticulière ,  et  qui  mérite  d'être  connue. 

Le  dernier  des  infortunés  sur  lequel  ce  loup 
s'est  précipité  ,  est  un  défenseur  de  la  république, 
nommé  Nicola»  Lecletc  .  âgé  de  24  ans  ,  de  la 
commune  de  Chaumont.  Ce  citoyen  ,  quoi- 
qu'ayani  le  visage  déchiré  de  toutes  pans ,  saisit 
cet  animal  furieux  ,  le  serre  étroitement  dans  ses 
bras  ,  et  le  retient  de  cette  manière  jusqu'à  ce  que 
le  nommé  André  Lamanant,  domestique  chez  le 
citoyen  Dimanche  ,  cultivateur  â  Chaumpqt ,  soit 
arrivé  ,  et  que  d'un  coup  de  fusil  il  ail  tué  ce  loup 
dans  les  bras  et  sur  le  corps  même  de  Leclerc. 

Le  courage  de  ce  malheureux  militaire  et  celui 
de  Lamanant  ,  a  sauvé  ce  canton  de  nouveaux  et 
inévitables  ravages, 
je  viens  de  rendre  compte  au  ministre  de  l'inté- 


LIVRES    DIVERS. 

Description  des  pyramides  de  Djizé ,  de  ta  ville  du 
Kaire  et  de  ses  environs  ,  y  compris  Djizé ,  le  Mékia 
et  Vile  de  Rhouda  ,  par  J.  Grobcrt,  chef  de  brigade 
d'ariillere  ,  membre  de  l'institut  de  Bologne.  Un 
volume  in-4°.  ,  orné  de  trois  grandes  planches  et 
de  plusieurs  vignettes. 

Cette  description  offre  un  tableau  lopographi- 
que  de  la  surface  entière  du  rocher  lybique  ,  oc- 
cupée par  celles  des  pyiamides,  dont  les  historiens 
et  les  voyageurs  ont  parlé  d'une  manière  si  incer- 
taine. Les  circonstances  ont  fourni  à  l'auteur  de». 
facilités  dont  la  plupart  des  écrivains  qui  ont  traité 
cet  objet  furent  privés.  —  Un  vaste  modèle  ,  exé- 
cuté avec  des  matériaux  apportés  des  pyramides 
mêmes,  et  dont  les  échantillons  sont  déposés  au 
Muséum  du  jardin  des  plantes  ,  a  été  construit 
pour  faciliter  un  travail  aussi  étendu  que  soigné. 

La  réduction  des  dimensions  les  plus  exactes 
aux  mesures  de  plusieurs  nations  ,  l'analyse  des 
matériaux  faite  par  des  savans  célèbres  ,  et  l'édi- 
tion presque  contemporaine  de  la  traduction  d'un 
manuscrit  arabe  qui  y  est  relatif ,  donneront  quel- 
que prix  à  cet  ouvrage.  —  Il  est  actuellement  sou» 
presse.  —  Il  paraîtra  ,  au  plus  lard  ,  depuis  le 
3o  fructidor  jusqu'au  10  vendémiaire  an  9.  Indé- 
pendamment des  détails  neufs  et  intéressans  que 
1  on  trouvera  dans  les  planches  ,  les  vignettes  re- 
présenteront le  palais  de  Mourat-Bey  à  Djizé  , 
1  aqueduc  du  vieux  Kaire  ,  etc. 

En  souscrivant  à  Paris  avant  le  3o  fructidor , 
et  avant  le  10  vendémiaire  prochain  dans  le» 
départemens  ,  l'ouvrage  sera  vendu  4  fr.  5o 
cent,  dans  celle  ville,  et  5  fr.  5o  cent.' ailleurs, 
franc  de  port. 

Après  les  époques  ci-dessus  désignées  ,  il  serai 
vendu  6  fr.  à  Paris,  et  7  fr.  dans  les  départemens, 
franc  de  port.  —  On  tirera  cent  exmplaires  sur 
papier  vélin. 

On  souscrit  à  faris  chez  les  citoyens  Girardin, 
au  cabinet  litléraire  ,  palais  du  Tribunal  ;  Rémont, 
libraire,  quai  des  Augustins,  n°  41  ;J  Logeroti 
imprimeur,  dans  le  jardin  des  ci-devant  Capucines, 
vis-à-vis  la  place  Vendôme. 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  il  fructidor.  —  Cours  des  effets  publics. 

Effets  publics. 

Rente  provisoire 17  fr.  2  5  c. 

Tiers  consolidé Sa  fr.  38  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  5g  c. 

Bons  d'arréragé 84  Fr. 

Bons  pour  l'an  8 8;  fr.  88  c. 

Syndicat. 64  fr. 

Coupures 64  fr, 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.   22   fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqjje  et  des  Arts. 
Dem.  Praxitelle  ou  la  Cein'.ure,  opéra  en  un  acte  , 
suivi  du  ballet  de  la  Dansomanie. 


Errata. 

Dans  le  n°  55i  ,  si  fructidor  ,  aux  deux  der- 
nières lignes  de  la  i"  colonne  ,  au-lieu  de  ,  et  à 
l'époque  de  la  moisson  ,   liseï  :  mouçon. 

5°  Colonne,  14' ligne,  au-lieu  du  g  floréal, 
nlisez  :  ig  floréal. 


A  Pa  ti  s ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  d^  Moniteur ,  rue  des  Foitevias,  n*  >>?. 


GAZEÏTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL! 


N"  353. 


11±± 


Tridi  ,   23  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscrlprcurs  qu'à  dater  du  7   Nlvose  le    M  o  N I  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des  armées ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  suj 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  tournis  par  les  correspond-inces  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux   sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ESPAGNE. 

Saint-Ildephonse  ,  i^  fructidor  an  8. 

Extrait  d'une   dépêche  du  citoyen  Al'tpner  ,  ambay 
sadeuT  de  la  république  française  ,  à  Madrid. 

Citoyen  ministre, 

Je  m'empresse  de  vous  faire  parvenir  les  dé- 
?ails  officiels  de  la  victoiie  éclatante  ,  remponée 
parles  troupes  espagnoles  sur  i5  mille  anglais 
qui  ont  débarqué  entre  la  Corogne  et  le  Ferrol  : 
c'est  une  aiFaire  extrêmement  brillante  ;  car  il 
est  de  fait  que  l'on  n'a  opposé  à  l'ennemi  que 
4  mille  hommes  composés  de  troupes  de  terre 
et  (le  mer  ,  qui  se  trouvaient  disponibles  ,  et  de 
quelques  milices  du  pays.  Les  chaloupes  ca- 
nonnières ont  fait  merveille.  Une  batterie  flot- 
tante de  8  pièces  de  54  a  été  commencée  et  fi- 
nie en  cinq  heures.  Les  anglais  ,  malgré  la  grande 
supériorité  de  leurs  forces  .  ont  été  contraints  à 
«e  rembarquer  en  désordre  ,  après  avoir  eu  un 
grand  nombre  de  tués  et  beaucoup  de  blessés  , 
et  éprouvé  en  prisonniers  une  perte  considéra- 
ble. Ils  avaient  l'intention  de  surprendre  ei  biûler 
le  Ferrol  ,  de  s'emparer  de  six.  vaisseaux  armés 
prêts  à  sortir  du  port  ,  et  de  détruire  ceux  qui 
ne  sont  pas  encore  en  état  de  tenir  la  mer.  La 
b«voure  espagnole  leur  a  prouvé  qu'avec  des 
forces  supérieures,  une  telle  entreprise  avait  en- 
core de  la  témérité. 

Traduction  de  la  Gazette  extraordinaire  de  Madrid. 

Par  des  couriers  extraordinaires  que  le  com- 
mandant général  par  intérim  du  département  de 
marine  du  Ferrol  ,  Don  Francisco  Melgarejo  ,  a 
dépêchés  en  date  des  25  ,  26  et  27  du  courant  , 
le  roi  a  éié  informé  des  détails  suivans  sur  le  dé- 
barquement fait  par  les  anglais  à  la  place  de 
t>oiiinos  ,  située  dans  les  environs  dudit  dépat' 
tement. 

Dans  la  matinée  du  25  ,  la  vigie  du  Monte- 
Venioso  apperçut  à  une  distance  de  4  à  5  lieues, 
«ne  escadre  et  un  convoi  qui  longeaient  la 
eôte  pour  doubler  le  cap  de  Priolro.  Peu  après 
tes  avoir  signalés ,  on  pouvait  déjà  compter 
ïoixanie  sept  bâiimens  ,  sans  qu'il  fût  possible 
de  déterminer  avec  certitude  quels  étaient  leur 
'^on  et  leur  force,  à  cause  du  calme  et  delà 
biune  qui  couvrait  l'horison. 

L'escadre  et  le'convoi  cinglaient  vers  le  sud  avec 
vent  faible  nord  jusqu'à  une  heure  de  l'après- 
midi  ,  que  se  trouvant  au  nord-ouest  .  à  la  dis- 
tance de  deux  ou  trois  milles  ,  ils  prirent  la  di- 
leciion  vers  l'est  ,  et  longeant  du  nord  au  sud  , 
entre  la  plage  de  Doninos  et  celle  de  Los-Rios  , 
ils  indiquèrent,  par  leurs  manœuvres  ,  que  leur 
intention  était  de  taire  un  débarquement  de  trou- 
pes sur  la  plage  indiquée  de  Doninos. 

L'escadre  ennemie  fut  reconnue  aloTS  forte 
de  dix  vaisseaux  ,  dont  quatre  de  trois  ponts  ,  de 
sept  frégates,  sept  balandres  et  les  autres  bâtimens 
de  transpoit. 

En  effet  ,  à  quatre  heures  du  soir  l'escadre  et 
le  convoi  ennemis  jetierent  l'ancre  dans  U  baye, 
leur  première  disposition  fut  de  détacher  dix  cha- 
loupes avec  des  lioupes  de  débarquement,  c'est 
en   quoi  elles    réussirent   sans  opposition  ,   étant 

Înoiégées  par  deux  balandres  et  une  frégate ,  dont 
e  feu  atteignait  la  bauerie  située  dans  cet  endroit , 
•an»  qu  il  fut  possible  au  petit  détachement  qui 
s'y  trouvait,  de  prentire  un  autre  parti  que  celui  de 
le  retirer  à  la  hâte.  Ensuite  ,  ils  mirent  a  terre 
deux  pièces  de  campagne  ,  ainsi  que  le  reste  de 
la  troupe  qui  se  mit  à  l'instant  en  marche  pour 
S  empâter  des  hauteurs. 

Le  commandjnt  général  du  déparlement  ,  in- 
formé de  ces  circonstances  par  les  différens  avis 
qu'il  rcçiu  le  même  jour  de  la  vigie  de  Monte- 
Ventoso  ,  et  ne  pouvant  douter  quelle  était  l'in- 
lemion  de  l'ennemi  ,  en  fit  aussitôt  un  rapport  au 
commandant  général  du  royaume  de  Galice  , 
tonre  de  Donadio  ,  commandant  des  camps 
volaris ,  et  au  gouverneur  de  la  place,  afin  qu'ils 
concourussent  tous  efficacement  à  sa  défense  ei 
à  celle  de  l  arsenal  ,  qui  était  évidemment  l'objet 
contre  lequel  Icntreprise  des  ennemis  se  di- 
xit;eaii.  , 

£n    conséquence   le    commandant    s'empressa 


de  fournir  touslessecours  dontil  pouvait  disposer, 
après  avoir  mis  à  couvert  les  postes  de  la  mâ- 
tine et  fait  toutes  les  dispositions  qu'exigeaient 
des  circonstances  si  critiques  ,  déjà  déterminé 
dans  le  plan  de  défense  adopté  par  le  ministère, 
conformément  à  l'avis  du  conseil  de  ggerre  , 
présidé  en  1797,  par  le  capitaine  général  du 
dit  département  Don  Félix  de  'Tejada. 

L'escadre  commandée  par  le  lieutenant-général, 
Don  Joachim  Moréno  débarqua  d'abord  cinq 
cents  hommes  ,  en  lâchant  ,  en  même  tems  ,  de 
prendre  la  position  la  plus  favorable. 

Après  avoir  pris  toutes  ces  mesures  pour  arrêter 
l'ennemi  ,  et  après  avoir  donné  1  ordre  que  tous 
les  ouvriers,  journaliers  et  autres  travailleurs  ,  se 
réunissent  dans  l'arsenal  pour  y  être  armés  et 
prêts  à  se  porter  là  où  leur  secours  serait  né- 
cessaire ,  apiès  avoir  enfin  pris  d'autres  mesures 
convenables  de  concert  avec  le  commandant- 
général  de  l'escadre  ,  D  on  Francisco  Melgarejo  , 
Commandant  par  intérim  du  département  ,  dé- 
pêcha ,  à  neuf  heures  du  soir,  un  Courier  ex- 
traordinaire pour  informer  sa  majesté  de  tout  ce 
qui  était  aitivé  jusqu'à  ce  moment. 

Le  premier  mouvement  de  l'ennemi  fut  de 
s'emparer  des  hauteurs  de  Brion  et  Balon  qui 
dominent  le  port  et  la  place  ,  mais  le  détache- 
ment de  cinq  cents  hommes  de  l'escadre  arriva 
assez  à  tems  pour  leur  disputer  le  passage  ;  il 
combattit  avec  acharnement  et  succès  et  arrêta  la 
marche  des  anglais  ,  nonobstant  son  petit  nombre 
et  les  forces  considérables  de  l'ennemi.  li  fit  en 
combattant  ,  sa  jonction  avec  les  autres  corps  de 
l'armée  et  de  la  marine  qui  avaient  pris  position 
sur  les  hauteurs  de  Brion  ,  sous  les  ordreS  du 
maréchal  de  camp  ,  comte  de  Donadio  ,  ce  point 
étant  le  plus  avantageux  pour  repousser  lennemi. 

Dans  la  nuit  du  25  ,  les  ouvriers  et  travailleurs 
furent  armés  ,  et  on  leur  fit  Occuper  la  côte. 
Les  manœuvres  furent  employé»  à  l'équipement 
des  chaloupes  et  autres  barques  que  foiirnit 
l'escadre,  et  dans  lesquelles  on  envoya  à  tous 
les  forts  les  secours  les  plus  urgens  ,  qu'on  tira 
ï  des  magazins  de  la  marine  et  de  l'escadre  .  afin 
d'approvisionner  tous  les  postes  de  terre  et  les 
barques  canonnières.  Le  commandant  général 
ordonna  également  qu'on  tirât  de  la  Grana  autant 
de  vivres  que  le  permettraient  les  circonstances  , 
pour  être  transférés  à  l'arsenal.  Ce  qui  en  fut 
tiré  suffit  à  la  subsistance  des  troupes  de  terre 
et  de  marine,  et  on  en  envoya  ara  gouverneur 
de  la  place  et  au  commandant  des  camps  volans, 
tout  ce   qui   leur  était  nécessaire. 

La  nuit  du  25  se  passa  sans  événement  remar- 
quable jusqu'au  malin  du  jour  suivant ,  oii  la 
hauteur  de  Brion  occupée  par  nos  troupes  fut 
attaqtiée  par  celles  de  l'ennemi  fort  supérieures 
en  nombre.  On  ne  pouvait  espérer  de.  garder 
ce  poste  ,  mais  il  importait  de  le  dégoûter  de 
son  entréprise  par  la  nécessité  de  combattre  à 
chaque  pas.  L'engagement  fut  aussi  vif  qu  obs- 
tiné* L'ennemi  avait  de  l'ariillerie  ,  nos  troupes 
n'en  avaient  point  :  l'ennemi  accumulait  des  forces 
sur  ce  point  oti  il  avait  déjà  huit  mille  hommes. 
On  se. battit  pied  à  pied  et  l'on  donna  le  tems 
au  général    Melgarejo   de    faite   disposer  à   1  ar 


(  senal   une    batterie    flottante   de  huit  jiieces    de 
vingt-quatre  ,   dont  le  ' 

grand  mal  à  l'ennemi, 


vingt-quatre  ,   dont  le    feu  inatend 


jit    pi 
u   m 


le   plus 


}  Le  capitaine  de  frégate.  Don  Antonio  de  Pilos , 
j  commandait  celte  batterie  ,  ainsi  que  le  brigantin 
I  Vivo.  De  leur  côté,  les  barques  canonnières  agi- 
rent avec  le  plus  grand  succès.  Tandis  que  le 
commandant  de  la  marine  donnait  des  ordres 
aussi  propres  à  faire  échouer  les  projets  de  len- 
nemi, il  prenait  en  même  tems  d'autres  mesures 
pour  procurer  au  gouvernement  différens  secours 
d'artillerie  tirée  du  vaisseau  te  Saint-Ferdinand  , 
et  pour  faire  transportera  un  magasin  de  la  côte 
opposée  toute  la  poudre ,  après  en  avoir  fait 
distribuer  tout  ce  qui  était  nécessaire  pour  le  ser- 
vice du  moment. 

Le  commandant-général  par  inlerim,<ia  royaume 
de  Galicie  ,  Don  François  de  Negreie  ,  renforça 
la  garnison  de  la  place  ,  d'un  bataillon  du  régi- 
ment d'Afrique  ,  et  d  un  autre  des  volontaires 
d'Arragon  ,  au  moyen  de  quoi  cette  garnison  se 
trouva  portée  à  trois  mille  hornmes ,  et  appro- 
visionnée de  vivres  et  de  cartouches. 

ILe  même  jour  ,  un  autre  corps  ennemi  cor)si- 
dérable  se  mit  en  marche  pour  attaquer  le  châ- 
I  teau  Saint-Philippe  ;  mais  celle  aune  tenialive 
I  fut  eucore  $an«  succès.  L'ennemi,  faliijuéds  tant 


de  lésistance  ,  renonça  à  ses  projets  ,  et  ,  ver» 
quatre  heurts  du  soir  ,  on  le  vit  se  retirer  vers  .la 
place  de  débarquement.  ' 

Le  comte  de  Donadio  passa  toute  la  nuit  de- 
vant la  porte  ,  de  Cinido  ,  point  sur  lequel  ou 
prouvait  présuniL-i  l'aiiaquç  ,  quoique  tous  les  avis 
confirmassent  la  retraite  des  anglais,  et  leur  réu- 
nion à  la   lagune  dç  Doninos. 

Dans  ces  circonstances  ,  le  commandant  gé- 
néral du  département  ,  dépêcha  un  second  cour- 
rier éxlraordinaire  à  nci;l  heures  du  soir  ,  et  par 
celui  dû  jour  suiviiit  ,  27  ,  il  confirma  en  éfFet  le 
rembarquement  de  louicsies  troupes  eiineuiies  , 
à    une  heute  de  la  même  nuit. 

Ils  incendièrent  les  bois  ,  les  maisons  de  1^ 
côte  ,  y  compris  la  vigie  de  Monie-Ventoso  ,  et 
emmenèrent  tout  le  bétail  qu  ils  purent  enlever. 
Bornant  à  ce  désordre  tous  Uurs  succès  ,  l'escadre 
et  le  convoi  mirent  .1  la  voile. 

Par  la  déclaraiiou  d'un  matelot  français  qui  se 
trouvait  prisonnier  à  bord  des  bâtimens  ennemis, 
et  qui  parvint  à  se  sauver  ,  on  a  su  que  l'expé- 
dilioa  consistait  en  six  vaisseaux  de  guerre  ,  dont 
trois  à  trois  ponts  ,  cinq  frégates,  plusieurs  petits 
bâtimens  de  guerre"  et  jusqu'à  soixante-dix  bâti- 
mens de  transport,  (jui  avaientà  boidriuinze  mille 
hommes  de  troupes  de  débarquement. 

Le  même  prisonnier  ajouie  (jue  le  motif  de  la 
reirate  inattendue  de  l'ennemi  était  la  lorie  résis- 
tance qu'il  avait  rencontrée  contre  son  aitenle  , 
malgré  sa  grande  supétioriié  ;  qu'on  lui  avait 
tué  raille  hommes  ,  parmi  lesquels  un  lieutenant- 
général  et  un  colonel  ,  et  blessé  huit  cents  ;  que 
son  idée  était  de  prendre  le  château  de  Saint- 
Philippe  ,  pour  aitaquet  ensuite  la  place,  et  y 
entrer  aussitôt  avec  son  escadre  pour  s'emparer 
de  l'escadre  espagnole  qui  éiait  dans  le  port  ; 
mais  que,  vu  la  détense  faite  par  ce  fort,  et  le 
feu  aussi  vif  que  bien  dirigé  des  barques  canon- 
nières qui  le  défendaient  ,  il  se  détermina  aussitôt 
à  la  retraite  qu'il  commença ,  dès  les  deux 
heures  du  soir  ,  dans  le  plus  grand  désordre  , 
ci-aignant  toujours  d'être  atiaqué.  Le  même  homme 
dit  encore  que  ,  suivant  ce  qu'il  avait  entendu  , 
l'ennemi  atiendait  un  autre  convoi  plus  consi- 
dérable qui  se  préparait  dans  les  por  s  d'Angle- 
terre pour  le  même  objet. 

Dans  les  actions  qui  ont  eu  lieu  le  soir  du  îS 
et  dans  la  matinée  du26 ,  nous  avons  eu  soixante- 
quinze  blessés  de  différens  corps,  et  de  la  marine, 
morts,  le  lieuienant  de  vaisseau  Don  Aug.  Matuto 
et  l'enseigne  de  frégate  ,  Don  Miguel  Godo'i  ,  qui 
se  conduisirent  avec  valeur. 

Le  commandant  général  du  département  fait  un 
éloge  particulier  de  l'activité  ,  de  l'intelligence  et 
de  la  bravoure  avec  lesquelles  le  maréchal-de-camp, 
comte  de  Donadio  a  dirigé  loules  les  opérations  de 
celte  défense  dans  ta  partie  qui  lui  était  confiée. 
Il  se  loue  de  même  ,  de  la  conduite  et  des  me- 
sures prises  par  le  gouverneur  de  cette  place, 
de  la-  prompdlude  et  du  zèle  avec  lesquels  la 
commandant-général,  par  intérim^  du  royaume  de 
Galicie  ,  se  porta  au  secours  du  déparieraent 
avec  les  troupes  qu'à  cet  effet  il  détacha  de  la 
Coto^ne  ;  enfin,  il  fait  le  plus  grand  éloge  de  l'in- 
irépidiié  avec  laquelle  les  troupes  et  les  officiers 
de  terre  et  de  mer  ,  ainsi  que  les  équipages  ,  les 
ouvriers  et  autres  travailleurs  de  larsenal,  ont 
également  concouru  à  repousser  l'ennemi  ,  sans 
craindre  sa  supériorité. 

Sa  majesté  .a  appris  ces  événeraens  avec  la  pluj 
vive  satisfaction,  et  a  bien  voulu  faire  témoigner 
à  Don  Francisco  Melgarejo  ,  combien  elle  était 
satisfaite  de  sa  conduite  et  des  pages  disposi- 
tions qu'il  a  prises.  S.  M.  n'est  pas  moins  con- 
tente de  la  conduite  du  commandant  générai 
du  royaume,  de  celle  de  Don  Juan  Motcno  et 
autre*  officiers-généraux  ,  des  troupes  et  autres 
individus  des  armées  navales  qui  ont  concouru 
avec  un  zèle  égal  à  repousser  l'ennemi,  eu.  affron- 
tant tous  les  dangers. 

Le  roi  rend  la  même  justice  aux  chefs,  otEciers 
et  troupes  de  l'année,  sous  les  ordres  du  maré- 
chal de  camp  ,  comte  de  Donadio  ,  se  réservant 
de  récompenser  les  uns  et  les  autres  ,  aussilôt 
que  des  rapports  plus  circonstancié»  lui  seront 
parvenus. 

En  attendant,  S.  M.  a  bien  voulu  ordonner 
qu  il  soit  accordé  ,  à  titre  de  gratificaiioii  ,  deux 
mois  de  solde  ,  ou  appointemeris  à  chacun  de* 
individus  du  corps  des  troupes,  marine,  ou- 
vriers ei  autres  de  celte  clas«e  qui  ont-coniribué  i 
repousser  f  cunemi. 


DANNEMARK. 

Copenhague  ,    le  8  fructidor. 

Lk  prince  royal  est  resté  toute  la  nuit  sur  le 
port,  ordonnant  les  dispositions  de  défense, 
président  à  tous  les  travaux  ,  et  communiquant 
a  tous  son  activité. 

La  manœuvre  des  a^nglais  s'est  bornée  à  ranger 
leur  escadre  sur  une  ligne  qui  occupe  toute 
rétendue  de  la  rade  depuis  Elseneur  jusqu'à 
Copenhague. 

De  petits  bâtimens  de  guerre  croisent  sans  cesse 
sur  la  côte  autour  du  port.  On  ciaint  qu'ils  n'aient 
l'intention  d'arrêter  te  bâtiment  qui  apporte  une 
réponse  de  Pétersbourg.  Ils  visitent  tous  les  na- 
vires danois  qu'ils  rencontrent. 

M.  Withwort  et  les  agens  anglais  se  tien- 
nent renfermés.  Le  prince  royal  montre  autant 
d'énergie  que  d'indignation.  H  a  déclaré  qu  il  ne 
céderait  jamais. 

Du  reste  ,  le  port  se  trouve  déjà  dnns  un  élal 
de  défense  respectable.  Les  travaux  continuent 
jour  et  nuit. 

On  dit  que  M.  Withwort  part  dans  deux  jours. 

ALLEMAGNE. 

Hambourg  ,  le  6  friictidor. 

Nous  avons  vu  de  quelle  manière  les  Anglais 
s'étaient  comportés  envers  le  Dannemarck.  Aussi- 
tôt après  la  prise  du  vaisseau  danois  ,  VAmbcUsa- 
■  deur  de  Dannemarck  ,  fut  chargé  de  demander 
satisfaction  ;  mais  il  fut  fort  étonné  d'entendre 
le  ministre  anglais  taire  la  même  demande.  L'en- 
voyé Withwort  a  demandé  ,  non-seulement  la 
destitution  du  capitaine  de  la  frégate  danoise  , 
mais  encore  celle  du  commandant  du  château  de 
KrUnburg  ,  qui  domine  le  Sund  près  d  Elseneur. 
Diris  le  cas  de  refus  ,  l'amiral  Dikson  devait  , 
dit- on  ,  s'emparer  de^  Kronburg  ,  et  tirer  sur 
Copenhague   même. 

On  attend,  avec  impatience  ,  les  nouvelles  du 
Sund  ,  qui  doivent  être  fort  intéressantes  ,  d'apiès 
Içs,  préparatifs  qu'on  avait  fait  de  part  et  d'autre  , 
mais  jusqu  à  présent  aucunes  nouvelles  officielles 
ne  nous  sont  parvenues. 

La  flotte  anglaise  ,  arrivée  dans  la  rade  d'Else- 
npur ,  s'y  comporte  amicalement;  le  gouverne- 
ment ,  cependant  ,  ne  discontinue  pas-ses  prépa- 
ratifs de  défense.  La  décision  de  la  cour  de 
Copenhague  semble  dépendre  de  celle  de  Pé- 
tei"sbourg.  La  flotte  anglaise  cingle,  dit-on,  vers 
Copenhague. 

On  a  vu  ,  le  l''.  de  ce  mois ,  un  cutter  anglais 
passant  par  Copenhague  ,  et  se  dirigeant  vers  la 
Baltique  ;  on  soupçonne  qu'il  portait  un  courier 
adressé  au  cabinet  de  Pétersbourg.  Deux  jours 
avant,  un  courier  russe  avait  été  à  Stockholm. 

La  princesse  Marie  ,  fille  de  l'héritier  présomptif 
de  l'empire  de  Russie  ,  est  morte  le  20  thermidor  ; 
cet  événement  a  été  annoncé  dans  la  gazette  de 
la  cour. 

ANGLETERRE. 

Londrei  ,  i"  septembre.  (  i2 fructidor.) 

fiapport  officiel  du  capitaine  Krabbe  à  ramirauté 
de  Dannemarck  ,  sur  le  combat  qu'il  a  eu  à  sou- 
tenir contre  une  frégate  anglaise,  le  aS  du  mois 
dernier  [  1^  juillet,  j 

Le  capitaine  Krabbe  ,  commandant  la  frégate 
la  friya  mande  à  l'amirauté  (  dans  deux  rapports 
datés  des  dunes,  le  26  et  le  28)  que  ,  le  25  juillet, 
il  rencontra  à  l'embouchure  du  canal  (  la  Manche  ) , 
à- deux  heures  après  midi,  quatre  frégates  an- 
glaises ,  un  brick  et  un  \ougre.  A  4  heures  ,  une 
des  frégates  anglaises  vint  à  lui  ,  et  ayant  pris 
station  sur  le  flanc  de  la  Freya  ,  envoya  à  bord 
de  ce  bâtiment  un  officier  qui ,  après  les  ques- 
tions ordinaires  sur  la  destination  de  la  frégate 
danoise  et  sur  le  nombre  des  bâtimetis  qu'elle 
convoyait  ,  retourna  à  bord  de  la  frégate  an- 
glaise ;  celle-ci  s'éloigna  et  alla  se  ranger  en 
arrière  du  reste  de  l'escadre  dont  elle  fesait  partie. 
Mais  elle  revint  bientôt  après  ,  et  envoya  à  bord 
de  la  freya  un  officier  qui  demanda  à  faire  une 
visite  sur  le  convoi.  Le  capitaine  Krabbe  répondit 
que  ses  instructions  ne  lui  permettaient  pas  de 
hi'ser  faire  une  pareille  visite  ,  mais  il  offrit  de 
jnctire  sous  les  yeux  du  commandant  des  bâti- 
toens  anglais  tous  les  papiers  du  vaisseau.  L'offi- 
cier persista ,  au  nom  du  commodote  anglais  ^ 
dans  sa  demande.  On  y  répondit  par  un  refus 
formel,  Il  quitta  la  frégate  danoise  ,  et  la  frégate 
anglaise  marcha  sur  le  convoi  qui  reçut  le  signal 
de  s'approcher  le  plus  qu'il  pourrait  de  la  Freya. 
Dans  le  même  tems  une  autre  frégate  anglaise 
s'avança  vers  la  Freya .  et  tira  sur  un  bâtiment  du 
convoi'.  On  répondit  à  son  feu  ,  mais  de  manière 
'  que  le  boulet  passa  par-dessus  la  frégate  anglaise. 
■Vers  les  huit  heures  du  soir  ,  le  comraodore 
anglais  amena  son  vaisseau  à  côté  de  la  Freya  ,  et 
réitéra  la  demande  que  le  convoi  se  laissât  visiter 
saiu  aucui»e  oppositioa  :  il  se  disposait  à  taire 


1426 

«ette  visite  et- à  en'CCTierse&.chalotïpef  aax  vifs- 
eaux  marchands.  Lé  capitaine  Krabbe  protesta  , 
ainsi  qu'il  l'avait  déjà  fait  ,  que  cette  mesure  était 
diamétralement  oppCsée  aux  instructions  (]ui  lui 
avaient  été,  données  ,  et  signifia  qu  il  ferait  fiiu 
sur  les  chaloupes. 

Le  Commodore  anglais  persistant  d^ns  ses  de- 
mandes ,  ordonne  à  sa  chaloupe  d'aller  au  bâti- 
ment du  convoi  qui  se  trouvait  le  plus  piès. 
Le  ciioyen  Krabbe  commanda  qu'on  fît  feu  sur 
la  chaloupe  ,  mais  le  canon  fit  Ipng  feu  et  le 
coup  ne  porta  pas. 

Le  Commodore  anglais,  dont  le  vaisseau  pre- 
nait en  flanc  la  Freya  ,  à  la  distance  d'eriviroi\ 
un  quart  de  longueur  de  cable,  lui  lâcha  toute 
sa  bordée  à  la(]uelle  on  risposta  sur  le  champ; 
en  niênit  tems  ,  trois  autres  frégates  environ- 
nent la  Freya  qui  avait  aussi  à  se  battre  contre 
les  quatre  fiégates  à-la-lols.  Le  citoyen  Krabbe 
après  avoir  soutenu  pendant  une  heure  un  com- 
bat a  lissi  inégal  ,  perdant  l'espoir  de  vaincre  un 
ennemi  rjui  avait  une  supériorité  si  décidée  , 
fut  obligé  d',â.n|cner  p.ivillon.  Le  com^nodore 
anglais  envoya  aux  Dunes  la  frégate  et'  le  convoi  ; 
mais  le  ciioyen  Kr.ibbe  fut  cotiduii  à  bord  du 
bâtiment  d\x  commodore  ,  et  y  resta  jusqu'au 
26  ,  qu'on  reçut  de  l'amiral  anglais  qui  com- 
mande aux  Duues  ,  l'ordre  de  le  renvoyer  à 
bord  de  la  Freya  ,  pour  fjire  le  rapport  de  ce 
qui  éiàil  arrivé.  Ln  Freya  mouille  dans  les  Dunes 
à  côté  du  vaisseau  amiral  anglais,  et  ,  a  par  ordre 
de  lamiral.  Hissé  flamme  et  pavillon  danois.  Elle 
a  sur  son  bord  deux  officiers  et  treize  soldats 
anglais,  qui  ne  sont  pas  armés.  Le  citoyen  Krabbe 
a  demandé  qu'on  les  fit  sortir  de  son  vaisseau 
ou  que  les  anglais  prissent  possession  de  la  fré- 
gate danoise.  Il  n'avait  pas  encore,  reçu  de 
réponse  le  2S.  Le  citoyen  Krabbe  a  toujours 
etj  la  libetté  d'aller  à  terre  ,  mais  les  bâtimens 
du  convoi  n'ont  pas  éprouvé  la  même  indul- 
gence. 

La  Freya  a  eu  deux  hommes  tués  et  cinq 
blessés ,  dont  deux  le  sont  grièvement.  Elle  a 
reçu  trente  coups  dans  le  corps  du  bâtiment.' 
Le  mât  de  misaine  et  le  mât  d'artimon  ont  beau- 
coup souffert  et  les  haubans  ont  été  détruits  en 
grande  partie.  1 

D'après  le  rapport  des  officiers  anglais  ,  les  ; 
frégates  anglaises  étaient  la  Némisis  de  aS  ;  la 
Prévoyante  de  36  ;  la  Terpsichore  de  32  ;  et  l' Arrow 
de  20,  en  y  comprenant  les  Caronades ,  avec! 
lesquelles  les  anglais  ,  au  commencement  de' 
l'action  ,  firent  beaucoup  de  mal  aux  agrès  de  I 
la  Freya  ,  et  l'empêchèrent  de  faire  aucune  ma- 1 
nceuvre  rapide. 

Le  citoyen  Krabbe  pense  que  les  frégates  an- 
glaises ont  souffert  autant  que  la  Freya.  On  dit  ' 
qu'elles  ont  eu  cinq  hommes  tués  et  plusieurs 
blessés,  parmi  lesquels  unjofficier  de  marine. 

Notice   sur  mistriss  Montagne. 

L'observation  de  M.  Hume  sur  la  reine  Elisa- 
beth peut  s'appliquer  à  mistriss  Montagne.  Nuus 
devons  moins  considérer  son  sexe  que  ses  talens. 
C'était  une  femme  savante  ,  douée  d  un  juge- 
ment sain  et  d'un  goût  exquis.  Son  Essai  sur  les 
ouvrages  et  sur  le  génie  de  Shakespear,  en  réponse 
aux  frivoles  reproches  de  Voltaire  ,  peut  être 
regardé  comme  nne  des  preuves  les  plus  éclatan- 
tes du  mérite  transcendant  de  notre  grand  poète. 
Cet  ouvrage  n'est  pas  un  commentaire  pénible 
sur  qiitliiues  passages  obscurs  ,  mais  un  examen 
général  du  génie  de  Shakespear  ,  de  sa  connais- 
sance approfondie  du  cœur  humain  ,  et  des  res- 
sources étonnantes  de  son  imagination.  Nous 
croyons  que  cet  Essai  est  le  seul  ouvrage  que 
mistriss  raontague  ait  avoué  ;  mais  il  est  bien 
connu  qu'elle  aida  le  lord  Littleton  dans  la  com- 
position de  ses  Dialogues  des  morts.  Lord  Littleton 
leconnaissait  que  quelques-uns  de  ses  meilleurs 
dialogues  étaient  l'ouvrage  de  cette  dame.  Il  lui 
était  très-attaché  ,  et  ,  s  il  ne  s'était  pas  trouvé 
engagé  dans  les  liens  du  mariage ,  il  lui  aurait 
fait ,  en  I  épousant ,  hommage  de  son  titre  et 
de  sa  fortune.  On  a  cru  néanmoins  que  mistriss 
Montagne  avait  aimé  Pulteney  ,  le  fameux  comte 
de  Bain.  Elle  accompagna  ce  seigneur  et  son 
épouse  dans  leur  voyage  en  Allemagne. 

Mistriss  Motltague  excellait  particulièrement 
dans  le  genre  épistolaire  ;  et  ses  lettres  ,  sous  le 
rapport  de  l'érridition  ,  du  jugement  et  de  l'élé- 
gance ,  sont  très-supérieures  à  celles  de  lady  Marie. 
■Weriley  Montagne  ,  connues  sous  le  nom  de 
Lettres  de  milady  Montagne  ,  si  toutefois  celle-ci 
est  véritablement  l'auteur  de  ces  lettres ,  recon- 
liues  pourêtre ,  en  grande  partie,  supposées. 

Mistriss  Montague  était  proche  parente  du  cé- 
lèbre docteur  Conyers  Middleton  ,  auquel  ,  dans 
son  enfance  elle  consacra  ses  soins  ,  et  qui  lui- 
même  veilla  sur  soi^  éducation  avec  toute  la  icn^ 
dresse  d'un  père. 

On  dit  qu'elle  montra  dès  ses  premières  années 
un  goût  SI  décidé  pour  la  littérature  ,  qu'avant 
huit  ans  elle  avait  transcrit  tout  le  spectateur. 
Q;icl4U  incroyable  que  paraisse  celte  anecdote  , 
eue  eiit  ailesiée  pat  des  personnes  d'un  très-grMid 


peidis  ,-  e»  elle^a  éii|:iiïifcfifif  ê^  Jo^iinjrlleimtnt  par 
le  feu  docteur  Mou'sey ,  démohiUJiteur  de  rûéck> 
cine  du  collège  de  Chelsea  .  ami  partiruliev  du 
docteur  Middleton  et  de  mistriss  Montaguci 

La  correspondance  épistolaire  qui  s'établit  entre 
le  docteur  Mousey  et  mistrissMontague»  pendant 
son  voyage  en  Allemagne  ,  et  qui  subsista  pen- 
dant 3o  ans,  est  une  preuve  des  talens  peu  com- 
muns ,  de  la  gaîté  originale  ei  de  l'esprit  obser- 
vateur de  I  un  et  de  l'autre.  Nous  desirons  sincè- 
rement que  ces  lettres,  ou  du  moins  celles  de 
mistriss  Montague  soient  données  au  public.  Elles 
ne  contiennent  rien  qui  ne  soit  propre  à  donner 
une  haute  opinion  de  ses  talens  ,  de  ses  connais- 
sances et  de  ses  vertus. 

Mistriss  Montague  était  éconojme  sans  avarice  , 
bienfcsantf  sans  prodigalité;  elle  avait  la  main 
toujours  toujours  ouverte  pour  aider  le  génie, 
et  soulager  le  malheur  5  mais  elle  était  généreuse 
avec  discernement,  et  elle  n'uimait  p'as  à  dépenser 
son  revenu  sans  nécessité.  La  belle  maison  de 
cette  dame  était  le  rendtz-vous  des  plus  beau* 
esprit  de  son  tems  ;  tous  s'empressent  de  donnet 
à  sa  mémoire  les  témoignages  les  moins  équi- 
voques (le  leur  respect  ,  et  de  rendre  hommage 
aux  charmes  de  son  esprit  et  aux  qualités  ai- 
mables de  son  cœur. 

Il  est  pénible  pour  nous  de  finir  cet  éloge  im- 
partial ,  en  annonçant  au  public  que  mistriss  Mon- 
tague ,  parvenue  à  un  âge  très-avancé  ,  a  terminé 
sa  vie  le  25  juillet  ,  dans  sa  maison  à  Portenaa- 
Square. 

(  Ce  morceau  et  le  précédent  sont  extraits  du 
True-Briton  ,  des  3o  août  et  1"  septembre. 

Du  11  fructidor  ,  ("4  septembre). 

Il  règne  à  Noltingham  et  dans  les  environs, 
des  troubles  que  l'on  attribue  à  la  cherté  du 
pain  ,  et  qui  sont  devenus  assez  sérieux  pour 
que  le  maire  ait  requis  un  détachement  de  ca- 
valerie et  d'infanterie. 

On  apprend  par  <les  lettres  du  Bengale  que 
le  navire  la  Surprise  a  fait  naufrage  sur  Saad- 
Heads.  L'équipage  est  parvenu  à  laide  du  petit 
canot  du  bâtiment  et  d'un  radeau  ,  à  se  sauvex 
suri  île  de  Saugur ,  d'oi'r  le  capitaine,  les  offi- 
ciers et  sept  hommes  ont  gagné  Calcutta  ,  lais- 
sant sur  I  île  trente-sept  de  leurs  compagnons 
d'infortune.  Il  a  été  expédié  aussitôt  à  ccux-çi 
des  secours  et  des  vivres  ;  mais  on  craignait 
que  la  plupart  ne  fussent  déjà  morts  de  taim 
ou  n'eussent  été  dévores  par  les  tigres  ou  les 
autres  animaux  féroces  qui  abondent  dans  celte 
île. 

Deux  hommes  de  l'équipage  du  vaisseau  de 
S.  M.  la  Raistance  .  péii  dans  le  détroit  de 
Banca  ,  sont  arrives  à  Bombay  et  ont  raconté  les 
particularités  suivantes  : 

La  nuit  du  24  juillet,  ils  furent  réveillés  par 
la  clarté  d'une  flamme  à  laquelle  succéda  , 
immédiatement  après,  une  explosion  terrible,  qui 
leur  fit  perdre  connai^sa.ice  pendant  cinq  minutes 
ou  plus.  Au  moyen  de  deux  barres  de  bois  , 
liées  ensemble  ,  ils  touchèrent  Pénang  ,  oià  ils 
furent  pris  par  les  malays.  Douze  autres  de  leurs 
camarades  échappés  aussi  à  l'explosion  ,  ne  pu- 
rent jamais  aborder  la  terre.  Ils  se  louent  beati- 
coup  du  sultan  de  Macassar,  à  l'humanité  duquel 
ils  doivent  non-seulement  la  vie,  mais  encore 
la  liberté  dont  les   malays  les  avaient  privés. 

Lord  Castlereagh  est  dans  cette  ville.  C'est  le 
premier  membre  de  la  repiésentatioa  d'Irlande 
arrivé;  et  l'on  ne  doit  pas  s'en  étonner,  car  il 
a  fait  prudemment  comme  Esope.  -'-  //  s'est 
chargé  du  pain. 

(Extrait  du  Siar  et  du  Saint-James  Chronicle.  ) 

Extrait  de  /'Européan  Magazine,  août  1800.  pag.  85. 
—  Lettre  à  l'éditeur  de   ce  journal. 

Cl  En  lisant  dernièrement  dans  un  papier  public 
que  le  gouverneur  Hunier  ,  conjecturant  que  la 
terre  appelée  Fa»  -  Diémen  ne  tenait  point  à  la 
Nouvelle-Hollande  ,  mais  qu  elle  devait  être  un 
groupe  d'îles  séparées  de  la  première  par  ua 
détroit ,  à  son  extrémité  méridionale  ,  et  désirant 
vérifier  la  chose  ,  il  avait  fait  éqyiper  un  bateau 
ponté  du  port  de  l5  tonneaux  ,  construit  à  l'isle 
de  Norfolk  ,  et  l'avait  envoyé  au  sud  sous  la  con- 
duite du  second  lieutenant  et  du  chirurgien  du 
vaisseau  de  guerre  la  Reliancci  que  ceux-ci  ,  ar- 
rivés au  degré  prescrit  ,  avaient  traversé  un  dé- 
troit spacieux  et  long  ,  et  fait  le  tour  de  la  terre 
deVan-Diémen;  qu  ils  y  étaient  entrés  dansdeux  ri- 
vières qu'ils  avaient  remontées  l'espace  de  plusieurs 
milles  avec  leur  petit  sloop  ;  que  l'extrémité  sep- 
tentrionale de  la  terre  cje  Van-Diémen  gît  pai  la 
latitude  précise  de  3g  degrés  sud;  que  le  détroit 
comporte  ,  dans  quelques  endroits  ,  plus  d'un  de- 
gré et  demi  de  largeur,  etc.,  et:  qu'on  préparait 
Une  cane  de  cette  cJécouverte  pour  l'envoyer  en 
Angleterre  ,  je  me  suis  rappelé  une  reconnais- 
sance faite  antérieurement  par  deux  vaisseaux  ex- 
pédiés du  Bengale.  Elle  est  rapportée  en  ces 
termes  dans  les  Couriers  de  Madras  des  si  et  aS 
jai^vier   1795.  ' 


1427 


«e  le  due  de  Clifrenre  ,  caprtaine  tïayes  .  et  la]  ■    T).  QjiiHe  partie  de  nos  côtes  est  la  mieux  si 


îyiiclàisi,  capitaine  Couri  ,  pariis  pour  «ne  ex- 
pédiiioii  tenue  secieitc  ,  se  sont  dirigés ,  à  ce  que 
indus  apprenons,  vers  cette  paitie  de  là  lenc  de 
■  Van-Diémen  ,  que  le  capitaine  Cook  avait  irn- 
primé  devoir  être  sépatée  deJa  Nouvelle  Galle 


tuée  pour  iransporter  le  haieng  d'Angleterre  dans 
les  marches  d'Allemagne  ?  quelle   est  la  saison  la 
plus  avaniagcufe  pour  le  taire  ?  quels   réijlernens 
sont  nécessaires  pour  tn  assurer  (c  succès  ? 
iî.  La  partie  de  nos  côtes  la  plus  voisine  des  lieux 


înêridionale.  En  exploitant  ce  détroit  ,  Jls  ont  i  où  se  pèche  le  haren;)  gras  ,  tel  qii'd  le  faut  pour 
■trouvé  que  la  conjecture  du  capitaine  Cook.  était  les  marchés  d'Allemagne  ,  est  sans  contredit  la 
%ès-fondée.  Le  détroit  a  environ  irois  lieues  de  I  iiiieux  située  pour  les  pêcheries  du  hareng  dcs- 
largc.  Il  est  suffisamment  profond  pour  des  1  liné  pour  !  Allemagne.  C  est  pour  cela  que  ,  ni 
vaisseaux  d'une  certaine  capacité  ,  et  affranchi  de  |  le  port  d"Varmou!h  .  ni  aucun  autre  port  à  l'esl- 
tout  écueil ,  du  moins  d'après  ce  que  nous  avons  I  sud  de  la  Grande-Bi  et;igne  ,  ne  convient  à  cette 
entendu  dire.  Le  pays  a'oonde  en  grands  arbres,  |  espèce  d'établissement.  Une  place  qui  paraît  vrai- 
dont  un  particulier  ressemble  beaucoup  au  chêne  i  ment  avantageuse  ,  c  est  Vick  ,  djns  le  conité  de 
d'Angleterre.  Le  capitaine  Hayes  a  donné  au  dé-  Caithuess  ,  parce  que  c'est  au  nord-est  ,  à  l'est 
iroil  te  nom  de  Pruen.,  en  l'honneur  du  capitaine  et  au  sud-est  de  cc-tie  côte  ,  que  les  Hollandais 
Pruen  attaché  à  la  marine  de  la  Compagnie  des  j  ont  coutume  de  pêcher  le  meilleur  hareng.  Nous 
Indes.  De-là  les  deux  capitaines  se  rendirent  à  i  pouvons  même  y  établir  une  colonie  de  marins 
la  Nouvelle  Zélande  ,  et  ensuite  à  la  partie,  sep-  hollandais  habiles  dans  1  art  de  préparer  le  hareng. 
téntribriafe  de  la  Nouvelle  Guinée  ,  oti  ils  trou-  Nous  en  avons  mainienant  i^lusicurs  centaines 
Verent  abondance  de  noix-muscades ,  de  l'espèce  ,  qui  servent  en  partie  à  bord  de  nos  Vaisseaux 
ronde,  qui  semblaient  n'attendre  que  la  culture  de  guerre,  en  partie  sijr  nos  bâtirnens  maichands; 
pour  égaler  celles  des  îles  de  Banda.  mais  pour  l'aire  un  éiab^issemctii  de  cette  espèce  . 

»Ils    débarquèrent    là  quelques-uns  de    leurs  '"!"«  '^^"'.P^'i  °!^^''^^<^^  "  P'-''^"-.e^  d"  homme 


gens  pour  y  fortner  un  établissement ,  et  encou 
ragèrent  les  naturels  à  cultiver  leurs  noix-tpus- 
cades  ,  ainsi  qti'à  recueillir  l'écorce  d'un  arbre 
d'un  goût  très-aromatique.  Nous  pensons  que 
c'est  la  même  dont  parle  le  capitame  Thomas 
Forest  dans  la  relation  de  son  voyage  à  la  Nou- 
velle-Gitinee  ,  et  qu'il  appelle  Masol. 

)j  Le  capitaine  Hayes  laissa  la  Duchesse  ,  capi- 
taine Court  ,  et  l5  européans  pour  prendre  soin 
de  rétablissement  qu'il  venait  de  former  ,  et  il  fit 
roule  pour  Timor,  Batavia  et  la  Chine.  !' 

Il  paraît,  par  cet  extrait ,  que  l'existence  du 
détroit  qui  sépare  la  terre  de  'Van-Diémen  de  la 
Nouvelle-Galle  méridionale  .  était  déjà  connue  , 
et  que  ce  détroit  avait  un  nom.  Comment  je  fait- 
il  cependant  que  deux  navigateurs  qui  l'ont  ex- 


dont  la  profession  soit  de  mettre  ,  comme  le  lotit 
les  Fish  Wurdens  hollaridais  ,  la  dernicre  mjin 
à  la  préparation  du  hareng  quand  les  Russes  ren- 
trent dans  le  poir.  Ces  Fish 'WardenS  pourraient 
être  assujettis  aux  mêmes  réglemens  que  ceux 
auxquels  son!  soumis  les  Fish 'Wardens  hollandais 
à  Enckuisen  et  à  Ularchngcii.  Le  teins  U  plus 
favorable  pour  ces  pêcheries,  à  la  côte  de  Cai- 
thuess, est  depuis  le  a  de  juin  jusqu  à  la  fin  de 
juillet ,  moment  où  la  pêche  du  hareng  est  dans 
toure  sa  force. 

On  pourrait  faire  un  établissement  semblable 
sur  la  côie  occidentale  de  I  Ecosse;  plac-r ,  par 
exemple  ,  une  colonie  de  [lêcheu-s  hollandais 
dans  le  voisinage  de  léiang  Crinan.  Aptes  la 
première  préparation  faite  à  la  maiiiere  des  hol- 
andais  .   le  poisson  serait  transporté  de   là  par  le 


ploré,   différent    autant  sur  sa  largeur  ;   l'uii   le  |  canal  Crman',   qui  sera  bientôt  achevé,   tt  ven... 
représentant  comme  spacieux  et  long  et  lui  don-  i^^x  n,3rchands   de   Greenock.    Ce  hareng   serait 


nant  ,  dans  quelques  endroits  ,  plii«  de  3o  lieues 
de  large  (  Un  degré  et  demi  )  ,  tandis  que  l'autre 
ne  lui  en  assigne  qu'environ   trois? 

j'invi  '■  ;  amis  du  capitaine  Hayes  à  noiis 
'fournir,  j^rla  voie  de  votre  journal  ,  les  ren- 
•Seignctrreris  qa  .Is  y-i'uraieni  avoir  sur  la  décou- 
verte de  ce  détroil.  Je  djsire  qtj'ils  puissent  noui 
dire  en  même  tems  si  le  capitaine  Court  ,  qc'il 
iavait  laissé  à  la-  Nouvelle-Gu'inée  pour  prendre 
soin  de  sa  petite  colonie  ,  a  réussi  dans  la  cul- 
ture de  la  noix-muscade  ,  et  la  civilisadon  des 
naturels  du  pays  ,  réputés  jusqu'alors  pour  être 
un  peuple  féroce  et  intraitable. 

ai  août  1800  ,  ou  3  fructidor  an  8.  C.  'W. 


Snile  etfn  des  questionsfnites  au  R.  HerbreMarsh     , 
et  de  ses  réponses. 

Demande.  Pensez  vous  que  l'Angleterre  puisse 
augmentersoncommercede  hareng  en  Allemagne? 
de  '  quel  degré  d'accroissement  ce  commerce 
€st-il  susceptible?  fjuels  sont  les  moyeris  d'en- 
couragement  à  employer  ? 

Réponse..  Il  est  sûr  que  lecoramerce  du  hareng 
d'Angleterre  en  Allemagne,  est  susceptible  d'un 
grand  accroissement  ;  mais  ,  il  est  jusqu'à  pré- 
sent impossible  de  conjecturer  avec  quelque- 
probabilité  ,  combien  .de  milliers  de  bctrils  nous 
pourrions  vendre,  tous  les  ans.  La  consomma- 
tion du  hareng  en  Allemagne  ne  va  gueres  au- 
jourd'hui a  plus  de  i3o,ooo  barils  par  an  ;  mais 
il  est  évident  quelle  pouna  plus  que  doubler, 
car  avec  l'iiriportation  qui  se  fait  maintenant  , 
fous  les  allemands  se  plaignent  de  la  rareté  de 
cette  denrée;  d  ailleurs,  les  hollandais  seuls,  quand 
leur  commerce  en  hareng  était  la  plus  florissante  , 
et  qu'ils  y  employaient  au-delà  de  2,000  busses, 
passaient  pour  fournir  à  1  Allemagne  plus  de 
3oo,ooo  barils*par  an. 

Quant  au  meilleur  moyen  d'encourager  notre 
commerce  du  hareng  en  Allemagne  ,  le  sine  qui 
iion  est  d'adopter  à  l'instant  même  la  méihode 
des  hollandais  :  une  fois  que  nous  l'aurons  adop- 
tée ,  le  commerce  du  hareng,  entre  le  nord  de 
l'Aiigleterre  et  1  Allemagne,  s'établira  sans  aucune 
espèce  de  difficultés  ,  parce  que  1  avantage  que 
notrs  avons  de  pêcher  ce  poisson  sur  nos  propres 
côtes  ,  nous  met  en  état  de  le  donner  à  meil- 
leur .niarché  que  les  hollandais  et  que  les  mar- 
chands dEmbden  et  d'Altona  ,  qui  ont  un  grand 
trajet  à  faire  pour  arriver  aux  endroits  où  se 
fait  leur  pêche;  et  comme  le  hareng  de  Suéde  , 
<iui  était,  il  y  a  quelques  années  a  bien  meil- 
leurs marché  que  le  nôtre,  s'est  élevé  graduel- 
Icipent  jusqu'au  prijt  du  hareng  de  Gteenook, 
il  est  évident  qu'aussitôt  que  notre  hareng  aura 
ittcini  l'excellence  de  celui  de  Hollande  ,,  l,ei 
tuëd'ors  ne  pourront  plus  soutenir  la  concur- 
rence avec  nous.  Q_uand  je  dis  que  le  hareng 
de  Suéde  a  augmenté  de  priili  graduellement, 
je  ne  prétends  pas  parler  de  l'année  1800  ;  car 
•"iv.  ^«i»  de  novxmbte,  et  de  décembre  17^99, 
la  pêche  a  manqué  en  Suéde;  mais  je  paile 
de»  deux  anoées  précédentes  ,  oà  il  n'y  eut  pas 
«liseite. 


alors  porte  au  magasan  qui  y  serait  établi  ,  et 
préparé  comme  il  faut  qu  il  le  soit  pour  les  mar- 
chés d'Allemagne.  Le  Clide  et  le  Forth  canal  , 
présentent  des  moyens  faciles  de  transport  pour 
Hambourg. 

Je  recotnmande  qu'on  emploie  des  pêcheurs 
hollandais  ,  parce  qu'une  fois  qeie  les  pêcheurs 
et  apprêtcurs  écos-ais  auront  vu  combien  la  mé- 
thode des  hollandais  est  avantageuse  ,  ils  seront 
plus  portés  à  la  suivre.  Ainsi  cette  méthode  sera 
adoptée  graduellement  à  Oban  ,  Tobernury  , 
Siein  ,  Ullapool  ,  et  dans  les  autres  pêcheries. 

D.  L'Allemagne  fait-elle  une  grande  consom- 
mation de  harengs  de  Suéde  et  de  Poméranie  ? 
Si  la  consommatiofi  en  est'  peu  Considérable  , 
quelle  raison  peut-on  en  donner  ? 

R.  Depuis  que  le  hareng  de  Hollande  a  man- 
qué en  Allemagne  à  cause  de  la  guerre  ,  on  y 
consomme  une  grande  quantité  de  harengs  sué- 
dois ;  car  ,  quoique  les  allemands  n  en  fassent 
pas  grand  cas  ,  les  gens  du  peuple  sont  obligés 
d'en  acheter  ou  de  se  priver  tout-à-lait  de  cette 
nourriJure_,  parce  que  le  hareng  de  Embden 
et  d'Altona  coûte  t.éii-cher  aujourd'hui.  Mais 
l'année  dernière  ,  la  pêche  du  hareng  ayant 
manqué  en  Suéde  (cet'e  pêche;  se  fait  en  no- 
vembre et  décembre  ,  tems  où  une  multitude 
de  harengs  sortie  de  la  mer  du  nord  remplissent 
toutes  les  baies  et  toutes  les  criques  depuis 
Gbihembourg  jusqu'à  Stromstadt)  ,  l'exportation 
y  a  été  délenciue  jusiju'au  mois  de  novembre  1800; 
parce  que  les  suédois  n'en  avaient  pas  trop 
pour  leurpropre  proclamation. 

La  raison  pour  laquelle  'a  pêche  avait  manqué, 
c'estqu'une  grande  partie  du  hareng,  au  lieu  de  se 
diriger  vers  le  Sund  ,  était  entrée  dans  lEIbe  ,  et 
une  autre  partie  au  lieu  de  s'arrêter  devant  le 
Supd  ,  était  entrée  dans  la  Baltique  ,  et  s'était 
avancée  vers  l'île  de  Ruigen  et  les  autres  endroits 
de  la  Poméranie  suédoie  ,  on  l'on  n'avait,  pas 
vu  ce  poisson  depuis  long-terns.  Je  ne  saurais 
dire  si  l'on  a  salé  de  ce  hareng  pris  sur  les 
côtes  de  la  Poméranie  suédoise  ,  ni  combien  il  y 
en  a  eu  de  salé  ,  ni  quelle  en  était  la  qualité. 

Le  hareng  de  Suéde  n'est  pas  du  goût  des  alle- 
mands ,  parce  qu'il  n'est  pas  préparé  selon  la 
méthode  des  hollandais  ;  ojr  ,  la  maniera  particu- 
lière dont  se  fait  cette  pêche  sur  les  côtes  de 
Suéde,  doit  rendre  la  méthode  hollandaise  ex- 
trêmement difficile  pour  ne  pis  dire  imprati- 
cable. 

D.  La  concurrence  du  hareng  de  Suéde  ou  de 
Poméranie  serait-elle  dangereuse  pour  ies  anglais 
qui   entreprendraient  ce  genre  de  commerce  ? 

R.  Si  nous  adoptons  la  méihode  des  hollandais 
pour  la  préparation  du  hareng  ,  et  que  nous  attei- 
giiions  leur  supériorité  en  ce  genre,  nous  n'au- 
rons point  de  concurrence  à  redouter  de  la  part 
de  la  Suéde  ,  ou  de  tout  autre  pays. 

O.  Le  hareng  préparé  à  la  manière  çies  hollan- 
dais doit-il  être  préféré  pour  la  consommation 
iptérieure  de  Grande-Bretagne  ?  Qiiel  serait  le 
meilleur  moyen  d'en  encourager  l'ujage  dans  ce 
pays  ? 


J' 


K.J'ai  connu  chez  l'étratiger  tant  d'Anglais  (lui , 
ayant  eu  occasion  de  uiauger  dti'hareng  préparé  . 
à  la  manière  des  liollaiid  lis ,  l'opt  .trouvé  de  leuis 
gdû'',  que  je  suis  persuadé  que  si  notre  hareng 
était  aussi  bien  préparé  ,  il  s  en  ferait  beaucoup 
de  demandes  ,  et  <ju'il  serait  recherché  à  Londres 
et  dans  les  autre»  parties  de  l'Angleterre  ,  comnft; 
un  mets  peu  coûieux,,  sain.,  et  agréable  au  gofii. 
Je  ne  suis  pas  étonné  que  le  hareng  salé,  soit 
d  Ecosse,  soit  d  Irlande,  le  hareng  de  liilc  4e, 
Mail  ,  qu  on  cxj'O.se  en  vente  dans  nos  marehés  , 
ne  soit  pas  recherché;  car.  quoiqu  ils  \iOssedent 
la  première  des  trois  (jualiiés  que  je  viens  de 
nomirier  ,  c'esi-à-dire,  qu  ils  soient  à  bon  marché  , 
ils  manquent  absolument  des  deux  autres.  Ils  né 
sont  ni  agréables  au  gotit  ,  ni  sains.  Ou  ce  Irireng 
est  trop  salé  ,  ce  qui  lui  reiid  r<3od  la  chair  d.ujje.; 
ou  il  ne  1  est  pas  assez  ,  ce  qui  lui  donne  le  gO^t 
d'huile  rancc. 

D.  Avez  vous  d'autres  renseignemens  à  nous 
doiînér  sur  le  hareng  ,  otr  sur-tout  a.uire  po.is- 
son  dont  la  pêche  pourrait  être  suivie  sur  les 
côies  d'Angleterre. 

R.  Je  n'ai  pas  d'autres  observations  à  'aire  qt,ie 
celles    qui    résultent    de    ce     que  j'ai    déjà   dit  , 
j'insiste   sur    la   nécessité   de  suivre    la   méthode 
hollandaise  dans  tous   ses  points  ,    ou  du  moins 
autant    qu'il    sera   possible   de  le   faire  ;   c'est   le 
seul    moyen   d'assurer  à  noire  hareng   un   gra,nd 
débit  soit   en    Allemagne  ,    soit    en  Angleterre  , 
il  serait  très-à-propos   qu'on   introduisit  le  plutôt 
possible    cette    méthode    dans    quelqires  parties 
du  Nord    de  la  G.  B.  afin  qu'avant  que  la  guerre. 
flnisse  ,   et  que  les  hollandais  aient  pu  repiend're 
leur    commerce  ,     les    marchands    d  Allemagne 
soient    convaincus     que      nous     pouvons     leur 
fournir  du    hareng   salé,    au  si     bon    .que    ce- 
lui    des     hollandais  ;     au      lieu    que     si     npiis 
laissons   à    ceux-ci   le  tems   de   reparaître  daijij  ' 
l'Allemagne  .     les    hollandais   ,    apiès    les    essais 
malheureux  qu'ils  ont  déjà  farts  avec  nous  ,   ne'se"^ 
soucieront  pas    d'en    faire  de  nouveaux.  On  dit 
que  la    médiode    hollandaise     qui  ,     certes  ,   est 
iuconiiuc   en   Ecosse  ,  ainsi    que  le  prouve   I  ex- 
périence   et  que  lattestenl  les  meilleurs ju'jes  du 
pays    en    ce    genrç   ,     est    Connue    des    pëcheUrs 
dYarmouth  ,  ([uoiqu'il   y  ait  une  grande  distance 
d'Yarmouih  aux  endroiis   où  se  pêche  le  hareng, 
le   meilleur   et   le  plus    gras,    et  qu'on  nç  pêche 
dans    les    environs  de  ce    port   que   des  harengs 
maigres  ,  qui  ne  peuvent  «e  vendre  en  Allemagne 
que  comme  hareng  soret.  C'est  au  comité  à  dé-' 
terminer  s'il  ne  convient  pas  d'envoyer  des  apprê-i* 
teurs.  d  Yarraoutk  en  Ecosse  où  la   saison   de   W- 
pêche  va  commencer,  ou  d'employer  tout  autre' 
moyen  ,  si  le   premier  était  insuffisant  ,poiir  in- 
troduire complettement  dans  ce  pays  la  méthode 
hollandaise. 

IN     TÉ     R     I     E     U     R.     . 

Beauvais ,  1 2  fructidor. 

Le  premier  comédien  de  PEurope,  dont  la  ré- 
putation égale  celle  de  Roscius,  qui  nous  a  fait 
passer  de  si  douces  heures  quand  il  embellis- 
sait la  scène  française,  quand  il  rendait  avec 
tant  de  vivacité,  de  feu,  d'esprit,  de -traces 
les  concepiions  de  Molière  ,  de  Regnard  ,  de  le 
Sage  ,  de  Dancourt  et  de  Marivaux  ,  est  en- 
terré dans  le  cimetière  de  Beauvais ,  sans  que 
la  moindre  inscription,  sans  qu'une  pierre  tom- 
bale honore  la  place  où  reposent  ses  cendres. 

Le  piéfet  de  i  Oise  a  résolu  de  lui  dédier,  un 
tombeau,  sur  le  bastion  de  la  porte  defiresles- 
il  en  a  fait  faire  les  dessins  par  le  citoyen  Mo- 
linos  ,  dont  le  nom  rappelle  de  si  beaux  mo- 
numens. 

On  avait  le  projet  de  raser  le  bastion  de  Bres- 
les  ,  en  abattant  les  rempans  qui  cernent  la  ville  , 
et  qui  s'opposent  à  la  libre  circulation  de  I  air 
dans  ilri  pays  bas  et  coupé  de  canaux.  Le  préfet 
a  désiré  qu'il  fût  conservé  ,  qu'on  s'y  rendît  à 
l'aide  de  deux  pentes  douces.  Il  a  cru  que  des. 
ouvriers  faiigtaés  des  travaux  du  jour,  avaient 
besoin,  le  soir,  de  respirer  un  air  plus  pur 
sur  urie  hauteur  salutaire.  Il  doit  faire  couvrir 
le  bistibn  ,  d'arbres  choisis  .  de  gazons  ,  de  fleurs 
et  d'arbustes,  et  l'entourer  d'une  balustrade.  Il  le 
destine  aux  jeux  aimables  de  l'enfance.  L'œil  , 
de-là,  domine  la  ville,  et  s'étend  sur  |e  vas.le 
et  piiroresqué  horison  qui  la  renferme  et  l'em- 
bellit. 

C'est  dans  ce  lieu  que  s'élèvera  le  tombeau 
de  Préville,  orné  des  attributs  de  la  gaîté  ,  de 
la  lolie  ,  de  la  moiale  qu'il  respectait,  et  dont 
jl   a   toujours   été    l'apôtre   aimable. 

Le  conseil  général  du  département  de  l'Oise 
a  voulu  se  placer  an  tête  de  la  souscription  qui 
s'ouvre  pour   l'érection  de   ce   monument. 

Les  maire  et  adjoints  de  la  ville  de  Beau- 
vais, auxciuels  le  plan  avait  été  commuiii(|ué  . 
le  jour  de  leur  installation,  se  sont  joints  au 
préfet  pour  en  suivre  l'exécution. 

Tous  les  amis  des  arts  et  des  talens ,  les  écri- 
vains, tous  les  acteurs  de  l'Europe  s'empresse- 
ront sans    doute  de  contribuer    à   cet  acte     de 


tej;oiina)s»ance.  Ils  atiresseront  lenrs  offrandes  au 
tiîoyen  Mouro,  chef  du  bureau  particulier  du 
yréfet ,  ei  les  feront  parvenir  franches  de  port. 

Paris  ,  /f  22  fructidor. 

Le  citoyen  Barennes  (de  Bordeaux)  membre 
du  conseil  des  prises  ,  vient  de  mourir.  Il  avait 
été  ptocureur-génêral-syndic  du  département  de 
la  Gironde,  et  membre  de  deux  asssemblées  na- 
tionales. Les  membres  du  conseil  des  prises  ,  ses 
collègues  ,  ont  assisté  le   19   à   ses  obsèques. 

—  LeJ,eurnaldes  Débats  annonce  la  rentrée  du^ 
citoyen  Larive  au  Théâtre-Français  pour  le  mois 
de  brumaire   prochain. 

Le  citoyen  Malhei-be  .    ci  -  devant  membre 

distingué  de  la  Congrégaiioo  de  Saini-Maur  ,  est 
nommé  bibiioiliécaire  du  inbunar. 

—  Une  aventure  cruelle  fixe  en  ce  mornenl 
l'aitention  de  la  ville  dç  Bruxelles.  Un  aubergiste 
de  celle  ville,  revenant  de  se  promener  avec 
sa  femme ,  tombe  sans  connaissance  à  côté  d'elle. 
On  le  croit  mort ,  les  gens  de  1  art  le  déclarent 
tel.  Le  Içndemain  on  le  renferme  dans  un  fort 
cercueil  de  chêne ,  et  on  le  dépose  dans  une 
chapelle  qui  sert  à  cet  usage  ,  en  attendant  les 
funérailles.  Des  voisins  entendirent  un  bruit  ex- 
tcaordinaire  dans  celte  chapelle  ;  on  y  court  ,  et 
le  malheureux  aubergiste  est  trouvé  baigné  dans 
son  sang ,  et  réellement  mort  cette  fois  ,  des 
efforts  qu'il  avait  faiis  pour  sortir  de  son  cercueil. 
-— Journal  de  Bruxelles. 

—  L'avidité  des  corsaires  de  la  librairie  va  four- 
nir encore  une  nouvelle  occasion  au  tribunal  de 
la  Seine  d'exercer  sa  justice.  Le  citoyen  Ron- 
donneau  ,  propriétaire  du  dépôt  des  lois  ,  vient 
de  faire  saisir  chez  les  citoyens  Lenormand  et 
Nicolle  ,  plusieurs  exemplaires  d'une  édition 
contrefaite  du  Manuel  des  agens  et  adjoints  munici- 
paux, déguisé  sous  le  titre  de  Code  des  maires  et 
adjoints. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  18  fructidor   an  8. 

Les  consuls  ,de  la  république  arrêient  ce  qui 
suit  : 

Art.  1'='^.  A  compter  du  1"  vendémiaire  an  9  , 
Les  préfets  feront  régler  ,  par  le  commissaire 
ordonnateur  de  la  division  militaire ,  les  dépenses 
en  fournitures  de  denrées  .  manutention  et  trans- 
po.t  ,  que  des  cii constances  imprévues  pourraient 
exiger  pour  le  service  militaire  dans  les  dépar- 
temens. 

II.  Ce  règlement  devra  être  fait  dans  la  décade 
qui  suivra   la   fourniture    effectuée. 

III.  Dans  la  décade  suivante  ,  le  commissaire 
ordonnateur  adressera  au  ministre  de  la  guerre  , 
les  pièces  de  services  par  lui  réglés.  Le  mon- 
tant en  sera  ordonnancé,  par  le  ministre  ,  dans 
la  forme  ordinaire  ,  et  payé  en  numéraire  sur  les 
fonds  mis  à  sa  disposition. 

IV.  Il  sera  fait  déduction  par  le  ministre  de 
la  guerre  ,  du  montant  de  ces  dépenses  .  sur 
les  premiers  payeinens  à  faire  aux  compagnies 
chargées  du  service. 

V.  Au  moyens  de  ces  dispositions ,  il  est 
de  nouveau  expressément  défendu  à  toute  auto- 
rité civile  ou  militaire  ,  à  peine  d'en  répondre 
personnellement  ,  de  disposer  d'aucune  somme 
dans  les  caisses  publiques.  Les  payeurs  et  rece- 
receveurs  seront  également  responsables  de  tout 
ce  qu'ils  auraient  payé  sans  une  ordonnance 
régulière. 

VI.  Les  ministres  de  la  guerre  et  des  finances, 
sont  chargés ,  de  l'exécuiion  du  présent  arrêté 
qui  sera  imprimé  au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du    19  fructidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  police  générale  ,  après  avoir 
entendu  l'avis  du  conseil-d'ètat ,  arrêtent  ce  qui 
suit  : 

Art.  \".  Tous  le»  individus  condamnés  à  la 
déportation  autrement  que  par  des  actes  du  pou- 
voir judiciaire  ,  et  qui  sont  actuellement  à  la 
Guyane  française  ,  seront  transférés  dans  le  plus 


1428 

court  délai  possible ,  dans  les  îles  de  Rhe  et 
d'Olèrori  ,  et  mis  sous  la  surveillance  du  préfet 
de   la  Cliaiente-Inférieure. 

II.  Ceux  d'entr'eux  qui  ,  d'après  les  lois  ou  les 
actes  du  gouvernement,  croiraient  avoir  droit  à 
leur  mise  en  libellé  ,  adresseront,  des  lieux  dé- 
terminés pour  leur  transférement  par  le  présent 
arrêié  ,  leurs  réclamations  aux  autorités  compé- 
tenies. 

III.  Les  ministres  de  la  marine  et  des  colo- 
nies et  celui  de  la  police  générale  sont  chargés 
de  l'exécution  du  présent  arrêté  qui  seia  imprimé 
au  bulletin, des  lois. 

Le  premier  consul  y  Signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  s eCtéiaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 

l,es  consuls  de  la  république  ,   au  sénat-conservateur. 
Du  22  fructidor ,  an  8. 

Sénateurs  , 

Les  consuls  ne  la  république  invitent  le  sénat- 
conservateur  à  pourvoir  ,  conformément  à  l'ar- 
ticle ïo  de  la  constitution,  au  remplacement 
des  citoyens  Dalphonse  et  Villers  ,  membres  du 
corps  législatif,  dont  l'un  a  accepté  la  place  de 
préfet  du  département  de  l'Indre  ,  et  le  second  a 
opté  pour  la  place  de  directeur  des  douanes  à 
Nantes. 

Le  premier  consul ,  Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état,  signé.  H.  B.  Maret. 


Au    NOM    DU     PEUPLE    FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante- du 
citoyen  Renaud,  canoi^niei  au  t"  régiment  d'ar- 
tillerie à  pied  ,  au  siège  de  Bard  ,  oii  il  a  tiré  avec 
une  justesse  rare  ,  et  à  la  bataille  de  Maringo  , 
où  il  s'est  fait  remarquer  les  «4  et  «5  par  son 
adresse  et  sa  bravoure; 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  recompense  nationale  , 
une  grenade  d'honneur. 

Il  jouira    des   prérogatives  attachées  à   ladite 
récompense  par  larrêié   du  4   nivôse  an  8. 

Donné   à  Paris ,  le  22   fructidor,  an  8  de  la 
république  française. 

Le  premier  consul ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 
Leminisire  de  la  guerre ,  signé ,  Carno'R 


Au    NOM  bu   peuple   français. 
Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  Sans-Gêne  ,  maréchal-des-logis  au  2'  régi- 
ment d'artillerie  légère  ,  à  la  bataille  de  Maringo, 
oià  il  s'est  comporté  d'une  manière  héroïque ,  et  a 
été  blessé  ; 

Lui  décerne  à  titre  de  récompense  nationale, 
une  grenade  d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense    par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris,  le  S2  fructidor,  an  8  de  la  répu- 
blique française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B .  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé ,  Carnot. 


Aunomdupeupleprançais. 
Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  Reinal ,' canonnier  pointeur  au  2^  régi- 
ment d'artilllerie  légère  à  la  bataille  de  Maringo  , 
où  il  a  détnonté  une  pièce  à  l'ennemi  ,  et  s'en  est 
emparé  ; 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
une  grenade  d'honneur. 


Il  jouira  des  prèrogaiives  attachées   à  ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris   le  22   fructidor,    an   8    de  la 
république  française. 

Le  premier  consul ^  signé,  Bonaparte. 
Par   le   premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre ,  signé ,  Cakkot. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Copie  de  la  lettre  écrite  le  sa  fructidor  an  8  ,  par  le 
préfet  de  police  ,  au  rédacteur  du  Journal  le 
Publiciste. 

Dans  votre  feuille  de  ce  jour  ,  vous  publiez 
un  fait  attroce ,  et  en  annonçant  que  vous  ne 
suspectez  pas  la  véracité  de  celui  qui  vous  l'a 
raconté,  vous  portez  davantage  à  y  ajouter  foi. 
Il  est  de  toute  fausseté  qu'un  homme  qui  aurait 
éié  renfermé  dans  la  partie  des  prisons  de  la 
force  appelée  te  Bâtiment-Neuf,  ait  éié  pris  pour 
un  mouchard  par  les  antres  prisonniers  ,  et  que 
ceux-ci  ayant  cru  en  avoir  acquis  la  preuve  ,  lui 
ayent  coupé  la  tête.  / 

Les  détails  que  vous  ajoutez  à  ce  faii  ne  sont 
pas  moins  faux.  Rien  de  semblable  niest  arrivé 
dans  telle  prison  de  Paris  que  ce  soit  ;  je  ne 
conçois  pas  comment  vous  avez  pu  l'imprimer, 
et  compromettre  aussi  légèrement  la  tranquillité 
dont  doivent  jouir  tous  les  prisonniers  placés 
sous  la  surveillance  et  la  sauve-garde  de  la  police. 
Je  vous  enjoins  de  réparer  cet  outrage  à  la  vérité, 
par  l'insertion  de  cette  lettre  dans  votre  prochaiB 
numéro. 

Salut  et  fraternité  , 

Le  préfet  de  police,  signé  Dubois. 


LIVRES     DIVERS. 

Fables  choisies  mises  en  vers  par  le  cit.  Formage  , 
professeur  à  l'école  centrale  du  département  de 
la  Seine  Inférieure  ,  et  membre  de  la  société 
d'émulation  et  du  lycée  de  Rouen. 

A  Paris ,  chez  Barrois  ,  l'aîné  ,  libraire  ,  rue  de 
Savoie,  n"  sS  ;  et  à  Rouen  ,  chez  l'auteur,  rue 
Orbe  ,  n»  34;  et  Periaux,  imprimeur-libraire,  rue 
de  la  Vicomte  ,  n°  3o. 


COURS    DU    CH  AN  G  E. 

Bourse  du  22  fructidor.  — >  Cours  des  effets  publics. 

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Rente  provisoire 17  fr.  yi  c. 

Tiers  consolidé 33  fr.  i3  c. 

Bons  deux  tiers. . . . , i  fr.  Sg  c. 

Bons  d'arréragé 84  fr. 

Bons  pour  l'an  8 88  fr.  2S  c. 

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Coupures 64  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  22   fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republique  et  des  Arts. 
Auj.  Praxitelle  ou  la  Ceinture  ,  opéra  en  un  acte  , 
suivi  du  ballet  de  la  Dansomanie. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  les  Avant-postes  ; 
la  Matrone  ,    et  Chahpagnac. 

Théâtre  delà  Cité-Variétés.^ — Pantomimes. 
'  Auj.  relâche. 


L'abonoemcoi  se  fait  iParis,  rue  des  Poitevin 
«'abonne  qti  uu  commencement  de  chaque  mois. 

Ilfaul  adresser  les  leuteseil'argeai.francdeport.aucit.AoAssE, propriétaire  de  cejournal.ruedes  Poitevins, n'»  18.  Ilfauteomprejidre   dans  les  envoi»  le  port   de 
pay.  où  1  on  ne  peut  affranchir.   Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin ,  pour  ^lus  de  sûreté  ,  de  charger  celles  qui   renfermentdes  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  qui  con 
Foiievins  ,  n"  i3,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cii  ^  heures  du  soir. 


'  iS.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  six    mois,   et    100   francs   pour  l'année  entière.  On  ne 


:quiconcerne  la  rédaction  de  la  feuille,   au  lédacteur  ,  rue  des 


A  Vaxh,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  a"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  354. 


Quartidi  ,   ^4.  fructidor  au  8  4e  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   Moniteur  est  le  seul  journal  officiel 
Il  contient  les  séances  àes  aurorirés  consrimées ,  les  actes  du  gouvememeni ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi   q,ie  les  faits  ec  les  notions  tant  su 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découveices  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres,  5  septembre.  (  i]  fructidor.) 

-Le  courrier  de  Bombay  du  «S  janvier  (5"plu- 
viôse  )  ,  rapporte  que  le  fameux  capitaine  Sur- 
couff ,  commandant  le  corsaire  français  la  Clarisse 
de  18  canons  ,  après  avoir  été  vainement  chassé 
par  la  frégate  ta  S)hilU ,  a  attaqué  et  pris  a  la  vue 
du  Manship  et  du  Lansdown,  ,  vaisseaux  de  la 
corapagnie  ,  /«jfane  ,  capitaine  Stewart.  —  L'éqoi- 
page  du  capitaine  Surcoufî  était  composé  de  son 
frère  ,  de  5  officiers  y  compris  le  chirurgien  ,  de 
Soeurbpéans  de  différentes  nations,  de  lo  cafFres , 
ïl  lascars,  i  syrien  pris  à  bord  de  l'Albion, 
lorsque  le  capitaine  Surcouffs'en  empara,  et  de 
quelques  malays.  — Ce  capitaine  a  capturé  depuis 
un  senaut/iariflA  ,  sur  lequel  ,  après  en  avoir  fait 
passeràson  bord  les  marchandises  ,  il  a  embarqué 
l'équipage  du  jfane  ,  ainsi  que  le  second  officier 
àeCAuspicious  ,  bâtiment  dont  il  s'était  aussi  rendu 
maître  cinq  semaines  auparavant  et  quiétait  chargé 
de  4  mille  balles  de  riz,  de  5oo  de  sucre  et  de 
375  ballots  de  marchandises  en  pièce. 

Sir  Walter  Farguhar  a  cru  devoir  publier  que 
ce  n'est  pas  comme  médecin  ,  mais  bien  comme 
ami,  qu'il  a  prescrit  l'eau  à  M.  Dundas.  lia  craint, 
sans  doute,  qu  on  ne  l'appelât  le  docteur  San- 
grado. 

Les  habitans  de  Newburg  ont  arrêté  entr'eux 
qu'ils  cesseraient  de  faire  usage  débourre,  jusqu'à 
ce  que  le  prix  en  fût  tombé  à  i  schelling  la 
livrp. 

Un  bâtiment  portugais  ,  expédié  de  Goa  pour, 
Macao  ,  et  ayant  à  bord  le  nouveau  gouverneur 
de  Timor  ,  Joachim  de  Souza  ,  avec  sa  femme  et 
«es  enfans  qui  l'accompagnaient  dans  son  établisse- 
ment a  été  mis  en  pièces  sur  des  rochers  ,  en 
voulantentrer  dans  la  baie  de  Lark  pour  semettre 
à  l'abri  d'une  tempête.  De  l5o  personnes  qui  y 
étaient  embarqués  ,  46  ,  du  nombre  desquelles 
est  la  femme  du  gouverneur  ,  ont  péri,  et  ce 
n'est  qu'avec  bien  de  la  peine  que  celui-ci  a 
échappé  au  naufrage.  On  ri'a  pu  rien  sauver  de 
la  cargaison  qui  était  très-riche. 

Les  dernières  gazettes  de  l'Amérique  ,  qui  sont 
d'une  date  très-fraîche,  ne  contiennent  d'inté- 
lessant  qu'une  proclamation  ,  par  laquelle  le  gou- 
vernement nie  qu'aucun  symptôme  de  la  fièvre 
jaune  se  soit  manifesté  de  tout  l'été  ,  qui ,  heu- 
reusement pour  ce  pays  ,  approchait  de  sa  fin.  A 
en  juger  par  ces  papiers,  il  régnait  une  grande 
fermentation  dans  les  esprits,  qui  se  sera  calmée 
après  l'élection  générale.  Rien  de  plus  faux  que 
la  mon  de  M.  Jefferson.  On  tue  ainsi  les  gens  , 
ppiir  leur  ôter  des  voix. 

L'ambassadeur  turc  et  sa  suite  ont  appareillé 
dYarmouth  le  s6  août  (8  fructidor)  pour  Cux- 
haven.  Son  excellence  avait  fait  embarquer  à 
bord  du  paquebot  le  King  Georges  où  elle  a  pris 
passage  ,  5oo  concombres  et  5oo  œufs  ;  et  du 
moment  de  son  arrivée  sur  ce  bâlimenl  ,  elle  s'est 
installée  dans  sa  voiture,  qui  lui  servait  de  chambre 
à  coucher ,  de  salle  à  manger  ,  et  de  salon  à 
fumer.  [Extrait  du 'Londonfacket  et'du  Morning- 
Post.  ) 

Voici  ce  qu'on  écrit  de  Nottingham  ;  lupdi 
I^'  septembre  ,  après  midi. 

La  hausse  qu'a  éprouvé  le  prix  du  blé  ,  et  qu'il 
faut  attribuer  .non  à  une  disette  réelle,  mais  à  ce 
que  les  dernières  pluies  ont  empêché  les  fermiers 
d'amener  leur  grain  au  marché  ,  a  donné  lieu  à 
des  mouvemens  séditieux.  La  nuit  dernière  la 
populace  s'est  attroupée;  elle  a  débuté  par  as- 
saillir les  fenêtres  des  principaux  boulangers  . 
enfoncer  leurs  portes,  et  piller  toute  la  farine 
et  tout  le  blé  qu'elle  a  trouijé.  C'est  à  huit  heures 
que  le  pillage  a  comtocnié.  Notre  premier  ma- 
gistrat ne  croyant  pas  que  les  excès  dussent  aller 
plus  loin  ,  défendit,  jusqu'à  onze  heures  ,  qu'on 
appelât  de  lu  troupe  ;  pendant  ce  lems  toute  la 
ville  a  été  dans  les  plu»  grandes  alarmes  ,  et  les 
boulangers,  qui  cependant  étaient  tout-à'fait 
iniioceos  ,  ont  eu  beaucoup  à  souffrir.  Les  soldats 
loiiireiit  '<nfin  de  féurs  casérHcs  ,  et  arrivèrent 
avant  le  niaiie  à  leur  tête.  Les  mutins  se  disper- 
irreni  a  l'instaRi  ;  mais  ce  ue  fut  que  pour  recom- 


rriencer  leur  pillage  dans  un  autre  quartier  de  la 
ville.  Ils  se  pointèrent  sur  le  rivage  de  la  Trent 
(  rivière  )  ,  oij  ils  trouvèrent  des  bateaux  remplis 
de  .blé  ;  ils  prirent  plusieurs  sacs  qu'ils  partagè- 
rent entre  les  femmes  et  les  enfans  ,  qui  s'en  allè- 
rent en  emportant  leur  butin.  L'attaque  se  dirigea 
ensuite  contre  un  magasin  qui  appartenait  à  "un 
boulanger,  et  dans  lequel  il  y  avait  beaucoup 
de  blé.  Tout,  fut  pillé  et  une  grande  partie  du 
grain   fut  entièrement  écrasée     sous     les    pieds. 

Les  dragons  parurent  alors,  et  les  hostilités 
cessèrent  encore  une  fois.  Quelques-uns  des  chefs 
de  la  sédition  furent  arrêtes  et  rhis  en  prison  ; 
mais  la  populace  ne  tarda  pas  à  les  en  délivrer. 
La  ville  es't  dans  ce  moment  dans  un  état  de  con- 
fusion. La  place  du  marché  est  entourée  de 
mutins  ,  que  la  présence  de  la  troupe  peut  à  peine 
contenir.  Lrs  magistrats  .  dirinés  par  des  motifs 
d'humanité,  font  tous  leurs  efforts  pour  appaiser 
la  sédition.  Les  volontaires  n'ont  pas  encore  été 
appelés.  Le  pauvre  souffre  de  la  faim,  et  ne  T«eut 
obtenir  de  farine  ;  il  faut  faire  de  grands  efforts 
pour  le  soulager.  Vous  concevez  que  le  moyen 
le  plus  efficace  serait  que  le»  riches  achetassent 
tout  le  grain  aux  fermiers  du  voisinage  ,  et  le 
revendissent  au  pauvre  ,  à  un  prix  nnodéré,  iùs- 
qu'^  ce  qu'on  ait  eu  le  tems  de  faire  venir  de  loin 
des  provisions  suffisantes. 

Des  mouvemens  semblables  ïe  sont  fait  sentir 
aussi  à  Mansliel(is ,  et  dans  tout  le  voisinage  autour 
de  Nottingham.  Nous  espérons  que  la  stagnation 
que  cesévénemens  ont  causée  dans  les  manufac^ 
tures  ,  ne  sera  que  momentanée.  Toute  la  partie 
laborieuse  du  peuple  monie  la  garde  dacs  les 
rijes. 

A  dix  heures  du  soir. 

L'insurrection  paraît  vouloir  continuer  dans  les 
fauxbourgs.  Le  maire  a  été  forcé  d'appeler  le 
corps  des  volontaires  ,  cavalerie  et  infanterie. 
Ils  font  maintenant  patrouille  dans  la  ville;  plu- 
sieurs piquets  ont  été  placés  su»  les  bords  de  la 
Trent ,  où  ils  travaillent  à  disfwrsçr  les  révoltés 
qui  y  sont  rassemblés  en  irés-grand  nombre.  Ltrs 
I  magistrats  craignent  d'être  obligés  d'en  venir  enfin 
à  des  mesures  coercitives ,  dont  les  conséquences 
alarment  leur  humanité. 

(  Extrait  du  Times  ,  4  septembre.  ) 

Un  pauvre    ouvrier ,   père    d'une  nombreuse 
famille  ,  travaillait-pour  un   fermier  à    quelques 
milles  de  Bridgeiiorth.  Pendant  l'excessive  cherté 
de  toutes   les    choses    nécessaires   à   la   vie.  ce 
malheureux  homme  s'adressa  à  son  maître  ,  et  le 
pria  de  lui  payer  une  semaine  de  ses  gages,   en 
bled  ou  en  farine.  Comme  il  était  depuis  20  ou  3o 
ans  à  son  service,    il  espérait  qu'il   la'lui    don- 
nerait   au-dessous  du  prix   du  marché.   Le    fer- 
mier rougissant  de  lui  demander  le  prix  courant  , 
et    n'étant    pas    dispose    à    donner    son    grain  à 
meilleur   marché  ,  se  refuse  à  sa  demande.  L'ih- 
fortiiné  fait  à  l'avide  lerniier  le  tableau  touchant 
de  la  misère  de  sa   famille   qui  mourait  de  faim. 
Le  barbare  lui  réponden  plaisantant  ,  que  s'il  n'a 
pas   de    quoi    acheter    du  bled  ,   il   n'a  qu'à  en 
voler.  Indigné    de    l'inhumanité    du    fermier,  et 
réduit   au  déiespoir  >à  la  vue  de  sa  femme   et 
d«    se.«  enfans  ,  qui  lui  demandaient  inutilement 
du  pain,    le  pauvre  homme   suit  à  la  lettre    le 
conseil  de    son  martre  ,    et  dérobe  dans  le  gre- 
nier de  celui-ci  environ  deux  boisseaux  de  bled 
(îcjnq  boisseaux  de  Paris)  ,  à  différentes  reprises. 
Cependant  on    s'apperçoit    du    vol  ,    et   on    en 
donne  avis   dans    les  journaux  ,  avec  promesse 
d'une   récompense  de    cinq  guinées   pour  celui 
qui  découvrirait  le  voleur.  Notre  homme  effrayé 
va  trouver  volontairement   le   magistrat   voisin  , 
et    lui   avoue  le  fait  ,    avec    toutes   ses  circons- 
tances.  Le  magijtrat  envoie  chercher  le  fermier, 
tt  lui  dit  qu'on   a    eu    quelques  renseigtiemeus 
sur  son  voleur  ,  mais   qu'avant  d'en  apprendre 
davantage  ,  il  faut  qu'il  dépose  les  cinq  guinée» 
qu'il  a  promises.  Cette  condition  étant  rehiplie , 
le   magistrat    révèle    au  fermier  le  nom   du  vo- 
leur, qui  ,  lui    dit-il,  n'avait    fait  que    suivre'le 
conseil  qu'un  maître  impitoyable  lui  avait  donné. 
Il   ajoute  que  ,    s'il  veut  poursuivre  le  coupable  , 
toute   laffaire  sera  portée  à  une  cour  de  justice; 
le   fermier  redoutant  un    éclat    qui  ne   pourrait 
que   le  deshonorer  ,  renonça   volontiers  à  toutes 
poursuites  ,    et    le    digne    magistrat ,     apiès  un 
avis   sérieux  donné  au  pauvre  ouvrier  ,  dont  la 
conduite  avait  été  jusques  là,  toujours  irrépro- 
chable ,  et  ^ui  n'avait  été   poussé  au  crime  que  I 


par  linhumunilé  de  son  maître,  ordonna  que 
les  ciriq  guinées  seraient  employéLS  à  acTieiet 
du  pain  et  des  vêtemens  à  ses  enfans  qui  étaient 
nuds  ,  et  mourant  de  faim. 

{  Extrait  du  True  Briton. } 
On  apprend  par  ta  Reliance  bâtiment  vivrier 
de  la  Nouvelle  Galles  méridionale  que  les  bâ- 
limens  ([ui  s'occupent  de  la  pêche  de  la  baleine 
dans  la  nier  du  Sud  ,.  commencent  à  incom- 
moder lé  cftrnmerce  des  espagnols  sur  1»  côte 
du  Pérou.  Trois  prises  sont  déjà  arrivées  au 
port  Jackson.  Le  Baleinier,  te  Betsey  venait  d'y 
enirer  ,  s'étant  séparé  depuis  peu  d'une  autre 
qu'il  avait  faite  ,  à  la  faveur  d'un  coup  de  vent.' 
Le  bâtiment  capturé  passait  pour  être  chargé 
rie  piastres,  il  était  attendu  d  heure  en  heure. 
Un  petit  nombre  de  cutters  et  de  sloops  de 
guerre  ,  sur  la  côte  ,  suffiraient  pour  prendre 
bien  des  bâtimens  espagnols.  [Times, 'i  septembre.) 

INTÉRIEUR. 

Taris  ,  le  23  fructidor. 

Le  chef  d'escadre  Castagnet ,  prévenu  d'avoir 
laissé  entrer  les  anglais  dans  le  port  de  Dunker- 
que,  où  ils  se  sont  emparés  de  la  frégate  la  Desiréi^ 
est  aujourd  hui  ,  aS.,  traduit  devant  le  jury  njari- 
lime  ,  séant  rue  du  Cherche-Midi  dans  le  local 
du  premier  conseil  de  guerre.  Ce  jury  est  com- 
posé du  citoyen  Bruix  ,  vice-amiral  ;  Dalbarade, 
contre  r  amiral  ,  etc.  Le  ciloyffn  Prieur,  de  là 
Marne,  est  chargé  de  la  défense  du  prévenu. 

(Journal  de  Paris.  ) 

—  On  écrit  de  Strasbourg  que  le  commissaire 
}  de  guerre  Brek  qui ,    depuis    l'été   passé ,    était 

ariêté  à  Lindau  avec  un   garde,     a  été   conduit 
à  Mayence ,    pour   y   être  jugé   par   un  conseil 
de  guerre;  il  est  prévenu  de  dilapidations. 
(Clef  du  Cabinet.) 

—  On  avait  appréhendé  à  Vitré  ,  département 
d'Ille  et  Vilaine  ,  l'éruption  d'un  volcan.  Une 
lettre  que  le  citoyen  Mathuon  ,  ingénieur  de» 
mines  de  la  république,  écrit,  de  Saipt-Jean-Pied*. 
de-Port ,  le  6  fructidor ,  achevé  de  calmer  le» 
inquiétudes. 

Il  Je  connais,  dit-il,  les  montagnes  de  Vitré 
et  des  environs;  j'ai  examiné  attentivement  la 
montagne  Brûlée  dePoligny,  à  deux  rayriametreï 
de  Rennes  ,  sur  la  route  de  Nantes,  fille  est 
de  même  nature  que  celles  de  Vitré  ,  qui  sont 
généralement  composées  de  schiste  légulaire  oh 
la  pyrite  est  assez  abondante.  La  montagne  de 
Pdligny  a  brûlé  sans  explosion  ,  sans  éprpuver 
de  secousses  ,  au  moins  considérables  ,  puisque 
sa  masse  n'a  souffert  aucun  dérangement.  Il  est 
à  espérer  qu'il  en  sera  de  même  de  celles  des 
environs  de  Vitré.  La  fumée  annonce  ,  suivant 
moi,  que  le  foyer  n'est  pas  bien  avant  dan» 
la  terre  ;  d'un  autre  côié  ,  que  la  montagne  est 
ouverte  et  laisse  échapper  les  vapeurs  et  les  gaz 
produits  par   la  combiistion.  !> 

—  On  écrit  de  Bar-sur-Ornain  ,  que  la  distribu- 
tion des  prix  aux  élevés  de  I  école  tentrale  de  la 
Meuse,  a  eu  lieu  'avec  solennité;  elle  était  pré- 
sidée par  le  préfet  :  on  y  a  entendu  un  discours 
sur' la  tndniere  d'enseigner  ,  renfermant  d'excellens 
principes  ,  et  éloquemment  écrit.  Les  élevés  ont 
eiisuite  représenté  un  drame  traduit  de  Koizbue  , 
intitulé  :  tes  Deux-Freres  ,  ouvrage  qui  a  dû  Son 
succès  ,  à  Paris  ,  moins  à  son  mérite  comme  pro- 
duction dramatique,  qu'au  tonde  moralité  que 
l'auteiirasû  y  répandre. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  dan  fructidor. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
atrête  : 

Que  le  citoyen  Auguste-Frédéric-Louis-Viesse 
Marmont  ,  conieiller-d'état  ,  général  de  brigade  , 
cotiimandanl  en  chef  l'artillerie  de  l'armée  d'Italie, 
est  promu  au  grade  de  général  de  division  dans 
cette  arme  ,  pour  en  jouir  conformément  à  la  loi  ^ 
du  i5  vendémiaire   an   4. 

Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté. 

Lepremier  consul  ,  signe' ,-hotiA?A».a. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrt'taire-d'étal,  sipié  ,  H.  B.  Masiîi'- 


-SECOND      TABLEAU  Ci;.  ^3© 

MINISTERE      DE      L  '  I  N  T  E  R  I  E  U  ïl. 

Gissememens  qui    exigeraient  un    long  trajet  par    terre  ^  avant    que    de   pouvoir    former    des   embarcations    pour    conduire   des 
•  masses  moyennes    à   Paris. 

fc'  TRANSPORTS      FACILES. 


POSITION 

relativement 
à  Paris. 


DEPARTEMENT 

OU  chaine 
de  montagnes. 


Haute-Saône, 
Ain  et  Isère.  . 


GISSEMENS 

des 
rochers. 


NUMEROS 

de  la  carte 
deCassinl. 


NOMS      ET      DESCRIPTIONS 

des 

ROCHERS. 


OBSERVATIONS. 


Au  sud-est , 
4e  Paris. 


Drcme. . 


Les  bord»  de 
la  Saône  depuis 
Auxonne.  .  .    . 

Du  Rliôrie  , 
depuis  Seysel  , 
de  l'Isère  au- 
dessousdeGon- 
ceiin 


A  Tain. 


Piès  la  Voulte 
[sur  les  bords  de 
M'Erien 


Allier,  Rhône 
et  la  Loire.  .   . 


Allier . 


Les  bords  de 
la  Loire,  depuis 
Saint-Ra'mbert.. 

Les  bords  de 
l'Allier  ,  depuis 
Wichy 


A  Coulandon. 


Au  midi  de 
Faris 1 


Puy-de-Dôme^      Thierj  sur  les 
iiivesde  laDore 


.   Devareilleprès 
Via  Clayette. 


6.  ii6. 
117. 


118.  itg. 
120. 


89. 


S5. 86.87. 


5o.  5i. 


5o. 


Granits  et  porphircs  très-variés  ,  dont ,  avec 
des  recherches ,  on  trouverait  certaine- 
ment des  gîtes  considérsibles  en  grandes 
masses. 


Granits  à  fond  gris  blanc  d'un  bon  ton  de 
couleur  et  d'une  grande  solidité  ,  recevant 
bien  le  poli.  Il  y  a  deux  carrières  ouvertes  , 
la  première  -est  absolument  au  bord  du 
Rhône  ;  la  deuxième  qui  contient  des 
granits  à  plus  grands  cristaux  est  un  peu 
plus  élevée  ,  et  conviendrait  paifaiieiaent 
pour  de  grands  monumens  ;  les  belles  co- 
lonnes de  léglise  d  Ainay  à  Lyon  viennent' 
de  ce  lieu  :  suivant  l'historien  Guillot  , 
elles  lésaient  du  teras  de  Caligula  ,  l'orne- 
ment de  ce  terrible  autel  devant  lequel  il 
fesait  comparaître  les  rhéteurs. 

Carritrei  de  granit  gris  rougeâtre  et  couleur 
de  chair  en  blocs  considérables  et  sohdes. 

Granits  porphires  exploitables  en  grandes 
masses;  plusieurs  grandes  villes  sont  bâties 
en  granit ,  tel  est  Moulins. 


Carrières  de  grès  granitiques,  feld  -  spath  très- 
rouge  ,  dont  le  pont  de  Moulins  sur 
l'Allier  est  construit  ainsi  que  la  partie 
neuve  de  celui  de  Nevers  ;  elles  sont  à 
environ  un  myriaraetre  de  Moulins  et 
plus  rapprochées  que  celles  de  granits. 


Transport  facile  par  le  Rhône  jusqu'à  la 
mer,  et  de-là  la  Méditerr;inée.,  le  canal  des 
deux  mers,  1  Océan  ,  la  Sîine. 


Transport   très-facile ,  Tain   étant   sur  le 
Rhône. 


Transport  facile  jusqu'au  Rhône  par  un 
beau  chemin. 


Le  transport  en  serait  très-facile. 


52-      \  Beaux  porphires  près  de  la  Dore. 


Saône-et-Loire.<  châteauneuf, 
/peu  éloigné  de 
VVareiUe  .... 

/    Au-dessus  de 

Y  Fontainebleau 

^et  sur  les  bords 

_  .  ,,  'de  JaSeineet  du 

Seine-ct-Marne.  ^^^^j  ^^  j^^„ 

Uargis,  traversant 
le  département 
du  Loiret.  . 


Ille-et-Vilaine. 


86. 


Environs    de 
Rennes.  .  .    .    . 


Au  Couchant. 


iLoire-Inférieure  ANantesmême. 
l 
Morbihan.     \     Sur  les  bords 
Finistère.       <de   la   côte   qui 
Côtes  du  Nord.Jborde  l'Océan. 
l  lUe-et-'Vilaine.  ^ 

(    AFermanville 

Jprès  et  au  levant 

Cherbourg  , 


Manche. 


ISO.  isg. 


Superbes  granits  à  grand  feld-spatb  rouge  , 
qui  ne  le  cèdent  en  rien  aux  granits 
égyptiens  ,  ils  sont  supérieurs  à  celui  qui 
forme  la  colonne  de  Pompée  à  Alexan- 
drie. 


Beaux poudingues  en  blanc; on  pourrait  tirer 
de  très-grandes  masses,  ^des  colonnes, 
des  aiguilles  entières  et  sur  lesquelles  le 
conseil  attend  des  renseignemeos  plus 
pfécis  accompagnés  d'échantillons. 


Poudingues  superbes ,  prenant  le  plus  beau 
poli.  On  en  pavé  les  rues  de  Rennes  ; 
la  pâte  fine  ,  brune  ou  rouge  fait  un  très- 
bel  effet  qui  les  distingue  des  poudingues 
ordinaires  ;  il  est  à  craindre  qu'ils  ne  se 
trouvent  en  masses  isolées  ;  mais  c'est  un 
objet  à  vérifier. 


La  Doré  ,  tjui  se  jette  dans  l'Allier  ,'est  na- 
vigable depuis  Courpierre;  plusieurs  gisse- 
raens  que  nous  avons  donnés  dans  le  i"  ta- 
bleau comme  difficiles,  pouffaient  se  prolon- 
ger vers  les  iiivicres  de  la  Loire  et  de  l'Allier  , 
et  y  donner  lieu  à  des  exploitations  utiles. 

Transport  par  terre  ,  mais  facile  jusqu'à 
Maragny  ,  près  de  la  Loire  ,  et  d'au  plus  deux 
myriamètres.  Le  banc  de  roche  ,  qui  contient 
le  beau  granit,  s'étendant  de  Vareille  à  Châ- 
teauneuf,  il  est  très-probable  qu'on  le  trou- 
vera encore  plus  près  de  la  Loire  ;  alors,  il 
faudrait  y  faire  rouler  de  belles  masses  co- 
lossales qui  seraient  ensuite  amenés  facile- 
ment à  Paris. 

Transport  extrêmement  facile   en  grande 
masse  ,  si ,  comme  il  y  a  lieu  de  le  croire  ,'  ' 
on  trouve  de  belles  masses  près  de  la  rivière 
ou  du  canal. 


Transport  sur  la  Vilaine  à  Rennes  ,  même 
de  la  Méditerranée  ,  de  la  Loire  ou  de  là 
Seine. 


I  sur  les  bords  de 


la  mer. 


i3o.      r  Granii  à  petites  parties. 


Granits  très  abondans ,  très-variés.  Plusieurs 
villes  sont  bâties  en  granit. 


Granit  gris ,  dont  on  a  construit  plusieurs 
124.     \       bornes  qui  se  voient  à  Paris.  Exploitable 
eu  grandes  masses. 


Transport  extrêmement  facile  par  radeaux 
jusqu'à  la  place  de  la  Concordé. 


(1)  Voyez  le  1'"^  dans  le  Moniteur  du  ïo  ,  D'ISSU. 


i43i 


POSITION 

relativement 
»  à  Paris. 


DEPARTEMENT 

OU   chaînes 
de    montagnes. 


GISS'F.MENS 

des 
lochers. 


NUMER03 

d«  U  carie 
de  C^sstgj. 


NOMS       ET      DESCRIPTIONS 

des 

«  O  C  H   E  R  S. 


OBSERVATIONS. 


Au  couchant.  sManche . 


Au  nord. 


;Oise. 


."^  Flamanville , 
!  auraidideClier- 
Ibourg  ,  sur  les 
\bords  de  la  mer. 


Environs     de 
[Cherbourg.  ,    . 


;  A  la  Morlaix , 
\près  Luzarches 


126. 


124. 


Granit  à  plus  grandes  parties  susceptibles 
d'un  très-bel  effet ,  et  qui  peut  s'exploiler 
au  niveau  de  la  nier  même  en  très-grandes 
masses.  Il  est  coupé  à  pic  sur  de  grands 
espaces  ,  et  est  d'autant  meilleur  qu'on 
le  prend  plus  près  du  niveau  de  la  mer. 

Granit  rougeâire,  avec  lequel  on  a  bâti  les 
iotts  près  de  Cherbourg. 


Poudingue.  On  ne  le  connaît  qu'en  masses 
moyennes;  mais  il  est  probable  qu'on  en 
découvriidit  de  grandes  qui  s'étendraient 
jusques  sur  les  bords  de  1  Oise. 


Transport  exirêmcment  facile  par  radeaux 
jusqu'à  la  place   de  la  Concorde. 


Idem. 


Transport  par  terre  jusqu'à  l'Oise  d'environ 
un  myriametre. 


Errata  du  i"  Tableau.  —  Colonne  descriptive  ,  9' article.  —  Aprèi  le  mot  tramluMide ,  lisez .:  ne   se  trouve  pas  en  grandes  masses. 

14'   article. — Au  lieu   de  Royers  ,  /wez  ;  Rogers. 

l5'   article. — Au  lieu  de  voûtes  ,  lisez  :  ïo\hg%. 

Observation  correspondante  à  ce  demie*  article.  —  Après  Oléron  sur  le  Gave  ,   lisez:  a  Pau  sut  ie  Gave. 


MINISTERE     DE    LA    MARINE. 

Le  cûntre-amiral  Décris  au  ministre  de  la  marine.  — 
Au  lazaret  de  Toulon  ,  h  12  fructidor  an  8. 

Citoyen  ministre. 

Quelques  jouis  après  la  capitulation  de  Gênes, 
le  général  Abercrombie  partit  de  JNIahon  avec  un 
corps  de  troupes  de  5 ou 6  mille  hommes  destinés 
pour  Gênes.  Avant  son  départ  il  pouvait  y  avoir 
dans  Minorque  environ  12  mille  hommes  dont  4 
ou  5  mille  ,  arrivés  d'Angleterre  depuis  un  mois  , 
logeaient  sous  la  tenie. 

Abercrombie  n'avait  pas  eu  le  teras  de  se 
rendre  à  sa  desiinaiion  ,  qu'oi  apprit  dans  Mi- 
norque notre  rentrée  dans  Gênes.  A  l'instant  un 
brick  lut  expédié  pour  aller  en  pleine  mer  lui  en 
porter  l'avis.  Il  renvoya  àMahon  les  troupes  sans 
avoir  vu  Gênes  ,  et  elles  y  restèrent  en  rade  -à 
hord  des  transports  pendant  7  ou  8  jours  ,  après 
lesquels  elles  repartirent  pour  Livourne  ,  oii  je 
crois  qu'Abercrombie  s'était  rendu. 

Arrivées  devant  cette  place  ,  eHes  restèrent  en- 
core plusieurs  jours  en  rade  ,  d'où  quelques 
officiers  seulement  descendirent  à  terre  ;  et  ks 
projets  de  lord  Keith  sur  Livourne  ,  ne  purent 
s  exécuter  ;  on  refusa  de  l'y  recevoir  pour  ne  pas 
donner  aux  français  le  dioit  de  se  porier  dans 
ce  port  ,  de  Lucques  où  ils  éiaieni  arrivés.  Le 
convoi  et  les  troupes   rentrèrent  dans  Mahon. 

Cette  surabondance  de  consommateurs  dans 
l'île  ,  y  menait  toutes  les  denrées  à  un  prix  exhor- 
bitant  et  propoiiionné  à  leur  rareté  ,  lorsijue  le  2 
thermidor  .  j  eus  la  saiislaciion  d'y  voir  augmenter 
tous  les  embarras  par  l'arrivée  d'un  convoi  venant 
d  Angleterre  et  chargé  d'environ  5ooo  hommes. 

Il  élait  le  précurseur  d'une  autre  de  même 
genre  ,  qui  devait  ,  disait-on  ,  artiver  sous  vingl- 
cinq  jours  ,  mais  au-devant  duquel  je  crois  que 
des  bârimens  ont  été  envoyés  pour  le  faire  ré- 
trograder. 

Il  est  difficile  de  peindre  la  confusion  géné- 
rale ,  et  celle  sur-iout  de  ceux  dont  l'imagination 
croyait  déjà  occuper  toute  I  Italie  ,  et  qui  voyaient 
tetmincr  à  Minorque  leur  expédition. 

La  difficulté  de  loger  tout  ce  monde  à  terre 
a  obligé  de  retenir  la  plupart  de  ces  régimens 
à  bord  de  leuis  transpors  où  ils  sont  encore  dans 
ce  moment:  ceux-là  seulement  ont  été  débarqués 
qui  étjient  les  plus  maltraités  par  les  maladies, 
qui  ,  au  surplus,  font  journellement  des  progrès 
énormes. 

On  multiplie  lous  les  jours  les  hôpitaux  sans 
julfirc  au  nombre  des  malades  ;  les  cloîtres  des 
couvens  en  sont  remplis  ;  et  quand  je  suis  parti  , 
on  allait  employer  incessamment  au  même  usage 
l'église  des  franciscains. 

J'ai  omis  de  dire  que  dans  le  même  teras  de 
l'expédition  de  Livourne,  2000  hommes  environ 
fiirent  envoyés  à  Malihe  ,  où  dernièrement 
M.  Abercrombie   a    paru  quelques  jours. 

De  tout  cela  il  résulte  qu  ily  a  à  Minorque  dans 
ce  moment  l5  ou  16,000  hommts  de  troupes, 
bien  vêiui-s  ,  assez  bien  nourries  ,  mais  ayarit  au 
moins  le  tiers  de  malades,  résultat  de  leur  entas- 
tement  à  bord   des  vjissjaux. 

De  ces  troupes,  trois  régimens  sont  étrangers  , 
savoir  :  Dillon,  éniigré.s^françiis  ,   soldats  déses- 

Îiérés  de  leur  position  ,  et  prêts  à  abandonner 
eut»  officiirs  à  la  première  occasion  où  ils  pour- 
taient  lenirer  dans  h  ur  pâtre. 

Minorque,  ayant  beaucoup  d'émigrés,  com- 
pote àO  surplus  U  un  lamassit  du  toutes  nations  , 


français  ,  hollandais  ,  etc.  mais  sur-tout  d'alle- 
mands qui  ont  passé  du  service  d'Espagne  à  celui 
d'Angleterre  ,  qu'ils  sont  prêts  de  quitter  de  la 
même  manière,  à  la  pieraitre  occasion,  comme 
les  anglais  eux-mêmes  en  sont  tiès-persuadés. 

Rooll  ,  suisses  ,  composé  d'officiers  et  soldats 
ci-devant  au  service  de  France  .  que  les  derniers 
au    moins   regrettent   de   tout   leur    cœur. 

A  cela  ajoutez  un  régiment  de  fencibles  irlan- 
dais ,  qui  n'ont  jamais  entendu  tirer  un  coup 
de  fusil,  mais  qui  du  moins  ont  à  mes  yeux  le 
mérite  de  nourrir  dans  leur  cœur  le  ferment 
de  la  plus  belle   haine  contre   les  anglais. 

Ces  notices  sur  le  caractère  de  ces  quatre  régi- 
mens ne  sont  pas  seulement  des  conjectures  , 
elles  sont  le  résultat  des  renseignemens  les  moins 
équivoques. 

Mais  i5,qoo  hommes  à  Minorque  où  une  gar- 
nison de  5ooo  hommes  serait  suffisante  ,  sont  un 
poids  de  consommation  dlflicilé  à  supporter. 
Q'i'y  attcndeni-ils  ?  Pourquoi  le  général  Aber- 
crombie ,  qui  voit  son  armée  oisive  ,  au  lieti 
de  retourner  en  Angleterre  ou  à  Gibraltar  ,  a-t-il 
établi  son  quartier-général  àMahon?  Telles  sont 
les  questions  que  je  fesais  assez  indiscrètement 
à  un  jeune  officier  anglais  la  veille  de  mon 
départ  ,  et  voici  sa  réponse  que  ses  détails  peu- 
vent mettre  le  gouvernement  à  même  d'ap-' 
précier. 

>>  Nous  fesions  passer  ,  nie  disait-il  ,  dans  la 
Médiierrannée  2Ov000  hommes  environ  ,  dans  des 
vues  que  votre  bataille  de  Maringo  a  lout  à  fait 
déjouées  t  il  a  donc  Fallu  demander  au  gouver- 
nement des  ordres  sur  la  desiinàtion  ultérieure 
de  ces  troupes.  On  ne  sait  plus  depuis  ce  tems 
là  où  l'on  a  la  lête.  u  Dans  tous  les  cas,  des  l5 
mille  des  anglais,  5ooo  sont  nécessaires  à  la  gar- 
nison de  Mahon;  il  ne  reste  pas  8.000  hommes 
disponibles  de  troupes  étrangères,  qui  ne  valent 
pas  20oa  français.  C  est  bien  de  la  dépense  et  de 
l'embarras  pour  peu  d'ciFei. 

Pauvres  têtes  du  ministère  anglais  !  On  jettez- 
vous  l'argent  de  votre  industrieuse  nation  ? 

Decrès. 

Les  trois  frères  Bourbon,  soi-disant  ducs  d'Or- 
léans ,  de  Chartres  et  de  Montpensier  ,  sont  arrivés 
à  Mahon  sur  une  frégite  anglaise  à  la  fin  de  prai- 
rial. Ils  y  ont  vécu  assez  obscurément,  et  avec 
infiniment  peu  de  considération,  jusque  irois 
jours  avant  mon  départ,  où  ils  se  sont  rembar- 
ques avec  le  plus  grand  mislere  sur  un  bâtiment 
de  guerre  anglais  ,  et  oncques  depuis  n'en  avons 
entendu  parler. 

MÉDECINE. 

Les  membres  les  plus  distingués  dans  l'art  de 
guérir,  delà  ville  de  Lyon,  viennent  de  se  réuni^' 
en  société  ,  pour  se  communiquer  leurs  obser- 
vations ,  leurs  lumières  ,  et  établir  au  milieu 
d'eux  une  correspondance  active  avec  les  diffé- 
rentes réunions  de  savans ,  qui  s'occupent  éga- 
lement de  la  médecine  ou  des  sciences  qui 
y  ont  rapport.  Trois  des  membres  de  cette  société, 
les  citoyens  Jacques  Piu  ,  Marc  Antoine  Pitt , 
médecins  ,  et  Aimé  Martin  ,  ancien  chirurgien 
en  chef  des  hôpitaux,  tous  trois  recommandables 
par  leur  zèle  ,  leur  savoir,  et  leur  expérience, 
sont  chargés  de  la  lédaclion  du  journal  qui  doit 
faire  connaîue  les  travaux  de  la  société. 

Le  journal  paraîtra  une  fois  tous  les  mois  ,  et 
deux  lois,  si  le  nombre  et  l'impoi tance  des  objets 


l'exigent.  Il  se   trouve  à   Lyon   et    chez  les  prin- 
cipaux libraires  des  grandes  villes. 

Déjà  le  1''  n°  vient  d'être  publié  et  l'esprit 
dans  lequel  il  est  composé  ,  ne  doii  laisser  aucun 
doute  qu'il  ne  soit  lu  avc-c  iniéiêt  par  toutes 
les  personnes  qui  s'occupent  de  l'art  de  guérir. 
Nous  nous  empresserons  de  faire  connaître  suc- 
cessivement ceux,  des  mémoires  ou  observations 
qui  nous  paraîtront  ménier  une  atteniion  par- 
ticulière, 'Tel  est  celui  du  citoyen  Pelelin  sur 
le  traitement  d'une  fièvre  catharrale  avec  érup- 
tion railiaire.  Le  succès  qu  il  annonce  avoir 
obtenu  de  la  racine  de  Ca;iophyllaia  contre  les- 
toux  convulsives  ,  et  celui  qu'il  s  en  promet  dans 
les  hémorragies  utérines-,  nous  engage  à  prier  ce 
médecin  de  muliiplîer  ses  expériences  et  d'en, 
publier  le  résuliai.  Telles  sont  encore  les  obser- 
vations du  ciloyen  "Veimandois  relatives  à  la  sus- 
pension momentanée  du  virus  inoculé  par  des 
causes  de  maladies  diverses.  Ces  observations 
confirment  celles  du  citoyen  Descissaris  lues  à 
la  société  de  médecine  de  Paris  ,  en  l'an  6  ,  et 
sont  une  nouvelle  preuve  que  si  l'inoculaiion 
perd  un  moment  ses  droits  .  quand  la  nature  est 
occupée  à  se  débarrasser  dune  ipaladie  qui 
exige  toute  son  attention  ,  elle  ne  les  exerce 
pas  moins  dans  un  tems  plus  éloigné  ,  mais 
plus  favorable  à  ce  dévelopement.  Cette  obser- 
vation aussi  curieuse  qu'importante  nous  paraît 
devoir  donner  un  nouveau  degré  de  confiance 
à  une  opération  que  la  nature  semble  diriger 
elle-même  avec  une  prévoyance  toute  particulière. , 

BOURDOIS. 


Sur  (annuaire  météorologique  de  Van  8. 

Lorsque  je  publiai  cet  annuaire  ,  j  eus  pour 
objet  dassociet  le  public  à  la  véiification  d'ua 
oidre  de  choses  (juc  j'ai  découvert  dans  la  série 
des  variations  de  1  asmosphere  en  notre  climat.    . 

Malgré  Vexirême  irrégularité  de  ces  variations' , 
je  m'étais  apperçu  que  chaque  déclinaison  de 
la  lune  avait  sur  elles  une  influence  remarquable. 
Or,  comme  cette  connaissance  a  beaucoup  d'im- 
portance ,  je  pensai  que  le  seul  ujoyen  de  l'éta- 
blir était  de  lui  donner  laplus  grande  authenticité  ; 
en  un  mot,  je  pensai  qu'il  fallait  rendre  le  pu- 
blic témoin   des   faits  qui  pouvaient  la  constater. 

En  conséquence  ,  il  me  paraissait  convenable 
de  lui  offrir  un  annuaire  dont  le  calendrier  pré- 
senterait l'année  partagée  en  vingt-six  constitu- 
tions particulières  ,  conformes  aux  vingt-six  dé- 
clinaisons qu'éprouve  la  lune  pendant  cette  durée. 
Et  pour  eiciter  plus  fortement  l'attention  du 
public  sur  cet  objet  ,  j'annonçai  par  une  lettre 
insérée  dans  le  i3;i:7i-/)!/orme  (  feuille  du  4  ven- 
démiaire an  8)  que  tous  les  quinze  jours  je  ren- 
drais un  compte  succinct  du  tems  qui~  aurait 
eu  lieu  à  Paris  pendant  chaque  déclinaison  ; 
que  je  le  comparerais  atix  probabilités  indiquées 
dans  l'annuaire,  et  qu'à  la  fin  de  l'année,  je 
récapitulerais  tous  les  résultats  ;  ce  qui  mettrait 
le  public,  témoin  des  faits,  à  portée  de  pro- 
noncer  sur  l'utilité  de   mes  observations. 

Je  vais  aujourd'hui  rendre  le  compte  général 
que  j'ai  promis  :  on  va  voir  que  quoique  celle 
année  ait  été  extraordinaire  ,  sous  le  rapport  des 
tems  qui  ont  eu  lieu  ,  (  Voyez  dans  le  Muiu'leur  , 
feuille  du  2g  thermidor,  pag.  iSi?',  mes  obser- 
vations sur  l'été  de  l'an  8)  ,  néanmoins  ,  la  majo- 
rité est  encore   ea   faveur  du    principe  que  j'ai 


l432 


établi.  Voici  le  lésuliat  des  s6    constitutions  'de 
l'an  8  qui  va  finit. 

1.  —  celle  du  7  vend".  non  d'accord 

s.  —  celle  du  21  vend''  d'accord 

3.  —  celle  du  5  brum".  non  d'accord 

4.  —  telle  du  18  brum'.  d'-atrcoïd 

5.  —  ceHe  du  2  friruaire  daccord 

6.  —   celle  du  1 5  frimai,  d'accord 

7.  —  celle  du  ag  frimai,  daccord 

8.  —  celle  du  li  mvôse.  d'accord 

9.  —  celle  du  27  nivôse.  non  d'accord 
jo.  —  celle  du  10  pluv**.  non  d'accord 
n.  —  celle  du  «4  pluv.  non  d'accord 
i2.  —  celle  du  7  ventôse  noti  d'accord 
i3.  —   celledu  SI  veniôse  d'accord 

celle  du  4  gtrmin.  d'accord 

celle  du  iggermin.  non  d'accord 

celle  du  s  floréal,  d'accord 

celle  du  iCfloiéal.  non  d'accord 

celle  du  29  floréal,  d'accord 

celle  du  i5  prair.  d'accord 
80.  —  celle  du  a6  praic.  non  d'accord 

31.  —  celle  du  II  messid.  d'accord 
S3.  ' —  celle  du  sS  messid.  non  d'accord 

a3.  —  celle  du  8  iherm.  d'accord 

94.  —  celle  du  21  therm.  d'accord 

95.  —  celle  du  5  fruclid.  d'accord 
a6.  —  celle   du  18  fruc- 
tidor jusqu'à  présent,  d'accord 


Résultat i5  d'accord     lonond'ac. 

On  voit  qi'e  sur  26  constitutions  qui  ont  partagé 
le  cours  de  l'année  qui  va  finir  ,  16  se  sont 
trouvées  d'accord  avec  le  principe  des  déclinai- 
ions  de  la  lune  ,  et  10  seulement  ont  été  dis- 
cordantes. 

Je  dis  qu'une  constitution  est  d'accord  avec  le 
principe  des  déclinaisons  de  la  luqe ,  lorsque  sa 
durée  ofiFre  une  majorité  forte  ou  faible  dans  le 
nombre  des  jours  de  cette  constitution  ,  pendant 
lesquels  le  teras  s'est  trouvé  conforme  aux  pro- 
babilités indiquées  d'après  ce  principe. 

Je  conserve  les  détails  de  mes  observations, 
faites  trois  fois  par  jour  sur  l'état  de  l'atmotpbere. 
Ils  sont  le  garant  du  jugement  que  j'ai  porté  sur 
chacune  des  constitutions  citées  ci-dessus. 

J'avoue  que  les  probabilités  indiquées  dans  l'an- 
nuaire de  l'an  8  ,  y  sont  en  bien  des  endroits  mal 
pfésentéés  ,  et  sur- tout  très-mal  calculées.  En 
composant  rapidement  cet  opuscule  ,  j'étais  pres- 
qu'uniquement  occupé  de  l'influence  des  décli 
liaisons  d"».  la  lune  ,  et  j'ai  donné  trop  peu  d'atten- 
tion à  la  situation  des  points  lunaires  qui  souvent 
modifient  cette  influence.  L'annuaire  de  l'an  g, 
jqui  va  incessamment  paraître,  n'aura  pas,  jespere, 
les  mêmes  défauts. 

Lamarck.  . 


Après  lui  a  paru  le  citoyen.Tempra  :ce  jeuVïe  j 
artiste  donne  de  grandes  espéfâiicés.  Il  chetcne 
comme  l'habile  Punto  ,  la  difficulté  ,  et  l'e-xécui-e, 
quelquefois  d'unfe  'manière  surprenante.  ■  Nous 
désirerions  qu'il  donnât  plus  à  la  pureté  'et  à  la 
grâce  du  chant  ,  à  la  Tondeur  .  à  la  beauté  du 
son.  Nous  avons,  aussi  remarque  de  fréquentes 
interruptions  ou  manque  de  poitrine  dans  cer- 
tains traits  qui  auraient  eu  besoin  d'une  liaison 
plus  soutenue  .  liaison  dont  Frederick  Duvernois 
offre  un  si  parlait  modèle. 

Un  second  chanteur  italien  s'est  fait  entendre. 
Ses  premiers  accens  ont  produit  sur  la  salle  en- 
tière un  effet  qu'il  serait  dtlEcilc  non  moins  (juin-';, 
convenanld'exprimer  et  qu'il  est  sans  douie  suffisant 
d'indiquer  pour  en  faire  connaître  la  cause.  Nous 
nepouvons  croire  que  jamais  en  France  on  trouve 
du  charme  là  ou  naît  involontairement  le  senti- 
ment le  pliis  doulôrureuX  ,  et  que  l'on  soit  disposé 
à  séparer  l'idée  du  taknt  qu'on  admire  ,  de  celle 
.du  sacrifice  barbare  qui  l'a  produit.  Si  cependant 
un  talent  très-extraordinaire  réussissait  à  clunner 
ceux  dont  un  sentîment  bien  naturel  a  flétri 
l'ame  et  effrayé  l'imagination,  peut-être  notre 
observation  recevrait-elle  une  exception  momen- 
tanée -,  mais  cette  exception  ,  le  chanteur  Damiani 
ne  nous  semble  pas  pouvoir  la  produire  :  il  n'est 
pas  sans  talent,  mais  il  est  loin  dêire  supérieur. 
Ses  cordes  élevées  sont  désagréables  ;  son  chant 
est  dénué  d'expression,  et  a  toujours  la  même  cou- 
leur :  sa  méthode  n'a  rien  de  brillant,  ni  d'ori- 
ginal. Quelquefoisson  intonation  dans  les  passages 
difficiles  ,  n'a  pas  toute  la  justesse  désirable  :  il  a 
€U  fort  peu  de  succès. 

Le  jeune  Lafond  a  fait  ensuite  entendre  un 
concerto  de  Rode.  On  ne  saurait  exprimer  quels 
progrès  ce  jeune  élevé  a  faits  depuis  une  année. 
Nous  ne  remarquons  pas  en  lui  des  doigts  brillans 
et  une  extrême  facilité  d'exécution  ;  mais  posséder 
beaucoup  de  vigueur  et  un  gont  pur  ,  de  la  force 
à  la-fois  et  de  la  grâce  ;  donner  à  l'archet  les  dé- 
ploiemens  les  plus  beaux  et  les  plus  faciles  , 
attaquer  la  corde  avec  une  assurance  digne  d'un 
maître  ,  phraser  son  chant  en  musicien  habile  , 
et  donner  à  son  exécution  ,  dans  toutes  ses  par- 
ties ,  l'expression  et  la  couleur  convenables ,  voilà 
ce  qui  rend  le  talent  de  Lafond  très-étonnant  ;  ce 
qui  justifie  etles  hautes  espérances  qu'il  fait  naître  , 
et  les  applaudissemens  dont  il  a  été  comblé. 


THÉÂTRE    DE   L'OPÉRA -COMIQ_UE. 

Deux  chanteurs  italiens  étaientannoncéscornm« 
devant  êlre  entendus  à  un  concert  donné  hier  à 
ce  théâtre.  Le  goût  de  leur  école  est  aujourd'hui 
tellement  répandu  ,  leur  langue  est  51  familière 
à  une  grande  quantité  de  français,  qu'il  est 
presque  inutile  de  dire  que  le  concours  des 
spectateurs  fut  aussi  nombreux  que  brillant 

Après  une  symphonie  peu  vigoureusement 
exécutée  ,  le  chanteur  Blanchi  a  paru.  Sa  voix 
est  belle,  étendue  ;  il  possède  un  tenore  flexible; 
sa  manière  est  franche  ,  sa  méthode  sûre  ;  il  est 
sobre  d'agrémens.  Tout  annonce  en  lui  de  l'ha- 
bitude et  un  talent  distingué.  Faut-il  cependant 
s'exprimer  avec  franchise?  nous  devons  l'oser  :lors- 
qu'un  chanteur  français  se  fait  entendre,  à  l'instant 
pour  point  de  comparaison,  c'est  un  virtuoseitahen 
qu'on  lui  oppose  :  on  nous  refuse  en  général  le 
goût  national  :  il  est  même  des  personnes  qui 
ne  nous  croyent  pas  capables  d'entendre  ,  à  plus 
forte  raison  ,  d'exécuter.  Lots  donc  qu'un  italien 
paraît  à  son  tour  ,  il  semble  qu'on  a  le  droit  de 
le  juger  avec  d'autant  plus  de  sévérité  ,  que  sa 
réputation  anticipée  a  été  pour  nos  artistes  l'objet 


G.  A.  Olivier ,  tfiembre  de  l'Institut  national ,  au 
rédacteur.  — Paris,   ce  lii  fructidor. 

CiTOVEN  ,  un  article  inséré  dans  la  Gazette  de 
France  me  fofcè  à  dénoncer  un  imposteur  ma- 
ladroit qui  ne  connaît  pas  même  les  principaux 
événemens  qui  viennent  de  se  passer  dans  les 
contrées  dont  il  prétend  que  son  père  était  roi, 
et  dans  lesquelles  il  dit  avoir  joué  un  très- 
grand  rôle. 

Voici  comment  s'exprime  la  Gazette  de  France. 
Cl  Ce  n'est  point  sans  intérêt  que  nous  annon- 
I)  çons  au  public  l'arrivée  à  Paris  d'un  parti- 
)»  culier  se  disant  fils  légitime  de  Charok-Chah  , 
!)  roi  de  Perse  ,  gouverneur  de,  Ja  province  de 
>>  Guilan  ,  commandant  eti  chef  l'armée  de 
il  Mazendaran  et  général  de  la  cavalerie  de  la 
*)  maison  du  roi  son  frère  aîné  ,  régnant  depuis 
))  cinq  années  à  la  place  du  roi  son  père  qui 
11  perdit  la  vue  à  la  suite  dune  maladie  ,  etc.  )) 

Charok  -  Chah  n'a  jamais  été  roi  de  Perse  ; 
petit-fils  de  Nadir-Chah  ,  il  a  régné  près  de  5o 
ans  dans  le  Khorassan  [  i  )  jusqu'à  ce  que  Aga- 
Mehemet-Khan  ,  usurpateur  du  trône  de  Perse 
se  Soit  emparé  l'an  4  (1796)  de  sa  personne 
et  de  Ses  états,  pendant  le  séjoiir  que  feu  Bru- 
guiere  fet  moi  avons  fait  à  Téhéran  aujourd'hui 
capitale  de  la  Perse. 


M  Héraclius  pour  l'aider  à  rentrer  dans  soa  paj^ji-i 
5>  L'ëriiperevir  perSe  ChaioTc-Chah  ,  ordonna  à 
jj  son  fils  de  marcher  avec  son  armée  contre 
i)  les  russes...  Nâdder-'Mirza-Chah  (1),  fils  de 
)> 'Charok-Chah,  esgagea  une  «.ffaire  oià  les  rtissés 
)>  perdirent  6000  hommes;  trois  jours  après, 
'1  une  second-e  baiaillt:  eu-t  lien  ,  et  les  russes  la' 
1)  perdirent  encore.  Le  général  iBubof  se  vit 
>5  obligé  de  fuiT  avec  4  hommes  seulement. .  .r 
i>  Nadder-Mlrzu-Chah  commandait  llsavant-post-. 
Il  et  dans  la  nuit  il  fut  surpris  et  faitiprisonnicr.  . . 
t',Gn  Icnvdya  à  Pétcrsbourg  ,  •dû  huit  jours 
)!  après  son  arrivée,  1  impératrice  mourut,  Ur» 
>>  courrier  fut  opé'dié  en  ferse  pbur  traiter  de 
11  la  paix  ,  qui  fut  conclue  de  suite.  Lorsque  les 
')  hostilités  eurent  cesré ,  Naddet-Mirza-Chah 
'1  demanda  au  roi  son  père  la  permission  de 
i>  voyager  en  Europe  pour  apprendre  Its  lan- 
'>  gués  ,  etc.  )! 

L'an  3  (  1795.  ) 

Aga-Mebemet-Khan ,  après  avoir  détruit  tous 
ses  éompéiitcuts  au  trône  de  PeMe  ,  marcha  s«ic- 
Tijlis  ,  pour  punir  Héraclius  ,  prince  de  Géor- 
gie ,  du  refus  rjuil  venait  de  faire  de  fournir  de* 
crouiies  ,  et  de  payer  le  tribut  annuel  auquel  se» 
étais  étaient  soumis  envers  les  rois  de  Perse. 
Méhémct  saccagea  Tiflis ,  et  iévint  à  Téhéran 
chargé  des  dépouilles  de  la  Géorgie.  ^ 
I  Catherine  à  laquelle  Héracliusis'était  lié  pariia 
traité  ,  envoya  l'année  suivante  une  armée  qui 
s'empara  de  Derbent  et  de  Bakon  sur  la  Cas- 
pienne ,  et  parcourut  sans  opposition  le  Guilàn 
et  le  Chirvan  (2)  ;  nous  étions  alors  à  Téhéran  et 
MéhéVnet  était  dans  le  Khorassan  occupé  à  dé- 
trôner Charok.  Le  printenis  suivant ,  an  5  ,  (1797) , 
Méhémet  marcha  avec  toutes  ses  forces  contre  les 
russes  qui  se  retirèrent  sans  être  attaqués  ,  vers  la 
Caspienne  dont  ils  étaient  les  maîtres. 

Méhémet  fut  tué  dans  sa  tente  par  un  de  ses- 
officiers ,  et  son  armée  se  divisa  sans  qu'il  y  eâï 
avec  les  russes  aucune  bataille  ni  même  aucune^ 
attaque  remarqiiable. 

A  cette  époque  Charok  n'existait  plus  depuis 
huit  mois ,  et  ses  fils  fugitifs  redoutaient  avec 
raison  le  féroce  Mehemet.  Ils  n  ont  pu  dans' 
aiicun  tems  commander  les  armées  de  cet  usur- 
pateur qui  devait  se  méfier  des  descendans  légi- 
times de  Nadir. 

Celui  qui  se  présente  à  Paris  ,  n'a  pas  pu  , 
après  la  cessation  des  hostilités  ,  demander  à 
Charok  son  père  ,  roi  du  Khorassan  ,  qui  n'exis- 
tait plus  depuis  huit  à  dix  mois  ,  ni  à  Mehemet, 
roi  de  Perse  ,  qui  venait  d'être  tué,  la  permbsioa 
de  voyager  en  Europe  pour  y  apprendre  les 
langues  ;  ce  qui  d'ailleurs  est  contraire  aux 
usages  orientaux  ;  ce  que  défendent  également 
la  religion  et   les   préjugés. 

D'oîi  je  conclus  que  celui  qui  se  dit  fils  de 
Charok-Chah,  et  qui  ne  connaît  point  du  tout  le« 
événemens  auxquels  il  prétend  avoir  eu  part,  est 
un  imposteur  contre  lequel  je  crois  devoir  pré- 
venir la  bienveillance  du  gouvernement  et  U 
bonne  foi  du  public, 

Olivier. 


Les  citoyens  Nicole  et  le  Normand  nous  adres- 
sent une  réclamation  relative  à  la  saisie  qui  a 
eu  lieu  chez  eux  de  plusieurs  exemplaires  du 
Code  des  maires.  Ils  soutiennent  que  ce  der- 
nier ouvrage  n'est  nullement  une  contrefaçon 
de  celui  publié  par  le  citoyen  Rondonneau.  £a 
le  comparant  il  est  aisé  ,  disent-ils  ,  de  s'appçr- 
cevoir  que  les  deux  ouvrages  n'ont  de  commun 
que 'l'analogie  qui  existe  entre  les  deux  utres, 
puisque  la  législation  sur  les  agens  municipaux 
supprimée  par  la  constitution  n'est  point  appli- 
cable aux  maires  créés  par  elle  ,  et  que  les  divers 
arrêtés  relatifs  aux  prêtres  ,  aux  fêtes  nationales , 

T        Cl     J      r->L       1      •     r  •       .   -    U'     .     •  aux  iours    de   repos  j    ont    amené   des    dlsposl- 

Les  fils  de   Charok  s  enfuirent  a  Herat  et  au    "."'^  J"    .'  «.j^vo  *  ,„„,.. 

„      .  1          1  ■        .  -   Rj      u   j  1             lu              '  tions  qui  se  trouvent  énoncées  dans  le  nouveau 
Candahar  ,   laissant  a  Mesched  leur  malheureux  (  -    .    ^        .  .  -  .  


père,  âgé  de  plus  de  80  ans,  entre  les  ma 
de  Méhémet  qui  le  fit  périr  dans  les  plus  cruelles 
tortures  ,  afin  d'obtenir  de  lui  le  teste  des  trésors 
de  Nadir. 

Aucun  des  fils  de  Charok  n'a  régné  ni  en 
Perse  ni  dans  le  Khorassan:  aucun  n'a  été  gou- 
verneur du  Mazendaran  ,  ni  commandant  mili- 
taire d'aucune  province  ni  d'aucune  armée.  Le 
Khorassan  a  été  réuni  à  la  Perse  après  la  mort 
de  Charok  ,  ainSi  qu'il  l'était  sous  Nadir  et  pen- 


d'une  concurrence  plus  redoutable,  et  d'un  pà-    dam  le  règne  des  Sophis. 
rallele  plus  désavantageux. 

Nous  croyons  donc  pouvoir  dire  <jue  quelque 
soit  le  talent  de  Blanchi  ,  sa  réputation  nous 
en  avait  fait  concevoir  encore  une  plus  hante 
Idée.  Nous  lui  reprocherons  quelques  prolon- 
gemens  de  sons  d'un  effet  peu  agréable  ,  quel- 
<jues  raomcns  oii  son  organe  a  peu  de  netteté, 
mais  sur-tout  de  l'uniformité  dans  ses  àgrémens, 
peu  de  variété  et  d'idées  originales  dans  ce  que 
«on  goût  lui  permet  d'ajouter  à  ce  que  le  com- 
•positeur  a  écrit. 


Charok  n'avait  point  perdu  la  vue  à  la  suite 
d'une  maladie  :  son  gouverneur  lui  avait  fait 
crever  les  yeux  pendant  les  troubles  qui  eurent 
lieu  après  la  mort  de  Nadir. 

Ce  prétendu  fils  de  Charok,  ne  connaît  pas 
mieux  les  opérations  de  la  guerre  entre  la  Perce 
et  la  Russie,  qu'il  n'a  connu  lés  Coup  de  Perse 
et  du  Khorassan.  Il  avance  cependant  hardiment 
ijue    u    Catherine    accorda    84,000    hommes   à 


(i)  A l'Est-Sud-Est  de  la  Caspienne. 


Code  ,  et  n'ont  pu  faire  partie  de  l'ancien. 

Avis. 
Le  s5  courant  et  jours  suivans  ,  depuis  dis 
heures  du  matin  jusqu'à  quatre  heures,  on  vendra 
au  Louvre  ,  dans  l'ancienne  salle  des  pairs  ,  près 
du  Jardin  dit  de  l'Infante  ,  une  grande  quantité  de 
porcelaines  ,  tant  blanches  que  décorées  ,  appar- 
tenant à  la  manufacture  nationale  de  Sevrés  ,  et 
provenant  de  ses  magasins  ,  consistant  en  toutes 
sortes  d'objets  de  service  et  ddrnemens  ,  dont 
difierentes  pièces  très-précieuses  par  leur  déco- 
ration, et  notamment  un  superbe  service  ,  fond 
verd  et  à  fleurs  ;  diffétens  lots  de  porcelaine» 
propres  aux  restaurateurs  ,  limonadiers  et  fayan- 
ciers  ;  plus  ,  divers  assortimens  de  groupes  et 
figures  en  porcelaine,  biscuit,  etc.  Il  y  aura  exposi- 
tion publique  de  ces  objets  ,  les  23  et  24,  dans 
la  même  salle  et  aux   mêmes  heures. 


(i)  Chah  veat  dire  roi.  Le  fils  ne  pouvait  pa» 
prendre  ce  titre  puisqu'il  n'était  point  encore  roi. 
(2)  Provinces  à  l'ouest  de  la  Caspienne. 


A  Paris ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agisse ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins,  n'  '•3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  Sb5. 


Quintidi  ,   25  fructidor  an  8  de  -la  république  françaiie  ,  Ime  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripcears  qu'à  da:er  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les'  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  suj 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  ^rcs  et   aux  découvertes  nouvelles. 


Administration  générale  des  postes  aux  lettres. 
A.  V     I     S. 

Le  public  est  prévenu  qu'attendu  la  rencontre 
de  deux  jours  impairs  consécutifs,  par  le  passage 
du  5'  jour  complémeniaire  de  l'an  8  au  i" 
vendémiaire  de  lan  9  ,  et  pour  ne  point  inter- 
Tertir  l'ordre  du  service  alternatif,  il  n'y  aura  point 
de  départ  de  courrier,  le  i"^'  vendémiaire  an  9, 
ainsi  qu'il  s'est  pratiqué  dans  les  années  précédentes 
qui  n'avaient  que  cinq  jours  complémentaires. 

L'administration  renouvelle  à  ses  concitoyens 
l'inviiation  de  ne  pas  négliger  de  faire  charger 
les  lettres  et  paquets  qui  renferment  des  valeurs  ; 
comme  aussi  .  d'avoir  soin  d  indiquer  au  bas 
de  la  souscription  ,  le  nom  du  bureau  de  poste 
le  plus  voisin  des  lieux  oh  les  lettres  sont  adres- 
sées', lorsqu'il  n'y  a  pas  de  bureau  de  poste 
dans  ces  mêmes  lieux. 

Les  administrateurs-généraux  des  postes  , 
Anson  ,  FoRiÉ  ,   AuGuiÊ  ,    FeANçois    Sieyes  , 
Bernard. 

Vu  ,  le  commissaire  du  gouvernement  près 
l'administrition  générale  des  postes. 

La  Forest. 


Aux  Souscripteurs. 

A  raison  de  l'avis  de  l'administration  générale 
des  postes  et  de  la  fête  du  premier  vendémiaire 
an  9,  nous  prévenons  les  souscripteurs  que 
nous   ne  donnerons  pas   de  numéro  cejour-là. 

Nous  prions  ceux  dont  la  souscription  expire 
au  dernier  jour  complémentaire  de  lan  8,  de 
BOUS  faire  passer  leur  renouvellement  au  plus  tôt, 
abn  qu  ils  n'éprouvent  point  d  interruption  dans 
l'expédition  de  leur  abonnement. 


EXTERI    EUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  4.  septembre.  (  i"]  fructidor.) 

JLiE  bruit  s'est  répandu  hier  que  le  dey  d'Alger 
nous  avait  déclaré  la  guerre.  Ainsi  chaque  jour 
nous  amené  un  ennemi  de  plus. 

On  objecte  que  si  la  France  nous  proposait 
une  cessation  d'hostilités  par  mer  ,  il  y  aurait  un 
désavantage  considérable  pour  nous  à  l'accepter, 
en  ce  que  nous  perdrions  le  fruit  des  grandes 
txpéditions  de  nos  ministres.  En  vérité  ,  il  n'y  a 
qu'eux  qui  puissent  attacher  de  l'importance  à 
tette  objection  ;  car  qui  de  nous  peut  attendre 
quelque  succès  favorable  de  semblables  expédi- 
tions ?  Il  vaudrait  beaucoup  mieux  que  nos 
troupes  fussent  encore  campées  à  Soulhampton  , 
que  de  battre  la  mer,  au  risque  d'être  battues. 

Le  nombre  des  voleurs  et  des  filoux  s'est  accru 
dans  cette  ville  et  aux  environs  à  un  point  vrai- 
ment scandaleux.  Il  est  impossible  de  lire  ce  que 
nos  gazettes  rapportent  à  ce  sujet  depuis  quel- 
que tems  ,  sans  en  être  autant  surpris  qu'in- 
digné. 

Une  mistriss  Lowry  s'étant  présentée  chez  un 
boucher  de  Goswellstreel  pour  avoir  de  la  viande, 
celui-ci  empressé  de  servir  sa  nouvelle  pratique  , 
lui  coupa  presque  deux  doigts  de  la  main  ,  tandis 
qu'elle  lui  indiquait  le  morceau  qu'elle  desirait 
_^yoir.  L'affaire  a  été  portée  en  justice  ,  et  le  jury  , 
eu  égard  à  l'intention  du  boucher  et  à  son  peu  de 
fortune  ,  s'est  contenté  d'adjuger  3o  liv.  sterl.  de 
dédonimageraeni  à  la  plaignante. 

Il  y  a  long-lems  que  Ion  a  fait  la  remarque 
•que  ceux  qui  écrivent  sur  le  mépris  de  la 
.gloire  ont  toujours  bieii  soin  d'inscrire  leur 
nom  en  lête  de  leur  ouvrage.  Qui  de  contemnendâ 
ginriâ  Uhros  scrihunt ,  nomen  suum  inscribunt. 

Un  nouveau  traité  de  subsides  passé  entre 
hotte  gouvernement  dans  llnde  et  le  Nyzam  a 
'elle  ratifié  à  Golconde  ,  le  8  nivôse  ,  et  annoncé 
à  Ca'cutta  au  bruit  du  canon. 

Les  ânes  que  le  duc  de  Richemond  est  par- 
venu à  se  procurer  d'Espagne,  excitent  ici  pres- 
I  qu'autant  d'intérêt  que  les  opérations  de  nos 
ministres. 

-.  Pjirini  les  productions  ingénieuses  de  ces  der- 
piers  tems  est  une  trompette  parlante.  Au  moyen 


que  l'ouverture  se  démonte,  on  y  introduit  un 
pistolet  qui  se  visse  et  dont  la  décharge  fait 
autant  de  bruit  qu'un  canop  de  9.  On  compte 
l'employer  pour  des  signaux. 

M.  Fox  passe  son  tems  à  herboriser  à  Sainte- 
Anne's  hill.  (Extrait  du  MorningChronicle.  ) 

Du  jg  fructidor. 

Actions  de  la  banque  170.  —  169.  — ■  171. 
3  pour  cent  consolidés.  64  ■-.  |.-j.  |.  pour  octobre 
65  i.  64  |.  65  |.  i.  omnium  4  ;;.  4  i.  4  i  prime. 

Le  capitaine  sir  Home  Popham  est  ai  rivé  avant- 
hier  avec  des  dépêches  de  lord  'Wliitworih  et 
de  l'amiral  Dickson.  Il  a  apporté  une  copie  de 
la  convention  signée  par  le  lord  Whitworih  et  le 
ministre  de  Dannemark. 

Par  cette  convention  ,  les  points  en  litige  entre 
ce  pays  et  le  Dannemarck  ,  sont  ajustés  ,  dit-on , 
d'une  manière  satisfesante.  On  a  cherché  à  y  pré- 
venir tout  sujet  de  rupture  ,  jusqu'à  ce  qu'un 
traité  ait  été  réglé  à  l'amiable  entre  les  deux 
gouvernemens. 

En  conséquence  ,  des  ordres  ont  été  donnés 
pour  relâcher  la  frégate  danoise  et  son  convoi  , 
et  nous  savons  que  ces  ordres  sont  parvenus  à 
Deal. 

Nous  apprenons  dans  le  moment  (  19  fructidor  , 
I  heure  et  demie  )  que  le  gouvernement  vient  de 
recevoir  des  dépêches  de  sir  James  Pulteney  , 
écrites  en  mer  le  27  août  (9  fructidor  ).  Il  mande 
qu'il  avait  débarqué  ses  troupes  près  du  Ferrol  , 
à  l'effet  d'essayer  ,  s'il  ne  pourrait  pas  se  rendre 
maître  de  celte  place  par  un  coup  de  main  ,  mais 
que  l'ayant  trouvée  plus  forte  qu'il  ne  se  l'était 
imaginé  ,  il  avait  rembarqué  aussiiot  ses  troupes 
et  remis  en  mer  le  lendemain  pour  poursuivre 
sa  route. 

Les  troubles  ,  loin  d'être  appaisés  à  Nottingam , 
paraissent  avoir  Redoublé  de  viol.?iicc,  et  la  force 
armée  est  requise  de  tous  les  environs; 

(  Extrait  du  Sun.  ) 

On  lit  ,  dans  le  Saint-James's  -  Chronicle  ,  les 
détails  suivaus  sur  l'empire  Birman  :  ils  sont  ex- 
traits des  papiers  du  colonelSyme  ,  ambassadeur 
à  Ava  en  1795  :  le  colonel  entend  par  Ava  lem- 
pire  Birman  ,  qui  comprend  non-seulement  le 
royaume  de  Ava  ,  mais  encore  ceux  de  Pégu  et 
et  de  Siam  ,  pays  conligus  et  conquis.  Ces  tiois 
contrées  ,  situées  au  sud-est  du  Bengale  ,  ont 
environ  1000  milles  du  nord  au  midi  .  et  600  de 
l'est  à  l'ouest.  On  porte  leur  population  à  17 
millions  dames  ;  leur  religion  a  .une  grande 
ressemblance  avec  celle  des  indiens  ,  mais  leurs 
mœurs  et  leur  langage  sont  très-différens.  Les 
birmans  sont  un  peuple  guerrier  :  leur  contrée 
produit  de  beaux  éléphans  qui  font  leur  force 
et  leur  orgueil.  Leur  gouvernement  est  le  des- 
potisme pur.  Le  roi  réside  à  Ummerapoora  , 
ville  moderne  ,  située  sur  la  grande  rivière  d'Ir- 
rawaddi  ,  non  loin  de  l'endi  oit  où  était  l'ancienne 
ville   de  Ava. 

Leurs  peintures  ,  leurs  sculptures ,  leurs  dan- 
seuses,  etc.  ont  beaucoup  d'analogie  avec  celles 
qu'on  voit  dans  llndosian.  Les  maisons  des  bir- 
mans sont  construites  en  bois.  Ils  ont  perdu  l'art 
de  faire  des  voûtes  et  des  dômes  ,  art  qu'ils  en- 
tendaient très-bien  lorsque  leurs  édifices  étaient 
en  pierres  :  le  thé  est  la  plus  importante  des 
productions  de  ce  pays  ,  il  lui  est  nécessaire 
pour  ses  échanges  avec  les  élabllssemens  anghis 
dans  l'Inde.  Il  n'y  a  pas  de  cour  dans  le  monde 
entier,  qui  aime  plus  la  pompe  et  les  cérémonies 
que  celle  du  Birman. 

Les  gouvernemens  de  provinces  sont  donnés 
aux  princes  du  sang  ;  ils  sont  les  premiers  sujets 
de  l'Empire.  Chacun  d'eux  est  distingué  par 
des  ornemens  particuliers  à  sa  résidence  ;  après 
eux  viennent  les  ministres  d'état  ,  les  gouver- 
neurs de  provinces  ,  qui  ne  sont  pas  du  sang 
royal  ,  et  les  princes  tributaires.  Chacun  d'eux, 
aussi  bien  que  les  autres  courtisans  et  fonction- 
naires au-dessous  d'eux;  portent  des  marques 
distinctives  de  leur  rang  et  de  leur  posie  ;  mais 
malgré  cette  longue  hiérarchie  de  pouvoirs  et 
de  dignités  ,  le  roi  est  un  des  plus  absolus  des- 
potes qu'il  y  ait  au  monde  ,  -ce  qui  est  en  op- 
position avec  les  principes  de  Montesquieu.  Le 
colonel.  Syme  ,  pour  prouver. celte  assurtioii  cite 
le  fait  suivant  qui  est  assez  plaijaai. 


Le  prince  royal  avait  formé  une  collection 
de  bêles  sauvages  ,  parmi  lesquelles  étaieirt  beau-^ 
coup  de  boucs  de  toutes  les  contrées  de  l'Inde. 
Un  troupeau  de  ces  animaux  vivait  auprès  de 
la  maison  de  l'ambassadeur  anglais  ,  qui  avait 
fait  venir  du  Bençale  plusieurs  chèvres  ,  à  cause 
de  la  douceur  de  leur  laii.  Attirés  par  le  bêle- 
ment des  femelles  ,  les  boucs  brisèrent  ,  une 
nuit  ,  leur  palis  ,  et  firent  une  irruption  dans 
la  maison  de  l'ambassadeur.  Le  colonel  Syme  ; 
ordonna  à  ses  gardes  birmans  de  les  chasser  ; 
ce  que  ceux-ci  lâchèrent  de  faire  en  criant  après 
eux;  mais  comme  ces  cris  ne  produisaient  aucun 
effet,  le  colonel  dit  à  ses  gardes  de  faire  usage 
du  balon  ;  ils  s'y  refusèrent,  en  fesant  observer 
que  les  boucs  étaient  lords,  parce  qu'ils  appar- 
tenaient au  fils  du  roi.  Le  colonel  fut  obhgé 
de  donner  lui-même,  avec  le  secours  des  gens 
de  sa  maison  ,  la  chasse  à  ces  hôtes  incom- 
modes. Les  birmans  pendant  ce  tems  là  ,  tenaient 
leurs  mains  et  leurs  yeux  levés  vers  le  ciel,  saisis 
d'étonnemeni  à  la  vue  d'une  senib'able  témérité. 
Le  colonel  ajoute  que  leurs  seigneuries  lurent 
bien  baiiues  ,  et  quil  n'entendit  plus  parler  de 
cette  affaire. 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  24.  fructidor, 

CoNFORMJiMENT  aux  ordres  d  u  ministre  de  l'inté- 
rieur ,  l'administration  du  Musée  central  des  Arts 
prévient  le  public  que  les  salles  où  sont  placées 
les  statues  antiques,  seront  ouvertes  le  lendemain 
de  la  clôture  du  salon  d'exposition  des  ouvrages 
des  artistes  vivans. 

—  Le  ministre  de  l'intérieur  a  chargé  le  célèbre 
compositeur,  Lesueur,  inspecteur  dç  i'ensei<jne- 
ment  au  conservatoire  de  musique  ,  de  composer 
et  diriger  la  musique  à  grands  chœurs  ,  et  à  plu- 
sieurs orchestres,  qui  devra  ê;re  exéc^^iée  dans  le 
temple  de  Mars  ,  le  jour  de  la  fête  du  1''  ven- 
démiaire.   -^ 

—  Les  restes  des  généraux  Dagobert  etDugom- 
mler  ,  étaient  demeurés  isolés  à  Bellegarde  et  à 
Moni-Llbre  ,  dans  le  déparlement  des  Pyrénées- 
Orientales  qu'ils  avalent  si  bien  défendu.  D'après 
l'invitation  du  ministre  de  l'intérieur,  le  conseil 
général  tle  ce  département  vient  d'adopter  les 
mânes  protecteurs  de  ces  deux  guerriers  ,  de  fairç 
transférer  leuis  resies  à  Perpignan  ,  et  de  le» 
inhumer  sous  la  colonne  départementale  ,  avec 
cette  inscription  :  -, 

Aux  mânes  des  généraux  Dugommier  et  Dagobert  i 
adoptés  par  la  reconnaissance  du  département  des 
Pyrénées- Orientales. 

(Clef  du  Cabinet.) 

—  On  écrit  de  Caën  que  la  foire  de  Guibrai  a 
été  plus  active  qu'à  l'ordinaire  ,  quoique  toutes 
les  affaires  s'y  soient  fiites  au  comptant.  L'ordre  et 
la  tranquillité  n'y  ont  été  troublés  par  aucun 
accident. 

—  On  écrit  de  Nancy  ,  en  date  du  ig  fruc- 
tidor ,  que  le  17  un  incendie  a  éclaté  à  Essey  , 
village  situé  près  de  celle  ville.  Les  habilans  de 
Nancy  se  sont  empressés  à  donner  des  secours. 
Le  préfet  a  donné  l'exemple  du  zèle  et  du  dévoû- 
meni  :  on  a  aussi  lemarqué  l'empressement  et 
l'activité  de  plusieurs  officiers  russes  prisonniers 
de  guerre  ,  qui  étaient  entrés  avec  les  citoyeiiâ 
dans  la  rivière  ,  pour  aider  à  remplir  les  tonneaux 
et  alimenier  les  pompes.  Les  secours  ont  été  ra- 
pides et  abondans  ,  le  village  a  été  sauvé.. 

—  Les  musiciens  de  la  garde  des  consuls  ont 
donné,  le- 21  au  soir,  une  sérénade  à  l'ambas- 
sadeur d'Espagne  ,  en  honneur  de  la  victoire 
rernpoilée  à  la  Corogne  sur  les  anglais.  ^ 

— -Le  citoyen  Denise,  homme  de  lettres,,  ce 
dispose  à  publier  à  Bordeaux  un  Journal  officiel 
de  la-  préfecture  du  département  de  la  Giropde  , 
sous  la  surveillance  du  ,  ptét(:(  ,dç  ^Ç  .ljéi'4fle,- 
ment. 

L'éditeur  de  ce  Journal  indiqiîe  le  'b'ut  'qi?g  se 
propose  ,■  et  que  déjà  le  titre  de  soh  ou'v?!igi-i|,é- 
riodique  semble  annoncer.  L'adminisliaiion  ,  dii- 
il  ,  se  compose  d'une  foule  de  décisions  particu- 
lières ,  dont  la  connaissance  n'est  pas  moins  uiile 
à  tous  les  citoyens  (jue  celle  des  actes  d'un  ipié' 
lêt  général.  C  est  dans  les  décisions  partltiVhîrej 
quelle»  citô'ye'iis  peuvent  apprendre  à  cdiinaîirs 
la  juste  inicipiéùiion  qui   doit  être   donnée  auK 


1434 


y 


lois ,  le  sens  vrai  qu'elles  présentent ,  leur  appli- 
cation raisonnable  ;  c'est-là  qu'ils  trouvent  posée 
la  limite  de  leurs  prétentions  respectives  ,  et  de 
fréquens  exemples  de  la  conduite  qu'ils  ont  À 
tenir  ,  soit  pour  ménager  leurs  inléiêis  ,  soitpçuiç 
remplir  le  vœu  de  la  loi. 

Les  actes  de  l'administration  ne  sont  confiés 
qu  aux  fonctionnaires  publics.  Promulgués  ,  ils 
sont  peu  lus  ,  et  disparaissant  japidcment,  laissent 
à  peine  une  trace  de  leur  existence.  Leur  publi- 
cation dans  un  Journal  est  le  moyeri  le  plus  sûr 
de  les  réunir,  de  les  conserver,  de  les  tenir  à  la 
portée  des  citoyens  ;  c'pst  en  quelque  sorte  une 
seconde  promulgation  ,  d'un  efiet  plus  direct  , 
plus  étendu  que  la  première. 

Ce  Journal  paraîtra  ,  à  compter  du  i"  vendé- 
miaire :  outre  les  articles  dont  les  journatix  sont 
ordinairement  composés,  il  en  renfermera  un 
sur  le  commerce  de  Bordeaux  ,  qui  pourra  pa- 
raître d  un  intérêt  général.  Des  détails  sur  l'agri- 
tiiliure  et  la  population  du  département  ;  des 
renseignemen?  propres  à  en  faire  connaî're  la  "Sta- 
tistique ,  trouveront  aussi  place  dans  ce  Journal 
dont  la  rédaction  sera  ,  nous  n'en  doutons  pas  , 
aussi  soignée  que  son  but  est   utile. 

ACTES  pu    GOUVERNEMENT, 

Arrité  du  îî  fructidor. 
C  O  N  S  E  I  L-D'  ÉTAT. 

Extrait   du    registre  des    délibérations.   —    Séance 
du  n  fructidor ,  an  8  de  la  république. 

AVIS. 

Le  conseil-d'état ,  d'après  le  renvoi  des  consuls 
et  sur  le  rapport  de  la  section  de  l'intérieur  ,  a 
discuté  la  question  de  Siivoir  si  les  traitemais  de 
retraite  ou  de  réforme  peuvent  être  payés  à  des  mi- 
litaires devenus  fonctionnaires  civils.,  ians  déduction 
sur  le  traitement  de  leur  emploi. 

hà  loi  du  28  ftuclidor  ,  an  7  ,  art.  V  ,  titre  I"  , 
porte  que  la  solde  de  retraite  n'est  point  incom- 
patible avec  les  trailemens  attachés  aux  fonctions 
civiles. 

Les  dispositions  de  cette  loi  sont  d'accord  avec 
les  principes  invariables  de  la  justice  et  de  l'in ■ 
téiêt  public  ;  en  efFet ,  un  traitement  de  retraite 
est  une  dette  payée  par  la  nation  et  acquise  à  des 
conditions  convenues  et  exécutées.  C  est  donc 
■un  engagement  iriévocable  ,  un  devoir  sacré  qui 
lie  la  nation  au  particulier;  or  ne  peut  donc  sans 
injustice  ,  l'en  priver. 

Lorsque  le  militaire,  rentré  dans  les  rangs  de 
l'étal  civil ,  est  jugé  capable  d'y  jemplir  des  fonc- 
tions civiles  ,  il  a  les  mêmes  droits  au  traitement 
de  son  emploi  que  les  autres  fonctionnaires  ;  il, 
rend  à  son  pays  de  nouveaux  services  auxquels 
on  a  attaché  des  émolumens  ;  il  doit  donc  en 
jouir.  C'est  le  vrai  ,  et  peut-être  le  seul  moyen  de 
conserver  le  citoyen  utile  dans  une  activité  con- 
venable ,  et  de  nourrir  cette  émulation  pour  la 
chose  publique  ,  qui  tourne  constamment  à  son 
avantage.  D  ailleurs  ,  le  traitement  de  retiaite  peut 
être  considéré  comme  une  retenue  faite  sur  le 
salaire  du  militaire  en  activité,  pour  lui  assurer 
Une  ressource  proportionnée  à  la  longueur  et  à 
l'importance  de  ses  services  ,  c'est  donc  une 
dette  du  gouvernement  envers  le  particulier. 

Il  ne  paraît  pas  que  le  militaire  qui  a  obtenir 
un  traitement  de  réforme  ,  ait  les  mêmes  droits  à 
jouir  de  ce  traitement  et  de  celui  de  sou  emploi. 

Le  gouvernement  prononce  la  réforme  d'un 
militaire  ,  lorsqu'il  n'a  plus  besoin  de  ses  services. 
L'équité  veut  qu'on  assure  sa  subsistance  pendant 
tout  le  tcms  que  durera  sa  suspension  de  service  , 
par  cela  seul  que  cette  suspension  est  du  fait  du 
gouvernement  ,  et  non  du  militaire.  Mais  le  jour 
même  que  le  gouvernement  appelle  le  militaire 
réformé  à  un  service  civil  auquel  il  y  a  un  trai- 
tement attaché  ,  il  paraît  naturel  que  le  militaire 
puisse  accumuler  son  traitement  de  réforme  avec 
celui  de  l'emploi  civil  ,  pourvu  que  la  totalité  des 
ttaitemens  réunis  ne  s'élève  pas  à  une  somme 
supérieure  à  celle  fixée  pour  le  traitement  d'ac- 
tivité du  CTrade  militaire  sur  lequel  la  léforme  a 
été  réglée. 

D'après  cela  ,  le  conseil-d'état  est  d'avis  : 

1°.  Que  les  traitemens  de  retraite  doivent  être 
payés  aux  militaires  devenus  fonctionnaires  civils, 
sans  déduction  sur  le  traitement  de  leur  emploi 
civil. 

a".  Que  les  traitemens  de  réforme  doivent  être 
payés,  pourvu  que  la  totalité  des  traitemens  réunis 
ne  s'élève  pas  aune  somme  supérieure  à  celle 
fixée  pour  le  traitement  d'activité  dii  grade  mih- 
taire  sur  lequel  la  réforme  a  été  réglée. 

Poui  extrait  conforme  , 

Le  secrétaire-général  du  conseil-d'état  . 

Signé,  J.  G.  LocRÉ. 

Approuvé. 

Lf  premier  consul  ,  signé,  Bonapajitk. 

tar  le  premier  consul ,' 

i.(  sterétàiri-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Marst. 


Arrêté  du  19  fructidor. 

BoNAPARTF. ,  premier  consul  de  la  république  , 
ariêie  ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Dutiua  ,  i^énéral  de  diviçton  ,  est 
nommé   préfet   du  département  du  Calvados. 

Le^  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétairi-d'état,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du   a's  frnctidor. 

Les  consuls  de  la  république;,  le  conseil-d'état 
ent'éndu  ,  ariêient  :  / 

Art.  I".  A  compter  du  i"  vendémiaire  de 
l'an  9  ,  k-s  dépa-itemens  de  la  Roër  ,  de  la  Sarre  , 
du  Moni-Tor>nerie  ,  et  de  Rhin  et  MoscUe 
seront  assimilés  aux  autres  dépariemens  de  la 
républi(]ue  ;  eii,  conséquence  les  lois  et  régle- 
mens  concernant  la  justice  ,  l'intérieur  ,  la  po- 
lice ,  les  finances ,  la  guerre  et  la  marine  ,  y  seront 
mis  en  exécution  d'après  les  ordres  successifs  du 
gouvernement. 

II.  A  compter  de  la  même  époque  ,  l'attribu- 
tion exclusive  de  l'adminisiralion  des  quatre  dé- 
pariemens au  ministère  de  la  jtjstice  .  cessera 
d'avoir  lieu.  Les  préfets  correspondront  direc- 
tement avec  le  commissaire-général  ,  qui  cor- 
respondra avec  les  difiérens  ministres  chacun 
dans   ses   attributions. 

III.  Le  ministre  de  la  iustice  adressera  le  pré- 
sent arrêté  aux  autorités  constituées  existant  dans 
les  départemens  de  la  Rnër  ,  la  Sarre  ,  du  Mont- 
Tonnerre  ,  de  Rhin  et  Moselle  ;  et  les  minisires 
sont  chaigés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne, 
de  son   exécution  ultérieure. 

Le  présent  arrêté  sera  inséré  au  bulletin  des 
lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
après  avoir  entendu  le  ministre  de  la  marine  et 
des  colonies  ,  arrête  : 

Art.  I''.  L'article  l"  de  l'arrêté  des  consuls  , 
du  29  frimaire  an  8  ,  ponant  que  les  femmes  des 
capitaines,  tiçutenans  et  sous-lieutenans  de  l'ar- 
mée de  terre  ,  employés  à  l'a  mée  d  Orient  ,  rece- 
vront un  tiers  des  appointemens  de  leurs  maris  , 
est  rendu  applicable  aux  femmes  des  officiers  de 
marine  qui'sont  ou  seront  employés  en  Egypte. 
Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  est 
chargé  de  lexécution  du  présent  arrêté. 

Lepremier  consul ,  Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul. 

Le  secrétaire-d'état,  signé.  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  23  fructidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  justice  ,  le  conseil  -  d  état 
entendu  ,  arrêtent  : 

An.  I".  Le  costume  des  membres ,  du  com- 
missaire du  gouvernement,  et  du  secrétaire- 
général  du  conseil  des  prises ,  est  réglé  ainsi  qu'il 
suit  :  - 

Habit  français,  non  croisé,  de  drap  bleu  natio- 
nal doublé  de  même,  le  collet  elles  paremens 
brodés  en  soie  violet-clair  ;  la  broderie  formée 
d'ancres  entrelacées  dans  des  cables  ,  une  ancre 
brodée  au  milieu  des  boulons  ;  gilet  ou  veste 
blanche  ,  culotte  ou  pantalon  bleu  ,  ceinture 
violet  -  clair  avec  franges  en  or  ,  la  frange  sera 
en  argent  pour  le  secrétaire  général  ,  le  chapeau 
franç.iis  ,  ganse  et  bouton  d'or  avec  une  ancre 
S'ir  le  bouton. 

II.  Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de  l'exé- 
cution du   présent  arrêté. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 

Par   le    premier   consul , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 


DÉPARTEMENT  DE   LA  SEINE. 

Arrêté  concerrtant  les  rédamations  sur  les  contri- 
butions ,  dà  <ii  fructidor  an  8  de  la  république 
française  ,  une  et  ittdivisible. 

Le  préfet  du  département  de  la5eine;  consi- 
dérant que,  des  dispositions  prises  pour  effectuer 
le  recouvrement  des  diverses  cont.ibutions  ar- 
riérées et  de  la  désignation  ,  suivant  l'usage  , 
d'un  seul  bureau  d'apport  de  réclamations  pour 
la  commune  de  Paris  toute  entière  ,  il  résulte  que 
les  nombreuses  réclarnations  difiérées  par  les 
contribuables  ,  arrivent  en  foule  dans  le  même 
tems  et  dans  le  même  lieu  ; 

Qii'à  raison  du  concours  immense  des  récla- 
«naus  <}ui  se  piésentent  chaque  joui  au  bureau 


de  la  préfecture ,  établi  rue  Neuve  du  Luxem- 
bourg ,  il  est  impossible  d'y  recevoir  le  public 
avec  l'ordre  et  la  décence  convenables  ;  qu'il  est 
sur-tout  impossible  de  l'abriter;  que  cependant 
le  laisser  ainsi  exposé  à  l'intempérie  de  la  saison  , 
c'est  manquer  aux  égards  dus  aux  citoyens  ,  et 
aggraver  en  quelque  sorte  les  motifs  de  leurs 
réclamations  ; 

Que  de-là  naissent  des  scènes  tumultueuses  , 
des  rixes  fréquentes  ;  mais  sur-tout  une  perie  de 
tems  vraiment  affligeante  et  incalculable  dans  ses 
résultats  ; 

Que  cette  perte  de  tems  nuit  essentielle- 
ment à  la  perception  ,  en  ce  qu  elle  atténue  les 
moyens  des  contribuables  et  les  produits  de  l'in- 
dustrie ; 

Que  ces  inconvéniens  disparaîtraient  entière- 
ment '  si  les  contribuables  réclamans  ne  se  tioa- 
vaient  plus  rérinis  sur  un  même  point  et  à  la 
même  heure  ,  ce  qu'il  sera  facile  d'obtenir  en 
recevant,  par  l'entremise  des  maires  ei  adjoints 
de  leur  arrondissement  respectif,  les  réclamaiioiw 
des   contribuables  ;   arrête   ce  qui   suit  : 

Art.  1='.  A  compter  du  2  vendémiaire  .  an  9  , 
les  mémoires  adressés  au  préfet  du  département  , 
en  réclamation  sur  les  contributions  directes  et  les 
patentes  dans  la  ville  de  Paris  ,  ne  seront  plus 
reçus  immédiatement  dans  les  bureaux  de  la  pré- 
fecture, 

II.  Ils  seront  reçus,  à  dater  du  même  jour, 
dans  les  chefs-lieux  des  douze  mairies. 

III.  Les  réclanjations  sur  la  contribution  fon- 
cière et  sur  celles  des  portes  et  fenêires  ,  seront 
reçues  au  chef-lieu  de  mairie  de  la  situation  des 
propriétés  imposées. 

IV.  Les  réclamations  sur  la  contribution  per- 
sonnelle ,  mobiliaire  et  somptuaire  ,  et  sur  les 
patentes  ,  seront  reçues  au  xhef-lieu  de  mairie  du 
domicile  du  réclamant  :  les  réclamations  ne  pour- 
ront être  reçues  ,  qu  autant  qu'elles  seront  accom- 
pagnées de  la  quittance  des  termes  échus. 

V.  Il  sera  dressé  ,  par  chaque  jour  ,  une  feuille 
double  ,  énonciative  des  noms  des  réclamans  , 
de  1  objet  de  leurs  réclamations  et  du  nombre 
des  pièces  jointes. 

VI.  Les  mémoires  seront  enliassés  et  envoyés  ^ 
jour  par  jour  ,  à  la  préfecture  ,  avec  la  double 
feuille   qui  aura  été  tenue. 

VII.  Le  troisième  jour  après  cet  envoi ,  une  de  ces 
doubles  feuilles  sera  renvoyée  à  la  mairie  avec 
les  bulletins  correspondans,  pour  être  remises  aux. 
contribuables  ;  et  l'autre  double  sera  envoyée  aux 
percepteurs  de  l'arrondissement  ,  pour  lui  faii;e 
connaître  les  réclamans. 

VIII.  Les  renseignemens  continueront  à  êtr* 
donnés  ,  exclusivement,  ^u  bureau  de  la  préfcc- 
ture  ,  établi  rue  Neuve  du  Luxembourg,  n".  i38. 

IX.  Le  public  sera  prévenu  des  dispositions 
du  présent  arrêté  par  des  placards  et  des  avis 
insérés  dans  les  journaux. 

Signé,  Frochot. 
Pour  copie  conforme  : 

Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  , 
Et.  Mejan. 


notice  sur  la  marine  danoise.  • 

Liste  des  vaisfeaux.,  qui  m'a  été  communiquée    dt 
Copenhague  ,  il  y  a  treize  à  quatorze  mois. 

Vaisseaux  de  ligne.       Canons.  Equipage.  ' 

au  moins         au  grand  complet. 

1  de   90   ...   562  h.   ...  840  ho  ruines. 

2  de 80   ...   5i7 818. 

10  de  74  455  à  486   707  à  740. 

4  de  .....  70  410  à  437  625  "à  679^ 

6  de 64  ...  383 583. 

3  de  60  ...  367  ....!,  559. 

2  de  5o  ...  298 463. 

{  Tous  ces  bâdmens  ,  à  de  très -petites  excep- 
tions près  ,  sont  en  bon  état  et  de  bonne  cons- 
truction. ) 

Vaisseaux  dj^  ligne  vieux  ,  en  état  de  servir  sut 
une  rade  ou  pour  un  trajet  court. 

4  à  6  de  70  à  5o  canons. 

Frégate».  Canons.  Equipage. 

au  moins         au  grand  complet. 

3  de   42    25 1    ...  389  hommei.. 

7  de  36    182   ...  274. 

7  de   ...   32  à  20   ...   100  à  170  . .  170  à  ï6o.     ^ 

(  Celles  de  42  équivalent  à  un  vaisseaa  de  56 
canons;  quelques-unes  de  36  peuvent ,  en  vertu 
de  leur  construction ,  se  mesurer  avec  elles.  ) 

Snows  ,  cutters  ,  yachts ,  bricks  ,  chebeques  j 
lougres. 

Dix  à  doi^^ze  bâtimens  ,  depuis  ao  jusqu'à  8 
canons. 

Dix  bâtimens  d'escorte  et  pour  croiser  parmi  les 


îlçs  et  le   long  des  côtes  ,    portant  chacun    deux 
canons  et  huit  obusiers. 

Trois  galiotes  à  bombes,  portant  chacune  l6 
canons  „^o  obusiers ,  90  matelots  et  40  soldats 
niariniers. 

Dixprames  armées  et  autres  bâtimens  de  même 
espèce',  portant  de  24  à  12  canons. 

Quatre  sloops  de  guerre  de  douze  et  huit  canons. 

Seize  bâtimens  ,  appelés  bateaux  de  roi  ,  qui 
servent  pour  la  plupart  comme  des  avisos,  ou 
dour  garder  les  cotes  ,  etc.  (  quelques-uns  vieux.  ) 
.Douze  skjerbaaUes,  ou  chaloupes  canonieres  , 
doubles  et  simples.  (  pour  la  plupart  vieux  et 
inutiles.  ] 

Douze  galères,  en  Norwcge  ,  qui  ne  sont  pas  , 
dit-on  ,  dans  le  meilleur  étal. 

Quatre  batteries  flottantes ,  à  3o  et  14  pièces. 
Lévement  de  l'équipage. 

On  entretient  toujours  un  corps  de  matelots , 
composé  de  quatre  divisions,  chacunre  de  sept 
compagnies  de  matelots  et  deux  d'artilleurs,  le 
tout  fesant  environ  4000  hommes. 

Un  corps  d'ouvriers,  composé  de  5  compagnies. 

Un  corps  de  soldats  de  marine  de  1100  hommes  ;  ; 
le  tout  est  caserne  à  Copenhague  ,  à  l'exception  j 
de  deux  compagnies  de  matelots  qui  sont  en 
Norwege. 

Tous  les  hommes  qui  servent  sur  des  vaisseaux 
marchands  ,    ou   qui  font  la   pèche  ,    les   bâte- J 
liers  ,    les    caboteurs  ,    etc.    ,     sont    enrôlés     et  j 
obligés  de  servir  sur  les  vaisseaux  du  roi  en  cas  : 
de  conscription.   Ceux  qui   veulent  servir    dans  [ 
l'étranger  ,  en  tems  de  paix  ,  sont  obligés  de  four- 
nir une  caution  de  20  lixdalers,  et  de  donner  une  ' 
reversate  ,  qui  les  oblige  de    revenir   avant    deux 
ans.  Ceux  qui,  sans  avoir  satisfait   à  ces   condi- j 
lions ,  «sleiit  hors  du  pays ,   sont    censés    déser- 1 
leurs.  Voici  à  peu  près  le   nombre  des  matelots  j 
que  peut  avoir  le  Dannemarck  : 

Pour  les  douze  limites  maritimes 
du  Dannemarck  ,  de  la  Norwege 
et  du  Siesvv'ick  ,   enrôlés 36.ooo 

Pour  le  Holsiein 8,000 

■  Pour  l'Islande  ,  le  Feroes ,  les  Co- 
lonies      i.ooo 

Total. 45,000  hom. 

Il  se  trouve  chez  les  autres  nations  un  grand 
nombre  de  matelots  danois  ,  sur-tout  sur  les  vais- 
seaux des  anglais  qui  les  recherchent  de  préfé- 
rence aux  marins  de  leur  pays. 

(  La  suite  àunprochain  numéro.  ) 


Notice  historique  sur  le  Sauvage  de  l'Avevron  ,  et 

,  sur  quelques  autres   individus  qu'on  a -trouvés  dans 

les  forets-,   à  différentes  époques;  parP.  J.  Bonna- 

terre  ,    professeur    d  histoire    naturelle    à   1  école 

centrale   du  département  de  l'Avevron. 

A  Paris  ,  chez  la  veuve  Panckoucke  ,  impri- 
meur-libraire ,  rue  de  Grenelle,  n°  321  ,  faux- 
bourg  Germain  ,  en  face  de  la  rue  des  Pères. 

Du  moment  oii  Ion  a  appris  qu  un  enfant 
abandonné  ,  trouvé  dans  les  bois  ,  ne  paraissait 
avoir  que  l'instinct  animal,  et  sous  ce  rapport 
pouvant  être  considéré  comme  un  vériiab  e  sau- 
vage ,  avait  été  remis  entre  les  mains  de  personnes 
en  éiatde  l'observer;  on  désira  des  détails  sur  sa 
conformition  ,  sur  ses  mœurs  ,  sur  ses  h  ibitudes. 
Les  journaux  le  nommèrent  leSauvage  de  l  Aveyron, 
et  ne  purent  donner  à  son  égard  que  des  rensei- 
gnemens  plus  ou  moins  infidèles.  Il  appaitenait  à 
une  personne  que  l'administration  centrale  de 
l'Avcyron  avait  engagé  à  se  charger  de  cet  en- 
lant,  et  qui,  sur  les  ordres  du  ministre  de  l'inté- 
fleur,  l'a  accompagné  à  Paris  ,  de  publier  le  ré- 
sultat de  ses  observations  journalières  et  habi- 
tuelles, sur  cet  individu  extraordinaire. 

Le  citoyen  P,onnaierre  vient  de  s'acquitter  de 
ce  soin  d'une  manière  qui  satisfait  pleinement  la 
curiosité  ,  en  même-leins  qu'elle  commande  l'in- 
térêt. 

Il  a  jugé  nécessaire  ^e  rapprocher  d'une  no- 
tice sur  son  élevé,  les  détails  que  différens  auteurs 
ont  donnés  sur  des  individus  trouvés  dans  la 
situation  du  sauvage  de  l'Aveyron  ,  et  dont  le 
célèbre  Linné  a  fait  une  simple  nomenclature 
dans  son  Système  de  la  nature  :  il  résulte  de  ce 
rapprochement  qu  il  ejtisie  de  nombreux  rap- 
ports de  comparaison  entre  le  sauvage  nouvelle- 
ment découvert  et  les  autres. 

Le  jeune  enfant  dont  il  est  ici  question  avait 
été  apperçu  il  y  a  trois  ans  et  demi  dans  un  bois 
du  Tarn  :  il  était  nu  et  fuyait  toute  approche.  On 
l'a  surpris  se  nourrissant  de  glands  et  de  racines. 
On  parvint  à  le  saisir  :  extrêmement  agile  ,  il  ne 
tarda  pas  à  s'échapper.  Quinze  mois  après  ,  à 
la  fin  de  messidor  an  7  ,  trois  chasseurs  le  ren- 
contrèrent ,  il  grimpa  sur  un  arbre  ,  mais  on 
s'en  empara  :  c  est  de  cette  époque  que  date  son 
entrée  dans  la  société.  On  lui  donna  des  vête- 
inenj  et  de»  alimens  moint  cruds  que  ceux  dont 


I  435 

il  avafff  contracté  l'habitude.  La  liberté  lui  parut 
préférable  ,  il  s'échappa  de  nouveau  ;  mais  il  est 
à  remarquer  qu'il  se  cacha  dès-lors  moins  cons- 
tarnmcnt  au  fond  des  bois  ,  qu'il  s'approcha 
même  des  lieux  habiles  ,  qu'enfin  il  entra  de  son 
propre  mouvement  chez  un  artisni  de  Sain-Ser- 
nin  ,   habitant  une  maison  hors  la  ville. 

Quinze  jours  après  son  arrivée  à  l'hospice  de 
Snint- Afrique,  sa  langue  paraissait  un  peu  dé- 
liée ;  il  poussait  des  cris.  Il  ne  pouvait  souffrir 
de  vêlcmens  .  s'accoutumait  difficilement  à  cou- 
cher dans  un  lit  ,  témoignait  de  la  joie  lorsqu'on 
changreait  ses  draps  ,  et  quoique  son  existence 
fût  douce,  reconimenç^iit  ses  tentatives  d'évasion. 

Conduit  à  Rhôdez  par  ordre  de  l'administra- 
tion centrale  ,  1  fut  examiné  par  deux, .pères 
désolés  delà  perte  d'enfans  de  son  âj;c  :' ils  dé- 
clarent qu'il  n'était  point  leur  fils.  Des  rapports 
qui  lie  sont  pas  indignes  de;  foi'.'tt  tles  rétiis  assez 
accrédités  le  donnent  aujourd'hui  corhtr.e  le 
fruit  d'un  mariage  légitime  ,  cruellement  aban- 
donné par  des  parens  inhumains  .parce  qu'il 
était  privé  du  don  de  la  paiole.  Toutefois  1  au- 
teur de  la  notice  convient  que  ce  n'est  encore 
là  qu'une  conjecture.  Ce  qu'il  y  a  seulement 
de  certain  ,  c'est  qu'il  vivait  dans  lès'  bois  dans 
l'état  de  pure  nature  ,  et  à   l'instar  des  animaux. 

La  conformation  extérieure  de  cet  enfant  ne 
présente  rien  d'extraordinaire  ,  mais  son  corps 
est  couvert  de  cicatrices  ;  les  unes  sont  des  traces 
de  brûlure  ,  les  autres  paraissent  dues  à  des  iiis- 
trumens  tranchans.  Sa  marche  est  vacillanie  ,  mal 
assurée  :  son  genou  droit  se  porte  en-dedans  et 
sa  jambe  en-dehors.  On  croit  pouvoir  l'attribuer 
à  quelqu'affcction  rhumatismale  ,  occasionnée  par 
l'humidité  et  les  froids  rigourêijx  qu'il  a  éprouvés. 
Son  système  nerveux  paraît  très-affeciè. 

Le  sens  de  l'ouie  ne  lut  est  point  refusé  par  la 
nature  ,  comme  on  a  l-u  !é  croire  ;  mais  ceux  de 
l'odorat  et  du  goût  paraissent  en  lui  ,  avoir  ac- 
quis par  l'exercice  plus  de  développement  et  de 
perfection.  Sa  vue  est  excellente  ;  le  toucher 
parmi  ses  sens  ne  paraît  occuper  que  le  dernier 
rang. 

On  ne  sait  encore  s'il  est  dépouryu  du  don  de 
la  parrde  ,  par  défaut  de  conformation  ,  ou  par 
suite  d'une  blessure  reçue  sur  la  glotte  ,  ou  s'il 
en  a  perdu  l'usag*  Il  ne  connaît  encore  que 
l'iitsiiact  de  la  nature  ,  et  n'a  d'autres  besoins 
que  ceux  qu'elle  nous  impose.  Ses  désirs  ne  dé- 
passent point  ses  besoins  physiques  ,  et  tous  les 
desi.*s  que  la  nature  nous  denne  ,  ne  lui  sont  pas 
encore  conntis.  Son  âge  paraît  être  de  douze  à 
treize  ans. 

«1  Dans  tous  les  cas  oià  il  ne  s'agft  pas  desaiis- 
')  faire  un  de  ses  besoins  ,  il  né  senible  penser  et 
))  réfléchir  sur  rien  :  un  état  dimbécilliié  se  ma- 
>'  nitcste  dans  ses  regards  :  il  païaît  n'avoir  ni 
î)  discernement,  ni  espiit,  ni  mémoire,  ji  Ainsi 
s'exprime  le  citoyen  Bonnaterre  ,  et  cependant  il 
rapporte  que  son  élevé  soignait  en  rowe  le  havre- 
sac  ,  dépôt  de  ses  alimens  ,  s'en  chargeait  au  moment 
de  changer  de  voiture ,  et  n'entrait  dans  les  auberges 
qriaprts  avoir  été  précède  par  l'objet  de  ses  plus 
chères  affections  :  Cette  conduite  ,  suivie  et  cons- 
tamment observée  par  le  citoyen  Bonnaterre  ,  ne 
devail-elle  pas  le  conduire  à  accorder  au  moins 
de  la  mémoire  à  son  élevé?  Et  quand  il  le  peint 
s'adoucissant  par  les  caresses  et  s'irritant  par  la 
contrariété  ,  peut-il  ajouter  que  l'erifant  ne  réflé- 
chit sur  rien  ,  et  que  ses  sensations  ne  lui  pro- 
curent aucune  idée  qu'il  puisse  comparer  ?  Ses 
projets  d  évasion  ,  souvent  exécutés,  iiepiouvent- 
ils  pas  un  discernement  quelconque  ,  une  prcic- 
rence  décidée  en  faveur  de  l'état  qu'il  a  quitté 
contre  l'état  nouveau  qu'on  lui  a  fait  prendre  ? 

L'auteur  de  la  notice  craint  d'entrer  dans  de 
trop  petits  détails;  nous  ne  craignons  pas  de  l'y 
jiyoii'  suivi ,  certains  que  ,  comme  il  le  dit  si 
bien  ,  a  des  apperçus  vastes  et  brillans  peuvent 
>)  donner  des  connaissances  vagues  eli|mparfaitee. 
Il  mais  que  les  petits  détails  .  au  contraire  ,  four- 
)j  nissent  des  idées  exactes  et  précises.  )> 

L'enfant  est  aujourd'hui  entre  les  mains  du 
citoyen  Sicard  :  nul  doute  qu'il  ne  lui  doive  un 
jour,  ou  sa  réintégration  dans  la  société,  par 
l'usage  de  ses  dons  naturels  ,  ou  une  place  dis- 
tinguée parmi  les  élevés  qui  composent  cette  in- 
téressante école  :  quoiqu'il  en  soit,  il  nous  semble 
qu'il  doit  déjà  beaucoup  aux  sqins  paterneJs  du 
citoyen  Bonnaterre.  Nous  aimons  à  croire  qu'un 
jour  le  jeune  Sauvage  lui  en  témoignera  quelque 
reconnaissance  :  il  sera  doux  aktrs  au  citoyen 
Bonnaterre  de  convenir  que  son  élevé  avait  au 
moins  la  mémoire  du  CŒur. 

S.  ....  - 


Nouveaux  principes  de  mécanique ,  par  le  citoyen 
Muraz,  ancien  ingénieur  des  mines  de  Poullaouen 
et  Huelgoal  ,  pour  la  partie  des  machines,  i  vol. 
in-8». 

A  Paris  ,  chei  Fuschs  ,  maison  de  Cluny  ,  rue 
des  Mathurins  ,  et  chez  l'auteur,  rue  Contres- 
carpe Saint-Jacques  ,  n".  5.  P^-ix  2  fr.  5o  cent. 

Cet     t'vi  n'est  point  destirio  seulement  à  faire 


i  connaître  les  élémens  de  la  mécanique  ordinaire  , 
mais  encore  à  établir  une  nouvelle  théorie  qui, 
1  renverse  de  fond  eu  comble  les  bases  jusqu'au- 
jourd'hui établies  dans  cette  importante  partie  de» 
mathématiques. 

Le  citoyen  Murnz  ,  qui  a  de  profondes  coij- 
naissances  dans  la  mécanique,  et  que  la  pratique 
de  cet  an  a  mis  à  même  d'en  calculer  les  effets 
2yec  précision  ,  s'est  apperçu' que  les  mécanicien» 
s  étaient  tous  plus  ou  moins  égarés  dans  la  ma- 
nière d'estimer  la  force  des  corps  ,  soit  de  per- 
cussion ,  soit  de  résistance. 

n  Nous  pouvons  l'assurer  ,  dit  le  cit.  Muraz  , 
la.  mécanitjue  est  encore  dans  l'enfance  ,  ou  pli^tôc 
c'est  un  édifice  dont  les  bases  sont  mauvaises  , 
qui  s'écroule  ,  et  qui  a  besoin  d'être  reconstruit  à 
neuf. 

"  Les  principes  exposés  dans  la  première  partie 
de  mon  ouvrage  ,  continue  l'auteur  ,  étonneront 
sans  doute  par  leur  nouveauté  ;  mai.i  ,  si  comme 
on  ose  s'en  flatter  ,  les  vérités  que  nous  entrepre- 
nons d'établir  paraissent  rigoureusement  démon- 
trées, nous  avons  lieu  de  croire  que  le  lecteur 
impartial  se  rendra  à  l'évidence.  >' 

L'auteur  commence  donc  par  établir  la  faus- 
seté des  deux  équations  que  tous  les  mécaniciens 
prennent  pour  b.ise  ,de  tous  leurs  calculs  sur  les 
mouvemens  variés.  11  L'erreur  des  géomètres 
sur  cette  matière,  dit-il,  vient  de  ce  qu'ils  otic 
conclu  du  particulier  au  général  ;  parce  que  les 
deux  équations  dont  nous  parloiis  sont  vraies 
dans  les  mouvemens  uniformément  accélérés, 
ils  ont  cru  qu'elles  le  sont  aussi  dans  toute  espèce 
de  mouverneut  ,  quelque  varié  qu'il  soit  ,  c'est- 
à-dire  quelle  que  soit  la  variation  des  forces 
accélératrices  qui  agissent  sur  les  corps.  Nous 
nous  sommes  attachés  non  seulement  à  prouver 
la  fausseté  de  cette  conséquence  ,  mais  encore  à 
faire  sentir  en  quoi  consiste  précisément  l'illu- 
sion  des  mécaniciens  sur  cette  maiiere.i) 

L'auteur  fait  ensuite  l'examen  critique  de  la 
proposition  fondamentale  de  Bezout  ,  sur  la  lé- 
sistance  des  fluides  ,  et  démontre  que  ce  maihé- 
maiicien  s'est  trompé  ,  1"  en  enseignant  que  la 
résistance  constante  ,  celle  qui  a  lieu  à  la  ren- 
contre de  chaque  tranche  de  fluide  ,  était  propor- 
tionnelle à  la  simple  vitesse  ,  tandis  qu  elle  est 
comme  le  quarré  de  cet  e  vitesse  ;  2°  en  ensei- 
gnant que  la  résistance  qui  a  lieu  pendant  une 
même  unité  de  tems  ,  était  comme  le  quarré  de 
la  vîtesse  ,  tandis  que  cette  dernière  est  eotame 
le  quarré  de  la  vitesse. 

Nous  ne  sommes  point  assez  instruits  dans  les 
hautes  connarssances  matbéinatiijues  pour  juger 
par  nous-mêiioes  jusqu'à  quel,  point  le  citoyen 
Muraz  peut  avoir  raison  contre  les  autres  mathé-  ' 
maticiens  ;  mais  ce  que  nous  Sr;nion,s  avec  tout 
le  monde  ,  c  est  qu'il  est  de  la  plus  haute  impor- 
tance que  l'erreur  soit  consiaiée  ,  et  le  citoyen 
Muraz  aura  acquis  des  droits  à  la  reconnai;:ance 
publique,  s'il  parvient  à  le  faire  dune  rnaniere 
incontestable. 

Une  autre  méprise  dans  laquelle  sont  encore 
tombés  les  mécaniciens ,  suivant  le  citoyen  Muraz, 
est  la  manière  d'estimer  la  force  des  corps  dans 
les  mouvemens  uniformément  accélérés.  L'auteur 
fait  voir  1°  que  la  force  d'un  corps  qui  tombe 
librement,  ou  le  choc  qu'il  produira  sur  l'obs- 
tacle invincible  qu  il  rencontrera  dans  sa  chute  , 
est  toujours  comme  le  quarré  de  fa  vîtesse  do!i,t 
il  est  animé  à  l'instant  du  choc  ;  2°  que  de  quel- 
que manière  qu'un  corps  se  meuve  ,  et  quelles 
que  soient  sadiieclion  et  la  nature  de  la  cause  qui 
le  met  en  mouvemeni  ,  le  choc  qu'il  produira  sur 
l'obstacle  invincible  ,  est  toujours  comme  le 
quarré,  de  la  vîtesse  qui  l'animait  avant  le  choc. 

La  première  de  ces  vérités  a  été  apperçue  par 
Leibnitz,  la  seconde  ne  paraît  l'avoir  été  par 
personne  ;  elle  change  la  formule  fondamentale 
de  la  mécanique,  que  la  force  du  ch.^c  d'un 
corps  est  égale  à  Ja  masse  multipliée  par  la 
vîtesse  ,  il  laut  dire  par  le  quarré  de  la  vîtesse. 

Nous  le  répétons  ,  l'ouvrage  du  citoyen  Muraz 
mérite  la  plus  grande  attention  par  les  consè- 
querices  qui  résultent  des  propositions  qu'il 
établit  pour  I  hidrau'lique  ,  les  constructions 
marines  et  les   diverses  parties    rte   la  balisticpie. 

Ou  nous  assure  que  le  citoyen  Muraz  va  dé- 
velopper ,  dans  un  cours  public  qui  se  tiendra 
dans  une  des  salles  du  Muséum  des  sciences 
et  arts,  sa  nouvelle  théorie  qui  doit  opérer  ur» 
si  grand  changement  dans  les  principes  de  l'an- 
cienne. Peuchet. 

THÉÂTRE    DES    ARTS. 

M.  Paul  Carrillez  .  premier  violon  du  grand 
théâtre  de  Madrid  ,  a  été  entendu  avant-hier  au 
rhéâire  des  Arts  :  on  est  unanimement  d  accord 
sur  le  talent  de  cet  artiste  ,  et  il  faut  qu'H'en  ait 
un  réel  pour  qu'il  paraisse  digne  de  remarque 
dans  un  pays  otà  Ion  entend  Rode  ,  Kreutz,'; , 
leiirs  habiles  rivaux  et  leurs  brillans  élevés. 
L^étranger  dont  nous  parlons  a  une  exécution 
sûre  ,  de  la  hafdiesse  ;  ses  écarts  même  annon^ 
cent  de  la  ve  ve  et   de  l'originalité.  U   a    reçu 


d'abord  de  três-vifs  applaudissemens.  Mais  après 
lès  morceaux  qui  couiposent  ordinairement  un 
concerto  ,  et  qui  presque  toujours  ont  le  début 
de  paraître  trop  longs  ,  il  a  désiré  faire  entendre 
des  variations,  morceaux  d'étude  souvent  peu 
agréables  pour  une  grande  assemblée.  C'est  à  ce 
moment  q'u'il  a  essuyé  quelques  marques  de  dé- 
faveur. Elles  ne  prouvent  rien  contre  son  talent  : 
étranger,  il  est  très-pardonnable  d'ignorer  qu'en 
France  un  virtuose  doit,  par-dessus  tout,  con- 
ij.iître  et  presseniir  ,_p6ur  s'y  arrêter  ,  le  moment 
piécis  oiJ  il  va  cesser   de  plaire. 

Nous  ne  j'ouvons  blâmer  cette  sévéïilé  de  la 
part  de  nos  speclaleurs  ,  loin  d'être  le  signe 
d'une  vaine  liivoliié  ,  elle  est  l'efTet  d'un  goiit 
épuré,  et  d'un  tact  très  délicat.  Ne  pas  vouloir 
épuiser  ,, dès  11  première  l'ois  ,  tout  le  charme 
(ja'uD  .j!,tai)d  talent  peut  taire  naître  encore  , 
c'est  appiécier  ce  talent  ,  et  non  le  méconnaître. 

S.  . .. 


Le  pnjet  du  département  des  Landes,  au  citoyen 
rédacteur  du  Moniteur.  —  Mont-de-'iAarsan  ,  le 
\1  fructidor  au  8  de  la  république  franqaise. 

J'apprends  ,  citoyen  ,  que  l'on  répand  le  bruit 
à  Paris  que  les  émigrés  trouvent  un  accès  fa- 
cile dans  le  département  des  Landes  :  veuillez 
ptiblier  que  ce  bruit  est  faux  ,  et  donner  ,  de 
liia  pan  un  démenti  formel  à  ceux  qui  le  sèment 
avec  des  Internions  coupables. 

Il  convient  que  le  public  soit  en  garde  contre 
les  intrigues  de  gens  qui  ont  cru  avoir  quelqu'in- 
térêt  à  représenter  sans  cesse  ce  malheureux  pays 
en  état  de  contre-révolution. 

Le  département  des  Landes  a  excédé  son  contin- 
gent en  hommes;  au  i^"^  venderaiaiie  il  aura 
rempli  toutes  ses  obligations  pour  l'an  8.  C'est 
ainsi  qu'il   répond  aux  calomnies. 

Je  vous  salue.  H.  Mechin. 


Citoyen  ,  Je  n°  346  du  Moniteur  annonce  quel- 
ques détails  sur  la  manière,  de  faire  le  vin  ,  tirés 
dn  Journal  du,  département  de  (Oise. 

On  met  en  question  :  Faut-il  égrapper  les  rai- 
sins ?  On  répond  ,  oui ,  et  non  ,  sans  en  donner 
de  motifs. 

Je  dis  que  l'on  doit  égrapper  quand  les  années 
sont  sèches;  que  si  Ion  n'use  pas  de  cette  pré- 
caution ,  le  vin  acquerrera  trop  d  âcrelé  ,  et  finira 
par  tourner  à  l'aigre. 

Je  dis  que  dans  les  années  pluvieuses  ,  quand 
le  raisin  est  chargé  de  pourri  ,  on  ne  doit  pas 
égrapper  ,  parce  que  la  raffle  cuvant  avec  le 
moût  lui  donne  du  soutien;  si  on  égrappe  ,  le  vin 
tournera  à  la  graisse. 

On  jette  ,  ajoute-t-on  ,  ie  gros  bols  pour  en 
faire  de  la  boisson. 

.Propriétaire  de  vignes  dans  le  département  de 
l'Yonne,  je  ne  jette  pas  le  gros  bois  ou  ralBe  , 
je  ie  ménage  bien  au  contraire  pour  l'étendre 
sur  le  marc  de  ma  cuve,  car  le  vin  fermentant 
attire  et  pompe  toutes  les  parties  vineuses  atta- 
chées à  la  niéche  ;  vingt-quatre  heures  après  je 
lève  cette  raFBe  que  je  mets  dans  des  cuviers  , 
qui ,  avec  l'égoût  des  vins  pressurés ,  me  fait  un 
excellent  vinaigre. 

A  l'égard  de  la  grille  proposée  ,  il  y  a  200  ans 
qu'on  l'emploie  en  Bourgogne ,  couvrant  des 
cuves  de  60  et  go  pif  ces. 

.  On  ne  peut  que  savoir  gré  au  citoyen  maire 
d'Auchy  de  chercher  à  être  utile  à  ses  conci- 
toyens ;  mais  il  me  paraît  être  encore  fort  éloigné 
de  la  manière  dont  il  faut  s'y  prendre  pour  faire 
.  du  bon  vin. 

Si  j'avais  sous  leS  yeux  les  détails  annoncés  , 
je  me  ferais  un  plaisir  et  même  un  devoir  d'y 
répondre. 

t.  G.  J.  Delisle  ,  de  Fontainebleau. 


Le  citoyen  Courcell  nous  adresse  de  Crevelt  , 
en  réponse  au  rapport  secret  de  Biiilly  sur  le  magné- 
tisme animal ,  qui  se  trouve  dans  le  Conservateur  , 
un  mémoire  que  sa  longueur  ne  nous  permet  pas 
d'insérer  ,  mais  dont  la  singularité  mérite  que 
nous  disions  quelques  mots.  • 

Le  citoyenCourcellyassure  que  les  philosophes 
et  les  médecins  méconnaissent  ou  calomnient  le  _^ 

magnétisme.  Il  poseen  faitque  le  somnambulisme     l'anglais;   6  vol.  ,in-8°  et  i  d'atlas  in-4'' 


magnétique  est  un  phénomène  connu  de  toute 
l'Europe.  Il  avance  ,  comme  une  chose  attestée 
par  plus  de  mille  personnes  ,  que  certains  som- 
nambules magnétiques  peuvent  lire  dans  la  pensée  , 
et  répondre  à  une  question  mentale  ;  ce  qui  suffit, 
dii-il,  pour  écarter  toute  idée  ,  toute  possibilité 
de  jonglerie;  —  un  magnétiseur  ,  ajoute-t-il,  peut 
endormir  une  personne  sujette  au  somnambu- 
lisme sans  la  voir,  sans  la  toucher,  et  même 
à  la  distance  de  plusieurs  lieues  à  l'heure  que 
l'on  veut  et  sans  l'intervention  d'autrui. 

Mais  comment,  se  dit-il  en  terminant  son  mé- 
moire ,  etc.  u  comment  les  élonnans  efFels  du 
somnambulisme  n'ont-ils  pas  fait  un  plus  grand 
bruit,  et  comment  les  at-on  publiés  dans  les 
journaux?  C'est  parce  qu'ils  sont  étonnans  qu'on 
n'ose  pas  les  avouer,  dans  la  crainte  de  passer 
pour  irabécilles  ou  pour  dupes.  C  est  parce  qu'ils 
sont  si  contraires  aux  opinions  accréditées  des 
savans  ,  qu'on  n'ose  pas  les  annoncer  saris  avoir 
une  base  sur  laquelle  on  puisse  asseoir  raisonna- 
blement leur  possibilité.  Quand  on  en  a  été  té- 
moin ,  on  dit  en  soi  :  les  philosophes  nous  trorti- 
pent  ;  il  y  a  autre  chose  que  ce  qu'ils  nous  di- 
sent. Mais  ce  quelque  chose  dont  on  voit  l'efTet  , 
on  l'ignore  ,  et  on  craint  de  s'exposer  sans  armes 
au  choc  d'un  adversaire  devant  qui  on  ne  peut 
pas  porter  avec  soi  l'évidence.  Il  faut  un  certain 
Iront,  même  pour  annoncer  la  vérité.  Il  y  a  bien 
des  personnes  qui  ont  vu  ,  et  qui  n'oseraient  pas 
attester  les  faits  en  public  ,  crainte  du  ridicule.  Si 
le  premier  élan  était  donné ,  on  verrait  le  trou- 
peau de  moutons  suivre  les  traces  du  premier 
bélier  ;  il  s'agit  seulement  d'en  faire  entrer  un 
par  la  barrière ,  pour  voir  s'élancer  tous  les 
autres.  >'  

LIVRES    DIVERS. 

Le  Dictionnaire  universel  de  la  révolution 
française  ,  ou  table  chronologique  et  alphabétique 
du  Moniteur  est  actuellement  sous  presse.  Cet 
ouvrage  qui  fait  le  complément  du  Moniteur  pour 
ceux  qui  en  possedentla  collection  ,  et  peut  le  sup- 
pléer pour  ceux  qui  ne  l'ontpas,  deviendra  d'une 
nécessité  presqu'indispensable  pour  ceux  qui  vou- 
dront s'adonner  à  l'histoire,  ou  suivre  les  travaux 
des  différentes  assemblées  législatives. 

La  souscription  ,  à  raison  de  35  francs  ,  sera 
irrévocablement  fermée  le  3o  fructidor  présent 
mois  ,  après  quoi  le  prix  en  sera  de  48  francs. 

On  s'adresse  toujours  chez  le  cit.  Girardin  , 
seul  propriétaire  et  éditeur  de  cet  ouvra;4e  ,  eri 
son  cabinet  littéraire  ,  Palais-Egalité  ,  n^lSô  ,  qui 
possède  aussi  la  collection  de  tous  les  journaux. 
On  s'abùnne  également  au  bureau  du  Moniteur, 
rue  des  Poitevins. 

Cours  de  mythologie  ,  orné  de  morceaux  de 
poésie  aualogiics  a  chaque  article  ,  avec  cette 
épigraphe  :  ' 

Point   de  poésie  sans  fiction  ; 

par  J.  Brunel ,  un  vol.  in-12  beau  papier  ;  prix 
2    fr.    5o  cent,  broché. 

A  Lyon  chez  V.  Barraiid  Née  Liébaux ,  rue 
Saint-Dominique  ,   n°    74.       , 

Ce  n'est  point  ici  une  compilation  lourde  et 
indigeste  ;  c'est  l'ouvrage  d'un  homme  dégoût. 
L'auteur  n'a  admis  dans  sa  ccillection  mytholo- 
oique,  que  des  poètes  dignes  de  ce  nom, 
les  Rousseau  ,  les  Boileau  ,  les  Racine  ,  les  Vol- 
taire ,  les  Verninac  ,  les  Laharpe  ,  les  Bourdic  , 
les  Laurencin  ,  les  Laugier  ,  etc.  Constammeiit 
fidèle  à  son  épigraphe  ,  il  n'a  présenté  aux  amis 
de  la  poésie  que  des  morceaux  vraiment  poéti- 
ques ,  laissant  sévèrement  de  côté  ceux  qui  n'of- 
fraient que  la  mesure  et  la  rime  ;  il  ne  s'est 
attaché,  en  un  mot,  qu'aux  grands  modèles. 
La  prose  est  écrite  avec  une  précision  trop  rare 
aujourd'hui  ,  et  avec  le  coloris  ,  l'éclat  et  la 
chaleur  convenables  à  ce  genre  d'ouvrage 

Supplément  à  la  première  édition  de  la  Géogra- 
phie de  Guthrie  ,  tiré  de  la  seconde  édition 
française  ,  pour  completter  la  première  édition. 
I  vol.  in-8°  de  3oo  pages  avec  trois  tableaux. 
Le  papier,  la  justification  et  les  caractères  sont 
les  mêmes  que  ceux  de  la  première  édition. 
Prix  ,  br. ,  3  fr.  60  c.  ,  et  4  fr.  60  c.  franc  de 
port  par  la  poste. 

A  Paris,  chez  Hyaifinihe  Langlois  ,  libr.  ,  quai 
des  Augustins  ,  n°  45. 

Ou  trouve  chez  le  rnême  libraire  la  2'  édition 
fratijçaise  de  la  Géographie  dt  Guthrie  ,   trad.   de 


Prix,  broché,  ^^  fr.  ;  avec  allas  enluminé  > 
rel.  en  belle  bazane  35  fr.  ,  en  veau  3?  Ir.  11  faut 
ajouter  7  fr.  5o  cent,  pour  le  franc  de  porl.  — 
L'atlas  se  vend  séparément  ,  broché  10  fr.  5o  c, 
enluminé  et  en  noir  7  fr.  5o  c.  la  reliure  en  sus  , 
et  en   bazane  de  i   fr.  5o  cent. 

L'Abrégé  de  la  susdite  géographie  ,  seule  véritable 
édition,  un  fort  vol.  in-S"  ,  avec  dix  cartes  en- 
luminées. 

Prix  ,  6  fr.  br.  ,  et  7  fr.  "5  cent.  ,  franc  de  port 
par  la  poste  ;  et  7    fr.  ,  relié. 

Il  tient  un  assortiment  d'atlas,  de  cartes,  deglo- 
bes ,   de  sphères  ,  de  livres  anglais  ,  ecl. 

Nouvelle  méthode  domestique  ,  tirée  principalement 
des  végétaux  de  la  France;  par  J'.  P.  Bue  hoz  ,  mé- 
decin, 2  vol.  in-12,  Prix  5  fr.  et  6  fr.  5o  cent,  franc 
de  port  :  ouvrase  non-seulement  utile  aux  jeunes 
médecins,  mais  aussi  aux  pères  de  famille  ,  qui  , 
sans  avoir  souvent  recours  aux  gens  de  l'art  , 
y  trouveront  là  manière  de  traiter,  avec  les  plantes 
les  plus  communes  ,  au  moins  35o  maladies  , 
classées  suivant  l'ordre  alphabétique  de  leurs 
noms  ;  et  pour  ne  rien  laisser  à  désirer  ,  on  a 
joint  à  cet  ouvrage  la  liste  et  le  système  des  plantes 
parleurs  vertus,  la  nomenclature  de  celles  con- 
nues dans  les  pharmarcies  sous  le  nom  d'espèces  ;', 
et  enfin  les  indigènes  qui  peuvent  remplacer  leS' 
exotiques  ,  etc.  etc. 

Cent  pensées  d'une  jeune  a^nglnisc  anglais-français; 
par  A.  J.  Lemierre  ,  i  vol.  in-18  ,  avec  fig.  e( 
carte  allégorique  enluminée.  Prix,  i  fr.  ,  et  l  fr. 
25  c.  franc  de  port.  Le  même  cartonné  ,  pap.' 
fin  ,  1  fr.  25  c.  ,  et  l  fr.  5o  c.  aussi  franc  de 
port. 

La  morale  la  plus  douce  et  la  plus  pure  ,  pré-  . 
sentée  à  la  jeunesse  d'une  manière  infiniment 
agréable  ,  doit  faire  rechercher  cet  ouvrage  par 
les  pères  et  mères  pour  leurs  enfans  ;  par  les 
instituteurs  pour  leurs  élevés  ,  et  par  toute  per- 
sonne de  l'un  et  l'autre  sexe  qui  étudie  la  langue 
anglaise. 

A  Paiis ,  chez  Lecordier  et  Legras  ,  imprimeurs- 
libraires  ,  rue  Galande  ,  n°  5o. 


COURS     DU 
Bourse  du  24  fructidor.  ■ 


CHANGE. 

-  Cours  des  effets  publics. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid...    

Effectif...... 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif. ... 
Livourne 


Bâle. 


56î 

'89I 

5  ir.  75c 
I4fr.35  c 

5fr.  75  c. 
14  fr.  10  c. 

■4fr.  58  c 

4  fr.  q8  c 


i88t 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 18  fr.  s5  c, 

Tiers  consolidé 33  fr.  38  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  59  c. 

Bons  d'arréragé 84  fr.   i3  c. 

Bons  pour  l'an  8 88  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiç^ue  et  des  Arts. 
Auj.  Anacréon  chez  Poljcrate  ,  suiv.  du  ballet  dé 
Héro  et  Léandre. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Arlequin  affi- 
cheur ;  la  I'"  repr.  d'un  seul  Violon  pour  tout  le 
monde  ,  et  Comment  faire  ? 

Théatr-e  DELA  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Au],  le  Moine,  avec  un  spectacle  nouveau;  ta 
folle  Epreuve  ,   et  Diogene  fabuliste. 


Errata. 

N°.  353  (23  fructidor),  2'  page,  2"^  colonne  , 
10^  ligne,  le  citoyen  Krabbe  ;  lisez  :  le  capitaine  , 
et  de  même  partout  où  se  trouve  le  mot  citoyen 
dans  le  reste  de  cet  article. 

Même  n°.  ,  3'  page,  2'  colonne,  ligne  27°, 
les  russes  rentrent  ;  lisez  :  les  busses. 


rabountcBcnUe  fait  1  Paris,  iii.;  des  Poitevins,  n°  ■  Si  Le  prix  esc  de  sS  francs  pour  trois  moia,  5o  fiaacs  pour   six   mois,   et    100   francs  ponr  l'année  entière.  On   ne 

s'abonne  qu  au  cooameucemenl  de  cbaqae  mois. 

Ilfaui  adresser  leslettresetl'ar,geat,francdepon,aucit.AGASSE, propriétaire  de  cejournal.ruedes  Poitevins, n"   18.  Ufautcompreadre   dans. le»  envol»  le  port   dt,< 
nav«  où  l'on  ne  peut  affranchir.   Les  lettres  des  départemcns  non  afFranctiics  ,  ne  seroutpoint  retirées  de  la  poste.  ■ 

^M°ul  avoir  soin,  pou.  plus  desûrcté ,  ,1e  ctiarger  celles  qui   reafermenides  valeurs ,  et  adresser  tout  ce  quiconcerne  la  rédacuon  de   la   feuille,    an  rédacteur,  rue  de. 

Poitevine      m"  i3    depuis  neikf  li«uïes  du  matin  Jus^û'à'^i'i  •)  heures  du  «oi_r,        ■ 

,  ■     I       .     :  .1.  .---..■    I .     ;    li.i...jUC  u- 

VTT 


'  ';  ■  '.'Aiis*rfs.-  a&'PiBiBl^aïkrie  dWtit.  AgkWeîIiifo-^rléVairré  "dû  ^toaitétir  »|ue  des  Poitevin?,,  n».i3., 

si.    :■    5V    A-    ri    -jb   ii;-->3     sTtil  f   .a:>-!::h -nvr-     .u  :...'0'-    :>■■-'   ■'•       >■>■ 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  356. 


Sextidi ,  26  fructidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à   dater  du  7   nivôse  le  MONITEUR  est   le   seul  journal  officiel. 
Il  contient    les    séances  des  autorités  constitué'îs ,  les  actes  du  gouvernemisnt,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    rtoiion 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  correspondances  minisçérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   it  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

DANNEMARK. 

Elseneur ,  le  23   août  (  5  fructidor.  ) 

X-jA  floue  anglaise  qui  mouille  dans  nos  parages, 
est  composée  de  sept  vaisseaux,  de  ligne,  de  dix 
petits  vaisseaux,  de  gueire  ,  et  de  trois  frégates.  A 
son  atiivée  ici  ,  elle  salua  la  forteresse  de  Kro- 
jienburg.  L'amiral  Dikson  qui  commande  les  an- 
glais,et  le  commandant  de  laflolle  danoise,  Luiken, 
vivent  encore  en  bonne  intelligence.  La  flotie  de 
!Ûikson  a  reçu  de  noire  ville  des  provisions  en 
viandes  fraiches  et  autres  denrées.  L'amiral  anglais 
a  dit  qu'il  n'avait  aucun  ordre  pour  enlever  les 
Vaisseaux  danois  et  suédois  dont  les  papiers  se- 
raient en  règle. 

Aujourd'hui  quelques  vaisseaux  anglais  doivent 
être  arrivés  dans  la  rade  de  Copenhague.  Les  dil- 
féiends  qui  existent  entre  le  Dannemaick  et 
l'Angleterre,  pourront  êlte  terminés  par  la  réponse 
de  la  cour  de  Pétersbourg  ,  qu'on  attend  avec 
impatience. 

Les  cinq  vaisseaux  de  ligne  russes  qui  croi- 
raient sur  nos  côtes  ,  sont  retournés  dans  la  Mer 
Baltique.  Plusieurs  vaisseaux  arrivés  ici,  nous  ont 
annoncé  qu'une  floue  tusse  de  huit  vaisseaux  de 
ligne  approchait  de  Copenhague, 

Les  préparatifs  de  guerre  continuent  toujours 
avec  activité.  (  Strasb.  Weltbote  j 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  4.  septembre  (  i-]  fructidor.  ) 

L'abondance  de  la  récolle  avait  fait  baisser  le 
prix  de  la  farine  et  du  froment  ,  comme  on 
devait  s'y  attendre  ;  mais  depui*  une  qunizaine 
de  jours  ,  ces  denrées  indispensables  recommen- 
cent à  renchérir  progiessivement  ,  sur-tout  la 
fariné  ,  dont  le  prix  est  tn  proportion  plus  haut 
que  celui  des  bleds.  Celte  circonsiançe  extraor- 
dinaire a  occasionné  du  mouvement  dans  quel- 
ques marchés  ,  et  mardi  dciuier  ,  le  lord  maire 
a  tenu  une  cour  daldetnien  pour  aviser  aux 
mesures  qu'il  convenait  de  prendre.  Mais  l'acte 
du  parlement  fixant  d  une  manière  précise  le 
tarif  du  pain  sur  le  prix  des  farines  ,  sa  seig- 
neurie a  éié  obligée  d  augmenter  le  prix  du  pain 
de  quatre  livres,  d  un  sou  et  demi. 

On  mande  de  Bassora  qu'un  descendant  d'Ab- 
doel  Wahaub  occasionne  de  grands  troubles 
dans  le  voisinage  de  la  Mecque  par  la  doctrine 
qu'il  y  prêche.  Le  sectaiie  ne  nie  point  la  mis- 
sion de  Mahomet  ,  mais  ne  le  considère  que 
comme  un  envoyé  de  Dieu  ,  pour  lequel  on 
ne  doit  avoir  jii  culle,  ni  hommage  à  rendre. 
Si  doctiine  lui  a  fait  beaucoup  de  prosélites 
en  Syrie  ,  dans  l'Arabie  et  dans  l'Egypte;  d'autant 
plus  qu'il  l'appuie  par  le  fer  et  le  feu. 

(  Extrait  du  Courrier  de  Londres.  ) 

INTÉRIEUR. 

Gravelines  ,  le  16  fructidor. 

1  •' 

■-'Encore  un  de  ces  incendies  qui  se  propagent 
depuis  quelques  mois  avec  une  rapidiié  imjuié- 
laute  ,  et  dont  on  ne  peut  attribuer  la  cause  qu  à 
la  perfide  malveillance  qui  s'attache  de  Tiouveau 
à  la  destruction  des  propriétés  rurales. 

Le  citoyen  Rivière  ,  membre  du  corps  législatif, 
fait  valoir  prés  de  la  mef  ,  à  Gravelines ,  une 
ierme  assez  étendue  :  le  feu  y  a  élé  mis  le  14 
de'ce  mois  vers  les  deux  heures  et  demie  delà 
nuit,  à  un  des  angles  du  bâiiment  qui  était  sous 
le  vent  qui  soufflait  de  l'est ,  et  assez  fort  dans 
cet  instant.  La  nxarée  éiait  basse  ,  et  la  lune  venait 
de  se  coucher.  Tout  fut  la  proie  des  flanimes  , 
excepié  une  grange  et  quelques  meules  lie  grains 
récemment  recollés  -,  et  sans  le  courage  et  le 
zèle  intrépide  du  citoyen  Pierre  Lfgoulon  .  capi- 
taine de  la  gardé  nationale  ,  qu'on  voyait  jiar- 
lout  sur  les  toits  et  dans  les  flammes,  ce  funeste 
incendie  eût  dévoré  entièrement  une  superbe 
lécolte  en  bled  froment ,  engrangée  depuis  peu 
de  jouri. 

Le  citoyen  Legoulon  a  été  vigoureusement 
secondé  par  les  citoyens  Philipin  ,  Magnicç  et 
autiei  de  \rf  camarades. 


Fàris  ,  le  ^5  fructidor. 

La  nouvelle  d'un  débarquement  des  anglais 
en  ZébnJe  ,  publiée  par  plusieurs  journaux  est 
entièrement   desiituée  de  fondenieni. 

-;-  Une  lettre  du  quariier-génétal  d'Augsbourg, 
ciiée  par  la  Clef  du  CabinH  ,  contient  les  dciâi'ls 
suivans. 

On  ne  vit  jamais  une  arméCjCn  aussi  bon  état 
que  la  nôire.  Depuis  près  de  d*px  mois  ,  elle  n'a 
pas  fourni  un  malade  sur  irenle  individus.  La 
santé  ,  la  joie  et  le  courage  brillent  également 
sur  le  visage  de  nos  militaires.  Nos  blessés  sont 
presque  tous  guéris.  On  en  rencouire  beaucoup 
dans  les  rues  et  aux  promenades  ,  fiers  de  leurs 
écharpf:s  et  de  leurs  honorables  cicatrices.  L'autre 
jour  ,  il  fut  présenté  à  notre  général  en  chef  64 
amputés ,  dont  as  de  la  cuisse  ,  qui  ont  été  sauvés 
à  Augsbourg  sur  73  qu'on  avait  amenés  après  les 
terribles  cauonnades  des  4  et  8  messidor.  On  de- 
vine bien  l'accueil  que  leur  a  fait  le  père  ,  l'ami 
des  soldats.  On  peut  dire  que  nos  chirurgiens 
méritent  vèritiblement  les  égards  et  l'attachement 
que  l'armée  leur  montre  dans  toutes  les  circons- 
tances. On  ne  parle  d'eux,  dans  ce  pays-ci, 
qu'avec  les  plus  grands  éloges.  La  cure  réceûte 
du  prince  autrichien  de  Licotenstein  ,  fait  pri- 
sonnier de  guerre  après  une  blessure  répuiée 
mortelle  ,  et  celles  de  deux  autres  officiers  supé- 
rieurs de  l'armée  impériale  ,  leur  ont  fait  infini- 
ment d'honneur  chez  l'étranger. 

—  On  mande  de  Nîmes  que  le  citoyen  Larrey 
jeune,  frère  du  citoyen  Larrey,  chirurgien  en  chef 
de  1  ar:née  d  Egypte  ,  vient  de  fcire  dans  celle 
ville  l  opération  césarienne  sur  une  femme  rachi- 
tique  ,  âgée  de  82  ans.  Le  citoyen  Larrey  ,  le 
jeune  ,  a  vaincu  tous  les  obstacles  :  son  opération 
a  <  u  le  plus  gland  succès.  Il  a  donné  la  vie  à  un 
enfant  ,  et  a  sauvé  les  jours  d'une  infortunée  qui 
était  vouée  à  une  mort  certaine  e  cette  femme  est 
non-seulement  sans  fièvre  ,  mais  encore  elle  al- 
laite son  enidnt  q^ui  a  élé  surnommé  César  ,  en 
liiémoi.e  de  sa  naissance.  La  ville  de  Nîmes  se 
glorifie  de  posséder  un  chirurgicin  aussi  distingué 
que  ce  ciioyen-i    ,  " 

—  C'est  le.  28  de  ce  mots  que  le  sénat-conser- 
vateur nomme  à  la  place  vacante  au  tribunal  de 
éassation  ,  sur  les  listes  de  présentation  qui  con- 
tiennent le  nom  de  plusieurs  candidats. 

—  Un  grand  nombre  de  citoyens  des  départe- 
mens  ,  choisis  par  leurs  préfets  pour  assister  à 
la  fête  du  1'.'  vendémiaire  ,  som  déjà  arrivés  à 
Paris. 

—  Le  général  Berthier  est  arrivé  à  Madrid  ,  au 
moment  oîi  l'on  y  apprenait  la  nouvelle  de  la 
victoire   remportée  au  Férol. 

—  Un  des  plus  célèbres  violons  que  la  France 
ait  produits,  Gnviniez  ,  est  mort  le  28  de  ce 
mois  ,  dans  sa  75"  année.  11  laisse  des  manuscrits' 
précieux,  et  enirautres,  quatre  sonates  dont  la 
dernière  ,  que  1  on  assure  être  d'un  très-beau 
genre  ,  avait  reçu  de  son  auteur  le  nom  de  son 
tombeau. 

'  —Le  N°  81  à\i  Journal  des  Arts  renferme  ,  sous 
le    titre  Variétés  ,  1  article  suivant  : 

Le  public  apprit  avec  iniéiêt  ,  il  y  a  quelques 
mois,  par  la  voie  des  journaux,  une  décou- 
verte importante  faite  en  Ei^ypie  par  les  savans 
qui  ont  accompagné  le  consul  Bonaparte  elles 
armées  françaises  danSs  l'expédition  à  jamais  cé- 
lèbre ,  qui  porta  la  gloire  de  la  république  dans 
Ces  contrées  reculées.  Il  s'agissait  d  une  colonne 
sur  laquelle  on  remarquait  trois  inscriptions 
en     trois     laneucs    différentes  ,    qu'au    premier 

ord  on  supposa  n  être  qu  une  repeiiuon  du 
même  sujet.  Cç  qui  rendait  cette  découverte 
très-précieuse  ,  c'est  que  1  une  de  ces  inscrip- 
tions éiait  en  caractères  hyéiogliphiques  ,  et  que 
dès-lors  on  conçut  l'espoir  de  pouvoir  ,  à  l'aide 
des  deux  autres  inscriptions  ,  obtenir  quelques 
lumières  sur  cette  langue  sacrée  que,  jusqu'à 
ce  jour,  les  savans  ont  vainement  cherché  à 
expliquer.  En  conséquence,  les  trois  inscrip- 
iions  ont  été  calquées  .  en  Egypte  ,  avec  un  soin 
et  une  exactitude  extrêmes  ,  sur  la  colonne 
même. 

Cette    copie   a   été    apportée    en   France  ,    et 

soumise  à  l'ixamen   des  hommes  versés  dans    la 

connaissance  des  langues  anciennes.  Malheureu- 

scmcni  linscrip  iion^nyérogliphique  est  celle  que 

I  le  tenii  a  le  plus  outragée.  Elle  occupait  le  som- 


met de  la  colonne  ;  et  cette  colonne  ayant  été 
tronquée  ,  une  partie  de  l'inscripiion  manque', 
et  cet  accident  ne  fera  qu'ajouter  à  la  difficulté 
de  I  étude  ijue  Ion  se  propose.  Le  cit.  Laporie- 
Dutheil,  chargé,  à  ce  qu  il  paraît,  de  l'examen 
de  CCS  trois  inscriptions  ,  est  le  premier  qui 
ait  eniretenu  l'insiliut  national  de  cet  objet. 
D  après  son  rippori  .  on  est  certain  aujourd'hui 
que  les  tros  Inscripiioiis  ne  sorii  que  la  répétition 
du  même  discours.  L'une  ,  comme  nous  lavons 
déjà  dit,  est  Cii  carjcleres  hyéroijliphiques  ;  la' 
seconde  en  langue  cophie  ;  la  iroisitine  en  grec. 
Il  paraît  que  c'est  un  honim:ige  de  la  recon- 
naissance de  quelques  prêtres  égyptiens  ,  pour 
quelque  bienlaitqu  ils  avaient  reçu  d'un  Ptolémée 
Dionysios  ,  qui  daterait  de  l'an  63  avant  l'ère 
chrétienne  ;  et  que  ,  pour  perpétuer  davantage 
l'expression  de  leur  gratitude  ,  et  lui  assurer  une 
Ijlus  grande  publicité  ,  ils  ont  voulu  la  répéter 
en  trois  langues  différentes,  jusqu'à  présent,  le 
tems  n'a  pa%  encore  permis  que  l'on  fît  l'appli- 
cation des  deux  inscriptions  vulgaires  à  l'inscrip- 
tion hyérogliphique  ,  et  que  Ton  obtînt,  parla 
comparaison,  les  lumières  que  Von  désire;  mais 
de  la  date  de  l'inscription  ,  il  résulte  un  fait  déjà 
fort  important  dans  les  sciencts;  c'est  qu'elle 
prouve  t}u'à  cette  époque  ,  la  langue  hyèrogli- 
que  était  encoie  en  usage  ,  landiç  qu'il  passait 
à-peu-près  p<5ur  constant  parmi  les  savans  que  , 
dès  le  tems  d  Hérodote  ,  c'cst-àdire ,  près  de 
cinq  cents  avant  Jesus-Christ  ,  la  cctinaissanee  de 
celle  langue  était   déjà  perdue. 

Cependant,  si  l'on  ne  s'est  point  trompé  sur 
la  date  de  l'inrcription  ,  et  si  en  effet  elle  se 
rapporte  à  Pldiomée  Dionysios  ,  cette  circons- 
tance va  jeter  quelque  incetiitude  parmi  les  chro- 
uologistes.  D'après  notre  manière  de  comptei  les 
époques  ,  si  la  djte  de  1  inscription  remonte  à 
63  ans  avant  l'ère  chrétienne  ,  elle  ne  pourrait 
se  rapporter  à  Piolomée  Dionysios  ,  qui  ne  com- 
mença à  régner  qu'en  l'an  5i  avant  Jésus-Christ  , 
et  il  faudrait  qu'elle  fût  du  icns  de  Piolamée 
Auletes,soii  pcre  ;  et  quand  ce  fait  serait  écl.iirci, 
encore   resictait-il   quelque  inceriiiude  ;  car  tout 

le    monde    sait    que    C€    piince  ,   Jetrpnê    par    6tta 

sujets  ,  et  remplacé  sur  le  trône  par  sa  fille  Béré'' 
nice  ,  passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  .  soie 
à  Rome  ,  pour  solliciter  la  protection  de  la  répu- 
blique ,  soit  à  Ephese  dans  la  relfaite,  et  que  ce 
ne  fut  que  peu  de  lems  avant  sa  mort  ,  c'est-à- 
dire  vers  l'an  53  avant  Jésus-Christ,  qu'il  fut  ré^ 
tabli  sur  le  trône.  De  la  sorte  la  manifestatioii 
de  la  reconnaissance  des  prêtres  égyptiens  ,  si 
elle  a  pour  objet  Piolomée  Dionysios,  se  trou- 
verait antidatée  suivantnotre  manière  de  compter; 
si  au  contraire  elle  a  trait  à  son  père  Piolomée 
Auletes,  elle  se  rapporterait  à  l'époque  de  son 
absence  de  l'Egypte  :  ce  qui  n'est  présumable  en 
aucune  façon.  Il  paraît  que  jusqu'à  présent  on  ne 
s'est  attaché  à  connaître  que  le  sens  de  l'inscrip^ 
tion  ,  et  que  ces  obscurités  disparaîtront  dès  que 
ta  traduction  littérale  en  aura  été  faite.  On  doit 
s'en  reposer,  à  cet  égard,  sur  Us  connaissances 
profondes  des  citoyens  Laporte-DutheileiLanglès, 
qui  continuent  as  en  occuper  ,  et  sur  les  lumières 
du  citoyen  Visconli  ,  que  la  république  a  l'avan- 
tage de  posséder  aujourdhui.    J.  La  vallée.     1 

—  On  trouve  dans  le  Journal  de  Grenoble  la 
lettre  suivante  ,  à  laquelle  il  convient  de  donner 
de  la  publicité  ;  probablement  elle  ne  corrigera 
pas  celui  qu  elle  accuse  .  mais  elle  peut  le  si- 
gnaler aux  personnes  qui  l'entourent ,  et  lui  faire 
craindre  ,  à  défaut  de  remords  ,  l'indignation  et 
le  mépris  publics. 

Au  RÉDACTEUR. — Sur  l'ingratitude  d'un  fils. -ie 
suis  infirme  ,  accablé  d'années  ,  reléguç  à,la  cam- 
pagne ,  oià  l'on  a  livré  ma  vieillesse  à  la  dise  é- 
tioii  de  deux  ou  trois  domesiiques  ,  sans  ég.rd 
pour  mon  âge  ,  sans  piiié  pour  mes  infirrriués  , 
et  qui  me  laisseraieiit  mourir  de  faim  sur  un  fu-. 
mier  ,  si  je  ne  leur  arrachais  quelques-uns  de' 
mes  besoins  par  mon  importunilé  ;  et  ce  qu'il 
y  a  de  plus  affreux  pour  moi  ,  c'est  que  l'auieUr! 
de  tous  ces  maux  ,  c'est  mon  fils  !  Il  faut  être 
père  pour  sentir  ce  que  je  souffre. 

Lorsque  des  valets  me  rejetieni  et  m'oub!ie.^t , 
ce  ne  sont  que  des  valets;  mais  lorsque  je  suis 
abandonné  par  mon  fils ,  je  le  suis  par  la  nature 
entière. 

Tout  me  garantissait  ion  amour.  Tout  dans  son 
coeur  devait  me  sauvet  de  cet  abandon. 


_  Eit-if  èfé  saDsibotafé  ,  «iiiSluiiifietr  cit  éatis'ju*- 
tice  poilr  les  autres  lion)ni«s  ,  «rt  smrail-il  moins 
senli  que  j'élais   son  père  ! 

Pour  nous  trouver  sensibles,  nos  enfans  n'ont 
pas  besoin  d'être  aimables  et  boas.  Hélas.'  que 
font  -sur  nous  leurs  vices  ,  sinon  d'affliger  notre 
amour-propre  ,  sans  le  rebuter  ?  ~ 

Oui,  mon  fils,  delà  misère  profonde  on  je 
languis  Jiar  vos  ordres  ,  c'est  encore  mon  amour 
qui  s'élève  contre  vous  ;  c'est  lui  qui  se  plaint  de 
vous  :  il  ne  m'est  dur  de  vivre  que  parce  que  je 
yous  aime  toujours.  Votre  cœur  ne  me  connaît 
plus  ;  le  mien  vous  téclame  encore.  Je  n'ai  pas 
cessé  d'éirc  votre  père  ,  comment  avez-vous  pu 
cesser  d  être  mon  fils  ?  Il  n'y  a  donc  plus  rien 
qui  tienne  à  moi  dans  la  namre.  Je  vis  dans  un 
•désert  ;  je  suis  seul  dans  l'Univers,  et  mon -fils, 
Jt  s  ul  que  j'y  regrette,  m  ignore  et  m'oublie 
comme  les  auties  ! 

Cependant ,  qu'ai-je  fait  pour  lui?De  six  en- 
fans  que  j  avais  ,  il  me  resta  seul.  ]e  n'étais  pas 
relie,  mais  je  l'aimais.  Je  lui  donnais  tous  les 
maîires  ;  il  répondit  à  mes  soins.  J  en  fis  un  avocat 
de  Paris.  Il  se  maiia  avec  une  demoiselle  jeune  et 
riche.  Je  p.iriageai  tout  mon  bien  avec  lui.  Il 
joua  et  perdit  tout.  Sa  femme,  en  mourut  de 
thagrin.Je  taillis  en  perdre  la  lêie.  Je^me  jetai 
dans  les  entreprises  ;  je  réussis  ;  je  relevai  sa 
fortune  et  la  mienne.  Je  lui  donnai  tout.  Il  acheta 
lerres  et  châteaux.  Mais  il  me  trouva  bon-homme 
et  radoteur.  Il  ne  m'écoutait  plus.  Il  se  lassa 
fcieniôl  de  me  voir.  Il  me  relégua  dans  le  fond 
d'une  campagne  ,  d'oiàje  vous  écris  celle  liisie 
l«ttre  pour  dernière  temaiive  sur  son  cœur. 

§Cr  ïl  est  question  dans  la  lettre  du  général 
Menoii  à  sir  Sydney  Smith  ,  d'un  secrétaire  de 
lord  liîgin  ,  et  de  ruses  de  gueire  dont  il  aurait 
donné  le  conseil.  On  trouve  à  co  sujet  dans  le 
Confier  di  Lontlia  quelques  particularités  dont 
nous  sommes  loin  de  garantir  l'exactitude. 

(<  Le  sieur  Mortier  avait  écrit  à  Kleber.  Une 
proclamation  ide  Mtnou  ,  pour  Servir  de  réponse  , 
ordonne  .  quetteutes  j'érsonnes  venant  de  lapart  d'un 
nommé  Meii.ir  ,  se  disant  secrélcure  de  lord  Elgin  . 
sei ont. cûnsideri es  et  traitées  eomrne  espions ,  et  qu  un 
Jiareil  sort  est  réservé  audit  Morrier ,  si  jamais  il 
remet  te  pied  sur  le  territoire  occupé  par  larviée 
Jrun^aise. 

>i  L'animosilé  que  respire  CH  ordre  provient 
d'une  circonstance  qui  semblerait  "indiquer  que 
M.  Morriei  était  encore  un  peu  novice  dans  sa 
profession.  Après  la  déroute  du  visir  ,  il  se  fil 
conduire  en  bateau  à  Damiettc  sur  la  simple 
assertion  du  Reis  ,  que  celte  place  était  occupée 
par  les  turcs.  Il  ne  reconnut  son  erreur  que  lors- 
'qu  engagé  dans  le  Bogaz  ,  il  tomba  enie  les 
mains  des  français.  Ainsi  ,  dupe  de  sa  confiance  , 
il  eut  encore  le  malheur  d'en  prendre  dans  un 
jirahe  ,  auquel  il  remit  eon  portc-icuillc  ,  qu  il 
j.urah  mieux  fait  de  jetier  dans  leau.  L'arabe 
devait,  pour  une  modique  rétribution  ,  le  con- 
sciver  et  le  lui  faire  parvenir  au  camp  ,  npais  pré- 
férant un  bénéfice  plus  certain  et  plvis  commode, 
il  le  rernit  au  commandant  de  Damieiie  ,  qui 
l'envoya  aussiiôi  à  Kleber.  Muni  d'un  passeport 
de  .parlementaire  ,  M.  Moiriet  reçut  sa  liberté, 
tes  français  ont  profité  de  son  imprudence, pour 
connaître  le  but  réel  de  sa  mission  ,  par  les 
pièces  tombées  entre  leurs  mains.  Ils  ont  débile 
que  parmi  ces  papiers  se  trouvait  le  plan  d'une 
ruse  de  guerre  pour  détruire  l'armée  française 
çans  sa  traversée ,  S)  la  cpnvenuOn  subsistait. 
C'est  sarvs  doute  la  conespondance  de  M..  Morrier, 
que  K.leberse  proposait  de  faire  publier  en  France 
pour  servir,  disait-il  ,  de  pendarit  à  celle  de  l'ar- 
mée d'Eigypte,  imprimée  en  Angleterre.  C  est  sans 
•doute  aussi  cette  correspondance  qui  aura  pto- 
"voqué  la  proclamation  de  Meuou. 
.  »  Si  l'on  voulait  croire  un  témoin  oculaire  , 
on  rejerterait  encore  sur  ce  même  M.  Morrier, 
et  sur  un  officier  anglais  ,  Iç  capitaine  Lacey ,  la 
déroute  du  visir  dont  les  dispositions  militaires 
furent  réglées  d'après  leurs  conseils.  Le  visir 
rangea  son  armée  eu  bataille  dans  la  plaine  située 
entre  Bsikken-el-Hagi  (  le  lac  des  PélérinsJ  et  le 
village  d'El-Hanca  ,  où  les  français  avaient  lav.m- 
tage  de  pouvoir  s'avancer  dans  une  ligne  éten- 
due et  se  déployé*,  soutenus  de  leur  grosse 
artillerie  ,  dans  tout  ordie  de  bataille  à  lieur  choix. 
ISi  le  vii'n ,  au  cotiTraire  .  eût  assis  son  camp  de- 
puis El-H.>nca  jnsqu  au  Nil ,  occupant  des  terres 
cultivées ,  tout  entrecoiipées  de  canaux  et  de 
fossés  ,  Kleber  âiirait  été  forcé  de  déboucher  par 
des  chemins  extrêmement  difficiles  et  presqu'im- 
praticables.  Dans  l'hypothèse  d'un  revers  ,  les 
turcs  euîSeni  au  moins  conservé  la  facilité  de  se 
replier  $lir  le  Delta  et  Dâmiette  ,  on  ils  auraient 
trouvée  des  vivtes  abondatis  et  ta  commutiication 
libre  de  la  mer,  au  "lieu  de  la  désastreuse  stéri- 
lité du  désert.  »> 

On  ne  peut  riier  que  la  sublime  Porte  n'ait  eu 
dsns  cette  circonstaftce  de  grandes  otligations  à 
l'AngleterrÉ  et  à  ses  agens.ï)'une  part  ,  le  gou- 
vetrjement  anglais  ,  par  un  manque  d'égards  que 
toute  autre  puissance  aurait  re.ssenti  comme  nn 
impardonnable  outrage  ,  expose  son  allié  à  per- 


1438 

dfà  tout  te  fiuit  d'itne  négociation- avantageuse; 
de  l'autre  ,  deux  anglais  qui  se  mêlent  de  profes- 
ser lart  de  la  guerre  ,  donnent  au  visir  ,  qui  a  la 
bô'nté  dé  lés  croire  de  grands  guerriers  ,  de  si 
bons  conseils  que  son  armée  est  taillée  en  pièces. 
Il  sera  bientôt  permis  de  douter  si  les  anglais 
fonc  autant  de  niai  à  leurs  eanemls  qu'à  leurs 
amis. 

ACTES     DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  11  fructidor  ,  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  miizistre  de  la  guerre  ,'   arrêtent  ce  qui   suit: 

Art.  I'^  En  ouire  des  officiers  mis  à  la  dispo- 
silion  du  minisire  de  la  guerre  ,  en  vertu  de  I  ar- 
ticle XI  de  l'arrêié  du  3  fructidor  an  S  ,  il  est 
au'orisé  à  appeler  près  de  lui,  ou  à  attacher  au 
dépôt  de  la  guerre  ,  trois  adjudans  commandans 
ou  chefs  de  brigade  ,  et  six  autres  officiers 
d'un  grade  inférieur  à  celui  de  chef  de  bri- 
gade. 

II.  Ces  officiers  jouiront  du  traitement  d'acti- 
vité de  service  ,  ainibué  à  leurs  grades  respeciifs, 
dans  la  i;' division  militaire,  en  se  conformant  , 
à  leur  é^ard  ,  aux  dispositions  de  l'article  VII , 
de  l'arréié  précité. 

III.  Les  ministres  de  la  guerre  et  des  finances 
sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  , 
de  l'exécuiion  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  im- 
primé au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier,  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétàire-d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 

Arrêté  du   î3  fructidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  vu  1°.  la  pé- 
tition présentée  le  6  germinal  à  l'administration 
centrale  du  département  de  Sambre-ei-Meuse  , 
par  Charles  Joseph  Dupuis  ,  fondé  des  pouvoirs 
de  Jean  Marie  Sianissas  Dcsandrouiii  ,  se  pré- 
tendant propriétaire  des  biens  dépendans  de 
la  coustrie  de  Namur  et  de  l'église  collégiale 
de  Walcouri  ; 

2".  L'arrêté  pris  par  l'administration  centrale, 
le  aS  pluviôse  an  8  ; 

3".  L'acte  extra-judiciaire  signifié  à  la  requête 
du  dit  Desandtouin ,  le  sS  ventôse  an  8,  aux 
membres  composant  l'administration  centrale  ; 

4°.  Le  nouvel  arrêté  pris  par  ladite  adminis- 
tration ceniirale  ,  le  98  ventôse  an  8  ,  qui  établit 
le  conflit  d'auributfon  ; 

5°.  Le  jugement  rendu  le  î5  Qoréal  an  8 , 
par  lequel  le  tribunal  civil  du  département  de 
Sambre-et-Meuse  s'est  déclaré  compétent  ; 

6°.  L'appel  jnterjeité  de  ce  jugement  par  le 
préfet  du  département  de  Sambre-êt-Meuse; 

7°.  Les  lettres-patentes,  du  3  mai  1758. 

8".  L'article  XXVIi  de  la  loi  du  21  fructi- 
dor an  3  ,  ainsi  con^u  :  41  en  cas  dé  conflit 
•>  d'attribution  entre  les  auioriiés  judiciaires  et 
)>  administratives,  il  sera  sursis  jusqu'à  la  déci' 
n  sion  du  miniélre  ,  confirmée  par  le  directoire 
it  exécutif;  ?i 

9°.   L\  loi   du  S  novembre   1790  ; 
Considérant,: 

i".  Que  ,  lorsque  le  conflit  d'attribution  est 
établi  ,  au  gouvernement  seul  appartient  le  droit 
de  régler  la  compétence,  que  ce  droit  lui  est 
solemnellement  attribué  pat  l'art.  XXVII  de  la 
loi  du  21  truciidôr  an  3  ; 

2°.  Que  dans  l'espèce  particulière  ,  l'admî- 
nisiralion  centrale  du  département  de  Sambre- 
et  Meuse  ,  a  pii  prononcer  ,  ayant  été  volon- 
taitemeht  saisie  par  le  citoyen  Desandrouin  qui, 
par  ses  conclusions  et  par  ses  déclarations  a 
annoncé  vouloir  être  jugé  administrativement , 
et  la  question  étant  moins,  d'ailleurs,  de  pro- 
noncer sur  la  propriété  que  sur  la  nature  des  biens 
dont  il  s'agit  ; 

3".  Que  des  pièces  remises  par  ledit  Desan- 
drouin lui  -  mêttie  ,  il  résuhe  1°.  que  l'of- 
fice de  la  coustrie  de  Namur  et  trésorier  de 
l'église  collégiale  de  Walcour ,  est  un  office 
la'ic  supprimé  par  ia  loi  du  5  frimaire  an  6. 
2".  Qù'û  ne  lui  est  pèitu  fait  concession  de 
biens  tonds,  mais  de  l'oiScé  et  des  droits ,  profits, 
émolumens  attachés  à  l'oj^ce  ,  tels  -et  seniblables 
que  ses  prédécesseurs  ont  eu  et  sont  accoutumés 
d^ avilir  ;  1 

4^^.    ^ue    la    jouissance    des  énM>l«»icfl«  de 


de  Sjmbte  et  Meuse,  le  aS  flcnéal  deirnîer  , 
et  tout  ce  qui  a  pu  s'ensuivre  ,  est  déclaré  non 
avenu. 

II.  Sans  s'arrêier  à  l'opposition  formée  par 
Jean-Marie-.Sianislas  Desandrouin  ,  l'arrêté  du  «3 
pluviôse  an  8  est  confirmé  ,  pour  être  exécuté 
selon  sa  forme  et  teneur. 

m.  Les  ministres  de  la  justice  et  des  finances 
sont ,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,  chargés  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  aa 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'étal,  signé ,  H.  B.  Maret.   ' 


Il  est  ttès-vrai ,  comme  l'ont  annoncé  plusieuis 
journaux  ,  qu'un  aventurier  s'est  présenté  au  mi- 
nistre de  l'intérieur,  se  disant  fil?  du  roi  de  Perse. 
Pressé  de  dire  dans  quelle  partie  de  la  Perse  régnait 
son  pcre,  il  a  répondu  à  Ispahan  :  or  ,  en  179^, 
moment  où  il  a  quitté  la  Peise  ,  lipahan  était ,  â 
je  ne  ijie  trompe  ,  sous  la  doniiriation  d'un  eunu>- 
que;  Ce  n'est  que  lorsque  l'observation  lui  en  « 
été  faite  ,  qu'il  a  changé  sa  table  en  une  autre 
non  moins  absurde  , comme  la  prouvé  le  citoyen 
Olivier, 

Ce  n'est  pas  tout  ;  dans  une  no"e  qu'il  a  remite 
au  ministre  ,  il  prétendait  avoir  louché,  sur  unç 
lettre  de  change  du  roi  son  père,  8.4,000  ducatf 
du  prince  Poiemkin  en  1796  :  or  ,  il  est  asse% 
connu  que  le  prince  Potemkin  est  mort  en  1791. 

Il  faudrait  plus  de  tems  pour  relever  ses  cpu- 
tradictions  et  ses  absurdités,  que  pour  étudie? 
l  histoire  entière  de  la  Péise. 

Il  était  impossible  d  être  un  instant  dtrpe  de  cet 
imposteur.  D. 


Procès-verbal  de  la  translation  du  corps  de  Turennt% 
au  Musée  des  manumens  français,  (i) 

L'an   7  de  la  république  fjançaise  une  et  indi«  . 
visible  ,  et  le  quartidi  24  praicial. 

Nous  Alexandre  Lenoir  ,  administrateur  dit 
Musée  des  monumens  français  ,  y  demeurant, 
rue  des  Petits- Augustins,  division  de  l'Utiité  ,  et 
Pierre-Claude  Binart,  sous  -  çonjervatçur  dudit 
Musée  ,  chargéspar  le  ministre  de  l'intérieur  de 
l'exécuiion  dp  l'arrêté  du  directoire  exécutif,  da 
27  germinal  dernier,  qui  ordonne  la  transla^ioi* 
du  corps  de  Turenne  ,  déposé  au  Musée  national 
des  plantes  et  d  histoire  Jiaturelle,  audit  Musée 
des  monuinens  français  ;  désirant  mettre  à  pxécu'» 
tion  ledit  arrêté  ,  et  retirer  les  restes  d'un  g.uerci.ef 
reconimandable  par  sa  valevr  et  ses  venus  ci- 
viques ,  d'un  lieu  oii  ils  sont  confondus  avec  des 
objets  de  curiosilépiibli'iue,  ayons  iayité  etapp«lé 
auprès  de  nous  les  citoyens  Ambroise  -  Hobérc 
Lesieur,  et  Augustin  -Jean  Lesieur  ,  frères  ,  ci- 
toyens de  Paris ,  y  demeurant ,  tué  de  la  Colpipbe  , 
division  dç  la  Cité  ,  qui  nous  avaient  accompa- 
gnés pour  la  translation  des  cendres  de  Molière  «t 
de  Lafontaine  ,  à  l'effet  de  nous  concerter  sur 
les  moyens  d'effectuer  le  transport  du  corps  de 
ee  héros  en  nous  conformant  aux  intentions  da 
ministre  de  l'intérieur  pour  qu'il  ne  soit  pas  fait 
ostensiblement. 

Les  citoyens  susdits  et  soussignés  s'étant  rendus 
à  notre  invitation  ,  nous  leur  fîmes  connaître 
notre  désir  de  metiro  à  exécution  ,  sans  délai  , 
ledit  arrêté  susdaté  ;  et  nùus  étant  concertés  sut 
les  moyens  de  parvenir  à  ce  but  ,  nous  con- 
vînmes qtae  l'un  de  nous  se  rendrait  auprès  du 
citoyen  Berthier  ,  chef  de  brigade ,  directeur 
d'artillerie  par  intérim  de  l'arsenal  de  Paris,  pour 
l'inviter  à  nous  procurer  une  voiture  couverte 
attelée  de  deux  chevaux  ;  en  conséquence,  Vuji 
de  nous  s'étant  transporté  audit  arsenal  de  Paris, 
il  y  trouva  le  citoyen  Berthier  ,  auquel  il  exposa 
que  r^r+^té  du  directoire  exécuiif^précilé  ,  ordon- 
nant la  translation  du  corps  de  Turenne,  déposé 
aiA  Jardin  national  des  Plantes  ,  audit  Musée  des 
iponumene  français,  il  était  invité  à  aous  .procurer 
une  voiture  couverte  pour  effectuer  eeue  trans- 
lation ;  ce  que  ledit  citoyen  Berthier  acçuçillit  avec 
empressement,  en  nous  témoignant  la  satisfaction 
qu'il  éprouvait  de  pouvoir  contribuer  à  seconder 
nos  vues  à  l'égard  d'un  guerrierdontil  chérissait  la 
mémoire  ;  ayant  choisi  lui-mênie  ladite  voiture  , 
et  dponé  des  ordres  pour  qu'elle  f&t  mise  à  notre 
disposition  ,i  Theure  que  nous  jugerions  conve- 
nable,   nous  nous    retirâmes  pour  nous   rendre 


l'office  assujelissait  celui  qtH  en  était  pourvu  à  audit  Musée  des  monurnens  français  ,  ou  nous 
des  fonctions  et  ffcs  dcvbirs  ;  que  ces  devoirs  étant  réunis, nous  indiquâmes  Iheiire  de  6  heures 
et  ces   fonctiolîir  ont    cessé  p»r   la  .suppites^ioa    du  soir. 


de    cet    office ,    et  qu'il  nej>eH,l  pins  létçlain^r 
cette  ju^iiss4nce  ; 

5°.  -Que  le  citoyen  DosïodrouJa  .,  .pour  «ifete^ 
^nir  le  remboursement  du  prix  de  son  office  , 
doit  se  pourvoir  eu  liquidation  dan»  les  toïmes 
voulues  par  les  lois; 

Le  conseil  -  diétat  entendu  ,  'sTi'êretit  te  qui 
suii  :  .'.!..:•''. 

Art,  I".  Le  jugement   renflxi  '^kt  ïà  tttbunal 


Eu  conséqweijce  ,  «ijr  Ijçs  six  bewtej  d^  soir, 
l'un  d.e  nous  s'ijlf^U;!  jr^tk^poçté  à  l'iarseoftl  de 
Paris  ,  ppury  preodr<e  la  voiture  mise  à  notre  dis- 
position ,  ce  rendit  de  #uite  au  Jardiii  des  Plantes ,. 
où  nons  trouvâmes  le  citoyen  Lenoir  ,  q»i   iious. 

\i]  Ce  procès-verbal  a  été  déposé  chez  le  ci- 
toyen Potier,  notaire,  par  acte  du  .isg  vendé- 
miaire an  8. 


14^9 


(vail  devancé»,  et  qui  était  accompagné  <les  ci- 
toyens Michel-Pierre  Sauvé  ei  Pieire-Louis  Sauvé, 
frères  ,  employés  dudit  Musée  des  monuraens 
français  ,  où  nous  étant  encore  trouvés  réunis  , 
^'un.  de  nous  observa  que  la  remise  du  corps  de 
Turenne  ne  pouvait  nous  être  fuite  ,  que  préala- 
blement nous  n'avons  obtenu  l'auioiisaiion  du 
conservatoire  du  Musée  d  histoi  e  naturelle  el  des 
plantes  ,  qui  en  était  dépositaire  ;  qu'en  consé- 
quence ,  il  convenait  que  Le  citoyen  Ltnoir  ,  l'un 
4e  nous  ,  se  rendît  auprès  de  cette  adminisliaiion 
pour  otptenir  cette  autorisation  en  vf  ttu  des  pou- 
ijoùs  dont  il  était  revêtu.  Le  citoyen  Lenoir  s'étant 
de  suite  transporté  auprès  dudit  conservatoire, 
%<)i].5  attendions  son  retour  qui  eut  lieu  sur  les 
ijuit  heures  du  soir,  oii  il  nous  rejoignit  porteur 
4)S  l'auloris^iion  nécessaire  ,  et  nous  étant  fait 
dooner  connaissance  du  lieu  oîi  étaient  déposés 
les  restes  de  fui'fi""^  •.  nous  fûmes  introduits 
diins  un  local  attenant  l'araptiithéâtre  servan-t  de 
laboratoire  ,  au  milieu  duquel  était  posée  sur  une 
ejtr^de  de  bois  peint  en  granit,  une  ca;sse  en 
forme  de  cercueil  aussi  de  bois  peint,  vitrée  par- 
dessus,  de  la  longueur  de  197  millimètres,  dans 
laquelle  on  nous  a  déclaré  que  le  corps  de 
-Turenne  éiart  enfermé  ;  nous  remarquâmes  ,  en 
effet ,  au  travers  du  vitrage  qui  couvrait  ce  cer- 
cueil ,  un  corps  étendu  enveloppé  d'un  linceul  , 
lequel  avait  été  déchiré,  et  découvrait  la  tête  jus- 
qu'à l'estomac  ;  ce  qui  nous  ayant  porté  à  le 
considérer  plus  attentivement  ,  il  nous  parut  que 
«e  corps  avait  été  embaumé  avec  soin  dans  toute 
ses  parties  ,  ce  qui  en  avait  conserve  toutes  les 
{ornies  ;  le  crâne  avait  été  coupé  et  remplacé  ou 
iecouverl  d'une  calotte  de  bois  de  la  même 
fo^me  ,  mais  excédant  dans  sa  circontérence. 
Toutes  les  formes  du  visage  ne  nous  parurent  pas 
tellement  altéiées  que  nous  ne  pûmes  reconnaître 
les  traits  que  le  marbre  nous  a  laissés  de  ce  grand 
homme  ;  il  restait  encore  des  effets  du  funeste 
coup  qui  l'enleva  au  milieu  de  ses  triomphes  ,  et 
qui  lui  causa  sans  doute  une  violente  convulsion 
dans  la  figure ,  ainsi  qu'il  nous  a  paru  par  l'état 
de  la  bouche  extiêmement  ouverte;  et  conti- 
nuant à  considérer  ces  respectables  restes  ,  nous 
apperçûmes  que  les  bras  éiaient  étendus  de  cha- 
que côté  du  corps  ,  et  que  les  mains  étaient 
croisées  sur  la  région  du  ventre  vie  reste  éiait  en- 
veloppé du  linceul  et  offrait  les  formes  ordi- 
naires. Sur  le  côté  du  cercueil  était  attachée  une 
iasGription  gravée  sut;  une  plaque  de  cuivre  ,  qui 
paraît  être  celle  qui  avait  été  placée  sur  l'ancien 
cercueil  où  ce  corps  avait  été  reiifermé  ,  sur  la- 
quelle nous  lûmes  ce  qui  suit  : 

«i  Ici  est  le  corps  de  sérénissime  prince  Henry 
j»  de  I?  Tour-d'Auvergne,  vicomte  de  Turenne  , 
»  maréchal-général  des  camps  et  armées  du  roi  , 
1»  colonel  -  général  de  la  cavalerie  légère  de 
t>  France  ,  gouverneur  du  haut  et  Bas-Limosin  , 
ik  lequel  fut  tué  d'un  coup  de  canon  ,  le  XXVII 
-*  jtijltetl'an -MDCLXXV.  >. 

Après  avoir  encore  considéré  avec  respect  les 
Testes  d'un  guerrier  célcbre  ,  et  le  citoyen  Lenoir, 
l'iin  de  nous  .  ayant  fait  transporter  ledit  cer- 
cueil dans  la  voituve  que  nous  avioiis  amenée  à 
cet  effet  ,  deux  d'entre  nous  ,  d'après  linvita- 
lion  du  citoyen  Lenoir  ,  accompagnèrent  ces 
•vénérables  dépouillts  audit  Musée  des  monu- 
inens  franc  is  ,  où  étant  déposées  dans  une 
yiece  particulière  hors  des  regards  du  public  , 
jusqu'à  ce  que  le  monument  où  elles  doivent 
être  renfermées  fût  préparé  ,  nous  nous  reti- 
râmes. 

De   tout  ee   que  dessus  ,  et  pour  en  conserver 

la  mérnoirc,  nous  avons  dressé  le  présent  procès- 

yerbal  ,  que  nous  avons  signé  lesdils  jour  et  au. 

Signés  ,  Berthier  ,  chef  de  brigade  d'artillerie  ; 

LENOtR,    BiNART  ,      SaOVE,      P.     SaUVÉ, 

A.  J.  LEStEUR  et  A.  R.  Lesieur. 

Et  le  82  messidor  de  l'an  7  de  la  république  , 
sur  les  il  heures  du  malin  ,  nous  administrateur 
et  sous  -  conservateur  susdits  soussignés  ,  ayant 
fait  ériger  le  monunjeBt  qui  doif  r);ii(ctmer  les 
lestes  de  Turenne,  et  y  3y3nt  à  tit  eflet  fait 
pratiquer  une  concavité  ,  avoijs  fait  retirer  ledit 
cercueil  du  lieu  OÙ  il  était  d'aboid  déposé, 
duquel  nous  fîmes  enlever  le  vitrage  qui  y  avait 
été  p)?çé,  et  dans  l'intérieur  y  fimes  poser  celte 
j^scrjpiion  gravée  sur   i}tie  plaque  -de  cuivre. 

i>.  Les  r««t6S  de  Henry  de  la  Tour-d'Aijvergne  , 
5»  vicomte  de  Turenne  ,  tué  d  un  coup  de  canon , 
»»  le  «7  juillet  1675 .  à  64  ans ,  près  le  village  de 
»>  Salzback,  exhumés  e.i  1798  de  l'abbaye  de 
j)  Saint  Denis ,  oi'i  ils  avaient  éié  enterrés  ,  opt  été 
»i  recueillis  par  les  soins  d'Alexandre  Lenoir , 
?5  fondateur  du  Musée  des  monuraens  français, 
î>  el  xlépo'éi  dans  le  sarcoj^hage  qu'il  a  Ifait  exé- 
5>  cuter  ,  sur  ses  dessins  ,  par  arrêté  du  directoire 
»!  exécutil  ,  1  a n  7  ,d,e  |»  réjpjjbliquf  fr^iaçfiUp ., 
»  une  et  indivisible.  >) 

Ce  qui  étant  exécuté,  nous  fîmes  à  l'instant 
ccuivrir  ledit  cercueil  dune  pbncbe  de  chêne, 
laquelle  étant  scellée,  et  l'inscription  ,  rapportée 
au  prerriitr  procès-verbal ,  y  ayant  été  replacée  , 
nous  susdit»  administrateur  et  sous-conscrvatcur 
avons  Iriii  transporter  ledit  cercueil  au  lieu  où 
éuh  érigé  le  moniuocnt,  où  étant  ariivés  nous 


le  fimes  en  notre  présence  placer  dans  le  sarco- 
phage par  Icsdits  citoyens  Sauvé  frcrcs  ,  aiiriucl 
dépôt  assistaient  lesdiis  citoyens  Arubroisc  ,  Ro- 
beri  Lesieur,  et  Jean  Pachcz  ,  ouviii.raud.  Musée  , 
et  aussitôt  nous  soussignés  fîmes  poser  et  sceller 
le  couronnement  qui  termine  le  monument. 

De  tout  ce  que  dessus  nous  avons  dressé  le 
présent  prncès-verbal  ,  lesdits  jour  et  an  que 
dessus  ,  pour  constat'-r  l'exécution  de  l'arrêlé  du 
directoire  exécutif,  et  pour  laisser  un  riionu- 
mcut  de  notre  vénération  pour  la  mémoire  de 
Turenne. 

Signés  ,  LfNOiR  .  BlitART  ,  >\.  R.  Lesiçur  , 
Pachez  ,  Sauvé,  aîné,  et  P.  Sauvé. 
Pour    coj)ie    conforme  , 

Lenoir. 


FIN    DÇ  la    notice  SUR  LA  MARINE  DANOISE. 

Etnhlisscmens  ,  ports ,  etc. 

Trois  holms  ou  islots  dans  l'e-iceinle  de  Co- 
penhague, co.Ttiennent  les  ateliers,  les  chan- 
tiers ,  les  magasins,  les  forges  ,  etc..  Différentes 
machines  dont  on  y  lait  usage  ont  été  admiiccs 
des  connaisseurs  étrangers.        " 

Un  swperbe  bassin  ,  mais  qui  ne  peut  rece- 
voir qu'un  vaisseau  à-la-fois  ;  une  pompe  ,  mue 
par  vingt-quatre  chevaux  ,  peut  le  vider  en  vingt 
heures. 

L'académie  de  cadets  de  marine  a  été  fotidée 
en  1701  ;  elle  contient  5o  cadets  appijijiiés  .  et 
i5o  volontaires  :  on  en  envoie  tons  les  ans  en 
certain  nombre  sur  une  frégate  faire  des  évolu- 
tions en  mer. 

Lhôpiial  de  la  marine,  et  la  maison  de  travail 
pour  les  marins  indigent  .  sont  fort  bien  lenus. 

L'école  de  constriiction  çt  U  collection  des 
modèles  méritent  aiissi'des  éloges. 

Les  archives  des  cartes  marines  sont  sous  l'admis 
nistrniion  de  M.  l'î^djudant-général  de  Lcevenœ.n. 
Cel  établissement  a  obtenu  les  suffrages  du  cé- 
lèbre Zaçh  ,  de  Gotha.  On  petit  sur-tout  recom- 
maiider  aux  marins  français  une  carte  des  îles 
de  Shetland  ,  la  seule  exacie  qu'on  ait. 

Les  ports  et  rades  fortifiés  sont  Copenhague, 
Elscneur  avec  Kronborg  ;  Nvbor^,  sur  le  grand 
Belt  ;  Fridriksort,  près  de  KjViJ  ;  Fladstrand  et 
Hais  ,  dans  le  Jutland  ;  Gliitsladt  ,  en  Holst^in  ; 
Christiansoer  ou  Ertholrae  .  dts  rochers  vis-à-vis 
de  CarIscTona  ,  'en  Suéde  ;  'B'iekkeroe  ,  Siavein  et 
Bergen  ,  en  Norvège. 

Kronborg  a  des  batteries  à^ur  d'eau  que  les 
grands  vaisseaux  ne  sauraient  éviter  ;  mais  avec 
un  vent  de  nord-ouest  le  passflge  n'en  serait  pas 
impossible.  En  tout  cas  on  no,  peut  jamais  passer 
le  Sund  en  ligne  de  bataille  ,  fli, empêcher  l'effet 
des  chaloupes  canonieifs  et  des  /batteries  flot- 
tantes ,  dont  on  peut  garnir  les  deux  rivages, 
distant  1  un  de  l'autre  d'environ  14,706  pieds  de 
France, 

Ayant  même  forcé  le  passage  du  Sund ,  l'on  ne 
peut  entrer  dans  la  Baltique  avec  des  vaisseaux 
de  ligne  ,  s  ;i;s  ôter  les  canons  ,  à  ca^se  du  peu 
de  profondeur  de  l'eau  près  Amak.  Le  grand 
Belt  est  semé  décueilset  de  basfonis;  la  Baltique 
même  en  est  tellement  embarrassée,  que  les  noa- 
rins  regardent  tout  vaisseau  au-dessus  de  80  ca- 
nons comme  inutile  dans  ces  parages, 

La  marine  danoise  conserve  encore  cet  esprit 
d'hcro'isme  ,  qui  ,  dans  la  guerre  dp  i6/5  ,  167g  , 
et  dans  celle  de  1709  à  1720,  la  Ht  triompher 
par-tout  des  braves  suédois  ,  avrjpuj'd'hui  ses 
amis;  le  corps  des  ofEciers  est  un  des  plus 
instruits  de  l'E.urope  ;  enfin-,  une  fjotle  danoise 
peut,  à  forces  à-pcu-près  égales,  se  mesurer 
avec  toute  autre  ,  aussitôt  que  le  gouvernement 
trouvera  nécessaire  de  donner  le  signal  rie  dé- 
fendre la  patrie. 

M.  C.  Bru;m  ,    danois. 


THEATRE      FEYDEAU. 

Par^i  Ips  réunibiD!  de  comédii^ns  qu  un  zèle 
soutenu  et  des  .efforts  çonstans  mettent  en  pos- 
session de  l'fslime  et  rie  la  faveur  publique,  il 
est  impossible  de  ne  pas  citer  celle  à  la  tête  de 
laquelle  se  trouve  placé  Picard,  ingénieux  comine 
auteur  ,  original  comme  coimédien.  Elle  est  peu 
nombreuse  ,  et  semble  par  le  travail  multiplier 
les  sujets  qui  la  composent.  Gn  ne  paraît  y  con- 
naître ni  emploi  ni  rivalité  ,  mais  seulement  le 
but  d'une  utilité  commune  :  aussi  des  ouvrages 
aimés  du  public  y  sont- ils  donnés  souvent, 
/n^a^l^é  ,d,es  |cirppr^star^ces  jflaptétj'.ue.s,  qui  paraî- 
iraietit  deypir  Je?  r^tar,dcr  ,iiif)d,if  ,qije  des  pron 
duçtions  nouvelles  vitnrient  en  gritnd  nqmbre 
sinon  enrichir  ,  du  moins   varier  le  répertoire. 

Hier  on  a  donné  à  ce  théâtre  la  première 
repi:éscniation  des  Pdxeni  ,  comédie  en  cinq  actes 
et  en    vers.  Voici  quel  en  est  le  sujet. 

Franval  père  est  mort  en  accusant  de  sa  fin 
prémaluiée  un  fils  depuis  long-lcms  absent  du 
toit  paternel  ,  qu'on  a  peint  à  ses  yeux  comme 
tenant  une   conduite  détéglée  \  et  comme  ayant 


conli^acté  un  mariage  honteux.  Les  stXMrs  du 
jeune  homme  ont  éié  ses  accusatrices  .  le  peie 
a  cru  leurs  faux  r.ipports  ,  les  a  comblées  de 
ses  dons  ,  et  a  chargé  son  fils  de  toyte  sa  malé- 
diction. 

Quelques  motï  qu'il  écrivait  ,  peu  de  jours 
avant  sa  mort  ,  contenaient  l'expiessioii  de  son 
indignation  contre  ce  fils  :  à  ces  mots,  et  sur  le 
même  billet  se  trouvaient  joints  l'aveu  d'un  dé- 
]ioi  remis  à  Franval  par  son  ami  Dormeuil  ,  dans 
une  circonstance  difficile  ,  et  l'ordre  positif  de 
remetire  ce  dépôt  à  son  propriétaire  ou  à  son 
légitime  héritier.  Les  sœurs  de  Franval  lils  n'oht 
eu    aucune    connaissance  de  cet  écrit  important. 

L  action  commence  au  moment  où  les  partages 
vont  s'ouvrir;  un  juge-de-paix  est  chargé  de  conr 
ciiitr  les  divers  intéiêts  :  déjà  les  deux  soeurs  lai 
ont  sépaiémeni  rendu  vi^ile:  chacune  d'elles  lui 
a  expliqué  stm  but  secret.  Toutes  deux  veulent 
spolier  1.  ur  jeune  frère.  Le  juge-dc-|>aix  a  proHté 
de  ces  aveux  pour  avenir  Franval  fils  ,  ijui  est 
arrivé  promptement  de  Paris  ,  pour  fiire  valoir 
ses  droits. 

Cependant  ,  un  jeune  homme  di  puis  peu  dins 
la  ville,  connu  sous  le  nom  du  capitaine  Maicé, 
s'est  introduit  chez  les  soeurs  Franval  :  son  ton 
honnête  ,  affectueux  ,  prévenant  ,  a  plû  d.rijs  leur 
maison  ;  il  est  parvenu  à  être  leur  confident 
intime  ,  à  connaître  leur  projet  sur  la  succession  ; 
tout  savoir  à  cet  égard  ,  était  le  motif  de  son 
assiduité  :  bienlôt  il  parait  ch  z  le  magistrat  .  lui 
dctlarc  sou  vrai  nom^,  et  léclarae  son  appui. 
C'est  lui  qui  .  fils  de  Dormeuil,  veut  par  la 
ruie  ,  ou  par  tout  autre  moyen  ,  obtenir  l'aveu 
d'un  dépôt  rué  par  It-s  sceurs  Frarival .  et  une  res- 
titution à  laquelle  sa  forturie  est  attachée. 

Le  juge-de-paix  met  aussitôt  en  présence  le  fils 
du  dépositaire  et  l'héritier  de  Dormeuil.  Franval 
parle  du  dépôt  à  ses  sœurs  ,  d'abord  avec  réseive  , 
bientôt  aV'-C  chaleur  :  elles  sduti  iment  que  la 
restitution  a  eu  lieu  ;  rieçi  ne  peut  l.ur  arracher 
une  autre  réponse. 

Quojqije  certain  de  leur  mauvaise  lot,  Franval 
veut  les  ménager  encore  :  il  fait  entendre  la  vo  x 
de  l'honneur  ,  celle  du  sang;  il  cherche  à  excitttc 
en  elles  le  repentir ,  à  éveiller  les  remords  ,  à  Us 
effrayer  au  nom  de  l'infamie  qui  attend  le  spolia- 
teur ;  vains  efforts  :  des  refus',  des  menaces  ,  une 
odieuse  accusation  de  connivence  sont  les  ré- 
ponses de  ses  soeurs.  Alors  décidé  à  un  éclat  de- 
venu inévitable, il  fait  paraître  le  fils  de  Dormeuil  : 
il  mpiitre  le  billet  signé  de  sou  père  ;  et  par  hon- 
nçur,  forcé  à  déshonorer  ses  parens  ,  il  obtient 
une  restitiiiion  poiir  son  nouvel  ami  ,  en  même- 
tems  qtie  ja  riîconoaiçsaiice  de  ses  propres  droits. 

Cet  ouyragÂ^qui  n'a  goi.vt  eu  de  succès ,  aété 
traité  dans  le  genre  du  drame,  beaucoup  plus 
que  dans  celui  de  la  comédie  ,  et  ce  n  est  pas,  là 
scm  moindre  défaut.  L'exposition  ne  manqiUut 
point  de  clarté  ,  elle  piquait  même  la  curiosité  ; 
.la  double,  yisiie  chez  le  jtjge-de-paix  ,  des  deux 
soeurs  également  iptéressées,  avait  produit  de 
I  effet;  le  rôle  du  magistrat  semblait  promettre 
qu'on  Verrait  enjeu  quelques  ressorts  neufs  et  at- 
lachans  ;  t'OppOsidon  tracée  ,  dès  le  premier 
acte,  annonçait  de  l'action  i  de  fintrigue  ,  de 
l'intérêt. 

Ces  espérances  ne  se  sont  point  réalisées  :  l'in- 
trigue est  d'une  graiide  faiblesse,  I  analyse  dô 
l'ouvrage  en  a  pu  colivaincire  :  l'action  e^t  lente 
et  rmbarrasséc  ;  les  scènes  sont  peu  liées  ;  les 
allées  et  ven'ues  y  sont  sans  nombre  comme  sans 
motif;  le  rôle  du  fjuy  Marcé  répand  sur  l'intrigije 
quelqù'obscurité  sjns  lui  donner  de  la  force  :  on 
n'a  nullement  uré  parti  de  ce  rôle  et  de  la  liaison 
du  persounage  avec  les  soeurs  Franval.  Un  seul 
motif  l'anime  ,  c'est  l'intérêt  que  ne  relevé  au- 
cun sentirticnt  plus  npbl=  ;  dès  -  lors  .peut -il 
présenter  un  caractère  th.é.âtràl  réellemeht  atta- 
chant ■?         '    ■ 

Le  juge-He-paix  est  d'une  nullité  presqu'ab- 
solue.  Ses  conseils  sont  sans  uiihté  ,  son  minis- 
tère superfli;  ;  le  j.eun.ç  Frany.  1  troiive  en  lui- 
même  tous  ses  moyens,  et  seul  sait  lés  employer 
et  les  f^ire  réussir.  Il  n'y  a  peut-être  pas  d'exem- 
ple au  théâtre  d'un  rôle  aussi  completiémént 
inutile  que  celui  de  la  jeune  ferrime  dé  ce  Frapval, 
si  ce  n'est  celui  d'une  vieille  tante  dont  le  carac- 
tère est  à  peine  esquissé,  et  celui  d'un  valet  , 
allant  et  venant  sans  cesse  ,  toujours  pour  en- 
tendre une  confidence  invraisemblable  ,  ou  dire 
un  mot  déplacé.  Le  rôle  du  inari  de  l'une  del 
deux  sçeurs  jette  à  peine  svr  l'ouvrage  une 
nuance  faiblement  comique.  Ces  divers  person- 
nages sont  tellement  inutiles  ,  qu'en  traçant  l'ana- 
lyse de  la  pièce  ,  ils  ne  se  présentent  même  pas 
à  l'esprit  ,  et  que  dans  celle  que  nous  venoi.;i 
d.'çc.tirp  ils,  sont  coinpjelt.epient  omis. 

Quels  que  soient  ces  défauts ,  le  style  par,'ît 
encore  être  la  pjrtie  de  l'ouvrr-ge  qui  appelle  le 
plus  un  examen  ciitique.  Quctques  tiracies  ont 
été  applaudies  et  méritaient  de  I  être  ;  elles  étaient 
en  général  plus  fortes  d  idées,  que  purerncnt 
écrites  ;  mais  le  reste  n'offrait  quune  veisificaiion 
peu  soignée  ,  de  l'exagération  dajis  les  idées  ,  et 
de  la  trivialité  dans  l'expression. 


1440 


1  Nou»  ne  croyons  pas  avoir  ménagé  les  obser- 
.'tions  critiques,  e«  cependant  il  nous  semble  que 
■iouvvage  3  éié  traité  avec  trop  de  riçueur:  une 
pièce  en  cinq  actes  et  en  vers  doit  coûter  tant  de 
travail  ,  qu'il  faut  au  nt)oins  l'écouler  avec  plus 
d'attention  ,  et  montrer  pour  son  auteur  plus  de 
justice.  De  toutes  parti  les  jenx,de  mois  ,  les  quo- 
libets ,  les  calemboutgs  interrompaient  les  acteurs  , 
ou  suivaient ,  l'expreîsion  hasardée  ,  l'hémistiche 
l'aible.  la  rime  douteuse  qui  s'échappait  de  leur 
bouche. 

Qjiellc  qu'ait  été  une  «elle  défaveur  ,  nous 
n'hesilons  pas  à  nommer  l'auteur  de  1  ouviage  : 
c'est  le  citoyen  Dorvo  ,  auteur  de  VEnvieux , 
dont  la  première  et  dernière  représentation  a 
été  si  cruellement  marquée  par  l'incendie  de  la 
BiagniËque  salle  de  l'Odéon.  Les  Farens  sont 
annoncés  aujourd'hui  remis  en  (rois  actes. 
S 


Au  Rédacteur. 

Citoyen  ,  l'utilité  des  paratonnerres  est  trop 
connue  pouf  qu'on  s'occupe  à  la  démontrer  ; 
l'usage  qu'on  en  fait  en  France  depuis  plusieurs 
années,  prouve  les  secouts  qu'on  peùt'cn  atten- 
dre. Convaincu  de  cette  vérité  ,  le  miiiisiie  de 
la  guerre,  par  sa  lettre  du  26  prairial  ,  a  invité 
la  classe  des  sciences  phisiqucs  et  mathématiques 
de  l'institut  national  ,  à  faire  un  rapport  sur  cet 
objet  relativement  à  l'érection  d'un  paratonnerre 
sur  quelques  édifices  publics. 

Les  commissaires  ont  pensé  qu'il  était  prudent 
d'armer  de  paratonnerres  ces  édifices,  et  ont 
observé  au  ministre  de  la  guerre  ,  qu'il  y  a  dans 
le  département  du  ministre  de  l'intérieur  un  artiste 
chargé  de  la  construction  et  de  la  restauration  de 
tous  lest)aratonnerres  des  édifices  publics  de  Paris. 
C'est  le  citoyen  Beyer  ,  rue  de  Clichy  ,  n°  33. 

Les  commissaires  ajoutent  qu'il  convient  peut- 
être  de  charger  le  citoyen  Beyer  de  cette  opéra- 
tion ,  d'autant  moins  dispendieuse  pour  le  gou- 
vernement ,  qu'elle  sera  faite  par  l'homme  le  plus 
employé  et  le  plus  exercé  à  ces  sortes  d'ouvrages. 

Veuillez  bien  ,  citoyen  ,  publier  ces  faits  qui 
peuvent  devenir  utiles  à  quelques  -  uns  de  vos 
lecteurs.  O. 


Suite  du  cours  public  du  citoyen  Aubry  ,  géomètre  , 
sur  l'application  du   calcul  décimal  à  toutes  Us 
Cpérations  d'administration  de  finance ,  de  banque 
f        ■   et  de  commerce  de  tous  les  pays  de  la  terre. 

Seconbe    leçon. 

^.  IV.  Manière  de  se  servir  de  la  table  universelle 
pour    les  Jractions    composées   ou  de    deuxième 

.  classe. 
Il  ne  faut  que  du  faisonnement,  et  point  de 

«cience  ,  pour  lever  les  difficultés  dont  il  va  être 

question. 

Avez-vous,  en  effet,  Sg  atpcns  44  perches? 
(l'arpent  supposé  de  96  perches;  car  s'il  l'était 
de  lop  ce  serait  Sg  arpens  quarante-quatre  100'' 
qui  ne  donneraient  aucuue  peine  pour  la  transfor- 
mation ,  puisqu'on  les  écrirait  çurement  et  sim- 
plement en  millièmes  comme  ceci  59,440)  comme 
Cis  44  perches  font  alors  quaraiîte-quatre  96'» 
^ous  prenez  moitié  des  deux  termes  composant 
cette  fraction  qui  vous  donne  pour  valeur  égale 
(fondés  sur  le  principe  que  toute  fraction  dont 
les  termes  sont  es  mêmes  rapports ,  doit  toujours 
exprimer  les  mêmes  valeurs)  vingt-deux  48'°'*  ; 
ensuite  moitié  de  celle  de  ces  deux  nouveaux 
termes,  qui  vous  donne  onze  84"'^;  et  comme 
onze  ï4°'''  sont  la  moitié  de  onze  xs"'*,  qui 
valent ,  suivant  la  table  ,  0,917  ,  vous  prenez 
moitié  de  ces  917  millièmes  que  vous  joignez  aux 
59  arpens ,  comme  ceci  59,458  arpens.  (i) 


(I)  Ceci  est  fondé  également  sur  le  principe  que 
plus  le  dénominateur  d'une  fraction  est  grand , 
Je  numérateur  restant  le  même  ,  plus  la  fraction 
est  petite.  En  effet,  onze  24™'=  est  moitié  de  onze 
jjmes  ^  parce  qu'une  fraction  qui  a  son  dénomi- 
nateur double  ou  quadruple ,  est  la  moitié  ou  le 
quart  d'une  autre. 


Votre  arpent  esl-il  maintenant  composé  d'un 
plus  grand  nombre  de  per clies  (  comme  par  exem- 
ple de  255)  et  en  avez-vous  36  perches  à  évaluer 
en  millièmes  ?  comme  les  36  perches  font  alors 
trente-six  256"  ,  vous  prenez  moitié  des  deux 
termes  de  cette  fraction  qui  vous  donne  pour  va- 
leur égale  dix-l)uit  128'^*  ;  ensuite  nioiijé  tle  cette 
nouvelle  fraction  ,  qui  vous  donne  pour  valeur 
égale  neuf  64'^  ;  et  comme  neuf  64*'  font  le 
quart  de  neuf  16'^  qui  valent,  suivant  la  table  . 
562  millièmes ,  vous  pienez  le  quart  de  cette  quan- 
tité que  vous  exprimez  comme  ceci  0,140  ,  en 
négligeant  le  quart  de  2  millièmes  ,  ci  0,140. 

Avez-vous  enfin  5  m'uids  de  480  pintes ,  plus 
72  pintes,  à  expryner  en  fractions  décimales  ? 
comme  ces  72  pintes  font  alors  soixante-douze 
480^^ ,  vous  prenez  moitié  des  termes  de  cette 
fraction,  qui  vous  donne  pour  valeurégale  trente- 
six  240'^  ;  ensuite  moitié  de  ces  nouveaux  ter- 
mes .  qui  vous  donne  pour  valeur  égale  dix-huit 
120'^*  ;  ensuite  moitié  de  ces  nouveaux  termes, 
qui  vous  donne  pour  valeur  égale  neuf  60'*  ,  et 
enfin  le  lier»  de,, cette  dernière  ,  qui  vous  donne 
pour  valeur  toujours  ég:ile  trois  20'^  ,  lesquels 
trois  %o"  ,v;alant ,  suivant-  la  table  ,  i5o  mil- 
lièmes ,  se  joignent ,  comme  il  suit,  aux  5  muids. 
ci.      .      .      .,    '..    ,..-.,   --.      .     5  ,  i5o  muids. 

A  la  vérité  ,  ces  opérations  sont  un  véritable 
tâtonnement  ;  mais  soyons  de  bonne  foi ,  sont-ce 
des  propriétaires,  des  administrateurs,  des  ju- 
ges ,  des  hommes  de  loi  .  des  médecin?  ,  des 
marchands  ,  des  artisans,  bref,  des  personnes 
qui  ne  sont  point  exercées  au  calcul  ,  qui  seront 
en  état  de  diviser  le  numérateur  par  le  dénomi- 
nateur ?  Combien  peu  de  gens  savent  ce  qui  s'ap- 
pelle la  division  !  Combien  n'est-il  pas  même 
j  ridicule  d'en  parler  dans  un  cours  oii  l'on  n'en 
est  pas  seulement  à  l'addition,  et  oià  l'on  se 
propose  de  mettre  la  science  à  la  portée  des  hom- 
mes ,  et  non  les  hommes  à  la  portée  de  la  science  ? 

Il  est  donc  bien  plus  sage  de  mettre  de  côté  les 
difficultés  et  de  se  faire  entendre  de  tout  le  monde, 
que  de  parler  un  langage  inintelligible  pour  le 
plus  grand  nombre ,  et  n'être  compris  que  de 
quelques  individus.  Loin  d'empêcher  ceux  qui 
ont^unjgoût  décidé  pour  les  hautes  sciences  de  s'y 
liyrer  ,  on  peut  dire  au  contraire  qu'amorcés  par 
l'attrait  des  calculs  faciles  ,  ce  sera  à  qui  voudra 
en  faire  désormais  l'objet  de  ses  méditations. 

§,-V.  Difficultés  plus  grandes  ,  mais  que  les  seuls 
architectes  et  maqons  ont  intérêt  de  savoir  lever  , 
et  tout  au  plus  les  propriétaires  qui  font  bâtir. 

On  a  vu  dans  le  paragraphe  qui  précède  ,  quel- 
ques difficultés  ;  .pais  il  en  est  de  plus  grandes 
encore  que  l'on  peut  lever  sans  efforts  et  par  le 
simple  raisonnement  ,  telle  que  celle  qui  suit  et 
que  l'on  croit  suftiante  pour  l'exemple. 

Avez-vous  un  nombre  quelcotique  de  pouces 
cubes  que  vous  voulez  exprimer  en  millièmes  de 
l  pieds  cubes  ,  teUt,  pâr-éiSemple  ,  qUè  1224  pouces 
cubes?  Comme  iljiai728  pouces  cubes  dans  un 
pied  cube  ,  il  est  évident  que  ces  1224  pouces  cu- 
bes font  douze  cents  vingt-quatre  1728'*  qui,  ré- 
duits à  valeurégale  par  la  moitié  des  deux  quan- 
tités,  donnent  six  cents  douze  864^^ ,  par  nou- 
velle moitié  trois  cents  six  432''  ,  par  nouvelle 
moitié  cent  cinquante-trois  2t6",  par  nouvelle 
moitié  (en  ajoutant  un  S16')  soixante  dix-sept 
108" ,  par  nouvelle  moitié  (  en  sacrifiant  un  108'  ) 
trente -neuf  54",  et  par.nçuvelle  moitié  dix-neuf 
27'*  ;  or  comme  dix-neuf  27'^  font  le  tiers  de 
dix-neuf  9'= ,  autrement  de  deux  uii.  9'  ,  autre- 
ment encore  de  2  entiers  m  millièmes,  on  prend 
le  tiers  de  cette  quantité  qui  donne  0,704  .  c'est- 
à-dire ,  les  704  millièmes  d'un  pied  cube. 

On  peut  objecter  ,  il  est  vrai  ,  que  l'opération 
n'est  pas  parfaitement  exacte  ,  puisque  l'on  a  été 
obligé  d'ajouter  une  première  fois  un  216'  au 
numérateur  et  de  l.ui  retrancher  une  deuxième 
fois  un  108'.  Mais  si  on  se  rappelle  ce  que  j'ai 
dit  dans  le  deuxième  paragraphe  de  cette  leçon, 
on  conviendra  bientôt  que  s'il  doit  être  permis  de 
négliger  des  décimales  quand  elles  se  trouvent 
en  trop  grand  nonabre  et  qu'elles  ont  naturelle- 
ment peu  de  valeur ,  on  doit  par  la  même  raison 
ne  se  faire  aucune  peine  de  négliger  des  208"=* 
et  des  108'* ,  qui  sont  déjà  peu  de  chose  par  eux- 
mêmes  ,  sur-tout  quand  il  ne  s'agit  que  d'un  pied 
cube. 

On^e  pousse  par  plus  loin  au  surplus  ces  ob- 


servations, parce  que  comme  ces  cas  se  présentent 
fort  rarement  dans  le  commerce,  attendu  que  les 
fractions  (  on  ne  parle  que  de  celles  de  premier 
degré  j  y  sont  presque  toujours  ,  comme  on  l'a  dit 
précédemment ,  des  moitiés  ,  des  tiers,  des  quarts, 
des  8'^  ,  des  1 2'^ ,  des  16*^^ ,  etc.  et  que  ceux  qui 
calculent  en  toises,  pieds  et  pouces,  sont  app.i- 
remment  des  hommes  qui  ont  du  tems  à  perdiez 
il  en  résulte  qu'il  est  assez  inutile  de  fatiguer  l'es- 
prit de  reux  qui  n'ont  pas  plus  de  tems  qu'il  ne  faut 
pour  le  consacrera  léiude,  et  qui  d  ailleurs  savent 
fort  bien  que  la  1728'  pariie  d  une  chose,  comme 
sa  480»  partie,  comme  sa  216'  partie  et  m*me' 
sa  108=  partie,  sont  ce  qu'on  appelle  des  abstrac- 
tions auxquelles  il  n'est  pas  plus  permis  de  taire 
attention  qu  à  une  ligne  d'étoffe  sur  une  aune, 
qu'à  une  vingtaine  de  grains  de  bled  sur  un  bois- 
seau ,  qu  à  une  cuillerée  de  vin  sur  une  pieté  ,  et 
qu  à  une  prise  de  tabac  sur  une  once. 

Cependant,  co.nme  il  faut  satisfaire  tout  le 
monde  autant  qu'il  est  possible  ,  je  donne  dans 
le  paragraphe  suivant  la  manière  d'exprimer  en' 
millièmes  toutes  les  fractions  de  fractions  par  Idf, 
moyen  d'une  table  dressée  tout  exprès.. 


LIVRES    DIVERS. 

Le  chevalier  Robert  ou  histoire  de  Robert  le  brave  , 
dernier  ouvrage  posthume  du  comte  de  Tressan  , 
l'un  des  quarante  de  l'académie  française  ,  vol. 
in-8'.  pouvant  faire  suite  à  la  collelion  des  romjns 
de  cet  auteur  ;  prix  ,  3  fr.  et  4  fr,  par  la  poste. 

Cours  élémentaire  d'histoire  naturelle  pharmaceu- 
tique ,  ou  description  des  matières  simples  que 
produisent  les  trois  règnes  de  la  nature ,  et  qui 
sont  d'usage  en  pharmacie,  en  chimie  et  dans  les 
différens  arts  qui  en  dérivent ,  notamment  dans 
c-eux  du  teinturier  et  du  fabricantdecouleur  ,eic. 
généralement  comprises  sous  l'acception  de  ma- 
tière médicale  ,  présentée  d'abord  par  règnes,  en- 
suite par  genres  ,  et  enfin  par  espèces  ^  avec  les* 
noms  de  chacune  ,  leur  origine  ,  leuifs  choix  , 
leurs  préparations  ,  leurs  principaux  usages  ,  leurs 
propriétés  physiques  et  médicinales ,  et  considérées 
par  leur  rapportàladoctrinepneumafo-chimique; 
par  Simon  Morelot ,  ancien  professeur  de  phar- 
macie-chimique ,  professeur  d'histoire  naturelle  à 
l'école  gratuite  de  pharmacie,  membre  de  la, 
société  de  médecine  ,  etc.  ,  2  vol.  grand  in-8°  d« 
près  de  900  pages  ,  avec  sept  tableaux.  ;  prix  9  fr. 
et  1 1  fr.  par  la  poste. 

A  Paris,  chez  Giguet  et  comp.  ,  imprimeurs- 
libraires,  maison  des  Petits- Pères  ,  près  la  placd 
des  Victoires. 

Sous  presse  chez  le  même  imprimeur-libraire. 

Conquête  du  royaume  de  Tippoo-Saiib par  les  anglais 
ou  Relation  des  opérations  de  l'armée  commandée 
par  le  lieutenant-général  Harris  , 'et  du  siège  dd 
Seringapatam  ,  publiées  par  le  lieutenant-coloa^ 
Alexandre  Beatson  ,  ancien  aide  -  de  -  camti  évt 
marquis  de  'Wellesley  ,  gouverneur  -  génértil  de 
l'Inde  ,  s  vol.  in-8°  ,  traduits  de  l'anglais  pas 
M.  Michaud  ,  rédacteur  de  la  Quotidienne  ^  ornéa 
du  portrait  de  Tippoo  ,  de  cartes  ,  etc. 

Relation  d'une  ambassade  à  la  cour  du  Grand- 
Lama  ,  souverain  du  TAièet,  par  le  capitaine  Samuel' 
Turner.  Ou  y  a  joint  des  observations  botani- 
ques ,  minéralogiques  et  médicinales ,  par  Robert 
Saunders  ,  3  vol.  in-8°,  traduits  de  l'anglais  p*t 
le  même  ,  ornés  de.cartes  et  gravures.  \. 


Effets  publics.  —  Du  iifrnctidor. 

Rente  provisoire.  17  fr. 

Tiers  consolidé.  3i  fr.  ,75  c. 

Bons  deux  tiers.  i  fr.  58  c. 

Bons  d'arréragé  84  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8.  87  fr.  65  c. 

Syndicat  en  5oo.  64  fr. 

Coupures.  64  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Arlequin  tout 
seul  ,  et  d'un  seul  Violon  pour  tout  le  monde  „ 
et  Bagatelle. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 

Auj.  Robert,  chef  de  brigands  ,  -pTéc.  de  M.  de 
Millecrac  ,  pièce  en  un  acte  ,  préc.  de  l'Amitié' 
vaincue  par  l'amour. 


L'abonntmentse  faità  Paiii,  rue  de»  Poit«in»,  n'  18.  Le  prix  ett  de  33  Traocs  pour  trois  moi»,  Sofranet  pour  6  mois,  et  100  franc»  pour  l'année  eatiete.  On  ne  j'abonne 
flu'au  commeucement  de  chaque  moi».  -;;  ■ 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,  fraiy  de  port  ,  au  cit.  Agass  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  ine  des  Poitevins  ,  n°  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  leport'de» 
.f  ays  o*  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  de»  départcmens  non  affranchies  ,  ne  «etont  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  de»  valeurs  ,  et  adresser  tout  «e  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur ,  rue  de» 
f  oitevins ,  n'  i3  ,  depui  tneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agisse,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins,  n»  •'î. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UN1¥ERSEL. 


N"  357. 


SepHdi  ,   i]  fnulidor  an  S  de  la  xèpubHque  français  i\une]  et  indivmblei''''    '^^^^^ 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le  MoNITiîjUR  et  le  seul  jou'rnal  officiel.  '      ' 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemenî ,  les  nouvelles '  dès   sjrmées  ,  ainsi  qUe  Jtîs  faits  fet,  les  horions  tant  sui 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.     "         ,      .   ,,.^,       .  j 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  déoouvénos  fa<Mifvell|es.  1 


EXTERIEUR. 

DANNEMARK. 

Eiseneur ,  le  S24  août  (  6  fructidor.  ) 

*  ous  ceux  qui  avaient  reçu  des  congés  ,  ont 
été  rappelés  et  leurs  congés  révoqués.  Les  côtes 
»ont  garnies  de  troupes  et  de  batteries.  La  for- 
teresse de  Glukstadt  est  misé  sur  tin  pied  de  dé- 
fense très-formidable. 

Ua  seul  vaisseau  de  ligne  anglais  mouille  dans 
la  rade  de  Copenhague.  Les  négocians  de  celte 
ville  ont  ouvert  une  souscription  pour  la  for- 
mation d'un  corps  de  volontaires  de  mille  hom- 
mes. Les  bourgeois  ont  reçu  ordre  ,  chacun,  de 
se  rendre  sur  la  place  avec  vin^t-qualre  cartou- 
ches ,  aux  premiers  coups  de  tambour.  Le  contre- 
amiral  Wengel  commande  la  floue  danoise;  elle 
consiste  en  18  vaisseaux  de  ligne  que  1  on  frète 
avec  beaucoup  d'activité. 

Lord  WJlhworth  a  insisté  pour  une  réponse  dé- 
cisive. On  attend  encore  celle  de  Pétersbourg.  La 
cour  deDaneiharck  est  bien  résolue  à  défendre  ses 
droits  avec  la  plus  grande  énergie. 

(  Sirasb.  WeltboU.  ) 

ALLEMAGNE. 

Munich  ,  le  1 5  fructidor. 

Le  général  en  chef  Krgy  a  été  appelé  à  la  cour 
de  Vienne  ,  il  est  sur  le  point  de  s'y  rendre , 
accompagné  de  son  fils  v  qui  est  auprès  de  lui  en 
qualité  d'aide-de-camp.  On  assure  qu'il  prendra 
Je  commandement  de  l'armée  dlialie.  L'armée 
autrichienne  sur  l'Inn  ,  sera  provisoirement  com- 
mandée par  le  général  Kollowrath ,  ou  selon 
d'autres  par  l'archiduc  Charles.  Ce  dernier  cepen- 
dant est  fort  tranquille  à  Prague ,  où  il  est  très- 
aimé.  Le  général  Lauer  prend  le  commandement 
de  l'armée  en  attendant  l'arrivée  de  Kollowrath. 

L'officier  français  qui  avait  accompagné  le 
citoyen  Duroc  à  Paris,  est  revenu  le  11  à  Altot- 
tingen.  Il  porte  à  Vienne  les  dépêches  dont  il 
est  chargéi  l'aide  -  de -caiiip  du  général  Kray  , 
M.  Kerlis  ,  l'accompagne. 

[Strasb.  Weltbote.) 

Augshourg  ,  le  1 6  fructidor. 

La  garde  du  général  Moreau  est  partie  d'ici  le 
34  pour  se  rendre  dans  la  Bavière.  Plusieurs 
corps  de  troupes  très  -  considérables ,  ayant  la 
même  destination  ,  ont  passé  par  celte  ville  ,  par 
Landshut  et  Donawert.  On  en  attend  encore 
^'autrfes.  L'aîle  droite  de  l'armée  française  s'avance 
vers  le  Tyrol.  Le  général  Molitor  a  transporté 
son  quartier-général  de  Lindau.  à  Iramenstadt  ; 
ie  général  La^^al  a  placé  le  sien  à  Renti  ;  Lecourbe 
devait  venir  a  Schœngau. 

Le  général  Decaen  a  envoyé  à  l'électeur  de 
Bavière  un  couricr  ,  pour  lui  annoncer  ,  au  nom 
.de  son  gouvernement ,  qu'il  eût  à  mettre  ses 
troupes  sur  le  pied  de  paix  ,  et  à  les  cantonner 
dans  les  gaMiisons  ordinaires;  qu'autrement  lui  , 
Decaen  ,  se  verrait  forcé  d'agir  en  ennemi  dans 
la  Bavière. 

L'argent  des  subsides  anglais  destiné  pour  l'em- 
peur  ,  est  arrivé  à  Hambourg  ;  il  est  gardé  par 
les  magistrats  de   la  ville. 

Le  cercle  de  Franconie  est  imposé  à  une  con- 
tiibuiionen  nature  de  2000  bœufs ,  îoo  chevaux, 
Booo  sacs  d  avoine  ,  et  20,oop  quintaux  de  blé. 

Stuttgard,  le  1 7  fructidor. 

Les  routes  qui  conduisent  de  la  Haute-Souabe 
dans  la  Bavière  sont  couvertes  de  troupes  fran- 
çaises qui  se  rendent  dans  ce  dernier  pays.  On 
a  établi  un  nouveau  magasin  à  Gœppingen  ,  et 
un  hôpital  à  Sletten.  gooo  hommes  avec  Un 
parc  d  artillerie  très-considérable  ont  traversé  le 
l3  de  ce  mois  la  ville  de  GcCppingen.  Ils  fe- 
«Jient  des  marches  de  8  à  12  heures  par  jour.  Le 
magasin  qui  se  trouvait  dans  cette  ville  ,  a  été 
iiansporté  sur  5o  charriots.  Le  général  Salm  , 
qui  avait  aussi  son  quartier-général  à  Gocppiiigi-n, 
en  est  parti.  Le   général  Richepanse  y   a   passé. 

Le  cercle  de  Suabc  vient  d'être  soumis  à  une 
léquiiiiion  ta  nature  ,  doBt  les  produit!  doivent 


être  versés  dans  sept  magasins  (jue  l'on  va  établir. 
Elle  consiste  en  84,000  quintaux  de  blé,  11,000 
de  seigle  ,  5o,ooo  de  foin  ,  18,0^  d'avoine  et  2400 
boeufs. 

Le  général  Kiusky  est  président  du  conseil  de 
guerre  de  Vienne  ,  Collorédo  ayant  refusé  cette 
place. 

■Toutes  communications  sont  interrompues  entre 
Ralisbonne  et  la  rive  gauche  du  Danube. 

ANGLETERRE. 

Londres,  i  g  fructidor.  (6  septembre.) 

Des  lettres  arrivées  le  dix-sept  de  Minorque  , 
annonçaient  que  les  troupes  commandées  par  le 
général  Abercrombie ,  consistant  dans  environ 
9000  hommes  ,  avaient  fait  voile  à  l'est  ,  et  que 
ce  général  avait  laissé  des  ordres  pour  que  les 
4000  hommes  ,  mouillés  à  l'isle  de  Houat  ,  fussent 
envoyés  dans  la  Méditerianée.', 

Le  paquebot  le  Townshend ,  yarti  de  Falraouth 
le  14  prairial  dernier,  avec  la  malle  pour  la 
Jamaïque  ,  est  de  retour  de  cette  île.  Les  lettres 
qu'il  rapporte ,  datées  du  8  thermidor  ,  ne  con- 
tiennent rien  de  nouveau.  Comme  le  capitaine  , 
le  chirurgien  ,  et  deux  matelots  de  ce  bâtiment 
sont  morts  dans  la  traversée ,  il  a  été  mis  en 
quarantaine. 

Le  brik  l'Union  ,  apparrenai^t  à  Bristol  ,  et 
chargé  de  charbon  ,  a  été  cOnsUmé  par  le  feu, 
sinsi  que  toute  sa  cargaisork  ,  dans  lé  havre  de 
Saint-Mavvre. 

Les  marins  et  les  géographes  sont  prévenus 
qtt'au  large  de  la  côté  nOrd-oùest  de  la  Nouvelle- 
Hollande  ,  par  les  12  d.  sg  tn.  de  latitude  sud  , 
et  les  i«3  d.  55  m;  45  j.  de  longitudeest,  d'après 
le  garde-tems  et  des  ob8ec-V,anons  lunaires .  se 
trouve  Un  banc  que  la  nlêt  laissé  à  découvert; 
et  que  dans  la  latitnde  de  l3  d.  58  m.  sud  ,  et  la 
longitude  de  122  d.  28. m.  46  S.  est  ,  gît  un  rocher 
avec  5  brasses  d'eau  de  chaque  côté,  sur  lequel 
te  Carlier  ,  c:4pitaine  Nash  ,  se  rendant  à  Londres  , 
et  relâché  à  Sainte-Hélène,  le  ig  prairial  dernier  , 
toucha  dans  la  nuit.  Il  avait  navigué  dans  une 
mer  très-unie  pendant  l'espace  de  deux  milles 
avant  de  toucher  ,  ce  que  le  capitaine  attribue 
à  des  rochers  ou  hauts-fonds  situés  au  vent  , 
comme  il  suppose  que  le  doivent  être  ceux  dont 
parle  Dampierre  ,  quoique  la  position  en  soit  bien 
différente. 

On  répare  le  S  an-Joseph  de  112  canons,  l'une 
des  prises  espagnoles  faite  par  le  comte  de  Saint- 
Vinceni.  Il  est  destiné  ,  dit-oti  ^  à  recevoir  le  pa- 
villon de  cet  amiral. 

Avant-hier  .le  peuplé  se  porta  en  nombre  con- 
sidérable sur  la  place  du  marché  à  Pàole  ,  potir 
faire  baisser  lé  prix  des  provisions  ;  mais  plus 
particuliéreinent  celui  du  pain  qui  augmenle  de 
jour  en  jour.  Les  magistrats  ,  l'association  arrhée  , 
les  volontaires  de  PoOle  et  l'artillerie  de  Brovirn 
sOrit  parvenus  à  rétablir  l'ordre  dans  le  marché. 

Botany-Bay  doit  être  une  excellente  école  de 
repentir  ,  s'il  est  vrai ,  comme  on  le  dit ,  que  ses 
habitans  aient  pris  les  armes  pour  la  cause  de  la 
religion   et  de  l'ordre  social. 

Le  grand  Choulav  de  la  Chine  ,  à  son  avène- 
ment à  la  place  de  premier  ministre  de  cet  em- 
pire ,  a  fait  remettre  au  uoljvërnÈur  portugais  à 
Macao ,  une  tabatière  en  or,  garnie  de  perles  et 
de  diamans  ,  de  la  valeur  de  looO  livres  stetl. 
Aurnoyen  d'un  méchanisrueirigénieiix  ,  praiiqué 
en-dedans  ,  lorsqu'on  pousse  un  petit  boulon  , 
la  tabatière  s'ouvre  et  il  en  sort  un  oiseau  battant 
des  aîles  ,  remuant  le  bec  ,  et  <jùr ,  après  avoir 
chanté  un  petit  air,  rentre  dans  la  boëié  en  la 
fermant  après  lui.  A  ce  présent,  en  étaient  joints 
d'autres  du  même  genre  et  tout  aussi   curieux. 

Le  mois  dernier  ,  un  liviodindroh  tuUpifè'ra 
ou  tulipier,  du  parc  de  Casilésemple  ,  appar- 
tenant à  M.  M'do'lvel  de  Gaètbiand  ,  était  pour 
la  première  fois  en  pleine  fleur  :  quoiqu'il  soit 
planté  depuis  5o  à  60  ans. 
(  Extrait  du  Sun  et  du  New-Llo^d's  Êvening-Post.  ) 

Il  s'est  tenu  hier  chez  lord  Grenville  un  conseil 
des  membres  du  cabinet ,  relativement  aux  dé- 
pêches que  sir  Popham  reçut  jeudi  ati  soir  de  la 
courdeDannemitrck.  Les  membres  présens  étaient 
le  duc  de  Ponland  ,  les  comtes  de  Cathcait ,  de 


Caraden.etde  Spencer  .  lord  Grenville. etjMfelPitti 
Nous  sommes  fondés  à  croire  que  !e  difféieradzqùi 
s'est  élevé  eriirc  le  Dannemarck  et  l' Angleterre ite 
terminera  à  l'amiable ,  et  sans  qu  on  ait  reconr» 
aux  armes.  Quoiqu'on  n'ait  rien  publié  d'officiel 
(sur  cette  affuiie  ,  nous  aimons  à  penser  que  cet 
accouimodemcnt  n'aura  été  précédé  par  aucui^ 
acte  d'hostilité  de  -notre  -part  ni  de  celle  des 
danois.  Ceux-ci  doivent  avoir  prévu  qu'il  leur 
serait  impossibledê  résister  à  un  armement  aussi 
formidable  que  celui  qQ'on  9  destiné  à  appuyer 
la  mission  de  lord  WhiûvoriH.  On  dit  que  les 
dépêches  de  cet  enVoyê  eoniiennent  la  co^ie 
d'une  convention  signée  d'elle  et  du  ministre 
danois  ,  et  qui  a  pour  objet  de  prévenir  doré- 
navant toute  opposition  à  l'exercice  des  droits 
dont  est ,  depuis  si  long-tems ,  en  possession  la 
marine  anglaise.  En  conséquence  de  cet  arrange- 
ment ,  les  ordres  ont  été  donnés  p&ur  relâcher 
ta  treya  et  son  convoi.   (  Extrait  de  l'Oracle.  ) 

On  arrêta  hier  dans  Bond-Street  un  mendiant 
dont  tout  l'exiérieur  annonçHit  l'excès  de  la  pau,- 
vreté  et  de  la  misère.  Conduit  chez  l'oflScier  de 
police  ,  il  fut  fouillé  ,  et  l'on  trouva  sur  lui 
65o  liv.  sierl.  ,  reçues  de  placement  dans  les  trois 
pour  ceni  ;  52  liv.  sterl.  en  argent  ,  outre  une 
grande  quantité  de  half-pence ,  monnaie  de  cuivre 
équivalent  au  sou  tournois.  Il  paraît  que  depuis 
long-tems  il  couchait  sous  létal  d'une  boutique 
(  balk  1  ) ,  dans  Davies-Street.  Son  mauvais  habit 
court  et  déchiré  était  lié  autour  de  son  corps' 
avec  une  corde  ;  il  était  couvert  en  partie  d'utt 
morceau  de  vieux  tapis.  Dans  sa  poche  était  uii 
morceau  de  bufsleak.  On  l'a  conduit  comme  Va- 
gabond au'bridwell  de  Totbillfields.  Le»  brlletB 
et  l'argent  ont  été  remis  aux  inspecteurs  de  la 
paroisse  Saint-Georges. 

Dahs  les  discussions  qui  ont  eu  lieu  dans 
quelques  journaux  français  sur  les  causes  de  la 
supérioiité  de  la  marine  anglaise  ,  aucun  écrivain 
ne  paraît  avoir  fait  attention  aune  circonstance 
qui  ne  laisse  pas  que  d'être  importante  ,  c'est 
que  les  français  n'enlèvent  leurs  morts  de  des- 
,  sus  le»  ponts  ,  qu'après  que  l'action  est  terminée. 
Chez  nous  ,  au  contraire  ,  autant  par  égard  pour 
1  humanité,  que  par  ce  bon  esprit  de  discipline 
qui  a  toujours  distingué  tiotre  marine  ,  les  morts 
et  les  blessés  sont  enlevés  au  rnomcnt  où  il» 
tombent.  On  dérobe  parrlâ  ,  à  la  vue  des  com- 
battans,  un  spectacle  qui  ne  serait  propre  quià 
les  affliger  inutilement,  et  à  leur  cause  J  des  re- 
grets   capables  de  paralyser  leur  courage. 

Si  Ralph  Abercrombie  ,  ne  sachant  point  qiie 
Gênes  fût  retombée  au  pouvoir  des  français, 
était  sur  le  point  d'entrer  dans  le  port.  Un  schpo- 
ner  vi:it  très-à-ptopos  lui  apprendre  cet  événe- 
raenl: ,  ainsi  qtte  tous  les  changemens  auxquels 
avait  donné  lieu  la  bataille  de  Maringo.  Il  est 
probable  que  sans  ce  schooner  ,  cet  estimable 
othcier  eût  éié  lait  prisonnier. 

On  écrivait  de  Noitingharn ,  le  jeudi  4  ybrp.  (17 
fructidor)  à  trois  heures  .-k  Hier  matin  un  militaire 
du  corps  de  l'yeomanry  de  Radcliffe  fut  assailli 
par  la  populace  au  moment  oii  il  entrait  dans 
la  ville.  Il  (ira  son  épée  et  voulut  faire  résis- 
tance ,  mais  il  fut  accablé  par  le  nombre.  Qn 
lui  jetta  des  pierres;  on  le  força  de  metir» 
pied'à  teri-e  ,  et  son  cheval  fut  tué  sur  la  place. 
Ce  malheureux  ,  blessé  avec  son  épée  qu'on 
avait  arrachée  dé  ses  rnàins  et  tournée  contre 
lui,  fdt  laissé  pour  mort.  Il  est  maintenant  dans 
une  maison  dé  Nottingham  ;  On  a  peu  d'pspoir 
de  le  saiivcr.  Uii  trompette  d'un  dès  corps  de 
l'yébttianry  a  été  aussi  arraché  de  dessus  son 
cheval  dans  la  cour  de  Blackraoorsi-hesd  ,  et 
froissé    trés-dôulcuretisérricnt  dans  sa  chuté. 

Hier  vers  les  deux  heures  il  survint  un  orage 
àflPreiix  :  \à  plmé  toinbait  par  torrens  ;  l'iir  ét^it 
eii  feu.  Lé  tOnrietre  tbrrtba  dans  une  chémir^ée- 
Trois  ouvriers  occupés  à  f.iire  des  bas  ,  dans  une 
chambré  au  rez-de-cbausséé  ,  furent  retiversés  de 
leurs  métiers,  et  jettes  pai"  terre  avec;  violericé. 
La  nliaiéoh  a  été  si  maltraitée  ,  qu'il  faut  l'abattre. 
Heufeuspn>em  tnpersonne  n'a  éié  tué.  L'orage  a 
duiié  une  heurç.  Il  en  avait  imposé,  pendant 
.quelques  tems  aux  séditieux  ;  mais  ils  ne  lardèrent 
paiS  à  recommencer  leurs  excès  ,  avec  plus  de 
fureur  :  ils  ont  commencé  à  attaquer  un  dépOt 


(  I  )  C'est  une  partie  extéiicure  et  saillauie  de  la 
boutir^ue  mt  laquelle  sont   étai.ép;  ic«  marcban- 

disct. 


1442 


rit  grains  ;  vers  rextrémîjé  ^eptenuionalê  dg  la^ 
ville  ,  mais  la  force  armée  le*  a  ilispeirsés.  '  '■' ' 
Du  pain  ,  nous  n  avons  j^s_  de  pain  :  lel  est  le 
cri  général.  On  ne  sait  si  ce  cri  n'est  pas  un  pré- 
texte qui  couvre  l'exécution  .ti,e  projçts  pJus' 
sérieux, 

T~N     T     É     îl     1    E    ,U     i^.,,  j 

Amiens ,  le^'B  fructidor ,'  ' 

Le  21  ,  les  corps  campés  sous  Amiens  se  sont 
exercés  au  tir    à    la  cible. 

Les  citoyens  qui  ont  le  mieux  tiré  ,  sont  : 
Bayerque  ,  sergent  de  la  première  compagnie 
d'c^liiteurs ',  so'  demi -brigade  légerC'V^'Pàcot  i 
el^iaSsen»!  de  la  3'=  compagnie  d'éclaireurs' ,  2°  'ba^ 
taiUojniiaie  la  l'"  demi-brigade;  Malleret  ,  ca» 
poral^i,  compagnie  des  grenadiers  du  a'  bataillon 
de  la  2'  doiuie-brigade  ;  Chapotot ,  c'aporal  de  la 
3f., cOtppagnie  ,  i'^'  bataillon  de  la  i="  demi-bn- 
gade^  Peclie  ,  chasseur  de  la  i"^'  d'éclaiteurs', 
•I"   baiai-IJoii  de   la   t'   demi-brigade.      i'  '\   ^^'■'■■^ 


Paru  ,  le  26  fructidor. 

Le  2g  fructidor  à  midi  ,  le  cit.  Lacépede  termi- 
nera dans  une  des  galeries  supérieures  du  Muséum 
d'histoire  jnaturelle  ,  l'exposition  des  principaux 
traits  de  ll'histoire  naiiirelle  des  oiseaux  ,  par  un 
discours  sur  tes  avantages  que  tes  naturalistes  pew 
vent  ftnocutei'  ait  corps  soc.iat  ^  dans  iétat  actuel  de 
ta  civilisation  et  des  connaissances  humaines. 


—  (Jne  lettre  de  Vienne  ,  en  da^e  du  18  août  , 
annonce  que  la  ville  de  Léoben  a  éprouvé  un 
teFfiL)4e  incendie  ,  qui  a  réduit  en  cendres  les  ca- 
serneB  «t  plusieurs  maisons.  Les  prompts  secours 


•fjue- lui'  arccoftiait  e'rt'/Lsiie  le  traité  de  .Calbnpo- 
Formio  , '-un  e'iuivftli.tttià  la  possession  de  l'ar- 
chevêché de  Sabzbourg  et  de  la  partie  du  cercle 
de- Bavière,  située  entTe"lîLTchevêché  de  Sahz- 
bourg,  les  rivières  d'Iriji  et  de  Sal*a  ,,  el  le  Tycol  , 
•y  côtîi-piis  la  viWé  ■de''VV'asserboLirg  sui  là  live 
4auch.s.d.E  liait  AVEC  JlaimndLss£]TLeiit_dlun  rayori 
de  trois  !;ni!le, .toises  ,,et  du  Eiickthai  qu  il  cède  à 
■^15  république  i'rah''çaisé.     .    '        ''  ,        .11  I 

,,•,;  ,;VIL  Les  ralificatipns  des  présens-,  aiiticles  préli- 
minaires seront  échangées  à  Vienne,  avant  le 
27  diermidor.  ''' 

.Vin.  Ifrimédiatement  après  l'écharige  des  rati- 
ficarions  ,  les  négoclaiions  pour  la  paix  cléËni- 
irvî^toniinuercm".  -Ofî~conviendra',  de  part"  et 
çlifliiire,  du  ll|CU^,de  la  .négocia,tion.  Les  plénipp-, 
teniiaires  y  seront  rendus  ,  au  pijis  jar^o,-.  vingt 
jouis  après  Udli.-échapge.    ,   ,  ,  ,-)i)u,,ii  .  -..'.::, ^  „ 

iX.  Sa  majesié  l'empereur  et  roi  ,  et  le  pr.âmier 
consul  de  .la  république  française,  s'engagent 
réciproquerài.n(',  sous  parole  d'iionneur,  à  tenir 
les  présens  atlicles  secrets  ,  jusqu'à  l'échange  des 
i  ratifications. 
"  X!  Les  pouvoirs  aeVM.  ,dé  Samt-Julien  étant 
conîenus  dans'uhe  lettre  de  I  empereur  au  pre- 
mier consul,  les  pleins  •  pouvoirs  revêtus  des 
formalilés  ordinaires  .  seront  échangés  avec  les 
ratifications  des  présens  préliminaire!,  ,  lesquels 
n'engageront  4eS'  goavernemens 'lêspïCiifs'  'qu'a- 
près la  ratification.  ,    .        . 

Nous  soussignés  avons  arrêté  et  signé  les  pré- 
sens préliminaires  de  paix  ,.à  Paris  la-g  thermidor, 
an  8  de,  la  république  française  (28  juillct.i.Soo.  ), 

Signé  ,  j.  'comte  nfe  Saint-JuliEN  ',  gépe^ral  ; 
Ch.  M.  'I'alLeyrand.' '"  ;  '    "  ."    ."  "     ' 


-.,      ,     loditrpfa  ■-'.1 

Le  rrfus  de  S.  M.   l'empereur   dcj  Td^^iasx.  les 


qui    furent    apportés   arrêtèrent    le    pogrès    des  j  préliminaires  ci-dessus  ,  a  nécessité  la  rupture  de  | 
flammes  :  les  oHiciers  français  prisonniers  à  Léoben  M'ainiislice.  La  signihcation   en  a    été    faite    le   141 
montrcretM-,  dans  cette  occasion  ,  un  zèle  et  une     fructidor  courant  ,  par  les  généraux  en  chef  Mo 
■acliviié  dignes  des  plus  grands  éloges.  Cinq  d'en-  j  reau  ,  Brune  ,  Augereau  et  Macdonald  aux  gêné 
tr'eux   furent  grièvement  blessés. 


■ — PI lisieurs  journaux  annoncent  que  des  anglais 
et  nolammcni  le  chevalier  Hamilton  ,  prenneot 
près  la  cour  de  Naples  ,  le  plus  vif  intérêt  à  lin- 
ifqpluné  Dplomieu  ,  et  qu'outre  les  secours  qu'ils 
lui  font  passer  ,  ils  sollicitent  sa  liberté  avec  une 
persévératice  digng  des   plus  grands  éloges. 


raux  ennemi^. 


MINISTERE' DE  LA  POLICE,  GÉNÉRALE. 

Le  ministre  de  la  police  gméraU,  de.. -la  république, 
au  préfet  du  département  d  .,  .■  — '  Farts , 

le  26  fructidor  an  8.  ,   . 

Nous  touchpns  ,  .cîtoyei».  prê/jct  i.  ^à  ,i!ép.<Jique 

la  plu»  célèbre  de  npire  tévolutiou  ,  .a,;ç«|lè  où 
la  républiriuc.  fut  proclamée.  ^  : 

■  Le  T".  Vendémiaire  va  nous  réunir  tous  pour 
la  célébrer  ;  il  ne  peut  plu.'  y  avoir  aujourd'hui 
parmi  les  français  de  divisions  d  opinions  sur 
cette  roéraprable  époque.  £h!.  q:ui  songerait  à 
relever  un  trône  doat  les  raines  mèoies  n  exis- 
tent   plus  ?  M    '  •      ,  li.  '  ,'  .    .   •    .      :    .1 

Profiiez  de  celte  circonsMnce  qui  rapproche 
près  de  vous  tous  vos  chnciioyens  ,  pour  leur 
faire  entendre  la  voix  de  la  patrie  ;  rendez-leiir 
compte  de  tout  ce  que  le  gouvernement  a  fait 
depuis  le  18  brumaire,  pour  ajourer  à  la  gloire 
et  à  la  force  de  la  répûblirjue  ;  et  afin  que  ipus 
ses  desseins  vous  soient  biens  connus  ,■  je' dois 
vous   en    faire  presseniir  le  genre    et  ta  nature. 

Arrêier  les  môuvemens  el  les  désordres  dans 
lescjuels  s'égare  souvent  la  liberté  ;  tracer  dans 
le  code  de  la  nation  qu'pn  gouverne  ,i  des  lois 
civiles  qui  assurent  son  repos,  et  des  lois  cri- 
minelles qui  fpn,^  honneur  à  son  humariiié  ; 
chercher  les  jouissances  du  pouvoir  dans  les 
beaux-arts  qui  adoucissent  les  mœurs  générales  , 
et  mettent  à  la  place  des  vertus  ,  la  décence 
au  moins  des  voluptés;  te  fut  l'art  de  beau- 
coup d'usurpateurs  ,  qui  détruisaient  la  liberté 
dont  ils  se  disaient  les  modérateurs  ;  et  le  calme 
perfide  dont  ils  ont  fait  jouir  un  i  slant  ,  aéré 
suivi  de  toutes  les  horreurs  de  plusieurs  siècles 
de  tyrannie. 

Faire   usage    d'un  grand  pouvoir  qu'on  a  reçu 
du   peuple  et   de  la    constitution,    pour  rendre 
ce  peuple  plus   capable  d'exercer  heureusement 
s.e.s  droits  et  sa  liberté  ;  faire   de    la  bonté  d'un 
cà  le  Rhin  quitte  le  territoire  de  la  Suisse  jusqu'à     code    civil,     non    le    dédoiuraagement   des  lois 
celui  oii  il  entre  dans  le  territoire  de  la  république  1  consiitulionnelles,  qu'on  détruit  ou  qu'on  rend 
Batave  ,  et  s'engage  ,  de  plus  ,  à  céder  à  la  repu-     vaines  ,  mais  le  lépaoignage  perpétuel  de  la,  pe 


MINISTERE  DES  RELATIONS  EXTÉRIEURES., 

Articles  p}éliminaires  de  paix.     •'-''-'• 

Sa  majesté  l'empereur  ,  roi  de  Hongrie  et  de 
Bohê.me  ,  etc.  etc.  et  le  preniier  consul  d  la 
république  française  ,  au  nom  du  peuple  franc  e\A  , 
égalemeni  animés  du  désir  de  mettre  fin  aux 
maux  de  la  guerre  par  une  paix  prompte  .juste 
et  solide,  sont  convenus  des  articles  préîiminaites 
suivans. 

Art.  l".  Il  y  aiira  paix  .  amitié  et  boniie  intelli- 
gence entre  sa  majesié  l'empereur  et  roi  et  la 
république  française. 

n.  Jusqu'à  la  conclusion  d'une  paix  définitive  , 
les  armées  resteront  tant  en  Allemagne  qu  en 
Italie  ,  respeciivement  dans  la  position  où  elles 
se  trouvent^  sans  s'élendre  .  d.ivaniage  vers  le 
midi  de  l'iialie.  De  son  cQlé  ,  sa  majesié  impé- 
riale s'engage  à  concentrer  tonleS  les  forces  qu'elle 
pourrait  avoir  dans  les  élats  du  pape  ,  dans  la 
forteresse  d'An  cône,  à  taire  cesser  la  levée  extraor- 
dinaire qui  se  fait  en  Toscane  ,  et  à  empêcher 
tout  débarquement  des  ennemis  de  la  république 
française  à  Livournç  ou  sur  toure  autre  point 
des  côies. 

III.  Le  traité  de  Campo-Formio  sera  pris  pour 
base  de  la  pacification  définiuve  ,  sauf  les  chan-- 
gemens  devenus  nécessaires. 

IV.  Sa  majesié  irapétiale  ne  s'oppose  pas  à  ce 
que  la  répubhque  française  conserve  les  limites 
du  Rhin  telles  qu'on  en  était  convenu  àRastadt, 
c'est-à-dire  la  rive  gauche  du  Rhin  depuis  l'endroit 


et    (ie   la'  fdrtutfëï  îi|ti6àalê.f  'Sp   *pân^re    les 

grâces  .sur. ces  eiLfiitAqiA  cjiuàii*il.fe  'talent, 
la  raisoii  et  la  gloire  que  dans  des  imiia-dons 
timidiS  ;  qui  se'^T'TD.ÎleTTriTïr'devant  les  modèles 
des  âges  ,  et  qui.  restent  prosternés  •,  qyi-ne  croient 
à  aucun  progrè.s  ,  parce  qu'il  n'en*  fo'i'if  aucun  ; 
qui  .veuleirt  faire  de  tous  les  siècles  les  copies 
serviles  de  deux  ou  trois  siècles  ;  qui  veulent  que 
l'âge  mûr  du  monde  ré"pâ'e"eucoré  les  contes  et 
les  leçons  de  son  enfance  :  c'est  ce  qu  ont  fait 
une  muliitudc  de  califes,  de  ponirfes  ei  de  rois; 
et  c'est  peur  cela  que  d'ans  la  chronologie  diesi 
ans  et  de  la  raison  humaine  ,  ou  ni;  compte 
que   trois   ou   qualre  siècles.  '    '    '" 

M'ônbrêr  dans  les  tale"ns~et~3âtis' lé  geriîë",  qtd 
onv  plus  .^besoin  d  honnetirs  que  4.e.  do/is.,  ce^ 
esspr  qui  jes  ,porie  vers  des,  joutes  ,  v^ers  de> 
beautés  et  des  vériiés  nouvelles  ;  instituer  pour 
la  natiori  des  solennilés  dont  )a'  liberté  ordon- 
natrice et  bienfaitrice  du  monde  ,  sera  le  culte  , 
et  Liool  l'es'- chefs-d  œayie.,dos'..3rts  .spronlia  dé- 
coraiion  ;  répandre  (le  tou'es  parts  les  grands 
i[iiod£l©s  de  l'anliquiié  sous- le.s  yeux  et  dans  les 
mains  d'une  jeunesse  qui  se  passionne  si  facile- 
ment pour  elle  ,  non  pour  qu  elle  apprenne  seu- 
lement à  les  imiter,  mais  pour  qu'elle  apprenne 
d'eux  à 'imiter  la  naiure  ;  imposer  à  la  poésie  et 
à' réloijucnce  la  nécessité  de  créer  de  nouvelles 
émoiioiis  et  de  nouvelles  lumières  ,  en  leur  don- 
nant une  grande  fflaiion  à  émouvoir  et  à  éclai- 
rer ï  profiler  des  expériences  da  tous  les  âges  , 
non  'pour  :répéter  les  mêmes  folies  ,  mais  pouc 
les  éviter;  pour  saisir  à  coié  de  leurs  erreurs 
lesvétiiés' qui  en  étalent  voisines  ;  pour  réunti: 
à  tout  ce  quils  ont  possédé  de  bon  et  de  beau 
séparément  .,  lout  Ict;  que  .nous  devons  et  tout 
ce  que  nous  devrons  au  génie  de  la  lépublique; 
c'est  ce  quu  n  a  fait  aucun  des  magistrats  ,  des 
princes,  cic.  eic.  ,  fjui  orii  exercé  sur  le  monde 
le  plus  d'influence  ou  de  pouvoir  ,  qui  lui  ont 
commandé  au  nom  du  ciel  ou  au  nom  de  la 
raison  el  de  la  nature. 

Voilâtes  pensées  qni  respirent  autour  du  gou- 
vernement :  faites-les  connaître  à  tous  vos  aiimi- 
nislrés.    '  ",'      '■!      .1       ' 

Nos  ennemis  tenteront  encore  de.  le.»  déna- 
turer ou  de  les  obscurcir  .  parce  quils  se  per- 
suadent toujours  que  c'est  ici  une  lulie  d'opi- 
nions dans  laquelle  la  victoire  peut  pa&ser  d)une 
opinion  à  l'autre;  mais  qu'ils  apprennent  que 
c'est  u'n  combat  enue  le  mensonge  et  la  vérité  ; 
et  que  la  véiité  ,  une  fois  victorieuse  ,  peut  bien 
encore   rencontrer  des' obstacles  ,  mais  non  pa» 

des  défaites.  '  •  

.  Qji  ils  sachent  enfin  qu'une  fois  que  la  lu- 
mière est  bien  répandue  sur  la  terre  ,  il  esl 
impossible  de  l.éieindre  ,^et  que  pour  la 'perdre 
il  '|^u^,(jiie;iie  globe  tourne  çi  change  dçi'^cp.  ., 
;    .  Le  ministre  de  la  police  ,  Fouchê.  - 


blique  française  la  souveraineté  et  propriété  du 
Frickihal  el  tout  ce  qui  appartient  à  1?  .mjjjs.on 
d'Autriche  entre  Zurzach  et  Bâle.'  ,  ^ 

V-  La  république  française  n'entend  pas  garder 
Cassel  ,  Kelh  ,  Ehrenbreistein  et  Dusseldorf.  Ces 
places  seront  rasées  ,  sous  condition  qu'il  ne 
pourra  être  élevé  sur  la  rive  droite  du  Rhin  et 
jusqu'à  la  distance  de  trois  lieiaes  ,  aucune  for- 
tification ,  soit  en  maçonnerie ,,  soit  en  terre. 

VI.  tes  indemnités  que  sa  majesté  l'empereur 


fection  de  ces  lois  .  et.  de  leur  protection  dans 
tous  les  détails  ■  et  -dans  tous  les  instans  de  la 
V.ie  ;  donner  une  impulsion  plus  rapide  aux 
môuvemens  qui  eqip.ortent  les  républiques  comme 
les  sphères  célestes,  et  rendre  tous  ces  môu- 
vemens réguliers  et  harmonieux  ,  moins  en  les 
pressant  entre  des  bornes,  qu'en  leur  imprimant 
une  irnperiurbable  direction  ;  ajouter  à  la  chaleur 
de  toutes  les  âmes  ,  et  écarter  tous  les  orages  ; 
faire  sortir  du  comliat  des  partis  divers,  cet 
esprit  universel   de    lumière   et   de    raison  ,   qui 


et  roi  devait  avoir  en  Allemagne  ,-- en  verfu  des  |  ^*'  '^  veruable  arbitre  amiable  entre  les  interêis 
articles  secrets  du  traité  de  Campo-FormioV  se- i  '^'^.  '°"'e^  les  passions,  le  seul,  vrai  juge  de 
ront  prises  en  Italie;  et  quoiqu'on  se  rést^rve  ,  |  P.a'x  ,  de  la  terre:  ce  sont  là  des  services  qu  d 
lors  de  la  pacification  définitive,  de  convenir  de  t  "^  ^'«  "^""oe  encore  à  personne  de  rendre 
la  position  et  de  la  quotité  desdites  indemnités  i  f  »"  S'^."''^  humain  ,  et  que  ifc  gouverBcmenl 
cependant  on  établit  ici  pour  base  que  sa  ma-';  lançais  a  entrepris  de  lui  rendre. 
jesté  l'eiupereur  et  r&i  possédera ,  outre  les  pays        Quand  oa  est  le  dispensaieur  de  la  puissance 


.MUNIS-XERE    DE    LINTÉRIEUR. 

La  tnalle  de.Bordcfiux  à  Paris  fut  arréiée  le 
3  de  ce  mois  ,  à  deux  '  lieues  de  Cavignac  ,  par 
cinq  bri£;ands  ariiiés ,  I  qui  prirent  envilon  vingT- 
cinq  mille  francs  apparlenans  au  commerce.  De» 
rehs'èigRemenscenains  indiquaient  que  les  aute'urs 
du  vol  étaieui  de  Bordeaux  ;  aussitôt  le  com- 
missaire .général  de  police  de  cette  commune  les 
metlant  à  profit,,  a  ordonné  la  recherche  des 
coupables  avec  une  activité  et  un  zèle  ijui  l'ho- 
norent infiniment.  Deux  des  btigands' so.Tt  déjà 
dans  les  prisons:  bientôt  les  aunes,  parmi  lesquels 
on  compieRoubaud  .  maiire  des  balleis  au  théâtre 
du  Lycée -variétés  de  Bordeaux  ,  seront  à  la  dis» 
position  de  la  justice.. 

Lés  déclarations  d'un  des  voleurs  indiquent  le 
contrôleur  des  diligences  en  cetie  ville  ,  comme 
céliii  qui  donnait  exactement  à  l'un  des  com- 
plices ,  avis  des  envois  de  fonds  ,  notamineint  de 
ceux  chargés  à  la  diligence  du  3  fructidor.  Le 
comrnissaire  général  vient  de  le  faire  arrêter.  Lins- 
truction  de  cette  affaire  prouvera  ,  sans  doute  , 
que  dans  le  système  d'organisation  du  pillage  des 
malles  et  des  diligences,  etc.  les  voleurs  comptent 
des  complices  dans  les  employés  de  ces  établis- 
seriieus. 

La  découverte  de  ces  voleurs  et  !a  remise  d'une 
pariie  des  fonds  volés,  ont  produit  ici  une  trèj- 
agréa'ole  sensaiion.  Le  commerce  notamment  s'en 
réjouir  ,  parce  qu'il  espère  que  cette  activité  de 
la  police  ,  secondée  d  une  éclatante  puniiion  , 
déjouera  les  complots  du  brigandage.  Ce  succès 
justifie  l'avantage  du  sysiêroe  adopté  par  le  gou- 
vernement ,  de  placer  à  la  tête  de  l'administration 
et  de  la  police',  dan.s  les  grandes  communes, 
des  fonctionnaires  qui  sont  étrangers  à  ces  villes. 
Ni  tes  considérations  ,  ni  les  affections  locales  , 
n'arrêtent  les  poursuites  du  magistrat  intègre.  Oa 
se  rappelle  que  les  auteurs  du  vol  de  Ta  dili- 
gence de  Bordeaux  à  Toulouse  ,  qui  a  eu  lieu 
dans  les  premiersjours  de  ventôse  dernier ,  étaient 
presque  tous  de  Bordeaux,  qu'ils  étaient  tous  con- 
nus, et  qu'ils  non;  point  encore  paru  devant  tes 
tribunaux. 


«44^ 


RÉFEGTURE    DE     POLICE. 


PiatitU  -It-^^  frnr.tidor  i,itm  ^  de  la  république  fran- 
_  r-'i'   -^    qaise  ,  ime  et  indivisible.  ' 

LïP{)téf'e1"cle  police  a  fait  arrêter  le  abfructi^qri 
le  nommé  Veron  ,  fabricateur  de  faux  timbres. 

i\  a  été  saisi  avec  Ic-s  pièces  à  conviction.  On  a 
trouvé  chez  lui  diverses  empreintes  ,  mais  no- 
tamment un  timbre  en  ciMvre-imitant  parfaitement 
celui  de  la  régie  naiionale,  du  prix  de  i  franc.  Ce 
timbre  n'était  pas  entièrement  achevé  ,  et  le  cadre 
lestait  encore  à  terminer. 

.  î.nii.  :    3J  r,:    !.        .  ji.      l    -  • 

■Le  préfet  de  police  vient  de  faire  arrêter  et 
amener  à  Paris,  un  nommé  Curey  ,  aubergiste  , 
ci-devant  domicilié  en  celte  commune ,  et  dont  il 


troupes  qu'on  pouvait  réunir,  était  dé  4000  à  45oo 
hommes.  Si  l'on  en  ôie  ce  qu'il  tallaii  pour  garder 
Ic'sloriset  ia  ville  ,  il  restera  environ  iSoo  hommes 
de  disponi'olcs.  .1 

'  Les  anglais  débarquaient  à  6  heures  dii  soir,  et 
l'on  achetait  encore  le  papier  pour  faire  de»  car- 
louches.  A  9  heures  on  cherchait,  des  pierres  à 
fusil  ;  la  pl.ice  mar^qrtitit  de  ces,  deux  objets  ,  et 
n'avait  pas  vn  cançn  de  monté.  Les  Ip.rjs  tj  avaient 
même  pas  touie  leur  artillerie.        ,, 

Evéuemens  des  y  ,  H  et  (j  friièiidor. 
Le  7  fructidor  au  niatin,  on  appcrçut  une  escadre 
et  un  convoi  ennemis  se  dirigiiani  vêts' le  port. 
A  4  heures  du  soir  un  vaisseau  et  une  frégate 
étaient  déjà  mouillés  dans  la  baye  d-  Domnos  , 
environ  à  deux  lieues  dans  le  n.  n.  o.  du  Fivrrol;  ils 
,     .  ,    ,,  ■    1        .    •      <  «j-       L  I  avaient    pavillon    franc:iis  ,    que    hissèrent'  aussi 

ctart  parvenu  a  découvrir  la  retraite  a  Mtrauboun    8  ^^i3^g^^^  fré^a.îes ,   î    bricks  ,   i3  cutters  , 

près  Verdun  ,  département  de  la  Meuse.  C  est  au  .  ^    bombardes    et   63     transports  ,  qui     portaient 


zeie  et  à  l'activité  de  la  gendarmerie  de  Verdun 
qii'on  doit  cette  arrestation.  Cet  individu  est  pré- 
Vepu  d'avoir  assassiné  ,  pendant  la  nuit  du  sg  au 
Sd'brumaire  dernier  ,  devant  sa  demeure  ,  rue 
des  Martyrs  ,1e  cit.  Caland  ,  dit  Courtois  ,, garçon 
cKapectier  ,  auquel  il  avait  porté  six  coups  de 
couteau  pi*  de  poignard  ,  dont  il  est  mort  trois 
jours  après. 


iSooo  hommes  de  troupes    de  débarquement. 

Dix  mille  hommes  effectuèrent  la  descente  sans 
la  moindre  opposition  ,  puisque  le  feu  des 
vaisseaux  força  d'abamlonnei  le  petit  fort  qui 
détend  l'entrée  de  la  baye.  Austilôt  qu'on  sut 
cet  événement  au  Ferrol  ,  le  généial  de  inaiine 
Don  juan  Moieno  se  rendit  à  Monte-Ventoso  , 
pour  observer  k-s  rnouvemens  de  l'ennemi  ;  d 
revint  de  suite  ,  et  passa  sur  soU'escadre  ,  d'oii  il 
débarqua  le  resie  des  soldats  de  niaiine  et  le  régi  - 
1-.  ■    Jhu'    n  j  •      E  -j  1'     ment  des  Asturies  ,   lesiiuels   ayant  été  joints  par 

DAN^Ié  n»  du. 25  nrressidor,  nous  avons  parle,, ^^^„„  soldats  de   mari.e  ,  600   milicions    panie 
A  tjne  cause  remarquable  ,   sur  laquelle  le  tnbu-  |  ^,^„    bataillon  du  roi  ,  et  d'un  autre   de  Guada- 

nal  de  commerce  va    bientôt  avoir  a  prononcer,  1  , .,^      ,„,    _,^   ,   ,^   ^„,   „   ,,       ,,„     , 

,,  .    ,         -1      .  1        •         *^    ,-1  '  laxara  ,    formèrent  un  corps  cle   loou   liomracs  , 

celle  qui  s  est  élevée  entre  les  citoyens  Castanet ,  „    ■ „,,      j„   .„:.„  a  I'„„„„~;   aà-^,         •        j 

_    y.,          -,                         ,            '.,.,'  qui  raarctid   de  suite  a  I  ennemi  oe  a  maure   des 
et    oariUon.    Nous  avons   plus  particulièrement     •  ~  

alors   rappelé    les     assertions    du   premier   ;    les 


;il^Ç^^  B,t;  N  A  Lï.    DE,.,  COMMERCE. 


çioyens  de  défense  du  second  doivent  être  rap-  , 

portés  avec  une  égale  exactitude.  ! 

On    a  vu    qu'il    s'agissait   d'une    répétition   de 

part  de  bénéfice  formée  par  le  citoyen  Castanet 

i_     _: T>__:n_"        i    -_: J' 


hauteurs.  Cette  poignée  d  hommes  attaqua  les 
anglais,  qui-éiaient  au  nombre  de  10,000,  avec 
la  pius  grande  intrépidité.  Après  un  combat  des 
plus  vits  ,  où  le  tetrein  fut  disputé  pieu  à  pied 
pendant  une  heure  ,  les  espagnols  parvinrent  à 
'es  faire    battre   en    retraite  ,    et    prirent   poste 


cpnttele    citoyen  Barillon,  à  taison  d'une  asso-    ,^„^  ^j^^^   .   ^j.,;^^   ^^j   éternisera  les   noms    de 


ciation  que  le  premier  soutient  existante 
&econd  dissoute  ,  depuis  I7gs.  N  est  pas  associé 
gui  ne  veut ,  est  la  maxime  générale  qui  sert  de 
fondement  et  de  base  au  mémoire  de  ce  dernier. 
Il  soutient  l'application  de  ce  principe  à  sa  cause 
particulière,-  en"  relatant  sa  correspondat:ce  avec 
celui  qui  fut  son  associé,  et  qu'il  soutient  avoir 


ceux  qui  y  ont  pris  part  .  car  elle  sauva  la  place 
en  donnant  le  tems  de  faire  quelques  préparatifs 
de  défense.  Les   anglais,   déjà  saisis  de  crainte  , 
d.'mandereiit  à  quelques  prisonniers  qu'ils  tirent, 
si  parmi  eux  il  ne  se  trouvait  pas  des  français. 
Le   8 ,   à  la   pointe   du  jour  ,  l'eunemi   recon- 


cessé   de   l'être  ,  et  la  correspondance   tr,ême  de     naissant  le  peu  de  forces  qu'il  avait  à  combattre  , 
'■"  dernier  ,  où  la  cessation  de  l'association  corn-  ,  a^laqua  avec  assez  d  ardeur  ;  mais  son  audace  fut 

contenue  par  la  bravoure  de  la  compagnie  des 
grenadiers  d'Asturie,  et  celles  dn  roi',  qui  sou- 
tinrent pendant  très-long-tems  le  feu  terrible  des 
anglais  qui  avaient  deux  obusiers  ;  enfin  les 
espagnols  ,  excédés  de  fatigue  ,  après  la  résistance 
la  1  lus  vigoureuse  ,   se   replièrent  en  bon  ordre 


merciale  semble  un  point  avoué   et  reconnu. 

Le  mémoire  est  suivi  d'une  co.nsultaiion.  En 
retraçant  les  faits  exposés  de  part  et  d'autre  , 
nous  desirons  conserver  la  plus  exacte  impar- 
tialité. Peut-être  esr-ce  donner  trop  de  poids 
aux   faits  que  le   ci'oyen  Barilloo  établit ,  et  un 


Îiréjugé  trop  favorable  à  sa  cause,  que  de  citer  sur  la  place, 
es  habiles  jurisconsultes  qui  l'ont  jugée  digne  i  Ne  trouvant  plus  d'opposition  ,  les  anglais 
d'être  défendue  par  eu.x.  Cependant  nous  nous  s'emparèrent  de  la  Giâna  où  sont  les  magasins 
bornons  à  dire  ce  frit,  en  annonçant  que  les  des  vivres  de  la  marine;  ils  les  conse»verent  jus- 
noms  des  Portails  .  Simeon  ,  Crassous  (  de  l'Hé-  qu'à  deux  heures  après-midi  ,  et  n'y  firent  aucun 
laultj  .  Bonnieres  ,  Plaque  ,  Bonnet ,  Bélari  ,.  Bil- '  mal,  parce  qu'ils  comptaient  sur  la  possession 
lecocq  .  Granier  ,  Delamarre  ,  se  trouvent  réunis  du  Ferrol.  L'arrivée  à  Covas  des  grenadiers  et 
'au  bas  d'une  consultation  dont  nous  rapporte-]  thasseurs  du  camo  volant  de  Juia  ,  qui,  formés 
ions  les  termes  principaux.  I  surdeux.de  hauteur,  paraissaient  être  le  triple  de 

Ils  estiment  que  la  prétention'  du  citoyen  ,  leur  véritable  nombre  ,  fit  changer  le  dessein  de 
Castanet  est  à  -  la  -  fois  injuste  et  absurde  ;  que ':  l'ennemi.  Il  regagna  lïi  hauteur,  et  chercha  à 
sans  droit  et  sans  prétexte  même  apparent,  ce  |  s'emparer  du  fort  Saint  Philippe,  qui  défend 
citoyen  suppose  arbitrairement  et  à  son  profit  l'entrée  du  Goutel  :  trois  fois  il  l'attaqua  avec 
la  continuation  indéfinie  d'une  société  de  com- :  impétuosité  ,  trois  fois  il  en  fut  éloigné  par  les 
merce  qui  n  avait  été  contractée  que  pour  un  tems  ,  forts  Palma  et  Sjint-Martin  ,  situés  sur  la  rive 
déterminé.  Ils  estiment,  en  considérant  le  titre  |  oppoîée,  qui  ,  secondés  par  quatre  chaloupes 
fondamental  qui  a  constitué  la  société,  et  qui,  canonnières,  firent  un  feu  si  vit  et  si  bien  dirigé 
en  fixe  le  terme  au  Si  décembre  1792,  rjue  dans  ,  qu  ils  forcèrent  l'ennemi  à  battre  en  retraite  slir- on 
cette  cause  il  n'y  a  d'étonnant  que  la  solennité  |  camp  retranché  de  Biion.  Il  était  trois  heures  lors- 
avec  laquelle  le  citoyen  Castanet  soutient  une!  qu  il  commença  son  rembarquement,  et  le  9,  à 
demande  que  l'espiit  condamne  ,  et  que  le  bon  j  une  heure  du  malin  ,  il  était  totalement  achevé. 
sens  désavoue.  ...    L'escadre   et  le    convoi    appareillèrent   le   nlêmç 

La  prorogation  d'une  société  qui  ,  par  son  acte 
fonilamenlal  ,  a.  un  terme  fixe  ,  ne  se  suppose  pas  : 
Tine  convention  nouvelle  peut  seule  1  opérer. 
Le  citoyen  Castanet  ne  prouve  pas  l'existence 
de  celte  convention  nouvelle  :  le  consultant 
au  contraire  prouve  la  volonté  formelle  de  ne  pas 
continuer  la  société  après  son  expiration.  C  est  à 
ces  termes  simples  que  la  question  se  trouve  ré- 
réduite par  la  cassation  dont  il  s'agit.  Le  mémoire 
qui  la  précède  ,  et  dont  la  consultatidn  elle-même 
comlent  une  mcndon  distinguée,  est  du  citoyen 
Leroi  fils. 


jour  ,    à  trois  heures   apiès-midi  ,   et  firent   route 
au  nord-nord-ouest. 


"RtlATiON  de  la  tentative  faite  par  les  anglais  sur  les 

'   ports  dn  Ferrol,  en  Espagne  ,  dans  la  journée, du 

7  fructidor  an  8  de  la  république  ;  donnée  par  le 

commandant  dune  corvette  française  ,  entrée  au 

_    Ferrol. 

Etat  de  la  place  à  l'instant  du  débarquement. 

La  garnison  était  composée  de  partie  d'un 
bataillon  du  régiment  d'Àfticjue  et  d'un  autre 
de  Zamara  ,  200  soldais  de  marine  ,  et  un  ba- 
taillon des  milices  d  Orensé.  S)  l'on  joint  à  ce 
peu  de  troupes  ,  celles  composant  le  camp-volant 
de  Suiia  ,  montuni  à  1000  hommes  ,  et  celui 
dAfès  .  composé  d  un  bataillon  du  régiment 
Immémorial  del  Rey ,  et  d'un  autre  de  ùuada- 
laxara  ,  (ces  deux  camps  sont  situés  à  une  lieue 
(I  demie  du  Feitol)  ,  on  verra  que  le  total  des 


La  perte  des  anglais  est  estimée  à  1200 hommes, 
tant  tués  que  blessés.  Parmi  les  premiers  se 
trouve  un  général  ;  celle  des  espagnols  est  de 
240. 

Les  espagnols ,  tant  officiers  qiie  soldais  ,  se 
sont  couverts  de  gloire  ,  et  les  anglais  de  honte. 

Parmi  les  traits  de  bravoure  qui  distinguent 
cette  journée  ,  on  remarçiue  celle-ci  : 

S=ize  soldats  ennemis  étaient  postés  derrière  un 
roc  ,  d  où  les  espagnols  inférieurs  en  nombre 
ne  pouvaient  les  débusquer  ;  un  soldat  du  ré- 
giment des  Asturies  s'avança  seul  à  vingt  pas  des 
ennemis  ,  saisit  son  arme  à  deux  mains  ,  et  se 
battant  à  coups  de  crosse,  les  força  à  sortir  de  leur 
poste. 

Le  général  Moreno  a  fait  connaître  cette  action 
au  roi  qui  ,  sans  doute  ,  récompensera  ce  brave 
soldat. 

Si  le  roi  dEspagrie  a  encore  le  déparlement 
du  Ferrol  ,  il  le  doit  aux  braves  généraux  Mo- 
reno et  Donadicu  ,  ainsi  qu'à  l'intrépidité  des 
soldats  qui  ont  combaitu  sous  '  leurs  ordres.  Il 
leur  doit  pourcela  sa  reconnaissance  royale  qu'ils 
ont  bien  méritée. 

Signé  Panart  ,  lieutenant  de  vaiseau. 
Pour  copie  conforme.  - 

Le  conseiUer-d'état  ,  préfet  maritime  à  Brest. 

JOSEI'H    CAfFAKELLI. 


Notice  nécrologique. 

Le  citoyen  Mallac  viien)  de  publier  un  écrit 
dans  lecjuel  il  rend  hommage  a  la  mémoire  du 
citoyen  Baiennes  ,  l'un. des  membres  que  le  con- 
seil des  prises  vient  de  perdre.  C'est  à  ce  conseil 
qu'il. s'adresse.  v ,     .   .  .  ;  ■■     . 

I)  Le  citoyen  Baronnes  ,  votre  collègue  ,  dÎMl- , 
est  décédé  hier,  18  fructidor,  à  une  heure  et 
demie    de    relevée.  .  • 

)i  II  suffirait  de  connaître  ce  vertueux  citoyen  , 
ce  bon  pcre  de  famille  ,  pour  l'aimer  et  pour 
l'honorer  :  c'est  dire  tous  les  droits  qu'ont  dû  lui 
acquérir  à  votre  estime  et  à  vos  regrets  les  fré- 
quentes relations  iju  il  a  eues  avec  vous  depijis 
létablisseme  :t  du  conseil  des'  prises. 

)i  Le  citoyen  Raymond  Barennes  ,  né  à  Agen 
en  17319  ,  tenait  ,  ava^it  la  tévolution  ,  urte  placé 
très  -  disiirtguée  parmi  Ici  avocats  du  parlement 
de  Bordeaux  ,  et  occupait  avec  honneur  une 
chaire  de  droit  frauçais  danè  l'université  de  celte 
vill^-.  Ega  ement  apprécié  dans  son  cabinet  et  au 
barreau  r  il  possédait  stit-loul  ,  à  un  très-haut, 
degré,'  l'ait  de  jeter  une  vii'e- lumie're  '  sur  le* 
questions  les  plus  compliquées  ,  sur  les  causes 
les  p  us  obscurcies  par  les  ténèbres  de  l'ancienne 
chicane.  11.  y  joignait  une  probité  sévère.  Aussi 
chercherait- un  vainemect  parmi  les  nombreux 
mémoires  du  icitoyen  Barennes  u.e  défense 
qui  ue  fût  point  celle  des  mœurs  contre  1j  cor- 
ruption ,  de  la  bonne-toi  contre  la'  duplicité  , 
de  la   faiblesse   contre   l'oppression. 

'I  .Il  léunissait  à  beaucoup  de  justesse  d'es- 
prit une  instruction  peu  commune.  Une  sorte 
de  timidité'  qui  était  chez  lui  l'efTet  d'une  '  rare 
modestie  et  d  une  grande  défiance  de  soi-même  , 
1  empêchait  dans  ses  écrits  dfc  faite  ^montre  de 
son  érudition.  D'ailleurs  ,  sa  franchise  et  sa  sim- 
plicité naturelles  lut  lésaient  craindre  de  jomb.er 
d'ans  les  travers  du  pédantisme. 

M  II  avait  pressenti  et  désiré  la  révolution.  Plus 
d'une  fois,  dans  ses  plaidoyers,  il  s  était  élevé 
avec  coulage  contre  les  Iréqucns  aiius  d'autorité 
de  l'ancien  gouvernement. 

)>  Pendant  la  révolution,  il  a  été  successivement  ■ 
procureur-général  ,  président  et  accusateur-public 
du  département  de  la  Gironde  ;  deux  fois  député 
aux  assemblées  législatives  ,  et.deiniéremcat  mem- 
b't'e  du  conseil  des  prises.  Toujours,  dans  ces 
diverses  magistratures  ,  il  a  été  étranger  aux  in- 
trigues des  partis;  toujours  il  s'est  montré  digne 
des  fonctions  qui  lui  ont  été  confiées.  La  haine 
que  respirent  ,  contre  le  royalisme  et  l'anarchie  , 
tous  ses  actes  publicï  ,  et  son  emprisonnement 
pendant  la  durée  du  gouvernement  révolution-' 
naire  ,  indiquent  assez  qu'il  n'a  jamais  été  acces- 
sible ,  dans  sa  carrière  politique  ,  à  d'autres  sen- 
timens  qu'à  ceux  de  la  raison  ,  de  la  justice  et  de 
1  humanité.  ,       ■ 

1)  Rendre  à  sa  patrie  des  services  signalés  , 
vouloir  être  à  la  (ois  homme  public  et  homme 
de  bien  ,  c'est  consentir  à  taire  des  ingrats  ,  c'est 
se  susciter  des  ennemis.  Le  citoyen  Barennes  eut 
des  détracteurs  qui  essayèrent  d  abreuver  de  dé- 
goûts ,  et  qui  réussirent  à  semer  de  chagrins  sa 
vie  politique.  Il  leur  opposa  une  modération 
inaltérable  ,  et  continua  d'avancer  avec  sécurité 
dans  la  route  'pie  son  patriotism  ■  lui  avait  tracée. 
Son  cœur  était  exempt  de  fiel.  Ceux  qui  font 
fréquenlé  n'ignorent  point  qu'il  parlaitsans  aigreur 
des  hommes  qui  hai  avaient  fait  le  plus  de  mal; 
de  ceux  qui  proffssaient  le  mépris  de  ses  vertus' 
et  l'oubli  de  ses  servises  ,  et  gu'il  manifestait  sou- 
vent le  désir  dé  n'avoir  que  des  amis.  Inutile 
souhait  d'une  belle  ame.'  c  était  désirer  que,  tous 
lés  hommes  fussent  justes. 

u  Sans  doute  (dit  en  terminant  le  cit.  Mallac) 
le  nom  de  Birennes  irait  à  la  postérité,  si  la 
renommée  qui  publie  toutes  les  actions  des 
guerriers,  ne  se  montrait  plus  dédai,2;neuse  envers 
les  citoyens  q,ui  exercent  paisiblernjnt  d'hono- 
rables fonctions  ,  si  elle  n'exigeait  point  d'eux  , 
ou  l'éclat  du  génie,  ou,  au  moins  les  chances  les 
plus  favorablis  de  la  fortune  ,  enfin  si  elle  se 
contentait  de  quelques  talens  recommandables  , 
dune  austère  probité ,  et  d'une  vie  entièrement 
ic-onsacrée  à  l'utilité  publique.  i> 


Les  administratenrs  généraux  des  poudres  et  salpê- 
tres ,  au  citoyen  rédacteur  du  Moniieur.  —  Faris , 
le  "ib  fructidor  ,  an  8  de  la,  république  française , 
une  et  indivisible. 

Nous  vous,  prions  ,  citoyen  ,;  d'annoncer  au 
public  ,  par  la  voie  de  votre  journal  ,  qu'ayant 
appris  et  reconnu  par  nous-mêmes  que  les  murs 
de  Paris  Se  trouvaient  tapissés  d'un  placard  inju- 
rieux pour  notre  administration  ,  ayant  pour  titre  ; 
Plaintes  au  tribun at ,  au  consulat  et  au  sénat-con- 
servateur ,  contre  l'impunité  et  la  non  répression  des 
crimes  atroces  de  la  régie  des  poudres  et  salpêtres  , 
dontaucun  homme  de  bien  ne  pourra  lire  le  récit  sans 
frémir  d'horreur  ,  nous  nous  sommes  adressés  au 
ministre  de  la  poUce  pour  en  obtenir  un  exem- 
plaire, que  nous  nous  empresserons  de  dénoncer 
a  l'accusateur-public.  Quoique  les  faits  allégués 
dans  cette  affiche  nous  soient  personnellement 
étrangers ,  notre  administration  ayant  toujours  été 
dirigée  dans  les  mêmes  principes  d«  droiture  «t 


<le  .loyauté  ,  e!  le»  chefs  étant  toujours  choisis 
dttiw'soii  sein  ,  njCiusépousom  jjefsonnellemêni 
Iqcause  du  cil.  Glo;uet',  régisseur  ,  nommément 
ÎDCuipé  ,  que  aoui  poajvotis.bien  («nir  à  lïonoeur 
dBjJOUs  rendre  cdmimune  ^  puisqu'elle  l'étaij  avec 
le  célèbre  et  inforiuné  Lavoisier  ,  ncute  ■«•sHte  et 
,npife  ancien  eohqjilre./  . 
iNoas^  VtAis  s»lu6i¥s  i 

Ek.    BOTTlit  ;  J.,  RtFAULT. 


Genève  ,  .i4//>jj(^(<iw  an  8., 

La  sécheresse  accompagnée  d'une  chaleur  ex- 
traordinaire .  ^ûi  a  eu  lieu  cette  année  ,  a  fait 
éj)oc|ue  en  méiéorologie.  On  a  inséré  dans  les 
papierspublics  (j.uelrjues  observations  à  celégard; 
mais  elles  perdent  presque  toutes  leur  prix  par 
lomission  tics  principales  circonstances  qui  au- 
laient  pu  faire  apprécier  leur  exactitude  :  ce  n'est 
point  une  chose  aussi  facile  qu'elle  le  paraît 
d'abord  ,  de  bien  observer  la  température  de 
l'air. 

Un  article  que  je  viens  de  lire  dans  votre  N" 
fdu  g  fructidor  ,  extrait  de  la  Vedette  du,  5  ,  me 
fait  prendre  la  plume  sur  cet  objet. 

On  voit ,  dans  l'article  que  vous  avez  transcrit, 
un  tableau  des  hauteurs  du  thermomètre  ,  du  34 
thermidor  au  i"  fructidor.  Deux  fois  on  l'a  vu 
à  37  degrés ,  et  trois  fois  au-delà  de  35  !  Dans 
Jeux  expositions ,  ajoute-t-on  ,  l'une  à  l'est,  l'au- 
tre à  l'ouest.  On  dit  ensuite,  que  le  thermomètre 
était  en  plein  air  et  en  plein  soleil.  J'ai  vaine- 
ment cherché  à  résoudre  l'espèce  de  contradic- 
tion que  pr$.,cntent  les  deux  circonstances  du 
thermomètre  en  plein  air  ,  et  cependant  à  l'est 
et  à  l'ouest;  de  quoi?  d'un  mur,  d'une  terrasse, 
en  un  mot  d'un  corps  réfléchissant  dont  on  ne 
d'ésiirne  ni  la  nature  ni  la  distance. 

On  ne  dit  point  non  plus  à  quelle  dislance 
du  sol  était  suspendu  le  thermomètre  ;  ce  qui 
était  pourtant  essentiel  ;  car  je  l'ai  observé  ,  par 
exemple  ,  dans  ces  dernières  chaleurs,  plus  d'une 
fois  à  5o  degrés ,  à  la  surface  m&me  du  sol.  On 
comprend  quelle  influence  doit  avoir  cette  tem- 
pérature sur  la  couche  inférieure  de  l'air. 

On  ne  dit  point  si  le  therinometrc  est  à  mer- 
cure ou  à  esprit'de-vio.  Or ,  j'invite  l'observateur 
à  exposer  en  même  tems  au  soleil  deux  ihermo- 
n^étres ,  d'ailleurs  d'accord ,  mais  faits  avec  ces 
d'eux  liquides  ;  si  l'esprit-dç-via  est  coloré  ,  il 
s'élèvera  au  moins  de  dix  degrés  au  -  dessus  du 
terme  indiqué  par  le  mercure. 

Ensuite  si  ,  dans  un  thermomètre  à  esprit-de- 
vin ,  l'artiste  qui  l'a  divisé  n'a  pas  tenu  compte  , 
ainsi  que  le  prescrit  Deluc  ,  delà  dilatabilité  cdri- 
tinuellenient  croissante  de  ce  liquide,  à  mesure 
que  sa  température  s'élève  ;  si ,  en  un  mût ,  ses 
divisions  sont  égales  et  non  croissantes  selorl 
tme  certaine  loi  ,  l'instrument  est  décidément 
trompeur.  > 

L'expérience  sur  la  température  de  la;  rivière  ,  à 
la  surface  et  au  fond,  ne  prouve  gueres,  tant 
qu'on  ne  dit  pas  par  quel  procédé  on  s'est  assuré 
que  le  thermomètre  ,  revenant  du  fond ,  9  bien 
rapporté  la  températîire  précise  qu'il  y  avait 
reçue. 

Le  même  physicien  conclut  de  cette  ôbserva- 
tfon  ,  et  de  ce  que  la  température  de  la  glace  a 
j^u  être  l'hiver  dernier  à  dix  degrés  sous  zéro  , 
que  la  différence  de  chaleur  éprouvée  par  les 
poissons  a  dû  être  de  29  degrés.  Je  l'invite  à 
considérer  que  les  poissons  ne  vivent  pas  dans 
la  glace  ;  et  que  l'eau ,  tant  qu'elle  conserve  la 
liquidité  ,  demeure  aux  environs  de  zéro  ,  quelle 
que  soit  la  température  atnbiafue.  C'est  l'un  des 
fait*'  principaux  sur  lesquels  repose  la  théorie  de 
Black  sur  ceKe  modification  du  feu  dans  les 
liquides  ,  qu'il  a  appelée  chaleur  latatite. 

Enfin ,  je  l'tnvite  aussi  à  ne  pas  nous  effrayer 
outre  mesure  ,  en  nous  disant  que  le  thermo- 
mètre étant  monté,  le  3o  thermidor,  à  3;  degrés, 
et  la  chaleur  de  la  peau  humaine  étant  de  29  à 
3o  degrés,  nous  avons,  ce  jour-là,  été  pénétré» 
ou  enveloppés  d'une  chaleur  mesurée  par  67  dégrés  ! 
Avec  ce  singulier  principe  d'addition  on  irait 
loin  ;  car  il  suffirait  d'une  soupe  avalée  à  5o  çfe- 
grés ,  par  l'individu  déjà  a  67  ,  pour  porter  sa 
température  à   117  degrés,  et   loi    causer  sims 


1444 

doute  une  inflamanon  spontanée  qui  le  réduirait 
en  charbon.  Ce  n'est  pas  ainsi  qu'il  faut  raison- 
ner en  physique.  , 

M.  A.  VicTZT,  professeur  de  phpiqne. 


PermeTtei  ,  citoyen  rédacteur  ,  que  je  dépose 
dahs  voire  estimable  feuille  les  témoignages"  de 
n'.a  rtconnaisiance  pour  la  famille  Bault  ,  dont' 
le  nom  réveille  de*  impressions,  si  douces  dans 
le  coeur  de  tous  ceux  dotit  elle  a  allégé  le  mal- 
heur :  et  mes  félicitations  au  préfet  de  policé  qui 
vient  de  rendre  à  ses  fonctions  de  concierge 
de  la  Force  ,  un  citoyen  respectable  que  son 
humanité  envers  les  détenus  fit  destituer  immé- 
diatement après  le    iS   fructidor. 

Si  l'humanité  mérite  un  châtiment  ^  si  les 
actes  d'une  séyétité  inutile  pour  s'assurer  des 
détenus,  n'ont  point  été  mis  en  usage  par  la 
famille  Bault  ,  il  faut  convenir  qu'elle  était  bien 
coupable.  Si  je  ne  craignais  de  rappeler  une 
époque  que  nous  devons  nous  efforcer  d'oublier, 
je  pourrais  nommer  plusieurs  citoyens  précieux 
à  la  république,  que  le  fer  des  assassins  eût 
enlevé  à  la  société  sans  la  présence  d'esprit  et 
le  courage  du  citoyen  Bault  et  de  son  épouse  ; 
je  ne  citerai  que  l'amiral  Latouche  Tréville  , 
qui  commande  en  ce  moment  une  partie  de 
nos  flottes,  persuadé  qu'il  me  saura  gré  d'avoir , 
en  son  nom  ,  payé  ce  tribut  à  la  reconnaissance. 

Si  quelqvie  chose  égale  la  sensibilité  profonde 
et  éclairée  de  cet  estimable  concierge  et  de  son 
épouse,  c'est,  sans  doute,  le  désintéressement 
parfait  dont  ils  .ont  donné  les  preuve»  les  plus 
touchantes;  j'en  appelle  au  témoignage  du  ci- 
toyen Dupont  de  Nemo-urs,  à  qui  la  citoyenne 
Bault  protfigua  ,  pendant  sa  détention  ,  tous  les 
soins  qu'exigeaient  son  grand  âge  et  le  mauvais 
état  de  sa  santé.  Dès  que  celui-ci  eut  recouvré  sa 
liberté  ,  il  revint  chez  la  citoyenne  Bault  pour  lui 
donner  des  preuves  palpables  de  sa  gratitude. 
))  Ah  !  voulez-vous ,  lui  dit-elle  ,  m'enlever  la 
>!  jouissance  entière  et  pure  d'une  bonne  action  , 
5»  je  n'y  consentirai  point.  »>  Et  en  effet  elle  re- 
jetta  l'offre  qui  Itai  était  faite. 

Vous  ne  trouverez  sûrement  pas  ,  citoyen  ,  hors 
de  propos  que  je  présente  à  vos  lecteurs  ces  faits 
qui  ne  peuvent  être  indifférens  que  pour  les  âmes 
insensibles;  la  réintégration  de  l'honnête  citoyen 
Bault ,  est  un  hommage  rendu  à  l'humanité  et  à 
la  justice  ,  elle  honore  le  magistral  qui  en  est 
l'auteur;  elle  doit  lui  concilier  l'estime  et  la 
reconnaissaiice  de  tous  les  hommes  de  bien 
que  la  tourmente  révolutionnaire  avait  placés 
dans  les  cac'hols.  C'est  d'ailleurs  un  bienfait  dont 
l'influence  rejailli  infaiUiblement  sur  les  infortunés 
confiés'  de  notiveau  à  la  garde  du  citoyen 
Bault. 

L'un  de  vos  abonnés 


LYCÉE    DE    PARIS, 

Rue  du  Hasard-Richelieu  ,  n"  14 ,  maison,  Séguier. — 
Veillée  des  muses ,  du  i^  fructidor  de  l'an  8,07 
heures  du  soir. 

Le  citoyen  Girard  ,  auteur  de  Praxile  ,  lira  un 
nouveau  fragment  en  prose  de  l'Amant  de  col- 
lège. 

Le  cit.  Duttembla  ,  le  Lendemain  ,  Moralité. 
D  eux  mois  sur  les  vers  de  Société  ,  par  le  citoyen 
Deguetle. 

Morceau  extrait  d'un  essai  sut  le  libre  arbitre  , 
par  le  cit.  Bouâers. 

Épitré  deSaini-Auguslin  à  la  comédie  italienne, 
par  le  citoyen  G***. 

Le  cit.  Despaze  lira  une  seconde  satyre. 

La  séance  sera  téi'minée  par  Mes  conventions  , 
Épître  à  elle  ,  lue  par  l'auteur  le  cit.  Vigée. 


Cours  de  Botanique  et   de  Cryptogamit  ,  par  le 
cit.  Sue  ,  médecin. 

Ce  professeur  commencera  la  première  section 
de  ce  çoijrs'  le  2  vendémiaire  prochain  ;  elle 
comprendra  l'histoire  completie  des  mousses  ,  des 
fougères  et  des  champignons  ,  ainsi  que  celle  des 
des  plantes  employées    en   médeciiie  ,    dans  les 


■  •  ^;     ;■_-'     "  ,:    •   ■   .:  ;;  ';  .:;i 

arts  et  dans  l'é'^.onoaiie  rurale  ,  et  celtes  dont  le 
taractere  est  vénérietix ',   afiti  xi^clairer^tV  .ieufs^ 
usages  et  leurs,  vertus  ,  suit  cène  foule  de  moyens 
seciets  que  la  cupidité  débite  et  qu'achelC'  r,is^y* 
rance.  '     '  .  ,  „| 

Sa  demeure  est  rue  neuve   du  Luxemhouig, 
n»  160.  .   iT 


''■-'iiïVRES    DIVERS.     ,! ij 

Voyage  en  Suisse  et  en  Italie ,  fait  avec  larméè 
de  réserve  ,  par  V.  T.  M.  ,  auteur  de  l'anglais 
cosmopolite  ,  employé  à  l'éiat-major-gétiéfïit  fle 
ladite  armée  ,  avec  celle  épigrapiié  :  ^i*  siUmv^ 
turbâ.  1  vol..  in-8°  ;  prix,  3  liv.  et  4  fr.  pat  lai 
poste.  A  Paris  ,  chez  Moutardier  ,  quai  deftAur: 
guslins  ,  n"  28. 

Histoire  du  sage  DatiiscJMtend  ,  fâvori  de  Scha- 
Gebâl  et  des  iiois  cafehders,  ou  l'égo'iste  et  lé 
philosophe  ,  cum  notis  variorum  ,  traduit  dé  l'àlle-, 
mand  de  'Wielând ,  2  vol.  in-8°  ,  avec  7  figutes;' 
prix- 6  fr.  et  2  vol.  in- 12  ,  avec  les  mêmes  fièufes,;' 
prix  4  fr.  5o  cent.  A  Paris ,  chez  P.  D.  Barez  ,  rue^ 
Mêlée,  n"  7,  et  Charles  Pougehs  ,  imprimeur- 
libraire,  quai  Voltaire,  n°  10. 

Cet  ouvrage  intéressant  esi'd'un  style  aisé.  Nout 
n'hésitons  point  à  le  placer  parmi  les  meilleurs 
romans  philosophiques  ,  tant  parce  qu  il  es»  le 
fruit  de  l'imagination  ,  que  parce  qu'il  offre  ati, 
au  moraliste  ue  foule  de  taiileaux  qu'il  est  utile;. 
de  rappeller  souvent  aux  lecteurs. 

Les  progrès  du  fanatisme  et  de  la  superstitioti  ,' 
et  la  promptitude  avec  laquelle  le  luxe  des  jouis» 
sances  empoisonnées  elle  goût  des  faux  plalsir'j 
parviennent  à  corrompre  les  individus  ,  les  fi- 
miiles ,  les  sociétés  les  plus  nombreuses  ,  des  peu- 
plades ai  des  nations  entières ,  y  sont  peints  et 
mis  en  action  avec  autant  de  chaleur  que  de 
vérité. 

■        I.    ....     I,... I |..  .r» 

COURS    DU    CHANGE. 
Bourse  du  i6  fruclidot.  —  Cours  des  effets  publia 


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Tiers  consolidé 3 1  fr.  88  ç. 

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Bons  d'arréragé ' 83  fr. 

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Coupures 63  fr.  75  e, 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republique  et  des  Arts. 
Dem.  Iphigénie  en  Tauride  ,   et  le  ballet  de  Pân'i. 

Théâtre  do  Vaudeville.  Auj.  Trois  conttt 
un  ;  l'Entrevue  ,  et  un  seul  Violon  pour  tout  te 
monde. 

Théâtre  delà  Cité-Variétés,  —  Pantomimet. 
Auj.  la  i'"  Tepr.  d'EUonore  de  Resalba,  pièce  à 
spectacle  ,  et  ÏEpreuve  excusable. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  7'  repr.  des  Charlatans  littéraires  ,  cota., 
nouv.  en  5  actes,  et  Je  Chaudronnier  de  Sttint- 
Flour. 


f  aboiJBe*«nt  le  fsit»  Paris,  rue  des  Foitevini,  n°  iS,  Le  prix  est  de  s5  fraocs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  six   mois,   et    100   franc»  pour  l'année  entière.  On   ne 
•'abonne  qu  ;iu  commeùcemcat  de  cbaqae  mois.  -, 

Il  faut  adresser  le»  leltroset  l'argent ,  fraoc  de  port  ,auci£.  Agasse,  propriétaire  de  cejournal , rue  des  Poitevins,  n"*  i^.  Ilfautcômpreiadre   dans  !et  eavoii  le  poit   dek 

payj-où  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  letlret  des  depariemens  non  affranchies  ,  neserontpoinc  retirée»  de  la  poste. 

11  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  «lies  qui   renfermentdes  valeur»,  etadrcsser  tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de   la  feuille,    an  tédutcur  ,  ru*  de» 


PaUevir)»  ,  n"  lî,  dçpui»  neuf  Ueures  diimstiii jusqu'à  cil  !j  heures  dxjsoir. 


À  Paws.  Ai  riroptim«rie  du  cil.  Aga&se  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


w 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  358. 


Octidi ,  28  fructidor  an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autofisés    à  prévenir  nos  souscnprt-uis  ,  qu'A    dacer  du  7   nivose  le   M  O  hM  T  E  U  H  est    le    s,ul  journal  ojfiçid. 
Il  contient    les    séances  des  autorités  constituées,  les  acres  du  gouvernenVent,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'excérieut,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  led  septembre  (  i  g  fructidor.  ) 


J_iES  assises  de  Warwick  se  sont  terminées  par 
le  jugement  de  plusieurs  personnes  prévenues  de 
vol  de  moulons.  La  giaviié  des  juges  n'a  pu  tenir 
contre  le  discours  suivant,  adressé  par  l'un  des 
prévenus  au  président  : 

uMylord  ,  les  témoins  viennent  de  faire  à  votre 
honneur  de  belles  liistoires  sur  mon  compte.  Ils 
auraient  voulu  vous  faire  accroire  que  c'était 
quelque  chose  d  éirange  de  trouver  des  pieds  de 
mouton,  tic.  chez  moi  ,  lorsqu'ils  savent  tous  très- 
bien  que  j  exerce  le  mélier  de  boucher  depuis 
plusieurs  années,  c'est-à-dire,  mylord  ,  que 
j'achète  loutes  les  vaches  et  moutons  morts  ou 
maigres  que  je  rencontre.  Il  n'y  a  pas  un  fermier 
dans  Je  pays  qui  ne  puisse  l'attester  à  votre  sei- 
gneurie. Or ,  il  faut  que  je  vous  dise  ,  maintenant , 
mylord  ,  que  cet  homme  que  voilà  (désignant  un 
des  lemoius)  vend  ,  comme  moi ,  de  la  bête  morte , 
Cl  qu  il  envie  mes  pratiqiies.il  a  calculé  que  s  il 
pouvait  parvenir  à  me  taire  pendre  ,  cela  lui  vau- 
drait une  jolie  fortune  ;  et  en  effet,  mylord  ,  j'ose 
dire  qu'il  y  gagnerait  plus  de  i5  liv.  st.  par  an. 
Ainsi  je  laisse  à  votre  grandeur  à  juger  si  c'est  là 
Vin  beau  témoin.  Cet  autre  que  voici  (i-ndiquant  un 
second  témoin)  a  conservé  une  dent  contre  moi, 
comme  vous  pouvez  bien  vous  l'imaginer  , 
anylord  ,  du  procès  que  vous  devez  vous  rap- 
peler que  je  lui  intentai  et  qui  l'a  ruiné  ,  ou  , 
■cour  mieux  dire  ,  qui  nous  a  ruinés  tous  deux  ; 
tac  les  gens  de  loi  nous  ont  mangé  jusqu  à  notre 
dernier  sou.  Vous  voyez  donc  ,  mylord  ,  que 
■voire  seigneurie  "  ne  peut  pas,  en  conscience, 
îne  faire  pendre  ,  ri'aprèt  le  témoignage  do  c«o 
xoesïieurs.  >' 

Deux  de  nos  poëie3,Peier-Pindar,  etM.  Giffard, 
auteur  de  la  Baviad  ,  d'une  querelle  de  plume 
îrèî-scandaleuse  ,  en  sont  venus  à  des  voies  de 
fait  qui  ne  le  sont  pas  moins.  —  Le  premier  ayant 
apperçu  ces  jours  derniers,  dans  la  boutique  du 
libraire  Wright  ,  quelqu'un  qu'il  crut  reconnaître 
pour  M.  Giffard  ,  lui  demanda  s'il  ne  portait  pas 
ce  nom  ;  à  sa  réponse  affirmative  ,  il  lui  asséna 
sut  la  tête  un  coup  de  canne  ,  et  AL  Giffard  , 
tout  en  chancelani,  de  lui  en  riposter  un  de  la 
sienne.  M.  Peltier  ,  qui  rédige  ici  un  journal 
français  ,  et  plusieurs  autres  gens  de  leitl-es  pré^ 
lens  ,  s'empressèrent  de  sépaier  et  désarmer  les 
combattans;  mais  ceux-ci,  revenus  à  la  charge, 
commencèrent  un  combat  à  la  mendoza  ,  c'est-à- 
dire,  à  coups  de  poings  ,  que  les  spectateurs  in- 
terrompirent de  nouveau,  en  mettant  Petcr-Pindar 
hors  de  la  boutique. 

Des  ordres  stricts  ont  été  donfiés  pour  faire 
arrêter  tous  les  étrangers  qui  se  trouveraient,  sans 
permission  particulière,  plus  près  des  ports  de  mer 
que  l'acte  du  parlement  ne  le  permet. 

Sir  Walter  Farguhar  prétend  ,  à  ce  que  l'on  dit, 
que  la  fièvre  au  cerveau  fait  beaucoup  de  progrès 
parmi  nous.  Cette  observation  serait  d  autant  plus 
alarmante  ,  que  presque  tous  les  malades  du  doc- 
teur sont  du  corps  diplomatique. 

Suivant  le  rapport  du  capitaine  d'un  navire 
danois  nommé  le  Castelet  d'Ansberg,  le  brik  le 
Malartic  ,  de  l'Isle  de-France  ,  capitaine  Dutest  , 
a  fait  plusieurs  prises  à  la  hauteur  du  port  de 
Rangoon  ,  parmi  lesquelles  en  était  une  riche- 
ment chargée  en  bois  de    construction. 

Il  existe  à  Thorp  ,  dans  Surrey  ,  une  ferinc  que 
l'on  dittenue  par  la  famille  des  'Wopshots  ,  depuis 
le  lems  d'Alfred. 

Un  particulier  d'Ipswich  paiia  la  semaitie 
detnicre  ûo  guinées  qu'il  irait  à  pied  de  celte 
viilt  à  Sudbuiy  (  la  distance  est  de  44  milles  ) 
ei  en  reviendrait  de  même  dans  l'espace  de 
12  heures.  Il  perdit  son  pari.  Il  offrit  alors  de 
paiiir  le  double  qu'il  exécuterait ,  dans  deux  lier» 
moins  de  lem»  ,  la  même  g-agcure  sur  son  chefal. 
Le  pari  tenu  ,  il  a  gugné  avec  même  de  la 
marge. 

De»  expériences  faites  P'ir  le  docteur  Hargcns  , 
à»  Kicl  1  lemblcnt  recommander  un' grand  usage 


de  l'alkali  dans  les  affections  convulsivcs  des  en- 
fjns  ,  comme  il  paraît  aussi  approprié  à  d'autres 
afleciions  spasraodiijues. 

(Extrait  du  Morning-Hérald  et  du  Sun.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,'  le  2"]  fructidor. 

Les  plans  présenlés  par  différens  artistes  pour 
la  construction  de  la  colonne  nationale ,  ainsi 
que  ceux  d'un  monument  égyptien  qui  doit  être 
élevé  aux  généraux  DeSaix  et  Kleber  ,  vont  être 
exposés  aux  regards  du  publie  dans  une  des 
salles,  du  palais  du  Muséum.  Les  altistes  ama- 
teurs et  autres  hommes  instruits,  du  suffrage  des- 
quels se  compose  lopinion  publique  qui  pro- 
nonce sur  le  mérite  des  productions  des  arts,  sont 
invités  à  examiner  ces  projîts.  Si  quelqu'un  d  eux 
juge  à  propos  de  publier  son  avis  ,  nous  nous 
ferons  un  plaisir  d'insérer  dans  ce  journal  ses 
observations. 

— Le  jury  maritime  vient  de  prononcer  sur  l'accu- 
sation intentée  contre  le  chef  de  division  Cas- 
tagnet.  Njus  avons  nommé  en  partie  les  membres 
qui  le  composaient  ;  nous  devons  ajouter  les 
noms  des  capit.  de  vaisseau  ,  Larchet ,  Adelon  , 
et  Duplessis  Compaire.  Le  chef  de  division  Lecoat 
Saint  Havan  était  rapporteur. 

Après  les  débats,  l'audition  delà  défense  dont 
le  cil.  Prieur  ,  de  la  Marne  ,  était  chargé  et  la  dé- 
libération du  jury  ,  le  citoyen  Larchet  prenant  la 
parole  ,  a  prononcé  la  déclaration  suivante. 

(i  Nous  jurons  sur  notre  conscience  et  notre 
honneur  ,  qu'après  avoir  délibéré  dans  les  fornles 
prescrites  par  la  loi  .  les  jurés  ont  déclaré  que 
le  citoyen  Castaghet  accusé  , 

t°.  De  n'avoir  pas  exécUié  les  ordres  du  gou- 
vernement ; 

Ï-.  De  ii'avuii  pas  pris  les  mesures  néces- 
saires pour  garantir  sa  division  des  attaques  de 
l'ennemi  ; 

3°.  De  n'avoir  pas  été  à  son  poste-,  lors  de  la 
prise   de  la   frégate  la  Désirée  ,  par  les  anglais. 

Sur  le  premier  point  n'est  pas   coupable  ; 

Sur  le  second  point  n'est  pas  coupable  ; 

Sur  le  troisième  point  n'est  pas  coupable. 

En  conséquence  ,  la  cour  martiale  acquitte  le 
chef  de  division  Castagnet  et  le  renvoie  à  ses 
fonctions.  " 

—  Un  petit  magasin  d'artifices  ,  à  i'île  d'Aix  , 
a  éclaté  sàtjs  tuer  personne  ,  par  l'imprudence 
d'un  ouvrier,  qui  ,  remplissant  un  obus  ,  a  frappé 
sur  l'acier  doii  une  étincelle  à  jailli.  L'ouvrier 
n'est  que  blessé.  Ou  a  empêché  le  feu  de  se 
communiquer  à  la  poudrière.  On  estime  le  dom- 
mage à  8000  fr. 

— Une  division  des  élevés  du  Prytanée  ,  accom- 
pagnée de  ses  nl'aîires  ,  est  partie  hier  matin  pour 
se  rendre  au  collège  de  Saint-Cyr,  oii  tout  est 
prêt  pour  les  recevoir. 

-^  Le  cit.  Fontanes  vient  d'adresser  à  plusieurs 
journaux  la  lettre  suivante  : 

Il  On  vient  de  réimprimer  ,  sans  mon  aveu  , 
et  sous  le  titre  de  Réfutation  de  madame  Staël , 
deux  extraits  qui  ont  déjà  paru  dans  \e  Mlrcure  : 
c'est  leur  faire  trop  d'honneur.  Si  le  libraire  qui 
a  eu  celle  idée,  et  dont  j'ignore  le  nom,  avait 
bien  voulu  me  cOhSultt'r  ,  je  lui  aurais  dit  qu'un 
extrait  n'est  pas  un  traité  5  qu'il  se  compose  d'ap- 
per^Us  lapidés  i  plus  que  d  id^es  approfondies  , 
ei  que  la  critique  ,  resserrée  dans  les  bornes  d  un 
journal  ,  ne  peut  avoir  tous  ses  développemens. 
Je  n'ai  donc  point  prétendti  réfuter  en  toialiié  les 
deux  volumes  de  madame  de  Staël.  Il  faudrait 
pour  cela  composer  un  gros  livre  v  que  je  n'ai 
nulle  envie  de  faire  i  etquelepublic  auriiicneore 
moins  la  patietice  de  lire.  1» 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du   «7  frUitidoT  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport  du 
ministi'e  de  l'intérieur  ,  arrêtent  : 

Art.  \".  Il  sera  établi  dans  la  ville  de  Lyon  un 
collège  ,  qui  formera  une  division  du  Piytanée 
irançiis, 


II.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  qui  sera  imprimé. 

Le  premier  comul  ,  signé,  BonaPaRtE. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  ilu  même  jour. 

BoNAPAR'lE ,  premier  consul  de  la  république  , 
le  ministre  de  I  intérieur  entendu  ,  arrête  : 

Art.  1".  Le  jeune  Pierre  Hemery  ,  fils  du  ci- 
toyen Hemery  ,  caporal  au  5'  bataillon  de  Paris  , 
tué  à  l'affaire  de  Coron,  le  18  septembre  1793 
(vieux  style  ),  est  nommé  élevé  du  collège  de 
Compiegne. 

II.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état .,  signé  ,  H.  B.Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 
le  ministre  de  1  intérieur  entendu  ,  arrête  : 

Art.  I''.  Le  jeune  BrutusTuncq,  fils  du  général 
divisionnaire  Tuncq  ,  mort  le  20  pluviôse  der- 
nier, des  suites  d'une  chute  qu'il  fit  en  se  rendant 
au  poste  qui  lui  avait  été  assigné  ,  est  nommé 
élevé  du  Prytanée  français. 

II.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution    du   présent  arrêté. 

Le  premier  consul.  Signé,    Bonaparte. 
Par  le  prelnier  consul  , 
Le  secrétairs'd'état ,  signé,  H.  B.  MaRet. 


MINISTERE  DE  L'INTÉRIEUR, 

Le  ministre  de  l'intérieur  aux  préfets  des  départemens . 
Paris ,  le  28  fructidor  an  8. 

Je  vous  adresse  ,  ci^toyen  préfet,  le  tableau  qui 
a  été  rais  sous  les  yeux  des  consuls  par  le  mi- 
nistre des  finances  ,  en  exécution  de  leur  arrêté 
du  17  ventôse. 

Les  consuls  ont  jugé  que  le  département  de» 
Vosges  est  celui  qui  doit  être  proclamé  comme 
ayant  mérité  de  la  patrie;  au  20  germinal' ilne 
devait  rien  sur  l'arriéré,  il  avait  payé  plus  de 
moitié  sur  la  contribution  foncière  de  l'an  8  ; 
enfin  ,  en  six  mois  il  a  payé  les  41  des  contri- 
butions d'une  année. 

Vous  voudrez  donc  bien  ,  citoyen  préfet,  pro- 
clamer solennellement  à  la  fêle  di»  l"  vende-. 
miaire  ,  le  département  des  Vosges. 

Tous  les  français  sont  dévoués  à  la  patrie  ;  toui 
font  des  efforts  pour  la  servir,  mais  il  est  juste 
que  ceux  qui ,  daUs  ce  grand  concours  de  Sacri- 
fices occupent  le  premier  rang  ,  obtiennent  UO 
lémsiignage  éelmant  de  la  lèconiiaissancé  natio- 
nale. 

Je  vous  salue  , 

Signé  .^  Lucien  Bonaparte. 

Tii  s  ts  AU  des  départemens  qui  peuvent  concourir 
à  donner  leur  nom' à  la  principale  place  de  Paris. 


RISTES 

NOMBRE 

NOMB  RE 

à  recouvrer  sur 

de  vingtièmes 

de  vingtièmes 

l'arriére     anté 

recouvres   sur 

recouvres  pen 

ÉifAkitiitH». 

tièutàl'an  8. 

la    contribut. 

dant  les  6  pre 

fooc.  de  8. 

miersmois  su 
une  année  de 
contribution. 

vingtiemel 

vingtième». 

Arriége.  ... 

46,000 

11 

14 

Côte-d  Or.  . 

910,000 

4 

16 

Cireuse. 1. . . . 

5io,ooo 

2 

19 

Dôubs 

i3,ooo 

5 

g 

Eure 

200,000 

8 

i3 

Héfault 

350.000 

8 

14 

Jura 

9,000 

i3 

18 

Landes 

28,000 

10 

12 

Marne 

2.400,000 

4 

18 

Meurthe.. . . 

0 

« 

9 

Meute 

160,000 

8 

18 

Morbihan.  . 

35o,ooo 

8 

17 

Oise 

600,000 

3 

16 

Haute-Saône 

600,000 

10 

l3 

Somme 

2,900,000 

3 

17 

Vosges 

0 

11 

i3 

Rapperù  préstnîé  aux  consuh  de  ta  TipulUqxie  ,  pur 
h  ministrt  de  lintirieur.  —  Parii  .  le  <iT  fructi- 
dor^ an  8  de  La  lépublique  Jrariqaise ,  uns  et 
indivisible. 

Citoyens  consuls  , 

je  mets  sous  vos  yeux  ,  en  exëcuiien  de  voire 
-arièié  ciu  17  veniôsc  ,  les  noms  des  dix  dcparie- 
mcns  qui  ont  iai;  rejoindre  le  plus  de  jeunes 
2ens,€t  qui  doivent  êire  proclamés  comme  les 
plus  sensibles  à  l'honneur^national. 

J'en  ai  reçu  la  note  du  ministre  de  la  guerre  ; 
elle  s'accorde  avec  les  renseignemens  qui  me  sont 
parvenus. 

Ces  départemens  sont   ceux  de  l'Aisne  (préfet 


1446 

le  citoyen  Dauchy);  de  i.i  Côte-d'Or  (préfet,  le 
cit.  Guiraudet);  des  Forêts  (piéfet.  le  citoyen 
Birnbiàim  )  ;  de  la  Marne  (  prél'et,  le  cit.  Bourgeois- 
Gcssain);.dc  la  Haute-Marne  (prélet,  le  citoyen 
Ligniville)  -,  de  la  Meuse  (  préfet,  le  cil.  Saulnier)  ; 
de  !a  Moselle  (ptélei ,  le  ciioyen  Calchen);  du 
B,is-Rhin  (préfet,  le  citoyen  Laumont);  de  la 
Hauie-Saône  (  préfet  ,  le  cil  Vergnes  )  ;  des  Vosges 
(piéfet.  Je  citoyen  Desgoultes). 

Ciioyens  consuls  ,  beaucoup  d'autres  dépirte- 
mens  se  sont  noblement  acquittés  de  leur  dette 
envers  la  patrie  ;  tous  sont  habités  par  des  ci- 
toyens dipnes  de  ce  nom  ;  mais  il  est  juste  que 
vous  distinguiez  ceux  à  qui  un  généieux  dévoue- 
ment à  inspiré  les  plus  grands  efForis. 


Il  faut  bien  que  les  ennemis  de  la  Pr+Bce 
sachent  que  cette  république  qui  désire  si  ardem- 
ment la  paix  ,  est  piête  encore  à  de  plu'i  grand* 
sacrifices  ,  si  par  l'oubli  des  plus  pressons  inérêls 
de  l'humanité,  ils  lui  rendent  l.i  guerre  nécess«Jic. 

Je  pense  aussi  ,  citoyens  consuls  ,  que  von* 
devez  accorder  un  témoignage  de  la  reconnais- 
sance na;ionale  aux  dépanemenl  de  l'Aube,  de 
l'Yonne,  de  la  Meurthe,  des  Ardennes,  de  Sein<- 
ei-Maine,  du  Jura,  du  Doubs,  du  Haut-Rhin  , 
de  l  Ain  ,  de  la  Charente-Irilecieure.  Leurs  succès 
différent  peu  des  premiers  que  j'ai  eu  1  honneur, 
de  vous  indiquer. 
Salut  et  respect. 

Signé,  L.Bonaparte. 


Etat  des  dix  départemens  gui  ont  fait  rejoindre, 
un  plus  grand  nombre 


,  dipnis  'Us  lois  sur  la  conscription 
de  jeunes  geni  ,  comparativement  à 


(du  3  vendémiaire  an  1  ,  au  25  fructidor  an  8  ; 
ceux  qu'ils  devaient  fournir. 


NOMS 

DES 

DÉPARTEMENS. 


En 
l'an   7. 


1   R  E 
PP£I.LÉS. 


En 

l'an    8. 


fournir. 


NOMBUE  D  HOMMES  QUI  ONT  REJOINT. 


En 
l'an    7. 


En  l'an  8  , 
pour  les 
liom.  anté- 
rieurement 
appellé.H. 


Sur   le 
conting. 

de  l'an  8. 


Enrôlés 
volon- 
taires. 


OBSERVATIONS. 


Aisne 

CÔTE -d'Or.  .   .   . 

Forêts 

Marne 

Marne  (Haute-). 

Meuse 

Moselle 

Rhin  (Bas-  ).  .  . 
Saône  (Haute-). 
Vosges 


5,467 
7, 6a  3 


5,194 
4.754 
5,1 84, 

6,797 
8.067 
5,732 
6,549 


5o7 

4SI 

S40 

372 
276 
3f9 
469 
53 1 
357 
367 


5,974 

8,044 

240 

5,556 
5,o3o 
5,443 
7,266 
8,598 
6,089 
5,916 


4,665 
5,840 


4,076 
3,789 
3,903 
5,090 
6,963 
4,345 
5,324 


3oo 
69 


952 

647 

649 

1,758 

1,719 

1,148 

509 


507 
574 

252 

444 
764 

399 
37« 
553 
572 
553 


72 

i35 

58 

88 
33 

"9 
296 
II I 
235 
60 


5,544 

6,618 

3io 

5,56o 
5,q33 
5,070 
7,525 
9.346 
6,3oo 
6,446 


(2)  Le   séjour   de  V 
icorporflrions     particulières  ,    dont    1 

adressés  au  miuisue.   Il  y  a  lieu  de  c 
[es  hommes  en   retard   de  rejoindre  , 
)n  ne  peut  en  indiquer  exacteittenl  li 

(3)  Ce  département ,  ainsi 
xempt  des  levées  de  Tan  7 . 
le  l'an  8.  On  a  cru  égalem 
loge. 


(1)   Ce  département   a   le   premie 
Jr  les  conscrits  de  Tan  8. 


cooipletté  son  contingeat 

à  Dijon   a   favorisé  Ici 

étals    n'ont   point   été 

)ire  qu'un  grand  nombre 

profité  de  cette  facilité. 


que  tous  ceux  de  ta  Belgique  ,  C€t 
Jl  a  Fourni  plus  que  son  contingent 
ent  juste  M  utiie  de  le   citer  avûe 


jV.  B.  Il  se  trouve  parmi  les  hommes  qui  ont 
rejoint  depuis  les  lois  sur  la  conscription ,  un 
certain  nombre  de  réquisilionnaires  qui  ont  été 
compris  dans  les  mêmes  éiaii  que  lc«  conscriti. 


i 


Certifié  par  moi  ministre  de  la  guerre  ,  i6  fructidor  an  8  de  la  république  ,  C  A  R  M  O  T. 


Le  ministre  de  rintciieur  a  fait  publier  deux  tableaux  (  voyez  les  n°'  35o  et  354  de  ce  journal  )  des  granits'qui  se  trouvent  en  France.  Ils  lui  ont  éll"-^ 
remis  par  le  conseil  des  mines  qui  continue  les  recherches  que  le  ministre  lui  a  prescrites  ;  les  lésuliats  en  seront  successiveiïient  renduspublics. 

Ces  détails  ,  en  fesant  connaître  nos  richesses ,  éveilleront  l*^lteiiiion  des  artistes,  et  leur  feront  voir  combien  il  est  peu  sage  de  chercher  au  loin 
des  maiieres  précieuses  que  nous  possédons  en  si  grande  abondance  et  avec  tant  de  variétés. 

Le  conseil  des  mines  travaille  à  une  carte  minéralogique  de  la  France  ;  il  doit  être  secondé  dans  cette  utile  entreprise  par  itous  ceux  qui  aiment  le  ' 
j'^m'  '"'"^"'^^* ,  '  histoire  naturelle  ,  et  par  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  insensibles  à  la  prospéiité  nationale.  Malheureusement  ce  travail  a  éprouvé  quelque  ' 
difficultés  ;  mais  on  va  le  reprendre  avec  une  activité  nouvelle.  n  , 

Voici  un  supplément  au  2™=  tableau  des  granits  d'un  transport  facile  du  département  de  la  Manche  :  ' 


TRANSPORT     FACILE. 


position 

relativement 

à  Paris. 


DEPARTEMENS 

et  chaînes 
de  montagnes. 


Au  couchant. 


lia  Manche. 


GISSEMENS 

des 
rochers. 


NUMÉROS 

Ac  la  carte 
deCassini. 


NOMS      £T      DESCRIPTIONS 

des 

ROCHERS. 


OBSERVATIONS. 


'  AFermanville," 
envir.  i  rayria-t  »■       „       •       •     ,  ... 

mètre  au  levant  (  'i       Granit  gris  dont  on  a  construit  plusieurs 

rk^,.,™/"     125.     ^  bornes  qui  se  voient  à  Paris ,  exploitable  en 
''[  grandes  masses. 


de  Cherbourg/ 
sur  les  bords  de  ' 
la  mer. 


Environ    de 
[Cherbourg  soit 
làQuerqueville 
là  envir.  5  kilo- 
mètre» au  cou- 
I  chant,  soitàC 
Iqueville  à  près 
de  20  kilomet. 
au  levant. 


H 

est 
:t.' 


125. 


Les  îles  Chau- 
zey  ou  Chozé , 
à  2  myriamet. 
au  couchant  de 
Granville. 


AFlamanville, 
au      midi     d( 
Cherbourg,  sur 
les  bords 
mer. 


rg,surV 
delaj 


196. 


avec  lesquels  on  a  bâti 

Cherbourg,  entr'autre 

devant  d'Artois. 


..  Gx.aptV.  :Cf  un  gris  bleuâtre  et  verdâtre  à 
grain  fin  susceptible  d'être  exploité  en  gros 
blocs  étant  sans  gersures  et  sans  veines.  Il 
est  quelquefois  taché  de  filets  d'une  couleur 
rousse  que  l'on  nomme  rouillure,  et  que 
l'on  atuibue  au  passage  des  eaux. 

Granit  à  plus  grandes  parties  que  celui 
de  Ferraanville ,  susceptible  d'un  très -bel 
eflèt ,  et  qui  peut  s'exploiter  au  niveau  de 
la  mer,  même  en  très-grande  masse;  il  est 
coupé  à  pic  sur  de  grands^  espaces ,  et  est 
d'autant  meilleur  qu'on  le  prend  plus  près 
du  niveau  de  la  mer. 


Transport  extrêmement  facile  par  radeaux 
jusqu'au  niveau  de  la  placé  de  la  Concorde. 


st 
es    1 


FÊTE    I)E  tA    RÉPUBLIQ.UE. 

Diveloppement  du  programme  arrêté  par  Us  consuls 
te   18  jructidor. 

5'     JOUR     COMPLÉMENTAIRE. 

Art.  I".  Le  dernierjour  complémentaire  ,  à  six 
heures  du  matin  ,  une  salve  d'artillerie  annoncera 
ia  fête. 

Elle  sera  répélée  d'heure  en  heure  jusqu'à  la 
nuit. 

II.  A  onze  heures, -le  minisire  de  l'intérieur 
présentera  aux  consuls  les  fonctionnaires  publics 
venus  des  départemens  pour  assister  à  la  fête. 

IH.  A  deux  heures  après  raidi  ,  le  ministre  de 
l'inlérieur  et  le  minisire  de  la  guerre  ,  escoriés  des 
hérauts  d'armes  et  précédés  d'un  détachement  de 
cavalerie  ,  se  rendront  au  Musée  des  raonuraens 
français,  oti  le  corps  de  Turenne  est  déposé. 

IV.  Le  corps  de  Turenne  sera  présenté  aux 
ministres  par  le  citoyen  Lenoir  ,  conservateur  du 
Musée  ,  et  p.ir  les  adnunistrateurs  du  Musée  d'hjs- 
loire  naturelle  ,  à  qui  l'on  doit  la  conservation  de 
CCS  restes  précieux. 

V.  Quatre  généraux  placeront  le  corps  sur  un 
char  élevé  ,  attelé  de   quatre  chevaux  blancs. 

L'armure  que  portait  Turenne  sera  placée  sur 
un  cheval  pie. 

Sur  les  côtés  du  char,  des  inscriptions  rappel- 
leront les  exploits  du  héros. 

'VI.  Une  musique  militaire  précédera  le  char. 

Il  sera  escorté  par  l'état-major  de  la  17"  division, 
et  par  celui  de  la  place. 

Dn  groupe  de  vieux  soldats  invalides  le  suivra. 

Le  ministre  de  l'intérieur  et  celui  de  la  guerre 
termineront  le  cortège. 

VII.  A  deux  heures  et  demie  ,  le  cortège  se 
mettra  en  marche. 

Il  s'avancera  par  les  quais  jusqu'à  la  place  du 
Corps-législatif,  et  ensuite  par  les  rues  de  Bour- 
gogne ,  de  Varennes  ,  le  boulevard  des  Invalides 
jusqu'au  temple  de  Mars. 

VIII.  Les  autorités  et  administrations  qui  auront 
été  appelées  à  la  cérémonie  ,  seront  placées  dans 
la  partie  du  temple  située  %ous  le  dôme. 

Le  corlégç   entrera  par  la  porte  du  Sud. 
Une   symphonie    militaire    annoncera  son   ar- 
rivée. 

Le  corps  sera  posé  au  milieu  de  l'enceinte. 

IX.  Le  ministre  de  la  guerre  montera  sur  un 
cippe  au  miheu  de  l'enceinte  ,  et  prononcera  un 
-discours. 

Le  corps  de  Turenne  sera  ensuite  porté  par  les 
quatre  généraux ,  dans  son  tombeau  reconstruit 
sous  le  dôme. 

Le  ministre  de  la  guerre  jettera  dans  le  tom- 
beau une  couronne  de  laurier  ;  et  le  ministre  de 
l'intérieur  une  plaque  d'argent ,  sur  laquelle  sera 
gravée  l'époque  de  la  translation. 

Un  chani  militaire  terminera  la  cérémonie. 

X.  Le  préfet  de  la  Seine  et  les  maires  de  Paris , 
réuniroat  dans  un  banquet  les  fonctionnaires  des 
départemens. 

XI.  A  six  heures  du  soir  ,  le  théâtre  des  Arts  1 
le  théâtre  Français ,  le  théâtre  de  Feydeau  et  celui  de 
COpéra-comique  ,  seront  ouverts  au  public. 

PREMIER      VENDEMIAIRE. 

Art.  I".  A  six  heures  du  matin ,  une  salve 
d'anilerie. 

Elle  sera  répétée  ,  tout  le  jour ,  d'heure  çn 
heure. 

II.  A  dix  heures  du  matin  ,  les  autorités  et  les 
administrations  appelées  à  la  fête  ,  se  réuniront  sur 
la  place  des  Victoires  ,  au  lieu  où  doit  êir«  élevé 
un  monument  à  la  mémoire  des  généraux  Desaix 
et  Kleber. 

Les  fonctionnaires  des  départemens  auront  dans 
l'enceinte  une  place  distinguée. 

III.  A  dix  heures ,  les  consuls ,  accompagnés  des 
ininislrcs  <t  du  conseil  d'état,  se  rendront  sur  la 
place  des  Victoires. 

Une  musique  militaire  et  le  bruit  du  canon  an- 
ceront  leur  arrivée. 

IV.  Le  premier  consul  posera  la  première  pierre 
du  monument. 

Il  y  déposera  des  médailles  et  des  inscriptions , 
gravée»  sur  le  bronze. 

Un  orateur  prononcera  l'oraison  funèbre  des 
généraux  Kleber  et  Desaix. 

Une  salve  générale  d'artillerie  terminera  ces 
cérémonies. 

V.  A  midi,  toutes  les  autorités  et  les  adminis- 
trations seront  réunies  dans  le  temple  de  Mars. 

Les  fonctionnaires  des  départemens  y  occupe- 
ront une  place  distinguée. 

VI.  A  midi,  les  consuls,  précédés  de  leurs 
gardes ,  et  accompagnés  des  minisires  et  du  con- 
seil d'étal ,  se  rendront  au  temple  de  Mars ,  dans 
Us  salles  préparées  à  cet  elFet. 


»447 

Lf  bruit  du  canon  annoncera  leur  arrivée  dan» 
le  tcraplc  ,  où  les  sénateurs,  les  tribuns  et  les  légis- 
lalcur.s  occuperont  les  tribunes  ordinaires. 

VII.  Le  conservatoire  de  musique  exécutera 
une  symphonie  et  un  chant  à  plusieurs  «orchestres. 

Le  ministre  de  l'inlérieur  prononcera  un  dis- 
cours. 

Il  proclamera  le  nom  des  départemens  qui  ont 
le  mieux  payé  leurs  coniribulions ,  et  fourni  le 
plus  de  conscrits  aux  armées. 

La  cérémonie  sera  terminée  par  une  sym- 
phonie. 

VIII.  A  trois  heures,  commenceront  lès  jeux 
du  Champ-de-Mars. 

Le  premier  sera  l'exercice  du  tir-au-blanc  ,  à 
pied   et  au  fusil. 

Le  prix  sera  deux  fusils  de  chasse. 

Le  même  exercice   ,  à  pied  et  au  pistolet. 

Le  prix  sera  une  paire  de  pistolets. 
Le  même  exercice  ,   à  cheval  et  au  pistolet. 

Le  prix  sera  une  paire  de  pislolcis. 

Suivront  les  courses  à  cheval  et  les  courses  de 
chars.  \ 

Dans  les  courses  à  cheval  ,  les  concurrens 
feront  deux  fois  le  tour  du  cirque. 

Le   prix  sera  une  carabine  de  chasse. 

Dans  les  courses  de  chars  ,  les  concurrens 
parcourront  à-la-fois  la  caniere  qui  leur  aura  éiè 
tracée  des  deux  côîés  du  cirque,  et  reviendront 
ensuite  par  le  milieu  de  l'arène  au  but  d'où  ils 
seront  partis. 

Le  prix  sera  un  nécessaire  d'armes. 

(  Ceux  qui  voudront  concourir  dans  tous  ces 
jeux,  se  feiont  inscrire  ,  avant  le  deuxième  jour 
complémentaire,  au  bureau  des  Beaux- Arts  ,  rue 
de  Grenelle  ,  n"  38?  ,  en  déclarant  pour  qu»;! 
exercice  ils  se  présentent.  Ils  recevront  ,  le 
deuxième  jour  complémentaii^e  ,  une  instruction 
particulière.  ) 

IX.  Un  aèronaule  s'élèvera  ensuite  dans  les 
aii's  ;  et  ,  à  un  signal  ,  il  descendra  ,  au  moyen 
d  un  parâcLicle  ,  dans  l'enceinte  même  du  Champ- 
d'e  Mars. 

X.  Le  soir,  les  Champs-Elysées,  la  place  de 
la  Concorde,  les  Tuileries  et  les  principaux  éta- 
blissemens  publics  seront  illuminés. 

On  tirera  un  feu  d'artifice  sur   le  pont  de   la 
Révolution. 
Le  ministre  de  Vintérieur ,    signé  L.   Bonaparte. 


Dugun  ,  frénr'ral  de  divisitin  ,  prrjft.àu  départchent 
du  Calviidos  ,  membre  de  l'institut  d'Egypte  ,  au 
citoyen  réducteur  du  Moniteur.  —  Paris  ,  le  3J 
Jructidor  an   8. 

J'ai  lu ,  citoyen  .  dans  le  n".  3i6  de  votre 
journal  ,  un  aiticle  extrait  du  'Journal  des  Arts 
sur  la  copie  apportée  d  E;;ypte  ,  des  trois  inscrip- 
tions découvertes  sur  une  pierre  près  de  Rosette. 

C'est  moi  qui  ait  rapporté  ces  copies  ,  et  qui 
les  ai  remises  à  l'institut,  dans  la  séance  du  5  de 
ce  mois  ,  en  y  fesant  leciure  de  la  notice  dont  je 
joins  ici  copie.  J'y  donne  des  renseigne  mens  exacis 
sur  la  découverte  de  ce  monument  ,  sur  la  ma- 
nière dont  les  copies  en  ont  été  tirées  et  sur  Ici 
artistes  à  qui  on  les  doii.  Ilsinlèrcsseront  le  public. 
Je  vous  prie  de  les  publier  dans  un  de  vos  pre- 
miersn"^.  Je  dois  avertirquela  pierre  sur  laquelle 
sont  les  inscriptions,  n'a  jamais  fait  partie  dune- 
colonne.  C.  F.  Dugua. 

Notice  lue  à  l'institut ,  dans  la  séance  du  5  fructidor- 

Le  général  Bonaparte  ,  lors  de  son  retour 
d'Egvpte ,  annonça  ,  dans  une  séance  de  l'insiilui  , 
ia  découverte  faite  dans  les  fouijjieb  du  forlEllevé, 
près  le  Bogaz  de  Rosette  et  à  deux  lieues  de  celle 
ville  ,  d  un  bloc  de  granit  ,  dont  une  des  faces 
est  couverte  de  trois  inscriptions  ;  la  première 
en  hycrogliphes  ;  la  deuxième  ,  en  caractères  qui 
resserabieni  beaucoup  à  ceux  de  certains  rou- 
leaijx  de  Papirus  ;  et  la  troisième  ,  en  grec. 

Ce  bloc  n'arriva  au  Kaire  qu'après  le  départ 
du  général  Bonaparte  ,  et  fut  déposé  à  l'insiilut 
par  mon  ordre.  La  découverte  en  est  due  au  ci- 
toyen Bouchard  ,  lieuienanl  du  génie  ,  chargé  de 
la   rcconsiruciiou   du  fort. 

Si  les  inscriptions  q^ui  le  couvrent  se  traduisent 
muiuellement ,  elles  seront  une  de  nos  décou- 
vertes les  plus  précieuses  par  les  secours  qu'elles 
fourniront  pour  trouver  L'alphabet  hyérogliphi- 
que  ,  et  peut-être  celui  de  l  écriture  cursivc  del 
anciens  égyptiens. 

Deux  membres  de  la  commission  des  arts 
se  sont  occupés  au  Kaire  des  moyens  de 
tirer  des  copiis  de  ce  morrumcnt  unique  .  afin 
de  \£  conserver  ,  tel  évanemeiii  qui  pût  arriver. 
Le  premier  est  le  ciioyen  Marcel  ,  dirtcteur 
de  l  imprimerie  nationale  en  Egypte,  qui  réunit 
à  beaucoup  de  connaissances  un  zèle  infa'.igable 
pour  en  acquérir  de  nouvelles.  Il  a  obienu  ,  par 
les  simples  procédés  typographiques  ,  des  copies 
en  sens  inverse  ,  mais  qui  seront  facilement  lues 
au  miroir.  Le  second  est  le  citoyen  Conté  ,  chef 
de  brigade  des  aèrostiers  ,  qui  ,  par  ses  connais- 
sances dans  la  mécanique  et  dans  les  ans ,  a  été 
constamment  un  des  hommes  les  plus  utiles  à  la 
colonie. 

Il  a  employé  les  procédés  de  la  gravure  ;  il  a 
tiré  d'abord  des  empreintes  aussi  en  sens  inverse  , 


ques  sous  l^es  Piolémées. 

Je  prie  l'insiilut  d'agréer  que  je  dépose  ces 
feuilles  dans  ses  archives  ,  jusqu  à  ce  que  les 
exemplaires  qui  lui  en  sont  destinés,  ou  le  mo- 
nument lui-même  lui   soient  parvenus. 

C.  F.  DucoJA. 


NECROLOGIE. 

Le  conservatoire  de  musique  vient  de  perdre 
un  professeur  distingué  ;  Gaviniés  est  raon  le  22 
Iruciidor  ,  âgé  de  yS  ans.  Ce  célèbre  violoii  ,  qui 

fut  ajuste  titre  surnommé  le  Tarlini  de  la'France,     -.-- ^.  ^...^.^...^..a  >.uao.  v..  oi.iia  mytiao  ,  , 

a  soutenu  ,    pendant  soixante    ans  ,  l'honneur  de  I  qui  lui  ont  fourni  ,  en  les  mettant  sousla  presse ,/ 
son  art  ,  par  un  ulent  d'exécution  qui  ne  trouva    des  contre-épreuves  conformes  aux  inscriptions, 
jamais  de  supérieur ,  par  une  moralité  sans  tache         /-.        _■  ,  r-         .  . 

et  par  une  instruction  brillante  et  philosophique  ,."  f^T  "7".',,'"°'!'  fa»  Présent  chacun 
qui  l'avaient  lié  avec  les  hommes  marquans  de  '^  ""=  ^f  leurs  femlles  ;  je  les  a.  apportées,  et 
son  siècle  ,  et  notamment  avec  J.  J.  Rousseau.  "  '°"'J"  ?^"'"  ^"'  *°'^"'  «"  E^^ °P^-  Je  «i.em- 

,  .  presse  de   les  mettre  sous  les  yeux  de  1  msuiut , 

Il  fut  auteur  de  la  bonne  école  française  ,  pour  qu'il  puisse,  s'il  le  juge  àpropos,  en  l'aire 
qui  a  produit  Cipron,  Leraiere  ,  Beriheaume  ,]  faire  des  copies  et  même  les  faire  graver  (i>)  ,  dfin 
Imbault,  Kreutzer,  Granet  ,  etc.  Les  ceuvres  j  de  satisfaire  l'impatience  que  témoignent  plu- 
quil  composa  pour  le  violon  ont  joui  d'une  !  sieuis  savans  de  connaître  un  monument  qui 
grande  réputation  en  Europe.  Le  succès  qu'ob-  peut  nous  fdire  faire  un  grand  pas  vers  la  connois- 
lint  son  opéra  du  Prétendu  prouva  qu'il  eût  dû  :  sance  de  1  antiquité  ,  et  qui  prouvera  peut-être 
exercer  davantage  le  talent  qu'il  possédait  pour  que  l'usage- des  hyérogliphes  s'est  conservé  jus- 
la  scène.  ,      «    . ,     . 

En  l'an  3  ,  le  fcoiiservatoire  de  musique  l'ap- 
pela à  remplir  une  place  de  professeur  de  vio- 
lon ;  ce  choix  honorable  pour  le  jury  qui  le  fii , 
fut  justifié  par  le  zèle  et  l'aciiviié  qu'apporta 
Gaviniés  dans  l'exercice  de  celle  fonction  ,  quoi- 
que déjà  avancé  en  âge  et  atteint  par  des  infir- 
mités graves  ;  il  surmonta  ces  ob  tacles  par  le  seul 
désir  d'êire  utile  à  son  art  ,  qu'il  aimait  passion- 
nément ;  il  reçut  la  récompense  de  ses  soins  par 
les  succès  qu'obtinrent  les  nouveaux  élevés  dans 
les  concours  des  prix  du  conservatoire. 

Hier  aS  ,  les  derniers  devoirs  ont  été  rendus 
à  cet  artiste  célèbre  d'une  manière  honorable  , 
et  cependant  conforme  à  la  simplicité  de  son 
caractère  ;  ses  élevés  et  ses  amis  conduisirent  son 
corps  au  conservatoire  de  musique,  où  il  fut 
reçu  par  ses  collègues  réunis  ;  les  élevés  du  con- 
servatoire exécutèrent  une  hymne  funèbre  ;  en- 
suite un  cortège  se  forma  pour  l'accompagner  ati 
lieu  de  la  sépulture. 

Les  élevés  du  Conservatoire  précédaient  le 
corps;  ceux  auxquels  ildonna  ses  soins  en  étaient 
plus  rapprochés  ,  quatre  inspecteurs  de  l'ensei- 
gnement ,  les  citoyens  Gossec  ,  Méhul ,  Chéru- 
bini ,  Martini  poriaieni  le  drap  funèbre  ;  les  mem- 
bres du  Conservatoire  ,  un  crêpe  au  bras  ,  une 
branche  de  cyprès  à  la  main  ,  fermaient  celte 
marche  dont  l'ensemble  présentait  le  caractère 
religieux  que  l'on  désire  avec  tant  de  raison  voir 
établir  dans  les  funérailles  de  ceux  qui  ,  pendant 
leur  vie  ,  ont  commandé  le  respect  et  lestiioe  , 
par  leurs  talens  et  leurs  venus. 


Taris  ,  ce  2&  Jructidor  an  8. 

C'est  peut-être  avec  trop  de  légèreté  ,  citoyen  -, 
que  Ion  a  supposé  que  les  trois  inscriptions  pla- 
cées sur  unecoionne  découverte  enEgypie  ,  signi- 
fiaient la  même  chose  exprimée  en  trois  langues 
différentes.  Une  seule  réflexion  pourrait  détruire, 
ou  au  moins  atiénuer  bien  fort  celle  conjecture  : 
est-il  possible  que  les  ministres  du  culte  égyptien , 
aussi  jaloux  de  dérober  au  vulgaire  la  connais- 
sance de  leur  langue  sacrée  .  que  les  brames  de  la 
presqu  île  occideniale  de  l'In^te  le  sont  encore 
aujourd'hui  de  cacher  au  reste  des  hommes  les 
secrets  de  la  leur,  eussent  employé  précisément  le 
moyen  le  plus  propre  àjeler  surleurs  mysleres  les 
lumières  les -plus  redoutables?  Puisque  c'est  à 
l'aide  des  deux  autres  inscriptions  que  nous  pré- 
tendons expliquer  Celle' (J'ui  est  écrite  en  caractères 
hyérogliphiques ,  les  égyptiens  pouvaient  Ijieii  en 
fane  auiant,  et  on  ne  reconnaîtrait  pas  à  ceite 
étrange  imprudence  ,  les  hommes  qui  parvinrent 


(1)  Le  premier  consul  a  ordontié   de  les  faire 
graver, 


1448 


à  envelopper  d'un  voile  si  épais  tons  ce  que  leur 
saijè  politique  croyait  dtvoic  cacher  aux  yeux  du 
peuple. 
Salut  et  estime.  Al.  Regnàrd. 


Nous  iniiérons  la  kttte  suivante  ,  sans  adopter 
..n  entier  le  sentiment  de  l'auteur.  Quelques  per- 
sonnes de  la  même  opinion  que  nous  ,Jugeront 
pcut-èire  à  propos  de  nous  faire  passer  à  ce  siijet 
ieuis  observations  ,  nous  nous  ferons  un  plaisir 
de  les  publier. 

De!  la  Inéjérence  quon  doit  accorder  à  l'orthographe 

de   Voltaire. 

Beaucoup  de  savans  ,  des  journalistes, l'institut 

lui-même,  dans  ses  mémoires,  se  servent  encore 

de  l'orthographe  de  l'académie  ,  et    semblent  y 

«enir  opiniâtrement  ;  tandis  qu'à  leur  tour  d'autres 

écrivains  ,  d'autres  journalistes  ,   1  imprimerie    du 

■corps  législatif,  et  un  grand  nombre  d  n>,prime- 

'ies  particulières,  ont   adopté   l'onhograplie   de 

/oltaire.  De  là  naît  une  bigarrure  dans  la  langue 

écrite  ,  qu  il  est  itnpotlant  de  voir  disparaître. 

Examinons  donc  celte  question  :  A  laquelle 
des  deux  orthographes  faut -il  donner  la  ptélé- 
rence  ? 

Fondé  sur  ce  principe  qu'il  faut  ,  autant  que 
pos.sible  ,  rapprocher  le  langage  écrit  du  langage 
parlé  ;  petsiuilé  (ju'une  langue  est  d'autant  plus 
près  de  sa  peileciion  qu'elle  exprime  en  mciris 
de  caractères  les  mêmes  idées  ,  Voltaire  ,  r.près 
avoir  supiitné  quelques  doubles  lettres  inutiles  , 
pensa  qu  il  él.iit  inconvenant  d'écrire  ,  il  dormait  ^ 
il  boudait,  comme  doUoir  et  boudoir  dont  la  dif- 
férence est  très-marquée  dans  la  prononciation  : 
il  écrivit  les  premiers  et  leurs  analogues  par  ai 
qui  a  toujours  ,  en  français  ,  le  son  de  1'  e  ,  et  les 
seconds  par  oi ,  comme  on  les  prononce. 

Ainsi  on  put  distinguer  français  de  François  , 
anglais  de  Langlois  :  ainsi  I  étranger,  en  étudiant 
la  langue  ,  put  aprécier  les  nuances  de  la  pro- 
nonciation, Duanccs  toujours  difficiles  à  saisir  ,  et 
qui  semblent  l'écueil  contre  lequel  viennent  se 
briser  la  patience  et  l'éiude.  L'enfaiitqui  prit  pour 
la  première  fois  un  alphabet ,  n'hésita  plus  devant 
CCS  grandes  syllabes,  ils  s'éloignaient ,  ils  jot- 
gnaienl.  De  bonne  heure  on  lui  apprit  que  l'ai 
avait  toujours  le  son  de  Ve  ,  avec  des  inflexions 
diverses ,  et  loi  le  son  fort  qui  lui  est  propre  :  on 
n'eut  plus  besoin  de  charger  sa  mémoire  d'excep- 
tions à  cette  règle.  Il  vil  noir  et  prononça  noir  ;  il 
vit  connaître  et  ptononçî  connaître  ,  ou  connètre 
puisque  cela  était  convenu. 

Cette  méthode  paraît  simple  et  facile  ,  elle  éta- 
blit une  unifoimitè  si  commode  et  si  agréable 
dans  l'écriture  ,  qu'on  ne  saurait  l'abandonner. 

Que  disent  les  partisans  de  la  vieille  ortho- 
gravjhe  ?  u  Puisque  tout  est  de  convention,  et 
51  que  vous  ne  mettez  pas  Ve  où  vous  le  pro- 
!)  noncez  ,  qu'importe  que  vous  lui  substituiez  ai 
i'>  ou  oi  ;  ce  sera  toujours  un  équivalent  et  non 
II  pas  la  chose.  Vous  défigurez  les  ouvrages  de 
S)  Boileau  ,  de  Racine  ,  et  l'Europe  moderne  ne 
>i  pourra  plus  les  lire.  '» 

Ce  soat-là  les  propres  expressions  de  quelques 
grammairiens  instruits  que  j'ai  consultés. 

Mais  ,  d'abord  ,  convenons  d'un  fait  :  c'est  que 
la  sillabe  ai  n'a  jamais  été  prononcée  clans  notre 
langue  qu'en  e  :  comme  dans ,  haine,  haie  ,  plaire  , 
faire  ,  j'aime  ,  etc.  ce  qui  déjà  lui  donne  cet  avan- 
tage sur  la  sillabe  oi,  qui  ,  aux  tems  conditionnels 
près ,  conservait  à  l'infinitif  des  verbes  eux-mêmes, 
le  son  fort  qu'on  lui  connaît  :  vouloir  pouvoir , 
etc.,  et,  pour  le  dire  en  passant;  c'est  surtout 
dans  ces  verbes  qu  ou  remarquait  cette  bigarrure 
choquante  ,  car  il  falait  écrire  également  par  oi 
vouloir  et  je  voulais  ,  pouvoir  et  je  pouvais. 

Lai  présente  donc  un  avantage  réel  et  incon- 
testable ,  en  ce  qu'il  a  invariablement  le  son  de 
J(,  pendant  que  loi  ,  de  variable  qu'il  était, 
acquiert  lui-même  une  prononciation  constante 
ei  invariable. 

On  ne  verra  plus  dans  la  même  ligne, /oi  et 
/aîblesse  ,  noise  et  con/iaiisance  écrits  de  la  même 
manière. 

Quant  à  la  2'  objection,  on  sent  bien  qu'on  ne 
peut  guère  s  y  airêier.  En  effet  ,  parce  que  Racine  , 
Boileau  ,  Montesquieu  ,  J.  J.  ne  se  seront  pas 
occupés  de  perfectionner  1  orthographe  ;  parce 
qu'ils  auront  orthographié  comme  les  hommes  de 
leur  teins  ,  faudra-t-il  nous  condamner  à  écrire 
les  mots  avec  les  lettres  dont  ils  se  sont  servis  ? 
autant  vaudrait-il  dire  que  ,  pour  conserver  intacts 
Marot  et  Montaigne  ,  il  eât  falu  ne  pas  changer 
leur  orthographe. 


Nous  devons  toujours  tendre  au  perfectionne- 
ment ;  c'est  là  l'ordre  naturel  des  choses;  mais  au 
resie  ,  que  les  amateurs  des  élymologics  et  ceux 
de  l'onbographe  dé  l'académie  ,  veuillent  bien 
considèrer'que  l'introduction  de  la  nouvelle  mé- 
thode ne  change  rien  aux  mois  ,  absolument  rien, 
l.a  langue  écrite  n'y  perd  pas  un  seul  h,  un  seul;i  , 
lettres  si  respectées  de  quelques  pcisonnes,et 
souvent  si  inutiles;  1';'  sur-tout,  qui  pourrait  tou- 
jours être  remplacé  par   l'i  simple. 

J';iime  à  croire  i]u'un  jour  ,  à  l'exemple  des 
Italiens,  nous  porterons  une  dernière  main  à  la 
réforme  de  notre  Orthographe  ,  et  je  joins  mes 
vœux  à  ceux  de  tous  Us  français  amis  de  leur 
langue,  pour  qu'une  auiorité  dans  la  république 
des  lettres,  telle  que  I  inaiilut  .  s'occupe  de  cet 
objet  important.:  car,  tant  que  la  réforme  ne  sera 
solliciiée  que  par  nu'  iques  voix  isolées,  quelque 
conviction  qa'aurjiLnt  de  son  urgence  les  esprits 
éclairés  ,  elle  ne  s'opérera  pas,  ,La  réputation 
colossale'de  Voltaire  aurait  pu  peut-être  produire 
ce  cliaiigenient;  mais  il  ne  fit,  pour  ainsi  dire, 
que  l'indiquer.  En  attendant  cette  heureuse  ré- 
volution dans  l'écriture,  je  crois  qu'il  est  utile, 
et  sur-tout inlininient  commode  pour  nos  enlans , 
d'adopter  exclusivement  l'orthographe  du  philo- 
sophe ,  et  je  ne  vois  pas  de  mollis  raisonna'olcs 
den  proiciire  l'usage. 

Déjànouïavons  des  ouvrages  précieux,  comme 
les  Voyages  de  Lapeyrouse ,  et  beaucoup  dauues, 
qui  joignent  la  typographie  la  plus  soii^née  à 
1  avantage  de  la  nouvelle  orthographe.  J  avoue 
que  j'ai  été  étonné  de  voir  les  traductions  récentes 
des  Voyages  de Néarque  et  de  Van  ,Couy«r,  sorties  des 
presses  de  la  république,  imprimées  diférament; 
aujourd'hui  sur -tout  que  la  nouvelle  manière 
d  écrire  est  presque  d'un  usage  général  ,  et  que  les 
auteurs  dtr  Mercure  de  France  ,  qu'on  n'acct-sera 
sans  doute  pas  d'être  des  novateurs  ,  n'ont  pas 
hésité  à  s'en  servir. 

Je  ne  puis  m'empêcher  ,  en  finissant ,  d'observer 
aux    aniagonisies   de   la   nouvelle    orthographe 


homme  ,  et  comme  la  pierre  de  touche  pour 
juger  r»me  des  lecteurs.  Les  uns  croyent  que 
la  lecture  de  cet  ouvrage  n'est  propre  qu'à  en- 
courager au  vice  ,  et  d'autres  n'y  trouvent  que 
des  leçons  des  vertus  sociales  ,  et  en  rapportent 
même  un  sentiment  d'hoàteur  contre  tout  séduc- 
teur de  linnocence. 

La  diversité  de  jugemens  si  opposés  ,  ne  vient, 
selon  nous ,  que  de  la  moraliié  ou  de  U  corrup- 
tion des  personnes  qui  lisent  ce  roman.  Celles-ci  , 
dans  les  malheurs  de  la  venu  ,  s  imaginent  y  voir 
une  excuse  à  leurs  vices;  taudis  que  la  vertu  mal- 
heureuse n'inspite  à  ctlles-là  «junn  sentiment 
d'horreur  et  d'indignation  comte  son  persécu- 
teur et  son  bourreau. 

Piix  ,  2  fr.  pour  Paris ,  et  3  fr.  pour  les  dépat^ 
lemens,  franc  de  pon. 

A  Paris,  chez  Lenormand,  rue  des  Prêtics- 
Germain-l'Auxerrois  ;  et  chez  le  cit.  Dujour, 
Palais-Egalité. 

Spectacle  historique  ,  ou  Chronologie  des  princi- 
paux evénemens  ,  depuis  la  fondation  de  la  monar- 
chie des  assiriens  jusqu'à  la  fin  de  l'empire  d'Oc- 
cident ;  2  vol.  in-l2. 

Prix ,  3  fr.  pour  Paris  ,  et  4  fr.  5q  cent,  pour  les 
déparlemens. 

Le  même  in-8°  ,  î  vol.  Prix  ,  4  fr.  5o  cent.  ,  et 
7    fr  ,  franc   de   port. 

A  Paris  ,  chez  Léger ,  libraire  ,  quai  des  Augut- 
tiris  ,  n°  44. 

Cet  ouvrage  est  sur-tout  destiné  à  la  jeunesse  ; 
mais  il  convient  aussi  aux  personnes  d'un  âge 
plus  avancé.  Il  est  la  chaîne  immense  des  faits 
dont  se  compose  1  histoire  générale  ,  à  mesure 
quelle   s'éloigne   des  tems  modernes.  .• 

La  réduire  à  ce  qu'elle  offre  de  plus  intéres- 
sant, la  dégager  de  tout  le  merveilleux  qu'une 
saine  critique  nous  fesait  rejetier  dans  les  livre» 
des  anciens  ,  c'est  à  la  fois  soulager  la  mémoirt 
et  guider  le  goût  ;  ajoutons  que  les  gens  instruit» 


qu'ils  ne   sont  pas  toujours   d'accord   avec  eux-  |  aimeronlà  trouver  une  analyse  de  leurs  première* 
mêmes  ,  car  ils  écrivent   au  moins   comme  nous  1  études. 

anglais  ,  français ,  hollandais  ,  etc.  .  et  sur  quoi  Ainsi  l'ouvrage  classique  que  nous  annonçons, 
fondent-ils  cette  exception?  sur  l'usage,  qiti  sera  également  recherché  des  élevés  et  del 
maîtrise  jusqu'au  grammairien.  Mats  je  pourrais 
leur  demander  cju'est-ce  que  l'usage  ,  si  ce  n'est 
le  concours  des  volontés  sur  certains  points  ? 
L'usage  n'est  donc  qu'un  être  de  raison  auquel 
nous  devons  plutôt  commander  qu'obéir. 
FtRMiGiER,  maison  Sulpice. 


C  O  URS     DU    CHANGE. 

Bourse  (iu  27  fructidor.  —  Courj  des  effets  publics 


L'individu  soi-disant  fils  du  roi  de  Perse  ,  et 
deux  citoyens  s  annonçant  comme  ses  interprètes, 
nous  ayant  présenté  la  note  qu  on  va  lire  .  et  l'ayant 
signée  ..nous  n'avonspas  cru  pouvoir  nous  refuser 
à  son  insertion.  La  voici  : 

NaderMirracha  ,  filsdeCharoucha  ,  roidePerse, 
dénoncé  comme  imposteur  par  le  cit.  Olivier  , 
membre  de  linstilui  ,  ledit  Nader  demande  à 
comparaître  avec  le  cit.  Olivier,  devant  telle 
autorité  que  le  gouvernement  voudra.  Il  invite 
tous  ceux  qui  parlent  perse  ,  turc ,  russe  ,  allemand 
et  chinois  ,  qui  auraient  des  connaissances  sur  son 
origine  ,  ou  sur  son  pays  ,  d'en  faire  part  au  gou- 
vernement,  espérant  prouver  évidemment  qu'il 
n'en  n'a  pas  imposé  ,  et  quil  est  prince  du  sang 
ainsi  qu'il  l'a  annoncé. 

Parii ,  ce  26  fructidor  an  8  de  la  république 
française. 

Ici  se  trouve  la  signature  de  l'étranger 
en  caractères  orientaux. 
Signé  à  l'interpiétation  par  nous, Antoine  Cortao. 
D  uBois ,  capitaine  d  artillerie. 

GEOGRAPHIE. 

Mappemonde  philosophique  et  politique  où  sont 
tracés  les  voyages  de  Cook  et  de  Lapeytouse,  à 
laquelle  se  trouvent  jointes  des  notes  exphcatiVes, 
des  tableaux  du  nombre  présumé  des  habilans  de 
la  terre  ,  par  L.  Brion  père  ,  ingénieur-géographe  ; 
prix  ,  4  fr.  coloriée.  A  Paris  ,  chez  I  auteur  ,  rue 
lies  Francs-Bourgeois  ,  n°  127  ,  et  chez  Bance  , 
rue   du  Petit-Pont-Jacques  ,  n°  97. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid . . 

— — Effectif. 

Cadix ■ 

Effectif 

Gelées  effectif 

Livourne • 


Bàle. 


à  60  jour*. 


Î7i 


Lyon... .  :; 
"Marseille.  î 
Bordeaux. .  ■ 
Montpellier 


a  20  jours. 

à  20  jours. 
I   p.     à   vue. 
i  p.  à  23  jours. 

Effets  publics. 


LIVKESDIVERS. 

La  Victime  du\Préjugé,.paT  Mary  Hays,  auteur  de 
Lachapeile  Dayioa ,  2  vol.  in-is,  2«  édition, 
eûrichie  de   gravures  ,  traduit  de   l'anglais. 

L'on  peut  regarder  ce  roman  comme  un  mo- 
nuoieni  propre  à  exercer  la  bizaricrie  de  1  esprit- 


Rente  provisoire 17  fr.  aS  c. 

Tiers  consolidé Sa  fr.  25  c. 

Bons  deux  tiers. ,. .  I  fr.  Sg  c. 

Bons  d'arréragé 83  fr. 

Bons  pour  l'an  8 .  88  ft.  63  c. 

Syndicat 64  fr.  a5  c. 

Coupures.  . 64  fr. 

Acl.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqjje  et  des  Arts. 
Auj.  relâche. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  les  Avant- 
postes  ;  la  Matrone  d'Ephest ,  et  un  seul  Violon  pour 
tout    le  monde. 

Théâtre  DE  LA  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  la  i  =  "  repr.  d'Etéonore  de  Rosalba ,  pièce  à 
spectacle  ,  et  ['Epreuve  excusable.. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Cotture-Catherine. 
Le  3o  ,  la  8"^  repr.  des  Charlatans  littéraires  ,  com. 
nouv.  en  5  actes ,  et  le  Chaudronnier  de  Saint- 
Flour. 


^ y^ 


L'iiboaaei 


lent  se  Fait  à  PaTÎs     lue  des  Foilevius ,  n*  iS.  Le  prix  eit  de  33  francs  pour  trois  mois ,  5o  fraoct  pour  6  moit ,  et  100  fra 
euccmcQi  de  chaque  mois 


Il  faut  adresser  leî  lettres  etl'aigent  ,  franc  de  poft  ,  au  cit.  Ag  as  s  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins 
payi  oa  l'on  ne  peûi^ffiaiichir.  t.es  lettres  desdepa,rtemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 
^    H  faut  avoir  soin  ,  pour  plu»  ai  sûreté,  de  ctiSrgei-  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  loui 
Poiicrini  ,  uS  iS,  depui  tn'eu.f  heures  du  matia  jusqu'à  cinq  Ucares  du  soir. 

/  ■  "     .  . 


LQCs  pour  l'année  entière.  Ou  ne  s'aboûne 

S.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  porc  dei 

qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuiîle  ,  au  rédacteur,  rue  des 


A  Parii ,  de  l'iBigiimeiie  dti  cit.  Agisse ,  propriétaire  du'Moniteut ,  r"«  des  Poitevins,  n" *5. 


\. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


A^°  359. 


Monidi ,   29  fructidor  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripreurs  qu'à  dacer  du  7   Nivôse  le   MoNITE  UR  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemenr ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  su  : 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I    EUR. 

ANGLETERRE. 

Londres,  ig  fructidur.  (6  septembre.) 

Jamais  la  récotte  des  pommes  de  terre  n'aura 
été  aussi  abondante  en  Irlande.  Heureux  effet 
de  l'union,  s'écrient  les  partisans  de  celte  mesure  ! 

Feu  le  nabab  Asuph-Ud-Dow!ah  dépensa  pour 
les  noces  de  l'assassin  visir  Ally  ,  son  fils  adoplif, 
]a  somme  prodigieuse  de  sept  lacks  de  roupies. 
(  70.000  liv.  sterl.  ,  ou  1,600,060  fr.  ) 

On  compte  20,000  danois  ou  suédois  em- 
ployés sur  nos  flottes.  Bien  certainement  ils 
seraient  rappelés  dans  leurs  pays  ,  si  nous  ve- 
nions à  nous   brouiller  avec  ceux-ci. 

Au  retour  des  courses  d  Ennisklllen,  MM.  Wel- 
]is  et  Crawford ,  servant  tous  deux  l'yeomanTy  , 
se  prirent  de  querelle  et  se  battirent.  Le  dernier 
a  été  tué  ,  et  le  comte  d  Enniskillen  fait  re- 
chercher le  premier. 

Un  maître  de  navire  à  qui  on  a  trouvé  à  son' 
bord  1 15  liv.  de  poudre  ,  c'est-à-dire  90  livres  de 
plus  que  n'en  alloue  l'acte  du  parlement  ,  a  été 
condamné  à  payer  deux  schellings  par  livre  de 
trop.  Conformément  au  même  acte  ,  il  a  été 
misaussi  à  l'amende  pour  avoir  plusieurs  fusils 
chargés  à  bord. 

M.  Cooper,  mort  dernièrement  à  Leatherhead  , 
a  laissé  une  fortune  de  80  mille  ^.  st.  ou  1,920,000 
francs.  Il  avait  commencé  par  être  cocher  ;  il  se 
fit  ensuite  boulangei ,  et  il  a  fini  par  être  brasseur. 

Il  a  paru  dans  la  rivière  de  'Whampo  ,  près  du 
comptoir  anglais  à  Canton  ,  une  nouvelle  espèce 
de  poissons ,  qui  ont  quatre  yeux  .  dont  deux 
sont  toujours  hors  de  l'eau.  Ces  poissons  ,  de.  la 
grandeur  d'un  éperlan  ,  nagent  avec  une  rapidité 
incroyable. 

Un  jeune  veau  étant  entré  dernièrement  dans 
la  rivière  de  Blackwater  près  Youghall  ,  pour  se 
désaltérer,  fut  saisi  au  nez  par  un  brochet.  Aux 
cris  du  veau  ,  et  aux  efforts  qu'il  fesait  -pour  se 
débarrasser  du  poisson  ,  qu'il  avait  entraîné  à 
environ  5o  verges  de  la  rivière  ,  accourut  un 
passant  qui ,  d'un  coup  de  pierre  ,  tua  le  brochet. 
On  a  trouvé  dans  l'estomac  da  cet  animal  vorace 
Vn  groi  rat ,  une  perche  toute  entière  et  des 
débris  de  plusieurs  autres  poissons.  Il'  pesait  35 
livres. 

Valeur  approximative  des  terres 
de  la  Grande-Bretagne  ,  924,000,000    st. 

Des   maisons,  170,000,000 

Des  bâtimens ,    etc.  102,000,000 

I>es  vaisseaux  ,  etc.  16,000,00,0 

De  l'argent  en  circulation  ,  î5,ooo,ooo 

Desmarchand. en  magasins, etc.  l3, 814,000 
Des  march.  de  fabr.  et  en  vente  ,  22,267,000 
Des  meubles  raeublans ,  etc.         26,026,000 

Total 1,298,607,000 

(Extrait  de  l'Albion,  dv  Morning-Hérald  et  du 
Morning-Post.  ) 

INTÉRIEUR. 

Les  Sables ,  le  \g  fructidor. 

LES  préposés  aux  douanes,  des  brigades  du 
Cayola  et  du  Perray ,  à  la  tête  desquels  était  le 
iJeunn.Tnt  d'ordre  de  la  division  deJard,onl, 
le  l5  de  ce  mois,  par  leur  bravoure  et  leur 
bonne  manoeuvre,  empêché  un  chasse  -  marée 
breton  d'eue  pris  par  la  chaloupe  et  le  canot  d'un 
v-isseau  de  guerre  anglais,  qui  le  poursuivait 
depuis  sa  sortie  de  Belle-Isle.  Deux  de  ces  pré- 
posés jugeant  par  la  manœuvre  de  ce  chasse- 
marée  ,  de  l'embarras  où  il  se  trouvait ,  et  le  voyant 
d'ailleurs  poursuivi  à  forces  de  rames  ,  par  ces 
deux  embarcations ,  sont  allés  à  son  bord  à  l'aide 
d'un  canot ,  et  l'ont  piloté  dans  le  havre  du 
Perray,  tandis  que  leurs  confrères,  au  nombre 
de  «ept ,  divisés  des  deux  côtés  de  l'embouchure 
du  port,  ont  soutenu  ,  pendant  une  demi  heure , 
par  un  feu  de  mousqueterie  ,  celui  des  deux  em- 
barcaiions  armées  de  pierriers  et  de  fusils,  et 
montées  de  plus  de  20  horfTmes  ,  qu'ils  ont  for- 
çai d'abaudonner  le  chasse-aiarce. 


Cette  action  montre  évidemment  le  courage  de 
ces  préposés  ,  et  leur  amour  de  la  patrie. 

La  frégate  ennemie  qui  a  paru  le  5  au  malin, 
a  été  obligée ,  par  les  mauvais  lems ,  de  quitter 
l'entrée  du  permis  Breton  ;  elle  s'est  rendue  à 
l'Isle-Dieu  1  011  il  y  a  maintenant  deux  frégates  et 
un  vaisseau  anglais  ,  qui  empêche  le  convoi  qui 
est  à  Fromentine  de  se  rendre  ici  et  dans  les 
autres  ports  du  sud. 

Le  8  ,  il  est  sorti  d'ici  plusieurs  bâtimens  sous 
l'escorte  d'un  bateau  canonnier. 

[Extrait  de  la  Feuille  périodique  des  Sables  , 
département  de  la  Vendée  ] 


Paris  ,  le  2^  fructidor. 

Un  jeune  militaire  du  département  de  laMeuse  , 
attaché  au  premier  régiment  de  hussards  ,  et  au- 
paravant officier  de  santé  de  marine,  s'est  brûlé 
la  cervelle  ,  le  20  de  ce  mois  dans  son  auberge 
à  Dijon.  Ce  jeune  homme  ,  doué  de  la  plus  heu- 
reuse figure  ,  paraissait  avoir  r'.cçu  une  éducation 
soignée  :  un  instant  de  faiblesse  ,  le  besoin  peut- 
être  ,  l'a  conduit  au  crime  ,  et  le  remords  a  armé 
son  bras.  Peu  de  suicides  ont  offert  l'exemple 
d'autant  de  détermination  ,  de.  présence  d'esprit 
et  de  sang-froid.  Dans  difierens  écrits  qu'il  a 
laissés  ,  et  pailiculiéreraent  dans  deux  lettres  , 
qui  ont  un  caractère  d'originalité  ,  sans  annoncer 
de  dérangement  dans  le  cerveau  de  celui  qui  les 
a  écrites  ,  il  n'annonce  point  la  Cause  de  son  sui- 
cide. Dans  l'un  d'eux  seulement,  il  laisse  échapper 
celte  exclamation  ;  oui  ,  je  suis  iin  grand  scélérat  ! 
On  ne  voit  nulle  part  qu'il  ait  cherché  à  combattre 
sa  résolunon. 

■ — Le  Citoyen  Eranqais  annonce  que  madame 
Rheinard  ,  épouse  du  ministre  de  la  république 
auprès  du  gouvernement  helvétique,  a  reçu  d'une 
société  phiLniropiquedeHambourg,  une  somme 
de  1060  livresdeSuisse.  dont  là  moiiié  est  destinée 
pour  les  cantons  ravagés  par  la  guerre  ,  et  l'autre 
moitié  à  l'insliti't  établi  à  Berihoud  ,  sous  l'inspec- 
tion du  cit.  Pestalozzi. 

—  Le  3o  fructidor,  à  11  heures  et  demie,  il 
sera  célébré  dans  le  temple  de  la  Victoire  (  Sul- 
pice  )  ,  une  fête  à  [Instruction. 

—  Un  ancien  usage  attirait  dans  les  premiers 
jours  de  l'automne  les  habitans  de  Paris  àSaint- 
Cloud  ,  et  il  faut  avouer  qu'aucun  lieu  n'était 
plus  propre  à  faire  goûter  aux  gens  de  la  ville 
le  charme  de  cette  saison  si  riche  et  si  gracieuse. 
Ce  n'était  pas  qu'un  grand  appareil  ,  ni  de  pom- 

i  peux  spectacles  y  fussent  ordinairement  disposés 
pour  amuser  la  foule  ;  mais  un  teins  serain  et 
doux  qui  succède  aux  ardeurs  de  la  canicule  , 
un  site  enchanteur ,  des  eaux  jouant  sous  niille 
formes  ,  des  gazons  verds  et  des  ombres 
épaisses  ,  ont  de  grands  charmes  pour  des 
hommes  qui  vivent  habituellement  entourés  de 
murailles  ,  et  marchent  sur  des  pavés  sales  ou 
brûlans. 

Beaucoup  de  gens  allaient  à  Sainl-Cloud  pour 
s'y  réjouir,  d'autres  y  allaient  pour  voir  ceux-ci  , 
et  par  une  sorte  de  contagion,  cliacun  se  pres- 
sait de  se  rendre  oii  il  voyait  marcher  les  autres. 
Il  y  a  dans  tout  pays  de  ces  rendez-vous  pério- 
diques qu'a  consacrés  le  tems  ,  auxquels  de 
longs  souvenirs  prêtent  un  charme  toujours  re- 
naissant, et  qui  plaisent  aux  peuples  moins  en- 
core par  les  plaisirs  qu'ils  promettent  ,  que  par 
ceux  qu'ils  rappellent. 

Lorsque  des  troubles  civils,  desmalheurs  publics 
interrompenl  ces  innocentes  habitudes  ,  an  peut 
s'étourdir  sur  cette  privation  ,  que  des  peines  plus 
sensibles  dérobent  à  l'imagination  ;  ma'S  l'homme 
réfléchi  voit  dans  la  cessation  des  paisibles  jouis- 
sances ,  le  symptôme  des  communes  inquiétudes  ; 
et  lorsque  le  public  ,  ramené  par  le  repos  ,  aux 
idéescaimes,  auxémoiions  douces  ,  revient  goûter 
de  simples  jeux,  cherche  d  innocentes  distractions  , 
il  en  conclut  avec  joie  que  la  confiance  et  la  satis- 
faction sont  rentrées  dans  les  cœurs. 

Quel  citoyen  ,  ami  de  son  pays  ,  n'a  dû  faire 
hier  celle  réflexion  en  voyant  ,  dès  le  matin  ,  ces 
longues  colonnes  de  gens  de  tout  sexe  ,  de  tout  âge  1 
et  de  toute  proiession  qui  couvraient  les  roules  , 
les  avenues  de  Suint-Cloud  ,  qui  semblaient  assié- 
ger le  parc  ,  et  se  pressaient  à  toutes  ses  issues?  1 
La  liyicrc  était  émaiUèe  de  bat«kis  ;  les  chemins  ,  { 


les  ponts  étaient  encombrés  de  voitures  ,  de  char- 
rettes et  de  cabriolets.  Tel  est  parti  le  matin  ,  qui 
est  revenu  bien  avant  dans  la  nuit,  sans  avoir  pu 
pénétrer  jusques  dans  le  village.  Chacun  s'égayait 
de  son  embarras  et  de  celui  de  ses  voisins  ;  on 
allait  moins  pour  arriver  que  pour  aller  ,  que 
pour  voir  ceux  qui  allaient. 

Femmes  charmantes  ,  bons  vieillards  ,  aimables 
enfans  ,  où  courez- vous  si  empressés?  Ah!  le 
vrai  spectacle  qu'offrait  celte  fête  ,  le  coup-d'œil 
vraiment  touchant  ,  c'était  celui  que  vous  pré- 
sentiez vous-mêmes.  C'était  vous  qu'il  fallait  voir 
libres  d'inquiétudes  ,  vous  abandonnant  sans 
crainte  aux  riantes  sensations  ,  et  montrant  sur 
vos  fronts  épanouis,  et  loubli  du  passé  ,  et  une 
douce  sécurité  sur  l'avenir.  P.  V.  B. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Par  arrêté  des  consuls  ,  en  date  du  23  fruc- 
tidor, le  citoyen  Bernard  Saffroy  ,  ancien  pro- 
cureur ,  a  été  nommé  avoué  près  le  tribunal 
de  l^^  instance  séant  à  Paris  ,  en  remplacement 
du  citoyen  Chappalte  ,   démissionnaire. 


Au     NOM     DU     PEUPLE     FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  delà  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  disiinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyen  Louis  Launai  ,  caporal  des  grenadiers 
dans  la  4^'  demie-brigade  de  ligne  ,  à  l'affaire 
qui  eut  heu  le  6  prairial  an  8  ,  oii  la  compagnie  de 
grenadiers  ,  dont  ce  militaire  fait  partie  ,  ayant 
essuyé  un  coup  de  canon  à  mitraille  ,  qui  lui  mit 
sept  hommes  hors  de  combat,  (e  citoyen  Launai, 
à  côté  duquel  ils  étaient  tombés  ,  chargea  aved 
impétuosité  ,  et  arriva  le  premier  sur  l'une  des 
bouches  à  feu  de  l'ennemi ,  qui  restèrent  au  pou-r 
voir  des  français  ; 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
un   fusil    d  honneur. 

Iljouira  des  prérogatives  attachées  à  ladhe  ré- 
compense par  l'arrêté   du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris,  le  28  fructidor:  an  8  de  la  ré- 
publique fançaise. 

Le  premier  consul ,  signé ,   Bonaparte. 
Par   le   premier  consul  ,  1 

Le  secrétaire-d état ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé  ,  Caknot. 


Au     NOM    DU     PEUPLE    FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de'la  con-î 
diiite  disMnguée  ev  de  la  bravoure  éclatante  dii 
ciioyen  Angedé  ,  fusilliet  dans  la  ^8'  demie- 
brigade  de  ligne,  à  l'affaire  qui  eut  lieu  le  16 
prairial  an  8  ,  à  la  prise  du  village  de  Kirchberg , 
où  ce  brave  et  intrépide  militaire  s'est  emparé  le 
premier  d'une  pièce  de  canon  ; 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  recompense  nationale  , 
un  fusil  d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'arrêté   du   4    nivôse  an  8. 

Donné  à  Patis  ,  le  28  fructidor,  an  8  de  la 
république,  française. 

Le  premier  consul.  Signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétiiire-d'état ,  sigrté,  H.  B.  Maret. 
Le  minisire  de  la  guerre,  signé,  CarnoI'. 


Au     NOM    DU     peuple     FRANÇAIS; 

Brevet  d'honneur. 

Bonaparte,  premier  consul  delà  république,», 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con* 
duite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyenjean  Bulet,  fusillier  à  la  48°  demi  brigade 
de  ligne  ,  à  l'affaire  qui  eut  lieu  le  l6  prairial 
an  8  .  à  la  prise  du  village  de  Kirchberg ,  où  cet 
intrépide  militaire  ,  entouré  par  cinq  cuirassier» 
autrichiens  ,  parvint  seul  à  s'en  débarrasser,  aptes 
en  avoir  tué  deux  ,  et  mis  en  fuite  les  troil 
autres  ; 

Lui  décerne,  à  titre  de  récompense  naiiouaU, 
un  fusil  d'hotinsur. 


II   jouira  des  prérogatives   attachées   à   kdite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

,  Donné  à  Paris   le   28   fructidor  ,    an   8    de  la 
république  française. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

'  Le  secrétaire-d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé,  Cahnot. 


Au     NOM      DtJ     PEUPLE     FRANÇAIS. 

Brevet  dhonneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  éié  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclaianie  du 
citoyen  Richard,  tambour  de  grenadiers  dans 
la  48*  demi-brigade  de  li.nne  ,  à  l'affaire  qui  eut 
lieu  le  16  prairial  an  8  ,  à  la  prise  du  village'  de 
Kirchberg  ,  où  ce  brave  militaire  a  constam- 
ment battu  la  charge  sous  le  feu  de  l'ennemi  , 
et  encouragé  avec  énergie  ses  camarades  ,  en 
matchant  toujours   un  des  premiers. 

Lui  décerne  à  tiire  de  récompense  nationale, 
des  baguettes  d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  27  fructidor  ,  an  8  de  la 
république   française. 

Le  premier  consul,   sigrié ,  Bonaparte. 

Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 

Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé  ,  Carnot. 


1460 

leur  tenir  liea  de  notification  ,   et  leur  servir   de 
titre   pour   constater  leur  qualité. 
A  Paris  ,  ce  sS  fructidor  an  8. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.,  B.  Maret. 

ACTES  ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE  DE  LA  GUERRE. 

NotE  indicative  des  départemens  qui  ont  exécuté  avec 
zèle  la  loi  du  4  vendémiaire  an  8  ,  qui  ordonne  une 
levée  extraordinaire  de  40,000  chevaux  pour  User- 
vice  des  armées. 

Noms      DBS      DÉPATiTEMENS. 


ÇUr    ONT  FOUltNI 

AU-DELA    PE 

LEUR    CONTINGENT. 


Aveyron. 


Ci^UI  ONT  TERMINE 


Alpes  (Hautes) 
Lot-et-Garon. 


^UI    SONT 

SUR    LE    POINT 

DE    LA  TERMINER. 


Landes. 
Deux-Sêvres. 


Relevé  du   nombre    des   chevaux  fournis    depuis  le 
16  fructidor  ,  jusqu'au  26  dudit. 

Le   nombre   des   chevaux   levés   à 
1  époque  du  16  fructidor,  était  de...        43,060 
Ceux  levés  depuis  ,  s'élèvent  à. . . .  868 


AU     NOM      DU     PEUP  LE      français. 

Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  ,  1 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyen  DuÈFot,  grenadier,  to'  de  ligne,  à 
l'affaire  du  si  germinal  an  8  ,  à  la  prise  d  assaut 
delaredoute  deSettepani:  Il  deini-brig.  élaui  arri- 
vée à  soo  pas  de  distance  de  cette  redoute  ,  le  cit. 
Duffot  se  lança  avec  rapidiié  sur  l'ennemi  ,  et 
par  celte  acdon  hardie  détermina  ses  camarades 
qiii  suivirent  son  exemple  et  enfoncèrent  la 
ligne  postée  dans  la  redoute  ,  où  cet  intrépide 
grenadier  entra  le  premier  ; 

Lui  décerne  ,  à  dtre  de  récompense  nationale  , 
un  fusil  dhonneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par   l'arrêté  du  4   nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  28  fructidor  ,  an  8  de  la 
république  fançaise. 

Le  premier  consul ,  signé  ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre ,  signé  ,  Carnot. 

SENAT  -CONSERVATEUR. 

Extrait  des  registres  du  sénat-conservateur ,   du  s8 
fructidor  ,  an  S  de  la  république. 

Vu  le  message  des  consuls  de  la  république, 
du  27  thermidor  dernier,  annonçant  le  décès  du 
citoyen  B.iyard  ,  l'un  des  juges  du  tribunal  de 
cassadon. 

•  Vu  pareil  message  du  5  de  ce  mois,  annon- 
çant la  non-accepi?.tion  du  citoyen  Buhan  (  de  la 
Gironde),  nommé  juge  au  même  tribunal,  le 
J7  germinal  dernier. 

Le  sénat-conservateur  ,  réuni  au  nombre  de 
membres  prescrit  par  l'article  XC  de  la  consti- 
tution ,  procède ,  en  venu  de  l'article  XX  ,  au 
remplacement  de  ces  deux  fonctionnaires. 

La  majoiité  absolue  des  suffrages  ,  recueillis 
au  scrurin  individuel  ,  se  fixe  sur  les  citoyens  : 

Lasaudade,  ex -substitut  du  commissaire  du 
gouvernement   près   le    tribunal  de  cassadon  ; 

Et  Seignette  (Henry)  ,  ex-président  du  tribunal 
de  cassation  ,  président  actuel  du  tribunal  de 
révision  ,  à  Trêves. 

Ils  sont  proclamés.,  par  \e  président,  membres 
du  tribunal  de  cassation. 

Le  sénat-conservàteur  arrête  que  cïi  nomina- 
tions seront  notifiées  par  un  message  au  corps- 
législatif  ,  lors  de  sa  rentrée  ,  au  iribunat ,  et  aux 
consuls  de  la  république. 

Signé,  LEMZKCit.R  ,  président  ;  Kellermann  et 
■Garât,  secrétaires. 

Par  le  sénat-conservateur  , 

Le  secrétaire-général ,  signé  ,  [Cauchy. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
ordonne  que  l'acte  du  sénat-conservateur ,  qui 
précède  ,  sera  inséré  au  bulledn  des  lois  ;  le  mi- 
nistre   de    la  justice  enverra  à    chacun    dt 


Total  au  s6  fructidor. 


43,928 


La  tranquilliié  publique  se  rétablit  dans  les 
départemens  de  l'Ardêche  ,  de  Vaucluse  et  des 
Basses-Alpes  qui  ,  depuis  quelque  teras  ,  étaient 
le  théâtre  du  désordre  et  de  la   rébellion. 

Les  changemens  favorables  qu'éprouve  la  situa- 
tion politique  de  ces  contrées  sont  dus  à  la  solli- 
citude du  gouvernement,  qui  a  bien  voulu  accorder 
aux  hommes  égarés  et  aux  réquisilionnaircs  et 
conscrits  ,  que  la  séduction  ou  la  crainie  rete- 
naient parmi  les  bandes  armées  ,  la  faculté  de 
rentrer  dans  la  Wgne  du  devoir  et  d'effacer  le  sou- 
venir de  leurs  erreurs  ,  par  l'exemple  du  dévoû- 
ment  et  de  la  soumission  aux  lois  de  la  répu- 
blique. 

Le  général  de  division  Férino  ,  commandant 
dans  ces  départemens  ,  a  éié  autorisé  en  consé- 
quence ,  par  ariêté  des  consuls  ,  à  accorder  am- 
nistie à  ceux  qui  se  soumettraient  sincèrement 
aux  lois»  et  à  réserver  le  développement  des 
forces  qui  sont  à  sa-  disposition  ,  conire  les  indi- 
vidus qui  persisteraient  dans  la  révolte  et  le  bri- 
gandage. 

Cette  mesure'  indulgente  et  sage  vient  d'être 
proclamée  par  ce  général  ,  de  concert  avec  les 
préfets.  La  justice  ,  la  prudence  ,  les  connais- 
sances locales  en  ont  dirigé  I  applicadon  ;  les 
succès  qu  elle  obtient  journellement  remplissent 
les  intentions  du  gouvernement  ;  ils  présagent  la 
fin  prochaine  des  troubles  ,  et  le  retour  inva- 
riable de  l'ordre  et  de  la  tranquillité. 

Signé,  Carnot. 

MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Paris  ,  le  28  fructidor  ,  an  8  de  la  république  fran- 
qaise  ,  une  et  indivisible. 

Les  poursuites  contre  les  brigands  qui  ont 
volé  la  diligence  de  Bordeaux,  le  3  de  ce  mois, 
continuent  avec  succès  et  activité. 

Par  les  soins  du  commissaire  général  de  police 
de  Bordeaux,  qui  a  expédié  un  courrier  à  Saintes, 
un  des  voleurs  y  a  été  arrêté  le  20  de  ce  mois, 
il  se  nomme  Roubaud.  On  a  trouvé  sur  lui 
une  partie   des   quadruples  ,     et    autres  espèces 

volées. 

« 

La  bande  était  de  sept  voleurs  ;  déjà  cinq 
sont  entre  les  mains  de  la  justice. 


NotJ;S  avons  aiinoncé  avec  quelle  solennité  la 
distribiition  des  ,,pri3^  décernés  aux  élevés  de 
l'école  centrale  avait  eu  lieu  dans  le  département 
de  la  Seine  ;  nous  recevons  d'un  grand  nombre 
d'autres  départemens  des  détails  non  moins  inté- 
ressans  sur  ces  cérémonies  où  le  travail  et  l'étude 
trouvant  une  digne  récompense ,  excitent  une 
émulation  qui  enfante  à  son  tour  une  étude  plus 
utile  encore  et  des  travaux  plus  élevés.  Partout 
les  progrès  des  élevés  paraissent  avoir  répondu 
au  zèle,  aux  soins,  aux  talens  de  leurs  maîtres. 
P.îr-tout  l'autorité  a  mêlé  pour  les  uns  et  les 
autres  de  justes  tncouragemens  à  d'utiles  pré- 
ceptes: par-tout  les  pères  de  familles  ont  dû  re- 
connaître que  leur  confiance  dans  les  insritutions 
républicaines  n'avait  point  été  v»ine  ;  les   succès 


toyens  Lasaudade   et  Seignette  ,    un    exemplaire  I  des    enfans   ont  été   la  juste  recompense  du  ci 
du  bulletin  des  lois  où  cet  acte  sera  inséré  ,  pour  i  visœe  éclairé  de  leurs  psvcns. 


C'est  un  pcre  de  famille  qui  nous  transmet  les 
témoignages  de  sa  satisfaction  et  de  sa  recon- 
naissance pour  les  professeurs  de  lécole  centrale 
établie  à  Laval. 

"  Cette  école,  nous  dit-il,  donnait,  dés  les 
premiers  jours  de  son  organisation  ,  Us  plus  heu- 
reuses espérances.  Elle  les  a  réalisées  :  les  exa- 
mens ont  duié  quatre  jours;  leur  résultat  a  été 
assez  salisfesant  pour  faire  reconnaître  que  le 
nouveau  système  d'enseignement  peut  l'emporter 
sur  l'ancien,  en  ce  qu'il  a  lavanlage  d'embrasser 
plus  d'objets  d'instruction- à  la  lois,  en  abrégeant 
le  terme  des  éludes  et  en  en  facilitant  le  cours. 
Une  plume  plus  exercée  que  la  mienne  pourrait 
peindre  les  délicieuses  sensations  qu  un  père 
éprou'.e,  en  voyant  son  fils  couronné  partes 
magistrats  ,  sous  les  yeux  de  ses  maîii'es  ;  nul  ne 
peut  mieux  sentir  et  apprécier  mieux  que  moi, 
et  le  zcle  des  premiers  ,  et  les  rares  talens  des 
seconds,  d 

La  distribution  des  .prix  de  l'école  centrale  du 
département  de  Lot-et-Garonne  ,  a  donné  lieu  à 
un  discours  du  piéfet.  Nous  le  croyons  ,  comme 
la  peisonne  qui  nous  l'adresse  ,  digne  .  sous  tous 
les  rapports,  de  frauihir  les  limites  du  départe- 
ment où  il  a  été  prononcé.  Les  passages  suivans 
nous  ont  paru  particulièrement  remarquables. 

)>  Le  siècle  que  termine  celle  année  ,  sera  connu 
dans  la  postérité  comme  l'époque  où  les  connais- 
sances humaines  et  la  philosophie  ont  imprimé 
le  mouvement  le  plus  rapide  et  le  plus  sûr  aux 
facultés  intellectuelles.  La  révolution  française  , 
en  donnant  un  nouvel  élan  à  la  tendance  des 
esprits  vers  toutes  les  vérités  ,  a  paru  quelque 
lems  faire  succéder  une  sotie  de  désordre  à  la 
rnarche  réglée  qui  amenait  lour-à-tour  quelque 
découverte  intéressante  ;  le  voile  de  la  nature 
que  les  philosophes  soulevaient  peu  à  peu  ,  se 
déchira  ,  pour  ainsi  dire  tout  d  un  coup  ;  ua 
grand  peuple  ,  ébloui  de  cette  vive  luipiere  dont 
1  éclat  le  frappait ,  ne  pouvait  guercs  porter  d'a- 
bord ,  dans  l'exatncn  de  tous  les  objets  qui  par-' 
tageaient  à  la  fois  ses  regatds  étonnés  ,  cette 
méthode  analytique  ijui  permet  d'en  apprécier 
sûrement  les  détails.  La  pteniiere  idée  raison- 
née  qui  suivit  une  émotion  si  vive  ,  se  porta  sur 
la  néceSiité  de  faire  tourner  à  l'avantage  de  la 
société  toutes  les  conquêtes  de  la  p-.-iisée.  L'ins- 
truction publique  fut  organisée  et  graduée  j  elle 
fut  dirigée  vers  tous  les  objets  sur  lesquels  de- 
vait se  fixer  la  méditation  pour  le  perfeclioune- 
roent  de  l'esprit  et  l'amélioration  des  institutions 
humaines.  La  réunion  des  sciences  et  des  beaux- 
ans  dans  les  écoles  centrales  fut  le  premier  fruit 
de  cet  heureux  apperçu  ;  elle  constituait  seule 
une  éducation  nouvelle. 

j'  C'est  à  l'élude  de  la  nature  et  des  sciences 
malhémaiiques  qu'il  appartient  de  donner  de  l'é- 
tendue à  l'esprit ,  de  la  rectitude  au  jugement  et 
des  principes  sûrs  iu  goût. 

)>  Je  me  suis  empressé  de  concourir  à  la  no- 
mination des  chnires  vacantes. . .  et  le  champ  de 
l'instruction  ,  agrandi  pour  ceux  qui  sentiront 
l'importance  des  moissons  qu'il  leur  promet  , 
verra  bientôt  une  nombreuse  jeunesse  aspirant 
eh  foule  à  les  recueillir.  Ehl  qui  pourrait  mé- 
connaître les  avantages  d'une  éducation  qui  sem- 
ble placer  un  flambeau  sur  chacune  des  routes 
des  sciences  et  des  arts  !  . . . 

))  S  il  fut  un  tems  où  !e  caprice  du  hasard  pou- 
vait tenir  lieu  de  mérite  ,  aujourd'hui  chacua 
est  obligé  de  se  présenter  nud  dans  la  lice.... 

))  Jeunes  gens  ,  entreprenJrîez-vous  un  voyaga 
de  long  cours,  sans  les  provisions  nécessaires  qui 
vous  seraient  indiquées  par  un  ami  déjà  parvenu 
au  but  de  votre  course?  Eh  bien.'  ce  voyage 
c'est  la  vie  ;  cet  ami  ,  c'est  l  homme  éclairé  par 
le  tems  ;  cet  provisions  ,  ce  sont  les  trésors  de 
létude. 

)>  Pères  de  famille  ,  l'état  a  placé  à  votre  portée 
des  hommes  dignes  de  confiance  et  capables  de 
vous  suppléer.  Puisque  les  pères  ne  peuvent  pas 
tous  être  instituteurs  ,  les  instituteurs  doivent 
tous  être  des  pères.  Les  leçons  qu'ils  donnent  à 
leurs  élevés  ,  ne  sont  qu'une  partie  des  obliga- 
tions qui  leur  sont  imposées  ;  leur  exemple  doit 
être  la  leçon  la  plus  constante,  comme  il  sera  la 
plus  efficace. 

Dans  le  département  de  l'Indre.,  vingt  deux 
écoliers  ont  été  couronnés,  après  avoir  subi  l'exa- 
men le  plus  severe.  Il  n'y  en  a  eu  que  deux 
pour  l'étude  des  langues  anciennes;  ce  qui  prouve 
qu'il  est  besoin  de  recommander  fortement  aux 
pères  d'y  consacrer  leurs  enfans  :  s'attacher  à 
démontrer  leur  extrême  udlité  ,  et  faire  sentir, 
que  si  elles  ne  sont  pas  d'uri  usage  habituel ,  elles 
sont  presqu'indispensables  pour  la  connaissance 
exacte  de  celles  qui  sont  en  usage  ,  serait  établir 
une  vérité  reconnue  ,  mais  qui  a  besoin  d'être 
i  rappellée. 

I  Dans  le  même  département ,  on  a  eu  une 
,  preuve  nouvelle  du  goût  qui  porte  les  éleyes 
;  vers  l'étude  des  sciences  exactes  ,  et  de  l'apti- 
tude qu'on  découvre  en  eux  à  cet  égard.  Des 
I  jeunes    gens   se  sont  pré^eniés  aux  classes  de 


mathématique  «t  de  phisitjue  sans  avoir  olxchu 
»ur  d'autres  objets,  une  grande  instruction  pré- 
liminaire ,  et  y  ont  tait  des  progrès  rapides  et 
léels. 

Les  départ.-raens  du  Lot  et  de  l'Allier,  ont 
obtenu  les  mêmes  succès  ,  et  produit  les  mêmes 
résultats.  Nous  ne  croyons  pouvoir  mieux  ter- 
miner ces  rapprochemens  qu'en  citant  quelque 
passages  du  discours  du  citoyen  Guiraudet  , 
préfet  de  la  Côtt-d  Or  ,  en  couronnant  les  éle- 
vés d'un  département  si  fertile  ,  et  en  intiépides 
défenseurs  de  l'état ,  et  en  hommes  justement 
célèbres  dans  tous  les  genres,  n  Mes  amis  ,  leur 
disait-il  ,  (  en  s'excusant  de  suspendre  quelques 
instanis  les  mouvemens  de  leur  impatience), 
vous  êtes  plus  ou  moins  avancés  dans  la  car- 
rière de  l'étude.  Des  dispositions  plus  ou  moins 
heureuses  ,  une  assuidaé  plus  ou  moins  sou- 
tenue, vous  ont  fait  maicher  d'un  pas  nécessaire- 
ment inégal. 

5>  Mais  il  est  un  point  auquel  vous  devez  vous 
léunir  tous;  il  est  un  trait  auquel  on  doit  vous 
leconnaître  totis  ;  un  seniimeni  qui  doit  être  le 
même  chez  tous  ,  celui  de  votre  reconnaissance 
envers  vos  maîtres. 

5>  Que  de  formes  différentes  ne  sont-ils  pas  obligés 
de  donner  à  la  même  pensée  pour  la  faire  em- 
brasser ,  retenir  par  des  enfans  d'âge  ,  de  carac- 
tère et  de  conception  également  difFércns  !  'Vous 
connaissez  et  Virgile  ,  et  la  fable  de  Protée  ,  et 
ce  puissant  devin  qui  ,  tour  à  lour  ,  devenait 
serpent  ,  taureau  furieux  ,  flamme  dévorante.  Eh 
bien  !  pour  faire  saisir  à  chacun  de  vous  telle 
mérité  ,  telle  leçon  ,  il  leur  a  fallu  souvent  la  re- 
vêtir de  couleurs  aussi  diverses  ,  lui  donner  des 
formes  aussi  va/iécs  ,  que  le  poëte  en  a  prêté 
à  cet  être  fabuleux  qui  veut  échapper  au  curieux 
qui  le  consulte. 

n  Ce  premier  précepte  est  facile  à  retenir  et  plus 
facile  encore  à  observer  en  ce  moment.  Ce'  n'est 
pas  à  votre  âge  ,  si  près  du  bienfaiteur  et  du 
bienfait ,  qu  on  est  tenté  d  être  ingrat.  Mais  ce 
qu'il  faut,  c'est  de  conserver  ce  sentiment  au 
sortir  de  vos  études  ,  df:  le  conserver  toujours, 
de  vous  en  honoici'  à  jamais  ,  d'en  faire  le  ciiarme 
de  votre  jeunesse  ,  le   devoir  de  votre  âge  miîr. 

5)  Une  partie  de  votre  tems  est  consacrée  à 
letu-de  des  langues  anciennes  ;  c'est  l'emploi  le 
plus  utile  ,  le  plus  éclairé  qu'on  puisse  faire  de 
vos  jeunes  ans.  Ces  langues  vous  fourniront  le 
seul  moyen  assuré  de  savoir  un  jour  la  vôtre; 
c'est  par  elles  que  vous  voyagerez  avec  fruit  dans 
le  passé,  pour  en  enrichir  le  présent;  il  faut  le 
dire  :  presque  tous  ceux  dent  les  ouvrages  vivront 
dans  l'avenir,  ont  commencé  par  faire  cette  route. 
Le  but  devient  plus  difficile  à  atteindre  ,  et  semble 
s'éloigner  tous  les  jours  ;  le  trajet  est  si  pénible, 
la  carrière  si  épineuse  !  comment  s'exposer  à  mai- 
cherseul,  sans  guide,  sans  appui  ?  comment  se 
priver  de  l'avantage  de  se  faire  entendre  ,  de  con- 
sulter en  chemin  les  Homère  et  les  Virgile,  et 
tous  ceux  qui  l'ont  parcourue  avec  tant  de  gloire  ? 

»>  Mais  ici  ,  l'abus  est  à  côté  de  l'usage  ;  il  a  été 
peut-être  plus  nuisible  encore  que  le  défaut  : 
c'est  la  ligne  qui  les  sépare  ,  quil  importe  de 
vous  indiquer  ;  c'est  au  tems  ,  c'est  à  vos  maîtres , 
c'est  à  vos  propres  observations  ,  à  la  renforcer 
tous  les  jours.  On  a,  par  un  enthousiasme  aussi 
aveugle  ,  aussi  inéfiéchi  que  le  sentiment  con- 
traire ,  ou  tout  vanté  ,  ou  tout  déprécié  chez  les 
grecs  et  chez  les  romains  :  belles-lettres ,  sciences  , 
arts .  institutions  politiques  ;  et  la  question  de 
la  supériorité  des  anciens  sur  les  modernes,  aussi 
insoluble  que  futile  ,  a  été  traitée  tour  à  tour  par 
leurs  enthousiastes  et  leurs  détracteurs.  Pour  tirer 
quelque  fruit  de  son  examen,  il  eiit  fallu  distin- 
guer les  deux  peuples  ,  leurs  productions  dans 
les  arts,  de  celles  dans  les  institutions  qui  tiennent 
au  bonheur  des  nations 

»»  Voulez-vous  mettre  à  profit  et  leurs  exemples 
et  ceux  de  la  Grèce?  Etablissez,  donnez-rious 
dans  votre  patrie  ,  sous  un  autre  ciel  ,  dans  d  au- 
tres climats  ,  et  2000  ans  iprès  .  des  institutions  , 
t!es  chcf-d  œvies  dans  tous  les  genres  ,  tels  ,  que 
dans  les  mêmes  circonstances  ,  les  hommes  de 
génie,  grecs  ou  romains,  philosophes,  législa- 
teurs, pfinires  ,  poètes,  il  n'importe  ,  nous  les 
•  usseni  donnés  s'ils  eussent  vécu  nos  contempo- 
rains. Imiter  ainsi  ,  c'est  créer  ,  direz-vous  ;  c'est 
peut-être  plus  diflicile   encore 

»  Sans  doute  ,  le  succès  est  difficile  :  on  vous 
le  peindra  peut-être  comme  impossible;  mais 
souvenez  -  vous  que  le  découragement  est  le 
patiage  de    la    médiocrité  impuissante  ,  ou  de  la 

Î>aresseuse  imbécillité  :  on  vous  dira  peut-être  que 
a  langue  sévère  et  pauvre  ne  se  prêie  ni  a  la 
jroésie  ni  à  l'éloqnence. . . .  Souffriticz-vous  qu  0:1 
calomniât  devant  vous  celle  des  Bossuet  et  des 
Buffoii  !  £b  !  depuis  quand  a-t-elle  trompé  le 
génie  ? 

I»  Et-ce  le  sujet  qui  manque  ?  Mais  dans  le 
genre  épique  ,  (juci  est  le  poëte  qui  peut ,  comme 
vous  ,  être  conitmporain  de  son  liéros  ?. . . .  Mais 
dans  le  ginte  bistorirjue  ,  en  coiinaisstz-vous  de 
plus  riche  ,  de  plus  vustc  que  le  récit  de  nos  vic- 
loiici  ,  de  nos  faute»  ,  de  nos  niiilhcuis  et  de  nos 


1451 

triomphes  ?  . . . .  Ah  !  sans  doute ,  vous  ne  laisserez 
pas  échapper  cette  belle.'  occasion  de  gloire,  et 
mes  vœux  ,  et  mes  espéiances  .  et  mes  souvenirs, 
et  tant  de  gages  donnés  par  des  ayc-ux  célèbres, 
tolit  me  dit  que  parmi  leurs  neveux,  dont  je 
vais  ceindre  le  front,  j'aurai  (e  bonheur  de  ren- 
contrer ,  de  couronner  ,  d'embrassr;r  ou  le  Tacite 
de  la  France  ,  ou  son  Thucydide,  ou  un  Tite- 
Live,  ou  un  Apelle,  ou   un  Horaete. 

>'  Je  suis  sûr  du  moins  que  vous  servirez  tous , 
et  de  votre  tête  ,  et  de  votre  courage ,  et  de  votre 
bras ,  cette  patrie  qui  ,vous  donna  des  soins  aussi 
tendres.  )> 


Notice  sur  la  stssion  du  conseil-  général  du-  dépar- 
tement du  Cher,  assemble  du  i"  au  ij^  thermidor  ^ 
jour  de  sa  clôture. 

Le  préfet,  dans  son  discours  d'installation  ,  a 
appelé  l'attention  de  ce  conseil  sur  la  répartition 
des  contiibniions ,  l'ordre  adminisiraiif  ,  les  dé- 
penses ,  les  besoins  du  déparleincni .  lagricul- 
tu.'t  ,  1  industrie,  le  commerce,  les  travaux  pu- 
blics ,  la  navigation  iniérieure  ,  l'insiruciion  pu- 
blrque  et  les  beaux-arts. 

Dans  l'ordre  administratif  ,  la  réduction  des 
justices  de  paix,  la  nécessiié  de  bons  gardes 
champêtres  oui  été  recommandés  par  lui  d'après 
des  vues  de  sagesse  et  d'économie  ,  dictées  par 
la  Zeie  ,  le  besoin  des  réparations  de  roules  et 
l'utilité  de  la  navigation  intérieure  dont  on  s'est 
tant  occupé  ,  ont  été  sentis  par  lui  ,  de  même 
que  la  néctssiié  de  ne  pas  laisser  tomber  des 
manulaciures  utiles.  Le  conseil  a  voulu  essayer 
emre  les  arrondissemens  une  répartition  appuyée 
sur  des  bases  justes  ;  mais  chacune  de  celk-s  qu'il 
a  lenlé  de  prendre  pour  rcgle  lui  présentant  un 
écueil  à  craindre  ,  il  s'est  borné  à  arrêter  après 
un  mûr  exarr^en  «i  que  ,  d'ici-  à  sa  prochaine  réu- 
i>  nioii  ,  il  serait  piocédé  à  la  vérification  de 
!)  douze  communes  (  quatre  dans  chaque  arrou- 
1)  dissement  )  ,  dans  la  vue  d'arriver  à  un  taux 
))  commun  ,  au-dessus  duquel  le  dégrèvement 
11  peut  être  requis  et  reversé  sur  les  autres  com- 
1)  munes.i' 

Il  a  pris  en  considération  des  vues  du  conseil 
d'arrondissement  et  celles  de  ses  membics  ,  et 
a  réuni  plusieurs  cantons  sur.primés  ,  à  d  autres, 
soit  en  totalité  ,  soit  partiellement  en  formant 
le  voeu  que  le  traiteincnt  des  juges  de  paix  fût 
augmenté  et  propre  à  assii-rér  les  meilleurs 
choix. 

Il  a  penséqu'il  serait  nécessaire  ,  surtout ,  dans  les 
campagnes  pour  assurer  l'exactitude  des  registres 
de  l'état  civil  ,  qu'ils  fussent  soumis  i  1  ins- 
pection et  au  visa  des  juges-de-paix  ,  et  a  cherché 
en  même  tems  à. pourvoir  aux  lacuues  existantes 
pour  le  passé  dans  ce;  reyisires. 

Il  a  formé  le  vœu  que  la  nomination  des 
gardes  charnpêues  tût  confiée  à  huit  propriétaires 
de  la  commune  (ou  des  communes  si  un  garde 
exerce  sur  plusieurs  )  dont  moitié  pris  dans  le 
conseil  de  la  commune  et  l'autre  dans  les  externes 
et  qu'il  leur  soit  assuré  un  sort  capable  de  les 
fixer  entièrement  à  leurs  fonctions  conservatrices. 

Il  a  considéré  qu'une  bonne  culture  est  une  des 
principales  bases  de  la  prospérité  publique,  et  que 
c'est  par  la  réunion  de  l'instruction  et  de  l'exemple 
qu'elleîpeul  se  perfectionner',  et  il  a  formé  le  vœu 
de  voir  ,  outre  les  deux  sociétés  d'agriculture 
existantes  déjà  dans  le  département  ,  s'en  former 
une  à  Sancerte  ,  et  que  toutes  ces  sociétés  corres- 
pondissent entre  elles  et  surtout  avec  celle  du 
département  de  la  Seine  ,  sur  tous  les  objets  qui 
tendent  au  perfectionnement  île  la  culture  et  de 
l'industrie  ,  surtout  pour  la  description  rurale  et 
industrielle  du  sol  de  la  république  ,  et  que  les 
sociétés  du  département  missent  tous  les  ans  soys 
les  yeux  du  préfet  et  des  conseils  d'arrondisse- 
ment et  de  département  .  le  résumé  de  leurs 
travaux  ;  qu'il  fût  formé  des  dépôts  de  graines 
artificielles  dans  les  chefs-lieux  d'arrondissement, 
et  un  dépôt  d'instrumens  agraires  au  chef-lieu  du 
département,  et  que  1  amélinralion  des  chevaux 
et  celle  des  troupeaux  fût  plus  de  plus  en  plus 
encouragée. 

Il  ?.  jette  les  yeux  sur.  les  ipan u factures  ,  a  vu 
avec  peine  l'auéantisseraent  de  la  verrerie  de 
verte  blanc  établie  à  Boucard  ,  et  formé  le  vœu 
de  voir  encourager  l'imporianle  manufacture  de 
toiles  à  voiles ,  de  Bourges  ,  du  citoyen  Butel ,  et 
celle  du  citoyen  Lcmonnier  ,  de  toile  de  colon  , 
de  siamoise  ,  etc..  etc.;  de  voir  la  bonneterie  re- 
prendre à  Bouri;es  son  ancien' luslre  ;  des  corde- 
ries  et  des  labriques  de  cables  s'établir  à  Sainl- 
Amand-sur-Cher .  dans  le  moment  oii  on  va  y 
former  un  établissement  pour  les  couvertures  de 
laine  ,  et  où  on  pense  à  y  introduire  des  métiers 
pour   les    fabriquer. 

Il  a  demandé,  pour  les  travaux  publics,  un 
secours  modéré  .  m.ais  nécessaire  ,  et  s  est  borné  , 
en  travaux  neufs  ,  à  proposer  ceux  absolument 
indispensable.').  Deux  lieues  non  achevées  rendent 
nulle  une  route  imporianie  tl  artêlc  le  com- 
merce ,  les   communications  ,   etc. 

La  navigation  intérieure  est  intimement    liée 


aux   chemins    d«  lerre  ;  les   chemins  ^'iimii  èh 

dlmiriuen'  les  dél'radalions  en  même  teros  qu  ds 
facilitcni  les  irans['Ori'i.  Le  conseil  a  donc  pro- 
posé des  moyens  faciles  pour  rendre  le  Cher 
navigable,  sans  oublier  le  canal  désiré  des  état» 
de  Blois  ,  désiré  depuis  si  long-tems  ,  toujours 
attendu  ,  et  dont  sétait  occupée  avec  zèle  la 
prernieic  des  administrations  provinciale»  établies 
en   1778  dans  le  ci-devant  Berry. 

L'instruciion  publique  et  les  beaux-arts  ne  lui 
ont  pas  échappé  ;  la  réunion  de  la  bibliothèque 
publique  et  d'un  musée  est  le  but  «jae  les  cir- 
constances ne  permettent  pas  d'atteindre  encore  ; 
mais  l'établissement  d'un  jardin  de  botanique, 
le  rétablissement  d'une  pépinière  ou  même  de 
]  plusieurs  ,  a  paru  devoir  être  le  premier  objet. 

Le  conseil  a  vu  avec  plaidr  que  la  ci  devant 
adminisiradon  centrale  avait  assuré  au  mmée  et 
à  1  école  centrale,  dix  actions  ou  une  double 
fondation  de  la  société  des  amis  des  arts;  ce 
qui  ne  peut  que  répandre  de  plus  en  plus  leur 
goût  et  développer  les  lalens. 

Tel  est  le  précis  des  travaux  du  conseil-géné- 
ral du  département. 


POESIE. 

Tradiiclion  en  vers  des  Métamorphoses  d'Ovide  , 
poëme  en  quinze  livres,  avec  des  commentaires  , 
])dr  F.  de  Siiiilange ,  professeur  de  belles-lettres 
aux  écoles  centrales  de  Paris  ,  2  vol.  in-o°  d'en- 
viron 5oo  pnges  chacun  ,  ornés  de  16  figures  , 
imprimés  par  Cj'apelet  ,  sur  beau  papier.  Prix  , 
brochés,  10  Ir.  ;  sur  papier  vélin  ,  cartonnés, 
Bt  fr.  ,  et  francs  de  port  par  la  poste  ,  l3  fr. 
papier  fin. 

A  Paris  ,  chez  Deterville  ,  libraire,  rue  du 
Battoir,  n"  16,  ([uariier  de  1  Odéon.  , 

Chez  urie  nation  éclairée  ,  l'époque  de  la 
gloire  des  armes  est  presqiie  toujours  celle  de  la 
gloire  des  lettres.  Il  y  a  une  certaine  sympathie 
entre  tous  les  hommes  supérieurs.  Les  conquêtes 
de  Louis  XÎV  réveillaient  les  orateurs  et  les 
poëies  ;  les  hauts  faits  de  Coudé  fe'^aieni  bouil- 
lonnei;  le  vieux  sang  de  Corneille.  Ne  repoussez 
pas  les  beaux-arts  ;  ils  monteront  d  eux-mêmes 
au  niveau  de  toutes  les  gratideurs.  Tout  ce 
qui  est  noble  les  attire  ,  tout  ce  qui  est  élevé 
semble  de  leur  famille.  Une  campagne  glorieuse 
est  souvent  la.  cause  d  un  poëme  illustre.  L  écri- 
vain rougirait  de  sa-siçriliié  ,  tandis  que  le  héros 
entante  des  prodiges  ,  et  pendant  que  celui-ci 
triomphe  des  ob-tacles  qu'opposent  les  hommes 
et  les  lieux  ,  celui-là  surraoute  avec  une  cou- 
rageuse peisévérance  toutes  les  difficultés  de  son 
sujet. 

Le   moment   oii    paraît  l'ouvrage    du  citoyen 
de    Suintange  ,   rend  ces  vérités  plus  sensibles.  Il 
a   achevé  au  milieu    des  trophées  ,  il  publie  sous 
l'auspice   de    plus  d'une   victoiie    un  des  grands 
ouvrages    dont  le  pâmasse  français  puisse   s'ho- 
norer ,   la    traduction    complette    des   Métamor- 
phoses  d  Ovide    II  fallait,  pour  l'entreprendre, 
plus  que  du  courage  ;  pour  la  suivre  ,   plus    que 
de  la   constnnce  ;    pour  la  fdre  bien  ,  plus  que 
du  talent.  En  eftet  ,  outre  l'étendue    du    poëme 
qui  ne  contient  pas  moins  '  de  douze  mille  vers  , 
1  original  traite    une   théologie    qui  n'est  plus  la 
nôtre,    peint    des    mœurs    qui   nous   sont  étratr- 
I  gères,  et  dans  les   ditlérens  actes  de  son  poëme, 
i  fait   passer  en    revue  ce   que   le    ciel  a   de   plus 
j  éclatant,  la  terre  de  jrlus  aimable,  l'enfer  de  plus 
!  sombre  et  de  plus,  horrible. 

Nous  ne  préviendrons  pas  le  jugement  de 
public.  Il  est  des  ouvrages  qui  par  leur  itnpos- 
tance  et  leur  exécution  surpassent  tellement  la 
mesure  ordinaire  ,  que  le  suffrage  d  un  individu 
n'ajoute  rien  à  leur  gloire,  et  quil  y  aurait  de 
la  présomption  à  penser  même  qn'il  y  pût  ajouter 
Nous  nous  bornerons  à  citer  quelrpaes  passages, 
et  nous  mettrons  d  abord  le  citoyen  de  Saintan^e 
aux  prises  avec  un  rival  digne  de  lui  ,  le  citoyen 
Delille.  Ce  dernier  ,  dans  le  second  chant  de 
ses  Géorgiques  françaises  ,  a  traduit  une  partie 
du  Combat  dHcrcule  et  d  Acheloiis  ,  tiré  du  livre 
IX,  fable  seconde  des  Métamorphoses  d  Ovide. 
Ici  Acbéloiis   raconte  lui-même  son  combat. 


Athlète  malheureux,  en  fore* 
J'échappe  par  ta  ruse  aux  mai 


De; 


rpeii! 


inega'  , 
de  mon  rival, 
e  serpent  je  pi-ends  la  forme. immense. 
en  longs  anneaux  roule,  glisse,,  s'élance  ; 
ac,  en  si&ant,  agite  un  triple  dard, 
souriant  des  ruses  de   mon  art , 
,  lire  dit- il,  les  fureurs  étouffée^J 


Des  jeux  de  mon  berceau 
Tu  les  surpasses  tous  :  mai; 
A  ce  dragon  qu'à  Lerne  Her 
Ce  noir  dragon,  cette  hydi 
Pullulait  sous  le  frr,  par  s 
Llne  tête  ,  en  tombant  sous 
Enfantait  deux  vengeurs,   d 


nt  les  premiers    rophéei. 

te  compares-tu 
:ule  a  combattu? 
; ,  cporrvante  du  monde  , 
13  pertes  féconde. 

rocs  COULIS  iiicurtricrâ , 
:  sa  gloire  hél-itiers. 


J'ai  dompté  ses  fureurs   sous  le  fer   renaissantes, 
Et  j'ai  vu  sous  ines   pieds  ses  cent  têtes  mourantei. 
Que  te  promets-tu  donc ,  quand  ta  prends  contre  ntfi 
Les  atoies  d'un  ■érpest,  qui  3)e  lOI^t-pas  à  toi? 


'i'4'52 


}I  dit,  et  3é  9M  âoigtî  la  vivante  unaiHe 
Serre ,  écrase  mon  cou  >  meurtri  aous  son  écaille* 
£nvain  d'ongles   armé  je  déchire  ses  mains  ; 
Je  souffre  I9. torture,  et  mes  efforts  sont  Tains. 
Jd  cède  ,  et  d'un  taureau  prends   la  forme  nouvelle. 
De  deux  dards  menaçans  j'arme  mon  front  rebelle. 
Hercule  ,  .sans  effroi  ,  saisit  mon  col  nerveux  , 
Késiste,  en  leur  ct'dant,  à  mes  élans  fougueux, 
M'entraîne  ,  me  subjugue  ;  et  d'une  main  puissante 
Recourbant  de   mon  front  la  corne  menaçante , 
Me  renverse  à  ses  pieds   sur  l'arène  étendu. 
Ce  ne  fut   pas  assez  ;  son  bras  ferme  et  tendu , 
Comme  un  lévîer  terrible  appuyé  sut  ma  tête , 
Hompt  la  corne  qu'il  tient ,  gage  de  sa  conquête* 
Son  usage   a  depuis  consolé  mes   malheurs  : 
Par  les  nymphes  remplie  et  de  fruits  et  de   âeurt* 
Cette  corne  devient  l'urne   de  l'abondance. 
Il  parlait  :  cependant  une  nymphe  s'avance  , 
w  robe  retroussée,  en  longs  cheveux  flottans, 
Kt  dans  l'urne  féconde ,  où  les  fleurs  du   printems 
Couronnent  les  trésors  entassés  par  l'automne. 
Offre  ,  pour    dernier  mets  ,  les  présens  do  Pomone* 

Desaintange. 

Lie  second  traducteui  a  mis  le  combat  en 
lécit. 

Bu  fleuve  ciibjugué  l'onde  en  courroux  marmure  : 
Aussitôt  d'un  serpent  il  revêt  la  figure  ; 
11  i\&e  ,  il  s'enSe ,  il  roule  ,  il  déroule  ses  noeuds , 
£t  de  ses  vastes  plis  bat  ses  bords  sablonneux. 
  peine  il  l'apperçoit,  le  vaillant  ÛI3  d'Alcmene 
De  SCS  bras  vigourenx  le  saisit  et  l'enchaîne  ; 
n  le  presse ,  il  l'étouffé ,   et  de  son  corps  moutwt 
Laisse  le  dernier  pU  sur  l'arène  expirant , 
Se  relevé  en  fureur  et  lui  dit  :  Témérafre , 
Oses-tu  bien  d'Hercule  affronter  la  colère  ? 
£t  ne   savais-tu  pas  qu'en  son  berceau  fameux 
Des  serpens  étouffés  furent  ses  premiers  jeux  ? 
£tonné  ,  furievx  as  sa  double  victoire  , 
Le  fleuve  de  sei  flots  prétend  venger  la  gloire  » 
Il  fond  sur  son  vainqueur.  Ce  n'est  plus  un  serpent, 
£}!  replis  onduleux  sur  le  sable  rampant; 
C'est  nn  tauresu  superbe,  au  front  large  et  sauvage; 
Ses  bonds  impétueux   déchirent  son  rivage , 
Sa  tête  bat  les  vents ,  le  feu  sort  de  ses  yeux  j 
H  mugit ,  et  sa  voix  a  fait  trembler  les  Cieux* 
Hercule ,  sans  effroi  ,  voit  renaître  la  guerre  , 
Part ,  vole  ,  le  saist  ,  le    combat  et  l'atterre , 
L'accable  de  son  poids ,  presse  de  son  genou 
Sa  gorge  haletante  et  mn  robuste  cou. 
Puis  ,   fier    et    triomphant  de   sa  rage  étouffée. 
Arrache  un  de  ses  dards  et  s'en    fait  rm   trophée. 
Aussitôt  lessylvains  ,   les  nymphes   de  ces   bords. 
Dont  il  vengea  l'empire  et  sauva  les   tréjors  , 
Au  vainqueur  qui  repose  apportent  leurs  offrandes , 
L'entourent  de  festons  ,  le  parent  de  guirlandes  , 
Et ,  dans  la  corne   heureuse   épanchant   leurs  faveurs  , 
La  remplissent  de  truit,  la  couronnent  de  fleurs. 

Delille. 

Il  ne  conviendrait  pas  ,  en  annonçant  les  Mé- 
tanioiph  ses.  de  n  en  pas  rapponci  une.  Nous 
allons  citer  celle  des  sœurs  de  Phaélon  changées 
eo  pcupl  eis. 

Pour  embrasser  le  marbre  inondé  de  ses  pleurs  • 
Flj.,k-tuse    se  penrlie ,  et  se  plaint  à  ses  soeurs, 
Ou'iiiVniobiUs ,   glaces  ,  ses  membres  se  roidissent  ; 
Fiiabé   veut' accourir ,  et  ses  pieds  s'engourdissent; 
L'une  voit  ses  génome  en  tronc   d'arbre   changés; 
L'.»utre  voit   en  rnmeaux    ses    deux  bras  alongés.     ■ 
1^  maiîi   veut  arracher  ta  blonde  chevelure, 
L?-iiiiJesie  !  et  ta  main  se  remplit  de  verdure* 
Tanitis  que  ,  s' élevant  malgré  leurs  vains  efforti , 
L'écurce  par  degrés  emprisonne  leurs  corps , 
Leur  bouche  à  leur  secours  appelle  encor  leur  mère  ; 
Mais  que  peut-elle ,  hélas  !  que  pleurer  leur  misère  , 
Courir  de  l'une  à  l'autre,  et  vingt  fois  l'embrasser? 
Elle  fait'plits  :  sa  main,  pour  les  débarrasser. 
S'attache  aux   troncs  jaloux  ,  les  déchire  avec  force  ; 
Mais  des  gouttes  de    sang  jaillissent  de  l'écorce. 
Elles  poussent  des  cris  :  Ah  !  ma  mère  ,  cessez. 
En  blessant  les  rameaux,  c'est  nous  que  vous  blesser; 
Vous,  nous  perdez  ;  adieu  4  L'écorce  qui  s'élève  , 

Presse  leurs  derniers  mots  qu'un  long  soupir  achevé* 
Sous  leur  forme  nouvelle  ,  elles  pleurent  encoi  ; 
L'ambre  ,  de   leurs   rameaux  distille  en  Urmef  d'ot* 
Au  feu  de  ses  rayons  ,  le  soleil  les  épure  , 
Et  la  jeune  romaine  en  forme  sa  parure. 


THÉÂTRE    DES   TROUBADOURS. 

Le  célèbre  peintre  et  graveur  Rembrant  était  , 
dil-on  ,  UD  avare  ;  semblable  à  certains  auteurs 
qui  vendent  plusieurs  fois  le  même  ouvrage  ,  il 
usa  de  toutes  sortes  de  tuses ,  ou  pour  vendre 
les  siens  Icwt  chers  ,  ou  pour  eri  obtenir  une 
double  rétribution  :  un  jour,  il  fesait  vendre  ses 
estampes  par  son  fils  ,  comme  si  elles  lui  avaient 
clé  dérobées  ;  un  autre  il  feignait  de  quitter  la 
Hollande  ;  quelquefois  il  venuait  une  épreuve 
lorsque  la  planche  n'était  qu  à  moitié  terminée  , 
puis  en  retirait  un  nouveau  prix  lorsqu  elle  éiait 
achevée  :  bientôt  après  ,  il  liji  suffisait  d'y  ^appor- 
ler  quelques  changemens  pour  la  vendre  une 
troisième  fois.  Souvent  on  le  vit  se  glisser  dans 
un  encan  ,  le  nez  caché  dalis  son  manteau  ,  et 
élever  lui-même  1  enchère  mise  sur  ses  tableaux  : 
ses  élevés  s'amusaient  à  I  attraper  ,  en  peignaiit 
sur  des  cartes  des  pièces  de  monnaie  qu'il  s  em- 
pressait de   ramasser. 

Plusieurs  auteurs  viennent  de  se  réunir  pour 
faire  paraître  cet  artiste  célèbre  sur  la  scène  des 
Troubadours.  Ils  l'ont  placé  dans  une  situation 
que  Rembrant  ,  tout  avide  qu'il  était  ,  n'a  peut- 
être  jamais  imaginée  ;  c'est-à-dire  ,  qu'ils  l'ont 
peirit  se  fcsant  passer  pour  mort  ,  afin  de  donner 
plus  de  prix  à  ses  ouvrages  ,  et  pour  toucher  lui- 
même  le  riche  produit  d'une  vente  après  décès. 
S  il  y  a  quelqu'exagération  et  quelqu  invraisem- 
blance dans  cette  situation  ,  du  moins  n'esl-elle 
pas  éloignée  de  l'idée  que  l'on  se  forme  du 
personnage  :  quoi  qu'il  en  soit,  elle  est  comique 
et  a  fait  plaisir. 

Rembrant  peintre  ,  connu  très-avide  ,  l'est  en- 
core par  nos  auteurs  comme  un  mari  très'jaloux. 
Il  s'est  absenté  deux  mois  de  chez  lui  ,  après 
avoir  semé  le  bruit  de  sa  mort.  Il  y  rentre  le 
jour  oii  la  vente  de  ses  ouvrages  doit  avoir  lieu. 
Il  trouve  sa  femme  liée  de  société  avec  un  jeune 
officier  français  ;  il  dissimule  peu  ses  soupçons  , 
et  prépare  un  stratagème  pour  s'assurer  de  leur 
réalité  ;  la  femme  »  de  son  côté  ,  lui  prépare 
une  leçon  pour  le  corriger  de  sa  jalousie.  ' 

Rembrant ,  déguisé  sous  l'habit  d'un  huissier  , 
vient  pour  diriger  la  vente  de  ses  tableaux.  L'offi- 
cier français  paie,  pour  se  faire  adjuger  un  por- 
trait de  madame  Rembrant  :  comme  mari  ,  Rem- 
brant se  désole  :  comme  huissier  ,  il  prend  la 
somme  ;  sa  femme  qui  l'a  reconnu  sous  son  dé- 
guisement ,  affecte  pour  l'officier  ,  des  bontés  que 
le  laux  hui'sicr  ne  remarque  pas  sans  dépit  :  les 
enchères  s  ouvrent ,  les  maichands  qui  ,  du  vivant 
de  Rembrant  ,  dédaignaient  ses  productions  ,  les 
élèvent  alors  au  plus  haut  prix.  Rembrant  les 
cxciie  ,  de  son  raiçux  ,  fait  monter  les  enchères  , 
et  échange  son  atelier  contre  des  sommes  considé- 
rables. Arrive  l'ailicle  du  poi  trait  de  Rcmbrahi  et  de 
sa  femme  réunis  sui  la  même  toile.  Gérard  Dow, 
célèbre  JUteur  de  l'hydropique .,  élevé  dt  Rem- 
biaiii  ,  iniioduil  en  scène  .  de  la  manieie  la  plus 
ingénieuse,  veut  tout  sacrifier  pour  i  o.iseiver  le 
portrait  de  .^on  raaîtie  ,  mais  loÛicier  Iraiiçais  qui 
veut  aussi  le  tableau  ,  non  pour  la  figure  du  mari  , 
mais  poui  celle  de  la  femme  ,  déclaie  à  1  huissier 
quil  couvie  dor  ce  portrait.* .  .  Gérard  Dow  ne 
pouvant  1  obtenir  au  prix  de  toute  sa  fortune  , 
veut  le  disputer  à  I  officier  l'épée  à  la  main  :  la 
plaisanterie  devenant  aussi  sérieuse  ,  Rembrant  est 
obligé  de  se  montrer  pour  séparer  son  rival  et 
son  élevé.  Il  a  fait  fortune  ,  il  a  eu  la  preuve  de 
l'amitié  et  de  la  reconnaissance  de  Gérard  Dow. 
Une  courte  explication  le  rassure  spr  le  compte 
de  sa  femme  ;  tout  se  réunit  donc  pour  qu'il  se 
félicite  de  sa  vente  après  décès. 

Les  auteurs  de  cet  ouvrage  ont  été  unanime- 
ment et  vivement  applaudis;  il  est  fâcheux  qu'ils 
se  soient  réunis jurqu'à  quatre  pour  ce  portrait, 
qui  a  le  mérite  de  la  ressemblance  ,  de  la  vérité  , 
et  quelques  -  uns  des  traits  originaux  de  son 
modèle* 

On  a  trouvé  qu'ils  avaient  placé  datls  la  bouche 
de  Rembrant  trop  de  jeux  de  mots;  mais  la 
plupart  de  ceux  qu'ils  ont  fait  entendre  appar- 
tiennent à  Rembrant  lui-même  :  l'histoire  assez 
singulière  du  portrait  du  singe  ,  et  la  réponse 
de  Rembrant ,  voici  mes  antiques ,  en  montrant 
de  vieilles  armures  à  quelqu  un  qui  lui  repro- 
chait de  ne  pas  étudier  assez  les  anciens  modèles, 
n'ont  pas  été  rappelés  par  les  auteurs*  D'autres 
traits  en  ont  pris  la  place  ,  et  pour  n'être  pas 
historiques  n'en  sont  pas  moins  piquans.  Au 
total  la  situation  principale  a  paru  comique,  le 
[dialogue  spirituel,  les  couplets  bien  faits;  le 
succès  a  été  brillant* 


Qiiéiques  airs  nouveaux  sont  entendus  dans 
cet  ouvrage.  Un  duo  bouffon  d'une  facture 
agiéable  s  y  est  introduit,  et  nous  force  à  pré- 
venir les  tioubadours  du  danger  qu'ils  courent 
s'ils  sacrifient  le  vaudeville  aux  morceaux  d'en- 
semble. L  ouvrage  est  bien  joué  et  établi  aveC' 
soin  ;  loutcfois  facteur  chargé  du  rôle  d'offi- 
cier ,  est  loin  d  avoir  un  costume  exact  :  1  habit 
français  du  tems  de  Henri  IV,  n'était  pas  celui 
des    premiers   tems   de  la  chevalerie. 

Les  auteurs  de  Rembrant  sont  les  citoyen* 
Morel  ,   Moras  ,  Etienne  et  Servieres. 


LIVRES     DIVERS. 

Annuaire  météorologique  pour  tan  9  ;  contenant' 
de  nouvelles  recherch.-s  sur  ce  qu'il  y  a  de  ré- 
gulier et  de  constant  dans  les  principales  varia- 
tions de  l'atmosphère  ,  etc.  Ouvrage  périodique  , 
dédié  aux  amateurs  de  météorologie  ,  aux  agri- 
culteurs et  aux  médecins  ;  par  J.  B.  Lamarck  ; 
I  vol  in-8°. 

Prix  ,  I  fr.  20  cent,  pour  Paris ,  et  l  fr*  40  cent, 
pour  les  départemens. 

A  Paris  ,  chez  Déterville  ,  libraire  ,  rue  du 
Battoir,  n".  16;,  et  chez  l'auteur,  au  Muséun» 
d'histoire  natuielle. 

Quelque  faibles  que  soient  les  succès  dont 
pa:aissent  être  co.  ronnées  les  recherches  du  cit. 
Lamarck  ,  relativement  à  la  météorologie  ,  on  ne 
saurait  disconvenir  qu'à  cet  égard  le  moindre  de 
ces  succès  n'ait  beaucoup  dimporiance.  Il  y  aura 
en  effet  beaucoup  à  gagner  pour  l'agriculture,' 
pour  la  manne,  ainsi  que  pour  l'avantage  de 
chacun  en  particulier  ,  si  le  citoyen  Lamarck  par- 
vient à  assigner  les  circonstances  où  l'on  pourra,  ' 
avec  quelque  fondement,  s'attendre  à  voir  efFecr 
tuer  les  principales  variations  dé  l'atmosphère  de 
nos  climats.  Et  même  si  ces  déterminations  sont. 
qvtelquelois  fautives  ,  elles  n'en  auront  pas  raoin» 
un  grand  intérêt  ,  dès  qu'on  sera  convaincu 
qu'une  majorité  soutenue  dans  les  faits  comparés 
au  principe  ,  en  aura  montré  le   fondement* 

Tel  est,  à  ce  qu'il  paraît  ,  l'état  oij  déjà  sç 
trouve  parvenu  le  citoyen  Lamarck  à  l'égard  de 
ses  recherches  météorologiques.  Il  en  a  consigné 
le  résultat  dans  l'annuaire  météorologique  pour 
l'an  9  que  nous  annonçons  aujourd  hui  ,  afin 
de  mettre  le  public  à  portée  d'en  juger  par  lui- 
même  ,  et  par  suite  ,  d'en  profiter  s'il  y  a  Heu.  ' 

Il  faut  remarquer  que  l'ordre  qu'il  a  suivi  dans 
ses  observations  ,  c'est-à-dire  ,  dans  la  manière 
de  les  noter  ,  est  le  seulqui  puisse  faire  décot<t' 
vrir  et  constater  tout  ce  qu'il  y  a  de  régulier  OU' 
de  périodique  parmi  lesvariaiions  de  l'atmosphère 
dans  nos  latitudes  ;  et  qu'en  conséquence  il  est 
nécessaire  que  lès  autres  physiciens  météorolo-' 
gistes  quittent  leur  ancienne  manière  d'inscrire 
leurs  observations  sur  des  tableaux  divisés  mois, 
par  mois ,  s  ils  ne  veulent  pas  continuer  de  s'ex?. 
poser  à  n'en  pouvoir  obtenir  aucun  résultat* 

On  trouve  ,  dans  ce  petit  annuaire  ,  des  obser-. 
valions  sur  le  beau  tems  et  sur  les  causes  qui  1^ 
produisent,  sur  les  influences  des  points  lunairef 
et  sur  celles  des  décUnaisons  de  la  lune;  enfia 
la  citation  de  quelques  faits  météorologiques  ré;± 
cemment  observés  par  d'autres  physiciens* 


COURSDU    CHANGE* 

Bourse  du  28  fructidor.  —  Cours  des  effets  publia. 

Rente  provisoire 17  fr*  ïS  Ç. 

Tiers  consolidé Sg  fr*  s3  c^ 

Bons  deux  tiers i   fr.  58  ç. 

Bons  d''arrérage 83  fr.  s5  G. 

Bons  pour  l'an  8 .  89  fr*  so  c. 

Syndicat 64  fr. 

Coupures 63  fr*  75  ç. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  22  fr* 


SPECTACLES. 

Théâtre  delà  Cité-Variétés.  —  Pantomimei. 
Dera.  la  Fille  hussard  ,  pantomime  ep  3  actes, 
à  grand  spectacle. 

Théâtre  du  Maiîais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Le  3o  ,  la  8'  repr.  des  Charlatans  littéraires  ,  com. 
Dera,  Othello  ou  le  Maure  de  Venise  ,  tragédie  , 
suivie  de  Jacquinet  à  Paris. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris,  rue  des  Poitevins,  m"  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  Ounei'abonoe 
Qu'au  commeucemenl  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,- franc  de  port  ,  au  cit.  Agas  S  B,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  n"  18.  Il  faut  comprendre  dans  1»  envois  le  port  de> 
pays  ou  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plu»  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  re'dacteur,  rue  des 
Poitevins  ,  a'*  i3  ,  dcpui  sneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit*  Agat«e,  proptiétaire  du  Moniteur,  rue  <jes  Poitevins,  n"  <i. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


A"  36o. 


Décadi  ,   3o  fnuHdor  an  8  de  la  république  françaiie  ,  une  et  tndivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à.daçer  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel.  . 

Il  contient  les  séances  dos  aurocicés  const;ituéès ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles,  ,des   ifrinét's ,  aUnsi  (fjue  les  fiiits  et  les  notions  tant  su!; 
rintérleur  cjue  sur  l'extéticur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.        ■  '  '■ 

Un  article  sera  parnculiérement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

D  A  N  N  E  M  A  R  K. 

De  Copenhague  ,  le    i3  fructidor, 

xl'lEI^,  lord  Whitworth  et  le  comte  de  Berns- 
dbrf  ont  conclu  une  convention  tendante  à  faire 
cesser  toute  espèce  de  mésintelligence  entre  les 
deux  puissances^  Les  conditions  sont  .  que  la 
itégite  la.  Freya  elle  convoi  qu'elle  escortait  seront 
léparés  aux  dépens  de  l'Angleterre  et  rais  en  liberté. 
Le  roi  de  Dannemarck  ,  de  son  côié  ,  consent  à 
ne  plus  faire  escorter  ses  convois  ,  si  ce  n'est 
contre  les  puissances  barbaresques  de  la  Médi- 
terranée. , 
Le  droit -que  les  anglais  s'arrogent  de  visiter 
tous  les  vaisseaux  neutres  ,  est  un  point  qui  doit 
être  examiné  entre  les  puissances  maritimes  du 
nord  et  l'Angleterre,  dans  des  momens  plus 
tranquilles.  La  ratification  de  cette  convention 
doit  se  faire  dans  trois  semaines.  Il  n'est  plus 
qtjestion  de  dédommagement  ,  de  satisfaction  ,  ni 
4'autres  choses  semblables.  Ainsi  l'Angleterre 
lenonce  à  toutes  les  prétentions  qu'elle  avait 
d'abord  annoncées.  Les  vaisseaux  dariois  n'au- 
lont  plus  à  craindre  la  visite  des  anglais  ;  leur 
tiavigation  sera  parfaitement  libre  ,  si  leurspapiers 
jpn;  en  règle.  La  suite  immédiate  de  cette  con- 
vention devait  être  la  cessation  des  préparatifs  de 
guerre.  —  Le  ministre  français  Bourgoin^  est 
arrivé  ici.                                (  Straib.Weltbote.) 

A   N   G  L  E  T  E  R  R  il. 

Londres  ,  1  g  fructidor.  (6  septembre.) 

Le  bill  contre  l'adultère  ,  proposé  dans  la  der- 
nière session  du  parlement ,  a  été  appuyé  forte- 
ment par  tout  le  banc  de  nos  évêques.  Il  était 
naturel  qu'ils  s'élevassent  contre  un  vice  si  nui- 
sible à  la  société.  Voltaire  ,  en  parlant  de  notre 
clergé  ,  avait  remarqué  qu'assez  communément 
■un  évêque  anglais  se  contentait  de  sa  propre 
femme.  Il  n'en  a  pas  dit  autant  de  nos  pairs 
temporels. 

Les  troubles  survenus  dans  ce  pays  prouvent 
que  John  Bull  ne  calcule  pas  toujours  juste.  En 
effet  ,  comment  a-t-i|  pu  imaginer  qu'en  brûlant 
ces  moulins  ,  et  en  détruisant  de  la  farine  ,  il 
ferait  tomber  le  prix   du  pain  ? 

Les  changemens  qui  s'opèrent  dans  lé  caractère 
^es  peuples  ,  ainsi  que  dans  celui  des  individus  , 
portent  sur  les  petites  choses  comme  sur  les 
grandes.  Jadis  .  pendant  le  tems  de  la  foire  de 
)aSt. -Barthélémy,  les  aldermen  et  les  shérifs  dînaient 
avec  le  lord  maire,  et  ils  étaient  Irès-ernpressés 
de  sortir  de  table  pour  assister  aux  diveriissemens 
du  peuple.  Qjii  supposera  à  nos  aldermen  mo- 
dernes le  même  empressement  à  sortir  de  table  ? 
Autre  tems  ,  autres  mœurs  ! 

La  multiplicité  des  théâtres  ne  prouve  point  les 
progrès  de  l'art  dramatique  ;  car  il  y  en  avait  dix 
à  Londres  ,  avant  que   Shakespear  parût. 

Le  duc  de  Richemond  ,  si  zélé  autrefois  pour 
là  réforme  parlementaire  ,  finit  sa  carrière  poli- 
tique par  s'occuper  de  multiplier  la  race  des  ânes. 
Il  tâi  tout  aussi  bien  fait  de  commencer  par  là,  pour 
l'uiiliié  dont  il  a  été  à  la  cause  qu'il  avait  embrassée. 
Si  M.  Pitt ,  qui  fut  l'arc-boutant  de  cette  réforme, 
laisse  le  parlement  comme  il  est ,  pour  s'adonner 
gpx  occupations  du  duc  de  Richemond  ,  qu'il 
^isse  du  moins  notre  constitution  comme  elle  était. 

Ce»  jours  derniers  ,  un  enfant  d'environ  9  ans  , 
tyant  trouvé  une  bouteille  de  genièvre  sous  sa 
main ,  en  avala  urre  si  grande  quantité  ,  qu'il 
mourut  peu   d'heures  après. 

On  a  découvert  en  creusant  un  champ  près 
dcTelbury,  des  cendres  et  des  ossemens  humains, 
pi.riant  l'erapreinle  du  feu.  Comme  la  pratique  de 
brûler  les  morts  a  cessé  dans  celte  ilc  lors  de  la 
conquête  qu'en  ont  faite  les  romains  ,  il  est  pro- 
bable que  les  cendres  reposaient  là  depuis  près 
de  deux  mille  ans. 

(  Extrait  du  Morning-Chronicle. } 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg,  le  26  fructidor. 

Le  citoyen  K.ulm  ,  à  qui  le  gouvernement  hel- 
■véiique  avait  écrit  pour  l'inviter  à  &e  rendre  à  son 
poste  de  législateur  ,  a  icfusé. 


Sept  demi-brigades  d'infanterie  ,  environ  dix 
régimens  de  cavalerie  ,  et  400  chariots  de  mu- 
nitions ,  ont  passé  le  18  et  le  rg  par  Aijgsbourg 
pour  se  retidre  dans  \i  Bavière. 

Les  autrichiens  se  fortifient  beaucoup  dans  le 
Tyrol.  ■      ■  [  Slrasi.' Weitbote.  ) 

Angoulérne  ,  /e  21  fructidor. 

Le  citoyen  Delaistre  ,  préfet  du  département  de 
la  Charente  ,  a  commencé  sa  toutnée  dans  son 
département ,  par  l'arrondissement  de  Barbezieux. 

Malgré  le  secret  dont  il  avait  cherché  à  envi- 
ronner son  départ  ,  le  bruit  de  son  arrivée  pro- 
chaine s'était  répandu  ,  et  les  braves  habitans  de 
Barbezieux  se  sont  empressés  dé  manifester  leur 
attachement  au  gouvernement.  En  conséquence, 
le  citoyen.  Després  ,  sous-préfet,  les  cit.  Bordet, 
maire  ,  et  Drillon  ,  adjoint,  accompagnés  du  lieu- 
tenant de  la  gendarmerie  ,  à  la  tête  de  la  garde 
nationale  à  cheval  ,  se  sont  rendus  à  Pontabrac  , 
à  un  myriametre  de  Barbezieux  ,  au-devant  du 
préfet,  et  lui  ont  témoigné  de  la  part  des  citoyens 
de  l'arrondissement  et  du  chef-lieu  ,  la  confiance 
qu'ils  portent  au  gouvernement  et  à  son  illustre 
chef.  Ils  ont  ensuite  escorté  la  voiture  du  préfet 
jusqu'à  Barbezieux  ,  otà  toute  la  garde  nationale  , 
rangée  en  bataille  .  a  reçu  le  cortège  et  l'a  accom- 
pagné jusqu'au  local  destirié  à  son  logement.  Ce 
magistrat  a  remercié  ,  au  nom  du  gouvernement, 
les  habitans  de  Barbezieux  ,  des  preuves  de  zèle 
et  de  dévoûpaent  qu'ils  n'ont  cessé  de  donner  à 
la  chose  publique  ,  et  surtout  à  la  constitution  de 
l'an  8. 

Le  préfet  a  trouvé  dans  cette  commune,  loyauté  , 
confiance  et  dévoûment. 

Les  arrondissemens  ruraux  rivalisent  à  l'envi 
dans  l'expression  de  ces  sentimens  ;  partout  les  fonc- 
tionnaires publics  donnent  l'exemple  de  l'union  et 
de  l'harmonie  fraternelle.  Le  préfet  a  été  extraor- 
dinairement  satisfait  de  sa  tournée  dans  les  prin- 
cipales communes  qu'il  a  visitées  ;  il  a  regretté 
que  le  teras  et  la  saison  ne  lui  permissent  pas 
de  les  visiter  toutes. 

Cet  heureux  état  de  choses  est  dû  en  plus 
grande  partie  à  l'excellent  esprit  des  citoyens  de 
l'arrondissement ,  au  zèle  et  au  patriotisme  éclairé 
des  fonctionnaires  publics  récemment  nommés  , 
notamment  à  ceux  de  la  ville  de  Barbezieux  dont 
le  maire  ,  ié  cit.  Bordet  ,  a  été  choisi  par  le  préfet 
pour  assister  à  la  fête  du  i"  vendémiaire  à  Paris  , 
et  surtout  à  l'activité,  aux  lumières  et  à  l'esprit  de 
justice  et  de  modération  qui  animent  le  citoyen 
Després,  ex-législateur,  sous^préfettde  l'arron- 
dissement. 

Le  préfet  a  témoigné  hautement  sa  satisfaction 
à  tous  les  fonctionnaires  ,  à  tous  les  citoyens  qu'il 
a  eu  occasion  de  voir;  il  a  promis  de  transmettre 
au  ministre  l'expression  des  sentimens  de  confiance 
et  de  reconnaissance  qui  lui  ont  été  -manifestés  par 
les  citoyens  de  cet  arrovîdissement. 

Lavauzelle  ,  secrétaire-général. 


principal  desdiies  contributions  affectées  ,  paf 
l,a,lç)i  du  25  vçntôse  dernier,  aux  dépenses  m,u- 
nicipàles  ,  ,  .       , 

Est  d'avis  que  les  frais  de  perception  des  con- 
tributions direcief  doivent  moins  être  considérés 
comme  dépenses  mutiicipales  que  comme  dé-, 
penses  i^éiiérales  ,  dont  la  loi  a  voulu  que  les 
communes  fussent  chargée.^,  et  qu'ils  doivent  êlré 
compris  rlans  les  rôles  ,  indépendamment  des 
centimes  addiiionnels  spécialement  destinés  aux 
dépenses  municipales,  etdonl  le  maximum  est 
limiié  pour  l'an  gà  5  centimes. 

Le  modèle  du  procès-vetbal  d'adjudication  de 
la  perception  des  contributions  directes ,  annexé 
à  la  loi  du  26  octobre  I7gt  .  porte  en-dehors  de» 
sous  additionnels  les  taxations  du  percepteur  , 
et  celte  disposition  des  lois  de  l'assemblée  cons- 
tituante  devient  sur-tout  nécessaire  pour  l'an  9. 

En  effet  ,  l'arrêté  des  consuls  du  16  thennidor 
an  8  sur  l'exercice  des  contraintes  en  matière  des 
contributions  directes,  étend  jusqu'à  5  centimes 
par  franc  les  taxations  des  percepteurs  ;  la  loi  d* 
2S  ventôse  dernier  fi^e  à  pareille  somme  le  maxi- 
mum des  centimes  addiiionnels  ,  affectés  aiix. 
{dépenses  municipales;  si  donc  les  frais  deper-, 
ceplion  devaient  être  pris  sur  lesdits  centimes 
additionnels',  ils  pourraient  ,  dans  beaucoup  de 
communes  ,  en  absorber  le  montant  ,  et  il  ne 
resterait  aucune  ressource  pour  faire  fâcè  aux 
dépenses  municipales.  Ce  serait  rendre  illusoire' 
la  loi  du  25  veulôse  ,  dont  l'objet  a  été  de  pour- 
voir aux  dépenses  municipales  ,  par  une  per-i 
ceplion  de  5  centimes  additionnels  ,  indépendam- 
ment des  frais  de  percepiion. 

Le  conseil  est  en  outre  d'avis  que  ,  pour  éta- 
blir une  règle  uniforme  ,  il  est  intéressant  de 
transmettre  une  copie  du  présent  au  ministre  delf 
finances.  " 

Pour  extrait  conforine. 

Le  secrétaire-général  du   conseil- d'état , 
Signé  ,  LocRÉ. 
Approuvé.  ' 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire- d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 


Paris  ,  le  ^g  fructidor. 

Les  plans  présentés  par  différens  artistes  pour 
la  construction  de  la  colonne  nationale  ,  ainsi 
que  ceux  d'un  monument  égyptien  qui  doit  être 
élevé  en  l'honneur  des  généraux  Kléber  et  Desaix, 
vont  être  exposés  aux  regards  du  public  dans  une 
des  salles  du   Muséum, 

—  On  annonce  la  rentrée  de  Larive  au  Théâtre 
français  pour  le  cinquième  jour  complémentaire  ; 
il  doit ,  dit-on  ,  reparaître  dans  le  rôle  du  Cid. 

ACTES     DU    GOUVERNEMENT. 

Extrait  des  registres  des  délibérations  des  consuls  de 
la  république.  —  Paris  ,  le  2%  fructidor .,  an  8  de  la 
république  française ,  une  et  indivisible. 

C  O  N  S  E  I  L-D'  ÉTAT. 

Extrait  du  registre  des  délibérations.  —  Séance  du 
26  fructidor  ,   an  8. 
avis. 
Le  conseil-d'état  qui  ,  sur  le  renvoi    des   con- 
suls ,   a  entendu  le  rapport  Ue  la  section   des   fi- 
nances  sur    celui    du    ministre    de    l'intérieur  , 
présentant   la  question   de   savoir  si   les   fiais  de 
perception   d^s   contributions  directes  qui   sont  à 
la  charge  des  communes  ,  doivent  être  acquitiées 
sur  le  produit  des  cinq  centimes  additionnels  au 


AVIS. 

Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particuheres,  sur  tel  objet  que  ce 
soit  ,  doivent  être  adressées  directement  aux 
ministres   que   ces  demandes    concernent. 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  ;  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper.de  ces 
objets.  .  ' 

PRÉFECTURE  DU  DÉPARTEMENT. 

Copie  d'une  lettre  du  préfet  du  département  de  la 
Seine  ,  en  date  du  n  fructidor  an  8,  au  président 
du  jury  des  écoles  primaires. 

Citoyen  , 

L'arrêté  des  consuls  ,  du  7  thermidor  dernier  , 
ordonne  que  les  jours  de  décadi  seront  les  seul? 
fériés  par  les  autorités  constituées  et  les  fonciion- 
naires  publics. 

Cet  arrêté  ,  applicable  aux  instituteurs  primaires', 
l'est  également  aux  chefs  des  pensionnats  ,  aux 
maîtres  d'écoles  particuliers  ,  et  à  toutes  les  ins- 
titutrices. 

Comme  il  serait  possible  que  ces  institutrices  et 
instituteurs  particuliers  ,  ayent  pu  inférer  de  l'arj- 
rêté  des  consuls,  qu'ils  étaient  libres  de  faire 
vacquer  leurs  écoles  les  jours'qui  leur  convien- 
draient le  mieux,  je  vous  charge  de  les  prévenir 
qu'ils  ne  doivetit  férier  que  (es  décadis  et  les 
quinlidis  ,  et  de  tenir  la  main  à  ce  qu'ils  ou-vienit 
leiirs  classes  les  autres  jours  ,  sous  les  peints 
portées  par  la  loi  du  17  thermidor  an  6. 

Le  préfet  du  département ,  signé,  Frochot.» 
.  Certifié  conforme  à  l'original, 

Mentei.le  ,  membre  de  l'institut  jiatiotial  ,  et 
président  du  jury  d  instruction  publique  pvur 
Us  écoles  primaires. 


POÉSIE. 

Quatrième  lettre  sur  les  Géorgigues  Jranqaists. 

Si  un  grand  poète  s'emparant  des  brillantes 
hypothèses  de  Buft'on  sur  le  système  du  inonde  , 
et  dégageant  cette  sublime  théorie  des  détails  et 
des  controverses  qui  ne  conviennent  qu'au  phi- 
losophe ,  pour  la  revéïir  du  charme  des  fictions, 
avait  chanté  ,  comme  par  Tinspiraiion  d'un  Dieu  , 
Ja  rrédtion  de  l'univeis  ,  un  tel  poète  aurait  pu 
•surpasser  Lucrèce  ,  et  aurait  fait  un  ouvrage  im- 
mortel. Delille  a  conçu  celte  grande  idée  ;  mais  il 
a  senti  que  la  vie  entière  d'un  homme  suffirait  à 
peine  pour  remplir  une  aussi  vaste  carrière  ;  il 
s'est  biirné  sagement  àlouvrir  à  ses  successeurs, 
et  à  faire  les  premiers  pas  pour  leur  donner  | 
l'exemple. 

En  effet,  le  systêtne  du  Monde  et  les  merveilles 
de  l'histoire  naturelle  pourraient  être  le  sujet 
d  un  grand  poème.  Delille  en  a  fait  celui  d'un 
chanc  de  ses  Géorgiqucs   françùses. 

On  demandera  quel  rapport  il  y  a  entre  une 
science  aussi  vaste  ,  et  le  poème  géorgique  qui 
scinble  n'être  consacré  qu  à  l'agriculture.  Je  con- 
viens qu'au  premier  apperçu  ,  ces  objets  paiais- 
sent  étrangers  l'un  à  I  autre  ;  mais  si  nous  con- 
senlons  à  ne  point  juger  l'ouvrage  sur  le  titre, 
qni  peut-être  n'est  pas  exact  ,  je  demanderai  à 
mon  tour  à  tous  les  esprits  justes  ,  s'ils  n'apper- 
çoivent  pas  des  rapports  très-intiraes  entre  l'étude 
des  sciences  naturelles  et  le  bonheur  d'un  SRge 
qui  habile  la  campagne  ?  Or  ,  rappcllons-nous 
que  ce  bonheur  de  I  homme  éclairé  qui  vit  aux 
champs  ,  est  l'objet  piincipai  du  poème  que  nous 
cxamiiions.  Voyons  si  ,  dès  le  début  de  son 
troisietae  chant ,  l'auteur  nous  ramené  à  celte 
idée. 

Que  J*ai[n«  le  mortel,  noble  dans  ses  pcnchans  , 

Qtiî  cuUive  à  la  fois  son  esprit  et  ses  champs  ! 

l.ui  seul  Jouit  de  tout.  Dans  sa  triste  ignorance 

Le  vulgaire  voit  tout  avec  indifférence  : 

Des  desseins  du  grand  Etre  atteignant  la  hauteur , 

11  ne  sait  point  monter  de  Tonvrage   à  Tauteur. 

Nan,oç  n'est  pas  pour  lui  qu'en  ses    tablraux  si  vastes 

Le  grand  peintre  forma  d'harmonieux  contrastes. 

U  ne  «ait  pas  comment   dam  ses  secrets  canaux  . 

Ue  la  racine  au  tronc ,  du  tronc  Jusqu'aux  rameaux  , 

Des  rameaux  au  feuillage  accourt  la  scve  errante  ; 

Comoient  nait  des  cristaux  la  masse   transparente^ 

L'union,  les  reflets  et  la  jeu  des  coulsurs  ; 

Etranger  à  s«s  bois  ,  étranger  à  ses  fleurs  , 

li  ne  sait  point  leurs  noms  ,  leurs  vertus  ,  leurs  familles. 

D*uuc  grossière  main  il  prend  dans  la  charmiUe 

Ses  fils  au  rojsignol ,  au  printtmt  ses  concerts. 

Le  sa^e  seul,  instruit  des  lois  de  l'Univers, 

Sait  £oûter  dans  les  champs  une  volupté  pure  : 

C'est  pour  Tami  des  ans  qu'existe  la  Nature. 

Vous  donc  ,  quand  des  travaux  et  des  soins  împortans 
1>U  bonheur  domestique  ont  rempli  les  instans  , 
Cherchez  autour  de  vous  de  riches  connaissances 
Qjii ,  charmant  vos  loisirs  ,  doublent  vos  jouissances. 

Il  me  semble  que  le  poète  ne  pouvait  pas  lier 
avec  plus  d'adresse,  à  son  sujet,  un  accessoire 
aussi  fécond  en  descriptions  neuves  et  pom- 
peuses Puisq'i'il  est  bien  clair  que  c'est  l'art  de 
jouir  des  bienf.iits  de  la  nalure  et  de  ses  beautés 
que  notre  poète  nous  enseigne  ,  il  faut  con- 
venir que  l'étude  des  sciences  naturelles  est 
une  de  ces  jouissances  ,  et  qu'il  est  tout  simple 
que  Delille  en  ait  chanté  les  merveilles  et  les 
plaisirs.  Que  devient  alors  le  reproche  fait  à  son  j 
ouvrage  de  manquer  de  liaison  dans  ses  parties, 
et  pourquoi  rejetier  sur  le  poème  un  défaut  qui 
Desl  que  dans  le  litre  ? 

Delille  ,  adoptant  les  conjectures  de  BufFon  sur 
les  révolutions  du  globe  terrestre  ,  en  retrace  le 
tableau  terrible.  Mais  le  poète  parle  trop  souvent 
d'aptes  le  naturaliste.  Il  aurait  dû  ,  ce  me  semble  , 
nous  révéler  lui-même  ces  grands  mystères  , 
comme  par  l'inspiration  de  sa  muse.  Cette  har- 
diesse convient  à  la  poésie  et  la  caractérise.  La 
timidité  d'un  adepte  ,  qui  n'ose  parler  que  d'apiés 
la  parole  du  maître  ,  est  lé  contraire  de  l'enthou- 
siasme poétique.  Aussi  l'on  remarquera  peut-être 
quelque  chose  de  pénible  dans  1  exposition  que 
Delille  a  faite  de  ces  phénomènes.  Cependant , 
ii  faut  admirer  le  plus  grand  nombre  de  ses  vers. 
Partout  ils  offrent  des  difficultés  vaincues  ,  des 
expressions  pittoresques  ,  et  des  effets  d'harmonie 
imitative  de  la  plus  rare  beauté.  Voyez  comm'e 
un  seul  accident  de  la  nature  devient  intéressant 
'sous  les  pinceaux  de  ce  grand  peintre;  que  d'idées  i 
il  fait  naître  ,  que  de  sentimens  il  réveille  ! 

Mais  j'apperçois  d'ici  les  débris  d'un  village  : 
H'iin  désastre  fameux  tout   annonce  l'image. 
Qiels  malheurs  l'ont  produit?  Avançons  ,  consultons 
Les  lieux  et  les  vieillards  de  ces  tristes  cantons  [i). 

(l)  Ces  deux  vers  offrent  un  exemple  de  ces 
enjambemens  vicieux  que  Delille  s'est  souvent 
permis  dans  ce  poème.  On  sait  qu'ils  deviennent 
des  beautés  loisqu'ils  produisent  un  grand  tffet 
d'barrconie  iaiiiative  ;  mais  il  faut  en  être  avare. 


1454 

D'ans.  les  troncavîtés  de  ces  roches  profondes 
Où  des  fleuves  futurs   l'air  déposait  les  ondes  , 
L'eau    patini   les    rochers  se  filtrant  lentement , 
De  ces  grands  réservoirs   mina  le  fondement. 
Les    voûtes   tout-à-coup  ii  grand  bruit  ecrouiees, 
Remplirent  ces  bassins  ,  et    les    eaux   refoulées 
Se  soulevant  eu   masse    et  biîsant  leurs  remparts  , 
Avec  les    bois  ,  les  rocs    et  leurs   débris    épars  , 
Des  hameaux,  des   cités  traînèrent  les  ruines. 
Leur  cours  se  lit  encore  au  creux  de  ces  ravines. 
Et  rhermîte  du  lieu,  sur  un   décombre  assis, 
Aux  voyageurs  encore   en    fait  de  longs  récits. 

QueUe  h:irmonie  dans  cette  phrase  poétique  : 
Les  voûtes  teut-à-conp  .  etc.  Remarquez  comme  elle 
est  prolongée  jus-ju'au  cinquième  vers,  pour 
peindre  non-sçulerDent  par  les  expressions  ,  mais 
aussi  par  te  nonnbre.  Elle  semb'e  rouler  avec 
elle  les  débris  des  monts  et  des  cités  ;  et  que 
iherraite  est  bieii   placé  dans  ce    site  sauvage  ! 

La  peipiure  de  Touragan  mériie  également 
déire    ciiée. 

Tantôt  de  Touragan  c'est  le  couts  furieux  ; 
Terrible,  il  prend   son    vol,  et   dans   des    flots   de  poudre 
Part ,  conduisant  la  nuit  ,    la  tempête  et  la  foudre  ; 
Balaye  ,  en  se  jouant ,   et  foret  et  cité  ; 
Befouïe  daus  son  lîl  le  fleuve  épouvanté; 
Jusqu'au  milieu  des  monts  lance  la  mer  profonde  , 
Et  tourmente  ,  en  courant,  les  airs  ,  la  terre  et  l'onde. 
Del.i  sous  d'autres    ckatnpi  ces  champs    eDsévelis , 
Ces  monts  ehgnseant  de  place,   et  ces  fleuves  de  Hts; 
El  la  terre  szns  fruitî -,  sans  fleurs  et  ^ans  verdure  , 
Pleure  en  habits  de  deuU  sa  riante  parure. 

Le  poe'e  n'a-t-il  pas  donné  à  ces  vers  le  mou- 
vemeni  et  ia  rapidité  du  tenible  phénomène  qu'il 
avait  à  peindre?  c'est  avec  peine  que  l'on  trouve 
dans  ce  morceau  deux  vers  dont  les  oreilles 
délicates  seniironl  le  dél'aut  dharmonic;  mais  les 
deux  derniers  le  relèvent  par  une  belK:  image. 

La  découverte  des  villes  jadis  englouties  par 
les  volcans  .  offre  un  tableau  dont  l'admirable 
perfection  enchérit  sur   toute*  les  beautés. 


Dans  c 

désastre  affr 

Quels  son 

imets  ont  cro 

Les  vieux 

âges  Tont  su 

Mais  de 

e   grand  rléa 

Un  jour  , 

pei\t-êtTe  ,  u 

Qiie  rhor 

rihie  volcan   i 

Heurtant 

avec  le  soc 

jcur  les  peuples  de  ces  lieux 

nda  de  ses  feux  , 

i    restes  de  murailles , 
Dtcouvriront  ce  goutTie  ,  et  creusant  ses  entrailles  , 
Contempleront    au   loin  avec   éionnemçnt 
Des  hommes  et  des  arts  ce  profond  monument  ; 
Cet  aspect  s»  nouveau  des   demeures  antiques  ; 
Ces  cirques  ,  ce*  pahis  ,  tes   temples  ,  ces  portiques; 
Ces   gymnases  ,   du  sage  Tiufrcfots  fréquente's  , 
D'hommes  qui   semblent  viv-^s  encore  tout  habite's: 
Simulacres  légers,  prêts  à  tomber  en   poudre. 
Tous  gardant  Tattitude   où  les  surprit  la  foudre  : 
L'un  enlevant  son   fils  ,  l'auire  emportant  son  or  ; 
Cet  autre  ses  écrits»  son  plus  riche   trésor; 
Celui-ci    dans  ses  maias  tient  son  Dieu  tulelaire  ; 
L'autre  ,  non  moins   pieux  ,   s'est  chargé  de   son   père  ; 
L'autre  ,   paré  de  rieura  et  la  coupe  à  la  main, 
A   vu   sa    dernière   heure   et  son  dernier  festin. 

Il  était  impossible  d'amener,  par  un  mouve- 
ment plus  heureux  un  tableau  plus  parfait  et 
plus  intéressant. 

Ces  vers  rappellent  ceux  de  Virgile  :  Scilicet  et 
tempus  veniet  ^  etc.,  que  Delille  a  si  bien  traduits: 

Un  jour  le  laboureur  dans  ces  mêmes  sillons 
Où  dorment  les  débris  de   tant  de  bataillons , 
Heurtant  avec  le  soc  leur  antique  dépouille  , 
Trouvera  sous  ses  pas  des  dards  ronges  de  rouille; 
Entendra  retentir  les  casques  des  héros  , 
£t  d'un   ccil  eSrayé  contemplera  leurs   os. 

On  voit  que  Tidée  de  Virgile  a  fait  naître  celle 
de  Delille  ;  mais  ici  l'imitateur  est  pour  le  moins 
légal  de  son  modelé  ,  et  c'est  ainsi  que  l'homme 
de  génie  en  imite    un   autre. 

Notre  poëte  ne  manque  pas  une  seule  occasion 
de  chanter  sa  patrie  ,  les  campagnes  délicieuses 
de  la  Limagne  ;  il  legreite  que  Buffon  n'ait 
point  visité  les  ;  vestiges  des  volcans  dont  on  y 
reconnaît  encore  les  courans  et  les  foyers.  C'est 
après  avoir  parlé  de  ces  grandes  révolutions  du 
globe,  qu'il  fait  cette  belle  réflexion  : 

:£a  voyant  'du  passé  ces  sublimes  images. 
Ces  grands  foyers  éteints  dans  des  siècles  divers , 
j  Des  mers   sur   des    volcans,  des, volcans   sur  ttea  mers, 
I  Vers  l'antique  chaos  notre  ame  est  repoussée  , 
j  Et  des  âges  sans  fin  pèsent  sur  la  pensée. 

:  Sa  philosophie  s'élève  bien  plus  haut  encore 
i  lorsqu'il  voit  dans  l'histoire  d'un  grain  de 
j  sable  celle  de  Tunivers.  Ce  morceau  su- 
blime ,  qui  fut  publié  quelque  tems  avant  le 
poëme  ,  est  déjà  gravé  dans  la  inémoîre  de  tous 
les  amateurs  des  beaux  vers.  Néanmoins  voua 
me  permettrez  d'en  embellir  celle  leiire.  Ces  vers 
sont  comme  ccUk  de  Lafontaine-,  de  Boileau  , 
de  Racine;  on  les  sait  par  cœuf  i  et  pourtant 
on  aime  eacorc  à  les  fclire. 


Mais  satos  quitter  vos  monts  et  vos  vallons  chétiB.} 
Voyez  d'un  marbre  usé  le  plus  mince   débris; 
Quel  riche  monument  !   De  quelle  grande  iùstoitc 
Ses  révolutions  couserveut  la   mémoire! 
Composé    des  dépôts    de  l'empire  animé  , 
Par  la   destruction  ce  marbre  fut   foruié 
Pour  créer  les  débris  dont  leî  eaux  le  pétrîieni; 
De  générations  quelles   foules  périrent! 
Combien  de   tems   sur  lui   l'océan  a   coulé  î 
Que   de   tems   dans   leur  sein  les  vagues   l*ont  roulé  î 
En    desc'endant   des    monts  dans  ses  profonds  rfbymis  , 
L'océan    autrefois   le  laissa  sur  leurs   cîmes; 
L'orage  dans  les  mers  de   nouveau  le  porta; 
De  nouveau  sur  ses   bords  la  mer  le  rejeta  , 
Le  reprit,  le  rendit:   ainsi  ,  rongé  par  l'âge , 
Il   endura   les  venis  et   les  flots  et  l'orage. 
Enfin,  de  ces  grands  monta   humble  contemporain. 
Ce  marbre   fut    un  roc,   ce  roc  n'est  plus    qu'an  grain; 
Mais  ,  fils  du  tems,  de  l'air   ,  de  la    icrre   et  de  l'ande. 
L'histoire  de  ce  graîn  est  l'iustoire  du   Monde. 

Le  morceau  sur  la  rner  est  aussi  neuf  qu'il'est 
brillant.  Il  est  termine  par  ces  vers  où  i* on  re- 
connaît encore  la  pensée  philosophique  qui 
caractérise  l'histoire   du  grain   de  sable. 

Peïndrai-je  ces  vieux  caps  ,  sur  des  ondes  pendans  ; 
C-es  golfes   qu'à  leur    tour   rongent  les   flots  grondaas; 
Ces   monts  ensevelis  sous  ces  voûtes  obsCures, 
Les  Alpes  d'autrefois  et  les  Alpes  fuitires  , 
Tandis  que  ces  vallons  ,   ces  monts  que  voit  le  jour. 
Dans  les  profondes  eaux  vont  rentrer    à  leur  tour? 
Echanges    étemels  de  la   terre  et  de    l'onde  , 
Qui  semblent  lentement  se  disputer  le  monde  ! 
Ainsi  l'ancre  s'airaclie  où  paissaient   les  troupeaux. 
Ainsi    roulent  des    chars  où  voguaient  des  vaisseaux , 
Et  le  monde   vieilli,    par  la  mer  qui  voyage,  , 
Daus  l'abîme  des  tems  £' eu  va  cacher  son  ige. 

Il  me  semble  qu'on  n'avait  point  encore  ex* 
primé   en  vers  de  semblables  idées. 

Les  eaux  minérales  pouvaient  peut-être  ins- 
pirer au  poë'e  des  pensées  plus  profondes,  et 
lui  offrir  dts  images  plus  iniéressantes.  Il  passe 
à  la  peinture  des  h.jutes  montagnes  ,  et  c'est  ict 
qu'il   redevient  sublime. 

Salut ,  pompeux  Jura  !  terrible  Monftanvert  3 

De  neiges  ,  de  glaçons  entassem  ens   énormes; 

Du  temple  des  frimats  colonnades  informes; 

Prismes  éblouissans  ,   dont  les  pans  azurés, 

DcGant  le    soleil    dont    ils   sont   colorés  , 

Peignent  de  puurpre  et  Ti'or  leur  éclatante  masse; 

Tandis    que  triomphant  sur    son  trône  déglace. 

L'hiver  s*enorgueîllît   de  voir   l'astre  du  jour 

Embellir  son  palais   et   décorer   sa   cour  ! 

Non  ,  jamais  ,   aa   milieu   de   ces  grands  {.h.'nomeœs. 

De  ces  tableaux  touchons  ,  de  ces  terribles  acenei , 

L'imagination    ne-  laisse  dans  ces  lieux 

Ou  languir  la  pensée  ou  repose*  les  yeux. 

Admirons  avec  quel  art  le  poëte  a  su  anfraei* 
ce  cite  imposant ,  en  y  plaçartt  l'hiver  sur  son  trône 
déglaces. 

Dans  son  poëme  du  verger  ,  Fontanes  a  traSté  la 
même  sujet.  Je  rapprocherai  son  tableau  de  celui 
de  Delille  ,  comme  on  a  placé  dans  notre  mu- 
séum deux  tableaux  semblables  (i)  ,  l'un  du 
Dominiquin  et  l'autre  du  Garache  ,  en  laissant 
aux  connaisseurs  le  soin  de  décider  de  la  pré- 
férence entre   ces    deux  grands  peintres  ; 

J'admire  la   nature    en    ses    sublimes  jeux  ; 
Mais  si  je  veux  jouir  de   ses  grandes  images  , 
Je  m'écarte,  je   cours   au  fond  des  lieux  sauvages. 
Alpes  ,  et   vous,  Jura  ,  je  reviens  vous  chetcheri 
Sapins  du   Montanveit  puissiez-vous  me  cacher  1 
Dans  cet  antre  azuré  que  la    glace    eilvironne, 
QLi'entends-je  !   l'Atveron   Bondit,  tombe  et  bouîHon&c, 
Réjaillît  et  retombe  ,   et  menace  à  jamais 
Ceux  qui  tentent  l'abord  de  tes  spres  sommets. 
Plus  haut  l'aigle  a  son   nid  ,  Téciair   luit ,  les  vents   grotident. 
Les  tonnerres  lointains  sourdement  se  répondent. 
L^^gueil  de  ces  grands  monts  ,  leurs   immenses  contoors,' 
Cent  siècles  qu'ils  ont  vu  passer  comme    des  jouis  , 
De  l'homme  humilié  terrassent  l'impuissance  ; 
C'est  là  qu'il  rêve  ,   adore,    ou   irémit  en  silence. 

Les  deux  poètes  passent  également,  par  une  oppo- 
sition savante  ,  de  ces  tableaux  terribles  à  la  pein- 
ture  des  valions  ,  des  vergers    et   des  plus  frais 
paysages.  Cependant  Delille  ,  avant  de  produire 
cet  heureux    contraste  ,   a    dessiné  encore  un  ta* 
bleau   sombre  ,   effrayant  et  d'une  ■exécution  ad- 
mirable ;  c'est  celui  des  avalanches. 
Malheureux  cependant  les  mortels  téméraires 
Qui  viennent  visiter  ces  horreurs   solitaires. 
Si,   par  un  bruit  prudent,  de  tous  ces  noirs  frimats 
Leurs  tubes  enflammés  n'interrogent  l'amas  ! 
Souvent  un  grand  elfet  naît  d'une  faible  cause^ 
Souvent  sur  ces  hauteurs  l'oiseau  qui  se  repose 
Détache  un  grain^de  neige  ;    à  ce  léger  fardeau. 
Des  grains  dont  il  s'accroît  se  joint  le  poids  nouveau;         ; 
La  neige  autour  de  lui  rapidement  s'amasse  ; 
De  moment  ea  moment  il  augmente  sa  masse: 


i 


(j)  La  communioa  de  Sainç-Jérôme. 


1455 


\ 


V'aJT  en  tremble  ,  et,  soudain,  sVcroulant  à  la. 'fois,  "  ,, 

lîes  hivers  ent^sséa  répouvanlabljj  jj9i(i§j;  ^,      u^^ 

Bondit  de  roc  en. roc,  roulcjdç  ^ifl\c  en  çîi\ic,  ,  _,     •/ 

Et   de  sa  chute  immense  ébranle  au  loin  Pabîme,  j  ujvi  Jlta'^ 

Les  hameaux  sont  détruits  ,.et  les  .bois   emportés.j  m^ 

On  cherche  envain  la  place  où  furent  les   cile's  ; 

Et  soùs  le  vent  lointain  de  ce8»TfTpes  qul'tombent  > 

Av.^nt  d'être  frappés  les  voyageurs  Succombent,     ''i  Itirm  ivl 

Ainsi  (^uand  des  excès  suivis   dîexcès  nouveaux'-'    i|^i   M\^\ 

D'un  état  par  degré  onr  préparé  les-  mauit,        '^  "^  ï^  ?'  ""' 

De  malheur  en   malheqr. sa  ,chtïtç: se  consomme::" o"    i^.'UiVT 

Tyr  n'est  plus,  Thebes  meurt,   etles  yeux  cherchent  Rome. 

,  (^elle  richesse  rd'exprëssion  dans  ces  vers  ! 

Dci  ftîbeTS  mlaiiU  ^  l'e'pqu^vaDtable  poids. 
Etrsous.le  vent  lointain 'de  eu  atpes  qui  tombent. 

•  Oa  ne  sait  ce  qu'on  doit  le  plus  admirer,  ou 
deJa'beauié  de.ces  métaphores  ou 'ds  Iharmonie 
des  vers  ,  ou  du  grand  sens  de  la  comparaison 
qui  termine. 

C'est  immédiatement;  ;après  cette  magnifique 
peinture  que  le  poêle  redes.cend  dans  les  cam- 
pagnes les  plus  riantes  ;  qu'il  chante  les  fleurs 
et  la  botanique  qui  apprend  à  les  connaître  .,  et 
vju'il.  décrit  une  herborisation  faiie  avec  Jussieu 
par  ses  nombreux  élevés. . 

La  description  des  paysages  amené  naturelle- 
ment l'idée  de  la  botanique  ,  et  le  go^t  de 
celte  science  celui  des  autres  parties  de  l'histoire 
naturelle  ,  et  des  collections  de  plantes  ,  de 
minéraux  ,  d'animaux  et  d'insectes.  C'est  ici  que 
le  poêle  ,  en  donnant  des  conseils  snr  la  for- 
mation d'un  cabinet  d'histoire  naturelle  -,  fait  des 
descriptions  très-savantes  de  tous  ces  objets.  J'y  ad- 
mire sur-tout  avec  quel  art  il  a  su  vaincre  des 
difficultés  prodigieuses  dans  ces  descriptions  qui  ., 
par  leur  nature  ont  le  défaut  de  ressembler 
un   peu    trop    à    des  nomenclatures. 

Mais  ces  détails  mêmes  sontremplis  de  beautés, 
et,  comme  on  l'a  très-judicieuseraenf  observé, 
il  n  est  presque  pas  un  seul  de  ces  vers  qui  ne  soit 
une  conquête  pour  la  versification  française. 

Delille  a  terminé  ce  chant  dont  le  sujet  est 
si  magnifique  ,  par  des  vers  sur  sa  chatte  ;  ces 
vers  sont  charmans  ,  il  est  vrai ,  mais  ne  seraient- 
ils  pas  mieux  placés  dans  une  épîire  badine  qu'à 
la  lin  d'un  riche  tableau  des  révolutions  du 
globe  et  des  trois  règnes  de  la  nature. 

Vous  allez  me  demander  sans  doute  quelle  a 
été  sur  ce  chant  l'opinion  de  l'homme  de  goût 
dont  je  vous  ai  rapporté  dans  une  précédente  lettre 
des  observations  si  judicieuses.  • 

Je  vais  transcrire  ce  qu'il  dit  du  chant  que  nous 
venons  d'examiner  ,  et  ce  morceau  terminera  ma 
làHXfts.  beaucoup  mieux  que  je  ne  pourrais  le  faire 
moi-même. 

uDans  leiroisieme  chant, dont  le  sujet  seul  serait 
la  matière  d'un  grand  poëme  ,  j'ai  été  et  je  suis 
encore  frappé  d'un  vice  secret ,  couvert  par  beau- 
coup de  souplesse  dans  les  vers  ,  et  par  de  l'éclat 
dans  l'expression  ,  une  nomenclature  trop  suivie 
et  trop  uniforme  des  productions  de  la  nature. 
J'ose  encore  vous  avouer  que  je  regrette  de  n'y 
pas  trouver  un  épisode  d'un  grand  genre,  que 
mon  imagination  ,  toute  pat^vre  qu'elle  est ,  en- 
trevoit vaguement  ,  soit  près  des  volcans  ,  soit 
près  des  mers  ,  soit  près  dés  eaux  thermales  ,  soit 
dans, les  terribles  montagnes  ,  soit  sur-tout  près 
des  plantes  ,  objets  décrits  par  le  poëie  ,  peut-être 
avec  un  peu  de  monotonie.  Je  ne  puis  regarder 
le  morceau  d'uri  cabinet  d'histoire  naturelle 
comme  un  épisûde.  J'y  vois  un  moyen  heureux 
pour  le  poëie  déluder  les  grandes  ,  mais  bien 
séduisantes  difficultés  du  sujet  de  ce  chant.  C'est 
la  miniature  d'un  colosse.  Je  ne  trouve  point 
l'herborisation  traitée  avec  tout  le  charme  que 
l'imagination  pressent  et  devine  encore.  Les  eaux 
thermales  pouvaient  être  mieux  décrites  ,  et  sans 
icnoncer  aux  vers  piquans  sur  les  malades  ,  la 
poésie  pouvait  retremper  ses  pinceaux  dans 
ces  eaux-là  ,  et  nous  reproduire  savamment  ces 
secrets  travaux  et  ces  combinaisons  merveilleuses 
de  la  nature.  Les  eaux  thermales  sont  très-poé- 
tiques ,  et  méritaient  de  l'être  davantage  en  vers. 
Dans  l'épine  de  Colardeau  à  M.  Duhamel,  on 
trouve  des  vers  charmans  sur  le  même  sujet  ,  et 
qni  ne  le  cèdent  point  à  ceux  de  Delille.  On 
S^apperçoit  un  peu  dans  ce  chant  qne  le  poëte  ne 
compose  ses  vers  qu'à  l'aide  des  voyages  et  des 
écrits  d'histoire  naturelle.  Il  s'en  sert  ^vec  facilité 
et  avec  précision ,  il  est  vrai ,  ce  qui  n'était  pas  aisé, 
mais  il  m'a  paru  manquer  d'élan  ,  d'inspiration  , 
d'une  muse  enfin. 

))ll  y  a  toutefois  dans  ce  chant  deux  très-beaux 

Îiassages  ,  celui  du  marbre  qui  fut  un  roc  :  c'esi- 
à  un  morceau  d'un  genre  neuf;  et  celui  sur  la 
mer  rjui  ,  sans  être  également  original,  est  un 
exemple  de  ce  que  le  poëte  aurait  pu  faire  sans 
offrir  la  moindre  trace  d'aridité  ou  de  déclamation. 
Il  a  craint  l'un  ou  l'autre  de  ces  défauts,  et  il  a  été 
moins  instructif  ,  moins  intéressant  qu'il  eût  pu 
1  être  ,  dans  le  chant  qui  semblait  devoir  le  plus 
conduire  son  beau  talent  à  ce  double  effet.  Je  ne 
veux  pas  oublier  le  morceau  sur  les  fouilles  d'une 
ville  engloutie  ,  dont  le  mouvement  est  une  irai- 
Uiion  itès-nalutcUc  et  très-belle  du  morceau  des 


Géorgiques  de  Virgile  sur  les  débris  des  ossemens 
rftmains  dans  lescliamps  de  Philippes.  Mais  je 
suis  presque  irriié  que  ce  chant -si  grave  par  le 
yijel  et  même  si-  impoS-ini  tel  (ju'il  est  traité, 
.naisse  ijjar  des  vers,  il  est  vrai  iièsrjolis  ,  sur  la 
;chaite.  (Jii-jpoëie.  Delille  a  tant  d'art  que  cela  ne 
iparaît  point,  daborti  une  disparate  ;  mais  je  crois 
|t>'être  pas  le  seul,  à  regretter  que  ce  chant  ne 
soit  pas  terminé  «ruquelquc  sotte  par  un  hymne 
à  la  Natuie  ou  à  son  auieur.  )i 
i  Cette  critique  judicieuse  oià  l'on  trouve  des 
remarques  si  Unes  et  des  appetçus  si  nouveaux  et 
si  intéressans ,  me  paraît  quelquefois  trop  sévère  , 
surtout  depuis  que  j'ai  analysé  le  troisième  chant 
des  Géorgiques  françaises.  L'auteur  reproche  à 
Delille  d'avoir  décrit  les  grands  phénomènes  de 
la  nature  avec  itn  peu  de  ?jionolonie.]e  nccsuis  point 
de  son  avis  :  il:a  parlé  des  plantes  avec  grâce:., 
des  eaux  thermales  en  vers  piquans,  des  mers  , 
des  volcans  ,  des  montagnes  cri  Vers  sublimes  ;  et 
dans  la  peinture  de  ces  divers  obj.-ti  ,  il  a  su 
employer  les  couleurs  variées  et  les  effets  d'har- 
monie imiiaiivc  qui  les  caractérisent.  On  peut  cri- 
tiquer ,  sans  doute  ,  qudques-i^ns  de  .ces  mor- 
ceaux ;  mais  l'ensernblc  ne  peut  être  accusé  de 
monotonie.  S  il  y  en  a  dan?  ce  chant  ,  c'e-st  à  la 
fin  ,  dans  les  nomenclatures  :  sur  ce,  point  nous 
sommes  d'accord.  Je  suis  étonné  que  mon  judi- 
cieux ami  ne  compte  que  trois  morceaux  très-beaux 
dans  ce  chant.  J'en  ai  cité  sept  qui  me  paraissent 
tels  ,  et  pourtant  je  n'ai  point  transcrit  la  descrip- 
tion des  iiisectes  qui  finit  par  ce  vers  sublime  : 
Dont  un  seul  prouve  un  Dieul,  dont  un  seul  vaut  un  Monde. 

Enfin,  il  reproche  à  Delille  d'avoir  été  peu 
instructif  et  peu.  intéressant.  Je  conviens  qu'il 
pouvait  lêtre  davaniase;  mais' dans  la  nouvelle 
production  dont  nous  non*  occupons  ,  le  poëie 
s'est  montré  grand  philosophé,  et.il  est  peu  de 
Ses  vers  qui  ne  jetent  dans  les"  esprits  le  germe 
fécond  de  pensées  fortes  et  de  réflexions  pro- 
fondes. 

Quelles  que  soient  les  observations  dans  les- 
quelles cet  examen  nous  a  enlr.iinés  ,  nous  espé- 
rons qu'on  appréciera  le  sentiment  qui  les  dicre. 
Le  respect  vrai  n'est  point  un  sentiment  aveugle  ; 
mais  sur-tout  si  le  hasard  fait  tomber  ces  lettres 
sous  les  yeux  de  l'homme  illusire  qu'elles  con- 
cernent ,  celui  qui  les  écrit  ,  celui  dont  les 
remarques  ont  été  empruntées  pour  être  fami- 
lièrement contredites  ,  se  plaisent  à  croire  que 
le  poëte  reconnaîtra  en  eux-  ses  plus  sincères 
admirateurs. 

P.  S.  Permettez-moi    dé  corriger  ici   quelques 
fautes  qui  se  sont  glissées  d.ns  mes  précédentes 
lettrés. 
i"=  Lettre.  — L'auteur  du  noove|  Art  poétiquelatin 

qui  fut  ûédié  à  Innocent  III  dans  le  i3*  siècle  , 

se  nommait  Geoffroy  de  Vinsauf ,  et  non  pas 

Gautier. 
2=  Lettre.  —  4"=  colonne  ,  pour  en  enrichir  les  letr 

très,  lisez:  mes  lettres.  ; 

0'  Lettre.  —   i'''    colonne,   avec    le  style  de  ce 

chant  ,   lisez  :   avec   le  sujet   de   ce   chant. 


AGRICULTURE. 

Parmi  la  grande  quantité  de  végétaux  que  j'ai 
recueillis  dans  les  environs  de  Beauvais  ,  pour 
former  le  jardin  botanique  de  1  école  centrale  du 
département  de  lOise  ,  daprèi  la  méthode  établie 
par  le  cit.  Debrun  ,  professeur  d  histoire  naturelle, 
j'ai  vu  avec  plaisir  difFérentes  espèces  qui  n'iant 
pas  été  apperçués  !par,  l'œil  observateur  de  nos 
infatigables  botanistes  qui  ont  fait  differens  ou- 
vrages sur    les  environs  de  Paris. 

Ces  espèces  de  plantes  sont  : 

Lé  loaccinium  vitis  -  idaa  .-Airelle  ponctuée; 
genre  de  plante  de  la  famille  des  bruyères  ,  qui 
forme  une  espèce  de  petit  arbrisseau  très-agréable 
par  ses  feuilles ,  qui  ressemblent  un  peu  a  celles 
du  buis  ,  et  qui  persistent  pendant  tout  l'hiver  : 
ses  fleurs  sont  d'un  blanc  rougeâtre,et  disposées  au 
sommet  des  liges  en  petites  grappes  penchées.  Il 
leur  succède  des  bayes  qui  sont  d  un  beau  rouge 
dans  leur  maturité  ,  et  qui  ont  tjne  saveur  acidulé 
assezagiéable.  -    s,  , 

J'ai  trouvé  cette  plante  dans  les  bois  au-dessus 
de  Sainl-Germaiii-là-Pbterie  .  daf)s  des  endroits 
un  peu  marécageux  ,  dont  elle  couvrait  une  très- 
grande  partie  du  terrain.  ' 

LeChrysospleniumaliernifolium,DoT\ne  à  feuilles 
alternes  ;  genre  de  plante  à  fleurs  incomplettes 
de  la  famille  des  saxifrages.  Sa  racine  est  com- 
posée de  très-petites  fibres ,  et  pousse  des  tiges 
herbacées  ,  tendres  ,  un  peu  "anguleuses  ;  ses 
feuilles  sont  alternes  ,  pétiolées  ,  arrondies  ,  ré- 
niformes  et  crénelées.  Les  fleurs'  sont  jaunâtres  , 
presque. sessiles  au  sommet  de  la  plante. 

J'ai  trouvé  cette  plante  auprès  de  la  fontaine 
de  Goinco'urt  ,  dite  la  Fontaine-Vallon,  en  très- 
grande  quantité.  J'ai  trouvé  également  dans  le 
même  endroit,  l'autre  espèce  à  feuilles  opposées, 
Chrpospleniutn  oppositifolium  ,  Dorine  à  feuilles 
opposiÎL-s  :  ce  qui  forme  ce  geors  complet.  ' 


Le  Saim'ttiandria;  Saule  à  'Irois-éiAitùnét  t 
genre  de  plante  -de  "»  lamiUefdes  iWintacé'esV  , 
qui  forme  mi  arbre  de  «ibvenne  grandeur^j  deSÏ* 
les  l<;uilles  -sont  ^ancéojéfs  ,'-■  dentées  'cl  •j.nâlWè'sr'' 
les  fleurs  mâles  ont 'trois  élamines,  dfe(H(  cell-e 
du. milieu  est  plus  alongée.  J'ai  iiouié- cet  arbre 
sur  le  bord  des  fossés, qui  pnvironn&nt  les  jardins 
de  la    Poterne.  dabqHdailC/e,,,  à.  Beauvais. 

Le  ciioyen  ThuiUier  fait  m  -nlion  de  cette 
espèce  d-iiis  sa  seconde  édition  ,  comnie  l'ayajit 
trouvée' dans  les  environs  'Je  Paris;  mais  corumçf 
il  '  h't'ti  a  parle  aucutiement  dans  sa  py^tr^iire,  '■" 
Flore  des  environs  de  Paris  ,  il  est  probable  ,q,ti,'il 
ny^a  pas  ti'és-long-tems  qu'il  en-  a  fait  la  de- 
couverte.     ■        '-11  i.i  1..1  11  ,■  .'  I  "'','■•'•'5^ 

LEtîRtts  .jardinier^  %e}'i'H\%^f  cenljdi^  ,    ■ 
de  Beauvais.  .         '   '  ^ 

{Extrait  du  journal  du  dFpà}temini"de  f'O'we,  n,°  y.j 


Au  Pddacteur, 

Calmar  »  .lé  i^fructidar  an  8. 
Citoyen  , 

La  triste  confirmation  et  les  affreux  détails  de 
l'assassinat  du  brave  général  Kléber  qpe  renferme 
votre  feuille  du  tg  de  ce  mois  ,  ont  sans  doute, 
profondément  affligé  et  indigné  tous  les  fiançais  ; 
que   dis-je  !    tous  les  amis    de  l'humanité  ;   ils  ont 

I  navié    le  cœur  des  citoyens  des  départemens  du 

.  Riiin  ,  qui  l'onf  vu  naître  parmi  eux.  Strasbourg 
revendiquera  sans  doute  I  honneur  d'inscrire  son 
nom  sur  la  colonne  nationale  ,   élevée   dans  celte 

'  commune  :  en  effet  ,  il   e-st  né  dans   ses    murs  ; 

i  mais  c'est  dans  le  Haui-Rhin  qu  il  a  passé  la 
m.njeure  partie  de  sa  jeunesse  ;  c  est  à  la  tête- 
d'un  bataillon  du  Haui-Jlhin  quil  a  comrnencé 
Sd  carrière  militaire  au  service  de  la   république  v-. 

j  il  est  peu  de  communes  dap.s  le  Kaut-Rhiii  où- 
ne  se  trouve  un  ciioyen  qui  n'ait  connu  ses  yei'tus 
sociales,  ou  un  défenseur  de  là  pallie  qui  n'ait 
vaincu  sous  son  commandement/,  jugez  de  notre 
douleur. 

Jaloux   d'en    laisser  un  témoignage  .durable   ; 
jaloux,  de  mêler   son  souvenir  à  cel..ii  des  braves 
de  notre   dépanement    qui    sont  morts   pour    la  - 
piairie  ,   un  vœu  presqu  unanime  a  été  prononcé 
dans  cette  ville  pour   ériger  un  monument  à  sa 
mémoire  ;  une  souscription  volontaire   s'est  ou- 
verte sur  le  champ  ;    en  deux    heures  ,    60  habi- 
tans  de  Coimar  oilt    signé;   deia.,.in'  ce    nombre, 
va  s'augmenter  ;  demain  la  souscripiion  s  étendra 
aux  aiîtres  communes  de  ce    dépanement  ;.  pet- 
mettez-moi  de  vous  eh  a^'resser   le  pro^pecliis  ; 
il  vous    dira   ce   que    nous  pensions    de  Kléber 
avant- qu'il  4ût  coniiu     du   resie    du    monde;  il 
vous  dira  toute  l'amertume  de  nos  regrets. 
Salut  et  considération. 

Vn  citoyen  de  Colmar. 
Projet    de   souscription. 

La   république   vient  de    perdre  un  des  héros 
qui  l'illustra   le  plus  par  ses  vertus  ,   ses  taleiis. 
et  son  caractère  :  Le   brave  Kléber  a  succombé^ 
non  ,.  aux  dangers   qu'il  affronta  cent  fois   pour', 
sa'  patrie ,  mais  sous  la  liaain  d'un  vil  assassin  ! 

Habitais  du  Haut-Rhin!  nous  avons  perdu 
de  plus  un  compatriote  ,  un  ami  ;  nous  qui  l'es- 
tinjions  ,  qui  le  chérissions  avant  de  l'admirer, 
ne  lui  payerons  nous  pas.  en  particulier  le  juste, 
tribut  cie  notre  hommage  et  de  nos  regrets  ? 
Oui  ,  un  seul  sentiment  nous  anime  â  cet  égard  ;  , 
iin  monument  d'une  noble  simplicité  ,  dont  une 
souscripiion  volontaire  fera  les  frais  ,  dont  le 
plan  et  l  exécution  seront  arrêtés  par  une  com- 
mission nonimée  par  les  souscripteurs  et  présidée; 
par  le  préfet,  sur  les  dessins  que  lui  présentera.,' 
un  artiste  écl.riré  ,  sera  érigé  à  la  mémoire  de 
ce  grand  homme  dans  le  chef- lieu  de  noire 
département,  et  éternisera  noire  douleur  et  notre 
attachement.  '' 

•;o( 

Ceux  qui  désireront  contribuer  à  l'exécutiiiin!-» 
de  ce  projet,  voudront  bien  souscrire  pour,  umal) 
somme  quelconque  au  baS  du  présent.  .  .:.r.%  h. 

Les  cinquante  premiers  souscripteurs  poliraient' 
se  réunir  le  jour  du  déca'i"  pour  hpmtftè'.i''' 
la  commission  qui  sera  chargée  de  t'églér . 't'àm" 
le  mode  de  perception  et  1  emploi  des  fonds*,''' 
que  le  plan  et  l'exécution  de  ce  monument.  '  '';  *• 
Suivent  une  fouh,  de  signatures. 


Paris  ,  /e  s5  fructidor. 
Votre  feuille  du  20  de  ce  mois  m'a  porté  un 
coup  bien  sensible  ,  en  m'apprenant  la  mort  de 
Gloutier  ,  membre  de  l'institut  d  Egypte  et  admi- 
nistrateur général  des  finances  de  larméed  Orient. 
Permettez-moi  de  satisfaire  le  besoin  le  plus  im- 
périeux de  mon  ame  ,  par  une  courte  notice  sur 
sa  vie. 

.  Alexis  Gloutier,  né  à  Ninvîlle",  dèpartemènCtle 
la  Hauie-Marne  ,  était  destiné  par  sa  famille  à 
l'état  ecclésiastique.  Il  finit  ses  études  à  Paris  ,  et 
y  fit  ,  sous  l'abbé  Marie  ,  de  très-grands  progrès 
dans  les  mathématiques  ,  dont  il  donna  lui-raitne 
les  premières  Ictjons  à  madame  Condorcet. 


gep^jidanr ,  pat  uort  enchaàietnent  de  cftcoris- 
tanc«9 .,  qu'il  serait  inviiil  »  de  rappeler  ici ,  il  se 
l{()^v-ail  en  1787  sans  éiat  et  presque  sans  res- 
«9\i^es, ,  et  ses  païens  le.  pressaieni  d'entrer  dans 
les  ordres. 

Mais  si  son  anie  sensible  et  naturellement  con- 
templative le  rendait  véritablement  religieux  , 
son  cœur  aimant  et  sa  moralité  sévère  lui  lésaient 
détester  l'obligation  du  célibat. 
Tl  aima  mieux  vivre  plusieurs  mois  de  deux 
leçons  qu'il  donnait  par  jour,  que  de  trahir ,  par 
des  vœux  ,  ses  opinions  et  sa  Ijberié. 
.  L'kbbè  Marie  av^it  a)o;rs  avec  mon  père  quel- 
ques relations;  il  lui  fit  connaître  GlOutier  ,  et 
bientôt  mon  frère  et  moi  fûmes  confiés  à  ses 
sbinV.'  •■■■■"■'' 

JL^s  qualités  de  sqn  coeur,  la  justesse  de  son 
esprit  et  la  candeur  de  son  cataciere  ,  en  lésant 
le  bonheur  de  ses  élevés  ,  le  rendirent  bientôt 
l'ami  le  plus  intinie  de  leurs,  parens. 

V  II, prit  auptès  de  mon  père  ,  et  des  savans  dis- 
tingués qui  comf.osaieiit  alors  sa  société,  le  goût 
des  sciences  naturelles  ,  et  y  reçut ,  d'après  les 
principes  de  Turbot,  les  premières  leçons  d'éco- 
nomie politique. 

Patriote  ardent.,  mais  sage ,  dès  l'aurore  de  la 
liberté  ,  Glouiier  seconda  puissamment  mon  père 
dans  tout  ce  qu  il  entreprit  pour  l'établir  et  la  con- 
solider sur  les  bords  du  Rhin. 

En  1791  ,  il  fut  administrateur  du  département 
du  Bas-Rhin.  Son  intégrité  profonde  ,  ses  lumières 
et  la  bonté  de  son  cœur  ,  y  ont  latsssé  des  sou- 
venirs durables, 

Ja'mais  il  ne  fut  au  pouvoir  d'aucune  circons- 
tance ,  d'aucun  individu  ,  de  le  faire  dévier  un 
moment  des  opinions  politiques  ,  ni  des  prin- 
cipes d'administration  qu'il  s  était  d'abord  formés. 
Un  style  pur  et  clair,  une  diction  facile,  abon- 
dante et  sonore  ,  se  joignaient  à  la  solidité  de 
ses  idées  ,  à  la  sensibilité  de  ,3on  ame  ,  à  la  sûreté 
de  sa  logique,  pour  le  faire  entendre  avec 
charme  ,soit  qu'il  improvisât  dans  les  discussions 
publiques  ,  soit  qu'il  produisît  son  travail  aux 
séances  du  département. 

Cependant  Gloutier  fut  enveloppé  dans  l'arrêté 
de  suspension  arraché  au  ministère  à  la  fin  d'août 
179s,  contre  la  majorité  des  administrations  du 
Bas-Rhin,  dont  le  plus  grand  crime  était  leur 
attachement  pour  mon  père ,  et  l'ideniiié  de 
leurs  principes  avec  les  siens. 

Mon  père ,  suspendu  de  ses  fonctions  contre 
l'avis  des  commissaires  envoyés  par  l'assemblée 
législative  à  Strasbourg,  mandé  à  la  barre  et  dé- 
crété d'accusation  .,à  la  sanglante  époque  du 
s  septembre  ,  voulait  se  rendre  à  Paris. 

Gloutier  ne  craignit  que  pour  son  ami  la  rage 
de  lèuis  communs  persécuteurs,  et  quoiqu'cn- 
veloppé  dans  la  même  proscription,  il  exigea 
qu'il  s'arvê'âl  en  roule  ,  et  lui-même  il  v'nt  seul 
à  Paris  pour  s'assurer  du  degié  de  sutelé  que  le 
niaire  de  Sirasbouig  aurait  pu  y  trouver.  Là  il 
fut  convenu  entre  lui  ,  Condoxcet ,  Achilles 
Duchâielet  et  Dufalga  ,  que  mon  père  devait 
suspendre  son  arrivée ,  et  provisoirement  se 
cacner  ou  fuir. 

Cependant  ceux  à  la  fureur  desquels  ils  vou- 
laient le  soustraire  ,  cherchaient  Gloutier  lui- 
même  pour  le  conduire  à  l'Abbaye.  Il  eut  le 
bonheur  d'être  averti  .•  le  citoyen  Lacuce  de- 
manda pour  lui  au  citoyen  Servan  ,  ministre 
alors,  un  passeport  de  courrier,  qui  lui  fut 
délivré  sur-le-champ  avec  un  empressement  dont 
je  me""  plais  à  rendre  ici  l'hommage  à  ces  deux 
citoyens  :  il  franchit  ainsi  les  barrières  pen- 
dant le  massacre  même  auquel  il  venait  d'é- 
chapper. 

Mon  pete  prévenu  par  lui ,  retourna  sur  ses 
■pas ,  et  à  travers  mille  dangers  gagna  les  frontières 
de  la  Suisse  ;  mais  à  peine  crut-il  voir  le  règne  des 
lois  rétabli  ,  qu'il  vint  se  constituer  piisonnier  , 
et  demander  des  juges  à  la  convention  nationale. 
Gloutier  vient  au-devant  de  lui ,  l'accompagne 
à  Paris  ,  et  s'établit  son  défenseur. 

Dès  cemotnent,  ilii'a  cessé  de  veiller  sur  lui , 
cl  de  lui  prodiguer  avec  un  zèle  infatigable  ,  au 
inilieu  des  dégoûts  et  des  dangers  de  tout  genre  , 
de»  soins  que  l'amitié  la  plus  tendre  et  l'estime 
la  plus  réfléchie  peuvent  seules  imaginer.  —  Il 
s'est  oublié  lui-même  ,  et  n'a  plus  existé  que 
pour  son  ami.  Pendant  près  d'un  an  ,  il  i  cons- 
tamment obsédé  les  comités  de  la  convention  ,  les 


1456 

ministres,  les'représèntanset  les  tri¥uriauw;ie.o  lei»? 
demandant  justice  avec  un  «touia'ge  (('.Vi  nniacha  } 
ces  mots  au  barbare  Saint-Juçt  i  jevOKdf.-ih  avoir, 
un  ami  comme  vous.  Q_uel  estidonc  ctBiànich  , 
s'il  inspiie  un  tel  dévouement?  Il  rocessp  ;^<J»»J- 
je  ,  de  proclamer  l'innocence  et  les  ^ervictW  de 
mon  père;  et  devenu  son  génie  latelaire  .,  '»  "se 
reproduisit  par-iout  où  il  éi.iu  nieuacé.  'Il  :iui  e-n 
t7g3  élu  officier  municipal  à  Sirjsbou.'^;  à  une 
grande  majorité  ,  mais  presqo'aussiiôt  dtsiiiué  ; 
tin'à.n  ,  frappé  lui-même  d'un  mandai  d'jnêi  ,  il 
alla  s'y  soustraire  dans  le  village  qui  1  av?tt  vu 
naître. 

Cependant  la  proscription  s'étendait  aussi  sur 
mon  frcre  et  sur  moi  :  enlevés  malgré  nous  à  nos 
drapeaux  ,  nous  éiions  encore  bannis  de  notre 
département.  :  Glouiier  voulut  partager  avec 
nous  .son  asile  ;  nou>  étions  léunis  depuis  quatre 
jours  ,  lorsquon  nous  arrêta  tous  trois; 

Les  autorités  constituées  du  Bas-Rhin  ,  infor- 
mées de  cet  événement ,  nous  dénoncèrent ,  et 
sur-tout  Gloutier,  de  la  manière  la  plus  atroce. 

Bientôllebruit  se  répondit  qu'un  représentant  en 
mission  envoyait  Glouiier  au  tribunal  révolution- 
naire. Nous  piéparâmes  son  évasion  ,  elle  était 
sûre  :  nous  embrassâmes  Sfs  genoux  ;  on  m'ar- 
rachera peut-être  de  vos  bras  ,  nous  dit  il  ,  mais 
jamais  ce  ne  sera  moi  qui  me  séparerai  de  vous , 
il  resta.  Le  représentant  remit  dans  la  nuit  une 
dépêche  du  comité  de  salut  public  qui  l'envoyait 
en  Suisse.  L'ordre  de  la  translation  de  Gloutier 
à  Paris  était  ^ninuté  :  elle  fut  ajournée  ;  mais 
dans  l'inlervalle  le  comité  de  salut  public  fut 
exclusivement  investi  du  droit  d'ordonner  de 
pareilles  mesures  ,  et  notre  ami  fut  sauvé. 

Cependant  mon  père  avait  péri  ;  toute  ma 
famille  était  dans  les  fers  ;  nous  n'avions  plus 
rien.  —  Gloutier.  pour  nous  soutenir  ,  dépensa 
tout  ce  qu'il  possédait  encore  ,  et  sa  lamijle  même 
fut  mise  à  contribution  pour  nous  faire  exister. — 
Toujours  sublime  ,  toujours  calme  ,  il  avait  sou- 
tenu jusqu'au  10  thermidor  ,  le  courage  et  l'exis- 
tence de  ses  malheureux  élevés.  Celte  journée 
mit  fin  à  tant  de  misères  et  de  périls. 

Gloutier  fut  attiré  à  Paris  ,  et  entra  bientôt 
comme  chef  dans  les  bureaux  du  comité  de  salut 
public.  Il  y  donna  de  nouvelles  preuves  de  ses 
talens  et  de  son  intacte  probiié.  Il  a  continué  de- 
puis d'être  mon  appui  et  celui  de  tous  les  miens  , 
jusqu'au  moment  où  l'expédilion  d'Egypte  fut 
proposée. 
Son  esprit  philosophique,  toujours  ardent  à  s'ins- 
truire ,  et  petit-être  aussi  un  excès  de  délicatesse, 
qui  lui  fil  craindre  de  devenir  à  charge  à  une  fa- 
mille dont  il  voyait  la  fortune  anéanlie  ;  Us  ins- 
tances de  Dufalga  .  son  intime  ami  ,  son  attache- 
meni  pour  K.leber  et  pour  Desaix  ,  la  gloire  enfin 
attachée  au  nom  de  celui  qui  devait  diriger  l'exé- 
cution de  cette  grande  entreprise  ,  se  réunirent 
pour  l'entraîner.  Il  fut,  hélas  !  sourd  à  nos  prières, 
ei  porta  dans  un  autre  continent  ses  lumières  et 
ses  vertus. 

Je  n'ai  pu  recueillir  des  renseignemens  assez 
précis  sur  celle  dernière  partie  de  sa  vie.  La  ma- 
niéré dont  s'exprime  à  son  sujet  la  relation  offi- 
cielle du'général  Mencu  ,  atteste  qu'il  ne  s'y  est 
pas  démenti  ,  et  que  j'aurai  un  continuateur. 
Et  si  ,  à  des  témoignages  aussi  flatteurs  ,  il  m'est 
permis  d'ajouter  le  plus  "honorable  de  tous  4  on 
assure  que  le  premier  consul  l'avait  distingué 
particulièrement,  et  lui  avait  accordé  plus  dune 
fois  des  marques  flatteuses  de  son  estime  ;  je 
sais  au  surplus  qu'il  s'était  occupé  d'une  rela- 
tion exacte  de  l'expédition  , qu'il  avait  fait  beau- 
coup de  recherches  sur  les  antiquités  ,  l'histoire, 
et  létal  actuel  de  lEgypie. 

Son  journal  sera  sans  doute  un  des  monuraens 
les  plus  intéressans  de  cette  étonnante  entre- 
prise. 

j.  A.  Frédéric  Diétrich. 


moi  ,   quai  Vohaire  ,  n".   lo  .   ou  cher  tous  les' 

libraires  et  directeur^  deS-  pbsles  de  la  république.^ 

Veuillez,  citoyen  ,  trié  fliire  la  fâve.iir  de  pub  her' 

celte  Jettre,  '■  ■<''"- '>^'      '■       '  '  '  '  '  ■ 

PouCBNS  ,  mtinh'ri  de'  Vinslitui  nati^naL 

'  i>fiwpjj  j:.  I     -  •'  ■■"("  îX 

Les  maire  et  adjoints  de  Toulon,  '  au  citoyen HShé-' 

leur  du  Moniteur.  •^^■■cnUw .,  le-  14  frtietfdor, 

an  S  de  la  répul^Uqite....:  ^-in;    ...  ■  '    .n  '  '. 

Nous  vous  prions,  cito^ws',    d'insérer    Ù'itii' 

voi.ir*  .prochain  N^   l'avia  suivant:'  •     i-   : 

Le  maire  et  les  adjpjnis  de  :U  ville  de  Xàaldft  , 
département  du  Var ,  préviennent  leurs  colleg\ies, 
des  difFéreiues  villes  de  la  république  ,  et  ceux 
des  citoyens  qui  le»  habitfnt,  qu'à  dater  rftl  i*^ 
vepcle,miaire  an  9  ,  lei(  lettres  qui  leur  seroAt 
adress.^es  ^an;  être  ,  afiranchies  ,  resteroat 'au 
rebut.  _^   J,,  ,  ,,     , 

Salut   et  fraternité. 

jMARCÎETTt'GHAULARD  ,    maiTt. 


Taris  ,  le  3.^  fructidor  an  8. 

J'apprends  ,  citoyen  rédacteur  ,  qu'un  particu- 
liëi  ,  que  je  ne  connais  point ,  s'est  permis  d'aller 
dans  diverses  maisons ,  solliciter  de  ma  part  des 
souscriptions  pour  la  Bibliothèque  française  ,  ou- 
vrage périodique  dont  je  suis  rédacteur,  je  déclare 
ici  que  non-seulemeni  celte  démarche  n'est  point 
autorisée  par  moi  ,.  inais  qu'elle  est  même  eniié- 
lement  contraire;  à  mon  intention  formelle. 

On  souscrit  chez  le  cit.  Honnert ,  imprimeur 
de  ce  journal,  rue  du  Colombier,  n°.  1160;  chez 


LIVRES    DIVERS. 

Abrégé  de  l'histoire  générale  des  voyages  ,  coRtenant' 
ce  qu  il  y  a  de  plus  remarquable  ,  de  plus  Ulile  et 
de  miçux  avéré  dans  les  pays  où  les  voyageurs  Qnt 
pénélié  ,  les  mœurs  des  habitans  ,  la  religion ,  le»i 
usages  ,  aris  et  sciences  ,  commerce  et  màpufaç-. 
lure  ,  enrichi  de  caries  géographiques  et  figures,; 
tome  28.  sg  et  dernier  ;  prix  is  fr..  A  Paris,  che* 
Moutardier,  libraire,  quai  des  Augustins  ,  n°  28. 

Ces  deux  nouveaux  volumes  et  dernier  ne  sont 
pas  moins  in  éressans  et  instructifs  que  les  pr«cé-.' 
dens;  ils  coniienneiil  l'abrégé  des  voyages  dans 
lArchipel ,  le  continent  de  la  Grèce  ,  la  Thrace  , 
à  Constantinople  ,  sur  les  détroits  des  Dardanelles , 
la  mer  de  Marniora  ,  etc.  ,  etc. 

Le  cil.  Moutardier  désirant  donner  des  facilités 
à  ceux  qui  ont  les  27  premiers  volumes  de  l'Abrégé 
des  voyagi;s  ,  prévient  le  public  que  ces  deux 
volumes  seront  du  piix  de  9  fr.  jusqu'à  la  fin  de> 
brumaire  an  9  ;  passé  ce  tems,  12  francs  ,  sans 
espérance  de  déduction.  Le  prix  des  27  premierst 
volumes  avec  latlas ,   est  de  iSo  fr.  brochés. 

Rapport  fait  au  conseil-général  du  département 
de  la  Seine ,  au  nom  du  bureau  des  améliora- 
tions ,  sur  la  nécessité  morale  et  politique  de  fer- 
mer les  maisons  de  prêis. 

Prix ,   3o    centimes. 

A  Paris ,  chez  R.  Jacquin  ,  rue  Cherche-Midi,. 
n°.  293  ;  Desenne  ,  libraire ,  au  Palais  du  Tribunal:; 
et  Duprat  ,  libraire  ,  quai  de  la  Vallée  ,  n°.  71. 

Aurons-nous  la  paix  ?  ne  t'aurons'nous  pas  1 M^ 
possible  de  lajaire  avec  l'Angleterre  f 

Prix  .  I  fr.  ,  et  un  fr.  25  cent,  franc  de  port. 

A  Paris  ,  chez  M™'  Brigiihe  Maihé  ,  cabinet 
littéraire  ,  sous  les  colonnades  du  passage  Rad- 
zivil  ,  n"  101  ,  Palais  du  Tribunal. 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  29  fructidor.  —  Cours  des  effets  puHict. 

Rente  provisoire 17  fr.  63  c. 

Tiers  consolidé 82  fr.  38  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  58  c. 

Bons  d'arréragé 83  fr.  s5  c. 

Bons  pour  l'an  8 .  89  ir.  40  c. 

Syndicat 63  fr.  75  c. 

Coupures 64  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  22  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  République  et  des  Arts. 
Le  2'  jour  compl.  Praxitelle  ou  laCeiw.ure  ,  opéra 
en  un  acte  ,  suiv.  du  ballet  de  la  Dansomanie. 

Théâtre  de  la  rue  Fevdeau.  Aujourd'htti- 
Auj.  Roméo  et  Juliette  ,  opéra  en    trois  actes. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Trois  contre 
un;  la  Matrone  d'Ephese  ,  et  un  seul  Violon  pour 
tout    le  monde. 

Théâtre  delà  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  la  Fille  hussard,  pantomime  en  3  actes, 
à  grand  spectacle  ,  et  ['Epreuve  excusable. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Caiherine. 
Auj.  Othello  ou  le  Maure  de  rfntjf  ,■  tragédie  , 
suivie  de  Jacquinet  à  Paris. 


Laboooememse  fait  à  Paris,  rue  de»  Poitevins,  b«  18.  Le  prix  eu  de  s5  fraocs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  Ou  nes'abonne 
qu'au  coœmeiicemcnt  de  cliaque  mois. 

U  faut  adresser  les  lettres  «l'argent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  A  CAS  s  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  ine  des  Poitevins  ,  n°  18.  U  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de» 
pays  oal'on  ne  peut  affiaochir.  Les  leures  des  départcmeusnoo  affranchies  ,  ne  seront 'point  retirées  de  la  poste. 

il  faut  avoir  soin  ,, pour  plu»  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeuri;  -et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuilU  ,  au  rédacteur,  rue  d«i 
.Dpiuvias  ,  iv".  iS  ,  depui  «ocnf  heures  du  malin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  riînprinieiie  du  cil.  Amasse,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n»  »3, 


l'irifiioï  oE  îi/ctf  «3  stgr.m  «îal' 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNI VERSSëL; 


N"  36 i. 


1  "  jo^ir  complévientam  an  8  ^/î  la  république  française  ,  une  et  inàiviiible. 


Noiissomiiies^aucorrsésd  prévenir  «os  souscripteurs  qu'à  dater  du' 7  Nivôse  le   Moniteur  est  le  seul  journal  officiel.  • 

n  cor.cientles  seinces  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvememeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  l^s  faits  et  les  notions  tantsUj 
r'i'mérietir  q«è- sur  l'extérieur,  tournis  par  les, correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  paiti.culi.érement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


Administration  générale  des  postes  aux  lettres. 


,  ,1e  public  est  préveAii  qu'attendu  h  rencontre 
de  deux  jours  impairs  conséculifs,  par  le  passage 
du  5'  jour  compiémeniaire  de  l'an  8  aui'^ 
vendémiaire  de  l'an  g,  et  pour  ne  point  inter- 
vertir l'ordre  du  service  alternatif,  il  n'y  aura  point 
'de  départ  de  courrier,  le  i"^''  vendémiaire  an  g, 
ainsi  qu'il  s'est  pratiqué  dans  les  années  précédentes 
qui  n'ava'enl  que  cinq  jours  complémentaires. 

L'administration  renouvelle  à  ses  concitoyens 
l'invitation  de  ne  pas  négliger  de  faire  charger 
"tes  lettres  et  paquets  qui  renferment  des  valeurs  ; 
comme  aussi  ,  d'avoir  soin  dindiquer  au  bas 
de  la  souscription  ,  le  nom  du  bureau  de  poste 
le  plus  voisin/des  lieux  oih  les  lettres  sont  adres- 
sées, lorsqu'il  n'y  a  pas  de  bureau  de  poste 
dans  ces  mêuits  lieux. 

Les  administrateurs-généraux  des  postes  , 

ANSON,    FoRIÉ  ,     AUGIJIiÈ  ,      FR.4NÇ0IS      SiEYES  , 

Bernard. 

Vu  ,  le  commissaire  du  gouvernement  près 
l'administrilion  générale  des  postes. 

La  Forest. 


Aux  Souscripteurs. 

A  raison  de  l'avis  de  l'administration  générale 
_des  postes  et  de  ia  fête  du  premier  vendémiaire 
.an  g,  nous  prévenons  les  souscripteurs  que 
nous   ne   donnerons   pas   de  numéro  ce  jour-là. 

,  Nous  prions  ceux  dont  la  souscription  expira 
au  dernier  jour  coniplementaire.de  l'an  8,  de 
nous  faire  passer  leur  renouvellement  au  plus  tôt, 
ahn  qu  ils  n'éprouvent  point  d'interruption  dans 
l'expédidon  de  leur  abonnement. 


INTERIEUR. 

Paris  ,  le  3o  fructidor. 

Un  duel  d'un  genre  nouveau,  et  qui,  sans  doute, 
n'aura  pas  d'imitateurs  ,  a  eu  lieu  le  25  à  deux 
heures  après  midi  ;  les  suites  ont  été  funestes  de 
pan  et  d'autre.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  les  causes 
épataient  peu  honorables  et  peu  décentes  à  re- 
jracer.  Deux  femmes  publiques  de  la  rue  Mouf- 
fetard  ,  à  la  suite  d'une  rixe  ,  ont  été  se  baure  à 
coup  de  couteau  ,  dans  une  rue  isolée  de  la  sec- 
îion  de  l'Observpioire  ?  l'une  a  reçu  onze  coups 
de  couteau  ,  l'autre  trois  :  toutes  deux  ont  été 
blesséts  mortellement,  et  transportées  l'une  à 
riiospice  St.  Jacques  ,  l'autre  à  celui  de  l'Hu- 
manité. 

—  Dans  la  même  journée  ,  le  feu  a  pris  au 
magasin  des  fourrages  des  casernes  des  chasseurs, 
aux  ci-devant  Carmes  ,  place  Maubert.  La  promp- 
titude des  secours  a  empêché  que  le  dommage 
ne  fût  considérable. 

—  Les  affiches  d'Angers  ont  inséré  le  le  para- 
graphe suivant  : 

)>  Le  cit.  Noireau  ,  chef  de  la  3™'  division  de 
gendarmerie  nationale  ,  a  offert  une  gratification 
de  cent  francs  à  quiconque  pourrait  lui  livrer  un 
iridividu  ,  revêtu  de  i'uiliforme  de  la  gendarmerie  , 
r^ui  se  serait  livré  à  quelques  excès.  >> 

—  L'aeronaute  Blanchard  est  en  ce  moment  à 
Tours  ,  oti  il  se  propose  de  faire  sa  cinquante- 
deuxième  ascension  dans  une  flotte  aérienne.  Il 
n'i-  'lemande  qu  un  nombre  de  souscripteurs  qui 
puisse  couvrir  les  trais  de  son  expérience  ;  son 
annoncé  est  si/inée  Blanchard,  citoyen  adoptifdes 
principales  villes  des  deux  Mondes  ^  et  pensionnaire 
uhien  de  la  république  frantiaise. 


MINIS.TERE    DE    LINTÉRIEUR. 

Le  ministre  de  I  intérieur  a  fait  choisir  ,  pour 
les  prix  du  l"  vendcnrairc  ,  des  armes  de  la 
•plus  grande  richesse.  Si  le  nombre  des  concur- 
rens  est  aussi  considérable  qu'il  y  a  lieu  de 
le  présumer  ,  il  sera  distribué  plusieurs  prix. 


C  O  N  S  E  I  L-D'  É  T  A  T. 

Extrait  du  registre  des  délibérations.  —  Séance  du 
2  2  fructidor  ,    an  8. 

Projet  d'arrêté  concernant  les  masses. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'étal 
entendu  ,    ariêtcnt  : 

TITRE     PREMIER. 

Du  nombre  des  masses: 
Art.  I".  Il  sera  accordé  pour  l'an  g  ,  ainsi  qu'il 
l'aéié  pour  l'an  8  ,  des  fonds  fixes  pour  pourvoir 
à  chacun  des  objets  que  r.état  fournit  aux  trou- 
pes. Ces  fonds  continuerorli  à  être  désignés  sous 
ie   nom  de  masses. 

II.  Les  masses  seront  au  nombre  de  neuf  pour 
les  troupes  à  pied  ,  et  de  douze  pour  les  troupes 
à  cheval  ,   savoir  ; 

Pour  les  troupes  à  pied  :  boulangerie  ,   étapes, 
I  chauffage  et  ustensiles  de  campement,  logement 
jet  casernement ,    campement,    hôpitaux,   habil- 
j  lement  et  équipement  militaire  ,  entretien  et  con- 
fection ,   ei  première  fourniture  de  petit  équipe- 
nient  ,    linge   et    chaussure  ;    de 'plus   pour    les 
I  troupes    à    cheval  ,     fourrages  ,    remontes  ,    fer- 
rage. 

III.  Les  masses  seront  divisées  en  trois  classes  : 
1°.  Celles  qui  sont  remises  aux  corps  ,  et  dont 

ils  auront  l'administration  sous  la  surveillance  du 
ministre  de  la  guerre  ; 

2°.  Celles  qui  seront  administrées  par  le  mi- 
nistre ,  avec  ie  concours  des  conseils  d'admi- 
nisiration  ; 

3°.  Celles  qui  resteront  entre  les  mains  du  mi- 
nistre ,  et  qu'il  administrera  seul. 

IV.  Dans  la  première  classe  ,  seront  rangées 
les  masses  de  chauffage  et  d'ustensiles  de  cam- 
pement ,  d'entretien  et  de  confection  ,  et  de  pra- 
miere  fourniture  de  petit  équipement ,  de  linge 
et  chaussure  ,  de  remontes  et  de  ferrages. 

Dans  la  deuxième  classe  ,  seront  les  masses  de 
boulangerie  ,  des  hôpitaux  ,  d'habillement  et  d'é- 
quipement militaire,   de  fourrages. 

Dans  la  troisième  classe,  seront  les  masses 
d'étapes  ,  de  logement  et  casernement,  de  cam- 
pement. 

V.  Les  masses  seront  faites  et  payées  en  totalité 
pour  les  corps  dont  l'effectif  s'élèvera  aux  deux 
tiers    de  leur  complet. 

Ilri'ensera  payé  que  les|  aux  corps  dont  l'effectif 
ne  s'élèvera  pas -au-dessus  des  deux,  tiers  du 
complet. 

VI.  Le   ministre    de  la    guerre    déterminera  , 
dans    la  première    décade  de  chaque   trimestre 
d  après  les  états  de  situation  des  corps  ,'  la  quo- 
tité des  masses  dont  chaque  corps  jouira. 

Il  fera  connaître  à  chaque  conseil  d'adminis- 
tration la  décision  qu'il  aura  prise  sur  cet  objet 
à   son  égard. 

La  décisioiuptise  par  le  Ministre  ne  variera 
point,  pendant  le  cours  du  trimestre,  quelque 
perte  que  le  corps  éprouve  ;  mais  elle  variera 
au  commencement  de  chaque  mois  ,  si  le  corps 
a  reçu  ,  pendant  le  mois  précédent  ,  un  accrois- 
sement qui  le  porte  d  une  classe  dans  l'autre. 

Le  ministre  de,  la  guerre  fournira  ,  à  la  même 
époque  ,  au  ministre  des  finances  ,  un  bordereau 
général  des  dépenses  relatives  aux  masses. 

Le  ministre  de  la^  guerre  distinguera  dans  ce 
bordereau  les  sommes  qui  doivent  être  payées 
aux  corps  en  numéraire  et  comme  la  solde,  d'avec 
celles  qui  doivent  être  soldées  directement  par  le 
trésor  public. 

Il  lui  indiquera  aussi  les  lieux  et  les  époques 
oià  ces  différentes  sommes  devront  être  payées. 

TITRE     II. 


4  .  £t  pendant  la  guerre  ,  des  marmites  et  ga- 
melles ,  des  grands  et  petits  bidons,  des  barils  à 
eau  ,_des  sacs  à  marmites  ,  des  faulx  ,:des  outils', 
sacs  a  outils  et  des  .couvertures. 

VIII.  Lij  masse  des  chauffages  sera  ,  pour  l'an  g  , 
portée  à  neuf  francs  cinquante  centimes  par 
hommes.  Elle  seia.payée  en  numéraircen  douze 
mois,  un  douzième  par  mois  ,, au  complet  dé- 
terminé par  l'aiiitle  5,    de  la   même,  manière  et 

•aux  mêmes  époques  que,  la  solde.  Elle  ne  sera 
payée  que  pour  les  sous-ofEciers  et  soldats.  La 
masse  de  chaffauge  n'e.'T  payée  en  totalité  qu'aux 
troupes  qui  sont  sur  le  territoire  de  la  lépublique: 
hors  du  territoire  ,  les  troupes  réunies  en  corps 
d  armée  ne  reçoivent  que  quatre  francs  par  homme 
et  par  an  pour  ladite  masse.  ,  '      ^ 

IX.  Les  officiers  ,  excepté  lorsqu'ils  sont  aii 
corps-de- garde,  ne  peuvent  rien  demander  ni 
obtenir  sur  la  masse  de  chauffage.  Cette-masse  ne 
doit  rien  fournir  pour  le  chaufiage  des  bureaux 
de  l.elat-major  ou  autres.  Les  sous  -  officiers  e't 
soldats  recevront  sur  cette  masse  un  petit  bidbh 
au  moment  où  ils  seront  admis  dans  un  corps  : 
lis  devront  ensuite  s'en  entretenir  eux-mêmes. 

X.  Il  n'est  rien  innové  aux  dispositions  dfes 
lots  et  des  réglemens  qui  fixent  la  quotité  des  dis- 
mbunons  en  bois  et  luru^re  ,  qui  doivent  être 
taiies  dans  les  divers  lieun  et  les  diverses  saisons. 

XI.  Le  conseil  d'administration  de  chaque  corps 
chargera  un  capitaine,  tin  lieutenant,  lih  sous- 
lieutenant^  et  quatre  sous-officiers  ,  des  détails 
relatifs  à  l'achat ,  conservation  et  distribution  du 
bois  et  lumière. 

Le  conseil  d'administration  tracera  au  capitaine 
chargé  du  bois  et  lumière  ,  les  reglts  qu'il  devra 
suivre  dans  sa  comptabilité  tant  en  argent  qu'ea 
matière.  Il  prendra  pour  base  les  dispositions  des 
réglemens  des  26  ventôse  et  8  floréal  an  8. 

XII.  Nul  ne  pourra  ,  sous  aucun  prétexte  ré- 
c  amer  de  décompte  sur  le  résidu  de  la  masse  de 
chauttage. 

Ce  résidu  sera  conservé  dans  la  caisse  du  corps 
et  porté  d'une  année  sur  l'autre  ,  ou  employé  à  la 
confeçuon  ou  à  l'achat   des   bidons  ,   marmites 
couvertures  et  autres  effets  qui  doivent  être  four-^ 
nis  aux  soldats  pendant  la  guerre. 

XIII.  La  masse  d'entretien  et  de  première  four- 
niture des  effets  de  petit  équipement  est  chargée 
de  la  dépense  de  tous  les   objets   désignés    dans 
1  article  IV  du  titre  IV  de  l'arrêté   du   8  floréal 
an  S.  ' 


) 


9fr. 


De  la  destination  ..de  la  force  et  de  l^adjninistration 
des  masses  de  la  première  classe. 

Art.  VII.  La  masse  de  chauffage  et  d'ustensiles 
de  campement  est  destinée  à  la  fourniture. 

1°.  Du  bois  et  autres  combustibles  nécessaires 
au  chauffage  des  iro  upes  dans  leurs  cantonncmens , 
iogemens ,  quartiers  ou  casernes  ,  ainsi  que  sous 
la   lente  ; 

2°.  A  celle  des  combustibles  nécessaires  à  la 
préparation  de  leurs  alimens  ; 

S"".  Du  bois  pi  lumière  de»  corps  de  |;ardei  ; 


XIV.  Cette  masse  est  réglée  ,  pour  l'an  g  ,  ainsi 
qu'il  suit  : 

Pour  I  infanterie   de  bataille.   . 

Pour  l'artillerie  3  pied.   .... 

Pour  l'inlaïu^rie    légère.    .    . 

Pour  la  cavalerie  et  drag'oiis 12     " 

Pour  les  chasseurs  ,   husiards  et  ariil- 
lerle  légère. jj 

Xy.  Cette  masse  est  payée  au  complet  déter- 
mine par  1  article  V,  et  ainsi,  qu',1  est  dit  article 
VfU  de  la  masse  de  chauffage. 

Les  officiers  n'ont  aucun  droit  à  cette  masse, 
et  ne  font  pas  nombre  pouv  son   paiement. 

XVI.  Cette  masse  est  administrés  ainsi  qu'il  est 
prescrit  par  l'arrêté  du  8  fipréal  an  8., 

XVII.  La  masse  de  linge  et  chaussure  est  for- 
mée ,  soldée  et  administrée  ainsi  qu'il  est  dit  par 
l'arrêté  du  8  floréal,  an  8.   ,,,,,  .,    ^  ,,, 

XVIII.  La  masse  de  rvemonte.  doit  fournir  à 
l'achat  des  chevaux  de  remonte,  à  leur  nourri- 
ture ,  ju'squ'à  ce  qu'ils  soient  :arri.vés  '  au  dépôt 
du  corps;  à  tous  les  frais  accessoires  audit  achat 
et  à  la  gratification  journalière  dont  il  va  être 
padé-,  et  qui  sera  accordée  aux  cavaliers  qui  cdn- 
serveroni  leurs  chevaux  au-delà  du  terme  fixp 
pour  leur  durée.  çp,miïitine.j;- 

XIX.  Cette  masse  est  réglée  ,  pour  l'an  g,  ainsi 
qu'il  a^n  :       ,      ; 

Pour  la  garde  des  consuls.   .....   90  fr. 

Pour  les   carababiniers -cuirassiers.   .    ,   80 

Pour  la  cavalerie, .   70 

Pour-  les    dragons 65 

Pour  les  chasseurs ,  hgssards  et  canon- 
niets    à    cheval.  .   .' .   .  Co 


f 

le 


XX.  Cette  masse  est  payée  au  complet  prescrit 
^ar  l'article  V  ,  ainsi  qu'il  est  du  à  l'arucle  VUl  ; 
es  officiers  p.'y  ont  aucun  droit -et  leurs  chevaux 
n«  font  pas  nombre  pour  son  paiement. 
'  -  XXI.  Cette  masse  est  âdmànistrée  par  le  conseil 
d'administration.  Le  conseil  ne  peut  traiter  de  la. 
remonte  du  corps ,  avec  des  fournisssurs  ou  en- 
trepreneurs généraux  ,  qu'avec  l'autorisation  du 
ministre  :  le  ministre  n'accotde  cette  auiorisatvon 
<jue  lorsqu'il  a  lieu  de  craindre  que  des  ofliciets 
.envoyés  eh  remonte  dans  les  différentes  parties 
de  là  république  ,  ne  puissent  suffire  aux  achats 
ou  ne  se  nuisent  par  la  concurrence. 

XXII.  Tout  sous-officier  et  soldat  de  troupes 
31  cheval  qui  ,  pendant  la  paix  ,  aura  coriservé 
le  même  cheval  pendant  six  ans,  jouira  ,  à  titre 
de  gratification  .  pendant  tout  le  tems  qu'il  le 
conservera,  au-delà  de  ce  terme,  d'une  somme 
de  deux  francs  par  mois.  Cette  somme  lui  sera 
payée  chaque  mois  sur  la  masse  de  remonte. 

XXIII.  Nul  ne  pourra,  sous  aucun  prétexte, 
réclamer  de  décompte  sur  lé  résidu  de  la  maiise 
de  remonte.  Ce  résidu  sera  conservé  dans  la 
caisse  du  corps  ,  et  porté  d'une  année  sur  l'autre. 

XXIV.  Le  ministre  de  la  guerre  déterminerai 
par  des  instructions  ,  les  formes  de  la  compta- 
bilité de  la  masse  des  remontes,  ainsi  que  tous 
ies  objets  relatifs  à  l'achat  des  chevaux  ,  à  leur 
réception  et  à  leur  réforme. 

XXV.  La  masse  de  ferrage  est  destinée  à  fourr.ir 
aux  dépenses  prévues  par  l'article  LXVII  du  titre 
IV  de  l'arrêté  du  8  floréal  an  8. 

Cette  masse  sera,  pendant  l'an  IX,  de  12  fr. 
par  cheval ,  en  garnison  ;  et  l5  fr.  pour  les  che- 
vaux ,  en  campagne;  elle  sera  payée  au  complet 
déterminé  par  l'article  V  ,  et  ainsi  qu'il  est  dit 
i»,lide  VIII. 

Les  officiais  n'ont  aucun  droit  à  la  masse  du 
ferrage,  et  leurs  chevaux  ne  comptent  point. 

Cette  masse  est  administrée  ainsi  qu'il  est  pres- 
crit par  l'ariicle  LXV  et  les  suivans  du  titre  iV  de 
J'arrête  du  8  floréal  an^S. 

TITRE     III. 

Dç  la  destination  ,  de  la  force  et  de  t administration 
des  masses  de  ta  deuxième  classe. 

XXVI.  Les  masses  de  boulangerie  ,  des  hôpi- 
taux,  d'habillement,  d'équipement  et  de  four- 
rages sont  administrées  pat  if  ministre  de  la 
■guerre  :  ellei  sont  payées  par  l'évit ,  au  complet, 
en  iS  mois,  un  dtx- huitième  chaque  mois  ;  les 
fonds  qu'elles  produisent  sont  versés  dans  la 
caisse  du  payeur  de  la  guerre  ,  et  ne  peuvent  en 
sortir  qu'en  vertu  des  mandais  des  copps,  otdon- 
pancés  par  le  ministre  de  la  guerre. 

Chacune  de  ces  masses  est  administrée  d'après 
les  formes  qui  lui  sont  propres,  et  qui  seront 
détaillées  ci-après. 

XXVII.  La  masse  de  boulangerie  doit  fournir  : 
1°  A  chacun  des  sous-officiers  et  soldats  pré- 

jens  ,  au  corps  ou  détachés  pour  le  service  ,  une 
ration  de  pain  conforme  à  ce  qui  est  fixé  par  les 
lois  et  les  réglemens  ; 

e°  A  tous  les  hommes  qui  voyagent  avec  leurs 
drapeaux,  une  ration  semblable  :  cette  ration  qui 
est  fournie  en  nature  par  la  masse  des  étapes ,  est 
remboursée  par  la  masse  de  boulangerie,  sur  le 
pied  de  14  centimes  ; 

3°  A  tous  les  frais  d'administration  générale 
pour  le  service  du  pain  militaire. 

XXVIII.  La  masse  de  boulangerie  est  fixée  à 
5l  francs  pour  l'an  9  :  elle  est  payée  au  com- 
plet déterminé  par  l'article  V  des  sous-officiers 
et  soldats  de  chaque  corps. 

Les  officiers  n'ont  aucun  droit  à  la  masse  de 
boulangerie,  et  ne  font  point  nombre  pour 
son  paiement.  La  gendarmerie  nationale  n'a 
point  de  masse  de  boulangerie. 

XXIX.  Le  ministre  traite  avec  une  association 
de  citoyens,  de  la  fourniture  aux  troupes  .  du 
pain  militaire  dans  toute  l'étendue  de  la  répu- 
blique. 

Ce  traité  est  fait  par  ration  fournie  ,  c'est-à- 
dire  que  tous  les  frais  d'administration  sont 
compiis  dans  le  prix  de  la  ration'  fournie. 

Le  prix  que  le  ministre  accorde  pour  chaque 
ration  fournie  est  rendu  public  par  la  voie  de 
l'impression  ,  et  communiqué  aux  corps  parle 
ministre  de  la  guerre. 

Ce  prix  est  divisé  en  trois  parties  : 
1°.  Frais  de  l'approvisionnement  d'avance; 
8°.  Frais  d'administraiifin  générale  ; 
3".  Prix  de  la   ration  proprement  dite. 
XXX.  Dans   la    première   décade  de   chaque 
mois  ,    le    conseil    d'administration    de    chaque 
cçrps  forme,  le  bordereau    des   rations   de  pain 
qu'il  a  reçues  pendant  le  mois  précédent. 

Ce  bordereau  est  formé  paï  compagnie  et  par 
distribution;  jl  est  appuyé  des  bons  des  capitaine? 
et  d«s  récépissés  d«s  lieutcaans. 


1458 

Au  bas  dudit  bordereau  ,  le  conseil  d'adminis- 
tration lire  sur  le  payeur  général  de  la  guerre 
un  mandat  :en  faveur  des  enfreprenéurs  des  sub- 
sistances militaire;  :  la  somme  portée  par  le  man- 
dat est  égale  à  celle  qui  est  due  à  l'ejitiepie- 
neur  pour  les  râlions  qu'il  à  fournies  pendaiii  l-.; 
riiois.  Ce  bordereau  est  envoyé  au  ministre  de 
la  guerre. 

XXXI.  L'entrepreneur  des  subsistances  mili- 
taires adresse  aussi  aux  mêmes  époques  ,  au  mi- 
nière, un  bordereau  de  ce  qu'il  a  fourni  pour 
chaque  corps  militaire  ;  il  joint  à  l'appui  de  son 
bordereau  ,  les  récépissés  des  quartiers-maîtres. 

XXXII.  Dès  que  le  minisire  a  reçu  les  pièces 
exigées  par  les  articles  XXX  et  XXXI  ci-dcssus, 
il  ordonnance  le  mandai  de  cliaqu.e  corps  ,  lu  fait 
parvenir  à  la  trésorerie  nationale  ,  et  en  donne  avis 
à  l'entrepreneur-général. 

Les  paiemens  des  d>ux  premiers  mois  ne  sont 
considérés  que  comme  des  à-comptes 


XXXIII.  Dans  la  première  décade  de  ch.que  ,  P"'"'  Pa"i«-\'i"  ^"'PS 


XXXVII.  Les  rations  de  fourrages  resteront 
fixées  ainsi  qu'il  est  prescrit  parl'anicle  yl  <^^  ''* 
loi  du  26  fruciiclor  an  7.  •  ■- 

XXXVIII.  Les  officiers  de  tous  les  grades  q«i 
ne  font  pas  partie  constituante  d'un  corps  de  ca- 
valerie ,  lorsqu'ils  ne  seront  pas  réunis- en  corp* 
d'armée  ,  n'auront  point  droit  ,  dans  1  intérieur 
de  la  république  ,  à  la  distribution  des  fourrages 
en  nature;  il  leur  sera  accordé  en  remplacement, 
pour  chaque  cheval  effectif,  une  indemnité  de 
85  centimes  par  ration.  '  , 

XXXIX.  La  masse  de  fourrages  est  fixée,  poUr 
l'an  9,  à  3oo  fr.  par  cheval  au  complet  déterminé 
par  l'article  V.  Les  chevaux  des  officiers  sont 
nourris  par  ladite  masse  ,  et  font  nombre  pour 
fixer  le  complet. 

Outre  la.  masse  pour  les  corps ,  il  est  mis  à  la 
disposition  du  mini.'îlre  une  somme  de  3oo  francs 
pour  chacun  des  chevaux  que  sont  autorisés  à 
avoir  les  officiers-généraux  ou  autres  qui  ne  font 


tnmeslie  ,  le  conseil  d'administration  tornie  le 
bordereau  général  du  trimestre  précédent  ,  tou- 
jouis  par  distribution  et  pur  compagnie  :  ce  bor- 
dereau est  signé  par  chacjue  capitaine  ,  au  bas 
de  l'état  des  fournitures  faites  à  sa  compagnie. 

Le  conseil  d'administration  donne  ,  au  bas  de 
ce  bordereau  ,  un  mandat  sur  le  payeur  gé- 
néral de  la  guerre  ,  et  l'adresse  aii  rainistrrê. 

L'entrepreneur  général  adresse  aussi  au  mi- 
nistre ,  le  bordereau  du  trimestre. 


Ces  pièces  sont  renvoyées  par  le  ministre,  au 
comité  des  inspecteurs  en  chef  aux  revues. 

Le  comité, après  avoir  comparé  les  deux  borde- 
reaux ensemble  ,  et  avec  la  revue  et  les  mouve- 
mens  du  corps  ,  ainsi  qu'avec  les  bons  et  les  ré- 
cépissés des  capitaines  ,  lieutenans  et  quariiets- 
maîires  ,  détermine  les  sommes  qui  doivent  êire 
définitivenieiu  payées  à  l'entrepreneur  pour  ledit 
corps  ,  et  rend  ,  par  écrit  ,  comjite  au  miriistrc 
de  tous  les  abus  qu  il  a  pu  remarquer. 

Le  ministre  ordonnance  les  mandats  définitifs. 

XXXIV.  Le  compte  général  de  la  masse  de 
boulangerie- de  chaque  corps  lui  est  adressé  par 
le  ministre,  i  la  fin  de  chaque  année.  Le  résidu 
de  ladite  masse  est  porté  d'une  année  sur  l'autre  ; 
et  il  ne  peut  en  êire  disposé  que. d'après  l'auto- 
risation des  consuls  ,  et  pour  l'avantage  du  corps 
auquel   il   appariient. 

XXXV.  Le  ministre  de  la  guerre  est  de  même 
■chargé  d'assurer  ,  par  des  traités  ou  partout  autre 
voie  ,  la  fourniture  du  pain  pour  les  troupes  qui 
se  trouvent  réunies  en  corps  d'armée  hois  du 
territoire  de  la  république  :  mais,  dès  ce  moment , 
le  compte  de  la  masse  de  chaque  corps  (jui  fait 
partie  I  armée  ,  est  arrêté  .  et  sa  masse  passe  en 
lotalilé  à  la  disposition  du  ministre  ,  sans  que 
néanmoins  les  conseils  d'administration  et  les  en- 
trepreneurs des  vivres-pain  puissent  se  dispenser 
d'exécuter  les  dispositions  des  articles  XXX  et 
suivans.  Le  ministre  de  la  guerre  solde  ,  sur  les 
fonds  extraordinaires  ,  l'excédent  ,  s'il  y  en  a  , 
entre  le  produit  de  la  niasse  e  le  montant  du 
pain   fourni  à  chaque  corps. 

Les  officiers  de  tous  les  grades  reçoivent  ,  pen- 
dant la  guerre,  s^ils  les  demandent,  les  radons  de 
pain  accordées  à  leurs  grades  par  les  réglemens 
antérieurs. 

Ils  les  reçoivent  sur  des  bons  individuels ,  signés 
d'eux. 

lis  éprouvent,  pour  chatJTie  ration  de  pain, 
une  retenue  sur  leurs  appoiniemens  égale  au  prix 
fixé  par  le  ministre  de  la  guerre  pour  la  ration 
distribuée. 

A  la  fin  de  chaque  mois,  l'entrepreneur  adresse 
au  conseil  d'adminislrationducorps  ,1e  bordereau 
du  pain  fourni  à  chaque  officier ,  accompagné  des 
bons  qu  ils  ont  donnés. 

Le  quartier-maître  donne  de  suite  au  fournis- 
seur un  récépissé  général. 

Le  conseil  d'administration  ordonne  le  paiement 
desdits  bons,  et  la  retenue  de  leur  montant  sur 
les  appointemens  de  chacun  des  officiers  qui  les 
ont  signés. 

Les  bons  donnés  par  les  officiers  qui  ne  sont 
attachés  à  aucune  troupes,  sont  présentés  avec  un 
bordereau  par  le  fournisseur  à  l'ordonnateur  ,  ou 
au  commissaire  des  guerres  qui  en  fait  les  fonc- 
tions près  de  chaque  division  de  l'armée.  Le 
commissaire  garde  lesdits  bons  ,  en  vise  le  bor- 
dereau, ordonne  qu'ils  soient  payés  par  le  payeur 
de  l'armée  ,  et  donnés  pour  comptant  aux  offi- 
ciers t[ui  les  ont  signés. 

XXXVI.  La  masse  des  fourrages  est  destinée  à 
fournir  , 

1°.  A  la  nourriture  des  chevaux  de  troupes  ; 
s".  A  la  nourriture  ou  à  l'indemnité  des  nour- 
ritures des  chevaux  des  officiers  de  tous  les  grades, 
qui  sont  obligés  ou  autorisés  à  en  avoir  ; 

3".  A  tous  les  frais  quelconques  de  manutcn- 
ùon  et  distribution  ,  tant  au  vert  qu'au  sec  ,  loyer 
de  magasins  ,  frais  de  transport  et  dadminis- 
uaiioa. 


XL.  Le  ministre  traite  avec  une  association  d^e 
citoyens  pour  la  fourniture  des  fourrages  à  dis- 
tribuer aux  troupes  qui  sont  danj  l'intérieur  de 
la  république.' 

Ce  tr.'.iié  est  fait  par  ration  fournie. 
Le  prix  que   le  ministre  accorde  pour  chaque 
ration   fournie',  est   rendu   public  par  la  voie  dç 
l'impression  ,   et   communiqué   aux  corps  par  lé 
ministie  de  la  guerre. 

Ce  prix  est  divisé  en  deux  parties  : 
i°  Frais  d'administration   générale  ; 
2°  Prix  de  la  ration  proprement  dite. 
XLI.  Les   articles   XXX  et  suivans  ,  relatifs  à 
l'administration  et  à  la  comptabilité  de  la  masse 
de   boulangerie  sont  rendus  communs  à  l'admi- 
nisiration  et  à  la  comptabilité   de   la  masse  des 
fourrages. 

XLII.  Qj-ta'nt  aux  indemniiés  dues  aux  officiers 
qui  ne  font  point  partie  des  corps,  elles  sont 
payées  de  trois  mois  en  trois  mois  ,  à  la  fin  de 
chaque  trimestre  ,  sur  une  déclaration  donnée  par 
les  parties  prenantes  ,  qu'ils  ont  eu  et  qu  ils  ont 
encore  le  nombre  de  chevaux  pour  lesquels. ii# 
demandent  ladite  indemnité. 

Celte  déclaration  sera  remise  à  l'inspecteur  aujc 
revues  qui  ,  après  s'être  fait  représenter  lesdits 
chevaux  ,  les  poitera  sur  la  revue  particulière 
qu'il  aura  passée  auxdils  officiers.  ' 

XLIII.  La  masse  d'habillemens  restera  fixée^ 
pour  l'an  g,  ainsi  qu'elle  l'a  été  pour  l'an  8,  par 
l'article  XXIII  et  les  suiyans  de  la  loi  du  26  frucr 
lidor  an  7  :  elle  est  payée  au  complet  détermine 
par  l'ariicle  V.  Les  officiers  n'y  ayant  point  de 
droit  ,  leur  nombre  n  influe  point  sur  la  déter- 
mination du  complet. 

La  comptabilité  et  l'administration  de  la  masse 
d'habillement  restent  fixées  ,  ainsi  qu'il  est  réglé 
par  l'arrêté  des  consuls  du  9  thermidor  an  8. 

XLIV.  La  masse  des  hôpitaux  est  destinée  à 
fournir: 

1''  Aux  militaires  qui  seront  reçus  dans  les  hô- 
pitaux militaires  et  civils  ,  ainsi  que  dans  le» 
ambulances  des  armées  ,  tous  les  secours  néces- 
saires  au  rétablissement  de  leur  santé. 

2°  A  toutes  les  dépenses  relatives  à  ce  seryice. 
XLV.    La   masse   des  hôpitaux  est  fixée  pour 
l'an  9  ,   à  20   francs  p:;r  officier  ,   sous-officier  et 
soldat  au  complet  déterminé  par  l'article  V. 

Cetie  masse  est  augmentée  par  la  retenue  qui 
sera  faite  à  chaque  sous-olEcier  et  soldat,  des 
deux  tiers  de  sa  solde  pendant  le  teras  qu'il  sera 
resté  à  l'hôpital. 

Cette  retenue  sera  exercée,  ainsi  qu'il  est  pres- 
crit par  la  loi  du  26  fructidor  an  7  ,  et  par  le 
règlement  du  8  floréal  an  8. 

XLVI.  La  masse  des  hôpitaux  est  divisée  ea 
deux  parties  ;  1°  les  frais  d'administradon  géné- 
rale ,  achat,  entrelien  et  renouvellement  des  bâ- 
timens  et  ustensiles  ;  2°  journées  de  malades 
proprement  dites, 

XLVII.  Pour  subvenir  à  la  première  partie, 
il  est  mis  à  la  disposition"  du  ministre  de  la 
guerre  une  somme  de  12  fr.  par  an  et  par  homme; 
et  pour  la  solde  des  journées  de  malades  ,  une 
somme  de  8  fr.  par  an  et  par  homme  ,  non  com- 
pris la  retenue  à  exercer  sur  la  solde  des  hommes 
qui  seront  entrés  dans  les  hôpitaux. 

XLVIII.  Le  ministre  de  la  guerre  administre, 
par  l'intermédiaire  du  directoire  des  hôpitaux  % 
laportion  delà  masse  consacrée  à  l'administralipa 
générale. 

L'administration  et  la  comptabilité  de  la  por- 
tion de  la  masse  consacrée  aux  journées  seront 
réglées  ainsi  qu'il  suit  : 

XLIX.  Le  ministre  de  la  guerre  fera .  sans  nul 
délai  ,  avec  chaque  hôpital  civil  ,  un  traité  pour 
la  journée  des  militaires  malades  pendant  l'an  g. 

Le  ministre  de  la  guerre  déterminera  ,  d'aprè» 
le  prix  commun  des  journées  dans  les  hôpitat^x 
ctvils ,  la  journée  des  hôpitaux  militaires  séden- 
taires. 


,  Le  ministre  fixera  de  mêrne  ,   d'après  les  traités 

anciennement  faits,  ou  d'apr.és  les  bases  ijui  leur 

■se'ron't  soumises  par  le  directoire  central  ,  le  prix 
cotoraun  des  journées  des  hôpitaux  temporaires 
et  des.ambuhnccs.        ■  '     '  ^      ^  ■■ 

Ces  différens  traités  et  ces  fixations  seront  ren- 
dus publics  par  la  Voie  de  i'iinpress'ion  ,  et  adres- 
sés aux  dilTércns  corps  militairos. 

L.  Indépendamment  des  feuilles  de  retenue  , 
qui  continueront  à  être  envoyées  tt  acquittées  , 
ainsi  qu'il  est  prescrit  par  l'article  V.l  et  suivans 
de.  l'arrêté  du  8  floréal  an  8  ,  l'administration  de 
■ihaqire  hôpital  civil  ,  S'éUentaiire  ,  temporaire  où 
d'ambulance,  adressera,  à  la  fin  de  chaque 
trimestre,  au  conseil  d'administration  de  chaque 
corps  dont  elle  aura  reçu  des  malades  ,  un  bor- 
d.ereau  désignatif  du  nom  et  du  signalement  de 
chaque  individu   appartenant  audit  corps. 

Ce  bordeieau  sera  visé  parle  commissaire  des 
.guerres  ,  chargé  de  la  police  dudit  hôpital.  A 
(défaut  fJe  commissaire  des'  guerres  ,  le  borde- 
reau sera  visé  par  le  préfet  ;  si  c'est  un  chef-lieu 
de  département  ,  par  le  sous  -  préfet  ;  dans  les 
»c>us-préfeclures ,  et  dans  les  autres  villes  par  le 
maire. 

LI.  Dès  que  le  conseil  d'administration  du  corps 
aura  reçu  lesdits  bordereaux  ,  et  qu'il  les  aura 
vérifiés  ,  il  tirera  au  bas  desdits  bordereaux,  un 
mandat  égal  à  la  somme  qu'il  redevra  à  chaque 
hôpital  ,  après  en  avoir  défalqué  le  montant  des 
feuilles  de  retenue. 

Ce  mandat  sera  adressé  au  ministre  de  la  guerre, 
qui  l'ordonnancera  et  l'adiessera  au  directoire 
des  hôpitaux  pour  en  toucher  le  montant  ,  s'il 
s'agit  d'un  hôpital  militaire  ;  ou  à  l'administration 
de   l'hôpital ,  s'il  s'agit  d'un  hôpital  civil. 

LU.   Le   ministre   de  la  guerre  jugera  définiti- 
vement les  dilficuliés  qui  auront  pu  s'élever  entre  i  voitures  aux  ,mili(aires    malades   ou    bl 
les  corps  et  les  administrateurs  des  hôpitaux,  re-  j  voyagent  isolément. 
lativement  aux  feuilles  de  retenue  que    les  corps 
n'auront  pas  voulu  admettre. 

Lin.  Xe  ministre  de  la  guerre  arrêtera  chaque 
année    l'état   de  siiuaiion  de   la  masse   des  hôpi-  j  en  exceptant   louielois  le  numéro  5  uutlii  article  , 

auquel  il, sera  pourvu,par  la  masse  du  campement, 


r.'.;l4,59 

peut  délivrer  d'ordonnance  sur'  lesdiw' fonds' , 
pour  servipcs  çourans  ,  qu'en  vatiu  d'une  auto- 
risation spéciale  des  consuls.         l.Iuj:  ■-(       ■'■■■<   i 

Le  minisne  ne  peut  de  même,  sans  une  sem- 
blable autorisation  ,  employer  les  Ipnps, ,d"une 
masse  à  un  objet  qui  l'iii, 'est,  étranger,, i 

LVIII.  La  masse  des' étapes,  doit  péutvwir  : 

1°.'  A  la  fouiniiure  du  pain  et' Jci  'four;-,^gçs  des 
troupes   en  i-outc  ;  ,     ■  ,  ,,, ,   .  ,,  j 

,,2°.  Au  paiement,,de  l'indemrlité  de  route  ,  fixé 
par  l'arrêté  de,?,copsuls  ,du  ,p:rlemier  j.firoctidor 
an  8  ;  , 

3°.  A  celui  des  i5  centimes  parlieue  poijr  l'es 
hommes  qui  voyagent  isolément;  ''"  '' 

4°.  Aux 'frais  des  transports  des  tagages  des 
troupes  ;  '  ' 

5°.  A  la  fourniture  des  chevaux  et  voitures  pour 
les  militaires  malades  ou  bicssé.s. 

LIX.  Cette   masse    seia    d 
par  homme  ,  au  complet    déi 
y   compris    les   olficiers    et  la    gcndaimeiie 
à   pied   qu'à  cheval. 

Cette  masse  sera  accrue  par  les  verseraens  que 
feront  dans  sa  caisse  les  masses  de  boulanueric  et 
de  lourrages,  de  la  somme  de  quatorze  c<.-niimes 
par  jour  pour  ctiaque  homme  en  marche  par 
étape  ,  et  de  quatre-vingl-ciuq  centimes  :iussi  par 
jour  et  par  homme  ,  pour  chaque  cheval  d'ofhcier, 
de  sous-officier  et  soldat  aussi  en  marche  par 
étape. 

LX,  Le  ministre  de  la  guerre  déterminera  .  par 
une  insiruciion  ,  la  quaniiié  de  bayages  dont  le 
transport  sera  fait  par  l'étJt  pont  chaque  corps 
militaire  ,  et  les  moyens  de  prévenir  les  abus  qui 
ont  lieu   dans   la    fourniiuie    des  chevaux   et   des 

es  qui 


francs  par  an  et 
né  par    i'an.  V  , 


LXlj  La,  masse  de  logement  et  de  casernement 
doit  pourvoir  à  l'acquiitement  des  dépenses  pré- 
vues par  l'an.  XX  de  la  loi  du,  26  fructidor  an  7  , 


taux  de  chaque  corps  ,  et  lui   en  adressera  le  ré 
sultat 

Les  dispositions  des  articles  relatifs  au  résidu 
de  la  masse  de  boulangerie  ,  sont  communs  au 
résidu  de  la  masse  des  hôpitaux. 

LIV.  Le  directoire  des  hôpitaux  niill+aires  ad- 
ministrera ,   sous   la  surveillance   et    la  direction 

dû  ministre  de  la   guerre  ,  et  d'après  les   formes  •       1  , 

prescrites  par  l'arrêté  des  consuls,  du  4  germinal  ;""'PÇ'^«"'    "°"    compris    dans   la    masse     du 
an  8  ,  la  portion  de  la  masse  des  hôpitaux  ,  mise  j  t"<"r"age. 


LXII.  Cette  triasse  seia  de  17  francs  par  homme 
au  complet  déterminé  par  l'article  V  :  elle  est 
payée  pour  Les  officiers  ,  sous-officiers  et  soldats  , 
et  pour  la  getidarmerie  nationale. 

LXIIL'  La  masse  de  campement  doit  .pourvoir 
à   la   fourniture  et  entretien  de  tous  les   effets   de 


à  la   disposition   du  ministre. 
Il  rendra  compte  tant  des  lommes  que  le  mi- 


Cette  masse  sera  d'un  franc  cinquante  centimes 
par  homme  au  complet  déterminé  par  l'article  V  , 
pour  les  officiers  ,   sous-officiers  et  soldats  de  tous 


nîstre  aura  mises  à  sa  disposition  sur  ladite  portion,  ,,3         jes  ,   excepté  la  gendarmerie  nationale    et 

que   du   produit   des  teuilles  de  retenues  ,  et  de  les  vétérans                         ■ 
celui'des  mandats  tirés  par  les  corps  sur  la  portion 

deMeyr  masse.  |      LXIV.  Les  ministres  delà  guerre  et  des  finances, 

,      .  '  sont  chargés  ,    chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,  de 

LV.  Lorsqite  les  troupes  sont  reumes  en  corps  ,  l'exécution  du  présent  arrêté  ,    qui  sera  imprimé 

d'armée  ,  ou  hors  du  territoire  de  la  république  ,  I  ^^  bulletin  des  lois. 


le  compte  de  la  masse  des  hôpitaux  est  arrêté  pour 
chaque  corps  qui  fait  partie  de  l'armée  ,  et  sa 
masse  passe  en  totalité  à  la  disposition  du  mi- 
nistre ;  et  néanmoins  les  conseils  d'administration 
des  corps  ,  les  directoires  des  hôpitaux  des  armées, 
les  conseils  d'administration  des  hôpiiaux  militai- 
res ,  et  les  économes  des  hôpitaux  civils ,  n'en 
sont  pas  moins  tenus  à  exécuter  les  dispositions 
des  articles  L  et  suivans.  Le  ministre  de  la  guerre 
solde  sur  les  fonds  à  lui  réservés  pour  les  hô- 
pitaux ,  l'excédent,  s'il  y  en  a ,  entre  le  produit 
de  la  masse  des  corps  et  le  montant  des  dépenses 
des  hôpitaux. 

LVI.  L'administrateur  du  trésorpublic  ne  pourra, 
sous  aucun  prétexte  ,  soit  pendant  la  guerre  ,  soit 
pendant  la  paix  ,  mettre  son  visa  au  bas  des  or- 
donnances délivrées  par  le  ministre  de  la  guerre  , 
sur  les  masses  de  boulangeries  et  de  fourrages  , 
ainsi  que  sur  la  portion  de  la  masse  des  hôpi- 
taux laissée  à  la  disposition  des  corps  ,  non  plus 
que  sur  la  masse  d  habillement  ,  ainsi  qu'il  a  été 
prescrit  par  l'arrêté  du  g  thermidor  an  8  ,  que 
lorsque  lesdites  ordonnances  seront  elles-mêmes 
mises  au  bas  des  mandats  des  conseils  d'adminis- 
tration ,  lesquels  mandats  doivent  eux-même  être 
placés  au  bas  des  bordereaux  des  fournitures  ou 
des  journées  d'hôpital. 

T  I  T  R  E     I  V. 

De  la  destination  de  la  force  et  de  l'administration  des 
masses  dt   la  troisième  classe. 

LVII.  Les  masses  cTe  la  troisième  classe  sont 
administrées  par  le  ministre  de  la  guerre. 

Le  montant  desdites  masses  est  versé  dans  la 
caisse  du  payeur  de  la  guerre  ,  dans  l'espace  de 
dix-huit  mois  ,  un  dix-huitième  par  mois. 

Les  ordonnances  du  ministre  sont  spéciales 
pour  chacune  desdites  masses. 

Le  ministre  rend  ,  chaque  année  ,  une  compte 
particulier  de  l'emploi  des  fonds  affectés  à  cha- 
cunes  desdites  mas!>es. 

Lorsqu'un  excicice  eslicrminé,   leministrene 


Le  conseil  d'étal  ,  après  avoir  ,  sur  le  renvoi  des 
consuls  et  sur  le  rapport  de  la  section  de  la  guerre, 
discuté  le  projet  ci-dessus  ,  l'approuve  ,  et  arrête 
qu'il  sera  présenté  aux  consuls,  dans  la  forme  pres- 
crite par  le  règlement. 

Pour  extrait  conforme. 

Le  secrétaire- général  du    cons-eil-d'éiat ., 
Signé  ,  J.  G.  LoCRÉ. 


PRÉFECTURE  DU  DÉPARTEMENT. 

Le  préfet  du  département  de  laSeine,  vu  l'arrêté 
des  consuls,  du  17  ventôse  dernier,  portant 
art.  1"'  )>  que  le  nom  du  département  qui  aura 
ji  payé  au  ao  germinal  la  plus  forte  partie  de  ses 
))  contributions,  sera  donné  à  la  principale  place 
îi  de  Pafis  ;  )J  la  lettre  du  ministre  de  l'intérieur , 
en  date  du  26  de  ce  mois,  qui  annonce  que  , 
d'après  le  compte  rendu  de  l'èiai  des  contribu- 
tions perçues  audit  jour  20  germinal  ,  le  dépar- 
tement des  Vosges  est  celui  qui  a  rempli  l'objet 
dudit  arrêté,  et  par  laquelle  le  ministre  indique 
la  place  dite  ci-devant  Royale  ,  pour  porter  le 
nom  dudit  département  ,  arrête  que  les  inscrip- 
tionscontenantladénomination  deFlacedes  Vosges, 
seront ,  d'ici  au  i-*'  vendémiaire  prochain ,  posées 
aux  différentes  encoignures  delà  plac^  ci-devant 
Royale ,  située  dans  le  8""=  arrondissement  de  la 
commune  de  Paris. 

Le  cit.  Molinos  ,  architecte  ,  inspecteur-général 
des  bâtiraens  civils  du  département  delaSeine, 
es  chargé  de  l'exécution  et  de  se  concerter  à  cet 
effet  avec  les  maire  et  adjoints  dudit  arrondisse- 
ment. Fait  à  Paris  ,  le  27  fructidor  an  8  de  la 
république  française. 

Signé ,  Frochot. 
Pour  amplialion  ,   '- 

Par  le  préfet,  le  secrétaire-général  de  la  préfecture 

Signé  Et.  Mejan. 


<  'I  "  .L.Y  C'É  E    DE    PARIS. 

■  Lé' lycée 'de  'Paris  existç^  depuis"  cinq  ans.  Des 
lilléiàteurs  C3lini;és  y  9^if  ,ço,nstament  attifé  ,  par 
'dtîs  fcctures  choisies  ,  des,  tp.uiiions  nombreuse» 
d'amis  des  lettres  et  des  arts  agréables.  Il  s'est 
auj^ourd  hui  lix'é'  dans  un  local  plus  rapproché 
du  cehtredc  la  ville  ,  que  celui  qu'il  occupaiit  au- 
paravàii't.  •  Se*- 'séances" bnt  le  titfe  de  Veillées'  des 
Muses.         '■'    ■         '    ■    •  I'  ,    ■ 

'L'es' deux 'dernières  ont  été,  brillantes  ;  elles 
avaient  attiré  un  nombiepi  .cop.cours  4'?u,diieurs. 
Ori, 'y^  à  entendu  des  vers ,  adressés  au  premier 
côrtsul  ,  par  madame  Fanny  Be^atàrnais.  Le  nom 
deleurauteur  les  caractérise. Il estpresqu'inuiile  de 
diue  ljU\'l''.rtlei'ite  ils  ôlî'i'iifeiipf.l'qnfe'l'e'ffct  leur  lec- 
ttlte'îat  pu'  prbduii-e'.--U'n  'fîàgrti'étlt  en  prose  iri- 
th\x\é  i'I'A'tfiMÏ de  Collège',  rridtceiù  sur  lequel  le 
citoyen  Girard  ,  son  ^ûieur^','4 'iu'iépandre  une 
teinte  dtjuce  eiihéla'rttolitjue  ,  (fUi  n'eitclud  po'int 
quelques  dctiils  at^éâblcs'. 

Un  morceau  aussi  en  prose  de^Deguerle ,  ayant 
pour  sujet,  les  vers  dits  de  société. .Oa  sait  que  ce 
jeune,  auteur  d'une  traduction  estimée  du  pqëme 
de  la  Guerre  Civile  ,  de  qu,elq,i^es  pièces  origi- 
nales ,  et  dune  foule  de  pièces  erotiques  jtiès.-; 
agréables,  a  pu  sottvent  .connaître  et  apprécieir 
les  succès  dont  il  entre.tenait  le  Lycée.  Son  tpor-^ 
ceaua  paru  bien  pensé  ,  remarqu^blj;.  par  la,  fi- 
nesse ,  la  justesse  ,.d?s,,  apperçus  ,  et  pa.r,  1^ 
style.  ■      ■         '       .■'■■■'■  ,  ,     ^ 

Minona ,  poème  imité  d'.Ossian  ,  par  le  Git0î"eni 
Baour  Lormian.  Où  y  a  retrouvé  la  leinte' 'iiié- 
lancohque  ,  et  souvent  l'èlè.vaiion  de  l'origànâl  i 
et  généralement  les  défauts  attachés  à  ce  genre'  j 
comme  les  beautés  qu'on  peut  devoir  à  son  imi- 
tation. .    ,.:;  'i 

Une  des  satyres  du  citoyen  Déspaze  :  toutes ilei 
quatre  sont  publiées.  '"     ■'.' 

Un  fragment  d'un  ouvrage  en  vers  sur  les 
femmes  ,par  le  ciroyen  Legouvé  :  ce  morceau  avait 
déjà  été  couvert  d'applaudissemens  dans  diyers.es 
lectures   publiques.  '   ' '" 

Un  nouveau  fragment  d'un  déschantsdu  poëme 
de  l'Etude  ,  par  le  citoyen  Corioils  : ,  de  tels  pas- 
sages respirant  une  saine  philosophie  ,  et  présen- 
tant les  richesses  d'une  poésie  élevée  ,  sont  faits 
pour  donner  une  haute  idée  de  l'ouyrage  donc 
ils  font  partie. 

Un  essai  sur  le  libre  arbitre,  par  le  cit.  Bouf- 
flers  ,  remarquable  par  le  coloris  du  style  et  la 
force  de  la  pensée. 

Le  lendemain  ,  moralité  du  citoyen  Tremblay  , 
renfermée  dans  de  justes  bornes  ,  qui ,  en  fesant 
briller  l'esprit  de  son  auteur  ,  paraît  de  natuire  à 
honorer  sçn  cœur  ;  enfin  deux  épîires  du  citoyen 
'Vigée  ,  l'une  adressée  à  une  infidelle ,  l'autre  à 
«//e.  Ces  deux  titres  annoncent  le  genre  des  mor- 
ceaux ,  et  le  nom  de  l'anteur  fait  pressentir  qu'oa 
y  a  reconnu  de  la  légèreté,  de  la  finesse  ,  des 
néïligences  aimables. 


THEATRE  DU   VAUDEVILLE. 

Mademoiselle  Delille  a  débuté  au  Vaudeville  , 
dani  le  joli  rôle  de  Corine  ,  de  La  Matrone 
d'Ephè.se.  Cette  actrice  était  connue  :  déjà  elle 
avait  eu  beaucoup  de  succès  au  théâtre  des  Trou-, 
badours  ,  oti  elle  avait  rempli  une  foule  de  rôles 
avec  une  piquante  originalité.  Elle  a  été  très-favo- 
rablenieni  accueillie  au  Vaudeville  :  on  devaic 
s'yaltcndie.  Elle  dit  bien  le  couplet  ,  c'est  une 
sorte  de  talent  indispensable  au  théâtre  que  nous 
nommons  ici.  Elle  a  un  jeu  franc  et  animé  ,  une 
phisionoraie  spirituelle  ,  un  débit  facile  ,  de 
l'habituel  et  de  l'aplorrib  :,  c'est  une  excellente 
àcquision  ;  mais  il  dépend  du  public  de  rendre 
le  talent  de  cette  actrice  ,  ou  tout-à-fait  remar- 
quable, par  une  juste  sévérité  ,  ou  tout-à-fait  nul , 
par  une  dangereuse  condescendance.  Nulle  co- 
médienne peut-être  n'est  plus  disposée  à  suivre 
de  mauvaises  habitudes  ,  à  prendre, un  marlvais 
ton,  à  tomber  dans  la  charge,  si  ses  premiers, 
écarts  ,  sous  ce  rapport  ,  ne  sont  à  1  instant  ré- 
primés. Il  en  est  peu  ,  d'un  autre  côté  ,  qui  soient 
plus  qu'elle  dans  le  cas  d'apprécier  un  conseil 
sage,  d'imiter  de  bons  modèles,  et  de  suivre  la 
bonne  roiate.  Son  extrême  facilité  est  ainsi  poiic 
elle  et  un  écueil ,  et  un  avantage.  Nous  le  répétons, 
le  public  peut  en  faire  un  excellent  sujet  :  de  com- 
plàisans  applaudisseurs  peuvent  la  perdre. 

Du  plâtre,  et  de  ses  usages  ch'ex  les  anciens. —  Passage 
de  Théophraste ,   'Traité  des  Pierres. 

<i  II  y  a  des  carrières  de  plâtre  dans  un  assez 
gratid  nombre  de  lieux,  principalernent  auprès 
de  Thurium  en  Italie,  aux  environs  du  Pinde 
en  Thcssalie  ,  dans  l'île  de  Crète  :  celui-là  est 
de  la  meilleure  qualité,  et  il  n'est  pa^.prijfou- 
démcnt  dans  la  terre. 

n  On  tire  le  plâtre  en  masse  pierreuse  ,  et  sem- 
blable   à  l'albâtre  ;    on   le    casse   en  morceaux 
et  on  le  cuiti-  On  lui  trouve  par-tout  les  même» 
propriétés  ,  en  quelque  lieu    qu'on  l'exploite,  on 
le  pulvérise,  on  1«  dàirerape   ensuite  danj  l'eau  j 


II460 


on  ne  le  remue  qu^avec  un  bâldii; 'car  il  est 
îtès-chaud  alors,  il  biûlerait  les  mains  î  et  aussi- 
tôt-il  se  prend.  Oïi  ne  le  délaye  qu'au  montent 
•ie  s-'eii  •servir-:  quïnd  on  le  fait  auparavaijit  ,  il 
■dUUKif  et  on  jié  petit  plus  le  ramollir. 
■  si' te  plàire"seït'^à'bâtir,'à  reparer  ,  à  recrepir 
l'es  murs  tendus  et ,'  «iegradés  , .  à  scçljer  ,  à 
rapprocher,  à  fermer  hermétiquemept.  On  peui 
iVprfendré  le  plâtre  q'iii  a  servi,  le  cuiçe,de: 
rechel,  et  s'en  servir  encore.  Les  statuaires  en 
if'ont  un  usage  et  'siit-foixt  les  louions!  Oe-là 
il,  est' arri<'é  quii'n  riaVifé'char'g'é  de  ballots  de 
draps  prit-  feu  ,  'parc-^'^4"^  ''^^"  Y  était\ent,r,ée 
elles  avait  iinôù'i'i'res,..-i>  /.     ,,..,,.        ,ii[j'i: 

On  est  étor^çlpI.^uC;  ijp.SDons  gaulfiisi  qi^j  ,  4U 
"rapport  de  Plme,,,,çopna,issaient  si  biea  irusage 
"des  difFérenies.'jçàiriiès  et  dela.chaux.même  pour 
tértiliser  leurs,, Terres'',  .ii'aytnt  pas  fait  la  n)«ine 
kit&lion  au  plâtre;  à  peine  l'employaien.t-ijs.rpême 
Jidur  bâtir.  Cet  édifice  antiq^ie,,  qui  vitut  de  se 
découvrir  au  Luxembourg  sous  d'autres  vestiges 
de  générations  qui  se  sont  succédées  ne  présente 
aucunemploi  du  plâtre.  ■ 

L'enduit  des  murs  était  un  morti<er  à  la  chaux, 
épais', 'très-sabl'6'ri'eux' pour  les  tenir  toujours  sec;.; 
6t-sâ  superficie  était  ensuite  peinte  à  1  huile.  On 
voit  djns  les  écrits  de  l'empereur  Julien  com- 
bien Ton  éviiait  l'huihidité.  Le  sol  des  habila- 
tipn's  n'était  formé  atissi  que  d'un  massif  de 
Hioptier  au  cim'ent.  Le  plâtre  prend  l'humidité, 
et  les  gaulois  habitaient  le  rez-de-chaussée. 
-  Resserrés  dans  Tespace  étroit  de' leur  île,  les 
habitans  de  Lutece  furent  obligés  d'élever  plu- 
sieurs étages  sur  leurs  maisons':  à  cette  hauteur 
le  plâtre  ne  tire  plus  l'humidité  de  la  terre, 
et  l'on  profita  de  son  extrême  facilité  pour  ces 
bâtisses  sans  nombre  qui  se  sont  multipliées 
depuis.,  pour  étendre  et  refaire  sans  cesse  cette 
■ville  immense  qui  n'a  pas  été  moins  de  quinze 
siècles  à  se  former  pour  la  partie  des  bâtimens, 
comme  pour  enfanter  cette  progression  d'indus- 
trie ,  d'études,  d'émulation  en  tout  genre  qui 
en  a  fait  la  capitale  des  lumières  et  du  goût. 

Le  plâtre  jusqu'ici  n'a  point  encore  passé  parmi 
nous  au-delà  de  l'usage  de  bâtir  et  de  faire 
des  figures.  Cependant  les  anciens,  comme  l'on 
vient  de  le  voir,  savaient  l'employer  encore  pour 
la  préparation  de  leurs  laines  et  de  leurs  étoiles. 

Nos  voisins  nous  montrent  aussi  les  avantages 
qu'ils  en  retirent  pour  l'agriculture  :  les  cultiva- 
teurs de  la  Savoye  en  vont  chercher  jusqu'auprès 
de  Grenob'e  ;  ceux  des  environs  du  Rhin  ne  se 
contentent  pas  de  le  semer  en  poudre,  crud  ou 
cuit  -,  ils  mettent  encore  à  profit  ses  déblais  même  , 
et  répandent  sur  leurs  champs  les  terres  de  ses 
Carrières. 

Et  fin  ,  sur  la  fin  de  1  hyver  dernier  ,  j'ai  vu 
un  part-icu  ier  faire  l'essai  de  semer  du  plâtre  sur 
du  tcede  dans  le  parc  de  Saint-Cloud.  (  i  ). 

Grâces  encore  à  la  chymie  ,  l'on  commence  a 
employer  le  plâtre  dans  le  feutrage,  et  Ion  nous 
fait  espérer  des  procédés  qui  permettront  de  s'en 
se  vit  pour  la  less'rve  même  comœe  delà  soude. 

Que  de  remetcimens  ne  devons-nous  pas  à  cette 
science  merveilleuse  qui  nous  ouvre  les  yeux  sur 
Ips  principes  de  la  matière  !  quels  encouragemens 
ne  méritent  pas  ces  artistes  laborieux  qui  émdieju 
et  recherchent  les  combinaisons  qui  peuvent 
devenir  utiles  aux  arts  et  aux  besoins  de  la  vie  ? 
Aucun  pays  ne  possède  autant  de  carrières  de 
plâtre'  que  Paris.:  nuUe  part  on  ne  l'exploite  plus 
facilement.  Découvrir  dans  cette  matière  quel- 
qu'utilité  nouvelle  ,  c'est  nous  découvrir  une 
mine  immense  et  dans  laquelle  tous  pourront 
puiser- 


p6ur  résciôdrë  leurs- talculs  ,  et  pa'nitulierern'éVùt  j 
les  arbitrages  de  changes  ;  Ics'  garantir'  'de  louies , 
fausses  spéculations  ,  en  leur- monsrant  d'urié  ( 
manière  claire  et  précise  la  perte  pu  le  bé.n.f^^ce 
qui  lésùlierait  de  leurs  opéraiion>  projetées  ;  eij- 
hnleur'dévbiler  ,  pour  airisi  dire ,,  les  seerct.<î  dç 
la  banque  :  'tel  est'le  but  que  .s'est  proposé  l'au- 
teur de,  cet  ouvirage.  Après  avoir  mis  pour  son 
propre  usage  plusieurs  méthodes  à  l'épreuve  ,  il 
SÏst'ÂSiiVëqu'irne  pbu'voit  mieux  l'aueindre  qu'en 
faisant  inieivenir  dans  CCS  calciils  les  logarithiiies  , 
q-aisonti.mc<!les-plus  belles  combinaisons  du  génie, 
et  doncla  propriété  essentielle' cât  de  transformer 
en  de  simples  additions  et  soustractions  de  nom- 
bres ^enlicis  ,;iles  multiplicaiidrîS  et  divi.sions ,  sui- 
vies de  fraciions  incommodes  ,  ei  qui  sont  si  ta- 
ligantes  pour  la  mémoire  ,  diiif  ,les_^  caiculs  sur 
les  changes  ,  sans  que  la  règle  conjointe  puisse 
y   remédier. 

Il  ne  sera  peut-être  pas  inutile  de  désabuser  ici 
quelques  personnes  ,  à  qui  des  préjugés  pour- 
roieni  faire  croire  que  les  logarithrpes  ne  convien- 
nent qu'aux  seuls  savans.  Vu  coup-d'œil  jeté  s-ur 
une  page  de  cette  raéiliode  ,  suffira  pour  les  tirer 
d'erreur.  En  attendant  ,  il  est  bon  qu'elles  sachent 
qu'il  n'est  pas  ici  question  des  tables  de  logarith- 
mes destinées  aux  calculs  scientifiques  ,  mais  bien 
de  celles  qu'on  a  appropriées  aux  calculs  de  com- 
merce ,  et  dont  on  peut  connaître  les  principaux 
usages  en  moins  d'une  heure. 

Ces  tables  parurent  pour  la  première  fois  en 
Allemagne  en  17S2  ,  et  quatre  éditions  succes- 
sives prouvent  assez  leur  uliliié.  Cependant  ,  elles 
forment  seules  lout  le  volume  ,  et  mari(iiieiit 
d'explications  sulfisantes.  L'auteur  de  la  métho'dq 


'tes  persatines  qui  voudroiit  souscrire  ppi\r^^.\p. 
Ibtalirë  de  l'o'uvfa^é  ,'qiii  aura  cinij  gios  votum,es 
fti-'S"  ,  paycrdnt'^'i 5'  francs  pour  Paris,  çf.f^.J^ 
■jjar  la  posré  v'clv'djf'Mou'ta'rdier  ,  quai  des  Augus; 
lins  ,   n"   28.  ,  , 


Avis     BU     L  I  B,  B,  AI 


R'  El. 


que  nous  annonçons  a   su  arranj 


sa    table  de 


.ogarithmes  de  manière  qu'elle  ne  forme  que  le 
quart  de  l'ouvrage  ,  et  persuadé  que  les  expli- 
cations ,  et  sur-tout  les  exemjfiles  ,  ne  peuvent 
être  trop  multipliés  ,  il  a  employé  les  trois 
autres  parties  à  en  montrer  l'application  ,  en 
combinant,  par  leur  moyen,  tous  les  arbitrages 
quelconques  de  trois  places,  ou  même  davantage, 
chaque  arbitrage  pouvant  s'enter  sur  un  autre  , 
et  cela  avec  une  céiérilé  étonnante. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ce  manuel  avec'  un 
Dictionnaire  des  arbitrages  ,\o\.  in-4°  de  iSôopag., 
proposé  par  souscription  dans  un  prospectus  qui 
circule  maintenant  ,  ni  croire  qu'il  s'agisse  ici 
d'une  nomenclature  sèche  de  comptes  faits,  qui 
sont  toujours  insutfisans  ;  au  contraire  ,  c'est  un 
moyen  universel,  facile  autant  que  siir'  et  ex- 
péditif ,  qui  donne  toujours  au  calculateur  la 
satisfaction  de  pouvoir  s  assurer  par  soi-même 
de  l'exactitude  de  son  calcul.  Il  laisse  en 
outre  le  choix  de  calculer'  par  l'arithmétique 
ordinaire  ,  eta  de  plus  cet  avantage  sur  les  autres 
méthodes  ,  qu'il  dispense  de  poser  la  règle  con- 
jointe ,  au  moyen  du  nombre  fixe  ,  toujours  pré- 
cédé d'un  signe  ,  qui  indique  ,  au  premier  coup- 
d'œil  ,  s'il  sert  pour  la  mulliplicatioa  ou  pour  la 
division. 

Enfin  cet  ouvrage  ne  renferme  pas  seulement 
des  arbitrages,  mais  offre  encore  beaucoup  d'au- 
tres avantages  ai-nplement  détaillés  dans  un  pros- 
pectus qui  se  distribue  gratis  aux  adresses  ci- 
dessus. 

Cet  ouvrage  est  imprimé  avec  la  plus  grande 
exactitude  et  la  plus  grande  netteté. 


Manuel  générai   pour   ta  prompte  solution    des 
arbitrages  de  changes  ,   et  de  beaucoup   d'autres 

calculs  nécessaires  chez  les  négocians  ,   par  nom-         —   -         o    ■•,■,',  ,•       , 

bres  fixes  ou  par  logarithmes  ,   au  choix  du   cal-    seul  qui  présente  tant  d  objets  dans  un  seul  cadre  ; 


Dictionnaire  néologique  des  hommes  et  des  choses  , 
ou  notice  alphabétique  des  personnes  des  deux 
sexes  ,  des  événemens,  des  époques  ,  des  monu- 
mens ,  des  ouvrages  de  tout  genre  ,  des  institutions 
de  toute  espèce,  des  pays,  dés  découvertes  et 
des  mots  qui  ont  paru  le  plus  remarquables  à 
l'airteur,  dans  tout  lé  cours  de  la  révolution  fran- 
çaise ;  parle  Cousin-Jacques. 

Cet  ouvrage ,  entrepris  depuis  dix  ans  ,  est  le 


culateur  ,  sans  être  obligé  de  poser  la  règle  con 
jointe  ,  etc  ;  par  Félix  Reishainmer  ,  un  volume 
grand  in-S"  de  528  pages,  imprimé  sur  papier 
grand-raisin  pzr  Didot  jeune.  Prix  ,  9.  fr.  5o  cent. 
Broché  en  carton. 

A  Paris  ,  chez  G.  Dufour  ,  libraire ,  rue  Saint- 
Sévérin  ,  n°  1  to  ;  et  à  Apasterdam ,  chez  le  même  , 
près  la  Bourse, 

Offrir  aux    comraer'çans  une   méthode  simple 


(r)  L'emploi  du  plât:e  ,  comme  amendement, 
est  beaucoup  plus  connu  que  ne  le  pense  l'au- 
teur de  cet  article.  Il  est  d'un  usage  très-familier 
dans- la'Suisse  et  dans  toutes  les" coTitrées  qui  erivl- 
loiinent  le  Jura.  On  l'a  essayer  très-souvent  et 
ordinairement  avec  succès  en  diverses  panies  de 
la'  France.  C'est'  peut-êiré  àuxi. environs"  de  Paris 
qu'il  promettr^dt  le"  moirîs  d'e  réui^sir,  et  cela 
ptécisémfent  parce  que  les  terres  y  pjrticiperii  pour 
la  plupart  de  la  nature  de  ce  composé.  Voyez  à 
ce'sujei  ,  dans  les  annales  d'agncuhuic  du  citoyen 
Tessier,  les  détails  d'"unc  expérience  faite  à  Pan- 
lia-par  le  citoyen  Sainf^ Génies, 


il  contient  plus  de  vingt-cinq  milU  notices  ,  et  un 
très-grand  nombre  d  anecdotes.  Ce  que  tous  les 
dictionnaires  séparés  ont  dit  depuis  dix  ans  ,  on 
le  trouve  ici  dans  un  seul-,  aucun  n'est  en  même 
tcms  plus  étendu  et  plus  concis  ,  plus  complet  et 
plus  varié.  Ce  vocabulaire  est  absolument  neuf  et 
original  ;  il  offre  au  lecteur  ,  dans  un  seul  et 
même  cadre  ,  une  foule  d'objets  disparates  ,  et 
dobjetsqui  n'ont  encoreéié  disculéspar  personne. 
Généraux  ,  députés,  magistrats  ,  prêtres  ,  diplo- 
maies ,  philosophes  ,  littérateurs  ,  savans  .  acteurs  , 
musiciens  et  ardstes  de  tout  genre  ,  époques  re- 
marquables, monumens  ,  anecdotes,  traits  de 
bravoure  et  de  vertu  ,  plans  financiers  et  poli- 
tiqjes  ,  ouvrages  littéraires  ,  philosophiques  et 
dramatiques,  etc.  enfin  ,  tout  ce  qu'il  a  plu  à 
l'aùieur  de  rerharquer  dans  la  vaste  cathégorie  des 
hommes  et'  dés  choses  ,  est  classé  dans  ce  diction- 
naire' par  ordre  alphabétique. 

Cet  ouvrage  est  imprimé  sur  beau  papier,, 
caractère  petii-roraain  ,  à  deux  colonnes  ,  grande 
justification,  et  paraît  par  cahier  de  1I2  pages. 
Prix  ,  2   francs  25  cent,  et  franc  déport ,  3  fr. 


L'abonne-.iient  de  cet  otivt'igf  'a 'éVé  fixe  à'un 
prix,  extraorclinaireiT)tnt  jiiédiocre  ,  afi'ti  ide  .fhire 
jouir  le.s  abourié.'i  de  ,1  avaalage  que  doit  otîrir 
'une  souscriptio;' ;  j,e  [préviens,  en  cont.t\(iuuni:e., 
quej.a-bé  le  .1,5  frup.ii,i,l,pr,,firi.  §;, .  la  sèuiciiif  tuin 
sera  portée  à  21  fr.  .ppjjfc  Paris ,  et  2^.,fri.'pa!r 'la 
poste.  .!     „   ,  ...  .',.; ,.:  t     .      ;      .     '■•!■ 

.  .^,j',S.  La  juste  défiance  qu'avait  inspirée'âa'pu- 
blic  l'inexactitude  dc' plUsieurS-autéurs^jUt  n'oiit 
pas.rejn.pli  leurs  engagemeus  envers  l'eUrs  sous- 
cripteuxs ,  nous  a  déierniinés  à  ne  publier  le 
prospectus  de  ce  DictionHidre  qu'à  l'époque  .de  la 
livraison  du  3'=  cahier  qui  vient  de  paraître.  .Nous 
convaincrons  no.s  lecteurs  de  ïioire  loyauiés  en 
suivant  cet  ouvirage  avec  la  plu?  sHicte  exac- 
titude,. ,  .     ■       ■ 

-  ■  No'Udel'autmr.  —  A-piei  la'pubFicaliôn  âes  c^'uç 
piemiers  cahiers  de  ce  dictionnaire  ,  j'ai  reçu.plu- 
jidurs  leitre's  anonimes  ,  renfér-mani'  des  avis-  et 
dés  .critiques  irès-judicieuses'doiit  je  me. suis  fait 
un  dtjvoir  de  piofiter  sui-lc  champ.  J'ai  lu  de's 
jugcmens  sur  mon  ouvrage  ,  éciiis  pai  dr~  -r^Tni 
qui  ne,, me  sont  pas  éliangete'i';  on  n  a  osé  se  laite 
connoîire  ;  on  a  lU  grand  toit  ,  et  on  m'a-rendh 
bien  peu.  de  justice.  ,  j 

Le  supplément  de  la  lettre  A  étoiî  près  de  :pa,- 
roître  :Je  l'ai  renvoyé  ,  pour  cause  ,  au  supplé- 
tiiént  général,  <iui  ne  paroîira  qu'à  la  fin  du  dcr- 
iiier  vblunie  ,  avec  les  corrections  et  les  suppres- 
sions nécessaires. 

On  pourra  juger  par  là  lettré  B,  de  quelle  ma- 
nière j'ai  cru  devoir  tirer  parti  des  leçons  qU'.  j'ai  re- 
çues. Cette  lettre  contiendra  beaucoup  plus  d  ar- 
ticles'que  la  précédente,  efserà  beaucoup  moins 
volumineuse;  mais  en  ns  disant  que  ce  qîi'iltaut 
dire,  chaque  article  en  sera  plus  saillant. 

Par  ce  moyen  ,  l'ouvrage  complet  n'excédera 
pas  l'étendue  que  je  m'ét.ds  prescrite  d'abord  ; 
les  terreurs  de  ceux  qui  craignaient  une  produc- 
tion Volumineuse  ,  serorit  dissipées.  ,  ^1  ..  , 
Je  dois  néanmoins  observer  que  plusiçursi  Jits- 
sonnes  semblent  avoir  pris  le  change  sur  la  nat\ire 
■de  cet  ouvrage  ,  qui  n'est  pas  seulement  une  col- 
lection alphabétique  des  objeis  les  plus  mémo- 
rables de  la  révolution  ,  mais  une  nomenclature 
exacte  et  raiçonnêe  de  toutes  lei  victimes  qu'elle 
a  faites  ,  de  tous  les  héros  qu'elle  a  produits  , 
de  tous  les  pays  qu'elle  a  signalés  ,  de  tous  leS 
négocians  qu'elle  a  laissés  vivre  ,  et  qui  peuvent 
servir  encore  utilement  leur  patrie  ,  de  tous  les 
ouvrages  de  liuérature  qu'elle  a  vu  éclore  ,  de 
toutes  les  pièces  de  théâtre  qu'elle  a  tolériécs  , 
de  tous  les  savans  et  artistes  qu'elle  a  épaïgrlés  ; 
enfin  de  tous  les  monumens  qu'elle  a  respectés  , 
et  de  tous  les  mots  qu'elle  a  lait  naîtrre. 

Ce  Dictionnaire  doit  être  un  Mémorialuniversel 
pour  lEurope  ,  relativement  à  la  révolution  fran- 
çaise ,  qui  a  tant  influé  sur  les  destinées  des  em-, 
pires  de  l'Europe.  Il  faut  qu'on  y  trouve  ,  au 
besoin  ,  un  Dictionnaire  Néologique  de  la  révo- 
lution française  ,  ur)  Manuel  de  géographie  mo- 
derne ,  un  Etat  général  des  spectacles  déutii^^ 
douze  ans,  un  Calendrier  militaire  ,  un  Taleau  de. 
la  banque  et  du  commerce  ,  un  Almanach  des, 
gens  de  lettres  ,  un  Répertoire  des  sciences  ,  arts 
et  monumens  ,  une  espèce  d'Annales  de  médecine 
et  de  chirurgie  ,  un  Abrégé  des  fastes  de  la  juris- 
prudence révolutionnaire  ,  et  enfin  ,  un  Monu- 
ment érigé  à  la  mémoire  de  toutes  les  victimes  de 
la  terreur. 

Si  je  n'ai  pas  rempli  ce  but  dans  toutes  sei' 
parties  avec  une  stricte  exactitude  ,  je  puis  dîrV 
pour  ma  justification  ,  1°  qu'aucun  dicdonnaire 
ne  l'a  mieux  rempli  jusqu'ici;  2°  qu'on  n'écono- 
misera pas  à  beaucoup  près  autant ,  en  se  pro- 
curant séparément  tous  les  ouvrages  qui  sont 
renfermés  da- s  celui-ci  ,  qu'en  se  le  procurant, 
puisqu'il  supplée  au  défaut  de  dix  ou  douze 
collections  dont  chacune  aurait  plusieurs  volu- 
mes ,  et  que  ,  quel  que  soit  leur  mérite  ,  on  n'y 
chercherait  en  général  que  ce  qu'on  est  sûr  de 
trouver  dans  cet  ouvrage. 


SPECTACLES. 

ThÉATIIE     de      la    REPUBLIQ_t;E    ET    DES    ARTf.. 

Le  2^  jour  compl.  Praxitelle  ou  laCeiniufe  .  opéra 
en  un  acte  ,  suiv.  du  ballet  4ê  '"^  Dansomanie,, , 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
Le  Collatéral  ou  la  Diligence  de  Joignji  ,  préc. 
des  Exacieurs. 

THEATRE  nu  Vaudeville.  Auj.  la  Succession; 
les  Troubadours  ,  et  un  seul  Violon  pour  tout  It 
monde.  _    _.  ,     , 

Théâtre  DELA  Cité,-Variétés.  —  Panlofnimes. 
Le  4"=  jour  compl.  la  Fille  hussard,  paatomime 
en   3  actes ,  à   grand  spectacle. 


A. PaTiss-de^rittipTiiiiierife  du  cit.  Agaste,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n»  «î. 


GAZETTE  NATiONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^r''  362. 


2""  jour  complémentaire  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


. ...  JU 


TtH* 


Nous  sommes  aucorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  darer  du  7   Nivôse  le   M  O  N  t  T  E  U  il  esc  te.  f^i^l  Journal  offidifiL'     • 
Il  caïuieiii:  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvevnemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  l'.-s  faits  et  les  libtions  cârif'su  ; 
l'intérieur  que, sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  mmisférielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré   aux   sciences,  aux  arts  et    aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR, 

ALLEMAGNE. 

Munich  ,  le  2'2  fructidor. 

JL<'^R.CHIDUC  pahtin  Joseph,  gendre  del^mpe- 
reur  Paul  P'  ,  est  ,  à  ce  qu'on  assure  ,  nommé 
commandant  en  clicl'de  l'armée  autrichienne  sur 
J  Inn  ;  sous  lui  commande  le  feld-raaréchal  baron 
de  Lauer  ;  le  baron  de  Z,i<ig  est  en  qualité  de 
chef  de  l'état-major  à  cette  armée.  Le  général 
Schmidt  ,  dont  l'archiduc  Charles  fesait  grand 
cas,  et  les  généraux  Chateller  et  Saint-Julien, 
celui  qui  a  rapporté  de  Paris  les  préliminaires  de 
paix  ,  ont  été  remerciés  et  mis  sur  létat  des 
pensions.  L'archiduc  Ferdinand  qnitte  l'armée 
de  llnn.  Le  prince  Jean  de  Lichtenstein  a  ,  pour 
raisons  de  santé  ,  relusé  le  commandement  de 
cel/e  d'Italie  ,  auquel  il  avait  été  nommé  ,  après 
que  le  général  Mêlas  eût  obtenu  sa  démission  ; 
ce  dernier  a  reçu  l'ordre  île  continuer  provisoi- 
ment  de  commander  l'armée. 

Le  roi  de  Prusse  après  avoir  voyasé  dans  la 
Silésie  ,  est  revenu  le  l5  fructidor  à  Charlotten- 
bourg. 

La  reine  de  Naplcs  est  avec  la  famille  de  l'em- 
pereur ,  à  Bade  ,  à  peu  de  distance  de  'Vienne. 

Le  corps  de  chasseurs  du  cercle  de  Fran- 
conie  ,  a  reçu  ordre  de  se  réunir  au  général 
Simbschon.  Celui-ci  se  trouve  sur  la  rive  droite 
du  Mcin  dans  le  pays  de  Schweinfurth.  Albini 
a  garni  AschafFenbourg  de  quelques  troupes  ma- 
yençaises  ;  il  doit  ,  si  les  français  avancent ,  se 
lelirer  sur  Fulde  et  Hamelbourg. 

On  a  remis  au  citoyen  Neveu  ,  commissaire 
français  en  cette  ville,  un  certain  nombre  de  ta- 
bleaux provenant  de  la  galerie  de  l'électeur,  des- 
tinés à  enrichir  le  Muséum  français. 

Augs bourg  ,  /e,.2 4  fructidor. 

Le  quartier-général  de  Moreau  était  il  y  a  peu  I 
de  tems  à  Nymphenbourg.  Une  partie  des  troupes 
de  Sainte-Suzanne  a  repris  le  blocus  de  la  cita- 
delle d'Ulm.  On  y  a  encore  des  provisionsen  pain 
et  en  viande  assez  abondantes  ;  mais  le  bois  man- 
que ,  et  les  maladies  augmentent  considérable- 
ment. ;  Strasb.   Weltbote.  ) 

REPUBLIQ^UE     HELVÉTIQ.UE. 

Berne  ,  le  23  fructidor. 

Avant  -  hier  ,  sur  les  onze  heures  du  soir ,  le 
général  en  chef  de  l'armée  de  réserve,  Macdonald, 
est  Hirivé  ici  ;  il  était  suivi  de  plusieurs  autres 
i^cnéraux  ,  parmi  lesquels  se  trouve  aussi  Mathieu 
Dumas.  L'armée  de  réserve  ,  forte  de  3o  à  40.000 
hommes  ,  s'avance  à  grandes  journées  vers  IHel- 
vétic.  Une  partie  prend  la  route  de  Lausanne  ,  une 
jmre  celle  d  Yverdun.  On  attend  aujourdhui  les 
premiers  détachemens. 

•    Le   commissaire    du   gouvernement  helvétique 
pics  I  armée   du   Rhin,  annonce  cjans  une   lettre, 
du  ig  ,    qu'un    courier  ,  passant   par  Augsbourg  I 
et   allant  de  Vienne  à  Paris  ,   a  apporté  au    gou- 
vernement français-  la  signature  des  préliminaires 
de  paix  par  la  cour  de  Vienne. 

L  homme  prévenu  d'avoir  été  la  cause  de  l'in- 
cendie d'Uzzislorf  ,  s'est  étranglé  lui-même  à 
Mingisberg. 

Il  y  a  peu  de  jours  ,  quelques  jeunes  étourdis 
insultèrent  en  passant  un  otHcier ,  adjoint  du 
général  Xaintrailles.  Au  lieu  de  lui  faire  des 
excuses  ,  ils  répondirent  avec  impertinence  ,  et 
lui  d'eux  nommé  TschifFeli  ,  officier  bernois  , 
au  service  du  Piémont  ,  s'est  battu  avec  l'olfi- 
tier  fr.rnçais.  et  a  reçu  un  coup  d'épée  au 
travers   <iu  corps. 

On  reçoit  de  divers  cantons  les  plus  mauvaises 
notivellcs  sur  la  rentrée  des  contributions.  Dans 
ipitlques  cantons  on  croit  faussement  que  la 
i!;\(ilii  ion  du  19  thetmidor  a  aboli  les  lois  sur 
hs  conltibuiicns  et  annullé  rengagement  d'y 
satisfaire.  'I  hurgan  ,  Scuiis  ,  cette  ville  même 
oui  leçu  des  irouyes  pour  taire  payer  [arrérage 
tics    iin|iositions. 

Le»  membre»  du  congcd  d  exécution  ont  reçu 
chacun  des  attributions  punicidieres.  Toutes  les 
divisioiti  sont  xonliées  atix  hommes  les  plus  en 


ciat  de  remplir  ces  places  par  leurs  connais- 
sances   et  leurs    talens  administratifs. 

[Strasburger  Weltbote.) 

A   N   G  L  F.  TERRE. 

Londres  ,   19  fructidor.   (6  septembre.) 

Un  ecclésiastique  du  comté  de  King  ,  en 
Irlande  ,  devant  avoir  à  dîner  un  évèque  tiès- 
friand  de  poisson  ,  s'adressa  à  un  officier  d'artil- 
lerie du  voisinage  ,  fort  adioit  et  fort  heureiix  à  la 
pêche.  Le  lendemain  l'oFiicier  lui  envoya  un  su- 
peibe  brochet  ,  avec  le  billet  suivant  :' 

11  Je  vous  envoie  ,  mon  cher  monsieur  ,  un 
brochet.  Dieu  me  pardonne  ,  il  semble  avoir  éié 
créé  tout  exprès  pour  l'estomac  de  monseigneur  ! 
C'est  vraiiTient  un  morceau  fait  pour  un  palais 
épiscoptil.  i!  (lmh:x''ioa  d'un  caiembourg  de  leu 
M.  de  Bièvre.) 

Un  boulanger  de  Chipplng-Norton  ,  convaincu 
d'avoir  vendu  un  pain  de  deux  livres  où  il  man- 
quait quatre  onces ,  a  été  condamné  à  une  amende 
de    cinq    schellings   par    once. 

Lejugement  qui  devait  avoir  lieu  aux  dernières 
assises  à  Stafîord  ,  de  la  femme  qui  a  mutilé  son 
mari  avec  un  rasoir  ,  a  été  ajourné  ,  au  grand 
mécontentement  de  toute  la  ville. 

'William  Chapman  ,  âgé  de  25  ans  ,  a  été  exé- 
cuté à  Slamford  ,  pour  avoir  enlevé  Sara  ,  femme 
de  George  Rose  ,  de  Roughion,  près  de  Hor'n- 
castle.  Il  a  paru  très-repentant  de  son  crime. 

On  a  trouvé  parmi  les  journaux  de  mer  de 
Thomas  Paiker,  moit  depuis  peu  en  Amérique  , 
et  qui  fut  très-employé  dans  la  guerre  dernière  , 
le  journal  qui  suit,  fesant  allusion  à  sa  traversée 
dans  ce  monde. 

Première  partie    du  voyage. 

Beau  tems. — Vent  en  poupe. — Joli  frais  et 
toutes  voiles  dehors.  —  Parlé  et  donné  assistance 
à  plusieurs  vaisseaux  qui  manquaient  de  vivres. 

Milieu  de   la    traversée. 

Tems  variable.  —  Disette  de  provisions.  — 
Retrouvé  plusieurs  des  bâiimens  que  nous  avions 
secourus.  —  Mis  le  pavillon  en  berne  et  fait  des 
signaux  de  détresse.  —  Pour  toute  réponse  ,  vite 
de  bord  et  gagné  le  large.  . 

Dernière  partie  du  voyage. 

Vent  debout.  —  Orages  .et  tempêtes.  —  En- 
traîné sous  le  vent  par  les  courans  de  l'adversité. 

—  Q_uelques  éclaircis   vers  la  fin  de  la  traversée, 

—  Plis  hauteur.  — Fait  quelques  corrections  n  la 
route  estimée  et  après  un  passage  de  5o  ans  , 
entré  et  mouillé  dans  la  rade  de  la  moTtalilé  , 
ayant  en  vue    l'océan   uni  et  calme  de  l'éierniié. 

(  Entrmt  du  Stax.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  1  "jour  complémentaire. 

On- écrit  de  Philipsbourg  ijue  le  rhingrave  de 
Salm  a  été  enterré-  hier  ici  au  bruit  de  l'ariillerie 
de  la  place.  Il  est  mort  d'une  fièvre  apoplectique  , 
dont  il  avait  essuyé  deux  attaques  quciquesjours 
auparavant.  Le  généra!  divisionnaire  Dalabordè  , 
qui  lait  le  blocus  de  la  place  ,  lui  avait  envoyé  un 
habile  médecin  de  Bruscliall  ,  et  un  tonneau  du 
meilleur  vin  ;  mais  le  rhingrave  venait  d'expirer 
subitement. 

—  Il  y  a  deu.x  jours  on  donnait  an  Théâtre 
français  le  triple  Mariage  ;  quelques  personnes 
prenant  peut-être  cet  ouvrage  pour  une  produc- 
tion nouvelle  ,  ou  ne  croyant  pas  devoir  en  ap- 
plaudir la  remise  ,  se  mènent  à  siffler.  Dazincourt 
s'avance  sur  le  bord  de  la  scène  ,  pjcnd  la  pièce 
des  mains  du  souffleur,  et  interrompant  sou  rôle 
pour  s'adresser  au  public  ,  profère  du  ton  le  plus 
décent  et    le  plus  respeciueux  ce   peu   de  mots  : 

citoyens  ,  la  pièce  est   de  Destouches  et Les 

applaudis'semens  éclatent  de  toutes  pails  ,  et  la 
pièce  a  été  tranquillement  écoulée  jusqu'à  la  fin. 
Elle  avait  toujours  eu  du  succès.  Cette  lois  elle  l'a 
dii  à  la  présence  d'esprit  de  l'acteur  que  nous 
avons  nommé. 

—  Il  paraît  un  recueil  nouveau  ,  intitulé  Champ- 
fortiana  ;  ce  sont  des  pensées  ,  des  iraiis  ,  des 
anecdotes  trouvées  parmi  les  papiers  de  ce  célèbre 
académicien.  Les  quarante  premières' pages  de  ce 
recueil  étaient  entièrement  inçdiles, 


ACTES    bu    GOUVERNEMENT. 

.Arrêté  du  1.%  fructidor.,  1     |   '1 

BoNAPARTK  ,  premier  consul  de  la  république-^ 
arrête  ce  qui  suit  : 

An.  I".  Il  sera  accordé  un  sabre  d'honneur 
au  citoyen  Dufour  ,  cWci  de  brigade  de  la  58*^  , 
pour  sa  bonne  conduite  au  sie-je  du  fort  de 
Bard. 

II.  Le  ministre  de  la  g.iierre  est  chargé  de  l'exii-j 
cuiion   du  présent  ariêié  :  -a 

Le  premier  consul  ,  sigri(  y  B4i^.4tPA.HtB&i.'"  1 
Parle   premier   consul,      "•  >    »!     ■'•■■]■    '»!'■' • 

U  secrétnire-d  état ,  signé' .Xl.'Vl'.  ikA^tit^ 
."    .oiji,!.-'    r-i. 

MINISTERE    DE   L'I  N  T'ÉTi  I  Eûfc" 
Le  miîiislre  de  l'intérieur  ,  aux   préfets    des  dépar- 
temens.  —  Paris  le  nS  fructidor  «n  8.    -     •- 

Je  vous  adresse  ,  citoyen  préfet ,-  Te"  prograrhme 
de  la-fête  du  i'^-' vendemiriire.  j'v  joins  uîi  exenî- 
plaire  du  rapport  (l)  que  j'ai  fait  aux  consuls  i 
poiir  leur  indiquer  les  dix  dëpartemens  qui  , 
en  exécution  de  l'arrêté'  du  17  veniôse  ,  doi,-; 
vent   être    proclamés    comme    les-plps   sensibles 


à  I  honneur  naiioni 


Je  n'ai  pas  besoin  .  sans  doute  ,  citoyen  préfet^ 
de  vous  engager  à  célébrer  la  fê|e  du  j"^  yehf\ 
démiaire  avec  tout  l'éclat  que,  mérite,  la  mérap^ 
râblé  époque  dont  elle  1  appelle  le  souvenir^ 
Voire  patriotisme  me  garaniit  suffisariiment  les 
soins  que  vous  apporterez  à'  vous' cbn,lo,rrne!:, 
aux  intentions  du  gouvernement^  ,  . 

Votus  aurez  soin  de  p,roclamer:splennel!ement 
les  noms  des  dix  départeraens  :quiont  été  jugés 
dignes  de  la  reconnaissance  nationale. 


Je  vous   salue  , 


Signé  ,  Lucien  Bonabarte. 


Les  créanciers  du  ministère  de  l'intérieur  son  tin  vîtes 
à  poursuivre  direclemenl  la  liquidation  et  le  paie^ 
nient  de  leurs  créances,  et  à  ne  pas  salarier  des 
personnes  qui  prétendent  pouvoir,, par  leur  dé^ 
marches  ^  influencer  le  travail  des  bureaux. 

Des  ordres  ont  été  donnés  pour  qu'on  n'ait 
aucun  égard  aux  demandes  de  ceux  qui  ne  se 
conformeront  pas  à  celle  invitation. 


ETAT  -  MAJOR-  GÉNÉRAL. 

Deux  officiers  russes  ont  écrit  au  premier  con- 
sul la  lettre  suivante  : 

Au    premier    consul     de    la    république  française;, 

Bonaparte.  '-'Î 

Général  consul  ,  1 

Les  soussignés  officiers'  russes  ,  prisonniers  dé 
guerre  ,  sensibles  à  la  manière  dont  ils  sont  trai- 
tés ,  jirennent  la  libené  de  vous  en  témoigner 
leur  gratitude;  il  vous  appartenait,  général  ,■ 
d'adoucir  leur  sort,  et  d'attacher  au  char  de  vos 
victoires, le  triomphe  de  l'humaniié. 

Daignez  recevoir  l'expression  de  la  plus  sincère 
reconnaissance  d  autant  plus  just-fiée  ,  qu'ils  osent 
solliciter  et  attendre  de  voire  bienveillance  le  port 
d'armes  qui  doit  toujours  distinguer  des  officiers 
qui  nom  jamais  dévié  des  principes  de  1  honheui; 
dont  ils  font  prclession.  ' 

Salut  et  profond  respect. 

Signé,    Z.\'lesi<.i  ,  capitaine ,; 
KouTOMOKFF  ,  lieutenant. 

Voici  la  réponse  du  général  divisionnaire 
Mortier.  ■-.', 

A  messieurs  Jaleski,  capitaine,  et  Kontomorff ,  lHu- 
tenant ,  officiers  russes  ,  prisonniers  de  guelfe.    '' 

Le  premier  consul,  messieurs,  se.plaii  à  linnor 
rcr  le  courage  et  la  loyauté  parmi  les  militaires 
de  votre  nation,  ccinime  il  aime  à  f.iire  pratiquer 
ces  vertus  clicz  les  français;  et  confiant  aux  scnr 
timens  dont  vous  lui  donnez  l'assurance,  il  vous 
acioide  le  port  d'armes  que  vous  lui  demande:. 

J'ai  I  lioii:ieur  de  vous  saluer,  ' 

Sifjic,  Ed.  Morhi;r.      ,,  ',, 


(i)  Bullttin  ilsl  l^iis 


DÉPARTEMENT  DE  JLASEINE. 

te  préfit  au  citay^n  Machau  ,  maire  de  Vitry.  — 

Farts,  le  «7  fruclidor  an  8. 

Citoyen  ,  je  vous  invile  au  nom  du  gouver- 
reraent,  dont  les  intentions  m'ont  été  noiifiées 
par  le  ministre  de  l'intérieur  ,  à  assister  à  la  lêie 
du  i*'   vendémiaire. 

Les  preuves  d'attachement  que  vous  avez  'don- 
nées à  la  patrie  ,  me  répondent  de  votre  empres- 
sement à  vous  rendre  à  cette  solennité  et  à  y 
porter  le  témoignage  de  rsconnaissance  de  vos 
conciioyens  envers  le  gouvernement  ,  et  l'ex- 
pression de  leurs  vœux  pour  l'affermissement 
de  la  félicité  publique. 

Signé,  Frochot. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

fête  de  U  Kipuhtiijne.  —  Du  ig  fructidor  an  8  de 
ta  république  française  ,  une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  ,  vu  le  programme  adopté 
par  les  consuls  ,  lé  i8  de  ce  mois  ,  pour  la 
fête  du  i*'  vendémiaire  an  g  ,  ensemble  Je  dé- 
veloppement du  programme  arrêté  par  le  ministre 
de  J'imérieur,  ordonne  ce  qui  suit  : 

Art.  l".  Le  dernier  jour  complémentaire  ,  et  le 
1"  vendémiaire  ,  les  rues  de  Paiis  ,  notamment 
celles  que  le  conege  devra  pajcourrr  ,  et  la 
Place  des  Victoires,  seront,  avant  huit  heures 
du  matin,  nétôyées  et  débarrassées  de  joutes 
boues  et  immondices  ,  ainsi  que  des  matériaux 
qui  pourraient  en  gêner  la  libre  circulation. 

Les  mêmes  dispositions  seront  exécutées  dans 
toutes  les  rues  et  chemins  aboutissant  au  Temple 
de  Mars  (?«x  Invalides  )  ,  et  au  Charap-de-Mars. 
JI,  Le  dernier  jour  complémentaire  ,  le  pas- 
sade ^ÇS  vpiiiires  sera  interdit  ,  depuis  midi  , 
dans  la  rtjç  des  Petits- Augustin* .  sur_  les  quais 
à  partir  de  I3  r«e  Guenégaud  jusqu'à  la  place 
du  Corps-Léaislalif ,  et  ensuite  dans  les  rues  de 
Bourgogne  ,  qe  Varenne»  ,  la  place  et  le  bou- 
levard des  invalides  jusqu'au  Temple  de  Mars, 
sur  le  Pont  National  et  celui  de  la  Révolution, 
d'ans  les  rues  des  Marais  ,  du  Colombier ,  Jacob  , 
rfié  1  Université  ,  ainsi  que  dans  toutes  celles 
situées  entre  les  rues  et  les  quais  ci-dessus  ,  telles 
que  les  rues  de  Vcrneuil  ,  de  Lille  ,  de  Beaune  , 
fle  Poitiers ,  de  Courty  et  portions  de  celles  des 
S.tiriis-Peres ,  du  Bacq  et  de  Belle-Chasse;  la  cir- 
cuU'ion  n'y  sera  rétablie  qu'une  heure  après  le 
passage  da  cortège  ,  énoncé  en  l'article  VII  du 
développement  du  programme. 

m.  Aucune  voiture  ne  pourra  circuler  ni  sta- 
tionner ,  le  !"■  vendémiaire  jusqu'au  lendemain  , 
sur  la  Place  des  Victoifes  et  dans  les  rues  ad- 
jacentes ,  telles  que  celles  des  Petiis-Peres ,  Notre- 
Dame-des-Victoires,  du  Mail  ,  des  Fossés-Mont- 
inartre  ,  du  petit  Reposoir ,  Pagevin  ,  Verderet, 
âsi  Vieux-Augustins  ,  Coquéron  ,  Coquilliere  , 
du  Bouloi  ,  Croix-cJes-Petits-Champs  ,  et  ensuite 
les  rues  du  Cocq,  la  petite  place  de  la  Liberté, 
celle  des  colonnades  du  Louvre  ,  les  quais  jus- 
qaes  «t  compris  la  place  de  Grève  ,  ceux  des 
©rBèvres  ,  de  l'Horloge  du  Palais  ,  et  tous  les 
autres  quais  et  ponts  en  descendant  sur  les  deux 
rives  de  la  Seine  ;  la  grande  avenue  des  Champs- 
Elysées  ,  la  place  de  la  Concorde  ,  la  rue  de  la 
Révolution  ,  la  partie  du  boulevard  jusqu'à  la 
rue  Caumariin  ,  celles  des  Capucines  ,  neuve 
d«s  Petits-ChaBipS  ,  ainsi  que  dans  toutes  les  rues 
ou  portions  de  rues  et  places  intermédiaires , 
iiolamraent  celles  Honoré  ,  des  Bons-Enfans  , 
de  la  Loi,  Traversiere  ,  Helvétius  ,  Saint-Roch, 
Nicaise ,  neuve  du  Luxembourg  ,  les  places 
Vendôme  ,  du  Tribunat  et  le  Carrousel-,  comme 
aussi  sur  la  place  du  Corps-Législatif,  dans  les 
ruçs  de  Bourgogne ,  de  Varennes  ,  et  toutes 
celles  qui  conduisent  de  U  place  des  Invalides 
ià  Champ-de-Mars. 

c  IV.  Les  voitures  qtii,  k  premier  vendémiaire, 
arriveront  à  Paris  par  la  barrieVe  de  Passy  ,  seront 
teovies  de  suivre  l'allée  des  Veuves  et  la  rue  de 
^iarigny  ,  pour  aboutir  à  la  place  Beauveau  , 
faubourg  Honoré  ;  celles  qui  arriveront  par  la 
iiarrieTç  de  Chaillot  seront  également  jenues  de 
fuivre  la  rwe  d«  Maiigny  pour  aboutir  au  même 
endroit. 

V.  Sont  exceptées  des  dispositions  ci-dessus . 
-les  voitures  des    autorités  ,    des  administrations 

et  des  fonctionnaires  des  départemens  appelés"  à 
concourir  à  la  fête. 

VI.  Les  voitures  qui  conduiront  les  membres 
des  autorités,  des  administrations  et  des  fonc- 
tionnaires des  départemens  ,  à  la  place  des  Vic- 
toires ,  seront  rangées  sur  une  seule  file,  aussi- 
tôt après  que  les  personnes  amenées  seront 
descendues  dans  les  rues  des  Fossés-Montmartre, 
du  Mail  et  Notre  -  Dame- des -Victoires  ,  sans 
qu'elles  puissent  stationner  sur  la  place  des  Vic- 
toires ou  sur  aucunes  des  autres  rues  adjacentes. 

VII.  Les  voitures  des  autorités ,  des  àdminir- 
traiioBS  et  des  fonctionnaires  des  départemen 
qui  se  rendront  au  Champ-de-Mars  ,  devront 
arriver  par  les  avenues  du  'Jùmc  des  Invalides 


taies  , 
chain. 


est    ouvert   jusquau    20    brumaire    pro- 


II.  Chaque  concurrent  devra,  avant  cette  épo- 
que, adresser  au  jury,  sous  le  couvert  du  préfet 
du  département  de  la  Charente  ,  un  programme 
raisonné  du  cours  (ju'il  se  propose  d'enseigner  :  il 
est  de  plus  invité  à  joindre  à  cet  envoi  la  notice 
de  tous  ses  titres  littéraires. 

m.  Il  justifiera  également  auprès  du  jury  ,  de 
sa  moralité,  de  son  civisme  ,  de  ses  fonctions  ou 
occupations  antérieures  ,  et  de  la  manière  dont 
il  les  a  remplies. 

iV.  Le  jury  fera  ,  dans  la  troisième  décade  de 
frimaire  ,  an  g  ,  l'examen  et  l'électipo  qui  lui  sotlt 
désignés  par  la  loi. 

V.  La  présente  délibération  sera  de  suite  adressée 
au  préfet  du  département,  avec  invitation  de  l'ho- 
mologuer ,  la  faire  imprimer  en  nombre  suffisant 
d'exemplaires  pour  être  publiée  ,  affichée  et  en- 
voyée à  tous  les  départemens  de  la  république  ,  ef 
même  de  la  faire  insérer  dans  lesjournaunies  plu* 
répandus. 

Fait  à  Angoulême ,  au  lieu  ordinaire  des  séances 
du  jury  central  d'instruction  publique  .  le  25  lher« 
midor,  an  8  de  la  république  française. 

Signé ,  P.  BuCHEV,  F.  Trémkau  etMuNiER, 
Pour  expédition  conforme, 

F.  Trémeau. 


1462 

à  la  gwllfi  de  l'Ecole-Militaire  ;  lesdites  voiiu-  I  places  de  pr«fes««u«.d'Ustoir«  «latufelk  et  iJebà- 
res  «e  rangeront  ensuite  datos  l'avenue  dit«  de  tanique  ,  et  de  physique  et  cbiimiè  expéiimen- 
Breteuit.  '"  "       ""  '  "" 

VIII.  IJ  est  ordonflé  à  teu«  cochers  de  con- 
duire doucement  leurs  chevaux  sur  une  seule 
file,  et  il  leur  est  fait  défenses  de  couper  d'autres 
voilures  ;  les  propriétaires  sont  invités  à  recom- 
mander à  leurs  cochers  de  se  conformer  exac- 
temem  à  ces  injonctions  et  défenses. 

IX.  Le  passage  de  la  rivière  en  bachots  ou 
baielets  ,  ne  pourra  avoir  lieu  ,  lesdits  jours  cin- 
quième complémentaire  et  premier  vendémiaire  , 
depuis  le  pont  de  la  Révolution  jusqu'à  la  sortie 
de  Paris  ,  qu'aux  trois  endroits  ordinaires;  savoir, 
au  port  des  Invalides ,  à  Chaillot  et  à  la  barrière 
des  Bons-Hommes. 

Les  adjudicataires  ou  fermiers  de  ces  passages 
d'eau  sont  ténus  de  se  pourvoir  de  bachots  et 
mariniers,  en  nombre  suffisant,  pour  que  le  ( 
service  de  ces  passages  se  fasse  avec  sûreté  et 
célérité. 

X.  il  ne  pourra  être  admis,  dans  chaque  bachot, 
plus  de  douze  personnes  ;  il  est  enjoint ,  aux  pas- 
seurs d'eau,  d'y  tenir  la  main,  et  de  désigner 
aux  commissaires  de  police  ou  à  la  garde , 
ceux  qui  ,  par  imprudence  ,  compromettraient 
la  sûreté  des  passagers. 

XL  Le  feu  d'artifice  devant  être  tiré  sur  le  pont 
de  la  Révolution  ,  il  est  défendu  à  tous  mariniers , 
propriétaires  ou  gardiens  de  bateaux  ou  trains  . 
de  stationner  au-dessus  ni  au-dessous  dudit  poni , 
à  une  distance  de  moins  Je  cent  mètres;  le  bateau 
destiné  au  service  de  l'anificier  pourra  seul  être 
placé  près  dudit  pont. 

XII.  Pour  le  maintien  des  dispositions  ci-dessus, 
il  sera  placé  dans  les  endroits  désignés ,  une  force 
armée  suffisante. 

Il  sera  mis  Spécialement ,  le  dernier  jour  com- 
plémentaire ,à  la  disposition  des  commissaires  de 
police  des  divisions  de  l'Unité,  de  la  Fontaine  de 
Grenelle  et  des  Invalides  ,  un  détachement  d'in- 
fanteris  ;  et  le  i"  vendémiaire ,  à  la  disposition 
des  commissaires  de  police  des  divisions  du  Mail, 
des  Tuileries  ,  des  Champs-Elysées  et  des  Inva- 
lides ,  des  détachemens  d'infanterie  et  de  cava- 
lerie ,  pour  les  seconder  dans  l'exécution  des  me- 
sures de  police  dont  ils  sont  chargés. 

XIII.  Les  Champs-Elysées ,  les  Tuileries  et  les 
élablisseraens  publics  devant  être  illuminés  la  nuit 
du  I"  au  2  vendémiaire  ,  les  habilans  de  cette 
commune  sont  invités  à  illuminer  également  li 
façade  de  leurs  maisons. 

XIV.  Aucune  voiture  ne  pourra  circuler  ,  dans 
Paris  ,  pendàut  tout  le  tems  des  illuminations. 

XV.  Les  commissaires  de  police  et  les  officiers 
de  paix  tiendront  la  main  à  l'exécution  des  régle- 
mens  qui  défendent  de  tirer  des  fusées  ,  pétaids , 
boîtes  et  autres  pièces  d'artifice  ,  dans  les  rues  . 
promenades  ,  places  publiques  v  cours ,  ou  parles 
fenêtres  des  maisons. 

Ils  feront  arrÊier  et  conduire  les  conttevenans  à 
la  préfecture  de  police. 

XVI.  La  présente  ordonnance  sera  imprimée  , 
affichée  et  envoyée  aux  autorités  qui  doivent  en 
connaître ,  aux  officiers  de  police ,  et  aux  préposés 
de  la  préfecture. 

XVII.  Le  général-commandant  d'armes  de  la 
place  de  Paris ,  et  le  capitaine  de  la  gendarmerie 
nationale  ,  sont  requis  de  prendre  toutes  les  me- 
sures nécessaires  pour  la  pleine  et  entière  exécu- 
tion de  la  présente  ordonnance. 

Le  préfet ,  signé ,  Dubois. 
Par  le  préfet , 

Le  secrétaire-général,  signé.  Pus. 


DEPARTEMENT    DU    VAR, 

Concours  pour   trois   places  de  professeur  à   f  école 
centrale. 

Le  citoyen  Faucher ,  préfet  du  département  dti, 
Var  a  pris  le  22  fructidor,  un  arrête  dans  lequel 
se  trouvent   les   dispositions    suivantes. 

Les  chaires  d'histoire  naturelle  ,  de  chimie  et 
phisique  expérimentale  et  de  législation  seront 
données  au  concours. 

Les  candidats  se  présenteront  à  Toulon  aux 
membres  du  jury  central  d'instruction. 

Le  2  brumaire  an  g  ,  à  dix  heures  du  matin, 
le  concours  aura  lieu  dans  la  salle  d'assemblée  du 
l'école  centrale  en  présence  des  membres  du  jury 
d'instruction  et  des  autorités  constituées. 


DEPARTEMENT  DE  LA  CHARENTE. 

Concours  pour  deux  places  de  professeur   à  f  école 
centrale. 

Le  Jury  central  d'insiructiob  publique  de  la 
Charente  a  pris,  le  b5  thermidor,  la  délibération 
suivante  ,  qui  a  été  homologuée  le  sy  du  même 
mois ,  par  arrêté  du  citoyen  Delaitre  ,  préfet  de 
ce  département  ; 

Vu  les  lois  du  3  brumaire  et  i''  germinal  an  4  , 
sur  linstruction  p^iblique  ; 

Délibérant  siir  les  riaoyens  d'appeler  aux  places 
de  professeursd'hisloire  naturelle  et  de  botanique. 


Relation  d'un  accident  fatal  arrivé  à  un  voyageur 
sur  le  glacier  de  Buit  ,  et  avis  aux  curieux  gui 
parcourent  les  montagnes ,  et  particulièrement  les  gla^ 
ciers  ;  par  M.  A.  Pictet,  professeur  de  philo» 
sOphie  ,  l'un  des  rédacteurs  de  la  Bibliothèque 
britannique,  extraite    du    n°   112   de   ce   recueil. 

Un  sentiment  de  curiosité  Irês-naturel  amena 
de  toutes  les  parties  de  1  Europe  les  voyageur» 
vers  la  plus  haute  cîme  de  l'ancien  monde  , 
le  Mont-Blanc  ,  et  vers  les  glaciers  qui  l'avoi- 
sinent.  Depuis  l'ascension  mémorable  du  savant 
historien  des  Alpes  ,  ces  lieux  ont  acquis  un 
degré  nouveau  d'intérêt;  le  géologue  ,  le  miné- 
ralogiste ,  le  simple  amateur  s  y  portent  à  l'envi  ; 
les  femmes  mêmes  y  sont  amplement  dédom- 
magées des  fatigues  de  la  route  par  le  charme 
du  séjour  au  milieu  d'objets  absolument  nou- 
veaux pour  elles  ,  et  d'une  population  aimable 
et  accueillante.  Tout  se  réunit  pour  faire  de  cette 
excursion  .  d'ailleurs  sans  difficultés  réelles  ,  le 
but  ordinaire  de  la  plupart  des  çuçieux  qui  vi- 
sitent Genève  et  ses  environs. 

Plus  ce  voyage  offre  d'attraits  ,  et  plus  il  im- 
porte de  faire  connaître  les  dangers  que  l'im- 
prudence ou  la  seule  inattention  peuvent  y  faire 
courir.  Nous  avons  sur-tout  en  vue  l'utilité  ;  et 
il  y  en  a  sans  doute  à  signaler  dans  tous  le» 
lieux  oiî  peut  circuler  notre  recueil,  des  périls, 
grands  quand  on  les  ignore  ou  qu'on  lesoublie, 
et  presque  nuls  quand  on  est  averti  et  pré- 
cautionné. Peut-êire  hélas!  si  nous  eussions 
traité  ce  sujet  il  y  a  quelques  semaines  ,  aurionj- 
nous  prévenu  un  accident  funeste  dont  nom 
venons  d'être  presque  les  témoins  ;  cette  ré- 
flexion ne  nous  permet  plus  d  hésiter.  Quelque 
habitude  des  montagnes  acquise,  soit  en  y  ac- 
compagnant mon  illustre  collègue  de  Saussure, 
soit  dans  dix  voyages  faits  aux  glaciers  de  Cha- 
mouni  en  particulier,  m'attireront  peut-être 
quelque  confiance   de   la  part  de  ceux  à   qui  je 


"î      {.'■  ",.'T      --",--.■ -7 J"-'     voudrais  épargner  des  inquiétudes  ou  des  danoers 

et  de  physique  et  ch.m.e  expérimentales  ,  vacantes    j^  «nvoie  à  la  fin  de  c  '  '     '  ° 

dans    1  école  centrale,  des  hommes   dignes   pa-    ■*         ■  ■ 


leurs    talens  ,    leurs  vertus  et  leur  civisme, *de 
remplir  ces  honorables  fonctions  ; 

Considérant  qu'une  époque  trop  rapprochée 
pour  la  clôture  du  concours  pourrait  priver  l'école 
centrale  de  sujets  piécieux  ,  en  ce  que  Les  ci- 
toyens instruits ,  des  divers  départemens  de  la 
république  ,  n'auraient  pas  le  tems  de  remplir  les 
coidiiions  que  le  jury  a  cru  devoir  prescrire  pour 
ass  urer  la  bonté  de  son  choix  ;  et  que  d'ailleurs 
l'année  class'que  étant  presque  achevée  ,  il  ne 
peut  espérer  de  complelter  le  nombre  de  profes- 
seurs ,  que  pour  la  rentrée  de  l'école  ,  arrête , 

Art.  I*^'.  Le  concours  pour  la  iiiomta3,ij<oia  aiix 


cet  article  les  conseils  que 
l'expéri-.nce  m'a  suggérés  à  cet  égard  ,  et  je  me 
hâte  d'en  venir  à  l'événement  qui  m'a  fait  pren- 
dre la  plume  sur  ces  objets. 

Le  citoyen  d'Eymar  ,  préfet  du  Léman  ,  ama- 
teur éclairé  des  arts,  et  admirateur  passionné  de 
la  belle  nature  ,  s'étant  proposé  dernièrement  ds 
visiter  les  glaciers  de  Chamouny  ,  canton  qui 
forme  actuellement  la  limite  orientale  du  dépatT 
tement  qu'il  administre  ,  m'invita  à  l'y  accompa- 
gner ,  ei  je  profitai  avec  empressement  de  ses 
dispositions  obligeantes.  Nous  partîmes  le  19 
thermidor  {7  aoûi),  et  nous  couchâmes  le  pre- 
mier jour  à  Sallenches  ,  ainsi  qu'on  !«  fait  sidi- 
Aairemeot. 


Le  lendemain  malin,  dans  la  première  heure 
de  route  ,  nous  renconlrâines  un  jeune  homme 
à  pied  ,  accompagné  d'un  paysan  qui  poitait  sa 
valise.  L'air  triste  et  ptëoccupé  de  ce  voyajçeur 
nous  frappa.  Arrivés  à  Servoz  ,  à  trois  lieues 
de  Sallencnes  ,  nous  y  apprîmes  du  nommé  Dé- 
Vi'lle  ,  guide  fort  intelligent  et  expérimenté  qui 
nous  attendait  au  passage,  que  u  la  veille  au 
matin  ,  un  étranger  ,  compagnon  et  ami  de  celui 
que  nous  avions  rencontré  ,  se  trouvant  avec  cet 
ami  et  un  guide  sur  le  glacier  de  Buëi ,  et  quelques 
pas  en  avant  d'eux  ,  avait  disparu  tout-à-coup 
clans  une  crevasse  du  glacier  recouverte  par  la 
neii^e  qui  avait  manqué  sous  ses  pieds.  Arrivés  au 
bord  de  l'ouverture  ,  dont  ils  ne  purent  apperce- 
voirlefond  .  les  deux  surv'ivans  appelèrent  inuti- 
lement un  grand  nombre.  He  fois  le  malheureux, 
cngloati  dans  cet  abîme  ;  et  ils  ne  quittèrent  la 
place  que  lorsqu'ils  eurent  perdu  à  son  égard 
toute  espérance.  Arrivé  à  Servoz  ,  M.  Zimpssen 
^(c'était  le  nom  du  jeune  homme  que  nous  avions 
rencofitr€)  avait  donné  à  Déville  ,  par  écrit  ,  la 
fororoission  de  chercher  à  retrouver,  s'il  était 
possible,  le  cadavre  de  M.  Eschen  ,  son  ami  ,  e< 
de  le  faire  ensevelir.  !> 

Viïigi-quatre  heures  étaient  à  peine  écoulées 
depuis  l'événement  :  un  éclair  d'espérance  frappe 
Tame  sensible  du  citoyen  dËymar;  il  enjoint 
suisiiôt  ,  et  officiellement  ,  à  Déville  (  qui  avait 
paru  hésiter,  et  non  sans  raison)  de  se  munir  de 
suite  de«  objels  nécessaires;  de  partir  sans  perdre 
un  instant  ,  accompagné  du  nombre  d  hommes 
dontii  présumerait  avoir  besoin,  et  de  lui  rendre 
compte  de  ce  qu'il  aurai*  pu  laite.  Il  y  a  au  moins 
neuf  heures  de  marche  de  Servoz  au  glacier  en 
question,  lequel  ne  fait  point  partie  d-  ceux  que 
nous  allions  visiter;  et  nous  ne  pouvions  con- 
inaûr«  1  issue  de  la  recUe,fche  qui  allait  être  entre- 
prif«  qu'à  notre  passage  à  Si-rvoz,  au  retour  de 
Cljamonni  ,  lieu  vtfrs  lequel  nous  continuâmes 
tristement  notre  route. 

C'est  avec  regret  que  j'omets  ici  les  détails 
du  séjour  que  nous  avons  fait  dans  cette  in- 
téressante vallée  ;  ils  ont  eu  un  caractère  qui 
ies  grave  à  jamais  dans  mon  souvenir;  mais  ils 
seraient  étrangers  à  mon  objet.  Seulement ,  tandis 
que  le  brave  Déville  et  ses  compagnons  S'ont  ■ 
occupés  de  leur  entreprise,  je  me  hasarde  à 
suspendre  quelques  momens  l'impatience  de  nos 
lecteurs,  pour  leur  faire  connaître  le  glacier 
deBuët,  et  les  motifs  qui  peuvent  y  conduire, 
les   voyageurs.  I 

C'est  à'MiVi.  De  Luc,  frères,  que  les  physi- 
ciens ei  les  naturalistes  doivent  la  découverte 
de  la  possibilité  d'atteindre  cette  sommité  ,  re- 
couverte d'une  glace  éternelle.  C'est  une  mon- 
tagne isolée  ,  située  en  avant  de  la  chaîne  cen- 
traU  à  laquelle  appartient  le  Mont-Blanc  et  ses 
glaciers  ,  et  qui  en  est  séparée  par  une  chaîne 
plus  basse  et  parallèle.  On  voit  ce  glacier 
depuis  Genève  ,  immédiatement  à  gauche  du 
Môle  ;  il  se  présente  sous  la  Joime  d'un  dos- 
d'âne  peu  sjiUant  ,  et  qui  paraît  d'un  accès  facile. 
MM.  De  Luc  y  furent  trompé>  ;  et  Ihistoire  des 
(rois  teni,iiives  qu'ils  .tirent  pour  l'atteindre  ,  et 
dont  la  dernière  seule  (le  20  septembre  1770} 
leur  réussit ,  c.m  l'un  des  épisode^;  les  plus  iinté- 
lessans  qu'on  puisse  rencontrer  dans  les  écri,ts 
d'auci'P  naturalisic.  C'était  la  recherche  de  la 
loi  que  suit  la  dimin.o.tion  de  la  chaleur  de 
J'eaw  bouillante  à  mesure  qu'on  s  élève  dans 
r»tijjiOipliere  ,  qui  les  conduisait  sur  celte  mon- 
tagne ;  élit  leur  fit  braver,  i  iiois  rt-pri-ses  ,  des 
ditiicuités  et  des  périls  de  plus  d'un  genre  ,  pour 
aueindre  une  sommité  qui  pût  être  considérée 
comme  la  limite  des  observations  posbiblts. 
Honneur  à  la  science  qui  inspire  ce  courage 
persévérant  ,  et  qui  le  reproduit  dans  les  géné- 
taiions  qui  se  succèdent  !  nos  hardis  compa- 
triotes ne  se  doutaient  gueies  que  dix  -  sept 
ans  après  cette  expédition  ,  de  Siiu.ssure  répé- 
terait leur  expérience  mr  le  Mont- Blanclui-mhne , 
c'est-à-dire  ,  environ  85o  toises  plus  haut  qu  ils 
n'étaient  parvenus  avec  tant  de  fatigues  et  de 
dangers. 

On  a  découvert  ,  depuis  quelques  années 
un  chemin  beaucoup  plus  facile  pour  arriver 
sur  le  Buët  ou  la  Monine  (car  il  porte  aussi 
ce  nom),  que  celui  suivi  par  MM.  De  Luc. 
C'est  celui  par  lequel  j'y  suis  monté  deux  lois  , 
Sans  éprouver  de  difticulté.  On  va  coucher  aux 
Chalets  de  Villy  ,  derniers  pâlurag.es  de  la  vallée 
qui  commence  à  Servoz  et  se  termine  au  glacier 
de  Buct.  On  atteint ,  de  Villy  ,  le  col  de  Salen- 
ton  ,  par  un  sentier  praticable  aux  mulets  ;  de-là 
on  attaque  la  moniagne  par  sa  face  méridio- 
nale Cl  orientale  ;  et  .  en  traversant  alternative- 
ment des  pentes  de  neige  et  d'ardoise  ,  on 
atteint  le  sommet  au  bout  de  deux  heures  et 
demie  de  marche.  La  moyenne  entre  deu;; 
observations  du  baromètre  que  j'y  ai  faites  ,  et 
dont  les  résultats  difierent  peu,  me  donne  3  107 
metrei  (i594  loiseï  )  pour  «a  liameur  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer  . 

La    montagne    elle-même   offre  peu  d'int^r«i 
sous  le  point  de  vue   liihologique  ;  elle  est  d'ar- 
doise ,    entremêlée    de    hlons   de   cjuariz    carié 
ou  eu   façon   de  Malactiles  ;   mais   il  n'existe  ,  je 
crois  ,    comme  belvédère ,    ùim  qui  pui»»*  lin 


1463 

ire  comparé.  On  embrasse  d'un  coup-d'àil  l'es- 
pace comprii  depuis  lejurj,  à  l'Occident  ,  jus- 
qu'aux sources  du  Rhône  à  lOricnt  ;  et  celte 
considération  particulière  ma  fait  designer  cette 
montagne  comme  irès-propie  à  recevoir  des 
signaux  ,  dans  un  projet  d'une  mesure  d'un 
degré  de  laliiude  et  de  deux  degrés  de  lon- 
gitude dans  le  parallèle  de  Genève  ;  projet  con- 
signé dans  un  mémoire  inséré  dans  les  Trans. 
Phil.  de  la  Soc.  R.  de  Londres  ,  pour  1791  (i). 

J'eus,  dans  mon  second  voyage  au  Buët  ,  le 
désagrémeni  d'être  constamment  dans  les  nuages 
pendant  près  de  six  heures  que  j'y  demeurai. 
J'avais  très-froid  ;  et  pour  nous  réchauffer  ,  mes 
guides  et  moi  ,  nous  nous  mîmes  à  bâtir  une 
cabane  sur  l'arrêle  de  rochers  la  plus  voisine  du 
sommet.  Nous  avions  à  notre  disposition  de 
grandes  dalles  d'ardoise;  et  hoUe  çonsiruction 
tut  si  solide  ,  qu'elle  subsisie  encoVe,  et  qu'elle 
a  abrité  plus  d'un  curieux  surpris  pat  le  mauvais 
temSi 

Le  glacier  qui  recouvre  celte  sommité  diffère 
de  la  plupart  des  amas  de  glaCes  désignés  sous 
ce  nom  ;  en  ce  que  ceux-ci  occupent  d  ordinnire 
des  vallées  ou  des  gorges  ,  dans  lesquelles  les 
glaces  ne  se  sont  pas  originairement  lormées  , 
mais  oii  elles  sont  descendues  par  leur  poids  , 
et  par  l'effet  de  la  pression  des  jilaces  supé- 
rieures ;  au  lieu  que  la  glace  du  Buët  y  existe 
parce  qu'elle  s'y  est  formée;  et  qu  à'ceite  hau- 
teur, dans  notre  parallèle,  la  neige  ne  fond 
pas  en  été.  Cette  moniagne  peut  même  servir  à 
déterminer  avec  quelque  précision  la  limite  in- 
térieure des  neiges  permanentes  dans  nos  cli- 
mats; 

Ainsi  ,  par  exemple ,  en  observant  depuis 
Gei'êve  j  avec  une  iunetie  gar-iie  d'un  micro- 
mètre ,  l'angle  verticalement  compris  entre  le 
sommet  du  glacier  et  la  limite  inférieure  de 
la  neige,  je  lai  tiouvé  de  16'  14";  cet  angle  , 
à  la  distance  du  Buët  à  Genave  :=  SSlig  menés 
(29820  toises  )  ,  répond  à  I41  toises  ,  dont 
celte  limite  est  au-dessous  du  sommet;  ce  qui 
la  place  à  1453  toises  au-dessus  delà  mer. 

On  peut  se  demander  quelle  est  la  température 
moyenne  annuelle.,  à  cette  hauteur  dans  notre  lati- 
tude ?  Nous  avons  indiqué  ,  quelque  part  dans 
noire  recueil  ,  une  formule  très-simple  que  de 
Saussure  avait  conclue  empiriquement  d'un  assez 
grand  nombre  d'observations  ,  et  qui  représenle 
assez  bien  la  loi  du  décroissement  de  la  chaleur 
moyenne  de  bas  en  haut  dans  l'atmosphère.  Ce 
décroisseraent  est  d'un  centime  de  degré ,  du  Th.  en 
80  parties.,  par  toise  d'élévafionperpendiculaire.  Ainsi, 
cette  formuleappliquée  àla  lemijératuremoycrtne, 

(1)  Je  ne  puis  mieux  Taire  apprécier  ce  site,  qu'en  transcris 
vantles  expressions  mêmes  de  M.  de  Luc.  (Red.  lur  les  thiidifi- 
catloiu  ds  t'atmo:pk!Te ,  T.  il  ^  p.  gjo  et  smv.  ) 

"  Il  est  bien  difficile,  de  se  faire  entendre  pr-.r  des  mots, 
lorsqu'ils  ne  réveillent  pas  des  sensations  éprouvètrs.  Te  ne  me 
flatte  donc  pas  de  produire  cliez  pies  lecteurs  celles  que  nous 
cjtrouyions  alors.  Le  silence  le  plijs  proibnd  régnait  dans  ces 
lieux  :  on  sentait  qu'ils  n'étaient  pas  laits  pour  des  êtres  vivans  : 
ils  étaient  aussi  inconnus  à  notre  juide  qu'à  nous-mêmes.  Les 
olianiois  n'y  viennent  point ,  et  par  conséquent  aucun  chasseur 
n'y  çtait  moule..... 

„  Ce  sentiment  de  profonde  solitude  était  un  de  ceux  que  nous 
depiclions  le  plus  aisément  ;  mais  il  n'explique  paîm  notre  état. 
Nous  nous  trouvions  sur  une  immense  étendue  déneige  dont  rien 
n'idLerait  la  blancheur.  Les  rayons  du  soleil,  réfléchis  par  la  neige 
dans  la  ligne  qui  tendait  vers  cet  aslre  ,  nous  fesaient  appercevoir 
combien  elle  était  polie;  et  l'imagination  étfndait  ce  poli  par- 
tout. Nous   ne  voyions    absolument    que    cette   neige    et    le  ciel 

arrondis  ,  comme  ces  beaux  nuages  argentés  qu'on  voit  quel- 
queteis  se  eautenir  majestucueenienl  dans  un  air  pur.  Et  voilil 
précisément  ce  qui  produiuait  cette  sendation  extraordinaire  que 
nous  éprouvions  alors.  Il  nous  semblait  réellement  que  nous  étions 
suspeniius  dans  l'air  sur  un  de  ces  nuages;  et  quel  air  .'jamais 
nous  ne  l'avions  vu  de  cette  couleur  ;  il  était  d'un  bleu  vif  et 
loncé  en  méuie  tems,  qui  piodiûsaLt  une  sensation  d'immensité, 
qi|i  est  inexprimable 

„  Il  était  près  de  midi  lorsque  nous  y  arrivâmes  ;  et  tout-à- 
coup  ,  en  élevant  notre  tête  an-dessus  du  rideau  qui  nous  cachait 
depuis   long-tems    la   partie    orientale    de  notre    hojrizon  ,    nous 

due  de  plus  de  5o  lieues.  De  quel  côté  que  nous  tournassions 
nos  regards ,  tout  l'horison  était  couvert  de  montagnes.  Se» 
bornes  à  l'occident  n'étaient  sOrement  que  l'épaisseur  de  l'air  \ 
car  nous  dominions  assez  la  chaîne  du  Jura ,  distante^de  i3  à  14 
lieues,  pour  découvrir  au-delà  les  plaines  delà  Franche-Comté 
et  de  la  Bourgogne  ,  si  l'air  eût  été  assez  transparent.  Au  sud- 
ouest  notre  vue  s'étendait  jusqu'au  lHont-Cenis;  et  au  nord-est 
probablement  jusqu'au  Saint-Gothard.  Nous  dominions  de  beau- 
coup toutes  les  gorges  des  Alpes  ,  et  i!  n'y  avait  que  quelques-uns 
de  leurs  pics  qui  s'élevassent  au-dessus  de  nous. 

„  Dans  tout  ce  vaste  espace  où  les  montagnes  étaient  entas- 
sées ,  nous  n'appcrcevions  de  plaine  que  dans  un  petit  recoitl  il 
l'ouest ,  dont  Genève  occupait  le  milieu  ;  et  au  nord-est ,  nous 
voyions  presque  d'un  bout  à  l'autre  ,  la  large  vallée  où  coule 
le  Rhône,  depuis  sa  chute  des  montagnes  jusqu'à  Sion,  capitale 
du  Valais,  dist:inte  du  lieu  où  nous  étions  de  9  à  lu  lieues. 
Tout  le  reste  était  hérissé  de   montagnes. 

M  Les  détails  ,  autant  que  l'ensemble  ,  .luraifint  excité  l'admira- 
tion de  l'homme  le  plus  indifférent  ;  un  seul  coup  -  d'ail  sur 
l'inimçnse  quantité  de  glaces  et  de  neiges  qui  couvrent  les 
Alpes  ,  suffit  pour  tranquilliser  Ip  spectateur  sur  la  durée  du 
Rhône,  du  Rhin  ,  du  Po  et  du  Danube.  On  a  le  sentiment  que 
C'««  la  leur  réservoir ,  et  qu'il  peut  fournir  à  plusieurs  années  de 
sécheresse.    Nous   comparions.,   8an,s   qu'il  lut   besoin    de  (Calcul , 


au  niveau  de  la  mer  dan?  le  parallèle  de  46  dcstesfla^ 
tiludf  du  Buët)  indiquée  dans  l'ouvrage  ilc  ICii-Wan; 
sui  la  leiii|)érature  du  globe  ,  savoir ,  56". 4  F  .  soit 
10,  SU,  donne  pour  1453  toises  14 •  "rii  degrés  à 
déduire  ,-  ce  qui  porte  la  température  moyenne 
annuelle  de  1<  limiii.'  i'ifcrieure  de  la  neige  ,  dans 
ce  parallèle  ,  à  353  degrés  au-dessus  de  zéro  (  1  ). 
Il  n'est  do. iC  pjs  surprenant  que  cette  montagne 
soit  couronné'.-  d'un  gljcier  ,  puisipie  la  rieige  qui 
y  tombe  dans  la  saison  froidene  je  fond  jamai.s  toute 
entière  en  été.  Leau  cj'ie produit  la  fusion  partielle 
de  la  surface  suifilire  dans  b  neige  encore  po- 
reuse ,  et  se  congelant  dans  ses  inicrsiices  elle  la 
convertit  peu-à-peu  en  glace.  Ainsi,  s'est  forme 
Un  enlassement  dont  M.  de  Luc  cherche  à  esiiraeï 
l'épaisseur  d'après  l'observation  suivante. 

11  Nous  jugeâmes ,  dit  il  ,  par  la  position  de  ce» 
petits  rochers ,  plus  bas  d'environ  200  pieds  que 
la  partie  plus  élevée  de  la  glace,  qui's  fesaient 
partie  du  vrai  sommet  de  la  montagne.  Totil  ce 
qui  s'élevait  au-dessus  n  était  qu'un  massif  de 
glace  .  en  forme  de  cône  coupé  par  fixe  ,  de 
200  pieds  de  haut  ,  sur  une  base  très-large  * 
posée  elle-même  sur  l'immense  étt-ndue  dé 
glape  permanente  qui  couvre  toute  la  pente  du 
sommet.  >i 

Mais  ce  fut  avec  une  surprise  mêlée  de  fié- 
missemenl  ,  que  j'appris  par  I  événement  dont 
je  vais  achever  de  rendre  compte  ,  que  ce 
glacier,  souvent  visité  par  les  voyageurs  i  et  par- 
couru deux  fois  par  moi-même  avec  une  sécurité 
parfaite  ,  renfeimait  de  ces  crevasses  recouvertes 
de  neige  ,  qui  en  rendent  d  autres  si  dange- 
reux ,  quand  on  ne  prend  pas  les  précautions 
convenables. 

Pendant  nntre  séjour  à   Chamouni   le  citoyen 
DEytnar    apprenant  que  le   guide    qui   avait  ac- 
compagné le  malheureux   Eschei;  ,  habitait  qtiel- 
que   part  dans  la  vallée  ,     le    Ht   demander  pour 
1  interroger  avec  détail  sur  l'accident.   11   arriva  : 
son    visage    et    Ibate    sa    conlenance  peignaient 
encore  le  désespoir  ;   mais  il  ne  nous  apprit  rien 
I  c[ue    nous    ne    sussions     déjà.    C'était    un   guide 
j]ins  au   hasaid  ,    qui  paraissait  peu  connaître   les 
I  montagnes,      et    qui    cependant  ,    nous    dit-il  , 
I  avait  invité   M.  Eschen,  en  arrivant  sur  le  glacier, 
à   ne   pas  se  séparer  de   ses   deux   compagnons, 
j  Celui-ci  ,  entraîné  par  cette   sensation    indéfinis- 
sable qu'on  éprouve  en  atteignant  les  hautes  cîmes^ 
I  et  voyant  au  sommet  du  glacier,  àpeu  de  distance  , 
I  deux  chasseurs   de    chamois  qui    s'y  reposaient  -, 
.'pressait  sa   marche   pour  les  joindre;  c'est  alors 
;  qu'il  fut  englouti. 
1     Ici  nous  sbmmes  ramenés  à  la  suite  des  éyéne- 

imensi 
Nous  repassâtnes  a  Servoi  le  troisième  jour  au 
matin.    On  venait    d'y    rapporter   le   cadavre    dii 
1  malheureux  Eschen,  Nous  le  contemplâmes  avei: 
!  une  vive  émotion  ,  et  en  recherchant ,   avec  une  . 
curiosité  inquiète  ,  à  nous  convaincre  qu'il  n'avait 
pas  survécu  un  instant  à    sa    chute.  Nous    en   de- 
meurâmes persuadés  par  les  détails  que  nous   ne 
tardâmes  p.is  à  apprendre,  et  en  observant  qu'il 
avait  t-ois   des  vraies   côtes  de  chaque   côté  cas- 
;  sées ,  et  une  fone  dépression  du  sternum  ,  symp- 
I  tomes  qui  indiquaient  qu'il  avait  éprouvé  la  com- 
ipression   la  plus  subite    et    la    plus  violente.   Il 
n'était  d'ailleurs  nullement  défiguré  ;  et  ses  traits  \ 
j  en     harmonie  parfaite,  ne   préseniaient   aucune 
jidée    de  souffrance.    Son   passeport,  trouvé   sur 
ilui   avec   avec  d'autres  effets  .    nous  apprit  .  qu'il 
s'appellail  Frédéric-Auguste  Eschen,  né  àEuiineil 
I  dans   I  évêché   de  Lubeck  ^  et  qu'il  était   âgé   de 
I  vingt-trois  ans.  ('  hi  suite  demain-  ) 


unie 


(laraiisnient  qtte  de  petits  lilcls  d'eau  ,  en  comparaison  des  vallées 
couiblées  déglace  d'où  elles  sortaient.  Le  Mont-Blanc,  qui 
s'élevait  au-dessus  de  ces  vallées  ,  paraissait  capable  de  fournir 
seul  pendant,  très -long-tems  au  cours  d'une  rivière,  tant  il  était 
chargé  de  glace  dçpuis  son  piedjusqvies  à  son  ^ammtl,  t'p»t-i-flile  i 
da;ie  une  étendue  prodigieuse.....  „ 


THÉATRJE    DE  LOPÉR A- GOMIQ_UE. 

I  Nous  avons  si  souvent  averti  les  sociétaires 
qui  composent  ce  théâtre,  que  leur  succès  était 
attaché  à  une  scrupuleuse  exactitude  de  leur  part , 
à  se  maintenir  dans  leur  genre  ,  que  nous  devons 
les  féliciter  aujourd'hui  ,  et  d'un  choix  excellent 
et  d'un  succès  mérité.  Leur  Calife  de  Bngdad,  est  un 
des  plus  jolis  opéras  comiques  qu'on  an  donné  de^ 
puis  très-long-tems. 

Le  sujet  est  une  de  ces  avantures  que  la  sultana 
Scheerazade  trouvait  avec  tant  de  facilité  dans  sa 
mémoire  ,  et  qu'elle  racontait  toujours  si  à  propos. 


(1)  J'ai  eu  occasion,  il  n'y  a  pas  long-tems,  dé  discutet 
cette  formule  avec  un  pliysicien  qui  me  fit  observer  qu'elle  ns 
pouvait  pas,  pat  sa  nature  même,  être  exacte;  parce  que  la 
densité  de  l'air,  élément  duquel  dépend  essentiellement  la  con- 
servation de  la  chaleur  dans  les  diverses  couches  de  l'atmoï. 
phere  ,  décroît  en  progression  géométrique  ,  tandis  que  les 
hauteurs  en  toises,  qui  représentent  des  températures  décrois* 
santés  ,  marchent  en  progression  arithmétique.  Te  convins  de  la 
justesse  de  l'observation,  mathématiquemen't  parlant.  Mais 
comme,  physiquement,  la  formule  se  compose  de  coêfficiens  > 
dont  quelques-uns  sont  inconnus  ,  ou  inappréciables  ,  qui  donnent 
en  fait  ,  à  la  température  une  marche  aritbniétiquemçnt  dé". 
croissante  de  bas  en  haut  ,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  cette 
formule,  toute  eropyrique  qu'elle  fst  ,  r  présente  asseï  bien  (es 
résultats  moyens  des  observations  pour  pouvoir  être  employée 
commodément  toutes  les  fois  qu'on  n'a  besoin  que  d'une  (]uan- 
tité  aiiproximative  :  et  c'étuit  i,ti  le  cas.  il  «'.igisiait  de  ta 
température  moyenne  du  Mont-S.iint-Bernard.  Le  physicien  était 
Bonaparte  ;  et  le  heu  de  li  discussion  ,  à  i  table  ,  et  dans  l'appar- 
tement même  du  eavant  illustre  dont  Je  cUerclijii  i  défendre  la 
théorie  et  le»  ca/cult. 


1464 


Le  ji'iinc  calife  Iscuf.  aime  éperjiiemeni  Zé- 
tiilbc  ,  jcuiif  cl  belle  musBhii.un;  ,  tient  la  merc 
Zuliiiéi.lt;  est  veuve  el  sans  lor:une  ;  il  a  eu  le 
bonhfur  de  h  sauver  d'un  parti  arabe  qui  allait 
i'cnicvcr.  Depuis  ce  lems  ,  Zélulbé  a  vu  dans  son 
1ibjr:iu:iir  i  o!v-t  de  l'amour  le  l'Un  tendre  :  lou<; 
les  JOUIS  le  ciille  .  sous  un  habit  obscur  ,  parait  à 
SCS  vcin;  :  elle  ne  connaii  ni  son  nom  ni  son  ranj; 
le  iiiduiphe  du  calilc  n'appartient  qu'à  lui.  Un 
niO!'..  i'esl  écoule  depuis  le  jour  ou  Zelulbé  a  vu 
sou  iutoiiiiu  jitiui  la  pieuiierc  lois.  Il  paraît  er  fi.i 
devant  i.i  rncre  ,  et  sans  auiie  cérémonie,  lui  de- 
luanilc  la  main  de  sa  hile.  Son  habit  n'annonçant 
que  le  cliel  d'une  horde  d'arabes,  Zulméide  re- 
jt  fie  l'on  loin  ses  propositions  ;  il  insiste:  elle  veut 
savoir  .•,011  état  ,  sa  prol'ession  ;  point  de  réponse  : 
elle  demande  au  moins  son  nom  ,  ce  nom^  est 
il  BuundoiinU  ;  voilà  tout  ce  que  ceprétcndu  d'une 
espeee  originale,  consent  à  apprendre  à  sa  belle- 
iiieru  ;  et  cependant  il  veut  épouser  dès  le  soir 
rueuie.  Zulmcide  le  prend  pour  im  brigand  ;  elle 
autaii  plus  de  raison  de  le  prendre  pour  un  fou. 
'  Il  Buondocadi  ar.nonce  de  magniliques  présens  ; 
Zulméide  veui  nluser  des  richesses  ([n'elle  croit 
le  liutt  du  vol,  lorsqu'un  de  ses  créanciers,  le 
cadi  de  Bigd.;d  ,  se  présente  chezelle,  et  vient 
dLimndef  ^de  l'argem  ;  Zéiulbé  n'en  a  point. 
1- incoruni  jeile  la  somme  aux  pieds  du  cadi; 
celui-ci  ramasse  el  compte  d'abord  ;  il  veut  savoir 
ensuite  qitel  est  1  homme  ,  ou  généreux  ou  sus- 
pect....  Le  nom  AU  Buondocadi  t%i  prononcé. 
Le  pauvre  cadi  reste  stupéfait,  une  frayeur  mor- 
telle s'empare  de  tous  ses  sens,  il  fuit,  laissant 
la  bourse  à  terre,  1  inconnu  riant  de  l'aventure,  et 
les  deux  femmes  n'y  comprenant  rien  du  tout. 

Des  esclaves  nombreux  apportent  de  riches 
présens  ,  Zulméide  est  au  moins  forcée  de  conve- 
nir q'  e  l'inconnu  est  de  parole:  elle  questionne 
les  escIavt'S  ,  le  nom  à'il  Buondocadi  est  leur 
seule  réponse.  La  surprise  de  Zulmé'ide  ledouble  ; 
à  1  insiant  on  vient  annoncer  que  les  caisses  de 
piésens  iju'elle  reçoit  o^nl  été  volées  chez  un 
émir  .  et  qu'on  cherche  le  voleur  de  tous  côtés, 
j.iticonnu  parait  à  1  instant;  Zulméide  le  conjure 
de  luir;  mais  lui,  mollement  étendu  sur  des 
coussins  ,  verse  quelques  flacons  de  vin  de  Chy- 
pre, chante  son  amour,  et  boit  à  sa  maîtresse. 
Cepairlant  ,  le  dantrer  presse  ,  les  officiers  de 
justice  [laraissent  ;  1  inconnu  boit  à  leur  santé. 
Ils  veulent  l'arrêter  :  Il  Buondocadi  ,  dli-il  :  à 
l'instant  ,  officiers  et  soldais  sont  prosiernés  à  ses 
pieds  cl  lui  demandent  ^râce.  Zulméide  n'a  plus 
d'expressions  pour  son  étonnement  .  si  ce  n'est 
«u  voyant  l'inconnu  passer  librement  dans  une 
«aile  voisine  pour  y  dresser  lui-même  les  .^.rticles 
de  son  contiat  de  mariage.  Arrive  le  neveu  de 
Zulméide  :  le  matin  il  était  simple  officier  du 
calife  ,  à  linsanlil  vient  d'être  fait  émir,  et  ne 
sait  à  quoi  l'attribuer  :  bientôt  il  apprend  les 
scènes  originales  riue  l'inconnu  est  venu  taire 
chez  sa  tante  ;  il  veut  le  voir  tout-à-l'heure ,  el 
met  la  main  à  son  sabre  pour  punir  de  sa 
témérité  l'insolent  dont  la  conduite  est  si  inex- 
plicable ;  sa  lante  prononce  le  nom  d7/  Buon- 
docadi  ;à  l'instant  le    nouvel    écuyer  frémit 

à  son  lour  ;  son  sabre  lui  tombe  des  mains  ; 
il  se  croit  perdu....  L'amant  de  Zétulbé  paraît 
alors  sous  l'habil  de  calife  :  le  nom  à'il  Buon- 
docadi  était  celui    auquel    tous   les    officiers    de 


pour  conduire  les  spectateurs  en  imajinaiion  aux 
lieux  uij  il  a  placé  la  scène.  Le  rôle  dé, la  niere  sur- 
tout mérite  des  reproches  sous  ce  rapport;  il  semble 
aussi  que,  par  la  manière  facile  avec  laqiaelle 
tout  le  monde  entre  et  sort  de  citez  Zulméide  , 
les  niceurs  orientales  sont  un  peu  blessées. 

Le  citoyen  Boyeldieu  a  donné  dans  cet  ou- 
vrage une  preuve  nouvelle  d'un  talent  distingué. 
Celle  composition  ,  comme  7j>raima  ,  comme 
Brnioziiski  ,  a  un  caractère  original  ;  on  y  recon- 
naît de  la  verve ,  des  idées  ingénieuses  et  neuves  , 
une  facture  agréable,  un  chant  gracieux  ,  des 
accompagnemens  charmans.  On  ne  saurait  expri- 
mer avec'rjuel  art  ce  compositeur  sait  se  ménager 
des  effets  piquans ,  des  contrastes  ,  des  opposi- 
tions :  l'idée  principale  en  est  sans  doute  due  à 
l'auteur;  mais  le  talent  avec  lequel  le  compositeur 
en  profite  ,  les  ramené  ,  les  multiplie  et  les  met  en 
situation  ,  mérite  bien  d'être  remarqué.  Nous 
avons  ,  avec  le  public  dont  les  applaudissemens 
ont  été  unanimes  ,  distingué  pardculiérement  un 
grand  air  bouffon  ,  imité  d'un  excellent  morceau 
d:  Planiade  ,  (  dans  son  Romag-ïif.!!  )  où  les  divers 
caractères  de  la  musique  française  ,  italienne  , 
allemande,  écossaise,  anglaise  el  espagnole  ,  se 
lient  au  portrait  des  femmes  de  ces  divers  pays  : 
ce  morceau  charmant  est  exécuté  avec  un  talent 
irès-rare  par  mademoiselle  Philis  ,  intéressante 
élevé  de  Garai.  On  applaudit  aussi  un  trio  de 
situation  bien  fait  ,  une  bonne  romance  des 
chceurs  agréables. 

Les  rôles  sont  parfaitement  distribués  ;  celui  du 
calife  est  un  de  ceux  dans  lesquels  EUeviou  paraît 
avec  le  plus  d'avantage  :  on  a  retrouvé  tout  le 
talent  comique  de  madame  Dugazon  dans  celui 
de  Zulméide.  Madame  Gavaudan  a  des  traits  pro- 
pres à  celui  de  Zétulbé.  La  pièce  est  montée  avec 
un  soin  digne  de  son  succès.  S 


moyen  qu'on  doive  el  riue  l'on  puisse  employer 
pour  contiaiire  le  vrai  dans  un  ouvrage  de  celle 
nature.  Ceux  de  ses  Iccleurs  qui  auront  donc 
quelques  obseï  valiot.s  à  lui  faire,  ou  quelques 
éclaitcisscmi.ns,  à  lui  demander  ,  sont  priés  de  lui 
adresser  leurs  leitrcs  ,  franches  de  port ,  poste  res- 
tante à  Parii.  Ce  supplémeni  par,-dlra  dans  un  au. 

Salut  et  considération  ,  T-iVRENNE. 

JV'.  B.  La  Théologie  naturelle  se  trouve  chez  les 
principaux  li  bran  es  de  Paris.  Pi  ix  ,  1  Ir.  So  c,eni.  , 
ei  2  fi.  35  cent.  ,  franc  de  port. 


GRAVURES. 

Le  passage  dn  Pô  pi»i'  l'armée  française  ,  corar 
mandée  par  le  général  Bonaparte  ,  le  18  floréal , 
an  4  ,  estainpes  de  6  décimèires,  5  cenlimèires 
de  large  ;  gravé  par  Mercoli  fils  ,  d'après  le  ta- 
bleau peint  en  Italie  ,  par  Bâcler  Dalbe  ,  chef  du 
bureau  topographique  du  général  Bonaparlc. 

Cette  estampe  est  gravée  avec  beaucoup  de  soin 
el  a  un  grand  effet;  le  tableau  original,  dessiné 
sur  le  champ  de  bataille  même , joint  le  mériteassez 
rare  d'une  exactitude  précieuse  de  site  et  de  dé- 
tails ,  à  celui  d'une  composition  riche  et  savante. 

Celte  gravure  fait  pendant  à  la  bataille  divLodi; 
du  même  auteur  ;  elles  setrouveni  toutes  les  deux  à 
Paris  l  chez  Bitcler  Dalbe  ,  ingénieur  géographe  ,  rue 
des  Moulins^  n".  542. 

Prix,  24  fr.  les  deux  ,   ou  12  fr.  séparément. 

11  faut  affranchir  les  lettres  et  l'argent. 


sa   g.îrde,    et  toute  la  police  de  Bagdad   avaient  hi"0"l'^"'^; 

V    /',_.     j.     1-     i„:,,.    ^,„o     .=0    ^;„»r.;=.-     pendant  le  iraiiement 


VACCINE. 

La  mauvaise  humeur  el  l'esprit  de  prévention 
accréditent  sur  la  vaccine  des  bruits  qu'on  doit  à 
la  justice  et  à  l'intérêt  public  de  réfuter. 

I".  On  répand  que  la  maison  du  cit.  Colon  , 
à  Vaugiraid,  a  été  fermée  par  ordre  du  gouver- 
nement. Il  n'y  a  rien  de  plus  faux.  J'atteste  , 
pour  y  avoir  été  moi-même,  que  cet  établisse- 
ment est  toujours  dans  le  même  étal  ;  que  l'on 
continue  à  y  faire  des  ex[iériences  sur  la  vaccine 
avec  le  même  succès  et  sous  les  yeux  du  comité 
médical  chargé  d'en  suivre  les  opérations. 

c".  Oa  dit  qu'il  est  mort  beaucoup  d'enfans 
pendant  les  expériences  ;  c'est  une  calomnie  ou 
si  loti  veut  une  mauvaise  ruse  pour  décrier 
une  découverte  iniéressame.  , 

Je  me  suis  de  nouveau  instruit  des  faits  ,  et 
je  peux  assurer  que  sur  80  enfans  inoculés  de 
la  vaccine  dans  l'établissement  de  Vaugirard  , 
aucun  n'a  eu  même  une  indisposition  sensible; 
que  tout  récemment  j'en  ai  vu  douze  dans  la 
maison  du  citoyen  Colon,  tous  bien  portans , 
avec  leurs  vessicules  ,  en  nombre  égal  à  celui 
des  piqûres  qu'on  leur  avait  faites,  sans  aucune 
autre  éruption. 

J'ai  vu  l'enfant  du  citoyen  Co'on  ,  âgé  de  11 
mois  ,  inoculé  de  la  vaccine  ,  se  portant  bien 
fit  des    dents   dont  cinq   sont  poussés 


l'ordre  de  le  reconnaître  dans  ses  divertis 
mens  nocturnes  ,  dans  ses  déguisemens  amou- 
reux. La  belle  Zélulbé  est  élevée  sur  un  palan- 
quin :  Zulméide  sort  de  son  étonnement  ,  ei 
irouve  son   bonh-ur  dans   celui   de  sa   fille. 

Le  premier  mérite  de  cet  ouvrage  agréable 
est,  d'avoir  un  ton  continuellement  gai  cl  un 
dialogue  dont  les  traits  piquanis  sortent  tou- 
jours de  la  situation.  Toutes  celles  dans  lesquels 
se  trouve  le  calife  déguisé  sont  comiques  ;  les 
«urprises  qu  il  cause  sont  ménagées  ,  graduées 
avec  beaucoup  d'an;  il  est  sur-tout  fort  plat- 
4ant ,  ([ue  la  lante  à  force  d'être  étonnée  finisse 
par  ,ne  vouloir  plus  s'étonner  de  rien.  Le  sang- 
froid  du  calife  ,  sans  cesse  opposé  à  l'impa- 
tience ,  à  la  curiosité  ,  à  la  colère  de  Zulméide 
est  d  un  elicl  tiès-piijuant  ;  son  amour  n'est 
pas  dévelov>pé  dune  manière  très  -  intéressante  ; 
celui  de  Zélulbé  est  exprimé  plus  heureuse- 
nient  ,  quoique  dans  une  scène  absolument 
cslquée  sur  une  de  celles  du  Prisonnier. 

On  reproche  avec  quelque  rnison  à  l'auteur  de 
cet  ouvrage,  le  cil,  Sairjt-Just,  de  n'avoir  pas 
donné  assez  souvent  à  son  style  la  couleur  locale 
wui  lui  était  propre  ,  et  de  n'avoir  pas  assez  fait 


L  I  V  R  E  S     n  I  V  E  U  3. 

Mémoires  de  la  société  médicale  d'émulation,  séante 
à  l'école  de  médecine  de  Paris  ,  troisième  année, 
un  vol.  in-S°.  de  65o  pages  ,  avec  figures  ;  prix, 
6  fr.  ,   el  8    fr.  .    fijric   de  port. 

A  Paris,  chez  Richard  ,  Caille  et  Ravier,  li- 
braires,   rue  H.iute-Feuiile  ,  n°.  11. 

Ce  volume  est  précédé  de  lEloge  de  Spallamani, 
parj.  L.  Alibert.  Cet  éloge  est  le  cadre  très-vaste 
d'une  analyse  raisonnée  des  nombreuses  et  pro- 
fondes recherches  de  ce  savant  naturaliste.  ,   ' 

Parmi  les  différens  Mémoires  conienus  dans  ce 
volume  ,  on  y  distingue  ceux  des  ciioyens  Pinel , 
Barihez,  Boyer ,  Sabaihier,  Richerand  ,  et  autres 
professeurs. 

En  un  mot ,  cette  3'  année  ,  loin  de  le  céder  aux 
précédentes  ,  peut  sous  certains  rapports  leur 
paraître  supérieure  ,  ei  fera  désirer  vivement  la 
suile  de  celle  précieuse   collection. 

M.  de  Bitvre  ,  ou  l'Abus  de  l'Esprit ,  calembourg 
en  un  acte  et  eri  vâ.udeville  ;  par  les  citoyens  G.... 
seconde  édition,  suivie  de  Vercingentoiix ,  tra- 
gédie. 

Le  Trompeur  trompé,  opéra  comique,  en  un 
acte  et  en  prose  ,  paroles  de  F.  Bernard-Valville  , 
musique  de  P.  Gaveau  ,  représenté  pour  la  pre- 
mière fois  à  Paris  ,  au  théâtre  Faydeau  ,  le  14  ther- 
midor ,  an  8. 

A  Paris  ,  chaz  Huet  ,  libraire,  sue  Vivienne, 
n°  8  ;  et  Charon  ,  libraire  ,    passage    Feydeau. 

Suite  des  éditions  stéréotypes  en  vente  à  Paris  ' 
qu  on  ne  irouve  que  chez  Pierre  Didot  l'aîné  , 
imprimeur  .  gallerie  du  Louvre  ,  rue  des  Orties  , 
et   Firmin  Didol ,  libraire,   rue    cie   Thionville  , 


Enfin  ,    bien   loin    que    la    moindre    défaveur 
ait  été  jetée   sur    la   vacciue ,    par  des    accidens  j  n*-^  1 16  et  l85o. 

qui  l'accompagnetaienl  ,  il  est  à  ma  connaissance         Poèmes  et  discours  en  vers,  de  Voltaire  ,   i  vol. 
que  le  ciioyen'Colon  a  inoculé  et  inocule  chaque  |  in-18. 
j  '     ' 


,ourde  la  vaccine  beaucoup  d'enfans  de  citoyens 
de  tous  les  états  avec  unsuccès  soutenu.  Peuchet. 


Par'is  ,  le  3o 


Au  citoyen  rédacteur  du  Moniteur. 
fructidor  an  8. 

Citoyen  , 

Si  vous  vous  intéressez  au  progrès  des  sciences  , 
et  particulièrement  à  tout  ce  qui  peut  avoir  rap- 
port à  la  propagation  des  lumiereS  où  à  la  re- 
cherche de  la  vérité,  vous  ne  vous  refuserez 
sûrement  pas  à  insérer  cette  lettre  dans  un  de  vos 
prochains  numéros. 

Les  personnes  qui  ont  lu  ou  qui  liront  la  Théo- 
logie naturelle  ,  sont  prévenues  que  l'auteur  se 
propose  de  former  un  Supplément  de  toutes  les 
o'ûjections  qui  lui  seront  faites  sur  les  tliffi(;ultés 
que  renferme  son  ouvrage,  et  qu'il  y  joindra 
des  réponses  pour  chacune.  Il  pense  que  la 
discussion,  mais  un  discussion  honnête,  est  le  seul 


Quinti  Horatii  Flacci  opcra,  1  vol.  in-18  ,  prix  en 
feuilles  ,  papier  ordinaire  ,  75  cent.  :  papier  fin,  I  f, 
25  cent.  ;  papier  vélin  ,  3  fr.  ;  grand  papier  vélin  , 
4  fr.  5o  cent. 


COURS     DU     CHANGE. 
Bourse  du  i^'  jour  complémentaire. 

Rente  provisoire 18  fr.  aS  c. 

Tiers  consolidé 33  fr.  aS  c, 

Bons  deux  tiers i   fr.  55  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr. 

Bons  pour  l'an  8 89  fr.  63  c. 

Syndicat 63  fr.  7 5  c. 

Coupures 63  fr.  75  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  22  fr. 
Lyon ....   I  p.  à  20  jours. 
Marseille.  5  p.  à  20  jours. 
Bordeaux'.  ...   1    p.     à   vue. 
Montpellier.,  i  p.  à  25  jours. 


I  abonncmcnisc  faitàPaiis,    rue  des  Poîtcvi  as  ,   11°  18.  Le  prix  est  de  s5  flancs  pour  trois  mois  ,  5o  francs  pour  6  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  nes'aboime 
ii'au  commencement  de  ciiaque  mois. 

II  faut  advtssci  les  Ictiics  ell'ars;cnt  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ag  ASS  F. ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  n°,lS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
nyi  où  roi\  ne  peut  affranchir.  Les  lollves  des  dépafremens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  .rvoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté ,  de  charger  celles   qui  renferment  des  valeurs  ,   et  adresser  tout  ce    qui    conc 
'oilevius     n*  i3  ,  depui  ^neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


la  rédaction  de  la  feuille 


édacteur , 


A  Paris,  de  rimprirae.iie  du  cit.  Agasse,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  "3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


AT'  363. 


3""  jour  complémentaire  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  snul  iournal  officie/. 
Il  contient  les  séances  des  aiitorlrés  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  arn-ées ,  ainsi    que  les  faits  et  les  notions  tant  su; 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  (6  septembre.)   19  fructidor. 

X  L  y  avait  une  telle  abondance  de  maqueraux 
la  semaine  dernière,  le  long  de  la  côte  deWicklow. 
que  tous  les  filets  de  Leinster  n'eussent  pas  suffi 
pour  les  prendre. 

Mahomet  Ibrahim  ,  sirciar  de  distinction  , 
a  rapporté  à  son  arrivée  à  Bombay  ,  qu'il  avait 
appris  à  Courial  qu'un  bâtiment  anglais  venant 
du  Bengale  ,  et  se  rendant  à  Bombay  avec  une 
cargaison  de  la  valeur  de  5  lacks  de  roupies  , 
avait  été  capturé  en  entrant  dans  Courial  où  il 
venait  de  faire  de  l'eau  ,  par  un  navire  français 
qui  y  était  mouillé  sous  pavillon  anglais.  Cette 
prise  a  dû  être  envoyée  à  l'Isle-de-France  ,  dis- 
tante de  Courial  de  900  coss. 

La  compagnie  des  Indes  a  acquis  dans  le  par- 
tage du  Mysore  un  revenu  territorial  de  6  ,  44  , 
641,  II  star  pagodas  ,  qui  ,  avec  le  subside  de 
7.000,000  .  lui  formeraient  annuellement  la  somme 
immense  de  i3  ,  47  ,  641  ,  10  star  pagodas  ,  si  par 
les  arrangemens  qu'elle  a  pris  pour  entrenir  d'une 
manière  convenable  la  famille  de  feu  Tippoo- 
Sulian  ,  cette  somme  ne  se  trouvait  réduite  à 
celle  de  11,47,641  10  star  pagodas.  D'après 
toutes  les  circonstances  locales  ,  il  est  probable 
que  ,  sous  très-peu  d'années  ,  la  compagnie  reti- 
rera du   Mysore  20  lacks  de  star  pagodas  par  an. 

Lalien  law  (  la  loi  contre  les  étrangers  )  en 
Amérique  ,  est  expirée  le  25  juin  (  6  messidor  ) 
;sans  avoir   reçu  une  seule  application. 

Les  lettres  du  Canada  annoncent  la  récolte 
du  blé  dans  ce  pays  pour  devoir  être  plus  abon- 
dante   que    celles  qui  l'ont  précédée. 

M.  Taylor  de  Koxbury  ,  dans  les  Etats-Unis , 
enlevé  el  rejeté  à  plusieurs  reprises  par  un  tau- 
reau ,  était  tenu  pour  mort.  Déjà  même  l'on  avait 
commencé  des  préparatifs  pour  son  enterre- 
ment, lorsqu'au  bout  de  six  heures,  il  a  donné 
quelques  symptômes  de  vie  ,  et  il  jouit  aujour- 
d'hui d'une  parfaite  santé. 

Au  nombre  des  ministres  disgraciés  par  le 
nouvel  empereur  de  la  Chine  est  Van-Tadgin , 
de  qui  le  lord  Macartney  a  eu  tant  à  se  louer. 
On  attribue  sa  disgrâce  à  quelque  intrigue  dans 
laquelle  il  était  impliqué.  Si  les  premiers  ministres 
dans  les  autres  gouvernemens  étaient  sujets  à  la 
même  peine  ,  ils  pourraient  devenir  plus  sages  , 
mais  ils  ne  vieil: iraient  pas  dans  leursplaces. 

Le  projet  de  convenir  les  otahitiens  à  la  religion 
chrétienne  ,  paraît  entièrement  manqué.  On  dit 
ceux  des  missionnaires  qui  étaient  restés  dans 
leur  île  ,  revenus  par  ta  Retiance. 

Deux  nègres  ,  lun  appartenant  à  M.  J.  Moore  , 
et  l'autre  à  M.  Cramer  ,  de  Philadelphie  ,  s'étaient 
donné  un  rendez-vous  hors  de  cette  ville  ,  pour 
vuider  entr'eux  une  affaire  d'honneur ,  lorsqu'un 
officier  de  justice  ,  prévenu  et  les  auendant  sur 
les  lieux  ,  les  a  fait  arrêter  au  nom  de  la  loi.  L'un 
d'eux  est  parvenu  à  s  échapper, 

(  Extrait  du  Public-Ledger ,  du  True-Briton  et  de 
rOracle  ) 

Du  i3  septembre  (  26  fructidor.  ) 

Actions  de  la  banque  ,  fermées.  —  3  pour  100 
consolidés,  65  {  {.  pour  octobre  66  ,  65  i^i. 
—  Omnium,  5    |  {  ï  î:  pr'me. 

Les  lettres  que  nous  recevons  de  Nottingham  , 
annoncent  une  augmentation  de  troubles  dans 
)a  ville  et  dans  les  environs.  On  en  redoutait  de 
(rès-séricuses  consérjucnccs  au  moment  du  départ 
du  Courier. 

A  Birmingham  ,  nià  la  tranquillité  paraît  être 
rétablie  ,  deux  personnes  ont  perdu  la  vie  dans 
■Je»  mouvcrntns  qui  y  ont  tu  lieu. 

Les  nouvelles  de  Lisbonne  sont  d'une  nature 
très-in'iuiétante  pour  nous.  La  plus  grande  agi- 
talion   règne  dans  le  ministère  portugais. 

Sir  James  Pultency  ,  qui  commandait  l'expédi- 
tion contre  le  l'crroi  ,  reviendra  ici  ,  après  avoir 
conduit  ses  troupes  à  Gibraltar.  Tandis  qu'il 
yaraît  attribuer   son  manque    de  succès  au  peu 


d'intelligence  entre  les  troupes  de  terre  et  celles 
de  mer .  nos  ministres ,  si  nous  sommes  bien  ins- 
truits ,  se  préparent  à  le  faire  retomber  unique- 
ment sur  lui. 

Le  Cosmopolite  ^  de  Lisbonne  ,  pour  la  rivière 
de  la  Plata,  a  été  pris  et  conduit  à  TénérifFe  par 
le  corsaire  français  la  Mouche  ,  après  un  sévère 
combat. 

(Extrait  du  Morning-Hérald  et  du  Sun.  ) 

INTÉRIEUR. 

Grenoble  ,  le  26  fructidor. 

Le  nommé  François  Vaisse  était  un  de  cettx 
qui ,  dans  cette  commune  ,  s'occupent  à  délivrer 
de  fausses  feuilles  de  route  aux  militaires.  Trois 
canoniers  du  i^'.  régiment  d'artillerie  ,  lors  du 
départ  de  leur  corps,  étaient  restés  malades  à 
l'hospice.  Ils  ont  occasion  de  voir  Vaisse  ,  par 
l'entremise  d'un  nommé  Gendrin.  On  parvint 
à  séduire  ces  trois  militaires  qui  ,  depuis  huit 
ans  qu'ils  servent,  n'avaient  pas  commis  la  moindre 
faute.  Ils  sont  loin  de  vouloir  déserter,  mais 
ils  ont  la  faiblesse  de  recevoir  de  Vaisse  ,  une 
fausse  feuille  de  route  pour  se  rendre  au  dépôt 
de  leur  corps,  et  lui  donnent,  à  cet  effet  neuf 
francs.  Arrivé  àMoirans,  et  ayant  exhibé  leurs 
papiers,  ils  sont  arrêtes  comme  porteurs  de  faux. 
Ils  ne  balancent  nullement  à  déclarer  ,  d'otà  ils 
tenaient  la  fausse  feuille  de  route  ;  ils  nomment 
Vaisse,  donnent  son  signalement,  et  le  lieu  de 
son  domicile.  Vaisse  est  aussi  arrêté  ;  et  dans 
la  perquisition  faite  chez  lui  ,  on  trouve  plu- 
sieurs modèles  de  faux  ,  adroitement  cachés. 
L'affaire  est  portée  devant  le  premier  conseil 
de  guerre  de  la  septième  division  militaire  ; 
elle  est  instruite  ,  toute  affaire  cessante  ,  et  le  23 
de  ce  mois  ,  jugement  est  intervenu  ;  Vaisse  a 
été  condamné  à  la  peine  de  cinq  ans  de  fers, 
comme  fabricateur  de  faux,  et  les  militaires  à 
un  mois  de  prison. 

Ils  or>t  été  défendus  par  les  citoyens  Fabre ,  Du- 
boile  et  Pellet. 

Ce  jugement  ,  plein  de  sagesse  et  de  modé- 
ration, a  mérité  l'applaudissement  général.  Nous 
nepouvons  nous  empêcherdepayerun  tribut  d'élo- 
ges au  citoyen  jony,  capitaine  rapporteur;  netteté, 
précision,   douceur  ,  ont  caractérisé  son  rapport. 

En  rendant  compte  de  ce  jugement ,  nous 
avons  été  vivement  affectés  ,  en  voyant  dans 
quel  précipice  entraîne  la  débauche  et  le  désœu- 
vrement. Une  jeunesse  oisive  employé  tous  les 
moyens  pour  se  procurer  de  l'argent  ,  afin  de 
satisfaire  à  des  passionseffrénèes. 

(  Extrait  du  Journal  de  Grenoble.  ) 
Le  Havre  ,  le  ^S  fructidor. 

Avant-hier  matin  ,  un  sloop  parti  de  ce  port, 
destiné  pour  Caen  ,  fut  chassé  sous  Tronville 
par  deux  péniches  anglaises;  mais  le  feu  de 
la  batterie  les  a  forcées  de  regagner  le  large. 

On  a  signalé  huit  bâtimens  ennemis  :  il  n'y 
en  avait  que  six  sur  notre  lade  ;  deux  frégates , 
un  brick  et  trois  cutters. 

L'après-midi  ,    une    péniche   anglaise  ,    parle- 
mentaire ,    s'est   présentée    devant   le   port  ,    un 
j  canot  ,    expédié    par    le    chef    des    mouvemens 
j  maritimes  pour  aller  à   bord  ,   en  a   apporté  des 
I  dépêches. 

Ce  matin  ,  il  n'y  a  que  les  deux  frégates  de 
signalées. 

La  présence  de  sept  à  huit  voiles  ennemies 
na  rien  d'inquiétant.  On  présume  que  c'est  la 
réunion  de  la  station  des  îles  Saint-Marcou  avec 
celle  qui  croise  sur  notre  rade.  Au  reste  ,  notre 
station  de  chaloupes  et  bateaux  canonniers  est 
sortie  du  port,  pour  défendre  la  rade. 

{  Extrait  du  Journal  du  Havre. ) 


de  travail  ,  ils  parvinrent  à  arrêter  eniiércment  les 
progrèi  du  feu.  Ils  jouissaient  de  la  reconnais- 
sance des  paysans,  lorsque  réfléchissant  à  la  perte 
que  venaient  d'éprouver  les  propriétaires  des 
chaumières  brûlées  ,  et  frappés  tous  trois  du 
même  sentiment,  ils  tirèrent  en  même  tems  leurs 
bourses  ,  les  remirent  entre  les  mains  dà  pasteur  , 
renoncèrent  à  leur  voyage  ,  et  s'applaudirent 
d'avoir  fait  servir  au  bien  de  l'humanité  un  argent 
qu'ils  destinaient  à  leurs  plaisirs.  La  somme  se 
trouva  monter  à  56oo  fr.incs. 

—  M.  Scherer ,  professeur  à  Vienne,  a  décoii- 
vert  que  les  betteraves  pilées  et  privées  de  pres- 
que tout  leur  suc,  par  la  pression,  peuvent  en- 
core servir  à  préparer  de  la  bierre  ,  lorsqu'on  la 
fait  sécher  et  griller  ,  et  qu'ensuite  on  les  traita 
comme  les  grains  dont  on  prépare  du  malt  ou 
de  la  drêche. 

—  M.  le  professeur  et  docteur  Almroth  ,  à 
Stockholm  ,  a  inventé  un  moulin  ,  au  moyen 
duquel  il  est  en  état  de  réduire  le  quinquina  en 
poudre  .  aussi  fine  que  le  font  les  anglais.  Le 
collège  de  médecine  à  Stockholm  ,  a  examiné  ce 
quinquina  pulvérisé  ,  et  depuis  ,  M.  Almroth  3 
obtenu  un  privilège  pour  ce  procédé. 

—  Le  citoyen  Cuvier  doit  prononcer  à  Tins-» 
liiut  national  ,  l'éloge  du  citoyen  Lhériiier,  bota- 
tanisie,  célèbre  ,  assassiné  en  rentrant  chez  lui  , 
le  28  thermidor. 

—  L'école  centrale  du  département  dp  la  Seine- 
Inférieure  possède  dans  sa  bibliolh'que  un 
exemplaire  de  la  Henriade,  sur  le  premier  feuillet 
blanc  duquel  on  trouve  les  vers  écrits  de  la  main 
de  Voltaire. 

Mon  cher  confrère  en  Apollon , 
Censeur  exact  ,   ami  facile  , 
Solide  et  tendre  CideviUe, 
Je  ne  serai    pas  ton  Virgile  , 
Mais  tu  seras  mon  FoUion. 

—  Le  citoyen  Denis  Monifort  ,  aide  géologue 
au  Muséum  national  d'histoire  naturelle  ,  pu- 
blie par  la  voie  du  Journal  de  Paris  ,  et  relaii- 
vemerit  à  l'étranger  qui  s'annonce  comme  fils 
du  roi   de  Perse  .  la  lettre  suivante  : 

u  Justement  étonné  du  ton  virulent  qui  règne 
dans  ce  que  le  citoyen  Olivier  a  publié  sur  Nadir 
Mirza  Shah  ,  je  crus  que  le  membre  de  l'institut 
avait  eu  à  se  plaindre  de  cet  homme  dans  son 
voyage  en  Perse.  Le  hasard  m'ayant  mis  en  rela- 
tion avec  Nadir  Mirza  Shah,  je  l'ai  vu  de  près; 
ni  l'un  ni  l'autre  ne  se  connaissent.  Mon  habitude 
des  voyages  ,  celle  de  voir  ,  m'ont  prouvé  que 
le  citoyen  Olivier  s'est  trompé  en  dénonçant 
comme  un  imposteui-  un  individu  qui  ,  si  le 
citoyen  Olivier  avait  daigné  répondre  à  son 
invitation  ,  lui  aurait  donné  une  touts  autre 
opinion  sut  son  compte. 


Paris ,  le  2""  jour  complémentaire. 

Trois  particuliers  ayant  quitté  Paris  dans  le 
dessein  de  voyager  quelque  tems  pour'Ieur  amu- 
sement,  apperçurent  à  la  fin  du  second  jour  de 
leur  marche  une  flamme  considérable  ;  ils  volè- 
rent aussitôt  à  l'endroit  d'où  elle  partait  ,  ils 
trouvèrent  les  malheureux  habitans  d  un  village  , 
ayant  leur  pasteur  à  leur  tête  ,  occupés  à  éteindre 
un  incendie  qui  avait  déjà  consumé  trois  chau- 
mières. Ils,  5«  léunitcnt  à  eux  ,  et  «près  3  hcufcs 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Du  -26  fructidor  an -8  de  la  république  française  , 
une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  , 

Informé  que  plusieurs  individus  ont  cru  que 
l'arrêté  du  bureau  central  du  19  frimaire  de  l'an  7  , 
concernant  les  jours  de  marchés  ,  ne  devait  plus 
avoir  d'exécution;  d'après  l'arrêté  des  consuls 
du  7  thermidor  dernier  ,  relatif  à  l'observation 
des  jours  fériés,  prévient  ses  concitoyens  que 
cette  opinion  est  une  erreur  ; 

L'article  IV  de  l'arrêté  des  consuls  porte  : 
'>  Les  jours  de  foire  et  marché  restent  fixés  con- 
formément à  l'annuaire  républicain  ,  et  aux  arrê- 
tés des  administrations  centrales  et  municipales. 

n  En  cas  de  réclamation  pour  un  changement, 
les  jours  de  foire  se  règlent  par  les  consuls,  sur 
le  rapport  du  ministre  de  l'intérieur  et  sur.  l'avis 
du  préfet.  Les  jours  de  marché  se  règlent  par  le 
ministre  de  l'intérieur,  sur  l'avis  du  préfet,  selon 
les  intétêts  du  commerce,  la  commodité  des  ha'- 
bitans  ,  et  les  jours  et  dates  portés  au  calcndriA 
républicain.  >i 

En  conséquence,  le  préfet  de  police  ordonne 
q'ue  ledit  artctc  du  bureau  central  sera  réim- 
primé ,  publié  et  affiche  ,  pour  être  exécuté  selon 
sa  forme  et  teneur,  dans  toutes  les  dispositions 
ci-après.  Le  préfet ,  j/|-)if ,  Duijois. 

Suit  la  teneur  de  larrêié  du  bureau  central. 

A'ri.  I".  Vain.  La  Oen'te'du  pain  sur  les  places 
et  marchés  aSectés  à  ce  commerce,  aura  lieu  tous 


1466 

les  tours ,  depuis  la  pointe  du  jour  jusqu'au  cou-  1  relevée  jusqu'à  7  ,  à  dater  du  i"  germinal  jusqu'à 
Cfeer  du  soleil.  >  '^  f'"  ^'=  '  ^"""■ 


Elle  cessera  â  midi  les  jours  de  décadi  et  de 
fêtes  nationales. 

II.  Viande  et  tripes.  La  vente  de  la  viande  et 
des  tripes  aura  également  lieu  tous  les  jours  sur 
les  marchés  aflFectés  à  ces  genres  de  commerce  , 
depuis  la  pointe  du  jour  jusqu'au  coucher  du 
soleil. 

Elle  cessera  à  midi  les  jours  de  décadi  et  de 
fêpts  nationales. 

III.  Perc  frais  et  salé ,  lard ,  jambons ,  etc.  Il 
en  sera  de  même  pour  la  vente  du  porc  frais,  du 
lard,  de^jambons ,  etpoui  celle  denoules  viandes 
de  cochon  salé. 

Il  y  aura  en  outre,  une  foire  particulière  pour 
cette  espèce  de  comestibles  ,  qui  tiendra  sur  la 
place  de  la  Ciié  pendant  les  cinq  piemiers  jouis 
de  floréal  de  chaque  année  ,  depuis  le  lever  jus- 
qu'au coucher  du  soleil. 

IV.  Volaille  ,  gibier ,  issues  de  uolaille  et  de 
veaux.  Li;  marché  de  la  volaille  et  du  gibier  con- 
tinuera d'avoir  lieu  les  jours  impairs  de  la  dé- 
cade ,  pour  les  ventes  en  gros ,  depuis  la  pointe 
du  jouf  jusqu'à  deux  heures  de  relevée. 

La  vente  en  détail  aura  lieu  tous  les  jours  , 
excepté  les  décadis  et  les  jours  de  fêles  natio- 
nales ,  riepuis  le  lever  jusqu  au  coucher  du 
soleil.  (Par  décision  du  bureau  central  du  16  germi^ 
tial  an  7  ,  les  détaillans  de  volaille  sont  autorisés  à 
vendre  Us  jours  de  décadi  jusqu  à  midi. 

Il  en  seia  de  même  pour  le  débit  des  issues 
de  volailles ,  ainsi  que  des  langues  ,  têtes  et 
pieds  de  veaux.  (Par  décision  de  la  mime  autorité  , 
Vu  3  pluviôse  on  7  ,  les  débitons  d  issues  de  volailles  , 
etc.  sont  pareillement  autorisés  à  vendre  les  jours  de 
décadi  jusqu'à  midi.) 

V.  Légumes  ,  fruits  et  fleurs.  La  vente  en  gros 
des  légumes  ,  des  fruits  et  des  fleurs  aura  lieu  tous 
lis  jours,  depuis  la  pointe  du  jour  jusqu'à  dix 
heures  du  malin  ,  à  da:er  du  1''  vendémiaire  jus- 
qu'au I"  germinal ,  et  jus'qu  à  neuiheures  seule- 
ment pendant  le  reste  de  Tannée. 

Celle  en  détail  tiendra  tous  1<  s  jours,  depuis  le 
l«ver  du  soleil  j  usqu'à  son  coucher 

VI.  Beurre .,  jromtige  et  aufî-.  La  vente  en  gros  du 
beurre  ,  du  fromage  et  des  œufs  aura  lieu  tous 
le«  joursimpairs  de  la  décade,  à  l'exception  des 
fêles  nationales ,  depuis  le  lever  du  soleil  jusqu'à 
ir'.di. 

Celle  ep  détail  continuera  d'avoir  lieu  tous  les 
joursdepais  le  lever  du  soleil  jusqu  à  son  coucher, 
excepté  les  décadis  et  les  jours  de  têtes  nationales 
qu'elle  cessera  à  raidi. 

VII.  Marée.  La  vente  en  gros  de  la  marée  aura 
ïeu  tous  les  jours  à  mesure  des  arrivages. 

Elle  cessera  à  midi  les  jours  de  décadi  et  de 
fêtes  nationales, 

Quant  à  celle  en  détail  ,  elle  se  fera  également 
tous  les  jours  depuis  neuf  heure«  du  matin  jus- 
qu au  coucher  du  soleil. 

Huîtres.  La  vente  en  gros  des  huîtres  qui  ar- 
rivent par  terre  ,  aura  lieu  jusqu'à  dix  heures  du 
malin. 

Vliï.  Poissons  d'sau  rfotire.  La  vente  du  poisson 
d'eau  douce  se  fera  tous  les  jours,  depuis  le  le- 
ver jusqu'au  caucher  du  soleil. 

Elle  cessera  à  midi  les  jours  de  décadi  et  de 
fêles  naii.onales. 

IX.  Chevaux  et  porcs  vivans.  Le  marché  aux 
chevaux  et  celui  des  porcs  vivans  tiendront  les  4, 
8  ,  12.,  j6  ,  21  ,  25  et  29  de  chaque  mois  ;  sa- 
-voir  :  celui  des  chevaux  ,  depuis  deux  heures 
aprèi-midi  ,  à  compter  du   f  vendémiaire  jus- 


XIII.  Arrivages  par  eau.  La  vente  de  toutes  les 
m^îchandises  qui  arrivent  par  eau  ,  et  dont  le 
commerce  se  fdii  dans  les  bateaux  ,  sur  les  ports 
ou  sur  les  berges,  aura  lieu  tous  les  jours  et  aux 
heitres  fixées  ,  par  l  article  précédent ,  pour  l'ou- 
veiiure  des  poils. 

XÎV.  Plantes ,  fleurs  et  nrbiutes..  Le  marclié  aux 
planies ,  fleurs  et  arbustes  ,  qui  se  tient  sur  le  quai 
de  la  Mégisserie,  aura  lieu  irois  fois  par  décade  , 
savoir,  les  liidi  ,  sexlidi  et  nonidi ,  depuis  le 
lever  du  soleil  jusqu'à   son   coucher. 

XV,  Halle  aux  grains  et  farines.  Il  y  aura  à  la 
hjllc  aux  jjrains  et  farints  trois  marchés  par  dé- 
ciide  ,  pour  la  venie  des  grains  ,  grenailles  et 
légumes  secs;  savoir,  les  piiraedi  ,  quanidi  et 
septidi, 

La  vente  de  l'avoine  aura  lieu  à  9  heures  ,  celle 
des  menus  grains  à  10  heures,  et  celle  des  blé  , 
seijile  et  orge .  à  midi  ;  le  tout  jusqu'à  5  heures  , 
coiilormémeni  à  1  ariêie  du  directoire  exécutif  du 
2g  brumaire  an   4. 

En  exécution  du  même  arrêté,  la  vente  des  fa- 
rines ,  lant  en  gros  qu'en  détail ,  aura  lieu  lous  les 
jours  ,  à  l'exception  des  décadis  et  des  fêtes  natio- 
nales ,  depuis  2  heures  jusqu'à  5. 

Celle  en  délail  pourra  commencer  àghcures  du 
malin  les  jours  ordinaires  de  marché  aux  grains. 

La  halle  sera  en  out'C  ouveric  tous  les  jours, 
hors  les  décadis  et  fêies  nationales,  pour  la  lécep- 
tion  des  grains  et  farines  arrivant  a  Paris. 

XVI.  Halle  aux  draps  et  aux  toiles.  La  halle  aux 
draps  et  aux  toiles  sera  ouverte  tous  les  jours  , 
excepté  les  décadis  et  les  fêles  nationales  ,  de- 
puis 9  heures  du  matin  jusqu'à  4  ,  hors  de  ces 
heures  elle  sera  fermée  au  public  ,  et  l'on  ne 
pourra  y  recevoir  que  les  marchandises  qui  pour- 
raient arriver  avant  ou  aptes 


TRIBUNAUX. 

Le  tribunal  criminel  du  départoment  de  la 
Seine  a  prononcé,  le  2g  fructidor,  sur  une  af- 
faire d'une,  nature  assez  étrange. 

Le  citoyen  Julliot  tenant  l'hôtel  de  Bullloni  , 
rue  Jean-Jacques  Rousseau,  avait  emprunté,  le 
tS  germinal  an  7  ,  3o,ooo  It.  du  citoyen  Worras  , 
banquier,  rue  de  Bondy  ,  n"  18;  il  lui  avait 
donné  pour  sûreté  ses  propres  acceptations  et 
1  endos  du  citoyen  Schrceder  ,  aussi  banquier, 
rue  des  Deux-Portes-Sàint-Sauveur ,  u"  8.  SchioE-- 
der  était  garanti  de  cet  endos  par  un  dépôt 
d'agates  (qu'il  tenait  de  JuUiot),  valant  environ 
100,000  fr. 

A  l'échéance  des  leiires-de-change  ,  Julliot  n'a 
poiai  payé.  Après  le  protêt  ,  Worras  a  poursuivi 
Schrœder  qui  a  méconnu  sa  signature  ;  il  a  sou- 
tenu qu'elle  était  fausse  ,  el  il  a  accusé  Julliot 
et  Worras   d  être  auteurs  de   ce  faux. 

Le  jury  a  unanimement  déclaré  qu'il  n'y  avait 
pas  de  faux  ,  el  le  tribunal  a  ordonné  que  les 
lettres-de-change  seraient  remises  à  'Worms  pour 
continuer  ses  poursuites  contre  Schrœder  ,  dont 
le  remboursement  est  garanti  par  le  dépôt  qu'il 
a  dans  les  mains  ;  il  a  également  ordonné  lim- 
pression  et  l'afiBche  du  jugement. 

Le  débat  a  duré  deux  jours  ;  la  discussion  a  été 
vive  de  part  et  d'autre. 

Julliot  a  été  défendu  par  le  ciioyen  Prignot ,  ex- 
accusaieur  public  du  déparlement  de  l'Yonne, 
qui  a  publié  un  mémoire  dans  cette  affaire  ,  et 
Schrceder  par  le  citoyen  Lebon.  Prignot. 


Fin  de  la  Relation  d'un  accident  fatal  arrivé  à  un 
voyageur  sur  le  glacier  de  Buët  ,  et  avis  aux  curieux 
qui  parcourent  les  montagnes  ,  et  particulièrement  Us 
glaciers  ;  par  M.  A.  Piciet,  elc. 

Le  citoyen  d  Eymar,  d'après  le  rapport  de  deux 

XVII.  Halle  aux  cuirs.  La  halle  aux  cuis  sera  1  officiers  de  santé  sur  les  inconvéniens  qu'il  y 
également  ouverte  tous  les  jours  ,  savoir  :  depuis  j  aurait  à  différer  la  sépulture  d  Eschen  ,  donna  les 
9  heures  du  malin,  jusqu'à  midi,  et  depuis  2  ordres  nécessaires  pour  quil  y  fût  procédé  en 
heures  de  relevée  jusqu'à  4,  à  compter  du  fven-  1  noire  présence  et  d'une  manière  convenable  et 
demiairr  jusqu'au  1'' germinal;  et  depuis  8  heures     décente. 

du  matin  jusqu'à  1 1  ,  et  l'après-dinée  ,  depuis  2  j^Jq^s  choisîmes  un  emplacement  qui  fût  néces- 
heures  jusqu'à  5  ,  pour  la  réception  et  la  vente  Lairement  en  vue  des  voyageurs  qui  vont  a  Gha- 
des  marchandises  ,  à  dater  du  i"  germinal  jus-  mouni ,  et  même  de  ceux  qui  montent  au  glacier 
qu'au  1"  vendémiaire.  Néanmoins  on  y  recevra,  |  ^j^  Q^^^  p^^  \^  ^ç,^^ç  jg  Servoz  et  Villy  ,  d'après 
à  toute  heure  du  jour  ,  les  marchandises  arrivant  ,  l'intention  qui  fui  manifestée  par  le  préfet,  qu  un 
des   départemens.  monument  élevé  sur  la  tombe  de   cet  infortuné 

XVIII.  fioun*.  La  bourse  tiendra  tous  les  joars,  :jeune  homme,  en  consacrant  la  mémoire  de 
excepté  les  décadis  et  les  lêles  nationales  ,  depuis  ,1  événement,  avertît,  par  une  inscription  ,  les 
une  heure  jusqu'à  deux  ds  l'après-midi  ,  confor-     voyageurs  ,  des   dangers   auxquels   ils  s'exposent 


mément  à  l'arrêté  du  directoire  exécutif  du  2  ven- 
tôse an  4. 

XIX.  Marché  aux  hardes.  Le  marché  aux  hardes 
tiendra  le  primedi  de  chaque  décade  ,  depuis 
neuf  heures  du  matin  jusqu'à  quatre  heures, 
à  compter  du  1"^  vendémiaire  jusqu'au  1''  ger- 
minal ,  et  depuis  neuf  heures  jusqu'à  sept  ,  à 
dater  du  1='   germinal  jusqu  au   l'^  vendémiaire. 

Dans  le  cas  où  il  y  aurait  une  fêle  nationale 
le  jour  oii  le  marché  devrait  tenir ,  il  sera  remis 
au  septidi. 

XX.  Foire  Germain.  La  foire  Germain  ,  divi- 
sion dn  Lnxembourg  ,  tiendra  pendant  quinze 
jours  consécutifs,  depuis  le  i"  jusqu'au  l5  ven- 
tôse de  chaque  année  ,  inclusivement. 

XXÏ.  Défense  générale.  Il  est  expressément  dé- 
\  fendu  d'étaler  ,  ni  de  vendre  ,  soit  en  gros  ,  soit 
en  délail ,  tant  dans  les  marchés  que  par-tout 
ailleurs  sur  la  voie  publique  ,  à  des  jours  et 
heures  autres  que  ceux  fixés  pat  le  piègent 
arrêté. 

XXII.  Explication  pour  Us  marchés  qui  tombe- 
raient des  jours  de  fêtes.  Dans  le  cas  où  il  y  aurait  des 
fîtes  nationales    les  jours  oii    les  marchés   devront 


qu'au  I"  germinal,  et  depuis  trois  heures  jusqu'à     ''^/"'' '  ''^   seront   remis  au    lendemain  ,  lorsqu'il 


la  nuit ,  à  dater  du  i'^'  germinal  jusqu'au 
vendémiaire  ;  et  celui  des  porcs  ,  depuis  opze 
heures  du  matin  jusqu'à  trois  heures  de  re- 
levée. 


n'y  aura  qu'un  ,  deux  ou  trois  marchés  par  dé- 
cade de  la  même  espèce  de  marchandise  ou  de 
comestible.  Si  au  contraire  les  jours  de  vente 
ont  lieu  quatre  ou  cinq  fois  et  plus  par  décade, 
les  marchés  seront  remis  aux  marchés  suivans. 

Le  présent   artic'e  n'est  point  applicable  à  la 
fixation  du  marché  aux  hardes. 

XXIII.  Tenue  des  marchés  pendant  les  jours  corn- 


X.  Veaux.  La  vente  des  veaux  vivans  aun  lieu 
les  4,  8  ,  12  ,  16,  19,  23  ,26  et  28  de  chaque 
ipois  ,  depuis  dix  heures  du   matin  jusqu'à  trois 

Jieures,   à  dater  du  1^' vendémiaire  jusqu'au  i"  ,  _^  -  .,-  . 

germinal  ;  et  pendant  le  reste  de  l'année  ,  depuis  \pUmsntaires.  Quant   aiax  jours  complémentaires  , 
neuf  heures  iusau'à  deux.  I  les   marchés     auront  Keu    de    la  même  manière 

J      ^  i_-     : 1 j-    1- 

Suifs.  Le  marché  aux  suifs  tiendra  les  8  ,  9,  17 
et  24  de  chaque  mois  ,  depuis  onze  heures  du 
matin  jusqu  à  deux  heures  après-midi. 

XL  Fourrages.  Les  marchés  aux  fourrages  au- 
ront lieu  tous  les  jours ,  excepté  les  décadis  et  les 
jours  de  fêtes  nationales,  sur  les  différens  empla- 
ceméns  afFeciés  à  ce  genre  de  commerce  ,  depuis 
tieuf  heures  du  matin  jusqu'à  trois  heures  de  re- 
levée pendant  toute  Tannée. 

XII.  Ports  et  chantiers  ,  étape ,  halle  aux  vins. 
Xes  ports  et-  chantiers,  l'étape  el  la  halle  aux  vins, 
seront  ouverts  tous  les  jours ,  hors  Us  décadis  et 
les  iêtes  nationales  ,  depuis  7  heuies  du  matin  jus- 
qu'à midi,  el  depuis  s  heures  de  relevée  jusqu'à  5  , 
à  compter  du  i*-''  vendémiaire  jusqu'au  3o  ven- 
tpse.  Ils  seront  également  Quveris  depi;iis  6  heures 
dii  matin  iuscjuà   i^idi ,  et- depuis  s  heure»  de 


que  pour  les  autres  jours  correpondans  de  la 
décade,  et  ce,  jusqu'à  ce  qu'il  en  soit  autre- 
ment ordonné. 

XXIV.  Pénalité.  Les  contrevenans  ,  outre  les 
mesures  qui  pourront  être  prises  contre  eux  par 
voie  administrative  ,  seront  poursuivis  confor- 
mément à  l'article  6o5  du  code  des  délits  et  des 
peines  du  3  brumaire  an  4  ,  à  la  loi  du  17 
thermidor,  et  celle  du  23  fructidor  dernier  , 
concernant  l'observation  de  l'anniiaire  répu- 
blicain, 

XXV.  Les  commissaires   de  police  et  les  pré- 
posés du    bureju  central  ,  sont  chargés  de  tenir 
la   main  à  i'ejiécution  du  présent  arrêié  ,  qui  sera 
imprimé  et  affiché. 
Pour  eopie  conforme  , 

Le  secrétairi-£c  lirai  ,  signé,  Vui. 


en  parcourant  les  glaciers  sans  précaution  ,  etsans 
donner  aux  avenissemens  de  leurs  guides  touie 
l'attention  qu'i's  mérilenl.  Tandis  qu'on  ftsait  les 
préparatifs  de  la  sépulture,  nous  interrogeâmes 
avec  beaucoup-  d'intérêt  le  citoyen  Déville  et  ses 
compagnons  ,  sur  les  circonstances  de  leur  expé- 
dition sur  le  glacier  ;  et  c'est  du  verba!  dressé 
sous  leur  dictée  que  je  tire  les  détails  qui  vont 
suivre. 

Il  En    conséquence  de  l'ordre  du 

citoyen  d'Eymar  ,  préfet  du  Léman  .  le  citoyea 
Joseph-Marie  Déville  ,  après  avoir  fait  forger  un 
harpon  et  s  être  muni  de  cordes,  est  parti,  ac- 
compagné de  ses  deux  fils  ,  Jean-Claude  et  Ber- 
nard ,  et  de  Joseph  Ellle,  aubergiste  à  Servez  , 
pour  aller  sur  le  glacier  de  Buët  à  la  recherche 
de  l'étranger  englouti  dans  une  crevasse.  Ils  ont 
quitté  Servoz  à  sept  heures  du  soir  et  ont  marché 
toute  la  nuit,  d 

)î  Arrivés  au  point  du  jour  sur  le  glacier  ,  ils 
se  sont  rendus  immédiatement  à  une  ca-bane  d'ar- 
doise voisine  du  sommet ,  dite  le  château  Pictet  , 
rires  de  laquelle  on  leur  avait  dit  que  l'accident 
était  arrivé.  Ils  ont  apperçu  quelques  signes  d'une 
crevasse  recouverte  par  la  neige  ;  mais  il  n'y  avait 
pas  d'ouverture.  Ils  ont  continué  la  recherche  , 
et  ce  n'a  été  qu'à  deux  heures  après  midi  que 
Déville  a  trouvé  dans  la  neige  un  trou  prescjue 
carré  ,  de  deux  pieds  de  côté  ,  dont  on  ne 
voyait  pas  le  fond.  Les  environs  donnaient  quel- 
ques signes  de  l'existence  d'une  crevasse  sous  la 
neige.  » 

îiUne  pierre  attachée  aune  coide,  en  manière 
de  sonde  ,  a  fait  reconnaître  dans  ce  trou,  à  la, 
profondeur  de  cent  et  quelques  pieds ,  la  présence 
d'un  corptétranger  à  la  neige  ou  à  la  glace.  Alors 
on  a  descendu  le  harpon  ,  qui  a  bien  paru  accro- 
cher,mais  n'a  rapporté  qu'un  seul  cheveu.  Alors, 
le  fils  Bernard  a  proposé  de  se  faire  descendre 
avec  une  corde  ;  ce  qui  a  été  exécuté.  Arrivé  jus- 
qu'à un  terme  où  il  n'y  avait  plus  que  8  pouces 
de  distance  entre  les  parois  de  la  crevasse  ,  il  a  pu 
toucher  avec  un  bâion  de  cinq  pieds  de  long  la 
tête  du  cadavre  au-dessous  de  lui.  Il  s'est  fait 
hisser  en  haut  tout  de  suite,  parce  qu'il  se  trou- 
vait dans  une  position  extiêmement  gênée  ,  sans 
liberté  d'aucun  de  ses  membres.  " 

)>  On  a  harponné  de  nouveau  sans  rien  rap- 
porter que  des  lambeaux  de  vêtemens  et  un  cha- 
peau. La  nuit  arrivaitS  Te  tems  était  froid  ,  les  tra- 
vailleurs mouillés.  Il  a  fallu  redescendre  aux  cha- 
lets de  Vtlly.  On  y  est  arrivé  vers  dix.  heures 
'  ctu  toit.  >» 


"  On  y  a  consulté  ensemble  ,  et  on  s'est  dé- 
cidé à  retourner  sur  le  glacier  ,  apiès  s'êiie  muni  , 
aux  chaleis  ,  de  quelques  pièces  de  bois  et  d'un 
renfort  de  cordes.  Nous  sommes  partis  de  Villy 
au  point  du  jour.  Arrivés  à  l'ouverture,  nous  avons 
établi ,  en  travers  ,  une  espèce  de  lour  ,  au  moyen 
duquel  Déville  le  père  s'est  fait  dévaler  ;  il  a  été 
arrêté  par  le  même  obstacle  qui  avait  arrêté  son 
fils,  le  rapprochement  des  parois.  Il  avait  des- 
cendu avec  lui  une  hache  à  nianche  court ,  avec 
laquelle  il  a  cherché  à  élargir  le  passage  à  côié 
du  lieu  où  gis»ait  le  cadavre  ,  afin  que  les  frag-. 
mens  de  glace  ne  le  couvrissent  pas.  Il  est  des- 
cendu peu-à-peu  jusqu'à  la  hauteur  de  sa  cein- 
ture ;  il  a  essayé  ,  mais  inutilement ,  de  le  remuer  ; 
il  était  trop  fortemeut  serré  entre  les  parois.  Il  a 
cherché  à  tailler  la  glace  autour  de  lui  ,  et  a  dé- 
gagé la  partie  supérieure  du  corps  ,  assez  pour 
pouvoir  lui  passer  une  corde  sous  les  bras.  Le 
cadavre  était  debout ,  les  bras  élevés  à  la  hauteur 
de  la  tête,  la  face  regardant  sur  l'épaule  gauche. 
Il  était  gelé.  >» 

>>  Dévillc  a  crié  qu'on  donnât  un  tour  de  corde 
pour  voir  si  l'on  pourrait  soulever  le  cadavre  , 
on  n'a  pu  y  réussir.  Alois  ,  il  a  continué  à  le 
dégager;  et  ce  n'a  été  qu'après  trois  heures  de 
travail  autour  de  lui  avec  la  hache  ,  qu'il  y  est 
enfin  parvenu.  Il  s'est  fait  hisser  le  premier;  en- 
suite on  a  amené  le  cadavre  ;  il  était  einq  heures 
(lu  soir.  »> 

»)  On  a  fouillé  de  suite  dans  ses  poches  pour 
trouver  et  réunir  tous  ses  effets  ;  et  l'inventaire  en 
est  joint  au  présent  Verbal.  On  a  fait  un  traîneau 
avec  les  pièces  de  bois  et  on  l'a  ainsi  emmené 
hors  du  glacier.  Les  frères  Déville  l'ont  ensuite 
porté  lour-à-tour  sur  leurs  épaules  jusqu'aux  cha- 
lets de  Villy  ,  où  l'on  est  arrivé  à  dix  heures  du 
«oir.  On  l'a  rais  là  sur  un  mulet  ;  et  après  une 
heure  de  repos  ils  sont  repartis  et  arrivés  à  Servez 
entre  cinq  et  six  heures  du  matin.  Le  Bis  cadet 
Bertrand,  excédé  de  fatigue,  est  demeuré  en 
arrière  au  chalet  de  Villy.  " 

Déville,  lui-même  ,  était  rendu  :  et  si  l'on  se 
fait  une  juste  idée  du  genre  de  travail  qu'il  avait 
eu  à  soutenir  pendant  plusieurs  heures  ,  dans 
l'élrange  lieu  où  il  était  suspendu,  et  encore, 
«près  des  marches  longues  et  pénibles  ,  on  s'éton- 
nera qu'il  y  ait  résisté.  I!  ne  voulut  prendre  de 
repos  qu'après  avoir  assisté,  avec  nous  et  une 
comptignie  assez  nombreuse  à  laquelle  nous  étions 
léunis  ,  aux  obsèques  du  voyageur.  Il  fut  spécia- 
kment  chargé,  par  le  préfet,  de  faire  élever 
provisoirement  sur  le  lieu  de  la  sépulture  .  une 
pyramide  conservatrice. 

La  cornpression  qu'avait  subie  ce  malheureux 
en  arrivant  ,  par  une  chute  accélérée  de  plus  de 
cent  pieds  ,  dans  une  crevasse  dont  les  parois  se 
rapprochaient  en  forme  de  coin  ;  cette  compres- 
sion ,  dij-je  ,  avait  été  si  forte  ,  que  sa  montre 
s'élaii  applatle.  On  trouva  sur  lui  "8  francs  en  nu- 
méraire ,  et  le  T.  m  des  Voyages  dniis  les  Alpes  de 
De  Saussure.  Ceux  de  ses  effets  qui  pouvaient 
avoir  quelque  valeur  furtnt  laisiés  à  Déville  , 
Selon  l'engagement  qu'en  avait  pris  M.  Zimpssen  ; 
et  le  prélet  se  chargea  dé  faire  paivenir  les  au- 
tres à  sa  tamille.  Nous  crûmes  devoir  y  joindre 
Tiiië  touffe  des  cheveux  de  cet  intéressant  jeune 
homme. 

Dans  son  portefeuille  était'  Xine  lettre  com- 
mdicée  ,  écrite  en  allemand  ,  pi  destinée  à  son 
père.  Noms  cédons  à  la  teniatioft  d'en  publier 
quelques  fraj^mens  ;  ils  montrtnt  un  esprit  obser-. 
vatcur  et  jusie  ,  -et  j'nnoncent  une  ame  sensible. 
Que  ce  père  malheureux  ,  que  ces  parens  désolés  , 
uuus  pardonnent.  C  est  la  p;irt  même  que  nous 
pre  ions  à  leur  douleur  qui  nous  rend  peut-être 
indiscrets  en  publiant  une  lettre  de  leur  fils  ; 
mais  ,  nous  voud''ions  associer  à  leurs  regrets  tous 
nos  lecteurs  ,  nous  voudrions  qu'on  apprit,  par- 
tout où  cet  écrit  parviendra  ,  quel  fiU  ces  parens 
ont  perdu  ,  quelle  espérance  leur  est  à  jamais 
enlevée  .'  (i) 


(!)■  Xi''"^'"^lit>n  .littérale. 


a  iSco. 


Vous  rayer.  ,  mon  père,  parla  date  de  ma  lettre  ,  que  j'ai  en- 
trvptis  un  voyage.  Vous  voyez  aiitfsi  que  ce  voyngc  est  l'un  des 
jJus  beaux  que  l'on  piusse  désirer  lorsqu'on  est  cloigot-  des  objets 
nouveaux  qui  se  développent  à  cbaqite  instant  ici  sous  mes 
jeux. 

Je  suis  parti  marili  de  Rumlingen  ,  et  mercredi  de  Berne  ;  et 
ce  ne  sera  que  dans  nulnze  jours  nu  trois  semaines  que  je  reverrai 
mon  (îomicile  actuel  ,  et  que  j'embrasserai  mes  clicrs  et  bien 
ïiiiitj  cleve»,  mon  Rudy  et  ma  Sopliie.  Il  est  inutile  de  vous 
iliic  que  je  voyage  à  pied  ;  el  vous  devinerez  aussi  que  je  voyage 
avtc  un  ami  ;  car  le  caur  et  l'esprit  ne  jouissent  des  aspects  les 
pltis  beaux  de  la  natnr«  qu'.ivcc  Iç  sentiment  qu'un  être  vivant 
•yinpalhise  avec  nous.  Tout  ce  qu'il  y  a  de  beau  et  de  sublime 
«luit,  pour  pcnÉlrer  intimèn>ent  tlnns  i'ame  de  l'homme  être 
uuni  avec  les  jouissance^  de  l'amour  et  de  l'amitic..,. 

A  peine  ai-t-oti  tWiïcIré  le  canton  de  Fribourg  ,   que   l'on 

ptid  de  vue  l'aisance  ,  In  civilisation  ,  la  culture,  et  les  beautés 
Buturcllesqui  distinguent  celui  de  Berne  ;  et  le  contraste  est  dou- 
loureux. J'ai  trouve  fc(  'là  connrmation  de  ce  que  j'avais  pensé 
».i  l'rnacn  fouvern;ment  de  Berne,  il  y  a  long-tenis.  Ouelque 
défrclucox  qu'il  (lit  a,  beaucoup  d'égards,  il  jvail  néamnoins, 
sur  !(•  reflte  Ur4  'gouvcrncufcns  de  la  'Suisse  une  stipérioiîtc 
iacontrslable.  On  y  Ituuvait  plus  d'buniaqit^,  plus  de  liberté 
•ivilc,  etc,.,. 

..  ..  Dan»  cet  herxilJ^e  (pris  de  Fribourg)  vit  actuellement 
u  viiiiUici  «  longue  baibj  grijç ,  iju'un  appcUe  le  Jrirt  d»  tait 


1467 

Nous  quittâmes  Servez  peu  de  monaens  après 
la  trisie  cérémonie  ,  et  nous  arrivâmes  à  Genève  à 
minuit  ,  la  lêle  et  le  cœur  remplis  des  événemens 
du  voyage. 

Déjà  l'un  des  dangers  que  l'on  court  dans  ces 
moniagiies  est  suffisamment  connu  de  mes  lec- 
teurs ;  mais  il  n  est  pas  le  seul  :  et  le  simple  énoncé 
des  accidens  qui  y  sont  arrivés  depuis  peu  d'an- 
nées ,  va  montrer  d'autres  risques  qu'on  y  peut 
courir. 

Uri  de  nos  compatriotes  ,  jeune  homme  ardent 
et  agile  ,  s'étant  exposé  à  parcourir  sans  guide  et 
sans  chaussure  convenable  ,  les  pentes  rapides 
et  rocailleuses  qui  lornient  la  base  de  l'aiguille 
des  Charmez  du  côté  du  glacier  dit  des  bois,  se 
précipita  dans  l'un  de  ces  ravins  et  y  perdit  la  vie. 

Un  jeune  zuricois  ,  étant  monié  sur  le  roc  isolé 
qui  termine  la  moniagnc  de  Balme  ,  au  nord  et  à 
peu  de  distance  du  col  ou  passage  de  ce  nom, 
qui  cond'jii  de  Chamouni  eu  Valais,  perdu  la 
tête  ,  ou  fit  un  faux  pas  sur  celle  sommité  ,  cl 
ariiva  en  lambeaux  au  bas  du  précipice. 

Une  lamille  genevoise  ,  qui  éiait  allée  visiter  la 
voirie  de  glace  de  lArvérou  et  (jui  s'y  trouva 
dans  le  moment  même  cù  cette  voûte  s'enfonçait 
par  fragmeus  successifs,  à  la  suite  ,  dit-on,  d'un 
coup  de  pistolet  tiré  mal-à-propus  .  eut  l'impru-. 
dence  de  iie  pas  s'éloigner  irès-promptement  , 
tandis  que  les  giaces  ace  mulées  retenaient  le  tor- 
rcni.La  débâcle  eut  lieu  loui-à-coup  :  l'un  des  fils 
fui  froissé  à  niott  par  les  blocs  roulans,  e;  entraîné 
par  bcs  vagues  ;  un  autre  lut  grièvement  blessé  ; 
le  pcre  eut  les  deux  jarabcscassées,e;  il  n'échappa 
à  la  mort  que  par  une  espèce  de  nutacle. 

Tels  soni  pourtant  les  seuls  événemens  sinistres 
qui  soits-ni  arrivés  depuis  long-ttms  dans  une 
contiée  où  les  curieux  ,  ei  quelquefois  les  éiourdis, 
abordent  tu  nombre.  Ou  peut  croire  qu  aucun 
de  ces  accidens  u  aurait  eu  lieu  ,  si  ceux  qui  en 
ont  été  victimes  eussent  écoulé  la  prudence  la 
plus  ordinaire.  Voici  à  -  peu  -  près  ce  qu  elle 
dicte. 

Qu'il  y  a  fort  peu  de  mérite  et  de  gloire  à  ex- 
poser sa  vie  pour  des  prouesses  ,  daus  lesquelles 
le  danseur  de  corde  le  plus  ordinaire  l'emportera 
toujours  sur  le  voyageur  ,  qui  auia  prétendu  faire 
preuve  de  bonne  tête  ou  dàgiliié  dans  des  tours 
de  force  plus  ou  moins  périlleux. 

Qu'il  ne  f.ut  point  entreprendre  de  parcourir 
les  luoniagnes  ,  sans  être  conduit  par  un  guide 
robuste  ,  prudent  et  expérimcnié.  Rien  de  plus 
trompeur  ,  de  plus  traître  que  ces  facilités  vues 
de  loin  ,  ces  passages  apparens  ,  dans  lesquels 
on  s  engage  peu  à  peu  ,  s-ms  songer  que  si  l'on 
est  finalement  arrêté  par  la  crainte  ou  par  l'im- 
possibilité d'aller  plus  loin  ,  cette  même  crainte 
double  la  difficulté  delà  retraite,  parce  quelle 
Ole  le  sang-froid  nécessaire  pour  se  tirer  des 
mauvais  pas.  Il  est  possible  ,  etje  l'ai  plus  d'une 
lois  éprouvé  ,  de  retrouver  en  partie  ce  sang- 
froid  ,  en  se  prescrivant  de  ne  regarder  que 
devant  soi  ,  et  en  cherchant  à  se  ti.;urer  ,  pat 
un  effort  d'imagination  ,  qu'on  est  siniplement 
uans  un  grand  chemin  ,  et  qu'on  marche  de 
pierre  en  pierre,  ou  le  long  du  talus  d'une  haie 
pour  éviter  de  se  mouiller  les  pieds. 

Enfin  ,  il  faut  donner  aux  averlissemens  du 
guide  la  confiance  la  plus  impliciie.  Une  grande 
responsabilité  pesé  sur  un  homme  de  celle  classe  , 
quand  il  s'est  chargé  d'un  voyageur.  Un  accident 
qui  arriverait  par  sa  faute  ,  détruirait  sa  répuialion, 
et  de  cetie  répulaiion  dépend  son  éiai.  Lés  guides 
sont  donc  intéressés  par  l'un  des  premiers  nioiifs 
humains  à  donner  de  bons  conseils  ,  et  le  voya 
gcut  doit  y  adhérer. 

De  ces  précautions  que  je  pourrais  appeler 
morales  ,  je  passe  aux  physiques. 

La  plus  essentielle  de  toutes  ,  est  une  chaus- 
sure convenable.  On  rencontre  dans  les  Alpes 
trois  sortes  de  penles  ditliciles.  Les  rochcis  ; 
les  pentes  de  glace  ;  et  celles  d  herbe  ,  qui  dé- 
viennent plus  glissantes  que  U  glace  même 
quand  la  semelle  du  soulier  s'est  polie  ,  comine 
cela  arrive  toujours  en  les  parcouranl.  L'usage 
des  crampons,  soit  au  lalon  ,  cornme  le  prescrit 
de  Saussure  ,  soit  en  travers  sous  le  pied  ,  comnie 
les  einploient  quelques  montagnards  ,  assure 
jttsqu'à  un  certain  point  la  marche  dans  ces 
diverses  penies  ;  mais  il  faut  les  mettre  et  les 
oler  fréquemment  ,  parce  qu'ils  gênent  plus  ou 
moins  la  marche  ;  el  c'est  là  un  assez  grand 
inconvénient.  Je  me  suis  si  bien  trouvé  de  l  in- 
veniion  tjue  je  leur  ai  substituée  que  je  n'hésite 
point  à   la  recommander  aux  amateurs. 


(  c'est  le 


,  qu'on   do 


r  dans 
fort  surpris 


lente 


aux  hermites.  )  Ouoique  passa- 
.ore  tres-vert.  Il  a  servi  long-tems  comme 
ent  suisse  au  service  d'Autriche.  Nous 
montant  vers  lui  ,  de  le  voir  venir  nu- 
ent  au  travers  de  la  grande  salle,  non 
te,  mais  en  uniforme  de  hussard  ;  son  petit  1 
t  ,  garni  de  pellise,  et  ses  culottes  blanches, 
barbe  gtise  et  longue.  Il  nous  reçut  très- 
içai»  8c  allenumd  ,  se  plaignit  beau.oup  de 
la  dépravation  du  monde  .actuel  ,  nous  dit  qu'il  ne  suffisait 
pas  de  prier,  qu'il  fallait  agir,  kc.  Il  se  loua  fort  d'aillcuis  1 
de  la  tranquillité  de  sa  vie  ;  sa  demeure  étant  éloignée  rie  toute 
agitation,  et  ses  oreilles  n'étant  frappées  d'aucun  bruit,  si  ce  I 
n'est  de  la  ckaie  du  torrent  voiiin  et  du  cblBt  des  oiseaux.        I 


en  habit  d'hetn 
ntcaii  roiige  ouvi 
itrastaient  avec  s 
1  parla  In 


On  se  fera  faire  de  forts  souliers  dont  Ix 
semelle  ait  au  moins  l3  millimètres  (alignes) 
d  épaisseur,  et  dont  l'empeigne  el  le  quartier 
soient  doublés  à  une  certaine  hauicur  auiour 
de  la  jeniclle.  Il  faut  que  l'empeigne  soit  d  un 
cuir  souple  ,  et  sur-iout  qu'ils  ne  blessent  nulle 
part ,  et  qu  ils  aient  été  déjà  portés  par  essai 
dans  de  petites  courses  ,  loistju'on  voudra  en 
entreprendre  une  considérable.  On  fera  préparer 
des  doux  d'acier  trempé  ,  dont  la  queue  soit  à 
vis  ,  et  dont  la  lêle  ,  qui  ne  doit  pas  avoir  moins 
d'un  centimètre  (  4ligncs  et  demis  )  de  diamètre, 
soit  taillée  en  une  pyramide  carrée  ,  qui  se 
trouve  avoir  deux  pointes  par  l'effet  de  l'en- 
tdlle  pratiquée,  à  l'ordinaire  ,  à  la  tête  de  la 
vis.  Ou  mettia  douze  de  ces  doux  à  chaque 
soulier  ;  savoir  ,  sept  autour  de  la  plante  du  pied  , 
répartis  ,  à  dislances  égales  dans  la  moiiié  anié- 
rieure  de  la  semelle  ,  el  cincj  autour  du  lalon  , 
tous  aussi  près  du  boid  du  soulier  qii'ii  sera  pos- 
sible ,enl!iissant  la  prise  nécessaire  ]iour  que  fe 
cuir  n  échappe  pas.  Ou  garnira  l'inicivalle  d  un 
clou  à  l  aulre  ,  de  doux  ordinaires  en  fer  ,  à 
lêie  large  ,  et  assez  serves  pour  que  leurs  têtes  se 
touchent    toutes. 

Celte  chaussure  donne  au  voyageur  le  sen- 
timent d'une  sûrelé  pjrfaile  dans  ious  les  lieux 
difficiles  ;  elle  mord  sur  le  granit  comme  sur 
1  herbe;  elle  n'incommode  point  dans  la  plaine  , 
et  elle  se  conserve  long-tems.  Qirand  les  têtes 
aciérées  se  sont  éinoussées  ,  on  en  est  quitte  pour 
en  substiiuer  d'julre,s  qu'on  doit  avoir  en  pro- 
vision. Les  premiers  souliers  de  ce  genre  ,  que 
j'ai  faii  faire  il  y  a  plus  de  douze  ans  ,  ei  employés 
assez  so  jvent  dans  cet  intervalle  ,  se  sont  trouvés 
encore  d'un  très-bon  service  cette  année. 

Un  bâion  ferré  ,  de  5  à  6  pieds  de  long  ,  est 
utile  sur  les  glaciers  ,  soit  pour  sonder  les  neiges 
peifides  qui  recouvrent  des  creva-ses  ,  «oit  pour 
assurer  la  marche  sur  la  glace  vive.  On  trouve 
à  Chamouni  ces  bâtons  tout  préparés  par  les 
guides. 

Lorsqu'on  est  appelé  à  monter  long-tems ,  c'est 
un  fort  mauvais  calcul  que  de  vouloir  presser  la 
rnarche.  O  i  s  échauffe  ,  on  s'éssoufffe  ,  ei  le  repos 
plus  long  qu'on  es[)ere  ainsi  se  procurer  ,  ne 
profile  point.  Il  faut  meure  le  guide  devant,  et 
prendre  son  pas,  qui  esi  mesuré  ei  comme  cadencé; 
s'arrêier  de  tems  en  tems  ,  sans  s'asseoir  et  sans 
se  donner  le  lems  de  prendre  froid.  On  monte, 
de  ce  train  ,  environ  200  toises  de  hauteur  per- 
pendicul  .ire  par  heure  ,  et  c'est  assez.  Il  faut 
ôier  son  habit  tlès  que  la  transpiration  commence, 
et  le  porter  plié  sur  1  épaule  ;  on  modère  ainsi 
la  chaleur  proi^uiie  par  la  marche  ,  et  on  retrouve, 
quand  on  s'arrêie  ,  le  bénéfice  d'un  vêlement  ad- 
diiionnel ,  sans  en  avoir  eu  l'incommodité.  Et  , 
en  parlant  de  vêtement  ,  il  est  très  essennel ,  lors- 
qu'on part  pour  les  glaciers,  quelle  que  soit  lacha- 
leur  qui  règne  dans  la  plaine  ,  de  se  munir  de  pré- 
cati'ions  contre  le  froid,  dont  on  neprévoit  gueres 
qu'on  pourra  être  appelé  à  éprouver  l'inconvé- 
vient.  C'est  surtout  aux  dames  à  qui  je  recom- 
mande  celle   attention. 

Ces  conseils  s'adressent  plus  ou  moins  dire;-, 
teraenl  à  tous  les  voyageurs  qui  veulent  parcou- 
rir les  montagnes  :  j'ajouterai  quelques  mois. 
pour  ceux  qui  sont  physiciens  ou  naturalistes, 
et  pour  les  amaleurs  de  lithologie  en  particulier. . 
Ceu"x-ci  ont  fréquemment  éprduvé  l'inconvénienE, 
lie  n'avoir  que  leurs  poches  pour  |recueillir  les. 
échantillons  des  roches  qu  ils  détachent  au  raar- 
leau  ;  elles  se  remplissent  bisniôt,  et  fatiguent  par 
leur  balancement.  Voici  comment  je  les  rem- 
place avec  avantage. 

A  une  ceinture  de  cuir  assez  larg»  est  adapté  , 
du  côté  gauche  ,  un  anneau  de  même  mati;re  , 
incliné  .  qui  reçoit  le  mandTe  de  mon  marteau  , 
placé  à-peu-près  comme  le  poignard  dans  le  co>- 
lum;  turc.  De  l'autie  ctné  est  une  petite  poche 
qui  renferme  un  flacon  d'acide  dans  un  étui  de 
bois  ,  un  bri(]uct  ,  etc.  Celte  ceinture  forme  le 
bord  siipérieur  d'un  tablier  de  cuir  mince,  rpri  , 
déployé,  atleindrait  le  ^enou  ;  mais  qui  ,  relève 
comme  il  lest  par  un  courant  de  chaque  côië  ,  ' 
(orme  devant  moi  uine  grande  poche  horisonlale 
ouverte  en-dessus  ,  et  soutenue  dans  sonmilieu"'- 
par  une  courroie  en  f.çon  d  Y  renversé  ,  dont  ' 
les  deux  branches  sont  cousues  à  la  ceinture  et' 
embrassent  le  tablier  par  dessous  ;  la  queue  de  I  Y 
remonte  devant  et  vieni  se  boucler  à  la  bandou- 
lière avec  laquelle  je  porte  mon  baromètre.  Les 
pierres  que  je  meis  dans  celle  poche  ,  disposée 
comme  elles  sont  autour  du  centre  de  gravité  du 
corps,  et  supportées  en  partie  par  les  épaules  , 
à  cause  de  la  courroie  qui  enveloppe  le  tablier, 
ne  m'incommodent  point;  je  les  ai  toutes  sou» 
les  yeux  et  sous  la  main  ,  quand  je  veux  substi- 
tuer un  échantillon  à  un  autre  ;  et  elles  n'éprou- 
vent pas  les  secousses  et  le  froiiemeiit  auijuel  elles 
sont  exposées  dàqs  les   poches. 

A  celte  niêiiie,  ceinture  ,  et  par  das  croche's 
d'acier  amovibles ,,  S9nl  suspendus ,  d  un  côté  un 
aexiani  de  Ramsden  ,  de  (rois  pouces  de  rayon 
qui  donne  ju5(ju'aux  minutes  de  degré;  instru- 
ment d'.une  commodité  extrême  pour  observer 
les  angles.  De  l'autre  côté  ,  un  hofison  ani'licisl 


avec  son  niveau  à  bulle  d'air  ,  paur  prendre  les 
hauieurs.  J'ai  disposé  la  boîie  de  cet  instrument 
fie  manière  qu'elle  me  sert  de  planchelle  quand 
j'en  ai  besoin,  supportée  par  une  canne  qui 
s'ouvre  en  façon  de  trépied;  qui  sert  aussi  de 
support  à  moi)  baiometie;  et  lait  en  même  tems 
un  excellent  bâion  de  voyage  ,  quand  ses  trois 
branches  sont  réunies. 

••Qjioi<]ue  l'ensemble  de  ces  instrumens  ,  joint  à 
la  quantité  moycnKie  de  pierres  qu'on  ramasse 
da-ns  une  journée  ,  tasse  un  poids  de  plus  de  vingt 
livres  ,  je  m'en  appcrçois  peu  ,  à  cause  de  son 
'éga  e  distribution  ;  et  dans  le  dernier  voyage 
alpestre  que  j'ai  fait  avec  mon  malheureux  ami 
iDolomieu  ,  il  enviait  mon  sort  ;  quoique  ,  loin 
d'être  harnaché  comme  je  l'étais  ,  il  n'eût  à  porter 
que  son  marteau  et  ses  pierres. 

Mais  je  me  perds  dans  ces  détails  ,  qui  toia- 
chcnt  aux  jouissances  les  plus  vives  que  j'aie 
éprouvées,  et  réveillent  les  plus  doux  souvenirs.  11 
est  tems  de  m'arrêler.  Je  ne  quitterai  cependant 
pas  mes  lecteuis  disposés  àvijiter  une  fois  les  gla- 
ciers de  Chamouni  ,  sans  leur  donner  les  noms 
des  guides  qui  méritent  leur  confiance,  je  crois 
avoir  parmi  ces  braves  gens  de  véritables  amis  , 
et  j  en  fais  gloire. 


Noms  des  principaux  guides  du  canton  de  Chamouni. 

Jacques  Balmat  ,  dit  le  Mont-Blanc,  demeurant 
aux  Pèlerins  ;  Pierre  Balmat,  aux  Barraz  -,  Jacques 
Balmat,  dit  des  Dames  ,  au  Chef-lieu;  Nicolas 
Balmat  idem  ;  J.  Michel  Cachât  ,  dit  le  Géant, 
aux  Plans;  J.  Pierre  Cachât,  di<  l'Aiguille  ,  aux 
Pfaz;  Marie  Carrier  au  Chef-lieu  ;  Joseph-Marie 
Charnel;  à Valorsine;  P.  'Victor  Charlet,  à  Ar- 
gentiere  ;  Victor  Charlet  ,  au  Chef-lieu  ;  Germain 
Charlet,  idem  ;  Jacques  Claret  ,  à  Valorsine; 
Joseph-  Marie  Coutct  ,  aux  Favrans  ;  J.  Jacques 
Coutet,  à  la  Fiasse  ;  Jacques  Cupelin,  à  Mon- 
cuard  ;  Marie  Dévilte  ,  au  Mont  ,  près  Servez  ; 
François Pacard,  au  Chef-lieu  ;  J.  Nicolas  Pacard, 
idem  ;  Michel  Pacard  ,  idem  ;  J.  Michel  Simon  . 
aux  Praz;  François  Simon,  à  Moncuard  ;  Michel 
Terraz,  au  Chef-lieu  ;  Victor  Terraz  ,  idem. 


VARIÉTÉS. 

On  lit  l'article  suivant  dans  le  dernier  n°  de 
la  Décade  philosophique. 

(t  En  lisant  l'inscription  que  le  citoyen  Lenoir 
»  a  fait  placer  sur  le  sarcophage  de  Turenne, 
5)  au  Musée  des  monumens  français  ,  qui  ne 
)»  croirait  que  ce  citoyen  conservateur  de  ce 
)>  Musée  a  recueilli  lui-même  à  St.  Denis  celte 
1)  vénérable  dépouille  ,  ou  du  moins  qu'il  l'a 
H  réclamée  lorsqu'elle  allait  être  détruite  par 
>»  la  main  des  barbares  ?  Or  ,  voici  le  fait.  Le 
»!  corps  dô  Turenne  existait  encore  à  St.  Denis. 
J)  Un  citoyen  accourt  pour  en  donner  avis  à 
15  un  des  professeurs  du  Muséum  d'histoire-na- 
ï»  turclle.  Celui-ci  songe  aussitôt  aux  moyens  de 
M  sauver  les  restes  de  ce  grand-homme  ,  me- 
>>  nacés  d'une  prochaine  destruction.  Une  idée 
ji  heureuse  se  présente:  c'est  de  les  réclamer 
>>  comme  objets  de  science  à  la  commission  des 
>i  arts  dont  il  était  membre.  Le  corps  de  Turenne 
J»  est  parfaitement  embaumé,  dit-il  ;  je  demande 
M  qu'il  soit  déposé  au  Muséum  d'histoire  naturelle  , 
u  comme  momie  moderne  ,  pour  le  comparer  aux 
>i  momies  anciennes. 

n  Cette  demande  n'a  d'abord  aucun  succès; 
i>  le  professeur  la  réitère  dans  trois  séances  dif- 
it  férentes  ,  avec  le  même  courage;  enfin  quel- 
>)  ques  voix  s'élèvent  avec  la  sienne  ,  et  la  com- 
jj  mission  prend  un  arrêté  pour  ordonner  que 
Il  le  corps  de  Turenne  soit  transporté  au  Mu- 
»»  séura  d  histoire  naturelle. 

)>  C'est-là  que  les  restes  de  cet  homme  célèbre 
îj  ont  été  leligieusement  conservés  par  l'adroi- 
1)  nistraiion  de  cet  établissement  ,  jusqu'au  24 
)i  prairial ,  époque  de  sa  translaiion  au  Musée 
gj  des  monumens  français  ,  par  ordre  du  ministre 
>»'  de   l'intérieur. 

)>  L'ariêté  de  la  commission  des  arts  est  con- 
M  signé  dans  ses  registres  qui  doivent'se  trouver 
D  actuellement  dans  les  archives  du  ministre  de 
>)  l'intérieur.  11    ,- 

De  plus ,  un  article  inséré  dans  la  Clef  du  Cabi: 
net  de  ce  jour  ,  annonce  que  nous  devons  en 
partie  la  conservation  des  restes  de  Turenne  au 
cit.  Desfontaines,  professeur  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle,   et  que   l'idée  déconsidérer  ces 


1468 

restes  comme  une   momie  moderne,  afin  de  les 
sauver  ,  appartient  à  ce  savant. 

Enfin,  nous  recevons  à  l'instant  la  lettre  sui- 
vante : 

Au  rédacteur  du  Moniteur.   —  Paris,   ce  1"  com- 
plémentaire ,    an  8. 

Il  y  a  actuellement  près  de  sep«  ans  que  le 
corps  de  Turenne  est  sorti  du  tombeau  que  lui 
avait  mérité  sa  valeur  ;  nous  devons  la  conser- 
vation de  ses  restes  précieux  ,  à  la  bonne  compo- 
sition de  la  municipalité  de  Franciade  d'alors  , 
ainsi  qu'à  une  commission  chargée  par  le  dépar- 
tement de  Paris  d'aller  recueillir  dans  la  fouille 
des  tombeaux  de  l'abbaye  de  cette  commune  , 
des  matériaux  pour  Ihisioire  et  la  physique  sou- 
terraine :  on  nomma  membres  de  cette  com- 
mission deux  hommes  d'un  mérite  distingué  ,  le 
ci-devant  père  Poirier,  et  le  docteur  Thourcl  , 
aujourdhui  directeur  de  l'école  de  médecine  de 
Palis  ,  qui  ,  en  1786  ,  avait  été  chargé  de  l'exhu- 
mation si  célèbre  de  l'église  et  du  cimetière  des 
Innocens.  Quelques  personnes  eut  été  témoins 
des  précautions  prises  par  ces  d<;ux  citoyens  pour 
conserver  intacfle  corps  de  Turenne,  et  reunir 
les  observations  que  pouvait  offrir  cet  ensemble 
d'antiques  sépultures  ;  on  sait  les  efforts  '[u'ils 
ont  faits  et  les  dangers  qu'ils  ont  courus.  Mjlgré 
les  menaces  d'une  foule  inconsidé  ée  ,  et  des 
émissaires  envovés  pour  inspecter  ces  travaux  , 
lesquels  demandaient  à  grands  cris  que  tout  fût  jette 
indistinctement  dans  une  très-grande  fosse  creusée 
ad  hoc  ,  ils  sont  parvenus  à  prendre  des  notes  qui  , 
sans  doute,  sont  irès-curieuses,  et  devront  occuper 
une  place  distinguée  dans  les  mémoires  du  tems  ; 
il  serait  donc  bien  à  désirer  que  les  détails  de 
ces  opérations  fussent  rendus  publics  ;  permettez 
que  j  en  exprime  le  désir  dans  votre  feuille. 

Signé,  DoiissiN-DvaKZViL, docteur  en  médecine. 

Il  paraît  résulter  de  ce  rapprochement  qu'eti 
effet  ce  n'est  pas  le  citoyen  Lenoir  qui  a  sauvé 
les  restes  de  Turenne  ,  lors  de  leur  exhumation 
à  Saint-Denis  :  mais  aussi  ne  paraît-il  ni  par  son 
prucès-verbal  ,  ni  par  l'inscription  ,  qu'il  ait  eu 
l'intention  de  le  donner  à  entendre.  Il  ne  parle 
que  de  la  translation  du  Muséum  d'histoire  na- 
turelle au  Muséum  des  monumens  français. 
Ainsi  si,  d'un  côté,  la  reconnaissance  méritée 
par  les  premiers  conservateurs  leur  reste  due 
toute  entière;  de  d'autre,  le  reproche  adressé 
au  citoyen  Lenoir  ,  dans  la  Décade  philosophique  , 
nous  semble  tomber  à   faux.  Y 


ment  de  l'*  instance  du  tribunal  civil  du  dépar- 
tement de  la  Seine  ,  et  dont  j'appellerai ,  lorsqu'if 
plaira  aux  frères  Cerf-Berr  de  me  le  signifier  ,  a 
seulement  jugé  que  le  citoyen  Péri  Hier  et  moi 
étions  ,  quant  à  présent  ,  non-recev<ibles  dans  nos 
demandes  en  condamnation  de  la  somme  de 
1,307,820,  attendu  que  par  notre  titre,  nous 
étions  obligés  d'attendre  que  les  frères  Cerf- 
Berr  eusseni  lait  apurer  leurs  comptes  avec  le 
gouvernement,  et  cependant  ce  ju;j,eraent  fïîiim- 
tient  nos  1,307.820 /r.  d'inscription  hypothécaire 
faite  sur  leurs  biens. 

Je  pense  ,  citoyen  ,  qu'après  avoir  inséré  dans 
votre  journal  un  fait  i;;exact  ,  vous  serez  jaloux 
de  réparer  le  toit  qu'il  m'a  fait  ,  par  li  publicité 
de  la  lettre  que  j'ai  1  honneur  de  vous  écrire. 

Salut  et  fraternité  ,  CoEN. 


AVIS, 

La  perte  d^  tems  occasionnée  par  ]?i  taille  des 
plumes,  la  contrariété  que  fait  éprouver  la  mal- 
adresse à  cet  égard-  ou  la  faiblesse  de  la  vue  ,  la 
dépendance  011  l'on  se  trouve  quelijuefois  d'une 
m:iin  i  îhabile  ,  pour  une  chose  a.issi  lacile  et 
d'un  usage  aussi  ordinaire  ;  tels  sont  les  motif» 
qui  ont  engagé  le  cit.  Bonneau  à  consacrer  ses 
loisirs  à  ce  genre  d'occupation.  En  conséquence 
il  prévient  les  dames  ,  les  litlér::tturs  et  autres 
personnes  ,  qu'on  trouve  chez  lui  ,  et  qu'il  lait 
remettre  à  domicile  ,  des  étuis  contenant  chacun 
douze  plumes  taillées  ,  enfin  d'une  coupe  sûre 
et  de  bonne  qualité  ,  à  raison  de  i  fr.  5o  cent, 
par  étui.  S'adresser  verbalement,  ou  par  éciit , 
rue  Marguerite,  n°  499 ,  près  la  rue  Taranne  ^ 
faubourg  Germain. 


LIVRES    DIVERS. 

F  I  N  T  o  ,  ou  la  journée  d'une  conspiration  , 
comédie  historique  en  cinq  actes  et  en  prose  , 
par  le  cit.  Lemercier,  représentée  pour  la  pre- 
mière fois,  à  Paris,  au  théâtre  français  de  la 
République  ,  le   1"  germinal  an  8. 

Les  trois  Maris ,  comédie  en  cinq  actes  et  en 
prose  ,  par  L.  B.  Picard  ,  représentée  pour  la 
première  fois  sur  le  théâtre  de  la  rue  Feydeau  , 
par  les  comédiens  sociétaires  de  1  Odéon  ,  le  97 
thermidor  an  8. 

A  Paris ,  chez  Hoet ,  libraire  rue  Vivîenne  , 
n°  8,  et  Chaton  ,  libraire  ,  passage  Feydeau. 


Le  général  Jourdan  ,  ministre  extraordinaire  de  ta 
république  française  en  Piémont ,  au  rédacteur  du 
Moniteur.  —  Turin  ,  te  i3  fructidor  on  8. 

d'insérer    dans   votre 


Lyon. . . . 

i. 

P- 

à  so 

jours. 

Marseille. 

P- 

a  ïo 

jours. 

Bordeaux 

I   p. 

a   vue. 

Montpellier 

î  P- 

à  25  jours. 

Je  vous   prie  ,  citoyen 
journal   la  note  suivante  : 

J'apprends  qu'un  nommé  Blancassagne  ,  qui 
s'est  souvent  servi  de  mon  nom  pour  intéresser 
en  sa  faveur  ceux  que  sa  conduite  avait  indis- 
posés contre  lui,  vient  de  couronner  son  oeuvre 
en  se  livrant  à  des  excès  en  Souabe. 

Il  a  été  arrêté  ,  traduit  au  conseil  de  guerre  , 
déclaré  coupable  ,  et  condamné  à  être  destitué  , 
chassé  de  son  corps,  puni  de  deux  ans  de  pri- 
son ,  déclaré  incapable  d'occuper  aucun  grade 
dans  les  troupes  ae  la  république  ,  et  déchu  de 
tout  droit  à  la  pension  ou  récompense  ,  à  raison 
de  s,on  service   antérieur. 

Comme  ce  citoyen  a   trouvé  le  moyen    de   se  I  Act.'de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  22  fr. 
soustraire    à    son    jugement    en   s'échappant   de  ,     ^.^^ 

prison  ,  et  qu'il  pourrait  encore  mettre  en  usage 
les  ruses  dont  il  s'est  servi  plusieurs  fois  potir 
obtenir  quelqu'emploi  ,  je  crois  devoir  prévenir 
le  public  que  cet  homme  n'est  nullement  mon 
parent,  et  que  même  je  ne  le  connais  pas  du 
tout. 
Je  vous  salue  ,  Jourdan. 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  s' jour  complémentaire. 
Change, 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 18  fr.  7S  c. 

Tiers  consolidé 33  fr.  yS  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  58  c. 

Bons  d'arréragé. ^4  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 ...    .   89  fr.  63  c. 

Syndicat 63  fr.  75  c. 

)  Coupures. 64  fr. 


SPECTACLES. 


Paris  ,  le  2°  jour  complémentaire  ,  an  fi  de  la  répu- 
blique française  ,  une  et  indivisible. 

Les  frères  Cerf-Berr  ,  citoyen,   ont  fait  publie 
pat  la  voie  de  la  plupart  des  journaux  ,  et  pariicu- 
liérement  par  celui  que  vous  rédigez  ,   qu'ils   ont 
gagné  leur  procès  contre   les   citoyens  PeriUier  et 
Coéu  ,  qui  leur  demandaient  i,3oo,ooo  fr. 

Si  les  frères  Cerf-Berr  n'avaient  voulu  par  ce 
mensonge  que  se  donner  un  moyen  de  crédit, 
je  ne  ni'cn  plaindrais  pas  ,  mais  je  dois  à  mes 
créanciers  alarmés,   de  les   prévenir  que  lejuge- 


Théatre  de  la  République  et  des  Arts, 
Auj.  relâche. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Trois  contre 
un  ;  Adèle  ,    et  Bagatelle. 

Théâtre  delà  Cité-Variétés.  —  Pantomimes, 
Dem  la  Fille  hussard,  pantomime  en  3  actes i 
à   grand  spectacle  ,  et   la  Mort  de  Turenne. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Dem.  Roméo  et  Juliette   ou    les   Tombeaux    de 
Véronne. 


LOTERIE    NATIONALE. 

Tirage  du  1^'  jour  complémentaire. 
5\.     26.     65.     19,     87. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris ,  rue  des  Poitevins ,  n''  18.  Le  prix  est  de  î5  francs  pour  trois  mois ,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  100  francs  ppur  l'année  entière.  On  Des'abomie 
qu'au  commeucement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  eil'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  A  S  s  E ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ;  n»  18.  Il  faut  coniprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  oal'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  dcî  dépanemeOs  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plu»  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  det 
Poitevii/!',n«  t3  ,  depui  jneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'impcimerie  du  cit.  Agisse,  propriétaire  d« Moniteur,  rue  des,Poile.vifis„n»  '.3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N'  364. 


4"""  jour  complémentaire  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autoiisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  coïKient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenï ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  su  : 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

DANNEMARK. 

De  Copenhague  ,  le    i5  fructidor. 

J_iA  réponse  que  l'on  attendait  depuis  si  long- 
tems  de  Petersbourg  est  enfin  arrivée  il  y  a  quel- 
ques jours.  Il  y  est  dit  seulement  que  l'empe- 
.reur  Paul  1=''  ne  négligera  rien  pour  concourir 
au  rétablissement  de  l'union  et  de  l'amitié  entre 
les  cours  de  Copenhague  et  de  Londres,  et  que 
le  roi  de  Suéde  ne  veut  se  mêler  en  aucune  ma- 
nière de  celte  affaire.  On  conclut  de-là  que  la 
conduite  des  anglais  a  causé  autant  de  surprise 
à  Petersbourg  et  à  Stockholm  ,  que  chez  nous. 

Le  capitaine  Popham  est  parti  d'ici  ,  le  12  ,  imT 
médiatement  après  qu'il  eût  eu  connaissance  de 
l'arrangement  conclu  entre  l'Angleterre  et  le  Dan- 
nemark.  On  n'attend  plus  que  la  ratification  de 
la  cour  de  Londres. 

On  a  annoncé  ,  hier  ,  officiellement  à  la  bourse 
que  k;s  différends  survenus  entre  les  deux  gou- 
vernemens  étaient  tertninés.  Les  troupes  ont  eu 
ordre  de  rester  dans  leurs  garnisons  ;  neuf  vais- 
seaux de  guerre  seulement  doivent  être  équipés. 

L'envoyé  français  Bourgoing  aura,  le  l8,  sa 
première  audience. 

ANGLETERRE. 

Londres,  (g  septembre.)   Z'2  fructidor. 

C'est  le  99  du  mois  passé  que  lord  'Whiiworth 
a  signé  à  Copenhague  une  convention  qui  ne 
résout  pas  la  grande  question  du  droit  des 
neutres ,  mais  que  l'on  peut  regarder  comme 
également  satisfesante  pour  les  deux  parties.  Le 
D.nnemarck  ne  pouvait  que  redouter  une  guerre 
disproportionnée ,  et  malgré  la  supériorité  de 
nos  forces  ,  notre  exclusion  momentanée  des 
ports  septenirionaux  de  1  Europe,  n'eût  point 
été  sans  de  graves  inconvéniens  pour  notre 
commerce.  La  cour  n'a  point  encore  publié 
cette  convention  ,  mais  les  principaux  articles 
en  sont  connus.  L'Angleterre  restitue  la  fiégate 
ia  Fre)-a  ,  ainsi  que  le  convoi  pris  sous  son 
escorte  ;  les  vaisseaux  danois  continueront  à  être 
visités  comme  par  le  passé  jusqu'à  ce  que  le  prin- 
cipe de  la  difficulté  soit  réglé  par  un  traité  défi- 
nitif à  Londres.  La  négociation  ,  qui  roulait  sur 
des  points  si  dclicarts  pour  l'amour-propre  des 
deux  nations  ,  fait  le  plus  grand  honneur  aux  mi- 
nistres qui  l'ont  conduite. 

Le  Morning-Chronicle  donne  la  nouvelle  sui- 
vante sous  ia  date  de  Falmouth  le  5  septembre, 
tt  Deux  princes  de  la  lamilie  royale  de  Naples 
sont  arrivés  ici  à  bord  du  Wooiwich.  Il  paraît 
que  le  progrès  des  français  en  Italie  a  déter- 
miné ces  princes  à  chercher  un  asyle  en  An- 
gleterre. 

—  Le  22  du  mois  passé  ,  l'amiral  sirR.Bickerton, 
à  bord  du  Swiftsure  ,  devant  Cadix  ,  a  prévenu  les 
consuls  neutres  résidans  dans  cette  ville  ,  que  son 
port  continuait  à  être  en  état  de  blocus. 

Extrait  de  la  Gazette  ordinaire   de  la    Cour,    du 
samedi  9  septembre    (  a  fructidor  ) . 

Lettre  du  général  sir 'James  Pulteney  ,  au  très-hono- 
rahle  H.  Dundas ,  datée  à  bord  du  vaisseau  de 
S.  M.  le  Rcnown  ,  en  mer  le  27  août. 

La  floue  à  bord  de  laquelle  les  troupes  sous 
mes  ordres  sont  embarquées,  est  arrivée  le  25 
de  ce  mois  devant  le  Ferrol.  Je  résolus  d'effectuer 
aussitôt  un  débarquement ,  certain  qu'il  ne  pou- 
vait avoir  de  grands  dangers,  quand  même  les 
forces  de  l'ennemi  ne  permettraient  point  une 
a'iaquc  contre  le  Ferrol. 

Le  débarquement  se  fit  sans  éprouver  de  résis- 
tance ,  dans  une  petite  baye  près  du  cap  Prior.  La 
îéserve  suivie  par  les  autres  troupes,  à  mesure 
qii  elles  débarquaient  ,  monta  sur  la  cime  d'une 
iJURce  de  colline»,  et  lorsqu  elle  en  eut  atteint  le 
sommet  ,  elle  rencontra  un  parti  ennemi  qu'elle 
poussa.  Le  lieutenant-colonel  Siuari  fut  bUssc. 
Le  lendemain  ,  au  point  du  jour ,  la  brigade  du 
comte  de  Cavan  repoussa  un  corps  ennemi  très- 
considérable  ,  et  nous  demeurâmes  maîtres  des  | 
hauteurs  qui  commandent  la  ville  et  le"  port  du  1 
Ferrol;  mais   la.  nature  escarpée  et  pierreuse  du  I 


terrein  ,  ne  permit  point  que  cette  opération 
s'achevât  sans  perte.  Le  premier  bataillon  du  52° 
régiment  a  eu  la  principale  part  à  l'action.  Lcn- 
nemi  a  perdu  environ  100  hommes  tués  et  blessés 
et  3o  à  40  prisonniers. 

Je  fus  alors  à  même  d'observer  soigneusement 
la  place  ,  et  de  me  former  une  idée  exacte  des 
forces  de  l'ennemi  par  le  capport  des  prisonniers. 
En  comparant  les  difficultés  qui  se  présentaient  , 
et  le  risque  d'échouer,  aux  avantages  qui  pour- 
raient résulter  du  succès ,  je  me  déterminai  à 
faire  rembarquer  les  troupes  pour  me  rendre  à 
ma  destination  ultérieure.  L'embarquement  s'ef- 
fectua le  soir  dans  le  plus  grand  ordre  et  sans 
aucune  perte. 

Le  zèle  qu'ont  montré  les  troupes  mérite  les 
plus  grands  éloges  ,  et  si  les  circonstances  les 
eussent  fait  mener  à  l'ennemi  ,  j'aurais  eu  tout 
lieuvden  attendre  un  plein  succès. 

j'ai  les  plus  grandes  obligations  à  l'amiral  sir 
John  Borlase  'Warren ,  et  aux  officiers  delà  marine, 
pour  les  judicieuses  dispositions  faites  pour  le 
débarquement  et  le  rembarqiiemeut  des  troupes; 
elles  ont  été  exécutées  avec  la  plus  grande  activité. 
Ce  service  a  été  particulièrement  confié  à  sir 
Edward Peilew, qui  s  en  estacquitié  d'une  manicte 
aussi  honorable  pour  lui  qu'avantageuse  pour  les 
troupes. 

La  perle  a  consisté  en  5  officiers  blessés ,  dont 
l'un  est  mort  de  ses  blessures  ,  16  rangs  et  files 
tués  ,  58  rangs   et  files  blessés. 

Police  de  la  Tamise^ 

La  nombreuse  population  qui  se  renouvelle  sans 
cesse  sur  la  Tamise  mérite  l'attention  particulière 
de  <a  police.  Parmi  cette  foule  d'étrangers  et  de 
na  ionaux,  dont  les  uns  ignorent  la  langue,  les 
usages  et  les  lois  du  pays  ,  dont  les  autres  ne  les 
connaissent  que  pour  redouter  les  lenteurs  et  les 
formalités  de  la  justice,  et  quipresque  tous,  incer- 
tains de  la  durée  de  leur  séjour  veuhnt  le  mettreà 
profit  pour  leurs  spéculations  ou  leurs  plaisirs  ,  la 
fraude  etl'esc  roquerie  trouvent  unvaste  champ  pour 
s'exercer.  Deux  classes  d'hommes,  surtout,  s'at- 
tachent avec  succès  à  rançonner,  souvent  même  à 
'  dépouiller  de  leurs  propriétés  présentes  et  futures 
les  matins  que  la  Tamise  porte  momentanément 
sur  ses  flots  ,  le  rendez-vous  général  de  toutes  les 
richesses  du  monde. 

La  première  de  ces  classes  est  composée  d'en- 
viron 100  individus  connus  sous  le  nom  de  crimps 
(  sorte  de  lecruteurs  ).  Ils  se  chargent  de  procurer 
des  matelots  aux  vaisseaux  frétés  pour  quelques 
pays  étrangers  ,  et  lorsque  les  vaisseaux  sont  prêts 
à  partir  ,  ils  exigent  des  capitaines  un  dépôt  d  ar- 
gentsouvent  considérable. Lecapitaine  ,sans  autre 
ressource  pour  trouver  des  hommes  ,  surtout  s  il 
est  étranger ,  est  obligé  d'en  passer  par  on  veut  le 
recruteur,  et  le  plus  souvent  ,  les  nvatelots  qu'il  se 
procure  par  cette  voie  ,  décampent  avant  trois 
jours  ,  terme  auquel  ils  sont  obligés  de  signer  leur 
engagement  ,  sous  peine  d'être  traités  comme  dé- 
serteurs. Si  le  capitaine  redemande  l'argent  qu  il  a 
déposé,  le  crimp  prétend  l'avoir  employé,  et  il 
n  existe  aucun  moyen  d'obtenir  justice.  Fréquem- 
ment inême  le  recruteur  est  d'accord  avec  les 
matelots  pour  les  faire  déserter. 

La  seconde  classe  est  composée  de  ceux  qui 
font  trafic  des  gages  des  matelots  et  qui  achètent 
leurs  parts  de  prises.  Ces  faiseurs  d'affaires  avan- 
cent de  l'argent,  procurent  logement,  habits, 
I  liqueurs  et  plaisirs  de  toute  espèce  aux  matelots 
I  igiiorans  et  sans  expérience,  qui  consentent  à 
leur  assigner  des  portions  de  gages  échus  et  des 
parts  de  prise.  Ils  sont  dans  l'nabitude  d'aller  à 
Gravesend  et  au  Nore  eniourei  de  leurs  chaloupes 
les  vaisseaux  qui  arrivent  ,  et  ils  emmènent  chez 
eux  les  matelots  sous  prétexte  de  tes  garantir  de  la 
presse.  Le  trajetjusqu'au  rivage  est  toujours  payé 
à  un  taux  exorbitant,  et  le  moins  que  le  cWm^  gagne 
ordinairement  sur  les  objets  qu'il  fournit  au  mate- 
lot est  5o  pour  cent.  Ce  n'est  pas  tout  ;  lorsque 
le  petit  trésor  ramassé  avec  tant  de  peine  et  de 
périls  aux  extrémités  de  la  terre  est  dissipé  ,  le 
crimp  a  de  l'argent  au  service  du  matelot.  Mais 
dès  que  la  dette  passe  quelques  guinées  ,  le  ma- 
telot est  mis  en  prison  ,  et  souvent  il  ne  peut  se 
libérer  qu'en  abandonnant  ses  gages  et  ses  parts 
dei/rises  futures  pour  un  certain  nombre  d'années. 
Alors  le  crimp  lui  procure  un  nouvel  engagement 
qui  lui  vaut  deux  guinées  de  la  part  du  capitaine, 
et  quelque  argent  encore  de  la  part  du  m  .tclot. 

Un  tort  d'une  autic  nature  qu  éprouve  le  com- 
merce  de  la  Tamise  ,   consiste  dans    les  vols  et 


déprédations  qtii  secommetteni  journellement  sur 
cette   rivière.  On  en  a  fait  l'estimation  suivante  : 

par  an. 

Commerce  des  Indes  orientales   .    .    .  L.    25,ooo 

Des  Indes  occcideniales 282,000 

Des  colonicsconiinentalesd'Amérique  lo^odo 

D  Afrique  et  du  Capde  Bonnt-Espér.  2,000 

Pêcheries  du  Nord  et  du  Midi.    .    .    .  2,000 

Des  Eiats-Unis  d'Amétique 3o,ooo 

De  Turquie  et  de  la  Méditerranée   .    .  7,000 

D'Espagne   et  des  Canaries 10,000 

De  France  et  des  Paysi-Bas jo,ooo 

De  Portugal  et  de  Madère 8,ooO 

De  Hollande io,ooO' 

D'Allemagne 23, 000 

De  Plusse 10.000 

De  Pologne 5,ooo 

De  Suéde 3, 000 

De  Dannemarck 5  000 

De  Russie 20,000 

DIrlande 5, 000 

De   Guernesey  ,  Jersey  ,  Aldcrney  et 

lîle  de  Man 2,000 

Des  côtes 

De  charbon. 


îo,ooo 

20,000 

Total     .......        461,00b 

Les  propriétaires  de  vaisseaux  per- 
dent annuellement  en  cordage  ,  agrès.       .    45,000 

Total 5o5,ooo 

Etat  des  revenue  et  des  dépenses  publiques  d'Irlande 
pendant  les  années  1799  ^'  1800. 

Revenus  de  l'année  expirant  le 

a5  mars 1,861,471   18     8 

Revenus  jusqu'au   25    février 
1800.  .  .    .   2,447,529  i3  6| 
Recette  pro- 
bable   pour 
le    reste   de 
l'année.  .    .       236,732     o  o| 

2,684,261   i3     6| 

Dépenses    depuis  le   25   mars 

1798  au  «5  mars  1799.  .  .  4,S3o,525  7  oj 
Dépenses    depuis   le   25  mars 

1799  au  25  ™ars  '.800.   .    .     5,893,323   II   ni 

Du  1  2  septembre  (  25  fructidor.  )  : 

Le  gouvernement  a  reçu  par  la  dernière  itialle 
de  Lisbonne  dts  nouvelles  de  Sir  J.  Pulteney, 
Elles  étaient  datées  de  la  .  baye  de  Vigo  ,  le 
1  =  '  septembre,  et  le  lendemain  l'cbCadrc  devaif 
faire  voile,  he  Morning-Chronicle  'dit  que  ce 
général  s'est  déterminé  à  revenir  en  Angleterre 
après  avoir  conduit  ses  troupes  à  Gibraltar  , 
et  il  prétend  que  cette  résolution  tient  à  ce  qu'il 
a  régné  peu  d'intelligence  entre  les  troupes  de 
terre  et  celles  de  mer. 

Sir  R.  Aberctombie  est  en  ce  moment  à  Minor- 
que.  De  Livourne  ,  il  avait  fait  voile  avec  deux 
régimens  pour  Malle  ,  oà  le  général  Giaham 
l'avait  précédé  avec  4,000  hommes.  L'état  de 
cette  forteresse  ne  lui  a  point  permis  d'eu  tenter 
l'attaque.  Tandis  qu'il  était  encore  dans  les 
parages  de  la  Sicile  ,  le  roi  de  Naples  le  fit  soU 
liciter  de  débarquer  avec  ses  troupes  dans  le 
royaume  de  Naples  où  l'insurrection  fesait  des 
p rogi es  L-ffray ans.  Il  s'y  refusa,  n'ayant  point  d'ordre 
à  cet  effet. 

Le  lord  Chancelier  d'Irlande  a  nommé  le  major 
Swan,juge  de  paix  de  tous  les  comtés  du  royaume} 
c  est  le  second  exemple  qae  l'on  ail  d'un  par- 
culiei  ctéé  magistrat  pour  tout  le  royaiume' 
Le  'comte  de  Caihsimpion  fut  le  premier  qui 
reçut   celte-  marque  de  distinction   ei  d'honneur. 

Il- y  a  eu  à  Livourne  un  mouvement  popu- 
laire contre  les  émigrés  français  et  génois  , 
qui  se  trouvent  dans  cette  ville.  Il  a  été  ap- 
paisé. 

Lincendie  des  forêts  voisines  de  Grali  en 
Stitie  dure  encore  ;  il  a  fiil  un  dommage  con- 
sidérable. 

Dans  l'acte  portant  1  établissement  de  Vincomt' 
tax  pour  i'anné^  ,  on  oublia  de  nomnser  la  ville 


de  Berwîck  sur  la  Tweed  ;  en  conséquence  ,  les 
habitans  se  son»  trouvés  exempts  de  Timpôi.  Cette 
inadvertance  ne  se  réitérera  ,sans  doute,  pas. 

On  a  découvert  à  Gandy  ,  île  de  Ceylan  ,  une 
mine  d'or  très-riche.  Le  roi  de  Candy  en  eniiiêche 
rexploitalion  ,  et  y  a  tait  établir  un  fort  détache- 
ment de  troupes  pour  la   garder. 

Le  prix  des  blés  et  des  farines  continue  à  se 
soutenir  et  même  à  augmenter  dans  presque  tous 
les  marchés  du  royaume  ,  malgré  l'abondance 
de  la  récolte.  Cette  circonstance ,  qui  ne  peut 
provenir  que  des  spéculations  avides  des  fer- 
iniers  .    donne  de  justes    sujets    d  inquiétude. 

Dans  plusieurs  villes  et  notamment  à  Notlin- 
gham  ,  (a  populace  s'est  tumultueusement  assem- 
blée ,  et  sans  l'intervention  des  tioupes  ,  les  excès 
auxquels  elle  s'est  portée  auraient  eu  des  consé- 
quences funestes.  Le  calme  s'est  rétabli  à  Not- 
tlngham-,  mais,  lundi,  des  tumultes  ,  qui  avaient 
aussi  pour  cause  la  cherté  des  blés  ,  ont  eu  lieu 
â  Birmingham  et  à  Lyn.  Dans  ce  dernier  lieu  ,  la 
maison  d'un  homme  ,  soupçonné  d'avoir  beau- 
eoug  de  grains  chez  lui  ,  a  été  assaillie  à  coups 
<le  pierre  ;  pas  une  fenêtre  n'est  restée  entière. 

Quelques  propriétaires  du  comté  de  Leicester  , 
cherchant  à  prévenir  les  maux  inséparables  d'une 
disette  ,  ont  adopté  une  généreuse  résolution  dont 
il  serait  à  désirer  que  l'exemple  fût  suivi  dans 
les  autres  comtés.  Ils  ont  pris  l'engagement  sui- 
vant auquel  plus  de  cent  fermiers  se  sont  em- 
pressés d'adhérer  :  >)  Nous  soussignés  ,  déclarons 
que  nous  porterons  aujourd'hui  au  marché  tout 
le  blé  que  nous  possédons  à  5  liv.  sterl.  par  me- 
sures ,  et  nous  nous  engageons  à  ne  jamais  de- 
mander à  l'avenir  un  prix  plus  considérable.  Notas 
recommanderons  aux  autres  fermiers  de  suivre 
la  même  conduite. 

Les  missionnaires  anglais  ne  sont  pas  tous  re- 
venus    d'OL,.hiti ,    ainsi   qu'on  le  croyait:  il  en  I 
est  resté  sept  dans  cette  île.  1 

Frécis  de  ta  tonvention  entre  sa  majesté  danoise  et  | 
sa  majesté  britannique  ,  en  date  du  29  août  tSoo.      j 

Cette  conventioa  est  en  cinq  articles.  I 

,    1°.  Il  est  convenu  que  la  question  relative  à  la  1 
visite  des  bâiimens  neutres  sous  convoi  ,  est  ren- 
,voyée  à  un»  discussion  ultérieure. 

a°.  La  frégate  la  Freya  et  les  autres  bâtimens 
£ous  son  convoi  sontrendu's  à  sa  majesté  danoise, 
avec  la  permission  de  s«  réparer  dans  les  ports 
britanniques ,  ainsi  qu'il  est  d'usage  parmi  les 
puissances  anales. 

S'O.En  attendant  la  discussion  du  point  de  droit, 
le  Danemarck  conseixt  à  suspendre  l'envoi  de 
flottes  sous  convoi." 

4°.  Dans  l'intervalle ,  si    des    rencontres   sem-  ! 
blables  de  bâtimens  sous  convoi  viennent  encore 
à   avoir  lieu,  le   résultat,  quel  qu'il  puisse  être, 
«era  rapporté  à  la  présente  convention  ,  et  regardé 
sans  conséquence. 

5".  La  convention  doit  élrc  ratifiée  dans  l'es- 
pace de  trots  semaines. 

Etat  du  change  (t  fonds  publics ,  d'après  ta  liste  de 
Lloyd  ,  du  II  septembre  1800  (  i^  fructidor.)  — 
trix  des  fonds. 

Actions  de  la  banque 

3  pour  cent   Red.. 

3  pour  cent  Cons 65^ 

4  pour  cent  Cons 

3  pour  cent.  Ann. gg 

3  pour  cent  Imp 647 

3  pour  cent  Imp.  Ann lï  5-i6-| 

•pmniura 5  ^ 

Comp.  des  Indes ,..«.. 

Traites. 

Cnurs  des  changes. 

Hambourg  s  î  us.   .  . Sa       o 

Altona  s  î  us 32        I 

Livourne 

Gênes. 

Venise 

Lisbonne 

Oporto . 

Dublin 

Matières. 

Portugaises ol. 

.    Or  en  lingot ol. 

Pièce  du  Mexique 

Argent  en   lingot 

Cochenille  est  s3  s.  s.  6  d.  à  25  s.  la  livre. 
(  Ces  divers  articles  sont  extraits  des  n°»  21   et 
«2  du  Courrier  de  Londres.  ) 

I    N    T    É    R 


1470 

La  jourjiée  avait  été  belle  ;  c'était  dimanche  ,  et 
en  même-tems  la  fêle  à  Slykens  ,  village  à  une 
demi-lieue  d'Osteiide  ;  plus  de  quatre  mille  ha- 
bitans de  cette  ville  y  ét.dent  allés.  —  Le  com- 
mandantd'artillerie  Sanionaxy  a  perdu  ses  quaire 
pelils  enfans  ;  le  garde  d'artillerie  ,  sa  femme  et 
son  fils  y  oçt  péri  ,  ainsi  '|ue  la  femme  ,  le  his  et 
une  nièce  du  capitaine  d'artillerie  ;  celui-ci  s'est 
jeté  à  la  nage  et  a  eu  le  bonheur  de  sauver  trois 
personnes  ;  mais  il  n  a  pu  rencontrer  celles  qui 
lui  étaient  chères.  —  Tout  Ostende  est  en  pleurs  , 
et  offre  un  spectacle  cruel:  chacun  y  regrette  ou 
un  parent  ou  un  ami. 


Paris  ,  le  3""  jour  complémentaire. 

Le  tribunal  de  paix  de  la  division  Lepellelier  , 
s'occupe  en  ce  moment  d'une  cause  qui  intéresse 
toutes  les  personnes  auxcjueiles  le  gouvernement 
a  accordé  des  breveis  d'invention.  Le  citoyen 
Lange  ,  co-inventeur  avec  le  citoyen  Argand  des 
lampes  à  courant!  d'air,  avait  un  brevet;  mais 
sa  propriété  avair  pfé  méconnus  ,  les  cnnire. fac- 
teurs impunis  s'étaient  extrêmement  multipliés. 
Ce  citoyen  vicrit  de  demander  contre  eux  ,  quel- 
que soit  leur  nombre ,  l'exécution  de  la  loi,  qui 
assure  aux  inventeurs  une  jouissance  exclusive 
pendant  un  tems  limité.  Son  défenseur  est  le 
citoyen  Thilorier;  le  citoyen  Brass'eux  est  le  dé- 
fenseur des  nombreux  ferblanliers  qui  se  sont 
emparés  de  l'invention.  La  cause  est  continuée 
au  4  vendémiaire. 

—  Le  Citoyen  français  annonce  que  le  ministre 
de  l'intérieur  a  chargé  les  citoyens  Visconti  et 
Dufourny,  membres  de  I  administration  du  Musée, 
de  se  transporter  à  Richelieu,  département  d'Indre 
et  Loire  ,  pour  examiner  si  parmi  les  nombreuses 
statues  antiques  que  le  cardinal  de  Richelieu  y 
avait  fait  porter  ,  et  que  les  descriptions  font 
monter  à  plus  de  cent  ,  il  ne  s'en  trouverait  pas 
quelques-unes  dignes  d'entrer  dans  la  magnifique 
galerie  des  antiques  du  Musée  central  ,  laquelle 
doit  être  ouverte  au  public  le  lendemain  de  la 
clôture  du  salon  d'exposition  annuelle. 

—  On  a  lancé  à  Amsterdam  un  vaisseau  de 
64  canons.  L'amirauté  a  donné  une  fête  à  une 
partie  du  corps  diplomatique  qui  s'y  était  rendu 
de  la  Haye,  pour  voir  ce  spectacle. 

—  Talma  et  M""  Petit ,  depuis  plus  d'un  mois 
absens  de  Paris,  sont,  dit  uu  journal  de  Bor- 
deaux ,  attendus  dans  cette  dernière  ville  avec 
impatience. 

—  On  remarqvie  que  Larive  rentre  au  Théâtre 
français  un  des  jours  où  par  ordre  du  gou- 
vernement le  spectacle  est  donné  gratis.  Le  cnnix 
du  spectacle  est  lui-même  remarquable  :  le  Cid  et 
te  Tartuffe  sont  annoncés;  il  est  sans  exemple, 
nous  le  croyons  ,  dans  l'histoire  du  théâtre  , 
qu'on  ait  ainsi  donné  le  même  jour  deux  pièces 
en  cinq  actes  ,  et  sur-tout  deux  chefs-d  œuvre. 


52i 

46 

49 

60 

60  i 

12? 

os. 

od. 

5s. 

6d. 

os. 

od. 

os. 

od. 

PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Le  public  est  prtîvenu  que  te  bureau  des.  passe- 
ports ,  et  tous  les  autres  bu-eaux  de  !a  préfeciure 
de  police  ,  seront  ouverts  le  5""juur  complé- 
mentaire ,  depuis  neuf  heures  dii  (natin  jusqu'à 
deux  heures. 

La  pn-raiere  division  est  toujours  en  perma- 
nence ,  conformément  à  l'airêlé  du  piéfet  de 
police  ,  en  date  du  «3  thermidor  dernier. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Extrait   d'une  lettre   du   commissaire   des  relations 

commerciales   de   la    république   française    à   la 

Corogne  ,  au  ministre  de  la  marine  et  dés  colonies. 

—  Corogne  ,  12  fructidor  an  8. 

Sur  la  nouvelle  de  l'apparition  de  la  flotte 
anglaise  ,  les  capitaines  de  la  goélette  de  la  ré- 
publique la  Découverte ,  et  du  corsaire  la  Mouche , 
de  Bordeaux  (  les  citoyens  Passart  et  Briol  ) ,  leurs 
états-majors,  partie  de  leurs  équipages,  et  les 
négocians  français  qui  se  trouvent  ici,  formant  un 
corps  d'environ  190  hommes,  vinrent  me  témoi- 
gner le  désir  d'être  les  premiers  à  s'opposer  aux 
tentatives  de  l'ennemi. 

Je  me  mis  à  la  tête  de  ces  braves  citoyens ,  et 
je  me  présentai  avec  eux  à  M.  de  Negrette  , 
capitaine  général  ,  pour  lui  demander  des  armés 
et  l'ordre  de  marcher  à  l'ennemi.  Cet  officier 
géaéral  donna  sur-le-champ  l'ordre  de  nous  con- 
duire au  fort  de  Caramanchon,  en  nous  disant  : 
11  Je  vous  donne  le  poste  d'honneur.  Si  la  Co- 
))  rogne  est  attaquée  ,  l'ennemi  dirigera  ses  pre- 

.,  miers  efforts  sur  ce    point, /il  y  trouvera  des  |  j^^    agriculteurs    français     font    usage  ?   On   en 

jugera  par  l  extrait  de   deux   articles  que   nous 


Traité  des  engrais  ,par  le  citoyen  Mawite,  secrétaire 
de  la  société  des  arts  de  Genève ,  eic. 

Le  citoyen  Maurice  ,  dont  les  connaissances  eii 
agriculture  sont  éti  ndues  .  vient  de  faire  paraître 
un  traité  sur  les  engrais.  Rempli  de  tout  ce  q;ue 
publie  le  tlépartemeni  d'agriculture  d  Angleterre  , 
établissement  capable  d  honorer  leJ  bons  esprits 
qui  l'ont  créé,  il  en  a  extrait  ce  qui  a  rapport 
aux  engrais  ,  pour  en  former  un  ouvrage. 

Après  quelques  observations  sur  les  comporl , 
ou  mélanges  par  lits  ,  de  diverses  substances  ,  sur 
les  combinaisons  de  terres  ,  sur  les  manières  de 
répandre  l'engrais  ,  l'auteur  tiaiie  de  chaque  sort» 
d'engrais  ,  au  nombre  de  35  ,  savoir  : 

1°.  Fumier  des  quadrupèdes  ;  2°.  fumier  de 
pigeons  et  volailles  ;3''.  matières  tecales  ;4°.  urine; 
5°.  os  ;6''.  substances  animales  putréfiées;  7°.  restes 
de  boucheries  ;  8°.  restes  de  fabriques  et  manu- 
factures ;  9°.  gâteaux  de  colsat  ;  lo°.  huile  ; 
11°.  poissons;  12°.  plantes  marines  Ou  varecs; 
i3°.  herbes  de  rivières;  14°.  vase  ou  limon; 
l5°.  boues  des  rues  ;  16°.  terres  et  murs  de  terre  ; 
17°.  diêche;  18°.  tan,  19°.  suie;  20°.  tourbe  ; 
21°.  parc  de  bêies  à  laine  ;  22°.  récoltes  en  vert  , 
enterrées  à  la  charrue;  23°.  substances  végétales 
décomposées;  24°.  arrosèmens  ;  25°.  eau  qui  .a 
servi  à  rouir  le  lin  et  le  chanvie  ;  26°.  chaux  et 
autres  substancescaicaires;27°.  craie;  28°.  maine; 
2g°.  substances  tcsiacées  ;  3o°.  potasse  ou  alkalï 
végétal  ;  3 1°.  aikali  minéral ,  soude  ;  32°.  cendres  ; 
33°.  sel  marin  ;  34°.  gyps  ou  plâtre  de  Paris  ; 
35°.  glaise  brûlée. 

Le  cit.  Maurice  rapporte  les  méthodes  usitées  , 
leur  avantages  ,  leurs  inconvéniens  ,  les  moyens 
de  mieux  faire.  Il  cherche  à  rendre  raison  ds 
chaque  chose  ,  et  il  explique  la  manière  d'agir 
des  engrais  ,  d'après  la  physiologie  végétale  et  les 
nouvelles  connaissances  de  chimie.  Depuis  l'im- 
pression d'une  partie  du  traité  des  engrais  du  ci- 
toyen Maurice  ,  Arthur  Young  a  publié  danr  ses 
annales  d'agriculture  ,  un  essai  sur  les  engrais ,  que 
les  savans  rédacteurs  de  la  bibliothèque  britan- 
nique nous  ont  fait  connaître  en  entier.  Le  citoyen 
Maurice  en  donne  un  extrait. 

Il  a  joint  au  corps  de  l'ouvrage  del  notes,  donf 
plusieurs  sont  tirées  de  la  bibliothèque  britan^- 
nique. 

On  connaît  assez  le  mérite  de  M.  K.itwan  ,  pous 
savoir  combien  doit  intéresser  son  mémoire  sut: 
les  engrais.  Le  cit.  Maurice  en  donne  la  traduction, 
qu'il  place  à  la  fin  de  son  traité. 

Comme  beaucoup  de  personnes  ,  livrées  à  l'agri' 
cutuie  ,  ne  sont  pas  familières  avec  les  termes  de 
la  chimie  nouvelle  ,  le  cit.  Maurice  a  cru  devoir  , 
en  leur  faveur  ,  expliquer  la  plupart  de  ceux  dont 
il  se  sert.  Il  a  également  l'attention  de  donner  une 
table  des  rapports  des  poids ,  mesures  et  monnaies 
anglaises ,  employées  dans  l'ouvrage  ,  avec  les 
poids ,  mesures  et  monnaies  françaises ,  tant  an- 
ciennes que  modernes. 

On  le  trouve,  à  Paris,  chez  Fusch,  libraire  ,  rue 
des  Maihurins,  hôtel  de  Cluni  ;  Meurant,  libraire, 
rue  des  grands  Augustins  ,  n°  i3  ,  etHenrichs,à 
l'ancienne  librairie  de  Dupont ,  rue  de  la  Loi  , 
n°   I23i. 

Le  traité  des  engrais  du  citoyen  Maurice  est 
utile  pour  cette  classe  d  hommes  qui  reconnaît 
que  la  source  de  nos  richesses  est  dans  la  fé- 
condité de  notre  sol.  Il  nous  fait  connaître  toutes 
les  substances  qu'emploient  les  anglais  pour  fer- 
tiliser leurs  champs.  Mais  nous  apprend-il  quel- 
que chose  de  plus  que  ce  que  nous  savons? 
Nous  éclaire-il   sur  les  moyens  de  fertilité  dont 


I    E    U    R. 


Ostende  ,  le  si  fructidor. 

Un  événement  terrible  vient  de  plonger  notre 
ville  dans  la  désolation  et  dans  le  deuil  ;  une 
barque  traversant  le  chenal  à  la  marée  montante  , 
hier  ,  à  sept  heures  et  demie  du  soir,  avec  plus 
de  deux  cents  personnes  de  tout  sexe  et  de  tout 
âge  a  été  submergée  ;  une  vingtaine  de  personnes 
seulenreni  ont  été  sauvées  »  tfiul  l«t  ie«os  a  péri. 


)j  français;  je   suis  tranquille.  1 

Nous  nous  rendîmes  à  notre  poste  ,  il  était  dix 
heures  du  soir.  Nos  braves  officiers  prirent  les 
mesures  nécessaires  pour  en  assurer  la  défense. 
A  II  heures,  nous  étions  prêts  à  recevoir  l'en- 
nemi et  à  lui  prouver  que  les  français  qu'il  ren- 
contrerait à  la  Corogne,  ne  savaient,  comme  ceux 
dont  il  a  si  souvent  éprouvé  la  bravoure  sur  les 
côtes  de  France  et  de  Hollande  ,  que  vaincre  ou 
mourir  au  poste  de  l'honneur. 


nous  sommes  rappelles  ,  et  que  nous  venons 
de  relire  dans  l'Encyclopédie  méthodique,  dic- 
tionnaire d'agriculture  ,  tomes  II  et  IV  ,  aux  mots 
amendement  et  engrais  ,  le  premier  imprimé  il  y  a 
au  moins  douze  ans.  Ils  sont  l'un  et  l'autre  du 
citoyen  Tessier,  membre  de  l'institut  et  du  con- 
seil d'agriculture. 

C'est  sur-tout  au  mot  amendement  qu'il  a  dé- 
veloppé tout  ce  qui  concerne  les  moyens  de 
Mais,  citoyen  ministre  ,  nous n'avoris  pu  donner  •  rendre  le  sol  productif.  Les  engrais  dans  cet 
en  cette  occasion  à  nos  braves  alliés  ,  qu'une  ;  article  ne  sont  qu'une  partie  des  araeiidemens. 
preuve  de  notre  dévoâment.  L'ennemi  n'a  fait  xi  donne  ce  nom  seulement  aux  matières  qui 
aucune  tentative  sur  cette  place.  ;  fournissent  à  la  terre  des  molécules  onctueuses  ; 

Le  zèle  vraiment  patriotique  des  habitans  de  les  autres  sont  utiles  ,  nécessaires  mêmes  ;  mais! 
laCorogne  pour  la  défense  de  leur  rempart  mérite  elles  n'ont  pas  une  semblable  manière  d'agir, 
des  éloges.  11  annonce  que  tous  ceux  de  la  pro-  ,  La  plupart  ont  besoin  d'être  secondées  jar  les 
vince  seconderaient  vaillamment  les  efforts   des    engrais,  etc. 

troupes  de  ligne  ,   si  l'ennemi  osait  se  montrer.  >i       Le  citoyen  Tessier  distingue  deux  sortes  d'amen- 
Signé  ,  AiLLAUDr         i  démens  ,  lei.  uns  naturels  »  les  autres  artificiels  ; 


par  ceux-ci  il  entend  les  amenderaens  dont  l'em- 
ploi est  dû  à  l'industrie  humaine. 

Amendemens  naturels.  —  l".  Chaleur  dn  soleil; 
s°.  ail  ,  comme  véhicule  de  diverses  éiuana- 
lions  ,  etc.  ;  3".  pluies,  arrosagts  ,  <]ui  les  imi- 
tent;   4°.  rosées;  5°.  neiges  ;  6°.  gelées. 

Arnendemens  artificiels.  —  i°.  Labour  à  la  main 
et  par  les  animaux;  2°.  hersage  ,  roulage,  binage, 
etc.,  dépendances  du  labour;  3°.  écobuage, 
brûlis. 

§.  !='■.  Engrais  du  règne  animal. 

1".  Excrémens  de  l'horwine  ,  du  cheval  ,  du 
■lulet  ,  de  l'âne  ,  du  bceuf  ,  de  la  vache  ,  du 
mouton  ,  soit  qu'il  parque  ,  soit  qu'il  couche  à 
la  bergerie;  du  cochon,  des  canards,  des 
oies  et  autres  oiseaux  aquatiques  ,  des  poules, 
dindons,  pigeons;  2°.  imniondict^s  de  voiries 
et  de  boucheries  ,  qui  comprennent  le  sang, 
les  lienies  ,  les  intestins  ,  etc.  etc.  ;  3°.  urine 
de  1  homme  et  des  bestiaux  ;  4°  débris  de 
cornes,  d'ongles,  de  poils;  5°  chiffons  de  laines 
et  de  soie  ,  balayures  des  ateliers  ,  où  on  travaille 
les  os  ,  l'ivoire,  la  baleine  et  autres  matières 
animales  ;  6°  coquillages  ayant  leurs  insectes  ,  et 
poissons. 

§.  n.  Engrais  du  règne  végétal. 

1".  Lupins ,  vesces  ,  pois ,  fèves ,  branchages  et 
feuilles  de  buis  ,  et  d^autres  arbres  ,  sarrasin  , 
trèfle  ,  sainfoin  ,  luzerne  ,  qu'on  retourne  avec 
la  charrue  ;  a"  navets  coupés  ou  enfouis  sans 
être  coupés  ;  3"  chaume  de  froment  ,  seigle  , 
orge,  avoine,  enfouis  ;  4°  mélange  de  gazons  et 
de  jo-marin  pourris  ;  5°  gazons  seuls  pourris  ; 
6°  drêthe  ;  7°  sciure  de  bois  ,  écorces  et  racines , 
liges  d'arbres ,  réduites  en  pondre  ;  8°  marcs  de 
chenevi  ,  de  lin  ,  colsat ,  navette  ,  olives  ,  réduits 
en  poudre,  marc  de  raisin  entier;  9°  varec  ,  ou 
sart,ou  goesmont. 

§.   III.  Substances   du  règne    minéial,    dont  quel- 
ques-unes seulement  sont,  en  partie,  des  engrais. 

1".  Terre  qu'on  prend  d'un  endroit  pour  l4 
niettre  dans  un  autre  ,  comme  terre  de  jardin  , 
terre  qui  se  ramasse  dans  des  fossés  ou  au  bas 
des  montagnes  ,  terre  des  sommiers  des  champs, 
terre  prise  dans  les  anciennes  habilaiions  ;  terre 
amenée  par  les  rivières  et  les  ruisseaux  ,  etc.  Ces 
terres  peuvent  être  regardées  en  pariie  comme  des 
engrais.  2°.  Argille  ou  glaise,  marne  argilleuse.  3°. 
Ciaie,  chaux, marne  craieuse,  recoupes  de  pierre, 
tuf,  coquillages  marins  sans  insectes  ,  coquillages 
fossiles  ,  falum  de  Touraine  ,  etc.  4°.|Plâtre.  5°. 
Cendres  de  bois  et  de  plantes  ,  cendres  de  tour- 
be ,  de  houille  ,  charrées.  6°.  Sable.  7".  Terres 
de  démolition.  8°'  Vase  de  mer.  g",  amas  de 
petits  coquillages  tEarins.  10°.  Suie  ,  eaux  sau- 
mâtres  ,    sel  marin. 

§.  IV.    Fumiers  et  comport. 

1°.  Fumier  de  court  de  fermes  et  métairies  , 
composé  de  pailles  et  excrémens  d'animaux  ; 
2°.  fumier  de  bergerie  ,  qu'on  n'en  relire  que 
pour  le  mener  aux  champs ,  composé  de  paille  , 
urine,  crotin;  3°.  fumier  de  maisons  particu- 
lières ,  composé  de  pailles  et  de  toutes  ordures 
des  maisons  :  4°.  comport  de  fumier  d  étable  ,  de 
terre  ,  de  chaux  et  de  sel  matin  ;  5°.  mélange  de 
cendre  et  de  chaux  ;  6".  comport  de  fumier  et 
d'argiic  ou  de  chaux  ,  suivant  les  terres  ;  7°.  cu- 
rures  o  étangs  ,  lacs,  marais,  mares,  vases  des 
égoûls  ,  boues  des  rues  ,  qui  sont  des  mélange;! 
de  di\  erses  substances  des  trois  règnes  de  la 
nature. 

Le  citoyen  Tessier  ne  s'en  lient  point  à  une 
simple  nomenclature  et  classification  ;  il  explique 
les  circonstances  où  doivent  être  employés  les 
divers  amendemens  et  les  précautions  à  prendre, 
l'article  a  14  paies  in-4"'  ,  caractère  cle  lEn- 
cyclopédie.  Par  l'apperçu  qu'on  en  donne  ici  , 
on  voit  que  les  anglais  ,  à  en  juger  par  l'ouvrage 
du  citoyen  Maurice  ,  ne  sont  pas  plus  avancés 
que  nous  dans  la  connaissance  de  ce  qui  convient 
pour  rendre  un  lerrein  fertile.  Reste  à  savoir  s'ils 
ne  sont  pas  plus  heureux  dans  l'application  ,  et 
si  leurs  connaissances  sur  les  engiais  sont  plus 
répandues  parmi  eux,  que  les  nôites  ne  le  sont 
parmi    nous. 

Au  surplus ,  il  est  des  vérités  qu'il  faut  redire  : 
et  si  des  idées  publiées  d'abord  en  français  et 
accueillies  en  pays  étranger,  sont  plus  recher- 
chées à  leur  retour  en  France ,  qu'elles  ne  le 
furent  quand  elles  y  parurent,  nous  devons  sa- 
voir gré  à  ceux  qui  les  y  ramènent,  d'avoir  été 
chercher  au  loin  ce  que  nous  avions  chez  nous. 
11  y  a  d'ailleurs  dans  le  volume  que  publie  le 
citoyen  Maurice,  des  choses  neuves  et  curieuses. 
Le  mémoire  de  Kiiwan  présente  des  expériences 
ioiporlantes.  Le  traducteur  a  lu  avec  soin  les  ou- 
vrages publiés  par  le  bureau  d'agriculture  sur  la 
inalicre  des  engrais  :  mais  nous  legretions  qu'en 
»'appropriant  quelques  idées  du  docteur  Ingen- 
Jiouz  ,  il  n'ait  pas  traduit  en  entier  le  mémoire 
de  ce  savant  physicien  qu'il  trouvait  dans  la 
même  source  que  celui  de  Kirwan  ,  et  qui  ren- 
ferme sur  la  nutrition  des  plantes ,  des  apperçus 
aust)  in|;étjeux  que  icduisans. 


1471 

Au   Rédacteur. 

Cttoyen  ,  pénétré  d'amour  pour  la  gloire  de 
la  France  ma  patrie  ,  je  ne  puis  ré-Mster  au  plaisir 
de  Vous  faire  part  de  ce  que  j'ai  vu  e:  entendu,  hier 
24  (ruciidor  .  à  la  séance  extraordinaire  et  pu- 
blique ,  teiuic  en  la  grand'salle  de  la  maison  des 
sourds-mucf.  .  par  le  citoyen  Sicard,  leur  insti- 
tuteur ,  en  ptéscnce  d'un  auditoire  nombreux  et 
du  ministre   de  l'intérieur. 

Quatre  objctsprincipauxfixerenlmon  attention 
peiidant  toute  cette  séance  mémorable;  les  spec- 
tateurs ,  l'iusiituieux,  les  élevés  et  le  ministre. 
M^s  yeux  se  promenaient  successivement  des  uns 
aux  autres,  sans  savoir  ce  que  je  devais  le  plus 
admirer  du  silence  profond  des  spectateurs,  de 
la  rnéiaphysique  aisée  et  sublime  de  l'instituteur, 
de  l'inconcevable  sagacité  des  élevés  ,  ou  enfin  de 
lattennon  mêlée  de  surprise  d'un  ministre  qui, 
après  avoir  parcouru  tous  les  établissemens  des 
ans  pour  les  vivifier,  semblait  aussi  étonné  que 
satislait  de  se  trouver  au  milieu,  de  l'atielicr  de 
la  pensée,  dont  linsiituteur  démontrait  la  sim- 
plicité ,  t.in>ns  que  les  élevés  en  lésaient  loucher 
au  doigt  la  prodigieuse,  l'infinie  expansibiliié. 
Comme  ceci  paraîtrait  nécessairement  le  plus  su- 
blime pathos  à  tous  ceux  qui  n'ont  point  été  à 
1  école  des  sourds-muets  .  et  que  cependant  c'est 
a  cette  vérité  fondamentale  que  le  célèbre  Sicard 
doit  tous  ses  succès  ,  et  la  suvériorité  de  sa  mé- 
thode sur  celle  de  tous  ses  prédécesseurs,  il  est 
important  de  mettre  sous  ies  yeux  des  lecteurs, 
les  gradations  au  moyen  desquelles  Sicard  dé' 
montra  d'une  manière  claire  et  rapide  <jue  ,  tout 
dans  sa  méthode  partant  d'un  point  connu,  les 
vérités  les  plus  sublimes  n'étaient  pour  ses  élevés 
que  des  corollaires  des  vérités  les  plus  simples  , 
comme  les  lois  de  la  plus  haute  gcométiie  sont 
les  conséquences  plus  ou  moins""éloignées  des 
axiomes  les  plus  incontestables. 

Citoyens,  dii-il,  tout  est  objet  dans  la  nature; 
mais  cette  foule  innombrable  d'objets  ser.-'it  comme 
n  étant  point  ,  si 'l'homme  n'avait  en  lui  la  faculté 
d  avoir  les  idées  de  ces  objets,  et  celle  de  les 
vouloir  ou  de  les  rejeter.  Ce  n'est  pas  tout  ;  en 
vain  l'hom.me  aurait  ces  facultés  précieuses  ,  si 
(^*  P^fies  par  oii  ces  idées  passent  de  l'extérieur 
a  l'intérieur  étaient  obstruées  ;  ou  si  ,  étant  ou- 
vertes, 1  instruction  ,  comme  un  briquet  salu- 
taire, ne  venait  faire  jaillir  le  feu  recelé  dans 
la  pierre  ,  et  ne  le  rendait  visible.  Ce  sont  les 
mères  ,  les  nourrices  ,  les  sévreuses  qui  donnent 
ce  premier  coup  de  briquet  aux  enfans  ordinai- 
res; elles  leur  apprennent  à  exprimer  par  des 
sons  les  idées  des  objets  qui  les  frappent  ,  elles 
différentes  opérations  de  leur  volonté  sur  ces  ob- 
jets dont  ils  ont  l'idée  correspondante.  Les  en- 
fans  ,  au  sortir  de  leur  main  ,  possèdent  presque 
tous   l'instrument  de  la  parole. 

Les  sourds-muets  ,  ciioyens  ,  n'ont  pas  cet 
avantage.  Privés  du  sens  de  l'ouïe  ,  il  leur  est 
impossible  de  recevoir  de  leur  mère  ,  de  leur 
iiourrice  ,  d'autre  bienfait  que  celui  de  la  nutri- 
tion corporelle.  Celte  nutrition  les  met  bien  dans 
le  cas  de  recevoir,  au  moyen  des  quatre  sens 
qui  leur  restent,  une  foule  d'idées  ;  mais  ces 
idées  ,  faute  de  signes  convenus  pour  les  expri- 
mer, demeurent,  en  quelque  sorte,  dans  un  état 
de  fixité  dans  leur  ame  ;  de  manière  que  ces 
malheureux,  bornés  aux  signes  naturels  pour 
communi(iuer  avec  les  autres  hommes  ,  semblent 
lormer  une  espèce  à  part  ,  et  une  espèce  dé- 
gradée. 

C'est  pour  réparer  à  leur  égard  les  erreurs  de 
la  nature  .  que  de  tems  en  tcms  on  a  vu  des 
hommes  s'occuper  plus  particulièrement  de 
celle  portion  iniéressanie  et  malheureuse  de 
l'espèce  humaine  ;  la  nomenclature  de  ces  bien- 
faiteurs de  1  humanité  serait  ici  déplacée  : 
qu'il  vous  suffise  de  savoir  que  mon  illus- 
tre prédécesseur  mérita  justement  le  titre  d'in- 
venteui-  ,  de  créateur  de  la  méthode  que  je 
vais  soumettre  rapidement  à  votre  censure  ou 
plutôt  à  votre  admiration.  Qui  mieux  que  moi  , 
citoyens,  peut  rcndrejustice  à  cet  hommecélebre  ? 
puisque  c'est  au  feu  de  son  génie  que  s'est  en- 
flammé dans  mon  cœur  l'amour  pour  les  infortunés 
que  vous  voyez  ,  amour  qui  ne  finira  qu'avec  la 
vie  ,  et  qui  me  porte  depuis  quinze  ans  à  chercher 
par  tous  les  moyens  possibles  ,  l'art  de  les  dédom- 
mager de  leur  perle,  enfesanipasserparleursyeux, 
au  moyen  de  l'analyse  la  plus  rigoureuse,  toute 
la  science  de  l'homme  civilisé. 

Le  premier  pas  à  faire  dans  cette  carrière  épi- 
neuse ,  est,  citoyens,  d'imiter  à  l'égard  du  signe 
vu  ,  ce  que  font  les  nourrices  et  les  sévreuses  à 
l'égard  du  signe  entendu  et  parlé.  Ce  pas  avait 
été  fait  par  mes  dehJanciers  ,  et  plus  piiticuliére- 
mcnt  par  mon  prédécesseur  immédiat  qui  l'avait 
perfectionné  et  réduit  eu  principe.  Il  consiste  à 
montier  ausoui.l-muei  des  objets;  à  leur  montrer 
ensuite  ces  mêmes  objets  dessinés  sur  la  loile  ;  à 
écrire  autour  de  ce  dessiula  figure  des  lettres  con- 
venues qui  les  représentenl  ;  a  effacer  ensuite  le 
dessin  naturel  ;  il  ne  reste  plus  alors  que  le  signe 
convenu  ,  qui  peu  à  peu  devient  pour  1  élevé  un 
signe  de  rappel  d'idée  aussi  bien  que  le  signe 
naturel  de  1  objet.  C'est  au  moyen  de  cet  exercice 
plus  ou  moins  répété  ,  et  plus  ou  moins  prompte- 
iHcni  sitiii ,  selon  l'intelligence  du  sourcl-œuet , 


^u'il  parvient  en  assez  peu  de  lems  ordinairement 
à  distinguer  toutes  nos  kntres  ,  à  les  lormer  et  à 
sen  servir  cmnuic  les  auties  iioiniues.  L'art  a 
ajouté  en  leur  faveur  ,  poui  compléier  cet  exer- 
cice, un  alphibei  manuel  à  laide  duquel,  figurant 
avec  les  doigts  toutes  les' lettres ,  ils  se  servent  ds 
leur  main  comme  d'une  langue  ,  sinon  pour 
parler  ,  du  moins  pour  moniret  toutes  leurs  idées. 
Gloire  imrnoricllt  à  Celui  qui  fut  le  Cadrans  des 
sourds-muets  ,  et  qui  s'avisa  le  premier  de  trans- 
porter au  bout  des  doigts  l'an  sublime  de  la 
parole  !  il  réalisa  ,  en  quelque  sorte  ,  le  b  au  rêve 
de  ce  jésuite  fameux  ,  qui  passa  inuii'emeni  un  si 
grand  nombre  d'années  à  faire  entrer  ihjrmonie 
par  les  yeux,  en  essayant  de  construire  une  espèce 
de  clavecin  dont  chaque  touche  aurait  montré 
une  couleur  difTércntc. 

Tel  était,  citoyens  ,  l'é'aî  de  la  science,  lors- 
que la  mort  enleva  mon  illnscc  piédéccs.seur  à 
l'Europe  dont  il  lésait  l'admiration  ,  n  la  France 
dont  il  fesait  l'ornement,  aux  sourds-inueis  dont 
il  était  le  père  ,  à  ses  amis  dont  il  fesait  le  bon- 
heur. Choisi  par  1  ancien  gouvernement  pour  lui 
succéder  ,  je  ne  manquai  pas  de  m'a;)pcrcevoir 
bientôt  qu'au  milieu  de  cette  richesse  apparente 
de  signes  dont  j'avais  été  mis  en  jiossession  ,  il 
me  restait  encore  u.ivuide  immense  à  remplir  , 
un  espace  incommensurable  à  parcourir  pour 
achever  l'entière  civilisation  de  mes  élevés.  Ils 
savaient  lire  et  écrire  ,  je  l'avoue;  au  moyen 
de  leur  alphabet  ,  on  pouvait  leur  dicter  d'une 
manière  magique  toutes  sortes  de  mois  en  toutes 
sortes  de  langues.  En  l'allail-il  davantage  pour 
faire  crier  au  miracle,  sur-tout  par  les  mcres, 
si  aisées  à  séduire  jpar  des  progrès  apparens? 
Qjiant  à  moi ,  citoyens  ,  vous  aurez  de  la  peina 
à  le  croire  ;  c'était  i.iéciscinent  celle  facilité  qu'a- 
vaient les  sourds-muet»  d'écrite  et  de  retenir  une 
foule  de  mots  doni  ils  n'avaient  pas  l'idée 
correspondante  ,  et  l'impossibilité  oii  j'élais  alors 
de  faire  passer  par  leurs  yeux  l'idée  de  ces  mots  , 
qui  me  rendait  pauvic  au  milieu  de  mon  ce-' 
lebre  héritage  ,  et  qui  me  fesait  désirer  avec  ar- 
deur d'en  étendre  les  bornes  jusqu'aux  extré- 
mités du  monde  métaphysique.  Grâce  aux  moyens 
dont  j'étais  en  possession,  il  ne  m'était  pas  diffi- 
cile d'exprimer  par  signes  à  mes  sourds-muets  les 
différentes  opérations  de  la  volonté  ;  j'avais  trouvé 
djns  les  variations  de  la  physionomie  humaine 
tous  les  secours  nécessaires  à  cet  égard  :  ils  con- 
naissaient 1  indifférence  ,  le  désir,  l'espérance, 
la  crainte  ,  l'amour  ,Ja  haine,  et  en  général  toutes 
les  passions  de  l'ame  dont  les  nuances  multi- 
pliées se  lisent  pendant  la  vie  en  carjciere  de 
feu  sur  la  physionomie  ,  comme  on  lit  pendant 
la  nuit  leS'  caractères  tracés  autour  d'un  trans-- 
parent  quand  la  bougie  est  allumée  au  centre. 
C'était  beaucoup,  sans  doute  ;  mais  qu'il  y  avait 
encore  loin  de  ce  terme  à  celui  de  la  parfaite 
civilisation  ,  je  dis  plus,  à  la  connaissance  in- 
time de  la  dignité  de  l'homme,  et  de  sa  supé- 
riorité sur  la  brute  ? 

Le  sourd-muet  avait  une  connaissance  parfaite 
de  tous  les  objets  physiques,  et  de  toutes  les 
nuances  des  passions  humaines;  il  en  savait  la 
double  expression,  il  étonnait  par  ses  procédés 
la  foule  des  spectateurs  vulgaires;  et  cepen- 
dant enfermé  dans  le  monde  matériel  et  dans 
le  monde  moral  comme  dans  un  cercle  ,  il  n'avar»- 
çait  pas  ,  il  ne  pouvait  franchir  l'espace  im- 
mense qui  le  séparait  du  monde  intelleciuel  ,  il 
n'avait  pas   la   moindre  idée  des  abstractions. 

Mais  comment  sans  abstraction  avoir  l'idée 
du  verbe  ,  et  comment  peindre  le  verbe  aux 
yeux  des  sourds-muets  ?  comment  sur-ioutleur 
donner  une  idée  des  qualités  abstraites  ,  qu'on 
ne  peut  considérer ^omme  telles  qu'au  moyen 
du  verbe  ?  Hocopus  ,  liic  Inborest.  J'avoue  qu'ici  je 
lus  long-tems  sans  trouver,  mais  heureusement 
sans  me  rebuter  du  peu  de  succès  de  mes  re- 
cherches. Persuadé  que  les  livres  à  cet  égard 
ne  contenaient  tien  qui  pût  me  servir  de  guide  , 
obligé  par  conséquent  de  me  frayer  une  roule 
nouvelle  à  travers  l'obscurité  la  plus  profonde  , 
je  pris  en  main  le  flambeau  de  l'analyse  ,  je  le 
posai  devant  l'ohj.i  pour  l'examiner  dans  lous 
les  S:ns  ;  ô  surprise  !. .  .  je  n'y  découvris  que  des 
qualiKs ,  et  je  fus  forcé  de  convenir  que  ies  qua- 
lités inséparables  de  l'objet  ,  fussent  -  elles  en 
nombreJnfini  appliquées  sur  cet  objet,  ne  font 
qu'un  avec  cet  objet. 

Mais  si  les  qualités  sont  comme  les  habits  de 
l'objet ,  et  si  l'objet  ne  se  montre  jamais  à  nud  dans 
la  nature  ,  comment  se  fait-il  ,  dis-je  alors  en  moi- 
même  ,  que  pour  peindre  l'idée  d  un  objet  revêtu 
de  ses  qualités ,  nous  employions  plusieurs  signes  ? 
comment  ces  signes  composés  peuvent-ils  nous 
donner  l'idée  de  l'unilé  de  l'objer  ?  comment 
espérer  enfin  de  faire  concevoir  à  un  sourd-muet , 
que- vainement  une  période  exprime  successive- 
ment toutes  les  qualités  d'un  objet  ;  celle  période  , 
quelque  longue  qu'elle  soil  ,  et  quelle  que  soit  la 
quaniilé  de  signes  dont  on  se  serve  pour  la  per- 
fectionner, exprime  toujours  l'unilé  sous  laquelle 
toutes  les  qualités  ,  qui  revêtent  l'obj''!  ,  se  pré- 
sentent simultanément  à  l'ame. 

Celle    difficulté   était   plus    aisée   à   sentir  qu' 
résoudre.  Heureu86i««ni  l'analyse  ,  qui  n  est  a^tr 


1472 


and 


■cliosc  que  l'art  de  décomposer  el  de  recorapo-ser , 
vini  à  mon  stcours.  Je  choisis  plusieurs  péiiotlcs , 
j'en  fis  la  dissectioîi,  je  les  léJuisis  à  leurs  pre- 
miers élémens,  et  je  m'apperçus  que  les  plus 
longues  et  les  plus  composées  ,  se  réduisaieni 
en  dernier  Itcu  ,  à  un  plus  ou  moins  gran 
nombre  de  propositions  simples  ,  unies  par  des 
conjonct'.ors  ,  dont  tout  l'emploi  était  de  les  lier  , 
afin  d'en  faire  ce  tout  unique  aussi  simple  que  la 
pensée. 

La  décomposition  de  la  période  me  conduisit 
naturellement  à  celle  de  la  proposition  ou  de  la 
phrase  simple.  Je  pris  un  mouchoir,  je  le  con- 
sidéraidans  tous  les  sens  ;  j'eus  beau  le  tourner  , 
le  tetourniT  ,  appercevoir  en  lui  une  foule  de 
qualités  ,  toutes  ces  qualités  révélant ,  pour  ainsi 
dire,  le  mouchoir ,  ne  fesant  qu'un  avec  le  mou- 
choir ,  ne  rendaient  pas  ma  pensée  multiple  ; 
je  ne  voyais  qu'un  seul  mouchoir,  tandis  que  mon 
esprit  me  représentait  simultanément  une  toule  de 
qualités  inhérentes  à  cette  unité.  J'essayai  alors 
d'exprimer  à  notre  manière  1  unité  de  pensée  qui 
m'occupait  ;  j'obtins  d'abord  cette  phrase  simple  : 
mouchoir  est  blanc  ;  je  continuai,  et  j'eus  successi- 
vement, mouchoir  est  long,  mouchoir  at  large, 
mouchoir  est  quarré.  Il  est  évident,  qu'à  la  faveur 
de  quelques  conjonctions,  j'aurais  pu  de  ces 
quatre  propositions  former  une  assez  belle  pé- 
riode ,  sans  que  le  mouchoir  se  fût  multiplié  dans 
mon  esprit  ;  je  forçai  donc  l'analyse  ,  et  considé- 
rant que  la  base  de  ces  quatre  propositions  était 
mouchoir^  et  que  blanc  ,  long,  large,  quarré,  se 
trouvaient  dans  mouchoir  sans  le  multiplier ,  je 
conçus  qu'on  pouvait  présenter  aux  yeux  du 
sourd-muet  un  mot  unique  exprimant  à  ta  fois 
l'objet  revêtu  de  sa  qualité.  J'écrivis  donc  sur  la 
toile  le  mot  mouchoir ,  de  telle  sorte  que  les  lettres 
dont  il  était  composé  ,  fussent  à  une  distance 
les  unes  des  autres  suffisante  pour  me  permettre 
d'intercaler  la  qualité  dans  son  sein.  Celte  opéra- 
tion me  donna  ce  mot  phrase  mfcou/achncoir , 
parfait  indicateur  de  l'unité  qu'il  exprimait;  con- 
sidérant ensuite  que  si  j'avais  pu  intercaler  ,  en 
quelque  sorte  ,  la  qualité  dans  le  sein  de  l'objet  , 
il  m'était  libre  de  l'abstraire  ,  et  de  la  transporter  à 
côté  du  mot  mouchoir  ,  en  conservant  les  traces  de 
celte  translation  ,  je  fis  cette  seconde  opération  , 
et  j  obtins  par  réduction  mouchoir  ^  blanc ,  et  qui 
ftie  donna  notre  manière  ordinaire  d'exprimer  la 
qualité  séparément  de  son  objet.  Réfléchissant 
alors  sur  ces  trois  idées  bien  distinctes  qui  se 
présentaient  clairement  à  mon  ame,  à  l'aspect  de 
Celte  figure,  savoir  :  celle  du  sif|élt,  delà  qualité,  de  la 
ligne  ou  du  verbe  ,  j'acquis  la  certitude  que  cette 
trmité  d'idées  bien  distinctes  l'une  de  l'autre,  n'ex- 
primait cependant  que  l'unité  de  ma  pensée. 

Revenant  alors  à  la  période  et  sachant  d'avance 
qu'elle  était  composée  d'un  plus  ou  moins  grand 
nombre  de  phrases  simples  ,  lesquelles  expri- 
maient successivement  les  différentes  modifica- 
tions inhérentes  à  fobjet ,  je  pensai  que  je  pouvais 
représenter  aux  yeux  un  mot  période ,  comme 
j'avais  déjà  représemé  un  mot  phrase.  Je  répétai 
donc  la  première  opération  ,  observant  seulement 
de  faire  les  lettres  plus  longues  ,  et  sous  la  figure 
suivante  ,  qui  me  représenta  sous  une  fornie  uni- 
que l'unité  de  mouchoir  avec  ses  différentes 
modifications  : 


venu  à  leur  donner  l'idée  la  plus  juste  du  sujet,' 
de  la  qualité,  du  verbe,  de  la  conjugaison  ,  de 
toutes  les  abstractions  possibles  ,  et  avec  laquelle 
je  leur  fais  parcourir  le  vasie  océan  de  la  meia- 
physique  ,  sans  perdre  jamais  un  instant  de  vue 
le  point  du  départ. 

Ici  l'instituteur  présenta  au  ministre  et  à  l'as- 
semblée les  résultats  de  la  sublime  théorie  quil 
venait  d'exposer.  On  vit  -•iucccssivcrnent  les 
sourds -muets  passer  du  monde  physique  au 
monde  moral,  s'élever  ensuite  au  sommet  du 
monde  métaphysique ,  et  en  redescendre  avec 
une  facilité  ,  une  justesse,  une  promptitude  qui 
excitèrent  1  admiration  de  tous ,  mais  particu- 
lièrement d'un  ministre  observateur  et  connais- 
seur, qui  ne  perdit  pas  un  mot  de  cette  leçon 
importante  ,  et  qui  voulant  ce  semble  poser  lui- 
même  la  dernière  pierre  â  la  gloire  de  Sicard  ,  en 
essayant  si  l'élevé  répondrait  à  une  question  im- 
prévue ,  demanda  l'explication  de  la  paresse  a 
Massieu.  La  demande  fut  écrite  sur  le  tableau 
en  ces  termes  : 

D.  (Qu'est-ce  que  la  paresse  ?  R.  Cest  le  dégoût  , 
le  non  appétit  du  travail  ;  les  effets  de  ce  vice  sont 
la  maladie  ,  la  faiblesse  ,  la  pauvreté  ,  l'ignorance  , 
le  mépris  ,  le  malheur  ,  etc.  A  la  suite  de  cette 
demande  le  célèbre  Fontanes  ,  l'un  des  conseil- 
lers intimes  du  ministre  de  l'intérieur,  demanda 
l'explication  du  mot  bienfesance.  Massieu  écrivit  : 
cest  l'amour  de  faire  du  bien  aux  autres  et  de 
réparer  la  misère  d'autrui  ;  la  souffrance  pour  le 
malheur  d'un  autre ,  le  désir  de  réparer  ce  malheur 
et  l'exécution  de  cette  réparation. 

La  séance  fut  terminée  par  une  conversation 
fort  intéressante  entre  Massieu  et  un  autre  sourd- 
muet  nouvellement  arrivé  de  Bordeaux  ,  ancien 
élevé  de  Sicard.  Celui-ci  parut  n'avoir  pas  encore 
atteint  la  hauteur  de  Massieu;  mais  s  il  ne  se 
montra  pas  aussi  savant  dans  l'explication  du 
mot  bienfesance,  il  parut  au  moins  le  plus 
modeste  des  hommes,  en  avouant  ingénument 
qu'on  ne  le  lui   avait   pas  appris. 

Ainsi  finit  la  séance  la  plus  salisfesante  pos- 
sible pour  ceux  qui  aiment  véritablement  le  pro- 
grès des  lumières  analytiques  (i).  Le  ministre 
était  dans  l'admiration  ,  les  spectateurs  dans  l'en- 
chantement ;  quant  à  moi,  citoyen,  qui  me  suis 
amusé  à  décrire  ce  que  j'en  ai  retenu  ,  je  ne 
puis  m'empêcher  de  former  dans  mon  cœur  ce 
vœu  bien  sincère:  puissent  les  enfans  ordinaires 
être  un  jour  élevés  comme  les  sourds-muets  ! 
puissent-ils  sur-tout  avoir  toujours  présenta  leur 
esprit  ,  que  les  effets  d'un  vice  malheureusement 
trop  commun  parmi  les  hommes  sont  :  la  mala- 
die ,  la  faiblesse  ,  la  pauvreté  ,  l'ignorance  ,  le  mépris, 
le  malheur  ,  etc. 

Je  ne  finirai  pas  cette  lettre  ,  citoyen  ,  sans  vous 
prier  d'annoncer  au  public  que  le  ministre,  ja- 
loux de  voir  le  citoyen  Sicard  exploiter  en  paix 
les  vastes  domaines  de  l'abstraction  ,  vient  de 
confier  le  soin  temporel  de  linstitution  des 
sourds-muets  à  une  administration  composée  de 
trois  membres  dont  le  nom  seul  fait  l'éloge  ,  et 
à  laquelle  le  ministre  a  confié  le  choix  et  la  no 


convaincu  que  les  dictionnaires  actuels  sont  loitl 
d'offrir  au  public  louies  les  facilités  nécessaires  ; 
quelques-uns  sont  très-incomplets  ,  d'autres  don- 
nent uni;  orthographe  surannée  ou  contraire  aux 
décisions  Je  l'académie  espagnole  ;  tous  enfin  ,  si 
l'on  en  excepte  celui  de  Gattel  ,  sont  des  traduc- 
tions infidèles  des  deux  langues. 

Il  reconnut  aussi  que  les  auteurs  avaient  négligé 
l'une  des  parties  les  plus  importantes  de  l'étude 
des  langues  ;  c'est-à-dire  ,  la  pronoiiciaiiôn.  La 
différence  de  la  langue  parlée  à  la  langue  écrite  , 
est  l'obstacle  le  plus  difiicile  à  surmonter,  cl  l'objet 
le  plus  indispensable.  Cet  oubli  est  d'atitant  plus 
grave,  que  les  bons  maîtresse  rencontrent  rare- 
ment, et  que  les  élevés  sont  alors  réduits  à  parler 
une  langue  défigurée,  comme  un  homme  qui  a 
l'oreille  fausse,  ou  qui  connaît  imparfaitement  la 
musique  ,  défigure  un    air. 

Le  dictionnaire  de  Sobrino  ,  augmenté  et  re- 
louché par  François  Cormon;  ceux  de  Séjournant 
et  de  Gattel  ,  conçus  sur  un  plan  vaste  et  étendu, 
sont  volumineux  ,  peu  commodes  ,  sur-tout 
pour  les  voyageurs,  et  d'un  prix  qui  ne  les  met 
pas  à  la  porlée  du  plus  grand  nombre. 

C'est  d'après  ces  observations  que  i>otre  auteur 
se  détermina  à  travailler  à  ce  dictionnaire  ,  qui  a 
pout  but  ; 

1°.  De  faciliterl'élude  de  la  prononciation  dans 
luoe  et  l'autre  langue  ,  de  manière  à  pouvoir  se 
dispenser  d'un  maître  ,  ou  tout  au  moins  d'avoir 
peu  besoin  de  ses  secours  dans  celle  partie. 

2".  De  réunir  le  pus  de  choses  dans  le  moins 
de  volume  possible  ,  et  d  être  aussi  d'une  utilité 
beaucoup  plus  générale. 

Puissamment  secondé  par  un  littérateur  espa- 
gnol,  homme  éclairé  et  judicieux,  qui  a  fixé 
pour  quelque  lems  son  séjour  en  France  ,  il  a 
exécuté  son  plan  de   la  manière  suivante  : 

L'ouvrage  est  renfermé  en  deuxvolumes  in-8'; 
le  premii-r  contient  l'espagnol  expliqué  par  le 
français.  On  trouvera  à  côté  de  chaque  mot  es- 
pagnol la  prononciation  écriie  ,  représentée  par 
les  signes  et  les  sons  correspoirdans  et  connus  de 
la  langue  française.  La  simplicité  de  l'ortho- 
graphe de  la  langue  espagnole  ,  et  les  change- 
nnens  heureux  qu'y  a  faits  depuis  peu  d'années 
l'académie  royale,  en  la  rendant  presque  con- 
forme à  la  prononciation  auriculaire  ,  ont  per- 
mis à  l'auteur  de  peindre  chjque  son  par  un  ou 
par   plusieurs  signes  de  l'alphabet. 

Le  second  volume  contient  le  français  expliqué 
par  l'espagnol  ;  on  trouvera  aussi  ,  suivant  ta 
même  méthode,  la  prononciation  des  mots  fran- 
çais écrite  à  l'usage  d'un  espagnol.  Malgré  l'éten- 
ckue  de  l'ouvrage  ,  le  format  est  portatif;  rien  n'a 
été  négligé  pour  donner  à  l'exécution  typogra- 
phique toute  la  peifection  désirable. 


rCnî: 


r 


nutieux  n'arrêteront  plus  l'élan  du  génie. 
Salut  et  estime  ,  Y. 


Une  fois  l'opération  finie  ,  je  fis  l'abstraction  de 
toutes  ces  qualités  intercalées  ;  je  tirai  toutes  les 
lignes,  j'opérai  toutes  les  réductions  nécessaires, 
et  j'eus  le  plaisir  d'avoir  sous  les  yeux  les  propo- 
sitions bien  conditionnées  dont  je  fis  une  période  , 
laquelle  sous  la  forme  apparente  d'une  quadruple 
trinité  d'idées,  n'exprimait  en  réalité  que  l'unité, 
là  simplicité  de  ma  pensée. 

Considérant  alors  la  figure  que  je  venais  d'ex- 
poser aux  yeux  pour  représenter  le  sujet  abstrait, 
comme  un  moule  dans  lequel  je  pouvais  à  vo-  i 
lonté  faire  couler  toutes  les  qualités  de  l'objet  I 
pour  en  former  ce  tout  unique  et  sublime  de  la 
pensée  humaine  ,  je  me  regardai  ,  par  rapport 
aux  sourds-nauets,  comme  un  modeleur  en  état 
de  leur  montrer  successivement  toutes  les  parties 
de  la  statue,  sans  jamais  leur  faire  perdre  de  vue 
que  le  front,  le  nez  ,  les  yeux,  les  membres ,  le 
tronc,  toutes  les  portions,  en  un  mot,  qui  ser- 
vent à  la  composer  ,  s'en  forment  à  la  fois  et  ne 
forment  qu'un  tout  iinique. 

Ainsi,  m'écriai-je,  sortit  Minerve  toute  armée 
du  cerveau  de  Jupiter;  ainsi,  sous  le  voile  d'une 
fable  allégorique,  je  me  rendis  compte  à  tnoi- 
même  deYunité  de  la  pensée  et  des  modificauons 
infinies  qu'elle  peut  recevoir  sans  lui  faire  perdre 
son  unité.  .,, 

Tel  fut  citoyens,  le  procède  merveilleux  que 
je  dus  autant  au  hasard  qu'à  mes  recherches  ,  .et 
dont  les  conséquences  immenses  applanirent 
toutes  les  difficultés  qui  s'opposaient  a  1  avance- 
ment de  mes  élevés  ;  telle  fut  la  base  de  ma  nou- 
velle méthode  à  la  faveur  de  laquelle  je  suis  par- 


FLEURS      DE     VANSPAENDONGK. 

Nous  avons  annoncé  les  deux  premières  livrai- 
sons  de   cet  intéressant  recueil.  La  3">' vient  de 
paraître;  elle  contienlune  tige  deReine-Marguerite, 
une   lige   de    Grande-Capucine,  une   belle   Iris 
mination    de   tous    les    employés     qui    n'appar-  i  bleu-cîair  et  un  superbe  épi  de  Maïs  ou  blé   de 
dennent  pas  à  l'instruction  ;  ainsi   les   détails  mi-  |  Turquie  ,  à  demi  enveloppé  de  larges  feuilles  de 

son  calice,  et  posé   sur   le  devant  d'une  espèce 
de  console  avec  un  fond  qui  le  fait  ressortir. 

Telle  est  l'influence  d'un  grand  artiste  sur  tous 
ceux  qui  l'environnent ,  ou  qui  ont  l'avaiitage  de 
travailler  avec  lui  ,  qu'il  les  élevé  pour  ainsi  dire 
jusqu'à  lui  et  qu'il  leur  fait  atteindre  la  perfection 
à  laquelle  il  est  arrivé.  La  gravure  des  dessins 
qui  composent  cette  3™=  livraison,  nous  a  paru  plus 
parfaite  encore  que  celle  des  premiers  cahiers  dont 
la  beauté  semblait  ne  pouvoir  pas  être  surpassée. 
Le  prix  de  chaque  livraison  est  de  6  francs  ;  il 
en  paraît  une  tous  les  trois  mois.  On  les  trouve  a 
Paris  chez  l'auteur  ,  au  jardin  des  Plantes  ,  et 
chez  le  cit.  Bance  ,  marchand  d'estampes  ,  rue  du 
Petit-Pont ,  au  grand  balcon  ,  quartier  S.  Jacques. 


Dictionnaire  portatif  et  de  prononciation  , 
espagnol-français  et  français-espagnol  ,  à  l'usage 
des  deux  nations  ,  composé  et  rédigé  fidelleraent 
d'après  la  dernière  édition  du  Dictionnaire  de 
l'académie  royale  espagnole  et  les  meilleurs  diction- 
naires français  ;  enrichi  i°  de  plus  de  gSoo  mots, 
trouvent  ni  dans    le  dictionnaire   de 


qui   ne  se 

Sobrino  ,  augmenté  et  retouché  par  François 
Cormon,  ni  dans  celui  de  Séjournant;  et  de 
4000  qui  ne  sont  pas  dans  Gattel  ;  2°  d'une  mé- 
i  ihode  de  prononciation  facile  et  sûre  .  appliquée 
à  chaque  mot  de  ces  deux  langues  ;  3"  d'un  voca- 
bulaire de  certains  mots  nouveaux  introduits  de- 
puis onze  ans  dans  la  langue  française. 

On  y  a  joint  le  vocabulaire  géographique  de  la 
France  et  de  l'Espagne  ,  et  les  noms  des  autres 
pays  ,  fleuves  ,  rivières  ,  etc.  dont  l'orthographe 
diffère  dans  les  deux  langues;  parj.  L.  Barthé- 
lémy Cormon.  In-S". .  2  gros  vol.  de  i5oo  pages. 
Prix  i3  fr.  5o  cent,  broché,  i5  fr.  relié. 

A  Lyon  ,  chez  B.  Cormon  et  Blanc  ,  libraires , 
rue  Saint-Dominique  ,  et  chez  Reymann  et  com- 
pagnie ,  libraires  ,  rue  Saint-Dominique. 

L'auteur  de  l'ouvrage  que  nous  annonçons  sui- 
vait à  Lyon  le  commerce  de  librairie  de  sesparens. 
Un  long  séjour  en  Espagne  pour  leurs  affaires , 
et  une  élude  suivie  de  la  langue  de  ce  pays  ,  l'ont 


[il  Si  les  amateurs  ne  trouvent  pas  asseï  claires  les  figures 
que  nous  avons  été  obligés  d'employer  pour  représenter  les 
procédés  du  citoyen  Sicard,  ils  peuvent  consulter  son  ouvrage 
sur  les  sourds-muets  qui  se  vend  chez  le  portier  de  son  insti_ 
tution. 


Bourse  du  3'  jour  complémentaire. 

Rente  provisoire 17  fr-  7^  c. 

Tiers  consolidé 33  fr.  25  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  57  c. 

Bons  d'arréragé 83  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 89  fr.  yS  c. 

Coupures 64  fr. 

S  P  E  C  T  A  C  L  E  S. 

Théâtre  de  la  Republic^ue  et  des  Arts. 
Dernain  ,  par  ordre  du  gouvernement,  spectacle 
gratis.  — Iphigénie  en  Aulide  ,  et  le  ballet  de  Psyché. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
Lodoïska  ,  opéra  en  3  actes. 

Dem.  speci.  gratis.  —  Les  deux  Journées  ,  et  le 
petit  Commissionnaire. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Champagnae  ; 
Suzane  ,  et  un  seul    Violon  pour   tout   le  monde. 

Théâtre  delà  Cni.-'VAMiri.s.  — Pantomimes. 
Auj.  la  Fille  hussard,  pantomime  en  3  actes, 
à   grand  spectacle  ,   et   la  Mort  de  Turenne. 


A  Paris»del'iroptimerie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n° 


%3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  365. 


5"'  jour  complémentaire  an  8  de  la  république  française  ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Mo  NIT  E  u  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  su; 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  e:  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERI   EUR. 

ALLEMAGNE. 

Munich  ,  le  zb  fructidor. 

Xj  e  21  de  ce  mois  est  arrivé  ici  le  courrier  Mous- 
tache, apportant  des  dépêches  au  général  Moreau. 
Un  officier  autrichien  arriva  quelques  heures  après 
lui  avec  des  dépêches  adressées  au  même  général. 
Il  a  confirmé  la  nouvelle  de  l'arrivée  de  l'empe- 
reur ,  de  l'archiduc  Jean  et  du  général  Zagg,  au 
quartier-général  autrichien  à  Ahottingen.  Il  était 
parti  de  Vienne  dan»  la  nuit  du  l8  au  ig,  en 
même-lems  que  le  chancelier  ,  comte  de  Palfy  , 
s'apprêtait  à  partir  pour  la  Hongrie  ,  afin  d'y 
organiser  le»  levées  en  masse.  On  publie  aussi 
que  l'archiduc  Charles,  aidé  du  général  Mack  , 
sera  chargé  de  la  direction  des  levées  dans  la 
Bohême.  L'empereur  François  veut  prendre  , 
dit-on  ,  le  commandement  en  chef  de  l'armée 
autrichienne  en  Bavière.  Le  général  Starray  est 
remercié  ;  il  èe  relire  avec  une  pension. 

Le  général  Bellegarde  est  nommé  général  en 
chef  de  l'armée  d'Italie  ,  en  place  de  Mêlas  ;  il  est 
déjà  parti  de  Vienne  pour  se  rendre  à  son  poste. 
Simbschon  est  parti  de  Schweinfurth  pour  For- 
chkeim.  Il  y  a  5  jours  ,  trois  demi-brigades  fran- 
çaises ,  quatre  régimens  de  cavalerie  ,  et  beau- 
coup d'autres  troupes  ont  passé  l'Iser  près  celte 
ville;  tous  les  blessés  français  qui  se  trouvaient 
encore  dans  la  Bavière  ,  ont  été  transportés  dans 
les  hôpitaux  d'Augsbourg. 

L'électeur  de  Bavière  se  retire  d'Amberg  à 
Bayreulh  ;  il  y  est  suivi  de  sa  famille  ,  de  toute 
sa  cour,  et  des  ambassadeurs  des  puissances 
étrangères  en  résidence  auprès  de  lui.  Il  est  arrivé 
à  Bayreuth  le  22  fructidor. 

Les  prisonniers  d'état  autrichiens  ont  été  trans- 
portés par  Vienne  et  Ofen  ,  à  Munkatsch  ,  en 
Hongrie. 

Stuttgard,  le  26  fructidor. 

Nos  routes  sont  couvertes  da  troupes  fran- 
çaises. Il  nous  en  arrive  chaque  jour  des  fron- 
tières de  la  Franconie  ,  du  Bas-Neker  et  de  la 
Forêt-Noire,  qui  se  portent  vers  Ulm  etDonawert. 
Tous  les  généraux  qui  se  trouvaient  ici  sont 
partis  pour  l'armée.  Le  21  ,  le  général  Ney  est 
arrivé  àRatisbonne,  d'ori  il  est  déjà  reparti.  Les 
français  fortifient  consldérablemeni  les  hauteurs 
d'Abach.  Le  général  Bonnel ,  qui  commande  les 
troupes  françaises  du  pays  de  Ratisbonne,  a  placé 
son  quartier-général  à  Abach. 

L'armée  d'Augereau  est  dans  un  mouvement 
continuel.  Ce  général  a  transporté  son  quartier- 
général  de  Hochistet  à  Offenbach.  Les  troupes 
françaises  se  sont  emparées  d  Aschaffembourg  le 
»3.  Àlbini  ,  général  des  troupes  mayençaises  , 
s'étaitretiréàVuttzbourg  quelques  jours  auparavant. 
(Strasburger  Weltbote.  ] 

ITALIE. 

Bergame  ,  le  i5  fructidor. 

LtîS  persécutions  et  les  vengeances  partrculieres 
qui  ont  signalé  les  derniers  tems  du  gouvernement 
autrichien  ne  se  sont  point  arrêtées  aux  villes 
seules  ;  mais  elles  se  sont  étendues  jusqu'aux 
confins  les  plus  reculés  et  les  plus  tranquilles 
de  la  république  ,  oià  elles  ont  été  exercées  avec 
une  injustice  révoltante.   En  voici  la  preuve. 

Le  cit.  Gio-Batlista  Daraioli ,  honnête  négociant 
de  la  vallée  Camonica  ,  et  patriote  très-integre  , 
était  en  relation  d'intérêts  de  commerce  avec  les 
maisons  Caivi  (  GioBattista  )  et  Baglioni,  de  la 
même  vallée  ,  il  préféra  l'exil  à  la  servitude  ,  et 
émigra  au  moment  de  l'invasion  des  austro-russes, 
laissant  un  frère  et  une  épouse  chérie  en  proie  à 
la  plus  vive  douleur.  Des  barbares  pillèrent  en- 
tièrement sa  maison  ;  d'autres  encore  plus  bar- 
bares, profitant  d'une  autorité  usurpée  ,  le  rédui- 
sirent à  la  dernière  misère  ,  en  le  dépouillant  de 
son  paltimoinc.  Les  CaIvi  et  Baglioni ,  de  con- 
cert avec  un  des  chefs  des  brigands  de  Breno, 
capitaine  de  ladite  vallée  ,  firent  vendre  à  l'en- 
chère les  biens  de  Damioli  ;  mais  le  peuple  , 
révolté  d'une  semblable  injustice  ,  refusa  d'y  con- 
courir en  ne  mettant  point  a  l'enchère.  Ce  relus 
ne  servit  de  rien  ;■  les  biens  furent  vendus  le  tiers 
de  leur  valeur  ,.ct  achctéi  par  les  auteurs  mêmes 


de  la  persécution.  Ceux-ci  non  contens  de  ces 
indignes  procédés  ,  firent  mettre  en  prison  un 
cotnmis  de  Damioli  ,  ainsi  que  le  frère  de  cet 
infortuné  proscrit  ,  et  réduisirent  son  épouse  à 
la  plus  affreuse  misère.  Damioli  ,  en  retournant 
dans  sa  patrie  ,  retrouva  sa  maison  nue  ,  sa  lemme 
dans  un  état  déplorable  ,  et  toute  sa  fortune  dans 
les  mains  de  ses  ennemis  ,  qui  en  jouissaient  en- 
core avec  impunité. 

Il  n'y  a  point  de  doute  que  le  gouvernement 
cisalpin  ne  regarde  comme  un  devoir  sacré  ,  de 
rendre  justice  à  ce.  généreux  citoyen  victime  de 
son  patriotisme. 

Crémone  ,   le  23  fructidor. 

Nous  avons  vu  arriver  ici  ,  ces  jours  derniers  , 
plusieurs  déserteurs  tyroliens,  qui  assurent  que  la 
plus  grande  partie  des  recrues  envoyées  pour 
renforcer  l'armée  autrichienne  ,  a  été  escortée 
jusqu'au  quartier-général.  Ces  recrues  ontpresque 
toutes  été  levées  de  vive  force  ;  elles  sont  plus 
disposées  à  déserter  qu'à  combattre.  On  assure 
aussi  que  le  nombre  des  malades  dans  l'armée 
autrichienne  se  monte  à  plus  de  lo  raille  ;  on  les 
transporte  à  Padoue  ,  oîi  l'on  prétend  qu'est  établi 
le  quartier-général  qui  était  à  Vérone. 

Quelques  personnes  disent  que  le  général  Bel- 
legarde remplace  le  général  Mêlas  dans  le  com- 
mandement en  chef  de  l'armée  autrichienne.  Les 
autrichiens  en  Italie  sont  généralement  persuadés 
qu'on  les  mené  de  nouveau  à  la  boucherie- 

Milan  ,  k  2^  fructidor. 

Les  25'  et  28=  demi-brigades  d'infanterie  sont 
parties  d'ici  avant-hier  ;  deux  autres  demi-bri- 
gades partirent  hier;  et  le  reste  de  la  division  de 
réserve,  composée  de  la  2°  et  de  la  78'  légère  , 
est  partie  aujourd'hui.  Les  quatre  bataillons  po- 
lonais qui  étaient  en  France  ,  arrivent  du  Piémont 
aujourd'hui  ou  demain. 

Le_  général  en  chef  Brune  nous  quitte  aujour- 
d'hui ,  pour  se  rendre  au  quartier-général  à 
Crémone.  Il  passa  ,  hier ,  en  revue  la  garde  na- 
tionale ,  et  lui  adressa  un  discours  conçu  à  peu- 
près  en  ces   termes  : 

î5  Les  français  vont  combattre  pour  la  liberté 
de  1  Italie;  1  Italie  n'aura  jamais  eu  un  moment 
plus  glorieux.  En  m'éloignant  de  Milan  je  suis 
tranquille  sur  le  sort  de  cette  cité  :  je  confie  ses 
destinées  au  zèle  infatigable  de  la  garde  nationale. 
C'est  à  vous  ,  citoyens,  qu'il  appartient  d'y  main- 
tenir la  tranquillité.  Ne  vous  faites  point  oppres- 
seurs ,  de  peur  qu'on  ne  se  croie  sous  un  gouver- 
nernement  militaire  et  despotique. 

î>  Vous  manquez  de  fusils  ,  ils  sont  dans  les 
mains  des  brigands  ;  mais  ils  n'y  resteront  pas  ,  et 
vous  les  aurez.  Les  bons  citoyens  doivent  être 
armés  ;   les  mauvais  citoyens  ne  le  seront  pas. 

"  On  ose  dire  que  nous  voulons  attenter  à  la 
sâreté  de  la  religion  et  du  sacerdoce  :  ces  bruits 
partent  de  nos  ennemis  qui  s'efforcent  de  com- 
promettre le  nom  français  et  celui  des  milanais. 

'>  On  dit  tout  bas  que  nous  voulons  prendre 
des  otages.  La  victoire  esta  nous  ,  nous  n'avons 
pas  besoin  d'otages.  Les  mesures  qui  ont  été  prises 
n'ont  eu  pour  objet  que  la  tranquillité  du  pays, 
troublée  par  les  alarmes  des  mauvais  citoyens  , 
et  par  des  malveillans  qui  st  glissent  au  milieu  de 
vous  ,  pour  porter  atteinte  à  votre  repos. 

»'  Les  bons  prêtres  sont  respectés  ;  et  les  ex- 
nobles qui  aiment  sincèrement  leur  patrie  ,  mé- 
ritent que  vous  les  protégiez:  c'est  à  vous,  brave 
garde  nationale  ,  que  je  confie  la  tranquillité  de 
Milan.)) 

Mardi  dernier ,  l'adjudant-général  Hector,  au 
moment  oiiil  traversait  la  placeFontana;  fut  frappé 
d'un  coup  de  couteau  ,  par  un  traître  qui  dis- 
parut à  l'instant  même  :  deux  autres  français  ont 
été  également  blessés  par  trahison.  Depuis  quel- 
ques jours  on  voyait  roder  par  la  ville  des  per- 
sonnes suspectes  :  on  répandait  des  bruits  alar- 
mans  ;  on  parlait  de  russes  ,  de  turcs  ,  etc.  qu'on 
disait  s'avancer  en  nombre  considérable ,  et  déjà 
prêts  à  envahir  la  Cisalpine.  C'est  ce  qui  a  déter- 
miné la  commission  de  police  à.  ordonner  une 
visite  générale  ,  et  l'arrestation  de  quelques  cen- 
taines de  citoyens  ;  elle  eut  lieu  hier  pendant  la 
nuit.  La  majeure  partie  des  personnes  arrêtées  a 
été   relâchée   le  lendemain. 

(Extrait  de  ta  Gazzetta  nazionate  cisalpina,  ovvero 
Monitore  universalt ,  des  a  et  i^ijruciider.  ]  j 


REPUBLIQ^UE     HELVÉTIQ.UE. 

Berne  ,  /e  26  fructidor. 

Hier  ,  un  détachement  de  l'armée  de  réserve 
est  arrivé  ici.  Il  consistait  en  trahis  bataillons  d'in- 
fanterie légère  et  un  régiment  de  cavalerie  de  la 
division  de  Grouchy.  Lé  canton  de  Berne  a  été 
requis  de  fournir  pour  le  transport  des  bagages 
40  chariots  attelés  de  quatre  chevaux.  Aujour- 
d  li"i  on  attend  un  détachement  fort  considé- 
rable ,  dont  mille  hommes  de  cavalerie  font 
partie. 

Le  général  Macdonald  a  eu  une  longue  con- 
férence avec  le  conseil  exécutif.  On  ignore  quel 
en  a  été  le  sujet.  Les  uns  disent  qu'il  a  remercié 
le  gouvernement  des  avances  faites  pour  l'entre- 
tien des  troupes  ;  d'autres  assurent  qu'il  y  a  été 
question  d'une  levée   d'hommes. 

Strasb.  Weltbote. 

i  ANGLETERRE. 

I  Londres,  (  l3  septembre.)   26  fructidor. 

I  Le  prix  du  sac  de  farine  ayjnt  augmenté  de 
'  dix  scheilings  li  |  deniers  anglais  ,  le  lord  mains 
a  élevé  celui  du  pain  de  quatre  livres  à  un  schel- 
ling.4  f  d.  anglais. 

James  Napper-Tandy  a  été  dénoncé  aux  assise» 
de  LifFord  comme  étant  entré  il  y  a  quelques 
tems  dans  Rutland  à  la  tête  d'une  forte  armée 
française.  On  dit  que  cette  dénonciation  sera 
portée  à  Dublin  au  terme  prochain. 

Le  navire  le  Bombay  prêt  à  faire  voile  du  port 
de  fce  nom  pour  Madras  et  le  Bengale  ,  a  été 
consumé  par  le  feu.  Il  avait  à  bord,  outre  une 
riche  cargaison,  cinq  chevaux  de  grand  prix, 
dont  quatre  de  Mocka  avaient  coûté  trois  mille 
roupies  chaque. 

Une  cour  martiale  tenue  abord  du  Gladiateur 
dans  le  havre  de  Portsmouth  a  condamné  à  mort 
George  Hudson  ,  chirurgien  du  sloop  de  guerre 
leBeaver,  pour  avoir  frappé  le  lieutenant  de  ce 
bâtiment;  mais  sur  les  rapports  avantageux  qui 
ont  été  rails  à  là  dite  cour  du  caractère  du  con- 
damne, elle  l'a  recommandé  fortement  à  la  merci 
du  roi. 

On  apprend  par  la  Reliance  qui  arrive  de 
Botany-Bay,  que  le  navire  la  Jenny  a  louché  à 
Otahiti.  et  quila  été  bien  accueilli  des  naturels. 
Le  chef  du  district  de  Maiavaï  fesait  au  roi  Oîoo 
une  guerre  très-vive,  à  laquelle  la  reine  de  ces 
îles  prenait  part. 

On  mande  de  Poole  que  les  troubles  au  sujet 
de  la  cherté  du  pain  se  sont  communiqués  dans 
les  environs.  Un  rassemblement  de  près  de  mille 
personnes  des  environs  de  Blardfort  ,  est  entré 
dans  cette  ville  oià  il  a  détruit  la  maison  d  un 
boulanger,  et  s  est  porté  de-là  vers  plusieurs 
moulins.  Il  est  a  craindre  que  si  on  ne  met 
un  frein  au  monopole  présent,  les  troubles  ne 
s'étendeni  et  ne  produisent  d'aussi  fâcheuses 
conséquences.  (Extrait  da  Sun.) 

JV.  B.  Nous  donnerons  dans  notre  prochain  n°. 
des  détails  circonstanciés  sur  la  sédition  occa- 
sionnée à  Birmingham  ,  et  dans  d'autres  places 
par  la  cherté  du  grain. 

INTÉRIEUR. 

Paris,  le  ^^"jour  complémentaire. 

Le  Journal  de  Taris  annonce  que  le  ministre 
de  l'intérieur  a  donné  des  ordres  pour  que  (es 
superbes  tableaux  de  Lebrun,  représenians  le» 
batailles  d'AJexandre,  soient  placés  dans  la  gale- 
rie des  Tuileries  ;  en  conséquence  ,  on  continue 
de  s'occuper  de  la  restauration  de  ces  chefs- 
d'œuvre. 

—  On  écrit  de  Nice  ,  en  date  du  l6  fructidor  î 
))  Les  maires  des   communes   maritimes  de  ce 

))  département  ont  été  piévcnues   officiellement 

))  qu'un  navire  venant  de  la  Havane,  et  arrivé  à 

))  Cadix   d.iiis  le  courant  de   messidor  dernier, 

))  avait  annoncé  que  la  fièvre  jaune  s'était  rléclar 

))  rée    dans    cette    île  ,    et    y    exeiçait    d'affreux 

))  ravages;  en  eonsé  luence  ,  il   leur   ist  enjoint 

))  de  surveiller  les  bâilmens  qui  pourraient  venir 

))  de  cette  partie  de  l'Amérique. 

—  On  écrit  de  la  même  ville,  en  datç  du.s»  , 
que  les  signataires  de  la  capitulation  d^  for\  de 


On  trouve  dans  la  Décade  du  département  de 
la  Somme ,  un  avertissement  que  nous  croyons 
utile  de  publier.  Il  était  impossible  d'appuyer  des 
réflexions  plus  justes  ,  par  des  iuioiiiés  mieux 
choisies. 

Avertissement  du  maire  d'Amiens  aux  pères  de  famille 
et  à  tous  ses  concitoyens  ,  sur  les  dangtrs  auxquels 
on  expose  tes  jeunes  époux,  en  procédant  aux  céré- 
monies du  culte,  avant  la  célébration  mile  du 
mariage. 

Il  n'est  aucun  de  bous  ,  ciloyens  ,  qui  ne  soit 
persuadé  que  le  mariage  est  le  plus  important  des 
engagemens  de  la  société  ,  et  par  ses  efttts  et  par 
4es  suites  ;  l'on  rk  peut  en  donner  une  idée  plus 
vraie,  qu  en  se  servant  des  expressions  même»  de 
l'une  de  nos  anciennes  lois  : 

"  Les  mariages  sont  le  séminaire  des  états  ,  la 
»»  source  et  l'origine  de  la  .«ociéié  civile  ,  et  le 
M  fondement  des  familles  qui  composent  les  re- 
♦1  publiques ,  qui  servent  de  principes  à  former 
•  )  leurs  polices  ,  et  dans  lesquelles  la  naturelle 
5>  révérence  des  enfans  envers  leurs  païens ,  est 
M  le  lien  de  la  légitime  obéissance  envers  le  gou- 
))  vernement.n  (Préambule  de  la  déclaration  du 
ï6  novembre  i63g.j 

Les  lois  de  toutes  les  n^iions  ont  prescrit  les 
formes  les  plus  solennelles  pour  rendre  cet  acte 
plus  auguste  et  plus  imposant;  elles  ont  cru  de- 
voir l'environner  du  respect  qu'inspirent  les  céré- 
monies religieuses 


Ï474 

j.a  -..i.  5  Vnnanimilé  I  ces  formcs,  quoi  qu'observées  pat  les  curés  ,  étaient 

Viennent  dêtrc  acquittes  a  )  utifn>™ue  j    ^^^^^j.^^  '^^,  ,j,  'j.^issance  ciïile  ,  qui  distinguait 

-   '    ministre  du  culte  ,  et 
laient  les  disoosiiions 
ce  de  Blois  ae  i579  , 
généraux;  de  l'art.  16g 
de  l'ordonnance  de  1629  ,  rendue  sur  l<-  vœu  des 
états-généraux  de  1614;  de  la  déclaration  du  26 
novembre  tôSg,  citée  ci-dessus  ;  de  l'ordonnance 
de  1667  -,  de  l'édit  de  mats  de  1697  ;  de  la  déclara- 
tion du  i5  juin  de    la  même  année  ;   et  de  celle 
enfin  du  mois  d'avril  1736. 

C'est  à  toutes  ces  sages  lois  que  l'art  8  du  litre 
6  de  celle  du  20  septembre  I7ga  ,  n'entend  lien 
innover  non  plus.  Qjaand  un  ministre  de  culte  , 
qui  n'a  point  la  mission  civile  que  les  lois  con- 
fiaient aux  curés,  se  permet  de  s'aiFranchir  de 
toutes  les  formes  qu'elles  prescrivaient,  Jie  mérite- 
t-il  pas  les  reproclies  exprimés  dans  ledit  de  mars 
1697  :iiQuun  iniérêi  sordide  fait  trouver  trop 
Il  aisément  des  témoins  et  même  des  prêtres  qui 
II  piosiituenl  leur  ministère  ,  aussi  bien  que  leur 
1)  Foi  ,  pour  profaner  .  de  concert ,  ce  qu  il  y  a  de 
)»  plus  sacré  dans  la  religion  et  dans  la  société 
î)  civile.  " 

Oue  tous  les  pères  dç  famille  se  pénètrent  donc 
des  vérités  qui  viennent  de  leur  être  rappelées  : 
qu'ils  veillent  à  ce  que  les  mariages  de  leurs  enfans 
soient  toujours  célébrés  civilement  avant  la  consé- 
cration du  culte;  et  que  les  minisKes  des  cultes 
respectent  eux-mêmes  la  loi  ,  et  ne  se  pei^meitent 
plus  de  la  transgresser  ,  au  détriment  des  familles. 


TRIBUNAUX. 


celte  m^heureu^e  famslU  ,  noais  noa  rassasiés  de 
crimes  ,  ils  se  jettent  sur  les  propriétés  du  cîtoyeti,' 
Chapelle  ,  répandent  les  liqueurs  qu  ils  ne  peuvent 
boire  ,  détruisent  ce  qu'ils  ne  peuvent  caas.oramer» 
brisent  ce  qu'ils  ne  peuvent  emporter. 

Les  brigands  sortent  du  doanîcile  du.  cù,  Clij- 
pelle  ,  à  7  heures  du  soir,  et  vont  renouvelleileS 
mêmes  scènes  d'horreurs  chez  le  cit,  Lécaullé. 

Les  accusés  ayant  étéconfvonlésavec  lacitoyenne 
Chapelle  ,celle»-ci  a  parfaitement  reconnu  Lecomtç 
pour  être  celui  qui  est  entré  chez  elle  le  premier  j 
et  a  ouvert  sa  porte  aux  brigdijids.  Lecoivite  lui 
demandant  avec  audace  si  elle  ne  se  trompait  pas; 
Non  ,  dil-elle  ,  cest  bien  vous  ;  c'est  vous  qui  êUi 
cause  de  la  mort  de  mon  mari,  et  les  sanglots 
étouffèrent  sa  voix.  La  nièce  de  la  ciioyenns 
Chapelle  a  également  reconnu  Lecomte  ,  et  3 
fait  une  déclaration  en  tout  semblable  à  celle  d« 
sa  tante. 

Lécouflé  et  ses  enfans  n'ont  pu  reconnaître  per- 
sonne ,  les  brigands  ayant  eu  la  précaution  d« 
leur  bander  les  yeux. 

De  fortes  présomptions  résultaient  seulement 
des  débats  contre  Manissier  et  Lautrel  ;  quelque» 
voyageurs  arrêtés  à  Ville-Juif,  ont  bien  dit  que 
l'accent  du  chef  de  la  bande  était  à  peu  près  celui 
de  Manissier,  qu'ils  croyaient  l'avoir  vu  parmi  les 
voleurs  ;  cependant  aucun  n'a  affirmé  positive- 
ment qu'il  en  fesait  partie.  Mais  des  preuves  irré- 
cusables existaient  contre  cet  accusé,  et  ces  preuve» 
ont  porté  la  conviction  dans  l'ame  des  jurés. 

Manissier ,  dans  un  instant  où  il  croyait  se  sau- 
ver par  des  révélations,  avait  lui-même  contribué 
à  mettre  sous  la  main  de  la  justice  plusieurs 
chaulFeurs  ;  d'autres  brigands  de  la  même  bande. 


,,.,,,  .  „L„  ,,.„     „,,:  Hé-      e  lu^ement  de    plusic  rs    chaiitteurs.    bi   je   ne 

La  loi  actuelle  du  80  septembre  lyg^  ^q"'  'If      ^J.±    .,  ,,  „ 'wiicité  des  atrocités  dont  nucl- 


terraine   le  mode  de  constater  l'état  civil  des  ci 
teyens ,  leur  laisse  aussi  celte  pieuse  liberté. 

L'article  VIII  et  der;iier  du  litre  VI  et  der- 
nier dit  : 

u  L'assemblée  nîtîonale.  après  avoir  délei;iïiiné 
»i  le  mod£  de  constater  désormais  l'état  civil  des 
II  citoyens  ,  déclare  qu'elle  n'entend  ni  innover  , 
1»  ni  nuire  à  la  liberté  qu'ils  ont  tous  de  consacrer 
M  les  nai&sances ,  oiariages  et  décès  par  les  céré- 
»>  monies  du  culte  auquel  ils  sont  att?£hés ,  et  par 
>>  linlervfnion  des  ministres  de  ce  culte.  >> 

Le  législaleur  laisse  à  tous  1»  liberté  de  consa- 
crer les  naissances  ,  les  mariages ,  les  décès  par  les 
cérémonies  du  culte  :  il  n'entend  ni  Innover ,  ni 
ntiire  k  cette  liberté';  mais  il  n'a  point  entendu 
non  plus  que  l'usage  d'une  ^bertesi  chère  devînt 
pour  le»  citoyens  les  occasion»  des  plus  cruels 
déchiremens  de  cœur.  V^ar  consacrer  uii  acte  , 
il  faut  que  cet  acte  existe  ;  la  conséciaiion  re- 
ligieuse doit  donc  suivre  l'acte  1  et  non  le  pré- 
céder. 

Si  ,  au  contraire  ,  on  se  permet  de  faire  pré- 
céder l'acte  civil  par  les  cérémonies  du  culte  , 
on  innove  ,  l'on  transgresse  la  loi  ,  on  expose 
les  époux  aux  plus  grands  malheurs  qui  retoni- 
bent  sur  les  enfans  nés  de  ces  conjonctions  illé- 
gales. 

Il  n'en  est  déjà  que  trop  d'exemples   frappans 
dan»   cette  commune  même.  Un  jeune  homrne  , 
sans  mœurs  ,  sans   religion  ,    abusera  des  céré- 
monies d'un  culte  ,  pour  devenir  possesseur  de 
celle    qu'il   convoite  :  le  caprice  ,   la    satiété   le 
dégoûteront  bientôt  :  il  se  refusera  ensuite   à  lé- 
gitimer son  union  par  la  solemniié  civile  ,  et  lais- 
sera une  jeune  infortunée  en  proie  aux  regrets 
et  à  la  défaveur  de  l'opinion  publique  ;  un  autre 
aura  eu  la  volonté  de  légaliser  son  engagement  ; 
mais,  dans  le  court  intervalle  de  la  consécration 
prématurée  à  l'époque   qu'il  avait  fixée  pour  ac- 
complir l'acte  civil  qui  devait  faire  la  matière  de 
cette  consécration  ,   il  est  atteint  d'une  maladie 
mortelle;  il  est  enlevé  pour  jamais   à  celle   qui 
Vi'a  pas   encore  re^u   légalement  le   titre  de  son 
épouse  :   elle  devient  mer^  sans  être  veuve  ;   la 
famille  de  celui  qu'elle  croyait  son   mari  ,  ne  la 
reconnaît  pas ,  lui  refuse  tous  les  eflfeis  des  con- 
ventions matrimoniales,  et  l'enfant  infortuné  de 
cette  mère    devient   orphelin  sans    avoir  eu   de 
père  ,  et  ae  jouira  pas  même  des  avantages  d'un 
iils   naturel  qui  aurait  été  reconnu, 

Les  ministres  d'un  culte  qui  se  permettent  de 
devancer  ainsi  les  actes  de)  la  loi ,  s'exposent  aux 
peines  graves  qu'elle  prononce  contre  eux  ;  mais , 
quand  ils  parviendraient  à  éç-happer  à  ces  peines, 
combien  leur  conscience  D<jurrelée  ne  devrait- 
elle  pas  leur  reprocher  ceç  violations  de  toutes 
lois  ?  les  anciennes  voulaient  impérieusement 
que   le  mariage  fût  précédé  d'une  proclamation 


J'ai  assisté  pendant  trois  jours  aux  débats  qui  jugés  par  difFérens  tribunaux,  s'étaient  accordé» 
ont  eu  lieu  devant  le  tribunal  criminel  de  la  à  désigner  Manissier  pour  leur  chef.  Lautrel  a 
Seine  ,  depuis  le  26   jusqu'au  28  fructidor,  pour  j  été   également   reconnu    par  eux;    tous   se   sont 

accordés  à  dire  vjue  sa  m-iison  servait  au  partage 
des  vols  ,  et  que  lui  -  même  était  de  toutes  les 
expéditions. 

La  défense  des  accusés  éta-l  difficile  à  enlre- 
prcndre  ;  aussi  personne  ne  s'est  présenté  pouc 
parler  en  faveur  de  Lecomte.  Le  défenseur  de 
Manissier  avait   d'.Tbord    refusé    de    prendre    la 


voyais  dans  la  publicité  des  atrocités  dont  quel- 
ques-uns de  ces  niullicureux  se  sont  rendus  cou- 
pables ,  un  but  utile,  il  me  serait  impossible  de 
me  décider  à  retracer  les  scènes  d'horreurs  dont 


ai  entendu  le  récit  ;  mais,  d'une  part ,  il  est  bon 


de  prémunir  les  ciloyens  contre  la  trop  grande 
facilité  qu'ils  ont  à  donner  asyle  à  des  individus 
qu'ils  ne  connaissent  pas  ;  et  de  l'autre  ,  il  faut 
avenir  les  brigands  que  la  police  a  constamment 
les  yeux  fixés  sur  eux  ;  que  s'ils  échappent  un 
moment  à  ses  recherches,  bientôt  ils  succombent  ■ 
et  payent  par  une  mon  ignominieuse  (es  crimes  1 
dont  ils  se  sont  couverts.  Voici  les  faits  que  j'ai 
pu  recueillir  :  1 

Les  accusés  au  nombre  de  cinq   étaient   pré-  | 
venus,   savoir:   Lecomte  ,  Manissier  et   Lautrel,  j 
1°  d'avoir,  le   1"  frimaire  an  6,  arrêté  trois  dili-  1 
gences  sur  la  route  deVille-Juif  à  Paris,  et  d'avoir  ; 
dépouillé  les  voyageurs;  1"  de  s'être  introduits,  ! 
le  3  frimaire,  à  force  ouverte,  dans  les  maisons 
des  ciloyens  Chapelle,  auberuisie  au  petit  Bicêtre  , 
et  Lécouflé  ,  garde-chasse  à  Châillon  ,  et  d  avoir 
exercé  contre  les  propriétaires  de  ces  habitations 
tout  ce  que   la  barbarie  peut  inventer  de  plus 
atroce. 

Les  auteurs  du  vol  de»  diligences  étaient  diffi- 
ciks  à  reconnaître,  ce  délit  ayant  été  commis 
pendant  une  nuit  très-sombre  ;  il  était  impossible 
aux  voyageurs  ,  qui  d'ailleurs  craignaient  pour 
leurs  jours,  de  considérer  les  traits  de  ceux  qui 
les  dépouillaient.  Cependant  un  manteau  pris  à 
l'un  d'eux  ,  et  ensuite  volé  à  Lecomte  par  les 
deux  derniers  accusés ,  Valtemarc  et  Pothier ,  a 
fait  découvrir  le  principal  auteur  de  ce  premier 
crime.  Envain  LeComie  a-t-il  voulu  nier  que  le 
manteau  lui  appartînt  ;  plusieurs  témoins  ont  dé- 
pose le  lui  avoir  vu  le  lendemain  du  vol  des 
diligences  ;  l'un  d'eux  a  ajouté  que  parlant  devant 
l'accusé  de  ce  qui  s'était  passé  sur  la  roule  de 
Villejuif,  et  annonçant  que  plusieurs  voyageurs 
avaient  été  assassinés,  Lecomte  s'écria  que  le  fait 
était  faux ,  qu'ils  avaient  tiré  en  l'air. 

Les  dépositions  de  la  citoyenne  Chapelle  et  de 
sa  nièce  ,  ont  également  désigné  Lecomte  pour 
l'un  des  auteurs  du  délit.  Il  est  impossible  de 
peindre  la  situation  pénible  de  tout  l'auditoire 
pend  nt  le  récit  épouvantable  que  les  citoyennes 
ont  fait  ,  des  cruautés  qui  oot  été  excicées  oans  ; 
leur  domicile. 

Le  3  frimaire  an  6  ,  deux  particuliers  se  disant 
marchands  forains ,  se  présentent  chez  le  citoyen 
Chapelle  pour  y  loger  j  celui-ci  refuse  d'abord  ; 
mais  cédant  enfin  aux  instances^  réitérées  que  lui 
font  les  voyageurs  ,  il  consent  à  leur  dormer  un 
asyle  pour  la  nuit.  Qjielques  momeris  après  cette 
promesse  ,  un  des  prétendus  marchands  prétextant 
un  besoin  ,  son  de  la  maison  et  y  rentre  aussitôt 
suivi  de  t5  à  18  brigands  ;  le  cit.  Chapelle  ,  son 
épouse  et  sa  nièce  sont  garottés  ;  on  leur  bande 
les  yeux  ;  un  des  brigands  mettant  les  pieds  de 
Chapelle  dans  un  brasier  ardent,  veut  lui  faire 
rcvéler  le  lieu  oià  il  prétend  qu'une  somme  de  î5 


Manissier  avait  d'.Tbord  refuse  de  pr 
parole  ;  mais  sollicité  pir  la  femme  et  les  enfans 
de  cet  accusé  ,  il  a  fait  valoir  I  hésitation  des 
témoins ,  et  a  cherché  à  détruire  les  déclarations 
faites  par  des  hommes  piêis  à  subir  le  dernier 
supplice. 

Lecomte    se    voyant   abandonné  par  son   dé- 
fenseur, et  n'ayant  plus  aucun  espoir  de  se  sau- 
ver ,  s'est  déclaré  lui-même  coupable  de  tous  les 
délits  dont  il   était  accusé  ;  mais  il  a  affirmé  en 
même  terni  que   c'était   à  tort   que   Lautrel   étai» 
accusé  d'être  son  complice  ;  qu'il  ne  le  connais- 
sait pas  .  et  qu'il  n'avait  participé  en  aucune  ma-      .M 
niere  aux  vols  mentionnés   dans  l'acte  d'accusa-      S 
lion.  Le  défenseur   de  Lautrel  a  fait  valoir  cette     ^ 
déclaration  dans  son  plaidoyer. 

Les  jurés  se  sont  retirés  dans  la  chambre  des 
délibérations,  et  après  huit  heures  d'examen  ,  il» 
ont  1  apporté  au  tribunal  une  réponse  afifirmativ» 
sur  toutes  les  questions  qui  leur  ont  été  pré- 
sentées. 

En  conséquence  ,  la  peine  de  mort  ^  été  pro- 
noncée contre  Lecomte  ,  Manissier  et  Lautrel  ; 
Vatteraare  et  Pothier  ont  été  acquittés.    B 


publique  ,  pendant  trois  jours  de  fête  :  elles  vou- 
laient que  le  mariage  ne  pût   être   célébré   que 

■devant  le  propre  curé  de  la  paroisse  de  l'un  des  _,     .  „,_  ^ ^ 

époux  ;  qu'il  y  eût  quatre  témoins  ;  qu'il  en  lût  |  mille   fraiics  est   cachée  !  en  vain  cet  infortuné 
rédigé  acfe  :  que  cet  acte  fût  signé  des  époux  et  |  vieillard  ,   assure- t-il    qu'il   ne   possède  qu'une 
des  témoins  ,  qu'il  fût  gardé  registre  de  cet  acte  :[  somm 
<iu'un  double  du  tegistre  restât  dans  les  archive^  I  mente 

delà  paroisse  ,  un  autre  dans  celles  du  magistrat  I,  faire  à 

civil  I  que  cfrf^bfM«fni, v>sta,pt)éjpaï  Iwi,;  et  toutes  !  ouHages.  Entin.,  faiigués  de  niitiiler  toutUemenl 


omme  de  400  francs  ,  ils  continuent  de  le  tour 
et  ne  le,  quittent  un  instaul  que  pour 
i  femme    et   sa   nièce   les  plus  honteux 


Apperçu  statistique  de  la  France. 

Les  grands  états  de  1  Europe  ont   été  les  der- 
niers à  connaître  avec  quelque  précision  l'étendue 
de  leur  territoire.  L'Angleterre,  un  de  ceux  oii 
les  connaissances  positives  sont  le   plus  recher- 
chées ,  ignore  encore  la  juste  étendue  dii  sien. 
Et>  efi^et  ,   si  nous  en  croyons  M.  Arthur  Young, 
l'Angleterre  et  la  principauté  de  Galles  contien- 
nent 46,915,933  acres  anglais  (37,383, 187  arpens 
des  eauxet  forêts  de  France  (i)  )  ,  et,  selon  le  doc- 
teur Grew  ,  elles  ne  contiennent  que  46,080,000 
acres  anglais  :  voilà  donc  une  difFétence  de  pin» 
de  800,000  acres  pour  l'Angleterre  et  le  pays  de 
Galles   seulement.  L'incertitude   est  encore   plus 
grande  pour  les  deux  autres  parties  de  l'empira 
britannique    en    Europe  ,  l'Ecosse    et    l'Irlande- 
L'étendue  territoriale  et  la  populaion  de  la  Hon- 
grie ,  un  des   plus  riches  pays  connus    par  ses 
producuons  de  toute  espèce  ,  n'ont  point  d'esti- 
mation fixe  dans  les  tableaux  statistiques ,  tandis 
que  les  plus  petits  états  d'empire  connaissent  avec 
une  grande   précision  les  quantités  de  terre  em- 
ployées en  divers  genres  de  culture  dans  l'étendue 
de  leur  domination  respective.  C'est  qu'un  petit 

Îirince  ,  comme  un  petit  particulier ,  ne  peut  rieii 
aisser  perdre  ,  et  qu'il  a  le  plus  grand  intérêt  à 
connaître  toutes  ses  ressources.  Cette  nécessité  a 
fait  naître  la  statistique  ;  c'est  d'Allemagne  que 
viennent  les  meilleurs  tableaux  que  l'on  en  ait. 
Cette  science  y  a  été  perfectionnée  ,  et  y  fait , 
à  juste  titre  ,  partie  de  l'instruction  publique. 

Nous  tâcherons  de  recueillir  ici  quelques  base» 
fixes  et  déterminées  sur  celle  de  la  France.  Cette 


L^acre    anglais ,    qu'il   ne  faut  confondre  ni  avec  Tactc 
[  ,   ni  avec  l'acre  irlandais  ,   contient  1066   toises  qilai- 
fiai ,  inaïue  de  Eiaacï ,    (»u  enviru»  4a  ares  et  demi. 


147-5 


connaissance  ,  du  ptus  grand  intérêt ,  est  aussi 
d'une  grande  importance  pour  les  hommes  ap- 
pelés aux  fonctions  publiques.  Nous  ne  nous 
Battons  pas  d'atteindre  à  la  perfection  ;  ce  n'est 
qu'un  essai  que  nous  préstnions  ,  et ,  en  ou- 
vrant publiquement  la  carrière  sur  cette  matière, 
nous  desirons  bien  sincèrement  nous  voir  surpas- 
ser par  de  plus  forts  que  nous. 

Une  cause  d'erreurs  dans  les  calculs  elles  rai- 
(onnemens  sur  les  diverses  branches  de  la  statis- 
tique française  ,  est  l'habitude  de  confondre  les 
données  propres  à  l'ancienne  France  avec  celles 
qui  conviennent  à  notre  état  actuel  ,  et  de  mar- 
cher d'à-peu-près  en  à-peu-près  à  de  très-grands 
écarts  dans  les  résultats.  Nous  nous  efforcerons 
d'éviter  cet  écueil. 

L'ancienne  France  contenait,  suivant  Paneton, 
17,100  lieues  quariées;  suivant  M.Necker,  26,951; 
l'une  et  l'autre  estimation  ,  non  compris  la  Corse, 
dont  l'étendue,  au  reste,  est  de  482  lieues  quarrées. 
Nous  prenons  la  lieue  de  25  au  degré,  par  con- 
séquent de  2,282  loises  et  demie. 

En  comparant  cette  étendue  de  territoire  à  la 
population  estimée  24  millions  676  mille  indi- 
vidus ,  on  trouve  916  habitans  par  lieue  quarrée,  à 
cette  époque  ,  en  France. 

Les  îles  britanniques  ont  une  étendue  territo- 
riale ,  d'après  Templeman  ,  suivi  par  M.  Arthur 
Young  ,  de  i8,3oo  lieues  quarrées,  (Busching  ne 
les  porte  qu'à  16,800)  et  une  population  portée 
par  quelques-uns  à  12  ,  par  d'autres  à  10  millions 
d'habiians  ;  mais  qui  est,  d'après  les  plus  exactes 
estimations,  de  11  millions  effectifs.  D'oii  l'on^oit 
conclure  que  la  Grande-Bretagne  a  en  Europe 
une  population  de  601  habitans  par  lieue  quarrée. 

Comparant  ce  rapport  de  la  population  au  ter- 
ritoire en  Angleterre  ,  avec  celui  que  nous  venons 
d'établir  pour  la  France  ,  il  en  résulte  que  sous 
cet  aspect  ,  la  puissance  nationale  de  la  Grande- 
Bretagne  était  dans  l'ancienne  France  à  la  puis- 
sance française  ,  domme  601  est  à  gi6. 

Avant  la  révolution ,  les  états  de  la  maison 
d'Autriche  effaraient  ,  suivant  Busching  ,  une 
étendue  territoriale  de  24,44.0  lieues  quarrées,  et 
tine  population  de  845  iudividus  par  lieue 
quarrée. 

D'où  l'on  peut  conclure  que  ,  sous  le  rapport 
composé  du  territoire  et  de  la  population  ,  la 
puissance  de  la  maison  d'Autriche  était  alors  à 
celle  de  la  France  comme  845  à  916. 

Ces  rapports  avantageux  pour  la  France  ont  dû 
«'accroître  encore  par  les  conquêtes  qu'elle  a 
faites  ,  et  qui  ont  augmenté  considérablement  ses 
richesses  territoriales  ei  de  population. 

En  effet  ,  son  étendue  ,  sans  y  comprendre  les 
départemens  de  la  Roêr  ,  du  Mont-Tonnerre  ,  de 
Rhin  et  Moselle  ,  de  la  Sarre  ,  non  encore  réunis, 
est  aujourd'hui  de|29,894  lieues  quarrées;  suivant 
les  états  présentés  par  le  bureau  du  cadastre. 
D'aptes  les  derniers  recensemens  ,  la  population 
correspondante  à  cette  étendue  de  territoire  est 
d«  29.288,779  individus  ;  ce  qui  donne  946  habi- 
tans }  par  lieue  quarrée. 

On  s'est  efforcé  de  connaître  ,  à  l'aide  d-es  états 
de  population  ,  la  quantité  respective  d'hommes 
de  guêtre  que  peuvent  lever  les  diff"érens   états. 

Montesquieu  assure  dans  son  tiaité  de  la  gran- 
deur et  de  la  décadence  des  romains',  n  qu'un  prince 
ne  saurai! ,  sans  nuire  à  la  population  de  ses  états, 
en  entretenir  plus  d'un  cenlieiiie  sous  les  armes,  ji 
Cependant  si  nous  nous  reportons  aux  tableaux 
dressés  pour  les  milices  dans  lancitrne  France  , 
on  trouvé  qu'en  Alsace,  où  la  population  allait 
croissant  chaque  année.,  la  levée  des  soldais  è:ait 
habituellement  d'un  homme  sur  61  individus. 

La  proportion  possible  des  levées  militaires  à  la 
population  sans  nuire  d'une  manière  dangereuse 
a  celle-ci  ,  résulte  de  trop  de  données  pour  que 
nous  puissions  la  traiter  ici.  On  peut  dire  seule- 
ment .d'une  manière  générale,  qu'elles  sont  moins 
nuisibles  et  plus  faciles  dans  les  étals  agricoles 
que  dans  les  états  manufacturiers.  Dans  la  Marche 
de  Brandebourg  ,  la  classe  militaire  est  plus  du 
dixième  de  la  population.  En  France,  admettant 
comme  portion  miliciable  tout  mâle  non  marié 
au-dessus  de  dix-huit  ans  ,  l'on  aurait  l,45i,o63 
individus  mâles  ;  c'est  à-peu-près  les  -^  de  la 
population  totale  ;  sur  quoi  il  faut  déduire  les 
infirmes  et  les  vieillards. 

Le  nombre  des  naissances  était  au  nombre  des 
habitans  en  France  avant  la  révolution,  comme 
I  est  à  «5  ^.  Nous  ne  voyons  pas  que  cette  propor- 
tion ait  changé  depuis  ;  et  les  tableaux  de  nais- 
sances de  quelques  villes,  donnent,  à  un  petit 
nombre  d'individus  près  ,  la  même  quantité  de 
uaissances  qu'en  1788.  Il  naissait,  vers  cette  der- 
nière époque  ,  94u,g35  entans  dans  toute  la 
France  ,   année  moyenne. 

L'estimation  du  territoire  d'un  état  en  lieues 
quarrées,  convient  aux  recherches  sur  la  popula- 
Mon  ;  mais  il  laut  nécessairement  le  réduire  en 
niesuics  agraires  ,  pour  parvenir  à  connaître 
l'étendue  des  richesses  territoriales. 

Il  a  été  fait  d'assez  grands  travaux  en  France 
•lans  cette  vue  depuis  quelques  années.  Le  bureau 


du  cadastre  .  dirigé  par  les  talens  connus  du  ouvrir  aux  arts  une  nouvelle  carricre.  C'est  aa 
ciioyen  Prony  ,  a  publié  des  tables  dont  il  résulte  sysiêine  pncumaiiqnc  que  nous  devons  la  théorie 
que  la  France  contient  .  non  compris  la  Corse  I  du  blanLliimeiit.  ScUeclc  et  Berthollet  ont  les 
et  les  départemens  non  réunis,  115,956,787  aj-  1  premiers  acquis  des  droits  à  la  reconnaissance 
pens  des  eaux  et  forêts  de  1844  toise»  quatre  g"""  j  des  artistes  ;   mais  les  essais  qu'on  fit  pour  l'ap- 


de  toises   chacun 

Celte  étendue  n'est  point  toute  en  culture  ,  et  la 
partie  cultivée  ne  l'est  pas  également  bien  dans 
tous  les  départemens  ;  la  fertilité  varie  aussi  depuis 
les  terres  riches  et  fécond  s  de  la  Belgique  et  de  la 
Limagne  ,  jusqu'aux  terreins  secs  d  une  partie 
des  départemens  de  la  Marne  ,  du  Finistère  et 
des  Landes. 

Lavoisier  estimait  à  moins  des  deux  tiers ,  la 
quantité  d'arpens  de  terres  en  labours  ,  jachères 
et  pâtuies,  et  au  quart  seulement  celles  qui 
étaient  cultivées  chaque  année  en  grains  de 
diverses  sortes. 

Mais  les  accroissemens  qu'a  pris  la  culture 
depuis  6  à  8  ans ,  ont  changé  ces  bases.  Des 
dénombremins  authentiques  ,  et  des  observa- 
tions bien  faites  ,  prouvent  que  sur  115,956,787 
arpens  '  "■ 
emi 


plicaiion  de  l'acide  muiialique  oxigené  au  blan- 
chiment des  toiles,  renconlreri^ni  de  nombreux 
obstacles.  Watt  en  Ecosse  .  Henri ,  Coop  et  Rupp 
à  Manchester  les  levèrent  bientôt.  Leurs  procédé» 
sont  décrits  dans  les  annales  avec  un»!  fidélité  qui 
les  met  à  la  portée  du  plus  simple  otivrrer.  Déjà  oa 
adopte  à  Jouy  et  dans  la  Belgique  cet  appareil 
qui  a   off^ert  une  économie  considérable. 

Le  cinquième  mémoire  traite  d'une  pompe  à 
feu  très-ingénieuse  et  portative  ,  inventée  par 
Cartwringli  ;  cette  matière  est  continuée  dans  le 
second  numéro  ,  où  Ion  trouve  la  de.icription  ds 
deux  pompes  à  feu  de  Sad'er ,  et  un  mémoire 
très-intéressant  du  citoyen  Perricr.  Nous  revien- 
drons sur  ces  objets. 

Enfin ,  le  sixième  mémoire  contient  des  re- 
cherches curieuses  sur  la  peinture  à  l'encausti- 
ei  les  moyens  employés  depuis  peu  pour 


ncn»    <\e    yj,.^.,A..^   ...  ;.     ■   I  que  ,  et  les  moyens  employés  depuis  peu  pour 

pens    Ge    leiendue   terriioiiale  ,    un     neis    est     1  •        r       .     .  1  a     ■ 

niilnvp    ann,,.ii„.^«.,.   =■  I    ■■         .  °      la  restauration  de  cet  art  ,  avec  quelques  réflexions 

iipiO)e    annuellement   et   exp  oite  en  froment  ,  '         1  j  1         •  ■  i 

ioie     nr„»     ,„«;.,.       .       '      .      .  'i    '"""^,    '     sur  la  manière  de  conservcr  la  pcintui c  a  f tcsque. 
igie  ,  orge,  avoine;    et  qu  au  total  il  y  a  plus  .  ,   .  r      i-  ■    y         j. 


des  deux  lieis  en  valeur,  pâtures  ttjacheres  .  non 
compris  les  forêts  et   bois.  PrucHF.T. 

(La  suite  dans  un  prochain  numéro.) 


RTS       INDUSTRIELS. 

Les  hommes  qui  s'iniéressent  à  la  prospérité 
nationale  suppoitent  avec  la  plus  grande  im- 
patience, le  joug  qu'impose  à  notre  commerce 
et  à  notre  industrie  le  monopQle  de  l'Angle- 
terre ;  ils  voyent  avec  peine  la  Fiance  ,  tribu- 
taire de  son  çnnemie  consommer  les  produits 
de  ses  manucfactures  et  imj^orter  à  grands  frais 
des  objets  dont  elle  peut  faire  une  riche 
branche  d'exportation. 

Tous  ceux  qui  s'efforcent  de  faire  cesser  cette 
dépendance  .méritent  des  encouragcmens  et  sont 
dignes  de  l'estime  pubhquc  ,  et  nous  croyons 
qu'elle  est  due  à  l'auteur  d'un  ouvrage  désiré 
depuis  long-iems  et  qui  paraît  sous  le  titre 
d'un  écrit  :  Annales  des  arts  et  manufactures. 
Nous  en  avons  annoncé  le  prospectus  dans  notre 
feuille  du  26  floréal.  Il  offre  aux  négocians  fran- 
çais les  moyens  d'égaler  leurs  rivaux  ,  de  les  sur- 
passer même.  L'auteur  décrit,  avec  la  plus  sévère 
exactitude  ,  les  procédés  qu'on  y  emploie  ,  et  à 
l'aide  de  planches  parfaitement  gravées  ,  nous 
initie  dans  des  mystères  jusqu'ici  impénétrables. 

Les  Annales  ont  reçu  du  gouvernement  et  du 
public,  l'accueil  le  plus  encourageant;  et  cet 
accueil  est  justifié  par  le  mérite  des  quatre  nu- 
méros qui  ont   déjà  paru.   ■ 

Celui  qui  a  é  é  publié  en  germinal' contient  six 
mémoires. 

Le  premier  traite  de  l'imporlarce  de  nos  rela- 
tions commerciales  avec  le  Levant.  Ce  n'est  point 
une  froide  nomenclature  des  objets  ordinaiies 
d'importation  et  d'exportation.  C'est  un  examen 
approfondi  et  bien  raisonné  des  ressources  que 
la  France  peut  tirer  de  ce  commerce.  L'auieur 
guide  nos  négocians  sur  toutes  les  côles  de  la 
Méditerranée  ,  leur  ouvre  des  débouchés  incon- 
nus ,  leur  indique  des  productions  à  créer  ou  à 
perfectionner,  compose  leur  cargaison  et  pré- 
pare leur  chargement  de  retour.  Il  les  anime  par 
l'exemple  des  anglais,  habiles  à  éiudicr  les  goûts 
de  l'olioman  et  de  l'arabe  ,  et  toujours  prompts  à 
leur  porter  une  foule  d'objets  dont  nous  ne  soup- 
çonnons pas  même  l'existence  ,  et  qui  procurent 
dimmenscs  bénéfices. 

Le  second  mémoire  est  consacré  à  des  détails 
tout-à-fait  inconnus  en  France  sur  la  fabrication 
de  l'acier.  On  y  décrit  les  moyens  de  faire  de 
l'acier  aussi  parfait  que  celui  d'Angleterre  ,  par 
des  procédés  sûrs  ,  puisque  ce  sont  les  procédés 
anglais.  Une  planche  bie'n  exécutée  représente 
le  fourneau  employé  dans  cette  opération.  On 
peut  se  former  une  idée  de  limporiance  de  cet 
article  de  l'industrie  anglaise  ,  quand  on  voit 
qu'en  1798  ,  les  états  publiés  ofEciellcment  des 
importations  de  fers  du  nord  pour  la  fabrication 
de  l'acier  s'élevaient  au-dessus  de  70,000  tonneaux 
ou  1,400,000  quintaux  ,  dont  le  prix  moyen  était 
de  t8  livres  steiling  ,  ou  482  francs  par  tonneau  , 
fesant  ensemble  la  somme  énorme  de  trente 
millions. 

Le  troisième  mémoire  contient  les  nouvelles 
manières  de  préparer  le  blanc  de  plomb  ou  cé- 
ruse  ,  avec  la  description  d'une  machine  propre 
à  garantir  les  ouvriers  des  maladies  auxquelles 
les  exposait  l'ancienne  méthode.  Ainsi  fauteur 
sert  à-la-fois  les  ans  et  l'humanité.  Quel  fabri- 
cant de  céruse  ne  s'empressera  pas  d  apprendre 
le  moyen  de  conserver  la  vie  des  hommes  qu'il 
emploie  ?  : 

Le  quatrième  mémoire  indique  un  procédé 
pour  le  blanchiment  des  toiles  avec  I  acide  mu- 
riatique  oxigène  ,  sans  l'addition  de  potasse  ,  avec 
la  description  d'un  appareil  nouvellement  in- 
venté. La  révolution  qui  s'est  opérée  dans  la 
chii»ie  depuis  quelquei   années ,  pouvait  seule 


Les  peintres  apprécieront  l'utilité  d'une  décou- 
verte qui  assure  à  leurs  tableaux  une  immorialiié 
que  la  peinture  à  l'huile  ne  saurait  leur  donner. 
L'encaustique  était  en  usage  chez  les  égyptiens  ; 
les  bandeaux  et  les  enveloppes  de  leurs  momies 
peints  de  cette  manière,  en  sont  des  preuves  in- 
contestables. De  l'Egypte  l'encaustique  pa'.sa  dans 
la  Grèce  ,  qui  la  tcjnsmit  à  Rome  ,  où  elle  s  est 
perdue  ;  il  n'en  restait  que  quelques  détails  insuf- 
fisans  dans  Pline  ,  Varron  et  Vittuve.  Fabbroni  l'a 
retrouvée  ,  et  madame  Morin,  artiste  distinguée  , 
a  peint  un  tableau  à  l'encaustique  ,  d'apiés  les 
renseignemens  qui  lui  ont  été  tournis  par  l'au- 
teur des  annales  ;  il  est  actuellement  devant  une 
commission  nommée  par  l'institut  national  ,  pour 
'  examiner  ce  procédé. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  entrer  dans  les- 
détails  qu'exigerait  un  article  aussi  intéressant 
pour  les  beaux  -  arts  ;  et  nous  nous  voyons 
forcés  de  renvoyer  nos  lecteurs  au  mémoire 
même  ;  ils  y  trouveront  une  force  de  raisonne- 
ment ,  une  évidence  de  preuves,  une  sagesse  de, 
réflexions  qti  il  nous  serait  impossible  d'ana- 
lyser. 

(Nous  donnerons  incessamment  l'analyse  des 
numéros  qu'ils  ont  publiés  en  floréal.  ^ 


S  P  E  G  T  A  C  L  E  S.v 

Le  Théâtre  français  a  remis ,  le  i''  et  le  2' jour 
complémentaires, deux  ouvrages  qui  n'avaient  pas 
été  donnés  depuis  long-tems.  Le  Joueur  ,  de 
Regnard  ,  comédie  que  l'on  donne  peu  .  non 
qu'elle  ne  soit  le  plus  incontestable  tiire  de  sou 
auteur  à  un  gloire  solide  .  non  que  son  but 
moral  ne  soit  d'une  utilité  constante,  mais  parce 
que  plus  qu'aucune  autre  elle  a  besoin  d'une 
réunion  d'acteurs  nombreuse  ,  et  qu'elle  exige 
impérieusement  le  concours  des  premiers  sujets. 
Les  excellentes  scènes  que  cet  ouvrage  renferme 
ont  produit  leur  effet  accoutumé.  On  ne  peut  se 
dissimuler  cependant  que  cet  effet  auiait  été  plus 
sensible  si ,  sans  parler  des  rôles  secondaires  ,  le 
rôle  de  Valere  eût  été  rendu  avec  un  peu  plus 
de  nerf,  de  profondeur  et  d'énergie  ,  et  si  celui 
d'Hector  eût  été  joué  avec  un  ton  comi(jui; 
plus  franc  et  plus  décidé;  la  finesse  et  l'agrément 
conviennent  peu  à  ce  personnage;  il  exige  sur- 
tout une  phisionomie  prononcée  ,  de  l'à-piomb  et 
du  naturel. 

Le  lendemain  on  a  remis  le  Roi  Léar  ,  l'une  des 
tragédies  imitées  de  Shakespear,  par  le  cit.  Ducis . 
dont  le  succès  ait  éié  le  plus  brillant.  La  figure 
vénérable  de  Brizjrd,  ses  cheveux  blancs,  sa 
diction  noble  et  sirople  avaient  donné  au  princi- 
pal rôle  de  cet  ouvrage  un  degré  d'intérêt  que 
peu  d'acteurs  eussent  pu  inspirer.  Il  n'est  peut- 
être  pas  hors  de  propos  de  citer  ici  ce  que  pen- 
sait du  sujet  original  l'un  des  traducteur»  de 
Shjkespear. 

."  Le  roi  Léar  ,  dir-il  ,  est  à  la  fois  peut-être  la 
chef-d'œuvre  du  génie  et  de  l'extravagance  :  c'est 
un  contraste  perpétuel  de  grandeur  et  de  bassesse  , 
de  pathétique  et  de  frivolité,  de  sublime  et  de 
ridicule.  Le  caractère  du  roi  ,  à  n'en  juger  que 
par  ses  actions ,  doit  paraître  peu  intéressant.  Va 
vieillard  entêté,  injuste  envers  sa  fille,  ingrat 
envers  le  plus  zélé  de  ses  sujets  ,  victime  d'une 
prédilection  siupide  pour  deux  enfans  indignes 
de  sa  tendresse  ,  et  rassemblant  tous  les  défauts 
de  l'enfance  avec  ceux  de  la  vieillesse  la  plu» 
décrépite,  semble  devoir  être  un  objet  plus  digne 
de  mépris  que  de  pitié  fondée.  Cependant,  ce 
mêtne  personnage  n'arrive  presque  jamais  sur  la 
scène  sans  arracher  des  larnjes  au  spectateur  le 
moins  sensible.  L'excès  de  son  malheur  ,  l'amer- 
tume de  son  repentir  ,  ses  transports  partant  du 
sein  de  la  nature,  tout,  jusquà  sa  démence, 
remue  ,  intérease  ,  attendrit.  Les  sentimens  qu'on 
avait  d'abord  contre  lui  ,  se  dissipent  par  dégrés 
à  proportion  que  sa  misçre  augmente  :  on  se 
souvient  seulement  qu'il  est  homme  et  joal- 
heureux.  » 


Nous  ne  pouvions  mieux  dépeindre  Veffel  de 
ïa  Udgédie  dont  il  est  quesiion  ,  qu'en  rapportant 
ce  passage.  Sa  dernière  partie  est  la  peinture 
frdele  de  ce  que  l'on  éprouve  à  la  représentation 
de  l'ouvrage  du  cit.  Ducis  ,  auquel  toutelois  il 
est  difficile  de  ne  pas  reprocher  une  assez  pro- 
fonde obscurité  dans  l'exposition  ,  de  la  hoideur 
dans  les  premiers  actes,  quelques  situations  in- 
vraisemblables dans  les  derniers  ,  et  surtout  une 
complication  de  moyens  ,  d'effets  scéniques  et  de 
tableaux  séloignani  beaucoup  de  la  belle  sim- 
plicité des  grands  maîiies. 

Cette  tragédie  est  remise  avec  soin  ;  Monvel  a 
de  très-beaux  momens  dans  le  personnage  du 
roi  .  mais  son  organe  est  d'un  effet  fatiguant , 
lorsqu'il  a  besoin  de  le  forcer  dans  le  cours  entier 
d'un  rôle  aussi  long  :  le  rôle  du  duc  d'Albanie 
n'ajoute  tien  à  la  réputation  de  Lafond  :  on  aurait 
même  pu  lui  demander  plus  de  noblesse  et  d  a- 
plomb  :  le  contraste  que  ce  rôle  est  destiné  à 
établir  eût  é.é  plus  sensible.  Damas  a  bien  saisi 
le  caractère  dEdgard,  et  a  joué  ce  rôle  avan- 
tageux, avec    une  grande  énergie.         S.... 


1476 

Ne  commencerait-on  que  par  poser  des  pointes 
métalliques  dans  quelques  départemens  du  Midi 
plus  exposés  aux  ravages  de  la  giêle  ,  on  aurait 
fait  un  grand  pas  vers  le  bien  ,  dont  les  avantages 
seront  au  proHi  des  générations  suivantes.  Les 
arts  s'en  féliciteront.  1,'objet  de  leurs  travaux  est 
le  bien  public  ;  c'est  pour  le  bonheur  de  la  société 
que  tout  gouvernement  sage  les  protège  et  s'en 
sert.  M L V 


Paratonnerres. 
Il  y  a  ,  citoyen  rédacteur  ,  des  vérités  qu'il 
faut  souvent  répéter.  Dans  le  nombre  de  celles 
qu'il  importe  à  la  société  d'entendre  ,  la  physique 
en  a  marqué  une  en  faveur  de  laquelle  je  vous 
demande  l'attention  de  vos  lecteurs. 

Onnepeui  qu'applaudir  aux  précautions  prises 
pour  garantir  des  effets  de  la  foudre  les  édi&ces 
publics.  Cet  hommage,  rendu  à  la  science  par  le 
gouvernement ,  nous  présage  qu'il  portera  son 
attemion  sur  les  moyens  de  préserver  du  ravage 
des  orages  ,  les  fruits  de  la  terre. 

Il  fut  proposé  ,  il  y  a  deux  ans ,  à  un  de  nos 
ministres  ,  de  faire  élever  des  paratonnerres  sur 
les  col  iiies  au  sud  et  à  l'ouest  de  Paris  ,  afin -que 
leurs  effets  fussent  un  langage  ,  toujours  plus  con- 
vaincant, pour  la  multitude  ,  que  le  raisonnement. 
On  se  fondait  sur  ces  principes  :  les  pointes  métal- 
liques soutirent  lejluide  électrique  des  nuages  orageux  , 
et  te  rendent  à  la  terre  ,  centre  commun.  Laformation 
de  In  grêle  na  de  cause  que  la  présence  et  L'activité  de 
cejtuide  dans  les  nuages.  Ils  se  résolvent  en  pluie 
lorsqu  ilsnelerecelentptus.Ces  expériences  auraient 
pu  s  étendre  particulièrement  au  profit  des  con- 
trées ,  que  dévaste  la  grêle.  Ce  fléau  fait  chaque 
année  le  désespoir  des  cultivateurs  et  des  proprié- 
taires. Il  y  a  des  campagnes  dont  les  habitans 
pleurent  ,  presque  tous  les  ans,  sur  leurs  mois- 
sons ravagées.  J'atteste  que  dans  le  départe- 
ment du  Puy- de  -Dôme  ,  les  propriétaires  du 
tenoir  de  Château-Gai  s'engagent,  dans  un  bail 
de  g  années ,  à  dédommager  de  7  les  fermiers. 
La  belle  contrée  connue  ci  -  devant  sous  le 
nom  de  Limagne  ,  voit  fréquemment  descendre 
des  montagnes  de  la  chaîne  du  Puy-de-Dôme  , 
des  orages  qui  n'y  porteraient  plus  la  dévasta- 
tion ,  si  ,  en  passant  sur  ces  régions  élevées,  les 
nuages  transmettaient  à  la  terre  le  fluide  électri- 
que ,  par  des  pointes  placées  à  différens  inter- 
valles. Le  département  du  Gers  est  souvent 
grêlé;  on  croit  que  la  destruction  d'une  forêt  de 
sapin  ,  dans  une  des  gorges  des  Pyrénées  ,  facilite 
le  passage  des  orages  venant  du  sud  ;  leurs 
fléaux  SL-mblent  se  multiplier  depuis  que  Ion 
se  permet  inconsidérément  d'abattre  les  bois , 
dont  chaque  arbre  présente  au  fluide  électrique 
autant  de  conducteurs  qu'il  porte  de  branches 
et  même  de  feuilles.  L'histoire  des  contrées  de 
la  France  ,  ravagées  tous  les  ans  par  les  orages  , 
serait  effrayante  :  les  particuliers  perdent  ;  le  fisc 
n'y  perd  pas  moins. 

Dans  un  tems  où  l'on  vient  de  nous  annoncer 
une  carte  rainéralogique  de  la  France,  me  sera-t-il 
permis  d'inviter  ceux  qui  s'en  occupent  à  faire 
observer  par  des  phisiciens  quelles  sont  les  mon- 
tagnes positivement  ou  négativement  électriques 
de  leur  niiure  ,  et  en  raison  des  minéraux  qui  les 
composent.  Celte  connaissance  acquise  nous  con- 
duirait à  la  théorie  du  placement  des  paraton- 
neres  ,  ou  ascendans  ou  descendans. 

Je  me  hâte  de  répondre  à  l'objection  de  la 
dépense.  Les  habitans  d'Auch  ,  où  ,  en  l'an  7  ,  je 
fesais  des  observations  ,  lorsque  des  nuages  ora- 
oeux  s'amoncelaient  sur  les  montagnes  voisines 
pour  venir  fondre  dans  les  vallons  qui  entourent 
celte  ville  ,  me  répétaiem  qu'on  pouvait  leur  en- 
voyer des  gens  instruits  pour  poser  des  paratoii- 
neres  ;  qu'il  était  indubitable  que  les  propriétaires 
s'empresseraient  de  payer  les  frais.  Je  dois  le 
même  hommage  aux  personnes  instruites  de  la 
ci-devant  Limagne.  Il  peut  se  piésumer  pour 
•ousles  propriétaires  de  la  France. 


infortunés ,  sur  lesquels  il  répandait  ses  bienfaits^ 
douloureuse  pour  sa  famille  et  pour  tous  ses 
amis  ,  et  irréparable  pour  moi  :  j'ai  perdu  en  lui 
u  1  frère,  un  père  ,  un  ami.  Ombre  cheic  et  bien- 
tesante  ,  nous  stuls  connaissions  toute  l'étendue 
de  notre  affection  mutuelle  :  nos  cœurs  s'enten- 
daient depuis  long-tems  ;  jamais  l'indifFérence  ni 
les  soupçons  ne  vinrent  troubler  le  charme  de  cette 
douce  union.  Tu  sais  combien  delarmes  je  répan- 
dis sur  tes  peines,  elcombien  tu  m'en  lais  verser  en 
ce  raoraeni.  Non,  elles  ne  tariront  point.  Jamais 
la  douleur  ne  sortira  de  mou  ame  ;  la  seule 
chose  qui  pourra  en  partie  la  modérer,  sera  de 
voir  ton  jeune  fils  se  rendre  digne  de  loi  ,  en 
imitant  tes  vertus;  il  me  sera  cher  comme  tu 
me  l'étais  toi-même  ,  et  en  le  serrant  contre  mon 
sein  ,  je  croirai  n'avoir  perdu  que  la  moitié  d« 
l'objet  de  mon  affection.  Scrofani. 


PHENOMENE. 

Dans  un  desertsablonneux  on  a  vu  croître  une 
plante  de  rare  vertu  ;  sa  tige  diaphane  a  la  forme 
d'un  cône  \.  Sept  jours  après  avoir  été  planté, 
elle  noircit  ,  et.au  sommet  est  une  graine  seni", 
blable  au  cristal  ,  ce  qui  fait  connaître  à  l'artiste, 
sa  bonté. 

On  invile  une  personne  qui  aurait  également 
vu  cette  plante  ,  de  dire  par  cette  feiiille  la  forme 
et  la  couleur  de  sa  racine ,  et  la  nuance  de 
sa  graine  lorsque  la  tige  est  bleue,  pour  l'observer 
avec  l'auteur  de  cette  note  jusqu'en  sa  maturité. 
D.  S. 


Au  Rédacteur. 

Le  27  fructidor,  à  neuf  heures  trois  quarts  du 
matin  ,  après  une  longue  et  cruelle  attaque  de 
nerfs ,  est  mort  à  Paris ,  à  l'âge  de  46  ans ,  le  ci- 
toyen Paul  Greppi  ,  milanais  ,  députe  de  la  répu- 
blique cisalpine  près  du  premier  consul.  Son 
corps  ,  suivi  du  second  député  Ferdinand  Mares- 
calchi ,  du  citoyen  Giusliniani  ,  ambassadeur  de 
Rome  ,  du  citoyen  Fravega  ,  ministre  hgurien ,  du 
citoyen  Soleri,  député  du  Piémont,  et  d'une 
foule  considérable  de  cisalpins  distingués  ,  d'au- 
tres italiens  et  français  ,  a  été  conduit ,  le  sig  du 
même  mois,  avec  des  regrets  universels  ,  d'abord 
à  l'église  de  Saint-Roch,  pour  y  recevoir  les  der- 
niers honneurs  de  la  religion  ,  ensuite  au  cime- 
tière de  Montmartre  ,  où  il  a  été  inhumé  à  part  , 
afin  que  sa  famille  ,  dans  des  tems  plus  calmes, 
puisse  le  faire  transporter  dans  sa  patrie. 

Mon  cœur  est  navré  en  écrivant  ces  détails  sur 
un  ami  qui  m'était  si  cher  ;  mais  je  crois  intéres- 
sant pour  la  société  ,  en  publiant  sa  mort  ,  de 
faire  connaître  en  même  tems  ses  vertus  rares  et 
précieuses  ,  et  fexcellence  de  son  ame  :  c'est 
dans  la  perle  que  je  viens   de  faire  ,  une  espèce 

d'allégement  à  ma  douleur. 

Paul  Greppi  avait  reçij  de  la  nature  un   cœiar 

tendre,  une  extrême  sensibilité,   un  esprit  péné- 
trant ,  et  un  jugement  sûr  et  exquis.  Il  lut  destiné 

de  très-bonne  heure  à  la  carrière  militaire  ,  mais  il 

préféra   de   se  livrer  au  commerce.  Il  avait  alors 

quinze  ans.  On  l'envoya  à  Cad;x  pour    s  y    faire 

un   établissement;  il  s'y    conduisit  avec    tant  dr 

droiture,  de  prudence  et  d'habileté,  qu  en  moins 

de  vingt  ans  sa  maison  devint  une  des  plus  riches 

de  lEspagne  ,  el  des  plus  accréditées  de  I  Europe. 

A  la  tête   d'une  fortune  immense,  jeune,   111.  ître 

de  lui-même,  quel  emploi  lit-il  de  ses  richesses? 

ave 

abuser?  Jamais  un    infortuné   ne  sortit  de  chez         S'adresser  aux  citoyens  Née  ,  graveurs  ,  rue  dea 

lui  sans  bienfait  ,  et  jani.iis  l'homme  honnête  ne     Francs-Bourgeois-Si.  Michel  ,    n°  127  ,  et  Barez , 

demandait  en  vain   son   assistance  ;    il   s'estimait  |  rue  Mêlée  ,  n°  7. 

doublement    heureux    ,    quand    ou    ignorait    la 

source  du   bien  qu'il    fesait. 

S'il  se  conduisit   ainsi  envers  les   indigens    et 

les  étrangeis  ,  que  ne  devait-il  pas  êtie  envcis  ses 

païens  et   ses  amis  ?  A  leur  égard  ,  sa  générosité 

ne  connaissait  pas  plus  de  bornes  que  le  pencliaut 

de  son  cœur  :  il  partagea  toujours  avec  e'X  sa  for- 
tune et  ses  sentimens.  Son  père  ,  ses  fieres  ,  son 

enfant  étaient  les  êtres    les   plus  chers   et  les  plus 


GRAVURES. 

La  XIP  livraison  du  Voyage  pittoresque  de  l'Istrie 
et  de  la  Dalmatie  vient  de  paraître.  Les  éditeurs 
avertissent  qu'il  ne  leurresteplus,  pourcomplelter 
cet  intéressant  ouvrage  ,  qu'une  livraison  d'es- 
tampes à  fournir  et  la  deuxième  partie  du  texte 
ou  discours  qui  en  contient  l'explication  ei  la. 
description.  Deux  mois  après ,  la  souscription  sera 
fermée.  Jusquà  cette  époque  ceux  qui  n'ont  pa» 
encore  souscrit ,  pourront  ne  prendre  à-la-foij 
qu  autant  de  livraisons  qu'ils  en  voudront  payer  , 
et  s  ils  prennent  la  totalité  de  l'ouvrage,  les  édi- 
teurs accepteront  en  paiement  des  effets  négocia- 
bles bien  connus  ,  à  difierens  termes  dont  on 
c  un  cœur  uaiurellé.iicnl  bon  pouvait-  il   en     conviendra. 


COUR  S     DU    CHANGE. 

Bourse  du  ^'  jour  complémentaire, 


Madrid. 

Effectif.. . 

Cadix 

Effectif.  . 

Gênes  effectif. 
Livourne 


Bâle. 


Amsterdam  banco 

Courant 

sacrés  pour  lui;  il  ne  vivait  que  pour  eux.  Avec  le  1  Hambourg 

témoignage  de  ses  propres  vertus  ,  un  bon  cœur  , 

et  de  la  sensibilité  ,   il  ne   pouvait    mancjuer   de 

mépriser  la  vengeance  et  la  calomnie.  Obligé  de 

iraiter  entre  les   cours  d  Espagne  et  de  Vienne  , 

sur  des  points  impovtans  d  économie  ,  1  envie  se 

déchaîna  souvent  contre   lui;   mais  il    n  opposa 

jamais  tien  à  ses  ennemis   que  la  vérité  ,    et  les 

vainquit  toujours  et  les  désarma  par  U   droiture 

el  la   bonne  foi. 

Avec  une  ame  et  des  lalens  si  relevés  ,  il  ne 
pouvait  voir  sans  enthousiasme  le  nouvel  ordre 
de  choses.  A  peine  les  droits  de  l'homme  furent- 
ils  proclamés  en  France,  qu'il  s'en  fit  publique- 
ment le  partisan  et  le  soutien.  C'était  un  spectacle 
digne  des  regards  du  philosophe  ,  de  lui  voir 
professer  l'égalité  au  sein  de  la  plus  haute  opu- 
lence., et  la  liberté  au  milieu  des  cours  de 
l'Europe. 

Plût  à  dieu  qu'il  eût  trouvé  la  justice  qui  lui 
était  due  dans  le  paru  qu'il  soutenait  avec  au- 
tant de  bonne-foi  ,  et  avec  le  zèle  d  un  vrai 
citoyen  !  mais  il  ne  pût  l'obtenir  de  cette  classe 
d'hommes,  qui  dans  une  époque  malheureuse  , 
avait  usurpé  exclusivement  le  litre  de  patriotes. 
I  Ici  .la  plume  s  échappe  de  mes  mains  ,  car  c'est 
l'époque  et  la  cause  de  celte  maladie  qui  vient 
de  l'enlever  à  sa  patrie. 

Tirons  un  voile  sur  des  manœuvres  odieuses , 
et  fesons  des  vœux  pour  que  la  mémoire  en 
soit  pour  jamais  oubliée  ;  mais  lâchons  de  per- 
pétuer les  vertus  de  Ihomme  de  bien  dont  nous 
pleurons  aujourd'hui  la  perte.  Quelle  perte  '. 
elle   est    immense    pour     1  Italie,    qui    attendait 


56| 

i88| 

4  fr.90  c 
i4fr.35  c 

4  fr.  90  c 
14  fr.  loc. 

4  fr.  58  c. 

4  fr.  98  c. 


I  60  jours. 


i86i 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 18  fr.  25  c. 

Tiers  consolidé 33  fr.  i3  c. 

Bons  deux  tiers t  fr.  57  c. 

Bons  d'arréragé 84  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 8g  fr.  85  c. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^iie  et  des  Arts. 
Aujourd.  par  ordre  du  gouvernement,  spectacle 
gratis.  — Iphigénie  en  Aulide  ,  el  le  ballet  de  Psyché'. 

Théâtre  de  la  rue  Fevdeau.  Aujourd'hui 
spectacle  gratis.  —  Les  deux  Journées  ,  et  le  petit 
Commissionnaire.        '  ' 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  spect.  gratis. 
Les  Otages  ;  la  Danse  interrompue  ,  el  les  Ven- 
dangeurs. 

Théâtre  delà  Cité- Variétés. — Tantomimes. 
Auj.  la  Fille  hussard.^  pantomime  en  3  actes, 
à   grand  speciacle  ,   et   la   Mort  de.  Turenne. 


Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
,  .      -  Aujourd.    Roméo   et  Juliette  ou    tes  Tombeaux  de 

de  lui    un   appui   et  des  conseils  :  funeste  aux     Véronne  ,  sntv.  du  Chaudronnier  de  Saint-Flour. 


L'abonneoiètitse  fait  à  Paris ,   rue  des  Poitevins,  n"  18.  Le  prix  est  de  a5  francs  pour  trois  mois ,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  roo  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonne 
flu'au  commeucement  de  chaque  mois.  '    '      .      w. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'àrgent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  A  G  As  s  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,0°  r8.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  ofl  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  de»  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

•  "  il' faat.  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,   et  adresser  tout  ce    qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille,  au  rédacteur,  rue  des 
Foitevios  ,  n'  i3,depui  jueuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A.  Paris ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  da Moniteur,  rue'des  Poitevins,  n"  *3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONItEUR  UNIVERSEL 


J\f°  i   rf  2. 


Primcdi  ci  duodi,  i"tt2  vendémiaire  an  g  de  ia  république  française ,  une  eiiridivmble. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivàse  le   M  o  NI  T  E  U  H  est  le  s,ul  journal  officiel 
il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des  armées  .  ainsi  que  les  faiti  étales 
l'inrétleuï  que  sut  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aUx  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


notions  tant  su , 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE.    ' 

Londres,  (  ï3  septembre.}  26  fructidor. 


Insurection  à  Birmingham. 


D 


ANS  la  nuit  du  6  septembre  ,  il  se  forma  plu- 
sieurs rassernbleràens,  la  boutique  d'un  boulanger 
fut  auaquée  à  coup  de  pierres  ,  et  Ion  brisLi  ses 
l'enêlres  :  mais  le  tumulte  lui  bientôt  apjiaisé ,  et 
loul  reprit  une  apparence  de  ttanquillité. 

DlWs  la  matinée  du  8  ,  qtlèlques  personnes  du 
peuple  attaquèrent  un  pariiculier  ,  dans  Bûll- 
Sireet  ,  comme  marchand  de  grains.  Il  se  réfugia 
dans  une  auberge,:  la  rue  fut  remplie  en  un 
moment  :  il  y  eût  même  foule  pendant  plusieurs 
heures,  saiis  que  la  niuhitudé  parût  vouloir'  se 
disperser  ,  quoique  l'objet  de  s'otï  ressentiment 
eût  été  enlevé  entre  deux  de  ses  amis  ;  mais  on 
pe  s'était  permis  encore  aucun  acte  direct  de 
révolte.  Le  soir ,  des  partis  nombreux  dé  sëdiT 
tieux  traversèrent  les  rues ,  ou  se  rassemblèrent 
dans  différens  quartiers  de  la  ville  ,  ouvènem'ent 
déterininés  à  quelques  démarches  violentes.  La 
troupe  ,  à  mesure  qu'elle  avançait  ,  augmentait 
en  force  et  en  audace.  Les  choses  prirent  alors 
un  aspect  alarmant  ;  et  les  séditieux  coratiiïn- 
cerenl  dans  différens  quartiers  à  attaquer  les  bou- 
tiques des  principaux  boulangers.  Quelques  com- 
pagnies du  17^  de  diï»gons  légers  ,  casernes  dans 
îa  ville  ,  furent  appelles  au  secours  de  l'autorité 
civile  ,  qui  ,  à  force  d'activité  et  d'énergie  ,  avait 
léussi  jusqu'à  ce  moment  à  maintenir  la  paix. 

Les  séditieux  ,  pendant  ce  tems  ,  forçaieiit  les 
boulangers  à  vendre  leur  pain.  Plusieurs  d'en- 
tr'eux  donnaient  pour  8  ou  9  deniers  ,  le  pain  qui 
valait  un  schelling ,  et  pour  4 ,  celui  de  six  penny. 
Ceux  qui  refusaient  ,  on  auxquels  on  ne  donnait 
pas  la  faculié  de  l'option  ,  avaient  leurs  fenêtres 
et  leurs  portes  brisées.  Plusieurs  ont  fait  des  pertes  ' 
considérables  en  farine,  lard  ,  pain  ,  fromaae  ,etc. 
Les  fenêtres  de  Sieam-Mill  ,  dans  Snow-Hill  ont 
été  également  mises  en  pièces; 

La  matinée  du  mardi  déccnivrit  une  scerie  de 
révolte  et  de  destruction  d'un  côté  ,  de  pré- 
voyance et  de  modération  de  l'autre.  Pendant 
que  les  magistrats  et  les  notables  délibéraient 
sur  les  moyens  de  calmer  l'effervescence  des 
esprits  ,  en  protégeant  les  propriétés  et  en  allant 
au-devant  des  besoins  lés  plus  pressans  ,  les  sédi- 
tieux ,  patiiculiérement  les  jeunes  garçons  ,  se  for- 
maient tumuUuairement  eu  corps,  dans  l'inten- 
tion de  détruire  toutes  les  choses  nécessaires  à  la 
■vie  ,  et  qu'il  est  du  devoir  et  de  l'intérêt  de  chaque 
Ihdividu  de  conserver.  Vers  les  dix  heures ,  un 
grand  nombre  de  jeunes  garçons  attaquèrent  le 
Steam-Mill  ,  dans  Snow-Hill  ,  en  enfoncèrent  les 
portes  ,  en  brisèrent  les  fenêtres  ,  etc.  ;  la  curio- 
sité des  spectateurs  servait  de  garantie  aux  cou- 
pables. Cependant  ,  on  les  assaillit  d'abord  avec 
des  pierres  ;  ensuite  on  fit  feu  sur  eux  avec  de 
gros  mousquetons.  Six  jeunes  gens  furent  blessés  , 
ainsi  qu'une  petite  hlle  d'environ  un  an  et  demi , 
qu'une  femme   tenait   dans   ses    bras. 


curent  iin  avis  amical  d'une  vieille  connaissance , 
ainst  Conçu  : 

Mes  chers  frères  les  ouvriers  , 

Mon  avis  est  maintenant,  comme  il  l'a  toujours 
été  en  pareille  occasion  .  qu  il  faut  se  tenir  à 
couvert  (kecpoUt  ùj  harnes  xoay ):  •.  vous  voyez 
que  plusieurs  personnes  ont  c'C  blessées  au  Mill 
On  assure  qu'on  a  fait  feu  sur  elles.  —  Si  cela 
est,  les  lois  du  pays,  qui  protègent  égalemem  le 
pauvre  et  le  riche  ,  feront  justice  des  coupables. 
Nous  savons  aussi  que  la  maison  du  ciioyen  est 
son  château  fore ,  et  que  tout  homme  a  droit  de 
se  défendre  quand  il  est  attaqué. 

Néanmoins  suspendons  notre  jugement  pendant 
quelque  lems.  Jusqu'à  présent,  je  n'ai  point  en- 
tendu dire  qu'aucun  des  blessés  fût  mott.  S'il  y 
en  a  quelqu'un  qui  le  soit  ,  un  jury  et  le  coroncr  (i) 
se  transporteront  auprès  du  corps  ,  et  nous  ver- 
rons ce  que  dira  le  jury.  Prions  cependan;  le  ciel 
qu'aucun  des  blessés  ne  meure,  et  sur  -  tout 
que  chacun  de  nous  reste  tranquille  dans  sa 
maison. 


Job.  Nott. 


'Votre  pouf  toujours 

g  septembre  1800. 

Dans  l'après-midi  les  rues  furent  remplies 
parnculiéiement  à  Snow-Hill.  —Entre  quatre  et 
cinq  heures  ,  loyale-association  batiit  aux  armes  , 
et  aussitôt  après  on  vit  arriver  un  corps  de  l'yeo- 
m^nrie  de  'Warvickshjre  ,  commandé  par  le  ca- 
pitaine Arden. 

Au  déclin  du  jour,  les  troupes  se  formèrent  en 
pelotons  mélangés  d'infanterie  et  de  cavalerie  ,  et 
se  répandirent  dans  les  rues  qui  furent  bientôt 
eclaircies  :  on  parvint  par-là  à  maintenir  un  peu 
l'ordre. 

Mardi ,  vers  les  dix  heures  du  soir ,  lord  Ay- 
iesford  entra  dans  la  ville  avec  son  Corps  de  ca- 
valerie d'yeomanrie.  Le  zèle  avec  lequel  il  s'est 
porte  à  protéger  notre  ville  dans  cette  occasion 
et  dans  beaucoup  d'autres,  mérité  toute  notre 
reconnaissance.  ■ 

Mercredi  matin:  -—  Tout  est  trànqiiille  et  aussi 
paisible  que  s'il  n'y  avait  pas  eu  de  troubles.  Lord 
Aylcsford  et  nos  magistrats  se  sont  léunis  plu- 
sieurs fois  dans  lajournée  ,  pour  redevoir  des  len- 
seignemens  et  se  concerter  sur  les  mesures  les 
plus  propres  à  fournir  à  la  ville  des  subsistances 
régulières,  et  à  prévenir  des  désoidres  comme 
ceux  qui  venaient  de  se  passer.  L'activité  des  of- 
ficiers de  paix  de  la  ville  ,  le  zèle  des  associations 
militaires  ,  la  prompiitude  des  secours  apportés 
par  je  17*  de  dragons  légers  et  par  l'yeomanrie 
méritent  les  remercîmens  des  habitans  de  cette 
grande  cité. 

L'yeomanrie  duHandworth,  cavalerie  ,  s'était 
rassemblée  à  la  première  nouvelle  des  tioubies  ; 
elle  resta  sous  les  armes  pendant  toute  lajournée 
du  lundi  ,  et  la   nuit  suivante. 

L'association  loyale  de  West-Broniwich  se  mon- 
tra aussi  prête  à  voler  ,  au  premier  appel  ,  au  se- 
cours de  l'autorité  civi  e.  Ce  respeciable  corps 
doit  recevoir,  mardi  prochain,  ses  drapeaux  des 
mains  de  la  comtesse  de  Darmouih. 

Nous  avons  la  douleur  d'apprendre  que  J. 
Marston  ,  un  des  garçons  qui  avaient  été  blessés  , 
est  mort  depuis;  la  balle  lui  était  entrée   dans  le 


Les  révoltés  brûlèrent  ensuite  les  grandes  portes,     vén    e     Deux   au  re,  tnn,    i  '      "   ''""  '' 

et  pénétrèrent  dans  le  Mill-Yard.   Ce  lut  dans  ce     Lde      e' '"  >ro1s   ant/°"     dangereusement  ma 

"  1        ,  1      j-  '  laues ,  et  les  trois   autres   se   tireront  d  affaire    I  ■ 

moment  que  les  dragons  parurent   et  les  disper-     ,,-„•,.  fii].  j„„,  „„,„  ,   „         n  c'um  u  aiiaire.  l, 

¥13-  .71'     .J         un-       ^l.l       pcuie  nue  Qont  nous  avons  parle  se  Dorie  bien 

serent.  Le  ftto(   act   (lacté   de  rébellion  )  fut  lu         „      , ,  .         i-  ^ai.t  ai.  puuc  uicn. 


serent.  Le  Riot  act  [  l'acte  de  rébellion  )  fut  lu 
sur  la  place  ;  les  tambours  de  loyale-association 
de  Birmingham  battirent  le  rappel  ,et  le  bulletin 
suivant ,  écrit  à  la  main  ,  fut  distribué  par  ordre 
des  magistrats. 

Birmingham ,  q  septembre   1800. 

Les  magistrats  de  Birmingham  recotiimandent 
instamment  à  toutes  personnes ,  de  quelque  qua- 
iiié  qu'elles  soient  ,  de  rester  dans  leurs  maisons 
jiisqu  au  parfait  rétablissement  de  la  paix,  dans 
la  ville. 

Signéf  W.  VuxèrS  ,  W.  HitiiNâ  ,  GEft.  S'tMdox 
et  Théo  ,  Price. 

On  plaça  des  gardés  dànl  le"  Stëaiià-Mill  ;  les 
volontaires  à  cheval  de  Birmingham  se  tinrent 
tout  piêis  à  agir  -,  rfelon  que  les  circonstances  le 
démanderaient:  la  matinée  se  teruiina  sans  qu'il  y 
•ut  d'autres  excès. 

Sur  ces  entrclaitei  ,  U>  habitana  de  la  ville  re- 


parte se  p 
On  découvrit  mardi  ,  vers  les  huit  heures,  un 
homme  qui  voulait  mettre  le  feu  au  moulin  de 
M.  Picard  ,  avec  de  l'éioupe  enduite  de  térében- 
tinc.  Il  a  été  arrêté,  et  sera  jugé. 

Segonde    Édition. 

Birmingham-chronicle-office ,  septembre- 10 ,  à   ome 
heures  du  soh. 

Au  moment  oh  notre  journal  était  mis  en  presse , 
(à  cinq  heures  après  midi)  tout  était  parfaite- 
fHent  tranquille.  Mais  vers  les  sept  heures  il  se 
forma  divers  rassemblemens  ,  dans  lesquels  on 
voyait  beaucoup  déjeunes  garçons;  ce  qui  pro- 
voqua la  vigilance  des  magistrats  et  des  consta- 
bles.  L'yeomanrie  ,  cavalerie  ,  fut  aussitôt  à  cheval. 
L'infanterie  légère    de  Birmingham  fut  mise  sous 


(.)  C'est  un  officier  charge  d'examiner  avec  douze  assi.Hm»  , 
de  la  paît  de  la  couronne  ,  c'est-à-dire  du  roi  ,  ,i  un  (orn 
irouTé  mert  a  étc  tué  ou  ajiatsia^. 


es  armes ,  et  des  détachemens  du  17*  de  dragons, 
légers,  accoururent  au  grand  galop.  Le  tumulte 
s  accrut  beaucoup  vers  les  huit  heures  ;  mais  la 
populace  fut  chassée  sur  tous  les  points.  Le  feu 
éclata  alors  d  une  manière  effrayante  dans  l'aué- 
her  de  M.  Madely  ,  fabriquant  de  boutons  ,  dan* 
Congrcve- Street.  A  neuf  heures  il  était  éteint, 
grâce  au  zèle  de  l'association  loyale  de  Birmin- 
gham. Toutes  les  troupes  ont  continué  à  faire 
patrouille  dans  les  rues  ,  pour  prévenir  de  nou- 
veaux malheurs. 

Notihingam. 

On  apprend  par  des  lettres  reçues  hier,  que 
de  nouveaux  troubles  viennent  d'éclaler  dan» 
cette  ville  et  dans  les  environs.  On  s  attendait  auîi 
résultats  les  plus  fâcheux  ,  au  moment  du  départ 
du    courrier. 

La  populace  égarée  projetiait  mercredi  au  soie 
une  attaque  contre  la  maison  Cliftou ,  environ 
a  trois  milles  de  Nottinghaui.  Cependant,  le. 
digne  baionet  qui  y  demeure  fut  un  des  plus 
ardens  a  faire  tous  les  sacrifices  possibles  pour 
le  soulagement  des  malheureux  ,  et  cela  à  ia 
premitrc  réquisition  qui  lui  avait  été  faite.  Sir 
treryas  Clifion  avait  éié  heureusement  piévcnu 
de  l  approche  des  sédiiieux  ;  il  fit  venir  tous 
ses  serviteurs  ,  ses  t..-nancier.s  et  l'yeomanrie  du 
voisinage.  Au  moment  où  les  mutins  se  pré- 
sentèrent pour  commencer  leur  pillage,  ils  trou- 
vèrent une  forte  résistance  ,  furent  repoussés  et 
mis  en  déroule.  Cet  échec  n'arrêta  po-nt  leur 
["f^u;-  l's  allèrent  à  Collick  ,  propriété  da 
M.  Musier,  menaçant  de  détruire  tout  le  grain 
confie  à  la  garde  de  son  régisseur.  M.  Muster 
est  SI  bien  connu  à  Nottingham  par  son  hu- 
manité et  sa  bienfesance  ,  qu'il  n'y  avait  pas  de 
prétexte  pour  lui  faire  un  pareil  outrage.  Cepen- 
dant les  séditieux  furent  culbutés  dans  les  eaux 
dont  presque  tout  le  pays  était  couvert  à  cause 
des  grandes  plilies  qui  venaient  de  tomber.' 
Plusieurs  d'entre  eux  ont  été  pris,  et  sory  ,  à 
ce  qu'on  croit  ,  rentermés  dans  les  prisoA  de 
Nottingham.  Mercredi  l^iopulace  a  complétiez 
ment  démoli  Leme  -  MiF,  dans  les  environs  de 
cette  ville. 

Le  duc  de  Portlanld  a  adressé,  de  la  part 
du  gouvernemenc,  leV  rerfiercî^nenS  les  plus 
expressifs  aux  différentes  corporations  ,  pour  le 
zèle  avec  lequel  elles  ont  prévenu  les  intentions 
du  gouvernemeni.  L'affaire  est  encore  très-sé- 
rieuse. Le  manqué  du  nécessaire  est  un  prétexi'» 
pour  pousser  une  populkce  hcéntieuse  à  violer 
la  propriété   d'aulrui. 

MM.  Davison  et  Sta\Vkesley  se  sont  distingué'» 
par  leur  empressement  à  secourir  les  malheu- 
reux. Ils  coniinuent  à  recevoir  les  petites  por- 
nons  qui  ont  été  recueillies  par  les  glaneurs 
et  le  lendemain  ils  en  rendent  la  farine,  sans 
rien  retenir  pour  leur  salaire. 

Lym. 
Mardi  dernier  il  y  eut  un  rassemblement 
tumultueux  ,  composé  en  grande  partie  de 
femmes.  La  cause  de  ce  mouvement  était  l'au- 
gmentation rapide  du  prix  du  blé  et  delà  fa- 
rine dans  le  marché  de  ce  jour.  M.  Forster 
ineûnier  de  cette  ville  ,  a  été  attaqué.  Les  sédi- 
tieux se  portèrent  ensuite  sur  sa  maison  et 
firent  itjmber  dessus  une  grêle  de  pierres ,  ensorte 
quil  ny  resta  pas  un  carreau  de  verre  entier 
11  n y  a  pa^  encore  une  heure  qu'ils  ont  été 
disperses,  étonne  leur  avait  pas  encore  lu  le  Riot 
act.he.  lendemain  ils  se  rassemblèrent  sur  la  place 
durnarche,  et  delà  retournèrent  chez  M.  Forster 
ou  ils  recommencèrent  leurs  excès  de  la  veille' 
On  eut  beaucoup  de  peine  à  leur  persuader  de 
se  séparer. 

(Extrait  de  l'Oracle  ^du  i3  septembre.  ) 
Du  iS  septembre  ou  i^  jour  complémentaire. 
Actions  de  la  banque  fermées.  —  Trois  poux 
100    consolidés,   65  i  I   i.  —Pour  octobre,  65 
5  g  *.  Omnium  :  5  5  i  y 

Il  a  été  tenu  hier  au  département  de  lord  Gren- 
yille  ,  un  conseil  où  ont  assisté  le  duc  dePonland^ 
les  comtes  de-Chatara  ,  Spencer ,  Camden  et  Li- 
vcrpool ,  lord  Grenville  ,  M.  Piit  et  M.  Dundas. 

Le  prix  du  blé  a  éprouvé  une  baisse  considéra- 
ble dans  les  deux  derniers  jours  de  marché.  H 
tomba  lundi  de  i5  scbeliings  par  quartcr  (8  bois- 
seaux) ,  et  hier  de  5  schellings  de  plus  ;  mais  par 
une  fatahié  inexplicable  ,  le  piix  de  la  farine  a 
haussé  dans  la  même  proportion  que  relui  d«  blé 
a  baissé.. 


Hier  au  soir,  sur  les  huit  heures ,  le  lord  i«aire 
Tcçul  avis  qu'un  rassemblement  de  peuple  s'élail 
formé  dans  Chiswett-Street  et  brisait  les  vûres  d  un 
M.Jones  ,  iiuicliaiid  de  homage'i.  Qiioique  ceiie 
rue  se  irotivât  hors  de  la  juridiction  de  la  eue, 
le  lord  maire  jugeant  néanmoins  sa  piésence  né- 
cessaire ,  se  rendit  sur  les  lictix  et  indiqua  les 
mesures  à  prendre  pour  prévenir  la  suite  de  cet 
aiiioijpe.nt  iii^Un  détachement  de  volontaires  des 
chevaux  légeis  tut  aussitôt  requis.  A  son  arrivée, 
la  lue  se  vida  insensiblement. Plusieurs  individus, 
iesanl  partie  du  rassemblement  ,  ont  été  arrêtés  , 
U!i  entr'autrcs  ,  par  ordre  du  loid  maire  ,  au 
moment  ovt  il  lançait  une  pierre.  Nous  ne  croyons 
pas  que  la  maison  de  M.  Jones  ait  éprouvé  de 
grands  dommages  ;  mais  on  a  craint  pendant  ce 
ttms  que  le  groupe  ne  se,  portât  à  de  violentes 
cxirémiiés. 

La  veille,  la  maison  de  MM.  Wood  Fossick. , 
et  Wood,  située  dans  Bishopgate-Street ,  avait 
été  de  même  attaquée  par  plus  de  deiix.  mille 
personnes  ,  qui  menaçaient  de  la  démolir  ,  lors- 
qu'elles en  furent  empêchées  par  la  compagnie 
d'artillerie  ,  dont  l'alderman  Lcmesnier  est  colonel 
et  par  un  détachement  de  volontaires  des  che- 
vaux légers;  mais  ce  ne  fut  pas  sans  peine  que 
cttte  force  armée  et  la  présence  du  lord  maire  , 
parvinrent  à  contenir  et  à  dissiper  cet  attroupe- 
ment. L'aide-major  de  la  compagnie  d'artillerie  ; 
le  capitaine  Furvor,  fut  même  blessé  d'un  coup 
de  pierre  à  la  figure. 

Ainsi ,  ce  n'est  point  seulement  dans  les  villes 
des  provinces  et  dans  les  campagnes  ,  qu'il  existe 
de  la  fermentation    parmi   le  peuple. 

Nous  sommes  fâchés  d'apprendre  qu'il  règne 
à  la  Martinique  une  mortalité  considérable  parmi 
la  garnison  de  cette  île. 

Le  Royat-Georges  ,  de  loo  canons  ,  vaisseau  ami- 
ral de  la  grande  floue  ,  est  rentré  à  Plymouth  pour 
se  réparer.  Lord  Saint-Vincent  a  fait  transporter 
son  pavillon  à  bord  de  la  Ville  de  Paris ,  qui  a 
joint  depuis  peu  celte  flotte. 

L'amirauté  a  reçu,  il  y  a  deux  jours,  des  dépê- 
ches de  lord  Keith  ,  stationné  dans  la  Méditerra- 
née. On  dépêcha  aussitôt  un  exprès  à  lord  Spen- 
cer, qui  se  trouvait  à  Althorpe. 

Trois  frégates  françaises  ,  dont  deux  de  40  et 
l'autre  de  36,  étaient  à  l'ancre  devant  Buenosayres, 
d'oii  elles  devaient  aller  crojser  sur  les  côtes  du 
Brésil.  Les  trois  bâiimens  appartiennent  â  l'escadre 
française  ,  qui  a  fait  tant  de  prises  sur  les  côtes 
d'Afrique. 

L'état  des  troubles  actuels  semble  être  annoncé 
par  cette  ancienne  prophétie  : 

Whcn  priests   are   moïc  in  wotd    than  matler  ; 

When  brcwers  mar    tticii  malt  with  water  ; 

.      .  4,     .      .     .      , 

Tkcntishall  be  realm    of  Albion 

Gome   to   great  confusittt.       ^r 

(Extrait  du  Sun  et  du.  Morning-Chronicle.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris,  le  l"  vendémiaire  an  9 


troupes  de  la  république  ;  et.que  M.  de  Lerbach,  muni 
des  pouvoirs  nécessaires  de  S.  M.  l'empereur,  est  au 
quartier  général  d'Altœfng,  avec  (ordre  de  sc-r'endre  . 
à  Lunéville. 

Les  difficultés  qu'ont  dû  présenter  naturelle- 
ment les  conililions  d'une  tiève  maritime  ,  en- 
traîneront encore  quelques  retards  ;  mais  si  les 
deux  gouvernemens  ne  s'accotden;  pas  sur  les 
conditions  de  ladite  trêve  ,  alors  la  Fiance  et  sa 
majesté  l'empereur  traiteront  séparément  poiir 
une  paix  particulière  sur  les  bases  des  prélimi- 
naires ;  et  si  ,  ce  que  l'on  ne  saurait  penser  ,  le 
parti  de  l'Angleterre  parvient  à  influencer  encore 
les  ministres  de  Vienne,  les  troupes  de  la  répu- 
blique ne  redouteront  ni  les  neiges  ,  ni  la 
rigueur  des  saisons  ,  et  pousseront  la  guerre 
pendant  I  hiver  ,  à  toute  ouirance  ,  sans  laisser 
le  teras  aux  ennemis  de  former  de  nouvelles 
armées. 

Ainsi  les  principes  du  gouvernement  sont  : 
extrême  modéraiion  dans  les  conditions  ,  mais 
ferme  résolution  de  pacifier  prompiement  le  Con- 
tinent. 

Les  ràcsures  les  plus  vigoureuses  sont  prises 
pour  seconder,  dans  cet  objet  essentiel,  la  vo- 
lonté du  peuple  français. 

Tel  est  tout  le  secret  de  la  politique  de  son  gou- 
vernemeni. 

Ce  n'est  pas  au  milieu  des  émotions  les  plus  pro- 
fondes et  qui  ,  depuis  quarante  huit  heures  ,  se 
succèdent  avec  tant  de  rapidité  ,  qu'on  peut  entre- 
prendre un  récit  détaillé  des  événeraens  dont  on 
a  été  témoin.  Il  faut  laiiserà  l'esprit  le  tcms  de  se 
recueillir,  et  de  récapituler  les  faiisel  leurs  circons- 
tances pour  piésenter  un  tableau  fidèle  d  événe- 
mens  si  dignes  d'occuper  les  pairioles.  Nous  ne 
donnerons  donc  pas  aujourd'hui  le  narré  des  fêtes 
célébrées  ces  deux  jours;  notis  le  réserverons  pour 
le  numéro  de  demain.  Nous  présenleions  ,  s'il  est 
possible  ,  le  spectacle  de  ce  peuple  immense  hono-  j 
rant  Turenne  et  Kléber ,  élevant  un  Monument 
égypden  aux  mânes  de  deux  des  plus  illustres 
guerriers  de  la  république  et  transportant  comme 
par  magie,  dans  le  court  espace  de  quelques  jours 
l'antique  monument  de  S.  Denis  dans  le  rernple 
\  des  Invalides.  Nous  parlerons  de  ces  vieux  guer- 
riers escortant  le  corps  de  Turenne  ,  de  ces  com- 
:  pagnons  de  Desaix  et  de  Kléber,  pleurant  sur  leur 
tombe.  Que  de  sentimens  se  mêlent  à  de  tels  sou- 
I  venirs  ,  et  qui  peut  rester  froid  à  un  semblable 
'  spectacle  ! 

Nous  peindrons  cette  foule  immense  ,  réunie 
dans  le  temple  de  Mars  ,  invoquant  lEternel 
pour  sa  patrie  et  pour  son  héros  ;  nous  dirons 
tout  ce  qu'elle  éprouvait  de  mouvemens  et  de 
sensations  ,  soit  au  son  d'une  musique  enchan- 
teresse ,  soit  aux  accens  plus  puissans  encore 
di'une  éloquence   entraînante  ei  patriotique. 

Mais  qui  pourra  peindre  ces  élans  qui  ont 
suivi  la  lecture  de  la  note  officielle  ,  publiée  par 
le  ministre  de  l'intérieur  par  ordre  des  consuls  ? 
qui  pourra  rendre  ces  cris  de  vive  la  république  ! 


désignés  pour  assister  â  la  fête  du  i"  vendémiaire, 
les  consuls  atteindront  en  partie  leur  but  ;  et  les 
renseignemcns  que  donneront  ces  citoyens ,  joints 
à  ceux  qui  parviennent  de  toutes  parts  au  gouver- 
nement ,  leur  f.iciliietont  les  moyens  de  faire  le 
bien  qu'ils  se  proposent,  u 


,        ..  ,»-■  j.  j     vive  Bonaparte!  qui   ont  retenti  de  toutes  parts? 

Le  ministre   de   'intérieur  a  donne  connaissance  '»<,_.,_  . 


la  note  suivante  aux  citoyens  assemblés  dans    te 
temple  de  Mais  ,  pour  célébrer^  la  fête  de  la  ré-  \ 
publique.  ' 

Le  premier    consul  aux  fonctionnaires  publics  en-  \ 

voyés  des  départemens.  j 

Les  préliminaires  de  paix  ont  été  signés  à  Paris, 
le  9  th4rmidor ,  entre  le  citoyen  Talleyrand  ,  mi- 
nistre des  relations  extérieures ,  et  le  comte  de 
Saint-Julien  ;  et  ratifiés  vingt-quatre  heures  après 
par  les  consuls. 

Le  citoyen  Duroc  a  été  chargé  de  les  porter 
à  Vienne.  Les  intrigues  de  la  faction  en- 
nemie de  la  paix  ,  qui  paraît  encore  y  jouir  de 
quelque  crédit ,  ont  porté  l'empereur  à  refuser 
de  les  ratifier.  Ce  refus  était  motivé  sur  une  note 
du  roi  d'Angleterre,  qui  demandait  qu'on  admît 
ses  envoyés  au  congrès  de  Lunéville  ,  conjointe- 
ment avec  les  plénipotentiaires  de  l'empereur. 

Dès  lors  le  gouvernement  s'est  trouvé  obligé  de 
rompre  l'armistice ,  pour  ne  pas  perdre  le  reste 
de  l'automne  ,  en  vains  pourparlers. 

Le  général  Moreau  a  eu  ordre  de  communi- 
quer au  général  ennemi ,  les  préliminaires  tels 
qu'ils  ont  été  imprimés  dans  le  Journal  officiel ,  et 
de  lui  faire  connaître  que,  s'ils  la'élaient  pas  rati- 
fiés dans  les  vingt-quatre  heures  ,  ou  que  si  S.  M. 
l'empereur  avait  besoin  d'explications  ulté- 
rieures,  elle  devait  remettre  à  l'armée  française 
les  trois  places  d'Ulm  ,  d'Ingolstadt  et  de  Philips- 
bourg,  sinon  que  les  hostihtés  recommence- 
raient. 

Le  gouvernement  a  aussi  fait  connaître  au  roi 
d'Angleterre  ,  qu  il  ne  verrait  aucun  inconvénient 
il  admettre  ses  envoyés  au  congrès^  de  Lunéville, 
s'il  consentait  à  une  trêve  maritim'e,  qui  offrît  à 
la  France  le  même  avantage  qu'offre  à  l'empereur 
Ja  continuation  de  la  trêve  continentale. 

Le  gouvernement  reçoit  à  l'instant  même  parle 
télégraphe,  la  nouvelle,  que  5.  M.  [empereur, 
l'est  porté   lui-même   à    son    armée    sur    l'Inn , 


Oui ,  la  France  veut  la  paix  ;  elle  la  veut  parce 
qu'elle  est  un  bien  ,  parce  qu'elle  assure  le  bon- 
heur du  monde  !  mais  certes  ,  ce  n'est  pas  par  le 
besoin  qu'elle  en  a,  qu'elle  la  désire.  Oui,  le 
consul  la  veut  ,  parce  qu'il  est  digne  de  gouver- 
ner en  paix  comme  en  guerre  :  la  nation,  ses 
magistrats,  ses  guerriers,  tous  veulent  la  paix  pour 
leur  patrie  ,  pour  l'humanité  ;  mais  tous  sont  prêts 
au  combat.  Oui  pourrait  en  douter,  après  la  fête 
d'aujourd'hui^  Qui  pourrait  ne  pas  croire  que 
la  France  renferme  autant  de  patriotes  que  d'ha- 
bilans  ,  quand  il  voit  ces  fonctionnaires  accourus 
de  tous  les  points  de  la  république  ,  partager  , 
redoubler  l'a'légressc  commune  et  montrer  par-: 
tout ,  avec  le  sentiment  de  la  dignité  nationale, 
celte  générosité  qui  appartient  à  la  force  .■' 

Demain  nous  reviendrons  sur  ces  détails  ;  mais 
quelcœurassez  froid  pourrait  lessaisiraiijourd  huil 


MINISTERE  DE  L'INTERIEUR. 
Le  ministre  de  l'intérieur  a  reçu  hier  les  fonc- 
tionnaires envoyés  des  départemens  ;  il  leur  a 
témoigné  la  satisfaction  du  gouvernement  de 
de  l'empressement  avec  lequel  ils  se  sont  rendus  à 
l'invilaiion  qui  leiit^  a  été  faite. 

Il  leur  a  dit  qu'en  les  appellant  à  Paris  ,  les 
consuls  ont  désiré  les- rendre  témoins  de  ia  fête 
du  i"^  vendémiaire  ,  les  associer  à  l'allégresse 
qu'inspirent  ces  augustes  solennités  ,  et  rendre 
communs  à  toute  ta  France  les  mouvemens  d'en- 
thousiasme qu'elles  excitent  ,  enfin  resserrer  les 
liens  qui  unissent  toutes  les  parties  de  la  répu- 
blique par  une  ■communication  d'opinions  et  de 
sentimens. 

"Les consuls ,  a  ajouté  le  ministre  ,  ont  voulu 
aussi  recevoir  des  citoyens  recommandables  par 
leur  patriotisme  et  pur  leurs  lumières  ,  et  honorés 
de  la  confiance  publique  ,  des  notions  sur  l'état 
des  départemens.  Le  temps  ne  leur  a  pas  encore 
d'exécuter    le 


permis  d  exécuter  le  projet  qu'ils  ont  t'orrné 
tonsenti  à  livrer  les  trois  places  d'U  lm,d  Ingolstadt  et  j  d'envoyer  des  commissaires  pour  visiter  la  répu- 
4é  Philipsbeurg,  qui  sont  aujourd'hui  occupées  par  les  \  b\i(iVLe.  Eii  consultant  ces  citoyens  qui    ont   été 


Liste    des  fonctionnaires    arrivés    des    départemens 
pour  assister  à  la  fête  du  1"  vendcmiaire  an  9. 

LAisne.  Viéville,  de   Guise  ,  Colùn,  Durtubicl 
L'Allier.  Papon  ,  Darche  ,  Jaladon. 
Les  Basses-Alpes.    Salvator  ,    Marins   Ailhaud  , 
Raffin. 

Les  Hautes-Alpes.   Disque,  Jaubert  ,  Gallin.  . 
VArdîche.  Rouviere  ,    Roultauil  ,  •Lâboissiere.' 
Lts  Ardennes.   Mollet.    Bivort  ,   Deliars. 
LArùigc.    Auzicr  ,  Lafont  ,   Barder,  Borrelly. 
L'Aube.  Rivière  ,  Loiselet ,  Debossancpur. 
L'Aude.    Thoron ,   Dupié,  Salomon. 
L'Aveyron.   Brun,  Valadier,  Lavergne. 
Les  Bouches-du-R'iiône.  Granet ,  Daime  ,  Martin. 
Le  Calvados.  Basley  ,  Hainguerlot  ,  Valois-Saint- 
Léonard. 
Le  Cantal.  Sistriere  ,   Abadie  ,  Devillas. 
La  Charente.   Bordet  ,   Caminade  ,  GreUief. 
La   Charente-Inférieure.  Joly,   Daussy  ,  Àugier. 
Le    Cher.    Baudin   ,     Delamélherie  ,     Bezuve- 
Mézieres. 

La  Corrèxe.   Monllouis  Laval  ,  Rivet,  Juge. 
La  Côte-d'Or.  Lejeas  ,  Hernoux  ,  Villiers. 
Les  Côtes-du-Nord.  Armez  ,  Dénouai,  Odis. 
La  Creuse.  Jorrand  ,  Montaudon,  Delafond.       1 
La  Vordogne.  Doussault  ,  Godefroy-Lanxade , 
Durand-Nouaillac. 

Le  Doubs.  Jinion  ,  Coste  ,  Rey. 
La  Drame.  Bellier ,  Jourdan  ,  fils  ;  Magnan, 
LaDyle.  Delapuente  ,Paul  Arconaty,'Williems. 
L'Escaut.  Bauv^ens ,  Coppens ,  Piers. 
L'Eure.  Browii,  Chrétien  ,  Pinsot. 
Eure-et-Loir.  Chevard  ,  Gallas  ,  Philidor. 
Le  Finistère.  Bois-de  Pacé, 
Les   Forêts.  Blockausen  ,  Désert ,  Dumont. 
Le  Gard.  Froment-Castiile  ,  Dalbenas,  Pieyre. 
La  Haute-Garonne.  Picot-Lapeyrouse,  Desazars, 
Banse. 

le  Gers.  Collas ,  Mahome  ,  Dralet. 
La  Gironde.  César  Faucher  ,  Legrix. 
L'Hérault.   Granier  ,    Carrion  -  Nizas  ,    Fabre- 
guelles. 

Il  le-ei -Vilaine.   Solier-Latouche  ,  Lorin  ,   fils? 
Dolley. 

L'Indre.  Barbançois  ,  Gastebois. 
Indre-et-Loire.  Biencourt ,  Aubri-Patas ,  Legras. 
L'Isère.  Baral  ,  Berthier  ,  Saint-Germain. 
Jemmapes.  Savary ,  Gendebien  ,  Debagenrieux. 
Le  Jura.  Larnaud  ,  Bouveuot  ,  Clinpiet. 
Les  Landes.   Laurans   ,    Balbedet    ,   Dulandu- 
barral. 

Le  Léman.  Gandolle  ,  Fabry ,  Bastian. 
Loir-et-Cher.  Devezeaux-  Rancogne  ,  Leprince , 
Lecomte-Labadinerie. 

La  Loire.  Michon-Desmarais  ,  Richepanse. 
La  Haute-Loire.  Besquent ,  Talleyrad  ,  Boulanger. 
La  Loire-Inférieure.  Huet  ,  Pecot ,  Saget. 
Le  Loiret.  Vinson  ,  le  Turcq  ,  Ladureau. 
Le  Lot.  Agard  ,  Naurrissart,  Seguy. 
Lot-et.Garonne.  Termes,  Xavier  Sevin,  DelsoerU 
La  Lozère.  Paradan  ,  Malasson ,  Renouard. 
La  L^j.Dougny  ,  Depellaert. 
Maine-et-Loire.  Farran  ,  Maillé  ,   Merlet. 
La  Manche.  Duhamel  ,    Dutourps  ,  Tesnières- 
Bremesnil. 

La  Marne.  Allaire  ,  Jobert  ,  Manton. 
La  Haute-Marne.  Laloi  ,    Raullot ,   Marquette- 
Fleury. 

La  Mayenne.  Locard  ,  Boudet  ,  Chenon. 
La  Meurthe.  Schmitt ,  Lallemand  ,  Obry. 
La  Meuse.  Saincere. 

La  Meuse-InférieuJre.  Surtet  Chokier,  d'Arschot, 
Beldersbuch. 

Le  Mont-Blanc.  Cretet ,  Grand  ,  Gagnon. 
Le  Morbihan.  ]oWvei  ,  Laumaillet ,  Charedivet, 
La  Moselle.  Thomas  ,  Durand  ,  Guillaume. 
Les  Veux-  Nethes.  Cayre  ,  Coppens ,  Vancolen. 
La  Nièvre.  Lebrun  ,  Dard-dEpinay  ,  Chaillon. 
■  Le  Nord.  Emery  ,  Desquellebecq  ,  d'Hauber- 
sart. 

L'Oise.  Lachaise,  maire  de  Beauvais,  Girardin  , 
Lehoc  ,  ex-ambassadeur. 

I^Orne.  Levé  ,  Durau  de  la  Malle. 

Le  Pas-de-Calais.  Duval ,  Vaillant ,  Blancarc 


Le  Puy-de-Dôme.  Verny  ,  Dangerolles.  Tcyras.  . 

Les  Basses-Pyrcnées.  Duhart ,  André. 

Les  Hautes-Pyrénées.  Pegoi  ,  Cyprien  Lapenne  , 
Pierre  Bordenavc. 

Les  Pyrénées  orientales.  Crosset  ,    Olivier,    Del 
cros-Rodor. 

Le  Bas-Rhïn.  Montbrison  ,  Lienhard  ,  Ferai. 

Le  Haut-Rhin.  Bœcklin  ,  Anlonln  ,  Krrol. 

Le  Rhône.   Vouty  ,  Pareni  ,  Pernon. 

Samhre-et-Mcuse.  Frocrain  ,  Halloy. 

La  Hautc-Saônne.  Chauvier  ,  Veuilley. 

Saône-et-Loite.  Monieil,  Rubat,  Moreau. 

La  Sarlhe.]o\iv!itd.  Hardouin,  Bucquet,Ducan. 

.La  Seine.  DAvilliers,Brieres-Mondélour, Mack.au. 

La  Seine  -  Inférieure.  Levieiix  ,  Sery  ,  Fleuriao- 
Btllevue. 

Seine-et-Marne.  Veiliet-dc-Vaux,  Dubois  d'Hijr- 
neuville  ,  FontaincsCramayel. 

Scine-H-Oise.  Andrieu  ,  Sancé,  Oberkampt. 

Les  Deux-  Sèvres.    Morissel  ,  Rôbouant  ,  Jard- 
■Panvilliers. 

La  Somme.  Massey  ,  Dorval  ,  Prévôt. 

Le  Tarn.  Laborde  ,  Juvey. 

Le  Var.  Ricaud  ,  Serrin  ,  Filhe. 

Vaucluse.  BiUioly  ,  Olivier-Gérente,  Sollier. 

La  Vendée.  Bernard, Labrelonniere,  Cougneaud. 

La  Vienne.  Laurence,  ConfexLachan)bre,Farjon. 

Lu  Haute-Vienne.  Lachassagne,  EtienneLarivierc, 
Garebeuf. 

Les  Vosges.  Garnier,  Gerardin  ,  Falatien. 

L'Yonne.    Paultre-Lamolhe  ,  Droin  ,    Robinet- 
Pontagny. 

Rhin-ct-Moselle.  Korn  ,  Eichhoff  Himmès  aîné. 


MINISTERE    DE   LA   GUERRE. 

Discours  prononcé  par  le  citoyen  Carnet ,  ministre 
de  la  guerre  ,  dans  le  temple  de  Mars  ,  à  la 
cérémonie  de  la  translation  du  corps  de  Turenne  , 
le  h'  jour  complémentaire  au  8. 

Citoyens, 

Vos  yeux  sont  fixés  sur  les  restes  du  grand 
Turenne  :  voilà  le  corps  de  ce  guerrier  si  cher 
à  lout  français  ,  à  tout  ami  de  la  gloire  et  de 
l'humanité  :  voila  celui  dont  le  nom  seul  ne 
manqua  jamais  de  produire  la  plus  vive  émotion 
sur  tout  coeur  enclin  à  la  vertu;  que  la  renommée 
proclama  chez  tous  les  peuples  ,  et  qu'elle  doit 
proposer  à  toutes  les  générations  comme  le  mo- 
dèle des  héros. 

Demain  ,  nous  célébrons  la  fondation  de  la 
tépublique  ;  préparons  cette  fêle  par  l'apothéose 
de  ce  que  nous  laissèrent  de  louable  et  de  jus- 
ternwu.  illustre  les  siècles  antérieurs.  Ce  temple 
n'est  pas  réservé  à  ceux  que  le  hasard  fit  ou  doit 
faire  exister  sous  l'ère  républicaine  ,  mais  à  ceux 
qui  ,  dans  tous  les  tems  ,  montrèrent  des  vertus 
dignes  délie.  Désormais,  ô  Turenne!  tes  mânes 
habiteront  cette  enceinte  ;  ils  demeureront  natu- 
ralisés parmi  les  fondateurs  de  la  république  ;  ils 
embelliront  leurs  triomphes  et  participeront  à  leurs 
fêtes  nationales. 

Elle  est  sublime  sans  doute,  l'idée  de  placer 
les  dépouilles  mortelles  d'un  héros  qui  n'est  plus  , 
au  milieu  des  guerriers  qui  le  suivirent  dans  la 
carrière  ,  et  que  lorma  son  exemple.  C'est  l'urne 
d'un  père  rendue  à  ses  enfans  ,  comme  leur  lé- 
gitime ,  comme  la  portion  la  plus  précieuse  de 
ion  héritage. 

Aux  braves  appartient  la  cendre  du  brave  ; 
ils  en  sont  les  gardiens  naturels  ,  ils  doivent  en 
être  les  dépositaires  jaloux.  Un  droit  reste  après 
la  mort  au  guerrier  qui  futmoissonné  surle  champ 
des  combats  ;  celui  de  demeurer  sous  la  sauve- 
garde des  guerriers  qui  lui  survivent,  de  partager 
avec  eux  l'asyle  consacré  à  la  gloire,  caria  gloire 
esl  une  propriété  que  la  mort  n'enlevé  pas. 

Honneur  au  gouvernement  qui  se  fait  une  étude 
d'acquitter  la  nation  envers  ses  anciens  bienfai- 
teurs ;  qui  ne  redoute  point  les  lumières  que  ré- 
pandit leur  génie  -,  qui  n'a  point  d'intérêt  à  étouf- 
fer leur  souvenir  !  Honneur  aux  chefs  d'une  nation 
fuerriere,  qui  ne  craignent  point  d'évoquer  l'om- 
re  de  Turenne  !  La  grandeur  de  tout  héros  est 
attestée  par  la  grandeur  des  héros  qu'il  a  surpassés; 
il  rehausse  sa  propre  gloire  ,  en  fesant  briller  de 
tout  s«n  éclat  celle  des  plus  grands  hommes  ,  sans 
craindre  d  être  eflacé  par  eux. 

Turenne  vécut  dans  un  tems  où  le  préjugé 
plaçait  des  distinctions  imaginaires  au-dessus  des 
tervices  les  plus  signalés.  Il  sut  faire  disparaître 
réclai  de  son  rang  par  celui  de  ses  victoires  , 
et  I  on  ne  vit  ])lu5  en  lui  que  le  grand-homme. 
La  Fiance  ,  l'Italie  ,  lAllemagne  retentirent  de 
■fes  seuls  triomphes  ,  et  ce  n'est  qu'à  ses  vertus 
qu'il  dut  après  sa  mort  ,  cet  éloge  si  sublime  daïTs 
]a  bouche  d'un  rival  généreux ,  grand-homme 
lui-même  ,  de  Moniécuculli  :  il  est  mort  un  homme 
qui  Jesait   honneur  à  t  homme. 

Je   ne   répéterai  point   ce  que  l'histoire  apprit 


à  chacun  de  nous  dès  son  enfance,  les  actions 
de  Turenne  ,  les  détails  de  sa  vie  miliiaire  , 
ni  les  détails  plus  iniércssans  peut-être  encore 
de  sa  vie  privée;  il  est  des  hommes  dont  l'éloge 
doit  se  réduire  à  prononcer  leur  nom.  Le  nom 
des  héros  est  comme  le  foyer  qui  réunit  en 
un  seul  point  toutes  les  circonstances  de  leur 
vie;  il  imprime  aux  sens  une  commotion  plus 
lorie ,  à  l'enthousiasme  un  élan  plus  rapide,  au 
cœur  un  amour  plus  touchant  pour  la  vertu  ,  que 
le  récit  même  des  faits  quileur  raériierentlapalme 
inimoitcile. 

Eh  !  quel  titre  plus  glorieux  pourrais-jc  unir  au 
titre  de  père  (jue  les  soldats  décernèrent  à  Tu- 
renne ,  pendant  sa  vie  ?  quel  trait  pourrais-je 
ajouter  à  celui  de  ces  mêmes  soldats  après  sa 
mort  ,  en  voyant  l'embarras  où  elle  laissait  les 
chefs  de  l'armée,  sur  le  parti  à  prendre?  Lâchez,  la 
pie  .  dirent-ils  ,  elle  nous  conduira  (i)  ?  Que  met- 
trais-je  à  côté  des  paroles  de  Saint-Hilaire  ?  Le 
même  boulet  qui  renverse  Turenne  ,  lui  emporte 
un  bras  :  son  fils  jette  un  cri  de  douleur  :  Ce.  n'est 
pas  moi  , -mon  fils  .  qu'il  faut  pleurer  ,  dit  Suiiit- 
Hilaire,  c'est  ce  grand  homme  ! 

Turenne  est  aux  plaines  de  Saltzbach  ,  com- 
mandant à  des  français  ,  sûr  de  ces  dispositions  , 
sûr  de  la  victoire  ;  il  est  frappé  ;  Turenne  est 
mort.  La  confiance  et  l'espoit  sont  disparus  :  la 
France  est  en  deuil  ,  l'ennemi  s'honore  lui-même, 
en  pleurant  ce  grand  homme. 

Il  Les  allemands  ,  pendant  plusieurs  années  , 
"  laissèrent  en  friche  Icndioit  où  il  fut  tué  ,  et 
I)  les  habiians  le  muniraient  comme  un  lieu  sacré. 
)i  Ils  respectèrent  le  vieux  arbre  sous  lequel  il  re- 
)>  posa  peu  de  tems  avant  sa  mort  ,  et  ce  voulu- 
!'  rent  point  le  laisser  couper.  L'arbre  n'a  péri  , 
Il  que  parce  que  les  soldais  de  toutes  les  nations 
1'  en  délacherenl  des  morceaux  par  respect  pour 
11  sa  ménvoire. 

Les  restes  de  Turenne  furent  coriservés  jusqu'à 
nos  jours  dans  le  totpbeau  des  rois.  Les  républi- 
cains l'ont  tiré  de  ce  fastueux  oubli.  Ils  lui  décer- 
nent aujourd'hui  une  place  dans  le  temple  de 
Mars  ,  <iù  chaque  jour  le  récit  de  ses  victoires  sera 
répété  par  les  vieux  guerriers  qui  habitent  cette 
enceinte. 

Qu'importent  des  trophées  sans  mouvement  et 
sans  vie  ?  Ici  la  gloire  est  toujours  en  action.  Le 
marbre  et  l'airain  disparaissent  par  le  temps  ;  cet 
asyle  des  guerriers  français,  que  la  vieillesse  et  les 
blessures  privent  de  combattre  encore  ,  se  main- 
tiendra d'âge  en  âge  ;  et  nos  derniers  neveux  vien- 
dront avec  respect  s'y  entretenir  de  ceux  qui  au- 
ront terminé  leur  carrière  au  champ  de  Ihonneur. 
C'est  sur  la  tombe  de  Turenne  que  le  vieillard 
versera  chaque  jour  des  larmes  d'adqaiiaiion  ,  que 
le  jeune  homme  viendra  éprouver  sa  vocation  pour 
le  métier  des  armes.  Si  après  avoir  eiîrbrassé  son 
monument  ,  si  après  avoir  invoqué  les  mânes  de 
Turenne  .  il  ne  se  sem  rempli  d'un  saint  enthou- 
siasm?;  ,  si  son  cœur  ne  s'agrandit  et  ne  s'épure  , 
s'il  ne  se  passionne  pour  toutes  les  vertus  héroï- 
ques, il  devra  se  dire  à  lui-même  qu'il  n'est  pas 
né  pour  la  gloire. 

De  nos  jours  Turenne  eût  été  lé  premier  à  s'é- 
lancer dans  la  carrière  qu'ont  parcourue  nos  pha- 
langes républicaines.  Cène  fut  point  au  maintien 
du  système  politique  alors  dominant,  qu'il  consacra 
ses  travaux,  qu'il  sacrifia  sa  vie  ,  mais  à  la  défense 
de  son  pays  ,  indépendante  de  tout  système. 
L'amour  de  la  patrie  fut  son  mobile  ,  comme  il  fut 
de  nos  jours  celui  des  Dampierre  ,  des  Dugom- 
mier,  des  Marceau  ,  des  Joubçrt ,  des  Desaix  ,  des 
Latour-d'Auvergne  ;  sa  gloire  ne  doit  point  être 
séparée  de  celle  de  ces  héros  républicains  ;  et  c'est 
au  nom  de  la  république  ,  que  ma  main  doit  dé- 
poser ces  lauriers  dans  sa  tombe.  Puisse  l'ombre 
du  grand  Turenne  être  sensible  à  cet  acte  de  la 
reconnaissance  nationale,  commandé  par  un  gou- 
vernement qui  sait  apprécier  les  vertus  ! 

Citoyens  ,  n'affaiblissons  point  l'émotion  que 
vos  coeurs  éprouvent  à  l'aspect  de  cet  apprêt  lu- 
nebre.  Des  paroles  ne  sauraient  décrire  ce  qui 
tombe  ici  sous  vos  sens.  Qu'aurais-je  à  dire  de 
Turenne  ?  Le  voilà  lui-même  ;  de  ses  triomphes  ? 
Voilà  l'épée  qui  armait  son  bras  victorieux;  de  sa 
mort?  Voilà  le  fatal  boulet  qui  le  ravit  à  la  France, 
à  l'humanité  entière. 


Chant  du  premier   vendémiaire  an  g  ,  paroles  de 
J.  Esménard  ,  musique  de  Lesueur. 

Fille  auguste  de  la  victoire 

Rome  antique  !  sors  des  tombeaux  ; 

La  France  héiite  de  ta  gloire  , 

Les  prodiges  de  ton  histoire 

Sont  égalés  par  nos  travaux. 
Tu  renais  parmi  nous  ,  république  guerrière  ! 
El  l'hydre  des  partis  ,  du  sein  de  la  poussière  , 
Attaque  vainement  ton  empire  nouveau  ; 

Les  premiers  jours  de  ta  carrière 

Rappellent  Hercule  au  berceau. 


,1)  La  pie  ^itit  1«  cbxal  qui  montait  Tuicaïu. 


Des  murs  de  Romulus  la  liberté  bannie. 
Loin  du  Tybre  avili  fuyant  la  tyrannie  , 

S  élance  à  notre  voix  ; 
Et  sur  les  bords  heureux  que  la  Seine  féconde  , 
Elle  vient  rétablir  pour  le  bonheur  du  monde  , 

Ses  autels  et  ses  loix. 
Envain  mille  ennemis  de  sa  grandeur  naissante  , 
Liguent,  pour  l'étouffer,  leur  fureur  impuissante. 

Et  leurs  projet»  rivaux  :   ' 
A  ses  pas  glorieux  la  victoire  fidelle  , 
Le  front  ceint  de  lauriers,  vient  s'asseoir  avec  elle' 
Sur  leurs  sanglans  drapeaux. 

L'Eiidan  consterné  ,  le   Danube  et  le  Tybre  , 
Dont  les  fiers  défenseurs  bravaientun  peuple  libre, 

Les  ont  vus  terrassés.;. 
Et  l'avare  Albion  ,  qui  levait  des  conquêtes  , 
Dut  souvent  implorer  la  faveur  des  tempêtes 

Pour  ses  bords  menacés. 

Jusqu'aux  sources  du  Nil  où,  d'une  main  propice. 
Nous  ramenions  les  arts ,  les  lois  et  la  justice  , 

Elle  a  porté,  le    deuil  : 
Sa  haine  a   soulevé  l'Afrique  et  l'Arabie  , 
Et  le  sang  qui  rougit  les  sables  de  Lybic 

-Accuse  son   orgueil.  ' 

Etvous  aussi, frariçais  !  yo.WS pleurez  sur  vos  armes; 
Vos  ennemis  vaincus  sorit  vengés  par  vos  larmes 

Et  par  votre  malheur. 
Hélas  !  Kléber  nes.t  plus  ;  la  patrie  éplorée 
Le  redemande  envain  à  la  ter.e  sacrée 

Qu'affranchit  sa  valeur. 

Magnanime  guerrier  !  à  qui ,  sur  ce  rivage  , 
Le  héros  des  français   confia  l'héritage 

De  ses  nobles   desseins  ; 
Au  lieu  même  où  Pompée  expira  pat  un  crime  , 
Tu   tombes  ,  comme  lui  glorieuse  victime 

Des  plus   vils   assassins.  '' 

Ovengeance,  ô  terreur!  ces  brigands  homicides 
Expirent  dévorés  par  les  flammes  avides  ; 

Leur    complice  frémit; 
Et  le  vent  qui  parcourt  l'ardente  Ethiopie  , 
Porte  les  tourbillons  de  leur  poussière  impie 

Au  camp  qui  les   vomit. 

O  toi  !  qui  d'un  regard  fixes  les  destinées  , 
Grand  Dieu  !  les  nations  à  tes  pieds  prosternée» 

Implorent  tes   bienfaits  : 
Trop  de  sang  a  coulé  ;  désarme  la  victoire  ; 
Et  permets  aux  vainqueurs  de  couronner  la  gloire.. 
'  Par  les   mains  de   la  paix. 

Chœur. 
Déesse  des  ans   et  des   fêtes , 
Aimable  paix   descends   des  cieux  : 
La  France  ,  aux  plus  riches  conquêtes  , 
Préfère   tes  dons  précieux. 

Vieillards. 
Au  sein  de  nos  villes  calmées , 
De  nos  invincibles  armées 
Ramené  les  pas  triomphans  ; 

Femmes. 
Rends-nous  nos  époux  et  nos  frères  , 
Et  sèche  les  larmes  des  mères 
Par  les  baisers  de  leurs  enfins. 
Mais  quoi  !  j'entends  gémir  l'Europe  ensanglantée; 
L'airain  ,  tonnant  au  loin  sur  l'onde  épouvantée , 

Répond  à  ses  douleurs. 
La  France  présentait  le  bonheur  à  la  terre  ; 
La  jalouse  Albion  du  démon  de  la  guerre 

Evoque  les  fureurs. 
Ah  !  sur  les  flots  envain   vous  fixez  la  fortune  ; 
Un  héros  brisera   le   trident   de  Neptune  , 
Insulaires  ailiers  ! 
Voyez  autour  de  lui  ,  sous  ces  voûtes  sacrées. 
Errer  de   vos    vainqueurs  les   ombres   révérées , 

Et   les    mânes  guerriers. 
Au  milieu  d'eux  paraît  Turenne  ,  leur  modèle. 
Qui  volt  de  ce  grand  jour  la  pompe  solemnelle      ' 
Consacrer  ses  exploits  ;  ' 

Turenne  !  dont  la  condre  et  la  noble  mémoire 
Appartiennent  bien  plus  au  temple  de  la  gloire, 
Q,u'à  la  tombe  des  rois. 
Allons  !  braves  soutiens  de  la  France  outragée, 
Soldat!  républicains  !  que  l'Europe  vengée 
Vous  doive  son  repos  : 


Sera ,  loin  de  s'ts  Bords  ,  e'iîlé  par  vt)S  armes 
Sut   l'abîme  diss  flotsi 

CKœur    de  gutTriers. 

Nous  le  jurons  par  la  mémoire 
De  nos  frères  morts  sous  nos   yeux; 
Par  ces  drapeaux  que  la  victoire 
Suspend  à  ces  murs  glorieux  : 
Oui  ,  l'ennemi  qui  nous  offense 
'Vciia  fermer  à  sa  puissance 
Les    ports   qui  lui  furent  so«mis  ; 
Et  solitaire  sur  les  ondes  , 
Ne  trouvera   danS   lès  deux  mondes 
■Qtië  des  rivages  énneniis. 


■ÉK 


Tribunaux. 

Le  tribunal  criminel  du  département  de  IHé- 
ïauUadû  s'occuper  d'un  crime  qu'un  législateur 
<;éiébre  n'avait  pas  cm  possible  de  prévoir  ,  d'un 
assassinat  commis  par  un  fils  sur  la  personne  de 
«on  père. 

Voici  les  fait?  qui  ont  donné  lieu  à  cette  pro- 
cédure. Dans  la  soirée  du  3o  germinal  de  l'an  8  , 
le  citoyen  TlHary  le  père  ,  à  là  suite  de  st)ri  sou- 
per et  vers  les  neuf  heures  un  quart  ,  se  rendait 
accompagné  de  Laurens  Tabary  son  fils  ,  dans 
sa  déiiieiire  sise  au  laubfourg  dâ  du  Courrau  ; 
parvenu  au  milieu  de  la  rue  dite  des  Calhéri- 
neltes  ,  et  à  peu  de  distaijce  de  son  logement  , 
Tabary  le  père  est  atteint  d'un  coup  d'airae  à 
jeu;  il  s'écrie  :  au  secours,  on  m'assassine.  Il 
se  traîne  vers  son  logement,  parvient  jusques 
dans  sa  chambre  ,  et  metirt  dis  suites  de  la  bles- 
sure  qu  il  a  reçue. 

Les  voisins  effrayés  de  l'explosion  de  ce  coup 
d'aime  à  feu,  attifés  néanrnoins'  par  les  ciis  plaiii- 
tifs  de  Tabary  le  ptré  ,  Vont  à  soir  secours ,  mon- 
tent dans  son  logement ,  le  trouvent  èlendu  sur 
Je  carreau  et  sans  vie. 

Laurens  Tabary  le  fils  avait  fui  ,  et  la  nuit  s'é- 
coula sans  qu'il  pariât  dans  sa  demeure  pour  s'in- 
forâitr  de'  Tètât  de  son  père. 

Le  lendemain  f  floréal  ,  l'officier  de  police 
jiKliciaire  reçut  les  déclarations  des  témoins  qui 
lui  furent  indiqués.  Il  appela  Laurens  Tabary  le 
fils  ,  qui  déclara  qu'étant  sorti  la  veille  ,  vers 
les  neuf  heures  un  quart  du  soir  avec  son  peré , 
de  leur  auberge  à  la  suite  du  souper  pour  se 
retirer  dans  leur  demeure  ,  et  parvenus  au  milieu 
de  la  rue  dite  des  CathéririetieS  ,  ils  furent  aè- 
saillis  par  trois  individus  .  et  que  l'un  de  ces  in- 
dividus lui  avait  fracassé  plusieurs  doigts  de  la 
main  gauche. 

Les  déclarations  reçues  ne  fournissent  aucune 
présomption  lii  iridice  contre  les  auteurs  du 
délit,  et  tous  lés  reiiseignemens  récueillis  ne 
donnant  pas  même  lieu  à  des  soupçons  ,  il  fut 
sursis  à  la  délivrance  de   tout  mandat. 

Les  choses  dans  cet  état ,  Laurens  Tabary  le 
fils  se  reridit  à  l'hospice  civil  pour  se  faire 
panser  de  sa  blessure  qu'il  disait  être  l'effet  d'un 
coup  de  sabre  ;  il  fut  visité  par  les  officiers  de 
santé  de  cet  hospice  ,  qui  reconnurent  que  la 
blessure  reçue  par  Laurens  Tabary  ,  avait  été 
produite  par  l'explosion  ou  l'éclat  d'une  arme  a 
feu  ,  et  non  par  le  coup  d'une  arme  tranchante. 
Dès -lors  l'opinion  publique  se  forma  ;  de 
violens  soupçons  planefeiïl  sur  la  tête  dé  Lau- 
rens Tabary;"  il  fut  mandé  d'amener  devant  le 
directeur  du  Jury  ,  et  prêta  son  interrogatoire 
le  3  dudit  mois   de   floréal. 

Dans  ses  répotiseS ,  Laurens  Tabary  dit  être 
âgé  de  i6  ans  ,  natif  de  Dijon  ,  domicile  depuis 
trois  ou  quatre  dans  la  commune  de  Montpellier,  j 
Il  SVôua  que  datis  un  moment  de  vivacité  il 
avait  tiré  un' coup  de  pistolet  à  son  père,  qu  il 
tenait  le  pistolet  avec  ses  deux  mains  et  que 
les  éclats  du  canon  qui  creva  ,  lui  avaient  tra- 
cassé la  niain  gauche. 

Ce  dîrectetir  du  jury  manda  d'arrêt  Laurens 
Tabaly  le  fils  ;  il  reçut  des  déclarations  des  té- 
moins de  noiuveaU  découverts  ;  il  recueillit  avec 
soin  tous  les  renseignemens  qui  pouvaient  servir 
à   conviction  ,   il  en   acquit  de  très-précieux. 

Un  petit  pistolet  caché  dans  un  champ  semé 
-eii  lozérné  hors  Tehcéinte  de  la  commune  ,  des 
morceaux  d'un  pistolet  d'axçon  ,  instrument  fatal 
avec  lequel  on  avait  donné  la  mort  à  Laurens 
Tabary  le  père ,  et  qui  avait  été  caché  dans 
Titi  ruisseau  longeant  la  fontaine  de  Lattes  ,  pla- 
cée aussi  hors  l'enceinie  de  la  comnriune ,  furent 
trouvés  et  déposés  au  greffe  de  la  direction. 

Sur  les  nouvelles  charges  et  l'apport  de  ces 
pièces  de  conviction  ,  Laurens  Tabary  fut  en- 
core interrogé.  Le  petit  pistolet  et  les  morceaux 


taiirèiii  Tabar'y  répondit',  après  l'examen, 
iqu'il  reconnaissait  le  petit  pistolet  pour  l'avoir 
•à' sa  possession  par  emprunt  d  uii  de  ses  amis  , 
;et  qu'il  croyait  que  les  morceaux  du  pistolet 
d'arçon  fesàient  partie  du  pistolet  dont  il  s'était 
servi  pour  tuer  son  père. 

Et  sur  l'interpellation  à  lui  faite  par  le 
directeur  du  jury  sur  la  manière  dont  il  avait 
fait  usagé  de  cette  arme  meurtrière  pour  ôter 
la  vie  a  son  père  ,  il  répondit  froidement  :  je 
lui  ai  tiré  par  derrière ,  et  à  bout  portant 

L'acte  d'accusation  et  le  jugement  à  mort  sui- 
virent  de  près  cette  première   instruction. 

Pendant  le  cours  de  ces  opérations  ,  LaurenS' 
Tabary  parut  être  djns  une  assiete  tranquille  ; 
il  ne  témoigna  aucune  sensibilité  ,  aucun  regret  , 
aucun  rfctiiords  ;  il  .  fut  ensuite  ramené  dans  la 
maison  de  justice  ,  il  ne  fit  éclater  ni  plainte  ,  ni 
murmure  dans  sa  marche  ;  on  remarqua  en  lui  la 
plus  grande  indifférence  sur  son  sott. 

Le  lendemain,  1 5  messidor,  Laurens  Tabary 
déclara  se  poui-voir  en  cassation  contre  le  juge- 
ment rendu  contre  lui  ;  il  ériiendii  froidemenila 
lecture  de  celle  déclaration,  et  la  sigoa  avec 
assurance. 

Quelque  lems  après  ,  le  pourvoi  de  Tabary 
avant  été  rejette  ,  il  lui  fut  fait  lecture  du  juge- 
ment du  tribunal  de  cassation  ;  il  lut  dit  que  le 
jugement  du  tribunal  criminel  du  dcpartcmcut 
de  I  Hérault,  qui  le  condamnait  à  la  peine  de 
mort  ,  allait  être  cxcécuté  ;  cette  lecture  ,  l'an- 
nonce d'une  mort  prochaine  n'altérèrent  aucu 
nement  les  traits  de  sa  figure.  Il  fut  revêtu  d'une 
chemise  rouge  .  sa  tête  et  son  visage  furent  voilés 
d'une  étoffe  noire. 

Cet  appareil  formidable  ne  l'affecta  pas  plus ,  il 
parut,  résolu, il  marcha  au  heu  de  l'exéculion  d'un 
pas  ferme  et  assuré. 

Un  mortietit  avant  rexécUlibn  ,  là  nature  parut 
exercer  ses  droits  sur  cet  enfant  dépravé;  il  se 
mit  à  genoux"  pour  se  recueillir  ,  et  resta  un  ins- 
tant dans  cette  attitude  ;  c'est-là  le  seul  acte  exté- 
rieur qui  ait  manifesté  de  sa  part  quelques  remords, 
quelque  repentir. 

Laurens  Tabary  a  subi  la  peine  de  mort  le  5 
fructidor  an  8,  âgé  de^i6  ans  6  mois  et  demi  , 
étant  né  le  6  février  1783  (v.  st.  ) 


Le  Journal  de  Paris  ,  du  5'  jour  complémen- 
taire, contient,  sous  le  mie  qaeition  grammaticale, 
l'observation  suivante  ,  signée  R.  P. 

Il  En  lisant  le  Moniteur  du  2  complémentaire  , 
)5  j'y  vois  un  article  sur  V o'péia  da  Calife  de  Bagdad. 
u  L'auteur  parlant  du  mérite  de  la  pioce  ,  a  dit 
)î  qu'on  y  trouvait  une  facture  agréable.  Qu'est- 
1)  ce  que  la  facture  d'une  pièce  de  théâtre  ?  Le 
)î  génie  de  la  langue  permet-il  qu'on  se  serve 
>»  d'une,  telle   expression  ?  '> 

A  la  lecture  de  cette  observation  ,  j'en  ai  sur- 
le-champ  reconnu  la  justesse  ,  et  je  me  leprochais 
vivement  qu'une  telle  erreur  me  lût  échappée  :  je 
me  disposais  â  l'avouer  ,  et  à  remercier  celui  qui 
m'en  avait  averti.  Cependant  je  voulus  aupara- 
vant vérifier  comment  et  dans  quel  endroit  de 
l'article  cité  j'avais  pu  la  commettre.  Je  cherche 
l'endroit,  et  leparcoiirs  avec  une  certaine  inquié- 
tude ;  je  trouve  enfin  le  mot  facture  agréable  :  mais  , 
fort  heureusement  ,  je  le  trouve  employé,  non 
en  parlant  de  la  pièce  du  citoyen  Saint-Just,  mais 
en  cherchant  à  définir  le  rhérite  delà  charmante 
musique  dé  Boy'eldieu.  Ôr  ,  je  crois  inutile  de 
justifier  celte  expression  lorsqu'elle  est  appliquée 
à  une  composiiioit  musicale,  aiirisi  que  le  Diction- 
naire de  l'académie  y  autorise  formellement.  N'est- 
ce  pas  attacher  trop  d'importance  à  quelque 
chose  qiii  en  mérite  fort  peu  ,  ç^ue  d'inviter  le 
citoyen  R.  I*  à  vouloir  bien  vérifier  laquelle  de 
nos  deiix  assertions  est  la  plus  exacte. 

S 


L'histoire  du  chien  dont  la  fidélité,  ratta- 
chement ,  la  fureur  et  le  singulier  combat  à 
oyitrance  ,  firent  reconnaître  l'assassin  d'A'ubry , 
de  MontdidieT  ,  est  connue  de  tout  le  monde; 
elle  u'estpàs'la  seule  de  cette  nature  dont  le 
chien  présentât  l'exemple.  Le  cHat  n'eii  offrait 
aucun  jusqu'à  ce  jour;  un  fait  rapporté  à  rathénèè' 
dsLyon,  par  !.e  médecin ,  Martin  ,  peut  trouver 
une  place  intéressante  dans  l'histoire  naturelle 
de  ce  dernier  animal. 

u  De  tous  les  animaux  utiles  qui  vivent  en 
société  avec  l'homme,  ».  dit  le  citoyen  Martin , 
le  chat  est  celui  dont  lés'  naturalistes  nous  don- 
nent la  plus  mauvaise  idée;  il  n'a,  disent-ils, 
qUe  l'apparence  de  l'attachement  ,  il  prend  ai- 
sément des  habitudes  ,  jarbais  dé's  moé'ùrs.  Jeune, 
sa  gentillesse  et  ses  mouVemen'S  gracieux  dégui- 
sent une    malice  innée,    un    caractère    faux  et 


timens  se  rapportent  à  la  pe^'sonne  de  soti 
maître,  il  né  sent  qiic  pour  soi,  il  n'aime  qiie 
sous  condition  ,  il  né  sè  piêté  ab  cotiime'tcc  de 
la  vie  que  pour  en  abuser,  n  Oh  ne  peut  nier 
que  ce  tableau' du  moral  du  chat,  fait  par  l'illustre 
Buffon,  ne  soitd'une  vérité  frappante;  je  n'ai poini- 
'la  prétention  d'en  altérer  la  vraissemblance  pat 
!le  fait  qiie  je  vais  rapporter;  un  exemple  isolé 
et  individuel  né  preuve  rien  contré  iine  s'tiile 
(d'observations  exactes  et  régulières  faites  sVir 
l'espèce,  et  confirinées  par  l'expérience  jour- 
nalière :  mais  ce  fait  nous  conduit  à  penser 
qu'au  moral  cdrnmé  au  phisique  ,  les  individus 
d'une  même  espèce  .  vivant  sOus  la  même  in- 
fluence'.  peuvent  subir  des  modifications  qui 
les  éloignent  où  les  rapprochent  plus  ou  moms 
de  la  souche  primitive.  Le  génie  qui  observe 
ces  modifications  rie  pourrail-il  pas  aussi  les, 
saisir  ,  les  diriger  .  et  parvenir  ,  en  les  fixant 
à  ciéer  des  genres  nouveaux. 

Le  22   messidor,    à   huit   heures  dii  soii-',   j'é" 
fus    requis    par  le    juge   de    paix   de   l'hospice  , 
de   me  transporter   avec    lui  dans    la   rue  Belle- 
Cordiere  ,   pour   faire   le    rapport   de  l'assassinat 
commis   sur  la.  personne  de  la  femme  Pénit  :  je 
me  rendis  à  son  invitation,   et  je  trouvai,  dans 
une    petite   chambre  ,    lé  cadavre   d'une  femme 
enceinte  et  jeune  encore  ,  étcîidu  sur  le  catreau 
et   baigné    dans  son  sang.     Un   chien    épâgneul 
couché   à   ses  pieds    les   léchait  en   poussant  de 
tems   en  tems  des  gémissemens  plaintifs  ;  à  notre 
aspect  il  se    leva  ,    n'aboya    point  ,    vint  à  nous 
et  reiburna'  à   sa*  niâîiréss'e.   Sa   dénhiiche    lénle 
et   pénible  ,     sa    tête   penchée  ,     tous     ses  traiis 
enfin   portaient  l'eiripreinle  de  la  trisiessé  la  p'itis 
profondé  ,   et   d'une  ex'pressioti  seniimeritalé- qui 
est  vraiment  l'apanage   de  ce   fidel.-;  compngnor» 
de  l'hoinine.   Un   gros  chat  blanc  attira  aussi  mes 
regards  ,  il  s'était  posté  ,  sans  doute  ,  au  moment 
de  l'assassinat,  sur  la  corniche  d'une  armoire  au 
fond    de     l'appartement;     irnrhobile   dans   cette 
place  ,  il  avait  l'œil  fixé  sur  le  cadavre;  son  alti- 
tude .  ses  regards  exprimaient  à  la  fois  l'horreur 
et  l'effroi.  Après  un  léger  examen  ,  je  me  retirai , 
et  je  promis  au  juge-de-paix  de  revenir  lé  len- 
demain à  dix  heures  du  matin  avec  un  de  mes 
confrères  ,  pour  faire  ,  en  sa  présence  ei  Sdus  les 
yeux  des  prévenus  de  l'assassinat ,  l'ouverture  du 
cadavre  :  en  effet .  le  lendemain  je  revins  comme 
je  l'avais  promis.  Le  premier  objet  qui  frappa  les 
regards  du   cit.  Martin,  de  Saint-Genis  ,  docteur 
en  médecine,   qui  avait  bien  voulu  se  joindre  à 
moi.  fut  ce  raêmie  chat   que  j'avais   observé  la 
veille  ;  il  était  datis  la  même  place  ,  dans  la  même 
attitude  ,  et  ses  regards  avaient  acquis  une  expres- 
sion  d'horreur  et  de  colère  si   prononcée  ,  que 
mon  confrère  ,  qui  rae  les  fit  observer  de  nouveau, 
craignit  qu'il  ri'é  Itit  etiraj;é.  Bientôt  lé  petit  appar- 
tement se  remplit  des  officiers  de  justice  et  de  la 
force  armée  ;  le  bruit  des  armes  qui  se  froissaient , 
le  tumulte  produit  par  la  conversation  animée  des 
aSsistans  ,  rien  ne  put  troubler  l'attention  ou  dé- 
ranger l'attitude   menaçante   du  chat.  Je  me  dis- 
posais à  sortir  des  flancs  de  la  viirlinie  ,  une  autrç  • 
victime  que  le  même  assassinat  avait  privée  de  la 
vie  avant  qu'elle  eilt  joui  de  la  lumière,  lorsque 
leS  prévenus  fureiit  inftoduits   :  au  moment  on 
l'animal  ,  qiië  je  né  perdais  pas   de  vue  ,  les  euf 
fixés  ,  ses  yeux  devinrent  encore  plus  ardens,  ses 
poils  se  hérissèrent  ,  il  s'élança  au  milieu  de  la 
chambre  ,  s'arrêta   u'ii  monient  et  alla  ensuite  se 
coucher  souS  le  lit  à  côlé  du  chien  ,  dont  il  paria- 
géail  en  ce  riiDnent  l'indignation  pour  le  nietirtre  , 
eth  fidélité  poiir  sa  maîtresse.  Ces  témoins  muets, 
niais  terribles  ,  n'échappèrent  point  à   l'aitention 
des  coupables  ;  je  ne  sais  si  la  voix  des  rerriords 
se   fit  alors  entendre   dans   leur  cœur   endtirci   : 
mais  ce  que  j'ai  bien  remarqué  ,  c'est  qiie   leur 
figure  en  fut  décomposée,  et  c'est  peut-être  la 
seule  fois  dans  le  cotlrs  dé  leur  pTocédufe  ,  que 
leur  atroce  atidaCe  se  soit  démëîitié. 

Gè  trait  à  défruit  l'antipathie  que  j'aVais  cônçtl" 
cotitré  les  chats. 

Désormais  je  ne  craindrai  plus  levirs  caresses  , 
parce  qu'il  më  sera  pérniis  dé  croire  à  leur  recon- 
naissante et  à  léiir  attachetiieht. 


du  pistolet  d'arcon  lui  fiuent  représentés  ,  avec     pervers,  que  l'âge  développe  et  augmente  :  bien 
ini^rnelUtion  de  déclarer  s'il  les  reconnaiisait.        '  différent  de  cet  animal  fidèle  dont  totls  les  sen- 


jnl«rpellaiion  de  déclarer  s 


LIVRES    DIVEBS. 

Supplément  à  là  collection  du  journal  militairt , 
cô'nténànt  tout  ce  qui  peut  avoir  été  omis  dans  cet 
ouvragé,  depuis  et  y  compris  le  mois  de  juillet 
1789  ,  jiisiîu-a  là  fin  de  l'aii  7  ;  première  partie. 

Prix ,  5  francs  ;  et  6  fr.  5o  cent. ,  franc  de  port 
par  la  poste. 

A  Par^s ,  au  bureau  du  Journal  militaire  ,  rue 
de  'Tournon,  n°  1126;  et  chez  Belin  ,  impri- 
meur-libraire ,  rue  Jacques  ,  a"  22. 

Ce  supplément  ,  qui  forme  6  volurnes  ,  est 
composé  de  plus'  de  quatre  mille  articles ,  et 
renferme  les  lois,  arrêiés  ,  réglemcns  ,  circu- 
laires, messages  ,  proclamations  ,  et  tous  autres 
(  actes  ,  concernant  les  armées  de^  terre  et 
de  mer  ,  qui  ont  été  omis  dans  la  collection  d« 
Journal  Militaire. 


A  Paris,  dcllaiptimevie  du  cit.  Aj^asse  ,  propriétaire  du  Mbîitteùî,  tAe- de&  Poitevins,  n»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


f  M"  3. 


Tridi ,  3   vendcmiaire  an  g  de  la  république  françaiie  une  et  bidii/isible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à   dater  du  7  nivôse  là  MONITEUR  esc    le   seul  journal  officiel. 
Il  contient    les    séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernertient ,  les  nouvelles  des  armés  s,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles.  ' 


INTÉRIEUR. 

Paris  ,  fe-2  vendémiaire. 

BULLETIN    TÉLÉGRAPHIQ_UE. 

Ligne  de  Strasbourg. 

Le  général  Morcau  ,  commandant  en  chef  l'armée  du 
Rhin  .  au  général  Bonaparte  ,  premier  consul  de  la 
république.  —  Au  quartier-général ,  le  3'  jour 
complémentaire  an  8. 

J'ai  conclu  un  nouvel  armistice.  Les  trois  places 
d'Ingoliadi ,  Ulm  et  Philisbourg  ,   seront  livrées 
dans  cinq  jours  ,  et  évacuées   dans  dix. 
Pour  copie,  Chappe. 

Les  dépêches  suivantes  ont  été  apportées  par 
un  Courier  extraordinaire  arrivé  le  2  vendémiaire 
au  matin. 

Le  général  en  chef  à  S.  A.  R.  l'archiduc  Jean,  com- 
mandant l'armée  autrichienne.  —  Au  quartier-géné- 
ral de  Njmphenboiirg ,  le  i"  complémentaire  an  8 
de  la  république-française  ,  une  et  indivisible. 

Monsieur  le  général  en  chef. 

Je  reçois  à  l'instant,  par  le  télégraphe ,  la  ré- 
ponse du  gouvernement  aux  dépêches  dont  était 
porteur  son  courier  de  Vienne.  Je  ne  puis  mieux 
vous  faire  connaître  les  ordres  qu'il  m'a  donnés  , 
qu'en  les  transcrivant  littéralement  : 

<i  Annoncez  au  général  coarimandant  l'armée 
5'  autrichienne,  que  l'empereur  ne  veut  pas  rali- 
>»  tifier  les  préliminaires  de  paix  ,  et  que  vous 
j'  êtes  obligé  de  recommencer  les  hostilités.  Ce- 
5>  pendant  vous  pouvez  convenir  d'un  armistice 
"  d'un  mois  ,  si  on  vous  donne  sur  le  champ  des 
s»  places  de  sûreié.  M.  de  Lehrbach  doit  recevoir 
»>  incessamment  des  passe-ports.  î) 

Vous  voyez,  M.  le  général  en  chef ,  que  les 
iiitrntioA  du  premier  consul  sont  irès-pronon- 
cées  pour  la  paix,  puisque  la  reprise  des  hostilités 
ne  ticm  qu'à  la  raiificanon  du  traité  des  prélimi- 
naires,  fait  avec  M.  de  Saint-Julien,  et  qu'il  ne 
croit  pas  devoir  s'exposer  à  d'interminables  dis- 
cussions diplomatiques,  sans  desgarans  de  la  sin- 
cérité des  intentions  de  nos  ennemis. 

Je  charge  le  général  de  brigade  Lahorie  de  se 
Tendre  aux  avant-postes  de  l'armée  que  je  com- 
mande ,  pour  vous  faire  la  demande  des  places 
de  sûreté,  que  de  nouvelles  conjonctures  nous 
mettent  en  droit  d'exiger.  Si  les  propositions 
qu'il  est  chargé  de  vous  faire  ne  sont  pas  accep- 
tées ,  les  hoslililcs  recommenceront  après-demain 
an  soleil  levant  (  3' jour  complémentaire,  20  sep- 
tembre. ) 

Je  prie  V.  A.  R.  de  recevoir  l'assurance  de  la 
haute  considération  avec  laquel  e  je  suis 
Le  général  en  chef , 

Signé,  MoREAU. 
Pour  copie  conforme , 
Le  général  de  division,  chef  de  Célat-major-général  , 

DE.SSOLLliS. 


PROCLAMAT 

Liberté. 

Le  général   en  chef. 
Soldats! 


I    O   N. 

Egalité. 


Le  gouvernement  français  ,  malgré  ses  succès 
en  Allemagne  et  en  Italie  ,  avait  consenti  à  un 
armistice,  pour  négocier  lapaixavcc  ses  ennemis. 

Le  traité  du  9  thermidor  fait  à  Paris  par  le 
ministre  des  relations  extérieures  et  le  comte 
de  Saint-Julien,  est  la  preuve  de  sa  modération 
et    de   son   désir  de  faire  la  paix. 

L'empereur  a  constamment  refusé  deles  ratifier, 
et  sur  la  dénonciation  de  b  reprise  des  hos- 
tililé.s,  proposé  de  renouer  une  autre  négociation. 

Notre  gouvernement  y  consent,  mais  persuadé, 
comme  toute  1  Europe  que  nos  ennemis  n'ont 
voulu  que  gagner  du  teras  pour  réparer  leurs 
pertes  ,  il  demande  des  places  de  sûreté  qui 
soient  garans  de  leur  bonne  foi. 

Le  premier  consul  plein  de  confiance  dans 
voire  dévouement  à  la  république  et  dans  votre 
valeur  ,  se  regarde  comme  certain  d'une  paix 
prochaine,  puisque  c'est  vou»  qu il  charge  de 
la  conquête. 


Le  général  en  chef  ordonne  que  cette  procla- 
mation ,  le  traité  des  ptélittiinaires  de  paix  signé 
à  Paris  le  9  thermidor ,  (  s8  juillet  )  et  sa  lettre  de 
ce  jour  au  général  en  chef  de  l  armée  autri- 
chienne ,  seront  mis  à  l'ordre  de  l'armée  et  im- 
primés dans  les  langues  française  et  allemand^ . 

Au  quartier-général  ife  Nyrnphenbpurg ,  le  2' 
jour  complémentaire  an  8  de  la  république  fran- 
çaise ,  une  et  indivisible. 

SigJl^é  MoREAU. 
Pour  copie  conforme  , 
Le  général  de  division ,  ch-ef  de  l  état-major-général , 
Signé,  Dessolles. 

A  cette  prociaijiation  étaient  joints  les  articles 
préliminaires  signés  à  Paris  le  9  thermidor  par 
le  citoyen  Talleyrand  et  le  comte  de  Saint- 
Julien. 

Le  2"^  complémentaire  an  S  (19  septembre  1800  ) 
sa  rnajesié  l'empereur  donnai  pouvoir  au  comte 
de  Lehrbach  et  au  baron  Lauer  de  traiter  avec 
le   général  de  brigade    Lahorie. 

Le  lendemain  3  =  jour  complémentaire  fut  signé 
l'acte   qui   suit  : 

Convention  d'une  prolongation  de  suspension  d'armes 
entre  (armée française  du  Rhin  et  l  armée  de  S.  M. 
impériale  en  Allemagne. 

Le  comte  de  Lehrbach,  ministre  plénipotentiaire 
de  S.  M.  L  et  royale  apostolique  en  empire,  et  à 
son  armée  d'Allemagne,  et  le  baron  de  Lauer, 
feld-zeuchmeistre  des  armées  de  S.  M.  ,  d'une 
part  ,  et  le  général  de  brigade  de  l'armée  française 
du  Rhin  ,  Victor  Faneau  Lahorie,  d'autre  part  ;' 
chargés  respectivement  des  pleins  pouvoirs  né- 
cessaires pour  conclure  et  signer  une  convention 
relative  à  une  prolongation  de  suspension  d'ar- 
mes, ont  arrêté  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  S.  M.  I.  et  R. ,  sur  la  demande  du  pre- 
mier consul  de  la  république  française  ,  et  dan?  la 
vue  de  donner  une  preuve  de  son  désir  d'arrêter 
le  fléau  de  la  guerre ,  consent  à  ce  que  les  places 
de  Philisboutg,  d'Ulm  ,  avec  les  forts  qui  en  dé- 
pendent ,  et  d'Ingolstadt,  lesquelles  sont  compri- 
ses dans  la  ligne  de  démarca;ion  qui  a  été  fixée 
parla  convention  du  t5  juillet  dernier  (  26  messi- 
dor ),  soient  remises  à  la  disposition  de  l'année 
française  comme  gage  de  ses  intentions. 

IL  Les  garnisons  qui  èe  trouvent  dans  les  pla- 
ces ,  sortiront  librement  avec  tout  ce  qui  leur 
appartient  ,  et  se  rendront  à  l'armée  impériale 
d'Allemagne. 

III.  L'évacuation  de  ces  places,  tant  en  garni- 
sons qu'en  niuriilions  de  toute  espèce  ,  devra 
avoir  lieu  dans  le  délai  de  dix  jours  au  plus.  Il 
sera,  à  cet  eflfét  ,  fourni  par  l'armée  françiise 
toutes  les  facilités  qui  sont  en  son  pouvoir  pour 
les  moyens  de  transports  en  tout  genre  ,  qui 
seront  à  la  charge  de  sa  majesté  l'empereur  et 
toi.  Quant  à  1  occupation  des  places  ,  il  sera 
remis  dans  le  délai  de  cinq  jours  .  à  la  disposi- 
tion de  l'armée  française  ,  une  des  portes  sur 
les  grandes  communications.  Le  choix  en  sera 
dé'.ermjné  par  des  délégués  qui  seront  immédia- 
tement envoyés  ,  dans  le  plus  court  délai ,  pour 
en   constater  l'état. 

IV.  Les  munitions  de  guerre  et  de  bouche  , 
elles  caisses  militaires  seront  également  évacuées. 
Il  en  sera  de  même  de  l'artillerie,  à  l'excep- 
tion de  celle  de  l'empire.  Cette  dernière  espèce 
sera  constatée  et  certifiée  par  des  délégués  nom- 
més  à  cet  eflet. 

V.  Usera  déterminé  ,  dans  le  plus  court  délai  , 
par  une  convention  particulière,  les  moyens  de 
transport  et  d'évacuation  de  ces  places,  ainsi  que 
la  subsiiance  et  l'évacuation  des  malades  qui  ne 
pourront  être  transportés  avec  les  garnisons. 

VI.  Au  moyen  des  dispositions  ci-dessus  ,  il 
y  aura  une  prolongation  d'armistice  et  de  sus- 
pension d'hostilités  entre  l'armée  de  S.  M.  I. 
et  R.  et  de  se»  alliés  ,  et  l'armée  de  la  république 
française  du  Rhin,  de  quarante-cinq  jours,  à 
compter  de  demain  ,  y  compris  quinze  jours 
d'avertissement  pour  la  reprise  des  hostilités  , 
si  elles  doivent  avoir  lieu. 

VII.  Le  général  en  chef  de  l'armée  du  Bhin 
s'engajjc  à  faire  cesser  sur  le  champ  les  hos- 
tilités a  l'armée  de  la  république  française  en 
Italie  daus  le  cas  ou  la  reprise  en  aurait  eu  lieu. 

VIII.  La  ligne  de  démarcation  fixée  par  la 
convention  du  iSjailkt  dernier  (.26  messidor) 


est  conservée  dans  tous  ses  détails  sous  la  mo- 
dification comprise  dans  les  articles  I ,  II ,  IIÏ, 
IV  ,   et  V  ,,  ci_-des5us   et    sous   celles  ci-après. 

IX.  L'armée  française  du  Rhin  reviendra  et 
s'arrêtera  sur  les  deux  rives  de  l'Iser  ,  et  l'armée 
impériale  d'Allemagne,  sur  les  deux  rives  de 
l'Inn  ,  chacune  à  une  distance  de  3ooo  toises, 
soit  de  ces  rivières,  soit  des  places  sur  leur 
cours.  Il  sera  seulement  placé  une  chaîne  d'avant- 
postes  sur  la  lisjne  de  démarcation  fixée  par  la 
convention  du  i5  juillet  dernier  (26  messidor.) 

X.  Les  dispositions  de  bdite  convention  seront 
exécutées  en  tout  ce  qui  n'est  pas  contraire  à  la 
présente. 

L'article  VIII  de  cette  convention  du  i5  juillet 
(26  messidor)  est  non-seulement  applicable  aux 
habitans  des  places  ci-dessus  mentionnées  dans 
toutes  ses  dispositions  ,  mais  le  général  en  chef 
est  en  même-tems  invité  à  prendre  en  considé- 
i^ation  la  situation  dans  laquede  ces  habitans  ont 
été  mis  par  les  malheurs  de  la  guerre. 

XI.  La  présente  convention  sera  envoyée  par 
des  couriers  à  tous  les  commandans  de  corps  des 
armées  respectives  ,  tant  en  Allemagne  qu'en  Italie, 
avec  la  plus  grande  célérité  ,  afin  que  non-seule- 
ment les  hostilités  soient  et  restent  suspendues , 
mais  pour  que  la  mise  à  exécuiion  puisse  êlfre 
commencée  immédiatement,  et  finie  au  terme  ab- 
solument nécessaire  eu  égard  aux  distances. 

'KM.  Il  sera  nommé  par  les  généraux  en  chef 
des  deux  armées  ,  des  délégués  pour,  l'exécution 
des  articles  de  la  convention  ci-dessus,  qui  pour- 
raient exiger  cette  mesure. 

Fait  double  à  Hohenlindem  ,  le  20  septembre 
1800  (  3=  jour  complémentaire  an  8.  ) 

Signé  comte  de  Lehrbach. 
Lauer  Feld-Zedgmeister  et  Victor  F.  Lahorie. 
Pour  copie  conforme  , 

Le  général  en  chef ,  signé  ,  Moreau. 


Translation  du  corpt  de  Turenne ,  5*  jour  com- 
plémentaire an  8. 

Fête  de  la  fondation   de  ta  république,  i"  vendé- 
miaire an  g. 

La  translation  du  corps  de  Turenne  s'est  faite 
le  5'^  jour  complémentaire  an  8 ,  ainsi  que  l'avait 
annoncé  le  programme.  A  deux  heures  le  ministre 
de  1  intérieur  et  le  ministre  de  la  guerre  se  sont 
rendus  au  musée  des  monumens  français  ,  rue  des 
Petits-Augusiins  ,  accompagnés  d'un  grand  nom- 
bre d'officiers-généraux..  Là,  ils  ont  trouvé  le  cit. 
Desfoniaines  ,  professeur  au  jardin  des  plantes, 
au  patriotisme  et  au  courage  duquel  ou  doit  la 
conservation  des  restes  de  ce  grand  homme  ,  et  Ij 
cit.  Lenoir ,  administrateur  du  musée  ,  qui  le  pre- 
mier a  pu  les  recueillir  honorablement.  Le  corps 
de  Turenne  avait  été  placé  au  milieu  de  la  salie 
des  monumens  du  17'  siècle.  Devant  lui  ,  sur  un 
brancard  couvert  d'une  riche  draperie  ,  on  avait 
posé  l'épée  qu'il  portait  le  jour  de  sa  mort  et  le 
boulet  qui  l'a  frappé.  (1) 

Le  citoyen  Lenoir  ,  en  présentant  le  corps  au 
mioistre  ,  a  fait  un  discours  auquel  le  mitlistlie 
de  l'intérieur  a  répondu  quelques  mots  impro- 
visés ,  ptjtis  le  cortège  s'est  mis  en  marche.  Le 
corps  était  placé  sur  un  char  de  triomphe,  dé- 
coré avec  beaucoup  de  soin  ,  de  goût  et  de  ma- 
gnificence ,  traîné  par  quatre  chevaux  blancs.  Un 
cheval  pie  ,  semblable  à  celui  que  montait  Tii- 
renne  ,  et  que  connaisait  si  bien  son  armée  ,  cou- 
vert de  harnois  semblables  ,  marchait  en  avant 
du  char,  conduit  par  un  nègre  vêtu  de  la  même 
inaniere  que  celui  de  Turenne.  De  vieux  guer- 
riers portaient  ses  armes,  de  vieux  guerriers  en- 
touraient son  char,  les  Généraux  Berruyer  ,  gé- 
néral de  divrsion  ;  Aboville  ,  général  de  division  ; 
Vital  ,  général  de  brigade  ,  Estoutmel  ,  général 
de  division  (  ce  dernier  ,  parent  de  Turenne 
par  son  épouse)  marchaient  aux  quatre  coins; 
les  ministres  suivaient;  les  cilovens  Lenoir  et 
Desfontaines  fesaieiu  partie  du  cortège.  11  a 
marché  dans  le  plus  grand  ordre  jusqu'au  dôme 
des  Invalides. 


Au  moment  où  il  est  entré  dans  ce  temple  ;i 
majestueux  ,  si  digne    de  renfermer   les  cendré» 

(i)  Ces  précieuses  reliques  appaitiennent  au  cit.  3ouillon  ,  l'un 
des  petita-uevcux  de  Tutenne  ;  {1  n  biea  voulu  les  cociicr  p^j^i 
.cette  céréniottie. 


cîcs  gtands  hommes , une mTOiqneinilitaire  ,  grave 
et  loiichatiie  ,  s'esi  fait  eniencire.  O,  cjui  rendra 
1  irapressionde  ce  moment  solennel  ?  qui  yjeindra 
ces  vieux  guerriers  couverts  dhonorablcs  bles- 
sures, recevant  les  cendres  d'un  de  leurs  plus 
!l,Fands  maîtres  !  qui  rendra  cette  éiïiOiion  des 
braves  généraux  ,  fiers  des  honneurs  rendus  à 
l'un  de  leurs  plus  beaux  modèles  ?  qivi  dira  com- 
bien les  français  ont  tressailli  de  joie  en  reconquc- 
ranty  si  on  ose  ainsi  le  dire,  la  gloire  de  leurs 
ancêtres  que  des  barbares  avaient  voulu  leur 
ravir,  en  rattachant  le  siècle  de  Turt-nne  ,  et  de 
tant  de  grands  hommes,  au  siècle  déjà  si  fécond 
en  illustres  guerriers  ,  en  généreux  citoyens  ;  ce 
sont  des  actes  de  cette  nature  qui  expient  les 
erreurs  et  jet  crimes  de  la  révolution.  C'est  ainsi 
qu'on  en  cflFace  ,  qu'on  en  fait  ou\)lier  les  pages 
sanglantes, 

Le  minisire  de  la  guerre  si  digne  d'apprécier 
le  mérite  militaire  ,  si  bon  juge  de  ceux  qui 
le  professent  a  prononcé  un  discours  noble,  décent. 
tel  qu'il  convenait  à  la  circonstance  et  à  son 
caractère  personnel.  Il  a  fini  par  un  mouve- 
ment oratoire.d'un  très-grand  effet  et  d'un  genre 
\ériiablenicnt  antique. 

Ce  discours  a  plusieurs  fois  été  interrompu 
pa.r  des,  ap,pi,aydissemens  ;  nous  l'avons  donné 
iiier  (i).      ,  ■,  .      ■, 

Le  corps  do  Turenne  a  ensuite  été  déposé 
'dans  le  moai^menl  qui  le  renfermait  à  SainlDenis. 
Ce  ■monument,  a  été  placé  dans  une  des  parties 
atérales  du  dôme  par  le  citoyen  Peyre.  On  ne 
f eut  assez  séionner  que  ce  travail  ait  été  ter-  - 
miné  dans  le  court  espace  de  lems  qui  a  été 
donné  à  cet  artiste  ,  et  on  doit  admirer  le  goût 
avec  lequel  il  a  choisi  l'emplacement.  Ce  mo- 
nument est  beaucoup  mieux  placé  qu'à  Sainl- 
Denis. 

Le  ministre  de  la  guerre  a  posé  sur  le  cercueil 
qui  renlerme  le  corps  ,  une  couronne  de  laurier, 
et  le  ministre  de  l'intérieur  y  a  placé  une  boîte 
d  acajou,  renfermant  des  médailles  et  des  ins- 
criptions dont  nous   donnerons  le  détail. 

La  cérémonie  a  été  terminée  par  une  symphonie 
militaire.  On  a  vu  des  larmes  couler  des  yeux  de 
plusieurs  vieux  soldats  a  celte  solennité  auguste. 

Le  soir  lès  spect  xles  ont  été  ouverts  au  public. 
On  donnait  aux  Français  te  Cid  et  le  Tartuffe  , 
deux  des  chefs-d'œuvre  de  notre  langue:  la 
foule  y  était  immense.  Le  premier  consul  y  a 
assisté  ;  il  n'a  pu  se  dérober  aux  témoignages  les 
plus  sensibles  de  la  reconnaissance  publique. 

Lariye  a  joué  le  Cid  avec  le  talent  qu'on  lui 
connaît.  Cette  pièce,  ainsi  que  le  Taituffe.ont 
été  jugées  avec  cet  extraordinaire  sentiment, ijui 
n'abandonne  jamais  les  français  quand  ils  sont 
libres  de  manifester  leurs  pensées. 

C'est  une  idée  véritablement  patriotique  , 
vraiment  honorable  pour  le  gouvernement  , 
d'avoir  représenté  deux  de  iios  plus  beaux  dra- 
mes le  jour   d'un   spectacle  gratuit. 

L  Opéra  ,  les  Italiens,  Feydeau  ,  le  'Vaudeville 
étaient  ouverts  au  public  ;  par-tout  les  salles 
étaient  remplies  ,  et  dans  cette  afBuence  ,  nul 
désordre  ,  nul  trouble  :  par-tout  la  joie,  l'union, 
par-tout  le  besoin  d'aimer  et  de  jouir. 

Ce  jour  fut  beau  ,  le  lendemain  le  fut  beau- 
coup plus  :  dès  le  malin  les  rues  étaient  rem- 
plies de  monde.  On  a  remarqué  que  le  nombre 
des  étrangers  arrivés  à  Paris  pour  assister  à  la 
fêle  ,  était  presqu'aussi  grand  qu'à  la  fédération 
de  1790.  Les  routes  étaient  couvertes  de  voitures 
depuis  huit  jours  ,  et  il  est  digne  de  remarque 
qiie  le  5' jour  complémentaire  à  midi,  il  y  avait 
deja  9^  dépanemens  dont  les  envoyés  étaient 
arrivés  et  inscrits  dans  les  bureaux  du  ministre  ; 
d  autres  sont  arrivés  depuis. 

C  est  une  grande  puissance  que  celle  d'un  gou- 
.vetnement  ,  à  la  voix  duquel  accourent  de  toutes 
les  parties  de  cet  immense  empire  des  citoyens 
qui  ne  sont  attirés  par  aucune  vue  d  intérêt  per- 
sonnel ,  et  qui  ne  sont  entraînés  que  par  un  sen- 
timent de  patriotisme  et  d'afFec:ion  pour  le  gou- 
vernement. C  est  une  nation  puissante  que  celle 
qui  renferme  dans  son  sein  des  propriétaires  qui 
associent  leurs  destinées  à  celles  de  l'état ,  et  qui 
sentent  qu'ils  ne  sont  rien  que  par  lui,  parce 
,qu'ils  ne  vivent  que  pour  lui.  Où  sont-ils  donc 
'ceux  qui  osent  dire  qu'il  n'y  a  pas  d'esprit  public 
en  France  ?  quelle  preuve  en  exige:nt-ils  ?  où 'est 
l'élat.qui  eût  osé  hasarder  cette  invitation,  et  qui 
n  eût  pas  craint  de  la  voir  sans  succès  ?  Je  ne  pense 
pas  qu  à  une  autre  époque  de  notre  histoire,  le 
gouvernement  ait  réuni  ainsi  des  citoyens  sans 
autre  objet  déterminé  que  celui  de  les  rapprocher 
de  lui  ,  et  de  les  associer  à  des  sensations  que  les 
récits  ne  transmettent  jamais. 

On  avait  élevé  sur  la  place  des  'Victoires  ,  un 
monument  en  for. ne  de  temple  égyptien  ,  d'une 
imitation  parfaite  ,  puiMjue  le  dessin  en  a  été 
fourni  par  le  citoyen   Denor  qui  l'a  copié   sur  les 


Hcnx.  Sous  ce  temple  on  avait  placé  les  bustes 
de  Kléber,  par  le  citoyen  Mousson  ,  et  de  Desaix  , 
par   le    citoyen   Dupaty. 

L'enceinte  qui  entoure  le  temple  était  garnie 
de  gradins ,  occupés  par  des  magistrats  et  par  des 
citoyens.  Le  ministre  de  lintéiieiir  s'est  lra.;S- 
potré  sur  la  place  à  II  heures;  et  peu  de  mo- 
tTiens  après  .  le  premier  consul  et  les  consuls  y 
sont  arrivés  achevai,  accompagnés  des  ministres 
et  des  con.u'illers  d'éiai.  Les  consuls  seuls  sont 
descendus  ,  ils  furent  placés  sur  des  fauteuils  , 
en  face  du  monument  ;  là,  le  ministre  a  présenté 
au  premier  consul  la  boîte  qui  renferme  les  mé- 
dailles et  les  inscriptions  destinées  à  conserver  le 
souvenir  de  cet  événemcni.  Nous  le  décrirons  , 
mais  nous  ne  pouvons  différer  de  dire  que  dans 
le  nombre  des  objets  qui  sont  placés  sous  la  pre- 
mière pierie,  se  trouve  une  table  de  cristal,  sur 
laquelle  le  cit.  Orelly  a  fiit  graver  ,  au  moyen  de 
l'acide  fluorique  ,  l'arrêté  du  ig  fructidor  an  8  . 
qui  ordonne  l'érection  du  monument  à  Desaix  et 
à  Kléber,  et  une  courte  notice  des  circoHStances 
qui  accompagnent  cette  cérémonie. 

Nous  reviendrons  sur  le  procédé  employé  par 
le  citoyen  Orelly  ,  et  nous  pensons  qu'on  peut  en 
faire  un  usage  utile. 

Le  premier  consul  ayant  posé  la  première  pierre 
avec  les  cérémonies  accoutumées,  le  cit.  Garât, 
sénateur,  a  prononcé  l'oraison  funèbre  des  géné- 
raux: plusieurs  traits  de  son  discours  ont  été  sai- 
sis par  les  auditeurs.  Malheureusement  ce  discours 
prononcé  en  plein  air  n'a  pu  être  entendu  que  par 
cei.x  qui  entouraient  les  consuls.  Nous  le  don- 
nerons. 

Plusieurs  des  compagnons  de  Kléber  et  de  De- 
saix ,  plusieurs  de  ceux  qui  combattirent  près 
d'eux  en  Europe  et  en  Afrique  ,  assistaient  à  celte 
cérémonie  ;  leurs  larmes  ont  arrosé  la  tombe  de 
leu.'S  amis  ,  de  leurs  frères  d'armes?  et  les  hon- 
neurs rendus  à  leur  mémoire  se  sont  accrus  par 
les  souvenirs  de  ceux  qui  peuvent  dire  avec  tant 
de  r.iison  :  et  nous  aussi  nous,  avons  bien  servi  la  pa- 
irie ,  nos  noms  seront  honorés  comme  nous  honorons 
ceux  de  nos  amis. 

Les  croisées  ;  les  balcons  ,  les  combles  mêmes 
des  maisons  de  la  place  des  Victoires  ,  étaient 
remplis  de  spectateurs  qui  au  moment  de  I  anivée 
du  consul  ,  ont  manifesté  leur  joie  par  des  ap- 
plaudissemens  et  des  cris  de  vive  la  république  , 
vive   Bonaparte. 

Ceux  qui  ont  vu  1  Egypte  ,  ont  paru  satisfaits  , 
du  monument  comme  imitation  ,  ilimpone  main- 
tenant (jue  les  artistes  et  les  gens  de  goût  . 
manifestent  leur  opinion  à  cet  égard.  Quoiqu  il 
en  soit,  c  est  une  idée  qui  n'est  pas  à  néi;ligef , 
que  celle  de  pbcer  sous  un  monument  égyptien  , 
les  cendres  de  deux  hommes  qui  ont  acquis 
tant  de  gloire  dans  cette  pirtie  du  monde,  et 
de  présenter  aux  artistes  ce  monument  ,  non 
comme  modèle,  l'eut-éire,  mais  du  moins  comme 
un  objet  de  curiosité  et    d'études. 

Le  consul  s'est  rendu  aux  Invalides  ,  où  étaient 
déjà  arrivées  les  personnes  invitées  à  la  lêie  ;  on 
fesait  circuler  dans  plusieurs  groupes  de  citoyens 
le  bruit  de  nouvelles  saiislesantes  arrivées  de  l'ar- 
mée ;  on  parlait  de  paix  ;  on  éprouvait  une  vive 
impatience  de  voir  celui  à  qui  on  sait  quç  1  Europe 
la  devra  ;  enfin  ,  ce  naoment  tant  désiré  est  venu. 

Les  consuls  étant  assis,  et  après  une  courte 
symphont'e ,  le  ministre  de  l'intérieur  a  lu,  de  sa 
place,  l'arrêté  du  17  ventôse,  qoi  déclare  que  les 
noms  des  dix  départeraens  qui  ont  fourni  le  plus 
de  jeunes  gens ,  seront  solennellement  proclamés; 
il  les  a  nommés  ensuite  comme  nous  les  avons 
imprimés  dans  le  n°  358  (28  fructidor  an  8  )  de 
ce  journal,  et  à  l'instant  a  commencé  le  chant  du 
l^'  vendémiaire  ,  corapv/sé  par  le  citoyen  Lesueur, 
pour  celte  cérémonie.  Nous  en  avons  donné  hier 
les  paroles,  du  citoyen  Esmenard. 

Le  citoyen  Lesueur  avait  placé  un  orchestre  de 
plus  que  le  citoyen  Mehul  au  sS  messidor.  La 
musique  ,  d'un  caractère  religieux  ,  a  produit  des 
sensations  profondes  ,  principalement  au  mo- 
ment de  l'invocanon  au  Dieu  des  JVations  ,  dont 
la  France  implore  le  secours  et  1  appui  ,  pour  elle 
et  pour  ses  héios. 

L'exécaition  a  été  parfaite  et  l'ensemble  éton- 
nant .  malgré  les  incalculables  difficultés  de  con- 
duire quatre  orchestres  composés  d'un  si  grand 
nombre  de  musiciens  ,  placés  à  de  si  grandes 
dislances.  La  surprise  qu'éprouvaient  les  audi- 
teurs a  rappelle  celle  qu'ils  ont  témoignée  le  25 
messidor  en  entendant  ces  orchestres  se  répondre 
avec  une  si  rigoureuse  précision. 

Si  depuis  long-tems  on  ne  savait  à  quel  haut 
point  de  perfection  le  conservatoire  de  musique 
a  porté  l'exécution  ,  on  aurait  pu  être  étonné 
de  celle  d'hier  ;  mais  il  faudrait  répéter  ce  qui 
a  été  dit  plusieurs  fois. 

Après  cette  musique  ,  le  ministre  de  l'intérieur 
est  monté  à  la  tribune  qu'il  a  occupée  le  25  mes- 
sidor. Son  discours  perdrait  trop  par  une  ana- 
lyse ,  il  paraîtra  demain  en  entier;  mais  comment 
rendre  ces  mouvemens  si  rapides  ,  imprimés  à 
I  ame  des  auditeurs  !  Comment  rendie  les  sen- 
sations   qa'oa    éprouva  à  ces   mots    dignes    dj 


Bossuet  !  11  Le  sceptre  d'Henri  IV  et  de  L^uisXIV 
))  brisé  ,  roule  dans  la  poussière  ;  mais  à  l'instant 
>'  le  peuple-roi  retrouve  et  ressaisit  tous -les 
i>  les  sceptres  de  Charleniagne.  11  et  à  ceux-ci,  ea 
montrant  la  tombe  deTurenne  :  u, On. dirait  qu'en 
ce  moment  ces  deux  siècles  se  rencontrent  et 
)'  se    donnent  la  main  sur  celte  tombe  auguste.  " 

Ce  ne  sont  pas  des  applaudisseinen's  ,  ce 
sont  des  transports  qui  suivent  ces  p.iroles  si  élo- 
quentes et  si  vraies  :  commant  dire  ce  ■Jju'on 
éprouvait  à  cette  peinture  du  peuple  de  Mars 
rassemblé  sous  le  capitole  ,  en  présence  de  ses 
consuls  ,  invoquant  les  dieux  de  la  patrie  à  la 
fin  de  chaque  siècle  ? 

En  face  de  l'orateur  était  le  buste  de  Turehçe, 
placé  sur  un  cippe  élevé  ;  sous  la  même  voûte 
avaient  été  déposés  la  veille  ,  les  cendres  de  ce 
grand-homme  ;  autour  de  lui  se  trouvaient  les 
envoyés  des  déparieinens  ,  plusieurs  de  nos  f)lus 
b.aves  guerrier.^,  les  premiers  magistrats  de  l'état, 
et  il  s'est  montré  digne  de  son  sujet  et  de  ses 
airdiieurs.  C  est  ainsi  qu'on  ramené  l'éloquence 
à  sa  véritable   destination. 

Nous  ne  dirons  pas  combien  de  fois  il  a  été 
interrompu  ,  mais  nous  remarqueions  encore  , 
que  comme  au  25  messidor  ,  le  goût  le  plus 
pur  ,  le  sentiment  le  plus  délicat  ,  n'ont  pas 
un  instant  abandonné  les  auiliteurs. 

Le  discours  fini,  on  voyait  avec  regret  descen- 
dre le  minisire  sans  qu'il  eût  parlé  de  paix  :  il  a 
repris  la  parole  ,  et  a  lu  la  note  que  nous  avons 
insérée  hier  ;  les  applandissemcns  l'ont  plusieurs 
fois  interrompu.  Mais  de  quels  bruyans  éclats  ont 
retenti  ces  voûtes  ,  quand  la  lecture  a  été  terminée. 
De  quels  cris  mille  fois  répétés  de  vive  la  républi- 
que, vive  Bonaparte  !  De  quels  éclals  de  joie  !  tous 
les  coeurs  étaient  émus,  tous  les  yeux  étiientfix^s 
sur  le  héros!  On  éprouvait  à  la  fois  la  reconnais- 
sance ,  1  amour ,  l'admiration  ,  le  patriotisme  ,  tous 
les  scniimens  nobles  ,  loul  ce  qui  porte  les  hom- 
mes au  beau  et  au  grand.  Aimante  et  brave  nation  ! 
quel  boidieur  !  quelle  gloire  de  l'appartenir! 
quelle  gloire  à  te  servir  î  quelprix  vaut  ton  estime 
ei  ton  amour  ! 

Le  consul  s'est  retiré  accompagné  ,  suivi  des 
mêmes  acclamations.  Par-tout  il  a  été  reçu  de 
même.  Son  coeur  a  dûjouir  :  il  est  si  doux  d'être 
aimé  de  ses  concitoyens  ! 

Les  jeux  du  Champ-de-Mars  ont  suivi  la  cé- 
rémonie ;  et  ,  comme  si  tout  avait  dû  concourir 
à  rendre  cette  fête  la  plus  belle  qu  on  eûl  jamais 
vue ,  les  courses  ont  été  plus  nombreuses  et  plu» 
régulières  ,  mieux  dirigées  qu'elles  n'ont  élé 
jusqu  aujourd  hui  ;  les  chars  plus  brillar«  et  mieux 
décotes  ;  l'enceinie  parlaiiement  libre  offrait  un 
immense  espace.  Les  tertres  remplis  4brame  le 
jour  du  25  mcs.sidotv  un  ordre  paifait  dans  toutes 
les  parties;  nul  intervalle  entre  les  divers  exer- 
cices ;  l'itiention  des  spectateurs  sans  cesse  occu- 
pée. Nous  en  donnerons  une  description  dé- 
taillée ;  mais  nous  devons  parler  du  citoyen 
Garnerin  qui  a  eu  le  courage  de  s'enlevermalgré  le 
vent  et  la  pluie  ,  et  de  se  sépare'i:  de  son  balon 
à  une  hauteur  considérable  et  de  redescendre 
en  parachute  assez  près  du  lieu  de  son  départ, 
pour  que  le  public  pût  jouir  dans  le  même  quart 
d  heure  du  coup-d  œil  majestueux  de  son  éléva- 
tion ,  et  de  celui  plus  effrayant  de  sa  descente  , 
qui  s'est  faite  sans  accident. 

Le  soir  toute  la  ville  était  illuminée,  et  un  très- 
beau  feu  d'artifice  ,  que  l'humidité  n'avait  pas 
dérangé,  a  été  liié  à  neuf  heures  sur  le  pont  de  la 
Concorde., 

A  10  heures  on  a  proclamé  dans  toutes  les  rues 
la  note  lue  au  temple  de  Mars;  elle  a  été  reçue 
avec  les  mêmes  acclamations. 

Ainsi  s'est  terminée  cette  belle  journée  ,  dont 
le  souvenir  ne  s'effacera  jamais  des  cœurs  fran- 
çais; ainsi  se  fait  aimer  et  bénir  un  gouvernement 
assez  fort  de  l'estime  publique  pour  relever  la 
nation  à  ses  propres  yeux  ,  lui  rendre  toute  sa 
gloire  ;  entretenir ,  doubler  s'il  est  posible  1  estime 
qu'elle  doit  avoir  pour  elle-même;  ainsi  s'hono- 
rent réciproquement  et  les  magistrats  et  les  ci- 
toyens ;  ainsi  les  peuples  arrivent  au  bonheur  et 
à  la  gloire. 

Il  est  juste  de  donner  aux  artistes  qui  ont  con- 
couru à  celte  fête  un  témoignage  d'estime  ;  il  est 
dû  principalement  au  citoyen  Chalgrin  ,  dont  le 
zèle  elle  palrioiisme  égalent  "les  talens  et  la  pro- 
bité.  i'  ^  Y.         ^ 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrête'  du  7  fructidor  an  8. 
Les  consuls  de  la  république  arrêtent  : 
Art.  I"^.  A  compter  du  i^'  vendémiaire  pro- 
chain ,  le  service  des  conseillers-d  état  sera  dis- 
tingué en  service  ordinaire  ou  service  du  con- 
seil-d'étal, et  en  service  extraordinaire,  consistant , 
soit  en  fonction^  permanentes  ,  soit  en  missions 
temporaires. 

II.  Il  ne  pourra  être  employé  au  service  ordi- 
naire ,  ou  service  du  conseil-d'état ,  plus  de 
quarante   conseillers-d'étal.  , 


m.  Les  conselllcrs-d'éiat  chargés  d'un  service 
«xlraordinaire  ,  conserveront  /«jur  litre. 

IV.  Lorsqu'un  membre  du  conseil-d'état  sera 
chargé  par  le  premier  consul  d'un  service  extraor- 
dinaire, il  cessera  d'être  porté  sur  la  liste  des  con- 
seillers-d'état  en  service   ordinaire. 

V.  Tous  les  trois  mois  le  premier  consul  anêiera 
la  liste  des  conseillers-d  état  en  service  ordinaire. 

VL  Lrs  conseillers-d'élat  en  service  extraordi- 
naire ,  qui  seraient  de  retour  de  leur  mission  , 
ne  pourront  prendre  sénnce  au  conseil-d'état 
qu'au  comraencenieui  tlu  trimestre  où  ils  seront 
portés  sur  la  liste  des,  conseillers-d'élat  en  service 
ordinaire. 
Vn.  Le  présent  arrêté  ne  sera  point  imprimé. 

Le  premier  comul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrélairc-d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du   5'  jour  complémentaire. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête  que  les  listes  des  conseillers-d'état  en 
service  ordinaire  et  extraordinaire  pour  le  i"^' 
trimesire  de  l'an  9  ,  sont  réglées  ainsi  qu'il  suit , 
savoir  : 

Service  ordinaire.  —  Section  de  législation. 

Les  citoyens  Boulayde  la  Meurthe,  président; 
JBerlier;    Emery  ;    Real;    Portails-,    Thibaudeau. 

Section    de    l'intérieur. 

Les  citoyens  Rœderer ,  président;  Benezech  , 
Crétet,  Chapial  ,  Regnaud  ,  de  Sainl-Jean-d'An- 
gély  ,  Fourcroy  ,  Joseph  Bonaparte  ,  Miot  , 
Français ,  de  Nantes ,  Shée. 

Section  de  la  guerre. 

Les   citoyens  Lacuée ,  président  ;  Sainl-Cyr. 

Section  de  ta  marine. 

Les  citoyens  Flcurieu,  président;  Champagny, 
Redon  ,  Najac  ,  Truguet. 

Section  des  finances. 

Les  citoyens  Défennont  ,  président  ;  Duchâtel  ; 
Devaines  ;  Dufresne  ;  Régnier;   Batbé-Marbois. 

Secvice  extraordinaire. 

Brune  ,  général  en   chef  de  l'armée   dltalie. 

Dejean  ,  ministre  extraordinaire,  près  la  répu- 
blique  ligurienne. 

Marmoni ,  commandant  de  Fartilletie  de  l'ar- 
mée   d'Italie. 

Peliet  ,  minisire  extraordinaire  près  la  répu- 
blique cisalpine. 

Bernadotte ,  général  en  chef  de  l'armée  de 
l'Ouest.  , 

Gantheaume  ,  contre-amiral,  commandant  une 
division  de  la  flotte  de  Brest. 

Caffarelli-Dufalga  ,  préfet  maritime  à  Brest. 

Lcscallier,  préfet  maritime  à  l'Orient. 

Dubois ,  des  Vosges ,  préfet  de  la  Gironde. 

Jolivet,  préfet  dTu  Mont-Tonnerre,  et  cOmmis- 
saite-général  des  dépertemens  ds  la  rive  gauche 
du  Rhin. 

Moreau,  de  St. -Mery ,  résident  de  la  républi- 
que à  Parme. 

Le  premier  consul,  signe',  Bonaparte. 

Par   le    premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
arrête  ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Jean-Bapliste  Moyse-Jolivet ,  con- 
seiller d'état ,  est  nommé  préfet  du  département  du 
Mont-Tonnerre  ,  commissaire-général  dans  les  dé- 
partemens  de  la  rive  gauche  du  Rhin  ,  en  rempla- 
«eraent  du  citoyen  Shée. 

II.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution   du   présent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé ,   Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête  ce  qui  suii  : 

Le  citoyen  Dubois,   des   Vosges  ,    conseiller- 
-   d'éiat ,  est  nommé  préfet  de  la  Gironde. 

Le  ministre  de    l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul,   signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'étal  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
arrête  ce  qui  suit  : 
Sont  .nommés    conseillers  -  d'état  les   citoyens 


Saint-Cyr  ,    lieutenant  de  général  en   chef  ,  pour 
la   section  de   la   guerre. 

Portalis ,  commissaire  du  gouvernement,  au- 
près dn  conseil  des  prises  ,  pour  la  section  de 
législation. 

Thibaudeau  ,  préfet  de  la  Gironde  ,  pour 
la   section  de  législation. 

Miot ,  membre  du  tribunal  ,  pour  la  secùon  de 
l'intérieur. 

Français  ,  de  Nantes  ,  préfet  de  la  Charenle- 
Inlérieure  ,  pour  la  section  de  l'intérieur. 

Shée  ,  commissaire-général  prés  des  déparle- 
mens  de  la  rive  gauche  du  Rhin  ,  pour  la  section 
de  l'intérieur. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrélaire-d'élat  ,  jigne ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête   ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Moreau  de  Saint-Mery  ,  conseiller- 
d'élat  ,  est  nommé  résident  de  la  république  à 
Parme. 

II.  Le  ministre  des  relations  extérieures  est 
chargé   de  l'exécution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul ,  signé  ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  d'Andrieiix. 

SÉANCE    DU    1"    VENDEMIAIRE. 

La  séance  est  ouverte  à  onze  heures  ,  par  la 
lecture  du  procès-verbal  dont  la  rédaction  est 
adoptée. 

Un  corps   de  musique    exécute    un   morceau 
d'harmonie. 
Le  président  prend  la  parole  : 

Andrieux.  Tribtins,  dans  quel  lieu  ,  dans  quelle 
assemblée  ,  peut-il  être  plus  convenable  et  plus 
doux  de  célébrer  la  fondiition  de  la  républi- 
que ,  qu'au  sein  d'une  autorité  essentiellement 
populaire  ,  qu'au  sein  du  tribunal  ?  C'est  ici 
(je  le  dirai  sans  craindre  de  blesser  lei  amis 
de  la  liberté  qui  siègent  dans  les  autres  autorités 
constitutionnelles,)  c'est  ici  que  l'amour  de  la 
patrie,  l'horreur  de  l'oppression,  le  noble  dé- 
sintéressement ,  le  dévouement  héro'ique  ,_touies 
les  vertus  républicaines  doivent  avoir  leur  sanc- 
tuaire et  leur  autel  ;  vous  en  devez  à  la  France, 
tribuns,   la  conservation   et  l'exemple. 

En  vous  entretenant  de  la  république  ,  je  dois 
m'altendre  à  être  écouté  favorablement  ,  puisque 
je  ne  ferai  que  vous  rappeller  à  tous  ,  mes 
collègues  ,  vos  affections  les  plus  chères  ;  mais 
aussi  j'ai  à  craindre  en  essayant  de  rendre  vos 
sentimens,  que  vous  nem'accusiez  de  les  affaiblir! 
quand  je  songe  que  le  tribunal  est  la  parole 
de  la  représentation  nationale  ,  et  qu'ainsi  c'est 
au  nom  du  peuple  français,  et  pour  ainsi  dire, 
en  sa  présence  que  je  paile  aujourd'hui  ,  com- 
bien celle  cérémonie  me  semble  augusie  ?  com- 
bien la  mission  que  vous  m'avez  confiée  m'im- 
pose à  moi-même  !  puissé-je  ne  rien  dire  qui 
soit  trop  indigne  d'un  si  grand  sujet  !  puisse- 
l-il  ne  méchapper  aucune  parole  susceptible  de 
ce^  interpréiaiions  perfides  auxquelles  je  sens  du 
moins  que  je  puis  opposer  la  dioiiure  de  mon 
coeur,  la  pureté  de  mes  internions,  et,  pour 
me  rassurer  entièrement,  permettez  moi  d'ajouter, 
mes   collègues  ,   votre    bienveillance. 

Je  devrai  peut-être  remonter  à  l'époque  où  la 
république  fut  fondée  ,  retracer  linvasion  du 
territoire  français  par  les  ennemis,  la  trahison 
appellant  ,  conduisant  l'étranger  et  lui  promet- 
tant une  conquête  facile  ,  plusieurs  places  de 
guerre  rendues  ou  livrées  ,  et  déjà  des  mesures 
prises  pour  défendre  Paris  même  contre  une 
attaque  qui  paraissait  inévitable  et  prochaine  ; 
dans  des  circonstances  difficiles  ,  extrêmes  ,  un 
extrême  courage  qui  triomphe  des  circonstances; 
le  trône  abatiu  ,  la  royauté  abolie  ,  la  république 
proclamée  ,  et  soudain  d'un  bout  delà  France 
à  l'autre  ,  une  énergie  active  ,  un  enthousiasme 
universel  levant  comme  par  miracle,  un 
million  de  soldats,  forgeant  des  armes  ,  créant 
la  foudre  ,   multipliant  tous   les  préparatifs  de  la 

défense  et  de  la  victoire 

Mais  que  fais-je  ?  devant  qui  parlé-je  de  ces 
fameux  événemens  ?  ne  vois-je  pas  ici  un  assez 
grand  nombie  des  acteurs  de  ces  scènes  ter- 
ribles et  sublimes  à  la  fois  ?  Le  tribunal  compte 
parmi  ses  membres,  je  m  honore  d'avoir  pour 
collègues  et  pour  amis,  plusieurs  fondateurs 
de  la  république. 

Jen'imiierai  point  l'imprudent  rhéteur  qui  par- 
lait de  guerre  devant  Alexandre  ;  je  craindrais 
trop  qu'a  chaque    circonstance  ,    tel  d'entre  eux 


ne  pilt  m'interrompre  ,  et  me  dire  ;  vous  vou« 
trompez  ;  j'y  étais  ;je  l'ai  vu  ;  j'y  ai  pris  une  grande 
part;  le  courage  de  la  convcniion  nationale  a 
conquis  la  liberté  et  la  république  ;  la  monérurion  , 
la  sagesse  et  le  courage  du  tribunal  tontinueiont 
à  les  conserver. 

Vous  sentez  trop  bien  ,  en  effet  ,  le  prix  de  ce 
dépôt  confié  aussi  à  votre  surveillance;  ce  n'est 
pas  devant  vous ,  tribuns,  ce  n'est  pas  au  conimcu- 
cement  de  la  neuvième  année  de  noire  ère  nou- 
velle ,  qu'il  doit  être  ncccssaire  de  défendre  la  su- 
périoriié  de  la  lèpublitjue  n\r  la  monarchie  ;  aussi 
ne  dirai-je  que  peu  de  moLs  d  un  parallèle  déjà 
souvent  traité  ;  je  demanderai  tjiiel  pays  on  doit 
être  plus  fier  et  plus  heureux  d'habiter,  celui  des 
citoyens  ou  celui  des  sujet»;  ?  Je  demanderai  quel 
est  le  principal  ressort  de  la  mon  ircliie  ?  N'e;st-ce 
pns  l'amour  des  dislinciions  et  des  préférences  ? 
Ainsi  les  insliiulions  monr.rchiqnes  ne_  f..iOnt 
qu'exalter  l'ègo'Hme  ,  la  cupidité  ,  l'arabiiion  dfS 
honneurs  frivoles  ,  l'orgueil  et  une  siupide  prcdi- 
leciionpoursoi-inême,  la  basses'.c  et  la  flânerie  au- 
près des  grands  ,  le  mépri'i  pour  ce'ix  qnon  nom- 
me les  p'eiiis,  une  prolondi:  indiHérence  pour  le 
bien  général;  le  principe  de  la  république  ,  .'U 
contraire  ,  c'estia  venu  ,  cl  ce  principe  comprend 
tout  ce  qu'il  y  a  de  bon  et  de  grand  parmi  les 
hommes,  la  bienveill.incc  el  l'eslimc  réciproque, 
le  desintéressement  ,  la  simpliciiè  ,  la  modestie, 
la  loyauté  :  c'est  à  force  de  venu  qu  on  ne  placera 
l'amour-mêrae  de  la  gloire  qu'aptes  l'amour  de  la 
patrie,  et  le  zélé  pour  ses  concitoyens  !  Dans  la/' 
monarchie ,  chacun  s'occupe  d  abord  de  soi,  puis 
de  sa  famille  ,  puis  de  ses  amis,  puis  de  ceux  qui 
fintèressent  ;  le  bien  de  i'éiat  vient  le  dernier. 
Dans  la  république  ce  doit  eue  tout  le  contrsire; 
il  faut  commencer  par  sa  patrie,  et  fiiir  par  soi- 
même.  C'est  le  dévouement  généreux  que  les  ins- 
titutions républicaines  savent  inspirer  et  déve- 
lopper. 

Non  qu'il  soit  vrai  de  dire  que  dans  tout  gou- 
vernement qui  s'appelle  monarchique,  il  ne  puisse 
y  avoir  ni  vertu  ni  bonheur  pour  le  peuple,  ni 
même  un  certain  degré  de  liberté  et  d'amour  du 
pays  ,  surtout  si  ly  monarque  ,  lel  qu'on  en  peut 
compierquelques-uns  placés  de  loin  en  loin  dans 
l'espace  des  siècles  ,  si  ,  d-.s-je  ,  le  monarque  est 
lui-même  l'ami  des  lumières  ,  et  s'il  se  souvient 
qu'il  est  homme  et  citoyen  ,  avant  de  songer  qu'il 
est    roi. 

Non  qu'il  faille  croire  aussi  que  toute  républi- 
que doive  être  uii.e  dé;îiccratie  absolue  ,  ou  res- 
sembler à  celles  de  Sparte  ,  d  Athènes  elde  Rome. 
On  a  trop  abusé  des  mots,  trop  confondu  les  idé;;s. 
-L'influence  (les  livres  qui  avaient  servi  à  notre  édu- 
cation ,  l'admiration  pour  celle  belle  litlèralure 
grecque  et  latine  ,  la  chaleur  même  et  les  grands 
talens  de  quelques  éciivains  de  ce  siècle,  qui  ,■ 
témoins  el  ennemis  courageux  des  abus  et  des  cri- 
mes produits  par  le  dcspoiisme  ,  les  avaient  corn-' 
battus  avec  tant  d  éloquence  ,  tout  a  exalté  l'en- 
tousiasme  ,   tout   nous    a  jettes    dans    l'exagéra-' 

lion Pourquoi   n'avoural-je   pas,  tribuns, 

et   nos  excès  et  nos   malheurs?  que   servirait  de 
vouloir  les  cacher?  lUnivers  en  est  plein. 

Vous  ne  voulez  pas  sans  doule  que  ce  discours 
soit  de  simple  apparat;  qu'il  ne  contienne  que  ces 
I  phrases  sonores  ,  qui  n'aient  ni  but  ni  utililé  ;  leL 
I  n'a  point  éiè  jusqu  à  ce  jour  ,  le!  ne  saurait  être  le; 
1  langage  du  tribunal.  Dix  ans  d'une  expérience 
souvent  bien  douloureuse  ,  nous  ont  instruit  à 
!  prélérer  les  vérités  simplement  exprimées  aux 
}  erreurs  déguisées  sous  de  belles  paroles. 

I  L'enthousiasme  avait  commencé  la  révolution  ; 
à   force   d'excès  il  faillit  la  renverser Oa 

I  voulut  ,  ou  l'on  parut  vouloir  une  république 
telle  qu'elle  a  pu  exister  chez  des  peuples  peu 
nombreux  ,  dont  le  territoire  avait  quinze  ou 
vingt  lieues  d  étendue ,  entourés  d'associations 
à-peu-près  semblables  ;  et  l'on  fit  abstractiori 
de  toutes  les  différences  essentielles  qui  se  trou- 
vaient entre  ces  anciennes  sociétés  et  une  nation 
de  vingt-cinq  à  trente  millions  d'individus  ré- 
pandus sur  une  surface  de  vingi-huil  mille  lieues 
quarrées  ,  environnées  d'états  monarchiques  et 
puissans  ,  liés  entre  eux  el  avec  elle  par  un 
système  politique  qui  embrassait  l'Europe  entière. 
On  fit  abstraclion  el  des  vieilles  habitudes  de 
celte  nation  ,  el  de  ses  préjugés  nombreux  et 
de  sa  longue  corrupiion.  .  .  .  Ceux  qui  préten- 
daient transformer  loui-à-coup  les  français  en 
grecs  el  en  romains  ,  semblaient  même  ignorer 
ou  méconnaître  les  institutions  de  ces  anciens 
peuples  :  ils  oubliaient  qu'à  Sparte  et  dans  Athè- 
nes chaque  citoyen  possédait  un  troupeau  d'es- 
claves ;  qu'à  Rome  non  -  seulement  l'horn'ble 
esclavage  était  aussi  usilé  ,  mais  rpi'il  y  avait  cinq 
classes  différentes  de  citoyens.  .  .  .  Tels  éiaient 
les  modèles  qu  on  citait  hardiment  en  prêchant 
l'égalité  ,  la  liberié  el  l'humanité.  .  .  Aux  erreur» 
se  mêlèrent  les  passions;  les  passions  enfantt- 
rcni   les    ruines. 

Toutefois ,  tribuns  ,  ne  croyez  pas  que  j'imita 
ceux  qui ,  dans  leurs  complainlfiiS  é  cruelles ,  dans 
leurs  diatribes  violenies  sur  ces  icms  malheureux, 
confondant  toujours  la  républiijue  même  avec  le» 

i  fureurs  auxquelles  son  noirr  sacré  a  servi  de  pré- 


teste  ,  dégui<!aTit  en  imprécations  contrela  terreHT 
et  le  régirae  décemviral  ,  leur  haine  sincère  pour 
les  principes  qui  ont  fait  la  révolution  ,  et  leur» 
vœux  ardens  pour  le  retour  de  la  royauté  et  de 
tous  les  genres  de  superstition  et  de  préjugés. 

Ces  (tétracleurs  de  leur  pays  connaissent-ils 
«i  peu  l'hisioire?  n'ont-ils  jamais  parcouru  les 
annales  du  Monde?  Ils  auraient  vu  ,  dans  leurs 
pages  sanglantes  ,  que  toutes  les  révolutions  se 
ressemblent  ;  que  par-tout  oti  il  y  a  des  troubles, 
il  y  a  des  crimes  ;  qu'il  n'est  point  de  guerres 
plus  horribles  que  les  guerres  civiles  ,  si  ce  n'est 
pourtant  les  guerres  de  religion.  Qu'ils  s'instrui- 
fieni  et  qu'ils  avouent  que  si  l'amour  de  la  liberté 
peut  aller  jusqu'au  fanatisme,  celui-ci ,  bien  moins 
cruel  que  le  fanatisme  religieux  ,  est  bien  plus 
excusable,   plus  facile  et  plus  prompt  à  guérir. 

Mais  ne  rappelons  désormais  cette  époque  dé- 
sastreuse que  pour  en  tirer  des  leçons  utiles,  ou 
pour  comparer  à  cette  longue  et  terrible  lour- 
menle  le  calme  qui  nous  était  devenu  si  néces- 
saire ,  et  dont  nous  jouissons  enfin  à  l'abii  d'un 
gouvernement  ,  qui  ne  veut  ni  ne  peut  abuser 
de  la  confiance  qu'l  inspire. 

Aux  yeux  des  hommes  éclairés  ,  des  amis  sin- 
cères de  la  patrie  ,  le  plus  grand  crime  de  tous 
ces  partis  rivaux  qui  se  sont  tour-à-tour  dis- 
puté ,  arraché  la  domination  ,  c'est  d'avoir  pres- 
que fait  haïr  et  mépriser  ce  qu'il  y  a  de  plus 
noble  et  de  meilleur  au  monde  ,  la  liberté  ,  les 
lumières,  la  philosophie  ;  d'avoir  rendu  la  répu- 
blique même  impopulaire  ;  enfin,  d'avoir  exposé 
non-seulement  la  France,  mais  1  Europe  entière 
ià  se  replonger  voloniaiteraent  dans  l'ignorance  , 
à  rétrograder  avec  joie  vers  toutes  les  misères 
de   la   servitude  et  de  la  barbarie. 

Nous  avons  vu  ces  dangers  ,  nous  en  avons 
gémi  ;  la  providence  de  la  république  a  fait 
que  nous  y  avons  échappé.  Concevons  pour 
l'avenir  d'heureuses  espéunces  ,  l'esprit  du  gou- 
vernement actuel  les  justifie. 

Je  le  dirai ,  tribuns,  parce  que  cela  est  vrai  ;  si 
l'année  dernière,  à  celte  mêine  époque,  on  nous 
eût  prorois  que  dans  un  an  seraient  exécuiés  tous 
les  charjgenjens  avantageux  dont  nous  sommes  les 
témoins  ,  dontnotisjouissons aujourd'hui  ,  àpeine 
Burions-nous  pu  le  croire. 

Comme  après  une  longue  maladie  l'habile  mé- 
decin réparc ,  par  dis  remèdes  salutaires ,  un  corps 
fatigué  que  des  crises  fréquentes  ont  trop  affaibli , 
le  gouvernement  a  adopté  un  sysiême  doux  et  pa- 
cificateur. Il  a  écarté  ce  qui  pouvait  exciter  îles 
agitations  nouvelles;  il  a  répandu  dans  toutes  les 
parties  du  corps  politique  ,  non  pas  l'ardeur  de  la 
{ievre  ,  mais  la  cha'eur  de  la  santé.  Il  s'est  appli- 
qué à  effacer  jusqu  au  souvenir  des  anciennes  ais- 
Scntioas.  Il  a  voulu  fondre  ensemble  toutes  les 
Iiuances  d'opinions  qui  n'étaient  pas  différentes  , 
sans  être  opposées ,  et  réunir ,  si  l'on  peut  se  sei- 
vir  de  cette  comparaison,  plusieurs  sectes  rivales, 
divisées  peut-être  sur  quelques  dogmes  ,  mais 
dont  la  liberté  est  au  fond  la  croyance  de  la  reli- 
gion commune. 

La  suite  demain. 

JV.  B.  Le  2  vendémiaire  ,  le  tribunat  a  renou- 
velle son  bureau.  Le  citoyen  Crassous   a  été  élu 
Î  résident  ;  les  secrétaires  sont:  Malès  ,  Grenier, 
mbert  et  RioufiF. 


NÉCROLOGIE. 

,Le  citoyen  Louis,  architecte  d'une  grande  ré- 
putation ,  vient  de  terminer  sa  carrière.  Comme 
cet  artiste  a  fait  exécuter  d'immenses  travaux,  et 
qu'à  raison  de  cet  avantage  et  de  la  diversité  des 
opinions  qui  peuvent  exister  sur  le  degré  de  son 
talent,  il  pourrait  être  loué  outre  mesure  par 
ceux  qui  n'ont  aucune  connaissance  de  1  art  , 
ou  trop  déprécié  par  d'autres  plus  éclairés  ,  mais 
peut-être  aussi  trop  sévères  ,  nous  hasarderons 
quelques  réflexions  sur  le  caractère  de  ses  ou- 
vrages ,-car  ses  qualités  personnelles  ne  nous  fu- 
rent point  du  tout  connues. 

Le  premier  ouvrage  qu'il  fit  à  son  retour 
d'Italie  ,  fut,  dit-on,  la  décoration  d'une  cha- 
pelle exécutée  en  peinture  à  Sainte-Marguerite 
du  faubourg  Saint-Antoine.  Le  parti  grand  et 
Itardi  de  cette  architecture  ,  qui  parut  colossale 
à  tous  c-eUx  qui  la  traitaient  d'une  manière  mes- 
quine ,  annonçait  un  homme  décidé  à  suivre  ses 
idées,  et  capaole  de  produite  de  grandes  choses. 
Il  n'a  point  trompé  cette  attente  du  public.  Trois 


8 


vastes  salles  de  spectacles ,  l'immensité  des  bâii- 
mens  du  Palais-Royal,  et  le  projet  de  la  place 
de  Bordeaux ,  sur  le  terrein  du  Château-Trom- 
pette, sont  des  monumens  de  la  première  im- 
portance ,  et  où  il  a  donné  des  preuves  de  sa 
manire  large  et  facile  de  concevoir  des  plans 
d'architecture.  C'est  dans  cette  partie  de  disposi- 
tion générale  que  son  talent  est  plus  marquant  ; 
on  peut  lui  reprocher  de  n'avoir  pas  autant  soigné 
la  décoration,  et  d'.avoir  cru  que  la  richesse, 
poussée  jusqu'à  la  profusion  ,  pouvait  tenir  lieu 
de   belles  proportions. 

Le  théâtre  de  Bordeaux,  dont  la  totalité  du  bâ- 
timent,  entièrement  isolé,  est  le  plus  grand  des 
édifices  de  ce  genre  exécutés  en  Europe  ,  est 
aussi  ,  sans  cont.edit ,  le  meilleur  de  ses  ouvrages. 
La  simphcité  du  plan  ,  et  les  grandes  lignes  de  la 
façade  ,  lui  ont  justement  attiré  l'admiration  gé- 
nérale ;  et  quoique  la  richesse  du  deda:Tis  lui  ait 
valu  aussi  beaiîctjup  d'éloges,  la  répétition  des 
mêmes  moyens  employés  à  la  salle  du  théâtre  de 
la  République  ,  avant  sa  restauration  ,  a  bien 
prouvé  encore  une  fois  aux  gens  de  goût ,  que 
richesse  et  beauté  n'étaient  pas  synonymes;  elle 
a  prouvé  aussi  que  les  jugemens  du  public  ,  sou- 
vent séduit  pat  la  grandeur  et  la  magnificence  , 
avaient  besoin  d'être  rectifiés  par  l'opinion  des  vé- 
ritables connaisseurs. 

Si  le  citoyen  Louis  eût  joui  de  sa  réputation 
après  la  construction  de  ce  monument  ,  dans  la- 
quelle il  a  su  habilement  triompher  de  tous  les 
obstacles  qui  retardaient  sa  marche,  il  n'eût  pas 
cru  ajoutera  cette  réputation,  alors  qu'il  la  dimi- 
nuait, au  contraire,  en  édifiant  a  la  hâte  des  bâ- 
timens  ,  étendus  à  la  vérité  ,  mais  où  il  ne  fesait 
que  répéter  les  mêmes  idées;  il  eût  placé  plus 
sûrement  son  nom  parmi  les  grands  architectes. 

La  mauvaise  construction  des  bâtimens  du 
Palais-Royal  ,  quant  à  leur  solidité  et  plus  en- 
core par  rapport  à  l'exécution  baibare  de  l'ar- 
chitecture et  des  ornemens ,  ont  dû  nécessaire- 
ment mécontenter  les  artistes  dont  le  goût  sait 
apprécier  les  beaux  détails  des  monumens  anti- 
ques; et  la  plupart  de  ces  artistes  ,  outrés  de  voir 
exécuter  si  mal  un  plan  très-beau  d'aiNeurs  dans 
son  ensemble  ,  ont  été  jusqu'à  refuser  au  ci- 
toyen Louis  un  talent  dont  il  avait  donné  des 
preuves. 

Il  en  est  de  même  pour  son  projet  de  Bor- 
deaux :  son  plan  est  vaste  ,  et  l'idée  générale  est 
ingénieuse  et  btlle  ;  mais  les  dessins  qui  en  fu- 
rent exposés ,  étaient  remplis  de  si  mauvais  acces- 
soires, et  rendus  dans  des  proportions  si  maigres, 
que  le  génie  de  l'inventeur  disparaissait  presque 
sous  le  bisarre  accoutrement  dont  il  était  revêtu. 

Lorsqu'un  art  fait  des  progrès  par  le  concours 
de  mille  circonstances  ,  il  est  difficile  à  1  artiste 
qui  a  eu  un  brillant  début  ,  de  soutenir  cette  su- 
périorité ;  et  s'il  ne  cherche  pas  à  s'élever  sans 
cesse  par  l'étude  ,  pour  se  soutenir  au  niveau  de 
ceux  qui  grandissent  par  ce  moyen,  bientôt  ce 
colosse  d  autrefois  deviendra  nain  au  milieu  des 
géans.  je  ne  prétends  pas  faire  l'application  de 
cette  vérité çlu»  particulièrement  au  citoyen  Louis 
qii'à  beaucoup  d'autr€S  ;  mais  je  veux  seulement 
faire  sentir  aux  artistes  combien  il  leur  est  impor- 
tant de  soigner  toutes  leurs  productions. 

Bornons  ici  nos  réflexions  ,  et  laissons  à  des 
ainis  particuliers  le  soin  de  faire  connaître  les 
détails  de  la  vie  et  du  caractère  de  cet  artiste. 

(Extrait  du  Journal  des  Arts.  ) 

Agriculture. 

D'après  un  procédé  indiqué  dans  la  biblio- 
thèque physico-économique  ,  madame  de  Monte- 
legier  ,  propriétaire  à  Ecully  ,  a  fait  l'expérience 
suivante. 

Elle  a  fait  préparer,  l'année  dernière,  et -fumer 
avec  soin  une  très-petite  portion  de  bonne  terre  ; 
et  l'on  y  planta  ,  à  neuf  pouces  de  distance  ,  et  à 
trois  pouces  de  profondeur,  cent  gr-ains.de.blé 
lessivés  et  préparés  à  la  chaux  vive  ,  un  seul  grain 
dans  chaque  trou. 

Les  grandes  pluies  de  l'hiver  et  la  stagnation  de 
l'eau  firent  pourrir  une  dixaine  de  grains ,  qui  ne 
parurent  pas  au  printems. 

Les  quatre-vingt-dix  grains  qui  ont  réussi  ont 
produit  trenttt-trois  mille  et  quelques  cents.de 
grains  de  blé  ,  très-puM  et  très  nourris. 

Au  commeUiCement  d'avril  dernier  ,  on  «Ilati 
cultiver  cette  petite  portion  de  terre  pour  y, placer 
des  légumes ,,  lorsqu'on  s'est  apperçu  qu'à  travers 
les  restes  des' chaumes  de  la  plantation  de  l'année 


dernière  ,  il  poustaît  une  nouvelle  vetdure  ,  qui 
ressemblait  parfaitement  à  celle  du  blç.  Des  quatre- 
vingt-dix  toulfes  de  l'année  dernière  ,  quarante- 
cinq  seulement  ont  repoussé  avec  vigueur  ,  et 
sont  parvenus  à  la  pleine  maturijé.  Nous  avons 
compté  depuis  dix-huit  jusquà  vingt-huit  tiges 
et  épis  sur  chaque  touffe  ;  elles  ont  été  la  proie 
des  moineaux  ;  mais  les  liges  existent  encore  , 
ainsi  que  quelques  épis.  La  terre  n'a  point  été 
cultivée  ;  elle  est  battue  et  ferme  comme  de  la 
brique  ;  les  épis  sont  en  ligne  ,  à  la  dislance  de 
huila  neuf  pouces,  comme  ils  avaient  été  plantés 
l'année  dernière  ,  sauf  les  hirunes  provenant  delà 
disparition  des  chaumes  de  l'année  précédente  î 
ce  qui  écarte  l'idée  que  quelques  grains  échappés' 
de  la  récolte  de  l'année  dernière  auiaient  pu  se 
ressemer  d'eux-mêmes.  Mais  les  nouvelles  pousses 
ont  percé  à  travers  les  chaumes  de  l'année  der- 
nière ,  qui  ont  été  visibles  jusqu'au  conimence- 
ment  de  germinal.  On  avait  invité  quelques  mem- 
bres de  la  société  d'agriculture  de  venir  constater 
ce  fait  ,  qui  peut-être  n'est  point  extraordinaire  , 
mais  qui  l'a  paru  à  la  propriétaire  ,  ainsi  qu'à 
quelques  laboureurs  qui  en  ont  été  témoins. 


LIVRES    DIVERS. 

Arrêté  des  consuls  de  la  république  ,  conte- 
nant règlement  sur  l'administration  et  la  compta- 
bilité des  corps.  Du  8  floréal  an  8.  Un  vol.  in-8°. 
de  i68pag.  dont  ii8  de  tableaux. 

Prix  ,  9  fr.  5o  cent,  à  Paris ,  et  3  fr.  par  la  poste. 
Aux  mêmes  adresses; 

Cette  édition  est  exécutée  avec  une  extrême 
précision  sur  l'édition  originale  in-folio  ;  et  l'o^ 
peut ,  en  toute  assurance  ,  en  suivre  les  tabUauK 
pour  modèles. 

JV.  B.  Les  corps  qui  prendront  douze  exem- 
plaires ou  plus  ,  ne  les  paieront  qu'à  raison  de 
2  francs  chaqtie  ,  à  Paris  ,  ou  2  fr-  70  cent,  pic 
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A  Paris  au  bureau  du  Journal  militaire ,  rue  de 
Tournon  ,  n"  i  is6. 

Almanach  de  Versailles  ou  le  Guide  des  étrangers , 
utile  à  quiconque  veut,  soit  par  amour  des  arts  , 
soit  par  simple  curiosité,  connaître  en  détailles 
beautés  de  Versailles;  des  monumens  et  édifices 
qui  en  font  un  séjour  agréable  ,  avec  la  carte 
du  Département  de  S-ine-et-Oise  ,  du  plan  de 
la  ville  ,  du  Palais-National  ,  de  ses  jardins  ,  et 
d'un  tableau  qui  indique  la  tenue  des  foires 
et  marchés  dans  toutes  les  communes  du  ressort 
de  la  prélecture  ;  prix,  yS  c.  ,  et  un  franc  pa)C 
la  poste. 

A  Versailles  ,  chez'Blaisot ,  libraire  ,  rue  Satory, 
n"  5  ou  avenue  de  Seaux  ,  n"  21  ;  à  Paris ,  cheï 
Moutardier  ,  libraire,  quai  des  Augustins  ,  n°  28. 


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Théâtre  de  la  Repuçhoue  et  çjes  ARTS* 
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Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Bagatelle; 
Dancmirt ,  et  /f  Faucon. 

Théâtre  de  la  ,Çité-Variétés..— Pantomimef. 
Auj.  la  Fille  hussard  ,  paniom.  à  grand  spectacle, 
suivie  du  Défi  -dangereux. 


L'abaaiu<ncat  le  (ait  iFaris,  fuc  des  Poitevins,  n°:i>S.  Lepiiicot  de  IS  fianci  pour  troii  mois,  5o  friaci  pour  tir   mois,   et   100  francs  pour  l'année  entière.  On  ^e 

('abonne  qu'^iu  Gom^eucemenc  de  ctiaqne  mois.  ' 

Ilfaui  adresser  Us  Icitieset  l'argent ,  franc  de  port  .aucît.  AcASSE,  propriétaire  de  cçjoomal , rue  des  Poitevins,,  n«  18.  Ilfautcompreadre  dans  les  envois  le  poit  ^ci 
■pays  où  l'oo  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemeas  nou  aflFranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  delà  poste 


il  faut  avoir  soiu,   poui  plus  de  sûr 


charge 


(des  valeurs,  etadressettoutce<]uitoncerne  la  rédaction  d*   la  feuille,    aa  rédacteur,  rue  des 


i3,  depuis  neuf  heures  du  matin  Jusqu'à  cii  '\  heures  du  sot 


A  Paris,  de  l'iiaprirnerie  du  cil,  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  i:ue  des  PoiteviB»  ,  jb-».j3. 


GAZETTFNATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


;v°4- 


Qjiartidi  ,  4  vendémiaire  an  g  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs  ,  qu'à  dater  du  7   nivôse  le  M  O  N  I  T  E  U  R  est   le   seul  journal  officiel. 
II  contient    les    séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notion 
rantsur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 


ITALIE. 


Liberté. 


Egalité. 


ARMEE    D' ITALIE. 

Brune  ,  constilUr-d' état ,  général  en  chef,  à  [armée. 

Camarades  , 

Il  faut  encore  la  guerre  à  nos  ennemis  :  la 
générosité  nationale  avait  suspendu  le  cours  de 
vos  triomphes.  Vous  vous  reposiez  sous  les 
armes ,   attendant  la  paix. 

Cette  attente  est  trompée  :  la  patrie  indignée 
commande  de  nouveaux  combats.  J'en  atteste 
votre  gloire  et  votre  courage;  ils  se  repentiront 
bientôt  ,  les  ennemis  ,  d'avoir  rejette  les  pro- 
positions modérées  de  notre  gouvernement.  En- 
vain  nous  leur  accordions  la  paix  ;  c'était  la 
république  et  son  armée  qu'ils  voulaient  dé- 
truire. La  prévoyance  de  Bonaparte  a  été  juste 
et  rapide  ;  il  a  démêlé  le  but  des  lenteurs  .  et 
c'est  par  de  nouvelles  victoires  que  la  paix  doit 
être  conquise. 

A  ces  idées  de  triomphes  nouveaux,  je  vois 
vos  âmes  s'élever  ,  vos  armes  agitées  dans  vos 
mains  généreuses  :  j'entends  le  cri  des  combats 
retentir  de  rang  en  rang.  Bientôt  l'ennemi  ap- 
prendra que  l'humanité  seule  avait  pu  arrêter 
vos  efforts-,  mais  cette  humanité  ordonne  de 
nouveaux  sacrifices  ,  et  la  gloire  doit  les  couvrir 
de  palmes  immortelles. 

Il  est  inutile  ,  braves  guerriers ,  de  vous  re- 
commander les  égards  que  l'on  doit  aux  peuples 
au  milieu  desquels  vous  allez  pénétrer.  Vons 
n'oublierez  pas  que  la  liberté  est  leur  espérance  , 
et  que  c'est  par  une  conduite  vraiment  disci- 
plinée que  vous  les  porterez  à  favoriser  nos 
armes.  -  Signé ,  Brune. 

Au  peuple  de  la  république  cisalpine. 

Peuple    cisalpin, 

Leshostilités  vont  recommencer.  L'ennemi  exige 
de  nouvelles  victoires  pour  consentir  à  ton  indé- 
pendance et  à  ta  liberté.  Tes  eivfans  sont  dans  les 
rangs  des  français. 

Fiere  de  ta  fidélité  et  de  ton  zèle  ,  la  grande 
nation  a  lié  ton  sort  à  ses  destinées  ;  elle  défendra 
tes  droits  ;  elle  ne  te  laissera  pas  outrager.  Une 
prospérité  durable  sera  le  prix  de  la  persévérance 
et  de  tes  sacrifices. 

Signé  ,  Brunk. 

Au  peuple  ligurien. 

Liguriens, 

Vos  ennemis  et  les  nôtres  ont  établi  des  calculs 
sur  la  lenteur  de  leur  poliiique.  Auraient-ils  cru 
à  notre  lassitude  ?  ils  rejeient  la  paix.  Eh  bien  ! 
que  le  sort  des  batailles  en  décide  !  malheur  à 
ceux  qui  provoquent  ces  nouvelles  calamités  ! 

Génois  ,  placés  depuis  long-tems  sous  l'égide 
de  la  gloire  ,  éprouvés  tout  récemment  encore  par 
les  plus  terribles  fléaux,  je  compte  sur  votre 
constance  et  votre  dévoûment.  Je  sais  quels  pièges 
sont  dressés  dans  vos  campagnes,  quels  fer  mens  de 
discorde  on  voudrait  jeter  dans  vos  conseils  :  mais 
vous  vous  tiendrez  fortement  unis  :  vous  appren- 
drez aux  habitans  de  vos  vallées  que  la  religion 
condamne  tout  ce  qui  se  fait  en  son  nom  pour  les 
troubler. 

Le  rétablissement  de  votre  commerce  et  devotre 
splendeur  dépend  de  la  paix  :  c'est  pour  une  paix 
solide  et  honorable,  c'est-à-dire  pour  la  plusjuste 
et  la  plus  générale  de  toutes  les  causes  ,  que  nous 
allons  combattre  de  nouveau. 

Signé ,  Brune. 

Au  peuple  du  Piémont. 

PlÉMONTAlS  , 

Ceux  qui  nagueres  avaient  envahi  votre  terri- 
toire ,  voulaient  faire  à  jamaii  de  votre  pays  une 
province  de  leur  domination.  Vos  cœurs  fiers, 
vos  âmes  indépendantes  se  soulevaient  déjà  à  l'i- 
dée d  humiliations  nouvelles.  La  mémorable  jour- 
née de  Marf.ngo  a  changé  tout-à-coup  votre  des- 
tinée. Voire  gouvernement  est  dans  vos  mains. 
La  paix  devait  mettre  le  sceau  à  votre  liberté  : 
m<iit  nos  ennemis  la  lejetent  à  ce  prix. 


Ainsi  pour  la  liberté  des  peuples  de  l'Italie,  la 
scène  des  combats  va  se  rouvrir.  Vos  premiers  ba- 
taillons sont  prêts  :  hâtez-vous  d'en  former  de 
nouveaux.  Je  me  persuade  qu'ils  seront  dignes  de 
VOUE  et  de  l'armée  française  dont  ils  doivent  par- 
tager la  gloire. 

Piémontais  !  anéantissez  ,  je  vous  en  conjure, 
cet  esprit  de  faciions  intestines,  ijui  finirait  par 
dégrader  un  peuple  brave  et  généreux.  Q_ue  ces 
montagnards  égarés  .  qui  croient  servir  la  religion 
et  leur  pays  en  désolant  l'une  et  l'autre  ,  soient 
éclairés  par  les  bons  citoyens  !  Livrez-les  ,  s'ils 
s'obstinent  dans  le  désordre  ,  à  toute  la  rigueur 
des  lois. 

Que  l'union  ,  la  constance  ,  la  justice  maîtrisent 
toutes  vos  pensées  ,  toutes  vos  résoluiions  :  et 
bientôt  la  victoire  vous  fera  cueillir  tous  les  fruits 
de  la  paix. 

Au  quartier-général  de  Milan,  le  20  fructidor, 
an  8  de  la  république  française  une  et  indivisible. 
SigTif,  Brune. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  16  septembre  (  2  g  fructidor.) 

Dans  la  matinée  du  5  septembre  ,  la  nouvelle 
s'étant  répandue  que  les  propositions  de  l'An- 
gleterre étaient  rejettées  par  la  France  ,  ce  nouvel 
événement  fut  deviné  de  bonne  heure  par  la 
sagacité  des  français.  Ils  se  hâtèrent  de  vendre. 
Les  mêmes  courtiers  qu'on  suppose  avoir  la  con- 
fiance de  certains  bureaux  se  présentèrent.  G  était 
encore  trop  tard.  Il  s'était  déjà  fait  pour  60,000  1. 
d'affaires.  Les  fonds  étaient  tombés  de  trois  quarts. 
C'est  alors  que  la  fureur  éclata.  C'est  alors  qu'on 
écrivit  à  M.  le  duc  de  Poriland  ;  c'est  alors  qu'on 
invoqua  les  rigueurs  de  VAlien-Bitl  pour  empê- 
cher les  français  de  jouir  à  la  bourse  des  droits 
dont  la  loi  du  pays  les  investil.  Cette  mesure 
n'a  point  manqué  son  effet.  Tous  les  étrangers 
consternés  se  sont  retirés  en  même-tems.  Nous 
devons  dire  ,  à  (a  louange  des  négocians  de  la 
cité  ,  que  l'indignation  parmi  eux  a  éié  générale  , 
et  à  l'honneur  du  gouvernement  qu'il  s'est  hâ^ié 
de  réparer  cette   méprise. 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'une  réflexion  à  faire  ; 
c'est  que  ces  méprises  se  renouvellent  trop  sou- 
vent. Quelque  respect  qu'on  veuille  avoir  pour 
les  actes  de  l'autorité  ,  on  ne  peut  plus  se  dis- 
simuler que  les  injustices  en  ce  genfe  ne  se  mul- 
tiplient à  l'excès.  Anglais  ,  vous  distribuez  à  un 
grand  nombre  d'entre  nous  des  sommes  consi- 
dérables. Vous  ne  nous  les  devez  pas.  Vous 
nous  devez  l'équilé  et  les  égards  qu'on  accorde 
généralement  sur  la  terre  à  de  grandes  infor- 
tunes. Nous  supplioris  les  personnes  qui  appar- 
tiennent au  gouvernement  de  faire  plus  d'atten- 
tion à  cette  insouciance  de  morale  ,  à  cette  lé- 
gèreté de  principes  qu'on  affecte  généralement 
dans  les  matières  d'état.  Nous  le  supplions  de  ne 
point  oublier  que  Cicéron  ne  fut  pas  seulement 
un  philosophe  et  un  orateur.  Il  fut  à  la  tête  d'un 
grand  empire  ;  et  il  pensait  qu'un  état  ne  peut  ja- 
mais gouverner  que  par  la  justice,  u  Niliil  est 
quod  de  rrpublica  putem  dictum ,  et  quo  possim 
longiùs  progredi ,  nisi  sit  confirmatum  ,  non  modo 
'/falsum  esse  istud ,  sine  injuria  non  passe  ;  sed  hoc 
verissimum  ,  sine  sumrna  justitia  rempubticam  régi 
non  posse  ,  Cicer.  frag.  ex.  lib.  rep.  )i 

Ce  n'est  point  seulement  dans  les  villes  des 
provinces  et  dans  les  campagnes  que  la  cherté 
des  vivres  "a  occasionné  de  la  fermentation  ;  la 
misère  est  toute  aussi  grande  parmi  les  pauvres 
de  la  métropole  ,  malgré  les  ressources  que 
leur  ofFie  l'industrie;  et  si  les  marchés  de  la  cité 
n'ont  point  présenté  hier  une  scène  de  désordres, 
pareils  à  ceux  qui  ont  eu  lieu  à  Birmingham 
et  à  Noilingham  ,  c'est  à  la  prudence  des  ma- 
gistrats ,  à  la  contenance  des  volontaires  qu'il 
laut  l'attribuer.  Heureusement  l'événement  qui 
se  préparait  était  prévu  ,  et  le  lord  maire  avait 
eu  le  tems  de  prendre  toutes  les  mesures  con- 
venables. Samedi  soir,  deux  affiches  écrites  à 
ia  main  parurent  sur  le  monument.  (I)  L'une  con- 
lenait   en   gros    caracieres    les   mots  suivans   :  LE 

PAIN    sera     a     six    sols    LES    QUATRE    LIVRES    si 

le  peuple  veut  se  rassembler  lundi  au  marché  aux 


(i'    c'est    ainsi   que  l'on   nomme    la    grande   colonne    élevée 
auprès  du  pont  de   Londres  eu  mémoire  du  .feu  de  i666*  i 


i/i;rfj.  La  seconde  affiche,  écrite  en  petits  carac- 
tères ,  était  ainsi  conçue  : 
Il  Concitoyens  , 
j)  Combien  de  tems  voulez-vous  patiemment 
n  et  lâchement  souffrir  (ju'une  bande  d'esclaves 
)>  mercenaires,  loués  par  le  gouvernement .  vous 
))  impose  et  vous  affame  ?  Pouvez-vous  souffrir 
j)  quils  continuent  à  exercer  leur  monopole, 
))  landis  que  vos  fjinillespleureni,  faute  de  pain? 
îi  Non  !  qu'ils  n'cxisieni  pas  un  seul  jour  de 
>'  de  plus.  Nous  sommes  le  souverain.  Lcvcz- 
!)  vous  donc  de  votre  léthargie  ;  soyez  lundi 
!)  au  marché  aux  bleds,   i) 

D'autres  billets  semblables  avaient  été  répandus 
dans  divers  quartiers  de  Southwark  et  de  la  cité. 
On  avait  choisi  le  samedi  pour  que  la  lecture, 
de  ces  écrits  incendiaires  eût  le  tems  de  faire 
fermenter  les  esprits  pendant  le  dimanche  dans 
les  cabarets. 

Le  lundi  malin  ,  avant  l'ouverture  du  marché 
aux  bleds  ,  on  remarqua  beaucoup  d'inconnus  , 
qui  rôdaient  dans  Mark-Lane,  et  ia  foule  s'aug- 
menta sans  discontinuer  jusqu'à  11  heures  du 
matin.  Tous  les  passans  que  la  populace  pouvait 
soupçonner  d'avoir  quelques  rapports  avec  le 
commerce  des  grains  ,  étaient  sifBés ,  insuhés  ,  et 
particulièrement  les  quakers  ;  il  y  en  eut  plu- 
sieurs de  mallraiiés.  Les  vociférations  devinrent 
si  violenles  ,  le  tumulte  si  allarmant  ,  que  les  fac- 
teurs de  bleds  se  virent  contraints  de  renfermer 
leurs  échantillons  ;  nécessité  d'autant  plus  fâ- 
cheuse ,  que  le  marché  était  fort  bien  approvi- 
sionné ,  et  que,  selon  toute  apparence  ,  le  prix 
de  la  mesure  de  bled  aurait  diminué  de  IQ  ou  iS 
schelllngs. 

Le  lord  maire  ,  instiuit  de  ce  qui  se  passait ,  sa 
rendit  au  marché,  accompagné  de  l'alderman 
Ktibbert,  de  sir  W.  Leighion  ,  de  M.  le  shérifï' 
FJower  ,  et  de  tous  ses  officiers  de  paix.  Sa 
présence  et  ses  exhortations  ,  qui  finirent  par 
calm'er  la  fureur  populaire  ,  n'empêchèrent  ce- 
pendant pas  qu'il  ne  fût  sifflé  ,  et  que  des  pierres 
ne  fusseni   lancées  contre  une  maison  voisine. 

Quand  le  peuple  parut  prêt  à  se  disperser  ,  le 
lord  maire  s'éloigna  ;  mais  à  peine  èiait-il  arrivé 
à  la  maison  de  ville,  que  l'attioupement  recom- 
mença. S.  S.  retourna  au  marché  ,  où  plusieurs 
officiers  de  paix  avaient  été  attaqués  et  blessés. 
Le  lord  maire  fil  alors  lire  le  riot  act ,  inviia  de 
nouveau  les  mutins  à  se  retirer  chez  eux  ,  les  pré- 
vint qu'il  emploierait  la  force  armée  pour  les  y 
contraindre  ,  et  qu'ils  ne  pourraient  en  attribuer 
les  conséquences  qu'à  leur  obstination.  Ce  dis- 
cours produisit  autant  d'effet  que  le  premier,  et 
le  tumulte  cessa  une  seconde  fois  ;  mais  le  soir  , 
la  foule  devint  beaucoup  plus  nombreuse  qu'elle 
ne  l'avait  encore  éié  dans  la  journée,  et  se  ré- 
pandant dans  les  environs  ,  elle  enfonçait  toutes 
les  boutiques  de  boulangers,  brisait  leurs  fenêtres, 
et  se  f'esait  livrer  des  lagots  ,  ce  qui  indiquait  l'in^ 
tention  de  mettre  le  feu  quelque  part  Quinze  ou 
seize  constahUs  furent  blessés  grièvemeni,  et  leur 
chef  ,  M.  Canner  ,  saisi  par  la  populace  ,  eût  sou 
bâiôu  ,  marque  disiinctive  de  son  emploi  ,  brisé 
entre  ses  mains.  Les  mutins  s'en  servirent  pour 
le  frapper  sur  la  tête  ,  et  voulaient  le  tuer.  Il  ne 
dut  son  salut  qu'au  courage  de  deux  officiers  de 
paix  ,  qui  lui  firent  un  rempart  de  leurs  corps. 
Alors  ,  le  lord  maire  fut  chercher  lui-même  les 
volontaires  ,  commandés  par  le  colonel  Cunis  et 
le  major  Powcll.  S.  S.  marcha  à  leur  tête  ,  les 
distribua  dans  les  rues  ,  qui  étaient  le  théâtre  du 
désordre  ,  en  ferma  toutes  les  avenues  ,  et  réussit 
par  cette  marche  à  disperser  completiment  la 
populace.  Des  patrouilles  se  sont  promenées  pen- 
dant la  nuit  dans  la  cité  ,  et  avant  onze  heures  la 
Iranquilliié  élait  rétablie.  Une  récompense  rie. 
100  I.  a  été  offerte  à  celui  qui  découvrirait  l'au- 
teur des  affiches  incendiaires  que  l'on  avait  trou- 
vées sur  le  monument. 

Dans  une  assemblée  de  la  société  d'agriculture 
tenue  à  Baih ,  il  a  été  démontré  que  la  pomme  de 
terre  coupée  par  tranches  avec  sa  peau,  sechèe 
après  au  tour,  peut  se  conserver  plusieurs  années 
sans  perdre  de  sa  bonté  et  de  sa  qualité  nurriiiye. 
Un  des  membres  de  cette  assemblée  a  fait  voir 
de  la  farine  de  pommes  de  terre  qu'il  avait  en- 
voyée ,  il  y  a  quatre  ans ,  à  la  Jamaïque  ,  et  qui  n  a 
souffert  aucune  altération.  Il  avaitauparavant  suivi 
le  procédé  ci-devant  indiqué  et  avait  fait  passer 
après  les  pommes  de  terre  à  la  meule. 


On  vient  de  découvrir  une  méthode  pour  fa- 
Tjnquer  du  papier  avec  de  la  paille.  A  la  vérité  ce 
•n'est  que  du  papier  grossier  et  d'ui.s  couleur 
jaune  ,  mais  il  peut  servir  à  l'enveloppe  des  bal- 
lots et  autres  usages  communs. 

Thomas  Carfou  convaincu  du  meurtre  de  Char- 
les Cassidy  à  Kilmainham-Wood  ,  fut  condamné 
à  la  peine  de  mort.  Le  jour  de  son  exécution  ,  son 
frerc  vint  de  bonne  heure  pour  le  voir  ,  et  dit  au 
geôlier  rju'un  minisire  devait  venir  et  administrer 
le  sacrement  à  son  malheureux  frère.  Comme  le 
juge  avait  donné  permission  pour  que  le  prison- 
nier pût  voir  ses  parens  ,  le  geôlier  laissa  entrer  les 
individus  dans  le  cachot  du  criminel.  Quelque 
tenis  après  le  geôlier  parut  et  leur  dit  que,  si  le 
ministre  avait  à  venir ,  il  était  tems  ;  l'heure  fatale 
approchait,  le  frère  ofFiit  d'aller  le  chercher  et 
partit.  Arriva  enfin  le  ministre  qui  passa  assez  de 
tems  à  prier  avec  le  prisonnier  ;  le  g,éolier  rentra 
avec  un  oncle  du  condamné  pour  l'avenir  qu'il 
venait  le  chercher.  Le  prisonnier  se  relevé  alors 
de  son  lit  de  paille.  Mais  quelle  fut  la  surprise  du 
geôlier  qui  ne  reconnut  pas  le  prisonnier?  Ce  n'est 
J)as  rhomas  .  cria-t-il.  Non  ,  répondit  1  autre ,  c'est 
Antoine  Cailou.  Le  ministre  ne  fut  pas  moins 
étonné  ;  celui  qui  avait  été  le  chercher  était  le  con- 
damné, qui  avait  pris  la  grande  redingotte  de 
son  frère. 

Commerce   du    poisson. 

Dans  l'extrême  rareté  de  grains,  qui  a  porté  j 
depuis  près  d  un  an  le  prix  du  pain  à  un  taux 
excessif,  le  parlement  a  senti  qu'en  trouvant  les 
moyens  de  remplacer  cette  denrée  par  d'autres 
fruits  de  la  terre  ou  par  une  plus  grande  consom- 
mation de  viande  ,  ce  n'était  porter  qu'un  faible 
remède  au  mal  ,  parce  qu'alors  tous  les  légumes 
et  toutes  les  viandes  de  boucherie  devaient  pro- 
portionnellement hausser  de  prix.  La  mer  qui  nous 
environne  et  dont  aucun  endroit  de  l'Angleterre 
n'est  éloigné  de  plus  de  i5  lieues  paraissait  offrir 
une  ressource  avantageuse  ,  et  la  chambre  des 
communes  a  institué  un  comité  pour  s  occuper 
de  l'encouragement  des  pêcheries.  Parmi  les  divers 
rapports  que  le  comité  a  icçus  à  ce  sujet ,  celui  de 
M.  Saunders  ,  principal  pourvoyeur  de  Harwich  , 
est  un  des  plus  intéressans  par  les  détails  qu'il 
contient.  Nous  en  donnerons  ici  le  résumé.  j 

Les  vaisseaux  pêcheurs  sont  ordinairement  de 
37  jusqu  à  67  tonnes  ;  le  plus  grand   nombre  est  i 
Sa  tonnes.  Les  frais    de  construction  et  générale-  ! 
ment  tous  les  accessoires  du  vaisseau  jusqu  à  ce 
qu'il  puisse  être  mis  en  mer  ,  montent  à  1000  liv.  ! 
Sa  dépense  courante  est  de  12  liv.  par  semaine,  j 
Lorsque  les  jeunes  pêcheurs  industrieux  devien- 
nent patrons  de  ces  bâiimens  ,  s'ils  ont  quelques  ' 
succès  dans  leur  pêche,  ils  employent  leurs  profits 
à  équiper  un  vaisseau  pour  leur  compte.  M.  Saun- 
dersDc  leur  rcfusejamaisde  prendre  une  part  d'un 
huitième   dans  leur  entreprise  ;  ils  s'adressent  de 
même  au  boucher  ,  au  cordier  ,  au  boulanger  et 
au  voilier,  qui  prennent  ordinairement  chacun  une 
part  d'un  seizième. 

Les  deux  tiers  des  pêcheurs  se  servent  de 
longues  lignes  ,*  et  l'autre  tiers  de  lignes  courtes. 
Pendant  l'hiver  la  pêche  se  fait  dans  la  mer 
du  Nord,  et  au  printems  douze  vaisseaux  sont 
uniquement  occupés  à  apporter  des  homars  qu'ils 
vont  prendre  sur  la  côte  de  Norwege  ,  depuis  le 
Naze  jusqu'à  Berghen.  M.  Saunders  a  détaché 
quatre  vaisseaux  à  la  pêche  du  turbot.  (  Cette 
pêche  que  les  hollandais  fesaient  anciennement 
seuls,  se  fait  à  présent  par  les  anglaisa  Heiigoland 
et  au  golfe  de  Forih.  )  Si  elle  a  du  succès,  il 
est  persuadé  qu'elle  demandera  beaucoup  de 
vaisseaux  ,  qui  pourront  ,  lorsqu'elle  sera  finie  , 
faire  la  pêche  de  la  merluche  et  du  hareng. 

Ces  pêcheries  ont  commencé  à  s'établiren  1714, 
et  se  sont  soutenues  sans  aucun  secours  dn  gou- 
vernement ,  excepté  la  somme  de  400  liv.  que 
la  corporation  de  Londres  accorda  en  1795  aux 
pêcheurs  sur  le  pied  de  5  liv.  par  tonne  de  mer- 
luche et  de  hareng  vendus  à  2  sous  la  livre.  La 
guerre  d'Amérique  porta  un  coup  funeste  aux 
pêcheurs  de  Harwich  ;  ils  auraient  été  ruinés  pour 
toujours  ,  sans  un  acte  de  bonié  mémorable  de 
la  part  du  roi  de  France  Louis  XVL  Vingt-cinq 
vaisseaux  avaient  été  pris  dans  un  seul  jour.  Ce 
monarque  ordonna  généreusement  que  les  otages 
et  les  billets  de  rançon  fussent  restitués;  il  dé- 
fendit en  même  tems  à  ses  croiseurs  de  molester 
les  pêcheurs  anglais.  Depuis  cette  époque  ,  la 
pêche  de  Harwich  a  déchu  ;  elle  employait  alors 
65  vaisseaux,  et  586  hommes,  parmi  lesquels 
ï6o  jeunes  gens  qui  devenaient  les-meilleurs  ma- 
rins du  monde.  La  plupart  des  pilotes  de  la 
floue  de  lord  Duncan  avaient  été  formés  à  cette 
école. 

A  la  fin  de  la  guerre  d'Amérique  ,  20  vaisseaux 
neufs  furent  construiis,  et  la  pêche  de  Harwich  a 
fleuri  jusqu'à  la  guerre  présente,  dont  les  com- 
mencemens  lui  ont  été  si  funestes  ,  que  les  pa- 
trons avaient  de  la  peine  à  trouver  des  assureurs 
siar  le  pied  de  40  pour  cent.  Mais  la  supériorité 
que  les  croiseurs  ..nglais  ont  pris  dans  les  mers 
du  Nord,  a  réduit  le  prix  des  assurances  à  25  liv. 
Il  diminuerait  encore  si  la  station  ordinaire  des 


pêcheurs  n'était  au  Doggers  Bank  ,  qui  se  trouve 
être  dans  la  direction  de  tous  les  croiseurs. 

M.  Saunders  est  d'avis  qu'une  prime  pendant 
la  guerre  serait  d'un  grand  avantage  pour  le 
soutien  de  la  pêche  ,  pourvu  qu'elle  fût  accordée 
en  raison  des  peites  que  les  pêcheurs  auraient 
éprouvés  en  mer  ,  et  non  en  raison  dix  poisson  , 
qu'ils  auraient  amené  dans  le  port. 

Si  la  pêche  du  turbot  réussit  ,  M.  Saunders 
croit  qu'elle  fera  de  grands  progrès  à  la  paix. 
Les  anglais  la  connaissent  déjà  mieux  que  les 
hollandais  ,  et  pourront  les  supplanter  dans  cette 
sorte  dépêche  ,  comme  ils  l'ont  déjà  tait  dans 
celle  de  la  merluche  et  dû  hareng  ,  qu'ils  ven- 
daient avant  la  guerre  avec  avantage  dans  les 
ports  même  de  fa  Hollande  et  des  Pays-Bas, 
malgré  les  droits  énormes  qu'ils  payaient  dans 
quelques-uns  de  ces  ports  ,  comme  Ostende  , 
et  malgré  les  inlpôis  mis  en  Angleterre  sur  toutes 
les  choses  nécessaires  à  leur  commerce. 
■Variété. 

Il  circule  un  avertissement  d'un  genre  nou- 
veau; c'est  un  oncle  âgé  ,  possesseur  d'une  grande 
fortune  qui  ,  ayant  à  se  plaindre  d'un  mauvais 
sujet  de  neveu  ,  son  héritier  naturel  ,  propose 
d'épouser  une  jeune  veuve  qui  se  trouverait 
enceinte  ,  dont  la  réputation  serait  bonne  ,  sans 
considérer  la  classe  à  laquelle  elle  appartiendrait 
par  son  mariage  ou  même  par  sa  naissance  ;  il 
promet  le  secret  pour  les  lettres  qu'il  recevra 
de  la  part  des  prétendantes  et  indique  l'adresse 
qu'elles  doivent  mettre. 

(Ces    articles    sont  extraits  du   Courrier  de   Lon- 
dres ,  n".  23. 

INTÉRIEUR. 

CroiX'de-Vie  ,  le  <2^fructidar  ,  an  8. 

Citoyen  ,  j'ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que 
je  suis  instruit ,  par  sept  différentes  maisons  de 
l'Orient,  de  l'entière  disparution  des  anglais,  de 
Quiberon  et  de  Belle-Isle.  Hier,  la  poste  de  1  Isle- 
Dieu  est  arrivée;  le  patron  de  la  poste  ,  et  plu- 
sieurs personnes  de  l'îsle  ,  m'ont  dit  que  dans  la 
nuit  du  18  au  19  ,  un  cutter  anglais  était  venu  à 
bord  d'un  vaisseau  ,  mouiller  dans  leur  rade,  lui 
apporter  l'ordre  de  se  rendre  dans  les  ports  d'An- 
gleterre ;  ils  avaient  à  terre  beaucoup  de  pièces  à 
leau  pour  remplir ,  ils  ont  repris  leurs  pièces 
vides  et  1rs  ont  rembarquées;  les  anglais  étaient 
tous  fort  gais  ,  et  disaient  que  nous  avions  la  paix  , 
qu'ils  ne  reviendraient  plus  dans  l'île.  Il  a  passé 
au  large  de  lîle  ,  deux  autres  cutters  qui  étaient 
à  la  recherche  de  diverses  divisions  pour  les  faire 
rentrer.  Je  viens  aussi  déparier  à  1  équipage  d'une 
chaloupe  de  Belle-Isle  ,  qui  m'a  également  assuré 
la  disparution  des  anglais;  ils  m'ont  dit  de  plus  , 
que  les  côtes  de  Belle-Ile  et  de  Quiberon  étaient 
jonchées  de  cadavres  ennemis. 

Feuille  périodique  des  Sables. 

Paris  ,  le  3  vendémiaire. 

Le  citoyen  Cailly ,  père  ,  connu  dans  les  lettres 
par  d'agréables  poésies  erotiques,  et  sur-tout  par 
des    chansons  charmantes  ,  vient  de  mourir. 

—  Le  journal  de  la  Meurthe  annonce  que  les 
prisonniers  russes  qui  étaient  à  Nancy  depuis  un 
mois  ,  sont  partis  pour  Lille.  On  s'est  autant 
attendri  sur  leur  départ ,  qu'on  les  avait  vus 
arriver  avec  prévention.  Ils  avaient  répondu  par 
leur  excellente  conduite  aux  marques  de  bien- 
veillance et  de  confiance  du  gouvernement. 
On  les  a  vus  embrasser  les  citoyens  à  leur  dé- 
part ,  et  recevoir  de  ces  derniers  les  expressions 
d'un  regret  sincère. 

—  Le  3™^  jour  complémentaire  ,  on  a  fait  à 
Saint-Cyr  la  cérémonie  de  1  installation  des  élevés 
du  Prytanée.  Les  discours  du  citoyen  Salior  , 
directeur  de  ce  collège,  du  citoyen  Champagne, 
directeur  du  Prytanée  de  Paris,  et  du  citoyen 
Lefebvre  ,  président  de  l'administration  ,  ont  été 
entendus  avec  un  intérêt  que  commandait  la 
nature  des  sujets  qu'ils  ont  traités.  Le  repas  qui 
réunissait  les  professeurs  des  deux  maisons  ,  et 
auquel  assistait  une  députation  des  élevés  de 
Paris  ,  qui  étaient  venus  revoir  leurs  camarades, 
a  été  égayé  pat  d'agréables  chansons  ,  faites  par 
les  citoyens  Luce  et  Landry;  le  refrein  de  l'une 
était  : 

Enfans  ,  croissez  pour  la  patrie  , 
Soyez  dignes  du  nom  français. 

Des  toasts  ont  exprimé  les  vœux  de  cette  inté- 
ressante réunion  pour  le  perfectionnement  et  la 
prospérité  de  tous  les  établissemens  du  Prytanée  , 
et  pour  la  propagation  des  lumières.  Les  jeunes 
élevés  ,  qui  n'avaient  pas  quitté  sans  regrets 
leurs  camarades  de  Paris  ,  sont  aujourd'hui  par- 
faitement contens  de  leur  sort.  'Tout  annonce 
que  Saint-Cyr  sera  une  seconde  fois  célèbre  sous 
le  rapport  de  l'éducation  que  la  jeunesse  y  pourra 
recevoir. 

—  On  écrit  d'Augsbourg  en  date  du  26  fructi- 
dor ,  que  le  duc  de  Saxe  Cobourg  est  mort  le  21 
à  l'âge  de  76  ans. 

■     —  L'affreux,  événement  qui  a  plongé  Ostende 


dans  le  deui!  ,  a  offert  deux  événemens  aussi  irt»- 
téressans  que  curieux.  Un  enfant  emmaillotté  a_ 
surnagé  pendant  douze  heures  ;  on  la  trouvé  dou- 
cement endormi  sur  un  tas  de  coquillages ,  et  sous 
les  pilotis.  Une  femme  enceinte  est  tirée  de  l'eau, 
en  la  deshabillant  on  s'apperçoit  au  mouvement 
que  le  fruit  qu  elle  porte  dans  son  sein  est  vivant. 
Aussitôt  on  appelle  un  chirurgien  qui  lui  fait  l'o- 
pération ,  et  tire  du  ventre  de  cette  infortunée  ,  un 
enfant  bien  portant  et  qui  promet  de  vivre. 

Le  nombre  des  victimes  de  ce  fatal  événement, 
est  aujourd'hui  constaté.  Il  s'élève  à  170  individus 
de  tout  sexe  et  de  tout  âge.  Cette  catastrophe  a 
donné  lieu  à  des  traits  de  courage  et  de  dévoue- 
ment qui  méritent  d'être  cités.  Le  capitaine  d'ar- 
tillerie Gerbe  ,  qui  a  perdu  sa  femme  et  sa  nièce  ». 
s'est  jette  plusieurs  fois  à  la  nage  ,  et  est  parvenu  à 
sauver  trois  persoine.s  ,  mais  sans  avoir  le  bon- 
heur de  sauver  celles  qui  naturellement  devaient 
lui  être  les  plus  chères.  I 

—  Le  feu  s'est  manifesté  ,  dans  la  nuit  du  5' 
jour  complémentaire,  dans  l'une  des  chambres  de 
la  maison  d  un  épicier ,  rue  du  Petit-Carreau.  Deux . 
enfans  ,  l'un  âgé  de  9  ans  et  l'autre  de  4  ,  s'y  trou- 
vaient enfermés.  Le  plus  âgé  a  péri  dans  les  flam- 
mes ,  et  l'autre  déjà  suffoqué  ,  a  eu  le  visage  ,  les 
yeux  et  les  mains  légèrement  endommagés.  Il  eût 
infailliblement  subi  le  sort  du  premier  ,  si  sa  mère, 
alors  absente  ,  ne  fut  rentrée  assez  à  tems  pour 
lui  sauver  la  vie.  Les  secours  ont  été  prompts  :  le 
feu  ne  s'est  point  communiqué  au-dehors. 

■ — Dans  les  jeux  qui  ont  eu  lieu  au  Champ- 
de-Mars  ,  les  prix  ont  été  obtenus  ,  celui  du  tic 
au  blanc  au  pistolet  par  le  chef  de  brigade  du 
douzième  régiment  de  hussards  .  Fournier  ;  celui 
de  la  course  de  chars  par  le  citoyen  Journ on; celui 
de  la  course  à  cheval  par  le  cit.  Jonhson. 

Dans  la  matinée  ,  le  cit.  Garnerin  avait  fait  pla- 
carder une  lettre  ,  dans  laquelle  il  représentait  au 
ministre  de  lintérieur  que  l'état  de  l'atmosphère, 
et  les  vents  de  léquinoxe  soufflant  avec  violence  , 
ne  lui  permettaient  pas  de  faire  l'expérience  de  son 
ascension,  avec  descente  en  parachute  :  cepen- 
dant cette  ascension  que  le  tems  rendait  plu» 
périlleuse  encore  ,  a  eu  lieu  à  l'heure  indiquée  , 
le  citoyen  Garnerin  en  donne  lui-même  les  détails 
dans  la  lettre  suivante. 

AuRÉDACTEUR, 

taris  ,   le  2  vendémiaire. 
Citoyen  , 

Le  tems  ne  fut  jamais  moins  favorable  qu'hier 
à  une  descente  en  parachute.  Je  regarde  celle 
que  j'ai  faite  comme  la  plus  périlleuse  de  toutes  , 
à  cause  des  tempêtes  qui  agitaient  l'atmosphère. 
Le  vent  du  sud-ouest,  qui  dirigea  le  premiec 
ballon  précurseur,  tourna  tout  d'un  coup  à 
l'ouest,  et  couvrit  le  ciel  de  nuages  noirs  qui 
semblaient  annoncer  un  grand  ouragan.  Néan- 
moins ,  je  fis  part  au  ministre  de  l'intérieur  de 
la  résolution  oîi  j'étais  de  risquer  l'expérience  , 
malgré  la  probabilité  du  danger.  Il  m  engagea  , 
avec  beaucoup  de  sensibilité,  à  retarder  moa 
départ  d'un  quart-d'heure  ,  pour  laisser  calmer 
la  bourasque  qui  s'annonçait.  Je  me  suis  élevé 
enfin  avec  beaucoup  de  force  d'ascension.  Le 
vent  d'ouest  étant  très-violent  au-dessus  de  la 
terre,  me  fit  traverser  le  Champ-  de  -  Mars  et 
l  Ecole-Militaire  avec  rapidité  ,  et  agita  l'aérostat 
et  le  parachute  de  manière  à  leur  imprimer  un 
mouvement  de  rotation  opposé  ,  ensorte  que 
les  cordes  se  tortillèrent  autour  du  cable  prin- 
cipal ;  ce  qui  pouvait  rendre  le  développe- 
ment du  parachute  très-difficile.  Je  combinaii 
qu'en  m'élevant  davantage  ,  j'aurais  plus  de 
tems  pour  descendre  ,  et  par  conséquent  plus 
de  probabilité  de  développement;  ce  qui  arriva, 
car  ayant  tranché  la  corde  de  séparation  entre  qua- 
tre et  cinq  cents  toises  .  je  descendis  avec  beau- 
coup de  vitesse  jusqu'à  ce  que  l'air  remplit  peu- 
à-peu  la  capacité  du  parachute.  Les  cordes  se  dé- 
tortillerent ,  et  je  commençai  à  descendre  plus 
doucement,  en  éprouvant  des  oscillations  qui  ne 
furent  pas  à  beaucoup  près  aussi  grandes  que  la 
violence  du  vent  me  lavait  fait  apj.réhender ,  ce 
qui  prouve  un  grand  degré  de  perfection  dans 
mon  parachute..  Enfin  ,  j'approchai  de  terre  trés- 
sensiblement ,  et  je  m'apperçus  que  j'arrivais  di-  f, 
rectement  sur  les  piques  d'une  grille  de  jardin,  Jfr 
oti  ma  nacelle  s'accrocha  par  le  bord  ,  et  resta  ^ 
suspendue  de  la  manière  la  plus  miraculeuse  pour 
moi,  les  pointes  de  la  grille  n'étant  pas  à  deux 
pouces  de  ma  poitrine.  Je  dois  remercier  la  for-' 
tune  de  m'avoir  préservé  d'une  fin  aussi  doulou- 
reuse, L'épouse  du  président  du  sénat  conserva- 
teur et  une  autre  dame  eurent  la  bonté  de  me  re- 
cevoir dans  leur  voiture  et  de  me  ramener  à 
1  Ecole-Militaire.  Je  me  rendis  de  suite  auprès 
du  ministre  de  l'intérieur,  qui  daigna  me  témoi- 
gner beaucoup  d'affection. 

J'espère  que  le  pubHc  verra  dans  mon  dévoû- 
ment  une  nouvelle  preuve  de  mon  empressement 
à  justifier  son  attente  ;  car  ,  malgré  l'avis  que  je 
donne  que  mes  descentes  en  parachute  n'auraient 
pas  lieu  si  le  vent  était  trop  vif  ,  il  ne  m'est  pas 
encore  arrivé  d'en  différer  une  seule  par  ce  mo- 
tif; j  ai  toujours  mieux  aimé  m'exposer  à  tout  qu«? 
de  manquer  de  parole. 

Salut  et  considération.  Garnerin, 


"T"! 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

AU    NOM     DU     PEUPLE     FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'aprè*  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  citoyen  Guillaume  Conrad  ,  second  lieutenant 
dans  la  4'  compagnie  du  2^  régiment  d  artilllerie 
Jégere  à  la  bataille  de  Maringo,  où,  ayant  eu 
une  jambe  emportée  par  un  boulet  de  canon  , 
il  tombe,  se  soulevé  pour  observer  le  tir  de  sa 
batterie,  refuse  d'être  transporté,  et  prie  ceux 
qui  étaient  venus  pour  le  faire  ,  d'ordonner  de 
pointer  plus  bas  ; 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  recompense  nationale  , 
un  sabre  d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'arrête   du  4   nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  ,  le  19  fructidor  ,  an  8  de  la 
•république  française. 

Le  premier  consul.  Signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'étal ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé,  Carnot. 


Au     NOM    DU    PEUPLÉ    FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  du 
citoyen  Charles-Joseph  Mourain  ,  lieutenant  de 
la  gendarmerie  aux  Sables  ,  département  de  la 
Vendée,  lorsqu'à  la  tête  des  habitans  de  Beau- 
voir et  Lacroniere  ,  il  a  forcé  les  anglais  à  se 
rembarquer  précipitamment,  et  a  sauvé  dans  la 
baie  de  Bourgneuf  un  convoi  qu'ils  tentaient 
d'incendier  ; 

Insjruit  que  déjà  cet  officier  s'était  distingué  par 
plusieurs  actions  d'éclat,  notamment  en  1781  . 
que  l'on  dut  à  sa  bravoure  la  conservation  d'un 
bâtiment  français  poursuivi  par  un  corsaire  ,  et 
dans  un  grand  nombre  d'affaires  de  la  guerre  de 
la  Vendée  ; 

Lui  décerne  à  dire  de  récompense  nationale, 
le  grade  de  capitaine  de  gendarmerie,  et  un  sabre 
d'honneur. 

_  Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
lécompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  le  26  fructidor,  an  8  de  la 
xépublique  française. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé  ,   Carnot. 


Supplément  à  la  liste  des  fonctionnaires  envoyés  des 
départemens  pour  assister  à  la  fêle  du  i"  ven- 
démiaire. 

Département    de   l'Ain.    —   Sausset  ;    Robert  ; 
Ghausset-Saint-Sulpice. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  d'Andrieux. 

Suite  de  la  séance  du  i''  vendémiaire. 

Suite  du   discours   d' Andrieux. 

Cette  méthode  prudente  a  produit  les  meil- 
leurs effets  ;  on  s'est  rapproché  ,  on  s'est  rallié  au 
gouvernement. 

La  malheureuse  guerre  de  la  Vendée  prête  à 
8e  rallumer  avec  fureur  ,  a  été  prompiement 
éteinte;  et  des  citoyens  autrefois  égarés,  désor- 
mais fidèles  à  la  république  ,  se  sont  montrés 
bons  français  par  leur  loyauté  et  leur  courage 
contre  l'ennemi. 

Partout  la  confiance  a  commencé  à  renaître  ; 
le  crédit  public  ,  principal  soutien  des  empires 
4ans  nos  tems  modernes,  s'est  relevé  ;  la  lisie  des 
émigrés  ,  qui  ,  toujours  ouverte  ,  tenait  la  Fiance 
entière  dans  les  alarmes  ,  et  comme  en  éiai  d'in- 
terdit civil  ,  a  été  feimée  ;  quant  aux  radiaiions  , 
le  gouvernement  a  pu  être  trompé  par  la  cor- 
ruption et  1  intrigue  ;  mais  il  a  pris  des  mesures 
pour  ne  plus  l'êire  ;  il  ne  ?e  laissera  pas  sur- 
prendre aux  insinuations  perfides  des  ennemis' 
de  la  patrie  ;  il  fera  sans  douie  rendre  jusMce  à 
ceux  que  l'erreur  ou  quelque  passion  maltcsanie 
a  pu  inscrire  sur  la  lisie  fatale  ;  mais  il  ne  souffrira 
pas  que  des  baniies  d  émigrés  r.nirés  ,  au  mépris 
d'un  ariicle  consliluiionntl ,  fatiguent  de  leur 
présence  nos  guerriers  qui  les  ont  tant  de  (ois 
vaincus,  et  conspirent  au  milieu  de  nous  la 
perte  dus  républicains  et  la  ruine  de  la  répu- 
blique. 

La  perception  des  contributions  a  été  réglée  de 
manière  à  en  procurer  une  rentrée  plus  régulière 


el  plus  sûre;  une  caisse  d'amortissement  a  été  éta- 
blie ,  et  elle  a  reçu  les  cauiionneniens  que  les 
citoyens  pourvus  de  fonctions  publiques,  n'ont 
pas  hésité  d'y  verser  avec  conH  ince.  Une  banque 
s'est  élevée  ,  dont  les  billets  circulent  aujourcl  hui 
comme  de  l'argent  ,  parce  qu'ils  sont  payés  à 
biireau  ouvert.  La  foi  publique  qu'un  mauvais 
génie  avait  si  long-iems  foulée  aux  pieds  ,  sans 
pudeur  et  sans  mesure ,  a  commencé  à  être  res- 
pectée. Les  rentiers  et  les  pensionnaires  de  l'état 
ont  reçu  l'assurance  d'être  bientôt  payés  en  nu- 
méraire ;  les  fonds  publics  sont  remontés  à  un 
taux  inconnu  depuis  long-iems  ,  et  avec  ces  com- 
itiencemens  de  piosj.criié  revient  aussi  insen- 
siblement le  respect  de  la  morale  ,  la  fidélité  aux 
engagemens.  Le  gouvernement  .  en  remplissant 
les  siens  ,  enseigne  aux  citoyens  à  tenir  les  leurs. 
Il  fait  plus  ,  ii  leur  en  fournit  les  moyens  ;  c'est 
ainsi  que  la  morale  des  peuples  se  fonde  en 
grande  partie  sur  une  sage  adminislfaiion  de  leurs 
finances,  comme  la  probité  des  particuliers  tient 
souvent  au  bon  état  de  leur  fortiine. 

La  forme  de  l'administration  a  éié  simplifiée; 
les  administrés  eux-mêmes  y  concourent  par  les 
conseils  de  département  ;  cette  forme  retrace  les 
ancipnnesadministràiions  provinciales,  dont  l  idée 
patriotique  est  due  à  Turgot  ,  ce  ministre  cilO)en 
et  vraiment  ami  du  peuple. 

L'ordre  judiciaire  a  été  recréé  tout  entier  .  et 
l'i'nstitution  des  juges  à  vie,  en  assurant  leur  par- 
faite indépendance  ,  et  les  mettant  à  portée  d  ac- 
quérir les  lumières  que  l'expérience  seule  peut 
donner  ,  garantit  aux  justiciables  liraparlialité  et 
l'équité  des  jugemens. 

De  grands  élablissemens  d'éducation  publique 
ont  été  formés  ;  on  s'est  occupé  d'améliorer  l'en- 
seignement dans  les  écoles  centrales,  et  déjà  de 
toutes  pans  ,  les  faits  prouvent  combien  le  nou- 
veau système  d  instruction  qu'on  s'est  si  injuste- 
ment empressé  de  décrire  ,  est  préférable  à  l'an- 
cienne routine. 

Les  beaux-arts  vont  être  consacrés  à  élever  de 
nobles  et  solides  monumens  ,  dignes  de  la  répu- 
blique et  durables  comme  elle. 

Enfin  ,  nous  avons  goûté  le  repos  après  lequel 
la  France  soupirait  depuis  si  long-tems  ;  nous 
n'avons  plus  été  témoins  de  ce  flux  et  reflux  per- 
pétuel de  lois  qui  déplaçait  à  chaque  instant  toutes 
les  notions  du  juste  et  de  l'injuste  ,  de  ces  oscilla- 
tions politiques  qui  ,  élevant  ,  abaissant  tantôt  un 
parti  ,  tantôt  un  autre  ,  menaient  toutes  les  pas- 
sions en  jeu,  et  tenaient  l'intrigue  toujours  en 
haleine.....  Le  gouvernement  a  pris  un  caractère 
de  stabilité  ,  chaque  citoyen  a  joui  de  la  sûreté 
individuelle  ,  premier  bienfait  ,  et  but  principal 
de  l'association  politique. 

Après  avoir  considéré  le  bien  qui  s'est  opéré 
dans  l'iriiérieur  ,  jeltons  les  yeux  sur  noire  situa- 
tion à  l'égard  de  l'étranger;  rappelons -nous  ce 
qu'elle  était  ,  il  y  a  un  an  ,  et  comparons. 

Des  alliances  renouées  ou  affermies  !.  .  Des  lois 
sur  la  course  maritime  rapportées  ,  parce  qu'elles 
nous  lésaient  des  ennemis  de  tous  les  neutres  ! 
un  conseil  établi  pour  juger  la  validité  des  prises 
inaritimes  ,  non  plus  selon  les  subtilités  el  les 
rigueui^s  de  la  procédure,  mais  conformément 
aux  prirîcipes  du  droit  des  gens  et  de  léquité 
riaturelle,  gage  donné  à  tous  les  étrangers  de 
l'esprit  de  justice  qui  anime  notre  gouverne- 
ment ! 

Avec  quelle  franchise  et  quelle  aménité  ont  été 
traités  les  officiers  prisonniers  de  guerre, 'et  par- 
ticulièrement ceux  de  la  brave  naiion  russe.'  C'est 
ainsi  que  le  courage  honore  le  courage  ,  et  que 
des  hommes  qui  s'estiment  ,  au  sortir  du  champ 
de  bataille  ,  ne  sont  plus  ennemis. 

Vous  vous  attendez  bien  ,  mes  collègues  ,  que 
dans  cet  exposé  rapide  de  tous  les.  avantages  que 
la  république  a  recueillis  pendant  ces  dix  mois  , 
je  n'omettrai  pas  les  plus  grands  ,  les  plus  irapor- 
lans  ,  les  plus  glorieux  de_  tous  ,  les  avantages 
militaires. 

Celte  année  a  ramené  et  fixé  la  victoire  sous 
nos  drapeaux.  Avec  quelle  promptitude  l'armée 
de  réserve  a  été  formée  el  instruite  !  avec  quelle 
rapidité  elle  a  marché  I  l'ennemi  doutait  encore  de 
«on  existence  ,  et  déjà  elle  débouchait  dans  le 
Piémont  I    elle    volait  à   la   délivrance   de   la   Li- 

gurie  .' Cependant  quels  obstacles  elle  avait 

eus  à  surmonter  !  il  avait  fallu  franchir  les  neiges 
et  les  glaces  du  S.  Bernard!  entre  des  précipices, 
dans  détroits  passages  ,  oîi  le  plus  déterminé 
voyageur  ne  pose  le  pied  qu'avec  défiance  ,  il 
avait  fallu  faire  gravir  la  cavalerie  ,  transporter 
les  canons  dans  des  troncs  d'arbres  creusés  ,  faire 
monter  et  descendre  les  lourds  caissons  et  les 
trains  bruyans  d  artillerie....  Ces  neiges  éternelles , 
ces  roches  escarpées, s'étonnèrent  d  être  couvertes 
d'armes  et  de  combattons  ;  et  l'aigle  hardi  qui 
pose  son  aîle  sur  leurs  cimes,  céda  son  antique 
domaine  à  des  hommes  plus  intrépides  que 
lui.  Ainsi  se  renouvella  le  fameux  passage  d'An- 

nibal Mais    celui    de     l'ancien     général 

lut  moins  difficile  et  moins  prompt  ;  oà  les 
africains  ont  descendu,  les  français  ont  volé.... 
Le  chef  carthaginois  ,  envoyait  devant  lui  la 
désolation  ,  le  ravage   et    la  terreur  ;  mais  à  la 


nouvelle  de  la  marche  des  françnjs ,  les  plaine» 
de  la  Lombardie  nnl  pris  un  aspect  plus  riani; 
la  belle  Italie  a  tendu  ses  br?'  vers  ses  libéra- 
teurs.... Bientôt  une  seule  balailie  nnus  â  rendu 
douze  places  fortes  ,  et  tout  le  territoire  cisalj.iii  , 
et  a  replacé  l.i  France  au  rani;  qu'elle  doit  oc- 
cuppcr  dans  1  Europe.  Un  mois  à  peine  après 
son  départ  de  Paris,  le  premier  consul,  vain- 
queur, a  po^é  volontairement  les  armes,  et  a 
offert  la  paix. 

Dans  le  même  temps  ,  l'armée  d'Allemai'^ne  , 
conduite  par  un  gcnéial  doiu  elle  adni  re  et 
cliérit  ,  non  -  seulement  la  valeur  et  les  griinds 
talens  mililaires,  mais  la  modestie,  mais  la  pro- 
bité ,  mais  la  siinpliciié  républicaine  ,'  l'aimée 
d'Allemagne  avait  stagné  qu;iiie  batailles  rangées, 
concjuis  toute  la  Souabe  ,  une  partie  de  la  Ba- 
vière ,  passé  le  Danube  à  la  nage  et  sans  pon- 
tons, vengé  lafliont  f.tit  aux  armées  françalres. 
dans  la  plaine  d  Hochsicdl  ;  enfin  elle  se  piomei- 
tait  d'ail  r  chercher  la  paix  dans  les  murs  de 
Vienne  ,  si  l'armistice  et  1  espoir  même  de  la  paix, 
n'eussent  suspendu  sa  marche  victorieuse. 

A  côté  de  ce  tableau,  ou  plutôt  de  cette  es- 
quise  impai faite  de  nos  succès  ,  pourquoi  faut-il 
que  j'aie  à  placer  l'image  douloureuse  de  plusieurs 
pertes  bien  grandes  et  bicii  sensibles  à  la  républi- 
que ?  Ici  ,  mes  collègues ,  quelle  dette  j'ai  à  payer  ! 
quel  devoir  vous  m  avez  imposé  par  votre  ariêié 
du  2  ihermidor  !  (1)  quel  discouis  peut  ,  je  ne  dis, 
pas  ofirir  eles  éloges  ,  mais  rendre  justice  «ux  gJicr- 
riers  franqais  morts  pour  ta  défense  de  la  patrie  I  qui; 
pourrait  raconter  dignement  leur  magnanimité  et 
i  leur  héro'iqiie  dévouement  ?  Les  huit  années  de 
guerre  de  la  lévolulion  offrent  plus  de  glorieux 
faits  d'armes,  plus  de  triomphes  mililaires  ,  qii  au- 
cun des  siècles  les  plus  brilians  de  notre  histoire  ! 
It  faut  remonter  jusrju'à  Charlcinagne  pour  trou- 
ver la  France  aussi  vaste  en  territoire  ,  aussi  puis- 
sante par  la  force  des  armes  I  A  qui  avons-nous. 
dÈ  cet  éclat  ,  ceue  piuissancc  ?  et  disons  la  vérité  ; 
à  qui  devons-nous  la  liberié  ,  la  sûreté  de  l'inic- 
rieur,  de  notre  propre  existence  (car  aucun  do 
nous  n'eût  voulu  ni  pu  vivre  apiès  l'asservissemenli 
de  son  pays  )  ,  à  qui  les  devons-nous  .  si  ce  n'est, 
au  patriotisme  et  à  la  bravoure  des  armées' 
françaises  ? 

Recevez  l'hommage  de  la  reconnaissance  na- 
tionale ,  vou<  ,  bur-tout ,  qui  avez  cimenté  de  votre 
sang  les  fondemens  de  la  république  ;  vous  qui,, 
presque  tous  moissonnés  dans  la  fleur  de  1  âge  , 
avez  assez  vécu  pour  linimonaliié  ,  mais  trop  peu 
pour  votre  patrie  !  Mous  illustres  ,  noms  célèbres 
désormais  placés  à  côlé  des  grands  noms  que  les 
siècles  sont  accoutumés  à  révérer  .  Dampierre  , 
Dugommier,Marceau,Chérin,  Champion  net, 
JoL'BERT  ,  Caffarelli  ,  et  toi  ,  premier  grenadier 
de  l'armée  fiançaise  ,  brave  et  savant  Latour- 
D  Auvergne;  et  vous ,  dignes  lieutenans  du  grand, 
général,  vous  DtSAix  ,  vous  IClÉber  ,  qu'une 
inconcevable  fatalité  nous  enleva  prcsqu'au  même 
instant ,  l'un  aux  champs  de  Maring:o  ,  par  la  mort 
des  braves;  l'autre  aux  rives  du  Nil  ,  par  le  fer 
d'un  vil  assassin  ! ... .  Mais  une  bouche  dus  élo- 
quente que  la  mienne  2)  doit  rendre  aujourd  hui  à 
ces  deux  héros  les  liouiicurs  funèbres,  doit   leur 

dire  les  dernieis  adieux  du  peuple Mais   le, 

premier  magistrat  de  h  tépubliiiue  va  peser  les 
ion  emens  de  ta  colonne  ttionipjiale  qui  doit, 
transmettre  à  la  posiéiiié  leur  gloire  et  nos 
regrets. 

Eh  !  combien  tous  nos  soldats  se  sont  montrés 
dignes  de  tels  gc- éiaux  !.  .  . .  La  pluspart  de  ces 
gétiéraux  eux-mêmes  avaient  eié  pr's  dans  les 
rangs  des  soldats  !  Un  tems  viendra  où  le  souecnir 
de  tant  d'exploits  cuni  encore  rendu  plu^  véné- 
rable par  I  ancienneté  ,  nos  neveux,  cjue  dis  je? 
le  monde  entier  vantera  ceil.;  incro^LliJle  bia- 
vou.e  des  soldats  de  la  liberté.  Un  tems  viendra 
où.  avec  une  admiration  religienbe  ,  on  lira  sur 
le  marbre  et  l'airain  les  noms  immortalisés  par 
une  mon  glorieuse  !  Heureuses  les  lamilles  qui  y 
trouveront  les  leurs  !  Les  historiens  les  conseiye-i 
ront  dans  leurs  pages  fidelles  ;  les  poètes  les  cé-< 
lébreront  dans  leu.s  chants  divins.  ...;  les  mu- 
siciens les  leiont  voler  de  bouche  en  bouche.... 
Aujourd'hui  Tèloge  de  ces  guerriers  devrait  être 
prononcé  par  un  compagnon  de  leurs  danger» 
et  de  leuis  travaux.  Pour  les  louer  dignement  , 
ce  n'est  pas  assez  que  le  cœur  ail  raille  fois  palpité 
aux  tou chaos  et  merveilleux  récits  de  tant  d'actions 
héro'iques  !  Ii  faudrait  avoir  éié  le  témoin  de  leur 
loyauté  ,  de  leur  généiosiié  ,  de  leur  consiancei 
dans  Jes  privations  ,  de  leur  sang-froid  ,  de  leur 
gaïeié  inaltérable  lu  milieu  des  scènes  les  plui» 
terribles-  Il  faudrait  les  avoir  vus  courir  au  pu^ 
de  charge  au-devant  des  bouches  à  feu  ,  sauter 
dans  des  redoutes , se  précipiter  sur  les  canons,  s»; 
jeter  nuds   dans   uri  fleuve  ,  et   le   traverser  à    la 

1)  séance  du  2  tliermidor  an  8.     ,  '  . 

Le    tiibunat    sensible  à  la   perte   que  l'armce  frnnçaîse    a   faite 
dans  la  personne  de  son  premier  grenadier  ,  voul.int  tion-'i,  r 
foisle'dévntie"  —  '  -  '•■  ---i-  ■      '      ' 


résident  pvo 
cfensc  de  la 
(1)  Le  tito 


lient  et  la  „  _ 

anniversaire  de  la  foiKtatio 
onicra  l'étoge  des  gênerai 


,1-1.1- 

■  Laloiir-.l    V  'tr^,- 

•-   lu    rcptlb:!.;'  P  ,  snn 

ançais  liiorts  pour  Iti 


de  l'initliut  natiunal  et  du  iii- 


13: 


nage    pour  aller  chercher   l'ennemi   sur  la  rive 

opposée Et  ces  tvails  appartiennent  à  tous. 

iiOuel  estle  grenadier,  disait  Laiour-d' Auvergne  , 
qur'ne  soit  aussi  brave  que  rnoi  ,  qu'on  veut 
nommer  premier  grenadier  de  l'armée?  Ce  litre 
convient  à  tous  et  n'en  doit  distinguer  aucun,  m 
Q_a'ajouterais-je   à    ce    mot    sublime    d'un    héros 

tombé  sur  le  champ  de  baiaille  ? mon  cœur 

o.ppressé  sent  trop  l'insuffisance  de  mes  paroles.. . 
Pardonnez  mes  collègues  ,  ah  !  pardonnez  à 
votre  faible  inierprête  de  ne  pouvoir  ofFiir  à 
tant  de  guerriers  morts  pour  la  dél'ense  de  la 
patrie  ,  que  le  désordre  du  sentiment,  que  les 
larmes  de  l'adniiration  et  de  la  reconnaissance. 

Tant  de  sang  n'aura  pas  été  verse  inutilement; 
tant  de  travaux  et  de  sacrifices  ne  seront  pas  per- 
dus ;  la  république  non-seulement  subsistera  , 
mais  va  devenir  de  plus  en  plus  florissante  ;  Je 
vous  ai  indiqué  les  améliorations  de  l'année  qui 
vient  de  fin' 
niet  de   no  .       , 

que  le  premier  consul  a  offerte  avec  tant  de  mo- 
dération aussi-tôt  après  la  victoire;  la  paix  qu'il 
-faudra  bien  imposer  aux  ennemis  de  la  république, 
s  ils  ne  veulentpas  conseniirqu'on  la  leur  accorde. 
•Des  fêtes  non  moins  brillantes,  non  moins  solen- 
nelles que  celle-ci  nous  attendent,   et  peut-être 

sont  prochaines 

Les  fonctionnaires  publics  venus  des  dépar- 
tlemens  reporteront  dans  leurs  loyers  d'heu- 
reux   présages     et     de  douces    espérances 

Ils  diront  qu'après  la  paix  ,  qui  est  son^  pre- 
mier vœu  ,  le  gouvernement  ,  débarrassé  des 
soins  et  soulagé  des  dépenses  de  la  guerre  ,  s'oc- 
<upera  plus  que  jamais  de  ranimer  l'agriculture  , 
le  commerce  et  l'industrie  ,  de  relever  notre  ma- 
rine ,  de  simplifier  les  lois  en  les  réunissant  dbns 
un  seul  code  ,  de  maintenir  et  de  favoriser  les 
institutions  et  l'éducation  républicaines  ,  de  rendre 
enfin  les  hançais  non  pas  plus  dignes  ,  mais 
plus  capables  de  la  liberté. 

Qu'ils  disent  en  même  tems  que  le  tribunal  , 
fidèle  à  son  institution  .  et  n'oubliant  pas  que  les 
hommes  sont  toujours  ce  que  la  législation  les 
fait  être  ,  s'efforcera  de  préparer  de  bonnes  lois 
par  des  discussions  sages  et  approfondies  ;  que  , 
chargé  de  réclamer  pour  la  liberté  ,  pour  la  pro- 
priété, pour  la  sûreté  des  citoyens,  il  joindra, 
comme  il  l'a  fait  jusqu'ici  ,  le  zèle  à  la  prudence  , 
et  la  modération  au  courage.  Heureux  tous  ses 
membres  ,  si  leurs  travaux  et  leur  conduite  poli- 
tique leur  concilientl'estirae  et  l'afFeclion  de  leurs 
concitoyens  !  plus  heureux  s'ils  peuvent  ,  aucoin- 
menceraent  de  chaque  année  comme  de  celle-ci  , 
féliciter  la  république  sur  des  améliorations  im- 
portantes ,  et  prévoir  pour  elle  de  nouvelles 
sources  de  prospérité  ,  d'abondance  et  de  gloire  ! 
Les  cris  de  vive  la  république  !  sont  répétés  de 
toutes  pans. 

Le  corps  de  musique  exécute  les  airs  de  la 
liberté. 

La  séance  est  levée. 


L'auteur  ,  après  avoir  observé  que  cet  état  de 
faiblesse  et  de  caducité  s'étend  également  sur 
tous  les  animaux  ,  assure  que  le  moyen  de  rendre 
cette  vaste  contrée  plus  salubre  et  plus  produc- 
tive ,  serait ,  non  pas  de  dessécher  les  étangs ,  mais 
de  nettoyer  le  lit  de  la  Ciaise  ,  et  de  lui  procurer 
un  cours  plus  facile. 

En  citant  la  fin  de  ce  mémoire  ,  nous  fournirons 
une  preuve  irrécusable  que  la  simplicité  du  style 
n'exclut  point  l'iniérêt. 

Il  Si  ,  dans  ce  département,  l'œil  d'un  homme 
éclairé  ne  trouve  encore  rien  qui  le  flatte  dans 
les  édifices  publics  -,  si  l'esprit  d'un  amateur  des 
sciences  et  des  arts  cherche  vainement  quelque 
motif  d'exercice  et  de  salisiaction  dans  les  monu- 
mens  du  département,  les  plus  douces  jouissances 
y  sont  préparées  à  l'homme  sensible  qui  voudra 
connaître  les  mœurs  des  habitans  de  ce  paisible 
pays  ;  son  cœur  sera  délicieusement  ému  ,  lorsque 
parcourant  les  hospices  d'Issoudun  ,  de  Château- 
ir:  celle  qui  commence  nous  en  pro-  .  Rqu^  ,  les  deux  villes  principales  du  déparlement, 
luvelles  ;  la  paixjes  amènera  ;    la    paix  |  j|  ^,  jr^^^gra  tout  ce  qui  peut  soulager  1  humanité 

soulTranie. 

n  Là  seulement ,  la  parcimonie  disparaît  ;  l'hon- 
nête aisance  la  remplace.  Des  médicamens  de 
bonne  qualité  sont  réunis;  les  officiers  de  santé 
les  plus  éclairés  multiplient  leurssoinsbientesans; 
et  les  plus  fortunés  d'entre  les  habiians  se  livrent  à 
une  administration  active  ,  sage  ,  économe  ,  ai-ec 
un  zèle  égal,  et  quelquefois  supérieur  à  celui 
qu'ils   développent  pour  leurs  propres   affaires. 

j)C'est-là  que  la  bienfesance  accorde  à  ces  en- 
fans  ,  victimes  de  la  misère  ou  de  la  dépravation, 
des  soins  presqu'aussi  tendres  ,  aussi  aff^eclueux 
que  ceux  qu'ils  auraient  droit  d'attendre  de  leur 
mère.  La  diminution  de  revenu  que  ces  établis- 
semens  ont  éprouvée  par  la  venie  d'une  partie 
de  leurs  propriétés  ,  a  diminué  leurs  moyens  , 
sans  affecter  le  zèle  des  administrateurs  ;  il  n'est 
pas  même  altéré  par  le  retard  que  le  gouverne- 
ment apporte  dans  le  paiement  des  frais  de  nour- 
rices ;  retard  qui  augmente  incommensurable- 
menl  les  peines  ,  les  embarras  de  ces  hommes 
estimables. 

)>  Ce  caractère  de  bienfesance,  d'ordre,  d'é- 
conomie ,  de  patience  ,  de  résignation  ,  que  les 
administrateurs  des  hospices  déploient,  est  le 
modèle  de  celui  que  l'on  reconnaît  essentielle- 
ment chez  tous  les  habitans  du  déparieraent. 

!)  L'air  de  ses  vastes  plaines],  pur  ,  mais  moins 
vif  que  celui  des  pays  montueux  ,  ne  porte  point 
dans  leur  sang  cette  chaleur  bouillante  ,  principe 
de  l'énergie  qui  imprime  à  l'homme  le  besoin 
et  le  désir  du  mouvement,  et  se  développe  sous 
tous  les. rapports  ;  son  enfance  ,  vouée  à  la  vie 
pastorale  ,  le  dispose  à  chérir  la  douceur  et  la 
nonchalance  du  repos.  La  tranquillité  de  l'at- 
mosphère qui  l'enveloppe,  règne  dans  son  cœur  , 
et  cet  état  de  paix  sufRt  à  son  bonheur  ;  possé- 
dint  l'exact  nécessaire  ,  il  néglige  un  superflu 
qui  n'ajoute  rien  à  ses  plaisirs  ,  et  dont  il  ne  se 
tait  pas  d'idée  ,  étant  éloigné  de  ces  grandes  villes 
où  le  spectacle  journalier  du  luxe  éveille  l'amour 
de  l'or  ,  aiguillonne  l'ambition  ,  et  élcctrise  toutes 
les  facultés  de  l'arae."  (Extrait  de  la  Gazette  de 
France  ,  du  3o  fructidor.  J 


Il  paraît  un  Mémoire  sur  l'état  du  département  de 
VIndre  ,  adopté  par  le  conseil-g;énéral  de  ce  dé- 
partement, et  fesant  partie  d'un  rapport  du 
cit.  Grétré ,  l'un  de  ses  membres.  Un  de  nos 
journaux  en  parle  ainsi  ; 

)>I1  serait  à  désirer  qu'on  possédât  sur  chaque 
département  de  la  France  un  mémoire  aussi  bien 
fait  ,  aussi  dépouillé  de  tout  ce  qui  ne  lient  pas 
au  sujet:  la  collection  en  ferait  un  ouvrage  aussi 
mile  à  l'administration  qu'intéressant  pour  chaque 
individu,  m 

Après  avoir  décrit  les  richesses  d'une  contrée  de 
■ce.  déparlement ,  le  cit.  Grétré  trace  le  tableau 
suivant  ; 

))  Il  n'en  est  pas  de  même  d'une  contrée  plus 
vaste  qu'on  nomme  la  Brenne  ,  et  qui  est  renfer- 
mée entre  la  Ciaise  et  la  Creuse  ;  tout  ce  pays 
BofFre  qu'un  sol  sabloneux  et  aride  ,  couvert 
de  bois,  de  bruyères,  de  roches  nues,  d'une 
multitude  innombrable  d'étangs  vastes  et  peu 
profonds  ,  de  marais  formés  par  la  Glaise  ,  qui 
■coule  sur  un  lerrein  plat  oti  elle  est  par-tout 
encombrée.  A  peine  peut-on  cultiver  la  dixième 
partie  des  terres  ;  et  elles  ne  produisent  que  peu 
de  seigle   et  d'avoine;  ces   eaux  stagnantes  pé 

°i        .  _.     : 'i    V J„ 


telles  représentations  annoncées  avec  éclat,  c)a?- 
sées  avec  méthode  ,  ne  seraient  pour  la  comédie 
française ,  ni  sans  gloire  ,  ni  sans  profit  :  elles 
recommenceraient  la  vie  de  Mole  ,  et  perpétue- 
raient  sa    mémoire.  " 

Cette  idée  serait  uiile  à  l'art  ,  et  sans  doute  très- 
agréable  au  public  ,  mais  l'auteur  n'a-t-il  pas  senti 
qu'il  imposait  ainsi  à  Moié  un  travail  ,  que  dans 
son  jeune  âge  ,  toute  sa  facilité  lui  eut  à  peine 
permis  d'entreprendre? 

Nous  avons  eu  souvent  occasion  de  parler  de 
Talma  ,  et  de  son  jeu  vraiment  tragique.  Nous 
trouvons  dans  ['Année  théâtrale  un  portrait  de  cet 
acteur  que  nous   croyons   assez  lidele. 

a  Sa  taille  n'es!  pas  très-élevée  ,  mais  elle  est 
bien  prise  ;  sa  tête  est  d'an  beau  dessin  ;  le  carac-  ■■ 
tere  en  est  ferme  etiprononcé  ;  son  œil  est  ex- 
pressif, sa  phisioiionl'ie  mobiles;  ses  traits  sombres 
et  réfléchis;  ceux  qu'une  passion  violente  et 
concentrée  imprime  sur  le  front ,  s'y  gravent  plus 
facilement  que  tout  autre.  Menace-t-il  ?  son  œil 
est  terrible  ;  conçoit-il  l'espoir  de  la  vengeance? 
son  ris  sinistre  est  effr;iyant.  Epris  de  l'amour 
des  ans  ,  et  cherchant  sans  cesse  dans  l'étude 
de  l'aniique  des  leçons  ,  et  dans  les  chefs-d'œuvre 
des  statuaires  des  modèles  ,  il  a  fait  au  théâtre  la 
révolution  que  Vien  commença  dans  notre  école 
de  peinture  ,  et  que  David  et  ses  élevés  terminent 
si   glorieusement.  )) 

On  a  reproché  à  Talma  de  ne  chercher  à 
briller  que  dans  les  ouvrages  modernes,  et  de 
négliger  l'ancien  répertoire.  Ce  reproche  est 
fonde  ;  m:iis  en  cherchant  à  justifier  cet  acteur  , 
l'année  théâtrale  fait  observer  que  u  de  tout  tems 
les  auteurs  et  les  comédiens  contemporains  ont 
été  en  commnnauié  de  succès.  Corneille  et  Ra- 
cine eurent  Baron  ;  Voltaire  eut  Lekain  ,  Du- 
belloy  trouva  Larive,  Ducis  a  pu  s  emparer  de 
Talma.  jj  II  y  a  au  moins  de  l'adresse  dans  cette, 
excuse. 

En  général  ,  l'auteur  a  donné  à  l'article  théâtre 
français  plus  d  importance  et  d'étendue  qu  au», 
autres.  De  plus  ,  on  trouve  .i  chaque  article  une 
nuance  dans  le  ton  et  dans  le  style  ,  qui  a  quel- 
qu'analogie  avec  le  genre  du  ibéâire  dont  il 
est  question  :  par  exemple,  en  parlant  du  Vau- 
deville ,  c'est  ainsi  que  l'auteur  prédit  à  cejoli 
spectacle  une   existence  durable. 

Il  Sa  durée  semble  garantie  par  le  caractère 
même  des  français  :  il  est  à  l'abri  des  caprices 
de  la  mode  ;  car  il  est  le  plus  prompt  à  s'y  plier. 
Il  est  le  plus  solide  de  tous  ,  car  l'esprit  saiyrique 
lui  sert  d'Apollon.  Il  se  fonde  sur  la  malignité 
publique  qui  l'alimente  et  qui  l'excite  :  il  sub- 
sistera donc  tant  qu  il  y  aura  du  mal  de  fait  et  du 
mal  à  dire  ,  un  ridicule  à  saisir  ,  un  auteur  à 
parodier, uneaventure  scandaleuse  à  chansonner, 
enfin  tant  que  durera  le  chapitre  des  événemens: 
il  a  des  privilèges  précieux  ;  comme  l'église  galli- 
cane ,  il  a  ses  "libertés.  L'esprit  peut  se  permettre 
beaucoup  de  choses  dans  un  couplet;  e.st  -  oa 
rnéchant  et  dangereux  ,  quand  on  aimable  et 
gai  ?  etc.  etc." 

Ce  recueil  peut  être  utile  aux  comédiens  ;  il 
piquera  la  curiosité  et  intéressera  tous  les  amis  du 
théâtre.  Peut-être  ne  le  jugeons-nous  aussi  favo- 
rablement que  parce  que  souvent  nous  y  avons 
rencontré  des  traits  déloge  ou  de  critique  qui 
rentrent  dans  notre  manière  devoir,  et  que  plu» 
d'une  fois  nous  avons  essayé  de  faire  sentir  nous- 
mêmes;  mais  c'e:t-là  une  de  ces  préventions  dont 
il  est  bien  difiicile  de  se  défendre  ,  en  parlant 
d'un  ouvrage  nouveau. 

Celui-ci  ,  petit  in-i8  de  p'us  de  3oo  pages  , 
imprimé  avec  soin,  se  trouve  à  l'ancienne  li- 
brairie de  Dupont ,  chez    Henrichs  ,  rue  de  la 


LIVRES      DIVERS. 

L'Année  théâtrale.  Tel  est  le  titre  d'une 
petite  brochure  contenant  une  notice  complette 
sur  tous  les  théâtres  de  Paris  ,  leur  organisation  , 
les  acteurs  qui  en  font  partie  ,  les  nouveautés  qui 
y  ont  paru  ,  les  sujets  qui  y  ont  débuté  pendant  le 
cours  de  l'année  qui  vient  de  finir.  Nous  avons 
jeté  un  coup-d'œiî  rapide  sur  ce  recueil  ;  il  nous 
a  paru  réunir  la  justesse  dans  les  jugemens  ,  à  la  j  l^;  ^  n"  isSi. 
—  i.-    j —  i_ :.: .._   —   ji,„„.  j„  .      piix  ,  I   franc  80   centimes,  et  8    fr.  20  cent. 


variété  dans  la  composition  ;  un  ton  décent  de 
critique  à  une  juste  partialité  ;  un  style  clair  et 
précis,  à  des  notions  exactes  ,  à  des  détails  inté- 
ressans.  On  n'y  trouve  point  cités  les  nombreux 
employés  que  chaque  théâtre  occupe  :  l'Année  théâ- 
trale offre  un  coup-d'œil  littéraire  ,  plutôt  qu'une 
aride  nomenclature.  Son  auteur  nomme  le  théâtre 
français  ,  le  premier  de  tous.  Nous  étions  accou- 
tumés ,  dans  des  recueils  de  cette  nature  ,  à  voir 
donner  le  pas  à  l'ancienne  académie  de  musique  : 
les  auteurs  de  l'Année  théâtrale  ont  prévu  l'ob- 
jection, et  y  répondent   ainsi: 

n  Nous  nommerons  l'Opéra  le  premier  ,  lors- 
qu'il sera  d'usage  de  nommer  Quinault  et  Gentil 
Bernard  avant  Corneille  et  Racine  ;  Molines  avant 


._.j,.-    -. ,  „  .         Voltaire  ;   Guillard    avant    Ducis;    Morel    avant 

__^trentla   terre  et  corrompent  jusqu'à  l  eau  des     CoUin  d'Harleville  ;   La'is   avant  Préville  ;  Vestris 

puits  et  des   fontaines;  les   vapeurs  raéphiuques  1  ^y^^^  jyiol^   ,, 

qui  s'exhalent  de  ce  sol  humide  et  pourri  ,   oiit,         ji^   ^^t  raison  :  le   premier  théâtre  ,   le  théâtre 


lur  l'espèce  animale  et  sur   les  productions  ,  les 
plus  funestes  effets. 

))  Dans  cette  malheureuse    contrée  ,  l'homme 


vraiment  national  fut  toujours  celui ,  où  le  même 
jour  on  peut  donner  le  Cid  et  le  Tartuffe. 

En  parlant  de  Mole  ,  en  rendant  hommage  à 


apporte  en  naissant  une  fièvre  qui  ne  le  quitte  |  son  grand  lalent,  l'auteur  de /'j^nnee  Mcâira/e  émet 
qu'au  tomb.-au;  son  enfance  est  rachilique  ,  sa  j  une  idée  qui  serait  très-séduisante  ,  si  elle  était 
jeunesse  sans  développement,  son  âge  viril  sans  praticable.  Il  désirerait  qu'à  des  jours  indiqués  , 
->,  •    -11    __-  :_-ii  •_ '_    T :„.-i,=  „u;=     Ar„ii      >■ 1.-  .. :„..„.,;.,.      ,„„-,o»s. 


"force  ,  et  sa  vieillesse  accélérée.  La  moindre  plaie 
aux  jambes  devient  souvent  incurable  ;  aussi 
la  consommation  de  l'espèce  humaine  y  est 
effrayante;  et  la  population  ,  sans  cesse  alimeniée 
aux  dépens  du  surplus  du  département ,  y  reste 
néanmoins  constamment  fort  au-dessous  de  celle 
t»rdi<iaire  des  pays  les  moins  peuplés.  " 


Mole,  secondé  par  les  premiers  sujets,  repassât  [gj  ruines  ,  lisez 
tous  les  grands  rôles  comiques  qui  sont  au  réper- 
toire, u  Ainsi  ,  dit-il ,  pour  une  foule  d'ouvrages 
abandonnés  du  public  ,  parce  qu'ils  le  sont  des 
comédiens,  la  tradition  qui  en  ce  moment  s'égare, 
serait  rendue  par  Mole,  avidement  saisie  par  ses 
éUves  ,  et  la  perte  en  serait  au  moins  différée.  De 


franc  de  port. 

Le  Cultivateur  anglais  ,  ou  œuvres  choisies  d'agri- 
culture, d'économie  rurale  et  politique  ,  d'Arthur 
Young  .  traduit  de  l'anglais  par  les  cit.  Lamare  , 
Benoist  et  Billecocq  ,  avec  des  notes  par  le  cit. 
Dclalauze,  coopérateur  du  Cours  d'Agriculture  de 
l'abbé  Rozier. 

Première  livraison ,  composée  des  voyages  au 
sud,  à  l'ouest  delAngleterre  et  dans  la  principauté 
de  Galles  ,  i  vol  ;  du  voyage  au  nord  de  l'An- 
gleterre ,  2  vol.  ;  du  voyage  à  l'est  ,  3  vol.  ,  en- 
semble 6  gros  volumes  grand  in-8° ,  avec  dis 
tableaux  et  quarante-quatre  planches  gravées  en 
taille-douce  par  Tardieu;prix  ,  brochés,  33  fr. 
et  franc  de  port  par  la  poste  »  42  fr. 

A  Paris  ,  chez  Maradan,  libraire  ,  rue  Pavée- 
André-des-Arts  ,  n°  16. 

Nous  ferons  connaître  avec  plus  de  détail  cet 
important  ouvrage. 

ERRATA. 

Page  7  ,  3'  colonne  ,  ligne  5  ,  continueront, 
lisez  :  contribueront;  ligne  38,  c'est  le  dévoû- 
ment  ,  lisez  :  c'est  ce  dévonment  ;  ligne  loi  , 
les  crimes.  —  Page  8,  pre- 
mière colonne  ,  l"  ligne  ,  déguisant  ,  lisez  : 
déguisent;  ligne  56  ,  qui  n'étaient  pas  différentes, 
lisez  :  qui  n  étaient  que  différentes  ;  ligne  60  ,  de 
la  religion  ,  Usez  :  et  la  religion. 


A  Paris  ,  de  limprimerie  de  H.  Agasse. 


"*M^ 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MON!  LEUR  UNIVERSEL 


JV°  5. 


Qjiinlidi  ,  5  vendémiaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible.. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M  O  Nj.T  EUR  est  le  seul  journal  officiel 
Il  contient  les  séances  des  .autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvememeni ,  les  nouvelles  des  armées  .  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  su  ■ 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérieTles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le\6  septembre  (  zgfricctidor.) 

On  apprend  par  des  dépêches  reçues  lundi 
du  général  Abercronibie,  que  le  général  Graham 
a  éle  détaché  avec  4,000  hommes  de  troupes, 
et  un  train  nombreux  d'artillerie  pour  attaquer 
Malte.  Sir  Ralph  Abercrombie  s'y  est  transporté 
aussi  avec  deuxrégimens  de  mille  hommes  chacun, 
tirés  de  Livourne  ;  mais  après  avoir  reconnu  la 
force  des  ouvrages  ,  et  l'état  de  défense  de  la 
place,  il  a  cru  prudent  de  renoncer  à  son  entre- 
prise, et  de  faire  retirer  ses  troupes  qui,  selon 
4es  derniers  rapports  ont  été  ramenées  à  Minorque. 

Il  paraît  que  l'édition  de  la  Bible,  dont  parle 
Addisson ,  comme  ayant  été  publiée  sous  le  règne 
de  Charles  P'  avecceue  faute  dans  le  decalogue: 
.t^t  commettras  l'adullere  ,  n'est  pas  la  seule  à  qui 
l'on  puisse  reprocher  de  pareilles  altérations.  On 
lit  parmi  les  variantes  ,  une  aliéraiions  faite  un 
jour,  par  la  veuve  d  un  imprimeur  allemand, 
dans  la  sentence  qui  condamne  Eve  à  être  sou- 
mise à  son  mari  ,  et  qui  est  exprimée  dans  le 
jgmc  verset  du  3""'  chapitre  de  la  Genèse. 
Celte  femme  qui  ,  après  la  mort  de  son  mari  , 
s'était  mise  à  la  tête  de  l'imprimerie  ,  eut  occa- 
sion une  nuit  d'aller  dans  l'atelier  oii  une  nou- 
velle édit'on  de  la  bible  était  sous  presse  :  elle 
retrancha  les  deux  premières  lettres  du  mot  herr , 
dans  le  passage  que  nous  citons  ,  et  y  substitua 
la  syllabe  na  ,  mettant  ainsi  le  mot  fol  à  la  place 
du  mot  seigneur  ;  (i)  on  rapporte  que  ce  trait 
de  bisarrerie  coûta  la  vie  à  cette  malheureuse. 
Elle  fut  exécutée  à  Leipsick.  Les  exemplaires 
ainsi  falsifiés  furent  achetés  et  brûlés  par  ordre 
du  magistrat;  mais  il  en  échappa  quelques  uns, 
qu'on  retrouve  de  tems  en  lems  dans  le  com- 
merce et  qui  sont  vendus  extrêmement  cher; 
on  dit  qu'il  y  en  a  un  exemplaire  dans  la  col- 
lection des  bibles  de  Stuttgard. 

Le  comté  de  Leicester  a  adopté  un  plan  pour 
faire  baisser  le  prix  du  blé.  Il  fait  honneur  à  son 
patriotisme,  et  présente  un  exemple  qui  sera  , 
sans  doute  ,  imité  par  les  autres  comtés  du 
royaume.  Quelques  habilans  de  la  ville  ayant 
représenté  aux  fermiers  l'extrême  misère  où  le 
pauvre  se  trouvait  réduit  par  la  cherté  excessive 
du  blé  ,  ceux-ci  formèrent  aussitôt  une  associa- 
tion volontaire,  et  s'engagèrent  à  ne  vendre  jamais 
le  bled  plus  de  5  liv.  st.  le  quarter  (8  boisseaux 
de  55  liv.  chacun)  ,  la  première  qualité.  Cet  en- 
gagement a  été  souscrit  par  plus  de  ceiit  fer- 
miers ;  il  était  ainsi  conçu:  ((Nous  soussignés  , 
déclarons  que  nous  vendrons  au  marché  de  ce 
jour,  le  quarter  de  blé  5  liv.  st.  ,  et  nous  prenons 
l'engagement  de  n'exiger  jamais,  à  l'avenir  ,  im 
flus  haut  prix. 'irions  invilon.?  les  autres  fermiers 
à  nous  imiter,  n  (Cent  signatures  dans  l'espace  de 
trois  heures.) 

Pluneurs   des  signataires  ont  avoué  que  dans 
le  tems  le  plus  malheureux  ,    avec  5   liv.   st.   le 
cultivateur  était  couvert   de  tous  ses   frais  et  dé-  1 
penses.  Il  faut  espérer  que  le  parlement  profitera 
de  cette   déclaration   pour  défendre    que   le  blé 
ne  soit  jatiais  vendu    plus    cher  que  5  liv.  st.   le  j 
quarter.  C'est  le   moyen   d'arrêter   le  monopole  ,  | 
calamité  si  redoutable  pour  notre  pnys  { 2).  | 

Les  propriétaires  dans  le  Detbyshire  sont  con- 
venus de  faire  porter  leurs  grains  immédiatement 
sur  le  marché  ;  mesure  qui  doit  avoir  les  plus 
heureux  résultats  pour  le  public. 

Nous  apprenons,  par  des  lettres  de  Constan- 
linople  ,  en  date  du  i5  du  mois  dernier  (  27  ther- 
midor) ,  que   l'escadre  russe  ,  sous  le   comman- 


I  1  )  Heur  ,  mot  alltmand  qui  répond  à  notre  mot  MliTKE  ou 
«eioniur;  NARR    repond  au  mot  frani^ai!  Fol,  extravagant. 

(  2  )  Le  journalinte  anglais  qui  s'imagine  qu'on  peut6xer  au  prix 
du  bled  un  maximum,  ne  pense  pas  qu'il  faudrait  le  lendemain 
en  fixer  un  pour  toutes  les  valeurs  coiuinerciales  et  que  le  3e. 
iour  il  n'y  aurait  plus  ni  commerce  nî  circulation  possibles.  L'An- 
gleterre est  le  pays  du  monde  où  l'on  a  lait  le  plus  de  progrès 
dans  la  science  de  l'économie  politique  )  mais  il  n'y  a  ponn 
d'erreur  populaire  qui,  dans-oe  pays  comme  ailleurs,  ne  trouve 
«le»  partisans.  Le  Journal  de  Paris  observe  avec  justesse  que  les 
insurrections  nui ,  dans  ce  moment  se  manifestent  de  toutes 
IMrls  en  Angleterre  ress'mblcnt  beaucoup  à  celles  qui  troublèrent 
U  France  dans  l'année  1789.  L'analogie  est  d'autant  plus  com- 
plette  que  les  prétextes  des  insurges  ,  et  les  raisonnemena  des 
iomoiiintatcur»  peu  instruits,  «ont  précisément  les  mêmes  que 
ceux  dont  on  se  ««ivaii  alors. 


dément  de  l'amiral  OutschakofF.  a  reçu  ordre  de 
rentrer  dans  les  ports  de  U  Crimée. 

Birmingham  ,   le   i6  septembre. 

Des  symplômes  d'insurrection  ;lrès  -  e'fTrayans 
ont  éclaté  hier  au  soir  dans  différetjs  quartiers 
de_  la  ville  et  dans  le  voisinage.  Dés  qu'il  fut 
nuit,  un  rassemblement  considéraMe  .  conduit 
avec  ordre  par  un  chef,  se  montra  dans  Sm^l- 
brook-Sireei.  Ouand  la  irou]>c  fut  arrivée  devant 
la  maison  de  M.  Evans  ,  marcbat.d  de  comesii- 
■bles,  le  chef  cria  halte,  et  aussitôt  la  troupe 
s'arrêta.  Il  cria  ensuite  marche  :  à  l'instant  une 
grêle  de  pierres  brisa  les  fenêtres  et  les  volets 
de  la  maison.  Après  cela  ,  les  séditieux  dispa- 
rurent. Pendant  ce  lems  la  force  militaire  se 
rassemblait  dans  New-Street. 

Un  parti  de  révoltés  s'est  présenté  3u-.si  la  nuit 
dernière  devant  les  maisons  de  M.  'VVhaley  et 
de  M.  Harrison  ,  dEdgbasion.  Ils  en  ont  brisé 
les  fenêtres  ,  et  ils  auraient  fait  plus  de  mal 
encore  ,  sans  l'arrivée  des  ofiiciers  de  paix. 

Une  autre  bande  de  sédiiieux  de  'Westbrara- 
virich  arriva  ici  hier,  et  s'assembla  à 'Walsall.  Elle 
força  les  bouchers  à  vendre  leur  viande  à 
quatre  pence  et  quatre  pence  et  demi  la  livre. 
Un  boucher  s'y  étant  refusé  ,  on  lui  donna  une 
heure  pour  faire  ses  réflexions  :  il  finit  par 
obéir. 

Au  milieu  de  la  nuit  ,  un  gros  de  séditieux 
vint  à  la  m:iison  de  M.  Newby  ,  fermier  ,  â 
quelques  railles  de  Birmingham  ,  et  demanda  à 
entier  pour  voir  s'il  n'avait  pas  de  blé.  Mais 
celui-ci  s'y  opposa ,  et  assura  qu'il  n'en  avait 
point.  Les  séditieux  insistèrent  :  il  consentit 
enfin  à  en  admettre  trois  par  la  porte  de  derrière, 
sur  la  promesse  qu'ils  lui  firent  de  ne  point 
agir  en  ennemis.  Pendant  ce  lems  le  reste  de  la 
bande  ,  sans  égard  pour  la  promesse  qui  avait 
été  faite  ,   enfonça   la  porte    de  devant. 

Ces  furieux  n'ayant  pas  trouvé  le  bled  qu'ils 
cherchaient,  buçent  l'aile  de  M.  Newby  ,  man- 
gèrent son  lard  ,  et  essayèrent  d'emmener  ses  co- 
chons.. Pour  les  en  empêcher.  M.  Newby  prit 
son  fusil  et  menaça  de  faire  feu  sur  le  premier 
qui  oserait  ouvrir  l'érable.  Intimidés  par  sa  fer- 
meté, deux  des  chefs  lui  offrirent  de  composer 
pour  cinq  guinées.  Il  déclara  qu'il  ne  les  avait 
pas  i  ils  en  demandèrent  trois  :  la  condiiion  ne 
fut  point  acceptée.  A  la  fin  cependant  M.  Newby 
offrit  en  particulier  à  chacun  de  ces  deux  chefs 
une  guinée  ,  s'ils  voulaient  le  débarrasser  de  leur 
bande.  Ceux-ci  acceptèrent  :  quelques  minutes 
après  ,  il  n'y  avait  plus  personne  dans  la  maison. 

Le  lord-maire  a  tenu  hier .  à  Guidhall  ,  une 
assemblée  extraordi-'aire  d'aldermanns.  Il  a  dé- 
claré à  la  cour  assemblée  qu'il  avait  reçu  avis 
du  1  placard  incendiaire  ,  attaché  au  mon:tment  (i) 
samedi  au  soir,  et  qui  avait  occasionné -un  ras- 
semblement de  séditieux  à  Corn-Maiket  (marché 
aux  bleds);  qu'il  avait  usé  de  tous  les  moyens 
qui  sont  en  son  pouvoir  pour  dissiper  ce  ras- 
semblement ;  qu'il  avait  eu  le  bonheur  d  5  réus- 
sir ,  et  qu'il  avait  promis  une  récompense  de 
100  liv.  sierl.  à  quiconque  découviirait  l'auteur 
d'un  pareil  allentat. 

La  cour  des  aldermanns  .  pleinement  satisfaite 
de  la  conduite  du  lord-maire  ,  a  résolu  de  porter 
à  5oo  liv.  sieil.  la  récompense  qu'il  avait  pro- 
mise. Il  a  été  arrêté  aussi  que  .  dans  l'état  actuel 
des  choses,  il -fallait  que  tous  les  aldermanns  se 
tinssent  à  leur  poste  ;  des  remercîmens  ont  été 
votés  au  lord-maire  pour  la  vigilance  et  la  sagesse 
qu'il  a  développées  dans  cette  occasion.  L'opinion 
de  la  cour  a  été  que  ,  si  l'on  n'avatt  pas  défendu, 
la  veille  ,  les  approches  du  Corn  -  Market  ,  le 
prix  de  la  farine  et  du  bled  aurait  encore  baissé. 
La  cour  a  piis  en  conséquence  la  détermination 
de  réprimer  par  la  force  ,  si  1  oa  ne  pouvait  y 
parvenir  autrement  ,  toutes  les  tentatives  crimi- 
nelles qui  seraient  faites  pour  interrompre  ou 
troubler  le  marche. 

La  cour  ,  après  avoir  examiné  les  mercuriales 
et  entendu  le  maître  garde  de  la  compagnie  des 
boulangers  (Sur  l'assise  du  pain  ,  reconnaissant 
qu'il  y  avait  eu  peu  de  variations  dans  la  farine  , 
a  oidonné  que  le  prix  du  pain  continuerait  à 
être  le   même. 

Q_uelques  personnes  arrêtées  hier  ,  vont  être 
pou. suivies  par  le  solliciteur  de  la  cité  ,  aux  frais 
de  la   cité. 


(  î  )   Voye2  le  n».  d'ilisi. 


Il  s  est  tenu  lundi  (  20  fructidor) ,  une  assem- 
blée deshabitansdeWallingford  ,  dans  la  maison 
commune.  Elle  avait  été  convoquée  par  le  maire . 
a  l'eff'ct  d'aviser  aux  moyens  de  réduire  le  prix 
énorme  du  beurre.  L'assemblée  était  nombreuse 
et  bien  composée.  Il  y  fut  arrêté,  à  l'unanimiié  , 
qiie  personne  ,  pendant  un  mois  ,  ne  consomme- 
rait ,  ou  ne  laisserait  consommer  de  beurre  dans 
sa  tatniUe  ,  à  un  plus  haut  prix,  que  celui  d'un 
schelling  la  livre  ;  il  faut  espérer  que  cet  exemple 
set^a  suivi  par  les  autres  villes.  La  même  assem- 
blée a  arrêté  une  souscription  généreuse  pour 
poursuivre  avec  vigueur  tous  les  monopoleurs 
et  accapareurs  qui  pouiraient  êire  découverts. 
Bambury. — Lundi,  i^  septembre  (ao  fructidor.  ) 

Notre  ville  est  dans  ce  moment  le  théâtre  de 
1  insurrection  et  du  désordre.  La  cherté  du  pain 
en  est  la  cause  ou  le  prétexte.  La  nuit  dernière  , 
vers  minuit,  de  violcns  symptômes  de  troubles 
ayant  éclaté  ,  on  dépêcha  un  exprès  à  Oxford 
pour  faire  venir  un  déiachement  du  14=  de  dra- 
gons légers  ,  qui  y  sont  en  quartier.  Ils  arrivèrent 
aussitôt  pour  maintenir  la  tranquillité  publique. 
Jusqu'à  présent  il  n'y  a  point  eu  de  malheijrs  , 
mais  nousle  devonsévidemment  à  L'éneraie  qu'ont 
déployée  les  troupes  et  les  associations.  Les  fer- 
miers ont  pris  le  jour  même  la  résolution  de 
■fournir  la  ville  de  bié  ,  à  un  prix  modéré.  Les 
mêmes  symptômes  se  sont  fait  sentir  à  Oxford  ; 
mais  les  magistrats  ont  calmé  les  esprits  en  taxant 
le  pain  ,  le  beurre, Je  fromage  et  les  auiresdenrées 
de  premierenécessitéà  un  prix  médiocic.  Le  pain 
de  4  livres  se  vend  i3  pence  et  demi. 

Extrait  du  True  Briton  .  du  Star  et  du  Saint- 
James-Chronicle. 

Du  18  septembre  (  i"  jour  complémentaire.) 

Les  plans  de  campagne  de  nos  ministres  sont , 
dit-on.  très-beaux  sur  ie  papier.  Il  ne  inanque 
pour  leur  réussite,  que  les  fortifications  de  l'en- 
nemi soient  aussi   en  papier. 

Si  ,  par  un  armistice  sur  mer  ,  le  gouverne- 
ment français  entend  l'interruption  de  nos  expé- 
ditions .  l'issue  de  celle  contre  le  Ferrol  doit  le 
taire  désister  de   ce  préliminaire. 

Il  paraît  qu'en  dernier  résultat  les  troupes  com- 
mandées par  sir  James  Puheney  ,  ont  été  con- 
voyées dans  la  Méditerranée  par  le  Gilbraltar  et 
l'Ajax,  et  que  le  reste  de  1  armement ,  sous  les 
ordres  de  sirjohn  Boriase 'VVjrren  ,  a  rejoint  la 
gifande  flotte  ,  dont  il  avait  été  détaché. 

Tout  ce  que  nous  entendons  dire  de  cette 
expédition  ,  nous  confirme  dans  l'idée  qu'une 
enquête  est  devenue  nécessaire.  Il  y  a  des  cou- 
'  pables  dans  ceue  affaire;  mais  il  est  difficile  de 
les  reconnaître  ,  sans  une  connaissance  préalable 
des  instructions. 

En  attendant  ,  vô'ici  quelques  question» 
bien  simples  auxquelles  le  peuple  anglais 
dont  I  honneur,  le  sang  et  les  tiésors  ont  été 
ignominieusement  compromis  ,  semble  avoir  ac- 
quis le  droit  d'exiger  des  réponses  claires  et 
précises. 

N'a-t-il  pas  été  débarqué  au  Ferrol  ,  dans  le 
meilleur  éiat  de  santé  et  de  discipline-,  sous  les 
ordres  d'officiers  distingués  ,  et  la  protection 
d'une  escadre  puissante,  un  corps  de  11  mille 
hommes  pleins   d'ardeur  et  de  courao-e  ? 

Les  hauteurs  qui  commandent  la  place  .  n'onl- 
elles  pas  été  atteintes  par  nos  troupes  avec  peu 
d'obstacles  et  de  perte  ?  Y  avait-il  dans  la  ville  dii 
Ferrol  plus  de  600  ,  ou  dans  la  citadelle  .  plus  de 
200  hommes  de  troupes  espagnoles  ?  Nexlstc-t-il 
pas  dans  le  port  beaucoup  de  vaisseaux  de 
guerre  et  de  navires  marchands  espagnols  ,  et 
dans  la  ville  d'immenses  magasins  de  vivres  ,  de 
munitions  et  de  marchandises  ?  Et  n'était-ce  pas 
lopinion  générale  de  la  flotte  qu'il  nous  était: 
facile  de  nous  en   emparer  ou   de  les  détruire? 

(  Les  braves  espagnols  ont  prouvé  que  Ja  .flotte 
se  trompait.  —  Nele  du  rédacteur.) 

D'après  une  information  produite  sous  serment 
par  devant jM.  Ford  au  public-office  ,  qu'il  devait 
y  avoir  bientôt  un  combat  (à  coups  de  poing) 
entre  Mendoza  le  juif,  et  un  autre  fameux  boxeu,r 
nommé  Belcher,  il  a  été  rendu  par  ce  ma"isiiat 
un  wanant  pour  empêcher  les  deux  païues  de 
se  battre  en  dedans  de  sa  jurisdiction. 

Mendoza  a  dit  dans  sa  défense  que  c'était 
Belcher  g^ui  l'avait  défié  au  combat,  et  çjue  comme 


u 


l'affaire,  devait  se  vuider  en  Ec»8se,  il  avait  cm     avait  appris  enir'autres  que  la  femme  Roland  avait 


ne  point  outrepasser  les  lois  existantes  ,  en  aci 
ptant'le  cartel. 

M.  Ford  lui  répliqua  que  dans  le  cas  où  il 
persisterait  dans  sa  lésoluiion  ,  il  écrirait  aux 
magistrats  d'Ecosse  ,  et  qu'il  employerait  tous  les 
moyens  en  son  pouvoir,  non-seu|cment  pour 
pour  prévenir  ce  combat  ,  mais  même  pour  en 
Jaire   punir  les  acteurs  ,  s'il   avait  lieu. 

Sur  la  parole  Formelle  de  Mehdoza,  cautionnée 
par  deux  personnes  connues,  quil  ne  se  bat- 
terait  point  avccBelcher  ou  tout  autre  individu  ,  le 
warrant  a  été  retiré. 

On  dit  que  le  comte  de  Moira  aura  le  com- 
mandement des  troupes  destinées  à  défendre  le 
Portugal .  en  cas  qu'il  soit  attaqué.  Nos  ministres , 
auraient-ils  entin  ,  découvert  qu'il  faut  des  géné- 
raux à  de»  armées  ? 

Le  vice  amiral  Dickson  est  de  retour  avrc 
son  escadre  ,  dans  le  rade  d  Yarmouih  ,  de  sa 
mission   sur  la  côte  du  Dancmarck. 

Il  a  paru  à  la  hauteur  du  cap  Lézard,  une 
flotte  de  vingt  navires  venant  de  Qjiébec  ,  chargée 
de  farines  et  de  bleds.  Il  en  a  été  vu  une  autre 
devant  le  cap  Clear ,  arrivant  des  Indes-Occi- 
dentales. l'Extrait  du  Morning-Chronide.  ) 

Du  20  septembre  {^'  jour  complémentaire.  ) 

Actions  de  la  banque  ,  fermées.  —  Trois  pour 
cent  consolidés.  64  î.  65.  64  \.  j.  pour  octobre 
64  |.  65  ^.  \.  —  Omnium  4  i.  5. 

Des  rasscmblemens  nombreux  ont  eu  encore 
lieu  hier  dans  Fleet-Maiket  et  Bridge-Street.  Il 
n'a  été  rien  entrepris  contre  les  boutiques  ;  les 
individus  qui  formaient  ces  atlrouperaens  se  sont 
bornés  à  insulter  les  passans ,  et  à  forcer  les 
cochers  de  fiacre  à  ôter  leurs  chapeaux  et  à  les 
agiter  en  lair ,  en  se  joignant  à  leurs  vociféra- 
tions. Il  paraît  qu'ils  avaient  l'intention  de  se 
porter  plus  loin  et  d'attaquer  la  maison  de 
M.  Cullam  ,  riche  marchand  de  fromage  , 
lorsque  l'arrivée  d'un  détachement  des  chevaux 
légers  de  la  cité  leur  fit  prendre  le  parti  de  se 
retirer.  De  gros  coipî  de  troupes  patrouillent 
dans  les  rues  et  dispersent  chaqtie  groupe  ,  à 
mesure  qu'il  s'en  forme. 

Il  vient  d'être  f.iit  un,e  proclamation  ,  datée  de 
Weymouth  ,  lendarile  à  réprimer  l'esprit  d'insur- 
rection et  à  faciliter  l'arrivage  des  grains  dans  les 
diflérens  marchés. 

On  est  dans  l'appréheasion  la  plus  vive  à  Jersey 
d'une  descente  de  la  part  des  français. 

(Extrait  du  Sun.) 

INTÉRIEUR. 

Paris,  le  4  vendémiaire  an  g. 

La  France  vient  de  perdre  un  citoyen  recora- 
mandable  par  ses  venus  et  sestalens.  C'est  Veron- 
Forbonnais  ,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  sur 
l'économie  politique  ,  et  particulièrement  les  finan- 
ces. Il  y  a  piès  de  cinquante  ans  qu'il  commença 
à  écrire  5  et  quoique  la  science  économique  ait 
fait  de  grands  progrès  depuis  cette  époque  ,  on 
ne  trouvera  dans  ses  ouvrages  rien  que  la  plus 
saine  doctrine  ne  puisse  avouer. 

Il  a  été  pendant  la  plus  grande  partie  de  sa  vie 
occupé  utilement  près  de  divers  contrôleurs-géné- 
raux et  administrateurs  ;  sa  conduite  a  toujours 
éléirréprochable  et  désintéressée. 

Il  laisse  après  lui  une  mémoire  honorable. 

—  La  gazette  de  Francfort  avait  annoncé  dans 
son  n°  248  ,  que  le  général  Menou  était  mort  en 
Egypte  .  soit  de  la  peste  ,  soit  par  le  poison.  Le 
citoyen  Bâcher  ,  chargé  d'affaires  de  la  république 
française  près  la  diète  générale  de  ^empire-^,  ayant 
été  invité  à  prendre  des  informations  sur  la  source 
où  le  gazettier  avait  puisé  cette  nouvelle  ,  s'est 
convaincu  que  ,  répandu  d'abord  à  Constanti- 
nople  sans  aucune  authenticité,  ce  bruit  ne  s  y 
était  point  confirmé;  que  des  nouvelle  dejaffa, 
postérieures  à  l'époque  à  laquelle  on  rapportait 
cet  événement,  n'en  lésait  aucune  mention  ,  et 
personne  à  Constantinople  n'a  ajouté  foi  à  celte 
fable  imaginée  et  colportée  par  les  agens  de  l'An- 
gleterre. Il  faut  faire  honneur  de  cette  invention 
a  ceux  qui  débitaient  en  Egypte  la  nouvelle  de  la 
contre-révolution  opérée  en  France  ,  et  en  France 
celle  de  'a  mort  de  Bonaparte.  Ces  petits  moyens 
familiers   à  nos  ennemis  ,  s'usent  un  peu  par  un 


déjà  été  condamnée  ,  par  la  police  correction 
nelle  de  Paris  ,  à  trois  années  de  réclusion  dans 
une  maison  de  force  ,  pour  cause  d'escroquerie  ; 
mais  qu'elle  s'était  échappée.  Après  de  longs  dé- 
bats,  lejury  a  décl.iré  le  fait  constant,  et  les 
juges  leur  ont  appliqué  la  loi  ,  qui  ordonne  l'ex- 
position au  poteau  pend,int  six  heures  ,  à  payer 
les  frais  du  procès  ,  et  à  six  années  de  fers  pour 
l'homme  .  et  de  réclusion  dans  une  maison  de 
force  pour  lu  femme  pendant  un  même  nombre 
d'années.  Ou  a  remarqué  que  ,  des  trois  citoyens 
de  Strasbourg  qui  ont  dénoncé  ces  escrocs  ,  et 
qui  sont  la  cause  de  leur  arrestation  ,  aucun  ne 
vit  plus  •,  l'un  était  le  banquier  Joseph  Hotraann  ; 
l'autre  le  courtier  Reinbold  ,  et  le  troisième  un 
juif.  On  ajoute,  mais  sans  preuve,  que  chacun 
de  ces  trois  citoyens  avait  reçu  ,  dans  le  tems  , 
des  lettres  en  blanc  à  leur'  adresse  ,  et  dans  les- 
quelles il  n'y'  avait  rien  d'écrit  :  on  suppose  que 
peut-être  ces  lettres  auraient  pu  être  la  cause  de 
leur  moit,  cequi  serait  bien  difficile  à  expliquer. 
Cs  fait  n'a  pas  excité  l'attention  du  tribunal  ,  et  il 
n'est  pas  prouvé.   (  Journal  des  UéOats.  ) 

—  En  annonçant  ,  dans  notre  numéro  du  28 
fructidor  dernier,  h  Mappemonde  philosophique 
et  politique  du  citoyen  L.  Btion,  père,  ingé- 
nieur-géographe ,  nous  avons  omis  de  dire  que 
l'objet  fondamental  de  cette  carte  sur  laquelle  se 
trouvent  tracées  les  lignes  itinéraires  de  Cook  et 
de  Lapeyrouse,  était  de  représenter  sous  tjne 
même  couleur  les  différentes  naiii^ns  soumises 
à  une  même  forme  de  gouvernement.  Sur  cette 
carte  et  au  premier  coup-d'oeil  on  peut  distin- 
guer et  reconnaître  les  contrées  qui  ,  quoique 
séparées  par  les  plus  grandes  distances,  obéissent 
à  un  régime  semblable  ;  les  nations  soumises  à 
un  gouvernement  despotique;  celles  qui  se  gou- 
vernent démocratiquement  ;  celles  que  régit  un 
monarque;  celles  où  la  monarchie  est  absolue 
ou  tempérée  ;  celles  où  une  constitution  répu- 
blicaine renferme  un  mélange  d'aristocratie  ;  les 
tribus  demi  sauvages  chez  lesquelles  on  trouve 
à  peine  quelques  traces  de  civilisation  ;  celles 
d'entr'elles  les  plus  près  de  la  nature,  mais  par 
fois  féroces  ;  les  unes  sujettes  et  tributaires ,  les 
.autres  ,  en  plus  grand  nombre,  indépendantes, 
y  sont  marquées  par  différentes  couleurs.  On  y 
trouve  des  tableaux  du  nombre  présumé  des  ha- 
bilans  de  la  terre,  1°  sous  le  rapport  des  grandes 
divisions  ordinaires  ,  2°  sous  le  rapport  des  divi- 
sions à   raison  de  la  nature  des   gouvernemens. 

Une  foule  de  notes  explicatives  achèvent  de 
donner  à  celte  carte  toute  la  clarté  et  tout  l'in- 
térêt dont  elle  était  susceptible. 

Le  nom  seul  du  citoyen  Brion  recommande 
cette  production  dont  l'idée  nouvelle  lui  ap- 
partient.       J 

—  Il  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  que  le 
!='  vendémiaire  ,  il  ne  se  trouvait  pas  à  Paris  plus 
de  25oo  hommes  de  troupes  de  ligne  ,  y  compris 
la  gendarmerie.  Cependant  ,  aucune  circonstance 
ne  pouvait  otîrir  plus  d'aliment  à  la  curiosité  pu- 
blique ,  attirer  une  foule  plus  nombreuse  ,  ni 
donner  lieu  à  de  plus  grands  rassemblemens.  Plus 
de  200,000  spectateurs  se  sont  réunis  sur  les  am- 
phitéâtres  du  Champ-de-Mars  ,  sans  que  le  moin- 
dre tumulte,  le  plus  léger  accident  aient  troublé 
IfS  jeux  ni  mêlé  quelques  larmes  à  la  joie  pu- 
blique. Le  même  calme  ,  le  même  ordre  avaient 

I  régné  la  veille  dans  tous  les  théâtres  gratuitement 
ouverts.  Le  premier  consul  assistait  à  celui  de  la 
République  ,  où  f  on  croit  qu'il  n'y  avait  gueres 
moins  de  i5,ooo  personnes  rassemblées  tant  dans 
la  salle  que  dans  les  corridors  et  sous  les  por- 
tiques. Dans  plusieurs  autres  états  de  lEurope  , 
avec  beaucoup  plus  de  précautions  et  d'efforts  , 
on  n'obtient  pas  d'aussi  heureux  réjullats.  A  Lon- 
dres ,  où  plus  de  10,000  hommes  sont  tenus  habi- 
tuellement en  réserve  pour  garantir  la  sûreté  pu- 
blique ,  les  désordres  sont  très-fréquens  :  et  tout 
récemment  ,  des  insurrections  très  sérieuses  ont 
donné  lieu  à  de  graves  inquiétudes. 

On  sait  qu'à  Vienne ,  le  général  chargé  du 
commandement  de  la  place  a  donné  sa  démis- 
sion par  ce  qu'on  avait  réduit  â  moins  de  6000 
hommes  la  garnison  de  cette  ville  ,  qui  n'équi- 
vaut pas  au  quart  de  Paris.  Il  n'est  peut-être 
pas  de  puissance  en  Europe  qui  n'entretienne, 
pour  maintenir  la  police  dans  l'intérieur  de  ses 
états  ,  un  nombre  de  troupes  proportionnelle- 
ment double  de  celui  qui  est  employé  en  France 
pour  le  même  service  dans  la  plupart  des  grandes 


trop  fréquent  usage  ;  e^  à  force  de  trouver  qu'on  |  "P."^'^!, ,    .1   est  qu.ntuple   de   celui  qu  on   a   a 
,a  eu  tort  de  croire  ce  qu'ils  on  dit,  on  finira  par    ^^"'-    <^"    farts  mentent  deire    pubhes^  parce 
ne  pas  croire  leurs  nouvelles  ,  précisément  parce 
que  ce  seront  eux  qui  les  auront  dites. 


— Le  3'  jour  complémentaire  ,  on  a  jugé  à  Stras- 
bourg une  cause  qui  avait  attiré  beaucoup  de 
monde.  Une  lemme  et  un  homme  qui  avaient 
pris  le  nom  de  Beauharnais.  avaient  été  arrêtés 
à  Strasbourg  pour  avoir  négocié  de  faux  effets  de 
commerce.  On  a  appiis  que  le  vrai  nom  de  la 
femme  était  Roland  ,  veuve  Laioc  ,  et  celui  de 
l'homme  ,  Bournel.  Depuis  leur  arrestation  ,  on 
avait  recueilli   beaucoup    d'informations,   et  oa 


qu  ris  peuvent  faire  juger  de  l'état  de  la  France, 
et  donner  une  idée  juste  ,  tant  de  sa  situation 
que  de  celle  de  son  gouvernement. 


Sur    l'A  ngleterre. 

La  guerre  est  ordinairement  envisagée  comme 
destructive  de  la  prospérité  des  empires. 

Les  peuples  la  craignent  pour  leur  bonheur  , 
les  riches  pour  leurs  fortunes  ,  les  pauvres  pour 
leur  industrie  ,  les  gouyeruemens  pour  leur 
puisiance. 


On  assure  qu'aujourd'hui  c'est  la  paijt,  que 
redoute  le  cabinet  de  Saint-James  <,  ou  drt  qu'il 
considère  les  malheurs  de  la  guerre  comme  une 
mine  inépuisable  qu  il  doit  continuer  à  exploi- 
ter sans  pilié  comme  sans  remords  ,  pour  son 
seul  profit ,  aux  dépens  des  malheurs  du  con- 
tinent ,  des   colonies  ,   du  monde. 

Qjie  de  vérités  sévères  et  terribles  pourraient 
être  opposées  à  cette  politique  cruelle!  Nous 
nous  bornerons  à  quelques  réflexions. 

Ce  n'est  point  dans  son  île  qu'e-t  la  source  de 
la    richesse  et  du  crédit  de  l'Angleterre, 

A  quelque  soinme  que  les  exagéraieurs  gagés 
élèvent  les  revenus  de  son  territoire  ,  les  produits 
de  son  industrie  ,  les  fruits  de  son  commerce  ,  il 
n'est  pas  douteux  que  c'est  au-delà  des  mers  que 
sont  toutes  ses  ressources  ,  et  que  c'est  avec  l'or 
d'un  autre  hémisphère  qu'elle  paie  les  crimes  et 
les  maux  de  celui-ci. 

On  convient  que  ,  dans  la  guerre  actuelle,  l'An- 
gleterre est  devenue  la  maîtresse  des  mers  par  ses 
vaisseaux. 

La  république  française  a  acquis  sur  terre  une 
puissance  à  laquelles  les  efforts  combinés  de 
lEurope   n'ont  pu  resisier. 

Le  seul  usage  que  son  gouvernement  ait  voulu 
en  faire  ,  le  seul  avantage  qu  il  ptéiende  en  tirer 
encore  ,  c'est  d'obtenir  une  paix  durable. et  so- 
liste ,  un  traité  dont  la  justice  ,  l'intérêt  général  de 
l'Euiope  garantisse  l'exécution. 

Le  cabinet  de  Saintjames  au  coniraire  ne  veut 
user  de  ses  succès' que  pour  consolider  sa  domi- 
nation ;  il  ne  verse  un  peu  d  or  en  Europe  ,  qie 
pour  s'emparer  de  tout  lor  de  l'Améiique  et  de 
l'Asie. 

La  république  française  combat  pour  rester 
libre. 

L'.Angleterre  combat  pourrester  dominatrice. 
De  cjuelqucs  illusions  que  ses  négociateurs  en- 
tourent les  cabinets  qu  ils  assiègent  ,    cette    vérité 
n'en  reste  pas  moins  frappante  pour  touslesyeux. 
Si   de  nouveaux  succès   sur   terre  couronnent , 
comiTie   tout    le  présage  ,    les   nouveaux    efforts 
des  armées   françaises  ,   l'Angleterre    n'a  -  t  -  elle 
donc   pas   à  craindre    que  les  peuples  et  les  rois 
s'indignent  enfin   de  leurs   trop  longues  erreurs  , 
et  qu'ils   ne  soient  ramenés  ,    par    les    nouvelles 
leçons   du  malheur  ,  à  des  idées  plus  justes ,  plus 
modérées,   sur-tout  à  des  résolutions  plus  utiles  ? 
Que  deviendra  alors  l'Angleterre  isolée  ? 
Que  deyiendra-i-elle   si   les  yeux  de  l'Europe 
s'ouvrent  ?  si  tant   de  nations  outragées  ,   tant  de 
pavillons  avilis,   tant  de  puissances   bravées ,  se 
réunissent    pour     lui    reprocher    son   orgueil  et 
leurs  injures  ,    son  ambition    et  leurs  malheurs  ? 
Quel  rempart  opposerait-elle  à  une  ligué  bien 
plus  juste,   et  conséquemment  plus    redoutable 
que  celle  qu'elle  entrelient  contre  la  France  ? 

Venise  était  moins  superbe  ,  moins  opulente, 
moins  redoutable,  quand  elle  arma  contre  elle 
tous  les  potentats  de  I  Europe  ,  plus  jaloux  en- 
core d'abaisser  son  insolence  que  de  partager  ses 
dépouilles. 

L'Angleterre  sera-t-elle  aussi  heureuse  que  le 
fut  alors  la  reine  de  l'Adriatique  ? 

Si  un  véritable  politique  s'élève  ,  et  persuade 
enfin  aux  rois  de  1  Europe  qu'il  est  tems  de  sentir 
quelle  force  destructive  1  Angleterre  veut  faire 
peser  sur  leurs  trônes  avilis  ;  si  par  l'irrésistible  as- 
cendant de  leur  intérêt  bien  mieux  entendu  que 
celui  qu'on  présente  en  ce  moment  à  l'Autriche 
comme  le  plus  pressant  ,  on  réussissait  à  former 
une  ligne  contre  l'usurpation  ,  lenvahissement  , 
le  despotisme  maritime  L'e  l'Angleterre  ;  si  on  fe- 
sait  dire  à  cette  ligue  ,  Brisons  le  sceptre  de  cette 
Rome  de  la  mer ,  que  ferait-elle  ? 
Ses  flottes   la   rassurent. 

Mais  les  flottes  ne  sont  pas  l'arme  prépondé- 
rante dans  les  duels  d'empire  à  empire. 

Il  ne  suffit  pas  d  avoir  des  vaisseaux  pour 
donner  des  lois  à  l'univers. 

Que  les  ports  du  continent  européan  se  fer- 
ment aux  ang  ais  ;  Que  la  terre  indignée  les 
repousse  de  toutes  parts  sur  lélément  où  ils 
ont  voulu  dominer  ;'  ' 

Qu'on  leur  refuse  de  tous  cotés  les  moyens 
de  réparer  les  ravages  des  tempêtes  ou  du 
tems  ; 

Qu'on  n'ait  plus  l'imprudence  de  lutter  contre 
eux  sur  mer  avec  des  forces  inégales  ;  qu  on 
les  laisse  se  consumer  en  stations  ,  en  blocus 
impuissans  ; 

Qu'on  ne  leur  donne  plus  l'occasion  de  forcer, 
par  la  crainte  des  châiimens  ou  des  supplices  , 
les  matelots  de  leurs  ennemis  ou  de  leur  alliés 
de  servir  sur  leurs  flottes  ,  et  de  faire  de  leurs 
prisonniers  des  recrues  ou  des  victimes;  qu'on 
ait  quelques  mois  ,  ijuelques  années  s'il  le  faut, 
le  courage  des  privations  pour  ne  pas  être  tri- 
butaire de  leur  commerce  ; 

On  verra  alors  que  jamais  les  prospérités  ap- 
puyées sur  des  flottes  et  des  vaisseaux  n'ont  été 
durables. 


i5 


Les  succès  obtenus  sur  les  mers  ,  participent  à 
leur  insiabiliié. 

De  tous  tems  les  matelots  ont  fini  par  céder 
aux  soldats. 

Alexandrie, Tyr,  Cannage  ont  étonné  l'univers 
par  leur  commerce  ,  leur  richesse  et  leur  puis- 
sance: comme  l'Angleterre  ,  elles  couvraiertt  toutes 
les  mers  de  leurs  vaisseaux. 

Elles  ont  cédé  à  des  ennemis  qui  n'en  avaient 
pas. 

Des  puissances  modernes  qui  ont  eu  des  jours  , 
des  années  , et  même  des  siècles  de  gloire  ,  Venise  , 
Gênes  ,  le  Portugal  ,  l  Espagne  ,  ont  cédé  au  pou- 
voir des  piques  et  des  bataillons  ,  à  l'ascendant 
des  forces  continentales. 

Le  sol  et  les  hommes  constituent  seuls  la  vi;aie 
richesse  et  la  vraie  puissance. 

Tout  est  réel ,  tout  est  cfFeclif  dans  la  force  des 
bras  d'un  peuple  brave  et  nonibieux  ,  dans  les 
ressources  du  produit  d'un  territoire  étendu  et 
fertile. 

L'imagination  peut  y  ajouter ,  mais  on  peut  les 
soumettre  au  calcul  sans  qu'elles  y  perdent. 

La  puissance  maritime  se  compose  de  tant  de 
moyens  ,  elle  a  tant  d'ennemis  ,  saus  compier  les 
hommes  ,  qu'elle  est  menacée  chaque  jour  de 
destruction. 

La  marine  est  en  guerre  avec  tous  les  élémens. 
L'esu  ,  l'air ,  le  feu  ,  marient  ou  secondent  réci- 
proquernent  leurs  fuieurs  ;  mille  chances  peu- 
vent tourner  contre  un  vaisseau  les  moyens  de 
destruction  et  de  mort  qu'il  renferme. 

Toutes  les  manières  de  périr  ,  toutes  les  res- 
sources des  ans  meurtriers  ,  sont  rassemblées 
dans  ce  petit  espace  ;  la  guerre  maritime  coûte 
cent  fois  plus  d'or  et  de  sang  que  toutes  les 
autre)  ;  l'onde  dévore  en  quatre  ans  de  guerre 
les  deux  tiers  des  matières  et  des  hommes  qu'on 
y  emploie. 

Jamais  donc  ,  la  raison  le  dit  et  l'histoire 
l'atteste  ,  une  puissance  maritime  n'a  triomphé 
d'une  puissance   continentale. 

Les  anglais  ,  après  avoir  gagné  des  batailles 
sur  le  sol  fiançais  ,  comme  les  carihaginois  sur 
le  territoire  d'Italie  ,  ont  fini  par  être  réduits  à 
iè  servir  pour  leur  fuite  ,  des  vaisseaux  armés 
pour  leur  triomphe. 

Et  si  les  puissances  enropéannes,  non  contentes 
de  se  liguer  pour  défendre  le  continent,  pour 
en  interdire  l'accès  à  l'Angleterre  ,  s'entendaient 
pour  créer  une  marine  qui  pût  combattre  la 
sienne  avec  avantage  ;  alors  sans  doute  ,  lés  maux 
de  Ihumanité  seraient  plus  cruels  ,  plus  affreux  , 
mais  leurs  auteurs  seraient  plus  rigoureusement 
punis. 

Que  de  vaisseaux  déjà  construits  en  mer  ou 
dans  les  ports  ,  pourraient  s'unir  contre  l'Angle- 
terre ! 


sa   femme-,    d'empoisonner   le   citoyen  Guillet  ,     primées  littéralement  parla  constitution,  il  n'y 


eur  beau-frcre  ,  pour  s  approprier  sa  succession 
quelques  jours  plutôt.  lis  allèrent  le  voir  ,  et  en 
lurent  reçus  avec  une  cordialité  qui  aurait  dû 
les  désarmer.  Vers  la  fin  du  souper  ,  la  femme 
Bourier  met  le  poison  dans  un  verre  de  vin  que 
Guillet  bo  t  avec  sécurité.  Il  en  ressent  bientôt 
les  atteintes.  Bourier  dont  il  provoque  les  secours 
lui  en  administre  de  perfides  ,  et  bientôt  sa 
victime  expire  dans  ses  bras.  Une  mort  aussi 
prompte  et  aussi  extraordinaire  fixe  l'attention 
publique.  Le  juge  de  paix  informé  fait  exhumer 
et  ouvrir  le  cadavre  :  le  poison  est  reconnu. 
Des  mandats  d  arrêt  sont  lancés  contre  Bourier 
et  sa  femme.  Le  tribunal  criminel  les  a  con- 
damnés a  mort.  Le  tribunal  de  casiaiion  a  rejeté 
leur  appel  :  ils  ont  subi  leur  jugement  à  Château- 
roux  le  14  fructidor  dernier. 


T     R     I     B     U    ;n     A     T. 

Présidence  cTAîiclrieux. 
SÉANCE    DU    2    VENDEMIAIRE. 
Un  secrétaire  faitlecture  de  la  correspondance. 

Le  citoyen  Delambre  ,  président  du  bureau 
des  longitudes  ,  fait  hommage  du  volume  de  la 
Connaissance  des  tems  pour  t'ait  11. 


en  aurait  point  ,  car  la  constitution  n'en  exprime 
littéralement  aucune.  Comment  aurait-elle  pu 
les  exprimer  ?  était-il  possible  de  prévoir  tous  le» 
cas,  d'embrasser  toutes  les  combinaisons? 

Si  dans  la  conduite  ordinaire  de  la  vie  le  sage 
et  le  juste  ont  pour  maxime  ,  dans  le  doute  abs- 
tiens toi;  dans  la  conduite  des  affaires  publiques 
le  doute  impose  1  obligation  de  s'éclairer;  d'oii 
je  conclus  qu'une  inconstitutionnalité  ,  fût  -  elle 
même  fort  douteuse  ,  son  existence  lût  -  elle 
un  problême  ,  le  doute  imposerait  l'obligation 
de   recourir  au  sc'nat-conservateur. 

Le  rapporteur  éiablir  en  outre  que  l'inconstitu- 
tionnaliiéestune mesure  extraordinaire  qui  ne  doit 
être  employée  qu  en  raison  inverse  de  sa  loice, 
et  que  plus  cette  foice  est  grande,  moins  il  laut 
l'opposer  à  de  faibles  résistances  ;  il  en  prescrit 
sur-tout  l'économie. 

Je  pense  bien,  tribuns,  que  vous  ne  devez 
pas  transformer  une  mesure  salutaire  et  gr'aVe  , 
en  une  iracasseiie  puérile  ou  opiniâtre  ,  contre 
le  gouvernement  ,  la  sagesse  du  tiibunat  m'est 
un  sûr  garant  à  cet  égard  ;  mais  je  ne  crois  pas 
que  vous  puissiez  regaidt-r  la  dénonciation  d'une 
inconstitutionnaliié  ,  comme  une  mesure  qui  ne 
puisse  être  appliquée  t[i]  à  des  cas  extraordi- 
naires. La  poursuite  de  1  itieonstitutionnaljié  est 
une    mesure    constituiionelle   comme    toutes    les 


auires;  vous  ne  pouvez  la   dénaturer   ni  la  ri-odi-. 
Le  tribunal    accepte  l'hommage   et  ordonne  le  ,  fier  ;  vous  n'avez  pas   même  la   faculté  de  l'exer- 


cer ou  ne  l'excrter  pas.  Toutes  vos  attributions 
sont  obligaioirts  pour^vous  .  parce  qu'elles  sont 
un   dépôt  et  non  une   propriété. 

Ainsi  ,  dans  le  sysiêiTie  de  votre  commission, 
la  mesure  de  l'inconslitittionnaliié  n'est  qu'unvain' 
épouventail  qu'il  faut  tenir  en  réserve ,  et  qui  n'est 
redoutable  qu'autant  qu'on   en  usera   rari.-meni , 


Un  premier  tour   de  scrutin,  pour  le  renou- 
vellement   de   la    commission    des    inspecteurs,         .  -.  .  .      .      .  „ 
n'ayant   donné  la  majorité    absolue  des  suffrages  '  P^'^cipes   de    notre   tnstnut.on.    S. 
à    aucun  des    candidats,    il    sera   fait  un  second    Paru  a  1  un  de  nos  collc-ues    un   i 


dépôt  à  la  bibliothèque. 

Le  citoyen  Miot  ,  nommé  conseiller  -  d'élat  ,  1 
écrit  qu'il  accepte  celle  place  ,  et  donne  sa  dé- 
mission   de  membre  du  tribunal. 

Il  sera  fait  mention  de  cette  lettre  au  procès- 
verbal.  Le  tribunal  arrête  ensuite  qu'il  sera  fait 
un    message    au  sénat-conservateur  pour  lui  an- |  et  pour  ainsi'dire  ,"jàm'ais. 

noncer  la  démission  du  citoyen  Miot.  t^  -u  1  1    „   „, 

*  '  \       Tribuns  ,  ne  soyiins  pas  plus  sages  que  la  cons- 

On    procède    au  renouvellement  du    bureau:'  (iiulion  ;   n'ayons  d'aune  volonté  que  la  sienne  ; 

Crassous  est  élu   président;   les  secrétaires  sont,'  remarquons ,  sur-tout  en   loi  obéissant,   en  quoi 

Imbert  ,  Malès  ,  Riouff  et  Grenier.  [  elle  diffère  de  celle  de  l'an  3  ,   sous  le  rapport  de 

la  force  ,   des  prérogatives  et  des  droits  accordés 

au   gouvernement.  Pénétrons-nous  bien  des  vrais 

'e  ttibunat   a 

essai   hardi    en 

l'expéritnce   a    déjà   fait  entievoir.  a 


scrutin  a  la  première  séance.  i 

On   reprend  la    discussion  sur    la    pétition  du 
citoyen  Borel  ,  par  laquelle   il   dénonce   comme 
inconstitutioimcl   l'arrêté   du  conseil-d'état  relatif 
à  la  liquidation   des  créances  des   ci-devant    fer-  , 
miers-généraux. 


pa 

pohtique  . 

tous  les  hommes  éclairés  que  ,  dans  l'état  actuel 
de  la  civilisation  ,  cette  institution  est  une  con- 
ception adaptée  aux  tems  où  nous  vivons  ,  aux 
habitudes  ,  à  l'opinion  ,  aux  besoins  du  peuple 
français,  aussi  nécesaire  au  gouvernement  (|U  au 
peuple.  La  poursuite  de  l'inconstitutionnalité  est 
pro^^er  , 
donlil  ne  peut 


à  l'aide   desquelles  ,  dans  la   séance  précédente  ,  |  indiquer  au   tribunal  la  conduite 
Ganilh  a  soutenu  la  pétition  ,  et  combattu  l'avis  ■  s'écarter. 

de  la  commission  qui  avait  proposé  de  déclarer        L'orateur  applique  ces  principes  à  la  question 

qu'il  n'y  avait  lieu  à  délibérer.  pariicuherc  qui    a  motivé    le  (apport,    et  il  rap- 

Le  rapporteur  ,  dit  Ganilh  ,  a  mis  en  question  !  pelle  l'acte  du   gouvemcment  dont  il  y_  est  ques- 

si  l'inconstitutionalité  consiste  dans  la  violation  de  j  lion  :  il  établit  que  cet  acte  a   paralysé  ou  plutôt 

la  lettre  ou  de  l'esprit  de  la  constitution  ,  ou  dans  .  infirmé  un  jugement  rendu ,   et   confirmé  par  un 

l'infraction   de  l'une  et  de  l'autre.  La  faire  con-  1  tribunal  d'appel  .    et  nie  que  ce  droit    soit  com- 

sisler  dans  la  violation  de  l'esprit  de  la  constitu-  !  pris  dans    les    attributions    constitutionnelles    du 

tion  ,  lui  a  paru  ouvrir  la  porte  à  des  inductions ,  1   gouvernement  ,  attributions  qu'il  rappelle   et  dé- 

Romen'avaitpasunvaisseau;  unegalere  échoue  [  à  des   interprétations  toujours  difficultueuses  ;  il  j  taille  article  par  article. 

sur  If  s  côtes  d  Italie  ;  elle   sert  de  modèle;    trois  1  ^",?,"''^,  '^  conséquence  .  que  les  inconsiitution-  j       L'orateur  établit  ensuite  que    cette   inconstitu 


Que  de  vaisseaux  pourraient  se  construire  , 
s'armer  contre  la  nouvelle  Carthage! 

Les  perses  ont  été  vaincuspar  les  vaisseaux  athé- 
niens ,  construits  àla  hâte  par  Thémistocle. 


cents  galères  quittent  bientôt  les  rivages  romains  , 
elles  marchent  aux  carthaginois;  et  Duillius  , 
avec  des  matelots  qui  n'avaient  jamais  vu  la  mer 
que  du  rivage  ,  rapporte  à  Rome  les  éperons  des 
vaisseaux  ennemis  ,  en  garnit  la  tribune  ,  et  fait 
construire  une  colonne  rostrale. 

Philippe  II  régnait  sur  lOcéan  à  l'aide  de  l'or 
du  Mexique,  comme  Georges  III  commande  aux 
deux  mers  au  moyen  des  richesses  de  l'Inde.  — 
Philippe  arme  contre  l'Angleterre  :  quelques  fai- 
bles bâiimens  sont  secondés  par  des  tempêtes  in- 
vincibles, et  la  flotte  espagnole  est  détruite. 

Louis  XIV  voulut  avoir  une  marine ,  il  la 
créa. 

Le  czar  Pierre  et  venu  apprendre  l'art  de  la 
construction  en  Europe  ,  et  la  Russie  est  déjà 
au  rang  des  puissances  maritimes. 

Créi"r  une  marine  est  un  effort  plus  coûteux 
que  difficile  ;  il  présente  plus  de  dangers  que 
d'obstacles. 

Que  l'Ant^lelerre  craigne  donc  de  voir  l'Eu- 
rope liguée  non-seulement  l'exiler  de  ses  rivages, 
mais  encore  repousser  ou  détruire  ses  flottes  par 
des  flottes  plus  nombreuses. 

L'indignation  et  l'intérêt  sont  de  puissans  mo- 
biles ;  et  si  le  cabinet  de  Saint-James  ne  revient 
pa<  à  d'autres  maximes  ,  la  sagesse  et  l'humanité 
BTiêrac  pouiront  lui  faire  bientôt  des  ennemis  ir- 
réconciliables de  ses  alliés  désabusés. 


nalités  devaient  être  réduites  à  celles  que  l'unique  1  tionnalilé  nesi  pas  la  seule  qui  vicie  l'acte  dont  il 
expression  Imérale  de  la  consntuuon  manifeste.  s'agit. La  constitution,  en  effet,  chargele  gouverne- 
Ce  système  ingénieux  ne  repose  à  mon  avis  sur  |  ment  de  faire  les  réglemens  nécessaires  pour 
aucune  réalité,  sur  lien  de  positif.  Il  prend  sa  |  assurer  l'exécuiiûn  des  lois  :  mais  l'acte  du  4  ger- 
source  dans  la  confusion  que  le  rapporteur  a|  minai  offie  un  résultat  contraire;  il  enfreint  les 
faite  de  la  législation  civile  du  pacte  social,  des  j  lois  ,  au  lieu  de  leur  être  conlorme. 
devoirs   qui   lient   les   premieires    autorités   de   la  |       Ganilh  s'attache  à    prouver  cette  assertion  par 


république  et  des  intérêts  qui  divisent  les  indi- 
vidus. Mais  il  est  aisé  de  se  convaincre  que  ces 
deux  matières  n'ont  aucun  rapport  entre  elles. 

Les  lois  civiles ,  quelle  que  soit  leur  perfection  , 
ne  peuvent  pas  être  appliquées  par  les  tribunaux  . 
sans  le  secours  des  analogies  ,  des  inductions  , 
des  interprétations  ,  mais  ce  secours  n'est  point 
nécessaire  dans  la  poursuite  de  l'inconstitution- 
nalité. Ce  sujet  présente  toujours  un  fait  simple 
et  authentique  ,  qu'il  est  impossible  de  contester 
ou  de  dénaturer,  et  l'application  de  la  constitu- 
tion à  ce  fait  est  tout  aussi  simple  et  aussi  peu 
susceptible  de  controverse. 

La  constitution,  en  effet,  en  créant  les  divers 
pouvoirs  publics  ,  a  fixé  leurs  attributions  respec- 
tives ,  et  cette  séparation  ne  peut  être  franchie  , 
sans  que  l'infraction  n'en  soit  évidente  pour  tout 
le  monde. 

Oii    serait  donc  ,   dans   un  ordre   social  aussi 

simple  que  le  nôtre  ,  le  moyen  de  se  rnéprendre 

j  sur  le  caractère  des  divers   actes  émanés  de  cha- 

;  cun  des    pouvoirs 't*    Telle  est  la   division  exacte 

!  de  ces   pouvoirs  ,   qu'il    ne    faut 


pouvoirs  ,   qc 


que  comparer 


,  r-  ,     -.  J     «^  J    17  n  T/7TT      er        J  1     lacteprevenu  d  inconstitutionalite  avec    la   cons 

[Extrait  du  Mercure  de  France, n°  VIII ,  i" vend.)  ]■■  ^  ,  .  . 

'  '  '  '  :  titution  ;    ce    raprochement 


le  rapprochement  de  l'acte  du  gouvernement  , 
des  disf'Osilions  législatives  qu'il  concerne  ;  il 
trouve  que  lacté  valide  une  loi  du  23  nivôse  , 
abrogée  par  celle  du  21  prairial  an  3  ;  et  en  se- 
cond lieu  ,  abroge  des  exceptions  que  la  loi  du 
4  frimaire  avait  établies. 

Enfin  il  reproche  à  l'acte  de  renfermer  une  ex- 
tension de  délai  que  la  loi  n'accordait  point  ;  il 
en  conclut  que  cet  acte  ,  sous  divers  rapports  , 
est  entaché  d'inconstitutionnalité  ,  il  propose  de 
déférer  cet  acte  au  sénat-conservateur  p,our  cause, 
d'inconstitutionnalité  seulement  ;  et  il  propose  en 
outre  de  renvoyer  à  une  commission  tte  cinq 
membres  l'examen  du  mode  à  suivre  pour  la 
poursuite  de   cette  inconstitutionnalité. 

Gittet ,  de  Seine  et  Oise ,  obtient  la  parole. 
L'inconsiituiiontialité  ,  dit-il  ,  devenant  un  crime, 
doit  résulter  de  la  violation  textuelle  des  lois , 
et  non  d'une  interprétation  de  ces  mêmes  lois. 
Cela  posé  ,  j'examinerai  si  l'arrêté  qui  vous  a  été 
dénoncé  ,  attaque  le  pleuvoir  législatif ,  et  s'il, 
empiète  sur  le  pouvoir  judiciaire. 

bord  la  première  question  , 


J  examinerai  d 

je   ferai  remarquer   qu'il  s'est  glissé   une  grande 

cette     comparaison  j  erreur  dans  la  discussion  qui  a  eu  lieu  jusqu'à  ce 

j  donnent  à  l'instant  même  un    résultat  évident  et  |  jour.  On   a  cité   la  législation   qui   existait  avant 

hors  de  toute  controverse.  En  un  mot ,  c'est  par  i  lygi  ,  et  on  a  oublié  qu'à  cette  époque  le  bail  des 


T  P.  I   B  u   N   A   u   X. 

Le  tribunal  criminel  de  l'inilre  a  été  saisi  de  i  jj  séparation  des  pouvoirs  établis  par  la  consti-  I  fermiers  généraux  ayant  été  résilie,  la  légis  atioii 
la  connaissance  d'un  crime  dont  la  gravité  et  les  '  mtion  que  l'inconstitutionnalité  doitêtre  jugée,  et  i  existante  alors  a  dû  disparaître  et  faire  place  à  une 
circoricance»  sont  remarquables.  I  non  comme  le  voit  le   rapporteur,   par   1  uniijue     législation  nouvelle.  La  loi  du  24  septembre  1 7gi, 

Le  nommé  Bourier,  ollicicr  de  santé  à  Déols  expression  littérale  de  la  constitution.  S'il  n'y'  défend  aux  fermiers  généraux  de  Liire  aucune 
près  Cliâitautoux  ,  avait  résolu  ,  de  concert  avec    avait  d'autres  inconstitutionnalités  que  celles  ex-     recette,  aucune,  dépense  ,   de  poursuivre  aucuii* 


1^ 


■affairent  par  conséquent  elle  interdit  toute  pour- 
suite contre  eux.  L'arrêté  du  4  germinal  qui  sus- 
pend toutes  poursuites  pour  créances  des  fei^miers 
généraux  est  donc  conforme  à  la  loi  précitée  ;  il 
î'est  encore  à  celle  du  4fiimaire  an  2  :  car  celle-ci 
ïi'a  levé  la  surséance  que  pour  les  dettes  domes- 
tiques des  ci-devant  fermiers  généraux  .  mais  elle 
1^  maintenue  pour  celles  dépendantes  de  leur  ad- 
ministration financière  ;  ainsi  ,  sous  ce  rapport , 
l'atrêté  n'attaque  point  le  pouvoir  législatif. 

La  seconde  question  se  tiouve  également  ré- 
solue par  les  lois.  La  nuSnce  à  déterminer  entre 
le  pouvoir  judiciaire  et  le  pouvoir  administratif  , 
étant  difficile  à  saisir  ,  le  corps-législatif  a,  par  une 
loi  du  6  fructidor  de  l'an -6  ,  fait  évanouir  louies 
les  incertitudes.  Cette  loi  p'O'te  que  lorsqu'il  y  a 
conflit  entre  les  pouvoirs  ,  c'est  au  ministre  a 
statuer  d'abord  ,  sauf  à  réclamer  l'intervention  du 
corps-législatif,  s'il  y  a  lieu. 

Or ,  tel  est  l'état  de  la  cause  dans  l'affaire  pré- 
sente. Le  ministre  des  finances  est  d  avis  d  une 
part  que  la  liquidation  des  ciéances  des  ci- 
clevant  fermiers  généraux  appartient  au  pouvoir 
aciministiatif  ;  de  l'autre,  les  tribunaux  saisis  de 
l'affaire  ont  prononcé.  Les  consuls,  comme  chefs 
du  pouvoir  exécutif,  ont  statué  d'après  la  loi 
de  fructidor.  Ainsi  le  tribunal  ne  doit  plus  s'occu- 
per de  cette  affaire  ;  et  la  déférer  au  sénat-con- 
servateur ,  ce  serait  se  constituer  juge  d'appel  du 
proc'^s. 

L'orateur  invoque  l'ordre  du  jour. 

Challand  appuie  également  l'avis  de  la  com- 
mission. 

On  demande  de  passer  à  l'instant  à  l'ordre  du 
jour  sur   la  pétition. 

Ganilh  s'y  oppose  ;  il  fait  observer  qu'aucun  des 
orateurs  n'a  répondu  aux  objections  qu  il  a  laites 
dans  une  des  dernières  séances.  Son  opinion 
n'ayant  point  encore  été  imprimée  ,  il  demande 
l'ajournement  jusqu'après  sa    distribution. 

Le  tribunat  prononce   l'ajournement. 

La  séance  est  levée. 


AU      RÉDACTEUR. 

Bordeaux  ,  le  Zo  fructidor  de  l'an  8. 

Depuis  six  mois  les  papi-rs  anglais  nous  ont 
appris  ,  qu'un  capitaine  et  ingénieur  de  marine 
avaitproposé  à  son  gouvernement  le  plan  d'un 
navire  à  cinq  mâts  ,  dont  le  but  était  U  vitesse  , 
et  que  ce  gouvernement  l'avait  immédiatement 
adopté.  Nous  avons  successivement  vu  dans 
ces  mêmes  papiers  les  différentes  époques  de  sa 
construction  ,  de  sa  mise  à  l'eau  et  de  son  essai. 
La  réussite,  disent-ils,  a  été  complette  ,  et  les 
ministres  Pitt  et  Spencer  lont  exprès  descendu  la 
Tamise  iiour  être  témoins  des  différentes  ma- 
nœuvres de  ce  navire. 

Il  ne  faut  pas  que  nos  ennemis  se  targuent 
d'une  découverte,  dont  le  travail  était  fait  en 
France  ,  long-tems  avant  qu'il  en  eût  été  question 
en  Angleterre 

Cinq  années  se  sont  écoulées  depuis  que  mon 
ouvrage  est  fini  ,  sous  le  titre  d'Essai  d'architecture 
navale  consacré  à  la  vitesse.  Il  y  en  a  quatre  qiie  je 
l'adressai  au  citoyen  Borda  ,  membre  de  l'institut, 
chez  qui  il  resta  dix-huit  mois ,  sans  que  ce  savant 
estimable  eût  le  tems  de  s'en  occuper.  Mon  dessein 
en  le  lui  soumettant,  était  d'avoir  son  avis  avant 
de  l'offiir  à  l'institut  national.  Affligé  de  ce  qu'il 
en  retardait  l'examen  ,  je  le  priai  de  me  reiivoyer 
ce  travail,  ce  qu'il  fit.  (>ielque  tems  après,  je 
l'adressai  à  l'institut ,  il  y  fut  plis  en  considération  , 
le  rapport  en  fût  fait  et  adopté  par  cette  société 
célèbre.  Il  est  daté  du  11  fructidor  de  l'an  7. 
Je  le  joins  à  ma  lettre. 

Il  est  possible  que  deux  hommes  se  rencontrent 
dans  leurs  idées  ,  et  les  diligent  vers  le  même 
objet.  Il  est  aussi  très-possible  que  pendant  le 
long  espace  de  tems  que  mon  ouvrage  a  resté 
■chez  le  cit.  Borda,  quelqu'un  en  le  transcrivant 
.ait  cherché  à  en  faire  son  profit.  Ce  qui  me  porte 
•à  le  croire  ,  c'est  que  peu  de  tems  après  ,  les 
anglais  s'en  sont  occupés. 

.Satisfait  d'avoir  contribué  par  mes  faibles  lu- 
mières à  la  propagation  d'un  art  aussi  utile  que 
celui  de  la  navigation  ,  je  me  réservais  d'offrir  ce 
travail  à  mon  gouvernement  ,  lorsque  des  teios 
plus  heureux  lui  auraient  permis  d'en  faire  l'essai  ; 
ou  bien,  à  engager  le  commerce  à  l'entreprendre, 
et  déjà  divers  negocians  estimables  ont  souscrit  à 
ce  sujet. 

C'est  dans  cet  intervalle  que  les  gazettes  an- 
glaises m'ont  appris  qu'on  s'occupait  efficacement 
d'un  essai  de  ce  genre. 

J'ai  cru  dès-lots  que  mon  insouciance  à  cet 
égard  serait  blâmable  ,  si  je  ne  donnais  de  l'au- 
thenticité à  mon  ouvrage  :  des  personnes  éclairées 
•me  conseillent  Ja  démarche  que  je  fais  mainte- 
nant,  celle  de  vous  prier  d  insérer  dans  votre 
-ournal  m.i  lettre  et  le  rapport  de  l'institut. 


Il  serait  injuste  que  l'Angleterre  p-ût  seule  se 
vanter  d'avoir  fait  une  application  utile  ,  si  ce  n'est 
une  découverte.  Ils  ont  construit  un  bâiimeni  à 
cinq  mâts  verticaux  ,  et  quoique  celui  que  j'ai 
pris  pour  exemple  n'en  ait  que  quatre  ,  je  n'ai 
fait  en  cela  qu'une  simple  application  des  prin- 
cipes que  j  ai  développés  ,  pour  les  augmen  er 
encore  ,  lorsqu'on  aura  pour  objet  d'augmenter 
la  vitesse. 

Dans  des  circonstances  plus  tranquilles  ,  il  ne 
sera  peut-être  pas  difficile  de  connaître  si  les 
procédés  de  ce  capitaine  -  ingénieur  sont  sem- 
blables à  ceux  que  j'ai  exposés  dans  mon  ouvrage.  | 
Ou  ilme  soit  seulement  permis  de  trouver  extraor- 
dToaire  que  ,  dans  un  aussi  court  espace  de  tems  , 
deux  hommes  éloignés  et  sans  rapports  aient  con- 
couru au  même  but. 

je  vous  salue  , 
F.  Thibaut  ,  capitaine  de  marine  marchande- 
Institut  national  Jes  sciences  et  des  arts.  —  Extrait 

des  registres  de  Iq  classe  ,  séance  du  il  fructidor  , 

l'an  7  de  la  république  française. 

Un  membre, 'au  nom  d'une  commission,  lit 
le  rapport  suivant  : 

Nous  avons  lu  ,  par  ordre  de  la  classe  ,  un 
ouvrage  intitulé  :  Essai  d'architecture  navale  con- 
sacré à  la  vitesse  ,  par  le  cil.  Thibaut  ,  capitaine 
de   navire. 

Par  l'espèce  de  dédicace  qui  accompagne  le 
titre  de  cet  ouvrage  ,  on  voit  que  l'objet  prin- 
cipal de  l'auteur  est  de  procurer  toute  la  vitesse 
possible  à  un  vaisseau  ,  sans  préjudice  néan- 
moins des  autres  propriétés  indispensablemenl 
nécessaires  pout  assurer  la  navigation  et  le  genre 
de  service  auquel  le  vaisseau  est  destiné.  De 
touies  ces  propriétés  ,  la  plus  impoilante  ,  ou 
plutôt  celle  d'où  dépend  essentiellement  le  salut 
de  la  navigation  ,  est  la  stabilité  du  vaisseau  , 
c'est-à-dire  ,  comme  disent  les  géomètres  ,  cet 
état  d'équilibre  ferme  qui  lui  fait  bien  porter  la 
voile  ,  et  qui  tend  sans  cesse  à  le  rappeler  à 
la  flottaison  initiale  d  équilibre  ,  lorsqu'il  en  a  été 
détourné  par  l'agitation  des  lames  ou  par  les  iné- 
galités de  l'impulsiou  du  vent.  Cette  stabilité  est 
susceptible  de  plus  et,  de  moins  ;  elle  s  obtient 
par  1  arrimage  en  distribuant  la  charge  de  telle 
manière  que  le  centre  de  gravité  de  la  masse 
totale  du  vaisseau  soit  placé  plus  ou  moins  bas 
au-dessous  du  fameux  pont  appelé  métacentre  , 
qui  sépare  l'équilibre  ferme  de  l'équilibre  ver- 
satile. 

Mais  quoiqu'on  doive  toujours  ainsi  donner 
une  assiete  solide  au  vaisseau  ,  il  y  a  un  milieu 
à  garder.  Un  vaisseau  est  une  vaste  machine 
qui  ,  à  raison  de  ses  usages  et  des  forces  qui 
le  sollicitent  sans  cesse  à  divers  mouvemens  .  ue 
gagne  presque  jamais  une  bonne  quahté  qu'aux 
dépens  d'une  autre.  Ainsi,  par  exemple  ,  en 
abaissant  le  centre  de  gravité  de  la  masse  totale, 
on  augmente  la  stabilité  ,  mais  on  rend  les 
mouvemens  de  roulis  et  de  tangage  plus  vifs  et 
plus  faligans  pour  léquipage  et  la  mâture  ;  en 
rapprochant  les  poids  mobiles  de  1  axe  ou  du 
grand  mât  ,  on  favorise  laciion  du  gouvernail , 
mais  on  donne  lieu  aune  plus  grande  dérive , 
et  on  diminue  la  vitesse  du  sillage  ,  etc.  Toutes 
ces  importantes  questions  sont  examinées  dans 
plusieurs  ouvrages. 

On  nous  permettra  de  rappeler  ici  ,  par  forme 
d'une  simple  indication  qui  pourra  être  utile  , 
que  l'un  de  nous  IBossut)  a  traité  cette  matière 
en  détail,  et  qu'il  a  appliqué  ses  formules  à 
des  vaisseaux  connus  ,  dans  deux  pièces  sur 
l'arrimage  des  vaisseaux,  qui  partagèrent  les  prix 
de  l'académie  des  sciences  ,  aux  années  1761  et 
1765. 

Le  citoyen  Thibaut  n'ayant  pas  entrepris  de 
donner  un  traité  complet  d'architecture  navale  . 
I  a  fixé  son  attention  sur  ce  genre  de  bâtiment 
dont  le  but  spécial  est  de  marcher  vite.  Et 
même  pour  mettre  plus  de  clarté  dans  ses  re- 
cherches ,  il  se  propose  un  navire  particulier 
dont  la  longueur  égale  cinq  fois  la  largeur.  De 
plus  ,  la  forme  de  ce  navire  est  telle  que  le 
centre  de  gravité  de  la  carène  ,  considérée 
comme  homogène,  répond  perpendiculairement, 
du  moins  à-peu-près  ,  au  milieu  de  la  longueur 
prise  à  la  ligne  de  flottaison  ,  et  l'auteur  dis- 
tribue la  charge  de  manière  que  le  centre  de 
gravité  de  la  masse  totale  du  navire  soit  placé 
en  ce  même  milieu  ;  il  divise  ensuite  son  sujet 
en  trois  parties. 

Dans  la  première  ,  il  détermine  suivant  les 
méthodes  connues  ,  en  décomposant  la  carène  , 
regardée  comme  homogène,  par  tranches  ver- 
ticales ,  perpendiculaires  à  la  longueur  du  navire  , 
le  poids  du  volume  d'eau  déplacée  et  le  centre 
de  gravité  de  la  carène  ,  d'où  ,  par  la  disposition 
de  l'arrimage  ,  résultent  la  connaissance  du  méta- 
centre et  celle  du  moment  de  la  stabilité  ,  tant 
pour  les  mouvemensde  roulis  que  pour  les  mou- 
vemens  de   tangage.  D'après  ces  bases  ,  l'auteur 


fait  un  changement  à  l'ancien  système  de  voilure. 
Au  lieu  de  trois  mâts  que  l'on  employait,  il  en 
propose  quatre  dont  il  assigne  la  position  et  les 
usages.  Par-là  il  augmente  l'étendue  des  voiles  , 
et  par  conséquent  aussi  la  vitesse  du  sillage.  Il 
cherche  le  moment  de  l'impulsion  du  vent  contre 
les  voiles  ,  moment  qui  tend  à  incliner  le  navire  , 
et  qui  doit  être  balancé  par  le  moment  de  la 
stabilité. 

Dans  la  seconde  partie,  le  citoyen  Thibaut 
considère  le  bâtiment  voguant  en  mer.  Le  na- 
vire obligé  de  marcher  en  veitu  de  1  action 
du  vent  qui  frappe  les  voiles  ,  et  i'acastillage 
frappe  à  son  tour  l'eau  quil  divise  ,  et  oppose 
une  résistance  contraire  à  l'action  du  vent.  Dans 
les  premiers  insiaris  ,  la  vitesse  du  navire  s'ac- 
célère par  degrés,  à-peu-près  comme  celle  d'ua 
corps  qui  tombe  par  la  pesanteur  ;  mais  bientôt 
elle  parvient  à  l'uniformité  ,  du  moins  pour  les 
intervalles  de  tems  ,  pendant  lesquels  la  vitesse 
du  vent  peut  être  censée  uniforme.  Alors  il  y 
a  équilibre  à  chaque  instant  entre  l'action  du 
vent  et  la  résistance  de  l'eau.  L'auteur  discute 
et  fait  remarquer  les  avantages  de  son  nouveau 
système  de  voilure.  ' 

La  troisième  partie  traite  de  l'usage  des  voiles 
et  du  gouvernail  ,  pour  produire  les  mouvemens 
d'évolution  et  de  rotation  du  navire.  L'auteur 
commence  par  tapporter  les  principaux  résultais 
de  la  théorie  que  les  géomètres  ont  établies  sur 
ce  sujet  ,  ensuite  il  en  fait  l'application  à  son 
navire.  Mais  comme  ,  dans  ces  sortes  d'applica- 
tions ,  le  désir  ou  le  besoin  de  simplifier  les  cal- 
cijls  oblige  souvent  de  négliger  certains  élémens 
dont  l'omission  peut  altérer  les  conséquences  phy- 
siques qu'on  en  tire  ,  l'expérience  doit  prononcer 
définitivement ,  si  le  navire  du  citoyen  Thibaut  est 
exempt  de  cet  inconvénient. 

Conclusion. 

L'ouvrage  du  cit.  Thibaut  ne  contient  aucune 
théorie  nouvelle  ,  comme  il  le  reconnaît  lui-même 
avec  modestie.  Mais  il  est  d'ailleurs  écrit  avec 
beaucoup  de  c'avté  ;  il  est  à  la  portée  d'un  grand 
nombre  de  lecteuis  ;  et  nous  ne  dontons  pas  qu'il 
ne  puisse  devenirfort  utile  aux  marins,  qui  munis 
des  connaissances  ordinaires  de  l'hydraustatique 
et  de  l'hydraulique  ,  n'aaraient  pas  encore  acquis 
une  grande  pratique  dans  leur  art.  L'auteur 
s'est  livré  à  des  calculs  numériques  très-longs  . 
très-pénibles  ,  et  dont  on  doit  lui  savoir  d'autant 
plus  de  gré  ,  que  ne  présentant  aucun  attrait  à 
la  sagacité  du  calculateur  ,  ils  seraientau  contraire 
capables  de  rebuter  la  patience  la  plus  aguerrie  , 
si  elle  n'était  soutenue  par  l'espoir  de  contribuer 
au  bien  public. 

Nous  désirerions  qu'on  pût  soumettre  à  l'ex- 
périence le  système  de  voilure  du  citoyen  Thi- 
baut ;  mais  nous  n'osoné  pas  proposer  aujour- 
d'hui au  gouvernement  de  faire  une  telle  dé- 
pense ;  il  faut  attendre  pour  cela  que  la  paix 
ramené  des  tems  plus  heureux  et  plus  favorables 
à  l'encouragement  des  sciences  et  des  arts. 

Fait  à  l'institut  national,  le  il  fructidor  an  7. 
Signé  ,  BossuT  ,  Borry  ,  Coulomb. 

Laclasse  approuve  le  rapport  et  en  adopte  les 
conclusions. 

Certifié  conforme  à  l'original  ,  à  Paris  ,  le  17 
fructidor  an  7  de  la  république. 

Signé,  Lassuc  ,  secrétaire. 


L'assemblée  générale  des  souscripteurs  pot>r 
l'établissement  des  soupes  économiques  se  tiendra 
le  5  vendémiaire  an  g  ,  chez  le  cit.  Delessert  ,  rue 
Coq-Heron  ,  n°,  58  ,  à  7  heures  précises  du  soir. 

COURS     DU    CHANGE. 
Bourse  du  4  vendémiaire. 

Rente  provisoire 21  fr.  5o  c. 

Xiets  consolidé 34  fr.  88  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  60  c. 

Bons  d'arréragé 83  fr.  75  c. 

Bons  pour  l'an  8 go  fr.   10  c. 

Syndicat 67  fr.  5o  c. 


Nous  avons  nommé  le  citoyen  Journon 
comme  vainqueur  à  la  course  des  chars;  c'est 
une  erreur  ,  c'est  le  nom  du  citoyen  Tournon  qui 
doit  être   lu. 

Dans  le  n"  4  ,  page  II' ,  2'  coj.  40=  ligne  ,  de 
décrire  ,  lisez:  de  décrier.  Ligne  gg  et  100,  qui 
pose  son  aile  ,  lisez:  qui  place  son  aire. 

Col.  3' ,  lig.  3' ,  a  tendu  ses  bras ,  lisez  :  a  tendu 
les  bras. 

Dans  la  note  n"  i  ,  ligne  pénuldeme  ,  des  géné- 
raux ,  lisez  :  des  guerriers. 

Page  12'  ,  1"^=  col.  ,  ligne  53=  .  plus  heureux  , 
otei  plus  ,  et  lisez  :  heureux. 
'  A  la  fin  ,  ERRATA  ,  lisez  :  errata   du  n"»  3. 


A  Parie,  de  riBiprimerte  du  cit.  Agasse,  propriétaire  du  Moniteur,  lue  dés  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIfEUR  UNIVERSEL. 


J\f°  6. 


Scxlidi  ,  6  vendémiaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  somm«  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'i  dater  du  7  Nivôse  le   M  O  NI  T  E  U  R  est  le  seul  journcd    «  ' 
«1  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées .  ainsi  que  les  fait«  étales       ' 
rinrérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  '  notions  1 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ESPAGNE. 

Barcelone  ,  le  5  septembre  1800. 

Xl  vient  de  se  passer  ici  un  événement  qui 
prouve  combien  les  marins  anglais  osent  violer 
les  droits  les  plus  sacrés  des  puissances  neutres 
pour  satisfaire  leur  rapacité. 

Il  se  trouvait  ici  à  la  rade  et  sous  la  protection 
des  batteries  deux  frégates  sous  pavillon  espagnol, 
nommées  la  Far  et  la  Esmeralda  ,  armées  de 
vingt-deux  pièces  de  canon  chacune  ,  qu'on 
disait  destinées  pour  une  expédition  secrète  , 
et  qui  ayant  tous  leurs  équipages ,  leurs  pro- 
visions et  quelques  officiers  étrangers  à  bord  , 
paraissaient  n'attendre  que  le  vent  favorable  pour 
mettre  à  la  voile. 

Déjà  le  20  août,  une  corvette  de  guerre  napo- 
litaine était  venue  de  Mahon  sur  celte  rade  ,  et 
paraissait  n'y  être  restée  24  heures  que  pour  exa 
miner  de  près  la  force  et  la  position  desdites  fré- 
gates. Ses  chaloupes  firent  plusieurs  fois  le  tour 
de  ces  bâtimens  pour  les  observer  mieux  à  leur 
ake.  Cette  cervelle  retourna  le  lendemain  à  la 
mer,  et  parlementa  long-tems  avec  un  bâtiment 
«le  guerre  anglais. 

Peu  de  jours  après  parurent  .  à  la  vue  de  la 
rade,  deux  vaisseaux  et  une  frégate  anglaise  qui 
depuis  ont  constamment  bloqué  ce  port. 

11  paraît  que  l'extiême  difficulté  de  passer  la 
barre  du  pou ,  et  la  nécessité  de  décharger 
toutes  les  provisions,  joint  à  la  protection  assurée 
que  nos  deux  frégates  espagnoles  étaient  dans  le  cas 
d'attendre  des  batteries  et  des  xebeques  de  guerre 


On  est  ici  dans  la  plus  grande  indignation  sur  1  dans  une  ma^nn    n,,;   ...  •      •  ■ 

ce  ou.  vient  de  se  passer,  %i  on  esp,:re  des  ordres     voisinaëe  Z   fn? S-  °"^5''  ^"^"'  ™^'*  '« 

de  la  cour  pour  faire  examiner  sé'eusemcn,  tou      jeuer   al  fumier    Les    rXr""'^^  ^   ='  "  ^f  "'> 

Madrid,   \b  septembre. 


,   .        ,  ,      -  Le  roi -,  sur  le  compte 

qui  lui  a  eie  re.,du  de  l'événement  survenu  à 
la  rade  de  Barcelone  ,  le  4  de  ce  mois .  a  ordonné 
de  desiJtuer  de  ses  fonctions  le  c^piraine-siénéral 
ae  la  Catalogne  Don  Doiviinbo  I.«;<j_uiekdo'',  pour 
cause  de  néi-ligcnce  dans  ses  devoiis  ,  et  de 
meure  aux  anêis  tous  les  autres  chefs  militaires 
qui  seront  iraduus  devant  un  conseil  de  guerre 
dont  la  formation  immédiate  a  été  ordonnée  , 
ahn  d  examiner  sévèrement  la  conduite  que 
chacun  d'eux  a  lenuc  dans  cette  circonstance. 

ANGLETERRE. 

Londres,  Ui6  septembre  (  2g fructidor.) 
Suite  des   nouvelles  du  16  septembre. 

Les  troubles  qui  ,  dans  leur  principe  ,  avaient  ;  sir  RidiVrd  C'\"n™^"n^u 
ele   51   heureusement  rep.imés    lundi    i5,   par  la     gnies  du   nnrd-est'  al,, 
sagesse    et   la  fermeté  du    Icd-maire  ,   n  étaient  '    •■       ■    - 
pas    cependant  entièrement  app.-,isès.   Les    sédi- 
tieux traversèrent  li.s' ponts  ,  et   se  porierent  sur 
le  comté  de  Surrey.   La  première  maison  qu'ils 
y  aitaquerent  fut  celle  de  M.  Rusby  ,  sur  la  route 
de  Black  Ffiars.     Ce  M.  Rusby,    quelque    lems 
auparavant  .    avait   été  convaincu   à  la  cour  du 
banc    du    roi,    de   monopole   sur  les   bleds.  La 
manière  dont  cette  bande  s'est  conduite,  piouve 
jusqu'à  l'évidence   qu'elle   avait   un    chef  chargé 
de  diriger  ses  mouvemens,   et  que  ce   chef  était 
au-dessus  de  la  classe  commune.  Elle  s  avançait 
avec  ordre,   et  précaution.   A  la  tête  marchaient 


Hier ,  lout  paraissau  tranquille  dans  la  ciie  ;  mais 
le  lord  maire  jugea  convenable  de  placer  à  la 
Bourse  ei  sur  les  diffèrenics  places,  des  corns 
nombreux  de  volontaires  ,  qui  se  portaient  avec 
"a  plus  grande  promptiiude  par-iout  où  les  offi- 
ciers de  paix  requéraient  leur  assistance.  Sa  sei- 
gneurie déclara  en  même  tems  qu'elle  était  dé- 
lerm.nee  a  maintenir  la  iranquillité  dans  la  ciié 
par  la  force  cviie  seule  ,  se  reposant  d'ailleurs 
sur  la  sagesse  et  le  zèle  delà  grande  majorué 
des  cjioyens  qui  coopéreraient  avec  lui  à  ren- 
inmiles.'"°""    '^^'^   *°'"  "'"''^'"   lout-à-fait 

On    annonça  le  soir,   à   la    Maison-de-ville 
quily  avaitaesrassemblenicns  amour  de  la  tou- 

ctiands     de    fromaae     dans    Bishops-gate-sireet. 


Aussitôt  le   lord  ma'ire  envoya  'ord^é  lû'Vôlond 

iicbard  Clynn  ,         ' 

:s  du   nnrd-est  , 
din  deDraper's-hall,    de  se  tenir  prêt  au  premier 


1   commande  les  cor 


pa- 


embléesalors  dans   lejar- 


insi  que  des  chaloupes  canonnières,  les  empêcha  )  ^^."''.   hommes   qui  ,  tout   le  long  de   la  route 


de  rentrer  dans  le  port 

Et  en  effet ,  on  vit  sotùt  pendant  une  nuit  plu- 
sieurs chaloupes  canonnières  qui  entourèrent 
nos  deux  frégaies  et  les  mirent  à  labri  de  toute 
surprise. 

On  ignorée  pourquoi  les  nuits  suivantes  jusqu'à 
celle  de  la  catastrophe  cette  précaution  a  été 
négligée. 

Qooi  qu'il  en  soit ,  les  anglais  s'emparèrent  , 
dans  l'après-midi  du  4  sep"tw!nbre  ,  de  la  galiolte 
suédoise  dit  Hoffnung  4  capitaine  Rudbart  ;  et, 
après  avoir  véiifié  ses  papiers  et  sa  cargaison,  ils 
forcèrent  le  capitaine  par  des  menaces  de  le  tuer, 
(  en  lui  appliquant  même  un  pistolet  sur  la  poi- 
trine) s'il  proférait  une  seule  syllabe  ,  à  prendre 
à  son  bord  un  très-grand  nombre  de  marins  an- 
glais,  et  à  se  laisser  remorquer  à  l'entrée  de  la 
nuit,  par  plusieurs  chaloupes  anglaises,  jusques 
sur  la  rade  et  sous  le  canon  des  batteries. 

A  peine  l'équipage  d'une  de  nos  frégates  ,  la 
'Esmeralda,  s'apperçut- elle  que  le  Suédois  éiait 
rempli  de  monde  ,  et  qu'il  s'approchait  nés  -  près 
de  son  bord,  malgié  leurs  cris  de  s'éloigner, 
qu'elle  fit  feu  ,  par  lequel  le  malheureux  pilote 
suédois  fut  grièvement  blessé. 

Les  anglais  se  voyant  découverts  .  montèrent 
à  l'abordage  et  s'emparèrent ,  après  un  combat 
assez  vif,  de  la  première  frégaie  avec  laquelle 
ils  aitaquerent  ensuite  la  seconde  ,  qui  se  dé- 
fendit pendant  plus  de  vingt  minutes  ;  mais  ne 
recevant  aucun  secours  ,  et  les  anglais  montant 
de  toutes  parts  en  grand  nombre  à  bord  ,  elle 
fut  prise  ,  quoiqu'on  ait  vu  encore  le  combat  de 
mousquelerie  durer  à  bord.  On  croit  qujl  y  a  eu 
plusieurs  blessés  et  tués. 

Jusqu'à  ce  moment  les  batteries  n'avaient  pas 
fait  feu  ,  et  ni  les  xebeques  ,  ni  les  chaloupes 
canonnières  n'étaient  pas  sorties  pour  protéger 
la  rade  ,  quoique  dès  les  premiers  momens  une 
chaloupe  fût  venue  des  frégates  avec  deux 
officiers  pour  demander  des  secours  au  com- 
mandant de    la  marine. 

A  l'instant  les  anglais  coupèrent  les  cables  et 
firent  voile  pour  s  éloigner  de  la  rade.  Un  vais- 
seau de  ligne  anglais  profita  habilement  d'un 
peu  de  vent  pour  s'approcher  tiès-près  des  bat- 
teries sur  le  port  ,  et  se  mettre  ainsi  entre  les 
batteries  et  les  frégates  qui  venaient  d'être  en- 
levées et  qui  étaient  déjà  sous  voile. 

Alors   enfin   commença   une   canonnade  aussi 


avis  qu,|  recevrait.  Il  se  disposait  lui-même  à  se 
transporter  sur  les  lieux,  pour  essayer  de  dis- 
perser, par  sa  présence  et  ses  discours,  la  po- 
Vr^l  ^S""^  quand  ou  vint  lui  annoncer  que 
le  colonel  le  Mesur.er  marchai,  ,  de  son  prome 
mouvement  ,  surja  place  à  la  lê.e  dune  compa- 
p.e  darnllene.  Il  voulut  se  faire  accompa-Lr 
lui-même  par  une  compagnie  de  cavalerie  léffei'e 
des  volontaires.  En  arrivant  sur  la  place  ,  il  trouva 
le  colonel  le  Mesurier  posté  dans  la  rue.  Il  y 
avait  beaucoup  de  peuple  assemblé  ;  des  fem- 
mes ,  des  petits  garçons  fesaient  beaucoup  de 
H'uit;  mais  rien  n  annonçiit  une  insurreciioii 


brisaient  les  lanternes  à  mesure  qu'ils  passaient ,' 
afin  de  n'être  pas  reconnus.  Les  gens  du  voi- 
sinage ne  sachant  pas  ce  dont  il  s'agissait  ,  et 
eniendant  les  cris  d'une  multitude  considérable  , 
crurent  qu'on  leur  criait  déclairer  ,  et  placereni 
des  chandelles  à  leurs  fenêtres.  C'était  ptécise- 
meni  là  ce  qui  pouvait  déplaire  le  piu-s  aux  sédi- 
tieux. Comme  ils  ne  voulaient  pas  être  vu3-,  ils 
crièrent  qu'on  retirât  les  chandelles,    ei  brisèrent 

les   fenêtres  ,   où  elles  avaient  été   mises.  lis  ira-     le  lord    ovaire  voyant  que  lou,  était  VranamlT;.'^  ' 
pereni    ensuite   a  la   porte    voisine   de   celle   de     fait  relever  les  difié.ens  corps  '""q"''''-' ^  a 

M.  Rusby  ,  et  demandèrent  si  c  eiait  là  sa  maison.  | 
On  leur  répondit  que  M.  Rusby  était  démena 


rieuse.  Cependant  l'arrivée  des  troupes  ayant' 
aune  e  le-meme  beaucoup  de  curieux  ,  il  fallut  ' 
pisser  la  force  armée  continuer  de  faire  la  ïarde 

ac  M"  'Wood;  FadjuJant  Fewor  a  été  assez 
gnevr^men,  blesse  a  la  lèvre  supérieure  par  un 
fçr  qi.1  avait  ele  iarrcc  :  on  n'a  p«  pu  découvrir 
d  ou  le  coup  eiau  pani.  Il  „'y  a  pas  eu  d'autre 
malheur  que  celui-la.   A  orrze   heures   et  demie 


depuis  quelque  lems  ,  pour  aller  demeurer  dans 
le  voisinage,  et  qu'on  ne  pouvait  pas  dire  où 
il  demeurait.  Les  séditieux  menacèrent  ,  si  on 
ne  leur  donnait  pas  une  réponse  plus  positive 
de  s'en  venger  sur  la  maison  même  à  laquelle 
ils  s'éiaieut  adressés  ,  et  le  signal  fut  do-.iné  pour 
en  briser  les  fenêtres.  Sur  ces  entrelaites,  ils 
apprirent  que  la  maison  voisine  était  celle  de 
M.  Rusby;  ils  frappèrent  à  la  porte;  marlame 
Rusby  ouvrit  sa  Icnêlre  ,  et  leur  demanda  ce 
qu'ils  voulaient.  Elle  les  conjura,  au  nom  de  Dieu, 
de  ne  pas  faire  de  mal  à  ses  enfans  ,  qui  étaient 
couch'js.  lis  lui  assurèrent  que  ce  11  était  pas  là 
leur  intention  ,  et  lui  assignèrent  un  tems  très- 
court  pour  s'habiller  elle  et  ses  enfans  ,  parce 
quils  étaient  déterminés  à  démolir  la  maison. 
Pendant  ce  teras,  M.  Rusby  se  sauvait  par  la 
porte  de  derrière  ,  et  aussitôt  que  madame  Rusby 
fut  habillée,  les  brigands  lui  ouvrirent  un  pas- 
sage au  milieu  d'eux  ,  pour  elle  et  pour  ses 
enfans.  Ils  entrer .nt  ensuite  dans  la  maison, 
et  en  brisèrent  les  fenêtres,  et  tous  les  meubles. 
Cet  attentai  causa  une  si  grande  allarme  ,  qu'on 
en  donna  avis  aussiiôtau  bureau  de  la  guerre. 

Un  détachement  des  gardes  et  une  compagnie 
de  cavalerie  furent  commandés  pour  aller  né- 
toyer  la  route.  Cet  événement  se  ,  passa  entre 
une  et  deux  heures  du  malin.  L'association  de 
paroisse  se  trouva  aussi  sous  les  armes  vers  les 
trois  heures  ;  mais  le  calme  était  alors  rétabli.  La 
maison  de  M.  'Weaver,  marchand  de  fromage  dans  | 
le  bourg  ,  a  été  aussi  attaquée.  On  avait  fait 
courir  le  bruit  qu'il  avait  gardé  une  grande  quàn- 
liie  de  fromages  jusqu'à  ce  quils  fussent  entiè- 
rement pourris,  et  qu'il  les  avait  jeiiés  sur  le 
fumier  plutôt  que  de  les  vendre  aux  pauvres. 
Le  fait  est  que  M.  Weaver  avait  reçu  une  cer- 
taine quaniiié  de  fromages  de  Hollande,  ap- 
portés dans  un  bâtiment  chargé  de  blé,  qui' avait 


înuliie  que  bruyante,  et  nous  crimes  l'extrênii.-  été  retenu  long-iems  sur  mer.  Ce  fromaee  s'était 
moriificahon  de  voir  enlever  par  l'ennemi  deux  échauffe  et  éiait  gâté  avant  d'être  arrivé  Ouand 
belles  Irégaiies  au  moyen  d'une  ruse  aussi  lâche  on  l'apporta  chcï  M.  'Weaver  ,  il  répaudaTi  une 
cjue  déloyale.  .' odeur  insuppoilable.  On  fut  obligé  de  le  déposer 


Q,uinze  personnes  ont  été  arrêtées  et  conduites 
devant  le  lord  maire,  comme  prévenues  d'avoir 
pris  une  part  acuve  à  la  sédition. 

Du  20  septembre  (  4°  jour  complément.  ) 

Proclamation  à  l'effet  de  répriiner  les  émeutes  et 
Us  troubles  ,  de  protéger  et  d'encourager  le  libre 
approvisionnement  det  marchés.  ' 

Geoiges  roi  , 
Nous  ayam  été  représenié  que  des  émeutes 
avaient  lieu  ,11  diverses  parties  de  notre  royaume 
relativement  a  la  cherré  des  subsistances  ;  que' 
dans  quelques  endrorts,  le  blé  et  d'autres  obets 
de  consommation  avaient  éié  enlevés  de  force  à 
leurs  propriétaiies  ,  et  que  dans  d  autres  lieux  les 
prix  de  ces  arucles  avaient  été  réduiis -par  l'elFet 
des  menaces  et   de    la  te  reur  • 


I  .,,.-  "ecessairement' 

pour  la  tranquillrie  de  notre  royaume  ,  et  pour 
la  vie  et  les  prop.iéiés  de  nos  bien  aimés  sujets 
SI  ces  émeutes  u  étaient  pas  réprimées  elBcdce' 
ment;  considérant  en  même  tems  qu.  le  haut 
prix  actuel  du  blé  et  des  autres  provisions  don 
ou  se  plaint  également  de  la  cherté  ,  au  lieu  de 
diminuer,  angmenierait  nécessairement  par  la 
durée  de  ces  troubles;  convaincus  que  le  seul 
moyen  d  opérer  une  réduction  permanente  dans 
le  prix  des  comestibles  et  l'approvisionnement 
régulier  des  marches ,  d'où  dépend  la  subsistance 
de  toutes  es  classes  de  nos  bien  aimés  sujets,  est 
d  assurer  la  plus  ample  sécurité  à  tous  le»  fermiers 
e  autres  marchands  ayant  licence  de  vendre  du 
ble  ,  etc. 

Nous ,   d'après  l'avis   de  notre  conseil  privé 
avons  jugé  convenable  d'émettre  noire  présente 
proclamation  royale,  pour  faire  connaiire  noue 


ferme  resoluuoo  d  employer  efEcaccineni  notre 
auiorite  royale,  a  1  effet  de  réprimer  ei  punir  toute 
eriireprise  tendante  a  empêcher  I  apurovision^ie- 
ment  reguher  des  marchés,  à  interrompre  ou 
troubler  U  vente  des  provisions  y  «xpojecs  ,  soii 


par  des  actes  de  vîolvence  ,  soit  en  intimidant  jou 
en  injuriant  et  molestant  les  vendeurs  de  blé  ,  etc. 
dans  leurs  personnes  ou  leurs  propriétés  ;  et  pour 
enjoindre  expressément  à  tous  les  lieutenans  de 
nos  comtés,  à  tous  nos  juges-de-paix ,  sherifls 
eî  sous-sliérlft's  ,  et  à  tous  nos  autres  officiers  ci- 
vils compéu  ns  de  prendre  les  mesures  les  plus 
propres  à  réprimer  efficacement  tous  lïs  troubles 
et  émeutes,  et  pour  cet  effet  de  remettre  en 
vii^ueur  un  acte  du  parlement  ,  passé  dans  la 
première  année  du  règne  de  feu  notre  royal  ayeul 
de  glorieuse  mémoire  ,  le  roi  Georges  1*^',  et 
portant  pour  titre  :  Acte  pour  prévenir  et  empê- 
cher les  troubles  et  les  émeutes  populaires  ,  et 
pour  la  prompte  et  efficace  punition  des  coupables  ; 
de  faire  usage  de  toutes  les  autres  lois  et  statuts 
promulgués  contre  les  rassemblemens  illégaux  , 
et  d'employer  tous  leurs  efforts  pour  décou- 
vrir ,  appréhender  et  traduire  en  justice  les  indi- 
vidus qui  pourraient  prendre  part  à  ces  dange- 
reuses pratiques;  et  pour  que  lesdits  lieutenans 
de  nos  comtés,  les  juges  de  paix  ,  et  tous  nos 
autres  officiers  civils  à  qui  il  appartient  ,  puis- 
sent agir  efficacement,  nous  fesons  exprès  com- 
mandement à  tous  nos  officiers  civils  et  militaires  , 
ainsi  qu'à  tous  nos  bien-aimés  sujets  de  les  aider 
et  assister  dans  l'exécution  de  nosdits  ordres  , 
en  arrêtant  et  saisissant  tout  individu  dans  le 
cas  de  la  présente  proclamation.  Nous  comman- 
dons en  outre  ,  que  ces  individus  soient  pour- 
suivis conformément  à  la  loi  ,  étant  résolus  d'é- 
teindre les  troubles  par  la  punition  de  leurs  au- 
teurs. Lesdits  lieutenans  de  nos  comtés,  juges  de 
paix,  et  autres  magistrats  ci-dessus  désignés ,  irans 
nieiiront,  de  tems  à  autre  ,  à  un  de  nt/S  princi 
paux  secrétaires-d'état ,  un  compte  exact  des  suites 
qu'ils  auront  données  à  notre  présente  procla- 
mation royale. 

Donné  en  notre  cour  à  'Weymouth  ,  ce  l8' 
jour  de  septembre  1800  ,  ei  dans  la  40'  année  de 
notre  règne.  God  save  the  king. 

(Extrait  du  Sun.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris,  le  ^vendémiaire' an  ^. 

Une  lettre  écifue  de  Madrid  ,  datée  du  20  fruc- 
tidor ,  et  insérée  dans  la  Gazette  de  France  de  ce 
jour  ,  contient  les  détails  suivans  : 

u  Le  général  Alexandre  Betthier  est  arrivé  à 
Madrid  ,  le   l6  fructidor  ,  à  dix  heures  du  soir  ; 


C'est  ce  que  vient  de  faire  le  cit.  Fournier , 
architecte-adjoint  du  voyer  de  cettecoramune.  En 
me  rendant  compte  de  la  conduite  digne  d'éloges 
du  cit.  Beaulieu  ,  il  a  fait  une  chose  utile  ;  et  je 
fais  mon  devoir ,  en  donnant  de  la  publicité  à  un 
acte  aussi  recommandable. 

Je  vous  invite  à  insérer  dans  votre  journal  la 
lettre  que  m'adresse  le  cit.  Fouinier. 

Je  vous  salue.  Letourneur. 

Nantes  ,  le  i^  fructidor  an  8. 

Citoyen  PRÉiFET  ,  je  dois  à  la  reconnaissance 
et  à  l'amitié  ,  de  vous  faire  connaître  les  traits 
d'humanité  qui  honorent  le  citoyen  Beaulieu. 
Recommandable  par  ses  vertus  civiques  et  ses 
lalens  ,  il  l'est  encore  sous  le  titre  le  plus  pré- 
cieux pour  un  républicain  ,  celui  d'homme  ver- 
tueux. Dans  toutes  les  villes  oià  il  a  passé  ,  et 
dans  les  différens  séjours  qu'il  a  faits  à  Nantes  ,  il 
a  donné  des  preuves  de  sa  sensibilité  pour  l'in- 
digence ;  et  dans  le  court  espace  qu'il  vient  de 
passer  ici,  il  en  a  donné  plusieurs. 

Il  lui  revenait  ;  pour  ses  honoraires  de  sa  der- 
nière représentation  ,  la  moitié  de  la  recette  ;  il 
eh  a  disposé  en  faveur  d'un  artiste  dans  la  gêne  , 
quoiqu'il  ait  eu  beaucoup  à  se  plaindre  du  peré 
de  l'ardste. 

Il  a  assuré  à  une  mère  chargée  de  plusieurs  en- 
fans  ,  le  paiement  de  son  loyer  et  la  subsistance 
de  sa   famille  pendant  un  mois. 

Il  ra'a  chargé  de  remettre  ,  sous  l'mcogTii^o  ,  à 
un  père  chargé  d'une  nombreuse  famille  ,  ayant 
son  épouse  depuis  quelque  mois  au  lit  ,  une 
somme  d'argent  pour   l'arracher  au  désespoir. 

Déposer  dans  votre  sein  ces  traits  ,  c'est  vous 
rendre  cher  ainsi  qu'à  nous  ,  et  les  taleiis  et  les 
les  vertus  de  l'artiste  qui  sait  se  concilier  sous 
tous  les  rapports  l'estime  publique. 

J'ai  l'honneur  ,  citoyen  préfet  ,  d'être  avec 
respect , 

Signe,  Fournies  ,  arfy'om*  du  voyer. 
Pour  ampliaiion.  Letourneur. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

—  Arrêté  du   2    vendémiaire   an  9. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  Le  général  de  division  Clarke  est 
nommé  commandant  extraordinaire  de  Lunéville 


il  a  traversé  ,  pour  se  rendre  à  l'hôtel  oîi  il  devait     gt  dg  tout  le  département  de  la  Meurthe. 


loger  ,  une  foule  nombreuse  qui  obstruait  son 
passage.  Il  est  descendu  de  voiture  au  son  d'une 
musique  militaire.  Le  lendemain  il  a  quitté 
Madrid  pour  se  rendre  à  Saint-Ildephonse  -,  en 
traversant  la  ville  ,  il  a  été  couvert  d'applaudis- 
semens. 

))  Arrivé  à  Saint  Ildephonse,  il  est  descendu 
chez  l'ambassadeur  Alquier,  qui  l'a  présenté  au 
premier  secrétaire-d'état ,  M.  d  Urquijo  ,  lequel  , 
dans  toutes  les  Circonstances  ,  s'est  montré  àmi 
des  français. 

iiLe  général  Berlhier  a  été  ensuite  présenté  au 
roi  et  à  la  reine  ,  qui  l'ont  reçti  avec  la  plus 
grande   distinction.  )i 

—  Une  lettré  écrite  du  quartier-général  de  l'aîle 
droite  de  l'armée  du  Rhin  ,  et  insérée  dans  le 
Citoyen  Français ,  porte  que  "  le  27  frucddor  au 
soir ,  est  arrivé  le  lieutenant-général  Lecourbe  , 
accompagné  du  citoyen  Percy  ,  chirurgien  en 
chef  de  l'armée  du  Rhin  ;  du  citoyen' Foulon  , 
«on  aide-de-camp  ,  et  du  citoyen  Bottu  ,  son  se- 
crétaire particulier.  Il  a  été  accueilli  avec  trans- 
port par  les  généraux  et,  les  officiers  composant 
son  éiat-major.  Des  larmes  de  joie  coulaient  de 
tous  les  yeux.  La  nouvelle  de  son  arrivée  a  éié 
mise  à  Tordre  du  jour  de  son  corps  d'armée: 
aucune  autre  ne  pouvait  êtretplus  satisfesante 
pour  les  troupes  ,  leur  donner  plus  de  confiance  , 
leur  inspirer   plus   d'encouragement.  )> 

—  Ou  écrit  de  Bordeaux  ,  en  date  du  4°  jour 
complémentaire  :  ii  Nos  arrivages  par  mer  qui ,  un 
moment ,  avaient  paru  se  rallendr  ,  viennent  de 
reprendre  une  nouvelle  activité.  Il  est  entré  dans 
notre  port  vingt-sept  bâiimens  de  plusieurs  points 
des  côtes  qui  nous  avoisinenl,  et  chargés  de 
grains  ,  farine  ,  fer  ,  merceries  ,  et  autres  articles 
dont  le  débouché  est  d'autant  plus  prompt  et 
d'autant  plus  facile  ,  qu'il  est  le  fruit  des  be- 
soins de  la  consommation  journalière.  Il  paraît 
que  les  approches  de  l'équinoxe  ont  décidément 
éloigné  les  anglais  de  nos  attérages  ,  et  que  nos 
caboteurs  peuvent  naviguer  momentanément  sans 
crainte  d'être  inquiétés  dans  leurs  allées  et  venues 
par  les  croiseurs  ennemis.  >» 


II.  Il  correspondra  directement  pour  ce  com- 
mandement avec  le  gouvernement. 

m.  Il  sera  pris  des  mesures  pour  que  le  télé- 
graphe  puisse  correspondre   avec  Lunéville. 

IV.  Le  général  Clarke  se  rendra  sur  le  champ  à 
Lunéville,  et  prendra  toutes  les  mesures  qui  se- 
raient nécessaires  à  la  tenue  d'un  congrès. 

V.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul ,  Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul, 
■    Le  secrétaire-d'état,  signe.  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  3  vendémiaire  an  g. 

Les  consuls  de  fa  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  marine  ,  le  Conseil  -  d'état 
entendu ,  arrêtent  : 

Art.  I''.  Le  préfet  maritime  ,  dans  chaque 
port,  remplira  les  fonctions  qui  étaient  attribuées 
aux  ordonnateurs  de  la  marine,  pEr  la  loi  du  12 
octobie  1791  (  v.  st.),  sur  l'organisation  des 
cours  martiales  maritimes. 

II.  En  cas  d'absence  ou  d'empêchemeiit,  le 
préfet  maritime  sera  remplacé  par  celui  des  chefs 
du  service  ,  qui ,  en  vertu  de  l'article  84  du  règle- 
ment du  7  floréal,  sur  l'organisatioti  de  la  ma- 
rine ,  aura  été  désigné  par  le  ministre  pour 
remplir   ses  fonctions. 

Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  est 
chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  se.ra 
inséré   au    bulletin  des   lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre  ,  le  conseil  -  d'état 
entendu  ,  arrêtent  :  , 

Art.  l".  Les  conditions  d'admission  aux  em- 
plois de  gendarme  resteront  les  mêmes  que  celles 
qui  sont  fixées  par  l'article  I"^   de    l'arrêté  du  17 


pluviôse  an  8.  Le  mode  de  remplacement  aura 
Le  Publicateur  de  Nantes  ,  en  date  du  1=' jour     Heu  ainsi  qu'il  est  déterminé  ci-après, 
complémentaire  ,  coudent  les  lettres  suivantes  :  tt    t  -i     j'   j     ■   •  .    .■        j    1  j  ' 

•^  ■^^'  Les  conseils  d  administration  de  la  gendar- 

Le  jrifet  du  département  de  la  Loire  inférieure  ,  au  merie  conserveront  la  faculté  de  présenter  au 
rédacteur  du  Publicateur  de  Nantes.  —  l)u  28  ;  ministre  les  militaires  retirés  qtii  aspireront  à 
fructidor  an  8.  j  remplir  un  emploi  de  gendarme  ,  et  qui  en  seront 

S'il  est   permis  .  citoyen  ,  de   violer  le   secret     j"ê^^  susceptibles. 

dan.  ami  ,   c'est  pour  publier  un  acte  de  bien-  !       Quant  aux  militaires  qui  seront  pris  parmi  Ceux, 


de  la  guerre  les  nommera  san«  qu'ils  fui  soient 
présentés  par  lesdits  conseils. 

III.  Les  conseils  d'administration  de  la  gendar" 
merie  feront  ,  au  ministre  de  la  guerre  ,  la  de- 
mande du  nombre  d'hommes  qui  leur  sera  néces- 
saire. Le  ministre  ordonnera  le  remplacement. 

IV.  Les  hommes  fournis  par  les  réginiens  se- 
ront reçus  ,  si  le  corps  est  à  1  armée  ,  par  un 
jury' formé  de  trois  officiers  de  gendarmerie  ;  et 
s  il  est  dans  l'intérieur,  par  le  conseil  d'adminis-'| 
tration  de  la  gendarmerie  du   département. 

Les  candidats  présentés  par  les  corps  ,  après 
avoir  été  acceptés  par  le  jury  ou  le  conseil  d'ad- 
ministration, et  avoir  prouvé  qu'ils  réunissent  les 
qualités  requises  ,  recevront  une  feuille  de  route 
pour  se  rendre  à  leur  destination. 

V.  Le  ministre  de  la  guerre  prendra  les  me- 
sures nécessaires  ,  afin  que  chacun  des  régimens 
de  troupes  à  cheval  de  la  république  fournisse 
à  la  gendarmerie  un  nombre  d'homme^  propor- 
tionné   à   sa   force. 

VI.  Il  n'est  dérogé  en  rien  par  le  présent  ré- 
glemerit  aux  dispositions  de  celui  du  5  messidor 
dernier  ,  qui  .  détermine  le  remplacement  aux 
emplois  de  gendarmes  à  pied  dans  les  départe- 
mens  où  il  en  existe. 

Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'étal ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 
Arrêté  du  4  vendémiaire. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances  , 

Vu  la  loi  du  9  vendémiaire  an  6  ,  portant  réta- 
blissement de  la  loterie  nationale  , 

Vu  aussi  l'arrêté  du  directoire  exécutif  du  17  du 
même  mois  ,  relatif  à  1  organisation  de  cette 
loterie  ; 

Le  conseil  d'état  entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I''.  A  compter  du  t"^  brumaire  prochain  , 
il  sera  fait  trois  tirages  par  mois  de  la  loterie 
nationale. 

Ces  trois  tirages  auront  lieu  le  cinq  de  chaque 
décade. 

II.  Il  sera  étabji  dans  le  plus  court  délai  de» 
tirages  particuliers  dans  les  villes  de  Bordeaux, 
Bruxelles  ,  Lyon  et  Strasbourg.  lisse  feront  dan* 
la  même  lorme  et  avec  les  mêmes  précautions  que 
celles  prescrites  par  l'arrêté  du  directoire  exécutif  < 
du  17  vendémiaire  an  6  ,  et  aux  mêmes  jours  que 
ceux  de  Paris. 

III.  Les  tirages  dans  chacune  desdites  villes  ,  se 
feront  publiquement  dans  le  lieu  qui  sera  désigné 
à  cet  effet  par  le  préfet  du  département  ,  en  pré^ 
sence  et  sous  les  ordres  duquel  se  feront  lesdits 
tirages  ,  et  en  présence  aussi  ,  savoir,  pour  Bor- 
deaux et  Lyon  ,  du  commissaire  général  de  po- 
lice ;  pour  Bruxelles  et  Strasbourg  ,  du  maire 
du  lien  ,  et  en  outre,  pour  chacune  des  quatre 
villes,  du  commissaire  du  gouvernement  près  le 
tribunal  criminel. 

Un  inspecteur  y' remplacera  les  administrateurs 
de  la  loterie. 

Il  n'y  sera  procédé   qu'après  avoir  mis  sous  le  ' 
scellé  tous  les  registres    des  receveurs  ,   lesquels 
ne  seront   retirés  qu'après  le   tirage. 

IV.  Le  ministre  de  finances  fixera  les  arrondis- 
semens  de  chacune  des  villes  de  Paris  ,  Bor- 
deaux, Bruxelles,  Lyon  et  Strasbourg  ,  pour  les 
tirages  qui  s'y  feront. 

V.  Les  receveurs  des  bureaux  de  Paris  seront 
autorisés  à  recevoir  des  mises  pour  les  tirages 
qui  se  feront  à  Bordeaux  ,  Bruxelles  ,  Lyon  et 
Strasbourg. 

Les  receveurs  des  bureaux  dans  ces  quatre 
dernières  villes  ,  auront  indépendamment  des 
mises  qui  seront  faites  pour  leurs  tirages  , 
la  faculté   d'en  recevoir  pour  Paris  seulement. 

La  même  faculté  pourra  être  accordée  aux 
receveurs  des  autres  villes  de  la  république 
lorsque  Je  ministre  des  fianances  le  jugera  con- 
venable. 

VI.  -Les  ministres  des  finances  et  de  la  police 
générale  sont  chargés  ,  chacun  en  ce  qui  le  con- 
.cerne  ,  de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui 
sera  imprimé  au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
-  Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 
Autre-  arrêté  du  même  jour. 


fes'ance-  qu-e  sa  modestie 'l'engÉigéait  à  tai^re. 


BdNAPARTE,  premier  consul  de  laiépublique  , 
arrêté  ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Durand,  envoyé  par  le  département 
de 'la  Moselle  ,  pour  la  célébration  de  l'anniver- 
saire de  la  fondation  de  la  république  ,  est  nommé 
commissaire  du  gouyernement  auprès  du  conseil 
'-des  prises,  en  remplacement  du  citoyen  Portail* 


en  activité  dans  les  troupes  à  clieval ,  le  ministre    appelé  à  d'autres  fonctions 


19 


Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de  l'exécu-  grand  peuple  ,  est  le  spectacle  de  sa  prospérité 
lion  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au  Bulletin  ,  toujours  croissante.  Si  cependant  le  tableau  de 
des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 

MINISTERE    DE   L'INTÉRIEUR. 

Discours  prononcé  clans  le  temple  de  Mars  .  par  Lucien 
Bonaparte  ,  ministre  de  l'intérieur  ,  te  i"  vendé- 
miaire an  9  ,  pour  la  Fcte  de  la  République. 

Citoyens, 
Quelques  mois  sont  à  peine  révolus  depuis  le 
jour  oià  le  14  juillet  lui  célébré  dans  ce  temple  , 
et  déjà  l'anniversaire  de  la  république  nous  y 
ramené.  Un  intervalle  bien  court  sépare  ces  deux 
fêtes  :  que  de  grâcEs  n'aurions-nous  pas  à  rendre 
à  lEiernel  ,  si  la  même  année  eiit  réuni  le  14 
juillet  89  et  le  21  septembre  1792  !  Pourquoi  ne 
pouvons-nous  pas  .  en  déchirant  quelques  pages  , 
rattacher  la  Jondation  de  la  république  à  la  prisç 
de  la  Bastille,  et  détruire  jusqu'à  la  moindre  trace 
de  ces  jours  de  septembre  qui  rappellent  le  sou- 
venir des  Vêpres  de  Sicile  ,  de  la  Sainl-Banhelemi , 
et  de  toutes  les  scènes  que  l'histoire  a  transmises 
à  l'efFroi  du  monde  ! 

Mais  tel  est  ,  ciioyens ,  le  danger  des  chocs  po- 
pulaires :  les  élémens  les  plus  opposés  s'amal- 
gament et  semblent  se  réiconcilier  ;  les  actions 
viles  ,  odieuses ,  criminelles  ,  précèdent  et  suivent 
les  mouvemens  les  plus  généreux. 

C'est  ainsi  que  les  biens  et  les  maux  s'enchaînent 

dans  la  vie  ;  la  nature  ne  nous  donne  pas  ses  fa- 
veurs ,  presque  toujours  elle  nous  les  vend.... 
N'exigeons  pas  plus  de  bienfesance  des  révolu- 
tions humaines  ;   et  puisqu'enfin  la  nôtre  nous  a 

donné   une    véritable    république  ,    oubhons  les 

secousses  douloureuses  au  milieu  desquelles  elle 

fut  conçue  :  il  n'est  plus  tems  ,  aujourd'hui  qu'elle 

prospère  ,  de  lui  reprocher  les  malheurs   qui  ont 

enveloppé  son  berceau. 

D'ailleurs,   au  milieu  même   des  calamités  ,  la 

république  ,  dans  ses  premiers  jours  ,  a  donné  au 

monde  le  plus  grand  des  spectacles  ;  elle  a  déplpyé 

dans  l'entance  plus  d'héro'isme   et   d'énergie  que 

n'en  montra  la  monarchie  dans  ses  périodes  les  plus 

mémorables  :  son  exemple  a  démenti  toutes  les 

traditions  anciennes  ;  à  force  de  grandeur,  elle  a, 

pour  ainsi  dire,  changé  l'expérience  dtS  peuples. 

—  En  effet,  les  hommes  habitués   à  lire  l'avenir 

dans  le  passé  ,  nous  disaient  que  le  principe  qui  a 

londé  les  étals  ,  peut  seul  les  maintenir,  et  que 

l'époque  de  leur  déclin  succède  toujours  à  celle 

de  leur  prospérité.  On  a  vu  ,  pourla  première  fois 

peut-être  ,  un  grand  corps  politique  ,  vieilli    par 

quatorze  siècles  ,  changer  de  nature  et  de  forme  , 

tans  que   ses  parties  se   soient  divisées  :  renversé 

sur  ses  anciens  fondemens ,  cet  empire  s'est  relevé 

tout-à-coup;  et  avec  un  accroissement  prodigieux 

de  gloire  ;  il  s'est  rassis  sur  des  fondemens  nou- 
veaux. —  La  France  monarchie  n'est  plus  :  et  tous 

les  lianes  se  liguent  pour  lui  enlever  ses  pro- 
vinces :. . . .  A  peine  née  ,  la  France  république  , 

plus  lorie  que  tous  les  trônes ,  s'élance  ,  et  à  pas 

de  géant  parcourt  et  reprend  les  limites  des  an- 
ciennes Gaules.  —  Le   sceptre  de  Henri  IV  et  de 

Louis  XIV  ,  brisé  ,  roule  dans  la  pouss'ere  ;   mais 

à  I  instant  ,  le  gouvernement  du  peuple-toi  re- 
trouve en  son  nom  et  ressaisit  tous  les  sceptres  de 

Charlemagne. 
Ainsi    donc  huit  ans  de  notre   ère  ont  rempli 

nos   annales   de  plus  de  victoires  et  de  prodiges 

que  huit  cents  ans  du  règne  des  rois.  Ce  carac- 
tère gigantesque  et  prodigieux  n'appartient  qu'à 

notre  révolution;  les  maux  qui  nous  ont  affligés 

appartiennent  à  toutes. 

Mais  si   les  premiers  jours   de  la  république, 

inarqués    du    sceau  de  la    grandeur,  ont  frappé 

l'univers     d'admiration',   combien    ce    sentiment 

n'a-t-il  pas  dû  s'accroître  depuis  ce  jour  du  (/ix-/w;i, 

on  la  sagesse   triompha  du   délire  ,   et    devint   la 

modératrice   de     la    force  !    Combien  ,    depuis  , 

l'état    de  l'empire  ne  s'est-il   pas  amélioré  !  Quel 

spectacle  offre-i-il  avant  cette  époque  mémorable  ! 

Ce  qu  avaient  décidé  six  ans  de  victoires  était  rede- 
venu douteux  :  1  Italie  était  perdue  ;  déjà  com- 
mençaient à  renaître  ces  mesures  désastreuses 
qui   épuisent   les    ressources    d'une    année    pour 

les    besoins  d'un  joui  ,  et  qui    desséchent  toutes 


nos  proigrès  depuis  dix  mois  ne  vous  suiïisait  pas, 
retracez-vous,  citoyens ,  l'état  des  autres  empires , 
pour  le  comparer  à  la  siiuarion  actuelle  de  la 
France  ,  que  des  récits  mensongers  peignent  sans 
cesse  comme  épuisée. 

Voyez  lAUemagne.  —  Une  de  ses  plus  belles 
provinces  devenue  partie  intégrante  de  notre  ter- 
ritoire ;  ses  princes  fugitifs,  ses  généraui'  divisés  , 
ses  cercles  envahis  et  nourrissant  nos  armées  vic- 
torieuses. 

Llialie  a  changé  vingt  fois  de  gouvernement 
et  dç  maîtres.  Voyez  du  haut  de  ces  trônes  rétablis , 
descendre  sur  ses  plus  belles  régions  toutes  les 
vengeances  et  tous  les  fléaux  du  despotisme  et  de 
l'anarchie. 

Vous  opposera-ton  l'état  de  l'Angleterre  !  — 
Oui  ,  lAngleterre  seule  ,  au  milieu  des  ruines  uni- 
verselles ,  s'applaudit  d  être  défendue  p;ir  I  océan 
et  les  orages  ;  mais  souvent  la  voix  de  son  peuple 
a  porté  le  vœu  de  la  paix  jusqu'aux  portes  de  son 
cabinet.  Ce  cabin'-t  est  fier  de  son  or  ,  et  le  pain 
manque  à  ses  sujets;  aussi  déjà  se  développe  dans 
leur  cœur  le  germe  des  discordes  civiles  ,  étouffé 
parmi  nous. , 

Tel  est  depuis  dix  mois  l'état  de  la  Fiance  ,  tel 
est  celui  de  l'Europe.  -^  Est-ce  pour  nous  que 
doivent  être  les  alarmes  ! 

Ah  !  malheur  à  ceux  qui ,  après  avoir  fixé  les 
yeux  sur  ces  tableaux  ,  peuvent  encore  être  affligés 
de  notre  existence  nouvelle  !  Insensés  ceux  qui  , 
voyant  sans  enthousiasme  la  prospérité  de  la  répu- 
blique ,  pensent  encore  aux  maux  de  son  enfance  ! 
Eh  !  oui ,  sans  doute  ,  les  enfantemens  de  la  liberté 
sont  douloureux  et  terribles  ;  mais  ses  produc- 
tions ,  grandes  comme  elle  ,  méritent  l'admiration 
de  tous  les  âges  :  heureux  les  peuples  qui  peuvent 
en  jouir  !  heureuse  la  génération  qui  voit  fnir  par 
la  république  la  révolution  qu'elle  a  commencée  sous 
la  n anarchie  ! 

La  liberté  ressemble  en  quelque  sorte  à  ces 
dieux  tour-à-tour  menaçans  et  propices,  qui  ve- 
naient ,  dit-on  ,  promulguer  leurs  lois  sur  la  cîme 
du  mont  Sina'i  ,  au  milieu  des  foudres  et  des 
tempêtes.  Celui  qui  ,  sans  être  préparé  à  soutenir 
leur  vue  ,  voulait  les  trop  approcher  ,  était  frappé 
de  mort  ou  d  aveuglement  :  les  sages  seuls  qui , 
montés  à  l'heure  favorable  sur  les  hauteurs,  sa- 
vaient interroger  la  divinité  solitaire  ,  en  rappor- 
taient au  peuple  les  oracles  immortels  :  alors  , 
grâces  à  ces  interprètes  prudens.,  les  faveurs  suc- 
cédaient aux  menaces  ,  la  lumière  aux  ténèbres  , 
et  des  bienfaits  éternels  à  des  maux  passagers. 

Les  mêmes  dangers  nous  ont  menacés;  les 
mêmes  avantages  nous  attenderH.  Nous  avons 
assisté  aux  spectacles  les  plus  éionnans  ;  nous 
avons  pu  recueillir  dans  un  court  intervalle  tou- 
tes les  leçons  semées  dans  l'étendue  des  tems  ; 
quelques  années  ont  suffi  pour  nous  montrer  les 
vices  déshonorans  du  pouvoir  monarchique  et 
les  effroyables  excès  de  la  démagogie.  Tout  ce 
que  les  mouvemens  du  peuple  ont  de  plus  su- 
blime lorsqu'il  combat  pour  la  liberté  ,  et  tout 
ce  qu'ils  ont  de  plus  affreux  lorsqu'il  jouit  sans 
frein  de  sa  conquête  ;  l'erreur  et  la  vérité  ,  la 
raison  et  la  folie  ,  le  crime  et  la  vertu  ,  tous  les 
esprits  de  vertige  ont  combattu  sous  nos  yeux 
pour  nous  perdre  ou  pour  nous  sauver.  Oh  ! 
combien  ces  combats  de  toutes  les  passions  ,  ces 
jeux  si  variés  de  la  fortune,  ces  scènes  d'une 
longue  histoire,  réunis  quelquefois  dans  un  seul 
jour,  ont  dû  hâter  notre  sagesse  et  développer 
nos  lumières  !  Les  principes  conservateurs  ont 
triomphé  de  tous  les  autres  :  ne  les  oublions  ja- 
mais ;  transmettons-les  sans  altération  aux  races 
futures ,  qui  béniront  notre  mémoire  en  jouissant 
du  fruit  de  nos  travaux. 

Français,  qu'il  ne  reste  donc  plus  la  moindre 
trace  des  ressentimens  passés.  Votre  attitude 
depuis  dix  mois  ,  fait  taire  les  calomnies  de  vos 
ennemis  ,  et  réduit  leurs  projets  de  discorde  à 
des  bruits  vains  et  ridicules  ,  qui  ,  changeant  de 
forme  tçus  les  jours,  attestent  tous  les  jours  leur 
impuissance.  Vous  les  avez  habitués  à  trembler 
devant  vos  armes  \  ils  craignent  encore  plus 
cette  modération  nationale  qui  seule  affermit 
les  trophées.  Les  vainqueurs  ont  tout  fait  pour 
obtenir  la  paix  des  vaincus  :  ils  ont  traité  avec 
loyauté  :  leur  politique,  digne  du  grand  peuple. 


les    sources    de     1  industrie  ;    un    emprunt  forcé     peut   être  développée  à   toute  heure 
menaçait    déjà   les    faibles    resics   de    la    loitune  |      Si  cependant   les  fléaux    de    la  guerre  recom- 
mençaient ,  que   la   malédiction    des  peuples  re- 
tombe toute  entière  sur  ceux  qui  ne  voient  dans 


publique  ;  enfin  ,  toutes  les  factions  réveillées 
étaient  prêles  à  s'élancer  dans  l'jrêne  ,  et  les 
craintes  de  l'avenir  étaient  encore  plus  terribles 
que    les  maux  piésens. 

Le  18  brumaire  a  lui  !  les  divisions  ont  diiîparu  ; 
tout  ce  qui  est  factieux  se  cache  ,  tout  ce  qui  esi 
français  se  montre  ;  tout  ce  qui  ne  veut  que  l'in- 
tc/ét  d'un  parti  ,  est  écaité  ou  coiiicnu  ;  tout  ce 
qui  aime  la  gloire  de  la  patrie  est  accuiilli  et 
ptolécé.  L'ordre  est  rétabli  dans  l'iniérieur  ;  la 
libelle  des  cultes  n'est  plus  un  vain  moi  ;  et  la 
Victoire  ,  un  mrjmenl  infidelle  ,  est  ramenée  par 
le  Génie  aux  pieds  de  la  Libellé. 

Il  est  doux  ici  de  s'ariêter  un  instant;  car  le  pre- 
mier   ornement   des    fêles   nationales    pour    un 


es  malheurs  du  monde  que  l  aliment  de  leur  ava 
rice  I  Quand  les  passions  populaires  déchaînées 
ouvraient  au  milieu  de  nous  un  immense  volcan, 
qui  menaçait  d'engloutir  les  sciences  ,  les  arts  et 
la  philosophie  ,  le  bruit  de  cette  explosion  a  dti 
al-rmer  les  naiions  voisines  ,  et  les  tenir  dans 
léloignement  et  l'effroi  ;  mais  quand  i:es  flammes 
dévorâmes  ont  cessé  de  tout  coy  -  ,  quand 
celte  fumée  qui  obscurcissait  la  .t'.ic  et  le  ciel 
a  permis ,  en  se  dissipant ,  de  reconnaître  des 
chemins  sûrs  ,  quand  la  terre  ébranlée  s'est  rafler- 
mie  ,  les  nations  ne  peuvent  plus  prolonger  leur 
défiance  et  leur  terreur.  Aussi  les  nations  veulent- 


elles  la  paix  :  mais  quelques  ennemis  implacable» 
veulent  la  guerre  ,  parce  que  la  guerre  favorise 
leurs  calculs;  ils  versant  sur  le  conlinenl  tomes 
les  calamités  avec  leur  or,  bien  sois  que  cei  or 
leur  sera  bienlôl  rapporté  par  les  besoins  factices 
de  ceux  dont  ils  achètent  le  sang  :  leur  trésor  en- 
trelient les  malheurs  des  peuples  ,  et  les  tributs 
des  peuples  renouvellent  leur  tiésor. 

Ces  ennemis  nourrissent  encore  l'espoir  de  ral- 
lumer parmi  nous  les  torches  delà  guerre  civile  .'  !  ! 
Pourquoi  ne   peuvent-ils  pas.  à  l'instant   même  i, 
être  transportés  du  palais  de  Wesiminsier  ,   souj 
ces  voûtes  guerrières?  pourquoi  ne  peuvent-ils  pas 
assister   à  cette  fête  augusie,  entendie  ces  chanta 
solennels  ,   voir  ces  émotions  profondes  qui  ani- 
ment les    magistrats  ,  les  guerriers  ,  les  ciioyens  , 
et   ces  envoyés  accourus  des  déparlemens,  oîi  les 
mêmes  vœux  se  forment  pourla  prospériié  de  I4 
patrie?....    A   ce  spectacle  ,  ils    reconnaîtraient 
I  impuissance  de  leurs  complots.  Le  sourire  de  la 
haine    était    sur    leurs   lèvres  ,   lorsque    da:.s   nos 
,fureurs    nous    trouvions    de   la   gloire  à  briser  les 
monumens  de  notre  antique  gloire. -Que  diraient-, 
ils   aujourd'hui    en    enleiidani  ma  voix  prononcer 
avec  un  saint  respect  le  iinrn  de  Turenne ,   à  l'an- 
niversaire de  la  fondation  de  la  République  ?.  .  . . 
Oui  ,  j'évoque   dans   ce  jour    la   mémoire   de  ce 
grand  maître  de  l'art  militaire ,  à  qui  la  monarchie 
dut   des  jours  si   brillans  ,  et  dont  les  restes  reli- 
gieux ,   portés  hier  en  triomphe  ,  reposent  en  ce 
moment   sous  le    dôme  le  plus  majestueux  de  la 
terre.  Turenne    amendait    du    peuple    français    la 
justice  qu'il  vieni  d'obtenir.  Les  fêles   et  les  pom- 
pes de  la  liberté    réjouissent  ses  mânes.   Les  ora- 
teurs immorieis  de  son  siècle  le  comparèrent  plus 
d'une    fois  aux  Scipions    et   aux  Fabius  ,   parce 
qu'ils    sentaient    que    Rome    antique    eût   mieu!t 
convenu   à  la   dignité  simple  de  ses  mœurs.  Son 
tombeau   fut  long-tems  au  milieu   dès  tombeaux 
des  rois  ,  qu'honorait  cette  alliance  :  le  voilà  dans 
le  temple  de  la  victoii^e  ,  sous  les  drapeaux  con- 
,  cjuis  par  les  héritiers  de  sa  renommée....  Ne  dirait* 
on    pas    que     les    deux  siècles     en     ce    moment 
se    rencontrent    et   se   donnent  la  main   sur  cette 
tombe  auguste? Ce   qui    fut  grand  autre- 
fois .    ce   qui  l'est   aujourd  hui  ,  les  héros  vivans  , 
les  morts  illustres,  se  rassemblent  dans  le  même 
lieu  pour  célébrer  le  grand  jour  ovi    la  France  a' 
changé  de  lois  sans  interrompre  le  cours   de  ses* 
grandes  destinées.  Cetie  réunion  de  notre  ancienne 
gloire  et  de  noire  gloire  présente  ,  doit  redoubler 
l'union  des  citoyens;  elle  est  sur-tout  un  exemple 
pournos  descendans...  qu'ils  respecienllesouvenif 
des  héros  jusqu'à  la  postérité  la  plus  reculée  !  Les 
mœurs  ,  les  usages  et  les  lois  varient  sans  cesse  ; 
les  empires  les  plus  stables  n  ont  que  des  formes 
passagères  ;  mais  l'héro'israe  et  la'  vertu  sont  de 
lous  les  siècles. 

Cet  exemple  ,  sans  doute  ,  ne  deviendra  jamais' 
nécessaire  aux  générations  tutures  ,  et'nos  grands- 
capitaines  recueilleront  successivement  IcUr  hom- 
m:ige.  Le  monument  érigé  ce  matin  ne  sera  jamais 
déiruit  par  l'ingratitude  de  nos  enfans  ,^(ircë  qu'il 
n'est  point  consacré  à  la  puissance  et  à  l'orgueil.  Là, 
nos  enfans  s'assembleront  d  âge  en  âge  :  ils  se  plai- 
ront à  répéter  les  paroles  de  Desaix  tombant  suc 
le  champ  de  bataille  ,  comme  Turenne  ;  I  accent  de 
I  imprécation  ranimera  leur  voix  au  souvenir  de 
l'assassinat  de  Kleber  ;  et  des  bords  du  Nil  et  du' 
Pô  ,  ces  deux  grandes  ombres  ,  consolées  ,  revien- 
dront avec  plaisir  a'u  milieu  de  leurs  neveux  re- 
connaissans. 

Tels  sont  les  présages  sûrs   des  événemens  qui' 
reposent  dans  l'avenir.  Qu  ils  accourent  donc  les  ' 
éternels  artisans    de    nos  discordes,   après   rious 
avoir  suivis  lour-à-lour  au  pavillon   funèbre   et  à 
l'antique  maubolee  ;    qu'ils  pressent  ici    lafiule, 
et,   prenant  plac^'  sous  ces  colonnes,  qu'ils  ob- ' 
servent  et  qu'ils, écoutent.. ..   Ils    repousseraient 
en  vain  la  vérité    qu'ils  craignent  ;   malgré    leur 
haine  ,  ils  se  croiraient  transportés    au  itîilieu   de 
ce  peuple    de  Mars  ,    qui,,  rassemblé  devant,  ses 
consuls  au  pied  du  Capilole  ,  invoquait ,  à  la  fin 
et  au  retour  de  chaque  siècle  ,    les  diviniiés  pro-  . 
tectrices   de  l'empire.   Nous  touchons    aii  même, 
renouvellement.    el_  le  sentiment  qui  nous  réunit 
n'est  pas  moins  religieux....  II. me  semble  que  ,  . 
debout  sur   la  statue  brisée  ou   sur   le  .tombeau 
détruit  d'un  des  anciens  rois  de  Fiance  ,  le  siècle  . 
qui' va    finir    prend  l'essor,     et    s'adressant   au 
siècle  qui  commence  ,  "Je   te  lègue,   dit-il,  un, 
grand  héiiiage.  J'ai  accru  toutes  les  connaisscncr s 
humaines  :  .\  .  on  m'a  appelé  le  siècle  de  la  philo- 
sophie  Je    disparais,   et    les  tempêtes    rentrent 

avec  moi  dans  la  nuit  des  tems.  Ton  règne  com- 
mence dans  un  jour  serein  ;  conserve  bien  lé 
repos  et  la  liberté,  ces  fruits  pénibles  dé  mes  ' 
travaux  qee  tu  viens  recueillir  ;  fepousse  toujours 
avec  horreur,  de  ton  sein,  les  révolutions  et  les 
guerres  civiles.  Tu  dois  valoir  mieux  que  moi  : 
jémporte  ,  il  est  vrai  ,  beaucoup  de  bénédictions , 

mais  j'entends  aussi  des  gémisseniens! je  vois 

la  trace  de  bien  des  malheurs  !  Plus  heureux  ,  il 
suffit  que  tu  saches  conserver  ce  que  tu  reçois, 
pour  que  des  bénédiciions  sans  mélange  se  suivent 
juscjua  ton  heure  dernière.  Ne  trompe  pas  l'es- 
péiaiice  des  sages.  >> 

Non,  c>iie  espérance  ne  sera  pas   trompée  :  la 
repos,  la  liberté.  Us  sciences,   le»  luinicics  ,  les 


30 


^Tjeaux-atts,  toutes  les  idées  libérales  prospéreront 
•sous  la  république.  —  Le  siècle  qui  commtnce  sera  le 

■criAND  SIECLE J'en  jure  par  le  peuple  dont  je 

suis  aujourd'hui  l'organe  ,  par  la  sagesse  de  ses 
premiers  magistrats  ,  par  l'union  des  citoyens.... 
les  grandes  destinées  de  la  France  ripublicaint  seront 
accompliis. 

MINJSTERE   DE   LA  GUERRE. 

Le  ministre  de  la  guerre  prévient  les  citoyens 
nommés  à  des  conseils  d'administration  d'hôpitaux 
aniiilaires  ,  que  le  nouveau  règlement  qui  fixe  leurs 
attributions  a  été  envoyé  dans  chaque  hôpital. 

Ceux  des  membres  de  ces  conseils  qui  ne 
seraient  point  rendus  à  leur  poste  le  i"  brumaire 
an  g,  seront  regardés  comme  démissionnaires.  Ce 
dernier  délai  passé,  il  sera  pourvu  à  leur  rem- 
placement. C  A  R  N  o  T. 


fc 


THEATRE      DU       VAUDEVILLE. 

En  présentaut  le  tableau  de  deux  ménages  ,  l'un 
tombé  d'une  opulence  légitimement  acquise , 
dans  une  détresse  absolue,  l'autre  subitement 
élevé  du  sein  de  la  plus  profonde  obscurité  à 
l'état  le  plus  brillant  ,  rauteur  du  nouvel  ouvrage 
donné  nier  à  ce  théâtre  ,  a  eu  pour  but  moral 
lintentlon  de  persuader  à  la  richesse  qu'elle  n  a 
rien  de  mieux  à  faire  que  de  s'allier  à  la  vertu. 
Les  deux  ménages  qu'il  met  en  opposition  sont 
divisés  pour  un  motif  d'intérêt  trop  léger  peut- 
être  ;  l'auteur  réconcilie  les  parens  en  les  détet- 
jninanl   à    l'union    de  leurs  enlans. 

En  général ,  un  tel  sujelétail  bien  faible,  même 
pour  un  vaudeville  ;  on  a  trouvé  dans  l'ou- 
VJage  trop  peu  d  intrigue  ,  d'action  et  de  déve- 
loppemens  ;  la  pièce  a  sur-tout,  non  le  défaut, 
mais  le  malheur  de  paraître  un  peu  tard.  Les 
traits  qu'elle  renferme  ,  soit  sur  les  nouveaux 
riches  ,  soit  sur  les  ridicules  de  nos  élégans  , 
s.oit  sur  les  mœurs  du  jour  ,  portent  sur  des 
objets  que  dans  son  vol  rapide  la  mode  a 
déjà  emportés  loin  de  nous  ,  et  dont  il  nous 
est  à  peine  resté  le  souvenir.  Malgré  cet  in- 
convénieat,  malgré  les  défauts  qu'on  remarque 
dans  la  construction  de  l'ouvrage  ,  malgré 
même  la  défaveur  avec  laquelle  certaines  parties 
en  ont  été  reçues  ,  on  ne  peut  se  refuser  à 
dire  d'abord  qu'il  y  a  de  l'originalité  dans  l'ex- 
position. On  a  souvent  dit  et  écrit  qu'à  Paris  une 
pai'tii'  des  habiians  tatiguée  de  plaisirs  se  mettait 
au  lit,  alors  que  l'autre  se  levé  pour  se  mettre 
au  liavail  :  c'est  ce  contraste  qui  ,  mis  en  action  , 
sert  d'exposi'ion  aux  deux  ménages  ,  et  fait  con' 
naître  de  suite  et  naturellement,  quels  sent  les 
personnages  que  l'on  voit  paraître. 

De  plus ,  quelques  scènes  ont  une  intention 
comique  ,  particulièrement  celle  oii  un  certain 
procureur  gascon  ,  nommé  arbitre  par  les  deux 
ideurs  ,  teint  de  s'adjoindre  trois  hommes  de 
oi  ,  contrefait  leurs  voix,  et  suppose  leurs  avis 
pour  toucher  leurs  honoraires.  Cette  scène  fait 
rire  ,  et  Carpentier  la  joue  bien;  mais  elle  n'est 
pas  sans  invraisemblance  :  il  est  sur-tout  incon- 
cevable qu  un  homme  tel  que  Mondor  ait  choisi 
pour  arbitre  un.  égrefin  comme  M.  Gryphon. 
Quand  on  présente  de  tels  personnages  au  théâ- 
tie,  il  faut  bien  lâcher  qu'ils  fassent  rire  tout  le 
monde  ,  mais  ils  ne  doivent  paraître  être  en  pos- 
session de  la  confiance  de  personne.  On  a  trouvé 
assez  inconvenante  la  scène  où  une  porte  de 
communication  donne  aux  deux  amans  un  moyen 
d  entrevue  si  simple  et  si  naturel ,  qu'il  semble 
c+ioqncr  la  bienséance  théâtrale.  Deux  rôles  épi- 
sodiques  ont  aussi  paru  ne  servir  qu'à  embar- 
rasser l'action ,  en  multipliant  inutilement  les 
personnages. 

Quoiqu'il  en  soit ,  l'auteur  montre  trop  d'ori- 
ginalité dans  ses  idées  ,  et  d'esprit  dans  ses 
couplets  ,  pour  qu'on  ne  cherche  pas  à  l'en- 
courager après  ce  coup  d'essai.  Il  nous  sem- 
ble avoir  lait  tout  ce  qu'il  fallait  pour  prouver 
qu  il  peut  mieux  faire  ,  si  dans  un  autre  ouvrage  , 
il  ne  se  laisse  pas  entraîner  par  l'attrait  d'une  idée 
piquante  jusqu'au  choix  d'un  sujet  ou  insuffisant  , 
au  impraticable  ,  ou  pour  lequel  une  grande  in- 
telligence de  la  scène  était  sur-tout  nécessaire.  Cet 
auteur  est  le  citoyen  Nanteuil.  S. . . 

AU     RÉDACTEUR. 

Paris  ,  ce  2S  fructidor  ,  an  8. 

Citoye:n  ,  depuis  qu'une  loi  solennelle  a  pro- 
posé et  prescrit  l'adoption  de  nouveaux  poids  et 
de  nouvelles  mesures  ,  il  n'est  personne  qui  ait 
plus  écrit  sur  celte  nouvelle  manière  de  calculer  , 
que  le  cil.  Aubry  ,  géomètre  ,  et  personne  qui , 
tout  en  annonçant  qu'il  veut  en  simplifier  l'instruc- 
tion ,  l'ail  plus  embrouillée.  Vous  nous  donnez 
de  lems  à  autre  des  extraits  d'un  cours  que  ce 
citoyen  se  propose  de  faire  sur  celle  matière; 
j'en  ai  vu  d  assez  bien  rédigés  ,  je  lui  rends  jus- 
tice, mais  celui  qui  a  paru  dans  votre  n°.  d'avani- 


hier  ,  me  paraît«iériter  tous  les  reproches  d'obs- 
curité dans  laquelle  ,  malheureusement  pour  ses 
lecteurs  ,  il  enveloppe  quelquefois  ses  produc- 
tions. 

Dans  ce  morceau  ,  le  cit.  Aubry  veut  donner 
une  manière  courte  et  abrégée  de  convenir  les 
anciennes  fractions  en  décimales  ;  cette  conversion 
est  tiès-facile  ,  comme  nous  allons  le  démontrer  . 
le  citoyen  géomètre  l'exécute  liès-péniblement  et 
d'une  manière  presqu'inintelligible.  Il  fait  des  ré- 
ductions et  des  sousdivisions  de  fractions  ;  après 
cela  ,  il  renvoie  à  une  table  ,  pour  connaître  la 
quotité  de  la  fraction  :  tout  cela  est  inutile,  il  j 
ne  faut  ni  réduction  ,  ni  tables  ,  ni  livres  ;  une 
simple  règle  donne  sur  le  champ  la  solution  (1). 

Pour  convertir  une  fraction  en  décimale  ,  Il 
sulfii  de  dire  l'eniier  d'une  Iraction  est  à  sa  frac- 
lion  ,  comme  100  est  à  sa  décimale  ,  ou  1  entier 
de  la  fraction  est  à  100  comme  la  fraction  esta  la 
décimale  ;  vous  multipliez  les  deux  termes  moyens 
l'un  par  l'autre  ,  et  vous  divisez  le  tout  par  le 
premier  extrême  ;  llnconnu  qui  arrive  ,  est  la 
décimale  qu'on  cherche  ,  il  n'est  besoin  d'aucune 
réduction  de  fractions  rii  d'aucune  table. 

Appliquons  ces  règles  aux  exemples  présentés 
par  le  cit.  Aubry.  u  Vous  avez  ,  dll-il  ,  Sg  arpens 
44  perches  ;  supposons  l'arpent  de  96  perches  ; 
voilà  la  donnée  ,  en  voici  la  solution. 

J'établis  cette  proportion  ,  96  est  à  100  ,  comme 
44  à  X  ,  ou  96  :  44  :  :  100  :  x. 

Multipliez  les  deux  moyens  l'un  par  l'autre  vous 
avez  4400  ,  divisez  ce  nombre  par  96  ,  l'inconnu 
est  458  ,  ainsi  posez  arpens  59.458. 

Autre.  Vous  voulez  connaître  ce  que  36  perches 
sont  à  256  ,  posez  ainsi  votre  proportion  ,  256  : 
100  :  :  36  :  x.  36oo  divisé  par  256  ,  donne  la  dé- 
cimale 0.140. 

Autre.  Vous  avez  5  rouids  de  480  pintes  ,  plus 
72  pintes  de  fractions  à  convertir  en  décimale  ; 
posez  tout  simplement  deux  zéros  au  plus  petit 
nombre  ,  diviscz-le  par  le  grand  ,  7200  divisé  par 
480  ,  donne  i5o  millièmes. 

Enfin  ,  le  citoyen  Aubry  présente  son  dernier 
exemple  comme  très  -  compliqué  ,  et  effcciive- 
menl  II  le  prési^nte  très-compliqué  ;  il  est  cepen- 
dant aussi  simple  que  les  autres  :  comment  con- 
vertir 1224  pieds  cubes  en  décimale  ,  dont  l'entier 
est  1728  ? 

Posez  ainsi  votre  proportion  :  1728  est  à  1224 
comme  100  à  x ,  ou  tout  uniment  ,  divisez 
122,400  par  1728  ,  votre  quotient  :  0.708  est  la  dé- 
cimale cherchée. 

Je  prie  vos  lecteurs  de  rapprocher  ce  mode 
de  solution  de  celui  du  citoyen  Aubry  ,  ils 
verront  que  toute  la  complication  des  opéra- 
tions du  géomçtre  peuvent  se  réduire  à  ce  simple 
pécepte  :  toute  fraction  se  convertit  en  décimale  en 
y  lijoutant  deux  zéros  au  petit  nombre  ,  et  le  divisant 
par  le  grand  nombre.  Il  eût  parlé  clair  même  à 
ceux  qui  ne  savent  pas  ce  que  c'est  qu'une 
règle  de  trois  ,  et  qui  ne  connaissent  pas  ce 
que  c'est  que  le  numérateur  ou  le  dénomina- 
teur d'une  fraction. 

La  loi  en  établissant  les  nouveaux  poids  et  les 
nouvelles  mesures  ,  a  créé  cinq  termes  nou- 
veaux :  le  mètre  pour  les  longueurs,  (are  pour  les 
surfaces  ,  le  litre  pour  les  capacités  ,  le  stère 
pour  les  solides  ,  le  gramme  pour  les  poids. 
Toute  la  nomenclature  aurait  dû  se  borner  à 
ces  cinq  leimes;  la  loi  n'aurait  pas  dû  y  ajouter 
d'autres  termes  aussi  insolites  qu'inutiles ,  tels 
que  déca  .  hecto  .  kilo  ,  myria  ,  déci ,  centi  ,  milli  , 
oui  ont  fait  croire  aux  jeunes  gens  ,  comme 
aux  personnes  peu  instruites  ,  que  les  mesures 
exprimées  par  ces  mois,  étaient  des  mesures  par- 
ticulières ,  entées  sur  les  mesures  primitives.  Ne 
vaut-Il  pas  mieux  dire  dix  mètres  ,  cent  mètres  , 
mille  mètres  ,  dix  mille  mètres  ,  que  rfecametre  , 
Aeciometre  ,  kilomene  ,  m^nametre  ;  décrie,  hec- 
tare, hilare  ,  myriare  .^  s'entendent-ils  mieux  que 
dix  ares  ,  cent  ares  ,  mille  ares  ,  dix  mille  ares  ? 
Un  détaillant  auquel  on  remet  quatre  mesures 
pour  mesurer  les  grains,  en  lui  disant:  celle-ci  est 
un  litre  ,  cette  autre  contient  dix  litres ,  cette  troi- 
sième en  contient  cent  ,  la  quatrième  en  tiendra 
mille,  conçoit  tout  de  suite  ce  que  vous  voulez 
lui  dire.  Il' resté  bouche  béante  ,  si  vous  lui  pré- 
sentez un  (j!«calitre,  un  hectolitre  ,  un  itt/olitre.  Aussi 
l'ouvrage  nouveau  que  nous  venons  de  citer  dans 
la  note,  a-t-il  pris  le  parti  de  revenir  aux  mots 
français  ,  et  d'exclure. ces  mots  grecs  et  latins  de 
son  livre  élémentaire. 

Quand  la  loi  parut,  le  citoyen  Aubry  chercha 
querelle  au  comité  d'instruction  sur  les  poids  et 
mesures,  sur  ce  qu'il  n'avait  imaginé  que  sept 
mots  nouveaux  ;  il  en  voulait  au  moins  seize  , 
et  proposa  de  créer  des  beclin  ,  des  bican  ,  des 
meno  ,   des  meclin  ,  des  mimar  ,  des   bimon  ,  des 


demis  ,  des  douhles  ,  des  dedmi ,  centimi ,  milliûnl  , 
etc.  le  tout  ,  comme  on  le  voit  ,  pour  la  plu» 
grande   clarté  des  nouveaux  calculs. 

Heureusement  ces  ingénieuses  innovations  ne 
furent  point  adoptées  ,  et  si  l'on  eût  rejeiié  les 
sept  mots  de  la  loi  ,  il  est  certain  que  les  nou- 
velles mesures  seraient  actuellement  adoptée» 
par  toute  la  France.  Quand  on  assemble  tous 
les  habiians  d'une  commune  pour  l'imposition  , 
et  qu'on  leur  dit  :  votre  territoire  lontient  4 
rnyriares,  9  kilares  ,  9  hectares,  8  décares ,  9  ares,  4 
déclares,  8  centiares  Is  ne  vous  entendront  point; 
si  vous  leur  dites  simplement  que  leur  territoire 
contient  49,989  ares  ,  12  centièmes  ,  comme 
l'arpent  est  à  peu-près  de  5o  ares,  ils  enten- 
dront tout  de  suite  que  leur  territoire  est  à  peu- 
près  de  mille  arpens. 

Rien  n'est  si  aisé  que  l'étude  du  calcul  décimal; 
mais  les  professeurs  qui  ont  voulu  jusqu'ici  nous 
en  donner  des  leçons  ,  les  ont  noyées  dans  un 
océan  de  chlfTies ,  pour  saisir  une  précisloa 
idéale  (i)  ;  ils  n'ont  jamais  rapproché  l'ancienne 
manière  de  compter  de  la  nouvelle  ,  ce  qui  eût 
démontré  jusqu'à  l'évidence  la  supériorité  de  cette 
dernière  sur  son  aînée  )  ils  ont  préféré  les  opéra- 
tions les  plus  compliquées  aux  plus  simples  ,  el 
sur-tout  ,  perdant  de  vue  l'unité  primitive  de  cha- 
cune de  nos  nouvelles  mesures  ,  ils  en  créent 
à  chaque  instant  de  nouvelles  dans  leurs  mul- 
tiples ou  leurs  sous-multiples  ,  à  l'aide  de  leur 
déca,  hecto,  kilo,  myria,  déci,  centi ,  milli,  ce 
qui  ne  peut  être  utile  que  dans  les  cas  on  l'on 
auiail  des  nombres  immenses  ,  ou  des  infinimens 
petits  à  calculer  ;  mais  ni  les  uns  ni  les  autres 
ne  sont  jamais  nécessaires  dans  le  commerce 
de  la  vie.  Pesons  pour  les  autres  mesures  comme 
on  a  fait  pour  le  franc  :  on  ne  dit  point,  donnez- 
moi  déca  francs  ,  hecto  francs  ,  kilo  francs,  myria 
francs  ;  mais  ,  et  ou  l'entend  mieux  ,  donnez-moi 
dix,,  cent  ,  mille  ,  dix  mille  francs  ;  on  n'adopte 
que  le  décime  et  le  centime,  et  on  ne  compte 
point  jusqu'à  des  dix  millionièmes.  Ce  change- 
ment pour  la  valeur  monétaire  ,  qui  a  été  entendu 
tout  de  suite  ,  l'eûl  été  également  pour  les  autres 
mesures  ,  si  on  se  fût  restreint  à  la  dénominalioa 
primitive  de  ciriq  nouvelles  mesures  ,  sans  les  sur- 
charger de  mots  héiéroclites  et  absolument 
inutiles.      

AVIS. 

Un  jury  nommé  par  le  ministre  de  l'intérieur 
procédera  par  la  voie  du  concours,  aux  termes 
du  règlement  du  conservatoire  ,  à  la  nomination 
d'un  professeur  de  violon  dont  la  place  est  va- 
cante parle  décèsdu  cit.  Gaviniès. 

Le  concours  sera  public  ,  et  aura  lieu  dans  le» 
salles  du  conservatoire  le  premier  brumaire  an  g, 
à  neuf  heures  du  matin. 

Les  candidats  se  feront  préalablement  inscrire 
au  secrétariat  du  conservatoire  de  musique  ,  rue 
Bergère. 

CONDITIONS     DU     CONCOURS. 

Extraitdu  réglementdu  conservatoire  demusique. 
Titre  1"^,  article  IV. 

Les  candidats  subissent  trois  examens  :  1"  lire 
sur  toutes  les  clefs  usitées  des  morceaux  présentés 
par  le  jury;  2°  exécuter  sur  l'instrument  un  mor- 
ceau au  choix  du  candidat  ;  3"  répondre  aux 
questions  posées  par  le  jury  sur  la  marche  des 
accords. 


(  I  )  Je  tire  ce  mode  de  solution  dans  un  nouvel  olyrage  , 
ii»itulé  :  l'Arithmétique  composée,  mise  à  la  pmcée  des 
jeunes  gens  ,  par  la  cit.  Frèvot-Satnt-Lucien. 


LIVRES      DIVERS. 

Voyage  au  Canada  pendant  les  années  I7g5,  I7g6 
et  1797,  par  Isaac  'Weld  ,  ouvrage  traduit  de 
l'anglais  ,  et  enrichi  d'une  cane  générale  du  pays 
et  de  onze  planches  ,  offrant  les  points  de  vue  les 
plus  remarquables  ,  et  notamment  le  fameuxsault 
de  Niagara ,  3  vol.  in-8°  ;  prix  ,  1 5  fr.  et  18  fr.  pat 
la  poste. 

A  Paris  ,  chez  Lepetit  jeune  ,  libraire.  Palais 
du  Tribunal  ,  galerie  de  bois  ,  n°  225. 

Libro  nuevo  para  aprender  à  escribir  segun  los 
duoi  generos  de  scriture  bastarda  ,  quetta  ,  y  spedita. 
Para  tnstruccion  de  ta  jubeiitad. 

Cet  ouvrage  est  parfaitement  imité,  d'après  un  des 
meilleurs  auteurs  espagnols  ,  avec  l'expllcalion  de 
la  taille  et  tenue  de  la  plume  et  la  position  du 
corps  en  costume ,  ainsi  que  les  traits  d'ornement  ; 
par  Lechard  ,  artiste-écrivain  et  membre  du  lycée 
des  arts.  —  Prix  ,  3    fr.  ,        ,     ,, 

A  Paris,  chez  le  cit.  Jean  ,  marchand  d  estam- 
pes ,  rueJean-de-Bauvais  ,  n°  32  ;  chez  l'auteur  , 
tue  Germain  -  l'Auxerrois,  n°  23o  ,  et  chez  les 
marchands  de  nouveautés. 

On  trouve,  aux  mêmes  adresses,  ïe  Parallèle 
entre  le  genre  d'écriture  bri  c  ,  cursif  ,  français  , 
et  celui  des  anglais ,  par  le  même  auteur.  Pnx  3  fr. 

(  j  )  Le  pied  cube  ,  suivant  le  citoyen  Brisson  ,  dans  son 
Instruction  sur  les  poids  et  mesuves ,  page  20  ,  contient  milli- 
meties  34277255, !6o725496673oo;82o8o.  Essayez  ,  d'après  un 
pareil  nombre  de  chiBrcs  ,  de  faire  quelques  ipultiplicalions  ou 
divisions  de  plusieurs  milliers  de  pieds  cubes. 


A  Paris ,  de  rimprimerie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poi.tevins,  n"  i3. 


■'%.,'/ 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIIEUR  UNIVERSEL 


JV°  7. 


Septidi  ,  7  vendémiaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenit  nos  souscripteurs  qu'a  dater  du  7   Nivôse  le   M  O  NIT  E  U  R  est  le  s^ul  journal  officiel 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenr ,  les  nouvelles  des   armées  .  ainsi  que  ,.s  faits  et  les  notions  tant  su 
l'intérieur  que  sur  I  extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux  dérouvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Paris,  le  6  vendémiaire  an  9. 

vJ  N  a  remarqué  que  ,  dans  le  dîner  qui  a  eu 
fieu  le  i^'  vendetni.iire  cliez  le  premier  consul, 
il  a  été  porté  un  toast  aux  seize  départemeos  réunis. 

Le  i"'  vendémiaire  ,  à  trois  heures  après-midi  , 
six  personnes  armées  sont  entrées  dans  la  maison 
de  campagne  dn  citoyen  Clément-de-Ris  ,  mem- 
bre du  sénat,  à  quatre  lieues  de  Tours,  pen- 
dant que  son  fils  et  ses  domestiques  étaient  à 
Tours  ,  chez  le  préfet  ,  pour  la  (été  de  la  fonda- 
tion de  la  république  ;  ces  brigands  se  sont  em- 
parés de  son  argent ,  de  son  argenterie  ,  et  l'ont 
forcé  de  les  suivre  dans  sa  propre  voilure  pour 
le  mener  on  ne  sait  oij.  Trois  heures  après  ,  la 
voiture  est  revenue  ,  et  un  jeune  domestique  du 
sénateur,  obligé  par  eux  à  le  conduire,  a  dé- 
claré, à  son  retour,  qu'ils  ne  le  rendront  qu'à 
des  conditions.  Le  sénat  a  été  ,  à  celte  occasion  , 
convoqué  extraordinairement  aujourd'hui .  et  doit 
se  réunir  après-demain.  Le  minisire  de  la  police 
générale  a  déjà  pris  toutes  les  mesures  pour  at- 
teindre les  coupables.  (  Clef  du,  Cabinet.  ) 

—  Le  préfet  de  la  Gironde  ,  le  citoyen  Thibau- 
cleau  ,  qui  vient  d  être  nommé  censeilier-d'état  , 
a  pris  l'arrêté  suivant  : 

t<  Considérant  que  l'église  des  ci-devant  Feuil- 
lans  où  a  été  inhumé  le  corps  de  Michel  Mon- 
taigne ,  a  reçu  une  deslinaiion  qui  ne  permet  pas 
d'y  laisser  plus  long-tems  les  cendres  de  ce  phi- 
losophe ;  qu'il  appartient  à  la  république  de  les 
recueillir  et  d'honorer  la  mémoire  de  l'immortel 
auteur  des  Essais,  le  prêter  arrêie  :  1°  que  le 
corps  et  le  tombeau  de  Michel  Montaigne  ,  au- 
feur  des  Essais  et  ancien  maire  de  Bordeaux  , 
seront  transférés  de  la  ci-devant  église  des  Feuillans 
dans  la  salle  des  monumens  à  la  ci-devant  aca- 
démie ,  le  l^'  vendémiaire;  2°  qu'un  professeur 
de  l'école  centrale  prononcera  ,  dans  le  lemple 
décadaire  de  1  arronaisscineni  ou  cciiul-  ,  ici^j^v, 
de  Michel  Montaigne;  3°  que  le  corps  sera  tians- 
fÊré  sur  un  char  attelé  de  quatre  chevaux  :  il  y 
aura  sur  les  côtés  du  char  des  inscriptions  ex- 
traites des  Essais  -,  4°  que  le  coriege  sera  composé 
des  autorité?  civiles  et  militaires.,  des  professeurs 
de  l'école  centrale  et  instituteurs  primaires  ,  de  leurs 
élevés  et  des    sociétés  savantes.  i> 

—  La  gazette  de  France  cite  un  ordre  du  géné- 
ral Moreau  ,  portant  que  les  bâtimens  appartenant 
aux  collèges  et  aux  écoles  de  la  ville  d'Augsbourg, 
ne  fussent  plus  employés  en  hôpitaux  ou  prisons 
militaires  ,  afin  que  l'éducation  de  la  jeunesse 
néprouvât  point  d'obstacles  résultans  de  la  pré- 
sence  des  troupes  françaises. 

Le   capitaine  Baudin  ,   chef  de  l'expédition 

destinée  à  faire  le  tour  du  globe  ,  est  parti  le  5 
au  malin  pour  se  rendre  au  Havre,  où  il  doit 
s'embarquer. 

On  écrit  deChâlons,  en  date  du  5'jour  com- 
plémentaire ,  qu'il  a  été  itouvé  le  26  fructidor , 
près  de  Saint-Germain- la-'Ville  ,  à  deux  lieues  de 
Châlons  .  un  jeune  garçon  ,  sourd-muet  ,  âgé  de 
10  à  12  ans  ,  taille  de  i  nietre  ,  244  miliimctres, 
cheveux  blonds  ,  ayant  une  légère  cicairice  au 
menlon  ,  et  sans  aucun  papier  qui  pût  le  faire 
reconnaître.  11  est  entre  les  mains  du  directeur  du 
jufy-  , 

Nous  avons  annoncé  l'établissement  d'un  lycée 
de  jurisprudence  ,  et  le  but  de  cette  institution. 

L'ouverture  a  eu  lieu,  le  5  de  ce  mois;  l'as- 
semblée était  nombreuse,  et  composée  de  beau- 
coup d'hommes  recommandables,  pat  leurs  talens, 
et  leurs  lumières. 

Le  citoyen  Mirbeck  ,  ancien  jurisconsulte, 
a  éié  proclamé  président  :  les  plus  vifs  applau- 
disscmens  l'ont  accompagné  au  lauteuil. 

Pendant  cette  cérémonie  ,  on  a  entendu  l'air 
si  chéri  ,  du  célèbre  Grétry  :  Où  peul-on  être 
mieux  ,   qu  au   sein    de  sa  lamillu  ? 

A  l'ouverture  de  la  séance  ,  le  président  a  pro- 
clamé les  noms  des  membr.-s  du  lycée  ,  et  ceux 
des  professeurs.  Après  avoir  indirjué  l'ordre  , 
et  les  sujets  des  discours  ,  il  a  exposé  ,  à  l'assem- 
blée ,  le  plan  de  la  nouvelle  méthode,  adoptée 
par  le  lycée,  pour  faciliter ,  éieridre  ,  accélérer, 
et  pcifeciionner  l'instruction  des  élèves. 


Voici  une  analyse  de  ses  réflexions  ,  à  cet 
égard  : 

"  En  rendant  les  peuples  heureux,  les  bonnes 
institutions  ,  bien  organisées  ,  concourent  à  la 
prospérité  et  à  la  gloire  des  empires. 

>'  Le  lycée  de  jurisprudence,  institution  nou- 
velle ,  et.  jusqu  à  présent  unique  ,  doit  faire  jouir 
la  trance  de  cet  avantage  incipprécinbli-.. 

"  Son  évidente  uiiliié  vous  sera  démontrée, 
par  les  orateurs  que  vous  allez  entendre.  Dévoués 
tous  au  soutien  de  cet  éiablissement ,  ils  y  for- 
meront des  élevés  dans  tous  les  genres  d'instruc- 
truction  .  propres  à  les  diriger  avec  succès  , 
dans  la  brillante  et  vaste  carrière ,  qu'ils  auront 
a  parcourir. 

Les    éléraens  du    droit   romain  ,  qui  a    mérité 
le  titre  glorieux  de  raison  écriie,  et  qui  sert  encore 
de  code   à  presque  toutes  les   nations    policées  ; 
^  la    science   des    lois  françaises  ;    la   manière  d'en 
I  diriger  l'action,  par  des  formules  simples  ,   uni- 
j  formes    et   invariables  ;     les    principes    du   dioit 
j  public  ,   entre    les    nations;     ceux    de   la   diction 
et  de  l'éloquence ,  qui  ont  illustré  les  plus  savans 
orateurs,    tant  anciens  que  nouveaux:  ;   des  exer- 
cices,    propres     à  .  perfectionner     ces     difféiens 
genres  d'msirucuon  :   tout,    eiifin  ,    sera  de  leur 
ressort. 

En  un  mot ,  rien  ne  seira  négligé  pour  remplir 
efficacement  les  promesses  du  fondateur  ,  et 
justifier  aux  yeux  du  public  ce  qu'il  peut  et 
doit  attendre  des  eflTorts  réunis  dû  zèle,  des  talens, 
et  des  lumières  dune  association  si  di^ne  ,  à' 
to lis  égards  ,  de  sa  confiance  et  de  la  protection 
spéciale  du  gouvernement. 


Nous  nous  sommes  empressés  d'annoncer  le 
rétablissement  de  l'ancienne  académie  de  Lvon> 
sous  le  titre  d'Athénée.  L'intéressant  Journal. de 
Médecine  q')  i  paraît  dans  cette  ville  ,  nous  iraasuiet 
les  détails  suivans  sur  la  première'  séance  d^ 
l'Athénée. 

La  première   seansc  puuinjue    a  -niai que   ^j 

rieusement  l'époque  de  sa.  restauraiioti.  .  Le  cTt". 
Verninac  ,  président,  dont  la  prose  esi  poétique 
et  les  vers  éloqucns  ,  a  prononcé  'un  1  discours 
très  applaudi  sur  le  bonheur  qu'il  avait  de  re- 
trouver les  membres  épars  dune  des  plus  belles 
statues  de  l'antiquiié  ,  et  de  pouyojr  les  réunir 
pour  en  former  un  ensemble  :  allusion  qui  a 
été  saisie  ei  applaudie  avec  tianspori.  Son  poème, 
sur  Chantilly  forme  des  tableaux  enchanteurs  et 
vivans  ,  dont  les  détails  ,  remplis  d'ame  et  dé 
poésie  ,  ont  été  vivemeni  sentis  par  leS  con- 
naisseurs. 

Une  dissertation  sur  les  organes  pulmonaires  , 
par  le  cit.  Cartier  ,  chirurgien  en  chef  du  grand 
Hôtel-Dieu  ,  a  présenté  aux  savans  des  yucs  iiiié- 
rcssanies  de  physiologi-r  et  de  pathologie  ,  expri- 
mé s  dans  un  siyle  aussi  rempli  de  iietteié-que  de 
précision  et  d  élégance. 

Le  citoyen  Rieussec  a  célébré  ,  dans  un  discours 
en  prose  ,  les  Femmes  de  lettres  dont  notre  ville 
s'honore ,  et  a  donné  de  justes  éloges  à  celles  qui 
dans  ces  lems  désastreux  ,  qu'on  voudrait  pouvoir 
oublier  ,  ont  montré  le  sublime  du  courage. 

Une  fable  imitée  de  Gay  par  le  docteur  Pitt  , 
et  remplie  d'une  philosophie  douce  et  de  dé- 
tails piquans  ,  a  éiè  lue  par  le  ciioyen  Niël  , 
commissaire-général  de  police.  Cet  estimable 
magistrat  qui  nous  rend  Piosi-de-lloyer  ,  et  qui 
joint  à  l'érudition  de  Bouhiet  la  science  gaie  de 
la  Monnoie  ,  a  lu  aussi  un  superbe  fragment 
de  Catulle  ,  traduit  en  prose  harmonieuse  ,  poé- 
tique et  passionnée.  On  croyait  entendre  de 
beaux  vers,  et  voir  Ariane  abandonnée  sur  le 
rocher  de   Naxos. 

Le  citoyen  Berenger  ,  de  l'institut,  a  com- 
mandé l'aiteniion  par  la  nature  de  son  sujet.  Il 
célébrait  Maringo  ;  il  présageait  la  paix  ,  chantait 
l'Athénée  renaissant  des  décombres  de  Lyon  ,  et 
donnait  au  citoyen  Verninac,  son  restaurateur,  de 
justes  éloges. 

Des  applaudissemens  unanimes  ont  annoncé 
le  succès  de  la  belle  épître  du  docteur  Petit  à  un 
jeune  médecin  ,  sur  les  épines  dont  la  carrière 
de  la  médecine  est  semée.  La  facture  de  ses  vers 
brillans  et  animés  ,  son  ton  de  lecture  toujours 
tnchameuret  soigné,  la  sensibilité  et  la  grâce  de 
ce  morceau  ,  méritaient  de  terminer  celle  inlé- 
rcssanie  séance.  On  y  a  admiré  une  Minerve 
d'un  Style  pur  et  sévère  ,  due  au  ciseau  du  cit. 


Chinard  ,  l'un  des  membres  de  l'Athénée,  et  qui 
lestaussrdehnsiuui.  Cet  habile  artiste  a  fait  don 
de  sa  Minerve  a  1  Aihènée. 

ACTES  ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE  DE   LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Rapport   aux   consuls    de    la  république.  —  Paris , 
le   ig  fructidor  ,  an  S. 

Citoyens   consuls, 

FranquHot  -  Coigny  était  depuis  long  -  lem.s  à 
i:'ausl  agent  principal  du  comiié  anglais.  Un 
grand  nombre  de  pièces  qui  ont  été  saisies,  sou 
propre  aveu  ,  et  celui  de  plusieurs  de  ses  com- 
plices ne  laissent  aucun  doute  sur  ce  fait. 

Franquetot-Coi^nf  est  en  ce  moment  au  Tem- 
ple ;  son  épouse,  dans  l'espérance  que  cet  acte 
de  dévouement  le  sauverait  de  l'arrestaiion  , 
lavait  conduit  au  général  Morand,  et  celui-ci 
au  ministère  de  la  police. 

/i'r.^"^''^"'''"'''"!^''^'^"'^'«P''savecF.,7z,iî,,,. 
tot-Loigny  m  étaient  étrangers.  Il  lut  arrêté  ;  traduit 
devant  les  tribunaux,  il  expierait  son  c.-ime  • 
mais  ,1  serait  la  victime  de  la  confiance  de  sa 
femme   dans   la  parole    qu'elle  avait  reçue. 

Par  ces  motifs,'  ciioyens  consuls,  ]e  pense 
que  I  arresiaaon  de  Franquctot-Coigny  doi  êire 
considérée  comme  non-avenue  ,  q^d  .si  digne 
de  la  layame  du  gouvernement  de  U  nietire  dans 
letat  ou  .1  elait  avant  que  l'on  se  fut  assuré  de 
sa  personne  sans  néanmoins  que  cet  acte  d  èouiic 
puisse,  m  1  affranchir  des  poursuires  jùridinues 
m  le  soustraire  à  une  arrertation  régulière  s'il' 
est  trou-ve  sur  le  terriioire  de  la  république.  : 
Le  ministre  de  la  polire-généralc. 
Signé,   FoucHÉ. 

MINISTERE    DE   LA    MARINE. 

Le  ministre  de  l?ma:ineet  des  colonies  recevra 
les  (onc.ionnaires  publics  ,  les  membres  des  au- 
dadminfsînifliSnVIic  -j'-ei  .<:'^a\e't..rftidi;vicc-uv..c-î 
depuis  dix  heures  jusqu'à  midi. 

Il  donnera  audience  publique  le  6  de  chaque 
décade,  depuis  deux  heures  jusqu'à  quatre. 

On  ne  pourra  entrer  chez  lui  que  par  la  rue 
St.  Florentin  ,  er  la  porte  de  communication  avec- 
ses  bureaux  ne  sera  ouverte  au  public  que  pendant 
l'audience  du  6. 

Le  public  sera  reçu  dans  les  bureaux  de  la 
marine  ,. tous  les  jours  pairs,  de  trois  à  quatre- 
heures. 

Sous  aucun  prétexte  les  personnes  étrangères  à 
à  l'administration,  n!entreront  dans  les  bureaux  , 
d'auires  jours  ei  i  d'autres  heures  ,  à  moins  de 
rendez-vous  écrits  <  qui  ne  serviront   qu'une  fois. 

La  seule  entrée  sera  par  la  rue  de  la  Concorde. 


Supplément  à  la   liste  des   envoyés  des  départemens 
pour  la  fête  du  1^'   vendémiaire. 
Département  de  l  0  a  r  t  h  e. 
Les  citoyens  Godin  ,   fils   fabriquant  à  Eurival  ; 
Beckoz  ,    ex^président     de    l'adm-nisiration    mu- 
nicipale ;    Dupont,    ex  -  commissaire    du    gou- 
vernement. 


Lyon,  le  i"  vendémiaire  an  g. 
Le   préfet  du  départemeni  du  Rhône  a  prlg,  à 
l'occasion  du   1='   vendémiaire,   un  arrêté    dont 
voici  les   principales   dispositions: 

(i  Les  autorités  civiles  et  militaires  partiront  à 
midi  de  Ihôiel-dc-ville,  et  se  rendront  sur  le 
quai  dit  de  la  Baleine  ,  où  le  préfet  posera  la 
pieraiere  pierre  d'un  quai  de  communication 
entre  le  pont  de  pierre  et  le  susdit  quai  de  la 
Baleine. 

Il  sera  déposé  sur  la  première  pierre  dudit  quai 
une  planche  en  cuivre  ,  sur  laquelle  sera  gravé' 
l'arrêté  suivant  : 

Le  préfet  du  département  du  Rhône  ,  considé- 
rant que  le  manque  de  conimunicaiion  entre  le 
pont  de  pierre  et  le  quai  dit  de  la  B.deine  ,  sur  la 
rive  occidentale  de  la  Saône,  dans  la  ville  de 
Lyon  ,  gêne  infiniment  la  circulation  des  citoyens; 

Considérant  que  celle  communication  est  d'au- 
tant plus  importaïue  à  établir ,  qu'elle   doit  être 


22 


tin  jour  le  point  de  liaison  des  routes  de  l'ouest 
et  dn  nord  de  la  France  avec  celle  du  midi  ; 

Considérant  que  les  fonds  affectés  à  la  célé- 
bration de  la  fêie  du  l"  vendémiaire  an  g  ,  ne 
sauraient  avoir  une  application  plus  agréable  à  U 
ville  de  Lyon  ,  que  celle  de  concourir  à  l'éiablis- 
Sement  de  la  susdite  communication. 

Considérant  que  la  somme  de  sept  mille  fr.  , 
laquelle  se  trouve  à  la  disposition  de  l'adminis- 
traiion  ,  comme  provenant  d'anciens  dons  volon- 
taires ,  ne  peut  également  avoir  une  applicaiion 
plus  avantageuse  ei  plus  conlorrae  aux  sentimens 
des  donataiies  ;  arrête  : 

Art.  I".  Il  sera  construit  un  quai  en  pierre  pour 
joindre  le  pont  de  pierre  et  le  quai  dit  de  la 
Baleine,  sur  la  rive  occidentale  de  la  Saône  dans 
la  ville  de  Lyon. 

IL  La  première  pierre  de  ce  quai  ,  sera  posée 
par  le  préfet  du  département,  le  i"  vendémiaire 
an  9. 

III.  Les  fonds  affectés  à  la  célébration  de  la  fête 
du  t"^'  vendémiaire  an  9  ,  seront  appliqués  à  cette 
dépense. 

IV.  Seront  appliqués  à  la  même  dépense  les 
sept  mille  francs  qui  se  trouvent  à  la  disposition 
de  l'adrainislration  ,  comme  provenant  d'anciens 
dons  volontaires. 

'V.  Il  sera  ouvert  dans  chaque  municipalité  un 
registre  oià  l'on  recevra  les  souscriptions  des  ci- 
toyens qui  voudront  concourir  à  la  construction 
dudit  quai. 

Fait  à  Lyon  ,  sous  le  consulat  de  Bonaparte  , 
premier  consul  ,  de  Cambacérès  ,  second  con- 
sul ,  de  Lebrun  ,  troisième  consul  ,  le  5'  jour 
complémentaire  de  l'an  8  de  la  république  (  22 
septembre  rSoo  v.  st.  )  le  soleil  entrant  dans  le 
signe  de  la  Balance  ,,  cent  jours  après  la  victoire 
de  Maringo  ,  remportée  par  l'armée  française  , 
sous  les  ordres  du  premier  consul  Bonaparte  , 
sur  1  armée  autrichienne  ;  les  armées  françaises 
occupant  l'Italie  ,  sous  les  ordres  du  général 
Brune  ,  depuis  les  Alpes  du  nord  au  midi  ,  jus- 
nu  à  la  Toscane  ;  l'Allemagne  ,  sous  les  ordres 
du  général  Moreau,  du  Rhin  au  Danube  ;  1 E- 
gypte  ,  sous  les  ordres  du  général  Menou  ,  de- 
puis la  mer  jusqu'aux  Cataractes  du  Nil;  année 
marquée  pour  la  ville  de  Lyon  ,  par  Ja  pose  de 
la  main  du  premier  consul  Bonaparte  ,  de  la 
première  pierre  de  la  réédification  de.  la  place 
Bellecour;  parla  fondation  de  l'Athénée;  par 
celle  du  Prytannée  et  celle  d'une  chaire  de  chi- 
mie expérimentale  ,  applicable  aux  arts  et  aux 
et  aux  manufactures.  Signé,  R.  Verninac. 

Par  le  préfet  , 
Lt  secrétaire  -  général ,  signé,  Urbain  jAUUfE. 


Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  du  département 
de  la  Loire-Inférieure  ,  au  rédacteur  de  la  Feuille 
Nantaise.  —  Nantes  ,  U  3o  fructidor  an  8. 

Citoyen, 

Je  vous  prie  d'insérer  dans  un  des  premiers 
niaméros  de  votre  feuille,  le  fait  suivant  qui 
m'a  été  transmis  par  le  maire  de  Legé. 

<t  Le  feu  avait  pris,  le  29  thermidor  dernier, 
dans  un  champ  voisin  de  la  forêt  de  Rochescrviere, 
par  le  moyen  de  brûlots  qu'un  propriétaire  avait 
faits  dans  ce  champ  nouvellement  défriché  ,  et 
qu'il  n'avait  pas  surveillés  assez  exactement.  La 
flamme,  rencontrant  sur  son  passage  un  grand 
nombre  de  matières  combustibles  ,  avait  acquis 
un  degré  de  violence  effrayant;  il  ne  lui  restait 
plus  qu'un  faible  espace  à  parcourir  pour  entrer 
dans  la  forêi  et  y  porter  tous  ses  ravages.  Si 
e  le  y  fût  parvenue  ,  il  eût,  sans  doute,'  été  impossi- 
ble de  1  arrêter,  à  cause  de  la  chaleur  extraordi- 
naire qu'on  éprouvait  alors. 

Il  Dans  cet  état  de  choses,  trois  dés  gendarmes 
de  Lege,  parmi  lesquels  se  trouvait  le  brigadier  , 
revenant  de  la  correspondance  du  Pont-James 
apperçoivent  ce  funeste  accident  :  ils  accourent 
avec  précipitation  sur  les  lieux  embrasés  ,  rani- 
merit  le  courage  du  petit  nombre  d'hommes  nue 
le  danger  avait  réunis,  et  qui,  perdant  l'espoir 
d  etemdre  le  feu  ,  commençaient  déjà  à  se  retirer. 
Ils  redoublent  avec  eux  d'activité  et  de  forces,  et 
après  au  moins  quatre  heures  du  travail  le  p'ius' 
pénible ,  ils  ont  la  consolation  d'arracher  une  pro- 
priété importante  à  une  destruction  presque  inévi- 
table. )i  ri 

Pour  U  secrétaire-général  de  la  préfecture  ,  le  chef 
de  la  1'^  section  du  secrétariat ,       Gouthiere. 
Feuille  nantaise. 


Fin  et  recapitulation  du  tableau  statistique  des  pays 

ecclésiastiques  de  l'Allemagne. 

.    _(  Voyez  les  n°'  341  ,  343  ,  346  ,  348  ,  35o.  )     ' 

Cercle  de  Westphalie. —hes  évêch^és  de  Munster, 
020  heues  quarfées  ,  35o,ooo  âmes,  i.soo^ooo 
florins  de   revenu.    —  De  Paderborn  ,  140    lieues 

quarrees  ,     100,000    araes-,    5oo,ooo    florins.    

D.0s7iabruci ,  100  lieues  quarrees,  laS, 000  aines 


370,000.  florins.  Le  territoire  de  ces  trois  évèthés 
consiste  pour  la  plupart  en  des  montagnes  cou- 
vertes de  bruyères,  et  des  plaines  ou  sablon- 
neuses ou  marécageuses.  La  culture  a  pourtant 
amélioré  ce  lerrein  ingrat  ;  il  y  vient  du  lin  et  du 
chanvre  en  quantité  ,  assez  de  grains  pour  la 
consommation  des  habitans  ,  du  bois  ,  du  sel , 
du  fêr  ,  du  charbon  de  terre  ;  lOsnabruck  exporte 
une  quantité  considérable  de  tourbe  ;  les  manu- 
factures de  toiles  ,  de  draps  ,  de  bas  ,  eic.  sont 
très  -  actives  ;  mais  le  Paderborn  est  arriéré  en 
industrie  comme  en  lumières.  (  Remarques.  — 
1°.  La  ville  de  Papeberg  ,  située  sur  les  froniieres 
de  1  Ostfrise  ,  fait  un  commerce  considérable  , 
sur-touL  dans  la  Baltique  ;  on  trouve  dans  les 
listes  de  passage  du  Sund  quelquefois  jusqu'à 
140  bâtimens  papenbergeois.  Cette  ville  est  en- 
tièrement inconnue  aux  géographes  français  ; 
2°  le  Saterland  est  une  espèce  de  république  dé- 
mocratique ,  le  Saint-Marin  de  la  Wetspbalie  , 
qui  reconnaît  l'évêque  de  Munster  pour  -pro- 
tecteur ;  on  y  conserve  la  langue  et  les  institu- 
tions des  frisons.)  L'évêché  de  Liège:  340  lieues 
quarr''  ,  220.000  âmes  ;  i,5oo,ooo  florins  de 
rêver.,  -  Productions  :  bois ,  vin  ,  grains  ,  cuivre, 
fer,  p.omb  ,  ardoise,  marbre,  charbons  de 
terre  ,  tourbe  ,  eaux  minérales  ,  terre  de  pipes 
recherchée  par  les  hollandais.  —  Industrie  et 
commerce  :  des  armes  ,  des  toiles  ,  des  cuirs  ,  des 
charbons  de  terre. — L'évêché  de  Corbev  :  14  lieues 
quarrees  ,  8,5oo  âmes  ,  40,000  florins.  —  Les  ab- 
baves  de  Werden  et  Hetmstedt  (  3  à  4000  âmes  )' — , 
d'Essen  :  [  7  lieues  quarrees,  3,5oo  âmes.  47,000  fl.) 
—  De  Cornelis-Munsler:  (3ooo  âmes.)  — ^  De  Stablo 
et  Malmedy.  (  10  lieues  quarrees  ,  7000  âmes.  )  — 
De  Thorn  :  (3ooo  âmes.)  ' 

Ceicles  de'  Haute  et  Basse  -  Saxe.  L'évêché' de 
Hildesheim  ,  140  lieues  quarrees ,  100,000  âmes, 
5oo,ooo  thallers  de  revenu  ,  2,000,000  thallers  de 
dettes  ,  un  territoire  Irès-fertile  en  grains  ,  lin  , 
chanvre  ,  houblon  ,  bois  ,  sel  ,  fer  ,  nourriture 
de  gros  bétail  à  laine  ,  exportation  de  toiles  et  de 
fil  ;  des  viltsges  entiers  emploient  l'hiver  à  faire 
des  toiles.  L'évêché  de  Lubeck  ,  enclavé  dans  les 
possessions  du  roi  de  Danemarck,  20  lieues  quar- 
rees ,  20,000  âmes  ,  pays  fertile  et  riche.  L'ab- 
baye de  Quedlinburg  ,  6  lieues  quarrees  ,  12,000 
âmes. 

Le  cercle  d'Autriche  et  la  Bohême  n'ont  point 
d'états  ecclésiastiques  immédiats  ;  l'évêque  de 
Trent ,  celui  de  Biixen  et  quelques  prélats  pren- 
nent le  litre  de  princes  de  l  Empire  ;  mais  la  mai- 
son d'Autriche  les  traite  en  sujets  ,  et  ils  n'ont  ni 
siège  ,   ni  voix  à  la  diele. 

Récapitulons  maintenant  les  différentes  par- 
ties de  ce  tableau,  qu'à  la  vérité  je  n  aurais  dû 
appeler  qu'un  extrait. 


»1~ 

.  , — 

— auitans. 

KcveBus. 

Bavière  .... 

700 

33o,ooo 

1,800,0007? 

Souabe  .... 

25o 

247,000 

i,35o,ooo 

Franconie  (  sans 

l'prdreteuton.) 
Bas-Rhin   .    .    . 
Haut-Rhin.   .    . 
Westphalie  .    . 

5io 
i,i3o 

23o 
1,220 

5o3,ooo 
740,000 
200,000 
8:3,000 

2,35o,ooo 

3.200,000 

800,000 

3,700,000 

Les  deux  Saxes. 
Total  avant  la 

170 

140,000 

800,000 

guerrre  .    . 

4,2 10 

2,983,000 

14,000, 000_/?. 

par  lieue  quacrée  708,55  habitans. 

Perdu  sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 
P'  le  Haut-Rhin  60  80,000  35o,ooo7?. 

Bas-Rhin.        473        3i8,ooo       1,200,000 

Westphalie        33o        23o,ooo       i,55o,ooo 

Donc  à  défalquer      863        628,000      3, 100,000 

Reste  .  .  .  3,347  2,355,000  10,900,000/. 
par  lieue  quarrée  7o3,6i  habitans. 

Il  est  évident  que  les  revenus  ni  sont  pas  en 
proportion  avec  la  population;  aussi  les  imposi- 
tions sont  très-légères  dans  ces  états,  sans  parler 
d'autres  causes  qui  tiennent  à  la  forme  du  gou- 
vernement et  au  mode  de  l'administration. 

Le  royaume  du  haut  clergé  allemand,  dans  son 
intégrité,  surpassait  ou  égalait  la  plupart  des 
puissances  du  second  rang,  telles  que  la  Hollande, 
la  Suisse  ,  le  Dannemark  ,  la  Suéde  ;  il  absorbait 
plus  qu'un  dixième  des  forces  politiques  de  I  Em- 
Pire-  M.  C.  Brun. 


Nouvelle  machine  pour  arrêter   les  progrès  des  in- 
cendies et  sauver  les  incendiés. 
Extrait^  des  registres  de  la  classe  des  sciences  et  arts  , 

de    l'institut   national,    séance    du   21  fructidor 

an  8. 

Un  membre  ,  au  nom  d'une  commission  ,  lit  le 
rapport  suivant  : 

Le  miriistre  de  la  police  adressa,  le  22  brumaire 
dernier  à  la  classe  des  sciences  physiques  et  ma- 
Ihematiques  ,  un  mémoire  du  cit.  Audiberi ,  oà 


il  proposait  un  nouveau  moyen  'de  sfecdii^ir  ht 
personnes  renfermées  dans  les  maisons  incentîiées; 
il  fut  fait  en  conséquence  à  la  classe  ,  par  ses 
commissaires  ,  le  16  frimaire  suivant  ,  un  rapport 
dont  les  conclusions  adoptées,  furent  qy'en  pro- 
portionnant dans  la  machine  que  le  cit.  AudibeU 
présentait  ,  le  frottement  des  différons  axes  des 
poulies  aux  poids  à  soutenir,  elle  réussirait  dans 
la  pratique  :  l'on  engagea  le  cit.  Audiberi  dans  le 
même  rapport  ,  de  faire  exécuter  celte  machine. 

D'après  ce  rapport  ,  le  cit.  Audibert  a  exécuté 
sa  machine  ;  il  a  demandé  de  nouveaux  commis- 
saires à  l'institut,  non-seulement  pour  l'examiner, 
mais  pour  assister  aux  différentes  expériences 
qu'il  comptait  faire  ;  la  classe  a  no;ximé  pour  cet 
objet  les  citoyens  Charles  ,  Prony  et  Coulomb  qui 
vont  lui  en  rendre  compte. 

La  machine  qui  est  sons  les  yeux  de'l'insiitut  , 

est  composée   d'une    lige  de    fer  creuse  ,   ayant  à 

peu-près  un  mètre  de  longueur.  Au  haut  de  cette 

I  lige  ,   est   une   espèce  de  croix  formée  de   deux 

I  plans  parallelles  qui  servent  de  joues  à  cinq 
poulies  ,  dont  les  axes  creux  sont  très-gros  ,  ce 
qui  est  nécessaire  ici  pour  augmenter  leur  force 
et  leur  frôlement.  Au  bas  de  la  tige  de  fer  est 
une  courbe  formée  également  de  deux  plans  , 
et  qui  sert  en  même-lems  de  joue  à  une  poulie 
iiifêiieuie  et  de  selle  pour  placer  le  pompier  qui 
doit   manœuvrer. 

Le  long  de  la  tige  ,  vers  le  milieu  ,  sont  deux 
crochets  presqu'horisontaux  ,  avec  une  boucle  , 
et  une  courroie  est  placée  entre  les  deux  cro- 
chets. 

Cet  appareil  est  accompagné  de  deux  harnois 
pour  les  personnes  que  l'on  veut  sauver  ;  ces 
harnois  sont  composés  d'une  selle  à  coulisse  J 
pour  que  ,  dans  les  différens  raouvemens  ,  la 
personne  se  trouve  placée  commodément.  Cette 
selle  est  attachée  par  devant  et  par  derrière  ,  à 
une  ceinture  qui  est  elle-même  retenue  par  deuiç 
courroies  qci  passent  sur  les  épaules  de  la  per- 
sonne que  l'on  veut  secourir;  au  milieu  de  la 
ceinture  esl  attaché  ,  par  un  mouvcmeni  à  pivot  v 
la  courroye  ,  qui  ,  à  son  autre  extrémiié  ,  porte 
un  anneju  qui  doit  s'accrocher  au  haut  de  la  tige 
de  ter,  et  y  suspendre  ,  dans  une  attitude  com-: 
mode  et  verticale  ,  la  personne  qui  serait  en- 
danger.  Voici  actuellement  l'usage  de  cette 
machine. 

Le  pompier  chargé  de  cet  appareil  cherche 
dans  les  maisons  voisines  une  issue  pour  péné- 
trer sur  la  loiiure  de  la  maison  incendiée  ;  ce 
qui  est  presque  toujours  praticable,  dans  le»- 
grandes  villes ,  pour  les  ouvriers  habitués  aux  tra-- 
vaux  des  toitures.  Arrivé  sur  le  toit  à  peu-près  au, 
dessus  des  fenêtres  de  la  maison  incendiée  où  il 
veut  poner  des  secours  ,  il  attache  I  exirémilé 
A,,.,^  1„  A  ,..-1-,.,.  p,„:„  .oi;d<,  Jo  U  toi- 
ture :  cette  corde  passe  en  zigzag,  remontant  et 
descendant  entre  quatre  poulies  de  la  partie  su- 
périeure de  la  tige  ;  elle  descend  ensuite  ,  enve- 
loppe la  poulie  inférieure  et  remonte  sur  la  cin- 
quième poulie  supérieure  ,  d'où  elle  retombe  dan* 
la  rue.  Le  pompier  se  place  pour  lors  sur  la  selle 
et  saisit  la  corde,  en  s'altachant  lui-même  à  I4 
Ugepour  plus  de  sureié  ,  au  moyen  d'une  cour- 
roye qui  soutient  le  milieu  de  son  corps. 

FesanI  ensuite  passer  la  corde  qui  éprouve 
déjà  une  très-grande  résistance  ,  soit  par  le 
frottement  des  différentes  poulies  ,  soit  par  sa 
propre  roideur,  sous  un  des  crochets  qui  tient 
a  la  tige  ,  et  qui  lui  sert  de  retenue,  il  laisse 
Hier  la  corde  peu-à-peu  ,  et  descend  ainsi  jus- 
qua  la  fenêtre  où  se  présentent  les  personnes 
qu  il  veut   sauver.   S'il  s'en  trouve  trop  éloigné, 

II  y  jette  un  bout  de  corde  dont  l'autre  extrêmiié 
lient  à  la  tige  de  fer  ,  et  le  moindre  effort  petit- 
lui  faire  joindre  cette  fenêtre.  Il  replie  ensuite 
sa  corde  autour  des  deux  crochets  de  latine, 
et  s  y  fixe  au  moyen  de  la  courroie  à  boucle' 
qui_  tient  a  celte  tige  :  pour  lors  la  machine  étant 
arrêtée  ,  il  peut  quitter  son  appareil  ,  entrer 
dans  les  chambres,  et  porter  tous  les  secours 
dont  des  femmes  ou  des  enfans  peuvent  avoir 
besoin. 

Au  moyen  du  harnois  dont  nous  venons  de 
parler,  il  suspend  à  différens  crochets  fixés  à  la 
partie  supérieure  de  la  tige  les  personnes  qu'il 
veut  sauver  ,  et  se  plaçant  sur  sa  selle,  il  re- 
descend avec  cette  charge  jusque  dans  la  rue.' 
Il  nous  a  paru  que  lorsque  la  machine  étant 
chargée  de  trois  hommes  ,  et  que  la  corde 
après  avoir  enveloppé  toutes  les  poulies ,  passait 
sous  un  seul  crochet  ,  et  était  retenue  par  la 
main  en  contre-bas  ,  une  force  de  trois  ou 
quatre  kiloi;rammes  suffisait  pour  en  empêcher 
la  descente. 

Le  cit.  Audibert  ,  qui  a  fait  son  expérience  dans 
une  salle  de  18  à  20  pieds  de  hauteur  ,  s'arrêtait  - 
accélérait  ou  rallentissait  son  mouvemeut  à  là 
demande  des  spectateurs. 

D'après  cette  expérience  et  l'examen  de  la  ma- 
chine ,  dont  toutes  les  parties  nous  ont  paru  dis- 
posées avec  inielligence,  nous  croyons  que  ce 
moyen  tres-simple ,  n'exigeant  que  très-peu  de 
dépense  ,  pouvant  être  transporté  par  un  seul 
homme  dans  tous  les  points  où  un  incendie  exige- 


23 


«les  secours,  devant  d'ailleurs  ,  dans  beaucoup  de 
«irconslances ,  donner  aux  pompiers  la  faculté  de 
»e  hasarder  ,  sans  être  victimes  de  leur  courage  et 
de  leur  zèle  ,  dans  les  points  de  l'incendie  où  il 
est  le  plus  souvent  iniéressant  dé  porter  des  se- 
cours et  même  d'élever  des  tuyaux  de  pompe  ;  en 
un  mot  ,  que  ce  moyen  paraissant  assuré  ,  d'après 
l'expérience  ,  pourvu  que  les  hommes  qui  l'em- 
ployerbnl  soient  habitués  à  monter  sur  les  cou- 
vertures ,  et  soient  d'avance  très  -  exercés  à  sa 
manœuvre,  la  machine  du  cit.  Audibert  ,  simple 
dans  son  exécuiion  ,  mais  irès-imponante  dans 
son  objet  ,  mérite  1  approbation  de  l'institut  et 
l'alienlion  du  gouvernement. 

Fait  au  Palais  nntionai  des  sciences  et  des  arts  , 
le  SI  fructidor  an  8. 

Signé,  Charles  ,  Prony  ,  Coulomb, 

La  classe  approuve  le  rapport  et  en  adopte  les 
conclusions. 

Pour  copie  conforme  , 

Signé  ,  CuviER  ,  secrétaire. 

(  Demain  ,  nous  donnerons  le  procès  -  verbal 
d'une  nouvelle  expérience  de  la  machine  du  ci- 
toyen Audibert  ,  faite  à  la  préfecture  du  dépar- 
lement le  i"'  jour  complémentaire.  ) 


Tous  les  lexicographes  ont  distingué  trois  sortes 
départies  dans  les  mots  d'une  langue  ,  les  pré- 
pesitions  ,  les  radicaux  et  les  désinences.  Les  diffé- 
rens  systèmes  de  lexicologie  que  l'on  a  essayé 
de  faire  jusqu'ici  ont  eu  pour  base  les  radicaux. 
Le  citoyen  Butet  (  de  la  Sarihe)  ,  a  cru  avec  raison 
qu'il  fallait  avant  tout  déterminer  la  valeur  des 
prépositions  et  des  désinences  ,  et  que  ces  valeurs 
pouvaient  se  réduire  en  formules.  Dix  années  de 
lecherches  l'ont  conduit  à  ce  précieux  résultat. 
L'historique  de  ses  travaux  est  consigné  dans 
un  mémoire  qu'il  a  lu  à  la  société  des  Obser- 
vateurs de  l'Homme  ,  et  qui  probablement  fera 
partie  de  ceux  que  cette  société  doit  incessam- 
ment  faire    paraître.    Par     l'union  de   ces   deux 


des  désinences  Celte  séance  fut  encore  plus 
glorieuse  pour  le  ciioyen  Butet  que  la  première. 
Les  citoyens  Daunou  ,  Tracy  ,  Champagne  , 
furent  nommés  commissaires  pour  examiner  son 
mémoire  ,  l'un  des  plus  intéressans  qui  depuis 
loiigtems  ait  élé  présenté  à  la  classe.  On  re- 
marqua que  le  citoyen  Laplace  éiait  venu  en 
entendre  la  seconde  partie  ;  il  fut  prié  de  s'ad- 
joindre à  la  commission  ,  parce  que  l'objet  du 
rapport  paraissait   renfermer  de  vues  analytiques. 

Dans  l'intervalle  de  ce  rapport  ,  qui  s'est  fait 
dans  la  séance  du  23  vendémiaire  suivant,  le 
ministre  de  l'intérieur  a  répondu  au  citoyen  Butet 
qu'il  lui  annonçait  à  regret  l'impossibilité  dans 
laquelle  il  était  de  lui  accorder  sa  demande  ; 
mais  qu'il  l'engageait  à  se  concerter  avec  le 
citoyen  Champagne  pour  faire  en  grand  lessai 
de  son  système  sur  plusieurs,  élevés  du  Prytan- 
née  ,  s'il   le  juge   convenable. 

La  commission  de  l'institut  a  regardé  à  l'una- 
iiimité  le  travail  du  citoyen  Butet  comme  un 
des  ouvrages  les  plus  utiles  à  l'avancement  de  la 
science.  Ces  conclusions  sont  qu'il  oftre  le  meil- 
leur plan  connu  d'après  lequel  on  puisse  luire 
un  dictionnaire  philosophique  ,  et  de  parvenir  , 
s'il  est  possible  .  par  le  même  travail  fait  dans 
toiites  les  langues ,  à  la  confection  d'une  langue 
universelle. 

Q_uant  à  l'application  de  ce  système  à  l'en- 
seignement scholastique  ,  la  commission  le  cioit 
également  utile  ;  mais  pour  l'affirmer,  elle  aurait 
besoin  d'un  résultat  analogue  à  celui  de  1  en- 
seignement des  élèves  de  l'école  polymaihique  , 
mais  en  plus  grand  nombre  ,  afin  de  pouvoir 
juger  plus  sûrement  que  ce  système  est  à  la 
portée  de  l'intelligence  commune  des  enfans. 
Eri  conséquence  ,  la  classe  a  converti  en  propo- 
sitions les  conclusions  delà  commission,  et  a 
arrêté  à  l'unanimité  que  le  ministre  de  l'intérieur 
serait  officiellement  invité  ,  au  nom  de  l'institut  , 
par  l'organe  de  son  secrétaire  le  ciioyen  Cham- 
pagne ,  de  faire  cette  expérience  dans  l'une  des 
écoles  nalionalts  de  Paris. 


systèmes  de  prépositions   et    de   désinences   ap- |       Ainsi,  d'après  l'enchaînement  des  circonstances, 
pbquésaux   langiaes  française   et  latine  ,     le   ci- 1  il  paraît    que   cette   importante   expérience    sera 

faite  au  Pryiannèe  de  Paris  au  commencement 
de  cette  année  scholastique.  Il  serait  à  désirer 
que  l'ouvrage  du  citoyen  Butet  parût  en  même 
terns  ,  mais  son  Sysiêine  des  prépositions  ne  peut 
être  livré  à  limpresiori  que  dans  le  courant  de 
brumaire. 


loyen  Butet  réduit  dans  l'un  et  dans  l'autre  la 
formation  et  l'analyse  des  mots  composés  à  la 
lésoluiion  des  deux  problêmes  suivans  : 

1"  Problème.  —  Etant  donné  le  radical  et  la 
formule  d'un  mot  ,  construire  ce  mot  en  latin 
ou  en  français. 

2'  Problême.  —  Etant  donné  un  mot  latin  ou 
français  ,  déterminer  la  formule  de  sa  composi- 
tion qui  devient  celle  de  son  analyse. 

Ces  deux  systèmes  ,  ou  plutôt  ce  système  com- 
plet de  lexicologie  ,  est  immédiatement  appli- 
cable à  toutes  langues  dérivées  du  latin,  et  n'a 
besoin  que  d'une  autre  nomenclature  analogue  au 
génie  des  autres  langues  auxquelles  on  voudrait 
l'appliquer. 

A  l'aide  de  ce  système,  le  citoyen  Butet  est 
parvenu  ,  dans  l'espace  de  deux  ans  ,  à  mettre 
deux  jeunes  gens  en  état  d'interpréter  les  auteurs 
latins  les  plus  difficiles.  Il  en  a  fait  l'application 
à  l'enseignement  d'un  plus  grand  nombre  dans 
son  cours  de  lexicologie  à  l'école  polymaihique. 
D'après  les  réglemens  de  cette  école  ,  il  a  donné 
des  exercices  publics  ,  dans  lesquels  ses  élevés 
ont  paru  avec  le  plus  grand  succès.  Ces  exercices 
ont  rempli  deux  séances  littéraires  du  lycée  répu- 
blicain ,  où  le  citoyen  Butet  professe  la  physique. 
Ces  séances  ont  été  formées  en  très-grande  pariie 
<les  hommes  les  plus  distingués  dans  tous  les 
genres  de  connaissances  ,  et  qui  sotit  générale- 
ment convenus  que  le  système  du  citoyen  Butet 
ferait  une  des  époques  les  plus  marquantes  de 
la  lexicologie.  Ce  qui  a  donné  plias  d'écUt  à 
ces  exercices ,  c'est  la  présence  de  Massieu  ,  souid- 
muet  de  naissance  ,  qui  ,  après  dix  leçons  que 
lui  a  données  le  citoyen  Butet  ,  à  la  sollicitation 
du  citoyen  Sicard  ,  a  figuré  honorablement  à 
côté  des  élevés  de  l'école  polymaihique,  en 
résolvant  par  écrit  ,  et  avec  la  même  élégance  , 
les  problêmes  dont  ceux-ci  donnaient  les  solu- 
tions verbales.  Le  citoyen  Sicard ,  persuadé  de  la 
force  de  son  élevé  ,  comme  de  la  justesse  du  sys- 
lêaie  ,  avait  répondu  du  succès  de  l'expérience 
en  le  publiant  d'avance  (t). 

Désirant  faire  cette  expérience  utile  sur  un 
plus  grand  nombre  d'intelligences  à-la-fois  ,  et 
«ncouragé  par  ses  premiers  succès,  le  citoyen 
Butet  demanda  au  ministre  de  l'intét'eur  un  local 
et  une  quantité  donnée  d'élevés.  Pendant  ce 
«ems  il  se  présenta  à  l'insiitiil  ,  et  fut  admis  par 
la  seconde  classe  pour  y  développer  son  système 
des  prépositifs  dans  la  séance  du  2  messidor. 
Cette  exposition  inspira  le  plus  vif  intérêt  à 
toute  l'assemblée.  Le  citoyen  Laplace  qui  se  trou- 
vait accidentellement  à  celte  séance  ,  témoigna  à 
l'auteur  la  plus  grande  satisfaction  de  ce  travail 
dpnt  l'ordonnance  est  vraiment  mathématique. 
L'institut  invita  le  citoyen  Butet  à  venir  lui  com- 
muniquer ,   dans  sa  séance  du  12,   son  système 


(il  Voyez  le   jupple'ment  du  Journal  du  ïmt ,  du  35  piai- 


MEDECINE. 
Les  élevés  du  citoyen  J.  B.  Monlinié  ,  membre 
correspondant  de  la  sociéié  de  médecine  de 
Paris  ,  professeur  d'anatomie  ,  phisiologie  ,  eic.  , 
à  l'école  de  médecine  élémentaire  à  Bordeaux  , 
ont  subi  les  25  ,  26  et  28  fructidor  an  8  un 
examen  public  sur  l'anatomie  ,  la  phisiologie  , 
la  pathologie  ,  la  thérapeutique  ,  la  clynique 
interne  et  externe.  Ils  ont  été  interrogés  par 
les  citoyens  Alary  ,  Lattes ,  Mesiivié  ,  Gouley- 
ron  fils,  Cazeins,  Cailleau  ,  etc  etc.  ,  convo- 
qués  à  ce    sujet. 

Ils  ont  répondu  aux  questions  avec  nettelé, 
précision  ,  jirsiesse  et  facilité  ;  ils  ont  enfin  donné 
des  preuves  non  équivoques  des  progrès  qu'ils 
ont   faits    dans  leurs  éludes   médicales. 

Le  28  les  prix  furent  distribués  aux  élevés. 

Le  premier  fut  décerné  au  citoyen  Pierre-Va- 
lentin  Ducastaing  fils,  de  Bordeaux,  départe- 
ment de  la  Gironde. 

Le  second  au  citoyen  Pierre  Canihac  ,  de 
Castelnau  ,  près  Marmande  ,  département  de 
Lot  et  Garonne. 

Le  troisième  fut  partagé  entre  les  citoyens 
Labarthe  ,  de  Saint-Barthelemy  ,  département  de 
Lot  et  Garonne,  et  Adrien  Gabard  de  Saint- 
André  ,   de  Cubzac  ,  département  de  la  Gironde; 

Les  citoyens  Jean  Diifour  et  .-Antoine  Dufour  , 
de  Plaisance  ,  département  du  Gers  ,  obtinrent 
mention  honorable. 

A  la  fin  de  celte  distribution  solennelle  ,  le 
citoyen  Cailleau  prononça  un  discours  dans 
lequel  il  donna  aux  élevés  quelques  avis  sur 
''élude  de  l'anaiomie  et  les  qualités  qui  doivent 
être  l'apanage  constant  de  ceux  qni  se  con- 
sacrent à  l'art  de  guérir. 

Il  tertnina  son  discours  en  répandant  quel- 
ques fleurs  sur  la  tombe  du  citoyen  Grossard 
dont  la  perte  sera  long-tems  viveniént  sentie 
parles  amis  de   l'humanité. 

Les  élevés  demandèrent  que  ce  discours  fût 
rendu  public  :  il  sera  en  conséquence  livré  à 
l'impression. 

Nous  ne  terminerons  pas  cet  article  sans  payer 
au  citoyen  Monlinié  le  tribut  d'éloges  qui  lui 
est  dû.  Ce  professeur  n'a  pas  cessé  un  seul  | 
instant  de  se  consacrer  tout  entier  à  l'instruc-  1 
tion  publique:  son  zèle  est  toujours  ardent  et; 
toujours  le  même.  Il  n'a  pourtant  jamais  eu  ( 
d'autre  aiguillon  que  le  désir  d  être  utile  ,  cl  le  I 
plaisir  de  faire  le  bien. 


A    V      RÉDACTEUR. 

LOrienl  ,  le  nj  fructidor  ,  an  8. 

J'ai  lu  ,  ciioyen  ,  dans  votre  feuille  du  7  de  ce 
mois  ,  le  précis  qu'a  donné  le  ciioyen  Jumelin, 
d'après  le  rapport  des  anglais,  du  combat  des 
vaisseaux  le  Ça  ira  que  je  commandais ,  et  le  Cen- 
seur ,  capitaine  Benoist  ,  dans  la  Méditerranée. 

Ce  ciioyen  n'ayant  pas  élé  à  même  de  participer 
a  une  action  tju'il  veut  bien  préconiser  .je  crois 
devoir  vous  en  donner  les  déiai/s  ,  ipie  je  nu; 
repiorherais  de  n'avoir  |'as  transmis  plus  loi  .  si 
l'estime  de  soi-même  n'avait  pas  dû  êire  pouf 
mon  équipage  une  réconipens.  au-dessus  de  tous 
éloges. 

A  la  poin'e  du  jour  ,  23  ventôse  an  3  ,  les  deux 
armées  stribord  amures,  celle  delà  république 
au  vent  ,  consistant  en  i5  vaisseaux  ,  6  frégates  et 
plusieurs  corvcites  ;  l'ennemi  composé  de  14 
vaisseaux  ,  4  frégates  et  plusieurs  corvettes  à  plus 
'le  deux  lieues  sous  le  vent  ,  les  vaisseaux  le  Sans- 
Culotte  ,  le  Barras  •.-t  le  Ça  ira  ,  se  trouvaient  à  prés 
d'une  lieue  du  l'armée  el  louvoyaient  afin  de  la 
rejoindre.  Il  existait  une  forte  brise  du  S.  O. -,  le 
leiDS  nébuleux  ,  la  mer  dure;  à  ncul  heures  un 
coup  de  tangage  me  priva  de  mes  deux  mais  de 
hune  ,  dont  je  voulus  sauver  le  gréement  et 
les  vergues.  Peu  à  près  cet  événement  ,  une  fré- 
gate ennemie  m'ait.iqua  :  la  première  bordée  mit 
cinq  hommes  hois  de  combat  ,  et  le  feu  prit  dans 
mes  grands  porie-haubans.  Je  ne  pus  riposter  , 
parce  que  ma  batterie  se  Irouvait  engagée.  Le  ' 
teu  de  la  Ivégaie  étant  liès-vif  et  prêt  à  être  sou- 
tenu par  les  vaisseaux  ennemis  qui  m'appro-  ' 
chaient  ,  je  renonçai  au  gréement  en  le  lésant 
jetei  à  la  mer  ,  ce  qui  rendit  mes  batteries  libres  ;  ' 
aussiiôt  la  frégate  fut  réduite  à'  aller  se  réparer  à 
Livourne. 

Les   meilleurs  voiliers  ennemis   commencèrent 

l  attaque  ,  mais  ne  voulurent  pas  se  présenter  par 
mon  travers  :  ce  fut  avec  mis  seuls  canons  de 
retraite  que  je  ralentis  leur  impé;uosité. 

Dans  cette  pénible  situation,   la  frégate  la  Ues'  . 
taie  me  donna   la  remorque  et  ne   cessa  pas  de 

combattre   l'ennemi C'est  ici  que  je  dois 

offrir  au  citoyen  Delornie  ,  commandant  cette 
frégate,  et  à  son  équipage  ,  le  tribut  dû  au  dé- 
vouement incroyable  avec  lequel  ils  se  condui- 
sirent. Notre  armée  était  toujours  au  vent;  cepen- 
dant trop  éloigné  délie  p.jur  en  être  protégé, 
tout  me  donnait  à  craindre  d'être  bientôt  cerné 
par  toute  la  ligne  ennemie  qui  m'approchait  rapi- 
dement. Une  manœuvre  hardie  pouvait  me  sous- 
traire à  des  forces  si  supérieures  :  je  virai  de  bord 
vent  devant  ,  et  cette  évolution  me  réussit ,  tout 
en  continuant  de  faire  et  recevoir  un  feu  très- 
vif  à  demi  portée  de  canon  dé  l'ennéiiii  que  je 
prolongeai. 

Après  trois  heures  et  demie  de  combat,  je  me 
trouvai  sous  la  protection  de  notre   armée  ,  dont 
l'avant-garde   me   secourut    et    força   l'ennemi   à 
rejoindre  le  reste  de  son  armée.'  Le  vaisseau  U   ' 
Censeur  ,  bon  voilier,  vint  me  donner  la  remorque 
à  la  place  de  la  Vestale.  Je   fis  rendre  compte   au 
général    de  ma    situation,  et  à   neuf   heures  du  \ 
soir  il    vint  raisonner    avec  moi.  Je   ne   pus  au 
porte-voix  lui    faire   connaître .  exactement  mon  ■ 
état,  dans    la  crainte  d'occasionner   du  découra- 
gement, tout  annonçant  une. action  pour  le  len- 
demain. Je  fis  ce  qui   dépendait  de  moi, pour  me 
réparer.  ,      ,.,.,■ 

Le  24  ,  aru  jour  ,  le  Censeur  et  moi  nous  nous 
trouvions  à  peu  de  distance  spus  le  vent  et  de 
l'avant  de  notre  année  ,  la  brise  étant  faible^au 
sud-ouest,  avec  apparence  de  changement  ;  l'ar- 
mée ennemie  courait  les  mêmes  amuies  ,  toujours 
près  de  deux  lieues  sous  Iç  yent.  Environ  six. 
heures  du  matin  la  brise"  vint  du  nord  ;  l'ennemi 
en  profila,  si  heureusement,-  qu'il  m'approcha 
avant  que  nous  en  eussions  ressenti  l'impulsion. 
Nous  nous  efforçâmes  de  rallier',  mais  ayant  été 
traverses  nous  ne  pûmes  y  parvenir. 

Le  combat  s'engagea  avec  une   nouvelle   cha-» 
leur;  ce  qui  donna  à  notre  armée  l'avantage  dli 
vent  qui  variait    toujours.     Le     vaisseau   de    tête 
venait  à   toutes  voiles  sur  nous,  ainsi    que  ceux 
qui  le  suivaient.  Au  moment  o\x  ils  commencèrent 
leur  fcu  ,  je  crus  que  l'affaire  allait   devenir   gé- 
nérale ;   rnais  ils  tinrent  le  vent  ,  en  prolongeant 
l'ennemi  à  bord  opposé  ;  je  cessai  alors  d'obser- 
ver les  mouvemens  de  l'armée  ,  ayant  à  combat-    , 
tre  sept  vaisseaux  dont   deux  à    trois   ponts.    Se-    : 
condé  par  le  vaisseau  le  Censeur  ,    les  deux  pre-    ■ 
miers  vaisseaux     furent    obligés   de  se    retirer,    , 
étant  presque    totalement  désempaiés  ;   les  deux, 
de  l'arriére  les  remplacèrent   de  suite  ,   et  j'avais 
sur   les   hanches  et  l'arriére  ,  à  portée  de   fusil  , 
les  deux  aunes   à   trois  ponts  et  le   vaisseau  na-?    , 
poliiain.  l 

Le   tableau  du  carnage   et  delà  mort  n'ont  ja-  ■■ 
mais     préseiiié    rien     d'aussi    épouvantable    que 
l'étail  l  Intérieur  de  mon  vaisseau  ;   mais  que  peu-     ■ 
vait   l'aspect  rie  la  mort  et  du    carnage  sur   des 
hommes  animés  par    1  amour  de   la  gloire  !    Plus 
le  désastre  était  h    son    comble,    plus  il    y    avait' 
d'ordre  et  de  précision   dans  le  aervice  des  bat- 
telles. 


»4 


L'air  étant  intercepté  par  l'explosion,  l'ennemi 
ne  put  faire  aucun  mouvement.  Nous  démaïames 
les  deux  vaisseaux  qui  étaient  par  rrotre  travers  , 
de  leur  grand  raâi  ,  de  celui  d'artimon  et  du 
petit  mât  de  hune  :  un  cri  universel  exprima 
la  joie  que  nous  causait  cet  événeinent  qui  eût 
incontestablement  fixé  la  victoire  ,  s'il  y  avr.it  eu 
moins  de  disproportion  ;  mais  l'énorme  quan- 
tité de  boulets  qui  tombèrent  à  bord  ,  avait  di- 
minué sensiblement  l'équipage;  (il  a  péri  600 
liommes  ,  tant  dans  l'action  que  par  suite  de  leurs 
blessures  )  et  détruit  tout  le  vaisseau  ;  il  est  même 
inconcevable  qu'un  seul  individu  ait  échappé  aux 
inillions  d'instruraens  meurtriers  qui  se  croisaient 
à,  la  minute. 

Les  sabords  de  la  batterie  basse  prenaient  beau- 
coup d'eau.  Le  vaisseau  avait  coulé  de  quatre 
pieds  dans  toute  sa  longueur  ,  le  reste  des  poudres 
était  submergé  ;  il  y  avait  douze  pieds  d'eau  dans 
la,  cale  ,  et  enfin  étant  menacé  d'une  submersion 
totale  ,  réduit  et  non  vaincu  ,  le  vaisseau  ras  et 
absolument  démâté,  après  plus  de  7  heures  et 
demie  d'un  combat  qui  ne  déparera  jamais  les 
annales  de  la  marine  ,  cessa  de  faire  feu. . . . 

Le  vaisseau  le  Censeur  que  j'appellerai  toujours 
h  Généreux  .dont  la  conduite  valeureuse  ne  peut 
être  assez  honorée  ,  assailli  par  plusieurs  vais- 
seaux ,  et  criblé  par  ceux  qui  étaient  de  l'arriére 
à  moi  ,  et  auxquels  il  ne  pouvait  riposter,  fut 
contraint  quelque  tems  aprèsd'amenerson  pavillon. 

O  mes  respectables  compagnons  d'infntlune, 
si  des  circonstances  qui  nous  ont  été  inconnues  , 
et  dont  il  faut  cependant  respecter  le  mystère  , 
ont  empêché  que  l'armée  ne  recueillit  les  fruits  de 
voire  dévoûment,  vous  ne  serczpaspour  cela  plus 
privés  du  souvenir  de  vos  compatriotes ,  que  vous 
ne  le  fûtes  de  la  considération  des  ennemis.  L  his- 
torien ,  dégagé  des  liens  de  convenance  ,  placera 
vos  noms  parmi  ceux  qui  ont  le  plus  glorieuse- 
ment combattu  pour  leur  patrie  ,  et  fera  apprécier 
les  détracteurs  de  la  marine  ,  dont  les  revers  n'ont 
jamais  appartenu  qu  à  ceux  qui  l'ont  gouvernée, 
en  privant  d'autorité  et  de  confiance  ses  chefs 
naturels  ,  autant  disposés  que  les  généraux  des 
armées  du  Continent ,  à  verser  leur  sang  pour 
l'afiFranchissement   des  mers. 

Les  détails  que  je  viens  de  faire  connaître,  et  le 
tableau  qui  va  suivre  ,  sur  l'authenticité  des- 
quels j'invoquerais  le  témoignage  de  l'ennemi 
même,  inspiieront  sans  doute  au  citoyen  Marec 
quelque  regret  d  avoir  hazardé  dans  son  rapport 
à  la  convention  nationale  ,  du  i3  germinal  an  3  , 
une  opinion  que  le  désintéressement  et  la  justice 
réprouvaient  également.  Je  me  plais  à  croire  qu'il 
n'y  a  eu  de  sa  part  qu'une  trop  grande  confiance 
dans  les  récils  de  ceux  à  qui  il  convenait  ddbs- 
çurcir  léclai  de  cette  action. 

RÉSUMÉ. 

i'^  Action. 

Le  Ça  ira  eut  à  combattre  les  meilleurs  voiliers, 
et  une  partie  du  c.orps  de  bataille. 
Seconde  action. 

Le  Capitain,  de 74  ) 

-   >     désemparés. 
Le  Bedfort  ,    de 74  5 

Le  Courageux  ,  de 74)     démâtés,   et  CIl- 

>  lustrious  obligé  de 
Llllustrious  ,   de 74  3  faire  côte. 

LaBritannia  ,    de 100  \      Ces  3    souffrirent 

f   le    moins  ,     ayant 

La  P.rincesse-Ro:fale ,  de  90  \  choisi  les  posi- 
i  lions  les  plus  avan- 

Lt  Tancrede- ,  de 74  7  tageuses. 

Salut  et  fraternité  , 

CONDÉ. 


lA  j>néjet  du  déparlement  de  la  Charente,  au  rédac- 
teur du  Moniteur.  —  Angoulîme  ,  le  3'  jour 
complémentaire  an  8. 

Un  malheureux  ouvrier  de  cette  commune 
venait  de  périr  victime  de  son  zèle  ,  en  travaillant 
à  réparer  une  maison  endommagée  par  l'incendie 
récent  de  la  maison  coniigue.  Il  laissait  une 
veuve  et  trois  enfans  en  bas  âge ,  réduits  à  la 
taendicité  ;  une  société  déjeunes  amateurs  tou- 
ché» de  la  position  cruelle  de  cette  famille  in- 
fortunée ,  et  encouragée  par  l'administration  mu- 
nicipale qui  a  mis  un  intérêt  vraiment  paternel 
dans  le  succès  de  cette  œuvre  charitable ,  a 
donné  ,  au  profit  de  celte  famille  ,  une  représeri- 
tation  à  laquelle  les  citoyens  se  sont  empressés 
de  se  rendre;  et  quoique  les  plus  aisés  fussent 
presque  tous  à  la  campagne  ,  la  recelte  à  été  assez 
abondante  pour  subvenir  aux  premiers  besoins 
de  la  veuve  et  de  ses  enfans  ,  et  assurer  sa  sub- 
sistance au  moins  pour  quelques  tems  ,  le  zèle 
charitable  des  jeunes  amateurs  a  été  puissamment 
secondé  par  le  citoyen  Gillemeteau  ,  homme  de 


loi  ;  Sazetac-Moulin  ,  négociant  ;  Bachelier  ,  hor- 
loger ;  Bachelier,  père,  et  Thibaud  ,  greffier  du 
tribunal  criiTiinel  ;  les  vétérans ,  quoique  obligés 
à  un  service  habituel  ,  ont  honorablement  signalé' 
leur  désintéressement  en  refusant  l'indemnité  qui 
leur  revenait  pour  avoir  monté  la  garde  de  po- 
lice à  ce  spectacle  philaniropique. 
Je  vous  salue  ,  Delaistre. 


GÉOGRAPHIE. 

Tous  les  parens  et  les  instituteurs  désirent  de 
bons  livres  élémentaires.  Plus  cette  tâche  est  dif- 
ficile ,  plus  on  doit  de  reconnaissance  à  ceux  qui 
la  remplissent  avec  succès.  Le  citoyen  Menlelle  , 
membre  de  l'institut  ,  est  dans  une  longue  pos- 
session de  cet  honneur.  Les  différentes  nations  de 
lEurope,  qui  ont  traduit  ses  ouvrages,  confir- 
ment le  suffrage  de  ses  concitoyens  ,  et  assurent 
à  ce  savant  modeste  ,  une  place  distinguée  parmi 
les  bienfaiteurs  de  la  jeunesse. 

Sa  Géographie  comparée  offre  l'exécution  d'une 
idée  vaste  et  lumineuse  ,  que  les  circonstances 
ne  lui  ont  pas  permis  d'achever  ;  le  Dictionnaire 
de  Géographie  ancienne  ,  dont  il  a  enrichi  1  Ency- 
clopédie ,  réunit  toutes  les  connaissances  sur  cet 
objet  ;  sa  Cosmographie  est  regardée  comme  un 
modèle  dans  le  genre  des  ouvrages  classiques  , 
destinés  à  mettre  les  sciences  un  peu  abstraites  à 
la  portée  dos  commençans;  le  Précis  de  l'Histoire 
des  Hébreux  a  répandu  la  lumière  sur  les  archives 
d'une  riatiop  trop  célèbre  et  trop  avilie  ;  les  Eté- 
mens  d'Histoire  Romaine  fesaient  désirer  depuis 
long-teras  ses  ouvrages  encore  inédits. 

De  ce  nombre  était  [e  Cours  élémentaire- et  com- 
plet djns  son  ensemble ,  de  Cosmographie  .  de  Géo- 
graphie ,  de  Chronologie  ,  et  d  Histoire  ancienne  et 
■moderne  ,  qu'il  professe  depuis  quelques  années 
avec  tant  de  succès. 

Il  a  senti  que  ,  pour  animer  le  tableau  du  monde 
aux  yeux  de  l'élevé  voyageur ,  il  fallait  lui  mon- 
trer dans  les  révolutions  des  empires  ,  les  causes 
des  changemens  successifs  des  parties  habitées  du 
globe.  Liant  ainsi  le  monde  physique  à  l'univers 
politique  ,  il  promené  son  lecteur  de  climats  en 
climats  ,  de  siècle  en  siècle,  d'événemens  en  évé- 
nemens.  L'histoire  des  tems  et  celle  de  la  terre 
devenaient  ,  en  quelque  sorte  ,  Ihistcire  de 
1  homme  ,  et  la  géographie  n'était  plus  ,  grâce  à 
la  hardiesse  de  ce  plan  ,  une  nomenclature  aride 
et  morcelée  ,  mais  une  étude  instructive  et  inté- 
ressante. 

Il  fallait  présenter  aux  élevés  assez  de  lumières 
pour  les  instruire  ,  rien  de  trop  pour  ne  pas 
les  rebuter  ;  aux  professeurs  ,  des  sommaires  ca- 
pables de  fournir  au  développeiTient  de  leurs 
leçons  ,  selon  la  portée  de  leurs  élevés  ;  enfin  , 
il  fallait  que  I  homme  le  moins  exercé  à  l'étude  , 
pût,  avec  cet  ouvrage,  parcourir  facilement  le 
tableau  rapide  du  monde  physique  ei.  politique  , 
depuis  l'origine  des  sociétés  connues  jusqu'à  ce 
jour. 

Tel  a  été  l'objet  du  citoyen  Mentelle  dans  le 
livre  que  nous  annonçons  aujourd'hui  ,  et  dont 
il  a  fait  la  cession  au  citoyen  Bernard. 

Cet  ouvrage  est  divisé  en  deux  parties.  La 
première  contient  la  cosmographie  .la  géographie 
et  l'histoire  ancienne  ,  jusqu'aux  croisades. 

La  seconde  offre  le  développement  de  la  géo- 
graphie et  de  l'histoire  moderne  jusqu'à  l'an  9. 

Ces  deux  parties,  qui  sont  sous  presse  ,  forme- 
ront deux  volumes  in-8°  ,  et  un  atlas  in-4°  ,  de 
quinze  cartes  ,  avec  des  tableaux. 

Les  cartes  sont  tracées  avec  la  plus  srupuleuse 
exactitude  ,  et  gravées  avec  une  perfection  digne 
des  rares  talens  du  citoyen  Tardieu.  Ce  sont  des 
cartes  neuves  pour  un  cadre  nouveau.  L'ouvrage 
est  enfin  l'atlas  le  plus  moderne  et  le  plus  soigné 
pour  l'histoire  élémentaire.  L'exécution  typogra- 
phique ne  laisse  rien  à  désirer. 

Cet  ouvrage  ,  destiné  spécialement  à  l'instruction 
publique  ,  paraîtra  pour  l'ouverture  de  l'année 
classique.  Le  premier  volume  sera  mis  en  vente 
le  1''  brumaire  de  l'an  9  ;  et  pour  que  les  leçons 
ne  subissent  aucune  interruption  ,  le  second  vo- 
lume sera  publié  le  i'"^  pluviôse  suivant. 

On  paiera  10  fr.  en  retirant  le  premier  volume 
avec  les  six  cartes  delà  géographie  ancienne,  enlu- 
minées ,  et  6  fr.  5o  cent.  ,  en  retirant  le  deuxième 
volume  avec  les  neuf  cartes  de  la  géographie 
moderne ,  enluminées.  Le  prix  de  l'ouvrage  en- 
tier ,  enluminé  ,'  sera  de  16  fr.  5o  cent.  ,  pour 
Paris,  broché. 

Ceux  qui  désireront  le  premier  volume  avec 
les  cartes  non  enluminées ,  paieront  9  fr.  ,  et  en 
retirant  le  deuxième  volume  ,  6  ft^.  Le  prix  de 
l'ouvrage  entier  ,  non  enluminé  ,  sera  de  l5  fr.  , 
pour  Paris  ,   broché. 

On  recevra,  en  prenant  le  premier  volume  , 
un  bon,  signé  Bernard,  nécessaire  pour  retirer 
le  second  volume. 


L'ouvrage  Ênî  ,  on  ne  Vendra  plus  séparément 
les  deux  parties.  ïl  est  divisé  en  iîS  leçons. 

Il  faut  s'adresser  au  citoyen  Bernard  ,  libraire, 
quai  des  Augustins  ,  n°  3i.  Les  lettres  doivent 
être  affranchies. 

LIVRES      DIVERS. 

Œuvres  de  F.  Bacon  ,  chancelier  d'Angle- 
terre ,  traduites  par  Ant.  Lasalle  ,  avec  des  notes 
critiques,  historiques  et  littéraires.  De  l'imprimerie 
de  L.  N.  Frantin  ,  de  Dijon  ,  et  se  vendent,  à 
Paris  ,  chez  Ant.  Aug.  Renouard  ,  libraire,  rue 
André-des-Arcs ,  n"  42  ;  3  vol.  in-8°  ,  formant 
les  tomes  4  ,  5,  6  ;  i3  fr.  5o  cent.  Les  mêmes, 
grand  papier  d'Annonay  ,  satiné,,  broché  en  car- 
ton ,  27  fr. 

Cette  2  =  livraison  contient  le  novum  organumïivtc 
beaucoup  de  notes  ;  la  suite  est  sous  presse  ,  et 
paraîtra  très-incessarament.  jLes  6  vol.  in-8°  br, , 
avec  le  portrait,  27  fr.;  les  mêmes,  en  grand 
pap.,  54  fr. 


AVIS. 

Cours  de  Mathématiques  ,  Physique  et  Chimie ,  par  la 
société  des  anciens  élevés  de, l'école  polytechnique. 
Arithmétique  ,  algèbre  et, application  de  l'algè- 
bre à  la  géométrie  ,  les  i  ,  3  et  7  de  chaque 
décade  ,  par  les  cit.  Hubert ,  éleve-ingénieiir  des 
vaisseaux  ,  et  Baduel ,  éleve^ingénieur  des  ponts 
et  chaussées. 

Géométrie,  trigonométrie  et  statique,  les  g,  6  et 
8,  par  les  cit.  Barthelemi ,  chef  de  brigade  à 
l'école  polytechnique  ,  et  Coic  ,  éleve-ingénieur 
des  ponts  et  chaussées. 

Le  cit.  Poisson  .  répétiteur  de  mathématiques  à 
l'école  polytechnique  ,  examinera  les  élevés  les 
4  et  9. 

Géométrie  descriptive  et  ses  applica,lions,  les  3  , 
4  ,  6  et8,  par  le  cit.  Baduel.  ...!. 

Analyse,  appliquée  à  la  géométrie,  à  là  méca- 
nique et  à  l'aslrùnùmie ,  les  1  ,  3  et  7  ,  pat  le 
cit.  Poisson. 

Physique  et  chimie  ,  lés  4  et  9  .  par  le  cit. 
Thenard  ,  préparateur  de  ^chimie  à  l'école  poly- 
technique. 

Ces  cours  auront  lieu  dans  la  salle  d'instruction 
du  palais  national  des  sciences  et  des  arts  ,  et 
s'ouvriront  le   i"^;brumaire  prochain. 

Le  prix  de  la  souscription  pour  le  cours  de 
mathématiques,  sera  de  20  francs  par  mois  ;  celui 
de  géométrie  descriptive  ,  iSfrancs  ;  celui  d'ana- 
lyse ,  i5  francs,  et  ceux  de  physique  en  chimie  , 
12  francs  .     . 

Pour  les  souscriptions  et  pour  les  renseigne- 
mens,  on  s'adressera  au  cit.  Rigault ,  agent  Oe  la 
société  ,  cour  des  Fontaines  ,  n°  11 13  ,  palais  du 
Tribunal,  qui  procurera  aux  élevés  des  dépar- 
lemens  un  pensionnai  à  un  prix  raisonnable. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  6  vendémiaire. 

3o  jours.      à  60  jouri. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif. 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


56i 
i88i 

4  tr.  gn  c. 
14  fr.5o  c. 

5  fr.  90  c. 
14  fr.  25  c, 

4  fr,  60  c. 
5fr. 


.871 


Effets  publics. 

Rente  provisoire si  fr.  75  .c 

Tiers  consolidé 34  fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  60  c. 

Bons  d'arréragé 84  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 90  fr.  80  c. 

Coupures , , .  68  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  22  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqije  et  des  Arts- 
Dem-  Hécube ,   et  le  ballet  de  Psyché. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
les  deux  Journées  ,  opéra  en  3  actes  ,  et  l'Auteur 
dans  son  ménage. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  un  seul  Violon 
pour  tout  le  monde  ;  les  deux  Ménages  ;  Champagnac- 

Théâtre  delà  Cjté-Variétés,  —  Pantomimes. 
Auj.  la  Mort  de  Kléber ,  pantom.  à  grand  spect.; 
la  Fille  hussard  ,  et  l'heureuse  Découverte. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.   relâche. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Ajassc ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins,  n?  i3.; 


gÀz^te  nationale  ou  le  monieeur  universel. 

J^"  8.  Oclidi  ,  ^  vendémiaire  an  (j  dQ  la  république Jrançaise,  une  et  indivisible. 

Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  i.fivôse  le  M  O  NIT  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  su; 
l'kitérieur  que  sur  l'extérieur,  founvs  p^r  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  le  20  septembre  (  4'  jour  compl.  ) 

J-ii;  comte  de  Castelcicalla  est  arrivé  dan,s  cette 
ville,  coQMne  envoyé  de  la  coiir  de  Naples  auprès 
de  wûtrç  gouveme^nent. 

Chabran  ,  du  corps  de  ballet  de  noire  opéra, 
et  de  celui  du  théâtre  de  Margate  ,  a  été  àriêié 
samedi  dans  ce  dernier  port  ,  en  venu  d'un 
warrant  émané  du  duc  de  Portiand  ,  qui  interdit 
à  tout  étranger  de  rester  en-deçà  de  10  milles 
des  côtes  d  Angleterre.  Pendant  qu'il  était  examiné 
par  M.  Cobb  ,  un  des  propriétaires  du  ihéâire  de 
Margaie ,  M.  Sham  ,  s'est  présenté  ,  et  a  répondu 
par  un  cautionnement  de  5oo  liv.  sterling  ,  de  sa 
comparution  par-devant  un  des  secrélaires- 
d'état. 

Une  bande  d'incendiaires  avait  commencé  à 
mettre  le  feu  ,  vendredi  dernier  ,  au  magasin  de 
M.John  Brinsdex  ,  de  Malborough,  le  soupçon- 
nant rempli  de  blé  et  de  farine  ,  lorsque  la 
fumée  a  attiré  du  monde  assez  à  tems  pour 
empêcher  le  bâtiment  d'être  brûlé. 

On  a  reçu  avis  que  le  Stug,  cutter  du  gouver- 
nement a  péri  sur  la  côte  d'Espagne.  Le  capitaine 
■Winthrop  ,  qui  le  commandait  ,  a  été  ramené  ici 
par  le  cutter  la  Rose. 

La  frégate  le  Trcnt .  est  arrivée  de  la  Jamaïque, 
ayant  à  bord  l'amiral  sir  Hyde-Parker. 

Trois  navires  suédois  ont  été  détenus  par  nos 
croiseurs  ,  qui  lés  ont  conduits  à  Portsmouth. 

Il  est  entré  dans  ce  même  port  neuf  cutters  de 
la  douane  ,  revenans  de  l'expédition  contre  le 
Ftrrol.  Ils  ont  laissé  le  24  fructidor  la  flotte  de 
transports  à  la  hauteur  d  Oporto  ,  fcsant  route 
pour  Gibraltar.  Les  vaisseaux  de  ligne  le  Lo-ndon  , 
Timpctueux  ,  l'Ajax  ,  et  le  Renovin  .  qui  fesaient 
pariie  de  cette  expédition  ,  ainsi  que  plusieurs 
frégates,  ont  rejoint  lord  Saint-'Vinccnt  à  la  hau- 
teur dOuessant. 

Le  conducteur  de  la  diligence  de  Twickenham 
a  été  condamné  ces  jours  derniers  à  un  mois 
d'emprisonnement  par  la  cour  de  Hicks-Hall  , 
pour  avoir  rangé  de  si  près  le  bord  de  la  grande 
Toute  avec  sa  voilure,  qu  un  homme  qui  passait 
à  cheval  fut  obligé  de  se  détourner  brusquement 
du  chemin  que  l'usage  lui  assignait  ;  sans  quoi  il 
eût  été  blessé  par  les  chevaux  de  la  diligence  qui 
froissèrent  celui  qu'il  montait.  Le  juge  en  pro- 
nonçant la  semence  ,  observa  qu'elle  était  exuê- 
mement  douce  ,  et  que  la  négligence  coupable 
des  conducteurs  de  voitures  occasionnait  de  si 
fréquens  accidens  qu'elle  devrait  être  traitée  avec 
la  plus  grande  sévérité. 

Le  major  Swan  a  découvert  à  Dublin  une  ma- 
nufacture considérable  de  faux  billets  de  banque. 
Toutes  les  planches  ont  été  saisies. 

Le  colonel  Herries  qui  commande  les  volon- 
taires de  ta  cavalerie  légère  ,  a  été  autorisé  ,  dit- 
on  ,  par  le  duc  de  Porlland  ,  à  agir  de  lui-même  , 
dans  les  ciiconstances  actuelles  de  troubles  ,  sanj 
être  assujelii  aux  ordres  du  magistrat  civil.  La 
prudence  de  cet  officier  est  un  garant  certain  qu  il 
n'abusera  pas  du  pouvoir  qui  lui  est  confié  ainsi 
à  discrétion. 

Les  atnusemens  continuent  encore  à  Margate  et 
Ramsgate.  On  y  donne  des  bah  plusieurs  lois  la 
semaine. 

L'évêque  de  Rochester  a  adressé  dans  une  cir- 
culaire, lesquestions  suivantes  auxcurés  et  vicaires 
de  son  diocèse. 

l'.  Résidez-vous  dans  voire  cure?  sinon,  qui 
vous  en  empêche  ,  et  où  vous  lenez-vous  ? 

a".  Avez-vous  un  vicaire  ? 

3".  Ce  vicaire  a-t-il  une  licence  ? 

4°.  Qjiel  est  le  nombrç  de$  familles  dans  votre 
paroisse  ? 

5".  Combien  y  comptez-vous  d'ames  ? 

6".  Quel  est  le  nombre  des  dissidcns,  et  quelles 
«ont  leurs  dénominations  ? 

7*.  Ayez  vous  un  temple? 


8".  Quel  est  le  nombre  des  catholiques  ro- 
mains ? 

9°.  Existe-t-il  une  chapelle  catholique  romaine 
dans  votre  paroisse  ? 

10".  S'y  trouveri-ij  quelqu'établisjement  de  reli- 
gieux des  deu?t  sçxes ,  eu  communion  avec  l'é- 
glise  de  Rome  ?' 

11°.  Le  service  divin  est-il  célébré  dans  votre 
église  par  vous  ou  votre  vicaire  ,  deux  fois  le 
dirnanche  ?  Dans  le  cai  contraire  ,  dites"p««ï- 
quoi  pas  ? 

12°.  Quelles  sont  les  fêtes  de  l'église  observées 
pûbliquçmeiit   dans   votre   paroisse  ? 

13  .  Prêchez-vous  tous  les   dimanches  ? 

14".  Corribien  de  fois  et  dans  quel  tems  l:\  cène 
a-t-efte   lieu   dans  voire  église  ? 

'^°-  Q'^el  est  le  nombre  ordinaire  de  vOs  com- 
munians   à   Pâques  ? 

16°.  Exisie-t-il  quelques  annexes  ou  suceur- 
salles  dans  voire  paroisse  ?  Comment  sont-elles 
entretenues  ?  Quel  service  y  fait-on  ,  et  par  qui 
ce   service    esl-il   rempli  ? 

17".  Faites-vous  le  catéchisme  publiquement 
dans  l'église  aux  enfans  de  voire  paroisse  ? 
Quels  tems  et  quels  jours  de  l'armée  y  con- 
sacrez-vous? De  quel  catéchisme  orthodoxe 
failes-vous   usage  ? 

18°.  Y  a-t-il  quelque  école  du  dimanche 
(sunday  school  )  dans  votre  paroisse?  Oui  l'a 
fondée  et  qui  la  surveille  ?  Le  maître  ou  Ta  maî- 
tresse sont-ils  de  la  religion  anglicane  ?  En  con- 
duit-on les  enfans réguliérement'chaque  dimanche 
à  l'église  ?  Assistent-ils  à  votre  catéchisme  ?  Celui 
1  qu'on  leur  enseigne  dans  leur  école  y  esl-il  con- 
forme ,  ou  en  quoi  en  dilTere-t-il  ? 

19°.  Quels  sont  les  abus  qui  peuvent  s'être 
introduits  d.;ns  l'état  des  hôpit^iux  ,  des  écoles 
ou  autres  étabiissemens  de  charité  dépendans 
de  votre  paroisse  ,  depuis  ma  dernière  tournée  ? 

20°.  Quelle  est  la  poste  la  plus  voisine  de 
vous  ? 

( Extrait  du  Sun.) 

INTÉRIEUR. 

Paris,  le  7  vendémiaire  an  g. 

Les  projets  des  colonnes  départemiinialis  qui 
sont  parvenus  au  ministre  de  l'ioiéricur,  stront 
exporés  à  la  salle  de  l'institut  national  après  sa 
séance  publique  du  i5  de  ce  mois. 

—  Le  ministre  de  l'intérieur  vient  de  nommer 
inspecteur  des  hospices  civils  de  Paris ,  le  citoyen 
Paroisse  ,  membre  du  collège  et  de  l'académie  de 
chirurgie  de  Paris  ,  et  ex-chirurgien  en  chef  des 
hôpitaux  militaires  de  la  répuolique. 


Une  sage  administration  dont  les  membres 
respectables  consacrent  leurs  veilles  à  l'étude  de 
la  nature  .  a  su  retirer  des  mains  des  barbares 
cette  précieuse  dépouille.  Je  lai  recueillie  avec 
un  respect  religieux,  ainsi  que  le  marbre  et  sa 
statue  ,  élevés  à  sa  mémoire  ,  iu  milieu  des  chefs 
d'une  monarchie  qui  prolongea  son  existence 
au-dtlà  de  quatorze  sieclis.  OSi  .'  combien  il 
étaii  grand  auprès  de  cette  foule  de  prirrces  cou- 
chés dans  leurs  tombeaux  ! 

Je  dois  vous  l'avouer,  citoyens  ministres  ,  ce 
n'est  pas  sans  regret  que  je  quitte  ce  trésor  ; 
mes  larmes  vous  l'annoncent  ,  mon  cœur  y  est 
attaché  ;  mais  plus  le  sacilice  que  jeu  fais  est 
grand  ,  plus  je  me  plais  à  l'obéissance. 

Ministres  de  la  grande  nation  ,  çt  vous  géné- 
raux ,  dignes  défenseurs  de  la  pairie  ,  recevez 
les  cendres  d'un  des  soutiens  de  ia  France  , 
de  ce  grand-horume  ,  ami  de  1  hunianite  ,  avare 
daas  la  guerre,  du  sang  Irançais;  aussi  savant 
dans  ses  retraites  .  qu'il  était  grand  dans  les  com- 
bats ;  enKn  ,  recevez  Turenne. 

Qui  mieux  que  vous  .  citoyens  ministres ,  sait 
ajjprécier  ses  hautes  vertus  ! 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

4rrété  du-  5    vendémiaire,   an  9. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  Conseil-d'état 
entendu  ,  ariêtent  ; 

Art.  1^'.  A  compter  de  ce  jour,  le  certificat  de 
demande  d'un  brevet  d'invention  sera  délivré  par 
le  ministre  de  l'intérieur  ,  et  les  brevets  seront 
ensuite  délivrés  par  le  premier  consul  ,  et  pro- 
mulgués dans  le  bulletin  des  lois.  ; 

IL  Pour  prévenir  l'abus  que  |as  brevetés  peu- 
vent faire  de  leurs  titres  ,  il  scia  inséré  par  anno- 
tation ,  au  bas  de  chaque  expédition  ,  la  décla- 
ration  suivante. 

(i  Le    gouvernement  en   accordant   un    brevet 
11  d'invention  ,  sans   examen  préalable  ,  n'entend 
51  garantir  en  aucune  manière,  ni  la  prioriié  ,  ni 
i  11  le  ir.érite  ,  ni  le  succès  d  une  invention.  )i 

IlL  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution duprésent  arrêté  qui  sera  inséré  au  bulletin 
des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé\  Bonaparte.' 

Par  le  prétniér  consul  , 

Le  secrétaire-d'état,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


Les  soins  que  le  citoyen  Lenoir  ,  conservateur 
du  muséum  des  monumens  françjis  a  apportés 
à  I  érection  du  monument  qui  renfermail  les  cendres 
de  Turenne  ,  étaient  de  nature  à  faire  vivement 
désirer  à  cet  artiste  de  conserver  sous  sa  garde  un 
dépôt  aussi  précieux.  C  est  en  ce  sens  que  le 
discours  qu'il  a  prononcé  au  moment  de  la 
remise  du  corps  de  Turenne  ,  nous  paraît  pré- 
senier  un  certain  degré  d  intérêt.  Le  voici  : 

Citoyens  ministres,  le  consul,  voulant  célébrer 
l'anniversaire  de  la  fondation  de  la  république 
française  ,  d'une  manière  éclatante  et  par  un 
acte  de  reconnaissance  ,  a  arrêté  que  l'apothéose 
de  Turenne  s'effectuerait  le  cinquième  jour  com. 
plémentaire,  et  que  ses  cendres  seraient  déposées, 
par  vous  ,  dans  le  temple  de  Mars.  Ce  jour  sera 
célèbre  dans  l'histoire  ;  il  apprendra  aux  nations . 
présentes  et  futures  .\  que  le  vainqueur  du  Ni| 
et  du  Tibre  sait  distinguer  1  homme  d'état  ,  et 
qu'il  sait  honorer  les  talens  ;  elles  apprendront 
aussi  qu'il  connaît  le  juste  équilibre  ,  qui  seul 
peut  affermir  une  grande  nation  ;  que  ce  ne  sont 
plus  les  passions  qui  disposent  des  récompenses 
nationales  et  qui  distribuent  les  lauriers  ;  que  ce 
n'est  pas  la  disiinciion  des  rangs  qu'il  veut  ré- 
compenser ,  mais  l'honneur  et  la  vertu. 

Citoyens  ministres  ,  recevez  de  mes  mains  les 
restes  d'un  héros  qui  ,  le  27  juillet  1675  ,  périt 
à  Saitzbach  ,  victime  d'un  assassin.  //  Jesait  hon- 
neur à  l'homme,  s'écria  le  général  ennemi  ,  Mon- 
técuculli  ,  lorsqu'il  apprit  la  perte  que  la  France 
venait  de  faire.  i 


AVIS. 

Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandés  particulières,  sur  tel  objet  que  ce 
soit  ,  doivent  être  adressées  directement  aux 
ministres   que    ces  demandes    concernent. 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  ;  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ces 
objets.' 

MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 
Du  7  vendémiaire  an  9. 

La  police  a  fait  saisir  hier  soir  ,  6  vendémiaire , 
une  planche  de  faux  récépissés  de  la  trésorerie  na- 
tionale .  à  valoir  sur  les  contributions  mobiliairc 
et  foncière  de  l'an  8,  avec  la  planche  d'avis  de  la 
trésorerie  aux  receveurs  de  département. 

Le  graveur  et  celui  qui  l'avait  commandée  et 
payée  sont  ariêtés  ;  le  premier   à  tout  avoué. 

Les  pièces  de  conviction  ont  été  saisies  sur  eux  , 
au  moment  même  de  leur  arrestation. 


DÉPARTEMENT  DE   LASEINE. 

I  Procès-verbal  d'une  nouvelle  expérience  de  la  macl^ine 
du  citoyen  Audibert ,  faite  a  ia  préfecture   du  dé- 
partement. ' 
L'an  8  de  la  république  ,  et  le  premier  jour 
complémentaire  à  raidi  ,  le  préfet  du  département 
de   la   Seine  ,    les'  dnuze   maires   de  Paris  ,    upe 
députation  de  linstiiut  national  et  plusieurs  savuns 
et. artistes  étant  réunis  au  secrétariat  de  la  orélec- 
ture,  à  l'effet  d'assister  à  une  nouvelle  expéiience 
en  grand  de  la  machine  imaginée  et  exécutée  par 
le  citoyen  Audibert ,  pour  perler  un  secours  plus 
assuré  aux  maisons  incendiées  ,  et  sauver  les  per- 
sonnes qui  seraient  menacées  d'être  dévorées  pac 
le»  Qjtmmcs  : 


Le  cit.  Auciibert  s'est  rendu  aa  secrétariat,  et  a 
Jcmandé  au  préfet  de  lui  indiquer  ta  partie  de  la 
maison,  à  laquelle  il  désirait  que  l'expériencfi  lût 
laite.  —  Le  prclet  ayant  satisfait  à  cette  dernande  . 
le  cit.  Audiijert  ,  supposant  que  le  ieu  etaii  au 
premier  étage  ,  est  monté  au  plus  haut  de  la  mai- 
son ,  a  attaché  sa  corde  au-dessus  du  toit.  Il  est 
descendu  seul  à  l'aide  de  celle  corde  et  de  sa 
machine  ,  jusqu'au  deuxième  étage.  Arrivé  la  ,  il 
;st  entré  par  la  croisée  ,  et  montre  en  main ,  dans 
)cpt  minutes  ,  il  a  attaché  quatre  personnes  a  sa 
machine  et  lui  cinquième  ,  est  descendu  avec 
elles  aux  applaudissemens  des  autorités  témoins 
de  son  entreprise  ,  et  d'un  public  nombreux  qui 
s'est  rassemblé  dans  la  cour. 

Le  cit.  Audibert  est  remonté  ensuite  au  secré- 


an  que  dessus. 

Le  secutahe-géiural  de  la  préfecture  , 
Et.  Mejai>j. 


dant  le  préfet  et  plusieurs  citoyens  lui  ayant  pre 
sente  diverses  objections  ,  ils  les  a  toutes  écartées 
avec  force  et  clarté  ,  de  manière  que  cette  confé- 
rence indispensable  a  completté  la  conviction  et 
l'utilité  de  sa  mathitie  et  des  avantages  qu'il  y 
aurait  à  1  employer  dans  toutes  les  communes  de 
la  république. 

Il  résulte  de  l'expérience  elle-même  et  des  expli- 
cations données  par  le  citoyen  Audibert,  que  sa 
machine  présente  incontestablement  les  avantages 
suivans  : 

1°.  Célérité  et  sûreté  pour  le  pompier. 
2°.  Facilité  à  hisser  et  diriger  les  pompes  sur 
!è  foyer  même  de  l'incendie  et  sur  les  lieux  voisins 
les  plus  menacés  du  teu. 

3°.'  Secoiits  infaillible  pour  les  personties  qui 
habitant  au-dessus  du  lieu  oii  le  feu  aurait  pris  , 
n'ont  eu-jusqu'à  présent  aucun  moyen  de  salut. 

4*.  Que  cette  machine  dont  le  poids  n'excède 
pas  quinze  livres  ,  peut  être  facilement  transportée 
dans  tous  les  lieux  attaqués  par  le  feu,  et  employée 
sans  qu'il  puisse  en  résulter  aucune  dégradation 
pour  la  maison. 

5°.  Enfin  ,  que  le  cit.  Audibert  peut  descendre 
avec  la  même  sûreté  au  rnoins  six  personnes  et 
de  la  plus  grande  hauteur  ,  comme  il  vient  de  le 
faire  du  deuxième  étage  de  l'btDtel  de  la  pré- 
fecture. 

Le  cit.  Audibert  a  déposé  sur  notre  bureau  , 
plusieurs  pièces  qui  attestent  à-la-fois  son  intelli- 
gence et  son-  courage. 

1°.  Un   certificat  délivré  le  8   thermidor  an  G 
par  l'administration   municipale   de   la  commune 
de  Montpellier,  dépaitement  de  l'Hérault;' duquel 
il   résulte  qu'en    1785  ,   le  cit.  Audibert  donna   dts 
marques  de  la  piui  grande  intrépidité ,  d'un  sang-froid 
et  dune  aclivité-sans  bornes  ,  soit  en  oidonnant  les 
travaux  ne.essaiies  ,  soii  en  portant  lui-même  des  i 
secours  ,  lors  de  l'incendie   de  la  salle    de  spec-  j 
tacle  de  ceite  commune  ,  et  que  ce  tut  à  ses  con-  | 
naissances  en  charpente  et  à  son  courage  qu'on 
fui  redevable   de  la  conservation  de  la  salle  de 
concert  ,   qui  ,   quoique  coniigue   à   la   salle   de 
spectacle  ,  fut  sauvée  des  flammes. 

Les,  mêmes  faits  sont  attestés  dans  une  lettre 
du  consul  Cambacérés  au  ministre  de  la  police 
générale  ,  sous  la  date  du  17  thermidor  an  7. 

2",  Un  certificat  donné  par  plusieurs  citoyens 
en  présence  du  cit.  Dusser,  commissaire  de  police 
de  la  division  du  Temple  ,  attestant  que  le  ciioyen 
Audibert  s'est  trouvé  l'un  des  premiers  à  secourir 
la  salle  de   spectacle  dite  des  Elevés  de  l'Opéra  . 


26 

emporté  sur  ses  épaules   et  l'a   déposé  dans  un  |      Une  ouverture  circulaire  et  pratiquée  dans  le 
lieu  où  il  a  reçu  les  soins  qu'exigeait  son  éral.  "     cône  de  la  toHure  au  pourtour  des-  parois ,  donrie 
,      .        ,     ,  .f  lo  v,„r  Pt  i  accès   au  jour  ,  et  en  dirige  tous  les  rayons  sut  le 

Fait  au  secrétariat  de  la  préfecture  ,  le  jour  et     ^^^^^^^  exclusivement. 

Un  vaste  parajour  ,  élevé  sur  la  tète  des  spec- 
'  tateurs  ,  vient  encore  amortir  pour  leurs  yeux 
I  l'éclat  de  la  lumière  ,  et  empêcher  que  leur  om- 
I  bre  ne  se  porte  sur  la  peinture;  son  ton  gris 
j  foncé  contraste  avec  les  tons  lumineux  et  trans- 
parens  des  ciels  ;  et  en  dérobant  à  la  vue  l'ouver- 
I  lure  qui  laisse  pénétrer  le  jour  ,  il  ajouie  à  l'effet 
j  du  tableau. 

Enfin  ,   une  toile  de  la  même  couleur   que  le 

I  parajour  ,  et  tendue   en   pente  depuis    les  bords 

I  de  la  plate-forme  ju'qu  à   l'extrémité  inférieure 

I  dii  tableau  ,  en  dérobe  la  fin  ,  intercepte  la  vue  de 

I  lintervalle  qui  en  sépare  le  spectateur,  et  de  même 

que  le  parajour  donne  au  ciel  une  étendue    sans 

bornes  ,    de  même  cette  toile  donne  l'idée  d'une 

mathématiques,  et   dans    celle   de    huéraiure  et     grande  profondeur.  ■ 

beaux-atts  ,  lui  ferait  un  rapport  sur  le  Panorama;  C'est  ainsi  que  ,  par  la  réunion  de  ces  moyens  , 
cette  commission,  composée  des  cil.  Brisson  ,  |  i,jgji  j^  jp^^taleur  se  promenant  librement  sur  un 
Monge,  Charles , 'Vincent, Regnault  et  Dufourny,  (  (jbleau  continu  ,  dont  toutes  les  parties  sont  en 
vient  aujourd'hui  présenter  le  résuliatcle  ses  re-  1  harmonie  de  couleur  et  de  proportion  sans  ren- 
cherches   et    rendre    compte    de    l'origine  ,    des     contrer  un  seul  objet  qui  lui  serve  de  comparài- 


INSTlTUr      NATIONAL 

DES     SCIENCES     ET    DES     ARTS. 

Extrait  des  registres   de   la   classe  de  littérature  et 

beaux-arts  ,  séance  du   28  fructidor  ,    l'an  8  de 

la  république  française. 

Un  membre,  au  notn  d'une  commission,  lit 
le  rapport  suivant  sur  le  Panorama. 

LInstitut  national,  dans  sa^éance  générale  du 


,  .,  1-1  -1  „i,:,,;,    Por^pn-         Linstitut  national,  udjis  sa^caui.'.  g>..,v..^.^  "■■ 

anat  ,  ou  lia  re,çu  les  éloges  qu  d  ■"emat'.  Cepen  -^^^  j^^„i^^  ^  ,„ê.é  qu'une  commis 

sion  prise  dans  la  classe  des  sciences  physiques  et 


effets    et    des   progrès   de  cette    intéressante    dé- 
couverte. 

L'inventeur  du  Panorama  est  M.  Robert  Baiker, 
natif  d'Edimbourg  et  peintre  de  portraits  :  ce  fait 
est  constaté  par  ta  patente  ou  brevet  d'invention 
qui  lui  fut  accordée  à  ce  sujet,  le  19  juin  1787. 
Cette  patente,   que   l'on   peut  consulter  dans  le 


son  ,  il  éprouve  l'illusion  la  plus  completté  ;  ce 
n'est  plus  un  tableau  qu'il  voit  ,  c'est  la  nature 
même  qu'il  a  sous  les  yeux. 

En  entrant  dans  l'enceinte  d'un  Panorama  ,  la 
première  impression  qu'on  éprouve  est  celle  d'une 
vue  immense  ,  mais  confuse  ,  et  dont  tous  les 
pointss'ofFrentà-la-foiset  sans  ordre  à  l'œil  ébloui  ; 


4'  vol.  du  recueil  intitulé:   The  Repertory  of  arts  \  ^^^  effet  est  inévitable  ;  il  est  produit  par   le  pas- 


and  manufactures,  London ,  1796,  contient  une 
description  si  claire  et  si  précise  àa'Panorama  , 
qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  douter  que  dès-lors  M. 
Barker  n'eût  pleinement  conçu  et  sa  construclioti 
et  ses   effets;  cependant,  soit  qu'il  ait  rencontré 


sage  brusque  et  instantané  de  l'aspect  de  la  nature 
à  celui  de  son  image  :  quelque  parfaite  que  soit 
l'imitation  ,  il  n'est  point  donné  à  l'art  de  soutenir 
la  concurrence  avec  son  modèle  ;  mais  à  mesure 
que  l'œil  s'habiiuant  au  jour  qui  1  éclaire  ,   oublie 


des  obstacles  à  son  établissement,  soit  qu'il  ait  1  ^^^  teintes  de  la  nature  ,  le  tableau  produit  in- 
employé beaucoup  de  tems  à  l'exécution  des  j^jjjjigjjjçjjf  j^^,  effet,  et  plus  on  le  considère  , 
tableaux  qu'il  peignit  lui-rnême  ,  cp  ne  lut  que  mQJnj  on  se  persuade  que  ce  qu'on  voit  n'est  qu'un 
trois  ou  quatre  années  après  l'obtention  du  bie- 
vet  d'invention  ,  que  M.  Barker  fit ,  à  Londres  , 
l'ouverture  du  premier  Panorama  qui  représentait 
la  ville  de  Londres.  Depuis  il  a  donné  la  vue  de 
la  ville  et  du  port  de  Portsmouth;  celle  de  plu- 
sieurs autres  villes  de  l'Angleterre,  des  marines  ,  1 
des  actions  navales  ,  etc.  etc.  ,  et  les  succès  qu'il 
a  constamment  obtenus  ,  ont  été  la  plus  juste 
récompense  de  ses  talens. 

Le  nom  de  Panorama  que  M.  Barker  a  donné 
ù  son  invennon  est  composé  de  deux  mots  grecs 

T«ï  et  ep*;^«  ,   qui  signifie  vue  de  la  totalité ,  vue  de 

l'ensemble;  ce  mot  seul  présente  à  l'esprit  l'idée 

de  cette   découverte. 

En  effit ,  le  Panorama  n'est  autre  chose  que  la 

manière  d'exposer  un  vaste  tableau;  en  sorte  que 

lœil   du    spectateur  ,   embrassant  successivement 

tout  son  horison  et  ne  rencontrant  partout  que 

ce  tableau  ,  éprouve  l  illusion  la  plus  completté. 
Nos  sens  sont  aisés  à  tromper ,  la  vue  sur-tout  ; 

cet  organe    délicat  juge  les  objets   avec  incerti- 
tude; les    grandeurs,  les    dislances   ne   peuvent 

être  évaluées  par  lui  sans  un  moyen  secondaire  , 

et  ce  mo»yen  c'est  la  comparaison  ;  toutes   les  fois 

que  ce  secours  lui  manque,  il  est  sujet  à  errer, 

ou  pour  mieux  dire  il  erre  toujours. 

C'est  donc  en  ôtant  à  l'oeil  tous  les  termes  de 

comparaison.,  que  l'on  parvient  à   le  tromper  au 

point  de  le  faire  hésiter  entre  la  nature  et  l'art. 
Les  tableaux,  quelques  grands   qu'ils    soient, 

sont  ordinairement  renfermés  dans  un  cadre  qui 


lorsqu'elle   fut  incendiée  le  9  prairial  an  6;   qu'il  1  dès  l'abord  avertit  qu  ils  sont  un  ouvrage  de  l'art 
dirigea  et  aida  les  pompiers  à  garantir  les  maisons     Ils  sont  placés  à  côté  d'une  infinité  d'objets  étran 


voisines  de  l'incendie  ,  lesquelles  auraient  été 
dévorées  par  les  flammes ,  sans  la  direction  donnée 
aux  secours  par  le  cit.  Audibert. 

3°  Enfin ,  un  certificat  délivré  par  plusieurs 
citoyens  ,  en  présence  du  citoyen  Charles  Dau- 
banel  ,  commissaire  de  police  de  la  division  du 
Luxembourg  ,  duquel  il  résulte  que  lors  de  l'in- 
cendie qui  se  manifesta  le  14  brumaire  an  7  ,  dans 
la  rue  des  Aveugles  ,  le  citoyen  Audibert  con- 
courut udlement  à  en  arrêter  les  progrès,  et 
montra  dans  ce  malheureux  événement  autant 
d'intrépidité  ejue  d'intelligence  et  d'humanité. 

u  Ou'à  peine  arrivé  dans  le  lieu  de  l'incendie  , 
il  s'est  mis  en  chemise  ,  s'est  mêlé  parmi  les 
pompiers,  a  partagé  leurs  travaux  et  leurs  dan- 
gers ,  a  disposé  et  dirigé  une  pompe  vers  l'endroit 
le   plus  menacé. 

Qu'il  est  monté  sur  le  toît  d'une  maison  voi- 
sine pour  calculer  l'action  du  feu,  et  le  moyen 
de  s'en  rendre  maître  ; 

))  Qu'il  a  encouragé,  par  son  exemple  ,  ceux 
qucftiayaient  les  éclats  du  mur  de  la  maison 
voisine  ,  produits  par  l'excès  de  la  chaleur  ,  ainsi 
que  la  chute  des  jalousies  enflammées  ,  indépen- 
damment de  tout  ce  qu'on  lançait  de  l'intérieur 
des  chambres  pour  éviter  la  communication  du 
feu  ; 

J)  Qu'on  l'a  vu  bravant  tous  ces  périls ,  voler 
au  secours  d'un  pompier  qui  était  grièvement 
blessé  ,  et  que  la  ct"ainle  d'un  sort  pareil  à  celui 
que  ce  malheureux  venait  d  éprouver  laissait  sans 
SQfours  ;  que  le  citoyen  Audibert  l'a  relevé  ,  l'a 


oers  au  sujet;  l'œil  ,  en  contemplant  les  tableaux, 
reçoit  malgré  lui  l'image  de  ces  objets  ;  c'est  à 
leur  aide  quil  juge  les  grandeurs  ,  les  distances 
et  jusques  à  la  couleur;  et  comme  la  nature  est 
toujours  au-dessus  de  l'art  ,  l'imitation  paraît 
faible,  incomplette  ,  l'illusion  ne  peut  s'établir, 
ou  bientôt  elle  s'évanouit. 

Mais  supposons  que  l'œil  sur  quelque  point  de 
l'horison  qu'il  se  porte,  soit  constamment  frappé 
d'une  série  d'images  toutes  dans  des  proportions 
relatives,  toutes  avec  les  tons  de  la  nature-,  et 
que  nulle  part  il  ne  puisse  saisir  l'objet  de  com- 
paraison qui  lui  est  nécessaire  pour  asseoir  son 
jugement,  alors  il  sera  trompé,  il  croira  voir  la 
nature  ;  car  elle  n'est  plus  là  pour  le  désabuser. 

Telles  sont  les  observations  qui  paraissent  avoir 
conduit  à  la  découverte  du  Panorama;  tels  sont 
les  principes  sur  lesquels  reposent  el  sa  cons- 
truction et  ses  effets. 

Au  centre  d'un  édifice  circulaire  s'élève  une 
plate-forme  isolée,  dont  la  hauteur  est  moitié  de 
celle  de  lédificei,  environnée  d'une  balustrade. 
Cette  plate-forme  oblige  le  spectateur  à  être  dans 
tous  ses  mot^vemens  à  une  certaine  distance  des 
murs  de  l'enceinte  circulaire. 

Sur  ces  murs  est  tendue  la  toile  du  tableau 
exposé  ,  de  manière  que  ,  couvrant  la  totalité  de 
la  circonférence  ,  ses  deux  extrémités  se  confon- 
dent en  un  même  point.  Les  objets  y  sont  re- 
présentés d'après  les  règles  ordinaires  de  la  pers- 
pective et  de  la  peinture  ,  en  prenant  le  centre 
de  la  plate -forme  pour  le  point  de  station  du 
spectateur. 


simple  prestige. 

Pour  lever  les  dessins  nécessaires  à  l'exécution 
d'un  Panorama  ,  l'artiste  doit  choisir  une  émi- 
nence  assez  élevée  ,  pour  qu  il  puisse  découvrit 
tous  les  points  de  l'horison  ,  et  appercevoir  en 
même  tems  tous  les  détails  qui  se  trouvent  au 
pied  de  l'élévation  sur  laquelle  il  est  placé.  Il  est 
nécessaire  que  les  objets  les  plus  intéressans.  , 
les  plus  pittoresques  de  cet  horison  s'offrent  à  sa 
vue  sous  un  aspect  avantageux  ,  et  dans  la  posi- 
tion la  plus  piopre  à  rendre  leur  effet  piquant  ; 
il  est  essentiel  sur-tout  que  le  premier  plan  soit 
riche  en  détails  ,  et  qu'il  soit  animé  le  plus  qu'il 
est  possible  ,  afin  de  donner  une  juste  idée  et  la 
phisionomie  ,  pour  ainsi  dire  ,  de  la  contrée  qu'il 
veut  représenter. 

Paris  possède  deux  Panorama.  Le  premier  qui 
ait  introduit  en  France  cette  ingénieuse  manière 
de  représenter  la  nature  ,  est  Robert  Fulton  ,  ci- 
toyen des  Etats-Unis  d'Amérique  ,  et  ingénieur 
mécanicien  ,  le  même  qui  s'occupe  en  ce  moment 
d'un  biteau-poisson  ,  dont  les  premiers  essais 
viennent  d'être  faits  à  Rouen  ,  au  mois  de  nivôse 
an  7  ;  il  obtint  du  gouvernement  un  brevet  d'im- 
portation du  Panorama  ,  brevet  que  ,  peu  de  mois 
après  ,  il  céda  au  citoyen  James  son  (;ompa- 
triote. 

C'est  sous  la  direction  de  Fulton  qu'a  été  exé- 
cuté le  premier  Panorama  qu'on  ait  vu  à  Paris  ; 
il  représente  la  vue  de  cette  immense  cité  ;  le 
spectateur  est  censé  élevé  sur  la  plate-forme  du 
pavillon  central  du  palais  des  Tuileries  ;  de  ce 
point  ,  il  embrasse  un  horison  immense  qui  ren- 
ferme non  -  seulement  la  vue  de  Paris  ,  mais 
encore  une  partie  de  la  campagne  environnante  ; 
il  domine  ,  il  plane  sur  tous  ces  objets.  Il  suit 
de  l'œil  les  rives  de  la  Seine  ,  se  promené  sous 
les  arbres  des  Tuileries ,  ou  circule  dans  les 
rues  et  places  publiques  ;  et  ,  sur  quelques.points 
que  s'arrêient  ses  regards  ,  ils  sont  frappés  de  la 
vérité  avec  laquelle  sont  rendus  l'ensemble  et  les 
détails  de  cette  immense  perspective. 

Encouragé  par  le  succès  du  premier  Panorama, 
le  citoyen  James  ,  propriétaire  actuel  du  brevet 
d'importation  de  Fulton  ,  s'est  empressé  d'en  éle- 
ver un  second  ,  dans  lequel  il  a  exposé  la  vue 
de  Toulon  et  de  ses  environs.  Pour  donner  plus 
d'intérêt  à  ce  tableau  ,  on  a  saisi  le  moment  où, 
les  anglais  furent  contraints  ,  en  1798  ,  d'évacuer 
cette  place  à  l'approche  de  l'armée  française.  Le 
point  de  vue  est  pris  de  l'intérieur  du  fort  de 
la  Malgue,  à  un  quart  de  lieue  sud  de  la  ville, 
lieu  élevé  qni  commande  l'entrée  de  la  grande 
rade. 

Ce  second  Panorama  a  obtenu  et  méritait  le 
même  succès  que  le  premier  :  en  effet ,  son  exé- 
cution laisse  fort  peu  à  désirer;  le  ciel  sur-tout 
est  traité  avec  une  grande  supériorité  de  talent , 
la  lumière  joue  d'une  manière  admirable  parmi 
les  nuages,  dont  la  transparence  et  l'éclat  font 
supposer  la  réalité;  les  montagnes  qui  environnent 
Toulon  ,  présentent  du  côté  de  la  mer  l'aspect  le 
plus  vrai  et  le  plus  imposant;  la  mer  est- rendue 
avec  le  même  talent,  et  on  la  voit  se  perdre  à 
l'horizon  dans  un  lointain  immense.  L'aspect  de 
la  ville  n'est  pas  moins  pittoresque,  et  ceux  «qui, 


27 


La  classe  approuve  le  rapport  et  en  adopte  les 
conclusions. 

Certifié  conforme  à  l'original. 

A  Paris,  le  5°  jour  complémentaire  an  8  de  la 
république   française. 

Sî^iic ,  ViLLAR ,  secrétaire. 


par  la  connaissance  dfs  lieux  ,  sont  à  portée  de 
juger  de  la  fidélité  de  celle  vaste  peinture  ,  con- 
viennent que  rien  ne  manque  à  la  vérité  de  la 
ressemblance. 

C  est  ici  le  lieu  de  payer  aux  artistes  qui  ont 
exécuté  ces  deux  tableaux,  le  juste  tribut  d  éloges 
qu'ils  ont  mérité.  La  vue  de  Paris  a  été  peinte 
par  les  citoyens  Jean-MichelDenis  Fontaine,  né 
à  Rambouillet,  département  de  Seine-et-Oise; 
Pierre  Prévôt,  de  Moiiiigny,  département  d  Eure- 
et-Loir  ,  et  Constant  Bourgeois  ,  de  Guiscard  , 
département  de  I  Oise  II  est  difficile  de  mieux 
entendre  ce  genre  de  peinture,  et  d'obtenir  à  la 
fois  des  effets  plus  vrais  et  plus  brillans.  Ce  que 
ces  artistes  ont  déjà  fait  de  progrès  dans  cette 
carrière  ,  donne  pour  l'avenir  les  espérances  les 
mieux   fondées. 

Les  détails  dans  lesquels  nous  sommes  entrés 
louchant  le  Panorama  ,  suffisent  pour  faire  sentir 
le  prix  de  cette  découverte.  Quand  cette  ingé- 
nieuse application  de  principes  plus  ingénieux 
encore  ,  n'offrirait  qu'un  aliment  à  la  curiosité  , 
quand  il  n'en  résulterait  d'autre  avantage  que 
celiii  de  présenter  la  vue  exacte  et  fidèle  des 
villes  et  des  siies  les  plus  intéressans  du  globe, 
ce  serait  déjà  pour  elle  un  titre  bien  réel  à  l'in- 
térêt général  ,  et  sous  ce  rapport  seul ,  elle  mérile 
les  plus  grands  encouragemens  ,  comme  objet ,  à 
la  fois,  d'instruction  et  d'utilité. 

Mais  rîe  serait-il  pas  possible  que  cette  dé- 
couverte fit  faire  à  ta  peintiire  un  pas  vers  la 
perfection?  n'ouvre-t-el!e  pas  une  nouvelle  route 
pour  parvenir  à  ce  but  de  tous  les  essais  ,  de  tous 
les  efforts  de  l'art  ?  ne  prouve-t-elle  pas  déjà  que 
les  moyens  fournis  par  les  sciences  ,  réunis  aux 
connaissances  pratiques  de  l'art ,  et  aux  raison- 
nemens  d'un  esprit  juste  et  calculateur  ,  peuvent 
encore  enfanter  de  nouveaux  prodiges  ? 

Quoi  qu'il  en  soit  de  l'impulsion  qu'elle  peut  i  études 
impiiroer    à    cette    partie   la    plus    brillante  des  j      Le  citoyen  Champagne ,  directeur  du  collège  du 
arts,    quel   que  soit  l'élan    qu'elle  donne  un  jour     Prytanée  de  Paris ,  a   lu   un  discours    dans  lequel 
au  génie  ,    il   semble   que   déjà    elle    a    indiqué     nous  avons  remarqué  des  adieux   adressés  à  ses 


Inauguralion  du  collège  du  Prytanée  de  Saint-Cyr. 

Le  3""  jour  complémentaire,  cette  cérémonie 
a  eu  lieu  ;  le  minisire  de  1  intérieur  ne  l'a  fjas 
présidée  ;  il  païaîl  que  les  approches  de  la  iête 
du  i"  vendémiaire,  et  la  réception  des  divers 
envoyés  des  dépariemens  ,  ont  privé  le  collège 
de  Saint-Cyr  ,  de  la  satisfaction  snr  laquelle  toute 
l'assemblée  comptait.  Le  président  de  l'adminis- 
tration du  Prytanée  a  remplacé  le  ministre. 

Le  citoyen  Sallior  ,  directeur,  a  ouvert  la  séance 
par  la  lecture  d  un  discours  ,  dans  lequel  ,  après 
avoir  retracé  quelques  souvenirs,  sur  l'anctcn 
établissement  de  la  maison  de  Saint-Cyr,.  i]  a 
parlé  avec  éloge  et  reconnaissance  ,  de  madame 
de  Maintenon,  fondatrice  de  cette  maison.  Il  a 
ensuite  donné  aux  élevés,  et  même  à  leurs  parens, 
des  conseils  qui  tendent  à  leur  persuader  que 
l'éducation  ,  considérée  sous  le  rapport  des 
bonnes  moeurs  ,  est  d'une  plus  grande  impor- 
tance que  lorsqu'on  la  considère  sous  le  rapport 
de  l'instruction  ;  il  a  insisté  pour  que  la  bonne 
conduite  et  l'amabilité  du  caractère  ,  fût  la  marque 
distinctive  de  l'éducation  donnée  aux  élevés  de 
cette  maison.  Plusieurs  fois  interrompu  par  des 
applaudissemens ,  ceux  que  les  élevés  ont  long- 
tems  prolongés  en  ce  moment  ,  ont  dii  être  pour 
le  citoyen  Sallior  un  précieux  garant  des  succès 
de  cette  importante  partie  de  l'éducation  ,  qui 
repose     principalement     sur     le     directeur     des 


une  manière    d'exposer  les  tableaux  ,  supérieure 
à  toutes  les  autres 

L'illusion  produite  par   le    Panorama  ,   n'ayant 


anciens  élevés  ;  la  sensibilité    d'un  bon  père   s'y 
trouvait  peinte    à   chaque  mot.    Un    élevé    a  lu 
ensuite  un  dialogue  en  vers ,  contenant  les  adieux, 
d'autre  cause  que   le    rapport  exact   de   propor-  j  de    deiix  élevés.   Cette  jolie  idylle  a  été  généra- 
tion entre   toutes  les  parties  ,  et  l'absence  totale  I  lement  sentie  et  applaudie. 


des  termes  de  comparaison  qui  pourraient  détruire 
cette  illusion  ,  ne  peut-on  pas  obtenir  pour  tous 
les  tableaux  cet  effet  magique  qui  seul  peut  leur 
donner  tout  leur  prix  ?  serait-il  donc  difficile 
d'isoler  un  tableau  ,  en  sorte  que  les  objets 
dont  il  se  trouverait  environné  ,  ne  servissent 
nullement  à  l'oeil  pour  lui  faciliter  les  moyens 
de    reconnaître    la    petitesse  ,     la  proximité  .  la 


Le  citoyen  Sallior ,  au  nom  des  élevés ,  a  remis 
au  président  le  dessin  d'un  projet  de  médaille. 
Un  des  côtés  porte  celte  inscription  : 

A    Lucien    Bonaparte, 

LA    JEUNESSE      RECONNAISSANTE. 

Le  revers  offre  le  Génie  de  l'instruction  ,  con- 


ïaiblesse    du   coloris   des   objets  représentes  ?  et     j    •       .         •  r     .  .  ,  '  i 

1  .].  i„    ■  1     .^.  !•.■      .  J  1  duisant  un  leune  entant  vers  un  autel ,  sur  lequel 

le  procède  employé  pour  la  totalité  et  en  grand  ;   ,  -'  .    ■.        .        \  ~  ■     ■ 

,   '^    \    T3  i.  J  •.    1  °-   M        des  couronnes  sont  déposées.  Autour  est  écrit  : 

dans  le  Panorama ,  Jie  donnerait-il  pas   partiel  e-  i  "^ 


ment  le  même  résultat  ?  cette  idée  digne  d'être 
approfondie,  doit  fixer  l'attention  du  propriétaire 
du  Panorama  \  des  expériences  bien  faites  pour- 
ront l'amener  à  un  plein  succès. 

Mais  en  supposant  même   que   l'on  ne   réussît 


Inaugui  ation  du  collège  du  Prytanée  à  Saint-Cyr,  an  8. 
Ce  dessin  sera  offert  au  ministre.  ^ 

Enfin  le  citoyen  Lefevre-Corbiniere,  pré.'ùdent , 

a  lu   un  discours   dans  lequel  il  a  développé  les 


pas  à  isoler  un  tableau  de  manière  à  lui  faire  pro-  j  ^"^.^  'l"  gouvernement  sur  les  collèges    dir  Pry- 
■•■     ■  ••  tanee ,  destines  a  devenir  les  régulateurs  de  1  édu- 

cation nationale.  Il  a  ensuite  prouvé  avec  quelle 
sollicitude  et  cjuel  zèle  l'administration,  d'après 
le  voeu  du  ministre,  s'était  occupée  de  tout  ce  qui 
pouvait   contribuer  à  la  splendeur  et   au   succès 


duire  une  illusion   totale  ,    du  moins  est-il  cons 
tant   que   l'inventeur  du  Panorama   a   trouvé    1 
meilleure  manière  d'éclairer   les   tableaux;  la  di 
rection  qu'il  a  donnée  aux  rayons  de  la  lumière 
est  la  plus  avantageuse,    et  son   résultat  est  tel  , 


qu'il  laisse  fort  peu  à  désirer.  Peut-être  serait-il  i ''^  '^^  °^'  établissement 
possible  ,  en  le  modifiant  suivani  les  circonstances  La  fête  a  été  célébrée  dans  une  salle  imraen«e  , 
et  les  localités,  d'employer  utilement  le  procédé  'décorée  de  festons  et  de  guirlandes.  Un  théâtre 
du  PansT-anja,  pour  éclairer  les  Musées  et  toutes  les  lavait  été  élevé  pour  les  personnes  invitées  parti- 
galeries  destinées  à  renfermer  les  productions  des  |  culiérement  à  formej;  le  cortège.   Une  musique 


Conclusion. 

Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  l'exposé  des 
diverses  applications  que  peut  recevoir  cet  ingé- 
nieux procédé  ;  nous  en  avons  dit  assez  pour  faire 
connaître  son  utilité  présente  ,  et  pressentir  celle 
dont  il  peut  être  à  l'avenir  ;  et  nous  renfermant 
dans  les  bornes  que  l'objet  de  ce  rapport  nous 
prescrit ,  nous  concluons  de  ce  qui  précède  : 

1°  Que  la  manière  d'exposer  les  tableaux 
connue  sous  le  nom  de  Panorama  ,  inventée  à 
Londres  par  M.  Batker  ,  d'E  imbourg  ,  introduite 
en  France  par  l'américainFulton.  et  perfectionnée 
par  son  compatriote  le  citoyen  James  ,  à  l'aide 
des  artistes  français  ,  Fontaine  ,  Prévôt  et  Bour- 
geois ,  est  une  découverte  aussi  curieuse  dans  ses 
effets,  qu'iniéressante  pour  les  arts,  aux  progrès 
desquels  elle  est  essentiellement  liée,  et  qu'à  ce 
titre  elle  mérite  l'intérêt  et  1  approbation  de  l'ins- 
tiiut  ; 

2"  Que  la  vue  de  Toulon  ,  nouvellement  ex- 
posée par  le  citoyen  James  ,  et  exécutée  par  les 
citoyens  Prévôt  et  Bourgeois  ,  étant ,  à  bien  des 
égards  ,  supérieure  à  la  vue  de  Paris  ,  l'insiiiut 
doit  témoigner  sa  satisfaction  au  citoyen  James 
et  à  ces  artistes  .  et  les  engager  à  redoubler  d'cf- 
fons  pour  nbtenir  de  nouveaux  succès  qui  leur 
méritent  de  plu»  en  plus  les  suffrages  des  gens 
instruits  ,  et  la  bienveillance  du  gouvernement. 

Fait  à  l'institut  national  ,  le  28  fructidor  an  8. 
Signé,  Vincent,  Regnault  ,  Dufourny  , 
MuNCE  ,  Brisson  st  Charles. 


militaire  a  exécuté  différens  morceaux.  Les  élevés, 
au  nombre  de  lao  environ  qui  étaient  entrés 
deux  à  deux,  et  dans  un  très-bon  ordre,  ont 
exécuté  quelques  marches,  et  sont  sortis  pour  se 
rendre  au  réfectoire. 
L'administration  ,  les  professeurs  des  deux  col- 


constante  attention  avec  laquellele  cifoyenTessier 
s'occupe  de  tout  ce  qui  peut  améliorer  en  France 
l'un  des  premiers  moyens  de  prospérité  publique  , 
méritent  la  reconnaissance  et  la  considération  de 
tous  ceux  pour  qui  le  mot  de  bien  public  n'est  ni 
un  cri  de  parti  ,  ni  un  mot  vide  de  sens.  Les 
hommes  qui  instruisent  ainsi  leurs  semblables  , 
sans  autre  ambition  que  de  leur  être  utiles,  sont 
dignes  d'une  estime  bien  supérieure  à  toutes  les 
vaines  louanges  qu'ambitionnent  la  plupart  de 
ceux  qui  font  profession  d  éciire.  C'est  d-ins  cette 
idée  .  ijue  nous  nous  empressons  de  publier  la 
notice  suivante. 

Continuation  des  annales  de  l'agriculture  française. 

Il  est  certain  que  l'Angleterre  doit  en  grande 
partie  l'avanccm.nt  remarquable  de  son  agiicul- 
ture  aux  publicalions  Iréqueniea  de  toutes  les 
améliorations  qui  s'opèrent ,  latii  dans  le  toyaumc 
que  daiiS  les  pays  élraniers.  De  quelque  manière 
qu'on  s'y  prenne  en  France  ,  on  n  obtiendra  de 
lonjA-iems  des  succès  aussi  prompts  ,  aussi  sûrs. 
En  voici  la  raison  :  en  Angleterre  ,  les  hommes 
qui  exploitent  les  terres  ,  scavent  lire  presque 
tous  ,  et  sont  très-avides  d'apprendre.  En  France, 
l'éducation  des  campagnes  n'ayant  point  encore 
été  soignée  ,  les  cultivateurs  n'ont  aucun  désir 
de  s'instruire.  Ce  que  nous  publions  sur  l'agri- 
culture ne  saurait  donc  aller  directement  à  sa 
véritable  adresse.  Nous  avons  besoin  de  l'en- 
tremise de  cette  classe  peu  nombreuse  de  ci- 
toyens éclairés  ,  qui  ont  le  bon  esprit  de  pré- 
férer le  séjour  paisible  des  champs  au  tumulte 
des  villes.  Il  importe  d'offiir  à  ces  derniers  un 
moyen  de  connaître  les  idées  utiles  d'autrui  ,  et 
de  communiquer  les  leurs  à  d'autres.  Un  ou- 
vrage qui  se  distribuerait  par  parties  ,  s'il  était 
rédigé  convenablement  ,  pourrait  atteindre  ce 
but. 

Il  y  a  devx  ans  ,  le  cit.  Labergerie  et  moi  nous 
formâmes  le  projet  de  publier  les  Annales  dt 
i  Agriculture  française.  Des  circonstances  ,  inutiles 
à  rapporter,  ont  fait  interrompre  cet  ouviage  , 
dont  beaucoup  de  personnes  paraissent  désirer 
la  continuation  ,  soit  qu'elles  l'aient  jugé  propre 
à  faire  faire  quelques  progrès  à  notre  agriculture  , 
soit  qu'elles  aient  été  satisfaites  du  choix  des  maté- 
riaux ,  de  la  manière  de  les  présenter  et  des  ré- 
flexions |des  rédacteurs. 

Je  me  propose  de  reprendre  ce  travail  et  dç 
redcfubler  de  zèle  ,  pour  qu'il  soit  fait  avec  soin. 
J'espère  que  je  serai  secondé  ,  comme  je  le  fus 
il  y  a  deux  ans  ,  par  des  collègues  et  par  des 
amis  auxquels  les  connaissances  en  économie 
rurale   sont  familières. 

Il  entre  sur-tout  dans  liion  plan  de  rendre 
ces  annales  utiles  à  tous  les  membres  des  socié- 
tés d'agriculture.  Dépositaires  de  leurs  décou- 
vertes ,  elles  pourront  servir  à  transmettre  aux 
uns  les  résultats  des  recherches  des  autres. 

Les  objets  contenus  dans  les  4  volum'.-s  déjà 
publiés  ,  indiquent  assez  ceux  qui  seront  traités 
dans  leur  continuation.  Rien  ne  sera  étranger 
aux  annales  d'agriculture  de  ce  qui  intéressera, 
soit  directement  ,  soit  indirectement,  l'art  auquel 
nous  avons  tant   d'obhgations. 

Je  ne  négligerai  pas  d'y  joindre  des  planches 
quand  je  les  croirai  nécessaires. 

A  compter  de  vendémiaire  il  paraîtra  ,  dans 
l'espace  de  chaque  mois ,  un  cahier  ,  format  in- 
8°.  La  réunion  des  12  cahiers  donnera  ,  à  la  fin 
de  l'année  ,  4  volumes  de  432  pages  ,  y  compris 
les  tables. 

La  souscriplion ,  pour  les  4  volirmes  ,  est  de 
24  fr.  On  pourra  ne  souscrire  que  pour  deux. 

Les  cahiers  seront  envoyés  ,  francs  de  port  , 
aux  souscripteurs  ,  par  la  poste. 

On   s'adressera  ,  pour  souscrire    et  pour  toute 


Agriculture. 


chez  la  citoyenne  Huzard  ,  libraire  ,  rue  dsi 
1  Eperon  ,  n°  1 1  ;  et  dans  les  départemens  ,  chez 
tous  les  libraires  et  directeurs  des  postes  auîC' 
lettres. 

Tessier  ,  membre  de  {institut ,  de  la  société, 
d'agriculture  de  la  Seine  ,  et  au  bureau  con- 
sultatif d'agriculture. 


leges  ,    et   diftérens   membres  de    diverses   autom  autre  relation    relative   à  cet  ouvrage  ,  à   Pari.t  i 
rites  consdtuées ,  ont  diné  au  réfectoire  des  élevés.       •        ■        ■  tt  .       ,-.      ■ 

Le   repas  a  été  fort  gai. 

Le  président  a  porté  pour  premier  toast  :  A  la 
république  française  ,  au  succès  de  ses  armées  ,  et  aux 
magistrats  qui  la  gouvernent. 

Le  directeur  de  Saint-Cyr  a  proposé  le  second  , 
à  Lucien  Bonaparte.  Le  zèle  pour  l'éducation  de  la 
jeunesse,    assure  (immortalité. 

Plusieurs  autres  toast  ont  été  proposés  et  ap- 
plaudis. Des  couplets  ont  été  cbaniés  par  le 
citoyen  Sallior,  directeur,  Luce  ,  professeur  de 
Paris  ,  etjullien  ,  élevé  de  Saint-Cyr. 

Il  est  difficile  de  trouver  réunis  plus  d'ordre  , 
de  décence  et  de  gaieté ,  que  celte  fête  en  a 
présentés.  La  présence  seule  du  ministre  pouvait 
y  ajouter  quelque  chose. 

Nous  lâcherons  de  nous  procurer  les  couplets 
qui  nous   ont  paru   fort  jolis. 


instruction    publiq_ue. 

Le  préfet  du  département  aille  et  Villaine  a 
arrêté,  le  i3  fructidor ,  que  la  chaire  de  législatiolt 
vacante  à  l'école  centrale  ,  à  Rennes  ,  serait  rem- 
plie par  la  voie  du  concours  ,  ainsi  qu  il  est  porté 
par  la  délibération  du  jury  central  ,  dont  les  dis- 
positions principales  sont  :  que  le  concourscom- 
menccra  le  1  =  '  brumaire  prochain,  à  trois  heurts 
de  l'après-midi  ;  que  cliaque  candidat  répondra 
aux  questions  qui  lui  seront  proposées  respecil- 
vemenlparchjcun  desesconcurrens;  que  lesijues- 
lions  seront  relatives  aux  objets  énoncés  dans  Id 
programme    que   chaque    candidat   aura   fourni 


Les  amateurs  d'agriculture  et  d'économie  poli 
tique  apprendront  avec  satisfaction ,  que  le  savant  )  qu'enfin  la  durée  des  épreuves   sera   déterminée , 
auteur   des  Annales  de  l'Agriculture  française  ,  se'  lorsque    le  nombre   des  concurrens  aura  été  delii 
I  propose  de  conlinuct  cet  intéressant  ouvrage.  La    nitiyemeoi  connu* 


AU     ïl  É  ï)  A:  e  T  E  U   R< 

Vous  avez  annoncé,  dans  votre  feuijre  du  2-8 
ffuctidôr  dernier  ,  que  vous  vous  feriez  un  plaisir 
d  irtsëref  les  observations  qui  vous  seraient  adres- 
sées eri  réponse  à  la  lettre  du  citoyen  Firraigier, 
sur  l'orihographe  et  sur  la  nécessité  des  réformes 
à  y  laiie.  Enhardi  par  cette  invitation  ,  je  vous 
envoie  quelques  réflexions  à  ce  sujet.  Je  vous 
prié  de  leur  donner  place  dans  votre  journal  , 
si  vous  leï  croyez  justes  et  utiles. 

Loin  de  regarder  une  réforme  dans  l'orihogra- 
phe comme  nécessaire  ,  j'avoue  qu'elle  me  paraît 
dangereuse  sous  bien  des  rapports. 

11  est  permis  de  douter  que  celui  qui  ,  le  pre- 
mier ,  imagina  de  supprimer  les  doubles  lettres 
dans  lorthographe  ,  fût  très-sensible  aux  beautés 
du  style  ;  qu'il  en  connût  Ihaimonie  ;  qu'il  ai- 
mât la  poésie  iraitative  ,  encore  moins  qu'il  sût 
lire  la  prose  et  déclamer  les  vers  -,  autrement  il 
aurait  remarqué  qu'il  ne  pouvait  pas  être  plus 
indilTéieni  à  l'écrivain  ,  qu'il  ne  l'est  à  l'acteur , 
d'employer  ou  de  prononcer  des  mots  plus  ou 
moins  longs ,  plus  ou  moins  sonores.  Il  aurait 
vu  ,  par  exemple  ,  que  la  Fontaine  en  écrivant 
ces  vers   : 

Prétend  les  animer  par  son  bourdonnement  ; 
Regarde   d'oui  te  vient 
tachoppement  qui  te  relient. 

n'aurait  pu  consentir  à  supprimer  une  n  dans 
bourdonnement ,  et  à  diminuer  par  là  le  son  imi- 
tatif;  un  ^  dans  achoppement,  pour  amollir  un 
mot  qui,  placé  sous  une  roue,  semble  devoir 
l'arrêter,  tant  il  est  dur. 

Il  aurait  vu  que  Lekain  en  déclamant  ces 
mots  : 

Calmez  votre  courroux  , 

Les  flots  irrités , 

Le   tyran  comi  oueé, 

li'aurait  jamais  consenti  à  supprimer  les  r  ,  qui 
lui  donnaient  le  moyen  d'appuyer  sur  le  mot,  et 
de  produire  une  impression  plus  profonde. 

je  ne  citerai  que  ces  exemples  :  le  lecteur  peut 
y  en  ajouter  beaucoup  d'autres.  Je  m'arrête  au 
Efiot  latin  appelere  ,  qui  peint  énergiqueraent  le 
désir.  Le  mot  français  appétit  le  rend  très-bien  ; 
là   suppression  d'un  p  lui   ôlerait  toute  sa  force. 

Ce  réformateur  ne  s'est  pas  apperçu  que  le 
changertient  de  l'orthographe  nuisait  beaucoup  à 
l'effet  du  style  ,  parce  que  les  idées  se  commu- 
niquaient par  les  sens;  toutes  les  fois  que  les 
signes  qui  représentent  ces  idées  ont  quelque 
chose  d'extraordinaire  et  contrarient  nos  habi- 
tudes, l'impression  qu'elles  doivent  faire  perd  de 
sa  force  ;  ne  fût-ce  (ju'à  causé  de  l'espèce  d'éion- 
rement  ,  d'hésitation  que  celte  bisarrerie  occa- 
sionne. Eh  !  qui  ne  l'a  pas  éprouvé  à  la  lecture  , 
par  exemple-,  de  Montaigne  et  de  Marol,  qu'une 
orthographe  barbare  rend  ,  sinon  pénible  ,  aU 
moins  désagréable  ?  Cette  barbarie  se  retrotive  en 
sens  contraire  dans  l'orthographe  nouvelle  ,  et 
l'esprit  à  chaque  instant  arrêté  par  le  sentiment 
d'improbation  qu'elle  excite  ,  s'occupe  moins  des 
pensées.  Ainsi  ,  dans  ces  deux  vers  : 

Ele  amène   avec  èle  une  troupe  infernale, 
ïone,  frape ,  il  est  tems  ,rens  moi  guère  pour  guère. 

la  bJsarrçrie  de  l'orthographe  n'occupe-t-elle  pas 
l'esprit,  avant  que  la  pensée  ait  pu  faire  impres- 
sion sur  lui  ;  et  le  style  né  perd-il  pas  de  sa 
beauté  ? 

L'homme  n'aime  point  à  renoncer  à  ses  habi- 
tudes ,  à  moins  que  ce  ne  soit  pour  éprouver  de 
nouveaux  plaisirs.  Pourquoi  donc  ,  lorsque  la 
lecture  de  nos  meilleurs  écrivains  nous  a  fait 
contracter  l'habitude  d'écrire,  comme  eux,  les 
mots  de  notre  langue  ,  exiger  de  nous  que  , 
sans  aucun  but  ,  pour  n'éprouver  au  contraire 
que  de  l'embarras  et  des  dégoûts  ,  nous  renon- 
cions à  cette  manière  de  les  écrire  ,  que  nous 
surchargions  notre  mémoire  de  variations  qui  la 
fatigueirt  sans  la  nourrir? 

Il  faut ,  dit-on  ,  une  orthographe  uniforme  ; 
d'accord  :  mais  le  moyen  le  plus  simple  d'ob- 
tenir cette  uniformité  ,  c'est  de  là  laisser  telle 
qii''élle  était  soùs  les  grands  écrivains ,  du  tems 
de  l'académie  ;  de  ne  pas  renoncer  à  un  usage 
fixé  depuis  long-tems  ,  pour  tomber  dans  les  in- 
certitudes de  l'arbitraire.  Car  du  moment  qu'un 
auteur  y  apporte  quelques  changeniens  sous' un 
prétexte  spécieux  ,  le  système  est  détruit ,  et  le 
désordre  est  bientôt  à  son  comble. 

Il  est  vrai  que  l'auteur  de  la  lettre  dit  qu'il  ne 


ti 


faut  pas  s'aiïrêler  à  celle  objection  :  uVous  défi- 
gurez les  ouvrages  de  Boileau,  de  Racine.  "  Il  est 
vrai  qu'il  regarde  comme  un.  malheur  d'être  con- 
damné à  écrire  les  mots  comme  ils  les  écrivaient. 
Nous  devons  tendre  au  perfectionnement,  ajoute- 
t-il  ;  c'est  la  marche  naturelle  des  choses. 

Mais  n'est-ce  pas  plutôt  un  malheur  que  de  ne 
plus  écrire-  les  mots,  eorrtme  Racine  et  Fé- 
nélon?  N'eit  -  ce  pas  plutôt  un  malheur  que 
d'être  réduit  à  perfectionner  après  eux  ?  en  eût-il 
coulé  beaucoup  à  ces  grands  hommes  pour  opérer 
cette  réforme,  s'ils  l'avaient  jugée  nécessaire  ?  Non, 
sans  doute  :  mais  ils  n'ont  pas  voulu  l'entre- 
prendre ,  parce  qu'ils  savaient  qu'il  est  essentiel 
de  ne  point  changer  les  signes  de  convention  :  ils 
savaient  que  des  changemens  dans  I  onhographe 
reçue  apporteraient  des  obstacles  à  I  étude  de  la 
lang'ic  française  ,  la  ren-draient  rebutante  pour 
l'étranger  qui  ,  voyant  le  même  mot  écrit  diffé- 
remment par  différens  auteurs  ,  se  trouverait 
arrêté  à  chaque  pas  ;  que  ces  changemens  enfin  , 
feraient  perdre  à  la  langue  elle-même  son  privi- 
lège de  langue  universelle  de  1  Europe,  privilège 
qui  assure  à  la  nation  une  supériorité  marquée 
dans  les  rappotts  politiques  et  commerciaux.  Ces 
grands  écrivains  avaient  eux-mêmes  éprouvé, 
qu'après  avoir  appris  à  lire  la  prose  d'une  langue 
étrangère  ,  ils  étaient  arrêtés  dans  la  lecture  de  la 
poésie  ,  dont  l'orthographe  est  toute  différente  , 
à  cause  des  lettres  supprimées  ou  ajoutées  dans 
tine  infinité  de  mots.  Déterminés  par  ces  consi- 
dérations puissantes  ,  ils  fixèrent  l'orthographe 
française. 

Je  crois  pouvoir  avancer  qu'à  quelques  amé- 
liorations près  ,  indiquées  par  la  majorité  des 
lexicographes  (I) ,  il  laut  s'en  tenir  iriévocable- 
ment  à  1  orthographe  de  l'académie.  La  langue 
française  est  assez  difficile  par  elle-même  ,  sans 
là  rendre  plus  difficile  encore  par  la  versatilité 
de  l'orthographe. 

Une  langue  est  d'autant  plus  près  de  sa  per- 
fection ,  dit  le  citoyen  Firmigier,  quelle  exprime 
en  moins  de  mots  les  mêmes  idées.  Mais  ex- 
primer en  moins  de  mots  les  mêmes  idées  ,  n'est- 
ce  pas  créer  un  langage  métaphysique  ou  d'ana- 
lyse ,  qui  resserrant  trop  l'expression  ,  en  détruit 
toute  la  force  ,  parce  que  l'esprit  passe  trop 
rapidement  sur  ces  fdécs  pour  qu'elles  fassent 
impression  sur  nous. 

Les  grands  écrivains  ,  les  hommes  passionnés 
le  savent  très-bien.  Qu'on  lise  les  lettres  de  Julie  ; 
les  sentimens  y  sont  très-énergiquement  ,  quoi^ 
que  longuement  ,  exprimés.  Jamais  J.  J.  n  a  la 
rnaladresse  d'employer  de  ces  termes  abstraits 
qili  expriment  plus  d'idées  en  peu  de  mots.  Ces 
lettres  de  Julie  ne  sont  que  l'extrait  affaibli  des 
lettre?  brûlantes  que  leur  auteur  avait  écrites  à 
une  personne  qui  lui  était  chère  ,  et  J.  J.  dit 
que  ces  lettres  étaient  très  -  longues.  Cepen- 
dant ces  trois  mots  je  vous  aime  auraient  ,  sous 
la  plume  d'un  analyste  ,  vendu  les  mêmes  idées 
par  une  plus  courte  expression  :  mais  ce  n'était 
pas  là  le  compte  d'un  homme  passionné. 

Exprimer  en  moins  de  mots  les  mêmes  idées  , 
c'est  donner  le  trait  d  une  figure  ;  développer  ces 
idées  avec  des  mots  ,  des  epitheies  ,  des  com- 
paraisons ,  c'est  y  mettre  les  couleurs.  Or  ,  la  pein- 
ture fera  toujours  plus  dimpression  sur  les 
hommes  ,  que  le  simple  trait  ;  et  si  la  langtae 
doit  être  pour  nous  Un  instrument  pour  émou- 
voir les  âmes  ,  elle  ne  sera  pas  parfaite  lorsque, 
réduite  à  un  plus  petit  nombre  de  mots ,  elle  aura 
perdu  ses  coiileurs  et  sa  richesse.  E. 


verture  ,  qui  avait  été  offerte  à  la  société  par  un 
j-eune  citoyen  de  cette  ville,  âgé  de  17  à  18  ans  : 
ce  morceau  de  musique  a  plu  généralement  à 
tous  les  amateurs. 


GÉOGRAPHIE. 

Nouvelle  carte  du  détroit  de  Basse  .  si(ué  entre  la 
nouvelle  Galles  méridionale  etla  terre  deDiernpn  , 
à  la  Nouvelle-Hollande  ,  lequel  sépare  ces  deux 
parties  ;  avec  la  route  du  vaisseau  qui  l'a  par- 
couru et  partie  delà  côle  à  l'est  de  la  Nouveller 
Hollande  ,  levée  par  Flinders  ;  dressée  au  dépâ.t 
des  caries  ,  plans  et  journaux  de  la  marine  paf 
ordre  du  gouvernement;  feuille  de  giaiid-aigle  ; 
prix  s  francs. 

A  Paris  ,  à  l'enlrepôt-général  des  caries  de  la 
marine,  chez  Dezauche,  géographe  ,  ruç  des 
Noyers  ,  n°  33. 


Au  citoyen-  rédacteur.  — Calais  ,  le  4'  Jour  compl. 
de  l'an  8. 
La  société  d'agriculture  ,  de  commerce  et  des 
arts  de  Calais  a  tenu  sa  séance  pubhque  le  2' 
jour  complémentaire.  Elle  a.offert,  aux  amis  de 
leur  pays  et  à  ceux  des  arts ,  le  tableau  touchant 
pde  la  réunion  de  bons  citoyeris  ,  dont  les  voeux, 
dont  les  efforts  tendent  toujours  au  bien  public. 
Outre,  les  objets  d'agrément  qui  y  ont  été  lus  , 
on  a  entendu  avec  un  plaisir  bien  sincère  la 
lecture  d'un  procédé  au  moyen  duquel  un  des. 
membres  résidans  est  parvenu  à  faire  d'une  ma- 
nière certaine  le  lein  des  glaces  :  on  a  entendu 
auasi  avec  plaisir  un  poëme  sur  l'agriculture.  L4 
séance  a  été  terminée  par  l'exécution   d'une  ou- 


(i)   Il  parait  depuis  quelque  tems  un  ouvrage  excellent 
fixer   toutes   les    incertitudes    sur    un    objp»    <>'"^î    '"". — ■ 


;'est  le  D 

citoyens    Bsistc  et  B 


pour 

..s    ..u.    u...     — ^j-.    -^jo.    ..aportant   : 

'sel  de  la  Langue    française  ,  par  les 

__,_.i.  On  y  trouve  les.  mots  écrits  suivant 

-elle  onhngraphe,   avec   Iji  cttivtjQn  des  au- 


n  se  vend  chez  Agasse  ,  tue  dés  Poitevins 


LIVRES      DIVERS. 

Le  parfait  Négociant  ,  ou  insltuçtion  générale 
sur  le  commerce  de  France  et  des  pays  étrangers  ; 
la  banque  ,  le  change  et  rechange  ;  les  sociétés  , 
faillites  et  banqueroutes  ;  la  manière  de  tenir  les 
livres,  les  lettres  et  les  billets  de  change,  con- 
tenant .Tussi  un  nouveau  traité  des  changes  étran- 
gers, ainsi  que  les  parères  ou  avis  et  conseils  de 
fauteur  sur  les  matières  les  plus  importantes  du 
commerce  ,  par  Jacques  Savary  ;  ouvrage  suc- 
cessivement augmenté  par  Savary  des  Brûlons, 
Philemon-Louis  Savary ,  etc.;  nouvelle  édition, 
deux  très-gros  volumes  in-4'' ,  prix  3o  francs  ei» 
feuilles  ,  et  3i  fr.  brochés.  Se  trouve  à  la  librairie 
de  feu  Samson',  rue  Hyacinthe  ,  n°  683.  Les  let- 
tres et  l'argent  doivent  être  affranchis. 

Le  mérite  et  l'extrême  utilité  de  cet  ouvrage 
important  ,  aussi  essejitiel  pour  le  commerce  que 
pour  les  gens  de  loi  ,  est  trop  connu  pour  qu'il 
soit  besoin  de  le  rappeller  ici.  En  donnant  cette 
nouvelle  édition  du  parfait  Négociant ,  on  n'a  pas 
cru  devoir  s'écarter  en  rien  de  l'oidre  suivi  par 
Savary.  On  a  dû  respecter  l'ouvrage  de  cet  excel- 
lent auteur ,  et  le  présenter  dans  toute  son  in légriié; 
autrement,  disent  les  éditeurs  ,  ce  n'eût  plus  été 
la  production  de  Savaiy  ,  toujours  précieuse  , 
même  quant  au  petit  nombre  de  choses  que  des 
usages  plus  récents  peuvent  avoir  fait  tomber  en 
désuétude.  On  a  cependant  corrigé  quelques 
imperfections  de  style  trop  saillantes  ,  et  rectifié 
plusieurs  erreurs  graves  qui  s'étaient  glissées  dans 
les  précédentes  éditions. 

Les  changemens  amenés  parles  circonsances, 
feront  la  matière  d'un  supplément  dont  les  même» 
éditeurs  s'occupent.  Ce  supplément  qui  sera  rendji 
public  aussitôt  qu'une  législation  fixe  ,  premier 
résultat  de  la  paix  ,  permettra  de  ne  donner  que 
des  rnaximes  assurées  sur  nos  relalions  commer- 
ciales ,  sera  dû  aux  soins  d'unancien  jurisconsulte, 
Ch.  N.  Guillon  d'Assas  ,  ci  -  devant  membre 
de  l'ordre  des  avocats  au  parlement  de  Paris. 
Ce  citoyen  s'est  trouvé  depuis  quelques  années  à 
portée  d'approfondir  ,  d  une  manière  spéciale  , 
les  matières  de  commerce  ,  et  d'y  appliquer  les 
lumières  qu'ont  pu  lui  donner  ,  sur  la  jurispru- 
dence ,  les  éludes  longues  et  sérieuses  qu'il  a  eu 
le  bonheur  de  commencer  à  l'école  du  célèbre 
Pothier. 


C  O  U  R  S    DU    C  H  A  N  CE. 

Bourse  du  7  vendémiaire. 

Rente  provisoire si   fr.  88  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.  7.5  c. 

Bons  deux  tiers., ..................      I   fr.  61  c. 

Bons  d'arréragé 84  fr.  s5  c. 

Bons  pour  l'an  8 ...    .  gi  fr.  gS  c. 

Coupures 68  fr. 

Syndicat 68  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers,  aa  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  ia  République  et  des  Arts- 
Auj-  Hécube ,   et   le  ballet  de  Psyché. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
tes  Amis  de  collège  ,  com.  en  3  actes  ;  le  Divorce  , 
et  Us  Rivales. 

THEATRii  DU  Vaudeville.  Aujourd.  les  Avant- 
postes  ;  Adèle  ,  et  les  deux  Ménages  ;  Champagnac. 

Théâtre  delà  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  la  Mort  de  Kléber ,  pantom.  à  grand  spect.  , 
Iheureuse  Découverte  ,  et  la  Mort  de  Turenne. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  Femme  jalouse,  suiv.  à' Adèle  et  Belfort. 


L'aboaneœeDt  se  fait  à  Paris,  tue  des  Poitevins,  n»  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  mois,  5o(rancs  pout  6  mois,  etioo  francs  pour  l'aDn^fl  entieie.  Ouoct'abonne 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  gas  s  e,  proprie'taire  dece  Jouroal  ,  tue  desPoiieWns  ,  u'  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  où  l'on  ne  peut  aSTianchir.  Les  lettres  des  départemenstren  affranïhics^,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renfermeût  des  vàleiïrs ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  ia  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  des 
Poitevins  ,  n'  i3,  depui  jneuf  heures  du  malin  jusqu'à  cinq  heurut  du  soir. 


A.  Paris  t  de  l'iroptimerie  du  cit.  Agasie  ,  propriétaire  da  Moniteur ,  tue  de*  Poitevinî,  n»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N-"  g. 


Xonidi  ,  g  vendémiaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


■   Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dacejc  du  7  Nivôse  le  M  O  NIT  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 

H  contient  les  séances  des  autoricàs  constituées ,  Içs  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées .  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  su  ; 
Jl'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   E  U  R. 

AN  Q  L  E  T  E  R  R  E. 

Lçndres ,  le,  ^4  sepiernbre  (3  vendémiaire.  ) 

V  ENDREBi  1  samedi  et  dim^tnche ,  la  tranquillité 
netait  point  encote  rétabliç  ,  mais  les  atifoupe- 
mens , -beaucoup  moins  nombreux  ,  ne  se  for- 
maient plus  dans  les  mêmes  quartiers.  Clare- 
l^arket  et  NçwpiOrt-Market  ,  ainsi  que  les  rues 
adjacen.tçs  de  Seyen-Dials  étaient  devenus  le  lieu 
de  la  scène  ,  et  la  populace  se  répandit  même 
jusque  djns  Gerard-street.  Mais  les  corps  associés 
étaient  sur  pied  à  Westminster  et  dans  la  cité  ,  et 
un'détacheaient  de  gardes- du-corps  stationné  à 
Temple-Bar  veillait  à  la.  sur.eié  du  centre  de  la 
ville. 

Samçdisrir,  les  marchands  ,  et  entre  autres, 
les  boucher»  étant  dans  l'inlentiori  de  (ermcr  leurs 
boutiques  plutôt  que  de  coutume,  le  lord  maire 
les  fit  prier  de  renoncer  à  ce  de'ssein  ,  en  leur 
promettant  que  f  ils  éprouvaient  dans  la  nuit  quel- 
gu»  dégât  ,  le  gouvernement  les  dédommagerait. 
En  cqnséqiience  les  botitiques  demeurèrent  ou- 
vertes ;  aucune  ne  fut  attaquée.  L'ordie  le  plus 
parfait  règne  aujourd'hui  uans  la  ville  ;  le  marché 
Il  été  paisible  .bjer  ,  ei  le  pri)^  de  jous  les  grains  a 
iensit^lement  diminué. 

Il  paraît  sûr  aujourd'hui  que  ,  dans  l'expédiiion 
à\f  Ferrpl  ,  il  y  a  eu  des  altercations  sérieuses  entre 
|e  commandant  de  la  flotte  et  le  commandaut  des 
froupes  de  débarquement. 

Nous  apprenons  par  les  lettres  de  la  Jamaïque  , 
que  Rigaud  définitivement  chassé  de  Saini-Do- 
iningue  ,  s'est  réfugié  à  Curaçad.  ïoussaint  est 
Çictuellement  seul  maître  de  Tîlè. 

Jeudi  dernier,  aptes  beaucoup  de  dégâts  et  de 
pilbge  dans  Aldetsgajte  -  Street  ,  la  populace  se 
porta  à  la  manufacture  d'étain  e,l  dp  fer-blanc  de  )  L'année  1786. 
M.  Howard  ,  quaker  ,  situé'e'à  Old-sireet.  Ce  M.  |  L'an 
Howard  fut  sommé  de  se  livrer  lui-même  s'il  ne 
voulait  qu'on  rasât  sa  maison  ;  il  ne  fit  aucune 
réponse.  L'attaque  commença  alors  pat  une  voJée 
çle  pierres  quj  dans  le  moment  ftireni  jetées  âiiîj 
croisées  ;  alors  ,  le  maître  quaker  fit  une  sortie 
car  la  grande  porte  de  la  manufacture,  à  la  tête  de 
l3o  hommes  armés  ,  tous  ouvriers  à  sa  paie  , 
fepoussa  au  premier  abord  cette  canaille  devant 
jcihez  lui  ,  fit  deux  prisonniers  ,  et  demeura  maître 
Hu  champ  de  bataille  ,  sur  lequel  on  trouva  plu- 
jjevirs  gqurJiiîS  ,  dps  çhapeaujt .  des  coëlîes  et 
.guçlques  cotillons.  Le  premier  succès  de  M. Howard 
eut  peut-être  excité  les  révoltés  supérieurs  en  nom- 
bre à  une  vengeance  prochaine  ,  mais  lappariiion 
d'une  compagnie  d'artillerie  vol6nt.iire  ôta  à  la 
popiilace  I  espérance  de  recommencer  l'action, 
tjeltc  compagnie  passa  la  nuit  dans  la  ina'son  de 
M.  Howard.  M.  Howard  jouit  d  une  réputation 
distinguée  parmi  les  hommes  de  sa  profession  , 
ce  ne  peut  donc  être  qia'une  vengeance  parti- 
culière que  l'on  a  voulu  satisfaire   en   se  servant 


paix  de  1763,  la  dette  nation^iiç  était  presque 
doublée;  ellemontaità  148,00(3,000  I.  ;  pendant 
les  douze  années  qui  suivirent  cette  époque  ,  le 
prix  moyen  des  bleds  fut  de  5  s.  9  d.  Lorsque 
h  guerre  d'Amérique  se  termina  ,  en  17S3  ,  la 
dette  nationale  montait  à  270,000,000  I.  ,  et  le  prix 
moyen  du  bled  s'éleva  à  7  s.  3  d.  I)«p-ni s  Van- 
née I7g3  ,  M.  Pii,  a  emprunté  la  somme  de 
147.500,000  I.  ;  si  l'on  ajoute  l'effet  de  l'incom..- 
t»x  qui  ,  en  Is  supposant  permanent  ,  grève  le 
public  à-peu-piès  comme  aurait  pu  faire' un  em- 
prunt additionnel  de  140,000.000  I.  ,  on  inita  uti 
total  de  plus  de  280,000,000  1.  Ainsi  la  dette  a 
eie  plus  que  doublée  ,  et  l'on  peut  firédirt^  qu'à 
la  paix.  Je  prix  moyen  des  bleds  ne  sejrouvera 
pas  avoir  été  au-dessous  de  10  s.  U  résulte  de 
ce  tableau  comparatif  qu'à  chaque  doublement 
delà  dette  nationale,  le  prix  du  bled  a  aiig 
tnenle  d'un  tiers.  L'exactitude  de  cette  coniputa- 
tion  est  remarquable.  ■—  Le  prix  moyen  dli  bled 
était,  comme  on  la  vu  plus  haut  ,  de  4s.  3  d. 
quand  la  dette  nationale  ne  montait  qu'à  74  mil- 
lions  Ajoutez-y  le  tiers  de  ce  piix  où  i  s.  5  d. , 

et  vous  avez  5  s.  8  d.  Le  prix  moyen  du  bled  à 
la  seconde  époque  ,  c  est-à-dire  de  1763,  fût  eri 
effet  de  5  s.  9  4.  ~  .^joutez  à  5  s.  9  d.  le  tie;s  de 
cette  somme  ou  l  s-  11  d.  ,  et  vous  avez  7  s.  8  d.  ; 
ce  qui  ne  donne  qiie  3  d.  de  plus  par  boisseau 
au-dessus  du  prix  réel  où  se  trouva  le  bled  ,  quand 
la  dette  était  montée  à  270,000,000  1,  —  A  7  s. 
3  d.  ,  .-ijoutcz  le  tiers  de  cette  somme  ot]  2  s.  5  d.  , 
et  vous  aurez  9  s.  8  d.  ;  ce  qui  donne  à-peu-près 
le  résultat  futur  de  la  dernière  époque,  sijus- 
qucs-là  la  dette  n'a  été  que  doublée. 


Commerce  de  la  Grande-Bretngne. 

L'état  suivant  servira  à  montrer  quelle  a  été 
l'augmentation  du  commerce' et  dé  la  fortuné 
publique  depuis  les  quatorze  dernières  années  ;  la 
valeur  des  marchandises  '  importées  dans  la 
Grande-Bretagne  de  toutes  les  parties  du  monde  , 
a  été  dans 

.    .-V  ..    15.786.072     7     5 

"ee  1792 19,659,3.^3     6     7 

L'année  1799.    .......     27.857,889    S     8 

La  valeur  des  marchandises  nationales  tirées  de 
ses  manufactures,  exportées' a  été  dans 

L'année   17S6 li,83o,372   18   11 

L'année  1792 i8,336,B5i     6  11 

L'année  1799 24,084,088  i5   10 

La  valeur  des  marchandises  étrangères  exportées 
dé  la  Grande-Bretagne,  a  été  dans 


d'une 
des  ma 

Des  mouvemens  tumultueux  ont  eu  lieu  dins 
le  cours  de  la  semaiiie  passée  à  Birmingharn  , 
^ereham  ,  Southampton  ,  Slafford  ,  Woolwich 
^t  Bristol.  Dans  cette  dernière  ville  ,  un  magasin 
>de  bled  aéié  pillé  et  la  plupart  dés  grains  ont  été 
jetés  dans  la  Saverne. 

On  apprend  par  les  dernières  nouvelles  des 
Indes  ,  qu'une  nuée  de  sauterelles  de  plusieiirs 
'milles  d'étendue  ,  assez  épaisse  pour  couvrir  les 
rayons  du  soleil  ,  a  passé  au-dessus  de  Malda  , 
Rjjemal  et  Helebas  sans  s'y  arrêter  :  les  habitans 
de  ces  endroits  étaient  dans  la  plus  grande  cbns- 
lernalion;  ce  fléau  volant  prit  son  cours  le  long 
dujcmma  près  d  Agra  ,  ou  il  s'est  arrêté.  Tous 
les  végétaux  des  environs  de  cette  ville  et  du 
■district  ,  ont  été  dévotés  par  ces  insectes  des- 
(ructcuts. 

Comparaison  de  la  hausse  du  prix  des  grains  el  de 
ta  progression  de  la  de'.te  nationale.  (  Article  ex- 
trait du  Mprning-Chronicic.) 

Avant  la  guerre  de  1756,  la  dette  nationale 
montait  à  74,000,000  I.  ,  et  le  prix  moyen  des 
bleds  était  de  4  s.  3  d.  par   boisseau.  Après  la 


L'année  1786 4,475,493     9     9 

L'année   1792 6,568.346  16     6 

L'année  1799 .     11,906,608    3  u 

Ces  états  ont  été  pris  sur  les  déclarations  qu'on 
appelle  valeur  officielle.  M  lis  rinspeeleur-icnéral 
qui  a  lait  le  relevé  des  marchandises  exportées, 
comprenant  celles  qui  sont  assujetties  à  des  droits 
et  celles  qui  n'y  sont  pas  sujettes  ,  porte  l'estima- 


poriion   de   peuple   aveuglé  ci  dirigé   par  1  ''""  '^'^^   seules   marchandises  maHufactuiées    en 
Iveillans.  '  i  Angleterre ,  el  exportées  ,  dans 


L'année    1798   à     .     .     .     .     83,148,682     o     o 
L'année    1799    à     .     .     .     .     83,942,498     o     o 

Le  nombre  des  vaisseaux  marchands  construits 
dans  les  ports  de  l'empire  britannique  ,  a  été 
de  827,  et  le  tonnage  de  71,090;  dans  l'année 
1798  et  dans  l'année  1799  <  il  a  été  oonsiruit 
832    vaisseaux   lésant  97,825  tonnes. 

Le  nombre  des  vaisseaux  marchands  de  l'An- 
gleterre était  en  1787  de  14.310.  Celui  des  hom-. 
mes  et  mousses'pour  Icurnavigation  ,  de^lo8,962. 
En  1796  ,  le  nombre  des  vaisseaux  éi^it  de 
17,292.  Les  hommes  d  équipages  étaient  au  nom- 
bre de  129,546. 

Le  nombre  des  vaisseaux  anglais  entrés  dans 
les  ports  en  178g  a  été  de  11,907.  Celui  de  ceux 
sortis  l3,5o8.  Celui  dés  vaisseaux  étrangers 
entrés  1542.  Sortis  8gr. 

Le  nombre  des  vaisseaux  anglais  entrés  dans 
les  ports  en  1799  ^  été  de  10,55?.  Celui  des 
vaissrHux  sortis,  de  ti,oS5.  Celui  des  vaisseaux 
éiraiii!,ers  entrés  ,  3,oi2.  Sortis  2,3g2 


I  N  T   É  R  I  E  U  R^ 

Bordeaux,  le  i"  vendémiaire. 

Il  est  arrivé  un  parlementaire  des  Elats-Unis  , 
portïrit  73  passagers  ,  parmi  lesquels  se  trouve 
le  citoyen  Collol,  général  de  division  el  ancien 
gouverneur  de  la  (juadeloupe  ,  qui  a  été  prison- 
n'er  des  anglais  pendant  six  ans.  Il  passe  era 
France  ,d  après  un  arrêté  du  premier  consul.  On- 
croit  qu'il  y  à  aussi  sur  ce  parlementaire  deux 
envoyés  de  Toussaint-Louvertuie. 

Le  16  fructidor,  un  jeune  homme  de  Fon- 
tenay  -  [e -Peuple  présenta  une  pétiiion  au  piér 
fet  ,  pour  lui  demander  de  l'emploi  dans  ses 
bureaux.  Il  était  sorti  de  ceux  du  département 
de  la  'Vendée  iiù.  il  était  employé  et  en  avait 
obtenu  des  certificats  favorables.  Il  paraît  que; 
ce  citoye'n  avait  éprouvé  des  màlhcLirs  qui  ,  sui- 
vantses  expressions.'  rendaient  sa  situation  affreuse, 
etyempêchaient  d'habiter  un  'lieu  qui  lui  rappelait  c^ 
qu'il  devait  toujours  ontdier.'  '  '  '        " 

Le  3=  jour  complémentaire  ,  le  préfet  lui  écrit 
de  passer  chez  lui  ;  pu  répond  à  son  hôtel 
qu  il  en  était  parti.  Le  prélct  reçoit  une  heure 
après  une  lettre  du  sons  -  préfet  de  Blaye  qui 
annonce,  qu'un  jeune- homme  a  été  trouvé  le  24 
fructidor  j  à  7  heures  du  soir  ,  sur  un  chemirl 
dans  la  commune  de  Villeneuve,  blessé  griève- 
ment à  la  bouche  duo  coup  de  feu  ,  et  p^rté 
à  l'hospice  de  Blaye;,quil,  s  est  fait  connaître 
en  éciivant  son  nom  ;  qu'il  refuse  de  désigner 
l'auteur  de  cet  assassinat  ,  et  qu'il  est  probable 
qu'il  s'est  suicidé. 

Le  nom  contenu  dans  la  lettre  du  sous-préRC 
de  Blàyé  est  le  même  que  celui  du  jeune  homme 
qui  demandait  de  l'emploi  dans  les  bureaux  du 
préfet. 

On  attend  de  nouveaux  renseignemens  sur  cet 
événetùent.  { Journal  officiel  de  Bordeaux,  j 

>  ' . 

•  Paris  ,  le  8  vendémiaire. 

Le  tribunal  correctionnel  va  être  saisi  d'une 
escroquerie  d'un  genre  nouveau.  Un  particulier 
est  parvenu  à  s'emparer  de  l'esprit  d'un  homme 
fort  riche  ,  et  apparemment  fort  crédule,  et  lui 
a  proposé  de  lui  vendre  un  secret  poer  gagner 
au  jeu  des  sommes  considérables.  Le  marché  a 
été.  convenu  moyennant  24,000  fr.  comptant', 
une  obligation  de  80.000  fr. ,  et  la  cession  d'une 
propriété  d'environ  5o,odo  fr. ,  Les,  conventions 
ont  été  faites',  et  les  actes  d'obligation  d-;  vente 
rédigés  sous  seing-privé  ,  et  signés  dans  le  ca- 
binet et  en  présence  d  un  hornme  public  ,  dont 
nous  croyons  devoir  taire,  même  la  profession. 
Le  nouveau  possesseur  du  prétendu  secret  a 
d'abord  été  lancé  par  son  instituteur  dans  une 
maisori  de  jeu  ,  on ,  saiin  doute  ,  il  était  attendu  , 
et  où  .  par  politesse  ,  on  lui  a  permis  de  "a'>ner 
quelques  mille  francs  les  premiers  jours.  Mais 
ce  bonheur  n'a  pas  été  de  longue  durée  •  le» 
4=  et  5=  séances  ont  été  funestes  à  notre  joueur  ; 
il  a  perdu  des  sommes  considérables  ,  et  c'est 
alors  qu'il  a  commencé  à'  se  douter  qu'il  était 
dupe  d'une  escroquerie;  honteux  lui-même 
d^avoir  été  dupe  d'un  piège  aussi  grossier  ,  et 
d'av.iir  cru  qu'un  hornnne  qui  manquait  dta 
choses  les  plus  nécessair.-s  à  la  vie  ,  avait  le 
secret  de  gagner  3,ooo  fr.  par  jour  ,  il  a  pro- 
posé à  son  vendeur  de  lui  abandonner  les  24,000  fr. 
payés  comptant  et  la  propriété  de  5o.ooo  fr.  * 
mais  il  réclathait  la  restitution  de  l'oblinaiiori 
de  80,000  fr.  ,  et  menaçait  de  rendre  plaiiite  en 
cas  de  refus,  La  proposition  a  été  refusée  ,  et  le 
juge  de  paix  d't;  la  division  de  lOuest  instruit  ea 
ce  moment  cette  étrange  affaire. 

(Extrait  du  Journal  du  Palais  de  Justice.) 

— ^On  répète  en  ce  moment  à  l'Opéra  ,  et  il 
paraît  qu'on  va  donner  incessamment  une  tra- 
gédie lyrique,  intitulée  les  Horaces.  Les  parole» 
sont  du  citoyen  Guillard.  Le  compositeur  est  le 
citoyen  Porta.  Déjà  cet  ouvrage  a  été  représenté  , 
mais  il  ne  doit  reparaître  qu'avec  des  chmige' 
mens  considétablos. 


—  Le  10  vendémiaire  ,  à  onze  heures  el  demie 
I  il  sera  célébré  ,  dans    le    temple  de   la  Victoire 
(Extrait  du  Courrier  de  Londres  du  53  septembre.)  \  (  Sulpice  ) ,  une  fête  au  Théisme. 


3p 


—  Une  lente  de  Hambourg  ,.  en  date  du  16 
septembre  (2g  tVuciictor)  ,  coiiiient  ce  qui  suit  : 

Dans  les  différends  qui  se  sont  élevés  entre 
le  Daneniarck  et  lAngleterre  ,  à  roccasion  du 
droit  de  visite  en  mer  ,  ou  n"a  jamais  publié  les 
çféiails  de  l'.iiFaire  dune  première  fiégate  da- 
noise ,  arrêtée  par  les  anglais  aux  environs  -de 
Gibraltar.  Ces  détails  sont  contenus  (  à  la  ma- 
nière angJaise.)  .dans  une.  letjre  de  M.JVIevry, 
chargé  ries  affaires  de  S.  M.  britannique  auprès 
de  S.  M.  danoise,  et  adressée  à  M.  le  comte 
de  Bernstorl  ,  secréiaire-d'élat  pour  les  affaires 
étrangères.  Cette  pièce  est  trop  curieuse  ,  elle 
développe  trop-  ingénieusement  les  principes  an- 
glajs-et  la- modestie  de  leurs  prétentions  epvers 
les  pLuissances  neutres  ,  pour  que  nous  ne  nous 
fassions  pas  un  plaisir   de    la  faire  connaître. 

A  Copenhague  ,  le  10  avril  1800'  ('20  germinal.) 
u  L'importance  que  le  gouvernement  britan- 
nique doit  nécessairement  attacher  à  l'événement 
arrivé,  au  mois  de  décembre  passé  ,  aux  envi- 
rons de  Gibraltar  ,  entre  quelques  frégates  du 
roi  et  la  frégate  de  S.  M.  danoise  ,  nommée  Hau- 
jt.xun  ,  commandée  par  le  capitaine  van  Dockum  , 
çi  les  ordres  qui  m'ont  été  envoyés  en  consé- 
quence par  ma  cour  à  cet  égard  ,  m'impose  le 
devoir  pénible  de  vous  répéter  ,  par  écrit  ,  la 
plainte  sur  cfct  objet,  que  j'eus  l'honneur  de 
vous  représenter  cie  bouche,  dans  l'audience 
que  vous  avez  bien  voulu  m'accorder  à  cet  effet , 
Û  y  a  trois  jours. 

■  55  Les  laits  dont  il  s'agit  dans  cette  aff"aire  , 
sont  en  e<ux-mêmes  fort  simples,  et  je  crois  que 
nous  en  sommes  déjà  conver^us  ;  savoir  :  les 
frégates  anglaises  rencontrèrent  la  frégate  da- 
ttbise  en  pleine  nier,  menant  un  convoi.  Le 
commandant  anglais  ,  jugeant  à  propos  d'user 
du  droit  de  visiter  ce  convoi  ,  envoya  à  bord  de 
la  frégate  danoise  demander  au  capitaine  sa  des- 
dnation.  Celui-ci  ayant  répondu  que  ,  pour  lors , 
il  allait  à  Gibraltar  ,  on  lui  répliqua  que  ,  puis- 
qu'il allait  s'arrêier  à  cette  baie ,  on  ne  ferait 
pas  la  visite  de  son  convoi  ;  mais  que  ,  s'il  ne 
devait  pas  y  jeter  l'ancre,  la  visite  aurait  lieu. 
Le  capitaine  van  Dockum  informa  pour  lors 
1  officier  qui  s'était  rendu  à  son  bord ,  "qu'il  y 
ferait  résistance.  Sur  celte  réponse  ,  le  comman- 
dant anglais  fit  signal  d'examiner  le  convoi. 
Une  ch.iloupe  de  la  frégate  CEmerald  se  trou- 
vait en  marclie  pour  exécuter  cet  ordre  ;  l'on 
lira  dessus  de  la  mousquelterie  de  la  frégate 
•danoise  ,  et  un  des  matelots  anglais  en  fut  griè- 
vement blessé.  Cette  frégate  prit  aussi  possession 
d'une  chaloupe  de  la  fiégale  anglaise  la'Flora, 
et  ne  la  relâcha  qu'après  que  le  commandant 
anglais  eût  fait  cnteçdre  au  capitaine  van  Dockura 
que  ,  s  il  ne  la  rendait  pas  sur  le  champ  ,  il 
commencerait  les  hostilités.  La  frégate  danoise 
s'est  rendue  ensuite  ,  avec  son  corjvoi  ,  à  la 
baie  de  Gibraltar.  Là  ,  des  discussions  ont  eu 
■lieu  sur  celte  affaire  entre  le  lord  Keilh,  amiral 
et  commandant  en  chef  des'  forces  navales  de 
S.  M.  dans  la  Mé  Jiterranée  ,  et  le  capitaine  van 
Dockum  ,  que  le  lord  Keith  a  dû  regarder  comme 
personnellement  responsable  et  coupable  de 
l'injure  faiie  à  un  des  sujets  du  roi  ,  ne  pou- 
vant pas  croire  que  ce  capitaine  y  pouvait  être 
autorisé  par  les  instructions  de  sa  cour. 

"Pour  s'en  éclaircir  ,  l'amiral  anglais  envoya  un 
officier  au  capitaine  Van  Dockum  ,  pour  le  prier 
de  faire  voir  et  d'expliquer  la  nature  de  ses  ins- 
tructions. Celui-ci  se  refusa  à  les  faire  voir ,  allé- 
guant que  cela  lui  était  défendu  ;  mais  il  dit  à 
1  officier,  qu'elles  portaient  qu'il  ne  devait  pas 
permettre  la  visite  de  son  convoi  ,  et  <iu'en  fesant 
feu  sur  les  chaloupes  du  roi  ,  il  n'avait  fait  que 
remplir  ses  ordres.  Le  même  capitaine  fit  ensuite 
une  réponse  pareille  ,  et  sur  sa  parole  à  honneur  . 
en  parlant  avec  le  lord  Keith,  en  présence  du  gou- 
verneur de  Gibraltar  ;  mais  il  promit  en  même 
tems  de  s^  rendre  dçvant  le  juge  ,  et  d'y  donner 
caution  de  comparaître  ;  et  sur  cette  promesse  lui 
a  dit  qu'il  pouvait  retourner  à  son  bord.  Etant 
entré  dans  sa  chaloupe  ,  il  envoya  une  lettre  à 
l'amiral  ,  dans  laquelle  il  se  ref.isa  à  donner  la 
caution  requise.  Ces  discussions  se  sont  terminées 
par  une  déclaration  que  lord  K.ei.th  fit  au  capitaine 
'Van-  Dockum  ,  que  s'il  manquait  de  s'y  soumettre  , 
en  voulant  par  là  se  soustraire  à  la  justice ,  l'affaire 
serait  représentée  à  sa  cour. 

51  Voilà  ,  moasieur  le  comte  ,  l'exposition  des 
faits  qui  on;  donné  lieu  à  la  plainte  que  je  suis 
chargé  de  porter  au  gouvernement  danois.  Je 
me  flatte  que  vous  la  trouverez  exacte  et  con- 
forme à  ce  qui  est.  marqué  dans  la  correspon- 
dance entre  le  lord  Keith  et  le  capitaine  van 
Dockum  ,  que  vous  possédez  ,  comme  vous 
m'avez  fait  1  honneur  de  me  le  dire. 

II  Le  droit  de  visiter  et  d'examiner  les  vais- 
Beaux  marchands  en  pleine  mer,  de  quelque 
Dation  qu'ils  soient,  et  quelles  que  soient  leurs 
cargaisons  ou  destinations,  le  gouvernement 
britannique  le  regarde  comme  le  droit  incons- 
tesiable  de  toute  nation  en  guerre  ;  droit  qui 
est  fondé  sur  celui  des  gens,  et  qui  a  été  géné- 
ralement admis  et  reconnu.  11  s'en  suit  par  con- 
séquent ,    que    la   résistance   que  ferait    à'  celle 


visita  le  commandatit  d'un  vaisseau  de  guerre 
d'une  puissance  amie  ;  doit  nécessairement  être 
regardée  comme  un  acte  d  hostilité  ,  tel  que  le 
roi  se  persuade  qu'il  ne  peut  pas  êtie  enjoint 
âu5t  commandans  des.  vaisseaux  de  guerre  de 
S.  M.  danoise  par  leurs  instructions.  S.  IVl.  ne 
doute  donc  pas  du  déplaisir  que  S.  M.  danoise 
aura  senti  en  apprenant  ce  procédé  violent  et 
insoutenable  d'un  officier  à  sor;  service;  el  le 
roi  est  persuadé  de  la  promptitude  avec  laquelle 
S.  M.  danoise.accordera  à  S.  M.  le  (iàaoeu/orJTie/ 
et  l'excuse  auxquelselle  a  sijusie  droit  de  s'aiiendiC 
dans  !e  cas  actuel  ,  avec  une  réparation  propor- 
tionnée à  la  nature  de  l'off^ense  qui  s'est  com- 
mise. 

îî  Je  suis  spécialement  chargé,  monsieur  le 
comte  ,  de  vous  faire  la  demande  de  ce  désaveu, 
excuse  et  réparation.  La  confiance  que  je  dois  avoir 
dans  la  justice  connue  de  S.  M.  danoise  ,  me  fait 
espérer  que  cette  représentation  simple  et  amicale 
pourra  suffire  pour  l'obtenir  avec  la  promplilude 
qu'exige  un  cà»  aussi  grave;  mais  je  ne  dois  pas 
vous  cacher,  ei)  même  tems  ,  que  quelque  grand 
el  sincère  que  soit  le  désir  du  roi  mon  maîlre 
de  maintenir  et  de  cultiver  l'harmonie  et  l'amiiié 
la  plus  étroite  avec  la  cour  de  Daneniarck, 
rien  n'engagera  S.  M.  à  se  départir  de  celte  juste 
demande.  )i  ' 

J'ai  Ihonneur  d'être  ,   etc. 

Signé  ,  Ant.  Meiîry.    ^ 

LEurope  n'eût  pu  voir  sans  surprise  que  l'em- 
pereur de  Russie  fût  resté  spectateur  iiidifférent 
de  la  coniesiaiion  qui  vient  de  s'élever  entre  le 
Daneniarck  et  l'Angleterre  ,  et  des  mesurrs  que 
celle-ci  a  prises  pour  la  terminer.  La  pièce  sui- 
vante prouvera  que  Paul  I"  n'a  point  ctu  être 
étranger  à  une  question  qui  intéresse  si  essentiel- 
lement la  dignité  de  toutes  les  nations  neutres. 

Riga  ,   le  10  septembre. 

On  a  fait  ici  la  publication  suivante  ,  avant 
que  la  nouvelle  de  l'accord  fait  entre  le  Dane- 
marck  et  la  Grande-Breiagne  ,  y  fût  connu. 

>i  D'après  les  ordres  de  son  excellence  le  che- 
valier Pepow  ,  (e  général-major  ,  commandant  de 
Riga  ,  en  date  du  28  août  ,  les  magistrats  de 
c~ette  ville  l'ont  connaître  que  sa  majesté  impériale 
ayant  été  instruite  de  la  conduite  violente  qu'ont 
tenue  les  anglais  envers  le  Danemarck  ,  et  ap- 
pris qu'une  escadre  anglaise  avait  passé  le  Sund  , 
événement  qui  ,  en  donnant  lieii  à  la  clôture  de 
ce  passage  ,  a  eu  une  grande  influence  surtout 
le  commerce  de  la  Baltique,  a  ordonné  que, 
pour  sûreté  du  dommage  qui  pourrait  en  résulter 
pour  le  commerce  des  russes  ,  les  véritables  des- 
seins de  la  cour  de  Londres  restant  encore  in- 
connus ,  le  séquestre  lût  mis  sur  tous  les  capitaux 
appartenant  aux  anglais  ;  que  les  mesures  les  plus 
rigoureuses  fussent  prises  pour  que  ,  sous  aucun 
prétexte  et  sans  la  permission  de  sa  majesié  impé- 
riale ,  ces  capitaux  ne  puissent  leur  être  remis  , 
sans  que  cependant  ils  puissent  leur  être  enlevés, 
ni  que  les  anglais  soient  troublés  dans  leur  com- 
merce intérieur. 

Publié  à  la  maison-de-ville  de  Riga  ,  le  2g  août 
1800. 

Ad  mandatum. 

Signé  ScHWAZ  ,  secrétaire  en  chef  )> 

N.B.  Aujourd'hui  10  septembre,  on  a  mis 
l'embargo  sur  cinq  vaisseaux  anglais. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  6   vendémiaire   an  g. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 

TITRE       PREMIER. 

Mesirahce  de  canonnage. 

Art. I^'.  La  mestrance  de  cannonage  continuera 
d'être  composée  de  .trois  grades  dotficiers  ma- 
riniers ,  savoir,  aide  canonnier,  secpnd  maîlre, 
et  maître  cannonier. 

I  y  aura  trois  classes  dans  chacun  de  ces 
grades  ,  ainsi  qu'il  est  déterminé  par  la  loi  rela- 
tive à  l'avancement  des  gens  de  mer  sur  les 
vaisseaux  de  la  «publique  ,  du  3  brumaire 
an  4. 

II.  Aucun  ne  pourra  obtenir  le  mérite  d'aide- 
canonnier  ,  s'il  n'a  reçu' un  an  d'instruction  dans 
les  éc'oles  ihéoriiiues  de  canonnage  ,  s'il  n'a  ob- 
tenu le  certificat  de  mérite  dans  la  forme  qui 
sera  ci-après  déterminée  ,  et  s'il  n'a  rempli  les 
autres  conditions  exigées  par  la  loi  sur  l'avance- 
ment des  gens  de  mer. 

III.  Les  matelots  à  la  haute  paye  ,  qui  auront 
fa^t  ,  pendant  douze  mois  ,  en  tems  de  guerre  , 
le  service  de  chargeurs  sur  les  vaisseaux  de  la 
république  ,  pourront  être  faits  aides  canonniers, 
quoiqu'ils  n'ayent  pas  été  aux,  écoles  ihéoriques 
de.  canonnage  ,  ou  qu'ils  n'ayent  pas  obtenu  le 
certificat  de  mérite  dont  il  est  question  à  l'article 
précédent, 

IV.  Les  matelots  qui  obtiendront  le  mérite 
daide-canonnier  ,  oe  seiont  portés  d'abord  qu'à 


la  paie  de  la  troisième  classe  de  ce  grade  ;  leurs 
avanceme'ns  ultérietirs  ,  celui  des  seconds  m'îtres 
et  maîtres  canonniers  ,  auront  lieu  d'après  les. 
règles  établies  sur  l'avancement  des  gens  d« 
mer.-        -         ■  .  ,       .;J       , 

V.  La  moitié  du  nombre  des  maîtres ,- seconds 
maîtres  et  aides-canonniers  nécessaires  pour  l'ar- 
mement des  vaisseatix  et  autres  bâiimens  de  la 
république  ,  sera  prise  parmi  les  gens  de  mer  qui 
en  au:ont  obtenu  les  grades  et  les   mérites. 

VI.  Les  maîtres  ,  seconds  maîtres  ,  et  les  aides- 
canonniers  de  linscripiion  maritime  ,  prendront  - 
rang  entre  eux  et  avec  les  sous-officiers  ,  bom- 
bardiers et  canonniers  des  troupes  d'artillerie  qui 
remplirofit_le  même  service  à  biird  4es,Vdisseaux, 
en  raison  de  leurs  grades  et  raé'fites  jà  la  mer,  et 
à  la  date  desdits  giades  et  mérites  ,  sans  qu'ils 
puisse  y  avoir  aucane:  disiinoiiot^  ni- préférence 
pour  ceux  de  l'un  du  de  l'autre  corps. 

VIL  Les  capitaines  ou  commsndans  des  bâti.- 
mens  choisi|onl  ccUx  des  matelots  de  leurs  équi- 
pages qa-^rls  jugeront  les  plus  propres  à  être 
employés  couorne  canoûniers  chargeursi.  et  paf- 
licu  iérement  ceux  qui  auront  été  aux  écoles 
lliéoriques  de  canonnage  ,  ils  jouiront  alors  d'ua 
supplément  de  solde  de  3  francs  par  mois. 

VIII.  Il  sera  entretenus ,  dans  les  différens  ports 
de  la  lépublique  ,  cinquanie-q^taire  maîtres  canoii- 
niers. 

Leur  paie  sera  divisée  en  quatre  classes  .- 

3   de  la  première  ,  à 1080  fr. 

5  de  la  seconde,  à  .  .  .  .■  .  g6o 
23  de  la  troisième,  à  .....  840 
23  de  la  quatrième,  à  .  .  .'I  ,irjS(,'720 
Ils  seront  répartis  ;   savoir  :  '  "";'•'■'■>■■  j 


I"    Class;. 
Il"  Idem. 
III«  Idem. 
IV'  Idem. 


OS 

m 

z 

0 

3 
0 

■  H 

h    ■ 
os 

0  1 

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0 
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2 
9 
9 

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I 
5 
5 

I 
5 
5 

0 
I 

2 
2 

0 
0 

I 
I 

0 
0 
I 

3 
5 

23 

23 

21 

12 

12 

.   5 

2 

-,  2- 

■54' 

Total  éa 


54. 


Leur  destination  pourra  être  changée  si  les 
besoin  du  service  l'exigent. 

IX.  Les  maîtres  canonniers  entretenus  seront 
'attachés  au  parc  d'artillerie,  et  y  seront  em- 
;  ployés  ,  sous  l'autorité  des  chefs  du  parc  ,  aux 
I  différens  détails  de  ce  service  :  ils  pourront 
'néanmoins  être  embarqués  pour  remplir  les  fonc- 
tions de  premiers  maîtres  à  bord  des  vaisseaui 
I  de  la  république  ,  lorsque  le  préfet  maritime  1& 
i  jugera   conveiiable. 

Ils  auront  rang  d'adjudans  -  sous  -  officiers.  Il 
n'est  rien  changé  à  l'uniforme  des  maîtres  canon- 
niers entretenus. 

X.  Les  places  de  maîtres  canonniers  entretenus 
ne  pourront  êire  données  qu  à  des  maîtres  canonr 
niers  de  l'inscription  maritime ,  ayant  le  mérite  de 
maître  de  première  classe  ,  sachant  lire  et  écrire, 
et  qui  se  seront  distingués  par  lln'çs  la'Iens  ,  leur 
service  et  leur  bonne  conduite. 

XL  Lorsqu'il  vaquera  une  place  de  m  ître  ca- 
nonnier enireienu  clans  un  port ,  le  préfet  mari- 
time en  préviendra  les  officiers  d'adrainistratioa 
de  finsciiption  maritime  ,  employés  dans  l'arron- 
dissement de  la  préfecture  :  ceux-ci  lui  adresse- 
ront ,  sous  le  plus  court  délai  ,  les  états  de  ser- 
vice , 'avec  les  pièces  justificatives  ,  des  maîtres 
canonniers  de  leur  quartier  ,  qui  auront  des  titres 
suffisans  pour  prétendre  à  la  place  vacante  ;  le 
chef  du  parc  lui  remettra  ceux  des  maîtreis 
canonniers  de  première  classe,  domiciliés  dans 
le  port. 

Les  états  de  service  et  les  titres  de  concurren» 
seront  examinés  dans  un  conseil  ,  présidé  par  le 
préfet  maritime  du  port,  et  composé  du  chef  mi- 
litaire, ou  chef  du  parc  d'artillerie  ,  du  chef  d'ad- 
ministration et  de  deux  officiers  de  marine  nonir 
mes  par  le  préfet  maritime. 

Ce  c&nseil  fera  choix  ,  à  la  pluralife  absolue 
des  suffrages ,  des  trois  candidats  qui  réuniront 
le  plus  de  litres  en  leur  laveur  :  le  préfet  mari- 
lime  en  adr^sera  la  liste,  avec  son  avis,  au 
ministre  qui  nommera  celui  des  trois  qu'il  ju- 
gera mériter  la  préférence. 

XII.  Les  maîtres  canonniers  promus  à  l'entrc- 
tretien  ,  ne  seront  d'abord  admis  qu'à  la  paye 
de  la  fiuatrierae  classe,  ils  parviendront,  p^r 
le  choix,  aux  payes  supérieures  de  maîtres  canon- 
niers entretenus ,  et  dans  la  forme  prescrite  par 


31 


rarticle  précédent  pour  lieut  admission  à  llèn- 
treden  ;  mais  le  clioix  ne  pourra  porter  que 
»ur  les  maîtres  canonniers  compris  dans  la  classe 
immédiatement  inférieure  à  celle  de  la  place 
vacante. 

TITRE    II. 

■  Dts  compagnies  d'apprentijs  canonniers. 

XIII.  Il  sera  entretenu  ,  pour  l'inslruciion  des 
jeunes  marins  ,  cjuatre  compagnies  d'apprentiis 
canonniers  ;  savoir  : 

Deux   à  Brest  , 
Une   à  Rochclori  , 
Une   à   Toulon. 

Chacune  de  ces  compagnies  sera  composée 
ainsi  qu  il  suit  : 

1  chef  de  compagnie  ,  capitaine  d'artillerie  ; 

1  sous-cbef  idem  ,  lieutenant  d'arlilleiie  ; 

4  maîires  canonniers  entretenus  ; 

4  maîtres  canoniers  rion-entretenus  ; 

8  seconds  maîtres  ; 
"l6  apprentis,  chefs  d'escouade  ; 

■  104  apprentifs  canonniers. 

i38,  dont  deux  officiers  et  quatre  maîtres  canon- 
niers entrenus,  et  pour  les  quatre  compagnies,  552 
hommes  ,  dont  huit  officiers  ,  et  seize  maîtres 
canonniers  entretenus. 

Il  ne  sera  plus  reçu  à  la  suite  des  compagnies 
d'apprentifs  canonniers  ,  des  enfans  sous  la  dé- 
n'omination  d'en/ans  de  corps. 

XIV.  Il  ne  sera  admis  dans  ces  compagnies  , 
en  qualité  d'apprentifs  canonniers,  que  de  jeunes 
marins    de  l  âge  de  dix-huit  à  vingt-quatre  ans. 

Seront  choisis  de  préférence  ceux  qui  an- 
nonceront des  dispositions  pour  le  service  de 
i'àrtillerie  ,  et  qui  sauront  lire  et  écrire. 

XV.  Il  sera  fait  choix,  parmi  les  apprentifs 
ayant  neuf  mois  d'instruction  ,  de  seize  d'entre 
eux  les  plus  distingués  par  leur  application  et 
leur  bonne  conduite  ,  pour  être  chefs  d  escouade  ; 
et  il  leur  sera  alloué  un  supplément  de  solde 
de  trois   francs  par  mois. 

Les  chefs  d'escouade  pourront  être  conservés 
dix-huit  mois  dans  les  compagnies  d'apprentiis 
canonniers;  dans  ce  cas  ils  seront  susceptible-  ,  du 
moment  de  leur  licenciem-ent  ,  d  un  avancemen! 
supérieur  à  celui  de  simple  apprentif  canonniét. 

XVI.  Les  apprentifs  canonniers  resteiont  aux 
écoles  théoriques  de  cannonage  pendant  un  an; 
ils  seront  ensuite  renvoyés  dans  le.urs  quartiers  . 
et  remplacés  par  de  nouvelles  levées,  dont  les 
époques  seront  déterminées  par  le  ministre  de 
la  marine  ,  de  manière  qu'aucune  compagnie  ne 
soit  enliéiement  renouvellée  en  même  lems. 

XVII.  Les  jeunes  marins  qui  ,  ayant  les  qua- 
lités prescrites  par  l'article  XiV  ,  se  présenteront 
•vol&ntairement  lors  des  levées  pour  ce  service  , 
serons  inscrits  en  tête  des  listes  ,  et  désignés  par- 
particulléxement. 

XVIII.  Il  sera  payé  une  conduite  ,  conformé- 
ment au  tarif,  aux  apprentifs  canonniers  ,  pour  se  j 
rendre  de  leur  quartier  dans  le  port  de  leur  desti- 
nation ,  ainsi  que  pour  retourner  dans  leur  quar- 
tier à  l'époque  de  leur  licenciement. 

XIX.  Les  maîtres  et  seconds  maîtres  canonnieiS 
attachés  aux  compagnies  d'apprentifs  canonniers  , 
De  pourront  être  choisis  que  parmi  les  officiers 
mariniers  de  ces  difFérens  grades  :  le  renouvel- 
lement s'en  fera  chaque  année  par  moitié.  Il  leur 
sera  payé  une  conduite  conformément  au  tarif. 

XX.  Le  chef  d'administration  du  port  pré- 
viendra les  administrateurs  des  difFérens  quartiers 
maritimes  ,  de  l'époque  à  laquelle  devront  être 
renouvelles  les  officiers  maiiniers  attachés  aux 
compagnies  d'apprentifs  canonniers  ;  et  ils  lui 
adresseront,  sous  le  plus  court  délai,  l'état  des 
maîtres  et  seconds  maîtres  canonniers  de  leurs 
quartiers  respectifs  ,  qu'ils  jugeront  propres  à  ce 
«ervice. 

XXI.  Le  chef  d'administration  du  port  en  pré- 
sentera la  liste  générale  ati. préfet  maritime  ,  qui  I 
désignera  ceux  qui  devront  être  admis  en  rem- 
placement ,  de  manière  à  ce  que  les  gens  de  mer 
des  difFérens  quartiers  qui  concoutreni  à  la  for- 
mation de  ces  compagnies  ,  participent  à  cet 
avantage. 

XXII.  Les  maîtres  canonniers  entretenus  atta- 
chés aux  compagnies  sont  nommés  ,  sur  la  pré- 
aentaiion  du  chef  du  parc  d'artillerie  ,  par  le  préfet 
maiiiime  ,  parmi  les  maîtres  entretenus  qui  seront 
reconnus  convenir  à  ce  service. 

XXIII.  Les  emplois  de  lieutenant  .  dans  les 
compagnies  d'apprentifs  canonniers, serontdonnés 
aux  maîtres  canonniers  entretenus. 

Lorsqu'il  vaquera  une  place  de  lieutenant  , 
le  ministre  de  la  marine  présentera  au  premier 
consul  la  liste  des  maîtres  canonniers  entretenus. 
Susceptibles  de  cet  avancement  par  la  nature  de 
leur  service  :  le  premier  consul  fera  choix  de 
celui  d  entre  eux  qu'il  jugera  devoir  remplir  la 
place  vacante. 


XXIV.  Les  places  vapantes  de  capitaines  daris 
le»  C(]mpagnies  d'apprentifs  canonniers,  seront 
donnés  au  choix  du  premier  consul  ,  soit  aux 
lieutenans  des  dites  compagnies,  soit  aux  officiers 
des  troupes  d'artillerie  de  la  marine. 

XXV.  L'avancement  des  capitaines  des  com- 
pagnies d'apprentiis  canonniers  au  grade  de  chef 
de  bataillon  ,  aura  lieu  ainfi  qn'il  sera  déterminé 
par  le  règlement  sur  1  organisation  des  troupes 
d  artillerie  de  la  marine. 

XXVI.  La  solde  de  chaque  compagnie  d'ap- 
prentiis canonniers  sera  réglée  ainsi  qu  il  suit  : 


DÉSIGNATION 

s  0 

L    D    E 

DES       GRADES. 

Individuel. 

Tout. 

I   Capitaine.   ..... 

%boo  fr. 

2  5oo  fr. 

I  Lieutenaot 

iSoo 

i5oo 

4  Maîtres  canoniers  en- 
tretenus.   ..... 

4  Idem  non  entretenus. 

576 

2304 

8  Seconds  maîtres.   .    . 

456 

3648    ■■ 

16  Apprentifs  canon'ers, 
chefs     d'escouade   , 
supplém.      compris. 

324 

5184 

104  Apprentifs  canoniers. 

288 

29,952 

Solde  totale  d'une  compagnie 45,088 

Et  pour  les  quatre i8o,352 


Au  moyen  de  la  solde  ci-dessus,  il  ne  sera 
plus  accordé  de  supplémentaux  officiers  et  maîtres 
canonniers  employés   dans   les,  compagnies. 

XXVII.  Les  maîtres  canonniers  non  entretenus, 
seconds  maîtres,  apprentifs  canonniers,  ne-seron,t 
plus  nourris  aux  Irais  de.  la  république  ;  il  leur 
sera  seulement  accordé  une  ration  de  pain  de  7 
hectogrammes  et  demi,  (24  onces.  ) 

'La  république  pourvoira  en  outre  aux  frais  de 
casernement  ci^^au  chaufFage  ,  ainsi  qu'il  est  établi 
par  les  sous-officiers  .  bombardiers  et  canonniers 
d  artillerie  de  la  marine. 

XXVIII.  Les  apprentifs  canonniers  porteront 
un  palteau  bleu  et  un  bonnet  en  cuir  ,  garni 
d  une  plaque  de  cuivre  représentant  des  "attri- 
buts d'artillerie  ;  ces  efF'els  leurs  seront  délivrés 
par  le  magasin  général.  La  valeur  dupalteaau 
leur  sera  retenue  chaque  mois  par  douzième  sur 
leur  solde  ,  le  bonnet  leur  sera  fourni  aux  frais 
de  la  république.  .' 

XXIX.  Les  compagnies  d'aprentifs  canonniers 
seront  casernées,  sans  qu'il  puisse  être  permis, 
sous  quelque  prétexte  que  ce  soit ,  à  aucun  des 
apprentifs  ,  de  loger  hors  des  casernes  :  la  moitié 
au  moins  des  maîtres  et  seconds  maîtres  serotit 
également  tenus   de   coucher  à   la  caserne. 

XXX.  Ces  compagnies  n'auronrpoint  d'arme- 
ment ,  et  elles  ne  seront  point  tenues  au  service 
de  la  garde  nationale. 

XXXI.  Elles  seront  sous  l'autorité  du  chef  du 
parc  d'artillerie  ;  chaque  capitaine  sera  chargé  , 
sous  ses  ordres  ,  de  la  police  ,  discipline  et  ins- 
truction de  la  compagnie. 

XXXII.  Elles  seront  employées  concurrem- 
ment avec  les  troupes  d'artillerie  ,  à  tous. les  tra- 
vaux et  mouvemens  dans  les  parcs  et  magasins  à 
poudre,  à  la  confection  des  artifices,  à  celle  des 
mitrailles  ,  au  gréement  du  canon  ,  à  l'embarque- 
ment ,  débarquement  et  emmagasinement  des 
armes  et  munitions  d'artillerie  ,  et  à  tout  ce  qui 
concerne  le  service. 

XXXIII.  Les  compagnies  d'apprentifs  canon- 
nieis  pourront  également  être  employées  ,  lors- 
que les  besoins  du  service  l'exigeront  ,  et  sur  la 
demande  du  chef  des  mouvemens  ,  aux  travaux 
et  mouvemens  des  vaisseaux  dans  le  port.  Lors- 
qu'elles seront  dans  le  cas  de  fournir  des  déta- 
chemens  pour  ce  service  ,  ils  y  seront  employés 
sous  les  ordres  des  officiers  du  port  ,  et  seront 
toujours  conduits  aux  travaux  par  un  officier  ou 
un  maître  canonnier  entretenu  ,  qui  tiendra  la 
main  à  lexécution  des  ordres  qui  leur  seront 
donnés. 

XXXIV.  Toutes  les  instructions  établies  par  les 
réglemens  sur  la  théorie  et  la  pratique  du  canon- 
nage  iiour  les  troupes  d'artillerie  ,  sont  communes 
aux  compagnies  d  apprentifs  canonniers;  le  chef 
du  parc  d'artillerie  est  spécialement  chargé  de 
tenir  la  main  à  ce  qu'eles  soient  exactement 
suiviis. 

XXXV.  Il  sera  fait  un  examen  général  des 
appiciiiils  de  chaque  compagnie  ,  aux  époques 
désignées  par  le»  licenciemens  et  remplacemens. 

Cet  examen  aura  lieu  en  présence  du  chef 
ou  du  sous-chef  et  de  l'adjudant  du  parc  ,  des 
otKciers  et  des  maîtres  canonniers  de  la  compa- 
gnie ;  il  portera  sur  toutes  les  parties  théoiiques 
et  pratiques  de  l'artillerie  qui  leur  auront  été 
enseignées. 


XXXVI.  '  Le   chef  du  pafi  d'artillerie- rendra 
compte  du  résultat  de  cet  (txanjeo  au  piéfcl  mari-  ; 
lime,  qui  fera  délivrer  .descoriificats  de  mérite  ,  et  :. 
accordera    un  avancement  de  :payc  à  ceux  qui  Se  • 
seront   dioiingués  .pjtr,  ,  le,u.^.    yifitiuciion ,  et   leur 
conduite.  '  '     ',      '        „ 

XXXVII.  Usera  remis  un  çiat  des  avancemeni 
accordés  par  le  préfet  maritime  ,  au  bureau  des 
avancemeiis  ;  le  clicl  d  administration  en  enverra 
des  extraits  dans  les  (]uarlicrs  du  domicile  des 
appreniilVqui   les   auront   obtenus.''      '■   ' 

XXXVIII.  Les  appieniiii  canonniers  qui  au- 
ront obtenu  des  ceniHca'sde  mérite,  seront 
susceptibles  dcire  faits  aides-can.oniiiets ,  lors- 
qu'ils auront  rempli  les  conditions  prescrites  par 
les  règlement  concernant  l'avapctment  des  geu» 
de  mer. 

XXXIX.  Il  pourra  également  être  accordé  par 
le    prêter   ni.-niiirae  des   avancemens  aux    maîtres  ., 
et  second  m.iîires  canonniers  non  entretenus  qu  il 
en  jugera  susceptibles  lors  de  leur  licenciement. 

Ces  avancemens  seio.Tt  déterminés  conlormé- 
me-;t  aux  principes  établis  par  le  léglement  sur 
I  avancement  des  gens  de  mer  ,  et  en  ne  comp- 
laijt  néanmoins  le  lems  de' service  dans  les  coni- 
pai^nié»  d'apprentifs,  qu  à  raisor^.dc moitié,  douze 
mois  de  ce  service  ncquivajajit  (Juâ  six  mois 
de  mer. 

XXXX.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies 
est  chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui 
sera  imprimé  au  bulletin  des  iois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret.       , 
Arrêté  du  7  vendémiaire  ,  an  g. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  maiine  ,  le  conseil,- d'état 
entendu,   arrêtent  :  \     ..   ,. 

Àvt.  I"^'.  Aucun  maître  pu  ipairpn  jdeibsateaij  86 
sera  exempt  du  service  sut  ..les  vaisseaux-  de  |a 
république,  s'il  n'est. propriétaire  ou  condticteur 
d'une  embarcation  ,  du  port  au  moins  de  quinze 
tonneaux  ,  et  il  ne  seia  admis  qu  un  seul  proprié- 
taire par  bateau.  .  '  , 

IL  Le'^Çmption  de  service  ne  pourra  également 
avoir  lieu  que  pour  les  maîtres  ou  conducteurs 
de  bateaux  qui  ,  ayant  quarante  ans  révolus, 
auront  t'ait  dix-huit  mois  de  campagne  sur  lis 
vaisseaux  de  la  république.  Le  service  dans  lés 
arsenaux  ne  pourra  être  compté  comme  cam- 
pagne. •      ' 

III.  Tous  les  maîtres  et  patrons  qui  n'auront 
pas  atteint  1  âge  de  quarante  ans  ,  pourront  être 
comiiiandés  pour  le  service  i  quelque  soit  le  tems 
qu'ils  ayent  navigué  pour  l'état; 

Les  officiers  d'administration  chargés  de  l'inscrip- 
tion   maritime    dans  ies  quartiers  ,  admettront  en  ' 
remplacement  sur  les   bateaux  de  pêche,  ou  des  ' 
matelots  invalides  ,  ou  des  matelots  exempts  par  ' 
leur  âge  (  So.ans  )  du  service  des  vaisseaux. 

IV.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  est  ' 
chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera 
inséré  au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  sighé  ,'  Bonaparte. 
Parle  pretnier  consul  ,  ).         . 

Le  secrétaire-d'état,  signe,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du' même- jour. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 
ordonne  qu  A-Sam,  chinois,  originaire  de  Nankin, 
soit  embarqué  sur  I  une  des  corvettes  comman- 
dées par  le  capitaine  de  vaisseau  Baudin  ,  pour 
être  conduit  ,  aux  fr.ijs  de  la  république  ,  à  llsle- 
de-France  ,   et   de  là  dans  sa  patrie.    '    ' 

Il  est  expressément  recommandé  au  capitaine 
Baudin  et  aux  chefs  militaires  et  d'administration 
de  la  marine,  d'avoir  pour  A-Sam  les  égards 
qu'il  mérite  par  sa  qualité  d'étranger,  et  par  la 
bonne  conduite  qu'il  a  tenue  pendant  son  séjour 
sur  le  territoire  de  la  république. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul; 

Le  secréLaire-d'état  ,  ri^e ,  H.  B.  Maret,  . 


Erratum.  Qn  a  omis  dans  l'article  I'' de  l'arrêté 
du  5  de  ce  mois  ,  relatif  aux  brevets  dinv.eniion  ;  , 
après  ces  mots  :  n  les  brevets  seront   ensuite  dé- 
livrés ))  ceux-ci  :  tous  Us  3  mois. 

.1    .       .  ,  ; 

ACTES   ADMINISTRATIFS.'' 

MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE^. 

Farts  ,    le  6  vendémiaire  ,  an  g  de   la  république 
.   Jraiiqaise  ,  une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  ,  vu  les  articles  XXXII  tt 
XXXIII  de  l'arrêté  des  consuls  du  12  messidor 
dernier  ,  qui  lui  attribuent  l'inspection  et  la  su.t- 
veillance  des  halles  et  marchés  de  Paris  ,  aiiiiH 
que  des  marchés  de  Sceaux  et  de  Poissy  ;  infonni^ 
qu'il  s'en  introduit  des  abus  dans  le  (omn]«ic« 


3à 


des  veanx  ,  et  considérant  combien  il  importe  d« 
les  réprimer  en  fesant  revivre  les  dispositions  non^ 
abrogées  des  anciens  réglemenjsur  celle  maiiere  , 
ordonne  ce  qui  suif: 

ArL  1*'.  La  halle  aUX  veaux  ,  division  des 
Plantes,  demeure  affectée,  comme  par  le  passé', 
à  la  vente  des  veauic. 

II.  Le  rtiarclié  aux  veaux  tieildi-a  les  4,8,  121 
16  ,  ig ,  23  ,  26  et  28  de  chaque'  mois. 

Quant  aux  jours  complémentaires  ,  le  marché 
aura  lieu  de  la  même  manière  que  pour  les  autres 
jours  corresponaans  de  la  décade  ,  jusqu'à  ce 
qu'il  en  soit  autrement  ordonné.  (  Arrêté  du  bu- 
reau central ,  du  19  frimaire  au  7  ,  articles  X 
et  XXIII.) 

m.  Les  marchands  forains  qui  approvisionnent 
la  ville  de  Paris  en  veaux  ,  sont  tenus  de  les 
conduire  directement  à  la  halle  ;  ils  ne  peuvem  , 
«ous  aucun  préiexie ,  en  amener  ni  en  vendre 
ailleurs  ,  sous  peine  de  confiscation  des  bestiaux 
ctde  200  francs  d'amende.  {Lettres  patentes  du 
l"juin    1782  ,  art.  XXIII.) 

IV.  Ilestdéfenduauxbouchersd'allerau-devant 
dés  marchands  forains  qui  auraient  des  veaux  à  la 
hâMe  ,  et  d'en  acheter  ou  arrher  dans  toute  autre 
lieu  ,  sous  les  peines  portées  en  l'art,  précédent  , 
aux  termes   des  mêmes  lettres  patentes. 

V.  Pourrontnéanmoins  les  bouchers ,  continuer 
d'acheter  des  veaux  sur  le  marché  de  Poissy,  pour 
l'arpprovisionnement  de  Paris  ,  et  afin  de  prévenir 
tous  abus  et  difficultés  ,  les  bouchers  qui  auront 
acheté  des  veaux  sur  ce  marché  ,  devront  en  rap- 
porter des  certificats  de  l'inspecteur  ,  lesquels  cer- 
lificats  énonçant  les  quantités  de  veaux  et  les  noms 
des  acheteurs ,  seront  rerais  à  l'entrée  dans  Paris, 
aux  préposés  de  la  régie  de  l'octioi. 

VI.  Conformément  à  la  règle  établie  pour  les 
boeufs  piovenansdu  marché  de  Poissy  ,  les  veaux 
athelés  sur  ce  marché  ,  qui  seront  destinés  pour 
Palis  .  ne  pourront  y  être  introduits  que  par  les 
barrières  du  Roule  et  de  Mousseaux. 

VU.  A  fur  et  à  mesure  de  leur  arrivée  à  la  halle 
de  Paris,  les  marchands  déclareront  au  préposé 
sur  le  marché  ,  le  nombre  de  veaux  qu'ils  auront 
amenée  ,  et  ils  occuperont  les  places  affectées  aux 
différentes  sortes  de  veaux. 

VIII.  Outre  les  places  occupées  par  chaqiie 
mtirchand  ,  il  sera  laissé  un  espace  de  soixante-six 
centimètres  (  deux  pieds  enviion  )  pour  faciliter 
la  circulation  des  acheteurs. 

IX.  Chaque  marchand  aura  une  marque  parti- 
culière pour  connaître  ses  veaux,  et  les  empêcher 
de  se  mêler  avec  d'autres. 

X.  Les  marchands  surveilleront  leurs  veaux  ,  et 
ne  les  abandonneront  qu'aptes  en  avoir  effectué  la 
vente  et  la  livraison. 

XI.  Il  leur  est  expressément  défendu  d'exposer 
en  vente  des  veaux  âgés  de  moins  de  quatre  dé- 
cades ,  à  peine  de  confiscation  et  de  3oo  francs 
d'amende.  (Ordonnance  de  police  ,  du  18  mars 
1774,  3rt.  V.  Lettres  patentes  du  i"  juin  1782  , 
art.  VU. 

XII.  L'ouverture  et  la  fermeture  de  la  vente  des 
veaux  sera  faite  au  son  d'une  cloche  ;  elle  aura 
lieu  depuis  dix  heuies  du  matin  jusquà  trois 
heures  ,  depuis  le  i"^'  vendémiaire  jusqu'au  3o 
ventôse  ;  et  pendant  le  reste  de  l'année  ,  depuis 
neuf  heures  jusqu'à  deux; 

XIII.  Avant  l'heure  de  la  vente.,  le  commis- 
saire des  halles  et  marchés ,  ou  le  préposé  com- 
mis par  lui  exatoinera  tous  les  veaux  ,  pour  s'as- 
surer s'ils  sont  en  état  ûêtte  livrés  à  la  con- 
sommation. 

XIV.  Il  est  expressément  défendu  de  vendre  ni 
d'acheter  ,  comme  veaux  avant,  l'oùveiture ,  et 
après  la  fermeture  du  marché,  sous  peine  de 
confiscation  des  veaux ,  et  de  5o  francs  d'amende 
contre  chacun  des  contrevenans.  (  Ordonnance 
de  police  du  ■21  décembre  1787  ,  art.  111.  ) 

XV.  Les  veaux  qui  n'auront  pu  être  Vendus , 
seront  déposés  dans  les  caves  de  la  halle,  immé- 
diatement après  ta  fermeture  du  marché  ,  et  ils 
seront  exposés  en  vente  le  lendemain  ,  depuis 
OBze  heures  jusqu'à  deux  ,  ainsi  qu'il  se  prati- 
quait autrefois. 

XVI.  Il  est  défendu  d'allumer  du  feu  dans 
l'enceinte  et  aux  pourtour  de  la  halle  aux  veaux, 
à  peine  de  loo  francs  d'amende.  [Ordonnance 
du  l5  novembre  1781  ,  art.  VII.) 

'XVÏI-'ÏI  sera  statué  ,  par  une  ordonnance  par- 
ticulière ,  sur  le  régime  du  marché  aux  suifs  ;  en 
altettdant  il  tiendra  comme:par  le  passé. 


XVIII.  Il  sera  pris  envers  les  contrevenans  aux 
dispositions  ci-desfius  ,  telles  mesures  de  police 
administrative  qu'il  appartiendra  ;  ils'  seront  en 
outre  traduits  devant  les  tribunaux  co'mpétens  , 
pour  être  poursuivis  conformément  aux  loisel  aux 
réglemeus  de  police. 

Xl'X.  La  présente  ordonnance  sera  imprimée 
et  aHkhée  dans  Paris,  et  aux  marchésde  Sceaux, 
de  Pois«y  .  la  Chapelle  et  Saint-Denis;  elle  sera 
envoyée  aux  autorités  qui  doivent  en  connaître  , 
aux  officiers  de  police  et  aux  préposés  de  la 
prélecture  ,  pour  que  chacun  en  ce  qui  le  ton- 
cerne,   en    assure   la  stricte  exécution. 

Le  préfet  de' police  ,  Dubois. 

Pour  copie  conforme  , 

Le  sicrétair^-généfal  ,  signé.  Pus. 


S  U  R  E  T  i^  ,  P  U  B   L  r  q^  U  E. 

Le  commissaire  général  de  police  à  Lyori  vient 
de  faiie  arrêter  dans  cette  ville  le  nommé  François 
Sabin,  d\i  petit  Diable  ,  évadé  du  bagne  de  Brest, 
et  venant  de  Bordeaux  oià  il  paraît  avoir  figuré 
parmi  les  brigands  qui  ont  volé  le  Courier  de  la 
malle. 

Avant  la  révolution  ,  ce  François  Sabin  avait 
été  condamné  à  Chambéry  à  être  pendu.  Il  a  été 
depuis  condamné  deux  fois  auï  fers  ;  la  première 
par  le  dibunal  criminel  de  l'Iseie  ;  la  seconde  par 
celui  du  Rhône. 


MINISTERE   DE   LA   GUERRE. 

Note  indicative  des  départemens  qui  ont  exécuté  avec 
iele  la  loi  du  4  vendémiaire  an  8  ,  qui  ordonne  une 
levée  extraordinaire  de  40,000  chevaux  pour  le  ser- 
vice des  armées.  . 

Le  département  des  Forêts  a  fourni  4  chevaux 
en  sus  du  contingent  de  935  chevaux  qui  lui 
avait  été  fixé. 

Relevé  du  nombre  des  chevaux  fournis  depuis  te 
26  fructidor  an  8\  jusqu'au  6  vendémiaire  an  9. 

Le   nombre   des   chevaux  levés   à 
l'époque  du  26  fructidor,  était  de. . .        43,9s8 
Ceux  levés  depuis ,  s'élèvent  à. . . .  436 

Total  au  6  vendémiaire  an  9 44,364 


pénibles  de  la  révoluiion- ,  a   fait  des  sacrifices' 
tels  qu'on  ne  pourrait  les  supposer. 

Les  personnes  qui  seront  à  même  de  satisfaire 
à  cette  demande  ,  sont  invitées  à  désignei; ,  seu-^ 
lement  par  le  journal  de,  Gféijohle  ,  un  notaire 
avec  lequel  on  prendra  des  arrâr.gemens  pour 
■la  pension,  de  cç  v.ieiHard:,  quii  sera  exactement 
payée   d'avance  ,  de  trois  en  trois  mois.         D, 


Le  citoyen  Pigeotte  ,  médecin  de  l'école  de 
Montpellier,  chirurgien  adjoint  de  l'hospice  de 
Troyes ,  et  membre  de  la  société  d'agriculture, 
de  commerce  ,  etc.  établi  ei>  cette  ville,  a  offert 
à  celte  société  d'ouvrir  en  son  nom,  et  sous  ses 
auspices  ,  un  cours  public  et  gratuit  d'accou- 
chemens,  dans  un  local  désigné  par  elle.  Cette, 
dérnarche  ,  accueillie  avec  reconnaissance  par  la 
société  ,  a  été  approuvée  par  le  préfet  du  dépar- 
temeot ,  qui  a  donné  l'autorisation  et  les  moyens 
de  publicité  nécessaires. 


Au  citoyen  rédacteur  du  Moniteur.   —  A  .   ,    .    .  , 
le  2  vendémiaire  ,  an  9  de  la  république. 

C   I   T  ,0   Y    E    N  , 

La  lettre  du  vieillard  de  Grenoble  ,  insérée 
dans  le  Moniteur  du  fructidor  dernier  ,  étant 
parvenue  jusqu'à  la  retraite  de  celui  à  qui  elle 
était  adressée  ;  il  attend  de  votre  complaisance 
que  vous  voudrez  bien  aussi  insérer  dans  le 
numéro  le  plus  prochain  qu'il  vous  sera  possible  ,' 
la  note  suivante  ,  afin  de  tranquilliser  le  vieillard 
qui  s'y  plaint  d'être  abandonné  de  son  fils  ,  sur 
le?  moyen?  qu'il  va  prendre  pour  le  tirer  du 
séjour  d'une  campagne  ,  que  tout  autre  que  lui 
s'estimerait  heureux  d'habiter  ,  et  pour  détromper 
quelques  personnes  que  cette  lettre  aurait  pu  in- 
duire en  erreur  sur  la  conduite  de  ce  fils  envers 
son  père. 

On  désire  trouver  une  personne  non  ecclé- 
siastique et  non  ennemie  de  la  révolution  ,  ré- 
sidant à  Grenoble  ,  y  ayant  un  domestique  ,  un 
logement  convenable  et  un  ordinaire  réglé  ,  qui 
voudrait  associer  son  existence  à  celle  d'un  vieil- 
lard qui  honora  autrefois  sa  vie  par  quelques 
talens  ,  mais  sur-tout  par  sa  probité  et  ses  vertus 
civique»  :  on  observe  qu'il  est  sans  infirmité  ; 
qu'il  jouit  d'une  bonne  santé  ;  qu'il  fut  toujours 
extrêmement  affable  et  obligeant  pour  les  étran- 
gers ,  bon  humain  et  charitable  envers  les  mal- 
heureux ,  et  que  le  seul  reproche  qu'il  mérita, 
fut  une  grande  disposition  à  ne  point  pratiquer 
ces  venus  envers  le  plus  grand  nombt'e  de  ses 
enfans ,  et  que  «a  mémoire  est  devenue  telle- 
raeni  ingrate  sOus  le  poids  des  années  ,  qu'il 
oublie  d'un  moment  à  l'autre  qu'aucun  deux 
ne  lui  donna",  pendant  le  cours  de  sa  longue 
carrière,  jamais:  aucun  sujet  fondé  de  mécon- 
tentemetH  ;  qu^  lous  remplirent  scrupuleusement 
envers  lui  les  devoirs  pieux  qu'ils  devaient  à 
l'auteur  de  leurs  jours  ;  et  que  celui  qui  lui 
reste  ,  et  pour  lequel  il  eui  une  prédilection 
marquée,  bien  loin  de  l'avoir  abandonné,  ne 
cesse  d'étendre  sa  sollicitude  jusqu'à  lui  et  à  ce 
qui   l'entoure  ;  et  pour  lui  faire  franchir  les  tcms 


GRAVURES. 

Vue  du  pont  d(  Westminster  ,  de  aS  pouces  sur  l5, 
gravée  au  lavis,  en  couleur,  par  P.  M.  Alix, 
d'après  un  tableau  original  de  la  plus  grande 
vérité. 

A  Paris  ,  chez  M.  F.  Drotihin  ,  éditeur,  rue- 
de  Vaugirard  ,  n"  1348 ,  yis-^-vis  le  garde-meuble. 

Nota.  L'éditeur  se  propose.de  faire  graver  aussi  ■ 
(a  principale  vue  de  chaque  capitale  des  princi- 
paux états  de  l'Europe,  toujo^irs  d'après  dçs 
(ableaux  ou  dessins  originaux;  ce  qui  donnera 
(ine  collection  de  douze  à  quatorze  estampes. 

La  principale  vue  de  Paiis  ,  représentant  deux 
ponts  ,  y  comprislePonl-neuf ,  partie  de  la  colot}- 
1  nade  du  Louvre,  la  gaferie  des  Thuileries  .  les 
pâlimcns  du  (jiiai  opposé  où  se  trouve  l'hôtel 
des  Monnaies,  ctles  loinÇuins  du  côté  de  Cbaillot 
et  Passy,  sera  la  seconde  de  celte  collection; 
çlle  sera  annoncée  par  les  journaux  lorsqu'elle 
paraîtra. 

Les  personnes  qui  voud:ont  jouir  de  l'avantage 
d'avoir  des  premières  épreuyeç  ,  peuvent  se  faire 
inscrire  à  l'adresse  ci-dessijs  ;  elles  les  auront 
par  ordre  de  dates  ,  et  né  les  payeront  qu'en  les 
fesant  retirer. 

Pour  en  faciliter  raçquisition  aux  amateurs, 
l'éditeur  ne  les  vendra  que  le  prix  frès-modiquc 
de  16  fr.  aux  personnjs  qui  se  feront  inscrire , 
et  celles  qui  ne  l'auront  pas  fait  ,  les  payeront 
84  francs. 


LIVRES      DIVERS. 

Abrégé  de  la  Grammaire  usuelle  ,  dédiée  aux 
^leves  duPrytaBee  français ,  par  le  cit.  Caminade, 
fnemhre  de  plusieurs  sociétés  savantes ,  seconde 
édition  revue  ,  corrigée  et  considérablement 
augmentée  ,avec  cgi  épigraphe;  )»  Quand  Virgile 
>>  eut  appris  aux  romains  à  faire  des  vers 
tv  toujours  nobles  et  élégans ,  il  ne  fut  plus 
)»  permis  de  parler  comme  Ennius.  »>  Voltaire. 

Prix  ,  I  fr.  pour  ceux  qui  ne  prennent  qu'un 
exemplaire,  et  80  cent,  pour  ceux  qui  en  prennent 
plusieurs. 

A  Paris ,  chez  l'auteur  ,  rue  André-des-Arcs  , 
n°  78  ,  au  coin  de  la  rue  des  grands  Augustins  ; 
rHeterville  ,  libraire  ,  rue  du  Baioir  ,  n°  i6  ; 
H.  Agasse,  imprimeur-libraire,  rue  des.poitevins  , 
n°  l8;  Moutardier,  libraire  ,  quai  des  Augustins, 
n"  28  ;  Desenne  ,  libraiçe  au  palais  du  tribunal. 
:  !r  _      I    ,'.  '    ,  ,      I   '     ,        ■■,,,,       ,,,'..,  ,t  ■  . 

COURS    DU    CHANGE. 
Bourse  du  8  vendémiaire. 

Rente  provisoire •  • ,21  fr.  88  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.  ,85  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  .61  c. 

^ons  d'arréragé ,   84  fr.  5o  c. 

Sons  pour  l'an  8 .•■,••, 91  fr.  .25  c. 

Coupures 69'fr.  5o  c,. 

•Act.de  5o  fr.de  la  caisse  des  rentiers.  22  fr. 


SPECTACLE  S. 

Théatbe  de  la  rue  Eevdeau.  Aujourd'hui 
lai"'  re'pr.  d'une  Janmie  de  .Çatij^at  ouj/f  Ta- 
bleau ,  opéra  pou  veau. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Aujourd.  le  Rendez- 
vqjis.;  Trois  contre  un  ,  et  les  Xroubadpurs. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Dem.  la  Mortde  Kléber ,  pantom.  à  grand  speci.; 
la,!'"  repr.  de  Cadichon  ,  xt  la  Fille  hussard. 


't'abonnement  se'fait  à  Paris ,  rue  dei  Poitevins ,  n"  18.  Le  prix  est  d«.  25  francs  pour  trois  mois ,  SofraocspouT  G  mois  ,  *t  100  francs  pour  l'anne'e  entière.  On  nei'abonne 
riau'au  commeucetneni  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argeot  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Agass  e,  ptopriétatte  de  ce  journal  ,  Lue^des  Poitevins  jHo.iS.  .H  .faut  cçijvnpiendre  d^niles  envois  le  port  des 
■  pays  ou  l'on  ne  peut  afiFranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ^ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

il  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  [dut  ce  qui  concerne  larédacti  on  de  la  feuille  ,  au  rédacleuj,  rue  des 
■J»iteï»ns,n«  i3,depui  sncof  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soi»,' 


A  Paris,  d«  l'impripierie  du  «il..  Amasse  ,  propriétaire  du  Moniteut,  rue  des  Poitevins,  n"  t3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIIEUR  UNIVERSEL 


JV"   10. 


Décadi  ,  i  o  vendémiaire  an  g  de  la  républifîie  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse'  le   Moniteur  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemenr ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  su; 
l'ifltétleur  que  sur  l'extérieur ,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 
Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arcs  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  26  septembre  ("4  vendémiaire,  ) 

XicTiONS  de  la  banque  ,  ifermées. — Trois  pour 
cent  consolidés.  65  |.  J.  pour  octobre  65  |.  i.  >J. 
—  Omnium  5.  5.  ^.  prime. 

Les  parlemens  d'Angleterre  et  d'Irlande  vien- 
nent d'être  prorogés  de  nouveau  ;  le  premier  , 
jusqu'au  11  novembre,  et  le  deri;iier  ,  au  ag 
octobre. 

Il  a  été  tenu  hier ,  à  l'arrivée  de  dépêches 
de  la  cour  de  Vienne  ,  un  conseil  du  cabinet 
au  département  de  lord   Grenville. 

Il  est  entré  aux  Dunes  quinze  vaisseaux  de 
la  compagnie ,  dont  huit  venant  de  l'Inde  et 
sept  de  la  Chine.  L'un  d'eux  (le  Cartier)  est, 
dit-on  ,  le  plus  riche  bâtiment  qui  soit  encore 
arrivé  en  Europe.  Sa  cargaison  consistant  entiè- 
rement en  épices,  est  évaluée  à  un  demi  million 
sterling. 

Il  est  entré  aussi  dans  la  Tamise  et  dans  le. 
canal  de  Bristol  une  flotte  d'environ  85  navires 
marchands,  venant  d«-la'Martinique  et  des  autres 
îles  anglaises  du  vent,  sous  l'escoite  de  la  frégate 
lé   Lapwing  et  du   TJphir. 

Nous  avons  reçu  des  gazettes  de  New-York  jus- 
qu'au 25  août  (7  fructidor)  inclusivement.  On  y  voit 
que  ,  quoique  le  tems  fût  extrêmement  chaud 
et  pluvieux .  il  ne  régnait  encore  aucune  appa- 
rence de  fièvre  jaune  dans  les  Etats-Unis  ;  ce  qui 
donnait  une  grande  espérance  pour  l'avenir ,  espé- 
rance encore  accrue  par  les  précautions  prises 
contre  toat  ce  qui  arrivait  des  Indes  occidentales, 
oii  cette  fièvre  fesait  des  ravages.  —  On  y  lit  aussi 
que  les  succès  brillans  des  armées  républicaines 
avaient  augmenté  le  nombre  des  partisans  de  la 
.France  ;  d'où  l'on  conjecturait  qu'elle  aurait  une 
grande  influence  sur  l'élection  prochaine. 

D'après  les  derniers  ordres  émanés  du  duc  de 
Portland,  relativement  aux  étrangers  résidans  dans 
ce  pays ,  en  vertu  d'une  licence  de  l'alien  ojUict  , 
un  français  qui  se  rendait  à  Harrowgate  ,  sans 
avoir  fait  attention  au  contenu  de  la  licence ,  qui 
ne  lui  permettait  de  résider  qu'à  Londres  ou  dans 
le  voisinage  ,  reçut  injonction  du  gouvernement , 
avant  qu'il  eût  atteint  Harrowgate ,  de  retourner 
à  Londres. 

(Extrait  du  Morning-Chronicle  et  du  Sun.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris,  le  8  vendémiaire  an  g. 

On  écrit  de  Caen  que  le  cit.  Dugua  ,  appelle 
aux  fonctions  de  préfet  du  Calvados ,  est  arrivé  ; 
les  maire  et  adjoints  se  sont  empressés  d'aller  au 
devant  de  lui ,  ainsi  qu'un  détachement  de  la  garde 
nationale.  Ce  témoignage  mérité  lui  a  prouve  que 
le  souvenir  de  ses  vertus  était  encore  gravé  dans 
le  cœur  des  citoyens  de  cette  ville  ,  desquels  il 
avait  emporté  les  justes  regrets  lorsqu'il  y  était  en 
qualité  de  général  de  division. 

—  Le  citoyen  Baudin  ,  commandant  les  deux 
frégates  qui  vont  faire  le  tour  du  monde ,  doit 
mettre  à  la  voile  le  i5  vendémiaire  ,  du  port  du 
Havre. 

—  On  vient  d'apprendre  la  mort  du  cit.  Gilbert , 
qui  avait  été  envoyé  par  le  gouvernement  en 
Espagne  ,  pour  y  suivre  des  travaux  relatifs  à 
l'agriculture.  (Clef  du  Cabinet.) 

■  —  Lesreprésentalions  tragiques  qui,  au  Théâtre- 
Français,  avaient  été  précédemment  fixées  aux  2  , 
S  ,  et  8  de  chaque  décade  ,  le  sont  à  l'avenir  aux 
i"',  7'  et  9*  jours. 

—  Il  vient  d'arriver  des  granits  sur  la  place  de  la 
Concorde.  On  «'occupe  sérieusement  des  prépa- 
ratifs nécessaires  à  l'érection  de  la  colonne  natio- 
>»aU:  ,  c(.^è»  que  l'opinion  se  sera  prononcée  sur 
les  nombreux  projets  adressés  au  ministre  ,  et 
qu'après  l'avoir  consultée,  il  aura  fait  un  choix  , 
i>cik  n'en  rciatdeia  l'enécuiioD. 


ACTES  ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Le  citoyen  Bonnaire  ,  préfet  du  département 
des  Hautes-Alpes  ,  a  remarqué  ,  dans  les  environs 
de  Briançon  ,  une  espèce  d'arbrisseau  inconnu 
dans  les  autres  fontrèes  du  département.  Le  cit. 
Villard ,  dans  son  histoire  des  plantes  du  Dau- 
phiné,  rappellej!>ru7tu5  ftri^as/Mta,  prunier  brian- 
çonnais. 

Cet  arbrisseau  s'élève  rarement  au-dessus  de 
deux  à  trois  mètres  ;  ses  feuilles  sont  vertes ,  du- 
res ,  presque  rondes,  terminées  en  pointe  et  avec 
des  dents  inégales'^qui  les  rendent  un  peu  fran- 
gées sur  les  côtés  ;  il  porte  des  fruits  ronds,  lis- 
ses ,  d'un  blanc  jaunâtre  ou  de  noisette,  souvent 
un  peu  rouges  du  côté  du  soleil;  ses  fruits  sont 
très-abondans. 

C'est  de  leurs  noyaux  qu'on  tire  ,  dans  le  Brian- 
çonnais  et  dans  les  vallées  cédées  ,  l'huile  fine  , 
connue  sous  le  nom  d'huile  de  marmotte.  Cette 
huHe  est  douce,  comme  celle  d'amandes,  mais  plus 
inflammable.  Elle  conserve  un  goût  de  noyau  qui 
lui  donne  un  parfum  agréable  ;  elle  sert  dans  la 
pharmacie  ,  et  supplée  très-avantageusement  à 
l'huile  d'olive  dans  tous  les  usages  domesti- 
ques. 

Cet  arbrisseau  ne  se  plaît  que  dans  les  monceaux 
de  pierres  ,  dans  les  sables  ,  dans  les  murailles  , 
dans  les  lieux  les  plus  arides  et  les  plus  incultes  ; 
il  pousse  dans  les  débris  des  rochers  ,  dans  les 
lits  des  torrens  ,  aux  ravages  desquels  il  peut 
opposer  une  digue  puissante;  il  peut,  en  un 
mot  ,  couvrir  les  terreins  abandonnés  ,  dont  le 
revenu  égalera  alors  celui  des  meilleures  terres. 
Il  se  reproduit  facilement  par  semis,  par  bou- 
ture ,  par  plantation  ;  il  ne  craint  que  la  dent  du 
bétail,  et  sur-tôut  celle  des  chèvres.  Son  fruit  ne 
peut  être  sujet  aux  dégâts  ;  il  n'est  pas  mangeable 
même  dans  sa  maturité. 

— Le  ministre  a  ordonné  que  le  monument  provi- 
soirement élevé  sur  la  place  des  Victoires  ,  d'après 
les  dessins  du  cit.  Denon ,  soit  dessiné  et  exposé 
avec  les  plans  de  colonne.  Les  artistes  qui  auraient 
d'aulies  projets  sont  invités  à  les  adresser  au 
ministre  ,  qui  les  fera  exposer  de  même. 


Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particulières,  sur  tel  pbjet  que  ce 
soit  ,  doivent  être  adressées  directement  aux 
ministres   que   ces  demandes   concernent. 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  f  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible,  aux  consuls  de  s'occuper  de  ces 
objets.  ' 

INSTRUCTION      P  U  B  L  I  q_U  E. 

Le  préfet  du  département  de  la  Charente  ,  en 
homologuant  la  délibération  du  jury  central 
d'instriiclion  publique,  en  date  du  25  thermi- 
dor dernier  ,  a  arrêté  le  27  l'ouverture  d'un 
concours  pour  la  nomination  aux  places  de  pro- 
fesseurs d'histoire  naturelle  et  botanique  ,  et  de 
physique  et  chimie  expérimentales.  Ce  concours 
sera  ouvert  jusqu'au  20  brumaire  prochain. 
Chaque  concurrent  devra  ,  avant  cette  époque  , 
adresser  au  jury,  sous  le  couvert  du  préfet, 
un  programme  raisonné  du  cours  qu'il  se  pro- 
pose d'enseigner  ,  et  la  notice  de  ses  titres  lit- 
téraires. L'examen  et  l'élection  auront  lieu  dans 
la  troisième  décade  de  frimaire. 


POESIE. 

Cinquième  lettre  sur  les  Géorgiques  françaises. 

Delille  a  donné  des  préceptes  au  cultivateur, 
au  naturaliste;  dans  le  4*  chant  de  «on  poème  ,  il 
en  va  donner  également  au  poète  géorgique  ; 
mais  il  écarte   d'abord  , 


Ces  ccTÎvains  dont  le  veri  ennuyeux 

Noua  dît  ce  que  cent  fois  on  a  dit  encor  mieux. 

Il  prend  un  moment  le  ton  enjoué  et  latitique 
de  Boilcuu  pour  les  ridiculiser. 

Insipides    rimeurs,   n*avez-voUB   pas    encore 
^uiet,  ditea-nioi ,  tout  les  rvfunu  i*  Flot»? 


Entendrai-je  toujours  les  bonds  de  tos  troupeaux  ? 

Fuat-il  toujours  dormir  au  bruit  de  vos  ruisseaux  ? 

Zéphir  n'est-il   point  las  de  caresser  la  rose  , 

l)e  ses  jeunes   boutons  depuis  longrtenis  âclose  ? 

Et  l'écho  de  vos  vers  ne  peut-il  une  fois 

Laisser  dormir  en  paix  les  échos  de  nos  bols  ? 

Peut-on  être  si  pauvre  en  chantant  la  Nature  ? 

Oh  I  que  plus   varie,  moins  vague  en  sa  peinture, 

Horace  nous  décrit  en  vers  délicieux 

te  pâle   peuplier  ,  ce  pin  audacieux  , 

Ensemble  mariiint  leurs  rameaux  frais   et  sombre^  , 

Et  prêtant  au  buveur  l'hospice  de  leurs  ombres  ; 

Tandis  qu'un  clair  ruisseau  se  hâtant  dans  son  cours  , 

Fuit ,   roule  et  de  sou  lit  abrège  les  détours  ! 

La  Nature  en  ses  vers  semble  toujours  nouvelle  , 

Et  vos  vers  ,  en  naissant ,  sont  fl^jà  vieux  comme   elle. 

Notre  poète  ridiculise  également  ces  rimeurs 
citadins  ,  qui  chantant  la  nature  sans  la  connaître 
et  sans  l'aimer,  ne  savent  peindre  ses  beautél 
qu'en  les  comparant  à  l'or  ,  aux  diamans  ,  aux 
perles,  aux  rubis,  à  tout  ce  que  le  luxe  des 
villes  offre  à  leur  imagination.  Ces  vers  piquans 
et  pleins  de  gr.ices,  amènent  une  digression  in- 
génieuse ,  oii  l'on  reconnaîtra  ces  poëies  de  nos 
saloris  dotés  ,  dont  les  descriptions  sembler*! 
avoir  été  faites  à  la  toilette  de  nos  élégantes, 
etn'être  que  la  nomenclature  des  pierres  précieuse» 
qui  y  sont  répandues. 

Puisque  la   poésie   est   soiur  de   la   peinture  , 
Ecoutez  de  Zeuxîs  ces  mots   trop   peu  connus. 
Un  artiste  novice   osait   peindre  Vénus. 
Ce  n'étaient  point  ses  traits  et  ses  grâces   touchantes. 
D'un  buste  harmonieux  les  rondeurs  élégantes , 
'  Ces  contours  d'un  beau  sein  ,  ces  bras  voluptueux  ;  ':.' 

Ce  n'était  point  Vénus.  Son  pinceau  fastueux 
Avait  prodigué  l'or  ,   l'argent ,    les  pierreries  , 
Et   Cypris  se   perdait   sous  d'amples   draperies. 
Que   fais-tu  ,   malheureux?   dit  Zcuxis  iVrité  : 
Tu  nous  peins  la  richesse  et  non  pas  ta  beauté. 

Delille  ,  comme  Bpileau  ,  ne  veut  pas  que  le 
poète  descriptif  se  charge  de  détails  minutieux. 
C'est  peut-être  le  de'faut  de  Thompson,  dont  la 
poésie  est  d'ailleurs  si  brillante  et  si  gracieuse  4 
c'est  celui  de  presque  tous  les  poètes  allemands. 
Il  faut,  selon  Delille,  qui  donné  à  la  fois  le 
précepte  et  1  exemple  ,  ne  peindre  que  la  belle 
nature,  et  choisir  de  préférence  ce  qu'elle  a 
de  grand  et  de  raajestueuk  ou  d'intéressant  et 
d'agréable;  mais  je  me  hâle  d'arriver  au  mor- 
ceau le  plus  poëiique  dé  ce  chant  ,  et  peut-être 
même  le  plus  beau  du  poème  entier  :  c'est  une 
hymne  à  la  Nature  ,  et  la  description  de  la  zone 
torride. 

Nature  ,  ô  séduisante  et  sublime  déesse  y. -,■ 

Que  tes  traits  sont  divers  !  tu  fais  nfiître  -dans  'moi 

Ou  les  plus  doux  transports,  ou  le  plus  saint  «ffroi. 

Tantôt ,  dans  nos  vallons  ,  jeune ,  fraiche  et  brillante  , 

TU  marches  ,  et  des  plis  de  ta  robe  flottante' 

Secouant  là  rosée  et  versant  les  couleurs , 

Tes  ïnains  sèment  les  fruits,  la, verdure  et  les  fleurs^ 

Les  rayons  d'un  beau  jour  naissent  de  Ton  sourire; 

De  ton  souffle  léger  s'exhale  le  'zéphirc  '; 

Et  le  doux  bruit  des  eaux  ,  le  .doux  concert  des  bois , 

Sont  les   accens  divers   de  ta  brillante  v.oix. 

Tantôt,  dans  les  déserts ,  dirinité  terrible  , 

Sur  des  sommets  glacés  plaçant  ton  trône  AorriWe, 

Le  front   ceint  de  vieux  pins  â'entrcchoquant   dans- l'a^'r  ,  i    ,  i, 

Des  torrens  écumeux  battent  tes,  flancs  ;   l'éclair 

Sort  de  tes   yeux  ;   ta  voix  est  la  foudre  qui  gronde  , 

Et  du  bruit  des  volcans -épouvante  le  :Munde.  -' 

Il  Serait  difficile  ,  je  crois ,  de  trouver  dans 
aucun  poète  upe  opposition  plus  brillante  et. des 
vers  plus  harmonieux  :  ce  sont  les  grâces  de 
l'Albane ,  unis  à  la  vigueur  de  Michel-Ange. 
Remarquez  comme  le  rilhme  est  d'accord  avec 
les  images  ;  comme  les  vers  du  premier  taBléaii 
tombent  mollement  ;  comme  ceux  dt»'  sétbrfïd 
sont  brisés  avec  force  ,  et  peignent  par  Irt  IsânS 
autant  que  par  les  images  ,  les  effrayatitlis  bi^iiiiés 
de  là   Nature  sauvage.  '  ••■'■    .''Oitf^ 

'  '.vi'J    '.  lD 

Des -toTrçns  éçumeux   battent  tes,  flancs  ;  rédaîj, 

Sort  de  tes  yeux  :  ta  v,pi^  esf  la  |fouU^e  qiy.  5ro;id(îj,,etc,,      , 

On  ne  peut  comparer  ici  Delille  qu'à  Itii-m^'tne'; 
ces  beaux  vers  rappellent  ceux  des  Géorgique». 

L'Univers  ébranlé  s'épouvante.  ...  Le  Dieu 

Se  RhodetK  eu  4' Atbes  réduit  la  «taie  en  feu;  tu. 


Maïs  je  continue  à  transcrire  cette  sublime 
apostrophe  à  la  Nature  : 

oh  î   qui   pourra    saisir  dàtiB  leur  variété 
Ce  tes  riches  aspects  la  changeante    beriutç.! 
^i  peindra  d^un  ton  vrai  les  ouvrages  Bublimes , 
Depuis  les  monts  alticrs  Jusqu'aux  profonds  abîmes; 
Depuis  ces   boia  pompeu.x  dans  les  àiis  égares  > 
Jusqu'à  la  violette  ,  huiuMe  amante  des  près  î 

Voilà  des  sntitbeses;  mais  elles  sont  d'images 
et  non  de  mots,  et  c'est  ainsi  qu'il  convient  de 
foire  usage  de  cette  fig,iire.  Voyons  actuellement 
une  opposition  plus  aiimirable  encore  ,  car  elle 
se  trouve  non  pas  entre  des  idées  ,  entre  des 
images  rapides ,  mais  entre  deux  tableaux  de  la 
plus  rare  beauié. 

Quelquerois  ,  oubliant  nos  simples  paysages  , 
Cherchez  sous  d'autres  cieux  de  plus  grandes  images  r 
Passez  les  mers  ;  volez   aux  lieux    où  le  soleil 
Doune  aux  quatre  saisons  un  plus  riche  appareil. 
Sous  le  ciel  éclatant  de  cette    ardente    zônè , 
Montrez  nous  TOninoque  et  l'immense  Amazone  , 
Qui,  fiers  enf^ns  dès  monts  ,  nobles  rivaux  des  mers, 
Et  baignant  la  moitié  de  ce*  vaste  univers  , 
Epuisent  ,  poirr  former  les  trésors  de  leur  onde , 
Les  plus  vastes  sommets  qui  dominent  le  Monde  ; 
Xnignent  d'oiseaux  larillans  un  innombrable  essaim; 
De  masses  de  verdure  enrichissent  IcUr  sein"  ; 
Tantôt  se  déployaqt  avec  magnificence , 
Voyagent  lentement,  et  marchent  en  silence; 
Tantôt  avec  fracas  précipitent  leurs  flots , 
De  leurs  mugissemens   fali-::uent  les  échos  ^ 
Et    semblent,  à  leur  poids»  à  leur  bruyant  ConBarre  > 
Plutôt  tomber  des  cïeux  que  rouler  sur  la  terre. 

Ici  l'harmonie  iraiiative  est  d'autant  plus  admi-  : 
rabie  «    qu*clle    ne     paraît    nullement    avoir   été  j 
cherchée  dans   la  coupe  des  ver«  ;  elle  est  toute 
entière   dans  le  choix   des  expressions  ,  et  dans 
le   nombre   de  la    phrase  poétique  ,   qui  varie  à 
chaque  instant  ,    seio.n  les    im  tges   diverses   que 
le  poëie  veui  rendre  sensibles, 
peignez  de  ces  beaux  lieux  tes  oiseaux  et  les  fleurs. 
Où  les   ciel  prodigua  le  luxe  des  couleurs  ; 
De  ces  vastes  forêts  rimmenstté  profonde, 
Noires  comme  la  nuit  ,    vieilles  comme  le  Monde  ; 
Cea  bois  indépendans  ,  ces  champs  abandonnés  ; 
Ces  vergers,  du   hasard   enfâns  desordonnés; 
Cet  troupeaux  sans   pasteurs  ,   ces  moissons  aan»  culture  ; 
Enfin  cette  imposante  et  sublime  nature , 
Près  de  qui  l'Apennin  n'est  qu'un  humble  coteau, 
Nos  forêts  des  buissons,   le  Danube  un  ruisseau. 

Etait-il  possible  de  réunir  des  expressions  plus 
riches  et  plus  heureuses,  pour  peindre  la  fécon- 
dité de  celte  nature  inculte,  et  la  grandeur  de 
ces  fleuves  ,  de  ces  montagnes  et  de  ces  iorêis  , 
dont  l'Amérique  méridionale  oft.e  seule  le  ta- 
bleau gigantesque  ?  Mais  voyons  avec  quel  art 
le  poëtc  fait  ressortir  encore  cette  prodigieuse 
leniiiié  ,  par  un  tableau  non  moins  grand,  non 
rhoins  sublime. 

Tantôt  de   ces  beaux  lieux  ,  de  ces  plaines  fécondes , 
Portez-nous  dans  les   champs  sans  verdure  ,   sans  ondes  i 
D'où  -s'exile  la   vie  et    la  fécondité. 
Peignez-nous  dans  leur  triste  et  morne  aridité , 
Des  ssbles  africains  l'espace  solitaire  , 
Qu'un  limpide   ruisseau  jamais  ne   désaltère  : 
Que  Tardeur  du  climat,  la  seif  de    ces  déserts. 
Embrase  vos  tableaux  et  btûle  dans  vos  vers; 
Que  r hydre  épouvantable  à  longs  plis  les  siUonac; 
Que,    goçflé  du   poison  dont  tout  son  eang  bouillonne. 
L'affreux  dragon  8*y  dresse  ,  et  de  sou  corps  verm«l 
Allume  les  couleurs  aux  rayons  du  soleil. 
Livrez  à:  Vouragan  cette  arène  mouvante  ; 
Que  le  tigie  çt  Thyène  y  portent  l'épouvante-. 
Et  que  du   fier  lion  la  rugissante  voix 
Proclame  le  coù^oux  du  monarque  des  bois. 

On  n'a  jamais  peint  avec  des  couleurs  plus  fortes 
un  tableau  plus  lerrtble.  Je  plains  Sincèrement 
rhomme  insensible  aux  cheïs-d  oeuvre  de  la  poésie 
qui  n'a  ci'té  de  ce  morceau  qu'un  seul  vers  ,  pour 
y  faire  remarquer  une  prétendue  faute  gramma- 
ticale. 

Saînt-Lamberta peint  aussi  la  zone  tortide  dans 
sçn  ])oëm.e  des  Saisons.  C'était  la  plus  belle  des- 
cription de  ce  genre  avant  celle  de  Delille.  Sou- 
fieni-eiiè  encore  la  comparaison  ?  c'est  ce  queje 
n'ose  décider  moi-même. 

-,  On  dira  peut-être  que  notre  .p  ce  te.  a  ernprunté 
i^.Xf^qmpsoî»  ,1a  plupart  des  bïaux  traits  qui  com- 
Eft3l^^  t^Ç  ë^:^:'i"^  tableau  1  il  est  vrai;  mais  Deiitle 
a,,^^  iait  de  les  rapprocher  ,  de  les  faire  valoir 
par  des  oppositions ,  et  de  créer  des  expressions 
pittoresques  qui  Semblent  rajeunir  Ge^  peintures. 
Ce  n'est  point  au  poëie  anglais  quil  doit  Ihar- 
monie  imiiiltve  de  ses  vers  sur  l'Amazone  ;  ce 
nesi  pas^^  luf  quil  a  emprunté  ces  expressions, 
si  fçnes  et  si  brillantes  : 

C^fvboîs  in<ir>fa(/ûnï.,'jcôtichamps  abandonnés  ,,      ... 
Ces  vergers,   du   Aatard,  enfans   diiordunnéî. 

^)e  y  gonflé  du  poîsorr  dont  tout  son  canf  bouillonne  , 


34 

L^âflfreux  dragon  s*y  dresse  ,  et  de  sbn  corps  vermeil 
.illutne  tes   couUuts  aux  rayons  du  soleil. 

Pcui-ê"ite  observera-l-an  aussi  que  le  tableau  de 
la  zone  loriide  est  beaucoup  plus  étendu  dans  les 
deux  poëmes  des  Saisons.  Mais  remarquez  que 
Thompson  et  Sjiht-L»mbert  ont  dû  le  taire  en 
grand  ,  pour  remplir  leur  sujei  ,  ti  que  Delille 
se  borne  à  enseigner  lart  qu'ils  ont  exercé.  Je  ne 
sais  si  l'on  partagera  mon  opinion  :  mais  je  trouve 
que  si  cette  peinture  est  plus  compleile  dans  les 
deux  premiers  ouvrages  ,  elle  est  plus  saillante 
dans  le  troisième.         / 

Pour  ajouter  encore  à  l'éclat  des  contrastes  , 
Delille  ,  après  avoir  je'ié  ces  traits  de  (eu  dans 
ses  tableaux  ,  peint  la  zone  glaciale  ,  et  donne  à 
sa  poésie  la  teinte  de  ces  éternels  tiimals.  Il  revient 
ensuite  à  nos  climats  tempérés  ,  et  mêle  à  ses  pré- 
ceptes des  peintuics  plus  douces  et  plus  gra- 
cieuses. 

Mais  n*nllez  pas  «rfn  plus  toujours  peindl-e  et  décrire  ; 

D;ins  l'art  d'intéresser  consiste  l'art  d'écrire. 

Souvent  dans  vos  tableaux  placez  des  spectateurs  ; 

Sur  la  scène  des   champs  amenez  des   acteuis  ; 

Cet  art ,  de  l'intérêt  est  la  source  féconde. 

Oui  ,  l'homme  aux  yeux  de  l'homme  est  l'ornement  du  monde. 

Les  lieux  les  plus  riahs  sans  lui  noua  touchent  peu  ; 

C'est  un  temple  désert   qui  demande  son  dieu. 

Avec  lui  mouvement ,   plaisir  ,    gaité  ,  culture  , 

Tout   renaît  ,  tout  revit  ;  ainsi  qu'à  la  nature  t 

La   présence  de  l'homme  est  nécessaire  aux  arts  ; 

C'est  lui  dans  vos  tableaux  que  cherchent  nos  regard). 

Peuplez  donc   ces  coteaux  de  jeunes  vendangeuses , 

Ces  vallons  de  bergers ,   et  ces  eaux  de  baigneuses  , 

Qui,   timides  t    k  peine  osant  aux  flots  discrets 

Confier  le  trésor  de  leurs  charmes  secrets , 

Semblent  en  tressaillant ,' dans  leurs  frayeurs  extrêmes, 

Craindre  leurs  propres  yeux ,  ^t  rougir  d'elles-mêmes  ; 

Tanàis    que  ,  les  suivant  sous  le  cristal  de  l'eau  , 

Un  Faune  du  feuillage  entr'otivre  le  rideau. 

Delille  invile  aussi  le  chantre  de  la  nature 
champêtre  à  introduire  les  animaux  dans  les  scè- 
nes lustiques ,  et  à  leur  poêler  les  S€ntimtns  et 
les  passions  de  l'homme.  Il  peint  lui-même  les 
amours  du  jeune  cheval  et  le  combat  de  deux 
taureaux  jaloux.  Dans  ce  dernier  morceau,  De- 
lille me  paraît  inférieur  à  lui-même  ;  il  n'a  t'ait 
qu'imiter  laitlement  la  description  du  même  com- 
bat dans  son  3'  livre  des  Géorgiques  de  Virgile. 
Les  amours  du  cheval  soutiennent  mieux  la  com- 
paraison. 

Mais  voici  une  imitation  plus  libre  et  plus 
heureuse  :  > 

Voulez -vous  «n  tableau  d'un  plus  doux    caractère? 

Regardez  la  génisse,  inconsolable  mère.: 

Hélas  elle  a  perdu  le  /ruit   de  ses  amours  ! 

De  la  -noire  forêt  parcourant  les  détours  , 

Ses  longs  mugissemeus  en  vain  le  redemandent. 

A  ses  cris  que  les  monts,  que  les  rochers  lui  rendent , 

Lui  seul  ne   répond  point  ;    l'ombre  ,    les  frais  ruisseaux 

Roulant  sur    des  cailloux  leurs  diligentes   eaux , 

La  saussaie   encor  fraîche  et  de  pluie  arrosée , 

L'herbe  où  tremblent  encor  les  gouttes  de  rosée  ;      

Rien  ne  la   touche  plus  :  elle   va  mille    fois- 
Et  du   bois  à   l'établc,  et  de  l'étable  au  bois;    . 
S'en  éloigne  plaintive  ,  y   revient  éplorée , 
Et  s'en  retourne  enfin  ,    seule  et  désespérée. 
t^îel  cœur  n'est  point  ému  de  ses  tendres  regrets  ! 

Qui  ne  se  rappelle  ,  en  lisant  ces  vers ,  le  pas- 
sage si  touchant  oit  Virgile  exprime  avec  tant  de 
sensibilité  la  douleur  de  Philomele  à  qui  le  rustre 
impitoyable  a  enlevé  ses  petits  à  peine  éclos  ,  t'm- 
plumesdelrcMitfLe  poète  fixe  cette  mère  infortunée 
sur  la  branche  d'un  peuplier,  et  oppose  au  silence 
des  ntiits  les  accens  lamentables  de  ses  regrets  , 
dont  elle  remplit  vainement  le  désert,  (i) 

Virgile  avait  emprunté  lui-même  cette  image 
attendrissante  au  père  de  la  poésie.  Homère  avait 
comparé  la  fureur  d'Achille  ,  lorsqu'on  lui  eut 
enlevé  Btiséis,  au  désespoir  maternel  de  l'aigle  à 
qui  on  a  ravi  ses  aiglons  ,  ne  pouvant  faire  en- 
core usage  de  leurs  aîles'.  involucres.  C'est  ainsi 
que  les  belles  conceptions  du  génie  sont  fé- 
condes  en  beautés  nouvelles. 

Delille  reprend  le  cours  de  ses  préceptes.  Il 
veut  que  la  poésie  prête  une  ame  imaginaire, 
même  aux  eaux  ,  même  aux  Jleurs  ,  même  aux  ar- 
bres muets.  Il  invile  le  poète  à  chanter  de  pré- 
férence les  lieux  qu'embellissent  d'aimab'es  sou- 
venirs. Celte  idée  lui  donne  encore  une  fois  l'oc- 
casion de  célébrer  leS  champs  de  la  Limagne  , 
et  de  se  rappeler  les  plaisirs  de  son  enfance. 
C'est  particuliéiement  sur  ces  morceavtx  que  sa 
sensibilité  s'est  épanchée  ,  et  cette  teinte  smti- 
mentale  ,  répandue  sur  différentes  parties  de  I  ou- 
vrage ,  lui  donne  ce  charme  si  doux  qui  captive 
l'esprit  en  s'em'parant  du  cœur;  il  recommande 
le  grand  art  des  contrastes  ',  et  lui-n)êine  il  .peint 


U]     Quatii   populed  marem    P/tilemela    iub    umbrd 

Jmhiei    querilUT  fatus 

Voyez  le  quatrième  livre    des    Gearaifuet, 

Delille,  dans   sa  traduction,  n'a    rendu  que.  îa  moi^e  .d«    a 
tableau  touchaiit.  "  """^  1 '="■-    '•_■•>  -.''""iJ- 


celui  qu'offi'e  Pafîs  tf(  là  campagne.  On- retroiuv* 

avec  p'aisir  le  nom  de  Rousseau  .  cl  l'une  de 
ses  pensées  à  la  ûa  de  ce  tableau  plein  d  énergie. 

Voulez-vous  connaître  les  secrets  du  style  de 
noire'  poèie  ?  il  vous  les  révèle  lui-même  dans 
ces  vers  ,    où   il  donne  à  la   fois  le  précepte   et 

l'exemple    : 

Vous,  cependant,  semez  des  figures  sans  nombre; 

Mêlez  le  fort  au  douît  et  le  riant  au  sombre. 

C>uels  qu'ils  soient,  aux  objets  conformez  votre  ton; 

Ainï^i  que  par  les  mots  ,   exprimez  par  le   son. 

Teignez  en   vers  légers  l'amant  léger  de  Flore  ; 

Qu'un  doux  ruisseau  murmure  en  vers  plus  doux  encore. 

Entend-on   d'un  torrent  les   ondes  bouillonner  ? 

Le  vers  tumultueux  en  roulant  doit  tonner. 

Que  d'un   pas  lent  et  lourd  le  bœuf  fende   la  plaine  ; 

Chaque  syllabe  pesé  ,  et  chaqtie  mot  se  traîne. 

Mais   si  ce  daim  léger  bondit,  vole  et  fend  l'air. 

Le  vers  vole  et  le  suit ,  aussi  "prompt  que  l'éclair. 

Ainsi  de  votre  chant  la  marche  cadencée 

Imite  l'action  et  note  la  pensée. 

Ces  vers  .  dignes  de  l'An  poëiique  de  Boileau, 
semblent  le  céder  encore  à  ceux  qui  suivent, 
sur  la  nécessité  des  épisodes  ,  morceau  charrnant 
'et  comparable  à  ce  que  I  antiquité  a  produit  de 
plus  itigéuieux. 

Quelquefois  des  leçons  interrompant  la  cbaine. 
Suspendez  votre  course  ;   et,    reprenant  baleine. 
Au  lecteur  fatigué   présentez  à   propos 
D'un  épisode    heureitx   l'agréable  repos, 
Homère ,  en  décrivant  les  soins  du  labourage  , 
OiFre  de  ce  précepte  une  charmante  image. 
Chaque  fpis  que  du  bauf,  pressé    de  l'aiguillon, 
Le  conducteur  ,  tassé,  touche  au  bout  du  sillon  , 
Chaque  fois  d'un  vin  pur  abreuvé  par  son  maîtrr , 
Il  retourne  gaîmenc  à  son  labour  champêtre. 
Ainsi  ,  par  la  douceur  de  vos   digressions  , 
Faites  boire  l'oubli   des  austères  leçons; 
Fuis ,  suivez   votre  course  un  instant  suspendtiie , 
Et    de  votre   sujet  parcourez  Vélendue. 

Les  Géorgique'--  françaises  sont  lerminéci  parua 
hommage  à  Viigile  ,  et  par  Us  vers  suivans  : 

Ainsi  ,  seul ,  à  l'abri   de  mca  rochers  déserts  , 
Tandis  que  la  Discorde  ébranlait  l'Univers , 
Heureux  ,  je  célébrais  d'uoe    voix  libre  et  pure  , 
L'humanité ,  les  champs ,  les  arts  et  la  nature. 
Veuillent  les  Dieux  sourire    à  mes  champêtres  sons! 
Et  moi ,   puissé-jc  encor  ,  pour  prix  de  mes  leçons'. 
Compter  quelques   printeme ,  et  dans  les  champs  que  j'aime  , 
Vivre  pour  mes  amis ,  mes  livres  et  moi-même. 

Je  vous  ai  fait  connaître  \i  vaxrcbe-  éU'  4*. 
chant  et  ses  piincipaux  détails.  Voulez-vous  savoir 
quelle  est  mon  opinion  sur  son  ensemble  ?  Lisez 
ce  dernier  extiait  de  la  lettre  dont  je  vous  ai 
déjà  donné  plusieurs  fragmens  : 

Il  Le  quatrième  chant,  dont  l'objet  n'est  par 
directement  intéressant  pour  tous  les  lecteurs  , 
est  peut  -  être  celui  où  le  poète  a  le  plus  de 
verve  ,  le  plus  de  souplesse  ,  le  plus  de  sensa- 
tions champêtres.  C'est  peut  être  aussi  celui  ois 
se  trouve  le  morceau  le  plus  fort ,  le  plus  poë- 
liqu^e  ,  le  plus  complet  de  tout  i  ouvrage  :  je 
veux  parler  des  quarante  vers  sur  les  paysages 
de  la  ztine  torride.  Ce  morceau  seul  répond  assez 
au  jugement  de  ceux  qui  réduisant  le  taleni  de 
Delille  à  la  vivacité  des  mouvemens  du  style, 
et  à  l  effet  du  mécanisme  des  vers.  Ce  passage 
que  je  vous  rappelle  ici  ,  celui  du  poème  des 
Jardins  sur  les  ruines  de  Rome,  et  quelques  autres 
me  semblent,  devoir  faire<  penser  que  le  talent 
de  Delille  s'élève  à  ce  qui  est  simple  et  grand, 
quoiqu'il  soit  très-vrai  qu'il  fera  plus  école  comme 
versificateur  dans  la  grande  signitication  de  ce 
mot  ,  que  comme  poète  ,  tout  grand  poète  qu'if 
me  semble.  Ce  quatrierne  chant  est  le  plus  court 
de  tous.  C'est  néanmoins  celui  qui  contient  le 
plus  de  préceptes  et  le  plus  de  détails  poétiques, 
si  je  ne  me  trompe.  C'est  peut-être  aussi  celui 
où  le  talent  de  l'auteur  a  le  moins  d  inégalité, 
c'est-à-dire  de  ce  genre  d'inégalité  que  l'âge 
introduit  insensiblement  dans  les  compositions 
des  plus  beaux  talens.  C'est  que  Delille  avait 
commencé  par  ce  chant  là  ,  il  y  a  bien'  vingt 
ans  au  moins  ,  et  qu'il  était  alors  .dans  la  plé- 
nitude de  sa  foice  et  de  sa  supériorité.  Un  mor- 
ceau à  remarquer,,  j^  crois ,  comme  un  exemple 
de  l'inveniion  de  détails  q)ii  convient  à  la  poésie 
didactique  ,  c'est  celui  dans  lequel  le  poète  donne 
à  ses  piéceptas  sur  la  nécessité  des  épis,odes  , 
l'appui  de  l'image  du  laboureur  d'Homecc.  Tout 
cela  est  neuf  dans  iioire  poésie.  Rendons  grâce* 
aux  talens  qui  l'enrichissent  de.  beautés  i  à  la  foi» 
si  ingénieuses  et  si  naturelles,  u  '       ,    _ 

Dans  une  dernière  lettre  ,  nouS'<xaminêr(»n< 
le  poème  dans  son  ensemble  ;  notis  lerOn^i  q'ieU 
ques  observations  générales  sur  le  stylé  dé Delilléj 

i  et  t'essayerai  de  répondre  à  quelqlieV'critique^, 
qti?  m'ont  p»Tu  injustes  oii  du  nioiiSà  trop  rigow^ 

'  reuses,  "■'  "■'" 


S5. 


A  G   R   I   C   U   L   T  C   U  E. 

Il  arrive  souvent  que  les  agriculteurs  croycni 
améliorer  leurs  terres  en  les  nétoyant  de  petites 
pierres  et  des  cailloux  que  la  charrue  ramené 
sur  les  sillons  ;  ils  ne  savent  pas  combien  cette 
manœuvre  apporte  de  détriment  à  toute  espèce 
de  sol ,  et  particulièrement  aux  teireins  minces, 
légers  el  lie  nature  serrés. 

Exemple. 

•  I  Dans  le  ci-devant  district  de***,  il  existe 
un  champ  contenant  deux  cent  neuf  acres.  Ce 
lerrein  était  dans  l'origine  ,  égal  ,  pour  ne  pas 
dire  supérieur  à  la  plupart  de  ceux  qui  avoisi- 
naient  ce  district.  Par  malheur,  pour  le  bien 
public  et  le  sien  propre  ,  le  propriélaii^e  de  ce 
terrein  ordonna  que  les  pierres  qui  couvraient 
en  grande  abondance  sa  possession  ,  fussent  soi- 
gneusement enlevées;  il  donna  cet  ordre  ,  ima- 
ginant que  les  cailloux  empêchaient  le  bied  de 
sortir.  Or  ,  ces  possessions  avaient  toujours  pro- 
duit d'excellenics  récoltes  :  surpris  de  voir  qu'à 
peine  elles  rapportaient  quelquechose.il  s'enquit 
des  fermiers  du  voisinage  ,  à  quelle  cause  ils 
attribuaient  cet  événement  ;  tous  furent  d'avis 
qu'il  fallait  en  accuser  la  méthode  qu'il  avait  mise 
en  pratique  ,  et  lui  conseillèrent  de  faire  rap- 
porter les  cailloux  et  de  les  disperser  sur  son 
lerrein.  Il  les  crut  et  les  dépenses  énormes  où 
cette  opération  l'engagea,  furent  amplement  ré- 
compensées pardes  récoltes  abondâmes,  et  pareil- 
les à  celles  qu"il  avait  avant  que  ses  champs  fussent 
épluchés,  j) 

Quelques  personnes  ont  pensé  ,  comme  lui  , 
que  rien  ne  peut  croître  sur  une  pierre  ;  que 
bien  loin  d'être  de  quelqu'uiiliié  aux  graijis  , 
les  cailloux  doivent  plutôt  leur  nuiie  ,  et  les 
empêcher  de  croître  librement  ;  mais  cetie  opi- 
nion n'est  pas  juste  ,  puisque  les  cailloux  pro- 
curent des  avantages  aussi  multipliés  que  sur- 
prenans.  Par  exemple  ,  ils  secondent  merveil- 
leusement le  travail  de  la  charrue  ;  ils  empê- 
chent aussi  les  terres  dont  la  nature  est  serrée, 
de  se  grumeler  et  de  s'endurcir.  Ils  mettent  l'épi 
encore  tendre  à  couvert  du  vent  et  de  la  nielle. 
En  été  ,  ils  garantissent  la  moisson  d  être  dévorée 
par  la  chaleur,  en  retenant  l'humidité  de  la 
terre  qui  s'évaporerait  sans  leur  secours  ,  etc. 
Les  cailloux  sont  donc  trèt-favorables  à  la 
végétation. 


MEDECINE. 

Les  auteurs  de  la  Biblic^theque  germanique  , 
niédicino-chirurgicale,  les  citoyens  Brewer  el  De- 
laroche  ,  se  sont  proposé  de  faire  connaître  en 
France  les  meilleurs  ouvrages  qui  paraissent  en 
Allemagne  sur  la  médecine  el  la  chirurgie;  ils 
s'appliquent  à  en  faire  des  extraits  raisonnes ,  où 
les  vues  générales  des  auteurs ,  leurs  découvertes . 
et  toH!  les  principaux  résultats  de  leurs  observa- 
tions soient  exposés  d'une  manière  claire  et  im- 
-partiale  ;  dans  ce  moment  où  la  sience  médi- 
cale se  trouve  remplacée  en  tant  d'endroits  par 
un  empyrisme  dangereux  ,  ils  ont  cru  que  peu 
d'entreprises  seraient  plus  utiles  que  celle  qui  met 
à  la  portée  des  personnes  professant  fart  de 
guérir  ,  les  excellentes  productions  qui  pairaissent 
journellement  en  Allemagne  sur  ce  sujet.  De 
simples  traductions  de  ces  ouvrages  ,  auraient  eu 
beaucoup  d'inconvéniens  ,  et  n'auraient  pas  rem- 
pli le  but  d'instruction  que  se  proposent  les 
citoyens  Brewer  et  Delaroche  ;  il  fallait  rassem- 
bler dans  un  petit  espace,  et  d'une  manière 
simple  et  concise  ,  à  la  portée  des  rtiédecins  et 
chirurgiens  qui  exercent  dans  les  campagnes  el 
aux  armées,  le  plus  grand  nombre  de  principes 
élémentaires  ,  en  même  (cms  que  les  maximes 
les  plus  immédiatement  applicablesà  la  pratique. 

Tel  paraît  être  le  but  des  auteurs  de  la  Biblio- 
thèque geimanico-médicale  ;  tels  sor^t  les  termes 
dans  lesquels  ils  se  font  connaître  au  préfet  de 
la  Seine,  en  lui  annonçant  l'entreprise  à  la- 
quelle ils   se   livrent. 

D'ans  une  lettre  rendue  publiqu^  par  la  voie 
de  l'impression  ,  le  préfet  de  la  Seine  a  remercié 
ces  citoyens  de  l'avoir  mis  à  portée  de  donner 
à  leur  entreprise  le  témoignage  d'eslimé  et  d'ap- 
probation qu  elle  mérite.  Le  même  préfet  a  ajouté 
à. cette  lettre  des  sousciipiions  à  la  Bibliothèque 
4ont  il  est  question  pouc  touS'  les  hospices  de 
Paris  ,  au  nombre  de  dix-.liuit.      :   ^  j.)  ...j: 

■  On  s'abontie  à  Paris'  chez  U.ciiriVel'i  Brewer , 
rvfe  du  faubourg  Pois Jonniere,  •  n°  «iB  ;  chez  le 
cit.  Dclarocbe-,  rue  Favait,  ii°  427  ;  Huzard  , 
imprimeur  -  libraire  ,  lue  de  I  Eperon  ,  n°  1 1  ; 
Croulkbois  ,  libraire  ,  fue  dcsMaihui^iHS ,' tioSgS, 
tous  les  directeurs  des  postes  des  départemens  ;  à 
Lyon  ,  thçz'les  ciloyi  ris  Kcynau  ;  à  Strasbouig  , 
chez  le  citoyen  Kratiig  ;  à  Genève  ,  poui;  la 
Suisse  et  lltalje,,,  chez  le  eitoyçn  .Pacipucf.    , 

Le  Prix  est  de  i5  fr.  par  an  pour  Paris  ,  et  de 
18  fr.  pour  les  départemens  :  il  en  jiaralt  deux 
années  formant  4  vol.  in-S' j~avec  Fig. ,  qui  se 
vendent  cnieroble  ,  so  fr.  ,  jéparétnonc  ro  t». 


Descripiiok  des  pljnics  iioiivellc-s  et  peu  con- 
nues, culiivécs  djns  le  jardin  de  J,  M.  Cc-ls  ; 
avec  figures  .  par  L.  P.  Venicnai  ,  de  l'inititut 
naiional  de  Fianpe  ,  l'an  cies  totiscivaicuis  de  la 
bibliothèque  du   PanlhcDii, 

A  Paris  ,  de  1  imprinieiie  île  Crapeict.  an  8. 

Cet  ouviagc  est  paniculièrcnicnt  destiné  aux 
savans  et  aux  amaieurs  ,  chaque  jour  plus  nom- 
breux ,  d'une  des  éludes  les  plus  iniérussantcs 
que  nous  oH're  le  speciatle  de  la  n:.mrf.  Il 
intéressera  de  même  les  hoinuies  qui  sèment 
louie     limpotuiice     de    la    culture    des    arbres. 


sous  les  rapports  de  leurs  uîages  économique»  ei 
de  leurs  culture»,  j'cipcrais  pouvoir  publier  quel- 
ques ouvrages  pour   compleller  ce   que  j'aurais 

enseigne Vains  projets!  Je  n'ai   plus  avec  , 

moi  qu  un  de  mes  enfans;  j'ai  éié  obligé   de  méj 
livrera  d  auires  travaux,   et  la  lâche  que  je  tnê 
proposais  est  bien  loin  d'êire  remplie. 

>>  Ma  collection  s'est  successivement  accrue 
par  une  correspondance  assez  coi.sidérable.  Je 
me  suis  ciiiiclii  par  les  secours  des  citoyens 
Thouiii  ,  et  ce  n'est  pas  la  seule  oblig.-ilion  que 
j  aie  à  cette  famille  e.<iini;,ble.  L  Aiiglelcrrr  »  élk 
la   source  où  j'ai   le  plus   abondamment   puisé; 


Faiigucs  d'entendre,  «icpuis  dix  ans,  tant  de  bois  |  ensuite  la  Hollande  el  difl'értns  point»  dç  lAlle- 
tornbcr  sous  la  coignée  ,  ils  sauront  gié  au  sage  |  magne.  Be:iucoup  de  voyageu.ts  ont  secondé 
qui  a  consacré  sa  vie  a  réparer  autani  qu'il  éuil  I  "'es  efforts.  Je  dois  citer  en  ce  genre  parmi  mes 
eu  lui  ,  tant  de  dommages,  dont  nous  sommes  j  coaipairiotcs  les  citoyens  Dtsiontaines ,  Michaux., 
comptables  aux  généiations  fumres.  j  Bosc  ,  Biuguicre  ,  Olivier  ,  BrouisOnnct  ,  les  na- 

Uiie  description  de  ce    genre    n'est   point  sus-     '"'^''^"^^^'J^'"''''''""  '^'^"■■T«'-l'''Ons  de  M.  d'En- 
cepiible    d'extrait  ;   son  titre  annonce    ..ssez   son  I  '/«casteaux  ,    du   capitaine    Baudin  ,    eic.    Parmi 


objet.   Quelques  passages  de  la  picijce    du    .... 

Ventenat  ,  feront   connaître   combien   les    savans 
attaclunt  de  prix  aux  travaux  du  cit.  Cels. 

Il  Parmi    lés   établisseniens    destinés    à  1  élude 
des   productions  végétales,    celui   de  J.  M.  Cels 
mérite  cl'êire  distingué  ;  il  est  placé  à  2  kiloniclies 
et  demi   de  Pjris  ,   d,.ns  la  plaine  de  MoiitTouge. 
Lhibile   culiivaleur   qui  le  dirige  ,    puissamment 
aidé  par  les  soins  de  son  his  ,  a    triomphé  ,  nun- 
seuleraent   des   obstacles    nés    des    circoiisiarices 
politiques    et    de    la   siagnaiioii    du  commerce  , 
mais  encore  de  la  mauvaise  qualité  du  sol........  )> 

"  Les  projiriéiaircrs  (des  jardins  d'Ablois  ,  de 
Farnese  ,  de  Ciiffori  ,  eic.  éiaient  des  princes 
ou  des  hommes  tièa-riches  qui  pouvaient  aisé- 
ment les  créer  et  les  entteicnir.  Cels  au  con- 
traire peu  favorise  par  la  fortune  ,  cullivjnt  sur 
le  terrein  d'aulrui  ,  vivant  dans  les  ciiconsrances 
les  plus  dilficilles  n  a  puisé  que  dans  son  amour 
pour  la  science,   le  courage  nécessaire  pour  sur 


leç  botanistes  étrangers  ,  je  ne  dois  pas  omettre 
de  nommer  M.  Banks  (dont  les  sentimens  gé- 
néreux sont  SI  bien  connus  de  ceux  rjui  culti- 
vent les  sciencts  naturelles)  Siblhorp  ,  Vahl  , 
Cavanilles  ,  etc.  J'ai  aussi  des  obligaiions  à  plu- 
sieurs piofesseuis  et  jardiniers  en  chef  de  jardins 
botaniques  de  diverses  conl'écs  de  1  Europe. 
Parmi  ces  dernieis  ,  je  (lierai  MAL  Aitoo  ,  père 
et  fils  ,  en  Aiigicierie  ,  M.  Bouteloup ,  fils  aîné,  , 
en  E'pagae.    elc.  ,,1 

>i  Si  des  botanistes,  des  voyageurs  m'ont  fait' 
part  de  leurs  richesses,  j'a:  communiqué  de  mon 
côié  tout  ce  <iue  j  ai  pu  des  micuncs.  Les  auteurs 
de  plusieurs  ouvrages  pub  iés  depuis  un  certain 
nombre  d  années  ,  ont  trouvé  dans  tua  collection 
dç«  secours  utiles.  Mes  correspondans ,  hommes 
et  femmes  ,  répartis  sur  une  assez  grande  quantité 
de  points  difiéretis  de  la  France  surtout  ,  sont  ■ 
assez  nombreux  pour  les  circonstances  actuelles. 
J'ai  lâché  de  leur  rendre  ma  coirespondance  fruc- 


monter  les  nombreux  obstacles  qui  s  opposaient  1  'ue"se,  Quelques-uns  d'entr'eux  ont  formé   des 
à  son  enirepiise.  »  '  '"ii— -■■    ..^..i.-i-  —-.-.  -«.-.;. ii.,M„.    lu..  ..,. 

On  trouve  à  la  suite  de  cette  préface  la  note 
suivante  qui  prouve  que  le  ciioyen  Cels  joint 
à  1  esprit  observateur  et  ipèiliodique  d'un  savant 
distingué  le  talent  de  rendre  avec  élégance  des 
idées  justes  et  la  sensibilité  qui  ,  saisissant  les 
rappons  secrets  qu'ont  avec  nos  afieclions  les 
objets  inanimés,  répand  tant  de  charme  ei  d'iu- 
lérêl  sur  l'élude  de  l'histoire  naturelle,  et  les 
occupations  de  la  vie  champêtre. 


<<  Je  cultive  des  végétaux  depuis  plus  dç  irenie 
ans,  dii-jl;  je  l'ai  toujours  fait  sur  le  terrain  d  au- 
trui, et  successivement  dans  différens  lieux.  Alors 
je  suis  aussi  peu  avancé-^  à  certains  égards,  que 
les  personnes  qui  n'ont  commencé  en  ce  genre 
que  depuis  un  petit  nombre  d  aijnées.  Par  exem- 
ple, je  n'ai  point,  parmi  les  grand.s  arbres,  d  in- 
dividus assez  âgés  pour  fleurir;js  suis  cotiséquem- 
raent  dans  limpossibiliié  de  connaître  tiès-bien 
les  parties  de  leurs  f'rucillicalionî ,  et  d'obtenir  les 
graines  néces.<aire5  pour  les  n-.ulliplier.  Il  ne  m'a 
pas  été  non  ]ilus  possible  de  planter  une  école  de 
toutes  mes  espèces  ligneuses.  Elle  eût  été  plus 
compleiie  pour  cet  objet  qu'aucune  autre.  J'y  des- 
tinais plus  de  260  genres  ,    renfermant   un  .  grand 


coiiectioii  végétales  assez  consiilérables.  Mes  tra- 
vaux n'ont  pas  été  inutiles  à  plusieurs  écoles 
-centrales,  j'aiteuds  la  paix  pour  réparer  mes 
pertes. 

î'  Souvent  on  me  d'-mande  le  catalogue  de 
mes  plantes.  Jusqu'ici  je  n'en  ai  point  fait  impri- 
mer, parce  que  tous  les  ouvrages  de  botanique 
ou  de  cultui^e  peuvent  servir  pour  correspondre 
avec  moi  ,  parce  que  les  catalogues  qui  existent 
déjà  pour  d  autres  colleciions ,  peuvent  aussi  servir 
pour  la  mienne.  Ce  ne  sont  pas  là  les  seuls  motifs 
qui  m'en  ont  empêché.  En  voici  quelques  autres  : 
d'abord  un  catalogue  n'est  jamais  très-exact,  parce 
que  la  colieciion  qu'il  repiésente,  change.  En  effet, 
à  chaque  instant  ,  on  perd  ou  l'on  acquiert  des 
plantes  ,  et  cela  est  d'auiani  plus  sensible  ,  que  la 
collection  est  plus  considérable.  Ensuite  il  y  a 
toujours  beaucoup  d'articles  très-peu  nombreux 
en  doubles ,  et  ceux-ci  ciant  plus  rates  .  sont  plutôt 
demandés.  Alors  nait  une  correspondance  inutile, 
et  cpnséquemment  très  à  charge.  Plusieurs  de  ces 
correspondanscroient  même  ciuele  catalogue  letir 
en  impose  (il  est  vrai  que  cela  arrive  quelquefois) , 
et  l'auteur  du  catalogue  perd  dans  leur  opinion 
sans  l'avoir  mérité  ;  enfin  ,  il  n'est  plus  le  maître 
de  placer  comme  il  le  croit  udie  ,  ce  qu'il  peut 


nombre  d'espèces  ou  variétés;   les  arbres  fruitiers  |  avoir  de  plus  piécieux.  Je  ne  renonce  cependant 


seuls  en  contiennent  près  de  700.  Ces  privations  ont 
nui  à  mes  travaux,  et  sans  doute  aussi  à  quehiues 
parties  de  la  boianique  et  de  l'économie  rurale. 

)»  J'ai  éprouvé  d'autres  obstacles ,  surtout  à  cer- 
taines  époques  de  la  révolution.  Je   n'en  citerai 


point  à  publier  un  catalogue  de  ma  collection} 
mais  comme  je  veux  le  fajre  raisonné  ,  je  dois  en 
prendre  le  tems ,  et  pour  moi  les  ci, constances  ne 
sont  point  encore  assez  favorables. 

)>  J  adopte  dans  ma  correspondance  les  noms 


qu'un  exemple.  Une  loi  qui  ne  m'était  point  ap-  I  cle  Linnïus  ,  ensuite  ceux  de  l'Horlus  Kewenis. 
plicable  |  si  des  juges  avaient  eu  le  courage  <jue  |  •"'îa  raison  ,  pour  préférer  ce  dernier  ouvrage  k 
leurs  fonctions  devaient  supposer,  ou  si  des  boni-  |  plusieurs  aat.es  ,  est  Ion  simple.  M'étant  enrichi 
mes  qui  dominaient  alors,  avaient  voulu  être  |  principalement  avec  l'Angleterre,  c'était  surtout 
jtjst,çs  )  m'a  causé  seule  des  perles  que  je  ne  puis  1  l'ouvrage  consacré  à  la  plus  belle  collection  de 
calculçr.  '  ce  pays,  dont  je  devais  me  servir  pour  corres- 

Depuislong-tems  ,  j'avais  dessein  de  borner  I  Pon^re  avec  la  contrée  qui  la  renfermait.  Celait 


>.. ,.»jup   qu)  ne   pouvaient  pointy  ■    ,,      ,  ,,    ,  ,  ,  -,     - 

vivre.Alors  mon  plan  s'est  étendu  à  tous  les  vè-  '-'ep'ecie  par-la  les  ouvrages  de  quelques  bpta- 
gétaux  ligneux  que  j'ai  pu  me  procurer.  Parmi  j  f '^'f  <^=  ™""  P^y»  î  Jf.  "  ^i  lait  que  ce  qui  m  était 
ceux  que  j'ai  reconnii  n  être  pas  de  pleine  terre  ,     te  plus  commode  ;  et  I  on  peut  d  ailleurs  me  de- 


j'ai  cultivé  de  préférence  les  es.pc<:es  ies  plus  inté- 
ressantes ,  soit   sous  les    rapports   de   la   physiqu,e 


mander  des  plantes  sous  tels  noms  qu'on  voudra. 
>i  J'ai  surtout  cherché  à  acquérir  des  connais- 


végétale  ,  soit  relativement  à  ceux  dé  l'uiiiiié  éco-  sances  sur  les  arbres  ,  en  les  considérant  sous  tous 
ncmiqué,  cl<;  l'agrément,  pu  de  Ihistoire  des  .lif-  '  leurs  rapports  ,  sans  négliger  ceux  qui  tiennent  a 
férens  peuples  anciens  ei  modernes.  Sur  ce  plan  |  leurs  parties  forestière  ou  législaiive.  Dti  travaux 
j'ai  cultivé  aussi  des  plantes  herbacées ,  vivaces  et  '  fOur  le  gouvernement  m'ont  forcé  de  Ici  enwl« 
liliacées  ;  j'en  possède  surtout  des  premières  ,  un  '.  sager  sous  ce  dernier  point  de  vue.  j'ai  fait  aussi 
assez  grand  nombre  de  pleine-ieirfe.  '  j  en  grand  pour  le  compte  du'gduvernement ,  dcl 

"Je  voulais  former.en  ce  genre  un  établissement  j  tfpéfte'ices   sur  les  arb.es  ,  qui  doivent  foiuai* 
cotnmcrcial ,  comme  il  n'en  avait  peut-être  point  j  *^"  résultats  utiles. 

cpçpre  cx.isté.Je  croya.is  uor^ver  dans  mes  enfjns  "  ,  >»Je  serai  syffis.i.rnment  récompensé  de  mes  tra» 
toutes  les  ressources  qui  m'étaieni  nécessaires  pour  vaux  ,  si  je  puis  auguicnler  dans  mon  pays  le  desil 
l'exécuter;  j'avais  dirigé  leur  éducaiion  vers  ce  des  planiaiions.  La  culture  des  arbres  est  encore^ 
but.  Un  d'eux  devait  dessinei  les  plantes;  un  plus  mile  ,  plus  intéressaniequ'on  ne  le  croit  Com- 
auire  les  aurait  décriles.  et  mis  l'ordre  nécessaire  munéineiii.  Elle  est  plus  variée  que  toutes  \gf 
datis  une  vaitc- collection;  un.autre  m'aurait  s«-  autres  ;  elle  demande  plus  de  couna  :  ncips; 
condé  dans  ma  correspondance  ;  enfin  ,  le  der-  fioubçqucmment  elle  satisfait  davantage  l'esjiriu 
nier  aurait  été  à  la  lêtc  de  tous  mes  travaux  de  Quoique  Us  pioliisque  cette  culture  promet 
culture".  Je  croyais  pouvoir  faire  des  cours  ,  dan»  soient  moins  rappvoché»  ,  il»  n'en  sont  pas  9>oin* 
leiq|.tclt;.j;»Ui:aia:<tU(loiUli'C«Pfi^^'le>  ■H^V-'i^  ,it^\»i-  ÇA^^  <3m>  j»  f  lanti   des  vigti«*  ,   cl«i   ma» 


riers  ,  des  ôlîviers,  un  verget,  etc.  n'a  pas  négKgé 
sans  cloute  ses  intérêts.  Celui  qui  maintenant 
ferait  des  plantations  de  nouveaux  arbres  frui- 
tiers ,  de  nouveaux  arbres  de  construction  ou  d'un 
usage  important  daJis  les  arts  ,  qui ,  par  exemple  , 
'planterait  le  lieflflier  du  Japon  ,  la  figue  Kaiiuç  , 
des  chênes,  des  noyers  de  l'Amérique  Septi-n- 
trionaie  ,  dei  Eucalyptus  de  la  Noiivelle  Hol- 
lande ,  du  thé  de  Chine  ,  de  l'érable  à  sucre  ,  etc. 
ne  les  négligeraient  point  encore.  Pour  une  ame 
saine  ,  aucune  jouissance  n'est  prélérable  à  celle 
des  planiaiions  que  l'on  a  formées. 

}î  Les  personnes  qui  répètent  qu'elle  se  fait  trop 
attendre  ,  ignorent  absolument  les  plaisirs  qui 
l'accompagnent^  On  s'attache  égaletiWnt  à  l'arbre 
qu'oh  vient  de  planter  :  c'est  pour  ainsi  dire  une 
sorte  de  paternité.  La  feuille  d«  cet  arbre  n'est- 
clie  pas  la  même'  à  son  premier  priiiiems  comme 
à  sou  centième  ?  Sans  doute  ,  son  ombre  est 
moips  protectrice  ;  il  ne  donne  point  encore  de 
fruits.  Mais  est-ce  sans  plaisir  que  l'on  peiise  à 
l'ombrage  ,  aux  récoltes  que  l'on  piépare  à  ses 
erfans  ?  Quelle  immense  postérité  piomet  la 
plantation  u'un  seul  chêne  ?  Est-ce  sans  émotion 
qqe  nous  envisageons  les  transports  de  recon- 
naissance de  nos  successeurs  à  l'aspect  des  plan- 
tations que  nous  leur  aurons  prépaiées  ?  Nous 
ne  voudrions  pas  qu'ils  dussent  ignorer  nos  noms  ; 
qu'ils  ne  cherchassent  point  avec  un  grand  inté 
rêt  ,  au  milieu  des  bois  que  nous  aurions  fait 
naître  ,  le  tertre  sous  lequel  nous  reposerions  en' 
paix.  Quel  moyen  plus  utile  ,  plus  durable  ,  de 
fajter  ,  clans  la  mémoire  des  hommes  .  le  souvenir 
de  notre  passagère  existence  ?  C'est  pour  de  pa- 
reils travaux  que  la  mémoire  des  Jussieu  ,  Du- 
hamel, Maies  herbes  et  autres  hommes  estima- 
bles durera  long-tems  encore  chez  nos  descen- 
dans. 

M  II  n'est  pas  vrai  de  dire  qu'on  ne  jouit  point 
de  sa  plantation  ,  parce  qu'elle  est  jeune  en- 
core. Mais  ,  au  reste,  joairait-on  mieux  en  n'ayatit 
rien  fait  ? 

>>  Si  le  goût  des  plantations  doit  être  celui  dequi 
satt  aussi  jouir  ,  en  étant  utile  à  ses  semblables  , 
ii  devrait  cire  honteux  ,  j'ose  le  dire ,  pour 
l'homme  qui  a  pu  en  projeter  quelques-unes  ,  de 
n'en  avoir  point  réalisé.  )i 

Cet  ouvrage  n'ajoutera  rien  à  la  réputation  du 
tiloyen  Ventenat ,  déjà  parfaitement  établie  par 
5<s  travaux  précédons  ,  et  notamment  par  le  Ta- 
bleau du  système  végétal  qu'il  a  publié  l'année 
dernière  ;  mais  c'est  un  titre  notlveau  qu'il 
acquiert  à  la  reconnaissance  des  botanistes.  L'é- 
dition fait  honneur  aux  presses  du  cil.  Crapelet  , 
et  les  planches  dessinées  par  le  cit.  Redouté  sont 
parfaitemetit  gravées  par  le  cit.  Sellier. 


Au  rédacteur. 

Citoyen  ,  le  tribunal  de  cassation  vient  de 
rejeter  le  pourvoi  qu'avaient  formé  contre  un 
jugement  du  tribunal  criminel  du  département 
d  Eure  et  Loir ,  les  brigands  dits  de  la  bande 
dOrgeres. 

Par  ce  jugement ,  vingt-trois  de  ces  brigands 
étaient  condamnés  à  mort ,  trente-deux  aux  fers. 

L'acte  d'accusation  avait  été  admis  contre  cent 
quinze  individus  dont  quatre-vingt-deux  furent 
soumis  aux  débais  ,  les  autres  étaient  contumaces. 

Le  débat ,  commencé  le  «8  ventôse  ,  n'avait  été 
terminé  que  le  9  thermidor. 

L'origine  de  cette  bande  dite  d'Orgeres  ,  re- 
monie  à  plus  d'un  demi  -  siècle.  Elle  avait  ses 
chefs  ,  ses  départemens  ,  ses  districts  ,  sa  disci- 
pline ,  son  langage^,  ses  tribunaux  et  ses  bour- 
reaux. Un  d'eux,  sous  le  litre  de  curé ,  célébrait 
leurs  mariages. 

Rapporteur  de  cette  affaire,  je  me  félicite  de 
n-avoir  point  à  entretenir  le  tribunal  du  détail  de 
tous  les  crimes  compris  en  lacie  d'accusation  et 
reconnus  constans  par  les  jurés.  Quatre-vingt- 
"quinzÊ  chefs  principaux  formaient  l'acte  d'accu- 
sation ;  c'étaient  toujours  des  vols  commis  à 
.force  ouverte  ,  avec  violence  et  armes  meur- 
trières ,  tantôt  dans  l'intérieur  de  maisons  habi- 
tées., tantôt  sur  les  grands  chemins.  Les  attaques 
à  d.essein  de  tuer,  l'emploi  des  plus  affreuses  tor- 
tures contre  les  malheureuses  victimes  de  ces 
furieux  ;  les  assassinats  ,  les  viols  ,  les  incendies 
rompaient  trop  souvent  d'une  manière  effrayante 
l'uniformité  dun  tableau  dont  le  brigandage  était 
toujours  le  fonds. 

Heureusement  rien  n'était  plus  futile  que  les 
ipoyens  de   cassation  invoqués  par  les  condam- 


36 


nés  ,  et  je  n'eus  dans  mon  rapport  que  d'écla- 
tans  icmoignagcs  à  rendre  au  zèle  ,  à  l'activiié  , 
à  l'intelligence  du  directeur  du  jury  de  Charires 
qui  avait  conduit  cette  procédure,  aux  travaux 
prodigieux  du  président  du  Iribunal  criminel  . 
ei  à  leur  txacie  observation  des  règles  pres- 
crites par  la  loi. 

Je  témoignai  seulement  un  regret  qu'exprima 
aussi  le  citoyen  Le substitut  du  commis- 
saire ,  portant  la  parole  ,  et  que  parlassea  le 
iribunal  :  qu'on  se  fût  borné  à  instruire  chaque 
fait  isolément ,  et  à  poursuivre  chaque  accusé 
sur  les  laiis  qui  lui  étaient  personnels.  Le  grand 
crime  était  l'association;  tous  les  associés  étaient 
conSplices  les  uns  des  autres  ;  les  délits  étaient 
conncKcs  ,  et  il  eût  dâ  être  posé  à  l'égard  de 
chaque  accusé  la  quesuon  de  savoir  s'il  lésait 
partie  de  la  bande  ;  si  par  son  association  il 
n'aidait  pas  les  autres  dans  les  crimes  mêmes 
auxquels  il  n'aurait  pas  pris  individuellement 
pan. 

Je  termine  ainsi  mon  rapport. 

<t  Ce  ne  sera  sans  doute  ,  citoyens  juges  , 
qu'avec  une  religieuse  terreur  que  vous  allez 
entrer  en  délibération.  Vous  verrez  d'un  côté 
80  individus  condamnés  aux  fers  ,  à  la  réclu- 
sion ,  à  la  mort,  réclamant  votre  indulgence, 
osant  même  vous  parler  de  justice.;  mais  vous 
verrez  de  l'autie  ,  la  société  entière  vous  de- 
mandant vengeance  et  sûreté.  Vous  entendrez 
toutes  les  maximes  protectrices  des  accusés  ,  in- 
voquant pour  les  plus  grands  criminels  la  stricte 
observation  des  formes  qui  ne  peuvent  être 
négligées  à  leur  égard  ,  sans  donner  de  jusies 
alarmes  même  à  l'innocence  ;  mais  vous  envisa- 
gerez l'ordre  social  ébranlé  par  l'abus  manifeste 
qu'on  fait  trop  souvent  de  ces  mêmes  maximes  , 
par  l'indiscrète  affectation  avec  laquelle  on  les 
proclame  sans  cesse  ,  par  la  fatale  exiension 
qu  on  leur  donne. 

5>  Ne  nous  le  dissimulons  pas  ;  la  tempêie  ré- 
volutionnaire a  pénéiré  jusqu'au  limon  de  la  so- 
ciété ,  et  la  soulevé  jusqu'à  la  surface  qui  en  est 
encore  toute  souillée  ;  les  passions  ont  été  des 
haines  ;  les  fureurs  de  tous  les  partis  ont  évoqué 
à  leur  aide  tous  les  scélérats  qu'elles  revorais- 
sent  aujourd'hui  de  toutes  parts  ;  l'impunité 
a  décuplé  l'audace  ;  tous  les  crimes  conspi- 
rent contre  l'ordre  social  et  en  sapent  les 
fondemens  ;  il  est  tems  que  toutes  les  autorités 
conspirent  pour  les  raffermir;  il  est  teras  que  de 
grands  exemples  attestant  le  retour  de  la  justice, 
inspirent  un  salutaire  effroi  à  ceux  qui  seraient 
prêts  à  se  jeter  dans  la  route  du  crime  ,  et  rassu- 
rent ceux  qui  ,  pour  prix  des  nombreux  sacrifices 
que  le  gouvernement  exige  d'eux,  ne  lui  deman- 
dent que  sa  protection  pour  leurs  personnes  et 
Uurs  propriétés,  ir 

ViEiAARD  ,  président  de  la  section  criminelle 
du  tribunal  de  cassation. 


Citoyen,  un  trait  de  bienfesance  de  M.  d'Ap- 
chon  ,  archevêque  d'Auch  ,  m'a  fourni  l'idée  d'une 
comédie  qui  va  être  jouée  au  théâtre  français  de 
la  République  ,  sous  le  titre  de  Caroline  ou  le 
Tableau. 

On  "annonce  au  théâtre  Feydeau  un  opéra  , 
intitulé  :  Une  Matinée  de  Catinat  ou  le  Tableau  , 
dans  lequel  l'auteur  attribue  à  Catinat  le  trait  de 
bienfesance  de  l'archevêque  d'Auch ,  trait  histo- 
rique et  appartenant  à  qui  a  voulu  le  mettre  sur 
la  scène. 

11  est  inutile  d'apprendre  au  public  comment 
je  suis  instruit  du  sujet  de  l'opéra  de  Feydeau. 
Mais  pour  épargner  à  l'auteur  de  Catinat  ainsi 
qu'à  moi  tout  soupçon  de  plagiat ,  j'ai  cru  devoir 
prévenir  le  public,  par  la  voie  de  votre  journal , 
que  les  deux  pièces  se  sont  trouvées  faites  en 
même  tems.  J'invoque,  à  cet  égard,  le  témoignage 
de  l'auteur  deCatina/et  du  compositeur  de  la  mu- 
sique. 

Salut  et  considération  , 

L'auteur  de  Caroline  ou  le  Tableau. 

8  vendémiaire ,  an  g.    . 

Conservation  des  hypotheq_ues. 

Le  nouveau  code  hypothécaire  ,  si  favorable 
au  crédit  public  ,  laisse  encore  quelque  chose  à 
désirer  pour  la  sécurité  dés  prêteurs.  Tout  créan- 
cier est  ,  en  effet,  obligé  d'élever  un  domicile 
dans  l'arrondissement  du  bureau  des  hypothèques 
de  son  débiteur  ,  et  par  conséquent  d'y  avoir  un 
chargé  d'affaires.  Or ,  si  ce  chargé  d'affaires  vient 


à  mourîr ,  un  dTébitenr  infidelle  peut  profiter  de 
ce  moment  pour  demander  et  obtenir  par  défant 
un  jugement  qui  ordonne  la  radiation  de  ses  ins- 
criptions. Mais,  comme  on  ne  peut  plus  faire 
d'inscriptions  qu'en  venu  d'un  titre  formel  ,  il 
est  facile  de  remédier  à  cet  inconvénient  sans 
porter  aucun  préjudice  aux  débiteurs. 

Il  ne  s'agit  que  d't-xiger  de  tout  individu  qoi 
veut  obtenir .  par  défaut ,  la  main  levée  d'une 
inscription  ,  la  représentatioii  d'un  acie  notarié 
qui  constate  le  remboursement  ,  ou  au  moins  le 
dépôt  du  montant  de  l'inscription  dont  il  demande 
la  radiation.  Cette  mesure  n'eût  pas  élé  pratica- 
ble autrefois ,  qu'on  pouvait  former  arbitrairement 
des  oppositions  ;  mais  aujourd'hui  elle  n'offre 
aucun  inconvénient,  et  elle  me  paraît  d'au  tant  plu» 
urgente  ,  que  dans  tout  autre  cas  un  jugement 
par  défaut  ne  peut  êire  définitif,  ni  mis  à  exé- 
cution sans  que  les  parties  en  soient  prévenues; 
tandis  que  dans  celui-ci  ,  il  est  irrévocable  ,  puiî- 
qu'un  autre  créancier  peut  être  légalement  subs- 
titué aux  droits  du  premier  ,  avant  que  celui-ci 
ait  eu  connaissance  de  sa  condamnation.  Si  l'on 
n'avait  plus  à  craindre  cette  supercherie  .plus  de 
deux  mille  personnes  dont  les  propriétés  sont 
éloignées  de  Paris ,  pourraient  faire  des  emprunts 
qu'elles  ne  peuvent  réaliser  aujourd'hui.  Elles  y 
trouveraient  leur  intérêt;  les  revenus  du  fisc  en 
seraient  augmentés  ,  et  les  porteurs  d'anciennes 
inscriptions  dans  des  départemens  éloignés  n'au- 
raient plus  aucun  motif  d'inquiétude  pour  leurs 
créances.  Maurice  ,   rue  d'Argcnteuil. 


livres      DI|VERS. 

Relation  de  f ambassade  anglaise,  envoyée  en  179S 
dans  le  royaume  d'Ava  eu  l'empire  des  biimans  % 
par  le  major  Michel  Symes  ,  chargé  de  cette 
ambassade;  suivie  d'un  voyage  lait,  en  1798, 
à  Colombo  ,  dans  l'île  de  Ceylan  ,  et  à  la 
baie  de  Da  Lagoa  ,  sur  la  côte  orientale  de 
^Afrique.  —  De  la  description  de  1  île  de  Carnt- 
cobar  et  des  ruines  de  Mavalipouram  ;  traduits 
de  l'anglais  avec  des  notes,  par  J.  Casié^a.  Trois 
volumes  in-8"  de  itaS  pages,  imprimés  sur  carré 
tin  de  Buges  ,  et  sur  des  caractères  de  cicéro 
neuf;  avec  un  volume  grand  in-4°  ,  cartonné, 
contenant  trente  belles  planches  ,  vues  marines, 
plans ,  portraits  ,  costumes  ,  monumens  ,  hiéro- 
glyphes ,  plantes  ,  animaux  ,  cartes  géographi- 
ques ,  etc.  gravées  en  taille-douce  par  J.  B.  P. 
Tardieu  l'aîné,  Niquet ,  Delignon  ,  Delvaux  ; 
dessinées  sur  les  lieux  sous  les  yeux  de  l'ambas- 
sadeur ,   et  imprimées   sur   nom   de  Jésus.^ 

Prix  ,  24  francs  broché,  et  28  francs  parla 
poste  ,  port  franc.  —  Le  même  ouvrage  ,  dont 
on  a  tiré  5o  exemplaires  des  planches  avant  la 
lettre ,  3o  fr.  sans  le  port.  On  a  tiré  aussi  «5 
exemplaires  papier  vélin,  avec  les  planches  grand 
in-4°  vélin  ,  avant  la  lettre,  premières  épreuves  , 
54  francs  sans  le  port. 

A  Paris  ,  chez  F.  Buisson  ,  isiprimeur-Iibrairej 
rue  Hauiefeuille  ,  ii"  20. 


COURS    DU    CHANGE. 

Bourse  du  9  vendémiaire. 
Effets  publics. 

Rente  provisoire 22  fr.  ï5  c- 

Tiers  consolidé 3,5  fr.  25  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  62  c. 

Bons  d'arréragé .!. .  84  fr.  5o  c 

Bons  pour  l'an  8 /  .  91   fr,  38  c. 

Syndicat '. . .   70  fr.  Soc. 

Coupures 70  fr.  5o  c, 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rent/ets.  22  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqtje  et  des  ArTs^ 
Auj.   Armide  ,  opéra  en  5  actes. 

Le  12  ,  la  i"'  repr.  des  Horaces, 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  1^"=  repr.  d'une  Journée  de  Catinat  ou  le  Ta- 
bleau ,   opéra  nouveau. 

Théajre  du  Vaudeville.  Aujourd.  an  seul 
Violon  pour  tout  le  monde  ;  les  deux  Venues,  elCo- 
lombine  mannequin. 

.Théâtre  delà  Cité-Variétés.  —  Pantomimer. 
Dem.  la  Mort  de  Kléber ,  pantom.  à  grand  spect.  ; 
la  i'^' repr.  ds  Cadichon  ,  et  la  Fille  hussard. 

Théâtre  DU  Marais,  rue  Culture-Catherine, 
Auj.  les  Victimes  cloîtrées .  ioiv.  d'Adèle  et  Belfort 


es'aboQBc 


L'abonnement  te  fait  à  Paris  ,   rue  des  Poitevins ,  n«  18.  Le  prix  est  de  j5  ftjnes  pour  trois  mois  ,  5o  fianit  po'ùrï'lnois  j  et'tpo  francs  pour  l'année  entier 
•u'au  commencement  de  chaque  mois.  .vjî'T.  •  .       ;" 

Il  faut  adresser  les  lettres  ell'argent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  Ag  As  s  B,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  u"  18,  il  faut  comprendre  dans  les  çovoialepott  des 
«ays  où  l'on  ne  peut  affianchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affrancbics  ,■  ne  seront  point  retirées  de  la  poste.  '    ''  ,   .         " 

Ilfaut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  «t  adreuer  tout  xe  Lqui  concerne  la  rédiction  'de  la  feuille  ,  au  ledacleUr ,  riic  des 
Poitevins  ,n«  »3  ,  depui  (neuf  heures  du  matin  Jusqu'àcinq  heures  du  soir.  '■  > '"    >•'"■'   S''!;  '''      J" 


A  Patiî,  do  l'impriiBerie  Uu.  «it.  Agisse  jçroptiétaUe  du  Moniteur ,  rué  des  Poitevins,  n"  i3. 


JilBUi.  ..        .•-...-  ■ 

'  dmsjnj  .lijuu: . 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^"11. 


Primedi  ,  1 1  oendemiaire  an  g  de  la  république frariçai h  ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à   prévenir   nos  souscripreurs  qu'à  dacer  du  7    Nivr.'.e  le    MONITEUR   est  le   md  journal  ojjicrcl. 
Il  contient  les  séances  des  auroiités  constipées  ,  les  actes  du  goyveTn<:irtehî  ,  leî  nouvelles  des    années  ,  ainsi    que  1rs  fatfa.aci.ies  ftaaonsitaiMjq.; 
l'Mitérieut  que  sur  l'extérieur,  tournis  par  les-corresponiiancés  ministérielles.  .uV.,"       .  ■,-,' 

Un  article  sera  particuliérenTent  consacré   aux  «ciehtes  ,  aux  arts  ef  aux  découvertes   nouvelles.  ','  '  . 


E  X  T  E  R  I    EU   R. 

Malte  ,le\b  fructidor an-^  de  la  république 
française. 

X-iii  généraux  ,  officiers  .supérieurs  de  terre  et  rie 
mer  ,  les  coramissaircs  ordonnateurs  des  i;uerres 
et  de  la  marine  ,  les  commandans  des  tons  ,  les 
officiels  (le  tous  sjrades  qui  se  trouvent  comman- 
der les  délachemens  des  différens  corijs  ,  ayant 
été  convoqués  par  le  général  de  division  Vaubois, 
commandant  en  chef  dans  les  îles  d'-  Malte  et  du 
Goze  ,  pour  la  tenue  d  un  conseil  de  guerre  ,  se 
sont  assemblés  au  palais  nalional  de  la  ciré  de 
Malte,  partie  de  l'ouest.  ■■ 

Ouï  le  rapport  du  gé  éral  Vaubois  ,  duquel  il 
résulte  que  les  magasins  des  subsistances  de  la 
place  sont  eniièrement  épuisés  de[iuis  plus  d'un 
mois  ;  que  ceux  des  liq  ides  le  sont  également  ; 
que  le  pain  ,  seul  aliment  qui  reste  pour  la  nour- 
riture de  la  garnison  et  de  la  pupulaiion  ,  doit 
avoir  son  terme  au  22  de  ce  mois;  le  conseil  , 

Cor.sidérani  qnc  la  garnison  de  Malte  .réduite 
au  tiers  de  lation  depuis  deux  ans  ,  a  rempli  avec 
honneur  la  tâche  qui  lui  était  impO'éc  de  conser- 
ver cette  place  à  la  république  jusqu'à  la  dernière 
extrémité  ;  qu'après  avoir  repoussé  toutes  les  atta- 
ques de  vive  force  qui  ont  été  teniécs  contre  elle  . 
elle  a  ,  par  sa  cantenance  et  son  énergie  ,  réduit 
l'ennemi  à  persévérer  d.ms  un  blocus  étroit  ,  qui 
ne  permet  plus  d  espérer  d'obtenir  aucun  secours 
du  dehors  ; 

Que  les  forces  que  l'ennemi  emploie  pour  as- 
surer ce  blocus  ,  et  par  terre  et  par  mer  ,  ne  lais- 
sent à  la  brave  garnison  de  Malte  aucun  moyen  de 
s'en  procurer  par  son  courage  et  son  dévouement, 
dans  un  jiays  stérile  par  lui-même  ,  et  hérissé  de 
foriiHcalions,  que  la  nature  et  l'art  ont  multipliées 
pour  nous  resserrer  ilans  nos  remparts  ;  que 
d'ailleurs  toute  entreprise  à  cet  égard  serait  sans 
»uccès  par  la  précaution  qu'a  pris  lennemi,  d'apiès 
Je  rapport  des  transfuges  ,  de  tenir  ses  blés  sur 
les  bâiimcns  ; 

Q_u  on  ne  saurait  ,  sans  corapromeitce  l'exis- 
tence de  douze  mille  âmes  qui  composent  la  popu- 
lation ,  cl  la  garnison  de  cette  place  ,  difFéier 
d'avantage  d  entrer  en  pour-parler  avec  l'ennemi , 
alin  d'en  obtenir  une  capitulation  honorable  et 
telle  qu'elle  est  due  à  de  braves  nnlilaires  ,  qui  ont 
aussi  long-ieuis  souffert  pour  leur  pays  ; 

Que  la  marine  a  partagé  avec  honneur  les  tra- 
vaux et  les  privations  de  la  garnison  ,  et  qu'elle  a 
cherché  ,  par  le  départ  des  deux  frégates,  \à  Justice 
et  la  Diane  ,  à  diminuer  les  pertes  que  va  laire  la 
république  dans  cette  partie  ; 

Que  les  lois  de  la  guerre  enfin  et  celle  de  l'hu- 
maiiiié  ,  autorisent  suffisamment  le  général  com- 
maiidaiu  en  chef,  à  entamer  une  négociation 
avec  1  ennemi  , 

A  délibéié  ,  que  le  général  Vaubois  enverra  ,  le 
17  de  ce  mois  ,  un  parlementaire  au  commandant 
anglais  ,  pour  propuser  la  capitulation  ,  et  cjue 
le  coniie-amiraî  Villeneuve  s'y  réunira  ,  pour  sti- 
puler en  faveur  des  marins  ,  afin  de  les  laire  jouir 
Ues  mêmes  avantages  qui  pouiront  être  accordés 
à  la  garnison. 

Suivent  les  signatures. 

Pour  copie  conforme ,   le  commissaire  des  guerres  , 
/./.  d'ordonnateur. 

Dot. 

Articles  de  la  capitulation  entre  le  général  de  di- 
vison  Vaubois  ,  commandant  en  oliej  tes  lies  de 
Malte  et  du  Goze  ,  et  le  contre-amiral  Villeneuve  , 
commandant  la  marine  à  Malte  ,  d'une  pan;  et 
Monsieur  le  major-général  Pigot,  commandant  tes 
troupes  de  sa  majesté  britannique  et  de  ses  alliés 
et  le  capitaine  Martin  ,  commandant  les  vaisseaux 
di  sa  majesté  britannique  et  de  ses  alliés,  devant 
Malte  ,   d  autre  part. 

Art.  1'='.  La  garnison  de  -Malte,  et  forts  en 
dépeiidans  ,  soriiia  pour  être  embarquée  et  con- 
duue  à  Maiscille,  au  jour  et  heure  convenus 
avec  tous  les  honneucs  de  la  guerre;  c'est-à-dire 
tambours  battans  ,  drapeaux  déployés  ,  mécbe 
allumée  ,  ayant  en  léic  deux  pièces  de  c^non 
•  c  quatre  avec  leur  cai.'.son,  les  artilleurs  pour 
■es  servir  et  un  caisson  d'infanterie.  Les  officiers 
Livilil  1.1  milituiie»   de    la   marine,  el   tout  eu  qui 


appanicni   à   ce  déparlement  ,   seront   éga'emenl 
conduits  au   pou  de  Toulon. 

11  La  garnison  recevra  les  honneurs  de  la  guerre 
'>  demandés;  mais  attendu  l'impossibilité  qu'elle 
"  soit  embjujuée  en  entier  immédiatement  ,  on 
"   y  snppiéeia  paf  1  arr.ingcment    suiv.Mil: 

>>  Aussitôt  que  la  capitulation  sera  signée  ,  les 
>'  forts  Ricasoli  et  Tigné  seront  liv;és  aux  iioupts 
Il  de  S3  majesté  briiannique  ,  et  les  vaiss-.-anx 
I'  pourrunt  entrer  dans  le  po  t.  La  porte  Nalio- 
>>  nale  sera  odcupée  ,,par  une  garde  composée 
'<  de  fiançais  et  d'angl.iis  ,  cii  nombre  eg;il, 
"  jusqu'à  ce  que  les  vaisseaux  ""soient  pié.sà  rec  - 
>i  voir  le  premier  emba.^juement  ;  alors  tonte  la 
)i  garnison  défilera  avec  les  honneurs  de  la  gueiie 
"  jusqu  à  la  marine,  où  elle  déposera  ses  armes. 
"  Ceux  qui  ne  pourront  faire  partie  du 'premier 
"  embarijuenicnt  occuperont  l'île  et  le  ion  Ma- 
"  nucl  ,  ayani  une  gaide  aimée  pour  empêcher 
"  que  qui  que  ce  soit  se  répande  à  la  campaL^ne. 
)î  La  garnison  sera  considérée  comme  prison- 
"  niere  de  guerre  et  ne  pouria  servir  contre  sa 
"  majesté  briiannique  jusqu'à  l'échange  ,  de 
"  quoi  ses  officiers  respectifs  donneront  leur 
Il  parole  d  honneur.  Toute  l'artillerie  ,  les  muni- 
II  lions  et  mag.isins  publics  de  toute  espèce 
Il  seront  délivrés  aux  officiers  préposés  à  cet  effet, 
II  ainsi   que  les   inventaires  et  papiers  publics  >i. 

IL  Le  général  de  brigade  Chanez,  comman- 
dant la  place  et  les  forts,  le  général  de  biiiiade 
Dhcnntzêl,  commandant  l'ariilierie  et  le  génie, 
les  officies,  sous-officiers  et  soldats  de  terre, 
les  officiers  ,  troupes  et  équipa;;es  ,  et  employés 
quelconques  de  la  raaiire  ,  le  ciioyen  Pierre 
Alphonse  Guys  ,  commissaire  général  des  rela- 
tions commerciales  de  la  république  française  en 
Syrie  et  Palesune,  accidentellement  à  Malle  avec 
sa  famille,  les  employés  civils  et  miluaires ,  les 
ordonnateurs  et  commissaires  des  guerres  et  de 
la  marine  .  les  administrations  civiles  ,  membres 
quelcon(]ues  des  autoriiés  constituées  ,  emporte- 
ront leurs  armes,  leuis  effets  personnels  et  leurs 
propriétés  de  quelque  nature   cju'eHes    soient. 

ts  Accordé  à  l'exception  des  armes  déposées 
Il  par  les  soldats  ,  conlormémnit  à  ce  qui  est 
Il  prévu  par  le  pi;emier  article.  Les  sous-ûtliciers 
«1  conserverorK   leurs   sabres  n. 

IIL  Sont  regardés  comme  frsant  partie  de  la 
garnison  ,  tous  c.  ux  ,  de  ijuelque  nation  que  ce 
soit,  qui  ont  porté  les  ai  nies  au  service  de  la 
république   pendant  le  siège.  —  Accordé. 

IV.  La  division  sera  embarfjuée  aux  Irais  de 
sa  majesté  britannique.  Gh.ique  militaire  ou  em- 
ployé recevra,  pendant  la  traversée,  les  rations 
telles  (qu'elles  sont  attribuées  à  chaque  giatle 
suivant  les  lois  et  réglemens  français.  Les  officiers , 
membres  d'administrations  civiles  qui  passent  en 
France,  jouiront  du  même  tr„itcmeni  ,  eux  cl 
leurs  familles  ,  en  les  assimilant  à  des  grades 
militaires  correspondans  à  lélévation  de  leurs 
fonctions. 

i<  Accordé  ,  conformément  aux  usages  de  la 
II  marine  anglaise ,  qui  n'attribue  que  la  même 
Il  ration  à  tous  les  individus  de  tels  srades  el 
II  conaitions   qu  ils  soient.  11 

V.  Il  sera  fourni  le  nombre  nécessaire  de 
charriots  et  de  chaloupes  pour  transporter  et 
mettre  à  bord  les  effets  personnels  des  généraux  , 
de  leurs  aides-de-carap  ,  des  ordonnateurs  et 
commissaires ,  des  chefs  des  corps  ,  des  officiers , 
du  citoyen  Guys  ,  des  administrateurs  civils  et 
militaires  de  terre  et  de  mer,  ainsi  que  les  pa- 
piers des  conseils  d'administration  des  corps, 
ceux  des  commissaires  des  guerres  de  ttrre  et 
de  mer  ,  du  payeur  de  la  division  et  des  autres 
employés  d'administrations  civiles  et  militaires. 
Ces  effets  et  papieis  ne  pourront  être  assujéiis  à 
aucune  recherche  ni  inspection  ,  sous  la  garantie 
que  donnent  les  généraux  siipu  ans  qu'ils  ne 
contiendront  aucune  propriété  publique  ni  par- 
ticulière. —  Accoidc. 

VI  Les  bâtimens  quelconques  appanenans  à 
la  république  ,  susceptibles  de  tenir  la  mer,  par- 
tiront en  niêine-tems  que  la  division,  pour  se 
rendre  dans  un  port  de  France  ,. après  leur  avoir 
fourni  les   vivre»  nécesssaires. — Refusé. 

VIL  Les  malades  Iransportables  seront  embar- 
qué.s  avec  la  division  etpouivus  des  vivres,  riiédi- 
camcns ,  coffres   de   chirurgie,  effets   et  officiers  I 


de  santé  nécessaires  à  leiir  traitement  pendant  la 
traversée.  Ceux  qui  ne  seront  point  transpor- 
labie?,  seroni  traités  comme  il  convierfi  ;  le  géné'ral 
len  chef  laissant  à  Maliï  un  mcdccin  ,et  un  chi- 
irurgien  au  service  de  France  ,  qui  en'  prendront 
soin;  il  leur  sera  fourni  des  logemens  giaiis 
s'ils  sortent  de' rhô)iiial  ,  et  ils  sctont  renvoyés 
en  France  dès  que  leur  état  lepermettia,  avec 
lout  ce  qui  leur  api.arlicni  ,  et  de  [3  inême  manière 
que  la  garnison.  Les  généraux  en  chef  de  terre  et 
de  mer  ,  en  évacuant  Malte  ,  les  confient  à  la 
loyauté  et  à  l'humaniié  de  M.  le  .géiiéral  anglais. 
—  Accordé.  , 

VIII.  Tous  les  individus,  de  quelque  jiafioa 
qu'ils  soient,  habitans  de'  I  île  de  Malte  du 
autres,  ne  pourront  être  ni  troublés,  rïi  in- 
rjuiétés  ,  ni  molestés  pour  leuis  opinions  poli-  1 
tiques  ,  ni  pour  tous  les  faits  qui  ont  eu  lieu 
pendant  que  Malle  a  été  au  pouvoir  du  gou- 
vernement français.  Cette  disposition,  s'aupiiquie  ^ 
principalement  dans  tout  son    eniier  à   ceux  qui 

I  ont  pris  les  armes  ,  ou  qui  ont  rempli  des  emplois 

j  civils  .  administratifs  ou  militaires';  ils  ne  pour- 
ront être  recherchés  en  rien  ,  encore  moins  pour- 
suivis pour  les  faits  de  leur  gestion. 

"  Cet  article  ne  paraît  pas   devoir  faire  l'objet 

I  II  d'une  capitulaiion.  militaire  ;  mais  tous  les  .ha- 
II  .bilans  qui  désireront  lester ,  ou  auxquels  il  sera 
11  permis  de  rester ,  peuvent  être  assurés  d'être 
Il  traités  avec  justice  et  hnniinité  ,  et  jouiront  de 

I  II  la  pleine  protection   des  lois.  11 

IX.  Les  français   qui  habitaient  Malte,  et  lotis" 
I  les    maltais,    de    quelqu'éiat    quils    soient,   qui 

voudront  suivre  lamée  française  et  se  rendre 
I  en  France  avec  leurs  propriéiés  ,  en  auront  la 
'  liberté  :  ceux  qui  ont  des  meubles  ou  immeubles  . 
I  dont  la  vente  ne  peut  se  faire  tout  de  suiie  ,  et:. 
!  qui    seront    dans    I  intention    de   venir  habiter  la 

France  ,  auront  six  mois  à  dater  du  jour  de  la 
\  signatuie     de     la     présente    capitulation  ,     pour 

vendre  leurs  propriétés  foncières  ou  mobiliaires. 

Ces  propriétés  seront  respectées  :  ils  pourront 
j  agir  par  eux-mêmes  s'ils  restent-,  ou  par  procu- 
1  reur  fondé   s'ils  s.uivent    la   division.    Larsqu'ils 

auront  fini  leurs  affaires  dans  le  tems  con'fcnu, 
1  il  leur  sera  fourni   des   passc-pons  pour  venir   en 

France  ,    transport  nt     ou  fcsant    passer    sur   des 

bâiim^ns  les  meubles  qui  pourr.iient  leur  rester, 

ainsi  cjue  leurs  capitaux   en  argent  ou  lettres  de 

change  suivant  leur  commodité. 

Il  Accordé  .  en  se  référant  à  la  réponse  de  l'ar- 
11  licle  précédent.  11 

X.  Aussitôt  la  capitulation  signée  ,  M.  le 
général  anglais  laissera  entièrement  à  la  dispo- 
sition du  général  commandant  les  troupes  fran- 
çaises, de  faire  partir  une  felouque  avec  l'équi- 
page nécessaire  et  un  officier  chargé  de  porter 
la  capitulaiion  au  gouvernement  français.  Il  lui 
sera  donné  le  sauf- conduit  nécessaire.  — 
Accordé. 

XI.  Les  articles  de  la  capitulation  signé.-! ,  il  sera 
livré  à  M.  le  général  «.nglais  la  porte  diie  des 
Bombes  ,  qui  sera  occupée  par  une  garde  d'égale 
force  d'anglais  et  de  français.  Il  sera  consigné' 
à  ces  gardes  de  ne  laisser  pénétrer  dans  Ja 
ville  ni  soldats  des  troupes  assiégeantes  .  ni 
habitans  de  l'île  quelconques,  jusqu  à  ce  que 
les  troupes  françaises  soient  embarquées  et  hors 
de  vue  du  poti  ;  à  mesure  que  l'embaniuement 
s'exécutera  ,  les  troupes  anglaises  occupeiont  le.s 
postes  par  lesquels  on  pourrait  enirer  dans  l.es 
places.  M.  le  général  anglais  sentira  que  ces  pré- 
cautions sont  indispensables  pour  qu'il  ne  s'élève 
aucun  sujet  de  dispute,  et  que  les  articles  delà! 
capitulation  soient  religieusement  observés. 

n  Accordé  ,  conformemeiu  à  ce  qui  est  prévu' 
11  par  la  réponse  au  premier  article  ,  et  on  pren-- 
11  dra  toutes  les  précautions  pour  empêcher  les 
11  maltais  armés  ,  de  tout  rapptochemffnt  de» 
11  postes  occupés  par  les  troupes  françaises.  11 

XII.  Toutes  aliénations  ou  ventes  des  meuble»  . 
et  immeubles   quelsonques  par  le  gouvernement 
français  pendant  le  Icms  qu'il   a  resté  en   posses-, 
sion  de  Malte  ,  et   toutes  transactions  entre  paru-, 
entiers  seiont  maintenues  inviolables. 

ic  Accordé  ,  autant  qu'elles  Seroni  justes  et 
11  léguiines.  Il 

XIII.  Les  agens  des  puissances  alliées  qui  se 
iroiiveront  dans  la  Valette  lors  de  ta  reddilioi» 
de  la  place  ,  ne  seront  inquiétés  en  rien  ,  et  leurs 


38 


/Q"prié|esïe^nt  gîrpijties  parla  ■pv^- 

X-i-V.  Tout  bâiiment  de  guerre  ou  de  conimerce 
venant  de  France  avec  le  pavillon  de  la  républi- 
que .  et  qui  se  présenterait  poui:  entrer  dans  le 
port ,  ne  sera  pas  réputé  bonne  prise  ,  ni  son  équi- 
page fait  prisonnier,  pendant  les  vingt  premiers 
jours  qui  suivront Cîlui  de  la  date  de  la  présetiie 
capitulation  ,  et  il  sera  renvoyé  en  France  avec  un 
sauf-conduit.  —  Refusé. 

XV.  Le  général  en  chef  et  les  autres  généraux 
seront  embarqués  avec  leurs  aides-de-canip  ,  les 
officiers  attachés  à  eux  ,  ainsi  que  les  ordonnateurs 
et  leur  suïTe  ,  sans  séparauon  respective.  — 
Accordé. 

XVI.  Les  J)risonniers  faits  pendant  le  sicge  ,  y 
compris  l'équipajje  du  vaisseau  le  Guillaumc-7 fil , 
dé  la  fréga'te'Va  Diane  ^  seront  rendus  et  iraiiés 
comme  là  garnison  ;  il  en  serait  de  même  de  , 
l'équipajje  de"  la  Justice,  si  elle  était  prise  en  se 
cenduiu  dans  un  des  ports  de  la  république. 

.<(■  L'érjuipage  du  Guillamne-Tell  est  déjà  échangé, 
»5  et  celui  de  la  Diane  doit  être  ir.insporté  à  JVIi- 
j)  norquc  potir  être  échangé  immédiatement.!) 

XVn.  Tout  ce  qui  est  au  service  de  la  républi- 
que ne  sera  sujet  à  aucun  acte  de  représailles  de 
quelque  nature  que  ce  puisse  être  et  sous  quel- 
que prétexte  qoe  ce  soit.  —  Accordé. 

XVin.  S  il  survient  quelque  difficulté  sur  les 
lertnes  et  conditions  de  la  capitulation  ,  elles  se- 
lont  interprétées  dans  le  sens  le  pltis  favorable  à 
la  garnison.  —  Accordé  suivant  la  justice. 

Fait  et  arrêté  à  Malte  ,  le  l8  fructidor  an  8  de  la 
république   française. 

Signé  ,  le  général  de  division  ,  Vaubois. 
Le  fonfre-amira/ ,  Villeneuve. 

PiGOT ,  ma.j or- général. 
Le  capitaine  Martin  ,  commandant  les  vaisseaxix 
de  sa  majesté  britannique  et  de  ses  alliés ,  detant 
Malte. 

A  N  G  L  E  T  E  R  R  B.. 

Londres  ,  /e  24  sepùembre  (2  vendémiaire.  ) 

La  populace  s'étant  rassemblée  tumultueuse- 
ment à  Mugaie  .  le  24,  les  constables  arrache- 
réht  deux  des  chefs  et  les  mirent  en  prison. 
L'émeute  ne  fit  qu'augmenter,  le  peuple  menaçant 
de  démolir  là  prison  si  on  ne  lui  rendait  les  cou- 
pables. Le  maire  du  lieu  les  lit  mettre  en  liberté. 

Les  habitans  de  la  paroisse  de  Saint-Clément- 
Danois  s'élant  rassemblés  mardi  pour  y  prendre 
en  considération  le  haut  prix  des  denrées  ,  ils 
ont  déclaré  qu'il  fallait  l'attribuer  aux  accapareurs 
et  regrattiers  ;  il  a  été  agité  de  présenter  une  péti- 
tion àce  sujet  au  parlement. 

Mercredi  et  jeudi  dernier  la  populace  s'est  as- 
semblée tumultueusement  à  \jIarlow  ,  cofinlé  de 
Buckinghara  ;  le  premier  jour  elle  a  été  dispersée 
par  un  détache-ment  du  1 1'  de  dragons  légers  ;  le 
lendemain  les  yeomen  ont  marché  ,  leur  comman- 
dant ,  sir  J.  Dashwood  ,  a  réussi  à  disperser  la 
populace  par  la  peisuasion  et  sans  user  de  moyens 
violcns. 

-La  corporation  et  les  principaux  habitans  de 
Winchester  avaient  formé  la  résolution  de  ne 
point  acheter  de  beurre  à  plus  haut  prix  d'un 
sJielling  la  livre.  Le  20  au  malin,  une  grande  foule 
s'assembla  sur  la  place  du  marché,  et  les  mar- 
ciiands  ayant  refusé  de  vendre  leur  beurre  au 
prix  susdit,  ils  y  furent  contraints  de  force;  une 
gcanrie  quantité  de  beurre  fut  même  emportée 
sans  être  payée.  Le  peuple  se  porta  ensuite  à  la 
boucherie  et  contraignit  également  les  bouchers 
à  vendre  leur  viande  à  4  d.  et  5  d.  la  livre. 
(Extrait  du  Courier  de  Londres.] 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le   10  vendémiaire. 

Une  convention  d'amitié  et  de  cornmerce  entre  la 
république  française  et  les  Etats-Unis  de  l'Amé- 
rique ,  a  été  signé  hier  par  les  ministres  p'énipo- 
teniiaires  français ,  Joseph  Bonaparte  ,  C.P.  Claret 
Fleurieu  et  Rœderer  ,  et  les  coranaissaires  amé- 
ricains Oliv.  Ellsworth  ,  W.  R.  Davie  ,  et  VV-  V, 
Murray. 

—  Le  ministre  de  l'intérieur  a  réuni  aujourd'hui 
les  envoyés  des  départemens.  Il  leur  a  donné  uil 
concert  oià  il  avait  rassemblé  les  premiers  lalens 
qui  se  trouvent  actuellement  à  Paris.  Les  citoyens 
Blanchi  ,  Martin  ,  Garât  ,  ont  tous  chanté 
des  airs  italiens  et  français  ,  et  en  vérité  le  citoyen 
Garât  peut  soutenir  ,  pour  les  oreilles  les  plus  dif- 
ficiles ,  la  concurrence  avec  les  chanteurs  italiens 
les  plus  justement  célèbres.  Madame  Scio  ,  ma- 
dame Grassini ,  madame  Banti  ,  ont  chanté  des 
airs  de  Didon  ,  de  Sémirarais  ,  etc.  etc.  Toutes  se 
sont  fait  entendre  avec  un  égal  plaisir. 

Les  musiciens    >  u   conservatoire  ont  accompa- 

^  gné  les  chanteurs  ,  et  ont  exécuté  des  symphonies 

avec  une   grande  s  'périorité;  on  a  smtout  dis- 


tirïgujé  Ws  ■citpyées  Fr^âérife  ,  Gharlés'btiverhoy  f  ile  rèprésentatis'conSérvfti  sa'plat^e  ^,*.seAiejit'''« 
et^Dilc'ombrl.J»^'       '  ^,   1        ,  .X   ,    ^  .  "?   t-  >  ./     effort ,  \t4ett>VlTt  lè^îu?- de-  sdn'  InllifuSéti^i 


ce    concert  ,  auquel 
es  conseillcrs-d  état  , 


Le.«  consuls  ont  assiste 
se  trouvaient  les  ministie: 
les  s'ënaieurs  ,'etc.    etc.  '  \. 

Le  ministre  qui  fait  jouir  les  envoyés  des 
dépariL-raens  ,  du  plaisir  d'entendre  et  de  juger 
les  artistes  les  plus  distingués  ,  sait  ainsi  tout  à 
la  lois  encourager  les  taleus  et  accueillir  d'une 
manière  convenable  les  citoyens  qu'il  réunit 
chez   lui. 

—  Mad.ime  Banty  ,  première  canialiice  de 
l'opéra  italien  à  Londies,est  depuis  quelques 
jours-  à  Paris,  otà  les  amis  de  l'art  musical  desiraient 
vivement  reiiiendre. 

—  La  fête  de  l'anniversaire  de  la  fondation  de 
la   iépubliq,ue  a  été  Lclébice  dans  tous  les  tlépar- 
tejnens  avec  un  eiiihousiasme,  juste  sujet  déloges 
pour  les  citoyfns  ,    avec    un   zcle   et  une   pompe 
qiH  honorent  les  magistiais.  De  toutes  parts  nous 
recevons  d-.-s  détails  sur  le  spectacle  qu'ont  pré- 
senté Ces  réunions  imposantes  ,    les  sentiniens  qui 
y  ont  été   exprimés,    les  vœux  qu'on  y  a  formés, 
les  sermens  rju  on  y  a  renouvelles  ,   les  hommages 
qu'on  y  a  rendus  aux  héros  rhoris  pour  la  pairie, 
les   encouragemens  quori  y  adonnés  aux  jeunes 
français     destinés    à    marcher   sur  les    glorieuses 
traces  de  leurs  aines.    Il   n'est    pas  étonnant  que 
là   où   le    même    sentiment  semble   avoir    animé 
tous   les   orateiirs  ,    noiis     trolivions   des  expres- 
sions presque   semblables   à  retracer.  Le  patrio- 
tisme vrai,  n'a  qu'un  ton,  celui  d'une  sage  énergie;  i 
les  magistrats  dignes  de   leur  nom  ,  n'ont  qu'tin  | 
langage  ,  celui   qui   commande  par  la   persuasion  j 
et  qui  fait  aimer  les  lois,  avant  de  prescrire  l'obéis-  ; 
sance  qui  Itur  est  due.  La  proclamation  des  noms  j 
des  départemens  de  l'Aisne  ,de  laCôte-d  Or,  des  ! 
Forêts  ,   de   là  Marne,  de  la  Haiite-Maine  ,  de  la  i 
Meuse,    de   la'  Moselle  ,   du  Bas-Rhin  .   et  de   là: 
Hautc-S.iône  ,  a  été  entendue  avec  un  vif  intérêt  ;  ! 
mais  celle  'du  département    des  Vosges  nommé  i 
comme  ayant  le  plus  lot  rempli  l'attente  delà  patrie,  j 
et' satisfait  aux  besoins  de   1  état  ,  a    par-tout  été; 
enteridue  avec  un  sentiment  Ai.  respect  et  de  re-  | 
connaijssaucc  auquel  se   mêlait  celui  d  une  gêné-  ; 
reuse  émulation.    Il    semblait    que    dans  chaque! 
département    on    résohit    d'obtenir   à   la    lin     de  , 
de  Tannée  qui  commence,  le  même  témoignage 
de   satisfacliou  nationale. 

Consacié  a  rappeller  la  fondation  de  la  répu- 
blique ,  non  moins  qu'à  honorer  la  mémoire: 
de  deux,  de  ses  plus  illustres  défenseurs  ,  par-  j 
tout  la  fêle  du  1"  vendémiaire  a  eu  l'une  de 
ses  heures  marquée  par  de  sincères  témoignages  ! 
de  la  douleur  publique  :  aux  noins  de  Kleber  et 
de  Desaix,  les  percs  ont  laissé  couler  des  larmes, 
les  vieux  soldats  se  sont  émus  ,  et  les  jeunes 
français  cédant  au  niouveuient  d  un  généreux 
sentiment  ont  répondu  par  des  c:is  belliqueux, 
à  ces  mots  funestes  ,  Kleber  et  Desaix  ne  sont  plus! 

Dans  plusieurs  départemens  ,  on  a  su  très-heu- 
reusement employer  la  matinée  du  1^'  vendé- 
miaire. Les  élevés  des  écoles  centrales  ont  reçu 
les  piix  que  leurs  succès,  dans  le  cours  de  l'année, 
leur  avaient  mérités.  C'est  ainsi  que  ia  lête  de  la 
république  est  devenue  ,  en  mçme-tems  ,  ceilç  du 
talent  et  de  lémulation. 

Cependant  ,  dans  cette  expression  commune 
des  mêmes  sentimens  et  des  mêmes  vœux  ,  il  est 
des  traits  remarquables  qu'orppeut  saisir  et  rappro- 
cher ,  pour  donner  une  idée  plus  exacte  dé  l'en- 
semble auquel  ils  appartiennent. 

A  Nantes  ,  le  préfet  a  dépeint  comme  un  co- 
losse aux  pieds  d'argile  ,  les  états  qui  ne  cherchent 
à  se  soutenir  queparla  violation  des  droits  les  plus 
sacrés  ;  il  a  fait  pressentir  que  la  paix  assurerait 
bientôt  ,  sur  une  base  inébranlable  ,  notre  répu- 
blique ,  déjà  appuyée  sur  la  force  et  la  sagesse. 

En  parlant  des  malheurs  qui  ont  pesé  sur  les 
contrées  de  I  Ouest ,  il  a  marqué  leur  terme  au 
jour  de  l'établissement  d'un  gouvernement  juste 
et  réparateur;  ir  a  annoncé  que  ses  démarches 
.pour  obtenir  des  adoucissemens  au  sort  des  con- 
tribuables n'avaient  point  été  sans  succès  ,  mais 
que  ces  adoucissemens  devaient  être  le  partjge 
de  ceux  fiui  auiont  montré  le  plus  d'empres- 
sement à  faire  tout  ce  qui  est  en  leur  pouvoir  dans 
l'acquit  des    charges    publiques. 

Aux  encouragemens  obtenus  par  les  élevés 
des  écoles  centrales  ,  il  en  a  joint  d'atitres 
qu'avaient  bien  rnérités  les  intéressans  élevés 
dans  l'art  de  guérir  qui  sorit  réunis  dans  la  ville 
de  Nantes. 

A  Maestricht  un  drapeau  remis  par  le  préfet  à  la 
garde  nationale  sédeniairé  a  été  un  témoignage  de 
reconnaissance  pour  le  service  pénible  auquel 
elle  se  livre  avec  uneconslaiice  et  un  dévouement 
dignes  de  remarque. 

Le'  préfet  de  la  Somme  en  parlant  de  notre  situa- 
tion, et  en  développant  le  mécanisriie  de  notre  gou- 
vernement a  tracé  le  tableau  suivant  : 

<i  Depuis  le  18  brumaire  le  système  rcprésen- 
taiil  ,  établi  par  nos  lois  constitutionnelles, 
marche  avec  un  ordre,  unesimplicitéadmirables  : 
le  sénat-conservateur,  le  tribunat  ,  le  corps-légis- 
latii ,  1«  conseil-d'état  ,  les  consuls ,  chaque  corps 


lie;  _ 

effort, ''et-retn'plTi  ie"Tîurc!e'  son  fnstnrunoTr par- 
ticulière. Heureuse  harmonie  qu'on  voudrait 
eipain  détruire  I  elle  s'est  communiquée  À  to^tites 
les  parties  'dé  'radministration  publiqiît!  i  les 'né- 
gociations sont  secrètes,  actives  et  franches: 
la  guerre  réforme  ses  dépenses  ,  sans  compro- 
mettre la  victoire  :  la  marine  se  répare  en  silence, 
et  médite  de  sages  expéditions  :  la:  police  '  est 
vigilante  et  tutéiaire  :  la  justice  est  présente  dans 
tous  les  lieux  :  ses  organes  ont  pour  règles  ,  des 
lois  positives  :  dans  les  iiaances  ,  l'ordre  s'ac- 
croît chaque  jour;  et  1  ordre  est  la  garantie  cer- 
taine qu  au  tenis  de  la  paix  ,  les  contributions 
seront  diminuées  :  enfin,  dans  l'intérieur  ,  l'ac- 
tion adnuEiistiaiive  se  répand  également  su'r  lou's 
les  points  de  la  répuTjii.jue  ,  et  sur  tous  lés  objets 
qu'elle ,  etiibrasse  :  elle  piovoque  les  dévelop- 
pemens  de  lindustrie  ,  du  commerce  et  de  l'a- 
griculture :  elle  encourage  les  ans  ;  et  déjà 
s'élèvent  des  raonurhens  publics  ,  consacrés  à 
l'héroïsme   par  la  reconnaissance    nationale.  "    ^       ^ 

Le  préfet  de,  Maine  -  et  -Loire  venait  de  rap-  -^ 
peler,  dans  un  discours  concis  et  attachant,  ia 
nature  des  divers  gouvernemens  ,  les  progrès  de 
la  civilisation  ,  les  causes  de  notre  révolution, 
ses  événemens  mémorables  ,  et  la  glorieuse 
guerre  soutenue  pour  notre  indépendance  ;  une 
invocation  à  la  paix  a  terminé  ce  morceau  ;  elle 
nous  semble  être  la  juste  expression  du  vœu  des 
frariçais  ,  et  la  peinture  iidelle  de  leur  caractère  : 

41  Descends  donc  du  ciel  ,  aimable  paix, 
viens  ,  l'olivier  à  la  main  et  la  sérénité  sur  le 
front  ,  fermer  le  temple  de  Janus  ;  viens  en- 
chaîner la  discorde  cruelle  et  l'afireux  démon 
des  combats.  Parcours  rapidement  J  Europe  em- 
brasé; ,  pour  y  éteindre  les  torches  de  la  guerre  ; 
mais  reviens  te  fixer  au  milieu  d'un  peuple  qui, 
t'aime  et  qui  t'aspire  ,  d'un  'peuple  rjui  t'a  achetée 
si  cher  et  conquise  si  glorieuseni£nt  ;  amené  avec 
toi  ton  brillant  cortège  :  ces  ails  qui  se  plairont 
à  décorer  nos  trophées  ,  ces  lettrés  qui  élcrni- 
seront  la  mémoire  de  nos  exploits  ,  ces  plaisirs 
délicats  que  le  français  aime  entre  tous  les 
peuples  ,  le  français  spnsiblc  à  toutes  les  jouis- 
sauces  comme  à  toutes  les  sortes  de  gloire.  Je 
rie  te  dis  point  d'amener  l'abondance  à  ta 
suite;  peut-elle  manquer  dans  un  état  favorisé 
des  plus  doux  regards  des  cieux,  avec  un  sol  im- 
patient de  produire  ,  avec  des  bras  atjssi  robustes 
qu'industrieux  ?  !> 

Dans  le  département  de  Seine  et  Oise  ,  après  la 
distribution  des  prix  auxélevesdans  l'art  du  dessin, 
on  a  fait  l'ouverture  d  une  exposition  publique  des 
ouvrages  de  peinture  ,  sculpture  ,  aichitecture 
et  gravure  ,  remarquable  et  par  le  nombre  des 
productions  ,  et  par  le  mérite  de  quelques-unes 
d'entre  elles. 

Honneur  ,  a  dit  le  préfet  ,  dans  un  discours 
vivement  applaudi  ,  honneur  au  génie  qui  a  fait 
cesser  cette  dissention  si  iuneste  entre  les  idées  re- 
ligieuses et  l'union  politique  ;  qui  a  lait  dispa- 
raître ces  contradictions  fâcheuses  entre  un  régime 
nouveau  et  d'antiques  habitudes  ;  qui  a  su  recon- 
cilier les  préjugés  des  faibles  avec  la  hardiesse  et 
l'élévation  des  âmes  fortes  ,  les  venus  paisibles  et 
fraternelles  de  la  morale  chrétienne  avec  l'autorité 
maie  et  6ere  des  principes  républicains  !  c'est  lui. 
qui  a  véritablement  affermi  la  lépublique  fraiiçaise 
sur  des  foiidemeris  étemels  ;  c  est  lui  qui  la  pour 
jamais  environnée  de  l'union  invincib'e  ,  de  tous 
les  vœux  et  de  tous  les  cœurs  des  français...'. 

Le  préfet  du  dépantcment  de  1  Outihe  ,  en 
rendant  hommage  au  zèle  et  au  dévouement  des 
braves  liégeois  ,  en  rappelant  le  nombre  des  dé- 
fenseurs qu'ils  ont  lourni  ,  et  les  saciifices  de 
tous  les  genres  auxquels  ils  se  sont  volontairement 
soumis  ,  a  trouvé  le  moyen  de  reconnaître  ces 
services  en  traçant  ,  à  ceux  qui  les  6ht  rendus  ,  le 
tableau  d'une  situation  qui  permettra  bientôt  d'y 
mettre  un  terme. 

Il  Dix  mois  sont  à  peine  écoulés,  a-t-il  dit^  et  la 
situation  d.ins  laquelle  nous  étions  nous  paraît  un 
songe.  La  guerre  civile  est  éteinte  ,  les  factions 
Sont  détruites  ;  l'armée  française  compleitéé ,  ' 
soldée  ,  approvisionnée  ,  victorieuse  sur  le  NI  , 
le  Danube  et  l'Adige  ,  nous  garantit  la  fin  de  ia 
guerre  étrangère. 

?)  La  liberté  ,  la  propriété  individuelles  ,  ces 
deux  divinités  de  l'homme  social  ,  violées  ,  Outia- 
gées  parles  apôtres  hideux  de  l'anarchie,  sont 
aujourd'hui  replacées  sur  leurs  autels:  la  législa- 
tion s'épure,  le  code  des  lois  civiles  va  paraître  ; 
une  douce  fraternité  succède  aux  méfiances  poli- 
tiques ,  et  le  crime  intimidé  rend  à  l'innocence  ia 
sécurité  dont  il  la  priva  si  long-tems. 

i>  L'agriculture  fleurit ,  le  commerce  renaît ,  les. 
beaux  arts  sont  encouragés  ;  les  établissemens 
d'iiistruction,  de  bienfesance,et  de  reconnaissance 
publique  se  multiplient  ;  les  monnaies  fictives 
sont  disparues  ;  le  crédit  public  et  particulier  se 
prêtent  un  secours  mutuel  ;  les  tributs  de  l'état 
sont  perçus  ,  et  ses  créanciers  sont  payés  en  valeur 
réelle..  _  '^ 

I)  Oti  donc  le  gouvernement  consulaire  a-t-il 
trouvé  assez  de  bras  ,  assez  de  trésors  pour  opérer 
tant  de  prodiges  ?  Est-ce  dans  un  accroisseaient 


% 


d'impôts?  non  ,  il  les  a  diminués.  Est-ce  dans  dos  ;  d 
réquisitions,  des  confiscaiions .  des  emprunts  for- 
cés ,  des  lois  révolutionnaires  ?  non  ;  on  a  trouvé 
ces  bras  ,  ces  trésors  où  l'ignorance  et  la  cruauté 
né  lés  ti'ouveront  jamais  !  dans  l'ordre,  dans  léco- 
nomie  ,  dans  la  justice  ,  dans  le  concours  de 
toutes  les  lumières  ,  de  tous  les  tàlens  ,  dans  la 
confiance  et  l'estime  de  la  première  nation  de 
l'univers  )>. 


A  Bordeaux  ,  l'idée  heureuse  de  rendre  à 
Montaigne  un  hommage  public  dans  un  lieu  où 
vit  encore  le  souvenir  de  ses  venus  i,  une  juste 
estime  pour  le  philosophe  ,  une  profonde  recon- 
naissance pour  le  magistrat  dut  répandre  sur  la 
fête  dii'i'^'  vendémiaire  un  éclat  qu'ailleurs  elle 
né  pouvait  obtenir:  Le  ciioycn  Laraontagne  , 
professeur  de  belics-letircs  à  l'école  centrale,  a  pro- 
noncé l'éloge  de  l'auteur  des  Essais  :  son  discours 
était  particulièrement  le  développement  de  celte 
pensée  qui  s'offrait  à  tous  ks  yeux  : 

.Les  honneurs  rendus  aux  grands-hommes  en  pro- 
duisent d'autres. 

Il  appartenait  au  préfet  de  la  Gironde  de 
parler  digneraenr  de  la  fondation  de  la  républi- 
que ,  de  ses  triomphes  ,  et  de  peindre  les  oriig'és 
dont  son  berceau  fut  entouré. 

Nous  ne  pouvons  mieux  terminer  ces  rappro- 
chemens  qu'en  citant  les  principaux  passages  du 
discours  du  citoyen  Thibaudeaù. 

Ce  discours  est  un  éloquent  abrégé  de  l'his- 
toire de  la  révolution  :  nous  arrivons  ,  en  le 
suivant  ,  à  l'époque  où  le  nouveau  gouverne- 
ment vint  arracher  la  république  à  l'empire  des 
factions. 

Il  Les  hommes  qui  furent  alors  placés  à  la  têie 
du  gouvernement  ,  dit  le  citoyen  Thibaudeaù  , 
contractèrent  de  grandes  obligations.  La  nation 
peut  juger  aujoUrdliui  s'ils  les  ont  fidèlement 
remplies. 

Mais  elle  ne  doit  pas  oublier  qu'il  est  des 
maux  irréparables  .  et  qu'il  faut  beaucoup  plus 
de  tems  pour  réédifiur  que  pour  détruire. 

Néanmoins,  que  de  plaies  ont  été  fermées! 
que  de  bienfaits  répandus  !  que  d'idées  géné- 
reuses  ont   repris  leur  empire  ! 

Un  gouvernement  dont  l'intensité  rend  l'ac- 
tion plus  sûre  et  plus  rapide.  Une  division  des 
pouvoirs  tellement  combinée  qu  ils  ne  peuvent 
plus  devenir  rivaux  ,  et  qu'ils  sont  retenus  par 
un  moyen  légal  dans  leurs  limiies  respectives. 
L'administration  simplifiée  ,  l'action  substituée 
à  la  délibération.  L'ordre  judiciaire  reconstitué 
d'après  des  principes  consacrés  par  l'expérience. 
Les  magistrats  environnés  de  considération.  Les 
talens  appelles  àl'exetcice  des  fonctions  publiques. 
L'ordre  rétabli  dans  les  finances,  le  crédit  public 
sorti  de  ses  ruines.  Les  départemens  de  lOuest 
pacifiés,  encore  plus  par  la  persuasion  et  par 
la  clémence  que  par  les  armes.  Les  divisions 
inventées  par  l'esprit  de  faction  anéanties ,  la 
fusion  de  tous  les  partis  opéiée  par  l'impar- 
tialité et  la  justice  du  gouvernement.  Les  armées 
réorganisées  ,  la  victoire  rappellée  sous  nos  dia- 
peaux  ,     les   peuples   alliés    retidus  à  la  liberté. 

Et  quelques  mois  ont  suffi  pour  produire 
d'aussi  grands  événemens  !  Il  n'appartenait  qu'à 
la  valeur ,  à  la  sagesse  et  au  génie  d  opérer  tant 
de  prodiges. 

Si  le  premier  consul  écrivait  en  rendant 
compte  de  la  victoiic  de  Maiingo  :  j'espère  que 
le  peuple  françjis  sera  satisfait  de  son  armée  ; 
le  peuple  répond  aujourd'hui  tju'il  est  aussi 
satisfait  de  son  gouvernement.  A  ces  mots  la 
commune  de  Boideaux  a  inierrompti  par  un  cri 
d'adhésion  ,  un  préfet  qui  par  un  mouvement 
heureux  d'éloquence  se  rendait  ainsi  l'interprète 
de  la  France  entière. 

—  A  la  dernière  fête  de  Saint  -  Cloud  ,  une 
famille  entière  ,  composée  de  la  merc,  du  père, 
de  la  fille,  du  gendre  et  de  quelques  amis,  s'y  rend 
pour  y  passer  la  journée.  Pendant  la  promenade  , 
la  mère  ,  déjà  âgée  ,  s'arrête  ,  et  indique  à  ses 
enfans  tel  calé  où  ils  pourront  la  rejoindre.  Quel- 
que tcms  après  ,  ces  mêmes  jeunes  gens  se  trou- 
vent séparés  de  leur  père  ,  non  sans  inquiétude  , 
parce  qu'il  a  plus  de  soixante-dix  ans.  La  nuit 
arrive  sans  qu  ils  le  rejoignent  ,  et  linquiéiude 
augmente.  Ils  se  décident  alors  à  se  rendre  au 
café  où  leur  mère  devait  les  attendre.  Dansl'obscu- 
lilé  ils  suivent  l'allée  où  ils  se  trouvent  ;  et  trom- 
pés par  une  lumière  qu  ils  apperçoivent  dans  une 
maison  voisine,  ils  dirigent  leurs  pas  vers  elle.  Mais 
malheureusement  c  était  sur  une  terrasse  qu'ils 
marchaient  ,  et  toul-à-coup  arrivant  à  l'extrémité  , 
sans  le  voir  ,  le  jeune  homme  et  la  jeune  personne 
ee  précipitent  de  dix  à  douze  pieds  de  haut  ,  et 
l'un  et  lauitc  se  blessent  grièvement ,  sur-tout  la 
jeune  femme  ,  que  l'on  trouva  évanouie  , /lors 
<ju  on  accourut  à  leur  secours  de  cette  même 
maison  dont  la  lumière  les  avait  si  cruellement 
abusés.  On  leur  prodigua  les  soins  les  plus  em- 
prctsés  ,  et   quand  la  jeune  femme  eu;    reprisses 


eyait  l'attendre.  On  la  ramena  bietiiôt,  mais  elle 
j  était  elle-niôme  dans  un  éiat  déplorable,  occa- 
isioiiné  par  une  ciiûie  qu'elle  avait  laite  de  ton 
côié  ;  elle  avait  un  bras  démis  et  éiait  pleine  de 
contusions,  l.'  bstnce  du  père  ajoutait  en- 
core aux  souffrances  de  ces  iiiforiuués.  Enfin 
les  personnes  qui  les  avaient  recueillis  ,  Icurpro- 
cui^creiu  une  vyituie  pour  les  reconduire.  Erj 
Iriivant  chez  eux,  ils  trouvèrent  Je  vieillard  que 
l'on  venait  d'y  rapporter,  et  ((ui  tn  tr.iveisant  le 
bois  de  Boulogne,  pour  regagner  Paris  ,  s'était 
précipité  dans  un  fossé  ,  et  était  Couvert  de  bles- 
sures qne  son  âge  rendait  plusinquiétantès  encore. 
Heureusement  ces  divers  actidens  n'ont  pas  eu 
de  suites  plus  fâcheuses,  et  les  urrs  et  les  autres 
sont  maintenant  hors  de  danger.  |  E\tiait  de  ta  \ 
Gazelle  de  France.) 

—  Dans  un  moment  où  tous  les  espiits  s'oc- 
cupent du  pocme  de  l  Homme  des  Champs,  on 
apprend  avec  plaisir  qu  une  muse  ilaiieiiru;  a 
entrepris  de  transporter  daiis  sa  langue  les  beautés 
de  cette  produclioii  des  iniisi/s  l'r;jin;iiisLS.  L- 
citoyen  Pio  ,  traducteur  esiinie  de  plusu-uis  ou- 
vrages,  se  livre  avec  ardeur  a  ce  trjvail  difficile 
et  a  déjà  bicniôt  terminé  le  premier  chant.  Il  a 
choisi  le  verso  sciolto  ,  comme  le  plus  propre  au 
genre  didacliijue  ,  et  adopte  par  tous  les  poètes 
qui  ont  écrit  datis  ce  genre.  En  voici  les  douze 
premiers  vers ,  où  l'on  peut  remaïquer  une  giande 
fidélité  à  rendre  les  penséci  ,  ei  be.juco'up  de 
facilité  à  substituer  au  tour  frji:çais  le  tour  parti- 
culier à  la  lanuue  italienne. 


Giri  . 


:olll  1 


;  ^ln  di  potej  d/ir  U^^l 
Al   GalUco  Parnasa  un   Vati  iUinlre. 
Già  il  Mantovan   Cantor    cu^   iMji  prscet 
Fc  pïn%ui  i  Campi  e  pago  ogili   cohnti. 
Ma  cfii  putTà  diltax  rcgoh  atruomo 
LelCarle  di  gotln  ?  Qjiai  sono  ?  e   dnve  ? 
No  ,  liingi  agrii  precetto ,  o  versi  miel , 
Lungi  il  sevEro  magistral  cipigtio  ; 
Ecco  deU'alma  amabile  Natura 


Mo'ard  ,  président  du  conservatoire  des  a.-is 
et  métiers  ; 

Tliourct  ,   dit  ecieur  de  l'écnle  de  médecine  ; 

Lastvyrie  ,   membre  de  la  société  d'agriculture; 

De  Çatuiolle  ,  de   la   société  pLilornatique  ; 

Delesieti,,,  négociant  ,  rue  Coqliéron  ,  ii''  SS  , 
pour  irésoriet.  Les  membres  isuppféans  sopl. 

Les   citoyens  J.  B.  Sny  ,  membre  du  iribut^al-; 

Gelin  .  membre  du  bureau  de  bienfesance  de 
la  division  du  Mail.  i       i  - 

Rousseau  ,  membre  du  corps-légjsiatif  ; 

Coliart,  membre  du  bureau  de  bienfesance 
de  la  division  c1u  Mail. 

L'assemblée  a  arrêté  que  lé  comité  cnnvoqt>e- 
rait  une  nouvelle  a;,  emblée  générale  le  t'^  fri- 
maiic  prochain  pour  rendre  compte  de  ses  o,p,<:- 
raiions. 

Le  comité  a  nommé  le  citoyen  Bethune-Ciiaro.fit 
présidetit,  et  le  ciioyen  deC^ndollc  ,  rue  Copeau  , 
11"  33o  ,  secrétaire.  ■  '•■    ■       ■    '    .  ',^  ■• 

Ou  continue  à  recevoir  les  souscriptions  àl'éla- 
lablissenieiit  des  soupes  à' Ja  Ruraford,  rue  du 
iVhiil,  n"  16,  où  l'on  irouvei'a  des  prospectus 
de  la  souscription  avrc  la  liste  des  souscripteurs. 


L'ir. 


sola ,  etc. 


Boldjascino  sia  di  noi  morlali  ; 

C  lu  fia    vederta  e  amarla  un   punlo    solo  ,    etc. 

— Le  lycée  républicain  va  rouvrir  la  seizième  an- 
née de  ses  cours.  Le  citoyen  Lah'arpe  a  pris  l'en- 
gagement d'y  professer  la  littérature.  Les  succès 
biillans  qu'il  a  obtenus  pendant  dix  ans ,  en  rem- 
plissant lamême  chaire  ,  promettent  que  le  cours 
de  cette  année  jouira  d'un  succès  égal  à  celui 
que  les  précédeiis   ont  obtenu  à   si  juste  titre. 

A1INISTERE    DE   L'INTÉRIEUR. 

Le  ministre  de  l'intérieur  ,  avertit  tous  les 
administrateurs  et  directeurs  des  élablisseraens 
publics  que  les  caries  données  aux  envoyés  des 
départemens  ,  pour  leur  en  procurer  Iciitrée  , 
doivent  leur  servir  jusqu'au  20  de  ce  mois  ,  (|Uoi- 
qu'il  y  soit  dit  qu'elles  ne  youdiont  que  jusqu'au 
dix.  —  Le  ministre  a  accordé  une  piolongation 
de  dix  jours. 

TRIBUNAL      DE      C.A.SSATION. 

P.\R  jugement  du  8  vendémiaire  an  9  ,  le  tri- 
bunal de  cassaiion  a  rejeté  le  pourvoi  de  Franqois 
Lecomie  ,  Claude  Manizier,  et  Jacques-Thomas 
Lautrel  ,  condamnés  à  mort  par  jugement  du 
tribunal  criminel  du  dépariement  de  la  Seine  , 
comme  convaincus  d'avoir,  le  1"^  IViiiiaiie  an 
6,  attaqué  et  pillé,  entre  Froidmaute.iu  et  Ville- 
juif,  les  diligences  de  Moniargis,  Sens,  Fon- 
l.iinebleau  et  Essone  ,  et  d'auires  vols  comn^ns  à 
la  même  époque  ,  dans  les  environs,  avec  violence 
envers  les  personnes,  ch,iufljgf  et  attaque  à 
dessein  de  tuer.  Lecomte  ,  l'un  tics  condamnés, 
avait  fait  l'aveu  de  son  crime,  et  décelé  ses 
complices.  --' 

Par  un  autre  jugement  du  6  du  même  mois, 
le  tribunal  a  rejette  le  pourvoi  des  nommés 
Etienne  Hyvcrt,  Laurent  Guyol,  François  Auriet , 
et  Antoine  Lï.piêtre,  condamnés  à  la  peine  de 
mort  par  jugement  du  tribunal  criminel  du  dé- 
parlement de  lAin,  comme  convaincus  d'avoir, 
dans  la  nuit  du  aS  au  26  ventôse  an  8,  allaqué, 
à  dessein  de  tuer ,  les  voyageurs  ,  le  conducteur 
et  le  cocher  de  la  diligence  allant  de  Genève  à 
Lyon  ,  de  les  avoir  liés  et  garroiés  ,  apiès  les 
avoir  contraints  de  sortir  de  la  diligence;  et 
d'avoir  pillé  et  enlevé  les  elfeis-,  bijoux,  or  et 
argent  qu'ils  trouvèrent  dans    cette    diligence. 


»cn>  ,  on  courut ,  à  sa  pricrc  ,  au  café  otl  sa  mère  '  culture 


Le  cinq  vendémiaire  an  9,  l'assemblée  générale 
des  souscripteurs  pour  former  des  établissemens 
des  soupes  économiques,  anomraé  pourcomposer 
son  comité  central  d'administration  , 

Les  citoyens  Beihune-Charost  ,  maire  du  10'. 
arrondissement  ; 

François  (de  Neufchâteau),  membte  de  l'Institut 
et   du  sénat-constrvateur  ; 

Parmeniier  ,  membre  de  l'Institut  etde  la  société 
d'agriculture  ; 

Cadet-dc-Vaux  ,   membre  de  la  société  d'agri- 


THEATRE       FEYDEAI). 

Il  y  a  peu  de  jours  les  restes  de  Turenne 
remis  à  la  garde  des  défenseurs  de  la  pairie 
dans  le  temple  de  Mars  ,  étaient  accompagnés 
a  cette  glori-ruse  demeure  du  témoignage  de  la 
reconnaissance  nationale  ;  le  nom  de  Caiiiiat 
vient  d'être  prononcé  sur  l'un  de  nos  théâtres  , 
^t  ce  nom  révéré  a  reçu  de  jusics  et  unanimes 
hommages  ;  c'est  avec  un  seniinitni  d'iiuciêi  bien 
vit,  qu  on  a  \n  retracé  sur  notre  scène,  et' 
par  une  main  habile  et  exercée  ,  le  portrait  de 
ce  guerrier  philosophe,  ttraird  dans  la  guerre  , 
ami  de  la  paix  ,  le  père  du  soldat  dans  les 
camps,  et  celui  des  pauvres  à  Saint -Gratieii  , 
modeste  apiès  la  victoire,  et  ne  connaissant 
point  la  veille  du  jour  du  combat  ,  dans  (]iil1 
grade  le  caprice  de  la  cour  devra  le  Caiie  servir; 
de  ce  grand  homme  dont  l'auteur  du  siècle  rie 
Louis  XW  ,  empruntant  ce  mot  su  duc  de  la 
Feuillade  disait  ,  qa'il  eût  été  bon  miiuitïc  ,  bon 
chancelier,  comme  bon  général. 
.  Voici  dans  quelle  situation  l'auteur  ,  le  citoyen 
Marsoilier  ,  a  placé  son  principal  personnage; 
c'est  bien  ici  qu'on  peut  dire^  le  héros  de  la 
picce. 

Catinat  est  retiré  dans  son  château  de  Saini- 
Gratien  ;  il  appietid  qu'un  de  ses  voisins,  père 
de  trois  enfans  esi  à  la  vielle  de  se  voir  ruiné 
pour  avoir  mal  placé  sa  confiance  ;  Sainville,  c'tst 
le  nom  de  ce  voisin  du  Maréchal  ,  refuse  les 
oiîies  de  1  amitié.  Caiiiiat  profile  de  son  absence 
pour  chercher  les  moyens,  sinon  de  vancre., 
du  naoins  d'éluder  sa  résistance  ;  il  visite  la 
farniHe  de  S.iinville,  iiouve  ses  enfans  pleins 
de  grâces,  ei  l'intétieur  de  sa  maison  intéressant; 
il  apprentf  que  ce  SainviUe  est  le  fils  d'un  homme  ' 
(jui  lui  a  rendu  un  service  important .,  lors- 
j  qu'il  quiua  le  barreau  pour  l'état  militaire.  Les 
enfans  veulent  exécuter  un  petit  concert,  et  le 
Maréchal  entend  presque  malgré  lui  sortir  de 
leur  bouche  ,  sur  l'air  favori  de  ses  troupes  , 
un  éloge  naif  de  ses  talens  ,  de  ses  services  et 
surtout  de  ses  vertus.  Il  apprend  qu'un  misérable 
tableau  relégué  dans  un  cola  a  été  mis  inuti- 
lement en  vente  par  Sainviiie  ;  ce  trait  lui  four- 
nil un  moyen  d'obliger  son  ami  ;  il  sqrt  ,  et  un 
moment  après  un  de  ses  domestiques  déguisé 
en  juif  ,  marchand -le  tableaux,  paraît,  nomme 
la  mauvaise  copie  qu'on  lui  présente  un  oiipinal 
du  jilus  haut  prix  ,  et  l'enlevé  sur  le  champ 
en  s'excusant  be.iucoup  de  nEn  donner  que 
5oo  louis.  Sdinville  rentre  bientôt  suivi  des 
créanciers  qui  l'assiègent  ;  soi  vieux  domeslique 
dont  la  conversaiion  et  le  ton  guerrier  avaient 
beaucoup  amusé  Cilinat  ,  renvoie  ces  importuns 
visages  en  les  payant  avec  les  12  mille  fr;,ncs 
reçus  ;  Sainville  ne  connaît  rien  à  tene  siluuiion. 
Son  valet  lui  apprend  la  venle  du  lablcau.  Sain- 
ville  reconnaît  un  bienfait  de  Câlinât^  une  luse 
innocente  l'aide  à  en  surprendre  l'aveu  de  la 
part  du  Maréchal  qui  reçoit  d'une  famille  entière 
les  expressions  de  la  reconnaissance  la  plus  vrve., 
et  met  le  comble  à  ses  bienfaits  en  la  fixant' 
à   Saint-Graticn. 

Cette  pièce  a  eu  le  plus  grand  succès  ;  elle 
doit  beaucoup  au  nom  qu'elle  avait  piour  o'ojel 
de  rappeler  ,  et  au  jeu  des  acteurs  :  mais  on  y 
reconnaît  ce  mérite  ,  qui  est  le  caractère  disiinclif 
des  ouvrages  de  son  auteur  ;  une  grande  con- 
naissance des  effets  de  la  scerie  ,  des  situations 
théâtrales  ,  un  intérêt  pressant  et  soutenu.,  un  dia- 
logue spirituel  ,  et  à  coté  du  personnage  prin- 
cipal, un  rôle  d'une  originalité  et  d'une  vériié 
remarcjuables.  Tel  est  celui  du  vieux  domestique 
de   Sainville. 

Cet  ouvrage  eût  pu  se  passer  du  soutien  de  ta 
musique;  si  même  nous  devons  dire  noue 
pensée  ,  no^is  croyons  que  le  genre  et  le  sujet 
n'étaient  nullement  propres  à  inspiref  un  cumpo- 


40 


sifèur.  Cependant  quelques  mèrceaux  ont  faii 
reconnaître  le  caraciere  aimable  cl  lacile  des 
pioduciions  du  ciioytii  Daleyrac;  on  a  ipniarque 
le  piemiei  duo  ,  le  irait  original  qui  termine  celui 
des  deux  valets,  et  sur-tout  le  trio  des  en  tans  pour 
lesquels  se  trouve  arratit;é  l'air  si  connu  sous  le 
nom  de  la  Matche  de  Catinat.  Les  auieurs  ont  cic 
viveraenl  demandés.  I.e  citoyen  Daleyiiic  a  païu. 
ïl  nous  a  semblé  que  les  lémoisnages  de  la  suiis- 
l'jcdon  du  public  appelaient  plus  paiiiculiére- 
lucniTauteur  des  paroles.  Les  acteurs  ,  Uézicourt 
dans  le  rôle  de  Cuiinal ,  et  Julien  dans  celui  ilu 
vieux  soldat,  méritent  une  mention  particulière. 


Le  préfet  du  département   de  la  Seine  ,  au  rédacteur 
du  Moniteur.  —  Paris  ,  le  i\.  vendémiaire  an  9. 

Citoyen,  je  vous  invite  à  insérer  dans  votre 
journal  ,  la  note  suivante  : 

"  Le  jury  cenual  d'instruction  publique  du 
département  de  la  Charente  ,  a  pris  ,  le  25  ther- 
mido- ,  un  artêlé  par  lequel  il  éliblil  un  concours 
jjDur  les  places  de  professeurs  d  histoire  naturelle 
tt  de  botanique,  et  de  physique  et  chimie  expéri- 
aneniales.  Ce  concours  est  ouvert  jtrsqu'au  îo 
brumaire  prochain  ,  et  chaque  concurrent  doit  , 
avan'  celte  époque  ,  adresser  au  jury  ,  sous  le 
couvert  du  préfet  du  département  de  la  Charente, 
un  programme  raisonné  du  cours  qu'il  se  propose 
défaire.  L  examen  et  les  élections  seront  faits 
dans  la  troisième  décade   de  fiimaire. 

Le  préfet  du  département , 

signé,  Frochot. 


Versailles ,  le  i6  fructidor.  j 

Ce  n'est  pas   sans  étonnement  ,  citoyen  ,   que 
jai  vu  dans  le  Moniteur  du  i3  fructidor,  page  1884, 
le  citoyen  'Vaucher  ,   sncien  médecin  des  armées 
de  la  république  ,  s'occuper  gravement  à  relever  | 
une  phrase  de  la  notice   insérée  dans  un  de   vos  i 
numéros  ,  sur  lindicaiion  du  lieu  natal   de   quel    j 
ques   plantes  rares  et  intéressantes  ,  qu'on  trouve  ' 
dans  le  voisinage   de  Versailles.  Je   ne   prétends 
pas  justifier  pleinement    le    jeune    rédacteur   de 
cette  notice  :  sa  phrase   n'a   pourtant  d'autre  dé- 
faut que   de  n'être  pas   assez  développée.  Avec 
un  peu  plus  d'attention  et  moins  de  goût  pour  la 
critique  ,  le  docteur  Vaucher  aurait  saisi  le  seul 
et  véritable   sens   qu'elle   doit   avoir  ,   pour   tout 
Itqmme  qui  la   lit  sans  prévention.   Il    ne    s'agit 
point  dans  cette  phrase  ,  comme   paraît  le  croire 
le   citoyen  Vauchéf  ,  du  silence  absolu   des  bo- 
tanistes topographiques  ,  mais  seulement  de  leur 
silence   sur   la   station   de  ces    plantes    dans    les 
environs  de  Versailles. 

Les  estimables  auteurs  cités  par  le  citoyen  Vau- 
cher et  qui  sont  entre  les  mains  de  tous  les 
botanistes  ,  ne  disent  pas  précisément  que  ces 
plantes  croissent  près  de  Versailles  ,  excepté 
ïournefort  qui  indique  le  Rossolis  (Drosera-rolun- 
difolia  L{nn.) ,  diiricre  le  potager  de  Versailles; 
mais  le  docteur  ignore  ,  sans  doute,  que  le  lieu 
oii  croissait  le  ciiarmanl  Rossolis,  fait  à  présent 
partie  de  Versailles,  et  que  cette  indication  de 
Tournefon  ne  p<  ni  plus  être  d'aucun  usage  pour 
les  amateurs  de  cette  ville. 

Quant  à  U  Lavanese  [Galega  o_fficinatis  ,h\nn.) 
Lamarck  cite  généralement  Ls  environs  de  Paris, 
etThuiliiir  n'indique  que  le  parc  de  Saint-Cloud, 
et  l'un  et  l'auire  gardent  le  silence  sur  ce  bois 
voisin  de  Versailles  ,  où  on  la  trouve  dans  une 
si  grande  abondance,  occupint  au  moins  ,  deux 
ou  trois  hectares. 

Je  proposerai  à  cette  occasion  ,  au  citoyen  Vau- 
cljer  comme  une  chose  un  peu  plus  utile  que 
sa  facile  censure  ,  de  nous  apprendre  S;  la  Lavanese 
est  indigène  dans  la  latitude  de  Paris,  ou  si  elle 
s'y  est  propagée  par  suite  de  la  culture.  Les 
anciens  auteurs  la  font,  naturelle  à  l'Espagne  et 
â  litalie.  La  voilà  cependant  qui  croît  dans 
le  parc  de  Saint-Cloud,  dans  les  bois  voisins 
de  Versailles,  dans  le  parc  deDampierre,  sui- 
vant .ce  (jue  vient  d'en  écrire  le  citoyen  Albert 
Luynes  au  citoyen  Duchesne  ;  on  la  trouve  aussi 
aux  environs  de  Soissons  toujours  dans  les  lieux 
un  peu  humides  et  il  a  ,  sans  doute  ,  été  très- 
raisonnable  de  conclure  à  engager  à  la  cuUiver. 
Salut  et  fraternité  ,  Caron. 


près    de  700  patîes  :   prix   6   fr.  broclié  et   7    ft.  ' 
relié,  et   2    fr.  ib  cent,    en  sus,   franc   de   port.       ! 

L'Alman:ich  national  .  ci-devant  l'Almariach 
royal  ,  a  de  tout  lems  été  le  seul  auihenliqne  | 
avoué  par  le  gouvernement  ,  et  oij  les  attributions  | 
cl  droits  des  fonctionnaires  publics  se  trouvent  j 
classés  et  déterminés  d'après  des  renscignemens- 
l^uisés  dans  les  buieaux  mêmes  des  diverses  J 
adnainisirations.  1 

Léililtur  de  l'Almannch  national,  le  citoven 
Tcbtu  ,  jouii  ,  à  cet  égartl,  des  mêmes  facilités 
<iuc  ses  piédécesseuis.  Les  matériaux  de  son  1 
ouvrage  sont  fournis  par  les  difTérentes  autorités 
constituées,  et  lui-même  est  autoilsé  à  deirinnder 
aux  secrétariats  des  divers  ministères  les  notes  ' 
qui  doivent  le  guider  dans  l'état  des  personnes 
employées. 

Il  résulte  de  cette  marche  que  l'Almanach 
national  a  un  caractère  authentique  et  d'exactitude 
d'autant  plus  préi-ieux,  que  l'avidité  du  gain  a 
multiplié  les  Annuaires  ,  les  Calendriers  de  la 
république  rédigés  sur  des  renseignemens  ou 
inexacts  ou  faux  ,  et  qui  présenti;nl  aux  yeux  de 
l'élrangers  une  image  infidèle  de  1  organisation 
actuelle  de  notre  gouvernement. 

L'Almanach  national  est  un  véritable  Etat  de  In 
France;  il  ne  réunit  pas  seulement  les  noms  des 
personnes  en  place  ,  mais  encore  lexirait  des 
lois  sur  les  instituions  et  établissemcns  publics, 
la  distribution  méthodique  des  parties  du  gou- 
vcrtiement ,  de  ladministraiion  ,  de  la  manne, 
de  l'insiructien  publique  ,  etc.  ,  avec  1  indication 
des  nombreux  fonctionnaires  publics  attachés  à 
chacune  de  ces  parties. 

La  division  départementale  est  un  des  meilleurs 
tableaux  que  l'on  ait  de  la  république  ;  elle  est 
dégagée  des  inexactitudes  qui  se  rencontrent  dans 
les  ouvrages  les  plus  modernes  où  l'on  ne  tient 
pas  compte  des  changemens  survenus  dans  la 
circonscription  de  certains  départemens.  Le  ci- 
toyen Testu  a  placé  en  tête  <ie  chacun  d'eux 
une  notice  géographique  et  statistique  très-bien 
faite.  Le  tableau  des  foires  ,  avec  l'indication 
des  objets  qui  s'y  vendent  ,  et  des  nouvelles 
dates  de  leur  tenue,  est  complet  et  très-exact. 
Enfin  ,  cet  almanach  est  un  ouvrage  utile  sous  tous 
les  rapports  ;  et  1  pn  doit  de  la  reconnaissance 
et  de  l'encouragement  à  celui  qui  chaque  année 
y  consacre  beaucoup  de  soins  e<  de  dépenses. 

P. 


Almanach  national  de  lu  république  française  , 
^our  tan  g  ,  présenté  aux  consuls-  A  Paris  ,  chez 
Xeslu  ,  rue  H.iuiefeuille  ,  n°  14  ;  un  vol.  in-S"  de 


La  gazette  littéraire  de  lEurope  ,  autrefois  rédi- 
gée par  les  citoyens  Arnaud  et  Suard  ,  et  dont  le 
succès  fut  si  bien  mérité  ,  n'existe  plus  :  on  vient 
de  concevoir  l'idée  de  la  remplacer  par  un  nou- 
veau journal  presqu'entièremcnt  consacré  à  la 
littérature  étrangère.  Ce  journal  ne  sera  pas  très- 
étendu  ,  et  ne  renfermera  que  de  courtes  mais 
suffisantes  notices  de  tous  les  ouvrages  qui  parais- 
sent chaque  jour ,  soit  en  Angleterre  ,  soit  en  Al- 
lemagne ,  dans  le  nord  .  etc.  Les  allemands  ont 
des  écrits  périodiques  estimés  :  les  auteurs  du 
nouveau  journal  se  proposent  d'en  faire  un  fré- 
quent usage  ,  et  délayer  leurs  jngemens  de  ceux 
qu'ils  y  trouveront  développés.  Ils  trouvent  et  in- 
diquent un  avantage  certain  ,  résultant  de  leur 
entreprise  :  elle  servira  à  faire  connaître  quels  ou- 
vrages sont  dignes  ou  par  leur  mérite  réel ,  ou  par 
leur  succès  ,  d  être  traduits  en  Iranç.ris  ,  et  à  re- 
lever ainsi  quelques  presses  abandonnées  faute 
de  travail  ,  à  occuper  des  traducteurs  habiles  , 
que  le  défaut  de  relations  et  de  publicité  des  ou- 
vrages étrangers  laisse  sans  matériaux. 

En,  Allemagne  ,  on  public  encore  aujourd'hui 
un  grand  nombre  d'éditions  d'auteurs  grecs  et 
latins  qui  commencent  à  devenir  rares  en  France  , 
oii  on  les  réimprii-^.e  peu  ;  la  notice  exacte  de 
ces  éditions  nouvelles  trouvera  place  au  journal 
dont  il  s'agit  ici;  on  y  trouvera  joint  un  catha- 
logue  exact  et  quelquefois  raisonné  de  tout  ce  qui 
paraîtra  en  France  ,  soit  dans  les  sciences  ,  soit 
dans  la  littérature.  Un  article  nécrologie  ,  con- 
sacré aux  gens  de  lettres  ,  quel  que  soit  le  pays 
qui  les  ait  vu  fleurir,  rappellera  et  les  principales 
actions  de  leur  vie  ,  et  des  écrits  auxquels  ils 
auront  dû  leur  répuiation.  L'annonce  des  séances 
et  la  publication  des  programmes  des  diverses 
sociétés  littéraires  ,  ajoutera'  encore  à  ce  recueil 
un  nouveau  degré  d  intérêt. 

Les  notices  littéraires  des  livres  publiés  en  Eu- 
rope sur  les  sciences  ,  la  littérature  et  les  arts  , 
paraissent  à  compter  du  l"  vendémiaire  an  9  ; 
chique  mois  il  paraîtra  deux  notices  de  32  pag. 
in-8°  ,  beau  caractère  et  beau  papier.  L'abon- 
nement, pour  Paris  et  Strasbourg  ,  sera  de  16  fr. 


pour  un  an  ,  et  de  9  fr.  pour  six  mois;  pour 
tous  les  départemens  de  19  fr.  par  an,  et  de 
12    fr.  pour   six  mois. 

On  soubcrit  ,  à  Paris  et  à  Strasbourg,  chez 
Kcunig.  librjire  ,  à  Paris,  quai  di-s  Augustins  , 
ij".   18  ,  et  à  Strasbourg  ,    rue    du   Dûiue  ,  11°.  26. 

La  publication  des  Annales  des  nrts  et  mannfac-  . 
turcs  ,i\u\  ne  pjraisseui  que  depuis  quelque»  mois, 
a  déjà  ptO'.luit  la  plus  vive  seusjtitii)  paiini  les 
négocians  ,  les  Inbricans  et  les  artistes. 
.  L  auteur  de  cet  ouvrage  périodique  corinaîi  par- 
faitement tous  les  secrets  des  ateliers  anglais  ,  et 
les  décrit  avec  une  picciL,ioii  et  une  clarté  propres 
à  en  répandie  la  conii.ii.sancc  dans  toute  la  répu- 
blique. Déjà  des  pvopiié:3i:cG  de  loiges,  de  blan- 
chisseries,  de  cordeiies,  de  lannttics,  ont  suivi  les 
prorcdés  qu'il  indique  ,  et  ont  tiouvé,  outre  une 
éciiiioiriie  considérable  ,  une  étonnante  perfec- 
tion ;  déjà  trois  artistes  célcbies  s  occupent  à 
peindre  à  Icncaustique,  dupièsles  idées  qu'il  a 
déveloi'ptes. 

Lci  trois  numéros  qui  ont  déjà  paru  des  Annales, 
forment  le  ])reniler  volume  d  :  ce; te  collciion.Ge 
volume  ,  <jui  se  vend  séparément  ,  contient  22 
mémoires  sur  les  objets  suivans  : 

Commerce.  1.  Sur  l'importance  de  nos  relations 
commerciales   dans  le  Levant. 

Beaux-arts.  2.  Sur  la  peinture  à  l'encaustique, 
et  sur  la  possibilité  d  allie;  ce  genre  à  la  ficscjue. 
3.  Sur  la  manière  de  peindre  de  l'ancienne  école 
d;  Venise.  4.  Sur  la  prcparaiiou  du  vernis  de 
Copal  ,  et  sur  la  manière  d  extraire  le  mucilage 
de   l'huile    de  lin. 

Métallurgie,  h.  Sur  la  fabrication  del'acier.'B.  Sur 
la  trempe  de  l'acier.  7.  Nouvelle  manière  de 
fabriquer  le  fer  sans  aSinerie  et  au  sortir  du  haut 
fourneau.  S.  Nouvelle  manière  de  fabriquer  la 
céruse.  9.  Sur  I  emploi  d'un  alliage  de  cuivre  , 
dont  l'usage  peut  être  avantageux  aux  ans. 

Technologie.  10.  Appareil  peur  le  blanchiment 
à  l'acide  muriatique  oxigêné  sans  potasse,  u.  Sur 
l'emploi  du  sulfure  calcaire  au  lieu  de  potasse 
dans  le  blanchiment  à  l'acide  muriatique  oxigéné. 
12.  Sur  la  labricaiion  du  savon  de  poisson.  i3.  Sur 
la  fabrication  des  cordages  plats  pour  les  travaux 
des  mines  ,  etc.  14.  Sut  les  nouvelles  découvertes 
dans  1  art  de  la  tannerie.  l5.  Sur  les  nouvelles  mé- 
caniques pour  le  peignagede  la   laine. 

Hydraulique.  16.  Sur  la  pompe  à  feu  et  pistons 
métalliques  de  Cartwright.  17.  Pompe  à  feu  atmos- 
phérique de  S.idler.  (8.  Machine-à  vapeur  avec 
mouvement  de  rotation  par  Sadler.  ig.  Sur  l'ap- 
plication des  jiompes  à  feu  pour  monter  le  char- 
bon des  mines  ,  pat  Pet  rier.  20.  Machine  à  graisser 
les  roues  des  moulins,  où  les  dents  se  trouvent  sur 
la  circonférence. 

Télégraphie.  21.  Sur  un  télégraphe  portarif  à 
l'usage  des  armées. 

Marine  militaire.  22.  Manière  de  réparer  eii 
pleine  mer  les  mâts  des  vaisseaux  endommagés 
dans  les  combats  ;  avec  quatre  planches  doubles 
et   huit   simples. 

Il  paraît  chacjue  année  douze  numéros  dt  ces 
Annales,  de  sept  à  huit  feuilles  d  impression  , 
format  in-8°,  caractère  cicéro  Uidot,  papier  carré 
fin,  avec  quatre  gravures  en  taille-douce  exécutées 
par  d'habiles  artistes. 

Le  premier  numéro  a  paru  le  i''  germinal. 

Le  prix  est  de  24  f.  par  an  ,  pour  Paris  ,  et  de' 
29  f.  franc  de  port  pour  les  départemens  ;  i5  fr. 
pour  six  mois  ,  et  1 7  fr.  5o  centimes  franc  de  port.' 

On  souscrit  au  bureau  des  Annales  ,  rue  J.-J. 
Rousseau  ,  n".  1 1  ;  en  face  de  la  grande  poste  , 
où  les  lettres  ,  avis  et  tout  ce  qui  concerne  ce 
Journal,  doivent  être  adressés,  et  dans  les  dé- 
partemens, chez  le  directeur  de  la  posteaux 
lettres  le  plus  voisin.  Les  lettres  qui  ne  seront  pas 
affranchies  resteront  au   rebut. 


4 


ANNONCES. 


Automate  qui  joue  aux  échecs  et  aux  dames  ,  rue 
des  Poulies  ,  vis-à-vis  la  giande  colonnade  du 
Louvre  ,   n°    21 1. 

C  est  une  figure  habillée  en  turc  ,  qui  joue 
avec  le  premier  venu  ,  arrange  les  pièces  j'our 
la  première  fois  ;  et  si  on  ne  sait  pas  les  règles 
du  jeu,   il   se  fâche  et  renverse  toutes  les  pièces. 

Ce  morceau  de  méchanique  iméressani  attira 
beaucoup  de  monde.  On  peut  le  voir  tous  les 
jours  depuis   midi    jusqu  à    quatre  heures. 

Le  prix  de  1  entrée  est  de  (rente  sous  par  per- 
sonne. 


L'abon 


fait 


;desPoi 


qu: 


aque 


S.  I.e  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois  ,  5o  francs  pour  6  mois  ,  et  toc  francs  pour  l'a 


U  fiut  adresser  les  lettres  etl' argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ag  Ass  e,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  u"  l8.  Il  faut  comprendre  dans  le 
pays  ou  l'on  ne  peut  affranchir.  I.cs  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plu»  de  sûreté,  de  charger  ielles  qui  renferment  des  valeuts,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au 
Poitevini  ,  n°  t3  ,  depui  jneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soit. 


nes'abonn 
lie  port  de 
ur,  rue  de 


A  Paris ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Ajjasse ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MON!  lEUR  UNIVERSEL; 


J\f°    12. 


Duodi  ,  i^  vendémiaire  an  g  de  la  république françaiie ,  une  et  indivïiible^- 


•!    p/'    îrioi     ■■.'  !i 


LU     lUp 

iilii;l<iifr. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévwur  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  Ip   M  O  n  I T  E  u  R  est  le  s,ul"jou^l"'^id''' 
Il  contient  les  séances  des  autoncés  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   arn,éçs,,,,?.insi:"que  I^s  fairsefli^otions  zkmsA: 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  ahs  et   aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  P:  R  I   EUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  26  ieptembre  f  4  vendémiaire.  ) 

Une  cour  d'alderraen,  tenue  au  Guildhall  de 
Ja  ciié  <;)e  Londres,  le  83  de  ce  mois  ,  a  passé 
à  l'unanimiié  uu  vote  de  remercîmens  au  lord 
maire  ,  pour  sa  conduite  pendant  la  semaine 
précédente  ,  et  quatre  autres  votes  de  remercî- 
mens pour  le  régiment  de  la  milice  de  Londres  etc. 
La  même  cour  a  en  outre  adopté  la  résolution 
suivante  : 

u  Que  les  membres  de  cette  cour  (regardant 
cette  résoluion  comme  un  devoir  sacré  )  sont 
déterminés  ,  à  tous  hasards  ,  à  conserver  la  paix 
du  toi,  la  iranijuillité  de  la  cité,  le  libre  et  ré- 
gulier accès  de  siS  marchés;  de  protéger  les  per- 
sonnes et  les  propriétés  contre  toute  violence 
et  outrage  quelconques.  Ils  considèrent  aussi 
comme  leur  devoir  d'empêcher  ,  s'il  est  possible  , 
etjde  punir  lorsqu'on  pourra  les  découvrir, 
toutes  les  pratiques  illicites  ,  qui  tendraient  à  sou- 
tenir ou  à  élever  le  prix  excessif  où  sont  à  pré- 
sent les  denrées  ;  mais  lesdits  membres  travaille- 
ront collectivement  et  individuellement ,  par  tous 
les  moyens  légitimes  qui  sont  en  leur  pouvoir  ,  à 
faire  baisser  le  prix  des  provisions.!) 

(Extrait  du  Courier  de  Londres.) 

Après  la  tenue,  avant-hier,  d'un  conseil  du 
cabinet  ,  un  couiier  fut  expédié  à  lord  Minto ,  à 
Vienne. 

On  dit  que  le  gouvernement  a  reçu  des  dé- 
pêches de  lord  Whitworth  .  annonçant  qu'il  est 
de  retour  de  Stockholm  à  Copenhague  ,  et  qu'il 
a  obtenu  de  la  cour  de  Suéde  une  réponse  satis- 
fesanle  sur  les  motifs  de  ses  armeraens. 

Suivant  quelques  rapports  ,  lord  Castlereagg 
est  nommé  au  commandement  de  I  Inde  ,  à  la 
place  du  marquis  de  Wcllesley.  Ainsi  ,  l'or 
d'Orient  acquittera  les  services  du  premier  en 
Irlande. 

Nous  craignons  que  les  coups  de  vent  de 
]  équinoxe  ,  qui  se  font  sentir  dans  ce  moment  , 
n'obligent  lord  Saini-'Vincent  de  quitter  sa  croi-  \ 
siere  devant  Brest  et  de  rentrer  dans  nos  ports. 
Déjà  niênie  U  téméraire ,  de  98,  commandé  par 
le  contre-amiral  'Whilshed  ,  et  i'£xcei/«7!t ,  de  74  , 
capitaine  StopFord  ,  sont  arrivés  à  Portsmouth. 
'  L'amiral  Duckworth  ,  qui  remplace  lord  Hugh 
Seymour.  dans  la  station  des  îles  du  Vent  ,  est 
arrivé  à  Toriola  ,  sur  le  IJviathan ,  de  74. 

Le  Bonny  ,  capitaine  Hughes  ,  qui  se  rendait  de 
la  côtes  de  Guinée  à  Démérary  ,  chargé  de  noits, 
a  été  pris  par  lennemi  dans  les  Indes-occiden- 
tales. 

La  mer  a  déposé  dernièrement  sur  la  côte 
près  de  Saint-Andrews  ,  une  caisse  très-pesante, 
garnie  en  Icr  ,  et  remplie  d'articles  d'une  valeur 
considérable.  Elle  provenait  du  paquebot  le 
Speedwell  ,  péri  ,  il  y  a  quelque  lems  ,  près  de 
Monirose.  Le  nom  de  lady  Anne  M'KeiÙ  ,  gravé 
Sur  une  plaque  de  cuivre,  a  fait  présumer  qu'elle 
lui    appaitenait. 

Mardi  ,  entre  les  dix  et  onze  heures  de  la  nuit, 
le  docteur  Letisom  avec  M.  Reynolds,  de  Whi- 
techepcl,    furent  attaqués  sur    la    route    d'IKord 

Î>ar  \xo\i  footpads  (voleurs  à  pied).  Le  docteur 
eur  ayant  décliné  son  nom  ,  ils  lui  répondirent 
qu  ils  le  connaissaient  bien  ,  et  qu'ils  le  traiteraient 
comme  un  gentleman  {  un  homme  comme  il 
faut).  En  conséquence  ils  ne  lui  prirent  que  son 
argent  et  sa  montre  ;  M.  Reynolds  avait  oublié 
la  sienne  chez  lui.  Le  docteur  a  rapporté  que 
c  était  des  voleurs  très-polis  ;  car  ils  ne  profé- 
rèrent ni  injures   ni   juremcns. 

La  di  unne  d'Yarmoiiih  a  reçu  ordre  de  laisser 
passer  les  b.igages  de  lord  Nelson  et  de  sir 
■^Villiam  Hamilion  sans  les  visiier.  Ces  deux 
voïagi:urs  sont  attendus  ici   incessamment. 

Un  marin  a  découvert ,  dit-on  ,  un  moyen  plus 
sûr  et  plus  exact  que  le  télégraphe  pour  cor- 
respondre à  une  distance  donnée.  A  I  a».de  de 
ce  procédé  ,  qui  paraît  consister  dans  le  son  , 
auquel  i  inventeur  fait  paicourir  dix  milles  par 
minuie  ,  on  pouria  recevoir,  dans  lespace  d'un 
quart  d  lieutc  ,  réiionse  de  Poilsmoulh  à  une 
question    faite   de   Londres. 


Comme  tous  l^s  rassemblèrnéns  populai- 
res, ceux  qui  ont  eu  lieu  dernièrement  ici 
étaient  inoins  formidables  par  le  nombre  des 
acteurs  que  par  celui  des  curieux,  qui  oubliaient 
quils  fesaient  ainsi  partie  de  ratiroupcment  et 
ajoutaient  à  sa  force  par  la  conliance  dans  le 
grand  nombre. 

On  mande  d'AntIgoa,  en  date  du  jg  thermi- 
dor, que  40  bâtiniens  étaient  arrivés  de  la  Gua- 
deloupe à  Saint-Barthelemi  ,  chaigés  de  produits 
dt:  la  première   de  ces  îles,   après  avoir  échappé 

.  a  la  vigilance  de   nos   croiseurs. 

I  Les  négocians  et  marchands  intéressés  dans  le 
commerce  des  Indes  occidentales  ,  ont  fait  pré- 
sent à  M.  Colquhoun  d'une  pièce  d'argcjnictie  de 
la  valeur  de  5oo  liy.  stcri.  en  reconnaissance  de 
I  attention  avec  laquelle  il  administre  la  police  des 
quais  le  long  de  la  Tamise.  (  Extrait  du  London 
Packet,  de  l  Observer  et  du  Sun. 


I     N     T     E     R     I    E     U 

Paris  ,  le  11  vendémiaire. 


R. 


On  écrit  de  Madrid .  en  date  du  18  septembre , 
l'[  complémentaire,"  l'aflaire  de  Barcelonne  est 
prise  très  au  sérieux  par  notre  gouvernement.  On 
est  généralement  indigné  ici  de  cet  événement,  et 
on  ne  sait  comment  caractériser  l'esprit  qui  a  di- 
rigé la  conduite  des  anglais  dans  cette  occasion.  ' 
u  Notre  état  de  guerre  ne  permettant  pas  au  mi- 
nistère du  roi  d'en  adresser  directement  des  plaintes 
à  la  cour  de  Londres,  il  se  borne  à  dénoncer  le 
fait  par  une  ciiculaire  aux  ambassadeurs  de  toutes 
les  puissances  étrangères,  qui  résident  aciuelle- 
ment  à  Madrid,  et  à  en  informer  plus  particuliè- 
rement le  ministère  de  S.  M.  suédoise  ,  que  cet 
événement  intéresse  plus  que  tout  autre  ,  en  l'ex- 
hortant à  exiger  du  gouvernement  britannique 
une  réparation  satisfesante  de  l'outrage  fait  à  son 
pavillon,  et  la  punition  exetnplaire ''des  officiers 
:  qui  ont  osé  s'en  permettre  un  aussi  criminel  abus. 
Voici  ces  deux  pièces  :  n 

Circulaire  aux  ambassadeurs  et  ministres  étrangers , 
1  à  la  cour  d'Espagne. 

[  (t  Monsieur,  j'ai  l'honneUt  d^  vous  communi- 
'  quer  copie  du  mémoire  que  le  toi  mon  maître 
!  m'a  ordonné  de  faire  passer  à  son  ministre  à 
Stockholm  ,  pour  être  remis  au  ministre  de  S. 
M.  suédoise. 

)!  Les  principes  qui  y  sont  établis,  et  l'événe- 
ment qui  y  a  donné  lieu  ,  sont  de  nature  à  inté- 
resser toutes  les  nations  commerçantes  de  lEu- 
rope  ,  particulièrement  les  puissances  neutres. 

)i  S.  M.  est  persuadée  d'avance  que  votre  gou- 
vernement envisagera  l'affaire  sous  le  même  point 
de  vue  ,  et  elle  se  flatte  qu'il  voudra  concourir  à 
effacer,  autant  que  possible,  des  annales  de  cette 
guerre  ,  un  attentat  aussi  destructeur  de  la  con- 
fiance et  de  l'hospiiaiité  dont  jouissent  les  pavil- 
lons neutres  et  amis. 

)>  Je  vous  renouvelle  ,  à  cette  occasion  ,  les 
assurances  de  ma  considération  et  de  mon  estime , 
ei  je  suis,  monsieur ,  votre  ,    etc. 

Signé  le  chevalier  d'URQUijo. 
I)  A  Saint-Ildephonse ,  le  17  septembre  1800.  u 

Lettre  à  M.  le  ministre  des  affaires  étrangères  du  roi 
de  Suéde. 

u  Monsieur,  le  roi  mon  maître  a  vu  avec  la 
plus  vive  indignation ,  par  un  rapport  que  le  con- 
sul de  S.  M.  suédoise  à  Barcelonne  a  remis  au  ca- 
pitaine-général de  la  Catalogne  ,  contenant  la  dé- 
claration du  capitaine  Rudbardt,  de  la  galiote 
suédoise  la  Hojfnund,  que  ,  le  4  septembre  der- 
nier, dans  l'après-midi,  deux  vaisseaux  tt  une 
frégate  anglaise  ont  forcé  ledit  capitaine  ,  après 
avoir  examiné  et  trouvé  en  règle  ses  papiers  ,  de 
prendre  à  son  bord  des  officiers  anglais  et  un 
nombre  considérable  de  marins,  et  de  se  laisser 
remorquera  l'entrée  de  la  nuit  par  plusieurs  cha- 
loupes anglaises  jusques  sur  la  rade  de  Barce- 
lonne et  sous  le  canon  de  ses  batteries. 

)>  Que  les  anglais  ,  ayant  réduit  ledit  capitaine 
et  sou  équipage  au  silence  ,  en  lui  tenant  le  pis- 
tolet sur  la  poitrine  ,  se  sont  emparés  du  gouver- 
nail, et  ont  fait,  à  neuf  heures  du  soir  ,  moyennant 
ledit  bâtiment  et  les  chaloupes  qui  l'enviionnaicni, 
une  attaque  sur  deux  frégates  sous  pavillon  espa- 
gnol qui  s'y  trouvaient  à  1  ancre  ,  lesquelles  n'ayant 
pas  pu  soupçonner  que  ce  bâlimenl  ami  et  neutre 


/->  ;„':!  ,    jitjT  •<;  .  •:      1         i.r;irt 

','  .'-'".  «f   réfère    pour   les  a,uîrçs   parijcularilés 

ct-les  viblenccs   exercées  par  .  les  anglais   sur   le 

batimens  sticdbis  ,  à  la  déclaration   du  capitaine 

qui   ie    trouve  ci-joinie.'  ' 

,  '.'^'î:''?', '"°"  rnaîire  n'a  pu  considéref.,cet 
cycnemeu.t  que  conirne  intéressant., les  diojU  et 
blessant  les  iuiérétf.  d,e  toutes  -les  puissancesîda 
lEurope,  sans  en  cxcepit-ri'Angletcrie  ,, et  sur- 
tout comme  l'insulte  la,  plu^', 'grave  cpuliç  le 
pavillon  de  S.  M.  suédoise,..,,,  ;;^  -  .'j'i''..  , 
u  'l'i-,'^"  *^^«=','  'I  est  évident  que  .les  puissa,nçe» 
belligérantes  ,  en  adraciianj  les  'bailrQens"oeji^|}.,e» 
sur  leurs  rades  et  daiis.  leurs  ports,  ont  vouï^ 
adoucir  le  fléau  de  la  guerre  ,  et  jnénager,  le» 
relations  commerciales  de  peuple  a  peuple  i,,que 
leUrs  besoins  mutuels  exigent.  .,  ,     ',,  , 

)_'  Tout  ce  qui  tend  donc  à. rendre  cette  navr- 
gaiion  suspecte  et  dangereuse  ■,  blesse,. également 
les  droits  er.  les  iniètêls  de  toutes  Ic's'nations.  • 
"  Mais  dans  le  cas  actuel  ,  les  droits  etlhon* 
neur  du  pavillon  suédois  ont  été  violés  d'une 
manière  si  oi^trageanie  ,  qu'où  en  trouvera  pea 
d'exemples  dans  l'histoire  maritime  de  IEuïjppe\i 
"  L  attentat,  s'il  restait  impuni  ,  tendrait  à 
brouiller  deux  nations  amies-,-  anéantir  leufs 
relations  commerciales  .  et  à  faire  considérer  la 
pavillon  qui  le  soufFrjrait  CQmme  auxiliaire  secret 
de .  la  puissance  ennemie  ,  -et  forcerait  ainsi 
l'Espagne  à  prendre  des  mesures  que-  l'intérêt 
de  ses  vassaux  et  la  sécurité  de  ses  ports  com- 
ma.pderaient.  .  .,       ,         , 

))  Cependant  ,  le  roi  mon  maître  aimï  encore 
à  croire  que  le ,  capitaine  suédois  ne  s'est  paS 
rendu  coupable  de  la  moindre  connivenceaveé 
les  anglais,  et  qu'il  n'a  fait  que  céder  à' leurs 
violences  et  à  leur  grand  nombre. 
I  !!  Dans  cette  supposition,  le  roi  m'a  ordonné 
dt  porter  à  la  connaiss.snce  de  S.  M.  suédoise 
cette  insulte  grave  coniraie  contre  son  pavillon; 
et  ne  doutant  pas  du  rcsse.ntiment  qu'elle  éprou- 
vera d'un  procédé  aussi  bas  et  déloyal  de  la 
part  de  quelques  officiers  de  marine  briianni- 
•%"'  ■    il    s;at:ead  à  ce  que  la  cour  de  Sickholm 

fera    auprès    uu  '  ministère   oJ-:-   '—    ; , 

les  plus  sérieuses  pour  -que  les  officiers  qui  se 
sont  rendus  coupables  en  cette  occasion  soient 
punis  sévèrement ,  et  que  les  deux  ftégates  espa- 
gnoles ,  surprises  et  enlevées  de  la  rade  de  Bar- 
celonne par  une  ruse  aussi  contraire  au  droit 
des  gens  et  aux  règles  de  la  guerre,  soient 
.immédiateinent  restituées  avec  leurs  cargaisons , 
comme  étant  illégalen^ent  prises  au  moyeu  d'.un 
vaisseau  neutre  ,   qui  servait  d'instrument  aux,as- 

saillans.  ''   ■  j    ' 

))  S.  M.  C.  se  croit  d'autant  ;plus  fondée  à 
regarder  le  succès  de  cette  réclamation  comme 
assuré  ,  que  le  gouvernement  anglais  même  ne 
saurait  se  dissimuler  que  ses  ennemis  ,  en  suir 
vant  un  pareil  exemple  ,  pourraient  se  servir 
également  des  bàtiraens  neutres  pour  infester 
ses  rades  et  causer  dans  ses  ports  tous  les 
dommages  possibles.  ;  : 

)»  Mais  si  ,  contre  toute  attente  ,  les  démar- 
ches de  S.  M.  suédoise  aupiès  de  la  cour  de 
Londres,  pour  obtenir  la  réparation  de  l'injure 
faite  à  son  pavillon  ,  ainsi  que  la  rcsliiutiçn  des 
deux  frégates  espagnoles  ,  n'avaient  pas.le  .succès 
désiré  avant  la  fin  de  cette  année,'  S.  M.  se 
verrait  obligée,  qupiqu'avecbeaucoup  de  regret, 
de  prendre  envers  le  pavillon  suédois  des  mcsuies 
de  piécaution  qui  mettraient  ses  rades  et  se» 
ports  à  l'abri  d  un  abus  aussi  dangereux  et  rér 
voilant  que  celui  que  les  anglais  viennent  ds 
faire.  r> 

J'ai  l'honneur  d'être  ,  etc. 

Signé  le  chevalier  d'urq_uijo. 
A  Saint-Ildephonse  ,  le  ig  septembre   1800. 

—  On  écrit  de  Bruxelles  ,  en  date  du  6  ven-t 
deniiaire  ,  que  l'on  va  commencer  à  réparer  le 
couvent  des  minimes  de  celle  ville  ,  pour  Iq 
faire  servir  d'Iiôtel  des  invalides  ;  le  nombre  de 
ceux  (]u'on  pourra  y  placer  ,  s  élevé  à  trois  mille 
et  au-delà.  ,    , 

r-  Une  lettre  de  Bayonne  ,  en  date  du  5  com- 
plémenlaire  porte  ,  que  depuis  quelques  jours, 
il  s  éiait  répandu  le  bruit  que  la  fièvre  jaune 
s'ciaii  uianiiçsice  à  Cadix.    L'espèce   d'épidcmia 


42 


tqm  s'est  déeh^t  i  Cadix  ert  l'^et  ^fr^iOi 
d'est ,  et  nullement  la  fièvre  jauqe.  Oependaiil 
les  nouvelles  de  cette  ville  annoncent  qu  il  y 
fcgnt-nnc  mortaltlié  ejttïaOfdinaire  ;  mais  les  pluies 
'qai  tombent  font  espérer  qu.e  l'activité  de  la 
maladie  diminuera  sensiblement. 

(Extrait   du  Journal  de  Paris.) 


amrfie  dupti'ttpropôsé par  lasodétéd'â^riÉultiire 
du  déparlement  de  la  Haute-Garonne. 

La  société  d'agriculture  du  département  de 
la  Haute-Garonne  ayant  délibéré  de  distribuer  , 
dans  sa  séance  publique  du  lo  messidor- an  g  , 
un  prix  à  j'auteu'r  dujneiUeuf  méjnpir.e  iqal  lui 
s'étà'  'adressé  sui:  quelques  questions  relatives  à 
l'amélioration  de  l'agriculture  dans  le.  flépane- 
naenî  ,  propose  celles  qui  suivent  : 
'■ 'l'f'Qjjelles  sô'ht  les  diverses  qualités  des  terres 
.s»  du  dépàriément  dé  la  Haute-Garonne  ?  quels 
>')  sont  les  caractères  distinciifs  qui  peuvent  les 
Ji  faire  connaître  au  cultivateur  le  moins  iiis- 
I»  truit  ?  quelle  est  la  nature  et  le  itiôdê  d'era- 
Iv  plbi  des 'engrais  et  des  labours  qui  convien- 
»>  HëHt  à  chacune?  Déterminer  lés  cours  des 
s»  moissons  dont  elles  sont  susceptibles  pour 
«r  supprimer  ou  diminuer  les  jathetes,  et  intro- 
>>  duiie  les  assolemens  les  pTus  produclii's.  >> 

Là  société  a  sètiti  de  quelle  importance  était, 
poiit  Ses  travaux  futurs ,  la  parfaite  connaissance 
utes  terres  d'uti  département  qui  renfirme,  dans 
son  étendue  ,  des  iois  dont  la  disposition  topo- 
gfaphique  doit  produire  des  variations  sur  la  na- 
ture de  leur  lerreiri  ,  sur  leS'  influences  qu'ils 
reçoivent  de  l'atmosphère,   et  sur  leur  produit. 

La  partie  du  département  qui  s'enfonce  dans 
les  Pyrénées  ,  est  couverte  de  terres  élevées  , 
dont  les  qualités  et  les  récoltes  doivent  différer 
considérablement  de  celles  qui  occupent  les  ri- 
ches coteaux  du  ci-devant  Lauraguai's,  et  la  plaine 
que  parcourt  la  Garonne  ,  depuis  l'embouchure 
de  l'Arriège  jusqu'à  celle  du  Tarn.  Si  ces  terreins 
sont  si  difîférens  ,  leur  culture  et  le  cours  de  leurs 
moissons  doivent  l'être  également  ;  ils  sont  de 
même  susceptibles  plus  ou  moins  de  la  sup- 
pression ou  de  la  diminution  des  jachères  ,  et 
de  recevoir  des  assolemens  plus  ou  moins  pro- 
ductifs. 

C'est  à  ces  connaissances  précieuses  que  la 
société  croit  pouvoir  atteindre  ,  à  l'aide  des  mé- 
moires qui  lui  seront  adressés.  Elle  destine  une 
médaille  d'or  à  l'auteur  de  celui  qui  aura  le  mieux 
traité  ces  questions. 

La  société  exclut  du  concours  ses  membres  rési- 
dans  et  non  résidans  ,  mais  non  les  correspondans  ; 
elle  recevra  les  mémoires  jusqu'au  l''  prairial 
an  9  ;  ce  terme  est  de  rigueur. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à 
leur  ouvrage  ,  mais  seulement  une  sentehce  ou 
devise. 


Les  mémnjrps  sern 


i.  1»  o,ji.iètê,  sous 


le  couvert  du  citoyen   préfet  du  dépariemeat  de 
la  Haute-Garonne. 

Signé,  PoNs-Dzvn.R,  président ,  etc. 


Traité  sur  te  climat  d'Italie ,  considéré  sous  ses 
rapports  physiques ,  météorologiques  et  médicinaux , 
par  le  docteur  Thouvenel. 

La  chaleur  ou  le  froid  d'un  pays  ne  dépen- 
detit  pas  toujours  de  sa  latitude.  Québec  qui  est 
ffoid  comme  Pétersbourg,  est  à  la  latitude  de 
Paris.  La  salubrité  d'un  pays  ne  dépend  pas  da- 
vantage de  sa  température.  La  Suéde  et  llnde 
sont  également  salubres.  Certains  pays  de  plaine 
secs  peuvent  être  mal-sains  comme  l'a  campagne 
de  Roine.  Certaines  collines  peuvent  même  n'être 
îjas  saines  ,  telles  que  celles  qui  sont  sujettes 
à  la  pellagra  sur  la  pente  méridionale  des  Basses- 
Alpes,  ou  celles  qui  sont  sujettes  à  des  mala- 
dies maremmaliques  sur  certains  revers  de  l'A- 
pennin. 

TaTidis  que  des  pays  manifestement  secs  sont 
mal-sains  ,  certains  pays  marécageux  offrent  unel 
grande  salubrité.  On  peut  citer  à  cet  égard  non 
seulement  des  pays  marécageux  ,  froids  ,  tels  que 
tertaines  parues  de  l'Allemagne  ou  de  la  Hol- 
lande,  rusais  encore  des  pays  marécageux  sous  un 
soleil  ardent ,  tels  que  Venise  au  fond  de  l'Adria- 
tique. Enfin  des  climats  aujourd'hui  sains  peu^ 
vent  devenir  insalubres.  Des  climats  aujourd  hui 
insalubres  peuvent  devenir  sains.  On  ne  parla 
jamais  ,  du  teras  de  la  république  ,  de  Pinsaiubriié 
de  la  campagne  de  Roni'^e.  Baies  et  Altina  ,  si 
célèbres  autrefois  par  lijur  salubrité  ,  sont  deve- 
nus des  lieux  infects. 

Auctjne  partie  de  la  terre  n'offrait  un  plus  beau 
théâtre  à  ces  observations  que  l'Italie.  On  y  trouve 
tous  les  extrêmes  de  salubrité  et  d'insalubrité. 
Cette  terre  offre  ,  d'un  côté  ,  le  plus  grand  exem- 
ple de  population  ;  de  l'autre  ,  le  phénomène  le 
plus  constamment  renouvelé  de  maladie  ei  de 
destruction.  On  fait  monter  le  nombre  des  vie-  j 
times ,  chaque  année ,  de  5o  à  6p  mille  dans  i 
l'étendue  seule  des  côtes. maritimes.  Il  en  fallait 


fncHïis.-ajsaiérnefit  pr>"r    exciter  raciîviié  et  lès 
^ecîieïcbfes  aé  ^L  le  docteur  Thouvenel. 

Quoiqu'il  soit  susceptible  d'exception,  le  prin» 
cipe  le  plus  général  d'insalubrité  réside  cependant 
dans  les  constitutions  marécageuses.  On  doit  re- 
garder un  marais  comme  un  grand  cadavre  ex- 
halant sans  cesse  des  vapeurs  et  infectant  tout  ce 
qui  l'approche.  Ce  caractère  s'aggrave  si  ,  au 
limon  et  à  l'eau  qui  s'y  trouvent  en  quelque  sorte 
en  pourriture,  se  joignent  des  débris  d'animaux 
et  de  végétaux  qui  s  y  accumulent.  Ce  caractère 
s'aggrave  encore  ,  si  les  territoires  marécageux 
sont  tellement  renfermés  que  l'air  n'y  puisse  s'y 
renouveler  au  moyeu  de  ventilations  salubtcs  , 
ou  qu'ils  soient  exposés  à  des  constitutions  d'air, 
tel  que  les  scirocs  ou  les  vents  du  sud  ,  dont 
l'effet  est  d'accroître  la  putréfacion.  Ce  caractère 
doit  s'aggraver  encore  ,  si  les  territoires  maréca- 
geux se  trouvent  dans  des  plages  maritimes  et 
basses  en  contact  avec  les  eaux  salées  de  la  mer, 
dont  le  mélange  avec  les  eaux  douces  est  reconnu 
pour  augmenter  les  dispositions  à  la  putréfac- 
tion. Enfin  ce  caractère  doit  s'aggraver  encore 
au  cornuier.cemenl  de  l'auionme,  lorsqu'à  la 
suite  des  chaleurs  de  l'été,  le  soleil  touche  de 
plus  près  les  limons  marécageux  ,  et  que  la 
constitution  de  l'homme  étant  plus  affaiblie  ,  le 
rend  plus  accessible  aux  influences  des  causes 
morbifiques. 

Actuellement  ces  caractères  et  leurs  effets  ne 
sont  pas  seulement  propres  aux  territoires  réputés 
marécageux  ;  ils  se  retrouveront  dans  des  lieux  , 
qui  n'auront  aucune  apparence  de  marécage. 
Mais  alors  ce  sera  l'air  lui-même  ,  qui  par  sa 
stagnation,  ou  par  son  mélange  avec  des  cvapo- 
rations  d'eau  douce  et  muriatique  ,  acquerra  cette 
qualité.  Le  sol  aura  beau  être  sec;  l'air  lui-même 
sera  dans  un  état  marécageux.  On  aura  une  c.^pcce 
de  marais  atmosphérique  ,  qui  se  corrompant  et;  se 
méphitisant  dans  cet  état  développera  tous  les 
effets  des  marais  terrestres.  On  remairiue  que  la 
peste  est  toujours  précédée  d'une  stagnation  de 
l'air.  C'est  ainsi  que  fauteur  explique  l'insalubrité 
de  certaines  collines  des  App?nins  qu'il  regarde 
comme  des  marais  inclinés  ou  raoniueux.  Ail- 
leurs les  mêmes  effets  se  manifesteront  sur  des 
terreins  composés  de  débris  volcaniques  ou  ma- 
rins ,  ainsi  que  sur  des  terreins  spongieux  et  plats  , 
qui  secs  en  apparence  recèleront  dans  leurs  bases 
oes  marécages  souierreins  ,  dont  un  soleil  ardent 
développera  l'exhalaison  et  l'activité  avec  d'au- 
tant plus  d'effet ,  que  des  ventilations  salubres  ne 
pourront  en  tempérer  la  malignité  ;  c'est  ainsi 
que  l'auteur  explique  l'insalubrité  de  la  campagne 
de  Home.  Enfin  ce  seront  des  territoires  non 
marécageux  ,  il  est  vrai  ,  mais  surabondamment 
humides  ,  tels  que  la  Lorabardie  ,  où  l'air  se  char- 
geant sans  cesse  de  parties  aqueuses ,  pourra 
donner  lieu  à  des  décompositions  méphitiques  , 
toutes  les  fois  qu'un  soleil  aident  ne  sera  point 
tempéré  par  des  ventilations  salubies. 

Quelques  personnes  ne  veulent  point  compren- 
dre ijue  des  maladies  ,  qui  semblent  appartenir  à 
des  consliiutior>s  marécageuses  ,  puissent  se  re- 
trouver dans  des  lieux  d  eau  courante  ou  dans 
des  pajs  secs.  Nous  avons  cependant  sous  nos 
yeux  le  même  phénomène  dans  l'air  des  prisons 
ou  des  hôpitaux.  On  y  trouve  le  même  caractère 
de  maladie.  On  a  vu  dans  des  prisons  des  exem- 
ples de  putréfaction  tels,  qu'en  peu  d'heures,  les 
hommes  qu'on  y  renfermait  périssaient  comme 
suffoqués  et  gangrenés.  Ceux  qui  résistaient  plus 
long-tems  succombaient  à  des  fièvres  malignes  ou 
pesiilenlielles  ,  qu'ils  communiquaient  à  ceux  qui 
les  assistaient,  aux  juges  mêmes  qui  les  interro- 
geaient. Un  homme  robuste  et  bien  ponant  dans 
les  marais  pontins  peut  être  inoculé  au  bout  de 
six  heures  de  voyage  d'une  fièvre  paroxistique  ou 
susceptible  de  le  devenir. 

Plusieurs  espèces  de  fièvre  depuis  l'intermit- 
tente bénigne  ,  jusqu'à  la  continue  ,  ou  synoque 
simple  ,  et  delà  à  la  fièvre  putride  comprenant 
toutes  les  nuances  de  malignité  ,  jusqu'à  la  fièvre 
ditepestilenijelle,  telles  sont  les  maladies  qui  pa- 
raissent appartenir  de  préférence  aux  constitu- 
tions marécageuses  ou  réputées  telles.  Le  goitre  , 
la  pellagra,  les  affections  catharrales  appartiennent 
à  des  consntutions  d'un  autre  genre. 

A  l'égard  du  goitre  ,  l'auteur  observe  très-bien 
qu'il  ne  peut  être  dû  à  l'usage  de  l'eau  de  neige. 
Eu  Ecosse  et  au  Thibet ,  il  n'y  a  point  de  goitre  , 
et  on  y  boit  de  l'eau  de  neiK.  A  Sumatra  ,  le  long 
de  son  rivage  ,  on  ne  connaît  point  la  neige  ,  et  on 
voit  beaucoup  de  goitres. 

Lapellagra qu'on  trouve  assez  généralementdans 
les  mêmes  circonstances  que  le  goître  ,  a  un  autre 
caractère.  Cette  maladie  qu'on  ne  connaît  en 
Italie  que  depuis  environ  cent  ans,  débute  par 
des  éruptions  herpétiques  ,  des  ardeurs  brûlantes 
aux  extrémités  ,  des  douleurs  cérébrales  et  lom- 
baires ,  manifeste  bientôt  Une  prostration  crois- 
sante de  toutes  les  forces  musculaires  et  vitales  , 
produit  delà  des  altérations  cutanées  et  arrive 
enfin  au  paroxisme  de  la  furieuse  manie  qui  la 
termine.  Ce  u  est  pas  seulement  dans  des  vallées 
chaudes  et  engouirées.  que  se  développent, 
loit  le  crétinage  ,    soit  les  goitres  <  soit  la  peN 


làg^Ys,  1^  cowcouT»  He  deaS:  tjualî'tés  d'air  ,  l'une 
êttiuiFée  ,  l'autte  refroidie  ,  One  intempérie  sep- 
tentrionale qui  refroidit  sur  place  un  air  déjà 
lourd  et  stagnant,  sans  le  renouveller  par  une 
ventilation  convenable  ,  telles  sont  les  conditions 
nécessaire»  aux  créiinages  ,  aux  goitres  et  à  la 
pellagra.  Ces  dernières  maladies  semblent  confi- 
nées en  Italie  dans  la  région  sous-alpine  ;  la 
fièvre  et  les  maladies  maremmatiques  dans  la 
région  sous-appennine  ,  et  particulièrement  sur 
les  rives  de  la  Méditerranée. 

Ce  n'est  pas  assez  de  déterminer  le  rapport 
de  ces  diverses  constitutions  avec  leurs  effets. 
Quand  leur  coexistence  est  connue  ,  on  vou- 
drait faire  un  pas  de  plus  et  connaître  direc- 
tement le  rapport  de  ces  effets  à  leur  cause. 
La  chymie  avec  tout  son  étalage  scientifique  , 
n'offre  à  cet  égard  aucun  moyen  sûr.  Les  ap- 
pareils qu'elle  a  imaginés,  ne  donnant  même 
pas  toujours  l'éiat  précis  de  la  situation  de  l'air. 
Les  hygromètres  et  les  électrometres  nous  irom- 

Fent  souvent  sur  l'humidité  ou  l'électricité  de 
atmosphère. 

Les  décompositions  analytiques  ne  sont  pas 
plus  sûres  que  les  appareils.  On  sait  que  l'air 
atmosphérique  est  composé  de  27  parties  d'air 
vital,  ou  gas  oxigene,  de  72  parties  d'air  méphi- 
tique, ou  gas  azote,  auxquels  on  peut  ajouter 
environ  un  centième  d'air  fixe  ou  gas  acide  car- 
bonique. On  sait  que  l'eau  est  composée  de  83 
parties  d'oxigene  et  de  i5  d'hydrogtne  :  180  livres 
de  boue  liquide  de  lagunes  marécageuses ,  s,e 
trouvent  donner  juste  45o  pouces  cubes  d'air  , 
partie  inflammable  ,  partie  respirable.  La  boue 
d'eau  douce  en  donne  un  tiers  de  plus;  mais 
toutes  ces  observations  ne  donnent  aucune  notion 
certaine  sur  la  cause  directe  des  maladies.  Si 
le  méphilisrae  pernicieux  des  marais  produit  du 
nitre ,  le  méphiiisme  non  pernicieux  des  étables 
en  produit  aussi.  Les  résultats  ne  sont  pas  seule- 
ment obscurs,  ils  paraissent  quelquefois  contra- 
rier tous  les  principes.  L'air  mal-sain  des  marais 
contient  plus  d'oxigene  que  celui  des  montagnes. 
Qjii  fait  que  les  grands  animaux  ne  sont  nullement 
attaqués  des  miasmes  marécageux  ?  Qiii  lait  qu'ils 
peuvent  manger  ,  respirer  et  boire  impunément 
là  où  l'homme  ne  peut  exister  vingt-quatre  heures 
sans  danger  ?  Pourquoi  des  maladies  d'abord 
innocentes  prennent-elles\  à  mesure  qu'elles  SB 
propagent,  un  caractère  pestilentiel  et  contagieux? 
La  physique  n'expliquant  point  la  nature  précise 
des  rapports  entre\  certains  cas  et  les  maladies, 
la  politique  et  la  médecine,  qui,  chacune  dans 
leurs  relations ,  sont  dans  le  cas  de  s'occuper  de 
ces  maladies,  sont  obligées,  en  quelque  sorte, 
de  renoncer  à  ses  lumières  et  d'avoir  recours  à 
d'autres  procédés.  Si  les  armées  françaises  ,  dans 
les  dernières  campagnes  ,  ont  généralement 
échappé  en  Jtalie  à  l'influence  dangereuse  du 
climat  ,  une  activité  perpétuelle  ,  qui  les  a  fait 
s'agiter  sans  cesse  d'un  lieu  à  un  autre  ,  une 
abondante  et  bonne  nourriture  ,  l'usage  journa-. 
lier  du  vin  et  de  l'eau-de-vie  ,  celui  du  vinaigre 
et  des  fruits  acidulés  ,  des  boissons  aromatiques 
chaudes  et  des  bains  froids ,  des  feux  multipliés 
dô(ns  les  nuits  fraîches  de  l'automne  ,  une  énorme 
consommation  de  tabac  à  fumer  et  d'ail ,  voilà 
ce  qui  les  a  piéservés.  Ce  n'est  pas  par/la  décora^ 
position  de  l'air  ou  par  la  décomposition  de  l'eau 
que  les  armées  françaises  ont  trouvé  ce  régitié. 
Mais  enfin  il  est  trouvé.  C'est  aux  armées  désor- 
mais à  le  suivre. 

La  politique  doit  rechercher  de  plus  près  les 
causes  d'insalubrité  et  les  attaquer  par  tous  les 
moyens  convenables. 

Cinq  à  six  cent  mille  quarrés ,  fesant  près  de  200 
mille  arpens,  composent  les  lagunes  adria'tiques. 
C'est  au  milieu  de  cet  immense  bourbier  que 
sont  situées  25  ou  3o  îles  à  demi  submergées 
dont  Venise  est  la  c;pitale.  Celte  viile  où  les 
canaux  se  dessèchent  quelquefois  au  point  d'exha- 
ler une  odeur  fcetide ,  est  pourtant  une  des 
villes  les  plus  saines  de  l'Italie.  Elle  le  doit 
à  sa  situation  particulière.  (  On  sait  que  les 
marécages  d'eau  salée  sont  moins  malfesans.  ) 
Elle  le  doit  aussi  aux  ventilations  abondantes 
qu'elle  reçoit  de  toutes  parts,  notamment  de  l'a- 
driatique.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  toute 
la  partie  de  terte-ferrae  qui  ne  partage  pas  cette 
situation. 

Les  marais  pontins  de  leur  côté  contiennent 
de  i59  à  200  mille  quarrés  ,  c'est-à-dire  ,  environ 
60  mille  arpens.  C'est  le  réservoir  et  en  quel- 
que sorte  l'entonnoir  de  tous  les  fleuves  qui 
descendent  de  la  chaîne  semi  -  circulaire  des 
monts  Piperno  ,  dont  la  situation  au  nord-ouest 
les  prive  de  toute  ventilation  salubre.  Cette  masse 
de  fleuves  n'a  d'ailleurs  aucune  rapidité.  Si  les 
lagunes  vénitiennes  sont  des  marais  d'eau  salée 
ayant  à  des  points  de  leur  circonférence  de 
l'eau  douce  ,  les  marais  pontins  sont  d'eau  douce 
ayant  à  divers  points  de  leur  circonférpnce  de 
l'eau  salée  :  circonstance  qui  aggrave  leur  insa- 
lubrité. Dix-huit  à  vingt  pompes  à  feu  à  des 
distances  ,  l'une  dé  l'autre  de  3  à  4  milles  ,  coùtauç 
environ  un  million  et  demi  de  livres  tournois 
assainiraient  toute  cette  contrée  suivant  le  doc- 
teur Thouvenel')!?'  et    la    faciUté  d^exploiier  de» 


itilnes  de  charbon  et  de  tef  couvriiai»  même 
en  bénéfice  une  partie  de  ce  iapilal.  On  achè- 
verait ainsi  de  dessécher  tout  ce  qui  est  encore 
aujourd'hui  noyé.  On  noyerait  tout  ce  qui  ne 
peut  être  totalement  desséché. 

Les  lagunes  de  Venise  s'assainiraient  de  même? 
Mais  par  un  autre  procédé.  On  n'emploirait  point 
â  cet  effet  des  parapets  ,  des  murailles  ,  dés 
chaussées,  des  digues  à  terre-plein.  Tout  cela 
ne  résisierait  point  à  la  mer.  Des  coupures ,  des 
excavations,  des  élévations  en  forme  de  dunes 
alternativeiçent  allongées ,  et  se  prolongeant  plus 
tou  moins  dans  les  terres  marécageuses  ou  sub- 
tnergées,  formeraient  ainsi  des  espèces  de  pro- 
tnontoires  longitudinaux  terminés  en  manière  de 
cap,  et  séparés  les  uns  des  autres  par  de  larges 
canaux  en  manière  de  sinus  ou  d'anse.  Si  vous 
(Db)ectez  au  docteur  Thouvenel  Je  lems  et  les 
frais,  il  vous  répondra  par  la  Hollande.  Toute 
sa  doctrine  est  qu'un  grand  peuple  sache  taire 
pour  sa  sûreté  ce  qu'un  petit  peuple  a  l'ait  pour 
la  sienne.  Tout  son  procédé  consiste,  selon  lui  , 
S  kollandiser  1  Italie. 

Il  ne  néglige  pas  quelques  procédés  domesti- 
ques et  diététiques.  Mais  il  traite  avec  plus  d'é- 
tendue la  partie  médicale.  Il  s'oppose  fortement 
à  la  saignée,,  sur-tout  pour  la  ville  de  Rome. 
Il  ne  la  trouve  indiquée  ni  par  la  constitution 
des  romains  ,  plus  pituiteux  en  général  que 
sanguins  ,  ni  par  celle  du  climat  ovi  la  chaleur 
jointe  à  1  humidité  abattent  toutes  les  forces, 
ni  par  l'espèce  des  maladies  dont  la  prostration 
totale  des  forces  forme  le  plus  constant  carac- 
tère. Ici  il  est  cfirayé  de  la  saignée,  ailleurs  de 
l'usage  du  kina.  Il  n'est  point  pour  un  trop  grand 
affaiblissement.  Il  n'est  pas  non  plus  pour  une 
trop  grande  excitation.  Il  combat  à  cet  égard  la 
doctrine  de  M.  B.own  et  de  ses  sectateurs.  Cette 
doctrine  est  en  général  fondée  sur  un  seul  prin- 
cipe ,  l'excitabilité  animale.  Selon  le  médecin 
écossais  ,  il  n'est  que  deux  modes  de  maladies  , 
le  fort  et  le  faible.  Il  n'est  de  même  que  deux 
moyens  de  médication,  \e  faible  et  le  fort;  une 
seule  faculté  organique  passive  ,  l'excitabilité;  une 
seule  faculté  phisique  active ,  la  stimulation.  Au 
«urplus ,  on  peut  voir  dans  l'ouvrage  inême 
l'exposé  de  celte  doctrine  et  cette  réfutation.  Les 
bornes  de  cette  feuille  ne  nous  permettent  point 
d'étendre  cette  analyse.  On  ne  peut  dire  déplus 
belles  choses  et  des  choscsplussavantes  avec  plus 
de  désordre.  Les  quatre  volumes  qui  composent 
le  traité  du  docteur  Thouvenel  sont  un  véritable 
chaos ,  oii  les  idées  ont  été  entassées  ,1  comme 
elles  sont  venues,  et  où  rien  n'est  à  sa  place.  En 
retranchant  dans  cet  ouvrage  une  multitude  de 
dissertations  fort  savantes,  mais  qui  sont  hors 
d'oeuvre  ,  en  donnant  à  la  marche  des  idées  ,  sa 
direction  naturelle  ,  et  surtout  en  le  dépouillant 
de  je  ne  sais  quelles  expressions  germaines,  ita- 
liennes, latines  et  grecques ,  dont  la  moitié  des 
lecteurs  ne  peuvent  connaître  ni  la  signification 
ni  l'origine  ,  on  formerait  un  des  livres  les  plus 
intéressans  qui  aient  encore  paru.  Mais  avec  toute 
la  richesse  d'idées  et  de  vues  précieuses  dont  il 
abonde  ,  il  nous  est  impossible  de  ne  pas  nous 
élever  de  toutes  nos  forces  ,  soit  pour  l'intérêt 
du  public  ,  soit  pour  lintérêt  des  auteurs,  contre 
une  semblable  mànieie  d  écrire,  On  pourra  ap- 
peler comme  on  voudra  cette  cohue  indigeste 
de  dissertations  scientifiques  ;  mais  ce  ne  sera  ja- 
mais que  par  une  extiême  complaisance  qu'on 
lui  donnera  le  nom  d'un  ouvrage. 

Après  cela  nous  ne  nous  arrêterons  pas  même 
sur  quelques  erreurs  qui  s'y  trouvent  parsemées. 
Comment  l'auteur  a-t-il  pu  croire  que  l'eau  douce 
qu  il  a  trouvée  à  Venise  y  venait  du  continent 
par-dessous  la  mer  ?  Où  a-t-il  fris  que  les  sources 
des  montagnes  proviennent  de  la  mer  ?  Comment 
îgnore-l-il  que  l'eau  se  fait  dans  le  sein  des  mon- 
tagnes et  dans  les  entrailles  de  la  terre  ?  Qj.ie  tout 
le  règne  minéral  se  nourrit  d'eau  et  la  rend  après 
l'avoir  recomposée  ? 

Sur  les  maladies  épidémiques  ,  l'auteur  cherche 
où  est  le  poison  qui  lue.  A  l'entendre,  la  mort  a 
l'air    de   venir  de    l'atmosphère   ou  des    régions 


43 

met  dans  soh  écrit  ne  sont  nullement  celles  qui 
ont  été  adoptées  ;  nous  ne  les  fcsons  point  ici 
connaître  comme  les  partageant  nous-mêmes  ,  et 
comme  cherchant  à  étayer  notre  opinion  parti- 
culière de  celle  de  l'écrivain  que  nous  citons. 
Nous  publions  ces  observations  uniquement  pour 
appeler  la  discussion  sur  un  objet  aussi  intéres- 
sant, et  sur  lequel  une  extrême  bonne  foi  et  un 
goût  également  éclairé  pour  les  arts,  semblent 
pouvoir  inspirer  des   avis  difTérens. 

En  parlant  des  riches  monuinens  que  la  vic- 
toire a  fait  lomber  en  r)OS  mains  ,  le  cit.  Robert 
demande  si  on  en  a  fait  l'eraitloi  le  plus  utile 
au  progrès  des  arts.  Il  ne  le  croit  pas. 

>>  Ces  dépouilles  de  l'Italie,  dit-il  ,  les  tableaux 
originaux  des  plus  grands  maîtres  de  ces  trois 
écoles,  venus  de  Bologne,  de  Florence, 
de  Rome  ,  apportés  de  Modene  ,  de  Turin  , 
de  Parme ,  de  Venise  ,  de  Milan  ;  les  pro- 
ductions envoyées  de  la  Hollande  et  des  diffé- 
rentes villes  de  In  Belgique  ,  qui  étaient  si  célè- 
bres par  ce  genre  de  richesse  ;  celles  enfin  des 
meilleurs  maîtres  de  l'école  fiaiiçjise,  tout  cela 
déposé  ,  entassé  .  accumulé  ,  concentré  dans  le 
chef^-lieu  de  la  vépubhque  ,  y  produit  la  satiété, 
plutôt  que  ce  sentiment  vif  du  beau  que  doivent 
exciter  les  merveilles  de  l'art  ;  la  satiété  qui  en- 
gendre le  dégoût  ,  ou  ,  du  moins  ,  qui  émousse 
cette  finesse  de  tact  ,  cette  sensibilité  exquise 
que  rien  ne*  supplée  dans  le  jugement  des  pro- 
ductions des   grands  maîtres. 

5)  L'ame  fatiguée  ,  rassasiée  des  chefs-d'œu- 
vre qu'elle  vient  de  contempler  ,  et  reportée 
à  l'instant  sur  d'autres  ,  et  de  ceux-ci  sur  d'autres 
encore  en  plus  grand  nombre  ,  ne  peut  suffire  à 
la  mesure  d'admiration  qu'ils  coiui'nandent.  Les 
impressions  faites  par  les  uns,  subsistant  encore 
lorsqu'elle  reçoit  celles  occasionnées  par  les  au- 
tres ,  il  en  nait  une  confusion  ,  un  trouble  dans 
les  idées  qui  mettent  hors  d'état  d'aprécier  et  ju- 
ger sainemen".  La  rapidité  des  impressions  suc- 
cessives ,  et  presque  instantanée,  afi^ais^e  l'ame, 
use  sonénergie,  son  irritabilité, et  lajettejdans  une 
une  sorte  d'apathie  funeste  à  l'amour  et  au  pro- 
grès des  arts.  C  est  ainsi  que  l'oreille  frappée 
de  sons  bruyans  et  continus  ,  perd  sa  délica- 
tesse ,  et  finit  par  en  ditinguer  à  peine  les  nuances,  j  minéral;   et,   en   général,  tous  les  objet^d'arts  , 

D'un  autre  côté;  la  facilité  d'avoir  ces  produc-  |  dignes    d'être  conservés    pour    l'instruction    pu- 
tiotis  sous  les  yeux,  quand  on  le  veut ,  à  l'instant  |  blique. 

qu'on  le  veut,  toutes  ensemble  si  on  le  VEUt  ,  di-  „  Ce  que  je  dis  ici  pour  les  départemens  en 
minuent  beaucoup  de  leur  prix  réel.  Il  en  était  .'général,  s'applique  d'une  manière  bien  plus  par- 
bien  autrement  lorsque,  pour  en  jouir,  il  fallait  ;  ticuliçre  encore  à  celui  de  la  Côte-dOr  ,  qui  , 
franchir  les  monts,  lorsqu'il  fallait  franchir  l'inter-  I  par  son  heureuse  et  singulière  fécondité  en  sa- 
valle  du  tcms  et  celui  des  lieux  qui  les  sépa-  |  vans  du  premier  ordre  ,  en  littérateurs  habiles, 
raient,  et  parcourir  dans  le  pays  des  arts  ,   sous  i  en  hommes  de  génie  dans   tous  les   genres  ,   en 


auxPugeti'aux  Bouchirdon  ?  Jouvenel ,  Calot, 
Rcsiout ,  le  Bourdon  ,  ont-ils  pris  naissance  dans 
ses  murs?  Grcuze  et  Vernet  l'ont-ils  eu  pour 
pallie  ?  Non  ,  les  Cousiou  virent  le  j'iur  à  Lyon  ; 
les  Puget,  à  Marseille  ;  Troycs  fut  le  berceau  de 
Mignatd  et  de  Girardon  ;  Restout  et  Jouvenct 
naquirent  à  Rouen;  le  Poussin,  aux  Andelys; 
le  Bourdon,  à  Montpellier;  Calot,  à  Nanci  ; 
Bouchardon  ,  à  Chaumont;  Toutnus  et  Avignon 
se  glorifient  d'avoir  produit  Greuze  et  Vernet; 
Valenciennes  fut  la  patrie  de  Wateau  ;  Toul  vit 
naître  le  Lorrain  ,  le  premier  des  paysagistes  qui 
aient  existé;  Hugues  Sambin  ,  l'émule  et  l'ami  de 
Michel-Ange,  vit  le  jour  à  Dijon. 
,)>  Encore  ne  parlé-je  point  des  maîtres  dansl'art, 
en  si  grand  nombre,  qu'a  produit  la  Belgique  , 
aujourd'hui  annexée  à  la  France.  J'aurais  à  citer 
de  grands  noms  ;  j'aurais  à  citer  les  Rubens  ,  les 
Vandyck,   les  Teniers  ,    etc. 

))  Au  milieu  des  monûmens  des  arts  ,  dont 
regorge  le  chef-lieu,  il  est  donc  inconvenant,  , 
sous  tous  les  rapports,  de  mettre  le  reste  de  iu 
république  dans  une  privation  absolue  des  chefs- 
d'œuvre  propres  à  y  exciter  l'émulation  ,  à  favo- 
riser le  développement  des  lalens  ,  à  épurer  le 
goût  ,  et  à  faire  éclater  dans  la  jeunesse 
1  étincelle  du  génie,  signe  infaillible  des  grands 
succès. 

>>  Dans  cet  immense  et  extraordinaire  rassem- 
blement d'objets  d'arts  ,  il  convient  de  donner 
part  aux  départemens,  de  les  associer  aux  fruits 
de  nos  victoires  .  et  d'établir  des  Musées  partiels 
dans  celles  de  leurs  villes  où  les  ans  peuvent  fruc- 
tifier. Avec  Palis  ,  il  faut  qu'Anvers  et  Bruxelles  , 
il  faut  que  Rouen  ,  Bordeaux  ,  Marseille ,  Lyon  et 
Dijon  aient  part  à  ces  dépouilles  ;  toutes  villes 
qui  ,  à  raison  de  leur  amour  pour  les  ans  , 
et  du  succès  avec  lequel  elles  les  ont  cul- 
tivés ,  avaient  des  écoles  de  peinture  et  de 
sculpture. 

'î  Dans  chacune  de  ces  villes  ,  il  convient  de 
former  une  collection  de  tableaux  ,  de  dessins  , 
d'estampes,  de  médaijies  ,  de  statues,  de  basr 
reliefs  ,  de  camées  ,  d'antiques  ,  de  pierres  gra- 
vées ,  dû  se  trouveraient  les  instrumens  relatifs 
aux  sciences  ,  des  morceaux  d'histoire  naturelle  , 
pris     dans    les   trois    règnes    animal  ,   vét^élal 


le  plus  beau  ciel  du  monde ,  les  villes  de  1  Univers 
les  plus  su[icrbes  qr.i  s'énorguillissaient  de  les 
avoir  créés  .'  On  y  apportait  un  vif  désir  de  les 
contempler  ;  on  y  apportait  une  ame  vierge  qui  , 
exemple  d'impressions  antécédentes  ,  était  ,  en 
quelque  sorte  ,  une  table  rase  S';r  laquelle  des 
impressions  bien  distinctes  se  traçaient  nettement ,  j  j 
vivement  et  sans  conf    '         "'  '     '  '       ■ 


artistes  qui  ont  acquis  de  la  célébrité  à  leur 
nom  ,  semble  être  la  patrie  des  arts  et  leur  terre 
natale.  ^ 

!)  <^u'on  jette  les   yeux   sur  la   nomenclature 

que  j'en   ai    donnée   dans  1  Encyclopédie  article 

Dijon  ,  tant  dans  le  corps  de  l'ouvrage  que  dans 

uppléj^aenl ,     et    l'on    se   convaincra    que 


.        .  ,  ,.  ,C«''   ^'"".^"S   d^-    ville   de  Florence  exceptée,  il  n'en  est  aucune, 

vaient  être  vus  les  prodiges  des  ans.  Voir  ces  su-  ,„  Europe  ,  qui  se  soit  aussi  éminemment  dis- 
b  imes  prodiactions  avec  des  yeux  et  un  cœur  ,i„g„ée  dans  la  carrière  des  sciences  et  des  arts-, 
éteints,  c  est  les  prolaner.  [jj^^^    ^^   moment  encore,    c'crst  ^vec   Paris,  la 

Toutimmense  que  soit  la  collection  du  Musée  j  seule    ville    qui   ait  un   établissement    public    et 


éloigriÀ!.  La  mort  est  en  nous.  Cet  état  passager 
et  violent,  qu'on  appelle  la  vie,  ne  fait  que  la 
tenir  prisonnière.  On  recherche  avec  beaucoup 
de  peine  les  choses  simples  qui  nous  font  mourir; 
on  devrait  chercher  les  causes  extraordinaires  et 
violentes  qui  nous  font  exister. 


Le  citoyen  Robert,  géographe,  membre  de 
plusieurs  académies  étrangères  ,  vient  de  faire 
paraître  un  écrit  dans  lequel  il  examine  jusqu'à 
quel  point  peut  être  favorable  au  progrès  des 
ans  et  du  goût,  l'institution  du  Muséum  de 
Paris ,  et  quels  sont  les  inconvéninnâ  d'y  concen- 
trer les  monumcns  des  arts,  recueillis  tant  en 
France  que  chez  les  nations   voisines.    Déjà  une 


de  Paris,  elle  doit  s'accroître  encore  des  tableaux 
qui  formaient  ci-devant  le  cabinet  du  roi  ,  et  qui 
se  voyaient  au  Luxembourg  ;  elle  doit  s'accroître 
de  ceux  qui  étaient  répandus  dans  les  différentes 
maisons  royales  ,  et  de  partie  de  ceux  recueillis  en 
Flandre  et  en  Iialie  qui  n'y  ont  pas  encore  place. 
Elle  doit  recevoir  les  tableaux  tjue  possédaient 
les  maisons  les  plus  opulentes  de  Paris,  ceux 
des  ci-devant  princes  ,  ceux  de  la  haute-noblesse, 
du  haut-clergé  ,  de  la  finance  ;  ceux  enfin  qui  , 
dans  le. reste  de  la  France,  étaient  disséminés  dans 
les  églises,  les  monastères  ,  les  manoirs  ci-devant 
nobles,  et  en  général  dans  les  établissemens  pu- 
blics supprimés  ,  lesquels  ne  se  voient  pas  encore 
au  Musée. 

)»  Bien  évidemment,  il  y  a  excès  :  excès  nui- 
sible au  progrès  de  l'art  ,  dans  le  chef-lieu  de 
la  république  ,  comme  je  l'ai  observé  ;  nuisible 
encore  dans  le  reste  de  la  France,  où  le  dénû- 
ment  absolu  de  modèles  éteint  le  génie  , 
l'émulation  ,  anéantit  le  goût  et  l'amour  des  arts. 
L'égalité  de  droits  si  hautement  et  si  solennelle- 
ment proclamée  ,  le  bien  de  l'état  et  l'intérêt  des 
arts,  ne  le  veulent  point   ainsi. 

Ces  monumcns  .  conquis  par  nos  armes  ,  l'ont 
été  pour  le  peuple  français  ,  et  non  pour  une 
fraction  de  ce  même  peuple.  Conquis  pour  tous, 
c'est  le  bien  de  tous  ,  et  non  celui  d  un  point  , 
d'une  ville  unique  de  la  république.  Pourquoi 
donc  cette  ville  ,  pourquoi  la  cité  de  Paris  ,  en 
aurait-elle  la  possession  exclusive  ?  Pourquoi 
cette  exhérédalion  dont  seraient  frappées  toutes 
les  autres  ?  Est-ce  donc  de  Paris  que  sont  sortis 
ces  grands  artistes  dont  la  renommée  a  porté  la 
célébriié  jusqu'aux  extrémiiés  de  la  terre?  Ces 
artistes  qui  ,  en  s'illustrant  ,   on   fait  la   gloire   de 


gratuit, de  dessin,  de  peinture,  et  de  sculpture. 
j      II  Les    musées  des  départemens   formés  ,  celui 

de  Paris  sera  tel  encore  ,  il  renfermera  de  telles 
(richesses     en    ce    genre,    et  ,  par    Le  nombre   et 

par  le  choix  des  morceaux  qui  le  composeront  , 
j  qu'il  l'emportera  de  beaucoup  sur  toutes  les 
I  galeries  les    plus    fameuses  ,    si  ,   pour   la  partie 

Ides  antiques  ,  on  excepte  celle  des  Médicis  à 
Florence,  ii 
Le  citoyen  Robert  examine  en  terminant  ,  et 
l'utilité  qu'il  y  aurait  à  mettre  les  étrangers  dans 
la  nécessité  de  parcourir  toute  la  France,  pour 
y  voir  les  chefs-d'œuvre  qii'"on  y  aurait  disséminés 
et  le  danger  épouvantable  qui  résulte  de  la 
cumulation  totale  de  ces  précieux  objets  dans 
un  même  lieu  ,  où  un  événement  malheureux 
ou  un  crime  peuvent  les  anéantir. 


Question  de  cette  nature  avait  éié  traitée  sous  ces 
eux  rapports  ,  avec  un  talent  presqu'égal  ,    dans 
le  moment  où  nos  richesses  en    chels-d  œuvre  se  j  leur  pays  !   Est-ce  de  l'enceinte  de  Paris^que  sont 
irouveient  toutà-coup  décuplées  par  la  conquête    sortis  les   Coustou  ,  les  Girardon,  les  Poussin? 
de  llialie.  Les  vue»  'lue  le  citoyen  Robert  aou-'  Est-ce  Paris  qui  a  donné  le  jour  aux  Mignard, 


AU       REDACTEUR. 

Citoyen,  Iheureuse  idée  d'avoir  placé  dans  le 
terpple  de 'la  Victoire  ,  l'urne  d'un  père  rendue  à 
ses  enlans  ,  comme  leur  légitime  ,  comme  la  plus 
précieuse  de  leur  héritage  (  pour  me  servir  des 
belles  et  touchantes  expressions  du  ministre  de 
la  guerre  )  ,  a  convainai  tous  les  français  ,  que  la 
volonté  du  gouvernement  actuel  était  de  réparer , 
autant  qu'il  serait  en  lui ,  les  pertes  qu'ont  éprou- 
vées les  sciences  et  les  arts.  Plein  de  cette  idée,  j'ai 
pensé  que  vous  partageriez  avec  moi  le  puissant 
intérêt  et  le  profond  respect  qu'inspirent  les  cen- 
dres d'un  héros  dont  a  droit  de  ,se  glorifier  la 
France  ,  je  veux  parler  du  trop  malheureux 
amiral  de  Coligny.  Un  descendant  des  Luxem- 
bourg possédait  ses  précieux  reiies  dans  une  de 
ses  terres  ;  il  enfii  présent  au  général  Montesquieu 
en  1786.  Celui-ci  protecteur  des  arts  et  gloiieu* 
de  posséder  un  pareil  trésor  ,  fit  construire  un 
tombeau,  revêtu    des  marbres  les  plus  beaux  , 


qu'il  plaça  d;iiM  l'eiuiioit  le  plus  solitaire  de  sa 
lerre  de  Maupeiluis  ,  el  sur  le(juel  il  fit  i;raver 
les  viiigl-quaircveis  de  la  Henriade,  qui  peignent 
si  èncrgiqiiemcnirassaisinat  decetie  noble  victime 
du  faiiaiinnc  La  teire  de  Maujiettuis  ayant  ap- 
partenu à  i'aniiral  de  Coligny ,  son  corps  se 
uouva  de  nouveau  transporté  chez  lui.  La  véné- 
ration que  devait  inspirer  ce  précieux  monument , 
paraît  n'avuir  pas  été  parugée  parcerlains  hommes 
i.|Ui ,  il  y  a  peu  d'années,  voyaient  avec  peine  les 
honneurs  rendus  par  nos  ancêtres  et  nos  contem- 
porains mêmes  ,  aux  héros  dont  les  vertus  ont 
fait  l'admiration  de  toutes  les  nations,  puisquils 
ont  tenté  d'enlever  les  marbres  qui  ornent  ce 
monumcnl.  Il  appartient  à  un  gouvernement 
généreux  et  réparateur  d'indiquer  le  temple  de 
gloire  que  ce  tombeau  doit  illustrer.  Rapprocher 
les  grands  hommes;  drs  differens  siècles  ,  pour 
mieux  s'occuper  d'eux  et  pour  mieux  admirer 
leurs  venus,  c  est  montrer  aux  générations  futures 
Ce  haut  degré  de  respect  et  de  reconnaissance 
que  ces  vertus  nous  inspirent. 

Gerardin  ,  défenseur  officieux  el  avoué  au 
tribunal  de  cassation. 


Citoyen-  ,  chargé  de  la  défense  "du  citoyen 
Schrader ,  comme  avoué  au  tribunal  criminel 
du  département  de  la  Seine  ,  dans  l'affaire  qui  a 
été  instruite  le  28  fructidor  dernier,  contre  le  ci- 
toyen Juliot  ,  je  dois  rendie  compte  de  quelques 
faits  qui  ont  été  Omis  dans  l'analyse  que  le  citoyen 
Juliot  a  jugé  à  propos  d'insérer  dans  plusieurs 
journaux. 

En  prairial  de  l'an  7  ,   le   citoyen    Schrader  a 
rendu  plainte  en  faux  contre  sa  prétendue  signa- 
ture apposée  comme  endosseur  de  cinq  lettres- 
de-change  de  6,000  fr.   chaque,  qui   lui   ont  été  ] 
présentées  par  le  citoyen  Worms ,  lequel  Içs  tenait 
du  citoyen  Juliot ,  aujourd'hui  en  accusation  sur  | 
une   plainte   en    banqueroute  frauduleuse,  sans  | 
parler   de  quelques  plaintes  en   escroquerie   sur  1 
lesquelles  le   tribunal  de    police  correctionnelle  ! 
aura  à  prononcer. 

Sur  la  plainte  du  citoyen  Schrader,  Juliot' 
avait  été  mis  en  mandat  d'arrêt  ,  ensuite  en  ac-  | 
cusation  sur  la  déclarauon  des  citoyens  Harger , 
Guillaume  ,  Legros  et  Oudar ,  experts  écrivains , 
qui  avalent  déclaré  fausse  la  signature  Schra- 
der; dans  les  débats,  les  mêmes  experts  ont 
fait  la  même  déclaration  ,  ajoutant  que  la  signa- 
ture Schrader  avait  été  calquée.  Juliot  prétendait 
au  contraire  que  la  signature  Schrader  n'était  pas 
pas  fausse  ;  et  qu'en  nantissement  ,  il  lui  avait 
remis  plusieurs  objets  de  curiosité. 

Le  citoyen  Schrader  prétendait  ,  au  contraire, 
que  ces  objets  de  curiosité  lui  avaient  été  vendus 

filusieurs  jours  avant  qu'il  fût  question  de  ces 
ettres  de  change  ;  il  le  prouvait  par  une  facture 
acquittée  conforme  à  ses  livres  ,  tenus  confor- 
mément à  la  loi  et  duement  paraphés  ,  contre 
lesquels  Juliot  n'opposait  que  son  assertion  ,  sans 
la  justifier  par  des  livres  contraires  ;  car  quoi- 
qu'il ait  remis  un  bilan  ,  dont  le  passif  se  monte 
a  plus  d'un  million  ,  il  prétend  n'avoir  pas  de 
livres  pour  le  justifier. 

Le  jury  a  déclaré  qu'il  n'y  avait  pas  de  faux 
et  Juliot   a   été   acquitté. 

Mais  ce  que  le  public  ne  doit  pas  ignorer,  c'est 
que  le  ciioyenjuliot ,  a  sur  le  champ  ,  demandé 
contre  leciloyen  Schrader  60000  fr.  de  dommages 
intérêts  ,  pour  indemnité  de  onze  mois  de  souf- 
france ,  dont  un  mois  et  quelques  jours  de 
Erison;  le  tribunal  qui  connaissait  les  débats  aussi 
ien  que  le  jury,  l'a  débouté  de  cette  demande. 
RipPERT  ,  déjenuur- officieux  ,  avoué 
au  tribunal  criminil. 


Citoyen,  les  grands  calculateurs  dont  on  ne 
saurait  trop  exalter  les  lalens  (  parce  qu'il  faut 
toujours  rendre  hommage  au  savoir  quelque  part 
qu'il  se  trouve)  ont  cela  de  paruculier  et  même 
d'étonnant  ,  qu'ils  ont  toujours  de  la  peine  à  se 
rappeller  que  les  opérations  du  commerce  appar- 
tenant à  la  multitude  entière,  il  est  aussi  déplacé 
d'exiger  d'elle  des  divisions,  des  multiplications 
et  de's  règles  de  trois ,  c'est-à-dire  ,  des  opérations 
extrêmement  compliquées,  que  de  vouloir  qu'elle 
connaisse  à  fond  les  dérivés ,  les  étymologies , 
les  racines  des  langues  qu'elle  est  appelée  à 
parler. 

Sans  doute  il  n'est  rien  de  plus  vrai  que  de 
dire  que  toute  fraction  se. convertit  en  décimale 
en  ajoutant  deux  zéros  au  petit  nombre   et  eu 


44 

divisant  ce  petit  nombre  par  le  plus  grand.  Mais 
allez  donc  proposer  ces  divisions  ,  je    ne  dis  pas  ] 
à    ces    hommes    des  champs  ,   à   ces  artisans  des  j 
villes  ,  à  ces  marchands   peu  éclairés  de   tous  les 
pays  ,  qui   ont  souvent  de  la  peine  à  laire  l'addi-  1 
tion  et  la  soustraction ,  mais   à  ces   hommes  ins- 
truits ,   tels    qu'admiiiistrateuis  ,  juges,   hommes 
de  loi  ,  notaires,  etc.   etc.  ,   qui  ont  les  talens  de  j 
leur    état   sans    avo  r   tous  ceux   du    calcul  ,   et  1 
vous  verrez  si  ,  sur  le  nombre   très-considérable 
de  ces   derniers  ,  vous    en   aurez  beaucoup    qui  ' 
sauront  diviser  le  petit  nombre  par  le  plus  grand, 
et  présenter  le    résultat    de  la   manière  indiquée 
pat  mon  antagoniste. 

A  quel  sujet  aurais-je  été  me  mettre  en  oppo- 
sition la  mukitude  dont  je  viens  de  parler?  Mon 
critique  m'aurait-il  cru  ,  par  hasard  ,  assez  dé- 
pourvu de  goiit  et  de  bon  sens  pour  avoir  pré- 
féré un  tâtonnement  à  la  formule  la  plus  élégante  ? 
Mon  critique  a  tout  au  moins  oublié  qu'il  ue  s'a- 
gissait ni  de  sa  formule  ,  ni  de  la  mienae  ,  mais 
bien  de  savoir  laquelle  serait  plus  facile  à  com- 
prendre par  l'immensité  des  lecteurs  qui  n'ont 
et  n'auront  peut-être  jamais  l'idée  de  la  di- 
vision. 

Passons  maintenant  à  ce  qu'il  dit  de  ities  ou- 
vrages relatifs  aux  poids  el  mesures  dont  je  ne 
parlais  aucunement  ,  et  que  vos  lecteurs  auront 
sans  doute  été  bien  étonnés  de  voir  à  la  suite  de 
son  article. 

Quel  rapport  peut-il  y  avoir,  je  vous  le  de- 
mande, entre  le  calcul  décimal  que  je  propose 
d'apphquer  à  toutes  les  opérations  d'adnnnistra- 
tion  de  finance,  de  banque  ,  de  commerce  et 
d'arts  de  tous  les  pays  de  la  terre,  et  lanouvtille 
nomenclature  des  mesures  de  la  France  qui  n'est 
qu'une  pure  localité?  Si  seulement  j'eusse  pro- 
féré un  seul  mot  de  cet  objet,  il  pourrait  avoir 
raison;  mais  comment  aurais -je  pu  le  faire, 
quand  en  annonçant  dernièrement  mon  cours  , 
non-seulement  je  n'y  fis  aucune  mention  des 
nouvelles  mesures  ,  mais  je  déclarai  expressément 
qu'ayant  jusqu  à  piéscnt  la  réputation  de  n'avoir 
écrit  que  sur  cette  parue  ,  je  priais  instamment 
le  lecteur  de  vouloir  bien  ne  pas  la  confondre 
avec  celle  qui  faisait  l'objet  de  mes  occiapaiions  ? 
comme  vous  voyez,  citoyen,  mon  critique  est 
donc  au  moins  un  inconsidéré  d'avoir  appelé 
l'attention  de  vos  lecteurs  sur  une  matière  étran- 
gère à  la  question  qu'il  traitait,  et  de  leur  avoir 
peut-être  fait  prendre  le  change  sur  le  véritable 
but  de  mes  travaux.  Comme  l'intérêt  général 
pourrait  souffrir  de  cette  méprise  ,  je  compte 
assez  sur  votre  équité  et  votre  impartialité  pour 
croire  que  vous  voudrez  bien  rendre  ma  lettre 
publique. 

Salut  et  cpnsidération  ,  Aubry. 


Le  citoyen  Pulliod  dont  nous  fesorjj  connaîtr» 
l'ouvrage  ,  en  est  une  preuve.  Occupé  dans  se» 
premières  années  de  l'étude  des  monumens  et  des 
livres  d'antiquité  ,  il  semblerait  qu'il  l'eût  aban- 
donnée au  milieu  des  fonctions  administratives  et 
des  soins  de  culture  auxquels  il  se  trouve  lié  de- 
puis long-lems.  Le  devoir  et  l'intéiêt  paraîtraient 
lui  commander  un  autre  genre  de  délassement 
plus  près  de  ses  occupations;  mais  les  premières 
impressions  l'empoiicnt ,  etijous  voyons  sortir  de 
la  plume  d'un  agriculteur  un  ouvrage  d'érudition 
et  d'antiquité  nationale. 

Nous  croyons  que  le  cit.  PulhocS  aurait  pu 
donner  à  son  ouvrage  le  double  mérite  des  dé- 
tails historiques  et  agricoles  des  corpmunes  du 
Maçonnais  ;  il  aurait  alors  été  utile  à  un  plus 
grand    nombre   de  lecteurs. 

Nous  engageons  le  cit.  Pulhod  à  s'occuper  de 
ce  dernier  genre  de  travail  ,  et  à  le  joindre  à 
celui  de  l'étude  de  l'antiquité.  Ce  mérite  lui  sera 
commun  avec  plusieurs  écrivains  distingués  qui 
ont  traité  de  la  géographie  physique  et  politique 
de  quelques  dcpartemens  ;  nous  citons  pour 
exemple  le  cit.  Noël  de  Rouen  ,  dont  la  descrip- 
tion du  département  de  la  Seine  -  Inlérieuie 
réunit  ce  qu'on  peut  désirer  sur  les  monumens 
et  la  culture  de  cette  partie  de  la  Normandie  : 
nous  citons  encore  le  citoyen  Cauibry  ,  aujour- 
d'hui préfet  du  département  de  lOise  ,  qui  ,■  dans 
son  Voyage  du  Finistère  a  développé  l'histoire  des 
mœurs  et  les  connaissances  économiques  relative» 
à  cette  partie  intéressante  de  la  France,  avec  beau- 
coup de  savoir  et  d  érudition. 

Oiioiqu'il  en  soit  de  ces  observations  ,  nous 
regaidons  !e  petit  ouvrage  du  cii.  Pulhod  comme 
digue  del'accueildupublic,  etdes  gens-de-lettres 
qui  veulent  connaître  avec  détail  l  histoire  de  leur 


pays. 


Peuchet. 


LIVRES       DIVERS. 

Géographie  de  nos  villages  ou  Dictionnaire  Maçon- 
nais ,  .pour  faire  suite  aux  géographies  et  dic- 
tionnaires de  la  France  ;   par  le   citoyen  Puthod. 

A  Mâcon  ,  chtZ  l'auteur  ,  place  du  marché  ; 
prix  2    fr.   broché. 

Les  habitudes  de  la  vie  ,  ou  la  tendance  vers 
certains  genres  d'étude  ne  sont  souvent  que  le 
résultat  d'impression  sur  nos  organes  dont  nous 
ignorons  quelquefois  l'origine.  Vaucanson  obligé 
d  attendre  trois  heures  dans  une  chambre  ou  il 
était  seul  ,  porte  son  attention  sur  une  horloge 
grossière  et  devient  mécanicien.  L'aspect  d'un 
monument  antique  .  ce  cachet  du  tems  qui  rap- 
pelle tant  de  pensées,  a  produit  plus  d'un  anti- 
quaire ,  comme  le  désir  de  parler  le  langage  dts 
Scipions  et  de  Periclés  a  inspiré  à  plus  d'un  hora 
me  l'amour  des  lettres  et  le  goût  de  l'érudition. 

Quelle  que  soit  la  profession  que  le  hasard 
ou  le  besoin  nous  fasse  embrasser,  nous  conser- 
vons toujours  limpression  de  nos  premiers  pen- 
chans  lorsqu'ils  tiennent  aux  opérations  de  l'esprit 
et  à  1  idée  que  nous  nous  sommes  faite  des  êtres 
moraux.  Cette  manière  d'être  se  remarque  dans 
tous  les  animaux  qui ,  soumis  pour  un  tems  seu- 
lement aux  passions  qui  tiennent  aux  besoins  phy- 
siques ,  le  sont  pour  la  vie  aux  mouvemens  des 
premières  inclinations   morales. 

Ces  considérations  expliquent  comment  ,  au 
milieu  des  champs,  sur  un  vaisseau,  dans  un  atte- 
lier,  tant  d'hommes  conservent  le  goût  de  leurs 
premières  études  et  y  reviennent  par  une  pente 
spontanée  ,  lorsque  d'autres  objets  appellent  ou 
semblent  appeler  leur  attention  d'une  manière 
constante  et  soutenue. 


Histoire  naturelle  des  oiseaux  d'Afri/jue ,  par  Fr. 
Levaillant  ,  9',  10^  et  11'^  livraison.  A  Paris  ,  chez 
Fuchs  ,  libraire  ,  rue  des  Maihurins  ,  maison 
Cluny. 

Cet  ouvrage  ,  composé  d'environ  400  planches, 
paraît  tous  les  mois  par  cahier  de  six  planches , 
avec  leur  description  ;  savoir  :  in-folio  ,  sur  pa- 
pier velin  nom  de  Jésus  satiné  ,  avec  figures 
coloriées  et  en  noir,  3o  francs  ;  in-4°  ,  sur  papier 
velin  nom  de  Jésus  satiné  ,  avec  figures  coloriées, 
l5  francs  ;  in-4'' ,  sur  beau  papier  fin  nom  de 
Jéaus  .  avec  figures  en  noir  ,  6  francs  ;  in-12  , 
avec  figures  en  noir,  tomes  l  el  2  ,  brochés,  7  fr. 
20  cent,  et  g  fr.  par  la  poste. 

Axis  concernant  la  librairie. 

La  huitième  édition  des  Elémens  de  Pharmacie  , 
par  Baume  ,  2  vol.  in-S"  ,  a  paru  il  y  a  (juelque 
tems.  Cet  ouvrage  est  la  propriété  d'enlans  mi- 
neurs ,  placés  sous  la  tutelle  du  citoyen  Guillon 
d'Assas  ,  ancien  jurisconsulte.  On  s'est  permis  de 
contrefaire  cet  ouvrage  ,  et  de  colporter  avec  une 
impudence  que  l'on  a  poussée  jusqu'au  point 
d'imiter  le  chiffre  de  l'édition  originale  ,  et  même 
les  avis  rappellant  les  lois  contre  les  contrefac- 
teurs. Ce  brigandage  est  d'autant  plus  reptéhen- 
sible  ,  que  ses  résultats  peuvi-nt  être  funestes  à 
la  santé  et  même  à  la  vie  des  citoyens.  Le  citoyen 
Guillon  d'Assas ,  au  nom  de  ses  mineurs  ,  prévient 
donc  le  public  ,  que  tout  exemplaire  non  revêta 
de  sa  signature ma7iuscrite  au  verso  i,du  frontispice 
du  tome  premier   est  une  contrefaçon. 

Les  Elémens  de  Pharmacie ,  comme  le  parfait  Né- 
gociant ,  se  trouvent  à  la  librairie  de  feu  Samson  , 
rue  Hyacinthe  ,  n°683.  Le  prix  des  deux  volumes 
brochés  ,    10  fraucs  ,  et  i3  fr.  par  la  poste. 


COU  H  S     DU     CHANGE. 
Bourse  du  11   vendémiaire. 

Rente  provisoire 22   fr.  75  c. 

Tiers  consolidé 35  fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers i   f r.  63  c. 

Bons  d'arréragé S5  fr.  63  c. 

Bons  pour  l'an  8 92   fr. 

Syndicat 73  fr.  75  c 

Coupures 74  'r. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  22  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ue  et  des  Arts. 
Auj.  Praxitèle,    et  le  ballet  de  la  Dansomanie. 

Le   12  ,  la  l^^=  repr.  des  Horaces, 

Théâtre  de  la  rue  Fevdeau.  Aujourd'hui 
Médiocre  et  Rampant  ,    et  les  Amis  de    collège. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  Succession  ; 
Champagnac  ,    el  Comment  faire  ? 


t.  OunCE'abonne 


t'abonnement  se  fait  à  Paris ,    rue  des  Poitevins  ,   n°  18.  Le  prix  esl  de  25  francs  pour  tiois  mois  ,  5o  francs  pour  6  mois  ,  el  100  francs  pour  l'anne 
ûu'au  commcucemcat  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argcnt  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  AS  s  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  n»  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  ou  l'on  ne  peut  affranchir.  l,es  lettres  des  dépanemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 


Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plu»  d 


é,  de  charger  celles  qui 


foilevist  .a»  l3  ,  depui  saeuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


nt  des  valeurs,   et  adresser  tout  ce    qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cil.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIIEUR  UNIVERSEL. 


M"  i3. 


Tridi  ,  1 3  vendémiaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indiviiibk. 


il   -K 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Moniteur  est  le  ^eul  joumui  oJficieL  i    ■      ■  ' 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  ks  faits  et  les  notions  tant  su 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  P:  R  I   E  U   R. 

-ANGLETERRE, 

Londrei ,  le  S26  septembre  ('4  vendémiaire.  ) 

Xja  crainte  d'une  émeute  à  Colchester  avait 
engagé  le  maire  de  cette  ville  à  requérir  du 
majoi-générol  Lcnox  ,  commandant  du  district, 
la  force  armée  sous  ses  oïdfcs.  Le  général  lui  fit 
réponse  quelle  était  a  sa  disposition  ;  mais  qu'i 
imauinait  quelque  chose  de  plus  efficace  pour 
maintenir  la  iranquiUiié  dans  le  marché  au 
beurre  ,  que  toute  la  brigade  des  gardes;  c'était 
ne  faire  marcher  leurs  femmes  à  leur  place. 
Cette  mesure  politique  ,  aussitôt  adoptée  que 
présentée  ,  réussit  completiement,  car,  de  mé- 
moire d'homme  ,  jamais  les  œufs  ni  le  beurre  ne 
se  vendirent  aussi  paisiblement  que  ce  jour-là. 

Une  jument  borgne  ,  âgé  de  17  ans  ,  et  achetée 
en  dernier  lieu  10  liv.  sterl.  ,  vient  de  faire 
gagner  un  pari  de  400  guinées  ,  en  parcourant 
au  trot  ,  sur  la  route  dHuntingdon  t;  milles  en 
Sa  minutes  ,  au  lieu  de  Sfr ,  tems  convenu.  Il  a 
été  parié  de  nouveau  qu'elle  ferait  ses  19  milles 
au  trot  dans  l'espace   d'une  heure. 

Deux  bâlimens  nommés  The  Brothers  and 
Flaxton  sont  arrivés  en  14  jours  de  Pélersbourg 
dans  le  Humber.  L'aller  et  le  retour  ,  le  char- 
gelneut  et  le  déchargement  de  ce  rjavire  n'ont 
pas  excédé  sept  semaines. 

Il  vient  d'être  établi  à  Norwich  un  hôpital  pour 
l'inoculation  de  la  vaccine. 

Samedi  dernier,  la  diligence  de  Londres  pour 
Chester  ,  arrivant  à  Litileworih  ,  un  pistolet 
contenu  dans  l'une  des  poches  de  la  voiture, 
partit  et  introduisit  deux  balles  dans  la  jambe 
d'un  des  voyageurs  ,  et  mit  le  feu  aux  habits 
d'un  autre,  qui  était  une  femme.  On  a  attribué 
l'événement  à  l'ouverture  de  la  portière.  La  dame 
a  été  blutée  ,  mais  légèrement. 

(  Extrait  de  l'Observer  et  du  New  Lloyd's  Evenine 
Tosl.) 

I     N     TER     I    E     U     R. 
Paris  ,  le   12  vendémiaire. 

Deux  ouvriers  qui  travaillaient  au  quai  Desaix  , 
sont  tombés  dans  la  Seine  ;  rapidement  emportés 
par  le  courant  ,  ils  n'ont  pu  être  sauvés  ,  quel- 
qu'ait  été  la  promptitude  des  secours. 

—  On  annonce  que  sous  huit  jours  ,  le  citoyen 
Gérard  doit  exposer  au  salon  un  portrait  du  gé- 
néral M«reau. 

—  On  écrit  de  Strasbourg  que  le  général  au- 
trichien Linxen  vient  de  périr  par  les  suites  d'un 
accident  malheureux.  Il  se  promenait  à  cheval  , 
lout-à  coup  des  oies  s'envolent  devant  lui  ,  son 
cheval  se  cabre  ,  tombe  dans  un  fossé  ,  renversé 
sur  lui  et  lui  casse  les  côtes.  Il  a  expiré  peu 
d'heures  après  dans  d'horribles  souiFrances. 

—  Il  s'était  manifesté  dans  le  département  de 
l'Eure  une  épizootie  charbonneuse  ,  qui  mena- 
çait de  ses  ravages  un  assez  grand  nombre  de 
communes  ,  aptes  avoir  pris  naissance  daiis  celle 
de  Houx  ;  elle  parait  avoir  cédé  aux  efforts  des 
artistes  vétérinaires  ,  attachés  à  des  dépôts  de 
cavalerie.  , 

—  Le  Journal  des  Débals  ,  d'où  les  deux  arti- 
cles précédens  sont  tiiés  ,  annonce  la  reprise  de 
YAnnée  littéraire^  pour  le   10  brumaire  prochain. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du   g    vendémiaire   an  9. 

Les  cons.ils  de  la  république ,  sur  le  rapport  du 
minisire  delà  marine  et  des  colonies  ,  le  conseil 
d'état  e'itendu  ,  ariêieni  : 

Art.  1°'.  A  compter  du  i"  vendémiaire  an  9, 
et  pour  tout  le  courant  de  celte  année  ,  les  ap- 
jifiintcmcns  des  oHicicrs  du  génie  maritime  ,  des 
c  tlicicrt  (1  administration  ,  des  officiers  de  santé 
des  maîtres  ,  artistes  ,  professeurs  et  de  tous 
autres  entretenus  de  la  marine  ,  seront  diminués 
dan«  les  proportions  suivantes  : 

Ceux  de  deux  mille  fra.-ics  et  au-dessus  ,  d'un 
quart. 


Ceux  de  douze  cents  francs  à  deux  mille  francs, 
d'un  cinquième. 

El  ceux  au-dessous  de  douze  cents  francs  ,  d'un 

sixième. 

II.  L'effet  de  celte  réduction  ne  pourra  être  , 
dans  aucun  cas  ,  de  porter  les  appointeniens  au- 
dessous  de  ce  qu'ils  étaient  en  178g. 

III.  Ceux  des  individus  ci-dessus  désignés  ,  qui 
seront  embarqués  sur  des  bâlimens  de  l'éiat ,  joui- 
ront ,  pendant  le  tems  de     cur  embarquement  , 

I  I  de  la  totiilité    des  apyointemens  qui    leur  étaient 
attribués  avant  la  présente  réduction. 

IV.  Ne  sont  pas  compris  dans  les  dispositions 
précédentes  ,  i"  les  officiers  de  vaisseau  dont  les 
appointemens  ont  été  déierminés  par  le  règlement 
du  26  thermidor  dernier. 

2".  Les  maîtres  canonniers  entretenus  dont  les 
appointemens  ont  été  fixés  par  l'artêlé  du  4  ven- 
démiaire. 

3".  Les  maîtres  des  autres  états  qui  ,  précédem- 
ment assimiles  par  la  paie  aux  inaîires  canonniers, 
seront  soumis  à  la  même  réduction  que  ceux-ci 
supportent  parl'effet  de  l'arrête  du  4  vendémiaire. 

V.  Les  maîtres  entretenus  qui  seront  embar- 
qués ,  jouiront  de  la  totaliié  du  traitement  qui 
leur  a  été  assigné  jusqu  à  ce  jour. 

VI.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  est 
chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera 
inséié  au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secréiane-d'étal  ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  Jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre   des  finances  ; 

Vu  la  réclamation  des  /çndés  de  pouvoirs  des 
anciens  fermiers-çénérauXi-contre  l'entreprise  faite 
sur  l'autoiité  administrative  par  la  seconde  seciion 
du  tribunal  d'appel  séant  à  Paris,  dans  son  juge- 
ment du  14  fiuctidor.an  8  ,  rendu  au  profit  du 
cit.  Bor=l  Se  prétendant  créancier  des  fermiers- 
généraux  ; 

Vu  lesjugemens  des  8  ventôse  et  14  fructidor 
an  8  ,  l'article  XXVII  de  la  loi  du  21  fructidor 
an  3  ,  l'article  LU  de  la  constituuou  ,  et  l'aiiicle 
XI  du  règlement  du  5  nivôse,  sur  l'organisation 
du  conseil-d  état  ; 

Considérani  qu'aux  termes  de  l'art.  XXVII  de  la  loi 
du  21  fructidor  an  3  ,  de  l'article  LU  de  la  consti- 
tution, et  de  l'article  XI  du  règlement  d'organisa- 
tion du  coaseil-d'état  ,  c'est  à  l'autorité  admi- 
nistrative supérieure  qu'il  appartient  de  prononcer 
en  cas  de  contlil  d'attribution  entré  les  autorités 
judiciaires  et  administratives  ,  et  que  l'arrêté  du  4 
germinal  an  8  ,  qui  déclare  l'auiorité  admi- 
nistrative seule  compétente  quant  à  piésent  , 
pour  tout  ce  qui  iient  aux  dettes  de  la  ci-devant 
ferme-générale,  a  été  dicté  par  la  justice;  qu'il 
ne  prive  aucun  créancier  peisonnel  d'un  ancien 
fermier-général  du  droit  de  jioursuivre  en  pjic-  I 
ment  son  débiteur ,  et  que  ,  s'ilprescrit  aux  ciéan- 
ciers  de  la  lerrae-génèrale  de  faire  reconnaître  et 
et  liquider  leurs  créances  contre  elle  dans  les  for- 
mes administratives  ,  confoimèraent  aux  lois  , 
c'est  que  tout  son  actif ,  bien  supérieur  à  ses 
dettes  ,  a  été  versé  dans  le  trésor  public  ,  qui  en 
a  disposé  ; 

Le  conseil-d'état  entendu  ,  arrêtent  : 
Art.  I".  Le  jugement  du  8  ventôse  ,  de  la  qua- 
trième section  du  tribunal  civil  du  département 
de  la  Seine  ,  et  celui  du  14  fructidor  an  8  ,  de  la 
seconde  section  du  tribunal  d'appel  séant  à  Paris, 
1  un  et  1  autre  au  profit  du  cit.  Borel  ,  contre 
les  fermiers  du  dernier  bail  de  la  ferme-générale, 
sont  comme  non  avenus  ,  ainsi  que  tout  ce  qui 
a  pu  être  fait  eh  exécution  d'iceux. 

II.  Les  ministres  de  la  justice  et  des  finances  sont 
chargés  ,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au  bul- 
letin des  lois. 

Le  premier  consul ,  si^é  ,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état,  signé.  H.  B.  M.iret. 


MINISTERE  DE  LA  MARINE.  : 
,,''•  ;"'  ^""'^  '<=  4  vendémiaire  ,  en  rade  de 
lEguillon  ,  proche  la  Rochelle  ,  une  prise  an- 
gUise  ,  faite  par  le  corsaire  le  Brave  .  de  Bor- 
deaux. Cette  prise.,  qui  se  nomme  le  James  ,  ià 
rendait  de  Sainte-Hélène  à  Londres  ,  avec  uft 
chargement  consistant  ,  dliou  ,  en  huile  de  ba- 
leine ,  peaux  et  vins  étrangeis.  , 


PRÉFECTUKEDE     PO.LICg. 

Ordonnance  concernant  la.  surveillance  et'  Je  Wavatl 
sur  la  rivière  et  ..sur  .les. ports.  -^  Du  i'  jour 
complémentaire,   an  S  de  la  tépuhlique française  ^ 


une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  ,  vu  l'article  XXXII  dé 
l'arrêté  des  consuls  du  12  messidor  dernier ,  qui 
lui  attribue  la  surveillance  de  la  rivière  et  des 
ports  ; 

Considérant  qu'il  est  nécessaire  de  rappeler 
différentes  dispositions  des  lois  et  réglemtns  sur 
la  police  de  la  rivière  et  des  poris  dans  Paris» 
afin  d'y  maintenir  le  bon  ordre  et  la  sureié  ,  et 
de  garantir  la  conservation  des  approvisionne- 
mens  ,  ordonne  ce  qui  suit:  ' 

Art.  P'.  A  compter  du  1=''  vendémiaire  jus- 
qu au  30  ventôSe  ,  les  ports  seront  ouverts  ,  de- 
puis sept  heures  du  matin  jusquà  cinq  heures 
du  soir. 

Et  depuis  le  1='  germinal  jusqu'à  la  fin  de  l'ari- 
nec  ,  ils  seront  ouverts  depuis  six  heures  du 
tnatin  jusqu'à  midi  ,  et  depuis  deux  heures  de 
1  après-midi  jusqu'à  sept  heures  du  soir. 

II.  Il  ne  doit  être  fait  aucune  vente  ,  ni  enlevé 
aucunes  dentées  et  marchandises  d;s  ports,  pen- 
dant les  heures  de  leur  fermeture,  à  moins  d'utt 
permis  par  écrit  du  préfet  de  police. 

Sont  exceptés  de  la  disposition  précédente,  le 
tirage  des  trains  de  bois  à  brûler  et  de  charpente, 
et  létir  enlèvement,  qui  coniinuetont  d'avoir  lieu 
depuis  le  point  du  jour  jusqu'au  soir,  à  h  fer- 
meture des  ports. 

L'inspeCteur-général  de  la  navigation  et  des 
ports  pourra  délivrer  des  permis'  dans  les  cas 
d'urgence. 

Les  jours  de  décadi  et  de  fêtes  nationales,  il 
ne  doit  être  fait  aucun  travail  sur  les  ports  et 
berges,  à  moins  d'urgence  ,  ou  d'un  .service  pu^ 
blic  ,  et  en  venu  d'un  permis  par  éciii.  (Loi  du 
17  thermidor  an  6.  ) 

III.  Aucune  marchandise  rie  peut  être  dé- 
chargée du  bateau  à  terre,  s'il  n'en  a  été  fait  la 
déclaration  aux  bureaux  établis  à  cet  effet  stir 
les  poits  ,  et  si  le  permis  de  décharger  n'a  été 
déposé  au  corps-de-garde  le  plus  voisin  du  dé- 
chargevnent. 

ly.  Il  est  défendu  aux  passeurs  d'eau  et  à  tout 
marinier,  de  conduire  les  personnes  ou  trans- 
porter des  marchandises  sur  la  rivière  ,  avant  ou 
après  le  jour.  (  Ordonnance  du  mois  de  i.lécem- 
bre  1672  ,  chap.ll,  art.  U,  cl  chap.  V  ,  an.  VIII. 

V.  Dans  tous  les  tems ,  un  bachot  ou  batelet 
ne  doit  contenir  que  seize  personnes  ,  y  compiis 
les  passeurs  ,  et  ceux-ci  doivent  maintenir  l'ordre 
dans  leiirs  batelets,  et  même  désignera  la  garde 
ceux  qui  ,  par  des  imprudences  ,  exposeraient  là 
sureié  des  passagers.  (Loi  du  16  brumaiie  ,  an  5 
au  Tarif.)  •  ' 

VI.  La  pêche  sur  la  rivière  ,  pendant  la  nuit  , 
est  défendue.  (Ordonnance  des  eaux  et  forêts 
d'août  1669  ,  titre  XXXI ,  article  V.  )  '' 

Elle  est  interdite  en  tout  tems  ,  dans  le  petit 
bras  de  la  rivière  ,  depuis' le  terrein  jusqu'au-des- 
sous du  petit-pont.  (Ordonnance  du  bureau  de 
la  Ville,  du  20  mai  1785.) 

VII.  Les  poris  étant  uniquement  destinés  aux 
marchandises  venant  par,  eau  ,  il  ne  peut  y  en 
être  déposé  aucunes  venant  par  terre  ,  à  moins 
que  ce  ne  soit  pour  les  embarquer.  (Ordon- 
nance  de   décembre    1672,   chapitre  III,  article 

VIU.  Un  homme  ne  peut  mener  aux  abreuvoit's 
pKis  de  tiois  chevaux  à  la  fois  ;  on  doit  em- 
pêcher que  les  chevaux  n  y  soient  conduits  par 
des  enfans  ,  et  l'on  doit  veiller  à  ce  qu'ils  n'en- 
trent dans  l'eau  et  n'en  sortent  qu'au  pas. 

La  garde  doit  empêcher  que  l'on  ne  se  place 
dans  lenceinie  des  abreuvoirs  pour  y  ^ver  du 
linge.  (  Ordonnance  du  ci-devanl  bureau  de  la 
ViUc  ,  du  23  décembre  1 763.  ) 


46 


ÏX.  Ifest  expressément  rd^fend^  de' ^^écl«rM 
ou  casser  aucuns  bateaux  et  thouei  vides'sOT  fes" 
ports,  quais  et  berges  dans  Paris,  si  c^  n'est  a 
nie  des  Cignes  ,  sans  un  permis  ,  par  écrit,  du 
préfet  de  police. 

X.  Il  est  également  défendu  de  les  tirer  à 
terre  ,  pour  les  raccommoder  ou  les  gou- 
dronner ,  sans  avoir  obtenu  une  permission  par 
écrit.  (  Loi  du  3  brumaire  an  4  ,  article  685  , 
deuxième   alinéa.) 

XI.  Afin  de  prévenir  les  incendies  ,  la  garde 
doit  veiller  avec  attention  à  ce  qu'il  ne  soit 
porté,  ni  fait  du  feu  ,  même  dans  des  chauffe- 
rettes et  chaudrons  grillés  ,  sur  la  rivière  ,  les 
trains  et  bateaux  (excepté  les  bitenuit.  fortc'cts] ,  sur 
les  ports  ,  quais  et  berges  ,  et  à  ce  qu'il  ne  soit 
-tiré  des  fusées ,  pétards  ,  boëtes ,  pistolets  ,  et  au- 
tres armes  à  feu.  (Ordonnance  du  ci-devant  bu- 
reau de  la  Ville  ,  des  a3  Janvier  1781  ,  et  iC  mai 
1783.) 

■  XII.  Les  commandans  de  poste  veilleront  à 
ce  que  les  baraques  et  petits  bâiimens  placés 
sur  les  ports  ,  soient  fermés  à  la  chute  du  jour, 
à  ce  que  personne  n'y  passe  la  nuit,  et  enfin  à 
ce  qu'ils  ne   soient  pas  ouvers  avant  le  jour. 

XIII.  Il  ne  doit  être  déposé  aucuns  matériaux 
ni  gravois  sur  les  ports  ,  sans  un  permis  du  préfet 
{le   police. 

Et  quant  aux  baquets  et  autres  voilures  vides 
q'il  est  d'usage  d'y  placer  ,  il  ne  pourra  en  être 
déposé  que  dans  les  endroits  des  ports  désignés 
k  cet  effet ,  et  de  manière  à  ne  pas  gêner  la  libre 
circulation.  (  Loi  du  3  brumaire  an  4  ,  article  6o5, 
deuxième  alinéa.  ) 

XIV.  Il  est  défendu  de  déposer  et  laisser  sé- 
joufrier  sur  les  ports  ,  berges  et  sur  les  bords 
<Jela  rivière  ,  aucuns  matériaux  ,  comme  pierres, 
moellons,  pavés,  pièces  de  charpente,  bois  ,  1ers 
et  autres  ,  qui  ,  pouvant  être  submergés  par  la 
crue  subite  de^  eaux  ,  exposeraient  les  bateaux 
à  être  endommagés  ,  et  à  pé.ir  avec  leurs  char- 
gemens. 

Par  les  mêmes  motifs ,  il  est  défendu  à  toutes 
personnes  de  placer  des  pierres  ou  pavés  sur 
jes  bords  de  la  rivière  ,  pour  s'en  servir  à  laver 
du  linge. 

Il  est  également  défendu  d'embarrasser  les 
anneaux  qui  servent  à  fermer  les  cordes,  et  en- 
fin de  fatiguer  ou  détacher  les  anneaux  ou  les 
cordes. 

XV.  Le  raesurage  et  la  vente  des  bois  à  Brûler 
*ont  défend-us  sur  les  ports  ,  quais  et  berges  dans 
Paris. 

XVI.  Il  est  défendu  d'emporter  dçs  bâches  , 
perches  ,  harts  et  débris  de  bois  de  dessus  les 
ports  ;  les  ouvriers  à  qui  il  revient  de  ces  per- 
ches et  harts  ,  après  leur  journée  finie  ,  ne  peu- 
vent les  sortir  qu'à  l  épaule  ,  et  non  dans  des  voi- 
tures ,  et  ils  sont  tenus  de  se  faire  reconnaître  aux 
factionnaires  par  les  marchands  de  bois  ou  leurs 
préposés. 

XVII.  Le  repêchage  des  bois  à  brûler  qui 
s'échappent  des  trains  ,  même  de  ceux  qui  pro- 
viendraient de  trains  ou  bateaux  naufragés  ,  est 
interdit  à  touies  personnes,  excepté  aux  préposés 
commissionnés  à  cet  effet  ,  qui  doivent  les  ra- 
masser et  les  déposer  sur  les  berges  ,  dans  des 
endroits  qui  leur  sont  désignés.  (  Ordonnance  de 
police  du  ci-devant  bureau  de  la  ville  ,  du  18 
avril  1758.) 

XVIII.  Il  ne  doit  être,  établi  aucune  espèce 
-de  jeux  ou  spectacles  ambulans  ,  ni  formé  d'at- 
troupement sur  les  ports  et  berges  ;  et  ,  dans 
;]e  cas  ovi  il  s'en  formerait,  la  garde  doit  dissiper 

les  rassemblemens  ,  faire  cesser  les  jeux  et  en  éloi- 
•gner  les.  spectacles.  (Loi  du  3  brumaire  an  4, 
.article  6o5  ,   deuxieitie  alinéa.  ) 

XIX.  Il  est  défendu  de  monter  et  de  s'asseoir 
sur  les  sacs  de  grains  et  farines  ,  ballots  et  caisses 
de  marchandises  déposés  sur  les  ports  ,  et  de 
se  promener  entre  les  piles  de  bois  ,  et  enfin  de 
xnonter  sur  les  bateaux  et  bachots.  (  Ordon- 
nance du  ci-devant  bureau  de  la  ville  ,  du  20 
mai  1785.  ) 

Le  passage  sur  les  ports  et  berges  ,  pendant  la 
nuit,  est  interdit  à  toutes  personnes  ,  excepté 
aux  propriétaires  et  gardiens  des  bateaux  ou-mar- 
'thandises  ,  et  dans  les  cas  de  besoin  seulement  ; 
ils  devront  alors  être  munis  d'une  lanterne. 

Il  est  défendu  à  tous  ouvriers  de  s'introdui^e 
sur  les  ports  et  berges  avant  le  jour. 

XX.  Toute  corporation  et  toute  taxe  d'ou- 
vrages étant  abolies  par  la  loi  ,  le  travail  est  li- 
bre sur  la  rivière  et  sur  les  ports,  et  le  prix  doit 
en  être  réglé  de  gré  à  gré  entre  les  propriétaires 
et  les  ouvriers  ;  la  garde  doit  faire  cesser  les 
jixes  ,  et  prévenir  les  voies  de  fait  qui  pourraient 
avoir  lieu  ,  soit  pour  empêcher,  les  propriétaires 
de  faire  travailler  qui  bon  leur  semble  ,  soit  pour 
troubler  les  ouvriers  dans  leur  travail.  (  Loi  du 
17  juin  1791-) 

XXI.  Lorsqu'on  indiquera  à  la  garde  des  ports 
l'endroit  où  une  personne  sera  tombée  à  l'eau  , 
€t  ùù.  elle  aura  été  repêchée  ,  elle  s'y  rendra  à 


ISnstant ,  fera  jtpp'"^'^''  ^^  ooyé  ïtj  corps-de-garde  |  feïréufs ,  et  la  pureté  de  goût  gui  dislingue  sa  lit 
(ni  dans  un  li'eù-voisini  le  plus  con^mode',   pour  J  térâturè."Escrien  forma  Te  sien  dans  cette  Athêni 


lui  faire  administrer  les  secours  nécessaires  ,  et, 
dans  l'intervalle  ,  elle  fe:a  avertir  un  officier  de 
santé,  le  commissaire  de  police  et  l'inSpeCtcur 
des  ports  de  l'arrondissement  ;  elle  se  conformera 
d'ailleurs  aux  dispositions  de  l'ariêté  du  9  floréal 
an  8  ,  sur  les   secours  aux  noyés. 

XXII.  Le  bruit  des  voitures  ,  l'éloignement  des 
sentinelles,  le  besoin  d'indiquer  que  les  secours 
sont  plus  ou  moins  pressans,  ont  déterminé  à 
suppléer  à  l'insuffisance  de  la  voix  ,  par  le  moyen 
des  sifflets  qui  doivent  être  attachés  dans  les 
guérites.  Un  coup  de  sifflet  indique  l'appel  de 
la  garde  du  posie.  Deux  coups  annoncent  qu'il 
y  a  danger  imminent.  Trois  coups  annoncent 
\rne  personne  tombée  à  l'eau  ,  et  en  danger  de 
périr,  un  bateau  coulé  à  fond  ou  incendié. 

Dans  ces  deux  derniers  cas  la  garde  de  tous 
les  postes  voisins  s'empressera  de  sortir  ,  pour 
donner  ,  avec  toute  la  célérité  possible  ,  les 
secours  qui   seront  en  son   pouvoir. 

XXIII.  La  présente  sera  imprimée  et  affichée, 
notamment  dans  les  corps-de-garde  bordant  la 
la  rivière  ;  elle  sera  envoyée  aux  autorités  qui 
doivent  en  connaître,  aux  officiers  de  police, 
et  aux  préposés  de  la  préfecture  ,  pour  que  cha- 
cun ,  en  ce  qui  le  concerne  ,  en  assure  la  stricte 
exécution. 

Le  général  commandant  d'atmes  de  la  place 
de  Paris  ,  est  requis  de  prendre  toutes  les  me- 
sures nécessaires  pour  la  pleine  et  entière  exécu- 
lion^des  dispositions   ci-dessus. 

Le  préfet  de  police  ,  Dubois. 
Par  le  préfet  , 

Le  secrétaire-général,  signé.  Pus 


Notice  historique  surFréderic  Auguste Eschen,  englouti 
dans  une  des  crevasses  du  glacier  du  Buet. 


Frédéric  Auguste  Eschen  naquit  en  1777  à 
Euiin  ,  au  cercle  de  la  Saxe  inférieure.  Son  père, 
qu'un  emploi  public  mettait  dans  des  relations 
fréquentes  avec  l'archevêque  de  Lubeck ,  son 
souverain  ,  jouissait  auprès  de  lui  d'une  consi- 
dération méritée  -,  le  prince  fut  le  parrain  de  son 
fils  aîné,  Frédéric  Auguste ,  et  l'investit  d'un 
canonicat. 

Comme  aîné  d'une  famille  nombreuse  ,  dont 
il  était  le  principal  espoir  ,  Eschen  devait  se 
vouer  à  l'étude  de  la  jurisprudence  ,  dans  la  vue 
de  remplir  un  jour  quelque  charge  publique. 
Mais  son  père  ne  se  borna  pas  à  lui  donner 
simplement  les  connaissances  regardées  comme 
indispensables  à  un  jurisconsulte.  Il  était  con- 
vaincu que  tout  ce  qui  peut  éclairer  l'esprit  , 
élever  lame  et  perfectionner  le  sentiment  du  beau, 
fournit,  dans  quelque  carrière  qu'on  soit  entré, 
de  nouveaux  moyens  de  la  remplir  avec  succès. 
D  après  cesprincipes,réducaiion  dujeune  Eschen 
fut  dirigée  sur  un  plan  étendu  ,  qui  embras- 
sait la  plupart  des  sciences  et  des  beaux  arts. 
Familia-risé  de  bonne  heure  avec  les  uns  et  les 
autres,  il  s'y  livra  avec  une  ardeur  qui  ne  s'est 
jamais  démentie  et  qui  fut  peut-être  l'unique 
passion  que  son  amc  douce  ait  connue. 

Les  e.spérances  brillantes  que  son  enfance  fesait 
concevoir,  fixèrent  sur  lui  l'attention  de  quelques- 
uns  des  hommes  célèbres  dont  l'Allemagne 
s'honore.  Nous  citerons  particulièrement  dans 
ce  nombre  Henry  Voss ,  qui  habitait  la  même 
ville  qu  Eschen,  et  qui  était  uni  à  son  père  par 
une  étroite  amitié.  Il  suffit  de  prononcer  ce  nom 
distingué  ,  pour  donner  I  idée  d'un  grand  talent 
soutenu  par  des  connaissances  profondes.  Voss  , 
si  connu  par  le  poëme  charmant  de  Louise  et 
ses  traductions  en  vers  d  Homère,  de  Virgile 
et  d'Ovide  ,  a  ouvert  une  carrière  nouvelle  à 
la  littérature  allemande  ,  et  y  a  marché  le  premier. 
Il  a  su  donner  à  sa  langue  maternelle  la  richesse 
et  la  flexibilité  du  grec  ;■  il  a  su  lui  imprimer 
les  formes  antiques  -,  et  faire  passer  dans  la 
poésie  allemande  les  beautés  simples  et  na'ives 
des  anciens.  Il  s'est  montré  original  en  les  imitant, 
et  il  a  enseigné  par  son  exemple,  nor->eule- 
ment  comme  on  peut  traduire. leurs  ouvrages, 
mais  comme  on  peut  s'approprier  leur  génie. 
E'chen  n'inspira  pas  un  intérêt  moins  vif  à 
Frédéric,  comte  de  Siollberg  .dont  la  réputation 
est  fondée  de  même_  sur  plusieurs  ouvrages  de 
mérite  ,  parmi  lesquels  on  distingue  sa  ttaduc- 
rion  des  dialogues  de  Platon  ,  et  ses  voyages  en 
Suisse  et  en  Italie.  —  Mais,  ce  fut  surnout  à 
Voss  qui  ,  en  sa  qualité  de  recteur  du  gymnaze 
d'Eutin  ,  fut  le  premier  maître  d'Eschen  ,  que 
celui-ci  dut  la  plus  grande  partie  de  ses  con- 
naissances et  de  ses  talens.  Voss  reconiiut  de 
bonne  heure  les  dispositions  extraordinaires  de 
son  élevé  ;  il  s'attacha  dès  lors  à  les  développer 
avec  un  zèle  soutenu,  que  son  jeune  ami  re- 
compensa par  un  attachement  filial  et  des  progrès 
rapides. 

A  l'âge  de  vingt  ans,  Eschen  quitta  son  ins- 
tituteur et  la  maison  paternelle  ,  que  l'infortune 
ne  devait  plus  revoir  !  Il  se  rendit  à  l'université 
de  Jena ,  illustre  par  les  talens  éminens  de  ses  pto- 


de  l'Allemagne  :  mais  les  études  auxquelles  ij 
s'attacha  plus  particulièrement ,  furent  celles  de 
la  philosophie  et  de  la  juiisprudence.  Il  eut 
pour  maître  ,  dans  la  première  ,  le  célèbre  Fichle  ,  ^ 
disciple  et  rival  du  philosophe  de  Konigsberg,  et 
qui ,  en  adoptant  les  principes  de  celui-ci  ,a  élevé 
sur  les  mêmes  bases  un  nouveau  système  ,  et  s'est 
acquis  une  gloire  indépendante  ;  gloire  nouvelle 
aussi  ,  en  ce  qu'elle  est  à  la  fois  celle  du  méta- 
physicien profond  et  de  l'écrivain  éloquerit.  En 
effet  ,  Fichte  est  le  premier  qui  ,  sans  sortir  des 
bornes  d'un  raisonnement  vigoureux  et  d'uni 
enchaînement  d'idées  non  interrompu  ait  su  re- 
vêtir les  formes  sévères  de  la  métaphysique  .  deis 
charmes  d'une  éloquence  toujours  simple  et  im- 
posante., mais  pleine  d'énergie  ,  et  qui  rénit  sou- 
vent la  force  qui  subjugue  à  lélèvation  qui  trans- 
porte. C'est  le  génie  de  Kant  parlant  le  langage 
de' Rousseau,  mais  de  Rousseau  sans  autre  pas- 
sion que  celle  de  la  vériié  et  de  la  vertu. 

Dans  la  jurisprudence  ,  Eschen  trpuva  dans  le 
professeur  Hufeland  (i)  ,  savant  profond  autant 
qu'homme  vertueux  et  aimable  ,  un  guide  éclairé 
capable  de  le  conduire  avec  sûreté  dans  cette 
importance  et  difficile  carrière  ,  et  un  ami  res- 
pectable ,  non  moins  capable  de  lui  faire  con- 
naître les  hommes  sans  éteindre  dans  son  cœur 
l'amour  de  l'humanité  ,  et  de  lui  marquer  le» 
écueils  de  "la  société  en  lui  apprenant  à  en  chérir 
les   devoirs. 

L'histoire  naturelle  et  la  physique  occupererit 
aussi  des  momens  déjà  bien  remplis  ,  mai^ 
quEschen  savait  multiplier  par  une  activité 
infatigable.  Ces  sciences  avaient  des  attraits  infinis 
pour  un  esprit  qui  s'élançait  avec  enthousiasme 
vers  tout  ce  qui  était  naltoe  et  vérité  :  il  s'appli- 
qua d'une  manière  particulière  à  la  chimie  et  à 
la  botanique.  11  regardait  la  première  comme 
fesant  avec  les  mathématiques  la  base  fondamen- 
tale de  la  Philosophie  de  la  Nature.  Dans  la 
seconde  ,  il  trouvait  un  plaisir  pur  et  simple 
comme  son  cœur,  et  il  y  consacrait  tous  le* 
momens  qu'il  pouvait  dérober  à  ses  autre» 
études. 

Au  milieu  de  ces  occupations ,  il   restait  fidèle 


à  la  poésie  .  vers  laquelle  il  était  entraîne  pai 
un  goût  inné  et  irrésistible  ;  il  fit  plusieurs  tra- 
duction du  grec  et  du  latin  (2)  ,  langues  qui  lui 
étaient  presqu'aussi  familières  que  la  sienne 
propre  ,  quoiqu'il  leur  eût  associ£.i'éiude  des 
langues  modernes  ,  et  qu'il  possédât  piesquc 
toutes  celles  de  l'Europe.  Il  ne  se  borna  pas  à 
traduire.  Il  se  fit  connaître  par  différentes  poesiei 
pleines  de  grâces  ,  et  empreintes  de  cette  belle 
simplicité  antique  ,  dont  il  s'était  pénètre ,  et 
qui  convenait  si  bien  à  la  na'ivete  et  a  la  pureté 
de  son  caractère.  Ce  même  caractère  qui  se  pei- 
gnait dans  tout  son  extérieur  ,  et  qui  eritrainait 
vers  lui  tous  ceux  qui  avaient  occasion  de  1  ap- 
procher ,  était  celui  d'une  ingénuité  rare  ,  et  dtv 
naturel  le  plus  heureux  et  le  plus  aimable.  Il 
l'a  imprimé  à  ses  écrits,  et  ils  ont  reçu  de  son 
ame  un  charme  qui  leur  est  propre  ,  et  qui  ne 
s'eff.icera   point. 

Plusieurs  de  ces  morceaux ,  du  genre  de  l'i- 
dyle  (  3  ) ,  ont  obtenu  l'approbation  de  deu» 
hommes  que  l'Allemagne  met  aujourd'hui  a  a 
tête  de  ses  poètes  ,  Schiller  et  Gothe  ,  et  !• 
premier  en  a  inséré  quelques-uns  dans  l'Almanacll 
des  Muses ,  dont  il  est  le  rédacteur.  Je  me  borne- 
rai à  en  citer  un  inti' aie  :  Die  Lehre  der  Beschet^ 
denheit ,   la  leçon  de  modestie  ,  qui  n'est  qu'une 


bagatelle  par  son  sujet,  mais  qc 


mérite    d'être 


disungué  par  le  charme  des  détails  et  les  grâces 
naive^  que  l'auteur  a  su  répandre  sur  un  sujet  si 
petit  et  qui  paraissait  se  prêter  si  peu  aux  lormes 
poétiques.  Eschen  a  fait  paraître  aussi  dans  d  au- 
tres journaux  littéraires,  q;ielques  dissertauons 
sur  différens  points  de  littérature  ancienne  ,  qui 
lui  firent  un  nom  parmi  les  savans  ,  et  le  mirent 
en  correspondance  avec  plusieurs  d'entre  eux. 
Il  eut  des  amis  vrais  dans  cette  classe  et  dans 
celle  des  hommes  de  lettres  ;  nommer  ici  les 
Schlegel  et  les  Humboldt  c'est  faire  d  un  seul 
moi  1  éloge  de  celui  qui  s'honora  de  leur  amiiie. 
Ce  fut  au  printemps  dé  1798  qu'Eschen  se 
détermina  à  passer  en  Suisse  pour  se  charger 
de  l'éducation  d  un  jeune  homme  ,  dans  la  vue 
de  perfectionner  la  sienne  à  lui-même  ,  et  d  aug- 
menter ses'  connaissances  en  apprenant  a  les 
communiquer.  Il  eut  encore  ,  pour  embrasser  ce 
parti  ,  un  autre  motif  digne  de  son  cœur  :  il 
voulait ,  en  laissant  à  son  père  la  jouissance  du 
revenu  qu'il  avait  tiré  jusqu'alors  de  son  canom- 
cat  ,  lui  faciliter  les  moyens  de  donrier  a  sa 
nombreuse  famille  une  éducauon  libérale  et 
soignée.  Il  vint  se  fixer  à  Berne  ,  ou  quelques- 

dont  le  nom  et 


(1      U  est  parcut  dû   médecin   Hufeland, 
les  ouvrages  ne  sont  pas  inconnus  en  France. 

(2)  Il  n'est  pas  besoin  de  dire  qu'il  ne  s'agit  ici  que  de  tra- 
ductions métriques.  Les  allemands  paraissent  convaincus  qu  oa 
ne  doit  traduire  les  poètes  que   dans  le  langage  de  la  poésie. 

(3)  On  a  trouvé  dans  les  papiers  d'Eschen ,  après  sa  mort , 
douze  idylles  qui  n'avaient  point  encore  paru .  '<■  V^  prolja- 
bleœeot  seront  publiées  j?at  Voss. 


uns  de  ses  compalriotes  l'avaient  précédé  ,  et 
remplissaient  la  même  carrière.  D  autres  ne  lar- 
dèrent pas  à  l'y  suivre  ,  et  quelques  jeunes  Ber- 
nois ,  qui  presque  tous  avaient  éié  ses  compa- 
gnons d'études  à  l'université  ,  se  joignirent  au 
cercle  de  ses  amis.  C  est  dans  leur  sein  ,  sous 
l'égide  de  l'amitié  et  de  l'étude,  qu'au  milieu  des 
orages  de  la  tévolution  il  vil  s'écouler  deux 
années  paisibles  et  marquées"  par  des  travaux 
qui  pouvaient  honorer  une  plus  longue  vie  ; 
mais  qui  devaient  ,  hélas  !  être  les  derniers  de 
la  sienne.  Sa  traduciion  des  odes  d'Horace,  dont 
il  eût  pu  dire  comme  son  modèle  ,  et  dans  un 
autre  sens  encore  :  exegi  monunientum  ,  venait  de 
paraître  peu  de  tems  avant  l'événement  funeste 
qui  l'a  enlevé  aux   lettres   et  à   ses  amis. 

On  peut  reprocher,  et  peut-être  avec  justice, 
àcet  ouvrage,  trop  de  latinismes  et  des  hardiesses 
trop  étrangères  au  génie  de  la  langue  allemande; 
mais,  avec  ces  délauts  mêmes,  il  n'en  restera 
pas  moins  un  ouvrage  classique  ,  digne  d'être 
compté  parmi  les  richesses  les  plus  réelles  de  la 
littérature  germanique  ,  et  qui  devait  l'aire  con- 
cevoir de  plus  grandes  espétances  encore  d'un 
homme  qui,  à  23  ans,  avait  eu  le  courage  d'en- 
treprendre une  lâche  si  difficile  ,  et  le  talent  de  la 
remplir.  Eschen  dédia  cet  ouvrage  à  ses  amis  ; 
il  en  avait  déjà  soumis  plusieurs  morceaux  à  leur 
jugement ,  et  il  avaittoujours  reçu  leu.s  avis  avec 
reconnaissance  et  avec  l'aimable  modestie  ,  qui 
Je  caraclérisait  :  cette  modeslie  ne  lui  laissait 
ambilionnner  d'autre  gloire  que  leur  suffrage. 
Il  me  le  répétait  encore  eu  m'envoyant  un  exem- 
plaire de,  sa  traduciion  ,  et  ses  paroles  dans  sa 
bouche  n'étaient  pas  un  vain  compliment: 
i(  Accepte  ,  disait -il,  cet  ouvrage  qud'lque  im- 
j>  parfait  qu'il  puisse  être  ,  car  c'est  le  don  d'un 
5)  ami  dont  les  travaux  ont  pour  premier  mo- 
5)  bile  le  désir  de  s'acquérir  de  nouveaux  droits 
ji  à  la  tendresse  de  ses  amis  n. 

La  malheureuse  catastrophe  qui  termina  la  vie 
de  cet  intéressant  Jeune  homme  a  été  publiée 
dans  les  journaux  ,  et  elle  est  trop  connue  pour 
que  je  m  impose  ici  la  tâche  douloureuse  d'en 
répéter  encore  les  deuils.  Je  me  conienierai  de 
ïa  retracer  en  peu  de  mots.  A  la  fin  du  mois  de 
juillet  de  cette  année ,  Eschen  entreprit  avec 
M.  Théodore  Zierassen ,  son  compatiioie  et  son 
ami ,  un  voyage  sur  les  bords  du  lac  de  Genève 
et  dans  la  vallée  de  Chamouny.  Ils  montèrent 
ensemble  sur  le  Buet  ,  moniagne  élevée  derrière 
le  village  de  Servoz,  célèbre  par  les  expériences 
qui  y  ont  éié  faites  par  Duluc  et  Saussure  ,  et 
d'oià  l'on  domine  toute  la  contrée  voisine  du 
Mont-Blanc.  Déjà  ils  étaient  sur  le  point  d'at- 
teindre au  sommet;  rien  n'annonçait  un  danger 
à  craindre.  Eschen  marchait  gaiement,  en  de- 
vançant son  ami  et  son  guide  ,  loisque  tout-à- 
coup  celui-ci  levé  les  yeux  et  ne  Fappcrçoit  plus. 
Une  croûte  mince  de  neige  qui  recouvrait  une 
fente  profonde  s  étail  écroulée  sous  ses  pas  ,  et  il 
venait  de  tomber  dans  le  précipice  qu'elle  ca- 
chait.Je  ne  chercherai  pas  à  peindre  le  désispoir 
et  l'égarement  de  son  ami  à  ce  coup  terrible.  Il 
esl  plus  aisé  de  le  concevoir  que  de  le  décrire  ; 
Mais  j'acquitterai  ici,  au  nom  de  tous  ceux  i- 
qui  le  malheureux  Eschen  fut  cher ,  le  tribut  de 
leconnaissance  qu'ils  doivent  au  citoyen  d'Eymar, 
'  préfet  du  dépariement  du  Léman  ,  et  au  citoyen 
Picîet.  professeur  à  Genève,  pour  l'iniérêt  que 
leur  sensibilité  leur  a  fait  prendre  à  ce  triiie  évé- 
nement, et  pour  les  soins  qu'ils  ont  rais  à  rendre, 
du  moins  aux  regrets  de  ses  ainis,  les  restes  de 
cet  infortuné  :  grâces  à  eux  ,  il  obtiendra  une  sé- 
pulture honorable,  et  il  restera  encore  à  tous 
ceux  qui  l'ont  aimé  ,  à  ses  parens  dont  il  était 
l'appui  et  la  plus  chère  espérance  ,  à  ses  compa- 
triotes dont  il  était  l'orgueil  ,  à  ses  amis  pour 
qui  sa  perte  ne  sera  point  lépaiée  ,  la  triste  et 
dernière  consolation  d'aller  pleurer  sur  son 
tombeau  ! 

Berne  ,   le  19  septembre   iSoo. 

Signé,  F.  May  de  Chadan. 

Pour  copie   conforme  : 

Le  préfet  du  département  du  Limnn  , 
Signé .  A.  Ch.  d'Eymar. 


toujours  atteniive  à  rendre  tous  les  services  qui 
élaient  en  son  pouvoir;  tels  sont  les  liiies  qu'il 
avait  à  l'esiinie  publique  :  icls.sont  les  principaux 
tiaiisqui  le  caraciérisaient.  Les  circonstances  de  sa 
mort  ajoutent  encore  à  l'inlcrèt  que  doit  inspirer 
le  souvenir  de  ses,  lalens.  Transporté  dans  une 
terre  étran;;ere  (l),  pour  une  mission  importante 
qu'un  ministre  ,  ami  de  l'agriculture  ,  et  (jue.ses 
collègues  lui  avaient  confiée  ,  il  s'est  vu  forcé  de 
lutter  pendant  deux  ans  contre  des  obstacles 
auxquels  il  ne   devait  pas   saiiendre. 

Enlîn  c'est  à  la  veillederecueillirlesfruit8.de 
ses  sacrifices  et  de  reprendre  le  chemin  de  .sa 
pairie  ,  qu'il  a  succombé  sous  le  poids  de  ses  fa- 
tigues ,  sans  qu'une  épouse  ciiétiedont  il  ne 
s'eiait  séparé  qu'avec  peine  ,  sans  que  d'.s  amis 
fidèles  aient  pu  adoucir  et  consoler  ses  dLinieis 
momens.  Ah  !  si  les  larmes  de  Ions  ceux  qui  lui 
ont  des  obligaiions  pouvaient  se  lépandre  sur  son 
tombi-au  ,  combien  en  est-il  qui  s  empresseraient 
de  lui  rendre  ce  tribut  de  reconnaissance  ! 

Sous  un  gouvernement  tel  que  le  nôire  ,  sans 
doute  tous  les  n-.înres  de  même  seront  appré- 
ciés. Celui  de  Gilbert  ne  rcbicra  pas  sans  récom- 
pense. Il  a  prouvé  ,  par  ses  travaux  ,  p.ir  son 
dévoiimeni  et  par  ses  qualiiés  morales  ,  que  les 
■sciences  et  l'amour  de  l'uiiliié  publique  oni  aussi 
■  leurs  héros.  Tessier  ,   membre  de  l'institu-i. 


faiti. 


Renferme  tes  désire  dsni  une  iloiice  aftunccf 
S«utîeiit  Pînfortiiné  ,  soulage  l'indigencfl  , 
Et  pleurant  de  tendresse  ,  en  vcrsaol  aeï   bitfi.fjî 
Sait,  en  compunt,  ses  jaur» ,  le»  lieilv  •'••  qu'il  : 

Assurément  Hoiace  lésait  des  vers  meilleurs 
que  Ceux  (U-  nnire  jeune  militaire  ,  mais  avant 
de  tenir  la  plume  ,  il  avait  cru  convenabU  de  s* 
débarrasser  de  son  bouclier.  Nous  ne  pouvous 
encore  souhaiter  de  poètes  à  ce  prix 


POESIE. 

Il  n'est  pas  sans  iniérêt  d'exam'ner  quels  soins 

occupent  les  loisirs  d'une  partie  des  soldats  fran- 

]  çais  ,  et    avec    que!    talent  plu.sleurs    d'enire    eux 

j  manient  la  plume  ,   lorsqu'à  tôié  d'eux   leur  cpée 

se   repose    un   moment.    Nous   cilcions   (juelques 

I  vers  adressés    par   le    citoyen   Emmanuel  Jobtz  , 

;  conscrit  du  Jura  ,  à  son  aini   auguste    Gady  ,    du 

I  Calvaiios   ,     oHicicr    invalide  ,    non    .sans    doute 

comme  des   modèles  ,  mais  comme    décélan'.    en 

I  leur  auteur  un' talent  qui  mérite  d  êire  encouragé. 

'  Ils  ont  du  naturel ,  du  sentiment  ,  et  quelquefois 

i  de   la   grâce, 

I  L'auteur  parle  de  Rousseau  en  homme  plein 
j  des  ouvrages  de  ce  grand  homme,  en  poëie  digne 
!  d'apprécier  l'illustre  écrivain  dont  il  va  visiter 
I  la   retraite. 


Il   est  un   noir  vallon,  solitude 
Qu'autrefois   illustra  la    présenc 


Cherche 
G  toi  !  c 
]5e  la  V 


les   pas   de   Rouss 


tr.insports    et  i 
npêtre  asyle  ,  oi 


hommage. 


Sur  la  mort  de   Gilbert. 

La  France  vient  de  perdre  le  citoyen  Gilbert  , 
de  l'institut  national  .  du  conseil  d'agriculture  du 
ministère  de  l'intérieur,  de  la  société  d'agriculture 
ùa  département  de  la  Seine  ,  directeur-adjoint  et 
professeur  de  l'école  vétérinaire  d'Alfort,  et  mem- 
bre du  corps-législatif.  Si  la  mort  de  celui  qui 
s'est  livré  à  l'étude  et  aux  progrès  des  sciences  , 
est  un  malheur  pour  le  perfeciionnenient  de  l'es- 
prit humain  ,  la  mort  rie  l'homme  probe  en  est 
un  bien  plus  grand  encore  pour  l'association  ci- 
vililisée  dans  laquelle  il  vivait.  Gilbert  réunissait 
toutes  les  qualités  capables  de  le  faire  regretter  des 
iavans,  de  ses  concitoyens,  du  gouvernement  fran- 
çais. 

Des  écrits  ,  tous  marqués  au  coin  d'une  utilité 
réelle  ;  des  travaux  entrepris  sur  différentes  bran- 
ches de  1  économie  rurale  ;  un  zèle  ardent  pour 
contribuer  au  boniiciu  de  sa  patrie  ;  une   ame  J 


Et  que   ta 
>,Je  parle 


eut  être  éloquent   doit 


Ailleurs  ,  déplorant  les  malheurs  de  la  guerre  , 
il  en  dépeint  le  mouvement  avec  une  lorce  et 
une  rapidité  assez  remarquables  : 

Un  choc  tumultueux  vient  d'ébranler   la  ture, 

C'est  le  bruit  des  combats,  c'est  le  cri  de  ;a  guerre  ; 

Ses  terribles  accens  éclatent  dans  les  airs , 

Font  trembler  les  mortels ,  étonnent  l'Univers. 

Des  fleuves  en  courroux,  dans  leurs  grottes  profondes, 

Sous  le  poids  des  guerriers ,  j'entends  frémir  les  ondes  ,. 

J'apperçois  sur  leurs  bords  les  peuples   consternés  , 

Fuir  en  désordre  au  loin  leurs  cllamps  abandonnés  , 

Et  les  enfans   de  Mars  ,    d'une  main  louJroyante  , 

Semer  par-tout  la  mort  ,  le  deuil  et  l'épouvante. 

Tout   est    en  feu,  la  guerre  étend  ses  bras  d'airain. 

Du  Nil  et  du  Volga,  jusqu'aux   rives  du  Khin ,  etc. 

Le  peu  de  vers  que  nous  desirçns  citer  encore 
ne  sont  qu'une  imitation.  Notre  jeune  poëte  n'a 
pas  prétendu  ,,sans  doute  ,  lutter  avec  avantage 
contre  ceux  qui  déjà  ont  exprimé  la  même  idée: 
en  lisant  les  siens,  il  faut  que  l'indulgence  écarte 
toute  idée  de  comparaison  ,  pour  ne  voir  que 
l'âge  de  l'auteur,  et  le  tumulte  qui  le  distrait  et 
l'environne  au  moment  oti   il  écrit. 

Heureux  qui  retiré  dans  un  champ   solitaire  , 
Loin  du  mortel  perfide   et  du  bruit  de  la  guerre  , 
Des  vanités  du  monde  abjurant  lea  erreurs  ,     ■ 
Méprise  des  faux  biens  les  appas   séducteurs  , 


(1    II  est  mort  à  l'nge  de  40  ans  ,  à   ScigneutioUnu  ,  pré» 
aint  Ildcjphonjc,  eu  .Espagne  ,  le  )j  fructidoi- 


T    H    É    A    T    11    E      FRANÇAIS.' 

Talma  occupe  à  cethiiâtre   les    prcmii.rs    ewr 

plois  tiap,i(]ucs  ;   mais   ses  moyens  physif^ues  ,  el, 

;  la  nature  ilicmc  de  son  raie  talent  ,   ne   lui  ]  er- 

I  mettent  pas  d'en  remplir  tous  les  rôks   avec    un 

I  égal   avantage. 

Lalond  ravissant,  dès  son  début,  des  sutlVages 
1  faits  pour  ennivrer  l'anisie  le  pins  modeste, 
I  recevant  des  titres  qu'une  lon^^uc  siiile  de  ir.créi 
I  assiifeiait  à   peine,    et  des  éloges   qu'il   est  plus 

I  dillicile  de  métiier  long-icras,  ijue  d'obieiiir  un 
jour  d  une  foule  enthousiaste  ,  lalond ,  en  s  avnn  • 

i  çant  dans  la  carrriere  ,  a  justifié  une  panie  ties, 
espérances  qu'il  avait  données  ;  mais  n'a  pas  [lam 
pouvoir  soutenir  .seul  le  fardeau  dont  un  ztls 
mal-cnicndu   semblait  vouloir   le   charger. 

Larive  manquait  à  la  scène  française  ,  non-seu- 
lement comme  membre  ir.è>-disiingué  de  l'an- 
cienne réunion  ,  mais  même  comme  sujet  d'une 
utilité  indispensable  dans  une  assez  grande  quan- 
tité de  rôles,  où  il  était  en  efïel  à  regretter;  il 
vient  dy  reparaître  et  d'y  atiirer  une  affluenct; 
considérable;  avantage, que  peu  d'acleurs  ,  quoi- 
qu'on e»  ait  dit  ,  par  erreur  sans  doute  ,  ont  plus 
conslammcni'oblcnu   t^ue  lui. 

Parler  du  physique  de  cet  acteur  ,  de  sa  têie 
bien  dessinés,  de  ses  yeux  brlllaiis  et  exi'ressils,^ 
de  son  organe  pur  ,  sonore  ,  mordant  et  flexible , 
c'est  rappeler  des  dons  naturel  dont  tout  le 
monde  a  déjà  vanlé  la  réunion  précieuse.  Cette 
réunion  a  fait  dire  que  ,  dans  la  lêle  Je  cet  acteur 
disiingué  ,  l'on  devait  chercher  la  partie  printi' 
paie  de  son  ta:ent,  et  la  cause  réelle  de  ses 
succès  :  peut-être  en  s'exprimant  aii'isi  ne  voulait- 
on  pas  seulemjnt  parler  de  ses  tiaiis  ,  mais  laisser 
entendre  que  les  mouvemens  vigoureux  qui  lui 
éch.ippent  appartenaient  plus  à  l'exaltation  qu'à 
la  sensibilité,  à  l'emporiement  de  rimaginaiion , 
qu'à   lénergie   de    l'ame. 

Le  public  le  revoit  avec  une  extrême  satisfac- 
tion parmi  ses  anciens  camarades.  Malheureuse- 
ment il  a  été  irop  lông-tems  éloigné  d  eux  ;  il  3! 
été  dans  sa  desiinèe  depuis  dix  ans  de  ne  ad 
montrer,  pour  ainsi  dire  ,  à  Paris  ,  qu'en  passant  ; 
de  ne  laisser  qu'un  souvenir  iinpai  lait ,  des  traces' 
incoraplettcs  et  une  tradiiion  fugitive  il'un  talent 
qui  ,  continuellement  ob.-ervé  ,  censuré  ,  suivi  , 
eiit  été  peut-êlre  encote  plus  remarquable. 

Il  est  incontestable  que  ces  absences  multi- 
pliées, si  elles  ont  nui  a  la  comédie  irancaise, 
ont  nui  bien  davantage  encore  à  Larive  lui- 
même  ;  jouant  loin  de  Paris  ,  entouré  de  comé- 
diens médiocres  ,  il  a  semblé  y  contracter  l'ha- 
bitude assez  naturelle  à  un  conaédien  qui  sait 
avoir  seul  attiré  le  spectateur  qui  l'éco.ute:  il 
s'isole  ,  pour  ainsi  dire,  donne  tout  à  soniôic 
et  pas  assez  à  l'ensemble  de  la  représentation. 

A-t-il  fini  u  e  tirade  dont  souvent  il  sacrifie 
des  parties  iiiicressames  et  des  détails  précieux  , 
pour  faire  ressortir  un  pass'ge  dont  il  connaît 
lelfet  accoutumé  ?  il  semblé  fi'êire  plus  à  son  rôle,, 
des  mouvemens  "  de  distraction  lui  échappent. 
L'inlerlocuicur  lui  a  parlé  long-terns  sans  qu'il 
ait  paru  I  écouler.  Avant  de  repondre  ,  il  s'est 
long-tems  promené,  ^gité  siar  la  scène,  sans  la 
remplir ,  si  on  peut  Sï  servir  de  cette  expression  , 
qui  n'est  peut-être  entendue  que  là  oii  elle  prit 
naissance. 

Qu'arrive-t-il  lorsque  le  principal  personnage 
dans  uiie  représenialion  dramatique  laisse  re- 
marquer un  semblable  défaut  ?  les  acteurs 
joueni  ,  parlent ,  agissent  les  uns  après  les  autres  , 
mais  il  n'y  a  point  d'ensemble  ;  toutes  le  parties 
du  tableau  n'ont  pas  à-la-fois  le  mouvement  et 
la  vie. 

Ce  défaut  est  sans  .doute,  le  plus -essentiel  de 
ceux  qu'on  p&ut  reprocher  à  Larive  ;  mais  il  est 
grave  ,  car  il  conduit  naturellement  l'observateur 
à  penser  qu'il  n'y  a  pas  d'émotion  ptolonde  ,  de 
sensibilité  réelle  ,  là  où  les  mou.vemens  les  plus 
violens  Sont  .suivis  d'un  calme  assez  visible  ,, l'em- 
portement de  la  fureur  d'une  immobilité  à 
laqbelle  l'acteur  est  parvenu  sans  gradation  .  et 
presque    sans    contrainte. 

Larive  ,  depuis  sa  rentrée  au  ibéâire  fraaçajs , 
a  deux  fois  joué  dans  le  €/<•/.  Hier ,  il  a  paiu  d'ans 
le  rôle  de  Vendôme  d'Adélaïde  du  Git£Jf/!«,  Ven- 
dôme est  impétueux  ,  fier  ,  irascible  ,  einpoirté 
dans  son  amûur  ,  emporté  dans  sa  lurcur  jalouse. 

II  n'a  pas  un  seul  trait  où  la  dissimulation,  l'expres- 
sion d'un  sentiment  concentré  soit  nécessaire  :  \i 
Iranchise  chevaleresque  est  l'ame  de  ce  caractère. 
Un  tel  rôle  con^ieni.amiuréaieiit  très-bien  à  Lati'i't  ; 


ausii  y  a-t-il  eu  des  momens    où  il   a  enlevé  les 
plus  vives  itcclaniaiioiis. 

Depuis  sa  reniiée,  beaucoup  de  journaux  ont 
}jieieiuiu  <]u'il  n'éiail  plus  assez  jeune  pour  1  em- 
ploi qu  il  remplit  :  il  y  a  sans  doute  une  distinc- 
tion à  l'aire  parmi  ces  rôles,  ei  les  plus  jeunes  sont 
ceux  qui  lui  conviennent  le  moins  ;  mais  lui  con- 
seiller de  prendre  l'emploi  des  pères  et  des  rois  , 
n'est  peut  eue  pas  un  avis  dicté  par  une  connais- 
sance exacte  et  des  talens  de  cet  acteur  ,  et  des 
rples  cjui  composent  cet  emploi. 

Larive  aurait-il  assez  de  gravité  ,  d'à-plomb  , 
un  débit  assez  mesuré  ,  utie  déclamation  assez 
sage?  Réunirait-il  à  sa  vigueur,  toute  la  dignité 
désirable  dans  des  rôles  tels  que  \Iitridale  , 
Joad  ,  Auguste  ,  Agaaieiunon?  La  seniibililé  pa- 
ternelle trouveraiî'-elle  en  lui  ces  pathétiques 
accens  de  la  nature  ,  qu'on  attend  de  Zopire  ,  par 
exemple,  et  des  autres  rôles  du  genre  de 
celui-ci  ?  Nous  ne  croyons  pas  pouvoir  l'aifirmcr. 
La  nature  a  fait  Larive  un  des  plus  beatax  acteurs 
qui  aient  paru  sur  la  scène  :  son  emploi  véritable 
est  celui  où  de  beaux  moyens  physiques  sont  la 
première  et  la   plus  désirable  des  qualités. 

Quelques  tragédies  de  Corneille  ,  la  plupart  de 
ccUto  de  Voltaire  ,  et  une  foule  d'ouvrages 
modernes  ,  qui  lui  durent  en  partie  leijr  premier 
succès  :  voilà  les  ouvrages  aux  représentations 
desquels  Larive  peut  tendre  encore  ijn  éclat 
liés  brillant,  sur-tout  lorsque  plus  d  habitude  du 
jeu  de  ses  anciens  camarades  aura  donné  au  sien 
tout  ce  qu'il  laisse  encore  à  désirer. 
S.... 


BIENFAISANCE. 

Ce  que  l'on  appelle ,  en  Angleterre ,  Dispensary, 
est  un  établissement  où  les  malades  reçoivent  des 
consultations  et  des  remèdes  gratis  ;  souvent 
même  du  bouillon  et  du  vin.  Un  médecin  ,  un 
chirurgien  et  un  apothicaire  forment  la  partie 
agissante  de  cet  établissement.  Cinq  fois  par 
semaine .  le  médecin  écoute  et  conseille  les  ma 


Dépenses  de  l'annù. 

lîv.  st.  shetl.  pence. 

Médicamens 347  16  6 

Vm '65  8  .. 

Soupe,   viande,  etc 7°  °  ^ 

Bandages,   charpie,  etc..    .     3o  16  11 

Apothicaires '4-'  "  " 

Frais     d  impressions  ,    loyer, 
chauffage,  etc.  etc 9° 


l3 


871 


de  son  exécution  ,  ils  auvent  bien  servi  la  m»tme' 
et  l'humanité;  mais  d'autres  tems  ,  d  aunes  mœurs; 
le  gouvernement  actuel  saura  ,  au  retour  de  la 
paix,  accueillit  et  protéger  toutes  les  idées  grandes 
et  utiles,  et  beaucoup  d'excellens  projets  nés  en 
France  ,  n'iront  pas  se  faire  naturaliser  chez  no» 
voisins.  Cadet-De-Vaux. 


ïades   qui  viennent  se  présenter,  et  il  visite,  les     „^^„ . 

deux    autres  jours,  ceux    qui    ne    peuvent    pas  L-es  deux  expéditions,   de   tous  les  produits  pré 


La  soupe  et  la  viande  sont  fournies  par  un 
aubergiste  de  la  ville  ,  au  prix  fait  de  3  pences 
par  ration.  La  R...  L... 


AU        REDACTEUR. 

Citoyen,  on  citera  donc  éternellement  l'Angle- 
terre comme  le  berceau  de  découvertes  qui  ap- 
partiennent à  la  France  ! 

))  Dans  une  assemblée  de  la  société  d'agricul- 
ture de  Balh,  en  Angleterre  (Journal  de  Paris, 
n°  5),  il  a  été  démontré  que  la  pomme  de  terre 
coupée  par  tranches  avec  sa  peau  ,  séchée  au 
four ,  peut  se  conserver  plusieurs  années  sans 
perdre  de  sa  bonté  et  de  sa  qualité  nutiiiive.  >> 

Parmentier  a  indiqué  ce  procédé  dans  son  Traité 
de  la  Pomme  dé  terre  ,  publié  en  17712  -,  et  il  a  pré- 
senté,  il  y  a  20  ans,  à  notre  société  d'agriculture  , 
de  la  pomtpe  de  terre  séchée  au  four  ,  et  suscep- 
tible de  se  conserver  pendant  vingt  siècles,  par 
la  raison  que  de  la  pomme  de  terre  crue  ,  mais 
sur-tout  préalablement  cuite  ou  blanchie,  cou- 
pée et  séchée.  au  four  ,  se  convertit  en  une  subs- 
tance gopmâeuse  ,  transparente  ,  sèche  ,  cassante  ; 
cette  substance  est  dans  un  véritable  état  de 
corne  ,  à  peu-près  insoluble  dans  l'eau  ,  consé- 
quemment  à  l'abri  de  l'humidité  ,  enfin  inatta- 
quable par  les  insectes. 

Malesherbes  ,  quelques  années  après ,  retrouva 
cette  préparation  en  Suisse.  Lapeyrouse  en  em- 
barqua sur  ses  vaisseaux,  et  successivenient  d'En- 
trecasteaux.   C'est  Parmentier   qui  approvisionna 


Citoyen  ,  je  viens  de  lire  ,  dans  le  Moniteur 
du  10   vendémiaire,  qu'un  cultivateur  du  district 

de fit  ôter  les  cailloux  de   son  champ  ;   ses 

moissons  furent  presque  nulles.  Il  y  fit  reporter 
des  cailloux,  et  ses  moissons  redevinrent  égales 
à  celles  de  ses  voisins  ;  don  l'on  tire  cette  con- 
clusion :  u  les  cailloux  sont  donc  irès-favorables 
à  la  végétation.  ?> 

Peut-être  fallait-il  nommer  le  cultivateur  ,  ou 
au  moins  le  district  ,  et  décrire  l'espèce  des  cail- 
loux ;  car  il  y  en  a  qui  ne  soTt  que  nuisibles. 

Voici  un  fait  analogue.  Dans  un  séjour  que  je 
lis  à  Sainl-Urbain  ,  piès  Joinville  (Haute-Maine  ) 
il  y  a  environ  3o  ans  ,  je  demandai  à  un  vigneron 
pourquoi  il  reportait  péuiblemenr  dans  sa  hôte 
jusqu'au  haut  du  côteaU  ,  des  pierres  que  la  cul- 
ture et  les  pluies  avaient  entraînées  dans  le  bas. 
Sans  fcj/)ierr«i,  me  répondit-il  ,nous  aurions  moin^ 
et  moins  bon.  Il  me  parut  que  la  pratique  était 
générale  ;  ce  vignoble  très  -  considérable  était 
couvert  de  ces  mêmes  pierres  ;  à  peine  y  appev- 
cevaii-on  un  peu  de  terre.  Un  bénédictin  m'en 
donna  une  bonne  raison  ;  c'est  que  ces  pierres 
plates  et  blanchâtres  étaient  de  nature  marneuse  , 
et  que  la  culture  ,  la  pluie  ,  le  soleil  en  déta- 
chaient des  parcelles  fécondantes ,  etc.  Il  est 
possible  que  la  charrue  fasse  le  même  effet  sur 
les  pierres  qui  se  trouvent  dans  une  terre  à  bléds  ; 
mais  sous  la  condition  que  leurs  élémens  les  en 
rendiont susceptibles.  Un  abonni. 


jrlir  de  chez  eux.  Il  est  secondé  et  remplacé 
par  le  chirurgien  :  l'apothicaire  distribue  les 
drogues;  c'est  communément  chez  lui  qu'est  le 
centre  de  l'étabHssement  que  les  souscriptions 
alimentent.  Elles  sont  d'une  demi-guinée  à  une 
guinée  ,  selon  la  cherté  du  lieu  où  les  élablisse- 
mens  sont  placés.  A  Londres  il  y  en  a  treize  ,  et 
les  souscriptions  sont  d'une  guinée.  Le  souscrip- 
teur a  le  droit  de  tenir  toujours  un  malade  aux 


parés  de  la  pomme  de  terre. 

La  société  d'agriculture  de  Bath  ne  peut  pas  ne 
pas  connaître  les  ouvrages  de  Parmentier  ,  qui  a 
indiqué  ces  divers  procédés. 

Enfin  ,  pendant  la  longue  époque  de  la  disette  , 
tranquille  dans  mon  domaine  ,  tandis  que  Par- 
mentier allMt  organiser  les  hôpitaux  de  la  lépu^ 
blique  ,  n'ai-je  pas  répété  toutes  ses  expériences 


frais  de  la  souscription.  Souvent  les  médecins  et    n'en  ai-je  pas  modifié   quelques-unes,  qu.  sont 
les  chirurgiens   donnent  leurs  soins  gratis  :  c'est  1  insérées  dans Ja   f^f^UJu^  ^t'TZ  L    "^V 


souvent  un  moyen  de  se  faire   connaître. 

État  d'un  bispensary  à  Londres,  établi  depuis  18  ans. 

Dépenses  pour  une  année. 
li 

125 


Remèdes 

A  l'apothicaire,  pour  ses 

soins 5oJ 

Au   médecin Soi 

Au  chirurgien 5o 

Secrétaire 

'Collecteur .        25^ 

Loyer    de    maison  ,     trais 

d'impressions,  rôles,  etc.       5oJ 


Ily  a  2»&2i  malades 


nuellement  dans  les 
fonds  publics. 


Liv.  sterl. 


370 


A  Livcrpool  il  n'y  a  qu'un  seul  dispensary  ,  et 
la  populaiion  y  est  de  60,000  araes  ;  les  sousciip- 
tions  sont  d'une  demi-guinée  ,  et  le  souscripteur 
peut  faire  traiter  plusieurs  malades.  Voici  le 
résultat  pour   l'année   1797  : 

Nombre  des.  malades  traités 12,674. 

Guéris 12,004 


LIVRES      DIVERS. 

.  Histoire  complette  de  la  révolution  de  France  ,  pré- 
cédée d'un  exposé  rapide  des  administrations, 
successives  qui  ont  déterminé  cette  révolution 
mémorable  ;  par  deux  amis  de  la  liberté  ;  tomes 
14  et   i5  ,   in- 18.  Prix  4  fr.  et  5  fr.  par  la  poste. 

Prix  de  l'ouvrage  entier  ,  3o  fr.  et  36  fr.  par  la 
poste.  Chaque  volume  sépaié  ,  pour  les  person- 
nes qui  auraient  à  se  completter ,  g  fr.  et  2  fr. 
5o  cent,  par  la  poste. 

A  Paris ,  chez  Bidault ,  libraire  ,  rue  et  hôtel 
Serpente  ,  n°  14.  ' 

COURS    DU    CHANGE. 

Bourse  du  lî  vendémiaire. 

à  3o  jours. 


Soulagés 

Envoyés  à  l'hôpital 

Renvoyés  pour  mauvaise  con- 

condulte 

Idem ,  comme  en  éiat  de  payer 

les  remèdes 

Morts 


410 

25 


29 

5 
201 


12,674 
Il  en  restait  sur  l'état  au  1''  janvier  1798  ,  • 


473. 


mentier  a  itmé  ,  récolté  le  champ  de  la  pomme 
de  terre,  et  on  ne  peut  que  glaner  sur  ses  pas. 
))  Un  des  membres  de  cette  assemblée  de  Bath  a 
fait  voir  delà  farine  de  pomme  de  terre  qu'il 
avait  envoyée  il  y  a  quatre  ans  à  la  Janiaique  , 
qui  n'a  souffert  aucune  altération.  Il  avait  avant 
suivi  le  procédé  ci-devant  indiqué  ,  et  avait  fait 
passer  après  les  pommes  de  terre  à  la  meule.  " 

Il  y  a  huii  ans  que  les  meules  de  notre  vallée 
de  Montmorency  ont  gémi  sur  cette  substance. 
Je  dis  gémi  »  parce  qu'elle  est  difficile  à  moudre  , 
vu  son  état  corné  et  demi-élastique. Yen  ai  fait  con- 
server partie  dans  l'état  de  gruau  ;  l'autre  a  été 
réduire  en  farine  ,  et  ces  deux  produits  m'ont  of- 
fert une  ressource  précieuse  en  tems  de  disette  , 
et  un  ahment  savoureux  par  suite  d'un  peu  de 
torréfaction.  ^ 

Nous  avions  fait  plus,  Parmentier  et  moi.  La 
conservation  du  biscuit  de  mer,  fait  de  froment  , 
devient  le  désespoir  des  équipages  ,  il  rie  peut 
pas  soutenir  les  voyages  de  long  cours  ;  l'humi- 
dité dont  il  est  susceptible  ,  la  mitte  qui  s'y  en- 
gendre le  brisent,  le  pulvérisent.  Alors  sa  savetir 
est  altérée  ,  et  le  matelot  le  refuse  cornme  un  ali- 
ment fastidieux  et  dégoûtant.  Nous  imaginâmes 
donc  de  convertir  la  pomme  de  terre  en  biscuit 
de  mer  ;  et  conjointement  avec  le  citoyen  Brocq  , 
directeur  de  l'école  de  boulangerie  ,  nous  fîmes 
dans  les  fours  de  cet  établissement  dix  quintaux 
de  biscuits  de  pommes  de  terre;  il  fut  expédié 
pour  nos  îles,  et  y  retourna,  après  être  revenu 
en  France,  toujours  intact;  ce  biscuit  ferait  le 
tour  du  monde  ,  parce  qu'il  est  inaltérable  comme 
la  pomme  de  terre  cornée  de  Parmentier. 

Je  ne  séiais  point  étonné  que  les  anglais  s'em- 
parassent, en  1801  ou  2,  de  cette  découverte  faite 
en  France  en  1785.    Qu'ils  s'emparent  au   moins 


Amsterdam  banco. 

Courant.  . . ... 

Hambourg 

Madrid 

Effectif 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


56i 

i88i 

4  ir.  90  c 
i4fr.5o  c. 

4  fr;  go  c 
14  fr.  25  c 

4  fr.  60  c. 

5(r. 

i  P- 


57  i 
187I 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 22  fr.  88  c. 

Tiers  consolidé 35  fr.  75  x. 

Bous  deux  tieis i  fr.  68  c. 

Bons  d'arréragé 87  fr.  5o  t.. 

Bons  pour  l'an  8 92  fr.  88  c. 

Syndicat 77  fr.  5o  c. 

Coupures 78  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  23  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqije  et  des  Arts. 
Le  12,  la  i"'  repr.  des  Horaces-, 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  2'  repr.  d'une  Journée  de  Catinat  ou  le  Ta- 
bleau ,  opéra  nouveau  ;  les  trois  Maris  ;  le  Voyage 
interrompu. 

THEATRE  DU  Vaudeville.  Auj.  M.  Guillaume  ; 
Dancourt  ,  et  les  Otages. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  Mort  d'Abel ,  ttag.  en  3  actes  ;  jfatjuinet  , 
et  le  Chaudronnier  de  Saint-Flour. 

"IHÉATRE  DELA  Cité-Variéïés.  —  Pantomimes. 
Auj.  Damoisel  et  Bergerette  ,  pant.  à  grand  spect.  ; 
Cadichon  ,  et  l'Epreuve  excusable. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris ,  rue  des  Poitevins ,  n»  .8.  Le  pri.  est  de  ,5  francs  pour  trois  mois  ,  5o  francs  pour  6  moi. ,  et  .00  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonne 
•  u'au  commencement  de  chaque  mois.  ,       ■        ,  •    1  .    1 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  A  s  s  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  .ue  des  Poitevins  ,  u°  18.  Il  faut  comprendre  dans  le.  envois  le  port  de. 
„,,  ou  Ion  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  dépancmens  non  aEfianchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste.  -j  j 

U  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce   qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  .  au  rédacteur ,  rue  dei 
Poitevin.,  n«  l3,depui  (neuf  heures  du  matin  jusqu'àcinq  heures  dusoir.  .  - 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cil.  Ajjissc ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GÂ'ZE'fTE'T^ATIQNALE  ou  LE  MONIIEUR-jUnIX 


fu.j  iy        "» 

♦  \\  ..(1. 


JV°  14. 


Quartidi  ,14  vaideiniaire  an  9  de  la  république  française ,  une  el  indivisible: 


NbUs  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  soiiscnpiieurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le    M  O  Ni  T  E  U  R  est  le  seul  journal  oj^cit!/.-      ""I 

11  coïKient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  ïes,n<»Hi>nftca«t'sa 

l'intérieur  qae  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  corresp'ondances  ministérielles.  '-    ''>">•   ■•"■' 

.  ,  .     ,.,  -,  .oijphàfiiAI 

Un  article  sera  particulièrement  consacre  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles.  25'::;ili,n 


E  X  T  E  R  I   EUR. 

ANGLETERRE.. 

Londres  ,  le  3o  septembre  (S  vendémiaire. } 

ACTIONS  de  la  banque  fermées  :  3  pour  cent 
consolidés.  For  raoney  65  |  i.  —7  fof  account 
66  j ,  65 1.  Omnium  6^,6." 

Les  effets  sont  en  baisse.  Lesy  ,  les  3  pour  cent 
consolidés  étaient  œonlés  à  685-^,  et  l'Omnium 
jusqu'à  7. 

Sur  une  pétition  signée  par  'un  nombre  consi- 
dérable d'habitans  de  la  cité  ,  le  lord  maire  a  fixé 
au  4  octobre  une  assemblée  de  la  commune.  La 
pétition  a  pour  objet  de  supplier  le  toi  de  con- 
voquer le  plus  Itît  possible  le  parlement ,  ahn  qu'il 
prenne  des  mesures  propres  à  réduire  le  prix 
actuel  des  subsistances. 

Un  des  vaisseaux  de  la  compagnie  des  Indes  , 
dernièrement  arrivés  ,  4  été  jeié  par  la  force  du 
venl  contre  des  rochers  à  la  hauteur  de  Dunker- 
que  ,  oii  Ion  suppose  qu'il  aura  péri,  ainsi 
que  deux  hommes  qui  avaient  voulu  rester 
à  bord  ,  lorsque  le  reste  de  l'équipage  se 
sauva  dans  les  canots.  Plusieurs  des  autres  bâli- 
niens  mouillés  dans  les  dunes  ont  spuôert  con- 
sidérablement. 

Nous  apprenons  par  une  lettre  de  Calcutta  , 
que  le  capitaine  Surcoff  a  capturé  dans  la  baie 
•«.lu  Bengale  ,  un  bricji  portugais  ayant  à  bord 
au-delà  de  deux  lacks  de  dollars  ,  dont  quinze 
caisse^  ont  été  envoyées  à  lIsle-de-France  ,  sur 
\ine  prise  faite  antérieurement  par  ce  même 
xapitaîiie,  qui  s'est  emparé,  dans  la  baie  ci-dessus  , 
fli  un  autre  bâtiment  que  l'on  dit  aussi  trés-ifiche. 

Le  navire  the  Pearl  ,  capturé  ,  il  y  a  quelque 
tems  ,  dans  le  golphe  persique  ,  est  ,  à  ce  qu  on 
assure,  une  des  plus  riches  prises  que  les  fran- 
çais Ment  faites  dans  l'Inde  durant  celte  guerre. 
Outre  une  cargaison  de  marchandises  de  trèsgrande 
valeur  ,  ce  navire  portant  au  -  delà  de  quatorze 
lacs  de  roupies  en  argent  et  en  cuivre.  Il  avait 
aussi  à  bord  quarante  superbes  chevaux  que  les 
français  oet  débarqué  àMascate. 

Lord  Saint-Vincent  est  rentré  avec  vingt-trois 
vaisseaux  de  ligne  ,  partie  à  Plyraouth  ,  partie  à 
Totbay. 

Il  est  arrivé  hier  ,  aux  bureaux  de  lord  Gren- 
Ville  ,  un  officier  de  marine  ,  avec  des  dépêches 
de  Pétersbourg  ,  que  l'on  croit  relatives  à  la  ques- 
tion de  la  neutralité. 

Au  dernier  scrutin  pour  l'élection  d'un  nou- 
veau lord  maire,  sur  trois  candidats  ,  le  lord 
maire  actuel  réunissait  le  plus  de  voix. 

(  Extrait  du  Star.  ] 

L'édit  par  lequel  l'empereur  Paul  a  ordonné 
le  séquestre  de  toutes  les  propriétés  anglaises  dans 
ses  états  ,  a  causé  ici  une  sensation  qui  n'a  été 
affaiblie  que  par  l'espoir  d'apprendre  qu'il  serait 
bientôt  levé.  Cette  mesure  ,  preuve  évidente  de 
l'appui  que  le  roi  de  Dannemarck  avait  trouvé 
en  Russie  ,  ne  pouvait  subsister  a.près  notre  ré- 
coiiciliaiion  avec  ce  souverain.  En  effet  ,  lami- 
lauté  a  appris  hier  ,  par  un  officier  récemment 
arrivé  dÉlseneur  ,  et  porteur  de  dépêches  de 
Pétersbourg,  que  1  ordre  de  l'empereur  a  été 
révoqué  le  i5  de  ce  mois.  M.  de  Lissakevirich  , 
chargé  d'affaires  de  Russie  près  noire  cour  ,  est 
'tappelé  ;  nommé  ministre  en  Dannemarck  ,  il  par- 
tira incessamment  :  on  ne  sait  pas  encore  s  il 
aura  un  successeur. 

La  dernière  malle  de  Hambourg  a  apporté  des 
nouvelles  de  la  côte  d Egypte ,  datées  <iu  6  juillet. 
Sir  Sidney-Sraiih  continuait  à  correspondre  avec 
le  général  Menou  :  il  avait  envoyé  au  Caire  le 
heutenant  Wright  avec  des  dépêches  particuliè- 
res ,  doiii  la  léponsc  éiait  attendue  avec  une 
irande  impatience.  Le  grand-visir  campait  avec 
jo.ooo  hommes  à  Jaffa  ,  cl  la  plus  grande  intelli- 
gence régnait  entre  les  lurcs  et  les  anglais.  Le 
iipitjn-pacha  venait  souvent  voir  Sidney-Smilh  à 
bord  du  Tigre. 

M.  Eskales  ,  banquier  de  la  cour  de  Vienne  , 
est  arrivé  le  18  à  Hambourg  pour  y  recevoir  les 
subsides  fournis  à  1  Autriche  par  l'Angleterre. 

On  a  reçu  avis  qtie  le  sloop  de  guerre  le  Cor- 
morunt  ,   chargé    de    dépêche»  'pour  sir    Sidney 


Smith,  a  échoué  dans  les  premiers  jours  de  juil- 
let en  quittant  Rosette.  L'équipage  en  entier  s'est 
siuvé  sur  la  côte  d'Egypte  ,  oii  îl  a  élé  fait  pri- 
sonnier  de  guerre. 

D.ms  une  cour  générale  des  propriétaires  de 
la  compagnie  des  Indes  tenue  le  24,  M.  jOnes 
(membre  du  parlement  pour  le  comté  de  Den- 
bigh  )  .  fit  une  motion  pour  obtenir  la  formation 
d'un  comité  ,  chargé  de  poui'voir  aux  moyens  de 
prévenir  les  abus  du  patronsge  ,  observant  que 
tous  les  jours  on  voyait  dans  les  papiers  publics 
des  avis  pour  acheter  des  emplois  dépendans  de 
I  la  compagnie.  Sa  motion  éprouva  quelque  op- 
'  position,  mais  elle   finit  par  passer. 

On  apprend  par  des  dépêches  qui  sont  venues 
de  Bombay  par  terre,  que  les  français  ont  mis 
Suez  en  eut  de  défense  ,  sur-tout  du  côsé  de 
la  mer. 

Notre  bonne  intelligence  avec  la  Chine  a  été 
sur   le  point   de  se   rompre    par   un    événement 
malheureux.   Le    schooner   la   Prouidence    perdit 
I  deux  cables  ;  ou    découvrit   un  chinois  occupé  à 
I  en  couper  un  troisième.    On   fit  feu  sur  lui  ,   et 
!  malheureusement  il   fut  tué.   L'alarme  fut  géné- 
rale ,  on  suspendit  tout  commerce  avec  nos  vais- 
I  seaux.   Le  capitaine  Dilkes  de  Madras  ,   qui  était 
'  le  premier  o^cier   commandam  ,  se  fit  porter  à 
terre   pour  clierciaer  à    concilier   les  esprits,    et 
terminer  à   l'«tni3ble    cette  affaire     II    y   réussit  , 
mais   il   fui  grossièrement   insulté  et   hué  par  la 
populace.    Le    même    fait  el  les  mêmes  circons- 
tances sont  déjà  arrivées  il  y  a  quelques  années. , 
Il  y   a   quelque  tems  que  nous  annonçâmes  le 
débordement  des  deux  rivières  de  Tgy  et  Kiang  , 
qui  ravagea  plusieurs    districvs  de  la  Chine.    De 
nouveaux   détails  nous  apprennent  les  suites  fu- 
nestes  de  celle    inondation.  La   grande    quantité 
de    vase    et    de    limon   mêlés   avec    une   grande 
quantité   de   cadavres    qu'elle    a    laissés    sur   les 
terres  ,   a  occasionné    une   maladie  épidémique  , 
qui  a  fait  périr  plus  de  100,000  personnes. 

On  écrit  de  Newcastle  ,  en  date  du  sS  sept., 
qu'une  émeute  de  charbonniers  et  de  potiers  y 
cause  les  plus  grandes  alarmes.  Les  volontaires 
I  el  les  yeomen  de  Newcastle  ,  ainsi  qu'un  déta- 
chement  du  17'  de  dragons  légers  avaient  ordre  de 
marcher. 

Le  prix    moyen    du    sucre   a   été    la   semaine 
j  dernière    de    20    shellings   8    sous   un  denier  le 
cent  pesant.  Celui   du  riz   de  26  shellings   2  sous 
et  demi  également  le   cent  pesant. 

Lettre   de   M.   le  consul  Matlra  à  lord  Grenville. 
—  Gibraltar  ,  U  29  juillet  1800. 

Selon  les  derniers  rapports  qui  me  sont  par- 
venus,  il  meurt  à  Tanger  20  ou  3o  individus 
par  jour;  à  Téluan  .  100  ou  140.  Trois  mille 
barbaresques  sont  déjà  moris  à  Tanger  ,  oià  je 
ne  croyais  pas  que  la  population  entière  montât 
à  ce  nombre.  Les  villages  voisins  sont  infectés 
comme  la  ville;  mais  il  ne  paraît  pas  que  la 
contagion   s'étende  au-delà  d  Arzille  au  midi. 

Mon  vice-consul  à  Mogador  nj'a.  écrit  quel- 
ques lignes  en  date  du  3  juin.  Comme  sa  lettre' 
était  accompagnée  de  plusieurs  lettres  de  change, 
tirées  sur  moi  pour  nos  matelots  naufragés ,  elle 
a  passé  par  l'Espagne.  Lorsqu'il  m'écrivait  ,  la 
peste  avait  cessé;  depuis  45  jours  à  Mogador, 
mais  il  ne  disait  rien  de  Maroc  ,  ni  de  lintérieur 
du   pays. 

(  Extrait  du.  Courrier  de  Londres.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le   i3  vendémiaire. 

M.  le  comte  de  Lehrbach  a  instruit  le  citoyen 
Talleyrand  ,  ministre  des  relations  extérieures  , 
qu'il  avait  été  nommé  ministre  des  affaires  étran- 
gères ,  à  la  place  de  M.  le  baron  de  Thugut 
qui  avait  obtenu  sa  démission  de  S.  M.  l'em- 
pereur. 

M.  le  comte  de  Cobentzel  a  élé  nommé  par 
S.  M.  l'empereur  pour  être  chargé  des  négo- 
ciations avec  la  France. 

—  Le  citoyen  Joseph  Bonaparte,  président  de 
la  commission  des  ministres  plénipotentiaires 
chargés  de  négocier  avec  les  envoyés  extraor- 
dinaires ministres  plénipotentiaires  des  Etals- 
Unis  ,  a  donné  le  11  à  Morfoniaine  une  fêle 
très-brillante  à  ces  ministres  pour  célébrer  le 
retour  de  la  bonne  intelligence  entre  les  deux 
états.  L'intention  du  citoyen  Èonàparte  dans  cette 


solennité  a  éjté  de  '  donner  ailii .  nitniistres  atnéii-r 
cains  un  témoignage  des  dispositions/ 1  du  igou- 
vernement  envers  les  Etats-Unis,  et  de  la. satis- 
faction générale  que  produit  -  lei  rapprochement 
qui  vierît  enfin  de  s'opérer.  Rien,  n'était  plu* 
propre  que  la  composition  et  l'o^dbnnancc  )de 
la  fête  à  manifester  aux  ramèricains  ces  senti- 
men.s.Tput  y  était  disposé  à  leur  intention  ,• 
et  les  premières  autorités  de  la  république  ont 
semblé  n'y  assister  que  comme, spectatrices  ,  r  et 
pour  mettre  le  dernier  sceau  aux  égards  \et  p4ît 
attentions  de  tout  genre  i|bf"  eux  ,et  leu/,  pay,8 
étaient  l'objet.  ;  '  ',       ^j 

Le  premier  consur  s'était  rêftdit;  à  trois  he'urei 
à  Morfoniaine  avec  sa  famille.  Les  deux  consuls -^ 
tous  les- ministres  ,  les  membres  du  corps  'diplo- 
matique, plusieurs  corlseiliets- d'état  s'y.  trou- 
vaient réunis  avec  les  présidens  du  sénat  ,  du 
corps-législalif  çt  du  tribunal  ,  et  différentes 
personnes  employées  autrefois  aux  Elats-Unii 
sous  divers  titres  ,  el  parmi  lesquelles  on  a 
remarqué   le  général   Lafayelte.  ■■    •  -.r 

A  six  heures  le  ministre  des' relations  exïSt 
rieures  a  remis  au  premier  consul'  ta  convenu 
lit)n  signée  le  9  entre  les -ministres  français  et 
ministres  américains  ;  el  cette  remise  a  été  ah* 
noncèe  par*  Une   salve  d'artillerie.  ' 

Le  dîner  a  été  servi  sur  trois  tables  "formant 
180  couverts,  dans  trois  salles  qui  communi- 
quaient les  unes  aux  autres.  La  première  était 
la  salle  de  iimion;  là  seconde  et  la  troisième;, 
qui  portaient  les  noms  de  Washingtor»  et  de 
Franklin  ,  étaient  ornées  des  bustes  de  ces  grandi 
hommes  ;  leufs  nonis  étaient- écrits  sur  dès  écus- 
sons  soutenus  par  les  drapeaux  réunis  des  deux 
nations.  Ces  trois  salles  ,  et  sur-tout  la  première, 
étaient  tapissés  de  feuillages  ,  élégamment  déco- 
rées de  draperies,  et  illuminées  en  verres  dé 
différentes  couleurs.  Mais  ce  qui  en  formait  le 
plus  bel  ornement  ,  c'étaient  les  emblèmes  qui 
rapprochaient  de  l'époque  récente  de  la  récon- 
ciliation, des  événemens  passés  dont  les  deux 
nations  ont  en  quelque  sorte  partagé  la  gloire. 
Celait  sur-tout  la  salle  de  l'union  qui  offrait  ce 
genre  de  décorations  touchantes.  Dans  un  pra^- 
mier  écusson  ,  on  voyait  un  aigle  ,  et  Lexington; 
ijans  un  second  ,  4  juillet  1776,  indépendance 
américaine  :  Hancock;  dans  un  iroisienie  ,  le  chiffre 
l.  'i.  ,  et  Warren  ;  dans  un  quatrième,  Au  .Q 
■vtndemiaire  an  9  ,  (date  de  la  signature  du  traité)-; 
le  cinquième  portait ,  F.  A.  ,  Putnqm  ;  le  sixième', 
Villefédérate  :  Trenton  ;  le  septième  ,  Au  i]  octobre 
1777,  Sarratoga  :  Gates  ;  le  huitième,  9  octobre 
i]8i  ,  Tcrck-Town;  le  neuvième,  les  côtes  de 
France  et  d'Amérique,  séparées  pat  la  mer  ,  un 
vaisseau  quittant  le  Havre  ,  et  cinglant  vers 
Philadelphie,  et  le  nom  de  Green;  le  dixième 
enfin  ,  présentait  un  vaisseau  français  et  un  vais- 
seau américain  naviguant  de  conserve. 

A  la  fin  du  diner  ,  il  a  été  porté  différens  toasts. 
Le  premier  ,  porté  par  le  premier  consul  ,  a  été  î 
Il  Aux  mânes  des  français  es  des  américains  morts 
>»  sur  le  champ  de  bataille  pour  l'indépen- 
>>  dance  du   nouveau  monde,  j) 

Le  consul  Canibacérès  :  u  Au  successeur  da 
)>  'Washington.  >> 

Le  consul  Lebrun  :  «  A  l'union  de  l'Amériqua 
)»  avec  les  puissances  du  nord ,  pour  faire  rea- 
>>  pecier  la  liberté  des  mers.  >» 

Immédiatement  après  le  dîner,  on  a'  tiré  un 
feu  d'artifice  sur  la  rivière  en  face  du  château. 
Le  feu  et  ses  pièces  diverses  représentaient  l'union 
de  la  France  et  des  Etats-Unis  ;  et  au  moment 
de  1  explosion  ,  des  petits  bâlimens  avec  pavil- 
lon américain  sont  partis  à  la  lueur  des  arti- 
fices qui  éclairaient  Içs  allégories,  et  ont  fait 
voile  entre  les  bords  illuminés  de  la  rivière  vers 
un  obélisque  ,  où  ja  France  et  les  Etats-Unis  se 
juraient  une  éternelle  alliance. 

Après  le  feu  d'artifice,  un  concert  a  été  exécuiéi 
par  les   artistes  les  plus  distingués  de  la  capitale. 

Au  concert  succéda  le  spectacle.  On  a  joiié 
pour  i"^"  pièce,  les  Jeux  de  l'Amour  et  du  Hasard, 
et  pour  seconde  ,  Minuit.  Les  Jeux  de  l'Amour 
et  du  Hasard  ont  élé  joués  par  Fleury  ,  Dazin- 
couri.Caumont,  mesdemoiselles  Contât,  Devienne 
et  Lachassaigne  ,  avec  une  perfection  et  un  ensem' 
ble  au-dessus  de  toute  expression.  Mademoiselle 
Contai  sur-tout,  a  étonné  les  personnes  les  plus; 
habituées  aux  prodiges  de  son  art.  Dansia  seco/idfc 
mademoiselle  Mènerai  a  joué  avec  infininoenl  do 
grâce.  Les  américain»  auront  pu  remporter,  pair 


5e 


t:é  seul  speciacle  ,,  jine  idée  complette  de  jiôtre 
•comédie.  Aij,  v^ijdeville  des  Jwx  kle  l^triDur  et 
du  Hasnrd,  Ità-tHoytnsDespréarix  et  Barré  avaient 
substitué  pBesqu'impromptu  des  couplets  ingé- 
nieux analogues    à  la  circonstance. 

Le  12  ,  à  midi  ,  les  ministres  ainérîcains  ont 
^ris  congé  du  i"  consul  à  qui  ils  ont  été  pré- 
«enlés  par  le  ministre  des  relations  exiérieures. 
Mr.  Ëllsworth  ,  au  nom  de  ses  collègues  a  dit 
«  ijuNl  espérait  que  la  convention  signée  le  9, 
>»  serait  la  base  d'une  amiiié  durable  entre  la 
M  France  et  l'Amérique.  "  M.  Murray  a  ajoulé 
>»  que  les  ministres  américains  n'omettraient 
11  fien  pour  concourir  à  ce  but.  )>  Le  1''  consul 
a  répondti  "(f  que  les  différends  qui  avaient  existé 
M  étant  lertninés  ,  il  n'en  devaitpasplusrester  de 
5«  trace  quêde  démêlés  de  Famille-,  que  lesprincipes 
»>  libéraux!  consacrés  dans  la  convention  du  9  ven- 
>»  demiaireisurrariicle  de  la  navigation  .devaient 
n  être  la  base  du  rapprochement  des  deuS'iiaiions, 
51  comme  ils  l'étaient  de  leurs  intérêts;  et  qu'il 
»>devenaii  ,  dans  les  circonstances  présentes,  plus 
?>  important  que  jamais  pour  les  deux  nations 
51  d'y  adhérer.  Il   '  ■  • 

Deux  dès  triiriistres  américains ,  MM.  Ellswonh 
et D'aVie,  sont  partis  à  une  heure  pour  le  Havre. 
M.  Mutray  est  resté  avec  son  épouse.  Plusieurs 
personnes  l'ont  accompagné  le  soir  à  Ermenon- 
ville ,  séjour  que, révère  la  jeunesse  passionnée  , 
et  que  les  amis  de  la  liberté  visitent  toujours  avec 
un  intérêt  mêlé  d'une  sotte  de  vénération. 

—  Une  lettre  datée  de  la  Corogne  lé  23  Frucii- 
dor,  et  adressée  à  une  maison  de  commerce  de 
Nantes  ,  nous  apprend  qu  un  vaisseau  anglais  à 
trois  ponts  ,  un  cutter  et  un  bâiiment  de  Iranspotl, 
ont  échoué,  sui  la  «ôie  de  Vigo.  Après  avoir 
vainement  rssayé  de  relever  le  vaisseau  à  trois 
fronts  ,  les  anglais  y  ont  mis  le  feu  ,  et  son  explo- 
sion même;  a  causé  quelques  dommages  dans  la 
ville  de  Vigo.  Il  pacaît  que  les  équipages  des  deux 
attires  bâtimenj  ont  péri  :  on  n'a  pu  sauver  que 
trois  hommes  et  ung  femme.  ( Citoyen'Français.  ) 

—  Lejournal  du  Commerce  annonce  que  sept  of- 
ficiers de  la  marine  batave  ,  employés  sur  la  flotte 
qui  s'est  rendue  aux  anglais  à  l'époque  de  l'inva- 
sion de  la  Nard^Hollande ,  ont  été  cassés  par  un 
conseil  de  guerre  tenu  à  la  Haye  ,  et  transportés 
au  delà  des  froiitieiesde  la  république. 

—  Une  lettre  écrite  de  l'aîle  droite  de  l'armée 
du  Rhin  ,  et  insérée  dans  la  Clef  du  Cabinet ,  porte 
le  paragraphe  suivant. 

Les  journaux  de  Paris  parlent  d'un  prétendu 
persan  Nadder  Mirza  Cha  ,  fils  de  Charoca  ,  dé- 
trôné par  les  russes.  Il  est  bien  vrai  que  nous 
avons  trouvé  cet  étranger  dans  les  prisons  ,  il  y 
a  trois  mois.  C'est  à  ï'adjudant-général  Mangiii 
qu'il  doit  sa  liberté.  On  a  de  suite  reconnu  en 
lui  un  juif  polonais  ,  en  qui  l'on  avait  puni  quel- 
ques traits  d'aventurier.  Personne  ,  au  reste,  n'a 
été  trompé  sur  le  compte  de  cet  Individu. 

—  Le  99  fructidor^  deux  dames  se  prome- 
naient sur  le  bord  de  l'eau  à  Choisy.  Leur  »1- 
tention  se  fixe  sur  deux  enfans  qui  jouaient  dans 
un  bateau.  Effrayées  du  danger  qu'ils  couraient  , 
elles  les  invitent  à  venir  à  terre.  Les  enfans  se 
rient  de  leur  frayeur,  continuent  leurs  jeux,  et 
l'un  d'eux  tombe  dans  la  rivière.  Les  dam.;s  ap- 
pellent en  vain  du  secours;  personne  ne  pa- 
■■•raissait  ;  et   le  peitt  malheureux  allait  disparaître 

pour  toujours  ,  lorsque  la  plus  âgée  des  deux  fem- 
mes ,  ne  consultant  que  son  humanité,  s'élance 
avec  la  rapidité  de  l'éclair  ,  et  s'avance  moitié 
en  nageant ,  moitié  soutenue  par  ses  vêlemens. 
Elle  arrive  au  moment  oii  l'enfant  plongeait 
peut-être  pour  la  dernière  fois  ,  le  saisit  par  les 
cheveux  et  le  ramené  à  terre  avec  autant  d'adresse 
que  de  bonheur.  L'enfant  était  évanoui.  La  même 
dame  le  rappelle  au  sentiment  ;  il  bégaie  des  re- 
m.erciemens ,  et  lui  exprime  la  crainte  qu'il  a 
d'être  châtié  par  ses  patens ,  lorsqu'ils  seront 
instruits  de  son  aventure.  Sa  hbératrice  le  prend 
par  la  main  ,  le  conduit  à  sa  mère  ,  plaide  sa 
cau^se  ,  obtient  sa  grâce ,  jette  quelques  louis 
sur  la  table  et  disparaît. 

Ce  trait  est  si  étonnant,  que   nous    n'avons  pu 
nous   dispenser  de     le  rapporter  ;  mais  1  auteur 
est  si  modeste  que  nous  devons  taire  son  nom. 
(Extrait  du  Publiciste.  ) 

—  Le  citoyen  Picquenard  ,  secrétaire-général  de 
la  préfecture  du  département  du  Pas-de-Calais  , 
nous  adresse  une  lettre  dans  laquelle  nous  trou- 
vons lés  détails  suivans. 

Le  ci-devant  canton  de  Marquise  ,  situé  dans 
l'arrondissement  communal  de  Boulogne-sur-Mer. 
«SI  en  proie  ,  par  suite  des  dernières  chaleurs,  à 
«ne  épidémie  dont  les  ravages  se  sont  manifestés 
depuis  la  fin  du  mois  dernier  avec  un  caractère 
très-alarmant.  La  monaHté  y  a  été  considérable  ; 
le  pays  a  été  abandonné  par  tout  ce  qui  a  eu  le 
Je  moyen  de  se  sauver.  Les  indigens  seuls  ,  livrés 
à  toute  la  fureur  de  1  épidémie  ,  dénués  de  médi- 
camens,  et  privés  des  ressources  de  l'art,  luttant 
vainement  contre  la  maladie  ,  présentaient  le  plus 
douloureux  spectacle.  Les  détails  de  cette  affreuse 
situation  rapidement  transmis  par  le  sous-préfet  de 
£ouiO£ne,le  citoyen  Matelot,  au  préfet  du  Fas- 


de-Çalais ,  le  citoven  Poitevin-Maissemy  ,.et  par  ce 
deriiier  aU  minislfe  de  Tinlérieur^,  ont  obtenu  de 
CE  riiinistre,  Courier  "par  courier  ,  une  somme  de 
i5oo  francs  ,  avec  une  lelire  où  l'on  ne  lisait  que 
ce  peu  de  mots  :  secours  provisuire  ;  donner  des  con- 
sot/itions',  le  goiwernement  est  instruit,  il  n'abandon- 
nera pas  les  infortunés  habitons  de  Marquise. . . .  . 

Le  surplus  delà  lettre  du  secrétaire-général  con- 
tient l'annonce  du  prompt  emploi  de  ce  secours  . 
de  sa  distribution  par  le  sous-préfet  de  Boulogne 
aux  infortunés  qui  en  avaient  le  plus  besoin  ,  et 
des  résultais  heureux  qui  déj.î  sont  obtenus  :  elle 
se  termine  par  l'expression  de  la  reconnaissance 
des  habitans  de  ce  département  ,  pour  le  gouver- 
nement et  pour  leurs  magistrats. 

— -  Le  gouvernement  cherche  à  consoler  l'inté- 
ressanie  commune  de  'Versailles,  dçs  pertes  que  lui 
a  causées'  la  révola:ion.  Aux  divers  établissemens 
d  instruction  publique;  qu  il  y  a  transporiés  ,  il 
vient  d'ajouter  le  bienfait  d!un  Spectacle  français 
vraiment  digne  de  ce  nom.  La  salle  du  peiit 
théâtre  du  château  a  éié  accordée  aux  comé- 
diens français  ,  sous  la  condition  d  y  jouer  deux 
fois  par  décade.  Le  l5  de  ce  mois  ils  en  feront 
l'ouverture  en  présence  du  minisire  de  l'inlérieur, 
par  la  tragédie  de  '^aïre.  Le  citoyen  Lative 
jouera  le  tôle  dOrosmanq;  celui  de  Zaïre  sera 
rempli  par  une  élevé  de  la  comédie  française, 
âgéi:  de  14  ans  ,  et  qui  n'a  encore  paru  sur 
aucun  thcâire. 

Ainsi  ,  le  château  de  Versailles  ,  par  sa  biblio- 
thèque ,  son  musée  ,  son  parc  ,  son  prytanée 
et  son  théâtre  ,  présentera  désormais  aux  étran- 
gers et  aux  nationaux  amis  des  arts,  la  précieuse 
réunion  de  tous  les  plaisirs  qu'ils  ne  trouvaient 
jadis  qu.i  Paris. 


Ligtie  ou  confédération  maritime  contre  l'Angleterre. 

Les  peuples  dominateurs  ,  comme  tous  les  am- 
bitieux ,  trouvent  leur  humiliation  et  leur  perte 
dans  l'excès  même  de  leur  orgueil  ,  de  leur  per- 
fidie et  de  leurs  rapines. 

Ail  iiiilieu  des  succès  de  l'Angleterre  et  des 
illusions  dont  elle  beiçaii  tous  les  cabinets  de 
lEuvope,  pour  former,  des  débris  de  la  pre- 
mière coalition  contre  la  France  ,  une  seconde 
réunion  plus  monstrueuse  encore,  j'ai  entrepris, 
en  l'an  5  ,  de  signaler  clairement  aux  européans 
les  usurpations  du  gouvernement  anglais  ,  ijui  a 
combiné  sa  force  et  sa  prospérité  dans  la  création 
de  son  système  maritime  et  polittijue  ^  de  manière  à 
paralyser  ou  à  engloutir  tous  principes  d  industrie 
chez  les  autres  peuples.  .-^  j'ai  montré  Us  forces 
navales  de  l'Angleterre  constituées  permanentes  dans 
le  \^' siècle,  au  mojin  des  béaif ces  assurés  quelle 
s'est  procurés  par  le  monopole  du  commerce  de  Por- 
tugal; par  l'.i  possession  de  Gibralt-^r  ,  clef  de  la 
Méditerranée  ;  par  tétendue  de  sa  pèche  à  Terre- 
Neuve;  par  l'interlope  dans  les  colonies  espagnoles; 
par  l  acquisition  du  commerce  des  pelleteries  au 
Canada  ,  et  par  la  cession  qui  lui  fut  faite  de  la 
Floride  ;  enfin  ,  par  sa  domination  dans  l'Inde  ,  qui 
lui  a  ouvc't  les  trésors  du  Mogoi  ;  par  la  nature  de 
ses  nouvelles  liaisons  avec  les  anglo-américains  ;  par 
l'exploitation ,  soit  de  la  navigation  propre  à  chacun 
des  états  de  l'Europe  ,  soit  de  leur  commerce  inté- 
rieur ,  et  au  moyen  des  approvisionnemens  de  toute 
nature  quelle  verse  en  France  ,  en  Espagne  ,  en 
Allemagne,  dans  le  Nord  et  en  Italie  ,  etc.  etc.  (i) 

En  repoussant  dès -lors  toute  idée  d'opérer 
l'abaissement  de  l'Angleterre  uniquement  par  la 
ruine  directe  de  ses  finances  ou  de  sa  consti- 
tution ,  j'ajouiais  :  Une  ligue  ou  confédération  ma- 
ritime serait  seule  menaçante  pour  l'Angleterre  , 
qui  aurait  à  redouter  en  même  tems  l'activité  des 
courses  sur  ses  bâtimens  de  commerce  ,  les  révoltes 
en  Irlande  ,  les  descentes  sur  ses  côtes  ,  l'abandon 
du  Portugal  ,  et  dès-lors  son  appauvrissement  en 
matières  métalliques  ,  la  défection  de  ses  colonies 
en  Amérique,  là  ruine  de  ses  pêcheries  à  Terre- 
Neuve  ,  des  révolutions  dans  l'Inde  ,  le  désordre 
dans  ses  finances  ,  et  tout-à-la-fois  l'ébranlement  de 
la  machine  politique  dans  tous  ses  élémens  constitutifs 
comme  dans  ses  parties  de  prQ%périté factice. 

Un  écrivain  de  réputation  a  cru  devoir,  dans  le 
Journal  de  Paris  du  26  thermidor  an  8,  n°  3^6  , 
contester  la  réalité  de  ce  dernier  résultat,  par  une 
note  étendue  où  il  s'est  exprimé  ainsi  : 

Le  deriiier  alinéa  du  citoyen  Arnould,  a-t-il  dit  , 
est  une  suite  du  préjugé  qui  attribue  toute  la  richesse 
et  la  puissance  de  l'Angleterre  à  soncommerce  extérieur 
et  à  la  prépondérance  de  sa  marine  militaire;  préjugé 
qui,  pour  être  aussi.vieux  que  généralement  répandu  , 
et  en  France  et  <en  Angleterre ,  n'en  est  pas  moins 
un  préjugé.  Nous  croyons,  dit  le  rédacteur  de  cette 
noie  ,  avec  M.  Gentz ,  ainsi  qu'avec  Smith ,  cité 
par  lui ,  que  ta  balance  du  commerce  qui  résulte 
de  cette  prépondérance  maritime  ,  est  une  mesure 
aussi  incomplette  qu'incertaine  de  l'ensemble  de 
l'industrie  nationale. 

Le  même  rédacteur  ajoute  :  qu'on  doit  être 
convaincu .  d'après  ce  que  dit  Smith  sur  cette  balance 


'  1)  Système  maritime  et  politique  des  Européans  dans  le 
dix-huitième  siècle.  Se  rimpômerie  du  Journal  du  Commerce, 
lue  Gran^e-Bauliere ,  n<  3. 


du  çon^meue  -si-varrii^ -,  combien  rce^-ehjtt  «f  inînce 
en  comparaison  de  l'ihâusir'ie 'et  du  commnct^de  iin.- 
tëricur  d'un  grand  fâyf.'On  v'e'rrn  que  la  richesse 
relative  de  -i  Angleterre  ne  vient  pas  de  ce  qu'elle 
vfnd  beaucoup.^e  bas  ,  de  souliers  ,  de,  tfiiks.,  de 
basins  ,  de  surre  ,  etc.  aux  autres  natioûs  ,  mais  de 
ce  qu'un  anglais  en' général  consomme  chez  lui  It 
double  de  fous  ces  objets  ,  comparativement  aux 
habitans  des  autres  pays.  Cette  consommation  ,  en 
prenant  même' 'les  évaluations  les  plus  enflées  que 
M.  Pitt  donne  annuellement  des  exportations  an- 
glaises ,  est  plus  que  vingtuple  de  tout  ce  que  lei 
anglais  avaient  au, dehors. 

Enfin  ,  dit  toujours  l'auteur  de  la  note  du 
Journal  de  Paris  ,  le  préjugé  sur  l'importance  de  la 
balance  du,'  comriierce",  tient  à  ùn_  autfe  préjugé  ,  md 
est  de  croire  que  le  peuple  leflus  riche'tst  ctiui  qut  s 
te  plus  de  monnaie  métallique. 

Nous-  ne  poiivons  différer  ,  «le  rédacteur  de 
cette  note  et  moi  ,  que  de  dçux  manières  : 
1°  relativement  cntx  principes  dt  l'économie  pra- 
tique ;  i"  par  rapport  aux  conséquences  qui  doivent 
résulter  de  l'application  de  ces  principes  à  une  ligue 
maritime  tûntre  l'Angleterre. 

Dans  les  circonstances  actuelles,  où  le  NùfiO- 
cherche  à  s'ébranler 'pour  assurer  la  liberté'  de 
sa  navigation  ,  il  ne  peut  être  indifférent  à  tout 
bon  français  -,  ni  même  à  tout  autre  epropéan  , 
(  l'anglais  excepté)  ,  de  voir  pulvériser  le's.  arg.u- 
mens  à  l'aide  desquels  on' veut  établir  que  toute 
ligue  ou  confédération  maritime  contre  l'An- 
gleterre, n'aurait  aucun  résultat  contre  ce  colosse 
d'une  puissance  usurpée.  —  On  s'indigne  sur- 
tout de  voir  des  écrivains  stipendiés  (  Gentz , 
d'Yvemois')  ,  conclur^e  que  les  destinées  pré- 
sentes de  l'Angleterre  ,  quoiqu' assises  sur  un  volcan, 
doivent  être  éternelles  pour  la  gloire  et  l'intérêt  de 
1  Europe. .  lEsTO  PF.RPETU.\  !  dit  la  trompette  de 
l'allemand  M.  Geiiti.  ]  Nous  espérons  prouver 
qu'il  y  a,  dans  ce  langage  véaà\.forfantene  ridicule 
et  trahison  de  la  cause  commune  aux  autres  peuples. 

Analysons  d'abord  les  argumens  du  Journal  da 
Paris  sous  le    rapport   économique. 

1*.  Des  vrais  principes  de  l'économie  politique,  en. 
matière  de  commerce  extérieur  ,  ou  de  balance  da 
commerce. 

Il  me  semble  que  pour  invoquer  à  propos  un« 

autorité  savante  ,  et  professer  ,  sous  son  égide  ,  la  • 
plus  pure  doctrine,  il  faut  arriver  au  dernier  point 
où  se  trouve  parvenue  la  science.  Les  vieille» 
erreurs',  ert  matière  de  balance  du  commerce  ,  ont 
été  à  la  vérité  relevées  ,  par  Smith  ,  avec  cette 
sagacité  qui  lui  est,  propre  ;  mais  les  divagations 
sur  cette  branché  de  l'économie'publique  ,  encore 
subsistantes  au  tems  où  cet  auteur  écrivait  (  en 
1774)  ne  lui  avaient  fait  envisager  et  combattre 
que  sous  le  plus  faux  de  ses  rapports  ,  toute  idée 
relative  au.mot,  balance  du  commerce. 

Depuis-  l,a  publication  de  l'ouvrage  immortel 
de  la  Richesse  des  Nations  ,  la  théorie  du  commerce 
extérieur  a  éié  de  nouveau  plus  spécialement 
approfondie  par  Herrensciiwand  .  dans  son  livre 
original  qui  traite  ds  l'Economie  politique  moderne, 
ou  Discours  fondamental  sur  la  Population.  Enfin, 
aidé  moi-même  du  secours  d'aussi  grands  maîtres, 
j'ai  entrepris  de  rendre  fixes  ces  diverses  connais- 
sances, dans  mon  ouvrage  sur  ta  Balance  du  comr 
merce  ,  qui  a  paru  en   1791.  (I) 

Il  faut  donc  se  repoiter  à  ce  traité  spécial, 
pour  connaître  dans  quel  sens  maintenant  il 
faut  entendre  la  doctrine  relative  à  la  balance 
du  commerce. 

Je  demande  indulgence  au  lecteur  ,  si  je  suis 
obligé  de  ciier  mon  propre  ouvrage^;  ,  mais  il 
doit  être  aussi  curieux  qu  utile  de  voir  que  je 
me  suis  occupé  ,  il  y  a  près  de  dix  ans  ,  de 
réfuter  les  vieux  argumens  que  l'on  reproduit 
aujourd'hui  en  fait  de  balance  du  commerce. 

<i  Le  mot  balance  du  commerce,  ai-je  dit, 
I»  (tom.  1^' ,  pag.  59  )  a  présenté  jusqu'à  pré- 
>>  sent  l'idée  de  connaissance*  politiques  ap- 
>>  pHcables  au  commerce  extérieur  des  nations.  Ce 
>>  mot  ayant  été  connu  avant  que  les  matières  éco- 
15  nomiques  eussent  été  approfondies  ,  il  a  eu  , 
)>  dans  son  origine  ,  une  acception  aussi  vague 
1)  et  aussi  bornée  que  son  objet.  Mais  à  mesure 
)>  que  les  écrivains  politiques  ont  porté  un  plus 
j)  grand  jour  sur  l'étude  des  véritables  source» 
5î  de  la  prospérité  publique  ,  le  mot  balance  da 
)>  commerce  s'est ,  pour  ainsi  dire  ,  aggrandi  ,  et 
>)  sa  signification  a  été  étendue  à  un  plus  grand 
I)  nombre  d'apperçus  sur  le  commerce  exté- 
)i  lieur  dont  on  voulait  déduire  quelques  prin- 
))  cipes  généraux  ;  et  ,  en  analysant  les  princî- 
1'  paux  ouvrages  français  ou  anglais  qui  traitent 
51  de  la  balance  du  commerce  ,  j  ai  constaté  qu« 
I)  ce  mot  (  appliqué  au  commerce  extérieur)  pour- 
i>  rait  être  entendu  sous  sept  acceptions  absolu- 
)i  Kiment  distinctes.  >> 

Quant  à  la  plus  ancienne  de  ces  acceptions  . 
celle  qui  a  eo  vue  le  solde  ou  h  balance  en  argent 
prétendue  favorable  ou  défavorable  à  telle  nation 


•i)  De  la  Balance  du_commerce  ,  deux  volumes  in-8°  et  ul 
Toliime  de  tableaux  ,  «fiez  Buisson  ,  rue  HautereuUIe  ,  n=  so. 


3i 


qui  reçoit  OU  psye  ce  solde  tn  argent,  j'ai  con- 
satié  un  chapiire  eiiiief  à  son  analyse  et  à  sa 
réfutation  s  sous  le  titre  de  notion  insuffisamment 
développée'  jusqu'à  présent  ,■  en  matière  de  balance 
du  commerce. 

il  Pour  apprécier  ce  que  vaut  un  préjugé  (  ai -je 
»i  'dit  ,  page  too.  tome  I"  ,  section  II.)  (et  c'en 
j»'  est  un  ,  sans' doute,  que  celui  qui  fait  consister 
31  la  richesse  d'une  riation,  uniquement  dans  l'ac- 
5>  cumulation  des  matières  d'or  et  d'argent),  il 
3)  est  indispensable  de  le  considérer  sous  tous 
5>  le»  aspects ,  de  remonter  mêmfe  jusqu'à  son 
j>  origine:  i  afin  de  mieuK  peser  toutes  les  clr- 
5»  constances  qui  en  ont  fait  un  principe  fon- 
9>  daipental ,  chez  les  nations  modernes  et  com- 
3>  merçantes.  >> 

Après  divers  développemens  historiques  etéco- 
romiques  trop  étendus  pour  trouver  place  ici, 
mais  basés  sur  la  dissemblance  de  positions  des 
peuples  commerçans  à  territoire  borné,  tels  que 
Gênes,  Venise,  Hambourg,  etc.  eic  ,  avec  des 
nations  industrieuses  à  territoire  étendu  ,  comme 
[Angleterre  et  sur-tout  la  France  ,  j'arrive  entre 
autres  points  ,  à  cette  déduction,  u  C'est  qu'un 
.»>  arrêté  de  compte  n'est  pas  toujours  nécessai- 
>i- rement  soldé  :  les  nations  française  et  anglaise 
•  >f  peuvent  bien  acquérir,  par  le  résultat  des 
>»-impor(alions  et  des  exportations  comparées,  la 
SI.  disposition  d'une  semblable  masse  de  matières 
j>,  d'or  et  d'argent  ,  et  rie  pas  immédiatement  les 
j>  faire  entrer  en  augmentation  de  leur  richesse 
sj  nominale    intérieure,  n 

■  Né  peut-on  pas  citer  d'abord  pour  exemple 
l'Angleterre  qui  obtient  la  plus  forte  balance  en 
apgent?  L'augmentation  progressive  de  ces  capi- 
taux ne  peut-elle  pas  servir  en  partie  à  grossir 
la  richesse  nominale  circulante  en  Russie  ,  dont 
J.es  anglais  exploitent  ,  dans  l'intérieur  même  de 
ce' vaste  empire  ,  presque  la.  totalité  de  ces  dif- 
férentes branches  de  commerce  ?  Il  faut  des 
capitaux  immense&  pour  l'exploitaiion  du  com- 
merce intérieur  de  la  Russie;  car,  n  l'usage  général 
est  d'y  vendre  à  six  mois,  un  an  ,  dix-huit  mois 
et  deux  ans  de  terme  ;  et  d'acheter  comptant  à 
liarrer;  c'est-à-dire,  une  année,  et  quelquefois 
plus',  d'avance,  en  payant  le  prix  comptant  au 
itioment  du  contrat.  Ce  sont  presque  tous  les 
seigneurs  russes  qui  vendent  leur  récolte  aux 
négocians  étrangers,  et  qui  contractent  ^  pour 
leur  approvisionnement  de  toutes  les  marchan- 
dises nécessaires  à  leur  consommation.  Ce  n'est 
«jue  pat  l'étendue  de  leurs  fonds  ,  que  les  an- 
glais sont  parvenus  à  être  la  nation  dominante, 
et  à  prendre  dans  ce  commerce  la  place  qiie 
les   hollandais  y   occupaient   autrefois.  >> 

Il  y  a  plus  :  c'est  qu'une  partie  des  bénéfices 
du  commerce  anglais  augmente  le  numéraire 
circulant  en  Portugal-  qui  est  cependant  la  mine 
où  puise  la  Grande-Bretagne.  En  voici- la  rai- 
son :  it  Tous  les  ctablissemens  de  quelqu'irapor- 
tance  dans  ce  royaume,  sont  dirigés  par  des 
anglais  ou  des  irlandais  :  tout  s'y  fait  à  l'anglaise. 
Les.  anglais  ont  eu  l'adresse,  pour  s'attacher  Le 
Portugal  ,  de  faire  faire  par  la  factorerie  ,  ,des 
piêts  considéi'fibles  à  la  couronne  ,  au  Esc  et  au 
commerce,  u 

j>  Le  commerce  de  la  France  en  Espagne  n'est 
pas  tout  à  fait  sur  ce  pied  ;  mais  les  nombreuses 
maisons  françaises  établies  soit  à.  Cadix  ,  Séville  , 
Madrid  et  autres  villes  commerçantes  de  l'Espagne, 
emploient  une  grande  partie  des  capitaux,  for- 
mant la  balance  en  argent  du  commerce  français 
avec  les  nations  européannes.  Une  partie  de 
ces  balances  augmente  donc  le  numéraire  cir- 
culant en  Espagne  ,  quoique  demeurant  toujours 
la  projjriété  de  la  France.  " 

5)  La  Hollande  elle-même  ,  n'entasse  pas  dans 
»es  coffres  tout  l'or  et  l'argent  dont  elle  devient 
annuellement  propriétaire  par  le  résultat  de  son 
commerce  extérieur;  une  partie  est,  sans  doute, 
employée  à  circuler  dans  les  états  du  Nord  , 
dont  elle  exploite  plus  particulièrement  l'indus- 
trie. Enfin  ,  elle  le  place  à  intérêt  dans  les 
fonds  publics  ou  particuliers  des  nations  em- 
prunteuses. Dans  tous  les  cas  ,  on  peut  dire 
que  la  Hollande,  l'Angleterre,  et  la  Fiance  dis- 
posent annuellement  de  tant  de  millions,  en  ob- 
tenant la  balance  en  argent  dans  leur  commerce 
extérieur ,  quoique  la  totalité  de  cette  balance 
n'augmente  pas  chaque  année  la  richesse  nominale 
circulante  dans  i intérieur  de  ces  trois  états,  etc.  etc.  )i 

Nous  ne  différons  doue  nullement  d'opinion, 
l'auteur  de  la  note  du  Journal  de  Paris  et  moi, 
dans  ce  sens  que  j'ai  démontré  il  y  a  déjà  lo  aos , 
dan»  un  traité  spécial,  tout  ce  que  la  doctrine, 
de  la  balance  du  commerce  avuit  d'erroné,  de 
ipécieu\  ,  ou  même  de  réel  relativement  à  l'ac- 
cumulation ou  à  la  disposition  des  matières  d'or 
et  d'argent  provenant  du  solde  ou  de  l'arrêté  de 
tompte  du  commerce  extérieur,  en  poussant,  à 
cet  égard  ,  l'analyse  au-delà  des  bornes  jusques 
la  généralement  connUL-s. 

C'est  donc  gratuitement  qu'aujourd'hui  ,  l'au- 
teur des  notes  dont  il  s'agit,  me  prêle  une  fausse 
théorie  en  tirant  de  la  pouas'ere  de  l'école  ,  des 
antiquités  économiques  ,  pour  en  former  un  phan- 
tômc  d'argumens  contre  une  dispositioii  politi- 


que d'un  ordre  majeur  ,  la  ligue  contre  l'An- 
gleterre i  disposition  dont  l'cffitaciié  et  l'utilité  ne 
peuvent  être  appréciées  que  par  des  considérations 
d'une  toute  autre  nature  ;  car  ,  nuiintenant  , 
quiconque  s'adotine  tant  soit  peu  à  1  élude  de 
l'économie  ,  ne  croit  plus  que  la  prospétité  des 
nations  ,  réside  dans  ce  qu  on  appellait  autrefois 
la  balance  en  argent  du  commerce.  Celle  extra- 
conception doit  être  reléguée  avec  celles  de  la 
quadrature  du  cercle,  du  mouvement  perpétuel, 
de  la  pierre  philosophale;  toutes  chimères  qui  ont 
exercé  l'cfspiit  humain  ,  avant  qu'il  cultivât  les 
sciences  de  la  manière  la  plus  utile  au  progrès 
et  au  bonheur  de  la  société. 

Dans  cet  état  des  connaissances  acquises  sur 
ce  point  ,  il  est  de  mon  sujet  ,  de  relever  ,  en 
passant  une  assertion  bien  étrange  (]ul  se  trouve 
dans  un  n°  suivant  (346)  du  Journal  de  Paris, 
article  signé  Rœderer.  On  y  suppose  que  .si  l'An- 
gleterre recevait  ,  chaque  année  ,  de  ta  fécondité 
de  ses  terres  des  pioduils  deux  fois-  plus  forts  que 
sa  consommation  et  qu'elle  ne  trouvât  pas  à  les 
i  vendre  ,  il  faudrait  quelle  les  laissât  périr  ou  qu'elle 
les  vendît;  Et,  dans  te  cas,  dit  1  auteur  de  cet 
article  ,  et  ceci  est  curieux,  dam  le  cas  où  elle 
(  /'Angleterre  )  trouverait  à  les  vendre  ,  sa  balance 
de  commerce  serait  si  considérable  qu'en  moins  de  25 
ans ,  elle,  aurait  tout  l'argent  de  l'Europe.  Ainsi 
dans  le  n°  326  dujournal  de  Paris,  toute  idée 
de  balance  du  commerce  est  un  préjugé,  une  chimère, 
et  dans  le  n°  ^46  ,  on  fait  du  solde  ou  arrêté 
de  compte  nécessairement  le  nec  plus  ultra  de  toute 
politique  mercantile. 

Comment  ie    pas  voir  que  ,   dans  toute  sup- 
position ,    l'Angleterre  vendrait    l'excédent    de  sa 
consommation  ,  quelqu'en  fût  le  montant  ,  pour 
p'en  recevoir  l'équivalent  que  de  la  manière  qui 
serait  jugée     plus    utile    pour    ses    négocians    ; 
or  ,    qui    peut  penser  que  leur  plus  grand  intérêt 
fut,   pour  ainsi    dire,    de  dévaliser   I  Europe  c(i; 
tout  son    numéraire  ?   tit  sait-on  pas   au  contraire 
que   plus     un   peuple     est  industrieux  ,   plus    il 
éloigne  son  paiement  en  argent  comme  numéraire; 
I  et  quand  il  recherche  les  matières  d'or  et  d'argent 
I  comme    marchandise  ,  c'est,  qu'il  a  des  demandes 
pour  leur  placement  intérieur  ou  extérieur  avec 
profit  ?  ne  sait-on  pas  encore  que  tout  l'excédent 
des    produits   d'une    nation    sur  ses  achats  ,  ses 
reventes  ou  sa  consommation  ,  forment ,  soit  dans 
I  sou   intérieur,   soit    dans  toutes    les    parties   du 
'monde  commerçant,  ce  que   Smith   a  défini  des 
j  des  capitaux  fines  ou  circulans  accumulés?  C'est  ce 
'que   l'Angleterre  met  en  pratique  avec  un  grand 
I  succès  ,  spécialv'îment    depuis    un    siècle  ,     aidée 
!  de  son  gouverni.'ment  ,   de   la     prodigieuse    ac- 
I  tivité   de     ses    négocians  ,    et    sur-tout   constara,- 
I  ment  et  nierveilleustment  servie  par  l'insouciance, 
î  par  la  faiblesse    et  p.ir    l'ignorance  presque    gè- 
[nérale  qui    ont  domiiKe  jusqu'à  présent  dans  les 
autres  pays  ;   c'est  ainsi  vque  l'Angleterre  acquiert 
I  des   délégations  sur  toute.s    les  récoltes    futures  , 
soit    du    sol,   soit    de    l'inu'usirie   des   peuples, 
depuis  Lisbonne  jusqu'au  Kan.'sch.uka  ,  aux  Iron- 
lieres    de   la   Chi^ne  ,  et   depuis   Québec  jusqu'à 
Botany-Bay. 

C'est  de  cette /e'/Aargic  que  je  voudrais  tirer  les 
européans  ,  pour  que  chacun  entreprît  enfin 
d'exercer  à  son  plus  grand  avantage  toutes  les 
branches  d'industiie  que  s.i  position  sur  le  globe 
lui  a  particulièrement  départies  ,  et  qu'il  cesse 
enfin  d  être  tributaire  du  peuple  dominateur  et 
envahisseur;  ce  serait  enfin  le  résult.ît  inévi- 
, table  d'une  ligue  ou  confédération  maritime  di-'yenue 
menaçante  contre  l'Angleterre,  ainsi  que  je  vais 
essayer  de  le  démontrer  dans  ma  seconde  pifi- 
posilion  relative  aux  coiiséqueiices  de  cette 
grande  conception  politique. 

a".  Effets  menaqans  d'une  ligue   contre  l'Angleterre. 

Jusqu'à  présent  l'auteur  que  fe' combats  n'a 
taxé  de  préjugé  le  résultat  d'une  confédération  ma- 
ritime contre  la  Grande-Bretage  qu'en  l'envisa- 
geant sous  un  rapport  éconoiTiique  idéal,  en  me 
prêtant  des  vues  louches  dont  j'ai  dissipé  le  pres- 
tige par-tout  ce  qui  précède  ;  maintenant  ,  j'ai 
à  caractériser  son  éloignement  pour  une  sem- 
blable mesure  sous  le  rapport  de  deux  prin- 
cipes applicables  au  commerce  extérieur  qu'il  a 
entièrement  méconnus  pour  former  son  opinion. 

L'un  de  ces  principes  a  été  analysé  complet- 
tement  par  un  auteur  que  j'ai  déjà  nommé 
Hesrenschw.\nd  ,  qui  ,  dans  son  livre  sur 
y  économie  politique  moderne  a  développé  les  con- 
séquences pour  laccroissement  de  la  popula- 
tion et  de  la  richesse  d'un  pays  ,  lorsque  dans 
l'état  actuel  des  peuples  de  la  terre ,  telle  nation  a 
préféré  à  tout  autre  système  de  s'adonner  à 
celui  d'une  agriculture  relative  fondée  sur  un 
système  de  manufactures.  C'est  évidemment  la  posi- 
tion présente  de  l'Angleterre  ,  qui  ,  en  cherchant 
sans  cesse  ,  par  tout  l'Univers  ,  des  consommateurs 
pour  les  produits  de  son  sol  et  de  son  industrie , 
a  reculé  les  bornes  possib  es  de  sa  richesse.  Une 
s'agit  pas  ,  dans  la  question  présente  ,  de  savoir 
si  l'Angliterre  eût  mieux  fait  d'épuiser  tous  les 
moyens  probables  de  créer ,  dans  son  île  ,  des 
consommateurs  jusqu'au  dernier  terme  ,  et  d^ 
ne  ie  livrer  au  commerce  entéruur-,  qu'après  être  I 


arrivée  ?i\imaximnm  du  commerce  intérieur  «  ,ainS<- 
que  l'a  pratiqué  la  Chine  ;  ni  de  rechercher  hof^ 
plus  si  le  besoin  d'nssurer  pour  rAngletcrre  sa 
séi^urité  contre  les  invasions  étrangères  ,  n'a  pa* 
déterminé  l'impulsion  qu'a  reçue  .  de  préférence  1 
son  système  maritime  et  politique  ,  d'abord  déj'en^ 
sif ,  et  dans  ces  derniers  tcms  ,  outrageusement 
offensif  enven  les  nations  neutres  ;  car  ,  il  est  cons- 
tant que  ce  qu'aurait  dû  ou  pu  faire TAngletetre  , 
elle  ne  l'a  pas  fait ,  et  c'est  de  la  possession  ou  de 
la  dépossession  de  son  commerce  extérieur  ,  doi)t 
il  s'agirait  dans  une  ligue  ou  confédération  maritime, 
dont  le  résultat  le  moins  fâcheux  pour  ells  ,  serait 
de  restituer  à  chacun  d«s  états  de  l'Europe  ,  la 
branche  de  commerce  ou  de  navigation  qui  lui  . 
est  départie   par  sa  position.  ,  .  , 

Le  second  point  relatif    au  cOrntn-erce  exttrieuT'-\ 
méconnu  par  notre  auteur  et  qui  dérive  du.DjriA- 
cipe    suivi   par    l'Angleterre  dans  !'açioptioiJ,.,rf'«rt 
système   ri  agriculture  relative  ,  fondé  sur  un  sptêriie 
de  manucfactures  ,  ce»   qu'en  cherchai!t''par  toute, 

I  la  terre  def  consommateurs  externes  pour  les 
produits  de  son  sol  et  de  son  insdustrie,la  Grande 

I  Bretagne  a  trouvé  moyen  ,  à  l'aide  du  succès 
Jie  ses  premières  relations  ,  de  se  crè.er  dciix 
nouvelles  branches  de  prolits  de  commerce  extérieur, 
soit  en  se  subsiiiuant  à  cha-iue  état,  pour  lui 
vendre  et  lui  acheler  les  produits  du  sol  et  de 
l'indiutrie  d  un  autre  état,  soit  en  simjpatroni- 
sant  dans  1  intérieur  du  pays  même  .  pour  y  faire, 
au  moyen  d'énpxmcs  capitaux  accuiiiulés  depuis 
un  siècle  ,  tous  les  ctablissemens  ruraux  Ou 
industriels  à  I  exclusion  dts  regnicoles  ,  et  c'est 
là  une  branche  considérable  ',  quoique  occulte  , 
des  revenus  et  iiiêmc  du  crédit  de  1  Angleterre) 
car  on  peut  sans  exagération  évaluer  au  triple 
du  commerce  intérieur  de  tous  les  états  de 
lEurope  (  vu  principaleratni  ,  sa  position  en 
Russie  ,  en  Portugal  ,  gn  Pologne  et  dans  l'Inde) 
celui  exercé  au  profit  de  l'Angleterre  dans  chaque 
état,  à  l'occasion   du    commerce  extérieur;    cet 

!  emploi  de  capitaux  échappe  à  tout  calcul  ;  mais 
^il  est  au  moins  égal  à  ceux  que  le  conimerce  intérieur 
occupe  en  Angleterre. 

D'après  cela  ,  peut-on  concevoir  l'auteur  que 
je  combats,  lorsqu'il  dit  dans  le  journal  de 
Paris  ,  n'^  826:  u  On  verra  qUe  la  richesse  relative 
>'  de  l Angleterre  ne  vient  pas  de  ce  qu'elle  vend 
)i  beaucoup  de  souliers,  de  toiles  ,  debasins,  dé 
'>  sucre  aux  autres  nations  ;  i>  non  assurément, 
car  il  fallait  dire  s  de  ce  qu'elle  travaille  ,  de  ce 
qu'elle  produit  beaucoup  de  souliers  ,  de  toiles  , 
etc  ,  etajouter  de  ce  quelle  leur  vend  encore  (aux 
autres  nations  )  leur  propre  blé ,  leur  propre 
industrie  ,  et  de  ce  que  même  dans,  l'inlérieur 
des  états ,  on  laboure  ,  on  manufacture  ,  on  com- 
merce ,  et  on  y  consomme  même  à  son  profit 's 
de  ce  qu'elle  fait  tout  cela  ,  notamment  depuis 
un  siècle  ,  avec  progression  de  succès  et  accu* 
mulation  de  capitaux. 

Au  lieu  de  cette  énumération  positive  ,  l'au- 
teur en  question  préfère  dogmatiser,  en  attribuant 
cette  richesse  relative  de  lAngleierre  à  ce  qu'un 
anglais  en  général  consomme  chez  lui  le  double  de 
tous  ces  objets  comparativement  aux  habitons  des 
autres  pays.  Cette  consommation  ,  dit-il  .  en  pre- 
nant même  les  évaluations  les  plus  enflées  que  M. 
Pitt  donne  annuellement  des  exportations  anglaises 
est  plus  que  vingtuple  de  tout  ce  que  les  anglais 
envoient  au-dehors. 

Certes  ,  c'est  la  première  fois  que  l'on  a  donné 
■pour  cause  première  de  la  richesse  d'un  état  otl 
d'un  individu  ,  l'étendue  de  sa  consomrnalion  ! 
que  l'on  consomme  comme  deux  ou  comme  quatre 
c'est  seulement  ce  qw  profite  oa  ce  qu'on  économise 
qui  constitue  le  revenu  ou  la  richesse. 

Pour  rendre  d'une  évidence  plus  palpable  la 
fausseté  de  ce  jrrincipe  avancé  par  le  citoyen 
Rcederec,  dira-t-on,  par  exemple, que  dans  unatte- 
lier  ,  ou  dans  une  manufacture  ,  tel  ouvrier  qui 
s'enivre,  et  qui  par  conséquent  consomme  cinq  ou 
dix  fois  au-deià  de  ce  qui  lui  suffirait  pour  répa- 
rer et  multiplier  ses  forces  ,  dira-t-on  que  sa 
grande  consornmatiojr  contribue  à  enrichir  lui  et 
l'entreprise  ?  ce  qui  arriverait  si  consommer  comme 
deux  ou  comme  quatre  ,  était  un  principe  dé 
richesse.  Au  contraire  ,  n'est-il  pas  d'une  exacte 
vérité  que  ce  résultat  fécond  est  produit  plutôt 
par  tel  autre  ouvrier  qui  ne  consomme  que  le 
strict  nécessaire  pour  entretenir  sa  puissance 
industrielle.  C'est  ainsi  que  celui-ci  ,  en  four- 
nissant à  l'association  la  somme  de  travail  la  plus 
considérable  ,  pour  la  moindre  dépense  possible  ^ 
se  procure  encore,  d'abord  des  épargnes,  ensuite 
xxnpécule  ,  et  qu'il  termine  par  former  des  capitaux 
promoteurs  d'un  nouveau  travail  et  de  nouveaux 
profits.  Depuis  \e  journalier ,  qiai  remue  paisible- 
ment la  terre  ,  jusqu'aux  cAe/i  des  nations,  qui 
doivent  suivre  de  1  œil  intellectuel  les  divers 
mouvemens  du  njéchanisme  social  ,  Voilà  toute 
la  théorie  qui  ,  dogme  sacré  île  la  propriété  * 
compose  l'aisance  et  le  bonheur   des  peuples. 

Enfin,  toute  consommation  multiple  du  sritt 
besoin  ,  n'est  qu'extédeM  ;  l'application  de  cette 
consommation  qui  opère  le  bénéfice  ;  lai^richesSe 
d'une  nation  ,  suivant  Smith  ,  s  effectue  au  plus 
haut  degré  ,  toutes  Ic^  fois  (juà  sa  consomnaatioa 


52 


est  ajouté  «n  /txciâent  qui  consliiue  Taccumu- 
la'tion  successive  d'un  caijital. 

Çkiànl  A  l'évfilualion  donné*  par  M.  Pitl  aux 
expTitations , anglaises  ,  quelle  que  soit  cette  esti- 
mation comparée  à  tous  les  produits  du  commerce 
intérittiT ,  il  i;e  pourrait  y  avoir  ,  à  cet  égard  ,  de 
contlusioirà'ètabJiv-  ^u'iiuiafli  qu'on  réunirait  aux 
exportations  anglaises  le  montant  des  deux,  autres 
bi^anéhes  du  comnaerce  extérieur,  qui  se  rappor- 
tent'au  commerce  d'état  à  éiat,  ou  même  au', 
coiïimercc  Ultérieur  de  ch.aque  nation  exercé  par 
l'iV^Tmédiairc  et  au  prolil  de  l'Angleterre.  Nous 
aliôfls  prouver  d'ailleurs  que,  dans  cette  question, 
Jet  quantités  n-e  sont  rien  ,  si ,  par  une  ligue ,  Ton 
frappe  au  cœur  et  l'on  fait  courber  ou  toniber  la 
tê»e  «le  Ihydie  britannique. 

Je  lïe  finirai  pas  cet  article  sans  relever,  quant 
aux  estimations  dgs  exportations ,  la  ruse  de  M.  Pitt, 
pour  donner  le  change  sur  les  bases  suivies  jus- 
qu'à ce  jour  dans  ces  évaluations  du  «Ommerce 
extérieur  de  l'Angleterre  ,  afin  de  grossir  aux  yeux 
desa'iiglais  et  de  ,  l'Europe  les  bénéfices  qu'elle 
paraît  tin  retirer  aujourd'hui,  j'opposerai  sur-iout 
h  l'autorité  de  M.  Rose  qui  tient  la  plume  sous 
M.  Pin  ,  i'autoviié  de  M.  'Whttwortb  ,  membre  du 
patlemeui  qui  ,  dans  lavant-propos  de  ses  ta- 
bleaux d'importations  et  d'exportations  depuis 
1697  jusques  vers  ^a  guerre  d  Amériqiïe  ,  attribue 
positivement  les  Evaluations  exagérées  com- 
prises daiis  ces  tableaux,,  à  la  vanité  et  au  desir 
qu'ont  les  négocians  de  paraître  embrasser  un 
commerce  irès-éiendu  ,  ou  de  posséder  de  grands 
biens  (I).  Comment  se  fait-il  que,  précisément 
en  1798,  au  moment  où  le  ministère  a  besoin 
d'un  impôt  de  sSo  millions  tournois ,  on  remarque 
innocemment  que  les  EVALUATIONS  EXAGÉRÉES 
dont  parle  '{V/ji(ai«r/A,  relativement  au  commerce 
d'exportation,  soient  devenues  plus  faibles  de 
70  pour  cent?  Pour  rendre  probable  cette  varia- 
tion du  commerce, extérieur ,  il  faudrait,  de  la 
part  de  l'Angleterre  ,  xeuàve  publiques ,  Ç3r  l'im- 
pression ,  les  quantités  de  chacune  des  marchan- 
dises importées  ou  exportées  avec  leurs  prix  cou- 
rans ,  ainsi  qu  en  a  usé  la  P'rance  dans  les  pre- 
mières années  de  sa  révolution.  Celte  nouvelle 
découverte  de  MM.  Pitt  et  Rose ,  sur  la  prétendue 
faiblesse  des  déclarations  dans  les  douanes  an- 
glaises,  déclavaiions  dites  EXAGÉRÉES  par  Wlut- 
worlh,  foi  me  comme  l'on  sait  lune  des  bases 
principales  du  livre  de  M.  Gentz  ,  l'allemand  ,  si 
dévoué  à  la  cause  britannique ,  contre  rintérêl  des 
commcrçans ,  des  navigateurs  et  des  gouverne- 
mens  de  tous  Les  autres  pays. 

Maintenant  revenant  à  la  question,  on  apperçoit 
que  l'imagination  peut  à  peine  sî  figurer  les 
conséquences  sur  l'état  présent  de  l'Angleterre, 
d'une  ligue  dont  le  résultat  serait  la  dépossession  , 
de  droit  et  de  fait ,  des  trois  braiichcs  lucraiives 
de  son  commerce  extérieur.  Cet  ébranlement, 
ce  déplacem-ent  à  la  source  d'une  partie  de  son 
revenu,  quelle  que  soit  sa  corrélation  avec  son  re- 
venu toial,  afiecteraii  particulièrement  au  plus  haut 
point  ,  deux  pivots  de  sa  prospérité  actuelle,  son 
crfdit  el  ta  division  ou  distribution  de  son  revenu 
eutre  Us  classes  travaillantes.  Car,  on  le  répète  ,  il 
ne  s'agit  pas  de  liombrer  des  quantités  ou  de 
mesurer  l'étendue  dans  les  catastrophes  qu'amènent 
les  combats  sangians  d  homme  à  homme,  ou 
les  luttes  cruelles  des  nations  :  percer  le  cœur  de 
son  ennemi,  c'est  le  frappera  mort,  quoiqu'at- 
, teint  seulement  au  centième  de  toute  la  suture 
de  lêue  humain  ou  politique. 

Et  d'abord  sur  la  distribution  du  revenu  de  l'An 
gltterre  entre  Us  classes  travaillantes  ,  j'observerai 
que    c'est    un   principe   incontesta 


rable  de  mani.tf.ic(uves  ,  ne  produit  pas  seple  un  !  comment  cet  impôt  de  s5o  millions  sur  le  reventt 


ébranlemeni  lunesle  au  corps  politique;  mais  la 
position  cl'uu  état  devient  encore  inquiétante 
par  le  seul  déplacement  de  l'industrie  d  un  peu- 
ple ,  lorsqu'elle  est  vacillante  ;  et  cela  est  d'une 
évidence  niariifesle  ;  car  la  machine  humaine  fa- 
çonnée ,  dès  l'enfance,  à  tel  Iravail  manuel  ,  ne 
se  porte  pas,  avec  le  même  aiguillon  quelle 
éprouve  dans  le  besoin  de  vivre  ,  vers  un  genre 
d'industrie  supplémeniûire.  d'un  autre. 

L'Angleterre  donne  mêmeaujourdhui  un  exem- 
ple frappant  de  la  difficulté  de  distribuer  égale- 
ment son  revenu  annuel  entre  les  classes  travail- 
lantes ,  quelque  considérable  qu'c^n  le  suppose 
depuis  la  guerre.  En  eS'et  ,  il  n'y  a  pas  de  doute 
que  cel  e  présente  n'ait  créé  pour  les  classes 
industrieuses  ,  un  laboratoire  immense  ;  mais 
comme  ces  combinaisons  sont  purement  acci- 
dentelles ,  si  une  partie  du  peuple  prcfile  dans 
çç  nouveau  genre  d'occupation  ,  une  plus  grande 
partie  en  souffre. 

C'est  ce  déplacement  de  l'industrie  pacifique  pzr 
l'industrie  meurtrière,  qai  en  cause  de  la  progres- 
sion effrayante  qui ,  malgré  de  nouvelles  entre- 
prises en  défrichemens  et  en  construction  de 
canaux  ,  se  fait  remarquer  dans  l'augmentation 
du  nombre  d'individus  qui  ,  depuis  la  guerre  , 
se  trouve  à  l'aumône  de  la  Grande-Bretagne.  La 
taxe  des  pauvres  ,  année  moyenne,  de  1783, 
17846!  1785  ,  était  d'environ  deux  raillions  sterl. 
ou  48  millions  tournois  ;  çisir  Morton  Eden  ,  sur 
des  observations  réfléchies  ,  croit  devoir  porter  en 
1795  à  6  millions  sterl.,  c'est-à-dire,  à  plus  de 
144  millions  towrn.  l'estimationde  la  taxe  des jiauvres 
et  des  fondations  et  souscriptions  annuelles  pour  les 
pauvres  dans  le  seul  royaume  d'Angleterre;  ce  qui  équi- 
vaut à  un  secours  annuel  de  100  tiv.  tournois  pour 
plus  de  quatorze  cents  mille  iridividus  sur  une 
population  de  sept  millions  ,  hommes ,  femmes  et 
enfans.  (i) 

Quelle  catastrophe  n'amènerait  donc  pas  pour 
l'Angleterre  l'anéantissement  ou  seulement  la  ré- 
d'  clion  et  le  déplacement  des  trois  branches  de 
son  commerce  extérieur.  Il  y  aurait  une  dislocation 
complette  des  rouages  politiques  et  économiques, 
dont  la  plupart  seraient  arrêtés  ,  obstrués  ou 
anéantis  faute  de  salaire  ,  ou  à  défaut  de  leur 
érjuilibre   avec  le  haut  prix  des  subsistances. 

Qitelqu'habile  qu'on  puisse  croire  M.  Pitt, 
le  teins  lui  manquerait  pour  de  nouveaux  revire- 
mens;  il  faut  assurer  toutes  les  24  heures  la  subsis- 
tance du  peuple,  et  l'on  ne  reconqU)ere  pas  si  vite 
ces  nouveaux  moyens  de  subsistai'.ce  qui  seraient 
dispersés  après  plusieurs  siècles  de  persévérance 
pour  les  acquérir  ;  il  y  aurait  donc  lutte  con- 
tinuelle entre  l'ouvrier,  i'anisa/i,  le  fabricant  et  le 
manufacturier;  il  y  aurait  m  ilédiction  des  uns  et  des 


serait-il  productif ,  lorsque  les  clas.ses  qui  n'y  soflt 
pas  sujettes    par  la  quotité  actuelle  de  leurs  re- 
venus ,  augmenteraient  le  nomlare    d'individus  à  . 
comprendre   dans  .l'exemption  ,   et   que   par    là 
s'accroîtrait  le  déficit  de  la  taxe  dans  une  propor-  , 
lion  allarmantç  i"  les  fonds  publics  baisseraient  , 
et  les  capitaux  fuiersiçnt  le  tp\   de    la   Grande- 
Bretagne  ,   où  ils  n'auraient  plus  ni   sureié  ni  ga- 
rantie. Ne  sont-ce  donc  pas,  là  'les   effets  menaf^cins  . 
d'une   ligue  contre  l' Angleterje  ? 

Jusqu'à  présent  je  n'ai  considéré  ces  effets  que 
sous  le  rapport  de  l'eitistcnce  .de  cène  çonfidéra- 
tion'maril'ime  sur  un  plan  défensif  et  combiné  prin^  - 
cipalement  sur  des   dispositions  diplomatiques  et  : 
législatives;  mais  combien   la  position  serait,  ag- 
gravante pour  l'Angleierre  ,   si   la  ligue  devenait  . 
en  même  tems  offensive  ! 

La  causa  de  l'égalité  marùime ,,  soutenue  par 
les  confédérés  et  appuyée  par  la:Russie  ,  pourrait 
opposer  plus  de  3oo  vaisseaux  de  ligne  aux  100 
vaisseaux  aussi  de  ligne  que  l'Angleterre  est  seu- 
lenient  en  état  d  armer  à  la  fois  ,  vu  sa  pénurie 
de  matelots.  Oui  peut  prévoir ,  par  exemple  ,  le 
résultatpour  elle  d  une  attaque  faite  par  les  vaU-^ 
lans  liommes  du  nord  ,  et  dirigée  par  l'Ecosse  ,  tan- 
dis que  les  intrépides  français  menaceraient  effi- 
cacement les  côtes  d'Irlande.?  La  Grande-Bretagne, 
à  force  de  se  fortifier  et  de  se  barricader  au  loin  , 
indique  elle-même  que  c'est  dans  son  île  qu'elle 
doit  être  attaquée  et  vaincue.  Ne  serait  ce  pas  là 
encore  une  fois  tes  effets  allarmans  d'une  ligue  contre 
l'Angleterre?  ..    ,    ,,     ■   '      ,' 

Ni  la  probabilité  ,  ni  l'organisation  d'une  sem- 
blable ligue  ne  sont  ici  de  mon  ressort  ;. j'obser- 
verai seulement  que  si  l'Angleterre  avait  intérêt 
à  une  semblable  mesure,  vraisemblablement  son 
audace  accoutumée  ,  et ,  j'ose  le  dire  à  la  honte 
de  plus  d'un  peuple  ,  son  esprit  public  même  ne 
l'abandonneraient  pas.  Dans  celte  comparaison  , 
il  serait  par  trop  humiliant  pour  les  couronnes 
du  nord  de  se  reconnaître  vassalles  de  l'Angle- 
terre ,  en  souffrant  qu'elle  les  sommât  à  main. 
armée.,  sur  leur  propre  domaine  ,  de  lui  toni- 
mr  désaveu  ,  excuse  et  réparation  de  ses  usurpations 
propres  ,  comme  il  vient  d  arriver.  Comment  ces 
puissances  ne  s'enflammeraient  -  elles  pas  pouc 
délivrer  tous  les  navigateurs  de  l'Europe  d'un 
joug  aussi  cruel  rjue  déshonorant! 

Cette  ligue  d'ailleurs  n'est  pas  sans  exemple. 
Un  traité  fut  «onclu  en  lôgS  ,  entre  le  Danne» 
marck  et  la  Suéde  ,  pour  faire  respçtter  leur 
neutralité.  Celte  disposition  fédéiative  devint  le 
fondement  d'une  semblable  alliance  généralisée 
dans  le  nord  pendant  la  guerre. de  la,  liberté 
américaine  :  le  succès  en  fut  paralysé  par  /'or 
des  négociateurs  anglais   auprès  du    feu  prince., 


autres  contre  leso!iî;Êrn«m«nC,  violences,  usurpation     Pattmkim.  —  Avis  aux  penchans   libéraux  de  Paul. 


et  despotisme  du  gouvernement  contre  toutes  les 
parties  de  l'association  Souffrante  dont  il  voudrait 
comprimer  ou  recule'r  l'explosion.  Si  ce  ne  sont 
pas  là  les  effets  me'naçans  d'une  ligue  contre  l'An- 
gleterre ,  il  faut  rf.nonctr  à  vaincre  une  nation  qui 
serait  invulnérable  au  milieu  d'un  si  grand  nombre 
de  calamités. 


prospérilé  qui  repose  spécialement  sur  l'exploi.- 
lation  des  manufactures  ou  de  toute  bran-Lhe 
d'industrie  quelle  qu'elle  qu'elle  soit,  est  d  au- 
tant plus  périlleuse  dans  un  état  rétrograde,  qu'elle 
a  été  brillante  et  féconde  dans  son.  état  pro- 
gressif. 

En  effet ,  comme  ce  système  tend  à  augmenter 
subitement  la  population  dar.s  des  proportions 
qui  excédent  les  besoins  et  l,çs  progrès  ordinaires 
du  travail  requis  pour  la  consommation  inlé- 
rieure  ,  on  apperçoit  comment  tout  équilibre  est 
bientôt  rompu  ,  lor^qu  une  ou  plusieurs  branches 
de  manufa.tmre^  viennent  fonuilemenl  à  man- 
quer ^'j<xs  l'ciilrcttea,  le  salaire  et  la  subsistance 
de  plusieurs  millions  d  individus  de  tout  âge  et 
Ue  tout  sexe.  Il  y  a  plus,  c'est  que  l'état  de  para- 
lysie ou  la  ruine  absolue  d'une  branche  considé'- 


Le  contact  sur  le  crédit  de  l'Angleterre  sera  en- 
core d'un  effet  plus  prompt  et  plus  destructeur. 
On  vient  de  voir  comment  les  capitaux  circulans 
dans  rintéii.£ur  des  états  de  l'Europe  ,  au  profit 
de  l'Angleterre,  pourraient  être  arrêtés  et  para- 
lysés d,^..ns  leur  pente  vers  la  bourse  de  Londres. 
Dans  ce  genre  ,  le  mal  ou  le  seul  soupçon  du 
mat  ne  fait  que  croître  et  parcourir  ,  en  un  clifi- 
s,  j  ODserverai  j  (Tjjgji  ^  jgj  distances  incommensurables  ;  le  cœur 
qtie   toute  1  ^^  |^  ^-^^  ^^  colosse  britannique  seraient    frappés 


en  même  tems  à  Londres  ,  à  Plymouth  ,  à  Ports- 
mouth  ,  à  Birmingham  et  à  Manchester  ;  le  gage 
de  la  dette  publique  qui  s'appuie  sur  une  masse 
énorme  d  impôts  déplus  de  800  miUions  tour- 
nois ,  et  cette  masse  qui  ,  elle-même  ,  repose 
sur  les  débouchés  intérieurs  et  extérieurs  de  lin- 
dustrie  anglaise  ,  s'affaiblirait  sensiblement  si  les 
puissances  maritimes  liguées  ,  imiiant  l'abstinence 
américaine  de  toute  consommation  de  marchandises 
anglaises,  lors  de  f  insurrection  coloniale,  ai  re- 
laient encore  ,  né  fût-ce  que  temporairement  , 
les  munitions  navales  et  les  madères  premières 
du  travail  en  Angleterre  ;  que  deviendrait  l'impôt 
colossal  de  îbo  millions  ,  dont  j'ai  parlé  en  traitant 
de  la  caisse  d  amortissement ,  (n''347  du  Moni- 
teur) !  la  distribution  des  revenus  de  la  Grande- 
Bretagne    ne  se   fesant   pas    ou   se    fesant   mal  , 


I"  et  à  tous  les  princes  qui  comme  lui  ,  par  hon- 
neur et  par  intérêt ,  veulent  la  liberté  des  MEttS. 
Arnould  ,  membre  du  tribunal. 


I 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  i3  vendémiaire. 

a  30JOU 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid...    

Effectif 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâie. 


56i 

i88i 

4  ir.  go  c. 
14  fr.5o  c 

4fr-  90c. 
14  fr.  25 c 

4  fr.  60  c. 

5fr. 


5n 

i87i 


.|i}  ComnicTce  delà  Grande-Bretagne;  par  Charles  Whit 
membre  du  pailement  ,  traduit  de  l*»nglais.  imprimerie 
(■>7  77.  ) 


ïorth, 
royale 


(i)  Etat  des  pauv 
société  en  Angleterr. 
Lianco  irt  ,  chez  Aga; 


traduit  de  l'a 
,  rue  despoitei 


classes  travaillantes  de  la 
glajs    par  Larochefou  cault 


Effets  publics. 

Rente  provisoire.. 23  fr.  75  c 

Tiers  consolidé 36  fr.  63  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  85  c. 

Bons  d'arréragé 87  fr,  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 92  (r.  sS  c. 

Syndicat... 77  fr,  5o  c. 

Coupures 78  fr.  ■ 

Act.de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  23  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  REPtiRûiq^iJE  Et  Dts  Arts. 
Le  16,  la  i"'  repr.  des  Horaces, 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'htii 
les  trois  Maris  ,  et   les  Amis  de  collège. 

iHÉAYRE    DU   V  AlIbEVILLE.  Auj.  M.  GliîWdUM*  ; 

Dancourt  ,  et  tes  Otages. 


L'ibonnement  se  fait  à  Paris,   rue  des  Poitevins,  n=  18.  Le  prix  est  de  îi  fianct  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  moii ,  et»  00  francs  pour  l'anni-e  entière.  Onnes'abonoe 
qu'au  commeucemeat  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argcnt  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ag  Ass  e,  proprie'taiie  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  u"  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  pott  de» 
pays  où  l'on  ne  peut  aBFranchir.  T.es  lettres  des  départemensnon  a^anchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,. pour  plu»  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs ,  et  adresser  tout  ce   qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  an  rédacteur,  rue  des 
.  Eoitewini ,  n'  i3,(le)>ui  foeuf  heures  du  matin  jusqu'àcinq  heures  du  soir. 


A  Pari»,  de  l'imptlmetie'dij  cit,  Agitse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  |dei  Poitevins,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  BNIViRSlgL; 


m  1)  »  )iiai«qnit. 


jV'if. 


Qiiinlidi  ,  i5  vendémiaire  an  g  de  la  républiqxie  française ,  une  et  indivisibte.    ''  '  ""  *'"""-°'"«  '•''"'''  ^"L> 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  "nos  souscripcems,  qu'à  dater  du  7  Nivôpe  le.Mo  NIT  fcu  R  est  le  seul  journal  ojjieieL>.    . 

Il  contient  ks.siéances  des.  autorités  constituées,  les  acces'du  gouvernement, 'les  riôilVdlèS'dèè'  'armées ,  ainsi  qliè  lesfâJtS'eirJiès.npiio^s/ian^ 

l'intérieur  que  sur  l'uxtérieur,  fournis  par  les|iprrespondances  ministérielles.     ■  .      ■■'  i-  -' •- -"^ 

Un  article  sera  particulièrement' consacré  aux  s'eieiicés ,  aux. ftirts.  et  aux  découv'ewe^;  iipji^X^lleiiV. 


l'i\    »nrh    sètriie   91101   <« 


EXTÉRIEUR. 

ÉTATS-UNIS  D'AMÉRIQ.UiEi 

E'xiraif  d'une  lettre  écrite  de Neiu-Yorck par 
un  français  ,  le  i"  août  1800. 

vj  N  attend  avec  impatience  le"  résultat  des  né; 
gociaiions  des  plénipotentiaires  américains.  S  ils 
l'éussissent  à  rétablir  la    bonne    intelligence  ,   on  \villan  ,  tors  même  quellei  seraient  destinées  puui'  hn 


lahonnais  ,  pris  avéc'pa^sej^joris  anglais,  j  de  Vienne  à  '  annoncé  à  s,e3,,  otages  q,u'il,  fàliait. 
netiement  rtfusée.*  '   '  [qu'ils    se    pré-parassent    à  une    déport.ittion   pluj! 

éloignée  encore  ;  (es  français  au  contraire  avaient. 

renvoyé  les  leurs  à  Saint-Gatl  :  il  fàudia    dpfiç. 

qu'ils  les  raip^^nehl  à  Salins.  \ 

{.Strasburger  Weltbote.) 


taitts  et  m 
Elle  a  été 

Le  dey  a  froidement  accueilli.  M.  Falcon  et  lui 
a' fortement  témoigné  que  lès  menaces  de  l'amiral 
Keith  ne  l'avaient  pas  intimidé. 

Ce  nouveau  consul  a  fait  desprésens  d'un  grarid 
prix  etarenouvcUé  les  traiiès.'Uhe  nouvelle  clause 
y  a  été  ajoutée  : 

Elle  porte  expressément  que  les  propriétés  algé- 
riennes seront  respectées  ,  sous  toute  espèce  de  pa 


verra  aussi-tôt  se  former  des  liaisons  de  com- 
merce. Faites,  si  vous  le  pouvez,  qu'on  imite  les  fa- 
briques anglaises,  non  pourlromper  les  américains, 
mais  pour  salisfaire  leurs  goiàis  pour  telles  cou- 
leurs ,  telles  qualités  ,  telles  dimensions.  On  ne 
éraint  gueres  l'humeur  des  anglais;  il  leur  est  dû 
par  les  Eiats-Urtis  iSo  millions  tournois ,  et  c'est 
un  frein  qu'ils  n'oseront  secouer.  D'ailleurs  il  y 
i  place  ici  pour  tout  le  monde  ;  et  si  les  anglais 
sont  sages  ,  ils  nous  laisseront  notre  part  d  un 
commerce  qu'ils  ne  peuvent  garder  exclusive- 
ment ,  que  moyennant  des  dépenses  qui  ne  sont 
pas  dans  la  proportion /des  prolits. 

Vous  n'imaginerez  pas  aisément  l'eiFet  qu'ont 
produit  ici  les  honneurs  funèbres  ,  rendus  en 
France  à  Washington.  Ce  deuil  ,  ces  panégyri- 
ques ,  ces  paroles  échappées  au  premier  consul 
de  France  sur   le  héros   du  Nouveau  -  Monde  , 


port  bloqué. 

Les  anglais  doivent  fournit  sous;  quinze  jours 
une  frégate  ,  pour  transporter  à  Constantinople 
le  vekilargi   avec  les  présens  d'usage. 

Le  17  M.  Falcon  s'est  installé  dans  sa  maison  , 
et  le  même  jour  la  frégate  la  Caroline,  nm  l'avait 
amené  ,  est  répartie  avec  22  esclaves  qu  on  pré- 
tend avoir  été  rachetés. 

Le  19,  trois  corsaires  et  une  frégate  algérienne  j 
sont  sortis  pour  aller  en  croisière. 

A   L   L  E    M  A  G   N    E, 

ARMÉE     G  ALL  O-B  A  X,AV.  E.. 


A  N::çT't'E  T,'E.'R  î^  à.,     ;; 

Londres  ,  l(  \"  o'ctoBfe  (g,'vendfîniair,e.X\ 

-  Trois  poitr  cènir  eonsolitiés.  66  i,  65  |  S^P-i' 
Omniurti  6  i.  i.  prime."     '  '       '        ''    '     '   '  !''' 

Il  a  été  tenu  hier  au  département  de  lord- 
Gtenville  un  coijsei.l  du  cabinet,  auquel  assis- 
tèrent le  lord  chancelier,,  le  duc  de  Portland  ^ 
les  comtes  de  Cbatam,  Cambden  et  Spencer,, 
lord  Grenville  ,  le  chancelier  de  l'échiquier  et 
M.  Windham.  Le  résultat  eh  a  été  transmis.' à 
S.  M.  à  V\^eymouth.  .A  1  >, 

Un  navire  de  1000  tonneaux,  portant  pavillon 
danois,  a  été  conduit,  comme  suspect,  au  Cap-. 
de-Bonne-Espérance.  On  dit  qu'il,  était  chargé 
de  plus  de  loo- pièces  d'ariiHërie,'et  en'^ôujïe 
d'une  tris-riche  cargaison.  "',  .1   ■  " 


fembourg ,   le   iT  fructidor  an  8 


.    ,                                             »,  ■          L  ARMISTICE  expirait  le  23  a  six  heures  du  soir  ; 

ont  retenti  dans    toutes  nos   gazettes.  INos  vrais  1        <    ■     1            u   r  a                   £.   •     p- 

uiiin-iciin  ^a;i,    iuun,o  "y   f,  -.^   y.  .  llc  général   en  chef  Aueereau  ht  a    1  instant  oc 

patriotes    en  sont  plus  satisfaits  que  je  ne  puis           »....-.           a 


Extrait  d'une  lettre  du  quartier  -  général  d'Asdiaf-  ,   .  ^-^  dépouillement  du  scrutin  d'hier  pour  l'élec- 
'     '  .       _  ^      .■  .  o  tion  d'un  nouveau  lord-maire  de  Londres,  a  donné 

237  suffrages  pour  sir  William  Staines  ;  227  pour 
le  lord-jnaire  actuel  ,  et  i37  poiir^i'^lderman 
Newijian.  ,:,„,,,, 


vous  l'exprimer  Cet  empressement  à  saisir  les 
premiers  tértioignages  d'amitié,  montre  qu'elle  sera 
très-facilement  rétablie. 

M.  JefFerson  a  dit  que  notre  pays  était  perdu  , 
s'il  ne  s  y  trouvait  un  homme  qui  réunît  au  cou- 
rage de  César  l'austérité  de  Caton  ,  et  qui  fût 
juste  comme  Aristide.  On  Commence  à  croire 
que  ,  de  la  vice-présidence ,  M.  JefFerson  passera 
à  la  présidence.  Nous  le  tenons  toujours  pour 
le  tplus  habile  homme  des  Etats-Unis  dans  la 
théorie  du  gouvernement  ;  mais  il  faut  l'y  voir. 
Il  est  irréprochable  ,  et  c'est  avoir  fait  les  trois 
quarts  du  chemin.  M.  Marshal  est  le  candidat  le 
plus  généralement  porté  à  la  présidence.  Voiis 
jugez  bien  que  tout  cela  tient  beaucoup  à  la  né- 
gociation entamée  à  Paris. 

A  F  R  I  Q,  U  E. 

Alger,   le  ic)  fructidor  (i). 

L' A  Ml  EAL  Keith  n'a  pointefiFectué  la  menace  qu'il 
avait  faite  de  se  présenter  devant  Alger  avec  une 
escadre. 

Une  simple  frégate  accompagnée  de  deux  ba- 
leaux  ,  y  est  arrivée  le  i3  fructidor  et  a  mis  à  terre  i 
M.  Falcon  ,  consul  anglais ,  qui  ,  trois  mois  aupa- 
ravant ,  n'avait  pas  même  voulu  débarquer  ,  voyant 
le  dey  peu  disposé  à  admettre  les  demandes  dont 
il  était  chargé. 

Elles  consistaient  surtout  à  obtenir  la  remise 
gratuite  d'environ  270   esclaves  maltais,   napoli- 


(  i  )  Cette  pièce  ne  sera  pas  lue  sans  intérêt 
par  les  personnes  qui  ont  donné  quelque  atten- 
tion à  la  querelle  dernièrement  élevée  entre  l'An- 
gleterre et  les  puissances  neutres  du  Nord.  La 
fermeté  du  dey  d'Alger  constraste  aussi  singuliè- 
rement avec  la  déférence  de  quelques  autres 
souverains,  que  la  hauteur  des  anglais  à  l'égard 
de  celle-ci  diffère  de  la  condescendance  qu'ils 
témoiiinent  au  premier.  C'ejt  ainsi  que  par-iout 
lassurance  en  impose  à  l'audace ,  et  que  l'on 
fait  respecter  se»  droits  par  le  courage  avec  lequel 
on  se  raonlte  disposé  à  les  soutenir. 

Certes,    il  'serait  étrange    que    l'empereur  de 

•    Russie  qui   compte  sous  sa  domination  plus   de 

provinces   que   l'Angleterre   ne    peut   armer    de 

vaisseaux;  que   la  Suéde  dont  les  armes  fesaient 

■     'n'aguercs  l'effroi  delAUemagneet  l'admiration  du 

.îiioride  ;  que  le  Dannemarck  ,  dont  la  sagesse-  lui 

^'tlonnait  tant  de  droits  à  la  considération  de  l'Eu- 
rope ,  obtinssent  de  l'Anglelerre  moins  d'égards 
nu'elje  n'en  a  pour  Une  puissance  barbaresque. 
On  ne  peut  sans  doute  croire  que  ces  gouver- 
jiemen»  prennent  moins  d'intérêt  au  commerce  de 
Jeurs  sujets  ,  que  n'en  prend  à  l'avantage  des 
«lensle  dey  d  Alger  ;_et  il  serait  absurde  de  sup- 
poser qu'inditlerens  aux  outrage»,  de  la  nation 
qui  les  brave  ,  ils  eussent  un  sentiment  moins 
élevé  de  4)»ur 'dignité  ou  fussent  moins  jaloux  de 
leur  indéptfndance- 


cuper  Aschaffembourgpar  la  division  du  général 
Barbou.  Celle  du  général  Duraoneeau  fit  en 
même  tems  un  mouvement  en  avant  de  Hanau. 
En  deux  jours  larmée  est  arrivée  sur  la  Sinn  , 
la  droite  de  la  division  Barbou  est  à  Triffestein. 
Werthein  est  occupé  par  un  poste  d'observation. 
La  gauche  s'étend  jusqu'à  Lohr  ;  elle  a  un  ba- 
taillon à  Gemmaden  ,  à  l'embouchure  de  la  Saal. 
La  division  de  gauche  ,  resserrée  par  les  pays  de 
Hesse-Cassel  ,  s'est  portée  dans  la  vallée  de  l'a 
Sinn  et  forme  une  seconde  ligne.  La  réserve  de 
cavalerie  est  établie  à  Salmunster  sur  IaKinzing. 
Celle  d'artillerie  est  en  arrière  d'Aschaffembourg. 
La  nouvelle'  de  la  prolongation  de  l'armistice  a 
arrêté  l'armée   dans  celte  position. 

Le  général  Augereau  a  ordonné  le  désarme- 
ment général  des  nabitans  de  tout  le  pays  occupé 
par  l'armée.  1 

Le  corps  d'armée  opposé  s'est  retiré  jusqu'à 
Schweih-Furth.  Les  mayençais  occupent  encore 
cette  position  ,  et  les  autrichiens  sont  établis  der- 
rière la  Rcdnitz  ,  entre  Bamberg  et  Nuremberg. 
Nulle  paît  les  ennemis  n'étaient  en  mesure  :  la 
rupture  momentanée  de  l'armistice  les  avait  jetés 
dans  la   consternation. 

Hambourg  ,  le  2^  jour  complémentaire. 

Plusieurs  gazettesanglaises  et  Hambourgeoises, 
annoncent  que  Pichegru  a  reçu  du  prétendant 
le  titre  de  comte  ,  et  qu'il  a  renoncé  à  son  nom. 
Le  gouverneinent  anglais  a  des  entretiens  fré- 
quens  avec  lui  sur  les  opérations  militaires  et 
lui  a  accordé  une  année  de  traitement.  Wickam  , 
pendant  sa  résidenceà  Berne,  avaiidéjà  commencé 
les  liaisons  de  Pichegru  avec  la  cour  de  Londres , 
et  entretenait  dans  cette  vue  une  correspondance 
avec  lui  ,  lorsque  ce  dernier  commandait  l'armée 
française   du  Rhin,  en  1795.     [Strasb.   Weltbote. 

REPUBLIQ.UE     HELVÉTIQUE. 

Berne ,  le  4  vendémiaire. 

Les  dissenlions.  fréquentes  qui  se  sont  élevées 
entre  les  diverses  autorités  constituées  ,  les  com- 
munes et  les  districts ,  depuis  la  révolution  du 
7  août,  ont  fait  naître  îidée  de  transporter 
ailleurs  le  siège  du  gouvernement.  On  parle 
.d'une  translation  prochaine  à  Arau  ou  à  Lucerne. 
—  On  prétend  que  la  commission  chargée  de" 
rédiger  l'acte  constitutionnel  ,  est  déjà  très-avan- 
cée dans  son  travail ,  el  qu'on  ne  tardera  pas 
à  voir  paraître  la  notivelle  constitution. — Les 
négociations  qui  avaient  été  entamées  pour  l'é- 
change des  otages, n'ont  paseutoutle  succèsqu'on 
en  attendait',  les  autrichiens  ,  après  avoir  dé- 
claré à  leurs  otages  qu'ils  seraient  mis  en  liberté 
aussitôt  que  ceux  que  les  français  avaient  con- 
duits à  Salins  seraient  élargis  ,  les  firent  con- 
duire à  Inspruck.  Les  états  du  Tyrol  avaient 
fait  des  représentations  louchantes  en  leur  faveur 
auprès  du  gouvernement  et  du  comte  de  Bissing, 
Malgré  cette  recommandation  ,  le  gouvernement 


Sur  la  diminution  de  6  sh.  g  d.  <}ue  le  sac'  dé- 
farine a  éprouvée  ,  le  lord-maire  a  ordonné  quil' 
en  fût 'fait  une  de  3  den:  sur  le  pain.  A  com-' 
mencer'  de  demain  ,  les  4"livre4  sétoftt  vendues 
ish.  ■3'id,         ■       I    ■  '  ■••'  n-qsl  ii'î  '    ■  -j-      . 

Il  a  éclçité  à  bçird  de  tAtalaryfe,,  de,  i^-canons  ^, 
une  sédition  qui  a  mis  pendant  trois.jouis  la  vicL 
des  officiers  en  danger.  Elle  a  fini  par  l'arresta- 
tion des  trois  principaux  révoltés'',- d'o'qtf un  s'est 
jette  à!la  mer  ;  mais  il  ai  été  repris  par  un  bâti- 
ment qui  suivait.  ' 

[  Extrait  di/t  Sun  et  du  Morning-Chronicle.  ) 

I     N     T     É     R     I    E     V     R. 

Strasbou  rg,  lef  ■Uend&iniaire. 

On  mande  d'Augsbourg  ,  en  date  du  5"=  jour 
complémentaire  ,  que  le  quartier-général  de  Mo- 
reau  y  était  attendu.  Les  deux  armées  entfeti^ 
dans  leurs  quartiers.  Le  défaut  defourage  obligt?- 
une  grande  partie  de  la  cavalerie  française  à  se 
retirer  vers  Je  Nekre.  Le  même  jour  ,  un  couriei 
du  général  Moreâu  à  l'électeur  de  Bavière  a  passé 
par  Ratisb.Qnne  le  5'  jour  complémeniaire. 

La  nouvelle  de  la  convention  du  3'  jour  com-^ 
plèiiientaire  n'est  pas  arÙEée  à  l'aîle  droite  de 
larmée  française  assez  tôt, p^ur  arrêter  la  reprise 
des  hosdiités.  Le  4'  jour  cbrnplérhentaire  ,  il  s'en- 
gagea derrière  Rcnti  une  action  qui  ne  fut  paS  à 
l'avantage  des  autrichiens.  Le  lieutenant-gép'érat 
Lecourbe  ,  dont  le  quartier-  général  s'est  déjà 
avancé  jusqu'à  Tolz  dans  la  Haute-Bavière  ,  ■  at- 
taqua ,  ce  même  jour  ,  le  passage  de  Scharniz.  -^ 
Les  troupes  françaises  avaient  iremonté  en  force 
vers  Obersdorf  dans  le  Illerthal  ,  parce  que  le| 
autrichiens  menaçaient  de  faire  une  sortie  pat  le 
Tyrol. 

Toutes  les  nouvelles  de  Hongrie  et  de  Gallicie 
s'accordent  à  dire  que  les  troupes  rilsses  qui 
avaient  élé  rassemblées  depuis  quelque  iems  sur 
les  confins  de  la  Gallicie  ,  doivent  en  partir  pour 
retourner  dans  l'intérieur  de  la  Russie. 

[StrasbuTger  Weltbote.  ) 

— ,     .      Il     .-       .    '      , 

Paris  ,  le   i^  vendémiaire. 

Les  grands  prix  de  peinture  et  de  sculptlJtiç 
ont  été  distribués  hier.  'Le  citoyen  Grandet  a; 
obtenu  le  r*' prix  de  peinture.  Les  cit.  Hingré 
et  Ducq  ont  eu  chacun  un  second  prix.  Le  sujet 
était  l'instant  où  les  ambassadeurs  d'Antiochu'î 
ramènent  à  Scipion,  malade,  son  fils  qui  était 
prisonnier  de  leur  roi.  Les  membres  du  jury  n^f>M 
pas  jugé  à  propos  qu'il  y  eût  lieu  à  accorder 
cette  année  de  premier  prix  de  sculpiure.  jLe 
citoyen  Norbeling  a  obtenu  un  second  prix.  Le 
sujet  était  Priam  redemandant  à  Achille  le  corp» 
de  son  fils  Hector.  Trois  concurrens  ,  sur  sept'; 
mécontens  de  leur  propre  o^uvrage,  avaient  bhl'è 
leurs  bas-reliels  quelquesjours  avant  le  jugement  ' 


Nouj  tappaj-tons.  xe,<ietji>pc  wa»t^vec,  peine  : 
hous  eussions  dçsîré  que  ces  essai»  fusSeni  con- 
serves  par  leurs  auteurs ,  ne  fût-ce  que  pour  juger, 
en  les  comparant  à  d'autres  travaux  ,  les  progrès 
que  semble  promettre  une  si  louable  modestie. 

—  Tous  les  journaux  français  ont  parlé  diver- 
sement du  sort  de  l'auteur  dramatique  allemand  , 
Kotzbue.  Tous  ont  annoncé  son  exil  en  Sibérie. 
et  son  rappel.  Une  lettre  de  M""  Mole  ,  publiée 
aujourd'hui  dans  le  Journal  des  Débats ,  semble 
fixer  toute  incertitude  à  I  égard  de  cet  écrivain  : 

tt  Paul  I"^  .  dit-elle  ,  a  donné  à  Kotzbue  une 
J)  (erre  située  dans  les  environs  de  Riga  ,  et  qui 
ïi  lili  rapportera  2  à  3oop  roubles  (lo  ou  iSooo 
>>  fr.  de  France).  C'est  Kotzbue  lui-même  qui  de 
9»  Pétersbo'iirg  T'a  mandé  à  sa  meré  ,  habitant  , 
:i  actuellement  tine  ville  de  Saxe.  Cette  nouvelle 
jv  agréable  m'est  parvenue  par  une  letti;e  de  l'ami 
>>'  dé  Kotzbue  ,  el  que  ,  pendant  son  absence  ,  il 
»>  a  ihargé  de  sa  correspondance  avec  môi.  i' 

—  Dans  la'  commune  de.  Champagne  ,  sur  Vin- 
geanne  ,  vit  une-femme  remarquable  pat  sa  lon- 
gévité, et  qui  'peut-être  est  la  doyenne  d'âge 
dij  département  de  la  Côte-d  Or.  Cette  femme  , 
née  àPoyen^  ,  dans  le  département  de  la  Haute- 
Saôij*  ,  habite  une  barraque  dans  la  forêt  d'Âu- 
«rey  ;  elle  est  âgée  de  loi  ans,,  et  jouit  dune 
santé  parfaite  :  sa  vue  est  encore  très-bonne  ,  et 
sks  genoux  ne  faiblissent  pas  sous  le  poids  des 
années  ;  tous  les  jours  on  la  voit  mener  sa  vache 
aux  champs.  Soti  mari  est  mort  dernièrement  ;  il 
avait  100  ans  ;  son  nom  était  Jacques  Lorrain. 

—  La  rue  Saint-Louis  au  Marais  vient  de  rece- 
voir le  nom  de  rue  deTurenne.  L'hôtel  Turenne 
oii  ce  grand  homme  logeait  dans  celte  même  rue  , 
fut  vendu  ,  et»  1684  .  par  le  cardinal  de  Bouillon  à 
des  religieuses  qui  y  établirent  leur  demeure. 

—  Deux  fameux  brigands  viennent  d'être 
arrêtés  dans  le  département  de  la  Mayenne  ; 
J'un  ,  nommé  Raimbaud  ,  était  chef  d'une  bande 
cunnue  pour  avoir  souvent  attaqué  et  volé  les 
voitures  publiques  ;  l'autre  ,  nommé  Peschard  , 
était   l'un  de  ses  principaux  complices. 

Ce  qu'il  y'a  de  plus  remarquable  dans  cette 
arrestation,  et  de  plus  salutaire  pour  le  repos  de 
tes  contrées,  c'est  que  ces  brigands  ont  été  arrêtés 
jHtif.un  ex  -  capitaine,  de  chouans,  et  d'autres 
citoyens  également  cx^chouans.  Le  capitaine  avait 
souvent  intimé  à  Raimbaud  de  cesser  ses  brigan- 
dages ,  et  sur  le  peu  de  cas  que  ce  dernier  a  fait 
de  ses  menaces  ,  l'a  arrêté  lui-même  avec  son 
complice.  Ils  sont  t'ouà'deux  dans  les  prisons  de 
Mayenne,  où'  leurprocédure  s'instruit. 

—  Non-seulement  les  habilans.du  département 
de  l'Ardêche  se  sont  séparés  des  brigands  qui  les 
avaient  entraînés  à  la  rébellion  .mais  encore  ils 
contribuent  eux-mêmes  au  rétablissement  de 
l'ordre  et  à  la  destruction  des  brigands.  Dans 
plusieurs  communes  ,  où  ces  derniers  avaient 
fait  quelques  tentatives  pour  piller  les  deniers 
de  la  république  ,  loin  d'être  secondés  par  les 
habitans ,  ils  ont  été  attaqués,  poursuivis,  et, 
en  partie  ,  arrêtés  par  eux.  Les  communes  de 
Saint-Etienne  ,  de  Lucdarez ,  de  Chassieres  ,  de 
Chandolas  ,  et  de  Saint-André  de  Brugieres  ,  se 
sont  particulièrement  distinguées  par  leur  activité 
dans  ces  poursuites,  et  ont  mérité  de  recevoir  à 
ce  sujet  des  témoignages  de  sarisfaciion  du  gé- 
néral Férino  ,  qui  commande  dans  ces  départe- 
mens ,  et  par  qui  les  détails  sont  ofEciellemenl 
transmis. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Le  général  Ferino  s'est  empressé  de  rendre 
compte  au  gouvernement  des  heureux  effets  de 
l'amnisde  accordée  au  département  de  l'Ardêche  , 
de  l'amélioration  de  l'esprit  public,  et  de  lénergie 
que  développent  les  habitans  depuis  qu'ils  n'ont 
plus  que  de  véritables  brigands  à  combattre.  Il 
distingue  particulièrement  les  communes  de  Saint- 
Etienne  de  Lucdarez ,  Chandolas  ,  Chassieres  et 
Saint-André  de  Brugieres.  Les  citoyens  conduits 
par  leurs  magistrats  ,  ont  opposé  la  plus  vigou- 
reuse résistance  à  plusieurs  bandes  de  brigands  , 
dont  une  partie  est  restée  sur  la  place-,  d'autres 
ont  été  arrêtés  et  traduits  à  k-  commission  mili- 
taire d'Avignon.  Le  reste  a  été  dispersé. 

Le  capitaine  de  la  garde  nationale  de  St.-Etienne 
tua  de  sa  main  le  chef  d'une  de  ces  bandes,  et 
d'autres  furent  fusillés  sur  le  champ  de  bataille. 

Le  général  de  brigade  Ruby  ,  qui  commande 
dans  l'Ardêche  ,  ayant  transmis  ces  détails  au 
général  Férino  ,  celui-ci  a  écrit  aux  magistrats  et 
aux  citoyens  de  ces  communes  ,  pour  les  féliciter 
de  ces  actes  de  zèle  et  de  dévouement. 


CONSEIL    DES    PRISES. 

Ganciusiens  prises  par  le  citoyen  Porlalis,  commis- 
saire du  gouvernement  près  le  conseil  des  prises  , 
dans  l'affaire  du  navire  le  Caninholm. 

Le  7  prairial  an  7  ,  le  corsaire  français  le  Scipion  , 
de  Bordeaux  ,  capitaine  Martin,  aimateui's  Kai- 
moad  Bonnet  et  coaipagnie,  se  trouvant  par  48 


54 


4,egïés  40  minutes  de  latitude  nord  et  18  degrés 
de  longitude  à  l'ouest  d'u  méridien  de  Paris, 
découvrit  le  Caninholrti  ,  commandé  par  John 
Alcock. 

Apre.'!  lui  avoir  tiré  le  coh,P'  .de  serponce  ,  vtn 
officier  du  Caninlwlln  se  rendit  à  bord,  avec 
quelques  papiers. 

Le  capitaine  du  corsaire  ayant  trouvé  ces  pa- 
piers insignifians ,  il  envoya  à  bord  du  Caninholm 
ses  deux  lieutenans  qui  le  trouvèrent  en  étal 
de  défense.  L'audace  de  lév-)uipage  du  corsaire 
en  ayant  imposé  X  celui  du  Caninholm ,  le  ca- 
pitaine en  second,  muni  des  papiers  de  ce  navire, 
se  rendit  à  bord-du  corsaire. 

Cas  papiers  firent  mis  dans  un  sac  avec  un 
état  écrit  de  la  main  du  second,  énonçant  la 
[quantité  des  pièces  rennises.  Cet  état  fut  fait  pour 
suppléer  au'  sceau  dont  manquait  le  capitaine  en 
second  dû  CâJiirihbtm. 

Le  capitaine  du  coijsaire  dressa  son  procès- 
verbal  de,  capturé  I  fltJe' le  second  da  Caninholm 
refusa  de  signer. 

Nous  avons  puisé  ces  faits  dans  le  procès- 
veibal  de  capture.     . 

Le  Caninholm  tut  amariné  ,  et  le  premier  heu- 
tenant  du  corsaire  lut  chargé  de  le  commander. 

Pendant  la  route,  et  le  16  prairial,  les  offi- 
ciers conducteurs  de  la  prise  trouvèrent  ,  dans 
leur  reche.'"cbe  sur  le  Caninholm  ,  une  quantité 
de  pafiieis  ,  comme  journaux  entiers,  lettres,,  reçus 
de  bord  ,  signaux  ,  de  mcme  quun  pavillon  anglais 
que  l on  a  dégradé ,  ainsi  que  sa  flamme.  D'après 
cela  (dit-on  dans  le  procés-vtrbal .  où  nous 
copions  ces  faits)  ,  nous  avons  vu  réellement  que 
le  bâtiment  se  nomme  le  Rodney  de  Londres ,  par 
conséquent  masqué  souf  pavillon  danois  de  ta  com- 
pagnie ,  qui  ne  test  encore  pas  d'après  ce  que  le 
subrécargùe  m'a  dit. 

Le  navire;  le  Caninholm  étant  d'une  très-grande 
capacité  ,  ne  put  remonter  la  Gironde  ,  et  fut 
mouillera  l'île  du  Nord. 

Le  19  prairial,  le  capitaine  du  corsaire  se  présenta 
au  juge  de  paix  de  Saint-Ciers-de-Canesse  :  il 
le  requit  de  se  transporter  à  bord  avec  un  inter- 
prète ,  pour  y  recevoir  la  déclaration  du  con- 
ducteur ,  les  papiers  de  la  prise  ,  et  faire  toutes 
les  opérations  relatives  à  son  ministère. 

Le  juge  de  paix  déclara  ,  à  la  suite  de  cette 
pétition  ,  qu'il  se  rendrait  à  bord  le  21  prairial. 

Le  juge  de  paix  se  rendit  à  bord  du  Caninholm  , 
avec  l'assistance  d'interprètes  compétens.  Aptes  avoir 
reçu  la  déclaration  du  conducteur  de  la  prise,  il 
procéda  à  l'inventaire  des  pièces  trouvées  dans  le 
sac  ,  relaté  dans  la  déclaration  du  capitaine  de  prise. 

Il  s'y  trouva  en  effet  vingt-une  pièces  ;  plus  , 
une  déclaration  du  second  capitaine  dnCaninhotm, 
contenant  ta  remise  desdites  pièces. 

Le  juge  de  paix  requit  le  second  du  Caninholm 
de  signer  celte  première  partie  de  son  piocés- 
verbal  ;  à  quoi  il  se  refusa. 

Sur  le  requis  de  l'armateur  dn  corsaire  ,  le 
juge  de  paix  somma  le  capitaine  capturé  de  l'in- 
troduire dans  son  appartement  ,  où  ,  d'après  le 
triage  des  papiers  qui  s'y  trouvaient ,  il  choisit 
ceux  qui  lui  parurent  utiles  ,  et  laissa  ceux  que 
I  intèrpiête  lui  dit  être  insignifians. 

Ces  papiers  furent  remis  à  l'interprète. 

On  procéda  ensuite  à  l'apposition  des  scellés 
et  à  la  description  de  l'armement  du  navire. 

Ces  opérations  finies  ,  le  juge  de  paix  interrogea 
les  hommes  de  léquipage. 

Il  résulte  des  réponses  du  capitaine,  qu'il  se 
nomme  John  Alcock  ,  âgé  de  48  ans  ,  marin  -, 
qu'il  est  né  à  Harwich  en  Angleterre  ;  qu'il  a  résidé 
en  difierens  endroits  ,  comme  Londres  ,  Copen- 
hague eties  Indesorientales-,  que,  depuis  environ 
quatre  ans  ,  il  a  taitsa  résidence  tant  à  Copenhague 
qu'en  Angleterre  ,  où  il  prit  I  état  de  marin  ;  qu'il 
a  navigué  sous  pavillon  danois  ;  qu'il  est  parti 
de  Copenhague  ,  pour  son  dernier  voyage  -,  qu'il 
est  allé  à  Ponsmouth  en  Angleterre  ,  où  il  a  pris 
de  l'argent;  qu'il  a  touché  au  Cap  de  Bonne- 
Espérance  poury  ;déposer  quelques  marchandises  ; 
qu'il  a  reçu  ses  expéditions  à  Copenhague;  qu'il 
est  parti  de  Canton  en  Chine  ,  où  il  a  pris  ses 
expéditions  pour  retourner  en  Europe  ;  qu'il  est 
venu  en  droiture  ,  sans  s'arrêter  nulle  part,  si  ce 
n'est  à  lîle  du  Nord  dans  le  détroit  de  Sunda  , 
pendant  un  jour,  pour  y  faire  de  l'eau  ;  que  ses 
marchandises  consistent  principalement  en  thé  , 
suivant  son  manifeste  ,  auquel  il  se  réfère  ;  que. 
son  navire  a  été  construit  en  Angleterre  ;  que  c'est 
un  ancien  bâtiment  de  la  compagnie  des  Indes  , 
qui  se  nommait  le  Rodney  ? 

Qu'il  est  à  bord  du  Caninholm  depuis  le  mois 
de  juillet  1797  ;  qu'il  a  toujours  commandé  ce 
navire  depuis  cette  époque  ;  que  ses  armateurs 
sont  MM.  Dunizfeld  et  compagnie  de  Copen- 
hague ;  qu'il  a  chargé  de  sortir  à  Copenhague  ; 
qu'il  l'i'avait  point  de  consig^iatairc  ,  étant  libre  de 
s  adresser  à  qui  il  voulait;  qu'il  a  chargé  à  Copen- 
hague ,  de  fer,  goudron  ,  brai  ,  charbon,  vin, 
eau-de-vie  ,   ei  na  pris  à  Portsmoiiib  que   des 


piastres  ;  qu'il  a  déchargé  au  Cap  de  Boone-Espé- 
rance  diverses  marchandises  en  balles  et  èit  fu*- 
tailles  dont  ilignore  le  contenu;  qu'il  avait  à  bord 
un  pavillon  danois  ;  qu'il  croit  qu'il  y  en  avait  un 
anglais  ,  mais  qu  il  n'en  est  pas  sûr  ;  que  son  navire 
a  dfx  canons  en  batterie  ;  que  depuis  qu'il  com- 
mande des  navires  danois  ,  il  a  été  dans  le  cas  dé 
se  battre  eonire  des  pirates  sur  la  côte  de  Malabar; 
que  c'est  pourquoi  le  navire  se  trouve  armé  , 
suivant  l'usage  des  navires  qui  vont  dans  I  Inde; 
qu'il  croit  avoir  à  bord  quinze  à  vingt  barils  de 
poudre  avec  des  boulets  ei  des  balles  en  propor- 
tion, et  qu'il  a  tout  pris  à  Copenhague  ;  qu'il  a 
seize  canons  à  fond  de  cale  pour  lest  :  qu'il  a  tou- 
jours navigué  sous  pavillon  danois  ;  qu'il  n'a 
jamais  hissé  pavillon  anglais  ;  que  sa  femme  se 
irouve  dans  le  moment  dans  le  nord  de  l'Angle- 
terre ,  où  elle  est  depuis  son  départ  d'Europe; 
quil  a  le  même  équipage  qu'à  son  départ  de 
Copenhague  ,  à  la  réserve  d'un  couple  de  ma- 
telots et  de  deux  ou  trois  déserteurs;  qu'il  croit 
que  son  second  tst  natif  dEcosse,  et  que  son 
premier  lieutenant  est  danois  ;  qu'il  ignore  1  origine 
des  autres,  et  qu'à  cet  égard  il  se  réfère  à  son 
rôle  d'équipage  ; 

Qiril  a  embarqué  des  chinois  à  Cat>ton  ,  çtdes 
indiens  sur  la  côte  de  Coromandel  ;  qu'il  com- 
mandait le  Caninholm  lorsqu'il  portait  le  nom  de 
Rodney  ,  et  q,u'il  l'a  conduit ,  sous  ce  dernier  nom  , 
de  Londres  à  Copenhague  sous  pavillon  anglais  ; 
qu  il  arriva  à  Copenhague  en  septembre  1797  , 
année  où  le  navire  a  éié  vendu  ;  qu'avant  que 
ce  navire  appartînt  à  MM.  Duntzfeld  et  compa- 
gnie ,  qui  lui  en  ont  conbé  le  conimandement  ,il 
croit  qu'il  appartenait  à  M.  Hunter ,  négociant  à 
Londres. 

Il  répond  que  sa  destination  était  poiu  le  Tcxel 
ou  quelque  port  de  la  Manche  où  il  pourrait  eii- 
trer  facilement ,  et  où  il  devait  tiouver  des  ordres; 
que  les  propriétaires  sont  danois  ;  que  tout  a  été 
çhargéàCanion  par  Becker-Teerling  ,  hollandais, 
actuellement  à  bord  en  qualité  de  subrécargùe: 
dit  qu'il  a  remis  tous  les  papiers  qu'il  avait  en  soi» 
pouvoir;  mais  que  le  subrécargùe  en  a  d'autres; 
qu'il  n'a  point  connaissance  qu'il  ait  été  jetié  des 
papiers  à  la  mer  ;  que  le  subrécpvgue  n'est  pas 
porté  sur  le  rôle;  qu'il  n'a  pas  obéi  au  coup  de 
semonce  ,  parce  qu'il  n'a  pas  apperçu  de  pavillon 
au  corsaire. 

Qu'il  s'était  disposé  à  combattre  pour  sa  légitime 
défense  ,  n'ayant  pas  vu  de  pavillon  ;  mais  que  , 
dès  que  les  officiers  français  avaient  paru  ,  il  avait 
donné  ordre  â  ses  canonniers  de  se  retirer;  qu'il 
n'a  point  de  commission  de   guerre. 

Il  se  plaint  de  pillage  fait  à  son  bord.  Il  croit 
que  le  pavillon  anglais  ,  trouvé  à  bord  ,  a  été 
coupé  pour  fiire  des  flammes  ;  que  les  journaux 
ne  sont  pas  à  lui  ,  qu'ils  doivent  appartenir  à 
quelque  officier. 

Ici  on  suspend  linterrogatoire  ,  attendu  que  les 
papiers  qui  avaient  été  trouvés  à  bord  .  se  trouvent 
égarés,  sauf  à  les  reprend  e  lorsqu'on  les  aura 
trouvés.  La  reprise  de,l in|errog^toire  est  insigni- 
fiante. '..''• 

Le  capitaine., interpellé  <le  signer  ,  refuse  de  le 
faire. 

Le  subrérargue  dit  s'.ippeler  Becker-Teerling, 
natif  de  Flessingue  ,  doiniciilié  à  Amsterdam  , 
passager  ;  sêire  embarqué  à  Portsmouth  en  jan- 
vier 1798,  pour  aller  à  Trcnquebar  ,  côte  de 
Coromandel  :  il  déclare  que  M.M.  Deconninck  , 
négocians  à  Copenhague  ,  ont  chargé]  46  caisses 
de  piastres  envoyées  de  Hambourg  en  Angle- 
terre pour  être  chargées  pour  leur  compte  dans 
ledit  navire  à  Porismouih,  et  être  délivrées  h, 
lui  déclarant  ,  à  son  arrivée  à  Trenquebar  ;  qu'il 
y  est  allé  en  droiture  ,  en  relâchant  au  Cap  de 
Bonne-Espérance  ,  où  il  croit  qu  on  a  relâché 
pour  ralraîchir ,  et  y  laisser  un  passager;  qu'il 
est  parti  de  Canton  ,  où  le  capitaine  a  pris  ses 
lettres  de  passe  ;  qu  il  a  relâché  seulement  à  l'île 
du  Nord  ,  aux  côtes  de  Sumatra  ;  que  le  char- 
gement est  pour  le  comjite  d'André  -  Gabriel 
Surbelius  ,  négociant  à  Calmar  en  Suéde  ,  à 
la  consignation  de  MM.  Deconninck  et  com- 
pagnie ,  négocians  à  Copenhague  ,  pour  en- 
trer dans  un  des  ports  de  la  Manche  ou  du 
Texel. 

Le  reste  est  conforme  aux  réponses  du  ca- 
pitaine. 

James  Archer  ,  cuisinier,  se  dit  natif  de  Phila- 
delphie ,  et  s  être  embarqué  pour  Trenquebar. 

François  Boutelley  ,  de  Dunkerque  ,  matelot , 
dit  s'être  ercbarqué  à  Copenhague  pour  Tren- 
quebar ;  il  déclare  venir  du  port  de  Bambouck,, 
en  Chine  ;  avoir  entendu  dire  que  le  navire 
allait  à  Hambourg  ou  au  Texel  ;  qu'il  y  avait  à 
bord  un  pavillon  anglais  ;  qu'il  a  vu  charger  de 
l'argent  en  caisse  tt  des  j  rovisions  à  Ponsmouth  ; 
qu  il  n'a  pas  connaissance  qu'il  y  ait  des  mar- 
chandises anglaises  à  bord  :  que  le  second  capi- 
taine se  nomme  Skeene  ;  qu'il  le  croit  anglais  , 
et  qu  il  croit  les  premier  rt  second  ,  lieutenans 
danois. 

Dominique  Dimanche  ,  matelot  ,  se  dit  natif  de 
Pondichery ,  s'être  embarqué  à  Madras  pour  aller 


35 


en  Chine  ;  qu'au  premier  coup  de  canon  de 
semonce,  le  capilaine  a  laissé  un  peu  arriver  ert 
forçant  de  voiles  ;  que  les  canons  élaienl  chargés 
avaut  que  le  corsaire  lût  à  portée  de  l'aiteindre; 
que  les  canonniers  prirent  leur  poste  par  le  com- 
mandemccit  du  second  capitaine  ;  que  les  mèches 
étaient  allumées  ,  les  canons  aniorcés  et  prêts  à 
feire  leu  ;  que  le  second  ne  se  détermina  à  aller 
à. -bord  du  corsaire,  qaesnr  la  menace  que  lui 
fit  ce  dernier  de  faire:  ieu;  qu'il  n'a  point  vu  jeter 
de  papiers  à  la  mer. 

Le-  capitaine  en  second  s'appelle  George 
Skeene  :  il  déclare  eue  né  à  Edimbourg  ,  d'où  il 
est  sorti  très -jeune-,  il  n'a  point  de  domicile 
fixe-,  a  été  élevé  dans  le  nord  de  l'Ecosse,  a 
toujours  voyagé,  a  monté  7i;  Caninhoim  à  Co- 
penhague ,  d'où  il  est  allé  à  Pottimouth  ,  de-là  au 
Cap  de  Bonne-EspérSuce  ;  que  le  navire  et  la 
cargaison  élaienl  adressés  à  des  personnes  de 
Trenquebar  ;  qu'il  est  parti  de  Chine  pour  re- 
venir en  Europe;  qu'il  a  relâché  à  I  île  du  Nord; 
qu'il  croit  que  le  navire  est  de  construction  an- 
glaise ;  que  sa  famille  est  domiciliée  à  Aberdeen  , 


canot  était  percé  ;  qu'il  le  priait  d'envoyer  le 
sien  ;  qu'il  serait  bien  reçu  ,  et  qu'on  lui  mOiïtre- 
rait  ses  papiers. 

Alexandre  Mellin  ,  canonnier  ,  natif  de  New- 
Yoick,  domicilié  depuis  huit  ans  à  Londres  , 
(iit  avoir  entendu  dire  que  les  armateurs  étaient 
Hunter  et  Walker  de  Londres,  qui  étaient  les 
propriétaires  ;  que  le  navire  était  cotiimandé  par 
le  capitaine  Alcock  sous  pavillon  anglais  ;  qu'il 
s'est  embarqué  le  27  juillet  1797;  que  le  navire 
s'appelait  le  Roilney  ;  qu'ils  ont  lait  escale  pour 
Portsmouth  ,  de  là  au  cap  de  Bonne-Espérance  , 
à  Trenquebar,  à  Madras  ;  qu'ils  sont  revenus  à 
Trenquebar.  d'où  ils  se  sont  rendus  à  Pulo- 
Penang;  qu'ils  ont  déchargé  des  marchandises  et 
despassagers  au  Cap  ,  quelques  caisses  d'argent  à 
Trenquebar,  et  la  majeure  partie  de  la  cargaison 
à  Madras  ;  qu'on  a  chargé  beaucoup  de  mar- 
chandises à  Jr'ulo-Penang  1,  île  cédée  à  un  capitaine 
anglais  ,  et  par  celui-ci  à  la  compagnie  anglaise 
des  Indes  ;  qu'à  l'entréç  du  navire  dans  ce  port  , 
on  hissa  pavillon  anglais  et  qu'on  le  salua  ;  qu'au 
départ  de  Londres  ,  il  y  avait  des  marchandises  à 

en  Ecosse.  r  bord;    qu'on    n'en  a   déchargé  '  qu'une    partie   à 

James  Chreîgibn  ,    charpentier,   natif  de  New-  !  Copenhague  ,  partie  à  Madras,  et  partie  à  Tren- 

Yorck  dans  les  Etats-Unis   de  l'Améiique  ,    où  il  !  quebar. 

James  Bro-vVn  ,  matelot  ,  dit  être  iiatif  de  Wa- 
terford  en  Irlande ,  où  il  a  son  doinicile  habituel  ; 
qu'il  s'est  embarqué  à  Londres;  qu'il  y  avait  des 
marchandises  à  bord  en  partant  pour  Copenhague; 
que  le  navire  s'appelait  Roi:i)i«;)i ,  capilaine  Alcock; 


a  son  domicile  ordinaire,  dit  s  être  engage  a 
X-bndres  au  mois  d'octobre  1796  ,  dans  ledit  na- 
vire ,  en  qualité  de  charpentier  ;  qtjé  le  navire 
S,'appelait  ie  Rodney  ,  commandé  parle  capitaine 
Maitland,  sous  pavillon    anglais;  qu'il  est  parti 

ïous  ce  pavillon  pour  Copenhague,  où  il  l'a  [  qu'il  était  sous  paViilon  anglais  ;  qi!e  les  inarchan- 
conservé  cinq  à  six  jours  ;  ijuil  était  alors  com-  dises  ont  toutes  été  déchargées  à  Madras;  que  les 
mandé  par  le  capitaine  John  Alcock  ;  que  ,  de  ;  armateurs  sont  MM.  Ferry  et  'Walker  de  Londres  ; 
Copenhague  ,  il  est  allé   à  Portsmouth    sous  pa- '  qu'on  avait  jeté  un  pavillon  anglais  à  la  mer. 

villon  danois;   qu'ils  y  ont  chaigé  40  à  aS  caisses  '       ,  .-  -,       j-.    i„-j  .in-     1    „   . 

,,  lui  1  ,.,  ;       Le  quarlier-mailre   dit  résider  a  Copenhague  ; 

d  argent  et  le  bagage  de  quelques  passagers  ;   quil;    --^  1  •  ii     m,- 

°-.  r       '^  °  1     ^-1*^-     °  I-         s  être  embarque  a  la  Chine, 

y  avait  neut  passagers  ,    dont  il  croit  six  anglais  ;  1  ' 


que  le  Rodney  appartenait  à  Hunier  et  compagnie  | 
de  Londres  ;  qu'il  a  entendu  dire  que  le  capitaine  j 
avait  attaché    certains  papiers    au   plomb   de   la' 


Tout  l'équipage  déclare   que  le  navire  a  cons- 
tamment navigué  sous  pavillon  danois. 

D'après  le  rapport  qui  vient  de  vous  être  fait. 


sonde  pour  être  jetés  à  la  mer  ;  que  le  capitaine!  je  crois  inutile,  ou  du  moins  superflu,  d'entrer 
résidait  en  Anglelerre  lorsqu'il  est  parti  ;  que  sa  j  dans  le  détail  de  toutes  les  procédures  qui  ont  eu 
femme  et  lui  habiient  habituellement  le  nord  j  lieu  devant  les  divers  tribunaux  auxquels  l'affaire 
de  l'Angleterre;  que,  d'ordre  du  second  capi- i  a  été  successvement  portée  ;  ces  procédures  ten- 
laine  Skeene,  il  a  démoli  une  ou  deux  cabanes  ^  dent  plus  à  obscurcir  la  vérité  qu'à  l'éclaircir.  Je 
pour  fdire  place  aux  canons;  qu'on  alluma  des  vais  donc  lâcher  de  simplifier  cette  affaire  en  la 
fanaux  ,  et  qu'on  fit  battre  la  caisse  pour  intimider  .  considérant  sous  des  rapports  qui  rassurent  le  con- 
le  corsaire;  que  1  opinion   pour   la    délens»    fut'  scil  sur  sa  décision. 


générale  ,  moins  le  capitaine  qui  s'y  opposa  et  fit 
éteindre  les  fanaux. 

Peter  Diedrichtsen  ,   lieutenant  ,   dit  s'être  em- 
barqué à  Copenhague  pour  Trenquebar  ;    qu'il  a 
touché  à  Portsmouth  et  au  Cap  de  Bonne-Espé-  1 
rance  ;   quil  y  avait  environ  dix  passagers  ,  dont  | 
partie  a  été  débarquée  à  Madras,  et  partie  à  Tren-  | 
quebar  ;  que  la  majeure   partie    étaient    des  an-  i 
gtais  ;  qu'au  Cap  ,  on  a  déchargé  quelques  caisses  j 
et  quelques  futailles  ;  qu'ils  y   ont  pris  deux   ou 
trois  passagers  qu'il  croit  anglais  ,  et  qu'à  Madras 
Jls  ont   déchargé  le  reste   de  la  cargaison  venant 
-deTrenquebar  ,  où  ils  avaient  pris  une  partie  de 
bois  d'ébène  ;   que  les  chargeurs  en  Eiiiope  sont 
Dunizleld   et  compagnie  ;   qu'il    ne    connaît  pas 
ceux  de  llnde;  qu'ils  ont  touché  à  Sumatra  pour 
y  faire  de  l'eau  :  que  le  navire  n'a  pas  cherché  à 
éviter  le  corsaire;  qu'il  a  vu  le  charpentier  travailler 
aux  cabanes,  et  qu'il  ignore  pourquoi;  qu'il  s'était 
préparé  à    la  défense  ,   ne  connaissant   pas   l'état 
politique  de  1  Europe. 

George  Anihony  ,  second  lieutenant  ,  dit  être 
natif  de  New-Yorck  ,  résidant  en  Angleterre  de- 
puis I  âge  de  quatre  ans  ;  qu'il  ne  croyait  aller 
qu'au  Cap  de  Bonne-Espérance  ,  et  qu'avant  il 
est  allé  à  Portsmouth;  que  de  là  il  a  été  à  Tren- 
quebar ,  et  ensuite  à  Madras  ;  de  Trenquebar  à 
Pulo-Penang  ,  dans  le  détroit  de  M<»laca  ;  que  de 
là  ils  se  rendirent  à  Malaca  ,  et  de  Malacaà  Can- 
ton ;  qu'ils  n  ont  touché  ,  au  retour,  qu'à  l'île  du 
Nord  ,  dans  I  île  deSumaira  pour  y  faire  de  l'eau  ; 
que  le  navire  s'appelait  Rodney  à  Londres,  com- 
-mandé  parjohn  Alcock  ;  qu'ils  ont  fait  tous  les 
préparaiifs  nécessaires  pour  ne  pas  laisser  insulter 
le  pavillon  danois. 

Le  quatriçme  officier  dit  qu'il  s'est  embarqué.à 
Copenhague  ,  3  lait  escale  à  Portsmouth  et  au 
Cap  de  Bonne-Espérance  ;  qu'il  a  oui  dire  que 
le  navire  avait  été  acheté  en  Angleterre  ;  que  le 
capilaine  parle  anglais  ;  qu'il  ne  l'a  jamais  en- 
tendu parler  danois. 

Le  premier  aspirant  se  dit  natif  d'Angleterre  , 
tésidant  habituellement  à  Londres  ,  embarqué  à 
Portsmouih;  a  vu  un  pavillon  anglais  dégradé  ; 
vient  en  droiture  de  Canton  ,  sans  relâcher  nulle 
part;  convient  de  la  disposition  à  se  défendre; 
et   qu'on   n  a  point  démoli  de  cabanes. 

Le  second  aspirant  ,  Samuel  Eschausier,  natif 
de  la  Haye  ,  dii  qu  il  y  avait  à  bord  un  pavillon 
anglais  dégradé  ;  ont  été  à  Trenquebar,  à  Ma- 
dras ;  qu'ils  ont  retourné  à  Trenquebar ,  de  Tren- 
quebar à  Pulo-Pcnang  près  Malaca  ;  qu'ils  y  ont 
pris  des  marchandises  à  fret  ,  et  d'autres  pour 
vendre  à  la  Chine;  (ju'ils  touchèrent  à  Malaca, 
y  débarquèrent  treize  passagers  maures  ;  qu'ils 
ont  déchargé  leurs  marchandises  à  Canton  ,  où 
ils  ont  pris  le  chargement  actuel;  dit  que  le  ca- 
pilaine l'avait  chargé  de  dire  au  corsaire  que  soa 


Il  est  de  principe  que,  de  toutes  les  preuves  , 
celle  qui  se  tire  *de  l'aveu  des  parties ,  est  la 
plus  forte,  et  mérite  le  plus  la  confiance  de  la 
justice. 

Ce  principe  ,  qui  est  celui  de  la  raison ,  est  con- 
sacré par  un  arrêt  du  conseil  du  26  octobre  1692. 
u  Veut  sa  majesté,  y  est-il  dit  ,  que  pleine  et 
))  entière,  foi  soit  ajoutée  aux  dépositions  des  ca- 
)t  pitaines  ,  matelots  et  officiers  d^es  vaisseaux  pris, 
n  s'il  n'y  a  contre  eux  aucun  reproche  valable 
n  proposé  par  les  réclamaieurs  ,  ou  quelque 
))  preuve  de  subornation  ou  de  séduction,  d 

Aucun  reproche  n'ayant  été  fait  de  la  part  des 
captuiés  contre  les  hommes  de  l'équipage  ,  et  n'y 
ayant  dans  cette  affaire  aucune  trace  de  subor- 
nation et  de  séduction  à  leur  égard  ,  leurs  ré- 
ponses aux  interrogatoires  doivent  être  la  pre- 
mière base  de  la  décision  du  conseil. 

Il  conste  des  propres  réponses  du  capilaine  , 
qu'il  est  originaire  anglais;  qu'il  a  sa  résidence 
tout  à  la  fois  à  Copenhague  et  en  Angleterre  ;  que 
sa  femme  est  actuellement  dans  le  nord  de  l'An- 
gleterre. 

Quoique  cet  aveu  n'ait  pas  besoiii  d'appui  ,  il 
est  cependant  confirmé  par  plusietirs  hommes  de 
son  équipage. 

George  Skeene  ,  capitaine  en  second  ,  s'est 
dit  dEdimbourg  ;  sa  famille  est  domiciliée  en 
Ecosse. 

George  Anthony  ,  second  lieutenant,  a  déclaré 
être  natif  de  New-York,  et  résider  en  Angleterre 
délais  l'âge  de  quatre  ans. 

Alexandre  Mellin  ,  de  New-York  ,  a  déclaré 
être  domicilié  à  Londres  depuis  huit  ans. 

James  Brown,  natif  de  'Waterford  en  Irlande,  a 
déclaré  y  avoir  son  domicile  habituel  ,  et  s'est  de 
plus  embarqué  à  Londres. 

Voilà  cinq  anglais,  c'est-à-dire,  cinq  ennemis, 
dont  trois  officiers  majors  ,  composant  une  partie 
de  l'équipage  du  Caninhoim. 

Or,  l'art.  IX  du  règlement  de  1778,  porte  :  Seront 
de  bonne  prise  tous  Oâtimens  étrangers  sur  lesquels 
il  y  aura  un  subrécargue  marchand  ,  commis  ,  ou 
officier  major  d'un  pays  ennemi.  Si  un  seul  officier 
major  d'un  pays  ennemi  suffit  pour  opérer  la 
confiscation  d'un  bâtiment  étranger  sur  lequel 
il  se  trouve  ,  à  combien  plus  forte  raison  trois 
officiers  major  doivent-ils  l'opérer. 

Sous  ce  premier  rapport,  le  Caninhoim  est  donc 
au  cas  de  la  confiscation. 

Examinons  le  rapportde  propriété:  kCaninholtn 
est-il  neutre  ,  est-il  ennemi  ? 

Le  capitaine  John  Alcock  déclare  que  /e  Ca- 
ninhoim a  été  construit  en  Angleterre  ;  que  c'est 
un  ancien  bâtiment  de  la  compagttie  de»  Indes, 


qui  se  nommait  le  Rodney  ;  qu'il  l'a  conduit  *' 
K)us  le  nom  de  Caninhoim.  de  Lond'res  à  Copen-  ' 
hdguc  ,  sous  pavillon  anglais  :  qu'avant  la  vente 
de  ce  navire  à  MM.  Dunizfeld  et  compagnie  , 
il  croit  qu'il  appartenait  à  M.  Hunter ,  négociant 
à  Londres. 

Le  capitaine  en  second  croit  que  le  navÏTe  est  de 

construction  anglaise. 

Le  charpentier  déclare  s'être  eïnbarqué  à  Lon- 
dres sur  le  Rodney  ,  parti  de  Londres  et  arrivé 
à  Copenhague  et  compagnie  ,  de  Londres. 

Le  second  lieutenant  déclare  que  le  navire  s'ap- 
pelait le  Rodney  ,  à  Londres. 

Le  quatrième  officier  déclare  avoir  ou'i  dire  que  ' 
le  navire  avait  été  acheté  en  Angleterre. 

Alexandre  Mellin,  canonnier,  déclare  que  le 
navire  s'appelait  le  Rodney  ;  qu'il  a  ou'i  dire  que 
MM.  Hunier  et  Walker  de  Londres  en  étaient 
propriétaires  ;  qu  il  était  commandé  par  Alcbck. 
sous  pavillon  anglais.  -  ,,.    )■. 

James  Brown  déclare  que  le  navire  s'appe- 
lait le  Rodney  ,  capitaine  AlcQck  ,  jous  pavillotj 
anglais.  ,  ,.,-.'      , 

Ce  faisceau  de  preuves  constate  çlonc  ,  d'une 
manière  aussi  forte  que  Jégale  ,  que  le  Rodney 
était  non-seulement  de  fabrique,  mais  de  propriété 
anglaise  ,  c'est-à-dire  ennemie. 

Ce  navire  ne  pouvait  se  laver  de  cette  tache 
originelle,  qu'en  passant,  par  d^s  pièces  au- 
thehiiques  ,  et  avant  le  commencement  des  hos- 
tiliiés  ,  tiilre  les  mains  d'un  propriétaire  neutre 
ou  allié.  ,       .  ■       . 

Celle  transiiion  iégâle  est  presclite  par  l'ar- 
ticle VII  du  règlement  de  1778,'  lequel  s'ex- 
prime en  ces  terme  :  11  Les  bâtimens  de  fabri- 
que ennemie  ,  ou  qui  au) ont  eu  un  propriétaire 
)î  ennemi  ,  ne  pourront  eue  réputés  neutres  ou 
ïî  alliés  ,  s'il  n'est  trouvé  à  bord  quelques  pièces 
Il  authentiques  ,  passées  devant  des  oHaciers  pu- 
)j  blics  ,  qui  puissent  en  assurer  la  date,  et 
''  1^'-^  justifient  que  la  venje,  ou  cession  en  a 
1»  été  faite  à  quelqu'un  des  sujets  des  puissances 
)j  alliées  ou  neutres  ,  avant  le  commenieiitent  des 
)5  hostilités;  etsi  ledit  acie  translatif  de  pvoprieié 
ji  de  l'eiinémi  au  sujet  neutre  ou  allié  ,  n'a  été 
!>  dûment  enregistré  par-devant  le  principal  offi- 
)i  cier  du  lieu  du  départ  ,  et  signé  du  propriétaire 
))  ou  du  porteur  de  ses  pouvoirs,  j» 
V  Le  capturé  prétend  avoir  justifié  de  cette  trans- 
lation de  propriété  ,  et  il  étaye  celte  prétention 
d'un   acte  du  16  octobre  1797. 

On  trouve  en  effet  dans  cetacte ^  qUe  MM.  De-' 
conninck  et  compagnie  ,  bourgeois  il  négociant 
dans  la  résidence  royale  et  ville  de  Cqpeiihague  , 
vendent  et  cèdent  le  Caninhoim  à  MM.  Dunlefeld 
et  compagnie  ,  négocians  à  Copenhague  ,-mais  on  ne 
voit  pas  comment  la  propriété  de  ce  navire  avait 
été  transportée  des  premiers  propriétaires  anglais 
à  MM.  Deconninck  de  Copenhague  :  et  c'est 
cependant  cette  translation  iju'il  faudrait  prouver 
par  des  actes  en  bonne  forme  passés  devant  les  officiers 
publics  à  ce  préposés  ,  et  à  une_  date  antérieure  (fu 
commencement  des  hostilités  ;■  faute  desquelles  pièces  ,- 
dit  l'art.  VIII  du  réglementde  1798,  les  bâtimens 
de  fabrique  ennemie  seront  de  bonne  prise. 

Sous  ce  second  rapport  ,  la  confiscation  me 
paraît  une  conséquence  nécessaire  et  du  fait  et 
des  dispositions   de  la  loi. 

Je  passe  à  la  cargaison;  mais  ici  il  est  nécessaire 
de  remonter  à  son  principe  ,  oh  ,  pour  mieux 
dire  ,  à  son  origine. 

Le  capitaine  déclare  ,  dans  ses  réponses  ,  qu'il 
a  pris  des  piastres  à  Portsmouth. 

Teerling,  ss  disant  passager  .  Teerling  ,  -que 
le  capitaine  appelle  avec  lihon  siihrccargue  ^puis- 
qu'il a  signé  la  charie-pariie  du  chargement  ,  fe- 
sant  pour  MM.  de  Conninck),  déclare  que  ces 
derniers  oet  chargé  quarante-six  caisses  depias-» 
ires  ,  envoyées  de  Hambourg  en  Angleierre,  poui; 
être  chargées,  pour  leur  compte  ,  dans /«  Canin-* 
holm .,  à  Portsmouth  ,  et  être  délivrées  à  lui  dé- 
clarant ,  à  son  arrivée  à  Trenquebar. 

Cette  délivrance  lui  a  sans  doute  élé  faite  à 
Trenquebar  ,  puisque  c'est  ^à  Trenquebar  qu'il 
a  signé  le  manifeste  ,   dont  je  viens  de  vous  parler. 

Cette  déclaraiion  paraît  caractériser  la  neutralité 
des  piastres  ,  et  conséquemment  la  partie  de  car- 
gaison  qu'elles  ont  servi  à  acheter  à  Trenquebar. 

Mais  je  ne  puis  me  dispenser  de  m'arrêler  un 
moment  sur  cet  objet  ,  et  de  faire  remarquer  au 
couseil  qu'il  est  bien  étrange  que  ce  Teerling  ; 
qui  se  dit  passager  ,  que  le  capitaine  appelle 
subrécafgué ,  et  qui  en  effet  en  remplit  les  fonc- 
tions dans  la  charte-partie  passée  à  'Trenquebar, 
ait  pris  à  Portsmouth  des  piastres  qu'on  aurait 
pu  facilement  embarquer  sur /e  CflnmAo/m  à  Cop-" 
penhague  ,  au-lieu  de  faire  partir  ces  piastres 
pour  Hambourg  et  Portstnouih  ,  à  l'effet  de  les 
charger  sur  ce  navire. 

Ce  prétendu  passager  a  toute  la  jahysiohorriie 
d'un  anglais  ,  chargé  de  disposer  de  piastres 
venant  d'Angleterre  et  appartenant  à  des  anglais. 

On  peut  ajouter  que  celte  conjecture  prend 
un  caractère  de  csnitude  ,    lorsqu'on  lit  ,  daug 


56 


•«he  lettre  de  Londres ,  du  5  janvier  1798  ,  éctiie 
par, le  capitaine  Alcockau  sieur  Georges  Skeene  , 
officier  en  chef:  "Je  serai  à  Pofismomh  jeudi 
"j^tJ  soit  ou  vendredi  p.iochain  ,  et  le  trésor 
j»  sera  rendu  environ  dans  ce  tems-Ià.  n. 

jDan^  U;f>e  adtre  leiire.  du  9  janvier ,  adres&ée 
par  le  même  au  même  ,  te  capuaine  en  lui  conhr- 
inajit  cell.e,  du  5  j.lui  annonce  que /e  trésor  part 
diii  [  de  Londres')  et  malin  ,  et  qu'z/  sepi-opose  de 
ijûHter  la  ville ,  jeudi  matin. 

.Or,  l'article  des  piasUes  est  maintenant  par- 
failÈmenl  éclaiici.  Ces  piastres  sont  visiblement 
propriété  anglaise  :  elles  ont  été  employées  à 
TP(fr}qut;'bar  ,  poui  l'achat  dé  la  cargaison.  La 
cargaison  est  dune  propriété  ennemie. 

Un  des  matelots  déclare  qu'il  a  vu  charger  de 
l'argent  à  Pôrismouth. 

Le  charpentier  dit  qu'on  y  a  chargé  quarante 
où  quarante-cinq  caisses  d'argent  et  le  bagage 
de  quelques  passagers;  qu'il  y  avait  neuf  passa- 
gers ,  dout  il  ci'oit  six  anglais  ;  et  ceci  se  lie  par 
faitcmem  et  à  la  qualité  de  passager  prise  par 
Teerling,  et  aux  lettres  écrites  de  Londres  par 
le-capiiaine  ,  qui  ,  en  annonçant  l'envoi  du  trésor  , 
parle  aussi  de  passagers ,  et  annonce  une  lettre 
plus  ample  sur  le  compte  de  ces  passagers. 

Alexandre  Mellin  ,  canonnier  ,  déclare  qu'au 
dépàit  de  Londres,  il  y  avait  des  marchandises 
à  bord  ;  qu  On  n'en  a  déchargé  qu'une  partie 
à  Copenhague  -,  partie  à  Madras  et  partie  à 
ïrçnquebar. 

James  Brown  déclare  aussi  qu'il  y  avait  des 
marchandises  à  bord  en  partant  pour  Coppenha- 
gue  ;  qu'elles  ont  toutes  été  déchargées  à  Madras. 

Ces  marchandises  étaient  donc  propriété  an- 
glaise ;  elles  ont  servi  comme  les  piastres  à  acheter 
à  Madras  ou  àTrenquebar  d'autresmarchandises, 
et  sans  aucun  doute  pour  le,  compte  des  anglais. 
On  ne  peut  conséquemment  se  détendre  de  con- 
sidérer la  cargaison  du  Caninholm  comme  une 
propriété  vraiihent  ennemie  ,  et  sujette  à  con- 
fiscation ,  d'après  l'art.  VU  du  liv.  III  ,lit.  IX  de 
1  Ordonnance  de  la  marine  ,  de  1681 ,  lequel  porte 
en  termes  exprès  :  Tous  navires  qui  se  trouveront 
chûTgés  'd  effets  appartenant  à  nos  ennemis  ,  seront 
de  bonne  prise. 

D'après  des  faits  si  posttifs  et  des  lois  si  précises , 
il  est  inutile  d'examiner  les  pièces  ce  bord  ,  puis- 
que le  navire  et  la  cargaison  étant  démontrés 
eiiiiemis  ,  il  serait  superflu  de  discuter  l'irrégu- 
larité de  ces  pièces  de  bord. 

Par  ces  considérations ,  ie  conclus  la  confisca- 
lion  du  naviréJtJf  ^de  la  cargaison.  Délibéré  le 
29  fructidor  ah^  8.  Signe,  Portalis.  (Dans  le 
numéro  de  demain  nous  donnerons  la  décision 
du  conseil  des  prises.  ) 


sin  ,  ni  couleur ,  ni  composition  ,  il  laisse  échapper. 

Ce    vers  : 

Vous  tônvicndrtz  du  moins  qn'll  est  avant  la  lettre. 

dette  balpûidise,  qui  excite  les  éclats  de  rire 
dliniaîtrerle  dessin  ,  fait  craindre  à  Caroline  dé 
pfoliler  d'une  manière  peu  délicate  de  l'erreur 
>;rossiere  d'une  dupe  ;  elle  veut  rom|jre  le  marché  ; 
Desionais  paraît,  en  soutient  la  validité;  le  valet 
saisit  le  moment  d'emporter  le  tableau  .  à  l'instant 
il  est  arrêté  par  une  vieille  servante  de  Desronais; 
quiciie  au  voleur  !  et  accuse  Tacheteui:  prétendu 
d'avoir  volé   à  son  maître   l'argent  qu'il  vient  de 

donner A  ces   mots   la  ruse  est  découverte; 

Caroline  reconnaît  la  manière  généreuse  dont 
Desronais  voulait  rapprocher  sa  fortune  de  la 
sienne  ;   elle  lui  donne  sa  main. 


T    H    E    A    T 


EFRANÇAIS. 


L'ouvrage  annoncé  par  la  lettre  inséré  dans 
notre  numéro  du  10  de  ce  mois,  et  intitulé: 
Caiotine  ou  le  Tableau,  a  été  donné  avant-hier 
avec  an  succès  décidé. 

Caroline  ,  jeune  artiste  ,  et  pauvre  orpheline  , 
est  la  voisine  d'un  jeune  hoaame  riche  ,  délicat 
et  généreux  ,  ami  des  arts  qu'elle  cultive,  admi- 
rateur de  ses  talens ,  mais  encore  plus  épris  de 
«es  charmes.  Elle  sait  qu'elle  est  aimée,  mais 
refuse  de  s'unir  à  Desronais  ,  qui  l'en  presse  , 
parce  qu'il  règne  entre  la  fortune  de  tous  tleux 
une  dittérence  totale.  Desronais  saisit  un  moment 
d'abstnce  pour  chercher  le  moyen  de  tromper 
innoccmmetil  ie  stntiment  qui  abuse  sa  jeune 
amie  ,  et  de  1  épouser  sans  paraître  généreux, 
envers'  elle.  Un  vieux  tableau  ,  noirci  par  le  tems 
et  la  fumée  ,  sur  le  méiite  duquel  le  père  de 
Caroline  disputait  souvent,  lui  fait  naître  lidée 
d  enrichir  sur  le  champ  l'orpheline  ;  et  cela  de 
son  propre  aveu.  Un  valet  se  déguise  en  parvenu, 
en  prétendu  connaisseur  ;  il  pénètre  chez  Caro- 
line sous  un  prétexte  léger  ,  voit  le  tableau ,  en 
parle  avec  enthousiasme.  Desronais  se  rend 
médiateur  du  marché.  L'acheteur  promet  24,000 
livres  :  il  est  très  -  piquant  de  remarquer  que 
Desronais  en  voulait  3o,ooo.  Pour  la  première 
fois  Caroline  sourit  à  l'idée  de  la  fortune. 
L'acheteur  revient  avec  sa  somme.  Ici  la  scène 
devient  très-plaisante. 

L'argent  compté  ,  le  maître  de  dessin  de  l'or- 
pheline demande  au  prétendu  connaisseur  ce 
qtiil  trouve  de  si  beau  dans  ce  qu'il  acheté  si 
cher  ;  lembarras  du  valet  est  iiès-comique.  Se 
irouvant  forcé  d'avouer  que  le  tableau  n'a  ni  des- 


On  voit  que  ce  sujet  est  le  même  que  celui 
d'une  Matinée  de  Catinat.  Le  trait  qui  le  cornpose 
devait  être  le  résultat  d'un  sentiment  délicat  ; 
chez  Catinat  ce  sentiment  est  la  bienfesance;  au- 
près de  Caroline, c'est  l'amour. Les  deux  ouvrages 
n'ont  rien  à  craindre  de  la  concurrence:  lun 
intéresse  beaucoup  ,  l'autre  attache  et  plaît  à  la 
fois  ;  tous  deux  se  prêteront  dans  leur  succès 
également  mérité,  un  mutuel  appiii  ;  tiès-contens 
de  l'un  ,  ce  qu'on  désirera  le  plus ,  ce  sera  d'aller 
applaudir  l'autre.  Nous  avions  ctu  pouvoir  dire 
que  ce  sujet  était  celui  d'une  jolie  comédie. 
Nous  ne  saurions  exprimer  à  quel  point  le  cit. 
Roger  nous  a  prouvé  que  nous  avions  raison. 

Quoique  son  ouvrage  soit  d'un  genre  très- 
agieable  ;  que  son  exposition  ait  de  la  grâce  ,  en 
même-tems  que  de  la  clarté  ;  que  ses  scènes 
aient  la  plupart  une  intention  comique  ;  plus 
que  tout  cela  nous  aimons  à  remarquer  le  style 
de  ce  jeune  auteur,  parce  que  ce  style,  celui 
de  la  véritable  comédie ,  en  a  le  piquant  et  la  fa- 
cilité ,  mais  en  a  surtout  la  pureté  et  la  correction. 

Irons-nous  critiquer  ,  après  cela ,  l'indécision 
du  caractère  du  maître  de  dessin,  la  faiblesse  du 
rôle  de  la  vieille  servante  ,  oii  l'invraisemblance 
du  moyen  qui  permet  à  Desronais  de  rester  chez 
Caroline  en  son  absence  ?  Il  vautbeaucoup  mieux 
dire  en  terminant  ,  que  l'ouvrage  a  été  parfaite- 
ment joué  par  Grandmenil,  Dugazon  et  made- 
moiselle Mars.  Damas  est  on  ne  peut  mieux  placé 
dans  le  rôle  de  Dtsronaii  :  il  le  dit  avec  intelli- 
gence, lejoue  avec  ame;  mais  op  ne  peut  jamais 
parler  de  cet  acteur  intéressant ,  qu'on  ne  finisse 
par  lui  dire  :  "  Au  nom  d'un  talent  qu'on  estime 
))  et  des  succès  qui  vous  attendent  ,  ne  cherchez 
îj  donc  pas  à  tant  exprimer,  et  vous  exprimerez  g^erce 
>)  bien  davantage.  J)  'S.... 


enlevée  avec  l'acide  rouriatique  oxigeneailirsi.qoe 
l'écriture  à  l'encre  ordinaire  ,  on  ne  peut  pas  faire 
la  plu»  légère  altération  à  i'écritute  sans  enlever 
en  même  tems  le  glacis  imprimé  qui  est  sous 
l'écriture. 

Ce  glacis  est  une  légère  teinte  de  couleur  mise 
sur  le  pjpier,  et  imprimée  en  mêroe-lems  que  le 
corps  de  la  lettre  de  change.  Dan&  ce  glacis  sont 
une  foule  d'accideijs  qui  ne  Sont  dus  qu'au 
hasard  bien  ditigé  par  le  graveur,  et  qui  rendent 
S03,  o,uyrage  inimitable  ,  même  par  lui-mên)e. 

Desorte  que  ,  quand  une  planche  paiieili^  ai 
sortie  dçs  mains  de  l'auteur  ,  il  est  impossible  ^ 
tout  graveur  et  à  l'auteur  lui-raêiiie,  de  la  re- 
faire une  seconde  fois.  , 

C'est  ce  qui  est  dit  par  le  rapport  dont  je  viens 
de  parler.  Il  est  à  ma  connaissance  que  plusieurs 
maisons  de  commerce  ont  adopté  les  planches  da 
cit.  Boudier,  et  qu'elles  se  félicitent  de  l'usage  d'u» 
procédé  qui  les  garantit  de  toutes  contre-façons. 

Il  n'est  pas  douteux  qu'il  serait  de  l'imér'êt 
public  qu'un  pareil  procédé  fût  employé  pour 
tous  les  papiers  émanés  du  gouvernement  ,  tels, 
qu'inscriptions  ,  bons  ,  ordonnances  ,  passeports  ; 
certes  ,  on  verrait  moins  de  faux  ,  moins  de  frip- 
pons  ,  moins  de  victimes. 

Je  dois  avouer  que  le  citoyen  Boudier  a  eu  l'in- 
dtitgence  de  nie  communiquer  quelques  idées  sur 


ses  procédés  ;  mais  peut-être  ne  seiaii-il  pas  cu- 
rieux qu'ils  fussent  rendus  tout-à-falt  ptibliques  : 
c'est  sa  propriété  ,   et  peut-être  desite-l-il  en  re- 
cueillir le  fruit. 
Salut  et  fraternité  , 
Delahaye  ,  avocat,  cloître  Notre-Dame ,  »'  41. 

i  Ip?  On  a  fait  en  ce  genre  beaucoup  de  tenta- 
tives plus  ou  moins  ingénieuses  ,  et  celle-ci  paraît 
devoir  être  mise  au  rang  des  plus  heureuses  ;  mais 
il  importe  d'observer  1°  que  ce  n'est  pas  assez 
de  rendre  l'imitation  difficile  ;  il  faut  rendre  la 
comparaison  facile  ,  et  la  découverte  du  faux  , 
palpable  :  01  ,  c'est  ce  qu'on  n'atteint  point  par 
tous  ces  signes  donnés,  dit-on,  parle  hasard,  et 
dont  la  confusion  ne  permet  jamais  à  l'œil  de 
saisir  assez  les  contours  pour  distinguer  l'original 
d'une  imitation  habile;  2°  que  toutes  ces  pré- 
cautions ne  forment  point  une  garantie  légale  ;  les 
lois  ne  reconnaissant  pour  signe  probant  que  la 
signature  proprement  dite.  Les  moyens  de  sn;eté 
fournis  par  la  délébilité  de  l'encre  ,  paraissent 
dans  l'invention  du  citoyen  Boudier  ceux  aux- 
quels on  doit  attacher  le  plus  de  conhance  ,  parce 
qu'ils  empêchent  véritablement  la  contre-façon  , 
en   la    rendant    perceptible     à     l'œil    le    moins 


AU       REDACTEUR. 

Citoyen  ,  je  lis  dans  votre  journal  du  3  cou- 
rant un  article  concernant  la  pose  de  la  i"'  pierre 
de  la  colonne  de  la  place  'Vendôme.  'Vous  obser- 
vez que  dans  le  nombre  des  objets  placés  sous 
cette  pierre,  se  trouve  une  table  de  crystal  ,  sur 
laquelle  le  cit.  Oreilly  a  fait  graver,  au  moyen 
de  l'acide  fluorique  ,  l'arrêté  du  19  fiuctidor  an  8  , 
qui  ordonne  l'érection  du  monument. 

Vous  ajoutez  :  «<  nour  reviendrons  sur  le  pro- 
cédé employé  par  le  cit.  Oreilly  ,  et  nous  pen- 
sons qu'on  petit  en  faire  un  usage  utile.  )> 

Permettez-moi ,  je  vous  prie,  quelques  réflexions 
à  cet  égard. 

L'auteur  du  procédé  est  uil  cit.  Boudier  fils, 
qui  demeure  à  Paris  ,  rue  Saint-Romain  :  il  a  déjà 
été  parlé  plusieurs  fois  de  son  secret  dans  les 
journaux  ,  et  je  me  rappelle  avoir  lu  un  rapport 
fait  par  un  membre  du  bureau  des  arts  très-favo- 
rable au  cit.  Boudier  ,  et  une  lettre  du  ministre  de 
l'intérieur,  qui  dit  au  cit.  Boudier  que  son  pro- 
cédé peut  être  l'on  utile  ,  tant  aux  particuliers 
qu'au  gouvernement. 

J'ai  vu  depuis  des  exemplaires  de  modelesfJe 
lettres  de  change  tirés  sut  des  planches  de  verre 
du  cit.  Boudier.  Ces  lettres  de  change  ont  le 
mérite  inappréciable  d'être  à  l'abri  de  toute  espèce 
de  contrefaçon,  et  de  pouvoir  être  tirées  peut- 
être  à  l'infini. 

Comme  la  planche  est  de  verre  ,  et  que  le  verre 
ne  s'altère  pas  par  le  frottement  de  la  main  ,  qui 
altère  si  facilement  les  planches  de  cuivre  ,  on 
conçoit  que  le  nombre  des  épreuves  que  peut 
produire  une  pareille  planche  est  incalculable. 

A  ce  premier  procédé  de  graver  sur  le  verre  ,  il 
a  joint  celui  d'imprimer  avec  une  encre  délébile  , 
ce  qui  fait  que  l'impression  étant  susceptible  d'être 


LIVRES       DIVERS. 

Cotas  d'Arithmétique  à  l'usage  des  écoles  cen- 
trales et  du  commerce  ,  par  le  cit.  Theveneau  ; 
prix 4  fr.  franc  de  port.  A  Paris,  chez  Gourcier, 
libraire  ,  ruePolipée  .  n°'5. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  14  vendémiaire. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

EiFectif. , 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif. . . . , 
Livourne 


Bâle. 


56^ 

i88i 

4  ir.  90  c 
14  fr.So  c. 

4  fr.  go  c 
14  fr.  25  c. 

4  Ir.  65  c. 

5lr.    : 


^Ji 


Effets  publics. 

Rente  provisoire sS  fr.  25  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  63  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  80  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 91  fr.  75  c. 

Syndicat 77   fr.  5o  c. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  s°  repr.  dune  Journée  de  Catinat  ou  te  Ta- 
bleau,   opéra  nouveau,  et  Sophie  et  Moncars. 

Théâtre  du  Vaudeville,  Auj.  la  i*"  repr. 
du  Mari  sans  femme  ;  Arlequin  ajffîcheur ,  et  Ba- 
gatelle. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  ta  Fille  hussard  ,  pant.  à  grand  spect.  ;  la 
Mort  de  Turenne ,  et  l'Epreuve  excusable. 


L'abooacmcnt  se  fait  à  Paris,  rue  des  Poitevins,  d°  i8.  Le  prix  est  de  î5  francs  pour  trois  mois,  So  francs  pour  6  mois ,  et  joo  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonne 
gu'au  commencement  de  chaque  moië. 

Il  faut  adresser  les  Tctti  es  etl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  g  as  s  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  n"  iS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  d«« 
pays  ou  l'on  ne  peut  aCTianchir.  Les  lettres  des  départcmens  non  affranchits  ,  ue  seiont  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté ,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur ,  rue  des 
Poitevins  ,  n°i3',  depui  sneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imptimsrie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 

M"  136. 


Sextidi  ,  1 6  vendémiaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dacet  du  7   Nivôse  le   MONITE  U  R  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeiii ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts ,  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  \"  octobre  (g  vendémiaire. ) 

J-iE  capitaine  Waterhouse ,  de  la  marine,  est 
arrivé  hier  à  l'amirauté  venant  de  Botany-Bay  , 
avec  des  dépêches  du  gouverneur  Hunter.  Il  a 
rapporté  une  grande  collection  de  plantes  de  la 
Nouvelle-Hollande. 

•  Plusieurs  des  bâtimens  de  guerre  qui  compo- 
•aient  l'armement  sorti  des  dunes  ,  sont  retournés 
à  Deal  ;  d'où  1  on  conjecture  que  l'expédition  à 
laquelle  ils  devaient  servir  a  été  contreraandée. 

Dimanche  dernier  ,  après  que  le  vicaire  de  la 
paroisse  de  St-Michel  eut  commencé  son  sermon  , 
un  des  assistans  se  glissa  dans  la  chaire  et  lui 
enleva  son  surplis  et  son  chapeau  ,  avec  lesquels 
il  disparut  ,  sans  être  remarqué. 

La  récolte  a  été  si  abondante  dans  les  Indes 
occidentales  ,  qu'on  manquait  de  bâtimens  pour 
la  transporter  ici. 

La  JVymphe  de  mer  ,  capitaine  Suller ,  a  été  prise 
par    un    corsaire    français    dans    sa   traversée   de  l 
Lisbonne  à  Oporio. 

On  ne  saurait  assez  recommander  à  chaque 
famille  riche  ou  pauvre  de  ce  royaume  ,  de  régler 
sa  consoramaiion  de  blé  ;  car  il  paraît  que  la 
récolte  n'en  a  pas  été  plus  abondante  cette  année 
que  la  précédente  ,  et  la  qualité  ,  en  outre  ,  du 
grain  ,  est  médiocre.  Mais  ce  que  nous  recom- 
ma'  dons  surtout  ,  c'est  de  ne  pas  forcer  le  pro- 
priétaire, soit  fermier  ou  marchand,  à  vendre  au- 
dessous  du  prix;  autrement  ce  serait  aggraver  le 
mai  au  lieu  de  le  soulager  ;  ce  serait  appeler  la 
famine  ,  pour  éviter  la  disette. 


Le  22  septembre  dernier  ,  anniversaire  et  cen- 
tenaire de  la  naissance  de  James  Thompson,  auteur 
àes  Saisons  ,  une  fêle  solennelle  (  un  jubilé  )  a  eu 
lieu  à  Edimbourg,  en  mémoire  de  ce  grand  poète. 

—  Nous  ne  doutons  pas  que  la  centenaire  du 
Thompson  français  n'ait  aussi  son  jubilé ,  et  nous 
espérons  bien  qu'il  en  recevra  en  personne  les 
honneurs. 

Le  Phœnix  ,  capitaine  Skinner  ,  allant  des  Indes  1 
occidentales  à  Livourne  ,  a  été  pris  par  le  corsaire 
français  ,  l'Africain  ,  et  conduit  à  la  Guadeloupe. 

Un  particulier  trouva  dernièrement  un  irlandais 
qu'il  connaissait  pour  avoir  été  impliqué  dans  les 
troubles  de  son  pays  ,  et  à  qui  il  témoigna  sa  sur- 
prise de  le  rencontrer.  —  ii  Vous  savez  ,  sans 
doute,  lui  répondit  l'irlandais  ,  que  j'ai  été  pendu. 

—  Pendu  ,  s'écria  l'autre.  Oui ,  monsieur  ,  pendu  ; 
•c'est-à-dire,  que  j'ai  été  condamné  à  la  mort ,  et 

que  je  me  suis  échappé  ;  ce  qui  revient  au  même  , 
car  je  suis  mort  civilement. 

[Extrait  du  Sun,  du  Morning- Chronicle  et  de 
rOracle.  ) 

REPUBLIQ,UE     HELVÉTIQ.UE. 

Berne ,  le  5  vendémiaire. 

On  apprend  de  Zurich  ,  que  le  général  Mac- 
donald  y  est  revenu  avec  son  quartier-général.  — 
On  mande  du  canton  de  Léman  ,  que  les  mou- 
vemens  occasionnés  par  la  loi  sur  les  dîmes,  ont 
dégénéré  en  insurrection  complette.—  Le  citoyen 
Fmsier  ,  chef  du  parti  pour  les  dîmes  ,  dans  le 
corps  législatif,  a  obtenu  un  congé  d'un  mois 
<t  est  allé  à  Zurich  :  il  a  emporté  avec  lui  le 
travail  dont  il  est  chargé.  Quelques  personnes 
croytnt  que  ce  législateur  est  dans  lintention 
d'envoyer  sa  démission.  —  Le  citoyen  Glafel  , 
nommé   à  la  législature  ,   n'a  point  accepté. 

La  société  de  bienfesance  de  Zurich  a  célébré 
il  y  a  quelques  jours  l'anniversaire  de  sa  fon- 
dation ,  sans  pompe  et  avec  la  simplicité  qui 
convient  à  une  association  qui  a  pour  objet 
une  bienfesance  sans  bornes.  On  n'y  a  admis 
d'étranger  que  le  respectable  docteur  Hirsel , 
auteur  de  la  Philosoj'hie  des  campagnes  ,  et  de 
plusieurs  autres  ouvrages  estimables.  Son  (ils  , 
président  de  cette  société  ,  a  prononcé  un  dis- 
cours touchant.  Dix  jeunes  filles,  instruites  dans 
les  écoles  de  bienfesance  aux  travaux  de  leur 
leXe  ,  ont  été  présentées  par  leurs  institutrices. 
Le   professeur  Schulthess ,   qui  depuis  plusieurs 


avec  son  épouse  ,  rendit  compte  de  leurs  dis- 
positions et  de  leurs  progrès.  Les  jeunes  filles 
désignées  par  leurs  propres  compagnes  ,  reçu- 
rent le  prix  dû  à  leur  diligence  et  a  leur  doci- 
lilé.  Afin  que  les  pauvres  pussent  prendre  part 
à  cette  fête  de  famille  ,  des  secours  ont  été  en- 
voyés à  vingt-cinq  pauvres  ménages  de  la  ville. 

Au  quartier- général  à  Kempten  ,  t"  vendémiaire. 
Nous  sommes  entrés  hier  dans  les^quartiers  qui 
nous, sont  assignés  en  conséquence  de  l'armistice. 
Quelle  joie  fait  naître  dans  toute  1  Allemagne 
I  l'espérance  de  la  paix  !  Quelle  surprise  causée 
'  par  la  cession  d  Ulm  ,  qu  on  regardait  comme 
imprenable  !  Nos  colonnes  sont  déjà  en  marche 
rétrograde  pour  prendre  leurs  cantonnemens.  Il 
est  probable  que  le  général  Lecourbe  fera  main- 
tenant son  voyage  en  France.  —  Le  prince  Liçh- 
tenstein  n'est  pas  encore  rétabli  de  ses  blessures  , 
qu'on  regarde  comme  très-dangereuses.  Le  chi- 
rurgien en  chef  du  il'  régiment  de  dragons  , 
le  citoyen  Lucas  ,  ne  le  quitte  pas  ,  et  fait  tous 
ses  efforts  pour  conserver  à  ses  amis  et  à  ses  pa- 
rens  cet  estimable  officier.  (  Strasb.  Weltbote.  } 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg ,  le  lo  vendémiaire. 

QuATR£  mille  deux  cents  flo.  destinés  à  la  garni- 
son autrichienne  de  Ulm,  ont  passé  parAugsbourg. 
Les  garnisons  allemandes  traversent  dans  ce 
moment  la  Souabe,,pour  se  rendre  à  l'armée 
impériale.  La  garnison  d'Ulm  a  beaucoup  souffert 
des  maladies  ,  ainsi  que  celle  de  Phihpsbourg. 
Larinaée  impériale  quitte  maintetiant  la  Bavière 
pour  reprendre  ses  cantonnemens  dans  1  Autriche 
et  dans  les  envirotjs  de  Saltzbourg. 

Le  général  Zagg  s'est  reijdu  en  grande  hâte  de 
Vienne  à  l'armée  d'Italie.  —  Le  général  Kinsky  a 
obtenu  une  pension  de  retraite  de  14,000  florins; 
le  général  Kray,  une  de  6,000  ;  et  le  général  Smith  , 
une  de  3,ooo.  Les  autres  n'ont  eu  que  i,5oo  ou 
ï,ooo   florins. 

Le  général  Lecourbe  est  arrivé  le  1''  vendé- 
miaire à  .Augsbourg.  — Les  états  de  Hongrie  se 
sont  assemblés  ,  sous  la  présidence  du  comte 
Palfi.  On  y  a  lu  le  lescrit  de  l'empereur,  sur  la 
levée  de  la  noblesse  hongroise. 


Paris  ,  le   i5  vendémiaire. 

Suivant  le  procès-verbal  de  la  cérémonie  qui 
a  eu  lieu,  le  i^'  vendémiaire,  à  la  place  des 
Victoires ,  le  citoyen  Decotte  ,  directeur  de  la 
monnaie  des  médailles  ,  a  présenté  au  premier 
consul  une  boîte  d'acajou ,  dans  laquelle  se 
trouvaient  renfermées  : 

1°  Une  plaque  de  bronze  sur  laquelle  était 
gravé  le  portrait  du  général  Kleber,  parChoffard  , 
d'après  le  dessin  de  Guérin.  Au  revers  de  ceUe 
plaque  se  trouve  l'inscription  suivante  : 

KLEBER, 
MORT  EN  Afrique  ,  le  s5  prairial 

AN  8, 
APRÈS    LA    BATAILLE    d'HeLIOPOLIS  , 

qui  reconquit 
l'Egypte  aux  Français. 

2°  Une  plaque  sur  laquelle  était  placée  seu- 
lement l'inscription  suivante  : 

D  E  S  A  I  X, 

MORT  EN  Europe  ,  le  s5  prairial  , 

AN     8  , 
APRÈS    LA    BATAILLE    DE   MaRENGO  , 

qui  reconquit 
l'Italie  aux  Français. 
3"  Une  grande  plaque  de  bronze  sur  laquelle 
était  transcrit  l'arrêté  des  consuls  du  19  fructidor 
an  8  ,  qui  a  ordonné   qu'il   fût  élevé  un   monu- 
ment aux   généraux  Desaix  et  Kleber.  (Voyez  le 
Supplément  au  numéro  35o  du  Moniteur.  ,  an  S') 
A  la  suite   de  l'arrêté  : 

EN    EXÉCUTION    DE    CET    ARRÊTÉ 

LA    PREMIERE    PIERRE    A    ÉTÉ    POSEE 

PAR    LE    PREMIER    CONSUL 

BONAPARTE, 

LE    1"    VENDEMIAIRE    AN    Q  , 
2'    ANNÉE    DU    CONSULAT. 

années    dirige    ces    établissemens ,   de    concert  '  lucien  Bonaparte  ,  ministre  de  l'intérieur. 


4°  Une  médaille  en  bronze  ,  sur  l'un  des  cotés 
de  laquelle  on  voit  le  portrait  du  consul ,  avec 
cette  légende  : 

BONAPARTE  I''  consul  de  la  république. 
Exergue  : 

bataille  de  MARENGO  ,  25  et  26  PRAIRIAL  AN   8. 

Au  revers  : 

le  premier  consul  , 

commandant 

l'armée  de  réserve 

en  personne  , 

EnFANS,    RAPPELEZ  -  vous      QUE    MON    HABITUDE 
EST  DE  COUCHER  SUR  LE  CHAMP  DE  BATAILLE. 

5°.  Une  autre  médaille  aussi  en  bronze  ,  sur 
l'une  des  faces  de  laquelle  est  le  portrait  du 
général  Desaix  ,  avec  cette  légende  : 

L.  Ch.  Ant.  Desaix  ,  né  a  Ayat  ,  en  août  1768. 

Exergue  : 
Bataille  de  Marengo  ,  25  prairial  ,  an  8. 

Au  revers  : 
Le  général  Desaix  est  blessé  a  mort: 

Allez  dire  au  premier  consul  que  /emporte  le 
regret  de  n'avoir  pas  fait  assez  pour  vivre  dans,  la 
postérité. 

6°.  Une  médaille  aussi  en  bronze  ,  sur  laquelle 
est  buriné  le  portrait  de  Kleber ,  et  au  revers  est 
écrit  :  Kleber. 

Les  divers  objets  contenus  en  cette  boîte  ayant 
été  vérifiés ,  elle  a  été  renfermée  dans  une  seconde 
boîte  de  plomb  ,  et  scellée  en  présence  des  con- 
suls et  du  public. 

Le  citoyen  Orelli  a  présenté  au  premier  consul 
une  glace  d'un  demi-pouce  d'épaisseur,  au  haut 
de  laquelle  se  lisent  le  nom  de  Kleber  et  celui  de 
Desaix  ,  inscrits  chacun  au  milieu  d'une  couronne 
civique. 

Sur  la  même  plaque  est  transcrit  l'arrêté  des 
consuls,  du  19  fructidor,  sus  énoncé;  et  à  la 
suite  : 

Le  général  Bonaparte  ,  premier  consul. 
Cambacérès  ,  second  consul. 
Lebrun  ,  troisième  consul. 
L.  Bonaparte  étant  ministre  de  l'intérieuR.- 

Gravé  sur  verre  par  l'action  de  l'acide  Jluorique , 
art  naissant  et  employé  en  France  vers  la  fin   du. 


18'  siècle. 

Le  premier  consul  ayant  agréé  que  cette  plaque 
fût  placée  sous  la  première  pierre  ,  elle  a  été ,  ainsi 
que  la  boîte  ci-dessus  décrite  ,  enfermée  dans  le 
creux  destiné  à  la  recevoir  ,  et  le  tout  a  été  recou- 
vert d'une  pierre  de  taille,  scellée  sur  le  champ 
en  présence  des  consuls  et  du  public. 

— Les  employés  du  ministère  de  l'intérieur  se  sont 
réunis  hier  à  la  maison  d'Orsay,  rue  de  Varennes , 
et  y  ont  célébré,  dans  un  banquet  fraternel  ,  les 
heureux  préliminaires  de  la  paix  annoncés  au 
Temple  de  Mars  par  le  ministre  de  l'intérieur  , 
le  l"' vendémiaire.  Le  motif  consolant  de  cette 
fêle  disposait  tous  les  esprits  aux  doux  épancher 
mens  de  l'amitié  et  de  la  |aîté  ;  et  tous  s'y  sont 
livrés  avec  cet  abandon  qui  fait  le  charme  des 
grandes  réunions ,  quand  1  ordie  et  la  décence  y 
président  également. 

Plusieurs  toasts  ont  été  portés  aux  plus  cher» 
objets  des  désirs  et  des  affections  de  tous  les 
français  :  à  la  république  ,  à  la  paix  ,  aux  consuls  , 
aux  beaux-  arts  et  aU  ministre  qui  les  protège  , 
aux  armées  françaises  ,  aux  arts ,  au  commerce  et 
à  l'agriculture  ,  a  la  bienfesance  et  à  l'humanité  ; 
à  la  propagation  des  lumières  ,  à  l'expédition  du 
capitaine  Baudin  ,  aux  vertus'  républicaines,  etc. 
Ensuite  plusieurs  èhansons,  composées  par  des 
employés  du  ministère,  ont  été  chantées.  Les  ar- 
tistes Chéron  et  Dugazon  assistaient  à  ce  bariqueti 
et  ont  concouru  par  leurs  talens  à  son  agrément'. 
Ce  dernier  a  improvisé  plusieurs  couplets  marqués 
au  coin  de  la  bonne  et  franche  gaîté  qu'on  lui 
connaît  ;  ils  ont  été  couverts  d'applaudissemens.' 

On  lit  dans  le  Journal  de  Paris  le  para- 
graphe suivant  : 

11  Pendant  le  séjour  du  premier  consul  à  Mor- 
foniaine  ,  le   citoyen   Cambry ,  préfet  du  dépai- 


58 


lement  tfe;  l'Oise  ,  Itfî  a' Stêsêhïè  des  jn«dailï^s 
d'or,  q^i  ont  clé  récèmiinèfit  «couvées  perdes 
gens  de  la  campagne  dans  son  déparlement  ;  elles 
étaient  renfermées  avec  beaucoup  d'autres  dans 
un  coffret  de  terre,  qui  pouvait  en  contenir  p\out 
six  cent  mille  francs.  Elles  sont  parfaitemeni  con- 
servées ;  elles  sont  de  diverses  époiiues:  quel- 
ques-unes datent  des  premiers  |tem8  de  l'empire 
romain  ;  d'autres  même  sont  du  tems  de  la 
république.  —  Le  préfet  dit  au  premier  consul 
qu'il  était  assez  difficile  de  se  procurer  de  ces 
pièces  ,  parce  que  ceux  qui  les  avaient  trouvées 
avaient  peur  qu'on  ne  les  inquiétât  pour  cette 
trouvaille.  Suivant  les  anciennes  lois  ,  ajouia-i-il , 
les   trésors  trouvés   appartiennent  au  gouveine- 

ment .^Aujourd'hui,  répondit    le  premier 

consul,le  gouvernementne  veut  pas  disputer  contre 
la  bonne  fortune  d'un  citoyen  ;  d'ailleurs  ,  il  faut 
éviter  que  ces  médaiiles  ,  qui  peuvent  être  des 
înonumens  précieux  pour  l'histoire  ,  soient  fop- 
dues;  faiies-en  racheter  tant  que  vous  pourrez.,.. 

Les  citoyens  de  Sedan  ,  où  Turenne  nâqviit , 
ont  voulu  aussi  lui  rendre  des  honneurs;  son 
buste  ,  ombragé  de  lauriers  et  de  branches  de 
chêne  ,  a  été  porté  dans  une  prairie  ,  et  on  a 
lu  des  vers  à  sa  mémoire.  Le  conseil  municipal 
a,  par   une    délibération,  demandé   au  gouver- 


nement son  epee  et  son  armure  ; 


il  a  aussi  sollicité 


des  secours  pour  un  hospice  ,  fondé  pat  Turenne 
pendant  sa  jeunesse. 


MINISTERE   DE  LINTÉRIEUR, 

i5  wtndtmaire  ,  an  9. 

Le  jury  d'instruction  publique  du  département 
de  l'Ain  prévient  les  citoyens  qui  désireront  con- 
courir pour  là  place  vacante  de  professeur  de 
législation  de  l'école  centrale  du  même  dépar- 
tement ,  que  l'examen  des  candidats  aura  lieu 
à  Bo'urg  lès  ir  ,  12  ,  i3  ei  14  bmmaife  pro- 
chain. 

Les  concurrens  déposeront  au  secrétariat-gé- 
néral de  la  préfecture  les  pièces  nécessaiies  pour 
établir  leur  civisme  ,  leur  moralité  et  leur  capa- 
cité ;  ils  s'y  feront  égalemetH  insciire  pour  l'exa- 
men qu'ils  doivent  subir. 

Le  secritairt-géniTal  de  la  préfecturt,  Guillon. 


ralfse  par  afcceuftaiion  de  bourgeoise  à  Copen- 
hague V 

Vu  l'acte  d'engagement  dudit  équipage  ,  daté 
de  Copenhague  le  14  novembre  ,i;9.7  ,  et  passé 
en  présence  dudit  Jens  K-Hirli  ; 

'Vu  la  lettre  de  bourgeoisie  accordée  à  John 
Alcock  ,  natif  de  Harwick  en  Angleterre  ,  par  les 
président  ,  bourguemestre  et  échevins  de  Copen- 
hague, datée  à  l'hôtel-de-ville  le  26  octobre  1795; 

Vu  un  certificat  d'enrôlement  daris  la'maiiue 
royale  ,  pour  le  capitaine  John  Alcock  ,  daté  de 
Copenhague  le  sg  octobre  1795,  signé  Schuttz; 

Vu  un  ceriifitai  du  bureau  des  classes  à  Copen- 
hague.,   du  24   octobre  1795  ,  relatif  à  l'examen 


i#*rlt|''énHé*  d|u  CàfinJ^imûantct^oH  vie.  3  mai 
1-798  f'cHe- séjt)ur't[Tï'il' y  a  fait  jusqu'iaii  sg  du 
même  mois  ; 

Vu  la  chaMe-partie  conclue  à  TrenqflQbar,le  i3 
août  1798^,  par  laquelle  John  Alcock  loue  et  af- 
frète son  navire  en  entier  à  Becker-Teerling,  pour 
compte  desdits  Deçonnink  et  compagnie  ,  pour 
un  voyage  à  la  Chine  et  retour  en  Europe,  s'ea- 
gageant  à  relâcher  dans  un  port  de  la  Manche  ou 
au  Texel  ,  pour  y  prendre  les  ordres  ultérieurs 
relarifs  à  la  cargaison  ; 

Vu  deux  certificats  délivrés  par  les  membres  du 
gouvernement ,  des  possessions  de  S.  M.  danoise 
dans  les  Indes  orientales,  contenant  la  déclaralior» 
assermentée   des  iiégocians   danois  Duntzteld   Qt 


qu  il  a  subi  pour    obtenir   d  être  enrôlé  comnae  '  compagnie  ,  tendant  à  prouver  la  propriété  neutre 


CONSEIL    UES    PRISES. 

Décision  relative  à  la  prise  du  navire  leCaninholm, 
annoncée  dans  le  n°.  d'hier. 

Le  conseil  des  prises ,  établi  par  l'arrêté  des 
consuls  du  6  gciminal  an  8,  en  venu  de  la 
loi  du  s6  ventôse  précédent,  a  rendu  la  déci- 
sion  suivante  : 

Entre  John  Alcock  ,  capitaine  du  navire  le 
Caninholm  ,  soiis  pavillon  danois  ,  fesant  pour  les 
propriétaires  dudit  navire  et  de  la  cargaison,  d'une 
part; 

Et  les  citoyens  Raîmo'nd  Bonnet  et  compagnie  , 
armateurs  du  corsaire  le  Scipion  français  ,  de  Bor- 
deaux ,  ensemble  les  capitaine  ,  équipage  et  inté- 
iessés  dudit  corsaire  ,  d  autre  pan  ; 

Vu  la  lettre  de  jauge  délivrée  au  navire  le 
'Caninholm  par  la  chambre  des  finances  et  des 
douanes  de  Copenhague  le  lo  octobre  1797  , 
portant  que  ce  navire  ,  mesurant  274  last  de  com- 
merce ,  et  commandé  par  le  capitainejohn  Alcock, 
appartient ,  suivant  relation  ,  à  JMM.  ûuntzfeld  et 
Compagnie  ,  de  ladite  ville  ; 

Va  l'acte  passé  à  Copenhague  le  10  octobre 
1797,  par  lequel  Deçonnink  et  compagnie  ,  bour- 
geois et  négocians  de  ladite  ville  ,  déclarent  avoir 
vendu  et  cédé  à  Duntzfeld  et  compagnie  ledit 
lEiavire  le  Caninholm  ,  pour  la  somme  de  soixante 
«fiille  rixdalers  couratis  danois  ; 

Vu  le  laissez -passer  ,  vtilgairèment  passeport 
turc  ,  délivré  le  17  octobre  1797  par  le  conseil 
royal  d'éconoinie  et  dé  commerce  ,  au  navire  le 
'Xaninhotm  ,  destiné  pour  les  Indes  : 

Vu  un  passeport  en  langue  française  ,  pour 
John  Alcock  ,  capitaine  du  navire  le  Caninholm  , 
.allant  atix  Indes,  orientales  ,  daté  de  Copenhague 
4ê  ,21  novembre  1797  ,  signé  de  par  le  roi  , 
ÎC.  Bernsdorff; 

Vu  le  passeport  royal  danois ,  en  langue  latine , 
'daté  au  château  de  Dansborg  le  i3  août  1798, 
lion  signé  par  le  roi  ,  contre  -  signé  P.  Ânker , 
iLischtensUin  el  Muhldorf ,  ad  mandaium,  expédié 
•en  faveur  du  navire  le  Caninholm  .  destiné  par  les 
-armateurs ,  du  port  de  Trenquebar  pour  la  Chine  , 
et  de  là  pour  le  Texel ,  sous  k  commandement 
âde  John  Alcock  ; 

Vu  la  liste  artêiée  à  Copenhague  par  l'aldernian 
Jens  'Kliim  ,  le  14  novembre  1757  ,  contenant  les 
noms ,  lieux  de  naissance  et  emplois  des  marins 
■composant  l'équipage  du  Caninholm  ,  lesquels  , 
■inscrits  au  nomtre  de  soixante-trois  ,  sont  tous 
qualiiiés  originaires  des  états  danois  ,  de  l'Espagrie 
ou   de   l'Amérique  ,   étant   dit  pour  le  capitaine 


dessus  ; 

Vu  11  s  expéditions  de  sortie  prises  par  le  capi- 
taine Alcock  au  bureau  des  douanes  de  Copen- 
hague les  i5  et  17  novembre  1797  ,  contenant 
l'énuméralipn  des  diverses  marchandises  dont 
était  chaigé  le  Caninholm,  pour  Trenquebar  et 
Frederitk  Nagôr  dans  les  Indes  ; 

Vu  les  instructions  remises  à  Copenhague,  le 
3i  octobre  1797  ,  au  capitaine  Alcock,  par  Ditnlz- 
feld  et  compagnie  ,  propriétaires  et  expéditeurs 
du  Caninholm  ,  dans  lesquels  il  est  ordonné  audit 
capitaine,  aptes  «voir  vendu  sa  cargaison  dans  tes 
Indes  ,  dw  employer  le  produit  à  l'achat  d'une  car- 
gaison de  retour  en  sucres  et  autres  marchandises  de 
défaite  ; 

Vu  les  instructions  datées  de  Copenhague  ,  le 
25  novembre  1797  ,  données  par  Deçonnink  et 
compagnie  à  M.  Becker  Teerling  ,  chargé  par  eux 
de  diriger  une  expédition  de  Trenquebar  pour 
la  Chiné  par  le  Caninholm,  dans  lesquelles  il  est 
dit,  art.  1",  que  la  sortie  de  ce  navire  pour 
Trenquebar  ne  les  concernant  pas  ,  excepté  que  le 
capitaine  Alcock  s'est  engagé  de  relâcher  à  Ports- 
mouthpour y  charger  quarante-six' caisses  de  piastres 
qu'ils  y  ont  fait  transporter  de  Hambourg  pour  leur 
compte  ,  et  qu'il  doit  délivrer  à  leur  ordre  à  Tren- 
quebar ,  franches  de  fret,  ledit  Becker-Teerling  ne 
commencera  ses  fonctions  qu'à  Trenquebar,  dont  il 
fera  le  voyage  comme  passager  ;  art.  VI,  queBecker- 
Teerhng  disposera  des  piastres  et  marchandises 
qui  pourraient  se  trouver  à  bord  pour  leur 
compte,  au  mieux  possible  ,  pour  acheter,  du 
produit ,  une  cargaison  de  retour  ;  art.  VIII ,  que 
s'il  manque  à  cet  égard  des  fonds  suffisans ,  il 
pourra  tirer  sur  eux  ,  les  traites  devant  être  de 
préférence  payables  à  Copenhague,  et,  si  cela  ne 
se  peut,  a  Londres;  article  XII,  que  Becker- 
Teerling  tâchera  d'obtenir  l'usage  de  la  factorerie 
danoise  ;  et  que  s'il  se  trouve  à  la  Chine  des  subré- 
carguis  danois  ,  ce  qu'ils  ne  croient  pas ,  il  ne 
néa'igera  rien  pour  vivre  avec  eux  «»  bonne  intel- 
ligence; art.  XVI.  que  Becker-Teerling  emploira 
la  valeur  d'un  millier  déçus  ,  plus  ou  moins  ,  à 
l'achat  de  quelques  belles  étoffes  de  bon  goût  ou  de 
quelque  autre  curiosité,  qu'ils  puissent  présenter  à 
cinq  ou  six  individus  de  la  famille  royale  ;  art.  XVU  , 
que  le  retour  de  celle  expédition  ne  pouvant  se 
faire  dans  aucun  port  des  étals  du  roi  ,  à  cause 
du  privilège  exclusif  de  la  compagnie  ,  le  vaisseau 
devra  relâcher  au  Texel  ou  au  Vlie  ,   oii  il  sera 


du  navire  le  Caninholm  et  de  s^  cargaison,  desti- 
nés pour  la  Chine  ,  et  de  là  pour  le  Texel  ; 

Vu  l'acquit  de  la  douane  de  Trenquebar  pour 
ladite  cargaison  du  i3  août  J7gS; 

Vuun  connaissement  général  en  langue  anglaise, 
non.  sigi>é,  des  marchandises  chargées  pair  Jeau 
Becker-Teerling  ,  subrécargue  dudit  navire  ,  pour 
le  compte  d'André-Gabriel  Suberlius ,  négociaiit 
de  Calmar  ,  en  date  du  7  janvier  I7gg  ,  à  Canton 
en  Chine  ,  lesdiles  marchandises  devant  être  te- 
nues à  la  disposition  de  MM.  Deconnijik  el  com- 
pagnie, dont  les  ordres  seront  trouvés  prêis  dan» 
un  port  du  Canal  britannique  OU  ati  Texel  ; 

Vu  le  manifeste  de  ladite  cargaison  ,  laquelle 
consistait  en  thé  ,  rhubarbe  ,  racines  de  la  Chine; 
idem  gallinga,  bambous  et  nankins,  énonçant 
le  même  pour-compte  ,  lé  même  ordre  ,  et  signç 
par  Becker-Teerling  ,  sous  la  même  date  que  Iç 
connaissement  ; 

Vu  le  procès-verbal  dressé  en  mer  ,  le  7  prairial 
an  7  ,  par  les  officiers  -  majors  et  mariniers  du 
corsaire  le  Scipion  français ,  de  Bordeaux  ,  capiT 
taine  Arnaud  Martin  ,  ponant  qu'étant  par  les  48° 
40'  de  latit.  nord  et  18°  de  longit.  ouest  ,  méri- 
dien de  Paris  ,  ledit  corsaire  appetcut  un  navirç 
à  trois  mâts  auquel  il  appuya  chasse  ;  que  ce  na- 
vire ayant  arboré  pavillon  danois  ,  n'en  avait  pas 
moins  fui  à  toutes  voiles;  que  cependant,  malgré 
ses  manœuvres  pour  éviter  d'être  approché  ,  il 
fut  atteint  le  lendemain  ,  semonce  sous  pavillon 
national  ,  et  forcé  de  mettre  en  panne  ;  qu'un 
officier  de  ce  navire  déclara  qu'il  s'appellait  /( 
Caninholm  ,  de  Copenhague,  armé  de  78  homme» 
d'équipage  ,  tant  danois  qu'anglais  et  portugais  , 
venant  de  Canton  en  Chine  ,  el  allant  au  Texel , 
chargé  en  grande  pattie  de  thé  ;  qu'il  résulta  de 
l'examen  des  papiers  que  cet  officier  présenta  , 
qu'il  n'était  porteur  d'aucun  acte  de  propriété  ni 
connaissement  ,  et  que  l'état  de  chargement  était 
écrit  en  anglais  ;  que  les  deux  lieutenans  dp  cor- 
saire s'étant  transportés  sur  ledit  bâtiment  ppuc 
en  faire  la  visite,  le  trouvèrent  paré  au  combat, 
les  canons  chargés  et  amorcés ,  et  dans  le  plu» 
grand  état  de  défense  ;  qu'il  résulta  du  rapport 
de  ces  officiers  ,  que  ce  navire  était  de  construc- 
tion ennemie;  qu'ils  surent  par  divers  hommes 
de  l'équipage  ,  qu'il  se  nommait  ,  deux  ou 
trois  ans  auparavant ,  le  Rodney  ,  de  Londres ,  et 
que  le  capitaine  ,  le  second  ,  un  autre  officier  et 


trouvé    des  ordres    positifs   pour   la   destination  j  partie   de  l'équipage  étaient,  anglais   de  nation]  ; 


définitive  :  lesdites  instructions  suivies  d'une  apos- 
tille dudit  Becker-Teerling .  datée  de  Londres  le  10 
janvier  1798,  portant  qu'une  des  copies  du  présent 
acte  ,  signée  le  7  décembre  1797  ,  et  l'autre  le  ^jan- 
vier 1798  ,  et  scellée  en  présence  de  MM.  W.J.  Rackes 
et  compagnie  ,  a  été  ensuite  à  eux  remise  par  MM. 
Deçonnink  et  compagnie ,  à  Copenhague  ; 

Vu  une  lettre  écrite  de  Londres ,  le  5  janvier 
1798,  par  le  capitaine  Alcock,  à  l'adresse  de 
Georges  Skeene  ,  officier  à  bord  du  Caninholm  , 
àPortsroouth,  par  laquelle  il  lui  annonce  qui/ 
sera  à  Portsmouth  le  jeudi  ou  vendredi  suivant,  et 
que  le  trésor  sera  rendu  environ  dans  ce  iems-là  , 
ainsi  qu'une  quantité  considérable  de  bagages  de 
passagers  ,  comptant  mettre  à  la  voile  le  i3  ou 
le  14; 

Vu  une  autre  lettre  ,  du  9  janvier  ,  adressée  de 
Londres  audit  Georges  Skeene  ,  dans  laquelle  ie 
capitaine  Alcock  annonce  en  termes  précis  que 
le  trésor  part  d'ici  ce  matin,  et  qu'il  se  propose  de 
quitter  la  ville  jeudi  ; 

Vu  deux  lettres  signées  D.  Gordon  ,  datées  de 
Londres  les  20  juillet  et  12  octobre  1797  ,  à 
l'adresSe  de  Georges  Skeene  ,  dans  lesquelles  on 
lui  donne  des  nouvelles  de  sa    famille  ,  de   son 


qu  en  conséquence  ,  ledit  navire  fut  amariné  et 
confié  au  lieutenant  Dardenne,  avec  ordre  de 
le  conduire  dans  un  port  français  ou  aUié  ; 

Vu  une  déclaration  dudit  lieutenant  et  autres 
officiers  conducteurs  de  ladite  piise  ,  portant  que, 
le  16  prairial  an  7  ,  étant  mouillés  en  rade  du 
Vcrdon  ,  rivière  de  la  Garonne  ,  ils  découvrirent 
sur  le  Caninholm  un  pavillon  anglais  ,  ainsi  que 
sa  flatnme  ,  et  eurent  occasion  de  se  convaincre 
que  c'était  un  ennemi  ,  masqué  sous  pavilloi» 
danois  ; 

Vu  la  déclaraliGn  d'arrivée  ,  faite  le  si  prairial , 
par  ledit  citoyen  Dardenne ,  chef  de  pri«e ,  devant 
le  juge  de  paix  du  canton  de  Saint-Ciers-de- 
Canesse  ,  et  conforme ,  dans  tous  ses  détails  ,.  au 
procès-verbal  de  capture  ; 

Vu  l'interrogatoire  subi  le  22  prairial  par  le 
capitaine  du  navire  capturé  ,  dont  les  réponses 
portent  en  substance  ,  qu'il  s'appelle  jfofoj  Alcock, 
âgé  de  42  ans  ,  né  à  Harwick  en  Angleterre  ;  qu'il 
a  résidé  tantôt. à  Londres,  tantôt  à  Copenhague 
ou  aux  Indes  -  orientales  ;  que  ,  parti  de  Copen- 
hague, il  est  allé  à  Portsmouth  en  Angleterre, 
où  il  a  pris  de  l'argent  ;  qu'après  son  départ  de 
Portsmouth  ,  il  a  touché   au    Gap  -  de  -  Bonne- 


pere,  de  sa  sueur  ,  de  ses  amis  d'Ecosse  ,  et  des-  i  Espérance  pour  y  déposer  quelques  marchandises 
■    ■•     "  en  balles  et  en  futailles  ,  dont  il  ignorait  le  con- 

tenu ;  qu'il  avait  reçu  ses  expéditions  à  Copen- 
hague ;  qu'il  a  fait  son  retour  en  Europe  ,  de 
Canton  en  Chine  ,  avec  un  chargement  consistant 
principalement  en  thé  ;  qu'il  croit  que  son  navire 
a  été  construit  en  Angleterre  ,  et  que  c'est  un 
ancien  bâtiment  de  la  compagnie  des  Indes  , 
nommé  le  Rodney  ;  qu'il  est  à  bord  du  Caninholm 
depuis  le  mois  de  juillet  1797  ;  que  ses  armateurs 
sont  MM.  Duntzfeld  et   compagnie,  de  Copen- 


qnelles  il  résulte  la  preuve  quç  ledit  Georges 
Skeene  est  anglais  ; 

Vu  une  lettre  trouvée  à  bord  du  Caninholm  , 
datée  de  la  Chine  le  4  janvier  J799  ,  adressée  à 
M™'Waltson,  à  Londres  ,par  son  mari  qui  dit  lui 
donner  de  ses  nouvelles  par  M.  Chreigton  ,  du 
navire  le  Rodruy  ; 

Vu  une  lettre  de  protection  de  raraiTaulé  d'An- 
gleterre ,   datée  du  i3  juin  1797  ,  que  le  capitaine 


Alcock  a  reconnu,  dans  le  cours^de  la  procédure  j  hague  ;  qu'il  n'a  pris  à  Portsmouth  que  des  piasr 
faite  par  le  juge  de  paix,  appartenir  à  James  j  ,^55.  q^'ii  ^y^jt  |  bord  un  pavillon  danois  ,  e{ 
Chreigton,  son  charpentier;  peut-être  aussi  un  pavillon  anglais  ;  que  le  navire 

Vu    une  expédiiion  de   la  douane  anglaise  de    a  dix  canons  en  baiterie,  avec   quinze  ou  vingt 


John  Alcock  ,  qu'il  est  né  en  Angleterre  ,  et  natu-    Simonstown  au  Cap  de  Bonne-Espérance  ,  cori»^    barils  de  poudre  et  des  boulets  en  proportion  j 


•5^ 


ttUe  sa  rcKime  est^  depuis  sondcpaft,  dans  le 
nord  de  TAngleteire  -,  qu'il  cioit  que  son  second 
est  natif  d'Ecosse,  se  lélérant  pour  I  origine  des 
autres  à  son  rôle  d'équipage;  qu'il  a  embarque  les 
indiens  qui  se  trouvent  à  son  bx)rd  ,  sur  la  cote 
de- Coromandel;  que  lui-même  a.  conduit  son 
navire  à  Copenhaguie  ,  lorsqu'il  porian  ericote  le 
nom  de  KoMt);  qu'ilaut  patti  a  Cet  «ftet  de  Lon- 
dres ,  sous  pavillon  anglais  ,  en  juilkt  1797  ,  il 
arriva  à  Copenhague  en  septembre  ,  ou  le  navire 
fut  vendu;  que  c'était  à  la  demande  de  MM. 
Duntzfeld  el  compagnie  qu  il  prit  ce  navke,  qui 
appartenait  alors  à'  M.  Hunter,  -négocciant  à  Lon- 
dres •  que  toflt  soncbargeraeni  dereioiur  a  eie  pris 
à  Canton  ,  en  Chine  ,  par  le  subrécargua  Bulm- 
Teerling,  hollandais  ;  qii'i!  estreyenu  en  droiture, 
sans  être  arrêté  ailleurs  qu'à  l'îlç  dy  Nord,,daris 
le  détroit  de  Sunda,  pour  faire  de  l'eau  ;  que  s  il 
se  mit  en  état  de  combat  au  moment  de  la  chasse, 
c'ç9t  qu'il  n.'ava.it  pasapperçu  le  pavillon  français. 

Vu  l'interrogatoire  subi  le  même  jour  par  ledit 
Befker-Teerling  ,  lequel  s'est  dit  natif  de  Fles- 
Mogue  ,  domicilié  à  Amsterdam  ,  et  a  répondu 
qu'il  s'était  embarqué  à  Portsmoudi  ,&ur  le  navire 
l(  CanivJioltn  ,  ,pour  aller  à  'Tr.enqttebsr  ;  qq'd 
connaît  que  MM-  Deconninl!.  çt  compagnie  ,  de 
Copenhague,  ont  chargé  à  bo.rd  q'uaxante  -  six 
caisses  de  piastres  ,  envoyées  par  eux  de  Harp- 
bourg  en  Angleterre  pour  leur  compte  ;  qu'il 
ignore  le  motif  de  la  relâche  au  Cap-de-Bonne- 
Espérance  ,  croyant  cependant  que  celait  pour 
lafaaîchir  et  laisser  un  passager  ;  que  le  charge- 
ment de  retour  était  pour  compte  de  M.  André- 
Gabriel  Surbehus  ,  négociant  d?  Calmar-  ,  en 
Suéde  ,  à  la  consignation  de  MM.  de  Cpnnincîf: 
et  cojppagnie  ,  de  Copenhague  ,  pour  eptrer 
dans  un  des  porls  de  la  Manche  ou  du  Tçxel  , 
où  il  devait  ttQviv^r  des  ordres  ;  qu'il  n'a  tait  çop- 
naissance  avec  le  capitaine  Alcock  qu  à  son  ar- 
rivée  à  Pottsmi^iuih  ,  et  ignore  son  origine  ; 

Vu  l'interrogatoire  du  capitaine  en  second  du 
Cnninholm  ,  lequel  ?  lépondu  s'appeler  Georges 
Skeene  ,  né  à  Edimbourg  en  Ecosse  ;  ayant  été 
élevé  dans  le  nord  de  lEcosse  ,  sans  domicile 
fixe,  ayant  sa  famille  établie  à  Aberdeen  en 
Ecosse  ;  qu'après  -avoir  navigué  iong-tems  sous 
pavillon  anglais  ,  et  commandé  en  dernier  lieu 
un  brik  anglais  dans  l'Inde  ,  il  s'est  embarqué 
à  Copenhague  en  septembre  1797  ,  sur  le  navire 
le  Canitihotm  i  que  de  là  il  alla  à  Portsmouth  , 
où  l'on  prit  de  l'argent  ,  ensuite  au  Cap  de 
Bonnt-Espérance  ,  où  l'on  mit  à  terre  des  h»- 
gages  de  passagers  ;  qu'en  17961  Ini  répondant 
fut  pris  sous  pavillon  anglais  ,  et  conduit  à 
l'Isle-de-Françej enfin,  quil  cioit  que  le  Caninholm 
a  été   construit   en  Angleterre  ; 

Vu  l'interrogatoire  subi  par  plusieurs  hommes 
de    1  équipage  ,- qui  ont  répondu  en  substance  : 

L'un  qu'il  s'appelait  Dominique  Dimanche  , 
nègre  libre  ,  nalif  de  Pondîchéry  ,  y  demeurant 
habituellement,  s'élant  embarqué  à  Madras  en 
qualité   de   matelot  ,  pour    aller  ea  Chine.; 

L'autre,  qu'il  s'appelait  James  Chreiglon  , 
natif  de  New-York,  embarqué  à  Londres  au 
mois  d'octobre  1796  ,  lorsque  le  navire  portait 
eucore  le  nom  de  Rodnei/  ,  appartenait  à  Hunter 
çt  compagnie  ,  de  Londres  ,  et  était  commandé 
par  le  capitaine  Maitland  ,  sous  pavillon  anglais  ; 
que  ce  bâtiment  conserva  le  même  pavillon  à 
Copenhague  pendant  cjnq  à  six  jours  ;  que 
quaranle-cinq  caisses  d'argent  furent  chargées  à 
son  bord  pendant  la  relâche  de  Ponsmoulh  ; 
que  lorsqu'il  est  parti  ,  le  capitaine  A'cock  ré- 
sidait en  Angleterre  ,  et  que  sa  femme  et  lui 
ont  leur  domicile  habituel  dans  le  iiord  de  ce 
ifoyauhne  ; 

Le  troisième  ,  nommé  Peter  Diedtichtsen  ,'natif 
d'Aabenrac  en  Hostinde,  ayant  la  qualiié  de  lieu- 
tenant ,  qu'il  avait  été  pris  dix  passiagea  à  Pons- 
moulh ,  qui  furent  débarqués'  à  Pkladras  et  à 
Trenquebar,  et  lionl  la  majeure  partie  étaient 
anglais  ; 

Le  quatrième  ,  qtr'il  s'appelait  Georges  An- 
thony ,  de  New-York ,  résidant  en  Angleterre 
depuis  1  âge  de  quatre  ans  ,  second  lieutenant  ; 
que  le  Caninholm  ,  après  sa  relâche  au  Cap  de 
Bonne  Espérance.,  glia  à  Trenquebar,  à  Mad'ïs, 
revint  à  Trenquebar  ,  de  là  à  Pulo  -Pcnangi, 
dans  le  détroit  de  Malaca  ,  se  rendit  à  Malaca 
et  ensuite  à  Canion  ;  et  qu'à  son  retour  en  Eu- 
rope ,  il  ne  toucha  qu'à  1  île  du  Nord  pour  y 
faire  de  l'eau  ; 

Le  cinquième,  nommé  Frédéric  Nagel ,  de 
Copenhague  ,  quatrième  officier,  que  le  capitaine 
Alcock  parlait  anglais ,  et  qu'il  -ue  la  jamais 
entendu  parler   danois  ; 

Le  sixième,  qu'il  s'appelait  John  Kelly,  natif 
d'Angleterre  ,  ayant  sa  lésidcnce  habiiuelie  à 
Londres  ,  s'élant  embarqué  sur  le  Caninholm  en 
qualité  d'aspirant-, 

Le  septième  ,  qu  il  s'appelait  Alexandre  Melltn  , 
naiil  de  New-Yoïk ,  domicilié  depuis  huit  ans 
à  Londres  ,  s'élant  embarqué  dans  la  Tamise 
sur  le  Caninholm  en  cjualité  de  maîire-d'hôlel  , 
le  «7  juillet  1797  ,,  lorsque  le  navire  appartenait 
â  MM.  Hunict  et  Walker  de  Londies,   etpot- 


Jatt  le  nom  dé  Rodney;  qu'en  entrant  à  Pulo- 
Penang  ,  île  appanenant  à  la  compagnie  an- 
glaise des  Indes  ,  qui  y  entretient  une  forte 
garnison  ,  on  liissa  le  pavillon  anglais  ,  et  qu'on 
le  salua  ; 

Et  le  Viuilieme  ,  qu'il  se  nommait  James  Brown^ 
matelot,  natif  de  'Waierfbrd  en  Irlande,  y 
résidant  habituellement  ,  s'étant  e.mbarqué  à 
Londres  sur  le  Caninholm  ,  alors  connu  sous  le 
nom  de  Roiney  ;  '   ' 

Vu  les  procès-verbaux  d'opposition  de  scellés , 
de  levée  et  réapposition  d'iceux  ,  et  d'inventaire 
des  papiers  de  la  prise,  des  21  prairial,  25  et 
26  messidor  an  7  ; 

Vu  Iç  jugement  rendu  le  27  fructidor  an  7  , 
pa,r  le  tribunal  de  commerce  séant  à  Blaye  ,  dé- 
parteçneat  de  la  Gironde  ,  lequel  considérant 
principalement  que  les  danois  doivent  être  régis  ,  ] 
cqmme  les  autres  neutres,  par  les  disposiiions  j 
des  réglçmens  et  notamment  de  celui  de  -1778: 
qy'il  est  prouvé  par  les  inteirogaioires,  que  U' 
Caninholm  a  originairement  fait  pariie  des  vais-  1 
seaux  de  la  compagnie  anglaise  des  Lidcs  ,  sous 
le  nç>ni  de  Rodney  ,  et  quil  apparteniit  à  MM.! 
Hunter  et  'Walker  ,  négocians  de  Lo.ndies;  que  | 
la  vente  de  ce  nav.i-re  ,  co.ns.e-nlje  le  10  -oclobre  , 
•797  ,  pat  Deconnink  et  compagnie  à  Dun'zluld 
et  compagnie  ,  le  désigne  sous  le  nom  de  Canin-  ■ 
Ao/ra  ;  que  celle  vente  a  eu  lieu  sous  signaiure  [ 
privée  ,  ce  qui  est  contraire  à  l'ariiele  VII  du  rè- 
glement de  1778  ,  et  que  d'ailleurs  elle  esl  pos-  \ 
térieure  au  commencement  des  ho.stililés  ,  qu  au- 1 
cuoe  pièce  ne  jusiifie  que  Deconnink  ei  compa- 
gnie aient  acheté  ce  navire  ,  ni  que  les  pro-  ', 
p.riétaires  anglais  leur  aient  donpé  aucun  pou- 1 
voir  pour  le  vendre  en  leur  nom  ;  que  John 
Alcocjs.  est  convenu  de  son  origine  anglaise,' 
et  que  ses  lettres  de  bouigeoisie  de  Copenha-: 
gue  ,  en  Içs  regardant  co.mme  des  ielires  de  j 
iiaiu,ralisalion  ,  sont  nulles,  1°.  parce,  qu'étant 
datées  du  26  octobre  1795,  elles  sont  posté-! 
rieures  .iux  ho.sliliiés,  2°.  parce  que  John  Alcock' 
est  ensuite  retourné  en  Angleterre,  où  il  a.] 
commandé  en  1797,  ledit  navire  ,  sous  pavillon  . 
anglais  ;  qu'il  s'est  trouvé  à  bord  du  Caninholm', 
au  "moment  de  la  prise  ,  plusieurs  oiliciers 
majors  d'un  pays  ennemi  ;  savoir  ,  le  ca-  ] 
pitaine  John  Alcock,  Georges  Skeene,  second 
capitaine  .  Georges  Anthony,  lieutenant,  et 
Georges  Kelly,  aspirant,  lequel  n'est  pas  même 
porté  sur  le  rôle  d'équipage;  que  U  Caninholm 
est  parti  de  Trenquebar  pour  entreprendre  le 
voyage  dans  le  cours  duquel  il  a  été  arrêté  ; 
que  c'est  à  Trenquebar  que  son  passeport  danois 
lui  a  été  délivré  ,  et  que  cependant  il  n'est 
représenié  aucun  rôle  déquipage  arrêté  à  Tren- 
quebar, lieu  du  départ;  qu'il  ne  se  trouve  qu'un 
connaissement  général  non  signé  ,  auquel  les 
réglemens  défendent  d'avoir  égard  ;  que  de  tous 
les  faits  ci-dessus,  il  résuite  que  la  propiiété  neutre 
du  navire  et  du  chargement  n'a  pas  éié  légalement 
justifiée  ;  déclare  de  bonne  prise  ledii  navire 
U  Caninholm  et  tout  son  chargement,  et  fait 
main-levée  du  tout  aux  armaieurs  .  équipage  et 
intéressés  du  corsaire  le  Scipiûn  Français  ,  de 
Bordeaux,  pour  en  faire  et  disposer  co.-nme 
de  chose  à  eux  appartenante  ,  en  se  conformant 
aux  lois. 

Vu  le  jugement  rendu  le  18  vendemiaiie  an  8  , 
surl'appel  interjeté  parledit  capiiainejohn  /\lcock 
par  letribunal  civil  audépariement  delà  Gironde, 
et  confirmalif  des  disposilions  de  confiscation 
porlées  dans  le  jugement  ci-dessus  contre  le 
Caninholm  et  son  chargement  ; 

Vu  la  requête  adressée  par  le  capitaine  John 
Alcock  au  tribunal  de  cassation  ,  le  29  brumaire 
an  8  ,  à  l'effet  de  faire  casser  et  annuler  le  juge- 
ment ci-dessi^s  du  tribunal  civil  de  la  Gironde  , 
du   18  vendémiaire  an  8; 

Vu  le  mémoire  présenté  au  conseil  le  i'^  prai- 
rial an  8  ,  par  les  armateurs  du  corsaire  le  Sçipion 
Français  ,  lesquels  se  sont  altachés  à  prouver 
d'aboid  que,  de  l'aveu  même  des  capturés  ,  le 
navire  le  Caninholm  étaÀl  de  construction  anglaise, 
et  qu'il  avait  appartenu  à  des  anglais  jusque  vers 
la  fin  de  1797,  sous  le  nom  de  Rpdney  ;  que 
pour  être  réputé  neutre  ,  la  vente  aurait  dû  en 
être  faite  avant  le  commencement  des  hostilités; 
que  cependant  il  n'existait  point  d'acte  de  trans- 
lation de  propriété  de  l'ennemi  au  sujet  neutre 
ou  allié;  que  la  seule  translation  opposée  par 
Alcock  était  de  danois  à  danois  ;  que  d'ailleurs 
cette  translation  était  du  mois  d'octobre  1797, 
par  conséquent  bien  postérieure  au  commence- 
ment de  la  guerre;  et  qu  ainsi  le  Caninholm  n'avait 
point  perdu  sa  qualité  ennemie  ,  d'après  les 
dispositions  du  règlement  de  1778  ;  secondement, 
que  le  capitaine  de  ce  navire  étant  anglais,  de 
son  propre  aveu  ,  il  ne  pouvait  couvrir  le  vice  de 
son  origine  par  la  lettre  de  bourgeoisie  à  lui  dé- 
livrée à  Copenhague  le  26  oclobre  1795  ,  1°.  parce 
que  cette  date  était  postérieure  au  commencement 
des  hoslilités;2''.parceqi!e  depuis,  iléîaitretourné 
en  Angleterre,  et  yavau  commandé  sous  pavillon 
anglais  ;  en  troisième  lieu  ,  que  Betker-Tecriing , 
subrécargue  ,  n'avait  pas  justifié  n  être  pas  anglais , 
et  qu'il  était  prouvé  qu  il  s  élan  ernbarqué  à  Ports- 
rnoulh  et  qu  il  avait  signé  à  Londres  ses  instruc- 
tions,; que  Georges  Skvcne,  capitaine  en  second., 


Georges  Anthony  et  John  Kelly,  officiers ,  étaient 
également  anglais  ,  de  leur  propre  aveu  ;  en  rjua- 
trieme  lieu  ,  que  le  chargement  était  le  produit  de 
quarante- six  caisses  et  six  barils  de  piastres  qui  , 
envoyés  de  Londres  ,  avaient  été  chargés  à  Ports- 
mouth; qu'indépendamment  des  justes  soupçoris 
que  pouvaien  liai  renaître  sur  les  véritables  proprié- 
tairesdc  cespiasires,  les  dépositionscontradictoire» 
faites  à  ce  sujet ,  des  pièces  authentiques  ,  deux 
lettres  du  capii.  trouvées  à  bord  et  annexées  à  la  pro- 
cédure, constataient  que  ces  piastre»  étaitnipailies 
deLondresà  ladesiination  dePorismouth,le9Janv. 
1798;  5°  que  le  capitaine  Alcock,  ayant  un 
passeport  pour  aller  de  Trenquebar  à  la  Chine 
et  de  là  au  Texel  ,  était  contrevenu  à  ce  passe- 
port en  relâcharii  successivement  à  Mfidras,  Pulo- 
Penang  ,  Ma.laca  ,  possessions  anglaises  -,  et  que 
le  rôle  d'équipage  ,  ariêté  à  Copenhague  ,  aurait, 
dû  l'être  à  Trenquebar  ,  lieu  du  dépait  pour  le 
voyage  de  la  Chine  et  du  Texel,  lieu  où  fut 
dressée  la  charte-pariie  d'afFrétemerit  entre  Alcock 
et  Beckcr-Teerliiig  ,  où  le  passejjoit  fut  expédié  , 
où  te  n,ivire  reçut  enfin  des  nouve-j.ux  nffiél.euts 
une  destinaiion  nouvelle  ;  sixièmement  ,  ijue  le 
seul  connaissement  produit  était  en  langue  an- 
glaise ,  sans  signature  ,  ei  par  conséquent  nul  ; 
que  le  manifeste  ne  contenait  qu'une  partie  du 
chargement  ;  et  que  le  nom  de  Surberlius  , 
suédois  ,  pour  le  compte  de  qui  les  marchan- 
dises étaient  supposées  ,  n'étant  qu'un  nom  em- 
prunté ,  aucun  tare  légal  ne  constatait  la  pro- 
priété neuire  ;  qu'ainsi  le  navire  ,  le  capitaine  ,  le 
subrécargue  ,  pliisieurs  officiers  majors  ,  ét-int 
anglais  ,  la  cargaison  éingl.iise  ,  le  passeport  et  le 
rôle  d'équipage  nuls  ,  le  connaissement  sans  signa- 
ture et  ie  manifeste  supposé ,  tous  ces  molils 
validaient  assez  la  capture  ,  et  devaient  nécessai- 
rement entraîner  la  confiscation  dudit  navire  et 
de  son  chargement  ,  à  laquelle  lesdits  armateurs 
ont  conclu  ;    ' , 

Vi^  le  mémoire  présenté.,  le  14  prairial  an  8  , 
par  le  capiiainejohn  Alcock,  qui  a  principale- 
ment puisé  ses  moyens  de  défense  dins  le  traité 
de  navigation  et  de  commerce  conclu  ie  23  août., 
1742  entre  la  France  et  le  Danemarck,  et  niainienu_ 
indéfiniment  par  convention  du  3o  octobre  1749-, 
L'article  XX  de  ce  tiaiié  ,  a-t-il  dit ,  porte  que  les' 
danois  oeuvent  naviguer  librement  ei  sarss  trouble 
comme  avant  la  guerre  ,  le  seul  accès  des  pons 
bloqués  leur  étant  interdit.  L'art.  XXI  leur  im- 
pose l'obligation  de  montrer-aux  bâtimen.s  visi- 
teurs un  passeport  indicatif  de  leur  charge  et 
deslination  ;  après  la  repiésenlalion  de  ce  passe- 
port ,  on  ne  peut  les  soumettre  à  la  visite  ,  ni 
relarder  leur  marche.  L'ait.  XXII  leur  défend  de 
porter  à  l'enne-mi  des  munitions  de  guerre  :.  or  , 
le  navire  le  Caninholm  n'a  enfreint  aucune  de  ces 
dispositions.  Le  règlement  de  1778  ne  peut  régir 
les  n.ivires  danois  ;  ils  ne  sont  tenus  tjue  de  se 
conformer  aux  cl.'.uses  du  iraiiè  de  1742  :  ce  traité 
n'exige  pas  les  mêmes  formalités  que  le  règlement^-;, 
elles  ont  donc  pu  être  omises  par  U  Caninholrà"! 
sans  lui  préjudicisr. 


Or  il  est  vrai  que  ce  navire  est  de  coiisiruciionj 
anglaise,  a  été  acheté  des  anglais  depuis  les  hos-t 
tiliiés  ;  niais  par  le  traité  de  1742,,  ce  ne  sont 
pas  là  des  causes  de  cpnfjscaiion  pour  une  pio-. 
priété  danoise  :  il  est  vrai  que  plusieurs  officiers 
majors  sonl  nés  en  Angleterre  ;  mais  le  traité  de 
1742  ne  permet  pas  que  le  sort  d'un  navire  danois 
soit  compromis  par  l'origine  de  ses  officiers  :  il 
est  vrai  que  le  Caninholm  a  relâché  dans  plusieurs 
ports  anglais  ;  mais  le  traité  de  1742  ne  lui  interdit 
que  l'accès  des  pQits  assiégés.  En  vain  dirail-on 
que  ce  iraité  ne  subsiste  plus  ,  qu'un  arrêté  du 
directoire  la  abrogé  ;  le  directoire  n'a  pu  l'ab- 
roger sans  le  concours  de  la  puissance  danoise  ^ 
et  par  la  convention  de  1749,  •'  "^'oit  subsister, 
jusqu'à  ce  quil  en  ait  été  conclu  un  nouveau.  D'uB 
autre  côié  ,  il  a  suffi  ,  que  le  rôle  d  équipage  ait 
été  ariêié  à  Copenhague  ,  lieu  du  départ  pour  les 
Indes;  les  lettres  de  bouigeoisie  de  Copenhague 
suffisent  pour  eftacer  dans  Alcock  la  tache  de  son 
origine  ;  le  manifeste  est  en  règle  ,  et  il  suffit 
qu'une  pièce  de  bord  just'i^fie  la  propriété  neutie:; 
de  tout  quoi  ledit  John  Alcock  a  conclu  à  ce 
qu'il  piai'je  au  conseil  .  sans  s'airrêier  aux  juge- 
meas  rendus  ,  déclarer  la  prise  du  Caninholm'' 
nulle  et  illégale  ;  faire  main-levée  audit  Alcock"..' 
tant  en  son  nom  que  pour  les  armateurs  ei  fré- 
teurs dudit  navire  et  de  sa  cargaison;  ordonner 
qu'aux  frais  c|es  arnaateurs  Bpnnciet  compagnie, 
le  Cani^ihçlm  spra  remis  .  quant  à  son  chargement, 
dans  le  même  état  où  il  était  le  7  prairial  an 
7  ,  le  tout  exempi  d'avaries  et  de  détérioration  .;; 
condamner  lesdiis  armateurs  à  tels  dommages  et 
intérêts  qu'il  plaira  au  conseil  arbitrer  ,  résultant 
principalement  du  déchargement  prématuré  ,  de 
l'indue  rétention  et  des  dépenses  de  tout  genre 
qui  ont  été  la  suite  d  une  arreslation  illégale.      ' 

Vu  les  conclusions  du  commissaire  dut  govp 
verneraent  ,  déposées  cejourd  hui  par  écrit  'et 
dont  la  teneur  suii.  (  Ce  sont  celles  inrerées  dans 
le.  u°  d'hier.  ) 

Ou'i  le  rapport  du  cit.  Dufaut  ,  membre  du 
conseil  ;  tout  vu  et  considéré  , 

Le  conseil  décide  que  la  prise  failc  par  lecor- 
Siiire  français  leSciJiivn  Fram^ais  ,  du  navire  ,  sous 


^«A 


6d 


pavillon  danois  ,  leCaninholm,  esl  bonne  elva- 
kble  ;  en  conséquence  ,  adjuge  au  profit  des 
armateurs  et  équipage  dudii  corsaire  ,  tant  ledit 
navire,  ses  agrès  ,  ustensiles  ,  apparaux,  circons- 
tances et  dépendances  ,  que  toutes  les  marchan- 
dises et  effets  composant  sa  cargaison  ,  pour  le 
fout  être  vendu  aux  formes  et  de  la  manière 
prescrites  par  les  lois  et  réglemens  sur  le  fait  des 
prises,  et  le  produit  net  remis  auxdiis  armateurs 
et  équipage  ,  prélèvement  fait  des  droits  attribués  , 
en  laveur  des  invalides  de  la  marine  et  des  marins 
français  prisonniers  chez  l'ennemi  ,  par  les  lois 
des  9  messidor  an  3  et  3  brumaire  an  4,  et  par 
l'arrêté  des  consuls  du  7  fructidor  an  8  ; 

A  quoi  faire  tous  gardiens,  séquestres  et  dépo- 
sitaires seront  contraints  par  toutes  voies  dues  et 
raisonnables  ,  même  par  corps  ;  quoi  fesant ,  ils 
en  seront  bien  et  valablement  quittes  et  déchargés. 

Fait  le  9  fructidor  ,  an  8  de  la  république  fran- 
çaise ,  une  et  indivisible.  Présens  les  citoyens 
Berlier  ,  présidait  ;  Nioo  .  iVIoREAU  ,  Lacoste  , 
MoNTiGNY-MoNPLAisrfi  ,  Parseval-Grandmai- 
soN  et  DuFAUT,  tous  membrtsdu  conseil  des  prises ,. 
séant  à   Paris  ,   maison   de   l'Oratoire. 

Au    NOM  DE    LA    RÉPUBLIQUE  FRANÇAISE,    il  CSt 

ordonné  à  tous  huissiers  sur  ce  requis  ,  de  mettre  la 
présente  décision  à  exécution  ;  à  tous  comman- 
dans  et  officiers  de  la  force  publique,  de  prêter 
main-forte  lorsqu'ils  en  seront  légalement  requis  ; 
et  aux  commissaires  du  gouvernement  près  les 
tribunaux  ,  d'y  tenir  la  main. 

En  foi  de  quoi  ladite  décision  a  été  signée  par  le 
président  du  conseil  cl  par  le  rapporteur. 

Par  le  conseil  : 

Lt  secrétaiTe-généTal ,  signé  Calmelet. 


Alexandre   Lenoir  ,  administrateur  du  Musée    des 
.  monumens  français ,   au  citoyen  Agasse  ,  proprié- 
taire du  Moniteur. 

Citoyen  ,  le  tombeau  de  François  I"  que  j'ai 
retiré  de  l'abbaye  de  Saint-Denis ,  etquejai  fait 
restaurer  dans  le  musée  que  je  dirige,  attire  de- 
puis deux  siècles  les  regards  des  artistes  et  des 
amateurs.  Ce  beau  monument  ,  construit  à  l'é- 
poque de  la  renaissance  des  ans  en  France  ,  est 
resté  jusqu'à  nos  jours  sans  nom  d'auteur,  et  a 
été  ,  je  ne  sais  par  quelle  raison  ,  attribué  à  des 
ardstes  étrangers.  ] 

Occupé  des  recherches  qui  peuvent  servir  à 
l'histoire  des  arts  ,  relativement  à  la  France,  j'ai 
pensé  qu'il  était  imponant  de  découvrir  les  \eii- 
tables  auteurs  du  monument  qui  fui  érigé  en  l552 
à  celui  qui  a  rendu  les  plus  grands  services  auxaris 
et  aux  sciences.  Après'  avoir  cherché  en  vain  dans 
rhisioire  à  quelles  mains  nous  devions  les  figures 
iiiainitiques  et  les  bas-rcliets  admirables  qui  com- 
posent l'ensemble  de  celte  chambresépulchrale,j'ai 
eu  recours  aux  auhi\es  delà  chambre  des  comp- 
tes. Le-conscrvaieuf  de  ce  dépôt  précieux  ,  aussi 
instruit  qu'il  esi  ami  des  ans  ,  a  bien  voulu  faire 
pour  moi  la  recherche  des  mémoires  qui  ont  été 
tournis  à  cette  époque  ,  et  j'ai  reconnu  ,  grâce  à 
Ses  soins  ,  que  le  superbe  monument  de  Fran- 
çois!" n'est  point  de  la  composition  de  Primatice, 
comme  l'avancent  la  plupart  des  auteurs  qui  ont 
écrit  sur  les  monumens  publics  ,  mais  qu'il  est 
de  Philibert  de  l'Orme  ,  et  que  c'est  cet  artiste  célè- 
bre qui  en  a  dirigé  tout  le  travail  ;  et  que  les 
sculptures  des  statues  et  des  bas-reiiefs  attri- 
bués à  des  artistes  italiens  ,  étaient  de  Pierre  Bon- 
temps  de  Paris  et  de  Germain  Pilon  aussi  français. 
Comme  cette  découverte  doit  intéresser  non-seu- 
lement les  artistes,  mais  encore  les  amis  des  arts  , 
je  vous  pried'insérer  cettenoiedansvotrejournal, 
ainsi  que  les  pièces  justificatives  que  je  joins  à 
l'appui  de  ce  que  je  viens  d'avancer. 

Extrait  des  registres  de  la  chambre  des  comptes  ,  con- 
cernant  les    sépultures  faites  en  l'église  de  Saint- 
Denis  ,  pajiées  pour  la  construction  de  la  sépul- 
ture du  feu  Toy  François  ,  dernitr  décédé. 
Sculpteurs  (  i  ). 

Pierre    Bontemrs,    maître    sculpteur,    bour- 
geois de    Paris  ,    confesse    avoir   fait  marché  et 


(  >  J'"'  P'Mé  qu'il  était  inutile  de  lapponer  ici  les  pièces 
précédentes  qui  contiennent  les  comptes  entre  PliiUbert  de 
l'Orme  et  Jacques  Cbantrel,  Bastien  Galles,  Pierre  Blgoigne 
Jean  de  Bourges  ,  et  Ambroise  Perret  ,  tous  sculpteurs^' 
ornemanistes  ,  employés  à  la  décoration  du  tombeau  de  Fran- 
çois 1er  ,  et  que  les  artistes  qu'il  importait  le  plus  de  con- 
naître,  étaient  ceux  qui.  avaient  exécuté  les  statues  elles 
bas-reliefs. 


convenant  à  M.  Philibert  de  l'Orme  ,  abbé 
d  Yvry  ,  conseiller  ordinaire  ,  architecte  du  roy  , 
commissaire  ordonné  ,  et  député  par  ledit  sieur 
sur  le  fait  de  Veffigieel  tombeau  du  feu  roy  Fran- 
çois ,  que  Dieu  absolve,  à  ce  présent,  de  faire 
et  parfaire  ,  bien  et  duement  comme  il  appar- 
tient au  dit  d'ouvriers  et  gens  connaissans  les 
ouvrages  de  basse  taille  qu'il  convient  taire  en 
pierre  de  marbre  blanc  au  stylobaslre  ,  entre  la 
corniche  et  basse  d  icelle  ,  autant  que  contient 
une  face  de  la  moitié  de  la  sépulture  dudit  feu 
roy  François  ,  pour  élever  et  ériger  les  hisioères 
de  defTaile  de  la  journée  de  Cerisaies  ,  selon 
la  tape  de  l'histoère  des  annales  et  chroniques 
de  France  ,  ladite  partie  faisant  le  reste  du  pour- 
tour de  ladite  face  et  en  suivant  le  conveneraent 
jà  par  lui  fait  de  ladite  sépulture  et  tombeau 
auquel  reste  dudit  pourtour  et  face  seront  faits  , 
sculptés  en  tailles,  et  élevez  lesdiies  histoères  en 
basse  taille  de  i3  pouces  de  hauteur,  selon  la 
longeur  de  ladite  tare  et  entre  les  deux  moulures 
d'icelle  ,  sur  un  pouce  de  relief  ou  environ  rem- 
plir et  garnir  de  chevalerie  ,  gens  de  pied,  artil- 
lerie, enseignes  ,  estandards  ,  trompettes  ,  clérons, 
tambours  ,  fifres  ,  munitions  ,  camps  ,  pavillons  , 
bagages,  villes,  châteaux  et  aulres  choses  apro- 
chans  et  suivant  la  vérité  hisioriale  de  ladite 
chronique,  et  pour  ce  faire,  fournir  et  livrer  par 
ledit  Pierre  Bontems  les  modèles  de  terre  de  la 
proportion  des  personnages  décrits  et  portraits , 
sous  la  conduite  de  tels  qu'il  plai.a  ordonner 
par  ledit  Philibert  de  1  Orme  ;  faire  les  profils 
qu'il  appartiendra  ;  faire  la  taille  tant  du  camp  de 
de  ladite  face  que  desdites  histoères  ;  parachever 
de  blanchir  et  polir,  requérir  et  fournir  tous 
outils  et  généralement  toutes  choses  à  ce  néces- 
saires pour  le  regard  des  ouvriers  seulement;  et 
outre  ce  sera  tenu  de  faire  deux  prians  par 
messieurs  les  feus  dauphin  et  duc  d'Orléans  , 
enfans  dudit  feu  roi  ,  en  la  sorte  qu'ils  ont  été 
arrêtés  par  le  modèle  ;  ce  marché  fait  moyennant 
le  prix  et  somme  de  lôSg  liv.  qui  lui  sera  payée 
par  le  présent  trésorier.  Fait  et  passé  et  multiple 
l'an  i552  ,  le  jeudi  6  d'octobre.  Ainsi  signé  , 
Payen  et  rRouvÉ. 

Autre: 
A  M.  Pierre  Bontems ,  sculpteur  ,  la  somme  de 
60  liv.   pour  faire   parfaire  en   marbre  ,   tant  les 
figures  de  madame  la  régente  ,  que  celles   de  feus 
messieurs  \e  dauphin  ti  d'Orléans-,  pour  mettre  à 
la  sépulture  du  feu  roy  François. 
Autre  : 
Germain  Pilon  ,  sculpteur  ,  demeurant  à  Paris, 
confesse   avoir  fait  marché   et   convenant  noble 
personne  M_''=,> Philibert  de   l'Orme,  abbé  d'Yvri , 
conseiller  ,   aumosnier  ordinaire  et   architecte  du 
roy  ,  commissaire  dépuié  sur  le   fait  de  ses  bâti- 
raens  et  de  la  sépulture  du  feu  roy  François  ,  que 
Dieu    absolve,   de   faire   et  parfaire   bien  et  due- 
ment pour  le  roy  au  dit  d'ouvrieis  et   gens  à   ce 
connaissans  huit  figures  de  fortune  en  bosse  ronde 
sur  marbre  blane  (ij  ,  pour  appliquer  à  la  sépul- 
ture  et  tombeau    du   feu   roy ,  chacune  desdites 
figures  de   trois    pieds  de    hauteur  ou  environ  , 
accompagnées  ou  armées  selon  leur  ordre  ,  ainsi 
qu'il  sera  avisé  et  ordonné  par  ledit  sieur  Phili- 
bert   de    l'Orme  ,  suivant  l'ordonnance  et   com- 
mencement dudit    tombeau,    et   ainsi    qu'il  sera 
avisé  pour  le  mieux  ,  et  pour  ce    faire  a  promis, 
sera  tenu ,  promet    et    gage   ledit   Pilon   quérir, 
fournir  et  livrer  à  ses  propres  cousts  et  despens  , 
peine  d'ouvriers  et  d'aydes  ,  outils  de   toutes  au- 
tres choses  à  ce   nécessaires  ,  fors  et  excepté  le 
marbre  qu'il  conviendra  ,  qui  lui  sera   fourni  et 
livré    aux  despens   du  roy  ,  au  lieu   oîi    il    fera 
lesdits   ouvrages  ,  lesquels  ouvrages  il  sera  tenu 
rendre  faits  et  parfaits  et  polis  et  bien  duement 
ainsi   qu'il    apartient,le  marché   fait  moyennant 
le  prix  et  somme  de  1,100  liv.  que  pour  lesd.  ou- 
vrages ,  de  taille  et  sculpture  desdites  huit  figures 
en   sera   baillée  et   payée   audit   Pilon  ,    par    le 
trésorier  desdits  bâtimens  et  sépulture,   ainsi  que 
ledit  Pilon  fera  fesdits  ouvrages  ,  lesquels  il  sera 
tenu  faire  et  parfaire  et  polir  bien  et    duement 
au  dit  d'ouvriers  et  gens  à  ce  connaissans,  comme 
dit  est,  le  plustôt  que  faire  se  pourra;  car  ainsi 
et  promettant  et  obligeant   ledit  Pilon,  comme 
pour  les  propres    besoignes    et  affaires  du  roy, 
renonçant.    Fait  et  passé  et  multiple  ,  le  vendredi 
10  février  i558.  Ainsi  signé:  Delaville  et  Payen. 
I      Autre  : 

A  CathcrineBourienne  ,  veuve  de  feu  Ambroise 
Perret  ,  la  somme  de  210  liv.  à  elle  ordonnée  par 


le  roy,  pour  plusieurs  ouvrages  de  marbre  pour, 
la  sépulture  du  feu  roy  François  1"  ,'isuivant  le 
marché  qu'il  en  avait  fait  au  défunt  M.  Philibert 
de  1  Orme  ,  abbé  d'Yvry,  commis  sur  ce  fait  des 
bâtimens  du  roy  ,  pour  avoir  taillé  quatre  figures 
de  basse  taille  estant  es  costez  des  deux  grandes, 
arcades  de  ladite  sépulture  (i)  ,  outre  les  choses 
qu'il  estait  tenu  de  faire  par  ledit  marché.  .  , 
Pour  copie  conforme  ,  Lenoir.         • 

N-  B.  Je  ferai  imprimer  dans  mon  ouvrage  sur 
lès  Monumens  français  ,  la  suite  des  marchés  , 
devis  et  mémoires  qui  otit  été  fournis  pour  l'exé-. 
cuiion  des  principaux  monumens  c^u  16°  siècle  ,, 
que  j'ai  recueillis. 


CONSERVATOIRE   DE   M  U  S  I  Q_U  E. 
I"      A    r  l  S. 

Un  jury  nommé  par  le  ministre  de  l'intérieur,' 
procédera  par  la  voie  du  concours  ,  aux  termes 
du  règlement  du  conservatoire  ,  à  la  nomination 
d'un  professeur  de  Piano  ,  dont  la  place  est 
vacante  dans  le  conservatoire  de  musique. 

\,e  concours  sera  public  ,  et  aura  lieu  dans  les 
salles  du  conservatoire  ,  le  13  brumaire  an  9  , 
oeuf  heures  précises  du  matin. 

Les  candidats  se  feront  inscrire  préalabletnent 
au  secrétariat  du  conservatoire  de  musique  ,  rue 
Bergère. 

Conditions  du  concours.  —  Extrait  du  règlement  du 
conservatoire  de  musique. 

Tit.  1",  art.  IV.  i>  Les  candidats  subissent  tiois 
examens. 

M  Lire  sur  toutes  les  clefs  usitées  des  morceaux 
présentés  par  le  jury  ; 

)'  Exécutersurl  insitumentunmorceauau  choix 
du  candidat  ; 

>>  Répondre  aux  questions  posées  par  le  jury 
sur  la  marche  des  accords,  i' 

2'  A  T  I  s. 

Un  jury  nommé  par  le  ministre  de  rinlérieur  , 
procédera  par  la  voie  du  concours  ,  aux  ternies 
du  règlement  du  conservatoire  ,  à  la  nominalioa 
de  deux  professeurs  de  chant ,  dont  les  places 
sont  vacantes  dans  le  conservatoire  de   musique. 

Le  concours  sera  public  et  aura  lieu  ,  dans  les 
salles  du  conservatoire  ,  le  i3  brumaire  an  9  ,  à 
neuf  heures  précises  du  matin. 

Les  candidats  se  feront  préalablement  inscrire 
au  secrétariat  duconservatone  de  musique  ,  tue 
Bergère. 

Conditions  du  concours. 

Titre  l"  ,  art.  111°.  Les  candidats  subiront  qua- 
tre examens. 

L'exécution  du  chant  sur  toutes  les  clefs  usitées  ; 

L'exécution  d'un  morceau  de  chant  au  choix 
du  candidat  ; 

L'application  des  principes  élémentaires  da 
chant,  par  des  exemples  donnés  en  réponses  à 
des  questions  faites  par  le  jury  ; 

Répondre  aux  questions  posées  par  le  jury  sut 
la  connaissance  des  accords. 


(  1  )  Les  quatre  bas-reliefs  de  la  grande  Toilte  du   mausolée  p 
eprésentent  les  quatre  évangélistei. 


Bourse  du  i5  vendémiaire. 

Rente  provisoire sS  fr.  38  c. 

Tiers  consolidé .^. .....  36  fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  77  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  88  c. 

Bons  pour  l'an  8 9s  fr^  40  c. 

Syndicat 78  fr.  5o  c. 

Coupures •.  78  fr.  5o  c. 

Act.de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  a3  fr. 


(«) 


i-relîefs   qui  ornent  la   grande 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  REPUBLtt^tJE  et  des  Arts, 
Auj.  Alceste  ,    et  le  ballet  de  Héro  et  Léandre 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
les  Rivales  ,  opéra  nouveau.. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  Matrone 
d'Ephese ,  M.  Guillaume  ,  et  les  deux  Ménages. 

Théâtre  delà  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
yAuj.  la  Fille  hussard  ,  pant.  à  grand  spect.  ;  le 
Damoisel  et  Bergerette ,  ei  Louise. 

Théâtre  du  Marais  î  rue  Cuhure-Caiherine. 
Auj.  la  l'''  repr.  du  Château  de  Duncam  ,  pièce 
à  spect. ,  et  le  Sourd  ou  l'Auberge  pleine. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris,   rue  des  Foitevint,  n«  18.  Le  prix  est  de  25  fraùcs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  Ounes'abonne 
qu'ail  commencement  de  chaque  mois. 

,11  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  Ag  As  s  E ,  proprie'taiie  de  ce  journal  ,  tnc  des  Poitevins  ,  n°  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envoi»  le  port  des 
payi  où  l'on  ne  peu l  affranchir.  Les  lettres  des  déparlemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  #oir  soin  ,  pour  plu»  de  siirelé,  de  charger  celles   qui  renferment  des  valeurs     et  adresser  tout  ce   qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  de» 
Foitevint ,  n"  i3  ,  depui  .(neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agisse,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  a'  t3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIIEUR  UNIVERSEL. 


N'  17. 


Septidi  ,  1  7  vendémiaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le  Moniteur  est  le  seul  journal  officiel.  '. 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tatit  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

A     M     É     R     I     Q,    U    E. 

Extrait  d'une   lettre   écrite  de  Cayenne  , 
le  26  thermidor  an  8. 

....  Nous  avons  appris  les  succès  du  premier 
consul  en  Italie  ,  et  nous  espérons  qu'avant  l'hi- 
ver ils  nous  procureront  la  paix  continentale.  La 
paix  maritime  offrira  peut-être  plus  de  difficul- 
tés ;  elle  est  sans  doute  l'objet  des  vœux  de  tout 
bon  français  ;  mais  ,  de  tous  les  points  sur  les- 
quels s'étend  la  domination  de  la  république  , 
l'endroit  où  l'on  peut  attendre  le  plus  tranquil- 
lement cet  heureux  événement ,  est  sans  contredit 
Cayenne.  Nous  devons  aux  anglais  et  aux  por- 
tugais l'abondance  dans  laquelle  nous  vivons. 
On  ne  cesse  de  faire  sur  eux  des  prises.  Depuis 
vingt  jours  ,  la  corvette  de  la  république  ,  U 
Berceau  ,  commandée  par  le  citoyen  Senès  ,  a 
donné  dans  un  convoi  portugais  sortant  du  Ma- 
ragnon  ;    elle  a  obligé   les   bâtimens   armés  qui 


protégeaient  ce  convoi  ,  à  prendre  la  fuite  ,  a 
enlevé  quatre  gros  navires  ,  et  est  rentrée  ici  avec 
cinq  prise^  ,  un  mois  après  en  être  sortie.  Celte 
capture  a  procuré  un  million  pesant  de  riz  ,  .800 
milliers  de  coton  et  beaucoup  d'autres  articles. 
Nous  avons,  en  outre,  en  rade  plusieurs  bix»- 
mens  français  et  neutres  ,  qui  vendent  leurs  car- 
gaisons à  bas  prix;  mais  qui  ,  malgré  cela,  font 
de  bons  voyages  par  les  retours  avantageux  que 
leur  procurent  les  marchandises  qu'ils  chargent 
ici. 

En  ce  moment  le  vin  ,  la  (arine  ,  l'huile  , 
et  tous  les  objets  nécessaires  ou  agréables  à  la 
vie  ,  sont  à  aussi  bon  compte  à  Cayenne  qu'en 
France.  On  y  jouit  d'une  tranquillité  parlaile. 
La  plus  grande  union  règne  entre  les  citoyens , 
et  tous  ont  confiance  et  respect  pour  1  homme  (i) 
qui  gouverne  la  colonie.  La  liquidation  des  ancien- 
nes dettes  est  presque  terminée.  On  vient  de  faire 
publier  à  son  de  caisse  que  toute  personne  à 
qui  il  est  dû  par  la  république  ,  ait  à  se  présenter 
à  l'administration  ,  pour  toucher,  argent  comp- 
tant, le  montant  de  sa  créance.  On  commencera 
certainement  l'an  9  ,  sans  qu  il  soit  dû  un  centime 
à  qui  que  ce  soit  par  le  gouvernement. . . .  etc. 


ANGLETERRE. 

IJCr  On  trouve  dans  le  journal  anglais  The  Observer,  du  7  septembre  1800  (20  fructidor  an  8  )  , 
les  particularités  suivantes  ,  qui  offrent  aux  hommes  instruits  en  économie  politique  ,  ample  matière 
à  réflexions. 

RsLErÉ  de  la  quantité  de  grains   et  autres  comestibles  qui  ont  été  importés  de  l'étranger  en  Angleterre 
par    le  port  de    Londres  seul  ,  pendant   les    quatre  mois    qui    ont  précédé   le  2g  août  1800. 


V  A  L  E  u. 


s      ANGLAISES. 


EV-^LUATION    EN    VALEURS    FRANÇAISES. 


36o,ooo 

s6o,ooo 

s8,ooo 

17,000 

10,000 

3,000 

80,000 

i5o,ooo 

120,000 

42,000 

80,000 

700 

i3,o6o 

12,000 


quarters  de  froment 
de  440  Hv.  avoir  du 

idem  d'avoine 
idem  de  seigle 
idem  d'orge 
idem  de  pois 
idem  de  fèves 

quintaux  de  farine 
de  lia  liv,  avoir  du 
poids. 

idem  de  riz 
idem  de  beurre 
idem  de  fromage 
idem  de  lard 

tonneaux  de  houblon 
de  2s  quintaux  avoir 
du  poide. 

idem  de  porc 
idem  de  bœuf 


liv.    s. 

à  5  i3  6 

1  12 
3  I 

2  12 

3  i3 

3  3 

4  i3 
I  10 

5  7 
3  i5 
3  12 

i5o 
40 
3a 


Total  au  prix  moyen  de  ces  articles  I 

en  gros  à  Londres 5,296,950  1 


2,043,000 
416,000 
85,400 
44,200 
36,000 
9,45o 
340,000 

225,000 
640,000 

i57,5oo 
288,000 
io5,ooo 
522,400 
384,800 


1670,000 

I  484,250 

52,i5o 

31,6627 

18,625 

5,5871 

83,000 

i55,625 

124,500 

I  43,575 

j  83,000 

I  i4,525i 

270,995 

249,000 


septiers  de  Paris  de 
240  livres,  poids  de 

idem  .... 
idem  .... 
idem .... 
idem .... 
idem  .... 

quint,  poids  de  marc. 

idem .... 
idem .... 
idem .... 
idem  .... 
idem .... 
idem .... 
idem  .... 


fr.  c. 
72  64 

0   •^''- 
48,705,120 

80  48 

9-917,440 

39  4 

2,o35,936 

33  28 

i,o53,7a8 

46  8 

858,240 

40  32 

225,288 

97  65 

8,io5,6oo 

34  46 

5,364,000 

122  55 

i5, 257,600 

86  16 

3,754,800 

82  72 

6,865,920 

173  I 

2,5o3,2oo 

4595 

12,454,016 

36  76 

9,154,560 

126,255,448 

Poids  total  de  ces  denrées,  i36,9io  tonneaux,  équivaleiis  à  la  cargaison  de  680  bâtimens  de  200 
tonneaux  chacun. 

Et  comme  il  est  probable  que  la  totalité  des  importations  des  mêmes  articles  ,  faites  dans  tous  les 
autres  ports  de  la  Grande-Bretagne,  est  à-peu-près  égale  à  celle  qui  s'est  faite  à  Londres  ,  on  peut 
compter  que,  dans  l'espace  de  quatre  mois  ,  l'Angleterre  a  reçu  pour  sa  subsistance  au-delà  des 
produits  de  son  sol,  l,36o  cargaisons  de  200  tonneaux  chacune  de  denrées  ,  qui  ont  valu,  aux 
prix   des   marchés  d'Angleterre,   10,591,900  liv.  st.  (  252,510,896  fr.  ) 


INTERIEUR. 

Paris ,  le  16  vendémiaire. 

Nous  avons  fait  connaître  ,  dans  le  n°  du  9  de 
ce  mois  ,  la  note  officielle  remise  au  secréiaire- 
d'état ,  comte  de  Bernstorff,  par  M.  Mcrry  ,  chargé 
d'affaires  de  S.  M.  britannique  en  Daunemarck  , 
au  sujet  de  la  frégate  danoise  ,  arrêtée  par  les 
anglais  au  détroit  de  Gibraltar  ;  la  réponse  mi- 
nistérielle ne  l'est  pas  fait  attendre.  M.  le  comte 
de  Bernstorff'y  rétablit  les   faits  qui   étaient  pré- 


Hujuei 


semés  avec  inexactitude  ,  et  repousse  ,  par  les 
armes  victorieuses  de  la  raison  et  du  droit  im- 
prescriptible des  nations  ,  la  doctrine  étrange 
que  l'Angleterre  s'efforce  d'établir  aujourd'hui  , 
sans  autre  motif  que  sa  propre  convenance  et 
une  confiance  illimitée  dans  ses  propres  forces. 
■Voici  les  points    essentiels  de  cette  réponse  : 

I)  L'usage  et  les  traités  attribuent  ,  sans 
doute  ,  aux  ptiissances  belligérantes  le  droit 
de  faire  ^isiter  ,  par  leurs  vaisseaux  de  guerre  ou 
leurs  corsaires  .  les  navires  neutres  non  convoyés; 
mais  ce  droit  n'étant  pas  naturel  ,  mais  seulement 
conveniioiinel,  l'on  ne  saurait  .  sans  injustice  ou 
sans  violence  ,  en  étendre  l'effet  arbitrairement 
au-delà  de  ce  qui  a  été  convenu  ou  accordé.  Or 


aucune  des  puissances  maritimes  et  indépendantes 
de  l'Europe  n'a  japiais  ,  que  le  soussigné  sache  , 
reconnu  le  droit  de  faire  visiter  des  navires  neu- 
tres ,  escortés  par  un  ou  plusieurs  vaisseaux  dé 
guerre  ;  et  il  est  évident  qu'elles  ne  sauraient  le 
Taire  sans  dégrader  leur  pavillon  ,  et  sans  ix- 
noncer  à  une  partie  essentielle  de  leurs  propres 
droits. 

))  Bien  loin  d'acquiescer  à  cette  prétention,  au- 
trefois inconnue  ,  la  plupart  de  ces  puissances 
ont  cru  ,  depuis  qu'elle  a  éié  mise  en  question  ^ 
devoir  énoncer  le  principe  opposé  dans  leurs 
convetiiions  relatives  à  des  objets  de  cette  na- 
ture, ainsi  qu'un  grand  nombre  de  trailés  conclus 
entre  les  cours  les  plus  respectables  de  1  Europe  , 
en  offrent  les  preuves. 

55  Cette  distinction  faite  entre  les  navires  con- 
voyés et  non  convoyés  ,  est  d'ailleurs  aussi  juste 
que  naturelle;  caries  premiers  ne  sauraient  être 
rangés  dans  la  même  catégorie  où  se  trouvent  les 
derniers. 

5)  La  visite  ,  exercée  par  les  corsaires  ou  vais- 
seaux de  guerre  des  puissances  belligérantes  â 
l'égard  des  bâtimens  neutres  allant  sans  convoi  , 
est  fondée  sur  le  droit  d'en  reconnaître  le  pa- 
villon et  d'en  examiner  les  papiers.  Il  ne  s'agit 
que  de  constater  leur  neutralité  et  la  régularité 
de  leurs  expéditions.  Les  papiers  de  ces  bâtimens 
étant  trouvés  en  règle,  aucune  visite  ultérieure 
ne  peut  légalement  avoir  lieu  ;  et  c'est  par  con- 
séquent l'autorité  du  gouvernement,  au  nom  du- 
quel ces  docuraens  ont  été  dressés  et  délivt-s  , 
qui  procure  à  la  puissance  belhgérante  la  sûreté 
requise.' 

>>  Mais  le  gouvernement  neutre  ,  en  fesant 
convoyer  par  des  vaisseaux  de  guerre  les  navires 
de  ses  sujets  commerçans  ,  offre  par  là  même  aux 
puissances  belligérantes  une  garantie  plus  authen- 
tique ,  plus  jiosilive  encore  que  ne  l'est  celle  qui  , 
est  fournie  par  les  documens  dont  ces  navires  se 
trouvent  munis  ;  et  il  ne  saurait  ,  sans  se  désho- 
norer,  admeure  à  cet  égard  des  doutes  ou  des 
soupçons  ,  qui  seraient  aussi  injurieux  pout  lui 
qu'injustes  de  la  part  de  ceux  qui  les  conserve- 
raient ou  les  manifesteraient. 

>>  Que  si  l'on  voulait  admettre  le  principe  que 
le  convoi  du  souverain  qiii  l'accorde  ne  garantit 
pas  les  navires  de  ses  sufets  de  la  visite  des  vais- 
seaux de  guerre  ou  armateurs  étrangers  ,  il  en  ré- 
sulterait que  l'escadre  la  plus  formidable  n'aurait 
pas  le  droit  de  soustraire  les  bâtimens  confiés 
à  sa  protection  ,  au  contrôle  du  plus  chétif  éor- 
saire. 

))  Mais  on  ne  saurait  raisonnablement  supposer 
que  le  gouvernement  anglais,  qui  s'est  toujours  ^ 
et  aux  plus  justes  titres  ,  montré  jaloux  de  l'hon-j 
neur  de  son  pavillon  ,  et  qui  ,  dans  les  guerres' 
maritimes  auxquelles  il  n'a  pas  eu  part  ,  a  su  sou-; 
tenir  avec  vigueur  les  droits  de  la  nfutralilé  ,  ju- 
gerait devoir  ,  si  le  cas  arrivait ,  souffrir  une  pa- 
reille avanie  ;  et  le  roi  a  trop  de  confiance  dans 
l'équité  et  dans  la  loyauté  de  S.  M.  britannique  , 
pour  se  permettre  de  croire  qu'elle  puisse  vouloir 
s'arrogerun  droitqu'elle  n'accorderait  pas,  sous  les 
mêmes  circonstances  ,  à  toute  autre  puissance  in- 
dépendante. 

))  Il  paraitsuffire  d'appliquer  au  fait  en  question 
le  résultat  nécessaire  de  ces  considérations  ,  pour 
mettre  en  évidence  que  le  commandant  de  la 
frégate  du  roi ,  en  repoussant  une  violence  à 
laquelle  il  ne  devait  pas  s'attendre  ,  n'a  fait  que 
son  devoir  ;  et  que  c'est  de  la  part  des  frégates 
anglaises  ,  qu'une  violation  des  droits  d'un  sou- 
verain neutre  et  ami  de  S.  M.  britannique  a  été' 
commise. 

i)Le  roi  a  hésité  d'en  porter  plainte  formelle  , 
tant  qu'il  n'y  a  vu  qu'un  mal-entendu  susceptible 
d'être  levé  par  des  explications  amicales  entre  les 
chefs  respectifs  des  forces  navales  que  les  deux 
gouvernemens  entretiennent  dans  la  Méditerra- 
née ;  mais  se  voyant,  à  grand  regret  ,  frustre 
de  cette  attente  ,  il  ne  saurait  qu'insister  sut  la 
réparation  qui  lui  est  due  ,  et  que  la  justice  et 
l'amitié  de  S.  M.  britannique  paraissent  devoir 
lui  .garantir.  Il  Signé,   C.   Bernstorff. 

(Article  du  Journal  des  Défenseurs  de  la  Patrie.  ) 

—  On  écrit  de  Genève  ,  en  date  du  6  vendé- 
miaire ,  que  le  préfet  Eymar  a  témoigné  sa  recon- 
naissance aux  rédacteurs  de  la  Bibliothèque  Bri- 
tannique, qui  lui  avaient  envoyé  les  numéros  de 


62 


«e  jouriyl,  11^  lejL  ïyfcjt^»„daps.  sa.  lettre,  de.  ce- 
jour  ,  de  s'être  élèvéS  â\^-<ïekïus;dû  pr^iigé  bar- 
bare qui  voudrait  qu'or»  repoussai  les"  cônnaîs- 
aances  utiles  ,  el  que  l'on  méconnût  la  vériié, 
lorsqu'elle  sort  de  la  bouche  d'un  ennemi.  "  Sa 
lettre  estterminée  par  la  phrase  suivante:  itCômrtie 
préfet  d'un  départemect  qui  s'honore  de  cet  ou- 
vrage ,  je  vous  remercie  de  vos  veilles  ,  citoyens 
rédacteurs  ;  comme  particulier  ,  je  m'afflige  que 
le  tems  me  manque  pour  m'insiruire  à  votre 
savante  école.  Mais  je  me  télicite  de  vivre  aupiès 
de  vous  ,  dans  l'espérance  de  pouvoir  profiler  un 
jour  de  vos  leçons.  )> 

—  Un  ex-conseiller  au  Châlelet  de  Paris  ayant 
perdu  par  la  révolution  presque  lotite  sa  fortune  , 
s'est  retiré  dans  une  petite  maison  de  campagne, 
près  de  la  capitale  ,  dans  le  département  de  Seine 
et  Oise. 

il  a  été  élu  juge  de  paix  du  canton  de  Taverny. 

Il  en  exerce  les  fonctions  depuis  plusieurs 
années.      ' 

La  modicité  de' son  traitement  l'a  forcé  de  re- 
courir à  la  bourse  de  ses  amis  :  il  a  contracté  des 
dettes. 

N'ayant  pas  obtenu  dans  la  nouvelle  organi- 
sation de  la  magistrature  ,  une  place  qu'on  avait 
Sollicitée  pour  lui ,  il  s'est  résolu  à  vendre  son 
bien  pour  payer  ses  créanciers  et  à  s'éloigner. 

A  peine  cette  résolution  a  été  connue  ,  les 
paysans  se  sont  portés  chez"  lui  en  foule.  Ils  l'ont 
tolliciié  de  ne  pas  les  abandonner  :  ils  ont  enfin 
renouvsllé  ou  réalisé  la  scène  touchante  des  Trois 
Fermiers.  Ils  lui  ont  ofFert  d'acquitter  ses  dettes , 
et  de  n'en  recevoir  le  remboursement  qu'à  sa 
volonté. 

«(Si, vous  nous  quittez  ,  disaient  ces  bons  cul- 
>i  tivaieurs  ,  qui  arrangera  nos  affaires,  qui  réglera 
>•  nos  débats  ,  qui  remettra  la  paix  dans  nos  fa- 
))  milles  ,   qui    la   maintiendra   dan«    nos    cam-  j 
>j  pagnes  ?  >> 

L'acquéreur  du  domain?  ,  présent  à  cette  hono- 
rable démarche  ,  a  réuni  ses  instances  à  celles 
des  villageois;  il  a  déclaré  ne  vouloir  pas  con- 
tribiier  à  enlever  au  canton  un  homme  qui  lui  était 
si  u'ile  et  si  cher  ,  et  l'honnête  juge  de  paix  reste 
au  milieu  de  ses  paysans,  heureux  de  leur  amour 
et  de  sa  probité  ,  s'honorant  de  sa  pauvreté  et 
de  leur  confiance.  (Extrait  du  Journal  de  Paris.  ) 

—  Le  convention  conclue  entre  l'Angleterre  et  le 
Da;:iiemaick  a  été  publiée  par  divers  journaux 
ft-an^ais  et  allemands.  On  a  pu  remarquer  dans 
ces  verrons  dès  différences  plus  ou  moins  impot- 
iariits.  Ou  a  liett  de  compter  sur  l'exactitude  de 
la  plcce   suivante  : 

Con-ûmiion  préalable  entre  les  cours  de  Copenhague 
et  de  Londres. 

Leurs  majestés  danoise  et  britannique  animées 
d'un  désir  égal  de  prévenir  par  un  accord  préa- 
lable et  amical  les  conséquences  du  difiTérend 
qui  s'est  élevé  entre  elles,  par  le  résultat  de  la 
rencontre  qui  a  eu  lied  entre  la  frégate  la  Freya 
et  quelques  vaisseaux  de  guerre  anglais  ,  et  de 
rétablir  dans  toute  leur  étendue  les  relations 
d'amitié  et  de  confiance  qui  les  unissent  depuis 
long-tems  ,  ont  pour  cet  effet  nommé  et  cons- 
titué pour  leurs  plénipotentiaires  :  S.  M.  danoise  , 
Je  comte  de  BernstorfF,  son  chambellan  et  secré- 
taire d'état  pour  les  affaires  étrangères  ;  et  S.  M. 
britannique  ,  le  lord  Whiiworth  ,  chevalier  de 
l'ordre  du  bain;  lesquels  ,  après  s'être  commu- 
niqué leurs  pleins  pouvoirs  ,  sont  convenus  des 
articles  suivans  : 

Art.  1°^.  La  question  de  droit  relativement  à  la 
visite  des'  navires  neutres  allant  sans  convoi ,  sera 
•renvoyée  à  une  discussion  ultérieure. 

JI.  La  frégate   danoise  la  Freya  et  les  navires 

/Couvés  sous  son  convoi  ,   seront  incessamment 

relâchés  ,  et  ladite  frégate  trouvera  dans  les  ports 

de  S. M.  britannique  tout  ce  dont  elle  aura  besoin 

Ïiour  sa  réparation,  selon  l'usage  pratiqué  entre 
es  puissances  amies  et  alliées. 

III.  Pour  empêcher  que  de  pareilles  rencontres 
ne  renouvellent  des  contestations  de  la  même 
■nature  ,  S.  M.  danoise  suspendra  ses  convois 
jusqu'à  ce  que  les  explicaiiotis  ultérieures  sur  ce 
iihême  objet  aient  pu  effectuer  une  conventioii 
■  définitive. 

.  IV.  S'il  arrivait  cependant  que  des  rencontres 
du  même  genre  eussent  lieu  ,  avant  que  les  ins- 
tructions ,  destinées  à  les  prévenir ,  puissent  avoir 
leur  effet ,  ellts  resteraient  sans  conséquence ,  et 
l'arrangement  de  ce  qui  en  résulterait ,  serait 
'Censé  conipris  dans  l'objet  de  la  convention 
présente. 

V.  Cetttconvention  sera  ratifiée  en  trois  se- 
«naines  ,  à  compter  du  jour  de  la  signature  ,  ou 
{>lutôt,,  si  faire  se  peut. 

i-En  foi  de  quoi  ,  nous  soussignés  plénipoten- 
tiaires de  LL.  MM.  danoise  et  britannique  ,  avons 
:tigné  en  leurs  noms  et  en  vertu  de  nos  ^pleins 


p.ou.voîr«  ,  la  présente  convention,  et  y  'avons 
apposé  le  cachet  de  nos  arntes^ 

Fait  à  Copenhague  ,  le  sg  août  i8oo. 

Signé,  Bernstorff.   Whitworth 

(L.  S.)  (L.  S.) 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  i6   vendémiaire  an  9. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête   ce  qui  suit  : 

Le  général  Berthier  est  nommé  ministre  de  la 
guerre,  en  remplacem,ent  du  citoyen  Carnot  , 
démissionnaire. 

Le  premier  consul  ,, signé,  Boistaparte. 
Par  le  premier  consul'. 

Le  secrélaire-d'état  ,  signé  ,  H.  B.  M.\RET. 


MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

•  Lf,  jugement  rendu  par  le  tribunal  criminel  du 
département  dEure  et  Loire  ,  contre  les  nom- 
breux brigands  de  la  bande  d  Oirgeres  ,  con- 
firmé par  le  tribunal  de  cassation  ,  a  reçu  son 
exécution  le  .12  de  ce  mois  ,  dans  la  commune 
de  Chartres  ':  vingt-trois  d'entr'eux  ont  subi  la  [ 
peine  de  mort  au  milieu  d'une  foule  immense 
qui  y  était  accourue  de  tout  le  département, 
pour  voir  conduire  au  supplice  ces  monstres 
qui  avaient  été  si  long-tems  la  terreur  des  cam- 
pagnes environnantes.  Prêts  à  perdre  la  vie  , 
ils  ont  montré  tout  àlarfois  une  lésit^nation  et 
une  fermeté  surprenantes  ;  plusieurs  ont  recom- 
mandé leurs  femmes  et  leurs  enfans  ;  presque 
tous  ont  avoué  qu'ils  méritaient  leur  sort  ;  mais 
aucun  n'a  voulu  révéler  ses  complices.  Une 
force  très-imposante  accompagnait  les  coupa- 
bles ,  et  malgré  leur  nombre  et  la  grande  affluence 
des  citoyens  ,  pendant  leur  transiérement  et  leur 
exécution  ,  l'ordre  public  n'a  pas  reçu  la  plus 
légère  atteinte. 

Cet  exemple  terrible  „  ainsi  que  l'arrestation 
récente  de  plusieurs  chauffeurs  de  la  même 
bande,  qui  seront  mis  en  jugement  à  la  hn  de 
ce  mois ,  vont  achever  de  rendre  la  sécurité  à 
Ce  déparlement.  SI  cette  punition  prompte  et 
sévère  n'a  pas  atteint  tous  les  coupables  ,  elle 
doit  du  moins  imprimer  l'horreur  du  crime  , 
ou  ia  crainte  du  supplicci  dans  le  cœur  des 
hommes  égarés  qui  seraient  tentés  de  marcher 
sur  leur  trace  ,  et  concourir  d'une  manière 
efficace  avec  les  mesures  que  prend  le  gouver- 
nement pour  réprimer  le  brigandage. 


]?ao3-la>  séance  publique,  du  .i5  germia^an  7  , 
lîtolasse  des  sciences  morales  eit  politi'qTie^  avait 
proposé  pour  sujet  du  prix  qu'elle  devait  décer- 
ner dans  la  séance  publique  du  i5  vendémiaire 
arj  9  l^  sujet  suivant  : 

Par  quelles  causes  l'esprit  de  liberté  s'estait  dé- 
veloppé en  France  ,  depuis  François  j"  jusqu'en 
1789  ? 

La  classe  a  décerné  le  prix  au  mémoire  n"  3  , 
portant  pour  épigraphe  : 

Un  vrai  républicain  n'a  pour  père  et  pour   tîls 
Que  la  vertu,   les  dieux,  les  lois  et  son  pays. 

(  Voltaire.  ) 

L'auteur  du  mémoire  couronné  est  le  citoyea 
Nicolas  Ponce  ,  gra'weur. 


INSTITUT     NATIONAL 

Ordre  des  rapports  et  des  lectures  de  la,  séance 
publique  de  l'institut ,  tenue  au  Palais  National 
dei- Sciences  et  des  Arts  ,  le  i^ .vendémiaire  an  ^. 

1.  Rapport  des  travaux  de  la  classe  de  litté- 
rature et  beaux  -  arts»,  par  le  citoyen  Collin- 
Harleville. 

2.  Proclamation  du  prix  sur  cette  question  : 
Quelles  ont  été  les  causes  de  la  perfection  de   la 

sculpture  antique  ,  et  quels  seraient  les  moyens  d'y 
atteindre  ? 

3.  Rapport  des  mémoires  physiques  de  la  classe 
des  sciences,  mathématiques  et  physiques ,  par  le 
citoyen  Cuvier. 

4.  Rapport  des  mémoires'  mathématiques  de  la 
classe  des  sciences  mathématiques  et  physiques  , 
pat  le  citoyen  Delambre. 

5.  Proclamation  du  prix  proposé  par  le  gou- 
vernemeut  sur  les  cérémonies  à  faire  dans  les 
funérailles  ,  et  les  réglemens  à  adopter  pour  le 
lieu  de  la  sépulture. 

Exposé  des  vues  principales  contenues  dans  les. 
différens  mémoires  envoyés  au  concours ,  par  le 
citoyen  Descssartz. 

6.  Rapport  des  travaux  de  la  classe  des  sciences 
morales  et  polidques ,  par  le  citoyen  Champagne. 

7.  Rapport  sur  le  prix  proposé  sur  celte  ques- 
tion : 

Far  quelles  causes  l'esprit  de  liberté  s'est-il  déve- 
loppé en  France,  depuis  François  I"  jusqu'en  1789.' 
par  le  citoyen  Champagne. 

8.  Annonce  de  la  distribution  des  prix  depein' 
ture  ,  sculpture  et  architecture  ,  par  le  président 
de  l'institut.    ; 

Proclamation  et  distribution  des  prix. 

9.  Notice  sur  l'inscription  venue  d'Egypte  ,  par 
le  citoyen  Aineilhon. . 

10.  Notice  historique  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
de  Louis-Guillaume  Lemonnier  ,  par  le  citoyen 
Cuvier. 

11.  Mémoire  ayant  pour  titre  :  Voyages  d'outre- 
mer ,  et  retour  de  Jérusalem  en  France  par  la  voie 
de  terre  ,  pendant  les  années  1432  ,  1433  ,  par  Ber- 
trandon  de  la  Brocquicre  ,  par  le  cit.  Legrand. 

12.  Mémoire  relatif  au  régime  diététique  à 
suivre ,  et  aux  observations  nauriques  à  faire  par 
le  capitaine  Baudin  dans  le  cours  de  son  voyage, 
par  le  citoyen  Bernardin  de  Saint-Pierre. 


Dans,  la  séance  du  1 5  messidor  an. 7  ,  la  classe 
de  littérature  et.  beaux-ans  avait  proposé  pour 
sujet  du  prix  qu'elle  devait  décerner  dans  la 
séance  du  i5  vendémiarrei  an  8.,  la~  questiora 
suivante  : 

Quelles  ont  été  les  causes  de  la  perfection  de  la 
scidpture  antique,  et  quels-  seraient  les-,  moytns.d'y 
atteindre  ?        . 

La  classe  a  décerné  Ife  prix  au  mémoire  en- 
registré   sous  le   n°  6  ,  portant  poui  épigraphe: 

C'-est  au  lég'slateur  à  opérer  ce  prodige.  (Aristote.) 

L'auteur  ne  s'est  pas  fait  connaître. 

La  classe  a  déclaré  qu'il  serait  fait  mention 
honorable  du  n"  1  ,  portant  pour  épigraphe  ; 

Tune  ri«stri  tenuem  secli  misereben  sortem  , 

Cum  spes  nutla  siet  reditura  aqualis  in  œvum. 

(  Dufresnoi.  j   ' 


POÉSIE. 

Sixième  lettre  sur  les  Géorgiques  françaises. 

Après  avoir  examiné  ce  poërae  dans  ses  détails, 
il  me  reste  encore  à  le  considérer  dans  son  en- 
semble. 11  a  été  attaqué  sous  les  différens  rapports 
de  la  conception  du  sujet,  de  la  disposition  du 
plan  ,  de  la  liaison  des  parties  ,  de  l'invention 
des  détails ,  et  même  de  la  correction  du  style. 
Il  faut  le  défendre  contre  ce  que  la  critique  a 
d'injuste  et  d'exagéré  ,  sans  néanmoins  se  refuser, 
par  une  admiration  aveugle  ,  à  reconnaître  lés 
défauts  réels  qp'il  peut  offrir. 

On  reproche  à  Delille  d'avoir  mal  conçu  le 
sujet  de  son  nouveau  poëme  ,  et  d'avoir  seu- 
lement peint  le  grand  propriétaire  ,  en  annonçant 
l'Homme  des  Champs.  Il  est  peut-être  facile  de 
prouver  que  laconception  de  l'ouvrage  est  bonne, 
et  que  tout  le  défaut  est  dans  le  litre. 

Delille,  après  avoir  traduit  les  Géorgiques  de 
Virgile  ,  devait-il  recommencer  à  chanter  les 
simples  travaux  de  l'agriculture  ,  et  la  vie  paisible 
du  cultivateur  ?  Non  sans  doute  ,  et  il  n'est  pas 
un  de  ses  critiques  qui  ne  se  fût  élevé  plus  for- 
tement encbre  ,  et  avec  bien  plus  de  raison  , 
contre  cette  espèce  de  redondance  fastidieuse  ; 
ou  plutôt  on  n'aurait  pas  même  lu  son  ouvrage. 
Au  lieu  donc  d'imiter  servilement  le  poète  latin, 
et  de  se  copier  lui-même,  Dehlle  est  parti  du 
point  oii  Virgile  s'est  arrêté  ;  et  s'ouvrant  une 
carrière  nouvelle  ,  il  a  chanté  le  bonheur  dont 
l'homme  instruit  et  sensible  peut  jouir  à  la 
campagne.  Cette  idée  est  aussi  grande  qu'elle  est 
utile  ,  il  faut  en  convenir;  et  si  les  critiques  les 
plus  prévenus  ,  veulent  se  donner  la  peine  de 
suivre  avec  moi  la  marche  de  l'ouvrage  ,  jls  ver- 
ront que  1  objet  en  est  parfaitement  rempli. 

Il  faut  d'abord  s'entendre  et  se  fixer  sur  un  point 
essentiel,  c'est  que,  dans  ce  poëme,  l'homme 
des  champs  n'est  pas  le  simple  laboureur  ,  mais 
bien  le  sage,  tel  que  Cicéron  dans  les  bois  de 
Tusculum,  ou  tel  que  d'Aguesseau  dans  sa  retraite 
de  Fresnes.  Ces  exemples  me  sont  offerts  par 
Delille  lui-même  ;  mais  j'en  trouve  un  qui  peut- 
être  rend  encore  mieux  sa  pensée  :  c'est  Hèlvé- 
tius  dans  sa  campagne,  Helvétius  bienfesant, 
philosophe  et  poëte  ;  tel  est  ,  ce  me  semble  , 
l'homme  des   champs  de  Delille. 

Remarquez  maintenant  avec  quel  soin  ,  avec 
quelle  adresse  l'auteur  nous  ramené  sans  cesse 
à  son  véritctble  sujet  :  l'art  d'être  heureux  aux 
champs. 

La  contemplation  des  beautés  de  la  nature ,  le» 
plaisirs  variés  qu'offrent  les  différentes  saisons  , 
les  exercices  salutaires  ,  la  culture  des  arts ,  les 
douceurs  de  la  vie  champêtre  et  de  l'amitié  ,  les 
délices  de  la  bienfesance  et  le  bonheur  de  tout 
ce  qui  entioute  l'homme  généreux  qui  exerce  cette 
vçrtu  ; 

Les  travaux  de  l'agriculture  ,  et  ses  merveilles  , 
le  plaisir  d'augmenter  les  dons  de  la  nature  par 
le  perfectionnement  de  ce  grand  art  ,  d'embellir 
son  séjour  par  des  productions  nouvelles  ,  et  de 
terminer,  selon  l'expression  du  poste,  1  oeuvre 
de   la  création  ; 

L'attrait  puissant  qui  nous  porte  à  étudier  la 
nature  dans  ses  moindres  productions  comme 
dans  ses  plus  grands  phénomènes  ,  étude  qui  con- 
vient ti  bien  au  calme  de  la  campagne  et  dont  les 


68 


aqfsultatssOtit'St  sattsfesaAS'pour  la  taison  et  même 
pour  l'orgueil  dfe  l'homme; 

Enfin ,  le  cbarme  inexprimable  de»  créal>ons 
boéliques  et  de  la  brillante  imitation  de  la  nature  ; 
fes  jouissances  ineffaçable»  qui  naissent  de  l'en- 
thousiasme même  dont  le  poète  est  eiiflanumé  , 
e<  de  l'aciiviié  du.  génie  que  favorise  et  perpétue 
la  vie  champêtre. 

'  Tels  sont,  il  faut  en  convenir,  les  élémens  du 
bonheur  pour  l'homme  instruit  qui  vit  à  la  cam- 
jJagne.  En  vous  les  mettant  sous  les  yeux ,  je  vous 
ai  donné  l'analyse  succincte  du  poëme  de  Delille , 
«ttjecrois  avoir  démontré  qu'il  existe  une  liaison 
intime  entre  les  quatre  chants  dont  il  estcomposé. 

Ce  n'est  point  là  ,  je  le  sais ,  l'opinion  de  l'ano- 
nyme qui   a  fait ,    dans  le  Mercure  ,    l'analyse  des 
Géorgiques  françaises.  Il  prétend  que  la  division 
de  ces  quatre  chants  n'offre  pas  un  tout  très-bien 
lié  ,   et  il  oppose  à  cette   division  tracée   par  De-  1 
1111e  celle  du  poëme  de  Virgile.  Il  me  semble  que 
le   critique  ,   trompé  par   le   litre    défectueux  de 
Géorgiques  françaises  ,  s'est  laissé  égnrer  par  une  ' 
fausse  analogie.  Virgile  donnait  les  préceptes  de  ! 
liagiiculture  ;  et  en   effet  il    parcourt,    dans   sesj 
quatre  livres  .  tous  les  objets  qui    font    partie  de 
ce  premier  des  ans.  Delille  ,  comme  nous  l'avons  ! 
observé,  ne  préiend  point  recommencer  cet  ou-! 
vrage  ;  mais  il  enseigne  l'art  dejouir  des  champs  ,  | 
et  il  peint  lour-à-iour  les   occupations  et  les  plai-  i 
sirs  auxquels  on- peut  s'y  livrer.  S  il  ne  s'est  poiqt 
écarté  de   cet   objet  principal  ,  n'est-il    pas  aussi  ' 
c.onféquent   que,  le   poële  latin  ?  Le  critique   au- 
quel je  réponds,  a  blâmé   avec  beaucoup  de  rai- 1 
«on  1  exposition  du  nouveau  poëte  ;  et  en  homme! 
babiie  ,  il  en  a  esquissé  un  autre  en   ces   termes:  ' 
s»  Je  chante   la.  luaison  rustique  ,  et  le  bonheur; 
»>  du  sage  qui  f habile.  Je   le  peindrai  répandant' 
tt.  autour  de  son  habiiation  les  bienfaits  de  l'agri-  ' 
ij  culture  perfectionnée  ,  et  les  rnerveilles  de  l'in-  ' 
9«  dusirie  ;  étudiant  près   de    lui  pour  orner  sa' 
s»  demeure  ,  tout  ce  que  l'histoire' de  la  nature  ai 
>)  de  plus  curieux  ,  de  plus  doux  et  de  plus  su-  1 
tt  blime  ,  et  prenani  quelquefois  la  lyre  pour  ce- 
5>  lébreries  grands  spectacles  dont  il  est  entouré  >).  i 
Je  le    demande   au  critique  lui  -  même  ,  si  cette' 
exposition  nouvelle  était  adoptée  ,   n'avouerait-il 
pas  alors  que  le   plan   est  d'une  belle  et  grande 
conception  ,  q^re    toutes    les  parties  tendent    au  ; 
même  but ,  et  qu'à  h  lin  du  poëme  l'idée  qu'on 
s'en  est  formée  sur  cette  exposition,  est  complè- 
tement remplie  ? 

D'autres  censeurs  reprochent  à  Delille  l'éléva- 
Ifon  même  de  son  sujet  ,  de  ses  leçons  ,  de  ses 
pensées  ,  et  c'est  toujours  d'après  le  tiire  de  l'ou- 
vrage qu'ils  ont  formé  leur  opinion  ,.  et  qu'ils 
raisonnent.  Ils  voudraient  que  le  poëte  eût  écrit 
pour  ces  tems  ou  régnaient  des  moeurs  simples  et 
patriarchales  ,  et  oi'i  l'homme  agreste  bornait  à  la 
culture  des  champs  toutes  ses  occupaiions  et  tous 
ses  plaisirs.  Telle  est  lidée,  en  effet,  que  l'on 
se  forme  de  l'Homme  des  Champs;  mais  au  lieu  de 
condamner  ce  litre  d'après  1  ouvrage  ,  pourquoi 
s'obstiner  à  condamner  1  ouvrage  d  après  le  titre? 
Delille  a  écrit  pour  son  siècle;  il  a  écrit  pour 
ceux  qui  lisent  des  poëmes  ,  qui  peuvent  vivre  à 
la  campagne  et  y  faire  du  bien  ,  au  lieu  de  con- 
sumer leurs  richesses  dans  le  luxe  des  villes.  S'il 
n'avait  donné  que  des  leçons  d'agriculture  ,  s'il 
n'avait  chanté  que  la  chaumière  du  pauvre  ,  il 
n'aurait  éié  lu  ni  du  laboureur  qui  ne  cherche 
point  dans  les  livres  les  préceptes  de  son  art  , 
ni  de  l'homme  riche  qui  ne  cultive  pas  ses 
terres. 

Au  contraire  ,  Delille  s'est  proposé  un  objet 
utile  :  il  a  voulu  réveiller  le  goût  de  la  vie  cham- 
pêtre ,  celui  des  venus  qu'elle  fait  naîtie  ,  des 
jouissances  qu'elle  procure.  Mais  il  a  bien  senti 
que  le  bonheur  dont  un  homme  insituit  peut 
jouii^  à  la  campagne  ,  ne  consiste  pas  à  être 
toujours  en  contemplation  devant  les  beautés  de 
la  nature  ,  toujours  occupé  de  travaux  rustiques  , 
toujours  mêlé  auxjeux  du  village.  L'uniformité 
de  ces  plaisirs  produirait  bientôt  la  satiété  et 
l'ennui  ,  et  il  y  aurait  peut-être  plus  de  fadeur 
que  de  sensibilifi  dans  ç^tie  éietneile  églogue. 
La  campagne  est  aussi  l'asyle  de  l'amour  et  de 
1  amitié  ,  le  sanctuaire  de  l'étude  et  de  l'inspira- 
tion. Quel  est  l'homme  qui  n'a  pas  senti  qu'aux 
champs  son  ame  était  plus  tendre  et  plus  ex- 
pansive  ,  son  esprit  moins  distrait  et  plus  porté 
à  la  méditation?  C'est  là  quel  imagination  s'élève, 
a'exalte  ,  et   que    l'homme  de  génie  conçoit  ses 

Îilus  sublimes  pensées.  Le  peintre  ,  le  musicien  , 
e  poëtc  aiment  la  campagne  ;  car  c'est  au  sein 
de  la  nature  qu'ils  trouvent  le  modèle  des  ans. 
Pour  faire  un  tableau  complet  de  la  vie  cham- 
pêtre et  de  la  vaiiéié  de  ses  jouissances  ,  il  était 
doii.c  nécessaire  de  la  peindre  sous  ces  différens 
aspects,  et  de  prouver  que  tous -les  hommes 
cclairés  et  vertueux ,  quels  que  soient  leurs 
goûts  et  leurs  penchans  ,  peuvent  trouver  à  la 
campagne  une  source  inépuisable  de  bonheur. 
Si  Delille  a  rendu  cette  vérité  Sçnsible  dans  ses 
tableaux  poétiques  ;  s'il  est  parvenu  à  intéresser 
ses  contemporains  en  peignant  leurs  mœurs  , 
leurs  goûts ,  leurs  usages ,  au  lieu  de  la  per- 
fecti(>n  imaginaire  des  pasieurS  de  Théocrite  cl 
(le  Virgile;  (il  oous  vante  des  plaisirs-  qui  sont 


à  notre  porjée  ;  enfin  ,  si  ,  par  l'attrait  de  se» 
peintures  et  le  charme  de  ses  vers  ,  il  se  fait 
lire  de  ce  que  nous  appelons  les  gens  du 
monde  ,  et  iju'il  leur  inspire  le  goût  de  la  vie 
champêtre,  qui  influerait  si  puissamment   sur   la 

Erospériié  de  l'agricuhure  et  sur  les  mœurs  pu- 
liqiies  j  on  ne  peut  contester  à  noire  poëte 
la  gloire  d'avoir  atleint  à-la-fois  le  but  littéraire 
jet    le    but  moral    qu'il   s'était  proposés. 

Je  crois  avoir  prouvé  que  la  conception  du 
sujet  est  heureuse  .  et  que  la  disposition  du  plan 
est  généralement  bonne. 

Quaiik  à  la  liaison  des  parties ,  il  faut  faire  une 
distiuctibn  :  si  l'on  considère  les  idées  principales 
qui  dominent  dans  les  quatre  phants  ,  on  trouvera 
sans  dotlte  qu'il  existe  enir'elles  une  liaison  iniime, 
puisqu'elles  ont  toutes  le  mêtne  objet,  celui  de 
peindre  le  bonheur  de  la  vie  chamiiêtre  ,  et  d'en- 
seigner l'art  d'en  jouir.  On  trouvera  même  au 
commencemem  du  3*  et  du  4*  chants  ,  que  l'on 
regarde  comme  les  plus  étrangers  au  sujet  au 
poëme, quelquesversquifont  sentirque  la  science 
du  naluralisie  et  l'art  du  poële  peuvent  concourir 
au  bonheur  de  rhommé.des  champs  ,  dans  le  sonsi 
que  Delille  donne  à  cette  dértorainaiion.  Il  est 
vrai  que  ces  transitions  sont  moir.s  naiurelles  et 
rnoins  heureuses  que  celles  de  Virgile.  Mais  si 
l'on  examine  lés  détails  du  poëraé  et  la  place 
qu'ils  occupent  ,  on  reconnaîtra  que  ce  n'est  pas 
sans  raison  qu'on  reproche  à  cei  ouvrage  de  man- 
quer de  liaison  dans  ses  parties.  C'est  surtow  dans 
le  premier  chant  que  cette  espèce  de  désordre  est 
sensible,  et  le  citi  G,  dans  la  Dicade philosophique, 
a  très-bien  prouvé  que  les  tableaux  dont  ce  chanl 
est  composé  ,  pourraient  avoir  une  disiribuiion 
plus  natuiel'e  et  plus  conforme  aux  lois  de  la 
logique  et  du  goût.  Je  ne  dirai  point  comme  un 
critique  beaucoup  tiop  sévère  ,  que  toutes  les 
transitions  de  l'ouvrage  sont  roiiêr  et  sèches;  mais 
je  conviendrai  seulement  ,  pour  êire  plus  juste  , 
que  les  quatre  chants  et  surtout  les  morceaux 
particuliers  que  renferme  le  premier  et  le  troi- 
sième pourraient  être  unis  d'une  manière  plus 
iniime  et  se  succéder  avec  plus  d'art.  C'est  la 
guirlande  des  grâces  qui  manque  à  cet  ouvrage,; 
ou  plulôt ,  ce  poëme  ,  si  riche  en  beautés ,  m'offre 
l'image  des  grâces  elles-mêmes  qui  ont  cessé  de 
se  tenir  par  la  main. 

Cést  à  l'invention  des  détails  ,  cette  partie  si 
brillante  des  Géorgiques  françuises  ,  que  la  cri- 
tique s'est  particulièrement  aitachée.  Permetiez- 
moi  de  la  suivre  un  moment  dans  ses  objections  , 
et  de  lui  répondre  directement  pour  meure  plus 
de  précision  et  de  clarté  dans  cette  espèce  de 
controverse. 

Vous  demandez  j!  le'jeu  de  trictrac ,  le  lotto  , 
le  wigt  et  le.  billard ,  qu'on  trouve  à  la  ville  comme 
à  la  campagne  ,  sont  les  objets  te)  plus  intéressans  à 
montrer  dans  un  paysage.  Non  ,  sans  doute  ;  mais 
si  le  poële  vous  a  peint  d'abord  les  quatre 
saisons  de  1  année,  et  leurs  plaisirs  divers;  si 
ces  plaisirs  purement  champêtres  ,  et  les  des- 
criptions qu'ils  amènent,  sont  le  sujet  presque 
continuel  de  ses  , chants  ,  pourquoi  ne  voulez- 
vous  pas  qu'il  varie  ses  tableaux  ,  en  vous  par- 
lant un  moment  des  jeux  qui  remplissent  réel- 
lement une  partie  des  soirées  d'hiver  à  la  cam- 
pagne comme  à  la  ville  ?  Remarquez  donc  qu'il 
n'a  donné  qu'une  soixantaine  de  vers  à  cette 
digression  ingénieuse ,  et  que  tout  le  reste  du 
chant,  c'est-à-dire  cinq  ou  six  cents  vers  sont 
consacrés  aux  choses  agrestes.  Pourraii-on  ,  par 
exemple  ,  reprocher  à  Torapson  d'av-oir  saisi 
l'occasion  de  rappeler  dans  son  chant  de  I  É  é  , 
les  noms   des  grands  hommes   de   lAngleierre  ? 

Dans  le  second  chant  des  Géorgiques  fran- 
çaises ,  vous  vous  arrêtez  sur  la  description  du 
canal  du  Midi  :  combien  peu  d'hommes  des  champs . 
dites-vous  ,  ont  droit  de  tenter  d'aussi  grandes 
entreprises  !  Il  faut  abandonner  de  pareilles  maisons 
rustiques  à  Riquet  et  à  Louis  XIV.  Ce  reproche 
seraii  fondé  ,  si  Delille  n'avait  chanté  que  les 
grandes  entreprises  ,  telles  que  ce  canal  magni- 
fique. Mais,  non;  daits  ce  même  chant  il'vous 
enseigne  l'art  de  corriger  le  terrain  par  la  cul-i 
ture,  de  l'améliorer  par  les  engrais  ,  |de  planter 
la  vigne  sur  les  coteaux  iiamcui  ,  de  perfection- 
ner la  greffe  ,  de  naturaliser  des  arores  et  des 
jmimatix  étrangers  ,  de  diriger  le  cours  dés 
toirens  et  des  rivières  pour  faire  tourner  des 
moulins  ou  pour  arroser  des  prairies  ,  eic.  Je 
vous  demande  si  ces  entreprises  sont  au-dessus 
des  moyens  les  plus  ordinaires. 

Mais  après  avoir  donné  ces  préceptes,  le  poële 
invile  le  cultivateur  apercer  une  montagne  pour 
amener  un  ruiseau  dans  son  domaine,  à  creuser 
des  canaux  pour  faciliter-  le  commerce  ;  il  saisit 
celte  occasion  pour  rappeller  la  gloire  de  Riquet 
et  pour  faire  une  description  du  canal  du  Midi. 
C'est  ici ,  j'en  conviens ,  que  les  conseils  du  poëte 
ne  peuvent  être  d'aucune  utilité  au  plus  grand 
nombre  des  cultivateurs  ;  mais  ce  passage  est 
une  digression  brillante  et  non  pas  le  sujet  prin- 
cipal du  chant  qu'elle  embellit.  Vous  av.z  donc 
eu  tort  d'opposer  à  Delille  le  second  livre  des 
Géorgiques  latines ,  où  Virgile  se  délasse  par  un 
^oge  touchant  et  magnifique  de  m  patrie.  C'est-tà  , 
dites  •  vous ,  qu'il    nous  peint ,   en   passant ,    Us 


aijutdncs  ,  les  lacs  ,  et  les  caniux  empreints  de  la 
grandeur  romaine.  Q_a'a  fait  Delille?  n'esi-rc  pHs 
aussi  £71  passant  qu'il  nous  peint  ce  grand  canal 
empreint  de  la  magnificence  du  siècle  de  Louis 
XIV  ?  au  lieu  d'opposer  le  morceau  de  Virgile 
à  celui  de  notre  noëie  ,  je  l'en  tapprochctais  , 
moi  ,  comme  une  heureuse  imitaiion  (1). 

Je  pense  ,  comme  vous  ,  que  les  détails  dti 
troisième  chant  seraient  mieux  placés  dans  un 
poëme  sur  l'histoire  naturelle;  mais  je  ne  crois 
pas  pourtant  qu'ils  soient  étrangers  au  sujet  du 
poëuie  de  Delille,  l'art  de  jouir  des  champs. 
Je  ne  reviendrai  pas  sur  cette  opinion  que  j'ai 
développée  dans  ma  quatrième  lettre.  Je  répon- 
drai seulement  un  mot  à  voire  observation  criti- 
que sur  la  formation  d'un  cabinet  d  histoire' 
naturelle  à  la  campagne.  «<  Je  ne  sens  pas  ,  dites-' 
'>»  vous  ,  quelle  espèce  de  plaisir  éprouverait 
)>  l'homme  des  champs  au  milieu  de  celle  galciie 
)>  de  squelettes,  quand  il  peut  voir  lous  les 
51  oiseaux  du  ciel  errer  autour  de  son  loîi  de- 
>5  chaume  s  en  répétant  leur  chanson  du  soir 
)i  et  du  matin;  quand  il  entend  sous  son  colom- 
»>  hier  roucouler  le  pigeon  dorheslique  ,  et  quand 
1»  le  cerf  ,  le  daim  ,  et  le  chevreuil  errent  dans 
5>  la  forêt  voisine.  >>  Voilà,  sans  doute,  une  op- 
position très-ingénieuse  ;  mais  vous  avez  trop 
de  bonne  loi  ,  pour  ne  pas  convenir  quelle  ne 
prouve  tien  contre  l'idée  de  notre  poëte.  Si 
vous  avouez  que  fétude  des  sciences  niiurelles 
peut  charmer  les  loisirs  d'un  sage  à  la  campagne  , 
vous  conviendrez  également  que  ce  n'est  point 
en  écoulant  la  chanson  des  oiseaux,  le  roucou- 
lement des  pigeons  ,  ou  en  courant  après  les 
daims  et  les  chevreuils  i|lans  la  iotêt ,  qu'il  peut 
se  livrer  à-  celle  étude.  Les  observaiiona  phy- 
siques qu'il  fait  sur  quelques  individus  du  règne 
animal  ,  ne-  l'empêchent  pas  de  jouir  du.  spec- 
tacle de  la  vie  et  de  la  fécondité  ;  et  peui-êire 
même  ,  après  avoir  éiudié  l'histoire  naturelle  de 
lous  ces  oiseaux  du  ciel ,  aura-t^il  plus  de  plaisir  à 
les  voir  voltiger  librement  autour  de  son  toît  de 
chaume,  et  à  entendre  leurs  chansons.  C  eM  ainsi 
que  le  botaniste  ,  après  avoir  Jong-tems  effeuillé 
les  plus  belles  fleurs  pour  apprendre  à  connaiire 
les  ca'àcieres  <iui  les  distinguent  ,  revoit  leurs 
semblables  avec  un  plaisir  cxiiême  que  ne  peut 
goûter  le  vulgaire,  et  n'est  jamais  seul  an  milieu 
de  ces  brillantes  familles  ,  dbm  lous  les  indi- 
vidus s'anirncnt  à  ses  yeux. 

Vous  n'avez  fait  aucun  reproche  aux  détails  du 
quatrième  chani.  Vous  pensez  sans  doute  qu'il  est 
à  l'abri  de  toute  critique  sous  ce  rapport,  et  je 
crois  que  tous  les  admirateurs  de  la  belle  poésie 
partageront  cetie  opinion. 

Après  avoir  essayé  de  répondre  à  des  critiques 
qui  m'ont  paru  trop  sévères  ,  je  crois  devoir,  à 
mon  tour ,  blâmer  ce  qui  m'a  semblé  déieclueux  ; 
car  je  suis  loin  de  tes  eiiihousiastes  opiniâtres  (jui 
trouvent  des  perfeciions  jusques  dans  les  défauts 
mêmes  d'un  ouvrage  qu'ils  ont  adopté. 

J'ai  dit  ,  dans  mes  premières  letires  ,  que  le 
morceau  sur  les  jeux  dramatiques  me  paraissait 
déplacé  et  rempli  tlexagération.  Je  crois  aussi  que 
la  peinture  du  maître  d'école  de  village  sort  du 
ton  général  quicouvientâ  ce  poëme,  et  dont  l'au- 
teur^ ne  s'est  écarté  que  celte  seule  fois.  L'épisode 
qui  termine  le  second  chant  a  été  assez  critiqué  ;  . 
c'est  un  morceau  que  Delille  rciouch---ra  sans'' 
doute.  Peut-être  sentira-i-il  également  que  ses 
jolis  vers  sur  sa  chast;  son  déplacés  à  h  fin  du  ta- 
bleau abrégé  de  la  nature  entière.  Voilà  les  seuls 
détails  dont  l'inveniion  me  paraît  susceptible  d'une 
juste   censure. 

Si  l'on  peut  critiquer  un  auteur  pour  ce  qu'il 
n'a  point  fait,  je  reprocherai  à  Delille  de  n'avoir 
placé  dans  le  tableau  des  plaisiis  champêtres  ,  ni 
les  charmes  de  l'amour  innocent  (  car  je  ne  compte 
point  l'épisode  dEgerie),ni  les  jouissances  du 
père  de  famille  entouré  de  ses  enfans;  ni  la  des- 
cription dé  l'uqe  de  ces  fêles  annuelles  que  l'on 
célèbre  aux  champs  avec  tant  de  gaieté.  J'ai  cher- 
ché vainement  ,  dans  ses  peintures  ,  des  amans  , 
des  époux  ci  des  pères. 

^  Ferai-je  quelques  observations  sut  le  style  de 
l'un  de  nos  meilleurs  éctivairts  ?  je  vais  les  ha- 
sarder avec  défiance. 

Cette  coupe  hardie  du  vers  alexandrin  ,  cet 
heureux  déplacement  de  Ihémisliche,  qui  produit 
des  effets  d  harmonie  imitaiive  quelquefois  si  ad- 
mirables ,  et  dont  un   avantage   no-n  moins  pré- 


(  1  ^  H  n'est  point  vrai,  d'ailleurs,  que  ces  grandes  entreprise» 
me  soient  propres  qu'aux  souverains  et  doivent  toujours  s*opérer 
par  les  soins  et  avec  les  moyens  de  la  puissance  publique.  On 
ne  manquerait  pas  de  raisons  pour  prouver  la  proposition  con- 
traire, et  quant  aux  autorités  qui  peuvent  la  soutenir,  qvi'on  se 
donne  la  peine  de  lire  dans  l'un  des  6  volumes  d'Arthur-Young 
que  l'on  vient  de  publier  ,  Ja  description  du  Canil  entrepris 
et  exe'cuté  par  le  duc  de  Bridgevvatcr  ,  pour  re>ploitation  de 
ses  mines  de  charbon.  Delille  nous  peint  un  honwne  riche,  em- 
ployant de  grands  capHaux  a  améliorer  fiuctueûsemem  pour 
iui-mëme  le  pays  qu'il  hahi.e.  Si  jusqu'à  présent  le  modèle  de 
ce  tableau  a  manqué  à  nos  raaurs,  il  n'en  est  pas  moin»  beau 
ni  plus  chimérique.  Le  poète  qui  choisit  dans  les  mœurs  rira  . 
gères  de  si  nobles  exemples  pour  les  proposer  A  l'admiration 
et  il  l'émulation  de  ses  compatriotes  ,  ramené  son  art  .à  son 
plus  flublïme  usage  ,  comme  celle  d'Ampliion  ,  sa  lyre  construit 
iei  clt^t ,  civilise  lej  peuples  ;  et  enrichit  lu  cnjpiies. 


«4 


cieux  est  de  sauver  la  monotonie  d'an  mètre  tou- 
jours uniforme  ,  se  reirouve  ,  dans  les  Georgiqucs 

françaises  ,  à-peu-inès  au  même  degré  de  perfec- 
tion que  dans  les  deux  premiers  ouvrages  de  l'au- 
teur. Mais  Delille  ,  abusant  de  ces  formes  qui  lui 
sont  familières  ,  s'est  quelquefois  permis  des  en- 
jambemcns  vicieux  qui  n'ont  aucun  objet  d'har- 
monie ,  et  qui  donnent  à  ses  vers  un  tour  pro- 
saïque. 

.  De  plus  ,  Delille  a  l'art  de  réunir,  s'il  m'est 
permis  de  m'expriraer  ainsi  ,  plusieurs  substan- 
tifs sous  un  même  verbe  qui  les  régit  également 
bien  ,  et  de  donner  ainsi  de  la  concision  à 
ses  idées  et  de  l'harmonie  à  ses  vers.  Mais  il 
me  semble  qu'il  emploie  trop  souvent  cet  arti- 
fice ,  et  même  qu'il  n'en  fait  pas  toujours  un 
usage  également  heureux. 

Delille  est  celui  de  nos  poètes  vivans  qui  met 
le  plus  d'art  et  d  esprit  dans  sa  versification  ;  et 
c'est  pour  vouloir  y  en  mettre  trop  quelque- 
fois ,  qu'il  laisse  échapper  des  incorrections  ou 
des  fautes  légères;  mais  il  n'est  pas  donné  à  tous 
les  écrivains  de  s'égarer  de  la  sorte.  Qiielle 
beauté  de  coloris  !  quelle  richesse  d'expression  ! 
quelle  heureuse  variété  dans  les  mouvemens  du 
style  I  Comme  Virgile  et  Racine  .  comme  tous 
les  grands  poètes  ,  il  sait  unir  la  force  à  la  jus- 
tesse des  pensées,  léclat  des  images,  la  pré- 
cision du  mot  propre  à  l'harmonie  des  vers. 
Toutes  les  grâces  de  la  langue  viennent  cacher 
sous  leurs  ornemens  l'aridité  des  détails  didac- 
tiques ;  toute  son  énergie  et  toute  sa  pompe 
éclatent  dans  les  grands  tableaux  de  la  nature. 
On  peut  dite  que  Delille  a  fait  faire  de  nou- 
veaux ipas  à  notre  poésie  ,  et  qu'il  a  rapproché 
les  muses  françaises  des  muses  grecques  et 
latines. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  opposer  quelques 
ol)servations  à  l'opinion  que  notre  plus  célèbre 
littérateur  a  énoncé  sur  la  nature  du  talent  de 
Delille.  Il  trouve  que  la  manière  de  St.-Lambert 
est  plus  grande  et  plus  élevée,  en  un  mot  ,plus  ana- 
logue à  ce  qu'on  appelle  le  style  sublime,  (i  J'entends 
>i  surtout  ,  ajoute-t-il,  celui  des  images  qui  tient 
î>  une  si  grande  place  dans  le  genre  descriptif.  Je 
I'  citerai  par  exemple  ces  deux  vers  : 
L'Orellane  et  l'Indus  ,  le  Gange  et  le  Zaïre 
Repoussent  rOcèan  qui   gronde  et  se  retire. 

îi  Ces  deux  vers  sont  du  vrai  sublime J'ai 

5!  entendu  vingt  fois  des  morceaux  de  difFérens 
>»  ouvrages  que  le  traducteur  des  Géorgiques 
:>  achevé  actuellement  ;  ils  sont  brillans  d'élé- 
)>  gance  et  piquans  de  variété  ;  mais  je  n'y  ai 
51  lien  vu  qui  soit  du  même  ordre  de  beauté  que 
)i  les  vers  qu'on-vient  de  lire  ;  et  en  général  ce 
ï)  qui  fait  le  caractère  de  sa  composition  n'est 
îi  pas  ce  qui  est  simple  et  grand  ,  c'est  la  vivacité 
î'  des  mouvemens  du  style  et  l'effet  du  méca- 
)>  nisrae   des  vers.  >' 

Lorsqu'il  portait  ce  jugement,  Laharpe  avait- 
il  entendu  lire  la  description  du  Monlanvert  , 
celle  des  Avalanches  ,  et  surtout  celle  de  la  Zone 
tortide  ?  on  a  lieu  d'en  douter.  Je  ne  sais  si  je 
me  trompe  ,  mais  il  me  semble  que  dans  ces 
difFérens  morceaux  le  sublime  des  images  n'est 
pas  moins  frappant  que  dans  le  poëme  de  Saint- 
Lambert  ,  et  se  trouve  réuni  à  la  vivacité  des 
mouvemens  du  style  et  à  l'effet  du  mécanisme 
des  vers. 

Delille  n'est  plus  seulement  un  traducteur  ha- 
bile ,  un  versificateur  du  premier  ordre;  c'est  un 
poëte  ,  et  un  grand  poëte.  11  l'a  prouvé  par  ce 
dernier  ouvrage.  Ce  poëme  à  des  imperfections  ; 
mais  elles  sont  toutes  dans  les  détails  et  peuvent 
être  facilement  eifacées  ;  il  a  des  beautés  supé- 
rieures ,  et  elles  tiennent  au  fond  des  choses  et 
à  toutes  les  parties  de  la  composition  poétique. 
Changez  le  titre  de  l'ouvrage  ,  faites  une  autre 
exposition,  effacez  quelques  vers  faibles,  met- 
tez plus  d'ordre  dans  le  premier  chant  ,  corrigez 
l'épisode  qui  termine  le  second  ,  et  la  critique  la 
plus  sévère  est  obligée  de  rendre  Ihommage  à 
la  beauté  du  poëme  et  de  leconnaitre  la  supé- 
riorité de  l'auteur. 

Permettez-moi  de  finir  cette  lettre  par  quelques 
vers  dont  l'objet  est  de  célébrer  l'auteur  des  Géor- 
giques françaises  et  les  écrivains  qui ,  marchant 
sur  ses  traces  ,  soutiendront  avec  lui  l'honneur  de 
la  poësie  française   dans  le  genre  didactique. 

Wul  n'avait  su  cueillir  la  palme  géorgiquc  , 
Delille  vint  :  bientôt  sous  son  pinceau  magique  , 
Du  chantre  d'Aristée  empruntant  les  couleurs  , 
il  fait  naître -à  la  fois  les  moissons  et  les  fleurs. 


1  goût,   tl) 
icut  sans 


Puis  ,  d'une  main  savante  ornant  nos  paysages , 
Il   trace   de  l'Eden  les  riantes  images. 
Enfin  ,-  plus   douce  encor  ,   sa  ravissante  voix 
Rappellant  les    mortels  sous    de  rustiques  torts  , 
Y  cirante   les  beaux  arts  ,   les  verttrs  leurs    compagnes , 
El  le  bonheur  fixé  dans  la    paix   des    campagnes. 
Imitateur ,  mais  libre  ,  et   même  original , 
Emule  de   Virgile   et   souvent  son   égal, 
Il  sut,  par  les  accords  de  sa  lyre  divine  , 
Donner  au  vers  français  rélégance  latine. 
Par  lui    es  noms  proscrits  de  mille  objets  divers  , 
Sans  manquer  de  noblesse  enrichirent  ses  vers. 
Si  d'un   coursier  fougueux  lancé  dans  la  carrière  , 
Il   chante  les  amours  ou  peint   l'ardeur  guerrière  , 
De  l'animal  superbe  un  vers  impétueux 
Semble  avoir  la   vitesse  et  respirer  les  feux. 
Un  torrent  se  perd-il  dans   des  grottes  profondes? 
Son  vers  roule  ,  bondit ,  et  tombe   avec  les  ondes- 
Cette  voix  qui    d'un  Dieu   fait  tonner  le  courroux  , 
Sait  prendre  pour  l'amour  le  rithme  le  plus   doux. 
S'il  peint  le  cours   pompeux   de  l'immense  amazone  « 
Ou  les  tristes  frimats  dont  l'hiver  se  couronne  , 
Il  est  toujours  sublime  i  il  unit  .sans  eiForts 
L'image   et  la  pensée  aux    plus   heureux  accords. 
Dans   un  seul  grain  de  sable  ,  ingénieux   emblème , 
De  ce  Monde    éternel   il    montre  le   système.  ' 
Tout  s'anime  en  ses   vers.  Ce  cygne  harmonieux 
Donnant  un  nouveau  charme    au  langage  des  Dieux , 
ide  encor ,  brava  les  vains  scrupules, 
ivaux  ,   mais  non  pas  sans  émules  ; 
Bohjûiim  et   Fontane  ,  instruits  par   ses  leçons  , 
Du  luth  Virgîlien  tirant  de  nouveaux  sons, 
Et  mariant  ensemble  et  la  Force  et  les  Grâces  , 
Rivaux  sans  jalousie  ,  ont  marché  sur  ses  traces. 
Aux  astres  ,   aux  vergers ,  aux  agrestes  tombeaux 
Fontane  tour  à  tour  consacra  ses  pinceaux  (i); 
Et  bientôt  à  sa  voix ,  plus  grands   que  dans  l'histoire , 
La  Grèce  et  ses  héros   renaîtront  à  la  gloire   (2). 
Toi  ,  disciple  de  Pope  ,  ô  !   chantre  de  Windsor  , 
Brillant  peintre  des  fleurs ,  prends  un  nouvel  essor  ; 
Minerve   et  Calliope  ont    tressé   ta  couronne    (3J  ; 
11  faut  la  mériter  ,  Apollon  te  l'ordonne. 

Fonlanc  ,  Boiijoslin  ,  noms  chers  au  Dieu  des   arts  , 
Ingénieux  Castel   (4) ,  et  toi  ,  jeune  Esmenarts   (5) , 
Donnez  un  nouveau  lustre  à  notre  poësie , 
Et  de  Delille  absent  consolez  la  patrie. 

David. 


THÉÂTRE      DU      VAUDEVILLE. 

Le  Mari  sans  femme,  donné  hier  à  ce  théâtre, 
n'a  point  eu  de  succès  :  on  n'y  a  trouvé  aucun 
personnage  intéressant  ,  aucune  situarion  atta- 
chante ,  aucune  scène  ou  réellement  comique, 
ou  tout  au  moins  plaisante  ;  peu  de  couplets  sail- 
lans  s'échappaient  à  travers  un  dialogue  souvent 
de  mauvais  goût. 

En  peu  de  mots  ,  voici  le  sujet  :  un  mari 
retrouve  le  jour  de  sa  seconde  noce  ,  la  femme 
qu'il  avait  abandonnée.  Toutes  deux  le  quittent  , 
l'une  en  signant  le  divorce  qu'il  avait  demandé  , 
l'auue  en  le  demandant  à  l'instant  même.  Ainsi 
dans  un  moment  le  mari  de  deux  femmes  se 
trouve  célibataire. 

C'est  là  sans  doute  uneidée  plus  bizarre  qu'ori- 
ginale ,  le  sujet  d'une  anecdote  ou  d'un  conte 
peut-être,  mais  non  celui  d'une  pièce  de 
théâtre  .  oui  l'on  désire  de  l'action  ,  de  l'intérêt , 
et  pardessus  tout,  un  but  moral  et  un  dénoue- 
ment satisfesant. 

Mais  celui  du  Mari  sans  femme  peut-il  l'être  ? 
dans  quelle  situation  les  personnages  quittent-ils 
la  scène?  que  deviendront-ils  ?  la  femme  aban- 
donnée prendra-t-elle  un  autre  époux  ?  l'épouse 
du  jour  rompra-t-elle  ou  couronnera-t-elle  son 
mariage  ?  le  mari  placé  au  milieu  de  ses  deux 
femmes  sans  en  posséder  une  ,  en  cherchera-t-il 
une  troisième  ? 

Quant  au  but  que  s'est  proposé  l'auteur  ,  qirel 
est-il  ?  On  ne  peut  pas  seulement  demander  ici 
qu'est-ce  qu'un  tel  ouvrage  prouve  ?  il  faut  com- 


mencer par  demander  qn'est-ce  qu'il  veut  dire? 
Est-ce  une  leçon  pour  les  maris  infidèles  ?  est-cC 
«ne  critique  du  divorce  ?  est-ce  son  apologie  ? 
est-ce  la  satyre  de  nos  moeurs  ,  est-ce  leur  éloge  ?• 
La  pièce  est-elle  une  école  ouverte  aux  femmes 
ptêtes  à  se  marier,  ou  aux  hommes  dont  les 
épouses  sont  absentes,  ou  aux  femmes  éloignées, 
de  leurs  maris  ?  Qjiand  ,  de  la  meilleure  foi  du 
monde  ,  on  est  otiligé  de  se  faire  de  telles  ques- 
tions sur  l'ouvragequ  on  vienide  voir  représenter, 
cet  ouvrage  peut  être  Ion  singulier  ,  mais  à  coup 
sûr,  il  n'est  ni  théâtral  ni  bien  traité. 

On  serait  étonné  d'avoir  vu  une  telle  pièce 
donnée  au  Vaudeville  ,  si  l'on  ne  savait  que. 
l'auteur  est  un  de  ceux  qui  sont  à  ce  théâtre  le 
plus  en  possession  de  l'estime  publique.  Il  est, 
vrai  de  dire  qiie  pour  faire  connaître  les  ouvages 
où  son  nom  peut  s'honorer  d'être  attaché,  il 
faut  citer  particulièrement  le  grand  nombre  de 
ceux  qu'il  a  composés  en  société;  il  paraît  trop 
confiant  dans  son  imagination  ,  et  trop  peu  sârr 
de  son  goût  quand  il  marche  en  s'abandonnant 
à  ses  propres  forces.  S.... 


sur  l'astronomie  ; 
intitulé  :  le  Jour  des 
VEisai   SUT  Vàomme  , 


(1)  Le  citoyen  Fontane  a  fait  un 
un  autre  intitulé  :  le  FerS"-  .•  un  trois 
morts  dans  une  campagne.  Il  a  traduit 
de  Pope. 

(2)  Il  fait  un  poëme  sur  la  Grèce. 

(3)  Allusion  à  un  grand  poëme    dont   s'occupe    le    citoy 
Boisjoslin. 

(4)  Auteur  du  Paëmè  des  étantes. 

(5)  Auteur  d'un    poëme   sur   la   navigation  ,  dont  il   a   d< 
publié  quelques    fragmens. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Crassous. 
SÉANCE   DU    16    VENDEMIAIRE. 

Un  secrétaire  fait  lecture  de  la  correspon- 
dance. 

Le  nommé  Blanchet,  condamné  à  8  années  de 
fers  ,  tiré  du  bagne  de  Brest  pour  faire  partie 
de  l'expédition  contre  les  anglais,  fait  prisonnier  , 
puis  échangé  et  rendu  à  sa  famille,  se  plaint  de 
ce  qu  il  vient  d'être  arrêté  ,  par  ordre  du  com- 
missaire du  gouvernement,  et  conduit  au  bagne 
de  Rochefort  ;  il  demande   d'être   mis  en  liberté.- 

Le  tribunal  passe  à  l'ordre   du  jour. 

Deux  citoyens  dénoncent  le  nouvel  arrêté  par 
lequel  les  consuls  ont  annuUé  le  jugement  du 
tribunal  d'appel  du  département  de  la  Seine , 
rendu  en  faveur  du  citoyen  Borel  ,  contre  les 
héritiers  du  citoyen  Boulogne  ,  ex  -  fermier 
général. 

Le  tribunal  renvoie  cette  pétion  à  la  commis- 
sion existante. 

Le  ministre  de  l'intérieur  fait  hommage  au  tri- 
bunàt  d'une  médaille  en  argent  ,  frappée  pour 
éterniser  le  souvenir  de  la  bataille  de  Maringo. 

Le  tribunal  accepte  l'hommage  ,  et  ordonne  te 
dépôt  de  la  médaille  à  sa  bibliothèque. 

On  procède  au  scrutin,  pour  le  renouvelle- 
ment de  trois  membres  de  la  commission  des 
inspecteurs.  Les  membres  qui  ont  obtenu  la 
majorité  des  suflFrages  ,  sont  les  citoyens  Chabot? 
Laiour  ,  Labrouste  et  Legonidec. 

La  suite  demain. 

N.  B.  Le  tribunal  a  terminé  la  discussion  sur 
la  dénonciation  du  citoyen  Borel  contre  l'arrêté 
des  consuls  du  4  vendémiaire.  Après  avoir 
entendu  Siméon  ,  qui  a  proposé  de  passer  â 
l'ordre  du  jour  sur  la  dénonciation  ,  etAndrieiix 
qui  a  soutenu  un  avis  contraire  ,  la  discussion  a 
été  fermée  ,  et  1  on  a  été  aux  voix.  45  membres 
ont  voté  pour  l'ordre  du  joui  ,  et  aS  pour  que 
l'arrêté  des  consuls  soit  dénoncé  au  sénat  conser- 
vateur ,  comme  inconstitutionnel.  Le  tribunal  ne 
se  trouvant  pas  composé  d'un  assez  grand  nom- 
bre de  membres  pour  prendre  une  délibération, 
il  y  aiira  un  second  scrutin  à  la  prochaine  séance. 


AVIS      AU      COMMERCE. 

Les  canaux  du  Midi  .  d'Orléans  et  de  Loing, 
depuis  le  i5  vendémiaire  ,  sont  mis  en  état  de 
navigation. 


GO  URS     DU    CHANGE. 
Bourse  du  16  vendémiaire. 
Effets  publics. 

Rente  provisoire , 28  fr.  38  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  63  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  71  c. 

Bons  d'arréragé ' 87  fr. 

Bons  pont  l'an  8 92  fr.  sS  c. 

Syndicat 80  fr.  5o  c. 


^''îk::::™;!:!::":::::;  franc  dep,rt , au  cit.  A..^ 

i„„  „.„-„►, fr.»„rliir    t -.lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 
Z  Zl:::::::to:^^  -:;::::,  ..  Jr,.r  cènes  ,ui  retrferment  de.  valeurs ,  et  adresser  tout  ce   ,ui    concerne  la  rédaction  de  U  TeuiUe  .  au  rédacteur .  rue  de. 
FoiteviBj.n»  i3,depui  (neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cil.  Agasse.  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n»  i3. 


~-«sS3!^^_T^ 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MOMTEUR  UNIVERSEL. 


M"  18. 


Octidi  ,  1  8  vendémiaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M  O  N I T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des  armées ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  1  "  octobre.  (  9  vendémiaire.  ) 

iNoTRE  récolte  de  pommes  de  terre  a  manqué 
généralement  cette  année. 

Le  docteur  Angelis  ,  médecin  américain  .  at- 
tribue la  fièvre  jaune  à  un  usage  excessif  de  pêches 
et  de  concombres.  lia  observé  que  la  plupart  de 
ses  malades  en  avaient  mangé  avant  d'être  attaqués 
de  cette  fièvre. 

En  Angleterre  ,  les  droits  sur  le  tabac  ont 
monté  ,  en  1798  ,  à  848,498  liv.  sterl. 

En  France  ,  avant  la  révolution  ,  à  29,000,000 
de  francs. 

En  Espagne  ,  ils  montent  à  près  de   10,000,000 
de  rix-dollars. 
'     En  Portugal ,  à  environ  5, 000,000  idem. 

En  Autriche  ,  à  1,000,000  ,  idem. 

A  Naples ,  à  5oo,ooo  ,  idem. 

En  Dannemarck,  à  environ  So.ooo  idem. 

Les  dernières  lettres  de  l'Inde  annoncent  de 
nouveaux  mouveraens  dans  difFérentes  parties  de 
notre  empire  d'Orient  ,  et  sur-tout  dans  celles 
qui  avoisinent  notre  territoire  de  fraîche  acqui- 
sition ,  et  dont  les  naturels  ont  conservé  leur  in- 
dépendance de  droit.  —  n  Ces  troubles,  légers 
5'  en  eux-mêmes  ,  deviennent  pour  nous  autant 
)>  d'occasions  de  renforcer  ou  détendre  notre 
5>  domaine;  car  notre  sûreté  demande  que  nous 
j'  dépossédions  [we  deprijue  of shelter .nous privions 
s>  d'asyte  )  ,  ceux  qui  voudraient  ncos  nuire.  )j 
Ainsi  ,  par  degrés  ,  imperceptiblement  ,  et  peut- 
.être  même  sans  que  nos  journaux  '/coopèrent, 
noue  empire  s'étend  da.:s  ciiaque  direction. 

On  a  découvert  récemment  an  manuscrit  trés- 
curieux  dans  l'école  des  Drames  à  Bénarès.  C'est 
une  description  ds  ia  Grande-Bretagne  avant 
qu'elle  tût  conquise  par  Juies-César.  Elle  est 
appelée  dans  cet  ouvrage  l'Isle-Sainte.  La  Tamise 
et  l'Isis  y  conservent  leurs  noms,  et  les  cercles 
àtStonehenge  sont  décrits  comme  un  grand  temple 
Indou.  La  société  asiatique  de  Calcula  s'oc- 
cupe de  traduire  cet  intéressant  ouvrage. 

>>  Eh!  mon  brave  homme  ,  pourquoi  ne  criez- 
vous  plus  les  papiers,  dit  en.  passant  dans  l'une 
des  rues  de  Londres  ,  un  particulier  à  un  crieur 
de  qui  il  avait  coutume  d'en  acheter  :  Monsieur  , 
je  ne  crie  plus  depuis  que  ma  femme  est  morte.i' 

Un  mouton  ne  profitant  pas  ,  on  l'a  tué  pour 
en  savoir  la  raisoo.  On  a  découvert  que  l'un  de 
ses  rognons  avait  acquis  en  graisse  le  poids  de 
37  liv.  et  4  onces  ;  le  reste  du  corps  en  entier  ne 
pesait  pas  48  liv.  (  Extrait  du  Morning-Herald  et 
.  du  Courier.  ) 

INTÉRIEUR. 

Strasbourg ,  le  12  vendémiaire. 

L'archiduc  Charles  est  toujours  sérieuse- 
ment malade  ;  on  dit  même  que  sa  vie  est  en 
danger. 

11  s'est  tenu  un  conseil  de  guerre  à  Augsbourg 
'  pour  juger  les  quatre  paysans  de  Poliraess.  Le 
magistrat  avait  été  invité  à  leur  nommer  un  dé- 
fenseur et  un  iaterprete.  Tout  Augsbourg  était 
accouru  pour  voir  une  procédure  française  : 
spectacle  tout-à-fait  nouveau  dans  le  pays.  L'avo- 
cat plaida  la  cause  des  prévenus  avec  beaucoup 
d'éloquence.  Le  tribunal  a  condamné  à  mort  un 
des  quatre  paysans  ,  comme  coupable  de  meui- 
,tre  ,  et  les  trois  autres  à  quatre  années  de  fer  , 
comme  voleurs.  Ceux-ci  seront  renvoyés  à  leur 
gouvernement  pour  l'exécution  de  leur  sentence. 

Le  courrier  chargé  par  l'empereur  de  porier 
;iux  troupes  autrichiennes  l'ordre  de  se  retirer 
de  Ulm  ,  est  arrivé  ,  le  6  vendémiaire;  une  demi- 
britfjde  de  franc  us  occupera  la  place.  Les  au- 
trichiens ont  employé  4000  chevaux  pour  trans- 
porter leurs  munitions  et  leur  artillerie  ,  qui 
Rionte  à  3oo  pièces  de  canon. 

(  Strasburgtr  Weltboti.) 


Paris,  le  1"]  vendémiaire  an  g. 

Le  ciloyeri  Rœderpr   fera   au    Lycée  républicain 
un   cours    d'économie     politique ,    qui    ajoutera 
encore    à  l'intérêt    qu'inspire    cet    établissement 
en  possession  de  réunir  des  talens  distingués  dans  ' 
chaque  genre. 

—  Une  lettre    écrite    de   Berne';  en   date    du 

10  vendémiaire  ,  et  insérée  dans  le  Citoyen 
Français  ,  annonce  que  l'armée  française  de 
réserve  en  Suisse  s'est  distinguée  de  la  manière 
la  plus   honorable  par  son  excellente  discipline. 

11  n'a  pas  été  commis  le  moindre  désordre. 
Les  habitans  n'ont  qu'à  se  louer  de  la  conduite 
du  soldat  ,  et  des  bonnes  dispositions  des 
chefs. 


—  Le  jeune  homme  dont  nous  avons  parlé  dans 
un  numéro  précédent  ,  et  qui  a  été  trouvé  blessé 
â  la  bouche  ,  d'un  coup  de  feu  ,  dans  la  com- 
mune de  Villeneuve  .  arrondissement  de  Blaye  , 
est  réellement  le  même  qui  avait  quelques  jours 
avant  demandé  de  l'emploi  au  préfet.  Il  y  a  lieu 
de  croire  qu'il  a  cherché  à  se  tuer. 

Voici  ce  que  le  sous-préfet  de  Blaye  écrit  à  ce 
sujet  au  préfet. 

<t  Citoyen  ,  aussitôt  que  votre  lettre  du  4'  jour 
complémentaire  m'est  parvenue  ,  j'ai  été  voir  le 

citoyen ,  et  lui  ai  fait  connaître  l'intérêt  que 

vous  prenez  à  sa  position. 

)i  lia  été  extrêmementsensible  à  ma  démarche, 
et  m'a  chargé  de  vous  transmettre  les  lémoignao-es 
de  sa  reconnaissance. 

i>  J'ai  recommandé  à  l'officier  de  santé  de 
l'hospice  ,  et  aux  hospitalières  ,  d'avoir  pour 
'  lui  tous  les  égards  et  tous  les  soins  qu'il  mérite. 

j)  L'état  dans  lequel  il  est  maintenant ,  fait  es- 
pérer qu'il  ne  mourra  pas  de  sa  blessure:  cepen- 
dant ,  sa  bouche  est  tellement  endommagée, 
que  l'ofEcier  de  santé  craint  qu'il  ne  puisse  jamais 
parler.  Le  nerf  optique  de  l'œil  droit  ayant  été 
offensé  ,  il  n'e  voit  pas  de  cet  œil 


posante  atteste  que  vous  êtes  égalemenfavides 
et  assurés  de  moissonner  de  nouveaux  laurierï. 
j'en  ai  l'immuable  certitude  ,  et  je  l'annonce  avec 
orgueil  à  la  France  ,  à  l'Italie  ,  et  à  vos  ennemis. 
Camarades  !  n'oubliez  jamais  dans  les.  combats 
et  hors  des  combats  ,  que  vous  êtes  les  enfans 
du  1  =  '  peuple  de  la  terre.  Soyez  dignes,  dans 
tous  les  momens,  du    grand   nom    de  SOLDATS 

FRANÇAIS. 

Pour  copie  conforme  ,  Signé ,  Caenot. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 


Le  département  de  Maine  et  Loire ,  qui  fut 
long-tems  l'un  des  plus  malheureux  de  l'ouest 
pendant  la  guerre  civile  ,  commence  à  présenter 
lin  tableau  satisfesant.  Les  ravages  de' la  guerre 
s'y  réparent  avec  rapidité.  L'agriculteur  y  a  repris 
ses  travaux  accoutumés  et  en  recueille  paisible- 
ment les  fruits.  Les  villes  qui  ont  les  ressource» 
du  commerce  et  de  l'industrie  sont  les  premières 
à  se  relever  de  leurs  pertes  ,  et  déjà  plusieurs  , 
telles  que  ChoUet  et  Chemillé  ,  reviennent  rapi- 
dernent  à  l'aisance  et  au  bonheur  de  leur  situation 
antérieure  aux  troubles  civils.  Les  communes 
dans  lesquelles  les  mêmes  ressources  n'existent 
pas,  ont  plus  de  peine  et  mettront  plus  de  tems 
à  se  remettre  ;  il  est  vrai  néanmoins  que  leur 
situation   s'améliore  progressivement.         / 

Les  dispositions  morales  et  politiques  des  habi- 
tans ofFrent  encore  plus  de  motifs  de  satisfaciJorx 
et  d'espoir.  Les  cultivateurs  jouissent  délicieuse- 
ment de  la  paix  ,  dont  le  souvenir  de  leurs  maux 
passés  augmente  encore  le  bonheur  et  le  charme. 
Ils  poursuivent  activement  les  perturbateurs  ,  et 
déjà  l'on  doit  à  leur  zèle  plusieurs  arrestations 
qui  deviennent  pour  eux  de  nouveaux  garans  de 
leur  tranquillité  ,  telle  est  celle  d'un  fameux 
brigand  ,  connu  sous  le  nom  bizarre  et  odieux 
de  Coupe  et  Tranche. 

Les  prêtres  se  conduisent  avec  sagesse  ,  prêchent 
la  concorde,  publient  à  leurs  prônes  les  avenis- 


.  .-1  la  concorde,  puDlient  a  leurs  prônes  les  avenis- 

>>  Uetuitortune  jeune  homme,  qui  prévient  sin- I  semens  et  les  arrêtés  de  l'autorité  civile  dont  la 

llierement    en  sa   faveur.    SUDOOrle    avpr    Ip    r»lnc       rnnnaÎQÇanrp    îm^rpsc^     1..C    /-W^....^-      Dl...: 1 


gulierement  en  sa  faveur  ,  supporte  avec  le  plus 
grand  courage  toutes  les  opérations  que  son  état 
nécessite.  Il  ne  s'est  point  encore  expliqué  sur 
la  cause  et  sur  l'auteur  du  coup  de  feu  quil  a 
reçu;  maisje  persiste  toujours  àcroiroque  de  vives 
peine  l'ont  porté  à  se  suicider. 

)'  Ne  pouvant  parler  ,  il  m'a  écrit  que,  soudain 
après  sa  guérison,  il  irait  vous  voir. 

15  J'irai  de  tems  en  tems  visiter  cet  intéressant 
jeune  homme,  afin  de  seriner  quelques  consola- 
tion dans  son  ame  ,  et  lui  faire  ,  s'il  est  possible  , 
oublier  ses  malheurs.  Aubert. 

(  Extrait  du  Journal  officiel  de  la  Gironde.  ) 


connaissance  intéresse  les  citoyens.  Plusieurs  de 
ceux  dont  on  craignait  le  plus  de  résistance  aux 
vœux  du  gouvernement  ;  ont  fait  leur  soumission 
et  contribuent  à  consolider  autour  d'eux  la  tran- 
quillité publique. 

Le  choix  dès  maires  et  adjoints  est  généralement 
bon  ;  plusieurs  d'entr'eux  qui  ont  été  pris  parmi 
des  citoyens  amnistiés,  s'acquittent  de  leurs  fonc- 
tions avec  zèle  et  intelligence  ,  et  provoquent 
souvent  du  préfet  des  mesures  dont  lui-même 
reconnaît  la  sagesse  et  iutilïté. 


MINISTERE    DE   LA   GUERRE. 

Bologne,  le  3  vendémiaire  an  9. 

Le  heutenant- général  Dupont,  commandant 
l'aîle  droite  de  l'armée  d'Italie  ,  a  réuni  à  Guas- 
lalla  ,  une  partie  de  son  corps  d'armée  pour 
célébrer  W  fête  de  la  fondation  de  la  républi- 
que. La  cérémonie  a  eu  lieu  près  du  camp. 
L'exercice  à  feu,  de  nombreuses  salves  d'artil- 
lerie et  une  musique  guerrière  ont  animé  la  lête, 
et  il  a  y  eu  beaucoup  d'ordre  et  d'enthousiasme. 

Le  général  Dupont  a  harranj^ué  les  troupes. 
Voici   quelques   traits   de    son    discours  : 

Soldais  ,  nous  célébrons  aujourd'hui  la  fon- 
dation de  la  république.  Ce  jour  est  ,  à  la  fois 
la  (ête  de  la  liberté  et  du  courage.  C'est  dans 
les  camps,  c'est  parmi  l'appareil  des  armes  que 
cet  anniversaire  auguste  doit  recevoir  des  hom- 
mages solennels 


INSTITUT     NATIONAL. 

L'institut  national  ,  par  ordre  du  gouver- 
nement ,  et  conlormément  à  la  lettre  du  ministre 
de  l'intérieur,  a  proposé,  dans  sa  séance  du  26 
germinal  dernier,  un, prix  de  la' valeur  de  cinq 
hectogrammes  d'or  pour  celui  qui  aurait  le  mieux 
traité  ces  deux  questions  : 

Quelles  sont  Us  cérémonies  à  faire  pour  les  fw 
nérailles  ?  Et  quel  est  U  règlement  à  adopter  pour  U 
lieu  de  la  sépulture  ? 

Quarante  mémoires  o  t  été  envoyés  au  con- 
cours. 


Tous ,  ou  presque  tous  ,  contiennent  des  vuel 
utiles  et  tendantes  à  rétablir  Tordre,  la  décence 
et  la  justice  envers  tous  ,  dans  les  pompes  funè- 
bres. L'institut  en  a  distingué  deux  qui  ,  par  la 
modé'ralion  de  leurs  principes,  la  sagesse  dé 
leurs  projets,  la  facilité  de  leur  exécution  dans 
toute  l'étendue  de  la  république  ,  lui  ont  pari» 
avoir  le  mieux  traiié  les  deux  questions  énoncées 
)  dans  le  programme.  Il  ajugé  que  le  prix   devait 


1  ;;•""-"- t">jg,'»'"«"c.  XI  «ijugc  que  le  prix   aevai 
Le    feu    sacre    riue    la    révolution    fit   éclore  ,  I  être  partagé     également    entre      ces     deux    me 


s  est  entretenu  toujours  ardent  et  pur,  dans  le 
sein  des  armées,  et  l'amour  de  la  patrie  sera 
toujours  placé  dans  vos  cœurs  ,  à  côté  de  l'amour 
de  la  gloire. 

Soldats  ,  lEurope  s'étonne  que  la  paix  n'ait 
pas  suivi  vos  derniers  triomphes,  et  que  l'obs- 
tination de  la  cour  de  Vienne  l'ait  emporté 
jusquici  sur  le  vceu  des  peuples.  Son  ambition 
combat  le  souvenir  terrible  de  Maringo  ;  mais 
les  sombres  nuages  de  sa  politique  vont  se  dis- 
siper devant  !a  grandeur  et  la  sagesse  du  gou- 
vernement français  ;    votre  attitude  liete  et  im- 


raoires  enregistrés    sous  les  n°'    26  et  28  ,  ponant 
pour  épigraphe  ,  savoir  : 


m  gardons  l'humanité, 
li   des  morts  bravez  la  majesté , 
"lambeaux  ,  ces  ornemens  ,  ces  prêtre», 
ï  à  la  tombe  escortait  nos  ancêtres  : 


36.  De  la  religic 
,  Barbares ,  qi 
Eloignez  ces  i 
Dont  le  fast( 
IVtais  appelez  du  moins  autour  de   nos  débiis 
.    Et  la  douleur  d'un  (Vere  et  les  larmes  d'un  fils. 
C'est  le  juste  tribut  où  nos  mânes  prétendent; 
C'est  le  culÇi  du  cœur  que  sur-tout  ils  attendent. 
(  Lega.iv<.  Il 


66 


M"  38.  "  EitÉofiôr  M  tiîniùB!  anîmas  placaie  pitetnas . 
„  Parvaque  in  extruc^as  munei'a  ferre  pyraé. 
„  Parva  petuut  mânes  :  pîctas  pro  divîte  gtata  est 
„  Muneie  :  non  avidos  Slyx  habet  ima  deos. 

(  Ovid.  lib.  li  failor.  ) 

Les  deux  auteurs  sont ,  pour  le  n"  î6  ,  le  ci- 
toyen F.  V.  Mulot  ,  ex-législateur; 

E( ,  pp«r  le  n"  «8  ,  le  citoyen  Amaury-Duval , 
cîief  du  bureau  des  arts  dans  le  ministère  de 
l'inlérieur. 

Parmi  les  autres  mémoires  ,  l'institut  a  noté  , 
comme  digne  d'une  menlinn  honorable  ,  spécia- 
kment  à  raison  de  la  prédilection  avec  laquelle 
son  auieur  s'est  occupé  des  communes  rurales, 
celui  dont  la  devise  est  : 

Sepelirè  mortûvs  ,  <)pus  miserkordià.  Gènes. 

Ensuite  ceux  qui  ont  pour  épigraphes  : 

Vnus  omniurri  exaquahitur  cinis.   Serfeca. 

<c  Les  premiers  principes  de  la  morale  ,  de  la 
»>  rnédecine  et  de  la  science  sociale  ,  demandent 
>j  la  plus  prompte  réforme  de  l'état  dans  lequel 
f>  sont  les  inhiimations.  1)  (Discours  de  Baudin.  ) 

Util! tas  ex  inhiiicis  capienda. 

-, .  ,  .  A  nos  regrets  sachons  prêter  des  cliarvncs  , 
Rendons  les  fleurs  ,  les   bois  confidens  de  nos  larmes. 
Dans  les  fleurs  ,  dans  les  bois  ,  du  sort  trempant  les  coups , 
Wos  parens  reviendront  converser  avec  nous. 

L'Insti(ut  fera  connaître  plus  en  détail ,  par  un 
rappoft  imprimé  ,  lès  idées  utiles  que  l'on  peut 
tecueillir  des  mémoires  envoyés,au  concours. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Crasious. 
Suite  de  la  séance  du   i6  vendémiaire. 

'Shnéoti.  L'intervention  du  tribunal  est  réclamée 
contre  un  acte  du  gouvernement.  L'exercice  haiif, 
d'bn  droit  qtte  l'on  ne  pensait  pas  devoir  être 
sitôt  nécessaire  ,  est  digne  de  toute  notre  alten- 
tion.  Ce  n'est  pas  un  citoyen  seul  qu'il  faut  rassurer 
sur  ses  inquiétudes  ;  tous  auront  à  apprendre  que 
le  gouvernement  ne  mérite  pas  l'imputation  d'être 
sorti  de  ses  limites  ,  ou  qu  il  a  trouvé  dans  l'action 
du  tribunal  ,  l'obstacle  mis  à  sa  force  et  à  labus  i 
de  ses  pouvoirs  ,  par  la  constitution.  I 

Il  me  paraît  inutile  d'ajouter  à  une  question) 
dont  i'iniéiêl  devient  tout  d'un  coup  si  important ,  ' 
des  dissertations  qui  la  comp  iqueraient.  | 

Sans  dobte,  si  le  goui'erneraen!  arrête  la  marche; 
de  la  justice  dans  les  matières  dont  il  n'est  pas! 
comi  élftii;  s'il  (.-nipêche  l'exécution  fies  jugemens  ; 
lorsqu  avant  lui  les  lois  ne  l'ont  que  suspendue  ,  | 
il  commet  une  inconstiiutionnalité  ,  puisqu'il  en-  j 
Ueprcnd  sur  le  pouvoir  judiciaire. 

Mais  aussi  lorsque  le  pouvoir  judiciaire  s'in- 1 
vestit  d'affaires  administratives,  lorsque  ,  sous  pré-  ! 
texié  d  exécuter  des  jugemens  qu'il  a  pu  rendre  ,  i 
on  va  troubler  l'administration  à  laquelle  ils  doi-  ' 
vent  ê  re  représentés  pour  qu'elles  les  reconnaisse  ! 
et  les  cUise  dans  Tordre  général  dont  elle  s'oc-  j 
■cupe  ,  îl  y  a  pareillement  un  excès  de  {pouvoir,  ' 
Tine  inconslitutiotinalité  à  prévenir  ou  à  réprimer;  . 
■  et  c'est  l'autorité  administrative  supérieure  ,  en 
■autre  termes,  le  gouvernement  qui  en  est  chargé. 

Il  se  pourrait  donc  que  ,  tandis  qu'on  nous 
propose  de  déférer  le  gouvernement  au  sénat-  j 
conservateur,  comme  contrevenant  à  la  consiitu- j 
tion  ,  le  reproche  se  rétorquât  contre  le  citoyen  | 
•Boiei  ,  siiu  dénonciateur  ,  et  contre  les  tribunaux 
qui  auraient  méconnu  les  bornes  dès  long-tt;ras 
posées  à  leur  juridiction  et  à  l'exécuuoti  de  leurs 
jugemens. 

Pour  juger  ce  procès ,  car  ce  n'est  au  fond  que 
d'un  procès  que  nous  nous  occupons  aujourd  hui  ; 
il  faut  se  rappeler  que  la  révolution  .  en  se  déter- 
minant contre  les  impôts  indirects  ,  renversa  les 
fermes  générales.  Le  torrent  qui  les  entraîna  ne 
iarda  pai  à  submerger  les  fermiers  généraux  eux- 
mêmes. 

D'abord  ,  on  les  chargea  de  la  liquidation  de 
la  fermé  et  dii  recouvrement  de  l'arriéré  (i). 

Mais  le  5  juin  1798  ,  on  mit  le  scellé  sur  toutes 
leurs  caisses  et  papiers.  On  se  saisit  de  toiM  ce 
qu'ils  avaient  de  fonds. 

Le  î3  août ,  on  leur  défendit  de  faire  aucune 
recette  ni  dépense. 

L'article  III  des  décrets  des  24  et  27  septembre 
enchérit  sur  cette  disposition.  U  porte  :  "  Les 
>i  membres  des  anciennes  compagnies  ,  ni  leurs 
>♦  préposés  ,  ne  pourront  plus  faire  aucune  recette 
»i  ni  dcpehse ,  ni  donner  suite  à  aucune  affaire.  >> 

Ils  ne  pouvaient  donc  plus  ni  payer  ni  plaider. 
Il  fallait  donc  surseoir  à  toute  exécution  contre 
eux  ,  ainsi  qu'à  tout  procès.  C'est  ce  que  lit  l'ar- 
ticle XIV  cfes  mêmes  décrets  des  24  et  37  sep- 
tembre. 

(1)  Loi  ii\>'i>iebiin  août  1191^ 


t'artîcle  suivant  ordotina  1»  litjuidatiôn  <î«is' 
créances   passives  de  là  ferme. 

Elles  ne  pouvaient  donc  plus  être  poursuivies 
ni  payées  que  d'après  cette  liquidation. 

Le  4  himaire  an  2  ,  le  même  jour  où  une  foule 
déchaînée  vint  commander  à  la  cçnvention  na- 
tionale l'arresiation  des  fermiers  généraux  ,  une 
troupe  d'employés  ,  de  porteurs  de  charbon  , 
d'ouvriers  rapeurs  ,  ficeleurs  ,  hacheurs  de  tabac  , 
fit  déclarer  que  le  sursis  porté  dans  le'-décret 
du. . . .  septembre  lygS  ,  ne  leur  était  point  appli- 
cable ,  c'est-à-dire,  qu'ils  pouvaient  poursuivre 
contre  là  ferme  générale,  qui  ne  pouvait  payer, 
puisqu'elle  ne  pouvait  faire  aucune  dépense, 
puisque  tout  était  saisi  ,  et  que  ses  dettes  étaient 
sujettes  à  liquidation;  mais  ils  savaient  que  les 
fermiers  généraux  ,  si  grièvement  menacés  ,  ne 
disputeraient  pas ,  et  payeraient  sur  leurs  propres 
biens  ce  que    la  ferme    seule   devait. 

Une  disposition  plus  extraordinaire  encore  se 
glissa  dans  cette  loi  du  4  frimaire  iti  2.  Non- 
seulement  le  sursis  fut  déclaré  non-applicable 
aux  employés  et  ouvriers  qui  avaient  obtenu  des 
condamnations  avant  le  27  sepiembre  1798  ,  mais 
à  tout  citoyen  qui  a  des  titres  valables.  Qiloi  de  plus 
vague  !  qu'est-ce  qu'un  titre  valable  ,  avant  qu'il 
ait  été  reconnu  par  un  jugement  ou  une  hquidï- 
tion  ?  qui  devait  juger  de  la  validité  du  titre  ? 
celui  qui  en  était  muni  en  étail-il  le  juge  ,  et  devait- 
il  prononcer  dans  sa  propre  cause  ? 

On  n'aurait  pas  lardé  de  s'appercevoir  des  incon- 
véniens  de  cette  disposition,  si  le  décret  du  aS 
nivôse  n'était  venu  la  rendre  inutile. 

Alors  les  biens  des  fermiers-généraux  furent  mis 
sous  la  main  de  la  nation  ,  comme  l'avaient  été 
déjà  ceux  ae  la  ferme  générale  ;  leurs  créanciers 
furent  tenus  de  faire  leurs  déclarations  sous  un 
mois  pour  tout  délai.  La  régie  de  l'enregistre- 
ment ,  qui  ferait  administrer  leurs  biens  comme 
ceux  des  én^igrés  ,  prendrait  connaissance  de  tous 
les  procès  intentés  ,  ainsi  que  de  ceux  déjà  jugés 
contre  les  fermiers  généraux. 

Evidemment  celte  loi  révoqua  de  fait  celle  du 
4  frimaire  ,  et  rétablit  le  sursis  prononcé  en 
septembre  I7g3;  elle  ordonnait  à  la  régie  de 
l'enregistrement  de  prendre  connaissance  de  tous 
les  procès  jugés  ;  les  jugemens  n'étaient  donc 
plus  exécuioires  ,  et  d'ailleurs  ,  contre  qui  et 
sur  quoi  les  exécuter  ?  les  fermiers  généraux 
étaient  regardés  comme  émigrés,  et  leurs  biens 
étaient  confisqués. 

Le  9  thermidor  ayant  ramené  des  principes  trop 
oubliés,  la  loi  du  21  prairial  an  3  fut  rendue  , 
qui  restitua  les  biens  confisqués.  Les  biens  des 
fermiers  généraux  furent  compris  dans  cette  res- 
titution ,  sauf  les  droits  de  la  république.  Il  faut 
lire  l'article  Vil  de  cette  loi  : 

Il  La  disposition  de  l'article  I"^  ,  en  ce  qu'elle 
ordonne  la  restitution  d|S  biens  confisqués  par 
des  jugemens  rendus  revolutionnairement  ,  ne 
préjudiciera  point  aux  droits,  créances,  actions 
et  indemnités  de  la  république  .  sur  les  biens 
des  régisseurs  ,  fournisseurs,  comptables  ou  dila- 
pidateurs  ,  qui  auront  été  condamnés  révolulion- 
naireiiicni;  lesdits  droils  ,  créances  ,  actions  et 
indemnités  v  sont  réservés  pour  être  exercés  civi- 
lement; à  cet  effet  le~s  hypothèques  et  séquestres 
établis  avant  les  condamnations  à  mort ,  tiennent 
et  subsistent. 

)>  Il  en  sera  de, même  pour  les  biens  des  fer- 
miers généraux  ,  dans  tous  les  cas  oîi  le  comité 
des  finances  n'aurait  pas  converti  ou  ne  conver- 
tirait pas  le  séquestre  eh  opposition,  u 

Cette  loi  fit-elle  cesser  le  sursis  qui  s'était  néces- 
sairement ensuivi  de  la  confiscation  ?  dispensa-t- 
elle  les  créanciers  de  faire  liquider  leurs  créances 
et  examiner  leurs  titres  ?  elle  est  muéfiè  à  cet 
égard. 

Mais  entretenant  le  séquestre  sur  les  biens  des  1 
fermiers-généraux ,  à  moins  qu'il  ne  fût  changé 
en  opposition,  elle  conserverait  toujours  à  la 
nation  séquestre  ou  opposante  le  droit  d'examiner 
les  prétentions  et  les  titres  des  créanciers  de  la 
ferme  et  des  fermiers  :  elle  y  aurait  le  même 
intérêt. 

Tels  furent  en  effet  l'interprétation  et  l'exécu- 
tion que  la  loi  du  21  prairial  reçut  par  rapport 
à  eux.  lOn  coiltiriua  de  liqtiidet  les  créanciers 
à  leur  charge.  Et  jusqu'à  présent,  c'est-à-dire 
pendant  cinq  ins ,  personne  n'avait  mis  à  exécu- 
tion des  jugemèris  contre  eux  ou  leurs  héritiers. 

C  est  dans  cet  état  que  le  gouvernement  jettant 
l'œil  sur  les  nijmbréuses  liquidations  dont  il  est 
chargé,  sur  la  mulliiiide  de  citoyens  qu'elles  inté- 
ressent ,  a  pensé  qu'il  fallait  enfin  pour  leur  avan- 
tage et  le  sien  ,  statuer  définitivement  sur  la  liqui- 
dation de  la  ferme  et  des  régies  générales. 

D'abord  ,  il  a  ordontié  que  tous  les  çréariciers 
qui  n'ont  pas  encore  fourni  leVirs  titrée,  lés  four- 
niront dans  trois  mois,  / 

Il  a  déclaré ,  par  un  second  article  ,  c'est  celui 
qu'on  accuse  principalement  d'inconstitution- 
nalitè  ,  que  les  créanciers  qui  ne  se  seraient  pas 
tait  liquider  en  exécution  de  l'article  XV  du  dé 
fret  des  24  et  sS  septembre  i7;93  ,  seront  tenus 


tfén  ftiiré'Ietirydéchîrat?oiiS>el  «îe  sursSbir  à  toutes 

pdtîrïiiiités. 

Qu'est-ce  que  le  goùvernénnerit  à  fait  sur  cette 
dispositiôti  ?  est-il  intervenu  dans  une'  affaire  par- 
ticulière, pour  arrêter,  comme  on  le  lui  reproche, 
l'action  de  la  justice  ? 

Non ,  il  a  statué  relativement  à  la  masse  des 
créanciers  de  la  ferme  sans  s'occuper  de  l'affaire 
du  citoyen  Borel  qui  le  dénonce.  Ce  citoyen  dit 
lui-même,  dans  les  observations  qu'il  nous  a  (ait 
distribuer,  sur  le  rapport  de  notre  collègue  Savoy- 
Sollin  .  que  le  ministre  et  les  bureaux  ne  la  con- 
naissent pas ,  et  que  ce  sont  les  héritiers  Bou- 
logne qui  lui  ont  fait  signifier  l'arrêté  comme  ua 
arrêt  de  surséance. 

Ce  sont  donc  ces  héritiers  qui  ont  appliqiié'à 
leur  affaire  particulière  l'arrêté  du  gouvernement 
qui  ne  la  connaissait  pas  ,  qui  ne  la  connue  et 
qui  n'y  est  intervenu  postérieurement  que  quand 
il  a  su  que  son  rég'ement  n'était  pas  ejtécuté  ;  et 
qui  ayant  dès  long-tems  dans  ses  mains  les  biens 
de  la  ferme  générale,  ayant  un  ordre  à  établir 
parmi  les  créanciers  ,  avait  dû  ,  en  attendant  la 
liquidation  et  l'ordre  qu'il  allait  presser,  sus- 
pendre toute  poursuite. 

Il  l'a  dû  ,  parce  qu'en  administration  comme 
en  justice  réglée  ,  et  par-tout,  liquidation  et  sursis 
aux  pouf  suites  sont  deiix  corelatris  nécessaires. 

La  révocation  du  sursis  n'était  possible ,  ainsi 
qu'on  l'a  remarqué  dans  les  considérans  de  l'artêlé 
du  4  germinal,  qu'autant  que  l'on  aurait  égale- 
ment révoqué  et  la  défense  faite  de  payer  aucune 
dette  de  la  ferme  ,  et  l'ordre  de  les  liquider. 

Si  la  justice  eût  été  saisie  de  la  liquidation  de  la 
dette  des  fermes  ,  elle  eût  prohibé  les  exécutions 
particulières  ,  comme  elle  le  fait  toujours  dans 
les  instances  générales  d'ordre  et  de  discussion. 

Quand  celte  liquidation  est  à  faire  administra- 
tivenient,  il  y  a  la  même  raison  pour  qu'on  ne 
vienne  pas  avec  des  exécutions  prématurées  dé- 
ranger et  interverdr  l'ordre  qu'elle  doit  établir. 

Outre  le  mal  qui  en  résulterait  pour  les  débi- 
teurs et  les  créanciers  ,  il  en  naîtrait  un  conflit 
qui  nuirait  aux  travaux  de  l'administration  ,  et 
qui  attenterait  à  son  indépendance  ,  laquelle  est 
égale  à  celle  de  l'ordre  judiciaire. 

Si  le  tribunal  de  cassation  statue  suf  les  con- 
flits entre  les  tribunaux  ,  c'est  au  gouvernement 
qu'il  appartient  de  décider  Ceux  qui  s'élevetit 
entre  l'administration  et  la  jus'ice,  à  pourvoir  à 
ce  que  la  première  n'empiète  pas  sur  celle-ci,  et 
réciproquement  que  des  titres  judiciaires  parti- 
culiers ne  troublent  ou  ne  gênent  pas  les  opé*- 
rations  générales  de  l'administration. 

A  cette  observation  si  décisive,  fondée  sut  la 
loi  du  21  fructidor  an  3  ,  et  si  bien  développée 
par  notre  collègue  Chaland  ,  on  répond  qu'il  aj 
avait  poiiît  ici  de   conflit. 

Qu'est-ce  donc  qu'un  conflit  ?  n'est-ce  pas  le  . 
concours  de  deux  autorités  indépendantes ,  dont 
les  actes  se  choquent  ou  Sont  prêts  à  se  choquer  ? 

Si  r'administraiion  relient  l'actif,  liquide  le 
passif,  et  que  pendant  cette  liquidation  générale 
il  y  ait  des  exécutions  particulières  ,  tout  sera 
bouleversé.  Le  gouvernemenl  qui  a  le  devoir  et  la 
puissance  de  garantir  l'adminisiralion  des  inva- 
sions judiciaires ,  peut  donc  d'office  ,  et  lorsqu'il 
les  voit  prêtes  à  se  foimer  ,  les  arrêter  par  une 
saisie.  Ce  n'est  pas  la  fortune  d'un  particulier 
qu'il  défend  ati  préjudice  d  un  autre  .  ce  sont 
des  opératiori?  à  fane  sons  la  surveillance  qu'il 
maintient  ;  et  s'il  le  pouvait  quand  le  sursis  n  avait 
pas  ehcore  été  ordonné  ,  il  le  peut  à  plus  forte 
raisoti  ,  lorsque  ce  sursis  est  déjà  fondé  sur  lie 
droit  commun  et  sur  des  lois  expresses  qti'ilne  fait 
que  renouveller. 

Le  citoyen  Borel  a  étayé  sa  Iréclamatioto  de 
l'avis  d'un  jurisconsulte  justement  célèbre. 

Ce  jtirisconsulte  a  pensé  que  la  liquidation  à 
faire  de  la  dette  des  fermes-générales  ,  ne  saurait 
profiter  à  leurs  cautions ,  qu  elles  peuvent  être 
poursuivies  sur  leurs  biens  personnels  comme 
peuvent  l'être  les  cautions   des  émigrés. 

Je  crois  entrevoir  deux  différences  essentielles. 

Première  différence  :  Les  fermiers  -  généraux 
étaient  cautions  du  bail  à  l'égard  du  gouverne- 
ment,  ils  l'étaient  aussi  à  l'égard  des  particuliers 
pour  les  faits  de  la  ferme. 

Ils  étaient  soumis  par  le  bail  à  fournir  cliacua 
1,560,000  livres  ;  mais  je  ne  vois  nulle  part  qu'ils 
eussent  obligé  en  outre  leurs  biens-personnels. 

Leur  avance  de  i,56o,oob  liv.  chacun  ,  formant 
la  soïnrtïe   totale   de   68,640,000   liv.  ,  était  divii 
s"ée  éti  fotlds  de  càuiîonneine'nt  et  eti  fonds  d'ex'- 
ploitation  (1). 
48,640,000  liv.  fôraiàiént  le  fon'ds  d'exploitation. 


(1)  chacun  des  fermiers-généraux,  caution  dudit  preneur, 
«ontribuera  ,  par  égale  portion  ,  aux  fonds  nécessaires  ,  tant  pour 
le  cautionnement  dudit  bail,  que  pour  son  exploitation.  Les- 
quels fonds  formeront  un  total  de  soixante-huit  .millions  si!t 
cent  quaranie  mille  Hv.  ,  .à  raison  de  quinze  cents  soixante  mUle 
liv.  par  chaque  >  plate.  Art.  X  du  résultat  du  conseil  du  19 
oiatâ  1786,  portant  bail  des  fcinies  générales. 


4((S,ooo,ooo  devaient  êirt  déposés  au  trésor  royal 
par  forme  de  cautionnement  (i). 

C'est  le  fonds  d'exploilation  qui  était  le  gage 
clu  public  pour  les  faits  de  la  ferme,  comme 
les  20  millions  déposés  au  trésor  étaient  le  gage 
du  gouvernement. 

Il  n'y  avait  de  solidarité  en^tre-  l«s  fermiers- 
généraux  que  vis-à-vis  le  gouvernement  avec 
lequel  seul  ils  trailaienl. 

La  solidarité  étant  de  droit  étroit  ,  on  ne  peut 
ni  l'étendre  d'un  cas  ou  d'une  {)ersonne  à  l'autre  , 
ni  l'induire  vis-à-vis  le  public  avec  lequel  la 
solidarité  n'a  été  ni  entendue  ni  stipulée. 

L'ordonnance  des  fermes  dit  ,  que  les  juge- 
mens  qu'elles  obtiendront ,  seront  exécutés  ,  non- 
obstant l'appel  aux  cautions  du  bail  ,  c'est-à-dire 
sous  le  cautionnement  porté  dans  le  bail.  Or  , 
si  ce  cautionnement  ne  consiste  pour  chaque 
fermier-général  qu'aux  l,56o,ooo  livres  par  lui 
versées ,  il  n'est  ni  obligé  ni  caution  sur  ses 
biens   personnels. 

Et  quand  il  le  serait ,  n'ayant  renoncé  nulle 
part  au  bénéfice  de  discussion  ,  tant  que  les 
fonds  de  la  ferme  générale  ne  seraient  pas 
épuisés  ,  il  ne  pourrait  pas  être  personnellement 
poursuivi  (2  ). 

Il  existe  donc  une  grande  différence  entre  les 
cautions  des  émigrés ,  lesquelles  se  sont  obli- 
gées sur  tous  leuis  biens  ,  sans  division  ni  dis- 
cussion ,  et  les  cautions  des  fermes  générales 
qui  ne  se  sont  obligées  que  pour  les  i,56o,ooo 
liv.  que  chacune  d'eux  a  versés. 

Seconde  différence  :  les  cautions  des  émigrés 
s'étaient  soumises  à  répondre  de  tous  les  faits 
qui  pourraient  altérer  la  solvabilité  de  ceux 
pour  qui  ils  avaient  répondu.  C'est  par  leur 
faute  que  les  émigrés  ont  confisqué  leurs  biens. 
On  a  pensé  que  cete  faute  doit  retomber  sur 
leurs  cautions  plutôt  que  sur  leurs  créanciers 
qui  avaient  exigé  un  cautionnement  pour  le  cas 
de  confiscation  r,  comme  pour  tous  ceux  qui 
étaient  prévoyables. 

C'est  au  contraire  sans  aucune  faute  que  les 
biens  de  la  ferme  générale  sont  saisis  .  c'est  par  le 
fait  du  prince  que'les  cautions  n'ont  pas  garanti. 
Nul  ne  répond  du  fait  du  prince  ;  et  quand  ce 
fait  intervient  ,  il  est  équitable  que  les  droits  par- 
ticuliers soient  suspendus. 

Si  la  ferme  générale  est  ,  après  la  liquidation  , 
reconnue  insolvable  ,  ses  cautions  répondront. 
Mais  jusqu'à  son  insolvabilité  déclarée  ,  pourquoi 
l'autorité  administrative  soufFiirail-elle  qu'on  exé- 
xute  des  cautions  dont  elle  retient  le  gage  ? 

Quoique  l'on  puisse  penser  de  ces  différences 
qut  sont  évidentes  pour  moi  ;  qnelqu'opinion 
qu'on  ait  sur  la  question  qui  fut  si  diversement  vue 
par  les  cinq-cents  et  par  les  anciens  ,  entre  les 
conditions  des  émigrés  et  les  créanciers  de  ceux- 
ci  ;  une  chose  qui  sera  plus  décisive  pour  tout  le 
monde  ,  parce  que  c'est  un  fait  hors  de  toute 
contestation  ,  c'est  qu'aucune  loi  n'avait  sursis  aux 
poursuites  contre  les  cautions  d'émijirés  ;  c'est 
qu'au  contraire  les  lois  de  septembre  lygS  et  «3 
nivôse  an  2,  avaient  sutsis  à  toutes  poursuites 
pour  dettes  de  la  ferme. 

Le  gouvernement  n'est  donc  point  sorti  de  ses 
attributions.  Chargé  de  faire  exécuter  les  lois ,  il 
en  a  rappelé  les  dispositions.  Il  y  a  plus  ,  il  en  a 
omis  une  qui  fait  plus  que  de  surseoir  aux  pour- 
suites du  genre  de  celle  du  \"  floréal;  elle  en 
proscrit  et  anéantit  le  titre  :  c'est  la  loi  du  29  mai 
jygi  ,  ainsi  conçue  : 

«i  Les  procès  pendans  avec  contestation  en 
cause  ,  et  ceux  suivis  de  jugcmens  sujets  à  appel 
pour  frauda  ou  contraventions  relatives  aux  droits 
ci-devant  perçus  par  la  régie  générale  ,  et  les  fer- 
mes et  régies  particulières  ,'40nt  annullés  sans  que 


■(»)  Lee  fcrnrlers-génétau'x  ,  cautions  duJit  prencuv,  dépose. 
iront  au  trésor  royal  ,  par  foViûe  de  cautionnemenL  ,  sur  la 
eomine  totale  de  soixante- tiuit  juillism  aix  c*nt  quarante  rtillte 
lïv.  de  fonds  a'ïfvancê ,  celle  de  vingt  mitions  ,  qui  leur  sera 
xemboursée  par  ffâ  mjkjesté  su^  4e  i^rix  dts  ai):  deVnifirs  iiu)is  du 
présent  bail. 

(2)  Cette  distmctîon  entre  les  fontl*  d'exploitation  et  celui 
de  cautionnement  ,  est  consacre'e  par  la  loi  du  premier  août 
1791,  relative  .i  la  liquidation  de  la  ftrine  générale.  Le  tit.  III 
«lîvise  expressément  les  deux  sortes  de  fonds.  Ceux  du  cau- 
llofmement  sont  remboursab  es  en  cinq  mois  ,  individuellement  à 
chaque  fermier-général.  (  Art.  IIJ.  ) 

Le  fonds  d'exploitation  n'est  remboursable  qu'après.  (Art.  Vï 

«  VU.  ) 

Le  même  distinction  entre  le»  blem  cdllectifs  de  la  ferme 
et  les  biens  pcrsOTînels  des  fermiers-généraux,  a  été  reconnue 
et  suivie  par  les  Ibis ,  qui  »  fautfe  de  cette  observation  ,  parais- 
eent  se  contrarier. 

Les  lois  des  5  juin  et  27  septembre  1793  s'appliquent  aux 
londs  et  deniers  de  la  ferme  générale. 

Celles  des  23  et  îg  nivôse  an  î  ,  et  Ji  prairial  an  3,  sont 
lelativea  aux  brciw  et  aux  créanciers  des  frmierS'généraux. 

La  restitution  faite  aux  fermiers-généraux  par  la  loi  du 
31  prairial  de  leurs  biens  personnels  ,  n'a  pas  rendu  aux  créflo- 
ciers  de  la  ferme  les  actions  et  prétentions  qu'ils  n'avaient  que 
«ur  te  fonds  social  d'cxploitatioH  ,  ce  fonds  enlevé  par  te  gou- 
vernement ,  et  versé  par  forme  de  dépôt  à  la  trésorerie  ,  en 
exécution  de  la   loi  du  i  juin  1793. 

C'est  sur  ce  fonds  que  les  créanciers  de  la  ferme  doivent 
ff  gouttait  juiqu'ji  épuiaemeDt  et  diicunion  tarait. 


67 


le!  parties  puissent  rien  répéter  les  unes  contre 
les  autres,  m 

Mais  ,  dit-o-n  ,  la  loi  intermédiaire  du  4  frimaire 
an  2  ,  avait  déclaré  que  le  sursis  ne  s'appliquait 
pas  aux  dénommés  qui  avaient  obtenu  des  con- 
dattmations  ,  non  plus  qu'à  tout  autre  citoyen 
ayant  des  titres  valables. 

Mais,  répondrai-je,  la  loi  du  23  nivôse  avait  dé- 
truit celle  du  4  frimaire. 

Et  si  l'on  objecte  que  la  loi  du  21  prairial  an  3  , 

ayant    rendu   aux   fermiers   généraux  leurs  biens 

personnels ,  dut  les  leur  rendre  avec  leurs  charges 

et  faire  renaître  la  loi  du  4  frimaire,  je  répliquerai  : 

1°  Qu'elle  ne  le  dit  pas  ; 

2°  Q^Lie  les  deltes  de  la  ferme  n'étaient  pas  une 
charge  des  biens  personnels  des  fermiers  généraux 
qui  ne  les'avaient  point  obligés ,  et  qui  n'étaient 
débiteurs  et  cautions  que  sur  les  i-,56o  mille  liv. 
que  chacun  d'eux  avait  veibée,s  ; 

3°  Que  quand  leurs  biens  personnels  seraient 
obligés  ,  loin  qu'ils  leur  eussent  été  restitués  avec 
la  charge  de  payer  de  suite  les  dettes  de  la  ferme  , 
la  loi  de  restitution  s'opposait  littéralement  à  ce 
paiement  ;  car  les  biens  étaient  restitués  à  la 
charge  du  séquestre  ou  de  l'opposition  de  la 
nation  ;  mais  l'opposition  seule  est  un  obstacle 
légal  à  tout  paiement ,  car  les  biens  étaient  res- 
titués à  la  charge  du  séquestre  ou  de  l'opposition 
de  la  nation  ;  mais  l'opposition  seule  est  un  obs- 
tacle légal  à  tout  payement,  par  conséquent  à  toute 
exécution. 

Où  est  donc  l'inconstitulionnalité  ?  je  la  cher- 
che ;  je  ne  vois  rien  autre  ,  si  ce  n'est  qu'au  mi- 
lieu d'une  fliictuation  de  lois  qui  se  combattent  , 
mais  dont  le  dernier  état  n'est  point  contraire  aux 
fermiers  généraux,  le  gouvernement  a  saisi  et  ce 
dernier  état  et  ce  qu'il  y  avait  de  plus  équitable 
dans  les  lois  précédentes  ;  il  a  prononcé  l'exécu- 
tion de  l'article  XIV  du  décret  des  24  et '27  no- 
vembre 1793  ,  en  renouvellant  le  sursis  ordonné 
par  cet  article. 

Maintenant  il  ne  me  sera  pas  difficile  de  réfuter 
les  objections  de  celui  de  nos  collègues  qui  a  atta- 
qué le  rapport  de  la  commission. 

Quand  les  tribunaux  ,  a-t-il  dit  d'abord  ,  n'au- 
raient pas  diî  connaître  d'une  prétention  contre 
les  fermiers  généraux  sujette  à  liquidation  ,  1  illé- 
galité des  jugemens  ne  peut  jamais  autoriser  le 
gouvernement  à  prendre  connaissance  de  leurs 
décisions  ,  ni  à  les  réformer  ,  ni  à  surseoir  à 
leur  exécution. 

La  loi  du  21  fructidor  an  3,  faite  en  exécu- 
tion du  titre  VII  de  la  constitution  de  l'an  III, 
relatif  aux  pouvoirs  administratifs,  répond  en  ces 
termes  art.  XXVII  ,  "  en  cas  de  conflit  d'att'ri- 
■>■>  bution  entre  les  autorités  jtidiciaires  et  admi- 
))  nistrafives ,  il  sera  sursis  jusqu'à  décision  du 
u  ministre,  confirmée  parle  directoire  exécutif  qui 
>)  en  référera,  s'il  est  besoin,  au  corps-législatif.  >> 
Cette  disposition  est  accordée  à  notre  constitution 
présente  ,  par  l'art.  XI  du  règlement  du  conseil- 
d'élat  ,  on  y  lit  ;  u  il  prononce  sur  les  conflits 
1'  qui  peuvent  s'élever  entre  l'administration  et 
j>  les  tribunaux,  u 

L'arrêté  dénoncé,  du  4  germinal ,  avait  cherché 
à  prJéveoir  des  conflits  qui  allaient  naître  entre  des 
jugemens  que  l'on  voudrait  exécuter  et  le  sursis 
aux  exécutions,  qui  était  nécessaire  pour  la  liquida- 
tion dont  l'udministration  était  chargée.  Un  se- 
cond arrêté  qui  vient  d'être  pris  ,  a  eu  pour  objet 
de  faire  cesser  le  conflit  formé  ,  et  résuitailit  de  ce 
qu'au  mépris  du  premier  arrêté  ,  ks  tribunaux  en 
aient  connu. 

On  applique  mal  un  principe  très-vrai,  lorsqu'on 
dit  que  le  gouvernement  ne  doit  point  s'immiscer 
des  jugemens;  c'est-à-dire. que  jamais  il  ne  peut 
les  rélormer  comnfle  injustes  ,  les  anéantir  comme 
nuls  ,.  lorsqu'ils  ne  sortent  pas  des  bornes  pres- 
crites par  la  constitution  sur  l'ordre  judiciaire. 

Tout  ce  qui  se  passe  dans  cet  ordre,  est  hprs 
de  la  dépendance  du  gouvernement;  et  s'il  y  ap- 
perçoit  quelques  vices ,  il  a  un  commissaire  auprès 
du  tribunal  de  cassation  auquel  il  peut  et  doit 
donner  un  mandat  d'en  requérir  l'annullation. 

Mais  si  l'ordre  judiciaire  sort  de  ses  limites  ;  s'il 
entreprend  sur  l'administration,  alors  hors  de  son 
territoire  ,  ce  n'est  plus  le  tribunal  de  cassation  qui 
est  son  régulateur.  C'est  l'ordre  admininistradf 
sur  lequel  il  cmpiette  qui  ,  par  l'autorité  admi- 
nistrative supérieure  ,  repousse  et  réprime  son 
usurpation.    ^ 

Le  gouvernennent  est  §on  propre  défenseur.  Il 
serait  en  effet  inconvenant  qu'il  soumît  ses  actes 
ou  ses  opérations  au  tribunal  de  cassation  :  il 
serait  contradictoire  que  l'administration  étant  sé- 
parée de  la  justice  et  en  étant  indépendante  ,  il 
fallût  aller  au  tribunal  suprême  de  justice  pour 
faire  réprimer  les  entreprises  sur  l'administration. 

La  même  raison  qui  a  fait  attribuer  au  gouver- 
nement la  décision  des  conflits  entre  l'adrainis- 
traiion  et  les  tribunaux  ,  donne  au  gouvernement 
le  droit  de  maintenir  ses  décisions  et  dç  les  faire 
exécuter. 

Ainsi  des  créanciers  voulaient  mettre  à  exé- 
Guiiisri  de»  titres  judi'ciauei  ;  l'admiiùstiation  avait 


besoin  de  les  voir  ,  de  liquider  les  créances  ,  de 
les  ranger  ;  dt  là  le  coiitlit  sur  lequel  le  gouver- 
nement a  statué  le  4  germinal  en  renouvellant  le 
sursis  aux  poursuites. 

S'il  a  pu  prendre  ce  premier  arrêté  ,  ainsi  que 
cela  me  paraît  démontré  ,  le  second  est  inatta- 
quable :  il  est  la  sanction  du  premier. 

Mais  ,  dit  notre  collègue  ,  si  la  constitution 
autorise  le  gouvernement  à  faire  des  réglemens 
pour  l'exécution  des  lois  ,  elle  ne  lui  permet  pa» 
d'en  faire  pour  les  contrarier;  or,  l'arrêié  du  4 
germinal  contient  plusieurs  contrariétés  aux  lois. 

Le  \"  article  de  l'arrêté  rappelle  ,  coniinue-t-il , 
à  l'exécution  de  l'art.  III  de  la  loi  du  23  nivôse  , 
les  créanciers  des  fermiers  généraux  qui  n'avaient 
pas  fourni  leurs  litres.  Cette  loi  avait  été  abrogée 
de  fait  par  celle  du  21  prairial  an  3  ,  le  gouverne- 
ment na  donc  pas  dû  en  faire  revivre  la  dispo- 
sition, 

La  loi  du  2  1  prairial  n'abrogea  celle  du  23  ni- 
vôse que  pour  la  confiscation  ;  elle  laissa  d'ailleurs 
les  biens  des  fermiers  généraux  sous  le  séquestre 
ou  sous  l'opposition  de  la  nation.  La  liquidation 
de  leurs  dettes  resta  donc  nécessaire. 

Le  gouvernement  a  donc  pu  statuer  que  les 
créanciers  des  fermes  générales  qui ,  en  fxécution 
de  l'article  III  du  décret  du  23  nivôse  n'avaient 
pas  fourni  leur  déclaration  ,  la  fourniront. 

Cette  déclaration  était  d'ailleurs  prescrite  par 
le  décret  du  ..,  septembre  1793.  Aucune  loi  ne 
l'avait  abrogée  ni  de  fait  ni  de  droit.  L'erreur  , 
s'il  y  en  avait  une  dans  le  premier  art.  de  l'ariêté  , 
serait  d'avoir  cité  la  dernière  loi  sur  la  nécessité 
de  la  déclaration  ,  au  lieu  de  remonter  à  la  plus 
ancienne. 

Mais  ,  dit  notre  collègue  ^  l'art.  Il  de  l'arrê'é 
n'a  pas  dû  imposer  aux  créanciers  des  fermes 
générales  un  sursis  dont  la  loi  du  4  frimaire  an  » 
les  avait  dispensés. 

Quoi  !  si  cesursisétaitinconciliable  avec  la  liqui- 
dation du  passif  de  la  ferme,  dont  toutes  les  lois 
et  la  nécessité  commandaienr  de  s'occuper  ;  si  ce 
sursis  ,  avait  été  lui-même  forcément  ictabli  p.tr 
le  séquestre  ou  l'opposition  postéiieuremeut  mis 
sur  les  biens  des  fermiers  généraux  ,  comme  au- 
paravant on  avait  saisi  ceux  de  la  ferme  ,  il  fallait 
permettre  des  exécuuons  qui  rendraient  la  liqui- 
dation inutile,  puisqu'ils  la  préviendraient,  et 
,  qui  exposeraient  les  héritiers  des  fermiers  géné- 
'  raux  à  payer,  au  préjudice  ou  de  créanciers  plus 
anciens  ou  plus  légitimes  ,  au  pièjudjce  de  la 
nation  mênae  ,  des  créanciers  plus  uigens! 

L'art.  LU  de  la  constitution  charge  le  conseil- 
d'état,  sous  la  direction  des  consuls,  de  faire  des 
réglemens  d'adrainistrati-on  publique  ,  et  d'e  rè- 
soudie  les  difficultés  qui  s  élèvent  en  inaiicre  admi- 
nistrative. 

L'art.  XI  du  règlement  d'organisation  du  conseil 
le  charge  de  développer  le  sens  des  lois. 

C'est  en  vertu  de  ces  deux  titres,  que  le  gou- 
vernement, le  conseil-d'état  entendu,  a  fait  un 
règlement  sur  la  liquidation  de  la  dette  de»  fermes , 
matière  qui  est  certainement  d'administration  pu-, 
blique.  Il  a  résolu  les  diflîcullés  qui  s'élevaient  ,  il 
a  déÉ|,loppé  le  sens  des  lois. 

C'est  eii  force  de  la  loi  du  21  fructidor  an  3  , 
qu'il  a  étendu  ce  développement  jusqu'à  régler 
le  conflit  qui  s'établissait  entre  l'administration 
et  la  jijstice  ,  et  qu'il  a  suspendu  l'exécution  des 
titres  que  celle-ci  avait  donnés  ,  et  qui  doivent 
i  être  rangés  à  leur  rang  et  ordre. 

Le  collègue  que  je  réfute  a  fait  un  troisième 
reproche  à  l'arrêié.  Les  lois  des  246127  seprcmbre 
et  23  nivôse  an  2  ,  ordonnaient,  a-t-il  dit  ,  que  la 
déclaration  des  créanciers  serait  faite  devant  les 
administrateurs  de  district  et  de  département  dans 
le  délai  d'un  mois.  L'arrêté  accorde  un  nouveau 
délai  de  trois  mois  ,  et  il  ordonne  la  déclaration 
devant  le  directeur  de  la  régie  des  domaines  : 
ce  sont,  aux  yeux  de  notre  collègue,  des  modifi- 
cadons  et  des  usurpations  qu'il  avoue  à  la  vérité 
n'être  ni  nuisibles,  ni  bien  effrayantes;  il  veut 
cependant  l^s  délèrer  au  sénat  comme  une  entre- 
prise dont  il  faut  arrêter  les  premiers  ess*is. 

Qpand  la  constitution  et  les  lois  ont  détruit  les 
administrations  de  district  et  de  département  ,  je 
ne  conçois  pas  comment  le  gouvernement ,  chargé 
de  faire  les  réglemens  pour  leur  exécution  ,  ne 
peut  pas  déclarer  que  telle  chose  .  qui  devrait 
être  faite  devant  des  administrations  qui  ne  sub- 
sistent plus,  appartiendra  à  tulle  autre  qui  en  a 
pris  la  place. 

Que  si  Ion  disait  qu'il  fallait  donner  aux  préfets 
ce  qui  était  attribué  aux  administrations  départe- 
mentales ,  je  répoijdrai^  que  ceci  appartient  bien 
mieux  à  la  régie  des  domaines  ,  puisque  c  est 
elle  qui  a  intérêt  à  l'actif  et  au  passif  des  fermes 
et  régies  générales  ;  c'eût  été  un  circuit  iiiuiila 
que  de  s'adresser  aux  préfets. 
•  Mais  de  plus ,  le  décret  du  . . .  septembre  1793, 
et  celui  du  23  nivôse  an  2  ,  indiquent,  l'un  le 
directeur  général  de  la  liquidation  ,  laulre  la 
régie  de  l'enregisireraetrt.  L  arrêté  du  4  germinal, 
loin  de  rien  changer  à  ces  lois,  b'a  àQi\c  fait  que 


sépéter  leurs  dispositions.  Le  reproche  est  donc 
sans  base.  Mais  que  dire  du  nouveau  délai  ac- 
cordé aux  créanciers  ? 

D'abord  qu'il  est  juste,  çt  je  crois  que  nous 
serons  tous   d'accord  à  cet  égird. 

Pas  un  de  nous  ne  pensera  qu'un  créancier 
légiiime  doive  perdre  ses  droits  ,  parce  qu'au 
milieu  des  orages  d'une  révolution,  qui  souvent 
a  menacé  ses  biens  ,  sa  vie  ,  troublé  au  moins 
sa  tranquillité  et  tourné  son  attention  sur  des 
obligations  p'us  impérieuses  ,  ou  sur  des  dan- 
gers bien  plus  graves  ,  il  aura  omis  de  repré- 
senter des  titres  qu'il  n'était  peut-être  pas  enson 
pouvoir   de  rassembler. 

La  dispute  ne  naît  ici  que  de  la  jalousie  du 
bien.  Nous  déférerions  le  gouvernement  au 
sénat  ,  parce  qu'il  se  serait  hâté  de  faire  ,  pen- 
dant l'ajournement  du  corps  législatif,  un  acte 
de  justice  dont  nous  prétendrions  qu'il  n'aurait 
dû  avoir  que  la  piopOsition  ! 

Ayons ,  j'y  consens  ,  cette  active  surveillance  , 
lorsque  le  gouvernement  s'afFranchissant  des 
sages  entraves  que  la  constitution  lui  a  données, 
même  pour  le  bien,  se  livrera  à  des  disposi- 
tions législatives  qu'il  n'a  pas  le  droit  de  faire. 
Miis  ne  nous  trompons  pas  sur  la  nature  des 
dispositions  ,  e>  avant  d'accuser  ,  sachons  bien 
ce  qui  appartient  à  la  législation  et  au  gouver- 
nement. 

De  ce  que  dans  de  précédentes  constitutions 
tout  était  un  sujet  de  loi  ,  il  ne  s'ensuit  pas  que 
la  même  confusion  des  matières  et  des  pouvoirs 
subsiste  aujourd'hui. 

Tout  ce  qui  est  d'administration  ,  n'est  plus 
qu'objet  de  règlement. 

Or,  c'est  une  chose  administrative  que  de 
liquider  des  créances  auxquelles  la  nation  a 
intciêt  ,  et  dont  elle  a  le  gage  dans  les  mains. 
C'est  une  disposition  administrative  que  celle 
qui  règle  là  manière  et  le  délai  dans  lesquels 
cette  liquidation  sera  fiite  ;  le  gouvernement  a 
donc  naturellement  tout  pouvoir  à  cet  égard. 
Mais  ,  dira-t-on  ,  si  une  loi  avait  précédé  ses 
rcglemens  ,  ouïes  avait  faits,  pourra  -  t  -  il  y 
déroger  ? 

Il  le  peut,  je  pense  ,  si  ,  en  réservant  au  corps 
législatif  tout  ce  qui  est  matière  à  législation  po- 
litique et  civile  ,  on  a  franchement  abandonné  au 
gouvernement  tout  ce  qui  est  administratif.  Dès 
lovs  les  lois  administratives  précédemment  ren- 
dues ne  pourraient  eue  considérées  que  comme 
des  actes  de  gouvernement  faits  en  un  tems  ou 
tous  les  pouvoirs  étaient  cumulés.  Comme  tous 
les  autres  ac;cs  de  gouvernement ,  elles  pourraient 
donc  être  à  la  disposition  du  gouvernement  potrr 
les  interpréter  ,  les  modifier  ,  les  changer  ;  il  n'y 
aurait  au-dessus  de  ses  pouvoirs  que  ce  qui  est 
législatif. 

Mais  je  me  hâte  d'écarter  cette  question  qui 
peut  être  controversée  et  éveiller  des  jalousies  de 
pouvoirs  ,  pour  m'appuyer  d'argumens  incon- 
testables. 

•  On  a  toujours  distingué  ,  en  matière  de  délai , 
ceux  qu'on  appelle  comminatoires  et  ceux  qui 
sont  péremptoires ,  les  délais  prescrits  par  lea  lois 
ou  par  les  réglemens  administratifs  pour  commu- 
niquer des  litres  ,  former  des  demandes  ,  ont  tou- 
jours été  réputés  comminatoires  ,  c'est-à-dire  qu'ils 
n'emportent  jamais  de  déchéance  définitive  que  les 
choses  ne  soient  consommées  ;  tant  qu'elles  ne 
le  sont  pas  ,  on  peut  être  reçu  à  produire  ces 
littes  et  ses  réclamations ,  à  moins  que  ,  par  une 
dernière  monition  ,  il  n'ait  été  déclaré  qu'après 
un  tel  délai  ,  on  sera  définitivement  déchu. 

Par  conséquent  ,  accorder  un  nouveau  délai  , 
lorsque  la  loi  ne  l'a  pas  défendu ,  lorsqu'elle 
n'.i  pas  prononcé  la  déchéance  ,  lorsqu'elle  n'a 
pas  ordonné  qu'au  préalable  oa  vérifierait  s'il  y 
a  eu  réclamation  en  tems  utile  ;  lorsqu'il  n'y  a 
de  droit  acquis  à  aucun  tiers  ;  lorsque  la  dé- 
chéance serait  une  grande  injustice  de  la  nation 
envers  plusieurs  de  ses  membres  ,  ce  n'est  point 
contrarier  la  loi  ,  c'est  entrer  dans  son  esprit. 

Relever  de  la  déchéance  acquise  ,  ce. serait  dis- 
penser de  la  loi*,  mais  ajouter  un  nouveau  délai 
à  des  délais  susceptibles  par  leur  nature  de  pvo- 
rcation  ,  ce  n'est  point  usuiper  ,  c'est  adminis- 
trer et  gouverner. 

Opposera-t-on  que  dans  le  fait  la  loi  de  sep-, 
teœbre  itqS  portait  un  délai  après  lequel  on  ne 
serait  plus  admis  ?  la  loi  du  23  uivôse  an  2  ,  ac- 
corda un  nouveau  délai  ,  sans  y  joindre  celte 
rigueur.  Elle   n'employa  que  le  terme  pour  tout 


délai ,  expressioti  qui  n'a  jamais  ete  regardée  que 
comminatoire  ,  tant  que  la  déchéance  n'est  pas 
eipresséraent  prononcée,  ou  acquise  par  la  con- 
sommation de  la  liquidation. 

On  sait  d'ailleurs  que  la  loi  du  24  frimaire  ati  6  . 
relative  à  l'arriéré  de  la  dette  publique  ,  article 
XXXIV  ,  à  relevé  de  toutes  déchéances  les  créan- 
ciers de  la  république  ,  soumis  a  liquidation.  Les 
créiinéiers  des  ci-devant  fermes  générales  sont 
créanciers  de  la  république,  à  raison  des  biens  de 
la  ferme  qu'elle  a  dans  ses  mains  ;  d'ailleurs  ils 
sont  soumis  à  la  liquidation  ;  pourquoi  donc  ne 
jouiraient-ils  *pas  du  bienfait  de  la  loi  du  27  fri- 
maire  an  6  ? 

L'arrêté  du  4  germinal  en  leur  accordant  un 
nouveau  délai  de  trois  mois  ,  n'a  lait  que  dé- 
clarer et  limiter  un  droit  qu'ils  avaient  déjà. 

Cette  inquiétude  ,  ce  grand  mouvement  ,  ce 
scandale  dune  dénonciation  du  gouvernement 
qui  ,  dès  ses  premiers  pas  ,  viole  la  coustiiuiion  ; 
tout  cela  n'est  dotic  nullement  fondé  ;  tout  cela 
n'a  de  cause  que  limpatience  d'un  particulier  , 
lassé  d'attendre  le  résultat  d'une  liquidation  à 
laquelle  cent  autres  ont  plus  d'intérêt  que  lui  ,  et 
qui  veut  arracher  prématurément  son  jugement. 

L'injustice  commise  contre  les  droits  d'un  seul 
particulier  est,  sans  doute,  une  menace  aux  droits 
de  tous.  Mais  oh  est  l'injustice  ? 

C'est  le  citoyen  Borel  qui  veut  poursuivre  .  sur 
les  biens  personnels  des  héritiers  d'un  fermier 
général,  une  dette  de  la  ferme,  à  laquelle  ces 
biens  ne  sont  pas  assujettis. 

Q_uand  ils  le  seraient,  ils  sont  sous  la  main  , 
sous  l'opposition  de  la  nation  ,  insusceptibles  par 
conséquent  d'exécutions. 

Quand  ils  en  seraient  susceptibles  nonobstaiil 
l'opposition  subsistante  ,  des  lois  encore  en  vi- 
gueur ont  ordonné  la  liquidation  des  dettes  de 
la  ferme. 

Inutilement  liquiderait-on  ,  si  avant  la  liquida- 
tion on  exécute. 

Le  sursis  est  donc  indispensable. 
La  main    levée  qu'en  avait  fait  la  loi  du  4  fri- 
maire an  2  était  inconciliable  avec  la  liquidation. 
Qu'avait  donc  à   faire  le  gouvernement  ?   Ou 
renoncer   à  la  liquidation  ,  ou    faire  observer  le 
sursis. 

L'observance  du  sursis  pouvait  retarder  le  paie- 
ment de  quelques  créanciers  ;  mais  qu'était-ce 
que  cernai  à  côié  du  bien  et  «de  la  justice  de 
terminer  enfin  la  liquidation  de  l'actif  et  du  passif  |  P°^f- 
des  fermes  ?  Dans  cette  alternative  le  choix  était 
donc  forcé  par  l'utilité  publique.  Le  gouverne- 
ment avait  le  droit  de  le  faire,  parce  qu'il  est 
chargé  de  développer  le  sens  des  lois;  parce 
qn'obligé  de  les  faire  exécuter,  il  doit  lorsqu'elles 
se  contrarient  ,  préférer  la  disposition  favorable  , 
juste  et  utile  à  celle  qui  l'est  moins. 

Mais  la  disposition  à  laquelle  on  lui  reproche 
de  n'avoir  pas  donné  la  préférence  ,  n'existe 
même  plus. 

Cette  main-levée  du  sursis  dont  on  fait  tant  de 
bruit,  avait  été  retirée  par  la  loi  du  23  nivôse  , 
qui  ,  ordonnant  que  la  régie  de  l'enregistrement 
prendrait  connaissance  de  tous  les  procès  intentés 
et  jugés,   rétablit  nécessairement  le  sursis. 

La  loi  du  21  prairial,  qui  rendit  aux  fermiers- 
généraux  leurs  biens,  laissa  subsister  le  sursis 
rétabli  par  la  loi  du  28  nivôse,  parce  qu'elle 
laissa  subsister  la  nécessité  de  la  liquidation  des 
créances  et  des  dettes  de  la  ferme;  parce  qu'elle 
ne  rendit  les  biens  personnels  des  fermiers- 
généraux  qu'à  la  charge  du  séquestre  et  de 
l'opposition  :  ce  qui  non-seulement  continue  le 
sursis  ,  mais  en  aurait  eu  l'effet  ,  si  déjà  il  n'avait 
été  prononcé. 

Le  sursis  est  donc  dans  les  lois  ;  il  n'en  est 
que  l'exécution. 

Ce  sont  les  lois  ,  et  non  le  gouvernement .  qui 
suspendent  les  exécutions  du  citoyen  Borel  , 
comme  de  tous  les  autres  créanciers  des  fermes. 
Si  la  liquidation  appartenait  aux  tribunaux , 
les  tribunaux  auraient  appliqué  le  sursis  aux 
créanciers  poursuivans. 

La  liquidation  appartenant  à  l'administration  , 
c'est  le  gouvernement  qui  a  dû  faire  cette  appli- 
cation. ...  , 

C'est  lui  qui  a  dû  la  maintenir,  lorsqu  au  pré- 
judice du  conflit  qu'il  avait  voulu  prévenir  , 
les  tribunaux   ont  continué  de  connaître. 

Celui  qui  a  le  droit  de  juger  le  conflit  a  pa- 
reillement le  droit  de  faire  exécuter  ses  jugemens. 


Il  n'y  a'  donc  inconsfitutiônnalîté  tii  dans  l'arrêté 
du  4  germinal  an  8  ,  ni  dans  celui  du  9  vendé- 
miaire qui  n'en  est  que  la  suite   et  la  sanction. 

Je  vote  ,  conformément  au  rapport,  pour  passer 
à  1  ordre  du  jour  sur  la  pétition  du  cit.  Borel. 
(La  suite  demain.) 


AU       REDACTEUR. 

Citoyen  ,  les  envoyés  du  département  des 
Alpes  Maritimes  ,  vous  prient  de  joindre  (  par 
supplément  à  la  liste  générale)  leur  noms  à 
ceux  de  leur  collègues  ;  c'est,  sans  doute,  par 
oubli  qu'il  n'a  pas  été  fait  menuon  de  ce  dé- 
partement ,  quoique  ses  trois  envoyés  ayent 
accepté  cette  honorable  invitation  et  assisté  à- 
la  fête  du  i^'' vendémiaire. 

J'ai  l'honneur  de  vous  saluer  , 

Pour  les  envoyés  des  Alpes  Maritimes. 
L'un  d'eux  ,  :  Saint-Pjerre. 

Noms  des  envoyés  du  département  des  Alpes  Mari- 
times ,  pour  assister  à  la  fête  du  1^'  vendémiaire 
an  9. 
Les  citoyens  J.  F.  Defly  ,  père;  P.  Defly  ,  fils; 

Saint-Pierre. 


GRAVURES. 

Portrait  du  premier  consul  Bonaparte  ,  des- 
siné par  Bouillon  ,  et  gravé,  au  burin  par  Pierre 
Audouin  ;  orné  d'un  bas-relief  représentant  la 
bataille  de  Maringo,  dessiné  et  gravé  par  Duplessts 
Berteaux. 

Prix  ,  épreuves  sur  papier  vélin  ,  8  francs  ;, 
épreuves  sur  papier  ordinaire  ,    4  fr. 

A  Paris  ,  chez  l'auteur  ,  rue  Grange-aux-BelIes  , 
n°  I  ,  divisioi}  de  Bondy  ;  Martin  ,  marchand 
d'estampes  ,  rue  des  Fossés  Monmartre  ;  et  au 
magasin  de  librairie  du  citoyen  Patris  ,  quai  Mala- 
quai  ,  près  la  rue  de  Seine. 

Il  faut  affranchir  les  lettres  et  l'argent ,  et  ajouter 
I  fr.  pour  la  caisse  ,  qu'on  se  charge  de  faire 
passer  dans   les   départemens. 

Ce  portrait  est  l'un  des  plus  ressemblans  qui- 
aienl  paru  ;  il  est  d'un  dessin  pur  et  d  une  belle 
exécution.  Le  bas-relief  est  remarquable.  Le  mo- 
ment décisif  de  la  bataille  de  Maringo  est  celai 
que   l'artiste  a   saisi.  v 


L'Almanach  des  Phpiciens ,  par  le  cit.  Lalande  , 
astronome.  Piix  75  cent. ,  et   i  franc  ,  franc   de 


A  Paris  ,  chez  Laurens  ,   jeune  ,   libraire  ,  rue 
Saint-Jacques. 

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à  3o  jours. 


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Madrid...    ■ 

Effectif. 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif. . . . , 
Livourne 


Bâle. 


561 

18g 

4  tr.  90  c 
14  fr.5o  c 

4  fr.  90  c. 
14  fr.  25  c 

4  fr.  65  c 

5fr.    8  c 

i  P- 


^JJ 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 23  fr.  5o  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  63  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  72  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  2 5  c. 

Bons  pour  l'an  8 , 92  fr.  25  c. 

Syndicat 81   fr.  5o  c. 

Coupures 81  fr.  5oc. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  aS  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de    la  Republique  et  des  Arts, 
Auj.  la  i^"^'  repr.  des  Horaces  ,  opéra  en  3  actes 
et  le  ballet  de  ÏPygmalion.  , 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  i'"^'  repr.  du  Château  de  Duncam  ,  pièce, 
aspect.,  et  le  Sourd  ou  l'Auberge  pleine. 


LOTERIE    NATIONALE. 

Tirage  du  16  vendémiaire. 
I.       77.      9.      41.      82. 


.  desPoitevins     n°  18.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  tioi«  mois ,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  nes'abonn« 

su'au  commeiiccmeot  de  chaque  mois.  _  ,       ,        ,  "  •    1    '       .  j 

dresser  les  lettres  etVarrcnt  ,  franc  déport  ,  au  cil.  A  G  AS  s  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  n»  18.  Il  faut  comprendra  dans  les  envois  le  port  de. 
as  où  Ion  ne  peut  affranchir,  l.cs  letlres  des  départemens  non  aEfranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

^°''°  1.  .  d.  .ûTrié    de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce   qui   concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur ,  rue  dei 

11  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  ne  surcic,  u,;  lu     B  -i 

Poitevins  ,  n"  l3  ,  depui  «neuf  heures  du  malin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Aj-âsse,  piroptiétaire  du  Moniteur,  tue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE. oi  LE  MONILEUR  UNIVERSEL. 

' '■ t,[.   u',.,ri      '■•■ -r-T-n ■ ■    '■ -— ^ 

•^°  ^9-  jyonidi  \   Jg  vendémiaire  an  g  de  la  république  française,  une  ei  indivisible.       .'       ', 

Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dateidu  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  'qfflciel.     ' 

Il  coticienç  les  séances  des  autorités  constit.uées  ,  les  acc»  s  du  gouvfnement ,  lés  nouvelles  des  arni'ées,  ainsi   que  Us  faits  et  les  notions  tant  sur 

■l'intérieur  qn'e  sur  l'extérieur,  fournis  par  leS  Correspondances  Hîihiérielles; 

-,    Un  article  sera  particulièrement  consacré' aux   sciences',  ijux  an  et   aux  découvertes  nouvelles. 


I  NT   É  R  I   E  U^ï^l 

Paris  ,  le   18  vendémiaire..  ,  ,  ,,„  .« 

■Aja  société  de  bienfesance  de  Zurich  a  célébré, 
il  y  a  quelques  jours  ,  l'anOiversaire  de  sa  fonda)- 
tien  ,  sans  pompe  el  avec  la  simplicicé  qui  con- 
■vient  à  une  association  qui  a  pour  objet  la  bien- 
fesance.  On  n  y  a  admis  d'étranger  que  le  res- 
peciable  docteur  Hirsel  ,  auteur  de  la  Philosophie 
des  campagnes  et  de  plusieurs  autres  ouvrages 
estimables.  Son  fils  ,  président  de  cette  société  , 
aprononcé  un  discours  touchant.  Dixjeunes  filles, 
instruites  dans  les  écoles  de  bienlesance  aux  tra- 
vaux de  leur  sexe  ,  ont  été  présentées  par  leur 
insiiiutrice.  Le  professeur  Schulless  ,  qui  .depuis 
plusieursannées,  dirige  cetétablissementde  concert 
avec  son  épouse  ,  rendit  compte  de  leurs  dispo- 
sitions, et  de  leurs  progrès.  Les  jeunesfilles  ,  dé- 
signées par  leurs  propres  compagnes  ,  reçurent 
le  prix  dû  à  leur  diligence  et  à  leur  docilité. 
Afin  que  les  pauvres  pussent  prendre  part  à  cette 
fête  de  famille,  des  secours  ont  été  envoyés  à 
vingt-cinq  pauvres    ménages  de  la  ville. 

(  Errait  du  citoyen  Français.  ] 

—  Le  préfet  du  département  des  Deux-Sevres 
vient  de  soumettre  à  l'approbation  du  ministre 
de  l'intérieur,  qu'il  1  bientôt  obtenue,  un  anêté 
dont  voici  l'analyse  : 

II  II  sera  décerné  un  prix  de  vertu  ,  consis- 
tant en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  3oo  fr. 
On  ouvrira,  à  cet  eflFct ,  à  la  prétcctuie  ,  un 
"registie  qui  aura  pour  titre  :  Annales  civiques 
du  département  des  Deux-Sevres.  Les  maiico  et 
sous-préfets  feront  ,  tous  les  ans  ,  connaître  au 
préfet  les  traits  de  venus  civiques  qui  auront 
honoré  les  habitans  de  leurs  arrondissemens  r.s- 
pectifs  :  le  i"  fiuctidor  ,  le  conseil  de  jirétec- 
lure  piésidé  par  le  préfet,  désigneia  le  citoyen 
ou  la  citoyenne  qui  aura  méri  é  le  piix  ,  et  les 
deux  autics  «^ui  en  auroni  **'^  •*="  >tus  dignes. 
Ils  seront  tous  les  trois  invités  par  le  piéfel  ,  a 
se  rendre  au  chef-lieu  du  dépane'meni  ,  pour  la 
fête  de  la  fondation  de  la  tépublique.  Ce  jour-là 
il  sera  planté  avec  solennité,  en  l  honneur  de 
celui  ou  de  celle  qui  auia  icmiioné  le  prix  , 
un  arbre  à  haute  tige  et  de  végétation  vigou- 
reuse ,  dans  le  jardin  botanique  de  I  école  cen- 
trali'.  Une  inscription  gravée  en  maibe  ,  aux 
pied  de  chacun  des  arbies  qui  auront  été  plan- 
tés ,  fera  connaître  le  nom,  k  vertu  récompensée, 
et  le  domicile  de  ceux  qui  auront  obtenu  des 
prix.  Les  Annales  civujues  seront  imprimées  et 
distribuées  à  la  fête  du  i"  vefidemiaire  ,  en- 
voyées au  rainisire  de  l'intérieur  et  à  toutes  les 
communes  di*  département. 

(  Extrait  du  Journal  du  Commerce.) 

—  Le  citoyen  Feraud  ,  membre  du  Lycée  des 
sciences  et  arts  de  Marseille  ,  va  publier  une 
grammaire  et  un  glossaire  de  la  langue  pro- 
vençale dans  lesquels  il  exposera  les  rapports 
qui  existent  entre  cet  idiome  et  les  langues  ita- 
lienne et  espagnole,  Ce  livre  manque  absolu- 
ment. Il  existait  à  la  bibliothèque  nationale  une 
seule  grammaire  provençale  ,  manuscrite  ,  qui 
est  égarée.  {Clef  du  Cabinet.) 

—  Hyacinthe  Jadin  ,  claveciniste  distingué  , 
vient  d'être  enlevé,  à  24  ans,  à  son  art  et  aux 
nombreux  amis  que  lui  avait  faits  un  talent 
distingué,  réuni  aux  plus   aimables  qualités. 

—  Les  lettres  et  les  arts  viennent  aussi  de 
perdre  le  citoyen  Changeux  ,  auteur  du  Traité 
des  extrêmes  ,  et  de  la  Bibliothèque  grammaticale. 

—  Le  journal  du  déparlement  du  Calvados 
contient ,  sur  la  réception  du  nouveau  préfet  , 
les  détails  suivans  : 

A  l'arrivée  du  général  Dugua  à  Caen ,  le  conseil 
municipal  de  celte  ville  étant  assemblé  ,  mit  au 
nombre  de  ses  premiers  devoirs  d'aller  compli- 
menter ce  nouveau  prélet. 

Le  mail*  ,  après  avoir  fait  au  citoyen  Dugua  un 
compliment  aussi  flatteur  que  vrai  ,puisquil  con- 
tenait le  précis  des  actions  glorieuses  de  ce  guer- 
rier ,  ainsi  que  le  témoignage  du  souvenir  el  de 
la  gratitude  des  citoyens  de  Caen  ,  pour  l'ordre 
et  la  paix  que  ce  général  rétablit  il  y  a  quelqu  s 
années  dans  ce  département,  (livré  alors  en  entier 
au  trouble  et  dévoré  eu  partie  par  la  guerre  civile), 
invita  ce  préfet  à  acKcpier  un  repat  ,    pour    ainsi 


ïRi^de   famille,  aunpm  du  corps  municipal   et  j 

de' son   conseil. 

Les  maire   et  adjojts  et  le   conseil  municipal 

farerit  ensiiitevoir  l'ncien  préfet  (  le  cit.  Collet- 

Descoiils  )  ;  ils  lui  téroigncrent ,  par  l'organe  du 

maire  ,  que  la  ville  d  Caen  conserverait  une  re- 
!  connaissance  aussi  viyqug  durable  pour  l'homme 
I  sage  ,  humain  ,  éclai't  ,  qui  ,  pendant  toute  la 
j  duiée  de  son  adiiiiniiraiion  ,  a  fait   régner  dans 

tout  le  départernent  duCalvados  la  plus  profonde 

tranquillité. 

Ce  iciloyen  fut  enstlte  invité  par  le  maire  au 
repas  donné  par  le  coiseil  municipal. 

Cette  fêle  a  eu  lieu  li8  de  ce  mois.  Au  nombre 
des  convives  se  liouvient  le  digne  général  de 
division  Labarolliere  elles  principaux  chefs  mili- 
taires ,  le  secréiaire-géiéral  et  le  conseil  de  pré- 
fecture, les  présidens  (es  administrations  civiles 
et  des  tribunaux,  etc.îtc. 

Sur  la  cheminée  du  Sîlon  d'assemblée  de  l'an- 
cien Hôtel-de-'Ville  ,  état  placé  le  buste  de  Bona- 
parte ,  entouré  de  lauriirs. 

La  grande  salle  contenait  une  table  de  soixante- 
dix  couverts  ,  ornée  d'aibustes  rares,  dont  plu- 
sieurs appartenaient  à  1  Erypte  :  leurs  caisses  étaient 
decouleurtricolore,eiauouv  de  celle  dun  superbe 
laurier  ,  étaient  ces  vers  de  Delille": 


Le  front  ceint  de  lauriers  naeillis  par  les  français, 
La  -victoire  ,  aujourd'hui ,    îoUicite  la  paix. 

Des  toasts  ont  été  ponés  à  la  république  ,  à  la 
pajx  générale  ,  aux  années  ,  atix  consuls  ,  au  ci- 
toyen Dugua  ,  préfet  du  Calvados  ,  à  son  prédé- 
cesseur, le  citoyen  Collet-Descotils,  membre  du 
conseil  des  prises. 

Voici  le  discours  de  ce  dernier  au  citoyen 
Dugua. 

li  Citoyen  préfet  ,  le  premier  consul  en  vous 
nommant  à  la  préfecKire  du  Calvados  ,  a  rendu 
jus  tic  e  à  vos  connaiisances  administratives,  comme 
il  l'a  fait  prétédemment  à  vos  talens  militaires.  11 
.-„„„pî.  ^..  ici-...cu.>.  •■-■■-  niiachement  à  la  cause 

de  la  liberté  ,  et  ce  serait  en  ir,;..  ^„.,  1.  .„i. ;<, 

chercherait  à  le  rendre  douteux.  En  même  tems 
que  vous  jouissez  ajuste  tire  de  toute  sa  con- 
fiance ,  vous  avez'  également  celle  des  habiians 
d  un  département  où  vous  vous  êtes  déjà  fait  con- 
naître et  aimer.  Ils  vous  ont  donné  leurs  suffrages 
en  l'an  6  pour  les  représenter  au  corps-législatif: 
ils  vous  voient  revenir  parmi  eux  avec  autant  de 
plaisir  ,  que  votre  éloignement  leur  avait  causé 
de  regiets.  Je  partage  sincèrement  leur  allégresse  , 
citoyen  préfet  ,  et  je  vous  prie  de  croire  que  tien 
ne  pouvait  être  plus  flatteur  pour  moi  que  de 
me  voir  remplacer  par  un  homme  tel  que  vous  , 
et  de  pouvoir  remettre  en  des  mains  si  pures  l'au- 
torité dont  j'étais  dépositaire. 

Le  citoyen  Dugua  a  répondu  :  a  Le  premier 
consul  ,  en  me  nommant  préfet  du  Calvados  ,  a 
cédé  à  son  amitié  et  à  la  demande  des  habitans 
qui  ont  trop  vanté  auprès  de  lui  ce  que  j'ai  fait 
lorsque  j'ai  commandé  dans  ce  département  ;  mais 
il  n'a  pas  calculé  le  fardeau  dont  il  me  chargeait, 
qui  sera  d'auiant  plus  pesant  pour  moi  ,  qu'en 
vous  succédant,  je  remplace  un  homme  consommé 
dans  l'administration  ,  et  qui  aVait  tout  ce  qui 
pouvait  faire  le  bonheur  de  ses  administrés,  s'ils 
avaient  apprécié  ses  talens  et  ses'vèrtus.  >> 

—  On  écrit  de  Rembervillers  ,  département  des 
Vosges  ,  que  le  cil.  Desgouttes  ,  préfet  de  ce  dé- 
partement, vient  de  commencer  sa  tournée.  Les 
scènes  intéressantes  dont  il  a  été  l'objet  m'en- 
gagent à  vous  en  faire  part.  Une  partie  de  la  garde 
nationale  à  cheval  a  été  recevoir  le  préfet  à  une 
demi-lieue  de  la  ville.  A  quelque  dislance  ,  la 
garde  nationale  à  pied  ,  la  musique  et  les  tam- 
bours à  la  tête,  ont  grossi  l'escorte.  Le  bruit  de 
l'artillerie  a  annoncé  l'entrée  du  préfet  dans  la 
ville  ,  à  la  porte  de  laquelle  il  a  été  reçu  par 
les  maire  el  adjoints  revêtus  de  leurs  marques 
distinctives.  Le  préfet  est  descendu  de  voiture  et 
a  éié  conduit  à  la  maison  commune  ,011  il  a 
reçu  les  félicitations  des  autorités  civiles  el  mi- 
litaires^ Il  y  a  eu  ensuite  un  grand  repas  chez 
le  maire  où  étaient  les  autorités  ,  et  le  soir  ,  bal. 
La  loule  élait  immenSe  et  la  joie  générale  dans 
toute  -la  ville.  Il  est  impossible  dé  recueillir  plus 
de  témoignages  d'estime  et  de  considération  , 
lant  personnelle  que  pour  le  gouvernement  , 
que  ne  l'a  faii  le  digne  magistrat  qui  nous  a  été 
donné.  Heureux  les  départemcns  qui  ont  à  leur 
tête  des  hommes  comme  lui.   Ceux-ii  ^ont  faits 


pdiir  faire  adorer  le  gouvernement  ,  et  de  pareil» 
choix  honorent  autant  celui  qui  en  est  l'objet, 
que  le  héros  qui  sait  disunguer  de  tels  homme» 
et  les  placer  de  manière  à  utiHser  leurs  talens  et 
leurs  venus. 

—  Le  second  consul  a  réuni  hier  chez  lui  les 
membres  du  gouvernement  ,  les  minisires  ,  les 
constillers-d'éiat  ,  plusieuis  sénateurs  ,  tribuns  et 
législateurs  ,  et  nombre  de  ci.oyens  recomman- 
dables  pat  leurs  services  ,  soit  dans  les  fonctions 
civiles  ,  soit  dins  les  fonctions  militaires.  Cène 
fête  avait  pour  objet  de  célébrer  l'anniversairç  de 
l'arrivée  du  général  Bonaparte,  qui,  revenaat 
d'Egypte  ,  débarqua  à  Frejus ,  le  17  vendémiaire 
an  8. 

En  voyant  le  premier  consul  environné  des 
personnes  qui  furent  associées  à  ses  périls  et  à 
son  reiout  ,  on  se  rappelait  les  circonstances 
calamiteuses  au  milieu  desquelles  il  fut  rendu 
à  la  patrie,  ei  ce  souvenir  donnait  quelque 
chose  de  plus  louchant  au  sentiment  du  bonheur 
présent  :  Une  douce  émotion  se  manifestait  sur 
tous  les  visages. 

Le  citoyen  Boufflers  ,  dans  des  couplets  char- 
mans  ,  le  citoyen  Esmenard  ,  dans  de  beauk 
vers  ,  ont  exprimé  ce  que  chacnn  éprouvait.  La 
musique  des  couplets  êiait  du  citoyen  Garât  , 
qui  les  a  chantés  avec  l'expression  et  la  grâce 
qui  appartiennent  à  son  talent. 

Le  concert ,  dans  lequel  on  a  entendu  madama 
Grassini  ,  et  les  citoyens  Rode, Frédéric  ,  etc.  a  été 
suivi  d'un  banquet  nombreux  et  dhiti  bal  'fort 
brillant.  "■'     ^ 

Cette  fête  ,  ordonnée  avec  gont  et  magni- 
ficence ,  s  est  prolongée  fort  avant  dans  la 
nuit.  i        . . 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  17    vendémiaire  an  g. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête  ce  qui  suit  : 

Peuduac  y!L]seence  du  général  Berthier,  nomma 
I  ministre  de  la  guerre  ,  le  cit.  Lacuée  ,  conseiller- 
I  d  état ,  sera  chargé  du  portfcuille  de  ce  dépar- 
I  tement. 

Le  présent  arrêté  sera  inséré  au  bulletin  des  lois. 
Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-détat ,  signé  ,  H.  B.Maret. 


ACTES  ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

Le  citoyen  Solilhac  ,  de  Saint-Paulien  ,  Haute- 
Loire  ,  l  un  des  chefs  de  chouans  lors  de  la  pre- 
mière guerre  de  la  Vendée  ,  amnistié  ,  et  ensuiiô 
acquité  par  jugement  du  tribunal  révolutionnaire 
séant   à  Paris  ,  obligé  de  se  retirer  ,  l'un  des  der- 

iniers  jours  de  la  décade  passée  ,  dans  un    chétif 
cabaret  du  lieu  et  commune  de  Monlet ,  canioi» 
d'Aligre  ,    parce  que    la   nuit    l'avait   surpris    en 
chassant   dans    cette    commune  ;     instruit   à   soa 
arrivée  dans  ce  cabaret ,  sur  les  9  heures  du  soir, 
I  que  des  brigands  armés  étaient  chez  le  percepieur 
I  des  conlribmions  de  cette  commune  ,-qui  habitait 
I  une    maison    isolée  ,.    distante    d'environ     deux 
I  kilomètres  ,  après  avoir  inutilement  inviié  le  maire 
i  à  l'accompagner  avec  les  habitans  du  village  ,  se 
I  détermina  à  y  aller   seul  avec    son    domesiique  , 
et  le  cabaretier  qui  lui  servit  de  guide ,  et  fui  assez 
heureux  pour  arriver  au  moment  où  les  biigand» 
se  disposaient  à  se  retirer. 

A  peine  entré  dans  la  cour  ,  il  apperçoit  utl 
homme  armé  ,  s'élance  sur  lui,  enlevé  son  fusil  ; 
et  voyant  qu'il  prenait  la  fuite  ,  lui  tire  un  coup 
de  fusil  el  le  renverse  ;  un  autre  se  préseme  à  la 
porte  ,  et  est  atteint  d'un  second  coup  de  fusil  , 
tiré  par  le  domestique  de  Solilhac  ;  l'un  et  l'autre 
parviennent  néaninoins  à  s'échapper  à  la  faveur 
de  l'obscuriié,  parce  qu'on  ne  s'occupa  pas  à  les 
suivre  ,  croyant  que  la  bande  était  nombreuse. 

Ne  voyant  sortir  aucun  autre  brigand,  ni  aucune 
personne  de  la  maison  ,  Solilhac  appela  le  pro- 
priétaire de  toutes  ses  forces,  fit  le  tour  de  la  maison, 
en  l'invitant  de  nouveau  à  paraître  ,  et  l'assurant  qu'il 
n'avait  plus  rien  à  craindre.  Point  de  réponse  ;  il 
appréhendait  une  seconde  visite  ;  enfin,  ennuyé 
d'attendre  inutilement  ,  sans  voirsortir  personne, 
Solilhac  ,  ne  consultant  que  son  courage  ,  se 
hasarde  à  entrer  dans  la  maison  avec  son  domes- 
tique ,  où  il  ne  trouve  que  le  propriétaire  et  sa 


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famille  consternés  et  fort  surpris  dç  le  voir 
arriver  à  leur  secours  t  ils  lui  annonçertii*  que 
les  <tèU3t  autres  brigands  étaient  sortis  par  une 
autre-porte,  et  avaient  emporléiooofrants,  dorrt 
400  de  sa  recette  des  contributions.,  quelques 
proOTsions  de  bouche  ,  et  des'  artiies.  Durant  cet 
intervalle,  les  habitans  de  Monlet  s'assemblerenl , 
et  se  portèrent  sur  les  chemins  et  dans  les  gorges  , 
€t  se  rendirent  enfin  chez  le  percepteur,  mais 
trop  tard. 

Le  sur-lendemain  ,  les  chiens  des  bergers  firent 
découvrir  dans  un  champ  ,  à  quelques  pas  de  la 
maison  ,  le  premier  des  brigands ,  sur  lequel  lira 
«Solilhac. Quoique  grièvement  blessé,  il  est,  dii-on, 
encore  vivant;  il  a  tout  avoué  au  juge  de  paix  , 
a  reconnu  le  fusil  que  le  citoyen  Solilhac,  lui  en- 
leva ,  et  a  indiqué  l'endroit  on  il  avait  déposé  408 
francs'écHus  à  son  lot.  L'aui:e  ,  sur  qui  le  domes- 
lîqii'e  avai(  liïé  ,  a  été  trouvé  ,  dit-on,  le  lende- 
main ,  grièvement  blessé  ,  sur  une  prairie  dans 
les  environs  de  Craponne,  d'où  il  a  été  porté  chez 
lui  ,  oii  il  est  mort  des  suites  de  ses  blessures  , 
sans  avoir  rien  voulu  avouer  au  juge  de  paix 
de  Craponne. 

Les  deux  autres  brigands  n'ont  pu  encore  être 
atteints. De  tons  ceux  qui  composaient  cette  bande, 
un  seul  était  mal  famé;  les  autres  avaient  une 
Jionnète  existence,  et  jouissaient  d'une  bonne 
répuiaiion. 

^  Au  reste  ,  ce  trait  n'est  pas  le  seul  dont  puisse 
s~'énoTga<eiihr  le  citoyen  Solilhac  ,  depuis  sa  mise 
€n  libe-rlé. 


Le  citoyen  Quinette  ,  préfet  de  la  Somitie  ,  en 
vertti  d'un  arrêté  des  consuls  ,  du  5  prairial  an  8  , 
relatif  aux  digues  du  marquenierre  ,  et  de  plu- 
sieurs délibérations  prises  par  les  habitans  des 
conimunes  y  intéressées  ,  et  sur  le  rapport  de  1  in- 
génieur en  chef  du  département  -,  considérant  : 

1°.  Que  les  travaux  nécessaires  pour  la  répa- 
ration des  digues  d'enceinte  du  marquenierre  et 
des  buses  d'écoulement  sont  d'une  urgence  qui 
n'admet  aucun   retard  ; 

9°.  Qfie  l'oii  doit  entendre  par  terreins  renclos 
tous  ceux  qui  seraient  exposés  à  une  submer- 
sion inévitable  ,  si  les  digues  susdites  étaient  em- 
portées ; 

3°.  Que  depuis  la  construction  de  la  majeure 
partie  des  digues  en  avant,  les  propriétaires  de 
cejles  en  arrière  en  ont  abandonné  l'entretien  et 
même  les  ont  détruites ,  ainsi  que  les  buses 
d'écoulement ,  et  que  par-là  ils  ont  contracté  im- 
plicitement l'obligation  de  concourir  aux  frais 
3e  l'entretien  des  digues  à  la  mer  ; 

4°.  Que  la  position  physique  de  l'enceinte  du 
marquenterre  admet  des  distinctions  entre  les 
difiérentes  portions  de  digues  Uoui  la  d-ipense 
de^  réparation  et  d'entretien  doit  être  à  la  charge 
des.  terreins  qui  en  sont  particulièrement  pro- 
tégés ; 

5°.  Que  ,  par  un  ancien  usage  consacré  par 
une  ordonnance  du  ci-devant  intendant  ,  du  12 
novembre  1744,  reconnu  et  approuvé  dans  les 
trois  délibérations  susdatées ,  les  terres  dernières 
rencloses  sont  assujetties  à  une  double  contri- 
bution ,  en  raison  de  ce  que  les  digues  sont  plus 
exposées  que  celles  qui  défendaient  le  pays  en 
arrière  ,  et  qu'ausurplus  ,  les  propriétaires  ,  dans 
lesditcs  délibérations,  ayant  déclaré  s'en  rapporter 
sûr  cette  difficulté  ,  ainsi  que  sur  Içs  autres  qui 
les  divisaient,  à  la  décision  de  l'administration 
du  département ,  il  ne  reste  plus  qu'à  régler  en 
définitif  les  obHgaiions  respectives  des  proprié- 
taires ,  à  raison  de  l'utilité  qui  doit  leur  revenir  de 
l'exécution  desdits  travaux  ; 

6°.  Q,ue  par  les  actes  susdatés ,  conclus  entre  le 
;ci-devant  comte  d'Artois  et  les  propriétaires  de  la 
commune  de  Favieres  ,  la  réparation  de  l'écluse 
■oeuv«  de  Favieres  a  cessé  d'être  aux  frais  desdits 
propriétaires ,  moyennant  une  redevance  par  eux 
consentie  ,  et  est  devenue  une  charge  de  l'état  , 
-comme  ayant  succédé  aux  droits ,  et  partant  aux 
^obligations   dudit  d'Artois  ; 

7".  Que  ,  quant  à  l'entretien  des  canaux  de 
•dessèchement  et  des  courses  d'eau  ,  pLusieuts 
•d'icelles  ont'  constamment  été  entretenues  à  frais 
communs ,  répartis  entre  les  propriétaires  des 
terreins  qui  en  profitaient ,  suivant  les  diverses 
■démarcations  relatives  à  l'utilité  de  chacune 
■<i'elles  ; 

8°.  Qu'il  convient  également  pourvoir  à  l'eh- 
"tretien  et  à  la  conservaiiot»  des  ouvrages  qui 
vont  être  exécutés  en  vertu  dudit  arrêté  des  con- 
suls ;  arrête  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  L'ingénieur  en  chef  remettra  incessam- 
tnent  le  devis  des  ouvrages  à  faire  pour  la  répa- 
ration des  difFérentes  sections  de  travaux  néces- 
saires à  la  défense  des  terreins  renfermés  entre 
les  rivières  de  Somme  et  d'Auihie  ,  en  les  distin- 
guant d'après  les  diverses  portions  de  travail  que 
la  situation  des  lieux  rend  indépendantes  les  unes 
<les  autres ,  pour  en  être  passé  une  ou  plusieurs 
adjudications  particulières.  ' 

II.  Le  corps  de  digues  en  avant  ,  le  long  de 
la  rivière  de^onu&e  .  depuis  et  compris  la  digiie 


des  Essart»  jusqjj'auGrotçy  sera  àrla  cliargei-;^es 
commirnes  dé-Morl;ix,  le  lai^elef ,  ieCrotoy  et". 
Favieres  réunies  ,  le,'  marais;t  maisons  exceptées  : 
ies-dernieres  Tenclôures  paeioni  dans  une  pro- 
p(?.ciip,t<„  doujblçr .  ,  '     .  j  ■    ' 

Les  bas  champs  de  Rue,  't  Mayoc  et  autres^ 
intermédiaires,  à  l'exception  à  ceux  dont  les  eaux 
s'écou  ent  par.  la  rivicré  de*laye  et  par  l'écluse 
de  Saint-Firmin  ,  contribueoiit  à  la  réparation 
desdites  digues. 

IIL  Les  comm,issaires  normes  par  le  sous  pré- 
fet du  premier  arrondi.'semit  ,  eu  vertu  de  l'ar- 
ticle 'VI  de  l'arrêté  des  cosuls  ,  termineront  ; 
sous  le  délai  d'un  mois,,  U  rôles  de  répartition 
de  la  dépense  nécessaire  axdiis  travaux  ,  entre 
les  propriétaires  qui  doivnt  être  appelés  à  y 
coricourir  .  d'après  les  disnctions  admises  dans 
Fanicle  précédent.  Ils  coanenceront  par  ceux 
relaiits  aux  digues  qui  corrrent  Mqrlaix  ,  le  Hj- 
melet  ,  Favieres  et  le  Cro»y.  Ils  pourront  s'ad- 
joindre ,  à  cet  effet ,  Tes  laires  ou  adjoints  des 
diverses  communes  ,  lesuéls  seront  tenus  dé 
leur  remetire  les  cadaslreà  ce  nécessaires,  ainsi 
que  les  évaluations  dçs  irreins  d'après  les  ma- 
trices des  rôles  de  la  conribution  foncière.  Les 
uns  et  les  autres  seront  idés ,  dans  leur  travail , 
par  le  cit.  Daniel  ,  comucteur  chargé  desdits 
travaux. 

Les  frais  que  cette  ojération  occasionnera  , 
feront  partie  delà  dèpeise  ,  et  le  montant  en 
sera  fixé  par  le  sous-péfet ,  et  arrêté  par  le 
préfet. 

ly.  En  cas  de  difficullè  élevées  par  les  pro- 
priéiaires  ,  il  sera  pronrncè  par  le  préfet  ,  sur 
le  rapport  de  l'ingénietr  en  chef ,  si  leurs  terres 
ont  été  duement  comptses  dans  le  rôle  d'après 
les  principes  énoncés  ei  l'article  précédent. 

V.  Le  percepteur  qu  sera  chargé  du  recou- 
vrement des  différens  «les  ,  sera  nommé  inces- 
samment par  le  sous-irélet  ,  conformément  à 
l'article  VI  :  il  sera»  responsable  ,  et  il  lui 
sera  alloué  une  rétribution  de  trois  centimes  par 
franc. 

■VI.  Pour  faciliter  réJtécution  de  l'article  VIII 
de  l'arrêté  des  consuls  ,  le  percepteur  versera  le 
montant  de  ses  tecouvremens  entre  les  mains 
du  receveur  particuliei  du  premier  arrondisse- 
ment,  lequel  en  comptera  ati  receveur  général 
du  département. 

VII.  Les  dépenses  pour  la  réparation  de  l'écluse 
de  Favieres ,  estimées  provisoirement  à  la  somnie 
de  2907  fr,  seront  à  la  charge  de  l'état  ,  et  payées 
sur  l^a  caisse  des  domaines  ;  et  pour  en  faciliier 
l'acquit  ,  il  sera  procédé  par  le  receveiir  des  do- 
rnaines  à  la  liquidation  du  compte  des  arrérages 
qui  peuvent  être  dus.  à  la  rénuhlique  par  les 
propriétaires  ri»  la  rc>i'^^°"^'^^  laite  sur  le  territoire 
de  Favieres  ,  conformément  à  l'article  W  de  tran- 
saction ,  des  6  et  16  juillet  1788  ;  et  ce  qui  pour- 
rait être  dû,  sera  versé  de  suite  dans  la  caisse 
du  receveur  des  domaines,  pour  être  employé 
à  ladite  destination.  Les  redevables  pourront  im- 
puter sur  leurs  arrérages  les  dépenses  légalement 
constatées  qu'ils  ont  pu  avoir  faites  pour  les  ré- 
parations de  ladite  écluse  de  Favieres. 

VIII.  Les  propriétaires  des  terreins  sujets  à 
inondation  ,  dans  les  communes  de  Noyelles  , 
Morlaix  ,  Pontoise  ,  Favieres  ,  Rue  ,  le  Croioy  , 
Saint-Firmin  ,  Sainl-Quinlin  ,  Quendet  Villers- 
sur-Authie  ,  sont  tenus  de  se  réunir  dans  la  dé- 
cade de  la  notification  du  présent ,  à  l'effet  de 
nommer  parmi  eux  un  délégué  pour  chaque 
commune  ,  qui  se  rendra  dans  la  décade  suivante 
à  Abbeville  ,  chez  le  sous-préfet  ,  au  jour  in- 
diqué ,  et  qui  sera  chargé  des  pouvoirs  néces- 
saires pour  délibérer,  en  présence  dudit  sous- 
préfet  et  de  l'ingénieur  en  chef,  sur  les  mesures 
à  prendre  pour  l'entretien  et  conservation  des 
digues  ,  buses  et  courses  d'eau  ,  ainsi  que  sur 
les  réglemens  de  police  à  observer  pour  préve- 
nir leur  dégradation,  pour,  sur  ledit  règlement 
et  l'avis  du  sous-ptéfet,  être  statué  ce  qu'il  ap- 
partiendra. 

IX.  Il  sera  présenté  par  l'ingénieur  en  chef  un 
état  des  principales  courses  d'eau  qui  sont  dans 
le  cas  (î'être  entretenues  par  la  réunion  des 
propriétaires  des  terrains  qui  profitent  de  cha- 
cune d'elles  ;  il  y  joindra  un  devis  et  une  esti- 
mation des  dépenses  à  faire  pour  leur  curement, 
ainsi  que  les  autres  travaux  nécessaires  à  leur 
remise  en  bon  état ,  pour  la  dépense  en  être 
acquittée  par  lesditi  propriétaires  ,  conformément 
à  ce  qui  a  été  prescrit  ci-dessus.  Cette  dépense 
sera  en  surplus  de  celle  fixée  par  l'arrêté  des 
consuls  pour  la  défense  du  marquenierre  et  la 
réparation  des  buses,  et  formera  l'objet  de  difié- 
rens  rôles  particuliers. 

Les  courses  d'eau  qui  environnent  les  pro- 
priétés particulières  ,  seront  aux  frais  des  rive- 
rains ,  chacun  en  droit  soi. 

|C?  Le  préfet  du  département  de  L'Escaut  a 
pris  ,  dans  un  cas  semblable  ,  un  arrêté  que  ncms 
ayons  pubhé  il  y  a  quelque  tems.  Les  mêmes 
circonstances  ont  déterminé  les  deux  préfets  de 
ces  deuxdèpartemens  à  prendre  des  mesures  par- 
faitement ^alogues  les  unes  au:i  autres 


-,-:FN-'&',TrI'TT  IJtT:'   Ni:  A^T  ■Ï7q/,N'__A,,  l. 

'Noms- dés  artistes  qui,  au  jugement  df  t'inslilut 
■national -des  sckn-ces  et  dés  arts  ,  ont  ninpotU 
les  iri:^  dt,  peiiUure  ,  sculpture  et  arch/liiiture  dt 

'■'  t^n^S'ae' (à' république.  '  ■•  ' 

P    E    I    N    ï    u    R    E. 

Le  sujet  dît  concours  était  : 

4(  Le  roi  Antiochus  canapait  à  Thialire;  Scipioa 
était  malade  à  Elée  ;  Antiochus ,  instruit  de  l'état 
de  Scipion,  lui  renvoie  son  fils  quil  tenait  prison- 
nier ,  et  rend  en  même  tems  à  Scipion  la  satisfac- 
tion et  la  santé.  Après  avoir  embrassé  son  fils  , 
Scipion  s'adressant  aux  députés  d'Antiochus  i 
Poirtez ,  leur  dit-il,  mej  actions  de  grâce  au  roi; 
je  ne^puis.pour  te  présent  lui  donner  d'autre,  TAarqiie 
de  ma  reconnaissance  que  l(  conseil  de  ne  point  songer 
à  me  combattre  avant  qii'il  soit  inshuii  que  je  suie 
rendu  à  mon  camp.  Peut-être  Scipion  espérait  que-, 
pendant  un  délai  de  quelques  jours,  le  roi  réflé- 
chirait ,  et  préférerait'  la  paix  à  une  baiailJe.  n 
(  Rollin,,  Histoire  ancienne ,  t.  VIII ,  p.  436.  ) 

Grand  prix.  — Jean -Pierre  Granger  ,  natif  de 
Paris  ,  élevé  du  citoyen  David. 

Seconds  prix.  —  i.  Jean- Augustin  Ingre,  natif 
de  Moiitauban  ,  djépartetnent  du  Lot ,  élevé  dti 
citoy.eri  David. 

3.  J.os.epl),.Duçq  ,  natif  (ip  Bruges ,  dépatlfiWjeiw 
de  la, Lys,  éilçive  du  citoyen  Suvée. 

SCULPTURE. 

Le  sujet  du  concours  était  : 

u  Priam  arrive  dans  la  tente  d'Achille  ,  se  j.eite 
à  ses  pieds,  embrasse  ses  genoux,  et  baise  les 
mains  terribles  ,  les  mains  meurtrières  qui  ont 
versé  le  sang  de  la  plupart  de  ses  Bis  ;  d'une  voix 
entrecoupée  de  profonds  soupirs  ,  il  dit  :  Achille, 
égal  aux  Dieux  ,  en  me  vMant  iouvenez-vous  dt  votre 
père.  >>  { Iliade  ,  çb^nt  XXIV.  ) 

Nota.  Il  n'a  point  été  donpé  de  premier  prix. 

Seconds  prix.  —  i.  Frédéric  Tieck;  ,  natif  de 
Berlin  ,  élevé  du  citoyen  David.  ' 

2.  Alexandre-jean-Con/taotin  Norblin";  natif  de 
Varsovie,  élevé  du  ci ip^ en  Siouf. 

ARCHITECTURE. 

Le  sujet  du  concours  était  une  Ecole  nationalt 
des  beaux  arts. 

Grands  prix.—  i.  Simpn  Vallot ,  natif  de  Dijon  , 
('départetnent  delà  Côte-d'Or ,  élevé  de  l'écpl» 
polytechnique,  et  du  citoyen  Durand. 

2.  Jean-François  Ménager  ,  natif  de  Paris,  élevf 
du  citoyen  Lagardette. 

Seconds  prix.  — Jean -Baptiste  Dedeban  ,  natif 
de  Par'"  '  «Icvc    Ju>  oiioypn    Pprrier. 

2.  Hubert  Rohaull,  natif  dç  Paris,  élevé  de 
l'école  polytechnique  et  du  citoyen  Durand. 

Les  élevés  qui  ont  remporté  les  grands  prix, 
seront  envoyés  en  Italie ,  pour  y  continuer  leurs 
éludes  aux  frais  de  la  république. 


PROGRy«MM£  d'un  pris  de  rinslitut  national  des 
sciences  et  arts ,  proposé  dans  la  séance  publique 
du,  ib  vendémiaire  an  9  de  la  république. 

Conditions  générales  à  remplir  par  les-aspirans  .aux 
prix  ,  quel  qiie  soit  le  sujet  quils  traitent. 

Aucun  ouvrage  envoyé  au  concours  ne  doit 
porter  le  nom  de  l'auteur,  mais  seulement  une 
sentence  ou  devise  :  on  pourra  ,  si  l'on  veut, 
y  attacher  un  billet  séparé  et  cacheté  ,  qui  ren- 
fermera ,  outre  la  sentence  ou  devise  ,  le  nom  et 
l'adresse  de  l'aspirant  :  ce  billet  ne  sera  ouvert 
-par  l'Institut  que  dans  le  cas  où  la  pièce  aurait 
remporté  le  piix. 

Les  ouvrages  destiiiés  au  concours  peuvent  être 
envoyés  à  l'Insiitut  ,  en  affranchissant  le  paquet 
qui  les  contiendra;  on  peut  aussi  les  adresser, 
francs  de  port  ,  à  Paris  ,  à  l'uti  des  secrétaires 
de  la  classe  qui  a  proposé  le  prix ,  ou  bien  les  liii 
faire  remettre  entre  les  mains:  dans  le  deroiei 
cas ,  le  secrétaire  en  donnera  le  récépissé  ,  et  il  y 
marquera  la  sentence  de  l'ouvrage  et  son  nu- 
j  méro  ,  selon  l'ordre  ou  le  ums  dans  lequel  il 
aura  été  reçu. 

Les  concurrens  sont  avertis  que  l'Institut  ne 
peut  rendre  ni  les  ménjoires  ,  ni  les  dessins,  n^ 
les  machines  qui  auront  été  soumis  au  concours. 
Mais  les  auteurs  seront  toujours  les  maîtres  de 
tirer  des  copies  des  mémoires ,  des  dessins  ,  et  de 
retirer  les  modèles  des  machines  ,  en  remettant 
des  dessins  conformes. 

C'est  la  commission  des  fonds  de  l'Institut  qui 
délivrera  la  médaille  d'or  au  porteur  du  récé- 
pissé ;  et  dans  le  cas  où  il  n'y  aurait  point  de  récé- 
pissé ,  la  médaille  ne  sera  remise  qu'à  l'auteur 
même  ,  ou  au  porteur  de  sa  procuration. 


CLASSE   DE   LITTÉRATURE    ET   BEAUX    ARTS. 

La  classe  de  littérature  et  beaux  arts  avait  pro-, 
posé  en  l'an  7  ,  pour  spjet  du  prix  de  poésie  : 

La  Fondation  de  la  République  ;  ede  ,  poème  ,  dis- 
tours  en  vers ,  eu  ,épître. 


Le  prix  devait  être  décerné  dans   la  séance  pu-     cessîvement  la  confusion  de   tous  les  pouvoi 


blique  du  i5  vendémiaire  an  9. 

Aucune  des  pièces  envoyées  au  concours  t)'ayan( 
mérité  le  prix,  la  class^  propose  dp  nouveau  le 
hièhie'siijet  pour  l'an  10, 

J^epriH  sera  une  flnédailje  d'or,  du  poids  de  cinq 


Les  Ouvrages  ne  seront  reçus  que  jusqu'au  l" 
messidor  an  g  :  ce  terme  est  dé  rigueur.  '  '   '"     ' 


de     la   liberic   publique   ci   jndivi- 


la    ruine 
d-uelle. 

Atassi  n'est-ce   point  du  tout  l'intérêt  particulier 

du  citoyen  qui   nous  a    dénoncé    l'arrêté  que   je 

^     considère  dans  cette  affaire-ci  ;  je  dirai   même  en 

teciograrnmes  :   jl    sefa   4istribuéi4i'f"s  la  séance  /  P?^.^*"'   'IHP    t^et   i-itérêi  ne    me    paraît   pas    foi  t 

publique  du  i5  vendécojaire  de  l'an,  10.      !  recomrnandabic.    Qu'est-ce    que    le    titre   de    ce 

Les  membres  et  associés  de  l'Institut  sont  seuls  |  {^""y"  ''  "^  jugement  par  défaut  obtenu  contre 

exceptés  du  concours.  '  ■  ■  1  ^^  ,.'""^^   générale  ,   lequel  lui  a   acljuj^é   tout  ce 

quil  a  voulu,  des  reslilulions  de  marchandises 
confisquées  cinq  ans  auparavant  ,  et  10,000  liv. 
de  dommages-iiiiérêts,  etc.  Et  de  quelle  daie  est 
ce  jugement  ?  du  20  septembre  1792  ,  c"est-à- 
dire  d'uiie  époque  oii  la  ferme  générale  n'exisiait 
plus  depuis  dix-huit  mois,  n'av.iii  plus  ni  agent 
xii  procureur  fondé  pour  la  délendrc  ;  où  le 
riom   seul  de    fcjmier  -  gïiiéral    était    presque  un 

titre  de   proscription .'  J'ajouterai    que  le  ton 

peu  mesuré  dont  le  citoyen  Borel  a  présenté 
et  soutenu  sa  dénonciation,  lesp-ce  de  lune 
qu  il  a  voulu  établir  entre  lui  et  ndtre  estimable 
collègue  qui  a  fait  le  rapport  au  nom  de  notre 
commissicn,  m'aurai-nt  plutôt  inspiré  une  pré- 
vention peu  favorable  pour  lui.  si  c'était  par 
des  préventions  ,  même  bien  fondées',  que  nous 
pussions  nous  laisser  conduire. 

J'examine  donc  ,   abstraction    faite  de  Borel  et 
de  son  intérêt  ,  l'anêié  du  4  germinal  an  8. 

Dans    quelles   circonstances     esi-ii   intervenu? 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

J^résidçncf  de  Çrassous, 

Suite  de  la  séance  du   16,  vendémiaire. 

Ar^drieux.  Je  ne  pense  pa4  que  la  question  soit 
encore  réduite  à  ses  véritables  termes  ,  et  en  état 
çlg   recevoir  la  décision  du  tribunal.  j 

J'ai  étudié  cette  affaire;  je  vous  soumettrai  mon 
opinion  avec  défiance  ,  parce  qu6  je  vois  que 
plusieurs  collègues  très-éclairés  en  adoptent  une 
cîoniraire  ;  je  renoncerai  volontiers  à  la  mienne  ,'■ 
si  la  suite  de  la  discussion  me  fait  appercevoir  ! 
que  je  sois  dans  l'erreur;  mais  j'avoue  que  cette' 
erreur  possible    me  paraît  jusqu'à   présent   une  I 


vérité  qu'on   peut  porter  prcsqu'à  la  démonstra- i  Je   lie   dirai   du  fonds  que  ce  qu'il  en  faut  savoir 
"°"'  ,  .      ,.  .  pour  juger   la  question  de  compétence ,  de  cons- 

Je  lâcherai  d'être  clair;  cependant,  pour  être  ^  titutionnalité. 
«iiHendu  .j'aurai  besoin  d'un  peu  d'attention  i  Un  créancier  ,  porteur  de  titre  contre  l'adju- 
sur-tout  de  la  par  de  ceux  de  nos  collègues  qu,  dicat.on  des  fermes  générales  .  dont  tous  les  1er- 
sont  le  .noms  familiarises  avec  les  maneres  judi-  miers-généraux  étaient  les  cautions  solidaires  ,  ce 
«aires  G  est  rci  une  affaire  de  forme  et  .1  ap-  créa.roer ,  dis-je  ,  veut  fatre  déclarer  son  titre 
partientpeul-etreaunanctenmembre  du  tribunal  exécutoire  contre  des  héritiers  de  ces  fe.miers- 
de  cassanon  d  opiner  dans  une  discussion  pa-  généraux  ;  il  les  assigne  ,  à  cet  efi'et  ,  devant 
leille  ;  car  il  se  retrouve,  pour  ainsi  dire,  sur  un  tribunal.  o  '  "^  1  ■-.yrtu 
son  Itrrein  et  dans  le  cerclé  de  connaissantes'  t„  1,  ■  ■.■  "  j  ■  .•  •  1  -, 
que  Ihabitude  et  l'expérience  ont  dû  lui  faire!  l^e""--'"  ne  déclinent  point  le  tribunal,  ne 
acquérir.  contestent  pas  sa  compétence  ;  ils  prennent  leur 
,  "  .  ,  ,  .  .  „  '  défense  dans  les  termes  de  difFérenies  lois,  no- 
La  quesUon  nest  pas  de  savoir  si  1  arrête  du  4  tarainent  de  celle  du  24  septembre  1793  qui  i 
germinal  est  juste  ,  mais  s'il  est  inconstttu-  .  prononcé  un  sursis  aux  poursuites  et  à  1  exécution 
tionnei.  ^^  .'  ■  ;  de  tous  jugeraens  obtenus  par  les  créanciers  des 
Sans  tn'étendre  sur  la  théorie  des  inconstitu-  fermiers  généraux,  et  renvoyé  ces  créancieis  à  se 
tïonnalités,  je  m'arrêterai  à  quelques  principes  f^'re  liquider  par  le  directeur  général  charcé  de 
:  -;„_!„„  _..'i..:j —  ,  j^  liquidation  des  dettes  nationales  ;  ils  argumen- 
tent envers  des  lois  qui  ont  mis  sous  le  séquestre 
sous    la   main   de  la    nation  les  biens    de 


aussi  simples  qu'evidens 

La  constitution  a  établi  difFérens  grands  pou- 
voirs ;  elle  a  déclaré  ce  qu'il  appartient  à  chacun 
de  faire  et  d'ordonner;  chacun  "dé  ces  pouvoirs 
a  ses  limites  à  l'égard  des  aaires  ,  et  il  ne  peut 
Jes  outrepasser  sans  violer  la  constitution.  Si  le 
tpburiat  ,  par  exemple  ,  émettait  un  vœu,  pre- 
qait  un  arrêté  sur  un  procès  entre  des  citoyens  ; 
si  le  gouvernement  ,  sous  prétexte  d'ordonner 
l'exécuiion  d'une  loi  ,  en  lésait  l'applica- 
tion dans  une  contestation  paiiiculiere  ,  il  y 
aurait  inconstilutionnaliié  ,  parce  que  ,  dans  ces 
deux  cas  ,  le  tribunal  ou  le  gouvernement  se- 
rait soiti  des  bornes  de  ses  attributions  consti- 
tutionnelles ,  et  aurait  empiété  sur  le  pouvoir  ju- 
diciaire. 

L'un  ou  l'autre  serait    contrevenu  alors  à  l'art. 


fcniie  générale  et  des  fermiers  généraux  ,  parti- 
culièrement de  la  loi  du  23  nivdse  an  a  ,  qui  a 
dépouillé  les  fermiers  généraux  de  leurs  biens 
même  personnels,  a  ordonné  à  la  régie  de  len- 
regislremeni  ds  taire  administrer  ces  biens  comme 
ceux  deséraigrés,  de  prendre  connaissance  de  tous 
les  procès  imeniés,  jtnsi  que,de  ceux,  déjà  jugés 
par  les  tribunaux  contre  les  ci-devant  feimiers 
généraux,  et  d  en  dresser  un  état  sommaire. 

_  Les  héritiers  coiicluçnt  de  toutes  ces  disposi- 
tions des  lois  ,  que  les  dettes  des  fermiers  géné- 
raux ,  relatives  à  leur  bail  ,  sont  devenues  dettes 
nationales,  que  c'est  à  la  nation  seule  que  le 
créancier  doit  s'adresser;  ils   lui  opposent  donc 


I,XI  de  la  constitution  ,  qui  porte.:  iien  matière     et  le  sursis  prononcé  par  la  loi  du  24  septeiribre  , 


»  civile,  il  y  a  des  tribunaux  de  première  instance 
S)  et  des  tribunaux  d'appel.  j> 

Je  pose  donc  en  principe  qp'un  acte  par  le- 
quel le  gouvernement  Se  seivirait  de  son  autorité 
pour  arrêter  le  cours  de  la  justice  ordinaire  des 
tribunaux ,  serait  un  acte  d'une  inconstitutionnalité 
évidente.  Je  ne  pense  pas  que  ce  principe  soit 
contesté. 

Je  n'insisterai  pas  sur  la  nécessité  de  maintenir 
l'indépendance  des  juges  à    l'égard  du   pouvoir 


et  les  dispositions  des  lois  ,  desquelles  il  lésulte  , 
sçlon  eux  ,  que  la  créance  doit  être  liquidée  et 
acquittée  comme  dette  nationale. 

Le  créancier  repond  ,  1°.  à  l'égard  du  sursis  , 
quuiie  loi  du  4  frimaire  a  excepté  du  sursis  tout 
créaricier  porteur  d'un  titre  valable  co'ture  les 
feimiers  généraux  ;  qu'il  est  porieur  de  titre  ,  et 
par  conséquent  excepté  du  sursis.  2°.  Q^u  aucune 
loi  n'a  déclaré  les  dettes  de  la  ferme  ,  neiies  na- 
tionales ;   que  les  dettes  et  charges  antérieures  à 


exécutif  :  il  est  trop  évident  que  si  celui-ci  peut!  l'époque  de  la  suppression  delà  ferme,  sont  des  dei 
se  mêler  des  jugemcns  ,  exercer  son  influence  sur  |  tes  des  fermiers  qui  doivent  les  acquitter  sur  leurs 
les  tribunaux  ,  la  propriété  ,  les  droits  des  ci-  '  bénéfices  antérieurs  à  lajmême  époque  ;  et  que  , 
toyens  ctssent  d'êire  assurés  ;  l'autorité  arbitraire     — * —  i  i-j  _  _  1    ■ 

F  eut  prendre  la  place  des  règles  de  la  justice  ; 
empire  des  lois  est  détruit  ,  si  les  juges  cessent 
d'en  être  les  seuls  ministres  ,  les  seuls  applica- 
teurs   en  matière  d'intérêts  particuliers. 

A  présent  il  s'agit  de  savoir  si  l'arrêté  qui  nous 
est  dénoncé  ,  est  vicié  oii  non  de  cette  inconsti- 
tutionnalité que  j'ai  caractérisée,  c'est-à-dire  , 
d'tin  empiétement  sur  le  pouvoir  judiciaire. 

Encore  une  fois  ,  ce  n'est  pas  du  fonds  même 
de  l'arrêté  qu'il  s'agit  ;  c'est  ici  une  simple  ques- 
tion de  forme  ou  de  compétence.  Il  s'agit  de 
savoir  si  le  gouvernement  a  excédé  ou  non  sa 
compétence;  s'il  a  usurpé  ou  non  celle  des  tri- 
bunaux dans  cette  dispositon  de  son  arrêté  :  les 
crianciers  des  fermiers  gcnéraux  seront  tenus  de  sur- 
seoir à  toutes  poursuites. 

Celte  question  ne  peut  offrir  qu'une  discussion 
siieic  aride  ;  mais  elle  n'est  pas  sans  importance  ; 
les  formes  sont  les  conservatrices  du  fonds,  et 
des  intérêts  Ici  plus  sacrés  dos  citoyens  ;  le  tri- 
bunal suprême  qui  doit  servir  de  régulateur  à  tous 
les  autres  ,  le  tribunal  de  cassation  est  principa- 
lement institué  pour  le  maintien  des  formes. Cluz 
tous  le»  peuples  libres  ,  on  a  poussé  jusqu'au 
scrupule  le  respect  des  formes,  parce  qu'on  sa- 
vait  que  leur  violaiiou   pouipit  entraînai  suc- 


même  à  l'égard  des  dettes  postérieures  à  la  sup- 
pression,  tout  cequi  résulte  des  lois  est  un  recours 
de  garantie  contre  h  nation  en  laveur  des  fermiers 
généraux,  que  leslois  n'ontpointdéchargés  et  n  ont 
pas  pu  décharger  de  leurs  obligations  directes  et 
personnelles.  3".  Enfin  ,  que  si  la  loi  révolution- 
naire du  23  nivôse  an  2  a  dépouillé  les  feiraieis 
généraux  de  leurs  biens,  celle  du  21  prairial  de 
1  an  3  a  révoqué  les  confiscations  prononcées  pré- 
cédemment ,  et  a  restitué  les  biens  aux  familles 
des  coridamnés;  de  tout  cela,  le  créancier  con- 
clut qu'il  a  le  droit  d'agir  contre  les  héritiers  des 
fermiers  généraux  ,  et  que  ses  poursuites  ne  sont 
ni  prohibées  ni  suspendues  par  aucune  loi. 

Tçl  est  le  fond  de  la  contestation  ;  telles  sont  les 
prétentions  des  parties  respectives.  De  quoi  s'agit-iJ? 
de  l'application  des  lois  à  un  intéiêtparticulier  , 
d'un  jugement  à  prononcer,  d'après  leslois  que 
les  parties  invoquent  respectivement  devant  tin 
tribunal,  dont  la  compétence  n'est  contestée  par 
aucune    d'elles. 

Point  d'autre  autorité  saisie  de  la  contestation  ; 
nulle  apparence  de  conflit;  pas  même  de  réqui- 
sitoire de  la  part  du  commissaire  du  gouverne- 
ment,  pour  que  le  tribunal  eût  à  s'abstenir  de  la 
connaissance  de  l'affaire  ;  le  tribunal  juge,  et  juge 
eu  faveur  du  créancier  le  8  ventôse  de  l'an  8. 


C'est  alors  qu'intervient  l'arrêté  du  4  germinal  , 
lequel  adopte  leur  système  et  relativement  au 
suisis. ,  et  relativement  à  la  nature  des  dettes  de 
li  ferme  ,  qu'il  considère  comme  nationales  ;  en 
conséquence  ,  ordonne  des  mesures  générales 
pour  la  liquidation  des  créances  sur  la  ferme  , 
notamment  une  prorogaiion  de  délai  de  trois 
mois  aux  créanciers,  pour  faire  la  déclaiation  de 
leurs  créances;  et  finalement  ordonne  à  ceux  qui 
ne  se  seraient  pas  laii  liquider  ,  et  qui  auraient 
intenté  des  procès  ci  obitnu  des  jugemeiis  ,  de 
laire  également  leur  déclaration  et  de  surseoir  à 
toutes  poursuites. 

Les  héritiers  poursuivis  en  vertu  du  jugement 
de  prcmicrp  instance  ,  font  signifier  à  leur  adver- 
saire l'arrêté  par  un  huissier,  avec  défenses  depaiser 
outre;  comme  si  un  arrêié  du  gouvernement  pou- 
vait jamais  devenir  une  pièce  ju'.liciaite  ,  un  acte 
dans  un  procès-particulier,  un  jugement  !.... 

D'un  autre  côté  ,  ils  ont  interjette  appel  du  ju- 
gement de  première  instance;  la  coritesiaiion  s  est 
renouvellée^  devant  le  tribunal  d'appel  ;  et  ce  tri- 
bunal ,  par  son  jugement  du  14  fructidor  ,  a  con- 
firmé celui  de  première  instance. 

A  présent  ,  je  demande  s'il  est  possible  de  ne 
pas  voir  dans  la  disposition  de  1  arrêx  qui  or- 
donne aux  créanciers  de  surseoir  aux  poursuites  , 
son  empiétement  sur  le  pouvoir  judiciaire  ,  une 
entreprise  sur  l'autorité  des  tribunaux  ,  une  vio- 
lation de  leur  indépendance  constitutionnelle. 

De  quoi  s'agissait  -  il  ?  de  matière  civile;  de 
1  exercice  d'une  action  d'un  ciioyen  se  préten- 
dani  Ciéancier ,  contre  d'autres  citoyen-s  qu'il  soû- 
lerait être  ses  débiteurs  personnels  ,  sauf  le  re- 
cours de  ceux-ci  contre  la  nation  ;  les  défendeurs 
alléguaient  au  contraire  que  les  lois  avaient  , 
d'une  part  ,  prononcé  un  sursis  totiire  le  ciéan- 
cier  ;  de  l'autre  ,  avaic-nt  mis  la  d:tte  au  rang  des 
dettes  nationales  ;  otà  devaient  se  trouver  les 
motifs  de  décision  ?  dans  les  lois  existantes  ;  et 
q'.i  devait  en  faire  lapplicalion  ?  les  tribunaux, 
et  les  tribunaux  seuls. 

En  supposant  que  le  tribunal  de  première 
instance  et  celui  d'appel  eussent , porté  un  juge- 
ment contraire  aux  lois  ,  qu'ils  les  eussent  vio- 
lées .  qui  devait  connaître  de  leur  contravention  ? 
le  tribunal  de  cassation  seul.  Telle  est  la  hiérar- 
chie judiciaire  qu'aucune  puissance  n'a  le  droit 
d'intcrve/nr. 

Larrêié  l'a  fait  cependant  ;  d'otà  suit  la  consé- 
quence nécessaire  qu'il  est  inconstitutionnel  ;  et, 
si  ce  premier  arrêté  est  contraire  à  la  constitu- 
tion ,  que  faudra-i-il  penser  du  second  pris  dans 
la  même  affaire  ,  lequel  a  déclaré  non-avenus  les 
jugemcns  des  tribunaux  ?  Mais  ce  n'est  pas  en- 
core du  second  qu'il  s  agit  dans  la  discussion 
actuelle. 

Il  a  bien  fallu,  sans  doute,  colorer  cette  en- 
treprise sur  le  pouvoir  judiciaire  ,  la  couvrir  de 
quelque  prétexte,  trouver  un  système  cjui  pût 
la  rendre  plausible.  C'est  ce  système  <ju'il  me 
reste   à  examiner. 

On  a  recours  à  l'article  XXVII  d'une  loi  du 
21  fructidor  an  3  ,  loi  organique  de  la  consii- 
tution  de  l'an  3  ,  loi  faite  uniquement  pour  régler 
les  attiiûutions  des  administrations  départementales 
et  municipales  dalois  ;  cet  article  porte  ,  a  eti 
'»  cas  de  conflit  d'attribution  entre  les  autorités 
î»  administratives  et  judiciaires,  il  sera  sursis  jus- 
II  qu'à  décision  du  ministre  ,  confirmée  par  le 
Il  directoire  exécuiif  qui  en  référera,  s'il  est  be- 
1)  soin  ,  au  corps-législatif.  Le  directoire  exécutif 
I)  est  tenu  .  en  ce  cas,  de  prononcer  dans  le 
I'  mois.  Il  On  a  «fit  :  larnatiere  était  adrainistrailve  ; 
car  les  créanciers  ,  sur  la  ferme  générale  doivent 
être  litjuidés  adroii^isirativement  ;  cependant  un 
tribunal  était  saisi  et  a  jugé  nonobstant  qu'on  lui 
eût  représenté  que  c'était  une  affaire  d'adminis- 
tration, donc  il  y  avait  un  conflit  d'attribution 
entre  les  deux  autorités  ;  doiic  le  ministre  a  pu 
décider  en  en  référant  au  pouvoir  exécutif, 
ou  ce  qui  est  la  même  chose,  il  a  pu  provo- 
quer et  faire  prendre  l'arrêlé  des  consuls  ,  du  4 
germinal. 

On  pourrait  répondre  d'abord  que  la  loi  du  21 
fructidor  an  3  ,  est  abrogée  ,  puisque  la  coristi- 
titution  de  l'an  3  n'est  plus  envigueur,  etquecette 
loi  n'était  qu'un  appendice  ,  une  loi  organique 
de  cette  constitution. -Elle  est  relative  aux  admi- 
nistrations départementales  et  municipales  d'alors; 
elle  détermine  leur  mode  d  existence,  leur  attri- 
bution; la  durée  des  fonctions  de  leurs  membres, 
leurs  tiaitemens  ,  etc.  ;  pas  une  de  ses  dispositions 
ne  peut-être  aujourd'hui  exécutée  ni  invoquée. 
Mais  supposons  que  l'art.  XXVII  subsiste  , 
quand  tous  les  autres  articles  ne  peuvent  plus 
avoir  d'effet.  » 

Quelle  application  a-t-il  à  l'affaire  présente  ? 
«4  En  cas  de  conflit  d'attribution  ,  dit  cet  art»  , 
entre  les  autorités  adminisifaiivesétjudiciaires....i» 
Il  suppose  donc  le  conflit  existant  ,  cl  quand 
y  a-t-il  conflit?  c'est  imaiid  deux  autorités  se 
sont  déclarées  compétentes  pour  connaîtie  de 
la  même  contest.iiion  ;  il  y  a  conflit  île  juris- 
diction  ,  lorsque  deux  tribunaux  ont  jugé  dans 
la  in£me  affaire,  ^et  alors  oa_a  recouis  au  tribunal 


de  cassation  qui  règle  et  juge  ,  c'est-à-dire  qui 
renvoyé,  au  inbunal  qui  cloii  en  connailre  ;  il 
y  a  conflit  d'attribution  entre  les  autoiités. admi- 
nistratives et  judiciaires,- lorsque  tes  deux  auloriics 
ont  toutes  les  ddu^  prononcé  sur  le  même  Inii  . 
et  pour  me  faire  mieux  comiirendre  ,  je  ci'eiai 
un  exemple  de  ce  conflit  d  attribution  ,  exemple 
t)ni  s'est  rencontré  assez  fréquemment. 

Une  administration  de  dèpatteracnt  en  fesn.nt 
anc  venie  de  biens  nationaux,  y  aura  compris 
(in  lerrein  que  Pierre  préiend  lui  appartenir  et 
n  être  pas  un  bien  iialional  ;  Pierrt  se  pourvoit 
d'abord  par  voie  de  pétition  devant  l'adminis- 
«ratJon  ;  mais  celle-ci  n"a  point  égard  à  la  récla- 
mation ,  et  maintient  )a  vente  par  un  arrête. 
Alors  Pierre  attaque  l'acquéreur  dans  un  tribunal 
et  demande  quil  soit  tenu  de  se  désister  de 
l'héritage  ;  le  tribunal  prononce  en  faveur  de 
Pierre;  voiià  le  tribunal  en  contradiction  avec 
l'adminisiration  de  département;  voilà  le  conflit 
d'attribution  entre  l'autorité  adminisiraiive  ,  et 
l'autorité  judiciaire;  c'est  pour  ce  c:iS  et  autres 
semblables,  qu  était  fait  !  article  XXVII  de  la  loi 
cTu  21  fructidor  ;  mais  pour  l'espèce  actuelle  ovi 
il  n'y  a  pas  eu  l'ombre  de  conflit  ,  où  une  seule 
autorité  a  été  saisie  et  a  prononcé  ,  cet  ardcle 
lia  pas  la  moindre  application. 

Mais  la  matière  est  administrative,  dira-t-on;je 
répondrai  que  c'est  une  question  à  décider  ;  et 
que  le  gouvernement  ne  peut  pas  la  supposer 
décidée  ,  pour  en  induire  qu'il  a  le  droit  de  con- 
naîre  de  laffaire  ,  de  l'enlever  aux  tribunaux, 
ei  même  de  déclarer  des  jugemens  non  avenus. 

Je  suppose  ,  quoique  cela  pût  être  très-raison- 
nablement contesté,  et  quoique,  des  tribunaux 
éclairés  aient  prononcé  le  contraire,  je  suppose 
que  la  matière  fût  réellement  administrative  ,  et 
que  le  gouvernement  pensât  que  les  tribunaux 
outrepassaient  leur  compétence  ,  excédaient  leur 


72 

Il  y  aurait  au5si  trop  d'affaires  civiles  où  l'on 
pourrait  trouver  un  mélange  d'administratif,  et 
où,  sous  ce  prétexte,  l'autorité  executive  inter- 
viendrait, se  mêlerait  des  intérêts  des  citoyens, 
piononcer.-îit  sur  des  contestations  judiciaires,  dé- 
pouillerait les  tribunaux  et  les  réduirait  à  la  nullité. 
C'est  ce  qu'elle  a  fait  dans  l'espèce  présente  ,  et 
c'est  pour  cela  que  je  regarde  l'arrêté  du  4  ger- 
minal comme  inconstitutionnel,  et  que  je  crois 
avoir  démontré  qu'il  l'est  réellement. 

Je  ne  finirai  pas  sans  répéter  ce  que  j'ai  dit 
au  commencement  de  mon  opinion  ,  que,  la 
cause  particulière  du  citoyen  qui  nous  a  dénonce 
cet  arrêté  ,  me  paraît  peu  intéressante  ;  que  son 
litre  même  n'est  pas  tiès-recoramandabic  ,  tandis  ^ 
qu'au  contraire  les  héritiers  de  ces  fermiers  géné- 
raux ,  si  abstraitement ,  si  violemment  dépouillés , 
méritent  beaucoup  de  considération  et  inspirent 
un  juste  intérêt  ;  mais  ,  encore  une  fois ,  il  s'agit  , 
non  pas  de  savoir  si  l'arrêté  est  fondé  sur  des 
mo-tifs  d'humanité  ,  d'équité  ,  mais  s'il  est  cons- 
titutionnel. Il  s'agit  en  général  ,  et  abstraction 
faite  de  l'afFaire  particulière  ,  de  décider  s'il  y  a 
eu  entreprise  du  pouvoir  exécutif  sur  l'autorité 
judiciaire. 

La  marche  et  les  discussions  du  iribunat  ont 
prouvé  constamment  sa  confiance  dans  le  gou- 
vernement :  nous  avons  souvent  rendu  hom- 
mage à  la  sagesse  de  ses  vues  ,  à  l'utilité  des 
grandes  mesures  qu'il  a  prises  ,  à  tant  d'améliora- 
Tions  qu'il  a  faites  ;  nous  en  avons  d'autant  plus 
de  droit  à  l'avertir  d'une  erreur  dans  tine  affaire 
particulière  ,  dont,  après  tout  ,  la  décision  serait 
peu  importante  pour  la  lépublique  ,  si  les  con- 
séquences de  cette  décision  ne  pouvaient  de- 
venir allarmantes  pour  la  propriété  du  citoyen  , 
pour  l'indépendance  du  tribunat ,  pour  le  main- 
tien de  la  division  des  pouvoirs. 

C'est   sous    ce  point    de  vue  q<ie  je   crois  le 


pouvoir,  en  s'immisçant  dans. ces  sortes  d'affaires,  I  tribunat  obligé  par  devoir  et  par  honneur  acte- 
quelle  était  la  m.arche  réguhere  ,  constitutionnelle  |  férer  au    sénat-  conservateur    l'arrête   du  4  ger- 
minal an  8  ,   comme  inconsdtuiionnel. 


qu'il  devait  suivre  ? 

Dès  l'origine  de  l'affaire  ,  le  commissaire  du 
gouvernement  devait  requérir  le  tribunal  de  pre- 
mière instance  de  s'abstenir  ,  attendu  la  natuie  de 
laffaire  ,  et  de  renvoyer  devant  qui  de  droit;  le 
même  réquisitoire  de  ait  être  réitère  devant  le  tri- 
bunal d'appel  ;  et  en  cas  de  refus  d'y  faire  droit,  il  y 
avait  lieu  à  demander  la  cassation  ,  lant  pour  con- 
travention aux  lois  que  pour  excès  de  pouvoir. 

Et  même ,  quoique  ces  réquisitoires  n'aient  point 
été  présentés  aux  tribunaux  de  première  instance 
et  d'appel,  s'il  est  vrai  que  les  (ribun: 
excédé  leur  pouvoir,  et  connu  d'une  matière 
qui  leur  était  interdite  ,  attendu  qu'ils  ont  commis 
une  nullité  de  droit  public,  et  qu'une  pareille 
nullité  ne  peut  se  couvrir,  le  gouvernement  doit 
faire  dénoncer  leurs  jugemens  au  tribunal  de 
cassation  par  son  corumissaire  près  ce  tribunal,  j 
et  en  requérir  l'annullation  pour  excès  de  pouvoir 
et  intervention  de  la  marche  constitutionnelle  des 
autorités.  Il  y  en  avait  une  disposition  expresse 
dans  la  constitution  de  l'an  3  (art.  26a)  et  le  direc- 
toire exécutif  en  a  'fait  usage  lorsqu'il  l'a  cru 
nécessaire.  Celte  disposition  se  retrouve  textuel- 
lement dans  l'article  LXXX  de  là  loi  du  28  veti- 
lôse  dernier;  et  d.'ailleurs  elle  est  encore  impli- 
citement dans  la  constitution  de  l'an  8  ,  qui  charge 
le  gouvernement  de  procurer  l'exécution  des 
lois. 

Mais  il  est  chargé  aussi  ,  dira-t-on,  de  faire  des 
réglemens  en  matière  administrative  ;  ici  la  ma- 
tière était  administrative;  donc,  etc.. .>. 

Mais  qui  a  décidé  que  la  matière  est  administra- 
tive? Le  gouvernement  lui-même;  et  contre  ijuelle 
autorité  Va-t-il  décidé?  contre  celle  des  tribunaux 
ordinaires  dont  il  n'est  pas  le  réformateur ,  et  dont 
les  jugemens ,  s'ils  sont  contraires  aux  lois  ou 
viciés  par  un  excès  de  pouvoir ,  ne  peuvent  être 
annullés  que  par  le  tribunal  de   cassadon. 

Le  gouvernement  a' supposé,  l'.que  la  madère 
était  administrative  ,  ce  <jui  est  au  moins  fort 
douteux  ;  2°'  qu'il  y  avait  conflit  d'attribution 
entre  les  autorités  administrative  et  judiciaire  , 
quoique  réellement  il  n'y  eût  pas  de  conflit. 

Et  après  ces  .deux  suppositions  qui  lui  étaient 
nécessaires  pour  donner  une  apparence  de  léga- 
lité à  sa  décision  ,  il  a  décidé  ,  au  préjudice  de 
l'autorité  judiciaire  ,  qui  était  seule  saisie. 

C  est  ainsi  à  peu-près  que  les  tribunaux  ecclé 


^Huguet   prononce   une    opinion   conforme   a 
celle  émise  par  Siméon. 

On  demande  la  clôture  de  la  discussion. 
Andrieu>i.]e    m'y  oppose;    l'ajournement  doit 
être  ;idopté    parle    tribunat.    Dans    celte  séance 
même  ,  une  nouvelle  dénonciation  a  été  faite. 

Girardin.  Il  est  tems  de  faire  cesser  la  lutte  scan- 
daleuse qui  s'est  élevée  entre  les  tribunaux  et  le 
,  .,  -,     couvercement.  Il  n'y  a  pas   de  doute  que   si  le 

s.l  est  vrai  que  les  tribunaux  aiem  .^^,^^j^,  ^^^g,^  q^i  ^us  a  été  dénoncé  ,  est  in- 
constitutionnel ,  le  second  qui  n'est  qtae  la  con- 
séquence du  premier  ,  ne  le  soit  aussi.  Ainsi  je 
ne  pense  pas  que  la  dénonciation  qui  a  été  faite 
ce  matin  ,  doive  rien  changer  à  l'état  actuel  de 
la  discussion. 

Je  demande  que  le  tribunat  prononce  daiis 
cette  séance  même  ,  et  fasse  cesser  celte  lutte  qui , 
je  le  répète,  pourrait  finir  par  devenir  dange- 
reuse. 

BouttevilU.  Le  tribunat  ne  saurait  mettre  trop 
de  maturité  dans  une  discussion  de  cette  impor- 
tance ;  il  y  a  encore  des  orateurs  inscrits,  et  je 
pense  qu'on  doit  entendre  toutes  les  raisons  pour 
et  contre  ;  je  pense  sur-tout  que  l'opinion  émise 
par  l'un  des  derniers  orateurs  ,  ne  doit  pas  restea 
sans  réfutation.  Comme  lui  ,  j'ai  été  membre  du 
tribunal  suprême  qu'il  a  cité  ,  et  cependant  je 
diffère  avec  lui  de  sendment.  Il  me  semble  que 
si  je  fesais  encore  partie  du  tribunal  de  cassaùori , 
et  que  laffaire  dont  il  s'agit  me  fût  renvoyée,  je 
ne  balancerais  pas  à  me  déclarer  incompétent 
I  pour  prononcer. 

Quand  un  iribunaJ  s'est  en  quelque  sorte  mis  en 
révolte  contre  le  gouvernement,  ce  n'est  point 
au  tribunal  de  cassation  qu'il  appardent  de  le 
réprimer.  ,         .        ■    ,      ,- 

Je  demande  la  conunuation  de  la  discussion  ; 
j'ai  préparé  un  travail  que  je  désire  soumettre  au 
tribunat. 

Riouffe.  Point  de  doute  que  la  question  qui  nous 
occupe  ne  soit  essennellement  de  notre  ressoit  ; 
quand  il  s'agit  des  intérêts  de  parlicuHers  qu'on 
prétend  êire  lézés  ,  c'est  l'autorité  populaire  qui 
doit  prononcer.  Mais  s'en  suit-il  de-là  que  la 
discussion  doive  êlre  interminable  ?  Non  sans 
^estarns.  a  ucu-p.cs  .juc  .e»  .wuuu.u:.  c.e..-  ■  doute.  Tous  les  prateurs  qui  ont  parlé  ont  eu 
siasdques  prétendaient  autrefois  s'attribuer  la  con-  la  plus  grande  latitude  ;  envain  objecte-t-on  a 
naissance  de  toutes  les  affaires  civiles  ,  en  corn-  dénonciation  qm  a  ete  faite  récemment  sur  le 
mencant  par  décider  que  dans  chaque  affaire  il  y  second  arrêté  ;  je  n  aime  pomt  cette  manière  de 
avait' du  spirituel  ou  du  moral ,  dont  ils  étaient  ,  discuter  :  cela  ressemble  trop  a  I  ancienne  chi- 
disent-ils,  les  seuls  juges  compétens.  'cane,   et   cela  sur-tout   a  trop   lair    de  vouloir 


gagner  du  lems.  Je  dirai  avecun  de  mes.  ccdr 
lègues  ,  que  si  le  premier  arrêté  est  ipeonsti- 
tutionnel  ,  le  second  l'est  également;  qu'ainf^ 
rien  lie  doit  nous  empêcher  de  prendre  una 
détermination.  Les  difièrens  orateuis  qui  qnt 
parlé  dans  cette  affaire  ,  sont  tous  convenus  r\\ic 
l'arrêté  était  juste  au  fond  ,  mais  qu'il  péchait 
par  la  forme  ;  cet  aveu  précieux  vous  détermi-' 
ner^  sans  doute  ,  mes  collègues  ,  à  sortir  de  cet 
état  d  anxiété  dans  lequel  les  parties  intéressées-,» 
et  nous-mêmes  ,  sommes  .depuis  que  cette  d.i*- 
cussion  a  pris  naissance.  ,  _    ,,[ 

Je  demande  que  l'on  aille  sur  le  charnp  aj}s, 
voix. 

Ganilh.  Ceux  qui  demandent  la  clâtureidc  la 
discussion  pensent  que  que  le  second  ariêté  du 
gouvernement  n'est  que  la  consétjuèrice  du  pre- 
mier :  ils  se  trompent  dune  manière  bien  étrange. 
Le  gouvernement  ,  par  son  second  arrêté  ,  a 
décidé  une  question  de  la  plus  haute  impor- 
tance :  il  a  décidé  que  lorsque  les  tribunaux  dé- 
passeraient les  bornes  de  leurs  attributions, 
c'était  à  lui  à  les  redresser.  Il  s'est  ainsi  tait  juge 
de  leurs  écarts, ,  a  intercepté  la  hiérarchie  ju-. 
diciaire  ,  et  enlevé  au  tribunal  de  cassation  la< 
principale  ,  je  dirai  même  1  unique  aitributioa, 
que  la  constitution  lui  donne.  Je  demande  la' 
conunuation   de  la  discussion. 

Bereng:r.  Il  n'est  nullement  question  en  ce! 
moment  du  second  arrêté  ;  c'est  sur  le  premier 
que  la  discussion  a  eu  lieu  et  se  trouve  épuisée  ; 
c'est -donc  sur  le  preniier  seulement  que  vous 
devez  délibérer  .  et  que  je  demande  que  la 
discussion  soit  fermée. 

Le  tribunat  ferme  la   discussion. 

Ganilh.  Ja  demande  que  la  délibération  ait. lieu 
par  scrutin   secret.   • 

Cette  proposinon  est  adoptée. 

En  conséquence,  le  iribunat  délibère  ati  scrutin, 
sur  la  question  de  savoir  si  l'on  passera  à  l'ordre 
du  jour  sur  la  dénonciation  du  citoyen  Borel  ;  le 
résultat  du  scrutin  donne  45  membles  pour 
l'ordre  du  jour  et  20  contre  ;  les  votabs  n'étant 
pas  au  nombre  des  deux  tiers  prescrit  par  la 
constitution  pour  délibérer,  il  y  aura  un  second 
scrutin  à  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée. 


AVIS. 

Adjudication  au  rabais  à  faire  enprésencede* 
membres  de  la  commission  administrative  du 
sénat-conservateur  ,  des  deux  grandes  parties  de 
mur  de  clôture  pour  le  jardin  du  palais. 

Tous  les  entrepreneurs  munis  de  patentes  pour 
l'an  9  ,  seront  admis  et  pourront  prendre  au  conr 
trôle  des  bâtimens  tous  les  renseignemens  néces- 
saires. 

Il  sera  à  la  suite  de  ladite  adjudication  procédé 
à  fa  vente  ,  au  plus  offrant  et  dernier  etichéris- 
seur  ,  de  la  démohiion  de  vieux  bâtimens  exis- 
tant le  long  de  l'aile  au  levant  dans  la  cour  des 
Fontaines  ,    et  dune   parue  en  retour  au  midi. 

Les  entrepreneurs  ou  autres  acquéreurs  pren- 
dront au  même  contrôle  les  renseignmens  né- 
cessaires. 


COUR  SDU    CHANGE. 

Bourse  du  18  vendémiaire. 

Rente  provisoire 23  fr.  5o  c. 

Tiers  consolidé Sy  fr.   10  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  72  c. 

Bons  d'arréragé , 86  fr.  75  c. 

Bons  pour  l'an  8 .  92  fr. 

Syndicat , §2  fr. 

Coupures 82  fr.  Soc. 

Act.  de  5o  fr.de  la  çaiisse  des  rentiers.  aS  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre   de    la  Republiq.ue  et  des  Arts.' 
Dem.  Praxitelle  ,  opéra  en  3  actes  ,  et  le  ballet  de 

la   Dansomanie, 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Dufreiny  ,  le 
Mari  sans  femme  ,  et  Plus  heureux  que  sage. 

Dem.  la  i""   repr.  des  Ignaces ,  parodie  des  Ho~ 
races  ,  vaudeville. 


L-abonae^en.  se  fait  .  Pari, ,  rue  d„  Poitevi.5 ,  u«  z8.  Le  pri.  est  de  ,5  francs  pour  trois  -noi, .  5o  francs  pour  G  mois  ,  et  .00  francs  pour  lann.e  entière.  On  ne  .-abonne 
au'au  commeucetnent  de  chaque  mois.  ,       ,        i  -    .  .  j 

n  faut  adresser  les  Uttres  etV  argent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  A  G  AS  s  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  .  ,ne  des  Poitevins  ,  n-  .8.  Il  faut  comprendre  dan.  le.  envers  le  port  d.. 
pays  Où  l'on  ne  peut  aff.anchir.  Les  lettres  des  dëpartemens  non  affranchies,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste.  ,     ,     .„  ..     ,  . 

H  faur  avoir  soin  ,  pour  plu.  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  rout  ce  qui  concerne  la  rédactron  de  la  feu.Ue  ,  au  rédacteur,  rue  de. 
PoiteviB5,n«  i3  ,  depui  (neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Fa  ri»,  de  l'imprimerie  du  cit.  A&asse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  dei  Poitavins,  n»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


JV^    20. 


Décadi ,  20  vendémiaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  sousa.pce.r.  qu'à  dater  du  7   N.vôse  le   M  O  Ni  T  E  U  R  est  le  .../  journal  atHc-c' 
Il  connenr  les  séances  des  autorités  constiruées ,  les  .ctes  dugouvernemenr ,  les  nouvelles  des   arn^ées  ,  ainsi   cjue  l.s  faits  et  les  notions  ranc  su, 
"intérieuf  que  sur  1  extérieur,  fournis  par  les  corre';pondances  ministérielles. 
Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR, 

ALLEMAGNE. 

De  Ratisbonne  .  le  6  vendémiaire. 

STï  1ER  .  le  lieutenant-général  Grenier  est  revenu 
ici  avec  son  quartier-général  ;  800  français  for- 
ment la  garnison  de  celte  place,  Ils  se  sont  mis 
de  nouveau  en  possession  de  la  moitié  du  pont 
de  pierre  ,  et  ont  placé  dessus  un  corps-de-garde. 
Le  pont  de  bois  sur  Oberwonhest  rétabli.  Le  gé- 
néral Klenau  est  logé  dans  la  ville  avec  Son 
quariiei-général.  Il  occupe  le  palais;  mais  le  gros 
de  ses  troupes  va  prendre  ses  quaniers  dans  la 
Bohême.  Les  garnisons  dUlm  et  d'Ingolstadt  ont 
reçu  l'ordre  de  rejoindre  leurs  corps.  Le  £iénéral 
Simbschon  a  reçu  àBjraberg  l'ordre  de  reprendre 
les  lignes  de  démarcation  qui  avaient  éié  désignées 
par  le  premier  armistice.  Les  troupes  allemandes 
se  reiirent  sur  la  rive  droite  de  la  Reduiss  et  du 
Mcin  ,  et  occupent  le  pays  depuis  Hanau  jusqu'à 
Nuremberg.  Le  quartier-général  de  Simbschon 
sera  reporté  à  Schwein-Furî.  Le  corps  d'armée  , 
aux  ordres  de  ce  général,  est  composé  des  hus- 
sards de  Szck'er  ,  d'un  escadron  de  dragons 
d'empire  de  Wuiizbourg  ,  de  ceux  de  Trêves  , 
de  Mayence  et  de  Franconie  ,  du  contingent 
d'empire  de  Mavence  ,  du  bataillon  de  Beau- 
l;„ j  ■ u...  .:!: —  j  :_r-    •  .   i^ j     ta7 


et  qui  a  tant  souffert  depuis  rjuclque  tems  ,  on  a 
I  recueilli  une  somme  de  600  Ir. 

„}r^  général  Lecourbe  a  passé  dernièrement  par 
Baie  ,  d'où  il  devait  se  rendre  à  Paris. 

{Strasburger  Wellbote.) 
A   NGLE-TERRii. 
Londres  ,  1=''  octobre.  ( g  vendémiaire.) 

La  société  d'agriculture  s'est  occupée  à  faire 
des  recherches  sur  l'avantage  des  clôiurei.  Elle  a 
trouvé  qu'il  était  communément  du  triple  de 
ancien  produit  des  fonds  :  dans  certains  cantons 
lerevenu  était  de  huitfoissa  valeurordinaire;  dans 
d  autres,les  rentesontaugmentédans  laproporlion 
de  I  à  10.  Dans  le  comté  de  Lincoinshire  ,  on 
a  depuis  trente  ans  mis  en  clôture  au-delà  de 
92,033  acres  de  terre.  Les  anciennes  renies  en 
étaient  portées  à  la  somme  de  21,490  liv.  16  s.  5d. 
elles  se  montent  aujourd'hui  à72,o5oliv.  i3s.  11  d'. 
L'augmentation  du  bénéfice  de  clôture  est  donc 
annuellement  de  la  somme  de  5o, 659  liv.  19  s.  6  d. 
La  main-d'œuvre  a  dû  coûter  173,  igr  liv.  i3  s.  1 1  d. 
En  déduisant  l'intérêt  de  cette  somme  déboursée  ', 
les  propriétaires  se  trouvent  avoir  quitte  un  revenu 
de_4i,go5  liv.  8  s.  11  d.  Dans  le  voisinage  du 
château  de  Bclvoir,  une  seigneurie  affermée  ,  il 
y  j  trente-deux  ans  passés  ,  pour  la  somme  de 
3oo  hv.   par   an  ,  l'est    actuellement    i5oo   livres 


_  ire    de  Mayence,     du   bataillon  de   Beau-     ^°°  "v-   par   an  ,  lest    actuellement    i5oo   livres, 
lieu  et  d'un  baiail'on  d  infa   terie  légère  de  'Wer-     ^-  Allington  possède  un   bien  ,   dont   le    revenu 
theimer.  Il  f.iut  y  ajouter  la    garnison.de   Philis-  j  "^   s  élevait  pas  au-delà  de  gS  liv.  ,  il  y  a  soixante 
bourg  .   ainsi    que     deux  escadrons   de    dragons  {  ^"^  ,   qui   lui   produit  actuellement  960  liv.  " 
d  empire   de  'Wurizbourg    qui  étaient    à  Ingols-         Dan.;  nnf.  z-^,,,- „=   i     1     j  ■.    • 

,     '  ^    ^  "ne  '^0"'^  générale  des  propriétaires  delà 

,:,    .  ,    ,.,        ,  _,  I  compagnie  des  Indes  ,   tenue   le  24 ,  M.  Joues, 

L  eveque  de  Wurtzbourg  est  revenu  dans  cette  f  membre  au  parlement  pour  le  comté  de  Denbigh 
■^'"e-  I  fit  une   motion  pour  obtenir    la    formation  durî 

Un  nouveaux  traité   de    subsides     vient   d'être     comité,  chargé   de  pourvoir  aux  moyens  de  pré- 


conclu entre  lélecteur  bavaro-palatin  et  le  roi 
d'Angleterre.  Les  anglais  preniienl  à  leur  solde 
l3,ooo  bavarois  ,  que  l'électeur  doit  commander 
en  personne.  Le  baion  de  Drux-Punts  reprendra 
Je  commandement  de  l'ainre  corps.  Lélecteur 
de  Bavière  a  nommé  M.  de  Getto  ,  son  envoyé  à 
la  cour  de  Hesse-Cassel. 

La  garnison  de  Ulm  se  rend  à  Nordiingen  , 
dans   le  haut  palatinat. 

Un  courrier  d'Angleterre  a  apporté  à  la  cour 
de  Uannemarck  la  raijfication  de  la  convention 
conclue  entre  cette  cour    et  celle   d  Angleterre. 

Le    lord    'Witworth    est    retourné    à    Hambourg,       1  e  mrr^^  \^r„^t„;r  a^  n  ■  r    .  ,, 

pour  se   rendre  à  Londres.   Néanmoins   \^^  v<^-^  ù^^er^^FÂ.  Kt         ^°''''^'^''^'''^^''^}'''^^ 
paratifs  de  guerre  continuent  toujours  en  D  .n'îie-     1" Tv^".  •  ^  '^""°'''  ''''"'" 

marck.  Le  commandant  Bleugel  doit  ,  au  pre- 
mier  jour  faire  voile  ,  avec  huit  vaisseaux  de 
ligne  ,  pour  croiser  dans  le  Sund  et  exercer  ses 
équipages.  (  Slrasburger  Wettbote.  J 


venir  les  abus  de  patronage  ,  observant  que 
tous  les  jours  on  voyait  dans  les  papiers  publics 
des  avis  pour  acheter  des  emplois  dépendans  de 
la  compagnie.  Sa  motion  éprouva  quelque  op- 
position ;   mais  elle  finit  par  passer. 

On  rencontre  souverit  M.  de  Galonné  dans  la 
eue;  mais  le  lems  est  passé  où  l'on  pouvait  sup- 
poser quil  dirigeait  ses  pas  vers  Stock  exchange. 

La  cour  du  conseil  commun  a  passé  un  acte 
pour  obliger  désormais  les  lords  maires  ,  nou- 
vellement élus  ,  à  accepter  la  mairie  sous  peine 
de    tooo  liv.  sterl.  d'amende. 

Le  corps-législatif  de  Connecticuta  fixé  l'amor- 


REPUBLIQUE     HELVÉTIQUE. 

Berne ,  le  10  vendémiaire. 


La  disette  de  bleds  et  des  autres  denrées  de 
première  nécessité  ,  qui  se  fait  sentir  dans  les 
cantons  de  Bcllinzona  et  de  Lugano  ,  depuis  que 
les  communications  avec  la  Cisalpine  ont  été 
coupées  ,  a  dernièrement  occasionné  un  soulè- 
vement assez   malheureux.    Plusieurs    personnes 


savons  encore  rien  de  positif  sur  ces  événemens 
on  attend  des  nouvelles  ultérieures. 


En  juillet  dernier  ,  le  beurre  coûtait  un  dollar 
la  livre  a  Saint-Thomas  dans  les  Indes  occiden- 
tales. 

L'Ocra,  plante  très-abondante  dans  les  terres 
basses  de  l'Amérique  septentrionale  ,  et  que  l'on 
dit  supérieur  à  l'ocra  qui  croît  dans  les  Antilles  , 
supplée  partaitement  le  café.  Sa  préparation  est 
la  même,  et  on  le  distingue  difficilement  par 
1  odeur  et  la  couleur.  Les  cosses  de  l'ocra  ,  quand 
elles  sont  encore  jeunes,  s'emploient  générale- 
ment à  faire  de  la  soupe  dans  les  deux  Carollnes. 

Il  s'est  élevé  des  troubles  parmi  les  tartares 
orientaux.    En    conséquence    l'empereur    d 


INTÉRIEUR. 

Paris,  le  1 9  vendémiaire. 

On  écrit  de  Marseille  que  cinq  bâlimens  anglais 
parlementaires  y  ont  ramené  'une  partie  de  la 
garnison  de  Malte.  On  a  appri,  par  le  général 
Vaubois,  et  les  officiers  de  son  état-major,  riue 
1  intoriune  savant  Dolomieu  est  délivré  de  ses  fers, 
et  qu'il  est  dans  une  chambre  où  il  peut  se  pro- 
mener,  fire  et  écrire.    [  Clef  du  Cabinet.  J 

—  La  Gazette  de  France  ,  et  beaucoup  d'autres 
journaux  ,  annoncent  que  la  maladie  épidé- 
m.que  qui  règne  à  Cadix  ,  fait  des  progrès 
ettrayans  ,  que  tous  ceux  auquels  leur  fortune 
permettait  de  quitter  la  ville  ,  s'en  sont  éloignes. 

—  Le  citoyen  Paulard ,     colleur    de    papiers 
trouva  ,   le  jour  de  la  Fête  de  la  République,  un 
sac    a  ouvrage  ,  de  femme.   Arrivé   chez  lui  ,   il 

ouvre  ,  y  trouve  une  boîte  d  or  ,  un  couteau  à 
lame  d  argent  garni  en  or,  et  d'autres  effets. 
IJes  la  pointe  du  jour ,  il  écrit  lui-même  une 
irentaine  daflËiches  ,  et  va  les  coller  aux  Thui- 
lenes,  au  Muséum,  et  dans  d'autres  lieux  publics. 
La  propriétaire  se  montre,  et  veut  en  vain  ré- 
compenser l'honnête  artisan  qui  lui  remet  ses 
bijoux  :  J^on,  madame,  répondit-il  ,  je  suis  trop 
heureux  de  vous  avoir  rendu  ce  léger  service  ,  et  il  se 
sauve.  Le  Journa/  de  Pans,  qni  cite  ce  trait  de 
probité  ,  nous  fournit  l'occasion  de  publier  que 
cet  estimable  artisan  ,  qui  en  est  l'auteur  ,  loge  au 
Marche-Neuf ,  n?  54. 

~,Le  citoyen  Portai  donnera  cette  année,  au 
Muséum  d  hi.stoire  nalu.elle  ,  la  descripiion  des 
viscères  du  corps  humain.  Il  indiquera  leurs 
pnncipaux  usages,  donnera  un  piécu  de  leurs 
attccttons  morbifiques  ,  reconnues  par  l'anaio- 
mie.  Il  commencera  ses  leçons  le  21  vendémiaire, 
et  les  commuera  tous  les  jours  ,  excepté  les  quin- 
tidis  et  decadis  ,  a  trois  heures  et  demie  piécises. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  i3    vendémiaire  an   9. 
Les  consuls  de  la  république  arrêtent  : 

..'^"•,  '"■  L^fniée  de  Réserve  prendra  le  nont 
d  armée  des  Grisons. 

II.  Le  pays  des  Giisons ,  l'Helvétie  et  le  dépar- 
tement du  Léman  formeront  l'arrondissement  de 
cette   armée. 

Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul,   signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier    consul. 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Arrête  du  19  vendémiaire  ,  an  9. 


Bonaparte,  premier  consul  de  3a  république 
après  avoir  entendu  le  rapport  diï  ministre  des 
relations   extérieures  ,    arrête  : 

Art.  I".  Le  citoyen  Joseph  Bonaparte  ,  con- 
seiller-deiat,     est    nommé   ministre   plénipoten- 

savons  encore  rien  de^  positif  sur  ces  événemens  :  |  ^^'"^M±°"f  °[^'l  ^^  '-"P«   d"    districts  |  jeteur  rd  Se  BX/mee^drHon^rr"''     """' 

IL  Le  ministre  des  relations  'extérieures  est 
charge  de  l  exécution  du  présent  arrêté  nui  ne 
sera  point  imprimé. 

■Le premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaiTe-d'état,'signé  ,îi.  B.  MarêT,' 


Hier  le  quartier-général  de  l'armée  de  réserve  / 
devait  se  rendre  de  Saint-Gall  à  Zurich.  L'armée  } 
elle-même  va  prendre  ses  quartiers  en  Helvètie. 
On  ne  peut  assez  se  louer  de  la  bonne  conduite 
et  de  U  discipline  du  soldat  français,  qui  a  su 
se  concilier  l'estime  et  1  amitié  de  ses  hôtes;  ce 
qui  honore  également  le  général  ,  les  officiers  et 
les    soldais. 

Les  suisses    se   distinguent   tous   les    jours   par 
de  nouveaux  actes  de   bicnlesance.  A  Zurich,  il 
sera  Icyé  tne  contribution  volontaire  ,  pou.  venir 
au    secours    des   malheureux   qui  ,   cett;     année 
l'année  dernière  ,  ont  éprouvé  des  incendies. 


'         -    -    w.^.v.   auA.   iiuupcà    ucs    uisiricts 

de  Tayvncn   et    de    Singan,  de  se  porter  sur  les 
frontières  du  Sotchew. 


Le  gênerai  sir  James  Duff ,  qui  commande  en 
Irlande  dans  le  district  de  Limerirk  ,  a  donné 
une  proclamation  ,  par  laquelle  il  est  ordonné 
aux  habii.ans  de  cette  ville  ,  d  afficher  leurs  noms 
sur  la  porte  de  leurs  maisons,  et  d  être  rentrés  chez 
euxà  neuf  heuies  du  soir  :ils  ne  pourront  sortir 
avant  le  lever  du  soleil. 

Le  traité  d'alliance  et  de  commerce  entre  la 
Russie  et  la  Prusse  ,  doit  durer  huit  ans. 

Dans  l'émeute  qui  eut  lieu  à  Maïk-Lane  ,  un 
qu.ikcr  ,  a  tonne  athlétique,  fut  attaqué  pat  deux 
hommes  du  rassemblement.  Après  en  avoir  ren- 


La   chambre    d'administration  sera   cliaigce  de-  la  !  vtisé  un  par  terre  ,  il  lui  dtave'c  douceur -Arnï 

distribution  de   ces  secours.  Le  ciloyen  Buickli  ,j  l'ai-je  fait  du  mal?  '  ' 

de  Zurich,  a  déjà  envoyé  cinq  cenis  florins  à  la         •«■     .        c     , 

société   des  secours.  — A   Berne,  on   a   fait     au'  f  .-^i»i"ss     ôydons  a  reparu,  pour    la  première 

profit  des  inccndiéi  de  ce  canton  ,  une  collecte  I  '^"".''«^   ^Ptic   saison,    dans  le   rôle  d'Isabelle,  et 

de    1,780  francs  de  Suisse;  et  dans  la  petiie  ville    ^  ^'^  couveile  d  applaudissemens. 

de  Bicl ,  qui  appartient  maintenant  à  la  France  ,  l      [Extrait  de  t  Oracle  ,de  l'Observera  du  Courier.) 


Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte,  pretiiier  consul  déjà, république, 
arrête  c^  ^qiji  suit  : 

Le  ciloyen  Lalorest,  commissaire  central  du 
gciuvernement  près  les  postes,  est  nommé  secré- 
taire de  la  légation  chargée  de  négocier  la  paix 
avec  l'empereur.  ,,,  ; 

Leministie  des  relations  extérieures  est  chargé 
de   l'exécution  du  présent  arrêté.  "-' 

Le  premier  consul,  signée  BoNAP-tSTÏ.!  . 
Par  le  premier  consul ,  ■■ 

Le  stcfélaire-d'élat,  i<£'iy,.H.  B,  MAR;^T,a 


72 


Traduction  d'une  lettre  adressée  au  premier  consul, 
J>ar  îe\  comité  _  du  gouvernement  de  la  république 
cisalpine. 

Au    NOM   DE   LA    RÉPUBLIQ_UE   CISALPINE. 

Le  comité  du   gouvernement  au  citoyen  Bonaparte 
premi4r  consul  de    la   république  française. 

Citoyen  premier  consul  , 

Le  comité  du  gouvernement  à  l'honneur  de 
vous  adresser  quelques  monnaies  d'argent  l'rap- 

Î)ées  à  Milan  ,  et  qui  ont  été  mises  en  circu- 
aiion  le    i"  vendémiaire.. 

La  république  cisalpine  régénérée  aux  champs 
de  Marin  go  par  le  génie  de  Bonaparte  ,  a  voulu 
immortaliser  cette  brillante  époque  en  en  lésant 
le  sujet  de  l'empreinte  de  sa  première  monnaie  , 
afin  de  transmettre  de  généralion  enfgénérationju  - 
qu'à  la  postérité  la  plus  reculée,  les  seniimens  invio- 
lables  de   sa  reconnaissance. 

On  a  choisi  pour  la  répandre  ,  comme  le  jour 
le  plus  propice,  celui  qui  rappelle  la  fondation 
<le  la  république  française  ,  pour  qu'au  moment 
où  tous  les  esprits  étaient  élecirisés  par  le  sou- 
venir d'un  si  grand  événement  ,  tous  les  cœUrs 
si  dilatés  s'ouvrissent  aux  émotions  de  la  gratitude. 

Si  1  hommage  rendu  en  mémoire  du  plus  grand 
des  bienfaits  ne  déplait  pas  à  l'ame  généreuse 
du  bienfaiteur,  le  comité  du  gouvernement  se 
flatte,  citoyen  premier  consul,  que  vous  daignerez 
agréer  un  symbole  qui  est  le  fidèle  interprète 
ae  ses  sentimens. 

Milan  ,  le  î  vendémiaire  an  g  de  l'ère  répu- 
blicaine. Salut  et   respect, 

Le  comité  du  gouvernement. 

Signé   SoMMARiVA. 
l.t  siculaire-génirai ,  Signé  Claveno. 


MINISTERE   DE  LA  GUERRE. 

Extrait  de  l'arrêté  dei consuls  de  la  république,  du 
i3  fructidor  an  8. 

Le  ministre  ttaiie  avec  une  association  de 
citoyens  pour  la  fourniture  dei  fourages  à  dis- 
•ribuer  aux  troi>pes  qui  sont  dans  l'inlérieur  de 
la  république. 

Ce  traité  est  fait  par  ration  fournie. 

Le  prix  que  le  ministre  accorde  pour  chaque 
ration  fournie,  est  rendu  public  ipar  la  voie  de 
l'iuiyiression  ,  et  communiqué  aux  corps  par  le 
ministre  de  la  guerre. 

Ce  prix  est  divisé  en  deux  parties  :  i°  frais 
d'administration  générale  ;  2*  prix  de  la  ration 
proprement  dite. 

Pour  l'exécution  de  l'article  précité  ,  le  ministre 
de  ia  guerre  invite  les  citoyens  qui  seraient  dans 
r.intenuon  de  se  charger  ,  à  compter  du  i"^  fri- 
maire prochain,  de  la  fourniture  générale  des 
fourages  aux  troupes  dans  l'intérieur  de  la  répu- 
blique^, à  lui  adresser  leurs  propositions  avant  le 
5  brumaire  prochain. 


Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particulières,  sur  tel  objet  que  ce 
soit  ,  doivent  être  adressées  directement  aux 
ministres  que   ces  demandes   concernent. 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  -,  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantagé  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ces 
objets. 

Le  préfet  du  département  de  Seine  et  Oise 
adresse  ,  le  7  vendémiaire  ,  la  circulaire  suivante 
-aui  maires  et  adjoints  de  ce  département. 

Citoyens, 

La  tournée  que  je  viens  de  faire  dans  le  dé- 
partement ,  m'ayant  rais  à  portée  d'en  voir  de 
^lus  près  la  situation  et  les  besoins  ,  j'ai  reconnu, 
avec  sansfaction ,  qu'en  attendant  les  bienfaits 
plus  importans  que  nous  prépare  la  sagesse  du 
gouvernement,  et  dont  la  paix  doit  être  l'époque, 
il  reste  encore  beaucoup  de  bien  à  faire  dès-à- 
présent  ,  et  pour  lequel  il  ne  me  faut  autre  chose 
eue  d  être  secondé  par  votre  zèle  et  vos  efforts. 

Je  dois  commencer  par  vous  exprimer  com- 
bien j'ai  été  louché  de  l'accueil  honorable  que 
j'ai  reçu  dans  toutes  les  communes  ,  et  des  dé- 
monstrations générales  d'attachement  et  de  con- 
fiance que  les  citoyens  se  sont  empressés  -de 
me  faire.  Il  m'est  d'autant  plus  doux  de  rappeler 
ces  témoignages  ,  que  je  les  reporte  en  entier 
au  gouvernement  ,  auquel  ils  étaient  adressés 
en  ma  personne  ,  et  qu'ils  sont  la  marque  la  plus 
sûre  du|bon  esprit  qui  règne  dans  vos  communes. 
Entretenez  ces  heureuses  dispositions  ,  qui  doi- 
vent néce^airement  amener  l'exécutionl  prompte 
et  facile  des  lois  ,  l'harmonie  entre  tous  les 
membres  de  l'état  ,  la  paix  intérieure  et  la  pros_ 
petite  publique. 

Les  bons  effets  de  l'eniiere  liberté  sur  l'exer- 
cice du  culte,  se  font  appercevoir  d'une  ma- 
nière sensible.  £n  ttiairitenant  cette  liberté  ,  sur- 


veillez les  ministres  ,  et  si  quelqu'un  d'entr'eux  , 
sous  le  voile  de  la  morale  paisible  qu'il  est  tenu 
de  prêcbei",  tentait  d'insinuer  le  poison  de  ses 
propres  passions  ,  arrêtez  de  bonne  heure  ce 
dang.-reux  abus ,  en  en  donnant  avis  à  l'adminis- 
traiion  ,  et  en  interdisant  même,  à  ce  ministre  per- 
turbateur ,  l'entrée   de  1  édifice  destiné  au  culte. 

L'instruction  de  la  jeunesse  doit  être  un  des 
principaux  objets  de  votre  sollicitude  ,  car  les 
eçfans  oisifs  et  ignorans  ne  peuvent  que  de- 
venir vicieux.  En  fournissant  le  logement  ou 
une  indemnité  équivalente  ,  chaque  commune 
peut  se  procurer  un  instituteur  capable  de  lionner 
aux  enfans  ces  premières  connaissances ,  dont 
aucun  citoyen  ne  saurait  se  passer  ,  et  les  rétii- 
butions  qu'il  retirera  des  élevés  en  état  de  le 
payer  ,  seront  plus  propres  à  exciter  son  zèle 
qu'un  traitement  fixe  et  invariable. 

Vous  avez  reçu  les  registres  destinés  à  constater 
l'état  civil  des  citoyens.  Il  ne  suffit  pas  d'y  ins- 
crire les  déclarations  qui  vous  sont  faites  ,  il 
faut  encore  veiller  à  ce  que  ces  déclarations  se 
fassent  avec  exactitude  et  avec  fidéliié.  Songez 
qu'une  omission  ou  une  inexactitude  de  ce  genre, 
peut  devenir  un  jour  ,  pour  plusieurs  familles  , 
une  source  de  procès  et  de  troubles  intermi- 
nables. 

La  police  champêtre  a  été  par-tout  extrême- 
ment négligée  ,  et  il  est  urgent  de  faite  cesser 
une  foule  de  petits  désordres  qui  nuisent  à  la 
propriété. 

Rappelez  auxindigens  et  aux  non-propriétaires 
qu'on  ne  doit  pas  recueillir  oià  l'on  n'a  pas  se- 
mé .  que  le  champ  d  autrui  doit  être  sacré  , 
et  que  le  patrimoine  des  pauvres  ,  c'e  st  le  travail. 
Du  respect  des  propriétés  résultent  des  récoltes 
plus  abondantes  ,  et  plus  de  ressources  pour  ceux 
qui   vivent  de  travail. 

Le  chaumage  ,  le  ratelage  ,  le  glanage,  le  gra- 
pillage ,  la  libre  pâture  ,  etc.  sont  d'anciens  usages 
que  la  bienfesance  volontaire  des  propriétaires  a 
laissé  introduire  en  faveur  des  indigens  ;  ceux-ci 
ne  doivent  point  en  user  comme  d'un  droit  ,  ni 
prétendre  exercer  une  servitude  sur  les  propriétés. 
C'est  à  vous  à  déterminer  ,  dans  votre  commune, 
l'époque  à  laquelle  les  indigens  pourront  jouir 
de  ces  concessions,  et  à  prescrire  toutes  les  res- 
trictions qu'exigent  la  conservation  des  propriétés 
et  la  tranquillité  des  récoltes. 

Les  délits  pour  fait  de  chasse  appellent  d'au- 
tant plus  votre  sévère  surveillance  ,  qu'ils  sont 
une  source  de  rixes  et  de  violences.  Restreignez  , 
le  plus  que  vous  pourrez  ,  le  nombre  des  chas- 
seurs ,  et  vous  aurez  prévenu  une  grande  partie 
des  maux  qu'entraînent  l'oisiveté  et  la  licence. 
Veillez  sur-tout  à  ce  que  les  gardes  forestiers  , 
préposés  à  la  conservation  des  bois  nationaux  , 
ne  se  fassent  pas  un  métier  d'un  exercice  qui  leur 
est  expressément  interdit.  Désignez-moi  ceux  qui 
se  rendront  coupables  de  ce  délit  ,  et  je  deman- 
derai à   la  régie  leur  destitution. 

Les  lois  ne  permettent  qu'aux  propriétaire» 
d'avoir  un  troupeau  ,  et  ce  troupeau  doit  être 
en  proportion  de  l'étendue  des  terres.  J'ai  vu 
que  des  bouchers,  qui,  pour  leur  commerce  , 
avaient  acheté  des  moutons,  les  laissaient  paître  , 
sans  précaution  ,  avec  les  autres  troupeaux  du 
lieu.  Il  ne  faut  qu'une  bête  malade  pour  infecter 
toutes  celles  du  canton  ,  et  c'est  quand  le  mal 
a  fait  ses  ravages  ,  qu'on  reconnaît  la  sagesse  de 
la  loi  faite  pour  le  prévenir.  Si  vous  laissez  aux 
bouchers  non-propriétaires  quelques  moulons  , 
exigez  que  ces  animaux  soient  cantonnés.  Veillez 
aussi  sur  les  autres  genres  de  bestiaux  ,  et  crai- 
gnez que  ,  si  une. epizootie  vient  à  se  manifester, 
vos  concitoyens  ne  soient  fondés  à  l'imputer  à  vo- 
tre négligence. 

Prévenez  les  incendies  ,  par  de  fréquentes  vi- 
sites des  fours  et  cheminées ,  et  en  fesant  exécu- 
ter les  réglemens  qui  défendent  d'approcher 
des  habitations  les  matières  trop  aisément  com- 
busnbles. 

Il  y  a  de  ces  fléaux  naturels ,  dont  il  faut  se 
garantir  tous  le?  ans  ,  par  une  mesure  générale  : 
tel  est  celui  des  chenilles.  On  ne  s'est  nullement 
occupé  de  leur  destruction  l'année  dernière  ;  j'y 
pourvoirai  cette  année  par  un  règlement  ,  fait  as- 
sez à  tems ,  pour  que  vous  puissiez  tenir  la  main 
à  son  exécution. 

Une  parde  des  chemins  vicinaux  ont  été  dé- 
truits   ou  resserrés    pat  des    usurpations  ;     faites 


l^xtrême  ,  et  fertsins  propriétairies  de  moulin 
se  sont  appropriés  l'eau  .  au  point  d'en  faire  un 
fléau  destructeur  pour  les  prairies  qui  les  avoi- 
sinent  ,  et  de  verser ,  quand  il  leur  plaît  ,  l'inon- 
dation dans  les  campagnes.  Je  me, propose  de 
mettre  bieniôt  un  terme  à  un  abus  aussi  cri.int  .  et 
d'affranchir  les  propriétés  de  ce  nouveau  genre 
de  tyrannie.  Un  règlement  ,  fondé  sur  les  lois 
existantes  ,  réduira  ch.iaque  moulin  à  la  quantité 
d'eau  qu'il  peut  légitimement  conserver,  et  l'as- 
sujettira ,  au  moyen  d'un  déversoir  ,  à  un  niveau 
quil  ne  pourra  jamais  dépasrer. 

Le  curage  des  livieres  qui  devait  se  faire  chaque 
année-,  est  devenu,  par  la  négligence  qu'on  y  a 
mise ,  une  réparation  difficile  et  dispendieuse. 
Faites  ensorte  qu'il  n'éprouve  pas  un  nouveau 
retard  ,  et  que  ,  par  la  suite ,  il  se  fasse  régulière- 
ment au.  tems  convenable. 

Les  communications  de  commune  à  commune, 
si  indispensables  aux  besoins  journaliers  des  habi- 
lans  ,  ei  si  importantes  pour  faciliter  l'approche 
des  marchés  ,  le  transport  et  le  débit  des  denrées 
sont  devenues  en  beaucoup  d'endroits  presque 
impraticables;  et  cela,  faute  d'une  réparation  qui 
souvent  ne  coulerait  guère  que  deux  ou  trois 
journées  de  travail.  J'ai  vu  quantité  de  passages 
oià  il  ne  s'agirait  que  de  jetter  quelques  pierres, 
que  d'ouvrir  un  écoulement  aux  eaux  pluviales, 
ou  de  faire  quelque  ouvrage  aussi  simple,  pour 
rendre  commode  uncherain  qui  se  trouve  fermé 
plusieurs  mois  de  1  année;  pour  prévenir  un  dé- 
tour de  pllibieurs  heures  qui  se  répète  tous  le» 
jours;  pour  empêcher  qu'on  ne  s  ouvre  un  pas- 
sage aux  dépens  des  propriétés;  ou  enfin  ,  pour 
épargner  des  cahots  qui  fatiguent  continuellement 
les  chevaux  et  les  voitures.  Par  vos  discours,  ou 
même  par  votre  exemple  ,  déterminez,  vos  con- 
citoyens à  consacrer  quclriues  jours  des  Saisons 
mortes  à  ces  travaux  d  utilité  générale.  Celui  (jui 
aura  Je  premier  introduit  ce  mode  de  travailler 
en  famille  potir  1  avantage  commun  ,  ne  lardera 
pas  à  faite  des  imitateurs;  on  sera  étonné  de  tout 
le  bien  qu'il  aura  produit  avec  une  légère  quan- 
tité de  travail  et  de  tems  ,  et  il  sera  béni  comme 
un  bienfaiteur  des  campagnes. 

Entretenez  avec  soin  les  abreuvoirs  ,  les  fon- 
taines 1  les  halles  ,  et  autres  objets  de  service  pu- 
blic ;  ajourner  une  réparation  nécessaire  .  est  le 
moyen  d'en  doubler  les  frais;  mais  ne  multipliez 
pas  ces  objets  sans  nécessité. 

Dans  la  plupart  des  communes,  les  affaires 
municipales  peuvent  se  traiter  chez  le  maire  ,  et. 
alors  on  épargne  le  loyer,  les  léparations  et  les 
contributions  qu'entraînerait  un  local  particulier. 

Dans  les  communes  placées  sur  les  routes  de 
passage  des  troupes ,  il  est  difficile  que  vous 
n'ayez  pas  un  employé  particulièrement  occupé 
à  distribuer  les  billets  de  logement;  mais  veillez 
à  ce  que  cette  charge  soit  répartie  avec  équité. 
Si  les  militaires  se  permettaient  quelques  abus 
envers  les  citoyens  ,  ne  manquez  pas  de  m'en 
adresser  des  plaintes  :  le  gouvernement  sous  le- 
quel nous  vivons  n'entend  laisser  aucune  vio- 
lence impunie. 

Surveillez  les  percepteurs  de  l'impôt  direct,  et 
ayez  soin  qu  ils  émargent  fidellement  la  somme 
qu'ils  reçoivent.  C'est  sur-tout  aux  contribuables 
non  lettiès  que  vous  devez  plus  particulière, 
ment  le  secours  de  vos  lumières  ,  parce  qu'ils 
sont  les  plus  indigens  et  les  plus  exposés  à  être 
trompés. 

Un  grand  nombre  de  communes  sont  proprié- 
taires de  revenus  destinés  à  secourir  les  indigens. 
J'ai  vu  que  le  recouvrement  de  ces  revenus  se  lésait 
presque  partout  avec  une  extiême  lenteur  ;  il  y  a 
des  communes  eri  les  débiteurs  ,  quoique  sol- 
vables  ,  sont  eri  arrière  de  plus  de  dix  années. 
Tandis  qu'on  favorise  ainsi  la  mauvaise  foi  d'ua 
débiteur  lélentionnaire  ,  que  d'indigens  périssent 
faute  d'alimens  et  de  secours!  Mettez  cette  vérité 
sous  les  yeux  des  administrateurs  coupables  de 
cette  négligence,  et  si  le  cri  de  leur  conscience 
ne  les  rappelé  pas  à  leur  devoir ,  cherchez  des 
mains  plus  pures  à  qui  l'on  puisse  confier  le  patri- 
moine des  pauvres. 

Prenez  tous  les  arrangemens  nécessaires  pour 
que  votre  correspondance  avec  le  sous -préfet 
n'éprouve  aucun  retard.  On  est  deux  fois  juste 
quand  on  l'est  avec  célérité. 

Je  vous  ai  dénoncé  beaucoup  de  délits  ,  qu'une 
surveillance  active  ferait  bientôt  disparaître.  Ne 
craignez  pas  de  passer  pour  sévère  :  celui  qui  en- 


restituer   à"  la  commune  ce  qui   lui    appartient  ;     courage  les   délits,  par   son   indulgence  ,  se  rend 
d'abord  ,    pbxit  qu'elle  en  jouisse  ,     et    ensuite  l  coupable  de  tous  les  dommages  ,  de   toutes    les 

'' — " —  ''""" injustices  quil  aurait  pu  prévenir;  il  prend  parti 

pour  l'itifracteur  des  lois  ,  contre  ceux  qui  les  res» 
pecient;  et,  pour  se   soustraire  à  l'inimitié  d  un 


pour  ne  pas  permettre   que  l'usurparion  devienne 
un  titre. 
Les  cours  d'eau  sont  une  source  fréquente  de 


désordres  et  de   dommages  ,  quand    une  police  |  homrne  vicieux  ,   il  se   fait  l'ennemi  de  tous   ses 


active  n'en  surveille  pas  continuellement  la  jouis- 
sance. Les  rivières  ne  peuvent  être  la  propriété 
de  qui  que  ce  soit.  La  république  permet  aux 
riverains    de   construire  des    moulins   et  usines 


concitoyens. 

Le  moyen  le  pins  efficace  pour  la  répression 
des  délits  ,  c'est  la  punition  du  délinquant  ;  et  je 
sais  que  ce  moyen  n'est  pas  dans  vos  uttribuiions  : 


qui  empruntent  leur  mouvement  de  la  force  de  \  vous  ne  pouvez  que  requérir  et  poursuivre.  On 
l'eau  ;  mais  cette  permission  entraîne  toujours  la  i  m'a  porté  des  plaintes  multipliées  contre  lindul- 
condition  nécessaire  qu'on  ne  nuira  pas  à  autrui,  !  gence  excessive  de  beaucoup  de  juges  de  paix  , 
et  qu'on  n'endommagera  pas  les  propriétés  voi- I  envers  les  rlélinquans  qui  sont  traduits  devant  eux. 
sines.   Li  licence  sur  cet  article  a  été  portée  à  'j'ai  peine  â  cro  re  que  des  magistrats  cherchent  à 


13 


acquérir ,  aux  dépcni  de  leur  devoir ,  une  fausse 

Î)opularité ,  ou  que  la  peur  des  indeinnités  piivées 
eur  arrache  le  sacrifice  de  leur  conscience  ;  mais 
si  cependant  vous  vous  croyiez  fondé  à  réclamer 
contre  quelques-uns  des  dépositaires  de  l'autorité, 
chargés  de  seconder  l'administration,  n'hésitez  pas 
à  m'adresser  votre  réclamation  ,  pour  que  je  la 
transmette  au  gouvernement  ,  dont  la  ferme  vo- 
lonté est  que  tous  les  pouvoirs,  dans  leurs  diffé- 
rentes lignes ,  dans  leurs  différens  degrés  ,  con- 
courent au  même  but  ;  l'exécution  des  lois  ,  le 
maintien  de  l'ordre  et  de  la  tranquillité  pu- 
blique. 

Je  n'ai  pu  vous  parler  que  sommairement  des 
pbjels  contenus  eu  cette  lettre  ;  ceux  qui  exige- 
ront plus  de  détail  seront  la  matière  d'une  corres- 
pondance particulière.  Vous  voyez  de  près  les 
besoins  des  administrés  ;  les  maux  à  réparer  ,  les 
abus  à  prévenir  sont  sous  vos  yeux  ;  ne  me  laissez 
rien  ignorer  ,  et  je  vous  seconderai  de  tous  les 
moyens  que  le  gouvernement  aura  mis  en  mon 
pouvoir. 
Je  vous  salue  ,  G.  Garnier. 


LYCEE    DÉ    PARIS. 

L'avant-dbrniere  séance  a  eu  lieu  le  7  ven- 
démiaire ;  elle  a  été  occupée  par  les  lectiKes 
suivantes  : 

Une  fable  du  citoyen  Dutremblay  ,  intitulée  : 
la  Tourterelle  et  le  Moineau.  De  la  naïveté  ,  du 
sentiment  ,  quelquefois  ce  mélange  de  simplicité 
et  d'esprit  que  le  bon-homme  possédait  au  su- 
•prême  degré,  voilà  ce  qu'on  a  remarqué  sur- 
tout dans  sa  moralité,  intitulée  :  le  mot  de  Terrasson. 
Elle  est  semée  de  traits  tels  que  celui-ci  ,  en  par- 
lant du  système  de  Law  : 

On  afficha  que  l'on  n'avait  plus  rien  ; 
En  échange  de  tout  son  "bien  , 
Il  fallut  prendre patience." 


Semble  même  ignorer  les  trés»rs  qu'il  ftit  ftaîtrei 
C'est  Psyché  caressant  l'Amour  sans  le  connaître. 
Le  talent  éclairé  paT  ces  maîtres  fameux , 
S'il  aspire  à  l'honneur  de  s'illustrer  comme'  eux , 
Doit  cncor  s'entourer  de  conseils  salutaires, 
El  confier  sa    gloire  à  des  amis  sévères. 
Qu'il  n'appréhende  point  une  inJusK  rigueur, 
Les  vrais  enfans  des   arts  n'ont  tous   qu'un  même 
On  les  voit  cultiver  ,  loin   d'un  monde  frivole  , 
L'amitié  qui  eomeille  ^   et   sur-tout  qui  comole  ; 
Et  dans  leurs  entretiens ,  puisant  la  vérité  > 
S'applanir  le  chemin  de  l'immortalité. 

Le  sage ,  loin  des  yeux  d'une  foule  disrraite  -, 

Goûte  ainsi  l^amitié ,  les  arts  et  la   retraite. 

Ses  momens  par  l'ennui  ne  sont  point   dévorés; 

Au  plaisir ,  au  travail  ,  il  les  a  consacrés  ; 

Avec  économie   il  en  règle  l'usage  : 

La  pensée  et  le  tems  sont  les  trésors  du   sage  ; 

Son  mérite ,  toujours  soigneux  de  se  cacher  , 

Ne  cherche  point  la  gloire  ,   elle  Vitnt  le    chercher 

11  laisse  aux   beaux  esprits  la  gloire  oio^trc. 

Mais  que  dis-je?  elle  fuit  comme  une  ombre  Icgei 

Sur  leurs  écrits  à  peine  un  jour  de  gloire  a  lui  : 

Le  tems  n'épargne  pas  ce  qu'on  a  fait  sans  lui. 


L'écrivain  par  l'étude  accroît 
Mais  la  société  rinsttuit  aux  I 
Près  des  femmes  sur-tout  la 


connaissances  , 


La  feinte  et  la  vérité,  dialogue  entre  une  femme 
et  un  observateur  ,  par  le  citoyen  Salverte  ,  offre 
des   appcrçus   fins   et  judicieux  sur  le  cœur  hu- 
main ,  mais  qui  dégénèrent  quelquefois  en  mari- 
vaudage.  Quand   on    parle    ou    qu'on    écrit    sur 
l'amour  ,  il  faut  consulter  son  cœur   plus  que  sa 
fête.  Un  sentiment  vrai  est  préférable  à  une  page  ■ 
de   réflexions  subtiles  et  froides.  On  a  beaucoup  / 
applaudi   dans  le  dialogue  du  citoyen  Salverte  ,     ^'  P"  '""'  enflammes . 
les  portraits  contrastés  de  l'amant  vraiment  épris  , 
et  de  celui  qui  ne  cherche  que  le  plaisir. 

Le  citoyen  Despaze  a  lu  avec  beaucoup  d'art 
vn  fragment  traduit  du  second  livre  de  Lucrèce  ,  On  a  dû  s'attendre  à  la  discordance  qu'a  offert 
par  le  citoyen  Baour-Lormian.  Il  serait  à  souhaiter  la  constitution  australe  du  commencement  de 
que  la  même  main  nous  donnât  tous  les  mor-  ce  mois  ;  parce  que  cette  constitution  s'est  trou- 
ceaux  poëiiques  de  Lucrèce  ;  ce  serait  le  moyen  yée  au  miheu  de  la  saison  équinoxiale  d'automne  , 
de  réparer  une  double   perte.  Molière  avait  ira-     et  qu'on  sait  que  cette   saison  est  sujette  à  pro- 


Heureux  l'enfant  des  arts,  dont  le  cœur  enflammé, 
Repose  tout  entier  dans  uft  objet  aimé  ; 
Le   flambeau  de  l'amour  éclaire  le    génie  : 
Racine  à  Champmélé  dut  son  Iphigénie; 
La  Fontaine ,   toujours  enfant  par  sa  candeur  , 
Près  de  Lasabliere  allait  sentir  sorî  cœur  ; 
Et  Voltaire ,  promis  au  temple  de  Mémoire  , 
Des  genoux  de  Ninon  s'éleva  vers  la  gloire. 
Femmes  ,  qui  sur  nos  jours  versez  tant  de   bienfaits  , 
Eh  !  comment  envers  vous  nous  acquitter  jamais  ? 
A  vos  longues  douleurs  nous  devons  la  naissance  ; 
Votre  lait  maternel  a  nourri  notre  enfance  ; 
Et  lorsque  notre  coeur  s'éveille  avec  nos  sens  , 
La  volupté  nous  berce  en  vos  bras  caressans. 
C'est  peu  :  votre  pouvoir  s'étend  sur  le  génie  ; 
Vous  nous  ouvrez  du  beau  la  carrière  infinie  ; 

puisons  tour-à-tonr 
La  gloire  dans  les  arts,    et   les  arts  dans  l'amour. 


MÉTÉOROLOGIE. 


duit  tout  Lucrèce  ,  moitié  en  vers  et  moitié  en 
prose  ;  on  sait  l'aventure  singulière  qui  rendit  ce 
long  travail  inutile.  Depuis,  Fontanes,  aussi  grand 
poète  que  littérateur  profond  ,  a  traduit  entière 
ment  le  même  poème  ;  et  nous  jouirions  aujour 


duire  un  pareil  effet  pendant  sa  durée.  La  même 
chose  est  encore  arrivée  l'année  dernière  ;  en 
sorte  qu'à  cet  égard  il  est  plutôt  question  de 
chercher  pourquoi  cet  effet  de  la  saison  équi- 
noxiale d'automne  n'arrive  pas  toujours,  et  qu'elle 


d'hui  de  ce   bel  ouvrage  .  si,  dans   l'incendie  de  |  peut  être  la   réunion  de  circonsunces  qui  le  fait 


Lyon,  lous  ses  papiers  n'avaient  été  brûlés.  Sa  mé 
moire  n'en  a  conservé  que  deux  ou  trois  frag- 
mens,  qui  font  déplorer  la  perle  du  reste. 

La  séance  a  été  terminée  par  la  lecrure  d'un 
discours  ,  en  vers ,  du  citoyen  FayoUe  ,  sur  ta  litté- 
rature et  les  littérateurs. 

Des  vers  heureux  on  été  remarqués  dans  ce 
morceau  ;  en  voici  quelques  fragmens  : 

Le  génie  autrefois  n'enfantait  ces  merveilles, 

Qu'après  s'être  enrichi  de  ses  savantes   veilles. 

Pour  mieux  sentir  les  arts  ,  autour  de  leur  berceau ,  | 

Il  cherchait  pas  à  pas  ,  guidé  par  son  flambeau  , 

He«  traces  que  le  tems  avait  presqu'effacées  , 

Ou  des  grands  écrivains  recueillait  les  pensées. 

A  notre  siècle,  épris  de  beautés  fantastiques. 
Rappelons  un  instant   les  modèles  anfîques. 
Homère,  le  premier,  vient  frapper  nos  regards: 
C'est  un  soleil  levé  sur  l'horison  des  arts. 
Virgile,  d'ornemcns  prodigue  avec  réserve. 
Joint  au  luth  d'Apollon  le  compas  de  Minerve. 
Térence  peint  les  mœurs  ,   et  dans  chaque  portrait , 
Unit  la  pureté  de  l'cniemble  et  du  trait. 
Horace  sait  donner  le   précepte  et  l'exemple  , 
Et,  guidé  par  le   goût,  nous  conduit  dans  son  temple. 
Taeite  charge  encor  ses   tableaux   rembrunis  : 
Quand  il  peint  tes  tyrans  ,   ils  sont  déjà  punis. 

le  Sophocle  français  ,  notre  premier  grand  homme  , 
Ileve  à  «a  hauteur  Pompée  ,  Auguste  et  Rome, 
Kacine,  qu'Euripide  eut  nommé  son  vainqueur  , 
Seul  a  su  pénétrer  tous  les  secrets  du  cœur, 
la  raison  et  le  goût  ,  par  le  moderne  Horace  , 
£n  vers  législateurs  sont  gravés  au  Parnasse. 
Moli'.'re,  sutcoseur  du  Ménandre  romain  , 
D'un  regard  plus  profond  sonde  le  Coeur   humain. 


quelquefois    manquer  ,   que    de     vouloir    déter 
rainer  pourquoi  il   a  si  souvent   lieu. 

Depuis  le  10  ,  le  tems  s'est  trouvé  parfaite- 
ment d'accord  avec  les  probabiltés  indiquées  par 
la  déclinaison  boréale  de  la  lune  ;  et  même 
l'effet  de  cette  influence  a  été  remarquable  le  17  , 
I  jour  du  lunistice,  c'est-à-dire  le  jour  du  maxi- 
mum de  la  déclinaison.  Aujourdhui  Ï3  ,  jour 
intermédiaire  entre  le  lunistice  et  la  [seconde 
quadrature  de  ta  lune  ,  l'influence  de  cette 
planette   est    encore    plus  frappante. 

L  A  M  A  R  c  K. 


MÉLANGES. 

Esquisse  d'une  nouvelle  méthode  d'enseignement ,  sur 
la  science  de  la  guerre. 

Cet  ouvrage  est  intitulé  !  Essai  sur  l'art  de  la 
I  guerre  (I)  ,  pour  srtvir   de  nianuel  aux   officiers 
de  tous  grades;   par  Mellinet  aîné,   adjudant, 
chef  de  brigade. 

((  Dans  une  étude  aussi  Vaste  ,  l'essentiel 
))  est  de  suivre  un  ordre  ;  alors  placé  au 
>»  centre  de  l'étude  que  l'on  veut  con- 
>»  naître  ,  on  en  découvre  toutes  les  bornes, 
»)  on  y  marche  d'un  pas  fecrçe  ,  et  où  ne 
>»  s'égare  jartais.  )>      ''     . 

(  Keralio  ,  Encyclopédie  méthodique  )  Dis- 
cours prél.  sur  l'art  de  la  guerre.  Partie 
militaire  ,  T.  I.  page  vj.  ) 

L'an  de  la  guerre  ,   qui  est  l'art  d'opposer  une 
masse    d'hommes     armés  ,    à    une    autre  masse 


Jean  le  conteur  ,  au  icin  d'un  abandon  dit  ornant» 


(1)  Cet  ouvrage  ,  qui  peut  être  considéré  comme  un  cours 
très-étendu  sur  cet  art  ,  et  que  je  publierai  iDcessamment  si 
2  les  circonstances  me  le  permetteiit ,  est  précédé  d'un  •*  faiscours 
préliminaire  ;  sur  la  composition  des  armées  ,  aux  différefas 
.îges  militaires  de  la  société  ,  comparativement  aux  circons- 
»  tances  présentes;  sur  l'utilité  de  la  force  armée  dans  l'état, 
„ct  sur  l'art  d<  la  guerre  en  génétal.  „ 


d'hommes  armés ,  de  manière  à  détruire  l'action 
de  celle-ci  ,  est  d'autant  plus  difficile  ,  qu'il  exige 
un  irés-grand  nombre  de  connaissances. 

Cet  art  ji  vaste  ,  comprend  le  talent  de  former 
des  soldais  ,  à  la  marche  ,  au  maniemeni  des 
armes  ,  aux  évolutions  ,  et  d'opposer  ces  mêmes 
soldats  ,  réunis  en  corps  ,  entretenus  et  disci- 
plinés ,  à  d'autres  troupes  ;  de  délerniiner  les 
ressources  ,  les  rapports  et  les  différences  ,  les 
avantages  et  les  inconvéniens  du  théâtre  de  la 
guerre  ;  la  i^épartiiion  qu'on  peut  faire  de  l'armée  ; 
les  dispositions  qu'on  doit  prendre  ,  pour  asseoie 
soii  camp  avec  sûreté  ,  et  les  manœuvres  qu'il  faut 
exécuter  ,  en  raison  des  diverses  positions,  de 
juger  la  situation  de  l'ennemi  et  ses  mouvemens  , 
de  profiter  de  ses  fautes  ,  et  enfin,  de  pressentir 
même  sa  volonté  ,  en  fixant  les  moyens  de  le 
vaincre  sans  retour. 

J'ai  senli  plus  d'une  fois  ,  au  milieu  des  camps  , 
le  besoin  d'un  ouvrage  analytique  et  concis  suc 
une  science  aussi  étendue,  et,  entraîné  par 
l'amour  de  mon  métier  ,  cependant  convaincu 
de  mon  insuffisance  ,  j'ai  essayé  ,  dans  le  sein 
de  l'étude  ,  de  réduire  ceue  science  à  ses  plus 
simples  expressions  ,  afin  de  la  mettre  à  la  ponce 
du  plus  grand  nombre  ,  d'aider  la  méreoire  sans 
la  surcharger,  et  de  laisser  ainsi  au  génie  du 
militaire  toute  l'activité  dont  il  a  constamment 
besoin.  Trois  mof!  m'ont  suffi  pour  classer  mes 
idées:  VOIR,  prévoir  et  AGIR:  Le  coup-d'œii , 
perfectionné  par  l'étude  ,  est  le  génie  du  militaire  ; 
c'est  par  1  instruction  qu'il  acquiert  In  prévoyance, 
et  son  activité  peut  seule  assurer  le  succès  dé 
toutes  ses  opérations. 

Le  complément  des  connaissances  militaires 
est  le  génie  de  la  guerre  ;  génie  qu'on  ne  se 
donne  point  ;  tous  les  livres  du  monde  ne 
peuvent  que  nous  indiquer  les  moyens  de  faire 
usage   de  nos  facultés   intellectuelles. 

Je  rnets  le  coup-d'œil  au  premirt  rang  des 
qualités  qui  constituent  un  bon  militaire  ,  parce 
qu  elle  est  la  plu-;  importante  ,  et  que  nous 
naissons  avec  un  œil  plus  ou  moins  juste  ,  dé 
même  qu'avec  une  oreilie  plus  ou  moins  musi- 
cale. La  nature  ne  fait  ni  des  militaires,  ni  des 
musiciens,  mais  elle  crée  les  hommes  plus  ou 
moins  habiles  à  tel  ou  tel  an.  Une  autre  raison 
m'a  encore  déterminé  dans  l'ordre  que  j'ai 
adopté  ;  les  sciences  qui  peuvent  affiner  le  coup- 
d'œil  ,  formant  les  élémens  de  l'art  de  la  guerre  4 
j'ai  cru  devoir  en  faire  l'objet  de  la  première 
partie  de  mon  ouvrage. 

Cet  essai, est  ainsi  divisé  en  trois  parties,  (qui 
sont  elles-mêmes  subdivisées  en  plusieurs  sec= 
lions  et  chapitres  )  ;  1°  des  moyens  de  perfection- 
ner le  coup-d'œil  ,  qui  embrassent  toutes  les 
connaissances  relalives  aux  élémens  de  la  guerre  ; 
i"  de  la  prévoyance  qui  co-ordonne  et  surveiller 
les  diverses  parties  consiilutives  d'une  armée 
et  3°  de  l'activiié  qui  ,  toujours  attentive,  donne 
la  vie  et  le  mouvement  au  corps  d'armée. 

On  doit  seniir  que  l'auteur  a  dû  se  borner  % 
sur-lout  quant  aux  matières  qui  ne  concourent 
qu'indirectement  à  là  connaissance  de  l'art  ,  à 
des  notions  générales  ,  en  cherchant  toujours  à 
être  aussi  clair  que  précis. 

Chaque  section  contient  ,  1°  L'historique  de 
la  partie  qu'on  y  traite;  2°  les  meilleurs  principes 
connus  sur  cette  partie;  3°  les  conséquences 
qu'on  en  peut  tirer;  4"  un  apperçu  des  amélio- 
rations qu'on  y  peut  taire;  5°  une  série  d'aphû; 
rismes  ,  déduits  des  principes  qu'on  aura  déve- 
loppés ;  'et_  6°^  des  tableaux  synoptiques  ,  avei; 
l'exemple  à  côté  de  l'explication,  pour  les  païf^  • 
lies  qui  eia  seront  susceptibles. 

Mon  objet  ,  je  le  répète  ,  est  d'indiquer  aux 
militaires  ,  dans  un  ouvrage  peu  volumineux, 
une  méthode  simple  ,  pour  s'instruire  des  prin- 
cipales connaissances  de  l'art  de   guerre. 

Cet  ouvrage  que  je  n'ai  point  encore  eu  le  Ifems 
de  méditer  assez  ,  et  dont  je  ne  donne  ici  qu'une 
faible  esquisse  ,  est  bien  loin  de  la  perfection 
que  son  importance  exige,  je  le  sens  ;  mais  ce 
plan  que  je  crois  neuf,  quelqu'imparfdt  qu'il 
soit,  peut  en  faire  naître  un  meilleur  ,  et  tel  est 
le  principal  motif  qui  ine  détermine  à  le  publier» 
de  quelque  manière  que  je  puisse  être  utile  ,,racnl 
ambition  sera  satisfaite.  ; 

M. ..  i .  .t  ,   aînëi  11 


journal  des  opérations  militaires  du  siège  et  du 
blocus  de  Gênes;  précédé  d'un  coup  d'œil  sur  If 
situation  de  l'armée  d'Italie  ,  depuis  le  moment 
oii  le  général  Masjena  prit  le  comiriandemcni  » 
jusqu'au  blocus  :  par  un  des  officiers  généraux 
de  l'armée  ,  un  volume  in-S*"  de    240  parcs. 

A  Paris,  chez  Maginiel  ,  libraire  pour  l'art 
militaire  et  les  sciences  et  arts .  quai  des  Augustin» 
près  le   Pont-Neuf;    prix  2    fr.   5o   cent. 

Il  est  difficile  qu'un  ouvrage  historique  puisse 
répandre  un  plus  vif  intérêt  sur  une  Opération 
militaire  ,  que  celui  que  nous  annonçons.  Lé 
blocus  de  Gènes  est  l'une  des  époques  les  plus 
remarquables  de  celte  longue  guerre.  Les  déiaili 
oii   l'auteur    est  entré  sur  l'affaiblissement  el  U 


74 


besoins  de  l'armée  d'Ilalie  ,  sur  les  efforts  du 
gériéiiil  Massena  pour  !a  sauver,  sur  les  nom- 
breux combais  et  les  prodiges  de  valeur  par 
où  elle  a  résiste  à  l'ennenii  ,  en  même  lems 
que  par  une  aune  sorte  de  courage  non  moins 
étonnant 
plus  impérieux 
aussi  admii 


résistait   aux  besoins  phisiriues  les 

offieni    pal-tout    un    tableau 

abl-  que  douloureux.  On  y  voit  paît 


jue    laissent 
victimes   de 


tout  ,  à  côié  des  sujets  de  regieis 
après  eux  tant  de  militaires  tristes 
leur  constance  et  de  leur  dévouement,  le  spectacle 
consolant  et  j;lorienx  dans  ceux  qui  vivent  encore, 
d'une  constance  toujours  inaltérable  ,  et  d'un 
dévouement  toujours  nouveau.  Les  contrastes  se 
multiplient  à  chaque  page  ,  et  relèvent  toujours 
plus  la  gloire  du  général  ,  celle  des  chefs,  et 
telle  des  soldats. 

Qiiinze  mille  hommes  ,  Bibles  débris  de  la 
piécedeiiic  armée  dllalie  ,  échappés  aux  fatigues 
les  plus  cruelles  ,  à  la  pénurie  la  plus  compleite  , 
et  à  ur'eépidémie  effrayante;  i|U)nze  mille  hommes 
pâles  ,  langulssans  ,  affamés  et  nus,  résistent  à 
une  année  de  soixante  et  dix  mille  hommes 
enhardis  p.n-  leurs  succès  antérieurs,  et  pourvus 
de  tout.  Les  premiers ,  malgré  de  si  grands  désa- 
vantages ,  soutiennent  contre  les  seconds,  un 
blocus  de  soixante  jours  ,  les  attaquent  souvent, 
etlesbaiieni  piresque  toujours;  leur  tuent  plus 
d'hommes  qu  ils  ne  sont  eux-mêmes  de  com- 
battans  ;  leur  font  un  plus  grand  nombre  ericore 
de  prisonniers  ;  et  après  quarante  deux  combats  . 
pouvant  à  peine  réunir  à  la  fin  trois  mille  hommes 
sous  les  armes  ,  et  n'ayant  plus  aucune  sorte 
de  provisions  ,  en  obiiennent  des  conditions 
si  honorables,  qu'il  semble  que  ce  soit  leurs 
ennemis   qui  soient   réduiis  à  capituler. 

C'est  dans   l'ouvrage    qu'il  Faut  aller   recueillir 


disseraent  progressif  n'a  jamais  été  la  mesure 
des  établissemèns  à  faire  ,  de  l'élargissemeni  et  de 
la  commodité  de  la  voie  publique.  Les  rues  ne 
seraient  point  engorgées  par  les  approvisionne- 
raens  qui  obstruent  le  passage.  On  n  aurait  pas 
redouté  d'habiter    la   rue  Tfaversiere. 

La  loi  qui  aurait  prescrit  depuis  quat-e  ou  cinq 
ans,  le  placement  ,  sans  délai  ,  d'un  marché  sur 
le  lerrein  des  jacobins,  aurait  eu  la  plus  prompte 
exécution,  commandée  pliis  impérieusement  par 
la  circulation  devenue  plus  grande  dans  un  quar 


La  19*  livraison  contiendra  l'Histoire  de 
l'homme  ,  ornée  des  figures  de  Ihorame  et  de 
la  femme  ,  deux  figures  charmantes  d'après  les 
dessins  du  célèbre  Moreau  ,  jeune  ,  dessinateur 
de  Paris.  Les  éditeurs  ne  négligent  rien  pour 
rendre  cette  édition  la  plus  intéressante  possible; 
ils  nous  ont  communiqué  les  deux  dessins  ci- 
dessus  ,  et  nous  y  avons  trouvé  la  pureté  et  la 
correction  qu'on  trouve  dans  toutes  les  pro- 
ductions du  citoyen  Moreau  jeune. 

Histoire  d'Angleterre  ,  depuis    la    descente   de 


lier,    ovi   les   autorités    appellent    nécessairement    julej. César  jusqu'à    la  fin  de  la  guerre  d'Amé- 


tant   d'anecdotes    infiniment   précieuses  pour   la  \  et  de   l'oppression    (i) 


au  palais  du  gouvernement  un  mouvement  saris 
cesse  renaissant.  Serait-on  obligé  à  se  pourvoir 
de  comestibles  exposés  sous  des  fenêtres,  sur 
la  propreté  desquelles  on  veille  trop  peu  ?  Les 
bœufs  traverseraient-ils  Paris?  arrivés  pour  la 
vie  des  habitans  .  y  promeneraient-ils  la  itiort 
ou  l'effroi  ?  Les  222  tueries  ,  les  échaudoirs  , 
les  fonderies  de  suifs  seraient  aux  extrémités  de 
la  ville.  Il  aurait  fait,  ce  peuple  romain,  beau- 
coup de  choses  pour  le  bien   public  !  !  ! 

Les  bords  de  la  Seine  décorés  du  levant  au 
couchant,  de  quais  non  interrompus  par  de  dé- 
goûtantes constructions  ,  offriraient  à  l'œil  une 
des  plus  belles  vues  de  l'univers.  Le  terrein  des 
Augustins  serait  un  marché  pour  l'exposition 
de  la  volaille.  Des  échangés  de  domaines  lia- 
tionaux  avec  les  propriétaires  des  maisons  du 
Pom-Saint-Michel  ,  auraient  fait  disparaître  ces 
dernières. 

Les  romains  auraient  chéri  et  exécuté  le  projet 
de  donner  à  cette  ville  tous  les  avantages  d'une 
ville  maritime  ,  en  ouvrant  le  canal  de  Dieppe, 
dont  le  port,  marqué  par  la  nature  ,  effacerait 
riihement  sur  les  terreins  et  fossés  de  la  Bastille  , 
les  idées  pénibles  de  ce  monument  de  l'esclavage 


gloire  des  généraux,  officiers  et  soldats  qu'elles 
concernent  ,  et  pour  la  consolation  de  leurs  pa-  1 
ri:ns  ,  amis  et  compatriotes.  C'est  dans  l'ouvrage 
que  l'on  verra  combien  cette  défense  de  Gênes  , 
iii  brille  à  tous  égards,  était  importante,  et  néces- 
saire ,  et  combien  ,  par  conséquent ,  la  patrie  doit 
de  reconnais.sance  à  ceux  qui  y  ont  coopéré.  Les 
anecdotes  dont  nous  venons  de  parler  ,  et  qui 
jettent  à  chaque  moment  un  nouvel  intérêt  sur 
tout  l'ouvrage  ,  se  retrouvent  les  unes  dans  le 
texte  même,  et  les  autres  dans  les  notes  nom- 
breuses dont  l'auteur  a  enrichi  son  journal. 

Qj^ant  au  plan  et  au  style  de  ce  morceau  ,  véri- 
table monument  érigé  à  la  gloire  du  norn  fran- 
çais, l'un  est  simple  ,  naturel  et  fégulier,  et 
1  autre  est  correct  et  clair-,  inais  aussi  animé  qu'il 
devait  l'être  sous  la  plume  d'un  officier  témoin 
et  souvent  coopérateur  des  laits  qu'il  y  a  con- 
signés. 

AU        RÉDACTEUR. 

C'est  ,  pour  ainsi  dire  ,  multiplier  son  exis- 
tence que  de  reporter  sa  pensée  à  des  tems  où 
des  nations  célèbres  lésaient  de  grands  et  utiles 
éiablisseuiens ,  et  de  1  étendre  à  ceux  où  nos  des- 
cendons pourront  lés  imiter.  On  jouit  ainsi  du 
passé  ,  et  un  avenir  heureux  pour  les  enfans  de 
nos  eafans  dit  à  notre  im.iginatiot)  :  cette  manière 
de  jouir  de  la  pensée  a  des  cb.armes. 

je  ne  fais  pas  un  pas  dans  celte  grande  ville  , 
sans  faire  des  réflexions  sur  l'amoncellement  pro- 
gressif de  tant  d'habitations  ,  au  milieu  desquelles 
presque  tout  est  fait  en  petit.  Ce  qu'y  auraient 
fait  les  romains  ,  je  le  conçois  ;  ce  ^ue  feront 
nos  neveux  .  ije  l'imagine  encore.  'Les  prtmiers 
auraient  fait  disparaître  ces  encombremens  de 
maisons  ,  qui  forment  des  rues  où  le  soleil  ne 
pénètre  jamsis  ,  et  où  fait  sans  ressort  est  un 
jiaéphnismc  continuel.  Ils  auraient  profilé  de 
fa  position  du  sol  ,  incliné  du  nord  au  sud  ,  ei 
du  sad  aunotd  ,  pour  saisir  les  moyens  qu'offre  la 
nature  de  laver  à  volonté  le  pavé  ,  qu  une  cir- 
cubtron  imni.ense  rend  fangeux  et  fétide  ;  et 
de  lenir  toujours  pleins  de  grands  bassins  ,  ré- 
servoirs et  fontaines  dont  l'eau  excédente  aurait 
habituellement  lavé  cette  grande  ville. 

Les  deux  petites  riviejes  qui  peuvent  êire  ame- 
nées à  Pans  ,  l'une  par  le  nord  ,  l'autre  par  le 
sud  ,  se  seraient  .gloiifiées  du  double  honn-ur 
de  purcouri.-  des  acqueducs  ,  ou  .canaux  ,  or- 
donijés  par  -des  .Msrc-Aurele  ,  exécutés  par  des 
citoyens  ,  et  de  voir  leurs  eaux  devenues  plus 
unies  au  milieu  duii  peuple  reconnaissant. 

•Le  pcu''pie  romain  ,  à  Paris  ,  aurait  eu  autant 
'de  places  et  de  marchés  ,  qu  il  en  faut  à  la  salu- 
brité ,   au  besoin  dune  vaSte  cité  ,  où  l'aggran- 


J'entrevois  ,  citoyen  rédacteur,  que  de  beau- 
coup à  faire  nous  ferons  quelque  peu  ;  et  que 
nos  neveux  ,  à  qui  une  nouvelle  et  saine  édu- 
cation donnera  un  esprit  public  ,  auront  la  gloire 
de  faire  le  reste.  Nos  ayeux  se  dépouillaient 
pour  des  œuvres  pies  ;  nos  neveux  souscriront 
pour  de   bonnes   œuvres. 

M....t-V.... 


rique  ,  représentée  par  figures  ,  gravées  par 
David  ,  accompagnées  d'un  précis  historique  ; 
Tome  3"=  et  dernier  de  cette  histoire  ,  format  in-4*, 

Prix  ,  32  fr.  ;  les  premières  épreuves  au  bistre 
sur  papier  velin  ,    48  fr. 

A  Paris  ,  chez  David  ,  rue  Pierre  -  Sarrazin  , 
n"  14. 

Ce  3°  volume  contient  ce  qui  s'est  passé  depuis 
1757  ,  et  les  événemens  mémorables  qui  ont 
amené  l'indépendance  des  colonies  anglaises  de 
l'Amérique.  Il  est  exécuté  avec  soin  ,  et  forme 
le  32'  de  sa  collection,  et  le  10'  de  la  partie  de 
l'histoire. 

Arundel  et  Henriette  ,  on  Us  Aventures  de  deux 
Orphetins  ^  suivies  de  Montfort  ,  ou  te  Danger  des 
Voyages,  traduction  de  l'anglais  de  Henriette' Lée  ; 
par  IVIath.  Christophe. 

Prix  ,  1  fr.  80  cent.  ;  et  2  fr.  ,  franc  de  port. 

A  Paris  ,  chez  Laurens  ,  jeune  ,  libraire  ,  ru« 
St.  Jacques. 


COURS     DU     CHANG 
Bourse  du  19  vendémiaire. 

i  30  jours 


E. 


Par»  ,  le   18  vendemaire  an  9. 
Je  vous  prie  ,  citoyen  .  de  vouloir  bien  annon, 
cer  dans  votre  journal  que   le  sénal-conservaieU[. 
vient  de   voter  une    contribution   de  1800  franCs 
pour   l'établissement  des  marmites  à  soupes  cco. 
nomiques  dans  l'arrondissement  du  Luxembourg^ 
Salut   et   fraternité. 
Béthune-Charost  ,  président  du  comité   de 
rétablissement  des  soupes  économiques. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif 

Cadix 

r  Effectif , 

Gênes  'effectif. ... 
Livourne 


Bâle. 


i  P- 


ll'i 


Changement  d'adresse. 

•Le  public  est  averti  qu'on  ne  trouve  plus 
qu'aux  adresses  ci-après  le  vrai  rossolis  d'Es- 
pagne ,  depuis  long-tems  accrédité  par  les  bons 
effets  qu'il  produit.  Ce  ratafial  merveilleux  ,  d'un 
goût  agréable,  est  balsamique,  anti -putride  , 
anti-scorbutique;  il  fortifie  l'estomac,  fait  couler 
doucement  la  bile,  chase  les  vents,  tue  les 
vers  ,  prévient  les  obstructions  ,  le  marasme  , 
dissipe  les  migraines,  les  cohques  ,  les  étouffe- 
mens  ,  rétablit  promptement  les  forces  ,  égaie 
le  cerveau  ,  et  prolonge  l'existence  des  vieillards. 
Pris  dans  une  tasse  de  thé  ou  autre  infusion  , 
il  est  aussi   salutaire. 

On  n'en  trouve  plus  que  ehez  le  citoyen  Le- 
maître  ,  apothicaire  ,  rue  Antoine  ,  vis-à-vis  celle 
de  Foutcy  ,  et  chez  le  citoyen  Duchesne  ,  rue 
de  la  Loi  ,  n"  i3  ,  près  celle  de  Quiberon  à 
Paris. 

LIVRES      DIVERS. 

Histoire  naturelle  <ie  fiu^o»  ,  in-S"  ,  i8*  livrai- 
son ,  contenant,  le  tome  XIX,  des  matières 
générales  ,  etc.  ;  tome  IX ,  des  quadrupèdes. 
Prix,  5  fr,  5o  c. ,  et  8  fr.  5o  c.  avec  les  Kguies 
enluminées  ,  et  franc  de  port  par  la  poste  6  fr. 
40   c.  et  9  fr.  40  c. 

A  Paris  ,  Saugrain  ,  rue  du  Cimetière  André- 
des-Arcs  ,  n°    10. 


Effets  ptibtics- 

Rente  provisoire 22  fr.  88  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  72  c. 

Bons  d'arréragé 87  fr. 

Bons  pour  l'an  8 .  91  Ir.  88  c. 

Syndicat 

Coupures 82  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  23  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republique  et  des  Arts 
Auj.  Praxitelle  ,  opéra  en  3  actes ,  et  le  ballet  de 
la    Dansomanie. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
Roméo  et  Juliette  ,   opéra  en  3  actes. 

ThIatre  du  Vaudeville.  Auj.  le  Mur  mi- 
toyen ;  M.  Guillaume  ,  et  un  seul  Violon  pour  tout 
le  monde. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  3"  repr.  du  Château  de  Duncan  ,  pièce 
à  speci. ,  préc.  de  l'honnête  Criminel. 

Théâtre  delà  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  la  i"'  repr.  des  Ignaces  ,  parodie  des  Ho- 
races  ,  vaudeville  ;  la  fille  hussard ,  et  Damoisel 
et  Bergerette. 


(i)-  on 

parle 

dép 

lis  long-leti 

os  de 

ce  canal. 

Quand 

n  parle 

I , 

le    faire? 

a  la 

paix,    sa 

ns   do ut 

bi 

m  since 

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Itqu 

e  lorsque  c 

eue  ai 

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milieu  de 

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,   eJle  y 

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ton 

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genres    d 

=    Rloi 

e  utile   à 

la   Fr.in 

donriera  l 

tenVs  et  tes  moyens 

de'Us 

cont^uérir 

(Note 

E    R    R    A    T   A. 

Dans  le  n°  d  hier ,  page  69  ,  ï'  colonne ,  lignes 
34  et  35  :  contre  l'adjudication;  lisez:  contre 
l'adjudicataire.  —  Idem  ,  ligne  5o  :  envers  des 
lois  ;  lisez  :  encore  des  lois. 

Page  70  ,  i"=  colonne  ,  ligne  i"'  :  qui  règle  et. 
juge  ;  lisez  :  qui  règle  de  juges.  —  Idem  ,  pag.  61  : 
et  intervention;  lisez:  et  interversion.  —  Idem, 
ligne  dernière  :  disent-ils;  lisez:  disaient-ils. — 
Id.  ,  2^  colonne,  ligne  17:  si  abstraitement; 
lisez  :  si  arbitrairement.  —  Id.  lig.  36  :  du. citoyen; 
lisez  :  des  citoyens.  —  Id. ,  lig.  3?  :  l'indépendance 
du  tribunal  ;  .lisez  :  des  tribunaux. 


PT^n 


„ ^ . — -j- ' —  '—4  ■'    -  ■ 

L'»boanem«nlM.fait  «yatis;,  .tua;df!s5Poiitf«i«s  ,An°  ih.,he  lTOX(B|ii{i):J»5  figues  pour  l»oi,s  -.tiiois  ,;;5Difrancs,px)tiT  6  Inoi 

I  ■ij.ziuii.     .:■:.■■:     iv:>     1      .  ■"■■.' 

nli  cil.-AjïJ^S-Â.E-^.prqprîétaÎTe-  de  c£  -jour 
.ensnoa  affranchies 


mmeuceinaot;4C|,cb,itvue,tn.qife  ..  j'     j  -^      ,,:;:; 

Il  faut  adresser  les  letties  elfaige^nt^-ftfltic'  ie\><iW 
pijr^  otrl'on  ne  peutaffianchir.   Les  lettres  des  déparle 

■II- faut:  avoif  sàhi  ,  poui  plus  de  sùrciéVtïe  charger 
ToTté-viBS-;À.">'i3  ,'^'aeB>ii  Mieuf  lieures  du  matin  jusqu 


ront  point  1 


1  ,  ine  des  Poit 
eî  de  la  poste. 


elles   qui  renfer 
icirrq  heures  du 


ent  de 


et  adresser 


qui 


r  l'année  enti«e.  On  nes'abonne 


prendre  dans  les 


la  rédactioivde  U  fçtijjje  ,  au.  rédacteur ,  rue  d«t 


A  Pa-riïî  cJél'i'm{irimerie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"    21. 


Primedi ,  2 1  vendémiaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autoiisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  coiuient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  acres  du  gouvernemi.-nr ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Rouen  ,  le  8  vendémiaire. 

Actes    de    la    préfecture. 

Le  préfet  du  déparlement  de  la  Seine-Inférieure 
a  suspendu  de  ses  fonctions  le  citoyen  Orange  , 
adjoint  de  la  commune  de  Fontaine -le  -  d'Un  , 
canton  du  même  nom,  airondissenient  d'Yvetot  ; 
comme  prévenu,  1°.  dêtre  l'auteur  ou  le  com- 
plice non-seulement  d'une  fausse  lettre  parvenue 
à  la  pvéfeciuie  le  19  prairial  an  8  ,  mais  encore 
d'une  dénonciation  adressée  au  soùs-tiréfet d'Yve- 
tot,  sous  le  nom  des  habitans  de  Fontaine  ,  et 
souscrite  des  signatures  Le/rfl?içow  ,  David  ,  Blondcl, 
Viltecoq,  Flahaut .  Baiifds  ,  Ridcl  ,  Noël ,  l'Heujeux 
et  Dtfresne  ;  2°.  d'êtie  pareillement  1  auteur  ou  le 
complice  de  plusieurs  autres  pétillons  et  lettres 
adressées  à  la  préfecture  ,  sous  le  nom  de  citoyens 
qui  les  ont  depuis  désa\'ouées,  et  qui  ont  demandé 
la  punition  des  coupables  qui  avaient  abusé  de 
leurs  noms  d'une  manière  criminelle. 


Paris  ,  le  20  vendémiaire. 

On  mande  ae  Gênes,  en  date  du  2  vendé- 
miaire ,  que  la  veille  vers  minuit  5o  minutes  ,  une 
violente  secousse  de  tremblement  de  terre  s'y  fit 
sentir.  Elle  ne  dura  que  quelques  secondée  ,  mais 
on  craint  qu'elle  n'ait  été  plus  forte  dans  quelques 
autres  punies  de  l'Italie  plus  sujeite  à  ce  fléau. 

—  On  écrit  de  Nancy  ,  que  le  i6  vi-ndemiaire  , 
le  restant  des  prisonniers  qui  étaient  dans  cette 
ville  ,  en  sont  partis.  Ils  ont  gotité  pendant  leur 
séjour  la  douceur  du  gouvernement  français  ,  et 
éprouvé  tous  les  soins  qui  pouvaient  rendre  leur 
situation  moins  pénible.  Ils  y  ont  paru  tous  extrê- 
mement sensibles.  Les  officiers,  avant  de  partir, 
ont  été  en  corps  porter  des  expressions  de  recon- 
naissance au  général  commandant  la  4'  division 
militaire  ,  qui  a  su  allier  la  fermeté  avec  la  justice  , 
et  la  dignité  de  citoyen  français  aux  égards  dus 
au  couiage  malheureux.  (Gazette  de  France.] 

—  Une  lettre  du  Havre  ,  datée  du  16  vendé- 
miaire, conlient  les  détails  suivans  :  M.M.  Elsworth 
eiDavie,  plénipotentiaires  des  Etats-Unis  d'Atné- 
rique  ,  qui  viennent  de  signer  à  Paris  ,  le  traité 
de  réunion  entre  les  deux  nations,  sont  retenus 
dans  nos  murs  encore  pour  5  ou  6  jours.  Le 
vais  eau  qui  les  attendait  ne  peut  partir  ,  par  ce 
que  nous  appelions  la  morte-eau.  Tomes  les  auto- 
rités civiles  et  militaires  leur  rendent  les  hom- 
mages dus  aux  représenlans  d'un  peuple  allié.  Il 
leur"  a  été  envoyé  une  garde  d'honneur  de  5o 
hommes  qu'ils  n'ont  point  consenti  à  accepter. 

(Extrait  du  Journal  de  Paris.  J 

—  Le  journal  de  la  Gironde  annonce  que 
Talma  ei  Mlle 'Vanhove,  attendus  avec  impadence 
par  tous  les  amateurs  du  genre  tr;igique  et  par 
ceuxq'ji  vont  chercher  au  théâtre  des  impressions 
profondes  ,  ont  été  accueillis  à  Bordeaux  avec  un 
enthousiasme  que  ces  deux  sujets  ont  bien  justifié, 
en  remplissant  avec  un  talent  que  tout  Paris  re- 
connaît et  apprécie,  les  deux  principaiixjrôles  dans 
la  tragédie  du  cit.  Ducis  ,  intitulée  :  Abufar. 

—  Le  citoyen  Bouvier  employé  au  secrétariat 
de  la  marine  était,  le  iS  ,  à  b  heures  du  matin, 
sous  le  pont  de  laRévolutioii.  A  quehiue  distance 
de  lui,  deux  courriers  attachés  au  inérnc  ministère, 
jdaccs  sur  le  bord  dei  bateaux  de  V/laiichisseuses  , 
s'occupaient  à  lever  des  hiets  ,  lorstju'une  corde 
<iui  sert  au  remontage  des  bateaux  ,  Irappant  sur 
les  jambes  de  l'un  d'eux  ,  le  lait  tomber  dans 
le  rivière.  Le  citoyen  Bouvier  accouru  aux  cris 
du  second  à  qui  1  effroi  avait  oté  tcuies  ses 
facultés,  est  pnrvenu  à  sauver  le  malheureux 
qui  se  noyait.  Déjà  1  année  passée,  il  sauva  un 
Vinncur  des  environs  de  Meaux,  que  des  voleurs, 
après  l'avoir  dévalisé,  avaient  jette  du  haut  de  ce. 
même  pont. 

(Extrait  du  Journal  de  Paris.) 

—  l.e  Journal  de  Paris  insère  l'extrait  suivant 
d'une  lettre  du  citoyen  Hedcloler  ,  chirurgien 
de  1"  classe  à  l'armée  d  Italie  ,  écrite  de  Milan 
à  son   ficre  à  Paiis. 

>)  Tandis  qu'à  Paris  vous  élevez  un  temple  à 
la  mémoire  du  f;ciieral  Desaix;  le  célèbre  Appiani 
à  Mdaii  ,    achevé   un   tableau   qui  transmettra   à 


la  postérité  l'image  de  te  guerrier  avec  toute  la 
délicatesse  dont  son  pinceau  est  susceptible.  J'ai 
beaucoup  à  me  féliciter  d'avoir  donné  occasion 
a  cette  production,  qui  ne  sera  pas  contemplée 
sans  émotion  par  tous  ceux  qui  aimeront  à  voir 
les  traits  d'un  guerrier,  et  en  même-tems  ceux 
de  ses  vertus. 

>>  Dans  le  moment  où  j'étais  Occupé  à  con- 
server jusques  dans  son  tombeau  les  restes  pré- 
cieux de  ce  héros  ,  je  regrettais  qu'un  peintre 
habile  ne  vînt  point  ranimer  son  visage  glacé 
par  la  mort  ,  en  le  reproduisant  vivant  sur  la  toile  ; 
1  idée  ne  m'en  fut  pas  plutôt  venue,  qu'Appiani 
■fut  envoyé. 

"  Ce  peintre  célèbre  en  a  fait  un  sujet  d'his- 
toire touchant.  Le  général  Desaix  est  dans  une 
altitude  intéressante  ;  il  y  a  sur  sa  physionomie 
un  mêlaime  admirable  de  douceur  et  du  carac- 
tère guerrier  qui  rendait  cet  homme  si  estimable. 
Le  peintre  fa  dessiné  dans  une  atiitude  qui  lui 
était  familière.  Il  tient  une  m.ain  dans  sa  ceinture  ; 
tous  ceux  qui  l'ont  connu  ,  aiment  à  le  voir  ainsi  ; 
de  l'autre  main  ,  il  tient  une  lettre  ;  c'est  l'ordre 
de  se  rendre  au  champ  d  honneur.  Le  général 
Desaix  avait  deux  jeunes  égyptiens  qui  le  suivaient 
par-tout;  ils  n'ont  pas  échappé  à  la  sagacité  de 
l'artiste  ;  il  les  a  placés  dans  le  tableau  et  les  a 
rendus  frappans.  Rien  n'est  plus  touchant  que 
l'expression  qu'ils  rendent;  ils  se  pressent  au- 
devant  du  tableau  ,afin  de  mieux  voir  leur  maî- 
tre ,  et  ils  tâchent  de  démêler  sur  ses  traits  ce  qui 
se  passe  dans  lui;  alors  il  semble  que  leur  figure 
ingénue  est  agitée  par  une  inquiétude  profonde  , 
et  que  ces  doux  enfans  pressentent  le  voir  pour 
la  dernière  fois.  Dans  le  lointain  se  voit  une 
allégorie  propre  au  sujet.  C'est  un  dieu  qui  , 
paré  des  emblèmes  de  la  Victoire  ,  se  précipite 
au-devant  du  tableau  et  vient  offrir  une  couronne 
au  héros  du  sujet  ;  mais  plus  loin  et  loutà-fait 
dans  le  fond  du  tableau  se  voit  la  mort  avec  sa 
faulx  inexorable  ;  elle  devance  la  Victoire  pour 
trancher  les  jours  de  ce  guerrier.  Ce  tableau  que 
le  premier  consul  a  demandé  ,  sera  selon  son 
cœur.  Le  génie  du  peintre  se  fait  voir  à  chaque 
coup  de  pinceau. 

î)  Le  citoyen  Appiani  a  fait  la  connaissance  du 
général  Desaix  pendant  sa  première  campagne  en 
Italie  :  celui-ci  se  plaisait  dans  la  famille  de  cet 
artiste  aimable  ;  il  allait  se  délasser  des  fatigues 
de  la  guerre  dans  son  atelier  t  ses  enfans  l'ont 
pleuré  ;  son  bias  tant  de  fois  vainqueur  leur  avait 
prodigué  tant  de  caresses  !. aussi  Appiani  a-t-il  mis 
dans  ce  tableau  tout  ce  que  le  cœur  et  l'esprit 
peuvent  réunir  de  parfait.  Ce  peintre  philosophe, 
comme  l'appelle  une  dame  de  Milan  ,  a  vivement 
regretté  ce  guerrier  qui  l'avait  honoré  de  son 
amitié.  J'ai  été  moi-même  témoin  combien  il  lui 
en  a  coûté  pour  en  prendre  l'esquisse  sur  un 
visage  qui  semblait  encore  après  la  mort  avoir 
conservé  des  traiis  animés.  Pendant  qu'il  s'oc- 
cupait du  grand  tableau  ,  souvent-ce  traît  pénible 
a  été  interrompu  ;  son  pinceau  ,  guidé  par  son 
talent  ,   le  retraçait  trop  bien  à  son  cœur   ému. 

L'aide-de-camp  du  général  Desaix,  le  citoyen 
Savary  ,  est  venu  voir  le  tableau  de  son  aini  ;  il 
amena  avec  lui  les  deux  petits  égyptiens  ;  l'un  , 
en  voyant  son  maître  ,  a  pleuré  ;  et  l'auire  dit  en 
en  son  langage  :  il  esl  chez  le  sultan  juste.  Quelle 
louange  pour  le   maître  et  l'artiste  ! 


La  commune  du  Puy  ,  département  de  la 
Haute-Loire  ,  possédant  un  tombeau  de  Dugues- 
clin  ,  le  préfet,  le  citoyen  Lamotie  ,  a  heureu- 
sement imité,  à  l'égard  de  ce  grand  capitaine  , 
l'exemple  que  lui  donnaient  les  honneurs  rendus 
àTurenne  au  temple  de  Mars.  Le  procès-verbal 
de  la  fête  du  l'^'  vendémiaire  célébrée  au  Puy, 
contient  à  cet  égard  des  faits  intéressans  que 
nous    nous    empressons   de  publier. 

)'  On  connaît  les  détails  de  la  mort  ,  et  de 
la  pompe  funèbre  de  Bertrand  Duguesclin,  con- 
nétable de  France.  On  sait  que  ce  grand  homme, 
assiégeant  Château-Neuf  de  Randon,  dans  l'ancien 
Gévaudan  ,  mourut  devant  cette  place  le  I4juil- 
lei  l3So  ,  et  que  les  assiégés  ,  par  respect  pour 
la  mémoire  de  ce  héros  ,  autant  que  pour  leur 
parole  ,  déposèrent  les  ciels  de  la  ville  sur  son 
tombeau. 

î)  Son  corps,  porté  à  Saint-Denis,  reçut  par- 
tout en  tribut  les  larmes  de  la  France.  On 
voulut  épargner    à   la  capitale   ce    spectacle    de 


douleur  :  on  fit  passer  le  convoi  à  Saint-Cloud 
pour  aller  à  Saint-Denis  ;  mais  le  zèle  ,  et  la 
reconnaissance  rendirent  cette  précauijon  inutile. 
Les  citoyens  coururent  en  foule  au  devant  des 
trisl,.j  restes  de  leur  défenseur,  et  les  accom- 
pagnèrent avec  des  sanglots  jusqu'au  lieu  de  la 
sépulture.  Le  chemin  de  Saint-Cloud  à  Saint- 
Denis  était  rempli  de  spectaieuis  éplorès  ,  et 
Paris  ce  jour-là  ne  fut  qu'un  désert.  Le  corps 
du  héros  lut  déposé  dans  un  mausolée  que 
Charles  V  Ht  élever  au  pied  de  la  sépuliuie  qu'il 
s'était  choisie  pour  lui-même. 

)i  Mais  ce  monument  n'est  pas  lê  seul  qui  ait 
été  consacré  à  la  mémoire  de  ce  grand  homrtïci 
La  ville  du  Puy  où  le  corps  de  Bertrand  lut  porté, 
avant  d'être  transféié  à  Saint-Denis  ,  conserva 
une  partie  de  ses  précieux  restes  :  les  entrailles 
de  Duguesclin  furent  inhumées  dans  l'église  des 
jacobins,  dits  de  Saint-Laurent  ;  et  la  reconnais- 
sance des  habitans  du  Vêlai  ^  leur  éleva  dans 
la  même  église,  un  tombeau  qu'on  peut  y  voir 
encore. 

>'  Ce  trait  historique  est  as.'iez  curieux,  et  assei 
peu  connu  pour  être  rappoité  ici  tel  que  l'his- 
toire générale  du  Languedoc  nous  l'a  conservé 
d'après  les  chroniques  du  tems  ,  et  les  monu- 
meris  qui  en  restent. 

Extrait  de  l-tiistoire  générale  du  Languedoc  tome  4  i 
livre  32i 

î)  Des  bandes  nombreuses  et  aguerries  ,  con- 
»)  nues  sous  le  nom  de  compagnies  de  routiers  , 
)i  désolaient  la  province  du  Languedoc  ;  réunies 
i>  aux  anglais,  maîtres  encore  alors ,  d'un  grande 
"  partie  de  la  Guyenne,  elles  étendaient  parti-^ 
i>  culiérement  leurs  ravages  dans  le  Gévaudan 
!i  et  le  Vêlai. 

î>  Bertrand  Duguesclin  ,  connétable  de  France  , 
»'  fut  envoyé  contre-elles  ;  et  ,  à  la  prière  des 
"  habitans  du  Puy  ,  il  assiégea  Château-Neuf 
"  de  Randon,  forteresse  à  frois  lieues  de  Mcnde  ^ 
5'  qui  éioit  comme  la  place  d'armes  ,  et  le  prin- 
jî  cipal  boulevard  des  révoltés. 

)i  Bertran  parla  au  cajiitaine  ,  et  lui  resquist 
')  qu'il  rendlsit  le  chastei.  Il  répondit  qpi  non^ 
>>  et  qui  Berteran  étoit  moult  créions  et  doublés 
))  en  tous  lieux  ,  là  ou  ils  venoit;  mais  s'il  est  ossi 
j)  fors  que  fu  le  soi  Artus  et  le  roi  Charlemaine  , 
>i  s'iln'avoit,    il  mis  leur  chastei. 

!)  A  !  Dieu  le  veut,  et  à  Sainte  Yve  ,  dit  Ber- 
j)  teran  ,  gars  ,  vous  mentirez  :  Lors  fut  crié  à 
))  l'assault ,  et  fut  moult  assailli  ,  et  tous  sans 
)i  riens  faire  ,  quant  gens  d'armes  furent  rentrés 
)i  de  l'assault  ,  Berteran  fut  moult  malade  et  se 
)i  fit  couchier  ,  et  aqueraunier;  et  gens  d'armes 
>>  moult  couchiés  ,  par  le  doux  regret  qu'il  fai- 
))  soit  en  soulit ,  et  n'i  avoit  si  grand  qui  ne  se  lit 
)i  plourer. 

1)  Bertrand  mourut  le  neuvième  jour  du  siège. 
j>  Le  lendemain  Châteauneuf  se  rendit  :  et  de 
ïj  suite  le  corps  du  connétable  fut  apporié  au 
)!  Puy  ,  et  mis  en  dépôt  dans  féglise  des  Jacobins  , 
î)  depuis  dite  de  Saint-Laurent.  On  l'embauma  , 
51  pour  être  transféré  à  Saint-Denis  ;  mais  ses  in- 
)!  tesiin"!  furent  enterrés  dans  la  même  église  des 
)j  Jacobins  ,  où  la  ville  du  Puy  lui  fit  faire  un 
1)  service  solennel  le  28  juillet.  Les  chroniques 
!)  remarquent  rju'on  y  employa  5o  torches  de 
)i  cire,  et  un  drap  bordé  de  noir  avec  ses 
)>  armes. 

I)  On  voit  encore  dan»  l'église  des  Jacobins  du 
))  Puy  ,  le  tombeau  où  les  chairs  et  les  entrailles 
>i  de  Bertrand  Duguesclin  furent  inhumées.  Il 
))  est  représenté  en  bosse  .  armé  et  cuirassé  ,  avec 
>>  c'etie  épitaphe  : 

))  Cy  gist  honorable  homme  et  vaillant  ,  messin 
))  Bertrand  Claikin  ,  comte  de  Longaeyille ,  jadis 
5>  connestable  de  France  ,  qui  trépassa  l'an 
)j  MCCCLXXX  ,  le  xiii  jour  dejuillet. 

)>  On  ne  pouvait  choisir  un  moment  plus 
favorable  pour  retirer  le  tombeau  et  les  cendres 
de  Du?,uesclin  de  l'oubli  dans  lequel  lignorance 
monacale  et  le  vandalisme  des  derniers  lenis  les 
avaient  fait  descendre,  que  celui  où  le  gouver- 
nement ,  jaloux  d'honorer  tout  ce  qui  est  grand , 
tout  ce  qui  a  servi  la  patrie,  fesait  transférer 
solennellement  dans  le  temple  de  Mais  ,  les  restes 
précieux  de  Turenne.  Celait  faire  pariager  en 
quelque  sorte  les  honneurs  de  cet  apoth.éose  au 
guerrier  proclamé  par  (a  reconnaissance  natio- 
nale comme  le  libérateur  de  la  France  ,  et  dont 
le  nom  seul  était  devenu  le  cri  de  guerre  contre 
les  anglais,  et  le  signal   presque  certain  de    leur 


«léfaite.  C'était  acquitter  une  dette  de  la  vîHe  du 
Puy  envers  le  grand  homme  qui  l'avait  délivrée 
en  i38o  de  la  tyrannie  des  bandes  de  routiers  ,  et 
donner  en  même  tems  à  la  colonne  départemen- 
tale la  base  la  pluî  auguste  ,  et  la  plus  impéris- 
sable qu'elle  pût  recevoir. 

n  Un  arrêté  du  préfet  ,  du  25  fructidor,  avait 
ordonné  la  reconnuissance  du  tombeau,  cl  la 
recherche  des  cendres  du  conné  able.  Les  citoyens 
Dugonne,  adjoint  à  la  mairie  du  Puy  ;  Tardy, 
adjoint  à  la  même  mairie,  et  ofîicier  de  sanlé  ; 
Offarel  ,  ingénieur  en  chef  ,  et  Barrés  ,  secrétaire- 
Hénéral  de  la  .préfecture  ,  eomniissaires  nommés 
a  cetcfFêt',  se  sorrt'  occirpés  de  celte  recherche 
avec  loùï  lés  soins  que  son  importance  exigeait. 
l.e  tombeau  ,  masqué  par  une  ancienne  boiserie 
du  chûeur  tftj'  l'égl-se  de  Saiïit  -  Laurent  ,  a  été 
dtécouVtrt.  Oil  a  confronté  avec  l'histoire,  les 
ilf^scriptiôns  ,  lès  époques  ,  les  coutumes  lïiémc. 
hufne  séimlclirale  trouvée' au-dessus  de  la  lête 
du  buste  de  Duguesclin ,  a  éié  ouverte  avec  les 
plus  grandes  précautions  ;  et  l'examen  des  matières 
existante.f  dans  lurne  ,  fait  en  présence  des  com- 
jniftsaires  par  dés  h'iitnimes  de  l'art ,  distingués  par 
leurs  talens  et  leurs  connaissances. 

î!  Les  cendres  reconnues  pour  être  celles  de 
Dugues.clin  ,  ont  été  recueillies  dans  une  boîte 
de  plomb,  et  placée  sur  le  buste  même  dans  le 
tombeau  ,  qu'on  a  recouvert  et  scellé  jusqu'au 
jour  fixé   pour   la   (ranslation. 

))  Cette  cérémonie  auguste  et  triomphale  a 
eu  lieu  le  Séjour  cDmplémen(aire  ,  avec  toute  la 
pompe  que  les  localités  ont  pu  permettra. 

îi  La  veille  ,  une  proclamation  aux  habitans  du 
Puy  les  avait  prévenus  de  ce  grand  acte  de 
reconnaissance  de  leur  viile  envers  celui  qu'ils  en 
regardaient  comme  le  défenseur. 

)>  Le  ciiiquieme  complémentaire  ,  à  raidi ,  une 
salve  générale  d'artiiUcrie  annonce  la  cérémonie, 
et  la  fête  anniversaire  de  la  Fondation  de  la 
République.  A  deux  heures  toutes  les  autorités 
civiles  et  militaires  ,  la  garde  nationale  ,  la  gen- 
darmerie se  réunissent  à  la  préfecture. 

Le  cortège  ,  précédé  de  l'institut  de  musique  , 
se  rend  à  Téglise  de  Saint-Laurent ,  oii  il  est 
reçu  parles  coinmissaires  chargés  de  la  recherche 
des  cendres  du  connétable  ,  et  introduit  dans 
rintérieur  du  temple. 

Le  mausolée  est  décoré  de  branches  de  chêne 
et  de  guirlandes  de  fleurs  :  toutes  les  autorités 
se  rangent  autour  dans  une  courbe  elliptique. 
Le  teinple  est  rempli  d'un  peuple  immense.  Le 
Conservatoire  de  musique  exécute  une  simpho- 
nie'd'pn  caractère  grave;  un  silence  profond 
et  religieux  succédé  ,  et  les  commissaires  don- 
nent lecture  du  procès-verbal  de  reconnaissance 
des  cendres  de  Duguesclin  et  des  monumens 
historiques  qui  en  établissent  l'authenticité. 

La  boîte  de  plomb  renfermant  ces  précieux 
testes,  est  retirée  du  tombeau  ,  et  déposée  reli- 
gieusement dans  une  urne  sépulchrale  disposée 
à  cet  effet   au    milieu  d'un  trophée  militaire. 

Une  salve  d'artillerie  et  une  musique  hatmo- 
àieuse  saluent  les  cendres  du  grand  homme  , 
exposées  à   la  vénération  publique. 

Une  hymne  triomphale  ,  paroles  du  citoyen 
Cunipagnac  aîné  ,  employé  de  la  préfecture  , 
est  chantée  par  l'institut  de  musique  ,  et  ac- 
tucillie  par  les  applaudissemens  les   plus  vifs. 

Chaque  assistant  vient  déposer  respectueuse- 
ment devant  l'urne  une  branche  de  chêne  ;  une 
garde  d  honneur  prise  dans  les  compagnies  or- 
ganisées de  la  garde  nationale  ,  se  place  autour 
du  brancard  ,  et  le  coriege  se  met  en  route  pour 
ic  rendre  à  la  préfecture. 

Sur  le  devant  de  l'urne  ,  on  lit  ,  en  gr6s 
caractères,  l'épitaphe  du  connétable  ,  telle  iju'elle 
est  conservée   dans  le  mausolée;  deux  estampes 

rortées  par  des  hérauts  d'armes  représentant  ; 
une  ,  Duguesclin  en  costume  de  connétable  , 
Vautre  ,  Duguesclin  sur  le  lit  de  mort,  avec  tous 
les  attributs  militaires  ,  sont  a  la  têie  du  cortège. 
Le  brancard  est  porté  par  quatre  invalides  ;  les 
quatre  coins  de  la  draperie  tiiomphale  sont  sou- 
tenus parle  général  Barbazan  commandant  dans 
la  Haute-Loire  ,  le  premier  adjoint  à  la  mairie 
du  Puy  ,  le  commandant  de  la  garde  nationale  , 
et   le  capitaine  des  vétérans. 

Immédiatement  avant  l'urne  ,  un  garde  natio- 
nal porte    un   drapeau    avec    cette    inscripiiori  : 

À  Duguesclin  gui ,  en    i38o  ,  délivra  le  Puy  de  la 
tyrannie  des  anglais  et  des  bandes  noires , 

LA     VILLE     DU      PUY      RECONNAISSANTE. 

L'an  8  de  la  république. 

Un  groupe  de  vieux  soldats  invalides  est  placé 
â   la  suite  du  brancard. 


gnages  de  sa  vénération.  On  se  re'nd  à  la  pré- 
fecture ,  où  l'urneest  déposée  dans  la  grande 
salle  des  séances. 


Dans  la  séance  du  i^'  vendémiaire  l'urne  de 
Beilrand  Duguesclin  a  été  placé  tous  la  première 
piti-re  de  la  colonne  départementale  de  la 
Haute-Loire. 

Le  piéfet  et  le  général  Barbazan  ont  prononcé 
à  celte  occasion  des  discours  qui  ont  fait  sur  un 
concours  immense  de  speciaieuis,  l'impression  la 
plus  vive. 


M 


LANGES. 


les    autorités   constituées 


Le    préfet   et  toutes 
terminent  le  cortège. 

On  traverse  ainsi  les  principales  rues  de  la 
ville  au  bruit  d'une  simphonie  militaire  et  au 
milieu  des  salves  répétées  d'artillerie.  Par-tout 
le  peuple  donne  à  ces  précieux  restes  des  témoir 


Lf.  Cultivateur  américain  ou  Œuvres  d'Arthur 
Young  a  été  anr:oncé  dans  le  ri°. ...  du  Moniteur. 
La  totalité  des  ouvrages  publiés  par  ce_  célèbre 
agriculteur  se  divise  naiurellcment  en  trois  parties 
distinctes  par  leur  objet  et  leur  forme. 

1".  Il  a  fait  ,  à  différentes  époques  ,  divers 
voyages  dont  il  a  publié  successivement  le  récit, 
et  dans  lesquels -il  a  visité  l'Angleterre  et  ILlande 
dans  le  seul  but  de  connaître  Féiat  de  l'agricul- 
ture anglaise  ,  d'examiner  les  méthodes  de  cha- 
que province  ,  d'en  comparer  les  résultais  ,  de 
conslater  ,  en  un  mot,  beaucoup  de  faiis  propres 
à  fournir  ,  soit  à  lui  ,  soit  à  d'autres  agronomes  , 
des  bases  fixes  ,  sur  lesquelles  pussent  reposer  les 
calculs   de  l'économie  rurale  et  politique. 

2°.  Il  a  donné  au  public  ']/lusieurs  volumes  , 
dont  quelques-uns  ,  quoiqu'appuyés  sur  de»  faiis 
connus  ,  peuvent  se  regarder  comme  purement 
théoriques.  Tels  sont  les  Lettres  d'un  fermier  au 
peuple  anglais  ;  l'Arithmétique  poHlique  .  etc.  eic. 
D'autres  contiennent  les  particularités  d'expérie.n- 
ces  faites  pendant  plusieurs  années  avec  beau- 
coup de  soin-ct  sur  une  très-grande  échelle  dans 
une  ferme  de  plus  de  3oo  acres  que  l'auteur  ex- 
ploitait alors. 

3°.  Il  publie  ,  depuis  environ  vingt  ans ,  un 
ouvrage  périodique  .  très-connu  sous  le  nom 
d'Annales  de  l' agriculture  ,  dont  la  collection  qui 
se  monte  aujourdhui  à  près  de  3o  volumes, 
présente  un  tableau  progressif  de  toutes  les  dé- 
couvertes ,  améliorations  ,  essais  ,  etc.  qui  se  sont 
faits  en  Europe  dans  la  dernière  t-artie  du  i8= 
siècle.  On  rencontre  ,  dans  ce  recueil  ,  beau- 
coup de  choses  qui  sont  ,  ou  connues  depuis 
longtems  en  France,  ou  tirées  des  ouvrages, 
journaux  et  mémoires  publiés  par  nos  écrivains  ; 
mais  la  partie  la  plus  considérable  est  relative  à 
l'agriculture  anglaise.  On  y  trouve  des  particu- 
larités très-curieuses  ,  des  descri [liions  d'une  foule 
de  procédés  utiles  ,  des  calculs  précieux  sur  le 
prix  des  denrées  ,  leur  circulation  ,  la  consomma- 
tion individuelle  ,   etc.  etc. 

Telle  est  la  riche  et  vaste  mine  que  les  tra- 
ducteurs d'Arthur  Young  ont  entrepris  d'exploiter 
au  profit  de  l'agriculture  française.  Leur  pré- 
face en  présente  Fa  division.  Elle  nous  annonce 
que  l'ouvrage  entier  composera  quinze  à  dix-huit 
volumes  français  ;  nombre  qui  paraîtra  modique 
si  l'on  pense  qu  il  doit  renfermer  la  substance 
d'enviion  6o  volumes  anglais.  C'est  en  rejet- 
tant  avec  soin  toui  ce  qui  n  était  pas  précisé- 
ment instructif,  et  en  donnant  à  plusieurs  paities 
des  formes  qui  en  diminuent  le  volume  sans  en 
altérer  le  fond  ,  que  ces  traducteurs  ont  lâché 
d  éviter  un  reproche  de  prolixité  fait  quelque- 
fois à  l'auteur.  Au  reste  ,  ils  ne  dissimulent  pas 
qu'ils  ont  suivi  en  cela  le  conseil  qu'Arthur- 
■^foung  lui-même  a  bien  voulu  leur  donner. 

Les  six  volumes  que  l'on  vient  de  publier,  et 
qui  sont  en  ce  moment  en  vente  chez  Maradan  , 
rue  Pavée  -  Saint  -  André  ,  contiennent  tous  les 
voyages  qu'Arihur-Young  a  faits  en  Angleterre 
proprement  ditei  Ils  sont  partagés  en  Voyage  au 
Sud  et  à  l'Ouest  ,  i  vol.  ;  Voyage  au  Nord  ,  a  vol.  ; 
Voyage  à  l'Est ,  3  vol. 

La  manière  de  l'auteur  est  connue  par  le  récit 
de  son  voyage  en  France  dont  il  s  est  déjà  vendu 
deux  éditions.  Il  se  fait  suivre  par  le  lecteur  dans 
sa  route  ,  lui  nomme  les  villages  qu'il  traverse  , 
les  fermes  qu'il  visite  ,  les  cultivateurs  avec  les- 
quels ilss'entrelicnt.Ilprend  soussesyeuxdes  nores 
ou  minutes  de  tous  les  détails  agricoles.  Il  ne 
néglige  pas  de  lui  faire  examiner  les  manuf:;clure£ 
qu'il  rencontre  ,  et  prend  soin  de  lui  laire  re- 
marquer ,  dans  l'occasion,  la  beauté  d'un  site  . 
la  richesse  d'un  paysa.ge  ,  la  grâce  et  la  magnifi- 
cence d'une  habitation  champêtre.  —  Pareil  au 
botaniste"  qui  ,  dans  ses  excursions,  admire  et 
cueille  eo  marchant  les  plantes  qu  il  doit  ensuite 
disposer  et  classer  à  loisir  ,  notre  agronome  , 
de  retour  dans  sa  ferme,  on  on  aime  à  le  voir 
rentrer  chargé  d'une  riche  récolte  de  faits  ins- 
tructifs, les  discute,  les  rapproche  les  uns  des 
autres  ,  et  en  tire  avec  beaucoup  de  sagacité  les 
conclusions  les  plus  importantes. 

Il  convient  d  observer  que  ces  voyages,  les 
premiers  de  ce  genre  qui  ayent  été  faits  ,  ne 
furent  ni  entrepris  pour  le  plaisir  du  voyageur , 
ni  écrit.»  pour  celui  du  lecteur.  Le  premier  voulut 
s'instruire;  le  second  doit  l'accompagner  avec  le 


piquanS  des  mœurs  étrangères ,  qui  comme  l'a 
si  bien  dit  'Volaey,  rangent  la  plu  pan  des  voyages 
dans  la  classe  des  romans.  Ceux-ci  .  ciminc  celui 
de  cet  illusire  voyageur  ,  appcriirnncnt  à  l'histoire. 
On  peut  dire  quils  en  forment  en  quelque  sorte 
une  branche  pariiculieie  ,  dont  Vimporiance  a 
déjà  frappé  tous  les  bons  esprits.  Arihur  Y-oung  ■ 
a  reculé  les  bornes  de  la  staiisiique  ,  en  lui 
fournissant  des  bases  positives  ipn  donnent  à, 
ses  calculs  une  précision  presque  maibémaiique. 
Considérés  sous  ce  rapport,  et  lus  dans  cet  e-spiii, 
CCS  voyages  inspireront  le  plu?  vil  iiuérct.'  On 
s'étonne  aux  premières  pages  de  la  difle-rence  qui 
existe  entre  l'agiculture  -anglaise  el  celle  de  la 
France  ;  et  quoique  les  vaiiéiés  de  ia  nôtre  eussent 
dû  nous  préparer  .t  cetie  singularité  .  la  surprise 
augmente  à  mesure  que  le  voyageur  parcourt  plus 
de  pays.  De  irès-lûngs  baux  ,  des  fonds  d'avante 
équivaleiis  à  trois  ou  (juatre  anaées  de  fermage, 
de  grandes  quantités  de  bétail  ,  de  vastes  t^- 
reins  cultivés  exprès  pour  le  nourrir  ,  des  terres 
soumises  à  un  oidre  de  (uliures  <jui  ,  en  variant 
habilement  1  urs  produits  ,  renouvelle  leurs  force» 
sans  jamais  les  épuiser,  des  essais  dispendieux 
t.iiis  par  de  simp'es  tçirmiers  ,  un  esprit  général 
d'activité  ,  d'entreprise  et  de  calcul  répandu  dans 
presque  toute  la  classe  des  cultivateurs  ;  tels  sont 
les  traits  (jui  caractérisent  en  général  l  agriculture 
anglaise.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  rechercher  les 
causes  de  ces  heureux  effets. Qjiel les  qu'elles  soient, 
il  laut  en  admirer  le  produit  ;  mais  il  l.iut  se  garde* 
de  cr?ire  qu'en  Angleterre  toutes  terres  soient  cul- 
tivées, ni  ijue  loiiies  celles  qui  le  sont  le  soient 
bien;  les  lécits  d'Aiihur  Young  prouvent  qu'au 
tems  où  il  a  visité  son  pays  ,  des  districts  entiers 
de  plusieurs  lieues  quarré-s  ,  étaient  en  friches, 
en  marais  ou  en  vaines  pâtures;  et  <|Uoi  qu'il  ait 
été  fait  depuis  cc'te  époque  d'immenses  amélio- 
rations ,  il  reste  encoie  de  Ires-grandes  quantités 
de  ces  terres  incultes,  dont  1  aspect  indigne  une 
philaniropie  trop  hâiivc.  Avec  un  peu  plus  de 
réflexion  ,  on  les  voit  d'un  autre  ail  ;  on  pensç 
[aux  accroissem;  ns  progressif  que  I  industrie  com- 
binée avec  l'agriculiiire  promet  à  la  population  , 
et  l'on  voit  dans  ces  terreins  aujourd'hui  inutiles, 
les  ressources  qui  attendent  des  générations  plus 
nombreuses;  ce  sont  ces  déserts  dont  la  coloni- 
sation possible  rassurent  ia  politiqne  contre  les 
inconvéniens  d'une  population  qui  ,  pour  ne  pas 
diminuer  ,  doit   toujours  saccroiire. 

Arthur  Young  n'intéresse  pas  moins  lorsqu'il 
rlécrit  de  mauvaises  méthodes  ,  ou  lorsqu'il  par- 
court les  pays  infertiles  ,  que  lorsqu  il  nous  mon- 
tre les  plus  riches  culture^.  C  est  précisément  la 
comparaison  de  ces  procédés  et  de  leurs  résul- 
tais qui  donne  à  sa  doctrme  la  force  d'une  dé- 
monstration. C  est  par  ces  rapprocbemens  qu'il 
prouve  et  l'inconvénient  des  courts  baux  ,  et 
l'absurdité  du  sysiême  des  jachères  proprement 
dites,  et  l'utilité  des  cultures  amélioralrices  ,  etc. 
etc.  Il  raconte  ,  il  expose  toujours  et  ne  suppose 
jamais.  Nul  auteur  n'a  rassemblé  plus  de  faits 
matériels,  et  nul  n'a  mieux  acquis  le  droit  d'en 
appuyer  ses  conséquences. 

Au  reste  ,  son  autorité  sur  ce  point  n'est  pa« 
coniesiée  en  Ani^leterre  ,  et  l'on  a  dû  voir  avec 
<juelque  surprise  un  citoyen, Adams  (jui  n'a  pro- 
bablement jamais  lu  ces  voyages  ,  les  appeler  . 
dans  le  Journal  de  Paris  ,  des  Géorgiques  ,  et 
assurer  gravement  que  fauteur,  trompé  parle» 
gentlemen  qu'il  visiiait  dans  leurs  châteaux,  n'a 
pas  puisé  1  instruction  dans  ses  \ériiables  sources. 
Si  le  cit.  Adams  veut  prendre  la  peine  de  lire 
ces  récits  dont  il  parle  sur  parole  ,  il  verra  que 
l'auteur  ,  fermier  luj-mème  ,  et  qui  depuis  trente 
ans  n'a  jamais  cultivé  moins  deSoo  acres  de  terre, 
a  vécu  dans  ses  voyages,  paniculiérement  et 
constamment,  avec  des  lermiers  ;  que  les  don- 
nées de  chaque  terme  lui  ont  été  fournies  par 
celuiqui  lafesait  valoir,  et  qu'en  générafil  prend 
toujours  de  prélérence  .  pour  objet  de  ses  cal- 
culs ,  des  terres  affermées  ,  comme  celles  dont 
l'exnloitaiion  est  la  plus  économique  ,  et  ordi- 
nairement la  mieux  entendue.  Mais  il  y  a  des  gens 
qui  croient  qu  il  est  eu  tomes  choses  plus  facile 
de  faiie  que  d'apprendre;  ils  ne  peuvent  se  ré- 
soudre à  convenir  que  l'agriculture  exige  quel- 
fju'instruciion  ;  et  soutenant  sérieusement  qu'un 
paysan  s'instruit  mieux  eti'  exerçant  ses  bras  , 
qu'un  homme  bien  élevé  en  appliquant  à  ua 
objet  toutes  les  forces  d'un  esprit  juste  et  réfléchi, 
ils  regardent  un  cultivateur  comme  un  gentlemen 
et  un  bel  espiit  dangereux  ,  du  moment  où  il  se 
mêle  de  lire  et  de  calculer. 

Quant  aux  praticiens  éclairés  ,  à  ceux  qui 
aiment  à  faire  plutôt  ce  qui  est  bien  ,  que  ce 
que  l'on  fait  ,  ils  peuvent  lire  avec  confiance 
cette  précieusecolleciion  ;  ils  ne  tiouveront  nulle 
part  ailleurs  plus  de  vérités  ptaii(iues  ,  plus  de 
méthodes  ,  justifiées  ou  condamnées  par  une 
expéiience  positive. 

Les  hommes  instruits  en  économie  politique 
s'empresseront  de  connaître  en  détail  les  secrets 
de  cet  art  agricole  qui  ,  plus  encore  que  tous 
les  arts  mécaniques  ,  a  contribué  à  la  piospérité 
de  nos   rivaux.    Ils   désireront   qu  une    heureuse 


même  projet,  et  ne  peut  s'attendre '^à  trouver  dans  {application    de    ces    principes    ajoute    à  nos  pro- 
cès narrations  ce»  petites  anecdote*  ,  ces  tableaux  t  près  ressources  ;    '^''  *^   réuniront   à,  nous   pour 


79 


iijviter  le^  propriétaires,  les  fermiers  édaiié&s  ,  à  [  une  hardi 
se  persiisder  cf.Hii  tjue  l'agiicMiiuic  ,  coinine 
la  navigalioii  ,  comme  la  mélallurgie  ,  comme 
tous  les  arts  compliqués  ,  a  sa  ihéorie  qui  doit 
diriger  et  améliorer  la  pratique.  Le  métier  existe 
depuis  long-tems;  mais,  c'tst  notre  siccle  qui 
aura  ctée  \a.  science  ;  et  personne  plus  qu'Arihui- 
Young  ne  pourra  se  glorifier  d'y  avoir  contribué. 
P.  V.  B. 


A    N    T    I    Q_  U    1 

(On  trouve  l'article  suivant   dans 


Ti-lles  sont  les  mçJnilles  dont  j'ai  copié  la  des- 
crii^iioii   dans  mes  iioicî  ,    jiu    i   l-s  livrer  à   I  i(a- 
prcssiori.   Je   pourrai  donner  la   iioi'tce    de   beau- 
Coup  d  autres  :  peut-être  en  taire  graver  quclqaes- 
Favstina  avg  PII  AVG  FIL.  ayant  pour  revers     ^„^l  j^,,^  lejournal  de  1  Oise. 

Les  Anionins  et  Adriens  ,  les  Fausunes  sont  les 


esse  de  conception  ,  une  p,r3nât:ar 
jnunaiiinable  ,  quoique  le  dessin  son  moins 
parfait  que  celui  de  quelques  autres  médailles. 


une  oic  et  le  mot  concordia. 


IMP  CAES  AVREL  VERVS  AVG.  Au  revers  ,  deux 
princes  se  donnant  la  main,  et  ces  mots  :  con- 
cordia   AVCSTOR    TRI    P. 


plus  multipliées  dans  ce  prodigieux  amas  de  mé- 
dailles. 


■  9  de 
l'iniéiessant  journal   du   déparleraenl  de  I  Oise.  ) 

Instruit  qu'on  avait  trouvé  beaucoup  de  mé- 
dailles d'or  dans  la  comraunede  Hornoy  ,  terroir 
de  Blanche-Maison,  département  de  la  Somme', 
à  2  lieues  du  déparlemeni  de  l'Oise  ,  je  priai 
le  citoyen  la  M...  et  le  cil.  R....  de  se  transporter 
sur  ces  lieux  ,  le  3o  fruciidor. 

Ils  obtinrent  de  divers  particuliers  beaucoup 
de  médaille*  qu'ils  apportèrent  à  Grand^illiers , 
eiquejc  pus  éiudierpendant  une  nuit. 

Ils  en  examinèrent  eux-mêmes,  un  grand  nom- 
bre chez  Louis  Dezot,eux  ,  laboureur. 

Il  résuhe  de  leurs  recherches  sur  lesquelles 
on  peut  compter  ,  que  le  premier  trésor  éiait 
enloui  dans  une  petiie  plaine  ayant  à  l'oiient 
Hornoy,  Bizancourt  à  l'ouest,  Tronchoy  au 
sud-ouest,   et   Boisrault  vers   le    noid. 

Celte  plate-forme  est  entourée  d'une  chaîne 
de  montagnes  qui  portent  des  noms  que  1  his- 
torien doit  remarquer  :  Camp  César  ,  Camp 
Vespasicn  ,  Camp  Sirt  ,  Camp  Martel,  et  Camp 
lAniienois.  On  y  voit  encoie  des  démarcaiions 
en  pierre,  des  fossés  dont  il  serait  curieux  de 
faiie  le  plan, 

Le  M  fruciidor  an  8 ,  un  laboureur  du  citoyen 
Betneuil  ,  du  village  de  Tronchoy  ,  trouva  sous 
le  socle  de  sa  churue  une  grande  quantité  de 
médailles  d  or.  Il  se  précipita  pour  les  saisir  ;  des 
nieissonneurs  voisins  ,  (chez  lesquels  circulaient 
(Ifpuis  long-tems  des  bruiis  de  trésors  cachés  , 
confirmés  par  la  découverte  de  quelques  mé- 
dailles (i)  ,  accouréut  ,  le  frappent  ,  s'emparent 
des  pièces  ,  et  se  les  ariachent  avec  violence. 

Le  propriéiaire  du  champ  réclama  le  trésor, 
cila  devani  le  juge-de-paix  ceux  qui  se  l'étaient 
partagé.  Il  obtint  une  certaine  quantité  de 
médailles. 

Le  j3  du  même  mois ,  sur  le  conseil  du  citoyen 
Loquet,  de  la  commune  d'Hornoy,  le  noiiiraé 
Louis  Dczoteux  qui  possédait  le  champ  voisin, 
le  retourne  ,  aidé  de  deux  chevaux  que  Neuf- 
germain  ,  son  ami  ,  lui  prêta ,  à  la  charge  de 
partager,  le  produit  de  leur  découverte.  Au  qua- 
irieme  sillon  ils  trouvèrent  une  grande  quaniilé 
d'or.  Ils  en  firent  paisiblement  le  partage  ;  rien 
ne  troubla  leur  jouissance. 

Des  amateurs  et  des  orfèvres  ont  acquis  une 
petiie  pariie  de  ces  médailles.  Les  laboureurs, 
avertis  du  prix  qu'on  allachait  à  quelques  pièces 
rates;  intimidés  par  la  crainte  que  lï  gouver- 
nement ne  s'en  saisisse,  les  cachent,  refusent 
de  les  vendre  ,  ne  les  montrent  qu  avec  inquié- 
flide.  On  est  pourtant  certain  que  plusieurs 
paniculiers  en  possèdent  chacun  six  à  sept  cents. 

On  évalue  la  valeur  matérielle  trois  ou  quatre 
cenis  mille  fiancs 


IMR  L  AVREL  VERVS  .\VG.   Au  rpvetS,  PROFECTIO 

AVG  TR  F  U.  Au  bas,   cos  II.  Pfince  à  cheval. 

L  VERVS  AVG  ARMENIACVS.  Au  revers  ,  un 
Arménien  as'is  sous  un  trophée;  il  est  couvert 
du  bonnet  phiygien  ;  altiiude  de  douleur  et 
d'ab,!ndon  ,  le  coude  appuyé  sut  le  genou  ,  la 
main  droile  soutient  sa  lêie  ;  la  gauche  porte  sur 
un  air.  rompu  ,  sur  des  carquois  ,  des  armes 
ren-\'ersées.  Q^ite  de  détails  dans  un  champ  large 
de  neuf  lignes  !  la  tunique  ,  les  panialons  ,  le 
peiit  bouclier  rond  des  Parihes,  des  Arméniens, 
des  Geies  ,  de  la  Dacie,  de  tous  les  peuples 
qui  parvinrent  à  diverses  époques  .  de  1  Europe 
en  Asie  .  par  la  Phfygie  ou  par  le  ment  Caucase. 
La  lête  de  L.Vcrus  esi  belle  et  pleine  d'expression. 

Divvs  ANTONiNvs.  Au  revers  ,  consecratio. 
La  lête  d'Anionin  est  ici  pleine  de  gravilé  ,  de 
bonié  ;  quatre  étages  ,  au  sommet  desquels  est 
un  char  à  quatre  chevai'.x  ,  formant  son  im- 
mense bûcher. 

hadrianus  cos  lij.  Au  revers  ,  Hercule  nu, 
remettanl  le  globe  à  l'empereur  ;  un  aigle  à  leurs 
pieds. 

Un  beau  Trajan.  Au  revers  ,  le  Phénix  ,  la 
tête  environnée  d'une  auréole  ;  une  palme  à  ses 
pieds. 

trajan.    Au   revers,  FORUM  trajani. 

Favstina  AVG.  Au  revers,  diana  lucia.  Elle 
lient   un  flambeau   des    deux  mains. 

Trajan.  Au  revers  ,  Minerve  créant  l'olivier;  à 
ses  pieds  est  un  lapin.  Elle  est  casquée  ;  hasta  à  la 
main. 

Traj.\n.  Au  revers,  Jupiter ,  beau,  grand, 
sceptre  à  la  main  gauche  ,  étend  de  la  main  droile 
un  manteau  dont  il  couvre  l'empereur.  Le  prince 
tient  une  branche  d'olivier,  cos  vi  s  P  Q^  R. 

HADRIEN.  Au  revers,  ROMA  aeterna;  Matrone  , 
liasla  à  la  main  ,  assise  sur  un  trophée;  elle  tient 
à  la  main  droite  un  baieau  sur  lequel  on  dislingue 
les  têtes  à.' Apollon  et  de  Diane;  très-bon  style. 

Hadrien.  Isis  en  matrone,  assise  à  terre,  ap- 
puyée sur  une  corbeille  de  fruits  ,  s  sire  à  1« 
droite  ,  en  face  l'Ibis  sur  un  autel  ,  et  ce  mot 
AEGYPTOS.  Très-belle  médaille. 

VESPASIANUS.  Vénus  nue  ,  casquée  :  sceptre  à 
la  main  gauche  .  assise  sur  un  trophée.  Deux 
pigeons  dirigent  leur  vol  vers  elle,  cos  vi. 

HADRIEN.  Au  revers,  restitvtori  hispaniae. 
L'empereur  debout  ,  donc^e  la  main  à  l'Espagne  à 
genoux  ;  elle  lient  en  main  une  palme,  cos  m  ?  P. 

IMP    CAES    NER   TRAJAN    OPTIM  AVG  GERM  DAC. 

Belle  têle  ,  pleine  de  sentiment  et -de  finesse.  Au 
revers ,  parthico  p  m  t  r  p  cos  vi  pp  s  p  q_r. 
Têie  du  soleil  radié  ,  iiès-bellc. 

M.  ANTONiNvs  AVG  T  P  XXVI.  Au  revers  ,  IMP 
VI  COS  III.  L'empereur  en  habit  guerrier,  casqué  , 
chaussé  de  coihurnes  ,  tient  un  foudre  à  la  main 


Julia  Uomna , 
Le  triomphe  AeTitus  , 
Une  Fausiine  voilée  , 
Beaucoup  de  temples  et 

de  consécrations  , 
Une  superbe  Malidia -, 


Basilica  uljilani , 

Forma  Trajani  , 

M.  Antonin,  trois  lêtes  , 

Jitdaea  capta ,  dcVesp., 

Le  iriom[jhe  de  Vesp. , 

Julia  Fia  , 

Lucilia, , 

se  trouvent  dans  cette  collection.  On  y  remarque 
surtout  une  galère  de  toute  élégance  ,  à  six  rames 
de  chaque  côté,  ayant  une  couronne  à  l'extrémité 
du  mât.  On  l'a  vue  sans  pouvoir  l'examiner. 
C  A  M  B  R  Y. 


Il    est  à   craindre    que  les  propriétaires  d'une     droite  ,  un  sceptre  à  la  gauche  ;  une  Victoire  aux 
richesse  acquise  avec  tant  de  facilité  ,   ne  la  ren-     3''"   grandes,   a     elrusque  ,   le   couronne  ;   elle 


dent  à  la  terre  ,  ou  ne  la  portent  à  des  orlêvres. 
Je  me  hàie  de  les  tranquilliser  ;  le  premier  consul 
m'a  cliaigé  de  leur  annoncer  quils  peuvent  user, 
sans  la  moindre  inquiétude  ,  du  présent  que  leur 
fait  la  fortune. 

Les  médailles  découvertes  dans  la  première 
fouille  sont  reoins  bien  conservées  que  celles 
de  la  seconde.  Il  me  semble  qu'elles  ont  éié 
déposées  dans  la  terre,  à  deux  époques  diffe- 
lenles.  Les  premières  ,  sous  le  troisième  consulat 
d'Hadrien  ;  j'appuie  celte  dernière  conjecture 
lur  l'examen  que  j'ai  fait  d  un  grand  nombre  de 
ces  médailles  ;  tomes  celles  que  j'ai  vues  d  Ha- 
drien au  nombre  de  plus  de  soixante  ,  indiquaient 
lOD  troisième  consulat. 

Les  secondes  ne  descendent  que  jusqu'à  Géta 
.qui  mourut  lan  212  de  J.  C.  Un  examen  plus 
détaillé    pourra    détruire   ces  assenions. 

Une  des  plus  belles  médailles  que  j  aie  vues, 
provenani  de  celte  découverte,  (eije  connais 
louies  celles  du  c.  binet  national  ,  de  Florence, 
de  Naple»  ,  de  Londres  et  de  Rome),  est  un 
Fertinax;  il  a  dans  les  traits  la  force  d'un  soldat  , 
la  majeiié  d'un  prince  ,  el  la  gravilé  d'un  phi- 
losophe ;    elle   est   d'une    conservation  parfaite. 

Rien  de  fin  ,  de  joli  ,  d'élégant  ,  comme  une 
laustitie  la  jeune. 

XJiiCommode  monté  sur  un  coursier  qui  s'élance 
et   menace   d  écraser  un   léopard  ,  est   lait   avec 


(lie*   lifU  mên 
u  Chiatf  <hi  Tien 


,  avint  U  déco 


appellait 


tient  une  palme  de  la  main  gauche.  Tiès-beau 
revers. 

AVRELivs  CAESAR  AVG  P  I  I  FIL.  Au  revers . 
Pallas  ,  casquée  ,  à  lobe  de  matrone  romaine  , 
portant  un  petit  bouclier  rond,  hasta  à  la  main 
droite  ,  et  ces  mois  :  T  R  P  COS  11. 

ANTONINVS  AVG  Pivs  PP  T  R  P  XII.  Au  revers  , 
deux  lêtes  d'enfant  dans  deux  cornes  d'abon- 
dance. TEMPORVM  FELICITAS,  aU  bas,  COS  IlII. 
Belle  médaille. 

ANTONINVS  PIVS  AVG.  Au  revers  ,  lête  radiée, 
et  PAGATOR  ORBis.  Parfaite  conservation. 

HADRIANVS  AVGVSTVS  P  P.  Superbe  tête  ,  sans 
barbe  ;  au  revers  ,  Romulus  armé,  bras  nus  ,  co- 
thurnes aux  jambes  ,  le  corps  couvert  d'une  cui- 
rasse et  dune  tunique  légère,  dcscendani jusqu'aux 
genoux  ,  tête  nue  ;  il  lient  de  la  main  droiie  uiie 
lance  ;  il  porte  sur  l'épaule  gauche  un  trophée 
d'armes  ,  de  panaches  ,  d'épées  courtes  ,  eic.  ;  un 
manieau  léger  couvre  son  armure;  ces  mots  : 
ROMVLO  CONDITORI.  Très-belle  médaille. 

ANTONINVS  PIVS  AVG.  Au  revers  ,  Rome  assise 
sur  des  trophées,  casiiues,  armure,  bouclier ,  cic.  ; 
elle  tient  une  branche  d  olivier  dans  la  main  droite; 
elle  s'appuie  sur  un  long  sceptre  qu'elle  saisit  de 
la  main  gauche;  paci  aeternae.  Bien  conservée. 

IMP     SER     GALBA     CAESAR    AVG.    Têle     forle  ,    à 

caractère  ;  salvs  gen  humani.  Une  Prêtresse  , 
un  pied  sur  le  globe  de  la  lerre  ,  une  enseigne 
sur  le  bras  gauche  ,  verse  l'encens  d'une  paiere 
sur  un  auiel  ;  un  peu  fruste  ,  mais  curieuse. 


THEATRE       DES        ARTS. 

Les  Horaces  ,  ITigéd'ie  lyrique  du  cit.  Guillard, 
musique  de  Salieri  ,  ont  éié  donnés  en  1786  ;  le 
succès  ne  fut  pas  de  longue  durée  ;  bieniôi  fou- 
vragf^  fut  relire  du  répcrioite.  Il  vient  dy  repa- 
raître avec  une  musique  qui  n'est  poinl  celle  de 
Salieri  ,avec  des  suppressions  considérables ,  avec 
des  changemens  tels  ,  que  nous  ne  pouvons  le 
considérer  comme  une  reprise,  mais  bien  plutôt 
comme  une  ijroduclion  nouvelle. 

Dans  une  préface  qu'il  publie  à  la  tête  de  son 
poëme  ,  l'auieur  nous  semble  foit  inutilement 
chercher  à  s'excuser  d'avoir  emj.'runié  un  sujet 
traité  par  le  grand  Corneille,  pour  le  transponec 
sur  la  scène  lyrique.  Personne  ,  nous  le  croyons  , 
n'a  paru  disposé  à  lui  en  faire  un  reproche.  Ses 
propres  succès  ont  déjà  justifié  cette  espèce  de 
concours  ,  ou  plutôt  celle  imitalion  ,  et  s'il  n'est 
pas  permis  de  ne  ciier  que  le  citoyen  Guillard 
dans  sa  propre  cause,  du  moins  on  peut  rappeler 
avec  lui  que  les  grands  sujets  de  l'antiquité  ont 
tous  été  traités  par  dilFérens  auteurs;  É-chyle , 
Sophocle  elEuvypide  ,oni  fait  chacun  am: Electre; 
Longepierre  a  fait  une  Médée  après  celle  de  Cor- 
neille ;  Voltaire  une  Sémiramis  ^  un  OreUe ,  uns, 
Rome  sauvée .  apxès  la  Sèmiramis,  l'Electre  ei  le 
Catilina  de  Crébillon;  de  nos  jours  ,  le  citoyen 
Legouvé  a  reproduit  à  la  scène  ,  avec  un  grand 
succès,  la  tragique  Thébàide  ^  premier  ouvrage 
de  Racine.  Si  donc  sur  la  scène  française  le 
même  sujet  a  plus  d'une  fois  été  traité  par  difté- 
rens  auteurs  ,  à  plus  forte  r.iison  la  scène  lyrique 
a-t-elle  des  droits  à  la  même  fibeiié.  Oit  ne 
doit,  au  lieu  de  reproches,  que  des  éloges  à 
l'auteur  qui  enrichit  cette  scène  des  trophées  dont 
une  autre  s'enorgueillit  à  si  juste  titre. 

En  reconnaissant  un  droit  que  1  auteur  craint  à 
tort  qu'on  ne  lui  coniesie  ,  nous  devons  examiner 
si  le  sujet  qu'il  a  choisi  était  l'un  de  ceux  que  la 
scène  lyrique  semblait  plus  particulièrement  ap- 
peller  :  nous  ne  le  croyons  pas.  Voltaire  a  regardé 
ce  sujet  comme  plus  propre  à  l'histoire  qa'au 
théâtre  ,  et  il  portait  ce  jugement  ,  même  après 
avoir  analysé  et  fait  ressortir  les  beautés  sublimes 
dont  le  génie  de  Corneille  avait  su  l'enrichir.  Pour 
s'éveiller,  pour  inspirer  au  compositeur  des  acceus 
dignes  de  lui  ,  le  génie  musical  veut  un  déve- 
loppement animé  des  passions  les  plus  împé' 
tueuses  et  les  plus  opposées.  Ce  n'est  pas  ce 
développement  que  1  on  trouve  dans  les  Horaces. 
Le  sujet  tend  à  inspirer  constamment  de  l'admi- 
ration et  à  élever  l'ame  ,  plutôt  qu  à  causer  une 
émotion  véritable  ,  qu'à  inspirer  un  touchant 
intérêt. 

Les  personnages  mis  en  scène  par  Corneille 
paraissent  dans  l'opéra  du  cit.  Guillard  ,  à  l'excep- 
tion de  Sabine,  de  Valere  et  de  iullus  ,  que  la 
coupe  nouvelle  de  l'ouvrage  rend  absolument 
inutiles.  La  pièce  de  Corneille  offre  trois  actions, 
celle  du  combat ,  celle  de  l'assassinat  de  Camille  , 
celle  du  jugement  d  Horace,  condamné  par  les 
décemvirs  ,  et  absous  par  le  peuple.  Voltaire  re-> 
prochait  à  l'auteur  cette  triple  action  ,  regardait 
ce  défaut  comme  provenant  de  l'habitude  qu'a- 
vait prise  Corneille  d'imiter  le  théâtre  espagnol  , 
mais  reconnaissait  que  ce  défaut  trouvait  bien  son 
excuse  dans  les  beautés   qu'il   fait  naître. 

Le  citoyen  Guillard  a  dd  se  borner  à  la  pre- 
mière action  ,  au  combat  et  à  la  victoire  de 
Rome.  Cependant  ,  à  la  dernière  scène  Camille 
paraît,  recommence  par  ses  imprécations  une 
action  nouvelle;  et  menacée  par  Horace,  elle 
prévient  sa  iureur  en  se  perçant  le  sein.  Nous 
voyons  ici  le  double  inconvénient  et  de  loruier 
une  double  action,  lorsque  la  première  est  ter- 
minée sans  pouvoir  donner  à  la  seconde  et  la 
suite  et  des  développemcns  nécessaires  ,  et  en- 
suite de  démentir  un  irait  d'histoire  que  Cor^. 
neille  avait  cru  devoir  retracer  avec  fidélité  , 
parce  que  ^  dit-il  ,  il  est  Irop  connu  pour  être  altéré 
sur  la  scène.  Il  nous  semble  que  la  victoire  d  Ho- 
race ,  et  les  actions  de  grâces  des  romains 
triotnphans  terminml  la  pièce,  sans  le  retour 
de   Camille,   offriraient  un- dénoueraKUt  plu»  sa- 


8o 


tisfi  ant  et  plus  d'unité.  Si  Camille  ne  meurt 
pa,i  du  h  main  de  son  frète;  si  ce  crime  ne 
mit  vas  Horace  dans  un  péril  nouveau  ,  celte 
mon  esl  inutile  à  l'action  ,  et  ne  sert  qn  à  en- 
sanglanter une  scène  qui  dans  le  nouvel  opéra 
l'-esi  peut-être  déjà  trop.  En  effet  ,  le  fameux 
combat  des  Horaces,  a  lieu  sous  les  yeux  des 
spectateurs.  Nous  croyons  n'émettre  qu  une 
opinion  générale  ,  en  disant  que  ce  combat 
trop  rapproché  de  l'avant-scene,  quoiqu'il  n  oUre 
pas  une  illusion  parfaite,,  en  produit  cepeii- 
dant  assez  pour  qu  au  premier  sentiment  qu'il 
itispire  ,  succède  ,  après  la  cbûie  de  quatre  guer- 
riers ,  un  mouvement  d  horreur  ,  lorsque  le 
cinquième  déjà  blessé,  pâle  dl  affaibli,  vient 
tomber  sous  le  glaive  con;me  une  victime  dé- 
vouée. Sur  un  plan  plus  éloigné  ,  ce  spectacle 
ofinrail  sans  doute  plus  d'intéi-êt  et  d'illusion  ; 
il  seirait  moins  horrible  .  et  tou^  ce  qui  est  hor- 
rible doit  être  banni  de  la  scène. 

L'auteur  a  évité  deux  reproches  faits  à  Corneille 
par  'Voltaire;  c'est  la  déesse  Egérie  et  non  un 
grec  ,  prophétisant  s«r  l'Aveniin  (juc  Camille 
a  consulté;  en  second  lieu  le  vieil  Horace  ne  reste 
pas  dans  sa  maison  au  moment  du  combat  ; 
avec  Rome  entière  ,  il  va  s'en  rendre  spectateur. 
A  cette  disposition  nouvelle  on  gagne  un  coup- 
d'œil  très-pittoresque  ,  mais  on  y  perd  le  qu'il 
moulût.  Il  ne  serait  cependant  pas  impossible  de 
lier  ce  mot  sublime  au  cris  de  joie  des  Albains  , 
aux  cris  de  douleur  de  l'armée  romaine  lors- 
que l'aîné  des  Horaces  a  pris  la  fuite.  En  général 
il  a  trop  peu  fait  usage  des  idées  qu'il  pouvait 
eiiipTuuier  au  grand  Corneille  ,  en  traitant  le 
rncme  sujet.  Dans  ses  piécédens  ouvrages  et  no- 
tamment dans  Œdipe  ,  il  avait  été  moins  scru- 
puleux ,  et  nous  le  blâmons  ici  de  l'avoir  été 
trop. 

Au  total  ,  la  conduite  de  l'ouvrage  du  citoyen 
Guillard  est  sage,  naturelle,  raisonnable.  La  coupe 
est  aussi  hcureyse  qu'elle  pouvait  l'être  pour 
l'Opéra  ;  et  autant  qu  un  sujet  aussi  scvere  pou- 
vait le  permettre  ,  il  a  ménagé  au  compositeur 
l'occasion  de  déployer  ses  talents.  La  musique 
du  citoyen  Porta  est  d  un  beju  genre  :  ses  mot.fs 
de  chant  n'ont  pas  toute  la  fraîcheur  ,  loutela 
pureté  désirable,  mais  ils  sont  naturels  et  conloimes 
à  la  situation  ;  ils  ont  en  général  un  ton  d'aus- 
teri.é  irès -convenable  au  sujet.  Le  réciiatit  est 
malheureusement  la  partie  la  plus  faible,  et  depuis 
Gluck,  c'eilune  observation  presque  générale  à 
faire  sur  les  nouvelles  productions  lyriques. 

Oaaremarqué  dansla  première  scène, l'air  d'Ho- 
race ,  à  ma  Patrie  ,  morceau  d'une  facture  très- 
riche  ,  peut-être  trop  bruyante  ;  lintroduction  du 
duo  entre  Camille  ei  Curiace  ,  plus  que  le  mor- 
ceau d'ensemble  ,  mais  surtout  le  serment  du 
second  acte  ,  finale  digne  des  grands  maîtres  , 
applaudi  avec  un  juste  enthousiasme. 

L'opéra  des  Horaces  n.e  laisse  rien  à  désirer  , 
quant  à  ce  qui  appartient  au  spectacle  et  aux 
accessoires  :  tout  y  est  établi  avec  un  soin  ,  une 
sévérité,  une  fidélité  historique  très-remarquables. 
Les  décorations  sont  d'un  effet  neuf  au  théâtre  ; 
on  y  retrouve  le  goiit  de  l'architecture  des  pre- 
mieis  tcms  de  Rome  ;  celle  du  3=  acte  est  d'un 
effet  très-pittoresque  ;  elle  représente  le  lieu  du 
combat,  et  les  camps  des  deux  armées.  Le  crayon 
du  chorégraphe  a  suivi  avec  une  tidéli'é  parfaite  , 
pour  le  serment  des  Horaces  ,  le  beau  tableau  de 
David  ;  pour  leur  combat  ,  le  beau  tableau  de 
Tite-Live.  S 


Le  préfet  du  déparlement,  accompagné  du 
secrétaire-général  ,  du  conseil  de  préfecture  .du 
maire  de  la  ville  ,  de  toutes  les  autorités  civiles 
et  militaires  .  étaient  allés  à  leur  rencontre.  Une 
salve  d'artillerie  annonça  qu'ils  arrivaient  aux 
portes.  Un  arc  de  triomphe  surmonté  de  quatre 
drapeaux,  et  oiî  on  lisait  ces  mots  :  ?)  Aux 
v-.inqueurs  d'Aboukirct  de  Martngo  n  .ivait  été 
dressé  à  la  hâte.  C'est  là  qu'ils  furent  harangués; 
c'est  là  que  le  peuple  plus  pressé  ,  plus  électrisé  , 
voulait  dételer  leur  voilure  et  la  traîner  lui-niême. 
La  modestie  des  deux  généraux  empêcha  cette 
nouvelle  marque  d'affection  ;  ils  se  mêlererit 
parmi  le  peuple,  et  marchèrent  avec  lui  jusqu'à 
l'hôtel  de  la  préfecture.  On  demanda  qu'ils  se 
montrassent  aux  croisées,  Le  préfet  les  y  invita  ; 
ils  cédèrent.  Un  cri  universel  fut  à  1  insianlpou-sé 
et  répété  par  tous  :  vive  la  République,  vive 
Bonaparte,  vivent  les  généraux  Mural  et  Bessicres  1 

La  nuit  ,  il  y  a  eu  banquet  civique  à  la  com- 
mune ,  bal  à  la  préfecture  ,  musique,  illumina- 
tion  générale  et  feu   d'artifice. 

Le   lendemain  et   avant  le  jour  ,  une  foule  iiai- 
mense  était  encore  réunie  poursaluer  hur  départ. 
Salut  fraiernel  ,  Brunies. 

Licge  ,  le  14  vendémiaire  an  g. 

Citoyen  ,  je  viens  de  lire  dans  le  numéro  7 
de  votre  intéressant  journal,  un  extrai'  dutableau 
statistique  des  pays  ecclésiastiques  d'Allemagne  , 
par  le  cit.  Brun.  Il  y  est  dit  que  u  la  ville  de  Papc- 
berg  .  située  sur  les  frontières  de  1  Ost-Frise  ,  fait 
un  commerce  considérable  ,  sur-tout  dans  la 
Baltique  ;  on  trouve  dans  les  listes  de  passage 
du  Sund, quelquefois  jusqu'à  140  bâtimenspapen- 
bourgeois.  Celte  ville  est  entièrement  inconnue 
aux  géographes  français.  ))  'Voici  d'abord  un  géo- 
graphe frjnçais  à  qui  elle  n'est  pas  inconnue.  Le 
dictionnaire  géographique  de  F.  X  de  Feller  , 
imprimé  à  Bruxelles  ,  en  1794,  porte,  article 
Papenburg  ,  la  no'ice  suivante  :  "  village  situé 
sur  les  frontières  du  bas-évêché  de  Zunsicr,  dans 
le  bailliage  de  Zeppen.  Ses  habitans  ayant  formé 
une  espèce  de  port  sur  le  Dollart  ,  font  partir  des 
vaisseaux  chargés  de  tourbe  pour  la  Hollande 
et  l'Angleterre  ,  et  même  avec  d'autres  cargaisons 
pour  la  France  et  pour  les  Indes.  Ils  se  servent 
du  pavillon  de  'Westphalie  ,  respecté  par  l'ami- 
rauté de  Londres  ,  et  celle  de  la  France.  La 
population  de  ce  village  ,  qui  a  deux  paroisses , 
augmente  à  vue  d'œil.  Il  appartient  au  baron 
de  Landsperg.  )>  Il  résulte  de  ce  passage  ,  que 
Papenbourg  est  le  vrai  nom  de  cet  endroit  ,  qui 
mérite  mieux  le  nom  de  bourg  que  celui  de  ville  , 
mais  qui  ne  laisse  pas  de  faire  un  grand  commerce 
par  la  rivière  d  Éms  et  le  Dollart  ,  ou  golfe 
d'Embden.  Il  est  cependant  bon  de  remarquer  , 
que  dans  les  listes  annuelles  de  vaisseaux  passés 
par  le  Sund  ,  on  comprend  ordinairement  sous 
le  nom  de  papenbourgeois  tous  les  bâ'imens  des 
petits  ports  situés  sur  la  mer  d  Allemagne,  vers 
l'embouchure  du 'VN'^eset  jusqu'à  celle  de  lElbe, 
en  exceptant  ceux  d  Emden  et  de  Bremez. 

Salut   et    considération  , 

C.  A.  J.  Hennau  ,   ancien  administrateur  du 
département  de  iOurthe. 


le  secrétaire-général  ds  la  préfecture  du  Loi  ,  au 
rédacteur  du  Moniteur. — ■  Cahors ,  Un  vendé- 
miaire an  g. 

Je  dois  ,  citoyen,  et  à  mon  département  ,  et  aux 
scniimens  qui  me  lient  aux  généraux  Murât  et 
Bessieres  ,  le  récit  de  la  joie  qui  éclata  à  leur 
arrivée  dansies  lieux  qui  s  honorent  de  les  àvoirvu 
naître. 

Ce  fut  une  ivresse  ,  un  enthousiasme  universel. 
Le  peuple  se  précipita  en  foule  sur  leurs  pas.  On 
n'examniait  ,  dans  ce  moment  ,  ni  avec  qui  on 
marchait  ,  ni  quelles  étaieat  ses  opinions  ,  ni  quels 
avaient  été  ses  écarts  et  ses  erreurs.  Tous  les 
citoyens  mêlés  et  confondus  semblaient  inspirés 
par  le  même  esprit  ,  agités  par  la  même  ame  ; 
on  eût  dit  que  la  présence  des  deux  guerriers 
svait  tout  réuni  ,    tout  réconcihé. 


AVIS. 

Les  administrateurs  de  la  commission  des  com- 
pagnies de  la  guerre  invitent  les  citoyens  ,  por- 
teurs de  leurs  mandats  ou  autres  valeurs  émises 
par  eux  pour  le  compte  des  compagnies  qu'ils  re- 
présentent, à  les  rapporter  ,  dans  le  délai  de  cinq 
décades  ,  au  bureau  de  ladite  commission  ,  rue 
de  Provence,  n°  5  ,  à  l'etTet  d'y  être  échangés 
contre  des  rescriptions  admissibles  en  paiement 
de  domaines  nationaux,  conformément  à  l'arrêté 
des  consuls  du   i5  nivôse  an  8. 

Il  est  d'autant  plus  nécessaire  pour  les  porteurs 
desdites  valeurs  d'adhérer  à  cette  invitation , 
qu'outre  qu'il  est  de  leur  avantage  d'utiliser 
promptement  les  rescriptions  ,  auxquelles  ils  ont 
droit  ,  les  opérations  de  la  commission  étant  sur 
le  point  d'être  terminées  ,  ion  bureau  sisra  inces- 
samment fermé. 

LIVRES      DIVERS. 

Code  et  Guide  des  notaires  publics  ,  contenant 
toutes  les  lois  et  résolutions  relatives  à  leur 
nouvelle  organisation  ,   toutes    celles   qu'il   leur 


iftipùrle  particulièrement  de  Connaître,  et' dont 
ils  ont  un  besoin  journalier  ,  avec  des  instructions 
et  observations  sur  ces  lois  ,,tt  des  formules  de 
tous  les  actes  ,  notamment  de  ceux  d'ans  lescpiels 
il  faut  observer  des  stipulations  nouvelles  ,  i.)Our 
se  conformer  aux  lois  et  circonstances  présentes; 
par  A.  C.  Guichard  ,  défenseur  avoué  au  tribunal 
de  cassation  ,  3  vol.  in-ia. 

Prix  5  fr.  ,  franc  de  port  ,   7  fr. 

A  Paris  ,  chez  G.irnery  ,  libraire  ,  rue  de  Seine, 
a.ncicn  hôtel  Mirabeau. 

SviTE  des  éditions  stéréotypes  ,  chez  Pierre  Didot 
l'aîné,  imprimeur,  rue  des  Orties,  g.illerie  du 
Louvre  ,  et  Firmin  Didot ,  rue  de  T.hionviUe  , 
n°^   116  et  i85o. 

Fables  bf  J^hn  Gay  to  rahich  are^  added  Fables 
by  Edward  Moore  ,  avec  des  rroies  sur  ces  deux 
auteurs;  l  vol.  in-io.  Prix  en  feuilles.  j)apier 
ordinaire  7.S  cent.  ,  pap.  fin.  ,  l  fr.  25  cent.  , 
pap.  vélin ,  3  fr.  ,  grand  pap.  vélin  ,  4  fr.  5o  cent. 

Aminla  di  Torqnato  Tasfo  ,  un  vol.  in-iS.  Prix  , 
en  feuilles,  papier  ordinaire,  5o  c.  ;  papier  fin, 
go  c.  ;  papier  vélin  ,  2  fr.  ;  grand  papier  vèljn, 
3  francs. 

Principes  élémentaires  de  la  Grammaire  française  , 
à  l'usage  des  petites  écoles  ,  et  mis  à  la  portée  des 
enfans  du  premier  âge.  Prix  broché  ,  75  cent.,  et 
franc  de  port  i  Ir.  ' 

L  arithmétique  simple  à  l'usage  des  enfans  ,  dé- 
montrée en  six  leçons  ,  ne  contenant  que  l'eu- 
seignement  des  quatre  premières   règles. 

Première  partie-.  Prix  5o  cent.  ,  (  10  sols  )  et  65 
cent.  ,  franc  de  port. 

Varithmétique  composée  à  l'usage  de  la  jeunesse 
rapprochant  l'ancienne  et  la  nouvelle  manière 
de  contpter  et  déraonliaut  l'usage  du  calcul 
décimal  avec  tant  de  clané  ,  iju'on  peut  faite 
aisément  toutes  les  conversions  possibles  des 
ar^ciennes  mesures  en  nouvelles  tt  des  nouvelles 
en  anciennes.  Seconde  partie  ;  prix  un  franc  , 
broché  et   un   fi.  3o  cent.  ,   franc   de   port. 

Ces  trois  ouvrages  nouveaux  se  trouvent  à 
Paris  ,  chez  l'auteur  (  le  cit.  Prévost  Sainl-Lucten  ) , 
rue  Apolline,  rr°  34,  et  chez  le  cit.  Bidault, 
libraire  ,  rue. Serpenre  ,  n°  14. 

Vart  de  prolonger  la  vie  humaine ,  traduit  sur 
la  seconde  édition  de  l'allemand  de  Châties 
Guillaume  Hafeland  ,  docteur'  en  médecine,' 
piofesseur  à  l'université  de  Jena  ,  2  vol.  in-S" 
petit  papier. 

Prix ,  4  francs  ,  et  franc  de  port  5  francs 
75   centimes. 

A  Paris  ,  chez  Morin  et  Lenoir  ,  libraires  ,  rue 
de  Savoie  ,  n°  4. 

L'auteur  de  cet  ouvrage  examine  d'abord  les 
propriétés  et  les  lois  du  principe  de  la  vie  ,  il 
tâche  d'expliquer  la  cause  du  grand  âge  des  pa- 
triarches et  des  premiers  habitaiis  du  monde  ;  il 
parcourt  tous  les  siècles  ,  tous  les  climats  ,  'ous 
les  étals,  et  marque  la  difféience  qu'y  épiouve 
la  durée  de  la  vie. 

Cette  durée  est-elle  absolue  ou  relative?  varie- 
t-elle  dans  les  hommes  ,  dans  les  lemmes  ? 
quels  moyens  doit-on  employer  pour  vivre  long- 
lems  ?  quels  sont  les  excès  qui  abrègent  la  vie? 
Telles  sont  les  principales  questions  traitées  par 
l'auteur  dont  l'indicaiiou  seule  est  de  nature  à 
faire  rechercher  son  livre. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de    la  Republiq^ije  et  des  Arts; 
Dem.  la   2'  repr.  des  Horaces  ,  opéra  en  3  actes 
et  le  ballet  de  Psyché. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
le  Collatéral  ou  la  Diligence  de  Joigny  ,  suiv.  du 
Voyage  interrompu. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  le  Mur  mi- 
toyen ;  M.  Guillaume  ,  et  un  seul  Villon  pour  tout 
le  monde. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  Mère  coupable ,  drame  en  5  actes,  suivi 
de  la  Revanche  forcée. 

Théâtre  de  LA  Cité-'Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  la  2'  repr.  des  Ignaces ,  parodie  des  Ho- 
races ,  vaudeville  ;  et  Bamoiselet  Bergerette  ,  pant, 
à  grand  spectacle. 


L'abonnement  «e  fait  à  Paris     rue  des  Poitevin»,  n«  18.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois ,  5o  francs  pour  6  ni«is ,  et  100  francs  p»ur  l'année  cniierc.  ( 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl' argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  As  AS  s  E,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ^u°  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  env 
pays  où  l'on  ne  peut  aEfiauchir.  Les  lettres  des  départemens.non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  11  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,   et  adresser  tout  ce    qui    c 
Poitevins  ,  n'  i3,  depui  sneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur, 


A  PariSj  de  l'imptimeùe  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  r«ie  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  :ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


N°    22. 


Duoâi ,  22  vendémiaire  an  ^  de  la  république  française;  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aucorlsés  à  pj'évenir  nos  souscripteurs  qu'à  dacer  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
îl  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

J^ondres  ,  1"  octobre.  (  g  vendémiaire.  ) 

A  E  L  LE  est  en  Europe  l'ignorance  de  la  poli- 
tique et  de  I  histoire  des  gouvernemens  orien- 
laux  ,  que  quoique  l'entreprenant  et  ambitieux 
«ouverain  du  Cabul  ait  tenu  pendant  plusieurs 
aimées  la  moitié  de  l'Asie  en  alarmes  ,  félendue 
et  les  ressources  de  ses  domaines  nous  étaient 
encore  inconnues  il  y  a  peu  de  mois.  Les  rcn- 
keignemens  parvenus  depuis,  prouvent  que  l'une 
et  l'autre  sont  encore  plus  grandes  que  nos  craintes 
ne  nous  les  avaient  faites  ,  et  si  les  heureux  évé- 
nemens  qui  ont  eu  lieu  pour  nous  dans  le 
Alysore  ,  tendent  à  nous  rassurer  ,  nous  ne  de- 
vons pas  cependant  nous  livrer  à  trop  de 
sécuiiié. 

Le  territoire  de  ce  prince  se  trouve  aujour- 
d'hui comprendre  tout  le  pays  situé' entre  l'Indus 
et  les  bords  méridionaux  de  la  mer  Caspienne; 
il  s'étend  des  frontières  orientales  de  la  Perse  à 
la  grande  Bucharie  ,  ou  le  pays  des  tartares 
Usbecks  ,  et  renterrae  en  ouire  Lahor;  et  toute 
la  vaste  province  de  Cachemire.  Sa  pçpulation 
est  proportionnée  à  sa  grandeur,  et  l'armée 
entretenue  pour  sa  défense  ,  laquelle  armée  dans  | 
la  dernière  guerre  contre  lessheiks,  fut  divisée 
par  des  dissentions  inlesùnes  ,  se  monte  à  plus 
de  100,000  hommes,  bien  disciplinés,  et  les 
plus  braves  <,omme  les  plus  audacieux  sans 
contredit   de  toute  l'Asie. 

Zemann  Shah  ,  le  souverain  du  Cabul  est  de 
la  race  des  Abdallus  ,  et  descend  directennent 
d'Ahmed  Shah  Durante  ,  qui  accompagna  Nadir 
Shah  dans  sa  première  expédition  dans  l'Inde, 
et  qui  ,  à  la  mort  de  ce  prince  ,  établit  sa  souve- 
lainetédans  le  Candahar  et  leCabuI.  — Zemann  a 
fait  de  fréquentes  tentatives  pour  envahir  l'Indos- 
tun.  La  chute  de  Tippoo  doit  détruire  ses  espé- 
rances ,  à  moins  que  les  divisions  interminables 
des  sheiks,  ou  la  politique  équivoque  des  ma- 
rattes  ,  m 
entreprises 


I     N     T 


porte    a    former    de    nouvelles 
(  Extrait  de  l'Observer.  ) 

Ê     R     I     E     U     R. 


Paris,  le  21  vendémiaire.- 

On  écrit  de  Naples  :  Notre  ville  vient  de 
perdre  un  des  plus  savans  botanistes  ,  le  citoyen 
Lachenal,  mort   dune    attaque    d  apoplexie  ;  il 


n'est  pas  pour  en  faire  un  mauvais  usage  ,  me  dit- 
il  !  et  si  vous  ne  me  croyez  pas  ,  ma  mère  est  là ,  à 
quelque  distance,  avec  mes  deux  sœurs;  nous 
avons  encore  unfrere;  maman  est  bien  souffrante  : 
nous  avons  eu  le  malheur  de  perdre  mon  papa, 
il  y  a  un  mois,  et  nous  sommes  bien  dans  la 
peine  n.  Cet  enfant  s'exprimait  avec  fine  sensibi- 
lité si  touchante,  que  j'en  fus  élnU.  J'avançai  <juel- 
ques  pas  vers  le  milieu  de  la  place  Vendôme  :  je 
trouvai  effectivement  sa  mère  et  ses  deux  sœurs  , 
dont  la  plus  âgée  a  environ  douze  ans.  Sur  quel- 
ques questions  que  je  fis  à  la  mère,  je  parvins  à 
découvrir  sa  demeure.  Souvent  on  emprunte  la 
voix  du  malheur  pour  obtenir  ce  qu'on  désire, 
souvent  aussi  ce  n'est  point  une  chose  factice; 
et  dans  cette  circonstance  ,  malheureusement  trop 
fâcheuse  ,  c'était  une  réalité.  Je  desirais  prendre 
quelques  renseignemens  sur  le  compte  de  ceue 
famille;  j'y  suis  parvenu.  J'ai  eng'agé  ce  jeune  en- 
fant à  me  venir  voir.  Je  l'ai  inieirogé  ;  j'ai  su  que 
souvent  leurs  courses  nocturnes  (car  le  véritable 
malheureux  se  cache  et  n'ose  montrer  sa  position 
au  grand  jour)  étaient  infructueuses.  Ce  jeune 
enfant,  dont  la  physionoiliie  est  douce  ,  l'exté- 
rieur intéressant,  m'a  raconté  aujouid  huile  fait 
suivant;  c'est  lui  qui  parle: 

n  Mon  papa  éiait  employé  dans  lep  farines  (les 
subsistances);  quelqu'un  lui  dorr.  r  rf  paiement 
un  billet  qu'il  pjssa  ;  mais  n'ay?r  pas  c^  l'^'yé  .  et 
celui  qui  le  lui  avait  donne  séi.i.;;  abserué  ,  mon 
papa  a  été  mis  à  la  Force  pc  •.  Jant  ,  J-jue  tems. 
Il  en  est  sorti;  mais  à  la  suite  ;.  fst  i.ïnbé  malade; 
sans  place  et  sans  moyens,  noji..  .'lions  à  la  nuit- 
solliciter  la  bienveillance  des  pansans  ,  pour  lui' 
avoir  ce  qui  lui  était  néces:-a;ie.  Un  soir,  je  ren- 
contrai un  monsieur  qui  portait  des  lunettes  ;  je 
lui  demandai.  Il  fouilla  dcns  s3.  |ioche  ,  et  me 
donna  12  sou«  :  u  Comment  vous  appelez-vous  , 
mon  enfant?  Etes-vous  sans  père  c:i  raere  ?  ;>  — 
u  Non  ,  mbnsieur ,  mon  vùo?  e  ,t  malade  ,,et  ma- 
man est  là-bas  avec  mes  sans,  pour  lâcher,  de 
leur  côté  .  d'obtenir  quelque  c-ioie  de  la  commi- 
sération des  pasiins,  pour  pouvoir  secourir  mon 
papa,  qui  est  dans  son  lit  depitis  plusieurs  jours.)) 
Ce  monsieur  me  suivit.  M?man  était -assise  sur  une 
pierre .  cl  se  leva  ;  ce  monsieur  U  tn~asseoir.  Il  lui 
fit  plusieurs  questions;  il  lui  demâiida  sa  de- 
meure, son  nom  ,  et  lui  donna  une  pièce  de  vin"t- 
quatre  livres.  Maman  ,  en  rentrants  "ut  que  ce 
monsieur  s'était  trompé,  et  aurait  desiié  avoir  sa 
demeure,  pour  lui  dire  que  c  éi..it  un  louis  qu'il 
lui  avait  donné.  Le  lendemain,  un  ebirurgien, 
que  nous  ne  connaissions  pas,  vint  voir  mon 
papa;  il  y  revint  le  surlendi.raain  ,  et  apporta 
cent  francs  à  maman.  Nous  avons  su  que  c'était 
Lucien   Bonaparte  ,   qui   avait  cette    bonté    pour 


sur  la  topographie  deMarseille  et  de  ses  environs. 
Le  ministre  de  l'intérieur  a  invité  le  préfet  des 
Bouches-du-Rliône  à  examiner  cet  écrit  ,  et  lut 
faire  part  des  observations  dont  il'lï^croirait  sus- 
ceptible. ,  '. 

Le  ptéfet  a  fait  une  réponse  très-étendue  et 
très-soignée  ,  a  joint  le  rapport  qui  lui  'a  été  fait 
par  la  société  de  médecine  de  Marseille  sur  le 
travail  de  Raymond";  ce  rapport  sera  publié  en 
eniier  ;  on  se  borne  aiijourd  hui  à  donner  l'extrait 
suivant  de  la  lettre  du  préfet. 

Note  SUT  la  population  de  Marseille,  en  l'an  1800, 

Tout  porte  à  croire  que  la  population  de  Mar- 
seille et  de  son  lerriioire.  à  beaucoup  augmenté 
depuis  1778  (ij.  Je  n'ai  pas  encore  le  lelevé  exact 
de  la  population  de  la  municipalité  du  Midi  ,  on 
y  travaille. 

La  population  efFective  des  deux  a'ulres  muni- 
cipalités  est  de  6o.85i  de  tout  âge  ,  etc. 
En  1778,  le  nombre  des  maisons  Augmenf. 

dans  la  ville  était  de     .     ,     .      7478  >        ^ 

Eu  1800,  il  est  de ioi5o5     ^^^^    . 

,  En  1778  ,  le  nombre  des  mai- 
sons de  campagne  était  de    .      41875  c<i 
En  1800,  il  est  de,'.    .    ;    ;    .     835o5     ^"'^ 


Total  de  l'atigmentalion  . 
c'est-à-dire  ,  de  plus  de  moitié. 


y. 


avait  rassemble    une    bibliothèque    nombreuse  ,,  no^s.  Maman  lui   écrivit   pour  le  remercier,  et 


dont  une  collection  précieuse  de  livres  boiani 
*îjues  et  d  histoire  naturelle  fesait  partie.  De  son 
vivant ,  il  lavait  déjà  donnée  à  l'université  pour 
la  rendre  publique.  Les  citoyens  Hermann  ,  à 
Strasbourg,  et  Lachenal  ,  à  Bâie  ,  tous  deux  bo- 
tanistes célèbres  ,  sont  morts  presque  le  même 
jour. 

Hermann  était  en  outre  un  anatomiste  célèbre  ; 
son  ouvrage  sur  les  affinités  animales  l'a  placé 
très-près  des  Perrault,  des  Daubenlon  ,  des  ViCq- 
d'Azyr  ,  de  ces  savans  qui  ,  ayant  autant  de  phi- 
losophie que  de  Sicience  ,  ont  voulu  étudier  le 
physique  de  l'homme  dans  celui  des  animaux. 

La  mort  d'Hermann  laisse  un  grand  vide  dans 
l'école  de  santé  de  Strasbourg.  Son  caractère  lui 
était  aussi  utile  que  ses  lamieres.  Et  à  travers 
les  dissentions  qui  existent  entre  les  médecines 
française  et  allemande  ,  personne  n  était  plus  pro- 
pre que  lui  à  proposer  et  à  faire  accueillir  , 
sinon  l'olivier  de  la  paix,  du  moins  une  dis- 
•cussion  purement  scieiuiHque,  et  qui  ,  quoique 
inutile  aux  combaitans  de  chaque  parti  ,  sert 
toujours  à  éclairer  les  jeunes  gens. 

—  On  a  trouvé  dans  les  environs  de  Nancy 
tine  mine  de  charbon  de  terre  ,  dont  on  espère 
tirer   un  grand  parti. 

—  L'école  de  médecine  tiendra  ^  le  23  de  ce 
mois  ,  à  midi  précis ,  une  séance  publique  ,  pour 
l'ouverture  des  cours  de  cette  année  et  la  distri- 
bution des  prix  de  son  école  pratii|ue. 

—  On  lit  dans  le  Journal  des  débats  <  la  lettre 
suivante  : 

«i  Le  hasard  me  fit  rencontrer,  il  y  a  (juelqucs 
jours ,  un  enfant  de  onze  ans ,  qui  me  sollicita  vi- 
vement d«  lui   donner  quelquci  secours;  <(  Ce 


nous  croyions  loucher  au  terme  de  nos  maux, 
car  il  venait  de  faire  avoir  uue  place  de  quatre 
mille  flancs  ,  aux  barrières  ,  à  mon  papa  v  mais  la 
joie  que  lui  causa  celte  nouvelle'  le  liansporta 
au  point  que  ,  comme  il  était  encore  itès-souf- 
Irant,  il  en  est  mon.  Depuis  ce  lems-là  ,  maman 
a  rencontré  une  dame,  qui  lui  donne  quelques 
secours,  et  a  promis  que  quand  je  serais  en  état 
de  bien  écrire  ,  M.  Anson  ,  son  mari  ,  me  place- 
rait  à   la   poste.  >) 

,  Voilà  le  fait  te!  que  le  jeune  Fléchelle  rrie  l'a 
raconté.  Celte  famille  ,  si  on  peut  en  juger  sur 
les  apparences  ,  paraît  dan.s  une  posiiiou  à  mé- 
riter l'intérêt  que  le  minisire  de  linléiiiur  est 
dans  le  cas  d'y  prendre  ,  et  celui  de  tduies  les 
âmes  sensibles.  C'est  ce  motif  Seul  qui  m'a  porté 
à  rendre  compte  de  cet  événement ,  dont  le  hasard 
aussi  m'a  procuré  la  découverte.  Je  n'ajouterai 
rien  de  plus  à  ces  faits  ;  les  voilà  ,  mot  pour 
mot,  tels  que  je  les  tiens  de  la  bouche  de  cet 
enfant. 

MlCAULt   tA    VlËlJViLLÈ. 


Beaucoup  de  pesonnes  croient  que  la  popu- 
latio.i  de  la  France  est  considérablerhent  dirtiinuée 
depuis  1789,  et  celui  qui  dit  qu'elle  est  augmentée  , 
paraît  exaL,érer  bu  croire  trop  légèrement. 

Untiavallqui  se  fait  en  ce  moment  avec  quelque 
soin,  prouvera  bieiiiôi  que  le  nombre  d'hOmmcs 
habitans  l'ancien  térriloire  de  la  France,  est  plutôt 
augmenté  que  diminué  depuis  1789.  Il  seraii  trop 
long  d'en  rléduirt  ici  les  caiises  cpji  seront  expo- 
sées en  détail  ;  je  vais  seulement  citer  un  fait 
assez  imporlanl. 

Les  mémoires  de  l'ancicnnesociété  de  raédecihe 
renleimenl  un  travail  fort  bien  fait  de  Raymond, 


ACTES  ADMINISTRATIFS; 
MINISTERE   DE   LA   GUERRE.' 

Le  ministre  de  la  guerre ,  au  comité'  des  revues, , 
aux  inspecteurs  aux  revues  ,.  aux  commissaires' 
ordonnateurs  et  ordinaires  des  guerres  nnployés 
dans  tes  divisions  militaires  ,  aux  conseils  d'ad- 
ministration .  aux  payeurs  des  troupes  de  là 
républiijue  ,  aux  préfets.  —  Paris  .Un  vendé- 
miaire., an  g  de  la  république  franqaise  ,  une  et 
indivisible. 

L'arrêté  des  conslils  du  i"  fruciidor  an  8, 
citoyens  ,  prèse^stoit  plusieurs  lacunes  ,  en  ce 
qui  concerne  l'allocation  des  inderrmiiés  de 
roiite  aux  militaires  marcliani  isolément  ,  ou  éloi- 
gnés de  leurs  corps,  des  rtendards  et  des  dra- 
piâUk.  Les  consuls  de  la  république  s'éiahi  fait 
■  représenter  l'état  de  ceux  auxquels  elles  pouvaient 
être  légitimement  accordées  ,  ont  décidé  que  le 
supplément  d'étape  ,  tel  qu'il  est  stipulé  dans  lai;- 
ticle  VII  de  l'arrêté  précité  ,  serait  alloué  ,  à  titre 
d'inderiinité  de    rbuie, 

1°.  Aux  oSif.iers  d'étai-major  triarChànt  isolé- 
ment ,  ou  avec  leurs  généraux,  ou  avec  ordres  ; 

a°>  Aux  officiers  désignés  dans  l'article  5CI  d'e 
l'arrêté  dti  directoire  exécutif,  du  22  messidoic 
an  5  ; 

3".  Aux  recriies  et  volontaires  qui  se  rendent  â 

ileur  destinatibn  ; 
4°.  Aux     militaire^    sortaht    des    prisons     dà 
l'ennemi  ; 
b°.  A  ceux  congédiés  pour  infirmités  bii  bles- 
I  sures,  et  ayant  droit  à  la  solde  de  iretraiie  ; 
I      6°.  A  ceux  qui  ,  pour  la  mêrtie  cause  ,  se   reri- 
1  dent  aux  invalides  ; 

j       7°.  A  ceux  Congédiés  pour  infirmités,  et   reri- 
1  voyés    chez  eux  ; 
I      8°.  Aux  vétérans  qui  vont  rejoindre  i 

9*.  Aux  militail-es  qui  paSsent  d'un  corps àuitt 
autre  ;  ,  • 

10"*.  A  ceux  acquittés  par  jugernerit  ■ 
11°.  A  ceiix  qui  ,  étant  en  congé  ou  en.'pcr- 
rhissidn  ,  sont  dans  l'irhpbssibiliié  de  rejoindra 
sans  l'avance  de  l'indeirinité,  sauf  la  releniie  k 
en  faire  dans  les  Cas  prévus  par  I  arrêté  du  26  ven- 
tôse  dernier; 

Cette  indemnité,  citoyens,  est  la  iliême.que', 
celle  accordée  par  la  loi  du  23  floréal  an  5  ,  et 
l'arrêté  du  22  messidor  suivant.  Vous  deviez  donc 
suivre,  tant  pour  son  allocation  que  poUr  la 
comptabilité  qu'elle  exige,  les  fofmts  prescriiei 
par.  les    lois    et    règlement  préciiés  ,     et   par  lest 


Miit  Kl.  Raymond  ',  h  pdpilbtioii  de  Marseille 
cje  tout  âge  et  de  tout  sexe. 


.  (l)En  /77S,  -_.. 
était  de  9o,o56  iiabi 
En  1800  ,  il  y  a  indép 

:hcf3  de  famille  assujittl  à  la  conl;rib 


rit  de*  prblétîifes  et  de 


gers  i8,?oo  chefs  de  famille  assujitti  à  la  conl:nbutioii  personne: 
et  mobiliaîre  ,  ce  qui  suppose  iJo.Soo  individus  de  tout  kge  i(  > 
toill  ttie  ,  a.  laiiAta  ii  ■S'-p»i  fànltlli;  , 


circulaires  de  mes  iirécieccsseurs  ,  en  date  des  54 
vendémiaire  an  7  ,  ei  22  veniôse  ian  S. 

Je  vous  recommande  ,  ciioycns  ,  de  tenir,  en 
ce  qui  vous  concerne  ,  la  niiiin  à  I  exécution  ues 
lois  et  réglemens  rclaùfs  à  celle  indemnité  ;  de 
vous  opposer  aux  fansics  applications  et  aux 
préieniions  de  ceux  qui  ne  comptent  pour  rien 
les  pertes  qui  résultent ,  pour  le  trésor  public  ,  de 
•'quelques  extensions  illégales. 

Votre  ze!e  et  votre  atiaciiement  aux  iniciêis 
du  gowvernenient  ^  me  sont  un  ga;j,e  certain  de 
wotrc  empressement  à  vous  ronrornitr  aux  dispo- 
sitions de  cette  lettre  ,  dont  vous  voudrez  bien 
jn'aecuser  la  técepTiOQ. 

Je  vous   salue  V.  Carnot. 


MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Le  ministe  de  l'intérieur  invite  les  architectes 
qui  ont  concouru  pour  le  monument  à  élever 
siir  reraphutiTient  du  Château-Trompette,  à  en- 
voyer leuin. plans  ai  administration  du  Muséum 
central  des  aits  dans  les  délais  fixés  par  le  pro- 
gramme. 

Les  administrateurs  sont  chargés  de  renfermer 
ces  plans  dans  une  partie  de  la  galerie  non 
ouvette  au  public  ,  en  attendant  l'exposition  qui 
doit  avoir  lieu.  L.  Bonaparte. 


RIINISTERE    DE   LA    MARINE. 

Il  est  entré  le  i5  vendémiaire  ,  dans  le  port  de 
C.dais  ,  un  Smogleur  anglais  chargé  de  genièvre  , 
pris  par  le  corsaire  le  Coureur,  de  Boulogne, 
capitaine  Bouchard. 


82 

de«  divisions  de  la  etande  l'aiftille  du  Pryfané^,'';  «eî^n-ëe 
Là  seront  aussi  élevés  des  enlans  de  nos  gutiriers 
ou  des  fonctionnaires  publics  ,  morts  pour  servir 
leur  pajs,  et  les  citoyens  auront  également  la 
faculté  d'y  placer  leurs  enfans  à  titre  de  p^tisiôn- 
naires. 

L'administration  du  Prytanée  est  chargée  'de 
pourvoir  paternellement  aux  besoins  et  au  bien- 
être  de  ces  établissemens  ,  dont  le  ministre  de 
l'intérieur  lui-même  à   l'immédiate  surveillance. 

Ce  ministre  ,  si  z;lé  pour  la  propagation  île 
l'instruction  publique  ,  a  préparé  tous  les  régle- 
mi:ns  nécessaires  pour  rndnunistration  ,  la  dis- 
cipline ,  riusttuctioji  ,  les  précauiiorfs  dé  salu- 
brité et  de  santé  de  ces  établibstrnens.  Ces  tégie- 
raens  sont  le  résultat  de  touteii  les  expéiieuces  et 
de  toutes  les  lumières. 

Tant  d'attentions  d'un  gouvernement  sage  in- 
diiiuent  assez  quel  genre  d'éducation  il  veui  don- 
ner ,  tant  à  ses  enfans  adoptlfs  qu'à  ceux  des  autres 
citoyens.  ' 

Tel  est  l'esprit  général  des  réglenitns  et  des 
institutions  qu'ils  prescrivent  ,  que  les  élèves  trou- 
veront dans  lés  collèges  du  Prytaoée  ,  des  lt^;ons 
de  morale  qu'ils  mettront  sans  cesse  en  piaii- 
que  :  une  instruction  méthodique  et  vaiiée  :  toutes 
les  précautions  et  tous  les  exercices  propres  a 
conserver  la  santé  et  à  former  les  bonnes  ha- 
bitudes du  corps.  EuHn  tous  y  apprendtont  à 
remplir,  dans  toute  leur  étendue  ,  leurs  devoirs 
à  l'égard  de  l'être  suprême,  d'eux-mêmes,  de 
leurs  semblables  et   de  leur  patrie. 


elles  seront  sur-trurt  utrr^récom pensé 
de  ij  tioiiue  conduite  et  de-  i'apjilicaiioii  daus 
les   autres  éiurles. 

Tous  encore  seront  formés  à  la  gvmnastique, 
au  maniemeTit  des  armes,  aux  exercices  mili- 
taires, si  propres  à  entretenir  la  santé  ,  la  force 
et  l'agilité. 

La  gyianastique  ,  si  négligée  parmi  nous  ,  si' 
prisée  chez  les  anciens  ,  aura  enfui  ses  exercices 
comr.ie  ses  récompenses.  Le  ministre  de  l'intérieur 
pirépaie,  sur  cet  objet  iniécessani  .  l'ii  i^-yjenient 
qui  réimira  riigiéablc  à  luiiie  ,  et  (jui  sera  le  type 
des  exCicices  du  corps  de  la  jeunesse  française. 
Le  gouvememeni  sait  que  les  bo-KBCs  habitudes 
da  .corps  contribuent  à  Fénei.gie  de  1  ame  ,  et  que 
1  éducation  ne  doit  pas  moins  être  un  moyen 
de  sauté  et  die  .force  ,  que  d'ilisl-ruçiion  et  de 
moralité. 

•Tel  est  l'api^erçu  de  linsiructioh  que  le  goùver- 
nemetit  juge  nécessaire  pou"  former  des  citoyeas 
éclaiïcs  et  utiles,  premier  but.  de  toute  boisne 
institution    sociale. 

L'administration  du  Prytanée  n'exposera  point 
;iux  pères  de  iamille  ses  droits  à  leur  confiance. 
Elle  se  contentera  de  leur  dire  qu'elle  remplit  ses 
fonctions  à  titre  entièrement  gratuit;  qu'unique- 
ment jjjlouse  d  être  utile  ,  et  de  concourir  aux 
picigiès  de  léducation  de  la  jeunesse  française, 
elle  ne  néglige  rien  pour  se  rendre  digne  de  la 
confiance  dont  le  gouvernemetu  l'a  honorée,  et 
de  celle   des  pères  de  famille. 

L'administration  du  Prytanée  ,  d'après  les  ordres 
Les  élevés  sont  répartis  dans  l'intérieur,  par  j  du  minislie  de  llntérieur,  prévient  les  pères  de 
divisions  de  vingt  à  vingt-cinq  au  plus.  Chaque  ;  famille  que  le  pensiof.nat  est  ouvert   dès  aujouf- 


Prytanée    fran 


Ç   A   I   s. 


Les  admitiistrateurs  du  Prytanée  français  vien- 
nent d'adresser  aux  pères  de  famille,  une  notice 
intéressante  sur  cette  institution.  En  voici  les 
|)assages  les  plus  remarquables. 

Un  seul  établissement  'd'instruction  publique 
»'est  maintenu  pendant  le  cours  de  la  révolution. 
C'est  l'ancien  collège  de  Louis-le-Grand  ,  sous 
le  nom  de  collège  de  l'Egalité  ,  régénéré  depuis 
par  le  bienfait  du  gouvernement  ,  sous  le  nom 
de  Prytanée  franç.iis. 

Cet  établissement  a  acquis  une  juste  célébrité  , 
par  la  bonne  éducation  et  l'instruction  soignée 
qu'y  reçoit  la  jeunesse.  Rien  n,'a  été  négligé  pour 
y  pettectionner  les  méthodes  d'enseignement  ; 
l'instruction  y  est  confiée  aux  plus  habiles  maî- 
tres :  les  progrès  et  les  succès  des  élevés  ont  été  , 
pour  les  pctes  de  famille  ,  la  garantie  Iti  plus  sûre 
de  la  bonté  de  l'institution. 

^  Le  gouverneraentsage  qui  nous  dirige  ,  a  com- 
pris que,  de  la  bonne  éducanon  de  la  jeunesse  , 
dépendent  le  bonheur  et  la  stabilité  de  ia  répu- 
blique; il  s'est  fait  rendre  un  compte  exact  de 
l'organisation  du  Prytanée  ,  où  déjà  étaient  soi- 
gneusement élevés  un  grand  nombre  d'enfans 
envoyés  des  diverses  parties  de  la  France.  Il  a 
constitué  cet  établissement  sur  un  plan  plus 
vaste.  Il  veut  que  le  Prytanée  offre  le  mode  e 
d'une  bonne  éducation  nationale  ,  et  qu  il  soit 
eu  même  tems  un  monument  de  bienfesance  élevé 
jjar  la  patrie  reconnaissante. 

Un  arrêté  des  consuls  ,  du  i'^  germinal  an  8, 
a  ordonné  que  ,  sous  le  nom  générique  de  Pry- 
tanée français,  et  sous  une  même  administration 
■centrale  ,  seraient  établis  ,  dans  divers  points  de 
la  république,  des  collèges  oti  seront  admis,  à 
litre  de  récompense  nationale  ,  les  enfans  de  nos 
guerriers  morts  au  champ  d  honneur ,  et  ceux 
des  fonctionnaires  publics  qui  auraient  perdu  la 
vie  dans  lexercicede  leurs  fonctions.  Ces  enfans, 
nommés  par  le  premier  consul  ,  sont  élevés  gra- 
tuitement avec  toute  i'auention  qu'auraient  ap- 
portée à  leur  éducation  les  respectables  pères  de 
famille  ,  dont  le  gouvernement  prend  la  place. 
Afin  de  propager  l'éducation  libérale  et  vriiment 
nationale  qui  est  donnée  au  Prytanée  ,  le  gouver- 
tiemeni  a  ordonné  qu'à  côté  de  ces  précieux  éle- 
vés ,  les  citoyens  pourraient  y  placer  leurs  enfans 
comme  pensionnaires  ,  pour  être  élevés  ensemble 
Jivec  les  mêmes  soins  ,  sans  autre  distinction  que 
celle  de  l'émulation  et  des  talens. 

Le  collège  de  Paris  existe  déjà  depuis  lon<^- 
tems  ,  et  est  connu  sous  le  nom  de  Prytanée 
f.ançais. 

Un  second  collège  vient  d'être  fondé  dans  la 
magnifique  maison  de  Sjint-Cyr  ,  près  de  Ver- 
sailles. Une  colonie  de  i5o  élevés  y  a  été  en- 
voyée de  Parts  :  déjà  les  études  y  soat  en  pleine 
activités  1 

Un  troisième  collège  a  été  établi  à  Compiegne  ,  ; 
dans  le  palais  même  ,  qui  e^t  un  des  plus  beaux  1 
et  des  plus  vastes  édifices  de  la  république  :  il  j 
est  déjà  en  exercice.  '. 

Un  quatrième  va  être  établi  à  Foiilainebleau  ,  ! 
dans  le  château  :  Versailles  ,Brtjxeilei  ,:ty 00  mu- 
tent iacessammeat  leurs  collèges ,  qui  formeront 


division    renferme  ,     sous   la    raêine    clef 
salle  d'étude   et  des  dortoirs ,    et  forme  ainsi  une 
sorte   d'habitation  sépaiée  ,   confiée  à  un  institu- 
teur expérimenté. 

La  surveillance  active  du  directeur  embrasse 
toutes  les  divisions  ,  et  garantit  l'exactitude  des 
instituteurs  et  des  élevés- 

Le  plan  d'instruction  est  combiné  graduellement  I  tional  ,  connu  par  ses  travaux  littéraires,    et 
pour   les  âges  de  l'enfance  ,   de  la  première  ado-     expérience  dans  l'éducation  de  la  jeunesse, 
lescence  ,  de  la  jeunesse  ,  et  déjà  l'expéticnce  en 


d'hui  ,   dans   trois    des    collèges    dépendans    du 
Piy'.anée  ,  en    attendant    nue    les'  autres    soLciit 
oiganisés. 
Ces  collèges  sont  : 

1°.  Le    collège  de  P.iris,   qui  est  depuis  long- 

tenis    en    exercice,    et   qui   a    pour  directeur  îe 

I  citoyen   Champagne,   membre    de    l  institut    na- 

ton 


a  démontré  les  avantages  au  Prytanée.  On  y  a 
substitué.,  aux  anciennes  routines  ,  des  méthodes 
simples  et  éprouvées  ,  qui  économisent  le  teras 
piécieux  de  la  jeunesse.  On  n'a  pas  cherché  à 
faire  trop  embrasser  aux  enfans  ;  c'est  une  Vaine 
piétenlion  qui  ne  sert  à  former  que  des  hcmiues 
superficiels.  On  a  examiné  soigneusement  a 
qu'un  enfant,  peut  apprendre  dans  l'espace  de 
six  ou  sept  ans,  et  cherché  les  moyens  les  plus 
simples  de  le  lui  apprendre  bien. 

L  enfance  est  sur-tout  formée  à  la  connaissance 
de  la  langue  française,  première  et  indispensable 
élude  ,  qui  n'est  jamais  abandonnée  pendant 
toute  la  durée  de  l'instruction.  Les  langues  giec- 
que  et  latine  sont  soigneusement  enseignées  , 
par  les  méihodes  sûres  des  Duniarsais  et  des 
Contrlillac  ,  qui  épargnent  et  le  lens  et  souvent 
le  dégoût  des  élevés.  La  littérature  tant  ancienne 
que  moderne  ,  l'art  décrire  tant  eu  prose  qu'en 
vers,  sont  l'objet  d  une  étude  sérieuse.  Une  grand 
attcniion    est   donnée 

ques ,  afin  que  les  élevés  ne  s'en  tiennent  pas 
à  des  notions  éléinentaircs  de  cette  belle  science, 
et  qu'ils  soient  en  état  ,  après  leur  cours  ,  de  se 
piésentcr  aux  examens  de  lEcoie  politechnique , 
de  la  marine  et  de  tout  autre  se. vice  public. 

La  géographie  est  soigr  eusemcnt  enseignée  , 
et  les  élevés  y  sont  fotmés  ,  tant  par  1  ensei- 
gnement oral  que  par  l'an  pratique  de  la  com- 
position et  du  dessin  des  cartes. 

L'histoire,  dont  les  différente»  époques  sont 
répandues  dans  le  cours  des  études-,  suivant  l'âge 
et  le  développement  de  l'intelligence  des  clevel, 
1  histoire  naturelle  ,  la  chimie  et  physi.jue  expé- 
rimentale ,  les  principales  langues  vivantes  ,  telles 
que  l'anglais,  l'allemand,  1  italien ,  complètent 
le  cours  déiude. 

Tous  apprennent  aussi  àéctire,  an  utile  dans 
toutes  les  circonstances  de  la  vie  ;  à  dessiner 
d'après  la  bosse,  d  après  l'antique  et  d  après 
nature  :  le  dessin  d'architecture  et  d'histoire 
naturelle  est  également  cultivé. 

Enfin  toutes  les  parties  du  cours  d'étude  sont 
liées  ,  pour  faire  un  corps  unique  d'instiuciion  , 
dont  l'organisation  est  tellement  combinée,  que, 
sans  trop  charger  la  mémoire  et  l'inte  licence 
des  élevés  ,  tous  peuvent  apprendre  succe-stve- 
meiit  et  bien  ,  tcms  les  ëlémens  des  connais- 
sances qui  constituent  l'ensemble  d'une  bonne 
instruction. 

Cet  enseignement  ,  dans  chacun  des  collèges 
du  Prytanée,  est  confiée  à  douze  professeurs 
choisis  par  le  ministre.  Leurs  lalcns  et  leur  expé- 
rience sont  une  garantie  assurée  des  progrès 
-et    des  succès  des   élevés. 

Une  belle  bibliothèque  qui  ajoute  à  tous  les 
autres  moyens  de  connaissances  ,  est  ouverte 
tant  aux  raaî'res  qu'aux  élevés. 

Les  arts  ,  qui  ornent  et  embellissent  la  vie  , 
entientaussi  dansleplan  de  l'instruction.  Ladansc, 
la  musique  ,  l'escrime  ,  l'équitation  ,  sciont   eu- 


2°.  Le  collège  de  Saint-Cyr  ,  près  de  Versailles  , 
département  de  Seine-el-Oi^e  ,  qui  a  pour  direc- 
teur le  citoyen  Sallior  ,  homme  de  lettres  et  ancien 
magistrat. 

3°.  Le  collège  de  Compiegne  ,  département  de 
l'Oi.-e  ,  cjui  a  pour  directeur  le  citoyen  Crouzet  ,  , 
membre  associé  de  l'institut  national  ,  ancien  pro- 
fesseur et  directeur  de  1  école  de  Liancourl. 

(  Ici  se  trouvent  les  conditions  du  pensionnai, 
dont  le  prix  est  fixé  à  900  fr.  pour  Paris  ,  et  à 
Soo  fr.  pour   les  autres  collèges.  ) 


Essai  statistique  du  département  du  Calvados. 

Nous  ne  lèpétcrons  pas  ici  ce  que  nous  avons 

dit    de    l'utilué    des   connaissances    positives    en 

matières  de  statistique  et  d'économie  politique; 

I  sans   elles  la  théorie  des  principes   et   les  calculs 

i  approximatifs  ou  résultats  présumés  ne  sont  sou- 

I  vent   que  des    causes   d'erreurs  ,   et   ne   peuvent 

l'étude    des   math^maii-  iJ^.™*'^.*^"'''^"^  dans  la  conduite  des  affaires  admi- 
I  nistratives. 

I  Nous  continuerons  donc  à  recueillir  ce  qui  peut 
instruire  et  éclairer  suri  état  tenitoiial ,  industriel, 
maiitime  de  la  France  ,  et  faciliter  l'étude  de  ces 
objets  imporians  d'économie  politique. 

Le  Calvados  fait  partie  de  la  Normandie  ;  il  tire 
son  nom  d'une  suite  de  ichcrs  qui  en  bordent 
la  partie  septentrionale  ;  il  esi  limité  au  nord  par 
la  mer,  au  midi  par  le  département  de  lOrne, 
au  couchant  pr-.r  celui  de  la  Manche  ,  au  levant 
-par  celui  de  l'Eure. 

Son'étendue  territoriale  est  de  286  lieues  quar- 
rées  ,  1,117,643  arpens  ou  570.427  hectares.     . 

Sa  population  est  de  484,212  individus,  c'est 
16S1  par  lieue  quarrée. 

Caen  ,  chel-lieu  de  ce  déparlement,  est  une 
ville  de  34,8o5  habitans  ,  dont  la  plus  grande 
partie  est  occupée  aux  fabriques  de  dentelles,  de 
bonneterie  ,  etc.  Elle  communique  avec  la  mer 
par  la  rivière  d'Orne  ,  qui  lui  donne  quelques 
lacilués  pour  le  commerce  et  le  transport  des  pro- 
ductions du  sol. 

Ces  productions  sont  nombreuses  et  de  pre- 
mière nécessité  ;  elles  consistent  en  blé  ,  seigle  , 
sarrazin  ou  blé  noir,  haricots,  pois  et  autres 
grains.  On  y  cultive  le  lin  et  le  chanvre  pour  les 
loilcs  et  les  cordages  ;  la  navette  pour  en  exiraine 
l'huile.  Les  prairies  qu'ariosent  les  rivières  de 
Vire,  d  Orne  ,  d'Aurc  et  Drôme  nourrissent  de 
nombreux  troupeaux  de  bœufs  ,  de  moutons.  On 
y  comptait  en  Tau  4,  2.10.000  bêles  à  laine,  suivant 
les  états  envoyés  par  les  districts  à  la  commission 
du  commerce  et  des  arts. 

Les  chevaux  du  département  sont  une  de  sçs 
plus  belles  productions  .  ils  sont  connus  p.ir  ia 
beauté  de  leurs  formes  ,  leur  force  et  leur  agiliaé  , 
et  lont  l'objet  d'un  commerce  lucratif  pour  les 
propriéiaires. 

Les  prairies  artificielles  ont  fait  des  progrès 
dans  le  Calvados,  elles  y  ont  très -bien  réussi; 


elUî  donnent  souvent  de'h  nourriture  aux  \'3cho« 
et  aux  anitiiaux.  emj)loyé3  à  la  cultufe. 

La  vigne  n'y  est  point  cultivée  ;  elle  est  rem- 
placée par  le  pommier  et  le  poirier  qui  fournissent 
ie  cidre  et  le  poiré  dont  où  extrait  de  irèu-boiuiç 
eau-de-vie. 

En  tçénëral  ,  dans  les  années  d'abondance  ,  le 
déparlement  du  Calvajos  produit  plus  qu'il  ne 
faut,  de  subsistances  pour  la  nourriture  de  ses 
nombreux  habitans. 

On  commence  à  s'y  plaindre  des  dcfrichemens 
et  bois,  qui  en  diminuent  la  quantité  au  point 
de  faire  craindre  les  suites  fâcheuses  du  déboi- 
sement pour  la  consommation  et  la  bonté  du 
climat. 

Les  terreins  déboisés  tlonnent  ,  les  premières 
années  ,  un  produit  doiible  des  auires  ;  cette  rai- 
son a  pu  accroître  les  défiichemens  au-delà  de 
Ja  juste  mesure;  mais  peut-être  que  les  mêmes 
motifs  qui  ont  déterminé  des  iegisiaicurs  éclairés 
à  prescrire  le  mode  de  coupe  des  bois  pour  en 
prévenir  la  destruction  ,  engageront  le  gouver- 
nement à  prendre  en  considération  les  moyens 
qui  pourraient  ,  sans  détruire  les  droits  de  pro- 
priéié  ,  diminuer  les  débotseraens  rapides  qui 
s'opèrent  djns  le  Calv.idos ,  et  généralement  en 
France. 

Ce  département  n'olTre  que  peu  de  mines  ex- 
ploitées. La  mine  de  ferseulement  s'y  trouve  dans 
tous  les  étals  ,  et  donne  la  teinte  aux  argiles  et 
aux  grès.  Il  exi^.ie  aussi  ,  dans  difiétens  endroits  , 
des  masses  considérables  de  pyrites  martiales  , 
dont  peut-être  on  pourrait  tirer  parti  pour  les 
afis  :  on  ne  compie''qu'une  seule  fabrique  d'huile 
de  viiriol  ,  établie  près  Ronfleur.  l!  n'y  a  non 
plus  qu'une  mine  de  charbon  de  terre  ,  exploitée 
dans  le  village  de  Littry  ,  près  Baynes.  Le  char- 
bon se  transporte  par  terre  ,  à  des  distances 
coniidérsbles.  La  mine  est  en  exploitation  depuis 
1740. 

La  pêche  est  une  des  sources  de  la  richesse 
du  dépaiiemeni.  l,a  Touque  ,  la  Uive  ,  lOrnc, 
la  civière  de  Vire  .  de  D;ôme  ,  d'Aure  ,  qui  l'ar- 
rosent ,  abondent  en  difFétentes  espèces  de  pois- 
sons ,  dont  plusieurs,  tels  que  la  lamproie  et 
l'alose  ,  remouierit  la  mer.  On  pêche  aussi  sur  la 
côte  une  grande  quantité  d'huiires  ,  qui  sont 
l'objet  d'un  commerce  à  Rouen  et  à  Paris.  Les 
pêches  maritimes  ,  celles  du  hareng  ,  du  maque- 
reau occupent  beaucoup  de  monde  ,  et  sont 
l'aliment  d'une  activité  avantageuse. 

L'industrie  du  département  consiste  principa- 
lement en  fabriques  de  dentelles,  de  futaines  , 
de  bonneterie  ,  de  chapellerie  ,  en  filature  de 
coion  ,  eu  coutellerie  ,  en  quelques  draps  com- 
muns ,  appelés  draps  de  vire  ,  en  frocs  ,  grosses 
éioHes  de  laine  ,  et  en  flanelle  de  Lisieux. 

Tous  ces  objets  ,  joints  aux  bleds,  chevaux  , 
moulons  ,  bœufs  et  produits  de  la  pêche  ,  ali- 
mentent le  commerce  du  Calvados  ,  qui  ,  quoi- 
que d'un;  étendue  ordinaire  ,  est  cependant  lu- 
cratif. 

La  conliibution  foncière  était,  pour  l'an  8  ,  de 
5,864,700  fr.  ,  et  la  contribution  mobiliaire  ,  de 
770.(100.  Ces  deux  sommes  ,  réparties  sur  la 
population  ,  donnent  14  liv.  2  s.  par  tête  d'înr 
dlvidu  de  tout  âge  et  de  tout  sexe. 

Les  rivières  du  Calvados  ne  sont  pas  toutes 
propres  aux  transports  des  marchandises  par 
baieaux  ,  on  pourrait  s'occuper  d'en  étendre  et 
d  en  peileciionrter  la  navigation.  En  joignant 
rOrne  à  la  Sarihr  ,  qui  communiquera'ii  à  la  Loire 
par  la  Mayenne  ,  on  pouirait  établir  une  naviga- 
tion utile  eiit;e  ces  différentes  rivières  et  les  lieux 
OÙ  elles  se  rendent.  Peut-être  y  auraii-il  de  l'utilité 
aussi  à  unir  la  Dive  à  la  Touque  ,  au  moyen  de 
la  rivière  de  Vire  ,  et  la  Touque  avec  la  Rille  , 
dont  les  sources  sont  trèâ-ra;iprochées  ;  mais  ces 
travaux  sont  moin;,  presses  que  ceux  que  semblent 
réclamer  les  ports  de  Caen  et  de  Hor.flcur  ,  les 
seuls  piaiicables  sur  la  côie  du  Cavados. 

Le  projet  pour  le  nouveau  port  de  C.ien  a  eu 
l'assentiment  de  l'institut  ,  et  consiste'  à  cieuscr 
sons  les  murs  de  celle  ville  un  bassin  qui  serait 
alimenté  par  les  eaux  de  la  mer;  il  serait  très- 
mile  au  commerce  des  dépariemrns  envlron- 
B'ins,  ainsi  tju'à  celui  du  Calvados;  le  projet  est 
sous  les  yeux  du  ministre,  et  sans  doute  que  la 
paix  en  actéléiera  I  evécniion.  Les  f/ivascmens 
occaiionnés  par  le  rctoulemmt  des  eaux  de  la 
Seine,  tetuKnt  souvent  liès-diflîcile  l'accès  du 
pori  de  Hotiflcur.  On  a  proposé  de  remédier 
à  cet  iiiconvénieiil  en  creusant  un  canal  de  na- 
vigjtion  h;  long  de  la  livc  gauche  de  la  Seine  , 
jusqu'au  point  op[iosé  à  Villtquier ,  et  d'amener 
ainsi  les  eaux  de  cette  rivière  dans  le  port.  Ce 
canal  ouvriiait  une  communication  de  la  pleine 
mer  ;<vec  le  port  de  Itouen  ,  en  évitant  les  bancs 
chat.geans  de  .S.ii.nt-Sjuveur  et  de  Q_uillebceul. 
Pfuci-ik.'J-. 


cleciue 
avaniag 
je  vou 
un   d 


f.iiic  jouir   enfin     mes    conciioyens   des         Si  je   ne   c 
oien   constatés    dô   cmie   inocnlaiion  ,     donnerais  'la 


manière    dont   ce 


,  je   Vous 
potage<    élai'eril 


s    prie    d'insercr    la    Iclire    ci-jointe   dans     préparés;    vous    y    reconiiaîtiiez     facilement    les 
vos    prochains    numéios.  mêmes   procédés  que   l'on    emploie  aujourd'hui. 

Salut  et  parfaite  considération  , 


Vous  y    verriez   un    mélangé    Ûç     farine    ou    de 


F.  C01.ON  ,  docteur  med.  ,  rue  du  faubourg  Pois- 
sonnière ,  n".  2. 


K  li  i)   A   c 


Citoyen  ,  fâché  de  voir  que  tandis  que  l'An- 
glcietre  tire  la  plus  grande  utilité  de  la  vaccine, 
la  France  en  connaît  à  peine  le  premiers  essais, 


Depuis  plusieurs  années  on  a  découvert  en 
Angleierre  ,  et  l'on  y  pratique  avec  sucrés  ,  une 
nouvelle  méthode  d'inoculer  qui  préserve  à 
jamais  de  la  peiitc  vérole.  Cette  inoculaiion  , 
nornmée  vaccine  ,  consiste  à  faire  une  ou  deux 
piqûres  :iu  bras,  et  à  y  insérer  une  matière  de  petite 
veroie  ,  tellement  bénigne  qu'il  ne  vient  qu'un 
seul   bouioii  aux  piijûres   faites,    et  jamais  d'autre 

IITITa  '"■'  '"i  '°!1''-,'^"'^  nestpas  contagieuse;  ,  indigens. 'Honneur  donc  a  I  hoinme  philantrope 
elle  ne  demande  n.  préparation  ,  m  sotns  ,    r,    re-     qui  a  tiré  de  l'o  ,blf  cette  maime  des  pauvcs,  mais 
gime  ;   de  sorte  que  1  on  peut  vaquer  a  ses  affaires  I  graliiude  éiertiellç  aux  véritables  invenieurs   d' 
en  se   tesant  inoculer,  ou  abandonner  ses  enlans 


giuau  ,d  herbes  ,  de  racines  ,  de  tranches  de 
pain  rôties,  etc.  ;  enfin  ,  absolument  Itiut  ce  qui 
entre  dans  la  composition  actuelle  des  soupes 
économiques. 

M.  de  Kumfort  mérite  ,  sans  idot.utç  ,  de  gf^^ds 
éloges  ,  pour  avoir,  fait  revivre  une  idée  uiilo  «, 
quoique  déjà  .mise  à  cx'';  uiion  ;  m.'iis  fa  recon- 
naissai.ce  générale  doit  d'uboiil  se  porter  sur  1^ 
nation  (jui  ,  la  première  ,  avait  dccoirvcrt  'le's 
moyens  d'éteindre  la  mendicité  ,  en  procurant  â 
piix    plus    que    modique,    la   nouiriiure    aux 


à.  leurs  exercices  et  à  leurs  habitudes  ordinaires. 
Elle  se  pratique  dans  toules  les  saisons  ,  au  milieu 
de  lhlv(i,  comine  dans' les  plus  granJes  chaleurs, 
sur  l^cs  vieillards  comme  sur  les  enfnns  du  (ilus 
bas  âge.  Tant  d'avantages  paraîtraient  une  f.ible, 
si  les  expériences  faites  dans  ma  maison  n'en 
avaient  constaté  l'authenticité. 

Lorsque  je  n'avais  encore  que  la  conviction 
morale  de  la  bonié  de  celte  nouvelle  méthode, 
.1  avais  formé  à  Vaugrrard  un  établissement  pour 
cette  inocul.aion. 
Mais  aujourd'hui  qu'il  m'est  démontré  par  l'é- 
i'idence  qu'elle  n'est  accompagnée  ni  de  m.iladie, 


procède   util 


1  Ul| 


Citoyen  ,  j'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  la 
description  d'un  nouvel  iusirunienl  pour  trouver 
la  longitude  à  la  mer.inv  nié  par  des  américains. 
La  publication  de  cctic  rlcicripiion  ,  dans  votre 
journal,  peut  stimuler  nos  artistes , dans  les  ports 
eî  à  P;ris  ,  à  en  construire  et  à  faire  des  essais 
poi-r  constater  s'il  réunit  les  avaiituges  que  les 
inventeurs  lui  attribuent. 

Il  est  difficile  de  donner  sans  planches  la  des- 
cription exacte  d'un  instrument,  mais  je  pense 
que  ma  description  suffira  pour  le  faire  concevoir 
aux  personnes  de  l'an, 
ni  de  la^  plus  légère  indisposition  ,  je  reviens  à  I  Je  doute  que  l'instrument  donne  une  longjtuds 
Jr-aris  bien  peisuaJe  quil  est  inutile  aux  pa-  exacte  pendant  un  long  voyage  ,  surtout  ,  si  l'on 
rens  de  se  séparer  de  leurs  enlans,  et  de  les  éprouve  des  calmes  etque  l'on  rencontre  de  forts 
envoyer   a    grands    frais   dans   une   maison   par-     courans.  Je  suppose  le  marin  surpris  par  un  calme 

et  entraîne  par  le  courant  ,  il  change   de  place  , 


ticuliere. 


Je  me  propose  donc  d'inoculer  la  vaccine  à  '  rïlais  sans  marcher;  il  peut  faire  ainsi  beaucoup 
Paris.  Je  l'ai  déjà  dit  :  cette  inoculation  n'est  pas  I  de  chemin ,  mais  1  instrument  se  trouvant  entraîné 
contagieuse  comme  l'autre,  et  ne  peut  commun!-  ]  avec  le  marin  par  le  même  courant  ,   le  chemitl 


quer  aucune  malauie. 

J'inoculerai  gratuitement  tous  les  pauyres,  tous 
les  militaires  ou  leurs  enfans  qui  n'auront  pas 
eu  la  petite  vérole  ,  sur  une  simple  lettre  dé 
recommandation  des  comités  de  bienfesance  , 
des  différentes  administrations  et  corps  constitués. 
je  nourrirai  chez  moi  et  soignerai  continuelle- 
ment trois  nourrices  indigentes  avec  leurs  enfans 
pendant  tout  le  tems  que  durera  leur  inoculation. 

Jusqu'à  II  heures  je  recevrai  et  inoculerai  les 
pauvres  et  les   itiilitaires   qui  me  seront  adressés. 

Les  autres  personnes  qui  voudront  venir  chez 
moi  et  y  amener  k-urs  enfans  pour  y  être  inocu 
lé  ^' 


fart  ne  sera  pas  marqué  par  l'instrument  ,  parce 
qu'il  n'a  pas  éprouvé  !e  froiiement  de  l'eau.  Il  en 
sérail  de  même  du  compte-pas  ,  porté  par  un  voya- 
geur en  voiture.  L'i.isirument  et  celui  qui  le  porte 
changent  de  place  -n  même  tcnis;  la  voiture  fait 
dans  ce  cas  l'eflFet  du  cornant.  Il  est  juste  de  dire 
que  dans  les  cas  de  calme  et  de  courant ,  ou 
même  de  conrans  ,  lorsque  le  vent  souffle  ,  la 
ligne  de  lock  ne  hrooire  pas  plus  que  le  nouvel 
instrument  le  chemin  que  le  courant  a  fait  faire 
au  vaisseau  ,  parce  que  la  r.'anche  du  lock  est 
entraînée  par  le  courant  comme  le  navire.  De 
plus,  lorsque,  par  un  gros  tems  ,  le  navire  est 
mis   à   la  cape  ,  et  qu'une  mer  consitiérablemertt 


,   seront  rcçuej  jusqu'à   une  heure.    Lé  reste  ,  forte  l'enlevé  très-haut  et  plusieurs  fois  dans  une 
mon  tems  .sera  consacré  à  ceux   qui  voudront  '  minute  ,  le  navire  élèvera  de   même  1  instrument. 


m'appeler  auprès  d'eux. 

La  méthode  que  j'ai  l'inlenlion  d'employer, 
n'est  aucunement  un  secret  ,  puisque  plusieurs 
médecins  de  Pans  la  pratiquent  avec  succès ,  et 
qu'elle   a    réussi    de  même   à  Boulogne-sur-Mer. 

J'invite  tous  mes  confrères  à  suivre  mes  ino- 
culations ,  et  à  se  convaincre  par  leurs  propres 
yeux   de    la  bénigniié  ,    et   des    avantages    de   la 

vaccine.  ]e   correspondrai  avec  gra.nd  plaisir  avec  1  ■  ,-  1      ■     1  ,        . 

tous  les  médecins  des  dépariemens  qui  voudront     ™^"'"=   °'^  ^  une  autre  .   le  résultat  est  le  même 


11  y  aura  frottement  d'eau  sur  la  roue  à  lames, 
l'instrument  marquera  du  chemin  fait  ,  et  cepen- 
dant il  n'y  en  aura  pas  eu  de  fait.  Car  les  aiguilles 
de  l'instrument  maichent,  soit  que  le  navire  aille 
de  l'avant  ou  qu'il  soit  enlevé  au-dessus  de  la, 
lame  ,  et  pendant  une  terripête  ,  cela  peut  avoir 
lieu  des  millieis  de  fois  dans  un  jour.  Il  suffit 
qu'il  y  ait  frottement  par  le  passage  de  l'eau  dans 
1  instrument;  que    ce   froiiement  se   fasse    d'une 


connaître  et  propager  cette  méthode  d  inoculer. 
Je  leur  enverrai  le  virus  Vaccin  qui  pourra  leur 
être  nécessaire. 

Pour  assurer  au  public  une  tranquillité  suffis- 
santt  sur  la  confiance  quil  voudra  bieri  m  ac- 
corder ,  je  do!inerai  aux  personnes  qui  le  dé- 
sireront, (juiltance  de  ce  que  je  recevrai  pour  mes 
honoraires  ,  avec  promesse  iic  le  restituer  à  vue 
à  celle»  (]ui  gagneraient  la  petite  vérole  aptes 
avoir  été  inoculées  par  moi. 

Pour  garantie  de  cette  promesse,  je  passerai 
même  ,  si  bon  leur  semble  ,  un  acte  devant 
notaiie,  avec  hypo'heijue  sur  un  immeuble 
libre  ,  ponant  obligation  de  remboursement 
dans  le  cas  ci-dessus,  en  tant  que  je  serai  appelé 
à  le  véiifier. 

F.  Colon  ,  D.  M.  ,  rue  du  fuubourg  Poisson- 
nière ,  n°.  12. 


Citoyen  ,  on  citera  donc  éternellement  l'An- 
gleterre comme  le  beiceau  des  découvertes  ,  qui 
appartiennent  à  U  France  !Je  répéterai  cette  phrase 
du  citoyen  Cidel  D.'îvaux  ,  insérée  dans  voue 
11°  du  i3  ,  et  je  l'apjn'icjuerai  aux  soupes  impro- 
prement dites  à  la  Rumjort ,  que  les  anglais  pré- 
tendent avoir  inventées ,  quoiqu'ils  ne  puissent 
pas  ignorer  que  les  premiers  étjblissemens  de  ces 
soupes  économiques  aient  été  faits  en  France  ,  il 
y  a  jdus  il'un  siçcle. 

J'ai  entre  les  n'iains  un  recueil  de  pièces  assez 
curieuses. impritnées  sous  le  legne  de  Louis  XIV, 
rians  lequel  je  trouve  la  description  détaillée 
d'un  potage  très-sain  et  irès-nouirissant ,  qui  tic 
coniail  que  deux  sous  ,  et  qui  suffisait  à  U  sijb- 
sislance  d'un  homme  pendant  toute  une  jouince. 
Le  même  recueil  renferme  une  circulaire  du 
vice-légat  d'Avignon  ,  aux  curés  du  Comtal  , 
pour  les  engager  à  former  dans  Icors  paroisses 
des  établissemens  de  soupes  pour  les  pauvres.        j 


pour    |es  cadrans   indicateurs. 

Si  je  ne  me  trompe  pas'dàns  ces  considérations, 
qui  ne  me  sont  venues  en  tête  que  depuis  que 
j'ai  fait  la  description  de  linstiument,  et  que  jo 
l'ai  envoyée  au  eit.  ministre  d.î  la  maiine  ,  le 
nouvel  instrument  ne  remédierait  pas  aux  défauts 
du  lock  ,  mais  il  présente  aux  marins  des  com- 
modités que  n'a  pas  le  lock  ordinaire.  Au  surplus, 
c'est  à  l'expérienceà  prononcer  à  cetég.ird.  Quoi- 
que j'aie  tait  beaucoup  de  voya,^cs  de  mer  ,  je  ne 
suis  pas  matin  ,  et  je  ne  me  fl.itte  pas  de  faite 
sentir  ,  comme  un  homme  de  1  art  ,  les  âvantagÊ» 
et  les  défauts  que  le  nouvel  instrument  peut  offrir^ 

Salut  et  fraierniré  , 

MozARD  ,  ex-commissaire  des  relations  commer- 
ciales de  la  république  à  Boston;  de  pliaieurs  sociétés 
savantes  de  France  et  d  Amérique. 

Description  d'une  nouvelle  machina  de  lork,  pour 
mesurer  le  sillage  des  vaisseaux  ,  et  obtenir  ta 
longitude  en  mer;  inveutci- par  MM.  Chester  et 
Calvin  Gould  ,  de  Philadclplik  ,  et  pour  laquelle 
ils  ont  reçu  du  président  des  Etats  -  Unis  une 
patente   d'invention. 

Cette  machine  est  composée  d'un  cylindre  crenii 
de, cuivre  jaune  ,  d'environ  9  pouces  de  long  sut 
6  et  demi  de  circonférence.  Dans  ce  cylindre  en 
placé  horizontalement  un  arbre  d'environ  5 
pouces  de  long  ,  lournant  libiérhent  sur  deux 
sur>ports  ;  six  ailes  ou  lames  soin  fixées  à  cet 
aihre,  elles  sont  recourbées  sur  elles-mêmes 
veij  l^ur  milieu  ,  de  façon  à  ouvrir  avec  l'arbre 
qui  les  porie  un  angle  d'environ  70  °.  l,c 
courant  deau  frappant  sut  ces  lames  ou  aîles  les 
fait  tourner,  et  elles  entraînent  1  aibre  ?vec  ell^is. 
A  l'exltcmilé  de  cet  arbre  ,  et  à  la  partie  opposée 
a  celle  par  où  l'eau  entre  ,  est  un  pignon  oui 
s'engraine  dans  une  roue  de  rencontre  qui  latt 
tourner  un  autre  pignon  cjui  lui  est  suiiérietir. 
Ce  pignon  s'engraine  dans  une  roue  qu'il  fait 
mouvoir ,    et   celle-ci    en    met  en    mouvement 


cinq  avures.  La  4* ,  !a  5'  et  la  6'  portent  des 
aiguilles  qui  tournent  sur  des  cadrans  ;  lorsque 
ia  quatrième  roue  a  fait  une  révolution  ,  elle 
Indique  que  le  vaisseau  a  fait  100  railles;  une  révo- 
luiionde  ta  5'  roue  indiqu*  1,000  milles,  et  une  ré- 
volution de  la  à'^'  indique  20Û0  iliilles.  Les  trois 
cadrans  qiii  surmontent  ces  trois  dernières  roues . 
sont  fixés  sur  le  cylittdre  ,  une  coulisse  les  re- 
couvre de  laÇon  que  les  aiguilles  tournent  libre- 
ment ,  et  ne  soient  pas  exposées  au  frottement 
de  l'eau  ,  ni  à  rattouchémenat  d'aucun  autre 
corps. 
;  Le  cylindre  est  duvert  a  ses  deux  extrémités  ; 
â  l'upe  d'elles  et  à  la  partie  opposée  au  pignon 
'que  porte  l'arbre ,  sont  soudées  sept  ou  huit  trin- 
gles de  fer  d'environ  trois  lignes  de  diamètre  et 
de  trois  pouces  de  long.  Elles  se  réunissent  toutes 
à  un  centre  ,  de  façon  à  donner  à  cette  partie 
du  cylindre  la  figure  d'un  cône.  Au  bout  de  cette 
espèce  de  grillage  ,  est  un  anneau  fixe  ou  mo- 
bile ,  auquel  on  attache  la  corde  qui  ser  1  :sus- 
pendre  la  machine  dans  la  mer  à  l'arriére  du 
vaisseau  :  on  la  lient  continuellement  <^e  cinq 
à  vingt  pieds  au-dessous  de  l'eau  .  en  raison  de 
l'agitation  des  vagues  ,  et  afin  qu'elle  ne  soit  j.;- 
tnais  exposée  à  l'effet  de  leur  mouvement  :  on 
ipeut  retirer  de  l'eau  la  machine  aussi  souvent 
qu'on  le  veut  ,  pour  examiner  combien  le  navire 
à  fait  de  milles  ,  et  l'on  sent  qu'on  doit  faire  cet 
examen  assez  fréquemment,  pour  que  l'aiguille 
de  la  roue  qui  indique  2000  milles  ,  n'ait  pas  eu 
le  tems  de  faire  plus  d'une  révo  ution. 

Il  est  aisé  de  concevoir  que  l'eau  passant  par 
la  partie  du  cylindre  qui  est  grilllée  ,  frappe  la 
roue  allée  ,  la  fait  tourner  ,  et  celle-ci  donne  le 
mouvement  à  tout  le  reste  du  rouage  ,  qui  doit 
être  gradué  de  façon  qu'une  révolution  de  la 
4'  roue  corresponde  à  la  quantité  de  tours  que 
la  roue  aîlée  à  dû  faire  dans  un  espace  de  100 
milles  ;  la  5'^  roue  dans  un  de  1000  milles,  et 
la  6^  dans  un  espace  de  sooo  milles. 

Les  trois  cadrans  sont  divisés  en  100  parties. 
Une  de  ces  parties  du  l"  cadran  représente  un 
mille  ,  une  du  2°  10  milles  ,  une  du  3'  vingt 
milles  ,  etc. 

Toute  la  machine  est  faite  en  cuivre  jaune  et 
rouge  ,  et  pesé  de  7  à  8  livres.  Elle  ne  se  remonte 
jamais  étant  bien  faite  ,  et  elle  peut  servir  plu- 
sieurs années  sans  se  déranger.  Elle  a  été  essayée 
plusieurs  fois  aux  Etats-Unis  ,  et  les  inventeurs 
ont  reçu  des  certificats  qui  attestent  qu'elle  répond 
parfaiieinent  à  son  objet.  Les  gazettes  de  New- 
York,  de  prairial  dernier,  ont  publié  l'attestation 
suivante  ,  que  je  traduis  mot  à  moi  : 

)ï  Ceci  est  pour  certifier  que  nous  avons  eu 
Si  à  bord  de  notre  navire  la  nouvelle  machine 
SI  delock,  inventée  par  MM.  Gbester  et  Calvin 
J)  Gould  ,  que  nous  noui  en  sommes  servis 
S)  pour  uiesurer  le  sillage  depuis  Philadelphie 
î)  jusqu'à  ce  port  (t)  que  nous  avons  observé 
»)  ses  mouvemens  pendant  que  la  mer  était  calme 
>)  et  lors  qu'elle  était  agitée,  quand  le  navire 
5>  marchait  très-vite,  et  lorsqu'il  allait  lentement  ; 
S)  nous  avons  reconnu  quelle  nous  a  toujours 
j»  donné  avec  la  plus  grande  exactitude  la  dis- 
t)  tance  parcourue  dans  toutes  les  circonstances 
Ji  du  voyage.  >> 

Signé  ,  James  Meuble  ,  capitaine  et  Ephraim 
Meuble,  capitaine  en  second. 

Je  n'ai  pas  sous  les  yeux  en  ce  moment  des 
gazettes  des  Eiais-Unis ,  où  j'ai  lu  d'autres  attes- 
tations semblables  ,  données  par  des  capitaines 
qui  ont  essayé  la  machine  à  la  mer ,  mais  je 
me  rappelle  parfaitement  qu'un  capitaine  d'une 
des  frédates  du  gouvernement  américain  a  essayé 
cette  n/achine  de  Philadelphie  à  Boston  ,  qu'il 
l'a  trouvée  très-juste ,  et  qu'ayant  notamment 
mesuré  la  distance  de  l'Isle-Longue  ,  à  je  ne  me 
souviens  plus  quel  point  de  distance  mesurée  géo- 
métriquement et  reconnue  être  de  180  milles  ,  la 
machiBe  de  lock  a  indiqué  exactement  cette  dis- 
tance ,  je  crois  que  c'est  M.  'White  ,  capitaine 
de  la  frégate  la  Constitution  -,  qui  a  fait  cette  ex- 
périence, 

En  partant  de  Boston  ,  je  desirais  beaucoup 
emporter  une  de  ces  machinci  de  lock  pour  la 
temettre  au  gouvernement  de  la  république  ,  mais 
il  n'y  en  avait  pas  encore  à  vendre.  Le  prix  devait 
être  d'environ  s?^  francs.  J'obtins  cependant  la 
liberté  de  1  examiner,  et  c'est  d'après  cet  examen  , 
auquel  je  n'ai  pu  donner  que  quelques  minutes  , 
que  j'en  ai  conçu  l'idée  ,  d'après  laquelle  j'ai  fait 


cette  description.  J'observe  que  je  li'aî  pu  voir 
le  rouage  qui  fjii  marcher  les  aiguilles  ,  elles 
étaient  recouvertes  par  les  cadrans  qui  tenaient 
à  vis  aU   corps  du  cylindre. 

Arrivé  à  Paris  depuis  peu  ,  j'ai  eu  bccasion  de 
voir  le  ci4.  Lépine  ,  horloger ,  justement  célèbre  , 
demeurant  place  des  Vicioires.Je  lui  ai  parlé  de 
cette  m.  chine.  Je  lui  en  ai  fait  une  description 
très-informe.  Il  l'a  conçue  sur  le  champ  ,  et  m'a 
dit  que  c'était  une  espèce  de  compte-pas  ,  et  qu'il 
l'exécutcraU  facilement  d'après  l'idée  que  je  lut 
en  ai  donnée.  Je  ne  s-rrais  pas  éionné  que  la  ma- 
chine en  question  ne  lût  qu'une  application  du 
mécanisme  du  compie-pas  à  la  nouvelle  machine 
de  lock,  car  les  anglais  s'attribuent  souvent  nos 
découvertes»  s'en  font  honneur,  et  demandent 
avec  hardiesse  des  brevets  d'invention  et  des  pa- 
tentes qui  s'accordent  toujours  facilement  en 
Angleterre  ,  parce  qu'ils  sont  payés  au  gouver- 
nement qui  en  retire  un  assez  fort  revenu-,  mais 
si  la  nouvelle  machine  de  lockn'eslqu'un  cnmpte- 
pas  ,  on  doit  toujours  savoir  gré  à  MM.  Chesier 
et  Gould  d'avoir  eu  l'idée  d  appliquer  ce  méca- 
nisme à  mesurer  le  chemin  qu'un  navire  lait  en 
mer.  Il  n'est  pas  nécessaire  d'inventer  enliéreraent 
une  chose  pour  mériter  la  reconnaissance  des 
hommes  ,  il  suffit  souvent  de  découvrir  une  nou- 
velle et  grande  u;ililé   dans   un  instrument. 

Les  gazelles  de  New-York  et  de  Boston  ont 
publié  il  a  quelques  mois  ,  que  l'un  des  inven- 
teurs de  celle  machine  de  lock,  était  passé  en 
Angleterre  ,  pour  solliciter  la  récompense  de 
20,000  livres  sterling  promise  à  celui  qui  décou- 
vrirait un  instrument  pour  connaître  exactement 
la  longitude  à   la   mer.  M  o  z  a  r  d. 


J  (»)  New-YorV, 


9:0   milles  do  distance. 


L'ancienne  Bibliothèque  des  Romans  a  cessé  la 
première  année  de  la  révolulion  ;  neuf  ans  après  , 
il  a  paru  une  nouvelle  Bibliothèque  des  Romans  , 
imprimée  chez  Lavillette  ,  et  rédigée  par  des  gens 
de  lettres  qui,  à  peu  de  chose  près  ,  ont  suivi  le 
plan  de  l'ancienne.  Cette  collection  va  êire  con- 
tir^uée  par  d'autres  rédacteurs  ,  qui  annoncent 
ainsi  et  leurs  intentions  ei  la  marche  qu'ils  se  pro- 
posent de  suivre. 

»)  Faire  en  sorte  de  ne  pas  affaiblir  ,  en  les  ana- 
lysant ,  les  ouvrages  dont  lous  les  détails  méritent 
dêtre  lus,  et  lâcher  de  rendre  plus  agréables  , 
en  les  resserrant ,  ceux  dont  la  marche  est  arrêtée 
par  des  longueurs  ,  voilà  ,  en  deux  mots  ,  disent 
les  auteurs  ,  quel  sera  notre  travail. 

)»  A  ces  extraits  accompagnés  de  ceux  des 
romans  anglais  et  allemands  que  traduiront  des 
litiéraleurs  connus ,  à  ces  extraits ,  disent-ils ,  noua 
joindrons  des  anecdotes  du  jour,  des  hisiorietics 
nouvelles,  soit  en  prose,  soit  en  vers  ,  et  nous 
recevrons  avec  reconnaissance  ceux  que  l'on  vou- 
dra bien  npus  envoyer.  Nous  leur  donnerons  la 
préférence  st^r  les  nôtres  ,  lorsqu'ils  nous  paial 
tront  la  mériter;  c'est  un  sacrifice  que  nous 
devons  au  public  .  et  que  jamais  notre  amout- 
propre  ne  manquera  de  lui  faire. 

î)  Nous  ne  connaîtrons  que  deux  espèces  de 
romans,  les  bons  et  les  mauvais  :  dans  ces  der- 
niers ,  nous  comprenons  ceux  qui  blessent  les 
mœurs  ,  et  d'avance  nous  nous  condamnons  à 
les  lire  ,  afin  de  pouvoir  garandr  le  public  de 
l'ennui  que  les  uns  lui  causeraient  ,  et  des  maxi- 
mes dangereuses  qu'il  rencontrerait  dans  les  au- 
tres. Ce  ne  sera  pas  la  partie  la  plus  briHanse  de 
notre  entreprise  ,  et  cependant  c'est  la  seule  pour 
laquelle  on  nous  devrait  quelque  reconnaissance. 

)>  Pour  peu  que  cela  continue,  écrivailSedaine, 
on  ne  rencontrera  pas  un  jeune  homme  bien 
élevé,  qui  à  vingt  ans  ,  n'ait  fait  sa  petite  comé- 
die ,  et  ce  qu'autrefois  Sedaine  disait  du  théâtre  , 
on  peut  aujourd'hui  le  dire  des  romans  :  Tout 
le  monde  s'en  mêle  ;  on  prend  la  plume  ,  on 
entasse  des  incidens  aussi  invraisemblables  les  uns 
que  les  autres ,  on  trace  des  caractères  d'autant 
plus  neufs  ,  que  la  nature  n'en  fournit  pas  le 
modèle.  On  parle  d'anrour  sans  le  connaîire  , 
on  peint  les  posions  sans  les  avoir  éprouvées  ; 
en  un  mot  ,  on  fait  des  romans  parce  qu'on  a  ly 
des  romans,  et  presque  toujours  celui  qui  croit 
avoir  invenié  ,  n'a  eu  que  de  la  mémoire.  La 
nôtre  nous  rappellera  que  la  variété  est  notre  de- 
vise ,  et  pour  tenir  ce  que  nous  promettons  , 
nous  passerons  alternativement  de  l'esprit  à  la 
raison  ,  du  sentiment  à  la  gaîté  :  heureux  si  nous 
avons  l'adresse  d'en  saisir  les  nuarices  dans  les 
auteurs  d'après  lesquels  nous  parlerons.  )i 

Le  cit.  Maradan  ,  éditeur  de  la  Nouvelle  Biblio- 
thèque des  Romans  ,  croit  devoir  nommer  les  auteurs 


qui  se  sont  engagés  ù  y  coopérer.  Ce  sont  lé» 
citoyens  Vigée,  dont  les  ouvrages  sont  irop  ré- 
pandus pour  que  nous  en  rappellions  les  li;res  ; 
Oeschamps  ,  traducteur  de  Simple  Histoire  ;  J. 
Fievée  ,  auteur  de  la  Dot  de  Suzette  et  de  Frédéric  'i 
Desfontaînes ,  connu  par  de  nombreux  succès 
au  théâtre  ;  Blanchard  ,  auteur  de  Rose  et  de  Félix 
et  Pauline  :  Lamare  ;  traductetir  d'Alcibiade  et  l'un 
de  ceux  du  Moine;  Pigault-Lebrun  .auteur  de 
l'enfant  dit  Cariiaval .  Baron  de  Felsheim  et  autres; 
Fabre  d'Olivet  ,  Moilin  ,  Mimaut  ,  versés  dans  la 
littérature  anglaise  ,  italienne   et   française. 

Il  paraîtra  régulièrement  un  volume  du  10  an 
i5  de  chaque  mois,  et  deux  à  la  fin  de  chaque 
trimestre  ,  ce  qui  fera,  par  année,  16  volumes 
composés  chacun  d'environ  220  pages. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  de  25  francs  par 
an  pour  Paris  ,  et  ,  attendu  laugmentaiion  dei- 
droits ,  de  35  francs  pous  les  départemens,  franc 
de  port  par  la  poste. 

Les  lettres  et  I  argent  doivent  être  affranchis. 

On  souscrit  à  Paris  ,  chez  Maradan  ,  libraire  , 
rue  Pavée  André-Jes-Arcs  ,  n"  iG  ;  et  chez  les 
principaux  libraires  des  départemens  et  des  pays 
étrangers. 

LIVRES      DIVERS. 

Notions  mathématiques  de  chymie  et  de  médecine  , 
ou  Théorie  du  feu  ,  où  l'on  démontre  ,  par  Us 
causes  ,  la  lumière  ,  les  couleurs  ,  le  son  ,  la 
fièvre  ,  nos  maux  ,  la  clinique  ,  ect.  ;  par  Antide 
Mangin  ,  docteur -médecin  du  Jura,  l  volume 
in  -  8°. 

Prix  ,  3  francs;  et  4  francs  25  cent.  ,  franc  de,^ 
port  par  la   poste. 

A  Paris ,  chez  J.  J.  Fuchs  ,  libraire  ,  rue  de» 
Mathurins  ,  n°  334. 

Ces  notions,  dit  l'auteur,  rédigées  selon  le  mode 
des  mathématiques,  basées  sur  deux  principes  sim- 
ples et  féconds  dans  leurs  conséquences,  à  la  poriée 
des   deux  sexes    qu'elles   intéressent  également  , 
supposent    néanmoins    des    connaissances    préa- 
lables. Pour  suppléer  à  ce   qui  pourrait  manquer 
aux  lecteurs  à  cet  égard  ,  il  propose  d'exi)liqucr 
son    livre    dans   des    entretiens    particuliers  ,    et 
I  alors    il    y   joindra     la    solution     des     plus    cu- 
I  rieux  problêmes  de  l'homme,  tels  que  du  jeu  de» 
I  poumons,  de  la  chaleur  naturelle  ,  de  la  digestioa 
l  et   de  ses   suites  ,  du   travail   de  renfànlement , 
î  des  tourroens  de  la  grossesse  ,    de  la   circulaiior» 
du  sang  ,  de    sa   réintégration   dans  les.    racines 
des  veines  ,  de  sa  nulriiion  ,  du  fluide  nerveux^ 
fies  sensations  ,  des  passions  ,  etc. 

S'adresser,  pour  ce  dernier  objet ,  au  libraire, 
ou  place  aux  Veaux  ,  11".  146. 

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'î 

Effets  publics. 

Rente  provisoire q3  fr.  i5  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  72  c» 

Bons  d'arréragé 86  fr.  75  c. 

Bons  pour  l'an  8 gi   fr.  75  c. 

Syndicat.  .^ §3  fr.  5o  c. 

Coupures 81   fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  23  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ije  et  dej  Aris. 
Auj.  la  2^  repr.  des  Horaces  ,  opéra  en  3  actes  , 
et   le  ballet  de  Psyché. 

Théâtre  de  la  rue  Fevdeau.  Aujourd'hui. 
Le  24  ,  la  1  =  '^  repr.  de  Tjméo .,  opéra  en  trois 
actes. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  le  Rendez^ 
vous;  le  Mari  sans  femme,  ei\Dflncaurt. 

Théâtre  DE  LA  Cité-Variétés.  — Pan/omt'mex. 
Dem.  la  l'"  repr.  de  Canardin  ou  le  Quai  de  la. 
volaille  ,  comédie  du  gros  génie  ,  mêlée  de  vaud.  , 
term.  par  une   ronde  grotesque. 


L'abonacitiéni  3e  fak  à  Paris,  rue  des  Poitevins,  b"  18.  Le  prix  est  de  sS  francs  pour  tieis  mois ,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  100  francs  p«ur  l'acaée  entière.  Ou  ocs'abonme 
qu'au  commeucetnenc  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl' argent  ,  franc  de  potrt  ,  au  cit.  A  G  AS  s  B  ,  propriétaire  de  ce  journaf  ,  me  des  Poitevins  ,  n"  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de» 
pavi  011  l'on  nepeutafftanchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affrancliies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  po^te. 

Il  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  coincerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  ier 
B<nl«via5,n^  l3  ,  depui  sncuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


M,  Paris,  de  limprimeùe  Au  cit.  A'gâs«e  ,  propriéia'ira  duMonkevr,  rue  <ies  Poitevins,- n«  j3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  23. 


tridi ,  33  vendémiaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  auçorisés  i  prévenir  nos  souscripteurs,  qy'i  cUtei;  du  7  Nivôse  le  M  O  N I T  E  U  R  est  le  ^««/  ,.«r„  W    «     , 
Ti  ■        1        .  j  •  /  ■     f        I  1  >-.>i.  ic  ieui  journal  ottlciel. 

Il  co.Kient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  à^s  armées ,  ainsi  que  |»s  faits  et  J 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


notions  tant  s.-ir 


Avi\  aux  souscripteurs. 

Nous  invitons  les  souscripteurs  dontl'abonne- 
inent  expire  à  la  Rn  du  mois  ,  à  le  renouveller 
prorapiement  pour  qu'il  n'y  ait  point  d'interrup- 
tion dans  leur  service.  Nous  profitons  de  celte 
circonstance  pour  les  engager  à  adresser  direc- 
tement à  notre  bureau  ,  rue  des  Poitevins,  n°  18 , 
les  fonds  et  leurs  demandes  ,  parce  que  ce  n'est 
que  sur  les  quittances  qui  y  sont  délivrées  que 
BOUS  sommes  responsables  des  négligrnces  ou 
des  erreurs  à  leur  préjudice.  H.  Agasse. 


E  X  T  E  R  I   EUR, 

ALLEMAGNE. 

Ratisbonne ,  le  9  vendemiairt. 

Xj'empereur  est  de  retour  à  Vienne  depuis  le 
5  vendémiaire.  Il  est  impossible  de  décrire  la  joie 
que  cause  dans  la  capitale  lespérance  d'une  paix 
prochaine.  —  Une  grande  partie  des  troupes  au- 
trichiennes est  rentrée  dans  l'Autriche.  L'archi- 
duc  Jean  a  son  quartier-général  à  Wela  ,  près 
Lintz.  Les  troupes  de  la  droite  forment  le  cordon. 
Le  corps  bavatois  et  son  quartier-général  sont  à 
Muhidorf  et  dans  les  environs;  celui  de  Wirtera- 
b.erg  occupe  'Wassenbourg.  Lç  général  Siugel  y  a 
son  quariier-génétal. 

Il   est  faux  que  le  général  Dietricbstein  ait  été 


A  Loor  ,  dans  le  canton  de  Berne  ,  un  scé- 
lérat a  eu  l'audace  de  mettre  ,  en  plein  jour,  le 
feu  a  la  maison  de  son  frère.  Les  paysans  qui  le 
pn.ent  sur  le  fait,  voulaient  le  jeter  dans  les 
Hammes.La  maison  et  une  grangç  ofll  été  brûlées. 
Un  a  arrête  et  conduit  en  prison  le  coupable  ,  qui 
n  a  fait  aucune  difficulté  cl'avouer  »çn  crime. 

Lausanne  ,  le  i5  vendémiaire. 

Malgré  les  assurances  que  la  loi  sur  la  dîme 
n  aurait  aucune  suite,  et  la  proclamation  -du 
commandant  pour  tranquilliser  les  esprits  ,  la 
fermentation  fait  chaque  jour  de  nouveaux  pro- 
grès parmi  le  peuple,  et  donne  des  inquiétudes 
pour  la  tranquillité  publique.  On  ne  voit  que 
troubles  et  rassemblemens  flans  presque  tous  les 
districts.  (Strasburger  Wélthûte.) 


I     N     T     É     R     I     E     U 

Paris,  le  22  vendémiaire. 


R. 


Dans  les  premiers  jours  de  la'  seconde  décade 
de  vendémiaire  ,  on  fut    instruit    qu'un    nommé 
Demerville,  demeurant  rue  desMo'ilins  ,  n"  24 
avait   distribué  de  l'argent  ,  et  que  quelques  scé- 
lérats bien  connus  fréqueniaienj  Sa  ma, son. 

On  sut  précisément  le  17  ,  que  onze  d'entre 
eux  devaient  se  ietter  sur  le  premier  consul  , 
a  sa  sortie  de  l'Opéra.  Ces  individus  étant  con- 
nus ,  la  police  avait  pris  de  sévères  mesures  de 
surveillance.  Le  18  ,  deux  de  ces  scélérats  , 
romains  ,  dont  un  nommé  Ceracehi  ,  furent  arrêtés 
dans  les  couloirs  de  l'Opéra  ;  ils  éiaient  armés  de 
coutelas.  Demerville  et  quelques-uns  de  ses  com- 
plices ont  été  arrêiés  dans    la    nuit.  On 


remercié  par  l'empereur.  Il  se  trouve  maintenant  ,'  poursuite   des  autres.  Demerville  et  Ceracehi  ont 
à  Hambourg  ,  auprès  de  l'électeur  de  Bavière  ,  1  'on' avoué. 
«t  y  est  chargé    des   affaires  militaires   qui  inté- 
ressent les  deux  cours.  —  Le  ci-devant  coiaman- 
dant    du    Tyrol .  comte   de  Reuss  ,  est  arrivé  à 
Gratz.  (  Strasb.  Weltbote.) 


REPUBLIQ,UE  HELVÉTIQUE. 

Berne ,  le  it  vendémiaire. 

Le  district  de  Vangeri  vient  d'çtre  le  théâtre 
d'un  assassinat  horrible.  Une  femme  enceinte  a 
çté  trouvée  môrie  dans  un  marais  de  la  forêt. 
Sa  lêie  avait  été  écrasée  ;  elle  avait  une  corde 
autour  du  cou.  Le  meurtrier  de  cette  infortunée 
est  connu  :  c'est  son  mari.  Il  l'avait  attirée  dans 
la  forêt  ,  et  l'avait  frappée  sur  la  tête  ,  avec  un 
bâton ,  jusqu'à  ce  qu'il  l'eût  renversée  :  il  lui 
9vait  eusuiie  passé  une  corde  autour  du  cou ,  et 
l'avait  traînée  dans  le  marais  ,  où  elle  a  été  irou- 

Î'ée.  Le  crime  consommé  ,  il  était  revenu  chez 
ni  par  un  autre  chemin  ;  mais  quelques  précau- 
tions qu'il  crût  avoir  prises  pour  cacher  son  for- 
fait,  il  ne  t  rda  pas  à  se  trahir  lui-même  par  des 
propos   indiscrets.   Le    bâton    qu'on  trouva  dans 


Ces  malheureux  sont  pour  la  plupart  des  individus 
acccoutumés  au  crime  par  les  massacres  de  sep- 
tembre et  ceux  de  Versailles. 

—  Hier  vers  huit  heures  et  demie  du  matiri ,  le 
nommé  Duval  ,  père  de  quatft  enfans  ,  com- 
pagnon bijoutier,  demeurant  rue  Galande  ,  a  été 
chez  la  dame  Sarron  ,  opticienne  ,  rue  desProu- 
vaires  ,  n"  569  ,  pour  laquelle  il  travaillait,  et  lui 
a  demandé  de  l'argent  à  eropriuiter  ;  il  avait  un 
air  effaré.  La  dame  Sarron  l'engage  à  s'asseoir 
et  à  déjeuner  avec  elle  :  elle  lui  dit ,  it  qu'elle  le 
I)  conduira  ensuite  rue  Saint-Louis  ,  où  ii  lui 
t»  est  dû  quatre  louis  ,  et  qu'elle  lui  en  prêtera 
»  volontiers  deux,  n  Elle  passe  dans  sa.  cuisine 
où  elle  s'occupe  près  de  son  feu  à  préparer 
son  déjeuner.  Duval  va  à  elle  et  lui  assené  sur 
la  tête  un  coup  d'un  marteau  du  poids  de  cinq 
livres.  Ce  coup  est  suivi  d'un  second.  Madame 
Sarron  se  porte  à  une  croisée  qu'elle  n'a  pas 
la  force  d'ouvrir,  elle  appelle  du  secotrrs. 
Duval  entend  du  bruit  au-dehors,  il  entre  dans 
un  cabinet',  et  s'y  enferme.  La  force  armée  ar- 
rive ,  se   met   en    devoir  d'enfoncer  la  porte  du 


son  puits  lui    ayant   été    présenté   par    son   pcre  I  '^^''',"^'-  Duval  se  donne   alors  n^uf  coups  d'un 
-  ■•  ^         ...  .         r  outil  an  trois-quarts  .  donl   il   s'était  muni.  Il    est 

mort  une  heure  apiès.  On  l'a  questionné  sur 
le  motif  qui  l'avait  porté  à  ce  crime  ;  il  a  ré- 
pondu que  c'était  son  affreuse  misère.  On  es- 
père que  la  dame  Sarron  ne  mourra  pas  des 
coups  qu'elle  a  reçus.  {Extrait  dujounialde  Paris.} 
—  Plusieurs  journaux  annoncent  que  les  ci- 
toyens ViscoDii  et  Dufourny  ,  envoyés  par  le 
ministre  de  l'intérieur  à  Piichclicu  pour  y  exa- 
miner les  statues  et  les  tableaux  que  le  cardinal  . 
de  ce  nom  avait  réunis  dans  son  château  ,  y 
ont  fait  pour  le  Muséum  central  une  moisson 
très-intéressante.  Sur  soixante  statues,  il  y  en  a 
vingt  que  l'on  tient  pour  dignes  de  figurerparrai  I 
les  chefs-d'œuvre  antiqijes  que  la  valeur  fran- 1 
^aise  a  conquis  en  Italie  ;  mais  il  n'y  a  ,  dit-on  , 
que  peu  de  tableaux  estimables 


inéme  ,  il  avoua  tout.  Ce  scélérat  attend  mainte 
pant  le  supplice  r|ui  lui  est  dû. 

De  Bâte  ,  /«  1 4  vendémiaire. 

La  loi  sur  la  dîme  occasionne  des  troubles  vio- 
lens.  Les  habiians  des  campagnes  se  refusent  à  la 
payer.  On  a  été  obligé  de  faire  marcher  contre 
eux  cent  hommes  de  troupes  suisses  ;  mais  ce 
détachement  était  (rop  faible.  Il  rencontra  en- 
viron raille  paysans  armés  ,  qui  lui  firent  une 
irentaine  de  prisonniers  ,  qu'ils  renvoyèrent  le 
lendemain.  Le  magistrat  de  la  ville  ,  le  citoyen 
Tschokke  ,  alla  trouver  les  mécontens  et  chercha 
à  les  adoucir.  Mais  ses  exhortations  n'eurent  pas 
d'abord  tout  le  succès  qu'il  attendait.  Cependant 
les  auroupcmens  ont  fini  par  se  dissiper.  Une 
députation  s'est  présentée  hier ,  et  a  promis  qu'une 
partie  de  l'imposiiionserait  payée  sur  le  champ  , 
pourvu  qu'on  accordât  du  tcms  pour  payer  le 
reste.  Le  citoyen  Tschokke  s'est  engagé  à  appuyer 
leur  demande.  Il  était  tems  que  les  gens  de  la 
campagne  rentrassent  daus  le  devoir,  car  on  avait 
déjà  envoyé  de  Berne  ,  contre  eux  ,  un  détache- 
ment de  cavalerie  et  une  compagnie  d'infanterie 
suisse.  Le»  troupes  qui  sont  à  Soleure  avaient 
■eçu  le  même  ordre.  A  Gelterkinden  ,  les  paysans 
avaient  formé  un  rassemblement  irès-tumuliueux 
et  avaient  arrêté  entre  eux  de  ne  payer  ni  la  dîme 
•ù  l'impôt  foncier.  Les  plus  riches  habitans  du 
«ADioo  étaieut  à  ia  tête  des  séditieux. 


—  On  vient  de  découvrir  sur  le  ban  de  Villers* 
lès-Nanci  de  la  houille  excellente.  Ceux  qui  ont 
voyagé  en  France  ,  avec  le  désir  de  connaître 
savent  combien  il  y  existe  de  mines  de  ce  genre  - 
et  si  on  en  excepte  quelques  dépariemens  ,  par- 
tout on  ne  se  sert  de  houille  (  charbon  de  terre  ) 
que  pour  les  forges   des  serruriers  ,  des    maré- 

!  chaux  ,  descloutiera  ,  des  taillandiers.  Le  moment 
est  venu  peut-être,  il  approche  du  moins  ,  d  en 
faire  un  autre  usage.  Dcji  nos  montagnes  dé- 
pouillées d'arbres  ,  fiappcnt  de  sécheresse  nos 
j  ruisseaux  et  de  stérilité  nos  bas  fonds.  Déjà  les 
•  vignes  dégarnies  d'abri- gêlçnt  plus  ^uveniidéjà 


sieurs  siec  es;    et  avec  elle     il  „    ""M'ourplu- 
de  réparer  totales  nos  pênes'   lélT  '!"?"""? 

pos.éri,ép,usderiches';:;'f:;e:.',etq:r;o:;rs 

ne  nous  en  ont  laissées.  e  nos  pères 

—  Le   ministre    de   l'intérieur  vient    d'acheter 

^^::Ti^é-e-r'béS-°--- 
î;^^M?;;-„ScSnSe^'^.ri; 

cesse"  &ri'-^'  '^'"""^  asur-le-cLmpf. 
sessenr,  de  hf  '°"  ' '■'  "' ^  désirer  que  les  Vs- 
sesseurs  de  biens  nanonaux  aient  ati?ez  d'amm.r 
des  ans  pour  ne  pas  détruire  ce  qui  ex  s'e  encore 
d  édifices  gothiques.  Si  on  n'y  prend  garde  "n^ 
nous  restera  bientôt  plus  de  trlces  dtrchl.ec  u?^ 
de  ce  genre.  "-«-iv"» 

I      —  Le  préfet  du  dépanement  des  Deux-Sevres 
!  désirant   encour.ger    l'agriculture  .    principe   dl 

la  ncfaesse  nationale  ;  inst.uit  des  améSionr 
,  quaprodui.es     dans  plusieurs  départemens  deU 

république     léiabhssement     de    s'ociétés   libres 
I  composées    de   cultivateurs  instruits  ,   s'occupant 
J  de    laire  des  expériences  utiles,    de  propager  les 

bonnes  méthodes  et    de  dévoiler  à    leurs To^r? 

toyens  les  secrets  de  cet  art  nourricier     a  ar^.é 

A  ^'''■••î"rJ'    '."'   ^"'■'"^   à  Niort  ,  sous  le  titre 

de  svaetehbre  d^.griculiure  des  DeulSevres     û   e 

'  réunion  d  hommes    éclairés    dans   les    difFé  entes 

parues  de  i  économie  rurale.  •'"erenies 

II.  Le  préfet  nommera  les  rremîers  membres 
de  ceue  société  qui  s'adjoindront  ensuite  d  au- 
tres membre,  residans  ott  correspondans  ,  au 
nombre  que  fixera  la  société.  >   "u 

m.  La   société  fera  elle-même  se,  réglemens. 

IV.  Elle  tiendra  ses  séances  dans  une  salle  de 
,1a   préfecture.  Stgvi.  ,  Dupin 

1      ~    j^   citoyen   Garnier ,-  préfet    du    dénarte- 
j  meut  de   Seine-et-Oise ,   a   adressé   la    lettre  s"  j- 

i  m;:ilxsx '^ '^ '''*'^^''^"^^^'«'^"^'^ 

j  J'ai  reçu  ,  doyens  ,  le  prospectus  de  ~Ja  Biblio- 
thèque germanique  Médico-chirurgicaie.  Un  ol 
vrage  qu,  a  pour  objet  de  nous  l'aire  jouir  d« 
découvertes  et  des  procédés  nouveaux  des  savani 
et  artistes  de  l'Allemagne  dans  l'art  de  guérit^  est 
une  des.  en  .reprises  les  plus  intére.sames  pour 
I  humanité.  Vous  concourez  avec  les  estim-,hU. 
auteurs  de  la  mUotkeque  *«^...4t.é  à  m  ?n  ci 
dans  la  république  des  sciences"  et  des  le  très 
cette  bienfesante  neutralité  quicohsole  les  peuples' 
des  malheurs  de  la  guerre.  Les  hospice,  sCt 
trop  r.ombreiix  dans  ce  département  pour  que 
je  puisse  et^voyer  a  chacun  d'eux  un  exemplaire 
de  votre  colec.ion  :ans,n,'éc.rter  de  l'économie 
qtie  je  suis  torce  de  me  prescrire  ;  mais  je  sous- 
cis  pour  detJX  exemplaires,  dont  u  .  rest-ra 
aux  archives  du  depat.ement,  e,  l'autre  sera  remis 
a  unhomme.dc  lart,  chargé  d  extraire  les  articles 
les  plus  importans  et  de  les  faire  connaître  aux 
officiers  de  santé  attachés  aux  différons  hospices! 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arriti  du  19   vendémiaire  an  g. 

Le6   consuls  de  la  république,   sur  le  rapport 

du    mmistre    de    la    ju^dce ,,    k    conseil  -  S, 

eniefidu  ,    arrêtent;  "  c.ui, 

Art.  I".  il  .,eta  pourvu  au  remplacement  dp» 
juges  et  suppleans  nommés  en  exécution  de  la 
01  du  «7  ven'ose  a„  8  ,  qui  „e  se  seront  pas  fait, 
recevoir  d  ici  au  i5  brumaire. 

H.  II  en  sera  de  même  des  juges  et  sojp.pléans 
qu.  seront  nommés  à  i'ayenir ,  et  qui  ne  se  fe- 
ront pas  recevoir  dans- le  mois, a  comoter  du  jour 
ou  leur  nomination  leur  au.a  été  notiJiée. 

IL  Le  ministre  de  la  justice  est  charge  de  l'exé- 
cution du  presentarrêté,  qui  sera  inséré  au  bulletia 
des  lois. 

Le  premier  consul,   signé,  Bonaparte. 
rar  le  premier    consul  . 

U  socrUaire-d'-ttai  ,  signé,  H.  B.  Marjît. 

A    V    I    S. 

Lis  choyens  «ont  prévenus  que  toutes  le* 
demandes  paiiitulieres,  sur  tel  objet  que  ce 
soit,  doivent  êt;e  adressées  directement  aux 
mmwtres  qu«  ces  demandes  coiKement. 


86 


Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  ;  el  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pélitionrfiiire,  parce  quil 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ces 
objets.  

MINISTERE  DE  LA  GUERRE. 

MoTn  mdicative.  des  ■départeniens  qui  ont  exéaité  avec 
zete  la  toi  du  4  vendémiaire  an  8  ,  qui  ordonne  une 
Uvcf  extraordinaire  de  40,000  chevaux  pour  le  ser- 
vice des  armées. 

NOMS    DES    DÉPARTFMENS    QIM    ONT   TERMINÉ 
.    -:,      LA     LEVÉE. 

Manche  La  Vienne. 

Loiret.  Dordogne. 

Relevé  du   nombre    des  chevaux  fournis   depuis  te 
''"    6  vendémiaire  an  9  ,  jusqu'au  16  suivant. 

Le  nombre   des   chevaux  levés   à 
l'époque  du  6  vendémiaire,  était  de       44,364 
Ceux  levés  depuis  ,  s'élèvent  à. . . .  465 


Total  au  16  vendémiaire  an  9.., 


44,829 


Prytanée    français. 

Le  ministre  de  l'intérieur  a  arrêté  un  règlement 
pour  le  collège  de  Paris  et  deSaint-Cyr  dépen- 
dant du  Prytanée  .  En  voici  les  dispositions  prin- 
cipales. 

Les  collèges  de  Paris  el  Saini-Cyr  sont  sous  la 
surveillance  immédiate  du  ministre  de  l'intérieur , 
pour  l'enseignement  et  l'instruction  générale  du 
Prytanée. 

Le  nombre  des  élevés  entretenus  dans  le  collège 
de  St.-Cyr  ,  aux  frais  du  gouvernement ,  demeure 
fixé  à  300. 

Indépendamment  des  élevés  aux  frais  du  gou- 
vernement ,  il  sera  reçu  aux,  collèges  de  Paris  et 
de  Saint-Cyr ,  des  pensionnaires  aux  frais  de  leurs 
parens.  Le  nombre  en  est  illimité. 

Le  prix  annuel  de  la  pension  du  collège  de 
Paris  est  de  neuf  cents  francs ,  et  de  huit  cents 
francs  pour  le  collège  de  Saint-Cyr. 

Les  élevés  et  les  pensionnaires  sont  logés  , 
nourris  et  habillés  d'un  habit  uniforme.  On  leur 
enseigneraTècriiure ,  les  langues  française ,  latine 
et  grecque  ,  l'histoire  ,  la  géographie,  les  mathé- 
matiques ,  la  physique  expérimentale  ,  l'histoire 
naturelle  ,  les  langues  vivantes ,  le  dessin ,  et  tous 
les  exercices  militaires.  Ils  seront  entretenus  sains 
et  malades ,  sans  qu'il  puisse  être  fait ,  pour  leur 
entretien  ou  leur  instruction  ,  aucune  demande 
au-delà  de  neuf  cents  francs  pour  le  collège  de 
Paris  ,  et  de  huit  cents  francs  pour  le  collège  de 
Saint-Cyr. 

La  première  fourniture  des  effets  avec  lesquels 
les  enfaiis  doivent  arriver  au  collège  ,  ne  devant 
'pas  être  aux  frais  du  Prytanée  ,  il  sera  réglé  ,  ci- 
aprés ,  en  quoi  elle  consistera  ,  et  par  qui  elle  sera 
faite..  Il  en  sera  de  même  des  frais  d'arrivée  et 
de  ports  de  lettres  adressées  aux  enfans.  Ces  trois 
objets  de  dépenses  exceptés  ,  tout  le  reste  de 
l'entretien  ,  comme  livres  ,  papier  ,  etc.  seront  à 
la  charge  de  l'administration  qui  ne  pourra  rien 
demander  au-delà. 

Il  n'y  aura  aucune  différence  pour  la  nourri- 
ture ,  l'entretien  ,  l'habillement  et  l'instruction  , 
entre  les  élevés  'aux  frais  du  gouvernement ,  el 
les  pensionnaires  aux  frais  dé  leurs  parens  :  ils 
seront  traites  avec  la  plus  parfaite  égalité. 

Admission  des  élevés  et  dès  pensionnaires. 

Aucun  enfant  ne  pourra  être  admis  en  qualité 
d'élevé  du  gouvernement ,  qu'il  ne  sache  lire  et 
écrire  ,  afin  de  pouvoir  être  appliqué  de  suite  à 
l'étude  des  langues.  Les  enfans  subiront  à  cet 
égard  un  examenle  jour  de  leur  arrivée  ,  et  ceux 
d'entr'eux  qui  seront  reconnus  n'être  pas  assez  ins- 
truits surlesdeuxpoints  ci-dessus  ordonnès,seron:, 
&u placés  dans  les  écoiesètablies  pour cetenseigne- 
ment ,  ou  laissés  à  leurs  familles,  pour  n'être 
admis  qu'au  remplacement  prochain.  Les  parens 
ne  pourront  prétendre  toucher  le  prix  de  la  place 
destinée  à  leurs  enfans. 

>  Il  ne  sera  reçu ,  comme  élevé  du  gouvernement 
et  comme  pensionnaire  ,  aucun  enfant  estropié  ou 
contrefait.  Il  sera  pris  ,  à  l'égard  de  ceux  qui 
n'auront  point  eu  la  petite  vérole  ,  les  mesures 
et  les  précautions  nécessaires  pour  leur  prompte 
inoculacion. 

Pour  l'ordre  et  la  régularité  des  études  ,  l'ad- 
.  mission ,  tant  des  élevés  que  des  pensionnaires 
ne  se  fera  que  deux  fois  par  an  ,  au  i"  vendé- 
miaire et  au  1''  germinal.  'Toutes  les  nominations 
d'élevés  ,  faites  pendant  le  cours  de  l'année,  n'au- 
ront leur  effet  qu'à  partir  de  ces  époques. 

Les  familles  seront  obligées  de  pourvoir  à  la 
première  fourniture  pour  l'équipement  et  l'éta- 
blissement de  leurs  enfans.  Cette  fourniture  n'est 
proprement  qu'une  avance  ,  l'administration  de- 
.  vant  à  son  tour  équiper  complètement  les  élevés 
et  les.pensionuaires  qui  ta  sortiront ,  leurs  études 
finies. 


;.  /  .;  \^    '  Des  mattr£s  en  général.   ..       *  ^  .■'  ., 

Le-ministre  de  l'intérieur  aura  toujours  le  droit 
de  changer  et  de  remplacer  ceux  desdits  maîtres 
qui  ne  rempliraient  pas  leur  devoir. 

Il  sera  donné  chaque  année  par  le  gouverne- 
ment ,  des  médailles  de  récompense,  à  ceux 
desdits  maîirçs  dont  les  écoliers  se  seront  le  plus 
distingués  par  leur  conduite  et  leurs  succès.  Ces 
médailles  porteront  pour  légende  ces  mots  :  Prix 
de  bon  instituteur.  Le  gouvernement  se  réserve 
d'ailleurs  d'encourager  ,  par  des  récompenses 
utiles  et  honorables,  les  directeurs  et  les  maîtres 
qui  .  par  une, conduite  soutenue,  auront  mérité 
sa  bienveillance. 

Du   directeur. 

Le  directeur  est  le  chef  du  collège  :  iî  veille  à  la 
discipline  générale  ,  et  maintient  l'exécution  des 
règlemens  :  il  entretiendra  la  bonne  intelligence 
entre  les  maîtres  :1I' Veillera  à  ce  que  chjcun  d'eux 
se  renferme  dans  ses  fonctions  et  les  remplisse 
avec  exactitude  :  il  les  aidera  de  ses  conseils  et 
de  son  expérience ,  alîn  qu'ils  dirigent  leurs  élevés 
avec  sagesse. 

Il  inspectera  les  classes  et  tous  les  exercices 
littéraires. 

Il  se  concertera  avec  les  professeurs  el  les  con- 
voquera pourdéterminerle  plan  intérieur  d'études 
dans  les  différens  cours. 

Il  assurera  l'ensemble  et  l'harmonie  dans  l'ins- 
truction. , 

Il  disiribueralesécolîersdans  les  diflfèrens  cours, 
de  la  manière  la  plus  convenable  pour  assurer 
leurs  progrès. 

Il  surveillera  l'assiduité  des  maîtres  :  il  visitera 
leurs  salles  d'étude  ,  et  s'assurera  de  la  conduite 
et  des  progrès  de  leurs  écoliers. 

Il  veillera  à  la  salubrité  de  l'établissement,  à  la 
nourriture,  à  la  santé  des  écoliers;  il  les'  fera 
soigner  à  l'infirmerie  lorsqu'ils  seront  malades  :  il 
veillera  à  ce  qu'il  ne  leur  manque  ni  attentions 
ni  soins.  S'il  appercevait  des  négligences  sur  ces 
objets  ,  il  prendra  des  mesures  convenables  ,  et 
s'adressera  au  ministre  pour  les  faire  cesser. 

Le  9  de  chaque  décade  ,  le  matin  ,  les  profes- 
seurs et  les  maîtres  lui  remettront  une  note  sur 
la  conduite  et  le  travail  de  leurs  écolieis. 

Le  même  jour ,  le  soir  ,  en  présence  des  pro- 
fesseurs ,  des  muîtres  et  des  écoliers  rassemblés  , 
il  lira  hautement  ces  notes  ,  distribuera  la  louange 
ou  le  blâme  à  ceux  qui  l'auront  mérité  ,  et ,  dans 
un  discours  à-la-fois  sévère  et  encourageant,  il 
retracera  leurs  devoirs  à  ceux  qui  s'en  seront 
écartés. 

Il  adressera  tous  les  mois  ,  au  ministre  de  l'in- 
térieur ,  le  résumé  de  ces  notes  décadaires. 

A  l'aide  de  cçs  notes,  il  rendra  compte  aux 
parens  ,  au  moins  deux  fois  par  an  ,  des  progrès 
et  de  la  conduite  des  élevés. 

Il  adressera  chaque  année  au  ministre  de  l'inté- 
rieur ,  un  tableau  exact  de  la  situation  de  son 
établissement  ,  et  des  notes  sur  la  conduite  de 
chacun  des  écoliers. 

Des  professeurs. 

,  Les  professeurs  enseigneroiu  les  sciences  de 
manière  à  faire  de  leurséleves  des  citoyens  instruits 
el  utiles. 

Ils  s'appliqueront  à  faire  dans  le  cours  des 
classes  ,  toutes  les  observations  morales  qui  ten- 
dront à  inspirer  aux  écoliers  l'amour  de  la  vertu  , 
de  la  justice  et  de  la  patrie. 

Ils  exciteront  l'émulation  de  tous  ;  ils  don- 
neront à  tous  des  soins  égaux  ;  ils  maintiendront 
dans  leurs  classes  la  discipline ,  le  bon  ordre  et 
le  silence. 

Ils  exerceront  les  écoliers  par  des  composi- 
tions ,  et  l'ordre  des  places  ,  signé  par  eux  ,  sera 
remis  aux  directeurs  ;  ils  feront  une  répétition 
tous  les  mois. 

Ils  se  concetteront  avec  le  directeur  qui  les 
convoquera  pour  tout  ce  qui  concerne  les  com- 
positions ,  l'examen  et  la  dislribuiion  des  prix  à 
la  fin  de  chaque  année. 

Des  maîtres  d'étude. 

Les  maîtres  d'étude  seconderont  non -seule- 
ment le  travail  littéraire  des  écoliers  ,  mais  ils 
seront  spécialement  chargés  ,  sous  la  surveil- 
lance du  directeur  ,  de  la  moralité  ,  delà  con- 
duite et  de  1  éducation  des  élevés  qui  leur  seront 
confiés. 

lis  observeront  les  dispositions  et  les  habitudes 
des  écoliers,  se  serviiont  de  cette  connaissance 
pour  les  diriger,  et  remettronl  au  directeur ,  le 
9  de  chaque  décade  ,  des  notes  sommaires  qui 
portent  sur  ces  deux  poins  iruéressans. 

Si  quelques  écoliers  se  montraient  indociles  , 
les  maîtres  en  préviendront  sur-le-champ  le  di- 
recteur ,  qui  prendra  les  mesures  nécessaires  pour 
I  ramener  la  subordinarion. 

Ils  veilleront  avec  soin  à  ce  que  chaque  écolier 
s'acquitte  de  tes  devoirs.  Ils  les  aideront  de  leurs 


lumières  et  de  leurs  conseils ,  et  se  concerteront 
à  cet  égard  avec  les  professeurs. 

Ils  empêcheront  que  les  écoliers  ne  se  livrent  à" 
des  lectures  dangereuses  ou'frivoles.  ■■    .       <  . 

Pendant  les  récréations  qui  auront  .lieu  dans  les 
cours,  plusieurs  maîtres  seront  lour-à-tour  dési- 
gnés par  le  directeur,  pour  concourir  à  la  sur- 
veillance des  élevés. 

Des  élevés  et   des  pensionnaires. 

Les  devoirs,  des  écoliers  s'ont  renler;iiés  dans 
ces  mots  :   confiance  ,    docilité  ,  travail. 

Ils  n'opposeront  jamais  de  résistance  aux  re-- 
présentations  et  aux  ordres,  de  leurs  maiires.  Ils 
seront  exacts  à  se  tendre  à  leurs' exercices  et  à 
remplir  tous  leurs;  devoirs.  rl!s  s'abstiendront  de 
toute  dégradation  dans  .le  luobilier  et  l'édifice  de 
l'établissement.  "         ■  ■     ■ 

Leur  tenue  sera  simple,  mais  propre  et  dé- 
cente ;  ils  'porteront  tous  l'uniforme  suivant  i 
savoir  :  habituellement  un  surtout ,  une  veste  et 
uire  culotte  de  drap  bleu.  Pour  grand  uniformej, 
un  habit  de  drap  bicu  ,  revers  et  paremens  rou- 
ges ,  doublure  blanche  ,  veste  blanche  de  drap 
ou  de  bazin ,  culotte  de  drap  bleu  ,  et  des  boutons 
bl.incs  sur  lesquels  seront  écrits  ces  mots  :  tryttmée 
franqais.  Les  élevés  porteront  les  cheveux  courts 
et  sans  poudre. 

-  Il  y  aura  promenade  extérieure  ,  lorsque  le  tems 
le  permettra  ,   les  décadis  et  les  quintidis. 

Nul  élevé  ne  pourra  sortir  sans  la  permission 
du  directeur,  qui  ne  l'accordera  que  sur  la  de- 
mande des  parens  en  personne ',"  dé  leurs  cor- 
tespondans  ,  ou  d'un  envoyé  nommément  de 
leur  part  ,  qui  sera  chargé  de  raincner  1'*  nfant. 
Ces  sorties  ne  pourront  avoir  lieu  qu'une  fois 
par  mois  au  plus.  Nul  élevé  ne  pourra  sortir-, 
s'il  n'est  revêtu  de  son  uniforme.  Nul  écolier  ne 
peut  découcher. 

Des  récompenses  et  punitions. 

Il  y  aura  tous  les  trois  mois  ,  dans  chaque 
classe  ,  une  composition  particulière  .  indépen- 
damment des  autres  qui  pourront  être  ordonnée» 
par  les  professeurs. 

L'écolier  qui  se  distinguera  par  sa  bonne  con- 
duite et  ses  progrès  ,  recevra  ,  le  29  du  troisième 
mois  de  chaque  trimestre  ,  en  présence  de  ses 
camarades  ,  une  médaille  de  récompense. 

Les  noms  de  tous  les  écoliers  qui  obliendtonr 
ces  médailles  ,  seront  inscrits  en  grosses  lettres , 
et  placés  dans  un  cadre  ,  en  un  lieu  apparent 
de  la  classe  :  ils  y  resteront  pendant  tout  le  tri- 
mestre. 

Le  directeur  écrira  aux  pareils  de  ces  écoliers  , 
pour  les  instruire  de  leur  bonne  conduite  .et  de 
leurs  succès.  ' 

Il  y  aura  une  distribution  généraie  de  prix  ,  à 
la  fin  de  chaque  année  scholastique. 

Les  noms  de  ceux  qui  les  auront  obtenus  , 
seront  inscrits  en  gros  caractères  et  placés  dans 
un  cadre  qui  sera  suspendu  toute  l'année  dans 
la  salle  de  distribution  des  prix  el  dans  le  ré- 
fectoire. 

Il  y  aura  aussi  des'prix  pourla  gymnastique, 
pour  laquelle  il  sera  fait  une  instruction  parti- 
culière. 

Indépendamment  de  ces  récompenses  annuelles, 
le  gouvernement  se  réserve  de  récompenser  à  la 
fin  de  leurs'  études,  ceux  des  élevés  qui  ,  par 
leurs  succès  constans,  auront  mérité  de  fixer  son 
attention. 

Les  fautes  plus  ou  moins  légères  ,  mais  pour 
ainsi  dire  journaHeres  ,  seront  punies  suivant  les 
circonstances  qui  les  accompagneront  ,  plus  ou 
moins  sévèrement.  "' 

Les  punitions  pour  ce  genre  de  fautes  ,  consis- 
teront dans  : 

La  privation  des  récréations  que  remplacera  un 
travail  utile  ; 

Une  place  particulière  au  réfectoire  avec  pri- 
vation ; 

La  privation  des  promen3des  et  des  sorties  par- 
ticulières les  jours  de  congé  ; 

La  retenue  les  jours  de  congé  ,  avec  travail  ex- 
traordinaire. 

Les  punitions  pour  des  fautes  plus  graves  ,.sont 
les  arrêts. 

Le  ministre  de  l'intérieur  a  aussi  arrêté  un  règle- 
ment pour  le  collège  de  Compiegne  dépendant 
du  Prytanée.  Il  diffère  peu  de  celui  dont  nom 
venons  d'indiquer  les  dispositions  essentielles.  Le 
nombre  des  élevés  entretenus  dans  ce  collège 
sera  de  3oo  ,  mais  provisoirement  il  ne  sera  que  de 
cent  quarante  à  cent  cinquante,  qui  seront  pris 
parmi  les  enfans  composant  la  ci-devant  école 
de  Liancourt.  Le  prix  de  la  pension  est  fixé  à 
600  francs  par  an.  Aucun  enfant  ne  pourra  être 
admis  au  collège  de  Compiegne  qu'il  n'ait  six 
ans  accomplis  ;  il  sera  attaché  à  l'établissement 
le  nombre  de  femmes  qui  sera  jugé  nécessaire 
pour  donner  des  "soins  aux  enfans.  Les  élevés 
pourront  être  admis  -è  toutes  les  époques  de 
l'année. 

Il  y   aura  provisoirement   à   Compiegne  ,    et 


juiqu'.au    léglcmeiii     définiiif    ,suc     l'instruclion 
l>ublique  :  ,..:..;'         -.       ,    ■ 

i".  Trois  maîtres  d'école  primaire  .  lesquels 
enseigneront  aux  cnfans  ,  à  lire,  à  écrire,,  à 
chiffrer  ,  et  leur  donneront  les  premières  noli'.ins 
à  la  perlée  de  leur  âge  et  de  leur  iatcUigence. 

Les  enfans  leur  seront  confiés  en  arrivant  à 
l'école  ,  et  ils  ne  pourront  passer  à  une  classe 
supérieure,  qu'autant  qu'ils  justiliirront  qu'ils  ont 
acquis  cette  première  insiiucùon. 

2°.  Trois  professeurs  de  langue  latine',  fran- 
çaise et  grecque.  Leurs  cours  dureroYil  deux  ans  : 
ils  se  concerteront,  pour  donner  aux  ehlans  des 
notions  d'.irithmétique  et  de  géographie  duu 
ordre  plus  relevé  que  celles  qu'ils  auront  reçues 
dans  là  première  école.  L'un  d'eux  pioltssera 
alternativement  les  langues  et  la  liitétalure,  • 

Le  directeur  veillera  à  l'exécution  de  cette, 
tlisposiiiuri  ,  et  distribuera  les  leçons  en  con- 
séquence. 

3".  L'n  professeur  de  maihémaliques ,  qui  don- 
nera des  leçons  de  cosmographie. 

Il  donnera  alteinaiivement  dt's  leçons  de  phy- 
sique expérimentale  si  le  directeur  juge  que  qiiei- 
ques  élevés  peuvetu  en  recevoir. 

4°.  Un  professeur  de  dessin. 

Il  sera  sialué  dans  là  suite  sur  l'enseignement 
des  langues  vivantes. 

Le  directeur  veillera  à  ce  que  les  élevés  s'exer- 
cent à  la  course  ,  à  la  natation  ,  et  à  tons  les  mou- 
vemcns  qui  peuvent  développer  leurs  forces 
physiques.  Les  élevés  qui  en  auront  la  force , 
seront  enrégimentés  et  classés  par  rang  de 
taille.  Ils  seront  divisés  par  pelotons  qui  auront 
leurs  officiers  et  sous-officiers  pris  parmi  eux. 
Ces  grades  sont  la  récompense  du  travail  et  de 
la  bonne  conduite. 


C^iei  tes  mortels  égaux  l'or  roinpU  rt-quilîbre: 
Le  luxe,  enfant  de  l'or,   aaseivit  l'uiiivera  i 
Mortel ,  qui  que  tu  sojtk,  tu  serais  encor  libre 
iSi  l'or  ne  t'eût  donné    des  fers. 

Qtie  Sert  d'un  vain  métal  l'indigente  richeBjéf 
L'or  peut-il  assouvir ,ou  la  soif  ou  la  faim  ? 
Et  vutit-on  de  Plijttup  la  brillante  largesse 
,       CUasser  les  ombres  du  cliagrin  ? 

L'Ibcré'  qui  t'appelle  en   s'es  plaines  oisives , 
InHpleht' possesseur  de  son   or  vagabond  , 
Quand,  Ccrès  çt   Bacclius  enriehissent  nos  riv.ca  » 
W'étalc  qu'un  luxe  inlécond: 


Trop  pareil  à  ce  roi   c 
Obtint  de  tout  changer 


De 


l'avare  imprli'denC* 
métal  précieux , 
de  faim  ,   il  maudit  l'abondance 
trésors  fallacieux. 


L'or  n^  qu'un  vil  éclat  entre  des   mains   avare 
L'or  n'a  qu'un  son  frivole    en  de  prodigttcs  mai 
Satisfait  d'assouvir  des  caprices  bizarres  , 
Fait-il  lé  bonbcilr  des  humains  ? 

Cet  or  prendrait  en  vain  les  formes  de  Protée; 
21  serait  moins  changeant  que  nos   rapides  vœu: 
La  soif  de  nos   désirs,   par  lui-même  irritée  , 
Renait  sans  cesse   de  ses  feux*. 

Il  est  plus  dévorant'que  ,1a .triple, Ghim^ere; 
Il    déchire  les  cœurs   dont  il  fut  caressé  ; 
I)e3  coupes  de  FLuïus  l'ivresse  esc  plus  amere 
(^le  les    breuvages    de   Circé. 


POÉSIE. 

Dans  un  de  ses  derniers  numéros,  ta  Décade 
Thilosoplàque  a  lait  mention  des  liaisons  que  le 
poëie  Lebrun  eut  dans  sa  jeunesse  avtc  Louis 
R;icine  ,  et  du  bonheur  qu'il  eut  d'être  ,  en  quel- 
que sorte  ,  élevé  par  lui  dans  l'art  des  vers  ,  avec 
son  fils  ,  jeune  homme  d'une  grande  espérance  , 
qui  périt  dans  le  tremblement  de  terre  de  Lis- 
bonne. Ces  liaisons  avec  le  fils  et  avec  le  père  , 
sont  consaciécs  dans  l'ode  suivante  ;  que  Lebrun 
adressa  à  "son  jeune  ami  ,  au  moment  où  celui-ci 
pariait  pour  1  Espagne,  et  que  la  Décade  Philoso- 
phique vient  de  publier. 

■  La  marche  neuve  et  hardie  de  cette  ode,  les 
grandes  et  fortes  vérités  philosophiques  dont  elle 
est  remplie,  et  dont  l'application  est  nïalheureu- 
semeni  de  tous  les  leras  ,  le  cadre  ingénieux  où 
elles  sont  placées  ,  et  les  couleurs  poétiques 
dont  elles  sont  revêtues  ,  en  font  ,  selon  nous  , 
une  des  plus  belles  de  ce  grand  poète  lyrique. 
Ce  (jui  n'eat  pas  peu  surprenant ,  c  est  l'obscurité 
constjnle  où  l'auteur  l'a  tenue  ensevelie  si  long- 
lems.Lamiiié  l'avait  inspirée,  et  il  ne  l'a  cédée 
qu'aux  sollicitations  de  lamilié. 

ODE 

A      MON      AMI      LE     JEUNE      RACINE; 

Partant  pour  Cadix  ,  et  quittant  les  Muses 
pour   le  Commerce. 

Qpot  !  tu  fuis-  les  neuf  sceurs  pour  l'aveugle  fortune  ! 
Tu  quittes  l'amitié  qui  pleure  en  t'embrassant! 
Tujcours  au  bords  lointains  où  Cadix  voit  Neptune 
L'eniichir  en  la  menaçant  ! 

Suc  les  Ilots  ,  où  tu  suis  t»  déesse  volage , 
Puissent  de  longs  regretyne  point  troubler  ton  cours  ! 
les  Muses  ,  l'amitié  ,  ces  délices  du  sage , 
N'ont  point  d'infidèles  retours. 

Ton  père  nous  guida  tous  deux  sur  le  Parnasse  : 
Mos  jeunes  pas  erraient  dans  les  mêmes  sentiers  : 
Nos  jeunes  cœurs  ,  épris  de  TibuUe  et  d'Horace, 
Aspiraient  aux  mêmes  lauriers. 

Quel  doux  soleil  nous  vit  ,  pleins  de  tendres  alarmes , 
Fleurer  avecjunie  et  Monime  ,   tes  sœurs! 
Infidèle  a   ton  nom  ,  infidèle  à  tes  larmes  , 
Quel  bien  te   vaudra  ces  io 


;'dont  l'éclat 


Or,  poisonràdreù 
Tpi  senl  guidas  Ce 
Et  toi  seul  as  souillé   du  sang  de   Montezumc 
Le  fer  ,  vainqueur  des  mexicains. 

Avant  que  ta   présence  eût  inspiré  ces  crimes , 
Plutus ,  long-tems  voisin  de  l'empire  des  morts , 
Sous  des  rochers  épais  ,  dans  les  flancs  des  abym 
Avait  recelé  ses   trésors. 

Mais  nos  avides  mains  que  l'avarice  inspire  , 
Et  ce  fer  ,  qui  devait  n'ouvrir  que  les  sillons, 
De  Cybele  en  courroux  perçant  le*  vastç  .empire  , 
Pénètrent  ces  gouffres  profonds. 

Sous  ses  coups  redoublés  qui  troublent  son  silence , 
Plutus  de  ses  palais  voit  crouler  les  lam'bris  : 
Il  se  levé;   il  menace;  il  frémit;  il  s'élance 
Du  fond  de  ses  riches  débris. 

Il  voit,  il  voit  son  or,  jadis  inaccessessible  , 
Tressaillir  sous  les  pas"  des  avidfâ  brigands. 
De  l'abyme  étonné  l'echo  sombre  et' terrible 
Répéta  ces  cris  menaçans  : 


Quoi  !  vous  osez  ,  motleLi ,  jusqu' 
'  Enlever  mes  tréàors  ,  et  troubler  mon  séjour  I 
1  Vous  osez  ,  du  Tartare  ouvrant  la  nuit  profc 

I  Montrer  le  Styx  au  dieu  du  jour  ! 

,  Mais  que  ne  tente  pas  cette  audace  elTréuée  ? 
:  Elle  a  percé  l'Erebe  ;   el^e  atteindra  les'  cicux 
Ils  la  verront  peut-être  à  l'Aigle  consternée 
Ravir  les  tonnerres  des  dieux. 

Ah  !  dans  ces  gouffres  même  ,    et  sous  vos 
Entendez-vous  mugfr  le  courroux   des  enfers, 
Et  du  5'tyx  indigné  tous  les  monstres  livides 
Remplir  ces  abymes  ouvetrts  ? 


centre  du  .monde 


Jedruieure;  ettupa.» 

î  comme  un  tilleul  paisibl 

Qui  borne  «e,  destins 

\  de  tians  V  illons  , 

Qiiand  le  pin  hasarde 

ux  fend  la  vajjue  tenible 

Et  »';.bandonne  a 

ux   aquilons. 

n  ton  ayeul  frémit  au  «ombre  empire  , 
(l'impatient  des  trésors  du   Btetis  , 
on  (liux  espoir  ,  sur  un  tréle  navire  , 
fte  aux  fureurs  de   Tllétis  ! 

qui^eit  mers  franchit  la  borne  antique, 
cs.iltércr  dans  It»  sources  de  l'or, 
sillonner  l'Océan  Atlantique  , 
(l'un  Loupablc  Uékor  1 


les 


Voy 

La  trahis 

S'attache 

De: 


loirs  soupçons  ,  l'effroi ,  la  pâle  envie 
nocturne  ,   et  les  meurtres,  sanglans 

:  cet  or  ,    et  menacer  la  vie 
ravisseurs  insolens. 


Oh  .'  que ,   mêlant  vos  pleurs  à  ces    trésors  funestes 
Vous  expierez  un  jour  vos  coupables  larcins  ! 
Jamais  le  feu  ravi  dans  les  foyers  célestes 

Ne  fut  si  fatal  .»ux  humains. 
Recevez  dans  cet  or  les  dons    de  ma    vengeance , 
Vous  ,  riches  des  forfaits  qu'enfantent  les   trésors  î 
Indigens   de  vertus  ,  de  mœurs  et  d'inaocence  , 

Chargés  de   faste   et  de  remords  ! 

Vous  qui  dérobez  l'or  ,  que  l'or  soit  vptre  chaîne  !  - 
Qu'il  soit  la  coupe  affreuse  où  vous  boirez  les  pleurs  I 
Tison  de  la  discorde  ,  et  .flambeau  de  la  haine, 

Qu'il  dévotç'ses  ravisseurs ï-j  :  . 
Oui,   de  maux,  de  forfaits  j'inonderai  là' terre  : 
Mes  feux  vont   irriter  la   soif  des  conquérans; 
J'étoufferai  la  paix  ;  j'allumerai  la  guerre  ; 

Je  couronnerai  les  tyrans. 
Il  dit:  et  les  comblant  d'une  affreuse  largess». 
Il  ésare  leurs  pas  i  il  aveugle  leurs  yeux  : 
Il  leur  souffle  l'orgueil  ,  la    discorde  et  l'ivressç 

Qu'exhale  un  or  contagieux. 

Les  voilà  ces  bienfaits  que  Plutus  même  avoue  ! 
O  mortels  I   de  ce  dieu  craignez  les  dons  vengeurs  ; 
Et  n'enviez  jamais  l'insensé   qu'il   dévoue 
A  ses   implacablfs  faveurs. 

Le  BhUN. 


A   U   ;  R   B   D   A   C   T  E  c    R. 

'       Annonay  ,  4'  jour  complémentaire  de  l'an  8. 

CiTOvtN  ,  la  lettre  sur  la  préférence  qu'on  doit 

accorder  à  l orthographe  de  Voltaire ,  que  vous  avez 

[  insérée  dans  le  n".  338  du  Moniteur  ,  28  fructidor  , 

I  an  8  ,  m'a  fait  rappeller  que  j'ai  en  mon  pouvoir 

j  une  lettre  de  'Voltaire  ,  écrite  de  sa  main  :  elle  ne 

I  se  trouve  dans  aucune  édition  de  ses  oeuvres ,  pas 

même  dans  ccHe  de  Kelh.  J'ai  cru  que  c'était  le 

momentdelatlonner  au  public.  Je  vous  en  envoie 

une    copie    exacte   et    littéiale  ,   pour   que   voua 

veuilliez  bien  la  faire  paraître  dans, votre  Icuille. 

J'y  ai  joint  line  courte  note  sur  l'i  rigouenient  qua 

Vohaire  conçut  pour  les  anglais  ,  à  certaine  époque 

de  sa  vie. 

Je  vous  salue  , 

Un  de  vos  abonnés.  '" 

Extrait  d'une  lettre  de  Voltaire  lorsqu'il  était  à  Berlin. 

I  Je  me  sers  ,  madame  ,  des  correspondans  de» 
I  negocians  de  Berlin  pour  vous  remeicier  de  la 
!  lettre  <jae  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire. 
Il  y  a  long-tems  que  je  compte  votre  nom  et 
celui  d'un  de  vos  amis  p^rmy  ceux  qui  tont 
le  plus  d'honneur  à  notre  siècle.  La  liberté  de 
petiscr  est  la  vie  de  lame.  Et  il  paraît  qu'il^  n'y 
a  pas  iaucoup  d'ames  plus  vivantes  qUe  la  vôtre. 
C'est  un  grand  malheur  qu'il  y  ait  si  peu  de 
gens  en  France  qui'  imiient  l'exemple  des  an- 
glais vos  voisins.  On  a  été  obligé  d'adopter  leur 
physique,  d'imiler  leur  sys'.éme  de  finance  ,  de 
construire  les  vihsaux  selon  leur  méthode.  Quand 
les  imiiera-t-on  dans  la  noble  liberté  de  donner 
à  l'esprit  tout  l'essor  dont  il  est  capable  (  1  )  ; 
quand  est-ce  que  les  sots  cesseront  de  pour- 
suivre les  sages  ?  On  marche  continuellement 
à  Paris  entre  des  insectes  littéraires  qui  bourdon- 
nent contre  quiconque  s'élève,  cl  des  chais- 
huants  qui  voudraient  dévorer  quiconqiie  le» 
I  éclaire.  Heureux  qui  peut  cultiver  en  paix  les 
lettres  loin  des  bourdons  et  des  chats-huanis. 
Je  suis  sous  la  protection  d'une  aigle  ,  mais 
une  mauvaise  santé  pire  que  tous  les  chagrins 
attachez  en  France  à  la  littérature,  ra'ôte  tout 
mon  bonheur.  Ainsi  tout  est  compensé.  Je 
serais  trop  heureux  si  la  nature  ne  s'avisait 
'■  pas  de  me  persécuter  autant  que  la  lorluiie  me 
favorise.  Si  l'état  de  ma  santé  ,  madame ,  me 
permet  jamais  de  revoir  la  France  ,  tan  de  mes 
baux  jours  serait  celuy  où  je  pourrais  vous  as- 
surer de  mon  respect  ,  et  dire,  à  votre  amy  tout 
ce  que  la  plus  parf-iie  estinae  m'iuspueratt 
pour  vous  et  pour  hiy.  Petmetiez  qu'en  phijo- 
sofe  je,  finisse  sans,  les  complimeiis  orditiaires  et 
sans  signer,  vous  me  reconnaùtcz  assez  par  ceux 
'  qui  vous  feront  tenir  ma  lettre.  -,     .  . 


Auxonne   ( Côte-d'Or)  .,  le  li  vendémiaire. 

Citoyen  ,  j  ai  lu  avec  intérêt ,  dans  l'une  de 
vos  dernières  feuilles  ,  un  article  propre  à  vetiget 
les  chats  des  jugemens  défavorables  ,  portés  jus- 
ques-là  contr'eux,  et  il  faut  croire,  d  après  cet 
article  .  qu'ils  n'ont  été  mal  jugés  que  parce 
qu'ils  n'ont  point  été  soigneusement  observés. 

Je  viens  réclamer  aussi  une  place,  dans  votre 
journal  ,  pour  un  fait  propre  à  entrer  dans  l'his- 
toire naturelle  de  la  vache;  fait  sur  lequel  voua 
pouvez  compter  comme  s'il  se  fût  passé  sous  vos 
yeux  ;  je  l'ai  vérifié  sur  les  lieux. 

Daris  le  mois  de  pluviôse  an  8,  plusieurs  ha- 
biians  des  campagnes  voisines  d'Auxonne  avaient 
été  attaquées  par  une  louve  affamée;  une  jeune 
fille  avait  même  péri  sous  sa  dent  meurtrière  , 
lorsqu'un  garçon  d'cnviion  14  ans  ,  qui  devait 
aussi  être  sa  vic:ime  ,  a  été  sauvé  d'une  manière 
bien  extraordinaire. 

Ce  petit  garçon  .  nomttié  Tourcault ,  gardait  un 
petit  troupeau  de  vaches  sur  le  territoire  de  Villers- 
les-Pots  ,  canton  d'Auxonne.  On  sait  que  ces 
animaux  ,  mus  par  l'instiuct  du  rianger  commua 
dont  les  menace  l'aspect  d'un  loup  ,  se  réunis- 
sent et  se  serrent  en  une  eSpecc  de  phalange  cir- 
culaire ,  de  telle  manière  qu'en  présentant  à  l'en- 
nemi les  armes  que  la  nature  a  distribuées  sur 
leurs  fronts  ,  ils  mettent  à  couvert  la  partie  sans 
défense  qui  offre  le  plus  de  prise.  Cette  tactique 
naturelle,  les  vaches  que  gardait  Fourcault ,  fu- 
rent promptes  à  en  faire  usage  à  linyant  où  elles 
apperçuretit  la  louve;  mais  ce  n  était  point  à  elles' 
que  celte  lotive  en  votilait  :  c'est  sur  le  jeune 
pâtre  qu'elle  se  dirige  ;  c'est  lui  que  sa  gueule 
menace  ;  c'est  cet  enfant  qu'elle  saisit  ,  et 
qu'elle  secoue  violeniraent  comme  pour  le  mettre 
en  pièces. 

L'une  des  vaches  se  détache  bientôt  de  la  pha- 
lange ,  court  à  la  louve  ,  et  ,  en  l'attaquant ,  par- 
vient à  lui  faire  lâcher  sa  proie.  L'enfant,  plein 
de  courage  ,  profite  de  la  lutte  qui  s'engage  entre 
son   adversaire  et   sa  libératrice   pour  se    meure 


(1    On  sait  que  Voltaire  ,  vers  le  milieu  de  sa  carrie  traire 

avait  fait  quelque  séjour  à  Londres,  et  qu'aigri  des  désagié- 
mens  qu'il  avuit  reçus  à  Paris  «a  patrie,  il  ne- perdait  auctintf 
occasion  de  louer  les  anglais  aux  dépens  des  français  ;  ce  que 
ses  adversaires  et  ses  délractcun  lui  reprochèrent  souvent ,  ijvB 
Nans  quelque  rav^ou* 


en  sûreté  ,  s'il  est  possible  pat  la  fuite.  Cependant 
la  louve  écarte  la  vache  ,  et  va  se  jeter  encore  sur 
Fourcault  qu'elle  saisit  et  secoue  comme  la  pre- 
mière t'ois.  La  vache  se  pi^cipite  de  nouveau  à 
la  défense  de  l'enfant,  et  harcelle  tellement  la 
Ipuve  que  celle-ci  est  forcée  delâchtr_  une  se- 
conde fois  sa  proie  ;  mais  la  vache  bientôt  re- 
poussée ,  Fourcault  était  pour  la  troisième  fois 
sous  la  dent  de  la  louve  ,  lorsque  deux  habitans 
de  Villers-les-Pots  surviennent  à  propos  pour 
achever  l'œuvre  de  la  vache  bienfesante  ;  ils  met- 
tent en  fuite  la  louve  qu'une  mort  prochaine 
attendait  dans  la  forêt  de  Longcharap  ,  et  ils  font 
au  jeune  Fourcault  une  litière  dé  leurs  bras  , 
pour  le  transporter  dans  la  chaumière  de  son 
père. 

Conduit  de  là  au  grand  hospice  civil  d'Auxonne, 
Eourcault  ,  malgré  plus  de  trente  blessures  ,  y 
a  reçu  des  secours  administrés  avec  tarjt  de 
succès  ,  qu'il  est  aujourd'hui  parfaitement  guéri. 
Chacun  ici  a  fjit  son  devoir  ;  mais  la  vache.... 
je  supprime  mes  reflexions  ,  citoyen  rédacteur  ; 
ce  sont  les  vôtres  que  je  veux  laisser  au  public 
J«   plaisir  de  lire. 

Salut  et  fraternité. 

Le  premier  adjoint  au  maire  d'Auxonne. 
Amanton. 


Louviers  ,  le  8  vendémiaire ,  an  9. 

Le  prix  des  belles   laines  d'Espagne  ,  qui  sont 
la  matière    première     du  drap  de   Louviers  ,   et 
eh  général  tout  ce  qui   entre  dans  sa  fabrication  , 
vient  de  subir  une   augmentation   considérable. 
Cette  augmentation  nous  force  à  en  mettre  une 
proportionnée  sur  tous  les  produits  de  noire  ma- 
nufacture.  Les  marchands  en  détail  n'ont  pu  se  , 
refuser  à  cet  égard  à  l'évidence  des  faits,  mais  ils  1 
ont  paru  désirer  que  nous  les   attestions   nous- 
mêmes  au  public   d'une  manière  qui   ne  laissât  , 
aucun  doute  sur  leur  vériié.  Nous  le  fesons  avec  ■ 
plaisir.  Nous  souhaitons  quenotre assertion  assure  j 
la  confiai^ce  et  prévienne  les  soupçons  que  l'irii-  1 
posture  et  le  charlatanisme  ont  si  souvent  éveillés. 
Veuillez  ,    citoyen  ,    être    l'organe    de  notre  dé-  I 
claration  ,  en  insérant  cette  lettre  dan»  uu  de  vos  | 
prochains  nuiiiéros.  1 

Suivent   dix  -  huit  signatures  des  fabricans   de 
Louviers. 


Réf  exions  sur  la  nécessité  du  rétablissement  des 
études  de  la  jurisprudence  romaine  ,  par  Guillon- 
d'Assai  ,  ancien  jurisconsulte.  Prix  ,  20  cent.  , 
«t  «5  cent,  franc  de  port. 

A  Patis  ,  chez  Moutardier  ,  impriitteur-libtaire  , 
ouai  des  Augusiins  ,  n°  28  ;  Rondonneau  ,  au 
dépôt  des  lois  ,  pbce  du  Carrousel  ;  la  veuve 
DùfreSne,  au  Palais  de  Justice. 

L'auteur  de  cet  écrit  qui  ,  renferme  en  ^eu 
de  mots  des  vérités  nombreuses  et  utiles  ,  s'est 
proposé  un  but  vers  lequel  il  marche  rapidement, 
qu'il  indique  avec  précision  ,  dont  il  démontre 
la  nécessité  en  homme  profondément  versé  dans 
la  matière  qu'il  traite.  En  rapportant  quelques 
traits  qui  servent  au  développement  de  son  opi- 
nion ,  nous  ne  le  suivrons  pas  dans  les  citations 
des  autorités  dont  elle  est  appuyée.  Elles  sont 
nombreuses ,  et  toutes  sont  respectables. 

Après  avoir  défini  la  justice,  le  premier  de- 
voir eomme  le  premier  besoin  de  l'homme  , 
l'auteur  de  l'écrit  que  nous  annonçons  ,  parle 
•de  l'utilité  de  l'étude  des  lois. 

il  Les  sages  de  l'antiquité  en  ont  fait,  dit-il , 
leur  plus  importante  occupation.  Après  avoir 
emprunté  des  grecs  les  bases  de  leur  législation , 
consignées  dans  cette  fameuse  loi  des  12  tables , 
chef-d'oeuvre  de  profondeur  et  de  précision  , 
les  romains  ont  peu-à-peu  réduit  en  art  les  prin- 
cipe» de  la  jurisprudence.  Les  plus  grands  hom- 
mes de  la  république  romaine  y  ont  consacré 
leurs  veilles,  et  nous  admirons  encore  les  vestiges 
de  leurs  écrits  dans  le  corps  du  droit  romain, 
le  plus  bel'  ouvrage,  malgré  ses  imperfections, 
qui  »oit  jamais  sorti  de  la  main  des  hommes  ; 
trésor  de  la  raison  humaine  et  du  sens  com- 
mun °;  système  sublime  de  morale  etdejuris- 
ptwdence ,  sAns  la  connaissance  duquel  il  est 
tlhpsssible  de  se  flatter  de  Jamais  parvenir  à 
tné.  parfaitement  initié  dam  la  science  des  lois, 
letfueil  sacré  dont  la  consérvatiori-  a  fait  dire 
avec  raison  ,  que  les  romains ,  vaincus ,  anéantis 
par  les  barbares ,  ont  conservé  ,  par  leurs  lois  , 
un  empire  immortel  sur  leurs  propres  vainqueurs. 
55  Ce  n'est  qu'à  l'étude  approfondie  de  ce  droit. 


n 

que  les  nations  modernes  ont  dfi  leurs  progrès  [ 
dans  la  législation  et  dans  la  conduite  des  affaires,  t 
C'est  par  une  élude  constante  et  assidue  de  ce  f 
droit,  fondé  sur  les  premires  notions  de  la  justice 
universelle  ,  que  les  Grotius  ont  honoré  la  Hol- 
lande ;  les  Covarruvias  et  les  Vaaquez  ,  1  Espagne; 
les  PulendorEFet  les  Heineccîus,  l'Allemagne  ;  les 
Blackstone  ,  l'Angleterre;  que  les  l'Hôpital  ,  les 
Montholon  ,  les  Duprat  ,  les  Bodin  ,  les  Hotinan  , 
les  Cujas  ,  les  Godefroy ,  les  Putn,oulin  ,  les  Mon- 
tesquieu ,  les  Secousse  ,  lesCochin  ,  les  Dagues- 
seau  ,  les  Domat  ,  les  Pothier  ,  ont  jeté  un  si 
beau  lustre  sur  notre  France.  C'est  encore  à  l'éiiidè 
du  droit  romain  ,  que  la  plupart  des  hommes 
instruits  qui  nqus  resienl ,  doivent  les  connais- 
sances précieuses  qui  les  rendent  capables  de  se 
rendre  utiles  à  la  république  dans  l'ordre  judi- 
ciaire ou  au  barreau;  nous  dirons  même  dans  l'ordre 
politique,  puisque  ce  droit  renferme  éminem- 
ment tous  les  prinî^es  du  droit  pris  dans  sa  plus 
grande  latitude.  55  .,. 

L'auteur  examinant  ici  et  les  pertes  que  les 
études  ont  faites. dans  le  cours  orageux  de  la 
révolution  ,  remarque  que  les  académies  se  réta- 
blissent sous  les  titres  d'institut,  d'athénée,  etc. 
que  les  sociétés  savantes  ,  les  lycées  se  reforment 
de  nouveau  ;  quç  la  création  des  écoles  centrales  , 
et  sur-tout  des  des  pryianées  remplacent  les  uni- 
versités ;  mais  il  pense  qu'il  nous  reste  encore  à 
regretter  l'enseignement  des  principes  de  la  juris- 
prudence. 

A  l'appui  de  celle  idée  ,  voici  les  raitonnemens 
qu'il  apporte. 

u  1°  La  classe  de  législation  dans  l'institut  na- 
tional ,  suppose  des  hommes  instruits  ,  des  savans 
déjà  formés;  i"  la  méthode  des  professeurs  de 
législation  dans  les  écoles  centrales  ,  présente  une 
instruction  trés-philosophique  sans  doute  ,  très- 
savante  ;  mais  çn  général ,  faute  de  se  reporter 
directement  aux  premières  bases  de  la  jurispru- 
dence dans  les  principes  du  droit  romain  ,  elle 
ne  nous  paraît  pas  propre  à  former  des  juriscon- 
sultes. D  ailleurs  la  jurisprudence  romaine  exige 
une  instruction  exclusive  puisée  dans  les  textes 
originaux. 

Les  anciennes  écoles  de  droit  cflPraient  des 
abus  ;  mais  ces  abus  ,  sur-  tout  depuis  un 
certain  nombre  d'années ,  provenaient  beaucoup 
plus  de  la  négligence  des  étudians  ,  et  de  la 
facilité  des  professeurs,  que  de  la  méthode  même 
de  renseignement ,  et  l'on  pouvait  citer ,  avec 
honneur,  des  universités  où  les  éludes  se  fesaient 
bien. 

55  Quel  inconvénienty  aurait-il  donc  de  rétablir 
à  cet  égard  les  études  sur  le  pied  oti  elles  exis- 
taient.  toutefois  avec  les  modifications  que  peu- 
vent demander  nos  nouvelles  institutions  ?  Ne 
pourrait  on  pas,  par  exemple,  créer  dans  les 
écoles  centrales  ,  urip  place  de  professeur  spécia- 
lement préposé  à  l'enseignement  de  la  jurispru- 
dence romaine  ?  El  de  même  que  l'on  s  y  exerce 
aussi  bien  sur  les  langues  anciennes  que  sur  les 
langues  moderiies  ,  nous  ne  verrions  rien  qui 
répugnât  à  nos  moeurs  ,  dans  l'étude  des  sources 
mêmes  de  ce  droit ,  auquel  nous  sommes  rede- 
vables de  tout  ce  qui  ,  jusqu'à  nos  jours  ,  a  existé 
de  grands  hommes  dans  la  magistrature,  et  la 
profession  des  lois.  15 

L'auteur  terniine  par  faire  remarquer  que  l'or- 
ganisation heureuse  du  nouvel  ordrç  judiciaire 
en  France  semble  déjà,  avoir  préparé  les  voies 
au  mode  d'enseignement  qu'il  propose  de  ré- 
tablir. 

Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  cette  ana- 
lyse ;  elle  deviendrait  presqu'égale  en  volume  à 
l'ouvrage  lui-même.  Le  but  que  s'est  proposé  son 
auteur,  est  dune-utilité  réelle;  mais  pour  ap- 
précier sainement  son  système  ,  il  faudrait,  nous 
le  croyons  ,  savoir  jusqu'à  quel  point  les  chaires 
de  législation  dans  les  écoles  centrales  ,  peuvent 
répandre  la  connaissance  du  droit  romain. 

La  question  reste  toute  entière,  et  le  citoyen 
Guillon-d'Assas  ne  nous  semble  pas  l'avoir  assez 
approfondie  ;  il  ijous  paraît  l'avoir  tranchée  ; 
c  était  la  discuter  qu'il  était  nécessaire. 

Nons  saisissons  cette  occasion  de  réunir  à 
l'annonce  d'un  écrit  estimable  celle  d'un  éta- 
blissement utile ,  aux  fondateurs  duquel  on  doit 
une  véritable  reconnaissance. 

Le  citoyen  Guillon  d'Assas  a  constamment  ac- 
cueilli tians  son  fàbinet ,  rue  Saint-Hyacinthe, 
n°  683  ,  les  citoyens  indigens ,  et  leur  a  donné 
gratuitement  ses  conseils  :  quelques  jurisconsultes 
guidés   par  les   mêmes  principes   de   désintéres- 


sement,  le  secondent  aujourd'hui  dans  cette 
honorable  lâche;  leur  réunion  a  lieu  les  quin- 
tidis  de  chaque  décade  depuis  quatre  jusqu'à 
huit  heures  de  l'après-midi. 

Cette  réunion  rappelle  et  fait  revivre  les  con- 
sultations gratuites  que  l'ancien  ordre  des  avocats 
donnait  à  la  bibliothèque  commune.  Ces  confé- 
rences utiles  aux  citoyens  ,  peuvent  lêire  aussi 
aux  jeunes  gens  qui  se  disposent  à  entrer  dans  la 
carrière  du  barreau  ,  et  sont  dignes  d'y  entrer  ,  à 
raison  de  leurs  bonnes  mœurs  ,  et  de  leurs  dispo- 
sidons  naturelles.  S 


M  u  s  I  Q,  u  E. 

Trabuction  d'upe  chanson  provençale; à  l'oc- 
casion d'un  navire  entré  dans  le  pprt  de  Fréjus, 
le  17  vendémiaire  an  8.  Paroles  du  cit.  Bouliers; 
air  du  citoyen  Garai,  avec  accompagnement  de 
piano. 

Cette  chansona été  chantée,  dans  la  fête  donnée 
au  premier  consul  par  le  consul  Combacérès,  le 
17  vendémiaire  an  9. 

Prix  I   franc  «5  centimes. 

A  l'imprimerie  du  Conservatoire  de' musique  , 
rue  du  faubourg  Poissonnière  ,  n°.  iSz. 

LIVRES      DIVERS. 

Géographie  élémentaire  à  l'usage  des  collèges, 
avec  des  cartes  et  un  précis  de  la  sphère  ;  par  Fr. 
Robert,  géographe  ,  de  l'institut  de  Bologne  ,. 
membre  de  l'académie  des  sciences  et  belles- 
lettres  de  Berlin  ;  nouvelle  édition  ,  suivie  des 
nouvelles  divisions  de  la  France  en  préfectures  el 
sous-préfectures  ,  etc.  1  vol.  in-12. 

A  Paris  ,  chez  Genêts  ,  libraire  ,  rue  Tliion- 
ville  ,n°5  ,  près  le  Po.it-Neuf;  Charles  Pougens , 
impr.-lib.  ,   quai  Voltaire  ,  n°  10. 

Prix  ,  I  fr.  §0  c.  ,  et  franc  de  port ,  î  fr.  40  c.  •• 
relié  en  parchemin,  pour  Paris  ,  2  fr. 

On  trouve  chez  les  mêmes  libraires  les  Principes 
élémentaires  d'orthogrttphefraiiçaise  ,  parFréville, 
I  vol.  in-8°.  Prix  ,  3  fr.  ,  franc  de  port  ,  4  fr. 
Avec  le  jeu  composé  de  200  fiches  gravées  en 
taille-douce  ,  4  fr.  pour  Paris. 

L'ami  de-  la  Nature  ,   ou  choix  d'observations 

sur  divers  objets  de  la  nature    et  de  l'art ,  suivi 

d'un    catalogue   de    tous     les     animaux    qui    se 

trouvent    actuellement   dans   la  ménagerie;    par 

G.  Toscan  ,  bibliothécaire  du  Muséum  d'histoire 

naturelle  ;  avec  deux  gravures  et  cette  épigraphe  : 

«1  Pour  moi  qui ,  dans  l'état  de    la  nalune  , 

)5  n'ai  d'autre  objet  que  d'y  trouver  plus  de 

55  motifs  pour  l'aimer,   c'est  à   la  faire  ai- 

55  mer  que   je  veux  destiner  mes   recher- 

)5  ches.  (Vues  générales  ,  pag.  i3.)  5> 

Prix ,  3  francs  ,  et  franc  de  port,  4  francs. 

A  Paris,   de  l'imprimerie  de   Crapelet ,    chez 

l'auteur  ,  rue  de  Seine  ,  n°  12  ,  près  le  Jardin  des 

Plantes  ,  et  chez  les  principaux  libraires  de  Paris. 

COURSDU     CHANGE. 
Bourse  du  ^i  vendemiairi 

Rente  provisoire 2s  fr.  75  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  38  c. 

Bons  deux  tiers. 1   fr.  71  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 gi   l'r.  3o  c. 

Syndicat 80  fr. 

Coupures'. Si   fr.  5o  c. 

Act.de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  aS  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republk^^ue  et  des  Arts 
Le  25,  Iphigénie  en  Aulide ,  &\ùv.  du  ballet  de 
Télémaque. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Demain  24  , 
la   i'"  repr.    de  TJméo .,    opéra  en  trois  actes. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Honorine,  et 
Comment  faire  ? 

Théâtre  de  LA  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Dem.  la  1"='  repr.  de  Canardin  ou  k-Quai  de  ta 
volaille  ,  comédie  du  gros  génie  ,  mêlée  de  vaud. , 
terra,  par  une   ronde  grotesque. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  Roméo  et  Juliette  ,  opéra  ,  suivi  de  la  Re- 
vanche forcée. 


erratum. 
Dans    le  numéro  d'hier,  article  Paris,  au-lies 
de  ces  mots  ,  on  écrit  de  Naples ,    lisez  :  on  écrit 
deBâle. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris  rue  des  Poitevins,  n'  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  tr»i5  oioit ,  5o  fiants  pour  6  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  Ounes'abenne 
•g'au  commcncemeni.  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ag  AS.S  b,  propriétaire  de  «  journal  ,  ia«  des  Poitevins  ,  n*  18.  Il  faut  comprendre  dïiDJ  les  envois  le  port  des 
«ays  ou  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  desdépartemensnon  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valems,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  de» 
F«itevias,a"  i3,dcpui  jncuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soit. 


A  Paris,  de  l'imprimeùe  du  c'u.  A^asM,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des^Poitevins,  n'  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  où  LE  MONITEUR  UNIVERSEL 


M°  24- 


(hiaTtidi ,  24  vmdetniaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indlvisibU. 


:iiUf  yh  .■•..,^ 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  ■  7  Nivôse  le   MoNiTE  u  U  esc  le  ie<4i,jou'nai  o£ici'e/.        '  '  * 

Ilcontientlesséancesdes  àutoricés  consthuées,  lès  actes  du  gouyernem,ç9i,,ies'iwi,ivel!es'd^^  armées,  ainsi  ■tjué  l«s  faits  et  les  noriofit  tant  ic 
l'intérieur  que  sur  Textérieur,  fournis  par  les  correspondances  niinistérièlles^ 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


Avii  aux  souscripteurs. 

Nous  invitons  les  souscripteurs  dont  l'abonne- 
ment expire  à  la  fin  du  mois  ,  à  le  renouveller 
proraptement  pour  qu'il  n'y  ait  point  d'interrup- 
tion dans  leur  service.  Nous  profitons  de  cette 
circonstance  pour  les  engager  â  adresser  direc- 
tement à  notre  bureau  ,  rue  des  Poitevins,  n"  18  , 
les  fonds  et  leufs  demandes  ,  parce  que  ce  n'est 
que  sur  les  quittances  qui  y  sont  délivrées  que 
nous  sommes  responsables  des  négligences  ou 
des  erreurs  à  leur  préjudice.  H.  Agasse. 


N     TE     R     I     EU 

Paris,  le  ^3  vendémiaire. 


R. 


On  éerit  de  Dinan  ,  en  date  du 'Ï6  vendenjiaire  : 
Le  14  de  ce  mois  ,  à  !a  pointe  du  jour ,  tous  les 
habitans  de  cette  ville  ont  été  rcveillés  par  un 
orage  tel  ,  qu'on  n'en  a  pas  ressenti  depuis  long- 
tems  dans  ces  contrées,  et  qui  m'a  paru  aussi  fort 
que  celui  qui   ravagea  les  environs  de  Paris  en 


rêté  du  préfet  ^uxtnt  proclamés  artrr^olenniié  . 
et  accueillis  avec  transport. 

Le  sous-préfet  arrête  aussitôt  une  fête  en  l'hon- 
tieur  de  la  paix  ;  le  10  vendemifire  est  le  iour 
désigne.  ■  f  . 

La  veille  ,  el  à  l'aurore  naissante  de. ce  jeur ,  le» 
boites  ,  le  canon  retentissent  cl  annoncent  aux 
communes  enviionnanles  .  qu'il  est  un  grand  évé- 
nement. Pous  s'en  instruire  ,  les  citoyens  viennent 
en  toule  au  chei-iieu  ;  là  ,  ils   trouvent  1  arbre  de 


E  X  T  E  RIE  U   R. 

ARMÉE     D'ITALIE. 
Copie   du    rapport    des  opérations  de  laile  droite 
de   l'armée  d  Italie  ,  fait    au    général   m    chef 
Brune  par  le  lieutenant- général  Dupont  ,  le  3  ven- 
démiaire ,  an  g. 

X-je  corps  de  troupes  commandé  parle  général 
Pino  ,  ayant  évacué  la  ligne  du  Rubicon  pour 
se  réunir  à  Bologne  ,  les  brigands  organisés  dans 
le  Ferrarois  et  la  Toscane  ,  ont  cru  ce  moment 
favorable  pour  se  jeter  dans  la  Romagne  et  y 
commettre  impunément  les  excès  auxquels  ils  se 
livrent  par-tout  cù  ils  pénètrent  ;  ils  ont  envahi 
]a  plus  grande  partie  de  ce  lerriioire  ,  ei  se  sont 
avancés  jusqu'à  Imola  ,  coupant  sur  leur  passage 
les  arbres  de  liberté  .  renversant  les  autorités  po- 
pulaires et  exerçant  le  pillage  le  plus  elFréné. 

Pour  les  surprendre  au  milieu  de  leurs  incur- 
sions ,  j'ai  chargé  le  général  Monnier  de  faire 
porter  sur  Fotli  la  2'  demi-brigade  cisalpine  , 
avec  un  corps  de  troupes  légères ,  tiré  du  14' 
hussards  et  4'  régiment  de  chasseurs.  Le  général 
de  division  Pino  ,  qui  a  commandé  cette  expé- 
dition ,  est  arrivé  le  4  complémentaire  à  Faenza  , 
d'après  les  instructions  du  général  Monnier,  après 
svoir  chassé  devant  lui  les  brigands  qui  s'étaient 
déjà  emparés  d  Imola.  ^is  se  sont  alois  divisés 
en  plusieurs  bandes;  lune  s'est  repliée  sur  Fer- 
lare  ,  une  autre  sur  Ravenne,  et  la  troisième  par 
la  route  d'Arezzo.  Le  général  a  formé  ses  troupes 
en  trois  colonnes  pour  se  mettre  à  leur  pour- 
jsuiie.  Les  brigands,  qui  se  repliaient  sur  le  Fer- 
rarois ,  ont  éié  atteints  du  côté  de  Lugo  ,  par  une 
de  ses  colonnes  que  commandait  le  ch;;f  de  bri- 
gade Ferrand  ;  la  terreur  s'est  emparée. d'eux  après 
un  léger  combat  ,  ils  se  sont  dispersés  ,  et  peu 
d'entre  eux  ont  échappé  au  carnage  qu'on  a  fait 
de  cette  bande. 

Le  5'  complémentaire  ,  la  co'onne  française  , 
dirigée  sur  Ravenne  ,  y  a  trouvé  les  brigands  qui 
s'y  sont  mis  en  éiat  de  résister ,  mais  leur  défense 
n'a  pas  éié  longue.  Les  chasseurs  du  4=  régiment , 
commandés  parle  chef  de  brigade  Yam  ,  s'étant 
précipités  sur  eux  ,  ont  emporté  la  place  à  la 
charge  ,  et  tout  ce  qui  a  été  trouvé  les  armes  à 
la  main  ,  a  été   exterminé. 

Le  même  jour  un  détachement  de  grenadiers 
a  enveloppé  ,  dans  leur  fuite  ,  les  brigands  qui 
se  sauvaient  du  côlé  de  lAppennin.  Celte  troi- 
sième bande  a  éprouvé  le  même  sort  que  les  deux 
autres  ,  et  ses  faibles  débris  se  sont  jeués  dans 
les  gorges  des  montagnes. 

Les  citoyens  Pagnon  ,  lieutenant,  et  Etienne, 
marécliai-des-logis  au  4'  régiment  de  chasseurs, 
ainsi  que  le  ciioyen  Come  ,  adjudant-major  , 
ont  montré  une  grande  bravoure  à  laffaire  de 
RaVenne.  Au  moment  où  Bologne  s'est  trouvé 
menacé  d'une  invasion  ,  la  garde  nationale  a 
montré  une  grande  fermeté  ;  elle  a  sur-le-champ 
formé  une  colonne  mobile  ,  pour  agir  de  con- 
cert avec  les  troupes  françaises  et  cisalpines.  Je 
lui  ai  lait  présent  de  six  pièces  de  canon  ,  et 
sa  bravoure  répowd  du  glorieux  usage  qu'elle 
en  fera  dans  1  occasion  contre  nos  ennemis 
C')mmun>. 

Je  dois  di.s  éloges  aux  troupes  cisalpines,  qui 
ont  été  employées  dans  cette  expédition  ;  elles  ont 
rivalisé  d'activiié  et  d'audace  avee  les  troujjes 
françaises.  Le  général  Piuo  a  rendu  en  cette 
occasion  des  services  importans  à  l'armée  fran- 
çaise tt  à    la  république  cisalpine. 

Signé,  le   lieutenant ■  général  ,   Dupont. 
Po.ur  copie  conlonnc  , 

Le  ministre  de  la  guerre ,  ti^né  ,  Lacuée. 


quelques  coup 
de  tonnerre  fort  éloignés  ,  et  qu'on  entendait  fai 
blcment  ,  a  fait  croire  que  l'orage  serait  de  peu 
de  conséquence  ,  lorsque  vers  les  cinq  heures  45 
minutes  ,  un  coup  affreux  a  éclaté  avec  un  bruit 
épouvantable,   dont  il  est  impossible   de  donner 


A  dix  heures  .  les  autorités  civiles  et  militaires 
précédées  d'une  nombreuse  musique  ,  se  rendent 
à  faibre  delahberié,  et  de  là  au  temple  déca- 
daire, où  déjà  était  un  concours  nombreux  de 
citoyens  de  tout  sexe  et  de  tout  âge. 


didée.  La  commotion  a  causé  un  éb;anlement  I  La  notification  de  la  paix  ,  le  discours  par  lequel 
général  dans  toutes  les  maisons  ,  où  tous  les  lits  '  '^  sous-préfet  célébra  tour-à-tour,  et  le  bieufai- 
onl  été  balancés  d'une  manière  très-sensibre  ,  qui  I  ^^"J  '  Ç'  '^  grandeur  du  bienfait  ,  les  hynui 

a  même  fait  craindie  que  ce  fût  un  tremblement  '  ""'"    — ' '   '  "     ' 

de  lerre.  • 


du 


Huit  à  dix  minutes  s'étaient  écoulées  ,  et  chacun  , 
persuadé  que  le  tonnerre  était  tombé  quelque  pan, 
commençait  à  revenir  de  sa  surprise  ,  lorsqu'un 
second  coup,  exactement  semblable  a.u  premier  , 
a  causé  les  mêmes  effets  el  le  même   effroi. 

Alors,  je  l'avoue,  j'ai  craint  qu'il  lût  airivé  quel- 
que raslheur,  et  je  ne  me  trompais  pas  :  là  foudre 
a  frappé  deux  fois  le  clocher  et  la  nef  d'une  de 
nos  églises  ,  causé  des  dommages'considérables  , 
et  mis  le  feu  au  troisième  dôme  de  ce  clocher 
(  élevé  de  plus  de  cent  soixante  pieds.  La  conster- 
nation a  été  extrême  ,  et  chacun  déplorait  d'avance 
la  perte  de  ce  bel  édifice  ,  lorsque  je  courage  de 
deux  hommes  seulement  a  fait  cesser  toutes  les 
craintes  ,  et  sauvé  noue  viU*  d'un  incendie  dont 
les  suites  eussent  pu  êire  incalculables.  Ces  deux 
hommes  ,  nommés  René  Fijud  et  Gilles  Macé  , 
couvreurs  de  profession  .  ont  au  moins  égulé  le 
courage  des  plus  hardis  pompiers  de  Paris.  Ils 
sont  parvenus  ,  en  grimpant  le  long  des  char- 
pentes ,  au  lieu  de  l'incendie  ,  et  là ,  oubliant  qu'un 
abîme  était  sous  leurs  pas  ,  ils  sont  passés  sur  le 
toit  du  clocher  ,  où  ,  placés  sur  une  corniche  de  1 

SIX  pouces  ,  e    cramponne-  d  une  main  aux  ar-     feu  de  joie,  les  chants  et  la  danse  prolongés  avec 
doises  ,  ils  ont  travaille  de  lautre  aVeciânt  dar-     décence  jusqu'à  minuit'.:    ■''■'    '    '^^  '       '  " 


la 
paix,  irnproviiécs  ,  inspirèrent  un  nouvel  enthou- 
siasme qui  éclala  par  ces  acclamations  plusieurs 
f0!S  répétées  ':  Vive  la  républjquc!  vive  Bonaparte! 

A  deux  heures  ,tous  les  membres  des  autorité» 
constituées  du  chef-lieu  ,  plusieurs  maires  et  juçcs 
de  paix  de  l'arrondissement  ,  invités' par  le  sous- 
préfet  ,  se  réunirent  pour  un  banquet  civique  ;  les 
convives  ,  également  unis  par  le  sentiment  d  une 
affection  respective  et  i>ar  la  joie  générale  ,  por- 
tèrent ces  toasts  : 

Le  sous-préfet:  A  luuicn  des  œurs  !  e\]e  seule 
peut  ajouter  au  bonheur  que  promet  la  pai-x. 

Le  maire  :  Au  héros  de  la  Franse,,  m.pacifctttiUT 
monde  !  puibse-t-il  être  tanjoufSjoniagnaaime  , 
toujours  lui-même.  .        ,   , 

Jubié  .fils  aîné  :  A  la.  république!  au  geu-verne- 
ro«n(.' puissent  ses  principes  être  la  régie  du  monde 
entier. 

Chabert  :  A  notre  digne  sous-préfet  ! 

A  huit  heures  du  soir,  la  ville  fut  illumin^ç 
avec  un  luxe  et  une  profusion  qui  annor^ç.iienl 
que  les  «œars  étaient  au  plus  haut  degré  d^'txal- 
tation.'  '         ■  V     ' 

Enfin  ,  â  dix  heures  du  soir ,  commencèrent  un 


deur,  qu'ils  sont  parvenus  à  éteindre  entièrement 
le  feu. 

Je  meplais,  citoyen,  â  vous  raconter  cesdétails. 
Car  le  zcle  de  ces  hommes  est  tel  ,  qu'ils  méritent 
les  plus  grands  éloges.  Je  crois  même  qu'ils  auraient 
droit  à  une  récompense  nationale  ,  si  le  gouver- 
nement était  instruit  du  dévoûment  sublime  ,  avec 
lequel  ils  ont  bravé  d'aussi  grands  dangers  que 
ceux  qui  les  menaçaient  ,  pour  sauver  leur  ville 
d'un  désastre  qui  eût  été  irréparable. 

Outre  le  feu  allumé  au  clocher,  la  foudre  a 
commis  beaucoup  d'autres  dégâts  ;  des  pierres 
jje  taille,  d  un  poids  énorme  .  ont  éié  lancées  de 
plu.s  de  cent  pieds  ,  à  travers  la  couvertu:e  et  les 
lambris  ,  dans  l'église  ;  d'autres  dans  des  maisons 
voisines  ;  la  maçonnerie  intérieure  et  extéiieure 
du  clocher  a  été  endommagée  ;  enfin  ,  un  superbe 
autel ,  le  seul  de  notre  ville  qni  eût  échappé  à  la 
rage  des  démolisseurs  de  179  j,  a  été  aussi  dégradé 
en  plusieurs  endroits  ;  un  clirist ,  qui  le  surmon- 
tait, a  été  atteint  par  le  tonnerre,  et  a  eu  une 
jambe  emportée. 

Ces  dégradations  nouvelles  et  inattendues  ont 
fait  d'autant  plus  de  sensation  ici ,  que  celte  église  , 
accordée  ily  a  peu  de  jours  aux  catholiques  ,  avait 
été  déjà  réparée  en  partie  ,  et  qu'elle  n'était  ouverte 
que  de  la  veilICr  Un  grand  nombre  d'ouvriers  a 
offert  de  travailler  plusieurs  jours  g^rai».  Déjà  on 
apperçoit  à  peine  les  traces  de   la  tondre. 

—  On  annonce  que  dans  le  département  delà 
Seine-Inférieure  on  a  trouvé  une  carrière  de 
marbre  couleur  orange  pâle.,  et  légèrement  her- 
borisé. On  assure  que  la  qualité  de  ce  marbre  est 

-très-belle.  (Gazette  de  France.} 

—  La  notification  des  préliminaires  de  la  paix 
parvint ,  par  un  Courier  extraordinaire  ,  au  sous- 
préfet  de  Saint-Marcellin  ,  département  de  1  Isère, 
le  6  vendémiaire  ,  à  onze  heures  du  soir. 

A  l'instant  ,  des  salves  d'artillerie  furent  ordon- 
nées par  ce  migisirat  ,  et  le  lendemain  ,  à  sept 
heures  ,  la  notification  du  premier  consul  ,  et  l'ar- 


,  — Le  citoyen  Maignant,  instituteur  ,  a  adressé 
la  lettre  suivante  aux  citoyens,  administrateur» 
jde  la  commune  de  Rennes. 

Citoyen  préfet  et  autorités  constitués  ,  en  par- 
tageant les  vifs  sentimens  d'allégresse  qui  vous 
animent  dans  ce  jour  du  i^'  vendémiaire  ,  le 
citoyen  Maignant,  irjstituteur  el  chef  d'une  mai- 
son d'éducation  à  Rennes,  ne  croit  pas  mieux 
manifester  les  siens,  et  célébrer  plus  dignement 
celte  fêle  à  jamais  mémorable  pour  lous  les 
vrais  patriotes  .  qu'en  vous  priant  d'agéer  ,  et  de 
vouloir  bien  faire  agréer  par  le  gouvernement, 
l'offre  de  créer  des  places  gratuites  dans  son 
institution,  pour  huit  pauvres  enfant  ,  fils  de 
défenseurs  de  la  patrie,  morts  au  champ  d'hon- 
neur, en  combattant  pour  la  liberté.  Ainsi, 
citoyen  préfet  et  autorités  constituées,  si  vous  en 
connaissez  dans  la  détresse  ou  dans  un  état  peu 
aisé  ,  un  seul  mot  de  vous  (  comme  étant  l'oroan* 
du  gouvernement)  ,  lui  suffira  pour  se  dévouer 
de  tout  son  cœur  à  les  instruire  dans  les  con- 
naissances de  première  nécessité  ,  etc.  Il  s'effor- 
cerade  leur  inspirer  des  vertus,  des  moeurs  ,  et  d* 
leur  faire  acquérir  des  lalens,  !ifin  de  les  mettre  dan% 
le  cas  démarcher  sur  les  traces  de  leurs  pères  , 
en  se  dévouant  entièrement  pour  la  patrie,  et 
se  rendre  digne  par-là  de  ses  récompt.nses  ,  au- 
tant par  leursvertus  que  par  leurs  connaissances. 
Il  vous  prie,  en  acceptant  l'offie  de  ses  \  œnx 
et  l'assurance  de  son  respect ,- de  vouloir  bie4 
aussi  être  auprès  du  gouvernement  l'inierprêle 
de  son  dévouement  le  plus  inviolable  à  la  ré- 
publique, à  ses  concitoyens,  et  à  vous  en  par^- 
ticulier.  ' 

L'administration  a  arrêté  l'inscription  de  cette 
lettre  au  registre  de  la  commune  ,  cl  l'a  fait 
publier  dans  le  Journal  du  département  du  Nord- 
Ouest. 

—  Le  CitO)en  français   rapporte  le  fait  suivant: 

a  Un  .jeune    étranger    se    présente    dans    un 

«ntjlrpii;  {)ub;ic  avec  un    chien  que   l'on  refuse 


«le  laisser  entier.  L'éuangtr  met  sjn  chien  au 
corps-tle-garde  et  passe.' A  peinfe  -'est- if  dans  la 
pronacnade  <jue  sa  montre  lui  es:  volée.  Il 
retourne  au  coiius-cle-gaide  pour  iaire  sa  ué- 
claraiion  ,  et  dit  au  sergent  que  s'il  veut  liii 
permettre  de.  rentrer  cvec  son  cliien  ,  il  reiiou- 
vera  le  voleur.  On  le  lui  peimei.  Le  maître  in- 
dique par  ses  gestes  ce  qu'il  a  perdu.  Le  chien 
se  met  en  quête  ,  et  s'attache  au  voleur .,  qui , 
touillé  ,  est  bientôt  convaincu  ;  mais  il  se  trou- 
vait plusieuis  autres  montres  dans  sa  poche. 
L'irisiinct  du  chien  n'est  point  pour  cela  en 
défaut  ;  il  choisit  parmi  les  six  montres  celle 
de  son    maître  et  la  lui  rapporte. 


MINISTERE  DE  LA  J?OLICE  GÉNÉRALE. 

La  ville  de  Bordeaux  continue  à.  jouir  de  la 
plus  grande  tranquillité.  Plusieurs  circonstances 
ont  fourni  l'occasion  d'y  reconnaître  l'améliora- 
tion de  l'esprit  public.  La  fête  de  la  république; 
celle  de  la  translation  des  restes  de  Michel 
Montaig'ie;  la  réception  de  D.  Chesy  .,  chargé 
d'offrir  au  premier  consul  les  chevaux  dont  le 
roi  d'Espagne  lui  tait  présent;  la  nouvelle  de  la 
prolongation  de  l'afraislice  :  les  discours  adressés 
par  le  premier  consul  aux  envoyés  des  départe- 
mens  ,  ont  donné  lieu  à  la  manifestation  des 
bons  sentimens  qui  animent  la  grande  majorité 
des  habitans  de  cette  intéressante  ville  :  et  les 
espagnols  ,  nos  fidèles  alliés  ,  ont  pu  juger  de 
l'enihousiasm.e  et  de  l'amour  des  bordelais  pour 
le  gouvernement. 

Les  journaux  secondent  parfaitement  les  vvies 
des  magistrats  ,  en  prêchant  le  calme  ,  l'union  , 
et  l'oubli  des  erreurs  passées. 

Les  approvisionnemens  de  toiit  genre  sont 
assurés  ,  et  les  travaux  relatifs  à  la  salubrité  ,  la 
propreté  ,  et  aux  embellissemens  que  permettent 
les  ressources  de  la  commune  ,  se  poursuivent 
avec   activité. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Paris    le    23  .vendémiaire  an  g  de.  la    république 
française  ,  une  et  iîidivisible.  ■ 

0  R  D  s,E   aux   Italiens    réfugiés. 

■y  u  l'arrêté  des  consuls  en  date  .du  14  floréal 
an  8  ,  ponarit  1°  que  tous  les  italiens  réfugiés 
en  France  pour  suite  de  l'invasion  de  lltalie  , 
parles  armées  impériales,  se  rendront  à  Bourg  , 
départe-ment  de  l'Ain  ;  2°  que  les  femmes  ,  les 
enfans  et  les  hommes  ,  âgés  de  plus  de  60  ans  , 
sont  exceptés  de  cette  disposition  ; 

Vu  la  lettre  du  ministre  de  la  police  générale 
au  préfet  de  police  de  Paris  ,  en  date  du  4  fruc- 
tidor an  8  ,  portant  que  tous  permis  de  résider 
obtenus  par  plusieurs  italiens  réfugiés  anlérieu- 
remeiit  à  l'époque  du  14  floréal  an  8,  se  trouvent 
annullés  de  droit  par  la  promulgation  de  l'arrêté 
des  consuls  ; 

Il  es;  enjoint   à   tous   les   italiens  réfugiés  qui 

ne    sont   pas     compris    dans     les   exceptions    de 

l'anicle  II  dudiiairêté,  ou  qui  n'ont  pas  obtenu 

d  exemptions  du  ministre  de  la  police  générale  , 

;r.-ii'    L-uieraent   au   14   floréal  an   8  ,  de  se  pré- 

ie   suite  à  la  préfecture  de  police  ,  où  ils 

NCia  délivré  les  passeports  nécessaires  pour  se 

u  idie  a  Milan. 

Ceux  qui  ne  se  conformeront  pas  au  présent 
ordre  ,  seront  arrêtés  et  conduits  de  brigade  en 
bligade  hors  du  territoire  de  la  république 
française. 

Le  préfet  de  police ,  signé  Dubois. 


Dans  le  raprochement  que  nous  avons  pré- 
«enlé  des  diverses  circonstances,  qui  dans  plu- 
sieurs départemens  ont  rendu  la  fête  du  i^"^  ven- 
démiaire particulièrement  remarquable  ,  nous 
avons  eu  occasion  de  dire  que  par-tout  la  pr<5- 
clamatioti  du  nom  du  département  des  Vosges 
avait  été  entendue  avec  un  sentiment  de  recon- 
naissance joint  à  l'idée  d'une  noble  émulation  ; 
i'il  est  cependant  un  dépariemcnt  oii  cette  pro- 
clamation a  dû  produire  l'effet  qu'on  deVait 
s'en  promettre  ,  c'est-à-dire  ,  encourager  par  une 
digne  récompense.,  sans  doute  ce  dût  être  celui 
même  qui  avait  obtenu  par  son  zèle  et  ses  sa- 
crifices une  si  honorable  distinction.  Le  préfet 
de  ce  département ,  le  citoyen  Desgouttes  ,  s'est 
emparé  d'une  circonstance  si  bien  faite  pour 
jetter  de  l'intérêt  sur  le  discours  qu'il  devait  pro- 
noncer ;  Voici  le  passage  dans  lequel  élevant 
aux  yeux  de  ses  concitoyens  la  palme  qui  leur 
était  décernée  ,. il  semble  leur  indiquer  qu'il  est 
de   leur  honneur   de   la   mériter  toujours. 

«t  Tout  nous  présage ,  a-t-il  dit,  que  nous 
verrons  ,  à  la  prochaine  fête  de  la  république  , 
.ce  que  tous  les  répubUcains  ont  tant  de  plaisir 
à  se  promettre  ,  et  qu'alors  nous  recueillerons 
déjà  le  fruit  de  nos  efforts  et  de  nos  sacrifices 
■Les  finances   sagciiient  restaurée 


90 

I 

devenues  plus  faciles ,  line  foule  de  bras  retidtjl 
à 'i'agriculiure  ,  la  rVie'ndicité  remplacée  par  \<i 
aavail,  le  commerce  rétabli  sur  ses  bases,  les 
luanufacluiES  acliyées,  les  ans  lendus  àleui  écl^l 
Itt  les  sciences  à  l'eur  utilité  tuiélaïre  :  tels  seront 
les  premiers  bienfaits  de  la  paix.  ~ 

1»  Pour  obtenir  un  .si  heureux  résultat  v  secon- 
dons, citoyens,  les  vues  paternelles  du  gou- 
verneraenl.  Tous  ses  vœux  ;  tous  ses  soins  ten- 
dent à  assurer  le  bonheur  de  la  France  :  con- 
courons donc  à  un  si  généreux  dessein ,  par 
notre  union,  par  notre  confiance  inaltérable  dans 
sa  sagesse  ,  par  notre  exactitude  à  nous  sou- 
mettre aux  lois,  et  à  les.  faire  exécuter  ,  enfin 
par  notre  zèle  et  notre  empressement  à  faire 
les  sacrifices  quipeuveni  servir  à  accroître  lagloire 
et  la  prospérité  de  la  république  ,  et  à  affermir  la 
liberté  nationale. 

M 'Etqui  de  vous ,  citoyens,  pourrait  trouver 
pénibles  les  sacrifices  que  la  patrie  exige  ,  lors- 
qu'ils sont  récompensés  d'une  manière  aussi 
,  honorable  qu'ils  viennent  de  l'être  par  le  gou- 
vernement? qui  de  vous  ne  sent  redoubler  son 
dévouement  à  la  cause  de  la  liberié  ,  envoyant 
une  des  principales  places  de  Paris  devenir  un 
monument  de  la  reconnaissance  nationale  envers 
ce  département  ?  qui  de  vous  enfin  ne  trouve 
glorieux  dç  pouvoir  dire  :  et  moi  aussi  je  suis  du 
déparlement  des  Fos^w  !  et  moi  aussi  fai  parti- 
cipé à  ses  généreux  efforts  pour  assurer  l'indépendance 
de  la  patrie  !  Sans  doute  ,  la  proclamation  que 
l'on  fait  aujouid'hui  de  votre  nom  dans  toute 
l'étendue  de  la  république,  va  exciter  une  noble 
émulation  dans  le  cœur  de  tous  les  français  ; 
sans  doute  que  les  autres  départemens ,  jaloux 
du  nouvel  exemple  de  patriotisme  que  vous  leur 
donnez  en  acquitant  les  premiers  vos  contributions, 
et  en  effectuant  avec  zèle  votre  levée  de  cons- 
crits ,  malgré  le  peu  de  richesse  de  votre  sol 
et  les  nombreux  haiaillons  que  vous  avez  fournis 
depuis  le  commencement  de  la  guerre  de  la 
liberié,  vont  redoubler  d'efforts  pour  vous  sur- 
passer à  leur  tour  dans  ce  grand  concours  de 
sacrifices.  Mais ,  habitans  des  Vosges ,  vous  ne 
le  souffrirez  pas  ;  vous  saurez  mériter  de  plus 
en  plus  l'honorable  distinction  que.  vous  venez 
d'obtenir  ,  et  l'on  dira  toujours:  cest  le  départe- 
ment des  Vosges  qui  a  le  plus  contribué  à  l'éia- 
blissement  de  la  republique,  j) 


phalanges  qui  se  répandaient  naguère  «n  totrens 
et  qui  menaçaient  d'un  facile  envahissement  les 
états  voisins  ,  étaient  réduites  à  défrndre  nos  fron — 
tieres  contre  des  étrangers  arrivés  des  bords  de  la 
Neva  ,  dont  la  présence  serait  révc.quée  en  doute , 
si  elle  n'était  attestée  par  leur  défaite. 

)>  Les  puissances  ennemies  étaient  persuadée* 
que  l'heure  de  la  république  avait  enfin  sonné- 
Déjà  elles  disputaient  entr'elles  sur  la  manière 
d'élever  au  milieu  de  nous  un  fau'.ôme  de  roi 
qu'elles  tiendraient  enchaîné,  er  au  nom  duquel 
elles  enchaîneraient  la  nation  elle-même.  Leurs 
alliés  de  l'intérieur  applaudissaient  à  ce  projet, 
impie,  et  traitaient  d'avance  avec  une.  pitié  perfide 
les  amis  de  la  république. 

1»  Ils  demandaient  alors  à  quoi  avaient  servi  à 
la  France  tant  de  conceptions  si  décriées  ,  tant  de 
réputations  évanouies  .  tant  de  victoires  inutiles  , 
et  comment  la  république  serait  défendue  av.«c 
ses- législateurs  ,  ses  directeurs,  ses  géiréraux  qui 
savaient  encore  rn(;uirir  ,  mais  qui  ne  savaient  plut 
vaincre  ? 

j)  Le  18  brumaire  a  répondu. 

)>  La  patrie  avait  jeté  un  cri  d'alarme  ,  et  ce  cri 
avait  retenti  auJ  quatre  coins  du  monde.  Ses  ami» 
accourent,  s'entendent  ,  se  serrent.  Le  génie  ,  la 
vertu  ,  la  valeur  s'embrassent  et  conjurent  le  salut 
de  la  république.  >).... 

(  Ici  l'oratelir  trace  avec  la  même  rapidité  le 
tableau  des  avantages  que  le  peuple  français  a 
déjà  reconnu  dfevoir  à  celte  journée  mémo- 
rable. ) 

!>  Mais  ,  ajoute-t-il  ,  il  est  un  genre  de  bienfait 
plus  relevé  peut-être  ,  qu'il  n'a  été  donné  encore 
à  personne  d'exercer  envers  un  peuple  sortant 
d'une  révolution  ,  et  que  le  gouvernement  vient 
de  nous  rendre. 

51  Les  tempêtes  que  la  liberié  soulevé  ont  aussi 
leur  te  rme.  Les  troubles ,  les  agitations ,  les  guerres 
intestines  ,  la  fureur  des  partis  ,  fatiguent  à  la 
longue  les  peuples  qui  s'y  livrent.  Lorsque  les 
hommes  lesplus  intrépides  ont  péri  parles  combats 
ou  par  les  proscriptions,  que  d'autres  ont  reculé- 
devant  le  sang  qui  inondait  la  carrière  ,  et  que 
tous  soupirent  après  les  douceurs  du  repos,  il 
n'est  pas  rare  qu  il  se  présente  un  homme  habile 
qui  applique  à  son  profit  cette  disposition  des 
esprits  ,  qui  s'empare  insensiblement  de  tout , 
Le  préfet  des  Basses-Pyrenées,  le  citoyen  Gui-  j  lorsqu'on  ne  lui  avait  rien  accordé,  et  qui  place 


nebaud  ,  dans  un  passage  remarquable  de  son 
discours  ,  a  eu  l'art  de  tracer  en  véritable  répu- 
blicain ,  et  le  tableau  des  abus  de  la  monarchie  , 
et  l'éloge  de  detix  monarques. 

'1  Quinze  siècles  d'une  domination  hérédiiai'e  , 

a-t-il  dit,  avaient  déjà  pesé  sur  les  Français.., 

Le  peuple  opprimé  par  ses  rois,  écrasé  .par  les 
grands  ,  passart  comme  un  vil  héiitage  des  mains 
inhabiles  d'un  roi  sanï  mérite  -,  aux  mains  d  un 
prince  que  le  hasard  aveugle  destinait  à  régner. 
Le  caprice,  l'insouciance  ou  l'intrigue  s'empa- 
raient du  timon  de  l'état  et  présidaient  à  ses  des- 
tinées. Des  distinctions  barbares  ,  l'odieuse  féo- 
dalité fesaieni  la  base  du  gouvernement;  des  lois 
sans  force  ,  l'impuniié  accordée  à  telle  ou  telle 
caste  ,  des  coutumes  bizarres  ,  formant  autant  de 
codes  que  de  provinces,  telle  était  l'essence  du 
pouvoir  judiciaire. 

>>  Auguste  vérité!  tu  ne  permettras  pas  que  la 
postérité  confonde  avec  la  foule  des  monarques  , 
le  petit  nombre  de  rois  qui  veillèrent  au  bonheur 
du  peuple.  L'histoire  ,  en  flétrissant  ceux-ci  ,  saura 
respecter  la  mémoire  des  Louis  XII  et  des  Henri, 
et  placer  leurs  noms  parmi  ceux  des  grands  hom- 
mes qui  furent  utiles  à  la  patrie.  9) 

A  Rouen  ,  la  fête  de  la  république  a  été  remar- 
quable par  l'hommage  que  le  préfet  ,  du  départe- 
ment, le  citoyen  Beugnot,  s'est  plû  à  rendre  au 
zèle,  et  au  dévouement  des  habitans  et  des  magis- 
trats ,  par  le  témoignage  de  satisfaction  ,  donné  à 
la  garde  nationale  ,  par  le  général  commandant 
la  i5'  division  militaire  ;  et  suitout  par  la  manière 
éloquente- avec  laquelle  le  préfet  a  entretenu  les 
citoyens  du  grand  objet  pour  lequel  ils  étaient 
réunis.  Il  avait  à  parler  de  nos  revers  passagers  ; 
c'est  dans  les  termes  suivans  qu  il  dépeint  l'état 
oii  la  France  se  trouvait  alors. 

li  Le  gouvernement  était  tombé  entre  les  mains 
d'hommes,  qui  ne  savaient  ni  le  garder  ni  le 
quitter,  et  qui,  incertains  dans  leur  marche  et 
inquiets  Sur  leur  existence,  perdaient  à  calculer 
leurs  dangers  persotinéls ,  le  tems  et  les  moyens 
qu'ils  avaient  de  conjurer  ceux  de  la  république. 

"  Une  faction  audacieuse  avait  encore  une  fois 
asservi  le   corps  législatif. 

Il  La  victoire  ne  trouvait  plus  sa  place  entrp 
cet  assemblage  monstrueux  d'une  faction  légis- 
lative et  d'un  gouvernement  corrompu.  Nos  sol- 
dats n'avaient  pas  cessé  d'être  braves  ,  nos  géné- 
rauxd'être  habiles.  L'armée  était  encore  elle-même; 
mais  soumise  à  des  déterminations  absurdes  ou 
coupables,   elle  ne   pouvait   plus  qu'illustrer   ses 


,.  ,        .-,„■,,  '^  f^""  ^' '«(  disgrâces,  et  étonner  par  de  mémorables  retraites 

desespoir  écartes, de  I  asile  des  nombreux  créan-  j  l'Europe  qu'elle  avait  asservie  par  ses  victoires.  A 
cic»  de  leiat.,  les' communicauoas  intérieures    la  bgnte  étcrnellg  d«  ce  gouverneraent,  ces  mêmes 


soiL  usurpation  sous  la  protection  de  quelques 
lois  sages  ,  de  quelques  actes  mémorables  de  clé- 
mence ou  de  justice  .  et  surtout  de  ce  repoi 
public  devenu  le  premier  des  besoins. 

)i  Le  tyran  ne  manque  pas  d'appeiler  à  soa 
secours'  les  lettres  et  les  arts  :  les  lettres  pour 
achever  de  corrompre  le  peuple  par  d'ingénieuse» 
flatteries  ,  les  arts  pour  consacrer  des  passion* 
honteuses  ou  amuser  la  multitude  par  des  inuti- 
lités superbes. 

il  Le  gouvernement  français  donne  au  monde 
l'exemple  contraire.  Il  a  fait  tourner  tout  entier 
au  profit  de  la  liberté  ,  le  grand  pouvoir  qu'il  a 
reçu  du  peuple  et  de  la  constitution.  Il  a  com- 
batiu  ceux-là  surtout  qui  osaient  se  présenter  à 
l'esclavage  ,  et  c'est  avec  eux  seulement  qu'il  ne 
fera  jamais  la  paix.  Vous  l'avez,  eniendu  provo- 
quer un  code  civil ,  non  pour  offrir  une  compen- 
sation à  la  perle  de  la  liberié  politique  ,  mais  pour 
que  ce  code  serve  d'appui  aux  lois  constitution- 
Tielles  ,  et  qu'il  en  fasse  descendre  la  protection 
jusques  dans  les  détails  destransactionsordinairea. 
Loin  de  chercher  à  éteindre  le  sentiment  de  la 
liberté  ,  il  l'a  réveillé  dans  toutes  les  âmes  ;  loin 
d'en  diminuer  les  atiraits  ,  il  les  a  relevés  à  tous 
les  yeux  ,  en  la  montrant  avec  ses  véritables  attri- 
buts ,  appuyée  sur  la  jusdce  et  sur  l'humanité  , 
environnée  de  ces  vertus  mâles  et  fieres  qui  sem- 
blent élever  l'homme  au-dessus  de  lui-même. 

)'  Le  gouvernement  a  appelé  les  lettres  et  les 
arts:  les  lettres  pour  leur  confier  le  soin  d'éclairer 
les  peuples  sur  leurs  droits  et  sur  leurs  devoirs. 
Il  ne  s'en  est  pas  servi  pour  reproduire  d  anciennes 
images ,  rappeler  d'anciens  souvenirs  ,  et  pour 
provoquer  des  regrets  et  des  vœux  peut-être  , 
mais  il  leur  a  imprimé  l'essor  qui  les  porte  vers 
des  beautés  et  des  vérités  nouvelles. 

51  S  il  confie  à  la  sculpture  le  soin  d'immor- 
taliser un  homme  de  génie  ,  il  ne  le  choisit  pas 
parmi  ceux  qui  ont  jette  sur  les  fers  des  peu- 
ples un  éclat  qui  semblait  en  garantir  la  durée., 
niais  il  acquitte  une  dette  nationale  envers  cet 
immortel  génie  qui  a  révélé  à  l'homme  son 
indépendance  naturelle  ,  et  lui  a  appris  à  pré- 
férer un  désert  et  la  liberié,  aux  séductions 
empoisonnées  qu'on  trouve  dans  les  palais  des 
rois.  S'il  demande  à  )a  musique  ses  accords  , 
c'est  pour  qu'elle  reproduise  les  chants  de  Tyr- 
tée  ,  et  enflamme  les  cœurs  d'une  ardeur  guer» 
riere.  S'il  s  adresse  à  l'éloquence,  c'est  pour 
qu  elle  semé  des  fleurs  sur  le  tombeau  du  libé- 
rateur du  nouveau  monde  ;  s'il  appelle  la  pein- 
ture ,  s'est  pour  qu'elle  offre  sans  cesse  à  nos 
yeux  le  spectacle  sublime  des  héros  raourans 
pour  la  liberté.  Ainsi,  les  sciences  ,  les  lettres , 
les  arts ,  les  institutions,  tout  concourt  dans 
les    mains    du    gouvernement    à    affermir  ceil« 


91 


constituîîofl  dont  il  est  dépositaire  ,  et  c'est  pour 
ce   généieux    dessein   qu'il    invoque   de  lous  its 

Îioinis   de    la   république  ,   et  les   vertus,  et  les 
umierts  ,  et  les  talens  ,  et  le  courage.  '> 

Après  un  tel  discours,  dont  ces  trails  détachés 
peuvent  à  peine  faire  iueer  l'ensemble,'  et  que 
nous  avouons  avoir  affaibli  ,  puisque  nous  an- 
nonçons l'avoir  extrait  ,  il  était  difficile  d'être 
entendu  sur  le  même  Sujet  avec  un  véritable 
intérêt.  Une  idée  heureuse  a  cependant  obtenu 
cet  avantage  sur  l'un  des  adjoints  du  maire  de 
Rouen.  Celle  idée  consistait  à  rapprocher,  en 
peu  de  mots ,  les  victoires  ou  les  événeinens  lieu- 
leux  qui  ,  neuf  fois  ,  ont  signalé  les  anniversaires 
du   i'^^  vendémiaire. 


suffiraient  pour  prouver  sa  profonde  érudition,!      Or,  on    n'imposera    personne    à   cet    égard,. 


SI  elle  n'tialt  pas  généraleraent  connue.   Nou 
le  suivions    point   dans  teiie  dissertation  ,    mais 
nou.s  croyons  devoir  donner  en  entier  à   nos  lec- 
teurs le  trailé  même  qui  est  aiiribué  au  propliête. 

Pactâ  et   convention   que  fait  Mahomet  ,  envoyé   de 
.  Dieu ,  avec  te  Peuple  de  ta  secte  clirétienne. 


que  selon  l'étendue  de  ses  (acuités  ,  et  se's. 
moyens.  On  ne  taxera  pas  înconsidérémetlt 
ceux  qui  doivent  un  tribut  pour  la  , terre  ,  l'ha- 
bitaiion  et  le  produit  du  sol.  On  n'exigera  de 
personne  que  ce  que  tout  autre  tributaire  de 
même  classe  devrait  payer. 

Ceux  qui  sont  compris  dans  ce  pacte  ,  ne 
Mahomet,  envoyé  de  Dieu,  l'écrit  pour  tous  ;  seront  pas  contraints  de  partir  avec  les  musul- 
•   hoiiiracs  ,  afin    de   leur  annoncer  et   de   leur  i  mans  ,  pour  marcher  conire   l'ennemi  ,   le   com- 


laitc  connaître  le  dépôt  de  Dic-u  dans  la  vériié  ; 
cl  que  la  cau.sc  de  Dieu  ,  selon  le  rit  chrciien  , 
demetiie  décidée  tant  à  l'orient  de  la  terre  (ju'l 
son  occident  ,  dans  ses  contrées  habiices  de  l'in- 
térieur ,  et  chez  les  baibares,  tout  proches  ou 
éloignés,  connus  ou  inconnus. 


»  Le   i"  vendémiaire    an    i° 


dit-il 


au  rao-         Il  Jcur  dépose  cel  écrit  comme  un  pacte   d'une 
inent  oît'la    convention   nationale  proclamait   la  j  stricte   obéissance,   et   une   siipulalion  publique- 


république  ,    nos  armées  ,    naguercs    r  pousse 
jusques  dans  les  plaines  de  la  Champagne,  vain- 
quaient à  Volmy  et  pénétraient  jusqu  à  Spirf. 

î>  Le  1"^'  vendémiaire  an  2  ,  l'armée  des  Alpes 
fait  mordre  la  poussière  à  un  grand  nombre  de 
j>iémontais  ,  force  leur  camp  et  prend  leur  ar- 
tillerie. 

>>  Le  l'r  vendémiaire  an  3  ,  l'armée  de  Sambre 
et  Meuse  entre  dans  Aix-la-Chapelle  ,  tandis  que 
celle  des  Pyrénées  orientales,  enlevant  les  redou- 
tes et  le  camp  de  Corouge  ,  repousse  l'ennemi 
laissant  &ur  le  champ  de  bataille  tous  ses  effets  de 
campement. 

II  Le    i'''   vendémiaire   an    4  ,   l'armée  d'Italie 


battre  ,  espionner  quelles  sont  ses  forces  ,  parce 
que  ce  n'est  pas  à  ces  gens  à  se  mêler  de  la 
guerre.  Or,  en  leur  accordant  ce,  pacte  ,  c'est 
pour  leur  éviter  d  y  être  conuaints  ;  mais  les 
musulmans  seuls  veilleront  à  leur  sûielé  ,  et  hâ 
garantiront  de  toute  offense.  On  ne  les  forcera 
donc  pas  d'accompagner  les  musulmans  qui  iront 
au-devant  de  l'ennemi  jjou:  le  combattre. 

On  n'exigera    non   plus   d'eux  aucun  subside  , 
soit  en  cavalerie  ,    soit  en  armes  offensives  :    ce 
I  qu'ils    fourniront    sera    volontaire     :     aiii^i     on 
Ainsi  ,  un  homme  qui  ,  attaché   à  l'Islamisme  ,  1  rie   tirera  rien   d'eux  que   de  leur   gré.  Alors   on 
refusera    de    l'exécuter   et  violera    la   teneur    de  i ''^uf   en   sera    reconnaissant,  et    on  les    indem- 
ce  pacte  ,  pour  se  comporter  comme  les  infidèles,  I  nisera, 


ment  laite;  de  sorte  que  la  loi  résultante  devienne 
la  base  de  la  justice,  et  un  engagement  qui  soit 
exactement  rempli. 


sera  censé  en  rejeller  les  conditions  ,  s'opposer  au 
traité  de  Dieu  ,  renoncer  aux  promesses  qu'il  con- 
tient, manquer  à  sa  propre  conscience  ;  qu'il  soit 
souverain  ,  ou  tout  autre  parmi  les  croyans  cl 
musulmans. 


C'est  pourquoi  en   accordant  aux  chrétiens  ce 
pacte  et   ces   conditions  ,  respectivement  obliga- 
toires ,  et  qu'ils  ont  demandées  tant  de   ma  part 
met   en     déroute    huit    mille    autrichiens    sur  la  I  que  de  celle  de  tous  les  musulmans  ,  désirant  que 
ligne  de  Bochetta.  |  je  fisse  avec  eux  un  pacte  de  Dieu  ,  et  une  stipu- 

5)  Le  1''  vendémiaire  an  5,  Killemaine ,  qUe  |  lalion  ou  alliance  commune  avec  les  prophètes , 
celte  ville  se  rappellera  toujours  avec  olaisir  | 'es  envoyés  ,  les  élus  ,  les  saints  croyans  el  musul- 
d'avoir  possédé   quelque   tems  ,  après    avoir  fait  ;  mans  antérieurs  ou  futurs  ;  je  ,  au  nom  de  Dieu  , 

1100  prisonniers,     poursuit    à  Govcrnolo    l'en-  jet  avec  une    résignation   aussi  sincère   que   doit         _ .„„._.^.  ,    „.  .»- 

de    lui     abandonner     toute    son  i  l'avoir   un  prophète  envoyé ,  et  un   messager  ap-  1  cijjtera  ce  rachat  ;  on  ne  l'abandonnera  pas  ;  on 

i  prochant  (cesi-a-dire   de   la   Divinité),  statue  et     „£  le  rejettera  pas.   En  eff'et  ,  j'accorde   ce  paci« 


ariête  les  clauses  et  conditions  suivantes  : 


:s,    ei    a  travers  un   pays  insurge,    ■'j     ,     ^     .    ,■  .     ,       ^    ,        n      -'  ,     ,      " 

ennemies,    des   dangers    de    ,oute  ■ '^^ '^"'^/S''^"  v"^^  ^"'^ '^^'^P'^""  '  '^^ '«"",°"- 


nemi     oblig 
artillerie. 

î)  Le  i"  vendémiaire  an  6  ,  Bonaparte  et  j 
l'airmée  d'Egyple  célèbrent  dans  la  capitale  de  1  Je  protégerai  les  juges  des  chrétiens  dans  mes 
cet  ancien  empire  les  succès  de  l'armée  fran-  |  provinces  ,  avec  ma  cavalerie,  mon  infanterie, 
çaise  ,  et  le  Nil  éionn'é  voit  flotter  sur  ses  bords  ^  mes  auxiliaires ,  mes  sectateurs  les  croyans ,  et  en 
les    couleurs   républicaines.  1  quelque  lieu   que  ce  sou  ,   confie  l'ennemi,   soit 

,,Le  1"  vendémiaire  an  7  ,  Macdonald  sor-  ^^'°'S"é  ,  ^oit  proche;  .oit  en  paix  ,  soit  eri  guerre: 
lait  de  Naples.  èi  à  travers  un  navs  insurgé.  J=  les  prendra,  sous  ma  proteci.on  ;  je  1  éloignerai 
des    armées 

espèce  ,   ramenait    à    la    république   une   de  ses 
braves   armées. 

))  Le  1"  vendémiaire  an  8  .  nous  célébrons 
à-la-fois  la  vicioirc  de  Brune  sur  les  anglais  ,  et 
le  retour  en  France  du  vainqueur  de  lEgypte.  >' 

Pourquoi  I  orateur  n'a-i-il  pu  ajouter  :  au  1'' 
vendémiaire  an  9,  au  moment  où  je  parle.  Paris 
entend  proclamer  que  lespérance  de  la  paix  la 
plus  glorieuse  nous  est  enfin  permise.  Ce  trait 
n'eût  pas  été  le  moins  heùicux  de  ces  rappro- 
chemens  ;    il  les  eiàt  dignement  couronnés. 


Aucun  musulman  n'exercera  donc  contre  les 
chrédens  ,  ni  extorsion  ,  ni  vexation  quelconque  , 
et  ne  cherchera  aucun  avantage  sur  eux  que  celui 
de  leur  faire  du  bien.  Il  déploiera  sur  eux  l'aile 
de  la  miséricorde;  en  éloignera  tout  mal  ,  toute 
offense  ,  en  quelque  lieu  quils  soient' él  qu'ils  se 
trouvent. 

S\  un  chrétien  commel  un  délit  ou  fait  un  tort 
quelconque  ,  que  le  musulman  vienne  à  son 
secours  ,  l'empêche  (s'il  le  peut  encore),  s'inté- 
resse pour  lui  .  s'interpose  pour  ce  tort  ,  lâche 
d'arranger  lafTaire  comme  médiateur  entre  lui  eC 
ce  qu  exige  la  réparation  du  délit. 

S'il  est  dans  le  cas  de  se  racheter  ,    on  lui  fa- 


toires  ,  de  leurs  hermiiages  ,  des  hospices  de  leurs 


aux  chrétiens  ,  afin  que  tout  ce  qui  est  en  faveur 
des  musulmans  le  soit  aussi  pour  eux  ,  comme 
tout  ce  qui  est  défavorable  aux  musulmans  doit 
lêtre  pareillement  pour  les  chiéliens;  enfin  ,  pour 
que  les  avantages  el  les  désavantages  leur  soient 
communs. 

En  venu  de  ce  pacte  ,  dont  la  concession  ne 
pouvait  être  refusée  à  une  juste  demande,  et 
au  désir  sincère  d'en  remplir    exactement   la  te- 


peleiinages  ,  en   quelque  endroit  qu'ils  soient  et  i  neur,^les  musulmans  sont   tenus  de  garantir  les 
se  trouvent  ,  sur  une  montagne  ,  dans  une  vallée,     chiétiens  de  touteiésion  ,  et  de    leur    témoigner 


ou  dans  une  groite,  ou  dans  une  maison  ,  ou  en 
plaine  ,  ou  dans  les  sables ,  ou  dans  un  édifice 
quelconque. 

Je  protégerai    leur  religion,   leurs  propriéiés ,  i 
par-tout  où  ils  seront  et  se  trouveront  ,  à  l'orient 
et  à  l'occident  ,    sur  terre    et   sur  mer  ,    comme 
je    défends  ma  personne    et  mon  cachet,   et   le 
peuple    des    croyans   et  musulmans. 

Je  les    metltai    en   sûreté   sous    ma    protection 

'       ~~      "~"      ""  [  contre     toute    peine  ,    violence  .    oflTense  ,    op- 

Pacte  fait  entre  Mahomet  et  les  Chrétiens  de  toutes  pression  et  tr.ouble.  Je  serai  derrière  eux,  au- 
Us  sectes  ;  par  lequel  il  leur  accorde  la  liberté  de  ;  tour  d'eux  ,  les  défendant  contre  l'ennemi  cora- 
leur  culte  ,  et  maintient  leurs  propriétés  et  leurs  tivun  avec  mes  sectateurs,  mes  auxiliaires,  et 
hiérarchies.    Par   L.    de   Villebrune  ;    avec   cette  j  mon  peuple  en  général. 

épigraphe  :  Ainsi    ayant    la  souveraineté    sur  eux  ,  et   par 

<•  Nous  u'appartenonià  aucune  cottetie  qu'à  la  nation  entière.  „     Cela  même    étant   obligé   d'en  être  comme  le  pas- 

BoNAPARTE.  i  leur  ,  je  les   garantirai  de  toute    lésion  ,  et  il  ne 

-,  1  ,  .  leur  arrivera  rien  qui    n'arrive  auparavant  à   mes 

L  auteur  commence  par  donner  des  notions  sur    j.o^p3g„ons    qui  travaillent   à    consolider    mon 

cette  pièce  singulière.  |  ouvrage.  Je  les  exempterai  des  charges  que  sup- 

ll'y  a  environ  seize  ans  ,  dit-il  ,  qu'on  rappella    portent  même  les  confédérés  ,  par   lès  mutations 

dins    les  journaux    anglais   un    pacte    fait   enire     et  les    coniribuiions  ;  et  i  s  ne  feront  à  cet  égard 

Mahomci  et  les  Chiétiens  des  différentes    secies  1  rien  que  de  bonne    volonté.  Ils  ne  supporteront 

♦le  son  tems  ,  et  en  vertu  duquel  il  leur  assurait     donc    aucune   charge  ,  ni   n'éprouveront  aucune 

la  pioprieté   de   leurs  biens  ,   là  liberté   de   leurs  ;  contrainte  à  ce  sujet. 

cuhes ,  et  la  conservation  de  leurs  hiérarchies.  |  Un  évêque  ne  sera  pas  expulsé  de  son  siège  , 
Un  pariiculier,  disait-on  ,  arrivant  de  Constan-  |  ni  un  chrétien  de  son  église,  ni  un  moine  de 
tinople  à  Londres,  y  apportait  un  ouvrage  écrit  son  monastère  ,  ni  un  pèlerin  troublé  dans  son 
en  français  sur  le  sérail  ,  et  dans  lequel  il  rappe-  pèlerinage,  ni  un  soliiaire  chassé  de  la  solitude 
lait  ce  pacte  comme  existant,  et  conservé  dans  de  sa  montagne.  On  ne  prendra  aucune  partie 
les  archives  du  divan  qui  le  cachait  aux  chrétiens.  ,  des  bâiimens  de  leurs  églises  ;  on  n'en  emploiera 
Le  ministère  de  France  ayant  eu  connaissance  de  rien  pour  bâiir  un  temple  ou  une  habitation  de 
cette  indication,  fit  chercher  ce  pacte  dans  la  musulmans.  Celui  qui  le  feiait ,  violerait  par  cela 
biblioiheque  royale,  sur  le  soupçon  qu  il  avait  ,  même  le  pacte  de  Dieu,  outragerait  son  envoyé  , 
éié  imprimé  le  siècle  dernier  en  France  :  mais  ce  ,  et  insulterait  à  la  sanction  de  IDieu. 
fut  en  vain.  Le  garde  des  livres  me  dit  :   tirez-  |      Qn  n'imposera   donc  pas  les  solitaires,  ni  les 


nous  d'embarras  ,  nous  cher'chons  un  pacte  de  Ma- 
homet que  le  ministre  nous  demande  :  on  nous  assure 
qu'il  a  été  imprimé  à  Paris  .-Je  lui  montrai  aussitôt 
oil  il  élâil.  Une  copie  de  l'imprimé  d  Paris 
m'était  déjà  tombé  dans  les  mains  en  Hollande  , 
lorsque  j'étudiais  les  langues  ori.ntdcs,  et  je 
l'avais  tiaduil  sur  l'original  même,  ayjnt  trouvé 
la  irjduclion  laiint  dcleclueuse  en  plusieurs  en- 
droits. 

Le  ciioyen  Villebrune  raconle  commet  ,  étant 
bibliothécaire  en  chef  de  la  bibliothèque  natio- 
nale, il  commença  à  laiie  faire  de  sa  Iradutiion, 
une  édition  ijui  lui  intenompue.  Il  indique  une 
tidducrion  laliiie  de  ce  iraiiè  ,  imprimée  par  Lcjay 
en  17^0  ,  doni  deux  cxernpiaiies  doivent ,  dit-il, 
le  trouver  à  la  bibliothèque  nationale. 

Parcourant  ensuite  toutes  les  objections  que  l'on 
puuiraii  faire  contre  I  authenticité  de   ce  pacte 


eveques  ,  ni  en  général  ceux  qui  ne  sont  pas 
sujets  aux  taxis  :  ils  ne  donneront  que  ce  qu'ils 
voudront  bien  eux-mêmes  à  cet  égard. 

Les  riches  marchands  associés  ,  les  pêcheurs 
de  perles,  ceux  qui  font  tirer  des  inines  les 
diamans  ,  l'or,  1  argent;  ceux  qui  forit  un  grand 
commerce  dé  harnois.de  chevaux  ,  de  garance  ; 
enfin  les  chiéliens  fortunés  ne  seront  assujettis 
qu  a  la  laxe  de  douze  deniers  par  an  ,  en  quel- 
ques lieux  quils  habitent  des  domiciles  fixes  et 
peimanens.  Mais  s  ils  n  en  ont  pas  ,  et  qu'ils  ne 
fassent  que  passer  dans  un  endroit  habité  sans 
y  être  domiciliés  ,  ni  pouvoir  avouer  aucune 
de  neure  fixe,  ils  ne  seront  sujets  à  aucune 
cont.ibution  ni  à  aucune  laxe  ,  à  moins  qu'ils 
ne  ieiincnt  par  leur»  mains  I  hérita/^c  de  quel- 
que portion  de  terre  de  celui  qui  doit  une  taxe 
u  légitime   souverain:  alors  ils  ne  paieront  qu^ 


U   ïit.  Villebrune  y  répond   par   des  détails  qui  ;  ce  que  paierait  un  autre  pour  cela 


tous    les  seniiriiens  d'huriianité  ;   desorle  que  les  ' 
uns  et  les    autres  participent  nécessairement  aux 
mêmes  avantages  et  désavantages. 

On  n'agira  pas  inconsidérément  en  ce  qui  coir-  ' 
cerne  le  mariage.  On.  ne  maltraitera  pas  ,  on 
n'outragera  pas  les  parens  d'une  jeune  fille  pour 
la  faire  marier  avec  un  musulman.  On  ne  leur 
fera  donc  aucune  violence  ,  s'ils  s'opposent 
aux  fiançailles,  et  ne  consentent  pas  à  :  union 
conjugale  ,  parce  que  cette  union  ne  doit  se  faire 
que  de  bonne  volonté,  et  avec  le  désir  biea 
prononcé  d'approuver  et  d'y  consentir. 

Si  une  chrétienne  habite  avec  un  musulman  , 
il  se  conforihera  à  son  désir  an  sujet  de  la  relio-ion 
qu'elle  professe  ,  selon  le  vœu  de  ses  prélats  et 
de  ses  supérieurs ,  afin  qu'elle  en  reçoive,  l'ins- 
triiction  ;  bien  loin  de  la  contraindre  à  y  renon-- 
cer  ,  en  la  menaçant  de  la  renvoyer.  Il  ne  la 
forcera  donc  pas  d'abjurer  ;  s'il  le  fait  et  la  mal- 
traite ,  dès  -  lors  il  viole  le  pacte  de  Dieu, 
transgresse  cette  stipula,ion  de  son  Envoyé  , 
et  se  trouve  ,  devant  Dieu,  du  nombre  de» 
menteurs. 

Si  les  chrétiens  ,  pour  réparer  leurs  églises 
ou  leurs  monastères  ,  ou  pour  toute  autre  chose 
relative  à  leur  culte  ,  ont  besoin  d'une  contri- 
bution de  la  part  des  musulmans  ou  de  quelques 
secours  pour  ces  réparadons,  les  musulmans  con- 
tribueront ,  mais,  non  comme  pour  leur  faire 
contracter  une  dette  :  ce  sera  seulement  à  litre 
de  secours  accordé  à  l'avantage  de  leur  reli- 
gion et  de  leur  foi  ,  en  vertu  du  pacte  que  fait 
l'Envoyé  de  Dieu,  et  en  un  pur  don  qu'ils  leur 
feront  pour  remphr  ce  pacte  entr'eux  et  1  Envoyé 
de  Dieu. 

Si  un  chrétien  se  trouve  parmi  les  musulmaps  , 
on  ne  lui  marqueta  aucVne  inimitié  ;  on  ne  lui 
dira  pas  d'un  ton  d'auloriié  :  sois  mon  messager  , 
mon  guide  ;  on  ne  le  grèvera  d'aucune  com- 
mission forcée  ,  ni  de  rien  qui  puisse  donner 
lieu  à  une  rixe  sanglante.  Celui  qui  se  compor- 
terait ainsi  ,  serait  un  impie,  un  homme  rebelle 
à  la  volonté  de  Dieu  ,  et  violateur  de  son  com- 
mandement. S.  ' 

Mais  les  conditions  sous  lesquelles  l'Envoyé 
de  Dieu  engage  la  religion  des  chiétiens  et  leur 
conscience  à  adhérer  à  ce  pacte  sous  le  sceau  de 
la  bonne  foi  avec  laquelle  il  le  leur  accorde  ,  sont 
celles-ci  : 

Aucun  d'eux  ne  retirera  de  militaire  dans  son 
habitation,  contre  les  musulmans,  soit  s  iieti- 
meni ,  soit  ouveriemcni  ,  soit  sous  la  foi  du  ser- 
ment. Il  n'admettra  aucuu  de  leurs  eniicuns  ; 
ou  ne  leur  donnera  l'hospiialiié  ni  dans  les  cel- 
lu  es  ,  ni  dans  les  lieux  consacrés  au  culte  des 
chrétiens. 


Les  chrêiiens  ne  fourniront  aucun  tniliiaire 
aux  troupes  enHemies ,  ni  armes  offensives, 
ni  cavalerie,  ni  infanterie,  contre  les  musul- 
mans. Ils  ne  donneront  aux  ennemis  aucun  gage  , 
n'en  recevront  aucun  d'eux;  né  leur  donneront 
aucune  parole  ,  ne  traiteront  pas  avec  eux  p^r 
■écrit,  ne  feront  aucune  convention  avec  eux; 
et  si  ces  enileniis  se  retirent  dans  quelque  en- 
droit, ils  lesabandonnerontàleurpropre  délense: 
alors  ce    sera  à  ces  ennemis  à  détendre  leur  vie 


9« 

tion  ,  l'a  rendu  plus  épais  ,  et  empêclié  la  cir- 
culation dms  les  vnisseaux  capillaires  ;  de-là  l'en- 
gorgement, l'inflammalion  ,  la  gangrené,  d'où 
résultent  ces  fièvres  charbonneuses  qui  enlèvent 
l'animal  aussitôt   qu'il  est  frappé. 

J  ai  remarqiié  ,  dit  le  citoyen  Texier  ,  que  les 
bestiaux,  dans  les  lieux  oii  ils  allaient  paître, 
arrachaient  la  racine  de  la  plante,  quoiqu'cn- 
tourée  d'une  cerlairie  quantité  de  terre.  Us  ne 
pouvaient  ,    qu'avac     beaucoup    de     difficulté   , 


et  leur  religion   au  prix  de   leur  sang,  par-lout  I  digérer  cet  aliment ,  et  lorsqu'ils  étaient  de  relour 


où  ils   seront   et  se  trouveront. 

Les  chrétiens  n'empêcheront  pas  les  musul- 
mans de  prendre  ,  par-lout  où  ils  se  trouveront , 
des  vivres  pour  trois  jours  ,  tant  pour  eux  que 
pour  leurs  bêtes  de  somme  ,  leurs  gens  et  leurs 
animaux  ;  ils  leur  varieront  mêmes  les  vivres 
dont  ils  se  nourriront  ,  et  ne  leur  refuseront  rien 
à  cet  égard. 

Ils  les  garantiront  de  toute  lésion  et  de  toute 
violence;  et  s'il  leur  arrive  que  l'un  bu  l'autre 
musulman  se  retire  dans  leurs  habiiatioiis ,  dans 
l'une  ou  l'autre  pariie  de' leurs  domiciles  ,  ils 
les  traiteront  en  amis  ,  fourniront  à  leurs  besoins, 
leur  marqueront  toute  sollicitude  possible  dans 
le  malheur  où  ils  se  trouvent  ,  les  dérobant  au- 
tant qu'ils  pourront  dans  l'endroit  où  ils  se  sont 
cachés  ,  sans  jamais  déceler  leur  retraite  à  l'en- 
nemi ;  et  ils  ne  s'écarteront  aucunement  de  leur 
devoir  à  ces  difFérens  égards. 

Quiconque  (parmi  Us  chrétiens)  se  refuserait 
à  ces  conditions,  et  s'en  écarterait  pour  agir 
autrement,  n'aurait  plus  aucune  paît  aux  artich-s 
arrêiés  dans  ce  pacte  de  Dieu  et  par  son  pro- 
phète ,  ni  aux  promesses  que  je  garantis  aux 
supérieurs  ecclésiastiques,  aux  moines,  et  en 
général  aux  chrétiens,  de  la  part  du  peuple  du 
livre. 

Le  prophète ,  au  nom  de  Dieu ,  adjure  ici 
le  peuple  des  fidèles  et  leur  foi  à  ces  divers 
égards  ,  en  quelque  Heu  qu'ils  soient  et  se  trou- 
vent :  il  interpose  aussi  la  sienne  ,  tant  pour  lui 
que  pour  les  musulmans,  dans  ce  dépôt  qu'il 
leur  laisse  ;  requérant  une  entière  obéissance  , 
dont  la  récompense  est  assurée.  Puisse  ce  pacie 
être  perpétué  dans  tous  les  siècles,  jusqu'à  l'heure 
dernière^  ei  jusqu'à   la   fin  du  monde  ! 

Et  ont  signé  sur  cet  écrit,  fait  entre  l'envoyé 
de  Dieu  et  les  chrétiens  ,  les  clauses  et  condi- 
tions qu'il  a  arrêiées  avec  eux  ;  enjoignant  que 
ce  pacie  soit  strictement  observé  : 
■  Abulacre-Assadicq.  —  Omar  Ben-AUhatab.  — 
Othman  Ben-Afan.  —  Ali-Ben-Abi-Jaleb.  —  Moavia 
Bm-Abi-Sofan.  Abu-Abdarda.  Abu-Adrin.  Abu- 
Horain.  —  Abdalla-Ben-Masud.  Abdatta-Ben-Alnb- 
bas.  Hamza  Ben-Abdi-Motalleb.  ~  Vodail  Xaido 
Ben-Thabet.  —  Abdalla  Ben-Zflid.  Harjus  Ben- 
^aid.  —  Alzobair  Bm-Ala'dam.   Saad  Ben-Mond. 

—  Tabtt  Ben-Cais.  Asamet  Ben-l^aid.  —  Othman 
Ben-Matun.  —Abdalla  Ben-Omar- Alans.  —  Aben- 
Riibiaa.  Hazan  Ben-Thabet  —  Giafar  Ben-Abi- 
Taleb.  Aben-Alabbas.  Talha  Beu-Àbdalla.  Saad 
Ben-Abade.  Xaido  Ben-Arcam.  — Sahal Ben-Baida. 
■ —  Daud  Ben-Giobair.  —  Abu-Alaalia.  Abu  Ahrifa 
Ben-Ozair.  Haschem  Ben-Assia.  —  Omar  Ben-lami?i. 

—  Caab  Ben-Malec.  —  Caab  Ben-Caab. 
Que  les  bons  plaisirs   de  Dieu  soient  sur  eux 

■tous  ! 

Et  l'a  écrit  ,  comme  secrétaire  ,  Moavia  Ben- 
Abi-Sqfian  ,  un  des  soldats  de  l'envoyé  de  Dieu  , 
le  dernier  jour  de  la  lune  du  quatrième  mois, 
l'an  quatre  de   l'hégire,  à  Médine. 

Que  Dieu  récompense  ceux  qui  ont  signé 
conim-.'  témoins  de  ce  qui  est  dans  cet  écrit  ;  et 
gloire  à  Dieu  ,  maître  du  monde  ! 

Agriculture. 

Exn.lit  d'un  mémoire  présenté  à  la  société  d'agri- 
culture ,  par  le  citoyen  Texier  ,jils  ,  artiste  vétéri- 
naire ,  chargé  d'observer  l'épizootiê  qui  s'est  mani- 
festée dans  l'île  de  Magne  ,  et  quelques  communes 
du  département  des  Deux-Sévres, 

L'épizooiie  s'est  déclarée  dans  le  courant  des 
mois  de  messidor  ,  thermidor  et  fructidor  ;  elle  a 
•frappé  non-seulement  les  bêtes  à  cornes  ,  mais 
encore  les  chevaux  ,  jumens  ,  mules  et  mulets  , 
et  même  les  bêtes  à  laine. 

L'île  de  Magne,  sur  la  Sêvre ,  où  elle  a  coBl- 
œencé  ses  ravages,  est  remplie  de  marais,  et  la 
chaleur  excessive  de  l'été  a  desséché  entièrement 
une  grande  quantité  de  fossés  ,  dont  les  vases  et 
les'herbages  ont  exhalé  des  miasmes  qui  ont  Sans 
doute  coopéré  au  développement  de  la  maladie. 
Outre  ces  causes  générales  ,  la  sécheresse  a  dé- 
pouillé le  sang  de  sa  partie  fluide  par  l'absorp- 


à  I  étable  ,  ils  mangeaient  avec  avidité  le  foin 
nouveau  qui  leur  était  donné.  Ce  foin,  très-sec  et 
plein  de  feu  ,  si  on  peut  se  servir  de  cette  expres- 
sion ,  excitait  une  fermentation  considérable,  et 
absorbait  une  grande  partie  des  sucs  digestifs. 

Les  syinpiômes  de  la  maladie,  sont,  dans  les 
bêtes  à  cornes,  une  fièvre  violente  ,  annoncée 
par  un  pouls  plein  et  précipité  ,  la  bouche  sèche 
et  quelquefoisune  bave  sanguinolente  ;  l'air  triste  , 
les  yeux  hagards  ,  éiincelans  et  quelquefois  lar- 
moyans  ;  le  poil  tané ,  la  peau  sèche  et  tenant 
aux  côîes  ;  un  engorgement  dans  les  glandes, 
particulièrement  dans  celles  maxillaires  et  ingui- 
nales; beaucoup  de  sensibilité  quise  manifeste 
du  côté  gauche  ,  vis-à-vis  le  fond  de  la  vessie 
conique  gauche  de  la  panse  ;  les  urines  très-clai- 
res,  plus  ou  moins  abondantes;  les  exciérnens 
glaireux  et  sanguinolens  ;  le  délaut  de  rumina- 
tion ;  faiblesse  de  reins  ,  et  quelques  niugisse- 
mens  plaintifs  lorsque  l'artiste  voulait  inciser  une 
partie  de  la  peau.  Les  animaux  attaqués  meurent 
dans  l'espace  de  quatre,  cinq  et  six  heures,  s'ils 
ne  sont  pas  soulagés;  d'autres  jpérissent  quelque- 
fois   de   suite. 

Par  l'examen  des  cadavres  des  animaux  frappés 
et  les  symptômes  que  nous  venons  de  citer  ,  le 
citoyen  Texier  trouve  dans  cette  épizootie  un  ca- 
ractère charbonneux  ;  nous  nous  hâtons  dï  faire 
connaître  aux  cultivateurs  les  moyens  préservatils 
et  le  traitement  qu'il  indique. 

D'abord  ,  eTifouir  très-profondément  et  dans 
des  lieux  écartés,  les  cadavres  des  animaux, 
et  jeter,  s  il  est  possible  ,  de  la  chaux  vive  sur 
leur  fasse.  —  Blanchir,  aérer  et  parfumer  leS 
écuries  et  les  établês  où  il  est  mort  des  animaux 
frappés  de  contagion.  —  Eloigner  des  lieux  où 
il  en  a  été  enfoui  ,  ceux  qiai  ont  été  préservés. 
—  Ne  point  les  excéder  de  fatigue  dans  les  cha- 
leurs ,  ni  de  nourriture  dans  aucun  tems ,  et  leur 
donner  pour  boisson  une  eau  claire   et  battue. 

Traitement. 

Il  faut  saigner  l'animal  attaqué  ,  à  jeun  ,  s'il  est 
possible.  La  saignée  a  pour  objet  de  prévenir 
l'inflammation  et  la  gangrené.  —  On  donne  ensuite, 
aussi  à  jeun  ,  le  breuvage  composé  ainsi  qu'il 
suit  : 

Prenez  guimauve  ,  laitue  ou  chicorée  sauvage, 
en  un  mot ,  quelques  plantes  rafraîchissanies  el 
émollientes;  laites-en  bouillir  une  forte  poignée 
dans  deux  ou  trois  pintes  d'eau  naïuielle  ,  et 
coulez  la  décoction,  lorsqu'elle  est  assez  refroidie, 
dans  une  bouteille  de  deux  ou  trois  livres  ; 
ajoutez  un  demis  gros  de  camphre  ,  trois  gros 
de  sel  de  niire  ,  et  quelques  gouttes  de  vinaigre. 
Celle  dose  est  pour  les  grands  animaux  :  on 
la  donne  selon  la  force  et  l'âge  ,  et  1  on  réitère 
le  breuvage  toutes  les  quatre  ou  cinq  heures. 

Aux  animaux  qui  ont  communiqué  avec  les 
malades,  on  peut  donner,  comme  préservatif, 
un  breuvage  seulement;  et  si  ce  sont  des  ani- 
maux ruminans ,  on  leur  jette  api  es  la  dose, 
une  pincée  de  sel  marin  ou  muriaié  de  soude, 
dans  la  gueule  :  la  moitié  de  la  dose  suffira 
pourles  jeunes  élevés. 

On  place  ensuite  un  séton  au  poitrail  ou  au 
plai  de  la  cuisse  ,  pour  produire  un  point  d'irri- 
tation ,  et  excitei  une  suppuration  qui  est  toujours 
saluiaire:elle  prévient  ou  détourne  l'humeur  mor- 
bifique  des  viscères  essentiels  à  la  vie. 

L'on  fait  des  masticadours  d'assa-foetida  et  d'ail , 
qu'on  leur  met  deux  ou  trois  fois  par  jour  dans 
la  bouché  ,  ce  qui  augmente  la  sécrétion  de  la 
salive  et  facilite  la  digestion  ;  On  leur  frotte  aussi 
la  bouche  aveyc  du  poivre  ,  dit  sel ,  de  l'ail ,  du 
poireau  et  du  vinaigre. 

On  doit  sentir  que  le  régime  à  (Jbserver  doit 
être  relatif  au  traitetnént. 

Il  est  un  préjugé  malheureux  qui  ,  dans  les 
épizooties  ,  décourage  iine  certaine  classe  de  cul- 
tivateurs :  ik  attribuent  la  maladie  de  leurs  bes- 
tiaux au  maléfice  de  leurs  ennemis  ,  et  Ifes  frip- 
pons  profitent    de    leurs    craintes   supetsitieuses 


pour  voier  leur  argent  ,  en  leur  persuadant 
qu'ils  ont  des  secrets  efficaces.  Le  merveilleux 
frappe  les  esprits  faibles  ;  c'est  aux  esprits  sages, 
aux  magistrats  immédiats  du  peuple  à  détruire 
ces  préjugés,  aussi  nuisibles  à  l'agriculture  que 
funesles'pour  la  fortune  des  citoyens  qui  en  sont 
frappés.  Nous  invitons  les  maires  des  communes 
agricoles,  où  le  fléau  de  l'épizootie  s'est  mani- 
festé ,  à  propager  les  insiruclions  contenues  dans 
cet  article  de  notre  feuille.  Eclairer  les  cultiva- 
teurs ,  c'est  bien  mériter  de  la  patrie  et  d« 
l'humanité. 

P.  S.  Nous  annonçons  que  ,  dans  les  communes 
riveraines  de  la  Sevré  ,  l'épizooiie  s'est  calmée.  Ce 
changement  doit  être  aliribué  aux  pluies  qui  se 
sont  succédées  sur  la  fin  de  fructidor,  et  qui  ont 
purifié  les  eaux  et  l'athraosphere.  La  même  cause 
a  sans  doute  produit  les  mêmes  effets  dans  les 
autres  communes  du  département,  où  le  mal  s'était 
répandu.  (Entrait  du  Journal  des  Deux-Sevres.  ) 


LIVRES      DIVERS. 


Itinéraire  completde  la  France.,  ou  tableau  général 
de  toutes  les  routes  et  chemins  de  traverse  de 
ce  pays,  auquel  on  a  joint  la  direction  des 
routes  aux  villes  capitales  des  royaumes  qui 
avoisinent  cette  république  ,  orné  d'une  cane 
géographique  ;  par  M.  L.  D.  M.  ,  2'  vol.  in-S". 
brochés  ;    prix  g  francs. 

A  Paris  ,  chez  la  veuve  Cailleau  ,  libraire  ,  rue 
André  des  Arts  ,   b'?  a8. 

Cet  ouvrage  est  le  plus  complet  qui  ait  encore 
paru  en  ce  genre.   Un  voyageur  peut  ,  ce   livre 
à  la  main  ,  traverser  en  tous  sens  ,   soit  par  les 
grandes  toutes,  soit  par  les  chemins  de  traverse  , 
le  territoire   aciucl   do   la   république,  sans  avoir 
I  besoin  d'aucuns   rcnseignemens. 
I       La  carte  qui  accompagne  cet  itinéraire   est  de 
I  la  plus  belle   exécution.   Des  circonstances  par- 
ticulières ont  jusqu'ici  empêché  les  propriétaires 
de  cet  intéressant  ouvrage  ,  imprimé  en  1789  ,  de 
le  faire  connaître   au  public. 

Almanach  du  Théâtre  des  Jeunes-Eteves  de  la  rue 
de  Thionville  ,  contenant  des  vers  ,  couplets  , 
bons-mots  et  anecdotes. 

A  Paris  ,  chez  Hugelet ,  imprimeur ,  rue  des 
Fossés-Jacques  ,  n°  4. 

COURS    DU    CHANGE, 

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Tiers  consolidé 35  fr.   75  c. 

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SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republioije  et  des  Arts. 
Defti.  Iphigénie  en  Aulide ,  suiv.  du  ballet  de 
Télémàque. 

Théâtre  de  la  rue  Fevdeau.  Aujourd'hui 
la    i"'  repr.    de  TJméo ,    opéra  en  trois  actes. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  le  Mari  sans 
femme  ;  M.  Guillaume  ,  et  Jenesaiki. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  la  i"^'  repr.  de  Canardin  ou  le  Quai  de  la 
volaille  ,  comédie  du  gros  génie  ,  mêlée  de  vaud.  , 
lerm.  par  une  ronde  grotesque  et  la  Pille   hussard. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Caiherine. 
Auj.   relâche. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris  ,   rue  des  PoiteVi 
raa'an  c-ommcucetneni'-  de  chaque  moi?. 

Il  faut  adresser  Icj  lettics  etl'argent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  AcA  «s  e, 


1*  18.  Le  prix  est  de  ï5  franc»  pour  trois  mois,  5o  (rancs  pour  fi  moi»,  cl  100  francs  pour  1': 


.  On  ncs'abonne 


^_,_^^ ^__    ,  _         ,  _       ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  PoiKvins.nOiS.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  dci 

■pays  0''i  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  4  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut,  av-oir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce   qui    tônccrne  la  rédaction  de  la  feuille  , 
P»itevins  ,  n«  i3,  depui  (neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soit. 


rédaclcur 


t  de4 


A  Paris,  de  l'intpriiiietU  du  cit.  AftiMe,  propriétaire  du  Moniteur j  rue  às.%  Poitevins,  n»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONILEUR  UNIVERSEL. 


N°  25. 


Qjdntidi ,  25  vendémiaire  an  9  de  la  république  française,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M  O  N  l  T  E  U  R  est  le  seul  journal  ojidcl 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenî ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi   que  l«  faits  et  les  notions 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


Avii  aux  souscripteurs. 

Nous  invitons  les  souscripteurs  dont  l'abonne- 
inent  expire  à  la  fin  du  mois  ,  à  le  renouveller 
promptement  pour  qu'il  n'y  ait  point  d'interrup- 
tion dans  leur  service.  Nous  profitons  de  celte 
circonstance  pour  les  engager  à  adresser  direc- 
tement à  notre  bureau  ,  rue  des  Poitevins,  n°  18  , 
les  fonds  et  leurs  demandes  ,  parce  que  ce  n'est 
que  sur  lès  quittances  qui  y  sont  délivrées  que 
nous  sommes  responsables  des  négligences  ou 
des  erreurs  à  leur  préjudice.  H.  Agasse. 


E  X  T  E  R  I    E  U   R. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  1 1  octobre.  (  i  g  vendémiaire. ) 

Actions  de  la  banque  fermées.  —  3  pour  J 
consolidés  (  for  money  )  64  i  ;i  (  for  account  )  64  i 
—  5  pour  §99  ï  —  Omnium  3  j. 

Il  paraît  assuré  que  le  parlement  ,  en  vertu 
d'une  proclamation  que  ion  annonce,  effectuera 
ta  rentrée  le   mardi  11   novembre  (ao  brumaire.) 

Le  gouvernement  a  reçu  ce  malin  des  dé- 
pèches officielles  qui  lui  apprennent  la  reprise 
de   Malle. 

Il  lui  a  été  apporté  en  même  tems  des  dépêches 
de  M.    Artliur   Paget ,  notre  envoyé  à  Florence. 

Un  bâtiment  arrivé  à  Leiih  a  rapporté  qu'une 
de  nos  expéditions  navales  destinée  a  agir  contre 
les  côtes  de  l'ennemi  ,  a  été  dispersée  par  la 
tempête. 

L'anniversaire  de  l'élection  de  M.  Fox  pour 
Westminster,  a  été  célébré  hier  à  la  taverne  de 
Shakespeare.  M.  Fox ,  après  un  long  et  très- 
éloquent  discours  ,    porta  le  toast  suivant  :  Â  une 


missez  d'avance  ,  mes  amis  ,  aux  maux  que  vous 
vous  préparez;  ouvrez  à  la  fin  les  yeux:  apper- 
cevez  ,  je  vous  en  conjure  ,  fabîme  creusé  sous 
vos  pas.  et  tendez  vous  incontinent;  comptez 
sur  ma  loyauté.  Alors  que  vous  aurez  fait  ce 
louable  efiFort  sur  voiis-mêmes  ,  le  département 
du  Sud  restera  l'ntart  ,  et  le  peuple  qui  l'habite 
jouira  d'une  parfaite  tranquillité  après  un  si 
violent  orage. 

Et  vous  ,  chefs  insensés  et  dénaturés,  ne  res- 
sentez-vous pas  des  remords  d'avoir  armé  le  père 
contre  le  fils  ,  le  fils  contre  le  père  ,  l'un  el  l'autre 
contre  la  république  ?  restcrez-vous  spectateurs 
sanglans  de  l'anéantissement  du  département  du 
Sud  ?  votre  conscience  ne  vous  dit-elle  pas  : 
Profitons  de  l'indulgence  qui  nous  est  oSèrie  , 
et  abjurons  nos  torts,  pour  ne  plus  penser  qu'à 
les  faire  otrblier,  par  une  conduite  digne  de  la 
grande-nation  à  laquelle  nous  appartenons.  Puis- 
je  ouvrir  mon  cœur  à  l'espérance  ?  aurez-vous  la 
force  de  vous  soumettre  ?  je  vous  promets  sûreté 
et  protection  ,  jusqu'à  ce  que  le  gouvernement 
ait  décidé  sur  votre  compte  ;  je  suis  certain  qu'il 
approuvera  d'ailleurs  tour  ce  que  je  ferai  pour 
vous  ,  par  la  confiance  qu'il  me  témoigne.  Réflé- 
chissez ,  citoyens  ,  votre  sort  est  entre  vos  mains  ; 
si  vous  êtes  encore  sourds  à  la  voix  de  votre  ami , 
vous  succomberez,  et  je  n'aurai  rien  à  me 
reprocher. 

Le  général  de  division  Michel  ,  le  citoyen 
Rai;nond,  ex-commissaire,  et  le  citoyen  Vin- 
cent ,  directeur  des  fortifications  de  Saint  -  Do- 
mingue  ,  arrivent  de  France  ;  je  les  ai  pris  à 
témoins  de  toutes  mes  opérations;  ils  sauront, 
n'en  doutez  pas  ,  que  j'aurai  fait  tout  ce  qui 
aura  été  en  mon  pouvoir  pour  vous  ramerter 
à  l'ordre  ,  et  rétablir  la  tranquillité  dans  le  Sud  , 
et  que  vous  vous  y  serez  obstinément  refusés. 

La  présente  proclamation  sera  imprimée,  en- 
voyée aux  généraux  Oe  l'armée  de  la  république. 
pour  en  répandie  dans  le  département  du  Sud , 
de  manière  à  ce  que  les  citoyens  qu'elle  concerne, 
ayent  a  se  prononcer  ,  pour  ou  contre  la  France, 


prompte  paix  entre  la  Grande-Bretagne  et  la  Repu-  J  °'A°^^^  ^"  conséquence  auxdits    généraux  de 
blique  française.  .--...— 

Sir  Ralph  Abercrombie  et  sir  James  Pulleney 
ont  fait  leur  jonction  à  Gibraltar. 

Le  choix  pour  la  place  de  lord  maire  de  Lon- 
dres est  tombé  sur  sir  William  Stayncs. 

(  Extrait  du  Star  et  du  Morning-Herald.  ] 


REPUBLIQ,UE    FRANÇAISE. 

ISLE    SAINT-DOMINGUE. 

PsoCL^MATioN  adressée  par  Toussaint- Louverture  . 
général  en  chef  de  l armée  de  Saint-Domingue , 
o  tons  les  citoyens  du  dépaitemeat  du  Sud  de 
Saint-Domingue. 

C  I  T  o  Y  i;  N  s  , 

L'humanité  et  la  sensibilité  qui  ont  toujours  été  '   Toussaint  Louverture  ,   général  en  chef  de  l'arviée  de 


traiter  comme  frères  tous  les  citoyens  qui  se 
rentiraient  ,  même  ceux  d'entre  ica  ciioycoo  ^«1 
seraient  pris  les  armes  à  la  rjaain. 

Donné  au  quartier-généraldu  Petit-Goave  ,  le 
!''■  messidor  ,  an  8  de  la  république  française  , 
une  et  indivisible. 

Le  général  en  chef. 

Signé ,  Toussaint  Louverture. 
Lettre  écrite  par  le  général  en  chef  de  l'armée  de 
Saint-Domingue  ,  aux  autorités  civiles ,  militaires, 
et  tous  autres  cilofens  de  la  ville  des  Cayes  ,  et 
instructions  données  aux  députés  qu'il  envoya  dans 
ladite  ville  pour  porter  ladite  lettre.  —  Léogane  , 
le  20  messidor  ,  l'an  8  de  la  république  française  . 
une  cl  indivisible 


Saint-Domingue,  aux  magistrats  du  peuple,  et 
tous  citoyens  français  du  département  du  Sud  , 
civils  et  militaires. 


la  base  de  ma  conduite  el  de  toutes  mt-s  actions, 
m'oblige  de  vous  prévenir  encore  des  malheurs 
qui  vous  menacent  ,  quoique  vous  ayez  tou- 
jours été  sourds  à  mes  proclamations  et  adresses,  '  i„  t.  j  i-  •  ,,  ■ 
par  lesquelles  je  vous  invitais  à  rentrer  dans  le  1  J  c  "^  i  f  1  occasion  dti  citoyen  Vincent, 
devoir  ,  à  vous  ranger  sous  les  drapeaux  da  la  '■'"-'*  ^  1°,  '■  d"«"="':ge""ïl  des  fonifica- 
icpublique  ,  enfin 'dabjurer  votre  erreur  ,  et  i  r°"'  "  '^  «oloiiie  ,  envoyé  par  le  gouvernement 
jurer   obéissance    et    soumission    aux   lois   de  h  1    ""«"^J, P°"' ^°'f  P" '"'-'»f'"e 'es  événemens  et 

les    malheurs    qu  a    entraines     la    guerre   civile. 
.  jiar    le    lait  des   méchans   et  des   ennemis   de  la 


lépublique  et  à  vos  chefs. 
J'ai    reçu   des   ordres  du    gouvernement   fian- 

f:ais  qui  me  prescrivent  de  rétablir  la  paix  et 
a  tranquillilé  dans  cette  malheureuse  colonie  , 
de  fiire  cesser  la  guêtre  intestine  qui  nous  désole 
tous  ,  el  d'employer -pour  cela  tous  les  pouvoirs 
dont  je  suis  revêtu  ;  en  conséquence  ,  voulant 
vous  prouver  combien  je  suis  jaloux  de  vous 
être  utile  ,   malgré  votre  persévérance  dans  votre 


tranquillilé  publique 

Je  lui  adjoins  une  députation  des  deux  citoyens, 
Arrault  et  Cézar  ,  le  dernier  membre  du  tribunal 
civil  du  Sud  ,  et  ce  suivant  les  ordres  que  j'en 
ai  reçus  du  gouvernement,  et  d'apiès  la  confiance 
4^^  il  a  en  moi  ,  pour  ramener  la  paix  et  la  tran- 
quillilé.   Ces  citoyens   vous  diront   ma  façon  de 


lébellion  ,  je  vous  accorde  à  tous  .  même  à  ceux  I  P^"^"',^'  7°"^   assureront  que  je  suis    disposé 
du  nord  et  de  fouest  ,   qui  abandonnèrent  leurs  '      ^'"O"'"  'T  'O"'  '«^  ,™0"de  amnistie   générale  ,  à 
familles  el   leurs  propriélés,    parce   qu'ils    furent     ^!,\°Z'^L''l.t°v^\'"l°l^''LT'^^^^^^^ 
rdon  de 


trompes  .  le  pardon  de  votre  erreur,  et  amnistie  , 
li  ,  aussitôt  la  promulgation  de  la  [iréserite  pro- 
clamation ,  vous  mettez  bas  les  armes.  Profitez  , 
citoyens  ,  de  cette  dernière  tentative  ;  il  ne  suffit 
que  de  faire  le  sacrifice  d  un  peu  d'or;^ueil  qui 
vous  retient  encore.  Vos  amis  ,  vos  païens  ,  vos 
tneres  et  vos  pères  .  n<-  l'empotlerontils  pas  sur 
«ne  pareille  chimère  ?  Votre  avoir,  vo»  propriétés 
ne  «ont-ils  plus  rien  pour  vous  ?  La  inerc-pairie 
outiagée  ,  qui  vous  tend  encore  des  bras  secou- 
Mbles,    n'Ksi-clle  plus  vqiic  bienfaitrice?   Fré- 


moyennant  que  l'on  rentre  dans  l'ordre,  que 
lous  les  hommes  égarés  ou  trompés  ,  se  rendent 
dans  le  sein  de  leurs  familles  ,  et  que  tous  les  cul- 
tivateurs forcés  de  sortir  de  chez  eux  ,  rejoignent 
leurs  habitations  respectives. 

Il  est  de  mon  devoir  de  vous  donner  connais- 
sance de  quelques  phrases  de  la  lettre  du  mi- 
nistre de  la  marine  et  des  colonies  ,  dont  voici 
l'extrait  : 

n  Un  gouvernement  fort  a  remplacé  un  pou- 
j>  voir  exécutif  faible  et  divisé. 


"Je  compte  sur  votre  zèle  et  votre  fidélité. 
..  faites  connaître  aux  troupes  qui  sont  sous  vos 
.'  ordres  que  le  tems  des  déchiremens  est  passé; 
i>  reunissez-vous  lous  autour  du  nouveau  pacte 
>)  social  du  peuple  français. 

"  Le  grade  de  général  en  chef  dont  vous  a 
»  honore  la  république ,  et  que  le  nouveau  gou- 
"  vernement  vous  a  confirmé  ,  est  le  premier  de 
).  larnihce  militaire.  Il  demande  de  la  prudence 
'>  et  de  la  modération.  Employez  votre  crédit  , 
"  vos  lalens  à  calmer  toutes  les  haines;  étouffez 
>'  tous  les  ressentimens  ,  et  soyez  grand  par  le 
I'  bien  que  vous   ferez. 

"Le  premier  consul  a  confiance  en  vous. 
')  Vous  y  répondrez  en  ramenant  la  paix  dans  la 
"  belle  colonie  de  Saint-Domingue,  qui  inté- 
"  resse  à  tant  de  titres  la  nation  entière. 

î'  Le  gouvernemerit  attend  de  vous  que  le  pre- 
)>  mier  aviso  que  vous  expédierez  ,  nous  annon- 
>)  cera  que  par  vos  soins  et  voire  prudence  ,  la 
>'  paix  est  rétablie   àSaint-Doniingue." 

Signé;  Forfait.        ' 
Pour  copie  conformé  , 

Toussaint  Louverture. 
D'après  l'hunnaniié  qui  est  toujours  mon  guide  ^ 
et  la  lettre  du  ministre  ,  je  vous  proteste  que  j'ai 
tout  oubhé  et  que  je  pardonne  ;  je  vous  tends 
les  bras  ;  si  vous  résistez  encore  à  ma  voix  ce 
n  est  plus  ma  faute. 
Réponse  de  suite,  oui  ou  non. 

Salut  en  la  république   française. 

Toussaint  Louverture. 

Instructions  pour  les  citoyens  Vincent,  Arrault  et 
Cezar  ,  députés  auprès  des  autorités  constituées  ,  tant 
civHes  que  militaires  ,  de  la  ville  des  Cayes  .  à 
l  effet  de  mettre  un  terme  à  la  guerre  civile  qui 
afflige  cette  infortunée  colonie  .  conformément  aux 
ordres  du  gouvernement  franc  ns  ,  et  sauver  le 
département  du  Sud  des  malheurs  qu'entraînerait 
après  elle  une  plus  longue  résistance. 

Mon  but  ,  en  vous  envoyant  aux  Cayes  en 
qualité  de  députés,  était,  vous  le  savez  ,  d  éclairer 

U  rjJigior,  ,r/.mpPP  d,,  pF,.plp  H„.  H^p.  .,.„,„,  d„ 

Sud,    par  I  organe   des  autorités    constituées   de 
cette  ville,  pour  lesquelles  je   me   conleniais    d» 
vous   remettre   une   lettre   expositive    des    inten- 
nons   du    gouvernement  français  ,    des   miewines 
qui  tendent  au  même  but.  Je  pensais  qu'elle  de- 
vait   suffire    pour    terminer     une    guerre     désas- 
treuse ,  avec   d'autant  plus   de  raison  ,  que  lin- 
térêt  de  chacun  ,  comme  le  salut  de  tous,  devait 
faire  soupirer  après  les  douceurs  de  la  paix  .  des 
hommes  depuis  si  long-tems  en  proie  à  tous  les 
fléaux   d'une   guerre  civile.    Mais    lenvoi    de    la 
depulaiion  qui  m'a  été  faite  ,  en  me  fesant  con- 
naître que   le   peuple   n'a  pu  être  instruit  de  mes 
intentions  ,  par  la  nullité   oii  se  trouvent  réduits 
ses    représenians  ,    me    ûéterraine    à    vous    faire 
passer  des  instructions  particulières  ,  qui  puissent 
vous  servir    de   base    et   de   rsgle     de   conduite 
dnns  la  négociation  que  vous   êtes  chargés    d'en- 
tamer ,  et   par  lesquelles  vous    puissiez"  être    re- 
connus ,   comme    revêtus    de    tous    les   pouvoirs 
nécessaires  à  cet  effet,   et  qu'en  vertu  de- l'auto- 
risation   de    l'agent   du  gouvernement ,  je  vous 
accorde  par  ces  présentes. 
^      Le  seul  moyen  de   rendre  au  département  du 
bud  sa   tranquillité,  d'éviter  tous   les  méconten- 
temens  qui  pourraient   résulter  du  parti    auquel 
s  est    arrêté    le    généial  Rigaud,    c'est  de  rendre 
publique  la  let:tre  dont  je  vous  ai  chargés  pourles 
autontés  civiles  et  militaires  du  Sud  ,  afin  que 
bien  instruit   de  U  volonté  nationale  ,  convaincii 
de  mes   principes  de  justice  et  d'humanité  ,    le 
peuple   de   ce   département   soit    persuadé   qu'il 
assurera  son  bonheur  .  et  remplira  les  vœux  du 
gouvernement  .en  se  soumettant  à  l'autoiité  lé- 
gitime. En  conséquence  ,   vu  la  non-aciivité  des 
autorités  civile»,  vous  demanderez  à  ce  que  mon 
adresse   soit  sur  le  champ  imprimée  ,  et  envoyée 
de  suite  dans  tous   les   lieux  du  département  du 
Sud;  vous  autorisant  à  faire  connaître  ,  par  tous 
les  moyens  que  vous   croirez  les  plus    convena- 
bles ,  mon    ardent   désir   de   terminer  Ja  guerre 
qui  nous  afflige  ,  ma  volonté  immuable  d'oublier 
le  passé  ,  de  pardonner  aux  coup.ibles  ,  de  pro- 
téger  un    chacun    dans    ses    biens    et    dans   ses 
affections.   Quatre  personnes  seulement  ne  pour- 
roiït  jouir  de  cette  amnistie  générale  ,   parce  que 
s'étant   rendues  coupables  de  trahison,  je  dois 
pour  le  maintien  de  la  subordination    et  de  là 


■discipline  militaire,  faire  une  différence  entre 
des  hommes  qui  ,  ailachés  à  l'armée  du  Sud  ,  ont 
dû  obéir  au  chef  qui  les  commandait  (lui  seul 
étant  chargé  de  la  responsabilité  de  ses  opéra- 
tions), et  des  hommes  qui,  servant  dans  les 
armées  du  Nord  et  de  l'Ouest  ,  ont  trahi  la  con- 
fiance ,  l'honneur  et  la  république.  Ces  quatre 
personnes  sont  Bcllegarde  ,  qui  ,  en  raison  de  sa 
qualité  d'étranger,  sera  renvoyé  de  la  colonie  , 
Millet,  Dupons  et  Peiion  ,  qui  seront  punis  de 
leur  trahison,  par  quelque  tems  d'arrêt,  après 
lequel  ils  seiont  rendus  à  leurs  (amilles. 

Le  paiii  auquel  le  général  Rigaud  s'est  arrêté  , 
celui  d  abandonner  le  département  du  Sud  ,  pour 
aller  rendre  compte  de  sa  conduite  au  gouverne- 
menf  français,  est  celui  que  l'honneur  devait 
jiii  prescijte  ;  mais  les  choses  sont  dans  une 
josition  à  exiger  de  lui  qu'il  le  fasse  de  suite. 

1°.  Parce  que  le  général  de  division  Michel , 
eiant  sur  le  point  de  son  départ  pour  France  , 
il  est  nécessaire  qu'il  puisse  porter  au  gouverne- 
menl  français  la  nouvelle  certaine  de  la  pacili  a- 
lion  de  Saint-Domingue;  parce  qu'ensuite  le 
moindre  dél-ai  peut  porter  des  entraves  à  ladite 
pacificaiion. 

Le  départ  du  général  Rigai>d  ayant  pour  objet 
<je  rendre  compte  de  sa  conduite  au  gouveine- 
jnent  ,  il  ne  saurait  se  considérer  comme  s'expa- 
Iriant  de  Saint-Domingue.  Pourquoi  voudrait-il 
donc  arracher  sa  famille  à  son  pays  ,  à  ses  loyers , 
à  ses  propriétés  ?  Qii'il  les  laisse  avec  sécurité  à 
Saint-Domingue  ;  elles  trouveront  sûreté  et  pro- 
tection ;  il  peut  en  outre  les  charger  de  la  diicc- 
Ijon  de  ses  biens  ,  du  soin  de  ses  effets ,  et  il  peut 
eorapter  que  tout  ce  qui  lui  appartient  sera  res- 
pecté ,  je  lui  en  donne  ma  paiole  d'honneur  ;  et 
il  doit  d'autant  plus  y  compter  qu'en  pareil  cas  , 
je  ne  pourrais  voir  avec  plaisir  que  Ion  fît  de  la 
peine  à  ma  famille  ,  et  qu'on  la  forçai  à  s'expa- 
trier. Dans  une  pareille  circonstance,  je  ferai  donc 
pour  eux  ,  tout  ce  que  je  voudrais  que  l'on  fît 
pour  moi.  Celte  assurance  de  ma  part  devant  pour 
ses  propres  intérêts  le  déterminer  à  partir  seul  .  il 
n'a  plus  besoin  du  délai  qu'il  demande  pour  faire 
ses  apprêts.  S'il  ne  trouve  pas  dans  le  Sud  un 
bâtiment  prêt  à  mettre  à  la  voile  ,  offrez-lui  de 
se  rendre  au  Cap  avec  vous,  auprès  de  l'agent, 
soit  par  mer,  soit^^par  terre;  je  vous  ferai  fournir 
pO'ir  le  voyage  tout  ce  qu  il  vous  faudra  pour 
arriver  sûrement  et  à  bon  port.  Si  ,  lorsqu'il  sera 
renduau  Cap,  il  persiste  à  vouloir  aller  en  France, 
il  pourra  partir  avec  le  général  Michel  ,  qui  s'y 
rend  par  la  voie  des  Etats-Unis',  sur  la  frégate  de 
celte  nation  ,  te  Boston  ,  sur  laquelle  le  commo- 
dore  lui  a  offert  un  passage  ;  si  ,  au  contraire  ,  il 
préfeic  rendre  à  l'agent  les  comptes  que  le  goij- 
vernement  exige  de  lui  ,  il  pourra  le  faire  et  sera 
certain  après  sa  soumission  de  me  voir  adhérer 

avi-c  plaitir  à  son  retour  clar»o  lo   SuJ  tra  atx  v^Lidliic 

de  général  de  brigade  ,  commandant  sous  mes 
ordres  l'armée  dudit  département;  alors  il  aura 
répondu  à  l'attente  du  premier  consul  qui  ne 
manquera  pas  de  sanctionner  tout  ce  que  son 
agent  aura  fait  de  concert  avec  moi  ,  pour  paci- 
fier la  colonie. 

En  attendant  son  départ ,  il  est  nécessaire  qu'il 
s'occupe  sans  délai  ,  du  soin  de  faire  retourner 
dans  leurs  quartiers  respectifs  ,  et  au  sein  de  leurs 
familles  ,  tous  les  habitans  ,  propriétaires  ,  culti- 
vateurs et  autres  personnes  des  départeraens  du 
Nord  et  de  fOuest  réfugiés  dans  le  Sud  ;  qu'il 
renvoie  à  Jacmel  la  légion  de  l'Ouest  ,  officiers 
comme  soldats  ,  et  dans  leurs  garnisons  respec- 
tives les  militaires  qu'il  peut  en  avoir  retirés  ;  et 
comme  d'après  les  avis  que  je  reçois  du  général 
Dessalines,  je  suis  instruit  qu'on  profite  de  la 
suspension  d'armes  que  j'ai  ordonnée  ,  pour  for- 
tifier Saint-Louis  ,  d'une  manière  à  me  faire  croire 
que  l'on  n'est  pas  comme  moi  ,  dans  l'intention 
de  se  soumettre  à  la  volonté  nationale  ,  et  qu'on 
ne  veut  faire  aucun  sacrifice  pour  sauver  le  dé- 
partement du  Sud  ,  assurer  le  bonheur  de  ses 
habilans  ,  j'exige  que  la  garnison  seulement  né- 
cessaire à  la  garde  de  cette  ville  ,  soit  composée  , 
moitié  des  troupes  du  Sud,  moitié  de  celles  soiw 
les  ordres  du  général  Dessahnes  ,  qui  les  fera 
rentrer  ,  sitôt  que  le  général  Rigaud  en  aura  retiré 
le  surplus  ,  me  plaisant  à  le  croire  d'aussi  bonne 
foi  que  moi  ,  dans  les  moyens  à  employer  pour 
faire  cesser  la  guerre. 

■¥0113  ,   citoyens  ,  les  objets   sur  lesquels  vous 
devez  baser  vos  démarches  ,  pour  amener  la  paix 
que  vous  êtes  chargés  denégocier;  mais  ne  perdez 
pas  de   vue   que  vous  n'avez  pas   t^n  moment  à  ! 
perdre.  Mettez  tout  en  usage  pour  parvenir  à  une 
prompte  décision,  afin  que  le  général  Michel  qui 
l'attend  pour  partir  ,  puisse  en  emporter  avec  lui 
Je  résultat  et  le  faire  connaître  au  gouvernement  I 
français.  Puissiez-vous  au  gré  de  la  volonté  ,  que  | 
lé  premier  consul  a  authentiquement  manifesiée  I 
au    cit.  'Vincent ,   l'un   de   vous  ,   aa  gré   de  mes  j 
désirs  ,   au  gré   des  vœux   dt-s  amis   de   la  pros-  I 
périié  de  Saint-Domingue  ,  amener  la  paix  après  I 
laquelle  je  soupire  plus  que  personne.  i 

Dites  à  tous  nos  frères  du  Sud  ,  sans  distinction 
de   couleur,  qu'alors   qu'il  ne   dépend   que,  du) 
général  Rigaud  de  lauvcr  le  département  ,  en  se  • 


94 

soumettant  au  gouvernement  ,  et  en   obéissant  à  vos  yeux  ,  et   vous    ouvrais   des   bras  paternels  ; 

leurs    chefs  ,  je    leur   promets   de   mon   co  é  ,   de  raaigié     loutes    ses   démarches     aupiès    des   gou- 

mainlenir  le  bon,  ordre  et  la  plus  parfaite   iniel!i-  vernemens  éirargcrs   <jui  l'avoisiiiaient  pour  sol- 

gence  parmi  eux  ,  de   les  garantir  de  tous  dégâts  liciier   leur  appui  ,  et  ses  instances  réuéiées  pour 

et  désordres  quelconques ,  de  les  faire  jouir  enfin  en  obtenir  des  secours  en  huinines,  en  munitions 

de  la^  paix  ,  de   la  trauquilliié  ,  dune  p  .rfaite  se-  et  en   armes  ;    malgré    tout   ce  qu'il   a  tenté   enfin 


curiié.  Les  citoyens  Manin-fielfoiid  ,  Laïuiipe  et 
Chalviere,qui  s'en  retournent  auxCayds,  pourront 
faire  connaître  à  leuis  concitoyens  la  pureté  de 
mes  inleiitions  ;  ils  lei/r  diront  de  quelle  raanicfe 
ils  ont  éié  accueillis  ,  et  leur  apprendroni  qu  à 
leur  arrivée  ici  ,  ils  ont  eu  la  libre  faculté  d'alUr 
de 


maisons    en   maisons   s  entretenir 


pour  se  mamienir  dans  sa  révolie  et  aiiiver  à 
ses  fins  ,  le  ciel  vengeur  du  crime  ,  l'a  réduit  à 
la  fuiic  ,  tandis  (juc  protecteur  de  l'innocence,, 
il  m'a  p:êié  son  appui  ,  et  a  conduit  à  une 
lieuicuse  fin  mes  entreprises  qnl  ,  ctiiiun.inùées 
par  la  nécessité  d'une  juste  aeictis.-  .  n'oni  eu 
uis  I  d  autre  but  ,  que  le  bonheur  de  mes  tonciloyens.' 
frères  du  Petit  -  Goaye  ;,  puissiez- vous  avoir  la  j-  Xellc  est  la  prédiction  que  je  vous  avais  fahe, 
mpmelibeite  ,  pour  parvenir  a  dessiller  les  yeux^;  lorsque,  pa.  mon  adre.se  du  3o  germinal  .je  vous 
de  nos  frères  des  Cayes  ,  qui  pourraient  douter  ■  exposai  les  désastres  qui  pouvaient  rés'ulier  de 
encore  de  ma  loyauté,  do  mon  humamte  et  c^e  Ivoire  persévérance  à  souietiir  la  rébellion  de 
hnvariabihte  de  mes  principes  d  attachement  a4a  j  Riggnd  ,  ci  qu'après  vous  avoir  tendu  une  maia 
rrance  et  a  la  hberte  !  '  -  .  .       a      r  .... 

Militaires  ,  cultivateurs  et  habilans  du  Sud  .  pour  | 
prouver  à  mou  gouvernement  et  à  mes  conci-  f 
loyens  que  je  veux  le  bien  de  mon  pays  ,je  vous  ; 
promets  sur  ma  parole  d'honneur  un'  pardon  i 
général  .  un  oubli  sincère  du  passé  ,  de  ne  recher-  ' 
cher  aucun  coupable  parmi  vous  et  vous  accorde,  | 
au   nom  de  la  république  protection  et  siitcté. 

"Voilà  lei  dernières  paroles  de  paix  que  je  vous 
porterai  au  nom  du  gouverneineat  français  et  de 
l'humanité. 

Q_uartier-général  du  Petit-GOave  .  le  3o  mes- 
sidor ,  an  8  de  la  république  française  ,  une  et 
indivisible. 

Le  gémir  ai  en  chef  de  l'armée  de  Saint-Domingue  , 
Toussaint- LouvEUTURE. 

p    R    O    C    L    .4    M    A    T    1    O    N. 

Toiusainl  Louverturi  ,  général  en  chef  de  farinée  de 
Saint-Domingue  ,  à  tous   Us  citoyens  du,  départe-. 
.  ment  du  Sud. 

Citoyens  frères  et  amis, 


secourable  ,  jj  vous  y  disais  qu'envain  vous  vous 
confieriez  dans  Us  toiiiHcaiions  qui  fesaient  fes- 
poir  de  Rigaud;  l'événement  à  justifie  ma  pré- 
diction. 

Vous  ftîics  sourds  à  ma  voix  ,  citoyens  ,  et 
à  celle  de  la  raison  ;  alors  je  me  vis  obligé 
contre  mon  cœur  ,  d  avoir  recours  à  la  force  des 
armes  ;  je  traçai  au  généial  Dessalines  ,  com- 
mandant en  chef  du  I  année  ,  la  marche  qu'il 
devait  tenir  :  souienu  du  courage  des  gépéraujt 
Clcrvaux  ei  L. plume  et  des  efforts  de  tous  ses 
oinciers  et  soldais  .  U  surmonta  lous  lès  obstacles 
qtie  lui  opposait  Rigaud.  Mriîire  d'Aquitl  ,  il  ne 
dép  nd.iit  que  de  lui  de  poursuivie  le  cours 
de  ses  conquêtes,  mais  fiilclc  aux  ordres  de 
son  chef  ,  il  rallcntit.  devant  S. linl-Louis  l'ardeur 
de  ses  troupes,  et  altendii  patiemcnt  l'effet  qtie 
produirait  la  lettre  que  je  me  déterminai  alors 
d'adresser  par  une  députaiion  de  trois  membres 
aux  autorités  constituées  et  à  tous  les  citoyens 
tant  civils  .jue  miliiaiics  de  la  ville  des  Cayes.  Je 
composai  cette  députaiion  ,  ch.irgée  devons  faire 
connaître  mes  intentions   pacifiques  ,    d'hommes 


La  vérité  vient    enfin  de   percer  les  nuages  du     Capables  de  vous  inspirer   la   j.lus   grande    con 


mensonge  qui  ,  depuis  si  long-lems"  I  avaient 
obscurcie  à  vos  yeux  ,  et  malgré  les  efforts  des 
ennemis  de  votre  bonheur  ,  la  cause  de  la 
justice  l'emporte  enfin  sur  celle  de  l'iniiiuité. 
Si  ptirmi  vous  ,  il  en  était  encore  d  assez  in- 
crédules Ou  de  trop  aveuglés  pour  mettre  en 
doute  la  criminalilé   de  Rigaud  et   la  pureié    de 


fiance;  ce  furent  le  chef  de  brigade  Vincent, 
directeur  des  lonificaiions  à  Saint-Domingue, 
elles  citoyens  Arrault  et  Cczir,  qui  furent  chargés 
de  cette  mission.  Ils  arrivèrent  aux  Cayes  tenant 
l'olivier  d'une  main  cl  de  l'auire  mon  adresse 
qui  vous  ptomeltait  l'oubli  du  passé.  L'espoir 
des    secours   promis  à  Rigaud  par   des  hommes 


mes  intentions  ,  il  me  suffirait  de  leur  rappeler  !  'f^' étaieni  ses  complices  .  lut  fit  rejetler  ce  dernier 
les  faits  qui  se  sont  passés,  pour  faire  cesser  ■  i^^'^V'^"  ^^  "'"'  'l"*^  ma  générosité  lui  offrait 
leur  incrédulité  et  les  faire  revenir  de  leur  j '^'^'•O'''^  î  '>'^'s  v  toujours  pei  fi  Je  ,  il  me  fit  espérer  ,, 
aveuglement.  Q_uai-je  opposé  aux  calomnies  I  ''^"^  l'espoir  de  gagner  du  tems  ,  faccomplis- 
insensées,  aux  diatribes  virulentes  d.oni  Rig.ud  |  sèment  des  conditions  non  moins  humaines  que. 
a  inondé  ce  département  et  les  pays  éloignés  |  J"^'^» ''!"'=]'='"' l'foi'osais  pour  mettre  un  terme 
pour  me  montrer  aux  yeux  de  mes  concitoyens  j  '"^^^  Hcaux  destructeurs  de  la  guerre  civile  .  et 
du  Sud  comme  |l  assassin  de  mes  frères  ?   à    ceux     donner   la  paix    à  notre    pays.    Dans   cett-  iiuen 


lion  ,   il  léjiond  à   ma  dépuiaii 
me   fit   au    Petu--Goavc  ,    compi 


de  la  France,  coinme  l'ennemi  de  ma  patrie  ':* 
à  ociii»  vlca  nations  étrangères  ,  comme  ic  vio- 
lateur de  tous  les  droits  rejpectcs  par  elles  ? 
Je  n'y  ai  opposé  que  la  modération  ;  et  si  je 
pris  les  armes  contre  lui  ,  ce  ne  fut  que  parce 
qu'il  déclara  la  guerre  à  la  république  ,  à  la 
sûreté  de  laquelle  je  devais  es»eniiellement 
veiller  comme  chef  de  la  force  a  mée  ;  parce 
qu  il  leva  l'étendard  de  la  révolte  contre  1  auto- 
rité nationale  et  son  chef  légitime  ;  ce  ne  lut 
enfin  que  pour  repousser  son  injuste  agression  , 
lorsciue  ses  troupes  réunies  aux  cultivateurs  du 
Sud  ,  qu'il  avait  soulevés  ,  envahirent  les  grand 
et  petit  Goave  ,  et  y  commirent  ,  par  ses  or- 
dres ,  les  excès  qu'il  me  reproche  dans  ses 
écrits.  Les  citoyens  qui  ont  échappé  à  ce  car- 
nage médité  de  sang-froid  et  exécuté  avec  fu- 
reur, rendus  aujourd'fiui  à  leurs  foyers  désolés, 
peuvent  vous  attester  les  horreurs  de  cette  af- 
freuse journée.  Quel  a  été  cependant  le  résultat 
d'une  aussi  odieuse  conduite  ?  Malgré  ses  ca- 
lomnies et  ses  productions  mensongères  aussi 
monstrueusement  qu'emphatiquement  écrites 
par  un  abbé  ,  nommé  Bousquet  ,  qui  lui  avait 
vendu  sa  plume  ,  lesquelles  ne  furent  imprin:ées 
et  répandues  avec  profusion  que  pour  égarer 
l'opinion  des  citoyens  du  déparlement  du  Sud  ; 
malgré  ses  tentatives  criminelles  pour  me  laire 
perdre  dans  le  Nord  et  dans  1  Oucsi  une  in- 
flueiîce  acquise  par  des  services  et  une  conduite 
qui  ne.se  sont  jamais  démentis;  malgré  ses  me- 
nées sourdes  pour  ourdir  dans  ces  deux  dépar- 
temens     une     conspiration    qui  devait  ,  dans   un 

seul  jour  ,   les   faire   passer  sous   sa  domination  ,  ,  . 

et  y  anéantir  tous  les  paitisans  de  l'autorité  lét'i-  i  conire  la  jusiice  et  la  raison  ,  elle  a  su 
lime  ;  malgré  que  ,  par  suite  de  ces  menées  , 
la  place  importante  du  Môle  eût  été  mise  en 
son  pouvoir  par'^jâ  trahison  de  Bellegaide  qui 
la  lui  livra  ;  malgré  la  levée  en  masse  des  culti- 
vateurs du  Sud  qu'il  ordonna  pour  se  composer 
une  force  armée  imposante  ;  malgré  tous  ses 
efforis  pour  se  créer  une  marine  ,  laquelle  com- 
posée d'une  centaine  de  barques  ,  capturaient 
tous  les  bâiimens  qu'elles  rencontraient  ,  fran- 
çais comme  étrangers  ,  les  pillaient  ,  en  égor- 
geait ou  noyait  les  équipages  ;  malgré  ses 
précautions  pour  soustraire  à  votre  connais- 
sance mes  adresses  et  mes  proclamations  bien- 
fesanles  pat    lesquelles,    sentant   trop    bien   qu'il 

ne  devait  point  exister  de  guerre  entre  les  habi- ,  ^ ^      j-  -   .      -      

tanS/d  un  mênie  pays,  je  m'attachais  à    dessiller     au   nouveau   serment    que   vous  allez   prêter  ea 


par  celle  qu  il 
:  des  citoyens 
Chaisière  ,  Martin  -  Bellond  et  Latulipe  ;  et  tandis 
qu'en  leur  confirmant  les  promesses  que  j'avais 
laites  aux  ciioyens  du  département  du  Sud  ,  je 
leur  laissais  la  libre  laculîé  de  s'entretenir  avec 
leurs  concitoyens  du  Peiii-Goave  ,  on  ne  montre 
à  mes  députés  qu'une  rigueur  inflexible,  une 
haine  implacable,  la  soif  de  la  veirgeance  ,  et 
tons  les  apiirëts  d'une  lésistance  résolue  ;  leurs 
démarches  sont  épiées  ,  et  il  leur  est  défendu 
d'élever  leur  voix  au  milieu  de  la  désolation 
générale.  Quelque  méfiance  que  cette  conduite 
dût  m'inspirei  ,  je  ne  laissais  pas  que  de  pour- 
suivre le  dessein  que  j'avais  conçu  de  conqué- 
rir le  reste  du  déparicment  du  Sud,  par  la 
voye  de  la  persuasion  ;  jêciivis  à  Rigaud  et  lui 
confirmai  par. le  retour  de  son  envoyé  Bonatd" 
que  j'oubliais  le  passé  ,  que  je  n'exigeais  autre 
chnse  de  lui  ,  sinon  qu'i;  fit  sa  scumission  au 
gouvernement  fiançais,  et  qu  il  reconnût  son 
chef  légitima.  Mais  voyant  que,  bien  loin  de 
répondre  à  mon  attente  ,  il  ne  lésait  que' se  for- 
tifier davantage,  j  ordonnai  au  géné>'al  Dessalines 
auquel  Sair.t-Louis  venait  d'ouviir  ses  portes  ,  uc 
s'avancer  jusqucs  sur  les  C.iyes.  Son  approche 
détermina  R.gaud  à  une  fuite  qui  fut  tiop  pré- 
cipitée pour  lui  laisser  le  tems  de  marijuct  la  ville 
des  Cayes  au  coin  des  vengeances  qu'il  avait 
méditées.  Il  en  partit,  citoyens,  et  ce  jour  fut 
celui  de  votre  délivrance  ;  l'armée  de  la  répu- 
blicjue  y  entre  ,  et  sa  condulie  ,  dans  celle  prise 
de  possession  a  dû  vous  prouver  que  ,  si  elle  a 
su  vous  vaincre   lorsque  vous  avez  pris  les  armes 

:  sitôt 
que  vous  avez  eu  abjuré  voire  erreur,  ne  plus 
voir  en  vous  qu'un  peuple  d'amis  et  de  frères. 

Pour  moi  .  invariable  dans  mes  promesses  , 
vous  pouvez  comnier  d'autant  plus  sur  celles  con- 
tenues dans  mon  amnistie  en  date  du  1"^' messidor, 
cjue  mes  principes  d  humanité  ,  de  religion  et 
d'amour  pour  mes  frères  les  ■•vident  inviolables. 
Mai«  alors  que  je  vous  jure  de  jeter  le  voile  de 
1  oubli  sur  le  passé,  je  dois  vous  prévenir  que 
je  n  en  serai  que  plus  inexorable  sur  les  fautes 
avenir,  parce  qu'ayant  détourné  de  dessus  vos 
tête»  le  glaive  de  la  loi  prêt  à  vous  fiappcr  , 
comme  ayant  pris  les  armes  conire  la  république, 
je  deviens  responsable  envers  elle  ,  par  le  pardon 
encrai  que  je  vous   accorde  ,  de   votre    fidélité 


mes  mains   de  n«  plus   le  irahir  ,  el  d'ère  cntié- 
icment  obéissans  à  l'auloriié  uaiioiiale. 

Que  celte  heureuse  époque  qui  ,  en  vous  ren- 
dant à  la  société  et  à  vos  iamilles  ,  donne  la 
paix  à  S  lint-Domingue  ,  soit  pour  nous  un  mont 
de  reconnaissance  envers  l'Etre  Supicme  !Je  n'ai 
pas  l'orgueil  de  m'ailribuer  la  glolie  de  I  licureuse 
issue  de  cette  guérie  que  l'ambition  de  Uigaud 
alluma;  elle  n'appartient  qu'à  Dieu;  sans  son 
appui,  l'ouvrage  des  hommes  est  périssable  ,  et 
ses  desseins  sont  plus  mobiles  que  les  Hots  agiiés 
de  la  mer  ;  aussi  vous  avez  vu  tous  les  projets 
de  Rigaud  tourner  à  sa  honte  et  à  sa  conlusion  , 
tandis  qu  il  a  couronné  mes  entreprises  du  plus 
heureux  succès.  Réunissez-  vous  tous  à  moi, 
citoyens  ,  ticres  et  arnis ,  pour  lui  en  rendre 
des  actions  de  grâce  ,  et  si  vuire  retour  est  véri- 
tablement sinceie,  jurez  on  sa  présence  ,  fidélité 
à  la  république  ,  aiiachement  à  voire  pays  et 
obéissance  à  vos  chets. 

Donné  au  (juariier  -  général  des  Cayes  ,  le  i8 
thermidor  an  8  de  la  république  trançoise  une  et 
indivisible. 

Le  générai  en  chef ,  Toussaint  Louverture. 


Paris,  k  24  vendémiaire. 

Les  membres  du  tribunal  se  sont  rendus  au- 
jourd'hui au  Palais  du  gouvernement.  lis  ont  éié 
intioduits  par  le  conseiller  d'étai  Benezech  ei  par 
le  minisire  de  la  justice  d,ans  le  cabinet  des  con- 
suls ,  oii  se  trouvaient  rassemblés  les  ministres  , 
les  conseilleis  d'état  et  les  oHiciers  composant  les 
états-majois  de  ia  garde  consulaire  et  de  la  dix- 
septiemc   division. 

Le  cit.  Crassous  ,  de  l'Hérault  ,  président  du 
tribunal  ,  portait  la  parole,  il  s'est  exprimé  en  ces 
termes  : 

Citoyen    premier    consul  , 

Chaque  membre  du  iribunat  a  appris  avec  la 
plus  vive  eniiitioii  et  l'indignation  la  plus  pro- 
fonde ,  le  complot  dirigé  principalement  contre 
votre  personne.  Si  nous  ne  somines  pas  venus 
sur  le  chaiup  vouj  1  exprimer  individuellement  , 
c'est  parce  que  nous  avons  pen>é  qu'il  était  plus 
utile  à  la  chose  publique  de  vous  porter  le  vœu 
du  Iribunat. 

Aiienter  à  la  vie  du  premier  magistrat  de  la 
république  ,  c'est  nictiie  en  danger  tous  les  bons 
i'ranç.iis  et  la  république  elle-même.  Défendez- 
vous  île  votre  générosité  naturelle  ;  c'esi  un  crime 
public,  c'est  un  crime  de  lese-naiion  qu'il  s'agit 
de     punir. 

Ne  vous  le  dissimulez  point ,  citoyen  premier 
consul;  il  y  a  eu  tant  de  conspiraiions  à  tant  d'é- 
poques ei  sous  tant  de  couleurb  diverses  ,  qui  n'ont 
été  suivies  ni  de  preuves  ,  ni  de  jugement ,  qu'une 
grande  p;uiie  des  bons  citoyens  est  tombée  ,  à 
cet  égard  ,  dans  une  inciéduhté  funeste  :  il  est 
lems  de  la  faire  cesser.  Un  gouvernement  aussi 
juste  ,  aussi  sage  que  celui  dont  vous  êtes  le  chef, 
n'annoncera  jam.iis  que  des  conspirations  réelles 
et  sérieuses  ;  mais  aussi  une  fois  annoncées  ,  il 
contracte  1  engagement  d'en  faire  poursuivre  les 
auteurs  avec  toute  la  solennité  et  la  rigueur  des 
lois.  C  est  ainsi  qu'il  rassurera  enfin  tous  les  amis 
de  ia  république,  et  leur  donnera  l'accasion  de 
inanilcsier  les  sentimens  de  confiance  et  de  re- 
connaissance qui  sont  dus  au  bien  que  vous  avez 
fait ,  et  au  bien  plus  grand  encore  que  vous  êtes 
en  état  de  faire. 

Le  premier  consul  a  répondu  : 

ttje  remercie  le  tribunal  de  celte  preuve  d'af- 
fecnon.  — Je  n  ai  point  léellemeni  couru  de  dan- 
gers.... Ces  sept  ou  huit  malheureux,  pour 
avoir  la  volonté  ,  n'avaient  pas  le  pouvoir  de 
commettre  les  crimes  qu  ils  méditaient. ..  .  Indé- 
pendamment de  1  assistance  de  tous  les  citoyens 
qui  étaient  au  spectacle  ,  j'avais  avec  moi  un 
piquet  de  cette  brave  garde....  Les  misérables 
n'auraient   pu    supporter  ses  regards. 

i)  La  police  avait  piis  des  mesures  plus  effi- 
caces encore. 

)>  J'entre  dans  tous  ces  détails  ,  parce  qu'il  est 
pcai-être  nécessaire  que  la  France  sache  que  la 
vie  de  son  premier  magistrat  n'est  exposée  dans 
auc'ine  circonstance.  Tant  qu'il  sera  invesii  de  la 
confiance  de  la  nation,  il  saura  remplir  la  lâche 
qui  lui  a  été  imposée. 

I)  Si  jamais  il  était  dans  sa  destinée  de  perdre 
celle  confiance ,  il  ne  mettrait  plus  de  prix  à  une 
vie  (jui  11  inspirerait  plus  d  intérêt  aux  français.)» 

Les  oHiciers  de  la  garde  ont  été  présentés  au 
premier  consul,  pour  lui  exprimer ,  au  nom  de 
la  garde,  leur  indignation  contre  les  scélérats 
qui   ont  osé  méditer   un  si   grand  crime. 

Le  premier  consul  leur  a  répété  ce  qu  il  venait 
de  dire  au  iribunat  ,  qu'il  n'avait  couru  aucun 
danger  réel  ,  puiscju  au  raonicnt  où  la  police 
Jesait  snisir  ces  misérables  ,  il  avait  avec  lui  le 
piquet  de  service  ,  et  qu'on  est  à  l'abri  de  toute 
atteinte  loi«qu'oa  est  entouré  d'aussi  braves  gens. 


9^ 


—  Le  beau  modèle  du  rocher  lybique  sur  lequel 

,  sont  figu.écs    les   pyiamidts  de   Gliizé  ,    exécuté 

sous  la  direction  et  d'après  les  dessins  du  citoyen 

Groberi  ,  chef  de  brigade  d'ariillcrie  ,  a  été  déposé 

par    ordre    du    gouvernement    dans    la    salle    de 

'  minéialogie  du  Muséum  d  h'sioire  naturelle.   La 

I  savante   administration   de   ce  btl  élablissement  , 

j  journellement     auumenié    et    enrichi,    a    conçu 

;  le  jjrojet   d'une   salle  égyptienne  ,  dont  le   modèle 

!  en  (jueslion  occupera  le  milieu  ;  elle  sera  décorée 

]  par  un    de    nos    plus    célèbres    architectes   dune 

i  manière    analogue    au    sujet.    Les     momies  ,    les 

•  icpiilcs  ,   et  tdus    les    objets   relatifs    à  1  Egypte  , 

que  1  on  apporterait  au  Muséum  ,  seront  disposés 

dans  cette  salle. 

—  On   a    fait  dernièrement    aux    environs    de 

Morqueil  ,  pies  Ficurcy  (  Côie-d  Or  )  ,  une  dé- 
couverte qui  intéresse  l'histoire  et  les  arts.  En 
(creusant  un  champ,  on  a  trouvé  ta  lêie  d'un 
I  cheval.,  sculptée  en  pierre  du  pays.  On  croit 
1  quelle  appartient  à  un  cheval  que  Ion  suppose 
j  encore  enfoui.  On  sait  (jue  la  plaine  <je  Ficuicy 
a  déjà  offeri  des  objets  de  cette  nature. 

—  Le  ciioyen  Baradere  ,  professeur  à  l'école 
centrale,  à  Pau,  département  des  Basses-Pyré- 
nées ,  a  donné  .  dans  les  exercices  publics  des 
12  ,  14  .  cl  16  fructidor,  des  démonstrations  de 
pasigraphie.  Il  en  fera  un  couis  pour  lequel 
25  élevés  ont  éié  inscrits.  Le 'cit.  Deraaimieux  , 
invenieur  de  cet  art  ,  qui  est  aux  lang>ues  ce  que 
l'art  de  noter  est  à  la  musique  ,  en  donne  lui- 
même  des  leçons  rue  du  faubourg  Montmartre  , 
n"  25.  Ce  citoyen  vient  d'être  élu  membre  de 
l'académie  de  Harlem. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du,    16  vendémiaire. 

Les  consuls  de  la  ré[iubli()ue  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  ia  guerre  ,  le  conseil  -  d'état 
entendu  ,    arrêtent  : 

TITRE   PREMIER. 

Composition   de   l'état-major   de   l  armée. 
Ail.  1'='.    L'état-major    général    de    l'armée  de 
la  république,    en    tems    de    guerre   comme   en 
tems  de  paix  ,  sera  composé  de 

120- généraux  de   division, 
240  généraux  de  brigade  , 
120  adjudans  coramandans. 

II.  Les  généraux  de  division  auront  trois 
aides-de-camp  ,  dont  un  seulement  jiourra  êirc 
chef  d'escadron  ,  et  les  autres  capitaines  ou  lieu- 
tenaiis.  Les  généraux  de  brigauc,  deux  aides-de- 
camp  ,  capitaines  ou  lieutcnans.  Ils  auront  dtoii 
aux  places  vacantes  dans  les  corps  à  pied  et  à 
cheval  de  la  ligne,  à  la  nomination  du  gou- 
vernement ,   lorsqu'ils   ne   seiont   plus   employés 

comme  aides-de-camp. 

III.  Les  adjoints  ne  seront  plus'  spécialement 
atiachés  aux  adjudans  commandans  ;  ils  poite- 
roni  le  titre  d'adjoints  à  l'état-raajor  général  de 
larinée. 

Les  adjoints  actuellement  en  fonctions  seront 
attachés  aux  corps  à  pied  et  à  cheval  de  l'armée 
sans  qu'il  puisse  y  en  avoir  plus  de  deux  dans 
chaque    corps. 

Lorsqu'une  armée  est  dissoute,  les  adjoints 
rentrent  dans  leurs  corps  ;  ils  prennerit  rang 
selon  leur  grade  et  leur  ancienncié  ;  ils  sont 
soldés  et  restent  à  la  suite  de  l'éiat-major  du 
corps  jusqu'à    ce  qu'il   y  ait  une  place  vacante. 

IV.  Le  ministre  de  la  guerre  présentera  ,  dans 
le  coulant  de  brumaire  ,  au  picmier  consul  ,  le 
tableau  de  létal-major-général  de  l'armée.  Ceux 
qui  y  seront  portés  ,' ne  pourront  plus  en  êire 
rayés  qu'en  exécution  d'un  jugement  d'un  tri- 
bunal compétent  ,  ou  en  leur  accordant  leur 
retraite. 

TITRE     II. 

Division  des  o_fficiers  -  généraux  en  activité  et  non- 
activité. 

V.  Chaque  année  le  gouvernement  mettra  en 
activité  de  service,  la  partie  de  ces  officiers  géné- 
raux nécessaire  , 

1°  Pour  foririer  les  étals-majors-généraux  des 
armées  ; 

2°  Pour  l'inspection  des  troupes  de  toutes  les 
armes  ; 

3°.  Pour  le  commandement  des  divisions  mi- 
litaires ; 

4°  Pour  le  service  de  l'artillerie  et  du  génie  5 

5°  Pour  la  garde  des  consuls  ; 

6°  Pour  l'inspection  des  invalides  et  de  la 
gendarmerie. 

VI.  Les  officiers-généraux  qui  ne  seront  pas 
mis  en  activité  de  seivice,  jouiront,  ainsi  que 
leurs  aides-de-camp,  d'une  partie  de  leur  Irai 
tement  et  des  râlions  de  fourrage  attribuées  à 
leurs  grades  respectifs,  confoimémcni  au  liuc  III 


ci-après .  afin  qu'ils  soient  prêts  à  entrer  en  aclî» 
vite  toutes  les  fois  que  les  circoitsiances  l'esciT 
geroni. 

T  I  T  R  E      I  I  I. 

Des  appointemens. 

VIL  Les  apyiointemens  des  généraux  et  adju- 
dans-commandans  en  non'activité  seront  réglés 
ainsi  qu' 1   suit  : 

Généraux   de  division 7,5oo  fr.  . 

Généraux  de  brigade 5,000 

Adjudans-corrimandans 3,ooo 

Les  aides-de-camp  des  ofliciefs-généraux  en 
non-activité  ,  jouiront  de  la  moitié  de  appoin- 
temens de  leurs  grades  respectifs. 

VIII.  Les  généraux  de  division  ,  les  généraux 
de  brigade  et  les  adjudans-cotnmandans  auront 
des  appointemens  doubles  ,  lorsqu'ils  seront  ins- 
crits sur  la  liste  d'activité  de  service,  c'est-à-dire  , 

Les  généraux  de   division.   ....   i5,ooo  fr.. 

Les  généraux  de  brigade 10.000 

Les  adjudans-commandans 6,000 

Les  aides  de  camp  jouiront  des  appointemens 
affectés  à  leurs  grades  lespectifs. 

IX.  Les  généraux  et  adjudans-commandans  , 
employés  aux  armées  actives  ,  jouiront  du  mo- 
ment où  ils  seront  ariivés  à  l'arijnée',  d'un  sup- 
plément d'appointement  du  quart  du  traitement 
d  aciiviié  ,  savoir  : 

Les  généraux  de  division 3,75a  fr. 

Les  généraux  de  brigade .^     2,5oo 

Les  adjudans-commandans i,5oo 

X.  Les  officiers  généraux  et  adjudans  comman- 
dans en  non  activité  de  service,  jouiront  du 
nombre  de  rations  ci-après  : 

Les  généraux  de  division  ,  4 

Les  généraiix  de   brigade,  3 

Les  adjudans-commandans  ,  2 

Les  aides-de-camp  ,  i 

Ces   rations   leur  seront  payées   conformément 

aux  articles  XXXVIII  ei  XLII  du  règlement  sur 

les  masses  ,   du  23  fructidor  an  8. 

XL  Les  officiers  généraux  et  adjudans-com- 
mandans ,  placés  sur  la  liste  de  non-activité  , 
n'ont  droit  ni  au  logement  eu  nature  ni  à  1  indem- 
nité qui  le  représente. 

TITRE      IV. 

Des  retraites  et  traitemens  de  réforme. 

XII.  Les  officiers  généraux  et  adjudans  com- 
maridatvs  qui.  jouissant  acruelleméni' d'un  trar- 
tement  de  réforme  pu  étant  en  activité  ,  ne  seront 
point  placés  sur  le  tableau  de  l'état-  major  de 
l'arniéï,   obtiendront  Içur  retraite  définitive. 

Ceux  qui  ,  par  leur  âge  ,  leurs  blessures  e! 
leurs  services  ,  se  trouveront  dans  l'un  des  cas 
prévus  par  la  loi  du  28  fructidor  an  7  .jouiront 
de  la  solde  de  reiraite  déterminée  par  Ldite  loi. 

Ceux  qui  par  leurs  services  ,  leurs  blessures 
ou  leurs  infirmiiés  ne  seront  pas  dans  le  cas 
d'obtenir  leur  solde  de  retraite  ,  aux  termes  de 
la  loi  du  28  fructidor  ,  jouiront  pour  leur  tenir 
lieu  de  la  dite  solde  de  reiraite  ,  du  traitement 
déterminé  par  la  susdite  loi. 

XIII.  Les  capitaines  ,  lieulenans  ,  sous-lieute- 
naris  qui  recevront  leur  traitement  de  réforme 
postérieurement  au  1=?'  vendémiaire  an  9,  obtien- 
dront pour  chaque  campagne  de  guerre  active 
qu'ils  auront  faite  pendant  la  guerre  de  la  liberie  , 
un  supplément  à  leur  irailement  de  réforme,, 
égal  au  30=  de  celui  qui  est  attribué  à  leur  grade 
par  la  loi  du  28  fructidor  an  7. 

XIV.  Les  officiers-généraux  et  adjudaris-com- 
mandans  qui  auront  obtenu  unesolde  de  retraite  , 
ou  le  traitement  pour  tenir  lieu  de  solde  de 
retraite  .  seront  payés  dans  la  sous-préfecture  où 
ils  auront  fixé  leur  résidence  ,  aux  époques  et 
suivant  le  mode  déterminé  par  le  ministre  de  la 
guerre. 

XV.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  qui  sera  imprimé. 

Le  premier  consul,   signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier    consul  , 

Li  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Mareï. 


Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  le» 
demandes  particulières,  sur  tel  objet  que  ce 
soit,  doivent  êtie  adressées  directement  aux 
ministres   que   ces  demandes    concernent. 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retardirde 
plusieurs  jours  l'examen  ;  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  4^  s'occuper  de  eut 
objets. 


§6 


ACTES   ADMINISTRATIFS. 

Al  INI  s  TE  RE  DE  L'INTÉRIEUR. 

Traduction  de  la  lettre  écrite  au  premier  consul 
Bonaparte ,  par  A-Sam  ,  jeune  chinois  ,  sur  te 
point  de  s'embarquer  avec  le  capitaine  Baudin. 

A-Sam  n'ayant  aucun  moyen  pour  prouver  sa 
plus  grande  et  irès-méraorable  reconnaissance  au 
gouvernement  français  ,  et  son  amour  et  son  alla- 
chement  inséparable  dans  son  cœur  avec  la  France  , 
écrit  celte  lettre  au  grand  chef  du  gouverneraeni, 
au  citoyen  Bonaparte  ,  par  laquelle  seule  il  peut 
lui  témoigner  ses  sentimens  sincères  et  profonds: 
il  n'oubliera  jamais  les  douceurs  qu'ila  goûtées 
par  les  bontés  et  la  générosité  du  cit.  Bonaparte  ; 
il  le  remercie  encore  beaucoup  pour  l'avoir  confié 
au  cit.  Girbied;  il  part  avec  contentement,  et 
espère  de  revenir  en  France  d'ici  à  quatre  ans 
avec  des  marchandises  chinoises  ,  il  lui  rend  les 
hommages  dus  à  sa  grandeur. 

A-S  A  M. 


Le  préfet  du  département  du  Mont  -  Blanc 
prévient  tous  les  citoyens  qui,  parleurs  taleus  , 
leurs  vertus  et  leur  civisme  ,  sont  appelés  à  l'en- 
seignement public  ,  que  le  concours  pour  les 
places  de  professeurs  d'histoire  et  de  géographie 
et  de  belles-letires,  vacantes  dans  l'école  centrale, 
est  prorogé  jusqu'au  20  brumaire  prochain. 

Ainsi  que  le  porte, le  premier  avis,  les  per- 
sonnes qui  voudront  concourir  ,  adresseront  au 
jury  d'instruction  ,  sous  le  pli  de  la  préfecture  ,  le 
programme  systématique  et  raisonné  du  cours 
qu'elles  se  proposent  d'enseigner  ,  ainsi  que  le 
cahier  du  premier  trimestre  de  ce  cours  ;  elles 
sont  de  plus  inviiées  à  joindre  à  cet  envoi  la 
notice  de  tous  leurs  titres  littéraires  ,  et  autres  , 
jusiifiant  de  leurs  droits  à  la  confiance  publique. 

Le  jury  fera  définitivement,  dans  la  dernière 
décade  de  brumaire  ,  l'examen  et  la  présentation 
qui  lui  est   déléguée  par  la  loi. 

Le  préfet  ,  de  concert  avec  le  jury  ,  s'est  dé- 
terminé à  cette  prolongation  ,  vu  que  le  petit 
nombre  de  programmes  transmis  ,  a  laissé  à  pré- 
sumer que  le  premier  avis  n'avait  pas  obtenu  une 
assez  grande  publicité. 

En  attendant  que  le  compte  rendu  du  résultat 
du  cours  de  l'an  8  ait  été  publié  ,  le  préfet  saisit 
avec  empressement  cette  occasion  pour  annoncer 
que  la  cérémonie  littéraire  qui  a  eu  lieu  le 
1'^  vendémiaire  pour  la  distribution  des  prix  aux 
•élevés  ,  a  prcseiué  les  plus  brillans  succès  ,  et 
a  jiis:ific  d'une  manière  bien  satisfesante  et  digne 
de  tout  i'iniérét  du  gouvernement  ,  l'espoir  des 
amis  de  la  patrie  ,    des  sciences   et  des  arts. 

MINISTEREDES    FINANCES. 

Malgré  l'article  XII  de  la  loi  du  i3  brumaire 
an  7  ,  qui  assujettit  au  timbre  tous  mémoires  et 
pétitions ,  même  en  forme  de  lettres ,  présentés  au 
gouvernement,  aux  ministres,  aux  autorités  cons- 
tituées ,  administrations  et  établissemens  publics  , 
le  ministre  des  Hnaoces  reçoit  tous  les  jours  des 
demandes  et  réclarnations  sur  papier  non  timbré. 
Il  invite  ses  concitoyens  à  se  conformer  aux  dispo- 
sitions de  1^  loi  à  cet  égard  ,  et  les  prévient  que 
les  pétitions  ,  mémoires  ou  lettres  qui  seraient 
adressés ,  non  revêtus  de  la  formalité  du  timbre  , 
ne  seront  point  répondus. 

Les  ordres  sont  donnés  en  conséquence  dans 
son  bureau  -des  dépèches. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Rapport  du,  ministre  de  la  police  générale  au  premier 
Consul. 

Citoyen    consul, 

J'ail'honneur  devous  adresser  copie  de  la  lettre 
que  je  reçois  du  sénateur  Clément  de  Ris.  Il  ne 
me  donne  aucuns  renseignemens  sur  sa  captivité. 
Détenu  dix-neuf  jours  dans  une  cave  et  les  yeux 
bandés  ,  il  ignore  ce  qu'il  est  devenu  lui-même 
pendant  ce  tems.  J'aurai  donc  peu  de  chose 
à  ajouter  à  ce  que  vous  savez  déjà  de  cet  événe- 
m.ent. 

Ce  fut  au  milieudelanuitduiSau  ig  de  cemois 
que  les  brigands  ,  ne  voyant  pas  revenir  l'agent 
qu'ils  avaient  envoyé  pour  toucher  les  5o,ooo  fr.  , 
craignirent  d'être  découverts  ,  et  se  déterminèrent 
à  transférer  leur  victime  dans  un  autre  cachot. 
Favorisés  par  les  ténèbres  ,  ils  crurent  que  deux 


de  leur  bande  suffiraient  pour  l'escorter;  en  con- 
séquence .  ils  traversaient  la  foièt  de  Loches  en- 
iraînnnt  à  cheval  ,  et  je  ne  sais  où,  le  citoyen 
Clément  de  Ris  :  ils  étaient  suivis  de  près.  A  trois 
heures  du  matin  ,  les  braves  auxquels  j'avais 
donné  mes  instructions,  les  rencontrent  et  Us  atta- 
quent à  coups  de  pistolet  ;  ils  y  répondent  ,  et 
tirent,  même  en  se  défendant,  plusieurs  coups 
sur  le  sénateur  ,  qu'heureusement  ils  n'ont  pas 
atteint.  Ces  biigands  ne  ro'échapperoni  pas  ;  il  y 
en  a  déjà  trois  d'arrêiés.  Mes  mesures  sont  telle- 
ment prises,  que  je  suis  certain  de  les  saisir  tous 
avec  leurs  complices. 

Le  ministre^  de  la  police-générale. 

Signé,   FouCHÉ.    ' 

Copie  de  la  lettre  adressée  par  le  citoyen  Clément 
de  Ris  ,  membre  du  sénat  -  conservateur  ,  au 
ministre  de  la  police  générale.  —  A  Beauvaii- 
sur-Cher  ,    le  20  vendémiaire  an  9. 

Il  y  a  vingt-quatre  heures  que  je  suis  libre  , 
citoyen  ministre.  Les  quatre  braves  que  vous 
aviez  chargé  de  me  rechercher,  mont  trouvé 
hier  à  trois  heures  après  minuit  au  milieu  de 
la  forêt  de  Loches  ,  au  moment  où  deux  de  mes 
bourreaux  me  traînaient  à  cheval,  les  yeux  bandés, 
je  ne  sais  où.  Ils  ont  attaqué  ma  maudite  escorte, 
l'ont  mise  en  fuiie  à  coups  de  pistolet  ,  et  mont 
ramené  sain  et  sauf.  Les  premiers  rayons  du 
jour  d'hier  ig  m'ont  permis  de  lire,  avec  des 
larmes  de  reconnaissance  ,  votre  lettre  du  16. 
Il  est  impossible  de  faire  une  commission  im- 
portante avec  plus  d'aciiviti;  ,  de  courage  et 
de  célérité.  Je  vais  promptement  mettre  ordre 
à  mes  affaires  ,  et  aller  vous  porter  tous  les  ren- 
seignemens que  j'ai  sur  mon  arrestation  et  mes 
dix-neuf  jours  d  horrible  captiviié.  Je  vous  pré- 
viens d'avance  qu'ils  sont  de  peu  d'importance  , 
à   cause  de  la  circonstance  de  mes  yeux  bandés. 

Recevez  ,  citoyen  ministre  ,  l'assurance  de  ma 
vive  et  éternelle  gratitude. 

Salut  ,   fraternité    et   reconnaissance   éternelle. 
Signé  ,  Clément  de  Ris. 

Pour    copie  conlorme  , 

Le  ministre  de  la  police  générale  ,  Fouché. 

PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Le  fait  inséré  dans  la  Gazette  de  France  d'hier , 
et  répété  aujourdhui  dans  la  plupart  des  jour- 
naux,  relatif  à  une  femme  en  couche  assassinée 
en  présence  même  de  la  sage-femme  qui  lui  avait 
donné  des  secours,  est  absolument  faux  et  con- 
trouvé. 

POÉSIE. 

LInstitut  national  a  accueilli  l'hommage 
que  lui  a  fait  le  citoyen  Firrain  Didot  ,  des  essais 
d'un  nouveau  caractère  grec  gravé  par  cet  habile 
artiste.  Sa  forme  est  régulière  ,  et  plus  agréable 
que  ceux  que  l'on  a  employés  jusqu'à  ce  jour. 
L'ardste  avait  choisi  pour  cet  essai  un  beau  frag- 
ment de  Tyrtée  ,  et.  ce  qui  ajoute  plus  de  prix 
encore  à  son  hommage  ,  il  y  a  joint  la  traduction 
de  ce  fragment  en  vers  français.  Tyrtée  a  peint  la 
honte  qui  s'attache  aux  pas  du  malheureux  qui 
fuit  sa  patrie ,  au  lieu  de  combattre  pour  elle  ,  et 
la  mort  glorieuse  du  guerrier  qui  succombe  en 
défendant  son  pays.  Voici  les  vers  de  l'artiste 
traducteur  ;  il  semble  qu'il  ne  leur  manque  qu'une 
coupe  plus  lyrique  pour  devenir  \jn  chant 
national. 

Il  est  beau  qu'un  guerrier  ,  à  son  poste  immobile  , 
Meure  pour  sa  patrie  ,  et  meure  aux  premiers  rangs! 
Mais  fuir  et  ses  foyers,  et  sa  ville  ,  et  ses  ehampt; 
Mais  mendier  au  loin  une  pitié  stérile  ; 
Mais  avec  une  épouse  ,  une   mère   débile  , 
Traîner  et  son  vieux  père  et  ses  jeunes  enfans  ;. 
Guerriers ,  de  tous  les  maux  ,  ces  naux  sont  les  plus  grands  ! 
L'homme  qui  fuit ,  par-tout  n'obtient    que  des  outrages  ; 
Les  besoins  importuns  l'assiègent  jour  et  nuit  ; 
Pe  son  front  suppliant  la  beauté  se  détruit  ; 
En  vain  de  ses^ayeux  il  montre  les  images  ; 
Un  sang  dégénéré  n'attire  point  d'hommages: 
Méprisable  en  tous  lieux  ,  en  tous  lieux  on  le  fuit. 
Le  chagrin  l'accompagne  et  l'opprobre  le  suit. 

Combattons  mes  amis  !  mourons  avec  courage  , 

Mourons  pour  nos  enfans  et  pour  notre  pays  î 

Vous ,  guerriers  ,  vons  encore  à  la  fleur  de  votre  âge  , 

Ferez-vous  de  la  fuite  -un  vil  apprentissage  ? 

Non!  à  nos  rangs  pressés  ,  que  vos  rangs  soient    unis. 


Le  clairon  voui 

appelle  ! 

avançons  î  Totr 

vie, 

Guerriers  ,  n'est 

plus  à  V 

eus  ,    elle  est  à 

la  patri 

Oh  !   qu'il  serai 

honteux 

de  voir  des    vé 

érans 

Faibles,  glacés 

par  r.îge 

et  la  tête  blancl 

ie. 

Remparts   inesp 

res   de  le 

ur   chère  patrie 

Seuls  combattre 

et  sans 

l'Oiis  tomber   aux 

premic 

De  voir   nuds  et  couchés 

sur  la  terre  sat 

glante 

fies  restes  de  h 

ros  défoT 

mes  par  le  tems 

Mais  exhalant  e 

ncore  une 

aine  indépenda 

ne  .' 

Voyez-vous  le  vainqueur 

insult'îr  à  leurs  , 

manc5, 

A  leurs  pudiqu 

s  mains 

[ui   couvrent  ces 

organe 

Honteux  d'avœir 

produit 

de  si  làehes  enfa 

ns? 

Ah  !  le  guerrier 

n'est  beau  qu'à  la  fleur 

de  SCS 

L'œil  des  femmes  l'admire  ,  et  chaqu 

Mais  qu'il  est  beau  sur-tout  ,  quand  ,  prodiguant  sa  vie  ^ 

Il  meutt   pour  sa   patrie,   et   meurt  aux  premiers   rangs! 

LIVRES      DIVERS. 

Almanach  du  commerce  de  Taris  pour  l'an  g  de  la,, 
république  française,,  contenant  les  noms  et  demeu- 
res des  négocians  ,  banquiers  ,  agens-de-change  , 
courtiers  ,  commissionnaires  en  marchandises  , 
officiers  de  santé  ,  notaires  ,  agens  d'affaires  , 
maîtres  de  maisons  garnies  ,  pharmacie/is  ,  archi- 
tectes ,  instituteurs  tenant  maison  d'éducation  , 
et  des  marchands  en  tous  genres  ;  suivis  des 
adresses  des  citoyens  non  coramerçans  ,  des 
foires  de  la  république  ,  des  divers  tribunaux  , 
avec  la  liste  des  avoués  attachés  à  chaque  tri- 
bunal ;  du  consulat  ;  du  conseil  d'état  ;  du  sénat- 
conservateur  ;  du  corps-législatif;  du  tribunal; 
des  bureaux  des   ministres;  des  mairies  .etc. 

Prix  6  fr.  ,  et  8  fr.  5o  cent.,  franc  de  port. 

A  Paris  ,  chez  Duverneuil  et  de  la  Tynua  ,  ré- 
dacteurs associés  ,  rue  J.  J.  Rousseau  ,  n°.  386; 
Valade  ,  imprimeur  ,  rue  J.-J. -Rousseau  ,  n°  35l  ; 
Gapelle  ,  libraire  ,  rue  J.  J.  Rousseau  ,  n°.  346. 

LArt  de  prolonger  la  vie  humaine  ,  traduit  sur 
laseconde  édition  de  l'allemand  de  Ch.  Guillaume 
Hufeland  ,  docteur  en  médecine  et  professeur  à 
l'université  de  Jena  ,  divisé  en  deux  parties,  avec 
cette  épigraphe  : 

Douce  lumière  me  seras-tu  ravie?  Lafontaine. 

Cette  édition  n'est  pas  la  même  que  celle  an- 
noncée dans  le  n°  du  21  vendemiaiie. 

A  Lausanne  ,  chez  Higeron  et  compagnie  , 
imprimeurs-libraires  ,  et  à  Paris  ,  chez  Deroy  , 
libraire,  rue  Hautefeuille  ,  n°  34,  I7gg.  Prix, 
3  fr.  60  c.  pour  Paris ,  et  4  fr.  5o  c.  franc  de 
port. 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  24  vcndemiain 

à  3o  jours.       I  à  90  jours. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif. 

Cadix 

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Gênes  effectif 

Livourne 

Bàié.'.'.'.'...^"' .V. 


SGI 

■89^ 

4  Ir.  go  c. 
14  fr.60  c. 

4  fr.  goc- 
14  fr.  3oc. 

4  fr.  65  c. 

5fr.    Se. 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 22  fr.  88  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  sS  c. 

Boas  deux  tiers i   fr.  70  c. 

Bons  d'arréragé. .    86  fr.  25  c. 

Bons  pour  l'an  H go  fr.  5o  c. 

Syndicat 80  fr. 

Coupures 80   fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  23   fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ije  et  des  Arts. 
Auj.  Iphigénie  en  Aulide ,  suiv.  du  ballet  de 
Télémaque. 

Théâtre  delà  C[té-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  la  2°  représ,  de  Canardin  ou  le  Quai  de  la 
volaille  ,  comédie  du  gros  génie  ,  mêlée  de  vaud.  , 
term.  par  une  ronde  grotesque  ;  le  Moine  ,  el 
l'Epreuve  excusable. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  le  Déserteur  ,  suiv.  du  Chaudronnier  de  Saint- 
Flour. 

Théâtre  desjeunes  élevés,  rue  de  Thionville. 
Auj.  U  Petit  Mercier;  la  l'=  repr.  des  Marchés  ds- 
Phiilis  ,  et  la  Gàsçonnade. 


L'aboanemcnt  se  fait  à  Paris ,  rue  de»  Poitevins,  n**  18.  Le- prix  est  de  a5  francs  pour  trois  tnois ,  5okaiics  pour  6  mois ,  et  loo  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonne, 
.qu'au  commencement  dç  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  ctl'argent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  Aga  sSE,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  n"  iS.  Il  faut  comprendre  dans  les  cuvois  le  port  des 
pays  o; .  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  Ktirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs  ,  et  adressM  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  des 
ïoitevias  ,  n"  j3  ,  depui  jneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A.  Paris,  de  l'impritneBe  àix  cit.  Agisse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


gazetteTvationale  ou  le  moniteur  universel; 


JV°  26. 


Sextidi ,  26  vmdemiam  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indiviiibk. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  ciu  7   Nivôse  le 


II  contient  les  séances  àss  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des  armées    ain,;   ^  ,^  ,     f  ■ 
„.     ,  .  1.       '  ■         r        ■  1  ,  ^  ^  '■-■*  '^'f*  et  1 

linténeur  que  sur  1  extérieur,  tournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


es  notions  tant  siif 


d'accréditer.  Le  premier  moment  où  la  France 
pouvau  offrir  de  l'espoir  ,  devait  êire  celui  où 
une  bonne  et  sage  opinion  établirait  enhn  que 
la  révolution  a  élé  un  délire.  Réparer  subite- 
ment ce  délire  en  lui  substituant  d'atiiies  dé- 
lires; abolir  des  injures  en  leur  su.bsiiuiani  des 
ressentimens,  remplacer  des  erreurs  par  des 
passions,  une  telle  conduite  n'aurait  pu  qu'é- 
terniser les  désordres  ,  et  ajouter  des  cakmilés  à 
des  calamités.  Oui,  après  des  années  de  fureur 
et  de  barbarie,  la  justice  clle-'mime  ne  pouvait 
peut-être  se  présenter  toute  entière  à  la  France  . 
sans  occasionner  de  nouvelles  <ifinvul.sions.  Il 
tallaii  auparavant  la  montrer  par  degrés  ,  lui  pré- 
parer les  opinions  ,  et  refaire  en  quelque  sorte 
les  consciences.  Quelles  que  soient  les  vues 
ultérieures  des  cheîs  actuels  du  gouvernement 
français  ,  s'ils  ont  entrevu  ceue  vérité  ,  ils  ont 
saisi  la  seule  vue  de  salut  «jui  existe  encore 
pour  tous  les  partis.  Nous  ne  savons  ce  que 
deviendra  la  France,  si  la  domination  s'y  con- 
solidera au  profit  des  usuip^ieurs  actuels,  ou 
SI  elle  reviendra  à  ses  souverains  lé'ntimes. 
Dans  tous  les  cas  ,  la  politique  dont  no°us  par- 
lons ,  est  la  seule  qui  puisse  la  sauver  pour 
tous. 

En  fesant  l'éloge  dé  ce  discours  ,  nous  ne 
prétendons  pas  dire  qu'il  soit  exempt  détaches  ré- 
volutionnaires. Q;ie  signifie,  par  exemple,  ce 
rapprochement  établi  entre  Us  jjices  déihonorans 
du  pouvoir  monarchique  et  les  effroyables  excès  de 
la  démagogie  ?  On  sait  parfaitement  ce  que  c'est 
que  les  excès  de  la  démagogie  ;  mais  quatre 
volumes  de  commentaires  n  expliqueraient  pas 
,     .        ,  -  ,  '^^    ''"''  '^^"'  entendre  par  les  vices   déshonornns 

seigneur  qui  en  était  prévenu  ,  s  est  tenu  jusqu'à  I  du  pouvoir   monarchique.    Nous     n'approuverons 
ce  qu'il  ait  été  tranquillisé  sur  le  résultat  de  celte  |  pas  davantage    quelques   injures  contre  ce  pays 
espèce  de  siège.,,   ^     ^  .  elles    nous    ont    paru     déplacées    et     illibéralcs! 

Il  vient  d'être  réglé  à  Calcula,  dans  lé  Ben-  |  Vous  regardez  aujourd'hui  la  révolution  comme 
gale  ,  qu'aucune  feuille  publique  ne  pourrait  plus  I  ^"  fléau.  Q_uelle  obligation  n'avez-vous  pas  à 
y  paraître  sans  avoir  été  soumise  à  la  censure  du  (  l'Angleterre  ,  qui  ,    en  .délivrant  I  Europe  ,   vous 


E  X  T  E  R  I    EU   R. 

A  N'G  L  E  T  E  R  R  E.       , 

Londres  ,  3  octobre.  (  1 1  vendémiaire.  ) 

Extrait  de  la  malle  d'Hambourg  arrivée  le  2.  — 
Constanlinople  ,  sS  août. 

X-th.  faiblesse  de  ce  gouvernement  s'annonce  par 
»n  dépérissement  dont  les  symptômes  deviennent 
tous  les  jours  si  inquiélans  ,  que  je  ne  puis  passer 
sous  silence  une  mesure  de  police  très-récente 
qui  vous  paraîtra  bien  extraordinaire.  —  Un  cafe- 
tier turc  ,  janissaire  ,  à  qui  l'indulgence  avait  par- 
donné deux  assassinats  ,  et  qui  venait  d'en  com- 
mettre un  troisième  ,  a  su  intimider  par  sa  déter- 
mination et  la  men:ice  de  provoquer  une  rébellion  , 
toutes  les  gardes  envoyées  pour  se  saisir  de  sa 
personne  -.il  les  a  tenus  en  échec  pendant  plusieurs 
jours  ,  et  a  soutenu  av'ec  avantage  un  siège  où  il 
a  tué  quatre  hommes  ,  et  n'a  été  blessé  que  légé- 
leraent.  Le  gouvernement  effrayé  d'une  résistance 
dont  il  craignait  les  conséquences  ,  n  a  cru  trouver 
de  résultat  meilleur  dans  1  occurence  ,  que  de  faire 
miner  secrettemcnt  la  boutique  du  meurtrier  et  de 
la  faire  sauter  :  ce  qui  a  eu  lieu  le  2  t  ,  à  11  heures 
du  soir,  mais  sans  une  réussite  completle  ,  puis- 
que l'assassin  qui  s'était  cuirassé  avec  des  linges 
mouillés  ,  n'a  pu  périr  sous  les  débris  de  la  bou- 
tique ,  et  serait  peut-être  échappé  ,  si  un  coup  de 
feu  ne  lavait  définiiivemeni  étendu  sur  la  place. 
Cette  scène  s'est  passée  au  faubourg  de  Galata, 
sur  le  port  ,  et   en  face  du  Kiosk  où    le  grand- 


a  préserves  vous-raéracs  ?  Vous  vous  faites  hon- 
neur de  ii'êire  plus  révolutionnaires  :  faites  donc 
honneur  à  un  grand  peuple  qui  n'a  jamais  voulu 
1  être. 

A  quelques  taches  près  ,  on  ne  peut  discon- 
venir que  ce  discours  n'élinccle  de  vérités  et  de 
beautés.  On  pourra  dire'que  l'apostrophe  du  siècle 
finissant  au  siècle  qui  va  commencer  .convient  j,lus 
à'I'art  oratoire  ou  à  la  poésie,  qu'à  la  oravité  d'un 
miiiistre  de  l'intérieur.  Ce  jugement  serrait  sévère  ; 
mais,  dans  tous  les  cas,  on  conviendra  qtie  peu 
de  morceaux  dans  notre  langue  sont  aussi  élo- 
quens  ;  et  qu'à  tout  prendre  ,  cette  pièce  <  st  une 
de. celles  qui  rappellent  le  mieux  les  beaux  jours 
et  les  ^grands  lalens  du  siccle  de  Louis  XIV. 
(Extrait  du  courrier  de  Londres  ,   n 


1 


»e£rétarlat  du   gouvernement  ,  qui  aura  le  droit 
d'effacer  les  articles  qu'il   désapprouvera. 

Le  haut  prix  des  grains  n'ayant  fait  que  servir 
de  prétexte  au  renchérissement  exiravasçant  de 
quelques  denrées,  telles  que  le  lait  ,  le  beurre 
et  le  fromage  ,  les  habiians  de  plusieurs  villes 
de  provinces  et  de  divers  quartiers  de  Londres 
sont  convenus  enir'eux  de  s'abstenir  de  ces  mêmes 
denrées  ,  aussi  long-tems  qu'elles  ne  baisseront 
pas  de  prix. 

Après  la  nomination  des  magistrats  de  Salis- 
buty  ,  il  fut  tenu  un  conseil  où  il  fut  unanime- 
ment voté  qu  il  serait  fait  une  péiilion  à  la  cham- 
bre des  communes  .  pour  la  supplier  de  pren- 
dre en  considération  le  prix  excessif  des  denrées , 
et  particulièrement  du  bled  ,  comme  aussi  de 
prendre  les  mesures  les  plus  propres  pour  le 
soulagement  des  pauvres. 

Birmingham  paraît  être  l'endroit  où  les  esprits 
malveillans  veulent  lever  l'étendard  de  la  révolte. 
Les  murs  furent  couverts  de  divers  éciits  ,  tous 
faits  dans  le  même  esprit  ,  quoique  dans  un  style 
tiès-difiérent  ;  ce  qui  prouve  que  les  auteurs  sont 
de  plusieurs  classes  :  les  magistrats  ont  fait  en- 
lever ces  placards  mis  à  dessein  d'cxclier  des  ré- 
bellions, et  ont  promis  une  somme  de  loo  liv. 
sterling  à  ceux  qui  en  découvri, aient  les  auteurs. 
La  ville  de  Birmingham  est  tranrjuillc  actuelle- 
ment; mais  les  ennemis  du  bien  public  cher- 
chent à  y  provoquer  les  pauvres  par  la  famine  : 
le  bled  et  les  pommes  de  terre  manquent  dans 
ses  marchés. 

I)u  7  octobre  1800  ( li  vendémiaire. ) 

Nous  offrons  à  l'attention  des  lecteurs  un  des  _ 

plus   beaux    discours    qui    aient    été   prononcés  {  teurs  du  département  de    la   Seine,    et  muniçi- 


N     T     É     R     I     E     U 

Paris,  le  25  vendémiaire. 


29- 
R. 


L-'V, grande  parade  du  qulniidi  avait  attiré  au- 
jourd'hui CCS  spectateurs  encore  plus  noir.breux 
qu'à  l'ordinaire.  Le  prenaier  consul  n'était  pas 
sorti  depuis  quelques  jours.  Lorsqu'il  a  paru  ,  des 
acclamations  unanimes  et  spontanées  se  sont  fait 
entendre  dans  l'enceinte  où  les  troupes  étaient 
rassemblées  ,  et  dans  les  lieux  voisins  que  la  foule 
des  citoyens  remplissait. 

—  Le  préfet  de  ?a  Seine,  le  secrétaire-général  de 
la  prélecture  ,  les  maires  et  adjoints  des  ta  mu- 
nicipalités de  Paris,  ont  élé  admis  à  l'audience 
du  premier  consul.  Le  préfet  portant  la  parole 
s'est  exprimé  en  ces  termes  : 

Général  con.iul  ,  les  fonctionnaires  administra- 


dans  tout  le  cours  de  l'ère  révolutionnaire.  Ce 
n'est  pas  seulement  par  la  pompe  du  style,  par 
la  beauté  des  images  ,  par  les  mouvcmens  d'une 
grande  éloquence  que  ce  discours  est  remar- 
quable ;  la  politique  l'observe  plus  encore  que 
le  goût.  Le  mérite  d'une  belle  littérature  e.'ii  le 
moindre  d'une  i)roduclion  de  ce  genre.  La 
générosité  des  seniimcns  ,  la  candeur  des  aveux  , 
flionnêteté  des  vues  ,  voilà  ce  qu'on  trouve 
généralement    dans    celle   pièce. 

Il  ne  pouvait  appa'tenirqu'à  des  êtres  stupides 
de  regarder  la  révoluiioii  corfime  un  bienfait 
du  ciel  ,  comme  l  essor  magnanime  d'un  peujde 
accablé  de  maux  ,  et  fesant  effort  pour  s'en  délivrer. 
Les  jacobins  en  France  et  hors  la  France  av;iient 
Unu  lonj-icm»  Ce  langage  ,  qu'ils  s'étaient  efforcés 


paux  de  la  comniune  de  Paris  ,  viennent  au  nom 
de  leurs  concitoyens  ,  vous  exprimer  l'indigna- 
tion profonde  qu'ils  ont  ressentie  à  la  nouvelle 
de   l'attentat   médité  contre  votre  personne. 

Dès  le  lendemain  de  l'arrestation  des  coupables, 
l'opinion  publique  nous  pressait  d'être  auprès 
de  vous  son  organe,  et  nous  l'aurions  été  si 
vous  n'eussiez  entrepris  de  vous  dérober  aux 
témoignages  de  l'intérêt  public  en  commandant 
d'ignorer  le  danger  que  vous  aviez  couru. 

Mais  il  n'est  pas  en  votre  pouvoir  ,  citoyen 
consul  ,  de  faiie  qu'un  tel  événement  fût  long- 
tems  un  secret  pour  la  grande  commune  ,  qui, 
vous  comptant  son  premier  citoyen,  est  respon- 
sable de  votre  conservation  auxauires  commune» 
de  la  lépublique. 


Trop' d'intérêts  se  rattachent  à  votre  existence  ' 
citoyen  consul  pour  que  de.  compTott^û  l'oV 
menacée  ,  ne  devinssent  pa,  u«  sujet  de  douleur 
pubhque,  comme  les  soins  qui  l'ont  garantie 
seront  un  sujet  de  recor.nais'sance  et  de  , oie 
nat.oaale  ,  et  en  France  on  ne  sait  pas  dissimiler 
long-tems  de  telles  affections. 

ramena"  d  F?"  ''"'  "  '°  ^'"'^'"''^^'^^  '"8.  vous 
ramena  dEgyp,e,  c,  qu,  i  Marmgo  sembla 
vous  préserver  malgré  vous,  de  toul  lespé.iU 
du  sein  desquels  vous  fîies  sortir  la  vic-oire 
^qui  enEn  le  J7  vendémiaire  an  g,  vient  de 
\  vous  sauver  de  la  fureur  des  assassins  ,  est ,  per- 
mett.z  nous  de  vous  le  dire  ,  la  providence  de  la 
Fratice  bien  plus  que  la  vôtre-,  elle  n'a  pas 
voulu  quunc  année  si  belle,  si  pleine  d'évé- 
nemens  glorieux,  et  destinée  à  occuper  une 
aussi  grande  place  dans  le  souvenir  des  hommes, 
terminée  tOui-a-coup  par  un  détestable  crime  , 
méritât  ains,  d  être  retranchée  de  nos  annales. 

(^ue  les  ennemis  de  la  France  cessent  donc 
de  conjuier  sa  perte  ,  et  de  vouloir  la  vôtre; 
et  querihn,  ils  se  soumettent  à  cette  destinée 
qui  ,  p  us  puissante  que  tous  les  complots  . 
assure  I  .^ttermissemcnt  de  la  lépublique  par 
votre  conservation  ,  «  votre  conservation  par 
son  attermissement. 

Citoyen  consul,  nous  ne  vous  parlons  pas 
des  coupables,  ils  ne  sont  p.is  en  votre  pouvoir, 
us  appacliennent  à  laloi. 

Le  premier  consul,  apict  avoir  entcn  lu  ce  dî<^ 
cour^,  s  est  entretenu  long-tems  avec  les  maires 
de  Fans  ;  voici  différens  fragmens  de  ce  gue 
nous  avons  retenu  de  cette  conversation. 

Le  gt^uvernement,   a    dit  le  premier   consul 

mente  1  aifection  du  peuple  de  Paris Il   est 

vrai  de  dire  que  votre  cité  est  responsable  à  la 
France  entière  de  la  sûreté  du  premier  magistrat 
delarepubhque....  Je  dois  déclarer  que  ,■"  dans 
aucun  tems  celte  immense  commune  n'a  montré 
plus  d  attachement  à  son  gouvernement;  jamais 
il  ny  eut  besoin  de  moins  de  troupes  de  iione 
même  pour  y  maintenir  la  police.  ' 

Ma  coriEatice  pardcullere  dans  toutes  les  classes 

dii  peuple  delà  capitale,  n'a  point  de  bornes  - 

SI  jetais  absent,    que  j'éprouvasse  le  besoin  dun 

asyle  ,  c  est  au  milieu  de  Paris  que  je  viendrais  le 

I  trouver. 

Je  me  suis  fait  remettre  sous  les  yeux  tout  ce 
que  1  on  a  pu  trouver  sur  les  événemens  les  plus 
désastreux  qui  ont  eu  lieu  dans  la  ville  de  Paris 
dans  ces  dix  dernières  ansées  :  je  dois  déclarer 
pour  la  décharge  du  peuple  de  Paris  ,  aux  veux 
des  nancins  et  des  siècles  à  venir,  que  le  noti.bre 
d^s  médians  citoyens  a  toujours  été  extrêmement 
petit.bur4oo,  jemesuis  assuré  que  plus  des  deux 
tiers  étaient  étr.ngers  à  la  ville  de  Paiis.  60  ou  89 
ont  seuls  survécu  a  la  révolution. 

Vos  fonctions  voys  appellent  à  communiquer 
tous  lesjours  avec  un  grand  nombre  de  citoyens  • 
dites-leur  que  gouverner  la  France  ap.ès  dix  ans 
difficile""'"  ^"'''^'''"<"^'i'"aires,  est -une  lâche 

La  pensée  de  travailler  pour  le  meilleur  et  Je 
plus  puissant  peuple  de  la  terre,  a  besoin  elle- 
même  detre  associée  au  tableau  du  bonheur^ 
des  larailles  ,  de  1  amehoration  de  la  morale  pu- 
blique et  des  progrès  de  l'industrie,  je  diiais 
même  aux  témoignages  de  l'affection  et  du  con- 
tentement de  la  nation. 

-  La  société  de  médecine  de  Paria,  qui  a  rendu 
de  si  grands  seivices  avant  la  révolution  ,  va  re- 
prendre le  cours  de  ses  travaux.  L'école  de  mé- 
decine de  Pans  a  formé  le  noyau  de  cette  inté- 
ressatjte  association  ,  el  l'arrêté  du  iï  fructidor 
lu.  adjoint  k-s  citoyens  Alibct,  Andry  ,  Auvily  ^ 
Bichat ,  Chaplal  ,  Cuvier ,  Deschamps  ,  Huzard 
Jadelot  ,  Jeanroi  Jussieu,  Lapone,  Lépreux^ 
fessier  et  Vauquclm.  Cette  organisation  actuelle 
présente  un  ensem.blc  de  talens,  d  intentions  et 
de  vues  qui  promettent  les  plus  heuieux  effets. 
—  Le  ciioyen  Bigot  Preameneu  s'entretenant 
avec  le  premier  consul  de  ce  qui  fait  le  sujet  de 
toutes  les  conversations,  exprimait  les  regrei*  du 
tribunal  de  cassation  de  ne  s'être  pas  présenté 
pour  lui  témoigner  ses  sentirocns  ;  mais  ,,ue 
comme  il  serait  possible  i^ue  les  coupables  fu;sent 
poursuivis  crimineLIcmcnt,  et  que  celte  afiaire 
ressortît  du  tiibunal  de  cassation  ,  il  voulait  rester 
impassible  autant  au  moins  qu'il  le  pouttait  Le 
premier   cousul    1  épondit  ;»  Ciwj*»  Preamsrtfit 


)>  flùt  au  ciel  qui,  depuis  dix  ans  nos  irihunaux 
5>  enisent  toujours  eu  ces  principes  ,  que  dé  victimes 
î'  de   moins .'.'.' 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

ArrlU  du  -îi   vendémiaire. 

Lf.s  consuls  de  la  république  arrêtent  ce  qui 
suit  :  ■ 

Art.  I'^'.  Le  dépnrlemenl  des  Alpes-Maritimes 
fera  paitie   de   la  S^  division  militaire. 

II.  Le  général  Garnier  en  cotiseivera  le  com- 
mandement. 

»  in.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  23  vendémiaire. 

Les  consuls  de  la  république  ,  vu  l'art.  XVIII 
de  l'arrêté  du  i"'  pluviôse  an  8  ,  portant  que  les 
b  ireaUK  chargés  des  opérations  de  la  liquidation 
de  la  dette  publique  ,  seront  transférés  hurs  de 
l'enceinte  de  la  trésorerie  ; 

L'arrêté  du  12  veniôse  ,  qui  supprime  le  bu- 
reau central  de  ladite  liésorerie  ,  et  réunit  les  opé- 
rations du  remboursement  dont  il  éiait  chargé  , 
aux  fonctions  du  liquidaleur-génér.il  de  la  dette 
publique  ; 

L'article  II  du  même  arrêté  ,  qui  enjoint  audit 
liquidateur  de  présenter  le  plan  de  l'organisation 
des  bureaux  nécessaires  pour  cette   opération; 

Sur  le  rapport  du  ministre  des  finances,  le  cou- 
seil-d'état  entendu  ,   arrêtent  : 


98 


cliaïge  ,    que   pour  la  sûreté    des    créancieTs   et 
débiteurs. 

X.  Il  ne  sera  point  formé  d'état  sépaié  des 
liquidations  faites  par  la  commission  en  exécution 
du  présent  arrêté  ;  elles  seront  comprises  iodis- 
tinctement  djns  son  état  décadaire  ,  qui  sera  dressé 
dans  la  forme  prescrite  par  l'article  XIV  de  là  loi 
du  ':4  frimaire  an  6.  ,  ,       ' 

XI.  La  régie  de  l'enregistrement  restera  char- 
gée des  diverses  parties  de  liquidations  qui  lui 
ont  eié  confiées,  attendu  leur  conncxiié  avec  la 
partie  administrative  des  domaines  nationaux. 

XII.  Les  résultats  des  travaux  de  la  liquida- 
tion générale  seront  présentés  ,  tous  les  trois 
mois  ,  par  le  liquidateur  général  ,  au  rhinlstre  des 
finances,  et  soumis  pat. lui  aux  consuls. 

XIII.  Les  bureaux  de  la  liquidation  générale 
de  la  dette  publique  demeurent  organises  ,  à 
compter  du  i"  vendémiaire  an  g  ,  conlornicment 
lyrarrcié  des  consuls  du  12  ventôse  an  S  ,  cl  à 
l'étal  joint  au  présent  arrêté. 

Les  traiteraens  et  autres  dépenses  qui  y  sont 
portées  ,  ne  pourront  excéder  35o  imille  francs  , 
qui  feront  partie  du  crédit  du  ministre  des  firian- 
ces ,  et  seront  payés  de  la  même  manière  que 
cetlx  de  la  trésorerie. 

XIV.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au 
bulletin    des   lois. 

Suit  le  tableau. 

Etat  des  dépenses  de  la  liquidation  générale  de   ta 
dette  publique. 

Le  liquidateur  général. Son  uahement.     i2,ooofr. 

Conseil  contentieux.  Quatre  princi- 
paux commis  -  réviseurs  formant  le 
conseil  contentieux  de  la  liquidation 
générale 32,ooo 

Chefs  et   sous  -  chefs.  Cinq  chefs  de 


Art.  I".  Le  liquidateur-général  de  la  dette  pu- 
blique demeure   exclusivement  chargé   des  opé- 
rations de  lîqiiidation  primitive,  déférées  au  liqui-  .  division  ;   dix  sous  -  chefs  ,  y  compris 
dateur  particulier  de  la   trésorerie  ,   par  les   lois  1  le  secrétaire-général, 
des  9  vendémiaire  et  94  frimaire  an  6,eH2  bru-  |      Vingt-deux  hquidateurs  de.i"  classe  ; 
'■  Idouzedea'classe;  douze  de  3'  classe; 

IL  II  continuera  d'opérer  définitivement  ,  sous  I  ^°^^^  '^^  4^  classe. 
ia    responsabilité  ,    la    liquidation  de    toutes    les!      Deux  teiteuis  de  livres  de  1"^=  classe  ; 
créarices  et  réclamations  soumises  à  sa  vérification  •'  deux   de  2'  classe  ;  trois  de  3"=  classe  ; 
par  l'article  précédent,   sauf  le  recours  au   minis- 
tre des  finances  ,  contormément   aux  lois   des  3 
brumaire  an  4  et  24  frimaire  au  6. 


III.  La  liquidation  des  restes  de  dépenses ,  ainsi 
que  celle  des  avances  faites  par  le  gouverne- 
ment dans  les  divers  ministères  ,   pour  service  de 


quatre  de  4'  classe. 

Cinq  commis    d'ordre  ;  quatre  idem 
j  aux  écritures;  trois  idem. 
Total  ,  cent  employés. 
I      Q^jatrc  -  vingt  -  seize   employés,     à 
2,700    fr.    l'un    dans    lautre  ,   d'après 


,  ,       c      ^      ' „.       —  .'•     2,700    tr.    i  un    aans    lautre,   ri  ai)res 

toute   nature  des  années  5  et  6 ,  sera  fa.te  par  le  1  la  répartition  qui  en   sera  faite   par  le 
liquidateur  gênerai  de  la  dette  pub  , que  ,   sous  sa     l.quidateur  général. 


responsabilité,  comme  les  autres  objets   de  liqui- 
dation de  son  attribution. 


IV.   En  conséquence  ,  les  ministres  .   ainsi  que  i  j,  p.-^  ,   à   600  fr, 


quiciateur  ge 
Dix   gardiens   de    bureau    à  800  fr.  ; 
Un  portier  ,  à   800  fr.  ;    un    homme 


les  parties  intéressées  à  cette  liquidation,  re 
tront  au  liquidateur  général  de  la  dette  publique 
tous  les  litres  et  pièces  relatifs  auxdites  créances 
ou  avances  à  liquider. 

V.  Les  créances  résultant  de  ladite  liquidation- 
continuerontàêtre  ordonnancéespar  lesministres, 
chacun  dans  son  département ,  en  la  forme  ordi- 
naire ,  sur  la  remise  qui  leur  sera  faite  par  les 
parties  ,  de  la  reconnaissance  du  liquidateur  gé- 
néral ,  qui,  préalablement,  en  aura  fait  passer 
un  état  au  ministre  compétent. 

VI.  Quant  aux  parties  qui,  ayant  reçu  dts 
avances,  se  trouveraient  reliquataires  envers  le 
trésor  public,  le  hquidateur-général  en  fera  passer 
l'état  au  ministre  des  finances  ,  accompagné  des 
pièces  établissant  'e  débet  pour ,  par  lui  ,  les  faire 
contraindre  ,  s'il  y  a  lieu  ,  conformément  à  l'arrêté 
des  consuls  du  18  ventôse  an  8. 

VII.  Les  restes  de  dépenses  dues  en  papier- 
monnaie  ,  ainsi  que  les  comptes  des  avances  faites 
en  cette  même  valeur  par  le  gouvernement ,  pour 
les  divers  services  de  la  guerre  ,  de  la  marine  , 
de  l'intérieur,  ou  autres  qui  auraient  commencé 
en  l'an  4  ou  antérieurement,  et  qui  se  seraient 
prolongés  dans  cet_  exercice  ou  au-delà  ,  jusqu'à 
l'extinctiba  du  papier-monnaie  ,  seront  à  l'avenir 
liquidés  par  la  commission  de  la  comptabilité 
intermédiaire  ,  sous  sa  responsabilité  ,  comme  les 
attires  objets  de  son  altribuiion  ,  ei  conformé- 
ment aux  lois  et  arrêtés  existans. 

VIII.  Celte  commission  sera  de  même  chargée 
de  liquider  ceux  des  créanciers,  pour  service  de 
l'an  5  ,  qui  ,  usant  de  la  faculté  que  leur  donne  là 
loi  du  24  frimaire  an  6 ,  préféreraient  être  liquidés 
et  remboursés  conformément  au  mode  qu'elle 
prescrit. 

IX.  En  conséquence  ,  Tes  ministres  et  autres 
ordonnateurs ,  chacun  dans  son  attribution ,  feront 
pa',ser  sans  délai  ,  à  la  commission  de  la  compta- 
bilité intermédiaire  ,  tous  les  titres  ,  pièces  et  ren- 
geignemens  relatifs  à  cetie  partie  de  l'arriéré. 

Ils  se  concerteront,  chacun  pour  ce  qui  le  con- 
cerne ,  avec  ladite  commission  sur  les  mesures 
à  prendre  à  cet  effet ,  tant  pour  leur  propre  dé- 


Frai  r    de    bureaux. 

Chauffage  ,  impression  ,  papiers,  etc. 

Loyer  de  la  maison  occupée  par  le 
liquidateur  général  ,  en  commun  avec 
le  ministre  de  la  justice  ,  depuis  le  t". 
germinal 

Dépenses  imprévues  ,  traduction  de 
litres  éciits  en  langues  ét.angeres  ,  etc. 


26,500 


3,5oo 
3,000 


Bonaparte. 


extrait  par  l'élection  étant  de  dog^e  cents  ,  il 
s'agit,  comme  on  voit,  de  f.ire  opérer  une 
énorme  masse  de  voians  pour  la  formation  d'une 
énorme  massé  de  notables.  De  là  les  difficullés  : 
car  si  1  on  s'attache  scrupuleusement  à  ce  qui  pa- 
rnîl  être  le  vœu  de  la  constitution  ,  le  mécanisme 
de.î  éitctions  se  complique  ;  et  si  l'on  s'attache  à 
simplifier  le  mécanisme  ,  on  court  risque  de 
blesser  ou  la  lettre  ou  l'esptit  de  la    conslilulion. 

Le    problème  est  dune  en    général   d  r.ccorder 
la    légalité   ou    constitutionnaliié   des   opérations 
avec  [a  facilité  de  leur  tnécanisirre. 

Mais  dans  la  discussion,  ce  problê^me  s'est 
décomposé  en  un  grand  nombre  de  questions 
diveirses  ,  dont  les  unes  regardant  les  condition^ 
politiques  des  éliictions  ,  les  autres  les  conditions 
mécaniques. 

Nous  allons  en  reproduire  sommairement  la 
discussion.  Le  résultat  de  leUr  eSiamen  sera  de 
fixer  l(.s  prirjcipes  qui  doivent  servir  à  l'apprécia- 
tion des  divt.-is  projets  qui  ont  été  propos  ;s;  et 
ensuite  il  suHira  presque  de  lire  ces  projets, 
pour   les  juger  en  connaissance  de  cause. 

La  première  question  sur  laquelle  il  s'agit  de 
prononcer  ,  est  de  savoir  si  la  constitution  obligo 
a  faire  des  élections  communes  à  tout  l'arrondis- 
seinent  communal,  tel  qu'il  a  été  déterminé  pat 
la  loi  du  28  pluviôse  pour  l'administration,  ou 
de   les   faire  p.ir  section  d'arroniiissemenl. 

Observons  d  abord  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
les  élections  sef.tionnaires  avec  les  scrutins  section- 
naires  :  dans  les'  deux  systêpnes  ontre  lesquels  il 
s'agit  rie  prononcer ,  les  scrutins  ?e  feraient  éga- 
lement par  sections.  Mais  dans  le  premier  ,  les 
sciutins  sectionnaires  seraient  dépouillés  ensem- 
ble; les  siiftiagcs  donnés  dans  diverses  sections 
aux  mêmes  citoyens  ,  seraient  réunis  ,  et  l'élec- 
tion serait  produite  par  la  majorité  absolue  ou 
comparative  des  suffrages  portés  par  les  listes 
réunies  des  sections  de  l'arrondissement.  Dans 
le  second,  au  contraire,  la  majorité  de  la  sec- 
tion produirait  l'élection  du  dixième  de  ses 
citoyens,  indépendamii:ent  du  suffrage  de  toute 
autre  section  ,  et  la  liste  communale  serait  la  ' 
réunion   des  listes  sectionnaires. 

Les  d'eux  proposiiions  opposées  peuvent  donc 
être  énoncées  ainsi  : 

Ou  faire  des  élections  communes  par  des  scru- 
■  tins  sectionnaires  ; 

(      Ou  faire    des    élections   sectionnaires  par  des 
sciutins   sectionnaires. 

-  On  a  proposé  deux  rnanieres  différentes  de 
rendre  les  éleclions  sectionnaires  :  la  première  est 
de  diviser  simplement  en  sections  les  divisions 
administratives  d'arrondissement  ,  telles  qu'elles 
ont  été  établies  par  la  loi  du  28  pluviôse  ;  la  se- 
conde ,  de  tracer  dans  les  divisions  administra- 
tives d'autres  divisions  plus  petites  pour  l'exer- 
cice des  droits  politiques  ,  lesquelles  s'appelle- 
raient comme  les  premières  ,  arrondissemens  com- 
munaux. 

Il  est  évident  que  ces  deux  opérations  seraient 

les  mêmes  ,  et   auraient  les  mêmes   résultats  sous 

des   noms    dififérens  :  puisque  ,  relativement  aux 

I  divisions  administratives  ,    toute  division  en  plu 

I  petite  partie  serait  sectionnaire, 

j      Maisvenonsàla question.  La  conslilulion  exige- 

it-elle  des  élections  communales  ,  ou  permet-elle 
des  élections  sectionnaires  ? 
L'article  I'^'  de  la  constitution  porte  ;  11  Le  ler- 
I  ))  ritoire  européan  (de  la  république  françrise) 
>>  est  distribué  en  départemeus  et  arrondissemen 
)>  fommt/natix.i)  L'article  LIX  suppose  u  des  admi- 
ji  nisirations    locales  établies  pour  chaque  arron- 
j>  dissement  communal,  >>  L'art.  VII  porte  que 41  les 
"  les   choyeas  de  chaque  arrondissement  communal 
51  désignent,  par  Irurssuffrages,  ceux  qu'ils  croient 
))  les  plus   propres  à  gérer  les  affaires  publiques  :. 
J'  il  en  résulte  une    liste  de  confiance  ,   dans   la- 
!>  quelle   doivent  être  pris  les  fonctionnaires  publics 
î>  de  i  arrondissement,  ii 

Le  rapprochement  de  ces  trois  dispositions  de 
l'acte  consiitulionnel  suflSt  pour  éclaircir  la  ques- 
tion. 

Une  première  vérité  résulte  de  ces  dispositions 
c'est  que  les  arrondissemens  commuaaux  prescrit» 
par  l'article  I^' ,  devant  ,  en  vertu  de  l'art.  LIX  , 
avoir  chacun  une  administration  locale  ,  et  ,  en 
vertu  de  l'art.  VII ,  les  iunciionnaires  prépo.sés  aux 
administrations  locales  devant  être  pris  sur  des 
listes  formées  ,  dans  chaque  arrondissement  com- 
munal ,  des  citoyens  qui  ont  le  plus  la  confiance 
des  autres  ,  chaque  arrondissement  communal 
doit  avoir  son  adminis:ration  communale  et  son 
élection  communale  :  en  d'autres  mois ,  La  division 


Le  premier   consul  ,   signé 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. x 

C  O  N  S  E  I  L  -  D'  É  T  A  T. 

Résumé  de  la  discussion  qui  a  eu  lieu  au  conseil- 
d'état,  au  sujet  des  moyens  à  employer  pour  la 
formation  des  listes  de  notabilité  ou  éligibilité 
commaiiAe  ,  prescrites  par  la  constitution. 

L'objet  de   la  discussion   est   de  déterminer  les  j 
moyens  d'exécuter  l'article  VII  de  la  constitution. 
Il  est  ainsi  conçu  :  n  Les  citoyens  de  chaque  arron-  1 
i>  dissement  communal  désignent  par  leurs  suffrages,  ! 
))  ceiix  d'entre  eux  qu'ils  croient  les  plus  propres  a,  ! 
M  gérer   les  affaires  publiques.   Il   en   résultp   une" 
ji  liste   de   confiance    conienant   un    nombre    de 
n  noms  égal  au    dixième   du  nombre   des    citoyens 
>>  ayant  droit  d'y   coopérer.  C'est  dans   cette  pre- 
u  miere  liste  communale   que  doivent  être  pris 
))  les  fonctionnaires  publics  de  l'arrondissement.  11 

Trouver  une  méihode  d'élection  ,  au  moyen 
de  laquelle  les  citoyens  d'un  arrondissem.ent  com- 
munal puissent  nommer  facilement  le  dixième  de 

ceux  qui  ont  droit  de  voter;  tel  est  donc  l'obiet  1   -i     .       1  i-.-         j    •    «.       1         -  1 

J         ^1        1         ,  11'.  "uin.  iuujci  ,  elec  orale  ou  politique  doit  être  la  même  que  la 

des  recherches  du  conseil-d  étal.  1  j-   •  •         j     ■■.,.■         v  |.   u-  ," 

divisron  administtauve  ;  I  une  es;  I  objet ,  et  1  autre 

Ces    recherches  ne    sont   pas   sans    <'ifficultés.  1  le  moyen.  Ce  point  établi  ,  il  s'ensuit  que  ce  qui 

L'objet  spéci il  de  I  article  VII  de  la   constitution  ,  aura  été  décidé  par  la  loi  pour  déterminer  une 

étant  détablir  une  représentaiion  communale  pour     des  divisions   prescrites  par  la   conslilulion  ,   eit 

la  gestion   des  affaires   communales  ,   elle   semble     décidé  pour  l'autts.   Si  une  loi  eût  dit  ,  les  divi- 

deraander  une  élection  communale.   Mais  le  nom-     sions  d'arrondisseraens  politiques  seront  au  nom-. 

bre    moyen    des    citoyens    d'un     arrondissement     bre  de  quatre  ceins  deux  :  les  divisions  d'arron- 

communal  ayant  droit  de  voter ,  étant  de  douze     dissemcns   administratifs   auraient   été,   par  cela. 

mille,  et  le  nombre  de  noiables  qui  doit  en  être    seul  ,  au  nombre  de  quatre   cents   deux;   et  Ici 


99 


lignes  qui  auraient  m'iiqué  le«  unes  ,  auraient  été 
communes  à  tomes.  De  même  ,  si  la  loi  a  marqué 
les  divisions  administratives  ,  elle  a  marqué  ;  par 
cela  seyl  ,  les  divisions  électorales  ou  politiques. 
Quel  est  donc  le  fait,  et  qu'a  dit  la  loi?  Le  28 
pluviôse,  la  loi  a  déterminé  les  divisions  admi- 
nistratives :  donc  le  28  pluviôse  la  loi  a  déterminé 
les  divisions  politiques  ;  donc  les  iirrondissemetïs 
communaux  déterminés  ipbur  lexercice  de  l'ad- 
miiiistralion  communale  ,  le. sont  pour  .l'exepcice 
des  dfoits  politiques  ,  c'esi-àidii:e  ,.'pour  les  élec- 
tions communales. 

Ainsi  s'évanouissent  d'ibord  toutes  les  appa- 
rences qui  avaient  pu  faire  croire  qu'il  était  possible 
de  former  des  arrondisscmens  communaux  pour 
les  élections  ,  dans  les  arrnndissemens  commu- 
naux marcjués  pour  l'administration. 

Les  doutes  étant  levés  à  cet  égard  ,  voyons 
l'autre  opération  proposée. 

Une  seconde  vérité  résulte  des  dispositions  de 
l'acte  constitutionnel  que  nousavons  rapprochées: 
c'est  que  ,  suiv.int  l'art.  VII  ,  les  citoyens  de  chaque 
arrondissement  devant  déi'\'i,ner ,  par  leurs  suffrages , 
ceux  d'entre  eux  qui  ont /«  ^/«f  leur  confiance ,  ouj, 
eu  'autres  mots,  (h.iquc  citoyen  devant  désigner 
ceux  d  entre  tous  les  citoyens  de  chaque  arron- 
dissem  nt  qui  auront  le  plus  sa  confiance  ,  il  est 
i)éctssjire  que  chaque  citoyen  de  chaque  arron- 
disscm'-iii  puisiC  voter  sur  les  citoyens  de  lout 
l'ii  ..:iidi<>crneiit.  Les  élections  ne  peuvent  donc 
être    lenfermées    dans  des    sections   darrondisse- 


Tenons  donc  que  la  lettre  de  la  constitution 
n'admet  point  d'élection  sectionnaire.  Voyons 
maintenant   son   esprit. 

L'esprit  de  là  constitution  est  évident.  Elle 
institue  un  ^gouvernement  représentatif  ,  c'est-à- 
dire  quelle  veut  que  les  ciioyens  soient  jugés  , 
administrés  ,  par  des  hommes  en  qui  ils  aient 
autan:  et  plus  de  confiance  qu'en  eux-mêmes. 
Elle  doii  donc  avoir  voulu  que  les  administra- 
teurs dun  intérêt  communal  tussent  présentés  par 
tme  élection  communale;  qu'il  y  eût  communauté 
de  confiance  entre  ceux  qui  ,  unis  par  la  coramu- 
nauié  des  intérêts  ,  ilevaient  être  l'objet  de  fonc- 
tions communes  à  tous,  et  les  administrés  d  admi- 
nistrateurs communs  :  en  un  mot  ,  elle  a  dit 
vouloir  des  listes  communales  pour  des  tondions 
communales  ,  et  un  caractère  de  représentation 
communale  dans  le  fonctionnaire  chaigédelin- 
lérét   communal. 

On  tire  quelques  objections  de  l'article  IX  de 
la  c...nsiUution.  On  dit  :  en  vertu  de  l'article  IX, 
les  notables  de  la  troisième  liste  ,  ou  du  troisième 
degré, entre  lesquels  doivent  être  pris  les  ionction- 
naires  naiionaux,  sont  nommés  par  des  élections 
séparées  de  département.  Si  donc  la  lis:e  de  la 
plus  iraporiante  éligibilité  peut  être  tormée  par  des 
élections  partielles  et  non  commurtes  ,  on  doit 
en  conclure  qu'il  est  permis  de  composer  de 
méme-les  listes  communales  d'éle'clions  section- 
naires. 

On  peut  répondre  qu'il  n'est  permis  d'inter- 
préter h  constitution  que  dans  les  cas  où  elle  ne 
s'explique  pas  elle-même  :  or,  l'article  LIX  de  la 
constitution  supposant  les  administrations  localis 
pour  les  arrondissemens  communaux  ,  établit 
l'identité  entre  cette  première  division  adminis- 
trative et  la  première  division  politique,  quoiqu'il 
ne  l'établisse  pas  pour  les  autres  divisions  admi- 
nistratives ;  ainsi  le  texte  résiste  à  la  conséquence 
qu'on  voudrait  tirer  d'un  ordre  de  choses  pour 
un  différent. 

Quand  le  texe  de  la  constitution  laisserait  la 
libellé  de  régler  par  analogie  la  lorme  des  élec- 
tions communales  ,  il  serait  dilhcilc  de  porter  sur 
les  élections  communales  le  principe  établi  pour 
les  élections  nationales. 

En  effet,  il  y  a  de  grandes  différences  à  consi- 
dérer entre  la  notabilité  communale  et  li  nota- 
bilité nationale  ;  entre  les  intciêt»  communaux, 
auxquels  est  appelée  la  première  ,  et  les  intérêts 
nationaux  ,  auxquels  est  appelée  la  seconde. 
1».  L'intérêt  communal  touche  moins  l'autorité 
nationale  que  lautre  ;  et  ,  par  cette  rai  on  ,  e 
gouvernement  regarde  de  plus  prés  l'administra- 
tion centrale  :  il  convient  donc  que  le  citoyen  ail 
le  driit  d'élire  directement  tous  ceux  qui  peu- 
vent participer  à  I  admiiiistrjiion  communale. 
2°.  Il  y  a  plus  de  ressemblance  entre  les  inteièts 
communs  de  deux  arrondissemt  ns  différens  , 
qu'entre  les  iiiléiê'S  coniinunu'ix  de  deux  munici- 

fadtés.  3".  Lélu  du  depailemen;  est  aussi  I  élu  de 
arrondissement  ,  même  de  plusieurs  arrondisse- 
mens ;  au  lieu  que  l'élu  d'une  section  d  arrondia- 
semcnt  n'est  pas  celui  de  l'autre.  L'élu  nation.»!  est 
bien  plus  représentant  que  lélu  immédiat  dune 
section  ;  il  a  éié  élu  deux  lois  ;  il  I  a  été  jiar  une 
plus  glande  masse  de  ciioyens.  Il  est  bien  plus 
natur.  I  que  les  habitans  d'un  départemetii  recon- 
naissent pour  représentant  l'homme  qui  est  élu 
par  les  électeurs  d'un  arrondissement,  lesquels  sont 
élus  immédiatement  par  le  peuple  ,  qiiil  ne  1  est 
de  rcconnaî'te ,  dans  l'administration  d'une  com- 
mune ,  l'élu  d  une  attire.  , 


Nous  venons'  de  voir  que  l'esprit  et  la  toltre 
de  la  toristitulion  s'opposent  égtiiement  aux  élec- 
tions seciionnaires  ;  voyous  ce  quedemande  l'in- 
térêt public. 

Ce  que  demande  l'intérêt  public  peut  être 
réduit  à  deux  choses  distinctes  :  la  première  ,  c'est 
que  les  listes  soient  composées  des  hommes  du 
plus  gr,.nd  mérite  de  la  nation  ;  la  seconde  est 
que  ces  hommes  de  niériîe  aient  la  confiance  des 
citoyens.  Des  hommes  de  mérite  ,  sans  considé- 
ration ,  ne  fiourraicnt  .])as  faiie  le  'bien  ,  ou  le 
bien  qu'ils  leiaient  serait  mal  senti;  des  hommes 
qui  auitiient  une  considéraiion  usur|'ée,  po/rr- 
raieni  s  eu  servir  pour  faire  impunément  bj^p- 
coui)   de  nul.  '    ' 

Les  élections  communales  peraiellepl  la  nomi- 
nation d  hommes  qui  réunissent  les.  -deux  con- 
ditions dont  il  s'agit;  les  élections,  sectionnaires 
contlamnent  à  beaucoup  de  mauvais  choix  ,'en 
empêchent  beaucoup  de  bons  ,  .et  n  assurent  pas 
aux  élus  la  confiance  de  la  majorité  des  ci- 
toyens. 

D'abord,  elles  empêcheraient  beaucoup  de 
bons  choix  ,  et  forceraient  à  en  faire  beaucoup 
de  mauvais.  En  effet,  les  citoyens  capables  et  j 
connus  pour  tels  ,  sont  ordinairement  rassemblés 
dans  les  plus  grandes  villes,  et  même  dans  des 
quartier»  rapprochés  les  uns  des  autres  dans 
chaque  ville.  Ainsi  ,  le  système  des  élections  sec- 
tionnaires  ,  en  divisant  les  citoyens  p.ir  sections 
d  habitation  ,  en  bornant  chaque  division  à  une 
même  quotité  d'élus  ,  et  en  les  obligeant  à  choisir 
exclusivement  entre  les  citoyens  de  la  section  , 
condamnerait  les  citoyens  des  sections  peuplées 
de  beaucoup  d  hommes  capables  et  considérés  , 
à  en  laisser  beaucoup  à  l'éc.iri  et  dans  l'inutilité  ; 
tandis  que  ,  d'un  autre  côté  ,  il  condamnerait  les 
citoyens  des  sections  ignorantes  .  et  qui  sauraient 
l'être  ,  à  ne  choisir  que  des  ignorans  qu'elles 
connaîtraient  pour  incapables  de  remplir  leur 
destination  ;  tandis  que  leurs  regards  s'attache-  i 
raient  avec  regret  sur  des  hommes  à  qui  se  serait 
déjà  attachée  leur  confiance  ,  dans  d  auires  sec-  I 
lions  du  territoire  oîi  ces  hommes  se  trouveraient  1 
être  d'inutiles  surnuméraires. 

Ainsi  I  les  villages,  qui  comprennent  deux  tiers  1 
ou  trois  cinquièmes   de    la    population   française  .  ' 
les   taubourgs  des  grandes  villes  ,  les  quartiers  du  | 
négoce  ,  et  les  aitisans  qui  en   sont  aussi  les  deux  \ 
tiers  ou  les  trois  cinquièmes ,  et   ijui   ne  comptent  | 
pas  dans   leur  population   le    inillienpf  d'hommes  I 
distingués  ,    élitaient   entre   eux    un    dixième   qui 
se   trouverait   être   les    trois    quarts    au  moins    de  | 
la  hste    communale  ;  tandis  que   les    villes  ,   et  ,  ! 
dans   les  villes  ,    les    quartiers   les    plus    peuples  1 
d  hommes  distingués,  qui  peut-être  en  offriraient 
un   sur  quatre   ou   cinq   aunes  ,  bornés,  comme  / 
les    campagnes    et    les     faubourgs  ,    à    choisir   le 
dixierne  Je    leurs     citoyens  ,    verraient  l'accès  de  I 
la  notabilité   communale   fermée   à   la    moitié  de 
ses   hommes   délite   que   réclamaient   envain    les 
sections   pauvres  ;   et  en  résultat  elles    n'auraient 
contribué  qu  à  un  quart  de  la  liste  ,  pouvant  four- 
nir la  moitié  ,   les^  trois  quarts  ,, peut-être  le  tout. 
Ainsi  ,    en    résultat  ,  les    élections    seciionnaires 
donneraient  trois  quarts  d'ineptes,    en    rebutant 
un   quart  ,  moitié  ,   peut-être  trois   quarts    dé   ca- 
pables.   Trois  quarts  des  choix  auraient  lété  faits 
sans  confiance  ,  et ,  à   proprement  parler  ,  ne  se- 
raient que  des  nominations  laites  sans    choix  ,   et 
auraient   étouffe    la  confiance    qui    aurait  trouvé 
I  ailleurs  des  objets  capables    de    la    justifier.  Les 
trois   quarts    des     élus    n'ayant   pas    la   confiance 
de  leurs  propres    sections  ,   comment  auraient-ils 
celle  des    autres?  Il   faut  bien  prendre  g-arde  que 
dans  le    système   de    représentation    constitution- 
nelle ,  aucune  condition   d  éligibdité   n'est  impo- 
sée. La  constitution  ne   demande  au  candidat. ni 
propriété  .  ni  âge  ,  ni  service;   en    un   mot,  elle 
ne  lui  impos;  aucune  de  ces   conditions  que   les 
hommes  sont  convenus  généralement  de  regarder 
comrtie  de  premiers  titres  de  coiifirnce   auxquels 
il   suffit   que    le    personnel   ne  déroge  point.   La 
confiance  immédiate  des    citoyens  est    donc    un 
litre  nécessaire  ;  elle  est  donc  le  seul  témoignage 
qu  un  candidat  puisse  offrir  en  sa   laveur  à  la  to- 
talité d'un  arrondissement.    La    confiance    d'une 
section  ,   c'fst-à-'.lire  ,  de  quelques   voisins  et  de 
quelques  amis  ,  ne  peut  donc   pas  être   un  titre 
prés  de  beaucoup    d'autres  ;  à    plus    forte   raison 
une  nomination  de  section  ,  manilestement  laite 
sans  confiance  ,  ou  du  moins  avec  une  confiance 
iiioindie  que   celle   dont  ses  membres   h(.)norent 
d  autres    ciioyens  fjue  la   surabondance   de   leur 
propre  section   a  obligé   d'écarter. 

On  doit  ajouter  aux  probabilités  qui  lonl  crain- 
dre de  mauvaises  élections  dans  le  système  sec- 
tioniiaiic  ,  les  facilités  qu'il  offre  aux  itiirigans 
Cl  aux  factieux  pour  faire  tomber  sur  eux  les 
nominations. 

Quelle  différence  entre  ces  résultats  et  ceux 
des  élections  cotnmunales  !  Les  citoyens  pou- 
vant choisir  sur  une  masse  de  plusieurs  milliers 
il  individus  ,  sur  les  villes  ,  sur  les  campagrrcs  , 
ont  la  libellé  de  choisir  le  inéiitc  pai-toul  oti  ) 
il  se  lait  remarquer  ,  et  ne  sont  pas  condamnés 
à  le   laisner  à  l'écart  (juelijue    patl  qu'il  existe  ! 


Les  hommes  médiocres  ou  peu  connuf,  s'il  est"" 
inévitable  d'en  admettre  rie  tels  ,  ne  seront  notti- 
niés  qu  après  l'iépuiaetrient  de  la  liste  des.  autres  ! 
et  il  est  possible  au  moins  de  constater  que  la 
majorité  ne  connaît  au,cun  motif  de  'l'écarteri 
Ainsi  ,  au  moins  ,  une  grande  partie,  dés  élu» 
pourra  avoir  le  suffrage  immédiat  de  la  maj'o- 
rité  ,  et  il  ne  pourra  pas  arriver  qu'aucun  l'ait 
contre  lui.  Tous  les  élus  auront  pour  eux  , 
sinon  une  estime  sentie,. au  moins  une  es'ime 
suri  parole  qui  suffira  .pour. laisîscr-rau  peuph:  le 
sentiment  de  sa  libcr^té  .  let  ^ux-l  fonctionnaiic». 
lautorité  nécessaire  poiiir  la  .gapantic  ou  .pouï 
l'exécution   des  lois.  ,...■.--,   -:.•..  ■'') 

On  oppose  au  système  des  élections  cOrti-' 
munales  ,  'des  dilficuliés  d'exécution,  de.-i  piin- 
cipes  de  libeité  .  des  principes  d'égtiliic  ,  dcJ 
craintes  de  découragement  pour  les  lalcns  tt'K'S 
venus.  '  ■ 

Laissons    un   moment   de   côté   les    objections., 
tirées    des   difficultés   d  exécution  ,  et  prop.MSoirs-','       jj 
nous  les  objections  tirées   des  grands    intéiêis  de^j       ^ 
la  république  ;  la  libené  ,   l'égalité  ,, 'a  morale. 

On  croit ,  la  liberté  comprapiise  par  un  syS' 
tême  q.ui  rendrait  la  noVibiliié  très-laçile  à  ac- 
quérir ,   prc.s-quc   iinpossible  à   révoquer, 

On  croit  l'égalité  coraproitliSe  par  l'avantage 
que  des  élections  communales  donneraient  aux 
villes  de  chct-lieu  surles  campagnes  ,  puur  l'élec- 
tion   à    la    notabilité  communale.  '     : 

Enfin  ,    on  croit  la  morale  compromise  par  le 
privilège   décourageant  qu'acquerraient  queirjues  ■ 
citoyens  distingués  par  la  nature   de   leurs  occu- 
pations autant  que  par  leur  mérite. 

Reprenons  ces  objections  dans  Tordre  où  elles 
sont  présentées. 

On  oppose  aux  élections  communales  l'art,  XII 
ainsi    conçu  :  <i  Nul   n'est  retiré  d'une  liste  que. 
"  par    les    votes     de     la   majotité    absolue    des 
)'  citoyens    ayant   droit   de    coopérer    à   sa   for-     ' 
!'  mation.   n 

On  dit  :  si  vous  faites  des  élections  commu-  . 
nales  ,  et  que  vous  exigiez  la  majorité  absolue  ij 
vous  multiplie^  et  compiiquiz  les  opérations  d&i  ' 
manière  à  dégoûter  les  citoyens  ;  si  vous  vous  > 
contentez  de  la  majorité  comparative  ,  un  ci' 
toyen  pourra  être  élu  par  un  petit  nombre  de 
suffrages  ;  dans  ce  cas ,  il  peut,  arriver  qu'un 
homme  devenu  notable  par  le  vœu  de  quehjues 
centaines  ou  dixaines'  de  suffrages  ,  devenu  en- 
suite odieux  à  dix  fois  plujî  de  citoyens  ,  ne  puisse 
cependant  être  retiré  de  la  hste  ,  parce  qu'il  aura 
tallu  peut-être  la  totalité  des  votans  pour  ''ex- 
clure. 

Sans  rien  préjuger  sur  la  question  de  savoir 
si  les  élections  se  Icront  à  une  majorité  ab- 
solue ou  seulement  comparative  ,  et  ,  dans  le 
deTnier  cis  ,  si  l'on  fixera  un  minimum  à  la 
majorité  comparative  ,  on  peut  observer  dès-à-' 
présent  que  rien  ne  choquerait  la  raison  et  le 
bon  sens  dans  un  système  qui  exigerait  la 
majorité  absolue  du  nombre  des  citoyens  ayant 
droit  de  voter  ,  peut-être  l'unanimité  des  votans,, 
pour  révoquer  un  notable  .  et  qui  n'exigerait 
qu'une  majorité  comparative  pour  le  no-ifnmer. 
D'abord  il  doit  être  plus  facile  d'honorer  un 
citoyen  que  de  le  déshonorer.  Secondement  , 
il  y  a  peu  d'inconvéniens  à  ce  qu'un  mauvais  . 
citoyen  demeure  sur  la  liste  des  notables  de! 
commune  ,  le  gouvernement  n'ayant  jamais 
d'intérêt  à  en  employer  de  tels  ,  et  le  nombre 
des  emplois  communaux  étant  si  borné  ,  qu  il  y 
aura  toujours  cent  notables  pour  un  emploi- 
Troisièmement  ,  si  l'on  sie  contente  d'une  petite 
majorité  pour  lélection  ,  c'est  par  1  impossibilité  * 
de  trouver  un  nombre  suffisant  de  citoyens 
connus.  Mais  qu-md  un  homme  est  élu,  tous 
ses'-concitoyens  ont  intérêt  à  l'observer  ,  aie  côn» 
naître  :  par  celte  raison  .il  est  bientôt  connue 
et  dès-lors  on  peut  exiger  une  grande  majoiitè 
pour  le  jugement  qui  doit  être  porté  sur  se» 
mœurs  et  ses  talens.  Elu  par  une  majorité  com-' 
parative  ,  minorité  de  fait  ,  parce  qu'il  était  un 
citoyen  obscur  ,  il  n'est  pas  moins  Ihomme  de 
l'arro.Tdissement  ijui  a  le  plus  la  confianci  ;  désti-' 
tué  parla  minorité  quand  il  est  devenu  homme 
public  ,  il  le  serait   contre  le  vœu  public. 

Venons  à  l'abjection  tirée  de  l'nitérêt  de  l'é- 
galité. On  croit  qu'elle  exige  que  les  notable* 
soient  pris  dans  une  proportion  uniforme  sur' 
toutes  les  parties  de  la  population  ;  de  manière 
que  chaque  village  ,  chaque  rue  de  cent  à  deu» 
cents  citoyens  dans  une  grande  ville  ,  et  peut- 
être  chaque  groupe  ,  chaque  niuison  habitée  par 
dix  citoyens  ,  ait  le  dixième  de  son  nombre  dan* 
la  liste  communale.  C'est  une  erreur  qui  confontJ 
l'égalité  de  droit  avec  l'égalité  de  fait.  L'égaliic 
de  droits  politiijues  ne  consiste  pas  en  ce  que 
chacun  ail  droit  à  une  place  ,  puisqu'il  faudrait 
ou  qu'il  y  eût  autant  de  places  semblables  qutS 
d  individus  ,  ou  que  chacun  les  occujiât  à  son 
tour;  elle  consiste  en  ce  que  <i\vACan  puisse  éti< 
élu  poui:.  la  dutée  de  t."ra.(  la  plUs  convenable  ùl 
l'iiitéiêt  public  ;  en  ce  qu'aucune  inMitutior» 
ij  exclue  aucunt  cLsse  àe  tiitoyeni;  dt»  dltois  é'iu* 


100 


ilu  ,  ni  d«  droii  d'élire  ,  soil  à  une  fonction  ,  soit 
à  une  noiabilité. 

Dans  l'ordre  civil  ,  l'égalité  de  droits  ne  de- 
mande paï  qu'il  n'y  ait  point  d'hommes  qui  puis- 
sent avoir  des  serviteurs  ,  mais  que  nul  ne  serve 
que  volontairement  ,  et  que  tous  puissent  se  taire 
servir  quiand  ils  ont  le  moyen  de  payer  le  ser- 
vice :  1  égalité  civile  ne  demande  pas  que  les  biens 
soient  également  partagés  ,  les  fortunes  nive- 
lées; elle  demande,  au  contraire  ,  que  chacun 
puisse  acquérir  et  posséder  tranquillement  soii 
domaine  ,  quelle  qu'en  soit  l'étendue.  L'égalité 
politique  de  fait  serait  l'oppression  de  la  proprie  e 
et  de  toute  liberté  civile  ou  politique  ;  car  don- 
ner à  l'ineptie  ,  à  la  corruption  ,  à  la  bassesse  , 
à  la  méchanceté  ,  le  droit  de  gouverner  ,  ce  se- 
rait donner  le  droit  de  tout  subvenir  ,  de  tout 
envahir  ,  de  tout  oser.  L'égaliié  politique  de  fait 
serait  le  renversement  de  l'égalité  civile  elle- 
même  ;  car  il  se  trouverait  des  sectioris  de  citoyens 
gouvernées  par  des  hommes  éclairés  et  probes  , 
lundis  que  d'autres  léseraient  par  des  hommes 
féroces  et  stupides. 

La  crainte  de  décourager  l'émulation  des  ci- 
toyens par  des  élections  communales  ,  est  évidem- 
ment mal  fondée  ,  puisque  ,  dans  ce  système,  on 
accorde  la  notabilité,  non  au  mérite  ,  mais  a  la 
position  des  habitans. 

La  crainte  de  décourager  par  des  élections 
sectionnaires  devrait  occuper  bien  davantage  , 
puisqu'elles  écarteraient  ,  dans  certaines  sections 
riches'  en  hommes  de  mérite  ,  tout  ce  qui  excé- 
derait 1-Ê  contingent  de  chaque  section  ,  et 
qu'elles  appelleraient  à  leur  place  une  foule  d'hom- 
mes non-seulement  inférieurs  ,  mais  même  ab- 
solument incapables. 

Tout  concourt  donc  à  solliciter  la  préférence 
pour  les  élections  communales. 

Nous  terminons  sur  ce  sujet  par  une  dernière 
observation  :  c'est  que  ,  dans  la  discussion  qui  a 
eu  lieu  au  tribunat  sur  la  loi  du  28  pluviôse  ; 
dans  celle  qui  a  eu  lieu  ensuite  devant  le  corps- 
législatif  pour  l'adoption  de  cette  même  loi,  il 
a  été  établi  ou  supposé  de  toutes  parts  ,  que  les 
premières  divisions  administratives  seraient  aussi 
les  premières  divisions  politiques.  Le  rapporteur 
du  tribunat  établit  dans  son  rapport  que  la  ioiç- 
niation  des  listes  d'éllgibles  et  les  services  admi- 
nistratifs doivent  être  adaptés  à  la  rnême  division 
territoriale.  Il  a  répété  cette  proposition  dans  la 
discussion  devant  le  corps-législatif  ;  et  le  con- 
seiller-détat  qui  lui  a  répondu  le  premier  .  a 
admis  cette  proposition.  Ainsi  on  pourrait  dire 
qu'il  y  a  ,  sinon  une  espèce  d'engagement  pris  a 
cet  c^ard  par  le  gouvernement  ,  du  moins  un 
aveu  authentique  du  principe  de  l'identité  entre 
la  division  politique  et  la  division  administrative  , 
et  il  est  généralement  entendu  aujourd'hui  que 
les  divisions  administratives  doivent  être  com- 
munes aux  divisions  politiques. 

Nous  concluons  donc  pour  les  élections  com- 
munales. La  suite  demain. 


Saint-Bernard  ,  sut  les  vestiges  des  monuméiîs 
que  l'on  y  a  découverts  ,  sur  l'institution  de  1  hos- 
pice par  Saint-Bernard  de  Menthon  vers  1  an  962  , 
et  sur  les  règles  observées  dans  cette  maison  par 
les  bienfaiteurs  de  l  humanité  qui  l'habitent.  Lats- 
sons  parler  l'auteur. 

)>  Au  Mont-  Bernard,  le  fils  de  la  guerre, 
l'ami  de  la  paix  ,  les  messagers  de  l'industrie  , 
les  nourrissons  des  arts,  les  amans  (ie  la  nature, 
jusqu'à  ceux  qui  n'ont  plus  de  patrie,  tous  iii- 
disiinctement,  reçoivent  de  ces  vénérables  soli- 
taires ou  le  baiser  fraternel  ,  ou  l'embrassement 
consolateur.  Loin  des  imposteurs  ,  ils  ne  parlent 
pas  d'humanité;  ils  ne   bénissent  pas  ,  et  ils  sont 

béilis':  ils    ne    menacent  pas  de   l'enfer ils 

montrent  le  ciel. — Et  s'ils  vous  voyent  partir, 
ils  ne  se  consolent  que  par  la  pensée  qu'ils 
appartiennent  à  tous  les  hommes.  Comme  au 
Greipsel  ,    leur  charité,    leur   intjuiétude    ne   se 

bornent  pas   à  des  cris ils  agitent  les  échos  , 

ils  combattent  les  tempêtes,  ils  iondent  les  gla- 
çons ,  ils  s'élancent  dans  les  neiges  ,  ils  péné- 
trent jusques  dans  les  entrailles  des  avalanches 
pour  en  attacher  les  infortunés  qu'elles  viennent 
d'engloutir.  —  Leurs  hivers  sont  de  neuf  mots  ; 

ils  ne  vivent  gueres  au-delà  de  dix  ans Mais 

ils  meurent  satisfaits  si  ,  dans  ces  dix  ans  de  ma- 
ladies cruelles  et  de  vie  céleste  ,  ils  ont  eu  le 
bonheur  de  sauverun  homme.  >» 

Il  serait  peut-être  difficile  de  rendre  le  por- 
trait de  ces  bons  religieux  plus  intéressant.  Après 
avoir  peint  ces  héros  de  1  humanité  ,  l'auteur 
parle  des  animaux  domestiques  ,  qui  les  aident 
dans  leurs  travaux  et  qu'ils  ont  élevés ,  pour  ainsi 
dire  ,  jusqu'à  l'intelligence  humauie. 

15  Depuis  brumaire  jusqu'en  floréal  ,  chaque 
jour  ,  l'un  des  domestiques  du  couvent  ,  nommé 
Maronnier  ou    Hospitalier .    va    à   une   lieue    en 


quelques  voisins.  Ils  voient  le  terrain  couvert 
d'une  monstrueuse  avalanche.  Il  ne  doute  plus 
de  son  malheur,  il  croit  son  fils  et  son  mulet 
engloutis.  Mais  en  se  retournant  il  appeiçnit  dans 
les  buissons  un  objet  noir  contrastant  avec  U 
blancheur  de  la  neige  :  il  approche  ,  il  reconnaît 
son  fils  ;  il  était  sans  connaissance.  On  l'emporte  , 
on  lui  prodigue  tous  les  soins^  on  le  rappelle  a 
l'existence.  Revenu,  il  raconte  n'avoir  entendu 
qu'un  bruit  étonnant  ,  et  en  même-tems  un  vent 
impétueux  qui  l'a  emporté  et  la  privé  de  toute 
sensation. 

'I  Cette  même  année  1774  ,  il  tomba  des  neiges 
très-abondantes  dans  nos  montagnes  ,  au  poin« 
qu'on  remarcjua  qu'il  s'était  formé  des  avalanches 
clans  des  endroits  où  on  n'en  avait  presque  jamais 
vu.  Il  en  tomba  une  en  mars,  à  peu  de  dislance 
du  bourg  de  St.  Rémi ,  au  pied  du  Mont-Bernard, 
si  grande  et  si  terrible,  qu'à  plus  de  soixante 
toises  au-dessus  du  terrain  qu  elle  occupa  ,  les 
sapins  et  les  mélèzes  ,  dont  quelques-uns  étaient 
de  la  grosseur  d'homme  ,  furent  renversés  et  cou- 
pés au  côté  opposé  ,  comme  s'ils  l'avaient  été  par 
des  boulets  de  canon.  J'ai  été  témoin  oculaire 
de  ce  fait.)' 

La  lettre  de  M.  Murith  est  remplie  de  faits  éga- 
lement intéressans  sur  différei.les  particulaiités  re- 
latives à  ces  montagnes. 

Cette  brochure  est  terminée  par  le  récit  des 
dangers  que  coururent  ,  pendant  27  jours  ,  une 
quarantaine  de  français  à  Viterbe  ,  petite  ville 
d  Italie,  après  l'évacuation  de  Rome  par  les  troupes 
de  la  république  ,  le  6  frimaire  an  7.  Une  populac» 
fanatique  et  cruelle  .  excitée  par  des  prêtres  et 
payée  par  un  agent  du  roi  de  Naples  ,  demandait 
chaque  jour  la  tête  de  ces  infortunés.  La  mort 
leur  fut  toujours  présente  pendant  ces  27  jour* , 
et  pour  comble  de  lioulcur  et  d'angoisses  la  piu- 


dehors   à   la  rencontre   des  voyageurs.   Dans  les  j  ^^^^^  d'eniteux    voyaient  leuis   femmes   et   leii 
grandei   neiges  et   les   touimentcs,  des  religieux  I  ^„(^„^  exposés  au  même  sort.   L'auteur  a   peint 


Le  Menl-Jouxou  le  Mont-Bernard,  discours  his- 
torique ,  lu  à  la  séance  publique  de  la  société 
philoiechnique  du  20  messidor  an  8;  suivi  d'une 
letiie  de  M.  Murith,  religieux  de  l'hospice  du 
-Mont-Bernard  ,  sur  son  origine  ,  son  institution  , 
les  fonctions  pénibles  auxquelles  se  vouent  les 
religieux  ,  et  la  manière  ingénieuse  avec  laquelle 
•ils  élèvent  les  chiens  destinés  à  découvrir  les 
voyageurs  égarés  ou  engloutis  sous  les  neiges  ; 
avecune  belle  gravure  ,  représentant  le  Grand- 
•StBernard ,  et  l'hospice  ,  près  de  la  vallée  d'Aost. 


se  joignent  à  lut  ;  toujours  un  gros  dogiae  les 
précède.  —  Rencontrent  -  ils  quelqu'un  ?  ils  lui 
donnent  un  peu  de  pain  et  de  vin  pour  rani- 
mer SCS  forces  ;  bientôt  le  chien  marche  en  tête  , 
et  mérite  bien  le  pas  qu'on  lui  cède.  Sans  lui  .  le 
vovageur  le  plus  expérimenté  se  perdrait  inlail- 
libiement  la  <iuit  et  même  le  jour  ,  par  un 
brouillard  épais;  mais  en  quelque  tems  que  ce 
soil,  le  chien  ne  perd  jamais  le  sentier  ,  quand 
même  il  n'en  paraîirait  aucun  vestige  ;  lorsque 
des  avalanches  ont  enseveli  des  voyageurs  ,  ou 
lorsqu'ils  ont  fait  une  chute  périlleuse  ,  le  chien 
les  évente  et  les  indique,  n 

Qui  croirait  qu'il  y  a  des  hommes  assez  pervers 
pour  porter  le  crime  jusques  dans  ces  déserts 
où  l  homme  sent  si  bien  le  néant  des  choses  hu- 
maines ,  jusques  dans  le  sanctuaire  de  la  vertu  et 
de  l'hospitalité?  Mais  on  verra,  par  le  trait  sui- 
vant ,  que  par-tout  aussi  les  scélérats  trouvent 
leur  châtiment. 

Il  En  Z787  ,  trente  brigands  se  rendirent  à  l'hos- 
pice. Les  religieux  les  reçurent  de  leur  mieux  , 
mais  bientôt  ces  bandits  sommèrent  le  prévôt  d« 
leur  remettre  l'argent  de  la  maison.  Celui-ci  ne 
perd  point  la  tête  ;  il  leur  répond  que  l'honnêteté 
avec  laquelle  on  les  avait  accueillis  ne  méritait 
pas  une  telle  conduite  :  que  cependant  ,  puisqu'ils 
l'exigeaient,  ils  n'avaient  qu  à  le  suivre  ,  et  qu'il 
allait  leur  remettre  la  caisse  du  monastère.  — Ils 
le  suivirent  ;  il  ouvre  une  porte  ;  à  sa  voix  les 
dogues  s'élancent  sur  ces  scélérats  ,  déchirent  les 
uns ,  étranglent  les  autres,  mettent  le  reste  in 
faite  ,  et  sauvent  la  masse  par  la  présence  d'esprit 
du  supérieur.  >» 

L'auteur  termine  ce  discours  comme  il  l'a  com- 
mencé ,  par  une  hymne  à  la  valeur  de  nos  guer- 
riers. Son  style  a  quelquefois  emprunté  des  objets 
qu  il    décrit    une    sorte   de   couleur   originale   et  j 
pittoresque.    Le  goût  pourrait   lui  faire    des    re 


A  Paris,  au  cabinet  et  salon  de  lecture,  boule 
vait  Cérutti  ,   n°  21  ,  et  chez'  les  marchands  de  j  proches  ;  mais  dans  une  production  de   cette  na 


nouveautés 

-Ce  discours  fut  composé  à  l'occasion  du  pas-- 
■sage  du  Mont-Saint-Bernard  par  l'armée  de  ré- 
serve ,  et  pour  célébrer  la  victoire  de  Marengo. 
Aussi  quelques-unes  de  ses  parties  sont-elles  dans 
le.  style  du  poërae  ou  de  l'ode.  En  voici  le 
début  : 

M  Aux  noms  de  Bellavèze  ,  de  Brennus  et 
<l'Annibal  ,  les  Alpes  sourcillent  encore.  Ceux 
qui  portèrent  ces  noms  ,  ne  furent  que  des  dé- 
vastateurs. 

I)  A  celui  de  Bonaparte,  ces  géans  enchaînent 
leurs  tourmentes,  compriment  leurs  neiges  ,  étouf- 
fent leurs  tonneres  ,  comblent  leurs  abîmes  ,  et 
ceignent  leurs  pyraunides  éternelles  des  rayons 
du  soleil   et  des  trophées  de  sa  gloire,  x 

On  conviendra  que  c'est  le  preiidre  sur  un 
ton  bien  haut  pour  un  simple  discours  historique. 
L'auteur  avait  oublié  apparemment  ce  précepte  : 
le  début  soit  simple  et  n'ait  rien  d'affecté    - 


ture  ,  ne  vaut-il  pas  mieux  intéresser  avec  une 
physionomie  irréguliere  ,  mais  bleu  caractérisée  , 
que  de  ne  faire  aucune  impression  avec  des  traits 
corrects  ,  mais  oïdinaires  ? 

LaJ^etire  de  M.  Mutith  ,  prieur  de  Mirtigni  et 
religieux  du  Mont-Bernard  ,  donne  la  plus  haute 
opinion.de  ses  lumières  et  de  son  esprit.  On  voit 
que  l  histoire  et  les  sciences  naturelles  lui  sont  éga- 
lement familières. 

Ce  que  dit  M.  Murith  des  avalanches  ,  est  trop 
intéressant  pour  n'être  pas  cité.  Je  choisis  deux 
exemples  parmi  ceux  qu'il  rappone. 

it  Voici ,  dit-il,  un  autre  événement  qui  prouve 
les  effets  surprenans  de  l'action  de  l'air  dans  les 
avalanches.  Le  joue  du  mardi-gras  de  la  même 
année  (  1774)  ,à  Saint-Didier,  duché  d'Aoste  ,  un 
jeune  homme  invité  par  son  père  à  s'aller  divertir 
avec  ses  camarades  ,  lui  demanda  la  permission 
d'aller  plutôt  traîner  du  bois  pour  le  service  de 
1  hospice  ,  craignant  qu'il  ne  survînt  quelqu'ava- 
[  lanche  du  premier  côté.  Le   père  y   consent-. 


11  que  le  aeout  sou  simpic  ci  u  au  iicu  >j  au,.,-i,,. .-  ■  lauui  _ 

Ne  serable-t-il  pas   qu'il  entonne   l'hymne   de   la    jeune  homme  paft  avec  un  mulet ,  va  au   déva- 

victoire  ?    On   pourrait  présumer  au   moins   que  j  loir ,  fixe   le    bois  au   trait  et   conduit    le   mulet 


son  discouis  n  offrira  que  des  images  poétiques 
et  les  exclamations  du  sentiment  et  de  1  admi- 
ration. On  se  tromperait  :  il  remplit  réellement 
son  titre  ;  il  contient  des  détails  précieux  sur 
l'étimologie  de  l'aniique  dénomination  des  Alpes, 
»ur  les  différens  cultes  qui  ont  eu  des  autels  au 
sommet  du  Mont-de-Jupiter ,  aujourd'hui  Mont- 


Une  avalanche  part,  emporte  pat  son  souffle  le 
jeune  homme  dans  des  buissons  ,  à  une  portée 
de  carabine....  Il  reste  sans  connaissance;  le 
mulet,  retenu  par  le  bois  qu'il  traînait,  est  en- 
glouti. J» 

iy  Le  père  ,  alarmé  de  ne  point  voir  revenir  son 
fils  malgré  la  nuit ,  se  met  à  sa.  lecheich»  avec 


celte  situation  affreuse  en  homme  qui  a  fortement 
senti  ces  vives  et  poignantes  émotions  de  lame. 
Sa  narration  peut  être  comparée  au  drame  le  plu» 
intéressant.  C'est  un  noble  (le  comte  Zelli  ,  et  un 
piètre,  (le  cardinal  Gallo  ,  évêque  de  Viterbe  ) , 
qui  y  font  les  plus  beaux  rôles  ;  tant  il  est  vrai 
que  la  venu  est  de  tous  les  pays  et  de  toios  ls« 
états. 

Un  des  acteurs  les  plus  remarquables  de  celte 
scène  est  un  simple  garçon  menuisier.  C  était  l'uit 
des  chefs  de  l'insurrection  ;  cet  autre  Maïaniellô 
exerçait  sur  les  révoltés  une  influence  presqu'in- 
compréhensible.  Voici  le  trait  tel  que  le  raconte 
l'auteur  (i). 

Il  Aux  dix  heures  du  matin  çlu  3  nivôse  ,  la 
comte  appella  les  citoyens  Mechin  ,  Artaud  et 
moi.  "Je  ne  sais  ce  qu'on  vous  veut  ,  le  chef  le 
Il  plus  violent  de  l'insurrection  est  à  la  porte  de 
11  îévêché  et  demande  impérieusement  à  parler 
11  aux  agens  français.  11 

11  Dans  un  accès  révolutionnaire  ,  on  est  perdu 
si  l'on  délibère,  il  faut  statuer.  Nous  fûmes 
d  avis  de  recevoir  le  chef.  C'était  un  fort  bel 
homme.  Sa  physionomie  n'avait  lien  de  féroce, 
elle  était  superbe  :  un  vieillard  l'accompagnait, 
celait  son  père. — n  Je  ne  suis,  dit-il,  qu'ua 
11  garçon  menuisier  ,  mais  je  suis  chrétien  ,  et 
1)  je  commande  5oo  hommes  aussi  déterminés 
1»  que  moi.  Je  ne  sais  qui  va  l'emporter  ou  de 
1)  moi  ou  de  Kellermjnn. ...  Si  c'est  lui  ,  je  me 
11  tuerai  ;  mais  ce  père  ,  une  épouse  ,  des  enfans 
11  resteront  pour  ma  vengeance.  Si  je  suis  heu- 
1)  reux  ,  de  par  le  christ  !  vous  paierez  tous  de 
11  vos  têtes.  (A  ces  mots  son  visage  se  couvrit 
1)  de  sang  )  Ecoutez  .....  assurez-moi  les  jours 
11  de  ma  famille  ,  et  dans  1  instant  je  châsse  de  la 
11  ville  les  paysans  ,  je  désarme  les  entêtés  , 
I)  j'ouvre  Viterbe  aux  français.  —  Touchez  là  , 
11  m'écriai-je  !  nous  allons  vous  donner  un  écrit, 
ji  — Un  écrit  !  reprit-il,  en  nous  fixant  avec 
Il  dignité  et  nous  serrant  les  mains  :  entre  mili- 
n"  taires  il  ny  a  pas  besoin  d'écrit,  u 

1)  Il  sortit,  il  tint  parole. —  Un  quarl-d'heure 
n'était  pas  encore  écoulé  que.les  cloches  te  taisent , 
les  paysans  sontchassés  .  lesnapoHtains  éconduits  , 
les  portes  ouvertes  et  les  députés  partis  pour  Tos- 
canelle. . , . .  On  abat  les  armes  du  roi  de  Naples 
et  du  pape  ;  un  arbre  vert  s'élève  sur  les  cendres 
de  l'ancien  ;  les  français  détenus  dans  les  prisons 
accourent  nous  embrasser  ;  nous  allons  au-devant 
du  général  Kellermann  et  de  nos  braves  libérale ursa 
un  regard  oédaigneux  nous  fait  justice  du  marquis 
de  Spéco  (  2  )  ,  assez  vil  encore  pour  s'approchec 
de  nous.  Les  fra,.çris  arrivent,  beaux  de  poussière 
et  de  lauriers  :nous  serrons  dans  nos  btas  le 
sauveur  de  nos  familles:  Kellermann  donne  quel- 
ques larmes  à  sa  jouissance  et  veille  ,  par  des 
ordres  ,  à  la  sûreté  des  habitans  ;  il  honore  la 
sublime  vertu  de  la  famille  Zelli  ,  il  joint  sa  re- 
connaissance à  la  nôtre  envers  le  cardinal ,  il  porte 
la  grandeur  française  jusqu'à  récompenser  le  chef 
de  la  révolte, VicenzoDomenione, de  son  heureux 
repentir.  D... 


(i)  Il  faut  noter  ici  que  le  général  KeUerman 

n  était   à  Tosca- 

nelle  ,  prés  Viterbe  avec  une   colonne  française^ 

préta  k  donner 

l'aesaut  à  cette  dernière  place. 

fa)   C'était  l'agent  du  roi  de  Naples. 

À  Paris ,  de  1  imprimerie  de  H.  Agasse. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


J\fo 


27. 


Seplidi,  zroendemiaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aurorisés  i  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  N>vôse  le   M  O  N  r  T  E  U  R  esc  le  seul  journal  offidcl  """ 

il  cont.enc  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  dès   armées    ainsi   oue  les  f,irc.r  1  "        • 

I"     i  •  .    1'       j!  ■  r         •  1  .  """SI    ijue  les  raits  et  les  notions  tanr  «nr 

I inréneur  que  silr  1  extérieur,  fournis  par  les  cocrespondanccs  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelle! 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londici  ,  3  octobre.  (  1 1  vendémiaire.) 

JEtilrait  d'une  lettre  de  Canton  ,   U   i5  mars  1800. 
(  Correspondance  particulière.  J 

Vous  entendrez  peut-être  parler  en  Europe 
d'une  affaire  doiit  les  conséquences  auraient  pu 
être  funestes  ,  et  que  ni  1  humanité  ,  ni  la  pru-  ; 
dence  ne  peuvent  justifier.  Je  vous  en  donnerai 
les  détails  ,  qui  ,  sans  doute  ,  ne  seront  pas  par- 
venus à  votre  connaissance. 

Pendant  qu'un  des  schooners  du  roi  mouillait 
à  Whampoa  ,  deux  ou  trois  fois  ses  cables  furent 
coupés  dans  la  nuit.  Le  commandant  du  schoo- 
ner ,  lieutenant  de  la  marine  royale,  irrité  de 
ces  vols  répétés,  donna  ordre  à  son  contre-maître 
de  faire  feu  sur  le  premier  bateau  qui  s'appro- 
cherait avec  l'inttntion  de  couper  les  cables. 
L'ordre  fut  malheureusement  exécuté  le  il  fé- 
vrier. Un  jeune  chinois  ,  de  17  ans  ,  qui  se  trou- 
vait dans  le  bateau  ,  reçut  une  balle  dans  le  côté 
droit  du  thorax  ;  elle  ressortit  par  le  dos  à  un 
pouce  de  distance  de  l'épine. 

Le  Tson-iow,  vice-roi  des  provinces  de  Can- 
ton et  de  Qujng-Si  ,  ordonna  au  Ho-pow  ,  col- 
lecteur des  douanes  ,  de  promulguer  ,  le  14,  un 
cdit  par  lequel  les  anglais  étaient  accusés  d  avoir 
noyé  un  homme  et  blessé  un  autre  :  il  était  en- 
joint au  doyen  des  cohongisis  (la  compagnie  des 
négocians  ) ,  d'en  communiquer  le  contenu  à  M. 
Hall  ,  chef  de  la  factorerie  anglaise  ,  en  lui  de- 
mandant de  faire  livrer  le  coupable  à  la  justice.  » 

Le  comité  choisi  fit  de  vive  voix  de  vaines 
remontrances.  Le  capitaine  Dîlkes  du  vaisseau 
de  S.  M.  ,   le  Madras  ,    étant   arrivé  de  Macao 


hommes  des  bateaux  chinois  eussent  été  attaqués 
dans  l'action  du  vol.  Les  chinois  prétendent 
encore  qu'un  de  ces  hommes  a  été  noyé  ;  cepen- 
dant comme  ils  n'ont  pu  retrouver  son  corps, 
ils  sont  sans  preuve.  Ils  ont  souffert  que  le 
contremaître  sortît  de  Canton  sans  être  molesté. 
Le  jeune  homme  blessé  nous  a  été  remis  Je  18 
pour  être  soigné,  et  nous  avons  lieu  d'espérer  sa 
guerison, 

Le  21  ,  le  vice-roi  envoya  dire  à  M.  Hall  ,  par 
un  mandarin  ,_  qu'il  avait  imposé  silence  aux  lois 
^  de  la  Chine  ,  à  raison  de  l'amitié  qu'il  portr,it  aux 
(  anglais  ;  mais  qu'à  l'avenir  il  ne  pourrait  plus  en 
modifier  la  rigueur;  on  prétend  aussi  que  le 
nouvel  empereur  est  bien  disposé  en  notre  fa- 
veur; mais  jusqu'ici  le  privilège  de  décharger 
nos  vaisseaux  avant  que  les  cargaisons  ayent  été 
mesurées,  etune  considérable  augmentation  dans 
l'importation  de  nos  laines,  sont  fes  seuls  avan- 
tages que  nous  ayions  retirés  de  l'ambassade. 

L'empereur  Ka-Hing,  qui  règne  aujourd'hui, 
n  était  que  le  i5=  fils  de  Kien-Long.  On  le  dit 
savant.  Il  a  permis  aux  missionnaires  de  Pékin 
de  rouvrir  leurs  églises.  Ce  prince  n'a.  encore 
pu  ternainer  la  malheureuse  guerre  dans  laquelle 
,  son  pjrédécesseur  était  engagé  contre  les  pro- 
I  viifces  rebelles  de  Se-chuaii  et  de  Cham-si.  Ces 
provinces  n'ont  jamais  porté  patiemment  le  joug 
tartare.  L'armée  de  100,000  hommes  envoyée  il  y 


~^  ^.  .... .  ..,.„..»,>..  ,    „.....>   -....^  ^w  .,x^^a^  ,  .  cnose  nouvelle,   et  q' 

obtint  des  negocians  de  la  factorerie,  quils  por-  |  plus  j^^^i^  ^  I3  chine 


tassent  une  lettre  au  vice  roi.  Cette  démarche  , 
sans  exemple  à  Canton  ,  était  contraire  à  tous 
les  usages  ordinaires.  La  lettre  fut  reçue  favora- 
blement. Le  capitaine  Dilkes  se  plaignait  du  vol 
qui  avait  été  commis  ,  sollicitait  un  examen  im- 
partial .  et  priait  son  excellence  de  considérer  la 
chose  comme   une    affaire   nationale   et    n  ayant 


P 

vivre  a  sa  dëtaite  ,  se  poignaraa  lui-meme.  Cette 
guerre  a  jetio  les  finances  de  l'empire  dans  un 
SI  grand  épuisement  que  Ka-Hing  s'est  vu  forcé 
de  recouri.r  à  la  vente  des  dignués.  Ce  moyen 
itii  a  procuré  de  grandes  sommes.  Les  né>'o- 
cians  de  sa  factorerie  (iecurfty  merchants  )  ont 
tous  acheté  des  litres  qui  leur  ont  coûté  à  cha- 
cun la  somme  de  60  mille  piastres.  C'était  une 
chose  nouvelle,   et  qui  ne    se    verra   peut-être 


Quarante  fermiers  des  environs  de  'Worcester  . 
au  nombre  desquels  se  trouve  lord  Coventry 
ont  signe  lengagement  suivant  :  — u  Nous  pro- 
mettons solennellement  de  faire  battre  ,  porter 
et  vendre  .^u  marché  dans  l'espace  dun  mois  , 
la  10-=  parue  des  bleds  que  nous  avons  récoltés 
cette  année  5  nous  nous  engageons  en  outre  à 
continuer  une  vente  semblable  ,  de  mois  en  mois, 
pendant  1  espace  de  dix  mois ,  à  compter  du  pré- 
sent jour  et  nous  recommandons  à  nos  voisins 
de   taire   de   même,  o 

Un  savant  irlandais  prétend  que  la  mesure  d'une 
union  incorporative  avec  l'Angleterre  était  au 
nombre  des  conditions  sous  lesquelles  les  chefs 
irlandais  se  rendirent  à  Henri  II  ,  lorsqu'il  fit  la 
conquête  de  leur  île. 

On  écrit  d'Halifax  ,  en  date  du  og  août  - 
"Cette  saison  a  été  très-mal-saine;  dçpui,  deux 
mbis  noiis  n'avons  point  eu  de  pluie  ,  et  tous 
les  bois  des  environs  sont  brûlés  ;  la  fumée  qui 
seneleve  nous  empêche  de   voirie  soleil.  „ 

On  écrit  d'Irlande  que  des  forets  sont  si  fort 
enilamii:]ees,que  la  fumée  obscurcit  l'atmo^ohera 
et  empêche  de  voir  le  soleil. 

A^^'  '  ""  ^"'-  '""'''',  "  ^"'"'^  '^^"^  >^  quartier 
de  Wapping  ,  situe  au-dessous  de  la  Tour  sur  le 
bord  de  la  Tamise.  De  vains  efforts  ont  été  faits 
pendant  tine  partie  de  la  nuit  pour  l'éteindre 
La  perte  nest  point  encore  exactement  connue 


_       _,-._, „..  ,.,,,ujcc  11  y  î  ,        <--■•-  -y    ■'•    iju.t  |juui  icieinare. 

a    deux  ans   pour    les    réduire,    fut    taillée   en  -^^  .P"/,^  "  ^''  P°'n<  encore  exactement  connue 

pièces,   et   le    général  ,  ne  voulant   point    sur-  ™^'^^"'^ ''s"">">ense.  Plus  de  cinquante  bâtimens 

vivre  a  sa  défaite  ,  se  poignarda  lui-même.  Cette  °."f  ^'^  '^   V\o^-  «^^s  flammes  ,   entre   autres  une 

P"llerre    a    iptjp    If.c     fimr./-«u    A,,    v^ ;__    j_  riche  hras?pri/a       *.i     un    ^K„_.;__     j 


Les  tiésors  confisqués  du  mftiistre  Ho-tchino-- 

ton    n'ont  point   été    appliqué»    aux   besoins   de 

I  état.   L'empereur  avait    ordonné   qu'ils   fussent 

distribués  parmi  les  plus  pauvres  mandarins,  ce 

qui  n'a  été  exécuté   qu'en   partie  ,  les   femmes  et 

les   concubines   de  l'empereur  s'en  étant   appro- 

aucun    rapport  quelconque    avec   la   compagnie  i  ï'"^    •''  .P°^"°"    '^    P'"s   considérable.   Ces    iré- 

des  Indes.   Le  vice-roi  ne  consentit  point   à  cette  I  ^°"   étaient   immenses.  Les  eaiis  publiés  à  Pékin 

dernière  demande;   mais  il  envoya  un  mandarin     ^"  P°'"^"'  ''   somme   a   900  millions    de   taëls  , 


dernière  demande  ;  mais  il  envoya  un  mandarin 
de  confiance  pourconférer  avec  le  capitaine  Dil- 
kes et  M.  Hall.  Les  parties  consternées  des  deux 
côtés  se  trouvèrent  piésentes  à  l'entrevue.  Le 
vice-roi  décida  ensuite  ,  conformément  à  l'usage 
chinois  ,  que  l'affaire  serait  d'abord  portée  devant 
un  tribunal  inférieur  , .  pour  être  évoquée  en  der- 
nier ressort  devant  une  cour  supérieure. 

Le  capitaine  Dilkes,  le  coupable,  un  témoin 
et  M.  "Staunton  ,  en  qualité  d'interprète,  se  ren- 
dirent dans  la  ville  où  le  peuple  les  traita  avec 
beaucoupd'indignité.  Loisqu'ils  eurent  attendu 
pendant  piusieirs  heures  le  juge  criminel  de  la 
province  ,  ils  furent  introduits  dans  la  cour.  Le 
capitaine  Dilkes  insista  pour  faiie  examiner  le 
contre-maître.  Le  juge  s'y  opposa,  disant  que 
des  matelots  anglais  ne  pouvaient  être  crus  sur 
leur  parole.  Il  ajouta  que  si  le  blessé  suivivait 
41  jours  ,  les  lois  de  la  Chine  ne  prescrivaient 
que  le  bannissement,  et  que  les  magistrats  passe- 
raient par-dessus  cette  disposiiion,  considérant 
que  le  coupable  était  un  étranger,  er  regardait 
sans  doute  le  séjour  de  sa  pairie  comme  plus 
fâcheux  que  le  séjour  ovi  la  Chine  reléguait  ses 
bannis. 

Le  capitaine  Dilkes  persistant  à  demander  l'exa- 
men des  matelots  ,  haussa  malheureusement  la 
voix  au-delà  des  bornes  permises  par  les  règles 
de  la  cour.  Aussitôt  le  juge  fit  signe  à  ses  offi- 
ciers qui  prirent  le  capitaine  Dilkes  par  les 
épaules  et  le  poussèrent  violemment  hors  de  l'en- 
ceinte ;  M.  Staunton  le  suivit.  Les  deux  matelots 
lurent  retenus  près  d  un  quart  d'heure  et  inter- 
rogés sur  divers  •.  oints  ;  mais  leur  frayeur  était  si 
grande  qu  ils  ne  se  souviennent  ni  des  questions 
flu'on  leur  fit,  ni  de  leuis  réponses. 

Le  capitaine  Dilkes  écrivit  une  seconde  lettre 
au  vice-roi  pour  se  plaindre  de  sa  conduite; 
mais  cette  fois  il  ne  put  engager  les  négqcians 
de  la  factorerie  à  s'en  charger  ,  et  il  est  peut-être 
heureux  pour  les  anglais  que  les  chinois  aient 
décline  l'enquête  ;  car  ni  le  coui.able  ,  ni  le  té- 
moin n'auraient  pu  jurer  sous  serment  que  les 


.     '  -  ^-    --     _„ ^     .,     y^-"     liiiinv^ua      uc     lacis  , 

ajoutant    que  2000  coffres   à  thé  étaient  employés 
a  les  contenir.  Cette  version  ministérielle  est  ce 


,  "'■,      ■-■■""''   "■■iiisicucue  csice-      ■çiu  picscns  a  J  assemblée  ,  et  la   nroDo<;;iir.r.  .^. 

pendant  soupçonnée  d  exagération,  et  l'on  assure     lord  maire  ayant  été  exposée     M    Thorn^ 
que  les  trésors  de    Ho-tchin.r.,nn    „.    „,„.,;.„.  Ui^r  .„    c^;„      „.:.  1,   /_.-,' ^^^-    , ''"'^^"^  '  ">^r 


que  les  trésors  de  Ho-tching-ton  ne  passaient 
pas  quatre-vingt  millions  de  taëls  en  numéraire 
(I.  sierl.  26,666,666  i3  4  )  auxquels  il  faut 
joindre  ce  qu'il  possédait  en  terres,  maisons, 
perles,  diamans  et  pierres  précieuses,  dont  la 
valeur  pouvait   doubler    cette   somme.    C 


•   I      ,  *  .  — ^-^  1   »-iJiic    duires  une 

riche  brasserie  ,  et  un  chantier  de  consiructioa 
ou  se  trouvait  pour  20,000  liv.  sterl.  de  bois. 
Pendaiit  que  deux  pauvres  familles  s'occupaient 
a  déménager  leurs  maisons,  l'édifice  voisin  qui 
contenait  un  dépôt  de  poudres  sauta ,  et  fit  sauwr 
en  même  tenas  ces  deux  maisons.  Les  cris  de  leurs 
malheureux  habitans  enfouis  sous  les  décombres 
se  fesar;t  entendre  au-dehors  ,  on  travailla  aussitôt  ■ 
aies  déblayer,  et  quelques  individus  en  furent 
retires  vivans  ;  mais  le   plus   grand  nombre  avait 

Gommon-Hall. 
Vendredi  dernier  le  lord  maire  avait  convo- 
que  a  1  hoiel-de-ville  de  la  eue  ,  une  assemblée 
commune.  Son  intention  était  de  proposer  une 
adresse  a. S.  M.  pour  la  supplier  très-humble!  ' 
ment  de  rassembler  le  parlement  ,  et  de  l'inviter 
a  s  occuper  des  moyens  de  faire  baisser  le  prix 
des  denrées.  Environ  mille  livérym^n  se  trouvè- 
rent presens  a  1  assemblée  ,  et  la  proposition  du 


menses:propriétés  étaient   le   fruit  dr.o  ^^ né^;     riJ^^^lT n'^^.^l^ris'^Z^eri'^-^T^ 
de  ministère,    pendant  lesquelles  Ho-ichln..-,on     ,\.„Ar..:    A„„.   a^    ._    .     ^Tn'  P'"^'^"-.  Je  m  abs- 


de  ministère,  pendant  lesquelles  Ho-tching-ion 
avait  vendu  tous  les  emplois  de  l'empire.'  L'em- 
pereur l'avait  condamné  à  périr  par  le  supplice 
des  dix  mille  pièces;  mais  l'ordre  fut  révoqué  en 
conridération  de  ce  qu'il  avait  épousé  une  fille 
de  Kien-Long,  et  i!  s'est  pendu  lui-même  avec 
un  cordon  de  soie  que  le  souverain  lui  a  envoyé. 

Douze  vaisseaux  chargés  de  pierres,  que  l'on 
dit  avoir  été  destinés  à  combler  l'entrée  de  quel- 
que port  hollandais  ,  ont  éprouvé  un  violent 
orage  à  la  hauteur  de  l'île  de  Gorée  :  il  en  a  péri 
onze ,  le  douzième  est  revenu  à  Sheerness. 
{  Morning-Tost. } 

Pendant  le  cours  de  la  semaine  passée,  tous 
les  grairis  ont  haussé  de  prix.  Cette  circonstance 
extraordinaire,  après  une  si  belle  récolte,  ne 
peut  que  donner  de  justes  inquiétudes.  Mais  ce 
n'est  pas  seulement  le  bled  que  la  cupidité  tient 
en  réserve.  Le  charbon,  le  lait ,  Je  beurre,  le 
fromage,  er  jusqu'aux  légumes  ,  sont  devenus 
des  objets  de  monopole. 

Divers  habitans  de  Lewishara  se  sont  engagés 
a  fournir ,  en  faveur  des  pauvres  de  leur  pa- 
roisse ,  du  bled  à  4  liv.  sterl.  le  quarler  (mesure 
de  huii  boisseaux  de  55  liv.  chacun  )  dans  la 
proportion  suivante:   M.  J.  Cator  ,  la  totalité  de 


tier  en    soie  ,    prit  la  parole  ,  et   s'expHqua  dans" 
les   termes  suivans  :  .         ^ 

"Ce  n'est  point  pour  discuter  une  question 
pohtique  que  le  digne  chef  des  magistrats  de 
la  cite  nous  a  rassemblés  ;  c'est  pour  prendre 
en  considération  les  moyens  d'apporter  queiaue 
sou  atrempnt   a     a    micor»    A„„   -...'  ,  ^      .  4    '^ 


Uendrai  donc  de  toute  réflexion  qui  pourrait 
avoir  rapport  a  la  politique  ,  et  je  m'arrêterai 
uniqtjement  sur  un  sujet  qui  me  touche  pro- 
fondément ,  le  haut  prix  des  denrées.  Ceux  nui 
m  entendent  jouissent,  ainsi  que  moi,  des  ai- 
sances de  la  vie;  mais  j'espère  que  cet  avantaee 
ne  nous  empêchera  point  de  sympathiser  aux 
maux  de  nos  concitoyens. 

_  ..  Il  n'est  personne  qui  ne  déplore  le  renché- 
rissement des  denrées;  mais  on  l'attribue  à  di. 
verses  causes  sans  pouvoir  s'accorder  sur  la  vé- 
ritable. Les  uns  croient  que  le  vrai  moyen  de  le 
aire  cesser  est  de  mettre  fin  aux  horreurs  de 
la  guerre  ;d  autres  pensent  que  le  mal  ne  pro-  ' 
vient  que  du  monopole  ;  d'autres  ,  que  les  ard- 
faces  des  meuniers  et  des  marchand!  de  farine 
en  sont  la  cause;  d'autres  ,  qu'd  faut  l'attribuer 
aux  specu  ations  avides  des  fermiers  opulens 
ou  enfin  a  la  multiphcation  des  banques  de  cam' 
pagne  et  du  papier  mis  en  circulation.  Ces  poims 
peuvent  être  plus  ou  moins  vrais  ;  je  n'en  tou- 
cherai aucun  en  parliculier;je  désire  seulement 
quils  soient  tous  soumis  à  la  considéf^tion  du 
parlernent  ,  dont  la  sagesse  saura  les  peser  con- 
venablement et  mon  but  est  de  proposer  une 
adresse  a  S.  M.  ,  pour  la  supplier  de  le  convo- 
quer a  cet  effet. 


^       _  J. , .      .   J,     — «..u.    ,     ta     luiaïKC     I 

sa  récolte;  M. J.  Fotster,  la  totalité  de  sa  récolte  ,,  T»    ■,,;«    «„»   ,... 

20  quarters;  A.  Constable,  20  irfm  ;  W.  Phillips  '  m  Ilirr,  H  I  IhW^n."  J"  métropole  renferme   de». 

20  tdevi;  J.  Trehearn  ,   la  totalité  de  sh  ré  nfâ  '  '  '     i  '*''?bitans   indus  neux    réduits  à  1  exiré- 

Ed.   Owen,    idem;   jihu    Clarke  ,    20  ,  "w  ''  T' 'l,'^"  désespoir,   et   j  apprend,   par  diverses 

Jacques  Robinson      ,5    t'rfm  ,•   W    SiuiuieT    lï  iV«  Vf  ^^     ''"".""'"'""   ^^  familles  ,  char- 

tot^ité  de  sa  récolte  ,  T.  Bu^net .  J.^"^'^  '  H  ^«  t^Ti^Z:.  ":^Ci^!'Î^Zi^ 


102 


«{ue  conliennent  ces  lettres  ,  rappellent  à  ma  mé- 
moire un  lugubre  événement.  —  Unpete  et  une 
mère  qui  ne  jiouvaieni  nourrir  leurs  trois  enfans, 
résolurent  d'ensacrificruaà  leurs  besoins  mutuels. 
Ils  délibérèrent  sur  le  choix.  Le  plus  âgé  fut 
épargné,  parce  qu  il  était  le  premier  né;  le 
second  ressemblait  trop  à  sa  mère  pour  être  sa- 
crifié ;  le  iroisicme  était  le  dernier  gage  de  l'affec- 
tion conjugale  ;  le  perc  et  la  mère  prirent  pour 
dernière  ré.soluiion  de  périr  ensemble. 

))  Parmi  beaucoup  d'exemples  lécens  tout  atissi 
épouvantables,  (M.  Thoriie  en  hi  une  longue 
énuméraiion)  il  en  est  sur-tout  un  qui  mérite  d'êire 
remarqué.  — •  La  femme  d'un  soloat  ,  dans  les 
enviions  de  Cambridge  ,  après  avoir  vainement 
sollicité  les  secours  des  ofbciers  de  sa  paroisse  , 
s'est  pendue  avec  ses  deux  enfans  pour  éviter  les 
agonies  d'une  mort  languissitnie.  >' 

M.  Thorne  termina  son  discours  par  la  mo- 
tion qu'il  av.iil  annoncée  ;  elle  fut  .iriopiée  aux 
acchraa!ioi(S  de  l'assemblée.  Il  proposa  ensuite 
l'adresse  ,  ijue  M.  Durand  seconda  avec  chaleur. 
C'est  ,  dit  ce  dernier  ,  la  cause  des  veuves  et 
des  orphelins  ,  la  cause  de  malheureux  sans  nom- 
bre que  les  livcr/mcn  sont  appelles  à  défendre. 
£l'est  à  eux  qu'appartient  ce  noble  devoir  ,  puis- 
qu'il n'y  a  point  de  corps  dans  le  royaum-e  ,  qui 
ait  plut  de  poids  et  d'importance. 

>i  Je  pourrais  ajouter  au  triste  récit  que  nous 
venons  d'entendre  ,  d'autres  faits  qui  feraient 
également  verser  dés  larmes  à  tout  homme  sen- 
sible ;  mais  je  m'arrêterai  au  sujet  immédiat  qui 
nous  occupe  ,  à  la  cherté  des  denrées.  Mon  opi- 
liion  n'a  point  changé  depuis  1799,  époque  à 
laquelle  je  l'ai  publiquement  énoncée.  Je  ne 
crois  point  que  la  disette  de  grains  que  nous 
avons  éprouvée  eût  naturellement  pu  porter  le 
prix  du  qitartern  /«a/(  pain  de  quatre  livres)  à  plus 
d'un  shclling.  Une  rareté  partielle  a  pu  exister , 
mais  elle  a  été  bien  moins  grande  que  le  public 
ne  l'a  imaginé.  J'ai  près  de  soixante  ans  ,  et  dans 
le  cours  de  ma  longue  vie  ,  j'ai  eu  souvent  lieu 
d'observer  que  lorsqne  les  récoltes  manquaient  , 
le  prix  des  grains  haussait  en  proportion  ;  mais 
je  n'ai  jamais  vu  encore  qu'une  récolte  abon- 
dante ,  telle  que  nous  venons  d'en  avoir  une  ,  fît 
augmenter  le  prix  du  pain.  Ce  qui  arrive  cetie 
année  est  la  chose  du  monde  la  plus  exiraordi- 
naire  ,  et  il  faut  que  la  source  du  mal  existe  quel- 
que part.  C  est  à  vous  à  la  chercher.  Je  crois  que 
vous  ne  la  trouverez  qu'en  découvrant  les  ma- 
nceuvres  des  accapareurs.  S'il  y  a  en  effet  des 
hommes  qui  méritent  ce  titre  odieux  ,  la  dam- 
nation la  plus  terrible  leur  est  sans  doute  réservée 
par  Dieu  dans  l'autre  monde.  (  Grands  applaudis- 
semens.  )  J'espcre  que  leur  châtiment  sera  digne 
de  leur  crime  ,  et  je  n  en  connais  point  de  plus 
grand.  Ils  sont  plus  coupables  que  l'assassin.  Si 
un  meurtrier  me  brûle  la  cervelle  ,  il  finit  mes 
peines  ;  mais  ce.ui  qui  me  retient  les  denrées  né- 
cessaires à  mon  existence  ,  me  détruit  en  détail. 
Si  Je  vous  menais  à  Spitalfields  ,  je  vous  ferais 
voir  des  milliers  de  lualheureux  périssans  de  faim. 
M.  Durand  lit  l'éloge  de  l'humanité  de  ceux  qui 
■  avaieiit  fondé  des  établissemens  pour  distribuer 
des  soupes  de  charité  ,  mais  qui  ,  à  son  avis, 
ront  insufEsans ,  et  peuvent  entraîner  des  con- 
séquences iâcheuses.  lijai  souvent  lu,  ajou'a- 
t-il  ,  dans  des  auieurs  célebrts,  que  la  force  d'un 
empire  dépendait  de  sa  population  ,  mais  je 
demanderais  au  très-honorable  Guillaume  Pitt  , 
pour  qui  j'ai  un  grand  respect  ,  si  l'état  peut  être 
fortifié  par  une  augmentation  de  population  , 
quand  la  famine  l'accompagne.  L'accroissement 
de  la  population  exige  celui  de  l'agriculture, 
lirais  il  y  a  dans  le  royaume  3  millions  d'acres  de 
terres  en  friche  ;  et  si  l'on  veut  un  remède  au 
Boal  présent  ,  je  dirai  qu'il  ne  peut  se  trouver  que 
dans  un  bill  de  clôture  générale  d'une  paît  (t); 
dans  la  commutation  des  dixmes  de  l'autre.  Je  fais 
vœu  d'employer  tous  mes  moyens  physiques  et 
looraux  ,  ce  que  Dieu  m'a  accordé  de  fortune  , 
ce  (Ju'il  m'accordera  encore  d'années  ,  à  obtenir 
l'accomplissement  de  ces  deux  grands  objets. 
(  Applaudissemens.  )  Je  n'ignoie  point  les  diffi- 
cultés contre  lesquelles  les  ministres  ont  à  lutter 
jpour  soulager  les  pauvres  ;  mais  quand  les 
«î/êr/men  de  Londres  seront  à  la  tête  d'une  grande 
et  utile  entreprise  ,  il  est  impossible  qu'elle  ne 
toit  pas  suivie  du  succès.  J'espérais  que  les 
liverymen  se  rassembleraient  à  l'effet  de  présenter 
une  pétition;  j'espère  que  les  autres  corporations 
■du  royaume  imiteront  leur  exemple  ,  et  je  suis 
persuadé  que  la  voix  réunie  du  peuple  anglais  ne 
se  sera  point  fait  entendre  en  vain.  Je  terminerai 
en  observant  que  les  liverymen  ont  aujourd'hui 
commencé  une  grande  oeuvre  ;  j'espère  qu  il  ne 
rallentitont  point  leurs  eflForts  qu'ils  ne  l'aient 
achevée.  Mais  ce  n'est  point  une  assemblée  qui 
suffira,  et  fussent-ils  convoqués  dix  fois  dans 
l'année,  je  prévois  que  leur  zèle  ne  s'affaiblira 
point  dans  1  exercice  d'un  devoir  qui  leur  méritera 
de  longues  bénédictions.  (  Des  acclamations 
réjlérées.  | 


M.  Kemble  voulant  alors  prendre  la  parole  , 
l'assemblée  lui  donna  quelques  marques  de  dé- 
faveur-; mais  le  lord  maiie  obtint  qu  il  fût  en- 
tendu ,  et  il  annonça  l'avis  qu'il  serait  plus  con- 
venable de  ne  passer  de  résolution  que  quai^d  le 
parlement  serait  assemblé. 

L'adresse  er  la  pétition  passereni  définitivement 
sur  la  motion  de  M.  Thorne  ;  apiès  quoi  ce  der- 
nier proposa  qu'elles  fussent  piéseniécs  à  S.  M. 
par  le  lotd  maire  et  par  les  shérifs.  Alors  S^  S. 
observa  que  ,  dans, une  circonstance  précédente  , 
le  roi  avait  refusé  de  recevoir  une  pétition  des 
liverymen  ,  parce  qu'ils  n'avaient  point  agi  en 
leur  capacité  de  membres  composart  la  corpo- 
ration de  la  cité  de  Londres.  S.  S.  fut  en  consé- 
quence d'avis  que  la  pétition  devait  être  revêtue 
d'une   autre  forme. 

M.  Waithman  prétend  que  les  liverymen.  ras- 
semblés en  Common-Hall  aVec  le  Itjrd  maire  et 
les  shérifs  ,  formant  la  corporation  de  la  cité  r.- 
Londres ,  avaient  toujours  eu  le  privilège  de  pié- 
senler  des  adresses  au  roi  sur  son  trône  ,  et  que 
ce  droit  fut  négligé  pour  la  première  fois  en 
1789  ,  les  mots  sur  bon  tiône  ayant  été  omis  dans 
la  pétition.  Elle  fut  présentée  au  lever  de  S.  M.  ; 
et  depuis  cette  époque  ,  ajouta  M.  Waithman  , 
les  ministres  ont  cherché  à  établir  l'exception  en 
principe. 

L'observation  de  M.  Waithman  donna  lieu  à 
une  conve'jation  entre  M.  Thorne,  Icsaldermen 
Curtis  et  Newman  ,  et  le  lord  maire.  Plusieurs 
voix  s'écrièrent:  si  nous  avons  des  privilèges  ,  con- 
servons-les. 

La  motion  amendée  dans  le  sens  de  M.  Waith- 
man .  c'esi-à-dire  ,  par  l'addiiion  des  mois  sur 
le  trône  ,  fut  définitivement  adoptée  et  la  salle 
retentit   d'acclamations. 


I     N     T     E     R     I     E     U 

Paris,  le  ^6  vendémiaire. 


R. 


On  écrit  de  Bruxelles  ,  en  date  du  21  vendé- 
miaire, qu'une  partie  de  la  ménagerie  de  Tippoo- 
Saïb ,  achetée  en  Angleterre,  est  parvenue  ici 
par  la  Hollande.  On  y  remaniue  un  tigre  et 
sa  femelle,  un  onauderon  ,  sorti  de  singe  .  le 
premier  de  son  espèce  que  Ion  ait  vu  vivant 
en  Fiance  ,  etc.  Ces  animaux  doivent  être  coti- 
duits  à  Paris. 


première;  donc  -le-  sens  de  ta  prfm'iere  est  !é 
même  que  celui  de  la  seconde.  Enfin,  le  mot 
également ,, qu'y  est  dans  l'art.  VIII  fonr  seiujilabk- 
ment;  pro'uvÈ  surabondamment  ic  vœu'  d^unc  opé- 
ration pareille  pour  les  élections  communales  et 
pour  les  élections  départemeniales. 

L'esprit  de  là  constiiulion  est  d'accord  avec 
sa  lettre.  Elle  veui  trois  degrés  d'élection  et  trois 
grade,<  de  notabilité.  Dans  le  système  des  élec- 
tions indirectes,  il  y  en  auraii  quatre.  Elle  veut 
que  le  degré  le  plus  élevé  porte  sur  un  plus 
nombreux  ,  et  celui-ci  sur  un  plus  nombreux 
encore  ;  ainsi  elle  enicnd  (jué  le  premier  degié 
posera  immédiatemeni  sur  le  corps  du  peuple.' 
Or  ,  s  il  y  avait  une  élection  intermédiaire  enfré 
lu  nol.bilité  communale  et  le  peuple  ,  la  grada- 
tion n'existerait  plus  ;  et  tout  l'édifice  ,  au  lieu 
de  s'élargir  à  rnesuie  qu'il  est  plus  près  de  sa 
base  .  et  de  poser  sur  la  masse  eAtiere  du 
peuple  ,  poserait  sur  un  noyau  inieiuiédiaire  , 
qui  serait  comme  ictraiiglenieni  de  la  rppiésen- 
laiion. 

L'inléiêl  public  demande  aussi  l'élection  directe, 
parce  que  les  inirigues  ont  moins  d'influence  sur 
la- niasse  des  ciioytns  que  sur  un  corps  d'élec-, 
teurs  rapprochés  dans  un  petit  espace. 

Enfin  ,  ou  les  éiccieurs  seraient  en  plus  granrl 
nombre  que  les  notables  demandés  ,  ou  ils  se- 
raient en  nombre  égal  ,  ou  enfin  ils  seraient  en 
nombre  moindre.  Soii  qu'ils  fussent  en  plus  grand 
nombre,  ou  en  nombre  égal,  leurs  choix  tom- 
beraient sur  eux-mêmes;  et  alors  l'élection  se 
résoudrait  en  élection  directe  ,  après  avoir  passé 
par  une  formalité  embarrassante  et  dérisoite.  Si 
le  nombre  des  élecieurs  était  moindre  que  celui 
des  notables  à  élire,  ils  commenceraient  par  se 
nommer  eux-mêmes  ,  ce  qui  convertirait  leur 
éleciion  en  élection  directe  ,  et  ils  nommeraient 
ensuite  le  nombre  riédssaire  pour  compiciter  je 
dixième  du  déj-artemeni  :  d'oti  il  résulterait  qu'une 
partie  de?s  notables  pourrait  se  consirléier  comme 
étant  choisie  parie  vœu  du  peuple,  tandis  que 
les  autres  ne  le  seraient  que  par  la  grâce  des 
premiers  ;  diflerence  contraire  à  l'égalité  qui 
doit  caracléiiser  l'insiilurion  fondamentale  du 
nouveau    système  représenia  if. 

Une  troisième  question  s'est  élevée  :  c'est  de 
.savoir   si   les   élections    doivent   être    faiies   à   la. 


majorité   absolue  ou  à  la  rnajoriié  comparative 
—  La  jeune  personne  de  t4ans,  quia  débuié  ^      L  article  VII  porte  que  )>  les  citoyens  de  cha- 

au   Théâtre-Français    à   Versail  es ,     par   le   rôle  1  "'  '  '  '^" 

de  Zaïre  ,   et  qui  y  a  obtenu  beaucoup  ic  succès 
n'est   point   la   même   que  l'élevé  du  même  âge, 
dont  le   citoyen    Dugazon  est  le  maître  ,  et  qui  j 
doit   débuter  incessamment  au  Théâtre-Français  / 
de  la  république.  ; 


—  Le  citoyen  Mithias ,  pharmacien  à  Marseille  , 
a  offert  à  la  société  de  médecine  la  somme  de 
120  liv.  ,  pour  servir  de  prix  en  faveur  du  mé- 
moire qui  résoudra  le  mieihi  ,  au  jugement  de 
la  société  ,  la  question  suivante  : 

"  Déterminer,  d'après  l'expérience,  quel  est 
le  traitement  qui  convient  le  mieux  dans  les 
fièvres  malignes ,  oii  le  cerveau  est  brusquement 
affecté,  n 

La  société  acceptant  cette  offre  avec  recon- 
naissance ,  proposé  cette  question  pour  le  sujet 
du  prix  qu'elle  décernera  dans  sa  séance  pu- 
bhque  du  1"  germinal  an  9.  Les  membres  seuls 
sont   exclus  du  concours. 


CONSEIL- D'  ÉTAT. 


que  arrondissement  communal  désignent  ceux' 
I)  d'entre  eux  qu'ils  croient  les  plus  propres  à 
n  gérer  les  affaires  publiques  ;  doit  il  résulte 
)i  une  liste  de  confiance  coulenani  un  nombre 
j>  de  noms  égal  au  dixième  du  nombre  des  citoyens 
ayant  droit  dy  coopcrer,  >> 

Il  est  d'abord  manifeste  que  ce  texte  n'exige 
pas  de  majoriié  .'bsolue  ;  cl  le  mot  d'absolu  ne 
peut  cire  sous  entendu  là  oii  il  n'existe  pas  ; 
parce  que  le  sens  propre  du  mot  majorité  offre 
uniquement  une  idée  de  coraparaiîon.  Majorité 
veut  dire  nombre  plus  grand  que  tout  autre  ,  et 
non  pas  nombre  composé  de  la  plus  forte  partie 
du  tout. 

Secondement,  on  peut  établir  que  l'art.  VU 
se  refuse  à  lidéc  d'une  majorité  absolue.  En  ef- 
fet ,  remarquons  que  le  nombre  des  votans  n'est 
pas  déterminé  ,  qu'il  peut  n  être  pas  même  égal 
au  nombre  des  citoyens  qui  doivent  être  élus  :  il 
est  donc  évident  fjue  même  des  élections  faites  à 
l'unanimité  des  votans,  pourraient  être  for<  loin 
de  la  majorité  des  ciioyens  ayaiit  droit  de  voter  : 
donc  l'arucle  VII  exclud  loute  idée  de  majorii^ 
absolue. 

Tioisiémement  ,  l'article  XII  exigeant  positi- 
vement la    majoriié  absolue    des    citoyens   ayant 


Suite  du  résumé  de  la  discussion  qui  a  eu  lieu  au  conseil- 
d'état,  au  sujet  des  moyens   à  employer  pour   la 

formation  des   listes   de  notabiliié    ou  éligibilité  |  droit  de  voler  pour  opérer  la  révocation  d'un  nO' 
comraun2i\e  ,  prescrites  par  la  constitution.  |  table  inscrit  sur   la    liste  ,  on   peut  en    conclure 

I,   .    ,^ ^„  j„   „.,„,,:„„  „  .  -        j       que  la  loi  ne   la    pas  voulue  .absolue  dans  tous 

Une    seconde   question  se  presenie  :   c  est  de     1  >       m       '   ■      .  .  1 

„.    1      ,'■     ,■  ^    ,        ,,      .  ,         es  cas    ou    elle  namute  p.'.s    ce  mot  :  par  ce  a 

savoir  si    la    constiiulion   exige  des  élections  di-  , •         '^     ■  '        ■ 

I       '1      -         ■     f  seul  au  e 

rectes  ,  ou   permet  les  elecuons  indirectes.  j  -         ^ 

L'article    VII   de   l'acte    constiiutionnel    porte  j 
que    les    citoyens   de    chaque    arrondissement 

ent  ceux  d'entre  eux  qu  ils  croient  les  ]jIms  1 
propres  à  gérer  les  affaires  publiques  ;  il  en  I 
résulte  une  liste  de  confiance....  C'est  dans  I 
celle  première  liste  communale  que  doivent  être  | 
pris  les   fonctionnaiies    de   1  arrondissemeni. 


Ces  mots  ,  les  citoyens  désignent  ceux  d'entre  eux  , 
supposent  l'élection  directe.  S  il  eût  été  dans 
l'inieniion  du  législateur  de  pcrmetttel'éleciion 
lédiate  ,   la   loi  ,  au    lieu  de    dire    que    1 


l'a  ajouté  une  fois  au  mot  majorité  , 
il  est  clair  qu'elle  n'a  pas  entenHu  que  le  mot 
ma/on/e  emportât  avec  lui  l'idée  de  moitié  plus  un. 
Quatrièmement  ,  on  ne  peut  nier  toutefois  que 
la  majoiitè  absolue  ne  soit  préférable  à  une  ma- 
joiiic  simple  ,  et  qu'elle  ne  constitue  plus  cer- 
laiiiemcnl  le  vœu  public  ;  mais  au  fond  ,  et  celte 
dernière  observation  est  péreniptoire  ,  la  majorité 
absolue  est  moralement  impossible  ;  et  par  ceJte 
raison,  l'exiger  sei ait  funeste.  Elle  n'est  pas  pos- 
sible ,  parce  que  ,  dans  un  airondissemeiu  com- 
munal de  douze    mille   citoyens   ayant    droit  de 


meaiaie  .    la    101  ,   au    iieu   ue    aire    nue    tes    ci-                                    1            1      -i          r          i     ■  ■ 
toyens   désignent  ceux  d'entre  eux  qu'ils  croient  1  ^""^'''.e'  "'"^  '"l"^!'   ''  <^"  faut  cho.sii    1200  , 
les    plus  capables  ,   aurait  dit ,  nomment  des  clec-  <  ''  "^  ^  ^"  ''""'^  P^"'  cinquante  qu.  puissent  t-on- 
"^  ner  leur  suffrage  a  cent  personne.^  a\e-"  


(i     Ces   clôtures   ont  pout    objpt  le   défrichement    de*  com- 
KiKBes  t  Tiiîaes  {laiures  »  etc. 


plus  cap 
teurs  qui  désignent  ,  ou  bien  .  désignent  ou  chargent 
de  désigner ,  etc. 

Noire  interprétation  est  confirmée  par  le  texte 
de  l'article  VIII  ,  ainsi  conçu  : 

'(  Les  citoyens  compris  dsns  les  listes  com- 
n  munales  d'un  département  ,  désignent  é^ale- 
"  ment  un   dixième  d'entre  eux.  n  II  ne  peut  être 

douteux  que  les  notables  de  commune  n'éli°ent  probilé  ;,ct  de  la  c.apaciié  de  trenie  auires  !  A 
eux-mêmes  directement  les  notables  de  déparle-  rjuoi  servirait  donc  d'exiger  pour  les  élections 
ment;  or,  l'article  VIII  emploie  pour  cette  se-  communales  une  majorité  absolue  ?  à  donner  aux 
conde  cieclion   la  même   locution    que   pour  la     hommes   publics   âgés,   aux  hommes  très-iiches 


lais- 
sancc  de  cause.  Excepte  quelques  hommes  âgés, 
établis  par  la  nature  de  leurs  tonctions  uans  de 
perpétuelles  relations  avec  le  public  ,  lels  i^uc  les 
anciens  notaires  ,  les  anciens  avocais  ,  ou  les 
gens  t.ès-riches  don!  la  naaison  es;  ouverte  à  tout 
le  monde,  ou  les  iningans  de  professions,  il 
n'est   pas    un    citoyen    (jui     osât   répondre   de    la 


io3 


et  aux  Iniiig^ii?  ,  le  nikih-.^e  >.!>;  .lictcr  fcurs  llî- 
,.tes  à  l:i  giaiulï  piiualii,:  Jci  voaii.-.  ,  à  dire 
leurs  amis  et  leiiis  créaiuics  par  la  voix  ou  la 
plume  dociles  dv-  h  raultiiudc  ,  doiu  k-  dioil  se 
Bcrait  borné  à  seivir  d  insiriiuicnt  aveugle  à  des 
ambiiious  ilont  elle  n'aurjit  pu  eue  ju^e. 

Ou  peut  se  proposer  une  (ju^iUfieme  question  : 
sivoir  si  la  tousiiiUi.i6n  diéi'cnd  i'Airfjon 


lipliciicdas  opér.îiions  mécanique?.  I,a  paresse, 
la  dissipation  ,  les  afFaires  ,  ,  1rs  voyage»,  les 
maladies,  dislraitui  toujours  d'un  second  scrutin 
une  parue  de  ceux  qui  sont  venus  au  premier.  Il 
est  donc  désirable  de  consommer  les  élecn'ons  en 
un  seul  scrutin  :  ei  c'est,  un  nioiiCpour  se  conten- 
ter  de   la  rnajoriié   comparaiive. 

.ij.;,^.    M„„,  I         j  ,,  ■  '      Efifin,   on   peut   demander  ce  qui  convient  le 

npau.  Nous  appelons  de  ce  nom  celle  qm  cou-  ,  mieux  ,  dt-s  scuti.is  à  liste  simple  ,  à  liste  double 
siste  en   ucux  opeiaiions  successives  ,  iloni  lune  !  ou  à  liste  liiple. 
s'exerce  sur   I  autre  :  savoir  ,  la    lorraaiioii    d'une  ! 


celle 


liste  de  caudid.iis  ,  et  ensuite  l'éleciiou  faite  entre 
les  candidats  iiiêines. 

La  constitution  n'oppose  rien  à  ce  système, 
dans  lequel  l'élection  n  est  p  s  moins  direcie  que 
si  elle  se  lésait  par  une  seule  opération ,  puisqu'elle 
se  borne  à  réduir.-  la  lisie  des  citoyens  élus  direc- 
tement par  les  volans. 

Cette  méthode  ,  au   reste  ,   a 
Ses   inconvéniens. 

t".  En  la  suivant  ,  on  aura  le  nom  de  tous 
les  citoyens  qui  aiiachtroni  du  prix  à  la  nota 
biiiié ,  puisque  chacun  pourra  se  nommer  soi 
même. 

ï".  On  aura  tous 
xile  ,  puisqu'il  suffi 
citoyen  soit  inscrit. 

3".  La  liste  des  candidats  étant  publiée  Un  mois 
avant  l'élection  ,.  beaucoup  de.  gens  ia.'uorés  pour- 
ront être  lobjct  d'informatioiis  qui  les  leront 
connaître  ;    beaucoup  d'oubliés  seront  rappelé 


ses  avantages  et 
nom    d 


Le 


de  janvier  .  avant  thon  départ',  et  qni  ilait  en 
ayant  d'Aix-la-Cliapelle ,  ;  et  derrière  la  peiite 
rivière  de  'Worms  ;  ces  iroupe's  d'observaiioti 
venaient  d'être  mises  sous  les  ordres  du  lieutcnâqt 
général  Lanone  ,  qui  commandait  l'armée  dp. 
Dumouriez,  proprement  dite  ,  en  son  abse'tic'ei 
Le  général  Miranda  m'assura  que  Kennemi  r'ai.'SJf  "* 
que  très-peu  de  forces  derrière  l'EUTi  ,  et  même  ' 
sur  la  rive  gauche  du  Rhin.  Il  fut  impossible  'de 
concerter  un  plan  .pour  qu'il  njarchât  Sur  Verito'o 
et  sur  Nimeguc.  ,'  '     ,    '  '^' 

^ .^__  î      D'après  les  onlres  dl-i  ac-ncral 'Diamouriez  ,^et 

p  de  voix  peuvent  se  réunir  sur  un  petit  I  '^*  promesses  ,  i!  aurai»  déjà  dû  se  lr()uver  devant 

■' ■■'   ■  celle  dernière  place  ,  après   avoir  pris  la  ville  tlc^ 

'Venloo  ,  qu'il  nu  jamais  aildqijée  (l), 

Je  devais  ,.avec  mes  lalbïea  ressources  ,  taire  Je 
siège  de  Maestritht  ,  aussuoi  que  le  général.  Rli* 
raiida  serait  prêt  à  se  meure  en  mouvement.   ^  i  • 

Celle  conférence  eut  lieu  en' présence  du  liétï-   ' 
tenani-généial  liouchel  ,  commandant  dir.gcniti, 
recpmmaiidable  par  de  grands   laiens  ,  d.e^b«:l^?s  9 


qu 


La  liste  simple  a  l'inconvénient  de  ne  pas  donner 
,  sûremrni  le  nombie  d'élus  demandé  ,    pirce 
i  beaucoup  de  voix  peuvent  se  réunir  sur 
I  nombre  de  personnes  connues  et  considéiéc 
j      Li  hsle  double  ou  triple  fournit  plus  probable- 
j  ment, le  nombre  demandé  ;  mais  elle  ne  le  fournit 
I  pas  non  plus  cenaineinern  ,    et   elle   présente   de 
[  grandes  difficultés  de  dépouillement, 
j  La  suite  demain. 


riyX  J,  f ■''"•.  S" f']^  '^'  dwinon'C  général  en  '  actions  de  j^uerre,  et  paujcui^reMcj.t  y,,  ia-dé 
chej  de   larmce  des  Ardennes,   aux    «ïnfifM  .1792  |  ten.se  de  Belle-Isie  ,  .  -.  f.        . 


s   hommes  de  quelque  mé- 
d'uu    suffi  âge   pour   qu'un 


en  1761  ,  et  par  la  directium  ' 

du  si.ege,.dc  Naniar  ,  en  I7y|2.  ,-(.,^.   ■,.  > 

Les  rensci};i)eniens  donnés  sur  l'entiewi  par  le 
chef  de  l'élai- major  du  gériéral  •'Wuniouuez  » 
resté  a  Liège,  étaient  plus  'ca^vurans  tncore  ;  ce- 
pendant,  deux  jours  après',  les' aoçïic^hie^is  aita-'- 
quereni  le  général  Liinoue.  forcç^rSui  ses  posi*' 
lions  ,  marchercni  sur  Maestriclu  el.sur  Liège.       '  -  - 

,                     ,         ,       -.,                                  ..           •  /  Mvip  ir.nrni^  .                                              "  i    , -^^   reçusl'avis   de  cet  événement,  dans  la  riuJt 

beaucoup   de  calomnies  seront  luves-;  beaucoup  P"^^  ""■""«  •  •  j  du  i"  Ue  mars  ;  j  écrivis   aussitôt   au   général  Mi- T 

de  mauvais  sujets,  demasijues:  un  plus  gafid  nom-         Histoire  des   principaux  tvénemens    du  règne   de    "nda  de  se  porter  a  Fauquenujnl  ,  pour  disputer 

bre  ae  citoyens  sera  en  état  .-le  voier  ;  tous  pour-  |  t.  Guillnume  11  ,  rui  de  Prusse,  et   Tableau  éoti-  ■  au  prince  de  Cobourg  le  passa..*'  de   ia  Gueule  , 

TOnt  voter  sur    un    plus  grand  nombre  de  candi-  I  tique  de  l'Europe.                            ^  [  ou  de. réunir  ses   lioupes-  et  de    blvoiiacquer   sur 

dais;  tous  seront  autres   par  1  idée  de  lami  à  ser-         je    n'at  pu    ,ire  encore    cet  ouvra-e  dont   les'  '^s  hauteuis  ,  en    face  de  Maesuicht,  pour  emp«v 

vif  ,  de  ]  ennemi  a  éviter  ;   ke  vœu  public   en  sera  I  talons  de  .         o    '   "'■""   "^i»     v ■  >^ '^ 


et  1793J  ,  au  citoyen  rédacteur  du  Moniteur.  — 
Paris  .  ce  q5  vendémiaire  an  9  de\la  république  , 
franç.iise.  \ 

Je  vous  prie  de  vouloir  bien  insérer  ma  lettre  ' 
dans  un  de  vos  prochains  numéros  :  elle  est' 
utile  pour  empêcher  qu'une  erreur  sur  un  fait! 
hisiotique  ne   soit  accréditée. 

Le 


ciiov 


en   Ségur  ,  aîné,   vient  de  publier  un 


mieux   expiime. 

4°.  Si  les  choix  préparés  dans  quelques  com- 
munes annonçaient  des  influences  redoutables, 
le  gouvernement  aurait  le  tems  d'écliirer  l'opi- 
nion i  te  serait  un  mi'ven  de  l'essayer. 

Vodà  les  avantages  ;  voici   les  inconvéniens. 

1°.  Il  serait  à  craindre  que  l'envie  ne  s'éveilJât 
comte  les  gcna  de  bien  et  de  talcns  ,  et  que  la 
calomnie  ne  les  poursuivît. 

2°.  Il  serait  à  craindre  que  les  intrigans  ne  se 
missent  en  avant. 

3°.  Il  serait  à  craindre  que  les  f  ictieux  ne  s'agi- 
tassent. 

On  peut  aussi  discuter  la  question  de  savoir  si 
les  scrutins  devraient  ê're  scctionnaires  ou  com- 
munaux. Les  deex  méthodes  sont  également 
légales  ,  p  lisque  le  mode  du  scrutin  ne  change 
rien  à-la  nature  de  l'éieciion. 

Les  avantages  du  scrutin  sectionnaire  sont  irès- 
-sensibles.  Le  citoyen  rjeut  y  émettie  son  suffrage 
sans  s  éloigner  de  son  domicile  ,  sans  quitter  ses 
affaires .  sans  faire  de  dépenses.  Par  "ies  raisons  les 
voians  sont  plus  nombreux  ,  et  le  concours  du 
peuple  est  plus  complet. 

Les  inconvéniens  sont  nuls.  Les  suffrages  sont 
aussi  libres,  si  ce  n'est  plus  .  dans  chaque  com- 
mune qu  au  centre  ;  et  le  dépôt  n'en  est  pas 
moins  assuré. 

jusqu'ici  nous  n'avons  parlé  que  de  la  légalité 
et  de  la  moralité  des  élections:  disons  quelques 
inpis  de  leur  niécaiiisrac. 

Le  mécanisme  des  élections  à  une  très-grande 
influence  sur  leuis  lésultats.  S  il  est  compliqué  , 
pénible,  seulement  difficile  ,  s'il  exige  des  répé- 
titions fasiidifuses,  des  déplacemens  multipliés,  un 
grand  nombre'  de  voiaiis  s  éloignent,  laissent 
3  Ojiéraiion  incompleiie  .  et  le  vœu  du  peuple 
deipeure   véiitablcment  inconnu. 

La  constitution  laisse  à  cet  égard  toute  liberté. 
Ainsi  il  n'y  a  point  de  mode  de  scrutin  qui 
»oit  légal  ou  illégal  ;  et  à  cet  égard  on  peut  se 
décider  jjar  la  plus  grande  commodité.  Prop.o- 
ton-5-nous  donc  qu  Iques  ql»esiions  sur  ce  sujet. 

Et  d'abord  ,  convient-il  de  former  des  assem- 
blées pour  procéder  aux  élections  ,  ou  de  suivie 
des  lormcs  qui  en  dispensent  ? 

La  constitution  ne  prescrivant  rien  à  cet  égard  , 
la  loi  peut  é  ablir  ce  qui  seia  jugé  le  plus  utile. 
Qu'est-ce  qui  csi  donc  le  plus  utile  ? 

Il  n'y  a  aucun  iaconyénient  à  ne  pas  former 
d'assemblées  ;  il  y  a  beaucoup  d'inconvéniens  à 
rn  convoquer. 

1°.  Elles  ne  s'arrordent  pas  avec  les  affaires 
pariirulieves  ,  et  tous  les  citoyens  ne  peuvent 
pas  êtic  tàrs  d'avoir  la  liberté  d'y  assister.  Les 
absens  ,  les  uialadcs  ,  les  inlirraes  ,  se  trouvent 
privés  rie  leurs  droits  ,  parce  (juMIs  n'ont  qu'un 
lemj  et  un  lieu  oii  ils  puissenl  les  exercer. 

2".  r.'Ies  favori.eiit  les  intrigues  et  les  factions. 

3".  \-..\vi  sont  des  occasions  d'agitations  tt  de 
troubles. 

On  jicut  se  demander  ,  en  second  lieu  ,  s'il 
convient  de  faire  des  élections  par  un  ou  plu- 
sieuis  scrutins. 

Autant  qu'il  est  possible  ,  il  faut  éviter  la  mul- 


aiiieur  garantissent  la  juste  célébrité; 
j  mais  J  ai  parcouru  la  table  dts  inaiierts  ,  et  j'ai! 
j  trouvé  ce  qui  suit  :  j 

j      "  Valence.  Ce  général  prend  Namur;  tome  III,' 
j  "   P^îic  19.  Il   se  distingue    et  est  blessé    à  la   ba- 

"  taille  de  Nervi^inde  ;  il  est  battu  à  Licge  ,  et  peid 

i>  4008  hommes  ;  pag.  33 ,  34.  Apiès  la  défection  ' 
,  î)  de  Dumouriez  il  se  réfugie    en  pavs   neutre; 
i  !>  pag.  42.  ).  '  \ 

I  J'ai  ouvert  le  troisième  volume  aux  pages  S3  et 
I  34..  indiquées  ci-dessus,  et  j'ai  lu  .1  la  pa^^e  33. 
I  'I  Maestrlcht,  assiégé  par  Miranda  se  déf  ndit 
j  !>  avec  opiniâtreté  DAuiichamp  es  plusieurs 
I  "  émigrés  sy  disiinguetent  par  de  vigoureuses 
!  "  sorties.  Le  prince  de  Cobourg  et  Clairrail  arri- 
1  "  vant  à  limprovlsie  à  !a  lêie  d  une  forte  armée  ,  ; 
''  "  surprirent  les  canionnemens  françjis  dispersc.s , 

"  ef  s'emparèrent  de  Licge,  rjuc  uélcndii  en  vain 

"   le  général    Valence;  lui   lucrent   4000  Lommes 

"  et  prirent  20    pièces  de   canon.   Mifan('a  3     vit 

'>  forcé  de  lever  le  siège  de  Maeslriciii.  Dumou-  ■ 

>'  riez,   contraint    de    quitter    la    Hollande  ,  par-  I 

)i   vint  avec    peine   à    rallier    dans   le.s  P^ys  -  fias  i 

"  ses      troupes     que      poursuivaient     les     autii- 

))  chiens.  j>  .  i 

Voici   le»   (ails  .  j 

Le  conseil  exécutif,  au  moment  où  je  paraissais  ' 

des'iné  à  partir,  avec  une  armée  navale  et  i5,ooo  • 

hommes     de    troupes   de    débarquement  ,    pour 

attaquer  le  cap  de  Bonne-Espérance   et  les  établis-  ' 

semcns    hollandais    dans    les    Indes    orientales  ,  '■. 

me   proposa  de  commander  momeiiianémeni  les  ! 

armées  de  la  Belgique  ;i).  j 

Le    plan   de   campagne    éiait   contraire  à  mon  '. 

opinion  ;  le  conseil  exécutif,  qui  m'appelait  sou-  ; 

vent   à  ses  séances  ,  ne  l'ignorait  pas;  il  approuva  i 

nies  deux  premiers  relus  ;  mais,  sur  les  demandes  ! 

réitérées    du     général     Dumouriez  ,     le     conseil- 
exécutif  iiibijta    pour    que  je    partisse    le   19   de  | 

février,  et   me    promit   que   je  serais   de   retour;  .  -       _  -     -- 

le   i5    de  mars.  Je  donnai   la  preuve    de   dévoti-  I  P*^^  ^  cheval  de  repasser  la  Meuse  ,  et  au  général 


que  l'enBemi  ne  débouchât  pai  celte  ville,  d'ap- 
peler à  lui  le  corps  du  gé.aé.al  Ghampmorio  , 
qu'il  avait  envoyé  jusqu'à.  Grave  ,  et  roelui.dù 
général  Lamarliete  ,  qui  éiaft-à  Ruremonde  ,  (jt  de 
les  f.dre  venir  par  échelons,  en  passant  pan.  la. 
route  de  Maseych  ;  j'ajouuis  que  je  couvrirais 
Liège  et  défendr..is  la  rive  dioite  de  la  Meuse. 

Loin  d'exéou:er  ces  ordres  ,  qui  Sont  cft-nstgné s 
dans  l'acte  d'accusation  du  général  Mîr.ind.:  .  il 
leva  aussitôt  et  précipitai-n.m, m  le  siège  de  h\it%- 
tricht,  dispeisa  ses  troupes,  occupa  Tongies  et 
v  nt  de  sa  personne  à  Liège. 

Je  fus  atiaijué  par  les  ennemis  à  la  barrière  de 
Coupé,  où  j  avais  pris  position  ;  ils  furent  re- 
poiassésavec  beaucoup  de  perle  ,  et  nous  resiâmc» 
maîtres   du  champ  de  bata'ille. 

Le  len'deixiain  matin,  les  troupes  dugéiiéral 
Miranda  furent  chassés  de  Tongres  (2)  ;  quatre 
mille  hommes  seulement  de  son  corps  darméa 
d'environ  24,000  hommes  ,  se  réfugièrent  près 
de  ia  citadelle  de  Liège  :  le  reste  était  dis- 
persé. 

Oiiatre  mille  hommes,  avec  le  général  Champ» 
morin,   se  retiraient  de  Grave  sur'^Diest.- 

Otratre  mlllf;  hommes  ,  avec  le  général  Lamar- 
liere  ,  sur  Louvain  ,   venant  de  Ruœmondc. 

Cinq  mille  hommes  ,  avec  le  général  Blotefière  , 
sur  Saiiu-Tron. 

S  X  raille  hommes  environ  ,  avec  le  général 
Ihler  ,   restèrent  près  àe.  Viset  ,    sans  recevoir  au* 

cun  ordre. 

Quand  je  revins  à  Liège  dans  la  nuit,  le  gé' 
néral  Miranda  me  confirma  les  tristes  nouvelles 
que  j'avais  reçues  des  troupes  qu'il  comman- 
dait. 

J'avais  senti  ,  avant  de  quitter  l'armée,  que, 
d'après  ce  désastre  que  je  venais  d  apprendre  , 
il  fallait  resserrer  mes  positions,  et  seulement 
couvrir  Liège  ;  j'avais  ordonné  à  toutes  les  trou- 


ment   que    les   ministres     réunis,  et  celui   de  la 
guerre   en  particulier  ,   exigèrent  de   moi.  j 

J'allai  à  Anvers  ,  pour  demander  les  iiisiruc-  ! 
lions  du  général  Dumouriez  ;  il  me  renvoya  à 
celles  qu'il  avait  données  au  général  Miranrla  ,  i 
Je  partis  pour  Liège  ;  j'y  étais  le  24  ;  je  lus  obligé  ; 
de  me  rendre  devant  Maestricht.  j 

Le  général    Miranda    bloquait    cette   ville,  etj 
commença  à  la  borpbarder  1.-  jour  de  mon  arrivée,' 
il  lésait  cette  espèce  de  siège  étant  dans  tles  can- 
ionnemens ,  et  le  couvrait  p.ir  des  troupes  placées 
en  cantonnement  ;  ce  qui  est  une  rare  disposition 
miliraiie  dans  les  circonsunces  où  il  se  trouvait. 

Le  général  Miranda  me  refusa  copie  des  Instruc- 
tions ,  et  se  prélendit  indépendant  :  il  m  assura 
qu  il  avait  ordonné  le  rassemblement  des  troupes 
qui  devaient  louvrir  le  siéue  dans  la  position 
que  j'avais    moi-même    indiquée  ,    dès   le    mois 

(1)  tes  troupes  qui  occupaient  alors  les  Pays-Bas,  étaient 
divisées  en  trois  corps  :  l'un,  appelé  l'Armée  je  la  Bclgii|rie  , 
dont  le  gcncial  Dumouriez  était  général  en  clicf,  et  qui  était 
en  8on  abscpco  coiiiiiiaiiclé  par  le  général  Lanoue;  l'autre, 
appelé  armée  du  Nord;  i  la  tète  duqnel  le  général  Mirand» 
avait  succédé  au  général  Labourdonnaye  ;  et  le  troisième , 
appelé  Aimcc  des  Ardcnnes  ,  dont  j'étais  le  général  er»  chef. 
Le  général  Dumouriez,  à  la  tête  d'un  cprps  de  trorlpcs  desriné 
à  conquérir  U  Hollande  ,  dirigeait  par  ses  instructions  générales 
les  armé  a  désignées  cr-de»U3  qui  devaient  coucotiiir  a  l'exé- 
cution de  SCS  irlaus. 


Lanirue  d'occuper  les  hauteurs  de  Robermont  ., 
et  de  s'y  retrancher  avec  toute  son  infanterie  ;  le 
général  Chancel  couvrait  sa  dioite  jusqu'à  lOar- 
the  ;  le  général  Sietenhof  sa  gauche  jusqu'à  la 
Meuse  :  cette  position  ,  on  le  général  Lanoue  de- 
vait recevoir  le  lendemain  des  pièces  de  seize  , 
est  presque  inattaquable. 

Vers  neuf  heures  du  sort,  le  général  Miranda 
prescrivit,  par  écrit ,  au  général  Lanoue  de  re- 
passer la  Meuse  ,  de  traverser  Liège  ,  et  de  se 
porter   dans  la  nuit  sur  les  hauteurs  de  Ans,    Le 


(1)  "La  prise  de  'Venioo  est 
I  vous-.prie  d'envoyer  un  courrî 
entre  avant  que  les  prussiens 
pas  lieu ,  la  campagne  est  m: 
lias  bien  hasardée  ;  je  n'ai 
que  dans  l'extrême  célérité  de 
(Voyez  la  lettre  du  S  lévrier 
u  général  Miranda ,   et  publiée 


i'iine  telle,  importance,  qrïc  jV 
ï  à  Champmorin  pour  qu'il  y. 
lUisseHt  y  arriver  ;  si  cela  »'* 
iquée  ,  et  Ll  défense  des  J^ays-, 
il'espoir  ,  mon  clicr  Miranda, 
l'opération  de  Venloo....  ,^ 
1793  ,  du  général  Duii 
par  ce  dernier,  j 


ouriezî 


irqrrof 


(*)  Pour  sentir  l'iitiportan'ce  de  ce  revers,  il  faut 
re  les  ennemis  étant  martres  de  Tongies  ,  in'avaien 
ent  tourné,  jmisqii'ils  avaient  pu  occtrper  les  ponts  dtr  jars  ,^ 
itre  isaint-Tron  et  Liège,  et  qu'ils  occupaient  par  cjijséijuent, 
lurcs  mes  comniuilitations  aveci  ,Saint-Tron  ,  Tiitiu.ont  , 
,  enfin  avec  le  gênerai  Dumouriez,  et  dtf 
lie ,  par  conséquent  avec  la  France,  eritcpl* 
oral  Miranda,  la  veille,  tn  eoijcertant  noi 
lies  corniriivsarres  de  la  convention  natioiwle  , 
r   sa  |téte,    de    ccnreeiSveJ  ïonji'ss  prtdte»» 


Louva 

n  , 

Bruxel 

plus  a 

la  Belg 

par  ,N 

jtiî 

r.  Le  g 

rnesiir 

s  e 

n  préscn 

avSiV' 

iv 

ohdu, 

quinze 

JO 

us». 

général  tanoue  exécuta  cet  ordre  ,  contraire  à 
celui  qu'il  avait  reçu  de  moi,  et  j'appris  que  la 
position  de  Robermont  était  abandonnée  vers 
deux  heures  du  matin. 

Elleéiait  déjà  occupée  par  les  ennemis. 

je  réanis  les  troupes  à  la  pointe  du  jour  ;  elle? 
étaient  pleines  de  cqurage  et  de  confiance  :j'étais 
egcore  maître  de  Liège  ,  les  ennemis  ne  m'at- 
faqiaaient  pas  ;  et  j'aurais  repris  la  position  de 
Bobernioni;  mais  les  autrichiens,  ayant  pu 
déboucher  par  Maestricht,  et  s'étant  rendus 
maîtres  de  la  ville  de  Tongres  ,  dès  la  veille  au 
matin  ,  interceptaient  mes  communications  avec 
laBelgique  ,  et  occupaient  les  ponts  du  Jars  sur 
le- grand  chemin  de  Bruxelles  :  je  fus  obligé  de 
marcher  sur  Saint-Tron  ,  pour  prendre  position 
entre  l'armée  autrichienne  et  les  villes  de  Saint- 
Tron  ,  Tirlemont  et  Louv.iin  ,  où  étaient  nos  ma- 
gasins et  les  parcs  d'artillerie  des  trois  armées  ; 
enfin  pour  couvrir  la  Belgique. 

JLes  ennemis  me  disputèrent  les  passages  du  Jars, 
el.pîriiculiérement  le  pont  d'Orey  :  ils  lurent  mis 
en  fuite  ,  et  je.bivouacquai  en  avant  de  Saiut- 
Tron. 

Le  lendemain  je  remarchai  sur  l'ennemi  ,  qui 
était  revenu  en  force  à  Orey  ,  pour  délivrer  le 
corps  du  général  Ihler  fesant  partie  de  l'armée 
de  Miranda  ,  qui  avait  été  oublié  entre  Viseï 
et  Liège  ,  et  qui  était  entouré  :  je  réussis  com- 
plfeliement  .  et  je  chassai  les  autrichiens  jusques 
derrière  Tongres. 

11  faillit  se  rapprocher  encore  de  Louvain 
pour  garder  mes  communications  avec  le 
général  Duiiiouriez  ,  peut-être  déjà  embarqué 
pqur  la  Hollande  ,  et  pour  faciliter  la  réunion 
des  corps  de  Lamarliere  et  de  Champmorin. 

Je  plaçai  les  généraux  Lamarche  ,  Miaczinsky  , 
Neuilly  et  Dampierre  .  pour  défendre  la  Cette, 
et  proléger  l'évacuation  des  magasins  à  fioudre  de 
Tirlemont  ;  le  corps  de  l'armée  futplacé  derrière 
Louvain.  Dans  celle  position  j'achevai  de  ras- 
sembler tous  les  corps  éjiarpillés  ,  tous  les 
fuyards,  toutes  les  adniinistiations  ;  les  ennemis 
a'avfiient  pas  osé  m'ailaquer  une  seule  fois  depuis 
la  barrière  de  Coupé.  Je  réorganisai  1  armée  ;  et 
dès  le  10  de  mars  ,  j'aurais  repris  l'offensive  , 
si  je  n^avais  pas  cru  que  le  général  Dumouricz 
venant  reprendre  le  commandement  après  des 
succès  éclatans  ,  son  arrivée  donnerait  à  l'armée 
Une   impulsion  dont  il  fallait  profiter. 

Le  général  Dumouriez  avait  jusqu'alors  ,  et 
par  une  correspondance  injuste  et  déplacée , 
donné  toute  raison  au  général  Miranda  ,  sur  les 
comptes  qu  il  lui  rendait.  Il  arriva  le  I2  ,  au  soir; 
les  trois  armées  étaient  réunies  ,  tous  les  états- 
majors  et  quatre  commissaire»!  de  la  convention 
nationale,  les  citoyens  Camus,  Merlin  ,  Treilhard, 
Gossuin ,  se   trouvaient    à    Louvain. 

Je  rendis  compte  le  l3  ,  par  écrit  au  général 
Dumouriez  :  je  demandai  un  désaveu  formel  de 
ce  que  ses  lelires  avaient  pu  contenir  d'in- 
juste et  d'offensant  pour  moi  ,  ou  un  jugement 
public. 

Voici  ce  qu'il  m'écrivit  le  lendemain. 

Le  général  Dumouriez  augénéral  Valence.  — Louvairi, 
le   14  mars  I7g3  ,  l'an  2  de  la  république. 

J'aime  trop  la  vérité  ,  mon  cher  Valence  , 
indépendamment  même  du  tendre  intérêt,  que 
votre  caractère  ,  voire  civisme  et  vos  talens  mi- 
litaires ,  m'ont  inspiré  pour  vous  ,  pour  ne  pas 
me  croire  obligé  de  vous  donner  par  écrit  le 
témoignage  que  vous  méritez  par  votre  conduite 
dans  le  cours  des  disgrâces  ,  que  vient  d'es- 
suyer l'armée  de  la  Belgique. 

N'étant  pas  sur  les  lieux  ,  ne  jugeant  pas  le 
mal  aussi  grand  ,  parce  que  la  confusion  ne 
peut  pas  se  soumettre  au  calcul  ;  j'ai  pu  croire 
un  moment,  que  vous  exagériez  le  mal,  et  la 
nécessité  que  je  me  rendisse  à  l'armée  ,  (l)  par  ce 
que  vos  relations  ,  qui  ne  contenaient  cependant 
que  l'exacte  vérité,  différaient  trop  de  celles  du 
général  Miranda  ,  qui  ,  avec  les  mêmes  vues 
que  vous  et  des  intentions  tout  aussi  bonnes  , 
appercevait  dans  les  événemens  plus  de  ressources, 
n'ayant  peut-être  pas  approfondi  ,  autant  que 
vous  ,  la  perte  énorme  que  l'on  a  faite  ,  en 
équipages  et  en  subsistances  -,  parce  que  le  corps 
qu'il  commandait  personnellement ,  avait  beau- 
coup moins  souffert  que  celui  que  vous  avez 
sauvé.   (2) 

J'ai  déjà  mandé  au  ministre  de  la  guerre ,  mon 


(l)  Il  fallait  que  le  géne'ral  Dumouriez  vint  concerter  \in 
nouveau  plan,  puisqu'il  jugeait  le  sien  inexécutable  dans  le 
cas  où  Maestricht,  Nimegue,  et  sur -tout  Venloo  ,  n'auraient 
pas  été  conquis  par  les  français  avant  son  embarquement. 
Non-seul4ment  ces  villes  n'étaitnt  pas  prises ,  mais  Venloo 
n'avait  jamais  été  attaqué  ;  ce  qui  est.  digne  de  quelque 
attention. 

[i\  L*ant}ee  du  Nord  avait ,  je  crois  ,  perdu  tout  autant  qu^ 
f  armée  de  la  Belgique ,  et  peut-être  davantage  ;  la  seule  armée 
i,si  Ardeunes  n'avait  rien  perdu. 


ÏO4 

opinion  sur  votre  conduite  dans  cette  crise,  mal- 
heureuse ;     c^est    à  vous    qu'on    doit  le   salut   de 
vingt-sept  bataillons  ,    que   le  généial  Ihler  a  ra- 
menés avec  Lutaiit  de  prudence  que  de  courage  : 
(1)   la  vigueur  ,    que  vous  avez    déployée  ,   pour 
couvrir   l.i  retraite  de  ce  corps  ,    en   vous  portant 
sur   Ton.t^re^  ,    et    chargeant   et    repoussant    l'en- 
I  nerni  ,    montre   autant  de    génie   que  d'audace  ; 
et  je  vous  regarde  ,  plus  que  jamais  ,  comme  un 
1  des  meilleurs  soutiens  militaires  de  la  république, 
j      Vous    avez    eu  raison   pareillement  ,   en  m'en- 
•  voyant  plusieurs  couriers  pour  m'engager  à  venir 
!  me  mettre  à  la  tête  de  l'armée  :  et  quelque  humeur 
que  m'ait  donnée  ce  retour  et  l'abandon  de  mon 
plan  de    campagne    favori  ,   c'est   cependant   sur 
vns  lettres   instantes   que    je    me   suis     décidé    à 
abandonner  l'attaque  delà  Hollande  ,  pour  venir 
joindre  l'armée.  Si  dans  ma  correspondance  ,  soit 
avec  le  ministre  ,   soit   avec  le  général  Miranda  , 
soii   avec  vous,   il   m'est  échappé  quelques    ex- 
pressions   d'humeur,  je  Us  désavoue  ,  et  je   vous 
prie  de  ne  les  attribuer  qu'à   la   distance  qui  nous 
séparait,   qui    ne   m'a    pas    permis    de    juger  des 
faits  comme  je  les  juge  sur  les  lieux. 

Il  me  reste  ,  d'aptes  tout  ce  qui  s'est  passé  , 
beaucoup  d'estirne  pour  vos  talens  militaires, 
beaucoup  d  espoir  en  vous  pour  réparer  le  début 
funeste  de  cette  campagne  :  quant  à  mou  amitié  , 
vous  la  connaissez. 

Signé,  le  général  en  chef,  «Dumouriez. 

Prévoyant  une  attaque  et  une  bataille  prochaine, 
je  ne  réclamai, pas  la  promesse  qui  m'avait  été 
laite  ,  que  je  serais  rendu  à  Paris  ,  le  1 5  de  mars. 

Ledit  jour  i5  ,  les  ennemis  attaquirent  nos 
avaiit-jiostes  près  de  Tirlemont  ;  et  le  général 
Lamarche  évacua  Cette  ville  et  prit  position  à 
Curapiich. 

Dans  la  journée  ,  l'armée  se  porta  sur  les  hau- 
teurs de  Cumpiich, 

Le  ]6  ,  à  midi,  j'avais  repris  Tirlemont  à  la 
tête  des  grenadiers  :  le  soir,  j'avais  pris  avec 
l'armée  des  .\rdennes  ,  qui  formait  la  droite,  la 
po.sition  de  Goizen-Hoven  ,  et  chassé  les  ennemis 
au-delà  de  la  seconde  Cette  ;  mes  troupes  légères 
occupaient  Neer-Eiysscn. 

Le  17  ,  nous  reçûmes  des  munitions  et  des 
subsistances. 

Le  18  ,  se  donna  la  bataille  de  Nerwinde. 

On  lit  encore  ,  page  34  de  l'ouvrage 
du  cit.  Ségur. 
)!  Dumouriez  ,  voulant  enfin  tenter  un  derniej 
M  effort  pour  arrêter  l'ennemi  qui  s  était  avancé 
!!  jusqu'à  S.-.int-Tron  ,  livra  et  perdit  la  bataille  de 
)i  Nerwinde.  Les  français  ,  dan.s  cette  action  .  dis- 
>i  pulereni  avec  acharneme.l  la  victoire  à  leurs 
51  ennemis.  Leuraîle  droite  eut  long-tems  lavan- 
i>  tage  ;  mais  l'aîle  gauche  ne  la  second.i  roint. 
"  Le  fils  du  duc  d  Orléans  combattit  avec  intré- 
!'  pidiié  ;  le  général  Valence  qui  commandait  la 
)i  cavalerie  ,  après  plusieurs  charges  ,  se  précipita 
)>  au  milieu  des  rangs  ennemis  ,  et  se  retira  cou- 
"  vert  de  blessures.  >' 

Voici  les  faits. 

Les  autrichiens  s'étaient  avancés  jusqu'à  Tirle- 
mont ;  le  village  'de  Nerwinde  n'est  pas  à  une 
lieue  de  cette  ville. 

La  bataille  a  dû  se  dpnner  pour  repousser 
les  ennemis  au-delà  de  la  Meuse  et  du  Rhin  : 
elle  était  inutile  pour  arrêter  l'ennemi  et  conser 
ver  la  Belgique. 

Je  commandais  l'aîle  droite  ,  et  non  la  cava- 
lerie de  l'armée  :  cette  aîle  droite  a  eu  l'avan- 
tage non-seulement  long-tems  ,  mais  elle  a  allumé 
ses  feux  sur  le  champ  de  bataille  ,  et  elle  a 
conservé  les  villages  qu'elle  avait  pris  le  matin  ; 
qu'elle  a  perdus  ensuite  ,  mais  qu'elle  a  enfin 
repris  et  gardés.  Les  avantages  du  soir  n'ont 
servi  qu'à  empêcher  l'ennemi  de  profiter  de  la 
déroute  de  notre  gauche  ;  mais  les  succès  ob- 
tenus le  malin  forçaient  les  autrichiens  à  la 
retraite  :  leur  aîle  gauche  était  tirarnée  ;  et  la 
bataille  était  gagnée  ,  si  le  corps  du  général 
Miranda  avait  seulement  tenu  quelques  heures, 
et  avait  dirigé  son  ariillerie  de  manière  à  la  rendre 
utile  ,  et  à  ne  pas  l'engager  dans  des  passages 
impraticables  ,  où  une  grande  partie  a  été  prise 
sans   svoir  élé  mise  en  batterie. 

Les  troupes  à  cheval  ,  à  la  tête  desquelles  je 
combattis,  n'étaient  point  toute  la  cavalerie  de 
l'armée  ,  mais  seulement  la  cavalerie  attachée  à 
l'aîle  droite  que  je   commandais. 

Il  résulte  de  ces  détails  que  je  n'ai  point  été 
battu  à  Liège  par  les  généraux  Cobourg  et  Clair- 
fait  ;  que  j'ai  au  contraire  volé  au  secours  du 
corps   d'armée  ,   placé    par  le  général    Miranda 


(i)  C'est   le   corps    oubli.é   entre  Viset  et  Liège  ,  et  fesant 
partie  de  l'armée  du  Nord. 


pour  couvrir  le  siège  de  Maestricht  ;  que  j'a 
lallié  cette  armée  d'obseivatîon  ,  arrêté  et  bjitu 
l'ennemi  près  de  la  barrière  de  Coupé  ;  et  que 
non-seulement  la  perte  de  la  ville  de  Liège  n'a 
pas  élé  l'occasion  de  h  levée  du  siège  de  Maes- 
tricht ,  comme  on  pourrait  l'induire  de  la  cita- 
tion faite  plus  haut  ,  mais  même  que  ce  siège 
a  été  levé  au  premier  avis  de  la  marche  des 
autrichiens  ,  et  qu'il  a  élé  levé  ,  non  pour  pren- 
dre une  position  ,  comme  je  lavais  ordonné  , 
ou  pour  marcher  au-devant  de  l'ennemi  .  mais 
parce  que  l'on  crut  convenable  de  disperser  tes 
troupes  françaises.  J'occupais  encore  Liège  quand 
le  général  Miranda  ,  après  avoir  abandonné 
Maestricht  ,  avait  ensuite  abandonné  Tongres  , 
et  qu'il  se  réfugia  4000  hommes  de  son  armée 
près  de   la  citadelle  de  Liège. 

Il  en  résulte  enfin  que  le  général  Dumouriez  , 
loin  d'avoir  eu  de  la  peine  à  rallier -,  dans  les 
Pats-Bas  ,  les  troupes  que  poursuivaient  les  autri- 
chiens ,  a  trouvé  au  contraire  une  belle  armée  , 
avec  laquelle  il  a  pu  marcher  en  avani  et  com- 
i  battre  avec  succès,  druxjours  après  son  arrivée  ; 
armée  que  j'avais  réorganisée  pendant  que  les 
ennemis  la  suivaient  d.Tns  son  changement  de 
position  ,  sans  pouvoir  I  atlàqu'er  ,  et  qui  les  avait 
elle-même,  deux  fois  attaqués  avec  beaucoup  de 
succès. 

Sans  doute  je  ne  rougirais  point  d'avoir  éprouvé 
des  revers  et  d'avoir  cédé  la  victoire  à  des 
troupes  nombreuses  et  aguerries  ,  et  à  des  capi- 
taines expérimentés  et  célèbres  ;  mais  aussi  si  j'ai 
dû  à  la  confiance  ,et  à  la  valeur  de  mes  braves 
camarades  et  à  d  heureux  efforls  d'avoir  eu  l'avan- 
tage dans  toutes  les  actions  de  guerre  où  je 
me  suis  trouvé,  je  dois  jouir  de  ces  souvenirs: 
et  six  années  de  malheurs  et  la  perte  d'une 
grande  partie  de  ma  fortune,  ne  balancent  pas 
la  satisfaction  que  j'éprouve  ,  en  me  rappelant 
que  les  premières  batteries  prises  par  les  .fran- 
çais ,  ont  été  empoitces  à  la  bayonnette  par  les 
grenadiers  que  je  commandais  ;  que  Kellcrraana 
m'avait  confié  son  aîle  gauche  à  cette  célèbre, 
journée  deWalmy(i) ,  où  dix-huit  mille  soldats  cte 
la  liberté  repoussèrent  victorieusement  les  ifforis 
de  quatre-vingt  mille  hommes  armés  pour  attenter 
à  leur  indépendance  ;  que  les  premiers  cinq  mille 
prisonniers  et  les  8  premiers  diapeaux  ont  été  en- 
voyés par  l'armée  des  Ardennes  ;  et  qu'aprèg 
une  attaque  heureuse  ,  j'ai  fait  une  cotivenlion 
pour  la  reprise  de  Longwy  ;  premier  acte  signé: 
au  nom   du  peuple  français. 

Il  me  semblerait  trop  pénible  de  parler  de 
moi  ,  si  je  ne  trouvais  condamnable  d'accré- 
diter par  mon  silence  l'erreur  historique  que  j& 
viens  d  indiquer.  Je  ne  puis  laisser  mon  non» 
attaché  au  récit  d'un  combat  malheureux  qui 
n'a  jamais  existé  ,  quand  je  crois  fermement  que  , 
par  ce  que  j'ai  fait  et  par  ce  que  j'ai  empêché, 
j'ai  préservé  .  au  mois  de  mars  lygS  ,  nos  armées 
d'une  ruine  certaine.  Au  reste  ,  s'il  est  des  cir- 
constances où  il  soit  moins  embarrassant  de  par- 
ler de  quelques  preuves  d'un  dévouement  absolu 
à  son  pays  ,  c'esi  sans  doute  dans  un  lems  où 
tant  de  prodiges  héroïques  se  sont  sucs.édés  rapi- 
dement, et  ont  dû  effacer  assez  entièrement  de 
l'esprit  de  mes  concitoyens  mes  faibles  services, 
pour  qu'il  soit  utile  de  rappeler  les  faits  afin 
de  les  opposer  aux  notions  inexactes  ,  qu'ua 
estimable  historien  a  peut-être  ,  faute  de  mé- 
moires particuliers  ,  été  obligé  de  puiser  dans  des 
sources  étrangères,  dans»  des  écrits  perfides  ou. 
dans  des  lettres  désavouées. 

Je  m'aperçois  tous  les  jours  davantage  com- 
bien il  est  indispensable  de  faire  connaître  avec 
détail  les  événemens  militaires  de  la  campagne 
de  1792  ,  et  du  commencement  de  celle  de  1793  ; 
si  d'ici  à  la  paix  personne  ne  se  charge  de  cette 
tâche  ,  j'essayerai  de  remplir  cette  lacune  de 
notre   histoire  militaire.  C.  V. 


il)  La  bataille  de  Walmy. est  la  première  où  l'artnierie  légère 
se  soit  disringuée  ;  la  compagnie  du  citoyen  Soibier  (  aujourd'hui 
gênerai  de  de  division  )  ,  que  j'avais  fait  attacher  aux  carabipiezft 
en  1791  ,  s'y  couvrit  de  gloire. 


LIVRES      DIVERS. 

Manuel  des  conseils  de  guerre,  contenant  toutes 
les  lois  pénales  militaires  ,  toutes  celles  relatives 
à  l'organisation  des  justices  militaires  elles  princi- 
paux codes  des  délits  et  des  peines  ,  depuis  l'as- 
semblée constituante  jusqu'à  présent,  rédigé  sui- 
vant 1  ordre  alphabétique  des  matières,  l  vol, 
in-ii  de  600  pages,  petit  caractère.  Prix,  3  fr. 
et  par  la  poste  4  fr. 

A  Paris  ,  chez  Carnery,  libraire,  rue  de  Seine, 
ancien  hôtel  Mirabeau. 


Erratum  du  n°S2.  — Dans  la  lettre  ducit.  Mozard, 
lignes  16  et  20  ,  aa-lieu  de  marin  ,  lisez  :  navire. 


A  Paris,  de  rimptimetie  d»  cit.  Agaste,  ptopiiétaire  dir Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n°  i3. 


GAZElnW^NATIONALE  ou  LE  MONIFEUR  UNIVERSEL. 


M°  28. 


Odidi ,  26  vendémiaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Npus  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivpse  le   MONITEUR  est  le  Siul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi   que  i^s  faits  et  les  noiions  tant  su 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministériellesi^ 

Un  articl:;  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux  Recouvertes  nouvelles. 


£XTÊRI   EU   R. 

T  U  R  Q,  U  I  E. 

Constantinoplc,  10  septembre  (^3 fructidor.) 

V%  o  u  s.  avons  reçu  d  Egypte  et  des  côtes  de 
Syrie  ,  les  nouvelles  suivantes  : 

L'armée  du  giand-visir  ,  désorganisée  et  peu 
ncmWeuse ,  est  c.mpée  à  JafFa.  Les  français, 
maîtres  absolus  de  1  Egypte,  jouiss-nt paisiblement 
de  lapossession  de  ce  beau  pays.  Cette  iranquillilé 
n'est  troublée  ni  par  la  proximité  de  l'armée  ,  ni 
par  les  croisières  des  alliés.  L'escadre  ottomane 
vient  de  perdre  un  vaisseau  de  80  canons  ;  il  a 
touché  sur  un  bas-fond  près  d'Aboukir.  Une 
grande  partie  de  l'éijuipage  etIndga-Bey,  général 
des  galères  ,  qui  commandait  le  vaisseau  ,  se  sont 
lendus  prisonniers  aux  français. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  1 0  octobre.  (  1  8  vendémiaire.  ) 

On  s  attendait  à  des  difficultés  sur  la  présenta- 
tion de  la  pétition  des  liverymen  rapportée  dans 
Dpire  dernier  numéro.  On  ne  se  trompait  pas. 
Cette  pétition  ,  dictée  par  les  rnoiifs  les  plus  loua- 
bles n'avait  aucun  objet  politique.  Cependant  ses 
formes  av.iictu  une  grande  importance  en  ce 
qu'elles  tendaient  à  établir  un  droit  contesté. 

L'asserablée-commune  vient  de  tenir  à  peu- 
près  la  même  conduite  qu'elle  tint  déjà  en  1775, 
lorsque  S.  M.  refusa  de  recevoir  sur  son  trône 
Une  péiiiion  des  Iroerymm.  L'affaire  à  cette  époque 
devint  le  sujet  de  débats  très-vils  au  parlement, 
et  l'on  se  souvient  encore  que  le  célèbre  comte 
Chnam  énonça,  avec  son  énergie  Ordinaire,  une 
opinion  favorable  aux  liverymen. 

La  semaine  passée  ,  ^4^1.  les  shérifs  Periing  et 
Cadell  se  rendirent  à  Wcymouih  pour  demander 
à  S.  M-  qutljour  elle  daignerait  recevoir  la  péti- 
tion ;  et  ils  ont  fait  hier  le  raflport  de  leur  mission 
dans  une  assemblée  commune  ( common-hali)  , 
convoquée  à  cet  effet  par  le  lord  maire. 

Lorsque  les  shérifs  eurent  fait  connaître  au  roi 
Ves  résolutions  des  liverymen  ,  S.  M.  leur  répondit  : 
j)  Veuillez  informer  le  lord  maire  ,  les  aldermeu 
»)  et  la  livrée  de  la  cité  de  Londres  que  je  rece- 
j>  vrai  leur  adresse  et  leur  pétition  mercredi  i5 
55  du  mois  courant  à  mon  lever  au  palais  de 
55  Saint-James.  >>  Les  scherifs  demandèrent  alors 
qu  il  fût  permis  au  remembrancer  (oHicier  de  la 
cité)  de  lire  les  résolutions.  S.  M.  leur  dit  :  >>  Je 
55  serai  toujours  prêt  à  recevoir  les  adresses  de 
»5  mes  loyaux  sujeis  ,  mais  il  doit  m'être  permis 
55  de  déterminer  quand  el  OU.  15 
-  Le  lord  maire  observa  ,  d'après  ce  rapport  , 
que  de  nouvelles  instructions  devenaient  néces- 
saires ,  ei  M.  Thorne  proposa  une  suite  de  ré- 
solutions. 

La  première  passa  à  une  grande  majorité  ;  les 
trois  autres  à  l'unanimité. 

(c  La  manière  de  présenter  une  pétition  ,  dit 
M.  Thorne,  est  plus  importante  qu'elle  ne  le 
parait  au  premier  abord.  Une  pétiiion  ,  présentée 
à  S.  M.  sur  son  trône  ,  est  lue  à  hauic  voix  eft  sa 
présence  ,  et  l'impression  qu'elle  produit  est  con- 
nae  par  la  réponse  non  préméditée  du  roi. 
Picsemée  au  lever,  elle  est  remise  en  silence  au  lord 
d,e  service  ,  sans  que  l'on  puisse  savoir  si  jamais 
elle  parvient  jusqu  à  S.  M.  11 

M.  Waithman  qui  seconda  M,  Thorne,  fit  la 
remarque  suivante  :  ii  Lord  Hcreford  écrivit  en 
1775  au  ro^ire  Wilkes ,  pour  lui  refuser,  de  la 
pan  du  roi,  de  recevoir  la  pétition  de  la  livrée, 
sut  le  trône  ;  mais  depuis  cette  époque  ,  des 
arJresses  des  doyens  el  chapitre  de  S.  Paul  el  de 
la  cour  de  lieiuenance  ont  été  reçues  sur  le  trône: 
sa. 15  doute  .  ces  corps  n'ont  pas  des  droits  supé- 
rit'urs  à  ceux  de  la  liviée.  )i 

"  M.  Dixon  voulut  s'opposer  aux  r'isolulions  ; 
tnais  les  succès  de  l'assemblée  l'obligèrent  de  se 
retirer. 

Extrait  des  résolutions  arrêtées. 

(t  Qi'.c  II-  lord  maire  ,  les  aldermen  et  la  livrée 
de  Loutre  .  Idfrncs  en  assemblée  commune  , 
ont,  nf  uuiis  immémorial,  exercé  le  droit  de 
ptéscnK  dis  pctiiions  au  roi  sur  son  trône  ,  et 
que  ce  <     jii  d'à  été  contesté  que  sous  l'adniinis- 


iralion  infâme  et  corrompue  des  auteurs  de  la 
guerre  injuste  et  cruelle  ,  faite  à  nos  frères  d'A- 
mérique ;  que,  quand  une  péiition  est  présentée 
à  S.  M.  sur  le  trône,  les  pétitionnaires  ont  la 
satisfaction  desavoir  quç  leurs  griefs  sont  con- 
nus, et' de  recevoir  une  ti-ponse  1^ tandis  qu'ils  ne 
peuvent_  être  sûrs  qu'une  pétition  présentée  au 
lever  soit  jamais  lue  par  S.  M.  ;  que  la  seule  rai- 
son assignée  pour  ne  pas  recevoir  leurs  pétitions 
sur  le  trône,  se  trouve  énoncée  dans  ces  termes 
par  une  lettre  de  lord  Hcreford  :  icS.  M.  ne 
recevra  a  l'avenir  sur  le  trône  aucune  pétition  , 
etc.  qu'elles  ne  soient  de  la  corporation  de  la 
citéij;  que  cependant,  depuis  cette  époque, 
S.  M.  a  reçu  sur  Ig  trône  deux  adresses  de  la 
cour  de  lieuienance-,  qui  n'est  pas  la  corpora- 
tion dp  la  ciré  ;  que  le  lord  njaire  ,  les  aldermen 
et  la  liviée  dérogeraient  à  leur  dignité  ,  s'ils  ne 
présentaient  pas  leur  pétilimi  au  riji  sur  le  trône; 
quequiconque  conseille  à  S.  M;  de  persister  dans 
son  refus  ,  à  ceite  époque  désastreuse  ,  est  in- 
digne de  sa  confî.incç  ,  et  se  montre   ennemi  des 

droits  et  privilèges  îles  ciio.yens  de  Londres 

que  le  remembrancer  et  les  shenfs  porteront  les 
susdites  résolutions  à  S.  M.  ,  et  qu'elles  seront 
publiées  dans  tous  les  journaux  du  maiin  et  du 
soir.  15 

Les  shérifs,  de  la  cité  de  Londres  ont  pré- 
senté dans  une  assemblée,  tenue  mardi  à  1  hôtel-de- 
ville  ,  sir  William  Siaines  et  le  lord  maire, 
comme  candidats  élus  par  les  liverymen,  pour 
remplir  les  fonctions  de  maire  1  année  pro- 
chaine. Les  aldermen  procédèrent  au  scrutin  et 
déclarèrent  que  le  choix  était  tombé  sur  sir 
William  Siaines. 

Les  causes  de  la  disgrâce  du  premier  ministre 
de  la  Chine  sont,  dit-on,  d  avoir  divuli^ué  les 
secrets  de  son  ancien  maître  ,  sur  le  cho^x  qu'il 
avait  fait  d'un  successeur  ;  d'avoir  intrigué  avec 
les  femmes  de  l'empereur  défunt,  d'avoir  passé 
par  la  porte  consacrée  aux  seuls  empereurs,  et 
d'être  propriétai'e  d'une  perle  d'une  valeur  plus 
forte  qu'il  n'apparden't  I  un  sujer. 

Il  y  a  eu  pendant  le  cours  de  la  semaine  passée 
une  grande  foule  au  dépôt  des  bagages  de  la 
compagnie  des  Indes  ,  pour  voir  diverses  dé- 
pouilles de  Tippoo  sultan  ,  enire  autres  la  tête 
de  tigre  toute  revêtue  de  lames  d'or  pur,  qui 
fesait  partie  de  son  trône  ;  le  tigre  musical  qui 
représentait  un  européan  dévore ,  tandis  que  les 
sons  intérieurs  rendus  par  cet  animal  initiaient 
en  même-lems  les  cris  d'un  tigre  et  ceux  d'un 
homme.  On  voyait  dans  la  même  salle  le  lit  et 
les  habits  de  guerre  de  Tippoo.'  Le  lit  était  orné 
de  deux  casques  verds  .  trempés  à  la  Mecque 
dans  les  eaux  du  Zum-Zura  ,  qui  avaient  dti  les 
rendre  impénétrables.  Le  lurban  ,  garni  de  sen- 
tences de  l'alcôran  en  lettres  d'or  ,  est  desiiné 
pour  S.  .\.  R.  le  duc  d  Yoïk.  Le  prince  de  Galles 
aura  l'habit  de  guerre  rouge  que  Tippoo  portait 
dans  sa  campagne  de  17S6  conlre  les  adqni. 

Depuis  quelque  lems  ,  de  grands  poissons 
voraces  qui  paraissent  sur  les  côtes  d'Etosse  ,  y 
font  un  ravage  leriible  parmi  l;s  harengs  qu'ils 
dévorent  après  avoir  rompu  les  filets.  Jacques 
Macdov/all  ,  serrurier  de  prolession  ,  ;j)ant  ap- 
perçu  dans  une  rivière  un  de  ces  poissons  ,  se 
déshabilla  et  sejeita  dans  l'eau,  armé  d'une  four- 
che avec  laquelle  il  voulait  faire  échouer  le  pois- 
son sur  le  rivage.  Il  lui  porta  un  coup  ti'une 
grande  violence  ,  mais  sans  qu'il  lui  iûl  possible 
de  le  pousser  au  bord  ,  soit  que  le  poisson  fît 
une  trop  forte  résistance  ,  soit  que  l'eau  fût  trop 
profonde.  Cependant  il  s'approchait  lui-même  du 
rivage  ,  poussant  toujours  devant  lui  le  poisson 
enfourché  ,  lorsqu'épuisé  de  fatigue  ,  il  renonça 
à  son  entreprise  ,  et  reura  sa  fourche  du  corps 
de  l'animal.  Mais  alors  le  poisson  venant  à  lui 
la  gueule  ouverte  pour  le  dévorer  ,  Macdowâll 
lui  porta  un  second  coup  de  fourche  dans  le 
gosier.  Le  poisson  jetta  un  cri  épouvantable  , 
agita  l'eau  et  se  renversa  sur  le  dos  avec  une 
telle  violence  que  Macdowâll  ,  qui  tenait  encore 
la  fourche  par  son  manche  ,  fut  lancé  en  l'air  à 
quelques  toises  de  distance.  La  fourche  s'était 
brisée  dans  sa  main  ,  mais  son  ironçon  et  le  cou- 
rant de  l'eau  lui  suHirent  pour  pousserau  rivagele 
monstre  affaibli  parlapertedesonsang.  Celaniraal 
horrible  avait  treize  pieds  et  demi  de  long  .  neuf 
de  circonférence.  Sa  queue  avait  trois  pieds  de 
large  ,  la  nageoire  de  son  dos  vingt  pouces  de 
hauteur  et  cinq  rangées  de  dents  garnissaient  sa 


gueule.  Il  pesait  neuf  quintaux  et  trois  quarts  ;  on 
en  a  tiré  29,  galons  d'huile  pure.  ) 

Commerce  du  charbon  dans  le  port  de  Londres. 

Le  conîm,erce  du  charbon  emploie  418  vaisseaux 
qui  font  environ367G  voyages  par  an.  Les  barques 
qui  servent  à  décharger  ces  vaisseaux  ,  sont  de 
33  tonneaux  ;  leur  nombre  s'élève  à  2  196  .  ce  qui 
faii  un  total  de  7i.go3.  Chaque  collier  [  vaisseau 
charbonnier)  exige  trente  barques.  Il  est  fréquent 
que  1 170  de  ces  barques  soient  employées  à  la 
fois  en  chargement  ,  tandis  qu'un  nombre  à-peu- 
près  pareil  de  barques  chargées  se  tient  au-de-sus 
et  au-dessous  du  pont  ,  servant  de  magasins  flot- 
lans  ,  où  se  pourvoient  les  cotisomma'ieurs ,  dont 
les  demandes  s'élèvent  chaque  mois  à  3oo  car- 
gaisons de  320  fAa/^^rtiTîi.  L'approvisionnement  total 
fait  ainsi  66:060  chaldrons  par  mois.  Il  en  resle 
environ  5o,ooo  toujours  exposés  sur  la  rivière  , 
et  la  dcprédaiion  habituelle  que  tous  les  em- 
ployés subalternes  n'ont  que  irop  de  facilité  à 
commettre  ,  ne  fait  pas  moins  de  ion  au  revenu 
public    qu'aux  propriétaires  charbonniers. 

Ce  sont  les  porteurs  de  charbons  (coal-heavfrs) 
qui  sont  dans  l'usage  d'en  déiourncr  le  plus  à 
leur   profil.  Cependant  ces  poneurs  ,  au  nombre 

.  ;,  g^.-i^ent  ordinairement  de  leur  travail  de 

7  Jusqu'à  j8  s.  par  jour;  il  est  quelquefois  ar- 
rivé qu'ils  ont  gagné  27  s.  Ce.  gain  considéra- 
ble n'empêche  point  que  leurs  familles  ne  soient 
souvent  dans  la  misère,  Rarenienî  ils  portent  chez 
eux  plus  de  i5  s.  par  semaine  ,  et  plus  du  i.eis 
de  leurs  profils  est  employé  en  Lierre  et  en 
eau-de-vie.  Mais  ce  n'est  pas  loujouis  leur  in- 
tempérance qui  règle  ainsi  la  proportion  de  leurs 
dépenses  ;  elle  provient  plus  souvem  de  la  né- 
cessité. Les  grands  entrepreneurs  qui  les  em- 
ploient, au  nombre  de  24,  sont  en  même  tems 
cabaretiers  sur  le  port  ,  et  n'accordent  leur  fa- 
veur qu'aux  poneurs  qui  dépensent  le  plus  au 
cabaret.  Lorsqu'une  banjue  doit  être  chargée  , 
ces  entrepreneurs  envoient  à  bord  de  la  liqueur. 
Chaque  porteur  est  tenu  d'en  preadre  pour 
12  s.  Il  esi  en  ouire  obligé  de  donner  à  l'en- 
trepreneur undioit  de  16  s.  pour  chaque  barque 
déchargée  ,  et  de  laisser  entre  ses  mains  5  s.  par 
semaïue  pour  argent  des  subsistances  avancées. 
C Extrait   du   Courrier.) 

Du    1 1    octobre,   f  i  g  vendémiaire.  ) 
Discours  prononcé  par    RI.    Fox  ,    le    10  octobre 

OS   vendémiaire),    anniversaire   de  son  élection 

pov'r  représentant  de   Westminster. 
Messieurs, 

«'  Il  y  a  aujourd'hui  vingt  ans  que  j'feus  l'hon- 
neur d'être  élu  pour  la  première  fois  l'un  des 
repfésentans  de  la  cité  de  Westminster.  Ces  vingt 
années  ,  messieurs  ,  ont  été  remplies  d'événemens 
importans ,  passés,  soit,  au  .dehors  ,  srit  au  dedans 
de  ce  pays.  Dans  plusieurs  des  circonstances  qui 
ont  distingué  cet  intervalle  ,  le  rôie  qu'un  hon- 
nêle  homme  avait  à  jouer  était  si  difficile  à  choi- 
sir et  à  soutenir  ,  qu'à  moins  de  se  conduire 
par  des  principes  généraux,  applicables  à  tous 
les  tems  et  à  tous  les  événcmens  ,  il  lui  etît  cié 
impossible  d'agir  d'une  manière  à  mériter  l'ap- 
probation de  sa  conscience  et  celle  de  son  pays , 
comme  de  remplir  fidèlement  ses  devoirs  public/ 
pendant  une  suite  d'années  aussi  fendes  en  évé- 
nemens  ,  sans  un  plan  d'indépendance  person- 
nelle ,  de  justi,ce  et  de  modération.  C'est  d'après 
un  pareil  plan  que  j'ai  réglé  la  conduite  que 
j  avais  a  tenir.  Durantle  cours  de  ces  vingt  années 
messieurs  ,  je  me  suis  tenu  constamment  aitaché' 
aux  principes  qui  servireht  de  bases  à  la  léwo- 
lunon  de  168S,  ainsi  qu'à  ceux  reconnus  pour 
être  les  principes  des  vieux  Whigs  d'Angleterre.  )'ji 
eu  le  bonheur,  au  milieu  de  loutes  les  diHi- 
cullés  ,  de  loules  les  séductions,  en  un  mot  de 
toutes  les  circonstances  critiques  oiî  je  me  suis 
tro.uvé  ,  de  conserver  ces  principes ,  qui  m'ont 
valu  votre  approbation,  et  d'agir  constamment 
avec    celle   de  la  majorité    de    mes    constiiuans. 

Dans  ces  trois  dernières  années  mêmes  ,  où  j'ai 
adopté  et  suivi  un  plan  de  retraite  des  alfaiies 
publiques  ,  plan  qui  a  paru  à  quelques  personnes 
susceptible  d'objecdon,  et  que  je  n'ai  embrassé 
moi-même  qu'avec  répugnance;  dans  ces  trois 
dernières  années,  dis-je  ,  j'ai  eu  encore  le  bon- 
heur d'obtenir  l'assenument  des  électeurs  de 
Westminster  et  de  reconnaître  que  mon  isole- 
ment ,  quelque  blâme  qu'il  eiit  pu  m'aiurer  , 
n'avait  jamais  du  moins,  été  attribué  à  uii 
abandon   de    mes  principes.    (  Longs  applaudis- 


io6 


semeiis.)  S'il  m'est  permis,  messieurs,  de  le 
diie  sans  trop  de  vanité,  ce  bonheur  dont  j  ai 
joui  ,  est  une  'eçon  pour  les  hommes  publics,- 
de  ne  pas  confier'  leuf  répuiaiion  au  lémoignage 
irompeur  de  l'opinion  d'un  jour,  ni  à  la  déci- 
sion dune  Dolilique  floiianic.  I!  n'y  a  d'éloges 
flatteurs  .  il  n'y  a  de  réputation  solide  ,  que  ceux 
qu'on  obtient  par  une  adbéicnce  mlime  aux 
vrais  principes.  C'est  sur  une  pareille  conduite, 
messieurs,  (jue  reposent  ceux  de  la  liberté  et 
des  droits  de  1  homme.  —Oui  ,  niebsieurs  ,  des 
droits  de  l'homme  ;  car  quelqu'abus  qu'on  au 
pu  taire  de  ce  mot  pour  masquer  de  fausses  ou  dan- 
gereuses doctrines,  les  iiommts  ont  des  dioils. 
et  quiconque  établit  sa  croyance  et  sa  régie  de 
conduite  ,  sur  tout  autre  principe  que  celui  qui 
reconnaît  qu'en  France,  en  Russie,  en  Alle- 
magne ,  en  un  mol  dans  chaque  contiée  sous 
le  ciel,  ces  droits  naissent  avec  nous,  et  sont 
antérieurs  à  la  formation  de  tout  gouvernement, 
cet  houiuie,  dis-jc,  est  dans  l'erreur  et  court 
à   sa  perte. 

Ce    fui   d'après  ces  principes  ,  messieurs  ,  que 
nous  agîmes  ,  nous    qui  pensions  qxie  la  guerre 


d'Amériq-ue  était  iniu.le  et  impolitique.  Avant;  II.  Ils  veilleront,  cincun  en  ce  qui  le  concerna  , 
délie  honoré  de  la  marque  de  conh.mce  que  au  mainnen  des  dispositions  de  lar.êi  rlu  conseil 
me  donnèrent  les  électeurs  de  Westminster  ,  en  |  du  26  février  lySa  lelatives  a  la  conservation  des 
me  choisissant  pour  un  de  leurs  représenlans  ,  ji 
professais  ces  sentimens  et  je  les  avais  pris  poir 
règle  de  ma  conduite  pubUque.  J'avais    déjà   ré 


clamé  dans  le  parlement  pour  l'Amérique  op- 
piimée  par  la  raere-pait^ie  ;  j'y  avais  énoncé  mes 
vœux  pour  le  succès  de  ce  peuple,  qu'on  flétrissait 
du  nom  de  rebelle.  Je  ne  doutais  pas  que  cet 
exposé  de  mes  principes  n'eût  contribué  a  me 
lecommander   à    l'estime    et    a    la    conliance   des 


eaux  de  ladite  rivière  ; 

En  conséquence  ,  ils  donneront  des  ordres  pour 
qu'il    soit  Lilt  un  curage    général    et   annuel    de 
ladite  rivière  ;    savoir  ,  pour  la  partie  supérieure  ,  , 
dans   le  courant  de   messidor  ,  et  pour  la  partie 
inférieure  ,  dans  le  courant  de  fructidor  ; 

Ils  feront  tenir  libre  le  cours  des  eaux  de  la 
ri\'!L-re  depuis  la  fontaine  Bouvière  jusquàleur 
chûie   dans  la  Seine  .  ensemble  celui  des  souices 


électeurs  de  'Weslrainster.   Cette  guerre  ,  comme  j  ^^  ruisseaux  y  afHuani  ,  même  dans  les  canaux  où 
nie  ,   fut    aussi   meurtrière  et    dispen  ..._.. 


celle  près 

dieuse  quinjusie  dans  son  principe.  Ce  n'étai 
pas  une  guerre  entreprise  par  orgueil  ou  par 
ambition,  pour  l'honneur  ou  la  sûreté  nationale  , 
elle  n'av,au  pour  objet  que  de  satisfaire  ce  parti 
qui  existait  alors  et  qui  existe  encore  dans  ce 
pays  ;  parti  qui  hait  la  liberté  et  voudrait  se 
servir  de  nos  bras  pour  l'étouffer  par-tout  où  elle 
répand  et  s'efforce  d'étendre  ses  bienfaits.  (£.'C(jYiU 
du  Star.)  La  suite  demain. 


Table  de  la  stalislique  des  Etals-Unis  ,  pendant,  mie  suite  d années  ,   rédigée   sur  des 

documens    ojfficieh. 

Longueur  des  Etats-Unis isSo  milles  |  Milles  carrés 1    million 

Largeur 1040  milles  |  Acres   de   terres  .....'....   640  millions 


POPUL.^TION. 


1774 

3,4.86,000 

I7«4 

3,25o,ooo 

'79° 

.3,930.000 

1791 

4,047,900 

1792 

4,169,337 

1793 

4,294-4'7 

1794 

4,423,249 

1795 

4,555,946 

1796 

4,692,624 

1797 

4,833.402 

1798 

4,978,404 

'799 

5,i27,756 

Terres  en 
valeur ,    fesant 
partie  des  640 
raillions  d'acres. 


MARINE  MILITAI. 


Nombre  de 

tonneaux  \ 
des  bâiimens 
marchands. 


20,S6o,000 

421,300 

_ 

— 

198,000 

2i,5oo,ooo 

541,666 

— 

. — 

25o,ooo 

3o, 000,000 

634,000 

— 

— 

486,890 

3 1,000, 000 

677,650 

— 

— 

502,698 

32.000,000 

694,889 

— 

— 

567,698 

33,500,000 

715,736 

— 

— 

627.570 

34,000,000 

737,208 

— 

— 

62S.617 

34,550,000 

759,324 

— 

— 

747,964 

35,ioo;ooo 

782,104 

— 

— 

83 1  .goo 

35.600.000 

8o5,567 

3 

124 

876,912 

36,100.000 

829,734 

i3 

36o 

898,329 

36,3ûo,ooo 

854,626 

42 

g5o 

920,000 

G  F.  N-  s 
D  E 


)5,000 
lS,000 
25,000 
28,000 

3o,ooo 
33,000 
39,900 
45,000 
5i,5oo 
6o,3oo 
62,200 
63,5oo 


E    X    P    0    R   T 

A   T   1   0    N   S. 

Recettes 

DÉPENSES 

Numéraire 

ANNÉES. 

'■^«<|,Jf.J6.«.- 

-"•"""■"■*" 

Produc.  du  pavs. 

Total  exporté. 

p  U  B  L  I  q_u  E  s, 

P  U  B  L  I  qV  E  S. 

CIRCULANT. 

1774 
1784 

6,100,000   dol. 

6,100.009  dol. 

—  dDl. 

—  dol. 

4,000,000  dol. 

9,000,000 

io,t5o,ooo 

— 

— : 

10.000,000 

1790 
I79I 
1792 

14,200,900 

16,000,000 

— 

— 

8,000,000 

14,600,000 

18,399,202 

4,771,342 

3,797,436 

12,000,000 

i5,o6o,5oo 

2i,oo5.568 

8,772,438 

8,962,920 

17,000,000 

1793 
1794 

i5  420,000 

26,01 1,788 

6,450.195 

6.479,977 

20,000,000 

16,200,100 

33,043,725 

9,439,855 

9,041,593 

2 1,000,000 

1795 
1796 
1797 

18,064,050 

47,855,556 

9,5 15,758  •• 

10,151,240 

ig.ooo.ouo 

20,024,02 1 

67,064,097 

8,740,329 

8,367,776 

ig,5oo",ooo 

24,052.671 

51,294,710 

8,758,780     - 

8,625,877 

1 4,000,000 

«798 

27,991,413 

61,327,411 

10,161,097 

9,02i,3i3 

l3,ooo,ooo 

1799 

33,142,187 

78,665,522 

12,777,4*^7 

10,554,703 

16,000,000 

Dette   puBLiQ_it'E 

NOMINALE. 


Fonds    d'amortissement. 


Fonds    actifs. 


Fonds  actifs   et   stagnans. 


1774 
^784 

1790 

1791 
1792 
1793 
«794 


1795 
1796 
1797 
1798 
Ï799 


».,^^'       f   200.000,000  dol. 

Mon.  3 

Partie  de  la  dette 
a  été  consolidée  avant 
1790. 
Le 
dans 
vantes 


de  1794- 


surplus     l'a     été 

les    années     sui- 

juscju'a  la   tin 


84,989,438 
83,404,139 
■8i,324,i3g 
79,io5,ioo 
84,185,400 
Nota. 


Nota.  Le  fonds  d'a- 
mortissement déduit  de 
la  dete  nominale  de 
cbaque  année ,  laisse  le 
montant  net  de  la  dette 
publique. 


Le    dollar  vaut 

E     U     R.  ~ 


3.258,669 
3.901.403 
4.549.592 
6,690,000 
8,002,104 

francs    5o 


Espèces  appropriées  par  la 
loi  d'aorit  1790  ,  2  millions 
de  dollars. 

Plus,  l'excédent  du  reve- 
nu, toutes  dépenses  payées. 

Id.  Loi  de  mai  1792. 
■  Idem.    Provenant    de     la 
vente     des     terres    du    lac 
Erié  ,    406,941  dol. 

Terres  du  territoire  oc- 
cidental ,  contenant  235 
millions  d'acres  ,  à  deux 
dollars  l'acre  ,  prix  fixé 
dont 


elles  ].>assent  ;  à  l'effet  de  quoi  les  saignées  et 
ouvertures  qui  ont  été  laites  sans  titre  légal  aux 
berges  dé  ladite  rivière,  sources  et  ruisseaux,  seront 
supprimées  étions  autres  enapêchemens  quelcon- 
cjues ,  m.êuies  les  arbres  cjui  se  trouveront  plantés 
dans  leur  lit  et  le  long  de  ladite  rivière  ,  dans  la 
distance  d'un  melre  quatre  décimètres  de  berge, 
aux  frais  et  dépens  de  ceux  qui  auront  causé  les- 
dus  empêchemens  et  planté  Icsdils  arbres  ,  et  ce-, 
quinzaine  après  la  sommation  qui  leur  en  aura  été 
iaue  au  domicile  de  leurs  fermiers  ou  mcûniefs  , 
en  sorte  que  des  canaux  établis  par  titres  ,  il  en 
sorte  autant  d'eau  qu  il  en  aura  entré  ;  ce  qui  sera 
justifié  par  les  propriétaires  desdits  canaux  ou 
passages;  sinon  il  sera  donné  des  ordres  pour  la 
suppression  desdils  canaux  et  passages. 

Ils  feront  entretenir  et  fortifier  les  berges  de  la 
rivière  par  les  meuniers  ,  chacun  dans  son  éten- 
due ,  en  remontant  d  un  moulin  à  l'autre  ,  de 
manière  que  les  eaux  ne  puissent  sortir  dî  leut 
lii  ni  passer  au  travers  desdiies  berges  ,  pour  se 
rejoindre   tians  les  prés  ou  ailleurs. 

Ils  renouvelleront  les  défenses  faites  à  tous  les 
pr.ipriélaires  riverains  de  la  Bievre  d'ouvrir  de 
nouveaux  can.'iux  ,  de  laite  aucune  saignée  ou 
batardeaux  ,  soit  au  lit  de  ladiie  rivière,  loit  aux 
sources  ou  canaux  y  refluant  ,  et  d'établir  une 
blanchisserie  dans  les  prairii  s  adjacentes  ,  confor- 
mément aux  dispositions  de  l'arrêt  du  26  février 
1732. 

Enfin  ils  raaintîetidront  l'exécution  dudit  arrêt  , 
en  to.ut  ce  qui  n'cit  pas  contraire  aux  disposition» 
du   présent  ai  tête. 

m.   La  dépense   du  curage    de  la  livicre,  de 

I  l'entretien  el   de   la  conservation   des  eaux,  con- 

I  linuera  d'être  ,  comme  piar  le_passé  ,   à  la  charge 

des    habilans    du   faubourg    Marceau  ,  occupant 

l  les  maisons  sises  le  long  de  ladite  ri\iere,  et  des 

meuniers    des   moulins   désignés   dans   les   arrêts 

du  conseil,  sous  la  dénomination  commune  des 

intéressés  à  la  conservation  des  eaux. 

IV.  Le  rôle  de  répartition  sera  fait  par  trois 
commissaires  pris  patmi  les  intéressés  et  nommés  , 

iun  par  le  préfet  du  département  de  la  Seine  ,  un 
par  celui  du  département  de  Seine  et  Oise  ,  el  un 
par  le  prélei  de  police  de  Paris.  La  municipalité 
!  du  douzième  arrondissement,  et  celles  des  com- 
munes où  passe  la  rivière  ,  remetttonl  à  cet  effet 
un  état  des  intéressés  qui  résident  dans  leur 
éteridui. 

Ce  rôle  ne  sera  exécutoire  qu'après  l'approba- 
I  lion  des  préfets ,  chacun  pour  le  territoire  cjépen- 
1  dant  du  département  dont  l'administiation  lui  est 
I  confiée. 
1      V.     Ces   trois    commissaires    détermineront   le 

i  contingent  de  chaque  propriétaire  d'après  la  con- 
sommation des  eaux  que  la  profession  qu'il  exerce, 
entraîne,  le  nombre  d'ouvriers  ciu'il  emjpioie  , 
l'étendue  des  terrains  qu'il  occupe  ,  et  autres 
I  données  de  même  nature. 

VI.  Le  contingent  de  chaque  propiiétaire  ou 
manufacturier  sera  payé  dans  le  délai  de  six  mois, 
à  compter  du  1'^'  nivôse  de  fan  9  ,  et  ainsi  de 
suite  pour  chaque  année  ,  savoir  : 

Un  tiers,  deux  mois  après  la  mise  du  rôle  en 
rccouvremerit  ; 

Un  tiers  ,  deux  mois  après  l'échéance  du  pre- 
mier paiement; 

Le  dernier  tiers  ,  deux  mois  après  l'échéance 
du  second  paiement  ; 

De  manière  que  la  totalité  du  recouvrement 
soit  opérée  avant  le  t"  messidor  de  chaque 
année  ,  première  époque  du  curage  annuel. 

VII.  Le  préfet  du  département  de  la  Seine 
nommera  parmi  les  intéressés  un  percepteur  qui 


I     N     T    E     R     I 

Paris,  le  '2']  vendémiaire. 

Le  général  Moreau  est  arrivé  à  Paris. 

Le  général  Vaubois,  qui  commandait  àMalte  , 

et  aujourd'hui    mei-nbre   du    sénat-conservateur  , 
est  arrivé  à  Paris. 

—  Le  cit.  Clément  de  Ris  est  aussi  arrivé  dans 
cette  ville. 

■   —  Le  général  Bénhier  élaitle  i5  vetidemiaire  à 
Barcelonne. 

— '  On  annonce  comme  très-prochaine  h  repré- 
sentation ,  au  théâtre  français  ,  d'une  nouvelle 
comédie  du  citoyen  Andrieux. 


par   la   loi  ,    dont   une  pa 

'"à   rendu    plus    de  j  sera   chargé  du  recouvrement  du   rôle. 

VIII.  Les  propriétés  nationales  seront  soumises 
à  la  répartition  ;  la  cotte  qui  leur  sera  appliquée 
sera  acquittée  par  la  régie  de  l'enregistrement 
sur"  le  produit  desdites  piopriétés. 

IX.  Les  fonds  provenant  de  la  cottisaiion  main- 


j     470,000,000  de  dol. 
centimes. 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT 

Arrêté  du  25  vendémiaire. 


Les  consuls  de  la  répubhque,  sur  le  rapport  du     tenue   par  le  présent  arrêté,  seront  uniquement 

minist.-e   de  l'intérieur  ;  I  '^"'Pio)"  a  1  acquit  des^  dépenses  qu  eniraineot  la 

,  -,   J"        J        K  f     •      I  pouce   et    la  conservation    des    eaux.  La   aucun 

Vu   les  arrêtes  du  conseil  d  état  des  26  tevrier  |  ^^^  ^  .^  „^         „^  ^^.^  1^^,^  ^„^  somme  plus  con- 
1732  et  5  décembre   1741  relal>/s  a  la  iiviere   de  1  ^-j.^^y^   '      ^,^1,^  nécessite  cet  objet. 

Bievre  ,  le  conseil-d  elat  entendu  ,  arrêtent  :  I      ,,,     ,     ^   .    .  ,      „.     ,  .  .         .     , 

Art.  I<^'.  A  commencer  de  ce  jour,    ta  police;      X.   Le   ministre   de    1  inteneur    est    charge    de 
de  la  rivière  de  Bievre  fera  partie  des  attiibutions  l'I'execuuon  du  présent  arrête. 
des  préfets  des  déparîemens  de  la  Seine  ,  de  Seine  ,  ^Lé  premier  consul  ,   signé  ,  Bonaparte. 

et  Oise  et  du  préfet  de  police   de   Par,,,    chacun  |  p^^  ,^  .^^^  ^^^^^^ 

suivant  la  compétence   qui  lui  est  réglée  par  les  ' 

lois  et  arrêtés  du  gouvernement.  '  ~U  secrétaire- d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret_ 


Autre  arrcté  du  mime  jour.  ] 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport  ; 
du  ministre  de  linlérieur  ,  le  conseil  -  d  étal  | 
entendu  ,  arrêtent  :  i 

Art.    !"■.   La    tenue  des    foires   de    la   ville   de  j 
Saint-Amour,  département  du  Jura,  est  lixée  au  1 
premier  jour   de   chaque  mois,    excepté   celle  de 
vendémiaire  qui  n'aura  lieu  que  le  second  jour. 

IL  Le  ministre  de  l'iniérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cuiion  du  présent  ariêié  ,  qui  sera  imprimé  au 
bulletin  des  lois- 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'étal  ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du   même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'éiat 
entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  1'^'.  Les  propriétaires  forains  pourront 
exercer  les  fonctions  de  membres  des  conseils 
municipaux  des  communes. 

IL  Les  membres  des  conseils  municipaux  ne 
seront  pas  nécessairement  portés  au  nombre  fixé 
par  la  loi  ;  il  suffira  qu'il  y  ait  le  nombre  néces- 
saire pour  la  délibération  ,  c'est-à-dire  ',  les  deux 
lier». 

UL  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au 
bulletin  des  lois. 

Le^premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé  ,  H.  B.Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  l'intérieur  ; 

'Vu  l'article  XV  de  la  loi  du  20  septembre  lyg-j 
relative  à  l'état  civil  ,  qui  fixait  à  i'année  i8oo  la 
confection  de  la  première  des  tables  décennales 
des  regisires   de  l'état  civil  ; 

Considérant  que  la  loi  postérieure  qui  a  fixé 
l'cre  républicaine  ,  a  voulu  que  tous  les  registres 
publics  fu.ssent  en  rapport  avec  la  nouvelle  divi- 
sion du  teros  qu'elle  a  déterminé,  le  conseil- 
d'état   entendu  ,  arrêtent  ce  qui  suit  : 

Art.  P''.  La  confection  de  la  premiei>e  des  tables 
décennales  des  registres  de  l'éiat  civil  aura  Heu 
pour  les  dix  premières  années  de  1  ère  répu- 
blicaine ,  dans  le  cours  de  l'an  11  ,  la  seconde  en 
l'an  21  ,  et  ainsi  de  suite  ,  de  dix  en  dix  ans. 

IL  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  lexé- 
cution  du  présent  arrête  qui  sera  inséré  au  bul- 
letin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état,  signé.  H.  B.  Maret. 


107 

Il  jouira   des    prérogatives  •  attachées    à  ladite 
récompense   par    l'arrêté   du   4   nivôse   an  8. 

Donné  à  Paris  ,  le  26  vendémiaire  ,  an  9  de  la 
république  française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


AUNOMDUPEUPLEPRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Colin  ,  fusilier  au 
!"■  bataillon  de  la  i6'  demi-brigade  de  ligne. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la  con- 
daite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatantg  du 
citoyen  Claude  Colin  ,  fusilier  au  i'' bataillon 
de  la  16'  demi-brigade  de  ligne  ,  à  l'affaire  qui 
eut  lieu  à  Ickenhausen  le  27  prairial  an  8,  oià 
ce  brave  militaire  étant  le  premier  de  sa  com- 
pagnie envoyé  en  tirailleur  ,  fut  successivement 
chaigé  par  deux  hussards  autrichiens  du  régi- 
ment de  Ferdinand  ,  les  couche  en  joue  lun 
et  lauire  ,  et  sans  se  déconcerter  ,  quoique  son 
fiâsil  manquât  de  faire  feu  deux  fois  de  suite  , 
parvint  avec  le  secours  de  sa  bayonnclte  seule- 
ment ,  à  mettre  ses  deux  ennemis  hors  de 
combst , 

Lui  décerne  ,  à  litre  de  récompense  nationale  , 
un  fusil  d'honneui. 

Il  jouira  des  piérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  1  arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  ,  le  i5  vondemiaire  ,  an  9  de  la 
république  française. 

Le  premier  consul,   signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier    consul  . 

Le  secrétaire-d' état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé ,  Carnot. 


Au    NOM       DU     peuple     FRANÇAIS. 

1  Srevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Derrieux. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'aptes  le  compte  qui  lui  a  été  ren«lu  de  la  con- 
<luiic  disiinguce  et  de  la  bravoure  éclatante  du. 
citoyen  Claude  Dcrritux  ,  maréchal  -  des  -  logis 
dans  le  1"  régiment  de  chasseurs  à  cheval  ,  à 
1  affaire  d  Ober-Baizheim  ,  le  16  prairial  an  8  ,  à 
l'ariiiéc  du  Eliin  ; 

Lui  décerne  ,  à  tiire  de  récompense  ualionale, 
uoe  laiïbine   d  honneur. 


Au      NOM     DU     PEUPLE     FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur  pour  le  citoyen  Garrick. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
du  Citoyen  Garrick  ,  caporal  dans  la  4'^  compa- 
gnie du  premier  bataillon  des  pontonniers  ,  au 
passage  du  Rhin  à  Reichlingen  ,  où  ,  quoique 
chargé  d'un  autre  travail  et  à  peine  guéri  d'une 
blessure  au  genou  ,  reçue  à  la  consiruciion  d'un 
pont  sur  laReuss  ,  il  s'élança  sur  un  des  premiers 
bateaux  qui  fut  jeté  à  l'eau  en  criant  :  en  avant  . 
en  avant  ;  activa  et  encouragea  par  son  exemple 
l'embarquement  de  l'infanterie,  continua  à  tra- 
vailler avec  activlié  au  passage  des  barques  jus- 
qu'à l'arrivée  de  l'équipage  des  ponis  ,  revint 
alors  reprendre  les  fonctions  qui  lui  avaient  été 
assignées,  et  concourut  autant  à  la  célérité  avec 
laquelle  le  pont  fut  établi  ,  qu'il  avait  contribué 
par  son  ardeur  et  sa  bravoure  au  succès  du  pre- 
mier débarquement  , 

Lui  décerne  .  à  titre  de  récompense  nationale  , 
une  grenade  d'or. 

U  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense   par  l'arrêté   du   4    nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris,  le  26  vendémiaire  ,  an  g  de  la 
république  française. 

Le  premier  consul,    signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d' état ,  signé,  H.  B.  Maret. 


CONSEIL-  D'  ETA  T. 

Finrfu  résumé  de  la  discussion  qui  a  eu  lieu  au  conseil- 
d'état,  au  sujet  des  moyens  à  employer  pour  la 
formation  des  listes  de  notabilité  ou  éligibilité 
communale  ,  prescrites  par  la  constitution. 

Après  avoir  discuté  les  principales  questions 
de  principes  ,  voyons  les  projets  qui  ont  été  pré- 
sentés au  conseil-d'état ,  pour  la  formation  des 
lisies  de  notabilité  communale. 

Le  premier  consiste  à  établir  un  scrutin  com- 
mun pour  tous  les  ci'oyens  de  l'arrondissement  ; 
à  les  faire  voter  dans  leur  municipalité.  Dans  les 
municipalités  considérables  ,  il  admet  la  division 
en  sections  :  chaque  votant  pourrait  voter  sur 
le  dixième  des  citoyens  de  1  arrondissement  ,  et 
choisirait  ce  dixième  sur  la  totalité  de  sa  popu- 
lation ;  les  divers  scrutins  seraient  rassemblés 
par  un  questeur  ,  et  dépouillés  ensemble  au 
chef-lien  de  la  sous  -  préfecture.  Ce  projet  est 
celui  que  la  section  de  l'intérieur  a  présenté  dans 
son  premier  travail. 

Le  second  projet  a  été  proposé  dans  le  cours 
de  la  discussion  au  conseil.  Voici  en  quoi  il 
consiste.  Les  citoyens  voteraient  par  section  , 
pour  une  élection  commune  ;  ils  éliraient  un 
nombre  double  du  dixième  de  la  section  ;  en 
d'autres  mots  ,  le  cinquième  des  citoyens  ayant 
droit  de  voter  ,  les  votans  pourraient  choisir  ce 
cinquième  dans  leur  section  'ou  dehors.  Le 
scrutin  demeurerait  ouvert  pendant  un  tems  in- 
défini. A  la  fin  de  chaque  décade  .  on  ferait 
le  relevé  des  scrutins  :  on  proclamerait  les  choix 
faits  à  une  majorité  quelconque  ;  et  le  scrutin 
serait  fermé  lorsque  le  dixième  de  l'arrondisse- 
ment serait  nommé  à  la  majoiiié  déterminée. 

Un  troisième  ,  proposé  aussi  pendant  la  dis- 
cussion ,   peut  être   ainsi   résume. 

L'élection  serait  commune  ;  le  scrutin  serait 
divisé.  Les  sections  voleraient  sur  un  nombre 
égal  au  cinquième  de  leurs  habitans  ,  et  les 
prendraient  à  volonté  dans  leur  section  ou  de- 
hors. Le  dépouillement  du  scrutin  se  ferait  à  la 
sous-préfecture  ;  les  candidats  qui  auraient  la 
majorité  absolue  ,  seraient  nommés.  Si  le  pre- 
mier dépouillement  ne  fournissait  pas  une  liste 
du  dixième  des  citoyens  ayant  droit  de  voter  , 
on  feratt  an  autre  scrutin  pareil  au  preiiiier  , 
et  le  dépouillement  s'en  ferait  au  chef-lieu  ;  les 
candidats  qui  auraient  la  majorité  absolue  à  ce 
second  scrutin,  seraient  élus.  Si  ,  apiès  ce  second 
scrutin  ,  le  dixieihe  des  citoyens  de  l'arrondisse- 
nrient  n'était  pas  complet  ,  on  ferait  une  listé 
des  catididais  qui  auraient  le  plus  de  voix  dans 
ces  deux  scrutins:  celte  liste  serait  égale  au 
double  du  nombre  des  places  à  remplir  :  lessec- 
lion»  feraient  un  tioisiemc  scrutin  sur  cette  liste  ; 
e'  cette  fois,  au  dépouillement  commun  ,  la 
majorilé  compaïaiive  suffirait. 

'Un  quatrième  piojet  êstsorii  comme  le  pré- 
cédcnl  de  la  discussion  ,  mais  a  été  remis  à  la 
aeciion  sans  eue  présenté  au  conseil.  En  voici 
!a  substance. 

l)*ns^  chique  municipalité,  uA  rej^isirè  'de  cai*i- 
didals  ieraii  ouvert  chez  le  lUciirc  pendant  quinze 


Jours    :    chaque    citoyen    pourrait    s'y     inscrire? 
chaque   citoyen  pourrait  en  inscrire  autant  d'au- 
tres    qu'il    le    jugerait    à-propos  ,     pourvu    qu'il 
n'excédât   pas  le   dixième    de    l'arrondisseinent. 
Ces  listes  municipales  seraient  envoyées  au  sous- 
préfet,  et     le   dépouillement    en   serait  fait   à  la       • 
sous  -  prélecture.    Si    le    nombre    des   candidats 
excédait  le  cinquième   des  citoyens  de  l'arrondis- 
semenl  ayant    droit  de  voter  ,  il  serait  réduit  au 
cinquième    par   la  radiation    de   tous   les    noms 
qui   réuniraient   le  moins   de    suffrages  :   la  liste 
strnit   ensiiiie    fermée   ei   publiée.  Ce   sciait   sur 
celte    liste    que    les  citoyens   picndraicnt   les  no- 
tables.   Si  le   nombre  des  candidats    ne   montait, 
pas    au    cinquième  ,  la.  liste    ne  sérail  point   fer- 
mée :   elle   serait  publiée,  elles  registres  seraient, 
ouverts  encore  trois  jours  ,   afin  que  le  nombre 
pût  être  poité  au  cinquième.   Les  nouvelles  listes 
produites   par  cette   inscription    supplémentaire  , 
seraient   dépouillées  ,    et    les    voix    additionnées' 
avec   les   autres;    le   nombre   loial    en   setaii  ré- 
duit   au    cinquième    par     le    retranchement    des 
noms     qui    auraient  le  ■  moins   de  suflrages.   Les' 
scrutins  d  éieciion  se  feraient  sut  ces  lisies  ,  qiji  , 
pour  cet  elfet ,  seraient  envoyées  à  toutes  les  mu- 
nicipaliiés     de    l'arrondissernent    :    les    élections 
n'auraient    lieu    qu'un   mois  apiès    la   publication' 
de  la  liste  définitive  des   ciiididats  :  chaque  vo- 
tant réduirait  la  liste  à  moitié. 

Le  cinquième  projet  ,  présenté  au  conseil  par 
un  de  ses  membres  ,  est  lait  dans  le  système 
des  élections  seciionnaires.  L'arrondissement 
communal  serait  divisé  en  sections  de  quatre 
cent  cinquante  à  neuf  cents  vCHans.  Chacun 
nommerait  son  dixième  dans  son  sein  ,  à  la 
majorité  absolue;  la  réunion  des  lisies  forme- 
rait  la   liste   communale. 

Le  sixième  projet  ne  diffère  du  précédent  que 
par  le  nom  qui  serait  donné  aux  sections.  Les 
élections  et  les  scrutins  seraient  seciionnaires 
seulement  les  se- lions  seraient  nommées  arron- 
dissement communal  :  les  élections  auraient  lieu 
à  la  majoiiié  absolue. 

Le  septième  projet. est  celui  que  la  section  de- 
l'intérieur  a  présenté  dans  son  second  travail.  Il 
propose  une  élection  mixte,  c'est-à-dire  ,-essen- 
lieilement  communale  ,  accidentellement  seciion- 
naire.  L'opéraiion  du  scrutin  serait  divisée  en 
sections  de  cent  à  deux  cents  citoyens.  Les  votons 
ne  pourraient  voler  que  sur  un  nombre  de  citoyens 
égal  au  cinquième  de  la  division  dont.d-,  feraient 
partie  ;  ils  seraient  obligés  de  choisii  moiiié  de 
ce  cinquième  hors  de  leur  division  ,  et  pourraient 
la  prendre  dans  toute  la  population  de  l'arron- 
dissement,  et  l'autre  moitié  dans  leur  division. 
Les  divers  scrutins  ,  réunis  d'abord  chez  les  maires , 
recueillis  ensuiie  par  un  questeur,  seraient  portés 
au  chef-lieu  de  1  arrondissement  ,  et  dépouillés 
en  commun  ;  et  la  majorité  comparative  ferait  les 
notables. 

Le  huitième  projet,  proposé  dans  le  conseil, 
présente  des  élections  communes  ,  dont  les  scru- 
tins ,  divisés  en  sections  de  deux  cents  citoyens  , 
seraient  dépouillés  au  chci-lieu.  Chaque  seciion 
nomraeraitdansson  sein  le  cinquieuie  des  citoyens 
ayant  droit  de  voter  ;  et  ce  cinrjuieme  ,  rassemblé 
toujours  par  section  ,  mais  volant  sur  toutes  les 
lisies  ,  se  réduirait  au  dixième  par  un  second 
scrutin  :  les  résultats  de  lous  ces  scruiins  parti- 
culiers ,  réunis  au  chef-lieu  ,  formeraient  la  liste 
communale. 

Le  neuvième  projet  présenté .  consiste  dans  les 
opérations  suivantes  : 

On  divisera  l'arrondissement. en  sections;  cha- 
cune élira  le  dixième  de  ses  .citoyens  ayant  droit 
de  voter  ,  et  enverra  sa  lisie  au  sous-piéfei.  Le 
sous-préfet  enverra  toutes  les  lisies  à  chaque  sec- 
tion; chaque  seciion  voleta  sur  la  liste  des  autres. 
Les  listes  qui  auront  la  sanction  de  la  majorité  de» 
sections,  serviront  à  composer  la  liste  nationale. 

Enfin,  un  dixième' et  dernier  projet  ofi're  les 
idées  suivantes  : 

L'arrondisserifteWt  cotwmuiiàl  Serait  divisé  en 
sections.  Ghàque''!!'ecli'6n  ëliraii  ^é  viiigiieme  de 
ses  projpi'es  citoj'éhs':  ce  vînê'tièlne  deviendrait 
corps  électoralpour  l'autre  vingtième.  Il  choisirait 
cet  autre  vingiieme  sur  le  reste  de  larrondisse- 
meni  ;  tiials  pour  s.uver ■  lillégatite  de  lélection' 
indirecte  qui  attrait  lieu  pour  le  second  vingtième  , 
le  premier  vingtième  élu  opérerait  en  deux  fois  , 
c'est- j-dire  ,  rie  nomineraii  qu'u'i  qilaramieme  des 
notables'  par  une  première  élection  ;  et  avant  dé 
procéder  à  l'élection  du  second  qùaraiitiernc  ,  il 
soumetirait  lelecticin  du  premiei'  au>t  assemblées 
sectionnaiieS  ,  qui  admettraient  ou  rejetieiaient  à 
la  majorité  absolue.  Le  nombre  des  lufusés  scraïf 
ajouté  au  second  quaianiieme  qui  resterait  à  élire  ; 
l'élection  se  ferait  comme  pour  le  premier,  et  le 
résultat  du  scrutin  serait  de  mêiiie'  présenté  à  la 
sanction  des  sections.  Le  nombre  des  ndins  rcjeicS 
serait  remplacé  par  une  iroisietirie  clcciion  ,  (juii 
serait ,  comme  les  précéderites  ,  soumise  au  vctB 
des  sections.  ' 

ïcUe  est  la  substance  des  projets  soumis  à  lal- 

tenliOii  du  eon:>eil.  On  pouria  les  apprécier.  rH 

j  leur  appliquant  les  principes  qui  ont  été   d£>c- 


io8 


loppés  plus  haut.  Pour  faciliter  cette  application , 
nous  observerons  d'abord  qu'on  peut  les  partager 
en  trois  classes  ,  suivant  les  différences  qui  les 
caractérisent.  Les  quatre  premiers  sont  le  système 
des  élections  communales;  les  cinquième  et  sixième 
sont  dans  le  système  des  élections  sectionnaires  ; 
les  quatre  derniers  sont  mixtes. 

Ce  qui  distingue  les  projets  d'élections  purement 
communales  ,  c'est  qu'ils  iont  les  plus  exactement 
conloriiies  à  la  constitution  ,  mais  en  même  tems 
les  plus  compliqués  et  les  plus  difficiles.  Ce  qui 
caractérise  les  projets  sectionnaires ,  c'est  qu  ils 
sont  d  une  pratique  simple  et  facile  ,  mais  lout-à- 
fait  opposés  aux  principes  constitutionnels.  Le 
caractère  des  projets  mixtes  ,  c'est-à-dire  ,  qui 
offrent  des  élections  communales  au  fond  et  s^c- 
'donnaires  par  accident ,  sont  ceux  qui  réunissent 
le  mieux  les  deux  conditions  nécessaires  ,  savoir  , 
la  facilité  d'eKécution  ,  et  la  conformité  avec  les 
principes  constitutionnels. 

Le  conseil  pensera  ,  sans  doute  ,  qu'il  suffit  que 
lès  modes  d'élection  ,  d'accord  avec  la  lettre  et  I 
l'esprit  de  la  constitution  ,  ainsi  qu'avec  les  prin- 
cipes de  la  représentation  ,  ne  soient  pas  impos- 
sibles à  exécuter  .  pour  qu'il  faille  écarter  d'abord 
de  la  discussion  ceux  qui  y  sont  opposés.  L'im- 
possibilité absolue  et  démontrée  de  faire  des  listes 
de  notabilité  sans  sortir  des  principes  ,  pourrait 
seule   autoriser   à  en    sortir.  Ainsi  ,   d'après  les 

Freuves  que  nous  avons  données  plus  haut  de 
illégalité  des  élections  sectionnaires  ,  nous  nous 
croyons  autorisés  à  penserque  le  conseil  éliminera 
de  la  discussion  les  cinquième  et  sixième  projets  , 
et  nous  n'en  parlerons  pas  davantage. 

Le  premier  projet  paraît  être  exactement  calqué 
sur  la  consiiiution.  Chaque  votant ,  comme  on  a 
vu  ,  pourrait  voter  sur  le  dixième  des  citoyens  de 
l'arrondissement.  Rien  de  plus  régulier  en  appa- 
rie ne  e  ;  m.is  rien  qui  le  soit  moins  en  effet  ,  rien 
»uriout  de  plus  difficile  dans  l'exécution. 

Sur  douze  mille  votans  qui  auraient  à  voter , 
chacun  pour  douze  cents  noms  ,  il  y  en  aurait  à 
peine  cent  qui  ,  par  leur  âge  ,  leurs  fonctions 
habituelle»  ,  pi;sseni  voter  en  conscience  sur  deux 
cents  ;  et  le  grand  nombre  ,  surtout  des  habitans 
de  la  campagne  ,  pourraient  à  peine  en  désigner 
dix.  Cette  forme  donnerait  donc  un  privilège 
d'influence  à  une  petite  minorité  ,  au  préjudice 
de  la  presqu'universalité  ;  et  dans  cette  minorité 
se  trouveraient  les  intrigans  et  les  hommes  de 
paiti  :  voilà  le  résultat  politique. 
Voyons  les  difficultés  mécaniques. 
Les  voix  pourraient  se  disséminer  sur  douze 
rtllle  noms  différens  qu'il  faudrait  enregistrer  , 
et  pour  chacun  desquels  il  faudrait  ouvrir  un 
compte  de  suffrages.  Ainsi  le  dépouillement  se- 
rait un  travail  immense  ,  çur-tout  si  tous  ceux  qui 
ont  droit  de  voter,  exeiçaient  leur  droit,  puts- 
qualors  il  y  aurait  douze  mille  suffrages  à 
compter. 

Mais  quel  que  fiit  le  nombre  des  votans  et  celui 
des  citoyens  désignés  ,  il  arriverait  inévitablement 
qu'un  très-petit  nombre  d  hommes  très-connus 
réuriiraient  seuls  une  majorité  raisonnable  ,  et 
que  la  plupart  dés  voix  seraient  éparpillées  une 
à  une  sur  des  têtes  obscures  ,  ou  sur  des  hommes 
mal-famés.  Ainsi  un  premier  scrutin  pourrait 
fournir  une  petite  portion  du  nombre  de  nota- 
bles requis,  et  il  faudrait  procéder  à  un  nombre 
indéfini  de  scrutins,  tous  aussi  nombreux,  tous 
aussi  difficiles  que  le  premier  ,  pour  compléter 
le  dixième  des  citoyens  de  l'arrondissement. 
Q^aand  le  législateur  pourrait  passer  sur  les  diffi- 
cultés d'un  scrutin  uniijue  ,  il  ne  pourrait  passer 
sur  leur  répétition.  Une  année  pourrait  ne  pas 
suffire  à  l'opération  ,  et  par  cette  raison  il  serait 
douteux  qu'elle  parvînt  à  son  accomplissement  ; 
car  on  ne  peut  concevoir  qu'une  nation  ,  telle 
que  la  nation  française  ,  puisse  et  veuille  passer 
lane  année  à  faire  une  élection. 

Le  second  projet,  tendant  à  faire  voter  par 
sections  pour  une  élection  commiane,  et  sur  un 
nombre  double  du  dixième  de  la  section  ,  qui 
serait  pris  surtout  l'arrondissement,  est  exempt 
des  inconvéniens  politiques  du  premier.  A  la 
vérité,  il  laisse  le  scrutin  ouvert  pendant  un  tems 
illimité  ;  mais  comme  il  prescrit  de  faire,  à  la 
fin  de  chaque  décade  ,  le  relevé  du  scrutin  .  et 
de  proclamer  les  choix  qui  ont  obtenu  une  ma- 
jorité raisonnable  ,  les  votans  des  seconde,  troi- 
sième et  quatrième  décades  étant  avertis  succes- 
sivement de  voter  sur  des  citoyens  autres  que 
ceux  qui  ont  été  élus  dans  la  décade  précédente  , 
les  voix  ne  s'accumuleraient  pas  iriutilement  sur 
quelques  hommes  ,  et  seraient  obhgées  de  se  ré- 
Dandre  ;  dcsorte  qu'en  quatre  ou  cinq  décades  , 
l'opération  pourraitêtre  consommée  ,  et  l'être  par 
in  seul  scrutin.  Il  est  bien  entendu,  dans  ce  sys- 


Le  troisième  projet  ,  en  proposant  de  f^ire  vo- 
ter par  sections  sur  un  nombre  égal  au  cinquième 
des  habitans  de  l'arrondissement,  mérite  bien 
plus  ([ue  le  premier  le  reproche  de  donner  aux 
intri>j;jns  ou  ?ux  hommes  d'un  certain  â.;e  et  d  uuc 
Certjine  profession,  un  avantage  inimense  sur  U\ 
majorité  des  citoyens.  En  effet ,  le  premier  pro- 
jet ne  donne  à  ces  hommes  que  le  droit  de  nom- 
mer le  dixième  du  département;  et  celui-ci 
doublant  le  nombre,  double  par  conséquent  le 
privilège. 

D'ailleurs  ce  projet  exigeant  pour  l'élection  une 
majorité  absolue  ,  et  ne  présentant  aucun  moyen 
d'assurer  qu'un  seul  scrutin  étendra  l'élection  au 
dixième  des  citoyens  de  l'arrondissement  ayant 
d:oit  de  voter  ,  il  admet  la  possibilité  de  trois 
scrutins  successifs  ;  et  il  paraît  géiiéralement  re- 
connuquetroisscrutins  rendraient  l'opération  trop 
pénible  ou  trop  contrariante  ,  pour  qii'on  pût 
espérer,  de  la  pitience  ou  des  occupations  po- 
pulaires ,  un  concours  soutenu  jusqu  à  la  fin  de 
l'opération.         ■ 

Le  quatrième  projet  est  établi  sur  l'idée  d'une 
liste  de  candidats  qui  se  sontpréseniés  eux-mêmes 
comme  chez  les  romains, ou  l'ont  été  par  d'autres 
citoyens  ,  et  dont  le  nombre  ,  étant  double  de 
celui  des  notables  demandés  ,  n'a  besoin  que 
d'être  réduitàmoitié  parles  suffrages  des  citoyens 
divisés  en  sections  :  ce  projet  aurait  sans  doute 
l'avantage  de  procurer  l'indication  de  tous  les 
hommes  de  quelque  mérite  ,  entre  beaucoup 
d'autres  ;  il  donneiuit  aux  votans  la  faculté  de 
prendre  d'utiles  inlorraaiions  ,  et  le  moyen  d'é- 
tendre leur  choix  au  nombre  de  citoyens  demandé 
par  la  loi.  Suivant  ce  plan  ,  la  liste  dj  dixième  de 
l'arrondissement  serait  sûrementcomplettée  ;  et  les 
notables  seraient  nommés  en  venu  d'un  vœu  plus 
éclairé  et  plus  général. 

Mais  ne  serait-il  pas  à  craindre  que  ce  système  , 
très-convenable  et  très-moral  dans  des  tems  ordi- 
naires, ne  tût  dangereux,  perturbateur  et  cor- 
rupteur ,  venant  immédiatement  à  la  suite  de  tems 
orageux?  n'ouvrirait-il  pas  la  porte  aux  haines  , 
aux  lessentimens,  à  la  calomnie ,  à  la  persécution? 
Dans  les  tems  ordinaires,  les  esprits  s'échauffent 
au  moment  des  élections,  par  le  désir  d'avancer; 
apiés  des  tems  de  trouble  ,  ils  éprouvent  peut-être 
moins  le  désir  de  faire  son  propre  bien  que  celui 
de  faire  le  mal  d'autrui  ,  et  l'on  songe  moins  à 
devancer  un  concurrent,  qu  à  détruire  tout  ce 
qui  se  montre  dans  la  carrière. 

Nous  voici  parvenus  aux  quatre  formes  d'élec- 
tions que  nous  avons  appelées  mixtes ,  c'est-à-dire, 
partie  communales, et  partie  sectionnaires.  Ce  sont 
les  septième  ,  huitième  ,  neuvième  et  dixième 
projets  résumés  plus  haut. 

Le  septième  est  celui  qu'a  proposé  la  section  de 
l'Intérieur  dans  son  second  travail. 

On  a  vu  qu'il  ccnsistait  à  diviser  les  votans  ert 
sériions  de  cent'  à  deux  cents  citoyens;  à  les 
faire  voter  hors  de  Irur  section,  sur  un  iiombre 
de  citoyens  égal  au  dixième  de  cette  section  ,  et 
en  mème-iems,  par  une  liste  distincte,  sur  un 
nombre  semblable  de  citoyens  piis  dans  leurs  sec- 
tions. Les  listes  de  citoyens  pris  hors  des  sec- 
tions ,  seraient  dépouillées  les  premières  ;  et  ce 
serait  seulement  dans  le  cas  où  elles  ne  produi- 
raient pas  le  dixième  des  citoyens  de  l'arrondis- 
sement ,  qu'on  procéderait  au  dépouillement  des 
secondes. 

Il  est  clair  que  ,  dans  ce  système  ,  les  élections 
seraient  essentiellement  communales  ,  et  qu'elles 
ne  deviendraient  sectionnaires  que  par  accident: 
ce  ne  serait  qu'après  l'épuisement  des  noms  aux- 
quels aurait  été  attachée  une  majorité  commu- 
nale ,  qu'on  arriverait  ,  en  cas  de  déficit  ,  à  ceux 
qui  nauraient  qu'une  majorité  sectionnaire  ; 
même,  à  proprement  parler  ,  les  élections  faites 
sur  les  listes  de  noms  pris  par  les  votans  dans 
leurs  sections  ,  seraient  elles-mêmes  communales, 
puisque  ,  n'étant  faites  que  pour  suppléer  à  l'in- 
suffisance des  listes  de  noms  pris  sur  tout  l'arron- 
dissement ,  elles  seraient  autorisées  par  l'arron- 
dissement entier  ,  qui,  n'ayant  pu  trouver  par 
une  votation  communale  le  nombre  de  notables 
requis ,  s'en  serait ,  en  quelque  sorte  ,  remis  à 
chacune  de  ses  sections  pour  la  nomination  du 
nombre  complémentaire. 

On  peut  considère*  comme  un  avantage  propre 
à  ce  système,  de  donner  au  mérite  généralement 
distingué  tous  ses  avantages,  et  cependant  de 
laisser  aussi  à  un  grand  nombre  de  sections 
l'espérance  devoir  sortir  de  leur  sein  un  notable 
moins  connu  que  digne  de  l'être.  Il  concilie  les 
droits  de  la  célébrité  avec  ceux  du  mérite  mo- 
deste et  ignoré. 

Quant  au  mécanisme;  des  opérations  qu'il  exige, 
il  est  simple;  un  seul  scrutin  donne  souvent  la 
majorité  ,  et  dans   un  tems  déterminé. 


citoyens  pour  en  former  une  liste  de  candidats , 
proiduirait  des  élections  purement  sectionnaires  ; 
mais  il  les  rend  communales  ,  en  fesant  crisuile 
voter  ces  sections  sur  toutes  les  listes  section- 
naires réanie^  .  pour  les  réduire  au  dixième.  Ce 
projet  paraît  donc  constitutionnel.  Mais  une  diffi- 
culté d'exécution  se  présente  :  c'est  que  rien 
n'assure  assez  positivement  qu'un  seul  scrutin 
terminât  l'élection  ,  les  suffrages  pouvant  opérer 
la  réduction  des  listes  d'une  manière  si  diverse, 
qu'il  ne  se  trouve  pas  ,  pour  un  dixième  des 
citoyens  de  l'arrondissement,  une  majorité  raisonr 
nable  ,  c'est-à-dire  ,  au  moins  égale  au  no^hbre 
des  citoyens  composant  une  section. 

Le  neuvième  projet  ,  consistant  à  faire  voler 
chaque  section  sur  la  liste  de  tous  les  autres  ,  en- 
traînerait nécessairement  plusieurs   scrutins. 

Le  système  du  huitième  projet  n'établit  que  la 
possibilité  d'une  double  opération.  ;  dans  celui- 
ci  ,  on  ne  pourrait  absolumeut  en  éviter  deux  ,  et 
même  trois. 

Enfin  le  dixième  et  dernier  projet  présente 
la  nécessité  de  trois  élections  successives  ,  et  la 
possibilité  de  plusieurs  autres  encore;  ainsi  la 
difficulté  et  la  longueur  île  son  mécanisme 
semblent  ne  pas  permettre  de  s  arrêter  à  sa 
substance. 

Conclusion^  La  section  de  l'intérieur  estime  , 
d'après  ce  qui  précède  ,  que  la  discussion  du 
conseil  doit  maintenant  se  borner  aux  second  , 
septième  et  huitième  projets. 

MINISTERE  DE  LA   GUERRE. 

Levée  des  40,000   chevaux. 
Le  département  de  l'Aude   a  terminé. 
Relevé  du    nombre    des   chevaux   Journis    défauts  le 
16  vendémiaire  an  g  .,  jusqu'au  26  suivant. 
Le   nombre   des   chevaux   levés   à 
l'époque  du  16  vendémiaire,  était  de        44,829 
Ceux  levés  depuis  ,  s  élèvent  à. .  . .  ibij 


Total  au  26  vendémiaire  an  g. 


45,088 


têrae,    aue  les  sections   de  l'arrondissement  au-  .,,,.,. 

raien    toute  leur  décade  marquée  pour  l'émission     ^  La   section  de  finieneur  pense  que   ce  projet 
de  leur  suffrage.  Ce  projet   est  un    de   ceux  qui     demande  encore  d  erre  pr.s   en   considération, 
peuvent  mériter  une  nouvelle  discussion  dans  le         Le  huitième  projet  ,  en  se  bornant  à  faire  nom- 
conseil.  \  ^^''  P^''    chaque    section    le    cinquième   de    ses 


MINISTERE  DE  LA  MARINE, 
Le  ministre  reçoit  tous  les  jours  des  pétitions 
qui  lui  sont  adressées  par  des  sous-officieis  ei 
soldats  d'artillerie  ûe  la  marine  ,  ou  par  leurs, 
patens  ,  pour  obtenir  des  congés  limités  ou  abso- 
lus. Comme  il  ne  peut  statuer  sur  les  demande* 
de  cette  nature  que  d'après  l'avis  des  corps  aux- 
qi'els  ces  militaires  sont  attachés  ,  il  les  prévient 
que  c'est  à  leurs  chefs  qu  ils  doivent  remellfç 
leurs  réclamations  ,  et  qu'il  ne  sera  répondu  à 
aucune  pétition  qui  n'aura  pas  été  envoyée  au 
ministre  par  les  corps  ou  les  conseils  d'adminis- 
tration. 

PRÉFECTUREDE     POLICE. 

La  société  ,  et  particulièrement  la  classe  de» 
commeiçjns  ou  négocians  ,  ne  sauraient  être 
trop  en  garde  contre  la  ruse  de  certains  indi- 
vidus auxquels  on  confie  des  marchandises  ,  et 
qui  ,  lor-iqu  ils  les  ont  vendues  ,  ccJuvrent  la 
plus  insigne  escroquerie,  des  apparences  d'un 
vol  à  la  suite  d'un  assassinat  dont  ils  disent 
avoir  été    les  victimes. 

Le  6  de  ce  mois  ,  un  particulier  de  retour  des 
comiïiissions  dont  plusieurs  maichauds  l'avaient 
chargé  pour  diftérenies  foires  ,  rentre  chez  lui  , 
la  tête  ensanglantée  ,  et  dit  avoir  été  volé  d'une 
somme  assez  considérable  ,  à  huit  heures  du  soir , 
dans  1-s  Champs-Elisées  après  avoir  reçu  un 
coup   de  sabre   sur  la    tète. 

Il  aété  reconnu  que  la  prétendue  blessure  de 
ce  particulier  n'était  qu'une  légère  incision  à  la 
peau  ,  ou  une  égraiignure  qui  .  le  lendemain  ^ 
était  presque  fermée.  Un  enfant  de  douze  ans  qui 
l'accompagnait ,  ne  s'était  pas  appevçu  que  son 
père  eût  été  attaqué  ;  en  un  mot ,  des  indice» 
irrécusables  ont  prouvé  que  cet  homtne  n'avait 
été  ni  volé  ni  assassiné. 

GOUKS     DUC  M  ANGE. 
Bourse  du  27  vendemiain 

Rente  provi&oirc aS  fr. 

■fiers  consolidé 36  ir.  20  c. 

Bons  deux  tiers 1  .  fr.  6g  c. 

Bons  d'arréragé 86  ir.  40  c. 

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~        S  P  E  G  T  A  C  L  E  S. 

Théâtre  de  la  REPUBLtq^uE  et  des  Arts. 
Auj.  les  Horaces,  ei  le  bàWet  de  Télémaq.ue. 

l'HÉATRE  Dti  la  RUE  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  3^  repr.    de  Tjméo  ^    opéra    en  trois    actes. 

Théâtre  du  V  audevillf..  Auj.  Pour  tl  Co^n  ; 
la  3"  repr.  de  Téniers  ,   et  les  Otages. 

Théâtre  DESJEUNES  élevés,  rue  deTbionville. 
Aui.  l'Ecole  de  l'adolescence;  tes  Marchés  de  Philis  , 
et  hicaise. 


A  Paris ,  de  l'imprimeris  du  cil.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  tue  4es  Poijevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N" 


29- 


No 


mnidi ,  29  vendémiaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Jous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M  O  NI  T  E  U  R  est  le  seul  journal  oficieL 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemen: ,  les  nouvelles  des  armées    ainsi  n.ie  le.  Ç,\r.  ^r  \' 
,        .  •       '  •  r        •  '  "      '"  laits  et  les  notions  tant  i 

1  intérieur  que  sur  1  extérieur,  rournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  1 1  octobre.  (  19  vendémiaire.) 

Suite  du  discours  de  M.  Fox. 

jLi'OPlNloN  de  ce  parli  liberticide  prévalut  pen- 
dant un  tems.  Aptes  avoir  épuisé  noire  or  ,  pro- 
digué notre  sang  et  démembré  l'empire,  elle  fut 
à-la-fin  obligée  de  se  plonger  dans  l'ombre  et 
de  faire  place  à  des  opinions  libérales.  La  liberté 
rentra  d.Tns  ses  droits  ,  et  les  principes  ,  bases  de 
notre  révolution  ,  reprirent  leur  ascendant. 
Malheureusement  pour  l'empire  germanique  ce 
triomphe  ne  fut  pas  de  longue  durée.  Bientôt 
la  doctrine  pernicieuse  rjui  nous  fit  perdre  l'Amé- 
rique se  remontra  au  grand  jour  ,  et  la  liberté 
fut  comprimée  de  nouveau.  Bien  aveugle  est 
celui  qui  ne  voit  pas  que  si  les  motifs  de  la 
guerre  actuelle  contre  la  France  différent  en 
quelqtics  points  de  ceux  de  la  guerre  contre 
l'Amérique  ,  ils  partent  néanmoins  du  même 
principe,  de  ce  principe  qui  veut  asseoir  le  des- 
potisme sur  les  ruines  de  la  liberté.  J'ai  dû  donc, 
messieurs  ,  m'opposer  à  la  guerre  présente  ,  par 
les  mêmes  raisons  qui  m'avaient  (ait  me  déclarer 
contre  la  guerre  américaine.  Si  celle-ci  a  été 
très-dispendieuse,  certes  on  ne  niera  pas  que 
l'autre  l'est  encore  plus.  Mais  quel  a  été ,  en  der- 
nière analyse  ,  le  résultat  de  notre  argent  dé- 
pensé pour  soumettre  l'Amérique  ?  D'avoir  con- 
tribué à  aggrandir  c?  pays 'et  à  fonder  son  indé- 
pendance. Si  telle  a  été  la  finale  de  cette  guerre, 
que  ne  devra  pas  opérer  celle-ci  ?  Déjà  elle  a 
procuré  à  la  France  une  plus  grande  occasion 
d'étendre  son  territoire  et  d  augmenter  sa  gloire. 
Plus  la  perfidie  et  la  rage  de  ses  ennemis  se  sont 
accrues  ,  plus  elle  a  acquis  de  puissance  et  de 
célébrité.  Les  résultais  de  cesdeux  guerres  doivent 
avoir  cependant  des  difFétences  pour  nous. 
L'aggrandissement  de  l'Amériijue  ne  saurait  de 
quelques  siècles  menacer  le  repos  ou  la  sûreté 
de  I  Angleterre.  Il  n'en  est  pas  ainsi  de  cette 
guerre  contre  la  France  ;  nos  procédés  nous  en 
ont  fait  une  ennemie  ulcérée,  et  une  rivale  plus 
formidable. 

{La  suite  dans  les  feuilles  prochaines.) 


L'extrait  suivant  ,  tiré  du  second  volume  des 
recherches  asiatiques,  fournit  une  preuve  assez 
frappante  du  degré  de  perfection  otj  les  science* 
ont  été  portées  dans  1  Orient. 

u  Qijant  au  théorème  du  binôme  ,  binomial 
theorem  ,  sori  application  aux  signes  fraction- 
naires resta-ra  peut-être  toujours  la  propriété 
exclusive  de  Newton  ;  mais  U  question  suivante 
et  sa  solution  montre  évidemment  que  les  indiens 
l'ont  aussi  bien  compris  pour  les  nombres  entijrs 
que  Briggs  ,  et  beaucoup  mieux  que  Pascal.  Le 
docteur  Stution  ,  dans  son  excellente  édition  des 
tables  de  Sheiwins  ,  a  dernièrement  rendu  jus- 
tice à  Briggs  ;  mais  M.  Whitchell  .  qui  présenta 
il  y  a  quelques  années  Briggs  comme  étant  in- 
contestablement l'inventeur  de  la  méiliode  diffé- 
rentielle ,  dit  qu'il  a  trouvé  dans  beaucoup  d'au- 
teurs anciens  des  traces  du  théorème  du  binôme  ; 
néanmoins  la  méthode  par  laquelle  ce  grand 
homme  chercha  les  puissances  indépendantes 
l'une  de  l'autre  ,  est  exactement  la  même  que 
celle  que  nous  voyons  dans  l'extrait  suivant  , 
tiré  du  sanscrit. 

5)  Un  palais  de  rajah  a  huit  portes  :  ces  portes 
sont  ouvertes  chacune  par  un  seul  homme  ,  dans 
un  icms  donné,  ou    par  deux   hommes  ,  ou   par 
trois  ,  et  ainsi  de  suite  ,  jusqu'à  ce  qu'elles  soient 
toutes  ouvertes  ensemble.   On  demande  quel  est 
le  nombre  de  tems  qui  sera  nécessaire?  Rangez, 
comme  ci-dessous  ,  le  nombre  des  portes  ,  allant 
de  gauche  à  droite  ,  toujours  en  diminuant  d'une 
unité  ,  jusquà   un,   dans    le    rang    suj.éiieur,  et 
suivant  tin  ordre  contraire  dans  le  rang  inférieur  : 
87654321 
12345678 
divisez  le  premier  nombre  8  par   le    i   placé  des- 
sous ,  le  quotient  8  vous  donne  le  nombre  d'ins- 
tans  nécessaire  à  un  homme  pour  ouvrir  les  huit 

Îiortes  dans  un  tems:  multipliez  ce  nombre  8  par 
e  terme  suivant  7  ,  et  divisez  le  produitpar  le  2 
qui  est  au-dessous  ,  le  résultat  28  sera  le  nombre 


d'instans  nécessaires  pour  que  deux  portes  diffé- 
rentes soient  ouvertes  :  multipliez  28  par  le  6  , 
et  divisez  le  produit  par  le  3  qui  est  au-dessous, 
vous  aurez  pour  quotient  56  ,  nombre  des  ins- 
tans  nécessaires  pour  ouvrir  trois  portes  :  multi- 
pliez ces  56  par  le  5  ,  que  vous  diviserez  par  le  4 
placé  au-dessous  ,  70  sera  le  nombre  d'instans 
mis  à  ouvrir  quatre  ponds.  Eu  procédant  aimi , 
vous  aurez  56  pour  les  cinq  portes  à  ouvrir; 
28  pour  les  six;  8  pour'  les  sept;  cl  enfin  i 
pour  les  huit  portes  ouvertes  en  même-iems. 
La  somme  de  tous  ces  difFi^rens  instans  est  255. 
(  Extrait  du  Sun.  } 

I     NT     É     R     I     E     U     R. 

Le  Havre ,  le  21  vendémiaire. 

Les  vents  contraires  en  retenant  dans  notre 
port  les  corvettes  le  Géographe  et  le  Naturaliste, 
destinées  à  l'expédition  de  découvertes, comman- 
dée  par  le  capitaine  Baudin  ,  ont  donné   le  tems 

I  aux  savans  et  aux  marins  de  se  connaître,  et  les 

I  amis  des  sciences  voient  avec  une  vive  satisfac- 
tion que  l'union  la  plus  parfaite  règne  enir'eux. 
Confiance  méritée  dans  le  talent  des  chefs  ,  satis- 
faction mutuelle  du  choix  qu'a  fait  le  gouverne- 
ment, voilà  ce  qui  doit  tout  faire  espérer  de 
cette  réunion  intéressante  d'hommes  qui  ,  par 
leurs  travaux  et  leurs  observations  vont  ajouter 
aux  connaissances  humaines. 

Les  officiers  se  sont  réunis  aujourd'hui  pour 
donner  un  grand  repas  aux  savans  de  l'expédi- 
tiori.  Les  deux  vaisseaux  le  Géographe  et  le  Natu- 
raliste étaient  représentés,  l'un  par  un  sphinx  et 
une  boussole,  l'autre  par  une   ancre  environnée 

,  de  fleurs;  des  guirlandes  de  laurier  et  d  olivier 
les  unissaient.  Autour  de  ces  emblèmes  étaient 
entrelacés  les  chiffres  des  deux  capitaines  ,  les 
citoyens  Baudin  et  Hamelin.  La  gaîté  ,  l'union  la 
plus  franche  ont  présidé  à  ce  banquet  amical. 
Sur  la  fin  on  a  porté  plusieurs  toasts  ,  parmi  les- 
quels on  a  remarqué  les  suivans  :  -• ^i^a-ic  yicmier  consul  ae  1 

Hamelin,  capitaine   du  JVfl/!(ra/wf«  :  A  l'union  1  ^"j""'''^/^"'    comptable    envers     les"  français    de 

entre  les  savans  et  les  ina-rins  de  l'expédition  !         |  toutes     les    démarches    qui    pourraient  compro- 

Lebas   de   Sain;e-Croix ,   capitaine   de   frégate  ,  1  T"'*".  Y"^  ""'r   échappée  à  tant  de   hazards  ,    si 

lieutenant  sur   le  Géographe  :   Au    protecteur   de  '  '^"'^''^  ^  '^  P^"''^  ^'  si  nécessaire  à  son  bonheur,  m 

l'expédition!    Puisse-l-il     pacifier  le  globe  !  |      "  ^«^^  '^"''^5  récentes  de  Conslantinople  don 

Bory-Saint-Vincent,  zoologiste:  A  nos  femmes     "^"'  *?"  détails    saiisfesans   sur  la  situation   des 
et  aux' amis  que  nous  laissons  en  France.  français  que  la  Porte  reuent  prisonniers  dans  ses 

A-Sam,  chinois  :  Aux  français  bons  amis  d'A-     d'amitié  lëur'attrcïlen,  ni"   "^''""V^"   *'^""'"^  °" 
am  !  P  ^.^  '^"'^  attachent  plus  paruculiereraent.  doi- 


loin  de  lui  les  hommes  pervers  que  l'impunité  a 
faraiharises  avec  tous  les  genres  de  crimes    .. 

—  Le  conseil  des  prises  aétéadn,is  à  l'audience 
du  premier  consul.  Le  citoyen  Berlier,  président, 
a  prononce  le  discours  suivant  : 

u  Citoyen  consul  ;  organe  du  conseil  des 
prises  mariimus  ,  je  ne  saurais  trouver  des  ex- 
pressions assez  fories  pour  vous  peindre  l'indi- 
gnaiion  profonde,  dont  ses  membres  ont  été 
saisis  a^la  nouvelle  du  complot  affreux  tramé 
contre    le    premier  magistrat  de  la  répubiifjuc. 

"  <^u:  la  vengeance  des  lois  ,  qu'une  piompte 
justice  atteigne  les  coupables!  tel  est  le  cri  oui 
seleve  de  tous  les  points  de  la  France;  tel 
est  aussi  notre  vœu  ;  mais  nous  en  avons  un  autre 
a   exprimer  encore. 

"  Citoyen  consul  ,  l'amour  d'une  grande  et 
puissante  naiion  vous  environne  ;  sans  doute  et 
au  premier  signal,  des  millions  de  bra'i  s'élè- 
veraient pour  vous  défendre  ;  puissent-ils  ne 
s  élever  jamais  pour  vous  venger! 

"  Oui,  citoyen  consul  ,  les  vœux  de  ia  multitude 
vous  précèdent,  et  la  reconnaissancenationale  vous 
accompagne  ;  mais  à  cnié  de  cette  masse  innom- 
brable de  citoyens 'qui  applaudissent  à  vos  tra- 
vaux ,  une  triste  expérience  atteste  qu  il  existe 
encore  une  poignée  d'hommes  incorrigibles, 
mi.erables  restes  des  deux  partis  extrêmes  qui 
divisèrent  SI  long-tems  la  France,  et  qui  flé- 
mtssant  de  voir  s'accomplir  les  grandes  des- 
tinées de  la  lepublique  ,  voudraient  en  arrêter  le 
cours   en   s  aimant   du   fer  parricide. 

"  Je  m'arrête  ,  citoyen  consul  ;  car  malgié  cette 
assertion  trop  vrate  ,  nous  ne  venons  pas  invo- 
quer, d  un  gouvernement  qui  unit  la  lorce  à 
ta  sagesse,  des  applications  arbitraires  qui  furent 
presque  toujours  pires  que  le  mal  même  quelles 
voulaient  arrêter;  mais  la  nation  entière  Vous 
conQmande  de  veiller  à  votre   conservation. 

-.Bonaparte  général  a  mille  fois  affronté  la  mort 
dans  les  champs  de  la  gloire. 

-  Bonaparte  premier  consul  de  la  république  ,   est 
nnrdniii     rnmr,f,kl.    j         ■'  •        - 


Sam  ! 

Michaux,  botaniste  :  Au  succès  de  l'expédition  ! 

Péron  ,  anthropologisie  :  Aux  lettres  ,  aux  scien- 
ces !  Puissent-elles  avoir  à  s'applaudir  de  nos  ef- 
forts ,  de  nos  travaux  ! 

Bernier,  astronome  :  A  ceux  qui  nous  ont 
guidé  dans  la  cariiere  des  sciences  ! 

Faure  ,  ingénieur-géographe  :  Aux  hommes  de 


.    -,  -,   — r  —  i-'""^""cicroent.  ûoi- 

vent  être  tranquilles.  Les  fonds  que  les  divers 
departemens  du  ministère  consacraient  à  leur 
soulagement  sont  arrivés  à  leur  destination,  et 
les  distributions  premières  ont  recommencé 

Si  nos  infbrtuncs  concitoyens  n'ont  pas  éprou- 
ve immédiatement  les  effets  de  la  sollicitude  du 
gouvernement,  c  est  que  les  circonstances  en- 
chaînaient sa  volonje  et  qu'il  a  fallu  du  tems 
pour  vaincre    les   obstacles    que  lui    opposai, 


-.-,...3 ..   =,-v^c,.af,..v.  .  i^u.,.  iii.iiiiiics  ue     ])our   vaincre    les   obstacles    nup   In!    r,  •     1 

tous  les  tems   et  de  tous  les  pays   qui  ont  couru  1  cessation  absolue  de   toute   re'at^nn     °^,V°^^'"-   '* 
ou  courront  la  même  carrière  que  nous  !  commerciale  avec  l'empire  ottoman    Ma'     ""^   " 

Busche  .  minéralogiste  :  A  l'an  is  qui  doit  nous     d'hui  le  service  des  secours  est   assuré     <-.  f  "J""" 
reunir  en  Fiance  !  |  mission   qui   les  administre  à  Constaminople°ë"t 

en    mesure    dp     pur   Anr, ._     .       ,         .      i-'>-   >=ji 


UM..  .„  ..au^c  :  mission    qui     es   administre  à  Constantinople   ejt 

Mysius,    lieutenant   de   vaisseau  :  Puissent   lest  ^"    mesure   de   leur  donner  toute   la  rén^ulaiité 

vans  de  l'expédition  trouver  en  nous  des  colla-  |  î°"'^  '^  latitude  nécessaires.   Aux  cha>rrins  d'im^ 

orateurs  !  longue    et  dure  captivité    ne    se  joindra  plus  la 

lé  ,  jardinier  en  chef  :  A  l'introduction  des  t  dor'i     ef  nos  Tl  '     '■  '"'''f^"-"  ou  de  i'aban 

les  dans  les  pays  non  civilisés  .'  j  t^n^::! ^:::Z:trIt::'l:^TV- 

■■III  iLiutua»—». '  fluen--»  "■■'■I'  - '^  P'"'    "n- 


savans  de  l'exp 
borateurs 

RiedI 
arts  util 


Paris,  /f  28  vendémiaire. 
Ceux  des  envoyés  des  departemens  à  la  fête  du 
1"^  vendeiniaire  ,  qui  se  trouvent  encore  à  Paris, 
s'étaient  réunis  ,  et  avaient  demandé  à  être 
admis  à  l'audience  du  premier  consul.  Ils  ont 
été  reçus  aujourd  hui.  Le  citoyen  Pernon  ,  envoyé 

par  le  département  du  Rhône  ,  a  porté  la  parole     , 

en   leur  nom  ;  il  s'est    exprimé  en  ces   termes  :     I  ^  f^"- 


qu'ils  auront  eu  sur   leur  sort.    " 

-  Le  sénateur  Clément  de  Ris  est  arrivé  à  Paris 
Il  s  est  rendu  a  son  arrivée  chez  le  premier  cOnsul! 

-  Le  premier  consul  passera,  le  3o,  à  Roquen- 
cour,  près  Versailles,  route  de  Versailles  à  Saim- 
Germ.m  h.  revue  des  troupes  qu,  compost 
le  camp  d  Amiens  ,  aux  ordres  dti  général  Mura" 
Cette  revue  sera  suivie  de  manœuvres  etVxerc ice 


quels  vous  vous  livrez  dep 

lems  ,  avaient  et    ont  pour  but  la    gloire   et  Ta 
piospériié    fiançaise. 

n  Le  danger  que  vous  avez  couru  leur  ont  fait 
appercevoir  les  grandes  calamités  qui  en  eussent 
été  la  suite. 

))  Ils  vous  invitent,   comme  premier  consul 
au   nom   du   peuple   français  ,  de   veiller  sur  les' 
jours  du  général  Bonaparte,  et  de  faire  rejetter 


'^  "■  ,"X^".i""'/=  "'"'^;""  oe  lamirauté  anglaise 
dans  I  affaire  du  convoi  suédois  ,  par  M.  SchlegeL 
—  Il  paraît  à  Copenhague  une  vingtaine  dé 
journaux  htieiaires ,  nombre  qui  surpasse  de  beau- 
coup celui  de  plusieurs  villes  de  la  niême  popu- 
lation ,  comme  lurin,  Mdan  ,  Naples.  On  noue- 
rait remarquerqiTà  Paris  même  il  u  en  paraît  pou^t 
fin  tel  nombte.  Outre  ces  feuilles  consacréenTa 
littérature  ,  .  paraît  à  Copenhague  cinq  ^Lnll 
[Extrait  de  la  CUJ  iu  QabiL.) 


no 


—  L'académie  des  arts  qui  avait  été  tupprimée 
à  Rome  pendant  les  troubles ,  a  repris  ses 
séances.  Elle  a  proposé  les  deux  prix  suivans  : 
Prix  de  peinture  :  Athimas  ,  roi  de  Thebes,  inspiré 
par  Us  furies  ,  arrachant  son  fis  Laïrtes  du  sein  de 
la  mère  ,  et  le  lançant  contre  un  rocher.  Prix  de 
sculpture;  Atàde  s  emparant  de  son  épouse  future 
après  avoir  blessé  morteliement  le  Centaure  Nessus. 

—  S.  M.  le  toi  d  Espagne,  par  une  lettre  du 
secréiairc-d  état  le  chevalier  d'Urquijo  ,  en  date 
du  sa  ihertnidor  ,  a  témoigné  sa  satisfaction  'à 
M.  Eloi  de  Careno  ,  exerçant  la  médecine  à 
Vienne,  pour  la  naduclion  qu'il  a  faite  en  laiiu 
d^  l'ouvrage  anglais  de  Jcnner ,  intitulé  :  Recherches 
sur  l'inoculation  de  la  vaccine  ,  et  qu'il  a  enrichi  de 
ses  propres  observations  et  expériences.  Le  roi  lui 
a  donué  l'assurance  eh  même  lems  ,  qu'il  ferait 
introduire  cette  nouvelle  inoculation  dans  ses  états. 

(Journal  des  Débats.) 

—  La  maladie  épidémique  qui  règne  à  Cadix 
jr  continue  ses  ravages. 

—  Le  préfet  du  département  de  Vaucluse  vient 
de  former  aux  ci-devant  Ignorantins  ,  un  établisT 
sèment  provisoire  d'ateliers  de  plusieurs  espèces 
de  travaux  ;  on  a  fourni  aux  premiers  fonds  par 
des  souscriptions  volontaires.  La  direction  en  est 
confiée  à  un  bureau  de  bienfesance  de  travail  et  de 
secours.  Tous  les  pauvres  valides  ,  même  les  estro- 
piés sont  appelles  à  des  travaux  qui  leur  con- 
viennent. Ceux  des  autres  communes  ont  été 
renvoyés  chez  eux.  Le  gouvernement  romain  avait 
tellement  favorisé  la  paresse  dans  cette  commune  , 
qu'on  y  comptait  plus  de  400  individus  nourris 
par  les  monastères.  C'était  une  espèce  de  pro- 
fession héréditaire  depuis  plusieurs  générations. 

On  distribue  par  jour  plus  de  100  portions  de 
soupes  à  la  Ruraford.  (Journal  de  Paris.) 

—  Le  3o  vendémiaire  à  midi  très-précis  ,  il  sera 
célébré  dans  le  temple  de  la  Victoire  ,  (Sulpice  ) 
une  fête  aux  vertus  de  Marc-Aurele. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Rapport  du  ministre  de  la  police  générale. 
Citoyens  consuls  , 

La  liste  générale  des  émigrés,  telle  qu'elle  est 
imprimée  ,  présente  une  nomenclature  de  cent 
quarante-cinq  mille  individus  ou  collections  d'in- 
dividus, et  la  répétition  d'une  multitude  de  noms. 

Elle  a  été  formée  de  listes  partielles  ,  dressées 
par  des  autorités  locales  ,  que  la  convention  na- 
tionale avait  chargées  de  celte  opération. 

Il  reste  iin  supplément  qui  n'a  point  été  imprimé, 
et  qui  doit  lêire  pour  former  le  tableau  complet 
des  prévenus  d'érpigration. 

L'assemblée  législative,  la  convention  nationale, 
le  comité  de  législation  de  la  convention ,  et 
depuis,  le  corps-législatif,  ont  rayé  définitivement  I 
un  grand  nombre  d'individus  inscrits;  treize  mille 
ont  été  rayés  par  le  directoire  exécutif  ;  environ 
douze  cents  l'ont  été  par  vous. 

Ces  individus  doivent  donc  jouir  des  droits  qui 
leur  ont  été  rendus.  C'est  sur  la  stabilité  des  déci- 
sions du  gouvernement  que  reposent  la  confiance 
publique  ,  la  foi  des  transactions  particulières  ,  la 
sûreté  des  propriétés. 

Beaucoup  d'inscriptions  sont  collectives  ,  et 
frappent  des  individus  sous  les  dénominations 
générales  ^héritiers  ,  de  représentans ,  à'enjans. 

Les  inscriptions  collective*  d'héritiers  ,  de  re- 
présentans ,  peuventembrasser  dans  leur  généralité 
une  foule  de  familles  inconnues  à  celui-mSme 
dont  elles  sont  appellées   à   partager  l'hérédité  , 

Fuisque  les  lois  ont  établi  la  réprésentation  à 
infini  ;  inconnues  ,  par  conséquent  aux  autorités 
locales  ,  ju&qu'au  moment  où  les  individus  qui 
composent  les  fjmiUes  ont  produit  leurs  titres 
et  fait  constater  leurs  droits.  On  ne  peut,  donc, 
«ur  une  pareille  inscription  ,  constituer  aucun 
/citoyen  en  prévention  d'émigration. 

Linscription  des  enfans  en  niasse  n'est  pas 
plus  régulière.  Le  délit  d'émigration  doit  être 
appliqué  à  un  individu  déterminé  ,  comme  la 
peine  sera  individuellement  appliquée. 

D'autres  inscriptions  présentent  les  qualités  de 
cultivateurs  ,  d'artisans  ,  de  gens  à  gages  ,  leurs 
femmes  et  leurs  enfans.  Ces  qualités  sont  cons- 
tantes ,  puisqu'elles  ont  été  données  par  les 
autorités  chargées  de  l'inscription  ,  par  des  au- 
torités présentes  dans  les  lieux  où  les  individus 
qu'elles  inscrivaient,  avaient  leur  véritable  do- 
micile. De  cette  classe  d'individus  ,  il  n'en  est 
presque  point  qui  aient  réclamé.  Presque  tous 
Ignorent  et  l'inscription  qui  les  a  frappés  .  et  les 
lois  qui  les  poursuivent  ,  et  la  peine  qui  les  me- 
oace. 

La  pluspart,  sans  propriété,  n'ont  été  ni  pu  être 
avertis,  par  tm  séquestre,  de  la  prévention  d'émi- 
gration  qui  planait  sur  eux. 

De  pareils  hommes  ne  peuvent  être  de  véri- 
tables émigrés.  Tous  les  bienfaits  de  la  révoluiion 
étaient  pour  eux  ;  par  elle  ils  élaient  affranchis 
des  fers  et  de   l'opprobre  de  la  féodalité  ,   et  de- 


venaient les  égaux  de  ceux  qui  avaient  été  leurs 
oppresseurs  ou  leurs  maîtres. 

Si  ces  hommes  ont  quitté  le  sol  de  leur  patrie  1 
ce  ne  fut  jamais  dans  l'iruention  de  l'abandonner  , 
ni  dans  l'intention  absurde  de  s'armer  contre  leurs 
propres  intérêts.  Ils  auront  été  un  moment  entraînés 
par  la  séduction;  mais  j  imais  ni  dans  les  dissentions 
civiles  ,  ni  dans  les  guerres  étrangères,  on  ne  con- 
fondit avec  les  véritables  coupables  ,  ces  hommes 
abusés  qui  ne  peuvent  être  rjue  des  instruraens 
aveugles  ,  toujours  absous  par  l'ignorance  et  sur- 
tout par  l'intérêt  de  la  société  qui  réclame  leurs 
travaux. 

D'autres  inscriptions  portent  sur  des  femmes 
en  puissance  de  mari,  sur  des  enfans  encore 
soumis  à  l'autorité  paternelle,  ou  qui  n'étaient 
sortis  de  France  que  pour  perfectionner  leur 
éducation. 

Ce  n'est  point  encore  là  que  peut  être  le  crime 
d'émigration. 

Une  femme  obéit  à  l'impulsion  de  son  mari  ; 
elle  quitte  avec  lui  sa  patrie  sans  calculer  la  de- 
marche  à  laquelle  il  l'entraîne,  et  sans  connaître 
les  lois  qui  la  menaizent. 


6".  Les  individus'  qui  élaient  mineurs  de  seiie 
ans  au  4  nivôse  dernier. 

7°.  Les  chevaliers  de  Malte  préseus  à  Malte,  lor» 
de    fa  capitulkiion  de  cette   île. 

S°.  Les  individus  sortis  de  France  avant  le  14 
juillet  1789. 

9°.  Les  noms  des  individus  exécutés  à  mort 
par  suite  de  jugemens  des  tribunaux  révolu- 
tionnaires. 

10°,  Les  ecclésiastiques  qui,  étant  assujettis  à 
la  déportation  ,  sont  sortis  du  tetfrtoire  français 
pour  obéir  à  la   loi. 

II".  Les  individus  rayés  d'apiès  le  travail  de  la 
commission  créée  par  l'arrêié  du  7  ventôse  an  8  , 
et  qui  n'ont  pas  été  écartés  lors  de  la  révision  de 
ce   travail. 

n.  Les  éliminations  qui  seront  faites  en  verlti 
de  rarlicle  précédent  .  sont  dès-à-présent  ,  décla- 
rées nulles  et  non  avenues  ,  si  elles  avaient  eu 
lieu   par  une  fausse  application  de  cet  article. 

Les  agens  uu  gouvernement  en  poursuivront 
la  nullité  devant  les  tribunaux  civils  ;  et  si  elle 
est  prononcée  ,  le  nom  Je  l'individu  condamné 
sera  rétabli    sur   la    liste  ,  sans    que   crpendaut  la 


Des  ecclésiastiques  que  les  lois  révolutionnaires  I        ,■■  .  ,  .   .,■     ■       ■  •         •.  „.     ,i_ 

(:„,.-,;„„.  A    ..  a2   „,.i  .  ■   ■    ■  1  nu   ite  de  son  eiiminaiion    puisse   etie    opposée 

forçaient  a   se  déporter,  ont  encore  ee    inscrits,  ,       ■      ur  •  i    ,      ,,.,;^.,i;„r« 

..,/î,  1;..»  A^.iX,\„,i.  1  ni  par  la  lepubhque  ,    m    par   des    paiticuliers  , 


sur  la  liste  des  émigrés. 

Des  malheureux  ,  victimes  des  tribunaux  ré- 
volutionnaires ,  ont  été  inscrits  ,  quoiqu'ils  n'eus- 
sent jamais  émigré.  Le  gouvernement  doit  à  leurs 
familles  de  restituer  à  leur  mémoire  le  tiire  de 
citoyen  ,  et  â  leurs  héritiers  les  droits  qui  en  dé- 
rivent. 

Les    français    présens   à  Mille   à    l'époque    de  ' 


par   la   lepuDIique  ,    m    pa 
aux   actes    et    contracis    faits     avec    lui   pendant 
le  tems  intermédiaire. 

TITRE    II. 

Des   maintenues. 
III.   Sont  maintenus  sur  la  liste  des   émigrés  : 
1°.  Ceux  qui  ont   porté   les  armes  contre    la 


la   capitulation  sont  absous  par  cette  capitulation  \  France. 

même,    dont   la  foi   publique   exige  l'exéculion.  ;  2°.  Ceux  qui,  depuis   le  départ  des   ci-devant 

Un   grand    nombre  des   individus    inscrits   ont  princes  français  ,    ont  continué  de  faire  partie  de 

été   provisoirement  rayés  par  des  administrations  leur  maison  civile  ou  miliiaire. 

centrales  ,  à  des  époques   où  elles  étaient  armées  |  30.  Ceux  qui  ont  accepté  des  ci-devant  princes 

de  toute  la  rigueur  des  lois  sur  I  émigration.           |  f.ançais  ,  ou   des  puissances  en   guerre   avec    la 

Beaucoup    encore  ont   été    préjugés  innocens  F.ance  ,  des  places  de  ministres  ,  d  ambassadeurs, 

parla  commission  établie  ,  en  vertu  de  votre  arrêté  de  néi^ociateurs  et  d'agens. 


du  7  ventôse  an  8. 

Après  ces  difiérentes  classes  d'individus  inscrits 
sur  la  liste  générale,  ou  sur  le  supplément,  res- 
teror.t  des  hommes  qui  avaient  des  préjugés  de 
naissance  et  des  titres  à  défendre  ;  d  autres  qui 
sont  connus  pour  avoir  porié  les  armes  contre 
leur  patrie  ,  ou  servi  des  puissances  étrangères; 
d'autres  enfin  qui  n'ont  point  réclamé  dans  les 
délais  fixés   par  vos  arrêiés. 


'  4°.  Ceux  qui  ont  été  maintenus  par  le  goover- 
n'rraent  ,  d  apiès  le  traviil  de  la  commissioa 
établie  en  exécution  de  l'arrêté  du  "  ventôse 
an    S. 

5°.  Ceux  qui  n'ont  pas  réclamé  avant  le  4  nivôse 
an  8  ,  ainsi  qu'il  est  prescrit  par  la  loi  du  12  ven- 
tôse an  S  ,  et  par  l'arrêté  du  7  du  même  mois  ,  à 
moins  quils  ne  se  trouvent  dans  les  cas  énoncés 

I  au  titre  précédent. 


Tels  sont  ,  citoyens  consuls,  les  classes  d'indi-  \      jy.  La  nullité  prononcée  par  l'article   II  ,   est 
,vidus  qui  forment  la  liste  générale  des  émigrés.      |  applicable  aux  radiations  qui   seraient   faites    en 

Pour   réduire   cette  liste  aux  vrais  émigrés  ,  je     contravention   de  l'article  précédent. 
vais  vous  proposer   dans    le    projet    d'arrêté  ci- 1 

joint ,   les  vues  et  les  moyens  que  m'a  suggérés   le  i  T  1  T  R  E     I  I  I. 

travail  delà  comtriission  du   coriseil-d'état   char-  :  ])u  mode  d  exécution    des  dispositions  portées    auH 


gée  par  vous  de  s'occuper  de  cette  matière. 

Signé ,  FoucHÉ. 

Extrait   des   registres  des  consuls  de  In  république. 
— •  Séance  du  28  vendémiaire  an  9. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  police  générale  ,  le  conseil- 
d'état  entendu  ,  arrêtent  ce  qui  suit  : 

TITRE     PREMIER. 

Des  inscriptions  gui   doivent  être  retranchées  d»  la 
liste   des  émigrés. 

Art.  I"^.  seront  éliminées  de  la  liste  des  émigrés 
les  inscriptions  concernant  les  individus  ci-après 
désignés;  savoir  : 

1°.  Ceux  qui  sont  définivement  rayés  par  le 
conseil  exécutif,  le  comité  de  législation  de  la 
convention  nationale  ,  la  convention,  le  corps- 
législatif  et  le  directoire  exécutif. 

i°.  Les  individus  rayés  provisoirement  par  les 
administrations  locales  ,  à  qui  la  loi  en  donnait 
le  droit,  depuis  le  mois  d'avril  1792  jusqnau  1" 
germinal  an  3  ;  depuis  le  1°'  brumaire  an  4  jus- 
qu'au t"  prairial  an  5  ,  et  depuis  le  1°'  vendé- 
miaire an  ô.jusqu'au  4  nivôse  an  8. 

3°.  Les  individus  qui  ont  éié  ponés  sous  les 
qualifications  de  laboureurs,  journaliers,  ouvriers, 
artisans  ,  et  tous  autres  exerçant  une  profession 
mécanique ,  domestiques  et  gens  à  gages  ,  femmes 
et  enfans  de  tous  les  individus  ci-dessus  dénom- 
més ,  sans  qu'on  puisse  avoir  égard  pour  opérer 
ce  retranchement ,  aux  qualifications  énoncées 
dans  des  certificats  et  actes  autres  que  l'ins- 
cription. 

4°.  Les  individus  insirits  collectivement  et  sans 
déiiominatioiiindividuellc  ,tels  (jue  ceux  indiqués 
en  général  comme  AeV!ii«r5  Ou  enfans  d'\in  individu 
dénommé  :  néanmoins  la  présente  disposition 
n'aura  pas  l'effet  d'effacer  l'inscription  indivi- 
duelle qui  aurait  pu  être  faite  séparément  de 
l'inscription  collective. 

5".  Les  femmes  autres  ,  premièrement  ,  que 
celles  dont  les  maris  ou  les  enfans  sont  dans 
le   cas   des  paragraphes  i''  2=  et  3'  de  l'art.  III 


àeux  titres  précédens. 

!V.  Le  supplément  de  la  liste  des  émigrés  ,  qui 
est  encore  manuscrit  ,  sera  imprimé. 
;  VI.  Le  ministre  de  la  police  fera  préparer  trois 
j  exemplaires  de  la  liste  générale  et  du  supplément, 
qui  seront  divisés  en  neuf  volumes  à-peu-près 
égaux.  I!  retiendra  l'un  de  ces  exemplaires  ,  en 
transmettra  un. autre  au  ministre  de  la  justice, 
et  déposera  le  troisième  aux  archives  du  cons$il- 
d'éiat. 

VII.  Le  ministre  de  la  police  fera  dresser  ua 
état  divisé  en  neuf  listes  ,  comprenant  les  noms 
des  individus  rayés  par  le  conseil  exécutif,  le 
comité  de  législation  de  la  convention  nationale, 
la  convention  nadonale,  le  directoire  exécutif  on 
le  corps-législatif ,  les  administrations  locales,  et 
les  noms  des  chevaliers  de  Malte  présens  à  la 
capitulation  de  celte  île.  Chacune  des  listes 
contiendra  les  noms  dont  l'inscription  se  trouve 
dans  l'un  des  volumes  de  la  liste  des  émigrés. 
Cet  état  ,  en  neuf  listes  ,  sera  fait  triple  ;  le  mi- 
nistre en  retiendra  un,  enverra  le  second  au 
ministre  de  la  justice  ,  et  le  troisième  au  secré- 
tariat du  conseil-d'élat. 

VIII.  Le  ministre  de  la  justice  fera  dresser ,  de  la 
même  manière  ,  l'état  en  neuf  listes  des  personnes 
condamnées  à  mort  par  jugement  de  tribunaux  ré- 
volutionnaires ,  et  de  celles  dont  la  radiation  a  été 
arrêtée  par  le  gouvernement  d'apiès  le  travail 
de  la  commission  placée  sous  sa  surveillance.  U 
transmettra  un  exemplaire  de  cet  état  au  ministre 
de  la  police  ,  et  un  autre  au  conseil-d'état. 

IX.  Les  ministres  de  la  justice  et  de  la  police 
feront  choix  chacun  de  neuf  citoyer^s  ;  le  premier 
consul  désignera  neuf  conseillers  -  d'état.  Les 
citoyens  feront  ppérer  ,  chacun  sur  leur  exem- 
plaire ,  les  éliminations  presciites  par  les  dispo- 
siiions  du  titre  l". 

X.  Les  trois  exemplaires  seront  coufron|és  dans 
la  dernière  décade  de  brumaire  ,  pour  ce  qui 
regarde  les  élimiraiions  qui  doivent' être  faites  'éii 
exécution  des  paragraphes  4  et  5  du  titre  I^'v       '' 

La  même  confroniaiion  sera  faite  dans  la  der<% 
niere  décade  de   fiimaire  ,  pour  les  élïmiriatiotis' 


secondement,  que  celles  qni  ti-ùl  éiïiigré  en  aban--!  prescrites  par  l'art.  1='. 

donnant  Leurs  inaiisi  j      XI.   S'il  survient  quelques  dilEcultés  dans  l'uno 


111 


ttu  l'autre  des  confrontalions  ,  elles  seront  sou- 
mises iMX.  consuU. 

Xil.  Les  trois  exemplaires  des  listes  signées 
■  .«af  les  ministres  de  la  justice  et  de  la  j.)olice.,  et 
fei  coaseilleis-d'él.il  .  scioiit  remises,  pour  être 
eollaiionnées  ,  aux  secrétaires-généraux  du  con- 
seil d'ét.it  ,  des  ministres  de  la  justice  ef  de  la 
police  ,  qui  en  resteront  dépositaires. 

XIII.  I!  sera  exuédié  par  le  ministre  de  Ja 
police  un  arrêié  particulier  de  radiation  à  cha- 
cun des  individus  dont  les  noms  auront  éié  éli- 
jDinés, 

Cesarrêljés  seront  ainsi  conçus  : 

Extrait   de    rcxemphire  de   la  liste    des  émigrés  déposée   au 

^u  Bctrëtarîac  du  conseil-d'ctat  et  signée  par  le»  iniaistrns  de  la 

'  j'istîce  et  de  la  police  et  les  consfillers-d'état  nommés  en  exé- 

'■'   cutipn  de  rartîcle  IX  du  règlement  du  jG    vendémiaire   an  g  , 

le    dit    extrait   ,      signé  :  Lt   iHritairs-gittèral    du    cùnieii'd'ètat  t 

T.  G.  LocȎ. 

N....  Inscrit  sur  le  volume.. ••  de  la  liste    des  émigrés  a  été 
>Hïuiiné  de  li  dite  li^>e   en  exèeutton  île  l'art.  IX  du  règlement 
ci.dessus  cite. 

VU  l'extrait  à-dessus  ,  le  ministre  de  1«  po.lce,  ^écialemeut 
autorisé  par  l'art.  XJIf  du  règlement  ,  arrête  ^ue  N....  fst 
dc6nitivsment  rayé  de  la  liste  des  émigrés  60U&  la  condition 
exprimée  dans  l'art.  XVI  ,  lequel  porte — 

Qu'en  conséquence  ,  etc.  etc. 

XIV.  Il  sera  placé  à  côté  de  chacun  des  noms 
qui  resteront  sur  la  liste  une  note  qui  indiquera  si 
la  personne  s'est  pourvue  avant  le  4  nivôse  an  8  , 
et  si  sa  réclamation  a  élé  ajournée. 

XV.  La  liste  générale  ainsi  réduite  sera  iropri- 
Biée  ,  et  il  sera  statué  ultérieurement  sur  chacun 
des  individus  qui  y  resteront  inscrits. 


TITRE      IV. 


De  la  garantie  à  exiger  des  français  rayés  de  ta  liste 

des  émigrés ,   et  de  la  surveillance  à  laquelle  ils 

sont  soumis. 

.irtjT   T-v         1       j  j'     j  ■       •         .1  ^°'  A  me  donner,  sur  les  moyens  de  commu 

XVI.  Dans  les  deux   décades  qui  suivront   la  (  „•,,•„   j      ,  '  u  1  ■ 

Li-      ■        J  •       .     ■    I   _      .      1      •     r   -J         nication  de  chaque  commune  au  chcl-ucu  acme 


Cette  réduction  ,  pour  s'opérer  avec  fruii  ,  doit 
êire  tfteciuée  de  telle  sorte  que  les  justiciables 
n'en  éprouvent  aucun  dommage,  et  que  l'admi- 
nistration de  la  justice  ne  perde  rien  de  son  acr 
tivilé. 

Le»  bases  de  ce  grand  travail  me  paraissent 
devoir  êire  ,  l".  l'étendue  teriiioiiale  ,  2".  la  popu- 
lation ,  3°.  la  lacililé  plus  ou  moins  grande  dans 
les  communications. 

C  est  en  combinant  ces  trois  élémens  ,  qu'il 
deviendra  possible  de  lépanir,  avec  moins  d  iné- 
galité qu  elles  ne  le  sont  aujourd  tiui  ,  les  justices 
de  paix  daui  chacun  des  arrondisseinens  com- 
mur^aux. 

Après  avoir  demandé  aux  préfets  et  sous-préfets 
leuis  vues  iur  la  manière  d'opéicr  convenable- 
ment la  réduction  doi.t  il  s  agit  ,  il  me  reste  un 
moysn  de  plus  pour  obtenir  ,  sur  l'étendue  ,  sur 
la  populaljou  çt  sur  les  communitatioiis  inié- 
rieures  de  chaque-  canion  ,  des  rcnsei^nemcns 
aus-si  certains   que  déta'llés. 

Personne  plus  que  vous  ,  citoyens  ,  n'est  en  état 
de  les  lou.nir  ;  et  c  est  de  vot  e  zèle  pour  le  bien 
public  que  je   les  aiteuds.  Je  vous  inyile  donc, 

1°.  A  me  donner  l'élat  des  communes  qui  com- 
posent i  arroftdissement  aciuel  de  votic  justice  de 
paix  ; 

8".  A  joindre  à  cet  état  les  noms  des  hameaux  , 
fermes,  maisons  isolées  ou  autres  établissemens 
exisians  sur  le  territoire  de  chaque  commune  , 
et  fesant  dès-iors  partie  de  ce  lerritoite  ; 

3°.  A  indirjuer ,  autant  qu'il  vous  sera  possible , 
les  limites  du  territoire  de  chaque  commune , 
pour  qu'on  connaisse  léiendue  actaelie  du  reasoit 
de  chaque  justice  de  paix  ; 

4°.  A  me  donner  l'état  de  la  population  de 
chaque  commune  ,  en  distinguant  celle  des  ha- 
meaux ou  etablissemens  isolés  qui  en  dépendeni  ; 


publication  du  présent  règlement  ,   les  individus 

déjà  rayés  de  la  liste  des  émigrés  ,  feront  la  pro- 
messe de  fidélité    à   la    constitution  ,    devant    le 

préfet  du  département,  ou  devant  le  sous-préfet 

de  l'arrondissement  communal  où  ils  résideront. 
XVII    Les  individus  qui  seront  rayés  à  l'avenir 

ne   icccvront   leur    arrêté   de    radiation   qu'après 

avoir  fait  la   promesse  de  fidélité. 

..rr.TTi     Ti  J        .  J  '  nom  en  tout  ou  en   partie  ;   a  quelle  époque  ce 

XVm.    Il    sera  dresse  acte   de  ces   Promesses       ^angemeni  a  été  opéré  ;  quehe  en  a  é.é  la  cause, 

s.jr  un  registre   spécialement   aiF.cle  a  cet  usage.  (  ,^  ^^^^^  ^  ^^  ^,  j^  ,,^,^  ^„^,^„  ^   .,^  ^^p.;^ 

Pour  que  l'ensemble  de  ces  renseignemens  me 
parvienne  d'une  manière  uniforme,  je  joins  à  ma 
lettre   deux  tableaux  destinés  à  les  recevoir.  Vous 


chaqu 
de  la  justice  de  paix,  et  de  ce  chef-lieu  à  celui 
du  tribunal  de  piemicre  insiance  auquel  cette 
justice  de  paix  ressortir  ,  tous  les  renseignemens 
qu'il  dépendra  de  vous, de  présenter; 

6°.  EnBa,  à  m  indiquer  quelles  sont  ,  parmi  les 
communes  de  votre  justice  de  paix,  celles  qui 
ont  momentanément  eu  définitivement  changé  de 


du  peuple  ,  n'admettent  ici  qu'une  seule  règle  : 
liberté  illimitée   de  circulation  dans  l'intérieisr. 

Rien  ne  doit  donc  entraver  la  circulation  des 
grains  ,  farines  ,  légumes  ,  et  de  toutes  les  pro- 
duciions  comprises  sous  le  mot  générique  de 
subsistances. 

Le  transport  qui ,  dans  ce  département ,  s'opère 
par  là  voie  du  cabotage ,  eit  nécessairement  com- 
pris dans  cette  règle  ,  a  les  mêmes  caractères ,  le 
même  but  d'utilité  ,  le  même  droit  à  la  proiectioa 
que  les  transports  par  charrois. 

Le  prix  de&  grains  est  fort  bas  dans  les  dépar- 
temcns  de  l'Est,  du  centre  et  plusieurs  dépaite- 
mens  du  Nord;  je  le  dénonce  au  commerce. 

Je  déclare  aux  négocians  qu'ils  peuvent  em- 
ployer ,  avec  la  plus  grande  confiance  ,  la  voie  du 
cabotage  ,  tant  dé  mer  que  de  rivières  .  pour  \é 
transport  des  grains  de  ces  dépattemens  ;  I  auio'- 
risation  dont  ils  auraient  besoin  ,  conformément 
à  l'arrêté  des  consuls  du  19  ventôse  ,  leur  sera 
citlivi'ée  avec  célérité. 

C'est  essentiellement  dans  la  panie  des  sub- 
sistances que  la  liberié  proiiuit  l'abondance.  La 
loi  prononce  des  peines  sévères  contre  ceux 
qui  osci^aiein  gêner,  retarder  ,  arrêter  les  circu- 
lations :  la  loi  n'aura  pas  parlé  en  vain  ,  et  ses  dis- 
j|)t><ittions  rigoureuses  seront  rigoureusement  exé- 
cutées. 

J'ai  l'honneur  de  vous  saluer.  Beugnot. 


sgistre   spécialement   altccle  a  cet  usag 
Ces  actes  seront   signés  par    ceux  qui   feront   la 
promesse.  S  ils  ne  savent  ou   ne  peuvent  signer, 
il   en  sera  fait  rm;aiion. 

XIX.  Le»  sous-préfets  enverront  aux  préfets 
de  leurs  départemens  ,  et  ceux-ci  au  ministre  de 
I2  police  .  copie  des  actes  inscrits  aux  registres 
mentionnés  ci-dessus. 

XX.  Le  séquestre  ne  pourra  être  levé  qu'en 
vertu  d  une  attestation  du  préfet  ou  soUs-préfet  , 
constatant  que  l'individu  rayé  a  fait  la  promesse  de 
fidélité  à  la  constitution. 

XXI.  Les  individus  qui  seront  rayés  de  la  liste 
des  émij:,rés  ,  en  exécution  du  présent  règlement  , 
demeureront  sous  la  surveillance  du  gouverne- 
ment pendant  la  durée  de  la  guerre,  et  un  an 
après  la  paix   générale. 

XXII.  La  surveillance  établie  par/l'article  pré- 
cédent ,  a  pour  objet  spécial  ,  la  tranquillité  inté- 
rieure et  la  jouissance  paisible  ,  garanties  par  la 
constitution  aux  acquéreurs  de  domaines  na- 
tionaux. 

A  tous  autres  égards  ,  les  individus  sur  lesquels 
elle  porte  ,  demeureront  sous  la  surveillance 
commune  que  la  police  exerce  sur  les  autres 
citoyens. 

XXIII.  Les  femmes  dont  les  noms  ,  en  consé- 
quence du  paragraphe  VI  du  titre  I"^,  auraient 
élé  éliminés,  quoique  leurs  maris  ou  leurs  enfans 
soii-nt  maintenus  sur  la  liste  des  émigrés  ,  pour- 
ront ,  si  elles  troublent  la  tranquillité  publique  , 
être  expulsées  du  territoire  français  par  arrêté  du 
gouvernement. 

XXIV.  Les  ministres  de  la  justice,  des  finan- 
ces et  de  la  police  générale  sont  chargés  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé 
au  bulleiin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire- d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 

ACTES   ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DE    LA  JUSTICE'. 
Le.  ministre  de  la  justice  ,  aux  juges  de  paix  de  la 


aurez  égard  aux  observations  mises  en  lêie  de  ces 
tableaux  ,  et  vous  me  renvLnez  l'un  d  eux  qiiand 
vous  en  aurez  rempli  les  colonnes. 

J'attends  de  vous  ,  citoyens  ,  autant  de  célérité 
que  d'exactitude  dans  ces  détails  ,  qui  lienneiM 
essentiellement  à  la  perfection  du  travail  que  je 
m'occupe  de  préparer. 

Salut  et  fraternité  ,  Abrial. 


MINISTERE  DE  L'INTÉRIEUR. 

Taris  ,  le  28  vendémiaire  an  9.- 

Les  projets  de  colonnes  nationales  et  départe- 
mentales envoyées  au  concours,  seront  exposés 
publiquement  ,  à  dater  du  1^"  brumaire  prochain, 
dans  la  salle  des  séances  de  1  Institut. 


Lettre  du  préfet  du  département  de  la  Seine-Inférieure, 
aux  négocians  du  département. 

Citoyens],  le  moment  est  arrivé  où  le  commerce 
doit  reprendre  une  active  confiance  ,  en  attendant 
que  la  paix  générale  ,  qui  n'est  pas  éloignée  ,  lui 
ait  rendu  tout  son  essor. 

Il  faut  rappeler  des  principes  trop  long-tems 
méconnus;  il  faut  les  publier,  et  que  le  com- 
merce trouve  aussi  sa  place  dans  le  plan  ma- 
gnifique de  restauration  qui  occupe  le  gouverne- 
ment. 

Protection  ,  honneur  .  liberté  illimitée  ;  voilà 
ce  dont  le  commerce  a  besoin  :  il  l'aura. 

Laisser  faire  et  laisser  passer  ,  n'admettre  d'ex- 
ceptions qu'alors  que  le  salut  publjc  les  a  posées 
lui-même  ;  voilà  ce  que  le  commerce  a  droit  de 
demander  :   il  l  obtiendra. 

Si  quelques  décrets  ,  enfantés  par  l'ignorance  , 
l'intérêt  pariiculier  ou  la  manie  réglementaire  , 
entravent  vos  spéculations  ,  paralysent  vos  de- 
bouchés,  gênent  vos  correspondances,  dénoncez- 

..  ,   „  ^  les  au  gouvernement,   et  ménagez-moi  l'honneur 

répuhlirjue.  —  Paris ,  le  3  vendémiaire ,  an  9  de'la  ^  d'être  l'organe  de  vOS  réclamations  et  le  délenseur 
république  Jrançaiie  ,  une  et  indivisible.  de  vos  inlérêis. 

1.K  nombre  de,  justices  de  paix  ,  citoyens  .  con-  Mais  dès-à-prcsent  osez  tout  ce  qui  est  bien  . 
Sidérablcmen.  accru  dans  certains  d<;parteraens  vengez  le  commerce  et  ...vez  la  patrie, 
depuis  l'époque  de  leur  institution  ,  a  paru  beau-  Parmi  les  objets  que  je  me  propose  de  dé- 
coup trop  grand  pour  ne  pas  subir  une  réduction  ■  noncer  successivement  à  votre  utile  sollicitude  , 
qui  procurera  tout  à-la-fois  une  amélioration  dans  je  place  en  première  ligne  celui  des  subsis- 
fordre  judiciaire  ,  et  une  économie  dans   les  fi-  ,  tances. 


J 
nances  de  la  tépublique. 


1       Les  lois  ,    d'accord    avec    le  véritable  intérêt 


Apperqu  statistique  du  département  des' Hautes- 
Alpes. 

Ce  départenierit ,  Vun  d'es  plus  méridionaux  de 
la  Fiance,  est  formé  des   parties  du  Dauijhiné  , 
connues  sous  le  nom  de  Gipeoçais  ,  dEmbru-   • 
nais  ,  d«f  Briançonnais  et  de  Serrois. 

Il  est  entouré  au  nord  ,  des  départemens  de 
I  Isère  ,  du  Mont-Blanc  ,.  et  par  les  valiées  cédées 
à  la  France  e'  dépendantes  du  Piémont;  «u  levant 
par  le  Piémont ,  au  couchjjit  par  le  dépiiriement 
de  la  Drôme  ,  et  au  midi  par  celui  des  Basses- 
Alpes. 

Il  fut  d'abord  divisé  en  quaire  districts;  savoir, 
d'Enibvuj)  ,  de  Briaiiçon  ,  de  Gap  et  de  Serres  ; 
ensuite  en  quarante  cantons  ;  enfin  il  l'est  aujour- 
d  hui  en  trois  a.-rondissemens  communaux  ,  Gap  , 
Biiançon  ,  Embrun. 

Son  étendue  territoriale  est  de  1,084,615  arpens 
OU553, 56g hectares,  qui  font  à-peu-prèsaSi  lieues 
quarrées. 

Sa  population  est  de  1 16,754;  c'est465  individu» 
plus  à-peu  près  |-  par  lieue  quarrée. 

Les  deux  tiers  du  territoire  des  Hautes-Alpes 
soni  occupés  par  les  grandes  routes  ,  les  rochers  , 
(es  ravins  ,  les  montagnes  dont  une  portion  de  la 
chaîne  des  Alpes  qui  donnent  son  nom  au  dé- 
partement,  lait  partie. 

Les  rivières  qui  l'arrosent  sont  la  Durance  ,'  le 
Drac  ,  le  Guil  ,  la  Severaisse  ,  les  deux  Buechs  , 
et  beaucoup  de  petits  torrens  qui  se  précipitéat 
des  moîitagi.es  ,  dans  les  vallons. 

Gap  ,  ville  de  6014  habitans  ,  en  est  le.  chef- 
lieu. 

Le  territoire  des  Hautes-Alpes  est. assez  fertile 
en  grains  de  bonne  qualité  ,  et  on  en  cultive  de 
plusieurs  espèces  ;  à  moins  d'une  récolte  mé- 
diocre ,  leur  produit  est  suffisantà  la  consomma- 
tion des  habitans.  On  y  recueille  encore' du  vin  , 
des  huiles  de  noix  ;  les  vins  y  sont  d'une  bonne 
qualité  daus  les  parties  méridionales  du  départe- 
meni  :  il  ne  leur  manquerait  qu'une  meilleure 
préparation  pour  être  recherchés  des  provinces 
voisines.  On  y  cultive  le  chanvre  ,  mais  point  le 
lin.  Il  y  a  des  bois  en  assez  grande  quantité 
sur-tout  sur  les  montagnes  ;  ils  pourraient  servir 
pour  la  marine  s'ils  étaient  moins  éloignés  des 
ports. 

On  élevé  peu  de  gros  bétail  dans  le  départe- 
ment desHauies-Alpes;  mais  beaucoup  de  chèvres 
et  de  moutons.  On  y  a  compté  jusqu'à  l6o  mille 
de   ces  derniers. 

On  y  trouve  diflPérens  minéraux,  tels  que  des 
cristaux,  des  mines  d'argent,  mais  de  peu  de 
produit  ;  on  y  rencontre  des  indices  de  charborj 
de  terre  T  mais  jusqu'à  présent  il  n'y  en  a  point 
en  exploitation. 

L'industrie  y  est  assez  bornée.  Elle  consiste 
en  quelques  fabriques  de  chapeaux ,  de  toiles 
de  colon  ,  de  mouchoirs  ,  de  borjneierie.  Il  y 
a  une  aciérie  et  fabrique  de  cristaux  à  Biiançon; 
il  en  est  sorti  des  raotctaux  travaillés  avec  beau- 
coup d'art  ,  et  ce  genre  d'industrie  peut  prendre 
de  l'accroissement  à  la  paîx. 

Le  commerce  consiste  dans  celui  des  produc- 
tions du  sol  et  des  fabriques  ;  c'est-à-dire  dans 
la  Vente  des  laines  non  ouvrées  ,  des  toiics 
grossières  fabriquées  dans  les  campagnes  ,  des 
toiles  de  colon  ,  mouchoirs,  des  peaux  passées 
en  mégie  ,  des  minéraux  et  ouvrages  en  ciistal. 

Pour  faciliter  le  transport  des  dentées  et  mar- 
chjiidises  du  département ,  on  avait  voulu  treusrf 
un  canal  entre  le  Buech  et  l'Aiguc  ;  mais  ce  projet 


112 


paraît  impraticabre  à  cause  des  montagnes  escar- 
pées qui  séparent  les  deux  rivières.  On  ne  voit 
point  d'ailleurs  quel  en  serait  l'objet ,  puisque  le 


cet  officier  un  époux  de  retour  ,  au  lieu  d'un 
amant  attendu  ,  il  y  aura  dans  l'acte  entier  ,  et 
dans  la  conduiie  de    la  jeune  espagnole  Amélie  , 


flottage  des  bois  des  Hautes-Alpes  peut  avoir  lieu     beaucoup  plus  de  vraisemblance  ,  et  par   conse- 
par  le  Buesch  jusqu'à  la  Durance  ,  de  la  Durance 
jusqu'au  Rhône,  et  du  Rhône  dans  l'intérieur  de 
Ja  France,  jusqu'à  la  mer. 

Les  avantages  qu'«  procurés  le  canal  du  Harbés 
à  la  contrée  qu'il  arrose  ,  prouvent  combien  le 
sol  des  Hautes-Alpes  acquerrait  de  valeirr ,  si 
les  canaux  d'irrigation  y  étaient  plus  multipliés. 
Il  n'y  a  presque  pas  de  canton  qui  ,  à  l'aide  des 
ruisseaux  et  lorrens  qui  descendent  des  mon- 
tagnes], n'en  puisse  avoir  un. 

Peuchet. 


BANQ.UE   DE   France. 

Les  deux  cents  actionnaires  appelés  par  le 
nombre  de  leurs  actions  à  constituer  I  assemblée 
générale  de  la  banque  de  France  (  aux  letmes 
de  ses  statuts  )  ,  ont  été  convoqués  tt  se  sont 
réunis,  hier  25  dû  courant,  maison  Massiac  , 
place  des  Victoires. 

L'assemblée  a  témoigné  sasads faction  du  compte 
que  lui  a  rendu  ,  au  nom  de  la  régence  ,  le 
citoyen  Lecouteulx-Canteleu  ,  président. 

L'un  des  censeurs  ,  au  nom  de  ses  collègues, 
a  prononcé  un  discours  dans  lequel  il  a  reconnu 
l'exactitude  des  résultats  présentés  par  la  régence. 

Le  citoyen  Journu  Aiibett,  censeur,  sorti  par 
le  soit,  a  été   réélu  à   une  très-grande   majorité. 

Les  trois  régens  sortis  par  la  même  voie  sonit 
les  citoyens   Demauiort ,  Ferrée,     et  Recamier. 

La  nomination  des  trois  membres  qui  doi- 
vent les  remplacer  a  été  ajournée  au  27  de  ce 
mois. 

Le  résultat  des  bénéfices  acquis  est  de  749,013 
francs  1 1  cent. 

Le  dividende  fixé  à  cinq  pour  cent  sur  7590 
actions,   employant  une   ^mme  île  379,500  Ir.  ; 

Atjx  quinze  actions  dont  la  jouissance  a  été 
accordée  aux  trois  commandites  de  la  'caisse 
des  compWS-courans  ,  sur  la  totalité  des  béné- 
fices ,  98  francs  68  cent,  par  action  ,  1480  francs 
so  cent. 

Pour  actes  de  bienfesance  et  gratifications  aux 
employés,    26,482  fr.  91   cent. 

Total,  407,663  fr.   II   cent. 

Reste  en  réserve  en  raison  de  45  fiancs  par 
action  ,  341, 55o  fr. 


quent   plus  dnitérët 

On  pourrait  désirer  que  le  rôle  du  sauvage  qui 
répond  à  celui  de  Mortieze,  càt  une  phisionoraie 
moins  équivoque,  moins  incertaine;  quil  ne 
commençât  pas  par  cire  un  traître  ,  pour  fiim 
par  être  généreux  ;  que  l'ouvrage  fiit  conduit 
avec  plus  de  mesure  ;  que  les  scènes  eussent  un 
développement  plus  satislesant  ,  et  sur-toui  que 
le  style  eût  une  couleur  poétique  plus  sou- 
tenue ,  principalement  dans  les  passages  dia- 
logues. 

De  bruyants  sifBcls  se  mêlaient  aux  applau- 
dissemens  lesplusviFs  ,  lorsque  la  toile  est  tombée. 
Cette  opposition  duriit  encore  au  moment  otà 
l'on  a  nommé  l'auteur  des  paroles  ;  mais  elle 
n'existait  plus  lorsqu'on  a  proclamé  le  nom>  du 
compositeur  ,    le    ciioyen  Martini. 

Celte  composition  date  d'un  certain  nombre 
d'années;  il  est  aisé  de  le  reconnaître  ;  elle  n'a 
pas  la  couleur  moderne  ,  où  plutôt  le  vernis  à 
la  mode  ;  mais  elle  a  le  style  des  grands  maîtres . 
et  ce  qui  est  beau  dans  tous  les  tems  ,  elle  a 
l'accent  de  la  nature  et  de  la  vérité.  Aussi  est- 
elle  d'un  grand  effet  ;  onel  que  soit  son  succès 
au  théâtre  ,  la  partition  en  sera  toujours  un  excel- 
lent sujet  d'étude.  Nous  aimons  à  dire  que  le 
chant  en  est  la  partie  principale.  Les  accompa- 
gncmeiis  sont  rarement  trop  bruyants;  ils  sont 
lour-à-tour,  vigoureux,  riches,  harmonieux,  ou 
simples  ,  ingénieux  et  agiéables.  La  conforniité 
de  cette  composition  ,  soit  à  la  situation  donnée, 
soit  aux  paroles  ,  soit  au  caractère  particulier 
de  chaque  peisonnage,  est  en  général  son  prin- 
cipal mérite.  L'auteur  du  poëme  a.  sans  doute,  |  ^ug  ,  je  lai  recommandé  à  l'attention  particulière 
à    se  reprocher  d'avoir   donné   à  tous   ses   rôles,  |  clu  ministre  de  l'intérieur. 


augmentée.  Prix  i  franc  ,  ou  80  cent,  pour  ceux 
((ui  prennent  plusieurs  exemplaires.  A  Paris  , 
chez  i'au'eur  ,  rue  Andîé-des-Arcs  ,  n°  78  ,  et 
chez  les  libraires  Deterville,  rue  du  B;itlolr,  n"  16; 
.'Vg.Tsse,  rue  des  Poitevins  ,  n"  18;  Moutardier, 
quai  des  Augustins ,  n°  18  ,  et  Desenne  ,  palais  du 
Tribunat. 

En  annonçant  avec  éloge  ,  ainsi  que  nous 
l'avons  déjà  fait  ,  la  Grammaire  usuelle  du  citoyen 
Caminade  ,  nous  avons  voulu  rendre  justice  à 
à  l'estimable  auteur  de  cet  ouvrage  .  et  servir  ua 
mênne-iems  nos  lecteurs  en  leur  indiquant  nn 
guide  propre  à  diriger  dans  l'étude  pénible 
de  la  l.ingue  ,  ceux  qui  voudront  le  suivre.  C'est 
dans  les  mêmes  vues  que  nous  annonçons  au- 
jourd'hui l'abiégé  de  la  grammaire  usuelle.  L'auteur 
en  a  fait  un  ouvrage  classique  des  plus  utiles. 
Nous  desirons  qu'il  s  oit  généralement  a  il  opté,  parce 
que  nous  y  trouvons  la  clarté  et  la  concision 
nécessaires  pour  instruire  sans  fatiguer;  deuK 
qualités  qui  font  le  principal  mérite  des  écritscon- 
sacrés  à  la  jeunesse. 

L'insertion  de  la  lettre  suivante  dira  plus  encore 
en  faveur  de  cet  ouvrage  ,  que  les  éloges  qu'il 
nous  serait  possible  d'ajouter.  ^   ■ 

Paris  ,    le  aS  vendémiaire  ,  an  g   de  la   république, 

DÉPARTEMENT     DE      LA      SEINE. 

Au  citoyen  Cnminade , 
J'ai  reçu  ,  citoyen  ,  avec  votre  lettre  du  i-5  de  ce 
mois  ,  l'ouvrage  élémentaire  ,  intitulé)  Grammaire 
usuelle.  Honoré  du  suffrage  de  I  Institut,  ce  livre 
n'a  pas  besoin  des  éloges  que  je  pourrais  lui 
donner  ;  je  me  borne  donc  à  dejirer  qu'il  soit 
mis  à  l'usage  des  écoles  n.itionales  comme  livre 
élémentaire  propre  à  contribuer  au  perfectlon- 
nenienî  de  l'insirucfion  publique  ,    et    dans    cette 


THEATRE        FEYDEAU. 

On  a  donné  le  24  de  ce  mois  à  ce  théâtre  la 
première  représentation  de  TJméo  ,  ouvrage  du 
citoyen  Lourdet  de  Santerre  ,  auteur  à'Agaihine, 
ou  la  Fille  naturelle^  pièce  jouée  sans  succès  ati 
théâtre  Français  en  l'an  3  .  et  de  plus  ayant  ,  à 
ce  que  l'on  assure  ,  des  droits  à  revendiquer  une 
partie  des  suffrages  décernés  à  l'auteur  d'Armette 
tt  Luhin.  Il  a  trouvé  dans  un  conte  imprimé  à  la 
suite  des  Saisons  de  Saint-Lambert ,  le  nom  et  le 
caractère  de  son  principal  personpage  :  le  reste 
lui  appartient. 

Ziméo  ,  dans  l'ouvrage  original  ,  est  un  nègre 
révolté  au  Canada  contre  ses  oppresseurs  ;  le 
citoyen  Lourdet  de  Santerre  a  placé  le  sien  au 
Mexique  ,  conjurant  la  perte  des  espagnols  spo- 
liateurs de  ses  biens ,  et  ravisseurs  de  son  épouse. 
Ziméo  ressemble  donc  beaucoup  à  Zamore  ;  mais 
on  ne  lui  a  point  opposé  de  Gus'man,  et  ce 
n'est  point  pour  une  Alzire  qu'il  veut  combattre  : 
le  rôle  de  sa  femme  est  insignifiant  et  secondaire  : 
dpux  rôles  imités  de  Monteze  et  d'Alvarès  ,  sont 
placés  près  de  lui.  L'intérêt  qu'il  pourrait  inspirer 
est  partagé  avec  les  entans  du  gouverneur  espa- 
gnol ,  dont  Ziméo  menace  les  jours.  Après  une 
capture  mutuelle  des  deux  chefs  ennemis,  et 
un  échange  réciproque  ,  Ziméo  se  réconcilie 
avec  les  espagnols  ,  qui  lui  promettent  la  paix 
et   l'indépendance. 

Tel  est  le  fond  de  cet  ouvrage,  qui  était  évi- 
demment du  domaine  du  grand  opéra;  sa  coupe 
1  indique  ;  la  distribution  des  scènes  ,  l'enchaîne- 
ment des  situations  ,  les  dispositions  d'une  foule 
de  tableaux  le  prouvent.  Quoiqu'il  en  soit, 
beaucoup  trop  d'événemens  sont  accumulés  au 
premier  acte.  Une  suppres.»ion  nécessaire  est 
celle  du  mariage  si  prompt,  si  invraisemblable 
et  si  peu  intéressant,  de  l'officier  français   avec 


un  ton  ,  et  un  langage  trop  égal.  Il  était  ditli- 
cile  de  dissimuler  ce  défaut  essentiel  ,  avec  plus 
d'art  et  de  sentiment  que  ne  l'a  fait  le  citoyen 
Martini.  "'  " 

Détachés  ,    presque    tous    ses    morceaux   sont 
bien   faits  :  réunis  ,  ils   forment  une  composition 
savante  à  la   (ois  ,  et  agréable  ,    dont  toutes  les 
parties   sont  bien    en  hjimon:c:  entre-elles  ,  dont  I 
les  beautés  se  prêtent  ufJ  inntuel  appui  ,    se  suc- 
cèdent sans  se  nuire,    et  reçoivent  des  plus  heu- 
reux contrastes  un  éciai.;quuii  t.ilent  consommé 
pouvait  seul   leur   ménagejr.  Nous   citerons  tous 
les   chants    de  femmes    pour  ieurciiant   simple,  | 
mélodieux  et  pur  ,   ceux  des  saiivagcs  pour  leur  | 
teinte    originale    et   leur    iiarmonie  vigoureuse  ,  | 
la  finale   du    l''   acte    ,    l'invocation    au   soleil  ,  i 
j  l'opposition   touchante   enue   les  accens  plaintifs  | 
de  l'officier  piêt  à  être  sacrifié,  et  les  cris  b.nbares  | 
des  sacrificateurs,  la  finale  du  2''  acte  .  un  bc:iu  1 
duo    de   basses    tailles  ,    celui    entre    Ks  jeunes 
époux  ,    le   rôle  presqu'eniier  de  Zimco  ,    et   le 
f/in<aii/«  pathétique  qui  ouvre   le  troisième    acie  : 
Cemorceau  appartient  à  la  belle  école  de  Sacchini, 
comme   les  morceaux  vigoureux    répandus  dans 
l'ouvrage  ,   sont  dignes  de  nos  plus  grands  har- 
monistes. 

On  doit  beaucoup  regretter  que  cette  riche 
composition  n'ait  pas  été  exécutée  sur  un  ihéâire, 
où  tous  les  arts  réunis  eussent  donné  pour  voile 
à  ses  nombreux  défauts  leur  pompe  enchante- 
resse, et  leur  charme  inexprimable.  C'est  aussi 
ce  qui  manquait  à  Sapho  ;  composition  très -bel  le, 
du  citoyen  Martini  ,  que  les  théâtres  lyriques 
serùbleraient  devoir  se  disputer  ,  et  qu'ils  ou- 
blient ,  tandis  que  le  public  en  garde  le  souvenir. 

On  doit  cependant  des  éloges  aux  acteurs 
du  théâtre  Feydeau,  pour  leur  zèle  et  leurs  efforts; 
Dessaules  est  bien  placé  dans  Ziméo.  Peut-être 
nul  chanteur  à  Paris ,  n'eût  produit  une  aussi 
vive  sensation  que  Fay  dans  ce  beau  choeur  que 
nous  avons  cité  ;  tant  il  est  vrai  que  pour  ap- 
précier le  talent,  il  faut  le  voir  dans  l'emploi 
qui  lui  est  le  plus  propre  ;  peut-être  Valliere 
et  Rézicourt  devraient-ils  changer  de  rôle.  Mlle. 
Lesage  a  déployé  de  très-beaux  moyens.  Il  est 
essentiel  de  parler, de  l'intelligence  et  de  l'habi- 
leté de  l'orchestre.  Quant  aux  costumes  et  aux 
décorations  ,  ils  rappellent  le  tems  ,  où  le  théâtre 
Feydeau  fondait  sur  leur  richesse  une  partie  de 
ses   succès.  S. . . . 


Le  préfet  du  départtment  ,  signé  ,  Frochot, 

Manuel  pratique  et  élémentaire  des  poids  et  mesures 
et  du  calcul  décimal ,  contenant  les  insiructions  les 
plus  propres  à  se  familiariser  avec  la  connaissance 
du  nouveau  système,  et  un  grand  nombre  de 
tables  de  comparaison  ,  basées  sur  le  mètre  et  le 
kilogramme  définitifs  ;  ouvrage  utile  à  tous  les 
banquiers  ,  marchands  ,  entrepreneurs  ,  arpen- 
teurs ,  notaires  ,  propriétaires  et  particulièrement 
aux  instituteurs  et  élevés  des  écoles  nationales  ; 
seconde  édition  ,  augmentée  de  pilusieurs  tables 
et  insiruciio.ns  .  et  du  prix  comparatif  des  ancien- 
nes et  nouvelles  mesures  ;  parSeb.  André  Tarbé. 
Prix  75  cent,  broché  ,  et  l  fr.  relié.  De  1  impri- 
merie de  l'auteur  ,  et  se  trouve  à  Paris  ,  chez 
Merlin  ,  rue  du  Hurepoix,  n"  l3,  et  Rondonneau, 
place  du  Carrousel. 


LIVRES       DIVERS. 

Abrégé  de  laGrammaire  usuelle  ,  dédiéeaux  élevés 

du  Prytanée  français  ,    par    le    cit.    Caminade  , 

membre   de  plusieurs  sociétés  savantes,  seconde 

lafiUe'du  gouverneur  espagnol.  Qu'on  suppose 'édition  .  revue,    coftigée    et    considérablement 


ANNONCES. 

CoVection  de  classiques  nt-iS  ,  sur  papier  vcVin  ,  im- 
primée par  les' soins d'Ant.  Ang.Renuuard,  libraire, 
rue  André-des-Arts  ,  n"  42.  , 

D;5fi)'.)i  sur  l'Histoire  univei selle  ,  par  Bossuet , 
4  vol.  m- 18,  arec  un  très- beau  portrait ,  br.  12  fr. 
CornrHus  Nepos  .,  cum  Aiistomcne  exPausania. 
et  chronologia  iraperalorum  Giaeciœ  ,  2  vol.  6  fr. 
Fetronii  Satyricon  ,   cum   fragmentis  et  Glossario 

Petroniano  ,   2   vol 6  fr. 

SaUuslius  ,  ciim  Ciceronis  et  P.  Latronis  in  Ca- 
tilinam  orat. ,  3  vol.   avec  les  portra  ts  de  S-ilusfe, 

César  et  Ciceron 9  fr. 

Apuleius  ,  3  vol 9  fr. 

Psfche ,    ex   Apuleio  :  Matrona    Ephesiaca  ,  ex 

Petronio  ,  1  vol 3  fr. 

Celui-ci  n'a  été  tiré  qu'à  go  exemplaires.  Il  n'en 
reste  que  quelques-uns. 

Plinii  Panegyricus  ,  t  vol 5  fr, 

Ciceronis  Cato  major,  Lselius  ,  etc.  ,  a  vol.  avec 

le  portrait  de  Cicéron 6  fr. 

Eulropius  ,  Sextus  Rufus  ,  1  vol 3  fr. 

Taciti  Germania  ,  Agricola  ,  i  vol 3  fr. 

Cette  collection,  commencée  en  1795,  a  été 
faite  dans  1  intention  de  fournir  des  livres  portatifs  ' 
comme  les  éditions  des  Etxeviers ,  mais  d'un  carac- 
tère plus  à  la  portée  de  tous  les  âges.  Imprimée 
avec  élégance  et  correction  ,  elle  est  cependant 
d'un  prix  três-modique  .  quoique  tirée  au  petit 
nombre  de  270  exemplaires.  Chaque  ouvrage  se 
vend  séparément. 

Il  y  en  a  quelques-uns  seulement  sur  un  papier 
fin  de  Hollande,  du  plus  grand  éclat,  à  6  fr. 
chaque  volume  pris  séparément,  et  5  fr.  en  prenant 
les  20  à-la-fois-  ■/  ^'' 


iS.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour 


flu 


boonenient  se  fait  à  Paris ,   rue  dei  Poitevins 
commeucement  de  chaque  mois. 
Il  faut  adresser  les  ïettres  etl'argeat  ,  franc  de -port  ,  : 
çays  a-ll'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départem 

Il  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs ,  et  adresser  tout 
PsiteviBS  ,  n'«  i3,depui  sneufheuresdu  matin  jusqu 


5o  flancs  pour  6  mois ,  eti  00  fraoc»  pour  l'année  1 


Aga  sS  e,  propriétaire  de  ce  je 
m  affranchies  ,  ne  seront  pcùnt  » 


1  ,iue  des  Poitevins, 

n»  iS.  Il  faut  co 

es  de  la  poste. 

ser  tout  ce  qui    conc 

me  la  rédaction 

A  Paris ,  de  limprioierie  du  cit.  Agisse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  dss  Poitevins,  n°  i3. 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^■"30. 


Décadi  ,  3o  vendémiaire  an  g  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à  dater  du  7  nivôse  lé  MONITEUR  est   le   seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les   notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles.  ^ 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts   et  aux  découveres  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  1 1  octobre  (  1 9  vendémiaire.  ) 
Fin  du  discours  de  M.  Fox. 

Xje  vœu  de  ce  pays  s'est  posiiivement  manifesté 
pour  la  paix  ,  mais  celévénement  désiré  s'ofFie-l-il 
même  en  perspective  ?  En  arrivant  ce  malin  de 
la  campagne  ,  j'ai  appris  que  les  ministres  se 
disposaient  à  prouver  par  la  voie  dede  l'impres- 
»ion  ,  que  ce  n'est  point  leur  fuulesi  la  der- 
nière ncgociaiioii  a  échoué.  Je  pourrais  alléguer 
plus  d'un  fait  pour  montrer  qu'ils  ne  désirent  pas 
la  paix  ;  insinuer  qu'ils  préfèrent  la  continuation 
de  la  guerre.  Mais  pourquoi  insinuer  ?  Je  n'ai 
qu'à  raconter.  N  ai-je  pas  entendu  dire  .  dans  la 
seule  séance  de  la  session  dernière  oiije  me  sois 
trouvé  ,  que  la  réussite  de  la  négociation  de  Lille 
n'eût  pas  été  à  dcsirer  ,  et  qu'elle  avait  été  suffi- 
samment avantageuse  ,  en  ce  qu'elle  avait  con- 
tribué à  nous  procurer  un  solide  système  de 
finances.  D'après  cela  ,  j'avoue  que  j'apprends 
avec  effroi  et  douleur  la  nouvelle  d'une  autre 
négociation  manquce  ;  car  les  minisires  y  voient 
peut-être  l'heureux  avant-coureur  d  un  nouveau 
système  de  finance  encore  plus  solide.  Personne 
n'a  douté  de  la  sincérité  des  offres  faiies  par 
la  France  au  mois  de  janvier  dernier.  Une  si 
belle  occasion  de  faire  la  paix^  ne  se  présentera 
sans  doute  pas  de  long-tems ,  et  je  crois  que  . 
li  elle  se  présentait  ,  les  ministres  la  perdraient 
encore.  Il  n'y  a  point  de  sacrilices  que  les  anglais 
re  fissent  de  bon  cœur  pour  la  défense  de  leurs 
droits  ;  mais  il  est  cruel  de  voir  que  toutes  les 
lessources  dont  noi-.s  aurions  pu  nous  prévaloir 
Tin  jour  dans  une  cause  juste  ,  soient  maintenant 
hazardées  dans  une  guerre  sans  espoir  ,  sans  objet 
que  l'on  puisse  définir  et  uniquement  pour  réta- 
blir la  maison  de  Bourbon  ,  f  irréconiiliable  en- 
nemie du  nom  Britannique.  Ces  ressources  ont 
été  plus  étendues  ,  plus  faciles  à  mettre  en  action 
qu'on  pe  pouvait  l'espérer.  De  tels  avantages  se 
perdent  aussitôt  qu'ils  ne  sont  pas  employés  avec 
<liscernenient  et  précaution.  Nous  en  voyons 
ï'exen-ple  frappant  dans  nos  affaires  privées.  La 
facilité  d'emprunter  est  un  grand  bien  ,  mais  , 
quelques-uns  de  nous  n'en  ont  que  trop  fait  l'ex- 
périence ;  cette  ressource  même  est  funeste  quand 
elle  excite  à  la  prodigalité. 

Ce  n'est  pas  seulement  une  diminution  de 
levenu  que  chaque  homme  éprouve  aujourd'hui  ; 
il  est  privé  de  jou  I  ances  qui  lui  étaient  acces- 
sibles. Le  haut  prix  des  denrées  affecte  toutes  les 
classes  de  la  société.  Je  n'en  rechercherai  point  ici 
minutieusement  la  cause.  Mais  il  est  évident  que 
l'énorme  augmentation  de  notre  dette,  en  multi- 
pliant à  l'excè»  les  moyens  de  circulation  ,  a  dé- 
précié la  valeur  de  l'argent ,  et  que  la  guerre 
est  ainsi  la  principale  source  du  renchérissement 
des  denrées.  Des  causes  accidentelles  ont  pu  s'y 
joindre,  cependant  je  doute  que  làiir  effet  ait 
été  tiès-sensible.  Q^ioique  je  voye  peu  de  proba- 
bilité de  porter  remède  au  mal,  je  saisirai  cette 
occasion  de  déclarer  que  des  moyens  viblens 
et  tuniuliueux  ne  feraient  que  laggraver.  Je 
déplore  les  rassemhitmens  désordonnés  dont  la 
ci)é  de  Londres  a  éé  le  théâtre;  ils  ne  pouvaient 
faire  aucun  bien  ;  les  conséi]uences  les  plus 
funestes  pouvaient  en  résulter.  J  admire  en  même 
tenis  la  manière  dont  ils  ont  été  dissipés.  Mon 
Irès-honoiabie  ami  (le  lord  maire)  s'est  acquis 
dans  cette  circonstance  un  honneur  immortel; 
il  a  heureusement  réprimé  sans  violence  une 
populace  lormidable  ,  excitée  par  les  |.irovoca- 
tions  les  plus  propres  à  rendre  les  hommes  in- 
traitables; il  a  prouvé  au  monde  ce  que  le  sang 
froid  et  la  fermelé  peuvent  faire  dans  les  momcns 
les  plus  difficiles.  Les  événemcns  qui  ont  eu  lieu 
n'ont  point  eié  ceux  qu'il  aurait  pu  désirer  ;  il 
eût  été  plus  salislesanl  pour  lui  de  n'avoir  point 
été  dans  le  cas  d  appeler  ,  p  ndant  sa  mairie, 
une  force  miliiaiie  pour  maintenir  l'ordre  dans 
la  cité;  mais  il  a  eu  la  gloire  de  le  rétablir  sans 
faire  verser  de  sang,  sans  qu'un  innocent,  ni  même 
un  coupable  ait  souffert. 

Ces  calamités  sont  au  nombre  de  celles  que 
nom  devons  à  la  guerre  ,  mais  ce  ne  sont  pas 
encore  les  plus  grandes.  La  constitution  ,  le  sujet 
de  notre  orgueil  ,  la  source  de  notre  ancienne 
prospérité,  de  noire  ancien  bonheijr,  }a  consti- 


tution a  été  lésée.  Comparez  les  choses  ,  telles 
qu'elles  sont  aujourd'hui  ,,  à  ce  qu'elles  étaient 
quand  j'eus  l'honneur  d'être  choisi  la  première 
fois  pour  vous  représenter.  Ce  tems  néiait  pas 
très-favorable  à  la  liberté  de  la  presse  .  mais 
c'était  le  règne  de  la  liberté  même  à  côté  du  tems 
actuel.  Pensez  aux  effrayantes  atteintes  que  la 
liberté  de  la  piesse  a  reçues ,  à  la  manière-  dont 
les  libelles  se  jugeaient  alors  ,  et  à  la  manière 
dont  ils  se  jugtni  à  présent;  voqs  verrez  que  si 
alors  un  homme  n'avait  pas  la  liberté  de  publier 
ses  sentimens  cornme  il  aurait  dû  l'avoir  ,  à  pré- 
sent le  plus  servile  ,  le  plus  intolérable  silence 
lui  est  imposé.  Les  changemens  qui  ont  eu  lieu 
par  rapport  à  la  liberté  persotinellc  ,  sont  encore 
plus  déplorables.  Il  y  a  vin'^t  ans  ,  des  hommes 
innocens  ne  languissaient  pas  sans  espoir  ,  renfer- 
més pour  des  rebellions  et  des  insurrections  ,  quj 
n'existèrent  jamais  qu'en  imaginatioiv,  et  je  puis 
dire  que  dans  i'iuiagination  ci'une  classe  d  hommes 
qui  font  naître  à  dessein  ces  sortes  de  bruits  , 
afin  de  pouvoir  comprimer  plus  aisément  la 
cause  de  la  liberté.  Toutes  les  fois  (jue  les  plaintes 
ont  été  portées  et  légalemettt  examinées  devant 
un  jury,  les  alarmes  se  sont  trouvées  n'avoir 
aucun  fondement. 

On  dit  que  la  société  ne  souffre  point,  que  je  me 
plains  d  un  léger  inconvénient.  Quoi  donc!  est-ce  un 
légerinconvénient  que  tant  d'anglais  innocens  (car 
je  les  croirai  tels  jusqu'à  ce  que  leur  crime  ait  été 
prouvé  )  soient  privés  ,  sans  nécessité  ,  de  leur 
iiberié  et  soumis  à  de  cruelles  souffrances  ?  Le 
gouvernement  prétend  qu'ils  éprouvent  toute 
l'indulgence  dont  leur  position  est  susceptible  ; 
je  veux  bien  supposer  qu'ils  soient  traités  avec 
douceur  ;  cela  nempêcherail  point  que  leurs  pri- 
vations ne  fussent  cruelles  et  leur  état  extrême- 
raentdouloureux.Toute  communication  avec  leurs 
amis  leur  est  interdite.  Ils  sont  étrangers  aux 
agréraens  de  la  société;  ils  «ont  voués  à  la  plus 
triste   solitude. 

Je  ne  sais  pas  qîiel  estie^^pmfare  de  «es  hom- 
mes infortunés  ;  mais  il  n'y  en  aurait  pas  eu  un 
seul  quand  les  anglais  étaient  encore  anglais , 
quand  la  constitution  était  encore  intacte  ,  quand 
les  principes  de  la  liberté  étaient  connus  ,  suivis 
et  respectés.  Si  le  pouvoir  de  renfermer  l'in- 
nocent existe  ,  le  nombre  de  ceux  qui  sont 
renfermés  a  peu  d'importance.  Ce  pouvoir  ,  la 
nécessité  des  tems  n'a  jamais  demandé  son 
exercice  ,  et  s'il  a  été  accorde  ,  c'est  la  preuve  que 
notre  liberté  n'est  plus.  Les  plus  dignes  membres 
de  la  société  ,  nos  plus  chers  parens  ,  nous- 
mêmes  ,  nous  pouvons  au  premier  jour  par- 
tager le  sort  da-'ces  infortunés  que  nous  plaignons. 

Ce  qui  s'est  passé  dans  un  pays  voisin  décelé 
encore  plus  clairement  l'existence  d'un  plan  sys- 
tématique pour  jetter  le  peuple  dans  l'esclavage. 
Des  tumultes  ont  été  excités  par  d-s  moyens 
impardonnables,  et  ensuite  réprinaés  par  des 
atrocités  odieuses.  Des  villages  ont  éié  mis  en 
fcu  ;  la  torture  ,  dans  ses  formes  les  plus  hor- 
ribles ,  a  été  employée  pour  obtenir  des  dé- 
couvertes ;  le  pouvoir  militaire  a  été  entièrement 
dégagé  du  frein  de  l'autorité  civile.  Cependant 
dans  ce  pays  le  gouvernement  a  reçu  des  com- 
plimens  pour  avoir  réprimé  une  rébellion  qu  il 
a  étouffée  par  des  moyens  plus  repréhensibles 
encore  que  ceux  qui  l'avaient  fomeniée.  La  ty- 
rannie a  forcé  ce  malheureux  pays  à  ce  qu'on 
appelle  une  union,  et  l'a  ainsi  privée  de  tout 
ce  qui  lui  était  cher  comme  état  indépendant. 
Je  ne  prononcerai  point  sur  la  mesure  en  elle- 
mènne  ,  mais  je  condamne  hautement  la  marche 
suivie  pour  la  mettre  en  exécution.  \Jn  peuple 
libre  s'est  vu  forcé  de  livrer  son  indépendance  , 
et  cela  au  moyen  d'un  parlement  qui  ne  le  re- 
présentait quimparfaiiemem  ,  et  qui  ne  pouvait 
le  gouverner. 

La  politique  de  la  France  est  devenue  le  sujet 
constant  des  déclamations  ministérielles  ,  vous  en 
voyez  dans  cette  circonstance  l'imitation  repré- 
hensible.  Je  parle  ici  de  l'usage  d  unir  à  la  répu- 
blique d  autres  pays  ,  sous  prétexte  que  ces  pays 
désirent  fraterniser  avec  elle. 

Enfin  ,  messieurs  ,  ils  ont  disparu  .  tous  ces 
principes  qui  distinguaient  encore  l'Angleterre 
quand  je  lis  l'honneur  devons  représenter  jiour  la 
première  lois.  Mais  ces  grands  changemens  ont 
été  giaducls.  Ils  peuvent  n'avoir  pas  aussi  puis- 
samment (rappé  ceux  qui  se  mêlent  sans  cesse 
dans  les  scène»  actives  de  la  vits ,  que  celui  qui  , 


vivant  loin  du  monde  ,  ne  sort  que  par  circons- 
tance de  sa  retraite.  Le  système  de  l'oppression 
est  parvenu  à  un  point  vraiment  alarmant ,  et  tout 
esprit  philosophique  doit  prévoir  la  destruction 
de  la  liberté,  je  n'ai  pu  me  plier  à  ce  système.  Je 
suis  trop  vieux  ,  et  j'ai  résolu  d'adhérer  aux  prin  - 
cipes  de  ma  jeunesse.  Si  les  électeurs  de  "West- 
minster pensent  que  leurs  intéiêts  seraient  mieux 
défendus  en  mettant  un  autre  à  Id  place  de  leur 
représentant  nominal  (  car,  je  conviens  fjue  je 
les  représente  seulement  de  nom  )  je  suis  piêt  à 
m'éloigner  de  cette  même  place.  Mais  temporiser  , 
marchander  les  principes  de  la  constitution, 
prendre  un  ton  inférieur  à  celui  que  j'ai  toujours 
soutenu  ,  renoncer  à  la  conduite  qui  m'a  valu 
votre   faveur  ,  voilà  ce  que  je  ne  ferai  point. 

Si  je  parle,  ce  sera  pour  proclamer  ces  prin- 
cipes ,  qui  ,  pendant  tant  de  siècles  ,  ont  fait 
la  gloire  de  I  Angleterre.  Je  dirai  que  ,  dans  tout 
pays  .  en  Autriche  ,  en  Russie  ,  en  Prusse  ,  en 
France  ,  le  seul  souverain  légitime  est  le  peuple, 
et  que  les  gouvernemens  sont  légitimés  et  cal- 
culés pour  le  bonheur  du  public  ,  suivant  la  pro- 
portion dans  laque  lie  ils  représentent  ce  souverain. 
Je  regarderai  toujours  comme  un  devoir  de  pren- 
dre la  défense  des  piincipes  de  la  liberté  ,  des 
principes  Wighs  qni  amenèrent  la  révolution  de 
1688,  et  qui  seuls  pouv?,ient  la  justifier.  D'ajirès  ces 
principes  ,  c'était  aux  français  et  non  aux  anglais 
à  determiuer  si  les  Bourbons  devaient  régnci  en 
France.  N'importe  qu'ils  aient  dicidé  cette  ques- 
tion convenablement  ou  non;  ils  l'ont  déci'Iée. 
Dès  lors  l'Autriche  ,  la  Prusse  et  la  Grande-Bre- 
tagne ,  en  cherchant  à  les  contraindre  ,  ont  agi 
d'une  manière  qui  ne  se  peut  justifier.  La  guerre  , 
injuste  dans  son  origine  ,  fut  encore  injuste  dans 
sa  prolongation  ,  puisque  la  Fiance  a  plusieurs 
fois  témoigné  le  désir  sincère  de  faire  la  paix 
avec  nous.  Nous  avons  répandu  notre  sang  ,  dis- 
sipé nos  trésors  ,  contracté  une  dette  dont  nous 
ne  pouvons  plus  porter  le  fardeau  ,  non  pour  le 
soutien  de  notre  indépendance  .  de  notre  cotii- 
raercé  et  de  nos  possessions  coloniales  ,  pasn>ênie 
pour  ajouter  à  notre  gloire  militaire ,  mais  uni- 
quement pour  comprimer  la  liberté  et  pour  servir 
la  cause  du  despotisme.  Je  soupçonne  que  ces 
vérités  ont  vieilli  pour  les  oreilles  vulgaires  , 
quoique  je  puisse  encore  ,  sans  être  blâmé  ,  les 
proférer  en  piésence  de  mes  constituans.  La  seule 
alternative  qui  me  re.ne^.st  donc  de  garder  le 
silence  ,  excepté  parmi  eux  ,  et  d'attendre  ainsi 
le  tems  favorable  oiî  je  pourrai ,  d'une  voix  vigou- 
reuse ,  appuyer  la  constitution  de  ma  patrie.  A 
mon  âge  ,  je  n'adopterai  pas  des  systèmes  sui- 
vant la  mode  du  jour.  Je  sais  que  la  vicissitude 
des  événemens  peut  prescrire  dans  no^re  con- 
duite un  changement  qui  leur  corresponde.  La 
consistance  peut  être  poussée  trop  loin  et  devenir 
hors  de  saison  ,  quand  l'état  de  la  société  et  de 
l'opinion  publique  a  changé.  Mais  c'est  aux  jeunes 
gens  qui  commencent  leur  carrière,  et  dont  la 
réputation  est  encore  à  faire  ,  à  régler  leur  con- 
duite sur  la  mode  du  jour  :  ce  n'est  point  une 
telle  conduite  que  doivent  suivre  ceux  qui  ont 
obtenu  l'estime  de  leurs  compatriotes  ,  en  passant 
leur  vie  à  soutenir  avec  fermeté  un  système  par- 
ticulier d'opinion. 

J'éprouve  la  plus  profonde  reconnaissance  en- 
vers vous  ,  envers  le  peuple  qui  m'honore  de  son 
approbation;  mais  je  dois  vous  informer  que  je 
compte  encore  demeurer  éloigné  des  affaires  pu- 
bliques. Le  tems  d'agir  fut  passé  pour  moi  ,  lors- 
que les  principes  sur  lesquels  j'agissais  ,  s'éteigni- 
rent. Je  n'ai  plus  ,  messieurs  ,  qu  à  vous  assurer 
de  ma  constante  adhésion  à  ces  principes  qui  ont 
guidéma  conduitepassée.  Ils  exigent  que  je  m'ab- 
sente du  parlement  ;  mais  je  maintiendrai  toujours 
que  la  base  de  toute  politique  est  la  justice  ;  que 
la  base  de  toutes  les  constitutions  est  la  souve- 
raineté du  peuple,  et  que  du  peuple  seul  les 
rois  ,  les  parlemens  ,  les  juges  et  les  magistrats 
tiennent  toute  leur  ai«torité.  '» 

M.  Fox  ,  après  avoir  terminé  son  discours  , 
porta  successivement  la  santé  , 

4<  Du  lord-maire  et  des  électeurs  indépendans, 
de  Londres. 

Il  Une  prompte  paix  entre  la  Grande-Bretagnç 
et  la  république  française.  t> 

i(  Lord  Guillaume  Russell. 

(t.  M.  Erskine  et  le  jugement  par  jury,  n 

M.  Erskine  prenant  alors  la  parole,  dit  qu'il 
se  serait  borné  à  remercier  l'assemblée  ,  si  ta  sauté 


114 


simple  eût  éié  porlée  ;  mais  elle  nvait  éié  jointe 
avec  lin  sujet  dont  il  n'enlentiait  jrim<ii«  faire 
!T\itition  sans  être  profondément  touclTe.  Il  su)i- 
)ifisail  cj)i  tn  joignant  ainsi  à  sa  simié  un  vœu  en 
iiveur  (in  jui^emenl  pjr  jury  ,  c'était  une  distinc- 
tion pariiciiiicre  qu'on  (bi;Jnait  lui  icconler  ,  à 
raison  de  ce  qu'il  jviiit  éié  plusieurs  fois  dans 
le  c.is  de  défendre  des  personnes  accusées  de 
libelles  et  de  haute  -  tralùson  ,  notamment  crr 
I7y4.  Il  5v;iit  quelquefois  heureusement  lutté 
tonne  lescHoris  de  ceux  qui  cherchaient  à  faire 
des  lois  du  pays  ,  les  instuimens  de  la  tyrannie, 
nuis  il  ne  pouvait  se  fl.uter  qu'il  en  eût  ré- 
siilié  pour  le  public  l'avantage  qu'il  auraitdtsiié. 
L  histoire  du  déclin  de  nos  libertés ,  ajouia-l-il , 
vient  d'être  tracée  par  mon  honorable  ami  ;  il 
ne  me  reste  qu  à  lui  reiidre  une  justice  qu'il  a 
néniigé  de  se  rendre  à  lui-mcnie.  JVI.  Erskine  fit 
alors  l'éloge  de  lu  conduite  polltiiiue  île  M.  Fox, 
et  lorsqu'il  eut  fini  de  parler,  le  président  porta 
les  toasts  suivans  : 

"  La  liberté  dans  tout  l'univers. 

)'  Le  souvenir  de  la  libeité  de  la  presse. 

ti  M.  Gialt'in  et  les  amis  de  la  liberté  en  Iilande. 

Parmi  les  convives  se  trouvaient  le  lord-maire  , 
lorJ  William  Russell  ,  le  comte  de  Bes'boiough, 
M.  Courienay  ,   etc. 

Du    17  octobre.   (25  vendémiaire.) 

Actions  de  la  banque ,  fermées.  —  3  pour  cent 
consolidés  ,  64).  |.  j.  |.  Novembre ,  645.  }.  j.  y. 
—  Omnium.  3^.  4.  3^.  5.  prime. 

Le  parlement  qui  était  prorogé  au  mardi  11 
novembre  prochain  ,  a  ordre  de  s'assembler  ce 
jour-kî.  La  pioclamation  par  laquelle  il  est  con- 
voqué ,  et  qui  est  datée  du  i5  du  courant  (  23 
vendémiaire  )  ,  porte  :  pour  expédition  d'affaires 
graves  et  importantes. 

S.  M.  a  reçu  hier  l'adresse  de  la  cité  de  Lon- 
dres, qui  lui  a  été  présentée  par  le  lord  maire  , 
accompagné  des  alJerraen  et  des  meurbres  de 
la  commune.  Le  roi  a  dit  en  réponse  ,  que  c  était 
toujours  avec  plaisir  qu'il  avait  recours  à  l'avis 
du  parlement  .  et  qu'il  avait  déjà  prévenu  les 
souhaits  de  la  cité  ,  en  le  convoquant  pour  le  11 
novembre  prochain. 

L'adresse  présentée  à  S.  M.  était  celle  de  la 
cité  en  sa  qualité  de  corporation,  et  non  celle 
de  la  livcry  qm  S.  M.  refuse  de  recevoir  sur  son 
•irôae. 

La  corporation  de  Notlingham  a  volé  une  pé- 
tition au  roi  ,  pour  le  suppliei  d'assembler  le  par- 
lement relaiivement  à  la  cherté  des  vivres.  Le  duc 
de  Porlland  ,  en  (jualiié  de  recotder  de  la  ville  de 
Nottinghain  et  le  lord  lieutenant  du  comté  sont 
chargés    de  la   présenter.  - 

On  dit  le  généialRigaud  arrivé  de  St-Domingue 
à  Saint-Thomas. 

L'amiral  lord  Sainl-Vincent  a  remis  en  mer  avec 
vingt-cinq  vaisseaux  de  ligne. 

On]  parle  du  reiour  ici  de  M.  Liston  ,  notrç 
ministre  à  Philadelphie  :  sa  position  dans  cette 
riite  était  devenue  (*És-cmbarrassanie  ,  depuis 
les  plaintes  portées   contre  nos  croiseurs. 

(  Extrait  du  Sun  et  du  Courier.  ) 

INTERIEUR. 

Parii  ,  le  '2g  vendémiaire. 

Le  général  Moreau  est  arrivé  à  Paris  le  26  à  dix 
heures  du  matin.  I!  s'est  sur  le  champ  rendu  chez 
le  premier  consul  ,  qui  était  au  conseil-d'état.  Il 
était  accompagné  du  général  Lahorie. 

Le  général  Moreau  était  encore  dans  le  sallon 
du  premier  consul  ,  lorsque  le  ministre  de  l'inté- 
rieur a  apporté  une  tupcrbe  paiie  de  pistolets 
d  un  très-beau  travail  ,  et  enrichis  de  diamans;le 
directoire  les  avait  fait  faire  pour  être  donnés  en 
présent  à  un  prince  étranger  ,  et  depuis  ils  étaient 
testés  chez  le  ministre  de  l'intérieur.  Ces  pistolets 
furent  trouvés,  très  -  beaux.  Ils  viennent  bien  à 
propos  ,  dit  le  premier  consul  en  les  présentijnt  au 
général  Moreau  ;  et  se  reiou ruant  vers  le  ministre 
de  l'intérieur:  Citoyen  ministre,  faites  -  y  graver 
quelques-unes  des  batailles  qu'a  gagnées  le  général 
Moreau  ;  ne  les  mettez  pas  toutes  ,  il  faudrait  ôier 
trop  de  diamans  ;  et  quoique  le  général  Moreau  n'y 
attache  pas  un  grand  prix  ,  il  ne  faut  pas  trop 
déranger  le  dessin  de  C-artiste. 

.,  — Le  citoyen  Clément  de  Ris  s'est  présenié  le 
sS  au  soir  chez  le  premier  consul.  Sa  santé  i^araîi 
un  peu  altérée.  Les  brigands-  t'ont  tenu  to-joius 
enfermé  dans  une  grange,  aU  rniHeu  d'une  torét. 
plusieurs  fois  !a  gendarmerie  et  des  pairouillcs 
sont  venues  à  la  vue  de  la  maison  ,  ce  qui  a  mis 
ta  vie  en  danger. 

Dans  cette  afTaire  ,  le  ministre  de  la  police  a 
montré  suiant  de  sagacité  que  de  zèle.  C'est 
un  bel  emploi  de  talent  de  la  pjrt  d'un  magisir^t , 
que  celui  qui  a  pour  but  de  déjouer  les  brigands , 
et  de  sauver  les  jours  d'un  cimyen  aussi  précieux 
à  la  république  que  le  sénateur  Clément  deRis. Des 
six  brigitn'ds  ,'  trois  sont  arrêtés)  ils  éprouveront 
toute  la  rigueur  des  lois. 


—  Tandis  que  nos  ennemis  (-'écrient  nos  res- 
sources ,  et  tjue  des  esprits  inipaiieiis  doutent 
de  notre  reiour  à  la  [irospéilté  ,  le  gouveriie- 
mtn'  marche  avec  confiance  ,  mais  sans  bruit  ,  à 
1  amélioration    des  hnances. 

Il  laisse  à  d'autres  lems  les  projets  vas'es,  et 
ces  conceptions  hardies  que  la  confinnce  ])U- 
bliquc  lu-  seconderait  pas  II  ne  veut,  et  ne  peut 
devoir  ses  succès  qu'à  ia  puiss.-ince  de  l'ordre  ,  et 
l'ordre  n'est  que  le  produit  lent  et  succeisif  des 
mesures  combinées  avec  sagesse  ,  et  suivies  avec 
une  constaijie  ténacité. 

0.1  demandait  ce  que  fesait  Sulli ,  ce  que 
fesait  Colbert.  Leurs  détracteurs  calomniaient  leur 
silence  et  accusaient  la  f.ribl'^sse  de  leur  génie. 
Ce  n'élalt  qu'après  des  aiinéeî  qu  on  mesurait  le 
chemin  qu'ils  avaient' parcouiu  ,  et  ce  que  la 
France   leur    devait  de   piogiès   et   de   bonheur. 

Il  en  sera  de  même  de  noiie  tems.  Ce  sera  un 
phénomène  assez  singulier  que  cette  activité  dé- 
vorante à  la  guerre,  et  celte  marche  si  mesuiée 
dans  l'administration.  Les  observateurs  aiieniils 
auront  bien  apper,çu  rju'un  système  plus  légu- 
lier  ,  plus  éconcimique  a  été  introduit  dans 
presque  toutes  les  parties  ;  que  pur-tout  il  y  a 
eu  plus  d'énergie  et  plus  de  surveillance  ;  que 
plus  de  5o  millions  de  délégations  qui  appar- 
tenaient à  l'an  7  ,  ont  été  absorbes  dans  l'an  8; 
que  l'inlérêt  de  l'argent  qui  éiaii  à  5  pour  cent 
par  mois ,  est  déjà  tombé  à  2  pour  cent  .  et  tend 
chaque  jour  à  une  bdlsse  plus  aiarquée;  qu  un 
mouvement  progressif  se  fait  remarquer  dans 
le  commerce  et  dans  les  manufactures.  Mais 
(|u'est-ce  que  cela  pour  des  esprits  supeificiels  ? 
il  leur  faut  des  résultats  qui  les  étonnent.  Sans 
cela  il  n  est  point  pour  eux  d'administration  qui 
mérite  des  éloges. 

Si  ,  au  milieu  de  ces  principes  d'ordre  et  de 
prospétité  ,  ils  croient  voir'quelque  ombre  d'irré- 
gulariié  ,  leur  critique  s'en  saisit  et  ils  nous  ra- 
mènent toutes  les  craintes  du  passé.  Ainsi  ,  paice 
qu'on  a  séparé  l'nn  8  de  1  an  i)  ,  des  hommes  in- 
quiets ont  crié  à  l'arriéré. 

Mais  ils  ont  voulu  îgnoter  qu'en  séparant  la  dé- 
pense de  l'an  8  et  des  années  qui  l'ont  précédé  ,  de 
la  dépense  de  l'an  9  ,  on  en  avait  aussi  sépaté  les 
ressources,  et  que  loutes  les  receites  qui  appar- 
tenaient à  ces  années  ,  leur  seront  hdcllement 
réservées. 

Dès  les  premiers  jours  de  brumaire  des  som- 
mes considérables  soriiiont  du  trésor  public  pour 
payer  la  solde  et  les  dépenses  arnérées  del'anS 
et  des  années  antérieures;  et  ces  paie  mens  se, 
continueront  chaque  mois  avec  une  constante 
régularité,  sans  rien  prendre  sur  les  fonds  desr 
linés  à  la  dépense  courante.  Ainsi  ce  qui  n'avait 
été  que  fiction  dans  les  années  précédentes  .  de- 
viendra une  réalité.  Il  n'y  aura  pas  d  emprunt  de 
fonds  d'une  année  sur  l'autre,  et  le  passé, ne 
sera  plus  dévoie  par  l'avenir. 

—  On  écrit  d'Amsterdam  f^u'il  y  a  schisme  parmi 
les  juifs  de  cette  ville  :  l'un  d'eux  a  réforme  les 
usages  rabbiniqucs  dont  on  a  ,  selon  lui  ,  sur- 
chargé la  loi  de  Mo'ise.  Plus  de  cent  familles  ont 
adopté  sa  réforme  et  composent  une  synagogue  à 
part.  Les  magistrats  ne  se  sont  nullement  mêlés  de 
cette  queielle. 

—  Le  collège  de  Pharmacie  tiendra  sa  séance 
publique  ,  pour  la  rlislribution  des  [itijc  d'émula- 
tion ,  décadi  3o ,  à  midi  piécis  ,  au  colhge  de 
Pharmacie  ,  rue  de  l'Arbalète  ,  faubouig  Marcel. 

—  Les  cit.  Viscixnti  et  Rcy  ,  dépuiés  romains 
à  la  commission  des  secours  pour  les  italiens  ré- 
fugiés en  France,  se  sont  rendus  ,  le  26  ven- 
démiaire, à  l'audiçrnce  du  ministre  des  relations 
eyiérieu.cs  ,  pour  lui  témoigner,  tant  en  leur 
nom  particulier  qu'en  celui  de  tous  leurs  conci- 
toyens ,  la  juste  et  vive  indignaiion  dont  ils  ont  été 
j>énélrés  ,  loisquils  ont  connu  l'odieux  projet 
formé  contre  la  personne  du  premier  consul.  Ils 
ont  prié  le  ministre  de  vouloir  bien  lalre  agréer 
au  premier  magistrat  de  la  république  celte  uc- 
marche  de  lapaitdcs  romains  comme  une  marque 
de  leur  respectueux,attàcliemenipoursapeisoiiiie, 
etile  leur  retoijnaissa.ice  pour  le  gouvernemeni 
français.  Le  ministre  a  très-bien  accueilli  ces  dé- 
puiés ,  et  il  les  a  assuiés  (jue  dans  la  journée  il 
rendrait  compte  de  leur  démaiche  au  premier 
consul ,  qui  y  seiaii  sûienient  sensible. 

ACTES    DU    GOUVtRNEMENT. 

Art  été  àû  21  vendémiaire. 
Les   consuls   de  lairé|)ul)!iquc  ,  sur    le    rapport 
du  niinisire  de  l'intérieur  :   le    conseil-d  état    en- 
tendu ,  arrêtent  : 

Art.  I".  Il  se  tiendra  chaque  année  deux  foires 
à  Chantilly  ,  l'une  le  t"- messidor  ,  lautre  le  1'^' 
jour  coiiipiémentaire.  , 

II.  Chacune  de  ces  foires  ne  durera  qu'un 
jour. 

III.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  del'exé- 
cuiion  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,    signé,    Bonap.^rte. 
Par  le  premier  consul  , 
L&secrétaUt-d  état ,  sifflé;   H.  B,  Maret. 


M  TNT  STERE.  DE   LA    MARINE. 

l.e  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  ,  au  premier 
consul    Bonaparte- 

Citoyen  consul ,  j'ai  l'honneur  de  vous  prévenir 
que  les  corvettes  le  Géographe  et  le  Naturaliste  , 
sont  sorlies  du  Havre  le  27  vendémiaire  au  maliri, 
avec  un  vent  favorable.  La  tiuveite  américaine 
qui  porte  les  ministres  américains  .  a  éjtalement 
pris  la  mer  ,  en  même  lems  que  ies  deux  bâii- 
niens   de   découveries. 

Je   vous  salue  avec   respect. 

Signé ,  Forfait. 


Convention  entre  la  République  Fra'iiqaise'  et  hs 
■  Etats-Unis   d'Amérique.  ■ 

Le  premier  consul  de  la  république  française  , 
au  nom  du  peuple  français  ,  et  le  président  des 
Eiais-Unis  d'Aiiu'-riijuc  ,  cg.iltuient  animes  du 
désir  de  meitie  hn  aux  dilléientls  nul  sont'sur- 
venus  entre  les  deux  états  ,  ont  re!.[)eC;iivement 
nommé  leurs  pl'énipotentl.iircs  ,  et  leur  ont  donné 
pleins  pouvoiis  pour  négocier  sur  ces  dilTéreinis 
et  les  teimiiier  ;  c'est-à-diie  ,  le  piemier  tunsiil 
de  lu  république  française  ,  an  nom  du  peuple 
françiis  .  a  nomme  jjour  pléiilj'otentlaircs  de 
ladite  républiiiue  ,  les  citoyens  Joseph  Bona- 
parte, ex-anibussndeur  de  la  république  fran- 
çaise à  Rome,  et  couseilier-d  éiat ,  Cliatles-Pierre 
Claret  -  FIruiieu  ,  membre  de  riiisiilut.  national 
e.t  du  bureau  des  longitudes  de  Fiance,  et 
consciller-d'éiat ,  président  de  la  section  de  ia 
niailne,  et  Pierre  Louis  Rcedeier  ,  ruembre  de 
l'institut  nation.il  ,  et  conselllei-d'étal,  piésident 
de  la  seciion  de  l'ir.  érieur  ;  et  le  président  des 
Etats-Unii  d'Amcrirjiie  ,  par  et  avec  l'avis  et  le 
consentement  du  sénat  desdits  étais  ,  a  nommé 
pour  leur  plénipoientlaires  Oiivei  Elltworih  ,  chef 
de  la  justice  des  Etats-Unis  i  'William  Richardson 
Davie  ,  ci-devant. gouverneur  de  la  Caroline  sep- 
tentrionale ,  et  'William  Vans-Murray,  minislte 
résident  des  Etats-Unis  à  l.i  Hjye. 

Lesquels,  aptes  avoir  fait  l'échange  de  leurs 
pleins  pouvoirs  ,  longuement  et  miirement  dis- 
cuté les  iiitéiéts  respectifs  ,  sont  convenus  des 
aiticles  suivans  : 

Art.  I"^'.  Il  y  aura  une  paix  ferme  ,  inviola'ble 
et  universelle  ,  et  une  amitié  vru:ie  ci  sincère  , 
entre  la  république  française  et  les  E  ais-Unis 
d'Améri(jue  ,  ainsi  qu'eniie  leurs  pays,  iciriioires  , 
villes  et  places,  et  entre  leurs  citoyens  et  habi- 
tans  ,  sans  exception  de  persunnes  ni  de  lieux. 

II.  Les  ministies  plénipoieniiaires  des  deux. 
parties  ne  pouvant  pour  le  piéscnt  s'accorder 
relaiivement  au  itaiié  d'alliance  du  6  février  1778, 
au  traité  d'amiiié  et  cU  commerce  de  la  même 
date  ,  et  à  la  convention  en  daie  du  14  novcAibre 
17SS  ;  non  plus  que  relativement  aux  iiioiemniié» 
mutueileraent  dues  ou  réclamées  ;  les  parties 
négocieiont 'ultérieurement  sur  ces  objets,  dans 
un  tems  conveuable ,  et  jusqu'à  ce  qu'elles  se 
soient  accordées  sur  ces  points  ,  lesdiis  traités  et 
convention  n'auront  point  d'effet  ,  et  les  relatiotis 
des  deux  nations  seront  réglées  ainsi  qu'il  suit  :    • 

III.  Les  bâtiraens  d'état  qui  ont  éié  pris  de  part 
et    d'autre  ,    ou    qui   pourraient   êlie    pris   avant 

I  échange  des  ratifications  ,  seront  rendus. 

IV.  Les  propriétés  capt',irées  et  non  encore 
Condamnées  définitivement  ou  qui  pourront  être 
capturées  avant  I  échange  des  ratifications,  ex- 
cepté les  marchandises  de  contrebande  destinée» 
pour  un  port  ennemi,  seront  rendues  mutuel- 
lement sur  les  preuves  suivantes  de  propriété , 
savoir  : 

De  pan  et  (l'autre  les  preuves  de  propriété 
relativement  aux  navires  marchands  ,  armés  ou 
non  armés  ,  seront  un  passeport  dans  la  forme 
suivante. 

il  A    tous   ceux  qui  ies   présentes,  verront  soit 

II  'notoire  que  faculté  et  permission  a  été  accordée 

î'  à maîire  ou  commandant  du  navire  ap- 

>>  pelé de    la   ville    de de   la   capa- 

)i  ciié  de tonneaux   ou   environ  ,  se    itou- 

u  vant  présentement  dans  le  port  et  havre  i!e..  . . 

j)  et  destiné  pour chargé   de qu  après 

!j  que  son  navire  a  été  visité  et  avant  son  dé- 
j)  part  ,  il  prêtera  serment  entre  les  mains  des 
!!  officiers  autorisés  à  cet  efTct  que  le  dit  n.ivire 

!>  appartient  à   un    ou    plusieuis   sujets   de 

n  dont  l'acte  sera  mis  à  la  fin  des  présentes 
.1;  de  même  qti'il  gardera  et  fera  garder  par  son' 
îj  équipage,  ies  oidonnauccs  et  réglerueus'  ma- 
)i  riiimes  ,  et  remeitra  une  liste  signée  et  cbn- 
!»  firmée  par  témoins ,  contenant  les  noms  ,  et 
II  surnoms,  les  lieux  de  naissance  ,  et  la  demeure 
11  des  peisonnes  composant  l'équipage  de  son 
II  navire,  et  de  tous  ceux  qui  s'y  embarqueront, 
.11  lesquels  il  ne  recevra  pas  à  bord  sans  la 
j)  connaissance  et  permission  des  ofliciê.s  uuio- 
91  torisés  à  ce  ;  et  djns  chaque  port  ou  havre 
Il  oti  il  entrera  avec,  son  navire  .  il  montrera 
>i  la  piésenie  permission  aux  otiiciers  a  ce  au- 
it  toiises  ,  et  leur  teru  un  rapport  lidcle  de  ce 
Il  qui  s  est  passé  durant  son  voyage  :  et  il  por- 
51  tera  les  couleurs  armes  et  enseignes  (de  la 
1»  république   française   ou  des  Etats-Unis  )  du.; 


x\b 


■>■>  rant  San    dit  voyn^e  ,  en   (éinoiu  de  quoi  rjous  j 
»  avons  signé   les- présentes  ,  les  avons  f'jit  con-  i 

>i  iiesigner    par et    y   avons    fuit  apposer  j 

5'  le  sceau  de  nos  armes.  j 

Donné  à  .... .    de   l'an  de  grâce  ,  le et  | 

ce  passeport  suffira  sans  autre  pièce  .  nonobstant  ! 
tout  règlement  contraire.  Il  ne  sera  pas  exigé  ijue  j 
ce  passeport  ait  été  renouvelle  ou  révoqué  ,  quel-  ( 
que  nombre  de  voy.iges  que  ledit  navire  ait  pu  | 
faire,  à  moins  qu'il  ne  soil  revenu  chez  lui  dans 
l'espace    d'une  année.  I 

Par  rapport  à  la  cargciison  ,  les  preuves  seront 
des  ccitlBcais  conlenaiii  le  détail  du  lieu  d'où  le 
bâtiment  est  parti  et  celui  otJ  il  va,  de  manière 
que  les  marchandises  défendues  et  de  contre- 
bande puissent  être  distinguées  par  les  certilicats  , 
lesquels  certificats  auront  été  faits  par  les  oUîciers 
del'endrnii  d'oii  le  navire  sera  pani  ,  dans  la 
Joime  usitée  dans  le  pays  ;  et  si  ces  passeports  ou 
certificats  ,  ou  les  uns  et  les  auties  ,  ont  été  dé- 
truits pai  accident  ,  ou  enlevés  de  force  ,  leur 
délfiut  pourra  êt;e  suppléé  par  toutes  les  autres 
preuves  de  propriété  admissibles  d'après  l'usage 
général  des  nations. 

Pour  les  bâiimtns  autres  que  les  navires  mar- 
chands, les  pr.  uvcs  seront  la  commission  dont  ils 
sont  porteurs.  Cet  article  aura  son  effet,  à  dater  de 
la  signature  de  la  présente  convendon;  et  ^i  ,  à 
dater  de  ladite  signa-.ure  ,  des  propriétés  sont  con- 
damnées coniraiiement  à  l'esprit  de  ladite  con- 
vention avant  qu'on  n'ait  conn.iissance  de  cette 
stipulation,  la  propriété  ainsi  condamnée  sera  ,  I 
sans  délai  ,    rendue  ou  payée.  I 

V.  Les  dettes  contractées  par  l'une  des  deux  j 
nations  envers  tes  particuliers  de  l'autre  ,  ou  p;-r  | 
des  particuliers  de  l'une  envers  des  particuliers 
de  l'autre,  seront  acquittées  ou  le  paiement  en  sera 
jjcursuivi  comme  s  U  n'y  avait  eu  aucune  mésin- 
telligence entre  les  deux  états  ;  mais  cette  clause 
ne  s'étendra  point  aux  indemnités  réelaoïées  pour 
des  captures   ou  pour  des  condamnations. 

VI.  Le  commerce  entre  les  deux  parties  sera 
libre  :  les  vaisseaux  des  deux  nations  et  leurs 
corsaiies  ainsi  que  leurs  prises,  seront  traités  dans 
les  ports  respectifs  comme  ceux  de  la  nation  la 
plus  favorisée  ;  et  en  général  les  deux  parties 
joui'Ontd.ms  Us  ports  1  une  de  l'autre  ,  par  rapport 
.au  commerce  et  à  la  navigation,  des  privilèges  de 

la   nation  la  plus   favorisée. 

VII.  Les  ciio\cns  et  habitans  des  Etats-Unis 
pourront  disposer  par  testament,  donation  ou 
autrtmcrrt,  de  leurs  biens  ,  meubles  et  immeubles 
possédés  dans  le  territoire  européan  de  la  répu- 
blique française  ,  et  les  citoyens  de  la  république 
française  auront  la  ir.ême  faculté  à  légard  des 
biens  ,  meubles  et  immeubles  possédés  dans  le 
territoire  des  Etats-Unis  ,  en  faveur  de  telles  per- 
sonnes que  bon  leur  semblera.  Les  citoyens  et 
-habitans  d'un  des  deux  états   qui   seront  héritiers 

4es  biens  ,  meubles  ou  immeubles  situés  dans 
l'autre  ,  pourront  succéder  ab  intestat  ,  sans  qu'il 
aient  beboin  de  lettres  de  naturalilé  ,  et  sans  que 
l'efiTet  de  cette  stipulation  ,  leur  puisse  être  con- 
testé ou  empêché  ,  sous  (juelque  prétexte  que  ce 
soit  ,  et  seront  lesdiis  héritiers  ,  soit  à  titre  par;i- 
culier  ,  soit  ab  intestat  ,  exempts  de  tout  droit 
quelcontjue  chez  les  deux  nations.  Il  est  convenu 
ijue  cet  article  ne  dérogera  en  aucune  manière 
aux  lois  qui  sont  à  présent  en  vigueur  chez  les 
deux  nations ,  ou  qui  pourraient  être  p'omulguées 
a  la  suite  contre  1  éniigratif:n  ,  et  aussi  que  dans 
le  cas  où  les  lois  de  l'un  des  deux  états  limite- 
raient pour  IfS  étrangers  l'exercice  des  droits  de 
la  propriété  sur  les  immeubles  ,  on  pourrait 
vendre  ces  immeubles  ou  en  disposer  autrement 
en  faveur  d'habitans  ou  de  citoyens  du  pays 
où  ils  seraient  situés  .  et  il  sera  libre  à  l'autre 
nat  CM  d'établir  de  semblables  lois. 

VIII.  Pour  favoriser  de  pari  et  d'autre  le  com- 
nieicc  ,  il  C5t  convinu  que  si  ,  ce  qu  à  Dieu  ne 
plaise  ,  la  guerre  éclatait  entre  les  deux  nations  , 
on  allouera,  départ  et  d'autte  ,  aux  marchands 
et  autres  citoyens  ou  habitans  lespectil's,  six 
jnois  après  la  déclaration  de  guerre  ,  pendant 
lequel  Icras  ils  auront  la  faculté  de  se  retirer 
avec  IcuiS  effets  et  meubles  qu'ils  pourront 
emmciier,  envoyer  ou  vendre,  comme  ils  le 
voudra  nt,  sans  le  moindre  empêchement.  Leurs 
effets  ,  et  encore  moins  leurs  personnes  .  ne 
pourioiii  point  ,  pendant  ce  lems  de  six  mois,  être 
saisis  ;  au  contiaire  ,  on  leur  donnera  des  pas- 
«ejoris  qui  .teiont  valables  pour  le  lems  né- 
cessaire il   leur   retour    chez   eux  ,  et   ces   passe- 

Îioris  Seront  doiiiiés  pour  eux  ,  ainsi  que  pour 
euis  hâiin'.-nset  effets  qu'ils  désireront  emmener 
ou  rriuoyer.  Ces  pmscports  serviront  de  sauf- 
condujts  coKiie  toute  insulte  et  conlie  toute 
capture  de  la  part  des  corsaires  ,  tant  contre 
«ux  que  contre  leurs  effets  ;  et  si  dans  le  treme 
ci-de^3us  désigne  ,  il  leur  était  fait  par  l'une 
"des  partie»  .  se.s  citoyens  ou  ses  habitans  ,  (]uel" 
que  ton  dans  leurs  personnes  où  dans  leurs 
tffels  ,  on  leur  en  donnera  satislation  coraplette. 

IX.  Les  dettes  dues  par  des  individus  de 
l'une  des  deux  naiionn  aux  individus  de  l'autre 
lie  pouiroiil,  dans  aucun  ca.t  de  guerre  ou  de 
dcm/^lés  nationaux  ,  être  séquestrées  ou  con- 
fisijuccs  ,    non    plus   que   les  actiona   ou   fonds 


()f.i    sp    trouveraient  d.Tt»s  les    fond*  p'îlvli's    ou 
dans   lies  'banques  publiques  ou  particulières. 

X.  Les  deux  parties  contractantes  poniiont 
noinmor  ,  jiour  protéger  le  négoce  ,  des  agens 
commerciaux  qui  résideront  en  Fiance  et  dans 
les  Etats-Unis  ;  chacune  des  parties  pourra  ex- 
cepter lelie  place  (juclle  jugera  à-propos  des 
lieux  où  la  résidence  de  ces  ag'ens  jjourra  être 
fixée.  Avant  qu'aucun  agent  puisse  exercer  ses 
lonclions  ,  il  devra  être  accepté  dans  les  formes 
reçues  par  la  partie  chez  l.iqtlelle  il  est  en- 
voyé ;  et  <iuand  il  aura  éié  accepté  et  pourvu 
de  son  exe.quatur  ,  il  jouira  des  droits  et  préro- 
gatives dont_  jouiront  les  agenS'  semblables  des 
nations  les  plus  favorisées. 

XI.  Les  citoyens  de  la  république  française  ne 
paieront  dans  les  ports  ,  havres  ,  rades  ,  contrées, 
îles,  cités,  et  lieux  des  Etats-Unis,  dairtres'ni 
de  plus  grands  droits,  impôts  de  quelque  njture 
qu'ils  puissent  être  ,  quelques  noms  qu'ils  puissent 
avoir  que  ceux  que  les  nations, les  pliis  favorisét.'S 
sont  ou  seront  tenues  de  payer ,  et  ils  jouiront  de 
tous  les  droits  ,  liberté  ,  privilèges ,  inimunités  et 
exemptions  en  fait  de  négoce  ,  navigation  et 
commerce  ,  soit  en  passant  d  un  port  de^dils  états 
à  un  autre,  soit  en  y  allant  ou  en  revenant  de 
quelque  partie  ,  ou  pour  quelque  partie  du 
monde  que  ce  soit  ,  dont  les  nations  susditesjouis- 
sent  ou  jouiront.  ï 

Et  réciproquement  les  citoyens  des  Elats- 
Unis  jouiront  ,  dans  le  territoire  de  la  république 
française  ,  en  Europe  ,  des  mêmes  privilèges ,  im- 
muniiés  ,  tant  pour  leurs  biens  et  leurs  peisoni:^es  , 
que  pour  ce  qui  concerne  le  négoce  ,  la  navigation 
et  le  commerce. 

XII.  Les  citoyens  des  deux  nations  pourront 
conduire  leurs  vaisseaux  et  iDarchandises  (  en 
exceptant  toujours  la  contrebande)  de  tout  port 
quelconque,  dans  un  autre  port  appartenant  à 
l'ennemi  de  l'autre  nation;  ils  pourront  naviguer 
et  cominercer  en  toute  liberté  et  sécurité  ,  avec 
leurs  njvires  et  marchandises  ,  dans  les  pays  , 
poris  et  places  dts  ennemis  des  deux  parties  ,  ou 
de  l'une  ou  de  l'autre  parde  ,  sans  obstacles  et 
sans 'entraves  ,  et  non-seulement  passer  directe- 
ment des  places  et  ports  de  l'enn'emi  ,  sus-raen- 
tionnés  ,  dans  tes  ports  et  places  neutres  ,  mais 
encore  de  toute  place  appartenant  à  un  ennemi  , 
dans  toute  autre  place  appartenant  à  un  ennemi  , 
qu'elle  soit  ou  ne  soit  p. s  soumise  à  la  même 
juridiction  ,  ià  moins  que  ces  places  ou  ports  ne 
soient  réellement  bloqués,  assiégés  ou  investis. 

Et  dans  le   cas,  comme  il  arrive  souvent,  où 
les  vaisseaux  feraient  voile  pour  une  place  ou  port 
appartenant  à  un  ennemi,  ignorarii  qu'ils  sont  blo- 
qués ,  assiégés   ou   investis,    il    est  .convenu   que 
tout  navire   qui    se    trouvera    dans   une    pareille 
circonstance,  sera   détourné   de   cène    place   ou 
port  ,  sans  qu'on  puisse   le  retenir  ni   confisquer 
aucune  partie  de  sa  cargaiion  (  à  moins  qu'elle  ne 
soit  de   contrebande  ,  ou    qu  il    ne   soit   prouvé 
que  ledit  navire  ,  après  avoir  été  averti  du  blocus 
ou  investissement ,  a  voulu  rentrer  dans  ce  même 
;  port  );  mais  il   lui   sera   permis  d'aller   dans   tout 
i  autre  port  ou  place  qu'il  jugera  convenable.  Aucun 
I  navice  de  l'une   ou  de   l'autre  nation,  entré  dans 
'.  un  port  ou  place  avant  (ju  ils  aient  été  réellement 
1  bloqués  ,   assiégés   ou   invesus    par    l'autre  ,   ne 
j  pourra  êire  empêché  de  sortir  avec  sa  cargaison  : 
;  s'il  s  y  trouve  lorsque  ladite  place  sera  rendue  ,  le 
I  navire  et  sa  cargaison  ne  pourront  éite  confisqués, 
I  mais  seront  remis  aux  piopriélaires. 
I       XÎII.  Pour  régler  ce   qu'on   entendra  par   con- 
:  trebaiide  de  guerre  ,  seront    compiis   sous  cette 
dénominalifjn  la  poudre  .  le  sal))êire  -,  les  pétards  , 
mêchcS  ,    balles  ,    boulets  ,    bombes  ,    grenades  , 
carcasses,  piques,  hallebardes ,  épéês  ,cei murons  , 
pistolets  ,  fourreaux,  selles  de  cavalerie  ,  hainais, 
canons,   mortiers  avec  leuis  alfûis  ,  et  généiale- 
meiil    toutes  armes    et    mujiiiions    de-  gneire    ei 
ustensiles  à  l'usage  des  tioupes.  Tous  les  ariicles 
ci-dessus  ,  toutes    les   fois   qu'ils  seront   destinés 
pour  le  port  d'un  ennemi  ,  sont  déclarés  de  con- 
trebande et  justement  soumis  à  la   confiscation. 
Mais  le  bâtiment  sur  lequel  ils  étaient  chargés  , 
ainsi  que  le  reste  de  la  cargaison  ,  seront  regardés 
comme  libres,  et  ne  pourront  <n  aucune  manière 
être  viciés  par  les  marchandises  de  contrebande  , 
soil  qu'ils  appartiennent  à  un  même  ou  à  différens 
propriétaires. 

XIV.  Il  est  stipulé  par  le  présent  irajiè  ,  que  les 
bâtimens  libres  assureront  égaleinenl  Ij  liberté'  des 
marchandises,  et  qu  on  jugera  libres  toutes  les 
choses  qui  se  trouveront  à  bord  des  navires  ap- 
paricnans  aux  citoyens  d'une  des  parties  contrac- 
tantes ,  quand  même  le  chargement  ou  partie 
d'icelui  ,  appartiendraient  aux  ennemis  de  l'une 
des  deux-,  bien  entendu  néanmoins  que  lacoii- 
trebande  sera  toujours  exceptée.  Il  est  égale- 
ment convenu  que  cette  même  liberté  s'étendra 
aux  personnes  qui  pourraient  se  trouver  à  bord 
du  bâtiment  libre,  quand  même  elles  seraient 
ennemies  de  l'une  des  deux  parties  conlraclanles , 
et  elle»  ne  pourront  être  enlevées  desdits  navires 
libres  ,  à  moins  quelles  ne  soient  militaires  et 
actuellement  au  service  de  I  ennemi. 

XV.  On  est  convenu  au  contraire  que  tout 
ce  (jui  se  itouvera  chargé  par  les   citoyens  res- 


pectifs siir'  dei  rtnvtres  apparlenatil  a«*  êfiniiml 
de  l'autre  panie  ou  i  lelirs  sujets  i  sera  conlie- 
qué  sans  disMtlciion  des  marchandises  proli|bèé» 
ou  non  prohibées,  ainsi  et  de  mênle  qtle  si  elle 
appartenaient  à  l'ennemi,  à  l'exception  touiesfoi»  i 
des  effets  et  marchandises  qui  auront  été  miscB 
à  bord  dcsdi;s  navires  avatit  la  déclaration  de 
guerre  ou  même  après  la  dite  déclaration  ,  si 
au  moment  du  chargement  on  â  pu  lignorer} 
de  manière  que  les  marchandises  des  citoyen» 
des  deux  parties,  soit  qu'elles  se  trouvent  du 
nombre  de  celles  de  contrebande  ou  autrement, 
lesquelles  comme  il  vient  d'être  dit  .iurorit  éié 
mises  à  bord  d'un  vaisseau  appartenant  à  l'en' 
nemi  avant  la  guerre  .  où  même  après  ladite  dé- 
claration lorsqu  on  l'ignorait ,  ne  seront  en  aucune 
manière  sujettes  à  confiscation  ,  mais  seront  fidc-' 
lement  et  de  bonne-foi  rendues  sans  délai  à  leurs 
prtipriétaires  qui  les  réclameront  ^  bien  etiiei'du 
néanmoins  qu'il  ne  soit  pas  permis  de  porter 
dans  les  ports  ennemis  les  marchandises  qui 
seront  de  contrebande.  Les  deux  paities  con- 
tractantes conviennent  <;ue  le  ternie  de  deux  mois 
passé  depuis  la  déclaration  de  guerre  ,  leur* 
citoyens  respectifs,  de  quelque  paitie  du  monde 
qu'ils  viennent,  ne  pouironi  plus  alléguer  I  ig- 
norance dont  il  est  question  dans  le  présent 
article. 

'  XVI.  Les  navires  marchands  appartetians  â 
des  citoyens  de  l'une  ou  l'autre  des  deuîi 
parties  contractantes  ,  lorsqu'ils  votidront  pa,sscr 
dans  le  port  de  l'ennemi  de  l'une  des  deux 
parties  ,  et  que  leur  voyage  ainsi  que  les  effets 
de  leur  cargaison  pouriont  donner  de  juste  soup- 
çons ,  lesdiis  navirjes  seront  obligés  d'exhiber 
en  pleine  mer  comme  dans  les  poris  ou  rades, 
non-seulement  leurs  passeports,  mais  encore  Icuià 
certificats  prouvant  que  ces  efleis  ne  sont  point 
de  la  même  espèce  q'ie  ceux  de  contrebande 
.spécifiés  en  l'article  XIII  de  la  présente  con-' 
vention. 

XVII.  Et  :  fin  d'éviter  des  captures  sur  det 
soupçons  frivoles  ,  et  de  prévenir  les  dommagi'*? 
qui  en  résultent  ,  il  est  convenu  que  ,  qu  nd  une 
des  deux  parties  ser.  eu  guerre  et  l'autre  neutre  , 
les.  navires  de  la  partie  neutre  seiont  pourvus  de 
passerons  sembl.ibles  à  ceux  spécifiés  dans  l'ar- 
ticle IV,  de  manicie  qu'il  p'J.-sc  par  là  apparaître 
que  les  parties  appartiennent  véniablcmcnt  à  la 
pa,rtie  neutre.  Ces  passeports  seront  valides  pouf 
un  nombre  quelconque  de  >  oyages  ;  triais  ilï 
seront  renouvelles  chaque  année  ,  si  le  nrvirs 
retourne  chez  lui  dans  I  espace  dune  année. 

Si  ces  navires  sont  chargés  ,  ils  seront  pourvus 
non  seulement  des  passeports  sus  -  men  lonués  , 
mais  aussi  de  cer-t;fic3ts  scuiblab  es  à  ceux  men!r 
lionnes  au  même  article  ,  de  manière  qUe  loa 
puisse  connalire  s'il  y  a  à  bord  des  marchandises 
de  contrebande.  Il  ne  sera  exigé  aucune  autre 
pièce,  nonobstant  tous  usages  et  régiemens  con-> 
traites  ;  et  s'il  n'apparaît  par  ces  certificats  qu  il  y 
ait  des  marchandises  de  contrebande  à  bnrd, 
les  navires  seront  laissés  à  leur  destin'tiou.  Si  au' 
contraire  il  apparaît  ,  par  ces  certificats  ,  qud 
lesdiis  navifcs  aient  des  marchandises  de  contic 
bande  à  bord  ,  et  que  le  commandant  offre  de 
les  dél;  ler  ,  l'offje  sera  acceptée  et  le  navire 
sera  mis  en  liberté  de  poursuivre  son  voyage  , 
à  moins  que  la  quantité  de  marchandises  de  con- 
contrebande  ne  soit  trop  grande  pour  pouvoir  être, 
prise  convenableraenlti  bord  du  vaisseau  de  guerre 
ou  corsaire:  dans  ce  cas  ,  le  navire  pourra  être 
amené  dans  le  port  pour  y  délivrer  ladite  mar- 
chandise. 

Si  un  navire  est  trouvé  sans  avoir  le  passeport 
ou  lee  cerdhcats  ci-desius  exigés  ,  l'affaire  sera 
examinée  par  les  juges  ou  tribunaux  compétens  ; 
et  s'il  conste  par  d'auires  docuraens  ,  ou  preuve» 
admissibles  par  l'usage  des  nations  ,  que  le  navire 
appartient  à  des  citoyens  de  la  partie  neutie  ,  il 
ne  sera  pas  condamné  ,  et  il  sera  lemis  en  liberté 
avec  son  chargement,  la  contrebande  exceptée, 
et  aura  la  liberté  de  poursuivre  sa  route. 

Si  lé  capitaine  nommé  dans  le  passeport  du 
navire  venait  à  mourirou  à  être  ôlé  par  toute  autre 
cause  ,  et  qu'un  autre  fût  nommé  à  sa  place  ,  Itf 
navire  et  sa  cargaison  n'en  seront  pas  moins  en 
sûreté  ,  et  le  passeport  demeurera  dans  toute  sa 
force. 

XVIII.  Si  les  bâtiniens  des  citoyens  de  l'une 
ou  l'âtitre  nation  sont  rencontrés  le  long  de.s 
côtes  ,  .ou  eri  pleine  mer,  par  quelque  vaisseau 
de  guerre  Ou  .corsaire  de  1  autie  ;  pour  prévenir 
tout  désordre,  lesdiis  vaisseaux  'ou  corsaires  se 
lieiidrcfnt  hors  de  la  portée  du  canon  ,  et  en- 
verront leur  canot  à  bord  du  navire  marchand 
qu  ils  auront  rencontré  :  il  ne  pourront  y  etitref 
qu'au  nombre  de  deux  ou  trois  hommes  ,  et  de- 
mander aU  patron  ou  capitaine  du  dit  navire,  exhi- 
bition du  passeport  concernant  la  propriété  dudit 
navire  ,  fait  d'après  ht  foriTiulc  prescrite  dauâ 
l'article  IV, ainsi  que  les  certificats  sus-ineniionnés 
rclalils  à  la  eaigaison.  ll'est  exprcssémenl  convenu 
que  le  neutre  ne  pt>tiTm-êirt;--c(mrrairil  daller  à 
bord  du  vaisseau  visitant  ,  pour  y  faire  Icxhi- 
bitioi)  dem.hdce  despapiers  ,  ou  pour  toute  auii* 
information  quelconque. 


ii6 


XIX.  Il  est  expressément  convenu  par  les  par- 
lies  que  les  stipulations  ci-dessus  relatives  à  la 
conduite  qui  sera  tenue  à  la  mer  par  les  croiseurs 
de  la  panie  belligérante  envers  les  bâtimens  de  la 
partie  neutre  ,  ne  s'appliqueront  qu'aux  bâiimcns 
naviguans  sans  convoi  :  ci  dans  le  cas  oii  lesdiis 
bâtimens  seraient  convoyés  ,  lintenlion  des  par- 
ties étant  d'observer  tous  les  égards  dûs  à  la  pro- 
tection du  pavillon  arboré  sur  les  vaisseaux  pu- 
blics ,  on  ne  pourra  point  en  faire  la  visite.  Mais 
la  déclaration  verbale  du  commandant  de  l'escorte, 
que  les  navires  de  son  convoi  appartiennent  à  la 
nation  dont  il  porte  le  pavillon  ,  et  qu'ils  n'ont 
aucune  contrebande  à  bord  ,  sera  regardée  par 
les  croiseurs  respectifs  comme  pleinement  suffi- 
sante ;  les  deux  parties  s'engageant  réciproque- 
ment à  ne  point  admettre  sous  la  protection  de 
Jeurs  convois  des  bâtimens  qui  porteraient  des 
marchandises  prohibées  à  une  destination  en- 
nemie. 

XX.  Dans  le  cas  oià  les  bâtimens  seront  pris 
ou  arrêtés  ,  sous  prétexte  de  ponef  à  l'ennemi 
qilelqu'aiticle  de  contrebande  ,  le  capteur  donnera 
un  reçu  des  papiers  du  bâtiment  qu'il  retiendra  , 
lequel  reçu  sera  joint  à  une  liste  énonciative  des- 
dits papiers;  il  ne  sera  point  permis  de  forcer  ni 
d'ouvrir  les  écoutilles  ,  coffres  ,  caisses  ,  caissons  , 
balles  ou  vases  trouvés  à  bord  dudit  navire  ,  ni 
d'enlever  la  moindre  chose  des  effets  avant  que  la 
cargaison  ait  été  débarquée  en  présence  des  offi- 
riers  compéljns  qui  feront  un  inventaire  desdiis 
effets  ;  ils  ne  pourront  ,  en  aucune  manière  ,  être 
vendus  ,  échangés  ou  aliénés  ,  à  moins  qu'apiès 
une  procédure  légale  ,  le  juge  ou  les  juges  com- 
pétcns  n'aient  porté  contre  lesdits  effets  sentence 
de  confiscation  (en  exceptant  toujours  le  naviie 
et  les  autres  objets  qu'il  contient.) 

XXI.  Poiir    que    le  bâtiment  et  la  cargaison 
I          toieut  surveillés   avec   soin,   et   pour    empêcher 

les  dégâts  .  il  est  arrêté  que  le  patron,  capitaine 
ou  subrécatgue  du  navire  capturé  ,  ne  pourront 
être  éloignés  du  bord  ,  soit  pendant  que  le  na- 
vire sera  eu  mer  ,  après  avoir  été  pris  ,  soit  pen- 
dant    les    procédures    qui    pourront    avoir     lieu 

'\.        contre   lui  ,   sa  cargaiiou  ,    ou  quelque    chose  y 

'■'•        irelative. 

Dans  le  cas  ou  le  navire  appartenant  à  des 
citoyens  de  l'une  ou  l'autre  partie  serait  pris  , 
saisi  ei  retenu  pour  être  jugé  ,  ses  officiers  pas- 
sages et  équipages  seront  traités  avec  humani'é, 
ils  ne  pourront  être  emprisonnés  ,  ni  dépouillés 
de  leurs  vêiemens  ,  ni  de  l'argent  à  leur  usage, 
qui  ne  pourra  excéder  pour  le  capitaine  ,  le 
sub_récargue  et  le  second  ,  cinq  cents  dollars 
chacun  ,  et  pour  les  matelots  et  passagers ,  cent 
dollars   chacun. 

XXII.  Il  est  de  plus  convenu  que  dans  tous 
les  cas ,  les  tribunaux  établis  pour  les  causes  de 
crises  dans  les  pays  où  les  prises  seront  con- 
duites, pourront  seuls  en  prendre  connaissance; 
et  quelque  jugement  que  le  tribunal  de  l'une  ou 
de  l'autre  partie  prononce  contre  quelque  navire 
ou  marchandises  ou  propriétés  réclamées  par  des 
citoyens  de  i  autre  partie  ,  la  sentence  ou  décret 
fera  mention  des  raisons  ou  motifs  qui  ont  dé- 
terminé ce  jugement,  dont  copie  authentique, 
ainsi  que  de  toute  la  procédure  y  relative  ,  sera  , 
à  leur  réquisition  ,  délivrée  ,  sans  délai  ,  au 
capitaine  ou  agent  dudit  navire  ,  moyennant  le 
paiement  des   frais. 

XXIII.  Et  afin  de  pourvoir  plus  efficacement 
à  la  sûreté  respective  des  citoyens  des  deux 
parties  contractantes  ,  et  prévenir  les  torts  qu'ils 
auraient  à  craindre  des  vaisseaux  de  guerre  ou 
corsaires  de  l'une  ou  l'autre  partie  ,  tous  com- 
uiandans  des  vaisseaux  de  guerre  ou  de  cor- 
saires ,  et  tous  autres  citoyens  de  l'une  des  deux 
parties  s'abstiendront  de  tout  dommage  envers 
les  citoyens  de  l'autre,  et  de  toute  insulte  envers 
leurs  personnes.  S'ils  fesaient  le  contraire  ils  se- 
ront punis  et  tenus  à  donner,  dans  leurs  per- 
sonnes et  propriétés  ,  satisfaction  et  réparation 
pour  les  dommages  avec  intérêt  ,  de  quelque 
espèce  que^soient  lesdits  dommages. 

A  cet  efFet,  tous  capitaines  de  corsaires  ,  avant 
de  recevoir  leurs  commissions  ,  s'obligeront  de- 
vant un  juge  compétent  à  donner  une  garantie  , 
au  moins  par  deux  cautions  responsables  ,  les- 
quelles n'auront  aucun  intérêt  sur  ledit  corsaire  , 
et  dont  chacune ,  ainsi  que  le  capitaine  ,  s'enga- 
gera particulièrement  et  solidairement  pour  la 
somme  de  7000  dollars  ,  ou  36,820  francs;  et  si 
lesdits  vaisseaux  portent  plus  de  i5o  matelots- ou 
Soldats  ,  pour  la  somme  de  14,000  dollars  ou 
73,640  fr.  qui  serviront  à  réparer  les  loHs  ou 
dommages  que  lesdits  corsaires,  leurs  officiers  , 
équipages  ou  quelqu'un  d'eux  ,  auraient  faits  ou 
\  cômrnis  pendant  leur  croisière ,  ée  contraire  aux 
dispositions  de  la  présente  convention  ,  ou  aux 
lois  et  instructions  qui  devront  être  la  règle  de 
eur  conduite  :  en  outre  ,  lesdites  commissions 
jeront  révoquées  et  anîiullées  dans  tous  les  cas 
^ù  il  y  aura  eu  aggression. 


XXW.  Lorsque  les  vaisseaux  de  guerre  des 
deux  pallies  contractantes  ,  ou,  ceux  que  leurs 
citoyens  auraient  ar.-nés  en  guerre  ,  seront  admis 
à  relâcher  avec  leurs  prises  ,  dans  les  ports  de 
l'une  des  deux  parties  ,  lesdits  v.visscaux  publics 
ou  particulieis  ,  de  même  que  leurs  prises  ,  ne 
seront  obligés  à  payer  aucuns  droits,  soit  aux 
officiers  du  lieu  ,  soit  aux  juges  ou  à  tous 
autres  ;  lesdites  prises  entrant  dans  les  havres  ou 
ports  de  l'une  des  deux  parties,  ne  pourront 
être  ariêtées  Qu  saisies  ,  et  les  officiers  des  lieux 
ne  pourront  prendre  connaissance  de  la  validité 
desdites  prises  ,  lesquelles  pourront  sortir  et 
être  conduites  en  toute  francliise  et  liberté  aux 
lieux  portés  par  les  commissions  dont  les  capi- 
taines desdits  vaisseaux  seront  obligés  de  fjire 
app.iroir.  Il  est  toujours  entendu  que  les  stipu- 
lations de  cet  article  ne  s'étendront  pas  au-delà 
des  privilèges  des  nations  les  plus  favorisées. 

XXV.  Tous  corsaires  étrangers  ayant  des  com- 
missions d'un  état  ou  prince  en  guerre  avec 
run,e  ou  l'aiitre  nation  ,  ne  pourront  armer  leuis 
vaisseaux  dans  les  ports  de  l'une  ou  l'autre 
nation  ,  non  plus  qu'y  vendre  leurs  prises  .  ni 
les  échanger  en  aucune  manière  :  il  ne  leur  sera 
permis  d'acheter  de  provisions  que  la  quantité 
nécessaire  pour  gagner  le  port  le  plus  voisin  de 
l'état  ou  prince  duquel  ils  ont  reçu  leurs 
commissions. 

XXVI.  Il  est  de  plus  convenu  qu'aucune  des 
deux  parties  contraciantcs  non-seulement  ne  re- 
cevra point  de  piraits  dans  ses  ports  ,  rades  ,  ou 
villes  ,  et  ne  permettra  pas  qu'aucuns  de  ses  habi- 
tans  ,  les  reçoive  ,  protège  ,  accueille  ou  recelé  , 
en  aucune  manière  ,  mais  encore  livrera  à  un 
juste  diâiiment  ceux  de  ses  habilans  qui  seraient 
coupables  de  partils  faits  ou  délits.  Les  vaisseaux 
de  ces  pirates  ,  ainsi  que  les  effets  et  marchan- 
dises  par  eux  pris   et  amenés   dans  les  ports   de 

l'une  ou  l'autre  nation  ,  seront  saisis  partout  oii 
ils  seront  découverts  et  restitués  à  leurs  proprié- 
taires ,  agens  ou  facteurs  duement  autorisés  par 
eux  ,  après  toutefois  <ju'ils  auront  prouvé  devant 
les  juges  compéiens   le  droit  de  propriété. 

Que  si  lesdits  effets  avaient  passé  par  vente  en 
d'autres  mains,  et  que  les  acquéreur»  fussent  ou 
pussent  être  instruits  ,  ou  soupçonnaient  que  les- 
dits effets  avaient  été  enlevés  par  des  pirates  ,  ils 
seiont  également  restitués. 

XXVII.  Aucune  des  deux  nations  ne  viendra 
participer  aux  pêcheries  de  l'autre  sur  ses  côtes  , 
ni  la  troubler  dans  l'exercice  des  droits  qu'elle  a 
maintenant  ,  ou  pourrait  acquérir  S'ir  les  côies  de 
Terre'Neuve  ,  dans  le  goipue  de  Saint-Laurent  , 
ou  par  tout  ailleurs  ,  sur  les  co  ^.s  d'Amcriqne  au 
nord  des  Etats-Unis.  M.ds  la  pêche  de  la  baleine 
et  du  veau  marin  sera  libre  pour  les  deux  nations 
dans  toutes   les  parties  du   Monde. 

Cette  convention  sera  ratifiée  de  part  et  d'astre 
en  bonne  et  due  forme  ,  et  les  ratifications  seront 
échangées  dans  l'espace  de  six  mois  ,  ou  plutôt 
s  il    est  possible. 

En  foi  de  quoi  ,  les  plénipotentiaires  respec- 
tifs ont  signé  les  articles  ci-dessus  ,  tant  en 
langue  française  qu'en  langue  anglaise  ,  et  ils  y 
ont  apposé  leur  sceau  ,  déclarant  néanmoins 
que  la  signature  en  deux  langues  ne  sera  point 
citée  comme  exemple  ,  et  ne  prèjudiciera  à  au- 
cune des    deux  parties. 

Fait  à  Paris  le  8'  jour  de  vendémiaire  de  l'an  9 
de  la  république  française  ,  et  le  3°  jour  de 
septembre  iSoo. 

Signé  Joseph  Bonaparte  ,  C.  P.  Fleurieu  , 
Rœderer  ,  Oliv.  Ellsworth,  W.  R.  Davie  , 
W.  V.  Murray. 

Pour  copie  conforme  , 

C.  M.  Talleyrand. 


AnTIQ_UITÉS.  —  ARTS. 

Le  cit.  Conté  ,  membre  de  la  commission  des 
ans,  de  l'armée  d'Egypte,  s'était  rendu  à  Alexandrie 
pour  concourir  aux  préparatifs  de  l'embarque- 
ment qui  devait  se  faire  en  vertu  de  la  con- 
vention du  10  pluviôse  dernier.  On  lira  avec 
intérêt  l'extrait  suivant  d'une  lettre  qu'il  a  écrite  , 
à  cette  époque  ,  au  conservatoire  des  arts  et 
métiers  ,  et  qui  prouve  ,  de  plus  en  plus  ,  l'ac- 
tivité et  l'intelligence  avec  lesquelles  nos  com- 
patriotes orjt' profité  de  ieur  séjour  en  Egypte, 
pour  y  recueillir  de  nouvelles  lumières  ,  et  nous 
les  rapporter  ,  lorsque  les  dispositions  du  gou- 
vernement anglais  seront  devenues  plus  pacifiques. 

Alexandrie  ,   le   i3  floréal  an  8. 

))  Je  vous  ai  écrit  plusieurs  fois,  mes  chers 
collègues  ,  et  peut-être  n'aurez-vous  reçu  aucune 
de  mes  lettres.  Vous  m'aviez. fait  espérer  que  je 
pourrais  jouir  de  l'avantage  de  m'entretenir  avec 
vous  quelquefois ,  j'en  ai  été  totalement  privé  ;  je 
n'ai  pas  même  la  satisfaction  de  savoir  si  le  con- 
servatoire des  arts  est  établi.   Lorsque  je  suis  parti 


de  France ,  on  était  dans  les  meilleures  disposi- 
tions ;  mais  les  événcmens  qui  ont  suivi ,  ont  peut- 
être  encore  retardé  tout.  Q;]oi  qu  ilen  soit,  l'aminé 
qui  nous  lie  ,  l'attachement  que  je  vous  ai  voué  , 
n'ont  éprouvé  aucun  changement. 

îi  Les  travaux  considérables  dont  j'ai  été  chargé, 
ne  m'ont  pas  empêché  de  ra'occaper  des  ans  et 
de  l'industrie  du  pays.  J'ai  une  collection  mons- 
trueuse de  dessins  et  de  notes  relatives  à  ces 
mêmes  arts.  Je  ne  puis  vous  dire  les  difficultés  ds 
tout  genre  qu'il  a  fallu  surmonter  ,  celles  de  la 
langue  ,  celles  de  s'introduire  dans  les  maisons  et 
dans  les  ateliers  ,  pour  arracher  aux  ouvriers  leurs 
procédés  qu'ils  croient  les  meilleurs  du  monde. 
Henreusement  que  je  portais  sur  tout  cela  un 
œil  assez  exercé,  ce  qui  m'aidait  beaucoup  dans 
la  recherche  des  connaissances  que  je  voulais 
acquérir. 

)>  Les  ans  égyptiens  sont  réduits  ,  par  l'ignor 
rance ,  et  par  la  pénurie  des  moyens  ,  à  uns 
simplicité' qui  ne  laisse  pas  d'avoir  ,  dans  quel- 
ques circonstances  ,  bien  des  avantages  ;  je  les 
emporte  presque  tous  ,  décrits  et  dessinés.  Le» 
ouvriers  s'y  trouvent  dans  les  attitudes  et  dans 
le  costume  qui  leur  est  naturel.  Les  dessins  sont 
coloriés  et  offrent  non-seulement  les  formes  , 
mais  les  effets  de  lumière  très-singuliers  et  irès- 
brillans  qui  ne  se  rencontrent  qu'enEgypte. 

<i  J'ai  pris  ,  en  outre,  une  collection  aussi  nom- 
breuse et  aussi  corhpleite  que  je  l'ai  pu,  des  échan- 
tillons de  tout  ce  que  produisent  les  ans  et  même 
le  sol. 

1)  La  commission  des  sciences  et  arts ,  a  fait  un 
voyage  dans  la  Hauté-Egypie  ,  où  elle  a  recueilli 
tout  ce  qui  se  trouve  d'intéressant.  On  a  fait  de 
très-beaux  dessins  des  anciens  monuraens,  que 
Ion  emporte  à  Paris  et  que  voui  y  verrez.  Le 
général  en  chef  ne  me  pe  rriiit  pas  ,  dans  le  tems  , 
de  faire  ce  voyage  agréable. 

))  J'ai  été  aux  pyramides ,  à  celles  de  Gizeh  et  à 
celles  de  Saccahova  ;  j'ai  monté  sur  toutes  ,  et  je 
suis  entré  dans  l'intérieur  de  la  grande;  j  en  ai 
mesuré   toutes   les   dimensions. 

I)  Mon  instrument  a  donné  ,  pour  sa  hauteur 
totale,,,  427  pieds;  et,  depuis,  les  astronomes 
l'ont  mesurée  et  ont  trouvé  425  pieds  seulement; 
cette  différence  vient  peut-être  de  ce  qu'on  n'est 
pas  parti  du  même  lieu. 

"J'ai  été  aussi  dans  les  grottes  des  momies  à 
Saccahova  ;  ce  sont  des  villes  souterraines  où  re- 
posent les  corps  des  anciens  égyptiens  ,  ou  plu- 
tôt ils  sont  remués  chaque  jour  pour  satisfaire 
notre  curiosité  et  la  cupidité  des   arabes. 

!)  Nous  avons  trouvé  l'emplacement  de  Mem- 
phis  ;  j'en  ai   dessiné  une  vue. 

>'  Adieu  ,  mes  chers  collègues  ,  je  vous  prie 
de  recevoir  l'assurance  de  mon  sincère  attache- 
ment. >>  Conté. 

Bourse  du  29  vendémiaire. 

Rente  provisoire 23  fr.  25  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  35  c. 

Bons  deux  tiers , 1  fr.  6g  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.   25  c. 

Bons  pour  l'an  8 9F  fr.  63  C. 

Coupures 78  fr. 

S  P  E  C  1    A  C  L  E  S. 

Théâtre  df  ia  REPUBLit^uE  et  des  Arts, 
Auj.  Œdipe  à  Colonne  et  le  ballet  de  la  Danto- 
manie. 

Théâtre  de  la  rue  Fevoeau.  Aujourd'hui 
les  trois  Maris  ,  cora.  en  3  actes  ,  suiv.  du  Voyage 
interrompu. 

THEATRE  DU  VAUDEVILLE.  Auj.  le  Mari  sanf 
femme  ;  M.  Guillaume  ,  et  le  Moulin  de  Sans-Souci. 

Théâtre  DES  JEU NE.S  élevés,  ruedeThionville. 
Auj.  le  petit  Figara  .  et  les  Déguisemens  villageois. 
Entré  les  deux  pièces  ,    lariette    de  Monilaur. 

Théâtre  delà  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
AuJ.  la  i"'  repr.  de  l'Enfant  de  C  Amour  ,  pant. 
à  grand  spectacle  ,  et  Canardin  ou  le  Quai  de  la 
volaille  ,  comédie  du  gros  génie ,  mêlée  de  vaud. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  CuUure-Caiherine. 
Auj.  la  4'  repr.  du  Château  de  Duncan ,  pièce 
à  spect.  ,  dt  le  Barbier  de  Sésille. 


errata. 

Dans  le  n"  d'hier,  l'^page,  fin  de  la  2°  col. 
discours  du  cil.  Pernon  au  premier  consul  ,  lisez 
ainsi  le  3'  alinéa  :  i>  Les  dangers  que  vous  avea 
î)  courus  ont  fait  appercevon  avec  effroi  aux 
)>  envoyés  des  départemens  ,  les  grandes  calamités 
)»  qui  eussent  été  la  suite  de  leur  accomplisse- 
)î  ment.  >> 

3'  col.  ,  ligne  14'  :  discours  du  cit.  Berlîer , 
président  du  conseil  des  piises  ,  au  premier 
consul  :  des  millions  de  bras  s'élèveraient-,  etc  , 
lisez  :    des  millions  de  brasse  lèveraient. 

Ligne  l5'  et  16'':  puissent-ils  ne  s'élever  ja- 
mais ,  etc,  lisez:  puissent-ils  ne  se  lever  jamais. 


A  Pavis,  de  l'imprimerie  du  cit.  Amasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  a"  ^3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIFEUR  UNIVERSEL. 


N'  3i. 


Primedi ,  i".   brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'i  dater  du  7   Nivôse  le   Mo  N.IT  E  U  R  est  le  s<:ul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  tes  nouvelles  des  armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  «ut  l'extérieur,  fournis  par  les  corrfjsppnJances  ministérielles. 

Un  airide  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE* 

Londres  ,  14  octobre.  (22  vendémiaire, ) 


JLiA  cour  desaldermen  se  rassemble  aujourd'hui 
pour  prendre  en  considéialion  l'état  de  la  pétition 
des  liverymen  (Us  corporations].  On  croit  que 
les  aldermen  arrèieront  de  présenter  eux-mêmes 
une  pétition  semblable  ,  afin  qu'elle  soit  reçue  sur 
le  trône  sans  difficulté. 

Il  y  *  eu  mercredi  passé  huit  jours  ,  J.  Farns- 
wortli  fut  condamné  aux  sessions  de  Derby  à  sept 
-années  de  déportation  pour  avoir  pris  part  aux 
derniers  tumultes.  Trois  autres  séditieux  furent 
condamnés  aune  année  de  déportation  ,  et  5  à  six 
mois  de  travail  dans  une  maison  de  correction. 
W.  Elliot,  marchand  de  cochons  ,  condamné  à 

10  liv.  d'amende  comme  accapareur. 

Deux  individus  ont  été  jugés  aux  sessions  de 
Surry.  Convaincus  d'avoir  participé  aux  dernières 
lévolles  (l'un   élait   au  piilatie  de  la   maison    de 

"fil.  Weaver,  marchand  de  fromages  ;  l'autre  dans 
ni  révolte  de  la  ville  de  Kingston)  ,  ils  ont  été 
condamnés  l'un  et  l'autre  à  six  mois  d'emprison- 
nement. Le  juge  en  prononçant  leurs  jiigemeus  , 
leur  dit  qu  ils  étaient  traités  avec  indulgence  ,  dans 
l'espérance     qu'ils    ne  recommettraient    plus  de 

■  semblables  fautes, qu'ils  n'avaient  sansdoute  com- 
mises que  parce  qu'ils  n'en  avaient  pas  connu 
la  conséquence. 

Hadfieid  depuis  son  jugement  était  demeuré  en 
éiat  d'arrestation  à  Nevvfgate.  Samedi  passé  M.  le 
duc  de  Portland  envoya  un  ordre  pour  qu'il  fût 
transféré  à  Bedlam  ,  où  on  avait  préparé  un  appar- 
tement pour  le  recevoir.  Hadfieid  arrivé  à  Bedlam 
fit  quelque  objection  sur  le  lieu  oii  on  le  plaçait , 
mais  après  il  ajouta  :  n  II  y  a  beaucoup  de  gens 
>)  qui  valent  mieux  que  moi  dans  cette  maison  , 
»»  mais  il  en  est  beaucoup  plus  qui  jouissent  de 
•>)  leur  liberté, qui œériieraieutplus  que  moi  dêire 
i>  renfermés,  u  Hadfieid  est  beaucoup  plus  pâle 
el  plus  maigre  qu'il  ne  lélail  lors  de  son  jugement. 

11  est  lait  défense  de  le  laisser  voir  aux  personnes 
que  la  curiosité  seule  amené  à  Bedlam. 

Ces  jours  passés  deux  femmes  irlandaises  s'élaivt 
prises  de  querelle  au  sujet  d'un  tablier  prêté  , 
l'une  des  deux  a  tué  l'autre  à  coup  de  couteau  et 
à  coups  de  pot  d'élain.  C  est  dans  un  grenier  de 
Drury-L»ne  que  ce  meurtre  a  été  commis.  Plu- 
sieurs personnes  ont  été  attelées  dans  la  maison. 
La  coupable,  fruitière  de  profession  ,  s'esr  évadée. 

Le  bourreau  de  Winchester  est  dans  les  prisons 
de  cette  ville  ,  pour  avoir  donné  des  armes  aux 
mutins  dans  les  tumultes  occasionriés  par  la  cherté 
des  provisions. 

Des  voleurs  ont  attaqué  dernièrement  M.  Nes- 
bilt,  capitaine  du  vaisseau  le  True  Briton ,  appar- 
tenant à  la  compagnie  des  Indes.  Il  leur  donna 
sa  montre  et  son  argent  et  voulut  retenir  la  boëte 
dans  laquelle  étaient  les  papiers  du  vaisseau.  Un 
des  brigands  furieux  de  la  résistance  tira  à  bout 
portant  avec  un  pistolet  dans  la  bouche  du  capi- 
taine. Soit  que  la  poudre  fût  de  mauvaise  qualité 
OU  qu'elle  se  lût  affaiblie  par  l'humidité,  M.  Nes- 
bitt ,  l'instant  d'après,  cracha  la  balle  avec  quel- 
ques dents.  La  blessure  que  la  balle  a  faite  au 
palais  ne  sera  pas  dangeicuse. 

On  estime  la  perte  des  objets  consumés  par' ie 
feu  à  Wapping ,  à  80,000  liv.  st. 

On  a  récemment  importé  une  espèce  de  saule 
'  du  Brésil  flans    lîle  de  SainieHélene.  Cet   arbre 
y  a  parfaitement  réussi  ,  et  pourra  ,  avec  le  tems  , 
procurer  à  celte  île  lus  combustibles  qui  lui  man- 
quent. ' 

Un  fermier  de  la  province  de  Surry ,  a  tiré 
de  son  jardin,  la  semaine  passée,  une  carotte 
qui    avaU  quatre  pieds  huit  pouces  de  long. 

Le  roi  Edouard  II  donna  ,  en  i3i5  ,  l'édit  sui- 
vant : 

Il  Edouard  ,  par  la  grâce  de  Dieu  ,  roi  d'An- 
plelcrre  ,  etc.  comme  il  nous  a  été  porté  par  les 
archevêques  ,  évcques  ,  prélats  et  barons  ,  des 
plaintes  sur  la  cherté  des  vivres  dans  noire 
loyautne  ,  nous  fixons  les  prix  suivann  ,  qui  ne 
pourront  éi«(  outre-pustés  ^ — Un  bœuf  nourri 


de  grains  et  tenu  à  l'étable  ,  23  s.;  un  bœuf  nourri 
de  tourrage  ,  16  s.;  une  vache  grasse  à  l'érable  , 
12  s.  ;  une  vache  médiocre  ,  10  s.  ;  un  mouton 
gras  .  nourri  de  grain  ,  ou  bien  couvert  de  laine  , 
2od.;un  mouton  gras  ,  mais  tondu  ,  14  s.;  un 
cochon  gras  ,  de  deux  ans  ,  3  s.  4  d.  ;  une  oye 
grasse  ,  2  d.  ;  une  oye  grasse  ,  dans  la  cité  ,  4  d.  ; 
un  chapon  gras,  s  d.-,  une  poule  grajje  ,  1  d.  ; 
deux  poulets,  t  d.  ;  quatre  pigeons,*  1  d.  ;  et 
daiis  la  cité,  trois  pour  le  même  prix; vingt-quatre 
œufs  ,  t  d.  ;  et  dans  la  cité  ,  vingt  pour  le  même 
prix.  ))  °    '  .. 

Les  nriessieurs  et  les  dames  de  Lincoln  don- 
neront incessamment  un  bal  pour  l'encourage- 
ment du  commerce  des  laines.  Le»  dames  n'y 
seront  admises  qu'avec  des  robes  et  drs  juppons 
d'éiofFes  de  laine  filées  .  lissues  et  fabriquées  dans 
le  pays.  Les  messieurs  ne  pourront  se  présenter 
qu'avec  de  la  laine,  aux  bas  près  qui  sont  ex- 
ceptés. La  soie  et  le  coton  sont  proscrits. 

Depuis  l'année  tySo  jusqu'en  1770  ,  la  quantité 
moyenne  de  bleds  importés  en  Angleterre  ,  coûta 
annuellement  la  somme  de  600,000  l'v.  st.  ;  de- 
puis 1770  juscju'en  1790,  la  somme  de  3oo,ooo  l.s.; 
«depuis  1790  jusqu'à  présent  la  balance  a  toujours 
été  croissant  au  désavantage  de  l'Angleterre,  et 
elle  est  à  présent  double'de  ce  quelle  fut  entre 
1770  ei  1790-  (True  Briton.  j 

INTÉRIEUR. 

Paris,  le  3o  vendémiaire. 

Le  premier  consul  a  passé  ,  aujourd'hui  à 
cleux  heures,  au  village  de  Roquencourt,  la  revue 
de  douze  bataillons  de  grenadiers  et  autant  d'é- 
claireurs,  et  d'un  train  de  trente  pièces  d'artillerie. 
Ce  corps  'd'élite  était  dans  la  meilleure  tenue. 
DiflFérentes  manoeuvres  qui  ont  eu  lieu  pour  atta- 
quer le  village  de  Roquencourt  ont  été  exécutées 
avec  la  pltrs  grande  précision;  vingt-cinq  com- 
pagnies de  grenadiers  de  la  marine  ont  parfai- 
tement manœuvré.  Le  premier  consul  avait  avec 
lui  ,  le  ministre  de  la  marine  ,  le  général  Ber- 
nadotte  et  le  .sénateur  Lelêvre.  Le  gèncralMurat 
a  fait  mettre  aux  arrêts  un  chef  de  baiai lion  . 
parce  que  trois  éclaireurs  de  ce  bataillon  n'avaient 
point  de  bayonneitej. 

.Le  24'.  de  chasseurs  a  exécuté  avec  précision 
les  différentes  manœuvres  qui  lui  ont  èié  com- 
mandées. Le  premier  consul,  pour  marque  de 
satisfaction  a  fait  présent  aux  grenadiers  des  dif- 
férens  bataillons,  d'un  bonnet  de  grenadier,  et 
aux  éclaireurs  des  difTérens  bataillons  d  éclaireurs, 
d'un  chakot.  L'on  croit  que  ce  corps  tie  -tardera 
pas  à  se  meure  en  marche  pour  former  le  noyau 
de  la  3'  armée  de  réserve  ,  la  seconde  lotmanr 
aujourd'hui  l'armée  des  Grisons. 

--  On  écrit  de  Bruxelles,  en  date  du  21  vende- 
niiaire  ,  que  le  goût  de  la  marine  miluaire  .de- 
vient très-actif  dans  les  neuf  départemcns  de  la 
ci-devant  Belgique;  un  grand  nombre  de  jeunes 
gens  se  sont  engagés  voloniairemcnt  pour  ce 
service  :  on  les  exerce  à  Anvers  et  à  Dunkcrque. 
,  (  Exirait  du  Journal  de  Paris.) 

—  On  mande  de  Granville  que,., dans  les 
mauvais  tems  qui  ont  eu  lieu  derniérera  -nt  ,  il 
s'est  perdu  une  corvette  anglaise  ou  brick  de  18 
canons  et  d'un  obus  de  36  livres  de  balle  ,  com- 
posé de  MO  hommes  déquipage,  travers  de  l'île 
de  Raz.  Lécjuipage  a  é;é  sauvé  par  la  corvette 
Irançaise  le  Granville. 

(  Extrait  du  Journal  du  Commerce.  )    . 

CONSEIL-  D'  ÉTAT. 

Second  résumé  de  la  discussion  qui  a  eu  lieu  auconseil- 
détat,  au  sujet  des  moyens  à  employer  pour  la 
formation  des  listes  de  notabilité  ou  éligibilité 
communale  ,/rfjcrito /(ar  la  constitulioii. 

Dans  la  derniire  séance  du  conseil-d'état  ,  le 
conseil  ayant  estimé  convenable  d'éliminer  de  la 
discussion  les  projets  rédigés  dans  le  système 
sectionudire  ,  la  section  de  l'intérieur  va  repro- 
duire avec  quelques  développemens  et  de  nou- 
velles réflexions,  deux  projets  rédigés  dans  le  Sys- 
tem., mixte,  auxquels  le  conseil  a  donné  la^prio- 
riié  (de  discussion;  projets  dont  l'un  n'est  qu'une 
modifîcaiion  de  l'autre. 

Et, comme  il  est  possible  qi^e  le  conseil  trouve 
de  grandes  difliculiés  à  tous  deux,  pour  y  stjppléer, 


s'il  est  nécessaire,  la  section  représentera  avec 
quelque  détail  le  projet  puiement  communal ,  qui 
a  etc  esquissé  sous  le  n"  2. 

Voici  les  projets  mixtes. 

Le  premier  est  celui  qu'a  proposé  la  section  d» 
1  intérieur  dans  son  second  travail.  Il  est  tenleimë 
dans  les  articles  suivans  : 

X.  Les  citoyens  voteront  par  divisions  de  cent 
au  moins,  de  deux  cents  au  p'us.  Les  com- 
munes de  moins  de  cent  citoyens  seront  réunies 
avec  la  commune  ou  les  communes  voisines  :  les 

•communes,  ou  réunions  de  coramuiie.s  de  plus 
de  deux  cents  ciioy  ens  et  de  moins  de  quatre 
ccnis  ,  voleront  par  divisions  égales  ,  autant  qu'il 
sera  possible  ,  de  cent  à  deux  cents  citoyens.  Les 
communes  de  plus  de  ()ualre  cents  citovens 
voteront  par  divisions  de  cent  à  deux  cents  , 
lesj  plus  égales  et  les  moins  nombreuses  qu'il  sera 
possible. 

XI.  Ces  réunions  et  divisions  seront  déiermi- 
néts  par  le  conseil  d'arrondissement  ,  et  exécu- 
tées, par  les  ordres  du  sou.s-piéfei, 

XII.  Le  conseil  d'arrondissement  nommera  deux 
scrutateurs  pour  chaque  division. 

XIII.  Le  scrudn  sera  ouvert  pendant  cinq 
jours. 

XIV.  Toute  personne  qui  se  présentera  pour 
voter,  exhibera  son  diplôme  de  citoyen  aux 
scrutateurs,  lesquels   en  feiont  la  vérificaiion. 

XV.  Avant  qu'un  votant  puisse  .donner  son 
suffrage  ,  son  nom  sera  inscrit  sur  un  registre 
tenu  à  tet  effet  par  un  des  vérificateurs. 

XVI.  Chaque  votant  formera  une  liste  com- 
posée de  dix  noms  au  plus,  pris  hois  de  sa 
division,  ei  tine  autre  de  dix  noms  au  plus, 
pris  dans  sa  division. 

Deux  urnes  distincies  seront  destinées  à  rece- 
voir ,  la  première  ,  toutes  les  listes  formées  de 
noms  pris  hors  de  la  division  des  volans  ;  la 
seconde  ,  toutes  les  listes  prises  dans  leur» 
divisions.  ; 

XVII.  Le  sixième  jour  qui  suivra  l'ouverture 
du  scrutin,  à  midipiécis,  les  urnes  seront  ou- 
vertes dans  toutes  les  divisions  par  les  scruia- 
"teurs  ,  et  les  scrutins  seront  dépouillés  :  les  suf- 
frages reçus  dans  la  première  et  seconde  urne 
seront  relevés  séparément  sur  des  feuilles  inti,- 
tulées  :  l'une  ;  Dépouillement  de  la  première  urne', 
suffrages  donnés  hors  de  la  division  des  votans,; 
y àun-ç  ;  Dépouillement  de  la  seconde  urne  ,sujjrctges 
donnés  dans  la  division  des  volans^ 

XVIII.  A  la  fin  du  sixième  jour  qui  suivra 
l'ouverture  du  scrutin  ,  les  scrutateurs  remettront 
leurs  feiiilles  et  leur  procès-verbal  de  dépouille- 
ni.nt  au  maire  de  la  commune.      ' 

XIX.  A  compter  du  septième  jour  qui  suivra 
l'ouverture  du  scrutin  ,  un  questeur  nommé  par 
le  préfet,  sur  la  préieniation  du  conseil  d'arron- 
dissement communal  ,  parcourra  l'arrondisser 
ment  ,  ira  recevoir  du  maire  de  chaque  muni- 
cipalité les  feuilles  de  déiiouilleraent  du  scrutin  , 
les  rapportera  le  neuvietne  jour  au  chef-liéu  d'ai- 
rondissemeirt  ,  et  en  fera  le  dépôt  entre  les  maitrs 
du  sous-préf'ei. 

XX.  Le  questenr  ,  le  sous-préfet  et  deux  scru- 
taicurs  liommés  par  le  conseil  général  de  dé- 
partement,  feront  ensemble  en  public,  àjoure't 
heure  indiqués  ,  le  dépouillemei,it  des  scrutins 
municipaux. 

XXI.  Le  dépouillement  des  feuilles  de  scru- 
tins commencera  parcelles  de  première  urne, 
conlenant  les  suffrages  donnés  par  les  votans  hors 
de  leurs  divisions. 

Tous  les  citoyens  àqui  elles  donneront  deux 
cents  voix  au  plus  ,  seront  élus  notables  de  l'ar- 
rondissement  communal. 

Si  le  dépouillement  des  feuilles  de  premier» 
urne  donne  deux  cents  suffiages  ou  plus  au 
dixième  des  citoyens  de  rarrondisscinent  ,  les 
feuilles  de  seconde  urne  iie  seront  point  dér 
pouillées.  . 

Si  les  feuilles  de  première  urne  ne  donnent 
pas  deux  cents  suffrages  à  un  nombre  de  can-f 
didats  suffi  ant  pour  compléter  le  dixième  do» 
citoyens  de  l'arrondissement  ,  les  feuilles  de  se-» 
conde  urne  ,  contenant  les  suffrages  donnés  par 
les  votans  dans  leur  division  ,  seront  dépouillées 
pour  rem))lir  le  nombre  manquant  ;  et  les  citoyens 
qui  réuniiont  le  plus  de  suffrages  tant  dans  les 
feuilles  de  leurs  divisions  que  daus  telles  de  la 
première  uri^e  ,  seront  élu.s, 


iiS 


y  ,vll.  Le  sous-]>réïrt  publi«ra  dans  les  vîngt- 
<î,  ,ue  heures  le  procès-verbal  de  dépouillement , 
;pi'oçlame(a  les  citoyens  élus  à  la  notabilité  com- 
munale ,  ei  enverra  le  procès- verbal  d'élection 
au  préfet.  (Extrait  du  projet  4e  loi  ou  rigltment 
ptésenté par  la  section.) 

La  substance  de  ce  projet  peut  être  résumée 
ainsi  : 

«  L'opération  du  scrutin  sera  diviséeen  sections 
M  de  cent  à  deux  cents  citoyen».  Les  votans  ne 
jj  pourront  voter  que  sur  un  nombre  de  citoyens 
5>  égal  au  cinquième  delà  division  dont  ils  feront 
><  partie  ;  ils  seront  obligés  de  choisir  moitié  de 
»>  ce  cinquième  hors  de  leur  division,  et  pourront 
f»  la  prendre  dans  toute  la  population  de  l'arron- 
»  dissemement ,  et  l'autre  moitié, dans  leur  divi- 
»î  sion.  Les  divers  scrutins  ,  réunis  d'abord  chez 
ai  les  maires  ,  recueillis  ensuite  par  un  questeur , 
>»  seront  portés  au  chef-lieu  de  l'arrondissement , 
»«  et  dépouillés  en  commun  ;  et  la  majorité  com- 
»  patative  fera  les  notables.))  [Extrait  du  i°^ 
résumé. 

Le  projet  qui  est  présenté  comme  une  rnodifi- 
cation  de  celui  qu'on  vient  de  voir,  est  du  citoyen 
Cretet.  En, voici  les  dispositions  essentielles. 

Art.  II.  (lit.  II.T  Les  citoyens  de  l'arrondisse- 
rietit  communal  sont  divisés  par  séries  ;  chaque 
«éfie  est  composée  de  cent  citoyens. 
,  III.  te  sous-préfet  nomme  par  chaque  série 
de  cent  citoyens  et  parmi  eux ,  un  cenienier  com- 
munal ,  un  suppléant  ,  deux  scrutateurs  commu- 
naux ,  deux  suppléans  ,  etc. 

An.  !■='.  (lit.  III. )  Les  citoyens  de  chaque  cen- 
•tutie  voient  au  domicile  du  centenier  communal, 
«t ,  à  son  défaut  ,  à  celui  de  son  suppléant, 

II.  Le  scrutin  reste  ouvert  pendaru  d'x  jours 
consécutifs  ,  et  seulement  jusqu'à  midi  de  chaque 
journée. 

III.  Deux  boîtes  cotées  A  elB  ,  fermant  à  clef , 
sont  préparées  pour  recevoir  les  votes  de  la  cen- 
turie. La  clef  est  remise  au  plus  âgé  des  scruta- 
teurs. 

IV.  Le  nom  de  chaque  citoyen  qui  se  présente 
potir  voter  ,  est  inscrit  sut  une  liste  tenue  par  le 
centenier. 

V.  Le  votant  fait  deux  bulletiiis  cotés  ^4  et  B  , 
de  dix  noms  chacun  :  t^ut  bulletin  qui  conli«nt 
plus  de  dix  noms ,  est  rejeté  ;  ceux  qui  en  con- 
tiennent moins  ,  sont  adipis. 

VI.  Le  bulletin  coté  A  rie  peut  comprendre  que 
des  noms  de  citoyens  appartenant  à  l'arrondisse- 
ment communal  ,  et  qui  ne  sont  point  membres 
de  la  centurie  ;  le  bulletin  coié  B  ne  peut  com- 

Î)rendre  que  des  noms  de  citoyens  membres  de 
a  centurie. 


Le  bulletin  .d  est  déposé  dans  la  bèîte  /4 ,  et  i  l'électàon ,  c'est  par  l'impossibilité  de  trouver  un 


le  bulletin  B  dans  la  boîie  B 

VII.  Le  lendemain  de  la  clôture  du  scrutin  ,  les 
deux  scrutateurs  se  rendent  chez  le  centenier  :  il 
est  procédé  au  dépouillement.  I 

VIII.  La  boîte  A  est  ouverte  la  première.  Il  est 
fait  une  liste  du  dépouillement;  et  les  dix  citoyens 
qui  ont  obtenu  la  majorité  absolue  ,  sont  membres 
delà  liste  cammunate  d'arrondissement. 

Il  est  ensuite  procédé  au  dépouillement  du 
scrutin  B,  Les  dix  citoyens  qui  ont  obtenu  des 
majorités  relative» ,  sont  habiles  à  remplacer  des 
membres  de  la  liste  coinmunale. 

IX.  Aussitôt  après  le  dépouillement  des  deux 
scrutins ,  le  centenier  en  adresse  le  procès-verbal 
au  sous-préfet  de  l'arrondissement. 

X.  Le  sOus-préfet  appelle  auprès  de  lui  deux 
conseillers  depréfeciure, avec  lesquels  il  procède 
au  dépouillement  des  procès-verbaux  des  centu- 
ries ,  et  à  /a  formation  définitive  de  la  liste  com- 
munale y>g*i!  la  réunion  des  noms  des  citoyens 
nommés  p^r  le  scrutin  A. 

XI.  Si  le»  voles  de  plusieurs  centuries  portent 
sur  un  ;même  individu  ,  sa  nomination  appartient 
à  la  centurie  dont  1  e  procès-verbal  a  été  dépouillé 
le  premier. 

Dans  les  autres  centuries  par  lesquelles  le  même 
citoyen auraitélé  nommé  ,  il  est  remplacé  par  celui 
des  citoyens  compris  dans  le  scrutin  B  qui  aura- 
obtenu  le  plus  de  voix. 

XII.  La  liste  communale  d'arrondissement  est 
imprimée;  un  exemplaire  pour  chacun  des  citoyens 
compris  dans  la  lisiç  ,  lui  est  transrais  par  le  cen- 
tenier de  sa  centurie  ,  à  qui  il  est  adressé  par  le 
sous-préfet.  (Extrait  du  projet  de  loi  du  citoyen 
Cretet.  ) 

Obsçr\$<(|ns  ce  qui  est  commun  aux  deux  projets, 
et  ensuite  et  qui  les  distingue.     ' 

L'un  et  l'autre  fait  nommer  par  les  citoyens  di- 
visés en  sections,  i°  un  dixième  de  leur  nombre 
choisi  dans  touie  l'étendue  de  l'arrondissement 
communal  ,  la  section  exceptée  ;  2°  un  autre 
dixième  de  leur  nombre  choisi  exclusivement 
dans  la  section. 

L'un  et  l'autre  attache  à  la  notnination  du 
dixième  cTioisi  par  les  sections  hors  de  leur  sein  , 
une  préférence  marquée  sur  l'autre  ;  la  nomi- 
naiion  du  dixième  pris  par  les  sections  dans  leur 
sein  ,  n'est  considérée  dans  les  deux  projets  que 
comme  un  moyen  de  suppléer  à  l'insuffisance 
de  la  première  liste  ,  pour  completter  le  dixième 
requis  par  la  constitution  ,  et  de  remplir  le 
déficit  que  les  suffrages  de  première  liste  peuvent 
laisser.    '' 

Voilà  ce  qu'il  y  a  de  commun  entre  les  deux 
projets.  Voici  mainienanl  leuis  différences; 


•  Projet  de  la  section.  Projet  du  citoyen  Cretet. 
Suivant  le  projet  de  la  section  de  l'intérieur.  Suivant  le  projet  du  citoyen  Cretet  ,  les  suf- 
ics  suffrages  donnés  '  par  les  votans  ,  hors  de  fragcs  donnés  pai  les  votans  hors  de  leurs  sec- 
leurs  sections  ne  produisent  pas  d'élections  im-  tions,  produisent  des  élections  immédiates;  et 
médiates;  ils  sont  réunis  à  ceux  que  d'autres  les  candidats  qui  on;  obtenu  la  majorité  absolue 
sections  ont  pu  donner  ;  et  c'est  de  la  coUec-  d'une  seule  section  ,  sont  élus  par  cela  seul  ; 
lion  de   tous    les    suffrages    donnés    dans  toute  leur  litre   est  dan^  la   majorité   de  cette  unique 


l'étendue  de  l'arrondissement ,   que  se  compose     section  ,  et  les  suffrages  qu'ils  peuvent  avoir  ob-     communale, 
l'élection.  tenus  d'une  ou  de   plusieurs  autres  ,  sont    nuls        ^j   T=„r<,   , 

pour  eus.  I 


nombre  suffisant  de  citoyens  renommés.  Mais 
quand  un  homme  est  élu  ,  tous  ses  Concitoyen» 
ont  iotérêl  à  l'observer  ,  à  le  corinàliré  :  par 
cette  raison  il  est  bientôt  connu  ;  et  des'lors  où 
peut  exiger  une  grande  m-ajorité  pour  le  juge- 
ment qui  doit  eue  porté  sur  ses  mœurs  et  ses 
talens.  Elu  par  une  majotiié  comparative  ,  mi- 
norité absolue ,  parce  qu'il  était  un  citoyen 
obscur  ,  il  n'est  pas  moins  l'homme  de  l'attort- 
dissement  qui  a  le  plus  la  conliance  ;  destitué 
par  la  minorité  quand  il  est  devenu  homme 
public  ,  il  le  serait  contre  le  vœu  public,  jr 

On  peut  ajouter  à  ces  réflexions  ,  que  tous 
les  élus  ,  dans  le  s'ystême  de  la  section  de  l'in- 
térieur ,  ne  le  seraient  pas  par  un  faible  nombre 
de  suffrages  ;  que  plusieurs  réuniraient  probable- 
ment ht'-  majorité  absolue  de  l'arrondissement  ; 
et  qu'ainsi  le  nombre  des  vbians  qui  auraient 
produit  leur  noriiination ,  ne  serait  pas  en  con- 
traste avec  le  nombre  nécessaire  pour  la  dé-^ 
truire. 

Voilà  ce  qu'on  peut  répondre  à  l'objection  ; 
mais  outre  que  cette  réponse  ne  la  résout  pas 
compleltemenl  ,  il  suffirait  que  la  critiqne  tôt 
plus  saillante  que  ne  peut  être  la  défense  ,  pour 
qu'il  fût  désirable  dé  rencontrer  un  mode  d'é|e<}- 
tion  irréprochable  sous  le  rapport  dont  il  s'agit. 
C'est  ce  qui  a  sur-tout  déterminé  la  section 
de  l'intérieur  à  représenter  avec  quelque  déve- 
loppement ,  le  projet  exposé  sous  le  n"  2  du  pre- 
mier résumé  ,  et  qu'elle  avait  estimé  digne 
d'être  pris  en  considération  pat  le  conseil.  Le 
voici  : 

Projet  présenté  sous  le  n"  î. 

Art.  ï^'.  Les  citoyens  de  chaque  atrondisse- 
ment  seront  classés  en  sections  égales  de  deux 
cent  cinquante  ,  non  pas  suivant  des  divisiôtis 
territoriales  ,  mais  au  gré  du  sort  dans  chaciM 
municipalité  ;  de  manière  qu'il  pourra  y  atnR 
des  citoyens  de  plusieurs  municipalités  dans  la 
même  section  ,  ou  plusieurs  sections  de  ciioyefis 
dans  toutes  les  pariies  de  la  même   municipalité. 

II.  Les  sections  seront  distinguées  par  numé- 
ros .  en  commençant  par  le  n°  i  ,  et  divisées  par 
tiers.  ■ 

Chaque  division  sera  distinguée  par  les  n»*  [  , 
s  et  3. 

III.  Pour  former  les  divisions  ,  on  mettra  dans 
un  vase  les  numéros  des  sections ,  et  l'on  tireta 
au  sort.  Les  numéros  jonant  les  premiers  jus- 
qu'au tiers,  formeront  la  division  n"  i  ;  ceux 
sortant  ensuite  jusqu'au  second  tiers  ,  la  division 
n°  2;  et  ceux  restant  datis  1«  vase  après  les 
deux  tirages  ,   la  division  n"  3. 

IV.  La  division  n°  i  volera  la  première. 

A  cet  effet ,  chaque  ci'oyert  remettra  un  scrutin 
contenant  au  plus  ving-cinq  noms.  Les  scrutins 
recueillis  dans  la  division  seront  portés  au  chef-  ' 
lieu  d'arrondissement  communal.  Le  sous-préfet 
les  recevra  et  les  dépouillera  en  présence  de  deiix 
membres  du  conseil  communal  nommés  par  le 
préfet.  Les  citoyens  ayant  obtenu  la  majorité 
absolue  des  votans  ,  seront  inscrits  tut   la   liste 


Dans   ce  système  ,  il  se  trouvera   un  certain  Dans    te  système    du   citoyen    Cretet  ,  «ucun 

xiombre   de  notables  qui  réuniront   des  milliers  notable    de    l'arrondissement    communal    ne   le 

de  suffrages  ,  et  auront   pour  eux  le  veeu  de  la  sera  en  venu  de  plus  de  cent  suffrages, 
très-grande  majorité  des  citoyens  ayant  droit  de 


voter  dans   l'arrondissement  communal 

Dans  ce  système  ,  nul  ne  parviendra  à  la  no- 
labilité  en  vertu  de  moins  de  deiix  cents  suf- 
frages donnés  hors  de  sa  section. 

Dans  ce  système  ,  il  ne  pourra  jamais  arriver 


Dans  ce  système  ,  5i  suffrages  suffiront  pour 
élever  à  là  notabilité  communale. 

Dans  ce  système  ,  il  pourra  arriver  qu'un  ci- 
q.u'un  candidat  élu  en  vertu  des  listes  composées  toyen  qui  aura  obtenu  cinquante-un  suffrages 
de  noms  pris  hors  des  sections ,  ait  réuni  moins  dans  une  'section  dont  il  ne  fait  point  partie  ,  soit 
de  suffrages  qu'un  candidat  élu  sub^diairement  élu  notable  ,  tandis  que  son  voisin  ,  qui  aura  ob- 
en  vertu  des  listes  de  noms  pris  par  les  votans  tenu  les  cent  suffrages  de  sa  propre  section  ,  ne 
■diai  leur  section.  le  sera  pas,  si  les  hstes  formées  de  noms  piis  hors 

des  sectiotiî  ont  fourni  le  dixième  requis  pour  la 
notabilité  de  l'arrondissement.  Ce  citoyen  lui- 
même  peut  avoir  obtenu  l'unanimité  de  sa  sec- 
tion ,  composée  de  cent  votans;  pourtant  elle  ne 
lui  servira  à  rien  ,  et  il  sera  élu  en  vertu  des 
suffrages  de  cinquante-un  d'une  autre. 


par  ce  parallèle  des    deux   projeu  ,  1  ment  ,  et  même  de  beaucoup  moins  ?  une  sorte 

deux  est  due  la  préférence  ;  et  la  sec-    de  décence  polinque  ne  defend-t-elle  pas   qu  *n 

-     ■  citoyen  puisse  parvenir  a  la  notabilité  par  la  con 


On  voit 
■auquel  des 
tion  de  l'intérieur  n'ajoute  aucune  réflexion 

Cependant  elle  ne  peut  se  dissimuler  que  celui 
des  deux  qui  prête  le  moins  à  la  critique ,  n'est 
pas  entièrement  au-dessus  de  l'objection  que  le 
premier  consul  a  reproduite  avec  une  nouvelle 
force  dans  la  séance  du  conseil-d'état  du  24  ven- 
démiaire ,  et  qu'il  a  déduite  de  l'article  XII  de 
ia  constitution  ,  lequel  est  ainsi  conçu  :  "  Nul  n'est 
»)  retiré  d'une  hste  que  par  les  votes  cle  la  ma- 
1)  joriié  absolue  des  citoyens  ayant  droit  de  co- 
»»  opérer,  à  sa  formation.  )>  Le  premier  consul  a 
fait  cet  argument  :  la  constitution  exigeant  six 
mille  eiune  voix,  sur  un  arrondissement  de  douze 
mille  citoyens ,  pour  faire  sortir  un  notable  de  la 
liste  communale  ,  n'ési-i!  pas  choquant  de  l'y  ad- 
Mstite  sur,  le  vau  de  deux  cents  citoyens  seule- 


fiance  d'un  si' petit  nombre  de  votans ,  la  défiance 
d'un  si  grand  nombre  étant  nécessaire  pour  l'en 
faire  décheçit? 

Les  réponses  que  la  section  a_  faites  à  cette  ! 
objection  dans  son  précédent  résuiné  ,  se  ré- 
duisent aux  suivantes  :  «'  D'abord  il  doit  ê're  ! 
plus  facile  d'honorer  un  citoyen  que  de  le  désho-  1 
noter.  Secondement  ,  il  y  a  peu  d'inconvéniens  à  j 
cejjue  quelques  mauvais  citoyens  soient  inscrits  | 
sur  la  liste  des  notables  de   commune  ,  le  gou 


V.  Leurs  noms  seront  imprimés  et  envoyés  à  , 
toutes  les  municipalités  de  l'arrondissement  ,  et 
affichés.  Les  noms  de  tous  les  citoyens  qui  auront 
obtenu  des  voix  seront  portés  sur  uri  tableau, 
qui  sera  conservé  à  la  sous-préfecture  >  et  o^is 
sous  le  scellé. 

VI.  Un  mois  après  le  tems  fixé  pour  la  fia 
du  dépouillement  du  scrutin  de  la  division  n' 
I  ,  la  division  n<»  2  sera  appeliée  à  voler. 

Son  vote  sera  émis  ,  et  le  résultat  en  sera  pro- 
clamé de  la  même  manière  que  celui  de  la  pte- 
miere  division. 

VU.  Le  tableau  des  citoyens  non  -  élus ,  mais 
ayant  obtenu  des  voix ,  sera  également  conseivc 
et  mis  sous  le  scellé  comme  le  premier. 

VIII.  Un  mois  après ,  la  troisième  division  sera 
appelée  à  voter.  Son  vote  sera  dépouillé  de  )a 
même  manière  ;  et  ceux  qui  auront  obtenu  la 
majorité  absolue  ,  seront  aussi^asccits  sur  la  lille 
communale. 

IX.  Le  tableau  des  cittryens  qui  aofOin  obtenu 
des  voix  ,  sera  aussi  conservé   et  scellé. 

X.  Si  le  total  des  citoyens  élus  à  la  majorité: 
absoltie  aux  trois  scrutins  des  trois  divisions  > 
ne  forme  pas  le  dixième  des  citoyçns  ayant  le 
droit  de  cité  dans  l'arrondissement  ,  il  sera  com- 
plété de  la  manière  suivante. 

■  Le  sous-préfèt  lèvera  ,  en  présence  des  deux 
conseillers  de  sous-préfecture,  le  sceau  apposé 
sur  les  tableaux  des  noms  des  citoyens  ayant 
obtenu  des  voix,  mais  non  la  majorité  ,  aux  trois 
scrutins   divisionnaires. 

Ils  ferpnt  le  dépouillement  de  ces  trois  tableaux 
réunis. 


vernement  n'ayant  jamais  d'intérêt  à  en  employer    ,    Le  dixième  des  citoyens  qui  doivent  composer 
de  tels,  el  le  nombre   des  emplois  communaux  '  la  liste  communale  ,  sera   complète  a  la  majonte 
étant  si    borné  ,    quil    y    aura    toujours    cent  '  «'^''^^  ^^  "  fermer  depouillemeni. 
notables    pour   un    emploi.   Troisièmement,  si)      On  voit  que,  suivant  ce  projet ,  les  élections 
l'on   se    contente    d'une    petite   majorité    pour  ■  seraient  absolument  exemptes  du  teproche  qui  a 


ité  fait  aux  deux  précédcns.  Les  noiàblet  ne 
jetaient  élus  qu'à  une  majorité  considérable  ,  et 
assez  preponionnée  à  celle  qui  sera  nécessaire 
pour  leur  radiation. 

Secondement  ,  ce  système  ,  purement  com- 
munal ,  est  plus  exactement  conforme  que  les 
précédens  au  vœu  de  la  constitution. 

Troisièmement  ,  il  donne  à  tous  les  citoyens 
dignes  d'être  inscrits  sur  les  listes,  les  moyens 
d'échapper  à  l'injustice,  aux  passions,  à  l'oubli 
à'une  portion  du  département.  Les  élections  étant 
divisées  en  trois  tem»  successifs  ,  l'iDJusiice  faite 
par  la  première  section  des  votans  pourra  être 
lépaiée  par  l'autre  ;  et  probablement  l'omission 
d'aucun  homme  de  mérite  ne  déshonorera  la 
liste  générale  des  notables  de  l'arrondissement. 

La  section  de  l'intérieur  doniiiera  ,  dans  la  dis- 
cussion ,  les  explications  néeessaires  pour  mettre 
le  conseil  en  élat  d'apprécier  ce  projet ,  qui  ,  par 
les  amendemens  qu'il  a  subis  ,  est  devenu  à  ses 
yeux  le  plus  digne  de  l'approbation  du  légis- 
lateur. .  -  / 
Le  s8  vendémiaire  an  g. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

1 1  vendémiaire  ,  an  g. 


iig 

saire  pour  la  sûreté  des  personnes  qui  s'en 
servent  ,  et  attelés  de  bons  chevaux  ;  le  tout  à 
peine  de  confiscation  des  carrosses.  [Art.  I"  de 
l'ordonnance  de  police  précitée  ) 

IX.  Pour  assurer  l'exécution  de  l'article  pré- 
cédent ,  il  sera  fait  de  fréquentes  visites  de 
tous  les  carrosses  de  place  en  activité  de  rou- 
lage, par  des  experts  nommés  à  cet  effet  par 
le  préfet  de  police  ,  et  assistés  des  commissaires 
de  polies. 

X.  Toutes  les  fois  qu'un  loueur  de  carrosses 
de  place  changera  de  domicile  ,  il  fera  préala- 
blement sa  déclaration  à  la  préfecture  de  police  , 
à  peine  d'être  rayé  de  la  liste  des  loueurs  de 
carrosses  de  place.     ■ 

Des  cochers  déplace. 

XI.  II  est  défendu  aux  loueurs  de  confier 
la  conduite  de  leurs  carrosses  à  des  cochers 
qui  n'auraient  pas  atteint  l'âge  de  dix-huit  ans  , 
et.  qui  n'auraient  pas  la  fotce  et  l'expérience  né- 
cessaires ,  à  peine' de Sûo-fr.  d'amende, -et  d'être 
civilement  responsable  des  faits  desdits  cochers. 
(Article  8  de  l  ordonnance  précitée.  - 

XII.  Tout  loueur  de  carrosses  de  place  ,  en 
prenant  un  cocher  à  son  service  <  devra  lui  re- 
mettre la  permission  de  stationnement  spéciale 
au  carrosse  dont  il  lui  confiera  la  conduite  ,  la- 
quelle permission  sera  annexée  à  un  exemplaire 
de  la  présente  ordonnance.  Le  cocher  lui  remet- 


Le   préfet   de  police  ,  vu  l'article  XXXU   de  j  ,jg  e„  échange  le  livret  dont  il    devra  être  por 
Farrête  des  consuls  de  la  république  ,  du  12  mes-  ,  ,g„r  ,  aux  termes  de  l'art.  XIII  ci-après. 
sidor  an  8.  qui   charge  le  préfet  de  polrce  de  la  ' 


surveillance  des  places  et  lieux  publics  ; 

Informé  que  les  loueurs  de  carosses  de  place 
et  leurs  cochers  contreviennent  journellement 
aux  lois  et  régleraens  de  police  ;  considérant  que 
de  leur  exécution  dépend  la  sûreté  publique  , 
ordonne  ce  qui  suit  : 

Des  loueurs  de  carrosses  de  places. 

Art.  I".  "Toutes  permissions  délivrées  jusqu'à 
ée  jour,  pour  le  stationnement  des  carrosses  de 
louage  ,  sur  les  places  à  ce  affectées  dans  Paris  , 
sont  annullées.  En  conséquence  ,  roui  loueur  de 
carrosses  de  place  est  tenu  de  fournir ,  à  la  pré- 
fecture de  police ,  dans  un  mois  ,  à  compter  du 
jour  de  la  publication  de  la  présente  ordonnance, 
la  déclaration  de  ses  carrosses .  à  l'effet  d'obtenir 
TJne  nouvelle  permission  de  stationnement. 

II.    Tout  loueur  de  carrosses  de  place  ,  coa 


XIII.  Tout  cocher  dé  place  est  tenu  de  se 
pourvoir  d'un  livret  qui  lui  sera  délivré  par  le 
préfet  de  police  ,  sur  1  attestation  d'un  loueur  de 
carrosses. 

Ce  livret  restera  entre  hss'  mains  du  loueur  , 
pendant  tout  le  tems  que  îktocher  demeurera  à 
son  service. 

Le  loueur  y  inscrira  la  date  de  l'entrée  du  co- 
cher chez  lui ,  et  celle  de  la  sortie. 

XIV.  Les  loueurs  de  carrosses  seront  tenus  de 
représenter  à  toute  réquisition,  aiitant  de  livrets 
qu'ils  auront  de  cochers  en  ville  à  leur  service. 
Ils  seront  en  outre  tenus  d'indiquer  les  noms  et 
domiciles  des  cochers,  etle  numéro  du  carrosse 
confié  ,  chaque  jour  ,  à  chacun  d'eux. 

XV.  Lorsqu'un  cocher  sortira  de  chez  un 
loueur  ,  celui-ci  remettra  son  livret ,  et  le  co- 
cher lui  rendra  la  permission  de  stationnement 
que  le  loueur  aura  du  lui  confier  pour  conduire 


vaincu  d'avoir,  omis  de  faire  la  déclaration  de  ses    le   carrosse  désigné   en   ladite    permission  ,   aux 
carrosses  ,  ou  d'en  avoir  fait  une  fausse  ,  sera  puni    termes  de  l'art.  XII  ci-dessus '' 


de  la  confiscation  desdits  carroses  et  harnois ,  et 
d'une  amende  de  100  fr.  au  moins  ,  et  de  I.ooo  ' 
fr.  au  plus,  i  Art.  Ti  de  la  loi  du  g  vendémiaire  : 
on  6;. 

III.  Les  carrosses  de  place  ,  déclarés  ainsi  qu'il 
est  dit  en  l'article  1".  ci-dessus  ,  seront ,  en  vertu 
de  la  loi  du  g  vendémiaire  an  6  précitée  ,  estam-  : 
pillés  d'un  numéro  indiqué  par  le  préfet  de  po-  ! 
lice  ,  et  qui  sera  peint  en  noir  et  à  Ihuile  en  haut^ 
du  panneau  de  derrière  attenant  l'impériale  ,  ainsi 
qu'au  milieu  des  deux  petits  panneaux  du  bas, 
à  côté  de  la  portière  et  attenant  le  derrière  de 
la  voilure. 

Le  numéro  sera  aussi  placé  en  dedans  du  car- 
ïosse ,  sur  un  ruban  de  fil  blanc  ,  attaché  sur  le 
devant  ,  au-dessous  de  l'impériale. 

IV.  Il  est  défendu  aux  loueurs  de  s'immiscer 
en  lien  dans  le  numérotage  de  leurs  carosses  : 
cette  opération  sera  faite  à  leurs  frais ,  par  un  pré- 
posé de  la   préfecture    de  police. 

V.  Il  est  fait  expresses  défenses  à  tout  loueur 
de  voilures  ,  de  faire  stationner  sur  la  voie  pu- 
blique ,  et  à  tous  cochers  de  conduire  aucuns 
carosses  de  place  qui  ne  seraient  pas  numérotés  , 
ainsi  qu'il  est  dit  en  l'article  III  ci-dessus ,  à  peine 
de  confiscation  desdiis  carosses  ,  et  de  loofraecs 
d'amende  ,  tant  contre  les  propriélairesque  contre 
les  cochers  solidairement.  (  Art.,  l3  de  f  ordonnance 
éepolice  du  i"  juillet  1774.  ) 

Vi.  Lorsqu'un  loueur  de  carosses  de  place  vou- 
dra vendre  ou  faire  cesser  de  rouler  un  ou  plu- 
sieurs de  ses  carosses  ,  il  en  fera  préalablement  sa 
déclaration  à  la  préfecture  de  police  ,  01»  il  rap- 
yortera  ,  en  roêmetems,  sa  permission  de  sta- 
tionnement; les'lltt  carosses  serpnt  à  l'instant  déses- 
Umpillés  ,  et  certificat  en  sera  délivré  au  dé- 
clarant. 

Tout  loueur  qui ,  sans  avoir  renvpli  ces  forma- 
lités ,  vendrait  un  carosse  ,  et  toute  personne  qui 
1  aurait  acheté,  seront  punit  de  5o  francs  d'amende. 
(  Art.  iS  de  l'ordonnance  de  police  précitée.  ) 

VU.  Pour  a-isurer  d'autant  mieux  l'exécution 
de  laiiicle  VI  ci-de*)us  ,  et  pour  éviter  tout 
double  numéro  ,  les  carosses  de  place  qui 
tcroni  trouvés  chez  les  selliers  ,  carrossiers  , 
déprçeurs  ,  déchireurs  de  voitures  ,  férailleùrs 
ou  tous  autres  ,  sans  déclaration  préalable ,  ou 
sans  avoir  été  désestampillés , seront  saisis.  [Art. 
XVI  de  lu  même  ordonnance  de  police.  ) 

VUl.  Il  ne  pourra  être  exposé  sur  les  places 
que  des  cairosses  bien  conditionnés,  garnis  de 
bonnes  soupenlet  et  de  tout  ce  qui  est   néces- 


XVI.  Chaque  fois  qu'un  cocher  changera  de 
loueur,  il  sera  tenu  ,  avant  d'entrer  chez  le  nou- 
veau loueur ,  de  faire  viser  son  livret  à  la  pré- 
fecture de  police. 

XVII.  Il  est  expressément  défendu  aux  loueurs 
de  prendre  .  à  leur  service  ,  aucun  cocher  qui 
ne  serait  pas  porteur  du  livret'.mentionné  en  l'ar- 
ticle XIII  ci-dessus,  on  doiit  le  Kvrct  ne  serait 
pas  visé  à  la  préfecture  de  police  ,  dans  le  cas 
prévu  en  l'article  précédent. 

XVIII.  Tout  cocher  de  place  est  tenu  d'ex- 
hiber ,  à  toute  réquistion  ,  ioit  aux  personnes 
qu'il  conduira  ,  soit  aux  préposés  du  préfet  de 
police  ou  de  la  régie  de  l'enregistrement ,  la  per- 
mission de  stationnement  du  carrosse  qu'il  con- 
duira ,  à  laquelle  sera  annexé  un  exemplaire 
de  la   présente  ordonnance. 

XIX.  Il  est  expressément  défendu  aux  cochers 
de  place  ,  de  laisser  conduire  leur  carrosse 
par  quelque  personne  que  ce  soit  ,  à  peine  de 
5o  fr.  d'amende.  [Art.  Vil  de  [ordonnance  précitée.) 

XX!  Il  est  enjoint  aux  cochers  de  visiter  ,  im- 
médiatement après  chaque  course,  l'intérieur  de 
leur  carrosse  ,  et  de  remettre  de  suite  ,  à  la  per- 
sonne qu'ils  auront  conduite  ,  les  effets  qu'elle 
aurait  pu  y  laisser. 

XXI.  A  défaut  de  possibilité  de  la  remise 
prescrite  en  l'article  précédent  ,  il  est  enjoint 
aux  cochers  de  faire  ,  dans  le  jour  ,  à  la  pré- 
fecture de  police,  la  déclaration  et  la  remise  des 
effets  qu'ils  auront  trouvés  dans  leurs  carrosses, 
à  peine  ,  contre  lesdits  cochers ,  de  3oo  fr. 
d'amende  ,  et  d'être  poursuivis  comme  receleurs. 
(Art.  XX.  de  l'ordonnance  de  police  du  i"  juillet 
1774  ,  déjà  citée.) 

XXII.  Il  est  enjoint  arni  cochers  de  ne  faire 
stationner  leurs  carrosses  que  sur  les  places  à 
ce  affectées  ,  de  t'y  tenir  bien  rangés'^  eh  état 
de  marcher  à  la  première  réquisifion  ;  comme 
aussi  de  laisser  un  passage  libre  entre  les 
maisons  et  la  file  des  carrosses  ,  ainsi  qu'entre 
chacun  desdits  carrosses  ;  de  laisser  également 
libre  le  débouché  de  toutes  les  rues,  culs-de-sac, 
issues  et  portes  cochères  ,  et  de  prendre  toujours 
la  queue  de  la  file  en  arrivant  sur  la  place. 

XXIII.  Tous  coahers  ,  dont  le  carrosse  sera 
stationné  sur  une  des  places  à  ce  affectées  ,  et 
ceux  qui  viendront  se  ranger  sur  les  endroits  de 
la  voie  publique  oi!t  il  leur  est  permis  de  se  placer 
pour  la  sortie  des  spectacles  et  fêtes  publiques  , 
ne  pourront  sous  aucun  prétexte  ,  refuser  de 
marcher  à  toute  téquisition- 


XXIV.  Il  est  expressément  défendu  aux  co- 
cheis  d'exiger  ,  dans  aucun  cas  ,  et  sous  quel' 
que  prétexte  que  ce  soit  ,  même  lorsqu'ils 
seront  pris  dans  les  rues  ,  d'autres  ni  plus  torts 
salaires  que  ceux  fixés  par  l'article  XXVlII  et  les 
suivans. 

XXV-  Aucun  cocher  ne  pourra  faire  stationner 
son  carrosse  sur  les  places  à  ce  affectées  ,  depuis 
minuit  jusqu'à  six  heures  du  matin. 

X5CVI.  Sont  exceptées  des  dispositions  de 
l'article  précédent  ,   les  places  : 

1°.  De  la  rue  de  la  Révolution. 

g».  De  la  rue  Montmartre,  côté  de  la  rue  du 
Croissant. 

3».  De  la  rue  Denis. 

4".  Delà   rue  Culture-Catherine. 

5°.  Du  quai   de  la   Grève, 

6°.  De  la  rue  de  Sève  ,■  prèsîa  Croix-Rouge. 

7°.  Du  quai  des  Augustins. 

8°.  De  la  place  Maubert. 

Les  cochers  pourront  y  faire  stationner  leurs 
carrosses  d-epuis  minuit  jusqu'à  six  heures  du  ma- 
tin. Pour  jouir  des  exceptions  ci-dessus,  les  co- 
chers seront  ténus  ,  avant  de  stationner  sur  Ics- 
dites  places,  de  faire  inscrire  leurs  noms  et  les  nu- 
méros de  leurs  carrosses  ,  sur  la  Jeuille  de  rai  port 
du  commandante  poste  le  plus  voisin  de  la  place 
où  ils  stationneront. 

XXVII.  Les  personnes  qui  auront  à  se  plaindre 
d'un  cocher,  sont  invitées  à  en  donner  connais- 
sance ,  soit  au  préfet  de  police  ,  soit  aux  com- 
missaires de  police  ,  en  indiquant  le  numéro  du 
carrosse  ,  ainsi  que  le  jour,  le  lieu  et  l'heure  aux- 
quels il  aura  été  pris  et  quitté;  sans  préjudice 
des  poursuites  qu'elles  seront  dans  le  cas  d'exeJ- 
cer  pour  la  réparation  du  tort  qu'elles  auront 
éprouvé. 

farif  du  salaire  des  cochers  de  place. 

XXVIII.  Les  cochers  seront  payés  soit  à  la 
course,  soit  à  l'heure  ,  pendant  le  jour  ,  depuis 
six  heures  du  matin  jusqu'à  minuit,  ainsi  qu'il 
soit  : 

Pour  chaque    course    dans 

l'intérieur  de  Paris  ,  .....    i  fr.  Soc.  (3os.  ) 
Pour  la  première  heure  ,   .  2  o 

Pour  chacune  des  suivantes,  l         5o       (3o     ) 
Pour   aller    à    Bicêlre  ,  .    .  4         .0 
Pour  y  aller  ,  y  rester  une 

heure  et  en  revenir,  ....  6  o 

Dans  les  deux  derniers  cas  ci-dessus  ,  le    droit 

de  passe  sera  à  la  charge  du  cocher. 

XXIX.  Les  cochers  pris  avant  minuit ,  et  gardés 
passé  ladite  heiire  ,  recevront,  à  cémpter  de 
minuit  ,  5o  cent.  (10  s.)  en  sus  des  prix  ci- 
dessus  fixés.  Ceux  qui  ,  après  minuit,  seront 
pris  sur  une  des  huit  places  indiquées  par  l'ar- 
ticle XXVI  ci-dessus  ,  seront  payés  à  raison  du 
double  desdits  prix  fixés  en  l'art.  XXVIII. 

XXX.  Ttjutes  les  fois  que,  pendant  une  course 
un  cocher  aura  été  détourné  de,  son  chemin  ,  il  sera 
censé  pris  à  1  heure  ,  et  payé  sur  ce  taux  ,  sans 
qu'il  puisse  lui   être   payé  moins  d'une  heure. 

XXXI.  Lorsqu'un  cocher,  qu'on  aura  fait  venit 
de  la  place  .  sera  renvoyé  sans  être  employé  ,  il 
lui  sera  payé  une  demi-course. 

Dispositions  générales. 

XXXIL  Dans  tous  les  cas  de  contraventions  aux 
dispositions  de  la  présente  ordonnance,  les  car- 
rosses seront  conduits  à  la  préfecture  de  police. 

Il  sera  pris  contre  las  loueurs  et  contre  les 
cochers,  telle  mesure  administrative  qu'il  appar- 
tiendra ,  sans  préjudice  des  poursuites  à  exercer 
contre  eux  ,  pardeyant  les  tribunaux,  conformé- 
ment aux  lois  ,  notamment  aux  articles  XXVI 
des  titres  I  et  II  de  la  loi  du  19  —  82  juillet  1791  , 
qui  prononcent  l'amende  et  la  prison  contre  ceux 
qui  ,  par  imprudence  ou  par  la  rapidité  de  leurs 
chevaux  ,    auront  blessé  quelqu'un. 

XXXIII.  La  présente  ordonnance  sera  impri- 
mée ,  affichée  et  envoyée  aux  autorités  qui  en 
doivent  connaî/re  .  aux  tribunaux  compétens  ,  ati 
générai  commandant  d'armes  de  la  place  ,  ati 
capitaine  commandant  la  gendarmerie  nationale, 
aux  commissaires  de  police  ,  aux  officiels  de  paix 
et  aux  préposés  de  la  préfectiire  ,  pour  que  cha- 
cun ,  en  ce  qui  le  concerné  ,  en  assure  la  stricte 
exécution. 

Le  pré/el ,  ligné,  Dubois. 

Par  le  préfet,  .    ■        •    "■  •       • 

Le  secrétaire-général  ,  signé.,  Pus. 


AU       R  E  J»'.  A    C   T   E   i;    R. 

Citoyen  ,  vous  avez  recueilli  avec  attention  , 
et  j'ai  retenu  avec  inléiêt  les  circonstances  qui 
avaient  rendu  remarqijables  les  distributions  des 
prix  ,  décernés  dans  plusieurs  départemens  aux 
élevés  des  écoles  centrales  :  vous  avez  peint  le 
gouvernement  n'ajoutant  pas  au  mal  d'une  inno- 
vation totale ,  le  mal  plus  grand  encore  d  une 
autre  innovati9(i ,  conservant  pour  rectifier  ,  au- 


li-eu  d  afeatlrepoûr  reconstruire,  empruntant  à  di- 
verses insliiuiions  l'.es  élémens  en  apparence  op- 
posés ,  pour  en  obtenir  un  iésuli<il  utile  cl  saiisle- 
sant  dans  son  ensemble.  Permeiti-'z  à  un  vieillard 
qui  s'est  toujours  vivement  iniéressé  aux  progrès 
de  l'insiruclion  et  au  mode-ï'^ivi  pour  1  cnseigrie- 
nient,  d'appeler  votre  aiitniiwn  ,  et  j'oserais  dire 
les  ièmoign;ig^-s  de  la  reconnaissance  publique  , 
en  laveur  de  l'un  de  ces  établissemens  que  l'auto- 
riié  n'a  point  créés,  rnais  qu'elle  doit  protéger  de 


1130 


Les  évencmens  se  pressent  aii^tout  de  nous 
avec  une  telle  rajiidiié  ,  que  plusieurs  ne  laissent 
dans  noire  imaginaiion  que  des  traces  lu<;ilivet , 
bieniôl  effacées  par  d'autres  taiti  que  font  oublier 
à  luur  tour  des  circonstances  nouvelles.  Les  évé- 
nemeus  qui  ont  l'ait  époque,  ceux  auxquels  Se 
lient  les  cli3:^.gemens  impoitans  ,  restent  dans 
la  mémoiie  ,  p'ace  que  des  détails  présens  nous 
les  rappelieni;  mais  tous  les  t'.iits  du  second  ordre, 
toutes   les   particularités    qui    n'ont   pa; 


din- 


ont  indépendans  de  son  ac-  '  fluence  ,   tout   ce  qui   na    eie  m   el 


sa  surveillap.ee  ;  qui  s 

lion,  et  cependant  soumis  aux  règles  qu  elle  im- 
pose; ne  sont  point  au  nombre  des  ressonsqu'elle 
a  organisés,  mais  peuvent  concourir  avec  elle  au 
grand  but  de  l'instruction  générale.  Je  veux  par- 
ler, de  la  maison  d'éducation  ,  irès-bien  nommée 
par  son  diiccteur,  le  citoyen  Lemoine  Descou- 
lils ,  institution  polytechnique. 

J'ai  assisté  à  la  distribution  des  prix,  décernés 
aux  élevés  de  cette  maison  ,  pour  le  cours  d'études 
de  l'an  g.  Mille  autres  personnes  pourront  vous 
entretenir  de  la  convenance  du  site  ,  de  la  beauté 
du  local  ,  de  l'élégance  et  du  goût  qui  présidaient 
!fux  détails  de  l,i  cérémonie  ,  de  léclat  des  femmes 
réunies  pour  l'embellir.  Moi ,  je  n'ai  vu  que  le 
maître  de  ces  préceptes  ,  les  élevés  et  leurs  pro- 
ductions ;  je  ne  vous  entretiendrai  que.d'eux. 

Le  citoyen  "Lemoine  a  ouvert  la  cérémonie  par 
un  discours  prononcé  d'un  ton  paternel^gt  affec- 
tueux. Si  l'éloquence  est  l'art  de  persuader .  et  si 
l'orateur  est  l'homme  probe  parlant  bien,  le  dis- 
cours que  j'ai  entendu  était  éloquent ,  et  celui  qui 
i'a  prononcé  était  orateur.  Il  a  parlé  aux  élevés 
couronnés  ,  de  la  modestie  ,  compagne  du  mé-  | 
.rite  ;  aux  élevés  moins  heureux  ,  de  celte  émula- 
lion  noble,  toujours  exempte  de  jalousie;  aux 
prulesseurs  ,  ses  collègues ,  de  sa  reconnaissance  ; 
à  sa  digne  épouse  ,  de  ses  vertus  modestes;  aux 
parens  des  ékves.dc  la  résolution  qu'il  a  prise  de  ne 
point  abandonner  encore  la  culture  intéressante  , 
confiée  à  ses  soins  ;  enfin  à  ses  amis  ,  de  quelques 
ennemis  ,  obscurs  sans  doute,  dont  je  lui  repro- 
cherais presque  de  nous  avoir  fait  soupçonner 
lexistence. 

La  distribution  a  eu  lieu  avec  solemniié;  le  nom 
des  examinateurs  était  (ait  pour  ajouter  une  haute 
valeur  aux  prix  décernés.  Beaucoup  de  noms  d'é- 
levés étrangers  ont  été  remarqués  avec  intérêt  ,  et 
plus  d'une  fois  les  succès  des  enfans  ,  en  rappelant 
des  noms  célèbres  dans  la  politique,  les  sciences 
ou  les  arts  ,  ont  aussi  rappelé  la  gloire  et  les  ser- 
Tices  des  pères. 

En  quittant  cette  réunion  intéressante,  je  m'at- 
tachais à  cette  idée.  Mes  petits  fils  servent  la 
république  depuis  1792  ;  ils  sont  du  nombre 
de  ceux  qiii  dans  leur  porte-mariteau  ,  gardent 
précieusement  un  Horace  ;  c'est  assez  dire 
qu»;  leur  éducation  à  l'ancienne  université  était 
avancée  ,  lorsquils  ont  pris  le  parti  des  ar- 
m.s  ;  mais  m^  disais-je  s'ils  eussent  passé 
leurs  premières  années  dans  la  maison  d'où  je 
sors  ,  leur  éducation  eût  été  plus  variée  ,  et  plus 
conipletie  ;  près  de  leur  Horace  se  trouverait 
le  compas  du  mathématicien  ,  le  crayon  du  pay- 
sagiste .  un  Pope  où  un  Gessner  origin.il  ;  ils  uni- 
raient plus  qu'ils  ne  le  peuvent ,  sans  doute  ,  le 
savoir  utile   aux  arts   agréables  ,  l'instruction  aux 

f;races ,     les    formes    républicaines   à    l'urbanité, 
e  ne    puis     profiter  de    cette   idéq:je   vous   la 
transmets    pour  que    d'autres    en   profitent. 
Je   vous  salue. 

M.  ,   votre  abonni. 


lOyable 


merveilleux  ,  a  laissé  peu  de  souvenirs.  Témoins 
de  tant  de  révolutions  qui  ont  changé  la  face  du 
monde,  nout  ne  savo.ns  guetes  de  leur  histoire 
que  ce  qui  nous  a,  ou  vivement  émus,  ou  persou- 
nelleraent  concernés  ;  mais  le  récit  de  toutes  les 
choses   qui   se  sont  passées  sous  nos  yeux  a  pour 


ne  crussions  qu'elle  en  fut  souillée,  et  que  nous 
ne  fissions  aux  vérités  qu'ils  proclame) cn'i  ,  les 
reproches  que  méritent  ceux  qui  les  ont  tiéfigu-' 
rées   pour  en  abuser. 

On  reconnaît  l'homme  sensé  au  soin  avec  le- 
quel il  se  détend  de  loutcs  ces  opinions  popu- 
laires :  on  reconnaît  l'écrivain  coui.igcux  à  la. 
fermeté  avec  laquelle  il  blâme  ou  loue  ce  qui 
lui  paraît  digne'  de  reproche  ou  d  estime  ,  sans 
flatter  ni  la  tourbe  <pji  menace  ,  ni  celle  qui 
déclame  et  peisitle.  C'est  aiîisi  qu'échappant  à  la 
laveur  passagère  rju  ambitionne'  l'écrivain  de 
parti,  on  devance  ses  contemporains,  et  l'on 
s'assuie  le  suHrage   de  la  postérité. 

(Ja  article  ,  inséré  il  y  a  quelques  jours  dans 
ce  journal  ,  donne  lieu  de  croire  ([ue  le  ciloyen 


nous  un  iniéiêt  bien  plus   vifquecelm  des  lems  |  Segur  n  a  pas^  toujours  eu  le   bonheur  de  se  pro- 
éloignés. C'est  notre  histoire  qu'on  nous  raconte.  "--  


des  renseigiiemeiis  parfaitement  exacts  : 
C'esTnousquel'bistorienjuge.etnousnousvqyoïis  1  cet  inconvénient  auquel  sont  exposés  tous  ceux 
dans  son  œuvre  tels  que  la  postérité  doit  nous  qui  écrivent  Ihisloire.de  leur  tcms  ,  dev..il  ap- 
voir  un  jour.  Chaque  circonstance  qu'il  décrit  pattenir  plus  pavliculitrement  à  une  époqu-  où 
nous  rappelle  celle  où  nous  nous  trouvions  à  la  les  passions  les  plus  exaUees  ont  dehgvué  les  fjiis 
même  époque.  Nos  émotions  ,  ou  douces  ou  aux  yeux  mêmes  de  ceux  qui  en  éiaient  lériToin^. 
pénibles  ,  nos  liaisons  avec  tant  d'hommes  que  ;  L'historien  qui  cherche  ,  uans  des  dépositions 
la  faulx  du  tenis  ou  celle  de  l'injustice  ont  rtiois-  !  éontradicloires  ,  à  démêler  une  vériié  qu'ont  obs- 
soii'nés  ;  nos  aHections  rtial  reconnues  ,  nos  espé-  j  curcie  tant  d'intérêts  opposés  ,  est  nécessairement 
rances  trompées  ,  mille  idées ,  mille  sentiraens  se  }  exposé  à  quelques  erreurs.  Mais  il  a  cet  avantage 
réveillent  dans  notre  imagination,  et  prêtent  à  |  qu'jyant  manqué  à  U  découvrir  e(  non  "cherché 
tous  les  tableaux  de  l'écrivain  un  charme  que  ne  ]  à  la  voiler,  il  l'accueille  avec  saii.sfaciion  lors- 
peuvent  avoir  les  annales  de  ces  peuples  anciens  j  qu'elle  se  présente  à  lui  accompagnée  de  la  sim- 
dont  les  mœurs  nous  sont  si  étrangères.  Mais  ,  j  plicué  qui  en  fait  le  caractère, 
pour  que  nous  suivions  avec  satistaction  celui  qui  |  ^^^.^  ^^,^j^  parcouru  avec  succès  une  carrière 
nous  ramené  ainsi  dans  les  sentiers  fl^e  nous  ,  ^^j^^^,^^^^  ^  ^.^^^^^^^^j.  ^^^^  |^  ^.^^^^j^^  ^  ^^^^^^^^  ^^^ 
avons  si  récemment  parcourus,  il  faut  qu  u  soit  j  |^  jjos,étité  le  tableau  des  erreurs  et  des  mer- 
narrateur  fidèle;  car,  notre  mémoire,  prompte-  |  ^^.^^^^  ^^  ^^^^^  .^^  ^  ^^^^  employer  dignement' 
ment  rafraîchie  ,_serait  'o^^Jf^J^  J^^^'f  ^„i,!c  nû  '  ses  loisirs  et  mériter  de  nouveaux  droits  à  la 
ment 
moir 

un  contra'dicieur  ,  et  ne  consent  à  écoKter  qu  un  | 
juoe;insiruit,c3rnous  aimonssurtouià  appreiidie  | 
les°cau=es  secreltes  ,  les  ressorts  cachps  qui  pro- 
duisirent ces  grands  mouvemens  qui  nous  éton- 
nèrent. S'il  joint  à  ces  quahlés  la  correctiori  du 
style  ,  une  élégance  exempte  également  d'eni- 
phase  et  d'aflTéterie  ,  nous  le  lisons  avec  un  plaisir 
qui  s'accroît  à  chaque  page  ,  et  nous  n'arrivons 
qu'à   regret  à   la  fin  de  son  livre. 


iiai^^y    .*— ^ — w,    — .  —  ■*        '    1        1  '     '  veines   uc  tiuLic  dgc  ,    c  est   ciupiuyci     uigueiuenc 

;nt  rafraîchie  ,  serait  toujours  prête  a  le  ue- |  ^^^  j^j^j^^  ^^  mériter  de  nouveaux  droits  à  la 
:ntir;  impartial,  car  chacun  ayant,  plus  ou,  considération  qu'accorde  par-iout  l'opinion  pu- 
rins ,  épousé  les  intérêts  d  un  parti    repousserait  1  ^y         ^  ^^^^^-       ■  ^  ^^^   ,;  ^^  ^;^  j^  travaux  utiles 


et  de  fonctions  honorables. 


P.  V.  B. 


Nouvelle  Voilure  proposée  pour  les  vaisseaux, 
de  toutes  grandeurs  ,  et  pariiculiéremcni  pouc 
ceux  qui  seront  employés  au  commerce  ,  piétédéei 
de  lettres  à  Franklin  sur  la  marine  ,  par  David 
Leroi  ,  membre  de  l'institut  national,  de  celui  de 
Bologne  ,  de  la  société  des  antiquaires  de  Lon- 
dres, et  de  la  société  philosophique  de  Phila- 
C'est  ce  que  nous   fait  éprouver   la   lecture  de  '  delphie  ,  écrit  servant  de  suite  et  de  complément 


L  I  V   R  lî,'^,,   DIVERS. 

.  tfisteire  des  principaux  événemens  du  règne  de 
fréderic-Guillaume  II  ,  roi  de  Prusse  ,  et  Tableau 
politique  de  l'Europe,  depuis  I786jusquen  1796, 
ou  1  an  4  de  la  république  ;  coiitenani  un  précis 
4es  lévoluiions  de  Brabant,  de  Hollande,  de 
Pologne  et  de  France  ;  par  L.  P.  Ségur  ,  aîné ,  tx- 
*Habassadsur ,  avec  cette  épigraphe  : 

i^uid  verum  ,  atque  decens  euro  et 
TO^go  ,  et  omnis  in  hoc  sum. 

HORAT. 

3  vol.  in-S"  de  l'iao  pag.  ,  imprimés  sur  carré 
■tin  ,  et  caractères  de  citéio  neuf  ,  avec  le  poriraii 
de  Frédérie-Guiilaumc  11  .  gravé  par  Alexandre 
-rardiéu. 

Prix,  13  fr.  broché,  et  j5  fr.  5o  cent,  franc 
de  port  par  la  poste  ;  en  pap.  vélin  24  fr. 

A  Paris  ,  chez  Buisson  ,  libraire  ,  rue  Haute- 
Içuille  ,  n"  20.  —  An  9,. (1800). 


ITiisloire  de  Frédéric  -  Guillaume  IL  II  semble 
inutile  d'extraire  cet  ouvrage  ,  dont  le  titre  in- 
dique assez  l'objet  et  le  contenu.  Le  nom  du 
prince  n'est  ici  qu'indicatif  d'une  des  périodes 
les  plus  remarquables  de  l'hisioire  moderne. 
L'auteur  esl  conduit  ,  par  son  sujet ,  à  nous  par- 
ler de  presque  toutes  les  révolutions  qui  ,  depuis 
dix  ans  ,  ont  agité  l'Europe.  Il  en  recherche  avec 
soin  les  causes,  en  raconte  avec  intérêt  les  dé- 
tails. Il  apprécie  les  événemens  avec  sagacité  , 
et  juge  les  hommes  avec  modération.  Plus  oc- 
cupé du  désir  d'instruire  que  de  celui  de  s'attirer 
tous  les  éloges  ,  lo'citoyen  Ségur  a  inséré  dans 
son  premier  volume  un  excellent  mémoife  sur 
la  révolution  de  Hollande  de  1789,  écrit  par  le 
citoyen  Gaillard  ,  homme  également  recomman- 
dable  parles  longs  services  qu  il  a  rendus  à  la  j 
France  dans  la  carrière  diplomatique,  et  parles 
connaissances  ,  par  les  talens  littéraires  dont  il  a 
fait  preuve  en  plusieurs  occasions.  Ce  morceau, 
plein  de  détails  absolument  neufs  pour  la  plupart 
des  lecteurs  ,  est  extrêmement  curieux  ;  le  style 
en  est  ferme  et  simple,  et  forme  urie  légère 
nuance  avec  la  manière  un  peu  plus  brillante  du 
citoyen  Ségur. 

Ce  dont  on  doit  particulièrement  louer  ces 
deux  écrivains,  c'est  d  être  restés  constamment 
fidcks  aux  principes,  sur  lesquels  reposent  la  li- 
berté individuelle.*  la  dignité  des  nations,  leur 
considération'extérieure  ,  leur  prospérité  et  leur 
indépendance.  Il  y  a  ,  dans  la  fortune  des  opi- 
nions comme  dans  celle  des  hommes  ,  bien  des 
vicissitudes;  ellesontleuriems.de  faveur  et  leurs 
joars  de  discrédit  ,.  et  elles  ont  cela  encore  de 
commun  avec  nous  que  c'est  dans  leurs  revers 
qu'on  connaît  leurs  véritables  amis.  Quand  des 
hommes  qu'il  est  à  présent  du  bon  ton  de 
décrier,  attaquèrent  la  double  superstition  de 
l'autel  et  du  trône  ,  le  public  éclairé  hçnora  leurs 
talens  et  admira  leur  courage.  Lorsque  figno- 
rance  et  la  scélératesse  ,  abusant  de  leurs  doc- 
trines ,  subsikuerentla  persécution  philosophique 
à  l'intolérance  veiigi<;use  ,  on  se  fit  des  idoles  d,- 
ces  mêmes  hommes  qui  les  avaient  renversées. 
Ces  vils  honneurs  insultaient  à  leur  mémoire  ; 
mais  il  ne  nendrait  pas  à  certaines  gens  que  nous 


à  ceux  que  l'auteur  a  pub  iés  sur  la  marine  amé- 
ricaine, I  vol.  in-S"  ,  avec  tles  planchés;  imprime 
sur  très-beau  papier.  Piix  3  francs. 

A  Paris  ,  chez  l'auteur  ,  .au  Palais  national  de» 
sciences  et  des  arts. 

An  introduction  to  the  reading  and  spelling  of  tke 
english  longue ,  by  'William  Scott,  'la  whichare 
addcr  the  economy  of  human  Life  ,  iranslated 
from  and  indjan  manuscripi,  and  a  classical  vo- 
cabulary  french  and  engli»h,  by  A.  G.  Maillet. 
Prix  ,  3  tr.  broch.  et  3  fr.  20  cent,  par  la  poste. 

A  Paris  ,  chez  Delalain  ,  libraire  ,  quai  des 
Augustins  ,  n"  29. 

Traité  des  pertes  de  sang  chez  les  femmes  enceiulet', 
et  des  accidens  relatifs  aux  flux  de  l'utérus  qui 
succèdent  à  l'accouchement  du  docteur  A.  Pasta  , 
de  Bergame  ,  traduit  de  l'italien  avec  des  notes  , 
par  J.  L.  Alibert ,  2  vol  in-S".  Prix  6  fr.  et  8  fr. 
pour  les  départemens.  A  Paris  ,  chez  Richard  , 
Caille  et  Ravier,  libraires ,  rue  Hauttfeuille,  n"  II. 

GÉOGRAPHIE. 

Nouvelle  carte  itinéraire  de  la  Bretagne,  con- 
tenaniles  depaiiemens  du  Moibihan,  du  Finistère, 
des  Côtes  -  du  -  Nord  ,  d  lile-ei- Vilaine  et  de  la 
Loire-Inlérieure  ,  dans  laquelle  sont  indiqués  les 
chefs  -  lieu  de  départemens  ,  les  préfectures  , 
sous-préfectures  ,  les  chefs-lieu  de  cantons,  etc, 
donnant  en  outre  avec  la  plus  grande  exaj;- 
litude  ,  les  routes  de  portes  ,  lieux  de  relais,!^ 
quantité  de  postés  d'un  heu  à  un  autre  ,  ainsi  que 
les  toutes  de  communication. 

Cette  carte  d'une  belle  exécution  ,  est  dressée 
par  Dczduche  ,  géographe  ,  successeur  de  Guil. 
Delisle  '.,  et  Buache  ,  géographe.  Prix,  2  francs. 

A  Paris  ,  chez  l'auteur  ,  rue  des  Noyeis  ,  n'  33. 

Un  des  premrerssouscripteurs  de  la'  carte  de  la 
France  ,  par  Cassini  ,  desireraii  se  défaire  de  cette 
même  carte  ,  composée  de  184  feuilles,  bien 
complexes  etpremicr-s  épreuves  ;  le  tout  en  feuil- 
les. S  adresser  chez, le  fit.  Goujon  ,  marchand  de 
cartes  géographiques,  à  lentrée  de,  la;  rue  du 
Bacq  ,  au  coin  de  celle  de  Lille. 


l-'abonne 


rue  des  Pohcv'ins,   n°  18.  Le  prix  est  de  s5  fianc!  pour  troil  1 


5o  tr^an 


pour  6  mais  ,  et  100  fiarcs  pour  l'atinée  enliere.  Ou  nes'abonac 


HU! 


eucemeot  de  chaque 


-     n  f,ut  adresser  te.  lettre,  etl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  eu.  A  c.  .s  .  ,  proprldlahe  de  ce  journal',  ,ue  des  Poiuvin.  ,  u=  .S.  1.  faut  comprendie  dans  les  en.oh  le  porr  de. 
pays  0  .  l'on  ne  priut  affranchir.  les  leures  de.  déparlemeas  nou  affranchies  ,  ne  seront  point  .etirdes  de  la  poste. 
Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté ,  de  charger  celles   qui  renferment  de,  valeurs ,   et  adresser  tout  ce    qui    c 
",''ï«Ucvias  ,  n'  .3  ,  d.epui  foeuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


U  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur ,  rue  de 


A  Paris ,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasiq  ,  ptopriétaire -du Moniteur,  liié  d«s  Poitevins,  n*  ii. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL.. 


JV°  32. 


Duodi ,  2   brumaire  an  g  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  so'.nnies  aucoua.j'i    ;;  prévtnii:  nos  souscnpteiii-s  ,  qu'à   dater  du   7   nivôse  le   J\I  O  N  I  T  EU  R  est    le    seul  journal  ojfidd. 
I)   contient  les  séancfs  d.-;  autorités  constituées,  les  actes  du  tçouvernemenc,  le^  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  i'jr  ri'.uérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Ui;  arcicie  iera  psi  ncuiiérL-men:   consacré   aux   sciences  ,  aux  arts    et  aux   découvettes   nouvelles. 


INTERIEUR. 


Faris  ,  le    1"   brumaire. 


M., 


mener  des  résultais   lunesies   pour  ceux  qui   en 

t'L-iaient  usage.  Le  préfet  ,  signé  ,  Dubois. 

Le  secrclaire-général-adjoint  ,  signé  ,  Bauve. 


le  comte  de  Cobenizol  vient  d'instruire  ,  par 
un  Courier  exiraordinaire  ,  le  ministre  des  rela- 
tions extérieures,  qu'il  a  piû  à  S.  M.  impériale  de 
conférer  à  M.  le  comte  de  Lchrback  (e  rjiiiiislcte 
d=  l'intérieur  ,  cl  que  lui  ,  comte  de  Cobenizel  , 
a  été  nonnmé  ministre  des  affaires  étrangères, 
avec  le  litre  de  ministre  des  conlérences  et 
de  vice-chancelier  de  cour  e(  d'état;  ce  qui  ne 
l'erapêcherait  pas  de  se  rendre  à  Lunéville.  Il  a 
dû  partir  de  'Vienne  le  j5  octobre.' Ce  sera  un 
litre  bien  gloiicux  pour  M.  le  comte  de  Co-  j 
bentzel  ,  d'avoir  deux  fois  profilé  de  son  in- 
fluence pour  pacifi;;r  les  deux  plus  puissantes 
nations  de  1  Europe.  Il  est  fort  à  désirer  qu'il 
arrive  promptcment  pour  faire  cesser  toutes  les 
i  certitudes.  Déjà  plusieurs  événemens  militaires 
ont  eu  lieu  sur  différentes  frontières  de  l'ai-méc 
d  Italie. 

La  levée  en  masse  Toscane  dirigée  par  des 
officiers  autrichiens  ,  et  commandée  par  M. 
de  Sommariva  ,  sé'ait  emparée  de  Luques  et 
d'une  j.arue  du  bolonais  ;  le  général  Brune  ayani 
concentré  ses  forces  sur  la  rive  gauche  du  Pô. 

Le  général  Dupont  est  parti  de  Bologne  avec 
une  division  ,  a  dissipé  la  levée  en  masse  ,  et  a 
signifié, à  M.  de  Sommariva,  que  si  les  paysans  armés 
lie  rentraient  pas  chez  eux  ,  il  entrerait  en  Tos- 
cane pour  les  désarmer  et  les  punir  des  inso- 
lences qu'ils  se  permettaient  tous  les  jours  sur 
le  te'tiioirc   occupé   par  l'armée. 

La  réponse  n'ayant  pas  été  satisfesanle  ,  le  gê- 
ner .1  Dupont  est  entré  en  Toscane  ;  il  était  le  îS 
vendemidire  à    une  maiche   de  Florence. 

Dupont,  lieutenant-général  commandant  t  aile  droite, 
à  monsieur  le  général  commandant  en  Toscane 
pour  son  altesse  royale  le  Grand-Duc.  —  Au  quar- 
tier-général de  Pianoro,  le  ao  vendémiaire  an  9 
de  ta  république.  ♦ 

Monsieur  le  général  , 

Le  débi  qui  vous  a  clé  fixé  par  le  général  en 
chef  Biunc  pour  le  licenciement  et  le  désarme- 
ment des  levées  extraordinaires  toscanes estexpiré, 
et  vous  n'avez  point  obiempéré  à  sa  demande.  Les 
levées  ne  sont  point  dissoutes  :  elles  occupent 
niêine  encore  S  niit-Léo  ,  Casiiglione  et  plusieurs 
autres  poiiils  du  territoire  cisalpin. 

Les  horreun  commises  dans  la  Romagne  par  les 
insurgés  toscans,  ont  é;é  suivies  par  des  agressions 
aussitôt  rcnouvellées  que  réprimées.  Ilsontengagé 
récemment  les  combats  de  Saint-Pélégrino  et  de 
Casiel-Nuovo  ,  et  levé  des  contributions  dans 
1  afrondisseraent  dC  l'armée. 

Cet  état  de  choses  est  devenu  à  la  fois  trop 
allarmani  et  trop  outrageant  pour  l'armée  fran- 
çaise; une  mesure  décisive  est  nécessaire.  Liniérêt 
même  de  la  paix  y  est  attaché.  Le  général  en 
chef  m'a  ordonné  d'opérer  le  désarmement  de 
cette  multitude  égarée   et  d'occuper  la  Toscane. 

Je  vous  déclare  en  conséquence  ,  monsieur  le 
général  ,  que  je  marche  pour  exécuter  celte 
disposition. 

Signé .  Dupont. 

SÉNAT-CONSERVATEUR. 

SÉANCE  DU  28  VENHEMIAIRE. 

Le  sénat-conservateur  procède  à  la  nomination 
d'un  membre  di-  sa  commission  administrative  , 
*n  lemplaccinent  du  sénateur  Serrurier,  sorti 
par  le  son.  Le  sénateur  Lespinasse  est  élu  à  sa 
place. 

Le  reste  de  la  séance  est  occupé  à  la  discussion 
de»  candidats  proposés  pour  remplir  les  places 
■facanlei  au  corps  législ.itif  et  au  tribunal. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 


1,1;  prcfVt  de  police,  instruit  qu'un  citoyen  a 
piCbcnié  à  liiistitut  national  des  sciences  et  arts, 
une  composition  au  moyen  de  laquelle  on  peut 
-«e  r^ser  sans  rasoir  ,  piévicni  ses  concitoyens  , 
qu  ils  doivein  se  prémunir  contre  toutes  personnes 
qui  chcrcheiaient  à  vendre  cette  composiuon  , 
laquelle,    auivant    lavis    de    l'institut,    pourrait 


Discours  adressé  par  le  citoyen  Ameilhon  ,  président 
de  iinstitut  national  ,  aux  jeunes  artistes  qui  ont 
obtenu  des  prix  dans  la  séance  publique  dii  x'j  ven- 
démiaire an.  9. 

Jeunes   citoyens  , 

Qu'il  me  soit  permis  d'emprunter  ici  quelques- 
unes  des  idées  ,  et  même  des  expressions  du 
plus  bel  ouvrage  qui  ait  été  composé  pour  l'ins- 
truction des  poètes  ,  et  dont  les  principes  peuvent 
vous  être  également  appliqués  ,  puisque  vous  êtes 
presque  de  la  raêm.:  famille  !  qu'il  me  soit  permis 
de  vous  répéter  en  prose  ,  ce  que  Boileau  a  dit  si 
bien  aux  poètes  ,  en  vers. 

Oui  ,  jeunes  citoyens  ,  c'est  en  vain  que  vous 
prétendriez  parvenir  à  la  perfection  des  arts  su- 
blimes auxquels  vous  vous  êtes  consacrés ,  si 
vous  ne  sentiez  du  ciel  les  heureuses  influences  ; 
si  la  nature,  en  vous  donnant  la  naissance,  ne 
vous  cùi  créés  peintres  et  sculpteurs  ,  Minerve 
n'aurait  po  ir  vous  ni  crayons  ,  ni  pinceau  ,  ni 
ciseau  ;  mais  les  talens  que  vous  venez  de  dé- 
velopper PU  tiaitant  les  beaux  sujets  qui  vous 
ont  éié  proposés  pour  le  concours  .  ne  laissent 
aucun  lieu  de  douter  que  le  dieu  des  arts  n'ait  secoué 
sur  vous  son  fl.imbcau.  C'est  sans  doute  beau- 
coup; mais  ce  n'est  pas  tout  :  le  feu  céleste 
qui  vous  anime,  peut,  sinon  s'éteindre  ,  au  moins 
s'affaiblir  et  languir  dans  certains  momens;  il 
faut  donc  alors  avoir  des  moyens  pour  le  ranimer; 
il  faut  aussi  savoir  en  diriger  l'action  e;  quelque 
fois  en  tempérer  l'ardeiir  cl  la  fougue.  Qui  pourra 
vous  procurer  ce  double  avantage?  I  étude  des 
lettres.  Aimez  dons  les  lettres  ,  culiivez-lcs  ,  non 
pour  devenir  des  littérateurs  consommés,  mais 
assez  pour  être  en  état  de  profiter  des  services 
qu'elles  petavent  vous  rendre  ;  assez  pour  lire 
avec  fruit  les  ouvrages  profonds  qui  ont  éié  écrits 
sur  les  arts  que  vous  professez  ,  et  dans  lesquels 
vous  trouverez  tracées  ces  règles  de  goût  si  néces- 
saires ponr  diriger  le  vol  du  génie  ,et  en  prévenir 
les  éc.jrts  et  les  chûtes;  assez  pour  sentir  les 
beautés  qui  brillent  dans  les  poètes  ,  et  pour 
les  laire  passer  dans  vos  compositions  :  car  les 
poètes  peuvent  fournir  à  vos  talens  une  multitude 
de  sujets  iheureux.  N'est-ce  pas  dans  l'Iliade  que 
Phidias  avait  pris  l'idée  de  son  Jupiter  olympien  , 
qui  fut  regardé  comme  une  des  merveilles  du 
monde?  c  est  du  Dame  que  Michel-Anj;e  a 
emprunté  ces  images  terribles  qui  jettent  l'effroi 
dans  l'ame  de  ceux  dont  les  regards  osent  se 
porter  sur  son  tableau  du  jugement  Universel. 
Lisez  donc  les  poètes  ,  entretenez  avec  .eux  un 
commerce  assidu  ;  que  le  divin  Hômere  sur-tout 
reçoive  vos  premiers  hommages  ,  et  faites  de  ses 
poèmes  votre  lecture  favorite.  C'est  dans  ces 
momens  de  langueur  où  vous  sentirez  votre 
verve  s'engourdir ,  que  vous  pourrez  la  téchauffer 
au  feu  poétique  ,  à  la  flamme  de  ce  génie 
immortel. 

A  la  lecture  des  poètes  ,  joignez  l'étude  de  la 
fable  et  de  l'histoire.  Connaissez  les  mœurs  , 
les  usages  des  nations  diverses  ,  et  sur-tout  leur 
costume.  C'est  faute  d'avoir  connu  et  observé 
le  costume  ,  que  de  grands  artistes  ont  dans  des 
compositions,  d'ailleurs  pleines  de  chaleur  et  élin- 
ccliantes  de  beautés  ,  mis  à  coté  du  sublime  le 
ridicule  ,  et  quelquefois  même  le  burlesque.  Si 
se  l'osais  ,  je  vous  dirais  encore  :  étudiez  cette 
partie  de  la  morale  qui  nous  apprend  à  bien 
connaître  le  cœur  de  l'homme  ,  à  pénétrer  dans 
les  replis  les  plus  secrets,  et  à  développer  tous 
les  tessons  qui  le  mettent  en  action.  Ceiic  étude 
ne  vous  est  pas'moins  néces.'aire  pour  peindre 
avec  succès  les  passions  ,  que  celle  de  la  struc- 
ture du  corps  humain  ,  pour  en  cxpriiner  avec 
grâce  et  corieciion  les  mouvcmens  et  l'attitude. 

Jetnz,  jeunes  citoyens,  vos  regards  sur  les 
ouvrages  de.»  grands  maîtres  qui  ont  allié  1  étude 
des  lettres  à  celle  de  leur  art  ,  vous  y  reconnaîtrez 
que  tes  ouvrages  portent  l'emprcinie  du  goût 
et  du  vrai  beau  ,  qu'ils  ont  un  caractère  par- 
ticulier de  perfection  ([ui  n'échappe  point  à  un  œil 
connaisseur  et  qu'on  sent  mieux  (ju'on  ne  peut  l'ex- 
primer. A  l'exemple  de  ces  grands  ariistts,  aimez, 
je  ne  cesserai  de  vous  le  redire,  aimez  ,  jeunes 
citoyens,  les  lettres,  cultivez-les,  de  manieie  , 
sans  doute  ,  que  le  teins  que  vous  leur  consa- 
crerez ,  ne  lotitne  pas  au  piéjudice  de  votre  art  ; 


mais  si  les  lettres  ne  doivent  pas  faire  votre 
occupation  capitale  ,  qu'elles  soient  au  tnoiçs 
le  plus  doux  amusement  de  vos  loisirs  1  Si  jus- 
qu'à ce  rnoment  vous  les  aviez  trop  négligées, 
le  mal  ne  serait  pas  sacs  remède.  La  saisOjn 
favorable  pour  les  cultiver  n'est  pas  tout  à  fait 
passée  pour  vous;  vous  êtes  encore  dans  (e 
printcms  de  1  âge. 

Quoiqu'il  ne  me  soit  donné  que  quelques 
instans  pour  m'entretenir  avec  vous  dans  cette 
séance  ,  je  ne  puis  cependant  vous  quitter,  San» 
vous  faire  part  d'une  observation  qui  ne  devra 
point  vous  déplaire. 

Jusqu'à  présent  on  n'a  gueres  regardé  les  arts 
auxquels  vous  vous  êtes  voués  que  comme  (.les 
arts  de  pur  agrément  ,  f.dts  seulement  pouf 
amuser  une  cuiiosiié  oisive  ,  flatter  !a  vanité 
des  riches  et  des  grands,  oiner  les  lambris  dorés 
de  leurs  palais,  et  ranimer  les  désirs  de  nos 
voluptueux  sybarites.  Il  est  lems  de  taire  cesser 
une  pareille  profanation  .  de  rendre  à  la  peinture 
et  à  la  sculpture  leur  première  dignité  ;  il  est 
tems  qu'elles  redeviennent  parmi  nous  ce  qu'elle 
étaient  jadis  dans  ces  climats  fortunes  où  elles 
ont  brillé  avec  tant  d'éclat.  Dans  la  Grèce  ,  elles 
servaient  à  former  les  mœurs  publiques  ;  il  entiait 
dans  le  plan  d  une  belle  éducation  ,  de  laijc 
admirer  aux  jeunes  gens  les  chefs-d'œuvre  des 
grands  maîtres.  Un  célèbre  philosophe  ,  le  pré- 
cepteur d  Alexandre,  applaudissait  à  cet  usage  ; 
mais  en  mêirie  tems,  il  recommandait  d  éloigner 
les  regards  de  la  jeunesse  ,  non-sculerneni  de 
ces  images  qui  allarment  l'innocence  ,  mais  même 
de  celles  qui  ,  n'ayant  d'autre  mérite  qu'urte  imi- 
tation servile  des  objets  les  plus  communs  , 
ne   parlent  ni   à  l'esprit  ni  au    cœur. 

Et  vous ,  jeunes  citoyens ,  qui  avez  eu  aussi  des 
succès  disdngués  dans  la  carrière  de  l'^rchiicc» 
ture  ,  faites  de  nouveaux  efforts  pour  en  obtenir 
encore  de  plus  grands.  Vous  possédez  le  germe 
du  vrai  talent.  Voulez-vous  répondre  au  bienfait 
de  la  nature  et  faire  fructifier  ses  dons?  étudiez, 
sans  jamais  vous  lasser,  les  restes  précieui  et  les 
augustes  débris  de  ces  antiques  édifices,  échappes 
aux  ravages  du  tems  et  des  barbares  ;  transporicz- 
vous  souvent  sur  les  riiines  de  Palmyre  et  d  Athè- 
nes; contemplez  ces  chefs-d'œuvre  qui,  de  toutes 
pans  ,  s'offrent  à  vous  dans  cette  grande  ville  ,  et 
sur-tout  celui  cjui  décore  si  superbement  rentrée 
de  ce  palais  (i).  Ce  sont-là  des  maîtres  qui,  raieujs 
encore  que  Viiruve  et  Palladio  ,  fortitierciii  vos 
heureijses.  dispositions  ,  vous  dévoileront  les 
grands  jecrets  de  V-AXi ,  et  achèveront  de  vous  for- 
mer le  goût. 

Ces  leçons  que  je  viens  de  vous  tracer  si  rapi- 
dement ,  sont  .simples  et  communes  ,  J'en  con- 
viens ;  mais  malgré  leur  simplicité  ,  il  n'en  est 
pas  moins  important  et  pour  le  progrès  ries  arts 
et  pour  votre  propre  gloire  ,  que  vous  les  reteniez. 
C'est  pour  vous  meure  dans  1  impossibilité  de  le» 
oublier  ,  que  j'ai  cru  devoir  vous  les  rappeler 
dans  un  moment  où  viennent  se  réunir  tant  de 
circonstances  si  frappantes  pour  vous.  Ces  leçons, 
ou  plutôt  ces  conseils  ,  pourront-ils  jamais  s'é- 
chapper de  votre  esprit,  lorsqu'ils  vous  auront 
été  répétés  dans  celte  enceinte  ,  et  au  nom  de 
l'institut  national  de  Frjnce;  au  milieu  de  ceiio 
nombreuse  assemblée,  composée  de  citoyens  qui 
aiment  les  arts ,  les  sciences  et  les  lettres  ,  puis- 
qu'ils sont  ici  ,  et  qui  tous  ont  maintenant  Ip» 
yeux  fixés  sur  vous?  Pourront-ils  vous  échapper 
enfin  ,  lorsqu'ils  vous  auront  été  répétés  en  ce 
jour  mémorable  qui  doit  être  un  des  plus  beaiix 
de  votie  jeunesse.  Ce  même  jour ,  je  unes  citoyens  , 
sera  aussi  ,n'en  doutez  pas,  le  plus  beau  uc  nies 
dernières  années  ,  puisqu'il  ma  procuié  1  hon- 
neur d'applaudir  le  premier  à  vos  succès  ,  et  de 
préparer  les  prnemens  de  votre  triomphe. 

Vous  venez  ,  jeunes  favoris  du  génie  des  arts  , 
de  recevoir  la  couronne  qui  vous  était  destinée  ; 
mais  sachez  qu'en  la  recevant  <  vous  avez  pris  l'en- 
gagement d'y  ajouter  chaque  jour  quelque  nou- 
veau laurier.  Songez  que  vous  n'êtes  qu'à  leutrée 
de  la  carrière  ;  qu^il  vous  reste  cncote  un  espace 
immense  à  parcourir,  et  qu'il  ne  vous  sera  per- 
mis de  vous  arrêter  que  lorsque  vous  aurez  atteint , 
s'il  est  po^isible  ,  les  maîtres  dont  vous  avez  le 
bonheur  d'être  les  élevés. 


(1  ]   La   colonoade    dû   Lo 


IM 


BIOGRAPHIE» 

Le  préfet  du  département  de  l'Ardeche  a 
adressé  aux  rédacteurs  de  ta  Décade  philosophique 
une  lettre  et  une  notice  biographique  que  nous 
croyons    devoir   transcrire. 

Depuis  long-teras  ,  ciioyens  ,  on  se  plaint  que 
le  mérite  modeste  est  ignoré,  et  que  les  hommes 
les  plus  uiiles  à  leur  pays  y  sont  très-souvent 
inconnus.  Le  sort  d'Olivier  de  Serres  confirme 
cette  vérité.  A  peine  sofi  nom  éiait-il  connu  à 
Villeneuve-de-Berg  ,  sa  patrie  <  oti  Ion  voit  en- 
core sa  maison  ;  et  il  î^  fallu  qu'Anhur  Youngy 
vînt  du  fond  de  l'Angleterre,  pour  apprendre 
aux  habitans  de  celle  commune  l'étendue  de  la 
réputation  de  leur  compatriote  ,  dont  il  fait  un 
si  grand  éloge  dans  son  voyage  en  France. 
Lhisioiie  d'Olivier  de  Serres  étant  presque  in- 
connue ,  le  citoyen  la  Boissiere  ,  ancien  avocat- 
généul  -.ta  ci-devant  parlement  de  Grenoble 
et  couipaiiiole  de  cet  auteur  ,  a  bien  voulu  re- 
-cheiLlitr  dans  les  écrivains  du  tems  ce  qui  poi- 
^'Vait  V  être  relatif  :  il  m'a  communiqué  une  no- 
■lice  ijne  je  voi^s  fais  passer,  avec  invitation  de 
la  |iublit-i  dans  votre  journal,  qui,  depuis  sa 
créjtion  ,  a  fourni  tant  d'articles  curieux  ou 
Utiles. 

■  Sans  doute  le  gouvernement ,  juste  apprécia- 
teur du  vrai  mérite  ,  s'empressera  d'ériger  à  la 
mémoire  d'Olivier  de  Serres  ,  (  et  l'auteur  de  la 
notice  suivante  en  forme  le  vœu)  un  monument 
qui  atteste  la  reconnaissance  nationale. 

Salut,  Charles  Caffarelli. 

Notice  SUT  Olivier  de  Serres  ,  sieur  du  Pradcl. 


millions  d'or  ,  que  tous  les  ans  il  en  fallait  sortir. 
Voilà  le  commencement  de  l'introduction  de  la 
soie  au  cœur  de  la  France.  >i 

■Voilà  les  bienfaits  de  l'auteur  du  Théâtre  d'A- 
griculture. On  lui  doit  encore  l'inveiition  de  faire 
rouir  et  treiller  les  gaules  sèches  du  meurier, 
pour  en  extraire  du  fil  (6). 

CoTtice  çutn  itiam  ex  morî  filamina  ducis 
Bombicina ,    iagax   ignota  in^Uitrhs  arte    7'. 

Ses  préceptes,  éprouvés  par  la  pratique  cons- 
tante qu'il  en  fit  ,  et  par  celle  que  les  agriculteurs 
en  font  chaque  jour,  ont  déterminé  les  écrivains 
encyclopédistes  à  prononcer  u  que  le  Théâtre  d'A- 
griculture qu  Olivier  dé  Serres  présenta  au  roi, 
en  1600,  est  encore  le  meilleur  livre  et  le  plus 
complet  qù  on  ait  fait  sur  ce  sujet,  depuis  qu'il  a 
paru(8).  ,> 

Indépendamment  de  ce  mérite  ,  qui  sera  tou- 
jours réel,  les  amateurs  de  l'ancienne  littérature 
peuvent  admirer  la  noble  simplicité  de  son  style, 
son  érudition.  1  élévation  de  ses  pensées,  et 
cette  douce  philosophie  ,  qui  sépare  l'homme 
vertueux  de  l'agitation  du  monde  ,  pour  l'atta- 
cher à  la  contemplation  de  la  nature  et  à  la 
recherche   de.  ses  vrais  trésors. 

C'est  dans  ce  sens  que  le  scvere  Scaliger  disait  : 


tadour  et  de  Monréal  ,'  cpmmandans  des  catho- 
liques à  Villeneuve  -  de  -  Berg  ,  résolurent  de 
l'assiéger  en  1628,  après  U  retraite  de  M.  de 
Rohan   (i3). 

Du  Pradel ,  fils  d'Olivier  de  Serres ,  en  défendit 
les  approches  avec  trente  hommes  ,  et  lûa  ou 
blessa  quinze  des  assaillans  ;  mais  Marsillac  ayant 
conduit  au  siège  deux  canons  ,  eut  emporté  en 
deux  jours  les  guérites  et  les  défenses.  On  allait 
ordonner  la  sappe  ,  lorsqu'au  quatrième  jo'ir  le 
château  se  rendit,  et  fut  peu  de  tems  après  démoli 
jusqu'aux  fondemens.  "Les  arbres  et  les  vergers 
furent  coupés,  dit  1  historien  ,  avec  moins  de  dé- 
penses et  de  labeur  que  l'auteur  du  Théâtre  (.l'Agii- 
culture  n'en  avait  mis  pour  les  élever.  >> 

S'il  faut  en  croire  les  versificateurs  qui  ont  cé- 
lébré à  la  tête  de  cet  ouvrage  la  belle  ordon- 
nance de  cette  maison  de  campagne  ,  le  Pradel 
était  un  endroit  délicieux  ;  ses  fontaines  étaient 
aussi  pures  et  aussi  ht  lies  que  celles  de  Fontaine- 
bleau; des  vergers  plantés  en- quinquonces  ,  dss 
vignes  bien  alignées  ,  des  jardins  fertiles  ,  des 
parterres  émaillés  dt  fleurs  ,  des  labyrinthes  enfin, 
réjouissaient  le  bon  vieillard  revenant  de  la  cour 
d  Henri  IV,  dans  le  sein  de  sa  Limille. 

Lorsqu'on  médite  les  préceptes  de  cef  écrivain- 


pratique  ,   et  qu'on   considère   sa  longévité  ,  ses 

Agriculture  d'Olivier  de  Serres  estfort  belle  ;  j  descriptions  ne  paraissent  pas  trop  exagérées  ,   et 

e  est   dédiée  au  roi,     lequel    trois    ou  quatre     elles  ne  doivent  éprouver  d'autre  déchet  que  celui 


Olivier  de  Serres ,  fils  de  Jean  de  Serres  ,  sieur 
du  Pradel,  et  de  Louise  Leyris ,  naquit  en  Vi- 
varais  Vers  l'an  iSjg  (i). 

Au  chapitre  I"„  liv.  III  de  son  Théâtre  d'Agri- 
culture ,  il  appelle  Villeneuve-de-Berg  ,  sa  pa- 
trie. Au  chapitre  XXVI  du  livre  VI,  il  donne 
ce    nom  au  botirg  Sainl-Ajidéol. 

Les  probabilités  se  réunissent  tellement  en 
faveur  de  Villeneuve-de-Berg  ,  que  l'on  peut 
assurer  que  s'il  possédait  (juelqua's  biens  au 
bourg  Saiut-Andéol  ,  Villeneuve  était  le  lieu  de 
sa  naissance.  1°  Sa  maison  était  encadastrée  dans 
le  compoix  de  cette  ville,  fait  en  iSyg;  2"  il 
cultivait  le-  hcf  du  Pradel  ,  qui  n'en  est  éloigné 
que  de  demi-lieue  ;  3°  sa  femme  ,  Marguerite 
d  Arçons ,  en  était  originnire  ,  et  sa  famille 
existe  encore  ;  4*  son  fils  ,  Daniel  du  Pradel ,  y 
exerçait  en  1611   la  profession  d'avocat. 

u  Ce  vrai  Columelle  français  ,  bien  supérieur  à 
celur  de  la  république  romaine  ,  dit  l'abbé 
Rozier  (  2  )  ,  traça  d'une  main  savante  les  pré- 
ceptes de  l'agriculture  ,  pendant  les  horreurs  de 
la  plus  désastreuse  guerre  civile  ;  c'est  le  seul 
de  nos  écrivains  agronomes  ,  qui  ait  été  véri- 
tableft)ent  praticien  ;  je  dois  cet  hommage  à  mon 
maître.  " 

Cet  élan  d'un  disciple  aussi  distingué,  les  soins 
que  se  donna  en  178g  ,  le  premier  agriculteur  de 
ion  siècle,  l'anglais  Arthur  Young,  pour  dé- 
couvrir la  patrie  d'Ohvier  de  Serres,  (3);  la 
joie  que  lui  causa  celte  découverte  ,  la  génu- 
flexion dont  son  enthousiasme  salua  la  terre 
classique  du  Pradel  .  la  confiance  d'Henri  IV  , 
1rs  éditions  multipliées  dans  toutes  les  langues  , 
.  de  son  Ouvrage  ,  l'estime  dont  il  jouit  plus  en 
Europe  qu'en  France,  plus  en  France  que  dans 
sa  patrie  ,  le  témoignage  de  deux  siècles  enfin, 
me  dispense  d'ajouter  un  éloge  à  tant  d'éloges. 

Parmi  les  grandes  améliorations  dont  son  génie 
bienfesant  enrichit  l'agriculture  ,  on  compte  par- 
ticulièrement la  culture  du  meurier  et  l'éducation 
des  vers  à  soie. 

Quelques  français  avaient  rapporté  de  la  con- 
quête de  Naples  ,  "  l'affection  de  pourvoir  leurs 
maisons  de  telles  commodités  ;  ils  se  procurè- 
rent du  plant  de  meurier,  qu'ils  logèrent  en 
Provence  et  à  Alan  en  Dauphiné  (4)";  mais 
il  paraît  que  cette  précieuse  culture  n'avait  pas 
l'ait  les  progrès  que  la  France  devait  en  attendre. 

Olivier  de  Serres,  à  la  voix  d'Henri  IV  ,  éveilla 
l'émulation  de  ses  compatriotes,  en  publiant, 
en  iSgg  ,  l'art  de   la   cueillette  de   la  soie. 

Un  an  après  (5)  ,  invité  par  une  lettre  ,  tt  que 
le  roi  allant  en  Savoie  lui  envoya  par  le  baron 
de  Colonces  ,  il  y  apporta  tant  de  diligence 
qu'il  fut  conduit  à   Paris  jusqu'à  i5  ou  20  ;mille 


de 


mois  duiant  se  la  fesolt  apporter  apiès  dîner  , 
apiès  qu'on  la  lui  eut  présentée.  Il  est  Ion  impa- 
tient ,  et  si,  il  lisoit  une  demi-heure  (g)  i>. 

O'ivier  de  Serres  prit  cependant  rjuelque  pan 
aux  troubles  qui  agitèrent  sa  patrie  ,  et  cctie  par- 
ticularité de  sa  vie  est  la  seule  que  les  écrivains 
du  tems  nous  aient  conservée.  li  était  de  la  re- 
ligion réformée.  Lei  protestans  ayant  été  chassés' 
de  Villeneuve-dt-Berg  ,  par  Logieres  ei  Mirabe:, 
vers  la  fin  de  i57«,  se  téfugicrent  au  Pradel  et 
de  là  à  Mirabel.  A  l'aspect  de  la  place  rjuils 
venaient  de  perdre,  ils  foimerent  le  projet  de 
la  reprendre.  Un  serrurier  de  la  ville  en  sug- 
géra le  moyen  à  Olivier  de  Séries  ,  et  lui  offrit 
de  rompre,  au  jour  donné,  le  treillis  d  un 
égoût,  par  lequel  les  troupes  pourraient  péné- 
trer dans  la  ville  ,  de  la  mime  sorte  qu'on  avait 
fait  à  Nîmes,  aux  derniers  troubles    (  \o  j. 

Le  plan  rejeté  par  Baron  ,    mais  accueilli  par 
de  Serres  ,  fut   fixé  au  commencement   de  mais 

iSyS.  En  conséquence  ,  les  noupes  protestantes 
filèrent  de  Privas  à  Mirabel.  Leur  concours  et  les 

relations  des   espions.,  donnèrent   des  soupçons 

à  Logieres.    Le    1"  mars  il    fit  taire   des  rondes  , 

garnir  les   remparts  et  illuminer   pendant    toute 

la  tiuit  la  ville  oii  il  commandait.  Les  protestans 

voyant  du  sommet  du  Criron  luire  sur  Villeneuve 

des  leux  allumés  ,  se  crurent  trahis  ,  et  délibé- 
rèrent  loiig-tems  eoJxe   la  fougue  de  du  Pradel  , 

qui  voulait  loui  tenter  ,    elle  sang-fioid  de.Baron 

qui  voulait  renoncer  à  tout.  Le  tems  rjui  s.-;  perdit 

dans  ces  irrésolutions  ,  fit  croire  à  Logieres  qu  on 

lui  avait  donné   une  cassnde  ,  et   comme  te  point  du 

jour  approchait  .  ses  soldats  s'écoulèrent  gà  et  là  ,  et 

il  se  retira  en  sa  maison  pour  prendre  du  repos. 
Les  protestans   profilant    de   son  erreur  et   de 

sa  lassilude  ,   s'avantcrent   à  travers   les  coteaux 

et  les  vallons  qui  séparent  Mirabel  de  Ville- 
neuve-de-Berg ,   entrèrent   à   la  file   par   l'égoût  , 

dont  le   treillis   avait  été  brisé  ,  s'emparèrent  des 

portes  de  la  ville.  Tout  y  fut  mis  à  feu  et  à  sang , 

et  les  prêtres  qui  s'étaient  assemblés /lOHr  tenir  leur 

synode,  furent  jetés  dans  un  puits.  (11) 

De  Thou  a  copié  ces  détails  dans  les  Mémoires  i  auteur  conlernpo 
de  l'Etat  de  la  France  sous  Charles  IX  ,  impri- 
més   à    Midiebourg,     et    Daubigné  ,    dans   son 
Histoire   Universelle    ,    dit     notamment    que     du 
Pradel  étoit  l'auteur  ,du  Tliéâtre  d'Agriculture. 

Oublions  l'erreur  qui  lui  fit  porter  sa  vengeance 
dans  sa  patrie ,  et  retournons  avec  lui  aux  champs 
du  Pradel. 


de  la  poésie  sur  la  prose. 

Il  ne  reste  de  ses  labeurs  que  le  canal  de  la 
Petite  eau  Perenne  ,  qu'il  conduisit  de  la  mon- 
tagne du  Coiron  autour  de  sa  maison  (14)  ,  dont 
il  arrosait  ses  jardins,  etdontie  superllu  se  rendait 
dans  les  canaux  de  ses  moulins,  qui  existent. 

Deux  vers  Litins  ,  gravés  sur  la  porte  d'une 
chambre  ,  échappés  à  la  fureur  des  démolitions  , 
sont  le  seul  témoignage  local  du  séjour  d'O'ivief 
de  Serres  dans  la  terre  iiat.ile  (]'j'i1  cultiva  ,  qu'il 
embellit,  qu'il  îmmotialisa.  je  les  recueille  avec 
la  vénération  que  l'on  doit  à  sa  mémoire. 


Ruf  ,  dùmui ,  undajluem  ,  vindaila  ,  zfjnjra,  h'/va  , 
Pradelli  duminum  ,  poicua  ,  rura  juvant. 
Il  mourut  le  2  juillet  16 ig. 

Olivier  de    Serres   eut   un   frère   puîné  ,    bien 

plus  connu  que  lui  dans  les  fastes  de  I  histoite  et 

a  littérature.  Ce  fut  Jean  de  Scr'es  ,  ministre 


Cette  maison  de  campagne  appartenant  aujour- 
d'hui à  M.  Darlempde  de  Mirabel ,  par  le  mariage 
de  François  de  Serres  avec  Louise  de  Darlempde, 
en  1624  ,  est  située  dans  la  plaine  où  se  terminent 
au  midi  les  coteaux  qui  descendent  graduelle- 
ment de  la  montagne  volcanique  du  Coiron  ,  sur 
laquelle  Mirabel  est  assis.  La  petite  rivière  de 
Claduegue  la  sépare  du  territoire  de  Villeneuve- 
de-Berg. 

.  Celait  jadis  un  château  fortifié  de  hautes  tours  , 
i  de  murailles  hors  de  l'échelle  ,  de  bonnes  guérites 


plants  de  meuriers  ,  lesquels  furent  plantés  dans  1  et  d'un  large  fossé  rempli  d'eau 
les  jardins  des  Tuileries.    En    1602,   des.  lettres-         /->  1  -       ti.,  ; 


les  jardins  des  Tuileries.  En  1602,  des.  lettres- 
patentes  ordonnèrent  la  fourniture  de  tels  plants 
dans  les  quatre  généralités  de  Paris,  Tours, 
Orléans  et  Lyon,  de  façon  qu'il  ne  faut  pas 
douter,  que  dans  peu  de  tems  ,  par  la  conti- 
nuation de  ces  beaux  commencemens  ,  la  France 
ne  se  voie  rédimée  de  la  valeur  de  plus  de  quatre 


(1)  Pièces  Fugitives  de  Daubais  ,  tome  II  ,  page  334. 

{i    Lettre  de  Rozier  à  M,  Laboissiere.  Lyon  ,  ij  mai  178!^ 

^  3  )   Voyage  d* Arthur  Young  en  France  ,   tome  II ,  page 

(4)  Tl.éàtre  u'-lgriculturc  ,  Ut.  V,  cbap.  X'V- 

(5)  imem. 


Comme  le^froupes  firbtestantés  s'y  renfermaient 
et  incommodaient  la  communication  des  Cévenes 
à  Privas  ,  à  cause  de  la  proximité  du  grand  che- 
min qui  passait  alors  à  Mirabel.   MM.   de   Ven- 


(6)  Théâtre  d'Agriculture,  lir.   V  ,  chap.  XVI. 

(7)  Vers    de  Chalendar   au  Théâtre  d'.Agriculture. 
8}  Encyclopédie ,   mot  agriculture, 

9)   Scaligeriana  ,  page  321. 

(lo    Mémoires  de  l'étal  de  France  sous  Charles  IX,  tome  II, 
page   i35. 

(il)    Histoire  des  guerres  du  comtat  Venaissin  ,  par  PerruUis. 
(la)  Manuscrit  du  Commentaire  du  Roldat  dii  Vivarais. 


à  Orange,  auteur  de  ï Inventaire  de  l Histoire  de 
Irance.  des  Mémoires  sur  In  iroiiieme  Guerre  Civile,dii 
Recueil  des  Choses  mémorables ,  appelé  le  Recueil 
des  Cinq  Rois ,  de  ta  Vie  de  Coligni ,  et  des  Comment 
taires  de  Statu Reipuhlicœ  etKeligionis  ;  il  futencoie 
l'annotateur  et  l'éditeur  du  beau  Platon  ,  roonji 
sous  !e  nom  de  Seranus  ,  imprimé  en  li^S  ,  pat 
Henri  Etienne,  et  dont  les  exempldires  soni  rares. 
Historiographe  du  roi  et  courtisan  dHenri  IV  ,  il 
tut  un  des  quatre  n^uisttcs  qu'il  consulta  quand 
il  embrassa  ia  religion  catholique.  Jean  de  Serres 
appaisa  ses  scrupules  ,  et  proposa  dans  la  suite 
un  plan  de  réunion  des  deux  religions ,  trop  long-r 
tems  divisées.  Dupeiron  "assure  qu'il  lui  a  vu  tau* 
l'abjuration  (i  5).  et  Cay et  attribue  sa  mort  aupoisoo 
qui  l'en  punit  (i6).  Il  mourut  en  mai  t5g8  ,  et  fut 
enterré  le  même  jour  que  sa  femme  (17). 

Leséditeurs  de  la  généalogie  d'Olivier  de  Serres , 
imprimée  au  deuxième  volume  des  pièces  lugi- 
tives  de  Diubaïs,  se  trompent  en  lui  donnant 
pour  fils  Je.in  de  Serres.  Le  P.  Leiong  ,  dans  la 
Bibliothèque  Historique  de  la  Fiance  (18),  dit 
que  Jean  était  le  frer?  d  O  ivier ,  et  cette  asseriioa 
prend  une  entière  certitude  dans  les  vers  qu'un 
Denis  Lt-boy  de  Batiili , 
lieutenant  de  la  jusiice  à  Mi^tz  ,  a  mis  à  la  tête  du. 
Théâtre  d'Agiiculiui:&. 

Pendant  que  ton  puîné  sur  le  premier  modèle 
Des  choses  du  passé  où  son  vol  le  portoit , 
De  l'état  des  François  l'histoire  retraçoit ,'etc. 

Jean  de  Serres  est  célébré  dans  tous  les  diction- 
naires et  dans  toutes  les  biographies  ,  Olivier  y;, 
est  entièrement  oublié.  Il  faut  qu«  le  hasard  offre 
au  lecteur  quelques  passages  disséminés  dans  divers 
ouvrages  ,  pour  en  composer  quelques  traits  de  la 
vie  d'un  homme  bien  au-dessus  dt;  son  siècle  , 
et  qui  a  fixé  la  fortune  des  siècles  à  venir.  Etiange 
prévention  ,  toujoiiis  condamnée  et  toujours  re- 
naissante ,  qui  accorde  tout  à  la  célébrité  ,  de 
quelque  manière  qu'elle  vienne  ,  et  si  peu  de 
chose  à  l'utilité  ,  son  seul  et  véritable  piincipc. 
S'il  eût  dévasté  son  pays  par  des  conquêtes,  dit  l'abbé 
llozier ,  son  num  serait  consigné  dans  nos  annales;  . 
il  a  fait  le  bien  et  on  n'en  parle  plus  (ig). 

Espérons  plus  que  jamais  que  la  France  n'aban- 
donnera plus  les  soins  de  la  reconnaissance  na- 
tionale aux  anglais  ,  qui  ont  naturalisé  Olivier  de 
Serres  parmi  eux  ,  et  qu'un  monument  éiigé  dans 


(iS)  Histoire  de  Montmorenci  ,  par  Ducros,  page  2o3. 
(14    Thé.itre  d'Agriculture,  liv.  VII ,  ehap.  premier. 

(15)  Perroniana.  ,. 

(16)  Cronol.  Novenaire  ,  tom.  III  ,pag.  54?. 

(17)  Sponde.  Histoire  de  Genève. 

(18)  Tom.  II. 

(ig)  Lettre  à  M.  Laboissiere. 


123 


sa  patrie  le  rendra  à  la"vcnéfa(lon  de  ses  conci- 
toyens ,  richeî  de  sts  bienfaits  ,  sans  en  connaître 
le  dispensateur. 


VACCINE. 

Le  pubtit  adendait  avec  impatience  le  rapport 

du  comité  médical  Bominc    pour  suivre  les  pro- 

-  grès  de  limportante    découverte   de    la  vaccine. 

Voici  ce  rapport  en  date  du  28  vendémiaire  an  9. 

>»  Depuis  le  3  thermidor  ,  le  comité  n'a  point 
entretenu  le  public  de  ses  opérations.  Ce  long 
espace  de  tems  n'a  point  été  perdu.  Le  comité 
croit  l'avoir  employé  utilement. 

>»  Les  premiers  essais  ,  comme  on  le  sait  , 
avaient  été  laits  avec  de  la  matière  de  la  vaccine 
envoyée  de  Londres.  Mais  soit  à  raison  de  la 
longue  durée  du  transport,  soit  par  l'inexpérience 
du  comité,  encore  peu  éclaié  sur  ce  genre  d  ino- 
culation ,  cette  matière  ,  après  quelques  succès 
obtenus,  s  était  perdue  enlin  entre  ses  mains. 
L'arrivée  du  docteur  Woodwille  ,  médecin  de 
l'hôpital  d'inoculation  de  Londres  ,  mit  bientôt 
le  comité  en  état  de  reprendre  la  suite  de  ses  ex- 
périences. 

j>  Ce  célèbre  inoculateur  ,  retenu  à  Boulogne- 
Sur-Mer,  par  les  for:i>;iliiés  nécessaires  pour  I  ob- 
tention de  son  passeport,  avait  iLOCulé  quelques 
enfans  dans  cette  commune.  Cette  occasion  pro- 
cura au  comité  le  moyen  d  avoir ,  en  vingt-quatre 
heures ,  de  la  malieie  de  l.i  vaccine ,  aussi  lécenic 
qu'il  fût  possible  de  l'obtenir.  De  nouveaux  en- 
fans  furent  inoculés  en  piésence  du  docteur 
■Woodwille  ,  et  d'autres  l'ont  été  depuis  succes- 
sivement. 

)>  Ces  inoculations  ,  pratiquées  avec  la  matière 
de  Boulo^ane  ,  ont  généralement  oiferi  une  marche 
plus  tégulicre,  un  caractère  mieux  prononcé  que 
celles  qui  avaient  eu  lieu  précédemment  ,  et  le 
comité  regarde  ses  esiais  ,  depuis  cette  époque  , 
comme  méritant  une  plus  grande  confiance.  Chez 
tous  les  sujets  ,  comme  sur  les  premiers  ,  la  ma- 
ladie a  éié  des  plus  bcuiiines  ;  aucun  accident  ne 
s'est  nianilcSié.  En  ce  moment  ,  le  nombre  des 
inoculations  du  comité  s'eleve  à  plus  de  cent 
cinqu.uite. 

51  Le  comité  s'est  également  occupé  du  soin  de 
soumettre  à  l'inccubiion  oe  la  petiic-vérole  plu- 
sieurs des  sujets  (juil  avait  inoc;.lés  précédem- 
ment de  la  vaccine  ,  et  qu'il  regardait  comme 
en  ayant  été  plus  ou  moins  réellement  atteints. 

55  Quatre  de  ces  enfans  furent  inoculés  d'abord, 
le  3  tiuciidor,  trois  mois  après  l'insertion  de  la 
vaccine  ;  quatre  l'oiu  été  ,  dans  une  seconde 
épreuve  ,  vers  le  i5  ;  et  sept  autres  ensuite  ,  le 
3o  du  même  mois  ,  deux  mois  environ  après 
leur  première  inoculation;  enfin,  le  II  vendé- 
miaire ,  quatre  autres  enfans  font  été  après  le 
même  intervalle. 

15  Des  quatre  premiers  enfans  ,  trois  n'ont 
éprouvé  absolument  aucun  effet  de  leur  inocu- 
i  lation.  Les  quatre  de  la  s'  épreuve  n'en  ont 
ressenti  aussi  aucune  suite.  Il  en  a  été  de  même 
«les  sept  enfans  inoculés  en  troisième  lieu.  Sur 
cinq  autres,  savoir  sur  les  quatre  derniers  inoculés, 
et  sur  l'un  des  quatre  premiers  ,  on  a  remarqué 
quelques  effets  aux  piqûres;  c'est-à-dire,  que 
que'ques  unes  se  sont  enflammées,  et  qu'il  s'y 
est  formé  un  travail  local  ,  qui  a  été  suivi  de 
suppuraiion.  Sur  un  seul  de  ces  cinq  enfans 
\le  nommé  Bloideau  ,  l'un  des  sujets  inoculés 
avant  l'arrivée  du  docteur 'Woodville  )  ce  travail 
local  aéié  accompagné  d  un  mouvement  fébrile; 
les  autres  n  en  ont  point  éprouvé,  et  sur  aucun 
il  ne  s'est  manifesté  le  moindre  indice  d'étup- 
lion   générale. 

15  Pour  s'assurer  de  la  nature  de  Ihumeur  qui 
s'est  produite  dans  cette  iiiflamatioti  des  piqûres  , 
le  comité  a  eu  soin  d'en  prendre  sur  un  de  ces 
sujets  ,  et  de  remployer  pour  inoculer  deux 
eofans  qui  n'eussent  point  eu  la  petite  vérole.  L 
eti  est  résulté  sur  ces  derniers  une  infection  va- 
ïioleuse  telle  qu'on  1  observe  dans  linocula- 
tion  ordinaire,  avec  fièvre  manifeste  et  éruption 
générale.  On  tepeie  en  ce  moment  ,  la  même 
épreuve  pour  les  quatre  autres  enfans  ,  dont  les 
piqâics   ont  offert   quelque   travail  .  et   elle  sera 

a  renouvellée  par  le  comité  toutes  les  fois  qu  il 
y  aura  la  nrême  apparence. 

11  Tels  sont  les  faits  que  le  comité  a  observés 
depuis  le  dernier  compte  qu'il  a  rendu  au  public. 
Il  est  bien  éloigné  de  les  regarder  comme  suffi- 
sans  pour  donner  lieu  à  dei  résultats  décisifs, 
/  Il  sent  trop  1  importance  de  la  question  soumise 
à  son   examen  ,  pour  n'y  pas  apporter  toute   la 

'  maturité,  toute  la  circonspection  qu'elle  exige  , 
et  «on  projet  est  rncore  de  continuer  ses  expé- 
lienccs;  mais  de  fortes  inductions  sortent  natu- 
rellement des  laits  qu  il  a  recueillis  ,  et  il  ne 
croit  point  manquer  au  caractère  dont  il  est 
tevêtu  ,   en  se  peimetlant  de  les  indiquer  ici. 

11  i".  La  vaccine  lui  paraît  être  une  affection 
particulière  ,  disiincie  de  tous  les  autres  genres 
d'érupiion*  connus ,  et  différente  sur-tout  de  la 
petite  vérole   ordinaire. 


'5  S».  La  vaccine  lui  paraît  en  même  tems  une 
affection  des  plus  bénit^nes.  et  qu  mérite  à  peine 
le  nom  de  maladie.  Sur  t5o  sujets  inoculés,  il 
n'est  survenu  aucun  accident. 

"3"'.  Cette  affection  ne  lui  paraît  point  être  con- 
tagieuse par  lair,  par  l'attouchement ,  etc.  Des 
enlans  réunis  pendant  un  long  espace  de  temS  , 
ont  été  inoculés  successivement;  et  dans  aucun 
elle  ne  s'est  manifestée  avant  leur  inoculation. 
_  "  4  •  Cette  maladie  ne  donne  lieu  à  aucune 
éruption  générale.  Il  n'a  jamais  paru  de  boutons , 
dans  les  essais  ,,  qu'aux  seules  incisions  ou  pi- 
qûres faites  pour  l'inoculation  ,  et  il  n'en  est  ja- 
mais survenu  qu'un  à  chaque  piqûre. 

î'S".  L'inoculation  de  la  vaccine  est  également 
praticable  et  exempte  d'accidcns.  quel  que  soit 
l'âge  du  sujet  que  l'on  y  soumette.  Des  enfans  ont 
été  inoculés  au  sein  même  de  leur  nourrice  ; 
d  autres  à  l'âge  de  un  ,  deux  ,  trois  aris  ,  et  jusiju'à 
quinze;  des  personnes  de  quarante  ,  et  même  de 
cinquante  ans,  l'ont  été  également  et  toujours 
avçc  le  rcême  avantage.  '   '      ' 

55  6°.  Enfin,  le  comité  pense  qu'un  effet  préser- 
vatif s'est  lait  remarquer  dans  les  réinoculation^ 
qui  ont  eu  lieu  avec  la  petite  véioie.  Les  dix-neuf 
sujets  qui  y  ont  été  soumis  ,  ont  été  inoculés  avec 
du  pus  frais  ,  pris  chaque  fois  sur  un  enfant 
varioleux  présent.  Le  comité,  pour  rendre  son 
épreuve  plus  certaine  ,  avait  ,  sur  plusieurs  de 
ces  individus,  fait  usage  des  piqûres  très-pro- 
fondes ,  c'est-à-(lire  ,  de  celles  qui  ,  suivant  les 
inoculateurs  ,  occasionnent  nécessairement  d'a- 
bondantes éruptions  de  boutons.  Oii  avoiimême 
porté  1  attention  jusqu'à  introduire  à  plusieurs 
reprises  une  grande  quantité  de  pus  variolique 
dans  ces  piqûres.  Cependant,  des ,  19  sujets, 
aucun  n'a  eu  le  moindre  indice  d'étupiion  géné- 
rale; sur  14  ,  les  piqûres  se  sont  effacées  piomp- 
tement  sans  aucune  apparence  de  travail.  Sur  les 
cinq  autres  ,  rinûammaiion  peut  n'être  regardée 
que  comme  l'effet  de  l'irritation  locale  ,  produite 
par  la  lésion  de  la  peau.  Cette  inflammatioil  a 
commencé  dès  le  jour  même  de  l'insenion  ;  la 
marche  en  a  été  beaucoup  plus  rapide  et  moins 
léguliere  que  celle  de  l'inoculation  ordinaire.  On 
connaît  d  ailleurs  des  exemples  d'un  pareil  travail 
sur  des  personnes  qui  ,  ayant  eu  la  petite  vérole  , 
se  sont  fait  ensuite  fortement  inoculer.,  Enfin  , 
si  un  effet  quelconque  de  préservation  ne  s'était 
pas  opéré  par  l'inoculation  de  la  vaccine  ,  dans 
les  sujets  qui  y  ont  été  soumis  ,  comment  la 
madère  vatioleuse  portée  dans  leurs  piqûres 
pour  I  inoculation  de  la  petite  vérole  ,  n'y  aurait- 
elle  excité  (  et  encore  sur  quelques  sujets  seule- 
ment) qu'une  affection  locale  et  partielle  ,  tandis 
que  ,  reprise  dans  ce  foyer  ,  pour  être  trans- 
raise.à  des  enfans  non  vaccinés,  èll-e  a  occasionné 
à  ces  derniers  tous  les  signes  ordinaires  de  l'in- 
fection géneiale  ? 

)5  Ces  premiers  apperçus ,  que  ,  sans  rien  dé- 
cider encore  ,  le  cornue  croit  pouvoir  présenter  à 
la  méditation  des  savans ,  s'accordent  entièrement 
avec  les  tésul'als  obtenus  à  Genève,  par  le  doc- 
teur Odier,  et  dont  il  vient  de  rendre  compte 
dans  un  rapport,  publié  par  les  soins  du  préfet  de 
ce  département.  Sur  six  cents  enfans  inoculés  de 
la  vaccine  ,  la  bénigniié  de  la  maladie  ,  sa  marche 
régulière,  son  caractère  non  contagieux,  l'ab- 
sence de  toute  maladie  conséctitive  se  sont  cons- 
tamment manifestés.  Une  circonstance  très-remar- 
quable a  donné  lieu  en  même  tems  d'éprouver 
son  action  pjéservative.  Une  épidémie  de  petite 
véiole  très-meurtriere  s'étant  déclarée  à  Genève  , 
oià  plus  de  1 5o  enfans  en  ont  été  les  victimes,  où  76 
encore  ont  péri  dans  le  mois  dernier,  on  a  observé 
rjue  les  enfans  vaccinés  sont  testés  ,  sans  en  être 
atteints,  au  milieu  de  la  contagion  générale ,  à 
l'exception  de  septàhuit  seulement ,  qui  en  avaient 
pris  le  germe  avant  leur  inoculation,  et  chez  les- 
riuels  la  peiiie  vérole  s'est  manifestée  au  quatrième 
ou  cinquième  jour  de  l'inoculation  de  la  vaccine  , 
qui  par  cet  accident  est  devenue  inutile  si. 
Au  nom  du  comité , 

Thouret,  directeur  de  f  école  de  médecine. 

P.  S.  51  Le  comité  ,  pour  conserver  le  caractère 
d'impartialité  qui  convient  à  ses  fonctions,  avait 
arrêté  ,  dès  les  premiers  raomens  de  sa  forma- 
tion ,  qu'aucun  de  ses  membres  n'émettrait  d'opi- 
nion particulière  avant  la  rédaction  du  compte 
qu'il  se  propose  de  rendre  au  public.  Fidèle  à 
cet  engagement  ,  le  comité  désavoue  tout  ce 
qui  a  été  ou  pourrait  être  publié  sans  son  attache, 
par  quelqu'un  des  commissaires,  pour  ou  contre  la 
nouvelle  inoculation  dontil  s'occupe.   55 

La  lettre  suivante  nous  semble  trouvernatvtrelle- 
ment  sa  place  après  ce  rapport. 

Paris ,  89  vertdemiairt  an  g. 

Le  20  vendémiaire  j'ai  inoculé  de  la  vaccine  le 
second  enfant  du  citoyen  Desgranges  ,  demeu- 
rant à  Paris,  rue  de  Chabanais  ,  n"  13.  Son  pre- 
mier enfant  ,  inoculé  dix  jours  auparavant  ,  m'a 
fourni  la  matière  nécessaire  à  cette  inoculation. 

Madame  Desgranges  ne  sachant  pas  si  elle  avait 
eu  la  petite^vérole  ,  et  TouUut  se  débarrasser  de 


toute  crainte  à  cet  égard  ,  lorsque  je  l'eus  q-.iittée 
et  à  l'insu  de  son  mnri  ,  trempa  la  pointe  d'un 
canif  dans  la  matière  'jui  coulait  encore  sur  le- 
bras  de  son  enfant  ,  et  se  fit  une  petite  pn- 
taille  à  la  peau.  Ce  n'a  été  que  six  jours  après  , 
et  lorsque  la  vésicule  a  été  dévelopée  ,  que  son 
mari  et  moi  avons  été  instruits  de  la  chose. 
Son  inoculation  a  parfaitement  réussi  ,  et  si  elle 
n'a  point  acquis  la  preuve  qu'elle  n'avaiijamais  eu 
la  petite  vérole  ,  au  moins  !*esl-elle  mise  à  l'abri 
de  cette  maladie  en  ayant  le  courage  de  s'ino- 
culer elle-même.  J'ai  cru  devoir,  avec  son  aveu, 
publier  ce  fait  que  l'on  peut  vérifier. 

Je    vous    aurai    obligation    d'insérer  ma  lettre 
dans  un  de  vos  prochaine  numéros. 
Salut   et  parfaite    considération. 

F.  Colon, 
J).    médecin ,   membre    du    comité    médical 
de  la  vaccine. 


M 


ETEOROLÔGIE. 


La  perturbation  que  la  nouvelle  lune  du  26  de 
ce  mois  devait  opérer  sur  l'influence  de  la  décli- 
naison australe  de  cette  planettc  ,  n'a  pas  été  aussi 
forte  que  je  le  craignais  (  voyez-en  l'annonce  dflns 
l'annuaire  météorologique  ,  pag.  75.)  NJanmoins 
l'influence  de  ce  point  lunaire  s'est  l'an  ressentir 
d'une  manière  assez  distincte.  En  effet  ,  elle  a 
opéré  dans  le  baromètre  un  abaissement  d'en- 
viron 3  millimètres  (  une  ligne  et  demie  )  .  du  sS 
au  26  à  midi,  et  d'un  millimètre,  de  plus,  du  midi 
au  soir  de  ce  même  jour.  Enfin  ,  le  clej,  pendant 
la  journée  du  26  et  celle  du  27  fut  enliéremcnî 
couvert,  et  même  offrit  pendant  ces  deux  jours 
un  tems  ttès-sombre,  quoique  ie  vînt. ait  soufflé 
du  nord  et  ensuite  du   nord-est. 

Aujourd  hui  28  ,  le  ciel  est  clair  ;  le  vent  souffle 
faiblement  de  lest,  et  tout  l'ait  piésumer  que 
cette  constitution  ausiialc  sera  concordante  avec 
le  principe  établi  sur  rinflucnce  des  déclinaisons 
de  la  lune.  Il  paraît  même  qu'on  n'aura  pas  à 
craindre  pendant  b  plus  grande  partie  de  sa 
duiée,  les  vents  tempétueux  que  j  ai  indiqués  pro- 
bables pendant  la  déclinaison  précédente  ,  et  qui 
ne  se  sont  que  trop  réalisés  dans  la  Manche  ,  selot» 
ce  que  j'en  ai  oui  dite. 

Lamarck. 


THEATRE      DU       VAUDEVILLE. 

Depuis  le  sS  de  ce  mois  ,  une  pièce  nouvelle 
jouit  à  ce  théâtre  ,  d'une  sorte  de  privilège  assei 
rare  que  la  faveur  publique  lui  accorde  ,  celui 
d'être  donnée  tous  les  jours.  C'est  un  nouveau 
portrait  à  ajouter  à  la  nombreuse  collection  que 
le  Vaudeville  possède  .  et  ce  portrait  est  celui 
d'un  homme  qui  en  savait  faire  ,  celui  du  célè- 
bre David  Terùtïi.  Olei-moi  ces  magots .,  disait  ea 
parlant  des  ouvrages  de  ce  peintre,  le  chef  d'une 
cour  brillante  ,  oià  l'on  voulait  que  tout  objet 
imité  fût  embelli  ,  soumis  à, un  choix  judicieux 
et  sévère  ,  et  que  le  goût  imposât  des  bornes 
même  à  la  vérité.  Malgré  cet  arrêt  ,  Teniers  , 
mieux  apprécié  de  nos  jours ,  Teniers  ,  dont  les 
productions  originales  ou  multipliées  par  la  gra- 
vure ,  enrichissent  nos  musées  et  ornent  nos  salons , 
artiste  original  ,  gai  convive  ,  et  franc  buveur  , 
était  un  personnage  que  le  Vaudeville  semblait 
attendre  pour  le  placer  au  milieu  d'une  noce 
flamande  ,  comme  Piron  avec  ses  amis  ,  comme 
Vadé  parmi  les  dames  de  la  Halle. 

Le  fond  de  l'ouvrage  est  le  même  que  celui 
de  Rembrant  ,  représenté  avec  beaucoup  de 
succès  aux  Troubadours  ,  avec  cette  différence  , 
qu'un  accès  de  gaîié  inspire  à  feniers  l'idée  bouf- 
fonne ,  que  l'avarice  seule  suggère  à  Rembrant  , 
celle  de  se  faire  passer  pour  mort ,  afin  de  donner 
plus  de  prix  à  ses  ouvrages. 

Teniers  s'est  caché  dans  une  campagne  voisine 
d'Anvers  ,  pendant  que  sa  -vente  après  décès  assure 
sa  fortune,  et  que  l'archiducLéopold  qu'il  connaît 
fort  bien  ,  mais  qui  ne  le  connaît  pas  ,  met  un  prix 
très-élevé  à  ses  ouvrages.  On  se  doute  bien  que 
Teniers  a  pris  pour  hôte  un  cabaretier  :  pour  lui. 
donner  de  la  vogue  ,  il  s'est  amusé  a  lui  peindre" 
une  enseigne  dont  le  titre  est  Au  Grand  Léopold. 
Ce  titre  amené  la  foule  ;  une  noce  airive ,  Teniers 
qui  n'en  a  jamais  manqué  une  de  sa  vie  ,  est  bientôt 
prié  ,  et  fait  des  frais  de  gaîté  pour  tout  le 
monde. 

Survient  ràrchiduc  égaré  de  sa  chasse  ,  cher- 
chant un  moment  de  solitude  et  les  plaisirs  de 
Vincognito.  Teniers  et  l'archiduc  se  trouvent  bien- 
tôt en  présence,  l'artiste  sous  le  nom  de  Do- 
minique ,  le  prince  sous  le  titre  d'un  simple 
officier.  Dans  cette  scène  le  peintre  apprend 
combien  l'archiduc  l'estime  ,  combien  il  a  donné 
de  regrets  à  sa  mort.  L'archiduc  apprend  lie 
Son  coté  combien  il  est  chéri  du  peuple.  L'en- 
tretien se  porte  sur  Teniers  qui  profitant  de 
Vincognito  ,  avoué  que  Teniers  est  mort  désespéré 
'  de  n'avoir  pas  obtenu  de  l'archiduc  la  moindre 
preuve  d'estime  ;  le  retour  de  la  noce  interrompt 
I  cet  entretien;  Tenieis  ne  veut  pas  quitter  le 
I  village  sans  y  marquer  son  séjour  par  un  bien- 
fait i  il    veut    doter,  U    fille   de  ton   hôte  et   la 


marier  à  l'amant  t^u'clle  prtfere;  mais  celui-ci  a 
«n  vival  ,  peisoiiiiuse  ridicule  ,  barbouilleur 
l'enseignes  ,  qui  jctic  beaucoup  de  gaîié  sur  quel- 
ques scènes,  Une  dispuie  s'élève  ,  bieniôt  elle 
devient  une  rixe,  les  champions  se  gourmcnt  , 
des  gfluppes .grotesques  se  forment  autour  d'eux  ,• 

Tcniers  saisi:l  ses    crayons  et    dessine Lav- 

(.liidiic  le  surprend  :  il  admire  la  hardiesse  de  la 

touche  ,  la  A'érité-,   lé  naturel   du  trait Dans' 

son  enthousiasme  »  le!  peintre  s'écrie  :  .i4A,  Teniers 
qui'l  viaiiiiiH  '.....  11  cs't  reconniJ  ;  1  archiduc  l'ap- 
jielle  à  Anvers ,  et  le  nomme  diiiecteUr  de  l'aca- 
démie.    .  i. 

Cet  ouvrage  est  uW  d'es  plus  agréables  qu'on 
ait  depuis  long-tems  donnés  au  Vaudeville.  La 
scène  (jui  offre  un  tableau  d'après  Teniers,  est 
l,icureiise  ,  quoiqu'elle  ail  cessé  d'être  originale. 
Nous  ne  savons  si  dans  l'Intrigue  épistolairi,  l'idée 
du  peintre  Fougères  dessinant  ses  taux  manne- 
quins ,  appartient  à  Fabre  dEglantine  ou  àDu- 
gazon  ;  n^jis  cette  idée  est  ici  très-bien  adap- 
tée. Utie  l'oule  d'autres  très-ingénieuses  sontnaïu- 
rellement  placées  ;  des  tableaux,  charmans  y  sont 
rnis  sous  un  jour  propice  et  dans  un  cadre  fa- 
vorable. Le  rôle  de  Teniers  est  animé  par  une 
gaîié  franche  ,  celtii  de  l'archiduc  a  beaucoup 
noblesse  ;  ce  rôle  est  dans  l'ouvrage  un  bon 
contraste  ,  et  nullement  une  disparate.  Le  dia- 
logue est  gai  ,  les  couplets  ne  visent  point  à  l'es- 
prit ,  et  n'en  décèlent  que  davantage.  L'ouvrage 
est  l'un   des  mieux  joués  à  ce  théâtre. 

Les  auteurs  sont  lesciloyensjoseph  Pain,  auteur 
des  Connaisseurs  ,  et  Bouilly  ,  cherchant  alter- 
nativement des  succès  sur  nos  divers  théâtres  , 
les  obtenant   et  les  méritant  par-tout.  S.... 


Observations  sur  Us  écoles  centrales  ;  par  A.  J.  Del- 
lard  ,  professeur  de  physique  et  chimie,  à  celle 
de  Seine  et  Oise. 

A  Paris  ,  chez  Charles  Pougens ,  quai  Voltaire  , 
h".  10  ,  an  9  —  i8oo. 

L'auteur  de  cette  brochure  s'est  proposé  de 
ïechercher  jusqu'à  quel  point  sont  tondes  les 
reproches  qu'on  a  faits  à  l'institution  des  écoles 
centrales,  d'examiner  s'il  convient  d'y  laire  des 
charigemens  ,  ou  de  les  remplacer  par  un  autre 
mode  d'instruction  publique. 

Il  commence  par  indiquer  le  but  dans  lequel 
elles  furent  établies-,  ti  Disséminer  ,  dit-il ,  sur  le 
))  sol  de  la  république  le  nombre  de  berceaux 
))  qu'il  fallait  ,  afin  de  recueillir  ,  sans  exception  , 
?)  les  oénies  que  la  nature  produit  dans  tous  les 
>i  lieux  pour  la  gloire  et  l'avancement  des  sciences 
i>  et  des  arts  ;  ouvrir  des  sources  d'instruction 
1)  commodes  pour  tous  les  citoyens  aspirant  à 
>»  remplir  un  jour  les  fonctions  de  société  que 
Il  demandent  des  hommes  éclairés.  Telle  est  ,  à 
II  mon  avis  ,  la  double  fin  que  le  législateur  s, 
Il  dû  se  proposer  lorsqu'il  a  créé  les  écoles  cen- 
11  traies,  n 

Se  demandant  ensuite  si  ces  établissemens  ont 
tous  les  moyens  qui  leur  sont  nécessaires  poiar 
atteindre  leur  objet  ,  il  ne  peut  se  dissimuler  qu'il 
leur  en   manque  plusieurs. 

Il  faudrait  d'abord  qu'un  asyle  public  ,  établi 
auprès  de  chaque  école  ,  pût  recevoir  en  pension 
des  élevés  qui  ,  dispersés  dans  la  grande  popu- 
lation des  villes  ,  y  sont  exposés  à  tous  les  genres 
de  corruption. 

Il  observe  que  ,  nées  dans  un  tems  de  factions , 
les  écoles  centrales  ont  dû  participer  aux  haines 
des  partis;  la  malveillance  a  exagéré  des  reproches 
faits  à  quelques-uns  des  instituteurs  choisis  pour 
les  remplir  :  et  il  est  juste  d'ajouter  que  l'incon- 
vénient de  quelques  nominations  détectueuses , 
serait  rûoins  un  vice  inhérent  à  l'institution ,  qu'ufi 
mal  passager  que  le  lems  et  la  surveillance 
pourront  réparer. 

Les  écoles  ,  suivant  le  citoyen  Dellard,  devraient 
s'ouvrir  aux  élevés  plutôt  que  ne  l'a  fixé  la  loi  du 
3  brumaire.  Les  événemens  ont  précipité  le  déve- 
loppement des  facultés  de  la  jeunesse.  Il  faut  de 
l'aliment  à  une  activité  précoce;  et  il  est  bon  que 
l'instruction  publique  enlevé  de  bonne  heure  les 
adolescens  à  tous  les  dangers  des  institutions 
particulières.  Il  serait  sur-tout  à  désirer  que  les  di- 
vers cours  dont  se  compose  linstruction  fussent 
ordonnés  de  maniereà  se  seconder  mutuellement. 
Le  choix  et  la  suite  de  ces  études  ne  doivent 
point  être  abandonnés  au  caprice  ,  à  l'insouciance. 


124 

à  la  légèreté  d'un  âge  avide  de  nouveautés.  Cette 
sorte  de  surveillance  s'étendrait  jusiju'aux  maîtres, 
introduirait  dans  les  cours  du  même  genre  une 
uniformlié  qui  leur  manque,  et  empêcherait  qu'au 
objets  dont  le  législateur  a  voulu  qu'on  entretînt 
lt'5  élevés  ,  on  substituât  des  leçons  auxquelles  il 
r>'a  jamais  pensé. 

Dans  celle  vue  ,  et  pour  parvenir  à  une  disiri- 
b.ution  méthodique  des  différentes  branches  d't- 
tiides  .  l'auteur  parcourt  successivement  celles  qui 
s'enseignent  aux  écoles  centrales. 

Il  remarque  ,  relativement  au  dessin  ,  que  les 
leçons  de  ce  genre  doivent  beaucoup  inoins  avoir 
pour  objet  de  former  des  ariiites,  que  d  habi- 
tuer les  jeunes  gens  à  voir  la  nature,  de  les 
familiariser  avpc  ses  formes  ,  et  de  leur  donner 
quelque  facilité  à  les  tracer.  Peul-êire  même  ne 
réduii-il  pas  assez  ce  qu  il  convient  d'en  montrer 
à  tous.  Les  arts  ont  leur  utilité  ,  sans  doute  , 
leur  digniié  même;  mais  leur  emploi  a  ses  bornes; 
et  si  quelque  nsBgede  leurs  procédés  inlre  avan- 
tageusement dans  l'éducation  de  toutes  les  classes 
de  la  société  ,  il  se  ait  puéril  ,  et  dangereux 
peut-être,  de  vouloir  que  chaque  citoyen  en  lîi 
une  connaissance  approfondie. 

L'étude  des  langues  a  fait  long-tems  l'objei 
principal  de  l'instruciion  publique.  Le  citoyen 
Dellard  convient  Hé  son  imporiance  ,  mais  il  vou- 
drait qu'on  la  fil  précéder  par  celle  de  la  gram- 
maire générale.  Il  cite  à  ce  sujet  ce  passage  si 
na'if  et  si  vrai  du  citoyen  Lamy  ,  qui  dit  ,  en 
parlant  de  la  manière  dont  on  montrait  le  latin 
dans  les  collèges  :  "  Il  me  semble  qu'on  me  mel- 
11  tait  la  tête  dans  un  sac  et  qu'on  me  fesait 
11  marcher  à  coups  de  fouet,  toutes  les  fois  que, 
!»  ne  voyant  pas.,  j'allais  de  travers:  je  n- com- 
II  prenais  rien  à  toutes  ces  règles  qu'on  me 
11    forçait   d'apprendre  par  cœur. 

L'auteur  pense  que  les  principes  de  la  gram- 
maire générale  sont  beaucoup  plus  à  la  portée  de 
l'enfance  ,  que  les  règles  positives  des  lan;iucs 
convenues  ,  qui  n'exercent  que  sa  mémoire  sans 
parlrr  à  sa  raison.  La  première  de  ces  études 
faciliterait  la  seconde  qui  lui  partît  ,  au  reste  ,  si 
essentielle,  qu  il  veut  qu'on  montre  dans  les  écoles 
centrales  le  grec  aussi  bien  que  le  latin. 

Il  croit  que  les  professeurs  d  histoire  naturelle  , 
au  lieu  d'entretenir  leurs  jeunes  élevés  des  cla>si- 
ficaiions  etde  toull  attirail  de  subdivisions  quelles 
entraînent  ,  devraient  leur  f-ire  voir  les  objets 
dans  ce  qu'ils  ont  de  plus  séduisant  et  de  plus 
propre  à  amuser  I  imagination.  Il  développe  avec 
beaucoup  de  sens  cette  idée  très -juste,  quil 
appuie  de  l'opinion  du  célèbre  Jussieu. 

Nous   ne   le   suivrons   pas  dans   la    distinction 
qu'iT  établit  entre  létude  de  la  grammaire,  celle 
des  belles  -  lettres    et  l'exercice    des   ans    qui   en 
dépendent.  Un  passage  de   cette  discussion  nous 
a  paru   remarquable,  n  II  s'en  faut,  à  mon   avis, 
11  que  tout  ce  qu'on  prétend  appartenir  à  la  ihéo- 
11  rie  de  la  pensée  ,  soit  principe  ou  véiiié. ..... 

11  On  réduirait  à  un  assez  petit  volume  ce  que 
11  Loke  cl  Condillac  ont  établi  de  clair  et  de 
11  précis  sur  ce  chapitre  des  sciences  humaines  ; 
11  et  quoitjue  persorrne  ne  rende  un  hommage 
Il  plus  sincère  que  le  mien  à  la  sagacité  de  nos 
11  métaphysiciens  actuels  .  je  doute  que  leurs  dé- 
II  couvertes  pussent  se  grossir  beaucoup.  11 

Ses  réflexions  sur  Ihistoire  som  courtes  et  ju- 
dicieuses ;  il  veut  qu'on  en  fasse  précéder  l'élude 
par  des  notions  de  géographie  et  de  chronologie. 
Des  lectures  faites  par  les  élevés  ,  sous  les  yeux 
d'un  maître  instruit  ,  qui  leur  en  faciliterait  l'in- 
telligence el  leur  apprendrait  à  juger  les  hommes 
et  les  événemens,  remp  iraieni,  selon  lui  ,  tout 
l'objet  qu'on  peut  se  proposer  dans  celle  partie  de 
l'enseignement  public. 

En  désirant  que  les  écoles  centrales  soient  les 
pépinières  de  l'école  polytechnique  ,  le  citoyen 
Dellard  voudrait  cependant  ,  avec  raison  .  qu'on 
mît  quelque  soin  à  enseigner  aux  jeunes  gens  les 
pratiques  usuelles  de  certaines  parties  des  mathé- 
matiques. Ce  genre  de  connaissances  devenu  . 
dans  nos  sociétés  complexes  ,  si  nécessaire  ,  ne 
peut  être  rendu  trop  familier.  Il  ne  suffit  pas  d'en 
inspirer  le  goût  ,  il  faut  en  pousser  l'usage  jus- 
qu  à   la  roudne. 

•  La'  physiquie  et  la  chimie  ont  fait  de  nos  jours 
une  alliance  qui  a  reculé  les  bornes  de  leur  do- 
maine. Rien  désormais  ne  peut  les  désunir.  Le 
citoyen  Dellard  trace,  en  homme  versé  dans  ces 


matières,  la  ligne  que  doit  suivre  kpo ressent 
qui  doit  guider  les  élevés  dans  le  vaste  et  Curieiiîê 
labyrinte  de  la  nature.  Nous  partageons  les  vœux, 
qu'il  fait  pour  que  les  livres  élémentaires ,  tels  que 
celui  dont  l'estimable  Parci.  uï  avait  conçu  le 
projet,  offrent  aux  insiiiuteurs  an  lil  propre',  à 
assurer  leur  marche.  'i 

On  a  peii'é  rju'ilserait  co-^vennole  lie  réunit 
à  la  classe  d'histoire  natitrelie  ceiie  île  ph'^'siqiie  , 
et  <le  remplaotr  celiie-ci  par  un' cours,  de  iiraiJié- 
ruatiques  appliquéesv  L'auteur!  combat  i,c  jMOjej 
par  des  motifs  pui.ssaris:  il  léclaiiie  sni-iout  avec 
un  rntérêt  touchant  les  Itçoii.s  d'hisloirfc  natutella 
pour  l'erilance.  à  qui  elle  ol'rie  un  tout  auue 
charme  que  la  lecture  de  la  syiiiaxe  et  des  diction- 
naires. 

En  convenant  q^ii'il  eût  fallu  préciser  plus  clai- 
rement qu'en  ne  la  laii  ce  iiu  on  devait  cnscignei' 
dans  un  cours  de  législ.iiion  .  le  citoyen  Dcilai'd 
n'en  croit  pas  moins  qu'il  l.iui  conserver  cette 
branche  d'inslruciion  aux  écoles  centrales  :  ellô 
auraii  pour  objet  de  dénionirer  les  principes 
généraux  des  lois  sociales  ,  civiles  et  pénales. 
D'upiés  la  manière  dont  il  conçoit  celle  émde  , 
il  voudrait  qu'on  lui  donnât  le  nom  de  philoso- 
phie morale  ei  législji'-ion. 

Il  ne  suffisait  pas  d'assigner  à  chaque  scicnc» 
les  limiiés  d.inb  lesquelle.i  on  doit  en  rcnléunet 
l'enseignement,  il  (allait  indiquer  l'ordre  dans 
lequel  il  convient  do  faire  paicourir  à  la  jeunesse 
celte  longue  carrière.  Le  citoyen-  Dellard  la 
partage  en  trois  sections  ,  dont  l'étude  emr 
ploieia  huit  années.  Il  fait  entrer  dans  la  pre- 
mière, les  langues,  le  dessin  ei  l'histoire  naiurellet 
La  seconde  embrass-.;  les  belles  -  lettres  ,  l'his- 
toire ,  lidéologie  ,  l.r  grammaire  générale  et  l'art 
oratoire  :  les  mathématiriues ,  un  cours  (  proba? 
bicmerii  plus  s.-ivani  que  le  premier  )  ,  d'histoire 
naïuielle  ,  la  physique  ,  la. chimie  ,  la  philosophie 
inorale  et  la  législation  composeraient  la  troisième.. 
Il  faut  voir  dans  l'ouviage  même  la  disnibutioii 
du  tems  des  élevés,  el  le  paiiage  (jue  leur  lait 
l'auteur,  des   soins   des  professeurs. 

Des  réflexions  supplémentaires  suivent  cet 
détails  ;  le  ciioyen  Dellard  y  ictuic  l'opinion  de 
quelques  pcisonnes  qui  ,  pour  epaigner  au  gou- 
vernement le  soin  de  répandre  l'iiisiruciion  ,  le 
prieraient  volontiers  d'en  ariêler  les  progrès.  L'au- 
torité publique  doit,  selon  lui,  faciliter  aux  ad- 
ministrés I  acquisition  de  cjuelqries  connaissances 
élémentaires  .  telles  que  la  leciure  et  le  calcul  , 
sans  lesquelles  un  ciioyen  ,  libre  de  irora  ,  est 
de  fait  presque  aussi  dépendant  tle  ce  qui  l'entouré 
que  l'est  u;i  aveugle  de  rho:f:.-iie  (jui  le  conduit. 
Il  fonde  sur  ce  principe  l'utiliié  des  éc-les  pri' 
maires.  Insistant,  en  conséquence,  sur  leur  con- 
servation, il  prouve  avec  autant  d'éloquence  que  de 
vériiable  philcosnphie  ,  qu'on  pourrait  sans  in- 
convéniens  confier  ceit;  paiiie  de  l'cnscigneineru 
aux  ministres  du  culte.     ' 

Le  cil.  Dellard  ,  en  terminani  son  ouvrage,  se 
félicite  de  ce  que  dans  une  circulaire  du  minis- 
tie  de  l'intérieur  :  41  Les  inslituteurs  patiioiesqui, 
11  pendant  les  trois  ou  quatre  premières  année» 
M  de  leuis  fonctions  ,  ont  mieux  aimé  servir  la 
II  république  malgré  sa  détresse  cjue  de  trafiquer 
Il  de  leu.-s  lalens  avec  de  riches  particuliers 
II  reçoivent  cet  honorable  témoignage  que, 
11  sans  leur  zèle  et  leur  dévoûmcnt  ,  l'amour  de 
II  l'étude  ,  le  désir  de  la  science  eussent  pu 
Il  dispaïaître  totalement  du  cœur  de  la  jeunesse,  n 

Nous  avons  analysé  avec  quelque  étendue 
l'ouvrage  dû  citoyen  Dellard  ,  parce  que  nous 
l'avons  lu  avc-C  beaucoup  d'iriiérêi.  Il  est  rempli 
d'idées  saines  généralt-menl  présentées  avec  clarié 
et  élégance.  On  voit  que  l'auteur  îirW/iui  inverbu 
addictus  jurare  mngiuri  ,  n  énonce  que  les  opi- 
nions dont  il  est  convaincu  ;  au  lieu  de  se  ren- 
fermer dans  le  sliici  exercice  de  ses  fonctions, 
il  a  porté  ses  regards  sur  le  domaine  entier  de 
l'instruction  publirjue ,  et  montre  qu'aucune  de 
ses  branches  ne,  lui  est  étrangère.  Il  écrit  ea 
homme  de  lettres.;  il  pense  en  philosophe  et 
en  vrai  citoyen.  P.  V.   B. 


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L'aboiroemcat  «e  fait  a  Paris,  rue  des  Poitevins ,  n"  18.  Le  prix  est  de  25  franci  pour  trois  jnois  ,  5o  fraocs  pour   six    mois,   et    100   francs   pour  l'année  entière.  On   ne 
t'abonne  qu  -*u  cbmmeucewcnt  de  cliaqne  mbis. 

Ilfaul  adresaerles  Icurcset  l'argent ,  franc  de  port  ,àncit^AcASSE,  propriétaire  de  cejournal  , rue  des  Poirevins,  n«    18.  Il  faut  comprendre    dans   les    envoi»    le  por 

tys  où  l'on  ne  peut  affranchir.   Les  lettres  des  départeinens  non  affranchies  ,  ne  seroucpoint  retirées  de  la  poste. 
1 1  r... .......>;-.•  .»;«      T,n.it    ilns  a^  «rirt^rr. .  He  charrer 'celles  nui    renff^rtni>nt  af.«  v:]lf.iir«    ^r  adr^ii.<i(.T  rnitt  ce  auiconceme  la  rédaction  de    la    feuille.    a«    rédacteur,   ri 


Ls  non  anrancnies  ,  ne seroutpoint  retirées  de  la  pouic. 
_    .__ _  „  ;  qui    renfermentdes  valeurs,  et  adresser  tout  ce  quitonceme  la  rédaction  de    la    feuille,    au    rédacteur,   rue  dç» 

Poitevins      m°  1 3,  depuis  neuf  heures  du  malin  jusqu'à  tii  -j  heures  du  soir. 


il  faut  avoir  soin,   poui  ^lus  de  sûreté,  de  ch 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


J 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIEEUR  UNIVERSEL. 


N"  33. 


Tridi  ,    3  brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nom  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  sousccpteurs  qu'à  dater  du  7   N:v'à=c  le    M  O  NI  T  E  u  n  est  le  seul  journal  ojficcl 
Il.SOiUient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  1 


l'iiirérieur  que  sur  l'extérieur,  i-ournis  par  les  correspondances  ministériell 
Un  artjcle  sera  particulièrement  consacré   aux   sciences     aux 


es  notions  rant  sur 


arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EX  T  E  R  I   E  U  R. 

,    AN  GLETERRE. 

Londres  ,  16  oc'tobre  ('  «24  vendémiaire.  } 

'OaMEDI  dernier  des  ordres  sont  partis,  des 
bureaux  du  duc  de  Pordand,  pour  les  comman- 
dans  des  difFéreris  corps  de  volonlaires  ,  tant  de 
l'Intérieur  de  la  capitale  que  dans  les  environs.  Il 
leur   était  enjoint   de  se  rendre   à   leurs   postes  , 

^parce  qu'on  appréhendait  le  retour  des  troubles 
qui  avaient  déjà  éclaté.  Il  est  fâcheux  que  le  gou- 
Vi-rnement  soit  autorisé  à  avoir  de  pareilles  in- 
quiétudes ,  dans  un  tems  sur-tout  où  le  parlement 
ya  se  rassembler  pour  s'occuper  des  moyens  de 
souUger  les  maux  présens. 

On  assure  que  les  meuniers  ont  arrêté  entre 
-eux  de  ne  pas  augmenter  le  prix  de  la  farine  , 
quelle  que  soit  l'augmentation  que  subisse  celui  du 
bled. 

La  peste  continue  toujours  à  Cadix.  Le  nombre 
des  morts  qui  ont  pa?sé  par  puerta  de  tierra 
(la  porte  de  jerre  )  ,  depuis  le  24  août  jusqu'au 
17  scpiembre  ,  est  de  6.100;  celui  des  morts  en- 
terrés auparavant  dans  les  différentes  églises  de 
Ja  ville,  était  de  1,000  environ  ;  veis  le  l3  du 
même  mois  ,  on  portait  à  3oo  le  nombre  de  ceux 
qui  mouraient  dans  un  jour;  le  17  on  n'en  comp- 
tait plus   que  200. 

La  cherté  excessive  des  denrées  de  toute  espèce, 
t  donné  Heu  dans  presque  toutes  les  villes  et 
paroisses  à  des  assemblées  où  l'on  a  discuté 
Tes  causes  de  ce  fléau,  et  les  moyens  d  y  remédier. 
L'opinion  de  la  ville  de  Worcesier  est  pour  un 
.-maximum  sur  le  prix  du  bled,  qui  probable- 
ment ne  tarderait  pas  à  s'éieodre  aux  autres 
denrées  de  premltre  nécessité.  On  doit  s'attendre 
à  une  grande  dlversiié  de  jugemens  sur  une 
mesure  aussi  arbitraire  ;  mais  nous  pensons  que 
ce  serait  le  moyen  le  plus  sûr  de  soulager  le 
consommateur.  On  sait  que  ce  n'est  pas  la  cherté 
d'un  article  qui  le  rend  plus  abondant.  Les  dis- 
tillateurs Ont  laii  preuve  de  patriotisme  ,  en  fer- 
mant leurs  distilleries  ,  dès  I  instant  que  le  gou- 
vernement les  eut  avertis  qu'en  continuant  leurs 
travaux  ,  ils  causaient  un  préjudice  considérable 
au  public  dans  un  moment  où  le  grain  était  si 
jare  et  si  cher.  Mais  il  y  a  eu  partage  d'opi- 
nions sur  ce  point  ,  et  plusieuis  maisons  ont 
résolu  de  commuer  leurs  opérations,  jusqu'à  ce 
qu  il  y  eât  une  loi  précise  à  ce  sujet. 

Un  ordre  du  conseil  a  été  envoyé  au  contrôleur 
des  douanes  ,  pour  qu'il  eût  à  préparer  un  tableau 
circonstancié  de  toutes  les  denrées  importées  dans 
la  Grande-Bretagne  depuis  douze  mois.  La  loi 
pour  empêcher  l'exportation  du  tiz  a  expiré 
hier.  Mais  le  gouvernement  a  donné  ordre  aux 
commissaires  des  douanes  de  ne  faire  aucun  en- 
registrement pour  le  riz  à  exporter  ,  jusqu'à  ce 
que  le  parlement  ait  pu  s  occuper  de  cet  objet  , 
Cl  adopter  les  mesures  qu'iljugera  nécessaires. 
(  Extrait  du  True-Briton  et  du  Times.  ) 


I 


R. 


N     T     E     R     I     E     U 

Paris ,  le    2   brumaire. 

DÉPÊCHE  TÉLÉGRAPHIQ^UE. 

Le  préfet  du  département  du  Bas-Rhin  ,  au  premier 
consul.  —  Strasbourg,  s  brumaire  an  8. 

Le  plénipotentiaire  autrichien  est  arrivé  à  Stras- 
bourg hier  à  3  heures  après-midi. 
Pour  copie  ,  Signé  ,  Chappe. 


ralSoramariva  et  le  corps  d'autrichiens  qui  étaient 
en   Toscane  .  se  sont   retirés  à  /.ncône. 

Toutes  les  marchandises  anglaises  qui  se  trou- 
vaient en  Toscane  et  spécialement  à  Livourne  , 
ont  été-  eorifisquées   au   profit   de  la  république. 

Le  désarmement  de  tous  ces  brigands  ne  nous 
a  occasionné  aucune  perte.  Nos  troupes  ont 
observé  la  plus  grande  discipline. 

Dupont  ,  lieutenant-général  ,  au  général  en  chej 
Brime.  —  Au  quartier  -  général  -de  Florence  ,  te 
23  vendémiaire ,  an  q  de  la  république  française. 

Je  m'empresse  de  vous  rendre  compte,  citoyen 
général ,  que  je  viens  d'entrer  à  Florence.  L'armée 
des  insurgés  toscans,  forte  d'environ  vingt  cinq 
raille  hommes  ,  d'après  l'aveu  même  des  autri- 
chiens ,  se  trouve  dissoute.  Il  ne  me  reste  plus 
qu'à  en  poursuivre  les  corps  épars  ,  qui  se  sont 
réfugiés  de  plusieurs  côtés  dans  les  gorges  de 
I  Appcnnin  ,  et  à  châiier  les  brigands  d'Àrezzo.  Ils 
sotit  les  plus  audacieux,  et  ils  sont  les  mêmes 
qui  C3nt  osé  insulter  l'armée  de  Naples  dans  la 
dernière  campagne.  C'est  dans  cette  ville  que 
s'est  opéré  le  fameux  miracle  de  la  Sainie-'Vierge 
donnant  le  signal  de  l'insurrection  par  un  coup 
de  fusil  que  M. 'Windham  ,  l'un  des  premiers 
artisans  de  ce  ridicule  miracle  ,  lui  a  fait  tirer  sur 
les  français.  Ces  prestiges  n'auraient  pas  suffi  pour- 
arnaer  celte  multitude  de  paysans  ,  et  on  y  a 
joint   la   force. 

Le  quartier-général  des  insurgés  ,  commandés 
par  le  général  Spanocchi  ,  éiaità  Barberino  ,  d'où 
ils  ont  éié  chassés  hier.  Comme  ils  étaient  menacés 
sur  trois  points,  ils  ont  été  obligés  tie  se  diviser, 
et  dans  la  crainte  d  être  enveloppés  ,  ils  ont  aban- 
donné les  ouvrages  on  ils  commenç.iient  à  placer 
de  l'artillerie,  etles  positions  lesplus  avantageuses. 

Le  général  Sommariva  m'a  prévenu  de  son  départ 
de  Florence  ,  par  U  lettre  dont  je  joins  ici  copie. 
Il  se  retire  sur  Ancône. 

Le  général  Monnier  se  portera  demain  sur 
Arezzo  .  avec  la  brigade  du  général  Saint-Cyr.  Le 
général  Pino  marchera  sur  Piaio  et  Pisloja  ,  et  Je 
général  Malher  ,  sur  Liv'ourne.  J'ignore  si  le  gére- 
rai Clément  est  entré  dans  cette  place.J'espère  que, 
par  ces  dispositions,  le  désarmement  sera  promp- 
tement  effectué  dans  toute  la  Toscane. 

La  régence  a  établi  ,  à  son  départ  ,  un  gouver- 
nement provisoire.  Le  général  Sonimaiiva  a  vidé 
les  caisses. 

Signé ,   Dupont. 

Pour  copie  conforme  , 

Le  général  en  chef.    Signé  ,  Brune. 

Dupont ,  lieutenant-général  commandant  en  Toscane. 
—  Au  quartier-général  de  Florence  ,  le  23  vendé- 
miaire an  9  de  la  république  française. 

Arrête  : 

Art.  I".  Tous  les  fonctionnaires  publics  qui 
sont  actuellement  en  fonctions  les  continueront 
provisoirement  jusqu'à  ce  qu'il  en  soit  auirement 
ordonné. 

II.  Tous  les  individus  qui  sont  détenus  pour 
cause  d'opinions  politiques  seront  mis  sur  le 
champ  en  liberté  et  le  séquestre  mis  sur  leurs 
b;ens  sera  levé.  Les  fonctionnaires  publics  que 
cet  ordre  concerne  ,  sont  responsables  de  son 
exécution. 


fran 


Le  général  Brune,  par  la  dépêche  du  27  ven- 
démiaire instruit  le  '  gouvernement  qu'en  consé- 
quence de  larticle  II  des  préliminaires  et  de 
la  convention  particulière  de  Casiiglione  ,  il  a 
sommé  le  général  commandant  en  Toscane 
pour  le  grand-duc  ,  de  désarmer  la  levée  en  niasse  : 
«(n'ayant  refusé  de  le  faire  ,  le  licuu-nani-général 
Dupont  est  entré,  le  23  .  à  Florence,  et  le  gé- 
tjI  de  bugadc  Clément  à  Livourne,  le  24.  Toute 
la  Toscane  est  occupée  par  l'armée  française. 
Plus  de  vingt-cinq  mille  liomtncs  de  levée  en 
masse  ont  cié  dispersés  ,  désarmés  et  renvoyés 
chez  eux.  Les  troupes  françaises  n'ont  eu  besoin 
your  les  vaincre  que  de  leur  icpuialion.  Le  gcné- 


III.  Les  impositions  actuelles  seront  maintenues 
jusqu'à  no  ivel  ordre. 

IV.  Le  magistrale  supremo  est  chargé  de  faire 
publier  ,  afficher  et  exécuter  le  présent  arrêté  qui 
sera  imprimé  dans  les  deux  langues. 

Dupont. 

Clément ,  général  de  brigade,  commandant  les  troupes 
françaises  dans  la  république  de  Lucques  et  dans 
la  ville  de  Livourne  ,  au  peuple  toscan.  —  Au 
quartier-général  de  Livourne  ,  le  24  vendémiaire 
an  9  de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 

En  conformité  des  ordres  qui  m'ont  été  donnés, 
je  me  rends  à  Livourne  avec  la  colonne  que  je 
commande. 

Ne  connaissant  que  les  lois  de  l'honneur  ,  de  la  I 
justice,  le  respect  dû  aux  personnes,  aux  pro- 
priétés ,  au  culte  ,  usages,  opinions  politiques  et 
religieuses,  je  viens,  inierprêie  de  ces  senii- 
meiis  ,  en  ami  ,  et  en  général  jalouj!  du  bon 
oidrc,  et  de   la    discipline. 


L  harmonie  qui  règne  entre  les  troupes  fra'rr-, 
.çaises  et  celles  de  sa  majesté  impériale,  sei^ 
conservée;  je  sévirai  avec  force  conire  qui  vou- 
drait  la  dissoudre  ,  ou  y  meure  obstacle. 

Peiaple  loscan  ,  soyez  paisibPe  dans  vos  foyers  • 
que  1  arrivée  des  français  ne  vous  inspire  aucune 
cramie;  que  k^s  personnes  qui  à  notre  apnroche 
auraient  appréhendé  ,  ou  se  seraient  éloignées 
reviennent;  je  leur  promets  sur  mon  honneur 
secours  et  protection. 

La  ville  de  Livourne  jouira  du  repos  et  de  la 
tranquillité  ,  j'en  suis  ceitain  d'avance;  l'ordre 
I  union  et  la  discipline  que  je  maintiendrai 
parmi  les  troupes  que  je  commande,  me  font 
espérer  que  ses  habiians  n'ayant  aucun  sujet  d'e 
plainte  a  porter  ,  verront  avec  plaisir  les  français 
dans  leur  sein.  '  , 

Les  troupes  de  ligne  de  la  Toscane  resteront 
sous  la  protecuon  des  troupes  de  sa  majesté  l'em- 
pereur. ■" 

Les  réfugiés  rentrés  à  la  suite  de  la  colonne 
inçaise  qui  se  permettront  la  moindre  voie  de 
tau  ou  insulte  quelconque  ,  envers  qui  que  ce  soit, 
seront  sur-le-champ  ariêiés  ,  traduits  au  tribunal 
miitaire,  et  punis  comme  perturbateurs  du  repos 
public.  ^ 

ClÉiwent. 

Rapport  du  lieutenant-général  Dupont ,  au  général 
en  chef  Brune.  —  Quartier-général  de  Florence  ,'  2  5 
vendémiaire  an  9. 

Aussi-tôt  que  le  major  autrichien  envoyé  à  Mi- 
lan a  été  de  retour  à  Florence  ,  le  général  Som- 
mariva a  mis  tout  en  usage  pour  exciter  une  in- 
surrecuon  générale  ;  il  a  fait  marcher  en  avant 
tous  ses  légionnaires  .  et  fait  sonner  le  tocsin  à 
tlorence  et  dans  les  campagnes.  'Voilà  le  gage 
des  promesses  qui  nous  ont  été  faites  ,  et  qui 
ii'avaient  évidemment  pour  objet  que  de  canner 
du  tems.  A  défaut  de  fusils  ,  on  distribua'it°des 
piques  dans  les  villages.  Il  y  en  avait  un  dépôt 
a  Barbenuo  ,  que  je  fais  conduire  à  Bologne. 
La  moindre  hésitation  dans  ma  marche  aurait 
amené  de  graves  inconvéniens.  La  présence  des 
lrança:s  en  Toscane  avait  paru  nécessaire  à  plu- 
sieurs partisans  mêmes  du  grind-duc,  qui  semait 
que  l'armée  française  devait  à  sa  sûreié  et  à  son 
honneur  les  mesures  que  vous  avez  ordonnées. 
J  ai  trouvé  ici  cette  opinion  fort  accréditée.  Les 
levées  extraordinaires  irispiraient  d'ailleurs  une 
crainte  très-vive  pour  l'intérieur  de  la  Toscane, 
et  leur  solde  était  un  poids  énorme  que  cet  état 
ne  pouvait  supporter. 

J'ai  observé  les  plus  grands  égards  envers  les 
troupes  autrichiennes  :  celles  qui  s'étaient  trouvées 
dans  le  poste  loscan  qui  a  rendu  ses  armes  et 
celles  qui  avaient  été  laissées  à  Florence  ,  partent 
aujourdhui  pour  Ancône.  Il  ne  s'est  rien  pa-sé 
qui  puisse  porter  la  plus  légère  alteinie  à  l'armis- 
nce,  et  tous  les  officiers  ont  reconnu  à  ces  pro- 
cédés que  l'occupation  de  la  Toscane  était  une 
mesure  particulière  qui  ne  devait  point  altérer  la 
bonne  harmonie  qui  règne  entre  les  deux  armées. 

La  ville  de  Florence  est  calme.  Ma  proclamation 
a  rassuré  sur-le-champ  les  esprits. 


Je  vous  adresse  un  exemplaire  d'un  arrêté  que 
j'ai  été  obhgé  de  prendre  à  mon  arrivée  ,  pour  em- 
pêcher que  l'administration  publique  ne  tombât 
en  dissolunon  :  il  a  été  sollicité  par  le  gouverne- 
ment provisoire  que  la  régence  de  Florence  a  ins- 
titué en  parlant.  Les  membres  de  ce  gouverne- 
ment demandent  à  se  démettre,  aitendu  qu  ils 
occupaient  déjà  d'autres  emplois  auxquels  ils  don- 
nent la  préférence.  Je  n'ai  pas  consenti  à  les  rem- 
placer et  j'attends  votre  décision  a  cet  égard. 

J'ai  ordonné  la  mise  en  liberté  des  personnes 
qui  sont  détenue»  ])our  cause  d  opinion.  Le  Gou- 
vernement provisoire  ,  quoique  partisju  déclaré 
de  l'Autriche  ,  a  jugé  lui-même  celte  mesure 
nécessaire.  Les  rigueurs  exercées  parla  réj^cnce 
se  sont  étendues  à  plus  de  20  inillc  familles  Tellei 
ont  élé  une  véritable  tyrannie  ,  et  nous  ont  donné 
des  amis.  Si  nous  devons  occuper  quelque  tems 
la  Toscane  ,  il  me  paraît  nécessaire  de  confier  Icï 
différentes  branches  de  l'administration  à  ries 
hommes  qui  soient  moins  dévoués  à  nos  enne-; 
rais.  .La  iraiiquilliié  publique  et  le  service  des 
troupes  l'exigL-nt. 

Signé^  DuppNT. 
Pour  copie  conforme  , 

Signé  ,  U  général  en  chef.  Brune. 


126 


—  Le  a  brumaire  ,  a  une- heure,  du  matin  ^  Ae 
comte  de  Cobentzel  est  parti  de  Strasbourg  ,  pour 
se  rendre  à  Lunéville  ,  où  il  a  dô  arriver  à  de»' 
beures  après-midi.  Le  plénipotentiaire  frança.s  est 
parti  aujourd  hui  de  Paris  pour  se  rendre  à  Lu- 
néville. 

—  Le  citoyen  Devoize,  commissaire-général  des 
relations  commerciales  et  chargé    d'affaires  de  la 

.léjjubtique  à  Tunis,  à  qui  le  gouvernement  avait 
adressé  des  instructions  pour  négocier  un  accom- 
inoderaent  avec  le  bey  ,  a  conclu  ,  le  9  fructidor 
dernier  ,  un  armisdce  dont  la  teneur  suit  : 

Armistice  conclu  entre  son  excellence  Ha- 
monda ,  pacha  ,  bey  de  Tunis  ,  et  le'cit.TSevoize, 
chargé  d'affaires  et  commissaire  général  des  rela- 
tions commerciales  de  la  république  française, 
muni  dts  pleinspouvoirs  du  premier  consul  pour 
traiter  de  la  paix  avec  cette  régence  .  voulant  fa- 
ciliter les  négociations  qui  vont  s'ouvrir  ,  con- 
viennent :     . 

Art.  1".  A  commencer  du  9  fructidor,  toutes 
les  hostiliiés  seront  suspendues  entre  les  deux 
nations. 

IL  Le  bey  donnera  immédiatement  aux  com* 
mandans  de  ses  corsaires  et  à  ceux  armés  par  sts 
sujets,  des  ordres  de  respecter  le  pavillon  fran- 
çais ;  et  s'ils  venaient  à  s'emparer  de  bâlimens  en- 
f  nemis  de  la  régence  ,  sur  lesquels  se  trouveraient 
des  marchandises  dont  la  propriété  française  se- 
rait constatée  par  les  manifestes  et  polices  de 
chargement ,  elles  seront  rendues  sur-le-champ  à 
«Jui  el'es  appartiendront. 

Le  citoyen  Devoize  s'engage  ,  de  son  côlé  ,  de 
l'aire  défendre  par  le  gouvernement  de  la  ré- 
publique à  tous  commandans  de  ses  armemens , 
et  notamment  de  ceux  de  la  Corse  ,  de  courir 
sur  le  paTillon  tunisien  ;  et  quant  aux  marchan- 
dises trouvées  à  bord  des  bàtimens  ennemis  de 
la  république  chargés  par  des  sujets  du  bey  .  il 
sera  usé  de  réciprocité  comme  dessus. 

IIL  Tout  bâiiment  pris  de  paît  et  d'autre  , 
après  le  9  fructidor,  sera  rendu  avec  ses  équi- 
pages  et  sa  cargaison. 

IV.  En  attendant  la  paix  définitive  ,  1^  bâlimens 
de  Tunis  seront  reçus  dans  les  ports  de  France  , 
comme  ceux  de  la  république  seront  admis 
dans  les  ports  de  la  régence. 

■V.  Dans  le  cas  de  rupture  du  présent  armistice 
il  est  convenu  qu'il  sera  réciproquement  donné 
iavis  de  la  reprise  des  hostilités  deux  mois  avant 
qu'elles   recornmcncent. 

A  Tunis  ,  le  9  fructidor  an  8  de  la  république 
française  ,  ou  le  9  de  la  lune  du  Rebiel  aher  , 
de  l'hégire   mille  deux  cent  quinze. 

S-i^nés  ,  Hamonda  Pacha  et  Devoize, 

Le  citoyen  Devoize  a  en  même  tems  obtenu 
la  mise  en  liberté  de  tous  les  français  qui  étaient 
détenus  dans  les  états  du  bey.  i85  d'entre  eux  , 
pour  la  plupart  marins,  ont  été  embarqués  sur 
Un  navire  ragusain  ,  et  sont  arrivés  à  Toulon. 

Ce  commissaire  a  remis  au  bey  sa  nouvelle 
lettre  de  créance  ,  et  ce  prince  s'est  empressé 
d'adresser  au  premier  consul  une  réponse  dans 
laquelle  il  lui  marque  que  "  pour  se  conformer 
n  à  ses  désirs  ,  il  vient  de  mettre  fin  à  la  froi- 
5)  deur  qui  était  survenue  entre  eux  ,  qu'il  l'a 
5)  anéantie  entièrement,  et  l'a  changée  en  une 
»î  amitié  sincère  et  indicible.  " 

Le  bey  a  donné  pendant  le  cours  de  cette  né- 
gociation préliminaire  des  preuves  non  équi 
roques  de  son  ancien  attachement  pour  la  na- 
tion française  ,et  de  son  désir  sincère  de  conclure 
une  paix  définitive  et  solide  avec  la' république. 


— Par.ufl  arrêté  du  25-  vendemiai 
de  la  Gironde  a  fait  stJrseoir  à   la 
palais  Gallien  ,    monument    antique  ,   jusqu'à    ce 
que  le  gouvernement  "err  ait  concilié  la  conserva- 
tion avec  l'intérêt  des  acquéreurs. 

—  Ua  comédien  auquel  tout  le  monde  s'accor- 
dait à  reconnaître  un_  talent  très -distingué  , 
Lecouvreur  ,  est  mort  dernièrement  à  Bordeaux  , 
regretté  du  public  ,  dont  il  était  très-aimé  ,  et  de 
ses  camarades,  qui  le  regardaient  comme  un  père. 
Ils  ontious  assisté  à  son  enterrement,  et  ,  ce  qu'il 
y  a  de  particulièrement  remarquable  ,  c'est  que 
son  éloge  a  été  prononcé  par  Mole  ,  aujouid  hui 
le  plus  ancien  ,  et  sans  contredit  le  premier  des 
comédiens  français  ,  qui  en  ce:moment  se  trouve 
à  Bordeaux  ,  et  y  a  joi;è  le  rôle  de  Pormont  dans 
la  nouvelle  pièce  du  citoyen  Collin  d'Harieville , 
les  Mœurs  (itt  joiir.  Talma  ,  et  M"'  'Vanhove  ,  sont 
aussi  à  Bordeaux  en  ce  moment  ,  et  les  feuilles 
publiques  de  cette  ville  sont  remplies  des  éloges 
qu'on  leur  adresse,  parliculiéiémeni  à  Ta'lma  , 
(ians  le.<!  rôles  de  Vendôme  ,  de  Pharan  et  de 
Mjcbeth. 

—  On  écrit  de  Genève ,  en  date  du  34  vendé- 
miaire :  Notre  commune  vient  de  perdre  le  ci- 
toyen Samuel  Constant  .  auteur  du  Mari  senti- 
mental, de  Camille,  ou  Lettres  de  deux  filles  de  ce 
siècle  ,  des  Lettres  de  Laure  ,  de  plusieurs  comé- 
dies ,  et  de  quelques  ouvrages  de  morale.  Il  s  était 
allié ,  par  son  premier  mariage  ,  à  une  famille  de- 
puis long-teras  distinguée  dans  les  sciei>ces,  et 
dont  la  gloire  littéraire  s'accroît  chaque  jour  par 
les  travaux  de  deux  de  ses  membres ,  lis  citoyens 
Pictet,  rédacteurs  de  la  Bibliothèque  britannigue. 

Samuel  Constant  est  mon  à  71  ans  ,  estimé  de 
ses  concitoyens  ,  regretté  de  ses  amis  ,  et  laissant 
après  lui  la  réputation  méritée  d'avoir  réuni  à  un 
éminent  degré  les  vertus  sociales  ,  l'élévation  de 
lame  et  l'étendue  de  l'esprit.  Il  était  l'oncle  du 
citoyen  Benjamin  Constant  ,  membre  du  tri- 
bunal. 

—  Les  projets  de  colonnes  nationales  et  dé- 
partementales, sont  exposés  publiquement,  d'hier, 
dans  la  salle  des  séances  de  l'institut. 

—  Presque  tous  les  journaux  des  dèpartemens 
annoncent  que  ,  cette  année  ,  la  récolte  des  vins 
sera  peu  considérable  ,  mais  d'une  qualité  su- 
périeure. 

—  Il  est  naturel  que  le  grand  succès  d'un  ou- 
vrage nouveau  reporte  les  idées  vers  ceux  qui  ont 
antérieurement  paru  sur  le  même  sujet.  Les  Géor- 
giques  françaises  ont  fait  de  nouveau  rechercher 
le  poëme  des  Jardins  ,  les  Saisons  de  Saint-Lam- 

,1  bert,  les  Mois  de  Roucher.  Cette  occasion  était  I 
,  favorable    pour    annoncer   au  public    une  iroi-  I 
sieme   édition    du   poëme   de   l'Agriculture   par 
Rosset .   précédée   de  son  excellent  discours   sur  | 
la  poésie  géorgique-  Plusieurs  littérateurs  ont  paru  | 
ne   considérer  ce   poème    sur  l'agriculture    que  ) 
comme    un  traité  en  vers.  Le  sévère  et  judicieux 
Clément  s'en   était   formé  une  plus  haute   idée  , 
et  plus  d'une  fois  ,  dans  S'*s  observations  sur  les 
premières  Gèorgiques  de  Delille  ,  il  opposa  des 
morceaux  de  Rosset  à  quelques  passages   du  tra- 
ducteur de  Virgile.  Palissot    lui  rend   hommage 
en    ce   sens  ,    qu'il  le    considère    comme  ayant 
ouvert  dans  notre  langue  une  carrière  nouvelle 
à  la  muse  didactique.  Cet  ouvrage  se  trouve  chez 
Deroy  ,    libraire  ,'    rue  Hautefeuille   ;     l'édition 
qu'il  annonce  ,  est   ornée  d'une  belle  gravure. 


taire,  lepréfet,   GlyngetRutt^er,  no.ljJî^B'onîd-^^reV  ,^st^u^ 
démolition   du     setji|s  chargés  par  l'invemetix  délia  commissn 


—  Un  officier  du  génie  ,  nommé  Bouk  ,  a  pré- 
senté à  l'académie  royale  de  Copenhague  une 
machine  à  copier ,  de  son  invention  ,  par  laquelle 
on  peut  copier  à-la-fois  plusieurs  exemplaires 
d'un  manuscrit  et  dans  difiérens  formats. 

—  On  a  fait  à  Brunswick  un  excellent  café  de 
plantes  indigènes  ,  qui  ne  coûte  que  le  quart  du 
café  des  Indes.  La  manière  de  le  fabriquer  est 
encore  un  secret  que  le  fabricant  n'a  pas  dévoilé. 

(  Journal  du  Commerce.  ) 

—  On  prépare  en  Allemagne  un  ouvrage  qui  fera 
époque.  M.  Sonnenleilhner  va  faire  paraître  ,  à 
l'aide  des  célèbres  Adam  Serger  ,  Haydn  et  Sa- 
lieri  ,  une  Histoire  de  la  musique  en  monumens  en 
5o  volumes  in-folio,  de  5o  feuilles  chacun.  Cet 
ouvrage  coiitera  450  florins  (  isoo  fr.  )  M.  Son- 
nenleithner  voyage  à  présent  pour  recueillir  les 
matériaux  nécessaires  :  le  nombre  des  souscrip- 
teurs est  déjà  assez  considérable  pour  que  ,  l'an- 
née prochaine  ,  on  puisse  commencer  le  premier 
volume.  Il  contiendra  les  plus  anciens  chants  de 
l'égUse  ,  ceux  des  troubadours  ,   etc.  etc. 

—  Une  lettre  de  Cadix  ,  en  date  du  3  octobre , 
mentionnée  dans  une  autre  lettre  écrite  de  Bor- 
deaux le  26  vendémiaire  ,  annonce  que  l'èpidé- 
mie  ,  connue  sous  le  nom  de  vomito  prieto  (  vo- 
missement noirâtre),  diminue  sensiblement,  et 
q^ue  les  eraiates  soDt  entiérenient  c&ssées. 


Nous  trouvons  les  paragraphes  suiyans  dans  le 
journal  de  la  littérature  étrangère.  ■ 

—  M.  le  comte  de  Mussin-Puschkin  vient  d'in- 
venter une  nouvelle  méthode  de  forger  la  pla- 
tine ,  supérieure  aux  anciens  procédés.  Il  en  a  fait 
faire  des  essais  assez  satisfcsans  ,  en  présence  des 
commissaires  de  l'académie  de  Pétersbonrg  ,  et 
s'offre  de  communiquer  son  secret  pour  i5o livres 
de  platine. 

—  M.  Calissen  ,  professeur  à  Copenhague  ,  a 
lu  ,  dans  une  séance  de  la  société  royale  de  mé- 
decine ,  un  mémoire  ,  dans  lequel  il  cherche  à 
prouver  que  l'usage  extérieur  de  l'eau  bouillante  , 
produit  dans  les  inflammations  intérieures  un  ef- 
fet beaucoup  plus  prompt ,  plus  efficace  ,  et  peut- 
être  aussi  sûr  que  les  vésicatoires. 

—  Aussitôt  que  l'invention  du  télégraphe  fut 
connue  ,  on  en  adopta  l'usage  en  Suède  ,  pour 
indiquer  l'état  du  passage  de  Stockholm  en  Fin- 
lande ,  à  travers  leS  îles.  On  vient  d'en  construire 
un  nouveau  à  l'entrée  de  Marstrand  ,  qui  sera  d'un 
grand  avantage  pour  la  pêche  et  le  commerce. 

—  Le  docteur  J.  Barton,  à  Londres  ,  a  inventé 
une  méthode  démêler  l'air  vital  avec  le  vin,  en 
assez  grande  quantité  pour  en  faire  un  remède 
très-efficace  dans  toutes  espèces  de  fièvres,  d  af- 
fections nerveuses  et  de  grossesse.  Il  a  obtenu 
une  patente  pour  le  débit  de  ce  remède  ,  qu  il  ap- 
pelle vin  vital  (  vital  wine)  et  le  vend  en  bouteilles 
ordinaires  ,  à  raison  dé  5  schellings  9  deniers  cha- 
cune. Le  pr.  spectus,  qui  explique  les  effets  de  ce 
nouveau  remède  ,  se  distribue   gratis  chez  MM. 


13  sont 
fiar  linve&teur  deUa  ^om'mlssron  du 
débit  des  bouteilles. 

—  L.  Désormeaux  ,  à  Londres  ,  a  inventé  une 
poudre  d'encre,  qu'il  apptWe  poudre  d  encre  chimi- 
que du  Japon  ■,[ch.em\cz\  british  Jâp-àh  ink  and  ifik, 
powder  ).  Une  petite  dose  de  ççde  poudre  i,  mê- 
lée avec  de  l'eau,  donne  une  pipte  de  la  meil- 
leure encre  noire.  Un  petit  paquet,  contenant 
la  quantité  suffisante  pour  une  bouteille  ,  coûte  un 
schelling  ,  ou  en  bouteilles  déjà  préparées  ,  S  sous 
chaque.  S'adresser  entr  autres  à  Joseph  Barfoot , 
High-Street,  Norton-Falgale. 

4GTES     DU  tGOUVERNEHENJ. 

Rapport   du   ministre   de   la    police    générale  ,  aux 
consuls.  —  Paris  ,  le   i"  bUitmaire  .'an  9. 

Citoyens  consuls,     -   .,    ,    '■■,,:■, 

L'œil  vigilant  de  la  police  vous  avertissait,  il,y 
a  quelques  mois,  qu'une  poignée  de  misérables 
tramait  quelqu'atientat.  Ils  étaient  poussés  par  les 
I  ennemis  de  la  France.  Bientôt  après  les  papiers 
du  comité  anglais  ,  mis  sous  vos  yeux  .  vous  don- 
nèrent la  preuve  de  ces  trames  criminelles. 

Les  agens  de  ce  comité  ont  été  arrêtés  et  mis 
en  fuite. 

Le  gouvernement  n'a  pas  jusqu'ici  fait  juger 
l'afFaire  du  comité  anglais.  Ce  délai  a  été  com- 
mandé par  l'intérêt  de  l'état. 

Un  nouvel  attentat  s'est  ourdi.  On  a  pensé 
qu  en  frappant  le  premier  consul  ,;on  frappait  de 
mort  la  république,  ou  du  moins  qu'on  la  re» 
plongeait  dans  le  chjos.  

Seulement  ici  on  ne  retrouve  plus  la  tête  qui 
a  dirigé  le  bras  des  assassins.  Elle  s'est  cachée 
dans  le  nuage.  La  police  a  saisi  de  vrais  coupa- 
bles ;  il  avouent  leur  crime  ;  mais'  ce  ne  sont 
que  des  agcns  obscurs  qui  s'agitaient  sous  la 
poussière. 

Comment  croire  que  ce  fait  ne  se  rattache  pas 
à  une  cause  plus  puissante  ,  lorsqu'on  réfléchit 
que  dans  le  même  tems  son  horrible  succès  a 
été  calculé  dans  certaines  contrées  de  l'Eu.'ope  ? 

Cependant  je  me  garderai  d  aucunes  accusations 
indéfinies  et  illimitées  ;  quand  on  n'aime  que  la 
vérité,  quand  on  veut  ne  lépandre  que  la  lumière, 
on  doitaccuser  avec  précision,  et  seulement  lors- 
que les    preuves     convainquent. 

Jusqu'à  ce  moment  les  seuls  individus  arrêtés 
sont,  Ceracchi  ,  Deraerville  ,  et  Aréna.  Les  deux 
premiers  ont  révélé  tout  ce  complot  ;  ils  accusent 
Aréna  d'en  être  auprès  d  eux  le  fauteur  et  le  chef. 

Je  vous  propose  de  faire  traduire  au  tribunal 
criminel  de  la  Seine  ,  Aréna,  Ceracchi  et  Demer^ 
ville  ,  et  d'y  renvoyer  tous  les  interrogatoires  avec 
toutes  les  pièces  de  conviction. 

Tout  a  des  bornes.  Les  affections  géiiéreuse,» 
ont  les  leurs  aussi  ;  au-delà  de  ce  sentiment  des 
grandes  âmes  ,  est  la  faiblesse  et  l'imprévoyance  , 
comme  au-delà  de  la  nature  .  est  le  chaos. 

Le  ministre  de  la  police  générale.  Signé  ,  Foochç. 

Renvoyé  au  ministre  de  la  justice  pour  pourr 
suivre  l'exécution  des  lois  de  la  république  ,  à 
l'égard  des  individus  dèkiommés  dans  le  rapport 
du  ministre  de  la  police  générale  ,  et  de  leur» 
fauteurs  et  complices. 

Ce  s  brumaire  an  9  de  la  république  fran- 
çaise. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrélatre-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


MINISTERE  DE  LA   GUERRE. 

Le  2   brumaire   an  9. 

Le  ministre  de  la  guerre  est  informé  que  dans 
le  nombre  des  commissaires  des  guerres  main- 
tenus en  activité  ,  et  dont  la  destination  a  été 
changée  par  le  travail  fait  en  exécution  de 
l'arrêté  du  3  fructidor  dernier,  il  en  est  plu- 
sieurs qui  ,  au  lieu  de  s'empresser  de  se  rendit 
à  leur  poste  ,  comme  ils  auraient  dû  le  faire  , 
perdent  du  tems  à  solliciter  d'autres  résidetices 
que   celles    qui  leur  ont  été  données. 

Comme  ce  défaut  de  zèle  ,  de  la  part  des 
commissaires  qui  différent  de  se  conformer  aux 
ordres  qu'ils  ont  reçus  ,  est  préjudiciable  au 
service  et  contraire  aux  lois  et  à  la  discipline 
militaire  ,  le  ministre  prévient  les  commissaires 
en  activité  dans  l'intérieur  ,  que  ceux  d'entre 
eux  qui  ne  seront  pas  rendus  à  leur  destina- 
tion ,  le  l5  du  présent  mois  de  brumaire  .  seront 
censés  avoir  refusé  de  servir,  et  qu'il  sera  nommé 
de  suite   à  leuj  emploi. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Le  ministre  de  la  police  générale  ,  en  exécution 
des  arncles  VI.  VU  et  IX  ,  du  titre  III  ,  de  l'ar- 
rêté   des  consuls    du    28   veridemiaire   dernier. 


relatif  aijx  prévenus  dëmigraiion  ,  a  nommé 
pour  opérer  les  élirainaiions  prescrites  par  les 
dispositions  du  titre  i"^'  du  rnême  arrêié  ,  les 
citoyens  Deperrey  ,  Devilliers-du-Terrage  ,  Du- 
cho^al  .  Maurice  ,  Turgan  l'aîné',  Turgan  jeune, 
Viard  ,  Fallet  et  Lejay.  - 

Oes  citoyens  se  sont  rendus  au  ministère  de  la 
police  générale  ,  iramédiaicmenl  après  la  nod- 
fication  de  leur  nomination  ,  pour  se  concerter 
avec  le  secrétaire^i^néral  sur  le  mode  d'exécution 
de  l'arrêté  du  ï8  vendémiaire.  Ils  présenteront 
incessamment  au  ministre  le  résultat  de  leur 
travail. 


T 


RI     B     UN     A     T. 

Présidence  de  Crassous. 
SÉANCE    DU     2    BRUMAIRE. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal  ,  le  tribunal 
entend  celle  d'une  pétition  de  plusieurs  citoyens, 
par  laquelle  ils  demandent  que  tous  les  rera- 
PDursemens  faits  en  assignats  ,  soient  déclarés 
nuls.  Le   tribunat   passe    à  l'ordre    du  jour. 

Le  président  de  l'institut  national  écrft  au  tri- 
bunal,  pour  lui  demander  quel  jour  ,  il  désire 
entendre  le  compte  des  travaux  de  cette  société 
pendant  l'an  8. 

Plusieurs  membres  :  le  t6. 

.    JV' Il   est  nécessaire  avant  de  fixer  le  jour 

auquel  la  députation  de  l'institut  sera  admise, 
de  déterminer  d'abord  la  forme,  d'après  laquelle 
la  communication  qu'elle  à  à  vous  faire,  sera  reçue. 

La  commission  des  inspecteurs  ayant  plusieurs 
îapports  à  faire  du  comité  secret,  le  tribunat 
arrête  qu'il  traitera  en  même  lems  la  question  qui 
vient  dêire  élevée,  relativement  à  ses  communi- 
cations constitutionnelles  avec  l'institut. 

L'ordre  du  jour  appelle  un  second  scrutin  sur 
la  question  de  savoir  s'il  y  a  lieu  à  admettre  la 
dénonciation  faite  par  le  citoyen  Borel. 

•  Il  y  a  80  votans  ,  5?  membres  rejettent  la  dé- 
nonciation,  23  l'admettent  ;  en  conséquence  ,  le 
tribunal  passe  à  l'ordre  du  jour. 

On  procède  ensuite  au  renouvellement  du 
bureau.  Siméon  est  élu  président.  Les  secrétaires 
sont  :  Guinard  ,  Caillemer ,  Garry  et  Mongès. 

Le  tribunat  se  forme  en  comité  secret. 


^  -Il  y  n'y  a  pas  encore  vingt  ans  que  le  goût 
â  la  mode  était  dans  la  littérature,  comme  dans  ! 
le  monde  ,  de  vouloir  traiter  et  réunir  toutes  les  ' 
connaissances  dans  deux  ou  trois  petits 'volumes  ' 
qui  n'exigeaient  qu'une  semaine  de  lectures.  î 
Oii  s'imaginait  pouvoir  apprendre  les  sciences,! 
l'histoire,   la  philosophie   à  l'aide   de   ces  Encv' 

.   clopédies  de  poche  ,  qui    s'étaient   multipliées   soijs  ' 
tous  les  titres,  et  dans  tous  les  formais.  On  croyait! 
que  parce  que  l'entreprise  de  1  Encyclopédie  avait 
contribué   aux  progrès  des   ^eItres  et  des  études  ' 
solides,   ces  esquisses  élémentaires ,   ces  abrégés! 
en  quelques   feuilles  ,    pouvaient   la  suppléer  et  ! 
instruire  suffisamment  dans  la   connaissance  des  ! 
arts  ,  des  sciences  physiques  etïnorales  ;  ils  n'ont 
répandu  que  des    erreurs  et   de   faux  apperçus, 
semblables  à  ces  innombrables    traités   de  poli- 
tique,  que   l'esprit   de   parti  ou   l'ignorance   ont 
enfantés,   et  qui  n'ont   servi    qu'à  égarer  le  juge- ^ 
ment   des    lecteurs,    et    entraîner  des   désordres 
«dans  les  familles  ou  dans  la  société.  G  est  à  cette 
manie  de  vouloir  tout  savoir  ,    ou   un    peu   de 
tout  ,    qu'est  due  cette   médiocrité  de   talent  qui 
caractérisent  tant  d'ouvrages  élémentaires  qui  ont 
paru  depuis  quelques  années. 

Un  médecin  fait  un  traité  de  législation  oij  il 
offre  gravement  pour  modèle  à  "un  empire  de 
3o,ooo  lieues  quarrées,  les  formes  de  gouverne- 
metit  d'une  république  grecque  ou  de  sauvages  che- 
Tokées  ;   un  juri^consulte   disserte  sur  U  géogra- 

Îihie-physique,  et  dans  l'impuissance  de  juger  par 
ui-même  des  faits  dont  il  parle,  entasse  erreurs 
iur  erreurs,  et  donne  à  un  lecteur  iriattentif  ou 
peu  instruit  ,  comme  découvertes  nouvelles  ou 
vérités  reconnues  ,  des  inexactitudes  ,  des  chi- 
njeres  vingt  fois  réfutées  et  désavouées  de  ceux 
qui  connaissent  la  science  pour  l'avoir  étudiée. 
Cette  prétention  à  l'universalité  des  connaissances 
nuit  aux  progrès  de  chacune  d  elles  en  particu- 
lier ,  et  ne  donne  que  de  médiocres  sujets  dans 
l'exercice  des  fonctions  qui  supposent  des  éludes 
approfondies.  Il  en  est  des  sciences  comme  des 
arts  niaiiulacluriers  ;  c'est  à  la  division  du  travail 
qu'elles  doivent  leur   perfection. 

Celle  vériié  semble  prendre  faveur  depuis  qucl- 
<jue  itms.  Lamélior..tion  politique  semble  avoir 
influé  sur  les  travaux  de»  gens  de  lettres.  Un 
grand  nombic  parait  s'attacher  à  bien  savoir 
plutôt  qii  a  Sivoir  beaucoup  ;  on  veut  êire  mile 
a  son  payj  ,  coiicouiir  à  son  bonheur  ,  et  on  ne 
le  petit  comme  savant  ou  écrivain  ,  qù'rn  possé- 
<lant  à  lond  une  coHuaijsance  -(luelconquc. 


127 

,  C'est  à  cette  manière  de  voir  que  nous  devons 
les  traités  particuliers  qui  paraissent,  de  lems  à 
autre  ,  sur  diverses  parties  de  l'économie  poli- 
tique ,  des  arts  utiles  ou  des  sciences  exactes.  Ce 
ne  |sont  point  des  compilations  rédigées  sur 
d  autres  compilations  ,  mais  des  recueils  de  faits 
instructifs,  d'observations,  de  résultats  obtenus 
a  l'aide  du  calcul ,  de  l'expérience  ou  des  voyages. 
La  géographie  du  territoire  semble  ,  en  parti- 
culier, avoir  fixé  l'attention  de  plusieurs  hommes 
instruits  ,  depuis  que  le  ministre  de  l'inléiieur  a 
engagé  les  savans  de  toutes  les  classes  à  l'éclairer 
sur  cette  importante  partie  des  connaissances  a4- 
ministratives. 

Parmi  les   ouvrages   peu   nombreux  qui   peu- 
^^"'  '"^y'iplir  ce  but  ,  outre  ceux  que  nous  avons 
déjà  fait  connaître  dans   ce  journal  ,  nous    cite- 
rons encore  avec  éloge  l'Annuaire  du  déportement 
du  Bas -Rhin  ^  par  le  citoyen  Boitin  ,   ancien   se- 
crétaire  de  l'administration  centrale  ,   et   aujour- 
d'hui  sous-préfet  dans  le  même   département  ,  et 
la   Topographie  rurale  de  ta  partie  méridionale  'des 
depariemens  de  la  Manche  et  du  Calvados  ,  connue 
j  sous  le  nom  de  Bocage,  parle  cit. -Roussel  (i). 
I       Le   premier    de    ces  écrits   est  une   excellente 
I  et     corpplette     statistique     du     département    du 
Bas-Rhin,   un  des  plus   fertiles   et   des  plus  inté- 
1  ressans    de   la   France.  Etendue  territoriale  ,  po- 
pulation ,  culture  ,  prix  des  terres ,  productions  , 
industrie  ,  avec  détail  de   chaque  espèce  en  par- 
i  ticnlier ,  nombre   de  bestiaux  ,  mines,  travaux  et 
I  exploitation  des   mines  ,   commerce  ,  navigation 
j  intérieure  ,  tout  ce  qui  peut  instruire   et  éclairer 
I  sur  chacun  de   cesobjeis,  le    citoyen   Bottin    l'a 
[  traité  d'une   manière   simple  et  positive.  Il  nous 
'   semble  qu'on  ne    peut    pas    écrire    avec    tant    de 
.  connaissance  sur  des  objets  de  cette  nature  ,  sans 
avoir  des  qualités  essentielles  d'administrateur. 
L'ouvrage  du  citoyen  Roussel  a  un  mérite  du 
I  même  genre  ,  exactitude  ,  détails  ,  faits  positifs 
;  dont   l'auteur  s'est   assuré   pair   l'observation  sur 
1  les  lieux  mêmes. 

Le  Bocage  est  un  joli  petit  pays  de  la  Nor- 
I  mandie  ,  situé  aux  confins  des  départ«mçns  de 
'  l'Orne  à  l'est  ,  de  la  Mayenne  et  de  lllle  et  Vi- 
laine  au  midi  ,  de  la  mer  au  couchant,  de  la 
I  Manche  et  du  Calvados  dont  il  fait  partie  ,  au 
nord.  On  y  trouve  les  villes  de  Vire  ,  de  Condé- 
sur-Noireau,  de  Tinchebray  ,  de  Mortain  ,  de 
j  Granville,  de  Coutances  ,  de  Saini-Lô  ec  autres 
communes  jolies  ,  mais  moins  importantes.  Il 
contient  environ  5oo,ooo  âmes  sur  une  étendue 
quadrangulaire  d'environ  doiiie  lieties  en  un 
sens,  et  seize  dans  l'autre. 

Les  hommes  de  l'espèce  robuste  et  blanche  y 
vivent  jusques  dans  un  âge  très- avancé  ;  les  fem- 
mes y  ont  une  belle  carnation  ,  le  maintien  aisé  , 
la  phisionomie  spirituelle;  elles  sont  inlelligen- 
tes  ,  attachées  à  leur  famille  ;  elles  ont  en  général 
la  douceur  et  la  facilité  de  caractère  des  belles 
femmes.  En  elles  .  celte  dernière  qualité  n'ex- 
clud  nullement  l'eSprit  ;  ce  qui  ne  laisse  pas  d  être* 
assez  remarquable. 

Le  terrein  du  Bocage  contient  diverses  subs- 
tances min'érales;  des  granits,  beaucoup  de  mi- 
nes de  fer;  on  le  travaille  à  Xinchebray  et  aux 
environs  en  ouvrages  de  clouterie  ,  de  taillan- 
derie ,  de  grosse  serrurerie.  A  Ger  on  fond  du 
verre  ,  on  fabrique  de  la  poterie  ,  des  tuiles  , 
des  briques;  plus  de  cent  moulins  à  papier  sont 
en  pleine  activité  dans  la  vallée  de  Spurdeval  ;  les 
villes  de  Mortain  ei  d'Avranches  occupent  les 
jeunes  filles  à  faire  de  la  dentelle  ;  Vire  tient  une 
fabrique  de  draperie  ,  qui  vivifie  la  ville  et  les 
environs  ;  à  'Ville-Dieu  ,  l'on  fait  des  poêles  ,  des 
alembics  ,  des  casseroles  ,  et  toutes  sortes  d'us- 
tensiles en  cuivte  et  en  étain  ;  l'on  y  fond  des 
canons  ,  des  obusiers  ;  l'on  y  fabrique  des  mon- 
tures de  sabres,  des  boucles.  Il  y  a  de  bonnes 
tanneries  à  Condé-sur-Noirtau  et  à  Saint-Lô.  A 
Gavrai  ,  l'on  fait  des  t^mis  de  crin  et  l'on  blanchit 
les  toiles.  Coutances  et  les  environs  de  Canisi 
fournissent  des  siamoises  et  des  coutils  de  bonne 
qualité. 

Le»  travaux  de  la  culture,  dont  nous  aurions 
dû  parler  avant  ceux  de  l'industrie  ,  sont  pénibles 
dans  ce  pays.  Il  y  faut  trois  mois  pour  y  défricher 
la  terre,  pleine  de  joncs  ,  de  tiihimales,  de  fou- 
gères ,  de  geneis  ,  avant  de  recevoir  la  semence 
du  sarrazin.  Cette  graine  dotine  dpuze  pour  un  ; 
mais  les  frais  de  culture  absorbent  le  bénéfice. 
La  seconde  année  on  semé  du  seigle  sur  la  terre 
qui  a  produit  le  sarrazin  ,  et  la  troisième  du  fro- 
ment. Ces  dernières  semences  donnent  en  produit 
quatre,  quatre  et  demi  pour  un.  Les  jachères  ont 
lieu  dans  le  Bocage.  Ce  sont  de  véritables  fri- 
ches qui  ,  pendant  trois  ans  qu'elles  durent  , 
couvrent  la  terre  de  joncs  ,  de  fougères  ,  de 
g'.nets  ,  qui  rendent  ensuite  le  labour  très-pé- 
nible. 

Les  prairies  ne  donnent  qu'une  coupe  par 
année;  elle  se  fait  vers  la  fin  de  messidor;  la 
terre  dit  Bocage  est  froide  et  lente  à  produire. 
Les  cultivateurs  entendus  sèment  du   trèfle  et  de 


la  vesce  dans  les  bonnes  terres  ,  au  lieu  de  les 
laisser  dans  une  jachère  absolue.  Les  fruits  sont 
pour  te  Bocage  la  partie  la  plus  importante  ;  le 
poiré  et  le  cidre  Sont  un  objet  de  commerce 
utile  ;  Saini-Malo  et  Granville  en  tirent  beaucoup 
en  tems  de  paix  ;  on  y  l'ait  aussi  de  l'huile  de 
faine  ,  de  chenevi  ,  de  lin  ;  le  miel  y  est  roux 
et  d'une  bonne  qualité  ;  les  hollandais  viennent 
en  cherchera  Saint-Malo  ,  où  des  marchands  le 
vendent:;  on  en  fait  un  excellent  hydromel  qui 
devient  vineux  par  la  fermentation  ;  la  cire  va  au 
Mans,  où  elle  est  blanchie  et  convertie  en  bougie. 
On  ne  lait  point  de  fromages  dans  ce  pays  ;  inais 
d'excellent  beurre. 

Le  citoyen  Roussel  entre  dans  des  détails 
fort  iniéressans  sur  la  réparation,  l'entretien  et 
la  confection  des  routes,  des  communicaiions 
par  eau  et  par  terre  dans  le  Bocage  ;  ce  qu'il 
en  dit  mérite  toute  l'aliention  des  auioriiés  pu- 
bliques des  départemens  dont  le  Bocage  fait 
parue.  On  ne  saurait  trop  recommander  aux 
adminisirations  locales  ,  et  aux  préfets  des  dé- 
partemens, de  semblables,  ouvtages  ;  ils  'ne 
peuvent  qiie  leur  donner  des  lumières  sur -une 
multitude  de  faiis  qui  leur  éch:.ppent  ,  et  les 
mettre  par-là  à  même  de  seconder  les  vues  blen- 
fesantes  du  ministre  et  du  gouvernement. 
Peuchet. 


Voyage  en  Grèce  de  Scrofani  ,  sicilien  ,  fait  en 
1794  et  1795  ;tradu,t  de  l'italien  parj.  C.  Blanvil- 
lain;avec  une  car'e  générale  de  laGrece  ancien^ne 
et  m(>derne  ,  et  dix  tableaux  du  commerce  des 
îles  dites  vénitiennes  .  de  la  Morée  et  de  la  Romélie 
j  méridionale  ,  3  vol.  in-S". 

A  Paris  et  Strasbourg  ,  chez  Treuttel  et  Wurlz  , 
libraires  ,   quai  de  VolTaire  ,   n"  2. 

Une  foule  d'excellens  écrivains  nous  ont  déjà 
fait  voyager  dans  la  Grèce  an'ique  et  moderne  , 
et  toujours  on  lésa  suivis  avec  un  nouveau  plai- 
sir ,  quoique  tout  parût  avoir  été  dit  et  vu  avant 
eux.  Anacharsis  ,  Anténor .  P5  ihagore  ,  etc.  ont 
été  lus  avec  la  même  avidité  ,  après  Choiseul  , 
Leroy  ,  Stuard  ,  etc.  et  nous  avons  cru  voir  pour 
la  première  fois  les  objets  qu'ils  nous  ont  préseniés. 
Voici  un  nouveau  guide  à  qui  les  âmes  sensibles 
au  sentiment  du  beau  et  du  grand  ,  vont  devoir 
de  nouvelles  jouissances-  M.  Sctofani  ,  sicilien  , 
a  voyagé  dans  toutes  les  parties  de  laGrece  avec  ■ 
des  commissions  du  sénat  de  Venise  ,  qui  voulait 
connaître  l'état  du  commerce  et  de  l'a^iriculture 
du  Levant.  Ce  voyage  dura  cinq  années  ,  et  M. 
Scrofarii  vit  tout  en  homme  déjà  familiarisé 
avec  l'antiquité  et  avec  lout  ce  qui  iniére.ise  les 
art»  :  il  rendait  compte  de  ses  découvertes  et  de 
ses  sensations  aux  amis  éclairés  et  nombreux  de 
l'un  et  l'autre  sexe  qu'il  avait  dans  les  différentes 
parties  de  l'Italie  ,  ei  le  recueil  de  ces  lettres 
publié  dans  ce  p-ays  ,  eut  le  plus  grand  succès. 
Le  citoyen  Blanvillain,  avantageusement  connu 
par  d'autres  tracluctions  ,  vient 'aujourd  hui  d'eu 
enrichir  notre  littérature. 

La  Sicile,  si  riche  en  d'autres  genres,  a  pTe.u 
de  voyageurs  :  nous  n'en  connaissons  pas  avapt 
M.  Scrofani  ,  qui  aient  visité  la  Grèce  ,  et  ce- 
pendant les  siciliens  semblent  ,  plus  que  les 
atitres  peuples  ,  devoir  en  apprécier  les  beautés  : 
nés  dans  un  climat  plus  analogue  à  celui  de  ce 
beau  pays  :  élevés  au  milieu  des  reste,  imposans 
de  ces  monumens  antiques:  doués  d'une ,  ima- 
gination vive  et  brûlante  ,  ils  auraient  dû  précé- 
der tous  les  peuples  dans  ces  courses  sa- 
vantes. 

M.  Scrofani  vient  d'acquitter  cette  dette  natio- 
nale ,  et  il  le  fait  d'une  manière  à  nous  dédom- 
mager du  silence  de  ses  compatriotes.  Ses  lettres 
sont  aussi  intéressantes  qu'instructives  ;  il  peint 
l'état  actuel  de  la  Grèce;  il  décrit  tout  ce  qui 
reste  des  monumens  de  son  ancienne  splendeur  ; 
il  n'omet  rien  de  ce  qui  peut  instruire  et  piquer 
la  curiosité  ;  quand  on  a  lu  ses  lettres,  on  recon- 
naîtra la  Grèce  ancienne  et  moderne  ,  comme  si 
on  y  avait  voyagé  soi-même. 

M.  Scrofani  montre  dans  cet  ouvrage  Une  éru- 
dition profonde  ,  mais  embellie  par  une  sensi- 
bilité exquise  ;  tout  est  chez  lui  image  et  senti- 
ment. C'est  le  Sterne  de  1  Italie  ,  travaillant  sur 
un  fond  plus  riche;  cet  ouvrage  sera  du  pait 
nombre  de  ceux  que  le  savant  consulte,  que  les 
femmes  admettent  dans  leur  bibliot'heque  choi- 
sie, que  le  père  lit  à  ses  enfans  et  l'instituteur 
à  ses  disciples ,  pour  exciter  en  eux  l'enthoii7' 
siasme  delà  vertu,  de  la  gloire  et  des  arts.  Le, 
style  varie  comme  les  sentimens  que  l'auteur 
exprime  ,  comme  les  tableaux  qu'il  présente, 
^u'on  lise  les  lettres  sur  les  rhermopyles,  sur  les 
jeux  olympiques  ,  celles  sur  le  Parnasse,  sur  Hé- 
lice ,  sur  Athènes,  etc.  on  verra  que  l'auicur 
se  plie  à  tous  les  tons  s  et  sait  allier,  si  l'on  veut 
se  servir  de  cette  comparaison  ,  la  vigueur  de 
Michel-Ange  aux  grâces  de  I  Albaiie. 

Il  est  dillicile  de  faire  passer  dans  une  autre 
langue  certaines  beauiés  de  style  ,  et  cette  déli- 
catesse   de   sendment    et    d'expression    qui    sont 


(1)  Cet  excellent  petit  iait  ne  ironvc  à  Paris ,  cheï  Huzaïd ,  I  pour  ainsi  dire  nationales  ;  les  auteurs  qui  se  sont 
m«  de  l'Epcr«n,  .juariic»  André-dts-Avcs.  Prix,»  f.  b» ceiu./    '  distingués  parce  genre  de  mérite  ,  sont  ceux  qui 


ïoiis  le  moin*  à  portée  d'être  appréciés  par  les 
étrangers.  Sierne  ,  si  pifjuant  en  anglais  ,  perd  une 
facile  de  sî.n  prix  dans  iiotie  langue  :  les  éiran- 
i'.crs  ne  siisisseru  pas  une  foule  de  beautés  de 
,4iol\e  Laloniaine. 

>Novis  devons  avouer  que  les  lettres  de  Scrofani 
. approchant' du  genre  du  sentimental  Jouriiey  ,  ne 
seront  paiFaiicmcnt  connu  .s  que  de  ceux  qui 
lisent  l'iuMen  :  on  en  retrouvera  les  traits  princi- 
paux, diius  sa  traduction -,  mais  il  a  été  impossible 
<au  traducteur  de  rendre  sa  physionomie  et  son 
coloris.  Cepétldat^i',  telles  qu'elles  sont ,  ces  lettres 
Seront  .toujours  un  ouvrage  original  qui  place 
'auteL;r  au  rang  des  meilleurs  écrivains  italiens. 

•  Le  troisième  volume  ne  perdra  rien  de  son 
mérite  en  passant  dans  notre  langue  :  il  est  enlié-, 
rement  consacré  à  ce  qui  regardi.-  le  commerc«  et 
l'agriculture  des  échelles  Vénitiennes  ,  de  la 
Morée  et  de  l.iRomplic  méridionale.  Rien  de  ce 
que  ces  objeis  offrent  d'intéressant  n'est  omis  par 
l'auteur;  U;s  mémoires  sur  la  culture  des  oliviers 
de  Corfou  ,  sur  le  raisin  de  Corinthe  ,  sur  le  tabac, 
ne  laissent  rien  à  désirer.  On  trouvera  ,  dans  ce 
volume,  des  tableaux  sur  le  commerce  ,que  toutes 
les  nations  de  l'Europe  regarderont  comme  pré- 
cieux dans  celte  parue  de  1  économie  politique  ; 
ils  supposent  dons  lauteur  un  travail  et  des  re- 
cherches immenses.  Cet  auteur  fait  espérer  de 
pareils  tableaux  sur  tout  le  commerce  du  Levatit. 
Ceux  qu'il  nous  offre  dans  sonS'^  volume,  le  ren- 
dent Un  ouvrage  classique  qui  doit  eue  recherché 
par  tous  ceux  qui  s'occupent  de  commerce  et 
d'écoucmie  politique.  F. . . . 


Théâtre   de  lOpéra  comiq_ue. 

Pour  avoir  l'argent  dont  ils  ont  besoin  ,  Tcniers 
et  Kembraut  annoncent  une  vente  après  décès  ,  et 
les  Etourdis  d'Andrieux  imaginent  de  mettre  en 
ligne  de  compte  Us  frais  de  sépulture  et  ceux  du 
luminaire. 

Pour  obtenir  un  accueil  favorable  à  la  maison 
paicinelle  , /eî  Voyageurs  d'Armand Gharlemagne, 
mentent  comme  des  gens  venant  de  loin  ,  et  em- 
pruntent sur  la  route  un  carosse  ,  auquel  ils 
doivent  les  reœercîmens  que  Sedaine  adressait  à 
son  habit. 

Une  passion  subite  arrête  à  Auxerre  les  voya- 
geurs que  Picard  mettait  en  route  pour  Rome  , 
et  les  force  à  exercer  leur  imagination  et  leur 
adresse. 

L'auteur  du  Vrisonnier  ,  le  citoyen  Dilval  ,  dont 
on  a  l'habitude  devoir  les  ouvrages  reposer  sur 
un  fond  agréable  et  comique  ,  vient  aussi  de  nous 
tracer  le  portrait  de  deux  jeunes  voyageurs  qui  se 
trouvant  au  dépourvu  ,  emploient ,  pour  trouver 
à.  dîner  ,  autant  d'esprit  qu'il  en  faudrait  pour 
lier  la   plus  forte  intrigue. 

L'oncle  de  l'un  d'eux  ,  riche  négociant  à  Bor- 
deaux, les  appelle  en  cette  ville  :  il  désire  attii^er  près 
de  lui  son  neveu  qui  se  fait  poëte,  et  l'ami  de  ce 
dernier  qui  est  musicien  :  il  veut  les  arracher  au 
commerce  des  artistes,  et  leur  inspirer  le  goût 
des  affaires. 

Jouir  des  plaisirs  d'un  voyage  entrepris  sous 
les  auspices  de  la  gaîté ,  déclamer  ses  vers,  fre- 
donner ses  romances,  et  s'enrichir  en  idée  des 
recettes  futures  qu'on  attend  de  l'opéra  qui  est 
encore  en  portefeuille  .  tout  cela  est  agréable  , 
sans  douie-,  mais  ress'enlir  un  vif  appétit  est  natu- 
re! ,  et  alors  ,  se  trouver  sans  argent  et  triste  , 
telle  est  la  position  des  nouveaux  étourdis ,  Versac 
et  Dermont. 

Sur  une  maison  d'assez  belle  apparence  ils 
apperçoivent  une  affiche  ,  et  ces  mots  à  vendre; 
sonner,  appeller  du  monde,  se  présentera  la 
maîtresse  du  logis  ,  se  donner  du  crédit  en 
déclinant  le  nom  d'un  oncle  qui  en  a  beau- 
coup, s'introduire  dans  la  maison,  la  visiter, 
l'acheter  ,  passer  le  contrat,  et  recevoir  un  goûter 
champêtre  ,  tout  cela  est  pour  le  jeune  'Versac 
l'affaire  d'un  moment. 

Rencontrer  un  propriétaire,  voisin  de  la  maison, 
juif  de  son  pays,  usurier  de  son  état,  et  très- 
jaloux  de  l'acquisition  qui  vient  d'être  faite  ;  le 
menacer  de  lui  masquer  sa  vue  par  des  peu- 
pliers ,  de  détourner  les  eaux  que  ses  prés  reçoi- 
vent ,  le  déterminer  à  payer  80  mille  francs  ce 
que  Versac  a  promis  de  payer  60  mille  ,, em- 
ployer les  vingt  raille  francs  de  pot  de^  vin, 
à  doier  son  ami  ,  qui  dans  la  nièce  et  la  maîiresse 
de  la  maison  a  retrouvé  l'amante  qu'il  cherchait, 
tout  cela  est  encore  pour  1  adroit  voyageur  l'af- 
faire d«  peu  d'instants. 


IS28 

Tel  est  le  fond  de  ce  léger,  mais  tièj-:igréa_bl« 
ouvrage  ;  on  voit  que  le  ciioytu  Duval  a  dû  être 
plus  heureux  en  annonçant  sa  maison  à  vendre  que 
sa  maison  du  marais.  Celle-ci  n'a  pas  démenti 
son  tiire  ,  elle  est  testée  assez  déserte;  mais 
la  première  a  paru  plaire  à  tout  le  monde.  Ce 
n'est  pas  que  1  idée  principale  soit  décidément 
originale  ,  et  qu'elle  appartienne  en  propre  à 
l'aineur;  ce  n'est  pas  que  beaucoup  de  jeux  de 
scène  ne  soient  imités ,  même  quant  au  dialcigue; 
ce  n'est  pas  que  toutes  les  situations  soient  vrai- 
semblables, et  sur-tout  dans  les  convenances; 
ce  n'est  pas  encore  qu'trn  grand, fond  de  moraliié 
règne  dans  l'ouvrage  :  un  trait  fort  commun  a  la 
bourse  peut  n'être  pas  d'un  très-bon  exemple  au 
théâtre  :  mais  il  faudrait  affecter  un  rigorisme  bien 
sévère  ,  et  se  décidera  proscrire  bien  des  ouvrages 
tiès-comiques  ,  si  oi;i  ne  fermait  les  yeux  sur  de 
tels  défauts  ,  en  faveur  de  l'agrément  répandu  sur 
le  principal  rôle,  de  la  vivacité,  du  naturel  et  du 
ton  piquant  qui  règne  dans  le  dialogue.  Toutefois 
l'auteur  a  peut-être  abusé  d'un  moyen  plaisant,  mais 
qui  cesse  de  l'être  si  on  ne  le  ménage  avec  art, 
celui  qui  consiste  à  rendre  son  dialogue  comique 
par  des  contre-vérités  que  la  situation  permet 
aux  divers  personnages  i  les  premières  excitent 
le  rire;  prodiguées  ,  elles  fatiguent  par  leur  mo- 
notonie. Quelques  jeax  de  mots  sont  aussi,  dans 
l'ouvrage  ,  des  taches  qu'il  est  aisé  de  faire  dis- 
paraître, si  toutefois  ils  sont  déplacés  dans  la  po- 
sition ,  et  vu  le  caractère  des  personnages. 

La  musique  est  du  citoyen  Daleyrac  dont  l'ex- 
trême fécondité  est  toujours  un  nouveau  sujet 
d'étonnemenl.  Cet  ouvrage  est  tout  entier  com- 
posé à  la  manière  italienne.  On  reconnaît  que 
l'auieur  a  sacrifié  partout  au  désir  d'i'-'iiti  le 
caractère  et  l'origînaliié  des  opéras  bouffons. 
Peut-être  a-t-on  à  regretter  que  ce  procédé  ait 
altéré  en  lui  cette  fraîcheur  ,  cette  pureté  de 
chant  et  cette  vérité  d'expression  qui  ont  fait 
le  charme  de  tant  d'ouvrages  dûs  à  son  agréable 
talent.  Nous  ne  l'avons  pas  reconnu  dans  la 
romance  chantée  par  Dermont  :  le  duo  entre 
les  jeunes  amans  ïie  sera  pas  non  plus  placé 
parmi  ses  meilleurs  productions  ;  mais  on  citera 
long-tems ,  comme  dignes  des  maîtres  de  l'Italie  , 
la  dernière  partie  de  sa  finale  ,  et  sur-tout  le 
beau  duo  entre  les  vovageurs  ,  chef-d'oeuvre  dans 
le  genre  bouffon  ,  qu  Elleviou  et  Martin  exécuteni 
avec  une  précision  et  une  méthode  qu'on  croyait 
jusqu'ici  le  partage  exclusif  des  chanteurs 
it.tliens.  S. . . . 


Guillon  d'Assas ,  ahcien  jurisconsulte  ^  au  rédacteur 
du  Moniteur.  —  Faris  ,  le  26  vendémiaire  an  9. 

Citoyen  ,  en  reh'dant  compte  dans  votre  n°  du 
s3  vendémiaire,  gg  9,  de  mes  réflexions  sur  l'étude 
de  la  jurisprudence  romaine  ,  vous  avez  sans 
doute  attaché  à  cette  faible  production  ,  et  à  la 
personne  de  son  auteur ,  plus  d'importance  qu  ils 
ne  le  méritent.  Cependant ,  l'intérêt  que  vous 
avez  eu  la  bonté  d'y  mettre  m'engage  à  vous 
faire  part  d'une  observation  sur  une  sorte  de 
reproche  que  vous  me  faites  de  n'avoir  pas  dis- 
cuté la  question  de  savoir  jusqu'à  quel  point 
les  chaires  actuelles  de  législation  peuvent  ré- 
pandre la  connaissance  du  droit  romain.  J'avais 
à  prouver  la  nécesité  de  rétablir  l'enseignement 
spécial  et  «x^rç/'êiio  de  ce  droit  dans  ses  sources. 
Il  m'a  suffi  ,  à  ce  qu'il  me  semble  ,  pour  dé- 
montrer cette  nécessité  ,  que  d'une  part  il  fût 
notoire  et  constant  qu'aucun  des  professeurs  de 
législation  n'est  chargé  de  cet  ensignement  spé- 
cial ,  et  que  d'un  autre  côté  il  demeurât  avéré 
que  cet  enseignement  spécial  est  la  clef  de  toute 
jurisprudence;  que  sans  cet  enseignement  spé- 
cial ,  sans  les  études  sérieuses  et  opiniâtres 
même  qui  doivent  l'accompagner  et  en  être  le 
la  suite  ,  il  est  impossible  d'acquérir  celte  pers- 
picacité .  cet  esprit  d'ordre  et  d'analyse,  ce  coup- 
d'œjl  philosophique ,  cette  familiarité  qui  naît 
de  la  difficulé  vaincue  ;  de  voir  en  un  mot 
se  former  le  vrai  jurisconsulte  ,  homme  d'état  . 
dont  j'ai  tâché  d'esquisser  le  portrait.  La  juris- 
prudence romaine  exige  une  instruction  exclu- 
sive puisée  dans  les  texies  originaux.  Ce  sont 
ces  textes  qu'il  faut  , 

Nocturnâ  versare  manu  ,versare diurnâ; 

Ce  sont  ces  textes  que  le  grand  d'Aguesseau  , 
au  milieu  même  de  ses  plus  iinporlantes  occu- 
pations ,  avait  sans  cesse  à  la  main.  Sans  se 
jeter  dans  la  dhcussion  de  la  méthode  de  cha- 
cun des  professeurs  de  législation  ,_  aux  talens 
desquels  je  me  suis   d'ailleurs  plu   à   rendre  un 


hommage  public  ,  on  peut  bien  être  coijvîinci» 
(jue  jusqu'à  présent  tel  n'a  poirit,  été'le  but  de 
leurs  leçons  .  '    '  '"     , 

Permeitcz  encoie  ,.  cjtoy'pn  ,.  que  j'îje  ,l'hon- 
rieur  de  vous  faire  remarq.uieç .  que;,  les;  cô,ri,- 
férences  et  consullaiions  gratuites  offre.nt  deux 
objets  disiincts.  Les  conférences,  doivent  pré? 
senter  aux  jeunes  gens  une  instruct  on  métho; 
dique,  qu'ils  ne  irouveraient  pas  duos  la  sirnpje 
assistance  aux  consuliations. 

Salut  et   fraternité.,    ;  ,,,.    ,.,  (,,,.ii.  •,: 

GtJiLLON  d'Assas,  rvie  Saint-Hyacinthe,  tf^ôSS, 

P.  S.  Je  vous  prie  de  vouloir  bî éïr'îtrsBfï'î^'n a 
lettre  dans  votre  journal  ,  si  vous  jygez'jc^u'elle 
puisse  mériter  d'y  trouver  place. 


A    V    1    S> 

Quatre  milliers  d'ormes  d'échantillon  ,  de  7  à 
8  pouces  de  tour  ,  de  toute  beauié  ,  propres  à 
faire  avenue  ;  à  i  fr.  25  c.  pied.  —  Mêmes 
arbres,  de  6  pouces  de  tour  ;  à  i  fr.  — Trois 
milliersde  beaux  châtaigniers,  haute  lige  ,  propres 
à  foire  avenue  ou  verger;  à  i  fr.  q5  c.  pied.  — ■ 
Trois  milliers  de  pommiers  à  cidre  ou  égrin  ,  de 
7  pifds  de  lige  très-droite  ;  à  i  fr.  25  c.  pied. — 
Tiois  milliers  de  peupliers  d  Italie  ou  de. Suisse, 
depuis  iSjusqu'à  trente  pieds  de  haut  ;  de  75  c. 
à  I  fr.  5o  c.  —  Assortiment  d'arbres  à  fruii  pour 
les  potagers,  vergers  et  espalliers  ;  à  difïérens 
prix.  —  Aibres  à  fleurs  ,  arbrisseaux  à  fleurs  , 
arbres  toujours  verts,  comme  pins,  sapins, 
épines;  de  10  à  12  fr.  le  mille.  —  Saule  pleureur  , 
(  ou  de  Babilonne  )  ,  plantes  de  chêne  pou:  le* 
bois  ,  plantes  de  vigne  de  Fontainebleau,  fram- 
boisiers ,  groseilliers  de  plusieurs  espèces  et 
saisons. 

S'adresser  au  citoyen  Alfroy .  artiste-pépinie- 
riste  ,  à  Lieursaint  ,  département  de  Seine  eÇ 
Marne. 

LIVRES     DIVERS. 

Orphanis  ,  tragédie  en  cinq  actes  et  en  vers  , 
représeniée  pour  la  i'^  fois  sur  le  Théâtre  des 
Tuileries  .  par  les  comédiens  français,  le  samedi, 
25  septembre  1778;  par  Blin  de  Sainmore.,  Nouv. 
édition  revue,  corrigée,  et  conforme  aux  deux 
dernières    représentations  ;    prix    i    fr.  5o  cent. 

A  Paris  ,  chez  l'auteur ,  rue  des  Francs-Bour- 
geois St.-Michel  ,  n°  i33,  et  Bernard,  libraire, 
quai  des  Augusiins. 

COURS     DU     CHANGU. 

'^Bourse  du  2  brumaire. 

à   3o  jours.       I  à  oo  jours. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


'89T 

4  fr.  90  c. 
14  fr.70  c. 

4fr.  90  c. 
14  fr.  40  c. 

4  fr.    7  c. 

5  fr.  12  c. 


Effets  ptiblics. 

Rente  provisoire 23  fr.  l3 

Tiers  consolidé 36  fr.  5o 

Bons  deux  tiers ,  1   fr.  68 

Bons  d'arréragé 86  fr.  5o 

Bons  pour  l'an  8 92   fr. 

Syndicat 79  fr-  5o 

Coupures.  . 79  fr.  5o 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republkjue  et  des  Arts. 
Auj.  relâche. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'htii 
la  6'  repr.  d'une  Journée  de  Câlinât  ou  le  Ta- 
bleau ,   opéra  nouveau,  et  Sophie  et  Moncars. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  le  Mur  mi- 
toyen ,   et  Honorine. 

Théâtre  des  JEUNES  ÉLEVÉS,  rue  deThionville. 
Auj.  U  petit  Mercier;  le  Marché  de  Philis ,  et  le 
Bosquet. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  l'Enfant  du  mystère  ,  pant.  grand  spectacle  ; 
la  Mort   de  Turenne  ,    et  l'heureux   (Quiproquo. 


L'abounsmcni  !C  fait»  Paris,  rue  des  Poiievins ,  n»  iS.  Le  prix  cit  de  45  ftaocs  pour  trois  moU,  5o  friBc»  pour  six    mois,  et    100   francs   pour  l'amiée  entière.  On   ne 

('abonne  qu  »u  comraeucement  de  cbaqnc  mois. 

llfailladresserlestcuiesctl'argenl,  franc  déport, aucit.  ACASSE,  propriéiaite  de  cejournal,.ruedes  Poitevins, n«   18.  Ilfautcomprendre    dans   les   envois   le  port    dei 

pav.  où  l'on  ne  peut  affrancliir.   Les  lettres  des  ùepartemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 
iUaul  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté  ,  de  charger  celles  qui   venfermentdes  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  qui  d 
Poitevins      n°  i3,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cii  j  heures  du  soit: 


tie  la  rédaction  de    la  feuille  ,    aii  rédacteur  , 


A  Paus,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agisse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  u"  i3. 


\Li 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


JV"  34. 


Qiiartidi  ,    4  brumaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  préve::ir  nos  souscripreurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  !e   Mo  ni  T  EU  a  es:  le  seul  journal  ojjiael. 
11  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemetii  ^  les  nouvelles  des   armées .  ainsi   que  hs  faits  et  les  notion 
-.^'inrérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles, 
/     Un  arùcle  sera  particulièrement  consacré   aux   sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


s  tant  si.r 


EXTERIEUR. 

ESPAGNE. 

Du  port  Réale  ^  fc  1 5  vendémiaire. 

XjA  flotte  du  général  Keilh  a  mouillé  quelques 
jours  entre  le  ïeuian  et  Ceuta.  Le  n,  elle  a  levé 
l'ancre  et  s'est  portée  en  ordre  de  balaiUc  entre 
C^dix  et  Saini-Pieiri. 

Le  12  ,  elle  est  entrée  dans  la  baie  de  Cadixjus- 
qu'à  la  pointe  de  Rotia. 

Cette  floue  est  composée  de  14  vaisseaux  , 
18  frégates  et  90  transports.  On  juge  qu'elle  peut 
porter   18,000  hommes. 

Le  i3  et  le  14  ,  la  flotte  a  tenu  la  même  position 
et  paraissait  se  préparer  à  un  débarquement  entre 
Rotia  et  le  port  Ssint-Mars. 

Les  espagnols  sont  prêts  ,  leurs  troupes  sont  en 
mouvenieni  et  tout  est  dans  la  plus  grande  acii- 
viié.  Le  gouverneur  ne  dort  pas  et  fait  toutes  ses 
dispositions.  Le  fort  Saint-Sébastien  est  confié  à 
un  homme   expérimenté. 

Les  anglais  ont  envoyé  deux  parlementaires 
pour  (iemander  de  l'argent  et  les  vaisseaux 
mouillés  dans  la  baie  ;  ils  n'auront  point  d'argent  , 
point  de  vaisseaux  ,  et  ils  ne  débarqueront  pas 
plus  qu  ils  ne  font  fait  à  Livourne  ,  à  Belle- 
Isle  ,  Etc.  ;  et  s'ils  débarquent,  ils  seront  reçus 
comme  Bernadoite  les  a  reçus  cette  année  à 
Çtuibeton  ,  et  comme  Brune  les  a  reçus  l'année 
dernière  en  Baiavie. 

Le  ministère  anglais  paraît  avoir  adopté  une 
nouvelle  tactique  de  guerre  continentale.  Ses 
armées  embarquées  sont  par-tout,  hormis  oti 
elles  pourraient  être  utiles  à  son  allié.  Il  menace 
à-la-fois  de  faire  diversion  en  débarquant  en 
Batavie  ,  en  Bretagne  ,  en  Provence  ,  en  Espagne  , 
et  par-là  il  ne  donne  aucune  inquiétude. 

L'empereur  peut  se  flatter  d'avoir  un  allié  bien 
utile. 

Au  reste  ,  s'ils  ont  voulu  accoutumer  leur 
armée  de  terr*  à  la  mer,  ils  y  ont  bien  réussi; 
car  depuis  un  an  ces  malheureux  fantassins  entassés 
sur  des  bâtimens  ,  convoyent  et  courrent  des 
bordées  dans  I  Océan  et  dans  la  Méditerranée  ; 
cela  peut  s'appeller  l'art  de  jetter  son  argent 
à  la  mer,  et  de  manger  quatorze  cent  millions 
noblement. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  1 7  octobre  (  25  vendémiaire.  ) 

Adresse  et  pétition  présentée  au  roi  par  le  tord  maire  , 
etc.  au  nom  de  la  cité  de  Londres. . 

Très-gracieux  souverain  , 

Nous  ,  les  très-soumis  et  fidèles  sujets  de  votre 
majesté  ,  les  lord-maire  ,  aldermen  ,  et  membres 
de  la  comriune  de  Londres  ,  assem'olés  en  conseil 
général ,  approchons  de  votre  trône  humblement 
tt  consternés  ,  pour  représenter  que  chaque  classe 
tles  sujets  de  V.  M.  ,  et  plus  spécialeiîient  celle 
du  pauvre  laborieux  et  industrieux,  éuroiiivent 
dans  ce  moment  une  extiérae  détresse  ,  occa- 
sionnée par  le  prix  excessif  du  pain  et  des  autres 
articles  nécessaires   à  la  vie. 

Dans  ces  circonstances  si  alarmantes  ,  votre 
siajcsié  peut  demeurer  assurée  que  vos  fidèles 
citoyens  de  Londres  ,  constans  dans  leur  attache- 
ment à  la  personne  et  au  gouvernement  de  votre 
majesté  .  et  dans  leur  confiance  en  cette  heureuse 
constitution  sous  laquelle  nous  vivons  ,  ont  dé- 
joné  ti  conti/iuiront  à  déjouer  toute  entreprise 
tendante  à  exciter  des  troubles  que  rien  non- 
seulement  ne  sautait  justifier  ,  mais  qui  ne  feraient 
qu'accroître  et  prolonger  la  calamité  présente  ;  et 
qu  ils  encourageront  de  tous  les  efforts  de  leur 
ïele  ,  et  par  leur  exemple,  l'obéissance  générale 
et  passive  aux  loi-,  s  en  renictiani  unicjuement 
à  la  législature  ,  assistée  de  la  divine  providence, 
du  som  de  soulager  leurs  maux  ,  et  espérant  en 
même  icms  des  sentimens  paternels  de  votre 
majesté  pour  votre  peuple,  qu'elle  concourra  de 
lou!  son  pouvoir  à  opérer  cette  fin. 

Nous  supplions  donc  irés-humbhment  votre 
majctlé  de  vouloir  bien  convoquer  le  plutôt 
possible  voire  patUment  ,  à  l'effet  par  lui  de 
prendic  les  mesure»  cjue  sa  sagesse  lui  suggé- 
leia  ,  comme  les  plus  propres  à  terminer  les 
jouiîliances  ,  et  à  pourvoit  aux  besoins   de  votre 


peuple  ,  et  par-là  ,  à   lui  conserver  la  possession 
des  biens  dont  il  a  joui   long-tems  sous   lé  gou- 
vernement gracieux  et  doux  de  votre  majesté. 
(  Extrait  du  Sun.  ) 

L'empereur  de  Russie  a  rendu  un  ukase  ,  qui 
ordonne  rétablissement  d'une  Colonie  de  dix 
rnille  hommes,  dans  la  Sibérie,  vers  les  fron- 
tières de  la  Chine.  Elle  doit  êire  composée  de 
soldats  licentiés  et  de  personnes  condamnées  au 
bannissement.  Le  gouvernement  s'engage  à  bâtir 
d'abord  deux  mille  maisons  ,  et  à  fournir  tous 
les  grains  nécessaires  pour  18  mois.  Chaque  colon 
sera  exempt  de  taxe  pendant  dix  ans.  Un  des 
objets  avoués  de  cet  éiablissement  est  d'augmen- 
ter les  communications  commerciales  entre  la 
Russie  et  la  Chine. 

De  nouveaux  troubles  ont  éclaté,  il  y  a  quel- 
ques jours  ,  à  Oxford.  Les  séditieux  parcourent 
les  principales  rues  en  se  livrant  à  tous  les  excès 
de  la  révolte  ;  brisant  les  lanternes  et  les  fenêtres 
des  maisons  de  différens  particuliers.  Un  des 
membres  les  plus  respectables  de  l'université  ,  le 
révérend  docteur  Cooke  fut  atteint  d'une  pierre 
à  la  tête.  Le  maire  ,  accompagné  de  MM.  'Westôn 
et  Parsons  ,  mai.;istrats  de  cette  ville  ,  et  suivi 
d'un  nombre  considérable  de  citoyens  ,  se  trans- 
porta ,  à  la  première  nouvelle  du  tumulte  ,  sur  le 
lieu  de  la  scène  ;  on  parvint,  à  force  d'exhor- 
tations ,  à  appaiser  les  esprits.  Deux  des  plus 
mutins  ont  été  arrêtés. et  conduits  en  prison.  Le 
lendemain  ,  la  communauté  a  offert  une  récom- 
pense de  vingt  gainées  à  quiconque  arrêterait 
quelques  chefs  de  la  sédition. 

Il  a  été  reconnu  ,  dans  un  rapport  du  comité 
des  subsistances  à'  la  maison  commune,  que  la 
cherté  excessive  des  denrées  de  première  néces- 
sité devait  être  ailiibuée  en  grande  partie  au 
système  que  les  gros  fermiers  ont  adopté  de 
vendre  en  masse  le  prodi^it  de  leurs  laiteries.  Il 
résulte  de  là  que  les  marchands  ne  mettent  sur 
le  marché  qu'autant  de  beurre  ,  de  fromage,  etc.  , 
que  leur  imérêt  personnel  l'exige.  Les  consom- 
mateurs ,  dégoûtés  par  le  prix  des  denrées,  au- 
quel ils  ne  peuvent  atteindre  ,  sont  forcés  de 
se  condamner  a.ux  privations  les  plus  pénibles. 
Le  comiié  des .  subsistances  a  déclaré  que  si  le 
gouvernement  ne  se  hâtait  pas  d'employer  quel- 
ques mesures  énergiques  pour  réprimer  un  pa- 
reil désordre,  il  était  impossible  de  calculer  oii 
s'arrêterait  la  cherté  toujours  croissante  des  den- 
tées les  plus  nécessaires  à  la  vie. 

Avant  cette  déclaration  du  comité  ,  le  lord 
maire  avait  exposé  ,  qu'après  les  troubles  qui 
avaient  eu  lieu  un  mois  auparavant,  il  était 
assez  naturel  d'être  jlarmé  au  .  plus  léger  symp- 
tôme de  désordres  :  que  depuis  le  moment  oii 
il  avait  présidé  la  dernière  assemblée  ,  il  n'avait 
rien  appris  qui  pût  lui  causer  de  l'inquiétude  , 
qu'il  se  serait  abstenu  d'entretenir  l'assemblée 
dun  sujet  aussi  trisie  ,  si  une  agitation  consi- 
.dérable  ne  s'était  manifestée  la  veille  dans  la 
cité.  Plusieurs  officiers  de  police  de  son  voi- 
sinage avaient  donné  ordre  aux  corporaiions 
militaires  d'assister  l'autorité  civile.  Ils  avaient 
été  déterminés  à  cette  mesure  par  un  avis  que  leur 
avait  fait  parvenir  le  secrétaire-d'etat ,  qui  les 
prévenait  que  des  troubles  étaient  sur  le  point 
d'éclatter.  Le  lord  maire  fit  observer  à  l'assemblée 
que  cet  avis  atlressé  aux  officiers  de  police  ne 
lui  avait  pas  été  envoyé. 

(  Extrait  du  Sun  et  du   Times.  ] 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le   3   brumaire. 

Le  général  Clarke  annonce  que  M.  de  Cobentzel 
est  arrivé  à  Lunéville,  le  2  ,  à  quatre  heures  et 
demie,  aptes  midi.  —  Il  a  été  reçu  au  bruit  de 
vingt-un  coups  de  canon. 

—  Le  général  Lahorie  conversant  avec  M.  de 
Lehrbach  et  M.  le  feld-maréchal  Lauer,  aux 
avant-postes  de  l'armée  française  ,  pendant  que 
l'on  rédigeait  la  cot>vention  de  Hohenlindeu , 
parlait  du  peu  de  dignilé  qu'il  y  avait  pour 
une  grande  nation  de  se  mettre  ,  pour  faite  la 
guerre  ,  à  la  solde  d'une  puissance  étrangère. 
Comment  reprit  un  autrichien  ,  S.  M.  I.  n'est  à 
la  solde  de  personne.  —  Mais  vous  recevez  des 
subsides  de  f  Angleterre.  —  Non  ,  reprit  vivement 
M.  de  Lehrbach  ,  c'est  un  enjprunt.  —  Oui  , 
repliejua  froidein«.nt  le  général  Lafiorie  ,  vous 
eu   payez  l'inléiêt  avec  des  jambes  et  des  brjs. 


—[Nous  sommes  auiorisés  à  publier  les  picccs 
suivantes  : 

Le  citoyen  Lagarde  ,  secrétaire-général  des   consuls  y 

nu  citoyen  Bonaparte  .  premier  consul. Varis  , 

le  1  brumaire,  an  9  de  la  république. 

CiTOVE.N    PREMIILE.  CONSUL, 

Un  procès  suscité  au  ciioytn  Groslevin  mon 
beaii-frere  ,  par  les  citoyens  Périez  et  G.a!iot,a 
servi  de  préicxic  à  ces  dernieis  pour  portée 
une  pljinte  contre  moi,  et  inonder  le  public 
de  libelles  et  de  placards  calomnieux.  Je 
n'ai  par  ciu  devoir  entrer  en  discussion  avec 
des  hommes  à  qui  toute  idée  de  décence  pa- 
raissait étrangère  :  j'ai  osé  penser  que  quarante- 
cinq  annties  d'une  vie  probe  me  garantiraient 
dans  l'esprit  des  hommes  sages,  des  aiteintis 
qu'on  voulait    me   porter. 

Aujourd'hui  desjugemens  ont  répondu  pour  moi 
en  prononçant  sur  les  difficultés  de  tout  génie 
auxquelles  j'ai   été    en  butte. 

La  plainte  des  citoyens  Péries  et  Graliot  a  été 
réprouvée  par  une  ortlonn.ince  du  juge  de  paix  , 
par  les  conclusions  du  commitsaire  du  gou- 
vernement près  le  directeur  du  jury  ,  par  l'ordon- 
nance définitive  de  ce  directeur  de  jury  ,parunrap- 
du  ministre  de  la  justice  ,  par  un  avis  de  la 
section  de  législation  du  conseil-d'éial  ,  par  une 
décision  de  ce  conseil,  enfin  par  un  ariêié  des 
consuls. 

L'affaire  civile  qui  ne  me  concernait  pas  ,  hiais 
seulement  mon  beau-frere.  et  dans  laquelle  la  pas- 
sion seule  des  cit.  Peries  ei  Graliot  fesaii  intervenir 
mon  nom,  cette  affaires,  après  avoiréié  solennelle- 
ment plaidée  dans  trois  audiences  successives,  vient 
aussi  d'être  jugée  par  le  tribunal  de  commerce,  et 
le  ciloyen  Giattot  qui  restait  seul  en  cause  par 
la  mort  du  citoyen  Péries  ,  a  été  condamné  sur 
tous  les  points. 

Daignez  permettre  ,  citoyen  consul,  qu'après 
avoir  rais  sous  vos  yeux  ces  divers  jugemens  et 
décisions  ,  ainsi  que  les  oûservaiions  que  j'ai 
réiligées  dans  le  tems  pour  le  conseil-d'éiat  ,  j'en 
fasse  le  dépôt  dans  les  archives  du  gouverne- 
ment ,  pour  attester,  dans,  tous  les  tems,  l'in- 
justice des   calomnies  dont  j'ai  éié  l'objet. 

Salut  et    respect.  Signé,   Lagarde.   ■ 

Ordonnance  du  juge  de  paix. 

Nous  Frédéric  Marie-Michel  Fariau  ,  juge  de 
paix,  officier  de  police  judiciaiie  de  la  division 
de  l'Homme-Armé  ,  à  Paris  ,  dépariement  delà 
Seine  ; 

Vu  l'information  faite  par  nous  ,  les  2  ,  3  et  6 
messidor  ,  présent  mois  ,  sur  les  faits  portés  aux 
plainte  et  addition  de  plainte  rendues  pardevant 
nous  les  l5  ,  16  et  17  floréal  dernier,  par  les 
)  cit.  Graliot  et  Péries  ,  propriétaires  en  partie  du 
Journal  des  Défenseurs  de  la  Patrie  ,  contre  le 
cit.  Lagarde  ,  secrétaire-général  des  consuls  de  la 
république  ; 

Considérant  que  sur  la  première  partie  de  la 
plainte  relative  à  la  suspension  Au  Journal  des 
Défenseurs  de  la  patrie  .  arrivée  le  16  germinal 
dernier,  cette  suspension  a  été  l'effet  d'une  me- 
sure du  gouvernement ,  commune  audit  journal 
et  3  d'autres  journaux  ,  tels  que  le  Bien-Informé 
et  celui  des  Hommes-Libres;  quil  ny  a  pas  de 
fondement  à  accuser  le  cit.  Lagarde  d'avoir  provoqué 
ou  sollicité  cette  suspension;  que  si  en  raison'de 
l'intérêt  que  son  beau-frere  ,  le  cit.  Groslevin  , 
avait  dans  ce  journal  ,  le  gouvernement  a  con- 
senti qu'il  reparût,  mais  soLis  la  responsabiliié  du  cit. 
Lagarde,  ce  dernier  a  pu  faire  ,  avec  les  co-in- 
léressés  audit  journal  ,  tels  arrangemens  qu'il  a 
cru  convenables  aux  intéiêis  de  son  l)eau-frere', 
sans  que  ces  arrangemens  puissent  donner  lieu  à 
aucune  action  extraordinaiie  contre  is  citoyen 
Lagarde  ;  .■        . 

Que  sur  la  seconde  partie  de  la  plainte  relative 
aux  faits  qui  se  sontpassésie  i5  flotéal  dernier,  ces 
faits  sont  matériellement  étrangers  au  cit.  Lagarde  , 
et  ne  pourraient  donner  lieu  à  poursuites  contre 
lui  ,  comme  ayant  sollicité  et  obtenu  les  ordres 
mentionnés  aux  dites  plaintes  ,  qu  autant  que  ces 
mêmes  ordres  reconnus  illégaux  (i)  auraient  été 
déclarés  tels  et  annullés  ,  et  qu'il  aurait  été  décidé 
qu'il  y   a   lieu  à   poursuite   contre  leurs  auteurs. 

Nous  disons  quil  ny  a  pas  lieu  à  suivie  contre 
ledit  citoyen  Lagarde  sur  les  charges  lésultantes  des 
dites  plaintes  et  information. 


(  1  )  Ce  considérant  hypMiliqitc  et  la  p;irtie  île  rurilonn.lncc 
y  relative  ont  ilé  iufirinès  par  le  directeur  du  jury.  Voyez  ccj 
deux  piccc!»  ci-apres.  Voyez  encore  le  rapport  du  ministre  de  Ja 
justice,  et  la  dccisioll   du  coaticil-d*CL.it    iili  cet  objet. 


iSo 


Considérant,  »n  ouWe,  que,  quoique  les  Kellés, 
dont  il  est  question  dans  l'instruction  ,  ayeiit 
«lé  apposés  sur  un  cabinet  qui  paraît  avoir 
îei-vi  plus  particulièrement  à  serrer  le  bois  destiné 
à  la  consommation  du  citoyen  Gratiot ,  néan- 
moins ce  cabinet  fait  partie  de  la  location  géné- 
rale de  l'imprimerie  Gratiot  et  compagnie;  que 
ce  cabinet  a  été  désigné  au  commissaire  de  po- 
lice par  les  citoyens  Gratiot  et  Flament ,  pour  y 
renfermer  lesdits  papiers  lors  de  l'apposition  des 
scellés; 

Nous  disons  que  t  opération  faite  dans  lannit  du  i5 
foréal  dernier  n'est  point  dans  la  circonstance  une 
violation  de  domicile. 

Mais  attendu  que  les  ordres  dont  il  s'agit ,  et 
tout  ce  qui  s'est  ensuivi  ,  ont  eu  pour  objet 
d'enlever  et  de  faire  passer  dans  les  mains  du 
citoyen  Lavallée  ,  acquéreur  des  treize  seizièmes 
dudil  journal  ,  les  papiers  ,  adresses  et  repsires 
en  dépendans;  que  quelque  juste  que  pût  être  le 
droit  du   citoyen  Lavallée  , 

Les  plaignans  prétendent  : 

Que  les  difficultés  qui  pouvaient  s'élever  entre 
lui  et  ceux  desco-iniéressés  audit  journal  .  déten- 
teurs desdils  registres,  adresses  et  papiers,  ne 
devaient  être  réglées  qu'à  l'amiable  .  ou  devant 
les  juges   ordinaires  ; 

Que  l'enlèvement  des  objets  composant  la  pro- 
priété dudit  journal ,  fait  de  hauie  lutte  ,  en  \  eriu 
d'uiH  ordre  du  préfet  de  police  d'entre  les  mains 
de  telui  qui  en  était  le  dépositaire  et  le  conser- 
vateur, en  conséquence  de  la  transac'ion  du  i8 
germinal  an  8  ,  est  une  atteinte  aux  droits  de 
propriété;  que  sous  ce  point  de  vue  l'ordre  du 
préfet  de  police,  signé  Dubois,  en  date  du  i5 
floréal  an  8,  et  transciit  dans  la  plainte  ,  ainsi  que 
ceux  dont  il  pourrait  être  la  suite  ,  sont  incons- 
titutionnels et  dans  le  cas  d'être  annullés  ,  con- 
formément à  l'article  XXI ,  et  d'après  les  disposi- 
tions des  articles  LXXII  et  LXXV  de  la  consti- 
tution  de  l'an  8  ; 

Nous  disons  que  la  procédure  ,  au  nombre  de 
s3  pièces  .  y  compris  l'information  et  la  présent? 
ordonnance  de  nous  cotées  et  paraphées,  seri 
transmise  au  citoyen  ministre  de  la  justice,  poui 
en  être  par  lui  référé  au  gouvernement,  et  être 
par  les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil- 
d'état  ou  le  tribunat ,  statué  ce  qu'il  appartiendra 
sur  les  ordres  dont  il  s'agit. 

Fait  à  Paris  ,  en  notre  bureau  ,  ce  g  messidor 
an  8  de  la  république  frança  se  une  et  indivisible. 
Signé,  Fariau. 

Conclusions  du  commissaire  du  gouvernement  pris 
le    directeur   du  jury. 

Vu  les  pièces  du  procès ,  et  notamment  la  déci- 
sion provisoire  du  juge  de  paix  des  autres  pans  , 
attendu  quil  n  existe  contre  le  citoyen  Lagarde  au- 
cune inculpation  de  délit  prévu  par  les  lois  ; 

Je  requiers  que  la  décision  du  juge  de  paix  ,  en 
ce  qu'elle  porte  :  qu'il  ny  a  pas  lieu  à  suivre  contre 
ledit  citoyen  Lagarde  ,  sur  les  charges  résultantes  des 
plaintes  et  informations  ,  soit  déclarée  définitive. 

En  ce  qui  touche  la  deuxième  partie  de  ladite 
décision  provisoire  ,  attendu  qu'elle  a  pour  objet 
l'examen  et  la  discussion  ci'ordres  administratifs 
émanés  d'agens  du  gouvernement  ,  et  relatils  à  la 
surveillance  générale  dont  ils  sont  chargés  ,  et 
que  les  pièces  du  procès  ne  présentent  à  cet  égard 
aucune  prévention  de  délit  déterminée  contre 
lesdits  agens  : 

Je  requiers  que  ladite  décision  provisoire  soit 
infirmée  dans  sa  deuxième  partie. 

Fait  au  parquet  ,  le  l'^  fructidor  ,  an  8  de  la 
république  française  une  et  indivisible. 

Signé  ,  Petit. 
Ordonnance  définitive  du  directeur  du  jury. 
Vu  par  nous  Jean-Baptiste  Legras  ,  juge  du 
tribunal  de  première  instance  et  l'un  des  direc- 
teurs du  jury  d'accusation  du  département  de  la 
Seine  ,  les  plaintes  et  déclarations  des  citoyens 
Gratiot  et  Péries  ,  contre  le  citoyen  Lagarde  ,  en- 
semble les  informations  et  pièces  d'instruction 
subséquente  .  notamment  la  décision  provisoire 
rendue  par  le  juge  de  paix  de  la  division  de 
l'Homme-Armé  ,  sur  cette  affaire  ,  le  g  messidor 
dernier  ; 

Vu  aussi  les  conclusions  du  commissaire  du 
gouvernement  ,  dont  nous  adoptons  les  motifs  , 
lious  confirmons  la  première  partie  de  cette  décision 
provisoire  ,  relative  au  citoyen  Lagarde,  et  portant 
qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  suivre  contre  lui  sur  les  charges 
résultantes  des  plaintes  et  informations  ;  en  consé- 
quence ,  nous  disons  qu'en  cette  partie  ladite 
décision  provisoire  sera  définitive  ;  à  l'égard  de  la 
seconde  partie  ,  relative  aux  ordres  émanés  des 
agens  du  gouvernement  ,  dont  le  juge  de  paix  a 
induement  discuté  et  caractérisé  la  nature  et  les 
effets  ,  nous  infirmons  ladite  décision  provisoire 
dans  la  seconde  partie  qui  concerne  les  agens  du 
gouvernement. 

Fait  à  Paris,  en  notre  cabinet  ,  au  palais  de 
justice  ,  ce  i"^  fructidor  ,  an  8  de  la  république 
française   une  et  indivisible. 

Signé,  Legras. 


Extrait  du  rapport  fait  aux  consuls  de  la  républi- 
que ,  par  le  ministre  de  la  justice  ,  le...  thermidor 
an  8. 

Citoyens  consuls  ,  le  juge  de  paix  de  la  section  i 
de  I  Homme-.'Vrmé  ,  ma  transrais  une  plainte  ' 
faite  devant  lui  par  les  citoyens  Gratiot  et  Péries, 
propriétaires  en  partie  à\i  Journal  dis  défenseurs 
de  la  Patrie,  et  dirigée  contre  le  cit.  Lagarde,  secré- 
taire-général des  consuls.  L'objet  de'  celte  plainte 
•sont  des  ordres  donnés  par  le  préfet  de  police, 
en  vertu  desquels  les  livres  d'abonncmens .  les 
adresses  et  autres  papiers  concernant  ce  journal, 
ont  été  enlevés  et  transportés  nuitamment  ch;  z 
le  préfet  de  police.  Le  juge  de  paix  m  a  transmis 
les  pièces  ,  pour  en  être  par  moi  référé  au  gou- 
vernement ,  tt  être  par  les  consuls  de  la  républi- 
que .  le  conseil-détat  ou  le  tribunat  ,  statué  ce  quil 
appartiendra  sur  les   ordres  dont  il  s'agit. 

Il  paraît 

On  ne  voit  donc  dans  la  plainte  de  Gratiot 
et  Péries  que  l'effet  du  ressentiment  et  de  l'hu- 
meur ;  la  conduite  du  préfet  et  du  ministre  de 
Il  police  ne  -présente  que  les  opérations  qui 
devaient  accompagner  la  suspension  d'un  journal 
suspect,  on  n'y  trouve  ni  vexation  ni  acte  illégal. 
Je  pense  donc  que  c'est  le  cas  ,  pat  les  consuls, 
de  déclarer  qu'il  n'y  a  lieu  à  statuer  sur  le  renvoi 
fait  devant  eux  par  le  juge-de-paix  de  la  section 
de  l'Homme-Armé. 
Salut  et   respect , 

Le  ministre  de  la  justice  , 

Signé  ,  Abrial. 

Extrait  des  registres    des  délibérations  des   consuls 
de  ta  république. 

Paris ,  le  i8  thermidor,  l'an  8  de  la  république 
française. 

CoN  seil-d'état; 


pxtrait  du   registre  des  délibérations.  —  Séance  du 
i8  thermidor  an  S  de  la  république. 

Décision(i). 
Le  conteil-d'éiat  , 
Vu  le  rapport  du  ministre  de  la  justice  sur 
le  renvoi  à  lui  l'ait  par  le  juge  de  paix  de  la  section 
de  l'Homme-Armé  ,  à  Paris  ,  département  de  la 
Seine,  deson  ordonnance  du  g  messidor  dernier  , 
sur  une  plainte  des  citoyens  Gratiot  et  Péries 
contre  le  citoyen  Lagarde,  seciéiaire-général 
des  consuls  : 

Dit  qu'il   n'y  a  lieu  à   délibérer  sur  le  référé 
du  juge  de  paix. 
Pour  extrait   conforme  , 
Le  secrétaire-général  du  conseil-d'état. 

Signé ,  J.   G.  LocRÉ. 
Approuvé. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-aétat ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 

Jugement  du  tribunal  de  commerce. 

.\V     NOM      DE     LA     RÉPUBLIQUE     FRANÇAISE  , 
UNE      ET      INDIVISIBLE. 

Le  tribunal  de  commerce  du  département  de 
la  Seine  ,  séant  à  Paris  ,  a  rendu  le  jugement 
dont  la  teneur  suit  ; 

Considérant  i"  qu'il  résulte  de  l'article  XIV  de 
l'acte  de  société  du  28  du  mois  de  pluviôse  an  4, 
que  lors  de  la  dissolution  de  la  société  ,  ledit 
citoyen  Groslevin  a  '  droit  de  reprendre  non- 
seulement  les  deux  tiers  à  lui  appartenans  dans 
les  presses  et  caractères  mentionnés  en  l'article  VI 
dudit  acte  ,  et  en  l'article  IX  de  l'inventaire  qui 
en  a  été  fait,  sans  en  payer  aucune  valeur  ,  comme 
lui  appartenant ,  mais  encore  toutes  les  augmen- 
tations qui  auraient  été  faites  depuis  en  presses  , 
caracierei  et  autres  ustensiles  ,  dans  le  cours  de 
la  société  ,  et  enfin  tout  l'établissement ,  en  fesant 
valoir  à  chacun  de  ses  co-associés  le  prix  desdites 
augmentations, d'après  une  évaluation  à  l'amiable 
ou  par  expert; 

2°.  Que  l'acte  de  vente  fait  le  21  du  mois  de 
frimaire  an  S  ,  audit  citoyen  Péries ,  par  ledit 
citoyen  Groslevin,  de  ses  quatre-  septièmes  dans 
l'entreprise  ,  et  celui  de  vente  fait  le  9  germinal 
suivant ,  audit  citoyen  Gratiot,  par  ledit  citoyen 
Péries  ,  de  son  septième  ,  et  des  quatre  septièmes 
du  citoyen  Groslevin  ,  se  trouve  anéanti  et  absolu- 
ment annullé  par  la  contre-lettre  dudit  citoyen  Perics 
audit  citoyen  Groslevin,  par  la  procédure  qui 
a  précédé  la  dernière  vente  ;  mais  sur-tout  par 
l'acte  signé  par  quatre  associés  le  18  du  même 
mois  ,  par  lequel  les  citoyens  Gratiot  et  Péries 
se  sont  désistés  purement  et  simplement,  sans 
aucune  restriction  ,  de  l'acte  de  vente  fait ,  le  9 ,  par 
Péries  à  Gratiot ,  et  enfin  que  toutes  les  parties 
ont  consenti  à  ce  que  l'acte  de  société  du  28 
du/mois  de  pluviôse  an  4  ,  reçût  son  exécution 
et  son  entier  effet. 

3°.  Que  l'oft'ie  faite  le  17  du  mois  de  germinal 
par  la  lettre  du  citoyen  Lagarde  audi{^  citoyen 
Gratiot  ,  de  s'en  rapporter  a  des  arbitres  ,  n'ayant 
pas  été  acceptée  dans  les  24  heures  de  la  récep- 

(i)  Cette  décision  est  conforme  à  TaTis  de  la  section  de 
lésiilatioD  du  con|geil.d*ctatr  qui  a  présenté  la  rédaction  adoptée. 


tion  de  lailite  lettre  {condition  e'xpresse  «oui 
laquelle  était  faite  cette  offre  )  il  s'en  est  suivi 
que  ledit  citoyen  Gratiot  a  préféré  s'en  tenir  à 
son  désistement,  par  l'option  qu'il  en  avait, 
d'après  le   contenu  de  ladite  lettre. 

4°.  Que  le  citoyen  Çratiot  est  -mal  fondé  à 
venir  opposer  aujourd'hui  à  l'acte  sous  seing pripé  , 
par  lui  souscrit  le  18  du  mois  de  germinal  avec  ses 
trois  co-associés  ,  des  protestations  qu'il  a  faites  le 
même  jour  contre  ledit  acte  ,  en  l'étude  du 
citoyen  Rameau  ,  notaire  ,  et  de  prétendre  s'en 
faire  relever  ,  comme  s'il  était  mineur  ,  ou  qu'il 
eût  été  tenu  en  charte  privée  et  violenté  pour  le 
signer  ,  ce  que  dans  ce  dernier  cas  il  n'aurait  pas 
manqué  de  manifester  aussitôt  en  signifiant  à  sps 
associés  lesdites  protestations,  quil  a  au  coti- 
traire  gardées  dans  le  silence  le  plus  profond  , 
en  exécutant  depuis  ,  comme  il  l'a  fait  ,  cet  acte 
contre  lequel  il  avait  protesté  ;  que  d'ailleurs  ,  si 
la  justice  admettait  une  pareille  prétention  d'un 
majeur  qui  a  signé  et  consenti  librement  un 
acte  relatif  à-  un  objet  mobilier  ,  il  s'ensuivrait 
qu'il  n'y  aurait  rien  de  certain  ef  aussi  d'invariable 
dans  les  transactions  ; 

5°.  Que  la  so'iété  se  trouve  dissoute  défait 
entre  lesdites  parties  p^r  le  décès  du  citoyen 
Feriez  ,  l'un  de  ses  membres ,  arrivé  en  fruclidpt 
dernier  ,  et  qu'il  en  résulte  que  le  citoyen 
Groslevin  est  fondé  de  réclamer  l'exécution  de  l'ar- 
ticle XIV  de  l  acte  de  société. 

6°.  Enfin  ,  que  le  jugement  en  référé  du  tribu- 
nal civil  n'a  fjit  autre  chose  que  maintenir  pro- 
visoirement ledit  citoyen  Gratiot  dans  la  posses/- 
sion  de  l'imprimeiie  jusqu'à  ce  que  ledit  tribu- 
nal de  commerce  ait  jugé  le  fond  de  la  contes- 
tition  qui  lui  est  soumise  ; 

Le  tribunal  ,  sans  s'arrêier  au  déclinatoire  pro- 
,  posé  par  le   citoyen  Giatioi .  et  stituant  sur  l'op- 
position dudit  citoyen  Gratiot  aujugtment  rendu 
par    défaut  contre    lui   le    14   du    présent  mois, 
ordonne  qu'il  sera  exécuté  ,    mais  seulement  en 
I  ce  qui  n'y  est  pus  contraire  dans  le  présent  juge- 
ment. En  conféqucnce  ,  déclaré  définitivement  nuls 
et  de  nul  effet  les  actes  de  vente  du  2 1  du  mois  dejri,- 
!  maire  an  8  ,    et  du  ^   germinal  suivant ,  met   les 
I  parties  au  même  et  semblable  état  où  elles  étaient 
avant  lesdits  actes  ; 

Ordonne  que  l'article  XIV  de  l'acte  de  société 
du  28  pluviôse  an  4,  sera  exécuté  selon  sa  forme 
et  teneur  ;  en  conséquence  ,  autorise  le  citoyen 
Groslevin  à  se  mettre  en  possession  de  tous  les 
objets  qui  composent  l  établissement  de  ladite  société , 
aux  charges  et  conditions  imposées  par  ledit  ar- 
ticle ,  d'après  une  estimation  à  l'amiable  ,  ou  par 
experts  ,  et  ordonne  que  les  parties  procéderont 
I  de  suite  à  ladiie  évaluation  à  l'amiable,  sinon 
par  experts  qu'elles  nommeront,  et,  à  défaut, 
qui  seront  nommés  d'office  par  ledit  tribunal  , 
lesquels  ne  procéderont  point  à  l'estimation  de 
ceux  desdiis  objets  qui  ,  aux  termes  de  l'ait.  VI 
dudit  acte  de  société  ,  appartiennent  pour  les  deux, 
tiers  audit  citoyen  Groslevin,  et  pour  l'autre  liei;s 
au  citoyen  Flament  ,  qui  ne  sont  pas  tenus  deji 
fournir  aucune  valeur  à  leurs  co-associés  ;  àjair.t 
la  remise  de  la  totalité  desdits  objets  dudit  établis- 
sement ,  sera  ledit  citoyen  Gratiot  et  tous  autres 
dépositaires  contraints ,  quoi  fesant ,  il  en  seront 
bien  et  valablement  déchargés. 

Et  à  l'égard  du  compte  demandé  au  citoyen 
Gratiot  ,  en  sa  qualité  de  gérant  ledit  établisse- 
ment ,  ordonne  qu'il  sera  tenu  de  ,  rendre  ledit 
compte  ,  et  de  procéder  à  la  liquidation  générale  et 
définitive  de  la  société  ,  devant  les  arbitres  que 
les  parties  seront  tenues  de  nommer  dans  trois 
jours  de  la  signification  du  présent  jugement  ,  si- 
I  non  nommés  d'office  ;  à  1  effet  de  quoi  toutes  les 
pièces  nécessaires  à  l'appui  dudit  compte  seront , 
pour  celles  qui  sont  en  sa  possession  ,  par  lui 
représentées  auxdits  arbitres  .  auxquels  les  dépo- 
sitaires des  papiers  enlevés  de  chez  lui  par  ordre 
du  gouvernement  ,  seront  tenus  ,  en  vertu  du 
présent  jugement  ,  de  représenter  ceux  desdil» 
papiers  nécessaires  à  rétablissement  dud.  compte., 
lesquels  arbitres  concilieront  les  parties  ,  sinon 
en  feront  leur  rapport  au  tribunal  ,  pour  êtr/s 
ensuite  statué  ce  qu'il  appartiendra. 

En  fesant  droit  sur  la  demande  en  garantie 
dudit  citoyen  Gratiot  contre  la  v»uve  et  héritiess 
Péries,  et  considérant  que  feu  le  citoyen  Perias 
ayant  signé  avec  le  citoyen  Gratiot  l'acte  9ons 
seing  privé  du  18  germinal  dernier  ,  tous  deux  se 
sont  désistés  de  celui  du  9  du  même  mois  qu'ils 
ont  par  ce  moyen  anéanti. 

Le  tribunal  déclare  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  ladite 
demande  ,  dans  laquelle  ledit  tribunal  déclare  le  cit. 
Gratiot  non-recevabie. 

Fesant  droit  sur  celles  en  dommages  et  intérêts 
formées  respectivement  par  les  difes  parties  ,  le 
tribunal  les  met  hors  de  cause  ,  ainsi  que  sur  tous 
les  autres  chefs,  de  leurs  conclusions  respectives- 
Et  enfin  ,  fesant  droit  sur  la  demande  dudit  cit. 
Gratiot  en  main-levée  des  oppositions  faites  à  la 
requête  dudit  cit.  Groslevin  entre  les  mains  de 
l'administration  des  postes  sur  les  sommes  qu'elle 
doit  à  la  sociéié. 

Le  tribunal  .  sans  égard  à  ladite  demande  dans 
laquelle  il  déclare  pareillement    le  citoyen  Gratiot, 


%on  •  recevable  )  déclare,  tesditts  opfiosilions  bonnes 
'tt  valables  ;  en  conséquence  autorise  ladite  ad- 
ministration à  payer  et  vider  les  mains  de  ce 
qu'elle  doit  ,  entre  les  mains  dudit  Groslevin 
'qui  sera  tenu  d'en  compter  à  la  société  ;  quoi 
lésant  ,  elle  en  sera  bien  et  valablement  quitte 
^t  déchargée  envers  et  contre  tous  ,  ainsi  que 
le  tribunal  l'en  décharge  par  le  présent  jugement  ; 
et  enfin  déclare  le  piésent  jugement  commun 
avec  le  citoyen  Flament  ,  et  condamne  le  cit. 
Gratiot  aux  dépens  envers  toutes  les  par- 
ties ,  lesdits  dépens  taxés  et  liquidés  à  la  somme 
de  io5  fr.  4  cent.  ,y  compris  lesdits  jugemens, 
le  coût  du  papier  ,  de  minutes  de  plumitifs ,  d'ex- 
pédition ,  le  coût  des  rôles  du  présent  jugement, 
et  non  compris  le  droit  de  reiiregistrement 
d'icelui  ,  au  paiement  desquels  dépens  il  sera 
contraint  par  toutes  les  voies  de  droit. 

Et  sera  !e  présent  jugement  exécuté  selon  sa 
iforme  et  teneur. 

Ainsi  jugé  par  ledit  tribunal  oi!i  étaient  présens 
les  citoyens  Vignon  ,  président;  Ghagot ,  Aube, 
BufFault ,  juges  ;  et  Sloupe  ,  juge  suppléant,     v 

A  Palis ,  le  28  de  ce  mois  de  vendémiaire  ,  an  9 
de  la  république  française. 

Au  nom  de  la  république  française  ,  il  est 
erdonné  à  tous  huissiers  sur  ce  requis  ,  de  mettre 
le  présent  jugement  à  exécution  ;  aux  commis- 
saires du  gouvernement  près  les  tribunaux  ,  d'y 
tenir  la  main  ;  à  tous  commandans  et  à  tous  offi- 
ciers de  la  force  publique  de  prêter  raain-forle 
lorsqu'ils  en  seront  légalement  requis. 

En  foi  de  quoi  le  présent  jugement  a  été  signé 
par  le  président  dudit  tribunal  et  par  le  greffier. 
Signé ,  Thomas. 

—  Un  membre  du  parlement  d'Angleterre , 
sir  John  Sainclair  ,  avait  adressé  à  1  Institut  natio- 
nal,  par  l'entremise  du  cit.  Otto  ,  le  projet  d'un 
plan  pour  établir  des  fermes  expérimentales  ,  et 
pour  fixer  les  progrès  de  l'agriculture. 

LInsiitut  national  a  fait  traduire  et  imprimer 
cet  ouvrage  ;  et  ,  sur  le  rapport  du  cit.  Gels ,  l'a 
approuvé  dans  toutes  ses  parties. 

—  Un  Lycée  de  jurisprudence  s'était  formé  à 
Paris  ,  et  avait  fait  distribuer  le  prospectus  de 
son    établissement   :   il   paraît  qu'il    vient   d  être 


i3i 


Les  chefs  elles  officiers  doivent  la  maintenir,  et 
toujours  en  donner  l'exemple. 

Instruisez  les  soldats  et  lesmatclo's,  excitez 
entre  eux  l'émulation  et  le  courage  ,  occupez  tout 
leur  tems  par  l'exercice  continuel  de  la  pratique  , 
passionnez  les  pour  la  gloire  ,  qu'ils  apprennent 
par  vous  à  chérir  leur  état  et  jusqu'auk' dangers 
qui   l'accompagnent. 

Préparez-vous  à  marcher  enfin  sur  les  traces  des 
braves  à  qui  nous  allons  devoir  la  p.iix  du  con- 
tinetit  ,  et  que  bientôt  vous  alliez  aussi  la  con- 
quérir sur  les  mers  ,  où  depuis  trop  long- 
tems  l'audacieux  anglais  s'accoutume  à  vous 
braver. 

Etudiez  la  tactique  navale,  dans  les  ports  , 
dans  les  rades  ,  apprenez  à  suppléer  au  nombre 
par  l'habileté  de  vos  manœuvres.  Le  couiage  et 
l'audace  feront   le  reste.  -i     , 

xT      u.-  .  ,       ,  "^  '■!  "i^f 

N  oubliez  pas  que  c  est  au  pas  de  charge  que  |  Donnez 
nos  armées  ont  vaincu  tant  de  fois  les  ennemis. 
Marins  ,  votre  pas  de  charge  ,  c'est  t  abordage.  Rii-n 
ne  résiste  à  lintrépidiie  fiançaist.  Paimi  les 
nombreux  combats  en  ce  genre  qui  oui  illustré 
votre  gloire  ,  je  me  borne  à  vous  rappeler  celui 
tout  récent  ,  et  à  jamais  mémorable  ,  de  la  cor- 
vette la  Bajonnaise. 

Que  toutes  nos  dispositions  militaires  soient 
aussi  favorables  au  commerce.  Source  de  la  pros- 
périté des  empires  .  créateur  et  soutien  de  la 
marine,  il  exige  toute  notre  sollicitude  ,  comme 
il  excite  celle  du  gouvernement.  Redoublons  de 
précautions  et  de  vigilance  poiir  proléger  les 
opérations  commerciales  et  les  faire  réussir.  Em- 
ployons tous  les  "moyens  d'assurer  la  libellé  du 
cabotage  et  de  la  j-îche. 

Que  la  prévoyance  et  la  sagesse  dictent  les  ins- 
tructions des  chefs  militaires  aux  commandans 
des  bâtimens  de  guerre  ,  soit  pour  la  défense 
delà  côte,  soit  pour  la  protection  des  convois, 
j  Que  la  moindre  négligence  sur  ce  point  mérite 
à  l'officier  qui  s'en  rendrait  coupable  ,  toute 
l'animadversion  du  gouvernement';  qu'il  soit 
puni  par  la  rigueur  des  lois  et  par  l'opinion  pu- 
blique. 

Les  obligations  et  les  devoirs  des  marins  ,  à 
ce  sujet  ,  leur  sont  retracés  de  la  manière  la  plus 
forte  dans  une   lettre  ministérielle    du   mois    de 


qui  appartenaieilt  à  ces  anciennes  côinpagrtiej 
de  bombardiers,  à  ces  corps  de  maîtres-canon- 
niers  .  l'orgueil  de  la  marine  française.  Imitez 
leur  exemple  ,  écoulez  leurs  avis  :  ils  vous  diront 
que,  destinés  à  tous  les  genres  de  travaux  et  de 
gloire,  vous  devez  réunir  tous  les  genres  d'ins- 
truction et  de  talens  :  ceux  nécessaires  à  l'infan- 
terie ,  à  l'artillerie  de  terre  et  de  mer  ,  aux  ma- 
noeuvres surles  vaisseaux,  etc.  Dans  les  occasions 
difficiles  ,  et  par-tout  oii  il  faut  du  courage  ,  du 
sang-froid  et  de  la  constance  ,  le  poste  d  honneur 
vous  est  toujours  dévolu. 

Vous  devez  être  désormais  le  noyau  d'une 
marine  nouvelle.  C'est  à  vous  qu'il  appartient  de 
Suppléer  par  l'instriicnon  et  votre  exemple  ,  à 
l'expérience  -  pratique  que  ne  peuvent  acquérir 
pendant  l'inactivité  du  commerce  et  de  la  navi- 
gation ,  les  citoyens  qui   se    destinent   au  métier 


aux  novices  et  aux  jeunes  matelots  des 
leçons  de  canonnage  ,  apprenez  aux  canonniers  ,. 
qui  l'ignorent,  l'art  des  manœuvre».  Qu'ils  vous 
suivent  aux  batteries,  sur  les  ponts  ,  dans  les 
hunes,  surles  vergues;  qu'ils  aient  votre  intré- 
pidité ,  votre  adresse. 

Par  ces  exercices  utiles,  vous  multiplierez  Ici 
moyens  du  gouvernement  ,  et  bientôt  la  France 
aura  reconquis  un  des  meilleurs  élémens  de  sa 
marine. 

Ingénieurs  des  construction-  hidrauliques  ,  c'esj 
à  l'activité  et  à  la  constance  de  vos  travaux  ,  soit 
dans  le  cabinet  ,  soit  sur  les  ouvrjges  ,  que  sont 
entièrement  confiés  à  la  conservation  des  poris 
militaires  et  de  commercé  ,  là  sécurité  tle  leurs 
habitans  et  les  premiers  moyens  de  préparer  des 
opérations  mariiitnes. 

Sans  cesse  vous  avez  a  contenir  et  à  combattre 
un  élément  redoutable  et  toujours  dévastateur. 


d'agence  et  non  l'institution  d'intérêt  général  que 
l'on  avaitannoncée 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Le  17  vendémiaire  ,  un  chasse-marée  de  Ba- 
yonne  se  rendant  à  Rochefort  ,  toucha  sur  la  côte 
O.de  l'îled  01éron,etde  suite  se  remplitd'eau.  Les 
gens  de  l'équipage  désespérantde  le  sauver,  l'aban- 
donnèrent. Un  malheureux  mousse  ne  put  les 
suivre,  et  resta  même  étourdi  pendant  long-tems 
d'une  chute  qu'il  avait  faite  au  moment  où  le 
siavire  toucha.  Ge  ne  fut  qu'après  un  intervalle 
d'environ  douze  heures  qu'on  put  entendre 
les  cris  d'un  mousse.  Aussitôt  quatre  pêcheurs  , 
^jjns  consulter  le  danger  presque  certain  qu'ils 
avaient  à  courir  ,  se  jetterent  dans  un  canot. 
La  mer  était  affreuse,  et  par  de  longs  intervalles 
on  ne  voyait  ni  le  canot  ,  ni  ceux  qui  le  mon- 
taient ;  pendant  même  une  heure  ou  deux,  on 
les  crut  perdus.  Cependant  ils  parvinrent  au 
chasse-marée  .  en  retirèrent  avec  les  plus  grandes 
peines  le  malheureux  mousse  ,  et  le  transpor- 
tèrent sur  le  rivage  ,  où  il  arriva  à  demi-mort , 
et  fut  accueilli  par  un  habitant  qui  s'empressa 
de  le  faire  panser  de  ses  contusions,  et  de  le  vêtir. 
X)e  pareils  traits  de  dé*ouemeni  et  d  humanité 
sont  habituels  aux  insulaires  d  Oléron.  Le  mousse 
a  avoué  n'avoir  jamais  été'  aussi  riche  que  depuis 
son  naufrage. 


désorganise.  Le  journal  du  Palais  de  Justice  floréal  an  4.  Elle  existe  dans  tous  les  ports  mili- 
annonce  qu'il  a  eie  abandonné  par  ses  membres  laires;  je  vous  invite  à  vous  pénétrer  de  nouveau 
les  plus  distingues  ,  qui   n'y  orit  vu  qu'un  bureau  ('  des  sages  principes  qu'elle  contient. 

*"  '"' ""      ■""■"""—"   -"-         Ingénieiirs  ,  vous  qui  ,   dans   le  silence  du  ca- 

binet ,  méditez  sur  les  moyens  de  consiruiie  de 
bons  vaisseaux  ,  et  qui  avez  à  cet  égard  consacré 
la  supériorité  de  la  marine  française  sur  celle  des 
autres  peuples  ,  voire  tâche  n'est  pas  endérement 
remplie  par  ce  brillant  succès. 

L'économie  ,  le  meilleur  emploi  des  matières , 
celui  du  tems  et  des  talens  de  chaque  ouvrier  , 
l'instruction  théorique  et  pratique  de  cette  pré- 
cieuse classe  d'hommes,  la  surveillance  conti- 
nuelle sur  les  travaux  doivent  sans  cesse  vous 
occuper. 

La  carrière  militaire  vient  de  vous  être  ouverte  ; 
ce  sera  pour  vous  un  nouveau  moyen  comme 
un  nouveau  devoir  de  perfeciionner  encore  les 
constructions  navales. 

Votis  y  parviendrez  en  étudiant  tous  les  effets 
des  divers  élémens  que  vous  aurez  l'occasion 
d'observer  ,  en  combinant  leurs  rapports  en- 
tre eux  ,  leur  puissance  et  l'influence  particulière 
de  chacun  sur  le  vaisseau  qui  doit  les  maîtriser 
tous. 

Combien  vous  allez  étendre  le  domaine  de 
voiieart,  auquel  plus  que  jamais  votre  vie  en- 
tière doit  être  exclusivement  consacrée  !  Com- 
bien vous  1  enrichirez  par  les  nombreuses  con- 
naissances que  vous  saurez  acquérir  dans  la  navi- 
gation ! 

Telles  sorit,  n'en  doutez  pas,  les  intentions 
et  Its  espérances  du  gouvernement  ,  lorsqu'il 
vous  associe  à  la  gloire  et  aux  travaux  des  offi- 
ciers de  marine  ,  ei  qu'il  vous  appelle  à  partager 
les  dignités  et  les  récompenses  décernées  à  la  va- 
leur et  aux  talens  militaires 

Chefs,  officiers  d'artillerie,  canonniers,  une 
grande  obligation  vous  est  imposée  ,  celle  de 
soutenir  çt  de  mériter  aujourd'hui  votre  antique 
réputation. 

L'Europe  entière  ,  et  sur-tout  les  ennemis  de  la 
France  ,  se  rappellent  encore  la  sévérité  de  dis- 
cipline et  de  mœurs  ,  la  valeur  héroïque  et  les 
talens  ,    qui    vous    placèrent    au    premier    rang 


Le  préfet  maritime  du  deuxième  arrondissement  , 
aux  officiers  militaires  et  d'administration  de  la 
marine  dudit  arrondissement.  —  Le  Havre  ,  «4 
vendemaire  an  g. 

Appelé  par  le  gouvernement  à  la  préfecture 
maritime  du  second  arrondissement ,  je  ne  me 
suis  pas  dissimulé  ,  citoyens  ,  limportance  et 
l'étendue  de  mes  fonctions.  Si  je  ne  les  ai  pas 
jugées  au-dessus  de  mes  forces  ,  c'est  par  la 
confiance  que  m'ont  inspirée  les  talens  et  le  zèle 
de    ceux     qui    doivent  m'aider    à   les    remplir. 


La  volonté  bien  prononcée  du  gouvernement  •   ,    -  •  •  o 

e»t    de    porter    l'économie    et   la   rapidité   d'exé- |  E""'-  "  '°''^'  "°"^  marine  alors  vraiment 

cution  dans  l'administration  générale  de  la  marine 


et  dan»  l'emploi  de   cette  partie   essentielle  de  la 
force  publique. 

Je  vais  vous  indiquer  les  moyens  d'atteindre  ce 
double  but. 

Militaires  et  marins  ,  le  travail ,  la  surveillance  , 
l'instruction  ,  la  subordination  et  l'obéissance  sont 
vos  premiers  devoirs. 

La  promptitude  et  la  régularité  du  service  se- 
lOqt  les  piemiiett  effets  d'une  sévère   discipline. 


illustre. 

On  n'a  pas  oublié  que  ces  vertus  guerrières 
méritèrent  à  vos  anciens  Ihonneur  d'être  appelés 
dans  des  circonstances  périlleuses  aux  armées  de 
terre  commandées  par  Saxe  et  Richelieu  -,  et  que 
les  canonniers  de  la  marine  soutinrent  alors  la 
gloire  de  ces  grands  capitaines  .  comiile  aupa- 
ravant ils  aidèrent  à  celle  des  Duquesne,  des 
Touiville,  et  depuis  à  celle  des  Suffren  et  des 
dEstaing. 

Vous  avez   parmi  vous    encore  des  homme» 


Opposez  votre  génie  à  sa  puissance  ,  imitez  surr 
tout  la  constance  de  ses  efforts.  Qu  aucunes  de 
ses  dégradations  ne  vous  échappeni  ,  afin  de  le» 
réparer  aussitôt  qu'elles  sont  âpperçues. 

Embrassez,  à  la  fois  tous  les  points  de  votre 
direction  ,  et  portez  les  secours  de  votre  art  stir 
le  mal  qui  présentera  les  dangers  les  plus 
pressans. 

Vous  avez  beaucoup  à  faire  dans  tous  les  ports 
de  cet  arrondissement;  ils  sont  dans  un  délabre- 
ment total. 

Hâtons-nous  d'effacer  ces  ravages  dont  l'exis- 
tence compromettrait  les  plus  grands  intérêts. 

Nous  serions  coupables  de  ne  pas  fixer  l'atten- 
tion du  gouvernement  sur  les  malheurs  qui 
peuvent  naître  d'un  pareil  état  de  choses  ;  mais 
en  lesluiJesant  connaître,  il  Faut  lui  indiquer 
aussi  les  moyens  de   les  faire  cesser. 

Lorsque  les  travaux  réparateurs  n'occuperont 
pas  tous  vos  instans  ,  consacrei  ceux  dont  vous 
pourrez  disposer,  à  former  des  projets  utiles  à  il 
marine  militaire  et  commerçante. 
.  Préparez  à  l'avance  des  améliorations,  afin qu'orii 
puisse  les  entreprendre  aussitôt  tjue  le  permettra 
la  situation  du   trésor  national. 

N'appliquez  jamais  vos  talens  qu'à  des  objets 
de  grande  utilité  publique.  Que  la  hardiesse  de 
vos  conceptions,  la  simplicité,  la  durée  de  vos 
ouvrages  assurent  voire  gloire  et  vous  méritent, 
avec  la  bienveillance  du  gouvernement,  la  re- 
connaissance de  vos  contemporains  ,  et  celle 
aussi  de   la  postérité. 

Administrateurs  ,  pénétrez-vous  bien  de  l'im- 
portance de  vos  fonctions.  Elles  ont  pour  but 
les  intérêts  les  plus  précieux. 

La  comptabilité  des  fonds  ,  celle  des  matières, 
leur  conservation  et  leur  choix ,  léconomie  et 
la  surveillance  dans  leur  distribution  ,  l'inspec- 
tion des  hôpitaux  et  des  vivres  ,  celle  des  chiour- 
mes  ,  les  rapports  de  notre  manne  avec  !e  com- 
merce ,  et  ceux  de  la  républicjue  avec  les  au- 
tres nations  ,  la  police  de  la  n.ivigation  ,  l'amé- 
lioration des  pêches  ,  la  défense  des  droits  du 
gouvernement,  de  ceux  des  marins  et  des  in-. 
Valides  ,  enfin  la  population  maritime  ,  s'ont  vos 
attributions  principales. 

La  science  de  quelques  formalités  ne  peut, 
donc  suffire  à  vos  devoirs. 

De  grandes  connaissances  vous  sont  néces- 
saires. 

A  l'étude  approfondie  des  matières  premières 
utiles  à  la  marine,  joignez  celle  de  toutes  les 
branches  d'industrie  et  de  fabrication  ;  parcou^ 
let  les  manufactures  ,  les  forges  ,  les  fonde- 
ries ,  les  usines  ;  pénétrez  jusques  dans  l'inté- 
rieur des  mines  et  des  forêts;  connaissez-eft 
les  diverses  exploitations  ,  pour  mettre  à  profit 
les  richesses  territoriales  de  la  France  et  l'indus- 
trieuse attivité  de  ses   habitans. 

Etudiez  nos  lois  tharilimSS ,  nos  rapports  pr 
litiques  et  commerciaux  avec  les  nations  é»'"" 
gères  ,  afin  de  trouver  les  ihoyensvd'écl-|"S^'' 
avec  le  plus  d'avaritages  possibles,  celles  "^  'sUis 
productions  nécessaires  à  nos  arsenau" 

La  pêche  ,   cette  btanche  fertile  "  industrie  et 


i3i 


tk  commerce,  ce  ninyen  de  vie  pour  les  nom- 
bieux  habiian»  «les  ci^ics  .et  de  rccrulemenl  pour 
1  iiibcription  inatiiinie  ,  doit  cxciitr  loule  voire 
atiennor.  :  ne  cesicz  d'encourager  Its  citoyens 
qui  s'y  livrent. 

Dites  aux  pccbe-urs  que  je  travaille  à  fonder 
dans  retendue  de  mon  arrondissement  la  pré- 
cieuse institution  des  tiibunaux  de  piud'bomrncs. 
Clux  qui  existent  diins  les  jjons  do  la  Médiler- 
rtincc,  depuis  plus  de  aooo  ans  ,  ont  religieusc- 
rnent  conservé  les  droits  des  pêcheuis  ,  en  maiu- 
tenant  enive  eux  la,  police  la  plus  sévère  et  la 
plus  sage.  Ces  tribunaux  composés  de  marins 
élus  par  Iluis  camarades  .  n'o'it  cessé  de  mériter 
par  liur  gratuite  et  patervclU  justice  .  le  respect  et 
l'amour  de  leurs  concitoyens.  Ils  rendront  les 
mêmes  services  sur  les  côtes  de  la  Mancbe. 
■  De  toutes  les  parties  d'administration  confiées 
à  votre  zèle,  Vinscription  maritime  est  sans  doute 
la  plus  impoilante  p.îr  ses  résultats.  C'est  sur  elle 
que  repose  la  marine  militaire  et  commerçante. 

Son  accroissement  doit  donc  être  l'objet  cons- 
tant de  votre  ambition.  .  ;         ■ 

Attaclitz-volis  à  connaître  les  mœuirs  ,  le  carac- 
tère et  les  goûts  des  marins  ,  afia  de  les  diriger 
veis  l'amour  du  service. 

Distiuguez-lts  du  soldat  (Jui  ne  consacre  à 
1  état  militaire  qu'un  Itès-petit  nombre  d'années  , 
tandis  que  les  premiers  sont  utiles  à  la  république 
durant  leur  vie  entier:-  ;  sur  les  vaisseaux  ,  dans 
les  ports  ,  à  la  course  ,  au  grand  ou  au  petit  ca- 
botage ,  à  la  navigation  intérieure  ou  à  la  pêche  ; 
tels  sont  les  travaux  du  marin  depuis  sa  plus 
tendre  enfance  jusqu'à  son    extrême  vieillesse. 

Des  hommes  aussi  précieux  méritent  tous  vos 
soins  et  tous  vos  égards.  Soyez  justes  et  biertfe- 
sans  pour  eux  ,  que  la  plus  grande  impartialité 
préside  aux  levées  ;  réglez  leurs  contestations  , 
consolez  leurs  familles.  Engagez  les  plus  aisés  à 
soulager  les  plus  pauvres  ;  appelez  même  sur 
eux  la  bienlesance  des  habitans  de  votre  quar- 
tier,  coramerçans  ou  agricoles,  dont  les  marins 
ont  défendu  ou  enrichi  les  propriétés.  Ces  moyens 
ont  eu  des  succès  heureux  dans  les  ariondis- 
semens  de  Toulon  et  Bordeaux. 

Portez  sur-tout  vos  espérances  sur  la  jeune  po- 
pulation des  communes  maritimes.  Accoutumez 
les  enfans  à  l'exercice  de  la  natation  ,  à  celui  du 
canon  et  de  la  rame  ;  je  vous  en  fournirai  les 
tnoyens.  Instituez  de  légères  récompenses  pour 
les  plus  adroits  et  les  plus  courageux.  Quils 
soient  jugés  tous  les  six  mois  en  exeicice 
public  ,  par  les  plus  anciens  canonniers  et 
marias. 

Il  faut  aussi  décerner  des  honneurs  et  des  ré- 
compenses au  chef  de  la  famille  qui  comptera  le 
plus  grand  nombre  d'enfans  inscrits  ;  au  maître 
ou  patron  qui  aura  formé  le  plus  de  mousses  ou 
de  novices. 

Enfin  ,  éludiez  toutes  les  convenances  des 
hommes  propres  au  métier  de  la  mer  ,  et  sachez 
les  attacher  à  l'inscription  maritime.  Alors  seule- 
ment vous  aurez  remph  le  but  de  vitre  sage  ins- 
(itutiou. 

Officiers  militaires  et  d'administration  ,  chacun 
de  vous  doit  aussi  diriger  par  lui-même  la  partie 
du  service  confiée  à  ses  soins  ,  exercer  une  sur- 
veillance bien  entendue  sur  les  individus  qui  lui 
sont  subordonnés  ,  exciter  leur  émulation  et 
leur  zelc  ,  me  désigner  ceux  qui ,  par  leurs  ta- 
lens  et  la  pureté  de  leurs  mœurs  ,  mériletout  la 
confiance  du  gouvernement  et  ceux  qui  s'en  ren- 
draient indignes'par  leur  impéritie  ou  leur  immo- 
ralité. 

Méditez  constamment  star  des  moyens  d  ins- 
truction, d'amélioration  et  d'économie  ,  et  faiies- 
ir.oi  part  de  vos  vues  à  ce  sujet,  soit  pour  le 
lervice  particulier  dont  vous  êtes  chargés  ,  soit 
en  général  pour  toutes  les  parties  du  service 
maritime. 

N'oubliez  jamais  que  toutes  les  fonctions  qu 
ont  pour  but  l'intérêt  et  la  gloire  de  la  nation  , 
»ont  également .  honorables.  L'union,  la  cordia- 
lité ,  l'absence  de  toute  piéiention  ,  le  seul  amour 
du  bien  public  doivent  diriger  tous  les  rapports 
çntre  les  chefs  des  divers  services  ,  comme 
tous  ceux  quils  peuvent  .ivoir  avec  les  difFé- 
renles  autoriiés  civiles  ott  militaires  ,  étrangères  à 
la  n^arine. 

Après  vous  avoir  retracé  ,  citoyens  ,  vos  prin- 
tipaies  obligations  ,  je  dois  vous  entretenir  aussi 
d'c  celles  qui  me  sont  imposées. 


Diriger  et  seconder  vos  efforts  ,  dégager  le  ser- 
vice de  toutes  les  entraves  qui  pounaient  ariêtef 
sa  marche;  lecherchet  et  détruire  les  abus  ,éclai- 
Ver  le  gouvernement  sur  «es  vrais  intérêts,  faire 
exécuter  ponciuelement  ses  ordres,  éveiller  sa 
sollicitude  sur  les  malheureux  du  département  de 
la  marine  ,  qui  peuvent  avoir  besoin  de  ses  se- 
cours ,  prévenir  sa  gratitude  et  sa  justice  envers 
ceux  qui  l'auront  bien  servi  ; 

Protéger  les  ails  et  le  commerce  ,  appeler  et 
recueillir  les  lumières  de  tous  ceux  qui  ont  de 
vraies  connaissances  sur  ces  moteurs  de  la  pros- 
périté nationale  ; 

Travaill&r  sans  cesse  au  bonheur  de  mes  conci- 
toyens et  à  la  gloire  de  la  république  .main- 
tenir et  faire  respecter  ses  lois  et  ses  institu- 
tions ; 

Ce  sont-là  mes  devoirs  ,  je  saurai  les  remplir. 
Comptez  à  cet  égard  sur  la  persévérance  de 
mes  efforts ,  sur  ma  justice  et  ma  fermeté ,  comme 
sur  mon  entier  dévouement.  Bertin. 


•AU     R  E  D  A  GT  E  U  R. 

Département  des  Vosges.   —  Epinal ,  le  26  vendé- 
miaire an  g. 

Ce  département  s'est  distingué  par  son  assiduité 
à  payer  les  contributions  ,  et  son  zèle  à  satisfaire 
aux  réquisitions  que  les  besoins  de  la  patrie  ont 
exigées.  Il  vient  de  recevoirdu  gouvernement,  une 
récompense,  bien  honorable  et  bien  satisfesante 
pour  lui  et  le  préfet  qui  l'administre  ,  daris  la  pro- 
clamation qui  a  été  faite, le  1='  vendémiaire  ,  dans 
toutes  les  communes  de  la  république  ,  et  par  le 
nom  qu'il  vient  de  donner  à  l'une  des  principales 
places  de  Paris. 

Le  préfet ,  instruit  toutefois  qu'un  certain  nom- 
bre de  conscrits  et  de  réquisitionnaires  était  par- 
venu à  se  soustraire  aux  recherches  de  la  gendar- 
merie ,  à  la  faveur  des  montagnes  ,  a  pris ,  le  26 
fructidor  ,  un  arrêté  pour  organiser  et  mettre  en 
mouvement  les  colonnes  mobiles.  L'effet  de  ces 
mesures  à  été  tel  ,  que  près  de  800  fuyards  ont 
été.  déjà  arrêtés  et  conduits  à  Scheleslat.  Ily  a  tout 
lieu  de  cmire  que  ,  dans  peu  de  jours  ,  ce  dépar- 
lement en  sera  totalement  purgé. 

Salut   et   estime. 
N.  N.*** 


Le  citoyen  Bertrand  ,  employé  à  la  préfecture  du 
déparlement  des  Forêts.  —  Luxembourg ,  le  26  ven- 
démiaire ,  an  g  de  la  république  française  ,  une 
et  indivisible.        ; 

Il  importe  de  publier  les  bonnes  actions  qui  , 
en  honorant  les  personnes  auxquelles  on  les  doit  , 
tendent  à  exciter  l'émulation  des  hommes  sen- 
sibles ,  assez  heureux  pour  être  à  même  de  laisser 
ainsi  des  preuves  de  leur  amour  à  faire  le  bien. 
C'est  pourquoi  je  m'empresse  de  vous  informer, 
citoyen  .  que  le  préfet ,  me  connaissant  quelque 
talent  pour  le  dessin  ,  vient  de  me  donner  un 
ouvrage  dont  je  m'occupe  avec  un  vrai  plaisir. 
Cet  ouvrage  est  le  plan  de  la  belle  maison  de 
Marienihal .  avec  ses  dépendances  ,  que  le  tribun 
Légier  avait  acquises  dans  le  département  des 
Forêts ,  et  dont  il  a  fait  à  ce  département  un 
don  perpétuel,  pour  en  former  un  établissement 
d'humanité. 

La  maison  de  Marienihal  était  autrefois  la  re- 
traite dune  compagnie  de  filles  végétant  dans 
une  sainte  inutilité. 

Aujourdhui  elle  va  devenir  un  asyle  pour  les 
êtres  malheureux  que  mettent  au  monde  les  vic- 
times de  l'erreur  ou  de  la  séduction.  Elle  sera  en 
même  tems  une  école  d'accouchement  ,  où  vien- 
dront s'instruire  les  femmes  qui  se  destinent  à 
exercer  cet  ari  si  intéressant  et  si  utile. 

Le  citoyen  Légier  n'a  pas  borné  là  sa  bienfe- 
sance  ;  il  a  fourni  encore  des  fonds  pour  sub- 
venir aux  premiers  besoins  de  ce  précieux  éta- 
blissement: par  un  premier  bienfait  ,  il  avait  déjà 
laissé  aux  religieuses  de  l'abbaye  une  partie  de 
la  maison,  avec  des  moyens  assurés  d'y  finir  pai- 
siblement leur  vie  ;  en  applaudissant  au  dona- 
teur.  on  est  flairé  de  remarquer  que  la  maison 
de  Marienihal  était  destinée  a  présenter  un  jour 
deux  exemples  de  générosité  dus  à  la  mênae  per- 
sonne. 

J'ai  l'honneur  de  vous  saluer, 

Bertrand. 


LIVRES      DIVERS. 

Cours  d'études  encyclopédiques  ,  rédigé  sur  ua 
plan  neuf  ,  contenant  i"  l'histoire  de  loti- 
gine  et  des  progiès  de  toutes  les  sciences  ,  belles- 
lettres  .  beaux-arts  et  arts  mécaniques  -,  2°  l'ana- 
lyse de  leurs  principes  ;  3°  tous  ces  mêmes  objets 
traités  en  détail  :  le  tout  d  après  les  meilleurs 
auteurs  et  les  découvertes  les  plus  récentes. 
Six  forts  vol.  in-S"  avec  un  fiontispice  gravé 
et  un  atlas  in-4°  de  64  planches  ou  tableaux:; 
prix  ,  broché  36  pour  Paris  et  48  fr.  franc  de' 
port  par  la  posie  pour  les  départemens  -.Seconde 
édition  revue,  corrigée  et  augmentée  duue  table 
raisoniiée  des  matières  ;  par  Fr.  Pages.  Le  même 
ouvrage  sur  papier  vélin  .  atlas  grand-raisiii-vélin  , 
premières  épreuves  ,  prix  broché  82  fr.  ,  et  84  fr. 
pour  les    départemens. 

A  Paris,  chez  Artaud  ,  libraire  ,  quai  des  Augus- 
tins  ,    n°  So. 

On  doit  remercier  l'écrivain  sage  qui  a  su  res- 
seuer  dans  un  cadre  étroit  le  plus  vaste  tableau 
des  connaissances  hum,iiut9  ;  qui  a  mis  pour 
ainsi  dire,  la  scimce  universelle  à  la  portée  de 
tout  le  monde  ,  et  reraplîi  de  cette  manjere  un 
but   d'utilité   générale.  1 

Le  cil.  Pages  n'a  cependant,  copié  ,  ni  même 
analysé  aucune  des  deux  Encyclopédies  :.  ce  tra- 
vail eût  été  au-dessus  des  lorces  d'un  seul  hom- 
me ;  son  but  unique  a  éié  de  prendre  lesprit 
de  leurs  auteurs  ;  il  commence  p.ir  tracer  I  his- 
toire des  sciences  et  des  ans  :  ce  tableau  aurait 
pu  êire  plus  rapi'le  ,  et  nnus  avions  sur  ce  sujet 
deux  excellents  modèles ,  le  di  cours  préliminaire 
de  d'Alembert  et  l'esquiise  de  Coridoicet  ;  mais, 
(juoiqu'il  forme  près  d'un  quart  de  !(/a--iagc, 
il  se  fait  lire  avec  plaisir,  sur-tout  par  les  hunimes 
qui,  n'étant  ni  des  Bacon  ,  ni  des  Diderot,  ne 
veulent  pas  parcourir  une  vaste  carrière,  en  fran- 
chissant d  un  saut  de  grands  espaces. 

Après  le  tableau,  vient  l'analyse  des  connais- 
sances humaines  ,  -que  l'auteur  suit  dans  leur» 
divisions  ordinaires  ,  et  le  tableau  des  sciences  et 
des  ans  dans  leurs  principaux  détails.  Cet  ouvrage 
devient  donc  une  petite  Encyclopédie  qui  nous 
paraît  faite  pour  acrjuérir  des  prosélytes  à  la  science, 
et  des  amis  à  son  auteur;  la  partie  typographi- 
que est  parfaitement  soignée  :  l'atLis  composé 
de  64  planches  ou  tableaux,  a  été  divisé  avec 
goût,  et  la  modicité  du  prix  auquel  le  libraire 
se  restreint,  doit  ajouter  encore  au  succès  de 
l'ouvrage,  dont  le  plan  est  déjà  justifié  par  le 
prompt  débit   de    la  première    édition.    \ 

Commerce. 
Il  est  du  devoir  du  cit.  Orry,  du  Mans  ,  seul 
de  son  nom  ,  de  prévenir  ses  concitoyens  ,  qu  au 
mépris  du  droit  des  gens  ,  il  se  vend  à  son  ancien 
dépôt  ,  lue  des  Prouvaires,  n"  571  (otà  demeurait 
le  cit.  Bricogne,  qui  a  quitté  depuis  le  I''  mes- 
sidor )  des  bougies  portant  son  empreinte  contre- 
faite ,  qui  ne  sont  pas  de  sa  fabrication  -,  il  le» 
prie  de  se  prémunir  contre  cette  Vtolatien  ,  en  ne 
s'adressant  qu'à  son  seul  el  unique  dépôt ,  rue  des 
Prouvaires,  près  St.  Eustache,  maison  du  citoyen 
Fjmin,  n°  525,où  le  public  trouvera  toutes  les  sor- 
tes de  belles  bougies  qu'il  pourra  désirer.  FAmin. 


COURS     DU     CHA  NG  K 

Bourse  du  3  brumaire. 

Rente  provisoire aS  fr.  3o  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.   75  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  6g  c. 

Bons  d'arréragé 87  fr.  38  c. 

Bons  pour  l'an  8 92  fr.   38  c. 

Syndicat 80  fr. 

Coupures 80  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^iie  et  des  Arts, 
Dem.  les  Horaces-,   et  le  ballet  du  Berger  Paris. 

Théâtre  de  la  rue  Fevdeau.  Aujourd'hui, 
la  5'  repr.  de  TJméo ,  opéra  en  trois  actes  , 
préc.  du  Trompeur  trompé. 

Théâtre  nti  'Vaudeville.  Auj.  Chaulieu  ;  le 
Moulin  de  Sans-Souci ,    et  Teniers. 

Théâtre  DES' JEU  NES  élevés,  rue  deThionville. 
Auj.  le  Mariage  du  capucin  ,  Contrainte  et  Caprice  , 
et  la  Gasconade. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  l'Enfant  de  l'Amour,  pani.  grand  spectacle  ; 
la  i''^  repr.  de  Iv  Romance  ,  et  Louise. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  Robert,  chef  des  brigands  ,  préc.  d&  l  Abbé 
chansonnier. 


L'abouaemcot  se  fait  iPiiia,  rue  des  îoiievins ,  n"  i8.  Le  prix  est  de  si  frjocs  pour  trois'moia  ,  5o  fraact  pour  six   mois,   et    loo   francs   pour  l'année  entière.  On    01 
s'abonne  qu  a)i«ommeucemeni  de  ctiaqae  mois. 

ilfaut  adresser  les  leureset  l'argent ,  franc  de  port  ,aucit.  ACASSE,  propriétaire  de  cejournal , rue  des  Poitevins,  a'    iS.  Ilfautcomprendre    dans   les    envois    le  pou    de 
l'on  ne.  peut  afFi-aoclùr.    Les  leures  des  départemens  non  aiîrancliies  ,  ne  seront  point  retirée»  Je  la  poste.  ^ 

au-t  avoir,  soin,   pom  plus  de  sûrcie  ,  He  charger  celles  qui    reiiFermenidcs  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de    la    feuille,    au   rédacteur,   rue  de 
s,    n*  i3,  depuis  neuf  heures  dumiiinjusqu'à  cil  -j  heures  du  soir. 


A  Pavis.'de  l'ieiprimerte  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur^,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL.  . 


JV°  35. 


Qriintidi ,    5    brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   Moniteur  est  le  seul  journal  officiel.  -.<•■' 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gotivernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERI    EU   R. 

ESPAGNE, 

Extrait  d'une  lettre  de  fîle  de  Léon ,  du 
7   octobre  iS-Oin 

x\vA(jT-HlER  parut  devant  Cadix  une -flotte 
eontmie  venant  de  la  Médil«rranée  ,  et  compo- 
lée  de 

22  vaisseaux , 
27   frégates  , 
4  Cofveiies  , 

1  Brigantin  , 

2  Transports, 

2  Chaloupés  canonnières  , 
.  I  Flâle  à  boiiibardes. 

5g  Bâiimens  de  guerre. 

74  G^barres  ,'  ■?     .         ■    j     . 

'  ^  Tj  •  ?  charges  de  troupes. 

10  ûnganlins  ,3  o  -  r 

Total  143. 

Sans  doute  l'affreuse  épidémie  qui  ravage 
Cadix  et  ses  environs  depuis  le  commencement 
du  mois  d'août  ,  a  suggéré  à  l'humanité  des  an- 
glais le  dfsir  de  nous  visiter  ,  supposant  qu'il 
leur  serait  facile  de  s'emparer  des  vaisseaux  de 
la  rade  ,  et  de  pénétrer  jusqu'au  vieil  arsenal  pour 
]'incendier.  Car,  il  n'est  pas  probable  que  de 
semblables  préparatifs  aient  eu  lieu  uniquement 
pour  bombaider  la  ville  de  Cadix,  puisque 
même  sans  rencontrer  d'obstacles  ,  ils  n'auraient 
pu  réussir  à  s'en  emparer. 

Le  général   Don  Thomas   de  Mariai,  nouveau 

COUveineiir  de    la    plar»  ,  '..'i  -l-»'— •?•>;<•"   (Jlua 

iort  de  l'épidémie,  a  jugé  convenable  d'en- 
voyer à  l'amiral  anglais  une  note  (n?  1  )  ,  pour 
lui  exposer  la  situation  des  habitanS  ,  et  com- 
bien le  nom  des  anglais  deviendrait  odieux  à 
toutes  les  nations  ,  s'ils  commettaient  quelqu  acte 
d'hostilité  contre  cette  ville.  Le  général  Aber- 
ctombie  et  l'amiral  Keith  ont  répondu  (  n°  2  ) 
au  gouverneur,  sans  le  regarder  comme  gouver- 
neur de  Cadix  ,  mais  seulement  comme  capitaine 
génifA  de  l'armée  et  province  d'Andalousie , 
et  capitaine  général  du  département  de  la  ma- 
a:ine ,  en  lui  proposant  de  leur  livrer  les  vais- 
seaux armés  et  en  armement  dont  les  équipages 
«t  oflîciers  seraient  mis  en  liberté  ;  qu'à  cette 
condition  la  flotte  se  retirerait. 

Lé  iiouverneur  de  Cadix  (n°  3)  a  répliqué  aux 
dits  généraux  en  leur  fesant  connaître  l'erreur 
dans   laquelle  sa   lettre  les   avait   fait  toinbei. 

Hier  toute  l'expédition  mouilla  devant  la  place; 
aiais  aujourd'hui  le  vent  ayant  tourné  au  sud-est, 
elle  a  déployé  les  voiles  de  misaine  ,  courant 
des  bordées  jusque  vers  le  milieu  de  1  après- 
dinée  ;  ensuite  ,  vers  le  soir  elle  était  à  six  lieues 
de  distance. 

Les  patrons  de  barques  de  pêcheurs  arrêtés 
hier  par  l'escadre  ,  et  qui  viennent  d'arriver  ce 
soir  de  lîle  ,  déclarent  que  l'intention  de  l'en- 
nemi est  de  débarquer  ce  matin  entre  Candon 
et  Régla  ;  ils  en  ont  été  empêchés  par  le  vent 
du  sud. 

On  ne  sait  pas  au  juste  le  nombre  des  troupes 
de  débarquement.  On  les  yorteà  20,000,  ce  qucle 
nombre  de  84  bâiimens  de  transports  ,  le  nombre 
des  vaisseaux  et  frégates  rendent  probable. 

A  la  vérité  ,  cet  événement  ne  pouvait  arriver 
dans  des  circonstances  plus  critiques  :  car  ,  par 
«uite  des  effets  de  l'épidémie  ,  nos  forces  suffisent 
à  peine  pour  défendre  la  raHe.  Il  faut  croire 
louttlois  (jue  l'ennemi  les  croit  imposantes  , 
puisqu'il  n'ose  pas  nous  attaquer.  Du  côté  de 
terre  ,  on  a  pris  toutes  les  mesures  convenables 
pour  déjouer  leurs  projets.  Il  n'est  pas  naturel 
qu'ils  y  renoncent  .  si  le  vtnl  de  sud  cesse.  Il  ne 
paiaii  pas  devoir   durer. 

Voilà  tous  les  rcnseignemens  queje  puis  donner 
rapidement.  Il  est  déjà  tard.  Je  suis  chargé  d'af- 
faires ,  et  encore  dan»  l'affaiblisseraen)  d'une  con- 
valescence. 

On  trouve  ci-aprèj  copie  des  lettres  précitées. 


(1  Monsieur  l'amiral  anglais  ,  lorsque  le  cruel 
fléau  qui  enlève  dans  cette  ville  et  ses  environs  , 
des  milliers  de  victimes  ,  et  qui  semble  ne  de- 
voir suspendre  ses  ravages  qu'après  avoir  mois- 
sonné tous  ceux  qui  lui  ont  encorecchappé  ,  suffit 
pour  exciter  lacompassion,  je  vfiis  avec  surprise 
que  l'escadre  sous  les  ordres  de  V.  E.  ,  vient  a- 
jouter  à  la  consternation  de  ce  peuple.  J'ai  trop 
bonne  opinion  de  1  humanité  du  peuple  anglais, 
et  de  la  vôtre  en  particulier  ,  pour  croire  que  vous 
cherchiez  à  rendre  notre  situation  plus  déplo- 
rable. Cependant  ,  si  ,  d'après  les  ordres  qu'a 
reçus  V.  E.  ,  elle  consent  à  s'attirer  l'ejjécration 
de  tous  les  peuples  ,  à  se  couvrir  d'opprc^bre  aux 
yeux  de  tout  l'Univers  ,  en  opprimant  i'infot^tuné, 
en  attaquant  celui  qu'elle  croit  sans  défense  ,  je 
lui  déclare  que  la  garnison  sous  mes  ordres,  ac- 
coutumée à  voir  la  mort  d'un  front  serein  ,  ainsi 
qu'à  braver  des  périls  plus  grands  que  tous  les 
périls  de  la  guerre  ,  saura  faire  une  résistance 
qui  n'aura  d,e  terme  que  son  entier  anéantisse- 
ment. J'espère  que  la  réponse  de  V.  E.  m'appren- 
dra si  je  dois  consoler  le  malheureux  habitant  , 
ou  l'exciter  à   la  vengeance  et  à  la  colère  >'. 

Dieu  garde 'V.  E.    Cadix,    5    octobre   1800. 
Thomas  de  Morla. 

"Jusqu'à  présent  les  croisières  du  blocus  n'a- 
vaient point  empêché  les  pêcheurs  d'exercer  leur 
innocente  industrie.  Il  faut  s'étonner  que  V.  E. 
nous  prive  de  ce  faible  soulagement,  n 

N".     I  I. 

Lef  commandans  en  chef  des  forces  de  terre-  et  de 
mer  de  S'.  M.  B.  formant  l'expédition  devant 
Cadix.  —  Vaisseau  de  S.M.B.,  le  Foudroyant , 
sous  Cadix,  5   octobre   1800. 

Il  Nous  avons  eu  l'honneur  de  recevoir  la 
lettre  de  V.  E.  de  ce  jour  ,  dans  laquelle  elle  nous 
peint  1  état  deplo,»u,-  ^  ont^ville.No..=  --,--  =  <, 
profondement  atniges  de  ces  c.iumucs  ,  quoique 
nous  'ayons  de  fortes  taisons  de  croire  que  les 
effets  en  sont  beaucoup  moins  désastreux. 

>'  Nous  n'ignorons  pas  qu'un  grand  nombre 
des  vaisseaux  de  S.  M.  C.  sont  armés  pour  s'unir 
aux  forces  navales  des  français  et  doivent  être 
employés  à  prolonger  les  troubles  qui  désolent 
toutes  les  nations  de  TEurope  ,  nuire  à  l'ordre 
public  ,  et  détruire  le  bonheur  des  individus. 
Nous  avons  reçu  de  notre  souverain  l'ordre  de 
faire  tous  nos  efforts  pour  déjouer  les  projets  de 
l'ennemi  commun  ,  en  essayant  de  prendre  ou 
détruire  les  vaisseaux  de  guerre  qui  se  trouvent 
dans  le  port  et  arsenal  de  Cadix. 

)>  Le  nombre  des  forces  dont  le  commande- 
ment nous  est  confié,  laisse  peu  de. doute' sur  le 
succès  de  l'entreprise.  Nous  sommes  peu  disposés 
à  multiplier  ,  sans  nécessité  ,  les  maux  insépara- 
bles de  la  guerre.  Si  V.  E.  consent  à  nous  Lisser 
les  vaisseaux  armés  ou  en  armement  ,  pour  agir 
contre  notre  roi  ,  et  prolonger  les  malheurs  des 
nations  voisines  ,  vos  équipages  et  leurs  ofliciers 
seront  libres  ,  et  notre  flotte  se  retirera.  Autre- 
ment nous  devons  agir  conformément  aux  ordres 
qui  nous  ont  été  donnés  ,  et  vous  ne  pourrez 
attribuer  qu  à  V.E.  le  surcroit  de  malheurs  qu'elle 
redoute. 

))  Nous  avons  l'honneur  d'être  avec  respect,  etc. 
R.  Abercrombie  ,    Keith. 

)i  Une  frégate  restera  dans  le  port ,  pour  atten- 
dre la  réponse  de  V.  E.  ,  afin  qu'il  n'y  ait  aucun 
retard,);. 

N°  m. 

))  MM.  les  généraux  de  terre  et  de  mer  de 
S.  M.  B.  ,  quand  j'ai  représenté  à  'VV.  EE.  la 
triste  bjiuaiion  de  cette  cité  ,  afin  d'engager  leur 
humanité  à  ne  pas  I  aggraver  par  des  actes  d'hos- 
tilité ,  je  n  ai  pas  dû  croire  que  ma  demande  fut 
regatdéc  comme  l'effet  de  la  crainte  ou  de  la 
faiblesse.  Malheureusement  je  vois  que  'VV.  EE. 
ont  mal  inierprêté  rass  expressions,  ^puisqu'elles 
m'attirent  une  proposition  aussi  outrageante  pour 
celui  à  qui  elle  s'adresse ,  que  peu  honorable 
pour  ceux  qui  la  font.  VV.  ÉE.  doivent  se  tenir 
I  our  avcriies  de  me  faire  des  propositions  plus 
convenables  ,  si  c  est  leur  intention  qu'elles  soient 
acceptées. 

J'ai  l'honneur  ,  etc. 

Thomas  db  Morla. 

6  octobre   1800, 


I  N  T   E  R  I   E  U  R. 

Paris  ,  le   4   brumaire.  -, 

On  a  appris  à  Gênes  .le  20  vendémiaire'? 
par  des  Iciires  de  Livourne  ,  «pie  les  autorités' 
impériales  qui  administraient  cette'  ville  avaient 
autorisé  de  nouveau  la  course  sous  pavillon 
autrichien  contre  les  bâtimens  français  et  ligu- 
riens. L'entrée  des  français  aura  heureusement 
jirévenu  l'exécution  de  cène  détermination  hos-. 
tile  qui  eût  éié  trè'i-nuisible  aux  intérêts  de"la' 
Liguiie  et  de  l'armée.  Déjà  les  entrées  deve- 
naient nombreuses  dans  le  port  de  Gênes  ;  douze 
bâiimens  grecs  -  ottomans  ,  dont  quatre  à  cinrf 
chargés  d'une  quantité  considérable  de  grains,: 
de  comestibles  et  autres  denrées  ayant  relâché  à 
Livourne  .  avaient  été  obligés  d'en  partir  furti- 
vement en  coupant  leurs  cables  ,  et  en  laissant 
leurs  expéditions.  Leur  cargaison  va  concourir 
à  rétablir  l'abondance  ,  à  vivifier  l'industrie  et  à 
alimenter   le  commerce   des  génois. 

• — La  fête  de  l'anniversaire  du  ï8  octobre,  jour 
de  la  capitulation  des  anglais  à  Alkmaër  ,  a  été 
célébrée  à  la  Haye  et  dans  toutes  les  villes  de  la 
république  batave  avec  beaucoup  d'éclat. 

—  Dans  la  décade  dernière  un  orage  terrible 
a  causé  des  dégâts  considérables  dans  les  envi-» 
roUs  de  la  commune  de  Sens.  Une  grêle  abon- 
dante et  très-grosse  a  saccagé  plusieurs  villages 
oià  la  vendange  n'était  point  achevée.  Les  ven- 
dangeurs ont  été  obligés  de  se  coucher  visage 
contre  terre  pour  n'être  point  blessés.  C'est  la 
seconde  catastrophe  de  ce  genre  qui  désole,  cette 
année,  ces  communes. 

—  Talma  est  de  retour  à  Paris  ,  et  doit  repa- 
raître le  7  au  Théâtre-Français,  dans  le  rôle 
d'Oreste  ,  d'Andromaque. 

—  Un  trait  de  bravoure  du  citoyen  Claude- 
René,  postillonde  Courviile  ,  département  d'Eure 
et  L.oir ,  ...i.ue  d  être  tac.  j^..:  K,;o^nHs  mi 
attaqué  la  diligence  qu  il  conduisait ,  il  a  su  ,  pat 
sa  bonne  conlenance  ,  la  garantir  du  pillage  dont 
elle  était  menacée.  ^Le  général  Mortier,  com- 
mandant en  chef  les  i5'  et  17'  divisions  mili-' 
laites  ,  lui  a  adressé  la  lettre  suivante  : 

«1  Brave  homme  ,  le  premier  consul  a  été  ins" 
truit  de  la  conduite  courageuse  que  vous  3.vei 
tenue  le  19  vendémiaire  ,  lorsqu'attaqué  à  onze 
heures  du  soir  ,  près  de  Champrond  ,  par  dix 
brigands  armés  de  fusils  ,  vous  parvîntes  à  sous- 
traire à  leur  rapacité  la  voiture  et  les  voyageurs 
qu'elle  conduisait  ,  sans  d'autre  secours  que  votre 
résolution  et  votre  sang-fioid,  dont  trois  blessures 
graves  sont  les  honorables  témoignages.  Ce  trait 
qui  vous  distingue  ,  a  fixé  l'attention  du  premier 
consul,  à  qui  rien  de  ce  qui  porte  lempreinte 
du  vrai  courage  ne  peut  échapper  ;  et  pour  vous 
donner  des  preuves  de  la  satisfaciion  qu'il 
éprouve  ,  il  vous  accorde  une  graiification  de 
400  francs  que  je  vous  envoie  par  le  courier  de 
ce  jour.  >)  ^ 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  2  brumaire. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'état 
entendu ,  arrêtent  : 

Art.  I^''.  Le  préfet  de  police  de  Paris  exercera 
son  autorité  dans  toute  l'étendue  du  département 
de  la  Seine  et  dans  les  communes  de  Saint-Cloud, 
Meudon  et  Sèvres  du  département  de  Seine  et 
Oise  ,  en  ce  qui  touche  les  fonctions  qui  lui  sont 
attribuées  par  l'arrêté  des  con.suls  du  12  messidor 
an  8  ,  article  V  sur  la  mendicité  et  le  vagabon- 
dage. 

§  I ,  II ,  III.  Article  VI ,  sur  la  police  des 
prisons. 

Art.  VII ,  VIII  et  IX  ,  sur  les  maisons  pu- 
bliques. 

Art.  X,  sur  les  aitroupemens. 

Art.  XI  ,  sur  la  librairie  et  l'imprimerie.         ; 

Art.  XIII  ,  sur  les   poudres  et  salpêtres. 

Att.  XIV  ,   sur  les  émigrés. 

Art.  XIX,  sur  la  recherche  des  militaires  »J 
matins  ,  déserteurs  ,  prisonniers  de  guerre  ,  mai» 
par  droit  de  suite,  lorsqu'ils  se  seront  réfugiés  d« 
Paris  dans  les  autres  communes  du  département.i 

An.  XXIII  ,  sur   la  salubrité. 

\  IV  ,  Art.  XXIV  ,  sur  les  débordemeo»  «I 
débâcles. 


i34 


Art.  XXVI ,  sur  la  sûreté  du  coftimerte. 

Art.  XXXII  ,  sur  la  surveillance  des  places  , 
lieux  publics. 

J  I,  II  et  m.  Art.  XXXIII,  surjes  approvi- 
sionnemens. 

II.  Le  préfet  de  police  aura  à  cet  efFet  sous  ses 
ordres  ,  pour  cette  partie  de  ses  attributions  seu- 
lement,  les  maires  et  adjoints  des  Communes  ,  et 
les  commissaires  de  police  dans  les  lieux  où  il  y 
en  a  d  établis  ;  il  conesponjdra  avec  eux  directe- 
ment ,  ou  par  l'intermédiaire  des  ofliciers  publics 
sous  ses  ordres,  et  il  pourra  requérir  irannédia- 
tement  ou  par  ses  agens  ,  l'assistance  de  la  garde 
nationale  desdites  communes. 

III.  Le  préfet  de  police  remplacera  le  préfet  du 
département  de  la  Seine  pour  la  délivrance  des 
passeports  à  l'étranger. 

IV.  Les  ministres  de  l'intérieur  et  de  la  police 
sont  chargés  de  l'exécution  du  présent  arrêté  qui 
sera  imprimé  au   bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  iijnc,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 


Extrait  des  registres  du  sénat-conservateur.  —  Da  4 
brumaire  lan  9  de  la  république. 
Vu  le  message  des  consuls  de  la  république  , 
du  22  fructidor  an  8  ,  par  lequel  ils  iiiviient  le 
sénat-conservateur  à  pourvoir  .conformément  à 
l'article  XX  de  la  constitution  ,  au  reraplace- 
sienl  des  citoyens  Dalphonse  et  Viilers ,  membres 
du  corps-législatif,  dont  l'un  a  accepté  la  place 
de  préfet  du  département  de  1  Indre,  et  l'autre 
a  opté  pour  la  place  de  directeur  des  douanes 
à  Nantes  ; 

Vu  pareillement  un  second  message  des  consuls 
de  la  république  ,  du  7  vendémiaire  dernier  , 
annonçant  la  vacance  dune  troisième  place  au 
corps-législatif  ,  par  la  nomination  du  citoyen 
Frégeville  ,  un  de  ses  membres  ,  aux  fonctions 
qu'il  a  acceptées  ,  de  général  de  division  en 
activité  : 

Le  sénat-conservateur  ,  réuni  au  nombre  de 
membres  prescrit  par  l'article  XC  de  la  constitu- 
tion ,  procède  ,  en  exécution  de  l'article  XX  ,  à 
la  nomination  de  trois  membres  du  corps-légis- 
lauf,  en  remplacement  des  citoyens  Dalphonse , 
Villers  et  Frégeville. 

La  majorité  absolue  des  suËFrages ,  recueillis  au 
scrutin  individuel ,  se  fixe  sur  les  citoyens  : 

Saget  (  Loire-Inférieure)  ,  ex-président  de  l'ad- 
ministration municipale  de  Nantes  ; 

Despalieres  (  de  la  Vendée  ) ,  ex-membre  de 
l'assemblée  coloniale  de  1791- 

T,,, 11-,  -i-»c  ,    ex-législateur  j  ae  Seine-et- 

Oise.) 

Ils  sont  proclamés  par  le  président ,  membres 
du  corps-législatif. 

Le  sénat  arrête  que  ces  nominations  seront 
notifiées  par  un  message  au  corps-législatif , 
lors  de  sa  rentrée,  au  tribunal  et  aux  consuls 
de  la  république. 

Signé  ,  Lemercier  ,  président  ;  Kellermann 
et  Garât  ,  secrétraires- 
Par  le  sénat  conservateur  , 

Le  secrétaire-général ,  signé  ,  Cauchy. 
B0N.A.PARTE,  premier  consul  de  la  république  . 
Ordonne  que  l'acte  du  sénat-conservateur ,  qui 
précède  ,  sera  inséré  au  bulletin  des  lois.  Le  mi- 
mistre  de  la  justice  enverra  à  chacun  des  citoyens 
Saget  ,  Despalieres  et  Lacretelle  aîné,  un  exem- 
plaire du  bulletin  des  lois  ,  où  cet  acte  sera  in- 
séré ,  pour  leur  tenir  lieu  de  notification  ,  et 
leur  servir  de  titre  pour  constater  leur  qualité. 

Paris,  ce  4  brumaire  an  9  de  la  république 
irançaise. 

Le  premier  consul ,    signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 

MINISTERE    DE   LA    MARINE. 

'Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  au  citoyen 

Bouvier  .employé  au  secrétariat   de   la   marine. 

Taris  ,  /e  27  vendémiaire  an  9. 

Les  actions  qui  honorent  l'humanité  vous  sont 
familières  depuis  long-tems. Elles  vous  ont  acquis 
des  droits  à  l'estime  de  vos  concitoyens.  Votre 
modestie  y  ajoute  un  nouveau  mérite,  et  devient 
pour  moi  un  motif  de  vous  donner  un  témoi- 
gnage authentique  de  la  satisfaction  que  j'ai 
«prouvée  en  apprenant  la  manière  courageuse 
Avec  laquelle  vous  avez  encore  récemment  sauvé 
la  vie  à  un  militaire  attaché  à  la  marine  ,  qu'un 
accident  avait  fait  tomber  dans  la  Seine  ,  oià  il  eût 
péri  sans  votre  secours. 

Lorsqu'un  employé  ,  déjà  recommandable  par 
son  assiduité  et  son  zèle  ,  consacre  ses  heures  de 
lepos  à  de  pareils  loisirs  ,  il  ne  doit  pas  seule- 
ment en  trouver  le  prix  dans  la  conscience  du 
bienfait;  il  acquiert  des  titres  à  la  reconnaissance 
publique,  etje  me  félicite  d'en  être  l'organe  dans 
celte  occasion.  Signé  ,  Forfait. 


MINISTERE     DELA    GUERRE. 

M° 

5. 

fJCFLes  inspecteurs  de  cavalerie  ,  les  chefs  de  brigade,  commandans 

d'à 

rtillciie   et  conseils   d  administration    des     corps   de   cavalerie  qui 
aient  des   observations  à   faire  ,   soit  sur  le  nombre  des  chevaux 

au 

BUREAU  DES  REMONTES.         soit  sur   la  qualité  des  livraisons  qui  ne  cadreraient  pas  avec  le  présent 

.          état,   sont  invites  a  les  laire  passer  dans  le  olus  court  délai  au  ministrt- 

AN    8. 
Remis  le  i*'  brumaire 

de 

la  guerre. 

3„  g  ^    Etat-général  par  chaque  nature  de  service  drs  chevaux  livrés 

au  premier  consul 

aux  troupes  à  cheval  ,  et  auxdifférens  services  des  équipages 

des  armées  de  la  république  ,  pendant  le  cours  de  Tan  8. 

NOMBRE  des  che- 

Totaux 

NOS 

vaux  livrés  ,  et 

des    chevaux 

Armes 

des 

provenans 

livrés 

OBSERVATIONS. 

1 

corps. 

de  la 

des 

par           par 

levée. 

matchés. 

corps.      armes. 

1 
Carabiniers.      %     '„ 

123 

i 

1 
•24      \       3i6 

.1      "* 

( 

2- 

2 
3 

4 
5 
6 

192 

258 

78 

Au  commencement  de  l'an  8 ,  pres- 
que tous  les  corps  se  trouvaient  ré- 
duits au  moins  de  moitié   par  suite 

294 
343 
257 
167 
3o6 

20 

i 

3i4 
343 
258 
167 

321 

des  pertes^  éprouvées  dans  la  cam- 
pagne de  l'an  7  ;  mais  ceux  qui  se 
trouvaient   réduits  à  une  nullité   ab- 

i5 

solue  ,  et  pour  lesquels  il  a  fallu  faire 

7 

des  efforts  considérables  ,   sont  : 

8 

5o 

76 

126 

9 

145 

«43 

les3<',  7=,  II',  14=,  18=  et  il' 
de  cavâleiie  ; 

IQ 

.39 

'39 

II 

229 

5i 

280 

7"=,  II'' et  19=  de  dragons; 

1  ^       .    ■           / 

12 

5o 

5o      \ 

>    4,"i 
339      / 

52 

118 

6^,9',   14',  i5=,  ig«  ,  24»  et-25' 

Cavalerie.        \ 

13 

de  chasseurs  : 

1 

15 
16 

339 

4« 

118 

10 

'•■■  i"^  ,  .3«  ,  9»,  10',  II' et  12'  de 
hussards. 

17 

179 

«79 

Enfin    les  légions    italique  et   po- 

18 

212 

i 

2l3 

lonaise  ,    corps   de  nouvelle  forma- 

'9 

273 

273 

tion  ,    et    conséquemment    sans   un 

«0 

io3 

I 

ô"*    1 

seul   cheval  ,  en  ont  reçu,  iioo  des 

2[ 

3o6 

I 

3o7       1 

dépôts,   et  il  a  été  pourvu  à   la    re- 

22 

40 

40       \ 

monte   des    sept  escadrons  complé- 

23 

139 

II 

i5o       ] 

mentaires  des  corps  employés  à  l'ar- 

24 

222 

222       /- 

mée   d'Orient  ,    lesquels   étaient  en- 

25 

75 

75 

tièrement  démontés  ,   excepté   le  3' 

f       j" 

362 

36«      X 

de    dragons    qui    avait  encore   ni 

2 

3i 

3i 

chevaux  disponibles. 

3 

III 

I  II 

4 

25l 

28 

279 

^ 

5 

499 

52 

55i 

6 

262 

9 

264. 

7 

t-i 

414 

a 

74 

74 

1 

9 

572 

12 

584 

Dragons.          ( 

lo 

92 

67 

36i      )     ^'^93 

\ 

.11 

356 

12 

•- 

12 

5i7 

3 

520 

i3 

295 

5 

3oo 

\ 

14 

12 

212 

224 

. 

i5 

114 

112 

226 

16 

277 

35 

3l2 

17 

322 

I 

323 

18 

i35 

87 

222 

^  '9 

734 

28 

762           I 
207         J 

20 

207 

l" 

l32 

3.9 

45  I 

f    ï 

100 

100         ^ 

3 

77 

77 

4 

192 

192 

5 

186 

i5 

201 

6 

486 

486 

7 

116 

71 

187 

8 

94 

62 

i56 

9 

549 

i3 

562 

10 

25o 

25o 

II 

346 

346 

12 

368 

116 

484    \  8,841 

Chasseurs.       \ 

'   i3 

368 

25 

393    / 

14 

423 

423 

i5 

693 

146 

839 

16 

74 

74 

Les  numéros  17  et  18  jont  licen- 

»9  , 

593 

593 

tiés  depuis  long-tems. 

20 

463 

463 

21 

22 

143 

66 

S09 

23 

188 

16 

S04 

733       } 
818      ^ 

84 

58i 

l52 

^25 

418 

400 

1" 

657 

II 

668      , 

f      2 

3io 

i3 

323 

3 

489 

489 

4 

24 

24 

S 

122 

122 

6 

42S 

2 

427 

Hussards^         ^ 

'     .7 
\     7  bis 

196 
146 

78  ; 

196      \    4,524 

224    / 

\    ^ 

i3o      1 

i3o      1 

f     9 

375, 

61 

436     1  ; 

10 

341    : 

341       \ 

^  " 

483 

i6i    ' 

644       1 

■ 

« 

Son 

5oo      j 

'              i 

i35 


Arme». 


NOMBRE  des  che- 
vaux livrés  ,  cl 
provenans 


de  la 
levée. 


Artillerie  lég. 


Légions. 

Garde     des 
consuls. 

Généraux. 

Guides    des 
généraux. 


(Polon. 
■)   Ital. 
^Cisal. 

{— 

î 


Equipages  de 
tous  les  ser- 


Ariil. 

char. 
I  trains 
\etartil 

de  la 

garde 


Services  diversx 


ï34 

=97 

214 

847 

98 

264 

3io 
53a 
465 
io5 


295 

8293 

4043 


i5i 


164 

4 
3 


i384 


igSo 
i374 


TOTAUX 

des  chevaux 
livrés 


par 
corps. 


par 
armes. 


276 
297 
114 
247 
146 
392 
ï68 
3i3 
532 
465 
io5 


295 


2,o53 


295 


i5,66o 


0  B  SERVATIO  KS. 


Exercice  an  8. 


SltvATtON  des  marchés  de  chevaux 
en  deniers  et  en  nature  ,  pendant 
le  cours  de  l'an  S  et  à  Cépoque  du 
dit  i'^^  vendémiaire  an  9. 


N   O   M. S 

CES     E  N T  R C P R C M  S  U  R 5 

qui  ont  fourni. 


Constant 

Fidiere 

Hussenet 


171 


Sous  la  dénomination  de  charois  , 
on  comprend  tous  les  chevaux  four- 
nis aux  W  et  à  l'ambulance. 

On  comprend,    dans   cet  article  , 

les  chevaux  livrés  pour  le  service 
des  postes  des  armées  ,  à  la  gendar- 
merie ,  aux  volontaires  de  l'armée 
de  réserve  ,  à  la  manufacture  d'ar- 
mes de  Versailles  ,  etc. 


RÉCAPITULATION      GÉNÉRALE. 


Certifié  le  présent  état  général  par  chaque  nature 
de  service  ,  des  chevaux  livrés  aux  troupes  à 
cheval  et  aux  difîérens  services  d'équipages  des 
armées  de  la  république  pendant  le  cours  de  l'anS, 
conforme  au  relevé  qui  a  été  fait  des  procès- 
verbaux  et  autres  pièces  qui  ont  servi  à  justifier 
I  les  quantités  portées  audit  état. 

Le  chef  du  i5^  bureau,  du  ministère  de  la  guerre, 

MiOT. 

Vu  par  le  ministre  de   la  guerre,  par  \n\etifa  , 
Signé  ,   LaCUÉE. 


Cavalerie 
Dragons 
Chasseurs 
Hussards 
Artillerie  légère  .    . 

Légions 

Garde  des  consuls 

Généraux 

Guides  des  généraux.    . 

Equip.milit.  et  d'artillerie 

Services  divers     .    .    .    . 

Totaux   


Observations.  —    i"'  Sur  les  produits  de  la  levée. 

La  levée  des  40,000  chevaux  à  l'époque  du  i"  vendémiaire  an  9,  offrait  unprocTuit  de  43,928 
chevaux. 

Par  cet  état  elle  n'offre  qu'une  livraison  de  37,014. 

Différence  en  plus  de  6,914  chevaux. 

Mais  on  remarquira  qu'outre  ,  que  beaucoup  de  contrôles  de  livraisons  ne  sont  pas  parvenus  au 
ministère  de  la  guerre  ,  le  compte  de  la  levée  a  été  établi  sur  les  simples  rapports  des  généraux 
et  des  préfets  ,  et  qu'il  faut  admettre  des  pertes  en  chevaux  qui  ne  sont  pOiht  encore  connues, 
ce  qui  donne  l'explication  de  la  différence  qui  existe  entre  les  produits  de  la  levée  et  la  liviaison 
effectuée.  ' 

On  observe  que  le  relevé  du  nombre  des  chevaux  de  la  levée  fournis  à  chaque  corps  ou 
jervice  ,  a  été  fait  avec  la  plus  scrupuleuse  exactitude  ,  sur  les  contrôles  et  autres  pièces  adressées 
au  minisirede  la  guerre  par  les  officiers-généraux  chargés  des  répartitions  dans  les  points  de 
réunion  qui  avaient  été  établis  près  les  armées. 

a".  Sur  les  produits  des  traités. 

Il  est  à  remarquer  que  les  traités  passés  par  le  ministre  Carnot  ,  n'ayant  été  mis  à  exécution 
en  grande  partie  que  vers  la  fin  de  l'an  8,  etc.  particulièrement  dans  le  mois  de  fructidor,  et 
jours  complémentaires ,  il  existe  un  nombre  assez  considérable  de  chevaux  dans  les  divers  dépôts 
(e  qui  établit  la  différence  entre  les  livraisons  aux  corps  «t  services  pcadam  l'an  8,  avec  les 
fournitures  effectuées. 


VACCINE. 

Quatriemt  réflexion  sur  la  vaccine  ,■  par  le  citoyen 
Vaume,  médecin  de  l  université,  de  Louvain  ,  etc.  (i) 

Ce  n'est  qu'en  attendant  le  rapport  du  comité 
établi  en  cette  capitale  ,  pour  vérifier  les  effets  de 
la  vaccine  ,  et  pour  satisf-ire  les  amateurs  de  cette 
innovation  ,  que  je  vais  faire  connaître  avec  la 
plus  scrupuleuse  vérité  des  faits  que  j'ai  vus  , 
d'autres  qui  m'ont  été  communiqués  par  des 
membres  du  comité  ,  en  m'invitant  à  suivrç  leurs 
opérations. 

D'après  ces  faits  ,  je  pourrai  ,  sans  crainte  de 
divaguer  ,  ajouter  quelques  réflexions  ,  qui  prou- 
veront combien  nous  devons  nous  méfier  de  ces 
écrivains  ,  qui  donnent  pour  certain  ,  ce  qui  de- 
vient plus  douteux,  à  mesure  que  nous  sommes 
plus  éclairés  par  l'expérience. 

Exposé  succinct  des  épreuves  faites  à   Paris. 

Le  comité  de  Paris  inocula  trente  enfans,  il 
y  a  environ  cinq  mois  ,  avec  du  viius  venant 
d'Angleterre  ,  qui  avait  déjà  servi  dans  ce  pays 
à  l'inoctilation  successive  de  cent  individus  envi- 
ron ,  suivant  l'avis  du  commissionnaire;  le  virus 
devait  tirer  son  origine  du  Cowpox  ,  maladie 
réservée    aux   vaches  anglaises. 

Quelle  que  soit  cette  mati  re,  elle  ne  fit  d'effets 
réels  que  sur  six  ou  sept  individus  ,  qui  eurcht 
à  chaque  piqûre  un  bouton  blanc,  entouré  d'un 
cercle  inflaramaioiic  plus  ou  moins  considérable. 

Les  piqûres  du  nommé  Blondeau  ayant  le  mieux 
réussi  ,  on  fit  graver  la  figure  des  beutons  qui  eii 
résultèrent. 

Trois  mois  après  l'insertion  de  ce  viras  ,  on 
a  reinoculé  trors  de  ces  individus  avec  le  virus 
variolique  :  de  ce  nombre  fut  Blondeau  ;  deux 
n'eurent  que  des  boutons  légèrement  inflamma- 
toires i  mais  Blondeau  eut  des  boulons  vario- 
leux  caractérisés,  avec  fièvre  le  huitième  jour  ,  etc. 

Pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  la  nature  de 
cette  petite  vérole  ,  le  comité  fit   prendre   de   I2 


(j)  Ocite  letti 
comité  médical  : 
que  le  rapport 
ia/a»  »>  lettre.  (  ISote  du  tcdacteuc-  ) 


t  écrite  irvant  la  publication  du  rapport  du 

Litcur  Houa  presse  de  l'insérer  ,  en  annonçant 

peut  lien  chanj^cc  aux    xéSexion»  contenues 


i36 


nviMieieric  Bloni-iBBii  , '«ninocula  deux    enfans  , 

djiiit.  un  noraraé  ÇJia'.Jes  Layalelie  eut  une  petite 
vérole  {les,  plus  compiciies  avec  cent  boulons  en- 
viiôn  ■;, 'on  en  inocula  son  f'rerc  df  lait  ,  qui  de 
même  prit  la  jjélile  véVole  ;  ce  qui  forma  le  com- 
}i)é3iierii  de  la  preuve  que  Blondeau  avait  bien 
réelleujeni  pris  la  peiile  vérole  ;  le  tout  se  trouve 
consigné  dans   les  procès  -  verbaux  du  comité. 

Avant  CCS  réinocùlatiipns  ,  le  snédecin  Wood- 
viile  étant  arrivé  de  Lo'iidres  ,  apportant  de  la 
matière  qui  devîit  'aussi  venir  originairement 
d'une  vache  anglaise  ,  mais  qui  avait  servi  â  l'mo- 
cHlalio'n  successive  de  peut-être  cinq  ou  six  cerrts 
individus  de  l'espèce  humaine  ,  le  comité^  livra 
au  médecin  Woudville  six  enfans  ;  mais  ,  à  soti 
grand  élonnemeni,  ce  virns  qu'il  avait  apporté 
^avec  tant  de  soin,  ne  produisit  aucun  effet.  Pen- 
dant cet  intervalle,  le  premiervirusque  le  comité 
avait  reçu  ,  s'était  affaibli,  et  finalement  s'était 
toui-à-fait  amorti  ,  de  manière  que  le'  comité  et 
linoculateur  anglais  se'  trouvei;,erit  l'éduits  à 
linaction. 

Mais  celui-ci  ,  en  débarquant  à  Boulogne  ,  y 
avait  envachiné  quelques,  individus  ;  on,  apprit 
que  celle  épreuve  avait  réussi  ;  on  fit  venir  en 
poste  de  celte  matière  ,  et  le  citoyen  Colon  , 
partisan  très-prononcé  de  cette  innovation  ,  sou- 
mit son  propre  fils  à  l'éptieuve  de  ce  yirus;  il 
produisit,  ainsi  que  laulre  virus,  un  bouton 
blanc'par  piqûre  ,  avec  un  auréole- jnflafnraaioire 
assez  considérable  :  la  matière  de  ces  boutons 
a  servi  de  germe  à  tous  cegx  qu'on  a  enyachi- 
nés  ,'  et  qu'on  continue  encore  à  envachiner  ; 
son  effet  ,  quand  elle  en  a  produit ,  a  élé  cons- 
taminent  le  même  ,  sans  autre  altération  à  la 
santé  qu'un  léger  mo.uvemept.de  .fièvre  .dépen- 
dant peut-être   de  l'inflammation  locale. 

Le  comité  avait  encore  fait  ^ne  seconde 
épreuve  de  la  première  matière  ,  en  réinoculant 
avec  la  variole  sept  individus  ,  etivachinés  en- 
viron deux  mois  auparavant  :  cinq  n'eui-ent  que 
des  boutons  légèrement  inflammatoires  qui  se  des- 
séchèrent avant  le  9'  jour  ;  deux  eurent  à  chaque 
piqûre  des  boutons  plus  marqués  avec  inflam- 
mation ;  ils  existaient  encore  du   11°  au  lî"^  jour. 

'Le  11  vendémiaire,  trois  enfans,  reconnus 
bien  envachinés  avec  la  matière  apportée  par  le 
médecin  Woodeville  .  furent  réinoculés  avec  le 
viTus  vaiiolique.  Dès  le  lendemain  à  chaque  pi- 
qûre parurent  des  boutons  qui  ne  tardèrent  pas  à 
grossir  et  à  s'emplir  d'un  pus  jaunâtre  ;  le  cin- 
qttieme  jour,  le  citoyen  Salmate  qui  avait  réi- 
noculé ces  individus  ,  leur  trouva  de  la  fièvre.  Le 
septième  jour,  je  me  suis  rendu  au  comité  pour 
examiner  ces  réinoculés  ;  j'apperçus  presqu'à 
toutes  les  piqûres  des  boutons  varioleux  dont 
qvielques-uns  avec  de  la  matière;  enfin  les  bras 
pfésentaicnt  l'aspect  d'une  inoculation  variolique 
pariaiie,  lorsqu'elle  est  à  son  7' ou  8=  jour.  Les 
deux  sœurs  Ducrocq  étaient  encore  remarquables 
par  la  rougeur  des  pommettes,  et  par  leurs  yeux 
élincelans  •,' j'ai  senti  dans  leur  pouls  de  la  pléni- 
tude et  de  l'élévation  ,  avec  cette  vibration  fébrille 
dans  l'anere  qu'un  médecin-praticien  reconnait  au 
premier  abord,  en  lui  indiquant  que_  la  nature 
est  en  travail.  J'ai  demandé  qu'on  essayât  de  cette 
matière  ,  comme  on  avait  essayé  de  celle  de  Blon- 
deau ;  le  comité  s'y  est  refusé. 

'Voilà  le  précis  véridique  des  effets  obtenus  par 
les  épreuves  faites  jusqu'à  ce  jour  ,  avec  les  deux 
matières  purulentes  reçues  de   l'Angleterre. 

Le  comité  a  opéré  ,  comme  on  vient  de  le  voir, 
avec  une  matière  dont  l'origine  lui  est  inconnue  ; 
en  perpétuant  même  ses  épreuves,  il  ne  pourra 
jamais  prononcer  avec  certitude  î  s'il  ne  fait 
prendre  directement  et  avec  toutes  les  formalités 
pour  prévenir  les  fraudes  ,  la  matière  sur  le  pis 
d'une  vache  ,  infectée  de  la  maladie  nommée 
cowpox.  Par  les  effets  que  j'ai  vus  du  virus  envoyé 
d'An^^teterre  ,  je  me  suis  bien  convainiiu  que  ce 
n'est  point  du  virus  variolique  ordinaire  ;  mais  je 
crois  y  reconnaître  un  mélange  4'une  matière 
provenante  peut-être  de  vache  ,  avec  celle  de 
petite  vérole  -,  ce  mélange  aura  produit  une  espèce 
de  virus  mixte  ,  qui  insensiblement  samortira 
comme  il  est  déjà  arrivé. 

J'ai  prouvé  dans  mes  réflexions  antérieures  , 
que  pour  savoir  si  la  vaccine  préserve  de  la  petite 
vérole,  il  fallait  laisser  au  moins  un  intervalle 
d'une  année  entre  l'inoculation  vaccine  et  la  réino- 
culation variolique  :  les  retours  périodiques  des 
fièvres .  des  règles,  des  hémoro'ides ,  des  coliques  , 
les  et  d'autres  maladies  ne  laissentaucun  doute  sur 


révolulionsde  jours,  de  mois,  d'années,  et  même  de 
sept  années,  connues  sous  le  nom  d'années  cli- 
matériques  aux(iuelles  le  corps  hum.ain  est  assu- 
jetti. Les  effets  du  virus  variolique  peuvent  donc 
être  suspendus  sur  un  sujet  envachiné  pendant 
une  de  ces  révolutions  ;  la  rougeole  qui  suit  ou 
précède  assez  souvent  la  petite  vérole, peut  faire  une 
exception  ,  mais  ne  détruit  point  mon  argument. 
Le  comité  a  cependant  voulu  faire  trois  tenta- 
tives; Iri  première  après  un  intervalle  de  trois 
mois,  les  deux  auti'es  après  un  inlervalle  de 
deux  mois  environ  :  dains  la  première  sur  trois, 
un  prit  la  petite  vérole  ,,et  ce  fut  Blondeau  ,  sur 
qui  la  vaccine  avait  produit  le  plus  d'effet;-  dans 
la  seconde  deux  sur  sept  eurent  des  boutons 
inflammaioires  qui  subsistèrent  au-delà  du  dou- 
zième jour.  Dans  la  troisième  ,  tous  prirent  aux 
pi'qûres  des  boutons  varioleux  bien  caractérisés  , 
accompagnés  des  autres  symptômes  ordinaires 
aux  inoculations   bénignes. 

Il  est  donc  naturel  d'arguer  de  tous  ces  faits  , 
que  si  l'on  avait  attendu  la  révolution  d'une  année 
pour  fa,ire  ces  réinoculalions,  tous  cesenvachinés 
auraient  pris  la  petite  vérole  ,  à  l'exception  de  ceux 
qui  n'auraient  pas  eu  la  disposition  momentanée  de 
la  prendre  ,  et  de  ceux  qui  peuvent  l'avoir  eue  ; 
car  le  comité  a  reconnu  avoir  opéré  avec  la 
vaccine  sur  des  sujets  qui  avaient  eu  la  petite 
vérole.  \ 

Le  peu  de  rapport  qu'on  voit  entre  les  épreuves 
qui  ont  été  faites  à  Paris  ,  à  Londres  et  à  Genève, 
prouvent  encore  que  tout  ce  qui  a  été  tenlé 
jusqu'aujourd'hui,  n'offre  ni  ensemble  ni  stabi- 
lité ,  ni  motif  quelconque  de  conviction  ,  que 
la  vaccine  puisse  être  le  préservatif  de  la  pe- 
tite vérole.  Une  lettre  de  Genève  en  me  confir- 
mant les  ravages  que  ce  fléau  y  exerc^  ,  ajoute 
que  les  envachinés  n'en  sont  pas  plus  à  l'abri, 
que  les  autres  individus. 

D'après  cet  exposé  franc  et  véridique  de  ce 
qui  a  élé  fait  sur  la  vaccine  sous  nos  yeux  ,  et 
d'après  ce  que  nous  pouvons  savoir  de  positif 
sur  ce  qui  s'est  passé  dans  d  autres  pays  ,  on  peut 
se-  convaincre  combien  ces  apologistes  outrés 
en  imposent  au  public  en  mettant  leurs  préju- 
gés ,  ou  des  spéculations  d'un  avide  intérêt ,  à 
la  place  de  la  vérité.  Je  vois  d'un  autre  côté  un 
médecin  anglais  ,  nommé  Thornton  ,  dans  ses 
annonces  joindre  l'imposture  à  l'astuce. 

J'exhorte  donc  les  amateurs  de  la  vaccine  à 
attendre  le  rapport  et  les  résultats  des  épreuves 
dirigées  avec  prudence  et  impartialité  par  ceux 
des  membre?  composant  le  comité  de  Paris  qui 
méritent  la  confiance  du  public  ;  et  si  contre 
toute  apparence  la  vaccine  pouvait  offrir  un 
moyen  de  plus  de  diminuer  nos  maux  ,  avec 
quelle  satisfaction  je  joindrais  ma  prolession  de 
foi  et  mon  aveu,  au  rapport  du  comité  qui  an- 
noncerait ce  bienfait  !  J'exhorte  aussi  le  public  et 
les  gens  de  l'art  de  se  méfier  jusqu'à  ce  mo- 
ment de  toute  annonce  sut  la  vaccine  et  de  ses 
succès  qui,  malgré  nos  veux  ,  et  d'après  les 
preuves  évidentes  que  je  viens  de  donner  ,  sont 
plus  que  jamais  problématiques. 

Paris,  ce    aS  vendémiaire  an  9.  "Vaume  , 

Rue  Montmartre  ,  vis-à-vis  lafontaine. 

LIVRES      DIVERS. 

Nella  ou  la  Carinthienne  ;  par  madame  S.  M.  L. 
Trois   volumes  in-ii2  ;   prix,  5    francs. 

A  Paris ,  chez  l'auteur  ,  rue  du  Théâtre-Fran- 
çais ,  n°  7. 

L'auteur  de  ce  roman  est  une  femme.  Cette 
femme  est  étrangère  ,  et  lorsque  l'adressant  aux 
critiques  ,  elle  remarque  que  les  plus  habiles 
sont  aussi  les  plus  indulgents  ,  lorsqu'offrant  son 
premier  ouvrage  au  public,  aulieu  d'un  éloge 
anticipé,  elle  ne  croit  devoir  parler  que  de  sa 
faiblesse  ,  elle  acquiert  bien  des  droits  à  l'in- 
dulgence  qu'elle    réclame. 

Le  début  de  son  roman  est  heureux  ;  il  inspire 
de  l'intérêt.  Les  personnages  qui  devront  paraître 
en  scène  ,  y  sont  bien  peints,  et  bien  opposés. 
Celui  de  Nella  a  de  la  fraîcheur,  et  il  acquiert 
plus  de  charme  à  mesure  qu'il  est  mis  en  action. 
Nous  distinguerons  cependant  la  première  partie 
de  l'ouvrage  ,  où  des  événemens  naturels  ,  une 
peinture  hdele  des  mœurs  et  des  localités,  des 
scènes  agréables  ,  des  traits  délicats  et  fins  ,  se 
Succédetit  avec  rapidité. 

Cette  partie  nous  paraît  bien  supérieure  à  celle 


où  l'auteur,  cessant  de  prendre  la  sociele  pout 
modèle  ,  cherche  l'extraordinaire  ei  trouve  l'in- 
vraisemblable ;  quitte  la  route  fleurie  qu'il  avait 
parcourue  pour  se  lancer  dans  un  sentier  déj.à 
irop  battu  ,  otà  il  se  perd  dans  la  foule  des  roman- 
ciers imitateurs  les  uns  drs  autres.  Dans  cette 
dernière  partie  ,  on  trouve  bien  des  enlevemens , 
des  catastrophes  ,  des  surprises  ,  des  reconnais- 
sances ,  mais  l'intérêt  a  cessé  d'exister.  L'auteur 
laisse  des  doutes  sur  la  destinée  d'un  de  ses  pirin- 
cipaux  personnages  ,  et  ne  donne  aucune  lumicic 
sur  un  incident  du  roman  qu'on  désirerait  voir 
éclairci.  Il  annonce  une  continuation  de  I  histoire 
de  Nella.  On  l'accueillera  sans  dou:e  avec  em- 
pressement :  la  première  partie  n'étant  pas  entiè- 
rement complettée  ,  laisse  désirer  la  seconde. 

Méthode  abrégée  ,  simple  et  facile  ,  pour  apprendre 
en  trois  mois  les  vrais  principes  de  la  langue  fran- 
çaise ;  par  Galimard  ,  fils  aine  ;  ouvrage  reçu  par 
le  jury  d'instruction  pour  les  écoles  centrales; 
suivi  d'un  traité  d'ariihrnéiique  décimale. 

Piix,    I    fr.  25  cent.  ,  relié  en  parchemin. 

A  Paris,  chez  l'auteur  ,  rue  de  l'Echiquier, 
n*^  2  ,  faubourg  Denis ,  ou  rue  du  faubourg 
Denis,  n°  21  ,  mêmie  maison  ;  et  Sombert ,  libraire  , 
boulevard  Martin,  n"*  il  ,  vis-à-vis  l^ncieu 
Opéra. 

On  trouve  chez  le  même  libraire,  un  Syllabaire 
pour  apprendre  à  lire  et  à  écrire  aux  étrangers 
et  aux  enfans. 

Melchior  ardent ,  ou  les  Avantures  plaisantes 
d'un  Incroyable  ^  un  volume  in-12. 

Prix  ,  I  fr.  5o  cent.  ,  et  franc  de  port  2  fr. 

A  Paris,  chez  Lefort  ,  rue  du  Rempart  Honoré, 
n°  961  ;  et  Moutardier ,  imprimeur-libraire  ,  quai 
des  Augustins. 

Les  Amans  comme  il  y  en  a  peu  ,  ou  les  Délices  du 
Sentiment  ;  2  volumes  in-12  avec  figures.  ""    ' 

Prix  ,  3  fr.  br.  ,  et  4  fr.  25  cent,  frauc  de  port. 

A  Paris  ,  chez  MoDory  ,  libraire,  quai  des  Au- 
tzustins  .  n°  33;  et  Rousseau  ,  imprimeur,  rue 
Dominique  d'E.iiler,  n°  8. 

Lettre  du  citoyen  Mallet  d'Hyeres  ,  aux  citoyens 
membres  composant  ta  première  classe  de  l'institut  ;  ■ 
à  Palis  ,  le  26  prairial  an  S  ;    une  feuille  in-8". 

A  Paris ,  chez  la  citoyenne  veuve  Bernier, place 
Sotbonne  ,    ri°  433. 

Prix  ,  3o  ceni.  ;  et  35  ,  franc  de  port. 


COURS     D  "U     C  H.  A  N  G  L 

Bourse  du.  4  brumaire. 

a   3o  jours.       là  gojoun:. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid... 

Effectif. 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


4  fr.  90  c. 
14  fr.70  c. 

4  fr.  90  c. 
14  fr.  40  c 

4  fr.  70  c 

5  Ir.  12  c. 

ï  P- 


188 


li 


Effets  publics. 

Rente  provisoire. 23  fr.  20  c.  - 

Tiers  consolidé 36  fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers.. ....'..... 1   fr.  69  c. 

Bons  d'arréragé 87   fr.   25  c.^ 

Bons  pour  l'an  8 .   92  fr.  s5-c. 

SynHlcat 80  fr. 

Coupures 80  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  République  et  des  Arts.. 
Auj.  les  Horaces ,   et  le  ballet  du  Berger  Paris. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  i''^  repr.  de  l'Honim£  à  sentimens  ou  le  MorO' 
liseur.,  suiv.  du  Jaloux  malgré  lui. 

Théaire  d(i  Vaudeville.  Auj.  la  i"=  repr. 
de  Scène  première  ou  la  Pièce  interrompue  ,  et  les 
Métamorphoses.  .    _  . 

Théâtre  des  JEUNES  Élevés,  rue  deThionville. 
Auj.  le  faux  Billet  doux;  la  Fête  d'amour,  et 
Nicaise. 

Théâtre  DE  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  l'Enfant  de  l'Amour,  pani.  grand  spectacle  ; 
la  i^'"^  repr.  de  la  Romance  ,  et  Louise. 

Erratum.  Dans  le  n°  d'hier,  1^"=  colonne,  art. 
Espagne  ,  ligne  39  ,  au-lieu  du  mot  convoient  , 
lisez  celui  louvoient. 


L-abounemcm  se  fait.  Paris,  rue  des  Poitevins ,  u°  .8.  Le  priit  est  d=  25  francs  pour  trois  mois  ,  5o  francs  pour  sis   mois,   et    .00    francs   pour  l'année   entière.  On   n 

s'abonne  du  -iU  commencement  de  cbaqne  mois. 

Iltaui  adresseras  letlreseil'argent,fraocde  port, aucit.AcASSE, propriétaire  de  cejournal,ruedes  Poitevins, n«  18.  Ilfautcomprendre   dans  les   envo.6   le  port    de 

■   r„.,  „,  neiu  ifFraacliir    Les  lettres  des  déparlemens  non  aEfranchies  ,  ne  seront  point  reti  recs  de  la  poste.  ) 

''^^^■Llavoi"soin%o" "lus  de  sûreté,  de  cbarg»  celles  qui   reutermen.des  valeurs  ,%t  adresser  toui  ce  quicotrcerne  la  rédaction  de    la  feuille  ,    au  rédacteur  .   rue  de 
Foiievins,    k"  i3,  depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cil  -j  heures  du  soir. 


A  Patis,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


gazettOStionale  ou  le  moniteur  universel. 


N"  36. 


iexlidi ,    6  brumaire  an  g  de  la  république  françahe ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'A  dater  du  7  Nivôse  le  Mo  NIT  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  .  ainsi  que  les  fah^çf  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  '^i'r>^n  "'  •^'         "      " 

Un  article  seia  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles.  ' 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  22  octobre  (  3o  vendémiaire.  ) 

Actions  de  la  banque  167  •.  —  3  pour  |.  con- 
solidés 64  I  5 1.  Pour  novembre  64-5  j  |.  Omnium 
3  i  I  •;.  Prime. 

Le  prix  du  blé  et  de  la  farine  ayant  éprouvé 
une  hausse  considérable  depuis  la  dernière  taxe, 
le  lord  maire  a  fixé  celui  du  pain  de  4  livres  à 
I  schell.  4  pences  {. 

Le  roi  a  noraméJohnHookham,  écuyer  ,  son 
envoyé  extraordinaire  et  son  ministre  pléni- 
potentiaire à  la  cour  de  son  altesse  le  prince 
légent  de  Portugal. 

M.  Merry  ,  notre  dernier  chargé  d'afiFaires  à  la 
cour  de  Copenhague  ,  remplace  M.  Liston  , 
comme  ministie  plénipotentiaire  de  S.  M.  auprès 
des  Etats-Unis  de  l'Amérique. 

Les  commissaires  anglais  revenus  d'Amérique 
ont  été  présentés  à  S-  M.  Leurs  négociations  n'ont 
point  eu  de  succès. 

Le  gouvernement  se  propose  ,  dit-on  ,  de  faire 
passer  des  constructeur;  de  vaisseaux  et  des  ou- 
vriers à  Malte. 

Presque  tous  les  bâtimens  doublés  en  cuivre 
qui  se  trouvaient  sur  la  Tamise  ,  ont  été  frétés 
pour  le  compte  du  gouvernement. 

Il  a  été  Fait  des  demandes  considérables  de  tiz 
en  Amérique  ,  pour  lesquelles  i!  sera  réglé  de 
fortes  primes  à  la  rentrée  du  parlement.  On  nous 
annonce  de  ce  pays  pour  le  commencement  du 
prinlems  procham  ,  un  envoi  de  blé  et  de  farine  , 
égal  à  la  consommation  de  tout  le  royaume  pen- 
dant un  mois 

Le  docteur  Millman  vient  d'être  créé  baronet , 
pour  avoir  rendu  la  santé  à  la  princesse  Sophie  , 
lors  de  son  séjour  à  Weymouth. 

Selon  det  lettres  reçues  hier  en  ville,  les  troupes 
sous  les  ordres  de  sir  Ralph  Abercrorabie  et  de 
»ir  T.  Pulieney  ,  ne  sont  allées  que  dans  la  baie 
deTéiuan  ,  pour  y  attendre  des  ordres  ultérieurs  ; 
cette  station  étant  plus  commode  sous  tous  les 
rapports  que  celle  de  Gibraltar. 

Un  ambassadeur  du  dey  d'Alger  est  débarqué 
àRamesgate.  Le gouverneraenta  envoyé  au-devant 
^    de  lui.  Il  paraît  que  notre  querelle  avec  le  dey  a 
pris  un  caractère  assez  sérieux. 

Charles  Benning  ,  élevé  de  procureur,  et  un 
Walchmann  ,  ont  été  traduits  à  Guildhall  pour 
cause  d'imprécations  contre  le  roi  et  le  par- 
lement. 

Un  bâtiment  de  la  compagnie  nommé  The 
Queen  ,  se  rendant  dans  l'Inde  ,  a  été  consumé 
par  le  feu  sur  la  côte  du  Brésil. 

Nous  apprenons  que  la  révolution  ,  finie  en 
France  ,  menaçait  d'y  recommencer  ,  si  quelques 
obscurs  scélérats  n'eussent  été  découverts  à  tems 
par  le  ministre  de  la  police. 

(  Extrait  du  Morning-Chronicle  ,  du  Sun  et  du 
Courier.  ) 

Du  î  brumaire  {  4  octobre  ]. 

On  lit  dans  un  de  nos  journaux  (  le  Sun)  les 
réflexions  suivantes  sur  la  cherté  des  subsistances  : 
«•  Il  n'y  a  pas  de  sujet  qui  mérite  dette  traité 
»vec  plus  de  calme  que  la  cherté  des  subsistances, 
et  particulièrement  du  blé.  Il  n'en  est  pas  un 
»ur  lequel  le  peuple  ait  jamais  persisté  avec 
plus  de  violence  et  d'opiniâirelé  dans  ses  opi- 
nions erronnées.  Les  uns  assurent  que  la  di- 
sette est  la  seule  cause  de  la  cherié  ,  sans  avoir 
éj^ard  aux  auircs  circonstances  qui  peuvent  y 
concourir  ;  pendant  que  d'autres  ,  par  une  erreur 
plus  grossière,  et  peut-être  même  avec  perfidie  , 
nient  1  existence  d'une  disette  réelle  ,  et  impu- 
tent le    mal  à  la  cupidité  et  au  monopole. 

Depuis  lySo  jusqu'à  l'année  1770,  l'exporta- 
lion  du  blé  produisit  ,  terme  moyen  ,  environ 
600.000  liv.  st.  par  an.  L'importation  ,  depuis 
1770  jusqu  à  J790  ,  a  coulé  aniiullement  envi- 
ron 3oo,ooo  1.  s.  ,  et  depuis  1790  jusqu'à  présent 
la  balance  a  été  constamment  à  notre  préjudice. 
Le  mal  est  maintenant  plus  que  doublé.  Ce 
qui  ptouye  clairement  que  la  coniommation  du 


blé  ,  qu'elle  provienne  d'un  accroissement  de  po- 
pulation ,  ou  de  toute  autre  cause,  a  augmenté 
beaucoup  plus  que  les  moyens  de  production. 
Ajoutez  à  cela  que  cette  année  la  récolte  a 
rendu  beaucoup  moins  qu'elle  ne  promettait. 
Ainsi  (  la  cherté  peut  être  attribuée  à  ces  deux 
causes  :  une  consoramaiion  plus  forte  que  le 
produit  de  la  terre  ,  et  la  mauvaise  récolte  de 
cette  année.  Nous  croyons  bien  que  les  manœu- 
vres dumoiiopole  contribuent  eftcbre  à  aggraver 
le  mal ,  mais  on  exagère  leur  influence.  Assurer  , 
comme  l'a  fait  un  de  nos  journalistes ,  qu  il  n'y 
a  pas  disette  ,  c'est  ignorance  grossière  ou  mal- 
veillance. 

Un  grand  cri  a  été  poussé  contre  les  mono- 
poleurs ,  accapareurs  ,  etc.  et  l'autorité  a  donné 
trop  de  crédit  à  ces  clameurs.  Il  suffit  ,  pour  s'en 
convaincre  ,  d'examiner  combien  il  y  a  eu  peu 
de  personnes  punies  pour  ce  crime  ;  car  assu- 
rément on  ne  peut  pas  soupçonner  les  juges  de 
faiblesse  ou  de  partialité.  Leur  horreur  contre 
ces  sangsues  publiques  est  trop  bien  connue. 

Un  grand  nombre  de  ceux  qui  crient  si  haut 
contre  les  monopoleurs  ,  imputent ,  en  grande 
partie  ,._la  cherté  du  blé  et  de  la  farine  aux 
spéculations  du  fermier  et  du  meunier.  Nous 
avons  déjà  dit  que  ,  dans  un  tems  de  disette  , 
ceux  qui  récoltent  du  grain  ,  ne  manquent  pas 
d'en  garder  :  c'est  un  article  dont  il  n'est  pas 
si  essentiel  pour  le  bien  du  peuple  ,  qu'on  fixe 
le  prix  dans  une  proportion  exacte  avec  les  four- 
nitures à  faire.  Si  la  taxe  est  trop  haute  ,  le 
peuple  est  menacé  d'être  privé  de  sa  subsistance: 
si  elle  est  trop  basse  ,  la  consommation  devient 
trop  forte  et  la  famine  est  à  craindre,  Jamais  les 
fermiers  n'ont  été  plus  accusé»  de  spéculer  que 
l'année  dernière  ,  et  cependant  le  grain  ancien 
ne  fut  jamais  si  proraptement  épuisé  qu'il  l'a 
été  cette  année  ,  siir  la  simple  apparence  d'une 
belle  récolle. 

Ceux  qui  accusent  les  meuniers,  disent  qu'un 
jour  le  prix  de  la  farine  a  été  beaucoup  plus 
haut  qu'il  n'aurait  dû  l'être  ,  en  comparaison  du 
prix  du  bled.  Ils  oublient  que  le  jnennier  est 
par  état  obligé  de  spéculer  ;  que  le  bled  qu  il 
moud  aujourd'hui  ,  il  ne  le  vendxa.  p.eut-êue  pas 
avant  six  mois  ;  et  par  conséquent  ,  quoique  le 
prix  du  blé  doive  en  général  servir  de  com-. 
paraison  à  celui  de  la  farine,  ilne  peul  le  régler 
à  la  rigueur. 

pira-t-on  que  l'état  du  meunier  n'est  pas  un 
naétièr  de  spéculation?  qu'on  doit  l'empêcher 
d'acheter,  et  qu'on  ne  doit  le  paypr  qu'à  un 
taux  fixé  pour  sa  mouture  ?  sa  réponse  est 
facile  ;  il  est  impossible  de  déterminer  ce  taux, 
en  essayant  de  le  faire  -,  l'on  ruinerait  lun  , 
pendant  que  l'autre  ferait  des  gains  énormes. 
Les  frais  de  main-d'oeuvrei,  varient  considéra- 
blement à  raison  de  la  supériorité  des  machines 
qu'on  emploie  ,  et  de  différentes  circonstances 
locales. 

Il  est  probable  que  les  meuniers  gagnent 
beaucoup  sur  certains  marchés  et  peu  sur  d'autres, 
et  qu'ils  perdent  sur  quelques-uns.  La  question 
considérée  ,  sous  le  rappoit  du  commerce,  est 
de  savoir,  si  en  général  les  gains  ne  sont  pas 
exorbitans.  Il  est  certain  que  le  meunier  gagne 
davantage,  quand  le  grain  est  plus  cher  :  dans 
un  tems  d'abondance,  il  y  a  concurrence  parmi 
les  vendeurs  ,  parce  que  chacun  veut  gagner 
sa  vie.  Dans  un  tems  de  disette  ,  chacun  cache 
son  grain  ,  parce  qu'on  veut  de  gros  profits. 
Telle  est  la  nature  de  toute  espèce  de  commerce  ; 
celui  du  blé  a  cet  avantage  que  dans  un  tems 
de  disette  ,  si  le  grain  monte  à  un  prix  élevé  , 
ce  qui  est  un  mal  ,  la  consommation  devient 
moins   forte  ,    ce    qui  est  un  avantage  réel. 

Quelle  que  soit  la  cause  de  la  cherté  du  blé  , 
quand  elle  existe  ,  le  pauvre  a  droit  à  des  secours 
extraordinaires.  Il  est  certaiti  que  les  gages  et 
salaires  doivent  alors  être  augmentés  ,  momen- 
tanément ;  quand  le  peuple  ne  peut  atteindre 
aux  prix  des  subsistances  de  première  nécessité, 
il  est  disposé  à  s'insurger  ;  la  malveillance  en 
profite  et  échauffe  les  esprits  en  donnant  comme 
cause  de  la  cherté,  ce  qui  lui  est  étranger.  Nous 
serons  heureux  si  le  parlement  peut  trouver  un 
remède  proportionné  à  la  grandeur  du  mal.  11 
faut  accorder  des  primes  ,  etc.  ;  mais  si  la  con- 
sommation ne  diminue  point  ,  si  l'on  n'étend 
pas  la  culture  du  blé  ,  le  mal  ne  sera  que  pallié  ; 
au  reste,  les  besoins  présens  réclament  toute  l'at- 
tention du  parlcraeni.  Tous  les  efforts  se  réur 
niront  pour  soulager  le  peuple  ,  sans  irriiei  les 
esprits.    (  Extrait  du  True  Brilon  et  du  Sun.  ) 


INTÉRIEUR. 

Parii  ,  le  5    brumaire, 

La  foire  de  Bordeaux  est  commencée  depuis 
quelquesjours  :  l'ordre  y  règne  ,  grâces  à  la  sur- 
veillance de  la  police  ;  les  espérances  d'une  paix 
prochaine  donnent  quelqu'aciivité  aux  opération» 
commerciales. 

Le  prix  des  eaux-de-vie  se  maintient  toujours , 
et  celle  faveur  qui  s'étendra  sans  doute  aux  vins, 
est  duc  au  traité  que  la  France  vient  de  con- 
clure avec  les  Etats-Unis. 

(Journal  de  la  Gironde  ,   du  27  vendémiaire.) 

—  La  foire  du  i"  brumaire  a  été  belle  à  Rouen, 
et  I  on  y  a  vu  un  concours  prodigieux  des  habi- 
t.ins  de  la  campagne  ,  amenés  tant  pour  les  be- 
soins du  commerce  qu'attirés  par  la  curiosité. 
Quoiqu'il  y  eût  beaucoup  de  chevaux  ,  ils  out 
cependant  été  maintenus  à  un  prix  très- haut.  On 
na  pourtant  point  remarqué  qu'il  ait  été  fait  au- 
cuns achats  pouT  le  gouvernement.  Les  bêtes  à 
cornes  s  y  sont  aussi  vendues  à  un  prix  eicessif  : 
ceci  surprend  d'autant  plus  que  les  fourrages" 
n  ont  pas   été   abondans  dans  plusieurs  canions. 

Quant  aux  marchandises  ,  les  forains  se  plai- 
gnent généralement  du  peu  de  vente.  Il  paraît 
qu  il  n  y  a  véritablement  de  débit  que  dans  la  par- 
tie des  étoffes  en  laine.  Les  approchas  de  Ihiver 
ont  impérieusement  commandé  des  achats  dans 
cette  parue.  {  Extrait  de  la  Vedette  de  Rouen.  ) 

—  On  écrit  de  Draguignan  .  en  date  du  24  ven- 
démiaire ,  que  la  nouvelle  de  la  prolongation  de 
1  armistice  a  été  célébrée  à  Grasse,  à  St-Maxime 
et  a  S.-.int-Tropès  par  des  fêles,  des  danses  et 
dt:s  Jeux  de  joie.  Les  paroles  de  paix  ,  de  con- 
cihqition  et  d'espérance  que  le  préfet  a  portées 
a  tous  les  citoyens  dans  les  visites  qu'il  a  faites 
de  ces  arrondissemens  ,  ont  été  par-tout  accueil- 
bes  avec  des  marques  de  la  plus  grande  sin- 
cérité. 

-^  Le  citoyen  Alphonse  Leroi  ,  professeur  à 
1  école  de  médecine  de  Paris,  commencera  un 
cours  particulier  de  médecine  des  femm'ej  ,  des 
enfans  et  de  maiiere  médicale  ,  le  6  brumaire 
an  9  ,  à  six  heures  du  soir,  dans  son  labora- 
toire ,  rue  Pavée-André-des-Arcs ,  n°.  7  et  8  ,  et 
le  continuera  tous  les  jours  pairs  à  la  même 
heure  ,  excepté  le  décadi.  Le  citoyen  Vauché  , 
son   prévôt  ,    fera  les  répétitions  nécessaires. 

—  On  lit  l'article  suivant  dans  le  Publiciste  du 
5  vendémiaire  : 

u  On  a  beaucoup  exalté  dans  quelques  jour- 
naux les  profits  que  relire  l'Angleterre  des  diverses 
branches  de  commerce  qu'elle  es;  parvenue  à 
s'approprier  exclusivement  pendant  cetie  guerre, 
dont  la  prolongation  est,  avec  raison,  attribuée 
aux  calculs  ambitieux  de  ses  minisires  ;  et  quel- 
ques politiques  qui  croient  encore  à  la  justesse 
du  vieux  adage:  Qui  est  maître  de  la  mer,  es/ 
maître  de  la  terre  ,  ainsi  que  de  cet  autre  adage  : 
Entre  deux  puissances  en  guerre  ,  la  victoire  reste  à 
celle  qui  aura  le  dernier  écu  ,  tirent  de  ces  tableaux 
mercantiles  les  conséquences  les  plus  brillantes 
pour  lAngleterre  :  d'autres  conséquences  seraient 
plus  exactes. 

>iLe  gouvernement  anglais  paraît  être  de  cet 
avis.  Il  suffit  de  se  rappeler  quels  efforts  et  quels 
sacrifices  il  fait  pour  entretenir  la  guerre  conti- 
nentale ;  avec  quel  empressement  il  consent  et 
sollicite  encore  d'être  compris  dans  les  négocia- 
tions de  paix  ,  aussitôt  que  ses  alliés  sont  con- 
traints de  les  entamer;  enfin  ,  avec  quelle  rési- 
gnation le  ministère  britannique  se  soumit  ,  après 
les  préhminaites  de  Léoben  et  le  traité  de  Campo- 
Formio  ,  au  rôle  humiliant  de  detnander  la  paix 
aux  rogues  directeurs ,  dont  les  dédairts  auraient 
dû  rebuter  iin  gouvernement  aussi  enorgueilli 
de  ses  victoires  navales  et  de  ses  riches  con- 
quêtes. 

>i  Aux  yeux  même  de  ceux  qui  font  consister 
dans  les  richesses  pécuniaires  la  force  d'un  état 
l'Angleterre  ne  doit  point  être  dans  une  situation 
Ion  bfillanie  à  cet  égard.  Ce  pays  où  ils  suppo- 
sent que  s'est  englouti  tout  le  numéraire  de 
1  Europe  ,  est  obligé  d'envoyer  à  I  étranger , 
contre  une  de  ces  lois  formelles  ,  des  sonjmis 
énoiines  pour  acquitter  les  subsides  de  ses  alliés. 
Personne  n'ignore  que  le  gouvernement  anglais 
vend  sur  le  coniinent  ,  à  des  prix  très-bas  ,^di» 
quantités  prodigieuses  de  marchandises  qui!  reçoit 


comptant  d'une  partie  de  ses  emprunts  publics  , 
et  qu'il  a  dans  plusieurs  occasions  leliement  forcé 
la  vente  de  ces  marchandises  ,  en  tentant  les  né- 
gocians  étrangers  par  la  baisse  successive  des  prix, 
que  c'est  à  cela  qu'on  attribue  lé  grand  nombre 
de  banqueroiites  qui  ont  eu  lieu  à  Hambourg 
et  ailleurs. 

n  Hé  bien  !  malgré  ces  ventes  forcées  ,  malgré 
ce  monopole,  qu'exerce  l'Angleterre  pour  les  mar- 
chandises des  deux  Indes,  il  se  trouve  que, 
même  à  présent  ,  dans  lej  circonstances  les  plus 
favorables  ,  la  balance  du  commerce  n'est  pas 
en  faveur  de  l'Angleterre;  et  la  preuve  est,  i° 
dans  l'immense  quantité  d'importations ,  qui  ont 
eu  lieu  dernièrement  dans  respa,ce  de  quatre 
mflis  ,  et  que  l'on  a  évaluées  à  sSo  millions  de 
francs;  dans  l'envoi  fait  en  dernier  lieu  de  2 
millions  de  liv.  sterling  à  Hambourg,  en  espèces 
effectives,  pour  les  subsides  de  I  Autriche.  3° 
Tout  le  monde  sait  qu'outre  les  18  millions  de 
livres  sterling  ,  que  la  banque  de  Londres  a  mis 
dans  la  circulation  en  billets  de  banque  ,  qu'outre 
une  somme  équivalente  de  billets  ,  émis  par  les 
banques  de  divers  comtés,  il  existe  en  Angle- 
terre plus  de  400  millions  de  livres  sterling  , 
d'autres  papiers  de  diverses  origines  et  de  valeurs 
différentes  ,  qui  se  négocient  journellement  sur 
la  place  ;  et  que  celte  immense  quantité  de  pa- 
piers ,  équivalente  à  plus  de  moitié  de  la  valeur 
intrinsèque  de  toutes  les  propriétés  foncières  , 
mobiliaires  et  commerciales  de  la  Grande-Bre- 
•lagne  ,  perd  en  ce  moment  a5  à  3o  pour  100. 
On  sait  que  la  banque  de  Londres  ,  dont  la  sol- 
vabilité a  été  démontrée  en  public  par  des  pièces 
irrécusables  ,  est  néanmoins  en  état  de  faillite 
oiiverte  sous  h  protection  du  gouvernement, 
son  débiteur,  qt  des  deux  chambres  du  parle- 
ment. Enfin  ,  on  sait  que  l'élat,  obligé  de  payer 
ses  dépenses  en  papier,  au  lieu  de  numéraire, 
voit,  depuis  trois  ans,  la  quotité  de  ses  dépenses 
s'accroître  dans  la  progression  la  plus  effrayante  ; 
•et  que  le  peuple  anglais  dépense  cette  année 
environ  60  milliorrs  de  livres  sterling,  dont  un 
tiers  est  employé  en  intérêts  de  sa  dette  ,  et  le 
reste  en  entretien  de  ses  armées  ,  de  Ses  flottes  , 
en  subsides,  etc.  Croira-t-on  ,  d'après  cela,  que 
l-Angleterre  regorge  de  numéraire ,  comme  on 
affecte  de    le    publier  ? 

>)  Les  vastes  conquêtes  des  anglais  dans  des 
pays  lointains  ,  dans  des  climats  OÙ  ils  sont  obli- 
gés de  renouveller  sans  cesse  leurs  garnisons,  sont 
aussi  onéreuses  aux  finances  de  l'état  qu'à  sa  po- 
pulation. (  On  n'a  qu'a  lire  le  budjet  de  (Inde  )  On 
ne  saurait  calculer  .  avec  précision  ,  les  pertes 
qu'éprouve  la  nation  britannique  dans  les  croi- 
sières continuelles  de  ses  escadres,  et  sur-tout  dans 
les  nombreux  transports  de  troupes  qu'elle  envoie  j 
dans  toutes  les  parties  du  globe  ;  mais  à  coup  sur , 
elle  paie  bien  cher  la  gloire  de  promener  fiere-  j 
ment,  dans  toutes  les  mers,  ses  brillantes  escadres  | 
et  ses  troupes  de  débarquement.  La  voilà  main-  I 
tenant  obligée  de  soudoyer  un  nombre  infini  de 
milices  sur  ses  rives  ,  lors  même  que  notre  gou- | 
vernement  ne  songe  point  ,  et  ne  peut  songer  à 
les  menacer.  Que  sera-ce  ,  lorsqu'après  avoir  con- 
quis la  paix  continentale  ,  il  pourra  transporter 
sur  nos  côtes  de  l'Océan  l5o  mille  de  nos  braves 
guerriers  !  Alot.s  l'Angleterre  ,  menacée  dans  ses 
propres  foyers  ,  sera  dans  des  allarmes  conti- 
nuelles ;  alors  cet  amas  immense  de  papiers  dont 
le  crédit  repose  moins  encore  sur  l'heureux  et 
savant  artifice  qui  a  su  créer  et  conserver  tant  de 
richesses  fictives  ,  que  sur  l'opinion  forcée  que 
doit  concevoir  en  leur  faveur  tout  anglais  dévoué 
à  l'honneur  national  ,  par  la  crainte  de  voir  crou- 
ler les  fortunes  particulières  sous  les  débris  de  la 
fortune  publique  ;  cette  masse  énorme  de  biens 
qui  n'existe  que  par  l'opinion  ,  sera  ébranlée 
dans  tous  ses  fondemens,  et  s'affaissera  subitement 
sous  le  poids  des  terreurs  générales  ;  alors  les  dix 
milliards  d'assignats  anglais  éprouveront  le  même 
sort  que  les  quarante-cinq  milliards  d'assignats  du 
comité  de  salut  public.  Bientôt  l'état  n'aura  plus 
aucun  moyen  de  soudoyer  son  armée  navale  ,  ses 
troupes  de  ligne,  ses  milices  ;  et  dans  le  boule- 
versement général  de  la  fortune  publique  et  par- 
ticulière, les  anglais  seront  trop  heureux  de  préve- 
nir l'invasion  de  leur  territoire  par  le  sacrifice  des 
richesses  comnterciales  que  notre  gouvernement 
mettra  en  réquisition  dans  ses  ports. 

)j  Deux  ans  tout  au  plus  de  démonstrations  hos- 
tiles de  la  part  de  la  France  ,  amèneront  inévita- 
blement ^e  résultat.  C'est  alors  que  l'on  verra 
quel  immense  intervalle  sépare  la  fortune  terri- 
toriale de  la  France  et  la  fortune  commerciale  de 
l'Angleterre  :  l'une  attaquée  réellement  et  à  l'im- 
provisle  par  les  forces  réunies  d'une  grande  partie 
de  l'Europe  ,  aura  repoussé  ses  ennemis  et  reculé 
ses  frontières  ^  l'autre  succombera  sous  ses  prépa- 
ratifs de  défense  ,  à  la  vue  seule  des  préparatifs 
menaçan-s  de  la  France. 

H  Un  étal  si  voisin  d'une  situation  aussi  désas- 
treuse ,  est-il  dans  le  cas  de  prendre  avec  nous 
le  ton  impérieux  qu'on  lui  prête  dans  les  gazettes? 

5)  On  ne  saurait  nier  que  la  Grande-Bretagne  ne 
S"ii  en  ce  moment  dans  un  état  de  choses  telle- 
i:-.;n:  jorcé,   tellement  disproportionné  avec  ses 


i38 

moyens,  qu'il  lui  serait  irnpossible  de  s'y  riiainfe-' 
nir  plus  de  trois  ou  quatre  ans  ,  sans  éprouver 
quelque  terrible  Catastrophe  ;  et  la  jjaix  continen- 
tale abrégera  ce  tenue  de  moitié.  1» 

SÉN  AT-CONSERVATEUR. 

Exlrait  des  registres  du  sénat-conservateur.  —  Du  4 
brumaire  l'an  9  de  la  république. 

Vu  le  message  des  consuls  de  la  république.,, 
du  7  vendémiaire  dernier,  par  lequel  ils  invitent 
le  sénat-conservateur  à  pourvoir  ,  conformément 
à  l'art.  XX  de  la  constitution:  au  remplacement 
du  cit.  Miot  ,  un  des  membres  du  tribunat , 
nommé  aux  fonctions  dé  conseiller-d  état  qu'il  a 
acceptées  ;  • 

Le  sénat  -  conservateur  ,  réuni  au  nombre 
prescrit  par  l'article  XC.  de  la  consuiution  ,  pro- 
cède ,  en  exécutiort  de  l'art.  XX ,  à  la  nomina- 
tion d'un  membre  du  tribunat ,  en  remplacement 
du  cit.  Miot  :  le  dépouillement  des  votes  donne 
la  majorité  absolue  au  citoyen  Villot-Frévillé,  de 
la  Seine  ,  ex-secrétaire  de  légation  en  Espagne. 

Il  est  proclamé  par  le  président ,  membre  du 
tribunat. 

Le  sénat  arrête  que  cette  nomination  sera 
notifiée  par  un  message  au  corps-législatif  , 
lors  de  sa  rentrée  ,  au  tribunat  et  aux  consuls 
de  la  république. 

Signé  ,  Lkmiîrcier  ,  président  ;  KellerMann 
et  Garât  ,  secrétaires. 

Par  le  sénat-conservateur , 

Le  secrétaire-général  ,   signé  ,  Caijchy. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
ordonne  que  l'acle  du  sénat-conservateur  ,  qui 
précède  ,  sera  inséré  au  bulletin  des  lois.  Le  mi- 
nistre de  la  justice  enverra  au  cit.  Villot-Fréville  , 
un  exemplaue  du  bulletin  des  lois  où  cet  acte 
sera  inséré  ,  pour  lui  tenir  lieu  de  notification  ,' 
et  lui  servir  de  titre  pour  constater  sa  qualité. 

Paris ,  le  4  brumaire  an  g  de  la  république 
française. 

Le  premier  consul  ^    signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 


administration    des    monnaies. 

AVIS. 

Les  citoyens  sont  prévenus  que  ,  conformément 
à  l'article  LVIII  de  la  loi  du  22  vendémiaire  an 
4  ,  le  concours  pour  la  place  d'essayeur  ,  vacante 
par  la  nomination  du  cit.  I.ecour  à  la  place  de 
vérificateur  des  essais  ,  sera  ouvert  le  i^'  nivôse 
prochain  à  l'hôtel  des  Monnaies,  à  Paris  ,  au  la- 
boratoire dé  l'inspecteur-général. 

Les  citoyens  qui  voudront  concourir,  sont  in- 
vités à  se  faire  inscrire  au  secrétariat  de  l'admi-, 
nistration  ,  d  ici  au  20  frimaire  prochain. 

Les  administrateurs  des  monnaies  . 

Signé,    DlBARRART,   GuiTON  ,  SiVARD. 

Lycée    de    Paris. 

Le  lycée  de  Paris  a  ouvert  ses  cours  de  l'an  g  ; 
voici  la  distribution  qui  vient  d'être  publiée  par 
son  fondateur  et  directeur,  le -citoyen  Lebrun. 

Le  primedi ,  un  professeur  distingué  dirige  des 
concerts  dits  defamille  ,  institués  pour  développer 
les  progrès  des  jeunes  personnes  qui  cultivent  la 
musique  vocale  ou  instrumentale.  Le  même  jour 
se  tient  la  séance  particulière  des  gens  de 
lettres. 

Le  duodi ,  le  citoyen  Cadet  fait  un  cours  de 
phisiologie  et  d'hygiène.    -' 

Le  iridi  est  consacré  à  l'étude  de  la  langue  an- 
glaise. M.  Baldwin  ,  de  Londres,  est  chargé  de  la 
professer. 

Le  quartidi ,  le  citoyen  Cadet, membi^e  dû  col- 
lège de  pharmacie  et  de  la  société  inédicale  de 
Paris  ,  professe  Une  partie  de  la  chimie  qu'il 
nomme  domestique ,  en  ce  qu'elle  n'a  pour  but 
que  d'examiner  les  substances  qui  servent  aux 
besoins  journaliirs  de  l'homme  ,  et  à  lui  indiquer 
les  ressources  que  peuvent  lui  offrir  les  produc- 
tions naturelles  ou  industrielles  ,  qu'il  possède.. 

Le  citoyen  Gabriel  Leblanc  ,  auteur  du  Coup- 
d'œil  politique  ''sur  l'Europe  ,  fait  ,  lequintidi ,  un 
cours  d'économie  politique  et  statistique. 

Le  sextidi ,  une  seconde  séance  est  consacrée  à 
la  phisiologie  et  à  l'hygiène. 

Le  septidi  est  occupé  par  la  séance  littéraire  ou 
veillée  des  muses.  Les  annoncés  dés  lectures  en- 
tendues à  ces  séances  ,  et  divers  extraits  ont  fait 
connaître  la  plupart  des  littérateurs  qui  sont  mem- 
bres du  lycée. 

L'ociidi  est  employé  à  des  lectures  dramati- 
ques ,  par  une  réunion  de  personnes  des  deux 
sexes.  Ces  lectures  sont  dirigées  par  le  citoyen 
Daix. 


te  nonidi  est  réservé  aux  séances  littéraires 
extraordinaires  qui  pourront  avoir  lieu  ,  et  pour 
quelques   fêtes  d'hiver. 

Le  décadi  il  n'y  a  point  de  séande  ;  le  lycée 
est  ouvert  pour  la  lecture  des  journaux  et  des 
livres  rjui  composent  sa   bibliothèque. 

Les  conditions  de  l'admission  sont  une  pré- 
sentation par  deux  membres  de  la  société  ,  et  la 
reception  par  les  commissaires  ;  pour  les  étran- 
gers 1  l'aveu  de  leurs  ministres  respectifs  ou  de 
correspondans  connus.  Le  prix  de  l'abonnement 
est  de  48  francs  pour  l'année,  de  36  pour  six 
mois  ,  de  24  pour  trois  mois  ,  de  12  pour  un 
mois.  Le  prix  de  l'abonnement  est  de  moitié  pour 
les'  -damesi 


Le  conservatoire  dé  musique  s'est  assemblé  le 
l"  brumaire,  pour  remplacer  le  cil.  Gaviniés  , 
l'un  de  ses  membres  décédé  :  sur  quatre  con- 
currens ,  le  cit.  Grasset  a  mérité  et  obtenu  la 
préférence  ;  il  a  joué  un  trio  de  sa  composition 
qui  peut  être  considéré  comme  uti  des  ouvrages 
excellensdans  ce  genre.  Cet  artiste  paraît  joindre 
à  la  pureté  et  à  l'élégance  du  jeu  ,  un  goût  fin  , 
délicat  et  sur-tout  un  sentiment  exquis.  Dans  ses 
dehors,  il  est  peut-être  moins  brillant  que  d'autres; 
mais  dans  son  accent  il  affecte  l'ame  à  un  tel 
point  ,  qu'il  ne  peut  appartenir  qu'à  un  talent 
supérieur  de  faire  éprouver  d'aussi  délicieuses 
sensations. 

Au  moment  où  il  a  été  proclamé  professeur 
de  l'école  ,  un  public  éclairé  qui  a  assisté  au 
concours  ,  lui  a  témoigné  sa  satisfaction  par  des 
applaudissemens  unanimes. 

Les  élevés  du  conservatoire,  dans  la  partie  du 
violon  ,  ont  ensuite  concouru  pour  le  prix  qui 
doit  publiquement  leur  être  décerné.  Les  citoyeri» 
Gasse  et  Krénker jeune,  élevés  lun  et  l'autre  du 
frère  déce  dernier,  ont  remporté  les  deux  prix.  On 
peut  dire  à  leur  avantage  qu'ils  sont  dignes  d'être 
comptés  parmi  les  taiens  les  plus  distingués  ; 
mais  il  sera  plus  particulièrement  parlé  d'eux, 
lorsqu'on  fera  connaître  le  résultat  du  concours 
dans  toutes  les  autres  parties   de  la  musique. 

médecine. 

Il  y  a  lorrg-tems  qu'on  a  dit ,  et  avec  raison, 
que  l'on  ne  pouvait  traiter  heureusement  utie 
maladie  ,  que  lorsqu'on  en  connaissait  le  siège 
et  les  causes;  les  médecins  ont  été  persuadés  de 
cette  vérité  ,  et  cependant  ils  n'ont  point  dirigé 
leurs  études  vers  ces  importans  objets;  ce  n'est 
que  dans  ce  siècle  ,  que  les  célèbres  Morgagni  , 
Senac  ,  Hallcr ,  Lieutaud  ,  et  très-peu  d'autres  , 
s'en- sont  sérieusement  occupés. 

Le  citoyen  Portai ,  qui  a  marché  sur  les  traces  de 
ces  grands  hommes  dans  l'étude  du  corps  humaih, 
considéré  daiis  l'état  de  santé  ,  les  a  également 
suivis  dans  ses  recherches  sur  la  nature  et  sur  les 
causes  de  nos  maux,  en  fesant  habituellement , 
ou  fesant  faire  sous  ses  yeux  ,  l'ouverture  de» 
corps  des  malades  qu'il  n'avait  pas  guéris  ;  et 
comme  ce  médecin  est  un  de  ceux  qui  aient 
joui  d'une  confiance  plus  générale  dans  la  pra- 
tique de  la  médecine  .  et  qu'il  a  habituellement 
réuni  l'étude  de  l'anatomie  à  la  clinique  ,  àa 
peut  s'assurer  qu'il  n'y  en  a  pas  qui  ayent  pâ 
plus  heureusement  cultiver  l'art  de  connaître 
les  maladies ,  et  celui  de  les    traiter. 

Les  ouvrages  qu'il  a  publiés  d'abord  avec  I6s 
célèbres  Senac  et  Lieutaud  ,  et  ceux  qui  lui  sont 
propres  ,  tels  que  celui  sur  la  phthisie  pulm^>- 
naire,  sur  le  rachitisme  ,  sur  les  asphixiés,  qui 
orit  été  si  souvent  imprimés  et  traduits  en  larigues 
étrangères  ,  sorit  une  preuve  bien  démontrée  de 
l'avantage  que  la  pratique  de  la  médecine  peut 
retirer  de  la  véritable  anatomie  ;  mais  les  mé- 
moires du  citoyen  Portai ,  qui  sont  insérés  dans 
les  collections  académiques,  et  principalement 
dans  celle  de  l'académie  des  sciences ,  et  qui  ne 
sont  pas  également  connus  du  public  ,  le  prou- 
veront pareillement. 

C'est  le  recueil  de  ces  divers  mémoires  que 
le  citoyen  Bertrand  ,  libraire,  rue  Montmartre, 
n°  Il3  ,  vient  de  faire  imprimer;  ces  mémoires 
étaient  depuis  long-teras  demandés  ,  et  sur-tout, 
par  les  disciples  du  citoyen  Portai  ,  qui  forment 
aujourdhui  la  majeure  partie  des  médeciris  et 
des  chirurgiens  de  la  république  ,  et  dont  un 
très-grand  nombre  est  répandu  dans  les  pays 
étrangers. 

Ces  mémoires  sont  présentés  daus  l'ordre  chro- 
nologique où  ils  ont  été  imprimés  dans  les  recueils 
dont  ils  sont  extraits  ,  recueils  que  si  peu  d» 
personnes  et  sur-tout  les  médecins,  répandus  dans 
les  campagnes  ,  sont  en  état  de  consulter  ,  ces 
vastes  et  précieux  dépôts  des  connaissances  hu- 
maines ne  se  trouvant-que  dans  les  riches  biblio- 
thèques des  grandes  villes. 

On  voit  en  suivant  l'ordre  des  travaux  du 
citoyen  Portai ,  qu'il  s'est  d'abord  occupé  de 
quelques  objets  chirurgicaux  ;  faut-il  employer 
des  machines  pour  la  réducdon  des  membres 
luxés ,  ou  ne  faut-il  que  de  l'adresse,  et  l'usage 
des  mains  pour  y  réussir  ? 


De  son  tems,  les  machines  étalent  très-etnpioyées, 
jnaais  sans  succès  \  le  citoyen  Portai  en  proposa 
une,  en  lyôS  ,  plus  commode  et  plus  torle  que 
celle  dont  on  se  servait  ordinairement  ,  et  que 
la  société  ci-devant  royale  de  Moriipellier  reçut 
av«c  éloge,  ainsi  que  d'autres  sociétés  savantes. 

Cependant  le  citoyen  Portai,  n'ayant  pu  retirer 
dans  quelques  occasions  les  heureux  avan- 
tages qu'il  en  avait  espéré  ,  crut  non  devoir 
s'obstiner  à  la  perlectionner  ,  mais  en  proscrire 
l'iisage  ,  ainsi  que  des  autres  machines  qui 
étaient  employées  non-seulement  sans  succès, 
mais  encore  avec  de  grands  dangers. 

Il  lut  à  son  arrivée  à  Paris  ^  en  1765  ,  alors  âgé 
de  23  ans  ,  un  mémoire  sur  1  abus  des  machines 
dans  le  traitement  des  luxations  ,  et  dsns  lequel 
il  prouva  que  les  chirurgiens  et  les  rhabilleurs  , 
qui  ne  se  servent  que  de  leurs  mains  pour  la 
réduction  des  membres  ,  avaient  des  succès  plus 
cohslans  et  plus  réels  que  les  chirurgiens  les  plus 
experts  qui  s'obstinaient  à  rechercher  dans  la 
toécanique  le  moyen  de  replacer  les  membres 
luxés.  Ce  mémoire  mérita  au  jeune  anaiomiste 
des  éloges  ,  et  les  plus  célèbres  chirurgiens  aban- 
donnèrent l'usage  des  machines  pour  la  réduc- 
tion des  membres  luxés  ;  on  ne  s'en  sert  plus 
aujourd'hui. 

A  son  entrée  à  l'académie  des  sciences  ,  le 
citoyen  Portai  y  lut  un  mémoire  sur  la  structure 
êf  sur  les  maladies  de  l'ouraque  ,  partie  du  corps 
humain  dont  la  structure  et  les  affections  morbi- 
fiques   sont  si    peu  connues. 

Le  mémoire  dans  lequel  il  prouve  que  l'enfant 
respire  plutôt  par  le  poumon  droit  que  par  le 
poumon  gauche  ,  est  du  plus  grand  intérêt , 
non-seulement  pour  la  phisiologie  ,  mais  encore 
pour  la  médecine  légale  ;  c'est  dans  ce  mémoire 
que  ce  médecin  anaiomiste  fait  diverses  obser- 
vations curieuses  sur  la  nature  du  pouls  dans 
quelques  affections  de  poitrine  ;  observations 
dont  le   célèbre   Bordeu   a  étayé  son   système. 

Des  observations  sur  les  jschuries  ,  ou  suppres- 
sions d'urine  ,  qui  sont  l'effet  du  racornissement 
de  la  vessie  chez  les  vieillards  ,  sur  le  spina 
bifida  ,  sur  les  hernies  de  la  moelle  épiniere 
que  les  enfans  apportent  en  naissant  ,  et  dont  ilj 
périssent  bientôt   après  ; 

Sur  les  maladies  de  l'épiploon  très-communes  i 
«cependant  très-peu  connues  ; 

Sur  les  changeraens  de  situation  que  les  vis- 
cères abdominaux  éprouvent  par  une  suite  de 
rage  ,  ou  différentes  positions  du  corps  et  par 
Feffet  de  diverses  maladies,  sont  l'objet  d'autant 
de  mémoires  imporlans. 

Les  bosses  qui  surviennent  dans  un  âge  avancé 
ont  Kxé  l'aliention  du  citoyen  Portai  ;  on  avait 
déjà  beaucoup  écrit  sur  le»  dérahgemens  de  la 
taille  des  enfans  ,  dérangemens  qui  sont  si  com- 
muns ;  mais  on  n'avait  pas  obser.vé  qu'il  s'en 
fait  de  bien  remarquables  dans  la  vieillesse  : 
ee  médecin  en  a  cité  plusieurs  exemples  et 
•*n  a  indiqué  les  véritables  causes...  Il  propose 
/  aux  vieillards  de  porter  des  corps  ,  et  les  pros- 
crit pour  les  enfans  ....  ce  mémoire  mérite  aussi 
une  attention  particulière. 

Ce  fut  en  1774  que  le  citoyen  Portai  fit  à 
la  ci-devant  académie  des  sciences  son  rapport 
«ur  l'asphixiê  par  le  charbon  ,  rapport  que  le 
ministre  Turgnt,  fit  alors  répandre  en  France, 
d'après  l'invilaiion  de  cette  savante  académie  , 
et  qui  a  été  depuis  si  souvent  imprimé  ;  c'est 
depuis  sa  publication  qu'on  ne  conlond  plus 
la  mort  des  asphxiés  avec  celle  des  noyés  ,  et 
des  apoplectiques  ,  comme  on  le  fesait  précé- 
demment ,  et  que  l'on  traite  les  asphixiés  d'une 
manière  aussi  sûre  que  simple. 

S'il  n'y  a  point  de  maladies  plus  communes 
que  celles  du  foie  ,  il  n'y  en  a  pas  qu  on  con- 
naisse moins,  et  qu  on  traite  plus  mal;  le  citoyen 
Portai  a  donné  deux  mémoires  sur  cet  objet  : 
dans  un  il  fait  voir  qu'on  attribue  à  ce  viscère  des 
maladies  qui  n'y  résident  pas  ,  et  dans  l'autre  , 
il  prouve  qu'il  est  le  siège  de  plusieurs  maladies 
qu'on  croit  exister  ailleurs  :  ces  mémoires,  fondés 
(ur  le  résultat  des  ouvertures  des  corps,  sont  du 
premier  intérêt;  le  citoyen  Portai  instruit  souvent 
par  ses  propres  erreurs  ,  est  parvenu  à  guérir 
plusietirs  maladies  du  foie,  même  trèS-gravcs. 

Son  mémoire  sur  une  maladie  de  la  rate  ,  qui 
avait  occasionné  des  vomissemens  pendant  plu- 
sieurs années  ,  et  que  ce  médecin  célèbrea  heu- 
Teuscmcnt  traitée  ,  prouve  jusqu'à  quel  point  les 
connaissances  anaiomiquet  sont  utiles  dans  l'art 
de  guérir. 

On  confond  assez  souvent  les  maladies  de  poi- 
trine ,  et  sur-tout  les  espèces  de  phihisic  pul- 
monaire ;  le  cil.  Poital  a  cru  devoir  les  distinguer 
plu»  exactement  qu'on  n'avait  fait  ,  d'après  les 
ouvertures  des  corps  ,  et  d'apiès  ses  observations 
cliniques  :  il  a  sur-tout  remarqué  (jue  celle  qui 
vient  d'origine  ,  est  scrophuleuse  ;  il  a  conseillé 
de  la  traiter  avec  les  anti-scorbuii(|ues  mêlés  aux 
mercuriaux  ;  les  exemple»  de  guérliran  qu  il  ap- 
porte ,  sont  généralement  connus.  Cet  auteur  a 
aétrujt  un  préjug.é  bien  généndeit'ettt  tépitida  ; 


i3g 

c'est  que  la  phthisie  pulmonaire  n'est  pas  conta- 
gieuse ,  du  moins  en  France  ,  cotnme  on  le 
croyait  généralement  ;  car  il  ne  fiui  pas  conclure 
de  ce  que  la  plithisie  scrophuleuse  se  transmet 
ordinairement  dans  les  familles  ,  que  l'on  puisse 
la  contracter  en  habitant  ou  en  portant  les  yête- 
mens  de  ceux  qui  en  sont  atteints. 

Le  citoyen  Portai  a  prouvé  ,  dans  un  de  ces 
mémoires  ,  que  la  pleurésie  n'est  point  différente 
de  la  péripneumonie  ,  et  qu'il  n  y  a  qu  une  seule 
maladie,  au  lieu  de  deux  que  les  médecins  ad- 
mettent. 

Le  mémoire  sur  l'apoplexie  ,  et  dans  lequel  le 
citoyen  Portai  prouve  qu  on  prend  pour  apo- 
plexie séreuse  celle  qui  est  sanguine  ,  tt  celui 
dans  lequel  il  r.ipporte  plusieurs  exemples  de 
saignées  faites  dans  d.essujels  atteints  d.ipoplexie, 
après  avciir  copieusement  mangé  ,  saignées  (jui 
ont  eu  les  plus  heureux  succès  ,  doivent  être 
connus  de  tous  les  médecins  ,  puisque  lameur 
y  détruit  des  préjugés  funestes  ,  et  qu'il  v  trace 
une  marjiere  plus  assurée  de  traiter  ta  maladie  la 
plus   affreuse.  ■ 

Qu'on  lise  aussi  le  mémoire  du  citoyen  Portai 
sur  les  affections  de  la  voix  ,  et  l'on  y  trouvera 
le  récit  fidèle  de  plusieurs  exemples  de  guétison, 
d'autant  plus  imporlans  ,  que  les  moyens  que  ce 
médecin  a  employés  pour  les  obtenir,  sont  peu 
connus,  etquila  fallu  beaucoup  d'habileté  et 
art  pour  les  prescrire  si  à  piopos. 

La  rnaladie  noire  ou  le  melena  ,  a  fait  aussi 
l'objet  des  méditations  et  des  recherches  de  ce 
médecin  ;  il  a  prouvé  que  les  inaiicres  noires  que 
les  malades  renderlt  sont  du  vrai  sang  et  non  de  la 
bile  ,  et  que  cette  maladie  est  toujours  l'efTet  de 
quelque  gêne  dans  la  circulation  du  sang  de  la 
veine-porte  ;  une  pareille  connaissance  sur  la 
nature  et  le' siège  de  cette  maladie  ,  a  donné  lieu 
à  des  traitcmens  heureux  ,  dont  le  citoyen  Portai 
a  rendu   compte. 

A  la  suite  de  ces  mémoires  ,  on  trouve  des 
remarques  précieuses  sur  la  nature  et  le  traite- 
ment de  l'épilepsie  ,  qui  ont  été  recueillies  des 
leçons  du  cit.  Portai  ,  par  un  de  ses  di-ciples;  on 
y  reconnaît  ranalomiste  et  le  médecin  ,  en  trou- 
vant la  distinction  établie  entre  les  diverses  é)<i- 
l^psies  qui  ont  donné  lieu  à  des  traiiciTiens,d,i.ffé- 
rens.  Plusieurs  guérisons  importantes  y  sont  an- 
noncées avec  la  modestie  (jui  caractérise  un  vrai 
médecin. 

Il  Ces  succès  ,  dij-i1  ;  dans  une  très-longue  et 
li  très-grande  pratique  se  comptent  ;  car  combien 
))  d  autres  épil.piiques  n'ai-je  pas  traités  sansau- 
)>  cune  espèce  de  succès  ?  Le  nombre  en  est 
)>  prodigieux;  peut-être  que  lorsqu'on  se  sera 
)>  habitué  à  mieux  rechercher  les  causes  et  le  siège 
>i  de  lépiiepsie  ,  on  parviendra  à  U  mieux 
))   traiter.  i> 

Cet  intéressant  recueil  est  terminé  par  le  ptécis 
des  expériences  sur  les  animaux  vivans  ,  d  un 
cours  de  phisiologie  pathologique  que  le  citoyen 
Portai  a  fait  plusieuis  années  au  collège  de 
France  ,  et  dent  un  de  ses  disciples  avait  déjà 
fait  imprimer  les  principaux  résultats. 

Ces  expéliencês  Ont  mis  sous  les  yeux  des 
élevés  du  citoyen  Potial  les  causes  peu  connues 
des  principales  fondions  de  divers  organes  ,  et 
celles  de  leurs  maladies.  Combien  ce  genre  d'é- 
tude est  utile  ,  et  combien  il  serait  avantageux 
qu  il   fût  plus   généralement  adopté  ! 

Ces  mémoires  forment  2  vol.  in-8*'.  Prix  6  fr. 
et  8  Ir.  franc  de  port. 

A  Paris  ,  chez  Arthur  Bertrand  ,  libraire  ,  rue 
Montmartre  ,  près  les  diligences  ;  et  Moutardier  , 
quai  des  Augusiins. 


H 


P    H    Y    s    I    Q^  u    I 

Expériences  nautiques  ,  et  observations  diététiques 
et  morales ,  proposées  pour  l'utiiité  et  la  santé 
des  marins  dans  les  voyages  de  long  cours.  (\) 

Il  me  semble  que  dans  les  voyages  de  long 
cours,  il  serait  iniéressant  de  tenter  quelques 
expériences  pour  parvenir  à  connaître  les  divers 
courans  de  lOcéan.  Celles  que  j'ai  à  proposer 
sont  simples  et  peu  coûteuses.  Il  ne  s'agirait  que 
d'abandonner  de  tems  en  tems  aux  flots,  des 
bouteilles  vides  ,  où  l'on  renfermerait  une  note 
de  la  date  dujout  ,  de  la  latitude  et  la  longitude 
oti  elles  auraient  été  jetées  à  la  mer.  Dans  le 
nombre  ,  plusieurs  viendraient  aborder  à  quel- 
ques rivages.  J'en  ai  hasardé  la  première  idée  en 
1784,  dans  mes  Eludes  de  la  Na(ure.  Trois  de 
ces  expériences  ,  à  ma  connaissance  ,  ont  déjà 
réussi. 

La  première  bouteille  fut  jetée  dans  la  baye 
de  Biscaye,  le  17  août  1786,  par  un  anglais  qui 
allait  aux  Indes.  Elle  lut  recueille  par  des  pê- 
cheurs ,  le  9  mai  1787  ,  à  deilx  lieues  en  mer 
d'Avranchcs  ,  sur  les  côtes  de  Normandie.  Le 
citoyen  Philippe  Delleville  .   alors  juge  de  l'ami- 


fl  I  Cet  article  ,  inséré  dans  la  î)ecade  Philosophique  ,  eitt  été 
lu ,  »!  le  tenu  l'ciU  permis ,  dan»  la  deinitrc  séanc»  publiciue 
d«  i'Iii^tltiU  natioiial. 


rautc  d'Avranchcs,  depuis  représentantdu  peuple, 
en  fil  un  procès-ve.hal  ,  qu'il  publia  dans  le 
Mercute.  Il  envoya  à  Londies  ,  à  son  adresse, 
une  lettre  que   celte  bouteille   renfermait. 

Une  seconde  bouteille  fui  jcitée  à  la  mer  le 
l5  juin  1797  ,  vers  It;  44'"'  degré  22  minutes  de 
latitude  nord  ,  et  le  4"^^  degré  52  minutes  de 
longiiude  ,  méridien  de  Ténériffe,  par  le  citoyen 
Brard  ,  peintre  correspondant  du  Mtjséiiin  d'his- 
toire naturelle,  allant  de  Hà'rabourg  à  Surinaru. 
J'avais  prié  cet  artiste  distingué,  de  m  adresser 
quelques  lettres  par  cette  poste  marine.  Celle-ci 
vint  altérer  parmi  les  roches  du  cap  Prier.  Elle 
y  fut  trouvée  le  6  juillet  de  la  même  année, 
par  un  soldat  de  la  garnison  du  Ferrol.  Le  citoyen 
Beaujardin  ,  notre  vice-consul  dans  cette  ville  , 
me  la  fii  parvenir  ;  et  je  lai  lait  imprimer  dans 
les  papiers  publics. 

Une  troisième  bouteille  ,  jelée  aii  nord  de 
l'Isle-de-France  ,  par  un  capitaine  frariç-iis  ,  a- 
éié  poriée  ,  par  les  courans  ,  jusqu'au  Cap  de 
Bonne-Espérance  ;  elle  parcourut  ainsi  plus  dé 
raille  lieues.  Un  billet  huilé  qu'elle  conleuail  , 
fut  renvoyé  par  le  commandant  du  Cap  au 
gouverneur  de  l'Isle-de-Fiance  :.  qui  l'a  déposé 
dans  les  archives  de  I  intendance  de  celte  île. 
Voilà  tous  les  renseignemcns  que  put  m'en 
donner,  il  y  a  environ  deux  ans-,  le  secréiaire- 
général  de  ceue  intendance',  chez  le  cit.  Ducis  , 
noire  conteie. 

Il  n'est  pas   douteux  que  les  routes  parcourue* 

par   ces   trois    bouteilles  ,     ne    déterminent',    en 

grande    pariie  ,    la   vitesse    et     la    direction    des 

courans    qui    oni   régné  pendant'  qtt'elles   étaient 

à  la  mer.   Il  n'est  pas  moins  certain  ,  rjoe  si  à  leurs 

trois  poinis  de  projection  il,  se   fût   trouvé  quel- 

tjue.écueil  ,  les   vaisseaux   qui   s'y  seraieni  brisés 

auraient  pu  ,  au  moyen  de  ces  irajcctiles,  donner 

avis  de  leur  désasiie  sur  des  côtes  habitées ,  et  cri 

recevoir  des  s'ecouts.  Il  y  a  plus-:  les  trois  routes 

I  de  ces  bouieilles  eussent  oflert  ,    dans  tous  leurs 

I  points  ,  les  mêmes   ressources,  aux  naufragés.  La 

j  lettre  du  cit.  Brard   ht    au  moins  80  lieues  en  at 

I  jours  ,  au  plus  ,  car  il  y  en  avait  pe'u:-êue  plusieurs 

I  qu'elle  était  sur  le  rivage  lorsqu  elle  y  ft;t  trouvée. 

Il  est  donc  évident  que  ces  expériences  si  simples 

I  peuvent  Servir  àlathéorie  des  courans  de  iOcéan 

I  et  au   salut   des    naufragés;  deux  considérations 

dignes  de  toute  l'attention  de  l'in"îiitùtet  des  nàvi- 

I  gateurs. 

I      J'ajouterai  id  quelques  réflexions  sûr  le  régime 

j  diétéiicjuê  et  moral  des  marins  ,   quoique  l'expé- 

I  rience  de  nos  confrères,  les  citoyens  Bougainville 

1  et  Fleurieu  ,  semble  ne  nous    avoir   laisse  rien  à 

!  désirer  sur  un  objet  aussi   important.  Mais   si  les 

juccès  servent  d'exemples  à  la  plupart  des  homrn es, 

,  pour  se  conduire   sur  mer  et  sur  terre  ,  les  mal- 

I  heurs   leur  en    donnent   qui    ne    sorH    pas    moins 

profitables.  Le  ciioyen  Bougainville   nous   a   dit, 

que  par  ses  soins  paiernels  ,  il  n'avait  perdu,  que 

7  hommes  sur  807  ,  dans,  une   navigation    autour 

du  Monde  ,  qui   avait  duré  trois'ans.   Dans   celle 

que  j'ai  faite  ,  Comme  passager  Sur  '  l'i  Càstries  ,  '  à 

l'Isle-de-France  ,    qui  ne  fut  que  de   quatre  mois 

et   onze  jours  ,   nous  perdîmes   10  hommes   sur 

IQO,  et  quand  nous  arrivâmes  dans  cette  île,  nous 

en   avions  90  alités,  et   le  reste    potjvaii  à  peine 

se  soutenir. 

Plusieurs  causes  physiques  et  morales  concou- 
rurent à  là  destruction  de  noire  équipage.  D'abord 
nous  n'avions  pas  encore  atteint  la  zone  torride, 
,que  nous  manquâmes  d'eau.  On  n'en  donna  plus 
alors  qu'une  pinte  par  jour  à  chaque  matelot, 
pour  soupe  et  boisson.  Cette  disette  vint  de  la 
malversaiion  de  quelques  officiers,  qui  a\aient  fait 
embarquer  ,  à  la  place  des  bairiques  d'eau  de 
provision,  plusieurs  barriques  de  vin  ,  pour  les 
vendre  à  leur  profil  ,  aux  Indes  ;  les  salaison» 
étaient  de  si  mauvaise  qualité  ,  qu'on  y  trouva  un 
pied  de  cheval  avec  son  fer.  Une  patiie  du  biscuit 
avdit  déjà  fait  une  campagne  sur  mer  ^  il  était 
rempli  de  vers.  Noire  chargement  était  de  mâts 
qui  avaient  séjourné  à  IQjient,'  lians  la  vase  où 
on  les  conserve  de  celte  manière.  Il  s'en  exhalait; 
une  odeur  infecie  qui  pénétrait  tout  le  vaisseau:; 
aussi  le  scorbut  ne  tarda  pas  à  se  manifester  pai'tni 
nous  ,  et  y   fit  les    plus  cruels  rav.rges. 

Des  causes  morales  contribuèrent  encore  'beau- 
coup au  progrès  de  celle  terrible  maladie,  dont 
la  guérison  deiiiande  de  l'exercice  et  de  la  dissi- 
pation. Notre  capitaine,  quoique  très-bon  marin, 
se  communiquait  si  peu  ,  qu'il  parlait  raieinent  , 
même  à  ses  officiers.  Ceux-ci  ne  songeaient  qu:â 
l'argent  qu'ils  avaient  emprunté  à  la  grosse,  dont 
les  intérêts  augmentaient  chaque  jour  par  le  peu 
de  vitesse  de  notre  vaisseau  ,  mauvais  voilier.  Nos 
matcloiséiaient  aiirisiés  par  les  événemens  fâcheux 
de  notre  navigaiion.  D  abord  par  un  coup  de  mef 
qui  ,  trois  jours  après  notre  départ ,  enleva  de 
dessus  le  pont  le  maître  et  deux  niaielois  ,  qu'o'if 
ne  revit  plus;  ensuite  par  un  coup  de  lonneri'e  , 
qui  brisa  noire  grand  mât ,  vers  le  Cap-de  Boiiue- 
j  Espérance.  Nos  matelots  ,  déjà  lualades- pour  la 
plupart,  s'épuisèrent  de  fatigues  pour  le  rétablir. 
Jamais  ,  dans  les  travaux  extraordinaires  ,  on  ne 
leur  distiibua  le  moindre  rafraichissenienl  ;  ou  ne 
lèiiic  parlait  c^u  avec  dureté.  Ils  ^  asseyaient  triste- 


ment  sur  l'avant  du  vaisseau  ^  le  long  de  la  cha- 
loupe ,  les  uns  à  côté  des  autres  ,  dan»  un  pro- 
fond silence.  L'aumônier,  tout  occupé  ,  comme 
les  oflicicrs,de  ses  pacotilles,  ne  leur  donnait 
jamais  la  moindre  parole  de  consolation.  Un 
simple  bignou  aurait  suiE  pour  tes  tirer  de  leur 
lé'.hargie. 

Le  bignou  est  une  espèce  de  cornemuse  que 
!es  bas-bretons  aiment  passionnément.  J'ai  vu  , 
à  rOrient  ,  les  ouvriers  et  les  servantes  ,  quitter, 
leurs  ouvrages  dès  qu'ils  entendaient  le  son  de  cet 
instrument  dans  la  rue  ,  et  se  mettre  tousà  danser 
devant  leurs  portes. 

Un  capitaine  de  vaisseau  de  la  compagnie  , 
appelé  M.  de  Marmere  ,  parti  de  l'Orient  trois 
semaines  après  nous  ,  ai  riva  à  l'Isle-de-France 
trois  semaines  avant  nous  ,  sans  avoir  eu  un  seul 
malade  ;  il  avait  maintenn  ses  matelots  en  gaîlé 
et  en  santé  ,  en  les  fesant  danser  tout  du  long 
de  la  route  au  son  du  bignou. 

Il  importe  donc  qu'il  y  ait  des  jouevirs  d'insUu- 
tnens  à  bord  des  équipages  destinés  aux  voyages 
de  long  cours. 

Les  anciens  connaissaient  toute  l'influence  de 
la  musique  sur  leurs  nautonniers.  Sous  le  voile 
des  fables  ,  on  voit  que  la  lyre  animait  leurs  vais- 
seaux. Orphée  charmait  avec  elle  les  soucis  des 
argonautes  ,  en  chantant  les  louanges  des  héros 
et  des  dieux  ,  et  leurs  plus  grands  périls .  dans 
leurs  courts  voyages  ,  étaient  les  chants  des  Sy- 
irenes.Arion  suspendit  avec  la  sienne  la  fureur  de 
ses  meurtriers,  et  rendit  sensibles  jusqu'aux  mons- 
tres marins.  La  musique  et  les  danses  n'ont  pas 
moins  de  pouvoir  sur  nos  mélancoliques  matelots. 
Elles  leurrappellent,  en  pleine  mer,  les  aniusemen» 
de  leurs  villages ,  et  dans  ses  vastes  solitudes  les 
doux  ressouvenirs  de  la  patrie.  A  l'ombre  des 
mâts  et  de  leurs  noirs  cordages  ,  ils  se  croient 
encore  sous  le  feuillage  des  ormeaux  ,  et  tou- 
jojirs  entourés  de  leurs  femmes  et  de  leurs  en- 
fans. 

II  y  a  sans  doute  beaucoup  d'autres  observa- 
tions à  faire  pour  améliorer  le  sort  des  marins  ; 
mais  le  lieu  et  le  tems  me  les  interdisent.  Je  les 
abandonnée  la  sensibilité  de  mes  auditeurs.  lis 
ne  peuvent  être  indifférens  au  bonheur  de  ces 
infortunés  qui  ,  souvent  privés  du  nécessaire  , 
vont  leur  chercher  du  superflu  jusqu'aux  extré- 
mités du  Monde.  Ne  nous  séparons  point  de 
ceux  que  les  mers  séparent  de  nous.  Nous  devons 
tout  notre  luxe  à  leurs  dangers.  Hommes  ,  ani- 
maux .  végétaux  ,  élémeiis,  tout  est  lié  sur  le  globe 
par  les  chaînes  de  l'harmonie  Les  gens  de  mer  en 
sont  les  derniers  anneaux.Par  eux  le  genre  humain 
est  une  famille donltous  les  membres  se  correspon- 
dent, et  l'Océan  un  grand  fleuve  dont  les  sources 
tont  aux  pôles.  de  Saint  Pierre. 


Joseph  Chrron  ,  au  rédacteur  du  Moniteur.  —  A  l  hô- 
pital national  de  Blayé ,    le  20  vendémiaire ,  an  9. 

CiTOVEN  ,   vous  avez  inséré   dans  votre  journal 

du  ., un  extrait  de  celui  officiel  de  Bordeaux 

portant  que  le  24  fructidor ,  à  7  heures  du  soir ,  un 
jeune  homme  de  Fontenay-le-Peuple  a  été  trouvé 
sur  un  chemin  ,  dans  la  commune  de  Villeneuve , 
grièvement  blessé  d'un  coup  de  feu  ,  et  porté  à 
l'hospice  de  Blaye;  qu'il  refusa  de  désigner  l'au- 
teur de  cet  assassinat,  et  qu  il  est  probable  qu'il 
s'est  suicidé.  C'est  moi ,  citoyen ,  qui  ai  éié  trouvé 
mourant  sur  le  chemin  dont  il  s  agit.  — Je  n'ai 
point  refusé  de  désigner  mon  assassin  ;  j'ai  dit  que 
je  ne  le  connaissais  pas. 

Quant  au  suicide   qu'on  veut  m'imputer,   ma 

i'usiiticanon  est  claire  et  incontestable ,  puisque 
'on  ma  trouvé  sans  armes  et  baigné  dans  mon 
«ang. 

J  ai  lieu  d'espérer,  citoyen,  que  vous  insérerez 
pua  lettre  dans  votre  prochain  numéro. 

Salut  et  fraternité.  Signé,  Chiron. 


Deux  bibliothèques  de  livres  d'histoire  naturelle 
et  sur-tout  de  botanique  ,  ont  été  formées  en  Eu- 
rope; l'une  à  Londres,  par  le  respectable  Bancks, 
ami  et  compagnon  de  voyage  du  célèbre  Cook; 
l'autre,  par  notre  compatrioie  Lhéritier  ,  qu'tan 
événement  affreux  vient  d'enlever  à  la  société  et 
à  la  science  ,  qu'il  servait  et  honorait  également. 
Moins  complette  peut-être  que  celle  du  naturaHste 
anglais,  parce  quelle  fut  commencée  quelques 
années  plus  lard  ,  la  bibliothèque  de  Lhéritier  est 
extrêmement  précieuse,  parlimportance  des  livres 
qu'elle  contient,  et  plus  encore  par  leur  réunion. 
Dans  une  grande  vi:le  ,  à  Paris  ,  à  Londres  , 
il  n'est  pas  très-difficile  de  former  une  nombreuse 
bibliothèque  ,  et  même  de  la  rendre  riche  en  livres 
rares  et  précieux.  Jusqu'à  un  certain  point  ,  il 
ne  faut  pour  cela  que  de  l'opulence  et  quel- 
qu'instructîon  ;  on  a  vu  même  des  gens  assez  peu 
instruits,  former  de  magnihques  bibliothèques, 
à  l'aide  de  conseillers  qui  dirigeaient  le  cboix. 
Mais  trop  souvent    ces   amas  de  livres  ne    sont 


t4« 

que  des  cabinets  de  curiosités;  au  moins  ils 
sont  sans  intérêt  ,  comme  sans  utilité  pour  le 
public.  Ce  qui  est  au  contraire  d'une  extiême 
importance  et  tl'un  intérêt  vraiment  général  , 
ce  sont  les  bibliothèques  formées  par  des  hom- 
mes que  dirige  un  goût  positif  et  dominant, 
sur-tout  lorsquils  léunisseni  les  connaissances 
aux  moyens  d'acquérir.  Aussi  les  bibliothèques 
botaniques  de  Banks  ,  à  Londies  ,  et  de  Lhéritier, 
à  Paris  ,  sont-elles  deux  trésors  pour  les  nations 
qui  les  possèdent.  Les  anglais  sont  bien  pénétrés 
de  cette  vérité  ,  et  celle  de  leur  naturaliste  ne 
sera  jamais  démembrée.  Il  est  bien  à  souhaiter 
que  notre  gouvernenient  s'empresse  aussi  de 
prévenir  la  dispersion  de  celle  que  laisse  le 
savant  que  nous  regrettons.  Ce  que  des  con- 
servateurs de  dépôts  publics  ne  pourraient  ras- 
sembler ,  même  avec  de  longues  années  ,  se 
trouve  tout  réuni  ;  et  ces  livres  ,  placés  au 
muséum  du  Jaidin  des  Plantes  ,  y  feraient  sur- 
le-champ  une  bibhotbeque  qu'il  serait  désormais 
bien  plus  facile  d'augmenter  qu'il  ne  l'a  été  de 
la  former.  C'est  sur-tout  pour  une  science  qui 
consiste  presque  entièrement  en  connaissances 
acquises,  qu!une  ample  réunion  de  livres,  est 
nécessaire.  Un  poète  n'a  pas  besoin  ,  pour  faire 
de  bons  vers ,  d  avoir  à  sa  disposition  une  bi- 
bliothèque complette  des  poètes  anciens  et  mo- 
dernes. Une  imagination  heureuse  ,  dirigée  par 
1  élude  du  petit  nombre  des  grands  modèles, 
voilà  ce  qui  enfante  les  chefs-d'œuvre.  Mais 
il  faut  qu  un  botaniste  connaisse  tout  ce  qui 
a  été  dit  sur  le  sujet  qu'il  traite.  Veut-il  parler 
d'une  plante  ,  d'un  arbre  ?  il  tombera  peut-être 
dans  quelque  erreur  nuisible,  il  fera  une  omis- 
sion préjudiciable,  dont  il  eût  été  préservé, 
s'il  eût  eu  sous  la  main  telle  brochure  ,  telle 
pièce  volante  ,  négligée  ,  dédaignée  par  tout  autre 
que  par  celui  qui  l'a  recueillie  pour  s'exercer 
à  ses  études ,  pour  flatter  ses  goûts  particuliers. 
Ne  nous  préparons  pas  des  reg  ets  inutiles  ,  et 
et  évitons  la  dispersion  d'une  bibliothèque  qui 
est  perdue  si  elle  est  démembrée.  Les  grands 
livres  iront  s'etisévelir  dans  les  cabinets  des  ama- 
teurs ,  et  les  pièces  volantes  ,  les  écrits  parti- 
culiers ,  ceux  qui  représentent  peu  d  écus ,  mais 
qui  n'en  sont  pas  moins  la  portion  la  plus  pré- 
cieuse de  cette  collection  ,  seront  éparpillés  ,  et 
peut-être  détruits  en  partie.  Sans  doute,  ce  serait 
une  dépense ,  car  le  gouvernement  doit  payer 
cette  collection  tout  ce  qu'elle  vaut ,  et  il  est 
même  de  l'honneur  de  la  nation  française  de 
la  payer  magnifiquement.  Mais  il  est  des  dépenses 
utiles  ,  que  la  plus  sévère  économie  sait  ne 
point  réprouver.  Espérons  que  le  gouvernement 
qui  a  su  rendre  la  Fiance  heureuse  et  paisible  , 
qui  désire  la  rendre  heureuse  et  florissante  , 
accueillera  mon  idée  ,  qui  est  sans  doute  celle 
de  tous  les  amis  des  sciences  ,  et  qu'il  ne  né- 
gligera point  celte  précieuse  occasion  de  faire 
un  présent  aussi  utile  aux  botanistes  de  la  France, 
du  Monde  entier. 

Salut  et  considération  , 

Ant.-Aug.  Renouard,  libraire. 


Journal  général  de  la  littérature  étrangère  ,  oa 
annonce  périodique  des  livres  nouveaux  ,  cartes 
géographiques,  gravures  ,  objets  d'arts,  inven- 
tions et  découvertes  nouvelles ,  qui  paraissent 
en  Allemagne  ,  dans  les  pays  du  Nord  ,  en 
Batavie  ,  en  Angleterre  ,  en  Espagne  ,  en  Italie, 
et  en  Helvéde ,  etc.  ;  classée  par  ordre  métho- 
dique ,  et  accompagnés  d'extraits  et  de  remar- 
ques analytiques. 

Première    année. 

Un  cahier  par  mois  ;  prix  dç  la  souscription  , 
3  [  francs  pour  l'année  ,  et  1 1  fr.  pour  six  mois, 
franc  de  port,  chez  Treuttel  etW^urtz,  à  Paris , 
quai  Voltaire,  n"  « ,  et  à  Strasbourg,  grande 
rue  ,  n"   i5. 

Long-tems  la  littérature  français^  ,  riche  de  ses 
propres  productions,  s'est  suffi  à  elle-même; 
accoutumée  ,  par  sa  supériorité  consentie ,  et 
par  1  universalité  de  son  idiome  ,  à  tenir  lieu 
des  productions  étrangères,  elle  a  pu  vivre  de 
ses  propres  fonds  ;  soit  insouciance  ,  soit  sura- 
bondance ,  peut-être  même  par  ignorance  des 
richesses  étrangères,  on  a  long-tems  oublié, 
dédaigné  ,  ou  refusé  d'en  faire  usage. 

Aujourd'hui  mieux  avertis  et  plus  justes  ,  nous 
allons  au  loin  chercher  à  établir  des  échanges  de 
noslumieres  contre  celles  des  autres  peuples,  et  ce 
commerce  bien  dirigé  peut  avoir  aussi  son  utilité, 
ses  profits  et  tes  retours  avantageux.  Les  pro- 
duits de  l'esprit  et  du  savoir  peuvent  être  nn  objet 
de  spéculation  et  de  calcul  ;  la  pensée  a  aussi 
ses  variétés,  selpnle  terroir  et  les  climats;  chaque 
sol  produit  des  plantes  qui  sont  communes  à 
tous,  et  aussi  des  plantes  qui  lui  sont  particulières; 
il  y  a  de  même  des  idées  indigènes  et  des  idées 
exotiques  ,  et  dans  cette  nombreuse  classification 
des  productions  de  l'intelligence  humaine  ,  le 
philosophe  comme  le  naturaliite  doirdesirer  tes 


moyens  d'augmenter  et  d'enrichir  sa  coliectioa' 
Jadis  ,  chaque  contrée  s'était  approprié  uii 
genre  de  travaux  et  d'études  ,  et  s'était  réservé, 
pour  ainsi  dire ,  une  mine  à  exploiter  avec 
piivilége.  L'Allemagne  était  féconde  en  ouvrages 
de  sciences  exactes  ou  même  occultes  ;  la 
chimie  ,  l'astronomie  et  l'algèbre  ,  avaient 
eu  leur  Kepler  ,  leur  Euler ,  letrr  Margraff. 
L'Angleterre  avait  ses  philosophes,  ses  politiques^ 
ses  romans  ;  l'Espagne  ses   auteurs    dramatiques; 

I  Italie  ses  poètes  ;  aujourd'hui  tout  s'étudie,  tout 
se  traite  en  tout  pays  ;  l'Italie  a  ses  journalistes  , 
et  l'Allemagne  ses  poètes  lyriques. 

C'est  donc  une  entreprise  louable  et  utile  àiou» 
les  pays  de  réunir  leurs  productions  diverses  ,  et 
de  leur  présenter  le  tableau  périodique  de  leurs 
progrès.  Tel  est  l'objet  du  Journal  général  de  là 
littérature  étrangère.  On  y  a  joint  ce  qui  est  re- 
latif à  la  géog.aphie  figurée,  à  la  gravure  ,  aux 
ans  ,   aux  inventions  et  découveries  nouve'Ies. 

Le  premier  cahier  qui  vient  de  paraître  com^ 
prend  107  articles,  dont37  anglais,  5i  allemands 
et  latins,  is  italiens  ,  3  espagnols  ,  et  3  danois 
et  suédois  ;  chaque  article  y  est  traité  ei  clasjé 
par  ordre  méthodique  ,  et  accompagné  d'extrait» 
et  de  noies  analytiques ,  à  l'instar  du  Journal  Gé-- 
néral  de  la  littérature  de  France  ,  que  les  édiieuri 
publient  depuis  trois  ans.  Des  nouvelles  littéraires 
se  trouvent  à  la  suite  ;  elles  offrent  une  notice  sur 
les  académies  et  sociétés  littéraires  de  lltalie  ,  d» 
l'Angleterre,  de  l'Allemagne,  de  la  Hollande, 
du  Dannemarck  ,  de  la  Russie  ,  etc.  ;  les  prix  pro- 
posés ,  etc.  ,  etc. 

Il  paraît  de  ce  journal  ,  le  20  de  chaque  mois  , 
un  tahier  de  six  demi-feuilles,  grand  éîj-8°  en 
petit  caractère  ,  à  doubles  colonnes  ;  le  prix  de 
la  souscription  est  de  21   fr.  pour  l'année,  etde 

II  fr.  pour  six  mois  ,  liane  de  port. 

On  souscrit  à  Paris  chez  treutel  et  Wurtz ,  quai 
Voltaire  ,  n°  2  ,  et  à  Strasbourg ,  chez  les  mêmes , 
grande  Rue,  n"  i5. 

On  s'abonne  dans  les  mêmes  bureaux  pour  le 
Journal  Général  de  la  littérature  de  France  ,  dont 
il  paraît  à  ta  fin  de  ch,>que  mois  un  cahier  de 
quatre  demi-feuilles  à  doubles  colonnes.  Le  prin 
de  ce  dernier  journal  est  de  14  Ir.  pour  l'année  1 
franc  de  port. 

En  réunissant  le  Journal  de  la  littérature  de 
France  au  Journal  de  la  littérature  étrangère  ,  oa 
aura  une  bibliographie  complette  des  ouvrages  les 
plus  recommandables  de  la  littérature  delEurope. 

Ceux  qui  souscriront  à  la  fois  pour  les  deux 
Journaux  ,  ne  payeront  pour  les  deux  que  33  fr. 
l'année  ,   franc  de  port. 

On  peut  aussi  souscrire  dans  toutes  les  bonnes 
librairies  de  la  France  et  de  l'étranger,  et  chez  les 
directeurs  des  postes. 


L'exposition  publique  des  travauxdes  aveugles  , 
suspendue  pendant  les  vacances  ,  reprendra  son, 
cours  sextidi  prochain  ,  à  raidi  précis  ,  en  la  salle 
d'exercices  de  l'établissementnational ,  rue  Denis, 
n°  34. 

Les    billets  d'entrée  se   délivrent  gr<ttuitement 
d'avance. 


Bourse  du  5  brumaire. 

Rente  provisoire ".  ï3  fr.  20  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  68  c. 

Bons  d'arréragé 87  fr.  25  c. 

Bons  pour  l'an  8. 92  fr.  38  c. 

Syndicat 

Coupures 80  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republique  et  des  Arts; 
Auj.  relâche. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  6'  repr.  d'une  Journée  de  Catinat  ou  le  Ta- 
bleau ,  opéra  nouveau ,  préc.  de  la  Caverne. 

Théâtre  des  JEUNES  élevés,  rue  deThionville; 
Auj.  Us  trois  Jumeaux  vénitiens  ,  et  le  Roman. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  ta  «'  repr. 
dt  Scène  première  oa  la  Pièce  interrompue  ;  le  Mari 
sans  femme  ,   et  Teniers. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés. — Pantomimes^ 
Dem.  l'Enfant  de  t Amour  ,  pant.  grand  spettacle" 
la  2°  repr.  de  la  Romance  ,  et   Louise. 


LOTERIE    NATIONALE. 

Tirage  du  i  brumaire. 
81.       87.      64.       12.       75. 


A  Patis,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agisse  ,  propriéuire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevin^  ,  n"  '3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  3t. 


Septidi  ,    7    brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


^o'js  sommes  autonscs  a  ptQvsnn  nos  souscripteurs  qui  dacet  ciu  7   Nivôse  le   M  O  NI  T  E  U  R  est  le  s,ul  journal  officiel 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  .  ainsi   que  les  faits  et  les 
l'intérieur  que  sur  i'fxtt'r;ear,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


es  notions  tant  sur 


EXTERIEUR. 

T  u  R  Q,U  I  E. 

Extrait   d'une   lettre    de    Constantinopte  , 


D, 


du  10  septembre  (  s3  fruciid&r.  ) 


'epuis  la  mort  de  Kléber  et  le  commandement 
do  Menou ,  l'Egypte  n'a  essuyé  aucune  sorte  de 
trouble  ;  les  français  y  jouissent  d'une  existence 
lianquille  .  et  prêis  à  repousser  par  la  force  tout 
ce  qui  viendra  les  inquiéter.  Le  grand-visir  ,  bien 
loin  de  penser  à  les  attaquer  ,  continue  à  rester 
dans  son  camp  deJafFa,  et  attend  du  bénéfice 
du  tems  et  des  circonstances  ,  quelque  biais  ppur 
entrer  en  Egypte.  Ce  n'est  certainement  pas  qu'il 
ijSomple  sur  son  armée  ,  composée  de  très-peu 
de  monde  et  de  gens  de  mauvaise  volonté.. . . 
L'ambassadeuran^lais  a  beau  se  donnerioute  sorte 
de  mouvemens  pour  activer  les  efiorts  des  turcs 
contre  les  français  d'Egypte  ;  il  ne  peut  les  faire 
jortirde  l'apathie  dans  laquelle  ils  sont  tombés.  Je 
nesaisquiaimaginéianouvellerépandue  à  Smyrne 
et  ici  ,  qu'une  flotte  anglaise  de  neuf  vaisseaux 
de  ligne  avec  dix  mille  hommes  de  débarque- 
tnent  allait  en  Egypte  ;  de  là  l'échafaudage  de 
toute  Sorte  de  combinaisons.  La  Porte  en  a  été 
allarmée  au  point  d'en  demander  des  explica- 
tions à  l'ambassadeur  d'Angleterre  ,  qui  a  re- 
fondu n'en  avoir  ni  avis  ,  ni  nouvelle.  D'un  au- 
tre côté  ,  M.  Smith  ,  le  ministre  ,  l'affirme  ;  je 
n'en  crois  rien  ,  et ,  dans  tous  les  cas  ,  soyez  sûr 
que  les  turcs  n'y  étant  pour  rien  ,  ce  sera  encore 
une  expédition  de  manquée.  Je  crois  que  la  vue 
de  la  grande  floue  russe  -,  qui  revient  de  Corfou 
pour  rentrer  dans  la  Mer-Noire  ,  aura  fait  croire 
i  une  flotte  anglaise.  Cette  flotte  russe  est  aux 
environs  de  Consiantinople ,  toute  délabrée.  Les 
lusses  sont  très-mécontens  du  dénouement  de 
toute  ceue  histoire  ;  ils  espéraient  beaucoup  de 
)a  connivence  des  insulaires  ,  qui  ne  se  sont  pas 
montrés  ardens  à  les  seconder. 

Le  gouvernement  turc  se  trouve  plus  embarrassé 
que  jamais  avec  Passwan  Ogiu ,  qui  méprise  toute 
sorte  de  moyens  de  réconciliation,  et  je  vois  la 
guerre  civile  ,  dans  la  Romélie  ,  prête  à  se  rallu- 
mer, lia  déjà  mis  à  contribution  toutes  les  pro- 
vinces voisines.  Il  a  un  grand  parti  ici  ,  et  mal- 
heureusement nous  en  voyons  les  effets  par  de 
fiéquens  incendies  depuis  huit  jours. 

■Le  plus  beau  vaisseau  de  l'armée  navale  du 
grand-seigneur  a  échoué  sur  Damiette  et  s'est 
perdu.  Les  800  hommes  de  l'équipage  ont  été  faits 
prisonniers  par  les  français. 

ESPAGNE. 

'  Extrait  d\me  lettre  de  fîle  de  Léon  ,  en  date 
du  10  octoore  1  800. 

Les  patrons  pécheurs  dont  il  a  été  question 
dans  la  lettre  du  7  ,  étaient  au  nombre  de  quatre. 
Leur  déclaration  porte  que  le  4 ,  à  la  pointe 
du  jour  ,  ils  étaient  sortis  du  port  de  Sainte- 
Marie  pour  aller  à  la  pêche  ;  que  deux  d'entre 
eux  furent  atteints  dans  l'aprés-midi ,  par  un 
tirick  de  l'expédition  anglaise,  et  retenus  à  son 
bord  jusqu'au  lendemain  qu'ils  furent  conduits 
au  vaisseau  amiral  :  que  les  deux  autres  furent 
Jiris  ,  le  5  au  matin  ,  et  amenés  ,  l'un  à  un 
Vaisseau  ,  l'aulie  à  une  frégate  ,  et  ensuite  tous 
les  deux  au  vaisseau  amiral,  qu  on  leur  proposa 
en  les  bien  payant  ,  de  servir  de  pilotes  pour 
meure  l'armée  navale  dans  la  baie  de  Cadix  : 
«lais  qu'ils  s'y  refusèrent  :  qu'alors  on  les  menaça 
■dt  les  pendre  au  bout  des  vergues  ,  tout  en  leur 
laissant  le  choix  ;  qu'ils  ne  balancèrent  pas  , 
cl  déclarèrent  qu'ils  préferaient  la  mon  des  mains 
des  ennemis,  à  l'opprobre  d'être  traîtres  à  leur 
souverain  et  à  leur  patrie  :  qu'après  beaucoup 
de  qutsti.ons  et  de  menaces  inutiles,  ils  furent 
•conduits  au  i"^'.  entrepont,  et  gardés  par  une  stn- 
linelle  jusqu'à  l'aprèii-midi  du  7  ,  oir  on  les 
•congédia,  après  avoir  payé  à  l'un  d'eux  quatre 
'jiiasues  fortes  pour  douze  livres  de  poisson  qu'il 
(iv.iit  dans  sa  Laïque  ,  lorsqu'il  fut  arrêté.  Les 
ordre»  étaient  donnés  pour  que  le  débarque- 
incnl  i'cliectuât  dans  la  maiirïéc  du  7  à  trois 
heures  ,  entre  la  pointe  de  Candon  et  Régla. 
On  avait  distribué  des  armes  dans  le  vaisseau 
amiral  à  ceux  qui  devaient  en  débarquer.  Tous 
le»  v^iiiseaux  et  fiégaics  de- guerre  ,  ont  à  leur 
bord  un  transport  conjidéiablo  de  troupes.  Après  i 
avoir  mit  à  la  voile  ,  00  retira  les  arme*.  I 


Le  vent  du  sud-ouest  diminua  dans  la  matinée 
du  8  ;  il  s'en  suivit  un  presque  calme  toute  la 
journée  ainsi  que  hier,  avec  un  temps  brunieux, 
et  la  mer  houleuse  du  sud-ouest;  d'où  .il  est 
•résulté  fjue  l'expédition  n'a  pas  pu  se  tenir  ral- 
liée pendant  ces  deux  jours.  Les  bâtimeijis  les 
plus  proches  se  sont  tenus  à  cinq  lieues  ;  il  y 
en  avait  plusieurs  à  neuf,  et  à  dilférens  airs  de' 
^f"''  Aujourd'hui  le  sud-ouest  veut  reprendre. 
L'expédition  a  suivi  la  bordée  de  la  mer,  et 
vers  le  soir,  on  n'en  découvre  qu'une  frégate 
et  un  brick. 

On  a  formé  les  lignes  convenables  pour  empê- 
cher que  la  baie  puisse  être  forcée.  Au  surplus  , 
dans  lecas  ,  (  ce  qui  n'est  pas  à  craindre  j  qu'on 
teniât  de  débarquer  au  sud  de  Cadix  ,  on  a  placé 
au  Puntal  deux  frégates  quiflanqueraient  lappiocbe 
à  la  pf^rte  de  terre  ,  et  les  chaloupes  canonnières 
balayeraient  toute  la  langue  de  terre  qui  divise 
les  deux  mers. 

Le  lieu  de  débarquement  eût  été  ,  sans  doute, 
celui  que  les  patrons-pêcheurs  ont  déclaré  avoir 
été  désigné.  Les  mesures  étaient  prises  pour  les 
bien  recevoir.  Certes  ,  ils  ne  s'attendaient  pas  aux 
forces  que  nous  avons.  Malgré  l'affreuse  calamité 
qiai  nous  afflige  ,  on  regrette  qu  ils  n'aient  pas 
débarqué:  ce  serait  autant  d'ennemis  de  moins. 
Jamais  punition  n'eût  été  mieux  appliquée  à  un 
opprobre  tel  que  celui  de  leur  entreprise. 

ANGLETERRî!,. 

Londres  ,  22  octobre.  (  3o  vendémiaire.  ) 

QlJATRE  hommes  ont  été  conduits  K-  semaine 
dernière  à  la  prison  à  Nottingham  ;  deux  d'entre 
eux,  sont  accusés  d'avoir  dit  qu'ils  se  transpor- 
teraient de  maison  en  maison,  et  que  sur  le 
refus  du  propriétaire  de  les  suivre  ,  ils  regor- 
geraient. 

M.  Smith,  l'un  des  passagers  sur  te -bâtiment 
de  la  compagnie,  k  Queen  ,  qui  a  J>- ùlé  dans 
a  rade  de  San-Salvador  .  en  se  rendant  dans' 
l'Inde  ,  a  éprouvé  la  mort  la  plus  horrible.  En 
cherchant  à  se  sauver  du  vaisseau  ,  un  de  ses 
bfas  se  rrouva  pris  entre  le  canoi  et  te  navire; 
après  d'inutiles  efforts  pour  le  dégager,  et  voyant 
que  le  feu  le  gagnait ,  il  implora  l'assistance  de 
quelques  personnes  qui  comme  lui  cherchaient 
à  luir  dans  un  autre  canot;  mais  ne  pouvant 
en  être  secouru,  il  tirarjn  canil  qu'il  avait  dans 
sa  poche  ,  et  mit  iîn  à  son  existence  ,  en  se 
l'enfonçant   dans  la  gorge. 

Le  prix  du  charbon  a  haussé  hier  d'un  schel- 
ling  par  chaldron  (  36  boisseaux)  ;  nous  sommes 
menacés  aussi  d'une  augmentation  dans  le  prix 
du  porter.  En  i553 ,  sous  le  règne  de  Marie, 
un  baril  de  bierre  ,  ne  coûtait  que  6  pence  (60 
centimes)  y  compris  le  baril. 

Un  particulier  qui  s'est  marié  dernièrement  à 
Yoïk.  av.-iit  fait  8736.  milles  à  pied,  en  allant 
voir  la  fernme  qu'il  a  épousée.  Elle  ne  demeurait 
qu'à  2  milles  de  chez  lui;  mais  il,  la  visita 
trojs  fois   pa'/   semaine  pendant   14  ans. 

Une  lettre  du  docteur  Marshall  ,  écrite  de  Gi- 
braltar, le  23  août  dernier ,  annonce  qu'il  a 
inoculé  la  vaccine  avec  le  plus  grand  succès, 
aux  soldats  de  la  garnison,  et  à  leurs  enfans  qui 
■n'avaient  point  eu  la  petite  vérole.  Le  docteur 
observe  que  malgré  la  différence  du  climat,  les 
•sympiôines  dans  l'inoculaion  de  la  vaccine 
«nt  été  les  mêmes  qu'en  Angleterre.  Il  pariait 
le  lendemain  pour  Minorque,  à  l'effet  d'y  inoculer 
l'armée.  Il  espérait  qu'à  son  retour  il  obtiendrait 
la  permission  de  se  rendre  à  Madrid  pour  y 
professer   momentanément  son  art. 

(  Extrait  du  Morning-ChronicU  et  du  Sun.  )  ■ 

Les  revenus  de  l'état,  en  y  comprenant  l'in- 
come-taxel  les  taxes  votées  chaque  année  en  rem- 
;placement  de  celle  sur  les  terres  ,  se  montent  à 
37,000,000  liv.  slerl. 

On  employait  autrefois  ,  dans  la  comptabilité  à 
l'échiquier  ,  un  caractère  particulier  :  une  sin- 
gularité assez  remarquable  ,  c'est  que  ,  dans  cette 
arithmétique  obscure  ,  il  n'y  avait  pas  de  carac- 
tères pour  exprimer  les  sommes  de  millions  : 
ce  qui  prouve  combien  les  inventeurs  de  ce 
système  grossier  étaient  éloignés  de  soupçonner 
.même  jusqu'où  devait  aller  un  jour  le  revenu 
public. 

Il  paraît  ,  par  les  tableaux  de  la  douane,  que 
l'on  a  cxpoiic  de  Bombay  pour  rAngleienc  9000 


tonneaux  de  coton  ,  depuis  le  mois  de  décembre 
•  798  jusqu'au  mois  d'octobre  1 79g.  —  Il  paraît  aussi 
que  nos  bâlimcns  ont  exporté  pour  l'Inde  ,  de- 
puis novembre  1799  jusqu  au  mois  de  juillet  1800, 
15,552  loniieaux  de  marchandises  d'Europe  .• 
cesi-à-dire  ,  pour  la  valeur  d'enviion  438  raille 
65 1   liv.  sterl. 

Ou  espère  qu'à  Ik  rentrée  du  parlethenl  ,  les 
lionoiables  membres  rapporteront,  chacun  de 
leur  phys  ,  des  renseignemens  positifs  sur  la 
dernicie  récolte.  Q_uoiqu'clle  ait  été  assez  avan- 
tageuse dans  quelques  ciidroils  ,  commi:  dans  les 
piovuices  du  Midi  ,  il  est  certain  qu'en  général 
elle  n  a  pas  été  bonne  :  cet  objet  dune  si  haute 
importance  ,  est  au.ssi  celui  qui  occupe  le  plus  les 
esprits  dans  ce  mom.ent. 

On  prétend  que  l'empereur  Paul  1"  se  pro- 
pose de  résider  quelques  mois  à  Moscow  ,  pour 
rendre  ,  par  sa  présence  ,  la  vie  à  cette  ancienne 
capitale  de  la  Russie  :  l'empereur  ,  dans  cette 
occasion,  sacrificia  à  des  raisons  de  bier»  public 
son  goiit  particuher  ;  car  il  est  certain  que  ce 
prince  aime  beaucoup  le  séjour  de  Pétersbourg, 

Un  événement  singulier  a  eu  lieu  dernièrement 
dans  les  environs  de'  Bayswaler.  Une  pauvre 
femme  retournait  chez  elle  ,  a  la  chute  du  jour. 
Un  gros  chien  ,  qui  paraissait  avoir  perdu  son 
maître,  la  suivit.  Comme  elle  approchait  d'une 
hauteur  couvene  de  h.iics  ,  un  jeune  homme  , 
assez  bien  vêtu  ,  s'approcha  d'elle  ,  et  lui  dit  : 
"  'Vous  avez  un  bon  manteau  ,  il  faut  que.  vpus 
me  le  donniez  11.  En  parlant  ainsi,  il  se  niii  en 
devoir  d'enlever  de  force  ,-  ce  qu'il  croyait  qu'oa 
ne  lui  aurait  pas  donné  de  bon  gré.  Le  chien  , 
qui  avait  suivi  la  pauvre  femme  ,  sauta  sur  Iq 
voleur  ,  et  le  saisit  de  manière  que  lé  coquin  eut 
beaucoup  de  peine  à  se  sauver  ,  en  grimpant  der- 
rière une  haie  qui  se  trouvait  là  fort  heureusement 
pour  lui. 

Le  fait  suivant  prouve  que  la  cherté  du  graia 
ne  doit  pas  être  attribuée  seulement  à  la  disette,' 
e^  que  les  manœuvres  des  monopoleurs  y  contri- 
buent aussi  pour  quelque  chose.  Il  y  a  quelquetems,' 
lorsque  le  blé  coulait  12  sch.  k  boisseau  ,  un  icr- 
rnier  s'adresia  à  uu:  banqu'-é.r  iu  pays,  pour  lui 
empruiiter  une  somme  d'argent  dont  it  avait  be- 
soin pour  payer  son  fermage.  Le  banquier  conr 
1  sentit  à  lui  prêter  la  somme  ,  mais  à  condition  que. 
si  le  blé  allait  à  plus  de  12  sch.  le  boisseau 
depuis  le  moment  où  se  lésait  le  prêi  ,  jusqu'à 
celui  oti  le  fermier  vendrait  son  grain,  lui  prêteur, 
aurait  la  moitié  du  bénéfice. 

Q,uoiqu'il  en  soit  de  l'abondance  ou  de  la  ra- 
reté de  la  récolle  de  cette  année  ,  il  n'y  a  pas,  de 
doute  que  la  cherté  de  la  viande  de  boucherie 
de  la  volaille  ,  des  œufs ,  du  beurre  ,  etc.  ne  con- 
tribue beaucoup  à  augmenter  la  consommatioti 
du  pain.  Les  familles  pauvres  qui  ,  dans  des  tems 
meilleurs  ,  consommaicn>neul  livres  de  pain  par 
semaine,  en  consomment  maiiuenant  jusqu  à  onze 
et  douze  livres  ;  ce  (jui  fjit  un  tiers  ou  un  quart 
de  plus.  Celle  augipefliation  est  imme.nse  en  pre- 
nant les  choses  en  masse  ,  et  petit  être  regardée 
comme  une  vraie  calamiié.  .        ° 

On  doit  être  surpris  d'entendre  proposer  sérieu- 
sement un  maximum  pour  le  blé  ,  comme  un  des 
moyens  propres  à  soulager  la  misère  du  peuple. 
Ce  lemedefut  employé  pour  différentes  espèces  de 
denrées  sous  le  règne  malheureux  d  Edouard  If. 
La  neuvième  année  de  ce  règne,  il  y  eut  une 
grande  disette  ;  et  le  parlement  fixa  le  prix  de 
plusieurs  denrées  de  première  nccessiié.  Le  ré- 
suliat  de  ceue  mesure  fut  une  famine  horrible  qui 
sefitseiitir  l'année  suivante.  La  loi  .fut  aussitôt 
rappoitée.  L'expérience  n'a  pas  éié  renouvelléc 
depuis  ce  tems  en  Angleterre  ,  et  nous  espérons 
qu'elle  ne  le  sera  jamais.  Elle  fut  faiie  eu  Franco 
dans  .l'année  1793  ,  et  elle  y  produisit  le 
même  effet,  quoique  la  loi  ne,  \)ùt  y  être  exécutée 
à  la  rigueur,,  malgré  les  moyens  violerïi 
dont  on  l'appuyait.  Il  y  a, eu  depuis  Edouard  il 
des  tems  de  disette  en  Angleietre  ,  et  diflétente» 
mesures  furent  prises  pour  remédier  au  maU 
Cliarlcs  I"  .  pendant  la  vacance  du  parlement ,  fit 
iine  proclamation  pour  diminuer  la  consomma^ 
lion  chez  les  riches.  Des  arrêtés  semblables  ont  été 
pris  de  nos  jouis,  et  on  s'y  est  soumis.  Des  loi» 
ont  été  laites  suivant  les  circonstances  ,  pour  em-r 
pêcher  l'usage  du  bled  dans  les  choses  qui  ne  sôi^t 
pas  de  nécessiié  absolue  pour  la  vie  ,  ei  pour  en- 
courager l'iniportaiion.  Les  importations  delà  Hof- 
lande  se  sont  montées  ,  la  seuiainc  dernière,  mai- 
llé les  délenses  du  tu"vcrucmcni  buiavt ,  à  95)4 


quarteti  de  bled  ;  i,36o  d'orge;  65a  d'avoine  et! 
44'.lonnes  de  beurre:  nous  avons  reçu  i,86o  quar-  | 
ters  de  bled  de  Pétersbourg;  1,198  d'Archangel  ;  1 
56o  de  Stetiin;  ce  qui  ,  joint  au  bled  de  la  Hol-  j 
lande  ,  fait  un  total  de  5,342  quarters.  | 

l  Entrait  de  l'Observer,  du  trae-Brit<yn  et  du  Times.) 

INTÉRIEUR. 

Ch  atelier aull ,  le  3  brumaire^ 

One  maladie  de  quinze  jours  vient  d'enlever  le 
cit.  Cieusé-Laiouche  ,  membre  du  sénat-conscr- 
vateuretdei'insliiut.  Il  a  été  singulièrement  frappé 
en  apprenant  la  mort  du  cit.  Gilbert,  son  ami  de 
vinçtans.  L'enlèvement  de  son  collègue  Clément 
de  Ris  lui  avait  fait  aussi  une  grande  impression  ; 
tout  cela  a  beaucoup  contribué  à  accélérer  !a  fin 
de  sa  carrière  ,  que  rien  n'annonçait  devoir  eire 
ai  courte.  11  est  mort  à  45  ans  ,  laissant  une  veuve 
et  deux  &lles  inconsolables. 


Parii ,  le   6  brumaire. 
ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  4  brumaire. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
arrête  ce   qui  suit  : 

Art.  I".  Le  citoyen  Pichon  est  nommé  com- 
missaire général  des  relations  commerciales  de 
la  république  ,  à  Philadelphie. 

n.  Il  réunira  à  ces  fonctions  celles  de  chargé  1 
d'affaires  rie   la  république  près  le  gouvernement 
des  Etats-Unis  ,  jusqu'au  moment  où  le  premier 
consul  y  enverra  un  ministre  plénipoientiaire.         | 

Le  minisire  des  relations  extérieures  est   chargé  | 
de  1  exécution  du  présent  anété  qui  sera  inséré  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.   B.  Maret. 


MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

Faris ,  le  6  brumaire. 

En  exécution  de  l'article  IX  de  l'arrêté  des 
consuls  ,  du  38  vendémiaire  dernier  ,  relatif  à  la 
formation  de  la  liste  des  émigrés  ,  le  minisire  de 
la  justice  nomme  les  neuf  citoyens ,  dont  les  noms 
Suivent  ,  membres  de  la  commission  des  émigrés. 

Leyris  ,  Benhotio  ,  Jouenne  ,  Tiron  ,  Oerché ,  1 
Paré  ,  Rohaut-Fleury  ,  Lidonne  ,  Roucber.  ' 

Les  citoyens  ci-devant. dénommés  ,  se  rendront, 
sans  délai ,   au  ministère  de  la  justice  ,  pour  re- 
cevoir les.déterminations  ultérieures  du  minisire. 
Sigrié  ,  Abrial. 


PRÉFECTURE    DE     POLICE. 

Le  tribunal  de  police  du  4'  arrondissement  ,  a 
condamné,  le  l3  vendémiaire  dernier ,  à  l'amende 
et  aux  frais ,  y  compris  ceux  d'affiche  ,  trois  fem- 
mes de  la  commune  d'Aubervilliers ,  convaincues 
d'avoir  acheté  ,  sur  le  marché  des  Innocens  , 
duxplaces  affectées  aux  cultivateurs  et  forains  ,  une 
quantité  considérable  de  fruits  et  légumes  ,  et  de 
les  avoir  vendus ,  au  regrat .  sur  le  même  carreau. 

Il  est  bien  à  désirer  que  cet  exemple  puisse  en 
imposer  à  la  multitude  d'individus  qui  s'adonnent 
à  ce  commerce  illicite,  dont  le  principal  inconvé- 
nient est  de  causer  le  renchérissement  de  toutes 
les  denrées. 


BANQ.UE   DE   FRANCE. 

i)iscovss  prononcés  par  le  président  de  la  banque 

de  France ,  et  par  l'un  des  censeurs ,  à  l'assimblée 

générale  des  actionnaires ,  le  sS  vendémiaire  an  9. 

Discours  prononcé  par  le  président  de  la 

BANQUE  DE  France , 
/u  nom  de  la  régence  de  la  banque  ,  à  l'assemblée 
générale  des  actionnaires ,  tenue  le  zS  vendémiaire 
an  9 ,  dont  l'impression  a  été  votée  par  l'assemblée. 
Citoyens  actionnaires  , 

La  première  réunjon  du;çorps'qui  représente 
les  intérêts  et  la  volonté  des  actionnaires  de  la 
'banque  de  France  ,  est  une  époque  qui  doit  in- 
fluer sur  ses  futures  destinées.  A  la  sagesse  de 
vos  premières  délibérations  sont  attachées  les 
espérances  d'accroissement  et  de  stabilité  de  cet 
important  établissement. 

La  régence  de  la  banque ,  dont  je  suis  l'organe  , 
à  cru  qu'avant  de  vous  soumettre  les  résultats  de 
ses  opéiations  depuis  le  i"^  ventôse  dernier  jus- 
qu'au! «4  de  ce  mois ,  elle  devait  vous  retracer 
rapidement  ,  et  l'historique  de  rétablissement  de 
la  banque  de  France  er  les  grandes  bases  de 
CDn  intiiiuttoa.  Elle  s'était  en  partie  acqiiitée  de 


»4« 

« 

ce  devoir  lors  de  la  première  assemblée  générale 
des  actionnaires,  tenue  le  34  pluviôse  dernier; 
raaiJ  cette  assertiblée  ,  peu  nombreuse  ,  n'était 
point  investie  du  caractère  représentatif  que  vous 
tenez  de  l'article  VU  des  slaïuis  de  la  banque; 
ainsi  vos  nouvelles  fonctions  imposent  de  nou- 
velles obligations  à  la  légence. 

Les  régens  delà  banque  de  France  ,  qui  furent 
chargés  de  préparer  son  établissement,  convain- 
cus que  ,  dans  l'état  de  dispersion  oii  se  trouvent 
les  capitaux ,  on  se  serait  vainement  flatté  que  les 
trente  millions  qui  doivent  servir  de  fonds  à  la 
banque  de  France  ^  pussent  se  former  dune  ma- 
nière prompte  par  une  simple  réunion  d'action- 
naires ,  leur  premier  snin  fut  d'indiquer  au  gou- 
vernement les  points  généraux  de  protection  et 
d'adhésion  propres  à  assurer  le  succès  de  l'éta- 
b  issement  proposé. 

En  CiMsëquence  ,  et  le  jour  même  de  leur  no- 
mination ,  les  régens  adressèrent  au  ministre  des 
financés ,  une  pétition  tendante  à  obtenir  des  con^ 
suis  que  la  moitié  des  fonds  provenans  des  cau- 
tionnemens  à  fournir  par  les  receveurs  généraux  j 
des  déparieroens  ,  et  destinés  par  la  loi  du  6  fri- 
rhaire  dernier,  à  ramollissement  de  la  dette  pu- 
blique et  à  la  garantie  du  paiement  des  obligations 
des  mêmes  receveiïrs  généraux  ,  fussent  versés  à 
la  banque  de  France  ;  un  arrêté  du  ï8  nivôse 
dernier",  accueillit  cette  demande  ,  et  cinq  mil- 
lions ont  été  versés  à  la  banque  pour  le  prix  de 
cinq  mille  actions  inscrites  au  nom  de  la  caisse 
d'amortissement. 

La  banque  recevant  par  là  une  première  exis- 
tence ,  elle  pouvoit  commencer  ses  opérations  en 
concurrence  avec  la  caisse  des  comptes  coutans 
qui  existait  alors  :  mais  la  crainte  de  troubler  le 
crédit  de  la  place  ,  en  divisant  ainsi  ses  ressources, 
détermina  les  régens  à  faire  tous  leurs  efforts  pour 
réunir  deux  élablissemens  dont  la  rivalité  pouvait 
être  dangereuse. 

Les  avantages  de  la  réunion  furent  sentis  par 
les  actionnaires  de  la  caisse  dés  Comptes  couraiis; 
ils  la  délibérèrent  le  28  nivôse. 

Les  travaux  de  la  banque  s'ouvrirent  le  pre- 
mier ventôse  dernier  :  dès  le  l5  du  même  mois  ,  '. 
les  consuls  de  la  république  avaient  donné  à  cet 
établissement  un  nouveau  témoignage  de  con-  i 
fiance  ,  en  ordonnant  ,  par  un  arrêté  du  même  ' 
jour ,  le  versement  à  la  banque  des  fonds  déposés  j 
à  lac  isse  des  réserves  de  la  loterie  nationale  ;  le 
conseil. général  de  régence  s'empressa  d'adresser 
des  remercîmens  au  minisire  des  finances  ,  et  au 
citoyen  Cretet ,  conseiller  d'état ,  l'un  des  action- 1 
naires  ,  dont  les  soins  répétés  et  la  sollicitude J 
continuelle  en  faveur  de  la  banque  ne  laissent 
échapper  aucun  des  moyens  propres  à  assurer  le 
succès  de  Cet  établissement. 

Nous  ne  pouvons  nommer  ici  le  citoyen  Cretet 
sans  faire  un  vœu  :  c'est  celui  de  voir  nos  succes- 
seurs recevoir  de  ce  magistrat  la  continuation  de 
ses  conseils  et  la  constante  assistance  de  ses  lu- 
mières. Nous  les  invitons  d'y  avoir  recours  avec 
autant  d  empressement  et  de  confiance  que  la 
régence  actuelle. 

Les  statuts  de  la  banque  n'avaient  point  fixé 
l'échéance  des  effets  à  admettre  à  l'escompte.  La 
caisse  des  comptes  courans  paraissait  n'avoir  pas 
excédé  quarante-cinq  jours  ;  la  régence  .  d'après 
l'accroissement  de  ses  moyens ,  crut  devoir  ad- 
mettre les  échéances  à  soixante  jours  ,  avec  l'espé- 
rance de  les  prolonger  jusqu'à  quatre-vingt-dix 
jours  ,  lorsque  les  facultés  de  la  banque  pourront 
le  4ui   permettre. 

Depuis  l'ouverture  des  travaux  de  la  banque  , 
la  régence  s'est  occupée  des  moyens  d'organiser 
son  régime  par  des  réglemens  dont  plusieurs 
exemplaires  qui  vous  sont  destinés  sont  déposés 
sur  le  bureau.  Je  vous  invite  à  les  examiner  ,  et  je 
vous  rappelle  que ,  conformément  anx  statuts  ,  ils 
sont  £Oumis  à  la  sanction  de  l'assemblée. 

Les  opérations  de  la  banque  pouvant  s'étendre 
dans  les  départemens ,  la  régence  a  dû  s'occuper 
de  choisir  des  correspondans  dans  les  principales 
places  étrangères  avec  lesquelles  la  France  a  con- 
tinué des  relations  d'amitié  ,  et  dans  chacun  des 
départemens  de  la  république.  La  régence  a  pris 
les  précautions  convenables  pour  n'accorder  sa 
confiance  qu'aux  maisons  les  plus  accréditées;  et 
dès  les  1'"  jours  de  germinal  sa  correspondance 
s'était  déjà  tellement  multipliée,  qu'elle  n'a  pu 
se  dispenser  d'établir  un  bureau  particuher  pour 
cet  objet.  Les  cçrrespondans  de  la  banque  ont  été 
invités  à  se  rendre  actionnaires  proportionaelle- 
ment  à  l'importance  des  recouvremehs  qui  leur 
seraient  confiés. 

D'après  l'arrêté  du  iS  ventôse  dernier,  qui  a 
ordonné  le  versement  à  la  banque  des  fonds  en 
réserve  de  la  loterie  nationale  ,  pour  la  garantie 
des  lots  en  cas  d'insuffisance  du  produit  ordi- 
naire des  recettes,  l'administralion  de  celle  loterie 
a  pensé  qu'il  éiait  également  convenable  que  la 
banque  fût  chargée  du  recouvrement  de  la  loterie 
dans  les  départemens.  Elle  a  en  conséquence  ,  et 
sous  l'approbation  du  ministre  des  finances  ,  fait 
et  signé  avec  la  banque  de  France  un  traité  qui , 
à  f  anii  du  16  germinal  dernier  ^  la  charge  du  te 


couvretnent  de  toutes  les  sommes  à  verser- par 
les  receveurs  de  la  loterie  dans  tous  les  dépar- 
temens de  la  république  ,  pays  réunis  et  con- 
quis ,  non-compris  le  dépanemetit  de  la  Seine, 
et  quelques  communes  du  département  de  beine- 
et-Oise. 

Les  opérations  de  la  banque  pouvant  faire  naî- 
tre des  affaires  conientieuses  ,  la  régence  a  re- 
gardé comme  indispensable  de  se  former  un 
conseil  composé  de  jurisconsultes  éclairés  ;  ils 
ont  choisi  les  citoyens  Pérlgnon  ,  Berryer  e* 
Armey. 

Un  grand  nombre  d'agens  de  change  s'étant 
successivement  présentés  pour  être  accrédilés  au- 
près de  la  banque  ,  la  régence  a  admis  jusqu  à 
présent  les  citoyens  Pillot ,  le  Dhuj  ,  Bcaumont  , 
Dufresne  ,  Lefebvre  ,  Nicolas  Caron  .  Frotfaent, 
Petit ,  Rochat,  Luce   le  jeune,  Torras  ,  Mallet. 

Ils  sont  tenus  de  se  conformer  à  l'article  17  des 
statuts  de  la  banque  ,  et  aux  articles  39  ,  60  ,  &l 
et  63  du  règlement  intérieu,r. 

La  caisse  des  comptes  courans  avait  en  émission 
ou  en  réserve  une  somme  de  20,780, Î27  francs 
20  cent.  (!)  de  billets  de  1000  fr.  et  de  5oo  fr. 
Ces  billets  ,  destinés  à  faire  le  service  de  la 
banque  jusqu'à  ce  qu'elle  puisse  émettre  les  siens 
propres,  ont  été  frappésd'une  légende  qui  indique 
qu'ils  sont  payables  à  ta  banque. 

La  régence  s'est  depuis  occupée  de  la  fabrica- 
tion des  billets  de  la  banque. 

Rien  n'ii  été  négligé  pour  écarter  la  possibilité 
de  la  contrefaction  ,  en  s'attachant  à  peifection- 
ner  la  gravure  ,  le  papier  ,  les  caractères  et  le 
tirage  :  les  asiistes  les  plus  habiles  ont  été  em- 
ployés. Déjà  le  type  du  billet  de  1000  francs  est 
Jait  ;  il  a  servi  à  tirer  pour  6  millions  de  flancs 
de  billets ,  dont  une  partie  est  en  émission.  On 
s'occupe  de  terminer  les  billets  de  5oo  fr. 

Le  ministre  des  finances  a  ,  sur  la  demande  de 
la  régence  ,  affranchi  des  droits  de  timbre  les 
billets  destinés  au  remplacement  de  ceux  de  la 
caisse  des  comptes  courans  qui  doivent  être  an- 
nuités ,  et  qui  avaient  acquitté  le  droit  de  timbre. 
Cet  acte  d'étroite  justice  devraiiêtte  ,  selon  nous  •. 
indéfiniment  étendu  aux  billets  de  la  banque  ,  à 
raison  de  ce  qu'ils  ne  contiennent  aucune  tran- 
saction ni  transmission  ,  et  qu'ils  ne  sont  réelle- 
ment que  la  représentaiion  d'espèces  déposées  , 
contre  lesquelles  ils  sont  échangeables  à  volonic. 
La  banque  a  reçu  une  nouvelle  preuve  de  la 
confiance  ,  tout  à-la-fois  du  public  et  du  gou- 
vernement ,  par  l'arrêté  des  consuls ,  du  23"  ther- 
midor dernier  ,  qui  la  charge  du  paiement  en 
ntiméraire  des  rentes  et  pensions ,  deuxième  se- 
mestre de  l'an  8  ,  à  compter  du  premier  nivôse 
prochuin. 

Cet  arrêté  a  été  suivi  d'un  traité  fait  entre  le  mi- 
nistre des  finances  et  les  régens  de  la  banqiie, 
duquel  il  résulte  que  les  fonds  seront  faits  par 
le  trésor  public  en  obligations  ,  dent  les  échéan- 
ces commenceront  le  3o  brumaire  an  9  ,  pous 
finir  au  3o  prairial  suivant;  et  que  les  paiemenl, 
par  la  banque  s'ouvriront  le  premier  nivôse  pro» 
chain,  pour  n'être, terminés  qu'à  la  fin  du  mois 
de  messidor  suivant.  Les  recouvremens  des  obli- 
gations et  les  paiemens  à  faire  par  la  banque,  sont 
combinés  de  manière  à  assurer  parfaitement  cç 
service. 

Le  «8  nivôse  dernier,  les  régens  de  la  banque 
avaient  obtenu  ,  par  un  arrêté  des  consuls  da 
même  jour  ,  la  maison  dite  l'Oratoire  ,  pour  y 
former  leur  établissement  ;  mais  la  réunion  de 
là  caisse  des  comptes  courans  à  la  banque  » 
s'étant  opérée  vers  la  fin  du  mois  de  pluviôse 
suivant  ,  la  régence  crut  devoir  préférer  la  maison 
Massiac  ,  dont  la  propriété  venait  de  lui  être 
transmise  ,  et  qui  se  trouvait  disposée  de  manière 
à  pouvoir  suffire  au  service  de  la  banque  tant 
que  ses  opérations  ne  s'accroîtraient  pas  d'une  ma- 
nière trop  sensible.  Aujourd'hui  qu'elles  sont  con- 
sidérablement augmentées  ,  notamment  par  le 
paiement  des  rentes  ,  elle  a  dii  demander  un 
local  qui  répondît  à  l'importance  de  ses  opéra-  , 
tions  ,  qui  offrît  l'emplacement  nécessaire  pour 
placer  les  caisses  de  paiement ,  et  la  possibilité 
d'établir  en  même  -  tems  une  bourse-  digne  de 
l'accroissement  auquel  le  commerce  de  Paris  est 
appelé. 

La  régence  n'a  pas  trouvé  de  maison  qui  lui 
parût  plus  convenable  par  sa  forme  et  sa  situan 
tion  que  l'hôtel  de  Toulouse  :  elle  en  a  fait  1^  «le- 
mande  formelle  ;  elle  pouvait  espérer  un  jjrompt 
succès  ;  elle  avait»  été  même  autorisée  à  allef 
prendre  connaissance  du  local  :  mais  te  déplaça» 
ment  de  l'imprimerie  nationale  qui  s'y  trouve  éta- 
blie ,  ainsi  que  d'autres  objets  qui  y  ont  été  réu- 
nis ,  paraît  en  ce  moment  présenter  des  obsta^ 
des  qui  d'abord  n'avaient  pas  été  prévus  ;  aa 
surplus  ,  la  régence  s'occupe  avec  activité  d'avoir 
très-incessamment  sur  cet  objet  une  décision  por 
sitive. 

Si  le  gouvernement,  citoyens  actionnaires ,  à 
favorisé  votre  établissement ,  s'il  n'a  cessé  de  s'in- 

(1)  tes  fnctfons  proviennent  de  la  tedaclioa  en  fnscs  dsf( 
:  liTtes  taumoii  exprimées  p»r  les  billets^ 


téresser  à  ses  succès  ,  de  son  côté  la  banque  s'est 
occupée  des  moyens  de  soutenir  le  crédit  des 
obligations  des  receveurs  ,  en  arrêtant  qu'elle  en 
aurait  toujours  dans  son  porte  feuille  pour  au 
moins  trois  millions ,  et  en  les  prenant  directe- 
ment de  l'agent  du  trésor  public  ,  et  toujours  au- 
dessous  du  cours. 

Ici  se  termine  le  récit  des  principaux  faits  qui 
ont  eu  lieu  depuis  rétablissement  de  la  banque 
jusqu'à  ce  jour.  Je  dois  actuellement,  conformé- 
ment au  voeu  de  la  régence  ,  vous  retracer  les 
grandes  bases  de  son  institution. 
Je  vous  observerai  d  abord  ,  que  cet -établisse- 

\ineht ,  qui  semble  avoir  un  but  commun  avec 
d'autres  banques  ^ablies  en  Europe,  ne  doit  ce- 

'pendant  être  rigoureusement  comparé  à  aucune 
d'elles  :  les  banques  établies  ont  des  caractères 
très-distincts  ;  elles  sont  ou  essentiellement  com- 
merciales,  ou  essentiellement  gouvernementales 
ou  mixtes. 

Les  banques  essentiellement  commerciales  sont 
communément  la  propriété  des  négocians  ,  ou 
d'une  seule  ville,  ou  d'un  petit  état;  leurs  ac- 
tionnaires peu  nombjeux  ,  mais  liés  à  la  chose 
par  des  intérêts  étendus  ,  ont  dû  conservfer  dans 
leur  administration  la  part  la  plus  directe  :  telle 
fut  en  France  la  caisse  d'escompte  ,  avant  que 
ses  relations  imprudentes  avec  le  gouvernement 
l'eussent  écartée  de  son  véritable  but  ;  telle  fut  la 
caisse  des  comptes  courans ,  et  telle  est  encore  la 
caisse  de  commerce  établie  à  Paris. 

Les  banques  essentiellement  gouvernementales, 
telles  que  celles  d'Espagne,  d'Autriche,  de  Naples, 
de'  Turin  ,  etc.,  soumises  à  une  action  extérieure 
et  entraînante',  n'ont  pu  conserver  à  leurs  aC-' 
tidnnaires  qu'une  inutile  intetveuiion  dans  leur 
administration. 

Dans  les  banques  mixtes  ,  les  deux  parts  d'in- 
.  fluence  qui  devraient  naturellement  se  diviser 
avec  quelqu'égalité  entre  le  gouvernement  et 
les  actionnaires  , 'sont  ordinairement  le  lot  du 
plus  fort  ;  la  banque  d'Angleterre  paraît  en  four- 
nir l'exemple. 

La  bsnque  de  France  n'a  aucun  des  carac- 
tères limités  que  nous  venons  de  définir  :  ses 
lapporis  avec  le  commerce  forment,  à  la  vériié  , 
son  principal  caractère  ;  mais  comme  elle  n'ex- 
cllJt  de  ses  relations  aucun  des  genres  de  pro- 
priété ,  et  qu'elle  pourrait  même  escompter  des 
effets  souscriis  par  des  propriétaires  fonciers 
dont  la  solvabiliié  lui  paraîtrait  constante,  elle 
est  essentiellement  générale. 

Il  est  sur-tout  à  remarquer  que  la  banque 
de  France  ,•  par  le  fait  seul  du  caractère  de 
généralité  sur  laquelle  elle  s'est  établie  ,  n'est 
nullement  gouvernementale  !  libre  par  sa  créa- 
tion qui  n'appartient  qu'à  des  individus,  indé- 
pendante, par  ses  statuts,  affranchie  des  condi- 
lions  qu  aurait  pu  lui  imposer  un  contrat  privé 
avec  le  gouvernement,  ou  un  acte  législatif, 
elle  existe  sous  la  pfoieclion  des  lois  générales, 
«t  par  la  seule  volonté  collective  de  ses  action- 
naires. Lorsqu'elle  traite  avec  le  gouvernement, 
jes  transactions  prennent  le  caractère  qu'elles 
doivent  avoir  avec  un  gouvernement  libre  :  elle 
ne  négocie  avec  lui  que  lorsqu'elle  rencontre 
ses  convenances  et  le  complément  de  ses  sûretés; 
enfin  ,  elle   est  absolument  hors   de  lui. 

A  la  vérité,  les  relations  entre  le  gouverne- 
ïn'ent  et  la  banque  sont  suscepiibles  de  pren- 
dre une  grande  éiendue  ;  c  est  un  résultat  naturel 
des  transactions  du  gouvernement  ,  cotjsidérées 
sous  le  rapport  de  leur  masses  et  ce  résultat 
ne  dérive  d  aucune  ir)terpositioa  de  faveur  ni  de 
préférence. 

D'ailleurs  ,  le  crédit  du  commerce  et  celui  du 
gouvernement  ne  sont-ils  pas  aujourd'hui;  pour 
ainsi  dire  ,  identifiés  ?  Ne  rouleni-ils  pas  sur  le 
même  pivot?  (celui  sur  lequel  doit  s'affermir  le 
gouvernement  actuel.  ) 

Pour  appuyer  nos  observations  par  des  exem- 
ples ,  nous  déclarons  que  si  la  banque  a  jusqu'à 
présent  escompté  quelques  obligations  des,  rece- 
veurs de  départemeiis  ,  elle  n'a  agi  en  vertu  d'au- 
cun traité  direct  avec  le  gouvernement  ;  elle  ne  les 
a  pris  que  dans  des  propqrlions  combinées  avec  la 
•ituation  de  ses  caisses  ;  elle  ne  s'est  déterminée 
que  par  des  motifs  de  sécurité;  et  elle  s'est  guidée 
par  l'opinion  générale  ,  et  par  la'confiance  méri- 
tée dans  la  loyauté  du  gouvernement  et  dans  la 
■ajgesse  de  son  administration.  Enfin  la  banque  , 
considérée  comme  capitaliste,  n'a  fait, à  cetégard, 
que  ce  que  faisaient  en  même  tems  la  classe  des 
particuliers  capitalistes. 

D'un  autre  côté,  la  banque  qui  lient  les  comptes 
courans  de  tous  les  individus,  en  a  ouvert  un  au 
gotivemement  pour  le  paiement  des  renies  dues 

Î)ar  l'état  ;  elle  recevra  rie  lui  des  effets  à  recouvrer  : 
es  produits  de  ces  effets  scrvironi  à  acquitter  des 
mancfels  du  trésor  public  ;  et  celle  transaction  ne 
diffère  de  ce  qu'elle  fait  pour  des  particulier»,  que 
relativement  à  une  provision  qui  lui  est  allouée  en 
indemnité  des  dépenses  qu'entraînera  une  manu- 
tention aussi  éiendue. 

Ou  ae  oiépiendrait  cependaot  li  l'on  supposait  j 


143 

que  la  banque  ,  dans  ses  relations  avec  le  gauver- 
nemeni  ,  doit  le  resircindVe  à-iîne  s'implf  as's'imi- 
lation  avec  les  personnes  ptivceS:'les  principes  de 
son  inslilulion  se  lient  à  des  vues  d'iin  ordre  plus 
élevé.  ■•   .    ■  • 

Il  n'est  possible  de  concevoir  ni  d  espérer  au- 
cune stabilité  ,  aucune  prospérité  poui  une  naliori 
dans  laquelle  s'établirait,  par  une  fatale  habitude 
ou  par  de  funestes  défiances  ,  l'isolement  du  gou- 
vernement et  une  sépjraiioo  précise  cnire  ses  in- 
lérêls  et  ceux  des  citoyens  qu'il  régit  :  cette  absurde 
division  d'un  tout  inséparable,  eStun  résultat  mal- 
heureusement inévitable  des  erreurs  ou  des  abus 
des  gouvernemens  absolus  ;  rîiais  elle  est  en  même 
tems  la  cause  de  leur  faibleise  ,  et  souvent  celle 
de  leur  destruction. 

Les  gouvernemens  libres  doivent  éloigner  ce 
divorce  entre  les  membres  et  la  lête  du  corps  po- 
lilique  ;  leur  siabilité  ,  lei)r  gloire  ,  et  leur  pros- 
périié  en  dépendent.  Le  seijliincrw-  profond  de 
celle,  vérité  a  créé  ,  dès  sa  naissance,  une  sage 
alliance  de  principes  entre  la  banque  et  le  gou- 
vernement; alliance  qui  ,  en  cnnknidant  le  crédii 
public  et  le  crédit  particulier ,  les  fait  se  fortifier 
1  un  par  1  autre  ,  et  se  correspondre  par  des 
échanges  dune  mutuelle  confiance  ;  ce  qui  ex- 
plique comment  le  gouyeriiemenl  s  est  déter- 
miné à  faire  convertir  en  aciions  un  capital  de 
cinq  millions  au  raomentmême  de  ses  plus  grands 
besoinset  du  plus  grand  embairas  de  ses  finances. 

C'est  encore  dans  le  sens  de  cette  honorable 
alliance  que  la  banque  est  esseniitiUeraeni  générale. 

Tels  sont  ,  citoyens  actionnaires  .  les  principes 
qui  guidaient  les  fondateurs  de  la  banque  de 
France  lorsqu'ils   en  ont  corrcerté  les  statuts. 

Pour  rendre  générale  la  banque  ,  ils  ont  dû 
réduire  à  une  faible  sommele  prix  de  ses  actions, 
afin  d'obtenir  le  plus  grand  nombie  d'actionnaires 
possible  :  ce  but  sera  atteint  si  1  on  considère  que 
depuis  sept  mois  elle  a  déjà  acquis  trois  cent 
soixanie-un  actionnaires  ,  répandus  sur  toute  la 
république.  La  formation  de  son  fonds  est  lente  , 
à  la  vérité  ,  ma^is  elle  n  éprouve  aucune  inter- 
ruption :  ainsi  elle  est  plus  riche  en  confiance 
qu'en  capiiaux  :  lun  est  préférable  à  l'autre  ;  ses 
nombreux  amis  lui  seront  fidèles  :  il  est  permis 
de  le  présaiJer  ,  puisqucaucun  d'eux  ne  l'a  en- 
core abandonnée. 

Ou  ne  pouvait  prévoir  la  multiplication  des 
actionnaires  au  point  de  's'élever  à  plusieurs  mil- 
liers d'individus  et  leur  gtàtidé  dispersion  ,  sans 
concevoir  l'impossibiliré  dé  les  i-éuni'r  et  de  lés 
appeler  à  délibérerdirecYpriien'i  sur  leurs  intérêts  : 
il  a  donc  été  nécessaire  de''créer  pour  eux  un  système 
représenlaùf  ,  et  de  le  c<>ita'biner  de  manière  à  ce 
qu'un  corps  de  repiésentan!;  pût  se  former  spon- 
tanément. Les  mêmes  circonstances  tendant  pres- 
que impossible  léleciioii  âe  te  même  corps  ,  et  la 
volonté  des  actionnaires, ne  pouvant  être  con- 
sultée ,  il  a  été  constitué  sur  la  base  d'une  certaine 
mesure  de  propriété.        * 

Le  corps  re(iiésenlant  rie  devait  être  ni  assez 
nombreux  pour  entraîner  îa  confusion,  ni  res- 
treint au  point  d'écarter  lés  lumières  et  la  sur- 
veillance :  il  a  été  par  ces  considérations  fixé  à 
(  deux  cents  membres.  Ses  réunions  devaient  être 
réduites  aux  termes  de  la  simple  utilité;  elles  ont 
été  fixées  à  une  fois  par  an  ,  sauf  les  cas  exti-a- 
ordinaires. 

Enfin  ,  comme  il  n'txisie  en  administration 
qu'une  garantie  solide  ,  celle  d'un  coot-rôle  éclairé 
ei  permanent ,  les  staïut.'i  ont  constitué  trois  cen- 
seurs ,  qui  oirt  une  action  générale  de.  surveil- 
lance et  de  discussion   sur  toutes  les  opérations. 

Je  passe  à  l'exposition  des  opérations  de  la 
banque  depuis  le  1"='  ventôse  dernier  jusqu'au 
24  de  ce  mois. 

Pour  juger  par  la  forme  naissante  de  la  ban- 
que de  ce  qu'on  peut  espprer  de  l'accroissement 
successif  de  ses  moyens  ,  nous  comparerons  la 
situation  des  bases  principales  de  ses  affaires  à 
l'époque  du  yrerjiier  ver)iôse  et  à  celledu  24  ven- 
démiaire; ce  qui  renfermé  un  espace  de  7  mois 
«4  jours. 

Les  comptes  courans  n'étant  au  1"  ventôse  que 
de  2,300,000  fr. ,  ils  sélevCnt  aujourd  hui  de  S  à 
6  millions. 

Le  numéraire  UdLXistnh  par  la  caisse  des  comptes 
courans  ét^tit  dev5,Soo,0;PO  fr. ,  il  s'est  élevé  de- 
puis jusqu'à  11,900,000;  et,  dans,  certaines  cir- 
constances ,  les  besoins  de  la  place  l'ont  réduit 
à   7,000,000. 

Le  portefeuille  des  effets  acquis  par  l'escompte 
était  de  6,000,000  au  i*'  ventôse;    il  s'élève  au- 
jourd'hui à.l5, 901,436  fr.  27  c,  indépendamment: 
l'  De  2,Sog,24i  fr.  74  c.  en  effets  envoyés  par 
les  correspondans  de 
la  banque; 
8°  De  3,328,000  fr.  en  effets  sur  les  dé- 

,       pariemens. 

5,837,241  ft.  74  c. 


L'escompte  ,  ce  véritable  signe  de  la  prospérité ^ 
d'une  banque  et  de  son  utilité  ,  a  été  porté,  dans 
certaines  décades  ,   jusqu  à  7,000,000   francs.  Son 
i  total  est  II  1,820,226  fr.  41   cetil.  Cette  sonims   a 
produit  en  bénéfice  1,253,841  fr.  «5  c. 

Les  recettes  de  la  loterie  ,  dont  le  délail  est  îrès- 
considérable  ,  ont  donné  naissance  à  la  corres- 
pondance avec  les  départemens  ;  le  droit  do 
commission  accordé  à  la  banque  a  produit  47,54'S 
francs  77  centimes. 

Au  nombre  des  affaires  transmises  à  la  banque 
par  la  caisse  des  comptes  courans,  se  trouvaient 
deux  créances  ;  l'une  sur  les  citoyens  Amelin  , 
Van-Raubais  et  compagnie  est  tentiée  à  un  faible 
solde  près,  qui  sera  payé  dans  quelques  jours  ; 
l'autre  »ur  les  citoyens  Girardot  et  compaj^nie  , 
qui  s'élève  à  246,871  fr.  78  c.  ,  eSt  entravé  par 
quelqnes  circonstances  litigieuses.  Il  est  permis 
de  compter  sur  soo  remboursement  intégral ,  à 
raison  de  plusieurs  cautionnemens  et  d'action» 
hypothécaires  utilement  colloquées.  / 

Les  billets  de  la  caisse  des  comptes  courans  conti- 
nuent à  faire  le  service  de  la  banque ,  après 
avoir  été  frappés  d'un  timbre  qui  indique  leur 
paiement  à  la  banque. 

La  banque  a  déjà  fait  fabriquer  le  type  d'un  billet 
de  lOoo  francs  :  il  a  fourni  à  une  émission  de 
6.000,000.  On  s'occupe  du  type  d'un  billet  de 
Soo  fr.  :  et  lorsque  la  banque  aura  fabriqué  en 
quantité  suffisante  de  ses  propres  billets  ,  ceux 
de  la  caisse  des  comptes  courans  seront  aussi-tôt 
retirés  et  annulés. 

Les  frais  ou  dépenses  générales  de  l'administra- 
tion de  la' banque,  ceux  de  la  fabrication  des 
billets  ,  le  port  des  espèces  reçues  des  départe- 
mens, et  les  autres  dépenses  généralement  quel- 
conques ,   s'élèvent  à   218,718  fr.   14  c. 

Pour  les  huit  mois  écoulés  depuis  l'établisse- 
ment de  la  banque  de  France,  on  trouvera  que 
ces  frais  sont  proportionnément  moindres  que 
ceux  de  la  caisse  des  comptes  courans  ,  si  'l'on 
considère  que  la  correspondance  et  les  affaires 
extérieures  ont  nécessité  une  augmentaiion  d'em- 
ployés à  cause  des  détails  qu'entraînent  les  retours 
si  divisés  des  somnies  considérables  à  recouvrer 
dans  les  départemens.  Cette  économie  est  due  , 
tant  à  la  composition  des  bureaux  qu'à  h  distri- 
bution des  travaux  ,  qui  sont  bien  plus  considé- 
rables que  ne  l'étaient  cetix  delà  caisse  des  comptes 
courans. 

Si  nous  devons  à  la  composition  de  nos  bu- 
reaux ,  c'est-à-dire,  à  la  réunion  des  sujets  distin- 
gués qui  y  sont  placés,  une  sage  éconornie  dans 
notre  administration  ,  nous  lui  devons  aussi  cette 
I  célérité  d'exécution  dans  nos  opérations,  cette 
précision  ,  ceitç  exactitude  ,  cette  vigilance  de 
tous  les  jours  ,  de  tous  les  instans  j  dont  lé  public 
doit  être  frappé,  et  qui  doit  lui-  douner  l'assu- 
rance du  resp  et  quona  ici  pour  sa  confiance. 
Nous  ne  doutons  pas  de  votre  disposition  à  vous 
réunir  en  ce  moment  à  la  régence  pour  donner 
à  ces  employés  un  témoignage  honorable  de  sa- 
tisfaction  et  de   reconnaissance. 

Avant  de  vous  présenter  le  compte  final  des 
opéraiions  de  la  banque  pendant  sept  mois  viugt- 
quatre  jours,  avant  aussi  ae  vous  .exposer  'es 
motifs  qui  ont  dirigé  la  régence  dins  la  fixation 
du  dividende  ,  il  est  nécessaire  dé  vous  retracer 
quelques  résultats  du  traité  fait  en  nivôse  der- 
nier, avec  les  actionnaires  de  la  caisse  des  comptes 
courans. 

Il    a    été    payé    aux    actionnaires     de     cette 

caisse  ,  tant  à  ceux  qui  se  sorit  réunis  à  la  banque, 

/  qu'à  ceux   qui    ont    exigé    leur    remboursement 

effectif. .  ,   .    .     I,5o6,g9of.  i3  c. 

Cependant  les  capitaux  cédés 
à    la    b.inque 
ne  s'élevaient 
en          réalité 
qu'à 

Les  bénéfi- 
ces acquis  à 
cette  époque, 
à Sg.ssS    96 

Différence.  .  .  . 


34S     39 


202,644 f.  74  c. 

Cette  différence  de  soï,644  fr.  74.C.  est  le  prix 
de  la  cession  d'un  éiablissement  tout  organisé, 
dans  lequel  la  b.inque  a  trouvé  les  moyens  d'en- 
treren  activité  le  lendemain  de  la  cession  qui  lui 
a  été  faite. 

Cet  avantage  très-réeJ  est  une  valeur  ajoutée  k' 
son  caçital  :  ainsi  Ion  pourrait,  à  la  rigueur ,  en 
coiisidérer  le  prix  comme  augmentant  son  actif  ; 
mais  attendu  que  cette  valeur  n'en  est  une  qu'au- 
tant que  la  banque  ne  se  liquidera  pas  ,  attendtj 
qrie  dans  ce  dernier  cas  elle  s  évanouirait  sans 
laisser  aucune  réalité,  attendu  que  les  principes 
d'ordre  exigent  que  le  capital  de  la  banque  ne  se 
forme  de  rien  d'éventuel,  la  régence  a  pensé  qu'il 
était  prudent  de  restituer  graduellement  à  ce  ca- 
pital une  somme  égale  de  «02,644  *''•  74  c.  ;  mais 
comme  ce  remboursement  qu'elle  se  fait  à  elle 
nxême  n'est  aucunement  utggatr   et  q^ti'il  doit 


s'apérer  par  des  économies  sur  ses  dividendes  , 
eUj;  s  est  imposé  de  ne  le  faire  que  par  cinquième 
dans  le  couis  de  cinq  années.  En  conséquence 
il  a  éié  l'ait  une  déduction  de  40,000  fr.  sur  les  bé- 
né&ces  de  l'an  8  ;  par  là  celte  somme  se  trouve 
consolidée  à  son  capital  ;  et  l'espèce  de  sacrifice 
qu'elle  a  l'ait  pour  acquérir  son  établissement,  est 
déjà  atténué  d'un  cinquième. 

Résitttat  des  opérations  de  la  banque  de  France  ,  du 
premier  ventôse  ani  Où  24'  vendémiaire  an  9'  ,  ex- 
trait du  compte  de'  plofits  et  pertes. 

RECETTE. 

BénéRce  par  l'escompte.    .    .  .  1,253,841  fr.  «5 c" 

Agio  sur  des  remises  des  corres- 

pondans. •   .  sa, 753      58 

Commission  ou  indemnités  sur 
les  recettes  faites  pour  la  lo- 
terie   47,543       77 

Droits  sur  des  dépôts 2,542       69 

1,326,681  fr.  29  c. 

D  É  p  E  ri  s  E. 

Cortimissions  payées  aux  cor- 
respondaus  ,  et  pertes  sur  la 
monnaie  de   cuivre 72,5i8fi.  24c. 

Pour  le  bénéfice  non  acquis  sur 
les  effets  en  porte-feuille  non 
échus, lequel  bénéfice  appar- 
tient au  premier  semestre  de 
l'an  9 544,195         5o 

Frais  et  dépenses  générales.   .   .     818,718        14 

Résultat  du  compte  d'intérêts  à 
la  charge  de  la  banque.   .    .   .  2,236         3o 

Application  de  la  somme  de 
40,000  fr.  déduite  des  bénéfi- 
ces pour  être  réunie  au  capi- 
tal ,  et  pour  atténuer  les 
«02,644  fr.  74  c.  alloués  aux 
actionnaires  de  la  caisse  de< 
comptes  courans 40,000 

Total 577,668  fr.   18  c. 

C0MPAS.AISON. 

Recette 1,326,681  fr.  29  c. 

Dépense .        577,668     18. 

Bénéfice 749,oi3      n 

A  déduire  de  ce  bénéfice: 
l"  pour  gratifications  à  distri- 
bueraux  eraplpyésde  la  banque 
et  pour  des  actes  de  bienfai- 
sance  26,482  fr.  91  c 

2°.  Pour  les 
dividendes  ac- 
cordés aux  an-  -,  V,  27,963 
ciens  comman- 
ditaires »  de  la 
caisse  des  comp- 
tes coufans.  .   .     1,480       20 

Reste  un  bénéfice  net  de  .   .   .     72i,o5ofr.     oc. 

Fixation  du  dividende. 

ta  régence  ,  en  s'occupant  de  la  fixation  du  di- 
vidende à  répartir  aux  actionnaires  ,  a  bientôt 
apperçu  que  leur  véritable  intérêt  était  bien  moins 
attaché  à  une  répartition  de  tous  les  bénéfices  ac- 
quis,  qu'au  partage  qui  ei>  serait  fait  entre  une 
jouissance  actuelle  et  une  prudente  réserve  pour 
l'avenir. 

Les  actionnaires,  en  plaçant  leurs  capitaux  dans 
\abanque  de  France  ,  ne  cherchent  point  les  béné- 
fices étendus  qui  ne  se  rencontrent  que  dans  les 
afiaires  hasardeuses:  ils  échangent  la  modération 
du  produit  de  leurs  fonds  contre  une  grande  sécu- 
rité ;  mais  il  faut  aussi  qu'ils  puissent  compter 
avec  certitude  sur  un  produit  annuel.  ■    ■    ■ 

Or  ce  produit  pouvant  être  compromis  dans 
des  occasions  rares  ,  mais  possibles  ,  il  est  né- 
cessaire de  l'assurer  par  l'économie  ,  c'est-à-dire 
par  un  fonds  d.e  réserve  formé  dans  les  époques 
de  prospétiié. 

Le  fonds  de  réserve  arrêté  par  la  régence  n'est 
point  incprporéau  capital  de  l'action  ;  il  cesserait 
dès-lors  d'être  disponible  ;  ce  qui  éloignerait  le 
but  économique  que  l'on  se  propose  :  «insi  l'ac- 
tionnaire a  deux  genres  de  propriété  ;  l'une   im- 


144 

muable  ,  le  capital  de  faction  ;  l'autre  disponitte 
à  son  profit  à  raison  des  circonstances  ,  le  jonds 
de  réserve. 

Guidés  par  tes  principes  d'ordre  et  de  pru- 
dence ,  les  régens  de  la  banque  ,  réunis  aux 
censeurs ,  ont  arrêté  qu'il  serait  distribué  aux 
actionnaires  un  dividende  de  cinq  pour  cent 
ou  5o  fr,  par  acdon  ,  et  que  quatre  et  demi 
pour   cent  ou  45   fr.  seraient   mis  en  réserve. 

Ainsi  il  sera  p-iyé  ,  à  raison 
de  5o  Ir.  par  action,  et  pour  7590 
actions  actuellement  levées  à  la 
banque,  379, 5oo     fr. 

Il  sera  mis  en  réserve  à  raison 
de  45  Ir.  pat  acdon.  341, 55o 

Total  égal  au  bénéfice  acquis 
pour  l'an  8.  72l,o5o     fr. 

Les  actionnaires  futtirs  devant  entrer  dans 
l'association  avec  desdroits  rigoureusement  égaux 
à  ceux  des  actionnaires  actuels,  ils  auront  à 
payer  1,000  fr.  pour  cha(iue  action  ;  plus,  45 
îr.    pour   leur  inléiêt   dans  le  fonds  de  réserve. 

La  régence  a  aussi  arrêté  que  les  actions  qui 
seront  prises  dans  te  prochain  semestre  devront 
être  payées  : 

Un  tiers  de  l'action  comptant  ;  plus  .  45  fr. 
pour  la  part  au  fonds  de  réserve  ; 

Un  tiers  à  la  fin  de  frimaire  de  l'an  g  ; 

Un  tiers  à  la  fin  de  pluviôse  suivant. 

11  sera  accordé  un  escompte  de  demi  pour 
cent  par  mois  ,  pour  les  paiemens  anticipés. 

N.  h.  Nous  donnerons.,  demain  ,  le  discours  pro- 
noncé par  le  cit.  Journu-Aubert ,  Cun  des  censeurs 
de  la  banque  de  France. 


Au  citoyen   Agasse  ,  piopriétaire  du  Moniteur. — 
Du  3  brumaire  an  9. 

Par  quelle  fatalité,  citoyen  ,  l'immortel  ouvrage 
de  Smith  ,  sur  la  richesse  des  Nations  ,  ne  peut-il 
passer  dans  notre  langue  que  défiguré  par  une 
foule  de  contresens  qui  le  rendent  inintelligible  ? 
Après  deux  essais  fort  malheureux  ,  trois  nou- 
velles traductions  nous  sont  annoncées  dans  le 
n"  IX  du  Mercure  de  France.  Sur  deux  pages  de 
citations  faites  par  l'auteur  de  l'extrait  ,  je  re- 
marque deux  énormes  contresens.  Le  premier  est 
à  la  page  169  de  ce  numéro  du  Mercure,  jj  Re- 
51  marquez  ,  dit  le  nouveau  traducteur ,  de  com- 
)i  bien  de  choses  jouit  le  plus  simple  artisan  ou 
I)  le  journalier  laboureur,  dans  un  pays  riche 
II  et  Civilisé  ;  et  vous  avouerez  que  le  nombre 
>>  des  hommes  à  qui  leur  industrie  ,  quelque  faible 
u  quelle  soit.:  a  procuré  cette  foule  de  jouissances , 
)i  est  inaccessible  au  CaIcvl.  >> 

L'auteur  a  dit  toute  autre  chose  ;  il  a  observé 
que  le  nombre  d'hommes  qui  ont  plus  ou  moins 
concouru,  par  leur  indqstrie  ,  à  procurer  cette 
foule  de  jouissances  ,  est  incalculable.  Le  raison- 
nement seul  suffit  pou,'  indiquer  ce  dernier  sens. 
Le  r  ombre  des  homme:s  qui  recueillent  le  fruit 
de  l'industrie  générale  de  la  société  n'est  pas  in- 
calculable ;  car  c'est  la  société  toute  entière  sans 
exception  ,  et  les  états  de  population  en  donnent 
le  montant  ;  mais  ce  qui  n«:  peut  vraiment  se  cal- 
culer ,  est  la  quantité  d'hommes  ,  tant  nationaux 
qu'étrangers  ,  qui  ont  conli'ibué  ,  plus  ou  moins , 
à  produire  les  divers  objer.s  de  jouissance  intro- 
duits dans  une  société  très-civilisée  ,  et  mis  à  la 
portée  de   la  classe  même   la  moins  aisée. 

Il  y  a  un  autre  contresens  .  page  176  ,  u  Tout 
1)  homme  ,  tant  qu'il  ne  viole  pas  les  droits  de 
11  là  justice  ,  doit  être  parfaitement  libre  de  tra- 
)>  vaillet  à  ses  intérêts,  comme  il  lui  plaît,  et 
"  d'associer  son  industrie  et  son  capital  au  capital 
>>  et  à  l'industrie  de  tout  autre  individu  ,  ou  de 
)j  toute  classe  d'individus.  )i 

Que  fait  là  cemof,  associer  ?  Il  ne  s'agit  nul- 
lement dans  l'original  de  société ,  ce  qui  ne 
donnerait  aucun  sens  ,  mais  bien  de  concurrence. 
Par  opposition  au  système  de  monopole  que  l'au- 
teur ne  cesse  de  combattre,  tout  homme  doit 
être  libre  d'exercer  son  industrie  ou  de  faire 
valoir  son  capital  ,  comme  bon  lui  semble  , 
en  concurrence  avec  tout  autre  individu  ,  ou 
toute  classe  d'hommes  que  ce  soit.  Voilà  ce  qu'a 
dit  l'auteur. 

Le  livre  de  Smith  est  un  ouvragé  purement  di- 
dactique ;  le  seul  mérilé-'d'un  traducteur  est  ici 
la  fidélité  et  l'exactitude;  le  plus  grand  écueil 
a  éviter,  c'est  la  recherche  et  la  prétention  à 
l'élégance.  On  ne  peut  intéresser  le  lecteur  qu'en 


s'adjessiint   à  son   jugement;   ainsi  c'est  à l'àvao- 
toge  d'être  clair  qu'il   faut  tout   sacrifier. 

Vous  avez  commencé  à  impiimer  une  traduc- 
tion que  j'ai  faite  autrefois  de  l'ouvrage  de  Smith, 
et  que  vous  avez  entre  les  mains  depuis  quatre 
ans.  Eu  la  donnant  au  public  ,  je  ne  crains  pas 
de  répondre  que  du  moins  on  y  trouvera  par-tout 
la  pensée  de  l'auteur',  et  j'avertis  d'avance  que 
si  j'ai  soigné  le  style  ,  c'est  sous  le  seul  rapport 
delexactiiude  et  de  la  clarté. 

Je  vous  salue  avec  estime  et  amitié  . 

G,  G.  ,  membre  de  l'institut. 


LIVRES      DIVERS. 

Lettre  du  citoyen  Mallet  d'Hyeres  ,  aux  citoyens 
membres  composant  la  première  classe  de  l'institut  ; 
à  Paris  ,  le  26  prairial  an  8  ;   une  feuille  in-S". 

A  Paris,  chez  la  citoyenne  veuve  Bernier,  place 
Sotbonne  ,    n"  ^33. 

Prix  ,  3o  cent.  ;  et  35  c. ,  franc  de  port. 

L'auteur  présente  dans  celte  lettre  la  doctrine 
qu'on  suit  en  physique  comme  une  source  d'er- 
reurs ;  il  relevé  1°  l'importance  qu'on  attache  à 
l'électricité  dont  il  donne  un  apperçu  ;  2"  la  théorie 
de  l'eau  qui  a  été  publiée  ,  et  qu'il  réfute  :  3"  le 
ridicule  des  agens  qudn  a  introduits  sur  la  scène 
physique  ;  4°  l'abus  que  l'on  l'ait  des  tertmes  af- 
finiié  et  combinaison  ;  5°  divers  effets  que  l'on 
désigne  comme  causes  majeures. 

Cette  lettre  est  terminée  par  une  table  de  cha- 
pitres qui  présentent  en  quelque  sorte  le  pro- 
gramme du  bystêiue  que  fauteur  se  propose  de 
publier  incessamment. 

RÉFUTATION  de  quelques  calomnies  contre  les 
prévenus  d'étTiigration  ,  injustement  portés  sur  la 
liste  des  émigrés  ,  ou  de  l'influence  directe  et 
positive  des  radiations  défin'tives  sur  le  crédit 
national  ,  les  fortunes  particulières  et  la  tran- 
quillité publique  ,  pour  faire  suite  à  deux  Opus- 
cules sur  la  nriême  matière ,  par  le  cit.  Baiaillard, 
homme  de  loi  .  rue  de  lUniversiié  ,  n"  920.  Chez 
l'auteur,  et  chez  le  cit.  Lenornrand  ,  imprimeur- 
libraire  ,  rue  des  Prètres-Saint-Germain  ,  n"  42. 


COURS     DU    CHANGt 
.  Bourse  du  6  brumaire. 

à  3o  jours.         à  goj0ur$. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid... 

Effectif....... 

Cadix 

Effectif. 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


1894 

4  fr.  90  c. 
14  fr.70  c. 

4  Ir.  9u.c 
14  Ir.  40  c. 

4  Ir.  70  c. 

5  Ir.  12  c, 


Effets'  publics. 

Rente  provisoire sS  fr.  «5  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  60  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  69  -c. 

Bons  d'arréragé 87  fr. 

Bons  pour  l'an  8 92  fr.  38  c. 

Syndicat . 

Coupures 80  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ue  et  des  Arts. 
Dem.    les  Prétendus  ,  et  le    ballet   de  Télémaque. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  1^  repr.  de  ÏHomme  à  sentimens  ou  le  Mora- 
liseur  .  com.  nouv. 

Théâtre  des  jeunes  ÉLÈVES,  rue  deThibnvrlIe; 
Auj.  l'Ecole  de  l'adolescence  ;  la  jeune  Indienne  , 
etl'Abbé  coquet. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  3"  repr, 
de  Scène  première  ou  ta  Pièce  interrompue  ;  Pauline, 
et  Arlequin  Pygmalion. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  la  i"*  repr.  du  Roi  Léar ,  suiv.  du  Dépit 
amoureux. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  relâche. 

En  attend,  la  1'"  repr.  de  l'Anloùr  aux  Petites- 
Maisons  ou  les  Fous  hollandais  ,  folie  ornée  de 
chants. 


ïpriiétt  de  25  fraocs  pour  trois  moii,  5o  franca  pour  liz   mois,   et    100   fianct   pour  l'a 


L'abonaeiBcnt  se  fait  aParis,  rue  des  F'oite'vras,  n^  i8.  Lefp 
c'abonlfe  qu  ku  cdmmeuce'menc  de  chaque  mois. 

Il  faur  adresser  les  leiues  et  l'argent  ,  fran  c  de  port ,  aucit.  ACA'SSE  ,  propriétaire  de  ce  journal  .rue  des  Poitevins,  ."   18.  Ilfautcompr 
pays  où  l'on  ne  p<=ut  affranchir    Les  lettres  des  déparlemeris  non  affranctlies  ,  ne  seroutpoint  retirées  de  la  poste. 

Ilfautavorrso.n,i.ou,  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renfermeatdes  valeur. .  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de   la  feuille,    au  rédacteur,  rt.e  de. 
Foiievias,    b°  1 3,  depuis  neuf  heures  du  iqaLia  jusqu'à  cii  ^  heures  du  soir.  *  » 


vois    le 


A  Paris,  de  ï: 


imprimerie  du  cit.  Agassc  ,  propriéuiic  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  n*»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MOMTEUR  UNIVERSEL. 


N°  38. 


Odidi  ,    8    brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  i  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  d.iter  du  7   Nivôse  le   M  O  Ni  T  E  U  R  est  !e  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  nor 
i'iiitérleur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.      ' 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


ions  tant  sut 


I  N  T   E  R  I   E   U  R. 

Paris  ,  le    7    brumaire. 

JLiA  levée  en  masse  cjui  vjent  d'êire  dissoute  en 
Toscane  par  l'armée  française  ,  était  soldée,  par 
l'Angleterre.  Lex-général  Willot  était  le  prin- 
cipal agent;  le  misérable  Willot,  qui  s'est  si 
lâchement  vendu  aux  implacables  ennemis  du 
nom  français,  fomentait  de  Florence  les  assassi- 
nats du  Midi. 

—  M.  le  comte  de  Cobentzel  ei  M.  le  mar^ 
quis  de  Lucchisini.  sont  arrivés  à  Paris  le  même 
jour. 

—  Le  citoyen  Béihune-Charost  ,  membre  de 
l'assemblée  constituante  ,  maire  du  10'  arrondis- 
sement de  la  commune  de  Paris ,  est  mort  de  la 
petite  vérole,  le  5  de  ce  mois.  En  lui  les  malheu- 
reux perdent  un  père  ,  une  foule  de  familles  un 
généreux  appui  ,  les  grands  propriétaires  un  mo- 
dèle .  et  1  humanité  un  de  ses  plus  zélés  bien- 
faiteurs. 

—  On  écrit  de  Beauvais  qu'une  amélioration 
sensible  se  fait  remarquer  dans  le  commerce  , 
les  manufactures  ,  et  les  fabriques.  A  la  foire  de 
Saint-Just-en-Chassée  ,  il  s'est  fait  pour  plus  de 
deux  millions  d'affaires,  fait  qui  n'avait  pas  eu 
lieu  depuis  fort  long-tems. 

—  L'administration  des  monnaies  prévient  que 
le  concours  pour  la  place  à'essayeur  sera  ouvert 
le  l"  nivôse  prochain  ,  à  Ihôtcl  des  monnaies  ,  à 
Paris ,  au  laboratoire  de  l'inspecteur- général.  Les 
citoyens  qui  voudront  concourir  se  feront  ins- 
crire an  secrétariat  de  l'administration  ,  d'ici  au  20 
■frimaire. 

:  —  Il  vient  de  sortir  des  presses  de  Didot, 
f^aîné,.  un  recueil  italien  ,  intitulé  :  Versi  eslem- 
JioTanei ,  etc.;  Vers  improvisés  de  François  Gianni  , 
av4c  la  traduction  en  vers  latins ,  improvisés  par 
Faustin   GagliufE. 

Ces  impromptus  ont  été  faits  chez  le  citoyen 
Fravega  ,  ministre  plénipotentiaire  de  la  répu- 
blique ligurienne  ,  en  présence  d'une  nombreuse 
et  brillante  assemblée.  Les  sujets  des  deux  poëmes 
contenus  dans  ce  recueil  sont  :  la  bataille  de 
Marengo  et  ie  siège  de  Gênes.  On  y  trouve  de 
l'élévation  ,  de  l'énergie  ,  des  images  fortes  et 
des  pensées  ingénieuses.  La  traduction  latine 
improvisée  est  remarquable  pat  son  exactitude 
et  son  élégance. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Les    consuls     de  la   république  au   citoyen    , 

.    envoyé  du  déjiartement  de    potir  assister  à 

In  fête  du  i"  vendémiaire  an  9. — Paris  ,  le  11 
vendémiaire  an  9  de  la  république  française  une 
et  indivisible. 

Les  consuls  ont  vu  avec  satisfaction  votre  em- 
pressement à  vous  rendre  à  la  fête  du  i'^' ven- 
démiaire; il  est  pourleux  la  preuve  de  l'intérêt  qui 
vous  attache  au  gouvernement  ,  le  gage  de  celui 
qu'ils  doivent  attendre  de  vos  concitoyens  ; 
mais  il  est  aussi  pour  vous  un  nouvel  engagement 
de  les  seconder. 

Rentircz  dans  voire  département  ;  vous  direz 
ce  que  vous  avez  vu  ,  ce  que  vous  avez  éprouvé  , 
ï  heureux  accord  des  sentimens  et  des  vœux  ,  et 
une  confiance  générale  dans  les  magistrats  que 
la  nation  a  choisis  pour  la  gouverner  ;  vous  direz 
qlue  lunique  ainbition  ,  l'unique  étude  de  ses 
knagistrats  est  de  fermer  toutes  les  plaies  de  la 
Frai'Ce  ,  d  assurer  son  repos  et  sa  gloire  ,  de 
rendre  à  l'agriculture  ,  à  l'industrie  et  au  coid- 
nierce  leur  éclat  et  leur  prospérité. 

Qu'ils  ne  connaissent  entre  les  citoyens  d'autres 
disiiuctions  que  celles  qu'y  mettent  les  vertus  et 
lis  talcns. 

Qj)t  pour  ciix  les  mauvais  citoyens  sont  ceux 
qui  veulent  avancer  à  la  fortune  par  d'autres 
moyens  que  ceux  du  travail  et  d'une  honnête 
industrie. 

Qu'en  administration  ,  leurs  maximes  sont 
jnvjriabl's;  stabilité  dans  les  principes  ,  et  point 
*1  autres  principes  que  ceux  qui  sont  avoués  par 
la   sagesse  des  tems ,  ceux  que  leur  propre   ex- 

fiéiiencc  a  vériliés  ,  et  que  dix  années  de  révo- 
ulions cl  de  malheurs  leur  ont  appiis  à  respecter. 

Quand  on  supposera  au  gouvernement  des 
})ioj<;t»  diniiovaiiûQ  ,  répétçz  bien  à    vos   conci- 


toyens que  ce  sont  de  vains  bruits  ,  dernière 
ressource  dune  malveillance  impuissante. 

La  politique. du  gouvernement  est  connue  de 
toute  la  France  :  obtenir  la  paix  par  des  condi- 
tions modérées  et  des  mesures  vigoureuses.  Il 
n'en  veut  point  d'autres;  mais  c'est  aux  fran- 
çais à  soutenir  ces  mesufes^iar  une  attitude  digne 
a  eux. 

Au-dedans  comme  "au-dehors,  les  succès  ne 
peuvent  être  l'ouvrage  d'un  jour.  Ce  que  quel- 
ques inslans  ont  détruit,  il  faut  toujours  des 
années  entières  de  travail  et  d'énergie  pour  le 
reparer.  ^ 

Mais  ces  succès  seront  le  résultat  infaillible  de  la 
constance  du  gouvernement  dans  ses  principes  et 
dans  ses  vues  ,  et  de  la  confiance  des  citoyens 
dans  leurs  premiers  magistrats.' 
.  Les  premiers  magistrats  ont  déjà  obtenu  de  cette 
confiance  ,  des  preuves  qui  sont  bien  chères  à 
leur  coeur,  et  ils  lui  doivent  bien  plus  qu'à  leurs 
efforts  les  événemens  prospères  qui  ont  couronné 
leur  entreprise.  Que  cette  heureuse  expérience 
encourage  et  développe  encore  ce  sentiment;  que 
les  citoyens  se  serrent  tous  autour  de  ce  gouver- 
nement que  la  haine  des  ennemis  extérieurs  re^ 
commande  aux  véritables  amis  de  la  patrie  ;  qu'ils 
s'unissent  avec  lui  pour  vaincre  les  derniers  obs- 
ticles  qui  retardent  encore  les  triomphes  de  la 
France  et  de  la  liberté. 

Pour  vous,  citoyens,  vous  n'oublierez  point 
les  liens  d'affection  qui  vous  unissent  désormais 
aux  membres  du  gouvernement;  en  accourant 
avec  autant  d'empressement  à  leur  voix,  vous 
leur  avez  donné  le  droit  de  compter  toujours  sur 
le  même  zèle  ,  et  de  vous  demander  de  nouvelles 
preuves  de  votre  dévouement. 
Le  ministre  de  l'intérieur. 

Signé,  L.  Bonaparte. 

Arrêté  du  5  brumaire  an  9. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  police  ,  le  conseil-d'état  en- 
tendu ,  arrêtent  ; 

Section     première. 
Dispositions  générales. 

Art.  !"■.  Les  commissaires  généraux  de  po- 
lice exerceront  leurs  fonctions  sous  l'autorité  du 
préfet  de  département. 

Ils  exécuteront  les  ordres  qu'ils  recevront  im- 
médiatement du  ministre  de  la  police  générale  , 
et   pourront  correspondre  avec  lui  directement. 

IL  Les  commissaires  .généraux  pourront  pu- 
blier de  nouveau  les  lois  et  réglemens  de  police  ; 
les  ordonnances  qu'ils  rendront  pour  en  assurer 
l'exécution  seront  soumises  à  l'appcobatioa  du 
préfet  de  département. 

SectionII. 

Volice  générale.  —  Passeports 

III.  Ils  délivreront  les  passeports  pour  voyager 
dans  1  intérieur,  et  les  attestations  pour  obtenir 
du  préfet  du  département  les  passeports  poui 
voyaycr  à  létranger. 

•  Ils  viseront  les  passeports  des  voyageurs  et 
en  délivreront  à  ceux  qui  auraient  besoin  de  les 
faire  renouveller; 

Les  militaires  ou  marins  qui  ont  obtenu  des 
congés  limités  ,  et  qui  voudront  résider  oU  séjour- 
ner dan*  une  ville  où  existe  un  commissaire 
général  de  police,  seront  tenus,  indépendam- 
ment des  formalités  prescrites  par  les  réglemens 
militaires,  de  faire  viser  leurs  permissions  ou 
congés  par  le  commissaire  général.- 

Mendicité  ,  vagabondage. 

ly.  Ils  feront  exécuter  les  lois  sur  la  men- 
dicité et  le   vagabondage. 

En  conséquence  ils  pourront  envoyer  les  aien- 
dians  ,  vagabonds  et  gens  sans  aveu  ,  aux  maisous 
de  détention. 

Les  individus  détenus  par  leur  ordre  ,  ne 
pourront  être  mis  en  liberté  que  d'après  leiir  au- 
torisation. 

Ils  feront  délivrer  ,  s'il  y  a  lieu,  aux  indigens 
sans  travail,  qui  veulent  retourner  dans  leur  do- 
micile ,  les  secours  autorisés  par  la  loi. 

Police  des  prisonsj 

V.  Les  conimissaires  généraux  de  police  auront 
la  police  des  priaons  ,  maisons  d'arrêts,  de  jus- 


tice .de  force  et  de  correction  ,  existantes  dans 
la  ville  ou  ils  exercent  leurs  fonctions. 

Ils  auront  la  nomination  des  concierges  ,  sàr- 
diens  et  guichetiers  de  ces  maisons.  ■ 

Ils  délivreront  les  permissions  de  communiquet 
avec  les  détenus  pour  fait  de  police. 

Ils  feront  délivrer  aux  détenus  indigens,  à  l'ex- 
piration du  tems  de  détection  porté  en  leurs  ju- 
gemens,  les  recours  pour  se  rendre  à  leur  domi- 
cile ,   suivant  l'arrêté  du  s3  vendémiaire  a'n  5. 

Maisons  publiques. 

VI.  Ils  feront  exécuter  les  lois  et  réglemens  de 
police  concernant  les  hôtels  garnis  ,  et  les  logeurs. 

VIL  Ils  se  conformeront,  pour  ce  qui  regarde  la 
police  des  maisons  de  jeu  ,  à  ce  qui  est  prescrit 
par  la  loi  du   22  juillet  1791. 

Vin.  En  conformité  de  la  même  loi  du  2a  juillet' 
1791  ,   ils  feront  surveiller  les  maisons  de  débau- 
che ,    ceux  qui  y  lésideront  ou  s'y  trouveront. 
Attroupcmens. 

IX.  Ilï  prendront  les  mesures  propres  à  pré- 
venir ou  dissiper  les  attroupemens  ,  les  coalisa"- 
iions  d'ouvriers  pour  cesser  leur  travail  ou  en- 
chérir le  prix  des  journée?  .  les  réunions  tumul- 
tueuses ou  menaçant  la  tranquillité  publique. 

Police  de  la  librairie  et  imprimerie. 

X.  Ils  feront  exécuter  les  lois  de  police  sur 
1  imprimerie  et  la  librairie  ,  en  tout  ce  qui  con- 
cerne les  offenses  faites  aux  mceurs  et  à  l'honnê- 
tetépublique. 

Police  des  théâtres. 
XL  Ils  auront  la  police  des  théâtres  en  ce  quï 
touche  la  sûreté  des  personnes,  les  précaution» 
à  prendre  pour  prévenir  les  accidens ,  et  ajsurej? 
le  maintien  de  la  tranquillité  et  du  bon  ordre 
tant  au  dedans  qu'au  dehors. 

Vent-e  de  poudres  et  salpêtres, 

XII.  Ils  surveilleront  la  distribution  et  la  venta 
des  poudres  et  salpêtres. 

Emigrés. 

Xm.  Ils  feront  exécuter,  en  ce  qui  concerné 
la  .police  ,  les  lois  relatives  aux  émigrés. 

Cultes. 

XIV.  Ils  recevront  les  déclarations  des  minis- 
tres des  cultes  et  leur  promesse  de  fidélité  à  la 
constitution  de  l'an  8,  ordonnées  parlaloi^ 
même  lorsqu'ils  n'auraient,  pas  prêté  les  sermen» 
prescrits  par  les  lois  antérieures. 

Ils  surveilleront  les  lieux  où  on  se  réunit  pout 
l'exercice  des  cultes. 

Recherche  des  déserteurs. 

XV.  Ils  feront  faire  la  recherche  ^esjpiliiaires 
01a  marins  déserteurs  ,  et  les,  pri^jaiyçfc?'  *}« 
guerre  évadés. 

".(•  -  ■  ;fi   .1' 
Section    1 1 1.  l  j  , . .  j 

Police  municipale.  —  Petite  voirie. 

XVI.  Les  commissaires  généf^u*  de  iifiijcé 
seront  chargés  de  tout  ce  qui  a  rapport  à  la 
peuie  vouie,  sauf  le  recotirs  au  iprélet  du  dé» 
parlement  contre   leurs   décisions. 

Ils  désigneront  à  cet  effet  ûh  des  Offitiéfâ'îfiu, 
nicipaux  ou  commissaires  dé  po'licej  fhktiû  ék 
surveiller ,  permettre  ou  défendre  :  ■  3   .       - 

L'ouverture  des  boutiques  ,  étaUx  dê'bouclié' 
ne  et  de    charcuterie,      -,        ,,i,' 

L'établissement  dés  auvens  ou  eonstrujctipns 
du  même  genre  qui  pfehhfc'rit  sti'P'la  vDii^ûa- 
blique.  .3 

L'établissement  des  échoppe*' ou  étalages  in«'  ' 
ille's.  '•  ''''  •■) 


biles, 


f'I 


D'ordonner  la  démolition  ou  rép^raliqiu,  „„, 
batimens  menaçant   ruine.  ,     . 

Ces  permissions  seront  sujettes  aa.  ttisa  fd«i 
commissaires-généraux  de  police.  -  i»  nohst 

Liberté  et  sûreté  delà   bù'ie  pubiiqti^^'  '"^ 

XVII.  Ils  procureront  la  liberté  et  la  sûreté  ifl 
la  voie  publique  ,  et  seront  chargés  à  cet  «fletî 

D  empêcher  que  personne  n'y  commeite  d«  M* 
gradation; 

De   la  faire  éclairer  ; 

D*  fai,o  sttivsillef  le  balayaj,«  auqUal  tas  babi» 


tan!  sont  tenus  devant  leurs  maisons ,  et  de  le 
^  faire  faire  aux  frais  de  la  ville  dans  les  places  et  la 
circonférence  des  jardins  et  édifices  publics  ; 

De  faire  sabler,  s'il  survient  du  verglas  ,  et  de 
déblayer  au  dégel  les  ponts  et  lieux  glissans  des 
rues  ; 

D'empêcher  qu'on  n'expose  rien  sur  les  toîts 
ou  fenêtres  ,  qui  puisse  blesser  les  passans  en 
tombant  ; 

Ils  feront  observer  les  réglemens  sur  l'établis- 
sement des  conduits  pour  les  eaux  de  pluie  et  les 
gouttières  ; 

Ils  empêcheront  qu'on  n'y  laisse  vaguer  des 
furieux,  des  insensés,  des  animaux  malfesans  ou 
dangereux  ; 

Qu'on  ne  blesse  les  citoyens  par  la  marche  trop 
rapide  des  chevaux  ou  des  voilures  ; 

Qu'on  n'obstrue  la  libre  circulation  ,  en  arrê- 
tant ou  déchargeant  des  voitures  et  marchandises 
devant  les  maisons  ,  dans  les  rues  étroites  ,  oa  de 
toute  aute  manière  ; 

Les  commissaires  -  généraux  de  police  feront 
effectuer  l'enlevemeni  des  boues  ,  matières  mal- 
saines ,  neiges  ,  glaces  ,  décombres  ,  vases  sur  les 
bords  des  rivières  après  les  crues  des  eaux  ; 

Ils  feront  faire  les  arrosemens  dans  la  ville  , 
dans  les  lieux  et  dans  la  saison  convenables. 

Salubrité  de   la  cité. 

XVIII.  Ils  assureront  la  salubrité  de  la  ville  , 
En  prenant  des  mesures  pour  prévenir  et  arrêier 

les  épidémies,  les  épizooties ,  les  maladies  con- 
tagieuses ; 

En  fesant  observer  les  réglemens  de  police  sur 
les  inhumations  ; 

En  fesant  enfouir  les  cadavres  d'animaux  morts, 
Surveiller  les  fosses  v.étérinaires  ,  la  conslructiqn  , 
entrelien  et  vidange  des  fosses  d'aisance  ; 

En  fêtant  arrêter  ,  visiter  les  animaux  suspects 
de  mal  contagieux,  et  mettre  à  mort  ceux  qui  en 
seront  atteints  ; 

En  surveillant  les  échaudoirs  ,  fondoirs  ,  salles 
de  dissection  ; 

En  empêchant  d'établir ,  dans  l'intérieur  de  la 
lyille  ,  des  ateliers,  manufactures,  laboratoires  ou 
maisons  de  santé  ,  qui  doivent  être  hors  de  1  en- 
ceinte des  villes  ,  selon  les  lois  et  réglemens  ; 

En  empêchant  qu'on  ne  jette  ou  dépose  dans 
les  rues  aucune  substance  mal  saine  ; 

En  fesant  saisir  ou  détruire  dans  les  halles  , 
marchés  et  boutiques  ,  chez  les  bouchers  ,  bou- 
langers ,  marchands  de  vin  ,  brasseurs  ,  limona- 
diers ,  épiciers-droguistes  ,  apothicaires  ou  tous 
autres ,  les  comesiibles  ou  "médicamens  gâtés  , 
corrompus  ou  nuisibles. 

-  Incendies  ,  débardemens  ,  accidens  sur  hs  rivières. 

XIX,  lisseront  chargés  de  prendre  les  mesures 
propres  à  prévenir  ou  arrêter  les  incendies  ; 

Ils  donneront  des  ordres  aux  pompiers  ,  re- 
querront les  ouvriers  charpentiers,  couvreurs  ; 
requerront  la  force  publique  ,  et  en  détermine- 
ront l'emploi. 

Ils  auront  la  surveillance  du  corps  des  pom- 
piers ,  le  placement  et  la  distribution  des  corps- 
de-gardes  et  magasins  des  pompes  ,  réservoirs  , 
tonneaux,  sceaux  à  incendie  ,  machines  et  usten- 
siles de  tout  genre  destinés  à  les  arrêter. 

En  cas  de  débordemens  et  débâcles  ,  ils  ordon- 
neront les  mesures  de  précaution  ,  telles  que 
déménagement  des  maisons  menacées  ,  rupture 
de  glacés,  garage  de  bateaux;  ils  seront  chargés 
de  faire  administrer  les  secours  aux  noyés. 

Ils  détermineront  à  cet  effet  le  placement  des 
boîtes  fumigatoires   et  autres  moyens  de  secours. 

Ils  accorderont  et  feront  payer  les  gratifica- 
tions et  récompenses  promises  par  les  lois  et 
réglemens  à  ceux  qui  retirent  les  noyés  de  l'eau. 

Police  de  la  bourse  et  du  change. 

XX,  Ils  auront  la  police  de  la  bourse  et  des 
lieux  publics  où  se  réunissent  les  agens  de 
change  ,  courtiers  ,  changeurs  et  ceux  qui  né- 
gocient et  trafiquent  sur  les  effets  publics. 

Sûreté  du   commerce. 

XXI.  Ils  procureront  la  sûreté  du  commerce  , 
en  fesant  faire  des  visites  chez  leS  fabricans  et 
les  marchands  pour  vérifier  les  balances  ,  poids 
et  mesures,  et  faire  saisir  ceux  qui  ne  seront 
pas  exacts  en  étalonnés  ; 

En  tesartt  inspecter  les  magasins,  boutiques 
et  ateliers  des  orfèvres  et  bijoutiers  pour  assurer 
la  marque  des  matières  d'or  et  d'argent  ,  et  l'exé- 
cution des  lois  sur  la    garantie. 

Indépendamment  de  leurs  fonctions  ordinaires 
sur  les  poids  et  mesures  ,  les  commissaires 
généraux  de  police  feront  exécuter  les  lois  qui 
prescrivent  l'emploi  des  nouveaux  poids  et  me- 
sures. 


146 


Patentes. 

XXII.  Ils  exigeront  la  représentation  des  pa- 
tentes de  marchands  forains. 

Ils  pourront  se  faire  représenter  les  patentes  des 
marchands  domiciliés. 

Taxes  et  mercuriales. 

XXIII.  Ils  feront  observer  les  taxes  légalement 
faites  et  publiées. 

XXIV.  Ils  feront  tenir  les  mercuriales  et  cons- 
tater le  cours  des  denrées  de    première  nécessité. 

XXV.  Ils  assureront  la  libre  circulation  des 
subsistances  ,  suivant  les  lois. 

Marchandises  prohibées. 

XXVI.  Ils  feront  saisir  les  marchandises  pro- 
hibées par  les  lois. 

Surveillance  des  places  et  lieuxpublics. 

XXVII.  Ils  fsront  surveiller  spécialement  les 
foires  .  marchés  ,  halles  ,  places  publiques  ,  et 
les  marchands  forains,  colporteurs  ,  revendeurs, 
portefaix  ,    commissionnaires  ; 

Les  rivières  ,  les  chemins  de  hahige  ,  chan- 
tiers ,  quais,  berges,  gares,  esiacades  ;  les  co- 
ches ,  galiotes  ;  les  éiablissemens  qui  sont  sur  les 
rivières  ,  pour  les  blanchisseries  ;  le  laminage 
ou  autres  travaux  ;  les  magasins  de  charbon;  les 
passages  d'eau  ,  bacs  ,  bateleis,  les  bains  publics, 
les  écoles  de  natation  et  les  mariniers  ,  ouvi'iers, 
arrimeurs,  chargeurs,  déchargeurs,  tireurs  de 
bois  ,   pêcheurs  et  blanchisseurs  ; 

Les  abreuvoirs  ,  puisoirs  ,  fontaines  ,  pompes  , 
elles  porteurs  d'eau  ; 

Les  places  où  se  tiennent  les  voitures  publiques 
pour  la  ville  et  pour  la  campagne  ,  et  les  cochers, 
posiillons  ,  charretiers  ,  bioueteurs  et  porteurs 
de  chaise  ,  porte-fallols  ; 

Les  encans  et  maisons  de  prêt  ou  Mont-de- 
Piélé  ,  et  les  fripiers  ,  brocanteurs  ,   prêteurs  sur 

gage- 

Visite  des  navires    neutralisés. 

XXVIII.  Les  mesures  de  sûreté  prescrites  par 
l'arrêté  du  3  frimaire  an  5  ,  (  concernant  les  navires 
neutralisés  et  les  individus  venant  d'Angleterre)  et 
qui  avaient  été  confiées  aux  commissaires  près  les 
administrations  municipales,  font  partie  des  attri- 
butions des  commissaires-généraux  de  police. 

Approvisionnemens . 

XXIX.  Ils  feront  inspecter  les  marchés  ,  ports 
et  lieux  d'arrivage  des  comestibles  ,  boissons  et 
denrées  dans  l'intérieur  de  la  ville. 

Ils  rendront  compte  au  préfet  du  département 
des  connaissances  rju'ils  auront  recueillies  sur  l'état 
des  approvisionnemens  de  la  ville  où  ils  exercent 
ieuis   toncnons. 

Protection  et  préservution  des  monumens  et  édifices 
publics. 

XXX.  Ils  feront  veiller  à  ce  que  personne  n'al- 
tère ou  dégrade  les  monumens  et  édifices  publics 
appartenant  à  la  nation  ou  à  la  cité. 

Ils  indiqueront  au  préfet  du  département  et  au 
maire  ,  et  requerront  de  l'un  ou.  de  l'autre,  sui- 
vant l'objet  de  leur  demande  ,  les  réparations  , 
changemens  ou  constructions  qu'ils  croiront  né- 
cessaires à  la  sûreté  ou  salubrité  des  prisons  et 
maisons  dç  détention  qui  seront  sous  leur  sur- 
veillance ;  • 

Ils  requerront  de  même  ,  quand  il  y  aura  lieu  . 
les  réparations  et  l'entretien  des  corps-de-garde 
de  la  force  armée  sédentai.re  ; 

Des  corps-de  garde  des  pompiers  ,  des  pom- 
pes ,  machines  et  ustenciles  ; 

Des   halles  et  marchés  ; 

Des  voiries  et   égouts  ; 

Des  fontaines  ,  regards  ,  aqueducs ,  conduits, 
pompes  à  feu  et  autres  ; 

Des  murs  de  clôture,  s'ils  ne  sont  pas  à  la  charge 
du  département  de  la  guerre  ; 

Des  ports  ,  quais  ,  abreuvgirs  ,  bords  ,  francs- 
bords  ,  puisoirs  ,  gares  ,  estacades  et  des  éiablis- 
semens et  machines  placés  près  des  rivières  pour 
porter  secours  aux  noyés; 

De  la  bourse  ; 

Des  temples  ou  églises  destinés  aux  culte«. 

Section     IV. 

Des  agens  qui  sont  subordonnés  aux  commissaires- 
généraux  ;  de  ceux  qu'ils  peuvent  requérir  ou 
employer. 

XXXI.  Les  commissaires-généraux  auront  sous 
leurs  ordres  les  commissaires  de  police  de  la 
ville  qu'ils  habitent. 

XXXII.  Ils  auront  à  leur  disposition,  pour 
l'exercice  de  la  police  ,  la  garde  nationale  et  la 
gendarmerie. 

Ils  pourront  requérir  la  force  armée  en  activité. 

Fonctions   des    commissaires    de  police    sous    leurs 
ordres. 

XXXIII.  Les  commissaires  de  police  exer- 
ceront ,  aux  termes  de  la  loi  ,  le  droit  de  dé- 
cerner des  mandats  d'amener  ,  et  auront  au  sur- 


plus tous  les  droiu  qui  leur  sont  attribués  par 
la  loi  du  3  brumaire  an  4  ,  et  par  les  disposition» 
de  celle  du  28  juillet  1791  ,  qui  ne  sont  paS 
abrogées. 

Ils  exerceront  la  police  judiciaire  pour  tous 
les  délits  dont  la  peine  n'excède  pas  trois  jours 
de  prison  ,  et  une  amende  de  trois  journées  de 
travail. 

Ils  seront  chargés  de  rechercher  les  délits  de 
cette  nature; 

D'en  recevoir  la  dénoncialion  ou  la  plainte  ; 

D'en  dresser  procès-verbal  ; 

D'en  recueillir  les  preuves  ; 

De  poursuivre  les  prévenus  au  tribunal  d* 
police  municipale. 

Ils  rempliront  à  cet  égard  les  fonctions  précé- 
demment attribuées  aux  commissaires  du  gou- 
vernement. 

Le  commissaire  qui  aura  dressé  le  proces- 
verbal ,  reçu  la  dénonciation  ou  la  plainte,  sera 
chargé  ,  selon  la  loi  du  ï/  ventôse  ,  des  fonctions 
de  la  partie   publique. 

Eli  cas  d'empêchement ,  il  sera  remplacé  par 
l'un  de  ses  collègues  désignés  par  le  commissaire 
général. 

XXXIV.  Les  commissaire-générauxdepolice  et 
leurs  agens  pourront  faire  saisir  et  traduire  aux 
tribunaux  de  police  correciionnelle  les  per- 
sonnes prévenues  de  délits  du  ressort  de  ces 
tribunaux. 

XXXV.  Ils  pourront  faire  saisir  et  remettra 
aux  officiers  chargés  de  l'administration  de  la  jus- 
tice criminelle  .  les  individus  surpris  en  flagrant- 
délit  ,  arrêtés  à  la  clameur  publique  ,  ou  préve- 
nus de  délits  qui  sont  du  ressort  de  la  justice 
criminelle. 

Section    V. 

Recette  ,  dépense  ,   comptabilité. 

XXXVI.  Les  commissaires-généraux  de  police 
ordonneront,  sous  l'auioiité  du  préfet  de  dépar- 
tement et  sauf  l'approbaiion  du  ministre  de  l'in- 
térieur, les  dépenses  de  répaiaticn  et  entrelieu 
à  faire  à  l'hôtel  du  commissariat  général. 

XXXVII.  Ils  seront  chargés  ,  sous  les  mêmes 
conditions,  de  faire  les  niaichés,  baux,  adju- 
dications et  dépenses  nécessaires  pourlebalayage, 
l'enlèvement  des  boues  ,  l'arrosage  et  l'illumina- 
tion de  la  ville. 

XXXVIII.  Ils  seront  chargés  de  mêtne  de  régler 
et  arrêter  les  dépenses  pour  les  visites  d  officier 
de  santé  et  artistes  vétérinaires  ,  transports  des 
malades  et  blessés  ,  transport  de  cadavres"  ,  retrait 
des  norers  et  frais  de  fourrière. 

XXXIX.  Ils  ordonneront  les  dépenses  extraor- 
dinaires en  cas  d'incendies  ,  débordemens  et  dé- 
bâcles. 

XL.  Ils  régleront  ,  sous  l'autorité  du  préfet  de 
département,  et  sauf  la  confirmation  du  ministre 
de  la  police  générale,  le  nombre  et  le  traitement 
des  employés  ,  de  leurs  bureaux  ,  et  de  ceux  des 
agens  sous  leurs  ordres,  qui  ne  sont  pas  ins- 
titués ,  et  dont  le  nombre  n'est  pas  déterminé  par 
les  lois. 

XLI.  Les  dépenses  des  commissariats  gépé- 
raux  institués  par  la  loi  du  28  pluviôse  ,  ainsi 
fixées  ,  seront  acquittées  sur  les  centimes  addi- 
tionnels aux  contributions  et  sur  les  autres  re- 
venus de  la  commune. 

Le  conseil  municipal  en  emploiera,  a  cet 
effet  ,  le  montant  dans  l'état  deî  dépenses  com- 
munales. 

XLII.  Il  sera  ouvert  en  conséquence  k  chaque 
commissaire  général  un  crédit  annuel  du  mon- 
tant de  ses  dépenses  sur  la  caisse  du  receveur 
des  contributions  de  la  commune. 

XLIII.  Le  préfet  du  département  mettra  chaque 
mois  à  la  disposition  du  commissaire  général  , 
sur  ce  crédit,  les  fonds  nécessaires  pour  l'acquit 
de   ses  ordonnances. 

XLIV.  Chaque  commissaire  général  aura  entrée 
au  conseil  municipal  ,  pour  y  présenter  ses  états 
de  dépenses  de  l'année  ,  tels  qu'ils  auront  été 
réglés  par  les  ministres  de  l'intérieur  et  dé  la  po- 
lice ,  d'après  l'avis  du  préfet  du  déparlement. 

XLV.  Il  y  présentera  aussi  le  compte  des  dé- 
penses de  l'année  précédente  ,  conformément 
aux  dispositions  de  là  loi  du  28  pluviôse  dernier, 
sur  les  dépenses  communales  et  départementales. 

SectionVI. 

XLVI.  Les  commissaires  généraux  ,  leurs  secré- 
taires et  les  commissaires  de  police  ,  porteront  le 
costume  qui  a  été  réglé  par  les  arrêtés  des  consuls, 
du   17  ventôse. 

Les  ministres  de  l'intérieur  et  delà  police  générale 
sont  chargés  de  l'exécution  du  présent  arrêté  qui 
sera  imprimé  au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte.    ■ 

Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H,^  B.  Marçt 


J47 


Arrêté  du  6  brumaire. 

BoïlAPARTE  ,  premier  consul  de  la  république  , 
sur  la  présentation  du  minisire  de  l'iiitéiieur  , 
arrête  : 

Le  citoyen  Guillemardet  ,  ex-ambassadeur  de 
la  république  en  EsT-agne  ,  est  nommé  préfet  du 
département  de  la  Clr.iienie-InfétieuMe  ,  en  rem- 
placement du  citoyen  Fiançais,  de  Nantes,  appelé 
au  conseil  d'éiat. 

Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêié  qui  sera  inséré  au  bulletin 
des  lois. 

Le  premier  consul ,  Signé,'  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  l'intérieur,  et  d'après  le  vœu 
manifesté  par  un  grand  nombre  d'habiians  du 
département  du  Haut-Rhin  ,  arrêtent  : 

Art.  !"■.  Les  habitans  du  déparlement  du  Haut- 
Rhin  sont  autorisés  à  élever  ,  au  moyen  rf'une 
souscription  volontaire,  un  monument  au  général 
Kleber  ,  leur    compatriote. 

IL  Le  fminisire  de  l'iniérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'étal,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


E    C    0   t   E 


CENTRALE 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

'  Extrait  d'une  lettre  du  sous-commissaire  des  relations 
commerciales  de  la  république  française  à  Rotter- 
dafti ,  écrite  au  ministre  de  la  marine  et  des  colo- 
nies,  le  1^'  brumaire. 

La  gazette  ofHcielle  batave  annonce  aujourd'hui 
cjjue  la  galère  l^Trévofance ,  capiiaine  Nooy  ,  et  la 
barque  canonnière  la  Vipère  ,  sont  sorties  de  Uel- 
Iryl  ,  et  ont  éié  à  la  rencontre  d'un  culler  anglais 
de  i8  pièces  de  canon,  dont  elles  se  sont  emparées 
à  l'abordage  ,  après  un  combat  de  trois  quarts- 
d'heure.  Cette  action  a  eu  lieu  le  si  vendémiaire. 
Quelques  jours  auparavant ,  un  petit  corsaire  fran- 
çais avait  conduit  dans  le  même  port  un  cutier 
anglais  de  lo  pièces  de  canon  .  qu'il  avait  surpris 
et  enlevé  pareillement  à  l'abordage.  Ces  deux 
cutters  fesaient  partie  de  l'escadie  de  l'amiral 
Dickson. 


PREFECTURE 
Port    d'  i 


DE     POLICE. 

R   M    e   s. 


Du  7  brumaire,  an  g   de  la  république  française, 
une  et  indivisible. 

_Le  préfet  de  police  ,  vu  les  arrêtés  des  consuls 
des  1 2  messidor  an  8  ,  et  2  brumaire  ,  présent  mois, 
ordonne  ce  qui  suii  : 

An.  P^  Tous  les  permis  de  port  d'armes  ,  ac- 
cordés jusqu'à  ce  jour  parles  sous-préfets  ou  les 
maires  du  département  de  la  Seine  ,  et  les  maires 
des  communes  de  Saint-Cloud, Sèvres  eiMcudon, 
et  même  ceux  accordés  à  la  préfecture  de  police  , 
sont  et  demeurent  annullés. 

II.  Tout  ciioyen  désirant  jouir  ou  conlinuer  de 
jouir  du  port  d'armes ,  même  de  fusils  de  chaSse, 
devra  se  présenter  à  la  préfeciure  de  police  pour 
en  obtenir  l'auiorisalion  ,  qui  ne  sera  accordée 
que  sur  les  certificats  des  maires  ou  commissaires 
de  police,  et  jur  leur  resj onsabililé. 

m.  Toutes  personnes  ponant  des  armes  ,  et  qui 
ne  se  seront  pas  conformées  aux  dispositions  des 
deux  articles  précédens  ,  seront  arrêtées  et  con- 
duites à  la  préfecture  de  police.  :   ■    , 

IV.  Le  général-commandant  les  quinzième  et 
dix-septieme  divisions  mililaites  ,  le  général-com- 
mandant  d'armes  de  la  place  de  Paris  ,  les  capi- 
taines de  la  gendarmerie  nationale  dans  les  dépar- 
femens  de  la  Seine  et  de  Scine-et-Olse  ,  sont  re- 
quis de  donner  tous  les  ordres  nécessaires  pour  la 
stricte  exécution  de  la  présente  ordonnance  ,  qui 
sera  imprimée  et  affichée  dans  louie  1  étendue  du 
dépanemeni  de  la  Seine  et  dans  les  communes  de 
Saint-Cloud  ,  Sèvres  etMeudon. 

Fait  à  Paris  ,  le  7  brumaire  an  9. 

Le  préfet  de  police ,  signé  Dubois. 

Par  le  préfet  ,  le  secrétaire-général ,  signé ,  P  i  i  s. 


Le  tribunal  de  police  du  4'  arrondissement  a 
rendu,  le  i3  vendémiaire  dernier,  un  jugement 
qui  condamne  à  une  amende  de  trois  journées 
de  travail,  aux  frais"  d'instance  ,  et  à  l'affiche  au 
nombre  de  3oo  exemplaires ,  un  marchand  de 
viande  de  la  Halle  ,  convaincu  d'avoir  vendu  de 
la  viande  provenant  d'animaux  morts  naiurellt- 
ment. 

On  ne  peut  exercer  une  surveillance  trop 
sévère  sur  la  viande  exposée  en  vente,  et  sui- 
loui  à  la  Halle,  afin  d'empêcher  (jue  la  santé  des 
consommateutii  ne  soit  compromise. 


Le  l''  brumaire  an  g  ,  le  préfet  du  dépanemeni 
de  la  Seine,  accompagné  du  secrélairc-généra*! 
de  la  préfecture,  du  conseil  de  prér;;ciurc  ,  des 
douze  maires  ei  adjoints  de  la  commune  de  Paris  , 
se  rendit  dans  I  ègli.se  de  l'Oiatoire  ,  pour  procé- 
der à  l'ouverture  des  écoles  cenlralcs.  Tous  les 
éltves  ,  les  professeurs  ,  les  membres  du  jury 
d  insiruclion  ,  et  un  concours  nomineux  de 
citoyens  ,  assisleient  à  celle  cérémonie.  Le  préfet 
prononça  le  discours  suivant  : 

>)  S'il  est  un  spcciacle  vraiment  digne  d'inté- 
resser l'homme  public  ,  c'est  sans  tjoute  la  réunion 
des  élèves  des  écoles  cenirales  ,  dans  cet  édifice 
stjuyenl  honoré  par  les  séances  de  plusieurs  so- 
ciétés savantes  ,  et  relenlivant  encore  des  aj>plau- 
dissemens  reçus  par  ceux  d'entre  ces  élevés  , 
auxquels  la  palme  des  succès  a  été  décernée. 

!»  Quelques  instans  de  repos  ont  succédé  à  une 
année  d'éludé;  une  autre  année  commence  :  f>lus 
d'une  lice  est  ouverte  aux  conciirrtns  ;  plus  d'un 
prix  est  offert  à  leur  émulation ,  et  c'est  à  les  mé- 
riter  tous  ,  que   tous  doivent  prétendre. 

^  >>  Atlenlive  à  forrner  des  citoyens ,  la  république 
n  a  pas  voulu  que  l'instruction  de  ceux  à  qui  elle 
promet  ce  titre  honorable  fût  renf<  rmée  dans 
une  seule  science.  Elle  les  appelle  à  toutes, 
parce  que  toutes  se  piêient  de  mutuels  secours  , 
et  qu'elles  contribuant  également  à  la  prospérité 
individuelle  et  à  la  prospérité  pubjique  ,  désor- 
mais inséparables. 

"  Oui ,  jeunes  élevés  des  sciences  et  des  ans  , 
telle  est  I  étendue  de  I  enseignement  actuel  ,  et 
tels  sont  ses  avantages  inestimables  .  que  de  toutes 
les  branches  qu'il  vous  présente  ,  il  n'en  est  au- 
cune dont  vous  ne  deviez  un  jour  recueillir  des 
fruits  précieux,  quelque  carrière  que  vous  soyez 
destinés  à  parcourir. 

Est-ce  à  cet  art  autrefois  chanté  par  Hésiode 
et  par  Virgile  ,  et  depuis  dans  une  autie  langue , 
par  leur  brillant  émule  ,  que  vous  desirez  consa- 
crer vos  jours?  L'histoire  naturelle,  la  physique 
et  la  chimie  vous  apprendiont  à  connaître  la 
nature  du  cliinat  que  vous  habirez  et  l  influence 
des  saisons  qui  le  régissent  ;  la  qualité  du  sol  que 
vous  aurez  à  cultiver,  celle  de  l'air  qui  l'envi- 
ronne et  des  eaux  qui  l'arroséni  ;  quels 
engrais  ce  sol  demande;  quelles  semences  il 
veut  qu'on  lui  confie  ;  de  quels  arbres  il  aime  à 
s'ombrager;  quels  soins  attendent  de  vous  les 
robustes  animaux  chargés  de  vos  labours  :  et 
bientôt  instruits  pai  votre  exemple,  les  habitans 
delà  contrée  où  vous  aurez  fixé  votre  séjour, 
abandonnant  leurs  méthodes  siériles  et  trom- 
peuses ,  vous  devront  des  récoltes  plus  abon- 
dantes, des  fruits  plus  salubres.  des  vins  plus 
purs,  des  troupeaux  plus  féconds,  et  la  terre 
alors  devenue  constamment  libérale  par  votre  in- 
telligence et  i^ar  vos  soins  ,  ne  sera  plus  accusée 
de  ce  tems  calamiteux  ,  que  l'insconsiance  des 
saisons  amené  moins  souvent  que  l'imprévoyance 
ou  plutôt  l'ignorance  ce  1  homme. 

"Sans  dédaigner  les  richesses  des  chanaps,  mais 
plus  épris  de  l'opulence  des  villes  ,  rechercherez 
vous  les  faveurs  de  la  fortune  dans  les  chances 
brillantes  du  commerce  ?  du  commerce,  ce 
lien  des  nations  civilisées*  voudrez  vous  établir 
des  manufactures  rivales  de  celles  de  nos  voisins? 
C'est  encore  la,  chimie  qui  vous  dévoilera  ces 
secrets  ,  comme  la  mécanique  vous  offrira  ses 
secours.  L'une  vouS  enseigne  à  choisir  ,  à  pré- 
parer ,  à  perfectionner  les  matières-;  l'autre  vous 
aide  à  les  mettre  en  oeuvre  avec  économie  et 
de  tems  et  de  bras.  La  première  vous  donne 
des  couleurs  vives,  riantes  et  durables  :  la  seconde 
votas  procure  un  tiavail  prompt,  égal  el  facile; 
déjà  coniraiiits  d'avouer  la  supériorité  de  nos 
armes  ,  les  étrangers  reconnaîtront  encore  en 
visitant  vos  atteliers  ,  la  supériorité  de  notre  in- 
dustrie ;  et  l'agriculture  n'accusera  plus  le  com- 
merce ,    de  lui  enlever   ses  bras  les  plu»  utiles. 

»»  Le  désir  d'étendre  vos  relations  ,  de  former 
au  loin  des  élablissemens  ou  plutôt  de  multiplier 
vos  connaissances  et  de  vérifier  les  récits  des 
voyageurs  ,  vous  emporteront-ils  au-delà  des 
rners  ?  les  mathématiques  vous  sauveront  des 
écueils  et  des  périls  du  voyage.  Vous  calculerez 
la  puissance  des  flots  ,  la  force  des  vents,  la 
résistance  à  leur  opposer,  la  direction  des  voiles, 
la  vitesse  du  navire  ,  le  changement  d'aspect 
des  astres,  et  dans  leur  position  vous  lirei  la 
route^  que  vous  devez  suivre.  Compagnons  et 
bientôt  conseils  du  pilote,  vous  dirigerez!  avec 
lui  le  gouvernail,  el  les  passagers  trouveront 
dans  votre  expérience  ,  une  garantie  de  plus 
contre  les  écueils  et  les  tempêtes. 
iiMais  en  quels  lieux  aurez-vous  résolu  d'aborder? 
sera-ce  chez  les  descendans  de  ce  peuple,  dont 
Homère  a  loué  la  piété  et  la  justice?  sera-ce 
sur  les  rives  de  l'Indus  oii  les  disciples  de 
Zoroastre  pleurent  leur  dispersion  ,  crime  de 
l'avarice  européanne  ?  s.race  dans  cet  antique 
et  vaste  empire  ,  qui  plusieurs  fois  a  changé  de 
maîtres  ?  sera-ce  enfin    dans  celte   contrée  sep- 


tentrionale ,  otj  les  français  ont  essayé  les  armes, 
qu'ils  ont  employées  depuis  à  Conquérir  leur  ^ 
liberié  ?  Ah  !  vous  pouvez  pàriout  également 
aborder  :  nulle  part  vous  ne  serez  étrangers  ; 
la  grammaire  générale  vous  a  ouvert  une  entrée 
facile  à  l'étude  de  toutes  les  langues.  L'histoire 
civile  ei  politique  ,  vous  a  raconté  l'oiigine,  les 
progrès,  les  révolutions,  les  mœurs,  les  usages 
des  nations  que  vous  venez  visiter  :  la  géographie 
vous  a  fair-connaîtrc  la  position  de  leuis  villes, 
de  leurs  ports ,  de  leurs  fleuves  ,  l'état  de  leur  agri- 
culiuie,  de  leur  commerce  ,  de  leur  industrie  :  l'his- 
toire naiurellcvousadéctil  les  aiiimauxquenourrit 
le  sol  qu'ils  habitent ,  les  minéraux  que  ce  sol  ren- 
ferme ,  les  végétaux  dont  il  se  pare.  Surpris  de 
se  voir  si  bien  connus  de  vous  ,  les  homme» 
parmi  lescjuels  vous  aurez  pris  un  asylc  passager  , 
vous  croiront  un  de  leurs  frères  qui  leur  est 
rendu  après  une  longue  absence  ;  mais  le  sou- 
venir de  votre  patrie  ne  sera  pas  alors  banni 
de  votre  cœur;  sa  voix  déterminera  votre  retour  , 
et  vous  lui  serez  lideles.  Oui,  vous  reviendicz  dans 
son  sein  ,  mais  vous  y  revicmlrcz  chargé  des  tiésors 
irièprochablcsque  vnin  au. ont  accjuis  votre  expé- 
rience et  vosluinieies.Vous  descendrez  du  vaisseau 
tenant  entre  vos  mains  les  pioduciioiis  loint.iines 
dont  vous  aurez  à  faire  hommage  3  voue  pays  ; 
semblables  à  ce  guerrier  ijui  renuanl  dans  Rome, 
charmée  de  ses  expions  ,  poriaii  en  triomphe  , 
1  arbre  de  Ccrasonic  ;  ou  plutôt  ,  car  pourquoi 
chercher  dans  Rome  des  exempf  s  ,  stmbhibies 
a  ce  iTiarin  intrépide  qui  ,  non  content  d  avoir 
enrichi  la  France  du  fruit  de  ses  premières  dé- 
couvertes dans  un  monde  prcsqu'inconnu  ,  tente 
en  ce  moment  même  de  nouveaux  hazaids, 
affronte  de  nouveaux  péiils  ,  pour  l'éclairer  et 
lenrichir  encore. 

La  suite  demain. 


BANQUE    DE   FRANCE  (i). 

Discours  prononcé  par  le  CnJournu-Adeert, 
l'un  des  censeurs  de  la  banque  de  Irance,  au  nom 
de  ses  collègues  ,  à  l  assemblée  générale  des  action- 
na'ires  ,  tenue  le  aS  vendémiaire  an  9. 

Citoyens,' 

Depuis  la  catastrophe  trop  mémorable  du  sys- 
tème de  Law ,  une  prévention  contre  tout  projet 
de  banque  générale  en  Fiaace  éiaii  si  foncment 
prononcée,  que  les  meilleurs  esprits  nosaicnt  ni 
en  reproduire  l'idée  ,  ni  en  concevoir  1  espérance. 

On  n'ignorait  pas  combien  les  banques  de 
Hollande  et  d'Angleterre  ont  concouiu  à  la 
prospérité  de  ces  étals;  mais  on  se  bornait  à  des 
regrets  de  ne  pouvoir  iransçlanter  sur  le  sol  de 
la  monarchie  une  plante  qui  ne  s'acclimate  que 
I  sur  celui  de  la  liberté. 

Cependant,  avant  la  révolution,  la  caisse  d'es- 
coppie  (sorte  de  banque  dont  les  billets  étaient 
restreints  à  la  circulation  de  Paris),  eut  des  succès 
réels.  Qioique  établie  dans  un  tems  d'aisance  , 
dans  ce  i-jms  où  un  commerce  florissant  ajoutait 
à  nos  richesses  un  nouveau  capiial  chaque  année 
l'émission  de  cent  millions  de  ses  billets  .  circu- 
lani  comme  espèces  .  eut  vraiment  la  plus  grande 
influence  sur  le  crédit  et  sur  le  développement 
de  lindustrie. 

Il  ne  fallut,, pjts  moins  que  l'abus  de  l'auloritë 
arbitraire  ,  pnuc  cbianler  cet  édifice  précieux;  ce 
fui_  ensuite  par  l'effet  d'une  force  impérieuse  et 
irrésistible  que,  les,  billets  de  cette  caisse  devenus 
assignats  ,  s'éieignlVent  dans  le  déluge  de  papier- 
monnaie  qui  submergea  la  France  entière. 

Celui-ci  .disparut  à  son  tour,  après  avoir  dé- 
voré, à  l'aide  du  ;  maw/mitm  et  'des  réquisitions  , 
tout  ce  qu'il  avait  représenté.  L'industrie  qui  fuit 
toujours  l'oppression,  semblait  anéantie  pour 
jamais  ;  un  long-tems  s'écoula  dans  cette  pro- 
fonde inertie  ,  avant  que  le  numéraire  ,  quoi- 
qu'attiré  par  l'appât  d'un  intérêt  inouï,  osât  re- 
paraître.    ,    ,., 

Alors  des:  citoyens  industrieux,  ranimés  par 
respéranced^uifre  meilleure  organisation  politique  , 
lenierent  dé  reprendre'Ieurs  travaux  ;  _mais  les 
ressources  n'étaient  plus  lesniêmcs  ;  les  avances 
de  fonds  pour;  de  courts 'lé-rmes  à  des  prix  ex- 
cessifs ,  ne  promettaient  aucun  bénéfice  à  I  hon- 
nête emprunteur  qui  n'aspirait  qu  à  des  profits 
modérés  ;  aussi  le  plus  grand  nombre  des  anciens 
négocians  s'éloigna  d'une  carrière  encombrée  par 
de  nouveaux  venus  ,  la  plupait  sans  expéiiencc  , 
sans  notions  du  commerce  ,  sans  respect  pour  la 
franchise  et  la  drsiiuie  qui  en  sont  l'essence  , 
osant  se  dire  négocians  ,  et  prendre  un  titre  qu'ils 
auraient  dégradé  ,  si  l'opinion  n'en  eût  fait  jus- 
tice,  en  mettant  chacun  à  sa  véritable  place. 

C'est  dans  cet  état  de  confusion  des  choses  et 
des  principes  ,  sans  moyens  de  relever  le  com- 
merce,  sans  possibilité  de  faire  des  emprunts 
dans  l'étranger  ,  par  l'effet  d'une  méfiance  qui 
n'était  que  trop  justifiée  ,  qu'on  entendit  proposer 
à  la  tribune  nationale  le  recours  à  un  nouveau 
papier-monnaie  :  celte  moiion  eut  le  sort  qu'elle 
méritait;  mais  elle  reten.tj.i._ilajis  iQute  la  FjtjUicfi  ; 

(  I  )    Voy<i  1«  n"  d'hier. 


çt  ccmrr.f  on  ne  la  cnil  point  hasardçe  ssns 
cfts'  projels  concenés  pour  l'appuyer  ,  elle  ré- 
veilla touies  les  crainies  ,  ei  prolongea  les  eôets 
de  la  mèfimce. 

.  Xe  crédit  f}B  parut  renaîire  qu'avec  l'espoir 
lie  ,lap^i,\  .  déjà  sigijj Ciayt-c  l'Autriche  à  CamiiOr 
Fonifia  :  ji  ne  po.ijvjiU  se  uouteuir  long-lems.  Les 
cli^/'s  du  goifvernem^nl  étsiciU  trop  au-dessous 
de  l'iiiiponance,  de  leurs  fondions  ;  divisés  en- 
ir'p.Ujç  ,  ils  Ijip^snient  lopinioo  flotlçr  à  la  inerci 
4,t:  iquies  les  ^giiaiiops.  L'idée  d'une  ban/jue 
iialipnale ,  soaveni  mise  en  avant  et  toujours 
écartée,  fm  encore  reproduite  ;  mais,  sous  de 
tels  auspices ,  elle  ne  pouvait  prévaloir  sur  la 
répugnance  générale  contre  tout  numéraire  fictif. 

Ce  n'est  pas  que  l'utilité  de  la  banque  ne  fiît 
généralement  sentie  ;  mais  comme  tous  ses  avan- 
tages sont  subordonnés  à  la  stabilité  du  corps 
politique  ,  à  la  moralité  des  gouvernans  ,  à  lin- 
dépendance  sur-fooi  de  ses  ad_ministratcurs  ,  des- 
quels aucune  autorité  ne  doit  pouvoir  exiger  ce 
qui  leur  est  inteidil  par  ses  statuts;  ce  projet 
était  inexécutable  à  une  époque  qui  n'ofFrait 
aucun  de  cm  motifs  de  confiance  et  de  sâielé. 

Quelle  garantie  ,  en  effet ,  pouvait  promettre 
une  constitution  si  souvent  violée  ,  qu'elle  n'était 
plus  qu'un  instrument  d'oppression  dans  les 
maim  des  plus  forts  ou  des  plus  audacieux? 

L'borison  obscurci  fesait  préiiager  une  crise  : 
de  grands  ch^iqgemens  étaient  devenus  néces- 
saires ;  il  fallait  une  comrnotion  pour  rçtremper 
les  ressorts  relâchés  du  pacte  social.  Le  i8  bru- 
maire arriva  ;  et  l'heureuse  censlituiion  qu'il  a 
produite  a  remis  la  France  républicaine  à  son 
jang  de   la  première    puissance    de  l'Europe. 

C'est  sous  ce  régime  réparateur  ,  sous  des  chefs 
vraiment  dignes  de  la  grande  nation  ,  que  des 
citoyens  amis  de  leur  pays,  et  ce  dévouant  à  sa 
prospérité  ,  ont  conçu  et  exécuté  le  projet, 
d'établir   une    banque  nationale  eu  France. 

Voici  la  première  séance  où  les  membres  char- 
gés de  son  administration  et  de  sa  surveillance 
réunissent  les  actionnaires  pour  leur  donner  con- 
naissance des  opérations  du  premier  semestre  , 
et  de  leur  résultat. 

La  banque  a  eu  des  ennemis  dès  sori  berceau  , 
et  cela  devait  être  ;  la  diversité  d'opinions 
étant  de  l'essence  de  l'esprit  humain ,  rien  ne 
(loit  plaire  à  tous  ,  nui  ne  peut  obtenir  tous  les 
suffrages  ;  elle  n'a  répondu  à  ses  détracteurs  que 
parisa  conduite. 

Dans  ses  relations  avec  le  gouvernement  la 
banque  a  conservé  sa  dignité  et  sa  liberté  entière. 
Là  perception  des  produits  de  la  loterie  et  les 
dispositions  pour  le  paiement  des  rentes  en 
numéraire  ont  été  l'objet  de  traités  librement 
discutés  £«0  souscrits  ,  comme  de  particulier  à 
pariiculier. 

Le  gouvernement ,  éclairé  sur  ses  vrais  intérêts  , 
(  qui  ne  se  séparent  pas  comme  autrefois  de  ceux 
dé  la  nation),  reconnaît  que  le  contact  seul  de 
son  autorité  altérerait  l'opinion  d'une  parfaite  in- 
dépcndjnce  ;  aussi  ,  jaloux  de  la  prospérité  et  de 
la  renommée  de  la  banque  ,  loin  de  lui  être  à 
charue  ,  il  y  a  versé  des  fonds  considérables;  et 
quoiqu'incomparablement  le  plus  fort  dés  action- 
naires ,  il  n'a  rien  exigé  dans  ses  felàlions  de  crédit 
avec  Ja  banque. 

Les  régens  viennent  de  vous  rendre  compte  de 
leurs  opérations ,  et  de  vous  présenter  le  tableau 
iatisfesant  de  la  situation  de  la  banque.  Les  cen- 
seurs ont  fait  de  leur  côté  tout  ce  qui  a  été  en  leur 
pouvoir  pour  coopérer  à  ses  succès  :  assistance 
aux  séances  du  conseil  général ,  présence  à  touteb 
les  délibérations,  vérification  des  caisses  et  des 
porte-feuilles ,  inspection  et  contrôle  des  dépenses 
annuelles  de  l'ét^blisisemenl ,  surveillance  générale 
de  toutes  ses  parties;  telle  est  leur  tâche  ,  et  ils 
l'ont  templie. 

Lorsque  ,  dans  les  examens  qu'ils  ont  fait  de  la 
nature  et  de  la  solidité  des  effets  pris  à  l'escompte  , 
ils  ont  pepsé  qii'on  donnait  trop  d'extension  à  des 
crédits  particuliers  ,  ils  en  ont  prévenu  les  régens, 
tant  en  conjité  central  qij'en  conseil  général  ,  et  ils 
ont  fait  insciiie  Içuics  çbscrv^ttons  aupraçès-yerhal 
de.s  séances. 

On  ne  saurait  porter  assez  d'attention  au  choix 
des  régens  ei  du  censeur  qui  remplaceront  ceux 
dont  la  sortie  va  être  désignée  par  le  sort;  ils 
s'ipiposent  ,  en  se  dévouant  à  cette  administrà- 
lion  ,  une  tâche  qui  ,  dans  les  circonstances  pré- 
sentes ,  exige  des  mesure^  combinées  avec  la  plus 
grande  sagesse. 

11  serait  à  souhaiter  qu'iati  pût  appeler  à  ces 
fonctions  des  ci fo^éiis  consommés  dans  les  affai- 
res ,  et  cependant  .en  dehors  du  tdurbillon  des 
opérations  actuelles. 

Le  c/édit  public,  le  succès  de  tout  ce  qui  est 
lié  aux  opér.itions  du  gouvernement  ,  peut  dé- 
pendre de  la  prudence  et  de  la  circonspection  des 
régens.  Nous  ne  doutons  pas  que  ,  frappés  de  cette 


vérité,  ils  ne  s'erapVessent  de  donner  l'exemple 
d'un  hot)Orabl,e  désintéressement  ,  en  restreignant 
le  volume  de  leurs  escomptes  personnels  dans  de 
telles  limites  que  lajalousie  soit  forcée  de  se  taire  , 
et  que  loates  les  classes  du  commerce  puissent 
toujours  paiiiciper  aux  faveurs  de  I  escompte  ,  ce 
qui  est  le  but  principal  de  l'institution. 

En  succédant  à  la  caisse  des  comptes  courans  , 
la  banque  l'Ut  obligée  de  se  charger  de  tout  l'jctif 
i:,e  celle  association.  Une  partie  consistait  en 
créances  considérables  et  arriérées, que  le  courant 
des  affaires  journalières  aurait  pu  laisser  languir; 
mais  les  instances  des  censeurs  pour  presser  les 
débiteurs  ou  leurs  répondans  ont  activé  ces  re- 
couvremens  au  point  qu'ils  sont  très-avancés. 

Aux.'  témoignages  de  .satisfaction  rendus  par 
les  régens  en  faveur  des  coopérateurs  de  nos 
travaux  ,  nous  devons  joindre  les  nôtres  ;  on  ne 
saurait  donner  trop  d'éloges  ?ux  qualités  essen- 
tielles qui  caractérisent  les  chefs  ;  leur  assiduité  , 
leur  prévoyance  ,  leur  facilité  de  travail  déjà 
connues,  auraient  été  insuffisantes  pour  iJes  oc- 
cupations aussi  considérables  .  s'ils  ne  s'étaient 
multipliés ,  pour  ainsi  dire  ,  eux-mêmes  à  mesure 
que  les  travaux  se  sont  accumulés.  C'est  un  avan- 
tage inappréciable  pour  l'établissement ,  d'avoir 
rencontré  des  hommes  d'une  capacité  aussi  re- 
rtjarquable. 

Le  compte  général ,  rendu  par  la  régence  ,  a  été 
soumis  à  notre  vérification.  Nous  en  avons  re- 
connu l'exactitude. 

Les  éclaircissemens  qui  viennent  de  vous  être 
donnés  par  le  président  de  la  banque  sur  louti-s 
ses  opérations  sont  assez  développés  pour  noiis 
dispenser  d'y  revenir.  Le  résultat  offrant  un  béné- 
fice net  de  neuf  et  demi  pour  cent  dans  les  huit 
mois  écoulés  depuis  la  fondation,  les  régen.s  et 
les  censeurs  réunis  ,  ont  arrête  de  fixer  le  divi- 
dende actuel  à  cinq  pour  cent  ,  et  de  mettre  l'ex- 
cédent en  réserve  ;  c'est-à-dire,  que  pour  chaque 
action,  on  recevra  présentement  cinquante  francs, 
et  on  aura  droit  à  quarante-cinq  fr.  dans  les  fonds 
de  réserve,  dont  la  répartition  ou  l'emploi  pour- 
ront êtie  laits  ulérieurement  ,  selon  les  circons- 
tances. 

Il  est  d'autant  plus  saiisfesant  pour  les  régens 
et  les  censeurs  d'avoir  à  produire  un  compte  aussi 
avantageux  des  résultats  du  premier  semestre  , 
que  c'est  du  plus  heureux  augure  pour  l'avenir. 

Il  suffit  de  se  reporter  à  I  époque  de  la  création 
de  la  banque  de  France  :  si  ,  fondée  dans  des 
momcns  de  gêne  et  de  grands  embarras  ,  elleja 
aussitôt  pris  une  marche  ferme  et  assurée  ,  une 
consistance  imposante  ,  cîi  ne  parviendrj-t  elle 
pas  ,  quand  la  paix  universelle  r'ouvrani  la  car- 
rière à  tous  les  genres  d'industrie  ,  rappellera  la 
confiance  générale  et  l'émulation  des  vastes 
entrepcises  ? 

La  banque  a  déjà  des  correspondans  dans 
tous  les  départemens  ;  ce  sont  des  pierres  d'at- 
ttenie  pour  le  projet  d'étendre  aux  grandes  villes 
les  avantages  que  la  circulation  de  son  papier 
procure  au  commerce  de  Paris  ;  si  ,  par  des 
motifs  de  prudence  ,  ces  dispositions  sont  ajour- 
nées ,  elles  ne  formeront  pas  moins  une  des 
branches  de  cet  établissement  qui  doit  justifier 
son  nom  de  Banque  de  France ,  en  étendant  suc 


faire  payer  les  rentes  à  jour  nommé  ,  rendra  a 
des  capitaux  ,  jusqu'à  présent  très-pré'  lires  ,  une 
valeur  fixe  tt  disponible.  Le  créancier  passera 
donc  de  l'incertitude  d'une  renie  fugitive,  en 
papiers  quelconques  ,  à  la  possession  réelle  d'un 
capital  réguiiéreiuent  productif  comme  unimmeu- 
ble  ,    et   aliénable   sans  frais   à  sa  volonté. 

Il  est  facile  de  juger  quelle  influence  cette 
disposition  aura  sur  le  crédit  public. 

Si  les  puissances  dont  le  crédit  illimité  n'a 
souffert  aucune  altération  (malgré  des  dépense» 
colossales)  sont  les  seules  qui  fondées  sur  le 
commerce ,  n'ont  cessé  de  le  favoriser  par  un 
sysiéme  suivi  ,  peut-on  douter  que  notre  gou- 
yernemer.t ,  habile  à  prcfiier  d'un  exemple  si 
frappant,  ne  s'occupe  essentiellement  de  rendre 
à  la  France  toutes  les  branches  d'industrie  dont 
■elle  est  susceptible  ?  Et  en  est- il  quelqu'une  que; 
le  génie  français  ne  puisse  porter  à  la  perfection? 

Déjà  l'agriculture  soulagée  de  la  dîme  et  des 
droits  féodaux  s'est  améliorée.  La  liberté  indé- 
finie de  la  circulation  des  grains  entre  tous  le» 
départemens  ,  rassurera  pleinement  ceux  mêmeS 
dont  les    récoltes    auraient  le    plus  souffert. 

Mais  c'est  sur-tout  le  commerce  maritime  , 
tombé  au  dernier, degré  de  faiblesse  ,  vers  lequel 
doit  se  porter  l'étnulation  françtise  ,  et  quimérite 
toute  l'attention  du  gouvernement.  L'océan  qui 
nous  offre  ,  par  les  différentes  pêches,  des  mois- 
sons abondantes  que  la  main  de  l'homme  n'a 
point  semées  ,  sera  le  vaste  champ  où  nos  marins 
puiseront  des  trésors  et   de   l'expérience. 

La  restauration  si  nécessaire  de  nos  colonies, 
sous  un  régime  qui  saura  concilier  le  travail 
régulier  avec  les  droits  imprescriptibles  de  l'hu- 
manité ,  relèvera  nos  villes  maritimes  _,  et  avec 
elles  toutes  les  manulaciutes  de  l'intérieur,  dont 
les    produits  prenaient  celte  direction. 

On  ne  peut  pas  oublier  quelle  influence  l'im- 
mense produit  de  ses  denrées  coloniales  a  don- 
né à  la  France  dans  le  commerce  universel  ; 
il  n'est  que  trop  évident  que  si  Saint-Domingue 
ne  se  rétablissait  pas  ,  notre  commerce  exté- 
rieur tomberait  (  comme  celui  des  étals  qui 
dégénèrent  )  dans  la  dépendance  des  étrangers, 
pour  ces  mêmes  objets  qui  les  ont  si  iong-tem» 
rindus  tributaires  de  notre  industrie. 

Ce  n'est  pas  ici ,  sans  doute  ,  le  lieu  d'énuir.érer 
les  améliorations  à  faire;  mais  il  n'est  point  indif- 
férent de  rappeler  que  toutes  celles  qui  tendent 
à  la  restauration  du  commerce  exigeant  des  capi- 
taux ,  du  crédit ,  des  avances  ,  sont  essentiellement 
liées  aux  opérations  de  la  banque  ,  et  en  quelque 
sorte   dépendantes   de  sa  prospérité.     ^ 

On  peut ,  à  cet  égard ,  tout  aitendre  de  la  st)llt- 
citude  paternelle  du  gouvernement  :  son  activité, 
sa  force,  les  lumières  qu'il  est  avide  de  recueilht. 
sont  ses  garans.  La  confiance  réciproque  des  gou- 
vernans et  des  gouvernés  est  telle  aujourdhm, 
qu  il  n'y  a  point  à  citer  d'exemple  semblable  dans 
l'histoire.  En  faut-il  davantage  pour  présager  que 
le  nouveau  siècle  qui  va  s'ouvrir  sera  celui  |de  la 
prospérité  et  de  la  véritable   gloire   de  la  répw- 


bhque  française?    heureux   l'établissement   de   la 
-      ...  1  -       j     1    1  bandue  de  France  ,  s'il  peut  contribuer  à  l'acconi- 

çessivement  son  service  a  toutes  les   parues  de  la  .  uanque  "=  '']■'  r"!;      ,  ^   .is.nnéps  ' 
■  '^  plissement  de  SI  grandes  Uesnnees . 


république. 

Combien  les  actionnajres  n'auront-Ms  pas  à 
s'applaudir  d'avoir  concouru  à  une  révolution 
graduelle  dans  le  crédit  général  .'. 

Quel  français  pourrait  considérer  avec  indiffé- 
rence combien  la  situation  de  la  république 
s'est  améliorée  ,  sous  tous  les  rapports ,  en  moins 
d'une  apnée  ? 

Quels  succès  ne  doit-on  pas  attendre  des  prin- 
cipes sages  et  des  vues  profondes  du  gouverne- 
ment ?  C'est  aujourd'hui  qu'électrisé  par  le  vrai 
patriotisme  ,  chacun  peut  se  livrer  à  toutes  les 
espérances. 

Quel  état ,  quelle  nation  aura  à  la  paix  une 
detie  mçins  à  charge  ,  eu  égard  à  l'immensité  de 
ses  ressourcés  ? 

Q_Uoique  nos  ennemis  aient  annoncé,  et  qu'on 
ait  repété  légèrement  en  France  ,  que  nous  de- 
vons périr  par  l'épuisemeni  des  finances  ,  c'est 
cependant  ?ous  ce  rapport  qu'on  peut  dire  que 
la  ^rançe  réorganisée  est  s.ur  la  voie  de  tout  ac- 
quérir ,  quand  d'autres  étais  ,  parvenus  à  un 
écUt  éblouissarjt  par  des  moyens  factices ,  touchent 
pei^t-être  à  I  époque  de  leur  décadence. 

La  dette  publique  ,  qui  depuis  long-tems  ,  sous 


Les  commissaires  liquidateurs  des  subsistances 
des  troupes  ,  étapes  et  convois  dans  toutes  les  di- 
visions militaires  de  la  France  et  à  l'armée  de 
Mayence  .  dont  l'exercice  a  commencé  le  i''  mes- 
sidor an  6  ,  et  fini  le  i*^'  nivôse  an  7  ,  sous  la 
raison  Ferdinand  ,  ayant  jusqu'à  ce  jour  employé 
tous  leurs  soins  à  faire  acquitter  les  dépenses  de 
ces  différens  services  ,  et  désirant  mettre  uri  terme 
à  leur  liquidation,  et  en  même  lems  satisfaire  aux 
différens  ordres  qu'ils  ont  reçus  du  ministre  ds 
la  guerre  ,  ils  invitent  tous  le?  comptables  et  autres 
personnes  qui  auraient  encore  des  réclamations  on 
des  pièces  de  dépenses  à  leur  produire  ,  de  les 
leur  adresser  d'ici  au  3o  frimaire  prochain  inclu- 
sivement ,  à  leur  bureau  ,  rue  de  Lille  ,  n°  552. 
Ils  les  préviennent  que  ,  passé  ce  terme  ,  ils  ne 
pourront  plus  recevoir  ni  reconnaître  aucunes 
pièces  ou  réclamations,  attendu  qu'ils  aurPtitalots 
fini  leur  comptabilité  et  remis  leurs  comptes  au 
gouvernement. 

Lesdits  commissaires  déclarent  en  outre  qu  ils 
se   verront   avec    peine    forcés    à  poursuivre   les 


to:t;s"i;7  ^Aa;;rdu'  g'o"'u;e"rn'ement°,'a"'cionné     comptables    et    autres  persojes  ^"'  '   f J    '^" 
heu  à  tant   dinfidéhtél  ,     et    a    plongé   tant   de     ^^"'^  '  ^"°"J.  9"  '«'^^^  P^"^ 't,l^'!  .,t'  „        '  ' 


créanciers  dans  la  misère  ,  peut  être  facilement 
consolidée.  Ainsi  ,  ce  qui  était  une  calamité  sous 
un  gouvernement  dégradé  ,  sera  ,  dès  le  mo- 
ment de  la  paix  ,  une  ressource  précieuse  ,  une 
cause  d'aisance  et  de  bien-être. 

Ceci   n'est  point   un  paradoxe  ;    car  il  est  in- 
contestable  que   la  résolution  des   consuls ,   de 


tant  en  reddidon  de  leurs  comptes  que  pour  le 
remboursement  des  sommes  qui  leur  ont  ete 
remises,  ainsi  que  pour  le  montant  de  la  valeur 
des  denrées,  effets  et  ustensiles  confiés  à  leur 
garde  ,  dont,  à  défaut  desdils  comptes  ,  l'emploi 
ne  se  trouverait  pas  justifié. 

Signé  ,  Laufrey  ,  l'aîné  ;  Patinot. 


A  Pans,  de  l'iniprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


N""  3q. 


Konidi ,    9   brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


-■■  .'t 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le  Moniteur  est  le  seul  journal  officiel. 
II  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouveniement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  ,et  les  notions  tant  su 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministéùelles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts.*'t  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  22  octobre  (  3o  vendémiaire.  ) 

A  L  parait  ,  d'après  des    relevés   des    douanes, 

3ue  le  coton  exporté  de  Bombay  pour  ce  payi  , 
epuis  le  commencement  de  décembre  1798 
jusqu'en  octobre  1799,  s'est  monté  à  9  mille 
tonpeaux. 

Il  paraît  aussi  .  d'après  un  relevé  général  ,  que 
les  bâlimens  expédiés  d  ici  ,  pour  I  Inde  ,  depuis 
novembre  nggjiisqu'en  juillet  1800  ,  y  ontimporté 
en  marchandistîs  d  Europe  ,  enregistrées  ,  i5,552 
tonneaux  ,  ce  qui  donne  pour  la  valeur  des  car- 
gaisons une  somme  dont  le  montant  ne  peut  être 
tnoindte  de  483,65 1  liv.  st. 

M.  J.  Freeraan  ,  fermier  d'Apple  -  House  fit 
annoncer  dernièrement  par  un  crieur  public  , 
dans  le  marché  de  Marlow,  qu'il  vendrait  son 
blé  l5  liv.  steil.  la  charge  ,  si  les  fermiers  voisins 
consentaient  à  vendre  le  leur  au  même  prix. 

Un  nommé  Hines  ,  homme  d'une  extrême  pau- 
vreté ,  et  qui  trouvait  à  peine  à  subsister  en  ven- 
dant de  la  tourbe  ,  s'est  ptndu  ces  jours  derniers 
à  Ipswich. 

(  Extr-ait  de  l'Observer  «<  du  Morning-Chronicle.  J 

INTÉRIEUR. 

Bourg,  le  34.  vendémiaire. 

Le  jugement  du  tribunal  de  cassation  du  6 
vendémiaire  ,  qui  rejeue  le  pourvoi  des  nommés 
Hyvett,  Lepiêire  ,  Guyot  et  Amiet,  voleurs  de 
diligences  ,  condamnés  à  mort  par  jugement  du 
tribunal  criminel  de  l'Ain,  du  21  thermidor 
précédent,  n'arriva  à  Bourg  que  dans  la  nuit 
du  32  au  23  vendémiaire  ;  le  commissaire  du 
gouvernement  près  le  tribunal  criminel ,  informé 
qu'il  s  était  rendu  à  Bourg  des  partisans  de  ces 
condamnés  ,  mit  le  plus  giand  sccrel  dans  I  ex- 
pédition des  ordres  relatifs  à  l'exécution  qui 
devait  avoir  lieu  le  lendemain;  à  oaze  heures 
du  soif  ,  ses  réqaisiiions  étaient  remises  ;  entre 
deux  et  trois  heures  du  matin  ,  les  condamnés 
lurent  prévenus  de  l'arrivée  de  leur  jugement 
par  trois  pierres  lancées  du  dehors,  dans  la  cour 
intérieure  des  prisons;  le  faciionnaire  placé  dans 
ladite  cour  a  déposé  de  ce  fait. 

Le  «3  vendemiaiie,  sur  les  septheures  du  matin, 
le  concierge  des  prisons  se  présenta  à  la  porte 
du  cachot  où  étaient  enfermés  les  quatre  con- 
damnés, pour  faire  sortir  un  criminel  placé  dans 
le  même  cachot  :  aussitôt  îlyvert  ,  Leprêtre  et 
Guyot  s  élancèrent  à  la  porte,  armè'i  de  coutelas  , 
cl  entièrement  dégagés  de  leurs  chaines  ,  quoi- 
que leurs  fers  eussent  été  visités  trois  fois  pen- 
dant la  nuit  ei  trouvés  intacts,  le  geôlier  se  sauva, 
lelVrma  ses  portes  ,  et  les  trois  criminels,  après 
avoir  limé  Us  fers  du  nommé  Amiet  leur  com- 
plice ,  entrèrent ,  nuds  jusqu  à  la  ceinture  ,  dans 
la  cour  du  préau. 

Depuis  ce  moment  jusqu'à  celui  de  l'exécu- 
tion ,  il  n'y  eut  plus  qu'une  sceiie  d  horieur  et 
de  sang  ;  les  (juatre  condamnés  ,  après  une  in- 
finité de  bravades  et  d'imprécations  ^e  poignar- 
dèrent ;  Lcprêirc,  après  avoir  palpé  l'endroit  où 
palpitait  son  cœur  se  donna  le  coup  mortel  et 
succomba  de  suite  ,  Guyot  survécut  aux  coups 
qu'il  se  donna  ,  et  péril  dans  le  cachot  d  un 
coup  de  carabine.  Amiet  et  Hyvert  furent  seuls 
«onduiis  vivans  au  supplice  ;  le  dernier  s'était 
donné  six  à  sept  coups  de  couteau  ,  s'était  scié 
les  ancres,  et  avait  eu  l'épaule  cassée  d  un  coup 
de  feu;  il  s  était  plongé  entièrement  le  couteau 
dans  lesiomap  et  I  agiiant  en  tout  sens ,  il  s'écriait: 
•  i  Vous  le  vojei  ,  je  ne  puis  pas  mourir  ,  jai  lame 

(hevilUe  dans  le  (orps.  u I  !  !  Hyvert  avait 

*o  ans  ! 

Le  caractère  audacieux  et  féroce  qu'ont  montré 
ces  quatre  condamnes  ,  prouve  que  les  jugemcns 
du  tribunal  criminel  de  l'Ain,  tl  du  tiibunal  de 
cassation  des  'H  ilurmidoi  ,  an  î> ,  et  6  vendé- 
miaire, an  9,  sont  de  vrais  bienfaits  pour  la 
lociété. 


Paris ,  le    8   brumaire. 

HiFR  ,  7   lirumliire,   le  cit.  Beihunc-Charost  , 

Kiaiic  du   10'"'  ariondisscrncnt ,  a  été  inhumé.  

Le  piéfel  du  dépaftement  de  la  Seine  ,  le  secré- 


taire-général de  la  'préfecture  du  département , 
celui  de  la  préfecture  de  police  ,  les  maires  ,  leurs 
adjoints  ,  et  les  secrétaires  de  mairie,  une  dépu- 
ration de  la  société  cljrijriculiure  et  du  lycée  des 
arts  se  sont  rendus' à -5  heures  à  la  mairie  du 
Kjme  arrondisseiéent.  Ils  ont  été  reçus  par  les 
adjoints  du  j^agislirat  fcspectable  ,  dont  tous  les 
boiis  citoyens'  déploi.'nt  la  perte.  La  cour  de  la 
mairie  .  et  toutes  ks  salles  étaient  tendues  en 
noir.  Le  cortège  précé'dé  d'un  piquet  de  cavalerie 
et  de  la  garde  nauouale  sous  les  armes  ,  est  parti 
de  la  mairie,  pour  aller  recevoir  les  restes  de 
Béihune-Charost  ,  à  la  porte  de  la  maison  qu'il 
habitait ,  rue  de  Lille.  —  Deux  huissiers  ,  couverts 
de  manteaux  noirs  ,  portaient  sur  deux  coussins 
drapés  également  en  noir  ,  1  épée  et i'écharpe  du 
maire.  — Les  parens  suivaient  iniraédiateraeiU  le 
cercueil  ,  les  autorités  administratives  de  Paris 
venaient  ensuite  ,  la  marche  était  ouverte  et  fermée 
par  une  compagnie  de  ta  garde  nationale  ,  armes 
basses,  et  par  deux  piquets  de  cavalerie.  —  Le 
cortège  s'est  rendu  dans  cet  ordre  ,  à  la  mairie  du 
10™"=  arrondissement..!^  Le  cercueil  a  été  placé 
dans  une  grande  salle  tendue  en  noir  ;  les  parens  , 
les  amis  dudécédé,(et  ceux-ci  éiaientnombreux,) 
la  dépuiation  du  lycée  des  ans ,  celle  de  la  société 
d'agriculture  ,  une  dépuiation  de  linstitut  des 
sourds  et  raucis,  présidée  par  l'abbé  Sicard  ,  les 
autorités  administratives^  de  Paris  ,  ont  pris  les 
places  qui  leur  étaient  assignées. 

Le  ciioyen  Piault ,  adjoint  à  la  mairie  du  io"= 
arrondissemetit  ,  a  prononcé  l'éloge  du  vertueux 
citoyen  que  la  France  vient  de  perdre  ,  ou  plutôt 
il  a  raconté  simplement  l'histoire  de  sa  vie,  et  il  a 
fait  couler  des  pleur», 

Le  cit.  Moreau  de  Saint-Méry  ,  lui  a  succédé  à 
la  tribune  ,  et  au  nom  d^  lycée  des  ans  et  de  la 
société  d'agriculture  ,  it  a  déploré  la  perte  que 
viennent  de  faire  l'agriculture  ,  les  ans  et  l'indi- 
gence.—Son  discours  écrit  avec  l'accent  de  la 
sensibilité,  prononcé  avec  une  profonde  émotion, 
a  souvent  a»raché  des  larmes.  — Il  l'a  terminé  par 
ce  trait  :  u  Osibrc  du  giSinCl  Sully  ,  accueilles  les 
mânes  d'un  He  tes  plus  dignes  rejetions  ;  tu  le 
reconnaîtras  à  ses  vertus.  i> 

Le  cit.  Drujon  ,  secrétaire  de  la  mairie,  ajeiié, 
comme  il  l'a  dit  lui-même  ,  les  Jlturs  de  la  recon- 
naissance sur  la  tombe  du  chef  del'administraiion 
à  laqttcUe  il  est  attaché. 

Enfin,  l'abbé  Sicard  a  raconté  sapropre  douleur 
et  celle  de  ses  élevés  ,  à  la  nouvelle  de  la  mort  de 
celui  ,  qu'un  ministre  éclairé  ,  venait  d'appeller  à 
l'administration  de  l'école  des  sourds  et  muets. 

Cette  cérémonie  funèbre  terminée  ,  le  cercueil 
a  repris  le  chemin  de  sa  dernière  demeure  ;  les 
parens  et  amis  l'ont  suivi.  Le  préfet  du  départe- 
ment et  les  autorités  administratives  ,  ont  accom- 
pagné le  cercueil  et  les  parens,  jusqu'à  la  porte 
d  entrée  de  la  mairie. 

Il  est  impossible  de  raconter  tous  les  éloges  de 
Béthune-Charost,  que  le  cortège  a  recueillis ,  sur 
son  passage  ,  de  la  bouche  de  tous  les  citoyens 
rasserriblés  en  fuule  ,  pour  assister  en  quelque 
sorte  à  cette  ,triste   cérémonie. 

-  Plusieurs  journaux  ont  dit  que  le  général 
Servan  devait  avoir  le  portefeuille  de  la  guerre. 
Cette  nouvelle  est  entièrement  dénuée  de  fon- 
dement. 

—  Des  nouvelles  de  Constantiiiople  ont  dit 
qu'une  flotte  anglaise  avait  été  vue  fesant  voile 
vers  l'Egypte.  On  a  pris  pour  une  escadre  an- 
glaise ,  I  escadre  russe  qui ,  de  Corfou  ,  retourne 
dans  la  Mer-Noire. 

^-  Le  comodore  Sidney-Smith  a  été  relevé 
de   sa   croisière  par  lamiril  Brikton. 

—  Nous  ne  continuerons  pas  à  désavouerions 
les  faux  bruits  due  l'oisiveté  ou  la  malveillance 
se  plaisent  à  rëpiindre  dans  Ife  public. 

—  M.  de  Colloredo  qui  ,  assure-l-on  ,  a  un 
izrand  crédit  .sur  l'esprit  de  l'empereur,  a  le  porte- 
feuille   des  affaires  étrangères  pendant  l'absence 

ûe  M.  de  Cobeutzel. 

—  Le  journal  de  la  Gironde  annonce  l'arrivée 
du  cit.  Dubois  -  des  -  'Vosges ,  préfet  de  ce  dépar- 
tement ,  à  Bordeaux ,  le  9  de  ce  mois. 

—  Les  bâtimeiis  qui  entourent  la  cour  du  palais 

du  corps-législatif  ,  dite  de  Montesquieu,  sont 
consacrés  aux  archives  nationales;  elles  sonidans 
le  plus  bel  ordre,  et  on  ne  se  douterait  pas,  en 
voyant  cet  établissement  ,  qu'il  n  a  pas  un  an 
d'existence, 

—  Le  10  brumaire  ,  à  midi  très-précis  ,  il  sera 


célébré  dans  le  temple  de   la  Victoire  (  Sulpice) 
une  lê(e  a  la  mémoire  de  ifos  ayeux  ,  de  nos  parmi 

(t  de  nos  amis  décédés.  ,,.     , 


LARivitsriCE  conclu  le '3o  thermidor  3yéc''i|i 
régence  d'Alger  ,  par  le'  c1t.  Dubois-Thainville  , 
vient  d  être  suivi  d'un  traité  de  paix  définitif,  dont 
voici  les  bases  principales. 

«<  Les  relations  politiques  et  commerciales  de.la 
"  république  française  sont  rétablies  avec  la 
..  régence  d'Alger  ,  telles  qu'elles  existaient  avant 
11  la  rupture. 

.»»  En  conséquence  ,  — 

>'  1°.  Les  anciens  traités,  conventions  ,  stipu- 
i,>  lations  seront  nouvellement  revêtus  des  signa"- 
»>  tures  du  dey  et  de  l'agent  de  la  république. 

"  2».  La  régence  d'Alger  restitue  à  la  tépu- 
■"  blique  française  les  concessions  d'Afrique  de 
>'  la  même  manière  et  auxmémes  conoiiions,  que 
»'  la  France  en  jouissait  en  vertu  des  anciens 
>>  traités  et  conformément  à  celui   de  1790. 

"  3°.  L'argent,  les  effets  et  marchandises  dont 
"  es  agens  de  la  régence  se  sonl  emparés  dans 
"  les  comptoirs,  seront  restitués  ,  déduction  faite 
"  des  sommes  qui  ont  servi  àpayer  les  redevance» 
>'  dues. 

>)  4°.  Les  lismes  ne  seront  exigibles  que  du 
'>  jour  otà  les  français  seront  rétablis  dans  les 
J)  comptoirs. 

II  5°.  Les  français  ne  pourront  être  retenus  à 
Il  Alger  Comme  esclaves  ,  sous  quelque  prétexte 
i>  que  ce  soit. 

i>  6".  Le  commissaire-général  de  la  république 
Il  continuera  à  jouir  de  la  prééminence  sur  tous 
11  les  agens  des   autres   nations.  )i 

L-  8  vendémiaire  ,  la  paix  a  été  proclamée  dan» 
le  divan   assemblé. 

Le  mêm-e  jour  ,  le  citoyen  Dubois-ThainviH» 
s'est  pré.iienté  chez  le  dey  et  lui  a  ternis  ses  lettres 
de  créance. 

Ce  prince  l'a  accueilli  avec  foutes  les  démons- 
trations de  lamitiéiil  a  paru  fort  sensible  à  ce 
que  le  ciioyen  ïliainvillelui  a  dit  d'obligeant  au. 
nom  du  premier  consul  ,  et  lai  a  répondu  :  Ou- 
blions te  passé  ;  je  veux  que  nous  soyons  plus  amis  ■ 
que  jamais. 

Les  grands  de  la  régence  lui  ont  donné  dest  é- 
moignagei  d'affection  non  moius  satislesans  ,  eC 
les  consuls  étrangers  se  sont  empressés  de  le  féli- 
citer sur  le  succès  de  sa  mission. 

Les  français  ont  de  suite  repris  les  coialeurs  na- 
tionales. Le  pavillon  tricolor  flotte  sur  la  maison 
du  commissaire  général  de  la  tépublique. 

Le  premier  consul  a  ordonné  que  cette  nou- 
velle lûtaunoncée  dans  tous  les  ports  de  la  Médi- 
terranée par  une  décharge  d  artillerie. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  4  brumaire,  an  9. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre  ,  vu  la  loi  du  14  fructi- 
dor an  6  ,  relative  aux  secours  à  accorder  aux 
veuves  et  ehfans  des  militaires  et  employés  com- 
posant les  armées  de  terre  et  de  mer  ,  le  conseil- 
d'éiat  entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  P^  Le  ministre  des  finances  fera  payer, 
sur  les  crédits  généraux  ouvens  pour  le  paicmene 
des  rentes  et  pensions  ,  à  titre'  de  pensions  oii  se-' 
cours,  la  somme  de  25,411  fr.  20  cent,  aux  veuves 
et  enlans  infirmes  ou  orphelin»  compris  dans  les 
deux  états  présentés  par  le  ministre  de  la  guerre 
et  annexés  au  présent   arrêté. 

IL  Ces  secours  et  pensions  seront  payés  à  do- 
micile ,  par  douzième  chaque  mois  ,  à  compter 
de  la  publication  du  présent  arrêté  :• 

Les  ministres  de  la  guerre  et  des  finances  sont 
chargés  ,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,  de  l'exé- 
cution du  présent  ariêié  ,  qui  sera  imprimé  au 
Bulletin    des   lois. 

it!  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  ,    . 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  7  brumaire. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport  du 
ministre  de  la  guerre  ; 

Voulant  prévenir  les  difficultés  que  pourr.iji 
occasionner  l'exécution  de  leur  arrêté  du  23  fruc- 
tidor an  8  ,  qui  assiuiile  les  dépariemcns  du  Moui- 


Tonnerre  ,  delà  Saar,  de  Rhîn-et-Mo5en«-et  de 
îaRoerguK  autres  dépatlemens  de  la  république  , 
et  faire  ,  en  inêiine  tems ,  cesser  celles  qui  se  sont 
élevées  dans  les  départemens  dont  se  composaient 
la  ci-devant  Belgique  et  le  pays  de  Liège,  au  sujet 
d«  l'application  de  la  loi  du  lo  juillet  1791  ,  con- 
cernant le  classenaent  et  la  conservation  des  places 
de  guerre  ,  ceux  des  forts  ,  villes  ,  postes  et  châ- 
teaux situés  dans  ces  divers  départemens,  qui 
doivent  être  provisoirement  considérés  comme 
places  ou  postes  de  guerre  ;  le  conseil-d'état  en- 
tendu ,   arrêtent  : 

Art.  1='.  Les  villes  ,  forts  ,  postes  et  châteaux 
occupés  militairement  pour  la  défense  générale 
du  territoire  français  dans  les  neuf  département 
réunis  par  la  loi  du  9  vendémiaire  an  4  ,  et  dans 
ceux  du  Monl-Tonnerié  ,  de  la  Saar,  de  Rhin  et 
Moselle,  et  de  la  Roër  ,  seront  provisoirement 
considérés  comme  places  ou  postes  de  guerre, 
et  en  tout  point  assimilés  à  ceux  portés  sur  l'état 
annexé  à  la  loi  du  10  juillet  179''  jusqu'à  la 
fixation  définitive  des  nouvelles  frontières  de  la 
république. 

Le  tableau  supplétif  de  ces  places  ou  postes 
demeure  en  conséquence  arrêté  ainsi  qu'il  suit  : 


DiPARTEMENS. 


PLACES    ou   POSTES. 


Là   Dyle 


Ôurtjie 


Meuse -iinfétieure. 


L'Escaut. 


Li  Lys 


j«mmappes 


Les  Forêts.  '.  ,   . 
Sambre  et  Meuse. 


Les  Deux-Nethes. 


Mont-Tonnerre 


i5o 

II.  Le  ministre   de  la    guerre  ,  'en    ?xétufi«fe 
de  l'article   piéTcédent,  appliquera,  lit   16i    du-.'io 


,X;  Il  y  a  tfn  minimum  et  un  maximum   pour 

la  solde  de    retraite    de   chaque  grade  ;   ils   sont 

juillet  1791   aux  places  et  postes   de  fçuerre  com- j  fixés  parle   tableau  annexé  au  présent  règlement 


La  Siiir 


Rhin  et  Moselle  .  . 


L»  Roër 


Bruxelles. 

Louvain. 

Diest. 

Tirlemorit. 

Liège. 

Huy. 

Maëstrich. 

Maseick. 

'Venloo. 

Rurcmonde. 

Stephenvvert. 

Hasselt. 

Gand. 

S  is-de-Gaad. 

Huist 

Axel.- 

Terneuse. 

Philippine. 

Damme. 

L'Ecluse. 

Dandermonde. 

Alost. 

Oudenarde. 

Bruges. 

Ypres. 

Lakenoke. 

Courtray.  • 

M.  nin. 

Warneton. 

Nieuport. 

Furnes. 

Osiende. 

Mons. 

Atb. 

Tournay. 

Libre-sur-Sarabre. 

Luxembourg. 

Namur. 

Anvers. 

Lillo. 

Lickensoeck. 

Sandvlied. 

Malines. 

Lierre. 

Mayence  et   forts  en 

dépendans. 
Spire. 

Guermersheira. 
Pirmasens. 
Deux-Ponts. 
Franckental. 
Neustadt. 
Worms. 
Oppenbeim. 
AIzey. 
Bingen. 

Trêves. 

Saarbruck. 

Traarback. 

Messenheim. 

Kirn. 

Coblentz. 

Andernack, 

Bonn. 

Bacharach. 

RhinfeldsurS.  Goard 

Boppart. 

Aix-la-Chapelle. 

Cologne. 

Juliers. 

Duten. 

Neuss. 

Creveldt. 

Meurs. 

Ordingen. 

Burich. 

Rhinberg. 

Gqeidret. 

Cleves. 


pris  dans  le  tableau  ci-dessus.  Il  prendra  su 
le  champ  toutes  les  rhesuresuliérjeiùresque  pourra 
nécessiter  l'exécu'lion  dès  diverses  dispositions  de 
celte  loi  ,  et  donnera  des  ordres  pour  qire  loù< 
ces  lerreins  ,  bâtimens  et  éiablissemens  miliiajref 
dépendans  de  ces  places  et  pè'ètes ,  ainsi  que 
les  effets  et  ustensiles  existans  dans  lesdits  bâr 
timens  et  éiablissemens  ,  ou  en  magasin,  soient 
immédiatement  placés  so^s  la  surveillance  directe 
et  exclusive  des  agens  mirijaires  supéiieurs  ,  aux- 
quels les  auiorilés  civiles,  qui  en  auraient  con- 
servé la  jouissance  ,  seront  tenues  d'en  faire 
la  remise  ,  de  même,  que  celle  des  plans  et  mres 
de  propriéié  dont  elles  pourraient  être  déposi- 
taires ,  conlormérnent  à  1  article  Xllt  du  litre  P''. 
et  à  l'arlicle   1"^^    du  litre   IV  de  la  même  loi. 

III.  Dans  ceux  desdiis  postes  et  places  où 
l'étendue  du  leriein  militaire  national,  extérieur 
et  iniérieiar  n'.autait  poit>l-été  fixée  ,  il  sera  pro- 
cédé à  la  délimiiationNàe  ce  terrein  dan',  les 
proportions  déterminées  par  les  articles  XV,  XVI, 
XIX,  XX  et  XXI,  du  tiire  l"'.  de  la  susdite 
loi  ;  sauf  la  réserve  des  droits  des  particuliers 
qui  seraient  jjropriétaires.  d'immeubles  situés  en 
deçà  des  limites  assignées  au  terrein  militaire, 
s'ils  justifient  de  titres  valables  ou  d'une  pos- 
session paisible  et  publique  depuis  quarante 
années  dont  la  dernière  aura  dû  expiier  au  pre- 
mier vendémiaire ,  3119. 

IV.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  dç  l'exé- 
cution  du   présent   arrêté  ,    qui  sera  imprimé  et 

inséré  aubulieiin  des  lois.  ''  '      '   , 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte.' 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le   rapport 
du  ministre  de    la  marine   et   des    colonies 
conseil-d'état  entendu ,  arrêtent  :  . 


XI.  PouraS  ans  de  service  ,  la  solde  de  retraite 
est  fixée  au  minimum  \nd\que  dans  le  tableau  pour 
chaque  grade  ; 

Elle  augmente  d'un  vingtième  pour  chaque 
année  qui  excede'le  nombre  de  25;  elle  ne  peut 
s'élever  au-delà  du  maximum  fixé  pour  chaque 
grade. 

XII.  La  solde  de  retraite  est  fixée  sur  le  grade 
de  lofilcierqui  se  retire. Celui  qui  n'a  pas  occupé 
son  grade  pendant  2  ans  ,  ne  peut  prétendre  qu'à 
la  retraite  du  grade  immédiatement  inférieur. 

XIII.  Les  marins  non  entretenus  ne  peuvent 
compter  que  le  tems  de  leur  service  réel  ,  soit 
sur  les  vaisseaux  ,  soit  dans  les  ports  de  la  ré- 
publique. 

XIV.  Les  officiers  du  génie  maritime;  les  .offi- 
ciers d'administration  ,  les  officiers  de  sanie  ayanC 
rempli  un  service  continu  ont  droit  à  une  sol<*e 
de  retraite  après  3o  ans  de  service  effectifs. 

Les  articles  III  ,  IV,  V ,  VI ,  VII  ,  VIII  et  IX 
leur   sont  applicables. 

XM.  A  3o  ans  de  service  ils  ne  peuvent  obtenir 
que  le  minimum  de  la  solde  de  retraite  qui  aug- 
mente d  un  20'  pour  chaque  année  en  sus  ,  sans 
pouvoir  excéder  le  maximum  de  celte  somme. 

>vVI  Ceux  d'entre  eux  qui  compteront  i5ans 
efftciils  de  navigation  sur  les  vaisseaux  de  U 
.république  ,  en  quelque  qualité  que  ce  soil ,  seront 
traités  comme  les  marins  militaires  ,  et  auront 
droit  après  sS  ans  de  service  au  minimum  de  la 
'è'olde  de  retraiie  de  leur  grade. 

XVII.  Le  minimum  et  le  maximum  des  soldes  d* 
retraite  sont ,  pour  les  officiels  du  géniç  mariiimev. 
les  mêmes  que  ceux  qui  sont  fixés  pour  les  grades 
militaires  dont  ils  ont  le  dire  ou  le  rang  ;  et  pour 


TITRE    PREMIER, 

Dispositions  gair.  ,!.:■: . 
Art.  I".  La   loi    du   2S   I 


7  ,  sur  la 
.  t  appli- 


solde  de  retraite  pour  lai;'i 
cab'e  à  larmée  navale  saui 
après  énoncées. 

II.  Il  est  accordé  des  soldas  de.  iciraite  aux 
individus  appartenans  à  la  marine  ;    , 

1°.  Lorsqu'ils  se  retirent  apiès  25  ans  effectifs 
de  service  ; 

2".  Lorsque  des  blessures  ou  des  infirmités  les 
forcent  de  quitt&r  le  service.  .  . 

Dans  tous  ces  cas  ,  leur  service  est  évalué  de  la 
manière  suivante  : 

III.  Le  service  à  terre  ,  soil  en  activité  ,  soit  en 
non-activité  ,  est  compté  pour  tems  de  sa  duiée. 

IV.  Les  camipagnes  en  tems  de  guerre  seront 
comptées  pour  un  tems  double  de  leur  durée; 
en  tems  de  paix  pour  une  moitié  en  sus. 

V.  Le  service  militaire  dans  les  coloriies  est 
compté  pour  un  tems  double  de  sa  durée  pen- 
dant la  guerre,  et  pour  une  moitié  en  sus  pendant 
la  paix. 

Le  service  administratif  dans  les  colonies  est 
toujours  compté  pour  une  moitié  en  sus. 

VI.  Le  tf-ms  de  navigation  sur  les  bâdmens  de 
commerce  est  compté  pour  moitié  de  sa  durée 
en  tems  de  guerre  comme  en  tems  de  paix. 

Le  service  sur  les  bâtimens  particuliers  armés  en 
course  est  compté  pour  le  tems  simple  de  sa  durée. 

VII.  Le  service  sur  les  corsaires  et  sur  les 
bâtimens  de  commerce  ne  sera  compté  que  du 
jour  du  départ  du  bâliment  pour  sa  destination. 
On  n'y  comprendra  point  le  tems  de  son  équi- 
pement ,  i^i  celui  des  relâches  dans  les  ports 
de  France  ,  dont  la  durée  aura  excédé  de  quinze 
jours.  Ce  service  sur  les  bâtimens  particufiers 
de  commerce  ou^  armé  en  course,  évalué  comme 
il  est  dis  à  l'article  précédent  ,  ne  peut  entrer 
pour  plus  d'un  tiers  dans  l'évaluation  totale  des 
services  de  l'individu  à  quf  la  solde  de  retraite 
est  accordée  ,  les  deux  autres  tiers  devant  être  , 
en  service  pubfic,  fait  sur  les  vaisseaux  ou  dans 
les  ports  de  l'état. 

VIII.  Le  tems  de  service  dans  le  militaire  de 
terre  ou  dans  une  fonction  administrative,  don- 
nant droit  à  une  solde  de  retraite  ,  doit  être  cu- 
mulé avec  le  service  dans  la  marine  ;  mais  ics 
années  de  ce  service  non  maridme  ne  peuvent 
être  comptées  aux  marins  militaires  qu'a  raison 
de  6  pour  à. 

T  I  T  R  E    I  L 

Solde  de  retraite  d'ancienneté. 

IX.  Tout  individu  qui  quitte  le  service  de  la 
marine  ,  sans  être  blessé  ni  infirme,  ne  peut  pré- 
tendre à,  une  solde  de  retraite  qu'autant  qu  il 
à  25  ans  effeciifs  de  service. 

Le  mode  d'évaluation  énoncé  dans  le  Utre  I"^. 
n'est  employé  que  pour  déterminer  le  montant 
de  la  retraite. 


les  officiers  d'adminisiraiion  .  ceux  qui  sont  fixés 
£  I  pour  les  officiers  militaires  avec  lesquels  ils  pren- 
laénl   rang.  _  .  ,  ,      j 

Le  minimum  e:\.  \e maximum  des  soldes  de  retraite 
des  ofhcrers  de  santé  sonf  déterminés  parle  tableau 
annexe  au  présent  règlement. 

JCVllL  Les  disposiiions  pour  les  soldes  de  re- 
trarle  des- troupes  de  terre  ,  sont  applicables  aux 
troupes  de  marine  ou  d'artillerie  de  marine,  tant 
pour  la  quotité  de  la  solde  que  pour  l'époque  oà 
elle  peut  être  obtenue. 

Néanmoins  tout  individu  appartenant  à  ces 
coips,lequel  aura  i5  ans  effectifs  de  navigation 
sur  les  vaisseaux  de  l'état  ,  sera  traité  cortime 
marin-militaire  ,  seulement  pour  l'éiioque  à  la- 
quelle il  acquiert  droit  à  une  solde  de  retraiie. 

XIX.  Le  tems  de  service  exigé  pour  l'obtention 
et  la  fixaiion  de  la  solde  de  retraite  doit  êire 
prouvé  suivant  le  corps  auquel  l'individu  appar- 
tient, par  les  dates  des  brevets  ,  le  contrôle  des 
troupes  ou  les  étais  du  bureau  des  armemens  ou 
du  bureau  des  revues. 

TITRE      III. 
De  la  solde  de  retraite ,  pour  blessures  et  infirmités. 

XX.  La  solde  de  retraite  pour  cause  de  bles- 
sures ou  infirmités  ne  sera  accordée  qu'autant 
qu'il  sera  constaté  1°  que  les  blessures  ou  infir- 
mités résultent  des  événemens  de  la  guerre  ou 
des  fatigues  du  service  mariyme  ;  2"  qu'elles,  ren- 
dent l'infirme  ou  blessé  absolument  hors  d'état  de 
continuer  son   service. 

XXI.  Les  fractures  ou  infirmités  provenant  de 
chûtes  ou  accidens  occasionnés  par  le  service  sur 
les  vaisseaux  ou  dans  les  ports  ,  seront  réputées 
blessures  et  donneront  le  même  droit. 

XXII.  La  solde  de  retraite  pour  cause  de  bles- 
sures ou  d'infirmités  provenant  de  blessures  ,  est 
celle  attachée  au  grade  ou  à  la  fonction  exercée 
par  l'individu  qui  se  relire-,  pour  les  infirmités 
non  provenant  de  blessures,  la  solde  de  retraite 
est  celle  du  grade  exercé  depuis  deux  ans  ,  et,  à 
défaut  de  deux  ans  ,  du  grade  imniédiatement 
inférieur. 

XXIII.  Si  les  blessures  ou  infirmités  provenant 
de  blessures  .  sont  telles  qu'elles  ôient  l'usage 
absolu  d'un  membre  sans  espoir  de  guérison, 
elles  donneront  lieu  à  la  solde  de  retraite  fixée 
d,ins  le  tableau  pour  la  perte  d'un  membre: 
si  elles  ôtent  la  perte  absolue  de  plusieurs  mem-. 
bres  ou  de  la  vue  ,  elles  donneront  lieu  au 
maximum   de    la  solde   de  retraite  du  grade. 

XXIV.  Les  infirmités  résultant  de  blessures  , 
qui  ne  seront  point  jugées  équivalentes  à  la 
perte  d'un  membre  ,  et  qui  cependant  rendront 

ble   de   service,   ne  donnent    droit  qu'au 
r  infirmités  non  résultantes  de 


iticapac 

minimum  fixé  pc 

bics  urcs.  . 

XXV'  Dans  le  cas  de  la  perte  de  plusieurs  mem- 
bre»  ou  de  la  vue,  le  maximum  delà  solde  de  re- 
traite sera  élevé  ;  savoir  ,  pour  les  maîtres,  seconds 
maîtres  et  contre-maîtres  de  tous  genres  cie  50 
francs  par  an  ;  pour 
de  60  francs  ,  pour 
au-dessus  du  double  du  minimum  ,  conformé- 
ment au;t  tableaux. 


les  aides  et  quartiers-maîtres' 
maielois    de    65   Irancs 


i5i 

XXVI.  Les  infirmités  non  résultant  4e  bles- '  mande^  y  être  appelé  :  le  tenu  passé  dans  la  iouîs- 
«ures  ne  donnent  droit  a  une  solde  de  retraite,  \  sance  de  la  solde  de  retraite  l»i  sera  comi>ié 
quapr^s    ib  ans    effectifs  de   service,    et  lo  ans  '  comme  tems  de  servire  à  terre 

v-vv^T^'S"  ^"    '"°'"'-     .     ,      ..         •■  .1      A  défaut  de  r,,ppel  au  service 'il  lui  sera  al'oi.é 

XXVJl.  !>orit  exceptées  de  la  disposition  pre-  un  traitement  de  léforme  proportionné  à  son 
eedente  .    celles    qui   auraient   entraîné    la  perte  ;  grade  et  à  son  ancienneté. 

de  la  vue  ou  la  perte  de  lusage  de  deux  mem-  ,  XXXVI.  Dès  qu'un  individu  attaché  à  lamarlne 
bres  ,  lesquelles  donnent  lieu  à  une  solde  de  et  entretenu  par  l'étal  ,  sera  reconnu  dans  les 
retraite,  a  quelqu'époque  du  service  qu'elles  ,  formes  presciiies  et  suivant  les  causes  énoncées 
surviennerit,  pourvu  qu  elles  soient  le  résultat  i  par  le  piésent  ié>.lenient ,  incapable  de  servir  le 
de  ce  service  ou  du  climat  dans  lequel  ce  service  |  ministre  de  li  marine  lui  expédiera  un  ordre  de 
'vvImVi    t        -r      -,      .  .  „      ..     !  ^'^'?sisiance  ou  solde  provisoire  égale  au  mmtmim 

,  j  ^"  infirmités    énoncées  en    1  article     lixe  dans  le  tableau  pour  les   infirmités  non   pro- 

précedeiit  donnent  lieu  à  la  même  indemnité,  venant  de  blessures.  Il  en  jouira  ju^qu'à  ce  que  les 
lorsqu  elles  proviennent,  soit  de  blessures  ,  soit  l  consuls  aient  prononcé  sur  l'élat  de  solde  de  le- 
*'^vvtT?        ^  service  maritime.  traite  dans  lequel  il  aura  été  compris.  En  aiien- 

XXIX.  La  solde  de  retraite  de  tout  marin  bleisé  |  dant  que  cet  ordre  lui  ait  été  adressé  ,  il  conscr- 
OU  inhrrne  est  déterminée  de  la  manière  suivante  :  i  vera  le  traitement  dont  il  jouissait  au  moment  de 

Four  les  blessures  et  les  infirmités  résultant  de     sa  demande, 
blessures,  le  mm/rmira  fixé  pour  elles  est  augmenté         XXXVII.  Les  subtistances  ou  solde  provisoire 
dun  vingtième  par  chaque  année  de  service,  sans     s'il  en   a    été  accordé  jusqu'à  ce  jour   seront  ré- 
cxceder  le  rnuKimum  du  grade  de  l'officier  blessé,     duiies  au  taux  fixé  par  le  précédent  article   dans  le 

Pour  les  infirmités  non  résultant  de  blessures  ,  [cas  où  elles  excéderaient  ce  taux.  ' 

XXXVIII.  Les  pensions  militaire»  ,  solde  ou 
demi-soldes,  accordées  pour  cause  de  blessuifs 
ou  d'infirmités,  conformément  aux  lois  précé- 
dentes ,  et  postérieurement  à  la  déclaration  qui 
a  précédé  la  guerre  actuelle  ,  seront  converties 
en  soldes  de  retraite,  réduites  ou  élevées,  s'il 
y  a  lieu  ,  aux  proportions  fixées  par  le  tableau 
annexé  au  présent  règlement ,  et  payées  sur  le 
pied,  à^  compter  du  l'^Wendemiaiie .   an  g. 

XXXIX.  A  l'égard  des  pensions  ,  soldes  ou 
demi-soldes  quiauraient  été  accordées  antérieure- 


le  minimum  fixé  pour  ces  infirmités  est  augmenté 
«'un  vingt  -  cinquième  par  chaque  année  de 
service. 

Cette  somme  ne  peut  excéder  le  maximum  du 
grade  exercé  depuis  deux  ans. 

XXX.  Les  blessures  qui  donnent  droit  à  la 
ïôlde  de  retraite  ,  seront  constatées  de  la  manière 
suivante  : 

Fonr  les  individus  embarqués. 

1°.  Par  un  rapport  détaillé  sur  la  natuie  de  la 
blessure,   fait  et  signé  par  l'officier  de  santé  en  , 

chef  du   bâtiment  sur  lequel  l'individu  aura  été  (  rn^n'  à  la  déclaration  de  guerre  de  la  liberté  ,  pour 
blessé.  quelque  cause  que  ce  soit  ,  ou  postérieurement  à 

2°.  Par  un  certificat  constatant  la  blessure  ,  '^^"^  époque  pour  toute  autre  cause  que  celle 
l'époriue  ,  la  circonstance  et  le  paràge  où  elle  I  "^^  ^'^^s^ires  et  infirmités  ,  elles  seront  également 
a  eu  lieu  ,  signé  par  l'officier  chargé  du  détail,  et  converties  en  solde  de  retraite,  et  payées  de  la 
le  capitaine  du  vaisseau.  ■  même  manière,   à  compter  du    i'' vendémiaire 

Si  le  capitaine  a  été  blessé, le  certificat  sera  signé  '  ^".  9  i  ™ais  elles  demeureront  invariablement 
par  les  deux  plus  anciens  officiers  de  l'état-major.     fixées  au  taux  auquel  elles  auront  été  accordé 


Et  si  l'officier  chargé  du  détail  a  été  blessé,  le 
certificat  sera  signé  par  le  capitaine  et  l'officier  , 
qui  suivra  immédiatement  l'officier  blessé. 

Mention  doit  être  faite  de  la  blessure  et  du 
certificat,  sur  le  rôle  d'équipage. 

3°.  Par  un  extrait  du  rôle  d'équipage  ,  délivré 
par  le  commissaire  du  bureau  des  armemens. 

Toutes  ces  pièces  doivent  être  visées  par  le 
préfet  maritime  ,  pour  légalisation  seulement. 

Pour  les  individus  employés  da»s  l'arsenal  ,  le 
rapport  détaillé  ,  indiquant  le  jour  et  le  lieu  de 
]?  blessure  ,  sera  fait  et  signé  par  l'ofiicier  de  santé 
de  service  dans  l'arsenal ,  appelle  pour  donner 
les  premiers  secours  ,  et  par  1  officier  de  santé  en 
chef  de  l'hôpital  où  le  blessé  aura  été  traité.  Il  sera  ] 
certifié  par  le  commissaire  préposé  au  chantier  , 
attelier  ou  magasin  où  l'individu  aura  été  blessé, 
e«  par  le  commissaire  de  l'hôpital  ,  et  sera  ap- 
prouvé par  le  chef  du  détail  auquel  l'individu 
appartient. 

XXXI.  Les  infirmités  non  résultant  de  blessures 
qui  donnent  droit  à  la  solde  de  retraite  seront 
constatées , 

1°.  Par  un  rapport  détaillé  du  conseil  de  salu- 
brité du  port  où  se  trouve  l'individu  réclamant  : 
et  dans  les  ports  où  il  n  y  a  pas  de  conseil  de 
•alubrité,  par  l'officier  de  santé  en  chef  de  la 
marine  ,  résidant  dans  le  port. 

t^".  Par  un  extrait  détaillé  des  campagnes  et 
autres  services  de  l'individu  réclamant,  duement 
constatés 

3°.  Par  un  certificat  motivé  du  chef  du  détail 
auquel  l'individu  appartient ,  attestant  que  les  in- 
firmités qu'il  éprouve  doivent  êire  attribuées  à 
la  durée  et  à  la  nature  de  ses  services. 

XXXII.  Les  pièces  indiquées  par  les  articles 
précédens  ,  seront  délivrées  en  double  original; 
l'un  sera  adressé  au  ministre  de  la  marine  ,  avec 
l'indication  du  lieu  où  le  réclamant  entend  fixer 
«on  domicile  ;  l'autre  restera  entre  les  mains 
de  l'individu  qu'elles  coricernent,  pour  y  avoir 
Tecours  au  besoin. 

XXXIII.  Sur  l'examen  des  pièces  adressées  , 
le  ministre,  après  avoir  reconnu  que  1  individu 
réclamant  est  dans  le  cas  d  obtenir  une  solde  de 
retraite,  en  déterminera  le  montant,  et  le  com- 
prendra dans  les  états  qu'il  doit  proposer  aux 
consuls. 

XXXIV.  Tout  individu  qui  n'aura  obtenu  une 
lolde  de  retraite  qu'à  titre  d  infirmité  qui  l'a  mis 
hors  de  service  ,  sera  tenu  de  produire  ,  chaque 
année  ,  au  mois  de  vendémiaire  ,  un  certificat  de 
deux  officiers  de  santé  ,  nommés  à  cet  effet  par  lé 
préfet  maritime, s'ilhabite  un  desquatre  principaux 
ports;  par  le  commissaire  à  1  inscription  mari- 
lime,  s'il  habile  un  port  secondaire;  par-tout 
ailleurs  par  le  sous-piéfet  de  l'arrondissement  où 
il  réside  ;  certificat  attestant  que  I  infirmité  qui  a 
occasionné  sa  retraite  ,  exista  toujours. 

A  défaut  de  ce  cerdficat  ,  il  cessera  de  jouir  de 
la  solde  de  retraite. 

XXXV.  Tout  marin  militaire  ,  ou  individu 
attaché  à  la  marine  ,  qui  ,  après  avoir  obtenu  sa 
solde  de  retraite,  se  trouverait,  par  I  effet  des 
forces  de  la  nature  ou  des  secours  de  I  art  ,  en 
état  <le  repjfendtg  du  service ,  pourra  ,  sur  sa  dé- 


pourvu qu'elles  n'excèdent  pas  celui  qui  est  réglé 
par  le  présent  règlement  ;  dans  le  cas  où  elles 
l'excéderaient,  elles  seraient  réduitas  aux  pro- 
portions qu'il   détermine. 

TITRE      IV. 

Traitement  de  réforme. 
XL.  Il  sera  accordé  à  tous  les  officiers  de  vais- 
seau ,    depuis    le   grade    de   vice-amiral  jusqu'à 
l'enseigne    de    vaisseau    inclusivement,  qui   ont 

TABLEAU  des  soldes  de  retraite  pour  les  officiers  de  vaisstan  ,  officiers  du  eénïe  maritimeT'et  dti 
m"ers  d  administration  suivant  la    correspondance  des  grades^ 


cessé  ou  qui  cesseront  d'être  eottapris  danà  lé 
tableau  de  leur  grade  ,  uiie  solde  de  retraite  , 
s'ils  ont  25  ans  ou  plus  de  service;  et  à  défaut 
de  25  ans  de  service  ,  uti  i^aiiement  de  réforme 
égal  au  minimum  de  la  solde  de  retraite  de  leur 
grade.  >    ■ 

XLI.  A  l'avenir  ce  traitement  n'aura  liett  que 
pour  les  officiers  militaires  que  trois  ans  de  noa- 
activité  auront  fait  rayer  du  tableau  de  leut 
grade. 

XLII.  Les  traitemens  de  réforme  précédem- 
ment accordés  ,  seront  tous  réduits  au  taux  dé- 
terminé par  le  présent  règlement,  dans  le  cas  où 
ils  excéderaient  ce  taux. 

XLIII.  Les  entretenus  de  la  marine  non  mi- 
litaires, réfdruués  en  vertu  des  derniers  règle-' 
mens  sur  les  marins  ,  auront  un  traitement  qui 
sera  fixé  à  raison  d'un  trentième  du  minimun  de 
la  retraite  de  'leur  emploi  pour  chaque  année 
de  service.         '  '■  ' 

Néanmoins  ceux  qui  n'auront  pas  plus  dé  dix' 
ans  d'un  service  continu  ,  ne  pourront  obtenir  ce 
traitement;  ir  leur  sera  seulement  alloué  une 
gratification  une  fois  payée  ,  qui  sera  d'une  an- 
née d'appointernens  pour  dix  ans  de  service  , 
d  une  demi-anriée  pour  cinq  ans  ,  et  proportion- 
nellement pour  les  nombres  d'années  inieimé- 
diaiies  ou  inférieurs  à  cinq  ans. 

XLiy.  Toute  disposition  tendante 'â  donneif 
un  traitement  'de  réforme  autre  que  celui  ci- 
dessusdèterminé  ,   est  révoquée. 

^LV.  Les  iraitemens  de  réforme  seront  payé» 
de  la  même 'manière  que  les  soldes  et  subsis-' 
tances  provisoi.es. 

XLVI.  La  solde  de  retraite  et  le  traitement, 
de  réforme  seront  déterminés  par  le  premier 
consul  ,  sur  la  proposition  du  ministre  de  la  ma- 
nne et  dei  colonies  ,  qui  devra,  sou.s  '  sa  res- 
ponsabiliié  ,  se  conformer  aux  lois  et  réglemens 
rendus  à  ce  sujet.  ■ 

XL  VIL  Là'dënianJe  de  fonds  de  chaque  année 
pour  cet  objet  ,  sera   faite  à  raison  de  Ja  fixaiipa" 
projettée  ou  approuvée. 

XLVIII.  Toutes  dispositions  contraires  à  cellei» 
ci-dessus  énoncées  sont  abrogées. 

XLIX.  Le  rninistre  de  la  marine  et  des  colonies» 
et  celui  des  finances  sont  chargés  ,  chacun  en  ce 
qui  les  concerne  ,  de  l'exécution  du  présent  ré^ 
glement  qui  sera  inséré  au  bulletin  des  lois. 

ie  premier  consul  ^  ■fjg'ne ,  Bonapartib. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire- détat .,  signé  ,  H.  B.  Marèt. 


Solde 


GRADES. 


DE   RETRAITE 


ANCIENNETE. 


Minimum 
d'ancienelé. 


Maximum 
d'ancieneté. 


Solde  de  retraite 
potir  infirmitgs  ou  blessures. 


Infirmités 

non 
provenant 

de 
blessures. 
Minimum. 


Vice-Amiral 

Contre  -  amiral.     ... 
Capitaines  de  vaisseau  . 
Capitaines     de    frégate.     , 
Lieutenans     de     vaisseau 
Enseignes  de   vaisseau  , 
Aspirans 


Maîtres  entretenus  de  tout  genre  , 
I'"  maîtres  non-entretenus  de 
manœuvres  ou  de  cordages.     . 

Premiers  maîtres  de  timonerie  , 
charpentiers  ,  caltats  ,  voiliers, 
seconds  maîtres  de  tout  genre  , 
contre  -  maîtres  de  manœuvres 
ou    de    ports 

Aides-maîtres ,  ouvriers,  quartiersr 
maîtres  ,  timoniers  ,  gabiers.     .. 

Matelots,  novices  et  mousses.     . 


Sooo 


8oo 
6oo 


3oo 


170. 
i5o 


6000 
4000 
3ooo 


600 


4^0 

.340 
3oo 


i35o 
1000 
670 
55o 
400 
340 


i35 


ii5 


Blessures ,  ou  infirmités 
provenant  de  blessures. 


blessures 

équivalentes. 

Minimum. 


3ooo 
2000 
i5oo 
1000. 
800 
600 
5eo 

3oo 


170 
iSo 


Perte  de  deuJt 
membres  ^  oii 
de  la   vue. 
Maximura 
des   infirmité» 
ou    blessures. 


6000 
4000 

3ooo 

2000 

lÊoa 


600 


45» 

400 
36S 


Tableau  des  soldes  de  retraite  pour   les  officiers   de  santé  employés  dans  l'armée  navale. 


Officiers  de  santé  ven  chef  ,  pro- 
fesseurs  ,     .     .     .     . 

Officiers    de   santé    de    première 
classe 


Idem  ,  de  seconde  classe.  . 
Idenf  ,  de  troisième  classe, 


1800 

900 
600 
3oo 


36oo 


1800 


600 


600 
400 


1800 

900 
600 
5oo 


36o« 
tSoo 

1209 

6o» 


BÉPARTEMENT    DE    LA   S  E  I  N  E. 

En  exécution,  de  l'aiiêlé  des  consuls,  du  ï8 
veudciuiuiie  an  9  ,  relalif  aux  individus  inscrits 
«ùr  la  liste  des  émigiés  ,  le  préfet  du  dépaticment 
de  la  Seine  ,  ^rrêle  : 

Art.  1*"^.  Il  sera  ouvett  un  registre  au  secrétariat 
de  la  prélecture  ,  pour  recevoir  les  promesses 
de  fidélité  à  la  constitution,  qui  seront  faites  par 
Jès  citoyens  rayés  détiniitvement  de  la  liste  des 
émigrés;  et  un  autre  registre  pour  les  individus 
non  encore  raves ,  et ,  qui  sollicitent  leur  ta- 
cfiàtion.  '   '    '  /     . 

'II.  A  parlir. d'aujourd'hui  7  brumaire  ,  jour  de 
là  promulgation  de  l'ariêié  des  consuls  ,  jusqu'au 
ï?  présent  mois  inclusivement  ,  les  citoyens  rayés 
déftimivement  de  la  liste  des  émigrés  pat  le  conseil 
cxécuiif,  le  comité  de  législation  de  la  conven- 
tion nationale  ,  la  convention  nationale  ,  le  corps- 
lê^isiaiit,  le  directoire  exécutif  et  le  premier 
consul ,  seront  reçus  au  secrétariat  de  la  pré- 
fecture, tous  les  jours  ,  depuis  deux  heures  jus- 
qu'à quatre,  pour  prêter,  f'ans  les  mains  da 
secréiaire-géuéral ,  la  promesse  de  fidélité  à  la 
constitution. 

III  Avant  de  faire  cette  promesse  ,  ils  serotit 
tenus  de  présenter  au  secrétaire-généial  une  expé- 
dition en  forme  de  l'arrêté  qui  prononce  leur 
radiation. 

IV.  Les  cilpyens ,  rayés  provisoirement  par  les 
idministraiidns  locales ,  et  ceux  non  encore  rayés 
qui  sollicitent  leur  radiation,  et  qui  voudront 
se  conformer  aux  dispositions  de  l'article  XVIi  de 
l'arrêté  des  consuls ,  seront  reçus  tous  les  jours 
indistinctement  et  à  la  même  heure. 
j  V,  Les  individus  ci-dessus  désignés ,  signeront 
individuellement  sur  le  registre  qui  leur  sera 
propre  ,  la  promesse  de  fidélité  à  le  constitution  , 
et  il  leur  en  sera  délivré  de  suite  une- expédition 
signée  par  le  secrétaire-général. 
'  VI.  Le  présent  arrêté  sera  imprimé  et  afliché 
dans  toute  l'étendue  du  département  de  la 
Seine. 
'Fait  à  Paris,  le  7  brumaire,  an  9  delà  répu- 
blique française. 

■        Le  préfet  du  département ,  signé  ,  Frochot. 
Par  le  préfet,  le  j«crftaire-g'«'neVai,signé,  Et.  Mejan. 


Ecoles  centrales. 
Suite  -du  discours  dnpréfet  du  département  de  la  Seine. 
>»  Cependant  d  aussi  vastes  entreprises  pourront 
n'être  pas  l'objet  de  votre  inclination  ;  moins-har- 
dis  dans  votre  choix,  peut-être  préférerez-vous 
les  arts  ou  les  métiers  ;  les  métiers  ,  ressource  as- 
«tirée  dans  le  malheur!, les  métiers  ,  autrefois 
avilis ,  maintenant  respetiîés  !  Hé  bien  !  soit  que 
vos  mains  s'exercent  sur  le  marbre  ou  sur  la  pierre, 
soit  qu'elles  façonnent  le  bois  ou  les  métaux  ,  c'est 
le- dessin  qui  doit  toujours  les  guider;  lui  seul 
fera  la  beauté  de  vos  ouvrages  ,  quelle  qu'en 
puisse  être  la  nature.  L  humble  potier  qui  donne 
u'ii  heureux  contour  à  l'argile,  l'emporte  sur  l'ar- 
tisan orgueilleux  qui  dégrade  l'or  ,  en  le  sou- 
mettant à  des    formes   bisarres. 

1)  Vous  nous  rendrez  donc  ces  ortiiemens  ,  ces 
meubles  ,  ces  vases  dont  les  anciens  habitans  de 
là  Grèce  et  de  l'Etrurie  nous  ont  laissé  tant  de 
modèles.  Voire  goût  se  formera  sur  le  leur.  Chez 
eîïx  ,  le  goût  piésidail  à  tout  ,  à  tout  ,  jusqu'à 
leurs  vêlcmens  même  ;  chez  eux  ,  le  manteau 
avait  sa  dignité,  l'agraiffe  son  éc'al,  la  ceinture  sa 
gracç  ,  le  brodequin  ta  souplesse  ,  le  cothurne 
sa  niajeslé. 

>i  En  prononçant  les  noms  de  la  Grèce  et  de 
lEtrurie  ,  j'ai  cru  vous  entendre  répéter  les  noms 
de  Phydias  de  Lysippe  et  d'Appelles.  Est-ce  à 
courir  leur  carrière  que  vous  aspirez  ?  Jeunes 
élevés,,  elle  est  semée  d'obstacles  que  le  vrai  talent 
a  souvent  eu  peine  à  vaincre.  Beaucoup  ambition- 
nent le  prix  ,  bien  peu  l'obtiennent  ;  loin  de  moi 
la  pensée  d'affaiblir  ici  la  noble  émulation  qui 
vous,  anime  ;  mais  je  dois  vous  rappeler  que  la 
médiocrité  est  défendue  au  peintre  comme  au 
poëte  ,  et  que  dans  l'art  de  la  peinture  ,  de  même 
que  dans  la  poésie  ,  qui  n'est  pas  inspiré  .  rampe, 
languit  et  meurt  sans  renommée;  que  si -vous 
êtes  remplis  de  ces  hautes  conceptions  ,  de  cet 
enthousiasme  brûlant  qui  caractérisent  les  grands 
peintres  et  les  grands  statuaires  ,  saisissez  le  pin-: 
teau  ,  armez-vous  du  ciseau  ,  faites  parler  la  toile 
et  palpiter  le  marbre  :  vos  contemporains  et  la 
postérité  vous  associeront  aux  Michel  Ange  ,  aux 

Raphaël,  aux  Corrége Pourquoi  n'ajou- 

teraije  pas  ,  à  tant  d'artistes  français  qui  se  sont 
rendus  célèbres  ;  et  pourquoi,  m'absuendrais-je 
de  nommer  parmi  vos  maîtres,  Goujon  ,  Lesueur, 
Çirardon  ,  Lepoussin  ,  ce  peintre  de  la  raison  et 
de  la  philosophie  ?  Q.noi  !  dans  les  arts  d'imiia- 
li«ri  ,  l'homrac  ii'a-i-u  donc  pu  exceller  seule- 
ment qu'en  Q:èze  ou  qu'en  Italie  ?  Ah  !  recoii- 
naissoiis  la  supénorité  di-s  artistes  de  l'antiquité  , 
mais-honorotis  ceux  auxquels  il- ji'a;maaqué  pour 
les  égaler  ,  que  de  paraître  en  des  cems  plus 
heureux. 

îiCestems  sont  arrivés. La  possession  desmonU- 
mer.s  présentés  à  l'admiration  des  siècles  ne  sera 
pas  sans  doute  infructueuse.  De  nouveaux  cbefs- 
dceuvre  vont  tclore.  Les  français  les  attendent  ; 
Us  sont  dus  à  leur  conquête;  mais  les  faits  des 
laatioat  étatogieres  nous  saront-  ils    toujours  le^ 


!i52 

tracés  ?  N'esl-ce  que  dans  l'antiquité  qiie  toujours 
les  peintre.s  et  le^  statuaires  iront  puiser  des  sujets  ? 
La  beauté  n'a-t-tilé  existé  que  dans  la  patrie 
d  Hélène  ?  N'est-il  mort  de  braves  que  sur  les 
remparts  de  Thebes  et  de  Troye  ?  N  y  a  -l-il  eu 
qu'un  Théraistocle  qui  ait  sauvé  sa  pairie  des  fu- 
reurs d'un  Xsfcès  ?  Qjj'un  Alexandre  qui  ait  con- 
duit une  armée  victorieuse  en  Egypte  ?  Q_u'un 
Anniba!  qui  ait  franchi  les  Alpes  et  porté  la  ter- 
reur jusquau  pied  du  Capiiole  ?  Non  ,  la  France 
offre  des  scènes  aussi  imposantes  ,  des  hommes 
aussi  éionnans  ,  des  vertus  aussi  sublimes.  Artistes, 
représentez-nous  des  objets  chers  à  nos  <  œurs  : 
peignez  les  marches  ,  les  sièges  ,  les  combats ,  le» 
triomphes  de  nos  soldais  :  peignez  nos  généraux 
dans  l'attitude  qu'ils  eurent  au  monieht  oti  ils  com- 
mandèrent la  victoire:  multipliez  les  images  de 
ceux  qui  sont  morts  pour  la  patrie  et  de  ceux  qui 
respirent  encore  pour  elle  :  alors  no»  applaudis- 
semens  encourageront  votre  essor;  alois  nous 
nous  disputerons  vos  ouvrages  ,  et  nous  regrette- 
rons de  n'avoir  pas  assez  de  couronnes  à  vous 
partager. 

M  Ce  que  jç  viens  d'adresser  aux  artistes  ,  je  le 
dis  aux  poètes  ainsi  qu'aux  orateurs.  A  quels 
succès  rapides  ,  à  quelle  solide  gloire  ne  par- 
vienneotrils  pas,  lorsqu'ils  consacrent  leur  verve  et 
leur  éloquence  à  la  patrie  .' 

I)  Homère  chantait  les  héros  vainqueurs  de 
Troye  et  leurs  mille  vaisseaux  ;  et  les  grecs  ,  dans 
leurs  fêtes  ,  répétaient  ses  vers  immortels.  Virgile 
célébrait  Enée ,  et  les  destins  de  Rome  et  de  l'Em- 
pire ;  et  les  romains  se  levaient  devant  lui.  Dé- 
moslhenes  dévoilait  les  projets  d'un  homme  de 
Macédoine  ;  et,  les  a'héniens  armaient  contre  cet 
hoiTime  ambitieux.  Cicéron  foudroyait  les  cons- 
piia'eurs;  et  le  peuple  le   proclamait  père  de  la 

patrie 

II  Mais ,  pour  s'approprier  à  la  fois  l'esprit  et  le 
caractère  de  ces  hommes  incomparables  ,  c'est 
peu  de  les  lire  dans  de  nombreuses  traductions 
dont  les  nuances  différentes  démontrent  assez 
l'insuffisance  ;  il  faut  les  étudier  dans  leurs  lan- 
gues aussi  expressives  qu'harmonieuses;  ces  lan- 
gues que  parlait  la  liberté  long-tems  avant  de 
parler  la  nôtre.  Les  progrès  des  sciences  et  des 
arts  dépendent  de  cette  étu'de  autant  que  ceux 
des  lettres  même.  Elle  est  aussi  nécessaire  aux 
disciples  dHyppocrate  et  d'Arisiole,  d'Euclide  et 
de  Vitruve,  qu'aux  disciples  de  Sophocle  et  de 
Théocrite  ,  de  Térence  et  d  Horace;  Mais  que 
dis-je  !  elle  est  nécessaire  à  tous  les  hommes  , 
parce  que  tous  les  hommes  ont  un  besoin  égal 
des  lettres  ,  et  qu'ils  ne  peuvent  en  éprouver  Tes 
bienfaits,  s'ils  ne  connaissent  les  langues  qu'elles 
ont  le  plus  favorisées.  Et  tjuel  tst  liugrat  qui 
pourrait  dédaigner  les  bienfaits  des'  lettres  !  en 
amusant  l'enfance,  elles  l'édairent  ;  en  occupant 
la  jeunesse  ,  elles  la  préservent  des  pièges  dont 
on  l'environne  ;  en  procurant  d'heureux  délas- 
semens  à  l'âge  inâr  ,  elles  le  rendent  plus  propre 
aux  grands  travaux  ;  en  consolant  la  vieillesse  , 
elles  lui  fonf  oublier  le  terme  fatal  auquel  seules 
elles  survivent.  Qu'on  n'allègue  plus  que  l'étude 
des  langues  savantes  est  hérissée  de  difficultés. 
Duraarsais  a  paru  et  les  a  dissipées.  D  habiles 
professeurs  ont,  adopté  sa  méthode  simple  et 
facile  ,  et  ont  démontré  ,  par  de  nombreux  suc- 
cès ,  la  vérité  de  ses  principes.  Jeunes  élevés  , 
suivez  leurs  leçons  ;  qu'iin  froid  dégoût  ,  né  de 
la  paresse  ,  n'éteigne  pas  votre  ardeur  ,  et  con- 
courez à  donnef  à  la  langue  française  déjà  claire  , 
exacte  et  piécise  ,  l'énergie ,  la  richesse  et  la 
grâce  des  langues  de  Rome   et  d  Athènes. 

Il  Parmi  tant  d'objets ,  importans  proposés  à 
votre  application ,  il  en  est  un  plus  noble  encore 
et  plus  digne  de  1  homme  ,  c'est  l'étude  des  lois. 
Elle  est  pour  vous  un  devoir  de  chaque  jour, 
un  devoir  auguste  et  sac;é.  Les  lois  sont  unies  à 
la  morale,  ou  plutôt  elles  ne  sont  que  la  morale 
elle-même,  mais  active  ,.  mais. agissante  ;  les  lois 
épurent  les  senlimens  ,  perfectionnent  les  af- 
fections ,  rectifient  les  penchans  ,  dirigent  les  ac- 
tions :  les  lois  enseignent  à  I  homme  ce  qu'il  est, 
ce  qu'.il  doit  être,  ce  qu'il  se  doit  à  lui-même  , 
ce  qu  il  doit  à  ses  seriablables.  Que  la  chaire  de 
législation  trouve  donc  en  vous  des  auditeurs  as- 
sidus et  attentifs  à  ses  oracles.  Celui  qui  étudie 
les  lois,  apprend  à  les  aimer;  celui  qui  les  aime 
s'empresse  à  leurobéif;  celui  qui  leur  obéit  est 
vraiment  citoyen.  Soyez  citoyens,  et  vous  aurez 
rempli  le  grand  but  de  l'instruction  nationale. 
Représentez-vous  en  un  seul  trait  l'histoire  des 
peuples  famcuj4ç,ç  q.ui  nous  ont  précédés.  Ils  ont 
régnf  par  les  Idii,  ils  sont  tombés  par  le  mépris 
des  Jois.  Respectez  do.ic  les  lois.  Combattez, 
mourez,  s'il  le  faut,  pour  les  défendre,  et  la 
répu'plique   est  iqamonelie. 

II  Et  vous  ,  dispensateurs  des  tré,«f)rs  de  1  ins- 
truction ,  vous  en  qui  tes  vertus  civiques  ajou- 
tent à  l'éclat  du  .Savoie  ,  je  .n'ai|  pas. besoin  de 
recommander  à  votre  zèle  ces  jeunes  plants  que 
la  patrie  vous  a  chaigés  de  cultiver.  Ils  se  sont 
accrus  et  multipliés  autour  de  vous  :  quelle  preuve 
plus  éclatante  de  vos  soins  ,  et  quel  garant  plus 
sûr  de  ceux  que  vous  allez  prendre  encore  I 
De  nombreux  succès  ont  couronné  vos  pre- 
miers travaux;  des  succès  plus,  grands  sont  at- 
tendus ,  et  c'en  à  l'émulation  de  lef  préparer  : 


seule  elle  donné  à  l'enseignement  et  la  fores 
et  la  vie.  Il  est  tems  que  les  élèves  de  chaque 
gymnase  ,  ne  se  bornant  plus  à  lutter  entre' 
eux  dans  son  enceinte  ,  se  rendent  tous  au 
stade  ,  et  qu'ils  y  combattent  en  présence  de 
nombreux  spectateurs.  Pour  eux  et  pour  les' 
maîtres  ,  la  victoire  en  sera  plus  honorable  ,  et 
les  lécompenses  plus  belles  :  rempli  de  celle 
idée  ,  j  en  ai  désiré  l'exécution  ;  et  ,  fort  de 
l'approbation  d'un  ministre  aussi  éclairé  qite  pa- 
triote ,  j'institue  dè-i  ce  moment  ces  nobles 
jeux  ,  si  propres  à  développer  toutes,  les  res- 
sources de  l'esprit,  et  tous  les  seijtitni.ns  du 
cœur.  Sans  doute,  depuis  long-tems  vous  atten- 
diez avec  impatience  la  renaissance  de  cette 
institution  ;  et  ,  en  votre  nom  ,  je  puis  pro- 
iseiire  au  gouvernement  que  voiis  vo\x^  em- 
presserez de  concourir  avec  moi  à  en  accroître 
fa    pompe   et  la    solemiiité. 

1»  Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  va  voui 
donner  l'ecture  de  l'ariêté  d'organisation  de  cette 
insiitution  ,  revêtu  de  l'approbation  du  ministre 
de  l'inlcrieur.  d  ^ 

Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  lit  l'âr-' 
rêlé   suivant  : 

Considérant ,  en  général  ,  que  l'émulation  elt 
lame  de  l'instruction  ;  qu'excitée  enire  les  pro- 
fesseurs ,  elle  produit  le  peifcctionnement  de» 
moyens,  comme  elle  assure  ,  parmi  les  élev^j  le 
développement  et  l'uiiliié  des  résultats  ; 

Que  le  moyen  le  plus  sûr  de  mettre  en  jeu  ce 
ressort  puissant  ,  et  de  sûtciter  ,  entre  diverses 
écoles ,  une  heureuse  rivalité  ,  par  l'établissement 
d  un  concours  général  ,  où  les  succès  des  élevés , 
attestant  le  mérite  des  piolesseurs  ,  puissent  créer 
pour  le  disciple  ,  une  gloire  insépaiable  de  celle 
du  maître  ;  .'.' 

Considérant  ,  particulièrement,  pour  la'  com- 
mune de  Paris ,  que  seule  ,  entre  toutes  les  com- 
munes de  la  république  ,  elle  réunit  plusieurs 
écoles  centrales ,  et  se  trouve  ainsi  appelée  à  pro- 
filer de  l'avantage  qui  doit  résulter  de  leur  con-' 
'currence  ; 

Qu'il  sera  d'autant  plus  utile  de  faire  revivre 
cette  ancienne  institution  ,  qu'elle  lend  à  diriger 
vers  le  même  but.  les  travaux  des  professeurs  et 
ceux  des  élevés  ; 

'  Qii'un  concours  général,  entre  les  trois  école» 
centrales  ,  en  activité  à  Paris  .  peut  doubler  leurs, 
succès  ,  et  répandre  sur  elles  un  r.ouvel  éclat  ; 

Que  cependant  ,  ce  concours  ne  peut  avoir 
lieu  cette  année  ,(jue  pour  les  parties  d  instruction 
qui  ,  iinifoimes  dans  leur  but  ,  telles  que  le 
dessin  ,  les  langues  anciennes ,  les  maihématiques, 
la  physique  et  les  belles-lettres ,  doivi  nt  produire, 
pour  tous  ,  des  rés-ultats  déterminés,  absoiument 
indépendans  du  mode  d'enstignemeiiÉ  , 

Le  préfet  du  départeinient  de  la  Sciile  arrête  ce 
qui  suit  : 

An.  I".  Indépendamment  du  concours  parti- 
culier ,  établi  dans  chacune  des  écoles  centrales 
de  Paris  ,  il  y  aura  un  concours  général  de  ces 
trois  écoles  ,  entre  les  classes  de  dessin  ,  de  lan- 
gues anciennes,  de  mathématiques  ,  de  physique, 
et  de  belles-lclires. 

II.  Le  sujet  du  concours  de  dessin  sera  ur>e 
imitation,  d'après  la  bosse ,  d'après  nature,  04 
d  après  l'ornement. 

III.  Ceux  des  langues  anciennes  ,  seront  une 
traduction  du  grec  ,  et  une  traduction  du  Ijtin. 

IV.  Celui  des  maihématiques  sera  la  solutibr» 
d'un  problème  ,  précédée  d'un  examen. 

V.  Celui  de  physique  ,  une  démonstration 
théorique  ou  expérimentale  ,  également  précédé» 
d  un  examen. 

VI.  Celui  de  belles-lettres  ,  une  description  , 
un  discours  ou  une  narration. 

VII.  Chacune  des  classes  enverra  huit  élevée 
au  concours   général. 

VIII.  Le  jury  d'instruction  publique,  pour  les 
écoles  centrales  ,  proposera  les  sujets  du  con- 
cours ,  présidera  aux  travaux  des  concurrens ,  et 
sera  leur  juge. 

IX.  L'époque  du  concours  et  la  foi  me  de  la 
disiiibuiion  des  prix,  seront  fixées  par  un  arrête 
particulier. 

Fait  à  Paris ,  le  21  vendémiaire  an  9. 
Signé-,  Frochot. 

JEt.  Meja.m. 
Approuvé  par  le  ministre  de  liniérieur  , 

Signé,  L.  Bonaparte. 
Le  présent  arrêté,  approuvé  par  le  ministre  de 
l'intérieur,  sera  lu  à  l'ouverture  des  écoles  cen- 
trales ,  imprimé  au  nombre  de  400  exemplaires  ^ 
affiché  dans  lérendue  de  Paris  ,  et  principalement 
aux  portes  et  dans  l'intérieur  des  écoles  centrales. 
Fait  à  Paris  ,  Je  1"  brumaire  an  9. 

Signé  ,  Frochot. 
Lt  secrétaire-général  de  la  prejecturi , 

Signé  Et.  MÉjAfS»  ^ 

ERRATA. 

Dans  le  n°  d'hier  ,  8  biuniaire  ,  dernière  ligne 
de  la  seconde  colonne  de  la  page  147.  — Sera-ce 
dans  ceiantique  et  vaste  empire  qui  plusieurs  fois 
a  changé  de  maîtres  ?  lisez  :  qui  plusieurs  fois  3 
changé  de  maîtres  sans  changer  de  lois  ? 


A  Paris  ,  de  1  imprimerie  de  H.  Agasse. 


GAZETTÏmTlONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL: 


N°  40. 


Décadi  ,    i  o   brumaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivùse  le   Moniteur  esc  le  s,u!  journal  oJuUl. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  ks  actes  du  gouvcrnemenr,  les  nouvelles  des   armée«  ,  ainsi    que  k-s  faits  et  1 
l'intérieur  c|ue  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  aiticle  sera  particulièrement  consacré   aux   sciences,  aux  arts  et    aux  découvertes  nouvdles. 


es  notions  tant  sut 


I  N  T   E  R  I   E   U  R. 


Paris  ,  le   9   brumaire. 


U^ 


'n  fait  rapporté  par  le  journal  de  Dijon,  doit 
servir  à  éclairer  les  individus  qui  ne  sèment  pas 
assez  de  quelle  imporiance  il  est  pour  leurs  in- 
térêis  de  recourir  à  la  sanction  de  la  loi  pour  légi- 
timer leur  union,  et  qui  se  croient  aussi  légale- 
ment mariés  qu'autrefois ,  parce  qu'ils  se  sont 
soumis  aux  formalités  particulières  que  leur  pres- 
crit leur  culte  : 

itjeune  encore  ,  une  veuve  décidée  à  épouser 
un  militaire  qui  lui  avait  inspiré  une  vive  pas- 
sion ,  se  contente  rie  demander  à  un  ptêire  la 
bénédiction  nuptiale,  et  ne  reitip'it  du  reste  au- 
cune des  formalités  voulues  par  U  loi.  Ainsi  ma- 
liés ,  t30S  époux  vivent  ensemble  ,  passent  des 
marchés  dans  lesquels  on  établit  la  solidaiité  des 
contractons.  La  femme  devient  enceinte  ;  le  pré- 
tendu mari  qui ,  dans  un  lien  religieux  ,  ne  voit 
aucun  frein  qui  le  retienne,  se  piésente  à  l'ofE- 
cier  public  pour  former  ,  avec  une  auiTe  épouse  , 
un  nœud  plus  légal.  Le  magistrat  ne  peut  lui  re- 
fuser son  mini.Ttere.  Ainsi ,  pour  n'avoir  pas  obéi 
à  la  loi  ,  cette  femme  voit  sa  fortune  ,  et  l'état 
de  son  enfant  compromis,  d 

—  On  écrit  de  Montpellier  ,  que  le  citoyen 
Chrétien  ,  médecin  distingué  de  celle  commune, 
vient  d'employer  avec  le  plus  heureux  succès  la 
teinture  de  kina  en  frictions  dans  le  traitement 
des  fièvres  intermittentes  ,  et  que  ce  praticien  se 
propose  de  publier  incessamment  un  recueil 
d'observations  sur  les  eflFets  des  substan':es  médi- 
camenteuses ,  apT'Iiquées  extérieurement  dans  le 
traitement  des  différentes  maladies  internes. 

—  Le  journal  du  Palais  avait  annoncé  ,  et  sur  sa 
foi  ,  toutes  les  autres  feuilles  publiques  avaient 
répété  que  le  Lycée  de  jurisprudence  était  près  de  se' 
dissoudre.  Une  lettre  de  l'adminisiiaiion  générale 
de   cet  établissement   atteste  ,  au    contraire  ,  que 

'.'    et  lycée  est  en  pleine  activité  ,   que  la  salle  d'as- 
'',     semblée  que  l'administration  fait  construire  ,  est 
-    près  d'être  achevée  ,   et  enfin  que   les  cours    ou- 
vriront le   16  de  ce   mois.  Deux  membres  seule- 
ment ont  quitté  cet  établissement. 

—  On  réduit  à  trois  cents  ,  c'est-à-dire  au  nom- 
bre précis  des  membres  du  corps-législatif  ,  celui 
des  places  qu'ils  doivent  occuper  dans  la  salle 
des  délibérations.  On  dispose  des  tribunes  par- 
ticulières pour  les  membres  des  premières  auto- 
rités de  la  république.  [Journal  des  débats.  ) 

—  Les  administrateurs  du  Monl-de-Piété  nous 
engagent  à  rendre  publique  la   lettre  suivante  : 

Le  préfet  du  département  de  la  Seine  ,  aux  admi- 
nistrateurs du  Mont-de-Piété.  — Paris  ,  ce  3  bru- 
maire ,  an  9. 

Citoyens  ,  il  m'a  été  rendu  compte  que  quel- 
ques actionnaires  de  maisons  de  prêts  sur  nantisse- 
mens  ont  fait  distribuer  dans  Paris  des  mémoires 
imprimés  ,  dans  lesquels  on  affecte  de  révoquer 
en  doute  la  légalité  de  votre  établissement  ,  et  de 
vous  aîtribuerlasupposiiion  d'un  acte  du  con.seil- 
général  du  département  de  la  Seine  ,  portant  , 
que  le  conseil  u  émet  le  vœu  de  la  clôture  des 
s>  maisons  de  prêts  dans  le  département  de  la 
9)  Seine;  que  le  rapport  du  troisième  bureau, 
)»  qu'il  adopte,  sera  inséré  en  entier  dans  le  procès- 
»  verbal  ,  comme  expression  des  nintifs  de  son 
11  vœu  ,  et  qu'extrait  du  procès-verbal  en  sera 
)i  adressé  au  ministre  de  lintérieur.  57 

On  ne  peut  se  dissimuler  que  les  insinuations 
calomnieuses  ,  que  les  auteurs  de  ces  mémoires 
se  sont  permis  de  répandre  ,  n'aient  pour  objet 
de  nuire  essentiellement  au  crédit  d'un  établisse- 
ment national  ,  et  ,  par  suite  ,  aux  intérêts  des 
i.'idigens ,  dont  les  revenus  se  composent,  en 
partie  des  bénéfices  du  Mont-de-Piélé  ,  créé  par 
letlres-pitientes  du  9  décembre  1777  ,  dont  l'exé- 
cution est  remise  en  activité  ,  tant  par  le  décret  de 
la  convention  nationale  ,  du  17  thermidor  an  3  , 
que  par  les  ariêtés  du  directoire  exécutif,  des 
9  floréal  ei  3  prairial  an  5.       . 

D'aprèt  celte  considération  ,  je  crois  devoir 
votu  autoriser  à  taiie  connaître,  en  donnant  à 
cette  lettre  foute  la  publicité  que  vous  jugerei! 
convenable  .  que  1  acte  du  conseil-général ,  du  i3 
therroidot  dernier  ,  dont  Ifs  dispositions  sont 
ci-de»sus  transcrites  ,  fait  rcellerneni  partie  du 
proccs-vcrbal  descs  séances ,  déposé  aux  archives 


de  la  préfecture  ,  et  qu'extrait  en  a  été  envoyé  au 
ministre  d'è  l'intérieur. 

Le  préfet  du  département ,  Signé.,  Fkochot. 

Pour  copie  conforme  , 
Le  secrétaire-grejjîer  de  l'administration  du  Mont- 
de-Piété  ,  Signé  ,  Hi.'^Mw 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 
Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies .,  au  contre- 
amiral  Décris,  à  Paris.  —  Paris  ,  le 4  brumaire 
an  9. 

Je  me  fais  un  plaisir,  citoyen  général ,  de  vous 
anrioncer  qu'en  considération  de  la  glorieuse 
résistance  du  vaisseau  le  Guillaume  Tell ,  le  pre- 
mier consul  a.  par  un  arrêté  du  1"  de  ce  mois  , 
nomtné  capitaine  de  frégate  ,  le  cit.  Donnadieu  , 
premier  lieutenant  de  ce  vaisseau. 

Le  citoyen  Joseph  Debergue  ,  premier  enseigne 
du  même  vaisseau,  a  été  promu  au  grade  de  lieute- 
nant de  vaisseau  ,  et  les  enseignes  non  entretenus , 
Figannieie,  Ganivet ,  Roque ,  Anne  Riche  Elmain  , 
Lagreze  et  Blanc,  ont  été  nommés  enseignes  de 
vaisseau. 

Le  même  arrêté  me  charge  en  outre  de  témoi- 
gner aux  autres  officiers  de  l'état-major  et  à 
l'équipage  du  Guillaume  Tell,  la  sadsfaction  du 
gouvernement  pour  le  zèle  qu'ils  ont  mis  à  vous 
seconder  et  à  soutenir  la  gloire  du  pavillon 
I  national. 

I  Bien  persuadé  du  plaisir  que  vous  aurez  à 
I  annoncer  vous-même  cet  avancement,  je  m'em- 
'  près  e  de  vous  en   donner  connaissance. 

Que  les  braves  qui  se  sont  couverts  de  gloire 
en  combattant  avec  vous,  apprennent  que  le 
gouvernement  veut  régénérer  la  manne  française, 
et  la  rendre  respectable  à  ses  ennemis  ,^quil 
saura  toujours  récompenser  le  courage  ,  qu  il 
tiendra  compte  aux  marins  de  leur  dévouement , 
qu'il  n'a  point  oublié  les  privations  tju'ils  ont 
soulFertes  ,  et  que  ses  soins  tendent  conjtammcnt 
à  les  en  dédommager. 
Je  vous   salue.  Signé  ,  Forfait. 


CONSEIL-  D'  ÉTAT. 

Troisième  résumé  de  la  discussion  qui  a  eu  lieu  au  con- 
seil-d'état, au  sujet  des  moyens  à  employer  pour  la 
formation   des   listes    de  notabihté    ou  éligibilité 
comanin-i\t  ,  prescrites  par  la  constitution. 
Le  conseil-d'élat  ,  en  éliminant  de    la    discus- 
sion ,  dans  sa  séance   du  26,  les   projets    rédigés 
selon  le  système  sectionnaire  ,  comme  présentant 
un  aspect  moins  constitutionnel  que    les   proj^-ts 
communaux  ou  mixtes  ,   s'est  néanmoins  réservé 
d'y  revenir,  si  l'examen    de  ces  dertiiers  y- fesaii 
rencoiatrer  de  g  aves  incotivéniens  ou  de  grandes 
difficultés.  Dans  la  séance  du  12  ,  le  conseil  s'est 
occupé  de  cet  examen;  et  après  la  discussion  des 
deux  projets  mixtes  présentés  ,  l'un  parla  section 
de  l'intérieur,   lautrc  p.ir  le  citoyen  Cretct,  ainsi 
que  d  un  projet  purement  communal  ,  subsidiai- 
remeni  présenté  par  la  section  de  lintérieur  dans 
son  second  résumé  ,   le    conseil  a   estimé  qu'au- 
cun des   trois  projets   ne  pouvait  être  admis. 

Le  projet  -purement  communal  ,  présenté  sous 
le  n°  2,  a  été  écarté  sur  cette  observation  du 
premier  consul  ,  que  le  scrutin  proposé  n'assu- 
rait pas  l'élection  du  dixième  des  citoyens  de  l'ar- 
rondisseineni  ,  exigé  par  la  constitution.  En  effet, 
comme  l'a  dit  le  piemier  consul  ,  si  tous  les  ci- 
toyens de  l'arrondissement  donnaient  unanime- 
ment aux  mêmesindividus  lesvingt-cinq  voix  que 
leuratinbue  l'ariiclelV,  le  scrutin  d'unarrondisse- 
meni  de  douze  mil l,e  citoyens,  qui  doit  produire 
douze  cents  noiables  ,  n'en  donnerait  que  vingt- 
<:inq.  D  un  autre  côié,  si  chaque  votant  nommait 
vingt-cinq  personnes  différentes  ,  (  ce  qui  est  pos- 
siDle  ,  vu  quelc  nombiedes  voians  sera  sûrement 
de  beaucoup  moindre  que  celui  des  citoyens 
ayant  droit  d  élection  et  d'éligibilié  )  ,  aucun 
candidat  n  aurait  plus  d  une  voix  en  sa  faveur. 
Les  deux  projets  mixtes  ont  été  écartés  ,  d'après 
l'obseivaiir  n  qu  ils  retombaient  l'un  et  l'autre  dans 
le  systêmi-  sectionnaire  ,  sans  en  avoir  les  avan- 
tages et  f.ui-iout  la  commodité. 

Le  conseil  s'est  donc  vu  ramené  j  par  la  dis- 
cussion ,  au  s^s  triiv  sectionnair-  qu'il  avait  da- 
bord  éliminé.  Aptes  «n  avoir  de  nouveau  examiné 
les  principes  ,  il  a  ci  u    qu  il  éiuit   moins   difficile 


quilnavaud  abord  paru  de  les  accorder  hvee 
la  coiistttuiion;  après  en  avoir  exairinc  de  non^ 
veau  les  mconvénicns  ,  il  a  eu  possible  de  les 
taire  disparaître  ,  ou  du  moins  de  les  afldblir 
consideiabkment. 

Relativement  à  la  légalité  ou  cnmtituli.mnaliti 
du  scrutin  sectionnaire  .  on  peut  dire  que  le  vϝ 
c^el  article  \  II  de  la  constitution  sera  rempli  par 
des  élections  secnonnaires  .  c'est-à-dire  ,  laitet 
dans  des  sections  de  l'arrondissement,  comme 
par  des  élections  communales,  c'est-à-dire,  faites 
hors  des  sections  sur  des  citoyens  de  tout  l'ar- 
londissemeni.  En  effet,  1,  s  citoyens  de  I  arron- 
dissement ayant  choisi ,  chacun  dans  leur  section, 
le  dixième  qui  a  le  plus  leur  confiance  ,  la  liste 
générale  de  l'arioudissement  qui  sera  formée  de 
ces  listes  particulières,  sera  formée  complètement 
des  personnes  qui  auiom  éié  jugées  les  plus  pro- 
pres a  gérer  ks  affaires  publiques  ,  et  la  constitua 
non  n  en  demande  pas  davantage. 

Daris  ce  sysiême  ,  chaque  seciion  pourra  être 
considérée  comme  corps  électoral  de  toutes  les 
autres  ^  c'est^a-dire  ,  comme  chargée  d'élire  pour 
toutes  les  autres  ses  meilleurs  citovens  ,  comme 
es  autres  seciions  sont  chargées  d'élire  leurs  meil- 
leurs citoyens  pour  elle. 

Dans  tous  les  systèmes  d'élections  établis  soît 
en  Amérique  ,  soit  en  Angleterre,  soit  en  France 
depuis  1789  jusqu'en  \  i^n  8,  nul  n'était  repré- 
sentant de  la  nation ,  nul  n'avait  acquis  ce  carac- 
tère que  par  l'élection  dlune  très-petite  fraction 
de  la  nation.  Le  corps  électoral  de  Dunkcrquc 
reg..rdait  le  corps  électoral  de  Bayonne  comme 
un  corps  chargé  de  ses  pouvoirs  ,  et  vice  versa.    ■ 

Dans  la  constitulion  même  de  l'an  8  .  les  liste» 
départementales  ne  se  foimcnt  que  des  élu» 
nommés  dans  chaque  afiotîdissemcnt  communal 
séparément  d'un  autre  ;  et  les  listes  nationales  ne 
se  forment  que  des  élus  nommés  dans  chaque 
département  isolé  de  tout  autre  département  i 
donc  le  vœu  d'un  arrondissement  est  considéré 
comme  le  vœu  de  tous  ceux  du  même  départe' 
ment  ;  donc  le  vœu  d'un  département  est  regardé 
comme  le  vœu  de  la  nation  toute  èrîiiere. 

Ce  qu'il  y  a  de  déf.-ctueux  dans  ce  systênie 't 
est  réparé  par  l'institution  du  sénat-conservateur^ 
qui  ,  représentant  de  la  nation  entière  ,  choisit 
dans  la  hsle  nationale  les  grands  fonctionnaireà 
de  l'état. 

Quant    à    l'uiilité   du     système,   sectionnaire  <  r 
elle    est   devenue  très-sensible    par    l'analyse    de 
tous  les   autres   systèmes   et  leur  comparaison. 
_  D'abord    il    se    prête     seul    à    des    opéraiions 
simples,  faciles  ,  et  propres    à  donner  des  résul- 
tats certains. 

5econdernent ,  il  donne  à  toutes  les  petite» 
municipalités  (et  elles  forment  la  grande  masse 
de  la  nation  j  l'avantage  d'avoir  quelques-uns 
de  leurs  habi'aiis  revêtus  du  caractère  de  notables^ 
avantage  qui  constitue  une  sorte  d  honneur  mu- 
ncipal,  qui  offre  de  plus  à  chaijue  individu  < 
dans  ses  alï;iires  de  famille  un  conseil  ,  dans 
ses  relations  au  dehors  un  répondant  ,  un  pro- 
tecteur ,  enfin  ,  qui  .offre  à  la  jeunesse  l'exemple 
du  rnérite--récompensé  et  au  gouv  crneroent  deS 
conservateurs  de  l'ordre  et  de  mceu,rs. 

Troisi.etrietrient,  la  nature  des  choses  ayant 
exigé  l'insliiution  d'adminisiiaiions  municipaleSj 
ces  fonctions  pourront  être  réservées  à  des  no-- 
tables  Communaux,  avantage  qui  n'avait  pu  se* 
concilier  avec  les  élections  communales  ,  pifce 
qu'elles  n'auraient  pas  toujours  fourni  un  no't'abfè' 
par  municipalité.        ,  '  .    .;      ■.> 

EtiHn  l'inconvénient  principal  que  l'on  A  prê'i 
sente  comme  une  objection  décisive  controMe 
système  sectionnaire  ,  celui  de  condamner  lei 
sections  de  cent  citoyens  qui  se  trouveraient 
très-riches  en  hommes  disiingués  ,  à  en  laisse? 
p!usie'..rs  hors  de  la  notabilité,  ne  pouvant  erii 
nommer  plus  de  dix;  cet  inconvénient  sera  en^^ 
tléremcnt  éCarié,  si  l'on  ordonne  simplemcuâ 
que  dans  les  communes  oih  se  trouveront  p  iii 
de  cinq  cents  citoyens  ayant  droit  de  voter  j 
les  divisions  éicciorales  ne  pourront  en  coi'n- 
prendie  moins  de  cinq  cents  :  par  ce  nïoyerf 
chaque  votant  aura  cinquante  notables  à  nomirt.  j,' 
au  lieu  de  dix  seulement,  et  poutra  les  prendre 
sur  cinq  cents  citoyens,  au  lieu  dêire  uorne  * 
les  preiidie  sur  cent;  et  ainsi  ,  sll  se  tiouvtfi 
une  centaine  tjui  leiiletme  ciuquante  bomnicsi. 
dignes  d  être  diMiiigués,  ils.  pourront  êire  uammésy 
au  heu  qu'en  (esaiit  exactement  toutes  les  élec- 
lions  pat  centurie,    celle   qui  aurait  posié'dé' k* 


claquante  hommes  d'éliiê,  n'en  pouvant  nommer 
t]ue  dix,  en  aurait  eu  quarante  de  trop,  les- 
quels auraient  éié  perdus  ,  et  les  quatre  autres 
sections  auraient  nommé  à  leur  place  chacune 
dix  hommes  notoirement  inférieurs. 

Plusieurs  personnes  ont  pensé,  dans  la  dernière 
séance  ,  que  la  loi ,  en  établissant  les  élections  sec- 
lionnaires,  pourrait  éiablir  aussi  dcs  réjëciions 
seclionnaires  ,  pour  l'exécution  de  l'art.  XI  de  la 
constituiion  qui  autorise  les  citoyens  à  retirer  tous 
les  trois  ans ,  de  la  liste  des  inscrits,  ceux  qu'ils  ne 
jugent  pas  à  propos  d'y  maintenir;  et  l'on  a  espéré 
de  sauver  ainsi  la  disparité  qui  se  trouverait 
entre  le  petit  nombre  des  suffrages  qui  auraient 
concouru  à  une  élection  ,  avec  le  grand  nombre 
de  ceux  qui  paraissent  nécessaires  ,  en  vertu  de 
Tafticle  Xil ,  pour  la  révocation. 

Mais  plusieurs  membres  du  conseil  ,  et  la  sec- 
tion de  l'intérieur  toute  entière  ,  ont  pensé  que 
l'article  XIl  de  la  constitution  était  absolumerit 
inconciliable  avec  l'idée  de  réjëciions  sectionnai- 
res.  L'article  XII  est  ainsi  conçu  :  n  Nul  n  est 
retiré  d  une  liste  que  par  les  votes  de  la  majo- 
»  rite  absolue  des  citoyens  ayant  droit  de  coopérer 
3)  à  sa  formation,  n 

.  Ge  que  la  constitution  appelle  une  liste  ,  est 
ou  la  liste  nationale  ,  ou  la  liste  départementale , 
ou  la  liste  ds  fnrrondisseinent  communal;  elle  ne 
connaît  pas  de  liste  au-dessous  de  cette  dermicre  : 
ainsi,  d'abord  il  ne  peut  être  quesuon  de  rejeter 
d'une  liste  élémentaire  ,  d'une  liste  sectionnaire 
ou/rac<!onnfli>e  d'arrondissement:  en  second  lieu. 
la  consiilulion  exigeant  les  votes  de  la  majorité 
absolue  des  citoyens  ayant  droit  de  coopérer 
à  la  formation  de  la  liste  de  l'arrondissement, 
il  n'est  pas  possible  de  se  contenter  ,  pour  la 
réjection  ,  d'une  majorité  quelconque  de  citoyens 
ayant  droit  de  voter  dans  une  section  ou  fraction 
de  l'arrondissement. 

Au  fond  ,  ce  serait  uo  très-grand  mal  que  les 
citoyens  élevés  au  rang"  de  notables  ,  n'eussent 
pas  une  grande  sécurité  sur  la  possession  de 
cette  honorable  distinction.  Si  un  fonction- 
naire pouvait  êire  destitué  par  sa  section  ,  il 
serait  toujours  dans  l'aitetnative  ou  de  la  mé- 
nager au  préjudice  des  autres  ,  ou  de  se  résigner  a 
^on  ressentiment. 

D'ailleurs ,  quel  inconvénient  à  ce  qu'un 
citoyen  élu  notable  ne  puisse  être  dégradé  sans 
un  grand  concours  de  suffrages?  De  deux  choses 
l'une  :-  ou  il  aura  été  appelé  à  des  fonctions 
publiques  ,  ou  il  sera  resté  simple  citoyen.  S  il 
a  été  appelé  à  des  fonctions  ,  et  qu'il  ait  pié- 
variqué ,  son  élévation  même  l'aura  fait  assez 
remarquer  pour  que  la  majorité  de  l'arrondis- 
sement s'accorde  à  le  retirer  de  la  liste  :  s'il  est 
lesté  simple  citoyen  .  il  ne  peut  avoir  démérité 
que  par  un  crime  privé;  en  ce  cas,  la  loi  le 
punit,  le  dégrade,  le  prive  de  son  titre  de  citoyen, 
et ,  par  cela  même ,  le  fait  descendre  de  la 
tootabiliié. 

Enfin  la  section  répète  qu'il  doit  être  plus  fa- 
cile d'honorer  un  clioyen  que  de  le  déshoiiorer  ; 
et  que  rien  n'offense  la  raison  dans  le  principe 
qui  fait  élever  un  citoyen  obscur  à  la  notabilité 


i54 

PRÉFECTURE    DE    POLlGE. 

taris  ,  le  8  brumaire  an  9. 

Le  préfet  de  police  prévient  ses  concitoyens  , 
pot»r  lès  mettre  à  même  de  reconnaître  plus  faci- 
lement et  plus  proinptement,  en  cas  de  besoin  ,  les 
préposés  au  niesurage  et  recensement  des  bois  et 
charbons,  qu'ils  porteront,  à  dater  du  II  du 
courant  ,  une  canne  de  deux  mètres  de  longueur, 
et  seront  vêtus  d'un  habit  bleu  national  ,  collet 
rouge  et  veste  de  la  même  couleur,  avec  des 
boutons  de  métal  blancs  ,  ayant  pour  légende  : 
bois  et  charbons. 

Il  les  prévient  en  outre  qu'ils  ont  le  droit  d'exi- 
ger que  le  mesurage  du  bois  soit  fait  dans  des 
doubles  stères.  Les  plaintes  fondées  à  porter , 
tant  conire  les  marchands  que  contre  les  préposés  , 
doivent  être  adressées  au  contrôleur  général  en 
son  bureau  à  risle-Lou\(ier.  qui  en  rendra  compte 
au. préfet.  Le  préfet ,  iigne  ,  Dubois. 

Pour  copie  conforme  , 

Le  secrétaire-génériil  adjoint ,  sigrié ,  Bauve. 


NotJS  avons  annoncé  dans  notre  feuille  du  9 
vendémiaire ,  que  le  tribunal  de  police  correc- 
lionnelle  allait  être  saisi   d'une    escroquerie  d'un 


secohiie  queHÏon  ,  le  commissaire  a  développé 
les  moyens  propres  à  démontrer  que  si  Barbaut 
était  fou  ,  c'était  au  moins  un  /ou  trù-raisannable, 
puisqu'il  était  parvenu  à  vendre  t3o,ooo  Ir.  une 
véritable  chimère  ;  il  a  conclu  contre  Barbaui  à 
un  eraprisoiuiement  de  deux  ans  et  à  une  amende 
de  20,00  fr.  en  réservant  aux  parties  plaignantes 
la  répétition  civile  de  leurs  droits. 

Le  citoyen  Boutroue  ,  parlant  pour  le  plaignant, 
à  appuyé  les  conclusions  du  commissaire  du 
gouvernement  ,  il  a  cherché  à  prouver  que  l'in- 
lention  bien  évidente  de  Barbaut  avait  été  de 
profiter  de  la  crédulité  du  cit.  Heycr  pour  lui 
escroquer  une  somme  considérable,  qu'il  y  avait 
réussi  en  lui  vendant  une  chose  qu'il  savait  n  être 
qu'une  chimère,  qii'ainsi  c'était  un  Iripon. 

Le  cit.  Chauveau-Lagarde  ,  défenseur  du  pré- 
venu, à  discuté  les  reproches  faits  à  son  client; 
il  s'est  priiicipalement  attaché  à  démontrer  que 
les  caractères  consdiutifs  du  dol  ,  ne  se  trouvaient 
point  réunis  dans  la  cause  qu'il  défendait.  Rien 
ne  prouve  ,  a-t-il  dit ,  que  Barbaut  ait  employé 
la  ruse  pour  tromper  le  cit.  Heyer  ,  tout  prouve 
au  contraire,  que  la  conviction  dont  était  pénétré 
Barbaut  pour  l'excellence  de  son  procédé  ,  a 
passé  dans  l'ame  du  cit.  Heyer,  et  que  c'est  cetife 
conviction  seule  qui  a  tout  fait.  Barbaut ,  a  ajouté 
le  citoyen  Chauveau-Lagarde ,  n'est  pas  le  premieir 


„,  H-  ■■       •         ■•   '  qui  ait  prétendu  fixer  les  chances  incertaines  du 

genre  nouveau.  C  est   sur   celte   affaire ,  jusqu  a  ,1^,^,^.^         ^e   soit  une  chimère  qu'il  caresse  , 
présent  sans  exemple  dans  les  annales   de  la  ju-  |  ^.^^^  ^^  ^^^  j^  ^^jj.  j^j^^  ,g,„.  rfe  croire  ,  mais  je 


risprudence  ,  que  vient  d  intervenir  un  jugement 
dans  lequel  il  a  fallu  toute  la  sagacité  des  juges 
pour  ne  point  dépasser  les  bornes  d'une  justice 
vraiment  dirtributivc.   Avant   de    faire  connaître 


n  en  suis    pas    moins    convaincu  ,   qu'il    est  de 
bonne-foi,  et  qu'il  croit  avoir  vendu  une  chose 
réelle  au  cit.  Heyer  ,  qui  ,  de  son  côté  ,  ne  doutait 
,    ,       .,         ,  I,  j        1  pas  alors  qu'il   ne  fît  un  excellent  marché.    Au 

le  prononce  du  inburial,  nous  allons  entrer  dans  |  ^^,,  ,„  g!*,.;!  jj,  £,„  .etminaut ,  je  Suis  d'avis  que 
quelques  détails  sur  les  laits  qui  ont  donne  lieu  ;ies  actes,  objets  du  procès  Sont  nuls,  puisque 
à   cette  procédure.  ^    ^  |  gj^b^m  ^'^  (ourni   aucune  valeur   réelle  ,   mais 

Heyer,  possesseur  d'une  fortune  considérable,  cette  affaire  devient  alors  du  ressort  des  tribunaux 
fa't  la  connaissance  de  Barbaut,  par  l'entieinise  civils  ,  devant  lesquels  je  suis  convaincu  ,  qu  au,- 
du  général  Polian.  Celui-ci  entendant  parler  j  can  défenseur  honnêie  n'en  soutiendra  la  validité, 
chez  Heyer   de  jeux  et   de  loterie  ,  dit  qu'il  avait 


connu  autrefois  un  particulier  qui  disait  avoir 
un  secret  infaillible  pour  gagner  au  trente  Éi 
quarante.  Heyer,  séduit  par  l'appât  d'un  bénéfice 
iiumense,va  chez  Barbaut  (inventeur  du  prétendu 
secret)  qu'il  trouva  dans  la  misère  la  plus  af- 
freuse ,  l'attira  chez  lui  après  lui  avoir  donné  une 
cinquantaine  de  louis  pour  le  mettre  en  état  de 
paraître  dans  I?  société.  Heyer  demanda  alors  à 
Barbaut   dés  explications  sur  le   secret  qu'on  lui 


Le  citoyen  Dommangei ,  second  conseil  du 
citoyen  Heyer ,  a  profilé  de  l'aveu  fait  par  le 
citoyen  Ghaveau-Lagarde  pour  demander  à  Bar- 
baut s'il  consentait  à  ce  que  les  différens  actes 
passés  entre  lui  et  Heyer  fussent  déclarés  nuls. 
Si  vous  y  consentez  ,  a-t-il  dit  ,  à  l'instant  même 
le  citoyen  Heyer  se  désiste  de  sa  plainte. 

Barbaut  a  fait  une  réponse  évasive. 

Le  citoyen  Chauveau-Lagarde  à  pris  la  parole. 


moins  surprendre.  Il  avoue  avoir  vendu  au  citoyen 
Heye.'  ,  non  pas  le  secret  infaillible   de  toujours 

^„.  — , --   -      ,  .  gagner  aujeu,   mais  le  meilleur  moyen  possible 

par  le  petit  nombre  de  suffrages  que  son  obscu-  j^  jougr  ^^^.^  uj,e  espèce  de  certitude;  moyen 
rite  lui  permet  de  recueilhr ,  et  qui  en  exige  un  .^  ^^^  ~^^^  ^^  résultat  de  vingt  années  d'obser- 
très-grand     nombre   pour   le    faire  déchoir  d  un     ^^ij^^j  g,  jg  calculs.  Et   la  preuve  ,   ajoute-t-il 


avait  dit  qu'il  possédait.  Barbaut  les  lui  donna  :  '  et  a  prouvé  qu'une  pareille  transaction  ne  sau- 
il  fait  en  sa  présence  plusieurs  expériences  ,  qui  i  j^jj  avoir  lieu  dans  le  sanctuaire  de  la  justice  ; 
toutes  réussissent,  le  mené  dans  diftérenies  mai-  ;  que  ce  serait  involontairement  faire  tomber 
tons  de  jeux  où  il  gagna  constamment ,  et  il  finit  i  1  accusé  dans  un  piège;  mais  que  si  Barbaiit 
par  vendre  son  prétendu  secret  au  crédule  !  était  acquiité  ,  si  le  tribunal  ne  reconnaissait 
Heyer.  _  I  point  un   délit ,  s'il  ne  voyait   que  des  actes  dt» 

Les  débats  auxquels  a  donné  lieu  cette  affaire  .  ressort'  des  tribunaux  civils  ,  prdbablement  Bar- 
off'rent  les  circonstances  les  pluS  extraordinaires,  baut  satisferait  le  demalideur  en  se  désistant  de 
Si,  d'un  côté  ,  l'on  est  étonné  de  lextrême  crédu-  I  de  ses  diùilS.  Il  a  faik  observer  en  outre  que 
lité  ,  pour  ne  pas  dire  plus,  du  citoyen  Htytr ,  cette  obstination  antérieurement  manifestée  pir 
qui  consent  à  payer  i35,ooo  fr. ,  le  secreiinlaidible  i  l'accusé  à  s'oppoâér  à  tout  accommodement, 
de  faite  des  dupes  ;  de  l'autre  côté,  l'assurance  [était  une  preuve  irrécusable  de  son  énthousiasm* 
constamment  soutenue  de  B.irbaut  ne   doit  pas    et  de  sa  conviction  qu  il   avait  vendu  nue  chose 


d'une  valeur  réelle. 

Après  avoir  entendu  lesiépliques  de»  différens 
défenseurs ,  le  tribunal  a  prononcé  le  jugement 
que  nous  allons  rapporter. 

Ce  jugement    est  précédé    de  longs  considé- 


^•iJ  I  rans  dans  lesquels  il  est   établi   que  le  prévenu- 


ratio  qui,   rayant  présente  a   tous   tes  regaras,   a  ,  ^^  ^j^    .^^^  jj  53^3,;,  parfaitement  ce  qu'il    ""^  °^^'  lesquels  u  cm    ei^uw   que  ic  p.cvcriu- 

liiis,  toute  la  contrée  en  état   de  prononcer   sut  ^^^^^^^;        '•    ^.^j       ;„j  ^^^^hé  à  le  tromper,    ne  s  est  point-rendu    coupable    d;e   dol,  ou   du 

'  c'est  que  j'ai  répéié  devant  lui  mes  expériences  ^°'"^  9"=  ""^  imputation  est  affaiblie  parlem- 
autanf  de  fois  qu'il  l'a  désiré  ;  c'est  que ,  lors-  pressentent  dn  citoyen  Heyer  pla.gnarit  ,  a  ae- 
quil  a  joué  d'après  mes  procédés  ,  il  a  gagné  qu*"'  '^  prétendu  secret  de  gagner  au  jeu.  Mais 
des  sommes  immenses.  Ce  n'est  pas  ma  fauTe  s'H  '^  'o-  «e  déterminant  pas  le  dol  comme  1  unique 
n'a  pas  toujours  suivi  mes  instructions,  ou  s'il  a  caractère  de  1  escroquerie  ,  vu  quelle  prévoit 
fini  par  les  oublier  entiéremem.  également   les  espérances  ou  les  «raimes  chimc- 

*^    .  ,,.  ,         ,       .  .  ,  ,  I  rfques  ,  et   que   rien    n  est  plus  chimérique  que 

Le  citoyen  Heyer  et  les  témoins  qui  ont  cte  |  ('espoir  de  fixer  les  chances  incertaines  du  hasard; 
entendus,  sont  tous  convenus  que  les  experien-  g*^  malgré  la  persuasion  même  où  Barbaut 
ces  faites  particulièrement  par  Barbaut  avaient  en  •  .      t.  ^       ...  ... 


ses  mœurs  et  ses  talens 

La  section  de  l'intérieur  estime  donc  que  l'ar- 
ticle XII  de  la  constitution  doit  être  littérale- 
ment exécuté  ,  et  que  son  exécutiqn  peut  très- 
bien  saccorder  avec  le  système  sect^ontiaire 
■dont  elle  va  présenter  les  principales  conditions. 

Arlicles  proposés  tn  conséquence  de  la  discussion  du 
s  brumaire. 

Art.  1''.  Dans  toutes  les  municipalités  où  le 
nombre  des  citoyens  ayant  droit  de  voter  n'at- 
teindra pas  cinq  cents  ,  ils  voteront  partenturie  ; 
et  les  centuries  seront  formées'  sOit  par  la  réu- 
nion de  plusieurs,  municipalités  ensemble  ,  soit 
par  leur  division. 

IL  Dans  celles  où  le  nombre  des  citoyens 
ayant  dtoit  de'  voter  sera  de  cinq  cents  et  au- 
dessus  ,  ii»  voteront  pat  sections  de  cinq  cen- 
turies. 

ni.  Chaque  centurie  volant  séparément  ,  élira 
dix  de  ses  ciioyens  ayant  droit  de  voter. 

IV.  Chaque  section  de  cinq  centuries  élira'  cin- 
quante membres  sur  toute  l'éiendue  de  la  section. 

V.  Le  scrutateur  de  chaque  centurie  ou  sec- 
tion fera  passer  la  liste  de  ses  notables  au  sous- 
préfet  ,  qui  composera  .  par  la  réunion  de  leurs 
ïioms  ,  la  liste  des  notables  de  l'arrondissement. 

VI.  Les  maires  et  adjoints  et  commissaires  de 
police  seront  pris  sur  la  liste  de  l'arrondissement 
communal. 

VII.  Nul  n'«sl  retiré  d'une  liste  d'arroiidisse- 
ment  communal  que  par  les  votes  de  la  ma- 
joriié  absolue   des  citoyens   de  l'arrondissenjent 


le  plus  heureux  succès  ;  mais  qu'il  n'en  avait  pas 
été  de  même  lorsqu'il  s'est  agi  de  mettre  ses  pro- 
cédés à  exécution  dans  des  maisons  de  jeux. 
Heyer  se  plaignant  un  jour  à  Barbaut  de  ce  que 
son  infaillible  lui  avait  déjà  fait  perdre  plus  de 
4ï,ocb  fr.  Celui-ci  lui  répondit  que  cela  ne  l'é- 
lonnait  point,  parce  qu'il  s'obstinait  à  jouer  les 
jours  que  Sa/omo»  avait  désignés  pour  être  malheu- 
ireux.  Hever  a  ajouté  qu'avant  de  lui  vendre  son 
secret  ,  Barbaut  lui  ayait  demandé  s'il  croyait  à 
la  Sainte-Trinité  ,  et  que  c'est  sur  sa  réponse  af- 
firmative qu'il  consentit  à  le  rendre  possesseur 
d'un  si  rare  trésor.  —  Ces  faits  on  été  niés  par 
Barbaut. 

Les  débats  terminéi,  le  tribunal  a  entendu  le  cil. 
RouUois  ,  commissaire  diu  gouvernement  ,  qui  a 
résumé  d'une  manière  claire  et  succinte  les  faits 
de  la  procédure.  A  la  présentation  de  la  plainte  , 
a-t-il  dit  ,  on  s'est  demandé  quel  était  le  plus 
fripon  de  celui  qui  avait  vendu  ,  on  de  celui  qui 
avait  acheté  ,  parce  qu'on  présumait  que  ce  secret 
infaillible  consistait  cians  quelque  subterfuge, 
dans  quelques  signaux  ,  dans  quelques  coimi- 
vances  ;  mais  dejiui»  les  débats  ,  on  a  vu  qu'il 
s'agit   simplement  de  calculs,   de  combinaisons  , 


communal ,   ayant   droit  de    coopérer  à  sa  for-  jet    on  s'est    dit  :  lun  est  un    fou,    et   l'autre    un 
œatioD,  '  imbécile.    Après  s'être  dispensé  de   pipuvei   la 


pouvait  être  de  î'efEcacîté  dé  sa  combinaison  , 
la  justice  ne  doit  point  admettre  un  pareil 
secret  comme  valeur  équivalente  de  biens-îonqji 
ou  de  sommes  métalliques  ;  que  s'approprier  dés 
valeurs  réelles  au  moyen  de  Sj^éculations  aussi 
imaginaires  ,  c  est  se  rendre  coupable  d'es- 
croquerie. 

Le  tribunal  a  cependant  cru  que  cette  escro- 
querie ,  caractérisée  par  la  loi,  était  atténuée  par 
la  confiance  que  Barbaut  pouvait  avoir  dans  son 
Secret,  et  d'ailleurs  par  les  épreuves  avantageuse» 
qui  en  avaient  été  faites  par  le  plaignant ,  et  qui 
lavaient  déterminé  â  en  faire  l'acquisition. 

Il  n'a  pas  regardé  comme  exemple  de  blâme  la 
conduite   de   ce   dernier',   qui  ,  au   moyen  d'uii 

Erocédé  sûr,  prétendait  lui-même  escroquer  les 
inques  de  jeu  et  se  meure  à  l'abri  de  l'incons- 
tance du  sort. 

En  conséquence  ,  le  tribunal  voulant  être  juste 
envers  fous  et  satisfaire  la  morale  publique  ,  A 
condamné  Barbaut  en  3oo  fr.  d'amende  et  dii 
jouis  de  prison  ;  annuUé  les  actes  et  les  diverses 
obligaiions  souscrites  à  son  profit  par  Heyer;  ex 
en  ce  qui  regarde  la  somme  de  gooo  fr.  humé» 
;  raire  ,  reçue  par  Barbaut,  et  celle  de  Sooo  franc» 
payée  pour  les  frais  des  deux  acies  qui  viennent 
:  d'être  auauUés;  aiteada  les  motifs  précédemment 


énoncés  à  l'égird  du  cit.  Heyer ,  met  les  parties 
hors  de  cause  ,  compense  les  trais  de  l'insiiuction 

i'usqu  a  l'expédition  du  présent  jugement  exclusi- 
'êmèht ,  qui,  avec  les  frais  que  son  exécution 
)t)urrait  entraîner  ,  restent  à  la  charge  de  ijarbaui 
iitisi  que  l'impression  et  laffiche  du  présent  juge- 
ment au  nombre  de  5oo  exemplaires  ;  invitant  le 
£il.  Heyer  à  faire  à  la  caisse  des  hospices  civils 
de  la  commune  de  Paris  ,  sUr  ia  somme  de  4(ioo  fr. 

Eortée  au  billet  à  ordre  annuité,  tel  don  que  son 
umanité  lui  suggérera.  B 


Banq,ue    de    France. 

Les  actionnaires  de  la  banque  de  France  ,  sont 
prévenus  que  le  dividende  qui  vient  d'êirc  fixé  , 
aéra  payé  à  bureau  ouvert ,  depuis  dix  heures 
du  matin  jusqu'à  une  heure  aptès-midi  ,  et  sur 
l'émargement  de  cliacunes  des  parties  prenantes. 
Ceux  des  actionnaires  qui  ne  pourront  pas  venir 
eux-mêmes  ,  sont  inviiés  à  envoyer  quelqu'un 
muni  d'une  procuration  spéciale  pour  cet  objet , 
laquelle  restera  déposée  à  la  banque. 

Ils  sont  également  invités  à  rapporter  ,  soit  par 
eux-mêmes  ,  soit   par   leurs   procureurs  fondes  , 
lètirs   quittances  d'à-c:omptes  d'actions,  pour  être 
échangées  contre   linscription   de  propriété. 
Li  directeur-général  ,  Garât. 


T   H    E   A   T    R 


FRANÇAIS. 


Talma  a  réparu,  hier,  dans  le  rôle  d'Oresie 
^4-ndrgmaque.  Un  S]iectaieu[  très-nombreux  l'a 
accueilli  avec  un  véritable  enthousiasme.  Dans 
le  cot4rs  du  rôle  difiicile  qu'il  remplissait  ,  il  a 
souvent  excité  de  nouveaux  apphiudisseraens. 
Ses  propres  rivaux  excitaient  eux-inêmis  les  ac- 
claniations  du  public.  Cependant  il  étau  loin  de 
remplir  ebcore  la  haute  idée  que  souvent  nous 
nous  sorarties  plu  à  donner  de  sotl  rdte  talent  : 
sa  déclamation  était  uniforme  et  traîrlante  ,  sans 
but  évident  et  sans  nécessité  réelle  i  il  pes  it 
avec  aiFtcialiou  sur  ces  j)asiages  qu'un  débit  plus 
simple  ,  plus  rapide  ,  et  sur-tout  plus  varié  ,  tût 
fait  ressortir  davantage. 

Mais  au  quatrième  ,  et  Suf-toiil  au  cinquième 
acte  ,  il  a  retrouvé  cette  énergie  éxT;raordinaire  , 
ce  jeu  profond  ,  cette  phistoriomiè  terrible  ,  ce 
frémissement  comrnunicàlif,  Cettedouleur  muette, 
ce  calme  effrayant  ,  cet  anéantissement  abbolu  , 
celte  stupeur  à  laquelle  l'expression  manque  et 
qui  laisse  à  peine  à  Oreste  le  moyen  de  proférer 
ces  mots  : 

Quoi  !  ne  ai*avez-vons  pas 
Vous-même  »  ici ,  tantôt,  ordonné  son  trépas? 

Enfin  ,  et  sur-tout ,  ce  ris  sinistre  qui  accompagne 
CCS  vers  si  beaux'en  eux-mêmes ,  et  si  admirables 
dans  la  situation  d  Oreste  : 


i35 

de  louchans  et  inutiles  efforts  poitr  rappeler 
Elcocle  à  des  sehtimens  plus  hu.-nains  et  plus 
justes. 

Acte  second.  —  Polynice  introduit  secrettement 
dans  Tliébcs,  revoit  enfin  sa  patrie  conire  la- 
quelle il  est  obligé  de  combattre,  embrasse 
Jocaste  ,  Antigone ,  et  à  leurs  prières  consent 
à  fjire  demander   une   entrevue  à  Etéocle. 

Acte  troisième.  — Entrevue  dvs  deux  frer«  î 
scène  raagnitiinie  où  leur  haine  mutuelle  et  leurs 
catacierts  différens  offrent  les  déveloupcracns 
les  plus  vrais  et  les  plus  énergiques.  lis  se  sé- 
parent   pour  livrer    une  bataille    générale. 

Acte  quatrième.  —  Hemon  vient  apprendre  à 
Jocasic  et  à  Aniigone  que  la  foudre  a  (Vappé 
Capauée  et  Euspe!'du  la  bataille  ;  qn  Eiéocle  a 
envoyé  un  hérauh  a  son  frère  prur  lui  dernander 
un  entretien.  Eiéocle  vient  lui-mêrne  conhaner 
cette  nouvelle  ,  eijocaste  et  Aniigone  croient  les 
deux  frères  téconciliss  ;  quelle  est  leur  suprise 
quand  ils  entendent  Eiébcli.-  proposer  le  combat 
singulier  à  Polynice  !  Poiynfce  la  cepie  en  fré- 
missant ,  mais  sous  la  coudiiion  (ju  Eieocle  rendra 
à  leur  père  Œdipe  ,  la  libellé  q:i  iK  lui  ont  autre- 
fois ravie  d  un  commun  accoid.  Eiéocle  y  con- 
sent. Le  vieil  CEdipe  paraît,  et  ijans  une  scme 
déchirante  nidudit  ses  deux  fils  ingrats  qui  mar- 
chent au  comb.it  sous  ces  épouvantables  auspices. 

Acte  cinr^uieme.  —  Aniigone  parvient  à  intéresser 
Œdipe  pOur  ics  deux-fi's  ,  pour  Polynice  suriouî. 
Il  forme  des>ceux  pourleursjours,  quandjocasie 
vient  lui  apprendre  quEieocle  tst  blessé  moriel- 
lemeni  par  Polynice.   Celui-ci   paraît   bientôt  en 


cherchant   à   se  réconcilier  avec   son  f:tre  expi-  ,  cite  pour  les  applaudir: 
rani  ;  mais  au  moment  où  il  veut  le  presser  dans 
ses  bras  .  Etéocle   ranimant  ses  toi  ces  ,  le  perce 
d  un  poigiiàid  ,  et   meurt    après  lui  ,  satisfait  de 
régner  encore.  -, 

L  auteur  voitlant  éviter  de  faire  un  récit  de 
combat  après  celui  de  Racine  ,  qui  est  en  erfet 
toit  beau,  he  pouvait  imaginer  un  dénouement 
plus  heureux  ,  ei  je  nèsais  pas  comment  on  aurait 
pu  se  tirer  inieuxd'un  pas  plus  d  fficile. 

Malheureusement  ,  le  sujet  à  un  défaut  que  le 
talent  d'aucun  auteur  ne  pourrait  pallier  eniiére- 
ment.  La  terreur  y  est  sur  le  devant  du  tableau, 
la  pitié  et  lintérêt  ne  s'y  voient  que  sur  le  second 
plan.  On  s'intéresse  à  Œdip'e,  àjocasie.  On  aime  J 
et  on  respecte  AntigOnc.   Mais  la  h.iine  ,   l'ingra-  ;  l 


Et  htigiiei  <n  treiiiblant  la  faveur  d'un  coup-d'œil  ? 
Voila   ce  qu'un   rival   à    in'cntcvcr  aspire  ; 
l'iutôt  inouni-  cent  fois  que  de  quitter  l'empite. 
Me  sicrait-il  ,    instruit  dans  fart  de  gouverner , 
De  recevoir  des  lois  où  l'on  m* en  vit  donner  P 
11  entre  ;  son  aspect  re^oubjc  cacor  ma  rage. 

Une  énergie  d'un  autre  genre  se  fait  remar- 
quer dans  la  scène  d'Œdipe,  au  4'  acte.  Un  litté- 
rateur distingué  ,  qui  a  analysé  le  même  ouvrage  , 
aurait  désiré  qu'Œdipc  ,  au  lieu  de  maudire  se» 
ehfans  ,  leur  eût  pardonné  ;  mais  ,  si  on  ose  le 
dire,  le  regret  de  ce  qui  poviVait  être  l'a  rendu 
trop  peu  sensible  à  la  beauté  de  ce  qui  est.  Celui 
qui  croyait  voir  un  louchant  tableau  du  Poussin  , 
peut  se  trouver  dédommagé  ,  «i  on  lui  piésente 
une  terrible  production  de  Michel-An'^e.  D'ail- 
leurs ,  la  manière  dont  le  citoyen  Legouvé  a  traité 
cette  scène  ,  esi  beaucoup  plus  conlorme  au  ca- 
ractère violent  et  impéiueux  .  que  tous  les  poètes 
ont  donné  à  Œdipe  dans  touics  les  circon.si3nces. 
De  plus  ,  après  celte  première  explosion  d  une 
ame  irirérée  à  très-juste  titre  ,  la  clémence  a  sbr» 
tour;  Œdipe  forme  des  vœux  pour  ses  en  fan  5  , 
et  il  doit  ce  retour  à  cette  noble  et  pieuse  Anii- 
gone,  le  plus  beau  ,  le  plus  louchant  caractère 
que  nous  ail  transmis  l'antiquité  fabuleuse:  aussi 
avec  quel  charmé  on  entend  Œdipe  dans  la 
pièce  dorit  il  s'agit  ,  Itii  adresser  celte  pensée 
admirable  ! 

Aimable  rejetton   d'une  triste  famille , 

Qu'il  m'est  doux  de  pouvd^T,  sur  ton  sein  vertueux. 

Me  reposer  des  coupâ  que  m'o^t  porté  les  Dieux  ! 

On   a   ciié  pour  les  critiquer  ,    ces  vers  que  je 


Polynice,  depuis  qoe   tu  quittas  ces  lieux, 
La  paix  fuit  de  nos  c*urs  ,  le  sommeil  de  nos  yeux: 
La  nuit ,  dans  ce  palais  ,  plaintives  ,  languissantes  , 
Nous  prolongions  les  cris  de  nos  voix  géinissantes. 
Le  jour  prenant  du  dcUil  les  vêtemens  oljscurs  , 
Nous  volions  te  chercher,   dans  les  murs,  hors  des  mu 
Aux  sources  où  risméne    épanche  son    eâu  pure  , 
Nous    te    redemandions    à   toute  la  nature. 


Nous  t'appelliffjis  longtema 
Nous  accusions  les  lieux  1 
Hélas  !  combien  de  fois  la  nuit 
Aux  bords  où  ton  adieu ,  trop  1 
contempler  dans  un  a 
que  tu  mis  entre  ta 


dion«  les  bïa? , 

tes  pas. 
int  me  surprendre 
t  Se  fît  entendre  î 
de  effroi. 


titude  et  l'ambitiori  des  deux  Ireres    inspirent  plus     La  hauteur  d'où  ma  vue  à   te  suivre  réduite, 
d'indifférence  sur  leur  sort.  Q_uand  on  létiechiisur  :  j,j„j  ^^  i^ng  horison  accompagna  ta  fuite, 
ce  défautinhérent  au  sujet-,  on  s  étonne  du  talent     ^.,^10  qui   me  soutint  quand  je  ne  te  vis  plus, 
avec  lequel  le  cit.  Legnuve  est  presque  parvenu  a. 


u  ciel  ,  mon  inalbéur  passe  n 
te  loue  ,  ô   Ciel ,  de  ta  pen 


m   espérance , 
vérance ! 


L'effet    que   Talraa   a   produit   dans   ces   deux 
momens  et  daris   la  dernière  scène  ,  est  inexpri- 
s&able.  U  a  été  redemandé  à   grands    cris  ,  et  a 
Tèparu  au  milieu  des  plus  vives  acclamations. 
S.... 


Eté-ode  et  Polynice  ,  tragédie  en  cinq  actes  ,  par 
G.  Legouvé,  de   l'instiiu't  naticiial. 

Chez  Surosne  ,  libraire,  palais  du  tribunal, 
deuxième  cour  ,  Tt°  îo'. 

Parmi  les  préjuges  nombreux  qial  infestent  la 
littérature  ,  un  des  plus  pernicieux  et  des  plus 
déraisonnables  sans  douie  ,  est  celui  qui  voudi'ait 
respecter  les  plus  faibles  ouvrages  d'un  grand 
écrivain  ,  et  traite  de  sacrilège  tout  auteur  qui  , 
sans  s'arrêter  aux  noms  ,  a  le  courage  de  faire 
bien  ce  qui  a  été  mal  fait  avant  lui.  D'après 
la  manière  dont  le  citoyen  Legouvé  a  été  traité 
dans  les  journaux  pour  avoir  donné  une  Thébaïtie, 
il  y  a  lieu  de  croire  que  les  mêmes  critiques 
trouveraient  très-mauvais  que  quelque  tragique 
moderne  s  avisât  de  rcisite  AgesHas.  La  Thébaïde 
de  Racine  est  son  premier  pt  son  plus  mauvais 
Ouvrage.  Son  talent  ni  sort  style  n'étaient  for- 
iriés  alors  ,  et  sans  parler  des  autres  défautîs  cfe 
cène  tragédie  ,  lamoui'  déplaté  de  Créoft  ,  celui 
d'Hémon  ,  et  sur-tout  celui  d  Antigone  ,  au  milieu 
de  taftf  de  scènes  d'horreurs,  frappent  tout  l'ou- 
vrage de  médiocrité  et  de  réprobation.  Ce  Sen- 
liiWint  n'a  rien  de  commun  avfc  celui  qui  me 
fjit  admirer  presque  toutes  les  autres  productions 
dé  Racine.  Ce  sont  même  ces  productions  qui 
aident  à  condamner  la  premieie  ,  cl  on  ose  dire 
qu  Andiomaquc  est  l'acte  d'accusation  de  la  Thé- 
baïde. 

Le  plan  de  celle  du  citoyen  LegOuvé  est  d'ijne 
clarté  remarquable  et  d'une  simplicité  vraiment 
aniir^uè.  '  L'acliôn  ,  conmne  tfn  «a  le  voir ,  tst 
ménagée  avec   beaucoup  d'art. 

Ant-fimmitr.  — Polynice  vi«nt  d'arriver  avec 
M>n  armée  devant  les  murs  de  Tljcbes.  Jocalstc 
CI  Antigone    rcnfciniécs   dans   cette   viHc  ,  font 


le  taire  disparaitrc.  Une  tradition  consiani 
uniforme  lui  défendait  de  dissimuler  la  haine  et 
l'ambition  de  Polynice  ;  mais  il  a  diminué  cette 
ahibiiion;  ,  it  a  affaibli  ses  torts;  il  a,  d'aiUeuirs  , 
jette  sur  son  caractère  des  leintes  si  aimables  et 
loi  a  donné  de  si  nobles  dévcloppemens  ,  qu'il 
est  parvenu  à  faire  là  chose  la  plus  difficile  ,  à 
créer  un  intérêt  qui  n'exisiaifpotnt. 

Tous  les  autres  caractères  de  sa  pièce  sont 
nuancés  avec  ce  talent  et  cetie  connaissance  du 
théâtre  que  personne  ne  lui  dispute.  Si  on  désire 
un  peu  plus  de  développement  dans  celui  d'An- 
tigorie  .  c'est  qu'il  l'a  peinte  si  aimable  ,  qu'on 
voudrait  toujours  la  voir  sur  la  scène. 

Un  sujet  simole  comme  celui-là,  que  l'auteur 
a  traité  sans  conRdens,  sans  épisodes  ,  sans  amour  , 
avait  éminemment  besoin  du  mérite  du  style  ; 
aussi  le  cit.  Legouvé  n'a  rien  laissé  à  désirer  à  cet 
égard.  On  pourrait  citer  ia  scène  entière  des  deux 
frères  au  3'  acte,  une  des  plus  belles  qui  aient 
I  été  entendues  sur  le  ihéâtre.  Mais  ,  comme  elle 
f  St  trop  étendue  .  je  me  bornerai  ici  au  monologue 
d'Etéocle  .  doTti  la  citation  est  l'éloge  tout  fait. 

Pourquoi  m'of&ir  ,  Jocasle ,  un  frère  que  j'abhorre? 

Depuis  que  je  l'auends  ,  je  le  hais  plus  encore  ! 

Je  rends  grâce  au  destin;  ce  cœur  avec  ennui 

Sentirait  s'alfablir  l'horreur  que  j'ai    pour  llû. 

OUI  ,   si   le  reçois  ,  c'est  qu*en  cette  entrevue 

Ma  haîne  jouira  d'éclater  à  sa  vue  ! 

Que    veut-il?  du  pouvoir   à  son  tour  disposera 

Que  i'aur,ai  de  plaisir  1  le  lui   refuser  ! 

11  croît  qu'il  fléchira  moii  altier   caractère 

Par  l'effroi   d'une  armée  ,    ou  les   pleurs  d'une  mère  : 

Je  voudrais  qu'à   mes   pieds   ma  cour  pleurât  pour  lui, 

Et  qu'un  camp  plus  nombreux  lui  prêtât  son  appui. 

Pour  qu'il  me  vit  encor  sans  pitié ,  sans  alarmes , 

Braver  plus  de  dansera,  repousser  plus   de  btrmés. 

Les  Dieux  nous   orit  toujours  l'un  contre  Tautre  armés  : 

.\u  milieu   des  forfaits   en  même    tems  formés  , 

On  sait  qu'avant  de  naître  une  précoce  haîne 

Fit  du  flanc  maternel  noue  première  arène. 

pour  moi  ,   des  le*  berceau  pTonipt   à   le   dc6cr  , 

A  nos  futurs  couibats  j'aimais  à  m'essayer. 

Il   seilitylait  que  ce  Cœur   préVît ,  dès  notre  e^fsati, 

(^'il   m'oserait  urt  jtîur  disputer  ia  puissance, 

La  puissance  !   combien  mou    ame  en  a  joui  1 

Oui    peui    voir  i   ses   pieds,    sans  en   être  eTjlouî, 

Des  milliers   de  sujets  ,  prodiguant  leurs  sçivices , 

Deviner  ses  désira,  adorer  ses  caprices, 

D'uA  encens  éternel  enivrer  son  orgueil ,  i 


On  a  trouvé  que  ces  vers  charmans  n'avaient 
pas  asèez  la  couleur  du  sujet  .  comme  s'il  y  avait 
un  sujet, qui  fût  condamné  à  n  avoir  qu'une  seule 
couleur.  If  est  raaiheurruît  de  ne  pas  sentir  ce 
doux  contraste  de  1  anrfitié  fraternelle  d'Aniigone 
avec  la  bâine  féroce  de  ses  deux  frères.  Ces  vers 
sont  très-simples  :  donc,  ils  ont  trop  d'abandon, 
a-t-ou  dit.  On  aime  si  peu  ia  nature  sur  notre 
ihéâire  ,  qu'on  pardonne  rrtremeni  à  un  écrivain 
de  la  présenser  un.  peu  ressenablante. 

Au  total,  cet  ouvrage,  sans  être  parfait,  ne 
peut  qu'ajouter  à  la  réputation  de  son  auteur.  Il 
a  cet  avantage  rare  qu'il  gagne  à  la  let;tiue  ,  et  on 
sait  comme  il  a  réussi  au  théâtre.  Il  a  été  inter- 
rompu trop  tôt:;  et  l'auteur  de  cet  article  ,  qui 
assistait  à  la  dernière  représentation  ,  a  été  à 
portée  de  juger  que  ni  les  spectateurs ,  ni  les 
applaudissemens  ne  lui  ont  manqué.  On  a  paru, 
trouver  qne  cette  tragédie  avait  été  trop  louée 
dans  quelques  journaux  :  cela  vient  peut-être  de 
ce  qu  elle  l'aVuit  éié  trop  peu  dans  quelques- 
autres.  Au  résie  .  s'il  est  Un  tems  oiJ  les  contem- 
porains doivent  rendre  une  justice  éclatante  aux 
écrivains  qui  les  honorent  ,  c  est  dans  celui  où 
une  faction  sourde  voudrait  fairr  entendre  qu  il 
n'y  a  plus  ni  talent  lii  goût  que  dans  le  reste  des 
écrivains  de  la  génération  passée,  et  dans  les  écri- 
vains modern.es  qui  l'adulent.  Certes,  cesi  le  lieu 
pour  tous  les  autres  de  faire  valoir  leurs  droits  à 
l'estime-,  et  les  ouvr-ges  du  citoyen  Legouvé,  eà 
général  .  et  son  Etéocle  en  particulier  ,  seront  ^?ns 
doute  un  de  |eurs  meill'curï  argumcns.      A.  C. 

I    — 1— «a— —  —  . 

J^otice  d'un   tcril  récent  ,    ayant  pour  titre  ■;  Au 

premier  consul  de  la  république  française  ,  sut 

les  receUes  et  les  dépenses  publiques  poxir  le 

service     de     l'aii  9.  —  3o    vendémiaire    an   9 

(octobre  1800.  ) 

Le  but  principal  de  l'auteur  est  de  démontrer 
que  l'«rdfVei  la  fidélité  senties  fondemens  essen- 
tiels de  touie  bonne  administration  ,  et  que  les 
mesures  d'exactitude  et  de  honne  foi ,  en  matière 
de  finances  ,  sont  aussi  imporiantes  que  celles 
qui  tendent  à  des  r-ecouvremcns  positifi. 

C'est  en  supposant  l'application  de  ces  prin- 
cipes à  I  adtninistr.iiion  des  finances  de  France, 
que  l'auteur  examine  et  discute  ,  'avec  autant  de 
clarté  que  de  précivon  ,  lés  quitte  question» 
suivante». 

PREMIERE     Q,lJESTIOBI. 

La  France  a-t-elle  dans  les  revenus  qui  appar- 
lisouent  a.  l'étal,  et  dans  lu  impôis  composant 


la  majeure  partie  de  ces  revenus  ,  de  quoi  faire 
face  : 

1°.  Ases  dépenses  ordinaires-, 

2".  Au  service  des  intérêis  ,  et  à  l'amorlisse- 
ment  graduel   de  sa  deite  publique  ; 

3°.  A  sa  dépende  exiraordiaaire  en  cas  de 
guerre  ? 

SECONDE      Q^UESTION. 

Le  sysiême  d'impôts  qui  existe  aujourd'hui  en 
France  ,  peut-il  être  modifié  ,  de  manière  à  le 
rendre  plus  doux  aux  contribuables  ,  plus  urile 
au  trésor  public  ,  ei  plus  favorable  à  la  repro- 
duction ? 


TROISIEME    .Q_U 


E   S   T  I   O    N. 


Convient-il  au  gouvernement  français  de  pour- 
voir à  la  liquidation  et  acquittement  de  tous 
les  engageraensde  l'état  qui  restent  en  souffrance  ? 

Q_UATB,IEME     (QUESTION. 

Quel  est  ,  pour  se  mettre  à  jour  ,  1«  mode  de 
lîBération  le  plus  louable,  le  plus  sûr  dans  son 
exécution  ,  le  plus  désintéressant  pour  les  créan- 
ciers de  l'état  ,  et  le  plus  propre  à  accélérer  le 
retour  de  l'aisance  et  du  crédit  ? 

L'examen  de  la  première  question  embrasse  le 
tableau-des  dépenses  ordinaires  et  extraordinaires 
de  la  France  .  et  celui  des  ressources  qu'elle  a 
pour  y  faire  fdce. 

Dans  l'examen  de  la  deuxième  question  ,  l'au- 
teur s'est  attaché  à  rendre  sensible  et  manifeste 
la  préférence  due  aux  impôts  qui  se  perçoivent 
à  mesure  de  consommation  ,  de,  commerce  et 
d'usage  (  et  qu'on  appelle  indirects  ,  parce  que 
c'e»t  aux  choses  et  non  aux  personnes  que  le 
fisc  en  demande  le  paiement)  ,  sur  'es  imposi- 
tions qu'on  appelle  directes ,  et  qui  se  perçoi- 
vent ,  soit  sur  les  biens-fonds  à  raison  de  leur 
produit  supposé  ,  soit  sur  les  personnes  mêmes 
a  raison  de  leur  fortune  présumée. 

L'auteur  termine  cette  partie  de  sa  discussion 
par  indiquer  les  difierentes  espèces  d'impositions 
par  lesquelles  on  peut  remplacer  avec  avantage 
les  dégréveinens  considérables  qu'il  demande 
sur  les   contributions  foncière  et  personnelle.  i 

La  troisième  question  est  traitée  sous  un  rap- 
poi;i  plus  général  que  les  deux  précédentes  :  c'est 
là  que  l'auteur  met  en  évidence  ,  d'une  manière 
attachante  et  persuasive  ,  la  nécessité  de  rattacher 
à  la  morale  et  à  la  probité'  toutes  les  opérations 
d'un  bon  gouvernement;  il  fait  connaître  1  in- 
fluence que  doit  avoir  sur  les  mœurs  d'une  na- 
tion toute  entière,  la  loyauté  des  chefs  di-  l'état; 
c'est   dans  le  respect  ou  le  mépris  des  engagemens 

firis  au  nom  de  l'état.,  qu'il  trouve  le  priiicipe  de 
a  bonne  ou  de  la  mauvaise  foi  des  gouvernés 
entre  eux  ,  la  cause  du  travail  ou  du  désceuvre- 
ruent,  la  source  de  la  richesse  ou  de  la  misère. 

L'auteur  résout  la  quatrième  question  en  con- 
seillant une  mesure  uniforme  pour  la  liquidation 
de  toutes  les  dettes  de  l'étal  restées  en  souf- 
france ;  son  avis  est  que  tout  soit  incorporé  à  la 
dette  publique  consolidée  ;  et  il  fait  ,  à  cette 
occasion  ,  ressortir  la  solidité  d'une  dette  publi- 
que ,  dont  le  volume  est  à  peine  égal  au  quart 
du  revenu  de  l'él.  t. 

Le  tableau  démonstratif  ou  budjet  des  res- 
sources du  gouvernement  français  pour  le  ser- 
vice ordinaire,  et  extraordinaire  de  l'an  g,  est 
placé  à  la  suite  des  discussions  des  quatre  ques- 
tions établies  par  l'auteur. 

L'ouvrage  est  terminé  par  un  état  comparatif  de 
là -position  de  la  France  avec  la  position  de  l'Angle- 
terre; tous  les  é!émen<i  et  les  détails  de  cette  com- 
paraison offrent  un  grand  intérêt  et  reposent  sur 
des  fans  et  des  vérités  incontestables. 

A  l'aspect  de  ce  tableau  des  ressources  et  des 
charges  de  l'une  et  de  l'autre  puissance  ,  on  est 
heureux  d'avoir  pu  douter  un  instant  de  l'avan- 
tage imrnense  que  la  France,  à  égalité  de  sagesse 
dans  l'administration,  doit  avoir  sur  l'Angleterre. 

L'auteur  a  mis  dans  le  rapprochement  des  deux 
états  beaucoup  de  dignité  et  de  noblesse  ;il  s'est 
abstenu  de  ces  vaines  déclamations  qui,  presque 
toujours,  blessent  beaucoup  plus  la  vérité  que 
les  adversaires,  qui  en  sont  l'objet;  il  a  rendu 
justice  à  l'industrie  de  la  nation  anglaise,  à  l'ha- 
bileté de,  sej  administrateurs,  et  sur-tout  au  res- 
pect religieux  que  son  gouvernement  portera  la 
foi   publique. 

Mais  à  côté  de  ce  tribut  d'hommages  rendus  à 


i56 

la  bonne  conduite,  il  n'a  pas  négligé  de  faire 
ressortir  b  différence  à  remarquer  entre  la  puis- 
sance artificielle  de  l'Angleterre  qui  doit  presque 
tout  à  la  navigation  et  à  son  commerce  ,  et  la 
puissance  téelïe  de  la  France  ,  essentiellement 
fondée  sur  l'ét'.ndue  et  l'excellence  de  son  terri- 
toire, sur  la  contiguïté  de  toutes  ses  parties  ,  et 
sur  son  active  et  nombreuse  population. 

Cet   ouvrage  se   vend  chez   Desenne,  et   chez 
BaiUy  ,    libraires. 


AH     R  É  D  A  CTEU   R.  (l) 

Depuis  plusieursjours,  les  journaux  répèteiit 
avec  affectation  léloge  de  la  vaccine  ,  parle  ci- 
toyen Colon  ,  et  lui-même  ,  dans  un  petit  ou- 
vrage qu  il  vient  de  publier  sous  le  titre  à  Essai  sur 
finoculation  delavaccine  ,  sans  aitendie  des  résul- 
tats plus  favorables  à  ce  qu'il  avance  ,  proclame  , 
avec  assurance  ,  les  avantages  de  cette  nouvelle 
méthode  .  et  l'offre  à  ses  concitoyens  comme  un 
préservatif  certain  de  la  petite  vérole.  En  aiteri- 
dani  ,  comme  l'aurait  dû  faire  l'au'.eur  ,  la  dé- 
cision du  comité  médical  ,  ainsi  que  de  ceux 
qui  ont  assisté  à  ses  opérations ,  comme,  il  serait 
dangereux  de  laisser  égarer  l'opinion  publiqiie 
sur  cet  objet  ,  je  vais  faire  connaître  des  faits 
qui   pourront  servir  à  la  fixer. 

Sur  quarante  enfaps  pris  au  hasarda  la  Pitié  , 
sans  savoir  s'ils  avaient  eu  ou  non  la  petite  vé- 
role ,  et  qui  furent  vaccinés  ,  dix  seulement  d'en- 
tr'eux  qui  prirent  la  vaccine  ,  furent  soumis  en 
ma  présence  à  l'inoculation  ;  des  trois  premiers  , 
un  nommé  Blondeau  (  inoculé  par  le  citoyen  Saf- 
made)  eut  une  petite  vérole  locale  bien  caracté- 
risée ,  dont  le  viriis  inséré  sur  un  autre  enfant, 
nommé  Lavalette  ,  produisit  une  éruption  vario- 
leuse  générale  ,  comme  le  prouve  cette  lettre  que 
le  citoyen  Colon  m'a  écrite.  (  n  Au  cit.  Goëlz  , 
médecin  inoculateur  ,  rue  de  Bienfesance  ,  à  la 
Petite-Pologne  ,  a  Paris.  —  Citoyen  ,  j  ai  l'honneur 
de  vous  prévenir  que  ,  sur  un  des  enfans  ino- 
culés avec  la  matière  de  Blondeatr  ,  la  petite 
vérole  se  iroiivant  bien  caiaciérisée  ,  s'est 
manifestée  aux  piqûres  et  sur  l'habitude  ducorps. 
J'ai  fait  transférer  ledit  enfant  à  l'hospice  de 
l'Ouest,  où  vous  pourrez  le  voir.  Nous  devons 
nous  y  rendre  le!5=  jour  complémaire  à  midi  pré- 
cis où  les  sept  enfans  inocules  hier  se  trouveront. 
J'ai  l'honneur  de  vous  saluer  et  d'être  bien  par- 
fiitement  votre  serviteur.  Signé,  Colon  )n.  En- 
fin pour  completter  l'épreuve,,  le  Itère  de  ce 
oeruier  fut  inoculé  par  le  citoyen  Colon  lui- 
même  ,  avec  la  matière  prise  sur  ledit  Lavalette, 
et  eut  aussi  une  petite  vérole  non  équivoque,' 

D'après  cela  ,  on  peut  juger  jusqu'à  quel  point 
on  doit  compter  sur  l'inoculation  vaccine,  et  quel 
degré  de  confiance  on  doit  accorder  à  ses  par- 
tisans. 

Pour  moi  ,  je  le  répète  ,  rien  ne  pourra  m'en- 
gager  à  me  servir  d'un  virus  inconnu  en  France  , 
même  aux  médecins  vétérinaires  ;  et  tant  que  je 
ne  verrai  pas  faire  les  expériences  avec  le  cowpax 
pris  directement  sur  le  pis  des  vaclies  ,  et  quil 
ne  me  sera  pas  démontré  que  cette  maladie  est  le 
préservatif  assuré  de  la  petite-vérole  ,  je  cood- 
nuerai  d'inoculer  avec  la  matière  variolique  hu- 
maine. 

Paris  ,  le  S7  vendémiaire  ,  à  ma  maison  d'ino- 
culation ,  rue  de  Bienfesance  ,  à  la  Petite- 
Pologne. 

GoETZ ,  médecin. 


MUSÉE     CENTRAL     DES     ARTS, 

En  exécution  des  arrêtés  du  ministre  de  l'inté- 
rieur,le  musée  sera  fermé  le  i5  brumaire  présent 
mois  ,  à  quatre  heures  du  soir. 

Lei8,  les  salles  qui  contiennent  les  statues, 
bas-reliefs  et  bustes  antiques  ,  seront  ouvertes  au 
public. 

L'ouverture  de  ces  salles  aura  lieu  les  8  ,  9  et 
10  de  chaque  décade  aux  heures  accoutumées. 

L'ouvertue  du  salon  ,  des  galeries  des  tableaux 
et  des  dessins  est  momentanément  suspendue 
pour  des  travaux  particuliers ,  et  pour  donner  aux 
artistes  le  leras  d'emporter  leurs  ouvrages. 

La  notice  explicative  des  marbres  antiques  se 
débitera  dans  l'intérieur  des  salles. 

l)  CeUe  lettre,  comme  celle  du  citoyen  Vaume,    était  ante"- 
rieure  au   rapport  du   comité  médical  ;   son  auteur   déclare    que 
:e  de  ce    rapport  ne  change  l'cu  aux  dispositions 
(  Note  du  rédacteur.  ) 


CONSERVATOIRE    DE    MUS  I  DUE. 
/I    V  I  S. 

Les  concours  aux  places  de  professeurs  de 
chaut  et  de  piano  ,  qui  ont  été  iiidiqués  pour  les 
12  et  i3  bl'um^ire  an  g,  sont  remis  au  ai  du 
même  mois. 

Le  concours  de  piano  se  fera  à  9  heures  drv 
matin  ,  et  celui  de  chant  à  midi. 


Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particulières,  sur  tel  objet  que  ce 
soit  ,  doivent  être  adressées  directement  auK 
ministres  que   ces  demandes   concernenti 

Les  adresser  aux  consuls,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  ;  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ce» 
objets. 

LIVRESDIVERS. 

Baudouin  ,  imprimeur  du  corps-législatif,  dut, 
tribunal  et  de  l'Institut  national  des  sciences  et  de» 
arts  ,  demeurant  actuellement  rue  de  Grenelle-, 
Germain  ,  n°  1  i3i  ,  mettra  en  vente  ,  du  îo  au  aS 
brumaire,  un  ouvrage  du  cit.  Fourcroy  ,  ayant 
pour  litre  :  Système  des  connaissances  chimiques  ,  et 
de  leurs  applications  aux  phénomènes  de  la  nature  et 
de  l'art ,   10  vol.  in-S". 

Le  même  ouvrage  ,5  vol.  in-4''. 


COU  H  S     DU    CHANGE. 

Bourse  du  9  brumaire. 


Amsterdam  banco. 

Courant.  .... 

Hambourg. 

Madrid ; .  . 

-Effectif 

Cadix 

Effectif. 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


561 

190 

4  fr.  go  c. 
14  fr.70  c. 

4  fr.  90  c- 
14  fr.  40  c. 

4  fr.  70  c. 

5  fr.  12  c. 


57i 
188 


Effets  publics. 

Rente  provisoire. 

Tiers  consolidé 

Bons  deux  tiers 

Bons  d'arréragé j-, 

Bons  pour  l'an  8 

Syndicat 

Coupures 

Act.  de  3o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


Matières. 


Or  fin  l'once 

Argent  le  marc. . 
Portugaise  l'once. 

Piastre 

Quadruple 

Ducat 

Guinée 

Souverain 


s3  fr. 

35  fr. 

88  c. 

I  fr. 

69  c. 

86  tr. 

75  c. 

92  fr. 

55  c. 

79  fr- 

5o  c. 

80  fr. 

28  fr. 

io5  fr 

5o  fr. 

40  c. 

q5  fr. 

58  c. 

5  fr. 

3o  c. 

79  fr. 

5o  c 

II  fr. 

60  c. 

s  6  fr. 

34  fr. 

60  c. 

VEILLÉES   AMUSANTES  DE   LA  CITÉ. 

Fête  et  bal ,  le  10  brumaire  an  9,  depuis  7  ireures 
jusquà  minuit.  A  neuf  heures  ,  de  jeunes  enfan» 
donneront  une  représentation  de  l'Orpheline  de 
village  ,  suivie  de  la  première  de  1  Héritage  , 
comédie  -  vaudeville. 

Le  billet  d'entrée  est  de  deux  francs ,  et  d'un 
franc  pour  les  enfans  au-dessus  dehmt  ans.' 

)      L'administration   reçoit  des   abonnemens  pour 
les  bals  de  chaque  mois. 


ERRATUM. 

Dans  le  n°  d'avant-hier  ,  art.  .A VIS  des  commis- 
saires liquidateurs  des  subsistances  dans  toutes  les 
divisions  militaires  ,  annonçant  qu'ils  ne  recevroiit , 
plus  de  pièces  de  la  part  des  comptablesle  3g  fri- 
maire prochain,  au-lieu  de  la  signature  Laufrejr 
l'aîné  et  Patinot , /ùez  :  Lanfrev  l'ainé  etPATiNOT. 


aur  trois  mois,  5,o  frapcs  pour  six 


1  ,   et 


100   francs   pour  l'annéa  entière.  On   oc 


L'aboivnement  se  fait  a  Pari»,  rue  des  Poitevins,  n"  18.  Le  prix  est  de  a5  fi 
s'abonne  qa'^u  commencement  de  cliaquc  mois. 

Ilfauladresserle8lettresetrargent,francde  port, aucît.AcASSE, propriétaire  de  cejoarnal,ruedesPoitevias,«'   tS.  Ilfautcomprendre    dans   les   envois   le  port 

i  Ton  ne  peut  affranchir.   Les  lettres  des  départemens  nou  affranchies 
it  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté  ,  rie  cliarger  celle*  qui    renferment 
Poitevins      n"  i3,  depuis  neuf  heures  du  malin  jusqu'à  cii  ^j  lieurés  du  soit. 


navs  où  l'on  ne  peut  affranchir.   Les  lettres  des  départemens  nou  affranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  de  la  poste.  ,.,.,,  ..  j 

■^   [1  faut  avoir  soin,  pou,  plus  de  sûreté  ,  rie  charger  celle*  qu.    renferment  des  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de    la   feuille  ,    a»  rédacteur  ,  ru.  d. 


A  Payis,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  41, 


Primedi  *    1 1    brumaire  an  9  dé  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M  o  ^f  i  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées .  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  taht  sur 
l'intérieur  que  sut  l'extérieur ,  fournis  par  les  correspondances  ministériellei. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


INTÉRIEUR. 

Paris ,  le  \6  brumaire. 

X-t  E  jury  central  d'instruction  publique  du 
département  de  l'Yonne  propose  pour  sujet 
du  prix  d'éloquence  :  Le  'respect  dû  au  mat- 
heur  ;  et  pour  sujet  du  prix  de  poésie  ,  l'ac- 
tion héroïque  du  brave  Aubry  ,  proclaipée  par 
le  préfet  du  département  dans  la  fête  du  l"^. 
vendémiaire  de  l'an  g  ,  et  consignée  dans  une 
lettre  du  maire  d'Accolay  ,  laquelle  sera  annexée 
au  programme. 

■  Le  morceau  de  prose  devra  n'occuper  qu'une 
demi-heure  de  lecture  ,  et  celui  de  poésie  ne 
pas  excéder  cent  cinquante  vers. 

Le  prix  d'éloquence  sera  une  médaille  d'or 
de  la  valeur  de  cent  francs.  Le  prix  de  poésie 
sera  double,  et  consistera  en  deux  médailles 
de  même  valeur.  L'une  sera  décernée  à  l'auteur 
du  poëtne  couronné  ,  qui  recevra  la  seconde 
des  mains  du  préfet  ,  pour  la  remeure  à  l'au- 
teur de  l'action.  Un  membre  du  jury  d'instruction, 
en  cas  d'absence  de  l'auteur  du  poërae  ,  rem- 
plira cette  fonction. 

Voici  la  lettre  dont  il  est  parlé  dans  le  pro- 
gramme : 

Le  permis  de  Vcrmenton,  où  passent  les  trains 
de  bois  flotté  ,  vient  d'être  refait  à  neuf,  et  est 
bien  plus  dangereux  qu'il  n'était  ci-devant. 

Pendant  et  après  la  confection  ,  on  a  fabriqué 
plusieurs  trains.  Décadi  la  première  ouverture 
de  ce  permis  ,  pour  y  descendre  les  trains ,  attira 
un  grand  concours  de  monde  des  communes 
voisines. 

Le  citoyen  Etienne  Aubry  ,  de  cette  commune  , 
•pprend  de  son  fils,  âgé  de  lî  à  i3  ans  ,  que 
le  train  dont  il  conduit  le  bout  de  derrière  , 
doit  passer  le  premier.  Ce  bon  père,  d'une  famille 
nombreuse  ,  prévoyant  le  danger  que  pouvait 
courir  son  fils  en  passant  son  train  dans  un  pertuis 
neuf  ,  se  rend  sur  le  lieu .  et  monte  sur  le 
train  avec  lui  ,   pour  le  surveiller. 

En  effet ,  à  peine  le  train  est-il  écoulé  à  inoi- 
tîé ,  que  l'autre  mom,é  est  submergée  de  quatre 
à  cinq  pieds  de  profradeur,  et  violemment  tour- 
mentée par  les  flots  qui  font  un  saut  de  cinq 
i  six  pieds  de  haut. 

Le  père  Aubry  voyant  le  danger  qui  le  mena- 
çait, s'arme  décourage,  prend  son  enfant  d'un 
Dras  ,  et  de  l'autre  il  s'affermit  au  train.  Mais 
la  violence  des  flots  ,  jointe  au  bûches  éparses 
et  détachées  du  train  ,  le  sépare  de  son  fils.  Le 
tourbillon  les  combattait  l'un  et  l'autre.  Ils  dis- 
paraissaient et  reparaissaient  successivement ,  aux 
yeux  d'une  quantité  de  spectateurs  très-aiarmés. 
Le  fils  aîné  Aubry  ,  miliiaire  ,  privé  entièrement 
•  du  bras  gauche  qu'il  a  perdu  à  l'armée  ,  aussi 
témoin  d'un  tableau  si  affreux ,  ne  pouvait  non 
plus  que  les  autres  ,  secourir  d'abord  ni  l'un 
ni  l'autre. 

Le  danger  était  trop  certain  ;  mais  le  hazard 
voulut  qu  il  se  trouvâl-ià  une  perche  de  12  à 
|5  pieds,  appcllée,  en  terme  de  flottage  ,  chantier. 
On  la  tendit  au  père  qui  en  saisit  a  propos  le 
bout,  et  il  s  écria  aussitôt  :/ene2/e?-me,;«  ne  lâcherai 
pas  ;  et  on  le  ramena  à  bord.  La  première  parole 
qu'il  articula  fut  de  dire  :  Sauvez  mon  fils.  On 
reprit  la  perche,  on  la  présenta  au  bis  à  plu- 
sieurs reprises  ,  lorsqu'il  reparaissatt  ;  maisil  ne 
put  la  saisir.  Son  frère  aîné  voyant  qu'il  n'y  avait 
vas  moyen  de  le  sauver  autrement  ,  s'élance  à 
fa  nage  dans  les  flois  ,  l'atteint  en  nageant  de 
«on  bras  ,  et  lui  dit  :  mon.te  sur  mon  dos  ;  ce 
que  fit  son  frère  qu'il  amena  avec  beaucoup  de 
peine  à  bord  ,  à  la  grande  satisfaction  de  tous 
les  spectateurs  qui  furent  ravis  de  joie  de  voir 
deux  personnes  si  chères  rendues  à  la  vie.  Aussi- 
tôt que  [enfant  fut  revenu  à  lui  ,  il  demanda 
ti  son  père  était  sauvé,  on  lui  dit  que  oui,  et 
il  parut  oublier  le  danger  qu'il  venait  de  courir. 

—Depuis  quatre  ans  que  le  nouveau  système  des 
poid»  et  mesures  est  consacré  par  la  loi  ,  le  gou- 
vernemcni  n'a  pu  encore  établir  que  les  mesures 
de  longueur  et  de  solidiié  ,  et  dans  douze  dé- 
partemens  seulement  ;  encore  comment  y  sont- 
elles  établie»  ?  Le  sont-elles  dans  les  habitudes 
de  la  gran'lc  ma-se  des  ciloyeni)?  Non  ,  elles  ne 
le  90:  i  que  chez  les  lonciionnaires  et  pour  les 
actes  publics. 

Cependant  ce  8i»tcme  et  excellent;  s'il  est  une 
iosiitution  nouvelle  qui  ait  'été  provoquée  par  le 


vœu  général,  qui  ait  été  sollicitée  depuis  long- 
tems  ,  qui  soit  favorable  au  commerçant,  com- 
rnode  au  consommateur,  c'est  sans  contredit 
1  uniformité  des  poids  et  mesures,  qui  depuis 
plusieurs  siècles  était  demandée  par  les  éiais- 
généraux,  et  leur  formation  suivant  le  sysiêjne 
décimal  qui  facilite  toutes  les  opérations  du 
commerce  et  tous  les  calculs  de  l'économie  do- 
mestique.- 

A  quoi  donc  tient  la  résistance  qu'aujourd'hui 
la  routine  oppose  à  un  changement  si  uùle  et  si 
désiré  ? 

Elle  tient  à  plusieurs  causes  : 

1°.  Au  lieu  de  donner  les  valeurs  nouvelles 
qu'indiquait  le  système  décimal,  aux  anciennes 
dénominations  de  nos  poids  et  mesures  ,  on  a 
changé  tout-à-la-fois  les  noms  et  les  valeurs.  Or, 
l'expérience  aurait  dû  apprendre  qu'autant  il  est 
facile  pour  le  peuple  d'attacher  à  des  mois  an' 
ciens  l'idée  d'une  valeur  nouvelle  ,  auiant  il  lui 
est  difficile  de  substituer  loui-à-ia-foi,  un  système 
nouveau  de  choses  et  de  mois  ,  à  un  système  de 
choses  et  de  mots  dont  il  a  l'habitude  et  dont 
aucune  force  ne  peut  arrêter  brusquement  l'usage. 
Depuis  quelques  siècles ,  mille  fois  peut-ê're  la 
valeur  réelle  de  la  monnaie  a  changé  ,  sa  déno- 
mination demeurant  la  même;  par  exemple  ,  une 
livre  tournois  ,  qui  dans  l'origine  a  représenié 
une  livre  d'argent  fin  ,  a  fini  par  ne  plus  repré- 
senter qu'une  demi  livre  de  mauvais  cuivre  ;  un 
écu  dit ,  il  y  a  deux  ans,  de  six  francs  ,  vaut  un 
peu  moins  aujourd  hut  ,  et  un  écu  dit,  il  y  a  deux 
ans,  de  cmj/rancj,  vaut  aujourd'hui  un  peu  plus. 
Le  peuple  sait  très-bien  tous  ces  cbangemens  ,  et 
règle  ses  marchés  en  conséquence.  La  raison  en 
est  simple  ;  le  mot  ou  signe  étant  fixe  dsns  sa  tête  , 
il  sert  à  y  attacher  la  nouvelle  convention  qui  en 
détermine  la  valeur,  et  la  mémoire  réveillée  par 
le  signe  représente  cette  convention. 

Au  contraire  ,  lorsqu'on  donne  à  apprendre 
une  chose  nouvelle  sous  des  mots  nouveaux  , 
on  charge  l'esprit  d'un  double  travail  ,  on  exige 
de  lui  une  double  étude,  on  impose  à  la  mé- 
moire un  double  fardeau  ;  en  un  mot,  on  crée 
une  science,  et  par  là  on  éloigne  le  peuple  qui 
ne  demande  que  des  usages  mesurés  sur  ses  be- 
soins ,  ePqui  n'a  ni  l'habitude  de  U  contention 
d'esprit  ,  ni  le  loisir  de  s'appliquer  à  leiude. 

2".  Les  savans  qui  ont  composé  la  nomencla- 
ture des  nouveaux  poids  et  mesure»  onf  aggravé 
les  difficultés  en  prenant  leurs  dénominations 
non-seulement  hors  de  la  langue  de  nos  mesures 
connues  ,  mais  même  hors  de  la  langue  française  , 
et  en  les  empruntant  à  la  langue  grecque  ;  de 
sorte  qu  elles  ne  rappellent  au  peuple  aucune 
idée  ;  qu'elles  ne  sont  pour  lui  signe  ou  mémorial 
de  rien,  et  qu'elles- sont  pour  sa  mémoire  ce 
que  serait  pour  les  savans  l'assemblage  le  plus 
bizarre  de  syllabes  prises  au  hasard  dans  les  lan- 
gues ,  telles  que  abracadabra,  etc.  Pourquoi  oni-ils 
adopté  les  mots  myria  ei  ktlo?  c'est  qu'ils  y  trou- 
vaient un  sens.  S'ils  n'avaient  pas  connu  ce  sens  , 
ils  auraient  rejeté  ces  mois  :  donc  le  peuple  ,  qui 
ne  connaissait  pas  le  sens  des  mots,  devait  les 
rejetter ,  pour  être  aussi  raisonnable  que  les  sa- 
vans. Quelques-uns  (ce  ne  sont  pas  ceux  qui  ont 
travaillé  au  système  métrique)  affectent  de  mé- 
priser ce  qu'ils  appellent  la  métaphysique  ,  ou 
science  del'enlendement.  Un  peu  de  celle  science 
leur  eût  fait  remarquer  que  la  mémoire  d'une 
masse  d'hommes  incapables  d'une  longue  et  forte 
contention  d'esprit,  se  refusait  à  leur  nouvelle 
nomenclature. 

3°.  La  longueur  des  mots  employés  dans  la 
nouvelle  nomenclature  a  été  un  autre  obstacle  à 
leur  usage  dans  le  peuple.  Des  kylometres  ,  des 
myriameires  ,  des  millimètres,  des  kiloliircs  ,  en 
un  mot  une  foule  de  mois  de  4  ou  5  syllabes 
ont  éié  substitués  à  des  mots  d  une  seule  ,  telle 
que  mille,  lieue,  ligne  ,  muid;  un  peu  de  méta- 
physique aurait  encore  fait  remarquer  que  tous 
les  mois  d'un  usage  fréquent  dans  la  langue,  tels 
que  ceux  qui  servent  à  l'expression  des  besoins 
journaliers  ,  sont  d'une  syllabe  ,  parce  que  le 
besoin  tend  toujours  à  l'épargne  du  tems  ,  et  à 
l'abbréviation  des  signes. 

4°.  Enfin,  les  gens  du  monde  que  la  dissipation 
rend  à-peu-ptès  aussi  incapables  d'étude  que  le 
peuple  ,  ont  mieux  aimé  jeter  du  ridicule  sur 
les  mots  grecs  de  noire  nouveau  système  métrique, 
que  l'apprendre;  en  conséquence,  le  négoce  s'est 
bien  gardé  de  présenter  à  ses  acheleurs  des  mé- 
moires comptés  en  poids  et  mesures  du  nouveau 
système ,  ne  voulant  pas  donner  un  prétexte  de 


plus  pour  reiivoyer  leur  paiement  à  l'époque 
on  le  progrès  des  lumières  aurait  permis  d'en- 
tendije  leur  compte. 

Voilà  les  causes  principales  qui  ont  empêché 
l'établissement  du  nouveau  système  en  France  ^ 
tout  célébré  qu'il  était  par  les  savans  de  toutes 
les  naiions    de   l'Europe. 

Ces  causes  vont  enfin  cesser.  Les  cit.  Laplace, 
Berihollet  ,  Dclambre  et  Guiiion  ,  convoqués  par 
le  ministre  de  l'intérieur  ,  et  consultés  ensuite 
par  la  section  de  l'iniéiieUr  du  conseil-d'étai  , 
viennent  de  proposer  de^  dénominations  connues 
pour  jes  nouvelles  niesures  qu'il  s  agit  de  faire 
connaître.  Ainsi  ,  dans  peu  nous  pourro.rls  Voir 
le  nouveau  sysiême  entrer  en  possession' de  se» 
droits  ,  et  faire  jouir  de,  ses  avanijges. 

(  Extrait  du  Journal  de  Paris.   ) 

—  Les  élevés  de  David  donnent  aujourd'hui 
uii  dîner  au  mjiire  de  leur  maître  ,  le  respectable 
Vien  i,  que  les  artistes  reconnaissent  et  nomment 
le  restaurateur  de  l'école  française. 

—  La  citoyenne  Jacob  ,  portières  rue  Domi- 
nique ,  fadxbourg  Germain  ,  n°  1026  ,  a  mis  a't» 
monde  avanr-hier ,  apès  Un  accouchement  très- 
laborieux  ,  trois  filles  bien  portâmes.  Ces  trois 
filles  completteni  le  nombre  de  vingt-cinq  .nfans 
qu'a  eus  celte  femme  ;  il  lui  en  reste  dix  :  elle 
n'est  âgée  qtie  de  3;  ans.  La  lettre  qui  contient 
ces  déiails  ,  annonce  que  celte  mère  ,  exemple 
d'une  si  rare  fécondité  -,  a  besoin  de  secours. 

—  Parmi  les  discours  pronoticés  à  la  fête  du 
l^' vendémiaire  ,  que  nous  avons  cilés  ,  il  n'en 
est  aucun  qui  ne  renfermât  un  juste  hommage 
aux  mânes  des  généraux  Kléber  et  Desaix.  Parler 
de  ces  guerriers  dans  un  discours  destiné  à  célé- 
brer la  fondation  de  la  république  et  ses  triom-  ' 
phes  ,  n'était  pas  sortir  de  son  sujet;  mais  dans 
quelquesvilles ,  des  orateurs  ont  prononcé  par^ 
ticuhérement  des  éloges  funèbres  en  l'honneur' 
de  ces  guerriers.  Parmi  ceux  qui  nous  sont 
parvenus  ,  nous  remarquons  celui  du  général 
Kléber  ,  prononcé  à  Gand  par  le  citoyen  Couret- 
Villeneuve  ,  professeur  de  grammaire  générale 
dans  le  départemesît  de  1  Escaut. 

Son  début  est  simple*,  mais  grave  et  solennel  5 
il  prépare  à  la  grandeur  des  événemens  qui  vont 
être  retracés  ,  à  l'élévation  du  sentiment  que 
l'orateur  va  peindre.  L'éloge  du  héros  est  précédé 
de  celui  des  braves  qui  ,  parcourant  sa  glorieuse 
carrière,  sont  tombés  comme  lui  sous  le  fer 
erinemi  ,  inais  plus  heureusement  que  lui  ,  dans 
le  hasard  des  batailles  :  les  noms  de  Joubert,  de 
Dufalga,  deLatour-d'Auvergne  ,  de  Dagobert, 
de  Dugotiimi''er  ,  de  Marceau  ,  de  Desaix,  sont 
prononcés  pour  qqe  la  patrie  compte  ses  perles  , 
et  les  enfans  de  la  patrie  leurs  modèles.  Après 
eux  ,  Kléber  esi  nommé  :  il  semble  marcher  eavi» 
ronné'de  ce  glorieux  cortège  ,  dans  les  rarigs 
duquel  l'égaliié  règne  sans  doute  ;  car  qui  pour- 
rait vouloir  apprécier  U  valeur  du  Sang  que 
chacun  de  ces  hoharaes  célèbres  a  versé  potrf- 
la  patrie? 

Cependant,  la  parité  des  destinées  de  Desaix 
et  de  Kléber,  ne  permet  pas  à  l'orateur  de  le»' 
séparer:  leurs  cendres  doivent  être  déposées  dans 
le  même  monument;  l'orateur  les  réunit  dans 
l'hommage  qu  il  rend  à  leur  mémoire.  Après' 
les  avoir  suivis  dans  le  cours  de  leurs  exploiis' 
sur  le  Rhin  ,  et  avoir  ennobli  le  nom  des  lieux' 
qu'il  cite  ,  par  le  souvenir  de  leurs  victoires» 
l'grateur  s'exprime    ainsi  c 

<<  La  scène  change  ,  et  nos  deux  héros  vont  ètrêk' 
mis  en  parallèle.  Une  expédition  ,  dont  les  motifs 
paraissent  au-dessus  des  conceptions  humaines  , 
se  prépare  par  un  génie  vaste  et  profond.  Sur 
uii  appel  fait  aux  braves  par  le  hércs  déposi- 
taire de  nos  desiinées  ,  à  qui  la  gloire  ne  peut 
donner  un  plus  beau  nom  que  le  sien  ,  Desaix 
se  rend  le   premier  sous  ses  drapeaux. 

'1  Bientôt  la  France  apprend  que  ses  guerrier» 
ont  pénétré  eh  Egypte.  Rhamanié  cède  à  l'effort 
de  nos  armes  ,  et  les  mamelouks  surpris  sont 
forcés  de  se  rendre.  L'armée  de  Mourat-Bey  , 
sous  les  murs  de  Chebriss  et  de  Sédiman  cède 
à  noire  valeur  ;  même  succès  par-totlt  ,  et  les 
déserts  jusqu'à  présent  inhospitaliers  ,  èlonnéi 
de  se  voir  habiter  ,  sont  forcés  d'abriier  leurs 
nouveaux  hôtes.  Celle  expédition  de  la  Haute- 
Egypte  ,  secondée  par  la  valeur  de  Desaix  ,  lui 
mérita  par  la  sagesse  de  l'exécution  m  la  nlg.' 
niere  dont  elle  lut  dirigée  ,  une  sorte  d'ado» 
ration  que  les  enneoùs  mêmes  exprimèrent  p/f 


j58 


îe  titre  Vénéi'able  qu'ils  ajoutèrent  à  son  nom  , 
celui  de  Sultan .  juste.  La  conquête  de  ces  vastes 
«oiiirées  ne  suHii  pas  à  sa  glone  ;  il  quitte  l'O- 
rient et  s'embarque  en  venu  d'une  capitulation 
soiennelie  ;  il  va  courir  des  périls  nouveaux.  Ici 
je  me  replace  au  point  où  j  ai  commencé  à 
vous  enitctenir  de  ce  jeune  héros  ,  et  K'éber 
se    représente   à  ma  pensée. 

"  LEgypie  était  libre  par  lui  ,  et  les  troupes 
d  'ifousep-Pacha  ,  grand  visir  de  la  Porte  ,  avaient 
fui  sous  l'efFort  de  ses  coups.  La  victoire  lui 
vit  répandre  des  larmes,  la  clémence  s'en  honora 
en  les  recueillant  ;  et  l'oubli  des  trames  odieuses, 
desinl'âmes  trahisons,  de  l'ingratitude,  plus  infâme 
encore,  et  l'oubli  de  touies  ces  horreurs  ,  l'oubli , 
cet  effort  des  giandes  arnes  ,  illustra  les  armées 
françaises  dans  sa  personne  :  le  crime  seul  triom- 
phe et  des  trophées  de  mort  sont  la  récompense 
du  vainqueur;  et  c'est  sur  celte  froide  tombe 
que  nous  déposons  nos  larmes,  les  expressions 
de  nos  douleurs  :  elle  devient  donc  pour  nous 
i  autel  de  l'amitié   et   de   la   reconnaissance. 

"  Un  de  ces  monstres  à  forme  humaine  que 
le  crime  soudoie;  un  de  ces  monstres,  agent 
du  fanatisme,  est  signalé  par  des  chefs,  infâmes 
violateurs  de  tous  l«s  droits  du  pacte  social, 
pour  commettre  l'assassinat  du  général  français; 
ce  monstre  traverse  rapidement  le  désert  ;  il  suit 
dans  la  méditation  de  la  scélératesse  sa  victime 
pendant  un  mois;  la  distance  entre-elle  et  lui 
est  le  moindre  de  ses  obstacles;  il  l'atteint  ^  la 
frappe  ,   et  Kléber  n'est  plus  !  n 

»>  Français,  vous  avez  perdu  un  grand  homme, 
et  son  successeur  pleure  en  lui  un  ami.  Ne 
versons  point  des  larmes  sur  sa  tombe,  déoo- 
sons  y  au  contraite  nos  espérances  :  il  nous 
laisse  un  grand  exemple;  tremblez,  ennemis 
de  la  patrie.  Le  marbre  et  l'airain  périront, 
mais  ta  gloire ,  ô  Kléber  !  sera  éternelle  comme 
l'empire  de  la  liberté. 

»5  Qu'un  concert  d'acclamatipns  s'élève  dans 
ce  moment  pour  honorer  et  célébrer  la  mémoire 
des  braves,  qui  dans  les  champs  de  la  Syrie, 
d'Abou-Kir  et  d  Héliopolis  ont  péri  pour  la  cause 
de  la  liberié  :  leurs  dernières  pensées  ont  été 
pour  notre  bonheur. 

)>  Et  loi  ,  Kléber  !  jette  un  regard  de  bonté 
sur  celui  qui  s'est  montré  assez  téméraire  pour 
«e  charger  de  répandre  quelques  fleurs  sur  ta 
tombe  ,  d  honorer  ta  cendre  par  le  récit  de  tes 
aciions.  Tu  as  forcé  l'envie  au  silence  ,  par  la 
pratique  des  vertus  privées  ,  par  le  dévouement 
le  plus  pur  et  le  plus  héroïque.  En  osant  pro- 
noncer ton  nom  devant  une  assemblée  pleine 
de  Ion  souvenir  ,  je  sens  mon  insuffisance  ;  mais 
J'ai  cédé  à  la  vive  impulsion  qui  m'a  été  donnée 
par  la  douleur  générale,  par  le  respect  religieux 
que  je  porterai  toujours  à  la  vertu  ,  à  la  valeur, 
à  la  magnanimité,  i» 

En  citant  ces  passages,  nous\e  croyons  devoir 
nous  justifier  que  d'une  chose  ,  c'est  de  les 
iniérer  un  peu  tard  ;  mais  l'éloge  des  grands 
hommes  est  de  tous  les  jours,  et  leur  souvenir 
appartient    à  sous  les   momens. 

—  Le  citoyen  Dubois  est  arrivé  le  2  brumaire 
à  Bordeaux.  Le  commissaire-général  de  police 
avait  fenvoyéun  courierà  sa  rencoiitre  :  Vincognito 
rigoureux  que  le  conseiller-d'état  a  gardé  ,  a  em- 
pêché que  l'envoyé  ait  rencontré  le  nouveau 
préfet. 

Le  btigantin  de  la  ville  avait  été  préparé  pour 
le   recevoir  au  passage   de  la  Bastide. 

Un  détachement  de  gendarmerie  a  escorté  le 
conseiller-d'état  jusqu'au  palais  de.  la  préfecture. 

Ce  matin  ,  les  conseillers  de  préfecture  ,  le 
commissaire  -général  de  police  ,  les  maires  et 
adjoints  des  municipalités  de  Bordeaux  ,  le  gé- 
néral commandant  la  division  et  son  état-major, 
le  commandant  de  la  place  et  ses  adjudans  , 
le  commandant  et  les  officiers  de  la  Sg'  demi- 
brigade  de  ligne  ,  les  différens  chefs  militaires , 
les  commissaires  ordonnateurs  et  ordinaires  des 
guerres  .  le  commissaire  principal  de  la  marine  , 
et  les  officiers  et  administrateurs  de  cette  arme , 
les  chefs  du  génie  miluaire  ,  l'ingénieur  enchel 
des  ponts  et  chaussées  ,  se  sont  rendus  à  la 
préfecture.  Ils  ont  été  présentés  au  cit.  Dubois  , 
revêtu  de  son  costume  de  conseiller-d'éiat.  Lt- 
citoyen  Duclaux,  secrétaite-général  delà  préfec 
lure  ,  a  adressé  au  nouveau  préfet  un  discours 
ainsi  terminé  : 

<i  Le  premier  choix  du  gouvernement  fut  pour 
nous  un  gage  précieux  de  ses  intenrions  ;  nous 
lui  adressons  nos  remercîmens  ,  nous  lui  portons 
nos  regrets  :  le  gouvernement  a  voulu  les  affai- 
blir ces  regrets  ,  en  vous  choisissant  parmi  son 
conseil  ;  c'est  une  nouvelle  faveur  dont  le  dé- 
partement s'-honore  ,  et  dont  il  saura  êire  recon- 
naissant. Il 

Après  avoir  réjiondu  en  peu  de  mots  ,  le 
n.ouveau  préfet  a  conféré  sur  différens  objets 
d'administration  publique  avec  les  fi^nctionnaires 
publics  dont  il  étiiii  entouré.  Il  a  témoigné  le  désir 
de  connaître  la  siiuaiion  du  département  sous 
le  rapport  ue  ses  ressources  et  de    ses  besoins. 


et  de  donner  suite  aux  vues  éclairées  de  son  pré- 
décesseur. (Extrait  du  bulletin  de  la  Gironde.) 

INSTITUT        NATIONAL. 

Dans  la  dernière  séance  publique  ,  le  citoyen 
Colin-Harleville  a  donné  la  notice  suivante  des 
travaux  de  la  classe  de  la  littérature  et  beaux-arts 
pendant  le  dernier  trim.;stre  de  l'an  S. 

Il  est  difficile  de  parcourir  ,  en  peu  de  minutes , 
l'ouvrage  de  trois  mois  ;  et  celui  qui  a  une  paieille 
lâche  à  remplir,  court  le  risque  de  ne  donner  au 
public  qu'une  idée  bien  superficielle  de  chaque 
mémoire  ,  et  d'en  satisfaire  très-peu  les  auteurs, 

Et  d'abord  j'aurais  de  la  peine  à  rendre  un 
compte  aussi  fidelle  d'une  noie  savante  du  cit. 
Domergue  ,  qu  il  l'a  fait  lui-même  d'une  nouvelle 
grammaire  ,  imprimée  après  une  analyse  rapide, 
mais  exacte  de  cet  ouvrage.  Il  observe  judicieu- 
sement )i  Qjte  ces  grammaires,  qui  surchargent 
>'  noire  liliérature  ,  ne  sont  presque  toutes  que 
>»  des  copies  dangereuses;  que  la  plupart  des 
>»  auteurs  de  ces  grammaires  ignorent  même  le 
)>  nom  de  Lahcelot,  de  Girard,  de  Dumarsais  , 
)>  de  Condillac  :  que  tous  les  grammairiens  phi- 
1)  losophes  leur  sont  étrangers  ,  comme  ils  le 
))  sont  eux-mêmes  à  toute  idée  philosophique. 
11  Cependant  (ajoute  le  citoyen  Domergue)  les 
11  journaux  publient  les  éloges  magnifiques  que 
>i  chaque  grammairien  a -faits  lui-mê-me  de  sa 
Il  grammaire;  et  l'instituteur,  le  père  de  famille  , 
11  l'étranger,  sont  trompés  par  le  désir  même 
II  qu'ils  ont  d'une  meilleure  méihode  d'instruc- 
i>  non.  11 

La  science,  l'érudition  proprement  dite,  est 
moins  sujette  à  usurper  des  réputations.  Ses  con- 
jectures supposent  de  longues  recherches  ,  ses 
erreurs  même  instruisent  ,  et  ses  doutes  sont  bien 
propres  à  nous  rendre  modestes. 

Après  un  mûr  examen  de  l'une  des  plus  belles 
statues  apportées  d  Italie  ,  déteriée  en  1767  auprès 
de  Frascati ,  connue  long-iems  sous  le  nom  de 
Sardanapale,  et  aujourd'hui  sous  celui  de  Bacchus 
barLu  ,  ou  l'ancien  ,  noire  collègue  Mongez  pit- 
senie  une   conjecture  nouvelle. 

Où  l'on  vit  d'abord  une  statue  de  Platon;  où 
le  docte  'Winkelman  ,  qui  réfuta  cette  opinion  , 
trompé  à  son  tour  par  le  nom  de  Sardanapale  , 
voulut  voir  un  roi  d'Assyrie,  celui  qui  fut  tm 
prince  juste  et  tempérant  ;  où  M.  Visconti  crut 
retroiiver  un  Bacchus  vieux  et  barbu  ,  et  deviner  , 
d'après  une  main  droite  ,  qui  n'existe  plus  ,  le 
geste  d'insouciance  qui  caractérise  ,  à  Anchiale  , 
la  statue  de  Sardanapale  ;  en  cet  ouvrage  enfin  , 
si  diversement  jugé  ,  le  citoyen  Mongez  propose 
de  reconnaître  Icmpereur  Elogabale  ou  Helio- 
gabale.  Tout  rend  son  opinion  très-plausible. 
L'affectation  de  cet  tmpertiir  de  s'habiller 
comme  les  princes  d  Assyrie;  les  attributs  du 
dieu  Bacchus,  qu'il  aimait  à  emprunter;  le  nom 
même  de  Sardanapale  ,  inscription  en  effet  digne 
de  lui  ,  et  jusqu  à  la  barbe  épaisse  de  celte  figure, 
qui  s'accorde  bien  avec  l'habitude  où  étaient  les 
artistes  ,  de  peindre  avec  de  longues  barbes  les 
successeurs  des  Antonins ,  qui  imitaient  en  cela  les 
philosophes. 

Au  reste,  (et  c'est  une  réflexion  du  cit.  Mongez 
lui-même)  <iSi  la  conjecture  paraît  moins  vraisem- 
11  blable  que  d'autres  ,  elle  aura  le  sort  de  l'opi- 
)i  nion  de  Winkelman ,  et  il  trouvera  dans  cette 
)»  conformité  un  motif  de  consolation.  1» 

La  classe  de  littérature  ei  beaux  arts  peut  natu- 
rellemefit  faire  succéder  l'examen  d'une  pro- 
duction nouvelle  des  ans,  à  un  point  d'anti- 
tiquité. 

Le  C.  Camus  ,  au  nom  d'une  commission , 
a  fait  un  rapport  sur  les  nouveaux  procédés  du 
cit.  Heihan  ,    relativement  à  la  stéréotypie. 

On  connaît  le  mérite  et  rulili:é  de  cette  in- 
ventiori  moderne,  qui  tire  son  nom. des  carac- 
tères fixes  dont  est  composée  chaque  page  des 
plaaches  qui  servent  à  l'impression  ,  découverte 
qui  fait  tant  d'honneur  au  cil.  Didot.  Le  travail 
du  cit.  Herhan  est  bien  propre  à  la  perfectionner. 
Pour  en  donner  une  idée  ,  je  ne  sais  pas  assez 
bien  m'exprimer  dans  celle  langue  ,  et  j'aime 
mieux  laisser  parler  le  rapporteur  lui-même, 
chargé   d'examiner  ce  mécanisme    nouveau! 

<«  Le  cit.  Herhan  (dit  notre  collègue  Camus) 
II  découpe  des  tables  de  cuivre  choisi,  en  bandes 
11  égales  à  la  largeur  des  parallépydes  qui  for- 
II  ment  les  types  de  l'imprimerie  ;  il  les  réunit 
II  et  les  élire  ,  au  moyen  d'une  filière  ,  de  ma- 
iiniere  qu'ils  sont  parfaitement  dressés  sur  toutes 
11  leurs  faces.  On  les  coupe  de  2ongueur,on  les  jus- 
11  lifie  :  apiès  quoi  ,  on  les  emboîte  dans  une 
II  machine  qui  les  porte  perpendiculai:ement 
11  sous  un  poinçon  d'acier  ,  ponant  une  lettre 
II  de  l'alphabet.  Le  poinçon  descend  au  moyen 
11  de  quelques  coups  de  marteau  ;  mais  un 
'1  tampon  ,  dont  il  est  garni  ,  l'empêche  de  se 
Il  porter  au-delà  d'un  certain  terme  ;  d'où  il  ré- 
11  suite  que  le  caractère  creux  est  enfoncé  à  une 
II  profondeur  parfaiiement  égale,  dans  chacun 
II  des  parallépyde»  qui  sont  présentés  à  son 
II  action. 


.  I)  Les  types  creux  sont  mis  ep  casse  ,  distti- 
II  hués  comme  le  seraient  des  types  saillans. 
11  On  compose  la  planche;  elle  se  tiouve  dans 
"  le  sens  direct  pour  la  lecture,  de  gauche  à 
Il  à  droite;  on  corrige,  tu  remplaçant  le  type 
II  défectueux  par  un  autre.  La  pbnche  creuse 
II  ou  matrice  est  cllchee  à  l'ordinaire  ;  après 
11  celle  opération  ,  on  désassemble  ,  et  les  types 
"  servent  à  former  d'autres  planches  sembla- 
II  blcs.  Il 

Ce  procédé  ,  décrit  avec  tant  de  précisioa 
et  <^e  clarté  par  notre  collég;ue  Camus,  pro- 
cédé qui  épargne  plus  d'une  opération,  permet 
le  choix  du  méial  ,  facilite  la  correction  et  ne 
laisse  point  oisifs  les  caractères,  paraît  aussi 
ingénieux  qu'utile  ,  sur-tout  quand  l'auieur  aura 
remédié  à  quelques  inconvéniens  qu'on  y  a 
temartiués  ;  il  fait  faire,  un  grand  pas  à  la  sté- 
réotypie, et  suppose  de  longues  recherches  , 
des  essais  multipliés.  Il  .est  déjà  reçu  en  divers 
lieux  de  /Eurppe.  Londres  en  lait  usage.  Pcui-on 
douter  de  lîoae  empressement  à  acctieillir  les 
productions  de  nos  artistes,  quand  les  étrangers 
les  honorent  et  les  adoptent. 

On  ne  supposera  pas  que  le  vain  désir  de 
délasser  l'attention  de  nos  auditeurs,  et  d'aller, 
comme  le  dit  Boileau. 

Du  grave  au  doux ,  du  plaisant  au  scvere  , 
soit  le  seul  motifs  qui  nous  engage  à  passer 
de  1  analyse  de  mémoires  savans  et  sévères  ,  à 
l'examen  du  Panoiama.  Où-  plus  d'un  curieux 
n'a  vu  (ju'une  iinitaiion  charmante  de  Paris  , 
de  Toulon  ,  un  spectacle  enfin  ,  le  cit.  Dufourny  , 
au  nom  d'une  commission  ,  dont  j'analyse  le 
rapport  ,  a  reconnu  un  procédé  savant  ,  l'art 
profond  de  la  perspective  ,  celui  de  fondre  ha-. 
bilcmenl  les  couleurs  ,  de  ménager  les  jours  , 
enfin  de  tromper  par  un  aitifice  aimable  les  yeux 
les  plus  exercés.  . 

C'est  ici  sur-tout  que  nous  regrettons  de  ne 
pouvoir  ,  par  une  analyse  détaillée,  mettre  ceux 
qui  nous  écoulent  à  potiée  d'apprécier  le  mérite 
de  l'invention  de  M  Robe' t  Parker,  d'Edimbourg, 
premier  inventeur  du  Panorama  ,■  (  ainsi  nommé 
de  deux  mots  grecs  n«»  et  o^ir^x,  vue  de  la 
totalité  )  invention  introduite  en  France  par 
l'américain  Fulion  ,  et  perfectionnée  par  son 
compatriote  James  ,  à  l'aide  des  ariisles  français 
Fontaine,  Piévôi  et  Bourgeois.  '     ; 

Mais  nous  devons  saisir  une  idée  lumineuse 
qu'un  examen  approfondi  a  fait  naître  au  rap- 
porteur ;  c'est  qu'on  entrevoit  dans  cette  heu- 
reuse exécution  la  possibrliié  de  tirer  un  grand 
parti  de  cette  découverte.,  pour  ajouter  encore 
à  l'illusion  ,  à  cet  effet  magique  ,  ciiii  donne  tam 
de  prix  à  la  peinture.  Le  secret  serait  dJsolci 
le  tableau  ,  qui  dès-lors  ,  n'offrant  plus  à  1  ceil  nul 
terme  de  comparaison,  trpmperait  le  specta- 
teur ,  au  point  de  le  faire  hésiter  entre  la  nature 
et  iai't.  Et  même  ,  en  sitpposant  que  cel  isole- 
ment abso  lu  fût  impossibla*,  toujours  est-il  cons- 
tant que  1  inventeur  du  Panoranïa  ,  et  ceux  qui 
l'ont  si  bien  secondé  ,  ont  avancé  dans  l'art 
d'éclairer  les  tableaux  ,  de  diriger  les  rayons  de 
la  lumière  ;  procédé  qui  pourrait  s'employer  uti- 
lement à  éclairer  les  Musées  et  foutes  les  Galeries 
destinées  à  renfermer  les  productions  des  ans. 

Maintenant  ,  pour  suivre  ,  même  de  loin  ,  h; 
citoyen  Leblond  ,  dans  ses  Recherches  sur  Ephese, 
il  faudrait  presque  être  tour  à  tour  géographe , 
architecte  ,  historien  antiquaire  ,  et  sut  -  tout 
moraliste  ,  car  il  semble  être  tout  cela. 

D'abord  il  nous  montre  le  berceau  de  l'anlique 
Ephese,  sortie  pour  ainsi  dire  du  sein  des  mers  ; 
aidé  de  notre  collègue  Buache  ,  il  en  trace  le 
dessin  ,  et  rétablit  dans  leur  juste  place  la  ville 
ancienne  et  la  nouvelle. 

Il  n'a  pas  oublié  ce  temple  si  célèbre  ,  mis  ait 
rang  des  sept  merveilles  du  monde  ,  que. la  fable  , 
(bien  avant  celle  de  Loretie  )  fil  descendre  di» 
ciel  .  avec  la  statue  de  Diane  ;  que  d'autres  aliri- 
buenl  à  ces  héro'înes  imaginaires  ,  connues  sous 
le  nom  d'Amazênes  ,  et  qu  une  tradition  ,  malheu- 
reusement plus  fidelle  ,  atteste  avoir  éié  consumé 
par  ce  fou  ,  cet  ambitieux  ,  figure  de  laat 
dErostrales  modernes. 

■  Le  citoyen  Leblond  sort  avec  plaisir  de  cette 
nuit  fabuleuse,  pour  entrer  dans  les  jours  de 
l'histoire.  Il  nous  montre  un  jeune  conquérant, 
un  héros  invincible  ,  con  sacrant  ses  victoires 
par  des  travaux  plus  paisibles  et  sublimes,  et  de 
la  même  main  dont  il  fondait  des  villes  ,  réta- 
blissant Ephese  ,  ainsi  que  tant  d'autres  cités  , 
dans  ses  droits   primitifs. 

Il  discute  sur-tout  avec  sagacité  un  point  long-- 
tems  débattu  parmi  les  savans  ,  l'origine  et  la  date 
des  monnaies  d'argent  ,  appelées  cistophores. 
Après  avoir  réfuté  diverses  opinions  ,  le  ciioyea 
Leblond  leur  assigne  leur  véritable  .cause  ,  leur 
époque  précise.  Entre  ces  cistophores  ,  frappées 
en  six  villes  de  l'Asie  mineure  ,  il  distingue  celles 
d  Ephese  ,  parles  letites  numéraires  qui  se  lisent 
dans  le  chornp  ,  et  qui  sont  des  dates  d  années, 
Il  prouve  que  celles-ci  étaient  frappées  à  chaque 
entrée  d'un  proconsul  romain  dans  l'Asie  ,  par 
Ephese  ,   droit   précieux,    auquel    les   éphésiens 


i58 


mirent  un  si'  haut  prix  ,  tant  les  grecs  éiaient 
passionnés  pour  toute  espèce  de  gloire.  Ce 
seniimeni,  plus  facile  à  admirer  qu'à  expliquer , 
était  pour  eux  le  prennier  besoin  ,  et  fii  de  la  Giece 
"le  premier  peuple  de  la  terre. 

Mais  à  la  tèle  de  ces  titres  d  honneurque  réclame 
Ephese  ,  notre  collègue  Leblond  raei  avec  raison 
celui  d'avoir  donné  le  jour  à  une  foule  d'hommes 
célèbres.  I!  commence  cette  belle  liste  par  Appelles, 
que  Ces  lui  dispute  en  vain.  Mais  nous  parlons 
d  Epbese  ,  et  elle  n'existe  plus!  elle  a  disparu 
de  dessus  la  (erre  avec  A'henes  ,  Rhodes  ,  et  la 
Grèce  entière.  Qjie  dis-je  ?  Appelles  presque  seul 
survit  à  sa  patrie-,  que  clis-je  ,  il  ne  nous  reste 
d'Appclles  que  le  nom. 

•  Pour  effacer  l'iraprcssionraélancolique  que  celle 
létlexion  laisse  dans  lame  ,  la  poésie  nous  offre 
"Ses  douces  hciions.  Une  scène  de  comédie  du 
citoyen  Andrieux  viendrait  ici  bien  à  propcis.  Ce 
n'est  qu'une  scène  ,  étendue  il  est  vrai  ,  expo- 
sant dans  un  beau  jour  le  contraste  si  frappant 
'de  la  soil  de  I  or  ,  avec  l'amour  de  la  raédio- 
ciilé,  et  piorattiant  avec  le  comique  étourdi  un 
but  moral  plus  prononcé  encore  ,  si  des  occu- 
palions  plus  sérieuses  permettaient  à  l'auteur  de 
i'achcver.  Cette  scène  ,  qui  a  été  entendue  avec 
iniétêt  dans  nos  assemblées  pariiculierés  ,  dex'ait 
être  lue  en  cette  séance  ;  mais  le  cit.  Andrieux 
a  jugé  lui-même  qu'une  scène  détachée  de  l'ou- 
vrage pioduirait  moins  d'effet  ,  et  ferait  perdre  , 
en  quelque  sorte  ,    sa  fleur  à  cette  comédie. 

Je  ne  puis  même  en  dédommager  le  public  , 
en  disant  ce  que  j'en  sais,  ce  que  j'en  pense; 
si  l'on  doit  sinterdire  la  satisfaction  de  louer 
ses  collègues  ,  à  plus  forte  raison  ses  plui  chers 
amis. 

Tels  sont  les  principaux  travaux  qui  ont  rem- 
pli nos  séances  pendant  le  dernier  trimestre  ;  je 
dis  les  séances  ,  car  il  s'en  faut  bien  que  ce 
soient  là  toutes  les  occupations  de  la  classe.  C'est 
souvent  dans  le  cabinet  ,  dans  l'attelier  que  ses 
membres  travaillent  le  plus.  C'est  ailleurs  qu'on 
peut  juger  les  études  ,  les  talens  de  nos  artistes  , 
dont  aimons  pouitant  à  nous  honorer.  Nous  ré- 
clamons aussi  le  droit  d'annoncer  ,  quoiqu'ils 
soient  imptimés  ,  les  ouvrages  publiés  par  nos 
collègues  pendant  ce  taéiae  trimestre  ,  ou- 
vrages préparés  souvent  dans  le  sein  de  no*-  as- 
semblées. 

L'un  des  plus. inléressans  est  la  nouvelle  édi- 
tion du  Commentaire  grec  de  Simplicius  ,  sur  le 
Manuel  d  Epictete  ,  par  Schweighoeuser  ,  asspcié  ; 
morceau  précieux  par  la  pureté  ,  la  vérité  du.  texte, 
et  par  des  notes  savantes  ,  dignes  ,  en  tin  mot  , 
des  ouvrages  de  l'éditeur. 

Une  note  détaillée  de  riotre  collègue  Langlès  , 
contenant  les  ouvrages  élémentaires,  manuscrits, 
sur  la  langue  chinoise  ,  que  possède  la  biblio- 
thèque nationale  ,  rassure  les  savans  sur  l'exis- 
tence et  l'ordre  dans  lequel  ont  éié  conservés 
5o  raille  caracieres  chinois  ,  typographie  unique 
en  Europe. 

A  ces  richesses  que  le  citoyen  Langlès,  en 
gardien  fidèle  ,  conserve  religieusement  et  vante 
avec  amour,'  il  ajoute  la  ressource  des  carac- 
tères lanareS  manchoux  ,  qui  peuvent  conduire 
à  l'intelligence  de  la  langue  chinoise  ,  et  même 
y  suppléer. 

Nous  ne  disons  rien  de  deux  copies  figurées 
des  inscripiions  du  bloc  de  marbre  trouvé  à 
Alexandrie,  l  une  faite  par  le  cit.  Conti ,  et  l'autre 
par  le  cit.  Marcel  ,  présentée  par  le  général  Dugua; 
le  cit.  Ameilhon  devant  en  rendre  compte  dans 
cette  séance. 

Nous  ne  ferons  non  plus  qu'annoncer  un  rap- 
port fait  par  le  cit.  Chaptal,  au  nom  d'une 
commission  ,  sur  le  nettoiement  des  statues  de 
marbre  ,  objet  bien  intéressant  pour  les  artistes 
et  pour  les  amis  des  ans. 

Enfin  ,  et  il  est  doux  de  se  reposer  sur  un 
pareil  ouvrage  ,  notre  collègue  Bltaubé  vient 
de  mettre  au  jour  la  traduction  française  d'un 
poëme  allemand  ,  en  neuf  chants  ,  intitulé  : 
Htrmann  et  Dorothée  ,  nouveau  même  en  Alle- 
magne ,  et  dont  l'auteur,  est  le  célèbre  Goethe. 
•  Cette  production  littéraire  du  sol  presque  vierge 
encore  de  la  Germanie  ,  est  digne  de  la  langue 
<le  Gessner  ,  digne  de  son  auteur ,  de  celui 
•qni  nous  a  attendris  si  délicieusement  sur  les  pei- 
nes de  Werther  ,  et  qui  partage  la  scène  avec 
Jes  Schiller,  les  Klopstock  ,  les  Kotsebue. 
■  G  «st  une-peinture  nu'ive  et  fidelle  de  là  vie  do- 
meitique  ,  des  epanchemens  d'une  famille  ,  de 
1.1  confiance  d'un  voisinage  ;  enfin  des  événetricns 
les  plus  simples  et  non  moins  touchans,  sur-iout 
d'un  premier  amour  oii  Ion  croit  voir  les  mœurs 
de  lâge  d'or  ,  le»  longvies  arpours  de  Jacob  et 
<lc  Rachel  ,  enfin  la  riatuie   même. 

La  traduction  est  simple  ,  fraîche  ,  pure  ;  le 
Km  en  eut  parlailemeut  d'accord  avec  le  sujet  si 
doux  ,  si  naturel.  On  y  reconnaît  le  traducteur 
d  I  lomcre  et  l'écrivain  modeste  envers  qui  Goethe 
peut  aisément  s'acquitter  ,  en  traduisant  à  son 
lour  ,  dans  sa  langue  ,  l'ouvrage  qui  approche 
le  plus  de  la  Mod  d  Abel  ,  i«  poëme  touchant 
dejoiepb. 


THEATRE        PEVDEAtJ. 

Vhomme  à  grands  senlimerm  o\i' le  moratiseur  :  tel 
est  le  tiire  d'un  ouvrage  en  cinq  actes  et  en 
vers  ,  joué  avec  succès  par  les  sociétaires  de 
l'Odéon  ,  réunis  au  théâtre  Fcydcaii.  Voici  quel 
en  est  le  sujet. 

Lisimon  ,  après  avoir  fait  au  Bengale  une  for- 
tune considérable  ,  revient  en  France  dans  l'in- 
tention de  disposer  de  ses  biens  en  faveur  de 
Ses  neveux,  mais  décidé  à  reconnaître  avant  tout 
s'ils  sont  également  dignes  de  ses  bienfaits.  L'un 
d'eux,  Valsain ,  .affecte  les  grands  ientimens, 
garde  dans  ses  dém-arches  la  plus  scrupuleuse 
décence  ,  et  dans  ses  discours  la  plus  rigou- 
reuse moralité.  Le  Tartuffe  de  Molière  est  un 
hypocrile  de  religion  ,  Valsain  est  un  hypo- 
criie  de  mœurs.  L'un  affecte  la  cliariié  ,  1  autre 
la  bienle'ance  ;  comme  Tartuffe  ,  sous  le  man- 
teau de  l.r  religion  ,  Valsain  ,  sous  le  voile  de 
l'amiiié  ,-veut  séduire  la  femme  de  son  protec- 
teur et  de  son  •ami. 

L'auire  neveu,  de  Lisimon  se  noni^e  Flor- 
villê.  C'est  un  de  ces  jeunes  gens  ,  déjà  si  sou- 
vent dépeints  au  théâtre,  «jui  à  la  plus  mauvaise 
tête  joignent  un  cœur  excellent  ,  qui  livrés  aux, 
égaremens  d'une  jeunesse  impétueuse  ,  dissip- 
pent  et  perdent  tout  ce  qu'ils  possèdent  ,  tout  , 
hors  les  senlirnens  d'honneur  ,  et  les  affections 
généreuses  qu'une  bonne  éducation  ajoute  à  un 
,  bon  naturel. 

I      Pour  éprouver   ses   neveux  ,  Lisimon   se   pré- 
sente  successivement    chez  eux  sous   dis  habits 
différens  ;   et    d'abord    chez   Florville  ,    sous   le 
I  costume  d'un  usurier.  Florville  veut  de  l'argent, 
I  mais  il    n'a  plus    de    gages  à  donner.  Sa  maison 
I  est  vendue  ;  son  mobilier  a   disparu  ;   il  ne  reste 
.  sur   les   murs  que    de  vieux  poctraiis  de  famille 
dont  Florville  n'a  jamais  vu  ni  connu  les  origi- 
naux. Le  faux  juif  propose   d'acheter   cette   ga- 
lerie,  la  destinant ,  dit-il  ,  irès-plaisammeni  à  un 
parvenu  qui    désire   une  collection    d'ayeux  dis- 
tingués dans  la  magisiiaiure  et  le  militaire.  Flor- 
ville vend  les    siens  pour   10,000  francs-,  mais  en 
les    livrant  ,  il  en   met  un  à  l'écart  -,  Lisimon  fixe 
le  tableau  ,  il  reconnaît  son  portrait,  et  apprend 
que  celle    exception  est  un  tiibut  payé  par  Flor- 
ville  à   la  reconnaissance.  Lisimon  met   bientôt 
son    neveu  à  une  rude   épreuve    :   il  donne  du 
portrait  un  prix  fou  ,   et  ne  reçoit  qu'un  refus  -, 
il    menace    inutilement    de    rompre    le  maiché. 
Florville  est  inébranlable  ,  et  son  oncle  wjrt  en- 
^  chanté. 

I  Sous  le  nom  d'un  parent  et  sous  la  livrée  de 
;  la  misère  ,  Lisimon  se  rend  chez  Valsain  et  ré- 
clame .des  secours.  Beaucoup  de  politesses  ,  des 
j  phrases  mielleuses,  des  promesses  de  service  î 
■■  st  jamais  l'occasion  se piésenlf^  :  voilà  ce  qu'il  re- 
•  çoit  de  son  neveu  ;  il  son  courroucé  en  dési- 
I  gnant  clairement  celui  des  deux  jeunes  gens  qui 
doit  compter  sur  ses  bienfaits. 

j  Telle  est  1  action  principale.  L'action  secon- 
!  daire  est  I  intrigue  que  noue  Valsain  pour  séduire 
^  la  femme  de  son  ami. 

I  Sous  le  prétexte  d'entrelieps  littéraires  et  de 
,  lectures  instructives  ,  Valsain  a  trouvé  le  moyen 
!  de  faire  consentir  madame  Gercourt  à  passer 
j  dans  sa  bibliothèque  ;  elle  est  à  peine  ariivée 
que  Valsain  change  de  discours  et  fait  succéder  , 
au  ton  du  philosophe  et  du  sage  ,  celui  de  l'amant 
passionné  et  de  séducteur  audacieux  ;  une  situa- 
'  lion  forte  ,  dramatique  et  comique  à-la-fois  suit 
celte  scène. 

L'époux  se  fait  entendre;  madame  Gercourt 
est  obligée  de  se  cacher  derrière  un  paraveni  , 
I  et  Valsain  d'avouer  qu'il  a  reçu  chez  lui  tâne 
jeune  ouvrière  dont  les  parens  ont  besoin  de  ses 
j  secours.  Gercourt  lui  annonce  des  soupçons  sur 
la  fidélité  de  sa  femme  ;  Valsain  cherche  à  les 
détourner  de  lui  en  les  fesant  tourner  sur  son 
!  frère.  Florville  paraît  ,  et  se  justifie  avec  l'accent 
de  la  franchise.  Gercourt  répond  à  cetle  justifi- 
cation par  un  badinage  ;  il  veut  que  Florville 
connaisse  l'ouvrière  cachée.. ..  Florville  court  au 
paravent,  apperçoit  madame  Gercourt.  et  la 
dérobe  avec  adresse  aux  regards  de  son  mari. 
Bientôt  il  entraîne  ce  dernier  loin  de  l'apparte- 
ment de  son  frère  ,  ménageant  à-la-lbis  un  époux 
que  Valsain  trahissait,  Thonneur  d'une  femme 
imprudente  ,  et  celui  même  d'un  frère  qui  ve 
naît  de  le   desservir. 

Malheureusement  ,  à  cette  scène  dont  la  silua- 
tion  est  neuve  ,  l'instruction  très-forte  et  l'effet 
théâtral,  succède  un  cin(juieme  acte  Iroid,  où 
l'aveu  de  madame  Gercourt  à  son  mari  pouvait 
être  amené  dune  manière  plus  adioiie  ,  et  sur- 
tout moins  larmoyante.  En  effet,  otî  l'on  ne  doit 
entendre  que  l'aveu  sincère  et  le  langage  franc 
d'une  femme  sûre  de  sa  venu  ,  on  n'aime  point 
à  trouver  les  gèmissemens  du  remoT-ds  et  les  lar- 
mes du  repentir.  Cetle  scène  appariicni  au  genre 
du  drame  :  ce  n'est  pas  à  ce  ton  que  devait  se 
livrer  l'auteur  d'une  comédie  ,  qui,  dans  les  2" 
3'  et  4'  actes ,  remplit  si  bien  son  titre.  La 
reconnaissance  de  l'oucU  est  aussi  fa.iblerncnl 
^mcnèc. 


Le  vers  qui  termine  ainsi  l'ouvrage  :  on  petit 

£tre  un  moralisetir  sans  être  un  raoraltirte , 

n'offre  pas  une  expression  parfaitement  juste 
Sans  doute ,  l'auteur  desirait  dire  qu'on  peu 
être  moraliseur  sans  avoir  de  la  moralité  ;  mai», 
il  ne  le  dit  pas;  car  on  peut  être  moraliseur  , 
oapeut  même  être  moraliste  sans  être  un  homme 
moral. 

On  voit  que  le  sujet  de  cette  pie.ce  est  au  fond 
celui  de  l  Habitant  de  la  Guadeloupe  ,  et  que  la 
plupart  do.s  situaiions  ,  celle  de  la  vente  des  ta- 
bleaux ,  celle  de  la  femme  obligée  de  se  cacher  , 
se  trouvent  dans  quelques  ouvrages  modernes  , 
ceux  paniculiérenient  des  citoyens  Mercier  et 
Duval.  Il  parait  que  ces  derniers  dans  quelque» 
parties  ,  et  fauteur  nouveau  dans  l'ensemble  de 
son  ouvrage  ,  ont  piis  pour  modèle  la  pic-ce  an- 
glaise ,  iiiiuulée  CFcole  du  scandale  ,  de  M.  Shé- 
ridan.  Malgré  le  délaut  d'unité  ,  malgré  1  embar- 
ras de  (iucl()ues  scènes,  1  invraisemblance  de 
ijuelijues  moyens  ,  il  ne  fsudrait  peut-être  quô 
quelques  cou eulions  habiles  ,  et  sur-tout  un  cin- 
(juierne  acte  plus  plein,  pour  placer  le  Morali- 
seur paimi  les  ouvr..ges  <jue  Ion  distingue  le 
jilus  au  théâtre.  Déjà  quelques  changcmens  l'ont 
l.îii .  réusiir  complètement  à  la  seconde  repré- 
seniaiion. 

Indép;  ndamment  du  niériie  de  situation  ,  oa 
doit  remarquer  celui  du  style  à-la-fois  naturel  , 
coulant  ,  coriect  el  comique.  Le  lôle  de  Valsain 
est  ce  iju'il  devait  être  :  la  période  y  est  étendue  , 
mesurée;  les  èpiihctes  y  .sont  nombicuscs,  les 
piécautions  fréquentes.  On  tec0;naîl  à  ce  lan- 
gage l'homme  qui  tics-peu  pénétré  de  ce  qu'il 
dit  ,  a  besoin  de  préparer,  ce  qu'il  va  dire. 
Florville  a  un  tout  au're  ton.  Son  sty'e  est  bref, 
sa  phrase  concise  ,  le  lour  en  est  piquant  ,  la 
saillie  y  domine  ,  quand  la  mauvaise  têle  du  per- 
sonnage l'entraîne  et  le  fait  agir  :  quand  c'csc 
son  cœur  qui  le  fait  parler  ,  son  vers  est  toujours 
concis,  mais  il.  est  nerveux ,  fort  de  pensée  et 
juste  d  expression.  Le  lôle  de  Lisimon  a  un 
mélange  de  finesse  et  de  bonhommie  qui  est 
d'un   effet  piquant. 

La  pièce  est  jouée  d'une  manière  t.rès-satis- 
fesanie.  Dorsan  rend  avec  beaucoup  d'art  le 
tôle  difEcile  de  Vahain  \  Barbier  dans  le  rôle  de 
Florville,  mérite  d  autant  plus  d'élo;.;es  ,  qu'il  est 
moins  accoutumé  à  en  recevoir.  Gaîié  franche  , 
débit  juste  ,  intelligence  exacte  du  lôle  ,  voilà 
ce  qu  on  a  justement  applaudi  en  lui.  11  doit 
veiller  cependant  sur  son  geste  qui  est  toujours 
un  peu  "gauche  ,  sut  son  atiltucîe  encore  trop 
roide  ;  mais  ce  sont  là  des  obstacles  qu'une 
longue  habitude  et  un  travail  infatigable  peu- 
vent à  peine  surmonter.  L'art  peut  ajouter  aux 
grâces  ,  mais  la  nature  seule  les  donne. 
S  .  .  .  . 


AU     REDACTEUR. 

Sur  l'embaumement  des  grands  hommes  en  France  < 
à  l'imitation  des  égyptiens. 

Je    sors,    ci:oyen  ,    de  la    bibliothèque    naiio-. 

nali  ,    et    parmi    les    antiiiuités    rares    apportée^ 

dEgypte,    j'ai     sur  -  tout    remarqué    la    momio 

qu'on  voit  à  gauche   en  entrant  dans  la  salle  des 

médailles.   J'ai  long-tems  fixé  les  yeux  sur   cettet 

figure  rembrunie  ,    et    dont  l'existence  .remont® 

peut-être  à   plus   de  trois  mille   ans.    Cette,  tête, 

sans  doute  ,  me  suis-jedit,   a  apparteuti  à  riuel- 

que    roi  ,    à    quelque    conquérant  ,    et. ses    liails 

en    sont  conservés  à  la  posiéiiié  la    plus  reculée.. 

Que  les  égyptiens  éiaient   grands    lorsquils  con,-' 

çuit-nt   ain.si    la  sublime  id.e.e  de  traiismeitre  aux 

siècles   à  venir  l'image    pour  ainsi   dire  toujours 

vivante    de   leurs  héros!  Ce:peuple    philosopha 

avait  voulu  en    quelque  sorte  créer  riuuri.qrialiié 

des   corps  ,    ou    du    moins     retracer    l'effet     des 

lois  de  la  nature  qui  \-eulent  que  tout  soit  détruit. 

En  effet  ,  les    fameuses    pyramides    et  les  autre» 

raonumens   publics^,   restes  de    la   grandeur   des. 

Piolomée  et' des  Sesostiis  ,  peuvent  bien  attcsitr 

,  la    gloire    et  la   puissance  des  rois  et  des  peuples 

I  de    l'ancienne    Egypte  ;   mais   ce    qui  justifie    le 

j  plus   à  mes  yeux  leur    antique  renommée  ,  c'est 

,  la     magnificence    de    leurs    tombeaux ,    et  leurS' 

'  soins  religieux    pour   les  morts.   Cet  acte  seul  de 

I  politique  annonce    une  giundeur  réelle  dans  les 

idées   de,  leur  .gouvernement.    Cei..x    qui    savent 

jassiz    apprécier  le,  talent  et   le  génie  d'un  grand 

I  homme  pour  dîsiier    de  le   rendre  en    quelque 

!  sorte  immortel  ,  ne  sont  pas  éloignes  de  dcivenir 

des  grands  hommes  eux-mêmts.  ' 
'  De  tant  de  héros  qui  ont  illustré  le  monde  . 
il  ne  reste  plus  que  quelques  cendres  épatses  çà 
et  là  dans  leurs  tombeaux.  Il  est  vrai  que  les 
Appelles  et  les  Phidias  moilerncs  peuvent  bieri 
transmettre  leurs  traiis  à  la  postérité;  mais  ra 
toile  et  le  marbre  n'ont  qu'une  éloquence  froide 
et  inanimée  ;  on  n'éprouve  jamais  en  voyant 
leurs  productions  le  liessaillemcnt  de  joie  et 
d'admiiatioii  dont  on  est  s.iisi  en  présence  d'un 
héros  bienl'ailcur  de  lliumanité.  En  vnyant  au- 
jouidbui  à  la  ■  bibliothèque  nationale  laimuic 
de  Inaiiç.iis  1",  je  tn.e  suis  bien  rappelé  qu  il 
fut  le  icaïaurateui     en    Fiance  dai  leities   et  des 


i6o 


beaux-ails  ;  mais  combien  n'autais-je  pas  élé  plus 
^mu  ,  si  sous  ce  casque,  sous  ce  bouclier  ,  sous 
celte  cuirasse  j'avais  pu  voir  encore  débout  ce 
même  roi  prisonnier  de  Charles  V  à  Pavie  ?  ?  ? 
Ah,.'  que  j'aurais  admiré  sur-tout  cette  main 
écrivant ,  après  sa  défaite  :  tout  est  perdu  .madame, 
fors  l'honneur. 

Pourquoi  donc  aujourd'hui  que  sous  le  nou- 
veau gouvernement  ,  encouragement  et  protec- 
îion  sont  donnés  aux  aMs  et  au  génie  ,  ri'adop- 
terail-on  pas,  en  la  perfectionnant  encore,  la 
pratique  si  ancienne  en  Egypte  d'embaumer  nos 
grands  hommes  après  leur  mort?  Si  nous  vou- 
lons devenir  grands  ,  et  servir  de  modèle  aux 
aux  autres  peuples  ,  commençons  dès  aujour- 
d  hui  à  former  la  galerie  des  héros  qui  se  sOnt 
immortalisés  par  leurs  travaux  ou  leurs  bien- 
faits. Là,  l'homme  de  lettres  ,  le  philosophe  et  le 
guerrier  viendraient  pour  ainsi  dire  étudier  la 
physionomie  du  savant  et  du  héros  qu'ils  veu- 
lent pre,ndre  pour  modelé.  Peut-on  douter  de 
l'effet  que  produirait  sur  un  jeune  homme  en- 
flammé du  noble  désir  de  la  gloire  ou  de  l'amour 
des sciences,la  figure  naturelle  et  vraie  d'un  Desaix 
ou  d'un  Buffon  ,  d'un  Latour  -  d'Auvergne  ou 
d'un  Rousseau. 

Cette  idée  que  j'émets  à  la  hâte  ne  peut  être 
perdue  pour  t(n  gouvernement  qui  a  déjà  tant  lait 
pour  la  gloire  et  la  prospérité  nationale.  En  consé- 
quence je  désirerais  que  l'on  nommât  un  conser- 
vatoire d'embeaumement  pour  les  héros  et  les 
?ages  que   la  ,mort  enlèverait  à  leur  siècle. 

Le  temple  de  Mars  pourrait  servir  de  galerie, 
pour  les  illustres  guerriers  que  le  gouvernement 
jugerait  dignes  de  cet  honneur. 

Cette  galerie  ne  serait  ouverte  au  public  que 
le  i''  vendémiaire  ,  époque  de  la  translation  et 
de  linauguration  du  héros  qui  serait  mort  dans 
l'année.  Cependant  tant  que  la  guerre  serait  dé- 
clarée avec  l'étranger,  on  exposerait  aux  regards 
des  enfans  de  la  patrie  ,  et  de  tous  les  citoyens 
français ,  la  galerie  des  héros. 

Le  Panthéon  français  serait  la  demeure  des 
sages  et  des  philosophes  qui  auraient  illustré  leur 
»iecie  par  leurs  écrits.  Le  gouvernement  jugerait 
ceux  qui ,  après  leur  mort ,  seraient  dignes  de  cet 
honneur.  Le  !"■  germinal  serait  l'époque  de  leur 
translation  et  de  leur  inauguration  au  Panthéon. 
Tous  les  jours  les  jeunes  gens  seraient  admis  à 
les  visiter. 

•  Le  conservatoire  d'embeaumement  pourrait  se 
servir  de  la  méthode  de  Ruich,  pour  conserver 
au  naturel  les  traits  et  la  figure  des  grands  hom- 
mes qfi'il  embeaumerait ,  et  ce  serait  à  ses  soins 
et  à  ses  travaux  que  la  Fraoce  républicaine  de- 
vrait un  de  ses  plus  beaux  monumens,  et  1  un 
de  ses  plus  précieux  trésors  en  histoire  naturelle. 
Robert  ,  le  jeune  ,  de  Sainte-Tulle . 
étudiant  en  médecine. 


Le  voyageur,  ami  des  arts,  qui,  dans  \e Journal 
«i«  Paru  ,  a  parlé  en  homme  parfaitement  éclairé 
des  difFérens  ateliers  du  faubourg  Antoine  ,  a 
rendu  notamment  justice  à  la  qualité  des  rasoirs 
du  cit.  le  Petit-Walle,  enclos  des  Quinze-Vingts; 
H  aurait  pu  ajouter  encore  quelques  déijils  sur  le 
goût  et  le  talent  de  cet  artiste  dans  la  composition 
de  ses  nécessaires.  11  est  impossible  d'imaginer 
comment,  dans  un  très-petit  volume  ,  l'artiste  a 
fait  entrer  une  quantité  étonnante  d'objets  d'utilité 
et  d'agrément,  que  le  choix  des  matières,  rend 
de  toute  solidité.  Tout  se  trouve  placé  si  ariiste- 
ment  et  avec  un  tel  ordre  ,  que  sans  soin  ,  sans 
embarras  ,  le  possesseur  trouve  sous  la  main  ,  et 
pour  ainsi  dire  à  lâions  ,  tout  ce  qui  lui  est  utile. 
L'étui  ,  en  bois  les  plus  rares  et  les  mieux  choisis, 
qui  renferme  tous  ces  petits  meubles  ,  exécutés 
dans  la  perfection  ,  est  aussi  de  la  forme  la  plus 
agréable.  Ceux  du  moindre  prix  ,  comme  ceux 
lès  plus  garnis  sont  tous  du  fini  le  plus  précieux. 
Celle  lettre  ,  en  même-tems  qu'elle  est  une 
justice,  est  encore  un  encouragement  que  je  saisis 
l'occasion  de  rendre  à  cet  artiste  laborieux. 


Salut  et  fraternité , 


Signé,  Lesrun. 


Le  7   brumaire  an  g. 

Citoyen,  c'est  pat  erreur  que,  dans  votre  feuille 
du  6  de  ce  mois ,  vous  m'annoncez  comme  auteur 
du  Coup-d'ail  politique  de  l'Europe.'Le  seul  ouvrage 
pohlique  ,  imprimé  sous  mon  nova ,  a\  la  Tribune 
publique  ou  Journal  des  élections ,  pour  leqiiel 
j'ai  été  prosctu  en  fructidorde  l'an  5. 

Veuillez  insérer  ma  réclamation. 

Salut  et  fraternité , 

Votre  concitoyen,  Gabriel  Leblanc. 


LIVRES       DIVERS. 

L'Ami  de  la  Js'alure  ou  choix  d'observations 
sur  divers  objets  de  la  nature  et  de  l'art  ;  par 
G.  Toscan  ,  biblioihécaire  du  Muséum  d'histoire 
naturelle,  et  traducteur  des  voyages  de  Spallanzani 
(i)  ,  un   vol.  in-S"   avec    deux  gravures. 

A  Paris,  chez  l'auteur,  rue  de  Seine  ,  d°  12 , 
près  le  Jardin  des  Plantes  ;  chez  Merlin  ,  libraire  , 
quai  des  Augustins,  et  chez  les  principaux  librai- 
res ;  prix  3   fr.  et  4  fr.    franc  de  port. 

L'épigraphe  indique  le  but  de  l'ouvrage  -.Pour 
moi  qui  dans  l'étude  de  la  nature  ,  n'ai  d'autre 
objet  que  dy  trouver  plus  4e  motifs  de  l'aimer  ,  ,c  est 
à  la  Jaire  aimer  que  je  veux  destiner  mes  recherches. 
Pour  y  réussir,  il  fallait  la  laisser  aimable,  et 
ne  point  effacer  par  de  lrO,p  scientifiques  des- 
criptions ses  biilhntes  couleurs.  L'auteur  a  su 
éviter  ce  défaut.  Les  trois  régnes  de  la  nature 
paraissent  tour-à-lour  dans  son  livre  ,  non  sous 
les  images  de  la  destruction  et  de  la  mort  , 
mais  suus  les  formes  du  mouvement  et  de  la 
vie.  Se  promene-i-il  dans  les  champs  de  la  bota- 
nique ,  c'est  Flore  qu  il  peint  ,  toujours  fraîche  , 
toujours  jeune  ,  toujours  riante  ;  et  en  touchant 
à  ses  bouquets,  il  se  garde  de  les  fanner.  Il 
n'oublie  jamais  I  homme  dans  ses  tableaux.  Qu'on 
lise  ses  DuÉi  générales  et  ses  essais  de  botanique 
morale  ,  et  l'on  sentira  l'attrait  qui  suit  celte 
science,  quand  on  l'envisage  dans  ses  rapports 
avec  nos  affections  instinctives  .  quand  on  re- 
cherche ce  qu'elle  doit  aux  leçons  de  la  nature  , 
ei  jusiju'à  quel  point  elle  peut  se  lier  à  la  morale  , 
à  I  éducation  publique  et  à  l'amour  de  la  Patrie. 
Dans  son  ariicle  sur  \s  Sommeil,  des  plantes  ,  avant 
d'en  venir  à  l'exposition  de  ce  singulier  phéno- 
mène, il  rassemble  les  divers  rapports  et  les  j 
qualités  semblables  qui  rapprochent  les  anima^ix 
et  les  végétaux.  Son  histoire  naturelle  ei  écono- 
mique de  l'arbrisseau  qui  porte  la  cire  .  offre  une 
parure  de  plus  pour  les  campagnes  ,  et  une 
nouvelle   richesse  pour  la  pattie. 

Mais  si  l'on  veut  connaître  |le  vrai  caractère  du  ' 
talent  de  l'écrivain  ,  on  le  verra  dans  \tfragment 
trouvé  dans  la  bibliothèque  du  Muséum  dhistoire 
naturelle.  C'est  une  scène  pleine  de  grâce  ,  et 
sur  laquelle  une  aimable  et  douce  mélancolie 
répand  un  charme  inexprimable.  Les  préceptes  y 
succèdent  aux  images ,  sans  détruire  ni  affaiblir 
l'iniéiêi.  Les  artistes,  amis  de  la  nature,  y  trou- 
veront plus  d'un  sujet  de  tableau. 
,  Après  avoir  parcouru  quelques  scènes  du  règne 
végétal  ,  l'auteur  passe  aux  animiiux.  On  remar- 
que d'abord  l'histoire  du  lion  de  la  ménagerie  et 
de  son  chien.  C  e<t  la  peinture  fidellc  de  l'en- 
fance ,  des  jeux,  de  l'iiilortune  et  de  1  attache- 
ment mutuel  de  ce  fier  animal  et  du  chien  ,  son 
compagnon  de  captivité.  Qiielque  peu  important 
que  puisse  paraître  ce  sujet  à  la  plupart  des 
hommes,  il  ne  tiendrait  qu'à  eux  d  en  tirer  plus 
d'une  leçon. 

Ce  morceau  est  suivi  de  Nouvelles  découvertes 
sur  les  abeilles,  ce  peuple  industrieux  à  qui  un 
aveugle  ,  par  des  expériences  multipliées  ,  vient 
d'arracher  le  secret  jusqu'alors  inconnu  de  leur 
réproduction.  Ces  détails  amènent  des  réjexions 
judicieuses  sur  l'instinct  des  animaux.. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  au  projet  que 
propose  le  citoyen  Toscan  d'un  Calendrier  de  la 
nature,  à  la  notice  sur  la  vie  de  Linné,  à  celle 
où  il  rétablit  l  histoire  dUlisse  Aldrovande,  si 
défigurée  par  les  biographes.  Ces  deux  notices 
qui  méritent  d'être  lues  ,  sont  précédées  d'une 
lettre  où  l'auteur  itàhe  àvi pouvoir  de  lamusique  sur 
les  animaux.  Elle  roule  principalemeitt  sur  le 
concert  donné  aux  deux  éléphans  de  la  ména- 
gerie par  les  meilleurs  musiciens  de  la  capitale. 

«  N'en  déplaise  au  savant  Haller ,  et  à  tous 
les  phisiologisies  qui  ont  travaillé  comme  lui  , 
je  crois,  dit  l'auteur,  qu'il  est  plus  raisonnable 
et  surtout  plus  humain,  d'étudier  les  ressorts  et  les 
fonctions  de  ia  vie  dans  la  vie  même  ,  que  de 
les  aller  chercher  dans  la  mort  ou  dans  les  con- 
vulsions d'un  animal  expirant. 

s>  Qjioiqu'il  en  soit-,  je  rends  grâces  aux  artistes 
qui  ,  armes  ,  non  de  scapels  et  d'insrumens  de 
torture  ,  mais  de  hautbois  ,  de  flûtes  et  de  vio- 
lons ,  font  venus  exercer  le  charme  de  leur 
art  sur  deux  êtres  doués  de  seniimens  ,  délier 
leurs  facultés  naturelles  que  l'esclavage  tient  en- 
chaînées ,  réveiller  dans  leur  esprit  forestier 
l'instinct  de  leur  première  patrie  ,  et  les  conduire 

{1  Cec  ouvrage  en  six  volumes  in-8°  avec  figures  se  trouve 
chez  le  ttaducteur. 


enfin  par  les  accetis  de  la  joie  et  de  la  tendresàé 

jusqu'aux  illusions'  de  l'amour;  jouissance  trom- 
peuse à  la  vérité  ,  mais  qui  du  moins  a  laissé 
entrevoir  la  manière  dont  ces  animaux  remplis- 
sent les  fonctions  auxquelles  la  nature  les  ap- 
pelle pour  la  multiplication  de  leur  espèce.  )» 

Les  détails  curieux  que  donne  l'auteur  sur  ce 
concert,  ainsi  que  son  hymne  à  la  mémoire  du 
musicien  de  Phèdre  et  de  Nephté .  annoncent 
qu'il  a  fait  une  étude  approfondie  des  effets 
de  l'art  musical ,  et  que  son  goûl  bien  épuré 
distingue  la  véritable  musique  de  ces  imitations 
fausses  etbisarres,  qui  étonnent  les  oreilles  et 
ne   disent  rien  à   l'esprit  ni   au  cœur. 

Cet  ouvrage  est  terminé  par  un  catalogue  rai- 
sonné des  animaux  qui  se  trouvent  actuellement  dans 
la  ménagerie  du  Muséum.  En  présentant  dans  un 
même  lableau  leurs  habitudes  les  plus  remarqua- 
bles ,  en  rassemblant  quelques  trai;s  de  leur  ca- 
ractère ,  le  cit.  Toscan  avertit  qu  il  a  voulu  seu- 
lement montrer  dans  le  lointain  les  divers  genre» 
d  utilité  et  d'agiément  qui  résulteront  un  jour 
de  pareilles  études  ,  lorsque  placés  dans  de» 
sites  plus  appropriés  à  leur  nature  ,  et  jouissant 
déplus  de  liberté,  ces  animaux  pourront  donner 
plus  d'essor  à  leur  instinct  et  favoriser  davan- 
tage les   observations  du  philosophe. 

A.    D  I  N  G  É. 


LES  commissaires  liquidateurs  des  subsistances 
des  troupes  ,  étapes  et  convois  dans  toutes  le» 
divisions  militaires  de  la  France  ,  et  à  l'armée  de 
Mayence  ,  dont  l'exercice  a  commencé  le  l** 
messidor  an  6  ,  et  fini  le  i""  nivôse  an  7  ,  sous  la 
raison  Ferdinand,  ayant  jusqu'à  cejour  employé 
tous  leurs  soins  à  faire  acquitter  les  dépenses  die 
ces  différens  services  ,  et  désirant  meure  un  terme 
à  leur  liquidation  ,  et  en  même-tems  satisfaire 
aux  différens  ordres  qu'ils  ont  reçu  du  ministre 
de  la  guerre  ,  ils  invitent  tous  les  comptables  et 
autres  personnes  qui  auraient  encore  des  récla- 
mations ou  des  pièces  de  dépenses  à  leur  pro- 
duire ,  de  les  leur  adresser  ,  d'ici  au  3o  frimaire 
prochain  inclusivement,  à  leur  bureau  ,  rue  de 
Lille.  n°  552.  Ils  les  préviennent  que ,  passé  ce 
terme  ,  ils  ne  pourront  plus  recevoir  ni  recon- 
naître aucunes  pièces  ou  réclamations ,  attendu 
qu'ils  auront  alors  fini  leur  comptabilité  et  remis 
leurs  comptes  au  gouvernement. 

Lesdits  commissaires  déclarent  en  outre  qu'ils 
se  verront  avec  peine  forcés  à  poursuivre  le* 
comptables  et  autres  personnes  qui ,  par  leur 
faute  ,  seront  en  retard  ,  passé  le  délai  ci- dessus  , 
tant  en  reddition  de  leurs  comptes  que  pour  le 
remboursement  des  sommes  qui  leur  ont  été  rer 
mises,  ainsi  que  pour  le  montant  de  la  valeur 
des  denrées  ,  effets  et  ustenciles  confiés  à  leur 
garde  ,dont,  à  défaut  desdits  comptes  ,  l'emploi 
ne  se  trouverait  pas  justifié. 

Signé,  Lanfrey  l'aîné  ,  Patinqt. 


VEILLEES    AMUSANTES   DE   LA  CITE. 

Fête  et  bal ,  le  1 1  brumaire  an  9 ,  depuis  7  heures 
j.usquà  minuit.  A  neuf  heures  ,  de  jeunes  enfans 
donneront  une  représentation  de  VOrpheline  da 
village  ,  suivie  de  ia  première  de  1  Héritage  , 
comédie  -  vaudeville. 

Le  billet  d'entrée  est  de  deux  francs  ,  et  d'un 
franc  pour  les  enfans  au-dessus  de  huit  ans. 

L'adrairiislration  reçoit  des  abonnemens  pour 
les  bals  de  chaque  mois. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq.we  et  des  Arts 
Auj.  par  ordre  ,  (Edipe  à  Colonne  ,  opéra  eti  trois 
actes  ,    suivi  du  ballet  du  Berger  Pârii. 

Le  19  ,  Bal  masqué. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  6*  repr.  de  "Zjméo ,  opéra  en  trois  actes  « 
préc.  du  Trompeur  trompé. 

THÉATREDESjEUNESÉLEVES.rue  deThionville; 
Auj.  la  jeune  Indienne  ;  les  trois  Jumeaux  véni- 
tiens .  et  les  Marchés  de  Philis- 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  pour  la  clô- 
tura ,  l'Ecole  des  mères  ;  Teniers  ,  et  Scène  premiertt 
ou  la  Pièce  interrompue. 

Théâtre  de  la  'Cité-Variétés. — Pantomimes., 
Auj.  Louise  .  com.  nouv.  ;  le  Moine  ;  le  Sergent 
suédois  ,  pani.  grand  spectacle. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  Xfiue  ,  trag.  de  Voltaire  ,  suiv.  de  Gilles> 
toujours  Gilles ,  opéra  comique. 


t'abouneoicnt  «e  fait  »  Paris,  rue  des  Poitevins,  n?  18.  Le  prix  est  de  a5  francs  pour  trois  m^is  ,  5o  fraacs  pour  six  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  n. 
s'abonne  qu  -au  comnieuceraent  de  chaque  mois. 

Ilfaur  adresser  les  leuteset  l'argent ,  franc  de  port  ,aucit.  AcASSE,  propriétaire  de  cejournal , rue  des  Poitevins, a">  18.  Ilfautcomprendre  dans  Us  envois  le  port  de 
•pays  où  l'on  ne  peut  affranchir.   Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  delà  poste. 


elle 


iifer 


Il  faut  avoir  soin,  paui  plus  de  sûreté,  de  charge 
Poitevins,    n°  i3,  depuis  ueuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  oeures  du  soir 


tde 


aleurs  ,Vtadre&seT  tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de   la  feuille,    au  rédacteur. 


A  Patis,  de  l'imptinKiie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  n^  t3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MOMTEUR  UNIVERSEL. 


JV"  42. 


Duodi  ,    1  2   brumaire  an  g  de  l'a  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous 


sommes  autorises  a  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   M  O  Ni  T  E  U  R  est  le  stul  journaL  offichl. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  .  ainsi   que  l=s  faits  et  les  notions 
l'intérieur  que  suir  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  29  octobre  (  7  brumaire.  ) 

JLiA  flotte  ,  commandée  par  l'amiral  comte  de 
Saint-Vincent,  est  arrivée  le  4brumaire  àTorbay. 
après  avoir  laissé  une  torte  division  en  croisière 
sous  les  ordres  de  sirjaraes  Saumarez.  Le  Royal 
Georges  s'est  rendu  à  Porisraouth  ,  à  l'effet  d'y 
lecevoir  le  pavillon  de  sir  Hyde  Parker ,  qui  doit 
être  chargé  cet  hiver  du  commandement  général 
de  la  flotte  ,  dans  l'absence  du  comte  de  Saint- 
■Vinceni  ,  dont  le  projet  est  d'aller  résider  à  Tor- 
Abbey. 

Il  y  a  eu  des  affiches  incendiaires  placées  sur 
les  murs  à  Doncester  ,  Poniefract ,  Halifax  ,  Wal- 
lefield  et  Huddersfield  ,  invitant  le  peuple  à  se 
rassembler  à  jour  désigné  à  Ackwonhmoor,  où 
on  lui  ferait  part  des  motifs  de  l'assemblée  et  des 
opérations  qu'il  aurait  à  faire  d'après  une  con- 
vention organisée  et  établie  à  Huddersfield.  Les 
magistrats  de  ces  différents  endroits  ont  fait  en- 
lever les  placards  ,  promis  une  somme  de  5o  livres 
sterl.  à  ceux  qui  déclareraient  les  auteurs  de  ces 
affiches,  et  ont  pris  les  mesures  les  plus  sûres  pour 
le  maintien  de  la  tranquillité  publique. 

Dans  la  journée  dii  28  vendémiaire  il  y  a  eu 
quelques  désordres  à  Glasgow.  La  populace  jetia 
dans  a  rivière  des  grains  qu'un  fermier  conduisait 
au  marché  ;  des  fenêtres  furent  cassées  dans  plu- 
sieurs boutiques.  Les  magistrais  publièrent  une 
proclamation  ,  promettant  20  gulnées  de  récom- 
pense par  chaque  coupable  qui  serait  dénoncé. 

Le  29  ,  environ  3ooo  charbonniers  de  Temsburg 
et  des  paroisses  voisines  vinrent  à  Baih  pour  de- 
mander au  inaire  commeniils  pourraient  faire  pour 
donner  du  pain  à  leurs  familles.  Le  maire  leur  ayant 
répondu  que  rien  ne  pouvait  être  fait  pour  eux 
avant  la  rentrée  du  parlement  ,  ils  refusèrent  de 
se  disperser.  Les  dragons  d'Enniskillen  furent 
appelles  aiiMt  -que  les  voiontaites  de  Bath  ,  et  la 
tranquillité  se  rétablit. 

Dans  les  derniers  jours  de  la  semaine  passée  , 
le  cours  des  fonds  publics  a  sensiblement  baissé. 
On  a  ailribué  cette  baisse  à  deux  causes  :  1°.  le 
jirojet  supposé  de  M.  Pitt  de  fonder  pour  sept 
millions  de  billets  flolians  de  1  échiquier  ;  2".  la 
proposition  faite  au  très-honotable  Isaac  Corry, 
de  prêter  au  gouvernement  irlandais  la  somme  de 
deux  raillions  et  demi ,  nécessaire  pour  indem- 
niser les  bourgs  irlandais  qui  perdront  les  droits 
d'élection. 

Sir  George  Yorge  revient  du  cap  de  Bonne- 
Espérance.  On  dit  ce  gouvernemcni  destiné  à 
M.  Sylvestre  Douglas. 

Vendredi  dernier,  le  lord  charcelier,  le  duc 
de  Ponland ,  le  comte  de  Spencer  ,  les  lords 
■Walsenghim  .  Hawkesbury  ,  Eldon  ,  sir  'W. 
Scott  et  M.  'Windham  ,  tous  membres  du  conseil 
privé  ,  s'assemblèrent  au  bureau  du  commerce 
pour  délibérer  sur  la  somme  des  primes  à  ac- 
corder pour  l'exportation  des  blés  en  Angleterre, 
et  en  présenter  le  tableau  à  la  législature.  La  dé- 
cision de  la  délibération  de  ce  conseil  n'est  pas 
encore  connue  ;  mais  la  somme  fixée  pour  les 
primes  a  été  arrêtée  pour  être  présentée  au 
parlement. 

Le  gouvernement  a  fait  faire  dans  l'Inde  ,  par 
les  dernières  dépêches  de  terre  ,  des  demandes 
considérables  en  liz. 

On  dit  qut  sir  Home  Popham  doit  partir  sous 
peu  pour  une  expédition  secrette. 

Le  prix  moyen  du  sucre  pendant  la  semaine' 
dernière  ,  a  été  de  trois  liv.  st.  io  shellins  lo  s. 
et  demi  le  cent  pesant. 

Il  est  ariivé  vendredi  matin  une  malle  de  la 
Jarn.i'ique  :  cinq  personnes  éiant  mofies  pen- 
dant la  traversée  à  bord  du  paquebot  ,  il  a  éié 
mis  sous  (jùaràntaine  à  Falmouth  ,  et  'es  lettres 
ent  été   fumigées  avant  leur  distribution. 

La  floue  sous  les  ordres  du  lord  Keilh  est 
revenue  à  Teluan  ,  après  avoir  échoué  dans  son 
tntieptise  contre  Cadix.  On  croit  que  de  Tctuan 
elle   a  dû  faire  voile  pour  Livourne. 

Un  libraire  vient  de  faire  annoncer  un  demi 
Toillion  de  romans   à   vendre. 

(Entrait  du  Sun  et  du  Courier.) 


i  N  T   É  R  î   E   U  R. 

Paris ,  le  II  brumaire. 

L'exposition  des  productions  modernes  sera 
terminée  au  Muséum  ceniral  des  ans.  le  16  de 
ce  mois.  Le  18  .  les  salles  qui  conli  nneni  les  sta- 
tues, bas-reliefs  et  bustes  antiques  ,' seront  ou- 
vertes au  public.  On  y  entrera  les  8,  9  et  10  de 
chaque  décade  aux  heures  accoutumées. 

La  beauté  des  salles  ,  le  grand  nombre  &e  chefs- 
d'œuvre  qu'elles  renferment,  la  richesse  des  mar- 
bres précieux  qui  y  sont  exposés  ,  atiireiont  la 
foule  des  cuiieux,  des  amateurs  et  des  étrangers, 
à  cette  exposition,  l'une  de  celles  qui  doivent  le 
plus  intéresser  les  vrais  amis  des  aits  et  de  là 
patrie. 

Oii  écrit  de  Morges  ,  en  date  du  23  octobre. 
))  Dès  le  printems  dernier  un  ours  aussi  redou- 
table par  lénormité  de  sa  taille  ,  que  par  sa  léro- 
cité,  errait  sur  les  montagnes  de  lajoux,  ponant 
la  terreur  parmi  les  bergers,  et  le  carnage  au 
sein  des  troupeaux;  tous  les  chasseurs  dts^com- 
mirnes  voisines  le  poursuivaient  vainement.  En- 
vainétaient-ils  retournés  vers  la  mi-septembre,  sur 
l'invitation  du  préfet  national,  à  cette  chasse  dan- 
gereuse; ils  n'avaient  pas  été  plus  heureux.  Nous 
apprenons  que  deux  ou  trois  paysans  ayant  enfin 
apeiçu  les  traces  de  ce  monstre  dans  une  mon- 
tagne au-dessus  de  Gimel,  prirent  la  courageuse 
resolution  de  tenter  seuls  au  péril  de  leur  vie, 
d'en  purger  la  contrée.  En  con.'iéquence ,  ils  l'ont 

j  attendu   à  son   passage,   mardi   dtrrlier    au   soir. 

I  A  peine  l'animal  a-t-il  paru  qu'ils  font  étendu 
mon  ,  percé  de  deux  coups  de  fusil.  Il  pesait  au- 
delà  de  400  livres  de  18  onces.  Le  lendemain  les 
chasseurs  l'ont  transporté  ici ,  et  en  ont.  tiré  beau- 
coup d'argent;  c'est  ainsi  qu'avec  de  la  persévé- 
rance et  du  courage  ces  montagnards  ont  eu  la 
satisfaction,  tout  en  fesant  un  profit  considé- 
rabe,  de  délivrer  la  contrée  des  ravages  d'un 
animal  cruel  et  dangereux.  ° 


Programme  du  monument  à  ériger  en  l'honneur  du 
gméral  Dèsatx. 

Dès  que  la  renommée  eut  publié  la  mémorable 
victoire  de  Maringo,  et  la  "perte  de  ce  général, 
aussi  habi  e  que  modeste,  aussi  juste  que  val  lant', 
dont  le  nom  est  honorablement  lié  aux  brillans 
succès  de  cette  journée,  des  regrets  universels  et 
profondément  sentis  se  mêlèrent  à-  l'allégre.'se 
commune  ,  on  éprouva  le  besoin  d'arrêter  et  de 
reposer  »a  pensée  sur  l'éclat  et  l'étendue  de  ce 
triomphe-,  pour  qu'il  ne  paiût  pas  chèrement 
acheté,  et  U  douleur,  dans  les  premiers  ins- 
tans,  sembla  dérober  quelque  chose  à  l'admi- 
ration  publique. 

Mais  les  regrets  et  la  douleur  qu'inspire  la  perte 
d'un  guerrier  cher  à  la  patrie,  et  recommandable 
par  ses  talens  et  par  ses  venus,  ne  sont  pas  des 
sentimens  éphémères  ni  stériles  ;  ou  diiatt  qu'ils 
participent  Ue  la  nature  de  ceux  qui  animent  les 
hé  os  eux-mêmes  et  s'agrandi~scnt  avec  leur 
objet  ;  ils  aiment  à  s'étendre  et  a  se  propager 
dans  la  durée  comme  dans  t  espace  ,  ils  s'adressent 
à  tout  ce  qui  peut  leur  correspondre  ,  à  la  posté- 
rité qui  peut  les  entendre;  ils  trouvent  un  adou- 
cissement consolateur  à  se  perpétuer  par  des 
monumens  durables  ;  c'est  la  génération  présente 
qui  s'empresse  de  iraiismetiie  un  grand  nom  aux 
générations   futures. 

Tels  sont  les  sentimens  qui  ont  donné  l'idée 
d'une  souscripiion  pour  cousacier  un  monument 
à  la  gloire  du  brave  et  vertueux  Desaiit  :  hom- 
mtge  inlércssant  et  libre  ,  par  lequel  i^es  citoyens  ^ 
en  grand  nombre  ,  ont  voulu  signaler  leurs  alTec- 
lions  civiques  et  leur  reconnaissance  pour  les 
services  éclaianS  qu'il  a  rendus  à  la  république. 
Le  zèle  qui  croit  toujours  aVôir  ut)  devoir  à  rem- 
plir (juand  i!  lui  reste  un  désir  à  satisfaire  ,  ne 
s'est  point  c'ru  dispensé  de  payer  sa  dette  indi- 
viduelle pir  les  sages  dispositions  que  le  gouver- 
nement prenait  en  même-tems  pour  acquitter  la 
dcMe  de  la  patrie.  Il  a  trouvé  une  jouissance 
de  plus  ,  dans  cet  accord  de  l'opinion  et  de 
l'auturiié. 

Les  souscripteurs  dans  leur  assemblée  générale 
du  7  iliciiiiidor  ayant  nommé  un  comité  ,  le  pre- 
mier soin  de  ce  comité  a  dû  être  d'aviser  aux 
moyens  d'accomplir  le  vœu  énoncé  dans  la  sous- 
cription même,  en  se  réservant  les  soins  et  les 
détails   administratifs  que  celte  tâche  compone* 


ïl  a  pense  que  la  voie  d'un  concours  pour  la  partie 
d  art  était  la  plus  juste  ,  la  plus  favorable  à  1  ému- 
lât on  et  la  plus  propre  à  donner  d'heureux  ré- 
staliau  11  lait  ,  en  conséquence  ,  un  appel  au 
génie  des  artistes  ,  et  les  invite  à  lui  transmettre 
leurs  projets,  plans,  dessins,  modèles  ou  es- 
quisses d  un  monument  destiné  à  honorer  li 
mémoire  du  général  Desaix.  C'est  à  l'idée  d'un 
monumentd'uiilitépublique.quele  comité  a  cru 
devoir  s  arrêter;  celte  désign..tion  précise  a  paru 
plias  convenable  pour  fixer  la  pensée  des  artistes 
et  leur  indiquer  le  but  du  concours.  L'objet  en 
étant  mieux  déterminé  sera  plus  heureusement 
rempli.  Tel  est  I  espoir  du  comité,  dont  le  désir, 
comme  le  devoir,  est  de  concourir  en  ce  qui 
dépend  de  lUi  à  ^'accomplissement  du  vœu  de  la 
souscription. 

Le  sujet  proposé  est  une  fontaine  publique  des- 
tinée ,  par  son  ensemble  et  par  ses  ornemens  à 
rappeler  les  circonstances  les  plus  mémorables  ie 
la  vie  du  héros  que  la  France  regrette.  Ge  monu- 
ment sera  élevé  sut  la  plaee  Thionville  ,  (ci-devant 
i:iauphrne),  conformément  à  la  permission  nui  a 
eie  accordée  par  le  gouverment.  L'échelle  pour 
les  dessins  sera  de  5  centimètres  pour  un  mètre  ■ 
et  celle  pour  leS  modèles  d'un  deCimette  par 
mètre.  "^ 

Les  concurrens  joindront  à  leurs  projets  un 
appeiçu  de  la  dépense  qui  ne  pourra  excéder  la 
sommede  vingt-cinq  milkjrana;  celte  condition 
est  de  rigueur.  Les  auteurs  mettront  une  devise  à 
leur  ouvrage,  et  y  attacheront  un  billet  cacheté  • 
contenant  la  même  devise  et  leurhom  ,  ainsi  que 
eur  demeure  ;  ce  biilet  ne  sera  ouvert  que  dans 
le  cas  ou  1  ouvrage  obtiendrait  la  préférence. 

tes  ouvrages  destinés  au  concouis  seront  en- 
voyés ,  franc  de  port  .  au  cit.  Delessen  ,  banquier  4 
secrétaire  du  comité,  rue  Coq-Héron  ,  n°.igi; 
il  donnera  de  chaque  pièce  un  récépissé  dans 
lequel  il  relatera  la  devise  ou  l'épigraphe  en  y 
ajoutant  tan  numéro  qui  constatera  l'ordre  de 
réception.  Le  concours  sera  ouvert  jusqu'au  I" 
pluviôse  prochain. 

Les  projets  et  modèles  seront  exposés  au  public 
avant  le  jugement  qui  sera  prononcé  sur  le  mérite 
des  ouvrages.  Ces  ouvrages  seront  juaés  par  url , 
jury  d  artistes  ,  adjoints  au  comité  ,  et'désignés  ^ 
a  cet  effet ,  par  les  concurrens  eux-mêmes.  Ceux- 
ci  sont  ,  enconséquence  ,  invités  à  joindre  à  leurs 
projets  et  mémoires  ,  une  liste  des  artistes  qu  ils 
désirent  avoir  pour  juges  au  nombre  de  treize. 

Il  sera  formé  ;  sur  le  relevé  de  ces  listes  parti- 
culières el  à  la  majorité  ,  urie  liste  défîniiive  des 
artistes  qui  composeront  le  jury  conjointement 
avec  les  membres  du  comité.  L  auteur  du  projet 
qui  obtiendra  le  prix  sera  cha,rgé  de  l'exécuiiont 
sous  la  surveillance  du  comité  ,  et  il  sera  décerné 
deux  accessit  :  le  piemier  ,  d'une  médaille  d'or  de 
la  valeur  de  5oo  Ir.-;  le  second  ,  d  une  dite  de  la 
valeur  de  3od  fr,  aux  auteurs  dés  déu.x  projets 
qui  approcheront  le  pltis  dii  but  ;  et  qui  en  Seront 
jugés  dignes  par  lejury; 

Arrêté  dans  la  séance  du  12  vendémiaire  an  9; 

Signé  ,  PastoreT  ,  président. 

Delessert,  secréiaire. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT- 

Arrêté  du  3  brumait-e  an  9. 

Lés  consuls  de  la  république  ,  arrêtent  ce 
qtli  suit  : 

Art.  l".  Le  ministre  de  la  guerre  fera  imprimer 
avant  le  u  brumairi?  l'état  des  objets  d  habille- 
fflens  qui  ont  été  distribués  aux  différens  corps 
de  la  république  jpehdatu  le  Cours  de  l'an  8. 

II.  Cet  état  'sera  divisé  en  autant  de  colonnes 
(Jia'il  y  a  eu  de  marchés  dlH'érciis  ,  et  contien- 
dra le  pri*  que  coûte  chaque  objet  à  là  répu- 
blique. 

III.  Cet  état  sefd  envdyé  à  tous  les  généraux 
en  aciivité  ,  à  toiis  les  inspecteurs  et  sous-irispec- 
teurs  aux  revues,  et  à  tous  les  chefs  de  bri- 
gade .  d'escadrbn  et  de  bàlaillOii  de  tous  les  corps 
de  la  république. 

IV.  Il  sera  réuni  dans  chaque  armée  iin  coii-i 
seil  d  administration  ^  préiidé  par  l'inspecteur  de 
l'infanterie;  el  Un  dans  thaque  division  mili- 
taire i  présidé  par  le  généiral  commandant  là 
division.   Ce   coiiseil    sera   composé  ;    Savoir  : 

Aux  armées  :  de  l'inspecteur  d'infanterie  ,  pré- 
sident, d'un  inspecteur  ou  sous-inspecteur  aux 


1( 


Tcvues,  nommé  par  le  ministre  de  la  guerre  ;  et 
d'un  capiiaine  choisi  par  le  conseil  d'adminislra- 
tion-  de-  cliaqor  corps  ,  autre  que  ceux  qui  auront 
été  thargcs  de  la  réception  desdits  habillemens. 

Dans  les  divisions  militaires,  du  général  com- 
mandant la  division,  piésideat,  d'un  inspecteur 
ou  sous  inspecieui  aux  revues,  nommé  par  le 
ministre  de  la  guerre  ;  et  d'un  capitaine  choisi 
pat  le  conseil  d'adnniiistraiion  de  chaque  cotp^  , 
autres  que  ceux  qui  auioiit  été  chargés  de  la  ré- 
ception desdiis,  effets  d'habilieniens  ;  dans  Tun 
et  dans  l'autre,  l'adjoint  de  l'inspecteur  aux  re- 
vues lera  les  fonctions  de  secrétaire. 

S'il  arrivait  qu'il  ne  s«  trouvât  qu'un  seul  corp» 
dans  la  division  ,  le  général  commandant  la  divi- 
«iûn  nommerai  parmi  les  officiers  de  ce  corps  , 
o'x  autres  emploj'és  sous  ses  ordre» ,  ceux  qui 
devfoftf  composer  le  conseil ,  de  manière  que 
dâtts  cb-âque  division ,  le  conseil  extraordinaire 
d*adm'nistration  soit  composé  de  cinqinembres , 
an  moins  ,  compris  le  président. 

V.  Ce  conseil  d'administration  dressera  un 
proeés-verbal  qui  spécifiera  , 

1°.  Si  les  effets  portés  dans  l'état  imprimé  ont 
ité  livrés  ; 

s°.  S'iTs  étaient  de  bonne  qualité. 

VI.  Les  procès- verbaux  seront  rédigés  par 
l'inspecteur  ou  sous-inspecietir  aux  revues  ,  et 
envoyés  par  le  constil  extraordinaire  d'adrainis» 
tfjtion  au  ministre  de  la  guer;-e  ,  qui  en  fera  son 
rapport  au  conseil  d'administration  des  consuls. 

IV.  Le  ministre  delà  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du   présent   arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  stcrétaite-d'état,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  arrêtent  ce  qui 
•uit  : 

Art.  P^.  Le  ministre  de  la  guerre  fera  imprimer, 
avant  le  li  brumaire,  l'état  des  chevaux  don- 
nés pendant  l'an  8  à  chaque  régiment  de  cava- 
lerie et  à  chaque  train  d'artillerie  d'armée.  Il  dis- 
tinguera ,  dans  une  colonne  ,  les  chevaux  pro- 
venant de  la  levée  de  40,000  ,  et  dans  d  autres 
colonnes  ,  les  chevaux  provenant  de  différens 
marchés  ;  il  y  aura  autant  de  colonnes  qu'il  a 
été  passé  de  marchés  ;  le  prix  des  chevaux  y  sera 
mentionné. 

IL  Cet  état  sera  envayé  à  tous  les  généraux 
de  division  employés  ,  aux  inspecteurs  et  sous- 
inspecteurs  aux  revues,  aux  commissaires-ordon- 
nateurs ,  aux  chefs  de  brigade  et  d'escadron  de 
tous  les  régimens  d'artillerie  à  cheval,  à  tous  les 
chefs  de  brigade  et  de  bataillon  d'artillerie. 
.  IIL  II  sera  tenu  dans  chaque  armée  et  dans 
chaque  division  militaire  un  conseil  extraordinaire 
d'administration  ,  présidé  par  l'inspecteur  général 
de  la  cavalerie  et  par  le  général  de  division  com 


M.  Cet  état  sera  divisé  en  autan-t  de  coloane» 
qu'il  y  a  eu  de  marchés  ditférens:  le  prix  de  chaque 
ok>ier  sera  mentionné. 

III.  Cet  état  sera  envoyé  aux  généraux  de  divi- 
sion employés,  aux  inspecteurs  et  sous-inspec- 
icurs  aux  revues  ,  aux  chefs  de  brigade  et  d'esca- 
dron et  aux  différens  conseils  d'administration 
des  divers  corps   de  l'armée. 

IV.  Il  sera  dressé  par  le-  conseil  d'adminis- 
tration qui  devra  se  tenir  ,  çn-  conséquence  de 
l'arrêté  du  même  jour  ,  un  procès-verbal  parti- 
culier qui  constatera  si  ces  objets  ont  été  reçus 
par  les  corps  ,  et  s  ils  étaient  de  bonne  qualité. 

V.  Ces  procès-verbaux  seront  rédigés  par  les 
inspecteurs'  et  sous-iospecteurs  aux  revues  ,  et 
envoyés  par  le  conseil  extraordinaire  d'adminis- 
tration au  ministre  de  la*  guerre  ,  qui  en  fera  son 
rapport  au  conseil  d'administraltoti  des  consuls. 

VI.  Le  minisire  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté. 

Le  preirfier  consul ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  cons\il  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 

ACTES   ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE  DE    LA  GUERRE. 

Les  pensions  des  militaires  avaient  été  con- 
verties en  vertu  de  la  loi  du  48  frimaire  an  7  ,  en 
solde  de  retraite. 

Mais  jusqu'à  cette  heure  ils  n'avaient  pu  obtenir 
qu'un    traitement    provisoire   ,  jusqu'à    ce     que 


I  Le  miRÏsiitfc  «ecomtnande  au  thol  do  at'  bu- 
reau l'exécution  littérale  et  prompte  des  deux 
derniers  paragraphes  de  tordre  du  premier  con- 
sul ,  en  date  du  g  de  ce  mois. 

Le  ministre  de  la  guerre  ,  signé  ,  Lâchée. 

Le  ministre  de  la  guerre ,  au  général 

commandant  la        division  militnire.  —  Paris, 
ce  10.  brumaire  ,  an  g  de  ta  république  franqaise. 

Je  vous  ai  annoncé,  citoyen  général,  par  ma 
lettre  du  3o  vendémiaire  .  le  résultat  des  efforts 
qiie  le  gouvernement  venait  de  faire  pour  metifc 
au  courant  la  solde  de  l'an  8 ,  et  qu  il  se  prépa- 
rait à  en  faiie  incessimment  dç  rrouvcaux. 

La  p:om.esse  d'un  go.uvernemetni  juste  et  sage 
n'est  jamais  vaine;  en  voici  la  pTeuve> 

Quatre  millions  viennent  d'être  mis  à  ma  dis- 
position ,.  pri%  sur  les  fonds  de  t'$n  8,  et  pour 
subvenir  à  la  solde  arriérée  de  l'an  _8.  Vous  en 
trouverez  cL-join»  la  répartition. 

Les  consuls  veulent  que  je  donne  les  ordres- 
nécessaires  pour  que  ces  sommes;  3oiet>t  Spécia- 
lement destinées  à  payer  ce  tjui  ast-dii.  aux  sol- 
dats et  officiers  des  corps,  en  ne  p.yanl  les  états- 
majors  ,  commissaires  des  guerres  ,  que  dans  I* 
cas  oîi  ils  seraient  plus  arriérés  que   les  soldats. 

C'est  sur  vous  spécialement  que  je  compte 
pour  que  leurs  ordres  soient  ponc/uellemeni 
exécutés. 

Dès  l'instant  oii  vous  aurez^  reçu  celte  lettre  , 
vous  appellerez  piès  de  vous  le  commissaire 
ordonnateur  de  votre  divisloir,  et  vous  lui  pres- 


l'on  ait  pu  les  hquider ,  et  leuT  donner  leur  trai-     crirez  de  vous  présenter  ,  sous  trois  jtsurs  ,  un  état 


tement  définitif  conformément  aux  lois. 

Il  aurait  fallu  trois  ans  au  21'  bureau  du 
ministère  de  la  guerre  ,  pour  opérer  ladite 
liquidation.  Ainsi  ,  pendant  ces  trois  ans  ,  les 
militaires  ayant  droit  à  des  pensions  de  retraite  , 
n'auraient  eu  que  le  minimum,  de  cette  pension. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  en  conséquence  des 
ordres  du  gouvernement  ,  vient  d'ordonner 
l'établissement  d'un  bureau  temporaire  ,  qui  sera 
chargé  de  liquider  toutes  les  pensions  de  re- 
traite ,  et  d'achever  ce  travail  en  trois  mois. 

Le  21'  bureau  du  ministère  de  la  guerre  reste 
chaigé  des  liquidations  courantes  ,  à  commencer 
du  1"^  vendémiaire  an  9  ,  et  par  ce  moyen  il  se 
trouvera  toujours  au  courant  du  travail. 

Pour  l'exécution  des  disposition  ci-dessus  ,  le 
ministre  de  la  guerre  a  arrêté  ce  qui  suit  :    ' 

Liquidation  des  soldes  de  retraite. 

Ce  bureau  aura  pour  chef  l'inspecteur  en  chef 
Villemanzy. 

Il  sera  partagé  en  deux  divisions  ,  une  chargée 
de  la  liquidation  des  soldes  de  retraite  ,  en  exé- 
cution de  la  loi  du  28  fiuctidor  an  7  ,  et  une 
des  soldes  de  retraite  ,  en  exécuTion  de  l'arrêté 
des  consuls  du  11  prairial   an  8. 


de  répartition  faite  d'après  les  principes  énoncé» 
dans  l'ordre  des  consuls  ,  et  vous  m'enverrez  de 
suite  la  copie  du  tableau  de  répartition  que  vou» 
aurez  lait  de   concert. 

Afin  de  mettre  le  goiivernement  à  portée  de 
solder  de  suite  tout  ce  qui  peut  être  dû  pour 
1  an  8  aux  militaires  en  activité  ou  pensionnés 
dans  l'étendue  de  votre  division  .  vous  m'enverrez 
en  même  tems  un  tableau  qui  contiendra  l'état  de 
la  solde  arriéiée.  Cet  état  ,  dressé  par  l'inspecteur 
aux  revues  elle  coramissaire-ordonnaleur  ,  devra 
être  divisé  par  département.  Le  nombre  des  co- 
lonnes sera  déterminé  comme  il  suit  : 

1°.  La  gendarmerie  ; 

2°.  Les  vétérans  nationaux  ; 

3°.  Les  prisonniers  de  guerre  ; 

4°.  Les  officiers-généraux  et  états-majors  ; 

5°.  Les  corps  ou  détachemens  des  corps  ; 

6°.  Les  dépôts; 

7°.  I-es  soldes  de  retraites  provisoires  et  défi- 
nitives. * 

L'importance  de  l'objet  dont  je  vous  entretiens , 
ne  me  permet  pas  de  douter  du  zele  «jue  vous 
apporterez  à  son  exécution. 

Afin  que  le  gouvernement  puisse  être  assuré  à 
l'avenir  que  ,  conformément  à  ses  intentions  ,  la 
Chacune  de  ces  divisions  aura  pour  chef  un  solde  de  l'an  9  ,  est  constamment  au  courant ,  ets 
mandant  dans  les  divisions  militaires.  Ce  conseil  des  inspecteurs  ou  sous-inspecteurs  aux  revues  afin  qu'il  puisse  faire  à  tems  les  fonds  nécessaire»» 
lera  composé  d'un  inspecteur  ou  sous-inspecteur  !  employés  à  Paris  ou  dans  la  17"^  division  :  ils  |  pour  son  acquittement ,  vous  vous  ferez  remettre- 
aux  revues  nommé  par  le  ministre  de  la  guerre,  et  I  s^foot  désignés  par  le  comité  des  inspecteurs, 
d'un  capitaine  choisi  par  le  conseil  d'administration  ' 


le  i5  de  chaque  mois  un  état  des  sommes  payéet' 


de  chaque  régiment  de  cavalerie  et  des  bataillons 
du  train  d'artillerie. 

Ces  capitaines  ne  pourront  pas  être  pris  parmi 
ceux  qui  auraient  été  chargés  de  la  réception  des 
chevaux;  l'adjoint  de  l'inspecteur  aux  revues  fera 
lei  fonctions  de  secrétaire. 

S'il  arrivait  qu'il  ne  se  trouvât  dans  une  division 
^u'un  seul  corps  de  cavalerie  ou  un  bataillon  du 
train  d'artillerie  ,  le  général  commandant  la  di- 
vision nommera  parmi  les  officiers  de  ces  corps 
pu  autres  employés  souj  ses  ordres  ,  ceux  qui 
devront  entrer  dans  le  conseil ,  de  manière  que  , 
dans  chaque  division  ,  le  conseil  d'administration 
toit  au  moins  composé  de  cinq  membres  ,  le 
président  compris. 

IV.  Le  conseil  d'administration  vérifiera  si 
effectivement  les  différens  régimens  de  cavalerie 
ont  reçu  les  chevaux  ,  conformément  à  l'état 
imprimé.  Des  observations  seront  faites  sur  la 
qualité  desdits  chevaux ,  en  distinguant  les  mar- 
-chés  d'oti  ils  proviennent. 

V.  Les  procès-verbaux  seront  rédigés  par  les 
inspecteurs  ou  sous-inspecteurs  aux  revues  ,  et 
le  conseil  extraordinaire  d'administration  les  en- 
verra au  ipinistre  de  la  guerre  ,  qui  en-  fera 
■on  rapport  au  coo^eil  d'administration  des 
eontuli. 

Le  premier  corisul  ,  signé,  Bow aparté. 

Par  le  premier  consul , 
It  itcrétaire-détat ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  arrêtent  ce  qui 
«uit  : 

An.  I".  Le  mitiisipe  de  la  guerre  fera  imprimer , 
avant  le  11  brumaire  ,  un  état  des  diffét-ens  effets 
d'harnache-ment  fournis  aux  différens  régimens 
de  ta  républiquÉ  peud'Uni  l'an  8. 


„,  ,  ,.   -  .  .  dans  voue    division   pour   la  solde   des   troupes? 

Chacune   de   ces    divisions   sera    partagée    en  |  p^^j^„,    ,g  ^^-^  précédent,  et  un  état  apperç». 

tiacune  pour  chet    j^^  sommes  qui  seront  nécessaires  pour  le  paie- 


qualre  secuons  ,  qui   auront  cnacune  p 
un  des  adjoints   aux   inspecteurs   en   chef,  ins- 
pecteurs ou  sous-inspecteurs  employés  à  Paris  ou 
dans  la  17'  division. 

Il  y  auia  pour  chaque  section  trois  liquida- 
teurs et  un  expéditionnaire. 

Ces  vingt-quatre  liquidateurs  seront  choisis 
parmi  les  employés  dans  les  bureaux  ,  jouis- 
sant d'un  truiiement  de  2100  fr.  et  au-dessus. 

Le  secrétaire-général  s'entendra  avec  les  chefs 
des  différens  bureaux  pour  désigner  ces  liqui- 
dateurs :  il  devra  les  prendre  dans  les  bureaux 
où  leur  abience  momentanée  deviendra  moins 
sensible. 

Les  expéditionnaires  seront  choisis  de  la  même 
manière. 

Les  membres  de  ce  bureau  temporaire  entre- 
ront à  huit  heures  du  matin  et  sortiront  à  deux  , 
rentreront  à  six  et  sortiront  à  dix. 

Il  sera  accordé  à  la  fin  du  travail  une  gratifi- 
cation extraordinaire  à  chaque  section  ;  cette 
gratification  sera  proportionnée  à  là  quantité  des 
liquidations  qui  auront  été  faites  par  chacune 
d'elles. 

Les  employés  au  bureau  temporaire  ,  qui  au- 
ront développé  le  plus  de  talent  et  de  ze|e  , 
auroiit  acquis  des  droits  à  un  prompt  avance- 
ment et  à  la  reconnaissance  du  gouvernement 
et  du  minisirel 

L'inspecteur  en  chef  Villemanzy  aura  le  tra- 
vail avec  le  ministre  ;  à  son  défaut  ,  il  sera  rem- 
placé pour  cet  objet  par  l'un  des  inspecteurs  , 
chefs  des  divisions. 

Le  21'  bureau  n'étant  plus  chargé  que  du  tra- 
vail courant,  les  auxiliaires  passeront  au  bureau 
temporaire  pour  l'expédition  des  brevets ,  et 
cependant  n'y  seront  successivement  attachés 
qm'à  mesure  des  besoins. 


ment  du  mois  suivant. 

Le  premier  de  ces  états  vous  £era  fourni  par  te 
payeur  de  votre  division.  Il  sera  signé  dç  lui  eft 
visé  par  le  commissaire  ordonnateur.  Le  seciond' 
sera  fait  par  le  commissaire  lui-même. 

Dès  l'instant  où  la  solde  arriérée  de  votre  d^ 
parlement  sera  soldée  ;  le  gouvernement  s'occu- 
pera à  payer  ce  qui  peut  être  dû  pour  les  loyers 
de  caserne  ,  les  étapes  et  convois  ,  et  enfin  toute* 
les  différentes  parties  du  service  qui  peuvent  avoir 
éprouvé  des  retards. 

Vous  voudrez  bien  ,  citoyen  général,  faire  dan» 
les  vingt-quatre  heures,  mettre  à  l'ordre  de  chaque 
corps  ,  en  garnison  dans  le  lieu  de  votre  rési- 
dence ,  un  extrait  de  cette  lettre  ,  en  adresser  ut* 
aussi  dans  les  vingt-quatre  heures  aux  corps  qui 
sont  en  garnison  dans  les  autres  places  de  votre 
commandement. 

Vous  voudrez  bien  m'accuser  réception  de  cette 
lettre  dans  les  vingt-quatre  heures  ,  du  moment 
oii  vous  l'aurez  reçue. 

Je  vous  salue  , 

Signé  ,  Laguse-. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE.     ' 

Instruction  pour  l'inspecteur-général  de  la  navigation 
et  des  ports ,  les  inspecteurs  particuliers  ,  U^ 
préposés  aux  arrivages  par  eau  ,  et  les  dégus- 
tateurs. 

Les  approvisionnemens  de  cette  grande  conr*  . 
mune  dépendent  essentiellement  du  maintien  dtJT 
bon  ordre  sur  la  rivicre  et  sur  les  ports  ,  et  dç 
la  conservation  des  denrées  et  marchandises  qui 
y  sont  déposées.  Il  est  donc  extrêmement  im- 
I  ponanr  d'étaibl'ir  à   cei  égard  une    surveillance 


exacte  ;  et.  le  meilleur  naoyen  d'y  parvenir-  est 
de  déterminer-,  dune  manière  précise  ,  les 
fonctions  des  divers  préposés  auxquels  elle 
est  confiée  ;  c'est  le  but  de  la  présente  ins- 
truction. 

Art.  1°'.  Les  fonctions  de  Kinàpecteur-général 
e^  des  inspecteurs  particuliers  de  la  navigaiion 
et  des  ports,  consistent  principalement  à  veiller 
à  l'exécution  des  lois  et  régleniens  de  police  qui 
concernent  la  rivière  ,  les  ports  ,  qujis  et  ber- 
ges ;  à  requérir  les  commissaires  de  police  de 
constater  li-s  contraveniioiis  ;  à  faire  d-es  rap- 
poilS  de  tout  ce  qui  vient  à  leur  c-onn;iissance 
relativement  au  service  dont  ils  sont  chargés  ; 
à.  maint-enir  l'ordie  sur  la  rivière  et  les  pons  ;  à 
faire  exécuter  les  décisions  et  ordres  du  pré- 
fet ,  qui  Ic-ur  sont  adressés  ,  et  à  en  rendre 
Compte. 

Leur  surveillance  s'étend  sur  la  rivière,  les 
puits  et  berges;  elle  s  étend  aussi  sur  les  ponts  , 
les  iioioits  <:i  les  quais  ,  depuis  le  parapet  jus- 
qu'au ruisseau  ,  qui  fait  la  .séparation  d'avec  la 
chaussée   ou   le  pavé  principal. 

■Elle  est  divisée  en  quatre  arrondissemeris  , 
savoir  : 

Celui  des  ports  du  haut  ,  rive  droite. 
.11  s'étend  depuis  la  batrieqe  de  la  Râpée  jus- 
qu'au Poni-au-change  mcliisivement.  Il  com- 
prend lîle  -  Louvicr  ,  la  grande  estacade  ,  lîlc 
de-  la  Fraternité  ,  en  descendant  le  long  des  quais 
de  l'Union  et  de  la  République  jusqu  à  l'cmipla,- 
cerncnt  dii  ci-devant  Pont-Rouge  ,  et  la  pa,rtje 
dVoite  de  lilc  de  la  Cité. 

Le-  bureau  scrît  placé  au  port  de  la  Grevée.  , 
le  plus  près  du  corps-de-garde  que  fajre  se 
pourra. 

Celui  des  ports  du  haut  ,  rive  gauche. 

Il  commence  à  la  barrière  de  la  Garre  et  finit 
au  Pont-Michel.  Il  comprend  la  p^rii.e  gauche 
de  lîle  de  la  Ffaiernité  ,  depuis  l'estacade  jus- 
qu'à i  emplacement  du  ci-devant  Pont-Rouge  , 
là  partie  gauche  de  lîle  de  la  Cité  jusqu'au 
Poni-Michcl  inclusivement  ,  et  la  Halle  -  aux  - 
Vins. 

■  Le  bureau  est  plaeé  sur  le  Port-Bernard  ,  vi^s-à- 
vis  de  la  halle. 

L'arrondissement  des  ports  du  bas  ,  rive  droite. 

Il  s'é:end  depuis  le  Ponl-au-Change  ,  jusqu'à 
]a  barrière  des  Bons-Hommes.  Il  comprend  la 
partie  droite  de  1  Isle-du-Palais  jusqu'au  massif 
du  Pont-Neuf. 

Le  bureau  est  au  Port-Nicolas ,  près  le  corps- 
de-garde. 

Eidiii  l'arvondissement  des  ports  du  bas  ,  rive 
gauche. 

Il  s'étend  depuis  le  Pont-Michel  jusqu'à  la  bar- 
ïiere  de  la  Cunette  ,  et  comprend  la  partie  gau 
chc  de  l  Isle-du-Palais  jusqu'au  massif  du  Pont- 
'^euf  inclusivenient. 

Le  bureau  est  placé  au  port  de  la  Grenouil- 
lère, prés  du  corps-de-garde. 

L  inspecteur-général  a  son  bureau  en  sa  de- 
meure. 

II.  Les  inspecteurs  particuliers  alterneront  pour 
leur    service. 

L'alternat  aura  lieu  tous  les  six  mois  ,  à  comp- 
».ei  du  i=' vendémiaire  dernier;  il  s'opérera  cir- 
lulairemciit  dans  l'ordre  ci-après. 

Linspecteur  du  haut,  rive  droite,  passera  le 
l'^'  germinal  prochain  ,  dans  l'arrondissement  du 
bas  ,  même  rive. 

L'inspecteur  de  l'arrondissement  du  bai  ,  rive 
droite  ,  passera  dans  celui  du  bas  ,  rive  gauche. 

L'inspecteur  de  l'arrondissement  du  bas  ,  rive 
gauche  ,  passera  dans  celui  du  haut  ,  même  rive. 

L'inspecteur  de  l'arrondissement  du  haut,  rive 
gauche  ,  passera  danS  celui  du  haut ,  rive  droite  ; 
et  ainsi  successivement. 

UI.  L'inspecteur-général ,  les  inspecteurs  parti- 
culiers et  les  autres  préposés  se  rendront  tous 
l«s  jours  ;  à  l'excepiiori  des  décadis  et  des  jours 
de  fèies  nationales,  dans  leurs  bureaux,  avant 
l'ouverture  des  ports.  Chaque  inspecteur  parti- 
culier fera  sonner  ,  par  les  préposés  aux  arri- 
vages ,  dans  son  arrondissement  ,  la  cloche  dés- 
ignée à  mar(jucr  les  heures  de  travail  sur  les 
ports. 

Il  devra  y  avoir  quelqu'un  dans  les  bureaux 
pendant  tout  le  tem»  que  les  ports  seront  ouverts, 
à  l'exception  cependant  du  bureau  de  linspej:- 
leur  particulier  de  l'arrondissemeat  du  bas,  rive 
giucl.t. 

IV.  En  cas  de  maladie  ,  ou  de  tout  autre  em- 
pêchement, l'inspecteur -général  sera  remplacé 
par  celui  des  inspecteurs  particuliers  qui  sera 
dcsijiné  par  le  prclet  ;  et  quant  aux  autres  pré- 
posés ,  I  inspecteur-général  prendra  les  mesures 
Convenables  jiour  que  le  service  ne  soufire  pas 
tic  leur  absence  ,  cl  il  en  rendra  compte  . 

V.  Lot><|u'unc  iiupeciionse  trouvera  surchar- 

fte  ,  liiijpecieur  -  général   pourra   y    faire   passer 
mipc'Cttur    le   moins  occupé,   i  la  charge  -d'ca 
reiiJic  luinpié  luiiiicdiatetuciii. 


i63 

Il  pourra  également ,  lorsque  les  circonstances 
l'exigeront,  donnée  l'ordre  aux  inspecteurs  par- 
ticuliers ,  Cl  aux  autres  préposés  de  se  porter  ,  les 
jours  de  décailis  et  de  lêtts  nationales  ,  sur  les 
parties  des  ports  et  de  la  rivière  ,  oii  leur  pré- 
sence serait  nécessaire. 

VI.  Chaque  inspecteur  particulier  fera  des 
tournées  dans  toute  l'étendue  de  son  arrondis- 
sement, le  plus  souvent  qu'il  lui  sera  possible, 
en  observant  de  se  tenir  plus  particulièrement  sur 
les  ports  otà  les  travaux  sont  le  plus  en  activité. 

VII.  L'inspecleur-général  fera  de  son  côté  des. 
tournées    dans     les 


XVII.  Les  préposés  aux  arrivages,  tanr  du  haut 

que  du  bas  ,  veilleront  à  ce  qu  il  ne  sorte  de  P^iiis 

aucun  bateau  chargé  de    boij   ou  de  charbon  de 

bois  ,   ni  atacun  train  de,  bo^s  de  chauffage  ,  saiis 

1  un  ordre  du  préfet. 

Dans  le  cas  oii  ils  n'auraient  pu  empêcher  la 
sortie  de  tr.iins  ou  de  bateaux  chargé  de  ces  com- 
bustibles, ils  les  suivront,  autant  que  faire  se  pour- 
ra ;  et  s'ils  les  voyaient  garrer,  ils  inviteront  le 
maire  du  lieu  ou  son  adjoint  à  constater  le  fait  , 
et  à  consigner  provisoirumen.t  les  trains  ou.  les 
bateaux  ,  aux  frais  et  r;s«ue»  de  la  inarchandise  , 
divers   "arrondissemens  ,   et     "^''="'   remettre   la,  coptç    des  proces-veiba 


visera  les    registres  des  inspecteurs  e)   des  autres 
préposés. 

VIII.  Les  inspecteurs  particuliers  et  les  autres 
préposés  recueilleront  tout  ce  qui  viendra  à  leur 
connaissance  relativement  au  service  qui  leur  est 
confié,  ainsi  que  tous  les  (ails  qui  peuvent  inté- 
resser l'administration.  Ils  en  rendront  compte 
par  écrit  à  l'inspecteur-général  ,  qui  en  fera  rap- 
port au  préfet. 

IX.  L'inspecteuir-gènéral -sera  en  outre  tenu  de 
faire  des  rapports  des  éyènemens  importans  <jui 
parviendraient  à  sa  connaissance  par  toute  auire 
voie  que  celle  des  préposés  ,  et  de  transmettre 
les  observations  qu'il  jugera  nécessaires  ,  relati- 
vement aux  réparations  des  ports  ,  aux  entraves 
que  la  navigation  éprouverait ,  aux  facilités  qu'il 
conviendrait  de  lui  donner,  à  toutes  les  causes 
présentes  ou  éventuelles  de  disette  ou  d'abon- 
dance ,  de.  trouble  ou  de  tranquilliié  ,  et  enfin  sur 
toi^s  les  objets  confiés  à  sa  surveillance. 

X.  S'il  arrivait  quelqu'événement  extraordinaire 
sur  la  rivière  ou  sur  les  poits.  comme  naufiage 
ou  incendie  .  il  en  sera  sur-le-champ  donné  con- 
naissance à  l'inspecteur-général,  au  commissaire 
de  police  et  au  préfet. 

L'inspecteur-général  prendra  provisoirement  les 
mesures  iiéces&aites  ,  et  en  tendra  ctHiipte  de  suite 
au  préfet. 

XI.  L'inspecteur-général  tiendra  la  main  à  ce 
que  les  décisions  et  les  ordres  qu'il  recevra  du 
préfet,  soient  exécutés  avec  exactitude  et  célérité; 
il  peut  ,  à  cet  effet ,  en  cas  de  besoin ,  requérir  la 
force  armée   de  lui  prêter  main-forte. 

Il  pourra  même  dans  les  cas  urgens  ,  et  seu- 
lement en  ce  qui  concerne  le  service  de  la 
rivière  ,  des  ports  et  de  la  halle  aux  vins  ,  donner 
provisoirement  des  ordres  sous  le  litre  de 
consiane. 

Il  pourra  aussi  ,  en  cas  d'urgence  ou  de  péril 
imminent  ,  accorder  les  permissions  nécessaires, 
mais  il  en  rendra  compte  sur  le  champ  au  préfet 
pour  avoir  son  approbation. 

XII.  L'inspecteur-général  tiendra  deux  registres; 
sur  lun  il  fera  enregistrer  sommairement  toutes 
les'  pièces  qu'il'  reCevi'a  ou  qu'il  visitera  ;  et  sur 
l'autre  il  fera  transcrire  tous  Ses  rapports  et  sa  cor- 
respondance. 

XIII.  L-es,  inspecteurs  particuliers  doivent  se 
faire  représenter,  par  les  conducteurs  des  bateaux 
les  passavants  qu'ils  ont  du.  obtenir  à  leur  passage 
à  la  Râpée.  - 

Ils  donneront  les  pertnis  de  mettre  eij  décharge. 
Ils  tiendront  un  seul  registre,  sur  lequel  ils  en- 
registreront leuri  rapp.pri5;et  leur  correspondance. 

XIV.  Les  préposés  aux  arrivages  par  eau  ,  éta- 
blis à  la  barrière  de  la  Râpée  et  a  celle  de  la 
Cunette  ,  sont  sous  la  surveillance  immédiate  de 
l'inspecteur-général.  Ils  sont  chargés  de  recevoir 
la  déclaration  de  tous  les  bateaux  et  trains  qui  ar- 
rivent pour  l'approvisionnement  de  Paris  ,  ou  qui 
sont  destinés  à  passer  debout  ;  de  viser  les  lettres  de 
voitures,,  de  et  délivrer  des  passavants  aux  conduc- 
teurs ,  pour  qu'ils  puissent  lâcher  ou  garrer  leiirs 
bateaux  ou  trains,  dans  les  ports  qui  leur  seront 
désignés,  suiyant  leijir  toiir  d'en  registremetit  ou 
d'arrivage.  '  ~  '  , 

XV.  Le  préposé  eti  chef ,  aux  arrivages   rie   1? 
Râpée  ,  do4l    distribuer   son    service  de   m^n.ere  ■  ^^^^  ,^^  vins  qui  irrivent  et  se  déchargent  sur  le» 
qu  il  y.  ait   toujour^   deux  préposes  et  deux  mari-  |  ^  ^^  ,  i;;'^^^^^  ^^^  ^.^^ 

mers  en  exercice,  depuis  le  point  du  jour  jusqu  a  I  •^  ,  . 

la  nuit ,  savoir  :  un  des-  proposés  dans  le  bureau  .         Us  doivent  aussi   déguster  les  vins  qui  se  trou 


quils   enveriorjt   de  suite  a  linspectcui-géricral , 
qui  les  transmettra  au  préfet. 

J^VIII.  Ils  auront  un  registre  sur  Icipiel  ils 
transciirotit  leurs  rapports  et  leurcorrespondancc. 

XIX.  Le  préposé  en  chef  aux  arrivages  du 
haut  ,  dressera,  chaque  jour-,  l'état  des  arrivage» 
de  la  veille  ;  il  1  enverra  à  l'inspecteur-généial  , 
qui  le  fera  parvenir  au  préfrt. 

Un  double  de  cet  état  sera  aussi  remis  à 
l'inspecteur-général,  qui  en  fera  laire  des  ex- 
traits pour  les  inspecteurs  particuliers  ,  afin  que 
chacun  d'eux  connaisse  les  bareaux  et  les  trains, 
destinés  pour  son   axroudissement. 

Le  préposé  en  chef  aux  arrivages  du  haut, 
adressera  aussi  au  contrôleur-général  du  recen- 
sement et  du  mesûrage  des  bois  et  charbons  , 
un  extrait  de  1  ciat  des.  bois  de  chaulfuge  et  de» 
charbons  de   toute   espèce  arrivés  à  Paris. 

Le  préposé  aux  anivages  du  bis  dressera  les 
mêmes  états  et  exiraiis  ,  mais  il  est  autorisé  à, 
ne  les  remettre  tpre  deux  fois  par  4écade  ,  le 
primedi  et  le  sextidi. 

XX.  Les  préposés  aux  arrivages  sur  les  ports 
n'éiant  qu'au  nombre  de  trois  ,  dont  un  pour 
larrondissement  du  haut  ,  live  droite  ;  un  pour 
l'arrondissement  du  haut ,  rive  gauche  ,  et  l'autre 
pour  l'arrondissement  du  bas,  rive  droite  ,  l'ins- 
pecteur particulier  de  l'arrondissenient  du  bas  , 
rive  gauche  ,  est  tenu  d'y  en  remplir  les  fonctions. 

XXI.  Chacun  de  ces  préposés  est  sous  la 
surveillance  imméd!:ate  de  1  inspecteur  particiilier 
de  son  arrondissement,  et  le  supplée  en  cas  de 
besoin. 

XXII.  Il  doit  se  rendre  tous  les  jours  au  bu- 
reau de  l'inspecteur  particuier,  avant  .J  ouver- 
ture des  ports  ,  et  n'en  sortir  qu  après  la  fer- 
meture. 

XXIII.  Les  préposés  aux  arrivages  sur  les  ports 
sont  chargés  de  recevoir  la  déclariiiou  des  raar- 
chindises  et  denrées  qui  doivent  être  déchargées 
sur  les  ports  ,  de  vérifier  les  lettres  de  voilures  , 
et  d'enregistrer  toutes  les  denrées  et  marcharv- 
dises  par  quantité  et  espèces,  sur  un  registre 
qu'ils  sont  obligés  de  teriir. 

XXIV.  Ils  dresseront,  chaque  jour,  d'aprè^ 
ce  registre  ,  l'état  des  marchandises  ^t  denrées 
déchargées  la  veille  ;  cet  état  sera  visé  par  l'ins- 
pecteur particulier  ,  et  envoyé  à  l'inspecteur- 
général  qui  le  transmettra  au  préfet. 

XXV.  Les  inspecteurs  particuliers  et  les  pré- 
posés aux  arrivages  sur  les  ports  ,  sont  chargés 
de  prendre  des  renseignemens  nécessaires  p.our 
connaître  les  prix  des  drflFétentes  denrées  ou  mar- 
chandises vendues  sur  les  ports  ,  et  notamment 
de  celles  sujettes  aux  droits  d'octrois  ,  à  l'exçep.- 
tion  cependant  du  vin  ,  du  bois  d;  chauffage  et 
des  charbons.  Ils  doivent  en  tenir  note  ,  et  en 
former  état  par  chaque  décade  ;  ils  l'enverront 
le  primedi  à  nnspèciéuf-gériéral  ,  qui  le  trans- 
mettra au  préfets 

(  JV.  B.  Ces  étajs  étant  destinés  à  con.coutir  à  li^ 
formation  du  registre  des  rnercurjalçs  ,  lirisp.ec-^ 
leur-général,  les  inspecieurs  partit  uljers  et  Iç^ 
préposés  aux  arrivages  sur  les  port?  ne  s^^ur^ictiç 
prendjre  trop  de  précautiotis  pqar  parvenir  à  sç; 
procurer  des  ceuseignetpens  certains.  ) 

XXVI.  Les  dégustateurs  sont  chargés  de  goâter 


pour  y  recevoir  les  déclar.  lions  des  conducteurs 
pu  propriétaire?  de  bateaux  ou  trains  arrivans , 
les  enregistrer  ,  viser  les  lettres  de  voitures  ,  et  dé- 
liv'er  les  passavants  ou  les  p?sse-de-bout  néces- 
Sjtires  ;  et  l'autre  préposé  eçt  un  marinier ,  pris  al- 
ternativençxeril  ,  pour  aller  au-devant  des  bateaux 
et  des  ir3in3,qiii  entrent  ,  obliger  les  condijcteurs 
à  en  taire  la  déclaration  ,  ou  constater^  leur  iié- 
gligcnce  ou  léir'r  refus;  "et  enfin  veiller  à  ce  qu'ils 
garreiit  aux  lici<x  indiqués. 

XVI.  Le  préposé  en  chef  aux  arrivages  à  la  bar- 
rière de  la  Cunette,  réglera  son  service  de  ma- 
nière qu'il  y  ait,    pendant   tout  le  jour  ,   un  pré- 


vent dans  les  pijgpijps  et  chez  |e^  tjjtatcbaijds  de 
l'intérieur. 

XXVII.  Leur  seryitie  'star  \^i  ports  et  à  la  halle, 
sera  réglé,  tous  les  rtibis  par TinspectCur-général 
de  la  navigation  et  des  ports  ,  qui  devra  en 
rendre  compte  au  préfet. 

XXVIII.  Sur  les  ordres  de  l'inspecteur-général, 
les  dégustateurs  pourront  requérir  les  commi;t- 
saires  de  police  des  divisions  qui  leur  seront 
désignées  ,  de  les  assister  dans  les  visite.»  qu'il» 
devront  faire  chez  les  marchands  de  viiii  et  4*"» 
les  magasins  de  l'inlétieur. 

Les  dégustateurs    remettront  à  l'itispectcur-gé- 


po.é  et  marinier  prêts   à  aller  au-devant  des    ba-  P.éf?!  -  àe^.    rapports  de   leurs   operauons  ,  imrpc- 

feaux  qui    mor.tent  ou  descendent,  recevoir  les  diatttuer.t    aj^M    qu  eUf  s     seront    terminées,   et 

déclaradotrs  ,  viser  les  lettres  de  voitures  et  déli-  l'inspecteur  -  général     eu     rendra     com,.ie     au 

vrer  des   passavants,  et  à  ce  qu'il  y  ait,  pendant  prç"'^'- 

la  nuit  ,  un    préposé    et  un  marinier  en   exercice         XXIX.  Les  dégustateurs  tiendront  deux  regis- 

pour  empêcher  1?  sortie  des  bateaux  ftde>  trains],  "ea  ;   dans  l'un  ,  ils  transcri. ont    leurs    rappojrts  , 

ou  const»ler  les  contravenlioiis.  ■  "'  «i  dansTautre  ils  porteront   le»   prix  cou.aus  et 


journaliers  des  vins;  ils  y  inséreront  aussi  la 
noie  des  quanlités  de  vins  entrées  chaque  jour 
à  la  halle. 

XXX.  Les  primcdi  et  sextidi  de  chaque  décade, 
■ils  dresseront ,  d'après  leur  registre  ,  l'état  des  pnx 
qu'auront  valu  les  vins,  pendant  les  cinq  jours 
précédens,  en  distinguant  les  crus  des  vins  ,  leurs 
e.'ipeces  et  leurs  qualités ,  et  en  indiquant  de  quelle 
recolle  ils  proviennent. 

Chaque  primedi  ils  donneront  l'état  des  vins  qui 
seront  entrés  dans  la  halle  ,  ou  qui  en  seront  sortis 
pendant  la  décade  précédente  ,  en  ayant  soin  de 
distinguer  les  vins  venant  des  ports  ,  de  ceux 
arrivés  par  terre.  Ils  remettront  ces  étals  à  I  ins- 
pecteur-général ,  qui  les  visera,  et  les  ttansmeira 
au  préfet.  L'inspecteur-général  lera,  relativement 
à  ces  états  ,  les  observations  qu'il  croira  conve- 
nables ;  mais  il  ne  pourra  rien  y  changer. 

XXXL  Le  bureau  des  dégustateu-s  est  placé 
auprès  du  corps  de  garde  de  la  halle  aux  vins. 

Ils  sont  tenus  de  s'y  rendre  tous  les  jours  avant 
l'ouverture  des  poils  ,  et  de  ne  quitter  qu  après  la 
fermeture. 

Ils  s'arrangeront  de  manière  qu'il  y  ait  toujours 
quelqu'un  au  bureau  ou  à  proximité  du  bureau  , 
soit  pour  répondre  au  public  ,  soit  pour  recevoir 
les  ordres  qui  leur  seront  transmis. 

Ils  s'entendront  également  pour  que  les  décadis 
et  les  jours  de  fêtes  nationales,  il  y  ait  un  den- 
tr'eux  au  bureau  pour  surveiller  l'arrivage  à  la 
halle. 

XXXII:  L'inspecteut-général  ,  les  inspecteurs 
particuliers  et  les  autres  préposés  ne  petrvcnt 
s'absenter  sans  un  congé  par  écrit  du  prélet. 

XXXIII.  Il  leur  est  expressément  défendu  de 
faire  le  commerce  des  denrées  ou  marchandises 
qu'ils  sont  chargés  d'inspecter. 

Ils  ne  doivent  pas  perdre  de  vue  qu'une  des 
plus  importantes  de.  leurs  fonctions  esi  de  régler 
les  différends  qui  s'élèvent  sur  les  ports  ,  ou  à  la 
halle  aux  vins ,  entre  les  maiinieis,  Icsmarchands , 
les  acheteurs,,  les  charretiers  et  les  autres  ouvriers 
des  ports  ,  et  qu  ils  doivent  laire  tout  ce  qui  peut 
dépendre  d'eux  pour  les  concilier. 

XXXIV.  Ils  auront  soin  ,  chacun  en  ce  qui  le 
concerne  ,  d'enliasser  ,  pour  les  représeiiier  ,  lors- 
qu'ils en  seront  requis  par  le  préfet ,  les  réglemens  , 
décisioiis,  ordres  et  généralcmenltoutes  les  pièces 
qui  leur  seront  transmises. 

XXXV.  Ils  tiendront  la  main  à  l'exécution  des 
lois  et  réglemens  qui  concernent  le  service  dont 
ils  sont  chargés. 

Les  inspecteurs'paniculierset  lesautres  préposés 
sur  les  poris  ou  à  la  halle  aux  vins  ,  rendront 
compte  régulièrement  à  I  inspecteur-général  de  ce 
qu'ils  auront  fait  pour  l'exécution  des  ordres 
quils  auront  reçus. 

XXXVI.  La  présente  instruction  sera  imprimée 
au  nombre  de  irois-cents  exemplaires  in-4°. 

L'inspecteur-général  en  remettra  un  exemplaire 
à  chacun  des  inspecteurs  particuliers  et  desaulres 
préposés  qui  sont  sous  ses  ordres.  Il  les  préviendra 
que  le  préfet  se  fera  rendre  un  compte  rigoureux 
de  l'exécution. 

Fait  à  la  préfecture  de  police  ,  le  4  brumaire 
an  9  de  la  république  française  ,  une  et  indi- 
visible. 

Le  préfet  de  police,  signé  Dubois. 


Des  observations  curieuses  sur  la  formation  de 
l'eau  dans  les  corps  animés  ; 

Des  conjectures  et  des  faiis  surles  rapports  que 
les  plantes  ont  avec  les  insectes  en  général  ,  et 
les   polypes  en  particulier  ; 

Un  fait  singulier  et  bien  observé  par  le  citoyen 
Dupont  lui-même  ,  sur  la  lorce  des  courans  dans 
le  Golfe  du  Mexique  ,  ont  élé  l'objet  d'auiaiil  tic 
mémoiies  importans  ,  composés  dans  le  cours 
même  de  sa   navigation 


quatorzierne  sietle  ,  par  Carpin  ,  Rubruquts  , 
Hayton  ,  Mandeville  ,  sont  soumis  à  l'examen 
dune  sage  critique.  Une  notice  sur  lintéressant 
voyage  inédit  ,  sera  lue  dans  le  cours  de  cette 
séance. 

Le  cit.  Toulongeon  a  traité  l'importante  ques- 
tion du  dioit  naïuic-.l    dans    les    iiist  tuiiotis   poli- 
tiques.  L'auteur    lait    déiiver    du    droit    i;aturel  , 
l'établissement  du  corps  po'.iiiciue  ,  qui  11  cbi  p;ii>  , 
I  dit-il  ,  une   réunion    d'individus,  (car  une  année 
mais  une  léunioa 


°  j  sefa,t;  aussi  un  cotpspoliiique) ,  mais  une  reunif; 

Descendu   à    terre  ,   il  a  voulu  reconnatire   la     ^^   familles.  Il   définit  le    droit  nature!  ,   la  lib 


nature  du  sol  qu  il  venait  de  loucher  .  ..  »  .v. 
cherché  en  même  tems  par  quelles  cause  I  Océan, 
après  avoir  creusé  le  golfe  du  Mexique  ,  et  res- 
pecté les  Archipels  dileséparses  au,  milieu  de 
SCS  flots  ,  vient  se  biiser  conire  les  cotes  de 
l'Amérique  septentrionale,  qui  lui  opposent  utic 
insurmontable  bariieie. 

lia  observé  qu'à  Rhode-Island  et  àNevit-Yorck, 
la  mer  est  bordée  de  superbes  granits  :  il  a  con- 
sullé  les  savans  naïufalislcs  de  la  sociélé  philoso- 
phique de  Philadelphie-,  M.Jeflerson,  etsui-lout 
M.  Guillemrrd  qui  a  vc)yat;é  en  habile  observa- 
teur dans  1  Amérique  septentrionale. 

Il  en  résulte  que  depuis  la  pointe  de  l'Acadie 
jusqu'au  cp  Fcar ,  le,  long  des  rivages  noyés 
des  Carolines  ,  de  la  Géorgie  ,  de  l.i  Floride  ; 
enlin  ,  dans  tout  le  prolongement  de  la  côte 
orientale  de  l'Amérique  du  nord  ,  les  terres  sont 
posées  sur  un  immense  banc  de  granit,  qui  leur 
sert  de   base. 

Le  cit.  Dupont  pense  qu'un  effroyable  déchi- 
rement ,  semblable  à  celui  qui  sépara  Calpé 
d  .\byla  ,  et  peut-êire  arrivé  à  la  même  époque  , 
est  tracé  en  caractères  ineffaçables  sur  la  côte  de 
1  Amérique. 

Il  va  la  parcourir,  et'observera  ,  dit-il ,  jusqu'à 
quel  point  ce  premier  aspect  peut  lavoir  insliuit, 
ébloui  ou  tfoiypé. 

Ces  recherdies  ne  sont  ,   comme  il  l'annonce 

lui-même  ,  que  les  prémices  de  ses  travaux.  Nous- 

devons   tout  attendre  du  zèle  de  ce  savant  ,  qui 

pense  (jue  l'homme  ne  doit  pas  cesser  d'étudier  , 

!  tant  iju  il  lui  reste  à  apprendre. 

Le  cit.  Anrjuelil  continue  ses  recherches  sur  les 
raéinoiresqui  ont  concouru  pour  les  prix  de  l'aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres.  Il  résulte 
de  Icxamen  des  mémoires  qui  ont  tr^iié  celte 
question  :Qjiel  fut  l'état  des  sciences  en  Frnnce  , 
depuis  le  roi  Robert  jusqu'à  Philippe-le-Bel  ?  que 


disposition  de  soi  et  de  ce  qui  est  à  soi.  Il  déduit 
de  ce  principe  .  l'étendue  et  les  limites  de  la 
liberté  personnelle  ,  qui  consiste  ,  dii-U  ,  dans  la 
libre  disposiiion  de  nos  facultés  physiques ,  et 
surtout  i.iteileciuelles  ,  dont  I  usage  est  d'autant 
plus  sacré,  que  s'alléraiit  par  l'incnie  ,  l'horanie  . 
alors  se  trouve  dégradé,  tandis  (jne  leur  exercice 
le  constitue  éminemment  au  premier  rang  parmi 
les  êtres  animés.  Mais  si  l'homme  ne  peut  être 
exproprié  de  ce  dii^it  sacré,  il  suit  donc  qu'il  ne 
peut  être  réduit  en  esclavage  que  par  l'abus  de 
la  force  et  l'injustice.  Puissent  ces  principes  être 
universellement  reconnus  ,  afi'.i  que  le  droit  poli- 
tique deviennent  en  même  teins  le  code  de  1  hu- 
manité ! 

Le  cit.  Bnache  a  lu  des  observations  astrono- 
miques et  géographiques  ,  pour  servir  au  "voyage 
du  capiiaineBaudin.  Il  en  sera  rendu  compte  par  U 
commission  qui  a  été  chargée  de  rédiger  des  ins- 
tructions pour  ce  brave  navigateur. 

Le  cit.  Bernardin  de  Saint-Pierre  ,  a  lu  un  mé- 
moire sur  le  régime  diéiétique  ,  et  sur  les  obser- 
vations nautiques  à  suivre  dans  les  voyages  mari- 
times de   long  cours. 

(  Voyez  ce  mémoire  au  n°.  du  Moniteur  da 
6  brumaire.) 


LIVRES      DIVE 


Le  tribun^al  de  police  du  4""  arrondissement  a 
rendu  ,  le  a3  vendémiaire  dernier  ,  un  jugement 
qui  condamne  à  une  amende  de  trois  journées  de 
travail  ,  aux  frais  d'instance  ,  et  à  l'afRche  au 
nombre  de  cent  exemplaires,  un  marchand  de 
de  viande  à  la  Halle  ,  dans  la  voiture  duquel 
ks  préposés  de  la  préfecture  de  police  ont  trouvé 
et  saisi  un  quartier  de  vache,  provenant  rf'Mn  arii- 
mal  tué  pour  cause  forcée,  et  incapable  d  entrer  dans 
la  consommation  ,  comme  insalubre  et  même  dan- 
gereux. 


INSTITUT        NATIONAL. 

J^otice  des  travaux  de  la  classe  des  sciences  morales 

et  politiques  ,  pendant  le  dernier  triniestre",  par 

le   citoyen  Champagne. 

Le  désir  d'étendre  le  domaine  de  nos  connais^ 
sances  a  engagé  le  citoyen  Dupont,  raalgréson 
â^e  ,  malgré  tant  de  travaux  qui  l'ont  rendu  cher 
aux  sciences  ,  à  aller  visiter  l'Amérique  septen- 
trionale ,   où  il  voyage   au  nom  de  l'institut. 

Son  esprit  actif  s'est  exercé  ,  même  pendant 
■une  pénible  traversée  ,  sur  une  ioule  de  sujets 
d'un   grand  intérêt. 

Une  description  de  la  Doris  ,  animal  jusqu'à 
"^-'èsent  peu  observé,  accompagnée  de  dessins 
acts  ; 


es  sciences  ne  firent  aucun  progrès  depuis  Char 
lemanne  jusqu'à  Robert  ;  qu'elles  furent  négligées 
sous  Henri  et  Philippe  I";  qu'elles  jetèrent  à  peine 
de  laibles  lueurs  dans  le  douzième  siècle  ;  que 
dans  le  treizième  ,  les  voyages  d'outre-mer,  les 
riva li lés  ent:e  les  corps  qu'on  appelait  alors  savans  , 
excitèrent  quelqu  émulation. 

Mais  jusqu'à  Philippe  le  Bel  ,  la  science  ,  envi- 
ronnée d'ertsurs  et  de  préjugés  ,  n  avait  pas  de 
principes  certains  ,  et  quelques  hommes  seule- 
ment cherchèrent,  dans  le  silence  ,  la  route  de 
la  nature  et  de  la  vérité. 

Un  sujet  digne  de  méditations  politiques,  a  été 
traité  par  le  citoyen  Daunou  .  dans  un  mémoire 
sur  les  élections  au  scrutin.  En  quoi  consiste  le 
vœu  général  ?  Quelles  sont  les  conditions  qu'une 
forme  de  scruîTn  doit  remplir  pour  vériher  ce 
vœu  avec  exactitude  ?  Jusqu'à  quel  point  ces  con- 
ditions ont-elles  été  remplies  par  les  diverses 
formes  de  scrutin  employées  ou  proposées  jus- 
qu  à  nos  jours  ?  Telles  sont  les  questions  que  le  |  le  16  au  matin 
citoyen  Daunou  s'est  proposé  de  résoudre  ,  pour 
établir  une  théorie  positive  sur  cette  importante 
matière.  Il  a  examiné  et  discuté  particulièrement 
1er  modes  proposés  par  Condorcet  et  Borda.  Il  a 
prouvé  qu'aux  calculs  mathématiques  devait  se 
joindre  un  calcul  plus  difficile  encore,  celui  des 
passions  ,  des  intérêts,  des  opinions.  Il  a  combirié 
toutes  ces  données  ,  pour  en  former  une  théorie 
qui  exigeait  la  science  des  calculs,  la  connais- 
sance du  cœulr  humain  ,  et  l'habileté  de  l'homme 
exercé  à  traiter  des  matières  politiques. 

Un  voyage  d'outre-mer  .  et  retour  en  France 
par  la  voie  de  terre  en  1432  et  1483  ,  inédit  jus- 
qu'à nos  jours  ,  fait  par  un  homme  sage  et  ins- 
truit ,  plein  de  faits  curienx  sur  les  mœurs  ^  les 
usages,  les  intérêts  pohtiques  de  différens  peuples 
de  1  Asie  et  de  l'Europe  ,  et  entièrement  inconnu  , 
a  été  mis  en  état  d'être  publié  par  le  cil.  Legrand 
Daussy  ,  qui  a  joint  une  introduction  à  ce  pré- 
cieux voyage.  C'est  un  mémoire  sur  les  voyageurs 
français  ,  antérieurs  au  i5=  siècle,  qui  ont  publié 
des  relations  de  leurs  voyages  ,  et  sur  les  étran- 
gers qui  ,  avant  cette  époque  ,  ont  écrit  leurs 
voyages  en  langue  française.  Des  voyages  au 
cinquième  siècle  ,  de  Gaule  à  Rome  ,  par 
Numatianus  ;  en  Terre-Sainte  ,  en  5o5  ,  par  l'é- 
vêque  Arculfe  ;  à  Constantinople  ,  en  811  ,  par 
Hulion  ,  envoyé  de  Charlemagne  ;  en  Terre- 
Sainte  ,  en  870  ,  par  le  moine  Bernard;  enfin 
des  voyages   plus    connus  dans  le    treizième   et 


Elémens  de  Géométrie  avec  des  notes  ,  par  A.  M. 
Legendre,  membre  de  l'institut  national,  troisième 
édition  ,    1  vol.  in-S"  avec  treize  planches. 

A  Pari»  ,  chez  Firmin  Didot  .  libraire  ,  rue  de 
Thionville  ,  n°  Il5  et  i85o.  Prix  6  fr.  broché  ,  et 
7  fr  80  cent,  franc  de  port. 

Vues  sur  les  négociations  que  le  gouverne- 
ment français  peut  employer  pour  forcer  l'Au- 
triche à  la  paix,  et  hâter  l'abaissement  du  gou- 
vernement anglais;par  P.  D.  Hérici  (du  Calvados.) 

A  Paris  ,  chez  Desenne.  Prix,  60  cent. 


DUS       PRESSE. 


sdi- 


Cours  de  morille  religieuse ,  par  M.  Necker  . 
tion  revue  et  corrl'aée.  A  Paris ,  chez  Genêts,  rue 
de  Thionville  ,  11°  5 ,  et  Charles  Pou«ens,  quai- 
Voltaire  ,  n°  10  ,  3  vol  in-S"  de  1000  pages,  sur 
caractères  de  Firmin  Didot  ,  n"  12  ,  ci  sur  carré 
fin  ;  prix,  9  francs. 

Cet  ouvrage  ,  le  chef-d'œuvre  de  son  auteur, 
renferme  les  vérités  les  plus  importantes  au  bon- 
heur des  hommes.  L'édition  qu  on  annonce  ici, 
a  été  imprimée  sous  1  autorisation  de  M.  Necker, 
qui  a  fourni  successivement  aux  éditeurs  de  Paris, 
les  feuilles  revues  et  corrigées  de  sa  main.  Elle  est 
exécutée  avec  une  correction  peu  commune  ,  et 
quoique  moins  chère  que  l'édition  de  Suisse, 
elle  l'emporte  par  l'exactitude  et  la  pureté.  On 
en  délivrera  des  exemplaires  le  18  courant  ;  et  les 
personnes  qui  se  feiont  inscrire  de  suite  chez  les- 
libraires   ci-dessus    indiqués  ,  pourront   en  avoir 


Bourse  du  n  brumaire. 

Rente  provisoire stS  fr.   l3  c. 

Tiers  consolidé 35  fr.  63  c. 

Bons  deux  tiers. , 1  tr.  68  c. 

Bons  d'arréragé 86  le.  88  c. 

Bons  pour  l'an  8 92  fr.  88  c. 

Syndicat 80  fr. 

Coupures 80  fr.  25  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  reniiers.  ï8  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republii^ije  et  des  Arts 
Dem.  Praxitelle  ,  et  le  ballet  de  la  Dansemanie. 

Le  19  ,  Bal  masqué. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
les  trois  Maris,  corn,  en  cinq  actes  ,  préc.  de 
Claudine. 

Théâtre  DES  jeunes  élevés,  rue  de  Thionville. 
Auj.  la  Confiance  mal  placée  ;  la  Lanterne  magique , 
et  le  Doyen  de  Killerine. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  relâche  pour 
la  restauration  de  la  salle. 

rnÈATRE  DE  LA  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Aujourd'hui  la  i"'  repr.  de  l'Amour  aux  Petites- 
Maisons  ou  les  Fous  hollandais  ,  folie  ornée  de 
chants;   Louise,   ei  le  Troubadour ,   pant.  nouv. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  relâche. 


A  Pavi  s.  de  l'iropfimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  a"  j3. 


V— _i=3/ 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MOMfEUR  Ui>..ERSEL. 


^f"  43. 


tridî ,    1 3   brumaire  au  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le  M  o  N  i  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel 
I  consent  les  séances  des  autorités  constituées .  le.  actes  da  gouvernement .  les  nouvelles  des  armées ,  ainsi  <,ue  ,«  faits  et  les  notions  tant  .ut 
rinténeur  que  sur  l  extérieur,  fournis  par  les  correspondahces  ministériel!ea| 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciehces ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ESPAGNE. 

De  Cadix  ,    le  4  brumaire. 

i« 'amiral  Keith  .s'étant  apperçu  que  nous 
étions  disposés  à  le  recevoir  ,  et  que  ,  s'il  était 
jnaitre  de  débarquer ,  il  ne  le  serait  peut  -  être 
pas  de  se  rembarquer  avec  tout  son  monde  , 
a  pris  le  parti  de  renoncer  à  son  ejipédition. 

Sur  douze  pêcheurs  de  Cadix  qu'il  avait  em- 
barqués à  bord  de  son  escadre  pour  s'en  servir 
comme  de  pilotes  ,  six  sont  morts  en  arrivant  à 
Cadix.  Nous  avons  su  par  les  autres  que  la  ma- 
ladie contagieuse  se  manifestait  d/une  manière 
effrayante  à    bord  des  vaisseaux  anglais. 

On  croit  savoir  que  l'amiral  Kelih  se  rend  à 
Livourne  ,  afin  d'y  être  au  moment  de  la  rupture 
des  hosttlilés,  et  de  pouvoir  aider  le  général  Som- 
mariva  à  détendre  la  Toscane. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  24  octobre  (  2  brumaire.  ) 

Les  personnes  les  mieux  instruites  croient  gé- 
feéralement  que  les  communications  entre  l'An- 
gleterre et  la  France  n'ont  été  suspendues  qu'à 
cause  des  délais  qu'a  éprouvés  à  Vienne  la  con- 
clusion des  préliminaires  de  la  paix  avec  la  ré- 
publique française.  Maintenant  que  cette  affaire 
est  terminée  ,  et  que  le  premier  consul  est  assuré 
de  la  paix  sur  le  continent ,  on  croit  qu'il  invitera 
notre  gouvernement  à  envoyer  un  ministre  au 
congrès  de  Lunéville  ,  sans  insister  sur  un  armis- 
tice maritime  ,  dont,  ainsi  que  nous  l'avons  ob- 
servé depuis  long-tems,  il  n'a  plus  été  question 
depuis  le  moment  oà  la  convention  de  Hohen- 
linden  a  été  signée.  On  sait  que  dans  la  corres- 
pondance qui  s'était  établie  derujérenieDt  à  ce 
iujet ,  la  France  reconnaissait  que  cette  demande 
avait  entieTement  pour  objet  son  propre  avan- 
tage ,  et  elle  regardait  cette  satisfaction  comme 
Une  condition  de  laquelle  elle  fesait  elle-même 
dépendre  une  suspension  d'armes  sur  le  conti- 
»ent.  I!  n'y  a  pas  d'apparence  que  dans  l'état 
actuel  des  choses  ,  le  gouvernement  français  in- 
siste encore  sur  cet  armistice  et  en  fasse  le 
préliminaire  de  notre  admission  au  congrès  de 
Lunéville.  Toutes  les  démarches  du  premier 
consul  sont  tellement  prononcées  en  France  pour 
la  paix  ,  qu'il  est  impossible  qu'il  cesse  de  se 
montrer  dispo'é  à  la  faire.  L'expression  de  ces 
dispositions  pacifiques  sera  ,  on  peut  aujourd'hui 
en  être  sûr,  accueillie  avec  cordialité  dans  notre 
,  pays- 
Un  messager  arrivé  parle  panuebnt  de  Lisbonne,' 
a  apporté  des  dépêches  de  sir  Ralph  Abercrombie 
datées  de  Gibraltar  ,  le  7  de  ce  mois  :  elles  an- 
noncent que  l'expédition  dirigée  contre  Cadix  n'a 
pas  réussi.  Notre  flotte  ,  après  avoir  paru  devant 
cette  place  ,  s'est  retirée  ,  sans  avoir  pu  effectuer 
lin  débarquement.  Cette  expédition  aurait  dû  se 
faire  plutôt  :  c'est  aux  retards  qu'elle  a  éprouvés 
qu'il  faut  attribuer  sa  non-réussite.  Elle  aurait  eu 
des  conséquences  de  la  plus  grande  importance  , 
dans  un  moment  où  l'ennemi  annonçait  le  projet 
d'une  invasion  dans  le  Portugal.  Sir  Ralph  Aber- 
crombie est  rentré  le  5  à  Gibraltar. 

Les  lettres  de  Cadix  et  de  Lisbonne  portent  que 
la  maladie  ,  qu'on  s'accorde  à  regarder  comme 
une  véritable  peste  ,  continue  ses  ravages  en 
Espagne.  Elle  est  répandue  dans  presque  toute 
l'Andalousie.  Un  cordon  a  été  établi  le  long  des 
frontières  du  Portugal  ,  et  l'on  fait  subir  une 
espèce  de  quarantaine  auxpersonnesqui  viennent 
d'Espagne.  La  mortalité  est  un  peu  diminuée  à 
Cadix  .  où  8noo  personnes  ont  déjà  perdu  la  vie. 
lians  lîle  de  Léon  ,  département  de  la  marine  ,  à 
environ  g  milles  de  Cadix  ,  on  compte  cent  vic- 
times par  jour.  La  mortalité  est  très-erande  aussi 
à  CWclana  ,  Port-Real  .  Port  Sainte-Marie  ,  Xerez 
et  San-Lucar.  Les  chaleurs  y  sont  encore  exces- 
«ive».  [Extrait  du  Times.) 

Du  a8  octobre  (^  brumaire.  ) 

Lï,  duc  de  Marlboroug  ,  l'université  d'Oxford 
et  le»  principaux  habitaiis  du  comté  de  ce  nom 
ont  ouvert  une  souscription  pour  l'importation 
de  grains  de  bonne  qualité. 


Il  est  question  de  présenter  à  la  première  session 
du  parlement  ,  le  plan  déjà  offert  d'une  taxe  sur 
les  paroisses  ,  pour  la  distribution  des  soupes 
pour  les  pauvres.  Cette  taxe  doit  être  ,  dit-on  , 
dtjn  schelling  par  livre  pour  les  personnes  qui 
paient  une  certaine  somme  en  vertu  de  l'incûmè- 
tax  ,  et  doit  porter  aussi  sur  les  jocataires.  La 
somme  qui  en  proviendra  sei;  régie  et  employée 
par  un  certain  nombre  fixé  de  commissaires. 
_  On  écrit  de  la  Haye  ,  qu'une  frégate  anglaise  a 
eie  brûlée  par  le  tonnerre  ,  aupiès  du  Texel. 

Des  lettres  de  Constantinople  disent  que  quoi- 
que la  Porte  n'ait  rien  publié  de  l'Egypte  ,  depuis 
la  mort  du  général  Kléber,  il  est  certain  néan- 
moins que  les  hostilités  ont  recommencé  ^  que 
le»  français  ont  passé  le  désert  et  se  sont  rendus 
maîtres  de  Gaza  ,  de  manière  que  la  Syrie  est  ex- 
posée à  une  seconde  invasion.  Il  paraît  que  difFé- 
rens  beys  .jugeant  par  la  conduite  du  grand-visir 
pendant  l'armistice  ,  qu'il  voulait  soumettre 
l'Egypte  sous  l'autorité  immédiate  du  grand-sei- 
gneur ,^  se  sont  réunis  aux  fran.-ajs  ,  dont  ils  ont 
grossi  l'armée. 

La  semaine  passée  ,  une  députation  de  la  ville 
de  Liverpool ,  s'est  rendue  chez  S.  A.  R.  le  duc 
de  Clarence,  pour  lui  présenter  dans  une  superbe 
boite  de  cœtir  de  chêne  ,  incrustée  et  doublée 
en  or,  des  lettres  de  bourgeoisie  en  reconnais- 
sance de  la  conduite  que  S.  A.  R.  avait  tenue 
au  parlement,  lorsque  la  question  de  la  traite  des 
nègres  y  fut  agitée.  Le  duc  de  Clarence  repondit 
au  dtscours  que  le  recorder  de  la  ville  de  Liver- 
pool lui  adressa  à  cette  occasion  a  qu'il  était 
)>  extrêmement  sensible  aux  marques  d'appro- 
"  banon  de  la  ville  de  Liverpool  ;  quif  espé- 
»  rait  que  la  question  de  la  traite  des  netrres 
5>  avait  été  si  bien  éclaircie  qu'elle  ne  serait  plus 
"  agitée  ;  mats  que  dans  le  cas  où  contre  son 
J.  attente,  ce  sujet  reparaîtrait  au  parlement  il 
"  s  engageait  à  ne  rien  négligerpotit  faire  iriom- 
>»  pher  les  jpnncipes  qu:a  avait  soutenus,  1. 

Le  vaisseau  français  la  Magicienne ,  venant  du 
àenegal  a  été  récemment  amené  dans  le  port  de 
Plymouth.  Trois  énormes  serpens  ,  de  la  grosseur 
du  bras  d  un  homme  et  long  d'environ  sept  pieds 
se  sont  introduits  dans  ce  bâtiment  sans  que  l'on 
sache  comment;  (vraisemblablement  pendant 
quil  mouillait  dans  le  Sénégal.  )  Tous  les  jours 
ils  paraissent  sur  le  pont,  au  grand  effroi  des  pas- 
sagers ;  mais  dès  qu'ils  se  voient  observés  ,  ils  se 
retirent  et  ils  n'ont  encore  fait  de  mal  à  per- 
sonne. Ces  jours  passés,  l'un  d'eux  est  entré  dans 
le  hamac  d'un  homme  de  l'équipage  pen- 
dant qu  il  dormait.  On  craint  que  ces  animaux 
ne  trouvant  point  de  refuge  quand  le  vaiïseau 
sera  déchargé  ,  ne  soient  fort  dangereux. 

Le  comte  d  Urvoy  et  sa  femme  ,  émigrés  fran-         un  citoyen  rappelle   dans  le  Ivurnat  dt  1 
ça^     étaient  accuses  par  trois  officiers  de  police,     un  paragraphe    ek.rait  du  kJaZrda,,  ven  ■ 
d  obtenir    argent  du publtc  sous  de  faux  prétextes,  Ldemiaire^n  6  ,  de  la  république  ,X„rT'**r" 
:"„.l'r"11.^r_".!.^:^='r  ?•  ^^  officiers  ,  que  la     paragraphe  fatt  naître  l'idée  À'uV  r  fpirnenD 


aussitôt  les  troupes  espagntoles  se  rehdirént  fers 
tous  les  points  menacés.  Le  ,8  au  soir ,  kR 
Bickerton  qui  avait  effectivement  bloqué  le  porl 

J.  Fulteney  avec  i5,ooo  hommes.  Il  le  sollicita  de 
rester    mais  les  ordres  du  géné.al  étaient  positif.  : 
7-^r  K^"^''  ''"°"'"'>-  à  Gibraltar  le  9.  Le  roih-eç 
de   t,ibraltar  ne   pouvant   fournir   assez  d'feauà' 
toute   1  armée, ,70  vaisseaux  chargés  de  troupes' 
furent  envoyés  à  Tetuan  ;   on  assure  que  la  .fa" 
nison  de  Ceuia   était  si  faible  quelle   n  attendait  ' 
qu  une  sommation  pour  .se  rendre.  Le  Vent  d  ouest  ' 
Chassa  la   plupart  des  vaisseaux  dans  la  Mcditjsr- 
ranee,   et   nous   ne    lûmes  pas  avant  le  6  en  état' 
d  entteprendre  I  expédition  destinée  contre  Cadix. 
Un  devait  débarquer  entre  Rota  et  San-LUcar4 
emporter  ces  postes  ,  prendre  ensuite  le  poste  de" 
Saime-Caiherine  ,  et  pénétreraa  N.  O.  de  la  baie.  ' 
:(ooo   hommes    turent   mis    en    bateaux  ;  mais   lé' 
gênerai  voyant   qu'il   n'y  avait  pas   assez  de  cha- ' 
loupes  pour  pi-endre  un    plus    grand  nornbre   dé 
soldats  et  que  I  entreprise  ne  pouvait  s'txécuter, 
ht  donner   le  signal  de   se   rembarquer  ^   e.    houS ' 
sommes  revenus  à  Tetuan,   doà  l'on  croit  que 
nous  irons  a  Livourne.  ^      . 

Du  2g  octobre  (  8  brumaire.  ) 
Le  parlement  s'assemblera  le  20   brumaire, 
La   mauvaise  tournure  rju^oni    prises  les  opé- 
rations  militaires    sur  le    contiriehi  ëi  en  Eg,  pie  ; 
les   sommes   immenses   «jUont  coûté  le-,    uois  ar-' 
mees  que  l'on  a  tenues  constamment  embarquées 
et  qui  se    trouvaient  pat-tout ,   hormis  où  frétait 
nécessaire  qu  elles  se   trouvassent   pour   secourir 
les   al  les;    la  cherté  excessive  du  pain   (qui  vaut 
10  s.  la  livre)    et  de  plusieurs  autres  démets  de 
première    nécessité  ,  rendront  très  -  iniéressaniô 
cette  session  du  parlement. 

Toijs  les  rapports  des  comtés  représentent  les 
privations  du  peuple  et  ses  souffrances  sous  le» 
couleurs  les  plus  effrayantes.  Les  econotnistes 
évaluent  a  3oo  millions  tournois  la  déi»nse  de 
I  année  dernière  pour  l'importation  des  gains- 
ce  qui  cepetidant  ne  suffit  pas  pour  garantir  ce 
pays  des  malheurs  d'une   disette. 

Les  campagnes,  proprement  dites  i,  ne  renfer- 
ment plus  que  désjournaliers  mourans  de  faim; 
toutes  les  pentes  propriétés  sont  détruites  •  les 
grandes  se  sont,  depuis  dix  ans,  atcrues  d'une 
manière  effrayante.  On  croit  que  ,  dans  le  cou- 
rant de  janvier,  le  pain  coûtera  i5  à  16  s  la 
livre  ,  et  une  révolte  de  la  masse  du  peuplé. 
contre  les  ministres  paraît  inévitable. 


I 


N     T     E     R     I     E     U 

Paris  ,   le  12   brumaire^ 


R. 


Un  citoyen  rappelle   dans  \ejvurnal  d'e  Paris  » 


police  avait  envoyés  à  dessein  chez  le  cumte 
d  Urvoy,  motivaient  leurs  plaintes  sur  des  pré- 
dictions de  mariages  ,  etc.,  qui  leur  avaient  été 
faites  pour  la  somme  d'un  scheling  par  question. 
Le  comte  et  sa  femme  menés  en  prison  ,  ont  éitè 
poursuivis  devant  les  tribunaux;  mais  leur  con- 
seil ayant  plaidé  une  irrégularité  de  forme  dans  le 
décret  de  prise  de  corps  lancé  contre  eux  ,  la  pro- 
cédure se  trouva  de  droit  annullée  ,  et  les  pri- 
sonniers furent  acquittés.  A  peine  eurent-ils  quitté 
la  cour  qu'un  autre  officier  de  police  les  arrêta 
sur  un  ordre  de  M.  le  duc  de  Poriland  ,  signé  en 
vertu  de  Valien-act.  Remis  entre  les  mains  d'un 
messager  d  état  ,  il  ont  été  conduis  à  Gravesend, 
pour  être  déportés.  M.  Ford  avait  dit .  lors  de 
leur  arrestation  ,  qu'il  exercerait  toute  son  in- 
fluence pour  les  faire  renvoyer  d.u  royaume. 
(  Courier  de  Londres  ) 

Les  anglais  ne  rougissent  pas  d'avouer  la  tenta- 
tive qu'ils  viennent  de  faire  contre  Cadix.  Voici 
une  lettre  de  Gibraltar  ,  publiée  par  leurs  jour- 
naux. Cette  expédition  ne  serait  que  ridicule  ,  si 
elle  ne  méritait  une  autre  qualification  aussi  juste, 
mais  plus  sévère. 

Extrait  d'une  lettre  de  Gibraltar. 

Lf,  i3  septembre  .  lord  Keith  et  sir  Ralph  Aber- 
crombie avec    10,000  hommes  sous  ses   ordres 
arrivèrent  ici  de  Minorque.  Ce  retour  était  inat- 
tendu et  la  côte  d  Espagne  «ans  défense  ,  mais 


r     .o-r---  —  -.«,.„  u  un  «approcnemenC 

curieux  entre  la  conduite  actuelle  des  anolais 
devant  Cadix  ,  et  celle  qu'ils  tinrent  en  1780» 
»  Après  le  terrible  ouragan  du  (i  octobre  1780. 
qui  ravagea  les  Antilles  ,  les  généraux  français- 
'!",?'  °%'-f"^  1"^  ^^  """-  oubliant  tous  projets 
d  hostilités  contre  les  anglais  ,  ne  s'occupèrent 
qu  a  donner  les  plus  prompts  secours  aux  lia- 
bitans  des  îles  qui  avaient  le  plus  souffert,  ainsi- 
qu'atjx  vaisseaux,  d'une  flotte  march  .nde  qui 
venaient  d'arriver  dans  ce  malheureux  moriient». 
Le  commandant  des  troupes  à  la  Martinique* 
eut  même  la  générosité  de  recueillir  les  équipages 
de  plusieurs  vaisseaux  anglais,  échoués  sUrles 
cotes  del'île,  de  pourvoira  leurs  besoins  ,.et  de  le»" 
renvoyer  ensuite  à  Sainte  -  Lucie  ,  au  lieu  de 
les  garder  prisonniers  ,  comme  il  était  en  droit 
de  le  faire.  Il  pouvait  aussi  ,  avec  une  Seule 
frégate,  s'emparer  de  la  Barbâde  ,  une  des  île» 
anglaises  ,  que  l'ouragan  avait  le  plus  maltraitée» 
Mais  il  sentit  qu'il  y  avait  plUs  que  de  l'inhu-» 
manité  à  profiter  d'un  désastre  aussi  cruel  pour 
les  malheureux  babitans  ,  dont  une  partie  avait 
péri,  et  l'autre  se  trouvait  dans  le  plus  misé- 
rable étati 

)t  C'est  cependant  ce  moment  de  détresse  gé^ 
hérale,  que  les  anglais  choisirent  pour  venii- 
attaquer  l'île  de  Saint-Vincent  ,  avec  4000  hom- 
mes de  troupes,  et  10  vaisseaux  de  ligne  ,  com- 
mandés par  l'amiral  Rodney.  Il  est  vrai  que 
cette  entreprise  barbare  eut  le  sort  qu'elle  mé- 
ritait ,  et  qu«  le»  abglai»,  repousses  avec  peue 


i66 


furent  obligés  de  se  rerûtarquer.  Mais  elle  n'est 
paY  jfioins  uiiê~àTs'~iïiTrte  et  mille  preuves  de 
1  odieux  caraciere  de  celle  naiion  orgueilleuse  , 
qui  ne  ciaiut  pas  de  violer  les  droits  les  plus 
sat[£s,^iotu_caiii(;tu£r  ceux- qu'elle -ne  doitqu'à 
ses  tasuriidiions  et  à  sa  tyrannie. 


îl  est  nêcessafrc  ,  pourrinlelligence  de  la  dis- 
cussion ,  ique  je  rappelle  les  pfincipes  que  j'ai 
établis  dans  mon  mémoire. 

J'ai  dit  1°  que  je  Nil  coulant  sur  le  revers 
des  tnp-.nagnes  du  côié  de  lAirique  ,  ses  eaux 
avaient  une  tendance  à  se  porter  vers  l'ouest  ; 

Q_ue    le  Bahhar-bélâ-mé  ,   ou   la  vallée  du 


--  Les  lettres  de  Çayonne   parlent  delà   mor-   j^^^,^  sans  eau.  ^  recevait,   dans   des  tems  très-rc 
iiéiqaî,   legne    àtjéville  ;    elles' ë'IeVeht   à    un  ,  cules  ,  un 


lal        .  ^ 

non]bre  prodigieux  celui  des  matelots  que'  cette 
ville  renferme.  On  retient  à  Vittoria  les  marchan- 
dises destinées  pour  l'Andalousie. 

—  On  écrit  de  Rouen,  q.ue  les  étoEFes  de  laine 
s'y  "soni  vendues,  à  la  foire  de  brumaire,  avec 
une-^gciivité  égale  à  eëWé  de  'la  vente  des  mêmes 
éttSïFasià  Bordeaux-,  qu  à  Elbeuf  les  draps  sont 
veitdps-  avant  que  la  fabHdation  en  soit  achevée  , 
ecifueles  manufactures  de  toiles  dites  indiennes, 
se.soQtiennent  aussi  dans  une  grande  activité. 

'  --  On  se  rappelle  qu'il  y  a  à  peu  près  deux  ans, 
^I.Reich  ",  célèbre. par  son  érudition  ,  t'annoliça  , 
en  Allemagne  ,  comme  ayant  découvert  un  re- 
méde  contre  toutes  les  -Ficvres  sans  exception  , 
ppvjrvu  toutefois  qu'il  n'y  eût  pas  lésio.n  dans  les 
drgan.çs  .  tels  que  le  poumon  ,  etc.  :  U  demandait 
en,"rriême-teras  qu'on  lui  assignât  une  récom- 
pense, confornie  à  l'imporlance  de  sa  découverte, 
dô.rn.il  se  réservait  la  connaissance  secrète  jus- 
qlre  là.  Le  roi  de  Prusse  ,  toujours  empressé 
d'accueillir  tout  ce  qui  peut  être  ulileàlhuma- 
nîté  .'appela  W.  Reich  à  Berlin  ,  et  soumit  sa  dé- 
couverte à  l'examen  des  médecins  de  celle  capi- 
tale. Xeur  rapport,  fondé  sur  de^  nombreuses 
expériences  ,  lui  fut  favorable  ,  et  ils  déclarèrent 
Jl'ue  l'auieur  était  un  homme  d'un  mérite  dis- 
lihgué.  Dès-lais  ,  le  roi  le  nomma  protesseur  , 
'ayec  des  appoiritemens  considérables  ,  et  il  joignit 
à'cet  acte  de  justice  une  pension  de  1200  Ir.  ré- 
versible à  sa  faniille  ,  mais  à  condition  que  ,  pour 


e  branche  du  Nil  ; 

3°.  Que  la  iraditiorî- rous  apprend  que  les  eaux 
qui  coulaient  dans  le  Bahhar-b/ilâ-mé  ,  furent  re- 
jeiées  dans  la  vallée  actuelle  ; 

4°.  Qu'il  fallut  par  conséquent  barrer  la 
vallée  ;  .  ■■.■''. 

5°.  Que  les  eaux  n'en  conserveront  pas  Hiojns' 
leur  tendance  à  s'y  poiter  ; 

6°.  Qjie  ,  d'après  la  direction''de  la  vallée  du 
fleuve  sans  eau  ,  l'on  voit  qu'elle  doit  aller  aboutir 
au  Fayoum  ,  à  l'endroit  de  l'emplacement  du  lac 
Mœiis. 

7°.  J'ai  ajouté  que  ,  pour  que  le  lac  Mœris  eût 
pu  remplir  la  destination  q  ue  les  anciens  auteurs 
lui  avaient  assignée  ,  il  fallait  qu  il  eût  été  digue 
et   non  creuié. 

8".  Je  crois  avoir  également  prouvé,  dans,  ce 
mémoire  ,  que  la  direction  constante  des  sables 
de  la  Lybie  étant  de  l'ouest  à  l'est  ,  ces  sables 
tendaient  à  combl-er  entièrement  la  vallée  ilu 
fleuve  sans  eau  ,  comme  elle  se  trouve  déjà  l'êire 
considérablement. 

Le  passage--ciié  des  Voyages  d'Anlenor  ,  con- 
firme ,  à  quelques  inexactitudes  près  ,  l'opinion  et 
les  principes  que  je  viens   d'énoncer. 

Il  est  évident  ,  d'après  ces  deux  opinions  ,  que 
le  lac  Mœris  eoloaré  àe  digues.et  de  monlagnes{\) , 
était  formé  par  la  tîte  de  la  vallée  des  lacs  de 
Natron  et  dujieuve  sans  eau  ,  et  pat  des  digues  (a). 


a  ,  sans  doute  ,  puisé  dans  quelqu'auteur  nncieri-. 
41  -H-est  donc  plus  permis  de  douter  dr  ■tcxts*' 
(.ence  primitive  et  de  l'emplacement  du  Jac 
Mbris  ,  de  la  manière  dont  il  avait  été.-foritié , 
et  de  sa  destination  comme  réserve  d  eau  ,  pour 
suppléer  aux  ciues  peu  abondantes  du  Nil: 
1  ouvrage  ag,réablement  instruciil  du  cit.  Laniier, 
en  fournissait  les  preuves  avant  que  j'y  eusse  été 
amené  par  des  considéralions  générales  .  et  par 
l'examen  du  pays.  \ 

Le  général  Anduéossy. 


I      E      T      E 


'■    "^OICI  c|e  qu'on  lit  dans'  an   (])ûvr'a|;*  itfti< 

Histoire  de  'Nader  Qhhh  ,  'connu  sour  le  iio 


l'avantage  général  ,  il  i)ubliera  son  remède  gratis.  <  Les  75  lieues  de  circonférence  ,  que  l'on  suppose 

à  ce  bassin  artificiel  ,  sont  une  étendue  trop  con- 
sidérable. Les  vallées  qne  je  viens  de  nommer 
ont  ,  tout  au  plus  ,  quatre  lieues  de  largeur  ;  ce 
qui  donnerait  environ  douze  lieues  de  circonlé 
rence,  et  c'est  ,  je  crois .  tout  le  développement 
qu'on  peut  attribuer  au  lac  Mœris  ;  c.ir  ,  à  cause 
de  la  pente  du  Bahhar-bcla-mé  vers  la  Lybie  , 
on  ne  pouvait  pas  rejetter  trop  en  arrière  la  digue 
intérieure  de  barrage.  Dans  le  tems  de  la  crue  du 
JVt/,  tes  eaux  s'amoncelent  dans  cette  vaste  enceinte... 
S'amoncelent  ne   me   paraît  pas    le  mot  propre  , 


M.  Reich  vient  de  satisfaire  à  ce  devoir  ,  par  un 
tra-lté  de  lOi  pages  d  impression,  divisé  en  88 
aphorismes.  Cet  ouvrage  inléressani  fait  une  vive 
sensation  ,  par  l'exposé  d'un  nouveau  système  sur 
les  fièvres.  La  base  principale  du  remède  consiste 
en  de  fortes  doses  d'acides  minéraux  ,  tels  que  le 
soufre,  le  nitre  ,  et  surtout  le  sel  commun.  Ces 
acides  doivent  être  fortement  délayés  ,  et  par  leur 
usage,  ce  savant  guérit  des  personnes  dont  léiat 
«tait  désespéré. 


Observations  sur  le  lac  Mœris. 
Je  ne  connaissais  pas  les    Voyages  d'Anlenor  en 


ftrlé  M' 
Dm   de 

Tkamds  Kouli  kJiau.,  miperruv Je.yPerse  ,  traduite 
d'un  manuscrit  persan  .  par^ordrt  dn  roi  de  Danne- 
marck.  linprime  à  Londres,  chei  F.  Elrmly,  (ihrairi, 
dans  lé  Strtind  en  *^^o. 

Nader  Chah  eut  .  de  sa  première  femine  ,  le 
prinCé  Riza  Kouli  Ml.zà  ,  né  eh    tJjB.  ' 

ïl'eut  d'une  secondé 'feninie  ,  Nazrallà  M^rza  et 
Iman  Kouli  Miiza.  ; 

En  i/So,  Riza  Kouli  Mirza  épousa  la  sultane 
Fdlirae  Begum  .  fille  dt  Chah  Hu-^sein  ,  et  il  eut 
pour   fils   Charok  Mirza  ,  né  en   1733. 

En  1731  ,  Nader  déposa  Thamas  Chah  ,  et  fit 
proclamer  roi  Abbas  Mirza  ,  fils  de  'ï'hamas  ,■  âgé 
de  huit  mois. 

Nader  se  fit  proclamer  lui-même  en  1735. 

En  1737  ,  Nader,  après  avoir  pris  ICandahar  , 
résolut  de  pousser  ses  conquêtes  jusque  dans 
l'Inde.  Il  établit  Kouli  Mirza  ,  son  fils  aîné  ,  régçht , 
pendant  son  absence.  Cette  expédition  dura  deux 
ans.  "        ''      ■ 

En  1747  ,  Nader  fit  arracher  les  yeux  à  son  fils 
Riza  Koali  Mirza.  Depuis  lors,  la  drUatiié  de  Nader 
augmenta  au  point  (jue  les  chefs  de  l'armée  ^so- 
lurent  de  le  faire  péiir. 

Ali  Kouli  Khan  ,  son  neveu  ,  était  à  la  tête  dti 
complot.  Trois  des  principaux  officiers  ,  Mohamedf 
Khan  ,  Erivani  (1)  ,  Mousti  Beg  ,  Taremi  (i)  ,  et 
Koutche  Bcg  ,  Gondozla'i  (i)  entrèrent  la  nuit 
dans  sa  lente  et  le  tuèrent, en  1747.  Le  lenaemain 
Ahmed  Khan  ,  Abdali  (i)  ,  à  la  tête  des  avgouans 
et  des  ousbeks  voulut  venger  la  mor:  du  loi.  Les 
persans  prirent  le  parti  des  assassins.  Ahmed  se 
voyant  le  plus  faible  se  relira  avec  ses  troupes  aa 
Kandahar  ,  où  il   fut  ensuite    proclamé  roi,   Ses, 


j'aimerais  mien^  s  élèvent.  L'auteur  aurait  indiqué     jescendans  régnent  aujourd'hui  ïur  l'indus,  suc 
par-la    une    masse    d  eau    supérieure   au   sol   tle  kahor ,  Cachemire  ,  etc. 

lEaypte,  ce  qui  est  nécessaire  pour   un  arrose-  .,•  t/      ,   i/l,  j     m  a^.  r^v.,r.    .,«.  C» 

...   ■  1^   1       I  •        .  c  „„    r    1  Alt  Kouli  Khan  ,  neveu  de  Nader  Lihati ,  se  Ht 

ment  artificiel  ;    a  phrase  suivan  e  confirme  d  ail-  '      '^"  "■'^^"  '■>-""■■  ,  '■v-v- 


JE   ne   connaissais  pas   les    Voyages  a,  Amenor  en     meni  artinciei  ;  la  puiasc  suivau.c  Lonu....<;  u  a..-  ,  tu  Khnrassan        et    orit    le    nonu 

Grèce  ,t.en  Asie  ,   par  E.  F.  Latrlier  (l)  ,    lorsque,!  leurs  ce  léger  changement;   car    l'auietrr   ajoute     ^î"  ,T^',    .  "'nf "  Koul     Xz^     l.s  deux  autr^ 

j-aiépit*mon   laLire  sur   la  valléïdes  iacs^  de     que  ,  pendam  le^   six    mois  que   le   Nil    b..isse  ,  |  ^  Ad^l  U  al     R,za  Koul.   ^  v- ,  1-  d-- -uue« 

J^atran,  et  celle  dujieuve  sans  eau  [3].  D'içtès  des     on  ouvre  les  écluses  ,  et  une  circonférence  deiivzron  1'"''°''  '^^^^^^  ».  av.    1  ^  , 


considérations  fondées  sur  la  topographie  du 
terrein  ,  j'avais  été  conduit  à  insinuer  dans  ce 
mémoire  qae  te  lac -Mœris  avait  dû  être  formé  et 
non  creusé  (3).  Il  paraissait,  d'aptes  l  opinion 
générale,  que  ce  lac  avait  été  creusé  de  mains 
d  hommes.  Je  trouve  ,  dans  l'ouvrage  cité  ci- 
dessus  ,  un  passage   extrêmement  curieux  ,  bien 


80  lieues  ,  plus  élevée  d  ev.mron  3o  pieds  qui  le  i 
niveau  du  Nil  ,  forme  une  seconde  inondation  que 
l'on  dirige  à  volonté.  Ce  qu'il  est  important  d'ob- 
server ici  ,  c'est  que  ,  d'après  cette  version  ,  les 
eaux  n'étaient  point  élevées  avec  des  machines  , 
mais  qu'on  les  fournissait  par  écoulement  :  le  lac 
Maris  avait  donc  été  formé  et  non    creusé  (3;.  J 


un  ,  grand  jotjr  sur  ce  que  l'histoire  nous  a 
transmis  du    fameux   lac  Mœris. 

Voiei  comment  le  citoyen  Lantier  s'expritae  , 
tome  l^f  ,  page  277  : 

4t  Un  des  travaux  les  plus  glorieux  de  l'Egypte  , 
c'est  le  lac  Mœris  :  c'est  un  large  bassin  d  en- 
viron 75  lieues  de  circonférence  ,  creusé  entre 
deux  montagnes  ;  ce  lerrein  était  autrefois  cou- 
vert d'urî  sable  stérde.  Un  Pharaon  ,  nommé 
Rireris  ,  conçut  un  des  plus   beanx   projets   que 

l'esprit  humain    ait    enfanté Des  milliers 

d'hommes  creusèrent  ce  sol  aride  :  il  fit  nter 
vin  canal  de  40  lieues  de  long  et  de  3oo  pieds  de 
large  ,  pour  y  conduire  les  eaux  du  Nil.  Ces 
eaux  ,  portées  par  le  canal  dans  le  tems  de  sa 
crue  ,  s'ammoncelent  dans  cette  vaste  enceinte  ,' 
entourée  de  digues  et  de  montagnes;  pendant  les 
»ix  moi»  que  le  Nil  baisse  ,  on  ouvie  les  écluses  , 
et  unt;  circonfértnce  d  environ  80  lieues  ,  plus 
élevée  de  3o  pieds  que  le  niveau  du  Nil,  forme  une 
«econde  moadation,  que  l'on  dirige    à  volonté. 

>>  Une  partie  retourne  au  fleuve  et  sert  à  la 
navigation  ;  l'autre  partie,  divisée  eu  tudsseaux  , 
porte  la  fécondité  jusques  suc  les  collines  sa- 
ploneusts  ;  de  peut  que  ceite  mer  artificielle  ne 
ïompe  ses  barrières  ,  on  a  percé  un  canal  de 
décharge  à  travers  la  montagne  ,  par  lequel  on 
verse  dans  la  Lybie  les  eaux  surabondantes.  Ce 
lac  a  cent  pieds  dans  sa,  plus  grande  profondeur. 
Cet  ouvta,ge  SLipploe  aux  années  d'une  crue  mé- 
diocre', en  retenant  des  eaux  précieuses  qui  se 
seraient  perdues  da.ns  la  mer.  >i  , 

(i  Voyages  d'Antenor 
iur  l'Egypte  ,  etc.  par  E. 
chez  Buisson  ,  libraire  ,  rue  Hautefcuille,  an  8. 

publiés  pendant  les  campagnes  dti 
nnées  6  et  ;.  Paris  ,  Didot  aine  , 


propre  à  concilier  les   deux  opinions,  et  àjeiterl  trouve  en   outre  l'existence   du  Bahhar-bela-mé, 

et  je  remarque  la  tendance  des  eaux  du  Nil  à  s'y 

porter,  dans  cette  phrase  du  passage  que  nous 
avons  cité  :  De  peur  que  cette  mer  artificielle  ne 
rompe  ses  barrières  ,  on  a  percé  à  travers  la  mon- 
tagne un  canal  de  décharge  ,par  lequel  onverse  dans 

la  Lybie  les  eaux  surabondantes A  travers  la 

montagne  n'est  point  exact ,  le  Bahhai-bela-mé 
ayant  été  barré  du  côié  de  la  Lybie  ,  pour  former 
le  bassin  du  lac  ,  c'est  dans  la  digue  même 
qu  on  avait  dû  creuser  le  canal  de  décharge,  et' 
établir  l,s  écluses  pour  la  manœuvre  des  eaux: 
ces  écluses  devaient  être  des  portes  busquées  avec 
enipêlemens  ,  ou  seulement  des  empèlemens  à 
diverses  hauteurs. 
Enfin,  il  reste  à  expliquer  le  mot  creuser,  qni 

se  trouve  dans  cette  phrase  du  citoyen  Lantier 

Le  lac  Mœris  est  un  large  basiln  creusé  entre  des 
montagnes;  mot,  qui  transmis  parla  tradiiion  . 
a  jette  dans  1  erreur  les  écrivains  les  plus  accré- 
diiés  ;  nous  avons  observé  que  ,  par  la  direc- 
tion de  la  marche  des  sables  ,  la  vallée  du  fleuve 
sans  eau  tendait  à  être  entièrement  comblée; 
elle  l'est  à  présent  en  grande  partie  ',  et  elle  devait 
avoir  reçu  beaucoup  de  sables  à  l'époque  où 
Mœris  voulut  foriper  le  lao  qui  a  conservé  son 
Qo.m  :  ce  stmt  ces  sables  qu  U  lallait  déblayer, 
pour  que  le  fond  de  ce  bassin  se  trouvât  au 
niveau  du  sol  de  lEgypie  ;  delà  .  sans  doute  , 
l'opinion  que  le  lac  Alœris  avait  été  creusé- 

I  II  n'est  gueres  possible  de  trouver  une  plus 
parf.iiie  correspondance  entre  le  passage  des 
voyages  dAntenoT,  que  je  viens  d'analyser ,  çi 
le  mémoire  où  j'ai  tait  mention  du  lac  Mœris. 
Ce  que  j'ai  présenté  comme  une  conséquetice 
nécessaire  des  principes  de  topographie  sur  les- 
quels je  m'étais  fondé  ,  devient  une  certitude  , 
d'après  le    récit   d'Anienor  ,   que   le  cit.  Lamier 


(2'  Mémoires  sur  l'Ejyple 
général  Bonaparte  ,  dans  les 
tu  8  ,  pige  !i4i. 


(ÎJ  MéiBOiret  «uç  les  lacs  i(  Natrsn  ,  etc.,  puge  343. 


{i(  Voyages  dWntenor,  pag.  277. 

U.)  Mémoires  sur  la  vallée  des  lacs  de  Katcan ,  etc.  jag.  24Ï. 

^â).  Mémoire  «ur  r,  ¥'  t  R^£-  f*^ 


Charok  ,  .alors  âgé  de  14  ans  ,  fut  sccretemeillf 
enfermé  dans  le  château  de  Mesched  ,  et  l'on  fit 
répandre  k-  bruit  qu'il  avait  péri  avec  ses  trere». 
Le  dessein  d'Ali  Kouli  Khan  était  de  ie  défaiie 
de  ce  prince  ,  s'il  pouvait  garder  l'empire  sans 
danger,  ou  de  l'élever  au  irons  s'il  voyait  que  le* 
persans  s'obstinassent  à  avoir  pour  roi  un  fils  dd 
Nader  Chah. 

Ibrahim  ,  frère  d'Ali  ,  mil  dans  ses  intérêts  lei 
avgouans  et  les  ous-beks.  Il  gagna  quelques  gou-;  ^ 
verneurs  de  provinces ,  et  marcha  sur  Kermanchat 
à  la  tête  d  une  armée.  Emir  Khan  ,  gouverneuif 
de  cette  ville  ,  s'éiant  opposé  à  IbraKirn  ,  fuC 
vaincu  et  fait  piisonnier.  La  ville  fut  prise  et 
pillée.  Ali  maicha  conire  son  frère  ,  mais  il 
fut  vaincu  et  pris  à  ïebeian.  Ibrahim  lui  fit 
crever  les  yeux. 

Peu  de  lenis  après  ,  Ibrahim  voulant  attire» 
ailleurs  les  trésors  de  Nader,  qui  Se  trouvaient 
à  Mcsched  ,  fit  proposer  dinstaller  au  trône  d« 
Perse,  Charok.  Les  seigneurs  Kurdes  ei  les  chef* 
du  Khorassan  répondirent  que  rii«'allaiion  dô 
Chaiok  pouvait  se  faire  à  Mesched  comme 
ailleurs  ,  et  en  effet  Charok  fut  élevé  ai»  ttôn* 
en  1748.  Alors,  Ibrahim  leva  ie  masque  de  la 
dissiarulalion;  il  attaqua  Khom,  qu'il  réduisit  Cl 
saccagea.  11  voulut  ensuite  attaquer  Kel»;  mais  il 
fut  pris  et  conduit  à  Charok  Cnah.  Il  fut  lue  ea 
chemin  ,  et  Ali  fut  bientôt  mis  à  mort. 

Charok  parut  alors  tranquille  possesseur  de  I4 
couroEine.  Cependant  Mirza  Seid  Mohamed  vpelià 
fils,  par  sa  mete ,  de  Chah  Soliman  ,  gouvcnieui' 
alois  du  Khofassan  ,  iiouva  le  moyen  de  f"i'4 
crever  les  yeux  au  jeune  roi.  Ce  gouverneur  tut 
pris  deux  mois  après  et  privé  lui-même  de  la 
vue  pat  Youssef  .^li  Khan  ,  Gela'ir.  Charok  fùj 
replacé  ,  quoiqu'aveugie  ,  sur  le  trône  du  Kho» 
rassan  ,  qu'il  a  conservé  tranquillement  (2)  .  à  ce 
quil  paraît,  jusqu'en  1796,  éj-oquc  à  laquell^ 
Aga  Mehcmet  Khan  s'est  emparé  du  Khorassaii 
et  a   fait  périr  Charok.  ' 

Mais  tandis  que  Charok  ,  aveugle  ,  régnait  slrf 


1}   Ces  quatre  mots'  sont,  les  ncnis  des  cribuff-auxquel  < 
persc^nn^efi  appartenaient. 

2)  Ce  qui  suit  n'est  plus  extrait  de 
de  lit  correspondance  du  citoyen  Roiissea 
comaieiciatesj  à  Bagdat-,  et  de  celles  der 


l'ouvrage  cité  ,  mai* 
u  ,  agent  des  relatïorfl 
T'ovïseuxs'  modbriiw»  ' 


i'67 


lu!  ;  ic  XUttihl  innre   'éh  t'fret  »  («"que  rtrlO-^l'llk" 

lion   d&    la   vVccirife  ■csr'^S"'-"*''^"'.?'^'''^^^  .,  ^', 

exempte  d'acciden's  .(|utl.,ij.uc  5nit  I  ^i^e  des'Slijr'* 

que  i'oi)  y  souriiet  ;  2"  iiii'uh  "efFct  préiervijtil'  s'est 

fait  seniir  dans   lés    rélnoculaiiiMis  avec   le   virU» 

vv.rioli(jiie;';ue  sur  dix-iicul  sujets  aucun  n'a  eu  le 

plus  légeiindiced'énipuoi»  générale.  Lc3  accidcOS 

se  soin  bornés  sur  cinci  snjets  à  une  indaniinaliou 

])roduilc-.par  la   lésion  de  la  peau  ,  i.rtlammaiion 

, ,.     ,        .  .  ,.  ,    .  ,     ,        ,        •        (iiii  a  comnieiicé  le  iour  inênie  de  I  inseiiioil  dii 

Lmdustne  cr>ns,ste  en  labriques  de  bas  de  so.c,      ;^^^  vatioli.jv.e  ;  tju'on  peut  assimile,  ccue  cspee*. 

=   rubans,  H  étoffes  de    la    n,eme    nnutere;    en     1^^   ^^^^^,^_,  i,    ^^^K         ^^  :,e„.anne   quel-iueloi», 

nnenes      chamo.senes;    en    tabnque^  de    ^ha-^j^^^  ^^^   per-onnes  qui-s,.  som  dcji  lait  inoculef. 

Son   fils  Euts.  Ali  Khan  aurait  régné  après  lui  ,  j  I'"'-;'^  '   d  etofics    de    lame   ,    d  insi.umei.s   ""*-  Up, es  avoir  eu  déjà  la  petite  vénole/ ^t 

"eunuque  Aça  Mehemet   Khan   n'avait  trouvé:  loues ,  etc..  1      ^  .      ,         ,  ■       ,  •        ■  j      u'     .,,»■ 

'--"--  •     ■  'On   voit   ilans  la   nonce  historique  donnée  jpar 

éiée   dans  le  pieniiet' 


tirié  province  fronlJere  ile  ta  Perse,  l'êmpitc  a 
successivement  p^ssé  enlte  Its  mains  de  divers 
usurpateurs.  Les  uns  n'ont  eu  qu'un  moment 
d'existence  ,  tandis  que  les  autres  ont  su  con- 
server le  trône  qu'ils  avaient  acqUis  par  la  force 
des  armes.  Dans  la  série  de  ces  rois  .  on  compte 
»ur-lout  Kerim  Khan.  Il  a  régné  paisiblement  de- 
puis i7-'58  jusqu'en  177g. 

■  Après  divers  (roubles  et  les  succè«  éphémères  1 
de   divers  préîendans  .  Nouràd  Ali  Khan  a  régné 
•jusqu'en   1784.  Jatiar  tlhan  lili  succéda  ,  et  régna  ; 
éiieux  ans.  1 


On  y  trouve  aussi  d'autres  {irodlictions  animales 
qui  entrent  dans  le  coniiuciC'e  i,  telles  que  le 
kermès,  la  cire,  le  miel;  il  y  a  des  loutres 
recherchées  pour  leurs  peaux  ;  des  catitharides 
qu'on  recueille  sur   le  frêne  ,   etc. 

Le  département  du  Gard  possède  quelques 
mines  d'ar;j,cnt,  de  enivre  ,  peu  iniporiantes  ;  rnuis 
dé  considérables  de  plomb  .  de  ier  .  de  houille, 
de  couperose  telles  sont  faiblement  exploitées. 


1-e  moyen  de  le  faire  périr  et  de  s'emparer  du  t 
H'ôlie  de  Perse,  qu  il  a  conseivé  jusqu'en  1797  ,' 
qu'il  fut  tué  lul-niêr.ie  dans  sa  tente. 

Cet  Aga  Mehemet  Khan  était' fils  de  Hassan 
Khan  ,  gouverneur  de  Mjzandaran.  Ilfut  uh  des 
piétcndans  au  trône  ,  avec  Kerim  Khan.  Gelui- cl 
le  tua  dans  une  bataille. 

Baba   KU.in  ,   neveu   dç  Aga  Mehemet  Khan  , 

Eaïaît  être  danî  ce  m-ihent  mahre    du   nord  de 
i  Perse  ,  et  peut-être  de  tout  l'empire. 


Le   commerce  se  compose  de   la  vente  de 


qui 


Apperqu  statistique   du  département  du  Gard. 

Le  département  du  Gard  ,  un  des  plus  méri- 
âionaux  ,  est  situé  par  le  44"^  degré  de  latitude  , 
et  ennre  le  i^'  et  le  3^  degrés  3o  minutes  de  lon- 
gitude du  méridien  de  Paris.  Il  comprend  une 
partie  du  Languedoc  ,  et  les  anciens  diocèses 
dé  Nîmes  ,   d'Alais  et  d  Usez.  . 

Il  est  borné  au   nord    par  les  départemens   de 
i'Ardéche   et  de   la  Lozère  ,    à   l'est  par  les   dé- 
pariemens  de  Vaucluse  et  des  Bouches-du-Rhône,  |  ^  autres     canaux 
au   sud   par  ce   dernier  .  par  la  Méditerranée  et  i  '^f'^uses  ,  nettoies 
le    département    de    l'Hérault     qui   le     borne    à 
l'ouest  avec   partie   de  l'Aveyron. 

Son  étendue  en  superficie  eSt  estimée  de 
1,175,044  arpens  quarrés  ,  ou  Sgg.TsB  hectares  , 
ce  iiui  donne  environ  291  lieues  quarrées. 

Sa  population  s'élève  â  Sog.Soo  individus.  Ce 
qui  donne  une  population  de  lo63  individus 
par  lieue  quartée. 

Nîmes  ,  ville  principale  du  département  ,  et 
chef-lieu  de  la  préfecture  ,  est  une  ville  de 
40,000  habitans  ,  célèbre  par  ses  restes  d'anti- 
quités et  ses  manufactures  de  soie. 


m,,.u:.c   u.    ,avw...  -....  fiorteii-    Aubcrt,   et    insérée   dans  le  piemteC 

objets   de    l-abnqufs     a    Nrsmes  ,    a  Guissac  ,  a,-     "^ .      \     \,        ,    ,    ,    ,/,:,,■,     ,i,t;„i   „r,,  IpW 
o  ■      u  1-.     '  '      Al  j    I     ^ii„k..„  r„;r..  I  iiiiniero  du   li.nrnal  di:  Medenne,   retltge   par  tes 

Oaini-Hipp»lite  ,  a    Anduse  ,  a   la  célèbre  toirc  ,     .       j  V ,  ,   /^u..^:,.;  ;i„    d..,;.      „.,"  <,,,r  i,,-,U 

de  BeauCdire  sur-tout  ,  o-ù  il  se  fait  un  très-grand 
trafic  de  soie  dans  le    courant   de  thermidor. 

Un  objet  de  commerce  beaucoup  plus  Impor^ 
tint,  parce  qu  il  dépend  mo'ins  des  variations  de 
ta  mode,  est  celui  des  vL^s  ,  des  eaux-de-vie 
dont  l'exportatiaît  «st  conçidérable  en  leins  de 
paix  ;  celui  des  graines  oléi^acées  et  lé.^uraitieuses  ! 
est  encore  de  quelqu  avantage ,  et  à  l'abri  des  j  A  Ger.êve  oti  tcgiiait  depuis  plusieuis  niois 
accideiis  du  commerce  d'objets  de  fabrique  ;  i  une  épidémie  i'aiio.iiquc  ijui  a  lart  y.éf'n  ea 
enfin  le  sel  des  marais  de  Pïccais  est  une  source  très-peu  de  icin;  ,  enviro:.  ibu  enfuis,  600  indt-i 
constante  de  produit  et  de  cotnructre  pour  ce  j  vidus  soumis  a  l'opcrjnGii  de  la  vECcine  en  ont 
département.  j  éié  préservée,  à   l'cuceijii  ..n  Je  7   ou  8  ,  qui  nés-'. 

On   peut  les  favoriser  tous ,  en  petfectionhant  !  ""■"■■'^'"-•'"  •'^■•''^■"'  '>'"  '  i-'M''"*'""   d.u  virus, 
les  moyens  de  transport,  et  *unout  la  navigation     vanpl.qa;:    nvimt   que  la  v.iccne  eut  pu  produite, 


médecins  de  la  Charité  de  Paris  .  que  sur  tioîi 
mille  qu'on  av.iit  d'abord  vaccinés  à  Londres  < 
dans  1  hospice  d'inoculation  ,  et  sur  un  nombre' 
beaucoup' plus  considérable,  pris  dans  touies 
les  clitïs't-s  du  pettplé',  nn  n':i  encore  pu  citer 
aiicTiii  individu  ijui  ;<it  pris  la  petite  vérole  , 
ailles   avoir  eu  la  varcilie. 


intérieure 

On    désirerait    que    le     canal,   de    Beaucaire    à 


y  a  de  fait  ,  demande  à  être  soigne  ,  repaie 
ont    égalemetit    besoin    d'être 


varioliqac    nv.mt   que  la  v.iccir 
sur  eux  Ion  effet  piéseivaiii'. 


Secondement ,  d-^ns  l'eiposiiiqn  des  eitpériehCeï 


j  temenl ,  et  peuvent  être    rendus    unies    pour    la 
Près  delà  moitié  du  territoire  du  département  ■  navigation  intérieure.  Mais  il   faut    un  lems    de 

du  Gard  est  occupée  par  des  montagnes  stériles,!  paix  long-tems  prolongé.,    pour  pouvoir  s'occu. 

tles  bois  que   l'on  détruit  chaque  jour  peut-être  '•  per  utilement  de  ces  deux  grands  objets  ;   il    faut 

avec  trop  de   facilité  ,  des  marais  et  des  garrigues     donc  attendre.  Peuchet. 

Ou  landes  où  paissent  les  troupeaux.  j 

On  y  récolte  peu  de  grains ,  mais  il  ,est  d'une  i 

bonne  qualité.  On  y   cultive  le  seigle  .l'avoine  , '.  Tourlet  .  médecin  de  ta  ci-devant  faculté  de  Mont- 


l'orge  .    des    légumes,    et   particulièrement   des  j 
pommes-de-terre. 

Le  vin  est  le  principal  revenu  des  propriétaires. 
La  vigne  y  réussit  très-bien  ,  si  l'on  en  excepté 
les  cantons  des  monngnes  les  plus  élevées  du  côté 
de  Vigan  et  de  Saint-Jean-du-Gard.  On  brûle  une 
partie  de  ees  vins  pour  les  convertir  en  eaux- 
cle-vie  ,  qui  ont  beaucoup  de  débit. 

Les  vers-à-soie    font,    après    les   vins,   le  plus  1   tentent   de    tirer    de    fortes  intlucnotis    d 
considérable   produit  du  sol;  les  habitans   n'ont;  qui  paraissent  '  devoir   opérei  une  conviction  eu- 
rien   négligé   pour   y   simplifier   et    perfectionner!  tiere. 

leur  éducaiion  et  la  culture  du  mûrier.  La  guerre  i  j^  „g  pense  pas  qu'on  accocde  la  même  fa- 
ayant  diminué  prodigieusement  la  consommation!  ^^^^f  ^  j^  quatrième  réflexion  du  cuo)ciV  y  duiue  ^ 
des  ouvrages  de  soie  ,  celte  branche  d'industrie  j  jnédecin  de  iuniversité  de  Louvain  ,  que  j  ai  lue 
joufiFre  beaucoup.  j  hier  dans  le  11°  5    de  votre  Journal.  Onyrenli 


Aigues-Mortes  fût  continué  jusqu'au  Rhône.   Ce     faites  p.irle  comiié.  Le  ciloyen  Vaume  veut  faire; 

liaîue  dès  doutes  sur  lit  qualité  de  la  matière  de 
la  \accirie  apporiée  d'Angleterre  parle  docteur 
'Vv'oodeville  :  il  devait  donc  se  borner  à  desTre^ 
qu'on  pi'ii  en  trouver  en  France  de  plus  lècenié 
pour  obuuir  des  vesiiliais  plus  certains.  Il  a  pré-» 
iéré  de  diva.nuer  ,  et  d  embiouiller  la  question  ou 
au  moins  riiis!oiii|ue  des  faits;  il  les  raconte 
d'une  manieie  |ilU  fideiie  ,  puisqu'elle  est  coti^ 
traire  au  rap|>oit  annoni-é  par  le  comité.  Son 
reci'.  était  daiiieurs  piéiiniuié;  el  teiiani  à  des 
circoiisldnccs  dont  il  est  important  de  saisir  l'en* 
semble  ,  je  crois  inuiiie  de  le  suivre  dans  de3 
détaîk  uhétieurs. 

Je  ne  parlerai  que  d'un  fait  qUi  m'est  parfais 
lement  connu:  le  cii.  Vaumc^  rapporte  que  le  it 
vcridemiaiic  ,  trois  ^nlans  rrconnus  diànient  vac- 
cinés ,  lurent  réino,':n;es  avec  le  virus  varioiique  i 
que  le  seomd  jour  qui  suivit  lojé.ation  ;  le  ci.» 
toyen  S  Malade  leur  uoiiva  de  I.1  fievie  ;  que  les 
sepiieme  jour  où  plus  cl  iirvc'aiii  que  le  comité 
même,  le  cil.  'Vaume  5'.i.p.nc.i;;ni  que  Icu/s  braë 
piéseniaient  l'aspect  d'une  inoculation  vaiioliquS 
partaiic  ,    ciiie  leur  pouls  élait  tébrile  ;  sans  douté 


Ledépattement  a  plusieurs rivlcresimponantes  ;  | 
I  le  Rhône,  dont  la  navigation  uscenùantc  est  très-  j 
■   difficile  ;   on  regarde  ,  en   conséquence  ,  un  canal  ; 

latéral    d'.'^rlcs   jusqu'à     Lyon  comme   très-utile  ;  j 
I  le  Gard  ou   Gardon  ,   divisé  trt.cleux  branches  ,  I 
!  terrible    par  ses   subiies    ingad^flions  ,    mais  riui 
'  pourrait    être    contenu     par.  des    digues   ,    des  ; 

chaussées  ;     la    Cezè  ,    présqu'inuiile    au     corn-  \ 
'  merce  ;  la  Vidouric  qui  a   besoin  aussi   'le    ira-  i 

vaux  pour  régulariser  son  cours  et  faire  servir  sCS  ; 

déborderacns   à   l'agriculture   ;    enfin    la   Visne   , 
I  l'Hérault  ,  laDourie  sont  également  de  ce  dépar- 


pdlitr .,  au   rédacteur  du  Mqniieur. 


il  ajouteraii    que    les    trois   sujets  sont   ou   seront 
Le    public  a  paru  accueillir  avec  intérêt  unar-  i  marqués  de  la  petite  véioie  ,  si  à  l'insi'eci'on  seule 

on  ne  vo\ai: 
comiié   qui 


ticle  inséré  dans  len"  de  votre  journal  du  2 
brumaire  ,  au  nom  du  comité  ,  pour  linoculaiion 
de  la  vacciiie. 

On  ne  peut  qu'appiaudir  à  la  modestie  avec 
laquelle  des  hommes  d'un. mérite  reconnu,  ol- 
frant  le  résultat  de  leurs  expériences  ,  se  con- 
tai is 


le  contraire.  Mais  au  témoignage  dtl 
ienicni  ces  circonstances  et  coiii'oat 
l'assertion  du  cit.  Vaume  ,  je  puis  en  ajouter  Uii 
de  ijQelijue  poids.  On  peut  même  ,  dans  le  fait 
rappoilé  par  le  Jocii  ur  Vauind  ,  trouver  une  réti' 
ceirc-  qu  il  esi  cliiiiciic  de  ne  pas  faite  remarque* 
au  lecteur. 


Le    docteur  Vaume 


u  Heu   de   irois  sujets  ♦ 
en  citer   i|uatre  :  car    ce    rnêrne  jour,là 
néiJeci  !  D.  ussin-Bùbreail  .  membre  dii 
cornl.é,    lut   rcinoculoe   avec    ie    virus  vartoliqtiC 
dans  la  maison  du  médecin  Guillotin  ,  égalemeni 
membre,  ilu  comné  ;  on  fii  niême  à  l'enlant  quatre* 


pou 
fclle 


Le  châtaignier  est  cultivé  par  toutes  les  clasSes     que  sans  doute,   1°    plusieurs   expressions    cho  j  ]..i:jûre.s  ,    rieux  sur   chaque    bras:  L'enfant  n'eut 


de  citoyens  pauvres.  Il  fournit  une  nourriture 
médiocre  ,  mais  qui  supplée  au  pain  de  blé  dans 
le    besoin-. 

Les  pâturages  y  sont  assez  nombreux  ;  dans 
les  parties  sèches  on  sctiie  de  la  luzerne,  du  trèfle, 
du  sain-foin  qui  vient  très  bien. 

Les  bords  de  la  mer  ptoduisent  du  kali  ou 
plante  qui  p:.r  sa  combustion  donne  une  sorte  de 
soude.  Ce  végétal  maritime  pouirait  fournir  aux 
habiians  des  côtes  un  objet  d'industrie  ;  ils  ne  s'tn 
occupent  que  peu. 

Les  salines  de  Peccais  leur  offrent  plus  de 
de  resso-urces.  Elles  sont  au  nombre  de  dix-sept. 
On  en  retire  annuellement  un  produit  de  800,000 
quintaux  ou  4,000,000  de  mytiagratamès. 

On  y  compte  environ  20  lieues  quarrées  pn 
bois  et  forêts  dont  la  destruction  rapide  doit  être 
prise  en  considération. 

Les  routes  ne  sont  point  plantées  d'arbres  ;  on 
piétend  que  dans  ce  département  ils  nuiraient 
a  leur  conservation  ;  on  en  doit  d'autant  plus 
de  reconnaissance  aux  administrateurs  d'avoir  fait 
planter  de  saules  et  de  peupliers  le  bord  dès 
canaux. 

Les  animaux  domestiques  ,  tels  que  chevaux, 
bocul!  ,  mulets  ,  sont  assez  nombreux  ;  les  mou- 
tons y  dépassent  540.000. 

Les  rivières  sont  irès-poissonneuses ,   les  élan 


quantes  ,  et  même  des   démentis  loimels  donnés  ■  cependant    aucuii     sympiôm 

aux  membres   du  cumiié  ,    respectables  par  leuis  '       ' 

talens  ,   par  la  juste   confiance    qu'ils   inspirent  , 

et  par  la   franchise  avec  laquelle  ils    prumetient 

de   résoudre    une  questiom  déjà  traitée  en  grand 

chez  une  nation  rivale  de  la  notre.   2°.  Des  laits 

mal   exposés  ,    tronqués  ou    mal   liés  ensemble. 

3".  Des  conséquences  fausses  el  dèris.oiies. 

Je  laisse  au  public  à  faire  justice  du  ridicule 
tjue  le  citoyen  Viurtie  essaie  de  répandre  sur  une 
question  majeure,  et  sur  ceux  qui  s'occupent 
de  la  lésoudte.  Que  signifie  cette  expression  d'en- 
vâch'nef  ?  que  signifie  ce  ton  de  pL-rsiflage  ijui 
règne  dans  cette  quatrième  réflexion  du  citoyen 
Vaume  ?  supposera-t-on  au  docteur  Vaume  le 
desseirl  de  ridiculiser  ou  décourager  cétix  qui 
consacrent  leur  science  et  leurs  momens  à  des 
expériences  longues  ,  difficiles  ,  et  dont  le  lèsul- 
tat  est  de  la  plus  haute  importance  ?  croira-t-on 
que  pour  faire  parler  de  lui  ,  le  docteur  Vaumi; . 
zo'ile  nouveau  ,  s'attache  principalement  à  dé- 
crier des  personnages  d'un  mérite  distingué  ?  ou 
doit-on  présumer  enfin  qu'inoculateui  exclusif  du 
virus  variolique  en  France,  il  craigne  que  le 
succès  de  la  vaccine  ne  le  frustre]  de  ses  droits  ? 

Qu'il  me  soit  permis  d'abord  de  demander  au 
docteur  Vaume  ,  cortiment  il  a  osé  assurer  dans 
son  préambule  que  les  faits  Sur  la  vaccine  de- 
viennent plus  douteux  à  mesure  i\ue  nous  somme: 


fournissent  une  très-grande  iiuantité  de  poissons  plus  instruits  par  l'cxpéritince,  landis  que  suivant 
qui  viennent  cle  la  mer,  et  qui  sont  d'une  gr»nda  1  le  rapport  du  comité  médical  ,  de  fortes  induc- 
lettouicc  pour  le  dépaiteraent.  j  rions  soncnluuaiurellciueni  dus  faits  tecucillis  pa^ 


d'éruption  variolique;  1  i.'iftaramàtion  qui  s'aii- 
nonça  dés  le  Itiideniain  aux  endroits'  ùicisés  ^ 
ne  lesserablait  eh  rien  à  la  marche  de  rinocula-» 
lion  ordinaire,  et  st  boi'na  k  Un  travail  purement 
local.  Le  docteur  Vaume  peut  se  rappeler  _cé'8 
faits  dont  il  a  été  témoin,  d'après  1  inviiaiioni 
du  père  rfaême  de  l'enfant;  et  s'il  ne  s'en  rap-- 
portait  pas  à  ses  yeux,  je  dirais  qu'à  la  séance  êe 
la  société  académique  des  sciences  du  la  yen^ 
démiairé,  où  se  trouvaient  plusieurs  médecins  ,■ 
l'enfarit  a  été  examiné-  par  cuit  en  présence  de 
lous  leè  me.Tibres  ,-  et  léexaminé  dans  la  séanct 
suivanie  ;  que  ees  médecins  et  autres  membres 
ayant  suivi  le  travail  iJe  eene  réinoculaiion  ,  l'orit 
trouvé  se.mbliible  à  celui  exposé  par  le  couriié? 
cjff'erifin  l'enfant- n'a  eu  ni  fièvre' ni  symi'tbmfc 
d  éruption  géhéfale  ;  je  puis  certifier  ces  fati.l  ^ 
et  comme  médecin  ,  cl  comme  secl-éiairé  de  la 
société  académique  des  sciences,  qui  leS  i 
coiisiaiés  dans  sea  procès-verbaux  ,  cOmihe  (aii» 
lirécieux  dans  l'histoire  de  la  vaccine,  jû  né 
suivrai  point  le  docteur  Vauiiie  dans  les  consé- 
quences qu'il  tire  de  faits  rajiportés  avec  peil 
d'exactitude.  Je  ne  parierai  pas  nori  plus,  tia  ias 
lettre  anonime  de  G.iiêve,  qu'il  fait  valoir  san» 
la  ciier. 

Moins  olficieux,   mais  avec  plus  de  liaiith^è 
le  ciloyen  Vaume  ,j  attendrai  sur  la  quasitf^ 

mpoiianie  de   la   va^iine,   !é   iappott  et  la  déS»- 

ioii  du   liomiié   médical. 

Xo-uR-LET  1  D/  U> 


qu 


Fastes  miiiiairf.s  de  la  r^ubVtq\ie  française  ;  par 
«ne  société  d'ariistes  ,  de  militaires  et  de  gens 
de  kttres. 

Prospectus. 

L'exemple  de  dévoûm«nt  ;  l'émt)latiort  des  ta- 
Icns  ,  et  1  enthousiasme  d*  la  gloire  que  n'ont 
cessé  d  inspirer  les  armées  de  la  république  fratî- 
çaise  et  les  chefs  qui  ont  guidé  leurs  pas  à 
la  victoire;  l'amour  des  arts  et  ce  noble  orgueil 
de  fixer  par  leui  sçcouts  sous  les  yeux  des 
français  ,  de  conserver  chez  l'étranger  et  trans- 
mettre à  la  postérité  le  grand  caractère  de  la 
nation  française  dans  ses  opérations  de  guerre , 
un  concours  enfin  d'ariistes,  de  militaires  et 
àe  gen's  de  lettres  profondément  émus  de  ce 
vaste  tebleau  de  patriotisme  désintéressé  .  de 
valeur  immuable  et  d'héroïsme  constant  ont  fourni 
tous  les  moyens  créateurs  de  l'ouvrage. 

Les  collaborateurs  de  ce  travail  ,  fiers  de  leur 
existence  dans  des  époques  qui  ont  enfante  des 
prodiges  ,  attentifs  à  en  saisir  l'ensemble  impo- 
»ant ,  appliqueront  tous  leurs  soins  à  coticenlier 
dans  le  cadre  historique  et  pittoresque  de  quel- 
ques années  ,  ce  que  l'on  chercherait  envain 
dans  des  siècles  entiers;  et  jaloux  d'acquitter  leur 
tribut  d'admiration  ,  ils  se  font  un  devoir  d'élever 
:  ce  monument  aux  verdis  militaires  de  tant  de 
héros  morts  et  vivans. 

Cet  exposé  des  motifs  et  du  but  de  l'ouvrage 
rend  inutile  une  digression  plus  étendue  sur  l'in- 
térêt qu'il  pourra  inspirer  à  la  nation  française  , 
au  gouvernement  ,  aux  fonctionnaires  publics  , 
anx  généraux  ,  enfin  à  tous  les  individus  que 
leurs  seniimcns  ,  leurs  places,  ou  même  Iî^  poli- 
tique ,  engagent  à  sourire  à  la  gloire  nationale  ; 
la  curiosiié  se  charge  également  de  le  faire  va- 
loir dans  l'étranger  ,  pour  le  rendre  digne  de  son 
objet  et  de  tous  les  amateurs  ;  il  sera  exécuté 
avec  tous  les  soins  possibles ,  ainsi  qu'on  pourra 
«n  juger   par  l'analyse  ci-après. 

Le  but  de  l'ouvrage  étant  d'exposer  aux  yeux, 
par  les  moyens  de  l'art  ,  la  vérité  des  détails 
locaux  .  moraux  et  militaires  ,  tous  les  dessins 
sont  faits  sur  les  lieux  illustrés  par  les  victoires  , 
tous  les  renseigneniens  pris  chez  les  habitans  des 
environs  ,'  tous  les  détails  tracés  sous  la  dictée 
des  officiers  présens  aux  actions.  Le  trait  ineffa- 
çable de  la  nature  ,  le  choix  le  plus  avatitageux 
«des  positions  pour  leffeide  l'ensemble  pittoresque 
et  du  coup  -  d'œil  militaire  ,  sont  sévèrement 
observés.  Les  premiers  plans  rassemblent  tout  ce 
<)u'il  y  aura  de  plus  intéressant  dans  les  détails 
du- costume,  du  portrait  et  des  épisodes. 

On  a  conservé  dans  la  composition  des  tableaux 
et  fixé  l'attention  sur  le  moment  décisif  et  carac- 
téristique des  faits  d'armes  et  des  bstailles  ,  pour 
détruire  le  préjugé  commun  qu'ils  se  ressemblent 
tous  ,  tandis  que  cette  ressemblance  ne  provient 
que  de  la  manière  uniforme  et  systématique  dont 
ces  compositions  ont  été  faites  jusqu'à  présent. 
Enfin  ,  on  a  adopté  le  genre  de  gravure  le  plus 
convenable  pour  produire  et  rendre  les  effets  des 
dessins  originaux  dans  leur  ensemble  :  lavis  pour 
les  fonds ,  eau  forte  pour  les  devants  ,  burin  pour 
les  détails  ;  enfin  aucun  genre  exclusivement  , 
mais  tous  emp'oyés  à  leur  place  pour  produire 
l'harthonie   naturelle. 

Une  carte  topographique  contiendra  tout  ce 
qui  se  sera  trouvé  ou  passé  d'important  dans  la 
marche  et  les  opérations  de  l'armée,  depv'S  son 
premier  jusqu'à  son  dernier  mouvement  ;  elle 
Sera  d'une  étendue  assez  grande  pour  que  les 
détails  linéaires  des  actions  et  batailles  puissent 
y  être  tracés  ,  et  les  points  d'oiî  les  vues 
seront  prises  ,  indiqués.  Un  texte  historique  , 
exact  et  précis  accompagnera  ce  travail  ,  ainsi 
<jue  les  pièces  justificatives.  Il  sera  enrichi  de 
vignettes  allégoriques  et  qui  rassembleront  en 
même  tems  les  portraits,  les  monumens  et  les 
ïrmures. 

Les  artistes  qui  osent  entreprendre  là  publica- 
tion des  fastes  militaires  de  la  répubHque  française 
ne  se  dissimulent  pas  ,  et  ont  commencé  par  cal- 
culer et  approfondir  toutes  les  entraves  ;  il  a  fallu 
monter  leurs  facultés  à  la  grandeur  de  leur  objet  ; 
la  distance  était  immense.  Mais  ce  courage  qui 
enfante  les  actions  héroïques,  n'est  pas  étranger 
aux  beaux- arts  ,  lorsquils  sont  chargés  de  les 
transmettre  à  la  postérité  ,  et  qu'ils  n'agissent  que 
par  l'impulsion  de  leur  noble  indépendance. 
Forts  de  ces  sentimens  ,  fondan^  leur  espoir  sur 
lesjluroières  de  ceux  qui  ont  joué  les  principaux 
rôles  dans  le  champ  de  la  gloire,  désirant  offrir  à 
la  paix  Khoramage  des  trophées  qui  l'ont  accélérée, 
et  ayant  fondé  l'exécution  sur  la  réunion  des 
talens  des  artistes  célèbres  ,  tout  concourt  heu- 
reusement au  succès  de  cette  entreprise. 

L'ouvrage  paraîtra  par  livraisons  successives 
contenant  une  campagne  ou  une  époque  de 
campagne;  chacune  sera  eomposée  de  quatre 
ableaux  pittoresques  de  28 sur  S3  pouces  de  hau- 
*  ur.    L'eau  forte  eii   sera  faite  par  l'artiste  qui 


a  exécuté  les  dessins  d'après  nature.  Les  planches 
seront  achevées  par  les  meilleurs  graveurs  du 
teras  :  la  livraison  contiendra  ,  en  outre  ,  une 
carte  topographique  de  la  même  grandeur  1,  gra- 
vée par  "Tardieu  ,  et  d'un  texte  de  12  feuilles, 
caractère  de  Didot ,  grand  in-folio  avec  des 
vignettes. 

La  campagne  de  l'armée  de  réserve  sous  le 
commandement  du  premier  consul  ,  vu  l'impor- 
tance dont  elle  a  éié  sur  les  destinées  de  1  Europe, 
servira  de  frontispice  à  cet  ouvrage  ,  et  sera  en- 
tièrenaent  comprise  dans  la  première  livraison 
qui  paraîtra  dans  le  courant  de  yeniôse  an  9.  Les 
sujets  des  dessins  dont  s'occupe  dans  ce  momt;nt 
le  citoyen  Muller  ,  artiste  distingué  qui  a  été  de- 
puis nombre  d'années  à  Rome  ,  Naples  et  autres 
contrées  de  I  Iialie  ,  et  se  trouve  actuellement  à 
Milan,  sont:  1°.  Le  passage  du  Mont-Saini-Ber- 
nard,  2°  le  passage  du  Tésin  ,  3°  la  bataille  de 
Montebello  ,  4°  la  bataille  de  Marengd. 

Il  y  aura  une  souscription  pour  les  personnes 
qui  désirent  avoir,  les  premières  épreuves  ,  et 
qui  doivent  par  coilséquent  êire  itiscrites  dans 
le  tableau  des  souscripteurs  ,  qiii  sera  publié  à 
la  suite  de  chaque  livraison;  à  cet  effet  ,  celte 
souscription  ne  durera  que  jusqu'à  la  fin  de 
frimaire  prochain  pour  Paris ,  les  départeraens 
et  les  lieux  occupés  par  les  armées  françaises  ;  un 
mois  de  plus  pour  l'étranger. 

Pour  Paris  ,  les  départemens  et  pays  occupés 
par  les  armées  françaises  ,  chez  le  citoyen  Gide  , 
rue  Dominique  ,  à  Paris. 

Pour  l'Italie  ,  chez  le  citoyen  Giegler  ,  libraire  , 
à  Milan. 

Pour  l'Allemagne,  chez  M.  Metra  ,  libraire,  à 
Berlin  ; 

Pour  le  Nord,  et  l'Angleterre,  chez  M.  Foche  , 
à  Hambourg. 

Toul  ce  qui  est  relatif  à  cet  ouvrage  doit  être 
envoyé  ,  franc  de  port  ,  aux  mêmes  adresses. 

Pour    ec^pie  conforme , 

Signé ,  Laroche. 


Lycéerépublicain. 

Le  Lycée  républicain  ,  en  rendant  compte 
l'année  dernière  des  travaux  de  sa  l5'  session  ■, 
promettait  de  nouveaux  efforts  pour  cette  année  , 
et  laissait  entrevoir  des  espérances  brillantes.  La 
session  qui  va  commencer  ,  paraît  devoir  les 
réaliser.  Des  hommes  dont  les  leçons  ont  puis- 
samment contribué  à  établir  la  réputation  de  cet 
établissement  ,  reparaîtront  cette  année  réunis  à 
leurs  anciens  collègues,  et  aux  savans  qui  ont 
réceniment  adopté  le  lycée.  Jamais  ,  même  à 
l'époque  de  sa  fondation  ,  cet  établissement 
n'aura  présenté  Un  plan  d'études  plus  complet  et 
plus  varié. 

Les  travaux  de  l'an  9  formeront  14  divisions 
remplies  par  des  cours  complets  ,  ou  par  des 
leçons  suivies  sur  des  objets  distincts.  Les  séan- 
ces purement  littéraires  seront  co.jtinuées  le  plus 
possible.  Quelques  t  unes  auront  pour  objet  la 
grammaire  générale  ,  et  le  citoyen  Sicard  a  bien 
voulu  promettre  de  prendre  part  à  ces  der- 
nières. 

La  physique  expérirnentale  sera  professée  par 
le  citoyen  Buiet ,  qui  ,  aijx  généralités  de  la  phy- 
sique ,  joindra  de*  notions  sur  la  théorie  de 
Rumford  et  des  expériences  Etectrico-Gatvanigues  , 
de  Volta. 

Le  citoyen  Fourcroy  ,  membre  de  l'institut  , 
professera  ce  que  ce  savant  a  nommé  philosophie 
chimique.  Son  ouvrage  publié  sous  ce  titre  ,  lui 
servira  de  résum'è. 

-L'histoire  naturelle  sera  traitée  par  le  citoyen 
Cuvier,  membre  de  l'institut;  l'anatomie  par  le 
citoyen  Sue  (1)  ;  l'hygiène  par  le  cit.  Moreau  ;  la 
technologie  ou  l'application  des  Sciences  aux 
arts  et  métiers,  par  le  citoyen  Hassenfratz;  le 
citoyen  Alphonse  Leroi  traitera  de  l'éducation  et 
des  facultés  physiques  et  morales  de  l'homme  ; 
le  citoyen  Laharpe  professera  la  littérature  ,  par- 
ticulièrement sous  le  rapport  de  l'éloquence  et 
de  la  philosophie  du  18°  siècle.  Le  cit.  Garât 
professera  1  histoire  ,  et  particulièrement  celle  de 
l'Egypte. 

Le  citoyen  Rœderet  traitera  de  l'économie  po- 
litique. Le  citoyen  Degerando, la  philosophie  mo- 
rale. Le  citoyen  Legrftnd  exposera  les  principes 
généraux  de  l'art  du  dessin  ,  tracera  l'histoire 
de  l'architecture  chez  les  différens  peuples  :  il 
rendra  «es  démonstrations  plus  sensibles  par  l'ex- 
position de  modèles  en  relief.  Le  citoyen  Robertz 
consacrera  particulièrement  son  cours  de  langue 
anglaise  à    l'étude  des  poëies   de  cette    nation. 


(1)  Ce  citoyen  se  propose  d*ouv 
n  muséoin  j  classe   pour  Tétude  ae  toutes  les  parties    au   sys- 

jarain   de-  botanique  où  les  plantes  sont 

De  de  Linné. 


tême  ^organique  ,   et  s 
rangées  suivant  lesys 


ouscriptcurs  du  lycée 
s  les  parties    du   sys- 


Le  citoyen  Boldoni  ,  dans  son  cours  de  langue 
italienne  s'attachera  à  en  faire  connaîire  le  ca- 
ractère distinctif,  à  fair<"  serflir  la  douceur-et 
l'harmonie  de  sa  versification  ,  en  même  teras 
que  les  règles  qu'elle  impose. 

La  seizième  année  du  lycée  commencera  le 
1*'  frimaire  aii  9, 

Indépendamment  du  cours  que  l'on  peut  y 
suivre,  le  lycée  est  tous  les  "jours  un  sallon 
littéraire  où  les  abonnés  ont  à  leur  disposiiiori 
une  bibliothèque  nombrtjuse  et  choisie  ,  les 
journaux  français  et  les  principaux  paraissant 
chez  1  étranger. 

Le  prix  de  la  souscription  est  de  96  liv.  pour 
les  hommes  ,  de  48  pour  les  femmes.  Les  nou- 
veaux souscripteurs  doivent  être  présentés  par 
un   fondateur  ou  un    abonné. 

L'on  reçoit  les  abonnemens  au  bureau  dti 
seciétariat ,  rue  du  Lycée  ,  au  coin  des  tuie 
Honoré  ,    et  place    du   Tribunal,    n°   ^og5. 


AVIS.,  ^ 

Bulletin  universel  des  sciences  ,  des  lettres  et  des  arts. 

Tel  est  le.  titre  d'un  Journal  qui  paraîtra  toui 
les  cinq  jours  ,  à  commencer  du  i5  brumaire 
prochain. 

On  y  rendra  un  compte  succinct  et  analytique 
de  tous  les  ouvrages  français  qui  mériteront  d'êirî 
connus  ,  et  des  productions  étrangères  qui  attein- 
dront à  un  degré  supérieur. 

Les  travaux  des  artistes  y  seront  appréciés  avec 
une  impartialité  scrupuleuse  ;  il  renfermera  l'an- 
nonce de  toutes  les  inventions  utiles. 

On  y  suivra  la  marche  de  l'instruction  publique 
dans  les  écoles  centrales  et  spéciales,  dans  le$ 
divers  collèges  du  Prytanée  français  ,_  dans  le» 
Sociéiés  littéraires  ,  etc. 

Chaque  numéro  sera  composé  d'une  demi? 
feuille  in-S".  ,  imprimée  à  deux  colonnes.,  suc 
papier  grand-raisin.  "     • 

Le  prix  de  l'abonnement  ,  franc  de  port  ,  pout 
Paris  et  les  départemens  ,  est  de  18  francs  pour 
l'année  ,  10  francs  pour  six  mois ,  et  6  francs  pour 
trois  mois. 

Ou  s'abonne  à  Paris ,  chez  le  cit.  Manuel  ,  rtje 
du  Cherche  -  Midi  ,  n°.  784  ;  et  chez  Debray  , 
libraire  ,  au  Palais  du  Tribunal ,  galeries  de  bois , 
n°.   235. 

LIVRES      DIVERS. 

Guerre  de  Troye  ,  depuis  Jla  mort  d'Hector  jus- 
qu'à la  ruine  de  celle  ville ,  poème  en  quatorze 
chants  ,  par  Quintus  de  Smyrne  ,  fesant  suite  à 
1  Iliade  ,  et  traduit  pour  la  -ï"  foisdu  grec  en  fran- 
par  R.  Tourlet,  médecin  et  membre  de  la  société 
académique  des  sciences  de  Pari;s  ;  2  foris  vtA. 
in-8°  ;  prix  7  fr.   5o  cent. ,'  et  9  par  la  poste. 

A  Paris  ,  chez  Lesguillez  ,  frères,  imprimeurs, 
rue  de  la  Harpe  ,  n°  i5i. 


COURS     DU    CHANGE. 

.     Bourse  du  12  brumaire. 

)  jours.        a  gojotin. 


Amsterdam  banco. 

Courant. 

Hambourg. 


Bâie. 


57;- 


Effets  publics. 

Rente  provisoire sS  fr.  i3  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.  65  c. 

Bons  deux  tiers t   fr.  68  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  88  c. 

Bons  pour  l'an  8 92   fr.  88  c. 

Syndicat 80  fr.    2  5  c. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Repubuo^ije  et  des  Arts. 
Auj.  Praxitelle ,  et  le  ballet  de   la  Dansomanie. 

Le  19  ,  Bal  masqué. 

■Théatredesjeunes  ÉLEVÉS,  rue  deThionville. 
Auj.  la  i^''  repr.  de  Cassandre  comédien  ;  iafausse 
Apparence,  et  Nicaise. 

Ihéatre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes f 
Aujourd'hui  la  1'"  repr.  de  l'Amour  aux  Petites- 
Maisons  ou  les  Fous  hollandais  ,  folie  ornée  de 
chants  ;   Louise  ,   et  l'Epreuve. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  relâche. 


A  Patis,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  d'u  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n*  ^3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  44. 


Quartidi  ,    i  4  brumaire  an  g  de  la  république  française ,  me  et  indivisible^ 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dacet  du  7  Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  artis  et  >u*  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  È  R  I   E  U   R. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  29  octobre  (  7  brumaire.  ) 

'JLaXNS  la  nuit  du  5  au  6  brumaire,  un  corsaire 
français  à  rame  a  eu  Vaudace  de  poursuivre  un 
de  nos  bateaux  jusques  sous  le  feu  de  Souih- 
Foicland. 

Il  se  trouve  à  bord  de  la  frégate  l'Oiseau  ,  à 
Portsmouth  ,  un  mousse  âgé  de  sept  ans  ,  dont 
la  mère  accoucha  à  côlé  d'un  des  canons  de  ce 
bâtiment.  Cet  enfant  n'est  pas  encore  descendu 
à  terre. 

La  pêche  du  hareng  a  commencé  ,  il  y  a  eu 
4undi  huit  jours,  dans  le  pertuis  de  Forih.  Cha- 
que bateau  est  revenu  avec  une  charge  de  3  à 
4  mille  beaux  harengs  ;  ce  qui  iait  espérer  que  la 
pêche  sera  plus  abondante  cette  année  que  la 
précédente. 

Le  peuple  s'étant  attroupé  il  y  a  quelque  tems 
à  SHeffield  ,  le  magistrat  se  rendit  sur  les  lieux 
pour  en  connaître  la  cause.  Le  peuple  lui  repré- 
senta qu'au  prix  où  se  vendaient  le  pain  et  la 
viande,  un  travail  de  14  heures  par  jour  ne  lui 
procuraient  pas  même  de  quoi  se  nourrir.  Le 
magistrat  répondit  qu'il  devait  alors  vivre  de 
pommes  de  terre  et  de  choux.  Il  lui  l'ut  objecté 
qu'outre  que  ces  vivres  étaient  également  chers  , 
ils  ne  pouvaient  substanter  l'homme  de  peine  — 
Réflexion  faite  ,  le  peuple  se  transporta  ,  le  jour 
suivant  ,  dans  le  champ  de  pommes  de  terre  du 
magistrat  ,  et  après  en  avoir  enlevé  sa  suffisance, 
il  attacha  à  un   arbre  l'écriteau   suivant: 

<i  Nous  avons  suivi  le  conseil  de  votre  sei- 
î>  gneuiie  ;  et  si  nous  trouvons  les  pommes  de 
31  terre  bonnes  ,  nous  y  reviendrons.  >) 

(  Extrait  du  Star ,  et  du  Sun.  ) 

On  reçoit  tous  les  jours  beaucoup  de  lettres 
de  diîFére'ns  officiers  qui  ont  été  employés  à  la  der- 
nière expédition  contre  Cadix  ;  mais  il  en  est 
peu  qui  s'accordent  parfaitement  sur  les  causes 
qui  ont  fait  échouer  cette  expédition.  Lord 
Keiih  était  présent  en  personne  ,  ou  se  tenait  sur 
Ja  côte  avec  la  plus  grande  partie  de  sa  flotte. 
—  On  dit  que  le  commandant  espagnol  avait 
.envoyé  un  parlementaire  pour  conjurer  les  an- 
glais de  ne  pas  attaquer  une  malheureuse  ville 
déjà  aux  prises  avec  un  ennemi  terrible.  Le  len- 
demain malin  trois  ou  quatre  mille  hommes 
étaient  dans  les  bateaux  tout  prêts  à  effectuer 
une  descente  ;  mais  ils  furent  bientôt  contre- 
mandéï,  et  remontèrent  à  bo/d  des  vaisseaux. 
La  raison  de  ce  changement  n'est  pas  exactement 
connue.  On  dit  qu'il  n'y  avait  pas  assez  de  ba- 
teaux pour  mettre  à  terre  ,  au  même  instant  ,  un 
nombre  suffisant  d  hommes.  D'autres  prétendent 
qu'il  y  avait  de  la  mésintelligence  entre  les  com- 
mandans.  Il  faut  attendre,  pour  prononcer, 
des  renseignemens  plus  précis  et  plus  authen- 
tiques. 

On  croit  lord  Nelson  maintenant  en  mer  sur 
le  paquebot  de  Hambourg  qui  apporte  la  malle 
qui  nous  a  manqué  ,  et  qu'on  attend  avec  tant 
d'impatience  et  d  inquiétude. 

Parmi  les  malheureuses  victimes  qui  ontpéiià 
bord  de  Iç  Reine,  était  le, jeune  Edw.  Mayne  , 
écuyer,  éçVivain  au  service  de  la  compagnie  des 
Indes  orientales.  Au  moment  oii  il  allait  mettre 
le  pied  oans  la  chaloupe  qui  devait  1  éloigner  de 
cette  scène  d'horreur  ,  il  se  rappelle  qu'un  mal- 
heureux passager  est  retenu  dans  sa  chambre  par 
la  maladie  :  il  y  vole  pour  l'arracher  à  la  mort 
înévitaàle  qui  le  menaçait,  et  bientôt  il  reparaît 
portaài  le  malade  sur  ses  épaules.  Hélas  !  il  était 
trop  lard,  la  chaloupe  était  éloignée,  el  quel- 
qu<s  minutes   après  le   bâtiment  sauta. 

La  communauté  de  Bath  a  jugé  convenable 
dans  les  circonstances  fâcheuses  oti  la  disette  ré- 
duit les  malheureux  ,  de  supprimer  le  dîner 
d'élection.  Il  faut  espérer  que  les  autres  com- 
munes du  royaume  suivront  cet  exemple.  C'est  un 
devoir  pour  les  premières  classes  de  la  société  de 
iaire  ,  dai)S  l'intérieur  deslamilles,  tous  les  re- 
tranchtmens  possibles  dans  la  consommation  du 
grain.  Il  ne  devrait  être  accordé  qu  un  quarteron 
de  pain  pat  tête.  On  devrait  renoncer  aux  pâlis- 
«ciies,  ne  faire  que  deux  seivices  dans  les  mai- 
sons oi!i  il  y  en  avait  trois ,  et  un  dans  celles  oii  il 


y  en  avait  deux.  Avec  de  pareils  retranchemens, 
on  s'appercevrait  bientôt  d'une  grande  diminution 
dans  le  prix   des    dentées. 

Les  sociétés  à'Amiti-é  de  Dumfiies,  composées 
d'environ  deux  mille  personnes  ,  ont  arrêté  une 
importation  dé  grains  pour  faire  baisser  le  prix 
exhorbitant  de  toutes  les  denrées  de  première 
nécessité.  On  a  déjà  recueilli 'S-.ooo  liv.  ster.  pour 
l'exécution  de  cette  généreuse  entreprise. 

On  écrit  de  Margate  ,  en  date  du  22  octobre  , 
que  vers  les  trois  heures  du  matin ,  on  y  a  ressenti 
j  un  ouragan  des  plus  épouvantables.  Le  soleil ,  en 
se  levant,  a  éclaité  une  scène  de  dévastation, 
telle  que  les  gens  du  pays  les  plus  âgés  ne  se 
rappellent  pas  d'en  avoir  vu  une  pareille.  La 
jetlée  ,  dans  une  longueur  de  trente  verges  ,  et 
toutes  les  boutiques  des  marchands  de  pois- 
sons ,  etc.  avaient  été  renversées  par  un  bâtiment 
charbonnier ,  qui  se  trouvait  amarré  dans  le  port , 
et  dont  l'amarre  avait  été  brisée.  Une  trombe  fut 
portée  jusqu'à  l'extrémité  de  la  rade  ,  qui  fut 
couverte  à  six  pieds  au-dessus  de  li  plus  haute 
marée.  Les  habitans  qui  demeurent  de  1  autre  côié 
de  la  païade  avaient  d'abord  été  alarn:és  par  les 
cris  des  pêcheurs.  Quand  ils  virent  qu  il  n'y  avait 
plus  de  barrière  entre  eux  et  la  mer  ,  ils  fuient 
saisis  d'horreur,  et  leur  frayeur    dura  jusqu'à  ce 


que  le  calme   fût    revenu. 


(  Extrait  du  Sun  et  du  True-Briton.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,   le   i3   brumaire. 

Le  Publicisle  de  ce  jour,  assure  qu'au  moment  où 
il  écrit ,  la  Toscane  est  évacuée.  Il  dit  plus  :  il 
prétend  que  l'invasion  de  cette  contrée  n  a  jamais 
été  autorisée  par  le  gouvernement.  On  pourrait 
demander  compte  au  Piiblicisle  de  la  source  oià 
il  a  puisé  une  nouvelle  fausse,  et  des  assertions 
mensongères  ;  et  s'il  se  bornait  à  répondre  qu'un 
autre  journal  (  I«  Citojen  Français)  3  avancé  les 
mêmes  faits  avant  lui  ,  on  demanderait  aux 
rédacteurs  de  l'une  et  de  l'autre  de  ces  feuilles 
périodiques,  d  après  quelle  combinaison  ils  ont 
pu  croire  vraisemblable  que  des  généraux  se 
permissent  des  opérations  militaires  d'une  aussi 
grande  importance  ,  sans  l'ordre  du  gouverne- 
ment. Les  motifs  qui  ont  déterminé  et  autorisé 
1  occupation  de  la  Toscane  ,  se  trouvent  dans 
des  actes  et  dans   des  faits   assez   publics. 

1°.  Dans  les  préliminaires  sigués  par  M.  de 
Saint-Julien  ,  l'empereur  s'était  engagé  à  faire 
désarmer  la  levée  en  masse  de  la  Toscane. 

2°.  Par  la  convention  additionnelle  ,  faite  à 
Castiglione  entre  le  général  Marmont  et  le  général 
Hohenzollern  ,  le  général  Brune  avait  consenti  à 
attendre  la  réponse  de  Vienne  sur  l'évacu-ition  du 
terrarois  par  les  autrichiens  .  qui  devaient  évacuer 
le  pays  en  exécution  de  la  convention  de  Ma- 
rengo  :  mais  pour  prix  de  cette  condescendance  , 
il  n'avait  point  été  question  de  la  Toscane  dans  la 
convention  de  Castiglione. 

3°.  Les  autrichiens  avaient.essentiellement  man- 
que à  la  convention  de  Marengo,  puisqu'elle 
spécifiait  qu  ils  ne  devaient  occuper  que  la  ville 
et  la  citadelle  de  Ferrare  ,  ce  qui  ne  veut  pas  dire 
40  lieuesde  pays  ;cettc  conveniion  fondamentale, 
base  de  toutes  les  autres  ,  et  ratifiée  par  les  deux 
gouvernemens  ne  pouvant  être  modifiée  par  une 
convention  faite  par  des  officiers  généraux  ,  le 
gouvernement  avait  sur  le  champ  désavoué  toute 
modification. 

4°.  hs  levée  en  masse  était  soldée  par  les  an- 
glais et  dirigée  en  partie  par  'Willot.  Un  corps 
napolitain  était  venu  le  renforcer.  Or  ,  l'armée 
française  n'avait  pas  conclu  d'armistice  avec  les 
troupes  napolitaines. 

5°.  Peudejouts  après  l'occupationde  Livourne 
par  les  français  ,  une  flotte  anglaise  s'est  pré- 
sentée devant  le  port  avec  12,000  hommes  de 
débarquemint  :  la  république  n'a  point  conclu 
d  armistice  avec  les  anglais.  La  prévoyance  est 
le  premier  devoir  à  la  guerre  :  lorsqu'une  fois 
un  gouvernement  en  a  manqué  ,  la  victoire 
chancelle  et   I -s   défaites  surviennent. 

6°.  M.  de  Sommariva  ,  commandant  les  trovi- 
pes  autrichiennes  en  Toscane  ,  s'est  retiré  sans 
donner  aucune  assistance  à  la  levée  en  masse 
qui  a.  dii  êire  désarmée.  Ces  20,000  brigands  se 
portaient  à  tous  les  excès,  et  ne  respectaient 
aucune  convention. 

Pendant  que  le  général  Dupont  fesait  canon- 
ner   et  prendre    d'assaut  la  ville  ci'Arczzo  ,   lés 


troupes  autrichierines  n'ont  dû  prendre  et  n'ont 
pris  aucune  part  à  l'action. 

Le  génétal  Sommariva  a  obtenu  la  permissiotl 
de  traverser,  avec  le  Corps  de  troupes  à  se» 
ordres,  l'armée  française,  et  de  rejoindre  la 
corps  de    l'armée  autrichienne  à  Ferrare. 

Si  dans  toute  cette  expédition  on  peut  faire 
un  reproche  aux  troupes  françaises  ,  c'est  de 
n'avoir  pas  puni  assez  vivement  la  ville  d  Arezzo 
qui  était  le  foyer  de  linsiirrcction  ,  et  qui  s  est 
laissée  prendre  d'asvauî.  On  se  souvient  de  la 
conduite  criminelle  de  celte  cité  lors  de  la 
retraite  de  l'armée  de  Naples.  La  gloire  nationale 
ne  permettait  pas  que  de  tels  excès,  aujourd'hui 
renouvelles  ,  restassent  impunis. 

Il  est  évident  que  le  général  autrichien  n'a 
pas  pen'é  qu  une  invasion  commandée  par  lant 
de  motifs  fût  une  rupture  de  I  .irniisiicc  .  puis- 
que rien  ne  l'empêchait  de  se  porter  sur  Brcscia 
(pu  sur  Boulogne  ,  pendant  que  le  général  Dupont 
était  en  Toscane. 

La  levée  en  itiasse  Opprimait  tellement  la  Tos- 
cane,que  lespersonnes  les  plus  aliachéés  au  grand- 
dufc  ont  VU  avec  plaisir  l'arrivée  des  français  , 
dont  la  conduite  0  été  celle  de  troupes  réglées 
qui  viennent  délivrer  un  pays  du  joug  de 
hordes  indisciplinées.     • 

On  a  d  ailleurs  conservé  le  gouvernement  tel 
qu'il  avait  été  établi  par  l'autorité  du  grand-duc. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Le  corsaire  l'im/irom/im  ,  de  Boulogne  ,  cap. 
le  cit.  Robert  Cornu,  a  pris  sur  la  côte  d  An- 
gleterre et  conduit  dans  ce  port  deux  bricks 
anglais  ,  dont  1  un  chargé  de  fer  en  barre  et  de 
quelques  caisses  de  fusils",  et   l'autre  sur  son  lest-. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Le  préfet  de  police  a  fait,  hier  12,  saisir  une  fabri- 
que de  fauxiouis  avec  tout  l'attelier  ,  le  balancier  , 
etc.  Environ  cent  pièces  d'or  fabriquées  ,  et  cintj 
cents  environ  près  d'être  frappées.  Trois  des 
coupables  sont  arrêtés. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Ordonnance  concernant  la  police  extérieure  e(  ilité' 
rieure  des  spectacles.  Du  8  brumaire  an  9  de  la 
république  Jrançaise  ,  une  et  indivisible. 

ht  préfet  de  police,  vu  l'article  12  de  l'arrêté 
des  consuls  du  12  messidor  an  8  ,  qui  lui*attribue 
la  police  des  théâtres  ,  en  ce  qui  touche  la  sûreté 
des  personnes,  et  le  charge  des  précautions  à 
prendre  pour  prévenir  les  accidens ,  et  assurer  le 
maintien  de  la  tranquillité  et  du  bon  ordre  ,  tant 
au  dedans  qu'au  dehors  ;  vu  pareillement  l'article 
2  du  même  arrêté  ,  ordonne  ce  qui  suit': 

Art.  l".  Nul  théâtre  public  ne  peut  être  ou- 
vert dans  la  cora.-nune  de  Paris  ,  sans  que  les  en-  ' 
trepretieUrs  en  aient  fait  préalablement  leur  décla- 
ration à  la  préfecture  de  police.  (  Loi  du  tqjanvicr 
1791  ,  art.  I.  ) 

II.  L'ouverture  n'en  sera  permise  qu'après  qu'il 
aura  éié  constaté  qUe  la  salle  est  solidement  cons- 
truite ,  que  les  précautions  relatives  aux  incendies 
et  ordonnées  par  l'arrêté  du  l'"'.  germinal  an  7  , 
ont  été  prises  ,  et  qu'il  ne  se  trouve  rien  sous  les 
péristyles  et  vestibules  ,  qui  puisse  en  aucune  ma- 
nière gêner  l-i  circulation. 

III.  Tout  spectacle  actuellement  ouvert ,  ou  qu, 
pourrait  l'être  par  la  suite,  sera  fermé  à  1  instant  i 
si  les  entrepreneurs,  au  mépris  de  l'arrêté  préci- 
té, négligeaient  un  seul  jour  d'entretenir  les  ré^ 
servoirs  pleins  d'eau,  les  pompes  en  état,  et  de 
surveiller  IfS  personnes  qui  doivent  constamment 
être  prêtes  à  porter  des  secours. 

IV.  Les  entrepreneurs  de  spectacles  ne  pour- 
ront faire  distribuer  un  nombre  de  billets  excé- 
dant celui  des  individus  que  leurs  salles  peuvent 
contenir. 

V.  Les  entrepreneurs  feront  fermer  exactement 
pendant  toute  la  durée  du  spect;icle  ,  les  portis  de 
communication  des  salles  aux  loyers  particuliers 
et  loges  des  artistes,  où  il  ne  doit  être  admis  au» 
cune  personne  étrangère  au  service  ;du  théâtre. 

VI.  A  la  lin  du  spectacle  ,  les  entrepreneurs 
feront  ouvrir  toutes  les  portes  pour  faciliter  la 
prompte  sortie  des  citoyens. 

VIL  II  ne  pourra  être  annoncé  ,  dans  l'intérieUf 
des  salles  de  spectacle  ,  par  les  libraires  ou  col« 
porteurs,  d'autres  ouvrages  que  des  pièces  de 
théâtre. 


17» 


VIII.  Il  esl  défendu  jle  s'arrêter  dans  les  péris- 
tyles et  vesiibiiles  servant  d'entrée  aux  théâtres. 
;  Orcionnance  du  24   décembre  1769-) 

IX.  Il   est    expresséraeni    défendu    à    quelque 


En  rendant  compte  dans  un  de  nos  derniers 
numéros  de  la  comédie  nouvelle  ,  intitulée  ; 
l'Homme    à  grands   sentimens  ,  nous   avons   omis 


personne  que  ce  soit,  d'acheier   des   billets  aux  j  d'annoncer  que  le  public  avait  témoigné  le  désir 

le  plus  vif  d'en  connaître   l'auteur.    On   vint  lui 
annoncer  que  ce  dernier  gardait  l'anonyme.  Lors- 


bureaux,  ou  ailleurs,  pour  les  revendre  au  public. 

X.  Il  est  défendu  à  tous  ceux  qui  assistent  aux 
spectacles,  d'y  commettre  aucun  désordre,  dy 
laire  du  bruit,  d'interrompre  les  acteurs  pendaiit 
la  représcmaiion  ,  et  de  circuler  dans  les  corri- 
dors ,  de  manit-re  à  troubler  l'ordre.  { Ordon- 
nance précitée.  ) 

XI.  Nul  ne  peut  avoir  le  chapeau  sur  la  lêie  , 
lorsq--e  la  toile  est  levée.  (  Ordonnance  précitée.) 

XII.  Il  y  aura  ,  pour  le  service  du  public  ,  des 
cximmissionnaires  reconnus  par  le  prtiet  de  po- 
lice. Ils  pourront  seuls  stationner  à  l'entrée  des 
ihéâires. 

XIII.  Les  voitures  ne  pourront  arriver  aux 
dilférens  lliéâires  que  pir  les  rues  désignées  dans 
les  consignes. 

Il  est  expressément  défendu  aux  cochers  de 
quitter,  sous  quelque  prétexie  que  ce  soit  .  les 
rênes  de  leurs  chevaux  ,  pendant  que  descen- 
dront ou  remonteront  les  personnes  qu'ils  auront 
amenées. 

-  XIV.  Les  voitures  destinées  à  attendre  jusqu'à 
la  fin  du  spectacle  ,  iront  se  placer  dans  les  lieux 
destinés  à  cet  effet. 

XV.  A  la  sortie  du  spectacle,  les  voitures  qui 
auront  attendu  ,  ne  pourront  fe  mettre  en  mou- 
vement que  quand  la  première  foule  sera  écoulée. 
Le  commandant  du  détachement  de  service  dé- 
terminera l'instant  oii  les  voitures  pourront  être 
appellées. 

XVI.  Les  voitures  de  place  qui,  pendant  le 
spectacle  ,  ne  se  seront  pas  rangées  avec  les  voi- 
tures qui  auront  attendu  ,  ne  pourront  charger 
qu'après  le  défilé. 

XVII.  Aucune  voiture  ne  pourra  aller  plus  vite 
qu'au  pas ,  et  sur  une  seule  file  ,  jusqu'à  ce  qu'elle 
soit  sortie  des  rues  environnant  le  spectacle. 

XVIII.  Les  conducteurs  de  voiture  qui  ne  se 
conformeront  pas  aux  dispositions  de  la  présente 
ordonnance,  seront  traduits  au  (tibunal  de  police 
pour  y  être  punis  comme  embarrassant  la  voie 
publique  ;  et  s'il  en  était  résulté  des  accidens  ,  ils 
seront  traduits  au  tribunal  de  police  correction- 
nelle ,  pour  y  être  purris  conformément  à  l'ar- 
ticle X'VI  du  titre  I"  de  la  loi  du  22  juillet  1791. 

Dans  l'un  et  l'autre  cas  ,  leurs  voitures  et  che- 
vaux pouiront  être  sa'sis  pour  sûreté  de  l'amende 
encourue.  S'il  est  résulté  des  accidens,  les  con- 
ducteurs pourront  être  arrêtés  et  retenus  jusqu'au 
jugement  ,  en  vertu  de  l'ailicle  XXVUIdu  même 
litre  de  la  loi  précitée. 

XIX.  Il  y  aura  près  de  tous  les  théâtres  une 
garde  extérieure.  (Loi  du  19  janvier  1791  ,  ar- 
ticle 7.  ) 

XX.  Les  jours  de  première  représentation  , 
de  reprise  ,  de  début  ou  de  représentation  ex- 
traordinaire ,  la  garde  sera  augmentée  dans  les 
proportions  jugées  nécessaires  pour  le  service. 

XXI.  Il  sera  établi  dans  chaque  théâtre  un 
corps-de-garde. 

Il  y  sera  pareillement  établi  un  bureau  pour 
les  officiers  de  police. 

XXII.  Une  heure  avant  le  lever  de  la  toile  , 
il  sera  placé   des  factionnaires  ,  en  nombre  suffi 


qu  une  production  dramatique  a  peu  de  succès 
et  que  I  auteur  reste  inconnu,  il  est  d'ordinaire 
que  dans  leurs  conjectures  ,  les  spectateurs  attri- 
buent l'ouvrage  à  ceux  des  hommes  de  lettres 
qu  ils  reconnaissent  pour  les  moins  heureux  , 
sinon  pour  les  moins  habiles.  L'hoitime  à  grands 
sentimens  jouissant  d'un  succès  d'estime  réel  ,  il 
est  naturel  qu'on  cherche  à  deviner  quel  est 
l'anonyme  auquel  on  la  doit  ,  mais  il  doit  être 
agréable  pour  cet  auteur,  quel  qu'il  soit  ,  d'en- 
tendre lui-même  attribuer  son  ouvrage  à  nos 
hommes  de  lettres  les  plus  distingués.  C'est  en 
ce  moment  ce  qui  arrive  à  l'anonyme  dont  il  est 
ici  question  ;  de  sorte  que  si  ,  il  y  a  huit  jours  , 
sa  modestie  l'engageait^à  se  taire,  aujourd'hui, 
peut  -  être  ,  sa  modestie  doit  l'engager  à  se 
nommer. 

On  a  remarqué  dans  V Annie  théâtrale  ,  qu'au 
théâtre  des  Arts  ,  l'école  de  danse  était  si  brillante 
et  les  sujets  si  nombreux ,  qu'on  s'appercevait  à 
peine  de  la  perte  deDidelol,Laborie  .jDesh.iyps  , 
et  de  mesdames  Sauli  i  r  ,  Rose  ,  Duchemin  ,  elc 


Il    est  vrai  que  ces   danseurs  ont  été  rapidement  ,  _  ,  .  _ 

et  heureusement    remplacés  ;   mais    ils  n'étaient  !  pro-.ès  de    I  an  ;  encore  n'v    vuit-on  que  1 


le  résultat  exact  d'une  expérience  rigoureuse  », 
fruit  d'une  observation  impartiale  des  faits  et 
de  leur  judicieux  rapprochement. 

Telle  est  la  méthode  à  suivre  en  traitant  delà 
plupart  des  sciences  en  général ,  et  de  la  médecine 
en  particulier;  car  elle  est  toute  entière  une 
science  de  faits  bien  observés,  bien  analysés. 
Hyppocrate  l'avait  bien  senti  lorsqu'il  pratiqua 
l'art  si  difficile  de  guérir  ,  et  entreprit  déciire 
sur  celle  impoitante  matière.  Aussi  sa  mémoire 
à  jamais  durable  a-t-eile  traversé  les  biecies  en 
imprimant  toujours  le  seiuiment  du  respect  et 
de  l'admiration.  Cependant,  alors  les  connais- 
sances anatomiques  étaient  bornées  ,  parce  que 
l'étude  en  était  difficile.  Il  est  de  plus  à  obser^ 
ver  que  l'ouverture  des  cadavres  ,  moyen  préç 
cieux  et  si  nécessaire  pour  parvenir  à  la  connais- 
sance du  siège  et  souvent  des  causés  des  ma- 
ladies ,  fut  long-tems  interdite  ,  au  grand  regret 
des  hommes  sincétement  dévoués  au  soulage- 
ment de  leurs  semblables;  tant  ils  étaient  pert 
suadés  que  pour  traiter  heureusement  une  mala- 
die il  faut  en  bien  fixer  le  sicge  ,  en  découvrir. 
la  cause  ,  en  déterminer  la  nature.  Telle  fut 
en  tout  lems  la  pensée  et  la  conduite  des  bons 
esprits  qui  cultivèrent   la  médecine. 

Cependant  ,  disons-le  (lanchcmciit  et  .i  1  hon- 
neur de  noiie  siècle,  ce  n'est  (jue  depuis  environ' 
une  centaine  dannéts  quoii  s  est  véritablement" 
livré  à  ce  genre  d  étude  si  intéressant  pour  les 
vuit-on  que  les  ce» 


point  oubliés.  L'un  d'eux  ,  Deshayes  ,  de  retour  ■  l'^brss  Morgani  ,  Scnac  ,  Hdier,  Lieutaudet 
en  France  ,  dans  l'âge  où  l'on  donne  encore  des  j  'luel'r'es  «'""'s  qui  s  en  soitat  sérieusement: 
espérances  ,  vient  de  reparaître  dans  le  plus  en- !  o'^<^"l'«''  Aus«i  le  citOMn  Portai  dont  les  tra- 
chanteur  des  ballets  que  Gardel  ait  dessinés;  c'est' ^'au"  et  les  rm, naissances  médic.iles  ont  assuré- 
nommer  celui  de  Télémaque.  Nous  n'affirmerons!  'a  répuu  -i'  ,  les  iiii  il  constamment  poui  mo.' 
pas  que  Deshayes  ait  fait  des  progrès  pendant  !  deles.  Atarclijnt  sur  les  traces  de  ces  grands 
son  absence  ;  qui  pourrait  croire  qu'un  danseur  hommes  dans  l'étude  du  corps  humain  considéré 
ait  été  loin  de  Paris  chercher  des  leçons  de  goût  ,  sous  le  lappori  de  la  santé,  il  les  a  également 
et  des  modèles  de  grâces  ?  Mais  on  peut  hardi-  j  suivis  dans  leurs>echercbes  sur  la  naïuieetla 
ment  prédire  que,  se  retrouvant  sous  les  yeux  de  I  "^^use  des  diverses  maladies ,  en   procédant   lui- 


ses anciens  maîtres  et  de  ses  jeunes  émules ,  Des 
bayes  se  placera  bientôt  parmi  les  premiers. 

Ily  a  quelques  jours  on  jouait  teCercte3.\i  Théâtre 
français  :  l'indisposition  de  Fleury  força  le  jeune 
Armand  à  se  charger  du  rôle  brillant  du  marquis  ; 


même  à  l'ouverture  des  cadavres  des  personnes 
confiées  à  ses  soins,  et  dont  ]e  traitement  n'avait 
point  été  heureux. 

Les  ouvrages  qu'il  a  d'abord  publiés  avec  Senac 
et  Lieutaud  ,  ces  anatomistes  distingués  ,  et  ceux 
qui  lui  sont  particuliers  ,  tels  que  divers  traités  de 


il  y  fut  t.ès-faible    et  l'on  croit  l'excuser  en  disant,  1^^  phtysie  pulmonaire  ,   du  lichiiisme  ,  de   l'as- 
quilnesavaitpaslerole.Ilesttres-vraïqu.lne  le  •  p^y^ie,   traités  rédigés   d'après  les  principes   ci- 

dessus  établis  ,  plusieurs  fois  réimprimes  ,  et 
traduits  en  langue  étrangeie  ;  tous  ces  ouvrages  , 
disons  nous  ,  sont  une  preuve  tfou  équivoque 
des  succès  que  l'on  peut  se  promettre  dans  le 
traitement  des  maladies  ,  lorsqu'on  apporte  dins 
l'exercice  de  la  médecine  une  étude  approfondie 
de  ran;,toraic. 

L'avantage  de  ces  connaissances  n'est  pas  moins 
démontré  par  lalecture  des  mémoires  du  citoyen 
assez  I  éloge  quand  on  établit  que  Mehul  s'y  est  '  Portai  ,  insérés  dans  diverses  colleciions  acadé- 
raontré  digne  de  la  réputation  justement  acquise  miques  et  principalement  dans  celle  de  l'académie 
à  l'auteur  de  Stratonice.  Mde  Philis  chante  au-  '  des  sciences.  Ces  mémoiies  ne  sont  pas  tous  éga- 
jourd'hui  la  romance  du  Bsrde  :  elle  prétend  |  lement  connus  du  public  .  puisqu'on  ne  peut  les 
peut-être  lui  rendre  un  peu  de  fraîcheur  en  cher- ;  ifouver  que  dans  les  riches  bibliothèques  des 
chant  à  orner  quelques  passages  :  on  doit  lui  '  grandes  villes,  seules  dépositaires  de  ces  pré- 
rappeler qu  elle  dénature  ainsi  un  morceau  qui  cieuses  collections  des  connaissances  humaines  , 
est  beau  ,  parce  qu'il  a  le  caractère  de  simpli-  '  et  cependant  il  lui  importait  de  les  avoir  sous  les 
cité  qui  lui  est  propre  :  c'est  parce  qu'il  est  beau  '■  yeux.  Aus"si  étaient-ils  demandés  depuis  long-tems , 
quil  a  volé  de  bouche  en  bouche.  Tout  le  et  surtout  par  le  plus  grand  nombre  de  ses  élevés 
monde    le   sait  à  la  ville  ,   il  est    vrai  ;   mais    ce    répandus   dans   l'uiiiversalité   du   territoire   de  ïa. 


pas 
savait  pas;  mais  assurément  c  était  là  un  sujet 
réel  de  reproche  au-lieu  d'un  motif  d'excuse.  Si 
l'acteur  dont  nous  parlons  ne  sait  pas  un  des 
rôles  les  plus  marquans  de  son  emploi,  s'il  n'est 
pas  prêt  à  le  jouer  au  moment  où  il  en  sera 
chargé  ,  on  peut  lui  demander  sur  quels  sujets 
il  exerce  sa  mémoire.  ' 

Au  théâtre  de  de  l'Opéra-comique    national  , 
on  a  repris    Ariodant ,   composition   dont  on  fait 


n'est  pas  une  raison  pour  l'altérer  au  théâtre. 

Le  Vaudeville  vient  de  fermer   pour  quelques 
jours.   Sa  salle  était  dans  un  délabrement  absolu 


acia  piai.^   uto  >■>     "  -A.  „i.-oc.,;,Bc     On  Va  soccupet  de  réparations  qui  étaient  indis- 

sant  dans  les  lieux  ou  ils  seront  juges  necessaiies  1       nsables      «^  «^  ^ 

pour  faciliter  la  circulation  des  voitures  et  exé-     ^^ 


cuter  les  consignes.  Ces  factionnaires  ne  pour- 
ront se  retirer  qu'après  l'entière  évacuation  de 
la  salle. 

XXIII.  La  garde  ne  pénétrera  dans  l'intérieur 
des  salles  ,  que  dans  le  cas  où  la  siireté  publi- 
que serait  compromise  ,  et  sur  la  réquisition 
expresse  de  l'officier  de  police.  (Loi  du  19  jan- 
vier 17.91  ,  art.  7.  ) 

XXIV.  Tout  citoyen  sera  tenu  d'obéir  pro- 
visoirement à  l'officier  de  poHce.  (Loi  précitée.  ) 

■XXV.    Tout    citoyen    invité  par   l'officier  de 
police    ou  sommé    par    lui    de  sortir   de  linté-  1  Dossion 
rieur    de  la   salle  ,     se  rendra   sur  le   champ  au 
bureau   de  police  ,   pour  y   donner  les  explica- 
tions qui   pourront  lui  être  demandées. 

XXVI.  Les  citoyens  composant  la  garde  de 
service  ,  ne  pourront  circuler  ,  ni  s'arrêter  dans 
les  corridors  des  théâtres  ;  ils  devront  rester  cons- 
tamment au  lieu  qui  leur  sera  désigné  par  le 
commandant  du  détachement. 


De  piquans  refreins  devaient  être  les  adieux 
du  Vaudeville  au  public  :  c'est  en  couplets  qu'il 
a  fait  son  compliment  de  clôture  ;  mais  le  public 
a  trouvé  le  compliment  si  joli  ,  qu'il  a  voulu  1  en- 
tendre le  lendemain  ,  puis  les  jours  suivans  ,  de 
sorte  que  le  Compliment  de  clôture  a  eu  l'effet 
singulier  de  retarder  long  -  tems  la  clôture  du 
théâtre.  Les  auteurs  de  cette  joHe  blueile  ,  dont 
l'idée  la  plus  saillante  était  imitée  d'une  pièce 
jouée  avec  beaucoup  de  succès  sur  un  petit 
théâtre  ,  et  intitulée  /a  Cacophonie ,  sont  les  citoyens 
Armand  Gouffé  ,  Georges   Duval ,    et   Auguste 


MEDECINE. 


XXVII. La  présente  ordonnance  sera  imprimée, 
affichée  danstou'ela  commune  de  Paris,  et  particu- 
lièrement à  l'extérieur  et  dans  l'intérieur  des  théâ- 
tres ,  et  envoyée  aux  tribunaux  compétens  ,  au 
général  commandant  d'armes  de  la  place  ,  aux 
commissaires  de  police  ,  aux  officiers  de  paix 
et  aux  préposés  de  la  préfecture,  pour  que  chacun, 
en  ce  qui  le  concerne  ,  en  assure  l'exécution. 

Le  préfet ,  sipié  ,  Dubois. 


Votre  numéro  du  6  brumaire  ,  cit.  rédatteur  , 
contient  un  extrait  des  mémoires  sur  la  nature 
et  le  iraiiement  de  plusieurs  maladies  ,  par  le 
citoyen  Portai  ,  .  professeur  de  médecine.  Per- 
mettez-ntjus  d'ajouter  quelques  développemens 
à  ceux  que  cet  extrait  renferme. 

Parmi  les  nombreux  ouvrages  que  chaque  siècle 
a  vu  riaître  ,  le  plus  grand  nombre  a  subi  la 
commune  desnnée  attachée  à  l'espèce  humaine 
et  à  la  plupait  de  ses  productions.  Ils  ont  passé  , 
ainsi  que  leurs  auteurs  .  et  le  lems  qui  mesure 
avec  impartialité  et  les  hommes  et  les  choses  ,  en 
a  fait  une  justice  aussisévere  que  méritée.  Ceux-là 


république  ,  et  même  dans  les  pays  étrangers  où 
plusieurs  exercent  avec  non  moins  de  distinction 
que  de  reconnaissance  l'art  si  utile  de  guérir.  C'est 
pour  satisfaire  à  ce  louable  empressement  que  le 
cil.  Bertrand  ,  libraire  ,  vient  depublier  la  collec- 
tion des  mémoires  dont  il  est  ici  quesiion  ,  et 
dans  la  disposition  desijuels  il  a  suivi  l'ordre  chro- 
nologique. Tous  roulent  sur  les  diverses  parties 
les  plus  essentielles  de  la  médecine  ,  l'analomie  , 
la  phjsiologie  .  la  chirurgie  ,  la  nosologie  ,  et  la 
ihérapeuiique  des  principales  maladies  organiques. 
1°.  Dans  l'ordre  des  connaissances  et  décou- 
vertes anatomiques  ,  nous  comptons  au  pioins 
six  mémoires  ,  parmi  lesquels  on  distinguera 
certainement  celui  que  le  citoyen  Portai  lut  à 
son  entrée  à  l'académie  des  sciences  sur  la  struc- 
ture et  les  maladies  de  l'ouraque  ,  ce'te  partie  du 
corps  humain  alors  si  peu  connue  ,  et  sur  laquelle 
les  opinions  sont  encore  partagées.  Un  autre 
renferme  des  observations  importantes  sur  le 
racornissement  de  la  vessie  chez  les  vieilards ,  etc. 
On  lira  avec  plaisir  celui  qui  expose  ^£s  divers 
changemens  de  situation  que  les  viscçres  ab- 
dominaux éprouvent  selon  I  âge  ,  les  positions 
variées  du  corps ,  et  les  diverses  maladiet  orga- 
niques -,  ce  qui  ne  peut  être  que  très-utile  poiir 
faciliter  le  diagnostic  et  déterminer  le  traiteiient 
de  plusieurs  maladies. 

2°.  Si  nous  passons   aux    mémoires  qui   ont  là 
■physioloaie  pour    objet,    nous    en     distinguons^ 
deux  duplus   grand  intérêt   pour   les    savans.  Le 
premier  a  pour  but  de  prouver  que  l'enfant  com- 
mence à  respirer  par  le   poumon  dfoit  ,  avant  de   • 
le  faire  par  le  gauche  ,  ce  que  démontre  suffisam-   . 
ment    la    disposition  anatoraique   de   la  bronche 
gauche  ,,enlacée  en  quelque  sorte  dans  la  crosse 
de  l'aorte  pulmonaire  ,   observa-tion  d'une  grande 


seuls  ont  échappé  au  naufrage  commun  qui  son  .  ...  -  . 

Parle  préfet ,  ;«i««i«ir<-g^e'ne'ra/,  5Z£a£,  Pi  is.  -marqués  au  coin  du  génie,   ou   qui  nous  offrent  j  conséquence   pour  la   médecine  légale  ,   et  qa« 


est  due  au  citoyen  Portai.  Ce  Lit  anatomique 
lui  a  iourni  le  sujet  de  plusieurs  remarques  assez 
curieuses  sur  la  nature  du  pouls  dans  quelques 
afleciions  de  poitrine  ,  et  dont  le  célèbre  Bordcu 
a  éiavé  son  système.  Le  deuxième  oflVe  un  précis 
fidèle  et  raisonné  d'un  cours  de  physiologie 
expérimentale  tait  par  ce  même  médecin  au 
Collège  de  France  ,  commencé  en  177[,  et  con- 
tinué ensuite  pendaia  plusieurs  années.  C'est  par 
îe  moyen  de  ces  expériences  cruelles  sans  doute  ,/ 
mais  utiles  ,  que  ce  professeur  judicieux  a  déve- 
loppé enjqiielque  sorte  les  causes  peu  connues 
des  principales  lonciioiis  de~  divers  organes  ,  et 
celles  de  leurs  maladies. 

3°.  Quatre  autre-,  mémoires  sont  relatifs  à  la 
chirurgie  ,  l'un  en  forme  de  leitre  ,  a  pour 
but  de  faire  connaître  l'abus  des  machines  dans 
la  réduction  des  luxations  ;  le  second  fait  con- 
naître les  diflFormités  que  la  taille  est  suscep- 
tible de  contracter  non-seulement  chez  les  enfans  , 
mais  encore  chez  les  vieillards,  et  la  diiFérence 
de  traitement  artificiel  qui  doit  leur  être  assigné  ; 
un  autre  renfermé  l'exposé  d'un  procédé  nou- 
veau qu'il  propose  de  substituer  à  l'ancienne 
méthode  d'opérer  dans  l'amputation  des  extré- 
mités ,  à  l'effet  de  corriger  ou  de  prévenir  la  dif- 
formité du  moignon. 

On  voit  par  l'ordre  chronologique  des  travaux 
du  citoyen  Portai,  qu'il  avait  commencé  l'exer- 
cice de  son  art  par  la  pratique  de  la  chirurgie, 
partie  de  l'art  cle  guérir,  qui,  ofFrant  une  série 
de  faits  d'autant  plus  faciles  à  saisir  qu'ils  sont 
plus  évidens  et  moins  sujets  à  être  contestés  par 
voie  de  raisonnement,  devait  diriger  ses  premiers 
pas  dans  sa  médecine  pratique. 

Alors  l'usage  des  machines  pour  réduire  les 
membres  luxés  était  devenu  général.  Le  citoyen 
Portai  crut  devoir  les  sirnpliher  ;  il  en  offrit  une 
de  son  invention  à  la  société  ci-devant  royale 
de  Montpellier,  qui  l'accueillit  avec  éloge, 
ainsi  que  plusieurs  autres  sociétés  savantes;  mais 
il  ne  tarda  pas  à  reconnaître  l'inutilité  de  la  plu- 
part des  machines  en  général  ,  et  de  la  science 
tn  particulier  ,  leur  action  ne  pouvant  être  en 
rapport  constant  et  uniforme  avec  les  divers 
degrés  de  la  rétraction  musculaire  ,  et  le  jeu  varié 
résultant  de  la  diverse  situation  des  muscles. 
ïl  eut  donc  le  courage  et  la  bonne-foi  d'y  renon- 
cer .  et  à  son  arrivée  à  Paris  ,  étant  alors  âgé 
de  23  ans  ,  il  publia  le  premier  mémoire  dont 
nous  avons  rendu   compte. 

4°.  Avant  lui  ,  les  auteurs  de  nosologie  avaient 
-cru  devoir  distinguer  la  pleurésie  de  ia  péryp- 
neumonie.  Une  suite  d'ouvertures  de  cadavres  lui 
démontra  combien  cette  distinction  était  peu 
fondée;  c'est  ce  qui  fait  l'objet  d'un  mémoire 
particulier. 

5°.  La  partie  de  ce  recueil  qui  a  trait  aux 
maladies  proprement  dites  ,  et  dont  il  nous  reste 
à  parler  ,  est  sans  contredit  la  plus  intéressante 
de  celte  collection  :  c'est  par  elle  en  effet  qu'on 
peut  se  former  une  juste  idée  du  discernement  et 
de  la  méthode  pratique  de  ce  professeur  distin- 
gué ;  on  y  trouvera  le  rapport  qu'il  fit  en  1774 
à  la  ci-devant  académie  des  sciences  sur  l'às- 
phixie  causée  parles  vapeurs  du  charbon  ,  rap- 
port répandu  en  France  par  les  ordres  du  mi- 
nistre Turgot ,  et  souvent  réimprimé.  Depuis  , 
on  ne  confondit  plus  la  mort  des  asphyxiés  avec 
celle  des  noyés  et  des  apoplectiques  ,  et  le 
traitement  des  premiers  devint  aussi  simple 
qu'efficace. 

Son  mémoire  sur  la  nature  et  le  traitement  des 
.Bevres  automnales,  très-meurtrieres  dans  la  'Ven- 
.dée,  est  une  nouvelle  preuve  de  l'utilité  qu'on 
retire  de  l'ouverture  des  cadavres  pour  le  iraite- 
, nient  des  maladies. 

Dans  l'ordre  des  maladies  nerveuses  ,  on  pla- 
cera son  mémoire  sur  la  rage  et  celui  sur  l'épi- 
lepsie.  Ce  dernier  renferme  la  distinction  depiu- 

.siears  espèces  de  celte  miladic,  et  le  récit  de 
diverses  guérisons  iiTiportanies  (jui  y  sont  an- 
noncées avec  une  modestie  telle  que  nous  ne 
potivons  nous  reluser  ici  au  plaisir  d'entendre 
î'auteur    les    raconter   lui-même,   u  Ces    succès  , 

'ait-il  ,  dans  une  longue  et  très-grande  pratique  , 
ae  comptent  ;    car  coiiibien  d'autres  épilepliqucs 

•n'aije   pas  traités  sans  aucune   espèce  de  succès  ! 

"Le  nombre  en    est   prodigieux  ;  peut  -  être  que 

•lorsquon  se  sera  habitué  à  mieux  rechercher  les 
causes  et  le    sic.^e  de  l'épilepsie  ,    on  parviendra 

.à  la  mieux  traiter,  x    . 

L'apoplexie  ,  cette  maladie  si  meurliiere  et  si 
.fréquente  ,  sur-ioui  dans  les  grandes  villes;  fait 
le  sujet  de  ticux  aulrts  mémoires,  dans  l'un  des- 
«juels  le  ciloycn  Poiial  prouve  qu'on  doit  cons- 
tamment faire  usage  de  la  saignée  dans  l'espèce 
d  apoplexie  ,  appelée  séreuse  par  les  auteurs  , 
comme  dans  celle  qu'on  nomme  sanguine.  Il 
rapporte  plusieurs  exemples  q^ii  méritent  d'être 
connus  ,  de  saignées  faites  alors  sur  des  sujets 
après  avoir  copieusement  mangé  ,  et  qui  ont  eu 
^le  plus  heureux  succès.  L'auteur  y  détruit  des 
préjugés  et  assigne  une  méthode  de  traitement 
plus  exacte  et  mieux  raisonnéc. 


in  ' 

Lé  mémoire  sur  diverses  affections  de  la  voix 
est  d'autant  plus  piquant  qu'on  y  trouve  le  récit 
hdele  de  plusieurs  exemples  de  guérijon  obte- 
nus par  des  moyens  peu  connus ,  et  maniés  avec 
beaucoup    d'art  et  d'habileté. 

On  lira  sans  doute  volontiers  ses  deux  mé- 
moires sur  la  plhysic  pulmonaire  ,  dont  les  es- 
pèces sont  déterminées  avec  précision  ,  d'apiès 
les  ouvertures  des  corps  et  les  observations  cli- 
niques. 

L'auteur  y  prouve  ,  1^  que  la  plhysic  d'origine 
est  scrophuleuse  .  et  doit  eue  traitée  avec  les 
anii-scorbuiiqu  s  unis  aux  mercurijux  ;  2°  que 
cette  maladie  n'est  pas  contagieuse  ,  au  moins  en 
France. 

Un  organe  voisin  du  poumon  ,  le  cœur,  est 
souvent  atteint  de  maladies  difificilcs  à  recon* 
naître.  On  accueillera  donc  avec  plaisir  tout  ce 
qui  intéresse  un  organe  aussi  essentiel  à  la  vie  , 
et  par  conséquent  le  mémoire  qui  traite  des 
morts  subites,  occasionnées,  pat  la  rupture  du 
ventricule  gauche  du  cœur.  Nous  croyons  pou- 
voir en  dite  autant  de  ceux  qui  traitent  des  rni- 
ladies  de  I  épiploon  très-communes,  et  cependant 
trop  peu  connues.  On  distinguera  encore  celui 
qui  a  pour  objet  la  maladie  noire  ou  le  Mélena. 
Le  cifoyen  Portai  prouve  que  les  matières  rioires 
que  les  malades  rendent  ,  sont  du  vrai  sang  et 
non  de  la  bile  ,  et  que  cette  maladie  est  toujours 
l'effet  de  quelque  gêne  dans  la  circulation  du  sang 
dans  la  veine-pone.  Cette  connaissance  de  la  na- 
ture et  du  siège  de  la  maladie  a  donné  lieu  à  des 
traileme'ns  heureux. 

Nous  aimons  enfin  à  rappeler  ici  les  mémoires 
publiés  sur  certaines  maladies  du  foie  ,  dont  le 
diagnostic^  est  si  difficile  'a  bien  saisir,  à  raison 
de  sa  connexion  immédiate  avec  le  diaphragme 
et  de  sa  situation  en  rapport  avec  les  poumons  et 
l'estomac  ,  ci.'constances  qui  méritent  une  atten- 
tion d  autant  plus  sérieuse  que  souvent  on  a  erré 
dans  le  traitement  ,  en  prenant  Une  maladie  du 
poumon  pour  une  affection  du  foie  ,  et  réci- 
proquement. 

Nous  terminerons  ici  le  compte  rendu  des  tra- 
vaux de  ce  praticien  célèbre  ,  qu'on  appréciera 
avec  d'autant  plus  d'iniétèt  ,  qu'il  est  le  résultat 
de  la  pratique  étendue  d'un  homme  justement 
estimé. 

En  payant  ce  tribut  d'éloges  à  son  ouvrage  et  à 
sapersonne  ,  deux  de  ses  anciens  élevés  ont  tâché 
d'être  justes   et  reconnaissatis. 

Paris  ,  ce  28  vendémiaire  ,  an  9. 

Catte't  et  Gardet  ,  l'aîné  ;  membres  de  la  ci- 
devant  université  de  Paris  ,  et  cultivant  l'art  de 
guérir. 


VACCINE. 


Citoyen  rédacteur ,  si  lorsqu'il  s'agit  de  dé- 
couvertes utiles  ,  on  n'avait  à  répondre  qu'aux 
doutes  qui  naissent  de  1  esprit  rJ  examen  et  d'un 
sage  pyrrhonisme  ,  rien  ne  serait  plus  favorable 
aux  succèï  même  que  l'on  aurait  en  vue.  Mais 
souvent  la  passion  s  en  mêle  ;  et  comme  on  ne 
peut  la  démasquer  que  par  une  longue  suite  de 
raisonnemens  et  de  faits  étrangers  au  public  ,  il 
en  résulte  souvent  que  les  meilleures  choses  sont 
dénaturées  à  ses  yeux  ,  et  que,  ne  sachant  plus 
de  quel  côté  est  l'erreur  ou  la  vérité  ,  il  sacrifie 
ses  propres  intérêts  à  lobstination  calculée  de  la 
cupidité  et  de  la  jalousie  ,  deux  passions  qui 
ne  dormentjamais,  et  s'accroissent  par  les  obs- 
tacles. 

Je  ne  ferai  point  l'application  de  ces  maximes 
générales  aux  détracteurs  de  la  va'ccine.  Quel- 
que suspects  que  prit  les  rendre  en  pareille  ma- 
tière ,  l'intérêt  qu'ils  ont  à  conservet  l'usage  de 
l'ancienne  inoculation  ,  nous  ne  redirons  pas 
tout  ce  qu'on  a  dit  sur  la  vaccine.  Sa  pratique 
constante  £t  soutenue  depuis  quatre  ans  eu  An- 
gleterre ,  oii  dernièrement  un  second  hôpital 
vient  d'être  établi  à  Norwich  pour  cette  inocu- 
lation :  les  ordres  donnés  par  son  gouvernement 
pour  inoculer  ,  suivant  cette  méthode  ,  les  sol- 
dais et  leurs  enfans  qui  n'auraient  pas  eu  la  petite 
vérole  ;  ce  qui  se  passe  à  Genève  ,  à  Vienne 
otj  l'on  inocule  la  vaccine  avec  le  plus  grand 
succès  ;  son  introduction  récente  dans  les  Etats- 
Unis  d'Améiique  et  dans  I  Espagne  ;  tout  doit 
servir  à  nous  éclairer  aujourd'hui.  Il  n'est  pas 
besoin  de  preuves  pour  démontrer  aux  hommes 
désintéressés  les  bienfaits  d'une  pareille  décou- 
verte. 

Quelle  que  soit  la  cause  d'un  semblable  phé- 
nomène ,  qui  semble  nous  en  présager  d'autres, 
je  me  bornerai  à  rectifier  quelques  faits ,  sur-tout 
pour  empêcher  les  médecins  des  départem.ens, 
peu  au  courant  des  motifs  de  certaines  alléga- 
tions ,  de  se  laisser  égarer  par  des  assertations 
peu  exactes  ou   même  mensongères. 

Une  lettre  a  paru  le  5  brumaire  dans  le  Moni- 
teur; l'auteur,  quoiqu'ayani  connaissance  des 
faits  attestés  par  le  comité  de  U  vaccine  ,  per- 
siste à  soutenir  le  contraire  de  ce  qui  a  clé 
observé  et  constaté  pendant  six  mois  d'expé- 
(icQCcs.  Cette  guette  de  cliicane  est  petite  ,  j'en 


coriviens;  maïs  obligé  i'f  ptetidfe  pârl  <  je  fêle» 
verai  des  erreurs  qu'il  est  bon  de  ne  pas  liisseli* 
subsister  ,  en  y  opposant  ce  qu'a  publié  le  comité- 
dans  son  rapport  deux  jours  avant  que  celte 
lettre  ne  parût.  ; 

1°.  L'auteur  rend  un  compte  inexact  des  tra- 
vaux qu'il  n'a  pas  suivis,  et  qu'il  n'a  pu  par 
conséquent  apprécier.-  S  il  aété  appelle  en  dernier 
lieu  à  constater  l'effet  des  contre-épreuves  qui 
ont  clé  faites  ,  à  coup  sûr  ,  il  a  dii  ne  voir 
dans  cette  conduite  que  de  la  loyauté  et  da 
la  franchise. 

i°.  Dans  un  cas  ,  il  piéteild  avoir  trouvé  de 
la  fièvre  à  un  des  enfans  spurais  à  l'inoculation, 
de  la  petite  vérole.  Le  comité  est  d'un  avis 
contraire. 

3°.  Il  dit  :  j'ai  demandé  qu'on  essayât  de  cette 
maliete  ,  le  comité  s'y  est  refusé.  On  lit  dans  le 
rapport,  u  On  répète  en  ce  moment  l'expériencô 
1)  en  inoculant  avec  la  matière  des  4  piqûres 
))  qui  ont  offert  quelque  travail  ;  ceci  ne  peut 
5>  s'appeller  un  refus.  >> 

4°.  L'auteur  apostrophe  d'une  manière  indé- 
cente un  médecin  anglais  recommandable  par 
son  savoir,  et  pourquoi?  par  ce  qii'il  a  eu  le 
malheur  de  publier  il  y  a  quelque  tenis  un  état 
comparatif  des  effets  de  la  petite  véiole  inoculée 
et  de  ceux  de  la  vaccine  ;  d'où  il  concluait 
que  la  nouvelle  méthode  d'inoculer,  méritait  à 
tous  les  égards  la  préférence  sur   l'ancienne. 

5°.  Enfin  ,  l'auteur  de  la  lettre  semble  juger 
sans  appel,  que  tel  enfant  a  eu  la  petite  vérole,  eici  . 
Le  rapport  (iu  comité  répond  vicioticirsement  s( 
toutes  ces  allégations. 

Nombre  de  faits  attestent  qu'en  inoculant  la 
petite  vérole  à  une  personne  qui  a  déjà  été  at- 
teinte de  celte  maladie  ,  on  peut  produire  sur 
elle  une  irritation  locale  plus  ou  moins  ccrnsi» 
dérable  ;  le  pus  variolique  inséré  ainsi  sous  la 
I  peau,  s'y  conseive  comme  dans  un  foyer  d'oii 
i  on  peut  le  tirer  pour  comrnuniquer  la  petite 
I  vérole    à -un  autre  sujet. 

Le  passage  sviivant,  copié  dans  le  traité  his* 
!  torique  et  pratique  d'inoculation,  des- citoyen» 
!  Desoteux  et  Valentin  ,  page  2/5,  ne  peut  qu'é-» 
'  claircir  la  question. 

I      u  Le  citoyen  Chrétien  ,    me'decin    en   chef  de 
i  l'hôpital    militaire    de   Montpellier,   m'apprit  ea 
passant  dans  cette  commune  ,   en  iruciidor  an  6  i 
.qu'il  avait  eu  la  petite  vérole   étant  enfant ,  qta'il 
en  avait  été    légèrement   marqué ,     ciu'ayant  été 
I  confiéauxsoins  des  docteurs  DelamuieetTendoni 
:  il  ne  pouvait  rester  a-ucun   doute  sur  la  nature 
I  de  l'éruption  variolcuse  ;  mais    que  depuis  qu  il 
'était  médecin  et   qu'il    inoculaU  ,    il    avait   essayé 
I  de   répéter  cette  opération  sur  lui-mêtue  ,  à  di-' 
verses  reprises,   et  à  peu  d'intervalles.  A  ia  ving- 
tième  expérience;    il    se    ht    quatre    piqûres   qui 
■  s'enflammèrent  progressivement     de    manière    à 
;  faire    croire   qu'il    aurait  la   variole.    A  l'époqua 
ordinaire,    il    éprouva   un  mal-aise   généial,     et 
tous  les  simptômes    de   la  fièvre  ,    mais    il   n'as' 
I  sure  pas   quelle    fût    bien   développée.)! 

.))  Cependant  il  eut  quarante  ,  cinquante  pus- 
()»  tules  semées  sur  le  corps,  et  ses  piqûres  supuf 
j)  rerent  pendant  près  d'un  mois.  Il  eu  coneliJ} 
)i  que  c'était  une  seconde  petite  vérole  très-^ 
1)  légère,  d 

S'il  a  été  possible  d'obtenir  de  semblables  effets 
sur  des  personnes  ayant  eu'la  petite  vérole  ,  pe'tit? 
od  raisonnablement  conclure  quelque  chose  contre 
la  vaccine  ,  de  ce  que  sur  19  enfans  vaccinés  < 
soumis  à  l'inoculation  de  la  petite  vérole  ,  cintj 
seulement  ont  eu  une  irritation  locale  à  1  endroit 
des  piqûres  sans  aucune  espèce  déruption  sur 
le  corps  ? 

Quant  aux  craintes  que  l'on  voudrait  inspirejî 
sur  la  possibilité  de  voir  s'atlénUer  au  bout  d'ua 
an  la  préservation  opérée  par  la  vaccine  ,  il  suliiÉ 
de  savoir  que  depuis  1770  le  docteur  Jenncr  à 
constamment  observé  ses  effets  piéseivatifs  sur 
les  personnes  qui  ,  en  Angleterre  ,  gagnaient  la 
maladie  sur  les  vaches  ,  et  que  ce  n'est  qu  après 
s'être  convaincu  que  pendant  plusde  vingl-cinqanâ 
ces  mêmes  persourjes  n'avaient  pas  été  susccp-= 
tibles  de  gagner  la  petite  vérole  ,  qu'il  prtjposa 
aijl  public  de  substituer  la  vaccine  à  l'ancienne 
inoculation. 

En  écrivant  au  citoyen  Goëtz  , -que  la  matière 
prise  sur  le  bras  de  Blondeau  a  communiqua 
la  petite-vérole  au  noiitimé  Lavalette  ,  je  n'ai  ja- 
mais prétendit  en  faire  un  secret  ;  et  le  comité'', 
dans  son  rapport  ,  en  a  fait  une  mention  publi- 
que. Mais  ce  fait,  au  lieu  de  piouver  quelqub 
chose  contre  la  vaccine,  donne  au  coniiairc  ja 
'meilleure  preuve  de  son  effet  préservatif  ;  cars» 
le  pus  variolique  <  inséré-sur  le  bras  de  Blolideaa 
précédemment  vacciné  .,  n'a  pu  lui  conununiqt^er 
la  petite-vérole  avec  les  symptôntes  qui  raccom- 
pagnent et  l'éruption  qui  en  est  la  suite  ,  et  qUâ 
le  même  pus  lepris  et  porlé  sur  le  bras  d'un 
enfant  non  vacciné  ,  ait  piotluit  une  pciilc-véïoltS 
abondante,  à  couj)  sûr  il  ne  faut  pas 'être 'iuc'dec'iu^ 
mais  seulement  de  bonne  foi  .  poui  conclure  quei 
Bloadeau  a  été  préservé  par  l'clfctde  la  vaceinù» 
t.  Colon  j  doçttur-insUecini 


Société    d'agriculture. 
}(iort  ,  département  des  Deux-Sevres  ,  lo  brumaire. 

Le  préfet,  dans  sa  première  tournée,  a  entendu 
beaucoup  de  plaintes  contre  les  dégâts  commis 
par  les  chtv  r-es.  Plusieurs  cultivateurs  lui  ont  même 
demandé  la  proscription  de  ces  animaux.  Mais 
comment  proscrire  un  animal  qui  est  souvent 
l'unique  ressource  du  pauvre  ?  Est-il  démontré 
qu'on  ne  puisse  l'utilisCr  ?  Le  préfet  vient  de 
soum'ettre  à  la  société  d'agriculture  ,  la  question 
suivante  : 

Quel  en  le  meilleur  moyen  de  tirer  parti  des 
chèvres ,  «rs  les  empêchant  de  nuire  à  (agriculture  ? 

Les  cultivateurs  sont  invités  à  présenter  des 
mémoires  sur  cette  question. 

(Extrait  du  Journal  des  Deux-Sevres.) 


O    M    O    M    I   E 


RURALE. 


Au,rùlu< 


179 

chez  Levrault  frères  ,  quai  Malaquais  ,  coin  de  la 
rue  des  Petits  -  Augusiins  ;  à  Bordeaux,  chez 
madame  Lawal ,  place  Puy-Paulin. 

Cet  ouvrage  a  l'avantage  de  donner,  1°  des 
formultrs  de  comptes,  d  armement  et  de  cargaison  ; 
a"  de  livres  de  numéros  ;  3°  de  comptes  courans 
et  d'intérêt  ,  suivant  divers  usages  ,  notamment 
suivant  ceux  introduits  tn  France  par  les  ban- 
quiers depuis  trois  ou  quatre  ans  ;  4°  des  bases 
certaines  pour  la  tenue  des  comptes  en  participa- 
tion et  des  balances  à  parties  simples  et  doubles  ; 
5°  des  formules  très-détaillées  de  comptes  et 
liquidations  d'assurance  ,  ainsi  que  les  lois  et 
usages  relatifs  à  ce  genre  de  commerce  et  aux 
contrats  à  la  grosse  ;  6°  de  donner  des  tormuies 
de  compromis  ,  pétition  ,  sentence  arbitrale  ,  et 
aussi  de  faire  connaîue  les  lois  et  usages  qui 
doivent  diriger  1  arbitre  dans  son  honorable  mis- 
sion; 7°  les  formules  de  bilan  et  concordat  , 
qui  fonf  partie  de  l'aiticle  failliie  :  l'auteur  s^est 
toujours  attaché  dans  cet  article  à  laire  connaître 
les  cas  privilégiés  et.  ceux  à  observer^  pour  pié- 
venir  les  fraudes  ,  irrégularités  et  illégalités  :  S" 
des  instructions  sur  la  course  mariiimu  ,  etc.  , 
corrigées  et  augmentées  sur  la  première  édition 
qu'a  déjà  publiée  l'auteur.  9°  Cet  ouvrage  donne 
aussi  dans  le  plus  grand  déiail  ,  soit  sous  les  rap- 
ports politiques  ,  soit  sous  les  rapports  com- 
merciaux ,  tout  ce  qui  peut  inlére^ser•  les  étrari- 
gers  et  les  consuls,  ou  ceux  qui  peuvent  avoir 
affaire  avec  eux.  Le  tribunal  de  coinmevce  Je 
Bordeaux,  ville  natale  de  l'auieur  ,  l'a  félicité  sur 
l'utilité  de  son  travail,  par  une  délibéraiiori  con- 
çue dans  les  termes  les  plus  honorables.  Ce  mbunal 
a  délibéré  que  l  ouvrage  serait  déposé  dans  ses 
archives  ,  et  serait  placé  au  rang  des  ouvrages 
qui  font  partie  de  sa  bibliothèque.  En  anrion<;.iiu 
un  ouvrage  destiné  aux  négocians  .  ajou  er 
une  mention  avaniageuse  a  une  déclaiaiiori  du 
tribunal  de  commerce  de  Bordeaux,  serait  au 
moins  inutile  ;  nous  ne  pouvons  que  citer  1  exé- 
cution typographique  de  I  ouvrage,  comme  lésant 
honneur  aux  presses  d'où  il  est  sorti.  L  exactitude 
et  la  netteté  sont  sous  ce  rapport  un  mérite  essen- 
tiel dans  les  ouvrages  de  cette  nature. 

Hiitoirl  naturelle  du  genre  humain,  ou  recher- 
ches sur  ses  principaux  fondemens  physiques  et 
moraux  ,  précédées  d'un  discours  sur  la  nature 
,  ,,  ,  des  êtres  organiques  ,  et  sur  l'ensemble  de  leur 
a  entièrement  puigé  sa  m,a>son  par  un  procède  1  physiologie.  On  y  a  joint  une  dissertation  sur  le 
facile  a  exécuter.  Au  mois  de  juin  ,  ses  greniers  j^uva^^e  de  l'Aveyron,  parj.i.  Virey,  2  vol.  in-S", 
et  ses  granges  étaient  vides,  il  lit  ramasser  dans  ^^^^  h'.ures.  Prix,  12  Irancs  pour  Paris  ,  et  i5  fr. 
des  sacs  ,  des  fourmillieres  de  la  grosse  espèce  ,  ^^^  i'^  départemens  et  léiraug-r. 
et   les   fit   répandre    dans    les   pièces  infectées  :  |  "^  .. 

■anssiiôt,  les  fourmis  se  jetserent  sur  les  charan-  I 
sons ,  et  les  dévorèrent  jusqu'au  dernier  ,  puis  | 
■elles  disparurent.  Depuis,  celle  personne  n'a  plus  | 
vu  de  ces  insectes  destructeurs  dans  sa  maison.  I 
A  l'égard  du  troisième  secret  :  dès  qu'il  n'y  aura 


vr  ilu  Bulletin  de  la  Gironde.  —  A....  , 
pi  es    T'onncins  ,    l'^  brumaire  an    9.   .. 

Je  lis  dans  un  journal  très-répandu  dans  mon 
canton,  l  annonce  de  secrets  pour  enlever  la 
carie  aux  bleds  ,  pour  les  préserver  des  cha- 
ransons  ,  et  laire  avec  les  grains  charbonnés  ,  un 
pain  aussi  blanc  et  aussi  salutaire  qu'avec  le  grain 
de  la  meilleure  espèce. 

Comme  laboureur,  je  prends  la  liberté  de 
vous  adresser  ce  que  je  pense  de  cette  dé- 
couverte. 

Je  puis  vous  certifier  avec  vérité ,  que  la 
méthode  de  Ttianon  ,  qui  consiste  à  laver  les 
grains  dans  une  eau  infusée  de  soude  ,  a  cons- 
tamment préservé  mes  bleds  de  la  carie  ,  et  que  je 
n'en  ai  point  eu  de  cariés  depuis  que  j'en  tais 
usage  -,  il  me  paraît  trés-dilficile  d  en  trouver 
une  moins  dispendieuse  ;  d'ailleurs  ,  je  ne  (ais 
usage  de  cette  méihode  que  sur  la  cinquième 
partie  du  bled  que  je  semé  ch.ique  année  :  celui 
qui  en  provient  ,  est  employé  aux  semences  de 
J  année  suivante ,  et  ainli  de  suite  -,  mais  je  me 
|;arde  bien  cU  faire  sécher  ce  bled  préparé,  ni 
au  four,  ni  dans  une  étuve  ,  de  crainte  d'en 
altérer  le  germe;  il  ne  faut  pas  même  qu'il  soit 
sec  lorsqu'on  le  serae  .  parce  que  la  chaux 
s'en  détacherait ,  et  incommoderait  le  semeur. 
Quant  aux  charaiisons  .   un  de  mes  voisins  en 


Jacques  ;  Balilliot  jeune  ,  tue  Hautefeuille  ,  n"  8  5 
Lepetit,  jeune,  galerie  sde  bois,  Palais  du  Tribunal. 

Almanach  des  spectacles  ds  Paris  ,  ou  calendrier 
historique  et  chronologiijue  des  théâtres.  46'  an- 
née ;  2  vol.  in-24.  Prix  ,  2  fr.  ;  et  par  la  poste 
2   fr.  5o  c. 

Les  soins  que  s'est  donnés  cette  année  l'édi- 
teur de  l'almanach  que  nous  annonçons  ,  pour 
lui  rendre  son  ancienne  physionomie  méritent 
des  éloges.  Toutes  les  fautes  commises  dansquel- 
ques-unes  des  dernières  éditions  ,  ont  été  répa- 
rées. L'ancien  ordre  a  été  rétabli  ,  et  cet  ouvragé 
offre  à  piésent  un  répertoire  utile  des  piecej 
de  théâtre  et  des  noms  des  auteurs  et  compo- 
siteurs de  musique  vivaus  ,  d'articles  nécro- 
logiques ,   etc. 

Cet  almanach  se  vend  chez  Duchesne  ,  rue  des 
Augustins ,  n°  3o  ;  Moutardier  ,  quai  des  Augus- 
l  tins  ,  n°  28  ,  et  chez  les  marchands  de  nouveautés. 
On  peut  le  regard  r  tomme  une  bonne  continua- 
tion de  l'ancien  ;  il  en.completie  bien  la  col- 
lection. 

Suite  des  éditions  stéréotypes  ,  d'après  le  pro- 
cédé de  Fiimin  Didoi  ,  en  vente  à  Paris ,  et  qu'on 
lie  trouve  que  chez  Pierre  Didot  1  aîné  ,  impri- 
meur, rue  des  Orties,  gallcrie  du  Louvre;  et 
Firmin  Didot  ,  libraire  ,  rue  de  ThionviUe  , 
qos  116  et   i85o. 

Epities  ,  stances  et  odes  de  'Voltaire  ,  I  vol. 
in-18.  Prix  en  feuilles  .  pap.  ordin.  ,  yS  cent  ; 
papier  fin,  i  fr.  25  cent.;  papier  vélin,  3  fr.  ; 
grand  papier  vélin  ,  4  fr.  5o  cent. 

JV.  B.  Pierre  et  Firmin  Didot  se  soot  détermines 
à  stéféoiyper  les  œuvres  compleites  de  Voltaire 
du  format  in-18  que  le  public,  d'après  les  de- 
mandes muhipliées  qui  leur  en  ont  été  faites  , 
parait  préférer  au  format  in-12  qu'ils  avaiîçnl 
annoncé. 


COUBS     DU     CHANGli. 
Bourse  du  i3  brumaire. 

à  3o  jours-      I  à  ( 


plus  de  bled  carié  ,  ce  prétendu  secret  sera  inutile  ; 
il  est  ,  au  reste  ,  très-simple  :  il  consiste  à  laver  les 
grains  charbonnés  dans  de  l'eau  claire  ,  jusqu'à 
ce  qu'ilsne  lanoiicissent  plus;à|les  tremper  ensuite 
dans  de  l'eau  bouillante  ,  et  les  faire  sécher  jus- 
qu'à ce  qu'on  les  puisse  moudre  ;  par  ce  procédé 
on  obtient  un  pain  pour  le  moins  aussi  bon  qu'avec 
les  grains  non  charbonnés. 

Antoine  R ,  cultivateur. 

GRAVURES. 

■  furtmit  du  général  Macdenald  ,  en  pied  ,  des- 
siné d'après  nature  par  Ursule  Boze,et  gravé  par 
Maradan.  Prix  ,  6  fr. 

Cette  gravure  offre  un  effet  piquant  et  l'attitude 
agréable  ,  et  d'une  parfaite  ressemblance  ,  se 
trouve  à  Paris  chez  Ursule  Boze  ,  femm»  Lejean, 
au -Palais  national  des  sciences  et  des  arts;  et 
chez  l'auteur  ,  rue  Jean-de-Beauvais  ,  n°  3.  Les 
citoyens  des  départemens  qui  désireront  s'en  pro- 
curer ,  voudront  bien  ajouter  un  franc  pour  la 
boite.  

LIVRES      DIVERS.     . 

La  science  des  Négocians  et  Teneurs  de  livres  ,par 
feu  Delaporte  ,  nouvelle  édition  entièrement  re- 
fondue et  considérablement  augmentée  ,  ornée 
de  planches  et  de  tableaux  ,  suivie  d'un  com- 
mentaire nouveau  de  ledit  de  1673  ,  appelé  vul- 
eairenient  Code  marchand  ,  et  d'un  Diction- 
naire très  -  instructif  ,  par  Boucher  ,  teneur 
de  livres  ,  auteur  de  divers  ouvrages  sur  le 
commerce  ,  l  vol.  grand  in-4°  de  plus  dé  600 
pages  i  prix  ,  la  fr.  pour  Paris  ,  et  l3  fr.  5  déc. 
franc   de   port   pour  les  départemens.  A  Paris, 


Cet  ouvrage  ,  de  Virsy  ,  est  U'ie  suite  naturelle, 
une  sorte  de  supplémtni  à  I  h  Mdire  de  l'homme 
donnée  par  B.  ifon.  Ou  ne  peui  nier  que  la  con- 
naissance du  physique  de  notre  espèce  au  fait 
beaucoup  de  progrès  :  il  est  donc  important  de  la 
ramener  à  l'état  actuel  des  déLOUvf  it -s  modernes. 

A  Paris,  choz  Dufart,  imprimeur-librairti  ,  rue 
des  Noyers  ,  n"  22  ,  éditeur  de  I  Histoire  naturelle 
compleite  de'*'  Buffon ,  rédigée  par  Soniiini  ; 
Bertrand  ,  libraire  ,  rue  Montmaitre  ,  à  côté  des 
diligences;  Dcbray  et  Petit,  libraires  au  palais 
du  Tribunal,  galeries  de  bois. 

Dictionnaire  néologique  des  hommes  et  des  choses  , 
ou  notice  alphabétique  <Jes  personnes  des  deux 
sexes  ,  des  événemens ,  des  époques  ,'des  monu- 
mens  de  tout  genre  ,  des  institutions  de  toute 
espèce  ,  des  pays  ,  des  découvertes  ,  et  des  mots 
qui  ont  paru  le  plus  remarquables  à  l'auteur  dans 
tout  le  cours  de  la  révolution  ;  par  le  Cousin- 
Jacques  ,  5™' cahier  compk'ttant  le  1°'  volume. 
Ce  cahier  coniienl73o  articles;  le  suivant  paraîtra 
bientôt. 

Prix  du  cahier,  2  fr.  25  cent. ,  et  franc  de  port, 
3  francs. 

Prix  de  la  collection  pour  les  personnes  qui 
voudront  souscrire  21  fr.  pour  Paris  ,  et  24  francs 
par  la  poste. 

Chez  Moutardier  ,  quai  des  Augustins  ,  n°.  28. 

Le  Cannevas  à  la  diable  ,  ou  journée  d'un 
amateur. 

Se  vend  à  Paris  ,  chez  les  marchands  de  nou- 
veautés ;  et  à  Chartres  ,  chez  Durand.  Prix  , 
I    franc. 

Choix  d'anecdotes  anciennes  et  modernes  ,  recueil- 
lies des  meilleurs  auteurs  ;  trois  forts  vol.  in-18, 
nouv.  édit.'.  beau  papier,  caraciereres  neufs. 
Prix  ,  3  fr.  ,   et   4  fr.  5o  cent,   franc   de   port. 

A  Paris,  chez  Batilliot  père,  rue  du  Cime- 
nere-André-des-Arcs;  Batilliot  fils  ,  rue  du  Foin- 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif- . .  . 
Livourne 


Bâie. 


561 

190 

4  fr.  90  c 
14  fr.70  c. 

4  fr.  90  c 
14  fr.  40  c 

4  fr.  70  c. 

5  fr.  12  c 


5?;. 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 24  fr.  38  c. 

Tiers  consolidé 35  fr. 

Bons  deux  tiers i   fr.  67  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  88  c. 

Boas  pour  l'an  8 92   fr.  80  c. 

Syndicat 80  fr.   5o  c. 

Coupures 80  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 

Matières. 

Or  fin  l'once -^ i"5  fr. 

Argent  le  marc 5o  fr.  4-0  c. 

Portugaise  l'once ^ 95  fr.  58  c. 

Piastre. 5  fr.  3o  î. 

Quadruple 7g  fr.  5o  c. 

Ducat.. u  tr.  #0  c. 

Guinée 26  fr. 

Souverain 34  fr.  60  c. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq.ue  et  des  Arts. 
Dem.   Armide  ,  opéra  en  5  actes. 

Le  19  ,  Bal  masqué. 

Théâtre  des  JEUNES  ÉLEVÉS,  rue  deThionville. 
Auj,  l'Epreuve  nouvelle  ;  le  Doyen  de  KiUeriru  , 
l'Abbé  coquet. 

Théâtre  de  la  Cité- Variétés.  — PanfomÏTOa. , 
Aujourd'hui  la  2'  repr.  de  l'Amour  aux  Pelitef 
Maisons  ou  les  Fous  hollandais  ,  folie  ornée  da 
chants  ;   Louise^   et  la  Romance, 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  relâche. 


t'aboantaitane  fait.  Pari»,  rue  des  Poitevins,  n«  18.  Le  prix  est  de  îS  fr*n<:.  pour  trois  mois  ,  5o  francs  pour  six  mois,  et  100  francs  pour  Tannée  entière.  On  r« 
sabonne  qu  inu  commeucemeoi  de  cbaqac  mois. 

Ilfaur  adresae.lesleltrestt  l'argent, fraucde  port  ,aucit.AGASSE, propriétaire  de  cejournal, rue  des  Poitevins, a«  18.  Ilfautcomprtadre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  où  l'on  ne  peut  affranchir.    Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

a  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  reufermenides  valeurs  ,  etadresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feu. Ile  ,  au  rédacteur,  rue  de» 
Poitevins      11°  i3,  depuis  neuf  heures  dumatin  jusqu'à  cinq  neures  da  soir. 


A  Pa  ri  S,  de  l'imprimerie  ilu  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  n"  i3. 


GAZini^NATIONALE  ou  LE  MONIfEUR  UNIVERSEL. 


N°  45. 


Qtiinddi  ,    1 3   brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aurorlsés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  ciater  du  7   Nivôse  le   Mo  NITE  V  R  est  le  seul  journal  officiel 
il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  goavernemenî ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  'Ls  not 
l'intéri&ur  que  sut  l'Èxtétielir,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un'  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


ions  tant  sur 


INTÉRIEUR. 

Menâe ,  le  i"  bhimaire. 

Xj  E  préfet  du  département  de  la  Lozère  vient 
de  terminer  sa  lournéc  dans  l'étendue  de  son 
ressort.  Il  y  a  été  accueilli  rtvec  les  égards  dus 
'  au  caractère  dont  il  est  revêtu  et  aux  principes 
qu'il  professe.  II  a  été  à  portée  de  recueillir  à 
chaque  pas  des  preuves  ceflàinès  de  l'améliofation 
dé  l'esprit  public  dans  ces  contréei. 

L!adminisiration  avait  donné  tous  ses  soins  à  la 
destruction  des  bandes  éparses  de  brigands  qui 
refluant  du  département  de  l'Ardêche  ,  ont  infesté 
à  diverses  époques  les  communes  qiri  le  confinent, 
et  peut  s'applaudir  de  Ses  succès.  Nous  rappele- 
Tons  ici  le  désintéressement  que  montra  un  dé- 
tachement ne  la  106'^  demi-brigade  stationné  dans 
la  commune  de  Lud  ,  à  la  suite  d'une  rencontre 
avec  seize  brigands. 

Le  préfet  ayant  rais  en  mouvement  les  gardes 
nationales  et  la  troupe  de  ligne,  un  détachement 
de  douze  hommes  de  celle-ci  rencontra  près 
Saint-Etienne  de  Ludarèsl6  brigands  qui  venaient 
de  mettre  à  contribution  le  percepteur  dé  celle 
commune.  Les  soldat!  républicains  se  précipi- 
tèrent sur  ces  scélérsls  ,  un  d'eux  fut  tué  dans 
l'action  ,  trois  pris  les  armes  à  là  main  furent 
fusifté?  sur  le  champ  ,  et  trois  autres  blessés  à 
liiori  ;  le  reste  chercha  son  Salut  dans  la  fuite  et 
abandonna  ses  armes.  Lé  chef  de  celte  bande 
ayant  péri  clans  celt'-  rencontre  ,  on  trouva  sur 
lui  une  somme  de  3oo  fr.  ,  que  les  braves  de  la 
io'6*  demi  -  brigade  s'emprcSsereht  de  déposer 
entre  les  m.n'ns  du  maire  ,  ainsi  que  les  armes 
qu'ils  trouvèrent  sur   le  champ  de   bataille. 

Paris  ,   /ff   1 4   brumaire. 

L'ai>JUDANT  commandant  Eomieu  ,  écrit  du 
quartier-général  de  Vannes  ,  en  date  du  7  bru- 
maire ,  au  général  en  chef  Bernadotte  .  que  la 
situation  de  l'esprit  public  dans  le  Morbihan 
ï'amélioi'e  tous  les  jours.  Georges  est  tonibé  da'ns 
le  plus  grand  mépris  ,  et  sa  vie  même  né  serait 
pas  en  sureié  s'il  débarquait  dans  Ce  dépai'ieïhent. 

Le  4  ,  une  division  anglaise  forte  de  4  vaisseaux 
de  guerre  et  de  6  bâiimens  légers  ,  a  chassé  toute 
la  journée  un  convoi  venant  de  Bordeaux  ,  qui 
l'est  réfugié  dans  la  Vilaine  sans  avoir  rien 
souffert. 

Une  trè's-béné  fréga'^é  ariglaise'  qoi  a  deda'ig'né 
le  gros  lems  et  s'est  obstinée  â  poursuivre  le  con- 
voi ,  a  touché  et  a  péri  corps  et  BienS. 

EJans  la  baie  de  Douarnenès ,  une  division 
anglaise  a  voulu  aitaq^ier  un  convoi  français. 
Une  frégate  a  encore  failli  se  perdre  ;  mais  elle 
a  eu  le  bonheur  de  virer  à  lems. 

— L'adraii  istralion  de  la  I  oterie  nationale  prévient,' 
par  un  avis,  rendu  public  que  depuis  le  5  bru- 
maire présent  mois  ,  les  tirages  ont  lieu  tous-  les' 

5  ,  i5  et  25  de  ch.iq,ue  mois. 

Un  citoyen  a  fait  une  misfé  à  Borde^a\ax  d'e  la 
ïAaniere  suiva'nle  :  il  a'place  48  fr.  sur  le  f  .  pre- 
mière soriie  ;  9  ,  seconde  ,  tioi'sietiitf  ,  quatrième 
ft  cinquième  sorties  à  12  fr.  par  ambe  déterrniiié. 
i.p  n".  I  étant  sorti  le  premier  ,  el;  le  n".  9  le  Iroi- 
iieme  ,  il  en  est  résulté  i  ambe  déterminé  à  12  fr. 
qui  a  produit  un  lot  de  61,200  fr. 

Un  autre  citoyen  a  fait  à  Marseille  une  mi^ë 
dont  voici  le  calcul'  et  le  résultat.  11  a  miï  2  fr. 
so  cent,  sur  les  n°'  i  ,  9  ,  41  ,  77  ,  savoir  6  ambes 
à  ïo  cent. ,  4  ternes  à  20  cent.  ,  l  quaierne  à  20  c. 

Les  n""  I,  9,  41',  77' étant  sortis,  il  en  éjt- 
lésulté  un  lot  de  19,724  ff-  ;  savoir,  824  fr.  pour 

6  ambes  à  aoc.  ,  4400  fr.  pour  4terne9  à  ïo  cent. , 
*t  1  booo  fr.  pour  i  quaieTne  à'  îo  cent. 

Le»  administrateurs  de  la  l'ot'érie'  cértifienVVéri- 
latil'js  cds  résultats  du  tirage  du  ifî  vendeihiaite' 
an  g. 

Le  général" Moreau  ,  en  allant  à  Raiisbonne  , 

le  l3  vendcmiaire  ,  se  détourna  de  sa  roule  pour 
visiter  le  nionument  élevé  à  la  mémoire  de  Laiour- 
à'Anvet^tie  ,  hors  du  village  d'Oberhausén  près 
àe  Ncubourg.  Ce  monument  lut  consacré ,  le 
3  fructidor  an  8.  au  brilit' d'une  musique  lu- 
tfubfe  ,  avec  les  cérémonirs  usitées  dans  l'église 
caiholiqiie  par  le  curé  de  ce  village  ,  en  présence 
du  commandant  de  Ncubourg  ,  de  trois  com-  | 
pagnici  d'iiilaiilerie  .   de  l'état-major,  du  général 


Souham  ,  de  la  municipalité  de  Neuboui'g  ,  èf 
d'uri  grand  nombre  de  personnes  accourues  des 
environs.  Il  consiste  en  un  grand  sarcophage  dé 
pierre,  élevé  sur  trois  lits  de  gazon,  de  dix-huit 
pieds  de  haut,  et  entouré  de  pierres-bornes  ,  liées 
entr'elles  par  des  chaînes  de  fer.  gnr  le  côté  droit 
du  sarcophage  ,  on  iii  cette  inscription  :  A  'la 
mémoire  de  Latour-d' Auvergne  ,  pinnicr  greriadiet 
de  France  ,  tué  le  8  messidor  ati  8  de  V ère  répu- 
blicaine ,  ("28  juin  1800).  Au  côfé  opposé  se 
trouve  une  inscription  semblable  *n  l'honneur 
du  chef  de  brigade  Forty  ,  tué  \  coiè  de  Latour- 
d'Auvergne.  (  Extrait  du  journal  de  Paris.) 

—  Les  atiimaux  qui  ont  appartenu  à  Tippoo- 
Sa'ib,  et  qui  sont  desiiiiés  pour  la  riiénager'ie  du 
Jardin-des-Plarttes,  sOnt  partis  de  Bruxelles  le  7 
brumaire  pour  se  rendre  à  Paria. 

—  On  vient  de  découvrir  à  Lyon  un  attelier 
de  fausse  -  monnaie.  Les  pièces  qui  ont  été 
répandiaes  avec  le  plus  de  profuMon,  portent 
l'empreinte  de  la  république  helvétiijue  ,  et  pas- 
saient pour  des  pièces  de  six  iiards  de  notre 
ancienne    monnaie. 

—  Le  citoyen  Lefebvre-Gineau  ,  professeur  de 
physique-au  collège  de  France  ,  est  nommé  admi- 
nistrateur de  ce  collège. 

---  Le  tribunal  de  cassation  a  terminé  le  12  de  ce 
mois,  la  longue  querelle  qui  avait  divisé  depuis 
quelques  années  les  plus  célèbres  jurisconsultes  , 
au  sujet  de  la  représentation  à  l'infini  en  succes- 
sions collatérales.  Voici  le  système  qui  a  prévalu. 
Il  est  décidé  que  la  succession  se  divise   d'abord 


aZ^     ^     l  "  ""«'S'  David  et  ses  élèves  ont 

•1  V""'i    '^    au  citoyen  Vien.  leur   maître 
qu  Ils  honorent  comme  le   restaurateur  de  l'école 
française.   La   sociéié  était  composée  de  120  per- 

hT7'  fi  ^°""'-,  '^r"  '''°y^"  Vien  était  placé 
dans  le  sallon  ou  il  fut  reçu;  sa  place  à  table 
etatt  distinguée  par  des  guirlandes  en  forme  de 
dais,  iine  courotine  de  laurier  était  suspendue 
sur  sa  lete  ;  on  y  lisait  ces  mots  :  A  Vien  !  les  arts 
reconnaissons. 

A  ^^À'^  \,?°'^^  '^  santé  dé  son  Maître,  et  celle 
de  M  =_Vien,  en  ces  termes  :  u  Au  citoyen 
"  Vien  ,  notre  maure.  Ptiis^è  -  i  -  il  ,  nouveau 
"Uiagoras,  voir  briller  au  sallon  d'exposition 
"  A  Aim^^T'  '^f  '^  cinquième  génération.  — 
).  A  M»  Vien.  dont  les  soins,  les  grâces  et  les' 
"  vertus  nous  ont  conservé  jusqu'ici  ,  et  nous 
"  conserveront  encore  ,  le  père  de  la  peinture.  „ 

La  circonstance  avait  inspiré  de  jolis  vers  au 
his  aine  de  David,  au  jeune  l'Ecluse,  et  au 
citoyen  Gauthcrot.  Aux  lectures  a  succédé  un 
concrt  Italien  ;  mais  rien  n'a  pu  donner  un 
caractère  plus  touchant  et  plus  aimable  à  la  fête 
que  la  modestie,  la  sensibilité  du  vieillard  res- 
pectable qui   en  était  I  objet. 

Il  était  flatié  ,  sans  doute  ,  de  l'hommage  qu'on 
rendait  a  ses  grands  lalens  ;  mais  se  croyant  plutôt 
au  miheu  de  ses  enfansViue  de  ses  élevés  il  a 
paru  plus  touché  des  marques  vives  et  frat^ches 
de  leur  affection  ,  que  des  lémoi.^naaes  constant 
deleuradmiraiion  et  de  leur  respect.  Ses  réponses 
vives  et  pleines  de  yigueur  se  peignent  au  su,, .lus 
beaucoup   mieux   que   to'ut    le    resie.    Dans    son 


M  uceiuc  que  id  succession  se  divise  d  abord  "^^"^-""p  mieux  que  to'ut  le  resie.  Dans  son 
deux  parts  ,  lune  pour  la  ligne  paternelle  ,  discours,  le  cit.  Gautherot  rappeliait  les  services 
tre    pour   la    liene    maierrielfp       pt    r,,>„   J,r,c     rendus  par  Vien  à  Wri  rtc  .liJr,,!,^.     ..  r>.  ■      _   .  •. 


l'autre  pour  la  ligne  maierrielie  ,  et  que  «lans 
chaque  ligne  les  collatérauxdescendans  des  auieurs 
les  plus  proches  du  défunt  .  ou  ceux  qui  les 
représentent,  excluent  les  collatéraux  descendans 
d'auteurspluséloignés.('£A://-aùrfa3fourna/(;ePanV.; 

—  La  Clef  du  Cabipet  fait  observer  que  darts 
presque  tous  les  almanachs  imprimés  en  Alle- 
magne ,  le  calendrier  républicain  se  trouve  placé 
à  côté  du  calendrier  grégorieii. 

—  On  lit  l'artirfe  suivant  Ja-ns  le  Journal  de 
Paris  ,  sur  le  portrait  du  général  Moieau  par 
Gérard. 

i!  L'auteur  de  Bélisairt-  et  de  Psyché  vient  d'a- 
jouter  à  sa  réputation   p,r  ce   nou-\^èl  ouvi'à're',. 
dont   on   parlait     depuis    longtems    et     que    le 
public  atreri'd'a'if  ai^ec  im'prftientè.   E'  est   exposé 
au  Salon  depuis  peu   de  jours.  Il' fillait  le  talent 
de  Gérardpo'ur  dol'inerau  porli'ait  du  général  IVio- 
reau  l'expresvion  et  le  caractère  convenables    Le 
peintre  a  eu  le  bon  esprit  de'sentir  qu'un  homitie 
aussi  célèbre  par  ses  talens    militaires  et  ses  vic- 
toires ,  que  par  ça   briivoure,    ^a   lïio'desiie   et  la 
simplicité  de    ses   manières,   ne    devait  pas  être 
transmis  à  la    posièrité   avec   la  prét'éniion    et  le 
luxe  de  la  peintuie  ;   il  ne  lui  a  point  donné  un 
regard  menaçaint  ,  lahe  awfiudé  bcl'liqueiisé  ,   qui 
dénaturent  les  lraii<s    et   la   l'esSemfelance  ;    il  ne 
l'a    point  saisi  dans  un  de  ces  moraens  (déjà   si 
nombreux    dans    la    vie   miliiaiié    de  Moreau  )  , 
oij  ,   en   présence  de  l'ennemi  ,   il    anime  le  sol- 
dat   et  décide    la   victoire.    Géraid   a   cru    avec 
i:aison  qu'il  suffisait   qu'on  pût  ie   réconnaître  et 
le   nommer,   pour  doiiner  de    giandes   idées  et 
rappeller  de  grands    souvenirs  :   aussi  le  poni'aîV 
est-il  frappant  de    ressemblance.   Le  général   est 
représeniè  dans   une  attitude   tranquille   et  réflé- 
chie.  D'une   main  il   tient   son   chapeau,   et   de 
1  l'autre  il  s'appuie  sur  son  sabre.   Sop  haOii  bon- 
;  tonné  n'est  ori^é  d'aucune  brôdeiie,  lecharpe  dé- 
1  signti  seulèin-énison  grade  de  général  d'armée.  Tout 
!  est  parfait  dans  cet  ouvrage;   la  vérité  de  la  posi- 
tion ,  la  correction  du  dessin ,  le  ton  des  chairs  , 
.la  vigueur  du  coloris,    l'opposition   des   teintes 
font  reconnaître  le  talent  d'un  artiste  aussi  exercé 
que  savant  dans  son  art.  La  rèpuialion  de  Gérard 
est  assez  avancée  ,   pour  présumer  ce  qu  il  pour- 
rait   laire  ,     s'il   enticprenait    quelques    tableaux 
d'hisiôi're.    Plus   il  mérite   d'éloges,     pl'iis   il  est 
malheureux   de    le  voir   se  borner  par   nécessité 
à    un    genre    qui     rie   donne    point    d'essor    au 
génie  ,   et  conduit  rarement  à  la  postérité.   Avec 
autant    d'imagination  ,   son   pinceau  devrait  être 
employé    à    nous    iransmetiie     les    grands  traits 
de  l'histoire  ancienne  et  moderne.    Mailenant  que 
lès  beaux-arts  ont  tecouviè  tout   leur  lustre  ,  il 
est    à  désirer  que    quelque    amaieur   le    mette  à 
même    d'exercer    s^es    talens  dans   le   genre    qui 
convient    le    mieux    à    sa    réputation    et    à    ta 
8'o'fe.  JDisinoNCï. 


^-- '"i^t^i-tiaii   ica  services 

rendus  par  Vien  a  l  art  de  peindre.  <c  Oui .  a-t-il 
»  du,  mes  enfans  ,  quand  j'embrassai  cet  ait,  je 
»  VIS  qu  d  s  égarait  dans  de  faux  svs.êmes.  Je  dis  ' 
"  Il  faut  que  cela  change  .  et  cela  sera  :  j'ai  com- 
î'  batiu  ,  j  ai  persévéré  ,  et  cela  a  été.  >> 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  7  brumaire  ait  9. 
Les  corisuls  de  la  république  ,  vu  l'article  XXI 
delaloidti  28  mars  1790,  et  l'arrêté  du  directoire 
executif    dt>_  97  brumaire  an  7  ;  sur  le  rapport  du 

mmisire  de  linieiieur,etleconseil-'d'état  entendu 
anetent  :  '.  ' 

Art.  I".  Dans  toutes  les  villes  où  le  besoin  du 
conimerce  1  exigera  .  il  sera  établi  par  le  préfet 
sui  la  demande  des  maires  et  adjoiriis  ,  approuvée 
par  le  sous-prefet  ,  des  bureaux  de  pesage  me 
surage  et  jaugeage  publics,  où  tous  les  citoyens 
pourront  faire  peser,  mesurer  et  jauger  leurs  ^ar- 
charidises,  moyennant  une  resiribution  iuste  et 
modérée  qui  ,  en  exécution  de  l'article  XXI  <'e  la 
loi  du  28  mars  1790  ,  sei-a  proposée  par  les  con- 
se;  s-gene.aux  des  municipalités ,  et  fixée  au  con- 
seil-d  eiat  ,  sur  l'avis  des  s6us-prèféts  et  préfets. 

II.  Nul  ne  pourra  exercer  les  fonctions  de  pè- 
seur,  mesureur  etjaugeur,  sans  prêter  le  serment? 
de  bien  et  hdelemeni  remplir  ses  devoirs  :  ce  sei'- 
ment  Sera  reçu  par  le  président  du  tribunal  de- 
commerce  ,  ou  devant  le  jUge  d«  police  du  Jieu. 

..i'"^ù,°^"^'i'  '''"". °""  ''^ ''*■■'*  P"  nécessaire 
detablirdeS  bureauii  publics,  les  lonciions  de 
peseur  ,  mesureur  et  jaugeur  seront  confiées ,  par- 
le  préfet ,  a  des  citoyens  de  probité  et  d'une  capa- 
cité reconnues  ,  lesquels  prêteront  serment. 
,  IV.  Aucune  autre  personne  que  lesdil's  em- 
ployés ou  préposés',  ne  pourra  exercer ,  dans  l'en- 
ceinte des  marchés- ,  halles  et  ports  ,  la  profession' 
de  peseur,  mesureur  et  jaugeur,  à  peine  decoH- 
tiscauondes  instrumens  deslinés  au  mesuraV. 

y.  L'enceinte  desdi'ts.marché's ,  halles  et  ports 
I  sera  déterminée  et  désignée  dune  manière  appaJJ 
I  renie  par  l  adminislraiion  municipale,  sbusi'ap- 
probation  du   sous-préfet. 

(  VI.  Les  citoyens  i  quilles  bureaux  ouïes  fonc^  ' 
'lions  de  peseurs  ou  mesureurs  publias  seront 
jconhés,  seront  obligés  de  tenir  les  mnrchés  ■ 
ihalles  et  ports,  garnis  d'iristrumen«  nécessaires' 
a  i  exercice  de  leur  éial  ,  et  d'employés  en  nom- 
bre  suflisant  ;  faute  de  quoi  il  y  sera  pourvu  à 
leurs  frais  par  la  police  ,  et  ils  seront  de&iit-ûés. 

Ils  ne  pourront  employer  que  des  poids  et 
mesures  dûment  étalonnés  ,  certifiés  ,  et  poasnt 
l'inscripiioa  de   leur  valeur. 

Vif.  Il  sera  délivré  aux  citoyens  qui  le  de- 
manderont ,  par  les  peseurs  et  mesureurs  pu- 
blics ,  un  bulletin  qui  constatera  le  résultat  de 
l«ur  opéiaiion. 


VIII.  L'Infidélité  dans  los  poids  employés  au 
pes.ige  public,  sera  punie,  par  voie  de  police 
correciionaelle  ,  des  peines  prononcées  p.ir  les 
les  lois  conlre  les  marchands  qui  vendent  à  faux 
poids   ou  fausses-mesures. 

IX  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exéculion  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois.  Il  rédigera  et  fera  publier  toutes 
les  instructions  nécessaires. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-dCétat ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  i3  brumaire  an  g. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre   des  finances,  arrêtent: 

Le  bureau  des  douanes  établi  à  la  Cibourg , 
est  substitué  à  celui  de  Renans  ,  pour  les  for- 
malités relatives  au  transit  de  l'Helvétie  sur  le 
département  du  Mont-Terrible. 


1/4 

Le  ministre  des  finances  est  chargé  de  l'exécu- 
tion du  présent  arrêté,  qui  sera  inséré  au  Bulletin 
des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H-  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  ripport 
du  ministre  de  l'intérieur  ,  le  conseil  -  d'état 
entendu,    arrêtent: 

Art.  !■='.  Conformément  à  la  loi  du  i"^'  vendé- 
miaire an  4  ,  le  sysiême  décimal  des  poids  et 
mesures  sera  définitivement  mis  à  exécution 
pour  toute  la  république  ,  à  compter  du  i"  ven- 
démiaire an  10. 

II.  Pour  faciliter  cette  exécution ,  les  dénomi- 
nations données  aux  mesures  et  aux  poids, 
pourront,  dans  les  actes  publics,  comme  dans 
les  usages  habituels  ,  être  traduites  par  les  noms 
français  qui  suivent  : 


Mesures 
itinéraires. 


Noms  •SYSTÉWATiQUES.  Traduction. 

Myriameire,  pourra  être  traduit  par  Lieue 


Kilomètre  , 
Décamètre, 
Mètre  . 
Décimètre  , 
Centimètre , 
Millimètre  , 
Hectare  , 
Are  . 

,  Centiare , 
Décalitre  , 
Litre  , 

,  Décilitre  , 

^  Kilolitre  , 
Mesures    k 
de  capacité  )  Hectolitre  , 


Mille 
Perche 


Valeur. 
io,ooo  metresi, 
1000  mètres. 
10  mètres. 


Mesures 

de 
longueur. 


Mesures 
agraires- 
Mesures 
de  capacité 
pour  les 
liquides. 


unité  fondamentale  dtfi  poids  et  tnesuresi  di> 
■lionnieme  partie  du  quart  du  méridien  tcrresti 

de  meire. 


pour  les  ma-^ 
tieres  sèches^ 


Mesures 
de  solidité. 


Poids. 


Décalitre  , 
Litre , 
Stère  , 
Décistere  , 


Kilogramme  , 
Hectogramme 
Décagramme  , 
Gramme  , 
Décigramme  , 


Palme  (le)       ip 

Doigt  loo™'  de  mètre. 

Trait  looo™'  de  mètre. 

Arpent  io,ooo  mètres  carrés 

Perche  carrée  loo  mètres  carrés. 

Mètre  carré 

Velte  10  décimètres  cubes. 

Pinte  Décimètre  cube. 

Verre  lo""'  de  décimètre 

Muid  I  mètre  cube  ou  looodécimet.  ci^})es. 

Setier  loo  décimètres  cubes. 

Boisseau         lo  décimètres  cubes. 

Pinte  Décinietr^cube. 

Mètre  cube. 

lomc  jg  mètre  cube. 

1000  livres  (poids  du  tonneau  de  mer). 

100  livres- 


Solive 
Millier 
Quintal 

Livre 
Once 

Gros 

"Denier 

Grain 


Poids  de  l'eau  sous  le  volume  du  décimètre  cube  , 
contient  lo  onces. 

lo""  de  la  livre  ,  cootient  lo  gros. 
10™°  de  l'once,  contient   lo  deniers. 
ion><  du  gros ,  contient  lo  grains. 
10°"  du  denier. 


III  La  dénomination  mçtre  n'aura  potnt  de 
îynonime  dans  la  désignation  de  l'unité  fonda- 
W,pnrale  des  poids  et   mesures.    Aucune  mesurt 


Le  surplus   sera  vendu  ,   et  toute   fabri- 
pour  le  compte    du  gouvernement   ces- 


ne  pourra  recevoir  de  dénomination  publique 
qu'elle  ne  soit  un  multiple  ou  un  dividende  dé- 
cimal de  cette  unité. 

IV.  Le  mesurage  des  étoiFes  sera  fait  par  mè- 
tre ,   dixième  et  centième  de  meire. 

V  La  dénomination  stère  continuerai  d'être 
employée  dans  le  mesurage  du  bois  de  chauf- 
fage et  dans  la  désignation  des  mesures  de  so- 
lidité ;  dans  les  mesures  des  bois  de  charpente  , 
on  pourra  diviser  le  stère  en  dix  parties  qui  seront  j 
nommées  solives.  .  I 

VI-  Les  dénominations  énoncées  dans  l'art.  Il, 
pourront  être  écrites  à  côté  des  noms  systémati- 
tiques  sur  les  mesures  et  les  poids  déjà  fabriqués  ; 
elles  pourront  être  inscrites  ou  seules  ,  ou  à  coté 
des  premiers  noms  ,  sur  les  poids  et  mesures 
qui  seront  fabtiqués  par  suite. 

VU.  Dans  tout  acte  public  d'achat  ou  de  vente  , 
de  pesage  ou  de  mesurage  ,  on  pourra  ,  suivant 
les  dispositions  précédentes  ,  se  servir  de  l'une 
ou  de  l'autre  nomenclature. 

VIII.  Le  ministre  de  l'intérieur  adressera  ,  dans 
le  plus  court  délai  ,  à  tous  les  préfets  et  sous- 
préleis  des  mesures-matrices  ,  pour  servir  de 
modèles-,  elles  seront  déposées  au  secrétariat. 
Ces  mesures-modèles  seront  prises  dans  les  poids 
et  mesures  ,  aujourd'hui  appartenant  à   la  répu- 


blique 
cation 
sera. 

IX.  Le  ministre  de  l'intérieur  présentera  aux. 
consuls  ,  dans  le  plus  court  délai ,  d'après  l'avis 
des  préfets  ,  le  tableau  des  communes  dans  les- 
quelles il  doit  être  établi  des  vérificateurs  ,  en 
exécution  de  l'article  XIII  de  la  loi  du  i"  ven- 
démiaire an  4. 

Il  fera  rédiger  et  publier  les  tableaux  et  ins- 
tructions nécessaires  à  l'exécution  des  articles 
précédens. 

X.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des   lois. 

Le  premier  consul ,  signé,   Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 

Arrêté 'du    14  fructidor  an  8. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du   ministre    des  finances  , 

Vu  les  articles  XVIlï  cl  XXI  de  l'atrêié  du 
i"^  pluviôse  dernier  sur  l'organisation  du  trésor 
public  ; 

Vu  pareillement  la  loi  du  2  messidor  an  6  , 
et  l'arrêté  du  18  ventôse  dernier,  le  conseil-d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 


Art.   I"-    Les    différentes    comptabilités    dont  J  i'^' vendémiaire  an  3. 


étaient  chargés  à  la  trésorerie  nationale  les  bu- 
reaux mentionnés  en  l'article  XVIII  de  l'aiiêié 
du  i'''  pluviôse  ,  seront  continuées  de  la  manière 
suivante  : 

II.  Le  troisième  administrateur  du  trésor  public, 
nommé  par  arrêté  du  4  de  ce  mois,  surveillera 
le  bureau  qui  sera  formé  pour  les  comptabilités 
arriérées  ,   et   l'agence  judiciaire. 

m.  11  sera  déplus  chargé  de  surveiller  la  caisse 
générale  .  la  confection  du  grand-livre  de  la 
dette  publique  ,  le  contentieux  qui  en  dérive  ,• 
la  comptabilité  centrale  ,  la  conservation  des 
oppositions  ,  dépôts  et  consignations  ,  même 
les  parties  qui  n'appartiennent  ni  à  la  recette 
ni  à  la  dépense. 

IV.  Les  comptes  non  encore  rendus  des  an- 
ciens gardes  du  trésor  ci-devant  royal  ,  et  des 
anciens  administrateurs  ;  le  compte  des  restes  de 
l'exercice  1790,  ordonné  par  l'article  XXVI  de 
la  loi  du  aS  août  lygS,  et  généralement  tous  les 
comptes  des  anciens  comptables  faillis  ,  émigrés 
ou  condamnés  qui  se  formaient  ci-devant  à  la  tré- 
sorerie nationale  ,  seront  achevés  dans  le  plus 
bref  délai  par  le  bureau  des  comptabilités  ar- 
riérées. 

V.  Ce  bureau  dressera  ,  dans  trois  mois  au  plu», 
tard  ,  un  état  de  situation  desdiis  comptes, 
avec  indication  du  tems  présumé  nécessaire  pour 
l'achèvement  de  chacun  d  eux.  Il  remettra  dans 
le  courant  de  nivôse  prochain  un  double  de 
cet  état  au  ministre  des  finances  et  aux  commis- 
saifes  de  la   comptabilité  nationale. 

VI.  Ces  comptes  seront  certifiés  par  le  direc- 
teur des  comptabilités  arriérées  qui  les  aura  for- 
més ,  et  visés  par  le  troisième  administrateur  du 
trésor  public- 

VII.  Tous  les  comptes  à  rendre  depuis  le 
I"'  juillet  1791  jusques  au  l''  germinal  an  8  par 
les  comptables  directs  de  la  trésorerie  nationale  , 
ainsi  que  ceux  des  dépenses  de  l'administration 
faites  par  la  trésorerie  ,  seront  formés  par  le 
bureau  des  comptabilités  arriérées,  désignées  en 
l'article  l"  ci-dessus- 

VIII.  Le  bureau  des  comptabilités  arriérées  se 
bornera  à  une  vérification  sommaire  des  acquits  ; 
mais  de  manière  à  reconnaître  les  parties  pre- 
nantes qui  auront  touché  par  avances  ou  par 
à-comptes  ,  sur  les  fournitures  qu'elles  devaient 
faire  ,  sans  justification  préalable  de  la  livraison 
desdits  fournitures  ;  et  il  sera  formé  un  état  no- 
minatif desdites  parties  prenantes  qui  paraîtraient 
redevables  au  trésor  public. 

IX.  Cet  état  sera  adressé  au  ministre  des 
finances  et  à  la  commission  de  la  comptabilité 
intermédiaire  ,  pour  être  par  elle  ,  de  concert 
avec  les  ministères  qui  auraient  ordonné  les  paic- 
mens  ,  procédé  à  la  confection  des  comptes  des-" 
dites  parties  prenantes. 

X.  Les  régies  et  adrfiinisirations  nationales  qui 
n'auraient  pas  déposé  leurs  comptes  à  la  trésorerie 
les  formeront  elles-mêmes  ,  et  les  remettront  avec 
les  pièces  justificatives  directement  à  la  commis- 
sion de  comptabilité  nationale  ,  dans  le  délai  que 
celle-ci  déterminera,  d'après  l'état  que,  chaque 
administration  lui  fournira  ,  dans  le  mois  ,  de  la 
situation  de  ses  comptes. 

XI.  Le  bureau  des  comptabilités  arriérées  du 
trésor  public  ,  dans  le  premier  mois  de  la  mise 
en  activité  ,  remettra  à  la  commission  de  la  comp- 
tabilité nationale  un  double  de  l'état  nominatif 
des  comptables  directs  de  la  trésorerie  na- 
tionale. 

XII.  Les  comptables  qui  n'auraient  pas  remis  à 
la  trésorerie  nationale  les  acquits  et  pièces  justifi- 
catives de  leurs  divers  exercices  ,  seront  tenus 
de  les  adresser,  avec  leurs  comptes  ou  borde- 
reaux ,  au  bureau  des  comptabilités  arriéiées  du 
trésor  publ'C  ,  dans  les  deux  mois  de  la  demande 
qui  leur  en  sera  faite  ,  par  lettre  chargée  ,  et  sous 
les  peines  portées  par  les  lois  des  28  pluviôse  an  3, 
et  2  messidor  an  6. 

XIII.  Les  receveurs  des  impositions  entre  les 
mains  desquels  il  serait  resté  des  ordonnances  de 
dégrèvement,  décharges  ou  modérations  ,  seront 
tenus  seulement  d'en  dresser  un  bordereau  ,  par 
chaque  année. 

■  XIV.  Ils  remettront  ce  bordereau  avec  ces 
ordonnances  au  préfet  ou  sous-prétet  de  leur  dé- 
partement,  pour  être  soumis  à  l'examen  du  con- 
seil de  préfecture  ,  qui  ,  d'après  vérification  , 
arrêtera  le  bordereau  .y  joindra  ses  observations, 
et  en  fera  passer  une  expédition  au  troisième  ad- 
ministrat-eur  du  trésor  public  ,  qui  fera  créditer 
chaque  receveur  du  montant  des  sommes  recon- 
nues, employées  en  décharge  ,  et  en  fera  expédier 
récépissé  provisoire  au  receveur. 

XV.  Les  conseils  de  préfecture  garderont  dans 
leurs  archives  lesdites  pièces. 

XVI.  Les  comptes  ou  bordereaux  à  former  se- 
ront ,  conformément  au  décret  du  ig  fructidor 
an  3,  et  aux  écritures  de  la  trésorerie  nationale, 
divisés  en   divers  exercices. 

Le   premier   exercice,   du   1''  juillet    1791  au 


Le  second,  du  i"  vendémiaire  an  3  ,a.u  i""  ven- 
démiaire an  4. 

El  pour  le  surplus  ,  d'année  en  année  jusqu'au 
i"  germinal   an  8. 

^XVII.  Il  sera  fourni  aux  compiables  (jui  auront 
adressé  leurs  acquits  ,  des  récépissés  provisoires 
du  montant  des  envois  reconnus. 

XVIII.  Chaque  récépissé  provisoire  ,  délivré  à 
un  comptable  ,  opérera  un  crédit,  à  son  compte  , 
du  montant  de  la  somme  y  exprimée. 

XIX.  Les  pièces  de  chaque  gestion  après  avoir 
été  vériliées  demeureront  classées  p;ir  compta- 
bles ,  de  manière  à  présenter  une  masse  égale 
ail  montant  des  récépissés  provisoires  délivrés  à' 
chacun. 

XX-  La  recette  de  chaque  comptable  sera  pro- 
visoirement fixée  par  une  attestation  signée  par 
le  chef  de  la  comptabilité  centrale  ,  et  visée  par 
le  troi.sieme  administrateur. 

XXI.  En  conséquence  des  dispositions  de  la 
Foi  du  2  messidor  an  6  sur  les  comptabilités  et 
liquidations  du  tems  intermédiaire  ,  le  bureau 
établi  par  cette  loi  suivra  et  activera  par  tous  les 
moyens  mis  à  sa  disposition  ; 

1".  Les  reddition  ,  formation  ,  vérification  et 
arrêté  provisoire  des  comptes  en  deniers  et  en 
matières  dépendans  des  diverses  parties  de  comp- 
tabilité qui  leur  ont  été  attribuées. 

2°.  La  liquidation  de  tout  l'arriéré  des  minis- 
tères, commissions  executives  ,  agences  ,  adminis- 
trations ,  et  parties  non-comptables  du  même  tems 
■inierroédiaire  et  de  toutes  les  parties  prenantes 
dont  les  états  lui  seront  adressés  par  le  bureau 
des  comptabilités  arriérées  de  la  trésorerie. 

XXII.  Tous  les  comptes  ,  soit  particuliers  ,  soit 
généraux  déjà  fournis  et  adressés  à  la  trésorerie 
par  ses  préposés  et  comptables  directs  pour  tout 
ou  partie  de  leurs  exercices  seront  réunis  avec 
les  pièces  justificatives  à  la  commission  de  la 
comptabilité  nationale. 

Dispositions  générales. 

XXIII.  A  mesure  que  les  comptes  seront  formés 
par  le  bureau  des  comptabilités  aniéfées  .tisseront 
ceriifiéspar  le  directeur  des  comptabilités  arriérées 
qui  les  aura  iormés .  et  visés  par  le  troisième  admi- 
nistrateur ,  pour  être  ensuite  adresses  par  lui  avec 
les  pièces  justificatives  à  la  commis^ion  de  conin- 
labililé  nationale  pour  y  être  vérifies  et  réglés  dé- 
finitivement. 

En  même  tems  il  donnera  aux  comptables  avis 
de  cette  remise  et  du  résultat  de  leurs  comptes 
qui  resteraient  à  fournir  à  la  comptabilité  natio- 
nale. 

XXIV.  La  formation  des  comptes  et  leur  trans- 
mission à  la  comptabilité  nationale  ,  soit  de  la 
part  des  comptables  ,  soit  de  la  part  du  bureau 
des  comptabilités  arriérées  ,  ne  pourront  êtie  em- 
pêchées ni  retardées  sous  prétexte  quil  y  man- 
querait quelques  pièces  ,  qu'elles  ne  seraient  pas 
légulieres  ,  eu  que  les  acquits  ne  seraient  que 
ptovisoires ,  à  cotupte  ,  ou  par  urgence. 

XXV.  Il  pourra  être  suppléé  aux  pièces  et 
acquits  manquans  ou  irréguliers  ,  soit  par  les 
livres,  journaux  et  registres  des  comptables,  soit 
par  des  duplicata  ,  bordereaux  ,  certificats  de 
paiemens  et  d'emploi  ,  extrait  de  pièces  pro- 
bantes ,  certifiées  par  des  autorités  constituées  ou 
des  fonctionnaires  publics  ,  soit  par  des  motifs 
valables ,  conformément  aux  lois  des  zS  août  1798 
et  2  thermidor  an  6. 

XXVI.  En  i;as  d'incendie  ,  vol  ,  pillage  et  au- 
tres événemens  de  force  majeure  qui  auraient 
privé  les  comptables  de  tout  ou  partie  des  pièces 
justificatives  de  leurs  recettes  et  dépenses  ,  la 
comptabilité  nationale  ,  avant  de  les  allouer  ou 
rejeter  ,  en  référera  et  donnera  son  avis  motivé 
au  gouvernement  qui  statuera ,  s'il  y  a  lieu, 
ou  pioposera  une  loi   d'exception  de  dispense. 

XXVII.  Si  de  la  balance  des  comptes  formés 
par  les  comptables  ,  il  résulte  des  débets  ,  la 
commission  de  comptabilité  nationale  en  adres- 
sera létat  déclaratif  à  l'agent  du  trésor  public  , 
pour  en  poursuivre  le  recouvrement  sans  pré- 
judice de  la  vérification  définitive. 

A  l'égard  des  comptes  -formés  par  le  bureau 
des  comptabilités  arriérées  ,  et  dont  la  balance 
présenterait  également  des  débets,  la  commission 
de  comptabilité  nationale  ,  aussitôt  la  réception 
desdits  comptes  ,  en  donnera  avis  à  l'agent  du 
trésor  public  ,  qui  fera  tous  actes  conservatoires 
sur  Its  biens  des  comptables. 

XXVIII.  Si  les  débets  sont  contractés  en  pa- 
pier-monnaie ,  la  réduction  en  espèces  métalli- 
ques en  sera  laite  dans  les  étals  déclaratifs  de  la 
comptabilité  nationale  ,  suivant  le  tableau  de  dé- 
préciation annexé  à  la  loi  du  5  messidor  an  5, 
tt  au  cours  du  tems  oii  le  versement  desd.  débets 
aurait   dn  être  effectué. 

XXIX.  Les  formes  prescrites  par  les  lois  des 
ï8  pluviôse  an  3  et  18  Iriroaire  an  4  ,  et  2  messi- 
dor an  6  pour  les  arrêtés  de  comptes  ,  ainsi  que 
pour  Ifcs  poursuites  et  tecouvremens  des  débets  , 
sctorii  observées  à  l'égard  des  comptes  de  la 
comptabilité  arriérée. 


175 

XX-X  I^a  consistance  du  nouveau  bureau  de 
comptabilité  et  celui  de  l'agence  ,  scia  de  cent 
quaire  employés  et  de  six  gardiens  de  bureaux  ; 
et  la  dépense  tant  pour  traitemens  que  pour 
Irais  de  bureaux,  chautage  ,  fourniture  de  pa- 
pier d  inipresMon  et  autres  frais,  sera  imputée 
sirr  le  crédit  législatif  de  l'an  8  ,  accordé  à  la 
trésorerie  nationale  ,  et  ne  pourra  excéder 
3oo,ooo  fr.  Ld  répartition  en  sera  faite  de  manière 
que  le  traitement  des  directeurs  ne  pourra  excéder 
8000  fi.  ;  celui  des  premiers  commis  ,  4000  fr.  ; 
celui  des  commis  principaux,  3ooo  fr.  ;  celui 
des  commis  ordinaires  ,  2000  fr.  ;  celui  des  com- 
mis cxpédiiionnaires  ,  i5oo  fr.  ;  et  celui  des  gar- 
çons de  bureau  ,  goo  fr. 

XXXI.  Le  dépôt  général  des  bordereaux  et 
acquits  restera  dans  la  ci-devant  église  de  Pan- 
tbeniont  ;  on  en  extraira  successivement  les  pièces 
nécessaires  pour  la  forrnation  des  comptes  ou 
bordereaux  généraux.  Une  partie  des  bureaux  qui 
devroni  les  faire  sera  éiab  i  dans  les  bâiimens 
de  la  ci-devant  caisse  de  l'extraordinaire  ,  et  le 
surplus  dans  ceux  qui  l^estent  libres  dans  la  mai- 
son des  ci-devant  Petits-Peres.  Les  fiais  de  cet 
établissement  ne  pourront  pas  excéder  la  somme 
de  25.000  franirs  une  fois  payée. 

XXXII.  Le  troisième  administrateur  remettra 
au  ministre  des  finances  ,  et  au  directeur-général 
du  irésor-piiblic  ,  au  commencement  de  chaque 
mois  ,  l'état  de»  rentrées  de  deniers  opérées  ,  ainsi 
que  létat  de  situation  des  travaux  faits  pendant 
le  mois  précédent,  sur  les  acquifs  des  comp- 
tables ,  en  exécution  des  dispositions  des  aiticles 
qui  précèdent.  Il  leur  soumettra  les  difficultés 
d'exécution  qui  ralentiront  l'activité  de  ces 
trava.ux.- 

XXXIII.  Le  ministre  des  finances  est  chargé 
de  l'exécuiion  du  présent  arrêté,  qui  sera  imprimé 
et  inséré  au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé,  BoN.iPARTE. 
Par  le  premier  consul  ,     ■ 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,   H.  B.  Maret. 

ACTES   ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE  DE    LA  GUERRE. 

Arrêté  pris  par  le  ministre  ,  le  7    brumaire  an  g, 
et  approuvé  le   même  jour  par  les  consuls. 

Le  ministre  de  la  guerre  désirant  entretenir  et 
exciter  l'émula'ion  parmi  les  citoyens  ernployés 
dans  les  bureaux  de  la  guerre  ,  et  les  attacher  à 
leurs  fonctions  .  en  leur  assurant  un  avancement 
progressif  et  proportionné  à  leur  zèle  et  à  leurs 
talens  ;  voulant  aussi  apporter  dans  ton  adminis- 
tration les  principes  d'ordre  et  d'économie  dont 
les  intérêts  de  la  république  et  la  volonté  des  con- 
suls lui  font  un  devoir,  arrête  : 

Jusqu'au  moment  oià  les  employés  dans  les  bu- 
reaux de  la  guerre  seront  réduits  au-  nombre 
déterminé  par  la  loi  du  26  fructidor  an  7  ,  il  ne 
sera  point  pourvu  par  de  nouvelles  admissions 
aux  emplois  qui  viendront  à  vacquer  par  mort, 
démission  au  autrement.  Lesdits  emplois  seront 
donnés  à  des  individus  pris  parmi  les  employés 
actuels.  Sont  exceptés  de  cette  disposition  les 
empfois  de  chef  de  bureau  qui  pourront  être 
indifféremmeut  donnés  ,  soit  dans  les  bureaux, 
sôit  au  dehors. 

II.  L'avancement  aur^  lieu  parrrii  les  citoyens 
actuellement  employés  daVis  les  bureaux;  l'an- 
cienneté des  services  ,  le  talent  et  l'assiduité  seront 
les  seuls  titres  pour  obtenir  de  l'avancement. 

III.  Lorstju'il  y  aura  un  emploi-  vacant  ,  les 
■  chefs  de  tous  les  bureaux  présenteront  au  sccré- 
I  taire-général   la   note    de    ceux   des   employés   de 

leurs  bureaux  qu'ils  jugeront  dignes  et  capables 
d'occuper  ledit  emploi.  Le  secrétdire-général  for- 
mera un  état  desdites  présentations  et  les  soumettra 
au  ministre  qui  prononcera. 

IV.  Si  la  diminution  du  travail  ou  des  attribu- 
tions permettait  de  faire  des  reformes  dans  les 
bureaux  .  les  employés  actuels  qui  seront  ré- 
formés ,  seront  pour  la  nomination  aux  emplois 
vacans  et  pour  l'avancement  conservés  sur  la  liste 
des  employés  des   bureaux. 

Signé  ,  Lacuée. 
Pour  copie  conforme  . 
Le  secrétaire  général ,  AuG.  Gollignon. 


;   . M  JE   LAN    G   ES. 

I 

'  La  Décade  PhilosophiqunpxihVie  un  extrait' du 
rappoil  lait  au  ministre  ae  l'intérieur  par  le  comité 
général  de  bieiif-.  iauce  sur  les  soupes  écono- 
miques ,  dit'.s  à  la  Ruraford.  Ce  travail  est  du 
citoyen  Cadet  de  Vaux. 

Le  ministre  de  l'intéiieur  ,  y  est-il  dit ,  s'est 
rendu  l'organe  des  amis  de  l'humanité  pour  l'ex- 
tension d  éiablissemens  de  soupes  à  la  Rumford  ; 
il  informe  le  comité  général  de  bienfesance  de  ce 
vœu  ,  et  I  invite  à  provoquer  de  semblables  insti- 
tutions dans  tous  les  ariondissemens  de  la  ca- 
pitale. 


r     La  réd-aclion  du  rapport  a  été  confiée  à  Par- 
meniier  ,  ministre   aussi  de   l'économie  rurale  et 
de    la  bienfesance   publique  ,   vers    laquelle  il  a  . 
dirigé  la  majeure  partie  de  ses  travaux. 

Pendant  nombre  de  siècles  ,  l'homme  s'est  con- 
tenté de  nourritures  simples  et  grossières,  ds  blé  , 
du  millet  rôti  ,  qu'il  mâchait  et  avalait,  de  farine 
qu'il  délayait  avec  un  peu  d'eau  dans  le  creux  de 
sa  main  :  enfin ,  l'homme  employa  le  feu  à  la  pré- 
paration des  alimi^ns  :  et  que  fit-il  alors  ?  de» 
soupes  composées  de  grains .  de  légumes  ,  d'herbes 
Cl  de  racines  potagères  ,  mêlées  d  assaisonnein';nt. 
Elles  ont  précédé,  de  idusieurs  siècles,  I  usage, 
du  pain  ,  dont  les  romains  ne  connurent  la  pré- 
paration qu'à  la  suite  dune  expéd  tioii  en  Egypte. 
La  soupe  est  donc  le  premier  aliraent.dc  l'huinme  , 
elle  est  celui  de  tous  les  âges  ;  tous  les  peuples' 
admettent  ce  mets  ;  la  table  du  riche  même  offre 
des  potages  variés. 

La  soupe  est  l'aliment  le  plus  nourrissant ,  parce 

que  l'eau  y  devient  nourrissante,  paice   qu  on  la 

mange  chaude  ,  et  rjue  ,  pénctiées  de  calorique  , 

i  les  substances  alimentaires   sont  plus    nutritives  ; 

!  la  soupe  est  aussi  l'aliment  le  plus  économique.. 

C'est  pour  cela  que  Vauban  ,  ce  guerrier  phi-, 

lanirope  ,  proposait  pour  le  soldat  une  -soupe  dont 

.  la  recette  se  trouve  dans  ses  nrànuscriis.         ^ 

I      Vauban  avait  apperçu  q'je   l'orge  mondé  méri- 

,  tait  la  préférence  sur  le  froment  eu  nature.  ■ 

I      En  effet  ,  le  froment  n'est  devenu  la  p«ncipa!c' 

'nourriture  de  l'homme,  que   du   moment  où  il- 

a  été  soumis   à  la  torréfaction    et   à   la  panifica- 

I  tion  ;  s-ans  le  concours  de  la  fermentation  panai le,- 

'  il  ne  serait  pas  un  aliment  exempt  de  repioches. 

Quant  à  l'orge  ,   son   pain    est  grossier ,  tandis 

I  que  son-  gruau  est  bon  et  salutaire  ;  c'est  dans  ce 

dernier  état  seul  qu''on  devrait  1  employer  ;  la  na-' 

ture  l'a  destiné  à   être  aliment  sans   le   concours' 

d'aucune  autre  piépiaralion  que  de'l'écorcer. 

Soupes  à  la   Rumford  !   Changeons  cette   déno-. 

mination  :  Rumford  a  acquis  rrop  de  droits  à, 
j  la  reconnaissance  de  l'humariiié  ,  pour  préten- 
i  dre   à    l'invention    de  ce   genre   d'aliment.    Nos- 

otivrages  d'économie  domestique  sont  remplis  de 
i  ces  recettes,  sous  le  nom  de  soupes  économiques. 
I      Un  missionnaire  a  publié    en    i6So  ,   dans   ua 

petit  écrit  de  3i  pages  d  impression  ,  enir'autres. 

■  recettes  ,  celles  de  deux  soupes  économiques  ; 
l'une  pour  les  pauvres  ,  et  l'autre  pour  les  riches.. 
Les  curés  de  Saint-Roch  et  rie  Samie-M.itgueriie 
distribuaient  de  ces  Suupes  da;is  leur  paioisse  ; 
beaucoup  de  gens  riches  ,  aux  époques  des 
disettes,  en  distribuaient  également  dans  leurs' 
terres. 

I  S'il  n'y  a  rien  de  nouveau  sous  le  soleil,  c'est 
à  coup  sûr  la  préparation  des 'soupes  composées, 
j  de  légumes  et  d'herbages  -,   donnons-leur  dotic  le 

■  nom  de  soupes  potagères  économiques. 

[  Mais  ce  qu'on  doit  à  Rumford  ,  c'est  l'heureUse 
idée  de  la  permanence  de  ces  ciablisseriiens  , 
qui  n'étaient  que  des  secours  momentanés  ,  erj. 
France  ,  et  qui  deviendront  désormais  un  secours 
habituel  pour  l'indigent  ,  et  une  ressouice  pour 
les  classes  de  la  société  ,  qui,  en  participant 
'volontairement  à  cette  institution,  y  trouveront 
économie  de  tems  et  de  combustibleà. 

En  effet  ,  le  peuple  acheté  beaucoup  d'ali  - 
!  mens  cuits  ;  le  salé  ,  Ijes  châtaignes  ,  les  pommes^ 
j  de-terre  ,  les  épinards  .  les  herbes  ,  les  pâtisseries  ,' 
j  enfin  le  pain  j  et  quelle  consommation  ne  serait-ce 
i  pas  de  combustible,  si  chaque  ménage  cuisait  le 
sien  !  tandis  qu'un  seul  ouvrier  -,  en  une  seule 
:  matinée  ,   cuit  le  pain  de  12  à  i5  cents  individus. 

Pourquoi  n'irait-il  pas  également  acheter  les 
1  soupes  potagères  économiques?  Elles  sont  infi- 
niment meilleures  que  celles  qui  se  préparent  sou5 
I  le  toît  de  l'indigent  ,  avec  de  l'eau  cbaude  ,  un 
peu  de  graisse  et  du  sel.  \, 

J'écarte  de  cet  excellent  rapport  tout  ce  que 
comporte  d  intéressant  la  partie  chimique  ,  pour 
ne  le  considérer  que  so^is  les  rapports  de  bien- 
fesance  publique  et  d  économie. 

Cette  idée  de  préparer  en  grand  un  aliment 
bon  au  goût,  sain' et -d'un  prix  aussi  modique  ) 
idée  réalisée  en  Allemagne  ,  en  Suisse  .  en  Aii-  ■ 
gleterre  :  tous  les  genres  d  économie  satisfaits  par 
cette  institution  ;  l'économie  animale  ,  lécono- 
mie  domestique  ,  ce  qui  embrasse  celle  de  la 
main-d  œuvre ,  du  paiu  et  du  tems  ;  l'économie 
politique  enfin  ,  qui  sollicite  la  diminution  du 
combusiijjle  ;  tout  paraissait  devoir  concilier 
l'opinion  de  tous  à  cette  heureuse  institution. 

Cependant  elle  a  eu  des  détracteurs  ;  c'est  la 
moralité  de  la  bienfesance  qu'on  a  intéressée  pour 
n'être  pas  bienfesant  ;  et  vraiment  ,  pour  l'hon--' 
neur  de  la  philantropie  ,  ne  la  montrons  pas 
s'attachant  aux  petits  argumens  qu'elle  a  mis  c-n 
avant;  l'amour  de  l'ordre  est  l'apmage  de  li 
philatitropie  ,  et  l'ordre  n  aime  pas  les  innova- 
tions; aussi,  de  toutes  les  branches  d'éeonomis 
politique  ,  la  moins  avancée  parmi  nous  est  la 
bienfesance  publique. 

On  a  dit  que  l'indigence,  alors  ,  ne  pouvait^ 
pas  se  dérobur  ;  mais  ne  peut-on  pas  i'honottt    • 


aujourd'hui  deTindigence  ?Le  pauvre  ,  d'ailleurs, 
n  achefe-t-il  pas  ,  au  coin  des  rues  ,  des  débris 
dcgoûlans  à  l'œil ,  de  la  desserte  des  tables  ?  Il  y  a 
)>lus  ,  ce  genre  de  secours  n'exclut  pas  les 
autres  ,  fjui  sont  à  la  disposition  des  comités  de 
bienfesance  ,   viande  ,  pain  ,  etc.  etc. 

EnSn  ,  cette  instiiulion  dérobera  au  supplice 
d'enlen,dre  un  malheureux  vous  arrêter  ,  et  d'une 
voix  sépulcrale  vous  dire  :  mes  en/ans  et  moi  nous 
moutons  de  faim.  Ce  dénuement  absolu  peut 
ne  pas  exister  ;  mais  s'il  existe  en  effet ,  cornment 
alimenier  une  famille  ?  Dans  ce  cas  ,  on  tire  de 
sa  poche  quelques  cartes  ,  et  on  est  soulagé  delà 
douleur  que  des  êtres  souffrans  inspirent. 

Mais  il  faudrait  à  cet  effet  que  le  nombre  de 
ces  établissemens  se  multipliât  ;  car  il  n'existe 
encore  en  activité  que  celui  qu'a  formé  ,  rue  du 
Mail  ,  le  citoyen  Delesseri  ,  dont  le  nom  de- 
meure désoiiTiais  allié  au  nom  deRumford.  Aussi 
dans  ce  moment ,  les  philaniropes  éclairés  pro- 
voquent-ils des  souscriptions  pour  établir  des 
soupes  potagères  économiques ,  c^lX  c'est  le  nom  qui 
leur  convient  et  qu'il    faudrait  fixer. 

Le  prix  de  la  souscription  est  de  24  francs,  et 
pour  cette  somme  ,  le  souscripteur  aura  cent 
quatre-vingt  billets  de  soupes  ,  dont  il  pourra 
disposer  ;  il  pourra,  pendant  les  six  mois  d  hiver, 
alimenter  u«  individu  avec  unesomme  modique. 
Quel  est  donc  l'homme  riche  ,  1  homme  ayant 
seulemcEl  de  l'aisance  ,  qui  se  refuserait  au  bon- 
heur de  concourir  à  une  pareille   institution  ? 

Plaçons  ici  ce  trait  par  lequel  Parmcnlier  ter- 
mine son  ra'pport.  Il  s'adresse  à  ses  collègues  les 
membres  du  comité  de  bienfesance  ,  et  leur  dit  : 
>)  Peut-être  n'est-il  pas  loin  de  nous  ,  le  tems  où 
5)  nos  collègues  auront  la  consolation  de  pou- 
f)  voir  dire  comme  le  ci-devant  curé  de  Saint- 
u  Etienne-du-Mont ,  à  la  fin  de  1  hiver  de  1  année 
S)  17S7.  S'il  est  un  pauvre  qui  ait  souffert  et  que  je 
»)  naie  pas  soulagé  ,  qu'il  m  accuse  ;  car  mes  parois- 
»>  siens  ne  mont  pas  laissé  manquer  de  moyens  pour 
>»  les  secourir.  i> 

Une  demi-douzaine  de  caries  ne  tiennent  pas 
beaucoup  de  place  dans  un  sac  à  ouvrage  ,  et 
nous  venons  les  femmes  en  distribuer  aux  indi- 
gens.  Le  sexe,  plus  fait  pour  exercer  la  bienfe- 
sance ,  donne  un  tout  autre  prix  à  cette  venu.  La 
sensibilité  qui  se  peint  sur  le  visage  d'une  femme  , 
l'accent  de  sa  voix  ,  la  grâce  avec  laquelle  elle 
donne  !  On  est  mieux  soulagé  par  une  femme. 

Aussi  combien  ne  regrette-t-on  pas  aujourd'hui, 
sur-tout  dans  les  hôpitaux,  ces  Ëilles  respectables 
de  îa  charité  ,  que  la  tourmente  révolutionnaire 
a  dispersées?  à  cette  époque  où  le  crime  seul 
régnait,  il  lui  a  bien  fallu  bannir  la  vertu  qui 
résidait  parmi  elles.  L'humanité  souffrante  et  mal 
soulagée  jjar  d'autres  mains  ,  ne  redemandera 
point  en  vain  ces  anges  lutélaires  que  la  provi- 
dence et  la  religion  semblaient  avoir  placés  là 
pour  soulager  la  maladie  et  consoler  le  malheur  ; 
le  moment  est  arrivé  où  les  institutions  bienle- 
santcs  honoreront  notre  gouvernement  ;  et  le  ré- 
lablisseraenl  de  ces  filles  consacrées  au  soulage- 
ment de  l'humanité,  est  sans  cloute  prochain. 


THÉÂTRE       FEYDEAW. 

Tout  le  monde  conaît  cette  intéressante  nota- 
velle  que  Datnaud  a  consacrée  aux  âmes  sensi- 
V)les  ,  sous  le  titre  de  Sargines  ou  l'Elevé  de 
l'amour.  Dans  ce  conte  ,  tout  amuse  ,  tout  3  du 
charme.  Le  cœur  est  heureux  ,  la  fiction  ingé- 
nieuse ,.  les  détails  naturels  et  altachans.  Sophie 
étonne  encore  ,  même  après  avoir  su  plaire. 
Sargines,  instruit  par  elle  ,  armé  par  elle,  par 
elle  amant  et  vainqueur,  intéresse  l'ame  et  l'élevé 
à-la-fois.  Le  vieux  père  de  Sargines  offre  un  ex- 
cellent portrait;  le  caractère  chevaleresque  y  est 
vivement  empreint  ;  celui  du  roi  est  tracé  de  ma- 
lyve-eànous  reporter  rapidement  vers  ces  tems 
d'héro'isme  et  de  courtoisie  où  l'amour  fesait 
naître  les  premiers  sentimens  de  l'honneur  ,  où 
l'honneur  garantissait  la  durée  de  l'amour  et  sa 
délicatesse. 

Le  succès  de  Sargines  fut  général  ;  il  s;'est  sou- 
tenu :  cela  devait  être.  Le  théâtre  ne  tarda  pas  à 
s'emparer  d'un  sujet  si  intéressant  dans  son  en- 
semble, si  brillant  dans  ses  dispositions ,  si  géné- 
reux dans  ses  détails.  Sous  la  plume  de  Damaud 
il  était  senlim-ental  ;  Monvel  le  rendit  lyrique  ,  et 
Dalayrac  ,  dont  Grétry  vante  à  si  juste  titre  les 
inspirations  heureuses,  doit  peut-être  à  ce  s^ijet 
ses  idées  les  plus  gracieuses  et  ses' chants  le^^plus 
naturels. 


17^ 

Nous  parlons  beaucoup  de  l'ancien  Sargines  , 
sans  doute  parce  que  nous  avons  peu  de  chose  a 
dire  du  nouveau.  On  y  trouve  le  litre  et  le  sujet 
du  premier  rapetisses  par  une  sorte  de  travesiis- 
seraeni  et  une  espèce  de  parodie.  C  est  dire  assez 
que  le  Sargines  de  village  reçoit  d'une  jeune  pay- 
s;inne  des  leçons  de  lecture  ,  et  prend  des  leçons 
d'amour  ,  connaît  par  elle  le  but  et  le  prix  d  une 
bonne  action  ,  en  commet  une  pour  elle  ,  et 
reçoit  d'elle  sa  récompense.  Le  caractère  de  ce 
nouveau  Sargines  ne  manquait  ni  de  na'iveté  ,  ni 
de  grâces;  mais  le  défaut  absolu  d'intrigue,  de 
développemens  ,  d'action  ,  d'opposition  et  d'in- 
térêt,  a  été  trop  généralement  remarqué  pour 
ne  pas  exciter  la  sévérité  du  public.  Si  cette 
sévérité  est  permise  ,  si  l'on  peut  sans  scru- 
pule   en  rapporter    les    traits  ,  sans   doute  ,  c'est 


quand  elle   s'est   exercée  sur  tin   ouvrage  qui  a  |  pe,i,s.Auaus,ins. 
coiité  si  peu  de  frais  d'imagination  a  ses  auteurs  :  °         ' 


les  sînus  des  multiples  d'un  même  «tigle  :  on  fai 
parvenir,  d'une  manière  irès-simple  ,  aux  princi- 
paux théorèmes  de  la  méthode  directe  tt  inverse 
des  différences  (  finies);  ci  on  se  sert  encore  des 
dérivations  pour  trouver,  par  une  voie  facile  , 
des  formules  générales  lelaiives  à  la  transforma- 
tion, la  sommation  et  l'interpolation  des  suites. 

Clinique  des  plaies  récentes  où  la  suture  est  utile  , 
et  de  celles  où  elle  est  abusive  ;  par  Lombard  , 
membre  de  l'institut  national,  chirurgien  en 
chef  et  professeur  de  l'hôpiial  militaire  d'instruc- 
tion de  Strasbourg;  in-S"  ,  avec  des  planches. 
Prix,  4  fr.  ,  et  4  fr.  83  cent,  franc  de  port  par 
la  poste. 

A  Strasbourg ,  chez  LeVrault ,  frères ,  impri- 
meurs-libraires;  et  se  trouve  à  Paris,  chez  les 
mêmes ,  quai  Malaquais ,  au  coin  de  la  rue  des 


de  vives'acclàmations  ont  cependant  accueilli 
noms  des  cit.  Eugène  Hus  et  Bernard  Valvilile  , 
beaucoup  plus  heureux  dans  ses  piécédens  ou- 
vrages. 

Le  compositeur  est  le  citoyen  Bruni  -.le  carac- 
tère de  sa  musique  est  ici  le  seul  qui  lût  propre 
au  sujet.  C'est  l'ingénulié  unie  à  la  grâce  ,  la  sim- 
plicité jointe  à  la  mélodie,  la  délicatesse  et  la 
franchise  de  l'accompagnement  soutenant  un 
chant  d'une  expression  juste.  Un  journal  (1)  a  dit 
avant  nous:  «'  Parler  d'un  compositeur  doux  et 
11  correct  ,  c'est  nommer  le  citoyen  Bruni,  u  C  est 
comme  si  Ion  disait  à  un  poète  qu'il  réunit 
l'utile  dulci;  quand  on  rencontre  quelque  part  un 
éloge  mérité  donné  avec  cette  justesse  ,  il  fjut  se 
borner  à  le  répéter.  S.... 


GRAVURES. 

Portrait  de  jV.  Baudin  ,  capitaine  de  vaisseau  , 
commandant  en  chef  l'expédition  entreprise  en 
l'an  9  ,  pour  des  recherches  relatives  aux  sciences 
et  aux  arts,  et  l'un  des  correspondans  de  la  Société 
des  Observateurs  de  l'Homme.  Prix  ,  i  fr. 

Au  bas  de  ce  portrait ,  qui  fait  honneur  au  talent 
distingué  du  dessinateur  et  du  graveur,  on  lit 
ces  vers  ,  faits  par  un  des  zoologistes  de  l'ex- 
pédilion  : 

De  Coob  ,    de  Bougaînville  éiAule  généreux  , 
Sur  leurs   traces  Baudin  va  marcher  à  là   gloire  , 

X'.l  dans  les  fastes  de  l'histoire  , 
Clio  marque  déjà  sa  place  à  côté   d'eux. 


Cpurs  de  morale  religieuse',  par  M.  Necker  ,  3  v. 
in-8°  ,  édition  originale  ,  sur  beau  papier  et  beaux 
caractères.  A  Genève  ,  de  limpriraerie  de  Bon- 
nant  ,   et  se  vend  chez  Paschoud  ,  libraire. 

A  Paris  ,  chez  Maradan  ,  libraire  ,  rue  Pavée 
André-des-arcs  ,   n"    16. 

Prix  ,  10  fr.  et  l3  fr.  port  franc  par  la  poste. 


'  Morlaix  , 


A  Paris ,  chez  Depeuille  ,  marchand  d'estampes , 
rue  des  Maihuiins. 


Manufacture    de    tabac  de  Morlaix.  - 
le  23    vendémiaire    an  9. 

Nous  prévenons  nos  concitoyens  ,  qu'ayant 
abandonné  depuis  le  18  courant  le  local  national 
où  nous  manufacturions  ,  nous  avons  porté  notre 
établissement  dans  une  propriété  à  nous,  où  nous 
fabriquerons  ,  avec  les  mêmes  ouvriers  ,  toutes 
espèces  de  tabacs  supérieurs  comme  par  le  passé  , 
et  écoulerons  celles  que  nous  avons  en  fortes 
parties  fabriquées  depuis  S  à  9  ans  ,  en  poudre  et 
carottes  ,  Virginie. 

Veuillez  en  conséquence  adresser  directement 
à  nous. 
LanniIx  ,  v'  DuBERNARD  et  fils ,  administrateurs. 


COUKS    DU    CHANGt. 

Bourse  du  14  brumaire. 

i  3a  jours.      I  i  gojoun. 


Amsterdam  banco 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif 

Portraits  des  Moralistes  anciens ,  au  fiombre  de  I  Cadix 

dix-huH  ,   destinés   à    omet    l'édition    de   Didot  | Effectif 

l'aîné   ,    ainsi    que    les    ouvrages    des    différens     Gênes  effectif 

auteurs  que  ces  portraits  représentent;  première 

livraison,     contenant    les     portraits    du    Christ, 

Confucius,  Théophraste,    Démocrite  ,     Socrate 

et  Arisiote.     Prix  ,    4     francs.    Il  y     a   un   petit 

nombre    d'épreuves   sur   papier  vélin.     La   2'°"= 

livraison  paraîtra  à  la  fin  de  frimaire. 

AParis,  chez  Fuchs,  rue  des Mathurins ;  Aubry, 
quai  des  Augustins  ,  n"  42;  Boiiériart  ,  relieur, 
quai  des  Augustins,  n°  33.  A  Belkville,  chez 
Dupréal  ,  graveur ,  rue  de  Franciade  .  n"  146. 

Ces  portraits  ont  une  ressemblance  frappante 
avec  l'antique  ,  le  dessin  en  est  d'une  extrême 
pureté  ,  et  la  gravure  du  meilleur  effet. 


Livourne. 
Éâiè.'.*.'.".' 


P- 


57  i 


LIVRES       DIVERS. 

Du  Calcul  des  dérivations  ,  par  L.  F.  A.  Arbo- 
gast .  de  l'institut  national  de  France,  professeur 
de  mathématiques  à  Strasbourg  ;  un  vol.  grand 
in-4°.  Prix,  18  fr. ,  et,  franc  de  port  par  la  poste, 
21  fr.  2  5  cent. 

On  offre  dans  cet  ouvrage  Un  genre  de  calcul 
qui  eiTibrasse  la  théorie  des  suites  ,  et  dont-  le 
calcul  différentiel  est  un  cas  pariiculier:  on  y  em- 
ploie ce  calcul  à  développer  en  séries  des  fonc- 
tions quelconques  de  polynômes  ordonnés  sui- 
vant les  dimensions  d'une  ou  de  plusieurs  lettres , 
et  à  trouver  un  terme  quelconque  du  dévelop- 
pement, indépendamment  des  autres  termes  :  on 
l'applique  ensuite  à  l'expression  du  terme  général 
des  séries  récurrentes  ,  tarit  simples  que  doubles  ; 
au  retour  général-  d^s-  séries;  au  calcul  différen- 
tiel, dont  il  abrège  les  opérations  compliquées; 
aux  suites  qui   proced'érit   suivant  les  cosinus  ou 


Effets  publics. 

Rente  provisoire «6  fr. 

Tiers?  consolidé 36  fr. 

BotiS'  deux  tiers i   fr.  68  c. 

Bous  d'arréragé 86  fr.  75  c. 

Bonsi  pour  l'an  8 gs  fr.  85  c. 

Coupures 81   fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  dès  rentiers.  28  fr. 
Matières. 

Or  fin  l'once io5  fr. 

Argent  le  marc. 5o  fr.  40  c. 

Portugaise  l'once-. 95  fr.  58  c.- 

Piastre 5  fr.  3o  c^ 

Quadmple. 79  fr.  5o  c> 

Ducat 11  fr.  60  Ci 

Guinée- s6  fr. 

Souverain 34-  fr.  60  c. 


1}  Lé  Gourriec  des  spectadesv 


SPECTACLE  S. 

Thïatre  de  la  République  et  des  Arts. 
Auj'.   Armide  ,  opéra  en  5"  actes. 

Lé  19,  Bal'  masqué. 

Théâtre  DES  JEUNES  élevés,  rue  deThiotiville. 
Auj.  Cassandre  comédien  ;  l''E<e>k  de- 1' ad&les^enc-e  , 
et-  Us  IVéguisemens  villagens-. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes^: 
Aujourd'hui  1»  3'  repr.  de  l'Amum  aux  Petitet-' 
Maisons  ou  ks  Fo-us  hollandais- ,  Mie-  o-rnée  d-^ 
chant*;  Louise,  ei  Cadithon: 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj,  la  6^  repr.  d'Hchnora ,  suiv.  de  GiUes  tofu- 
jours  Gilles. 


t'abouaeaitnt  te  fait  iParis,  rue  des  Poitevins-,  n'  18,  Lepriïestde  ï5  franc»  poUrtiBiSmoi» ,  5b  ftaocs'p&uf  li*   iioî*,'«t'  ibo  fAncs'  pq'uT  l'adtiéï'  Matière.  On   nt 
('abonne  qu  îau  commeucemcnt  de  chaque  mois. 

Ufaui  adressr,  l«s  lettres  et  l'argent ,  franc  de  port  ,aucit.  AoASSE,  propriétaire  drceJTjurdal, rue  des  Pbitevini,  ni*  18.  Ufautcompreadre   dans  lei  envois  le  poit   de» 

pays  où  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départcmens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirée»  de  la  poste. 

Ilfaut  avoir  soin,  pour  plus  de  lûreté ,  de  charger  celles  qui    rcnfermentderwâleur»,  etadresjertoat  cd  qùicclnterne  la  réda'clion  *e   la   feuille,    as  rédacteur,  rue  dei 
Poitevins     n".  i3,  depuis  neuf  heures  dumatinjusqu'à  cin^  oeures  du  soir. 


A  Pati  s,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agisse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevinji ,  a"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  46. 


SexUdi  ,    J  6   brumaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  4  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Mo  NIT  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et  aux  dérouvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

A     M    É     R     I     Q.    u    E. 

Extrait   d'une   lettre    de   Cayenne  ,   le  25 
thermidor  an  8. 

Xj'agent  Victor  Hugues  ,  froid  .  mais  sage  et 
inaccessible  aux  peliies  intrigues,  û'a  rien  lait 
pour  alourdir  nos  chaînes  ,  et  beaucoup  pour  les 
rendre  moins  importunes.  Ce  n'est  pas  ici  le  cas 
de  vous  donner  des  détails  sur  la  manière  d'ad- 
ministrer ;  mais   faites  savoir  à  M ,  qui  me 

l'a  prédii ,  que  la  colonie  reprend  vie  ;  que  des 
croisières  dirigées  avec  sagesse  ,  des  courses  mul- 
tipliées ,  ont  porté  ici  l'aisance  en  tout  point.  Les 
dettes  (  i.5oo,ooo  f'r.  )  ort  été  payées  ,  et  tout  est 
soldé  pour  la  fin  de  |'an  8.  Si  le  gouvernemeni  aide 
l'agent  par  des  lois  qui  animent  les  cuUivaleurs 
â  l'avenir  ,  et  qui  u'ilisent  efficacement  ceux  qui 
restent ,  celte  colonie  peut  devenir  ,  avant  peu  , 
bien  inléressante.  Je  dois  êire  ciru  pour  plus  d'un 
moiif.  Un  seciél.iire-génétal  très-bon  ,  un  ordon- 
nateur adoré  et  d'une  conduite  aussi  noble  qu'elle 
est  simple  et  sage,  sont  les  conseils  de  Victor 
Hugues  ;  heureux  en  tout  ,  ferme  sur  tout  et  très- 
ïurveillant.  C'est  la  vérité  ,  et  je  suis  l'organe  de 
foute  la  colonie  qui  toutefois  n'imagine  pas  qu'un 
pauvre  et  humble  déporté  ose  ainsi  donner  son 
avis  ;  mais  je  parle  à  mes  amis  :  cet  article  leur 
fera  quelque  plaisir 

PORTUGAL. 

Lisbonne  ,  ^e  27   vendémiaire. 

La  frégate  anglaise  ,  la  Constance  ,  venant  de  la 
Méditerranée  ,  est  entrée  dans  ce  port  le  24  du 
courant. 

Le  même  jour  sont  pareillement  entrés,  treize 

j)avires  marchands    portugais  ,    Venant    ^e   Fer- 

<'•    narabue  ,  chargés  de  coton  ,  café  et  autres  objets. 

Ils    étalent    escortés    par    une    frégate     de   leur 

nation. 

On  continue  toujours  icî  les  levées  forcées  et 
des  envois  de  canon  de  campagne  ,  avec  leurs 
caissons  de  munition.  Toute!  les  voilures  de 
roule,  charriois  ,  charrettes  ,  etc.  sont  arrêtées 
pour  ce  service  ,  par  ordre  du  gouvernement. 

On  travaille  aussi  avec  beaucoup  d'activité  à 
Cascaes,à  construire  des  casernemens  .  ce  qui 
indir]ue  l'atiente  d'une  arrivée  prochaine  de 
troupet  anglaises. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  5i  octobre  (g  brumaire.  ) 

Exlrait  d'une  lettre  de  M.  le  duc  de  Portland  ait 
lord  lieutenant  du  comté  d'Oxford.  —  Whitehall , 
le   19  septembre    1800, 

M  I  L  G  R  D  , 

Je  suis  très-saiisfait  de  voir  que  les  dispos-lions 
au  tumulte  se  soient  appaisées  à  Witney  ,  et  que 
fout  y  soit  m;iinlenant  tranquille.  Je  partage   ce- 

Fendant  les  craintes  de  votre  grâce  ,  et  je  puis 
assurer  que  les  troupes  envoyées  d.ms  le  cnmié 
d'Oxford  n'en  seront  point  retivéts  avant  que 
vous  ne  jugiez  la  ville  et  le  comlé  d  Oxford  à 
l'abri  de  tout  désordre  populaire.  Ces  précau- 
tions miliiaires  et  l'auioiité  civile  pourraient  ne 
pas  suffire.  Je  recommanderai  encore  à  voire 
grandeur  de  ne  négliger  aucun  moyen  de  détruire 
les  préjugés  qui  onl  éié  fivorisés  à  dessein  par  des 
hommes  artificieux,  pour  faire  croire  que  la  rareté 
des  grains  est  artificielle. 

La  mauvai-e  recolle  de  l'année  passée  et  l'ciat 
où  se  trouvait  la  terre  à  l'époque  des  semailles  , 
expliquent  assez  ce  qui  a  fait  renchérir  les  grains, 
et  en  général  10  -les  les  denrées.  La  quantité  de 
grains  imporiés  depuis  lors  a  surpassé  ce  qu'on 
pouvait  espérer  ,  cependant  il  est  impossible 
qu'elle  suffise  pour  remplir  le  vide  qui  a  été  et 
qui  sera  encore  éprouvé  à  raison  d'une  aussi 
mauvaise  récolte  que  celle  de  l'année  passée.  Si 
fous  les  grains  tirés  ries  pays  étrangers  étaient 
apportés  au  marché  sans  aucune  réserve,  ils_  se- 
raient encore  insuffisans.  D'après  les  informations 
le  plus  exactes,  loui  ce  que  ion  peut  espérer  esl 
que  les  bled»  de  celle  année  rendent  les  trois 
quarts  d'une  récolte  moyenne  ;  beaucoup  de 
p«r»onnes  croient  qu'ils  ne  rendront  pas  au  de-là 
des  trois  cinquièmes.  Qiioiqu'il  en  ton  ,  je  ctaiut 


qu'il  ne  soil  prouvé  que  ,  dans  les  meilleures 
années,  le  produit  suit  inférieur  à  la  con- 
sommation. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  rappeler  à  \.  G.  combien 
il  est  itrgent  de  faire  paraître  dans  tout  leur  jour 
la  folie  ei  l'injustice  de  celle  doctrine,  qui  tend 
à  fixer  le  prix  des  denrées  au  nparché  .  et  à  établir 
la  loi  du  maximum.  Les  accords  parliculifis  qui 
se  font  pour  ne  pas  payer  telle  nu  telle  denrée 
au-delà  d'un  certain  prix,  leposent  en  effet  sur 
ce  principe  dangereux.  Qjiant  à  ceux  qui  auraient 
pris  quelque  part  à  ces  1  jssembitmcns  qui  par- 
courent les  campagnes  pour  intimider  les  fer- 
miers, V.  G.  doit  les  poursuivre  sans  distinction 
de  personnes  .  et  les  faire  punir  de  la  manière  la 
plus  exemplaiie. 

Ces  moyens  violens  réussiraient,  si  cela  était 
possible  ,  à  réaliser  l'ab.surde  notion  qup  les  pro- 
priétaires déiruisenl  leur  blé  pour  en  faire  hausser 
le  prix  et  tendraient  en  dernier  ressort  à  décou- 
rager l'agiiculiuie,  à  faire  renfermer  les  capitaux, 
ou  à  les  détourner  vers  d'autres  canaux.  La  fa- 
mine serait  alors  le  résultai  inévitable  de  la  rareté 
actuelle  des  denrées,  et  il  faudrait  s'ailendre  à 
des  désordres  ,  à  une  confusion  dont  les  siècles 
passés  et  les  annales  de  Ihistoire  ne  nous  offrent 
que  peu  d'exemples.  Si  la  disposiiion  des  pro- 
priétés n  est  point  assurée  pour  le.  propriétaire  , 
si  chacun  ne  sent  point  qu'ri  ait  la  liberté  de 
conserver  ce  qu  il  veut  aussi  long-iems  que  bon 
lui  semble  ,  et  d'en  disposer  au  lieu,  de  la  manière 
et  au  prix  qui  lui  convient,  il  n'y  a  plus  de  con- 
fijnce  ,  plus  d'industrie,  plus  d'tffon  verueux 
en  aucun  genre,  car  il  n'y  a  poin-;  de  raison  pour 
ne  pas  fixer  le  pifix  du  travail  mécani<iue  et  du 
travail  d'un  ariisie  ,  comme  celui  du  tiavail  d'un 
lermier  ,  d'un  berger  ou.  d'un  jardinier  :  l'ordre 
(les  choses  serait  ainsi  eniiéreme.it  bouleversé. 
Signé.  Portland. 

On  voit  par  les  deux  letlres  que  M.  le  duc  de 
Portland  a  écriies,  l'une  à  M.  W.^etield  à  Not- 
lingham  ,  l'autre  au  lord  -  lieutenant  du  comté 
d'Oxford,  qu'il  ne  croit  poini  la  rareté  des  grains 
artificielle.  Ou  ne  peut  "supposer  qu'un  minisire 
de  l'intérieur  ait  r".anqué  de  renseignemens  pour 
se  former  une  idée  correcte  à  cet  égard.  Non- 
seulement  M.  le  duc  de  Ponland  pose  en  fait 
que  la  récolte  de  cette  année  n'a  rendu  que  les 
trois  quarts  d'une  récolte  ordinaire  ,  m  is  il  doute 
que  les  importations  étrangt-res  suffisent  pour 
ramener  l'abondance  .  ei  il  ne  veut  souscrire 
avec  les  habiians  de  Noinngham  pour  faire  venir 
des  bleds  des  pays  étrangers  ,  que  sous  la  condi- 
tion qu'ils  ne  seront  vendus'  ni  au-dessous  du 
prix  d'achat  ,  ni  au-dessous  du  prix  du  marché, 
C  est  annoncer  clairement  au  public  qu'il  ne  doit 
compter  de  long-tems  sur  une  grande  diminution 
dans  le  prix  du  pain ,  ni  par  conséquent  des  autres 
objets  nécessaires  à  la  vie.  Ainsi  ces  accords  pour 
s'abslenir  de  telle  ou  telle  denrée  ,ces  pétitions 
adressées  au  toi  ,  ou  aux  premiers  corps  du 
royaume  pour  faire  diminuer  le  piix  des  vivres  , 
ne  peuvent  avoir  que  peu  d'elfet.  Le  parlement 
sans  doute  portera  une  grande  lumière  ci  fixera 
les  opinions  sur  cette  malure  ,  mais  il  netéiablira 
point  les  anciens  prix  que  nous  ne  reverrons  plus. 
Nous  l'avons  déjà  dit  dans  un  de  nos  numéros  , 
et  nous  le  répétons ,  le  vrai  remède  ,  c'est  la  hausse 
du  prix  de  la  main-d  œuvre  ,  le  renchérissement 
général  ei  proportionnel  de  loutcs  choses ,  pourvu 
toutefois  que  nos  manufactures  n'en  soient  pas 
aflectécs  ,  de  manière  à  perdre  leur  faveur  sur 
le  continent.  C'est-là  le  point  quil  faut  se  garder 
d  atteindre  ;  on  ne  pourrait  le  dépasser  impu- 
nément. 

Ce  même  remède  est  indiqué  dans  les  réso- 
soluiions  passées  avant-hier  par  le  comté  de 
Middlesex  :  u  la  continuation,  du  haut  prix  des  den- 
rées doit  augmenter  le  prix  du  travail  ou  là  taxedes 
pauvres,  n  Le  comté  de  Middlesex  est  le  plus 
petit  du  royaume  ,  mais  son  influence  se  mesure 
sur  celle  de  sa  métropole  ,  la  ville  de  Londres. 
Les  sheriffs  de  ce  comté ,  ayant  convoqué  les 
francs-lenancicrs  ,  sur  la  demande  de  plusieurs 
d'entre  eux  ,  l'assemblée  se  tint  ,'e  29  d:  ce  mois 
à  Hackney.  L  objet  du  rassemblement  était  d  ar- 
lêter  une  pétition,  pour  supplier  le  parlement  de 
rechercher  les  causes  du  haut  prix  des  vivres  ,  et 
et  de  s'occuper  des  moyens  de  le  diminuer.  Lors- 
que l'assemb  ée  commença  ,  personne  ne  se  pré- 
sentant pour  ouvrir  le  sujet,  il  fut  un  moment 
question  de  s'ajourner.  M.  'VViikes  ,  procureur 
de  Hoxlon-Place  ,  piil  enfin  la  parole.  Il  lepré- 
senu   d'un  ton  tiès-pathétique  ce    qu'il   appclla 


la  misère  du  peuple  ,  la  ruine  prochaine  dont 
toutes  les  classes  mitoyennes  ,  si  utiles  à  lélat , 
elaient  menacées.  «Je  ne  préiendspoint,  dit-il ,  dé- 
)>  cider  quelle  esl  l'origine  du  mal,  s'il  faut  l'altri- 
)>  huera  la  régligeucc  de  l'agriculture,  à  l'aug- 
)»  menlaijon  prodigieuse  du  papier  ,  ou  à  la  cou' 
"  tinuation  de  la  guet^re.  Je  crois  que  loutes 
"  ces  causes  peuvent  avoir  agi,  et  je  crains  que 
''  les    accaparemens  n'aient  aussi   contribué  à  la 

"  Çaiaraiié  publique Tous    les  grands  poli- 

"  Inique  ont  été  d'avis  que  le  pays  oii  les  classes 
i>  mitoyennes  disparaissent  par  degré  ,  tend  rapi- 
))  dément  à  sa  décadence.  L'histoire  prouve  que 
J>  la  plupart  des  révolutions  ont  été  précédée» 
"  de  disettes  réelles    ou   artificielles. 

M.  'Wilkes  termina  son  discours  par  la  lecture 
d  une  série  de  résolu:ibns.  'îoules  passèrent. 
Une  pétition  au  parlement  rédigée  dans  le  même 

sens  ,  passa  également. 

M.  Clifford   en  appuyant  M.  'Wilkes ,  se   pl.M- 
gnit  de  ce  qu'il  n'avait  poit  représenté  la    guerre 
comme    la  véritable  cause  de  la  cherté  gé  érale, 
et  sur   sa   mpiion  ,  l'assemblée  adopta  une-clause 
pour  recommander   aux   représentans  du  comlé 
de   voter  toujours  au  parlement  contie  la  guerre: 
l'un     d'eux  ,    M.    Mainwaring  ,    interpellé    par 
M.    Clifford    sur  le  silence  qu  il   gardait  .  répon- 
dit quil    se  conformerait    toujours   avec   le  plus 
grand  empressement  au  vceu  de  ses  consliiuans  5 
que  non-seulemefti   il   approuvait   et  la   pétition 
i  et   les  résolutions  qui   veràicnt  d'être  présentées  , 
j  mais  que  parfjiiemenl  d'accord  avec    le   jiréopi- 
I  nant  ,  s'il    n  eât   pas   été    prévenu ,  il  n'aurait  pas 
I  laissé    terminer   l'assemblée    sans    parler    dans  le 
;  même  St-ns. 

Celte  réponse  de  M>  Mainwaring  lui   valut  une 
proposition  de   remercîment   de    la    part  de   M. 
Macnemara.Elle  passa.  L'alderman   Skinner  fit  3. 
son  tour  passer  un  vote  de  refflercîment  pour  ia 
conduite   générale   qu'-avait   tenue  au    parlement 
1  autre    représentant    du    comté    de   Middlesex  , 
M.  G.  Byng  ,  qui  se  trouvait  absent  à  raison  d'in- 
disposition. Alors  M.  Macnemara  craignant  <)ua 
la  distinction  qui  reposait  sur  le  mot  conduite  gé^ 
nE>ï7/e  ,  ne  parut  établir   une   différence   au  désa^ 
j  vanlage  de  M.  Mainwaring  ,  Voulut  faire  insérer 
I  en  sa    faveur   une    phrase   semblable  ,   par    voie 
j  d'amendement.    La   proposition    devint  le    sujet 
d'une-  altercation    très -vive»    dahs   laquelle    Mi 
Moore  reprocha  à  M.  Mainwaring  d'avoir  subite- 
I  ment  changé  ,  et  prétendit  que  ,  comme  il  avait 
j  toujours  soutenu  au  parlement  les  mesures  guer- 
j  rieres  ,  on   ne   pouvait ,  sans  inconséquence  ,  le 
,  remercier  en  même   tems  de  sa  conduite  générait 
ei  de  sa   conduite  nouvelle.    L'amendement  fut 
I  rejeté.   Noui    nous     serions   mcrins    étendus   sur 
.  celte    querelle  ,  peu  essentielle   en  elle-même  ,  si 
'  elle  n'acquérait  de  l'imporianGe  par   sùn  rapport  ' 
I  avec  la  p;oximité  des  élections. 
I      Legouvernementn'arien  publié  sur  l'expédition 
j  (Je  Cadix  ;  les  papiers  ministériels  supposent  que 
l'apparition  de    nos   ti-Oupes  devant    celle   place 
I  n  était  qu'une  feinte.  C'est  ce  qu'il  est  difficile  de 
I  croire  ,  lorsqu'on  lit  le  journal  d  un  officier  qui 
j  éi.iii  à  bord  de  la  flotte'.   On  y  voit  toutes  les  dis- 
j  posicions   d'une   attaque  imiiïédiale  —  les   conté 
I  rences  et  les  Iréquens  messages  des  amii^aux  ;  les 
I  stations   particulières    des  petits    bâtimens   et   du 
i  Thiiëton  ,  qui  devait  les  proiéger;  enfin  une  suite 
;  d  ordres  et  de  contre-ordres,  tarjlô/  pour  exécuter 
l'entreprise,  i.aniôi  pour  la  suspendre.  Mais  ce  qui 
.  paraît  suttoui   dans   ce  journal,   c'est  le   Zele   de 
l'armée  ,  son  impatience  pour  débarquer,  et  ses 
regrets  à  chaque   retard.  De  leur  côté,  les  eSpa-' 
gnols  croyaient  les  démonstralions  de  nos  troupes 
1  sérieuses  ;   des  coups  de  canon  étaient  répétés  le 
I  long  de  la  côie  à  une  minute  d'inicryalle.  Toutes    - 
les  mesures  avaient  été  prises  poUr  une  vigoureuse 
défense  ,  et  8000  hommes  campaient  sur  le  mont 
I  Médina. 

Lelongretard  des  dernières  malles  deHambourg 
était  dû  à  des  vents  contraires  ,  qui  avaient  empê- 
ché les  paquebots  de  sortir  de  Guxhaven.  Il  en  est 
arrivé  deux  hier  et  avant-hier  ;  les  autres  étaient 
à  la  vue  d  YarmoUih. 

Nous  avons  parlé  ,  la  semaine  dernière  ,  d'une 
assemblée  de  différens  membres  du  conscil'privé 
pour  délibérer  sur  les  moyens  de  donner  à 
rimporiation  des  blés  la  plus  grande  activité 
par  l'espoir  des  primes  que  le  gouvernement 
accorde  aux  marchands  qui  s'occupent  de  ceiio 
branche  de  commerce.  Mardi,  il  a  été  tenu  pa- 
reillement  une   assemblée    du  conaeil-privé   au 


bureau  du  commerce",  à  laquelle  ont  assisté  le 
Inrd  chancelier  ,  l^^  <^^<^  '^^  Poriland  ,  lortl 
VValsingliam  .  lord  Hawkesbury  ,  M.  Dudley  Ry- 
der ,  el  sir  W.  Wyune.  —  Le  raolif  de  l'assem- 
blée a  Clé  de  s'occuper  de  l'imponaiion  du  riz  ; 
le  'conseil  A  entendu  l'opinion  de  plusieurs  res- 
pectables riégncians  ;  le  conseil  a  en  consé- 
<iuence  résolu  d'accorder  des  primes  pour  l'im- 
portaiion  du  riz.  Sa  majesté  ,  satisfaite  de  cette 
œcsuie  ,  a  signé  après  son  lever  une  proclamation 
à   ce  sujet. 

Dans  l'année  1796  ,  leparlement  détermina  que 
quand  le  bled  serait  aux  prix  de  46  s.  le  quarter , 
l'importation  de  grains  étransjers  serait  permise  , 
ce  prix  étaijt  plus  que  suffisant  pour  l'encou- 
ragement de  l'agricûltufé.  L   s     d 

Le  prixmoycildubled'a  étéen  1797  de     a   12     o 

en  1798  292 

Dej)uisle  i"  oct.  t799  au3o  sept.  1800     597 

Si   l'on  admet    la   population    de    l'Angleterre 

à    10  mi'lions  dames,  la  consommation  annuelle 

du    blé  ,    selon   les   calculs   reçus  ,    devrait   être 

de  10  millions  de  quarters  ,  qui,  au  prix  énorme 

de  3    1.  par   qualter   de  plus    que  dans  l'année 

1798.    aurait   valu  aux  eu  tivateurs  et  marchands 

de    blé     un    surplus    de    prolit    de    3o  -niillions 

sterling. 

Les  relations  commerciales  s'augraentant  tous 
les  jours  davantage  entre  le  Danemarck  et  les 
Etats-Unis  ,  la  cour  de  Copenhague  qui  n'avait 
point  encore  eu  de  ministre  en  Amérique  ,  vient 
de  nommer  M.  de  Buscherbissen  ministre  rési- 
dent à  Washington. 

La  société  des  quakers  à  Dumfries  ,  composée 
de  deux  mille  membres,  a  souscrit  la  somme  de 
8,000  liv.  sterl.  pour  extraire  des  bleds  ,  et  con- 
tribuer par  là  à  taire  tomber  le  prix  de  cette 
denrée. 

La  frégate  américaine  ,  ayant  à  bord  les  pléni- 
potentiaires des  Etats-Unis  ,  a  touché  à  Ports- 
mouih  ,  et  M.  EUsworth  ,  dont  la  santé  ne  lui 
permet  pas  de  continuer  son  voyage  pendant 
Ihyver,  est  arrivé  à  Londres. 

L'honorable  membre  'Windham  est  parti  par  le 
liernier  paquebot  d'Yarmoulh  ,  pour  retourner  à 
Florence. 

Un  certain  nombre  de  marchands  d'Altiwick 
se  sont  associés  pour  importer  pour  eux  et  leur 
famille  les  blés  qui  leur  seraient  nécessaires- 

Le  12  de  ce  mois  ,  les  habitans  de  Gasdens- 
ton  ,  comte  de  Bamf  ,  virent  arriver  avec  une 
grande  rapidité  deux  baleines  ,  qui  venaient  à 
eux  sur  le  bord  de  la  mer  ;  quelques  pêcheurs 
intrépides,  convaincus  que  ces  bêles  prendraient 
Une  autre  direction  ,  dès  qu'elles  sentiraient  la 
terre  et  quelles  leur  échapperaient ,  s'armèrent 
aussitôt  de  coutelas  et  de  cordes  et  furent  les 
attaquer  à  la  nage  ,  après  avoir  plongé  dans  la 
mer;  ils  furent  assez  heureux  pour  s'en  rendie 
maître.  Ces  ba.leines  sont  de  vingt-quatre  pieds 
de  long. 

On  écrit  de  la  nouvelle  Genève  ,  qu'on  vient 
de  découvrir  à  Faithlegg,  en  Irlande,  une  riche 
mine  de  plomb. dans  les  terre  de  M.  C.  Bolton. 

M.  Koizbuhe  était  ,  il  y  a  trois  ans ,  directeur 
du  théâtre  de  la  cour  à  Vienne.  Il  fut  destitué 
de  sa  place  avec  une  pension  de  1000  florins 
qu'il  pouvait  dépenser  hors  des  états  hérédi- 
taires. Aujourd'hui  M.  Koizbuhe  est  directeur  du 
théâtre  impérial  de  Saint-Péterbourg  avec  appoin- 
tement  de  12,000  roubles  ,  outre  le  logement,  une 
voiture  de  la  cour  à  «es  ordres  ,  le  rang  de 
colonel  et  diveis  autres  avantages.  En  sus  de  tout 


présent     pour  S.   M.    deux   beaux    lions,    deux  !  (ion  ,  moyennant  un   modique  droit  de  patente  ^ 
chevaux  barbes,   et  une  selle  richement  brodée.  |  à  tous  les  empiriques  et   charlatans   de  piatiquef 

la  médecine  ,  la  chirurgie,   l'accouchement,  sans 
aucun    oxarnen  préalable;  l'oubli   de  toute    sur- 


Les    tygrcs   transportés   de  l'Inde  poar  S.  M 
sont   nommés     che.ctas.    Feu    Tippoo   sultan    s'en 
servait  pour  chasser. 

Parmi  les  curiosités  que  sir  'William  Hamilton, 
a  apportées  de  ses  voyages  à  1  Est  ,  sont  six 
colonnes  de  marbre  ,  qui  fesnient  partie  du 
temple  de  Jérusalem. 

Une  leure  du  Port-Républicain  (  île  Saint-Do- 
mingue )  en  date  du  3  octobre  (  1 1  vendémiaire  ) , 
annonce  que  depuis  le  départ  de  Rigaud  un 
corps  de  troupes  a  été  envoyé  par  le  général  en 
chef  Toussaint  Louverture  ,  à  la  requête  de  la 
municipalité  des  Cayes.  pour  prendre  possion 
de  cette  ville. 

[Extrait  du  Sun  et  du  Morning  -  Chrdnicie.  ) 


l     NT     E     R     I     EU 
Paris  ,   l£   ï5   brumaire. 


R. 


La  gazette  nationale  de  France  contient  le  paragra- 
phe suivant  : 

Il  paraît  à  Copenhague  un  journal  qui  prêche 
I4  religion  naturelle.  La  chancellerie  royale  a 
fait  demander  à  la  f.iculté  théologique  de  l'uni- 
versité ,  si  Ion  pouvait  ,  sans  inconvénient  , 
permettre  la  libre  circulation  d'un  tel  journal. 
Les  théologiens  ont  répondu  que  »' la  vérité  ne 
M  pouvait  que  gagner  à  des  discussions  ,  et  qu'il 
i>  était  de  la  dignité  de  la  religion  de  ne  point 
î>  employer  d'autres  moyens  de  défense  que  ceux 
>j  de  la  persuasion,  n 

— Nous  avons  inséré  dans  notre  n".  du.. . .  des 
détails  sur  la  population  des  Bouches-du-Rhône  ; 
en  voici  quelques-uns  sur  celle  du  Bas-Rhin  ;  ils 
sont  tirés  des  renseignemens  que  recueille  le  mi- 
nistre de  l'intérieur  sur  la  population  de  la  répu- 
blique. Le  soin  particulier  qu'il  apporte  à  tout  ce 
qui  peut  donner  une  connaissance  exacte  et  par- 
faite de  laFrance,  est  pour  les  préfets  un  grand 
encouragement,  comme  l'estime  qu'il  témoigne 
à  ceux  qui  le  secondent  est  une  douce  récompense. 

La  population  de  la  ci-devant  Al.vace  qui  cotn- 
prend  les  deux  départemens  du  Haut  et  dû 
Bas  -  Rhin  ,  était  ,  il  y  a  20  ans  ,  d'environ  626 
mille  âmes  ;  elle  est  atijourd'hui  ,  d'après  les  nou- 
veaux états,  de  768  mille;  ce  qui  donne  une 
différence  en  plus  de   142  mille  âmes. 

Il  faut  déduire  sur  cetf;  augmentation  de  142 
mille  le  montant  de  la  population  du  département 
du  Mont-Terrible  ,  et  des  autres  parties  Uu  terri- 
toire réunies  aux  départemens  du  Haut  et  du  Bas- 
Rhin,  qui  e.'l  d'environ  70  mille  :  ce  qui  donnerait 
encore  un  excédent  sur  la  population  existante 
en  1780  de  près  de  72  mille  araes. 

Les  administrations  militaires  venues  à  la  suite 
des  armées  ont  dû  augmenter  encore  accidentel- 
lement les  cadres  de  la  population  .  et  il  est  juste 
d'y  avoir  égard  dans  un  apperçu  général. 

Ainsi  on  peut ,  en  ne  négligeant  aucune  des 
considérations  propres  à  garantir  l'exactitude  des 
calculs  ,  affirmer  que  la  population  du  Bas-Rhin 
est  aussi  forte  qu  elle    l'était   il  y   a  vingt  ans. 

Cependant  la  guerre  ,  l'émigration  ,  un  gou- 
vernement vicieux  (  trois  causes  dont  une  seule 
peut  dépeupler  lempire  le  plus  florissant)  ont 
dii  occasionner  un  vide  effrayant  dans  la  masse 
I  des  hommes. 

En   1793  ,  après  la    retraite    des   armées  ,  des 

villages  entiers  ,  situés  entre  Brumath  et  Landau  , 

étaient     déserts  ,   et    cette   partie  était   l'une   des 

plus  populeuses  du  département. 

cela,  il  est  possesseur  d'un  bien  delà  couronne  i       La  moitié    de  la   population    de    Hasuenau  , 
_.,: .  a„ ui_. I         ...  r  ■     j_     j-      !  .11        ° 


veillance  à  l'égard  des  pharmaciens,  chez  qui  les 
plus  grands  abus  ont  eu  lieu  ,  tant  pour  le  prix 
que  pour  la  qualité  des  drogues;  1  indifférence 
pour  le  procédé  bienfesant  de  l'inoculation  de 
la  petite  vérole. 

Comment  donc  est-il  possible  qu'avec  tant  de' 
causes  destructives  ,  la  population  en  masse  du 
département  soit  la  même  qu'elle  était  en  1780; 
qu'elle  ait  même  éprouvé  un  accroissement  réel, 
démoiitré  par  le  nombre  considéiable  de  nou- 
velles habitations  construites  depûi's  quelques 
aùnées. 

C'est  une  espèce  de  problème  que  je  n'ai  pu 
encofé  résoirdre  d'une  manière  Saiis'fesante;  mais 
il  est  raisonnable  de  pcnstr  que  la  division  des 
j  domaines  nationaux  ,  l'augmentation  du  nombre: 
des  propriétaires  ,  le  mariage  des  piètres  ,  reli- 
gieux et  religieuses  ,  celui  des  jeunes  gens  qui 
ont  voulu  échapper  aux  réquisitions  militaires  , 
l'établissement  des  étrangers  que  la  révolution  a 
attirés  en  France  ,  sont  autant  de  causes  de  repro- 
duction qui  ont  pu  compenser  les  pertes  que 
d'autres  causes  ont  occasionnées. 

Je  terminerai  cet  article  en  observant  que  le* 
étals  de  popiilation  sont  le  résultat  des  dénombre- 
mcns  faits  dans  les  communes;  les  mesures  révo- 
lutionnaires ont  favorisé  cette  méthode  ,  qui 
n'était  employée  autrefois  que  partiellement  et 
comme  pouvant  fournir  un  terme  de  proportion 
avec  le  nornbre  des  naissances  ,  des  morts  oa 
des  mariages  :  aujourd'hui  qu'elle  a  eu  lieu  sur 
tous  les  points  de  la  république  ,  il  deviendra 
peut-être  intéressant  pour  l'adminisiration  de  s'as- 
surer si  le  rapport  du  nombre  des  naissances  à 
celui  des  habitans,  qui  était  de  i  à  26  pour  la 
majeure  partie  de  la  France  monarchique  ,  est 
d'accord  avec  le  résultat  des  dénombremens  qui 
servent  actuellement  de  base  aux  calculs  de  po- 
pulation. 

Mais  ce  travail  ne  pourra  avoir  lieu  que  lors- 
que tous  les  états  auront  été  formés  avec  exac- 
titude pendant  uae  année  entière. 

Au  moment  où  j'écris  ces  observations,  les 
ptipiers  publics  m'apprennent  que  le  préfet  des 
Bouche-s-du-Rbône  a  également  fait  un  travail 
comparatif  sur  la  population  actuelle  .  rappro- 
chée de  celle  de  1780  ,  et  que  le  résultat  de  ses 
recherches  donne  une  augmentation  considérable: 
mes  calculs  ne  -sont  pas  si  favorables  ,  mais  il 
faut  considérer  1°  que  pour  éviter  toute  exagé- 
ration %je  me  suis  tenu  au-dessous  de  la  réalité  ", 
en  annoriçant  une  égalité  de  population  ,  tan- 
dis qiiil'y  a  effectiveiuent  une  augmentation, 
que  l'on  doit  évaluer  au  moins  à  25  mille  âmes; 
i".  que  malgré  les  calamités  lévolutionnaites  qui 
ont  affligé  le  territoire  de  Marseille  ,  il  est  dou- 
teux que  l'émigration  s'y  soit  élevée  ,  comme 
dans  le  Bas-Rhin  ,  à  plus  de  40  mille  amt  s  ,  pour 
les  campagnes  seules  ,  et  non  compris  les  autres 
fugitifs  ou  véritables  émigrés  ,  qui  ne  peuvent 
être  compris  dans  la  classe  des  cultivateurs  ,  arti- 
sans ek   ouvriers. 


qui  vaut  3ooo  roubles  par  an 

Un  jeune  homme  de  17  ans  a  été  condamné 
aux  sessions  de  la  cité  à  six  mois  de  prison 
cOiTime  convaincu  d'avoir  pris  part  aux  derniers 
troubles.    (  Extrait  du  courier  de  Londres  n°  35.  ) 

Bu  i^'  novernbre  (  10  brumaire.  ) 

Actions  de  la  banque  i65  ;.  —  Trois  pour  | 
consolidés  63  |  5  f  |.  —  Omnium  i  ^  ^  ^■ 

La  grande  flotte,  prêle  à  appareiller  ,  au  nom~ 
bre  de  23  vaisseaux  de  ligne  ,  sous  les  ordres  de 
l'amiral  Harvey  ,  est  retenue  à  Torbay  par  les 
vents  contraires. 

Nous  apprenons  que  M.  Dundas  est  très-gtave- 
ment  malade  à  Chettenham.  , 

Le  vaisseau  te  Thésée, avnvé  de  la  "côte  d'Egypte, 
a  été  relevé  de  quarantaine  à  Motherbanck  ,  et  est 
venu  mouiller  à  Spithead. 

Le  prix  du  bled  a  commencé  hier  malin  à 
éprouver  une  diminution  sensible. 

Il  a  été  affiché  mardi  dernier  dans  la  cité 
qu'il  serait  ouvert  un  magasin  oii  les  harengs 
salés  et  les  pommes  de  terre  seraient  vendus 
aux  pauvres  au  prix  de  premier  achat 


qui  était  autrefois  de  dix  à  onze  mille  âmes  ,  est 
aujourd'hui  composée  d'individus  nouvellement 
établis  dans  cette  ville. 

L'agriciilture  était  presqu'entiérement  abandon- 
née dans  ces  malheureuses  contrées. 

La  loi  du  22  nivôse  an  3  lui  rendit  quelques 
bras.  Mais  le  18  fructidor  a  de  nouveau  tout 
paralysé. 

Des  corps  de  biens  de  60  arpens  ont  trouvé 
difficilement  des  cultivateurs  ;  souvent  on  a  refuse 
de  prendre  des  baux  à  i  franc  l'arpent  ,  et  le  fisc 
fut  obligé  de' céder,  au  plus  vil  prix  ,  lajouissance 
de  ces  terrains  devenus  domaniaux. 

Cette  modération  du  fisc  (pour  le  dire  en 
passant)  n'a  pas  peu  contribué  à  diminuer  les 
effets  désastreux  de  l'émigration  :  ses  agcns  ont  eu 
ici  le  bon  esprit  de  sentir  que  ,'pour  l'état ,  le  pre- 
mier avantage  était  dans  la  culture  ,  et  si  les  loca- 
tions ont  fait  rentrer  peu  de  recettes  pécuniaires 
au  trésor  public',  au  moins  la  terre  ,  privée  de  ses 
vrais  propfiétaires  ,  n'est  pas  restée  entièrement 
oisive  :  la  masse  des  productions  n'a  pas  été  con- 
sidérablement diminuée. 

Indépecidamment  des  causes  qui  ont  altéré  par- 
tiellement la  population  ,  il  en  est  une  qui  a  dû 
arrêter  ses  progrès:  c'est  le  défaut  de  police  dans 


L'envoyé  du  dey  d'Alger  a  remonte  laTamîse    les  diflérentes  branches  de  l'art  de  guérir,  la  faci 


MINISTERE  DE    LA  GUERRE. 

Décision  du  ministre  de  la  guerre  ,  sur  les  adjoints 
aux  commissaires  des  guerres. 

En  exécution  de  l'arrêté  des  consuls  du  9  plu- 
viôse an  8  ,  et  de  leur  autorisation  du  i'^'  brumaire 
dernier ,  le  ministre  arrête  les  dispositions  sui- 
vantes : 

Art.  P'.  ïl  y  aura  un  examen  pour  la  nomi- 
nation aux  places  d'adjoints  aux  commissaires 
des  guerres  ,  créées  par  l'article  XXII  de  l'arrêté 
du  g  pluviôse  an  8. 

II.  Cet  examen  sera  fait  publiquement  au  jour 
et  dans  le  lieu  qui  seront  indiqués  par  le  ministre 
de  la  guerre  ,  en  présence  de  trois  administra- 
teurs militaires  supérieurs.  Il  roulera  sur  léï 
réglemens  d'administration  mihtaire  ,  sur  les  lois 
relatives  à  la  romposition  ,  à  l'administration  , 
à  la  comptabilité  ,  ainsi  qu'à  la  police  des  corps  , 
et  sur  les  calculs  arithmétiques. 

III.  Seront  admis  à  cet  exarnen: 
1°.  Les  adjoints  provisoires  ; 

2°.  Les  élevés  cotmmissaires  des  guerres; 

3°.  Les  officiers  qui  ,  ayant  trois  ans  de  services 
militaires  ,  se  destineront  à  la  partie  adminis- 
trative ;  .         ' 

4°.  Les  employés  des  bureaux  de  la  guerre  ,  qui 
sont  en  activité  depuis  plus  de  trois  ans ,  e;  rem- 
plissent ,  depuis  un  an  au  moins ,  les  fonctions  de 
rédacteur. 

IV.  Nul  ne  pourra  être  examiné  sans  avoir 
obtenu  du  ministre  des  lettres  d'examen  ,  qui  ne 
seront  délivrées  qu'à  ceux  qui  auront  les  titres 
ci  -  dessus  exigés  .  et  justifieront  de  l'âge  de 
vingt-un  ans  accomplis,  ainsi  que  de  leur  mo- 
ralité. 

Les   individus    qui  justifieront  avoir   fait   une 


dans,  son  vaisseaujusqu'à  la  Tour.  Il  a  amené  en    liié  avec   laquelle  on  a  permis   depuis  la  révolu-  f  campagne  dans  une  armée  active  ,  pourront  êtiie 


179 


admis  au  concours  à  l'âge  de  dix-neuf  ans ,  et 
teux  qui  justifieront  avoir  fait  deux  campagnes 
dès  l'âge  de  dix-huit  ans. 

V.  Les  examens  commenceront  le  i"  nivôse 
prochain  :  ils  auront  lieu  à  Paris  ,  au  quartier- 
général  de  l'armée  du  Rhin  ,  et  au  quartier- 
général  de  l'armée  d  Italie. 

VI.  En  fesant  la  demande  de  lettres  d'examen  , 
les  candidats  indiqueront  le  lieu  où  ils  désirent 
être   examinés. 

VII.  Le  miriisire  fera  connaître  ,  par  une  ins- 
truction ,  la  marche  que  les  examinateurs  de- 
vront suivre  ,  tant  pour  s  assurer  de  linstruciion 
des  candidats  ,  que  pour  lui  faire  connaître  les 
droits   de  chacun  d'eux  à  une  place  d'adjoint. 

VIII.  Le  ministre  indiquera ,  tous  les  ans  ,  lépo- 
que  et  le  lieu  dans  lequel  se  fera  l'examen  ,  pour 
lobîention  des  places  d'adjoints  devenues  va- 
cantes pendant  le  cours   de  l'année. 

Paris,  ce   14  brumaire  an  9,         ~ 

Signé  ,    LacuÉ.E. 


PRÉFECTURE  DE   LASEINE. 

Le  préfet  du  département  informé  que  dans  la 
plupart  des  communes  du  département  l'ordre 
de  numéro  des  maisons  est  interverti  ;  que  sou- 
vent une  iBaison  porte  deux  ou  trois  numéros 
différens  ,  et  quelques-uns  même  n'en  ont  point  ; 

Informé  aussi  que  les  noms  de  plusieurs  rues 
et  places  desdites  communes  ont  été  changés  sans 
autorisation  légale  ; 

Corisidérant  que  cette  double  confusion  occa- 
sionne nécessairement  de  l'inexactitude  dans  la 
désignation  des  maisons,  rues  et  places  ovi  elles 
sont  situées  ,  et  que  souvent  des  réclamations  ont 
été  faites  à  ce  sujet  par  les  propriétaires  ; 

Considérant  que  le  numérotage  des  maisons  , 
et  la  dénomination  des  rues  et  places  doivent 
être  rectifiés  et  régularisés,  autant  pour  assurer 
l'exécution  des  lois  sur  la  contribution  foncière 
et  des  lois  relatives  au  logement  des  gens  de 
guerre  .  que-  pour  faciliter  le  commerce  et  les 
rapports  journaliers  qu  ont  entr'eux  les  citoyens  ; 

Considérant  enfin  que  les  opérations  dont  il 
s'agit  étant  dépendantes  delà  voierie,  elles  doi- 
vent, notamment  dans  Paris,  être  dirigées  sur  un 
plan  raisonné  et  conforme  à  la  topographie  de 
cette  ville  ,  arrête  : 

Art.  I".  Il  sera  procédé  à  un  nouveau  numé- 
roiige  des  maisons ,  dans  la  ville  de  Paris  et 
autres  communes  du  département  où  cette  opé- 
ration sera  jugée  nécessaire. 

II.  L'architecte  du  département  est  chargé  de 
faire  un  prompt  rapport  sur  les  moyens  d'effec- 
tuer le  nouveau  numérotage  dans  le  plus  bref 
délai ,  et  de  proposer  ses  vues  sur  les  dimension 
et  disposition  des  numéros.  Il  est  aussi  chargé  de 
dresser  un  état  des  rues  et  places  dont  les  noms 
ont  été  changés  depuis  1789,  et  de  celles  dont 
les  noms  ont  été  conservés. 

Il  se  concertera  pour  l'un  et  pour  l'autre  objet 
avec  tes  inspecteurs  de  la  voierie. 

III.  Les  numéros  et  noms  actuels  ne  pourront 
être  changés  dans  aucune  commune  du  dépar- 
tement .jusqu'à  ce  que  le  préfet  ait  déterminé  le 
mode  du  nouveau  numérotage  ,  et  désigné  les 
lues  et  places  auxquelles  il  conviendra  de  don- 
ner  de  nouveaux  noms. 

IV.  Le  présent  arrêté  sera  envoyé  aux  sous- 
préfets  et  maires  du  département. 

Expédition  en  sera  remise  à  l'architecte  du  dé- 
partement ,  pour  qu'il  puisse  s'y  conformer  en  ce 
qui  le  concerne. 

Paris,  le  12  brumaire  an  g. 
Le.préfet  du  département ,  Signé ,  Frochot. 
Lt  secrétaire-général  de  ta  préfecture , 

Signé  Et.  Méjan. 

Le  conseil  municipal  de  la  commune  de  Paris  , 
convoqué  par  le  préfct,$'est  assemblé  aujourd'hui  5. 
Le  préfet  lui  a  annoncé  que  pendant  le  c«urs 
de  la  session  ,  il  présenterait  à  son  examen  un  plan 
d'organisation  de  l'administration  des  hospices  , 
un  plan  d'amélioration  dç  l'instructipn  primaire  , 
et  un  prpjet  sur  lès  formes  décentes  à  restituer 
aux  inhumations. 


MELANGES. 

Dans  une  de  ses  dernières  séances,  la  société 
philoi'echni'que  de  Paris  a  èriietidu  l'un  de  Ses 
inembiys ,  le  citoyen  Joseph  Lavallée  ,  prononcer 
I  éloge  du  général  Desaix. 

Il  n  y  avait  qu'un  moyen  de  louer  dignement 
te  guerrier  ,  c'était  de  raconter  sa'vie;  le  citoyen 
Joseph  Lavallée  en  lormant  son  plan  paraît  s'être 
pénétré  de  cette  idée. 

Allez  dire  au  premier  consul  que  je  meurs  avec  le 
regret  de  n'avoir  pas  assez  fait  pour  vivre  dans  la 
postérité. 

Telles  furent  les  dernières  paroles  de  Desàix  ; 
ce  sont  les  ptemietei  que  l'orateur  emploie,  itou- 


vani  ainsi  un  moyen  ingénieux  de  compleller 
l'élogq  de  son  hétos  même  avant  de  l'avoir  com- 
mencé. Il  n  ignore  pas  que  quelques  personnes 
affectent  de  les  révoquer  en  doute;  mais  à  l'exem- 
dcs  anciens  orateurs  ou  des  historiens  les  plus 
tienomraés  ,  il  use  du  droit  de  recueillir  dans  des 
sources  respectables  ,  et  de  propager  les  bruits 
même  qui  tournent  à  la  gloire  de  son  héros,  et. 
qui  ne  sont  démentis  ni  par  son  caractère  ni  par 
sa  conduite. 

En  parlant  des  premières  années  de  Desaix  il 
n'est  qu'un  moyen  d'intéresser,  c'est  de  suivre 
avec  exactitude  l'orateur  qui   les  retrace. 

>;  Desaix,  dit-il ,  vit  le  jour  en  1769  à  Veys;oux  , 
village  de  la  ci-devant  Auvergne.  C'est  encore  un 
ami  de  la  liberté  que  les  montagnes  se  gloiilient 
d'avoir  nourri.  Le  destin  qui  le  réservait  à  de 
grandes  choses  ,  entoura  son  berceau  des  grands 
spectacles  de  la  nature  ,  et  des  grands  souvenirs 
de  Ihisloire. 

)i  II  ne  faut  pas  croire  que  les  objets  dont  l'as- 
pect frappe  les  regards  de  l'enfance  soient  sans 
importance  sur  le  reste  de  la  vie.  L'ame  reçoit 
sa  première  éducation  des  objets  extérieurs.' 
Ainsi  Caion  enfant  dut  à  la  vue  du  Capilole 
la  première  leçon  de  liberté  ;  Arminius  ,  sa  sau- 
vage indépendance  aux  forêts  de  la  Germanie  ; 
et'  Desaix  son  auguste  simplicité  à  ces  monts 
de  I  Auvergne  ,  asile  fortuné  des  pastorales  ha- 
bitudes. 

)>  Simplicité  de  cœur,  fierté  de  courage,  phi- 
losophie de  sentiment ,  voilà  donc  ce  qu  il  dut  à 
la  localité  de  son  berceau. 

n  Desaix  trouva  dans  Effiat  la  richesse  de 
l'éducation  nationale.  Efïiat  ,  fondée  par  le  père 
de  ce  malheureux  Cinq  Mars  ,  dont  le  nom  , 
d'âge  en  âge  ,  attend  des  cœurs  sensibles  le 
tribut  d'un  soupir.  Effiat  rivalisait  ,  dans  notre 
siècle  ,  avec  celte  Ecole  militaire  de  Paris  ,  oih 
l'éducation  a  forrrié  de  si  grands  hommes  pour 
la  France. 

j)  En  1784,  il  sortit  d'Effiat  et  entra  sous-lieu- 
tenant au  régiment  d'infanterie  de  Bretagne.  Il 
avait  alors  quinze  ans.. 

L'orateur  retrace  les  premiers  progrès  de  son 
héros  dans  la  carrière  militaire  :  tous  ses  pas 
sont  marqués  par  des  succès  :  tous  ses  succès 
par  des  traits  de  courage  extraordinaire  ou  d'ha- 
bileté. Le  passage  oià  se  trouve  dépeinte  la  nou- 
velle tactique  de  guerre  que  la  révolution  a 
subitement  fait  succéder  à  l'ancienne  ,  mérite 
d'être  rapporté. 

1)  Un  nouveau  système  de  bataille  s'introdui- 
sait insenriblement  parmi  les  troupes.  Desaix 
voyait  dans  les  rangs  moins  de  discipline  ,  mais 
plus  d'ardeur  pour  la  mêlée  ;  moins  d'aptitude 
pour  la  manœuvre  ,  mais  plus  de  véhémence 
dans  la  charge  ;  moins  d'à-plomb  dans  les  ba- 
taillons ,  mais  plus  d'impulsion  vers  la  gloire  ; 
enfinjusques-là  moins  de  victoires  générales,  mais 
plus  de  dévouement ,  plus  d'exploits  individuels. 
Desaix  ne  fut  pas  le  dernier  à  s'apppercevoir  de 
ce  phénomène  ;  et  pour  en  découvrir  plus  sû- 
rement la  cause  ,  il  reporta  ses  regards  sur  les 
études  militaires  qu'il  avait  faites  jusqu'alors  . 
et  il  reconnut  bientôt  que  la  guerre  s'identifiait, 
en  quelque  sorte  ,  aux  opinions  des  peuples. 
En  effet,  sous  les  rlîonatchies  ,  la  guerre  parti- 
cipe de  l'esprit  de  cette  espèce  de  gouverne- 
ment ;  elle  contracte  quelque  chose  de  la  poli- 
tique astucieuse  des  cours  ;  la  casframétaiion  de- 
vient ,  à  la  longue,  un  art  décevant  d'impos- 
tures combinées  ;  la  lactique  n'est  plus  qu'un 
talent  d'observation.  Dans  I  esprit  des  généraux  , 
elle  donne  le  pas  à  la  ru«e  sur  le  (  ourage  ;  elle 
ploie  les  bataillons  à  ne  se  mesurer  que  de 
l'œil  ,  à  ne  se  battre  que  de  contre-marches  ,  à 
à  ne  se  vaincre  que  de  fatigues. 

)j  Enfin,  il  faut  le  dire  ,  et  l'expérience  l'a 
prouvé  ,  si  l'infernal  génie  de  la  destniction  in- 
venta quelque  arme  meurtrière  ,  capable  ,  dans 
les  mains  du  lâche  ,  de  franchir  les  espaces  pour 
atteindre  le  brave  ,  ces  sortes  de  découvertes  se 
datent  toutes  des  époques  où  les  gouvernemens 
se  disputent  de  perfidie  ,  de  corruption  et  de  dé- 
loyauté. Qiiarrive-  t  -  il  ,  au  contraire,  parmi  les 
peuples  qui  secouent  l'esclavage  ?  Comme  la 
liberté  rapproche  I  homme  de  la  nature  ,  la  guerre 
remonte  de  même  vers  son  origine  première. Elle 
brise  ses  liens  ,  comme  le  peuple  ;  elle  se  dé- 
pouille de  la  contrainte  qui  la  flétrissait  ,  et  re- 
tourne à  sa  générosité  féroce  mais  antique  ; 
l'homme  revient  à  combattre  corps  à  corps  , 
comme  aux  premiers  âges  où  l'oppression  irrita 
sa  fierté.  C'es^  ainsi  que ,  tout-à-coup  .  nous 
avons  vu,  parmi  nous,  la  guerre  résister  au  joug 
de  la  science  ;  joindre,  dans  le  cœur  de  chaque 
soldat  ,  à  la  bravoure  naturelle  aux  français ,  une 
ardeur  de  dangers  qui  ressemble  presque  à  la 
soif  de  la  vengeance  ;  une  sorte  d'autorité  de 
victoire  ,  une  opiniâtre  volonté  de  triomphe  ,  une 
généreuse  effronterie  de  succès  inconnus  à  tous 
les  peuples;  et  lancer  sur  les  années  rivales, 
non-seulement  les  armées  en  masse  ,  mais  encore 
la  masse  de  chaque  courage. 

il  Ce  nouveau  genre  de  gUerre  ,  ërifahi  de  la 
liberté  ,  plut  à  la  lémétité  de  Desaix;  il  vit  qu'u- 


vec  de  tels  soldats  un  général  pouvait  tout  en* 
treprendre,  et  que  la  science  iii'iitJire  consistai,! 
désorraaiiS  à  savoir  Jiiiger  Celle  aideui.n 

Après  un  coup-d'œil  sur  les  campagnes  de 
l'an  2  ,  de  l'an  3  et  de  l'an  4  .  1  orateur  peint  la 
fortune  inconstante  léduisant  son  héros  à  passer 
par  tous  les  genres  de  gloire.  j 

"  Comme  la  Grèce  ,  dit-il- ,  la  républiqiae  va 
connaître  sa  retraite  des  dix    mille.  ' 

II  L'armée  deS.iinbrc  et  Meuse,  non  moins  b  ave, 
mais  plus  mal  servie  par  les  c'véïiemcns  ,  toice 
l'armée  de  Moreau  à  suspl-ndfc 'sa  marche  triora'- 
phale.  Le  soit  le  veut,  il  (àni  ri-vcuir  sur  ses 
pas.  Ce  n'est  poini  la  tiriie  àtsassiiie  du  Pai'lhe, 
c'est  le  lion  qui  rétrograder,  qui  tugii  dès  Iju  on 
l'approche,  qui  déchire  dès  qu'on  J'aiieint  ,  cju'i 
dévore  dés  qu'on  I  ariêie.  Tel  est  Moieau,  tel:est 
Desaix  dans  cette  retraite  ,  chcl-d  œuvre  du  génie 
militaire. 

)'  Il  fallait,  dans  cette  retraite,  traverser  utl 
pajs  iinmenbc  ;  il  falfdl  contenir  un  ennemi 
i]ue  la  circonstance  enorgueillissait  ,  I  tmpêcbfet 
d  entamer  l'arriere-garde  ,  de  dépasser  les  flancs, 
do  se  glisser  entre  la  république  ei  ses  défen- 
seurs ;  il  fallait  eu  imposer  à  un  général  autri- 
chien ,  fier  de  sa  jeuiies'se,  supcibe  de  sa  nais- 
sance ,  instruit  dans  les  camps  ,  et  do^it  Tac* 
tivité  dangeieuse  s'appuyait  sur  lamoui  du  soi./ 
dat  ,  sur  cet  amour  qui,  chez  tant  de  généraux, 
a  si  souvent  tenu  lieu  de  taletis.  Dans  une 
semblable  lutte,  tout  ciait  obsia'cle  ,  écueil, 
danger.  Le  pasié  n'offrait  que  regrets  ,  le  pré- 
sent qu'alarmes  ,  l'avenir  qu  incertitudes  ;  enfin, 
il  fallait  vaincre  pour  céder  ,  comme  on  triom- 
phe pour  conquérir.  Eh  bien  !  le  succès  le  plus 
inespéré  couronna  cette  admiiable  retraite  ;  tous 
lesjours  de  Desaix,  tous  les  jours  de  Moreavj 
furent  pleins  pour  la  gloire.  L'armée  arriva  toute 
entière  sur  le  Rhin  ;  elle  ne  perdit  pas  un  seul 
homme  ,  c'eût  été  perdre  un  lauiicr.  Mais  c'était 
peu.  Bonaparte  suivait  sa  destinée  .  il  triomphait 
en  Italie.  Il  fallait  empêcher  tjuc  l'aimée  de 
l'empereur  ,  libre  de  crainte  ]>our  le  Danube  , 
ne  traversât  les  monts;  il  fallait  l'occuper  par 
des  périls  présens  ;  et  Desaix  se  place  dans 
KehI. 

,  >>  Un  misérable  fort  ,  ouvert  de  toutes  parts, 
que  ,  peu  de  lenis  avanl  ,  il  avait  pris  en  quel» 
ques  heures  ,  devient  un  boulevard  impénélrabl» 
contre  lequel  se  brisent  toutes  les  forces  im:« 
périales.  Les  mois  s  écoulent  ,  les  tranchées 
s'ouvrent,  quarante  bataillons  sont  au  pied 
des  remparts;  les  assauts  se  mukipiieiu  ;  tout 
est  cendre,  tout  est  décombre ,  tout  est  ruine 
dans  le  fort;  rien  n'est  intact,  que  le  génie, 
le  courage  et  la  persévérance  de  Desaix.  II 
cède  enfin  :  mais  quand  ?  Lorsque  son  étonnante 
résistance  a  coûté  quinze  mille  homiTies  au  prince 
Charles  ;  lorsque  Strasbourg  est  devenu  inex- 
pugnable ;  lorsque  l'armée  est  recrutée  ;  lorsqup 
la  saison  a  rendu  les  approches  du  Rhin  im- 
possibles; lorsque  limmorielle  jouriiée  d  Arcole 
a  assuré  la  conquête  de  1  Italie  et  la  chute  pro-* 
chaîne  de  Manloue  ;  lorsqu'enFin  la  possessioa 
de  Kehl  n'ajoute  rien  à  la  réputation  du  prince 
Charles  ,  et  lui  a  coûté  l'irréparable  perte  du 
tems.    >' 

Ce  lécit  est  suivi  d'un  tableau  tracé  de  maia 
de  maître  ,  et  que  nous  ne  pouvons  louer  au'en 
le   transcrivant  :  c'est  celui   du  passage  du  Rhin< 

"  Une  armée  française  méditant  de  fianchir 
le  plus  grand  fleuve  de  l'Europe  ;  défiant  une 
armée  de  quatre-vingt  mille  hommes  et  cent 
pièces  de  canon  qui  défendent  le  passage  ;  les 
bataillons  apportant  à  la  conrseMes  bateaux, 
les  cables  et  les  rames  ;  deux,pon(s  «e  formant 
malgié  l'éruption  des  volcans  autrichiens  ;  leâ 
coursiers,  irrités  par  I  impatience  des  g,uerricrs  , 
se  précipitant  dans  les  flots  ,  et  traînant  après 
eux  des  groupes  de  héros  dont  la  ihain  aviie 
se  suspend  à  leurs  crins  ;  le  fleuve  qui  mugh 
sous  le  poids  des  combattans  ;  le  sifflement  des 
rames  ;  les  cris  précurseur^  de  la  victoirc'5 
le  bronze  giondaut  avec  furie  ;'  Ife  ciel  ,  com- 
plice de  Ce  spectacle  formidable  ,  unissant  leS 
orages  de  l'air  aux  orages  dés  passions;  les  caH- 
reaux'  de  la  foudre  Se  heurtant  confre  les- fou'- 
dres  de  la  guerre  :  par-  tout  le  ffacas,  pâr'- 
lout  la  rage  ,  par-tout  le  sang  ,  par-tout  larriorlf 
mais  vains  efforts  et  du  fleuve  ,  et  des  Crsars  , 
et  des  élëraens  ;  l'armée  passe  )  leile  est  passée. 
Cent  bataillons  sont  enfoncés  ,  la  terreur  sert 
empare,  la  fuite  les  disperse  ;  la  liberté  triomphe*, 
et  la  fortune  de  lan  5  s'assied  sur  1  immortalité;  i 

Par  une  -transition  heureuse-  ,— Inarateur  suit 
ici  le  général  Desaix  parcourant,  sous  les  aus- 
pices de  la  paix  ,  les  lieux  où  l'arhnée  ditolie 
avait  remporté  ses  immortelles  victoires  ,  et.  y 
fesant  des  reconnaissances  annoncées-  à  l'ordic 
de  l'armée  comme  un  homijiage.  digi'e ,  d'elle. 
Bientôt  le  cours  des  événemcns  le  conduit  au 
moment  où  Bonaparte  pesait-déjà -1  Egypte  dan» 
la  balance  de  l'avenir;  il  suit  son  hétos  dans  ce  pay» 
oii  tout, dit-if ,  estpliénonicne  :  n-pliéno«:i-eHc-d,ui« 
I  invention  des  diçux  ;  phénomène  dans  le»  fa- 
bles ,  'phcnomeVic  dans  les  sciences  ,  dans  le 
commerce,  dans  les   ans;  phénomeni;  dan»   la 


grandeur  de  Sésosiris  ,  dans  la  tyrann'te  des 
pharaon  ,  dans  la  puissance  des  Ploioraée  ;  c'est 
encore  un  phénomène  que  les  voluptés  des  ca- 
lifes ,  que  l'ignorance  dont  elle  devint  la  proie  , 
que  le  fanatisme  (jui  l'a  rendue  le  cercueil  de 
J'Earope.  Colossale  dans  les  tombeaux,  gigan- 
lesque  dans  les  vices  ,  sublime  dans  les  lumières  , 
éionnanie  d^ns  l'abjection;  ruines,  mensonges, 
préjugés  ,  fertilité  ,  poussière  .  paresse  même  , 
tout  y  porre  une  grandeur  héréditaire  ,  tout  y 
reçoit  le  caractère  d'une  indigène  majesté.  >» 

Tandis  que  l'Orient  retentissait  du  bruit  de  nos 
victoires  sur  le  Nil  ,  les  français  ,  déshérités  en 
Europe  par  la  fortune,  voyaient  chaque  jour 
tomber  en   lambeaux  l'empire  de  la  libertéi 

»»  Les  traités  rompus  ,  la  paix  fugitive  ,  les  am- 
bassadeurs égorgés ,  ritalie  perdue  ,  la  Suisse 
démembrée  ,  la  mort  au-dehors ,  la  discorde 
au-dedans  ,  et  Massena  ,  debout  au  milieu  de 
ces  vastes  débris,  seul  fanal  offert  à  la  victoire 
égarée-,  tel  élaii  notre  sort.  Mais  tout  espoir  n'est 
pas  perdu  ,  le  Midi  nous  estlidelie,  c'est  l'ai^lièr 
de  la  foudre  ,  et  Bonaparte  arrive. 

»  Tout  change  alors ,  et  les  lois ,  et  les  hommes 
et  les  choses »> 

Le  génie  de  la  république  rappelait  aussi  le 
général  Desaix.  A  peine  a-i-il  touché  le. rivage 
français  qu'il  écrit  ; 

f>  J'ai  bien  vu  des  pays ,  j'ai  vu  tous  les  endroits 
S)  célèbres  par  les  religions  ,  ei  la  fable  et  l'his- 
t)  toirc  :  lEgypte.  la  Syrie  ,  U  Grèce,  la  S:cile  , 
»>  Rome.  Que  de  raonumens ,  que  de  ruines, 
5>  que  de  souvenirs!  Je  les  ai  achetés  par  des 
5>  peines  excessives  ,  des  fatigues  prodigieuses  , 
Il  des  inquiéiudes  sans  nombre  ;  mais  j'ai  revu 
Il  la  patrie  ,  tous  est  effucé.  Les  jouissances  rcs- 
♦1  lent  ,  et  elles  sont  délicieuses.  >) 

i>  Mais  il  apprend  que  l'on  combat  ;  dès-lors 
plus  de  repos  ,  plus  de  sommeil  ,  plus  de  pa- 
tience. Il  Ordonnez-moi  de  vous  rejoindre,  écti- 
îit  vait-il  à  Bonaparte;  général  ou  soldat,  que 
:)i  m'impone,  pourvu  que  je  combatte  avec  vous 
»>  ei  sous  vous.  Un  jour  sans  servir  la  patrie  est 
11,  un  jour  retranché  de  ma  vie.  n  II  part ,  il  court, 
il  arrive 

n  Quel  jour  ,  dit  l'orateur  ?  C'est  celui  de 
Marengo.   —    Il   sera  grand.   —  Entendez-vous 

le   bronze? Dans  l'épouvantable  inêlée  qui 

a  reconquis  U  victoire  ,  qu'est  devenu  Desaix  ? 
vous  le  demandez  !  vous  ne  voyez  donc  pas  le 
temple  de  l'immonaliié  qui  s'est  tout-à  coup 
élevé  sur  cetie  plaine  !  suivez  les  traces  de  son 
généreux  sang  :  c'est  là  que  vous  le  trouverez; 
il  s'est  emparé  de  l'immortelle  paix  :  sa  mort  va 
le  donner  au  monde.  >' 

Telle  est  la  marche  suivie  par  le  citoyen  Joseph 
Lavalléc  dans  cet  écrit  qui  porte  l'empreinte  d'une 
«me  élevée  et  d'un  talent  distingué. 

Des  notes  très-intéressantes  sont  placées  à  la 
«uite  de  ce  discours  :  nous  avo:is  souvent  saisi 
l'occasion  de  faire  connaître  ,  par  nos  citations  , 
le  style  de  l'orateur.  Il  a  de  la  pompe,  de,  la 
chaleur  ,  de  l'énergie  ;  quelques  écarts  ,  cer- 
taines disparates  ,  quelques  ligures  ,  plus  recher- 
chées que  naturelles,  y  sont  des  taches  légères; 
tribut  que  le  citoyen  Joseph  Lavallée  ne  semble 
pas  pouvoir  se  dispenser  de  payer  à  sa  vive 
imagination. 

L'effet  que  ce  discours  a  nécessairement  pro- 
duit devant  une  assemblée  pénétrée  de  la  gran- 
deur du  sujet,  et  des  regrets  qu'inspire  le  héros 
B  dû  être  bien  honorable  pour  l'orateur  ,  si  l'on 
en  juge  parlintéiêt  que  donne  sa  lecture. 


Programme  d'un  cours  d'histoire  naturelle  des  corps 
vivaus ,  considérés  comparativement  depuis  la  plante 
jusqu'à  l'homme. 

Depuis  quelques  années  l'histoire  naturelle  a  fait 
des  progrès  rapides  :  quoiqu'elle  offre  une  étude 
aussi  vaste  qu'intéressante  ,  il  n'est  peut-être  pas 
impossible  de  lier  la  classification  des  corps  orga- 
nisés ,  d  une  manière  assez  intime  pour  en  suivre 
dans  une  année  le  magnifique  ensemble.  Le  ci- 
toyen Sue  ,  toujours  pénétré  de  cette  idée  ,  ei 
désirant  la  réaliser  ,  n'a  cessé  d'employer  toui 
les  momens  que  lui  a  laissés  sa  pratique  *  a 
recueillir  la  série  d'objets  nécessaires  à  »on  eSé» 
cution. 

Il  a  formé  un  établissement  dans  lequel  il  a 
tâché  d'associer  la  nature  elle-mêaje  à  ses  leçons , 
pour  diriger  plus  sûrement  ses  auditeurs  daiis  cejte 
belle  étude. 


189 

On  voit  dans  cet  établissement,  d'un  côté  un 
jardin  de  botanique  où  sont  rassemblées  et  ranr 
gées  ,  suivant  le  système  de  Linné  ,  des  plantes 
indigènes  ,  exotiques  et  vivaces  ;  de  l'autre  un 
muséum  où  les  corps  organisés  sont  préparés 
selon  leur»  formes  extérieuies  ou  intérieures  , 
et  classés  d'après  les  naturalistes  les  plus  mo- 
dernes. Le  citoyen  Sue  a  réuni  en  outre  plus 
de  neuf  cents  planches  coloriées  avec  la  plus 
grande  exactitude.  Les  systèmes  végétal  et  animal 
y  sont  représentés  avec  tant  de  fidélité  .  que  leur 
aspect  suffit  pour  donner  une  idée  précise  des  ca- 
ractères les  plustranchans  de  chacun  des  êtres  qui 
les  composent. 

Ainsi  ,  la  vue  de  ce  local  retracera  à  la  mé- 
moire des  personnes  qui  ont  peu  de  loisir  ,  quel- 
ques-unes des  grandes  impressions  qu'elles  ont 
reçues  en  visitant  le  superbe  muséum  du  jardin 
national  des  plantes  ,  et  leur  rappellera  les  excel- 
lentes leçons  des  plus  célèbres  professeurs. 

Yo'C'  Ifi  plan  de  ce  coyrs  annuel. 

Le  citoyen  Sue  consacrera  six  mois  à  chacune 
des  deux  grandes  classes  de  la  nature  vivante.  Ces 
classes  seront  divisées  en  sections  .  qui  lotmeront 
autant  de  cours,  dont  la  durée  particulière  sera  de 
deux   mois. 

Cette  division  a  paru  avantageuse  en  ce  que  , 
d'un  côté  .  elle  met  les  gens  du  monde  à  poitée 
d'observer  dans  une  même  année  les  lois  du 
système  organique'  sous  tous  leurs  rapports  ,  cl 
que  ,  d'un  autre,  elle  offre  aux  étrangers  et  aux 
artistes  qui  ont  d'autres  occupations,  les  moyens 
de  suivre  isolément  et  pendant  quelques  mois  , 
différentes  branches  de  cette  science  ,  de  ma- 
nière qu'en  y  employant,  chaque  année  ,  quatre 
mois  ,  ils  pourront  étudier  en  trois  ans  les  plan- 
tes ,  les  zoophyies  ,  les  vers  ,  les  insectes  ,  les 
mollusques  ,  les  reptiles  .  les  quadrupèdes  ovi- 
pares ,  les  oiseaux  ,"  les  cétacés  ,  les  quadrupèdes 
vivipares  et  Ihomme  ;  ce  qui  les  mei:tra  à  même 
de  (aire  l'application  de  ces  connaissances  ,  et 
de  jouir  ducnarme  qu'elles  répandent  sur  le  reste 
de  la  vie.  Lorsqu'on  est  iniruit  des  formes  ,  des 
couleurs,  des  habitudes,  des  mœurs,  de  lin- 
dustrie  ,  des  maladies  ,  des  usages  el  du  rapport 
respectif  de  tousies  êtres  qui  se  partagent  la  vie 
répandue  dans  l'univers  ,  on  n'esi jamais  seul;  ou 
vit  ,  on  lie  une  espèce  de  conversation  ,  l'élé  avec 
lel  végétaux  ,  et  l'hiver  avec  les  animaux  ;  entouré 
d'une  immense  société  qui  jamais  ne  peut  oc- 
occasionner  de  peines  ,  encore  moins  de  re- 
pentir ,  on  n'est  pénétré  que  d'admiration  ,  et 
par  elle  on  se  prépare  pour  tous  les  momens  , 
des  jouissances  incalculables  qui  centuplent  l'exis- 
tence. 

Le  cit.  Sue  vient  de  suivre  celte  inarche  pour 
pour  l'élude  des  plantes,  qu'il  a  divisée  en  trois 
cours  ou  sections. 

Ils  ont  pour  objet  , 

Le  i'^,  la  physique  végétale  ; 

Les',  l'analyse  comparative  des  systèmes  de  bo- 
tanique les  plus  ingénieux  et  les  plus  répandus 
en  Europe  ,  avec  la  description  de  chaque  plante 
de  l'école  ; 

Le  3^,  la  cryptogamie,  elles  principes  généraux 
de  la  matière  médicale. 

L'étude  des  anirtiaux  sera  également  distribuée 
en  trois  sections  ou  cours. 

Dans  le  1",  qui  commencera  le  22  brumaire  , 
à  sept  heures  moins  un  quart  du  soir  ,  le  citoyen 
Sue  traitera  des  zoophytes,  des  vêts,  des  insectes, 
des  mollusques  et  des  poissons. 

Dans  le  2'  ,  qui  aura  lieu  le  92  nivôs_e  .  à  la 
même  heure  ,  il  fera  l'histoire  des  amphibies  et 
des  oiseaux. 

Le  3'  ,  qui  terminera  l'année  du  cours  complet 
d'histoire  naturelle  ,  s'ouvrira  le  22  ventôse  ,  à  la 
même  heure  ,  et  aura  pour  objet  les^cétacèi  ,  les 
quadrupèdes  vivipares  ,  et  l'homme. 

Au  mois  de  floréal  ,  le  cit.  Sue  recommencera 
par  les  plantes  l'étude  de  la  nature  vivante  ,  et 
analysera  les  observations  faites  sur  les  êtres  ani- 
més ,  depuis  la  plante  jusqu'à  l'homme  ,  en 
marchant  du  simple  au  composé.  Ceux  qui  pour- 
ront consacrer  l'année  endere  à  cette  théorie  des 
corps  organisés  ,  jouiront  de  l'avantage  inappré- 
ciable dembrasser  les  rapports  compatatifs  que 
les  races  vivantes  offrent  enir'elles ,  et  que  l'esprit 
ne  peut  jamais  saisir  aussi  bien  quand  ils  sont 
présentés  en  diffélens  tems  ,  et  par  plusieurs  pro- 
fesseurs. Cette  toéthode  est  l'inverse  de  celle  qu'on 
suit  ordinairernettt  ;  mais  on  la  trouvera  préférable 


si ,  considérant  le  plus  grand  phénomène  de  la 
nature,  l'ariimalisalion  ,  comme  tous  les  autres, 
on  sent  qu'il  f.iut  commencer  à  l'observer  dans 
ses  élémens  ,  afin  de  saisir  les  points  de  division 
des  divers  chapitres  du  grand  livre  de  la  nature  , 
et  de  leconnaître  en  même  teras  les  points  de 
contact  qu'il  est  plus  aisé  de  découvrir  dans  cette 
manière  de  procéder. 

Le  citoyen  Sue  consacrera  ,  pendant  les  quatre 
derniers  mois  de  ce  cours  ,  un  jour  par  décade  à 
l'élude  de  l'anaiomie  et  de  la  physiologie  ;  et 
comme  il  possède  une  superbe  collection  dans 
ce  genre,  les  souscripteurs  auront  l'avauiage  de 
réunir  dans  le  même  lieu  les  connaissances  sut 
la  physique  animale  à  celles  sur  l'histoire  natu- 
relle. En  parcourant  comparativement  les  phéno- 
mènes de  la  nutrition  ,  de  la  digestion  ,  ,de  la 
circulation  ,  de  la  respiratiori  ,  des  séciélions  , 
de  l'ossification  ,  de  la  génération  ,  de  l'irritabi- 
lité, de  la  sensibililé;  il  les  considérera, dans  l'état 
de  santé  et  de  maladie.  .     , 

Chaque  souscripteur  pourra  observer  dans  le 
muséum  du  cil.  Sue  toutes  jes  parties  du  système 
organique  .suivant  1  ordre  qui  vient  d  èire  décrit. 

Le  cit.  Sue  demeure  rue  Neuve-Luxembourg  , 
section  de  la  place  Vendôme  ,   n"  i6i>. 

J^ota.  Chaque  souscripteur  aura  la  facilité  de  faire  entrer  grï» 
luîtement  à  ce  cours  une  personne  de  l'un  ou  de  l'autre  sexe , 
qui  maliieureus--  par  les  circonstances  ,  aurait  un  ardent  de»ic 
d'étudier  l'histoire  naturelle. 


LIVRES      DIVERS. 

Choix  des  meilleurs  morceaux  de  la  littérature 
russe  ,  à  dater  de  sa  naissance  jusqu'au  règne  del 
Catherine  II,  traduit  en  français  par  M.  L.  Pappa 
do  Poulo  ,  et  par  le  cil.  Gallet.  Chez  Lefort ,  rue 
des  Remparts-Honoré  ,  n"  961.  Prix,  4  fr.  pour 
Paris,  et  5  fr.  5o  cent,  pour  les  dépanemens. 


COURS     DU    C  HA  N  G  E. 

Bourse  'du  li  brumaire. 

i  3o  Jours.       I  à   goJDUrs^ 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid...    

' Effectif 

1  Cadix 

1 Effectif 

,  Gênes  effectif 

Livouirne 


Bâie. 


561 

190 

4  fr.  go  c. 
14  fr.70  c. 

4  fr.  90  c. 
1 4  fr.  40  c. 

4  fr.  70  c. 

5  fr.  12  c. 

P~ 


Effets  publics. 

Rente  provisoire sS  fr.  5o  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers ,1  fr.  68  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr.  25  c. 

Bons  pour  l'aa  8 92  Ir.  85  c. 

Syndicat 82  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  28  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre   de    la  Republique  et  des  Arts. 

ILe  19,  Bal  masqué. 
Théâtre   de   la  rue  Fevdeau.  AujouWThui 
,  la  7'   repr.   de   Tjtnéo  ,  suiv.  de  la  2°  à' Augustine. 
et  Benjamin. 

Théâtre  DES  JEUNES  élevés,  rue  deThionville. 
Auj.  les  trois  Jumeaux  vénitiens,;  les  Marchés  de 
Philis  ,  et  le  Bosquet. 

Théâtre  DE  la  Gité-'Variétés.— Pfzn^omtmer. 
Aujourd'hui  la  4'  repr.  de  l'Amour  aux  Petites- 
Maisons  ou  les  Fous  hollandais  ,  folie  ornée  d« 
chants;  Louise,  ei  l'Epreuve. 


LOTERIE    NATIONALE. 

Tirage  du  i5  brumaire. 

5i.     24.     35.     75.     17. 


Erratum.  Dans  le  n*  d'hier ,  article  Spectacles  , 
au-heu  de  ces  mots  ,  le  cœur  est  heureux  élisez: 
le  cadre  est  heureux. 


L'abounetBcntiefaitaPari»,  me  des  Poitevîm,  m' 18.  Le  ptixest  de  ai  franci  pour  troii  moii,  5o  fraac»  pour  six    mois,   et    100   francs  pour  laonée  entière.  On   oc 

l'abonne  qu  au  con>mcucemcnt  de  chaque  mois. 

n  faut  adresse,  tes  lettres  et  l'argent,  franc  de  port  .aucit.AOASSE,  propriétaire  de  ce  journal, rue  des  Poitevins,  a«  18.  Hfautcomprendre   dans  les  envois  le  port    de. 

pay»  où  l'on  ne  peut  jffranchir.   Les  lettres  des  dépanemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Ilfaut  avoir  soiu,  poui  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui   tenfermentdes  valeurs,  et  adres 
?oitevins     n°.  i3,  depuis  »euf  heures  duœatinjusqu'à  cim  neutes  du  soir. 


At  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,    au  rédacteur  ,  l'ue  de 


A  Eavi  s,  de  l'iœptimerie  du  eit,  Àgasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Paitevini ,  n"  i3. 


GAZÈaœi/NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^°  47. 


SepHdi  ,    1  7    brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  <iu  7  Nivôse  le   Mo  NIT  E  U  R  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemenî ,  les  nouvelles  des  armées ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sut  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministéiielles. 

Un  article  sera  patticuliérement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTÉRIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  3o  octobre  (  8  brumaire.  ) 

Le  mécontentement  est  général  parmi  les  offi- 
ciers employés  à  l'expédition  contre  Cadix  ,  à 
cause  de  la  manière  dont  elle  a  été  abandonnée. 
Ce  qui  suit  est  un  extrait  du  journal  d'un 
officier  à  bord  de  la  floue  de  sir  Richard  Bic- 
kenon. 

Du  18  septembre.  Un  convoi  de  80  voiles  vient 
de  passer.  Ce  sont  les  transports  qui  amènent 
les  troupes  du  Ferrol.  Elles  vont  à  Gibraltar.  Il 
y  a  12,000  hommes.  La  jonction  faite,  Tarrnée 
sera  de  26,000  hommes.  Ils  s'attendent  à  être 
employés   pour  un  grand  coup. 

Du  21.  Aujourd'hui  le  Greyhound .  avec  huit 
vivriers  ,  venant  d'Angleterre  ,  a  passé  à  Gibraltar. 
L'escadre  s'est  approchée  de  Cadix  pour  l'aire 
une  reconnaissance.  Quoiqu'elle  en  fût  très-près, 
les  espagnols  n''ont  pas  tiré  un  seul  coup.  Nos 
gens  ont  apperçu  une  explosion  terrible  à 
quelques  milles  dans  l'intéiieur  des  terres.  On 
suppose  que  c'est  un  magasin  à  poudre  qui  a 
-sa.nlé. 

Du  ï5.  Les  vaisseaux  de  guerre  elles  bâtimens 
marchands  à  Cadix  sont  rentrés  dans  fe  port 
intérieur,  de  peur  d'une  attaque,  et  dans  lin- 
lention  d'incommoder  davantage  nos  troupes  au 
moment  du  débarquement,  en  couvrant  la  pé- 
ninsule. Ils  s'auendent  à  chaque  instant  à  voir 
paraître  la  floiiille  du  lord  Keith.  Cadix  est  très- 
fortifié.  L'ennemi,  instruit  de  nos  desseins,  à 
tout  préparé  pour  nous  recevoir.  On  croit  que 
c'est  aux  vaisseaux  et  aux  chantiers  que  nous 
en  voulons. 

Du  ag.  Nous  sommes  toujours  en  suspens  : 
nous  n'entendons  point  parler  du  lord  Keiih  , 
«t  le  vent  empêche  maintenant  Ja  flotte  qui  se 
trouve  dansMe  déitoii ,  d'en  sortir. 

Du  Z  octobre.  Un  bâtiment  américain  ,  arrivant 
de  Cadix  ,  rapporte  que  les  espagnols  font  les 
plus  grands  préparatifs  pour  repcmsser  lattaque 
dont  ils  sont  menacés.  Ils  ont  un  camp  de  8000 
hommes  sut  le  mont  Medine. 

Du  4.  Le  jour  qui. se  levé  nous  découvre  la 
flotte  que  nous  attendions  avec  tant  d'impatience. 
Spectaclejmposant!  il%st  probable  que  les  opé- 
rations commenceront  demain. 

Onze  heurss  du  soir.  L'amiral  (sir  R.  Bickerton) 
arrive  d'auprès  du  lord  Keilli.  Il  a  apporté  avec 
lui  les  plans  pour  l'alfa.iue.  Demain  à  la  pointe 
du  jour,  la  première  brigade  composée  de  5ooo 
hommes  ,  opérera  une  descente  près  de  Roia.  — 
La  floue  est  composée  de  i58  voiles  environ  : 
tous  les  bâtimens  sont  à  l'ancre;  les  espagnols 
tirent  le  canon  daliarme  ,  toutes  les  minutes  ,  le 
long  de  la  côie. 

Du  6.  La  journée  d'hier  s'est  passée  en  délibé- 
rations. Il  n'y  a  point  eu  de  débarquement. 

Du  7  au  matin.  Le  signal  pour  lever  l'ancre  a 
été  donné.  Nous  sommes  en  station  par  le  N.  O. 
pour  proléger  la  descente  entre  San-Lucar  et 
Cadix.  Le  Phaëton  doit  couvrir  le  débarquement. 

Du  1 1  o  midi.  La  flotte  est  à  l'ancre  ;  les  bateaux 
sont  en  mouvement;  le  débarquement  va  proba- 
blement s'efFecluet, 

Du  même  jour,  une  heure  après-midi.  Trois  mille 
hommes  de  troupes  sont  dons  les  bateaux;  les 
matelots  sont  piêis  pour  le  débarquement.  Des 
ordres  viennent  d'être  donné»  pour  ne  pas  dé- 
■faarquer.  La  flotte  est  à  l'ancre. 

Du  17.  Hier  à  4  heures  après-midi  l'amiral  en 
chef  a  donné  une  seconde  lois  le  signal  pour 
qu  on  se  prépaiâi  à  débaniuer  le  lendemain  à  la 
pointe  du  jour.  A  minuit  on  est  venu  dire  à  sir 
Richard  que  le  débarquement  ne  se  ferait  pas  ;  la 
flotte  se  dispose  à  mettre  à  la  voile. 

Haller  ,  qui  a  recueilli  le  plus  grand  nombre 

ou'il  a  pu  d'exemples  de  longévité  ,  dit  qu'il  a 
ompté  plus  de  1000  personnes  qui  ont  vécu  de 
'^ent  à  cent  dix  ans;  soixante,  de  1  10  à  120;  vingt- 
"^  f  Je  120  à  l3o  ;  quinze  ,  de  i3o  à  140  ;  six  , 
de  140  à  160 ,  et  une  qui  a  vécu  169  ans.  On  a 


remarqué  que  l'Angleterre  ,  la  Suéde  et  le  Danne- 
marck  sont  les  pays  qui  oifrent  le  plus  grand 
nombre  de  phénomènes  en  ce  genre. 

C'est  au  comité  du  conseil  de  la  commune  de 
la  cité  de  Londres  qu'on  est  redevable  du  projet  , 
d  ouvrir  des  magasins  pour  la  veine  des  pommes 
de  terre  an  prix  de  3  scheH.  par  livre  ;  pour  celles 
de  la  meilleure  qualité,,  on  les  vendait  le  double 
la  semaine  dernière.  Celait  un  essai  pour  les 
aunes  denrées  :  il  a  si  bien  réussi,  qu'on  est 
déterininé  à  leiendre  à  la  viande  de  boucherie  , 
au  pain  à  la  livre  ,  et  aux  autres  objets  de  pre- 
mieie  néccfiié.  Les  marchands  de  pommes,  de 
terre  onl  déjà  baissé  leur  prix  au  taux  de  celui 
qu'a  adopte  it' comiié:  il  n'v  a  pas  de  doute  que  les 
bouchers  ne  seiuent  .lussi  la  nécessité  de  réduire 
le  leur.  Un  fait  qui  méii'e  d  être  ciié  ,  c'est  que 
quelques  numbres  du  comiié  ont  acheté  au 
marché  de  SmiiiiHeld  ,  lundi  dernier ,  12  moutons 
gras  dans  liiuenlion  de  s  assurer  du  piix  auquel 
cette  viande  peut  se  vendre.  Elle  ne  leur  revient 
qu'à  quatre  penny  et  demi  la  livre. 

(  Extrait  du  Times  et  du  True  Briten.) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,   le   16   brumaire. 

Une  malle  contenant  des  mariyscrits  précieux 
avait  été  enlevée  au  citoyen  Lacépeile;  elle  vient 
de  lui  être  rendue  :  il  y  a  retrouvé  la  totalité  de 

ses   papiers. 

—  Un  trait  de  déloyauté  de  la  part  des  anglais  a 
été  dernièrement  ciié  dans  celle  feuille  :  Icjôurna/ 
de  Pans  nous  donne  l'occasion  d'y  opposer  un 
trait  de  générosité  des  espagnols.  Le  premier  était 
tiré  de  l'histoire  de  la  dernière  guerre  ;  celui-ci 
est  cité  par  Raynal: 


u  Un  Vaisseau  anglais  ,  battu  par  la  tempête,  et 
sur  le  point  de  périr  ,  aima  mieux  enirer  cbns  la 
Havane.  C'était  un  port  ennemi  ;  c'était  en  1746;  , 
dans  le  feu  de  la  guerre.  <t  Je  viens  ,  dit  le  capi- 
n  laine  anglais  au  gouverneur  de  la  place  ,  je  viens 
1)  vous  livrer  mon  navire  ,  mes  matelots  ,  mes 
Tï  soldais  ei  moi-même  ;  je  ne  vous  demande  que 
j)  la  vie  piiur  mon  équipage.  " 

t<  Je  ne  commettrai  point ,  dit  le  commandant 
"  espagnol,  une  action  déshonorante.  Si  nous 
))  vous  avions  pris  dans  le  combat,  en  pleine 
>>  mer  ,  ou  sur  nos  côtes  ,  votre  vaisseau  s  lait  à 
i>  nous  ,  et  vous  seriez  nos  prisonniers.  Mais  , 
>)  battu  par  la  tempête  ,  et  poussé  dans  ce  port 
)>  par  la  crainie  du  naufrage  ,  j'oublie  et  je  dois 
<)  oublier  que  ma  nation  est  en  guerre  avec  la 
5»  vôtre.  Vous  êtes  hommes  ,  et  nous  le  sommes  aussi  ; 
n  vous  êtes  malheureux,  nous  vous  devons  de  la  pitié. 
))  Déchargez  donc  avec  assurance  ,  et  radoubez 
!)  votre  vaisseau.  Traûquez  ,  s'il  le  faut,  dans  ce 
)»  port ,  pour  les  frais  que  vous  devez  payer.  Vous 
)»  partirez  ensuite  ,  et  vous  anrez  un  passeport  jus- 
1)  qu'au-delà  des  Bermudes.  Si  vousêies  pris  apiès 
)>  ce  icrme  ,  le  dioii  de  la  guerre  vous  aura  mis 
M  enire  nos  mains;  mais  en  ce  moment  je  ne  vois 
))  dans  des  anglais  que  des  étrangers  pour  qui  l'hu- 
it manité  réclame  des  secours.  >> 

Qui  peut  lire  sans  être  vivement  ému  ,  sans  la 
plus  grande  admiration  ,  ce  trait  de  grandeur  , 
d'humanité  et  dp  générosité  qui  caractérise  si  bien 
la  nation  espagnole  ?  L  histoire  moderne  n  ofFie 
gueres  que  des  français  capables  de  semblables 
procédés  envers  leurs  ennemis  ,  comme  ,  en  effet, 
ils  en  ont  donné  une  infinité  d'exemples  en  pa- 
reilles circonstances.  Qu'ils  restent  donc  éternelle- 
tnenl  amis  ces  deux  peuples  fiers  et  généreux ,  que 
les  mêmes  qualités  unissent  autant  que  leurs  in- 
térêts politiques  ;  et  peut-être,  un  jour  ,  les  autres 
nations  de  1  Europe  ,  les  anglais  même  ,  forcés 
d'admirer  leur  loyauté  ,  leur  franchise  ,  et  sur- 
tout les  principes  d'humanité  qui  les  dirigent,  fini- 
ront par  leur  rendre  justice  ,  et  par  les  imiter. 

— Le  i5  du  présent  mois  brumaire,  les  membres 
composant  le  conscil-géniral  du  dépaltement  de 
1.1  Sei.ne  ,  conformément  à  la  loi  du  28  pluviôse 
an  8,  se  sont  formés  en  conseil  municipal  sur 
linviiaiion  du  prélci.  Ils  ont  nommé  pour  prési- 
dent le  citoyen  Anson  ,  et  pour  secrétaire  le 
citoyen  Bellart. 

—  Le  20  brumaire  ,  à  midi  très-précis  ,  il  sera 
célébré  daus  le  temple  de  la  Victoire  ,  ^  Sulpice  ) 
une  fête  à  h  Morale  universelle. 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  14  brumaire  an  g. 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
sur   la   proposition    du   ministre    de  la   guerre 
arrête  : 

Art.  l^'.  Les  aides-de-camp  qui  doivent  être 
nommés  en  exécution  de  l'an.  II  de  l'anêté  du 
16  vendémiaire  an  g  ,  ne  pourront  être  pris  que 
parmi  les  militaires  qui  auront  fait  au  moins 
deux  campagnes,  en  quahté  d'aide-de-camp  ou 
adjoints. 

Après  cette  première  nomination  les  aides-de- 
camp  ne  pourront  être  choisis  que  parmi  les  mili- 
taires qui  auront  servi  au  moins  deux  ans  en 
qualité  d'officier  titulaire  dans  un  corps  de 
troupes  de  ligne. 

II.  Les  aides-de-camp  ne  pourront  à  l'avenir 
êire  proposés  pour  passer  d'un  grade  à  l'autre  , 
que  lorsqu'ils  auront  servi  pendant  deux  an» 
dans  le  grade  immédiatement  inférieur  à  celui 
qu'ils  demanderont. 

III.  Les  adjoints  à  l'étal-major-général  de  l'ar- 
rnée  qui  doivent  être  nommés  en  exécution  de 
I  an.  II  de  l'arrêté  du  16  vendémiaire  an  9  ,  seront 
nommés  par  le  minisire  de  la  guerre  ;  ils  seronX 
pris  parmi  les  militaires  qui ,  ayant  obtenu  le 
grade  de  capitaine  ,  auront  fait  au  moins  deux 
campagnes  en  qualité  d'aides-de-camp  ou  d'ad- 
joints. 

Après  cette  première  nomination  ,  les  adjoint» 
ne  pourront  être  piis  que  parmi  les  capitaines 
qui  auront  servi  au  moins  un  an  en  ladite  qua- 
hté dans  l'un  des  corps  de  troupes  de  ligne. 

IV.  Les  adjoints  ne  pourront  être  proposés 
pour  être  promus  à  un  grade  plus  élevé  que  celui 
qu  ils  auront  obtenu  ,  qu  après  deux  ans  de  ser- 
vice dans  le  grade  inférieur  à  celui  qu'ils  de- 
mandeiont. 

V.  Le  nombre  des  adjoints  à  rél4t«>major-géné- 
ral  sera  porîé  à  3oo  ,  savoir  : 

Armée  du  Rhin 80 

Armée  d'Italie 80 

Armée  de  Réserve 3o 

Armée  de  lOuest le 

Armée  Galîo-Batave 3o 

Camp  sous  Amiens 10 

Intérieur. go 

Total 3,0 

VI.  Les  généraux  en  chef  désigneront  provisoi- 
rement,  et  jusqu'au  nombre  ci-dessus  déterminé, 
les  individus  qui  doivent ,  dans  leurs  armées  res- 
pectives ,  remplir  les  emplois  d'adjoints  à  l'état- 
inaj or-général  de  l'armée^  Leur  nomination  défi- 
nitive sera  faite  par  le  ministre  de  la  guerre. 

Le  général  en  chef  assignera  à  chacun  desdit» 
adjoints  la  division  à  laquelle  il  sera  attaché. 

VU.  Le  ministre  de  la  guerre  nommera  les 
soixante  adjoints  destinés  pour  l'intérieur ,  et  as- 
signera à  chacun  d'eux  la  division  mihiaire  terri- 
toriale dans  laquelle  il  sera  employé. 

VIII.  Les  adjoints  qui  ne  seront  point  compris 
dans  le  nombre  déterminé  par  l'art.  V  ci-des»us  , 
obtiendront  leur  ualn-ment  de  réforme  ;  ils  con- 
serveront le  droit  dêtre  nommés  aux  emplois 
vacants  dan',  le  corps  des  adjoints,  et  à  être  placés 
dans  l'armée  aux  emplois  ,à  la  nomination  du 
gouvernemenl. 

IX.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire'  d'état.,  signé,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du    16  brumaire  an  8. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république , 
sur  le  rapport  du  ministre  de  l'intérieur ,  arrête 
ce   qui   suit  : 

Pendant  l'absence  du  ministre  de  l'intérieur, 
le  cit.  Chapial,  conseiller  d'état,  sera  chargé, 
par  intérim  ,  du  portefeuille  de  ce  département. 

Le  présent  arrêté  sera  inséré  au  bulletin  de» 
lois. 

Lepremier  consul ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'étal ,  signé  ,  H.  B.  Marbt. 


iSs 


ACTES   ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE  DE    L  A  G  U  E  R  R  E. 

Décision  du  minisln  de  la  guerre. 

Le  ministre  de  la  guerre  ne  voulant  préscnler 
au  premier  consul  ,  pour  remplir  les  emplois 
de  commissaires  des  guerres  qui  viendront  à 
vacquer,  que  des  candidats  qui,  par  leur  ex- 
périence, leurs  talens  ,  leurs  services  eileurs 
venus  ,  soient  vraiment  dignes  des  emplois  im- 
porians  qui  leur  sont  confiés  ,  arrête; 

Art.  I''.  Il  sera  incessamment  t'ait  une  liste  des 
commissaires  des  guerres  ,  qui,  n'étant  pas  ac- 
tuellement employés  ,  seront  reconnus  pour  avoir 
le  plus  de  droits  à  l'être  lorsqu'il  y  aura  des  em- 
plois vacans. 

II.  Cette  liste  sera  composée  de  douze  noms, 
pour  les  commissaires  ordinaires,  et  de  six  pour 
les  ordorrr.aieurs. 

III.  Nul  ne  pourra  être  mis  sur  ladite  liste  ,  s'il 
ne  réunit  les  conditions  voulues  par  l'article 
XXIX  de  1  arrêté  du  9  pluviôse  an  8  ,  et  s'il  n'a 
servi  pendant  trois  ans  au  moins  dans  une  armée 
active  pendant  la  présente  guerre. 

IV.  La  liste  ci-dessus  sera  formée  par  un  jury 
composé  de  sept  membres  ,  savoir  ; 

Deux  officiers-généraux  ; 

Deux  inspecteurs  en  chef  aux  revues -, 

Deux  commissaires-ordonnateurs  ; 

Le  chef  du  bureau  des  états  -  majors  ,  qui  y 
remplira  les  fonctions  de  rapporteur  et  de  secré- 
taire ;  il  y  aura  voix  délibératiVe. 

Ce  jury  opérera  au  scrutin  secret  ,  en  présence 
du  ministre  delà  guerre. 

Les  articles  V  ,  VI  ,  VII ,  VIII,  IX  et  X  indi- 
quent les  formes  à  suivre  par  le  jury. 

XL  Dès  que  la  liste  des  candidats  aura  été  ré- 
duite à  trois  sujets  pour  les  cornraissaires-ordon- 
nateurs  ,  et  àsix  pour  les  commissaires  ordinaires, 
ilsera  formé  un  nouveau  jury  qui  procédera  ainsi 
qu'il  vient   d'être  dit. 

XII.  Le  procès-verbal  de  chaque  séance  du 
jury  sera  mis  sous  cachet,  et  remis  au  ministre 
d    la  guerre  pour  y  avoir  recours. 

Paris  ,   le  14  brumaire  an  9  delà  république. 

Signé,  Lacuée. 


En  conséquence  de  cet  arrêté,  le  tribunal  pro- 
cède au  scrutin  pour  la  nomination  d'un  membre, 
en   remplacement  du  cit.  Chabaud-Latour. 

Le  président  annonce  que  la  commission  des 
inspecteurs  demande  à  faire  un  rapport  en  comité     -  - . 

secret:  il  prévient  ensuite  les  membres  du  tribunal,      ^,^J„''„^;'''^;1'„V,-,'',!»'^;'!.!  /„"','[!!, 
qu'ils  devront  se  réunir  le  l^''  fiimaire  ,  jour  de  la 
rentrée  du  corps  législatif. 


M   E^L   A   N    G    ES. 

L'institut  national  avait  éié  invité  par  le  mi- 
nistre de  l'intérieur,  au  nom  du  gouvernement  , 
à  proposer  un  prix  pour  celui  qui  traiterait  le 
mieux  cette  question  :  Quelles  sont  les  cérémonies  à 
fane  pour  les  funérailles  .  et  le  règlement  à  adopter 
pour  le  lieu  de  la  sépulture?  Dans  son  programme  , 
l'institut  rappellant  les  points  compris  dans  la 
question  proposée  ,  fesait  remarquer  que  le  sujet 
devait  être  traité  d'une  manière  génér;ile  qui  pût 
s'appliquer  sur  tous  les  points  de  la  république  : 
déplus,  les  cérémonies  funéraires  ne  pouvant 
être  considérées  que  relativement  à  un  acte  civil  , 
et  sans  qu'aucune  forme  ,  rappelant  ou  apparte- 
tenaiit  à  un  culte  quelconque,  puisse  y  être  intro- 
duite ,  les  auteurs  du  discours  devaient  écarter 
toute  idée  qui  eût  eu  dans  son  application  une 
liaison  même  éloignée  avec  celle  d'une  cérémonie 
religieuse. 

Trente-huit  personnes  ont  concouru  ;  le  prix  a 
été  partagé  entre   les   citoyens    F.  V.  Mulot,   ex-  ' 
législaieur  ,  et  Amaury  Duval.  En   publiant   son  1 
discours  ,  le   premier  déclare  qu'il    eut   pu  y  ap- 
porter  de  légers  changemens  :  n  Mais  ayant  par-  | 
tagé  le  prix  ,  dit-il .  j'ai  cru  qu'il  était  d'un  devoir  | 
rigoureux  d  offrir  mon  travail  tel  que  je  lai  jué- 
sente  à  mes  juges.  >i  ,  | 

L'épigraphe  que  le  citoyen  Mulot  a  placée  à   la 
lêle  de  son  discours  ,  est  heureuse.  Il  a  choisi  ces 
beaux  vers  du  cit.  Legouvé  ,   dans    son   excellent 
morceau  sur  les  sépultures  : 
"  De  la  religion  gardons  rlmnirtnité  ; 


morts  br; 


tombe 


Barbares  ,    qui 

Eloignez   ces    fl 

Dont  le  faste  î 
,  Mais   appeliez  au  moins   autour  de 
,  Et  la   douleur   d'un  père  ,    et  les  1 
,  C'est  le  juste   tribut  où  nos  mines 
,  C'est  le  culte   du  cœuï   que 


is  ,    ces   prêtres 

3S    ancêtres  ; 

)s    débris 

nés  d'un    fils  ; 
:s   prétendent , 
ut  ils   attendent.  „ 


puisse  pas  être  trompé  ,  il  demande  que'à  l'instant 
où  l'on  croira  un  malade  expiié,  le  rapport  en  soit 
fait  à  1  officier  public  ,  dont  les  fonctions  com- 
prçnnenl  celte  partie  ;  que  ce  rapport  soii  signé 
par  deux  témoins  qui  certifient  le  !j,iiiic  ei  la  durée 

soit  point 
nseveli  ,  sans  que  ies  épreuves  nécessaires  aient 
cic  faites  pour  acquérir  li  critilucle  de  la  mort  ; 
ce  qu  il  veut  être  atesié  ,  >ar  le  même  lapc^ort  , 
par  un  homme  de  latt  chargé,  d.us  I  arrondis- 
sement ,   de   celle  véiificaiion    spécijle. 

j)  Le  désir  de  procurer  à  1  homme  ,  censé  mort, 
un  tenrs  suffisant  pour  revenir  à  la  vie,  n'a  pas 
fait  oublier  à  nos  auteurs  i'iniérê't  des  vivns.  Ils  . 
ont  pensé  que  beaucoup  de  personnes  ,  surtout 
dans  la  classe  des  pauvies  ,  ne  pourraient  pas 
conserver  si  long-lems  leurs  raons  dans  leurs 
demeures,  et  dès-lois  ils  oui  contiu  le  plan  de 
ce  qu'ils  jppcUeni  loges  d'attente  et  dépôts  ,  où  les 
pareils  qui  n'auraient  pas  la  possibiliié  de  coii- 
seiver  leuis  morts,  pourraient  les  faire  porter, 
et  oià  leur  seraient  administrés  les  secours  qu'ils 
licsignent. 

>)  Ces  loges  d'attente  pourraient  se  borner  à 
uije  pour  les  communes  ,  soit  jreiiies  ,  soit  de 
médiocre'éieiidue  ;  elles  se  muhiplieraient  suivant 
la  population  des  grarjdes  villes  ,d  après  le  nombre 
des  cimeiitres  cjui  y  seraient  ouverts  ,  et  ,  à  Paris, 
les  arrondisscmens  des  commissaires  de  police 
pourraient   déterminer   leur  qujntiié.  )i   . 

Le  citoyen  Mulot  suit  les  cciivains  qu'il  cité', 
dans  leurs  avis  sur  les  sccdurs  à  aditiinislrer  ,  sut 
la  lotion  ,  sur  la  concliYmalion  des  anciens  ,  sur 
yinsuljlation  à  subsiiiuer  à  l'aspiration  du  deiniec' 
soupir  ,  en  usage  dans  l  antique  Ilalie  ,  sur  les 
coups  applKjués  à  la  plante  des  pieds  ,  la  scarifi- 
cation de  la  même  partie  ,  lapphcalion  d  un 
cautère  ou  d'un  1er  chaud,  enfin  1  ouverture 
du   mon. 

Le  citoyen  Mulot  prévoit  l'objection  ordinaire 
contre  les  établissemtns  et  les  insiituiions  phi- 
lantiopiqucs  les  plus  nécessaires,  celle  de  la 
dépense  :  il  la  combat  ,  comme  éuni  au  fond  de 
peu  de  valeur  ,  et  d  ailleurs  cùiume  ne  pouvant 
être  raisonnablement  oppoiées  à  la  giunde  con- 
sidéraiion  de  1  humanité.  Il  propose  au  surplus 
réiablisseraent  d'une  taxe  légère  imposée  à  cetix 
qui ,  n  étant  pas  ranges  dans^a  classe  des  pauvres  , 
voudraient  user  de  ces  dépôis  communaux. 

Il  ne  termine  pas  celte  pariie  essenliclle  de  son 
discours,  sans  rappeler    combien   de   déftnseurs 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Le  préfet  de  police  vient  de  faire  arrêter  deux 
des  biigands  qui  ont  pillé  la  diligence  de  Bot- 
c(eaux  ,  le  3  fructidor  dernier. 

Cinq  ont  déjà  été  arrêtés  par  le  commissaire 
général  de  police.  Ainsi  toute  celte  bande, 'qui 
était  composée  de  sept,  est  sous  la  main  de  la 
justice. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Crassoui. 
SÉANCE    DU     16    BRUMAIRE. 


le  lecteur  au  sujet  qui  va  l'occuper  ;  sujet  que 
déjà  plus  d'une  fois  ,  soit  à  la  tribune  de  nos  so- 
ciétés libres,  soit  dans  des  écrits  particuliers,  le 
j  citoyen  Mulot  avait  traité   avec   succès. 

Il  commence  par  rendre  hommage  au  gou- 
vernement qui  a  entendu  la  voix  publique  et  le 
vœu  de  la  nature  demandant  que  Ion  rende  enfin 
aux  morts  ces  honneurs  funèbres  qu'un  ancien 
appellait  leur  légitime  :  il  semble  promettre  avec 
assurance  qu'il  traitera  bien  le  sujet  qui  lui  est 
proposé  ,  en  avouant  la  vive  sensation  que  la 
seule  annonce  de  ce  sujet  a  faite  sur  son 
ame. 

Il  se  décide  à  concourir  ,  non  pour  ajouter 
quelqu'éclat  à  sou  nom  s'il  triomphe  ,  mais  pour 
payer  à  sa  patrie  le  tribut  d'une  idée  utile  ; 
pour  contribuer  à  faire  oublier  les  tems  affreux 
où  la  destruction  des  tombeaux  semblait  s'ac- 
croître en  proportion  du  nombre  des  victimes 
qu'une  rage  aveugle  y  fesait  descendre  ;  pour 
Après  la  lecture  du  procès-verbal  ,  tin  secre-  ^^^^  i^j  3^,5  puissent  seconder  la  piété  des  hu- 
aire   communique    deux  messages  drj  sénat-con-     nrains  ;  enfin  pour  qu'une   bonne   législalion  sur 

„„,.      ,.     j^^   funérailles     fasse     succéder    des 


Il  était  difficile  ,  sans  doute  ,  de  mieux  préparer  1  ^^  [^  pj,^^  q„,  ■.^^  [^^  victimes  d'une  inhumation 


servaient  ;  le  premier  est  relatif  à  la  mort  du 
citoyen  Creusé-Latouche  ;  par  le  second  le  sénat 
annonce  qu'il  a  nommé  aux  places  vacantes  ,  tant 
dans  le  corps-législatif  qu'au  tribunat. 

Le  citoyen  Mulot,  ex-législateur,  fait  hom- 
mage de  son  discours  sur  les  sépultures,  discours 
qui  a  été  couronné  par  l'Instilut. 

Le  tribunat  accepte  l'hommage  ,  et  ordonne 
le  dépôt  à  sa  bibliothèque. 

Le  président  de  l'Institut  écrit  que  la  dépu- 
tation  de  cette  société  qui  devait  être  admise 
aujourd'hui  à  la  séance  du  tribunat  ,  pour  y 
présenter  le  compte  de  ses  travaux  pendant  l'an  8, 
ne  pourra  pas  jouir  de  cette  faveur,  attendu 
qu'elle  vient  d'apprendre  que  le  conseil-d'état  , 
s'occupait  d'un  projet  pour  régler  le  mode,  d'après 
lequel  ,  l'Institut  cievait  correspondre  officielle- 
ment avec  les  autorités  constituées. 

Il  sera  fait  mention  de  cette  lettre  au  procès- 
verbal. 

Plusieurs  marchands  ,  établis  dans  l'enceinte 
du  Palais  du  Tribunal,  réclament  contrç  l'ariêté 
qui  les  exclut. 


nslitutions 
décentes  ,  morales  et  salutaires  ,  aux  usages 
trop  peu  convenables  qui  se  sont  introduites 
parmi  nous  depuis   quelques  années. 

Avant  de  parler  des  honneurs  à  rendre  aux 
morts,  il  était  naturel  que  le  citoyen  Mulot 
rappelât  des  idées  trop  oubliées  sur  le  danger 
des  inhumations  précipitées  :  il  cite  les  écrits  des 
Bruhier  ,  des  Navier  ,  des  Pineau,  des  Tenon, 
et  récemment  le  discours  du  citoyen  Desessarts 
sur  cette  matière  ,  et  trouve  les  bases  d  une 
législation  à  cet  égard  ,  dans  les  ouvrages  des 
anciens  et  les  écrits  de  nos  savans. 

Les  écrivains  qu'il  cite  désirent  d'abord  a  qu'on 
retarde  l'enlèvement  d'un  mort  suivant  le  genre 
et  la  durée  de  la  maladie  qu'il  a  essuyée  ,  et  ils 
demandent  48  heures  au  moins  pour  tous  les 
morts  ,  ceux-là  seuls  exceptés  chez  qui  les  organes 
de  la  vie  auraient  été  visiblement  détruits  ,  comme 
chez  celui  ,  par  exemple  ,  dont  la  tête  aurait  été 
séparée  du  tronc  ,  et  dont  le  cœur  aurait  été  atteint 
d'un  fer  ou  d'un  plomb,  homicide. 

51  Ainsi ,  quarante-huit  heures  après  les  maladies 
ordinaires    qui    auraient   été   de   longue   durée  , 


Le  tribunat  discutera  celte  pétition  en  comité  soixante  heures  après  les  maladies  aiguës  ,  et  trois 
secret.  fois   vingt-quatre   heures   après    les    maladies    qui 

Avant  de  procéder  à  la  nomina'ion  d'un  mem-  ]  n'auraient  pas  duré  plus  de  sept  jours  ,  tels  sont 
bre  de  la  commission  des  inspecteurs,  Ludot ,  j  les  lermes  auxquels  ils  souhaitent  voir  rejeter  l'in- 
faii  lecture  d'un  arrêté  pris  dans  le  dernier  comité  |  liumation  des  corps.  L'un  d'eux  voudrait  même 
tecret.  Cet  arrêté  porte  qu'à  l'avenir  la  commis-  1  qu'après  les  maladies  toporeuses  ou  convulsivcs  , 
siou  des  inspecteurs  ne  sera  plus  renouvellée  j  l'intervalle  lût  plus  long  et  ne  cessât  qu'à  la  puiré- 
quc  par  5' ,  chaque  mois.  j  faction  noloire   du  cadavre;  et,   afin   qu'on  ne 


précipitée  :  il  indique  la  nécessité  d'une  loi  par- 
ticulière à  cet  égarti  ,  et  Ijii  en  passant  un  tableaii 
des  nouveaux  procédés  inventés  pour  donner  des 
secours  aux  soldais  blessés  ;  tableau  qui  trouve 
parlaitcment  sa  place  à  la  suite  de  ces  consi- 
dérations. 

Cl  Un  médecin  des  armées,  que  les  anciens 
eussent  divinisé,  dit-il,  nuis  qui  ,  cirez  nous, 
aura  le  seul  culte  qui  puisse  lui  plaire,  celui 
de  la  reconnMssancc  ,  a  senti  que  les  rnêmes 
machines  qui  portaient  la  mort  chez  lennerai, 
pouvaient  porter  aux  camps  des  secours  à  nos 
blessés.  Ces  voilures  longues  ei  suspendues , 
que  noire  artillerie  légère  emploie  si  utilement 
pour  le  iranipoit  des  artilleuis  et  de  leurs  ic.uni- 
lions  ,  ne  sont  plus  destinées  simplement  à  ren- 
fermer la  loudre  qui  doit  détruire  des  hommes: 
elles  cachent  dans  leurs  flancs  les  inslrumenS 
et  tout  ce  qui  est  nécessaire  au  traitement  de  nos 
blessés  et  a  la  conservation  de  nos  braves;  suc 
leurs  dos  elles  poiient  ceux  qui  en  doivent  faire 
usage;  elles  bras  dEsculape,  ainsi  muliipliés , 
semblent  disputer  à  ceux  de  Mars  leurs, victimes. 
Qu  il  soit  béni  le  nom  de  cet  homme  bienfe- 
saiit  !  Que  son  nom  soit  inscrit  par  la  gratitude 
sur  une  colonne  de  souvenir  consacrée  à  1  immor- 
talité des  hommes  utiles  !  Qu'on  y  associe  le 
nom  du  ministre  cjui  a  goûté  ,  qui  a  fait  exécuter 
ses  projets  !  Ils  ont  meriié  cet  honneur  ;  ils  ont 
diminué  les  barbaries  de  la  guerre.  >< 

La  mort  étant  constatée  ,  l'identité  de  la  per- 
sonne morte  I  étant  également  par  un  officier 
public  ,  le  citoyen  Mulot  propose  d'adapter 
à  notre  langue  et  à  nos  usriges  la  proclamation' 
du  convoi  qui  avait  heu  chez  les  lomains  et 
aux  funérailles  de  nos  rois.  L'officier  présidant  à 
I  enlèvement  du  mort  ,  pourrait  en  être  chargé. 
Elle   pourrait   être   ainsi    faite  :  ^ 

Tel  fils  d'un  tel  est  mort  :  que  ceux  qui  veulent 
assister  à  ses  obsèques  ,   approcheiit  et  le  suivent  ! 

Il  examine  ici  quels  moyens  doivent  eue  choi- 
sis pour  les  sépultures.  Entre  le  feu  et  la  terre 
(juelle  idée  pourra  déterminer  un  choix  ?  Le 
plus  ancien  des  modes  paraît  être  linhumation  , 
et  l'auteur  s'y  ariête. 

)i  Linhumation  ,  il  faut  l'avouer,  dit  -  il  , 
ajoute  encore  à  l'avantage  de  la  prioriié  ,  celui, 
de  paraître  plus  conforme  au  \'œu  de  la  nature 
que  l'ustion  des  coips.  Quoi  de  pilus  fieuieux  ,' 
disait  Cvrus  à  ses  eulans  ,  que  d  être  rendu  à 
la  terre  qui  engendre  ,  qui  nourrit  ic/ut  ce  qu'il 
y  a  de  bon,  tout  ce  quil  va  de  bea'u.  Donner 
un  corps  à  la  terre  ,  dis.iit  Cicéron  ,  c'est  ren- 
dre  un    enfant  à  sa    mère   qui    le   couvre   et  le 


Il 


tache  dans  son  sein,  La  mort,  dans  tous  les 
tems ,  a  éié  coiisidérée  comme  un  sommeil  (jui 
venait  terminer  les  fatigues  de  la  vie  ;  couchés 
dans  le  tombeau  ,  nos  corps  semblent  y  doiniir 
sein    de    la  paix.  :    toute   autre   sépultur 


vaux,  partant  à  une  heure  indiquée  ,  pour  une 
tournée  combinée  ,  qui  servirait  aux  enierremens 
des  corps  de  tel  ou  tel  cjuartier. 

j!  Q_ii(;l  que  soit ,  au  surplus  ,    dit  ••  il  ,  le  mode 

1  •  I  dont  on  voudra    faire    usage   ,    le    mort  une   lois 

rappelle   point  ceiie  idée  consolanie  ;  et  quoique     arrivé  au  lieu  de  la  sépullure  ,  on  placera  le   corps 

nous  ne  puissions  en  séparer  celle  de  la  cleslruc-     sur  un  niarbre  ou  sur  une  pierre  élevée  ,  formant 


tion  ,  elle  nous  la  rend  moins  dure  que  l'ap- 
pareil des  bûchers  ;  elle  a  des  dehors  moins  re- 
poussans ,  moins  rebutans  que  l'ustion  des  corps  ; 
elle  nous  attache  au  pays  que  nous  rendons  dé- 
positaire des  Liépouilics  mortelles  de  nos  pères , 
dont  nous  ne  saurions  alors  qu'av.'c  peine  nous 
séparer;  et  certes!  ce  nest  pas  une  Insiilulion 
méprisable  ou  indiff'érente,  celle  qui  nous  apprend 
tout  à-la-fois  à  révérer  l'homme  jusques  dans  ses 
restes  fragiles  ,  et  cjui  présente  .  en  outre  ,  un 
aiguillon  puissant  à  l'amour  de  la  pairie,  n 
Le  cit.  Mulot  admet  toutesfois   la  liberté  de  la 


estrade  ;  et  les  parens  et  amis  étant  réunis  en  cer- 
cle auiour  de  lui  ,  un  orateur  pouria  prononcer 
son  éloge  .  ou  laire  l'hisioriciue  de  sa  vie  ,  si  elle 
a  éié  embellie  par  des  laleni  ou  des  aciions  d'é- 
clai,ou  si  son  cœur  a  servi  de  sanciuairé  aux 
vertus   sociales   et  domesiiiiues  :    le    dioit    d'êiri 


de  nos  négociateurs  qu!  vont  établir  une  nou- 
velle balance  parmi  les  puissances  de  la  terre  ,  et 
nous  donner  une  paix  durable.  Cessons  d'ad- 
mirer un  instant  le  héros  qui  préside  aux  deslins 
de  la  république  ,  pour  verser  quelques  pleurs 
sur  la  tombe  d'un  ami  de  1  humanité.  Guerriers, 
vous  avez  moissonné  bien  des  lauriers  ,  mais  il 
en  reste  encore  pour  célébrer  les  vertus  civiles. 
Le  citoyen  Armand  Joseph  Béihune-Charost  , 
né  à  Versailles  le  i"  juillet  173S,  (vieux  siyle), 
maire  de  cet  arrondissement  ,  vient  de  succomber 
sous  les  coups  d'une  maladie  cruelle  ci  désas- 
ireusc  ,  (  la  pctitç-vérolc)  au  neuvième  jour  de  sa 


honoré  de  celle,  manière    appariient    maintenant  '  durée;  il   semble  que   ceiie   terrible    maladie   ait 
également  à  lous  les  hommes  célèbres  et  veriueux,  !  voulu  se  venger  sur  lui  des  ifForts  ([u'il  lésait  pour 


i;lle  qu'aitété  la  classe  dans  laquelle  le  sou  les  a 
il  iiaîire  et  vivre.  Cet  éloge  prononcé  ,  on  des- 
indra  le  mort  dans  sa  dernière  demeure  ,  et  l'of- 
ficier public  des  funérailles  prononcera  cette   for- 


biôlure  des  corps  ,  et  surtout  celle  des  inhuma-  mule:  La  mort  t'a  séparé  de  nous;  bientôt  nous  te 
lions  particulières.  Il  les  décrit  avec  éloquence  ,  j  rejoindrons  ,  suivant  que  l'ordonnera  la  nature  ; 
et  en  revendique  le  droit  pour  les  parens  ou  pour  \  gue  la  paix  environne  tes  cendres  !   Aojeu  !  Adiku  I 


les  amis  avec  laccent  de  la  sensibilité.  En  s'ap 
puyani  sur  nos  lois  relaiives  aux  cultes  ,  i!  croit 
que  celle  iiberié  des  inhumations  particulières 
peut  s'étendie  jusqu'à  consacrer  des  lieux  difiFé- 
rens  ,  suivant  la  disparité  des  croyances  et  des 
cultes. 


la  bannir  de  la  société  ,  en  engageant  les  citoyens 
à  s'en  garantir  par  l'inoculation  de  la  vaccine,  dont 
on  lui  entendait  raconter  avec  plaisir  les  heureux 
succès. 

Ciioyens  ,  ce  serait  à  sa  famille .  à  ceux  qui  l'ont 
vu  consiaramenl  ,  plutôt  qu'à  nous  ,  à  vous  laire 
le  récit  de  ses  vertus  privées.  Chaque  jour  de  sa 
vie  était  remarquable  par  de  nouveaux  iraiis  de 
bienfesance  ;  il  serait  impossible  de  vous  les  faire 


épéleiont  les    assistans  .    qui   jetleront   dans   la 
tombe  les  fleurs  quils  porteront. 

Le  citoyen  Mulot  pense  que  l'heure  convenable  '  connaître  tous  ;  nous  lavons  plus  connu  comme 
aux  inhumations  doit  èire  une  de  celles  de  la  homme  public  que  comme  particulier  ;  sa  vie  nié- 
nuit.  11  appelle  toute  l'aitenlion  des  magisirais  '  "'«=  cependant  d  êire  examinée  sous  ces  deux  as- 
sur  le  choix  des  lieux  deslinés  aux  sépuïtures  ,' V^cts  :  on  peut  le  meure  au  nombre  de  ces  hom- 
surjeur  isolement  des  grandes  cités  ,  sur  l'ét'jndue  '™£S  rares ,  dont  l'existence  ,sanspiésenier  de  hauts 
de  leur  enceinte,  sur  leur  position  aéiée,sur  faits  ,  est  néanmoins  Un  bienfait  pour  1  humanité  î 
leur  proporiion  avec  le  nombre  des  habiians  des  si  l'on  ne  peut  l'off.ir  à  la  postérité  comme  un 
communes  prés  desquelles  ils  sont  ouverts;  héros ,  on  peut  loHrir  comme  le  modèle  des  hom- 
enfin  ,   sur     les   monumens    que    l'autoriié    ptut  ,  ™^sj'^s^'^*  '^''  '-'''^"'^5^"^' 

permettre   d'élever,  sur   les    ornemens   qui  con-  |      Pardonnez  ,  citoyens  ,  si  je  ne  suis  pas  dans  ce 
Distribuons  d'abord  aux  assistans  ,  dit-il  ,  des!  ^"^"^'^"'   ^    '^^'    irisies    g^iges    de    la     tendresse  ,!  discours  les  règles  de  l'art  ;  ce   ne    sont  pas   les 
fleurs  ,  des  branches  d'arbres  :  les  diverses  saisons  |  '^^   l'amour  ou  de    I  amiiié  :  la  nation  seule  doit  |  élans  d'un  orateur  que  vous  entendez  ,  mais  l'efï'u- 
iious  en  fourniront  de  tristes  et  d'allégoriques.       1  ^^    réserver     de   proclamer    et    de   perpétuel   le  '  sion  naturelle   d'un   cœur    pénéiré   d'une  grande 
T)      I      ..,■■,      •  1  '•!         souvenir  des  grandes  actions;  m  .is    un   fils,  con-  Inerte.   Le  citoyen  Béthune-Chaiost,,    né  dans  un 

Pendant   celte  disiribulion  ,   le   corps  ,  s  il  a  I  ^^^^  ^^^^-  ,,^  ^^^^^^  ^^^  j^  ^^^^e  de  l'auteur  de  |  rang  distingué,  ne  regarda  jamais   ses  titres  que 

ses  jours,  ces  mots  :  Il  fut  bon  père.  _    I  comme  l'obligation    qui   lui    était    imposée  ,  de 

Q^uant  aux  ornemens  qui  doivent  orner  le  lieu     donner  au  public  l'exemple  d'une  conduite  ver- 

du  repos,  c'est   le   cœur   de   l'homme  qu'il   faut    tueuse  ;  né  dans  l'opulence  ,  il  ne  regarda  jamais 

consulter,  dit  l'auteur  du   discours  :  j  ses  richesses   que  comme  le   patrimoine   de  l'in- 

u  Les  ornemens  en  doivem  être  graves  et  sim-  ,  «^"''"^  '   '^'^   "^^^"''  ""^  '^'^  l'indigence, 
pies  ;  ils  peuvent  nous  offrir  des  signes  qui  nous  1      Habile   dans    l'art    d'employer    utilement   une 
rappellent  le  terme  de  la  vie;  mais  que  ce  ne  soit  '  grande  fortune  ,  •'   fut  le  protecteur  des  arts,  de 
de  mon  que  nous'y  voyons  soutenues  quelquefois     point  des   o-semens.   des  lêies    de   morts    et  des  ,  l'agriculture  ,  le  tuteur  des  orphelins  ,  le  conso- 
pardc  rebuiansosseraens,  serve  de  voile  aux  corps     squelettes  qui  nous  le  retracent!  l  lateur  des  affligés  ,  le  père  des  pauvres.  Rien  ne 

d.-.ns   les  cérémonies  funèbres.  Le  blanc  pourrait,         „  Un  corps  étendu  sur  un  ht  de  pavots  ,  et  dor- '  P'°"^^  "''"".  'l'^^ '^   libéralité,   com'bien  sont 
comme  autrefois  ,  annoricer  que  ceux  qu'il  disnn-     mant  profondément ,  serait  une  image  simple  du 
gueraii  étaient  encore   à  la  Heur  de  cet  âge  qui     sommeil  éternel, 
lient  à  celui  de  l'innocence  ,  ou  qu'ils  ne  comp 


Après  avoir  établi  que  le  lieu  de  la  sépulture  , 
approuvé  par  le  magistrat  ,  devait  être  libre  ,  soit 
pour  les  individus  ,  soit  pour  les  sectaires  de  telle 
ou  telle  religion  ,  le  cit.  Mulot/décïil  les  honneurs 
funèbres  dont  il  pense  que  le  convoi  doive  être 
accompagné 


été  exposé  la  lêie  nue  ,  sera  couvert  avec  le  dessus 
du  ceicueil,  que  des  clous  n'aiiacheiont  point, 
mais  que  lixeronl  des  chevilles  corrspondanies  à 
des  trous  préparés.  Un  drap  funèbre  sera  jette 
sur  ce  cercueil:  ne  ridiculisons  point  les  couleurs 
naiionalcs  ;  qu'un  drap  noir  ou  violet  ,  semé  de 
quelques  larmes ,  ou  si  l'on  veut,  brodé  de  cyprès , 
jn;iis  jamais  ne  représentant  de  ces  hideuses  têtes 


Uieni  point  parmi  les  pères  ou  mcres  de  famille 

lî  Ces  préparatifs  terminés  ,  la  marche  s'ouvri- 
rait par  un  crieur  ,  vêtu  décemment  en  noir,  lai 
tète  couverte  d'un  chapeau  à  larges  bords  rabattus  ! 
et  entouré  d'un  crêpe,  dont  les  extrémités  retom-  j 
beraient  librement  ;  il  agiterait  une  sonnette  ,  J 
non  pour  éloigner  les  spectres,  comme  on  le' 
croyait  autrefois  ;  et  d'espace  en  espace  pro-  j 
noncerait  ,  à  hauic  voix,  ces  vaon  :  Respect  aux] 
morts.  I 


)i  Une  jeune  femme  versant  de  l'eau  d'un  vase, 
annoncerait  que,  les  années  s  écoulent  irrévoca- 
blement. 

"  Un  enfant  éteignant  une  torche  qu'il  renver- 
serait ,  semblerait  nous  dire  :  c'est  ainsi  que 
s'éteint  le  flambeau  de  la  Vie.  "Voilà  de  ces 
symboles  que  nous  pouvons  emprunter  des 
anciens. 

)î  Des  VJiites  surbaissées  pourraient  former 
l'entrée  du  monument.  Les  portes  n'en  devraient 
jamais  être  pleines  ,  et  encore  moins  couvertes  de 


faux  les  principes  des  niveleurs  qui  en  voulant  , 
même  avec  de  bonnes  intentions  ,  rendre  les 
hommes  plus  heureux  ,  les  auraient  couduiis  tous 
à  l'inaction  et  à'  la  pauvreté,  si  on  les  eiit  laissé 
faire  :  on  ne  peut  plus  en  douter  ;  il  faut  de* 
hommes  fortunés  dans  un  grand  état  ,  pour  faire 
fleurir  les  talens  ,  pour  faire  éclore  le  génie  des 
hommes  extraordinaires. 

Citoyens  membres  de  la  société  des  arts,  voua 
avez  éié  témoins  de  la  sollicitude  du  cit.  Béthune- 
Charost  ,  pour  l'encouragement  des  artistes  ,  de 
son  zèle  à  seconder  vos  vues  pour  la  conser- 
vation des  arts  ;  dans  le  lerns  où  la  jalouse  igno- 
r:ii?,!;e  et  la  barbarie  déchaînées  ,  détruisaient  par- 


....  U".  -ir.  !         jaiuai»  eue  rnciucs  ,  t:i  ciiLui  c  iiiuiris  couvertes  ae  1  '-*"-'-  *-*■   '".''.■'-'"•  *^  "^^"". '.•-»-'  ,   ^'.-v.  V..J-.......  ^«. 

)>  Apres   lui    marcneraient  ,    si    la   fortune   du  ■     „..  i  -  ,  ,   ■  i      .  .r,,,.   '   -  r-U^U  ,\  rcn-,,-f.  Ar-  in„t  n,=  nro     L-c  mr.nn- 

,  .r       "^1  ■       _,  •  •  •        .        '  celte  couleur  noire  qui  semblait  annoncer  nlutoi  tout  ic^  cnets-u  œuv'ie  ae  tout  genre  ,  les  monu- 

derunt  le  permettait,  des   musiciens  qui  execu- r  r     .   ■     j  c  ii     j       ■■  i     .         ■     .  rv,or,c  r,iihi:,-c     lilcmripn»  v.ii,BtB  rUc  T.rr,,iri»  ^t  ri»» 

*^    ,  I        .  J        .    ^1        ,  ;  1  entrée  des  enfers  que  celle  du  seiour  de  la  i;aix  mens  puûiu.s  ,  nisioiiens  muets  ces  progrès  et  ae 

teraient  ,  sur  leurs  instrumens  ,  des  airs  lugubres  ,        ,    j'  ii  -i      r\  \  n  !•>    <-hr,iP    Af.<:    r,f.i,rd<.=       m.;   ai-,r,-.rt;f.nMPr,t    à    Vt 

,.       .        .  1.1  I   J-        ,  ^'    "'-'"    tranquille    somrueil.    Que     des    grilles  '-^    cnuie    aes    peuples,   qui  appartiennent   a    la 


ige  taïae  et  mensong 
mais  qui  nous  retraçissent  la  brièveté  de  la  vie  , 
la  p  ,ix  des  tombeaux  ,  et  pussent  remplir  nos 
ames  de  leçons  utiles  et  d'idées  consolantes  ;  nous 
avons  notre  chant  du  départ ,  notre  chant  des 
combats,  pourquoi  n'aurions-nous  pas  notre  chant 
des  funérailles  ? 

)'  Viendra  ensuite  ,  à  pas  graves ,  l'officier  funé- 
raire :  son  vêtement  et  lout  son  costume  doit  être , 
à  mes  yeux  ,  symbolique  et  parlant  ;  et  j'adopte- 
rais volontiers  celui  que  donnait  à  son  officier 
infiumateur  ,  le  député  de  Paris,  qui  a  pubhé  des 
vues  sur  tes  sépultures.  Le  chapeau  ombragé  de 
plumes  noires  ;  la  médaille  suspendue  visiljlement 
au  cou  ,  entourée  d  un  serpent  mordant  sa  queue, 

symbole   de   l'immorialilé  ;  le  bâton  de  deux  me-  ,  „,,„  „„        .  ,  • 

,'        ,      ,  .,'...  i  mais  on  sent  aussi  qu  il  est  encore  mieux  inspire 

ires   de   bauieur  ,    avec   linscnption   vraie:  JSos     „_..„„„  o„„,-i,i\'         i      j  a  uT 

r       I         '^.,,  ,,.        I  par  une  sensibilne  prolonde  ,  une  douce  philan- 

jours  sont   me.îurci  ;  enfin ,  le  papillon  ,   emblème  i  „ ■        ■  .  .'^  .      .  ,■   ■  -^       , 

•',     ,,  1        .        "^  '^       ■  ,,         ,       tropie,     et   une   vénération    religieuse    pour  des 

de  1  ame  qui  survit;  le  vêtement  noir ,  et  I  ample     „i,„,„    „„•      j         .  i        .  u       . 

?       ~  I  .      .  •     I         objets    qui  ,   dans   tous   les    tems  ,   et   chez  tous 

manteau  de  même  couleur  ,  lout  annoncerait  les     i„,  „„.,„i  r    ■       ■  .  i"       .■         I  i 

r        .  rc   •  ■     -  r         •  les  peuples  polices  ,  inspirèrent  I  émotion  et  le  re- 

ionctions  que  cet  ofhcier  aurait  a  remplir  et  ins-     ,,  5h  .  j      .   i  nt 

,^      ,  .  .  -  «^      ,  cueiilement  ,  en    commandant  le   respect.  Nous 

pirerait  plus   de   respect  que  cette   mince    uoupe  '  "^ 

iioire  et  cette  capote  bleue  que    les   anciens   ad- 

mintstraleurs    du    département   de   la    Seine   ont 

données  à  celui  qu'ils  ont   désigné   sous  le  nom 

d  Inspecteur  des    convois. 

"  Derrière  cet  officier  funéraire  ,  se  placeront, 
sur  deux  rangs  ,  les  députés  des  corps,  les  mem- 
bre» des  sociétés  savantes  ou  littéraires  .  auxquels 
le  mort  aura  appartenu,  les  amis  invités  ,  tous 
vêtus  de  noir  ,  ou  portant  un  crêpe  au  bras. 

"  Entre  ces  deux  haies  ,  se  placera  le  mort ,  et 
les  plus  proches  parens  le  suivront. 

Quant  au  mode  de  transport ,  aptes  avoir  com 


ne  parlerons  pas  de  son  style  ,  nos  citations 
l'ont  fait  connaître  ,  et  l'insiitut  national  l'a 
jugé. 

Discours  prononcé  à  la  mairie  du  dixième  arron- 
dissement du  canton  de  Paris  ,  le  7  brumaire  an  g, 
aux  obsèques  du  cit.  Bétkune-Charost ,  en  présence 
du  cit.  Nic.-Thérese-Ben.  Frochot ,  préfet  du  dé- 
partement de  la  Sème  ,  par  le  cit.  l'iauit ,  adjoint 
dttdit  arrondissement. 

ClTOVENS, 

...  Suspendons    un    moment   notre    allenlion  sur 

parecl  raproché  les  modes  suivis  par  les  anciens  ,     les  grands   (ails   qui  occupent  lEurope,   sur    les 
il  adinei.l  emploi  de  chars ,  lires  par  qylltie   cbc-     aciions  glorieujcs    de   nos  hétos ,    sur  lUabilcié 


Q."       —    o     ■-  ...        -    .  -  .  -        -- 

postérité  ,  il  travaillait  de  concert  avec  vous  pout 

arrêter  leurs  fureurs. 

Citoyens  membres  de  la  société  d'agriculture  , 
vous  savez  combien  l'étude  de  la  nature  lui  était 
chère;  combien  il  attachait  de  piix  à  tous  les 
lait  un  si  grand  pas  .  le  goût  pur  de  l'antiquité  a  objets  d'économie  rurale.  Son  œil  attenlif  ne 
tellement  redressé  le  nôtre,  que  nous  devons  j  négligeait  rien  de  ce  qui  pouvait  augmenter  l'ai- 
attendre  de  nos  architectes  les  compositions  les  sancè^  de  l'homme  des  champs, 
plus  intéressantes  en  ce  genre.  ..  Toutes  les  découvertes  qui  pouvaient  tendre  à 

L'auteur  de  cet  intéressant  travail  leimine  en  j  une  amélioration  ,  donnaient  lieu  à  des  tenla- 
parlan»  de  la  nécessiié  d'une  loi  sévère  contre  j  laiives  de  sa  part  ;  il  s  occupait  dans  ses  terres  , 
les  violateurs  des  tombeaux.  Nous  devons  croire  i  lorsque  des  raomens  de  loisir  lui  perm.eitaienC 
qu'une  loi  pareille  devient  chaque  jour  moins  |  de  s'y  fixer  quelque  tems  ,  à  mettre  à  l'éjireuve 
nécessaire,  et  que  peut-être  même  elle  tendrait  j  les  découvertes  des  savans.  11  ne  négligeait  au- 
à  punir  un  crime  que  nous  ne  devons  plus  j  cun  genre  de  culture  ,  et  aucun  ne  lui  était 
prévoir.  Dans  ses  vues  ,  dans  les  plans  qu'il  trace ,  j  étranger.  L'amélioration  des  laines  éiait  une  des 
dans  les  moyens  qu'il  indirjue  ,  il  est  aisé  de  !  principales  richesses  du  dépanenient  du  Cher  , 
reconnaître  que  le  citoyen  Mulot  s'appuie  sou-  1  dans  lequel  il  avait  de  grandes  propriétés  ;  i! 
vent  sur  l'exemple  des  anciens  ,  sur  l'autorité  j  suivit  avec  le  plus  grand  soin  le  parti  qu'oa 
de  ceux  qui  avant  lui  ,  ont  traité   le  mêtpe  sujet;     pouvait    lirer     de     l'importation    des    troupeaus 

étrangers  ,  •  et  principalem-nt  des  inouions  es- 
pagnols ;  il  étudia  la  manière  de  les  nourrir, 
de  les  conserver,  de  soigner  leur  laine.  Nous 
le  vîmes  ,  il  y  a  peu  de  tems  ,  aussi  triom- 
phant qu'un  guerrier  au  retour  de  la  victoire , 
revenir  de  votre  société  ,  dairs  laquelle  on  lui 
avait  montré  du  drap  fabriqué  avpc  des  laines 
de  moulons  esp.ignols  ,  élevés  en  France  ,  aussi 
beau,  et  peut-être  ,  disait-il  ,  supérieurs  celui 
qu'on  fait  ordinairement  avec  les  laines  que 
I  on   tire  d'Espagne. 

Les  forges  ,  autre  richesse  du  même  dépar- 
tement ,  furent  également  l'objet  de  son  aiten- 
teniion.  Il  consulta  souvent  les  savans  en  miné- 
ralogie et  en  chimie  ,  pour  parvenir  à  la  meil- 
leure fabrication  du  fer.  Il  obtint  ,  par  se» 
recherches  ,  les  meilleures  qualités  qili  se  tirent 
de   ce   département. 

Appelé  il  y  a  peu  de  tems  à  l'asssemblée  dtal 
dcparieiTieni  du  Cher  ,  il  crut  (jnc  ,  )).ir  s8* 
ioins ,  par  ses  consisils ,  et   fiw   la  considératio'»» 


dont  il  jouissait  ,  il  pourrait  faire  réparer  les 
louies,  eiureprendre  de  nouveaux  canaux  de 
navigation  ,  pour  augmenter  le  commerce  du 
déjiaitemenl;  il  y  tiavaltla  de  toutes  ses  forces. 
Scij  espoir  ne  se  bornait  pas  même  à  la  cons- 
truclioii  des  canaux  ijui  l'avoisinaient:  il  espérait 
en'^agcr  le  gnuveinement  à  mettre  àexécution  des 
plains  plus  vasics  en  ce  genre,  et  d'une  utilité  géné- 
rale pour  la  république  ;  plans  qu'il  avait  conçus 
lui-même. 

Célèbre  instituteur  ,  qui  faites  entendre^  les 
sourds,  qui  faites  parler  les  muets;  qui,  d  êtres 
sortis  imparfaits  de  la  nature  ,  faites  des  êtres 
sensibles,  reconnaissans,  des  citoyens  utiles  à  la 
patrie  ,  combien  votre  art  était  précieux  pour  lui , 
avec  quelle  sensibilité  il  allait  entendre  vos  leçons! 
nommé  depuis  peu  administrateur  des  sourds  et 
muets  pat  un  ministre  habile  'et  clairvoyaiit,  qui 
sait  donner  l'essor  à  tous  les  talens ,  mettre  à  profit 
toutes  les  facultés ,  en  les  plaçant  oii  elles  petrvent 


retrouverons 
mémoire.  Con- 
venez avec  nous  ,  citoyens  ,  que  la  mort  n'a  rien 
d'affreux  pour  l'homme  qui  sait  d  avance  qu  il  ne 
cessera  jamais  de  vivre  dans  les  cœurs  de  ceux 
qui  lui  survivront. 

Mânes  du  citoyen  Belhune-Charost ,  appaisez-vous , 
sa  mémoire  ne  périra  jamais. 


veaux  droits;  le  gouvernement,  obligé  de  s'étayer  ,|  en  suivant  ses  trace!  ,  nous  nous  i 
vis-à-vîs  du  peuple,  d'une  autorité  supérieure,  potir  [  placés  à  ses  côtés  au  temple  de  mé 
accroître  les  revenus  de  l'état  et  combler  le  dé- 
ficit ,  convoqua  l'assemblée  des  notables  ,  qui 
n'osa  lien  prendre  sur  elle  ,  ni  rien  déterminer  ; 
qui  convint  même  de  l'insuffisance  de  ses  pou- 
voirs ,  pour  entrer  dans  les  vues  des  ministres. 

Par  suite  de  cette  déclaration  qui  laissait  les 
finances  dans  le  même  état  de  délabrement  qui 
ne  fesait  qu'accroître  ,  le  gouvernement  con- 
voqua les  états-généraux.  Le  citoyen  Bethune- 
Charost  reparut  dans  cette  assemblée  comme 
député  de  la  noblesse  ;  dans  les  débals  qui 
eurent  lieu  parmi  les  trois  ordres  ,  la  justice 
seule  le  guida  ;  il  fut  constamment  du  nombre 
de  ceux  ,  d'entre  les  nobles  ,  qui  voulurent 
ftanchement  faire  au  peuple  le  sacrifice  de  leurs 
privilèges  pécuniaires;  il  aurait  fait  auSM  volon- 
tiers celui  de  ses  privilèges  honorifiques ,  per- 
suadé que   les  seuls  nobles  sont   ceux  qui  son 


pouvons    priser 
vous,    nous    pouvons,   sans  craindre   de    nous 
tromper  ,  priser  ce  qu'il  devait  faite. 

Pour  vous ,  infortunés  !  vous  perdez  un  père 
toujours  prêt  à  soulager  votre  misère.  En  célé- 
brant sa  mémoire,  nous  fesons  malheureusement 
couler  vos  larmes  ,  mais  nous  cédons  ,  malgré 
nous  ,  au  sentiment  qui  nous  entraîne.  Craignant 
déjà  les  rigueurs  de  l'hyver  ,  il  s'occupait  de 
vous  en  piéserver;  il  sollicitait  les  cœurs  bien- 
fe.sans  à  s'unir  à  lui  pour  vous  secourir  ;  il  allait 
profiter  des  heureux  effets  de  l'établissement  des 
soupes  économiques,  pour  obtenir  du  comité 
de  cette  institution  bienfesante  dont  il  était  mem- 
bre, un  fourneati  pour  cet  arrondissement.  L'esprit 
de  cette  utile  société  vit  toujours  ;  et  ses  co-asso- 


Belhune-Charost  du  rang  qu'il  avait   acquis  dans 
l'estime  publique. 


COURS      DE      COSMOGRAPHIE. 

Dans  un  moment  oià  l'instruction  publique 
semble  fixer  d'une  manière  plus  particulière  l'at- 
tention du  gouvernement  ;  lorsque  des  hommes 
éclairés  différent  encore  d'opinions  sur  le  choix 
des  chaires  qu'il  convient  d'admettre  ou  de  sup- 
primer dans  les  écoles  centrales  ,  le  cit.  Mentelle 
a  cru  pouvoir  concourir  à  la  solution  de  cet  in- 
téressant problême  ,  en  fesant  publi.-juement  deux 
cours  ,  l'un  de  Cosmographie ,  en  six  leçons;  l'autre 
de  Géographie  ,  en  vingt-quatre. 

Il  espère  y  démontier  que  la  Géographie  est 
une  étude  fondamentale  quand  elle  est  bien  en- 
seignée ;  et  que  ,  liée  par  son  objet  et  ses  détails 
avvc  l'Histoire  ,  la  Guérie  ,  la  Marme  ,  le  Com- 
merce .IHistoire  naturelle  ,  les  Arts  ,  et  même 
les  relations  de  la  société  ,  elle  entre  indispen- 
sablement  dans   le    plan   d'instruction  que    doit 


Les    désordres  de  la  révolution  arrivèrent;  je     adopter  le  gouverneme 

ne  vous  les  retracerai  pomt  ;  je  voudrais  les  Le  cours  de  Cosmographie  sera  du  prix  de  9  fr.' 
plonger  à  jamais  dans  l'oubli  ,  et  qu'un  voile  |  p^yj^j^i^j  ^^  j(j„5|.,.j^j,„,  Lg  £0^.5  jg  Q^Qg|.3p(jjg^ 
impénétrable  pût  les  dérober  à  la  comiaissatice  j  ^^  vingi-quatre  leçons,  de  18  fr.  payés  moitié  en 
de  nos  neveux  ;  qu'ils  puissent  au  moins  ,  en  I  souscrivant  ,  et  moitié  après  les  douze  premières 
excitant    leur    indignation,  les  en  préserver  ;    'e  i  leçons. 

On  souscrit  chez  le  cit.  Mentelle .  rue  des  Orties , 
galeries  du  Palais  national  ,  n°  19. 


citoyen  Bethune-Charost  fut  traîné  dans  les  pri- 
sons ;  il  était  criminel:  sa  conduite  était  un  re- 
proche continuel  pour  tous  ceux  qui  ne  voulaient 
point  l'imiter  :  le  vice  pouvait-il  pardonner  à  la 
venu  ?  C'est  en  le  suivant  dans  ceiie  .ilfieuse 
demeure  ,    qu'on    se     convaincra     aisément    de 


AVIS. 


Collection  de  l'Almanach  royal  et  national , 
depuis  1702  jusqu'en  l'an  9  de  la  république  ,  à 
l'avantase    dune     vie    juste,    vertueuse    et   sans  |  vendre    chez    Testu  ,     imprimeur,    rue    Haute- 
cTés"ut  '^::::^Z  7:^;::Ù:;o^':Z;^     -mordr.  TranquiUe  à    milieu    des  victimes  de  |  fg,,„e  ,    „o   ,4.  ' 

j       ^       T         .  '^  la  fureur  révolutionnaire  ,  il   eiatt  le  consolateur         Celte    collection   est   d  autant  plus  préciet4se , 

secon   er     s  .  1  de  tous  ceuxqui  avaientlc  même  son. Rien  n'altéra  !  qu'il   n'en   existe    que  très-peu  de  completies  ,  et 


Tels  étaient  en  abrège   les  erremens   de   la  vie  résignation;   et   lorsque     le  destin    ouvrit  les     que  cet   ouvrage,    par   son    caractère     ofîîci 


-même  eie  temom  du  plaisir  qu  avaient  que  -     .^^^-^^^^     i^,  gijjr  „^  ^  j^jj,  étendu  sur  la  France  ; 
s-uns    d'entr'eux,    a    faire    remarquer   quils       ,         |^  citoyen  BéthnneCharost  ne  pouvant  ré- 

sisler   a  son   penchailt  naturel  ,  levint   a   rans  , 


privée  de  ce  citoyen  philanirope.  Pleurez  ,  âmes 
sensibles!  pleurez,  cœurs  bienfesans  !  c'est  à  vous 
qu'il  appartient,  par  iculicrement  de  l'appiécier. 
C'est  à  vous,  citoyens,  que  ses  vertus  ont  atti- 
rés à  ses  funérailles ,  à  sentir  combien  est  grande 
la  perte  que    la  société  vient  de  faire. 

Gomme  homme  public  ,  le  cit.  Bethune-Cha- 
rost ,  destiné  par  état  à  la  carrière  inilitaire  ,  pa- 
raît s'y  être  fait  autrefois  une  réputation ,  et  avoir 
acquis  la  considération  du  soldat  français  J'ai 
moi      '     -—^----.-1-:.:.  ...•,..,:.^.  ^.,.1. 

ques  .  _ 

avaient  servi  sous  lui.   Il  s'était  élevé  au   grade 
de  maréchal-de-carap  ,  et  les  occasions  ont  peut- 
être  seules   manqué   à  ses  talens   pour  les   faire 
éclore.    Soit ,  au  surplus  ,  que  son  goût  le  portât 
plutôt  aux  vertus  civiles  qu'aux  venus  militaires  ; 
soit  qu'une  longue  paix  ait  étouffé  ses  dispositions 
à  cet  égard,  il  paraît  s'être  attaché  à  piendre  pour 
modèle  ,  au  lieu  du  grand  Tutenne ,  le  vertueux 
Sully  ,   le  chef  de  sa  famille  ,    et  à  préférer  les 
affaires  d'administration  aux  opérations  militaires. 
Le  citoyen  Béthune-Charost ,  nommé  président 
de    l'administration  provinciale   de  la  ci-devant 
province  du  Berry  ,  seconda  alors   les  vues  du 
gouvernement  ;  il  fit  entrevoir  les  heureux  effets 
de  la  division  des  pouvoirs.  Cette  administration, 
chargée  de  la  répartidon  des   impositions,  sans 
l'être  de  la  levée  ,  soulagea  beaucoup  les  contri- 
bu.' blés,   en   augmentant  les  revenus  du  trésor 
public  ;  elle   s'occupa  ,    avec  lui  ,    des  moyens 
d'aggrandir  le  commerce  stagnant  de  la  province, 
de  "procurer  des  débouchés  à  ses  productions  ; 
d  ériger  des  manufactures  ;  elle  parvint  à  donner 
du  ressort  et  de  l'activité  aux  habitans  ,  et  devint 
d'une  utihté  reconnue  :si  le  gouvernement,  agis- 
sant malheureusement  au  jour  le  jour  ,  sans  plan 
et  sans  mesure  ,  eût  donné  de   la  consistance  à 
cette  assemblée  ,  qu'il  en  eût  créé  de  semblables 
dans  les  diverses  provinces  de  la  France  ,  et  les 
eût  composées  d'hommes  animés  d'aussi  bonnes 
intentions  que  le  citoyen  Béthune-ChatOst,  on  ne 
peut  douter  qu'elles  eussent  produit  les  meilleurs 
effets,  qu'elles  eussent  amélioré  le  gouvernement, 
en   traçant  une  ligne  de  démarcation    entre  les  I 
différens  pouvoirs  exécutif  ,  judiciaire  ,  et  admi- 
nistratif. 

Le  désordre  dans  les  finances  s'étant  accru  avant 
d'avoir  réalisé  aucun  plan  ,  il  fallut  avoir  recours 
è  des  impôts  extraordinaires.  Les  parlemens,  soit 
par  des  vues  d'ambition  ,  soit  réellement  pour 
arrêter  la  dilapidation  des  finances  ,  parvenue  au 
comble,  s'opposèrent  à  la  création  de  tous  nou- 


portes  de  son  cachot  ,  il  sortit  en  pardonnant  à  offre  une  réunion  de  renseignemens  ,  depuis 
ceux  qui  l'y  avaient  plongé  ;  sans  la  peite  de  son  près  d'un  siècle  ,  sur  les  personnes  eft  place  , 
fils  unique  ,  qu'il  n'a  cessé  de  pleuier  depuis  ,  |  et  la  filiation  des  études  de  notaires,  procureurs  , 
jamais  ses  malheurs  personnels  n'auraient  pu  jeic,  ce  qui  le  rend  infiniment  utile  pour  la 
troubler  son   repos.  recherche    d'actes   et  de  dépôts.  Cette  colleciioa 

Le  citoyen  Béibune-Charost ,  pendant  la  lutte     ttouverait  naturellement  sa  place  dans  un  dépôt 
de  la  république  contre  l  anarchie,  se  relira  dans  '  littéraire  ,  dans  un  cabinet  de   lecture   et   dans  la 


son  département  poiir  y  consommer  le  chagrin 
qui  le  minait.  Utile  par-iout  à  ses  concitoyens  ,  à 
ses  voisins  ,  il  y  eût  peui-êue  fixé  sa  retraite  ,  si  un 


bibliothèque  d'un   homme  de  loL 

j  C  O  U  K  S     DU     G  H  A  NG  E. 

1  Bourse  du  li  brumaire, 

I  i  3o  jours.       I  i  s 


dans    l'espérance     dy    répandre     de    nouveaux                          , 
bienfaits  au  sein  de   ses  anciens  amis    et  de    sa  !  Amsterdambanco. 
famtl-  ' C°"'^"' 


Li  jourcée  du  18  h^rumaire  ranima  son  amour 
pour  sa  patrie;  il  conçnt  ,  avec  tous  ses  conci- 
toyens, l'espoir  du  bonheur  public. 

La  constitution  de  l'an  8  ayant  nécessité  de 
grands  changemens  dans  les  places  ,  il  fut  nommé, 
avec  l'assentiment  public  ,  maire  de  cet  arrondis- 
sement, yar  le  pretnier  consul.  Sans  dauie  ,  il 
pouvait  occuper  une  place  plus  éminente  ;  mais 
toujours  ami  du  peuple  ,  celle  qui  convenait  le 
mieux  à  son  caractère  ,  était  celle  qui  l'en  rap- 
prochait davantage  ;  modeste  et  philosophe  ,  elle 
suffisait  à  son  ambition;  tout  son  désir  était  de  se 
faire  aimer:  il  l'était  ,  il  était  satisfait. 

Pourquoi  donc  ,  citoyens  ,  l'impitoyable  mort 
est-elle  venue  l'en'ever  au  milieu  de  nous?  La 
cruelle  se  joue  des  mortels  ;  elle  se  plaît  à  leur 
faire  verser  des  larniBS  !  A  peine  étions-nous  ras- 
surés sur  ses  menaces  contre  le  héros  qui  l'a  tant 
de  fois  bravée  ,  qu'elle  nous  arrache  celui  que 
nous  croyons  le  plus  éloigné  de  ses  regards. 

Mais  ,  citoyens  ,  et  vous  parens  désolés  ,  cessez 
de  pleurer;  cessons  de  nous  affliger  sur  le  sort  du 
citoyen  Béthune-Charost  que  nous  venons  de 
perdre  ;  il  a  vécu  en  homme  de  bien.  La  mort 
de  l'homme  juste  est  une  mort  glorieuse  ;  les 
mânes  des  amis  de  l'humanité  ne  doivent  jamais 
cesser  de  présider  aux  bonnes  actions  des  mortels. 
Les  méchans  ,  les  pervers,  les  scélérats  re- 
doutent la  célébrité  de  la  mémoire  ignomi- 
nieuse qui  leur  "survit;  le  néant  est  le  meilleur 
sort  qu'ils  puissent  attendre  ,  celui  de  la  nécessité 
duquel  ils  voudraient  convaincre  tout  le  monde. 
Mais  des  hommes  tels  que  le  citoyen  Béthune- 
Charost  ,  qui  orSt  acquis,  pendant  leur  vie, 
des  droits  à  ta  reconnaissance  publique ,  passent 
à  l'immortalité.  N'en   doutons  pas  ;  en  l'imitant , 


Hambourg. . . . 

Madrid ; 

Effectif... 

Cadix 

Effectif.. 

Gênes  effectif. 
Livourne 


Bâle. 


561 

190 

4.fr.  90  c. 
14  fr.70  c. 

4  fr.  90  c. 
14  fr.  40  c. 

4  fr.  70  c. 

5  fr.  12  c 


57  i 
i88i. 


Effets  publics. 

Rente  provisoire «4  fr.  sS  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.  40  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  68  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr. 

Bons  pour  l'an  8 ,    .  92  fr.  75  c. 

Syndicat 

Act.de  5o  fr.de  la  caisse  dés  rentiers.  28  fr. 


VEILLEES    AMUSANTES    DE    LA  CITÉ. 

Fête  et  bal,  le  18  brumaire  an  9,  depuis  7  heures 
jusquà  minuit.  A  neuf  heures  ,  de  jeunes  enfan» 
doiineront  une  représentation  de  VOrpheline  de 
village  ,  suivie  de  la  première  de  XHéritagt , 
comédie  -  vaudeville. 

Le  billet  d'entrée  est  de  deux  francs ,  et  d'u» 
franc  pour  les  enfans  au-dessus  de  huit  ans. 

L'administration  reçoit  des  abonnemens  poui 
les  bals  de  chaque  mois. 

I,     .1  .■"■a«srasr 

SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republique  et  des  Arts. 
Hécube  et  le  Ballet  de  Pigmalian. 

Théâtre  DES  JEUNES  élevés,  rue  deThionville. 
Auj  Cassandre  comédien  ,  vaudeville;  le  petit 
Figaro  et  la  jeune  Indienne. 


L'abonacmcnt  >e  fait  iPaiis,  rue  du  Poitevins,  0°  18.  Lïprixestde.sS  francs  pour  trois  mois,  5o  FiaBCi  pour  liz  mois,  et  loa  francs  pour  l'annëe  entière.  On  m 
s^abonae  qu'ku  commeucemeac  d4«ti«IY]e  mois. 

Ufaui  adressr^.  tes  lettres  et  l'argent ,  franc  déport  ,aucit.  AcAssE,  propriétaire  de  ce  journal , rue  des  Foitevios,  n*  18.  Ilfautcompreadre  dans  les  enrois  le  pott  de 
pays  où  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemcas  nou  affranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  de  la-poste. 

Il  faut  avoir  soin,  poui  plus  de  lâreté  ,  de  charger  celles  qui  cenfermeaides  valeurs  ,  etadrcsser  tout  ce  qui  cooceroe  la  rédaction  de  la  feuille,  an  rédacteur,  me  de 
Foitevini,    n"  i3,  depuis  acuf  heures  dumatinjusqu'à  cinq,  neures  du  soir. 


A  Paùs,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  tue  des  Poitevins  ,  t^"  iS. 


NATIONALE  ou  LE  MONIIEUR  UNIVERSEL. 


N"  48. 


Octidi  ,    1  %    brumaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  i  prévenir  nos  souscripteurs  qui  dater  du  7   Nivôse  le   M  O  NIT  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  .  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  .  ainsi   que  Its  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministétielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aqx  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  houvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  1  "  novembre  (  1  o  brumaire.  ) 


JLjES  lords  commissaires  de  la  trésorerie  ont 
donné  ordre  ,  dans  chaque  district  do  royaume  , 
de  constater  le  montant  des  bleds  en  magasin  , 
et  de  leur  en  transmettre  le  relevé  pour  le  5  no- 
vembre ,  s'il  est  possible. 

Hier  ,  MM.  Fisher  et  Wagstaffe  ,  deux  mes- 
sagers du  roi  et  un  de  l'empereur,  sont  arrivés 
en  cette  ville  avec  des  dépêches  de  Vienne. 

Les  ministres  se  sont  réunis  le  même  jour  en 
conseil  chez  lord  Liverpool  ,  pour  affaire  relative 
au  commerce  des  grains.  ' 

Lord  Malraesbury  et  sir  Alan  Gardner  ont  été 
créés,  le  premier,  comte  de  la  Grande-Bretagne, 
et  le  second  ,  pair  d'Irlande. 

On  mande  de  Dublin  le  fait  suivant  : 
Lundi  dernier  ,  un  bâtiment  de  Liverpool  ,  en 
te  rendant  ict  ,  a  recuei'li  ,  à  quatre  lieues  de  la 
côte  septentrionale  du  pays  de  Galle»  ,  un  bateau 
en  dérive.  Quel  fut  l'éionnemenl  de  l'équipage- 
d'y  trouver  un  beau  petit  garçon  de  onze  à 
douze  ans,  à  demi-mort  de  froid,  de  faim  et 
de  peur  ! 

Transporté  à  bord  du  navire  ,  la  joie  d'avoir 
échappé  aux  dangers  qu'il  venait  de  courir  ,  la 
réflexion  d'êlre  séparé  ,  peut-être  pour  toujours 
de  son  pays,  la  surprise  de  se  trouver  au  milieu 
d  étrangers  dont  il  n'entendait  pas  la  langue  ,  ces 
divers  sentimens  réunis  paraissaient  avoir  anéanti 
les  facultés  de  ce  pauvre  enfant,  car  il  fut  quelque 
tems  sans  pouvoir  parler ,  ni  même  manger.  A 
la  fin  .  encouragé  par  les  caresses  et  les  instances 
du  capitaine  ,  auquel  un  homme  de  l'équipage 
parlant  le  gallois  ,,  servait  de  truchement,  il  se 
détermina  à'prendre  quelque  nourriture  ,  et  on 
en  obtint  les  détails  suivans  ,  relatifE  à  son  aven- 
ture. 

Son  père  établi  dans  le  comté  de  C^rnavon  , 
l'avait  eu  avant  d'être  marié  avec  sa  mère.  Sen- 
sible à  la  honte  qui  ^rait  résultée  pour  Itii  et  sa 
femme  ,  si  la  naissance  de  ce  fils  avait  été  connue 
avant  leur  mariage,  il  prit  le  parti  de  l'éloigner 
de  chez  lui  ,  etLeviris  (  c'est  le  nom  de  l'enfant]  fut 
envoyé  en  nourrice  aux  environs  de  Dunvillyn. 
'Une  querelle  étant  survenue  entre  le  père  et  la 
nourrice ,  querelle  qui  fut  occasionnée  ,  dit  l'en- 
fant ,  parle  refus  que  fit  son  père  de  payer  ce  que 
lui  demandait  la  nourrice  ,  celle-ci  se  décida  à  le 
leur  renvoyer. 

Lewis  n'éprouvant  point  dans  la  maison  pa- 
ternelle ces  soins  affectueux  auxquels  il  avait  été 
habitué  si  long-tems  chez  sa  nourrice  ,  s'enfuit  de 
chez  son  père  ,  et  prenant  la  première  route  qui 
s'ofl^rit  a  lui  ,  il  parcourut  trente  milles  avant 
d'arriver  à  Bangor-Ferry ,  où  il  se  présenta  de 
maison  en  maison  pour  avoir  du  pain  et  un  gîte. 
Rebuté  de  toutes  pans,  il  entra  dans  uo  bateau 
qui  était  à  sec  sur  le  rivage  ,  pour  y  prendre  du 
repos.  Il  ne  tarda  pas  à  s'endormir  de  fatigue; 
mais  au  bout   de  quelques-heures  il  fut  réveillé 

fiar  le  mouvement  du  bateau  ,  occasionné  par 
a  marée  montante  ,  et  bientôt  après  il  se  trouva 
en  pleine  mer. 

La  faim  et  la  fatigue  cédèrent  dés-Iors  chez  lui 
à  un  besoin  plus  pressant,  celui  de  Ss  délivrer 
de  sa  périlleuse  situation.  Il  lutta  pendant  quelque 
lems  contre  elle  avec  espoir  ;  mais  après  3o  heures 
d'efforts  continuels  et  vains ,  les  forces  et  le  cou- 
rage l'abandonnèrent  totalement.  U  était  presque 
dans  un  état  d'anéantissement  ,  lorsqu'il  fut  ren- 
contré par  le  navire  de  Liverpool. 

Le  capitaine  de  ce  bâtiment ,  par  un  sentiment 
d  humanité  qui  l'honore  ,  a  adopté  cet  enfant ,  et 
a  joint  son  nom  au  sien. 
(  Extrait  du  Times  et  du  Saint-James-ChronitU.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,   /«   1 7    brumaire. 

Une  feuille  allemande  dit  que  la  ville  de  Paris 
rentre  dans  ses  droiis  de  dicter  des  modes  à 
toute  I  Europe.  A  la  dernière  foire  de  Leipsick, 
les  marclianils  de  France  eurent  la  préférence  sur 
ceux  d  Angleterre.  Il  y  eu  ayuii  un  grand  nom- 


dre  ,  et  tous  se  distinguaient  par  l'élégance  de 
leur  tnarchandises  ;  ce  qui  engageait  aussi  à  leur 
donner  la  préférence  sur  les  marchands  anglais, 
cest  que  ces  derniers  comptaient  par  iivrcb  sler- 
l'n'g  ,  et  ceux-là  par  livres  tournois.  Cepen.dant 
les  marchands  anglais  n'ont  pas  laissé  de  faire 
de  bonnes  affaires  ;  et  il  n'y  a  pas  eu  jusiju  aux 
fabricans  de  la  Saxe  qui  n'aient  tait  une  bonne 
foire.  La  foule  des  acheteur^  était  très-grande. 
On  comptait  jusqu'à  6  rtiille  .  juife  ,  >a  plupart 
russes  ou  polonais. 

—  La  sctciété  d'agriculture  de  Strasbourg  s'oc- 
cuppe  du'  soin  de  faire  prospérer  dans  cette 
commune  réiibrissement  des  soupes  à  la  Rumfort. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Le  corsaire  le  Poiss07i  volant  a  pris  et  conduit  au 
Texel  les  navires  anglais  le  Thomas  et  Maii  et  la 
Suzanna. 

(Le  corsaire  le  Cigne  ,  de  Boulogne  ,  cap.  Pottel , 
a  amené  dans  ce  port  deux,  bricks  de  la  même 
nation,  chargés  de  bois  de  construction  ,  qu'il  a 
capturés  à  la  côte  d'Angleterre. 

Le  même  corsaire  a  forcé  un  sloop,  pareillement 
anglais ,  à  faire  côte. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Crassous. 

FIN     DE    LA    SÉANCE    DU      l6    BRI' M  A  IRE. 

A  trois  heures  la  séance  est  rendue  publique. 

Desmeuniers  lit  la  rédaction  des  ariicles  adoptés 
en  séance  secrète,  et  apportant  quelques  chan- 
gemens  au  règlement. 

Ces  articles  portent  eu  substance  : 
'"■    Q,"^  '^   commission  des   inspecteurs  s'ap- 
pellera   désormais   commis'it^t  administrative   du 
tribunal. 

2°.  Que  le  dépouillement  du  scrutin  poiir  là 
formation  du  bureau,  sera  fait  désormais  hors  du 
sein  de  l'assemblée. 

Une  autre  disposition  ratifie  l'article  du  réwle- 
raent  relatif  au  mode  de  dénonciation  contre  les 
ministres. 

L'article  XLIII  du  règlement  est  ainsi  conçu  : 

u  Art.  XLIII.  Si  le  tribunat  adopte  l'avis  de  la 
commission  concernant  l'adoption  ou  le  rejet  d'un 
projet  de  loi  .  le  rapporteur  est  un  des  orateurs 
du  tribunal  auprès  du  corps -législatif  :  les  deux 
autres  sont  choisis  au  scrutin,  jj 

te  rapporteur  propose  d'ajouter  à  cet  article  la 
disposition  suivante  : 

i<  Les  orateurs  ne  pourront  être  pris  parmi  ceux 
qui  auront  émis  une  opinion  contraire  au  vœu  de 
la  majorité.  >» 

La  discussion  s'engage  sur  cette  addiiion. 

Duchesne ,  Chabaut ,  Huguel ,  Benjamin  Constant, 
Gaudin  ,   demandent  la  question  préalable. 

Ils  établissent  qu'elle  tend  à  gêner  la  liberté  du 
tribunat,  à  restreindre  ses  moyens,  à  limiter  sa 
confiance  ,  à  séparer  le  tribunat  en  deux  partis. 

Qu'elle  aurait  pour  résultat  de  placer  un  tribun 
entre  son  amour  propre  qui  peu',  lui  faite  désirer 
d'aller  comme  orateur,  défendre  une  loi,  et  sa 
conscience  qui  lui  prescrit  de  la  rejeiter. 

Ils  allèguent  que  la  constitution  prescrivant  aux 
orateurs  d'aller  émettre  et  défendre  le  vœu  du 
tribunal,  il  est  inutile  de  chercher  à  fortifier  un 
article  constitutionnel  par  un  arrêté  réglementaire. 

Boutevilte  ,  Chauvelin  ,  Desmeuniers  répondent 
que  l'exemple  du  passé  doit  être  une  leçon  pour 
1  avenir  ;  qu'il  est  inconstitutionnel  de  voir  un 
membre  attaquer  à  la  tribune  législative  un  projet 
qu'il  a  été  chargé  d'y  défendre  par  |e  vœu  de  la 
majorité  ;  et  qu'on  ne  doit  pas  placer  un  orateur 
entre  son  opinion  particulière  et  son  mandat  ;  que 
régler  l'exercice  ue  sa  force ,  n'est  pas  la  di- 
minuer. 

Girardin  ,  pour  mettre  un  terme  à  la  discus- 
sion ,  propose  que  les  orateurs  soient  nommés  à 
la  pluralité  absolue. 

Quelques  membres  font  observer  que  celte  no- 
minatioa  ferait  perdre  souvent  un  tems  utile. 


vffiT*"''""?'  va  aux  voix,  et  adopte  l'article 
XLIII  avec  l'addition  proposée. 

Ghabot,  de  l'Allier  ,  fait  adopter  ,  au  nom  de  la 
commission  adminisiraiive  ,  un  arrêté  ponant 
qu'elle  est  chargée  de  se  concerter  avec  le  gou- 
vernement pour  la  prompte  évacuation  des  loge- 
mens  destinés  aux  employés  du  tribunal,  et 
que  qu.int  aux  boutiques  et  dépendances  dont 
elle  peut  pour  I  instant  se  passer,  elle  invitera 
le  gouvernement  à  donner  un  nouveau  délai 
aux  locataires,  qui  seront  strictement  tenus  d'éva- 
cuer au  tems  prescrit. 

La  séance  est  levée. 


Académie     de    marine. 

On  lira  peut-être  avec  intérêt  quelques  détails 
sur  cet  ancien  établissement  dont  la  marine  fran- 
çaise a  retiré  de  nombreux  avantages,  soit  pour 
perfectionner  les  connaissancs  nautiques  ,  offrir 
un  point  central  de  lumières  aux  officiers  de  la 
marine,  ou  recueillir  et  classer  les  cartes  et  ins- 
truniens  dont  on  fiii  usage  à  la  mer  ;  pfut-êire 
aussi  troùverrr-i-on  quelque  chose  d'utile  à  réta- 
blir aujourd'hui  ,  de  touies  les  attributions  qui 
composaient  l'académie  de  marine. 

C'était  à  Brest  qu'était,  son  siège  principal  ;  et 
certes  il  ne  pouvait  être  mieux  placé  :  car  outre 
que  le  port  et  la  rade  sont  parfaitement  bien 
disposés  pour  le  service  des  flottes  de  l'Océan  ,  il 
est  très-vrai  de  dire  que  peu  d'hommes  ont  jdus 
d'aptitude  et  de  lalens  que  les  b  etons  pour  le 
service  de  mer  ,  si  même  il  s'en  trouve  qui  en 
aient  autant. 

L'origine  de  cet  établissement  est  due  à  ua 
esprit  de  véritable  patiiotisnie.  Lorsque  le  pros- 
pectus de  la  première  Encyclopédie  aniva  à  Brest  , 
qiielques  jeunes  officiers  conçurent  le  projet  d'ua 
Dictionnaire  de  marine ,  tel  que  celui  dont  ils 
recevaient  le  plan. 

Pour  l'exécuter  plus  parfaitement ,  ils  se  par- 
tagèrent enlr'eux  les  difféientes  branches  dont 
l'art  de  la  marine  est  composé. 

L'un  eut  pour  son  lot  la  constTuction ,  un  autre 
le  grément^  et  la  garniture  des  vaisseauv  ,  un 
autre  la  mâture  ,  un  autre  lariillerie  ,  un  autre 
la  manœuvre,  un  autre  le  pilotage  et  l'astronomie 
nautique;  ensuite  ils  dressèrent  un  vocabulaire- 
de  marine  le  plus  complet  qu'ils  purent,  pour 
se  distribuer  les  mots  selon  l'ordre  des  matières. 

Leur  travail  commençait  à  prendre  une  cer- 
taine forme  ,  quand  le  célèbre  Duhamel  vint  à 
Brest.  On  lui  fit  part  du  projet,  qu  il  foua  et  ap-, 
prouva  ;  mais  il  crut  que  pour  le  faire  plus  sure- 
rnent  réussir  et  en  augmenter  l'utilité,  il  fallait 
établir  la  petite  société  en  académie  de  marine - 
on  prit  pour  modèle  Its  réglemens  de  l'académie 
des  sciences  de  Paris  ;  et  le  mirtistre  qui  crut 
voir  dans  cette  institution  un  moyen  d'encoura- 
gement ,  de  lumières  et  de  correspondance  utile 
pour  le  service  de  la  marine  ,  s'empressa  de  l'ap- 
prouver, et  d'y  faire  entrer  des  hommes  qui, 
par  leur  grade  et  par  leur  importance  person- 
nelle ,  ne  pouvaient  que  donner  de  la  solidité  à 
lajeune  académie. 

La  guerre  de  sept  ans  qui  survint  qiaelque  temg 
après,  suspendit  les  travaux  des  nouveaux  acadé- 
miciens ;  mais  en  1769,  le  gouvernement  leur 
donna  des  encourage-mens ,  et  fit  les  fonds  né- 
cessaires pour  les  dépenses  que  leurs  travaux 
pouvaient  occasionner.  Depuis  ce  moment,  jus- 
qu'à l'époque  de  la  destruction  des  établissemens 
savans  en  France  ,  l'académie  de  marine  a  sub- 
sisté avec  utilité,  et  à  l'avantage  des  connais- 
sances nombreuses  et  très-compliquées  qui  com- 
posent la  science    de  la  mer. 

Elle  n'a  point  fait  de  dictionnaire  universeî 
de  marine  ,  mais  elle  a  publié  plusieurs  mém-oires 
imporians  sur  quelques-unes  des  branches  qui  ea 
font  partie;  elle  a  offert  aux  jeunes  élevés  de  la 
rnarine  à  Brest  ,  de  nombreux  moyens  d'instruc- 
tion ;  elle  a  régularisé  les  études  ,  et  formé  no« 
jeunes  officiers  au  goût  des  connaissances  solides. 
J'ai  vu,  pendant  la  dernière  guerre  même,  les 
officiers  du  premier  rang  ,  ceux  qui  ,  par  leur 
courage  et  leurs  grands  talens,  lésaient  iiiompher 
notre  pavillon  ,  honorer  de  leurs  suffijges  les 
travaux  de  l'académie  ,  s'intéresser  à  sa  corres- 
pondance ,  et  assister  dans  les  courts  intervalles 
de  relâche  aux  séances  de  ce  corp.s  esti.-nable. 

Si  l'on  jugeait  à  propos  de  rétablir  l'académie 
de  marine  ,  peut-être  ferait- on  bien  de  l'engager 


iS6 


à  proposer  des  prix  sur  divers  sujets  de  navigation 
ei  de  ihéorie  que  par  sa  correspondance  elle 
saurait  êire  moins  connus  on  moins  bien  entendus 
que  d'auues  par  les  navigateurs  et  les  marins. 

Un  aulre  objet  dont  il  paraîirait  bon  qu'elle 
fùi  chargée,  et  dont  efFectiveraenl  elle  paraissait 
devoir  s'occuper  à  1  époque  de  la  révolution  , 
serait  la  confection  ou  révision  des  cartes  hy- 
drographiques et  de  marine.  Qui  mieux  qu'une 
réunion  d  officiers  ,  de  navigateurs  et  de  marins 
de  profession  pourrait  s'occuper  d'un  pareil 
travail? 

filous  devons  à  plusieurs  officiers  de  la  ma- 
rine française  d'excellentes  cartes  marines.  Sous 
le  ministère  du  cotnte  de  Maurepas ,  on  établit 
à  Paris  un  bureau  pour  servir  de  dépôt  aux 
cartes,  aux  plans  ,  aux  journaux  que  les  naviga- 
teurs seraieni  tenus  d'y  envoyer  :  la  garde  en 
fut  coniiée  à  un  officier  de  marine  et  à  un  hy- 
drographe instruit;  Belin  ,  nommé  à  cette  place, 
a  fait  un  grand  nombre  de  cartes  marines  ;  toutes 
imparfaites  qu'elles  sont ,  elles  servent  encore 
de  guide  aux  navigateurs  ;  et  j'ai  vu  dans  la 
dernière  guerre  des  officiers  anglais  les  citer 
comme  des  ouvrages  d'un  grand  prix. 

Le    dépôt    des    cartes    depuis    l'époque  de  sa 
création  a  reçu  un  grand  nombre  de  matériaux  ; 
"il  doit  être  un  des  plus  riches  de  l'Europe  ,  sans 
en    excepter    peut-être    celui    de     la    Grande- 
Bretagne. 

Si  l'on  réiablissait  l'académie  de  marine  ,  peut- 
être  conviendrait-il  de  mettre  à  sa  disposition  le 
dépôt  des  cartes,  qui  resterait  toujours  dans  les 
attributions  du  ministre  de  la  marine  ,  puisque 
l'académie  elle-même  en  ferait  partie. 

Un  grand  service  que  pourrait  rendre  ce  corps 
à'  la  navigation  française  serait  ,  après  avoir  rec- 
tifié les  cartes  qui  en  auraient  besoin  ,  de  les  faire 
graver  de  manière  à  ce  qcie  les  capitaines  mar- 
chands pussent  s'en  procurer  de  bonnes  et  à  bon 
marché.  Il  me  semble  avoir  entendu  quelquefois 
des  plaintes  sur  le  prix  excessif  des  bonnes  cartes 
hydrographiques  ,  ou  la  difficulté  de  s'en  pro- 
curer d'exactes. 

Peut-être  aussi  serait-il  utile  que  l'académie  de 
marine  rélajjlie  ,  fît  emploi  des  relations  de  com- 
bats ,  expéditions  ,  entreprises  de  mer  ,  qui  sont 
déposées  dans  un  autre  bureau.  En  rendant  pu- 
blique certe  multitude  d'actions  brillantes  et  cou- 
rageuses qui  illustrent  la  marine  française  ,  les 
membres  chargés  de  ce  travail  ,  les  accompa- 
gneraient d'explications,,  tableaux,  gravures, 
cartes   et  plans  nécessaires.  De  pareils  travaux  , 


ves   de  son   amour   pour  ce  qui  est  grand.,  pour 
ce  qui  est  marque  au  coin  de  l'intérêt  pubUc. 

Mais  la  passion  dominante  dans  ce  cœur  oii  les 
sentimens  les  plus  estimables  semblaient  se 
presser  ,  c'était  cette  philantropie  qui  rendait  U 
classe  des  pauvres  ,  des  indigens  ,  l'objet  conti- 
nuel de  sa  sollicitude.  Le  tableau  de  la  miscre 
attirait  toujours  ses    regards  ,   parce    qir'il    savait 


II  J'ai  suivi  en  tout  le  système  des  anciens  , 
persuadé  qu'il  est  encore  le  plus  nouveau.  >> 

A  la  suite  de  celte  note,  qui  ne  fait  que  dé- 
velopper le  sens  de  l'épigraphe  choisie  par 
l'auteur  :  JVec  rans  juval  auribus  placere,  le  citoyen 
Lemercier  annonce  que  quaJre  autres  poèmes 
suivront  les  deux  qu'il  offre  à  ses  lecteurs  ,  et  que 
réunis  sous  le  même  titre  ,  ils  feront   un   ouvrage 


en  faire  disparaître  les  traits  les  plus  hideux,  et!  complet,    mais    qu'avant  d'arriver    au   bout    de 
que  la  fortune,  qui  est  si   rarement  la  compagne  'cette   carrière  ,  il   désire    faire  quelques  pas  dans 
de  la  générosité  ,  multipliait  des  actes  où  la  piété  ^       "       '       '■- 
prenait  la  figure  de  la  plus  touchante  bonté. 

Ah  !  combien  un  être  tel  que  le  citoyen  Bé- 
thune  -  Charost  a  dû  faire  d'actions  estimables  , 
dont  le  sonvenir  n'existe  que  dans  la  reconnais- 
sance de  ceux  qui  en  ont  éié  les  objets  !  Com- 
bien de  fois  ,  et  j'en  appelle  même  à  plusieurs  de 
ceux  qui  m'écoutent  ,  ne  l'a^t-on  pas  entendu 
gémir  de  ce  qu'il  fallait  parler  à  raniout--propre 
des  hommes,  pour  qu'il  se  chargeât  d'éveiller 
leur  sensibilité. 

A  l'époque  du  changement  politique  auquel 
nous  devonî  le  gouvernement  actuel,  le  citoyen 
Béihune-Charost  sentit,  comme  tous  les  coeurs 
vraiment  français  ,  que  le  règne  des  verttjs  allait 
commencer.  Sa  conscience  l'avertit  que  l'instant 
était  venu  où  les  hommes  qui  aiment  leur  pays  , 
doivent  désirer  de  lui  être  utiles  dans  les  em- 
plois publics;  et  lorsque  le  premier  consul  jeta 
les  yeux  sur  lui  ,  pour  être  l'un  des  douze  maires 
de  cette  ville  immense  ,  son  acceptation  con- 
somma le  pacte  par  lequel  on  vit  une  magistra- 
ture paternelle  honorer  l'homme  vertueux  ,  et 
l'homme  vertueux  honorer  la  magistrature. 

Mais  ces  devoirs  ne  suffisaient  point  au  zèle 
du  citoyen  Charost;  les  pauvres  ,  les  infortunés 
lui  en  avaient  toujours  imposé  un  trop  doux  , 
pour  qu'il  pût  s'en  afifranchir.  On  le  vit  donc 
devenir  l'administrateur  de  divers  hospices  ou 
établissemens  ;  et  lorsque  l'idée  des  souçes  éco-. 
nomiques  a,  récemment  encore,  excité  quel- 
ques hommes  dignes  d'éloges  à  se  réunir  ,  le 
philantrope  que  nous  pleurons  s'est  trouvé  au 
milieu  d'eux. 

Et  pourquoi  faut-il  que  nous  ayons  à  imputer 
sa  perte  à  l'excès  même  de  son  respect  pour  ses 
devoirs  !  Redoutant,  depuis  sa  jeunesse  ,  l'at- 
freuse  maladie  qui  nous  l'a  enlevé  ,  il  hésita  un 
instant  à  pénétrer  dans  l'hospice  des  sourds  et 
mtieis  :  mais  il  avait  du  bien  à  y  faire  ;  il  en- 
tre ,  l'afFreuse  contagion  a  passé  dans  ses  veines  ; 
ce  cercueil  nous  dit  assez  le  veste. 
Ah!  si  nos  mœurs  comportaient  ,  comme  celles 


comme  les  voyages  de  long  cours ,  sont  au-dessus  (  des  romains,  l'usage  de  ces  urnes  lacrimatoires , 
des  lumières  et  des  forces  des  particuliers.  La  |  oii  la  douleur  venait  déposer  ses  larmes  ,  ce  der- 
Russie  ,  l'Angleterre,  Louis  XI'V  nous  en  ont  i  nier  tribut  qu'un  objet  cher  a  le  droit  d'attendre  , 
donné  des  exemples  ;  le  lems  des  choses  grandes  !  avec    qu'elle    profusion    nous    verrions    tomber 


et  utiles  semble  renaître  ,  et  l'on  croit  pouvoir 
tneltre  celles-ci  au  rang  des  objets  dont  un  gou- 
vernement conservateur  et  grand  doit  avoir  à 
cœur  de  s'occuper.  Peuchet. 


Discours  prononci   par  le    citoyen   Moreau-Saint- 
Mery  ,  conseiller-d'état ,  au  nom  de  la  société  libre 

-  d'agriculture  du  département  de  la  Seine  ,  au  mo- 
ment de  l'exposition  du  corps  du  citoyen  Béthune- 
Charosl .,  maire  du  lo°  arrondissement  de  la  ville 
de  Paris,  dans  la  grande  salle  de  cette  municipa- 
lité, le  7  brumaire  an  9. 
Citoyens, 

Dans  ce  jour  de  deuil ,    oti  l'on  pourrait  dire 
que  la  perte  d'un  seul  homme  est  un   malheur 


dans  celle  que  l'on  aurait  posée  sur  ce  tom- 
beau, les  pleurs  d'une  famille  désolée,  et  je 
prends  ce  mot  de  famille  dans  le  sens  le  plus 
étendu;  les  pleurs  des  amis  que  ce  titre  doit  enor- 
gueillir ;  les  pleurs  de  tous  les  hommes  de  bien, 
dont  le  citoyen  Béthune-Charost  mérita  d'être  le 
modèle  ;  et  les  pleurs  de  tous  les  malheureux  aux- 
quels sa  mort  ravit  un  père. . . . 

Ombre  de  Sully  ,  accueillez  l'un  de  vos  des- 
cendans  les  plus  dignes  de  vous.  A  ses  vertus  , 
vous  ne  sauriez  le  méconnaître. 


LITTÉRATURE. 

Un    nouvel    ouvrage   va     fixer   l'attention    et 
l'intérêt  des  amis  de  la   poésie.  L'auieur    d'^^a- 

_ memnon  ,  d'Ophis  ,  des  quatre  Métamorphoses,  le 

public  ,  je  viens  ,  au  nom  d'une  société  consacrée  j  citoyen  Louis  Lemercier  ,_  vient  de  taire.paraître 
à  l'auriculture  ,  et  au  nom  du  lycée  des  arts  dont     deux  nouveaux  poëmes.  L'un  est  intitulé  Homère, 

°  ....  l'autre  .4 /«xaniir«.  Au  bas  de  leurs  bustes  dessinés 

trait  ,   il  a   placé  des    vers   extraits   de  deux 


j'ai  l'honneur  d'être  le  président,  mêler  l'accent 
de  leur  douleur  ,  à-  l'expression  de  la  douleur 
dont  tout  porte  ici  l'empreinte. 

L'agriculture  ,  que  son  utilité  fait  appeler  le 
premier  des  arts  ;  l'agriculture  dont  les  travaux 
font  Je  charme  des  âmes  vertueuses ,  recevait 
depuis  long-tems  des  hommages  assidus  de  la 
part  du  citoyen  dont  nous  déplorons  la  perte  en 
ce  moment. 

C'est  ,  n'en  doutons  pas  ,  en  recherchant  les 
douceurs  de  la  vie  champêtre  ;  c'est  en  étudiant 
l'homme  dans  l'état  qui  le  défend  le  mieux  de 
tous  les  genres  de  corruption  ;  c'est  en  le  voyant 
dans  le  malheur  et  aux  prises  avec  le  besoin  , 
que  le  citoyen  Charost ,  sentit  se  développer  le 
penchant  heureux  que  la  nature  lui  avait  dpnné 
à  ta  bienfesance. 

El  quel  être  éprouva  jamais  mieux  que  lui  le 
bonheur  que  l'on  goûte  à  faire  des  heureux  ! 
Par-tout  où  le  bien  s'est  offert  à  lui  dans  le  cours 
de  sa  vie  ,  il  a  su  le  saisir  avec  empressement,  ou 
du  moins  y  coopérer  ,  lorsque  ce  bien  ne  pou- 
vait être  l'ouvrage  d'un  seul  homme. 

En  effet ,  que  l'on  recherche  tout  ce  qtai  a 
été  présenté  ,  depuis  quarante  ans  ,  d'actions 
bonnes  et  utiles  ,  aux  êtres  sensibles  et  généreux, 
et  il  n'en  est  pas  une  seule  de  réalisée  sans  qtie 
le  nom  de  Béthune  -  Charost  n'y  soit  inscrit. 
Science  ,  arts  ,  inventions  ,  tout  a  reçu  des  preu- 


poëmes  qui  portent  les  noms  du  héros  et  du 
poëte.  Au  bas  du  portrait  d'Homère  on  lit  les 
vers  suivans. 

"  Le  peuple  et  le  sénat  contemple  ivec  iurpris» 
„  Ce  vieillard  indigent  qu'Apollon  favorise , 
„  Ce  voile  que  la  parque  a  jette  sur  ses  yeux  , 
„  Sa  vaste  tête ,  olympe  ouvert  à  tous  les  dieux.  « 

Au-dessous  du  buste  d'Alexandre  se  trouvent 
ceux-ci  : 

«  Qui  sait  mieux  aiFronter  ces  hasards  redoutables 
„  Où  les  instans 


I  \mémorables  ? 


eureux  font  des  j( 
„  Son  cœur  dans  le  repos  se  croirait  avili  , 
„  Et  les  prospérités  ne  l'ont  point  aïiolli.  „ 

Le  citoyen  Lemercier  ne  donne  point  de  pré- 
face à  ses  nouveaux  poëmes.  «Si  mes  vers  sont 
mauvais,  dit-il,  mes  discours  ne  les  sauveront 
pas  de  l'oubli  ;  s'ils  sont  bons  ,  les  satires  ne  les 
détruiront  pas. 

j)  Il  est  un  petit  nombre  de  vrais  savans  , 
amis  de  la  vieille  littérature  ,  qui  seuls  font  les 
réputations  ;  c'est  pour  eux  que  je  travaille  ,  et 
c'est  à  leur  jugement  que  je  me  soumets. 

>i  Si  je  parviens  à  leur  plaire  par  la  méthode 
de  mes  narrations,  et  par  mes  fictions  allégoriques, 
alors  je  croirai  ne  ru'être  pas  traîné  sur  des  routes 
communes. 


celle  du   théâtre. 

i>  On  peut  reconnaître,  dit  -  il  encore  dans 
une  autre  note  ,  qu'ici  comme  dans  mes  deux  tra- 
gédies ,  je  me  suis  permis  plusieurs  imiiaiion»  ' 
mêlées  aux  fables  que  j  ai  inventées.  Nos  maîtres 
puisaient  dans  les  langues  anciennes  et  moder- 
nes pour  enrichir  la  leur.  Corneille  ,  Molière  et 
Racine  ont  même  traduit  des  scènes  entières;  j« 
continuerai  à.  suivre  cet  exemple.  Des  littérateurs 
novices  peuvent  seuls  ignorer  que  l'art  consiste 
à  mettre  en  ordre  les  parties  du  tout,,  à  s'ap- 
proprier les  expressions  et  les  toiirs  dont  on 
s'empare.  L  Enéide  est  à  demi  composée  d'imi- 
tations de  l'Iliade  et  de  l'Odyssée.  >>, 

En  attendant  que  nous  puissions  donner  wne 
idée  exacte  et  complette  des  nouveaux  poëmes 
dont  il  est  ici  question  ,  et  dans  lesquels  un  coup- 
d  œil  rapide  nous  a  déjà  fait  distinguer  des  traits 
d'une  beauté  supérieure  et  soutenue  ,  nous 
croyons  devoir  faire  connaître  comment  l'auteur 
qui  ne  fait  point  de  préface  en  prose  ,  sait  s'a- 
dresser au  siècle  qui  jugera  ses  écrits  préludant 
en  vers  légers  au  ton  épique  que  bientôt  sa 
muse  va  prendre. 

Si  l'on  en  croit  tous  les  bruits  du  Parnasse  , 

A  ses  enfans  il  faut  des  protecteurs. 

Le  grand  Auguste  était  l'appui  d'Horace  ; 

Et  son  exemple  instruisant  les  aHteurs , 

Des  plus  altiers  a  fait  d'humbles  Hatteut^t. 

Je  puis  saris  honte  ,  en  une  dédicace , 

De  tes  vertus  1  parler  à  mes  lecteurs. 

Toi  seul  chargé  d'un  pouvoir  sans  limite , 

Vas  gouverner  les  choses  d'ici  bas  , 

Frapper  les  Bots  ,  élever  le  mérite , 

De  nos  savans  juger  tous  les  débats , 

Et  renverser  et  bâtir  les  murailles  , 

Et  consacrer  par  tes  arrêts  divers  , 

Le  bien  ,  le  mal,  les  grands  noms ,  les  beaux  vers, 

tes  bonnes  lois  et  les  sages  batailles. 

Tes  jugemens  à  ma  muse  font  peur;  ^ 

Elle  t'implore  ,  ô  siècle  qui  vas  naître  î  1 

Car  elle  craint  ton  vieux  prédécesseur  ! 

Il  a  tué  bien  des  gens  ,  et  peut-être 

La  ferait-il  périr   avec  noirceur  , 

Avant  le  jour  où  tu  dois  le   conn'aître.   ^ 

Siècles ,  ,vou8  seuls  rdistribuez  les  prix. 

Qjrî  mieux  que  vous  sait  venger  les  victimes 

Du  mauvais  goût,  plein  de  fausses  maximes? 

Ce  ne  sont  pas  ces  poètes  contriu 

D'avoir  noyé  le  bon  sens  dans  les  rimes  , 

Et  d'un  noir  ûel  depuis  long-tems  aigrie  ; 

Ce  ne  sont  pas  ces  enfans  beaux-esprits  , 

Très-innocens  dans  leurs  vers  satyrique»  , 

Et  qui  devraient ,  aimant  plus  leurs  Iris , 

Les  moins  chanter  en  stances  prosaïques; 

Ni  ces  pédans  minutieux  critiques  , 

Défigurant   en  lettres  italiques 

Les  meilleurs  vers  condamnés  sans  pudeur 

Et  des  journaux  surprenant  la  cand«ur. 

Serait-ce  donc  la   populace  immense 

De  Vaugelas  ,  d'Arîstarquos  dilTus  , 

Qui  ,  s'entêtant  de  leur  savoir  confus-; 

En  longs  traités  professent  l'ignorance  ? 

Un  corps  entier  de  ces  docteurs  élus 

Osa  du  Cid  prononcer  la  sentence. 

Les  corps  n'ont  pas  autant  d'esprit  qu'on  petu«; 

Leurs  grands  procès  font  rire  ,  ou  sont  peu  liu. 

On  rit  surtout  quand,  selon  leur  coutume. 

Vont  s'escrimant  ces  champions  lettrés  ,  '' 

Qui  ,  tour  à   tour  ,    déchirant ,   déchirés  , 

Rendent  publics  les  duels  de 

Ah  !  qu'il  vaut  mieux ,  franc 

Sans  folle  brigue  et  sans  malignes  ruses 

Sans  jalousie  ,  être  un  amant  des  muses  , 

Et  disputer  le  prix  par 

On  s'en  écarte  en  querellant  po 

Craignons  toujours  qu' 

En  quelque  bois  ne  nous  suppla: 

Et  moins  que  nous  ne  les  trouv 


plume. 

ses  riviux , 


elles , 
plus  fia 

cruelles. 

L'aETieux  scandale  épouvante  les  beiles  ; 
On  n'en  obtient  tous  les  trésors  secrets 
Qu'à  la  faveur  de  l'ombré  et  de  la  paix  , 
Nos  chastes  sœurs  sont  fîUes  infidelles  ; 
Si  bien  le  sais,  qu*épris  de  leurs  appa»  , 
Je  m^en  méfie  et  ne  les  quitte  pas. 
Bientôt  je  touche  à  mon  sixième  lustre. 
Et  tout  mon  soiu  fut  de  m'en  faire  aimer  ;  ■ 
Non  que  Tespoir  de  leur  salaire  illustre 
Plus  qu'aucun  prix  eût  de  quoi  m'enflammer , 
l'eusse  envié  quelqu'konneur  plus  atîle; 


Mais  que  pouvait  m^  jepues^e  débile  ? 
Ce  n'est  pas  tout  que  la  tête  et  le  cœur  ; 
En  mille  emplois  où  leur  force  est  slerile 
Il  faut  du  corps  la  robuste  vigueur. 


.!<= 

l'ai  point  eu  les  dons  du  fils  d'Alcm 

Ma 

droite  infirm 

e,'  et  qui  n 

e  sert  à  pei 

A 

non  pays  n'a 

pu  se  cono 

acrer , 

Sn 

cavalier  ,  os 

•je  figurer 

? 

L'étrier  manque 

a  ma  jambe 

incertaine 

Et 

m'échappant 

le  coursie 

r  fugitif 

Se 

lit  bientôt  d 

conducte 

r  qu'il  me 

Sur 

une  rosse, 

e'cuyer  iiors 

d'haleine , 

1= 

croîs  monter 

un  Pégase 

rétif. 

De  fendre  Tonde 

îrai-je  fai 

e  gloire  ? 

Pauvre  poisaon  qui  n'a  qu'une  nageoire  , 
Des  flots  roulans  le  cours  m'ensevelit  ; 
La  Seine  alors  dans  le  fond  de  son  lit, 
'        -Pn  se  moquant  m'aveugle  et  me  fait  boire. 
^*Ali  seul  Permesse  osant  me  confier  , 
J*7  puis  nager  sans  craim^re  Tonde  noire. 
Heureux  du  moins  si  j'échappe  au  bourbiet 
Où  des  Pradons  s'engloutit  la  mémoire  ! 
■i'aimable  fleuve  a  daigné  me  porter  , 
Et  3ur  ses  bords  muses  de   me  sourire. 
Fier  d'un   accueil  qu'il  me  faut  mériter  , 
Sur  leurs  autels  je  leur  fis  vœu  de  dire 
Le  sort   divers    et  les  honneurs  égaux 
De  Méonide  et  du  vainqueur  de  Plnde , 
De  comparer  les  genres  de  héros  , 
Et  d'être  ainsi  le  Plutarque  du  Pinde. 

Ce  projet  neuf  m*a  long-tems  attiré  ; 
J'aime   à  tenter  un  chemin  ignoré. 

Siècle  naissant  qui  déjà  rh'épouvantes  , 
Ma  seule  idole  et  mon  unique  espoir  , 
Accorde-moi   tes  faveurs  indulgentes  ; 
Mon  faible  esprit  craint  de  se  décevoir. 
Souviens-toi  bien  que  celui  qui   t'implore 
Fut  le  premier   de  tous  tes  courtisans. 
De   ton  crédit  j'ai  prévenu  Taurore. 
O  siècle  enfant,  puissent  mes  vers   encore 
Te  recréer  alors   qu'en   cheveux  blancs 
Tu  verras  fuir  le  dernier  de  tes  ans. 

Nous  ajouterons  à  cette  citfliion  celle  de  quel- 
ques fragraens  du  poëtne  d  Homère  : 

Homère  vint  à  Gume    étpnner  les  oreilles  , 

Par  ses  récits  féconds  en  naïves  merveilles  ; 

Il  vint  ,  triste  jouet  de   l'homme   et    des  destins  , 

Mendier  l'aliment  de  ses  jours  incertains. 

Pauvre  ,   il  *ne  lui    restait  que  son  noble   délire  , 

Pour  appui  que  son  nom  ,   pour  tout  bien  que  sa  lyre. 

Il  chantait  Tlion  :  et  les  peuples  surpris  , 

Attirés    à  ses  clianis  ,   à  sa  vue  attendris  , 

Se  leur  nombreux  concours  inondaient 

Ses   yeux   de  la  lumière   avaient  perdu  l'usage  : 

Seul  et  fidèle  ami   de  ses  adversités  , 

Vn  chien  guidait  ses  pas  ,  veillait  à   ses   côtés. 


la   foule  muette 
lUx  accens  du  poète  , 
L  ses  divins  concerts , 
'arrête  dans  les  airs. 
;  il  chante  les  querelles  , 
ux  peuples  sî  mortelles , 


Il  prend  sa  lyre  d'or ,  e 
Tient  l'oreille  attentive 
Xes  Muses  ,  accourant 
l'écoutenc ,  et  Pbébus 
Des  vainqueurs  d'Ilio 
Ces  discordes  des  rois 
D'Achille  humilié  ,  rhomicide  repos, 
TçuB  les  Dieux  partagés  veillant  sur  des  héios. 

La  mort   de   PatTocle  arrache  le  fils  de  Pelée  à 
cette    oisiveté  funeste. 

Le  bruit ,  signal  affreux   de  ses  -promptes    douleurs  , 
ïsùt  rugir  l'amitié  de   ce  lîon  en  pleurs. 

La  muse    d'Horaere    le   met.  aux    prises   avec 
le   Simoïs  et  le  Xante. 

Fleuves  dont  le  courroux  veut  rarrétcr   encor. 
Et  dont  les  flots  grondans  le  séparent  d'Hector  ; 
Zi  lutt^  ,   il   les  franchit ,   s'élance   sur  la    rive  , 
Court,  immole  ,  et  fîéjà  toute  Ilion  plaintive 
Voit  les  chevaux  fumana  du    vainqueur  irrité. 
Traîner  dans  la  poussière  Hector  ensanglanté. 

Désormais  les  douleurs  de  sa  veuve  éplorée 
Vont  des  jours  et  des  nuits  occuper  la  durée  , 
Hécube   emplit   les   airs  de  hurlemens  affreux  ; 

Tout  gémit Mais  quel  est  ce  vieillard  malheureux 

Qui ,  dans  l'ombre  ,  ose   entrer  sous  la  tente  d'Achille  ? 

C*est  Prîam  ,  c'est  ce  roi  d'une   superbe  ville 

Dont  l'Asie  admira  les  destins  fortunés , 

Qui  ,   pour  Bon   chrr  Hector  troublé  de  soins  funestes , 

Vient  k  son  meurtrier  en   demander    les  restes. 

A  cea  mots  du  vieux   roi    blanchi   dans  les  douleurs, 

.  Songe  k   ton  père ,  Achille ,  et  respecte  mes  pleurs  » 

Ces  deux    grands  ennemie  qu'un  «ort  fatal  assemble  t 

Tristement  embraBfts ,  pleurent  soudain   ensemble  ; 

L'un  regrettant  son  fiU  devant  lui  massacré  , 

L'auire  «an  pcrc  absent  i  et  Pairocle  expiré. 

Ttli   furent  let  accen«  de  la  lyre  immonolle  , 
Phëbus  la  couronna  d'une  palme  nouvelle; 
£t  l'on  dit  que,  charmé  de  «es  divine  accords» 
PiimtM«   Ici  apprit  aux  Uturiem  de  ses  borda, 


187 

Nous  puiserons  dans  le  second  chant  une  der- 
nière   ciiaiion. 

Un  songe  ,  sous  les  traits  de  Saturne  ,  apparaît 
a  Homère  pendant  son  sommeil  ,  et  lui  monire  , 
jusques  dans  l'avenir  le  plus  éloigné  ,  tous  les 
poètes  ,  enlans  de  son  génie  ,  qui  doivent  mar- 
cher sur  ses   traces  , 

Ces  sublimes    esprits  qu'instruiront  ses  travaux  , 
Et  sa  gloire  toujours  éclipsant  ses  rivaux. 

Voici  sous  quels  traiis  il  lui  peint  l'illustre 
Racine  :   ô  Salurne  !  dit  Homère  : 

•   ■   •  •  ^ De  quels  tristes  soucis 

Est  ombragé  ce  front  qu'une  palme  couronne. 

Vois-je  un  mortel  ,  un  Dieu  ?  Qiiel  éclat  l'environne  ! 

La  foule  qui  le  suit  adore  ses  attraits, 

Mais  les  sombres  chagrins  ont  obscurci  ses  traits. 

Hélas  !    répond  le  Tems  ,   tu   gémirai  d'apprendre 
Les  pleurs   qu'en  le   perdant  sa  muse   doit   répandre. 
Cet  astre  sur  la  terre  élevé  peu   d'instans  , 
Dérobera  trop  tôt  ses   rayons  éclatans;    ■ 
La  noire  inimitié  cent  fois  sur  son  passage , 
S'efforcera  d'étendre  un  envieux  nuage. 
Racine  ,   ah  !  que  la  scène  eût  acquis  de  trésors, 
Si  l'on  n'eijt  pas  quinze  ans  étouffé  tes  accords, 
Si  ,  de  tes  vers  brulans  ,  l'audace  encor  nouvelle 
M'eût  blessé  l'ignorance  à  leurs  beautés  rebelle  l 
j  Quels  regrets ,  quels  honneurs  te  suivront  au  cercueil  I 
Quels  seront  les  sanglots  de  Melpomene  en  Jeuil  I 
Qui  sut  mieux  l'embraser  des  flammes    du  génie? 
Charme  heureux  !   art  suprême  !  éloqueijte   harmonie  ! 
Soit  que  Phèdre  s'égare  en  ses  folles   amours , 
Qu'Andromaque  d'un  fils  n'ose  acheter  les  jours  ; 
Soit  qu'une  niere  en  pleurs,  lionne    rugissante, 
Ecarte  un  fer  levé  sur  sa  fille  innocente  ; 
Que  Néron  déchaîné  marche  au  crime  à  grands   pas  ; 
Qu'Athalie    en    fureur   tremble  devant  Joas  : 
Toujours  sublime  et  tendre  ,  on  t'adore  ,  on  t'admira  , 
O  Racine  !  après  toi,  qui  touchera  ta  lyre? 


CONSERVATOIRE      DE    M  U  S  I  Q_U  E. 

Les  élevés  du  conservatoire  ont  exécuté  ,  le  i5 
de  ce  mois  ,  un  concert  très-brillant  dans  leur 
salle  ordinaire  dont  la  forme,  les  dispositions 
et  les  ornemens  sont  également  agréables.  Parmi 
ces  ornemens,  ceux  que  l'œil  distingue  avec  le 
plus  de  plaisir  sont  les  noms  des  musiciens 
célèbres  des  différentes  écoles  ,  dont  les  chefs- 
d'œuvre  servent  encore  aujoiird'hui  de  pré- 
ceptes et   de  modèles  à  leurs  successeurs. 

Le  premier  et  le  second  consul  ,  la  famille 
du  premier  ,  beaucoup  de  membres  des  pre- 
mières autorités,  et  une  foule  d'artistes  distingués 
et  d'amateurs  choisis  assistaient  à  ce  concert  qui 
a  été  entendu  a.vec  le  plut  vif  intérêt.  Les  deux 
principaux  conducteurs  de  l'orchestre  étaient  les 
jeunes  citoyens  Gasse  et  Kreutzer  jeune.  Toutes 
les  parties  ont  été  exécutées  ,  à  quelques  excep- 
tions près ,  par  des  élev^. 

Une  svmphonie  d'Haydn  ,  et  la  belle  ouver- 
ture de  Timoléon  ,  par  Méhul  ,  ont  servi  d'intro- 
duction aux  deux  parties  du  concert.  Le  citoyen 
Henry  a  chanté  un  air  d'Œdipe  ,  avec  une  sûreté, 
une  justesse,   une  exactiiu 

marquées.  Une  symphonie  dEler  ,  très-difficile  ,  a 
été  exécutée  par  les  citoyens  Franco  ,  Mondru  , 
Judas  et  Blangy  ;  les  parties  de  clarinette  et  de 
basson  ont  élé  sur-tout  applaudies.  M™,'  Rebou 
a  chanté  avec  un  goût  pur ,  beaucoup  de  grâce  , 
et  une  expression  juste  ,  un  air  charmant  de 
Ciraarosa.  Les  citoyens  Guénée  et  -Marcel  ont 
ensuite  fait  entendre  une  symphonie  concertante 
de  Violii  ,  qui  demandait  peut-être  une  exécu- 
tion plus  sure  ,  plus  brillante  ,  mais  quil  était 
difficile  de  rendre  avec  une  intelligence  plus 
exacte  du  morceau  ,  et  un  talent  musical  plus 
décidé.    Cette  qualité   si  rare  ,  si  nécessaire  ,  pa 


i<  La  musique  expressive  ,  y  e«t-il  dit,  de  \i'- 
quelle  est  née  la  musique  drnnriuiique  ,  pata'tt  êtra 
d'invçiiiion  lout-à-fait  moderne  ,  et  date  à  peine 
du  commencement  de  ce  siècle.  Justjues-là,  tout* 
la  mélodie  ,  même  celle  des  chansons  ,  n'ayaj.t 
qii'un  caractère  local  ,  mais  vague  ,  et  que  dcier» 
minaient  les  paroles  qu  on  y  appliqu;-.it.Toutair  vif 
rendait  les  divers  accens  de  la  gaîté  ;  tout  air  lent 
servait  également  aux  plaintes  de  l'arnour  et  de 
la  irislesse.  On  distinguait  ces  deux  niouvemens, 
on  n'en  connaissait  pas  les  nuances. 

11  L'art  musical  ,  que  nous  devons,  comme  preS' 
que  tous  les.  autres,  aux  recherches  des  moines  , 
tut  presque  exclusivement  cons.icré  an  culte  jus* 
ques  dans  le  siècle  derniei  :  mais  les  compositeurs 
ne  songeaient  nullement  à  expriiner  les  paroles 
qu'ils  ornaient  de  leur  raélod  e.  L  art  se  bornait 
à  chercher  Iharmonie  la  plus  correcte  ;  et  les 
accompagneraens  ,  indlîléremment  exécutés  par 
des  voix  ou  par  des  instrumens ,  n  étaient  que  de 
simples  combinaisons  de  sons  habilement  dis- 
posés ,  à-peu-près  comme  ces  petites  phque» 
triangulaires  dont  nos  dames  s'amusent  à  formée 
des  parquets ,  en  assonijsant  et  variant  les  cou- 
Icuis  avec  plus  ou  moins   d'art. 

"  Quand  la  musique  embcUit  les  représenta- 
tions théâtrales  ,  elle  ne  s'y  montra  pas  d'abord 
très-expressive  -,  elle  ne  Ht  que  donner  aux  pa- 
roles une  déclamation  mélodie^rse  et  obligée  , 
dont  la  poésie  ,  et  la  sensibilité  des  chatitcurs 
fesaient  toute  l'expression.  Tel  est  encore  notre 
récitatif.  Dég.gée  d'ailh-urs  de  tout,  le  travail 
mécanique  des  morceaux  de  chapelle,  elle  en 
demeure  très-distincte. 

!'  Léo  est  un  des  premiers  qui  sentit  que  la 
musique  d'église  ,  sans  rien  perdre  de  la  gravité 
de  son  style  ,  et  sans  renoncer  entièrement  à  ses 
laborieuses  combinaisons  ,  pouvait  y  ajouter  le 
mérite  de  l'expression. 

,  "  Leonardo  Léo  ,  maitre  de  chapelle  napoli- 
!i  tain  ,  fut  un  des  plus  célèbres  compositeurs 
II  qui  aient  paju  dans  le  commencemem  du  iS"" 
II  siècle.  Il  était  maître  du  conservatoire  et  de  la 
M  chapelle  royale  de  Naples.  C'est  lui  qui  .  le 
Il  premier,  débarrassa  la  mélodie  du  luxe  des 
Il  modulations ,  et  qui  lui  donna  une  marche 
11  simple  ,  expressive  ,  quoiqne  savante.  Il  est 
11  regardé  comme  le  fondateur  de  I  école  mo- 
11  derne  napolitaine  (i).  Son  célèbre  Miserere  à 
Il  deux  chœurs  fut  comioosé  à  l'occasion  de' 
11  la  mon  jl^p  Victor  Aniédée  ,  roi  de  Sardaigne^ 
11  Ce.  Miserere  est  exi^^uié  tous  les  ans  à  N^tpleï 
II  par  les  élevés  du  to  .^ervaioire  de  la  Fietà  (2)  , 
Il  les  trois  jours  de  ténèbres  ,  avec  h-  plus  granct 
11  soin  et  la  plu?  "^granuc  solennité.  L  église  du 
II  conservatoire,  quoique  grande  .  ne  suffit  pas 
11  pour  contenir  les  amateurs  et  les  musicien»' 
Il  qui  accourent  en  foule  pour  entendre  ce 
Il  chef-d  œnvre.  ii 

(  Essai  sur  la  musique.  ) 

i>  On  a  dit  qu'à  l'époque  oià  ce  morceau  fut 
compoié  ,  l'idée  d'attacher  de  I  expression  à  des 
paroles  sacrées  était  encore  nouvelle.  Léo  la 
réserva   aux    seuls  passages  qu'il  en  crut  suscep- 

^^ ^  .,„.v^^       libles.    Il    donna   le    reste    à   l'harmonie,    et    en 

de  dignes    d'être  "re-  '  abandonna  même  plusieurs  versets  au  seul  plain- 

-■  —   ■  '  chant.  Ce  fonds  obscur  ne  fait  que  raieux'ressoriit 

les  parties  éclairées  de  son  tableau  ,  et  l'on  n'avait 


(i)  Q_uelques-uns  de  ses  contemporains  ,  tels, 
que  Durante  ,  Pergolese  ,  etc.  allèrent  plus  loin 
que  lui  dans  la  même  Carrière  ,  mais  il  eut  tou" 
jours  le  mérite  de  lavoir  ouverte.  L'école  da 
Durante  et  celle  de  Léo  étaient  et  sont  encore  en 
rivalité  parmi  les  italiens. 

(2)  C'est  un  acte  de  reconnaissance,  Léo  ayant 
été  maître  de   ce   conservatoire. 
.  ,  On  a  fait  dernièrement  ,  dans  un  journal  ,   un 

raît  en  général  celle  vers  laquelle  les  professeurs  reproche  bien  injuste  au  conservatoire  français, 
du  conservatoire  ont  particulièrement  dirigé  les  '  celui  d'admettre  les  enfans  des  riches  de  préfé- 
études  de  leurs  élevés  :  ils  ont  senti  a.ec  infini-  !  rence  à  ceux  des  pauvres  ,  et  l'on  opposait  la 
ment  de  raison,  que  l'exécution  pouvait  s'ac-  conservatoire  de  Naples,  qui,  disait-on,  par 
quérir  avec  le  tems,  mais  que  ,  sans  la  connais-  î  son  seul  titre  de  la  Pietà  ,  prouvait  que  c  est  un 
sance  de  lart  musical  ,  et  sut-tout  sans  le  senti-  '  asile  consacré  aux  indigens. 
ment  des  beautés  de  cet  art,  l'exécuteur  le  plus!  Qn  peut  répondre  : 
brillant  ne  pouvait   prétendre  qu'au  mérite   de  la  |         „   ^  j     /'     n      • 

difficultévaincue, et  nonautitredevinuose  habile.  I     .  ',  '  »<."«<:«  ""e  de  la  Pieta  ne  prouve  pas  pré- 
Le    conservatoire   de   musique  se   propose    de!  ctsenient  que  ce  soit    ijn   hôpital;  car  si  ce  iriot 
frire  entendre  périodiquement  ses  élevés  da.iS  dis  '  p'?"'*!*  '«  P"'^  '  'I  signifie   égal  ment  lapteté.  Les 

Italiens,  par   une  confusion  d'idées  tiès-morale  , 
n'ont  pas  cru  devoir  distinguer  la  dévotion  envers 


q 

exercices  publics  ,  ain»i  que  l'annoncent  son 
règlement.  Cette  idée  est  bonne  ,  elle  fera  naitre 
1  émulation  ,  en  même-tems  qu'elle  inspirera  aux 
jeunes  artistes  ce  sentiment  de  leurs  propres 
forces,  nécessaire  pour  le  déploiement  de  leurs 
lalens.  Une  autre   idée  du  conseivaloire    mérite 


lËlre   ciéaleur,  de  la  compassion, eijvers  la  créa- 
ture infortunée. 

,  2°.  Que  l'on  convient  cependant  que  ce  con» 
servatoire  ,  ainsi  que  les  quatre  auties  de  Naples  , 
d'être  remarquée  :  il  se  propose  de  faire  entendre  ^'  ceux  des  filles  qui  existaient ,  à  Venise  ,  sont  , 
à  chaque  concert  un  morceau  choisi  dans  l'an-  à  propreittent  parler  ,  des  hospices  ;  mais  qu  il  y 
ciinne  musique,  et  particulièrement  de  lécole  ^  ^'^  f-"''  des  fondations  dont  les  enfans  d'ar-> 
italienne.  Ceci  nous  conduit  moyis  à  parler  nous  'is'es  peuvent  profiter  sans  l'espèce  de  honte  que 
mêmes  du  Miserere  de  Léo  ,  qui  a  été  exécuté  au  '^  pr^j"SÉ  attache  à  ees  sortes  d  établissemens. 
dernier  concert,  qu'adonner  de  la  publicité  aux  3°.  Que,  s'il  était  vrai  que  les  riches  briguas- 
passages  relatifs  à  ce  morceau  ,  contenus  dans  '  sent  pour  leurs  enfans  les  places  de  notre  con- 
un  excellent  programrne  que  nous  avons  sous  les  servatoire,  ce  serait  faite  le  plus  bdl  éloge  dé 
yeux,  programme  distribué  par  le  conserva-  l'enseignement  qu'on  y  reçoit  ,  ainsi  que  ne  la 
loire  .  et  sans  doute  rédigé  d'après  ses  ins-  noblesse  et  de  U  bonne  tenue  de  «et  éiabii««- 
truciions.  ment 


pas  alors ,  comme  de  nos  jours,  la  prétention 
de  tout  peindre.  —  Le  Miserere  de  Léo  dénué 
de  tous  les  ornemens  dont  on  enrichit  maintenant 
les  compositions  musicales  ,  exécuté  par  des  voix 
que  l'orgue  soutient  à  peine  ,  et  que  ne  couvre 
pas  le  bruit  mélodieux  des  autres  instrumens  , 
aurait  besoin  de  l'exécution  la  plus  pure  ,  la  plus 
parfaite,  pour  faire  valoir  cetle  simplicité  ma- 
jestueuse qu'on  est  tenté  de  prendre  pour  de 
la  nudiié  :  on  ne  doit  pas  l'attendre  des  jeunes 
élevés  à  qui  cette  exécution  est  confiée.  Leurs 
organes  ,  encore  incertains  ,  peu  familiarisés  avec 
ce  style  sévère  ,  n'ont  pu,  n'ont  pas  dû  acquérir 
encore  cet  ensemble  qui  ,  dans  le  conservatoire 
d'Iialie  ,  en  fait  le  plus  grand  mérite  ,  et  qu'une 
longue  habitude  peut  seule  donner.  Formés  pour 
une  louie  autre  destination  ,  comment  les  élevés 
du  conservatoire  se  seraient-ils  perfectionnés  dans 
un  génie  aussi  nouveau  pour  eux  que  pour  la 
•plupait  de  ceux  qui  les  écoulent  ?  i> 

Celte  dernière  précaution  de  l'auteur  du  pro- 
gramme nétait  point  nécessaire  :  les  élevés  du 
xosscrvaioire  ont  exécuté  ce  morceau  avec  ta- 
lent :  Chérubini  les  conduisait  avec  cet  enthou- 
siasme ,  celte  chaleur  qui  s'empare  toujours  d'un 
grand  compositeur  ,  quand  il  sent  sous  ses  doigts 
tetentir  les  accens   créés  par  un  grand  maître. 


i8S 

Gail  ,  professeur  de  littérature  grecqiK  au  Collège  de 
France ,  au  rédacteur. 

On  vient  de  ms  communiquer  deux  brochures 
(Journal  de  l'opposition  )  où  l'on  parle  de  deux 
faiis  auxquels  je  crois  devoir  répondre, 

Dans  le  premier  numéro  (an  7)  mon  censeur 
s'éionne  de  ma  nomination  au  Prytanée.  "  O 
!5  Villoison  ,  où  étiez-vous  lorsqu'tm  nommait  à 
)>  cette  chaire  !  n 

Où  était  Villoison?  Cet  érudit  célèbre  résidait 
à  Paris.  Dès  que  je  sus  qu'il  accepterait  des  (onc- 
tions publiques  dans  l'enseignement  ,  j'allai  lui 
proposer  la  chaire  du  Prytanée  que  je  professais 
depuis  peu.  Villoison  refusa.  J'insistai  ,  il  tint  bon. 
A  la  suite  d'un  combat  où  nous  agissions,  moi 
en  bon  confrère  ,  lui  en  homme  désintéressé  , 
je  le  quiliai  ,  non  sans  lui  dire  que  je  lui  laissais 
le  tems  de  la  réflexion  ,  et  que  dans  trois  jours 
je    reviendrais  lui  renouveller  ma  proposition.  Je 


LIVRES     DIVERS. 

Histoire  naturelle  de  Buffon,  in- 18,  19'  livraison  ^ 
composée  du  tome  2o«  deS  matières  générales, 
et  du  tome  9'  des  oiSéaux  ;  prix ,  5  francs  5 
décimes  ,  et  8  francs  5  décimes,  enluminés. 

A  Paris  ,  rue  du  Cimetière- André-des-Arcs, 
n"  10. 

Cette  livraison  comprend  dix-sept  planches 
représentant  vingt-cinq  figures  ,  dont  celles  de 
l'homme  et  de  la  femme  ,  d'après,  les  dessins  du 
célèbre  Moreau  le  jeune  ,  supérieurement  exécu- 
tées par  le  cit.  Pauquet  ,  chargé i  de  la  gravure 
de  toutes  les  figures  de  dé  l'histoire  naturelle. 
Il  est  difficile  de  mettre  plus  de  soin  que  n'en 
mettent  les  éditeurs  dans  toutes  les  parties  de  cet 
important  ouvrage  ,  rais  en  ordre  par  le  citoyen 
Lacepede  ,  membre  de  l'institut  national,  conti- 
nuateur de  Buffon. 

De  importance    des    opinions    relîgieusis ,    par 


Je  revins  en    effet  -,   mais  la    deuxième    tentative     M.  Necker  ;  un  vol.  in-S"  de  ptès  de  600  p?ges  ; 


Chirurgie. 

Ls  C'i.  Demours ,  membre  de  l'ancienne  faculté 
âe  médecine  de  Paris  ,  et  oculiste  ,  a  lu  à  l'institut 
national  ,  le  26  prairial  dernier  ,  et  à  la  société  de 
médecine,  le  2  messidor,  un  mémoire  sur  un  pro- 
cédé nouveau  ,  pour  rendre  la  vue  perdue  par  des 
cicatrices  blanches  et  des  abcès  qui  ont  crevé  les 
yeux  à  plusieurs  reprises  ,  dans  des  cas  qui  ,jusqu  à 
cejour  ,  avaient  été  unanimement  regardés  comme 
incurables.  Cepiocédé  consiste  à  faire  une  pru- 
nelle artificielle  tout  auprès  du  blanc  de  1  oeil  , 
pour  remplacer  la  prunelle  naturelle  ,  déiruite 
par  des  suppurations  répétées.  Il  a  rendu  la,\iue, 
parcelle  opération,  au  ciioycn  Sauvages,  de 
H.im  ,  département  de  la  Somme  ,  qui  avait  éié 
jugé  aveugle  sans  ressource  parlecit,  Demours 
lui-même  ,  et  par  tous  ceux  qu'il  avait  consultés. 
Ce  citoyen  qui  est  resté  complètement  privé  de  la 
lumière  pendant  quatre  ans  ,  avait  perdu  la  vue 
à.lage   de    22   ans,    par  l'effet    d'inflammations 

violentes  et  répétées,  accompagnées  d'abcès  qui  \}i;ii^ger  '  Leroi  ,  professeur  d'éloquence  dont 
lui  ont  laissé  les  yeux  presque  tout  blancs.  Les  \  j'adopte  la  petite  syntaxe  ,  jusqu'à  ce  que  j'aye 
taches  qui  les  couvrent,  sont  les   cicatrices    des  1  Je  loisir  de  terminer  la  mienne. 

crevasses   qui  se  sont  fa'tes  à  plusieurs  reprises  ,     ,    r,        i-     •  1        >    •      j-  .  j«   i     „i,„, 

■         .         1       ..  ,..     ■'^,  11*^     Ti  Dans  larticle  on   ic   dis  un  mot  de   la  neces- 

et  qui   ont  eniierement  détruit  les  prunelles.  Il  a      .  ,     ,  .      -   r     •   ■        j     1  ^     1 

,  ,^     .         ,    ,   ,,.      .     .       .■        1     .';  1  ;■.•  j       site  de   remontera  1  origine   du  langage  ,   de   la 

eie  ptesenie  a  1  institut  national  et  a  la  socic  e  de      .  ■■     .•         ■     ■.  uv  1  u        \:„-,;f„ 

A  distinction    a    établir   enire  Jes  verbes   pnmiuts 

roeclecine.  |  ^^  |gurs   nombreux  dérivés  ,  si  je  n'ai  point  cité 

feu  Leroi  ,  cet  instituteur  savant  et  vertueux  ; 
c'est  que  la  gloire  de  ces  observations  ne  lui 
appartient  nullement.  J'en  appelle  à  ceux  qui 
ont  lu  les  ouvrages  des  W^alkener  ,  des  Lennep 
et    autres   érudits ,   conus    de  l'Europe    savante. 


prix  6  fr- broché. 

Morale  de  Jesus-Christ  et  des  apôtres  ,  tirée  du 
I  nouveau  testament  ,  un  vol.  in-4°  ,  belle  édition^ 
prix  6  fr.  broché. 

A  Paris ,  chez  Plassan  ,  imprimeur  -  libraire  , 
rue  du  Cimetiere-André-des-Arts.  .  n"  10, 

Rapport  sur  la  vaccine  ,  ou  réponse  aux  ques- 
tions rédigées  par  les  commissaires  dé  I  école  de 
médecine  de  Paris  ,  sur  la  pratique  et  les  résultats 
de  cette  nouvelle  inoculation,  en  Angleterre  et 
dans  les  hospices  de  Londres  ,  où  on  l'a  adop- 
tée ,  par  le  cit.  A.  Aubert  ,  docteur  en  méde- 
cine; brochure  in-S".  Prix,  i  fr.  et  l  fr.  sS  c. 
par  la  poste.  A  Paris  ,  chez  Richard,  Caille  et 
Ravier,  rueHauttleuille  ,   n°   11. 

Dictionnaire  portatif ,  allemand  et  français,  con- 
tenant les  mots  techniques  relatifs  aux  fonderies, 
]  aux  bocards  ,  aux  laveries  ,  aux  différens  procé- 
celte  édition  seulement  ,  la  petite  syntaxe  de  ^  dés  métallurgiques  et  docima'stiques  ,  où  se  trou- 
Leroi  ,  qui  occupe  les  huit  dernières  pages  de  |  vent  les  noms  en  allemand  et  en  français  ,  des 
ma  grammaire.  Si  je  n'en  ai  point  averti  ,  j'ai  1  fournaux  ,  machines  ,  outils  et  ustensiles  à  Vv{- 
manqué  au  devoir  d'un  honnête  homme.  Mais  si  I  sage  des  travaux  des  mines  ,  ainsi  que  ceux  de» 
j'ai  saiisfait  à  ce  devoir  ,  combien  mon  accusateur  j  veines  ou  filons,  des  substances  métalliques  et 
a  de  reproches  à  se  faire  !  Que  1  on  ouvre  ma  j  minérales  .  par  le  cit.  Duhamel ,  membre  de 
grammaire  pag.  I ,  je  m'y  exprime  ainsi  :  Clenard ,  1  l'institut  national,  et  inspecteur  des  mines  de 
Furcault  ,  etc.  ,   enraient,   par  l'appareil    formi-  |  la  république  française.  In-8°.  Prix,  3  fr.  p^r  la 


ne  fut  pas  plus  heureuse  que  la  première 

L'anonyme  qui  n'approuve  point  ma  nomina- 
tion au  Prytannée  ,  l'aurait-il  désirée  pour  lui- 
même  ,  et  me  croirait  -  il  par  hasard  un  de  ses 
compétiteurs  ?  s'il  était  dans  cette  persuasion  , 
je  lui  dirais  qu'il  se  trompe.  Je  n'ai  éié  le  com- 
pétiteur de  personne  .  je  n'ai  point  brigué  la 
place  ,  elle  m'a  été  off:rte.  Peu  auparavant  on 
m'en  avait  proposé'  une  autre,  (i)  qui  valait 
alors  1800  francs,  et  ne  demandait  que  tiois 
après-midi  par  mois  :  je  l'avais  refusée  parce 
qu'elle  m'était  offerte  en  remplacement  d'un  con- 
frère et  qui  se  retirait  croyant  sa  place  avidement 
et  tyranniquement  convoitée.  Je  ne  suis  donc 
pas  un  envahisseur  comme  le  donne  à  entendre 
I  anonyme. 

Je  ne  mérite  pas  davantage  d'être  comparé  au 
Geai  de  Lafontaine  (  même  journal,  anSj.  Dans 
ma  nouvelle  grammaire  grecque  j'ai  adopté  ,  pour 


dable  de  treize  et  même  de  vingt-quatre  conjugai- 
sons. Nous,  nous  n'en  reconnaissons  qu'une.  Et 
en  note:  parmi  les  grammairiens  raodcrnes.j'e  dois  , 


poste. 

A  Paris ,  chez   Courcier  ,  imprimeur-libraire, 
rue  Poupée-André-des-Arts  ,  n°  5. 


Le  citoyen  Demours  annonce  ,  dans  son  mé- 
moire ,  que  le  citoyen  Sauvages  ,  qui  est  logé 
chez  lui  ,  rue  Mazarine  ,  n°  iSyS,  se  prête  vo- 
lontiers à  satisfaire  la  curiosité  de  ceux  qui  desi- 
T£nt  le  voie  lisant  aisément  avec  des  yeux  tout 
blancs  et  déformés. 

On  pourra  dorénavant ,  au  moyen  de  celte 
importante  invention  ,  qui  fera  époque  dans  les 
annales  de  l'art  de  guérir  ,  rendre  la  vue  à  la 
plupart  de  ceux  qui  font  perdue  par  de  larges 
tai  hes  blanches  ou  cicatrices  ,  que  Ion  avait  re- 
gardées jusqu  à  présent  comme  incurales. 

Le  citoyen  Sabatier ,  chirurgien-major  de  la 
■maison  nationale  des  invalides  ,  termine  ainsi  son 
rapport  fait  à  l'institut  national,  le  II  messidor 
dernier,  au  nom  d'une  commission. 

11  Nous  jugeons,  en  conséquence,  que  l'ins- 
titut doit  accueillir ,  conserver  et  publier  l'ob- 
servation que  le  citoyen  Demours  lui  a  présen- 
tée ,  comme  renfermant  une  découverte  impor- 
tante ,  et  qui  recule  en  ce  point  les  limites  de 
l'art  de  guérir,  u 

Le  cit.  Roussille  -  Champseru  ,  médecin  -  ocu- 
liste, dit  dans  son  rapport  fait  à  la  société  de 
médecine  ,  '<  que  l'opération  imaginée  par  le 
citoyen  Demours  est  nouvelle  en  ce  qu'elle  con- 
siste à  procurer  une  prunelle  artificielle  dans  un 
point  de  l'œil  où  l'on  n'avait  jamais  songé  à  ob- 
tenir de  la  vue.  »> 

Le  mémoire  avec  l'extrait  des  rapports  des 
commissaires  nommés  par  l'institut  national  et 
la  sociéié  de  médecine  ,  et  une  gravure  repré- 
sentant l'œil  du  citoyen  Sauvages  ,  se  distribue 
gratuitement  chez  l'auteur  ,  rue  Mazarine 
n»  1578. 


COURS     DU     CHANGE. 
Bourse  du  11  brumaire. 

â  3o  joars. 


Supposons  un  instant  que  Leroi  ,  eût  dins 
plusieurs  endroits  suivi  la  doctrine  de  Lennep  , 
du  célèbre  Vauvilliers  mon  maître  ;  pourrait-on 
raisonnablement  me  roprocher  d'avoir  passé  sous 
silence  le  nom  de  Leroi  ?  crierait-on  à  l'injus- 
tice contre  le  géomeitre  qui  oublierait  ou  le 
zélé  Rivard  ou  le  modeste  Mazeas,  lorsqu'il  aurait 
cité  Archimede  ou  Ncuton. 

Je  viens  de  prouver  à  l'anonyme  qu'il  s'est 
trompé  sur  mes  principes  et  sur  ma  conduite 
morale.  Qjiant  à  son  opinion  sur  mes  écrits  , 
elle  est  libre  ,  qu'elle  lui  reste  toute  entière.  C'est 
à  moi  de  faire  mieux  ,  si  je  puis.  Au  reste  ,  je 
ne  suis  point  réduit  à  croire  mes  travaux  entiè- 
rement inutiles  ,  en  me  rappelant  qu'ils  m'ont 
obtenu  les  encouragemens  des  Rœderer  ,  des 
Garât  ,  des  Cabanis ,  des  Ginguené  ,  des  Sélis  , 
des  Laharpe  ;  en  voyant  mes  trois  fabulistes  , 
Esope  ,  Phèdre  et  Lafontaine  ,  obtenir  un  succès 
flatteur;  n, es  éditions  d'Anacréon  ,  de  Théocrite, 
de  ma  mythologie  ,  etc.  se  multiplier  ,  et  des  sa- 
vans  éirangers  ,  joindre  leurs  suffrages  à  ceux  de 
mes  compatriotes. 
Je  prohte  de  l'insertion  de    ma  réponse  dans 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg.. ...... 

Madrid... 

Effectif. 

Cadix 

Effectif. . . . . . 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


190 

4  fr.  go  c. 
14  fr.70  c 

4  fr.  90  c. 
I4fr.  4oc^ 

4  fr.  70  c 

5  If.  12  c. 


57  i 


fi 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 54  fr. 

Tiers  consolidé 34  fr.  35  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  67  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 92  fr.  60  c. 

Syndicat 83  fr. 

Coupures 83  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  3o  fr. 

SPECTACLES.      ^ 

Théâtre  de   la  Republique  et  des  Artë. 

Le  19  ,  Bal  masqué. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui^ 
Roméo  et  'Juliette  ,  opéra ,  suiv.  A'Augustint  tt 
Benjamin. 


Théatredes  JEUNES  ÉLEVÉS, rue  deThionvilIe, 
les  journaux,  pour  annoncer  que  ,  iZiYfr'imairë  I  ^"J-  '«  ^"^^  ^  Kiikrine  ;  la  Bergère  des  Alptt 


prochain  ,  je  reprendrai  au  collège  de  France  le 
cours  gratuit  élémentaire  de  la  langue  grecque  que 
je  donné  ,  depuis  douze  ans  ,  en  faveur  de  ceux 
qui  ne  sont  pas  en  état  de  suivre  mon  cours  de 
littérature  grecque.  Gail. 


et  l'Amant  muet. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés. — Pantomimes. 
Aujourd'hui  la  5'  repr.  de  l'Amour  aux  Petites- 
Maisons  ou  les  Fous  hollandais  ,  fohe  ornée  de 
chants  ;   l'Enfant  de  l  amour  ,   et  Diogene. 

Théâtre  dd  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  le  Roi  Léar  ,  trag.  en  5  actes,  suiv.  de  Gilles 
toujours  Gilles. 


L'abonnement  se  fait  1  Pari  J,  rue  des  Poitevins ,  n"  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  moi> ,  5o  fraacs  pouT  six  mois  ,  et  *-oo  francs  pour  l'année  eatiere.  On  oc 
s'abonuc  qu  -au  cooimeucemcat  de  chaqnc  mois. 

Ilfauiadtessc^.ieslctiiesttlargent.francdeport.aacit.AcASSE, propriétaire  de  cejournal,ruedes  Poitevins, n"<  18,  Ilfautcomprendre  dan»  tes  envois  le  port  des 
fsy»  où  l'on  ne  peut  iffranchir.   Les  lettres  des  départemeas  non  affranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin,  poui  filus  de  lùrcté,  de  cliarger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qniconcerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  aii  rédacteur,  rue  du 
Poitevins,    n*'.  t3,  depuis  neuf  heures  dumatiujusqu'à  cia^  aeures  dusoir. 


A  Pati  s.  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  a"  i3. 


v_!kLMf 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


M"  49. 


JVonidi ,    I  g   brumam  m  9  de  la  république françaUe  ,lme  et  indivisible. 


:,Nou$  somihes  autorisés  à  prévenir  nos  sotfscripreuts  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le  Mo  nit  E  u  R  est  le  seul  journal  officUt 
■  ïl  contient  les  séances  dès  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement .  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi  que  lesTaitl  et"les  n    " 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  '  es  notions  tant  sur 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 

INTÉRIEUR. 

Faris  ,  le  18   brumaire. 

^^JuELQims  journalistes  étrangers  ont  prétendu 
qH!"  la  démoInioQ  des  trois  places  cédées  par 
iempereur  était  une  contravention  à  l'armis- 
tice ;  ce  qu'ils  motivent  sur  ce  que  les  places 
ont  été  données  en  dépôt  et  non  pas  en  propriété. 
Cette  distinction  métaphysique  est  dénuée  de 
fondement  ;  les  places  ont  été  remises  à  l'armée 
française  par  l'évacuation  qui  en  a  été  faite  des 
troupes  et  de  ranillerie  de  sa  M.  I.  La  France  est 
donc  maîtresse  de  faire  ce  qu'elle  jugera  à 
propos. 

—  Les  hostilités  étaient  sur  le  point  de  recom- 
mencer en  Italie  ,  lorsque  le  général  Brune  a  été 
iiîstruit  de  l'arrivée  de  M.  le  comte  de  Cobenzl 
à  Lunéville.  Il  s'est  sur-le-champ  empressé  de 
faire  connaître  au  général  Bellegarde  que  jusqu'à 
ce  qu'il  eni  reçu  des  ordres  ultérieurs  de  son  gou- 
vernement ,  il  suspendait  les  hostilités.  Après 
plusieurs  pourparlers  ,  ils  sont  convenus  de 
s'avertir  dix  jours  davance  ;  que  l'armée  autri- 
chienne continuerai  là  occuper  la  partie  duFerarrois 
qu'elle  occupe  ,  quoique  cela  fût  contraire  à  la 
convention  de  Marengo  ,  et  que  l'armée  française 
continuerait  à  occuper  la  Toscane. 

On  a  trouvé  à  Livoutne  cinq  cents  mille  quin- 
taux de  froment ,  cent  cinquante  mille  quintaux 
de  seigle  ,  et  quatre-vingt-dix  mille  quintaux  de 
légumes  secs.  Ce  secours  est  extrêmement  pré- 
cieux pour  l'armée  française  et  pour  toute  l'Ita- 
lie ,  la  récolte  ayant  été  mauvaise. 

Il  y  avait  dans  le  porl  de  Livourne  2o5  bâti- 
menS  ,  dont  46  appartenaient  aux  ennemis  de 
la  république  ,  et  sont  dès-lors  de  bonne  prise. 

, — -Le  nommé  Pierre  Colin,  natif  ds  Drambam, 
département  de  laCôie-d'Or  .  capitaine  à  la  suite 
du  15°  réi^iment  de  chasseurs  ,  et  les  nommés 
Boppelel  Barreau , natifs  de Saini-Oenis, ci-devant 
«omté  de  Namur,  ont  été  condamnés  a  mort 
par  le  conseil  militaire  à  Milan.  Ces  misérables 
^voyaient  aux  ennemis  l'état  de  situation  de 
l'urinée  française. 

-  —  On  écrit  de  Nantes ,  en  date  du  1 1  brumaire  : 
»»  Le  9  et  10  de  ce  mois_  on  a  lancé  à  l'eau  ,  à 
fiasse-Indre  ,  à  deux  lieues  d'ici ,  deux  frégates 
de  cinquante  canons,  lUranie  et  ta  Clorinde. 
L'opéraiiou  a  complettement  réussi.  Elle  a  eu 
pour  spectateurs  les  membres  de  radmiiiistratioa 
de  la  marine,  le  préfet,  les  fonctionnaires  publics, 
et  une  foule  immense  qui  a  fait  entendre  de 
toutes  parts  l'acclamation  de  vive  la  République  1 

La  fête  s'est  terminée  par  un  repas  de  cent 
couverts  et  un  bal. 

—  Le  collège  de  France  tiendra  une  séance 
publique ,  le  19  à  sept  heures  précises ,  et  le 
«I  il  recommencera  ses  exercices  sur  toutes 
les  parties  des  sciences  et  de  la  littérature  ,  l'as- 
tronomie ,  la  physique  ,  la  médecine  ,  l'analomie, 
la  chimie  ,  l'histoire  naturelle  ,  le  droit  de  la 
nature  et  des  gens  ,  l'histoire  et  la  philosophie 
morale,  les  langues  hébra'ique  ,  arabe  ,  turque  , 
persane  et  grecque  ,  1  éloquence  latine  ,  la  poésie 
latine  et  la  littérature  française. 

Le  citoyen  Lalande  ,  professeur  d'astronomie  , 
commencera  son  cours  le  21,  à  une  heure  et  demie. 
Ses  trois  premières  séances  seront  employées  à  don- 
ner un  tableau  abrégé  de  toutes  les  branches  de 
ceue  belle  science. 

—  L'administration  du  Vaudeville  fait  réparer 
la  salle  de  ce  spectacle.  Il  y  a  quelques  jours  , 
neuf  ouvriers  travaillant  au  point  le  plus  élevé 
de  la  salle  ,  ont  senii  l'échaffaud  trop  taible  qui 
les  soutenait  s'écrouler  sous  leurs  pieds.  Aucun 
d'eux  n'est  mort  de  sa  chute  ;  quatre  seulement 
sont  giiévemeni  blessés.  On  espère  les  sauver 
tous.  L'un  d'eux  a  eu  le  bonheur  de  n'éprouver 
que  de  légères  contusions.  L'administration  s'est 
empre.'sée  de  faire  donner  à  ces  ouvriers  tous 
les  sf:couiS  pécuniaires  dont  ils  pouvaient  avoir 
besoin;  en  outre  leurs  journées  leur  seront  ac- 
quittées jusqu  à   leur    entière    guérison. 

—  Un  principal  locataire,  rue  Maubué,a 
poussé  l'extiavan^iice  jusqu'à  s  opposer  à  ce 
qu  un  de  ses  locdtuires  ,  qui  venait  de  décéder, 
reçût  la  sépulture  ,  en  alléguant  qu  il  avait  droit 
de  retenir  le  tailavre  tant  qu'il  ne  lui  serait  pas 
payé  deux  années  de  loyer  qui  lui   étaient  ducs 


par  le  défunt  ,  et  en  prétendant  que  les  personnes 
chargées  de  l'inhumation  devaient  lui ,  en  tenir 
compte.  Il  persista  dans  cet  étrange  raisonne- 
meiit  malgré  les  représentations  des  autorités 
Celles-ci  furent  forcées  de  mander  la  force 
armée  ,  et  ce  ne  fut  que  le  troisième  jour  qu'on 
«nleva  le  cadavre.  (  Extrait  du  journal  de  Paris.  J 

—  Plusieurs  journaux  om  inséré  la  notice  sui- 
vante :  il  suffit  de  la  lue  pour  reconnaître  quel 
motif  peut  engager  à  ajouter  à  sa  publicité. 

«t  Dougados,  connu  sous  le  nom  de  Venance , 
capucin ,  poëte  estimable  ,  mort  victime  de 
laniitié  ,  soiasle  fer  du  tribun^jl  révolutionnaire, 
a  été  inscrit  honorablement  çur  la  liste  des 
membres  qui  composent  le  nouvel  Athénée  de 
Lyon;  mais  il  lui  survit  une  mère  âgée  et  dans 
I  indigence.  Une  personne  lui  ayant  demandé 
quelqu  ouvrage  de  cet  infortuné  :  u  Hélas  !  ré- 
"  pondit-elle  ,  en  m'enlevant  mon  fils,  ils  mont 
"  tout  enlevé  ;  on  a  confisqué  toutes  ses  produc- 
"  lions;  j'ai  perdu  mon  mari,  un  autre  fils  de 
"  18  ans  ,  ma  santé,  et  presque  la  vue  :  je  n'ai 
)>  d'autre  ressource  que  dans  Ja  mort,  qui  termi- 
>>  nëra  mes  chagrins,  u  ^ 

Ceux  qui  seraient  détenteurs  des  ouvrages  de 
Dougados  ,  notamment  de  celui  qui  a  pour  titre  : 
Qutte  du  blé ,  sont  priés  de  les  faire  parvenir  à 
quelqu'un  qui  les  communiquât  à  sa  triste  mère 
et  à  ses  amis  :  on  pourrait  les  adresser  au  préfet 
ou  au  maire  de  Caicassoniie  ,  département  de 
lAudc. 

_—  On  annonce ,  comme  devant  bientôt  pa- 
raître, un  ouvrage  d  histoire  naturelle  très-curieux 
Description  des  quadru,pedes  du  Paraguay  ,  par  le 
chevalier  Azzara,  ancien  sninistre  d Espagne  en 
rrance. 

—  Il  vient  de  paraître  à  Berlin  une  brochure 
sur  1  usage  des  postiches  et  des  perruques  chez  les 
anciens  et  chez  les  modernes  .  par  Fréderich 
Nicolai  ,  avec  66  gravures.  Il  est  possible  de 
disputer  a  cet  autenr  U  tnéfite  de  la  priorité  dans 
e  choix  singulier  de  ce  sujet.-  Un  de  nos  jeunes 
littérateurs  les  plus  distingués  ,  le  cit.  Deguerle  , 
aujourd  hui  professeur  de  grammaire  générale,  à 
Anvers,  a  publié  ,  il  y  a  plus  d'iln  an  ,  un  Eloge 
des  perruques ,  qu'il  eût  pu- intituler  leur  Histoire 
universelle;  plaisanterie  piquante,  souà  le  voile 
léger  de  laquelle  il  était  aisé  de  reconnaître  et 
d  apprécier  beaucoup  dérudidon. 


—  Le  cit.  Fonianes  doit  suivre  incessâinment 
le  ministre  de  l'intérieur  ,  Lucien  Bonaparte. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  i5  brumaire  an  g. 
Les  consuls  de  la  république,  sur  les  rapports 
des  ministres  de  la  guerre  ,,  de  la  justice  et  des 
anances,  le  conseil-d  état  entendu,  arrêtent  : 

i".  Ministère,  de  la  guerre. 

Art.  I".  Les  chefs  de  division ,  les  chefs  d'esca- 
dron ,  les  capitaines]  et  commandans  de  brigade 
de  gendarmerie  ,  et  les  commissaires-ordouna- 
teijrs  de  divisions  militaires  jouiront  de  la  fran- 
chise et  du  contre-seing  indéfinis ,  mais  seulement 
vis-a-vis  des  fonctionnaires  dénommés  dans  l'état 
annexe  au  règlement  du  27  prairial  dernier. 

IL  Jouirontde  la  franchise  et  contre-seine,  con- 
formément aux  articles  VI  et  VII  du  même  règle- 
ment les  directeurs  des  fortifications,  et  seront 
considères  comme  compris  dans  l'état  annexé  à 
art.  XXII  les  oflSciers  du  génie  en  chef  dans 
les  places  deleur  résidence. 


IIL  Lesinspecteursenchef  aux  revues  jouiront 
de  la  franchise  accordée  par  l'article  III  de  la 
section  II  du  même  règlement ,  et  les  inspecteurs 
et  sous-inspecteurs  aux  revues  jouirontde  la  même 
Iranchise  accordée  par  l'article  VHI,  section  V; 
ils  jouiront  de  même  du  contre-seing  illimité  mais' 
sous-bandes. 

2°.  Ministère  de  la  justice^ 

IV.  Le  commissaire  près  le  tribunal  de  cassa- 
tion jouira  de  la  Iranchise  illimitée  sous-bandes 
sans  contre-seing. 

3".  Comptabilité  nationale. 

V.  L'administraiion  des  postes  remettra  aux 
commissaires  de  la  comptatiliié  nationale  une 
griUe  pour  le  contre-seing. 


A"-  Payeurs  et  receveurs. 

yi.  Les   payeurs  de  division,  ceux  des  norts 

et    es  payeurs  particuliers  jouirent  entre  eux  de 

la  franchise  soUs   bandes,   comme  les  receveur! 

généraux  et  particuliers.  'eceveurs 

5°.  Préfecture  de  police. 

Vn.  Le  préfet  de  police  jouira  de  la  fran- 
chise  et  contre-seing  pour  les  lettres  et  paquets 

c^l^l  '"°"'   ^f'f""    P"    '"   fonctionnaire» 
ci-apres  ,  ou   qu'il   leur  adressera  : 

Les  commissaires   de  police  8 

Les  officiers  de  paix; 

Les  concierges  des  maisons  d'arrêt,  de  force 
et  de  détention  ,  placées  sous  la  surveillance  du 
prelet  de  police  ; 

L'inspecteur  -  général  de  l'illumination  et  da 
neioyement; 

Le  commandant  en  chef  des  pompiers  • 

L  ingénieur   hydraulique;  ' 

L'architecte   de   la  préfecture  de' police' 

L  inspecteur  de  la  peiite  voierie  • 

Le  coniiôleUr  en  chef  des  halles  "et  marchés 
Xiiispecteur  des   marchés  de  Sceaux,    Poissv 
et  la  lahapelle  ?  ■' 

Le  contrôleur  de  la  balle  aux  grains  et  farines'. 

Le  contrôleur  de  la  halle  aux  cuirs  • 

Le  contrôleur  de  la  halle  aux  draps  et  aux 
toiles  ; 

Les  vérificateurs  des  poids  et  mesures  ; 

Les  inspecteurs  de  la  na-igatioa  et  des  ports  ; 

Les  dégustateurs   de?   boissons  ; 

Le   contrôleur  des  bois  et  chantiers  ; 

Le  commissaire   de  la   bourse  ; 

Les  membre»  des  bureaux  de  bienfesance. 

Vm.  Le  ministre  des  fina  ,ces  est  charsé 
de  1  exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  inséré 
au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,    signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état  ^  signé  .  H.  B.JilAaET. 

AtUre  arrïté  du  même  jour.  , 

Les  consuls  de  la  république,  leconseild'étal 
entendu  .  arrêtent  i 

Art.  I".  Les  sommes  qui  restent  dues  aux  hos- 
pices civils  par  les  départemens  de  la  guerre  de 
la  marine  et  de  l'intérieur,  pour  services  des 
atinees  5,  6,  7  et  8,  leur  sefont  payées,  sans 
?ép«bliq«e"^"'"  ""  ''"'"^  appartenantes  à  la, 

IL  Gespaiemens   seront  faits  à  chaque  hospice 
en   rentes    dues  dans  le   département  où  il    est  ■ 
situe. 

III.  Les  administrateurs  des  hospices  ne  pour- 
ront aliéner  lesdites  renies  qu'à  Concurrence  de 
leurs  dettes  ,  et  apfès  en  avoir  obtenu  l'autorisâ- 
lion  du  gouvernement  ,  donné  sur  l'avis  du  pré* 
fet  du  depanement  constatant  la  nécessité  et  les  ' 
avantages  de  laliéDation. 

^\"  ^°i.i^'  '^^  reinboursement  desdites  rentes 
par  les  débiteurs ,  les  administrations  des  hos- 
pices seront  tenues  d  en  faite  de  suite  le  rem* 
placement  et  l'emploi  en  acquisition  de  rentes 
sur  la  répubhque,  sauf  les  cas  où  1  hospice  serait 
grève  de  rentes  consutuées ,  le  produit  du  rem- 
boursement des  rentes  foncières  pourra  alors, 
sous  1  autorisation  du  préfet  ,  être  employé  à 
lexttncuon  desdites  dettes  de  l'hospice. 

V.  Toutes  rentes  appartenant  à  la  république. 
dont  la  reconnaissance  et  le  paiement  se  trou' 
veraient  interrompus  ,  sont  Spécialement  affectées 
aux  hospices.  >-^-";c» 

Les  administrations  des  hospices  recevront  lès 
avis  que  leur  en  donneront  les  préfets  ,  .sous- 
prefets  ,  maires ,  notaires  et  autres  fonctionnaires 
et  citoyens  qui  auront  connaissance  de  renies  de 
cette  espèce  ;  et  à  leur  première  requête  ,  les 
commissaires  du  gouvernementprès  les  tribunaux 
seront  tenus  d'en  poursuivre  la  resuiutton  au 
proht  desdits  hospices. 

VL  II  en  sera  de  même  pour  les  domaines  na- 
tioiiaux  qui  auraient  été  usurpés  par  des  oarti- 
culiers.  i  '  r 

VIL  Une  somme  de  quatre  millions  de  reve- 
nus en   domaines   nationaux    sera   de    plus  em- 
ployée au  profit  des  différens  hospices  civils     en 
retnplacemeiit  des    biens  qu'ils  possédaient  '    et  ' 
qui  ont  été  aliétiès,  d'après  l'état  qui  en  'sera' 
fourni  parleminmrc  de  liutérictu. 


igo 


l 


autels  ,  ,   , 

la  dUcussion  ,  laissaient  pénétrer  dans  ces  écoles 

le  doute  et  rincenicudc  ,  et  préparaient  la  chÛLe 


Vm.  La  somme:  en  capitaux  de. rentes  fon:  l.pep-^-peu  ;  çtquo.qujls  ne  fomWBt  ,  dan* 
cieres  pour  fes^e^es  publiques .  autres  que  |  le  pr.ncpe  ,  que  quelques  sem.na.res  ou  Ion 
ceUe^  des  hospice^  ,  ne  pourra  excéder  vingt  ;  éleva.t  les  jeunes  gens  de  ânes  au  service  des 
millions  ;  e.  pour  ce  qui  reste  à  disposer  sur  celte  I  autels  ,  Thabuude  de  la  reflcx.on  ,  le  résulta,  de 
somme  ,  on  n'emploiera  que  les  rentes  dues  dans 
les  départemens  ,  dans  lesquels  on  n'a  pas  aliéné 
les  biens  des  hospices  ,  ou  qui  en  ont  reçu  le 
remplacement. 

IX.  Les  ministres  des  finances  et  de  riijlérieur 
sont  chargés  de  l'exécution  du  présent  arrêté  qui 
seia  imprimé  au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé  ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secritaiTe-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


maS(^é>le'{anatisime«^é4bltle>pettfiVe<(»)0»4iaù& 

ses  droits. 

L'instruction  publique  ,  qui  jusque-là  avait  été 
confiée  à  des  çoTporations  religieuses,  n'apuque 
Se  ressentir  de  ce  mouvement  général  :  les  cor- 
porations ont  cessé  d'exister  ;  la  liberté  des  cultei- 


Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d''état 
entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I*'.  L'arrêté  du  17  thermidor  dernier  con- 
cernant le  droit  d'octroi  de  la  ville  deDunkerque 
est  rapporté. 

II,  La  perception  du  droit  d'octroi  sur  les 
bietres  fabriquées  dans  l'intérieur  de  la  ville  de 
Dunkerque  ,  aura  lieu  d'après  les  formes  déter- 
minées par  Un  règlement ,  en  conformité  de  la 
loi  du  17  fructidor  an  7. 

III.  Le  ministre  de  .l'intérieur  est  chargé  da 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


MINISTERE  DE    LA  GUERRE. 

Le  ministre  de  la  guerre  au  général  de  brigade 
Wirron  ,  chargé  de  rorganisation  de  la  gendar- 
merie dans  rOuest.  —  Paris  ,  le  7  brumaire  an  9. 

Le  premier  consul  ,  citoyen  général ,  sur  le 
compte  qui  lui  a  été  rendu  par  le  général  en 
chef  de  l'armée  de  1  Ouest  ,  de  l'organisation  de 
la  gendarmerie  dans  les  12'  ,  i3'  ,  14'  et  22' 
divisions  militaires,  m'a  chargé  de  vous  témoigner 
sa  satisfaction  du  zèle  que  vous  avez  mis  dans  ce 
travail  important ,  et  du  succès  que  vos  efforts 
ont  obtifnu. 


de  tous  ces  monuinens  élevés  par  l'ignorance  à  ,„'^  p^j  p^  jg  concilier  avec  l'enseignement  et. la 
la  superstition.  '  1  pratique  exclusive    du  culte  catholique  :  le  goù- 

Les  prmiers  germes    de   la  vérité  ,   jetés  dans    vernement ,  fondé  sur  les  principes  de  la  raison  , 
s    écoles  ,   devaient   bientôt    sy    développer    :     n'a  plus  eu   d;mtérêi  à  écarter  les  vérités  philo- 
sophiques   qUi    lavaient   établi.  11   a   donc   falla 
régénérer  l'instruction  publique. 


quelques  traits  de  lumière  sortis  ,  par  intervalles  , 
dii  sein  des  ténèbres,  éclairaient  depuis  loug- 
lems  sur  des  erreurs  grossières  ;  et  les  guerres 
civiles  sur-tout  ,  moniiant  au  peuple  sa  iorce  , 
au  clergé  et  à  la  noblesse  leur  dépendance  réelle  , 
rendaient  nécessaires  les  progrès  des  véritables 
connaissances.  Le  clergé  se  vit  donc  forcé  d'ad- 
mettrre  la  bourgeoisie  à  participer  aux  études 
publiques  :  il  se  réserva  néanmoins  le  droit 
exclusif  de  l'enseignement  et  du  choix  des 
études. 

Ces  faibles  traces  d'instruction,  ces  légers  pro- 
grès de  l'esprit  humain  ,  ces  premières  conquêtes 
de  la  raison  sur  les  préjugés  ,  préparaient  peu- 
à-peu  les  élémens  d'un  véritable  système  d'édu- 
cation publique  ;  et  ce  fut  vers  le  milieu  dii 
quinzième  siècle  ,  qu'il  fut  permis  de  donner  à 
l'insiruclion  cet  ensemble  ,  cette  stabilité  ,  cette 
étendue,  j'ose  dire  cette  liberté,  qu'elle  n'avait 
pas  eus  jusqu'alors. 

Le  code  réformateur  du  cardinal  d'Estouteville 
parut   en  1452  :   ce    monument,   concerté  ■  entre 
le  cardinal  et  des  commissaires  royaux  du  par- 
lement et  du  clergé  ,  a  été  l'époque  la  plus   mé- 
morable que  nous  .présentent  les   fastes  de  l'ins- 
truction publique.  Il  organisa  l'élude  des  quatre 
facultés  ;  créa  une  espèce    de  magistrature  pour 
veiller  aux  progrès    de  l'éducation  ;    autorisa    la 
formation  des  pensionnats  ;  établit  la  graduation 
nécessaire  à  l'instruction  ;  ordonna   les  examens 
publics;   détermina   la    hiérarchie  des   pouvoirs 
1  parmi   les    instituteurs  ;  abrogea    les     statuts    qui 
'  excluaient  les   médecins  mariés   de    la   régence  , 
etc.  ;   et  quelque  incomplet  que  sôil  ce  système  , 
!  on   pourra  en  apprécier  tout  le   mérite  ,  si   l'on 
'  se   repoite    au    moment   oîi    il    a   été    conçu     et 
1  exécuté. 

C'est  peu  de  tems  après  qu'on  vit  s'établir  en 


L'assemblée  constituante  s'occupa  de  poser  les 
bases  d'un  nouveau  système  d  éducation  natiçnale: 
leplan  qu'elle|npus  a  laisséejt  encore  le  plus  beau 
monument  que  le  génie  ait  élevé  à  l'instructioa 
publique  (i)  :  mais  ce  plan  ,  tracé  sous  la  mo'har- 
çhie  dans  un  moment  oîi  le  clergé  était  organisé 
par  la  constitution  ,  ne  saurait  s'adapter  dans  toute 
son  intégrité  à  notre  état  actuel-  De  grands  chap-i^ 
gèraens  survenus  dans  notre  organisaliori  p<yi-i* 
tique  ,  ont  rendu  nécessaires  de  plus  grands  chan-  ' 
gemens  encore  daiis  le  système  de  l'instruction  ' 
publique.  ' 

L'assemblée  législative  eut  aussi  son  plan  d'édin- 
cation  nauonale.  L'auteur  (1  )  ,  poursuivant  avec  ■ 
persévérance   le   système    qu'il   s'était    formé    di» . 
perfectionnement  itidéfini    de  l'espèce  humaine, 
crut  trouver   dans  la  révolution  l'époque  la  plu». 
favorable  à  l'exécution  de    ses  idées,  et  regarda»  ; 
l'instruction  publique  comme  le   moyen  le  plus 
propre  à   l'accélérer.    Ce    plan  ,    conçu    par   un. 
homme  de  génie,  établissait  cinq  degrés  d'instruc- 
tion publique  ,  un  de  plus  que   celtii  de  l'assem- 
blée constituante  :  il  admettait  des  écoles  primaires  f 
des  écoles  secondaires ,  des  instituts  ,  des  lycées  y  et 
enfin  une  société  nationale  des  sciences  et  des  arts , . 
destinée  à  surveiller  et  diriger  les  établissement 
d'instruction. 

Ce  plan  vaste,  coordonné  avec  génie  dan«  . 
toutes  ses  parties,  peut  être  plutôt  considéra 
comme  une  belle  conception  théorique,  que. 
comme  un  système  susceptible  d'exécution.  L'au- 
teur a  trop  bien  auguré  de  son  siècle  ,  lorsqu'il 
a  cru  qu'il  suffirait  de  créer  de  nombreuses  écoles . 
pour  avoir  des  élevés  et  des  proiesseurs  -,  il  a  trop 
sacrifié  à  sa  théorie  sur  le  perfectionnement  indé- 
fini de  l'espèce  humaine,  lorsqu'il  a  voulu  sous- 
traire l'instruction  et  les  professeurs  à  la  surveil- 


J'éprouve  un  véritable  plaisir  à  être  ,  dans  cette    France  cette  corporation  rehgieuse ,  toujours  tur-  '  lance  du  gouvernement,  afin  de  défendre .  contre 
circonstance     l'organe   du   gouvernement,   et  à     bulente  ,  toujours  conspiratrice,   mais  instruite  ,:  toute  atteinte  du  pouvoir,  cette  indépendance  de 
vous  offrir  l'assurance    de   mon   estime   pàrticu-  1  amie  des  arts ,  avide  de  gloire  ,  et  assez  forien;e- 1  '  l'instruction  ,  qui  f»it,  selon  lui  ,    une    partie  de»  ' 
]jgfg_  organisée    dans   son   intérieur    pour   suivre    une  ,  droits  de  l'espèce  humaine. 


Je  vous  salue  , 


Signé  ,  Laquée. 


MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

Le  ministre  de  la  justice  prévient  les  fonction- 
naires publics ,  qu'à  compter  du  21  du  courant , 
l'entrée  du  secrétariat  pour  les  renseignemens  à 
prendre  ,  ne  sera  ouverte  que  les  jours  impairs  , 
depuis  s  heures  jusqu'à  4. 


organisée  dans  son  intérieur  pour  suivre  une 
marche  uniforme  dans  ses  phms  d'enseignement 
comme  dans  ses  projets  d'ambition.  L'établis- 
sement de  celte  société  donna  aux  sciences  et 
aux  lettres  un  appui  dont  elles  avaient  manqué 
jusqu'alors:  les  méthodes  d'enseignement  se  per- 
fectionnaient par  les  leçons  d  une  expériencejoui- 
naliere  :  les  collèges,  que  cette  société  ir, jitiplia 
sur  tous  les  points  de  la  France  ,  présentaient 
partout  des  moyens  faciles  à  tous  ceux  qui  vou- 
laient s'instruire  ;  et  de  tous  ces  foyers  d'étude  et 
de  lumière  ,  on  vit  sortir  cette  étonnante  gêné- 


droits  de  l'espèce  humaine. 

Ce  système  d'instruction  a  éprouvé  le  sort  du 
premier:  on  .c'est  borné  â  oidonner  l'impression' 
des  profondes  .ir.édîiatior.s  des  deux  philosophes, 
qui   ont  travaillé  sur  ente  importante  matière. 

Au  milieu  des  agitations ,  des  haines  ,  des  pas- 
sions auxquelles  la  convention  nationale  fut  en 
proie  ,  on  l'a  vue  néanmoins  s'occuper  constam- 
ment d'instruction  publique.  Les  crises  politiques 
qui  ont  marqué  ses  périodes  d'une  manière  si 
effrayante  ,   ont  fait   successivement  prédomiiter 


CONSEIL- D'  ETA  T. 

Rapport  et  projet  de  loi  sur  l'instruction  publique , 
présentés  au  conseil-d'étal  ,  section  de  l'intérieur  , 
par  j.  A.  Chaptal  (i). 

Progrès   de  l'instruction    p,ubliq_oe    truire' la  jeunesse  ,  ils  voulurent  gouvern^er  l'état; 


ration  d'hommes  éclairés  qui  a  mérité  à  son  siècle    tous  les  partis;    et  la  postérité   croira  avec  peine 

[le  nom  du  siècle  des  talens  et  des  lumières.  que  la  même  assemblée  qui  paraissait  avoir  orga- 

....  ...  .  1        .      .       '  nisé  la  destruction  en  système  ,   ait  produit   ce» 

I     Les  résultes  ne  sentirent  que  trop  alors  tout  ce  ;  ,  ,   •        ,   .  ■  ii  . j 

Tt,    J  .  j^  1.        •.  1     I  I  nombreuses   lois  salutaires  auxquelles   nous  de- 

qu  us  pouvaient  entreprendre  sur  1  esprit  de  leurs  ■ 

contemporains  ;  au  lieu  de  se  borner  à  les  éclairer, 

'ils  .aspirèrent  à  les   asservir  :  peu  satisfaits  d'ins- 


^N    France. 

Les  premiers  tems  de  la  monarchie  ne  pré- 
sentent aucune  trace  de  l'éducation  nationale. 

•Le  clergé,  seul  dépositaire  d'un  petit  nombre 
de  connaissances  ,  ne  le  transmettait  qu'à  ceux 
qu'il  initiait  dans  ses  mystères. 

La  noblesse  ,  uniquement  occupée  du  métier 
des  armes  ,  semblait  dédaigner  l'instruction.  Son 
ignorance  fut  tellement  prolongée  ,  que  ,  même 
du  tems  de  Charlemagoe  ,  on  trouvait  peu  de 
nobles  qui  sussent  écrire. 

Ce  n'est  qu'au  onzième  siècle  qu'on  commença 
à  cultiver  les  arts  libéraux  :  mais  leur  étude 
fut  exclusivement  réservée  à  la  noblesse  et  au, 
clergé. 

Vers  la  fin  de  ce  même  siècle  ,  parurent  en 
France  les  ouvrages  d'Aristote  :  ils  ftirentsuc-, 
cessivement  étudiés  ,    proscrits  et  brûlés. 

Alors  furent  jetés  le»  premiers  fondemens  de  cette 
fameuse  Université,  qtj'on  a  vue  tour-à-tour  pro- 
tectrice ou  tyran  des,  arts  ,  selon  ses  craintes  , 
son  ambition  ou  ses  intérêts.  Ce  ne  fut,  jusqu'au 
quatorzième  siècle,  qu'un  corps  de, maîtres  am- 
bulans ,  dévoués  av)x  volontés  du  grand  pon- 
tife, et  toujours  prêts  à  lui  sacrifier  leurs  opinions 
et  leur  patrie. 

La  théologie  ,  |e  droit  civil  et  la  médecine  fu- 
rent long-tems  les  seuls  objets  des  études  pu- 
bliques.  Cependant    les   collèges     s'établissaient 

(i)  L'impatience  aycc  laquelle  ce  rapport  est  attendu,  et  le 
désir  de  prévenir  les  fausses  idées  que  poufraici^t  en  .donner 
des  extraits  infidèles  ,  nous  engagent  à  publier  ce  rapport  en 
entier.  —  (  Note  dm  rédacteur.  ) 


et  leur  empire  s'établissait  insensiblemerit  sur  deux 
bases  qui  paraissaient  inébranlables  :  d'un  côté, 
sur  le  pouvoir  que  donne  le  privilège  de  l'en- 
seigtïement  ;  de  l'autre  ,  sur  le  respect  magique 
qu  inspirent  aux  familles  les  prêtres  dépositaires 
de  leurs  secrets.  Celle  ambition  démesurée  pré- 
parait de  loin  une  chute  qui  ne  fut  retardée  que 
par  le  sentiment  qu'on  avait  encore  de  leur  utilité 
réelle  ,  et  par  l'inQuence  qu'ils  exerçaient  sur 
l'opinion  publique. 

Néanmoins  ,  leur  destruction  devenait ,  de  jour 
en  jour  ,  moins  dangereuse  pour  l'éducation  ,  par 
rapport  à  la  concurrence  que  venaient  d'établir 
d'autres  corps  enseignans  ;  exelle  arriva  en  1761. 

Cet  événement  n'amena  pas  de  grands  chan- 
gémens  dans  le  système  de  l'instruction  publique , 
parce  que  déjà  le  sort  des  lumières  était  décidé  : 
outre  l'existence  de  plusieurs  sociétés  savantes  , 
vouées  par  état  à  l'enseignement  ,  il  sétait  établi 
de  nombreuses  écoles  particulières  qui  rivalisaient 
avec  les  éiablissemenS  publics  ;  et  les  académies  , 
formées  de  toutes  parts.,  propageaient  les  coii- 
naissanccs  et  publiaient  les  découvertes.  L'esprit 
philosophique ,  étranger  dans  les  écoles  publiques, 
""se  développait  avec  courage  dans  ces  réunions 
d'hommes  libres  ;  de  manière  que  les  prêtres  et 
le  gouvernement  n'avaient  plus  que  la  ressource 
des  persécutions  pour  étouffer  les  vérités  terribles 
qui  menaçaient  d'une  ruine  prochaine  le  vieil 
édifice  de  la  superstition  et  de  la  monarchie. 

Pendant  un  demi-siecle  ,  on  a  donc  vu  la  phi- 
losophie aux  prises  avec  la  superstition  ,  la  raison 
avec  les  préjugés  ,  la  vérité  avec  l'erreur  :  le  ré- 
sultat de  cette  lutte  mémorable  a  été  la  révolution  , 
cette  crise  politique  qui  a  renversé  le  tiône  ,  de- 


vons ou  la  conservation  ou  la  création  de  pres- 
que tous  nos  éiablisseraens  d'instruction  pu- 
blique. 

Un  tel  rapprochement  mérite  louie  l'attention 
de  l'homme  sage  :  et  je  crois  qu'on  peut  trouver 
la  raison  rie  cet  étonnant  contraste  ,  dans  la  com- 
position de  cette  as>.emblée  ,  extraordinaire  jus- 
que dans  ses  élémens.  A  côté  de  quelques  hom- 
mes de  sang ,  qui  ne  respiraient  que  ruine  et 
destruction  ,  siégaient  des  philosophes  (2)  dont 
la  pensée  se  fixait  toute  entière  sur  les  arts  ,  et 
qui  profilaient  avec  adresse  ,  souvent  avec  cou- 
rage ,  des  intervalles  que  laissaient  les  discussions 
orageuses  ,  pour  proposer  ou  la  conservadon  de 
quelques  monumervs  des  arts  ou  rétablissement 
(le  quelque  école  d'instruction.  C'est  ainsi  qu'on 
a  conservé  le  dépôt  précieux  des  arts  et  métiers  ; 
qu'on  a  formé  le  plus  bel  établissement  de  mu- 
sique qui  existe  en'  Europe;  qu'on  a  établi  les 
écoles  de  médecine  ;  créé  une  école  normale,  conçii' 
et  exécuié  le  vaste  plan  de  l'école  polytechnique  ; 
accordé  un  asile  et  les  secours  de  1  instruction 
aux  sourds-muets  ;  ouvert  des  leçons  publiques  à 
la  bibliothèque  nationale  pour  l'enseignement 
des  langues  orientales  ;  établi  deux  écoles  d'écono- 
mie rurale  ;  organisé  sous  le  titre  d'écoles  de  services 
publics  ,  un  enseignement  complet  pour  \'artille- 
rie ,  le  génie,  les  ponts  et  chaussées  ,  les  mines,  la., 
géographie  et  la  navigation  ;  etc.  C'est  en  un  mot , 
osons  le  dire  ,  la  convention  nationale  qui  a 
posé  ,  sans  restriction  ,  les  bases  de  l'instruc- 
tion telle  qu'elle  existe  encore  aujourd'hui  : 
mais  ,  non-seulement  elle  s'est  occupée  d'ins- 
truire,  elle  a  voulu  conserver;  elle  a  fait  plus. 


(l)  Rapport  sur  l'instraction  publiqi 
(  1  )  Condorcet. 

{ 3  )     Cambacérès  ,    Grégoire  ,  Daunou  ,  Sieyes 
Guyton ,  etc. 


par  Talteyrand-Périgord». 
Fourcroy  » 


elle  3  voulli  perfectionner';  et',  à  cet  fffet  ,  elle 
a  réuni  dans  un  même  lieu  ,  et  comme  dans  le 
tnême  icniple  ,  sous  le  nom  .d'Institut ,  les  scien- 
ces ,  les  arts  et  ja  liitérature. 

Cependant  ,  li  convention  nationale  ne  cou- 
ronna pa$  l'édifice  de  linsiruciion  publique  : 
elle  légua  au  corps  législatif  le  soin  dele  leriuiner 
par  l'organisation  des  écoles  spéciales.  C  est  pour 
remplir  ce  but  qu'il  a  été  présenté  ,  en  l'an  5  , 
un  plan  d'organisation  de  ces  écoles,  cjui  ,  quoi- 
que simple  et  fortement  conçu,,  a  partagé  le  sort, 
de  tous  les  projets  émane»  des  deux  premières 
assicinblées  nationales.  (l) 

Depuis  cette  époque  ,  le  conseil  des  cinq-cents 
s'est  constamment  occupé  d'instruction  publique  : 
teauCoup  de  projets  ont  été  pioposés  ,  discutés; 
aucun  n'a  été  arrêté;  et  l'instruction  est  encore 
aujourd'hui  ce  que  la  convention  nationale  l'a 
laissée. 

Quelques^  écales  pritnaires  dans  les  villes , 
presque  aucune  dans  les  campagnes  ;  une  école 
centrale  par  département  ;  plusieurs  écoles  spé- 
ciales en  activité  ,  telles  que  celles  de  médecine  , 
de  musique  ,  des  ponts  et  chaussées  ,  des  mines , 
d'histoire  naturelle  -,  l'école  polilechnique  ,  etc.  : 
tels  sont  ,  à  peu  de  chose  près ,  les  établissemens 
actuellement  ouverts  à  l'instruction   publique. 

Quelqiies.-uns  de  ces  établissemens  existaient 
sous  l'ancien  régime  :  on  a  cru  remplacer  les 
collèges  par  les  autres  ;  mais  on  est  loin  d'avoir 
atteint  le  but  qu'on  s'était  proposé.  Presque  par- 
tout les  écoles  centrales  sont  désertes  ;  et  lors- 
qu'on recherche  la  cause  du  peu  de  succès  qu'a 
obtenus  cette  nouvelle  institution  ,  on  croit  la 
trouver  dans  les  vices  de  l'organisation  de  l'en- 
seignement qui  y  est  établi.  Il  me  suffira  peut- 
être  de  rapprocher  l'enseignement  ancien  du 
nouveau  ,   pour  faire  sentir  cette   vérité. 

L'enseignement  ,  sous  l'ancien  régime  ,  était 
confiéj  à  des  corporations  ;  ces  corporations  pré- 
sentaient quelques  avantages  qui  n'appartiennent 
q'u  à   elles. 

1°.  La  manière  d'enseigner  était  la  première 
étude  de  ceux  qui  se  vouaient  à  l'enseigne- 
ment ;  et  personne  n'a  pu  réfléchir  sur  les 
difficultés  que  présente  l'art  de  transmettre  ses 
idéts  avec  ordre,  clarté,  méthode,  précision, 
sans  sentir  la  nécessite  de  s'instruire  de  la  mé- 
thode d  enseignement  avant  de  s'y  livrer. 

î°.  Il  existait  dans  les  corporations  un  sys- 
tème d'organisation  intérieure  qui  ,  marquant  à 
chacun  ses  devoirs .  établissait  par-tout  l'ordre 
et  rharnoonie  ,  et  assurait  une  entière  exécu- 
tion dans  tous  les  détails. 

3°.  L'enseignement  y  était  gradué  de  telle  ma- 
nière ,  que  le  professeur  acquérait  de  nouveaux 
moyens  à  mesure  que  les  facultés  de  l'élevé  se 
développaient. 

4°,  Ce  système  était  tout  économique  en 
ce  que  la.  réunion  de  tous  les  professeurs  à 
\iné  même  table  et  sous  le  même  toît  ,  formait 
de   tous  une  seule  famille. 

A  côté  de  ces  avantages  ,  sans  doute  incon- 
testables ,  l'éducation  confiée  aux  corporations 
nous   paraît  présenter  plusieurs  vices. 

Le  premier ,  c'est  que  ,  sî  ces  corporations 
possédaient  l'art  de  transmettre  les  connaissances 
açqijises ,  rarement  elles  s'élevaient  au  mérite  de 
l'invention.  Les  corporations  conservent,  mais 
«lies    ne   perfectionnent  ni  n'itiventenl. 

Le  second  vice  qu'on  peut  reprocher  aux 
Çflrporations  ,  c'est  celui  d'enseigner  ,  comme 
vérités  ,  les  opinions  consacrées  par  upe  longue 
ftadixton  dans  l'école. 

Le  troisième  ,  et  peut-être  le  plus  grand  de 
tous  ,  c'est  celui  de  commander  despotique- 
mi-nt  à  la  croyance  des  élevés  dans  les  sciences 
comme  dans  la  morale  ;  de  ne  jamais  proposer  le 
doviie- ,  qui  setil  excite  et  développe  les  facul- 
tés de  l'entendement.  Ce  système  de  contrainte 
et  de  tyrannid  dérivait  naturellement  de  l'usage 
consacré  p^r  plusieurs  siècles  ,  qui  avait  fait  de 
l'enseignement  l'apanage  exclusif  des  prêtres. 
Ainsi  ,  au  lieu  de  laisser  à  l'entendement  humain 
cette  extension  de  liberté  qui  porte  sans  cesse 
vers  le  perfectionnement  et  le  rend  capable  des 
plus  grands  efforts  ,  les  instituteurs  éteignaient 
avec  soin  ,  ou  condamnaient  avec  humeur  les 
élans  de  l'imagination  ,  les  inquiétudes  du  gé- 
nie ,  qui  cherchent  l'appui  de»  vérités  jusque 
dans  le   vague  des  préjugés  ou  des  erreurs. 

Cependant,  le  système  de  l'enseignement ,  le 
mécanisme  de  linsiruciion  ,  étaient  si  bien  orga- 
nisés dans  CCS  écoles ,  qu'on  y  contractait  l'ha- 
bitude du  travail  ,  et  que  le  vrai  talent  en  sortait 
impatient  de  se  porter  à  l'étude  des  vélrités  qu'on 
lui  avait  soigneusement  cachée»  :  sa  marche  en 
devenait  d'autant  plus  hardie  ,  que  l'état  de  con- 
tramie  dans  lequel  on  l'avait  retenu  ,  avait  irrité 
la  curiosité  :  dès-lors  ,  rien  ne  pouvttit  arrêter  son 
élan  ;  il  redoublait  par  les  peisécutions.  Telle  fut 

{))  Rapport  lur  l'oiganiialion  rtei  écoles  ep^cUles  ,  par  P.  C.  F. 
OiuDdu. 


■   J9I 

]  la;  conduite  de    Rousseau  .   de  Diderot  ,  de  Vol- 
l 'taire,  de  d'Alembert,  de  Condorcel  ;  telle  fut  la 
j  rnarche  de   tous  les  hommes  de  génie  qui  se  sont 
I  réunis  en  assemblée  nationale  en  8g. 
I       On  peut  donc   poser  comrrie   base  fondanien- 
!  talc  ,  que  diiris  les    tems  qui  ont  précédé  la  révo- 
lution ,  la  nature  de  l'instruction  publique  exigeait 
quelques    léformes;    mais   on  ne  peut  pas   nier 
que   la  méthode    d'enseignement    ne     fût   admi- 
rabje, 

Les  vices  de  l'ancienne  insti-ta'ction  n'ont  pas 
tardé  à  être  sentis  ,  et  on  a  cherché  à  les  corriger. 
Ne  pouvant  plus  conserver  de  corporations  , 
incompatibles ,  par  leurs  principes  ,  avec  la  forme 
et  l'esprit  du  gouvernement,  il  a  fallu  les  sup- 
1  pitmer  ;  de  fdçon  que  l'instruction  ,  en  changeant 
d'objet  ,  a  dii  changer  de  mains. 

Des  hommes  instruits  ont  été  réunis  pour  don- 
ner une  éducation  publique  :  les  plus  grands 
talens  se  sont  consacrés  aux  péuibles  fonctions 
du  professorat.  Jamais  plus  de  lumières  ,  on  peut 
le  dire,  n'ont  été  appliquées  à  l'enseignement. 
Cependant  ,  l'éducation  publique  est  presque 
nulle  par-tout;  la  génération  qui  vient  de  toucher 
a  sa  vingtième  année,  est  irrévocablement  sacri- 
fiée à  l'ignorance;  et  nos  tribunaux,  nos  ma- 
gistiatures  ,  ne  nous  offrent  que  des  élevés  de 
nos  anciennes  universités. 

Le  système  d'instruction  publique  qui  existe 
aujourdhui  ,  est  donc  essentiellement  mauvais, 
mais  beaucoup  moins  par  la  nature  de  l'ins- 
truction elle-même  ,  que  par  l'organisation  vi- 
cieuse qu'on  a  donnée  à  l'enseignement.  En 
effet, 

1°.  Les  écoles  primaires  n'existent  presque  nulle 
part;  de  manière  que  la  masse  de  la  nation 
croît  sans  aucune  instruction  ;  et  ,  par  consé- 
quent, les  écoles  centrales  ,  qui  supposent  des 
connaissances  premières  ,  ne  peuvent  servir  qu'à 
un  très-petit  nombre  d  individus. 

2*.  Le  passage  des  écoles  primaires  aux  écoles 
centrales,  n'est  pas  rempli  par  des  études  inter- 
médiaires, de  manière  que  le  jeune  homme  qui 
sait  Itie  et  écrire,,  ne  peut  pas  profiler  de 
1  instruction  qu'on  donne  dans  les  écoles  cen- 
trales. 

3°.  La  graduation  des  éludes  ,  si  nécessaire 
pour  développer  par  degrés  les  facultés  de  l'en- 
tendement, n'est  point  organisée  dans  les  écoles 
centiales  :  car  on  ne  peut  pas  appeler  organi- 
sation les  dispositions  bizarres  de  la  loi  qui 
distribue  l'enseignement  d'après  la  seule  consi- 
dération de  l'âge. 

4°.  L'instruction  s'y  (Jonne  sans  surveillance, 
de  sorte  que  le  tems  consacré  à  l'enseignement 
n'est  point  tracé  ;  les  élevés  n'y  sont  point  sou- 
mis à  une  discipline  assez  sévère  ;  et  ,  dans  un 
âge  oii  le  besoin  du  mouvement  et  l'attTait  presque 
irrésistible  des  jeux  maîtrisent  la  jeunesse  ,  cette 
discipline  ,  cette  contention  forcée  ,  sont  la  pre- 
mière condition  qu'on  doit  lui  imposer  pour 
assurer  de  bonnes  études. 

5°.  Les  cours  des  écoles  centrales  ne  spnt  pas 
distribués  par-tout  d'une  manière  avantageuse  à 
l'élevé.  Trop  souvent  l'heure  des  leçons  et  l'époque 
des  cours  sont  commandées  pat  la  seule  commo- 
dité des  professeurs.  Il  en  résulte  que  l'instruction 
se  donne  sans  ordre  et  sans  suite  ;  que  ,  dans 
certaines  époques  de  l'année  ,  les  cours  sont  si 
nombreux  ,  que  les  élevés  ne  peuvent  pas  y  suffire  , 
tandis  que  dans  d'autres  tems  l'école  ne  présente 
i  aucune  trace  d'enseignement. 

6°.  L'instruction  ,  telle  qu'on  la  donne  en  gé- 
néral ,  n  est  point  proportionnée  à  la  faiblesse  de 
l'élevé  ,  pour  qui  essentiellement  elle  est  faite. 
Aussi  ne  voit-on  dans  les  départemens  que  quel- 
ques hommes  déjà  instruits  qui  suivent  ces  cours 
des  écoles  centrales  ,  de  manière  que  ces  écoles 
sont  plutôt  des  écoles  de  perfectionnement  que 
des  écoles  d'instruction  première  pour  les  sciences. 

7°.  Toutes  les  parties  de  l'enseignement  n'y 
reçoivent  pas  d'assez  grands  développemens.  Un 
seul  professeur  est  destiné  à  enseigner  les  langues 
anciennes  ,  de  manière  que  ses  leçons  ne  peuvent 
être  profitables  ni  aux  personnes  iastruiies  ,  qui 
désirent  se  perfectionner  dans  leurs  études ,  ni  à 
ceux  qui  commencent. 

Pour  présenter  aujourd'hui  un  bon  système 
d'instruction  publique  ,  il  faut  donc  se  placer 
entre  ce  qui  existe  et  ce  qui  était  avant  la  révo- 
lution :  il  faut  étudier  dans  ie  passé  comme  dans 
le  présent ,  les  leçons  de  l'expérience  pour 
former  ,  de  tous  les  faits  qu'elle  nous  fournira  , 
les  élémens  de  notre  éducation  nationale.  C'est 
la  marche  que  j'ai  constamment  suivie  dans  le 
projet  que  je  soumets  au  conseil. 

(  La  suite  demain.  ] 


cile  des  citoyens  qu'ils  apprennent  être  en.dispO-; 
sillon  de  se  maiier;  que  lesims  st  disenitamboiars  ' 
Je  la  garde  nationale  de  notre  anondissemont  , 
spécialement  autorisés  par  nou.t ,  pour  donne* 
quelque  célébrité  aux  mariagci  à  prononcer  ;  les 
autres  comme  plus  particulièrement  chiirgés  par' 
nous  de  la  mise  au  tableau  des  affiches  prescrites 
et  devant  précéder  les  mariages  ,  etc.  etc. 

Nous  nous  empressons  de  prévenir  de  nouveau,, 
nos  concitoyens  ,  contre  celte  fraude  nujsililé  £ 
leuis  intérêts,  et  scandaleuseiireni  conltjiité  liUf,, 
seniimens  qui  nous  ^niinent.  , 

Nous  déclaronsi' que  ni  les  uns  ni  les  autres, 
n'ont  aucune  mission  ,  aucune  autorisation  de 
nous  ;  que  toutes  les  fondions  pénibles  et  jour- 
nalières de  nos  bureaux,  sont  remplies  en  ce' 
moment  par  un  seul  ,  dit  garçon  de'bureau  ,  quil 
est  salarié  par  la  république. 

Nous  invitons  les  citoyens  qui  aiment  le  bon 
ordre,  à  se  pourvoir  coiure  tous  individOs,  quels 
qu'ils  soient  ,  qui  oseraient  se  présenter  comme' 
de  nous  autorisés  ,  et  sous  quelque  prétexte  que 
ce  puisse  être  ,  par-devant  les  commissaires  dç' 
police  que  nous  en  avons  déjà  pi-évenus  ,  et  par. 
toutes  les  voies  établies  pour  la  sûreté  et  invio- 
labillié  des  domiciles.  ■  :     : 

Signé  ,  Delafiien^ye  ,  maire;  Maijvage  §t)' 
Ohy  Hayem  Woriws  ,  adjoints.  '    ■   -,      , 

F.  Ricou  ,  secrétaire  en  chef. 


Le  préfet  du  département  du  Rhône  ,  considé- 
rant que  la  saison  actuelle  peut  enhardir  et  favo-» 
riser,pat  la  longueur  et  la  rigueur  des  '  nuits  ,' 
les  entreprises  des  mal-intentionnés  coittreïa' 
sûreté  des   courriers  ; 

Considérant  qu'il  importe  d'assurer  la  marche 
desdits  courriers  par  tous  les  moyens  de  précau- 
tion et  de  protection  possibles  ,  ariête    :  ' 

Art.  1=1".  Il  sera  établi  des  postes  suffisatis  d'in-' 
fanterie  et  de  cavalerie  dans  chiçun  des  lieux  de, 
la  Tour,  de  l'Arbrêle,  de  Saint -Romain  -  de- 
Popey  ,  de  Pontcharta  ,  de  Tarare  ,  de  Limonest  , 
d'Anse,  de  Viilefranche,  de  Saint-Georges-de- 
Renains  et  de  Saint-Jean-d'Ardiere. 

II.  Chaque  jour  un  détachement  de  ces  postes 
lequel  s'adjoindra  des  hommes  pris  dans  le^ 
gardes  nationale  environnâmes,  se  rendra  en 
nombre  suffisant,  de  chacun  de  ces  lieux  ,  sur  un 
point  de  la  route  qui  sera  indiqué  ,  et  y  bivoue- 
quera  en  attendant  le  passage  du  courrier  de  la 
malle  ,  et  jusqu'après  son  arrivée  présumée  au- 
(  poste  prochain. 

I  III.  Tout  citoyen  qui  tenu  ,  aux  terrries  de  la 
loi  ,  du  service  de  la  garde  nationale  ,  et  rtqui»  , 
pour  le  service  ci-dessus  spécifié  ,  ne  se  rendra' 
point ,  ou  ne  fera  point  agréer  un  homme  pour, 
le  représenter ,  sera  remplacé  d'office  ,  et  paiera; 
deux  francs  applicables  ,  à  titre  d'indemnité,  à' 
celui  qui  l'aura  suppléé. 

IV.  Les  mesures  seront  prises  pour  qu'il  y  ait 
des  feux  allumés  sur  les  points  qui  auront  été' 
désignés  pour,  les  bivouacs. 

V.  Les  maires  se  concerteront  avec  les  chef* 
des  détachemens  pour  l'exécution  la  plus  exacte 
des  présentes  dispositions. 

VI.  Dans  le  cas  d'entreprises  contre  la  malle  , 
tout  individu  qui  de  sa  propre  main  aura  arrêté 
un  des  assaillans  ,  recevra  une  récompense. 

VII.  Les  citoyens  Fera  ,  maire  ,  et  Devernoillé  « 
adjoint  ,  de  la  commune  de  Saint-Loup  ,  el 
Siraonet  ,  a^^joint  de  celle  de  Tarare  ,  qui,  lori 
de  l'arrestation  du  courrier,  le  17  fructidor  dei-- 
nier  ,  réunirent  avec  succès  ,  contre  les  voleurs  . 
les  gardes  nationales  ,  et  le  citoyen  Peraud- 
Verdal  ,  qui  ,  au  risque  de  sa  vie  ,  courut  donner 
l'alarme  ,  recevront  du  préfet  ,  au  nom  du  dé- 
partement ,  savoir  :  les  citoyens  Fera,  Dever- 
noillé et  Simonel,  une  écharpe  dans  les  formes 
et  les  couleurs  déterminées  pour  leurs  fonctions 
et  le  citoyen  Peraud  Verdat  ,  une  somme  eii . 
argent  égale  à  U  totalité  de  ses  contribution»  • 
de  l'an  8,  à  prendre  sur  les  fonds  mis  à  la  dispo- 
sition du  préfet  pour  dépenses  imprévues. 

Vin.  Le  présent  arrêté  sera  adressé  au  général 
divisionnaire  ,  et  au  commissaire-ordonnateur  , 
avec  invitation  de  concourir  à  son  exécution 
chacun   en    ce   qui   le  concerne. 

Fait  à  Lyon  ,  en  là  préfecture  ,  le  6  brumaire  t 
an  9  de  la  répiil^lique  française. 

Signé ,  R.  Verninac. 
Pour  expédition  coUadonnée , 

Le  secrétaire-général  de   la  préfecture  , 
Urbain  Jaume. 


Les  maire  el  adjoints  du  5"^  arrondissement  ,    aux 
citoyens  de  Paris. 
Aussitôt  que  nous  sommes  instruits  de  l'im- 
pudence avec  Laquelle  des  individus  ,  absolument 
inconnus ,  se  permettent  de  se  piéseiiier  au  dumi- 


MÉDECINE. 
Lecamus ,   ancien  chirurgien  de  marine  de  première 
classe,  chirurgien  accoucheur  à  J^oisi-le-Sec  ,ciu 
citoyen  Archidet ,  rue  JVeuve-Sairtt-Eustache ,  »"  j^ 

Citoyen  ,  quelqu'accrédiié  que  puisse  être  voir* 
trailesnent ,  il  ne  le»!  pas  en  raison  du  bien  nuitl 


192 


pourrait  faire,  c«  il  ne  devrait  être  ignoré  d'au-  '  Huent  sur   la  population,  sur  la  mortalité  d'un 


cun  goutteux.  Souffrez  donc  qu'un  officier  de 
aanté,  moins  encore  par  reconnaissance  que  par 
un  sentiment  d'humanité  ,  annonce  au  public  les 
bons  effets  qn'il  en  a  éprouvés  lui-même  ,  et  ceux 
qu'il  en  obtient  dans  sa  pratique. 

Je  suis  d'un  tempcramment  sanguin  ,  et  attaqué  1 
de  la  goutte  depuis  dix  ans  ,  ayant  tous  les 
automnes  un  paroxisme  de  six  semaines  ;  les 
premiers  jours  elle  est  ambulante  ;  elle  attaque 
toutes  les  articulations  des  extrémités  inférieures; 
elle  les  parcourt  ainsi  pendant  cinq  à  six  jours, 
ensuite  elle  se  fixe  au  genou  ,  où  elle  se  termine 
au  bout  d'un  mois  ou  quatre  décades.  En  l'an  7  , 
elle  devint  anomale  ,  et  j'eus  des  accès  dans 
toutes  les  saisons.  Aij  mois  de  brumaire  an  8  . 
l'attaque  se  fit  sentir  généralement  dans  toutes  les 
articulations  ,  et  ne  se  fixa  au  genou  droit  qu'au 
bout  de  25  jours,  et  avec  des  douleurs  tiès- 
aigues  ;  la  jambe  était  fléchie  sur  la  cuisse  sans 
pouvoir  l'étendre  :  c'est-  alors  qu'on  me  parla 
de  votre  remède  ;  et  il  y  avait  cinquante  jours 
que  j'élaij  dans  cette  cruelle  position,  lorsque 
j'en  fis  usage.  Dans  la.  nuit  même  de  la  première 
friction  ,  je  dormis  quatre  heures ,  ce  que  je 
n'avait  pas  fait  depuis  un  mois.  Le  lendemain 
je  fis  une  seconde  frictior>  ,  et  je  pris  une  cuillerée 
de  sirop;  dans  l'après-midi  moins  de  douleurs  et 
un  peu  de  mouvement  ;  enfin  ,  le  cinquième 
jour  ,  je  marchais  presque  sans  douleur  ;  le 
sixième  jour  .  cessation  totale  de  douleur  ,  et 
extension  complette  de  la  jambe.  Depuis  un 
an  ,  plus  d'attaque.  En  vendémiaire  dernier,  je 
ressentis  dans  l'articulation  du  pied  gauche  une 
douleur  assez  vive  ;  je  fis  sur  le  champ  usage 
de  votre  remède  ,  et  le  lendeoiain  je  n'avais  plus 
de  douleur. 

D'après  les  heureux  effets  que  j'ai  retirés  de 
votre  traitement,  je  l'ai  conseillé  à  plusieurs  de 
mes  malades,  qui  tous  en  ont  retiré  les  mêmes 
avantages, 

I  Je  vous  prie  donc  de  vouloir  bien  rendre  ma 
lettre  publique.  Puisse  mon  témoignage  convain- 
cre les  goutteux  et  les  gens  de  l'art,  qu'il  existe 
enfin  contre  cette  cruelle  maladie  un  remède  qui 
soulage  proiiiptement  ,  sans  jamaii  avoir  de  ré- 
sultats fâcheux. 

Je  vous  salue  très-fraternellement,  et  vous  prie 
de  croire  à  ma  juste  reconnaissance. 

Signé,  Lecamus. 


étal  :  les  effets  du  climat  sur  ses  habilans  ne  peu- 
vent êtrp  indiffétens  à  ceux  qui  se  sont  destinés  à 
nous  préserver  des  maux  qui  nous  environnent , 
et  encore  moins  àxeux  qui ,  par  leur  position  po- 
litique ,  sont  chargés  d'encourager  les  recherches 
utiles  à  la  Conservation  de  l'espèce  humaine. 

L'exactitude  des  observations ,  la  précision  des 
détails,  la  clarté  des  résultats  distinguent  cet  ou- 
vrage, et  le  rendent  digne  d'être  comparé  à  ceux 
que  l'Angleterre  ,  l'Allemagne  ,  la  Russie,  la 
Suéde,  possèdent  sur  la  statistique  de  ces  con- 
trées. L'institut  national  en  a  jugé  ainsi,  lorsque 
sur  le  rapport  des  citoyens  Laplace  et  Halle ,  il  a 
dit  que  f  cet  ouvrage  dans  lequel  on  trouve  le 
>»  développement  de  faits  aussi  intéressans  ,  de- 
>j  vait  être  accueilli  par  l'institut ,  imprimé  dans 
j>  ses  mémoires,  et  1  auteur  encouragé  à  conti- 
u  nuer  sa  correspondance.!' 

Les.obseriratians.qui  pnt  servi  de  baie  aux  cal- 
culs et  aux  résultats  très-curieux  ,  présenté  par  le 
citoyen  Mourgue ,  ont  été  faites  à  Montpellier, 
pendant  vingt-une  années  consécutives. 

Ces  21  années  ont  présenté  «5,064  naissances, 
5926  mariages .:  23.366  morts  ,  parmi  les  habitans 
domiciliés  à  Montpellier  :  5276  morts  à  l'hôpital 
deSaint-Eloi  de  la  même  ville. 

Des  tables  très-bien  faites,  d'une  division, 
d'une  exactitude  rares,  relatives  aux  sexes ,  aux 
âges,  aux  différenteis  époques  de  la  vie,  ne  lais- 
sent rien  à  désirer  sur  la  population  ,  ses  pertes, 
ses  accroisscmens,  si^r  la  durée  ,  sur  les  proba- 
bilités de  la  vie  ,  et  ne  nous  permettent  pas  de 
faire  connaître  ,  dans  ce  cour  extrait ,  tout  l'avan- 
tage qu'on  peut  retirer  des  observations  faites  , 
d'après  le  plan  de  l'auteur  ,  sur  les  divers  climats 
que  l'étendue  de  la  France  présente. 

Le  citoyen  Mourgue  a  considéré  avec  beaucoup 
de  sagacité,  rinfluence  des  saisons,  sur  les  nais- 
sances et  sur  la  mortalité,  Jl  en  déduit  des  faits  , 
des  rapprochemens  du  plus  grand  intérêt  pour 
toias  les  hommes.  Nous  ne  saurions  trop  recom- 
mander la  lecture  d'un  ouvrage  .  dans  lequel 
chacun  trouvera  quelque  vue  qui  le  touche  par- 
ticulièrement. 

Nous  engageons  les  lecteurs  de  cet   ouvrage, 
et  surtout  les  physiciens  et  ceux  qui  se  sont  dé- 
voués à  l'art  de  guérir ,  à  prendre  en  mûre  consi- 
dération   l'article  intitulé    :    Vuci  \ur  les  causes  du 
1  plus  ou  du  moins  grand  nombre  de  mortalités  ,  pen- 

— 1  dant  les  diverses  saisons. 

Traitement  méthodique  des  maladies  qui  proviennent  \      ^^^  calculs  des  prohnhiliié^  de  la  vie  mériterit 
des  humeurs  scrophuleuses  ,  telles  que  les  dartres ,     "ne  attention  pairicuiicr.-   :     Is  • 'i   des  ré- 


écrouelles,    humeurs  froides. 

Jusqu'à  présent ,  on  3  toujours  traité  ces  ma- 
ladies avec  le  mercure,  seule  ressource  bien 
faible  et  bien  dangereuse  ;  cir  loin  de  remédier 
au  mal  ,  il  le  prolonge  ,  détruit  les  forces  du 
malade  ,  sur-tout  dans  l'enfance ,  où  il  arrête  la 
croissance,  contrarie  la  nature,  et  donne  au 
jeune  sujet  toutes  les  infirmités  attachées  à  la 
décrépitude. 

On  est  parvenu  à  éloigner  cet  ennemi  dan- 
gereux de  la  médecine  ,  et  à  traiter  la  teigne  sans 
le  secours  de  la  calotte  ,  traitement  tyrannique 
qui  répugne  à  l'homme  instruit ,  par  les  douleurs 
et  les  maux  qui  en  résultent. 

Lé  nouveau  procédé  mis  en  usage  est,  on  ne 


sultats  bien  plus  pvécjs  (j-.'r  r^nx.  ,  :  vquels  on 
était  parvenu  jusqu  ici  ,  ei  àui-imiiMM  !•  d'fie- 
rence  quil  y  a  entre  la  viabilité  des  Iioniroes  et 
celle  des  femmes.  On  observera  comme  une 
chose  bien  favorable  potir  le  climat  de  Mont- 
pellier ,  que  sur  sept  et  demi  individus  qui  nais- 
sent ,  il  y  en  aura  Un  qui  parviendra  à  la  période 
de  70  à  80  ans  ;  que  sur  quinze  et  demi  individus  , 
il  y  en  aura  un  qui  vivra  au-delà  de  80  ans.  Nulle 
contrée  dans  laquelle  on  a  fait  de  pareilles  ob- 
servations jusqu'ici,  ne  présente  de  tels  exem- 
ples de  longévité  générale. 

En  lisant  cet  article  sur  les  probabilités  de  la 
vie  ,  on  ne  peut  qu'être  surpris  du  travail  ,  des 
calculs  du  citoyen  Mourgue  et  des  résultats 
qu'il  en  fait  sortir  d'une  manière  aussi  lumineuse 


dans  une  édition  générale  qui  les  classât  àvcc> 
méthode. 

C'est  ce  que  vient  d'entreprendre  le  citoyen 
Henrichs  ,  libraire  ,  rue  de  la  Loi  ,  n'''l23i  ,  à 
l'ancienne  librairie  de  Dupont. 

Le  roman  dont  il  est  ici  question  ,  et  sur  le- 
quel nous  reviendrons,  en  nous  b'ofnàrit' aujour- 
d'hui à  annoncer  sommaireméht  qu'il  y  Vegne 
un  intérêt  touchant  et  soutenu  ,  en  même-tems 
qu'une  moralité  attachante  ,  a  été  imprimé .  il  y 
a  cinq  mois  ,  à  Berlin  ;  il  a  eu  deux  éditions 
successives. 

Les  mères  rivales  forment  4  vol.  in-8°.  Prix,  12  fr* 
sur  papier  fin  ;  g  fr.  sur  papier  de  Limoges.  Il  y  a 
une  édition  in-12  ,  sur  papier  ordinaire:  prix, 
6  francs. 

L'éditeur  garantit  ces  deux  éditions  en  y  ap- 
posant sa  signature.  Les  autres  livraisoris  suivront 
de  près  teile-ci. 

Lycée    de    Paris. 
Séance  du  7  hramaire. 

Parmi  Içs  ouvrages  qui  qnt  été  lus  à  cette 
séance  ,  on  a   remarqué  : 

Une  Epître  aux  Artistes  ,  du  citoyen  Raboteau  « 
pleine  de  verve  et  de  détails  poétiques  ; 

De  jolis  vers  du  citoyen  Creusé  ,  sur  la  mytho- 
logie d'Ossian.  On  a  vivement  applaudi  le  po^ic 
et  son  intention  allégorique  ; 

Un  fragment  du  citoyen  Girard  ,  SUT  les  Sépul- 
tures particulières  ,  a  offert  un  style  pur ,  élégant, . 
harmonieux  ,  une  heureuse  alliance  de  l'imagi- 
nation et  du  sentiment ,  et  sur-tout  quand  il  a 
demandé,  dans  un  morceau  dont  la  forme  est 
très-poétique  ,  que  les  cendres  et  les  statues  de» 
grands  hommes  fussent  placées  aux  lieux  où  ils 
pourraient  encore  instruire  aux  vertus  par  leur 
exemple. 

Des  Apologues  du  citoyen  Lachabaussiere  ont 
été  entendus  avec  beaucoup  de  plaisir  :  celui 
surtout  du  fleuriste  et  de  la  fleur  des  champs. 

Un  entretien  au  Salon  des  tableaux ,  par  le  citoyea 
Salvertc,  offrait  des  apeiçus  heureux  sur  la  liai- 
son des  beaux-arts.  Il  a  rappelé  l'essai  de  Diderot 
dont  le  citoyen  Salverte  a  composé  l'éloge  ; 

Iju  trait,  un  coloris  gracieux  ont  fait  disrin- 
guer  un  conte  ingénieux  et  plein  de  sentiment, 
iniilulé  :  le  recouvrement  de  la  vue  ,  et  adressé  au 
citoyen  Saint-Marcel; 

La  lecture  de  deuxfables  du  ci^toyen  Dtitrerablay 
a  terminé  la  séance.  Elles  ont  cette  naïveté.», 
cet  aimable  abandon  que  ce  genre  difficile  exige, 
et  que  leur  auteur  réussit  souvent  adonner  à  ses 
productions.    _____^___^_____ 


Le  cit.  Beauvarlet  -  Charpentier ,  demeurant 
hôtel  Bretonvilliers ,  île  Saint-Louis  ,  seul  fils,  du 
célèbre  organiste  et  maître  de  piano  de  ce  nom. 
exerçant  la  même  profession,  prévient  le  public 
qu'un  citoyen  ,  portant  aussi  le  nom  de  Charpen-» 
lier,  s'introduit ,  sous  le  même  titre  ,  dans  diffe*' 
rentes  maisons 


peut  plus  facile  ,  le  malade  peut  se  panser  lui-  ■  „„€  prêcr«e. 

même  ,  et  en  cinq  décades  ou  deux  mois  au  plus,  1  ^       .     .  .    .  ,  .     . 

il  se  trouve  parfauement  rétabli,  sans  que  les  or-     „<t"  ""•'     "'  .**.™"?^  P"  quelques    résultats 

ganes  essentiels  en  souffrent.  '  ^.  observations  météorologiques  faites  a  Montpel- 

^  ,  .  11         .  ..    .    i  lier  Bar  1  auteur:  il  les  a  crues  nécessaires  pour 

Q,uant  aux  dartres ,  ecrtjuelles  ,    humeurs  froi-     fi^gr  les  idées  des   observateurs  sur  la  nature  du 

des  ,  elc.  on  tait  a-peu-pres  le  même  traitement  ; 

il  n'excède  jamais  le  terme  indiqué  ci-dessus,  sans 

que  la  cure  soit  opérée. 

Les  indigens  seront  traités  gratuitement.  Il  leur 

sera  délivré  tout  ce  qui  est  nécessaire   au  traite- 


ment sans  en  tirer  aucun  produit.-. 

S'adresser  ,  les  jours  pairs  ,  depuis  dix  heures 
jusqu'à  midi  ,  chez  le  cit.  Sautray,  rue  Planche- 
Mibray  ,  n°  ao  ,  à  Paris. 


LIVRES     DIVERS. 


climat  des  cieux  on  il  a  observé. 

Ce  petit  volume  qui  contient  des  recherches  si 
avantageuses  à  notre  existence  ,  doit  être  connu 
des  sociétés  savantes  ,  et  obtenir  même  l'atten- 
tion du  gouvernement. 


COURS     DU     C  H  A  k  G  fc. 
Bourse  du  18  brumaixe. 

Rente  provisoire. «3  fr.  65  c. 

Tiers  consolidé ....•.••  84  fr.  i5  €»'. 

Bons  deux  tiers i   fr.  67  c' 

Bons  d'arréragé 85  fr.  s5  c. 

Bons  pour  l'an  8 .  92  fr.  90  Cr' 

Syndicat. 83  fr. 

Coupures '■ 82  fr.  5ù  c. 

Aci.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  3o  fr. 


Les  Mères  rivales  ou  la  Calomnie  ,  par-  madame 
Genlis.  Ce  roman  peut  être  considéré  comme 
la  première  livraison  de  la  nouvelle  édition  de 
ses  œuvres;  mais,  .cependant  ne  fait  pas  partie 
indispensable  de  la  collection  complette.  Il  est 
peu  de  personnes  qui  ne  connaissent  les  ouvra- 


-   ^«o'^r  K       M      H         î»^^"  ^°«'?r'     ges  de    Mde    de    (Genlis  :   la   variété  des   sujets 

in-8°.  Cchez  Maradan  ,  libraire  ,  rue  Pavée-An-     ^„vii„  ,  .,,1,^,     i,  k,„  „„„i   „„vii.   .'.„  Jr,.. 


dré-des-Ans ,  n".  16, 

Cet  essai  est  un  ouvrage  nouveau  pour  la 
•France,  et  doit  devenir  un  modèle  pour  ceux 
qui  voudront  se  livrer  à  l'élude  d'une  science , 
encore  au  berceau  parmi  nous.  Les  causes  qui  in- 


qu'elle  a  traités  ,  le. but  moral  qu  elle  s'est  pro- 
posé dans  tous  ,  l'art  avec  lequel  elle  y  a  placé 
l'instruction  de  tous  les  genres  ,  sous  les  formes 
les  plu»  séduis.juites  ,  les  ont  rendus  précieux  aux 
amis  de  la  saine  littérature.  On  pouvait  s'éton- 
ner  avec  raison  qu'ils  n'eussent  pas    été   réunis 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republii^oe  et  des  Arts. 
Auj.  Bal  masqué.  —  Il  commencera  à  minuit. 
L'ouverture  des  bureaux' se  fera  à  il  heures. 

Prix  du  billet  d'entrée  ,  6-  fr. 

Théâtre  de  la  rue  Fetdeau.  Aujourd'hui 
la  7*  repr.  de  l'Homme  à  sentimens  ou  le  Moror 
liseur  .  cora.   nouv. 

THEATREDESjEUNESÉLEf  ES,raedeThJonville. 
Auj.  la  Fête  d'amour;  la  Gouvernante  paV  amour ,, 
et  Cassandre  comédien. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes.  ' 
Aujourd'hui  la  6'  repr.  de  l'Amour  aux  Petites- 
Maisons  ou  les  Fous  hollandais  ,  folie  ornée  de 
chants;  U  Moine  ,  pantomime  magique,  et  la 
Romance. 


L'abonaeinent  lefaitaParii,  rue  des  Poitevini,  »»  18.  Leprixert  de  si  franc»  po.nr  tioii  moi»,  5o  fraac»  pour  »ix  mois,  et  100  ftanc»  pour  l'année  entière.  On  ne 
«'abonne  qu  ku  commeuceinent  4e  chaqnc  moi». 

Ilfaut  adresse.  le»Uureiti  l'argent,  franc  déport  ,aucit.  Agasse,  propriétaire  de  cejourBal,ruede5  Poitevin», n">  i3.  Ufaut'comprendre  dans  le»  envoi»  le  port  dct 
pajr»  «ù  l'on  ne  peut t ffranchir.  Le»  lettre»  des  départemens  non  affranchies  ,  neseroutpoint  retirée»  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin,  poui  plu»  de  sûreté,  de  charger  «lies  qui  renferment  des  valeur»,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  an  rédacteur  ,  rue  de» 
Poitevin»,    a*t  i3,  depuis  neuf  heure»  du  matin  jusqu'à  cin^  oeures  du  soir. 


A  Patri,  de  ritti|iriaierie  du  cit.  A|as»e  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  n'  ih 


GAZ 


ATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


-¥^**.l 


J^"  5o. 


Décadi  ,    eo  •brummu  an  g  de  la  république  française^  une  ei  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  datet  du  7  Nivôse  le   M  o  Ni  t  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel.   ' 
II  concienc  les  séances  tks  autorités  constirué.ss  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  années  .  ainsi  que  ies  faits  «t  les  notions  tant  sur 
rinrérieut  que  sur  l'extérieur ,  fournis  pat  les  cotrespondances  ministérielles.  .       > 

Un  article  séta  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  jiux  décôiiverteiS  nouvelles. 


INTÉRIEUR. 

ACTES"DU  GOUVERNEMENT. 

^■apport  présenté  au  ministre  de  l'intérieur  .,  par  le 

citoyen  Crelet.  ronseiller-d'élat  .  chargé  des  ponts 

et  chausi-ées  .,  canaux,  taxe    d'entretien,    etc.   rr- 

Tarïs ,  le  4  jrrumaire  an  9  de  la  république  ,  une 

et  indivisible. 

Je  vous  soumeis  le  rapport  que   vous  rti'avez  l 
demandé  sur  l'éiat  actuel  de  la  taxe  des  Boutes. 

L'ouverture  et  la  perl'ection  des  grandes  routes 
en  France  remonient  au  dernier  siècle  ;  les  im- 
menses travaux  qu'elles  ont  exigé  furent  exécutés 
par  des  corvées  sur  les  cultivateurs.  Ce  fardeau 
devhjt  intolérable  ;  il  fut  supprimé  et  remplacé 
par  le  paienient  des  travaux  en  argent  fourni  par 
des  additions  aux  contributions. 

La  destination  de  ce  fonds  était  respectée  et  les 
routes  étaient  entretenues,  lorsque  la  révolution 
survint.  A  cette  ép0(iue  .  toute  l'économie  du 
système  des  routes  fui  détruite  ,  le  fonds  spécial 
disparut  avec  les  contributions  ,  les  routes  furent 
mises  sur  le  compte  des  fonds  généraux  ,  les  en- 
trepreneurs ne  furent  plus  payés  ,  leis  travaux 
cessèrent  et  la  confusion  était  extrênae  ,  lorsque 
Je  corps-législatif  chercha  à  y  remédier  en  Tan  5 
par  l'établissement  d'une  contribution  spéciale. 

La  loi  du  24  fructidor  an  5  statua  en  principe  , 
qu'il  serait  établi  une  taxe  d'entretien  des  routes  dont 
le  produit  serait  spécialement  et  uniquement  affecté 
atx  dépenses  de  leur  entretien ,  r/faration  ,  confection 
et  administration. 

Ce  principe  fut  développé  par  la  loi  du  g  ven- 
démiaire an  6  :  il  est  utile  d'observer  que  l'ar- 
ticle LXXXIII  de  ceUe  loi  n'auiorisalt  le  placement 
des  barrières  que  sur  les  routes  préalablement  mises 
■tnhon  état  de  réparation. 

•La  loi  du  3  nivôse  suivant  a  complelté  l'organisa- 
-lîon  de  la  taxe,  mais  l'art.  LXXXIII  dont  nous 
■«enonsde  parler,  fut  rapporté. 

Une  troisième  loi  du  1=''  thermidor  de  la  même 
année,  étendit  les  attributions  du  directoire,  et 
rendit  plus  facile  J'éiablisseflient  de  la  taxe  d'en- 
tretien. 

Une  quatrième  loi  du  4  brumaire  an  7  ,  a  mo- 
difié la  première  organisation. 

Enfin,  la  dernière  loi  du  7  germinal  an  8  ,  a 
réduit  le  tarif  de  la  taxe,  affranchi  lé  transport 
des  grains  et  farines ,  et  autorisé  les  fermiers  à 
lésilier  leurs  baux. 

Du  moment  oii  ,  par  la  loi  du  3  nivôse  an  6  , 
toute  restriction  à  I  établissement  des  barrières  fut 
supprimée  ,  le  gouvernement  ordonna  leur  pla- 
cement sur  toutes  ies  routes  de  la  république, 
«ans  dis'inction  de  celles  qui  étaient  devenues 
impraticables  ;  \e  reste  de  l'année  tut  consumé  par 
te  préalable  ,  et  les  produits  se  réduisirent  à  des 
gommes  ttès-faibles. 

Dans  le  courant  de  l'an  7  ,  les  barrières  furent 
affermées  en  partie  ;  on  j  continué  à  s'occuper 
de  leur  location  jusques  au  mois  de  germinal  de 
l'an  8,  époque  oii  la  loi  du  7  germinal  à  intro- 
duit un  nouveau  système. 

Vous  demandez  .  citoyen  ministre  ,  un  compte 
par  exercice  pour  les  années  6,7  et  8  des  recettes 
provenant  de  la  taxe  d'entretien  ei  de  l'emploi 
qui  en  a  été  fait  ;  les  moyens  d'établir  ce  compte 
ne  sont  point  encore  réunis;  il  faudrait  avoir 
terminé  la  licjuidation  de  deux  mi!le  régisseurs 
partiels  et  des  fermiers  qui  leur  ont  succédé;  il 
faudrait  que  tous  les  receveurs  généraux  de  dé- 
partement eussent  compté  ;  il  faudrait  que  les 
administrations  ttnirales  n'eussent  pas  souvent 
troublé  la  coniptabiliic,  par  une  multitude  de 
dispositions  contraires  à  ce  qui  leur  était  pres- 
crit. Ces  vastes  détails  ne  peuvent  êire  classés  et 
liquidés  que  par  de  longs  travaux;  je  les  suis 
avec  attention  ;  ils  font  des  progrès  journaliers  , 
mais  ils  exigent  encore  beaucoup  de  tems. 

Cependant,  à  défaut  d'un  compte  ligoureux  , 
j'ai  pu  faire  uri  compte  approximatif  au  moyen 
de»  pièces  et  des  rcnsei;;neniens  qui  existent  dans 
les  bureaux  des  poni?  et  chaussées  ;  je  pense  i\na 
ce  compte  n'épiouvera  pas  de  grandes  diflé- 
rences  ,  lorsque  i"U5  ses  élémeui  auront  été  régu- 
larisés par  les  liquidntions  qui  restent  à  opérer. 

Une  antre  dilficulié  s'oppose  à  ce  qu  un  compte 
rigourfux  puisse  être  actuellement  établi  ;  je 
m'explique  : 

Le»  Ituniers  qui  ont  succédé  .'i  la  régie  de  la 
taxe  .  étaient  soumis  à  une  double  nature  de  paie- 
men»  ;  ils  s'obligeaient  à  faite  sur  les  routes  des 
travaux  d'entretien  ,  en  quaniiics  déterminées 
par  l<ur>  baux  ,  et  en  outre  à  payer      tu  ai jjiiii  jc 


sommes  réglées  par  les  enctieres.  Ouelques-uns  , 
loin  d'avoir  rien  à  payer  en  aigeni,  devaient  au 
contraire  en  recevoir  poUrcompIéter  le  prix  des 
travaux  auxquels  ils  étaient  soUmis.  Ainsi  les  fer- 
miers étaient  en  mêine  tems  percepteurs  et  en- 
trepreneurs ;  ils  confondaiient  la  recette  et  la 
dépense. 

L'iïne  et  l'autre  ne  pourront  être  liquidées  qu'à 
la  •suite  des  vérifications  dont  les  ingénieurs  sont 
occupes  relativement  aux  travaux  dont  les  f'er- 
Tniers  étaient  chargés. 

<2-"elques-uns  de  ces  fermiers  se  sont  consti- 
tués en  avance  par  des  travaux  qui  excédent 
leurs  obligations  ;  d'autres  se  sont  renfermés  dans 
les  limites  de  leurs  baux  ;  mais  en  plus  grand 
nombre  ,  ils  sont  débiteurs  à  raison  de  travaux 
qu  ils  n'ont  point  exécutés;  tout  intiique  que 
les  sommes  dont  ceux-ci  seront  définitivement 
reconnus  reliquataires  ,  seront  très  -  difficiles  à 
recouvrer. 

Entouré  de  ces  complications ,  j'ai  dâ  adopter 
une  méthode  sirriple  ;    en  voici   les  bases. 

La  recette  du  compte  que  je  vous  présente  , 
se  compose  : 

1°.  Des  sommes  en  argent  versées  par  les  régis- 
seurs de  la  taxe. 

2°.  Des  sommes  versées  par    les  fermiers  ,    et 
de  celle*  qu'ils  doivent  verser. 
.3°.  De  la  valeur  des  travaux   que  les   fermiers 
s'étaient  obligés  d'exécuter. 

La  dépensé  comprend  : 

1°.  La  cort.sfruction  des  barrières  et  les  frais 
de  régie  de  la  perception  de   la  taxe. 

2°.  Les  frjis  de  l'administraii.  n  générale  des 
pouls  et  chaussées  ,  les  appointemens  des  ingé- 
nieurs ,  etc. 

3°.  La  valeur  des  travaux  exécutés  sur  les  rou- 
tes par  les  entrépreneu's  et  les  fermiers. 

Les  comptés  de  chaque  département  ont  été 
faits  séparément  ,  et  ensuite  réunis  au  résultat  par 
le  tableau  joint  à  mon  rapport ,  oà  l'on  voit  en 
masse  ce  qui  a  été  perçu  et  dépensé  par  dépar- 
tement dans  chacun  des  exercices  des  années  6  , 
7 'et  S.  Les  résultats  définitifs  de  ce  tableau  exi- 
gent quelques  explications. 

Exercice  ,   an  6. 
.Les  barrières. furent  établies  graduellement  dais 
l'an. 6.  La   recette  en  régie   commence  au    mois 
de  prairial  ;  elle  a  produit  3,317,043 — 27. 

Les   dépenses   ordonnancées    ou    à  ordonnan- 
cer sur  les  produits  de  la  taxe 
s  élèvent  à 3,223,117—54. 

DifFéience.     ....  93.925—73. 

La  recette  paraît  avoir  excédé  la  dépense  de 
93,925  fr.  73  cent.;  ce  qui  s'accorde  de  très-près 
avec  les  déclarations  de  tonds  resians  en  caisse  , 
fournies  par  les  receveurs  de  dépariemens  et  ap- 
paiienaiis  ^  l'exercice  de  Tan  6. 

Cet  excédent  sera  incessamment  appliqué  aux 
dépenses  arriérées  de  l'an  6,  faites  avant  I  établis- 
sement de  la  taxe  ,  dépe-n;es  qui  auraient  dû  être 
acquiilées  sut"  le  crédit  ouvert  par  le  corps  légis- 
latif pour  les  dépenses  des  routes  ,  mais  qui  n'ont 
point  éié  soldées,  faute  de  fonds. 

Cet  arriéré  antérieur  à  la  taxe  ,  sera  assez  consi- 
dérable ;  il  pourra  excéder  deux  millions  ;  la  liqui- 
dation en    sera  compleite  dans  deux  ou  3  mois. 
Exercice  ,  an  t. 

Les  recettes  et», argent  et  travaux  faits  ou  à  faire 
s'élèvent   à 14,946,914  f.   70  c. 

Les  dépenses  ordonnancées 
ou  à  ordonnancer  ,  montent 
à 14,873,203       23 

Difîerence.    .    .    .  73,7  il  f.  48  c. 

Ainsi  la  recette  paraîtexcéder  de  76,722' F.  25  c; 
mais  la  situation  réelle  de  cet  exercice  n'est  ce- 
pendant pas  telle. 

Les  sommes  encore  dues  par  les  fermiers  font 
partie  de  la  recelte. 

Le  dcfani  de  rentrée  de  ces  sommes  occasionne 
un  arriéré  qui  sera  rempli  ji.ir  les  recouvremens  , 
s'il  s'ei)  réalise  ,  et  par  423, «63  f.  qui  existent  ac- 
turlltvneni  dans  les  caisses  des  receveurs-généraux 
de  dépariemens. 

Les  sommes  ducs  sur  l'exercice  de  l'an  7  s'élè- 
vent ,  par  appciçu  ,  à 8,400,000  f. 

A    déduire    pour    les     fonds    en 
caisse 423,068 


vremcns  à  faire  ,  et  à  défaut  de  leur  rentrée  par  le 
trésor  public.  — 

Exercice .  an  8. 

Les  recettes  faites  ou  à  faire  en    argent  et  en 
travaux  ,   s'élèvent  à.  .    .    .   14,659,647  jfr.  99  c. 

Les    dépensés    ordonnan- 
cées ,  à.  ........    .     6,368-052         38  c. 


Différence. 


8',29 1,595  fr.  61  c. 


Il   restera   dû 1,976,927  f. 

s   Laquelle  iomme  sera  couverte  par  les  recou* 


La  recette  paraît  excéder  la  dépense  de 
8,291,595  fr.  iBi  cent.  ;  mais  il  faut  observer  que. 
le  moniant  des  travaux  exécutés  par  les  fermiers 
et  par  quelques  entrepreneurs  dans  le  courant  de 
l'an  S  ,  n'est  point  encore  ordonnancé  ,  et  qu'il 
ne  peut  l'être  que  sur  les  états  de  vérification  , 
que  les  ingénieurs  fourniront  dans  les  trois  pre- 
miers mois  de  l'an  9.  Lorsque  ces  états  seront 
parvenus  ,  on  reconnaîtra  probibiement  que  le 
montant  de  ces  travaux  aura  absnrbé  la  difFérence, 
qui  paraît  exister  entre  la  recette  et  la  dépense. 

En  dernier  résultat,  si  toutes  les  sommes  dues 
sur  l'an  8  sont  recouvrées  ,  il  y  aura  équilibre 
entre  la  recette  et  la  dépense;  le  défaut  de  ce 
recouvrement  ferait  tomber  une  somme  équiva* 
lente  à  la  charge  du  trésor  public. 

RÉSUMÉ.' 

Les  recettes  de  la  taxe  montent  pour  les  trois 
exercices   à 32.923,,6o5  fr.  96  c. 

Lesdépenses  ordonnan-  "\ 
cées  à  24,464,373  fr.  i5  c.  f 

Plus    pour  celles   à    or-  S  32,964,373,  fr.   l5  c. 
donnaneer     sur     l'an    8  ,  i 
ci.....   8,5oD.ooo  fr    0    c.  / 

Ce  qui  présente  en  dernier  résultai  tin  équilibre 
présumé,  entre  les  recettes  et  les  dépensés;  néan- 
moins il  restera  dû  à  la  charge  du  trésor  pubhc  , 

1°  Environ  deux  millions  sur  l'an  6  i 

2°  Une  somme  égale  aa  déficit  qù'ép'-ouvera 
le  recouvr-raenl  des  sommes  due<^  à  là  taxe  suf 
les  années  7  et  8. 

On  conçoit  que  l'emploi  de  trente-trois  millionsi, 
pour  dépenses  qui  en  auraient  exigé  plus  de  100 , 
a  du  laisser  dans  les  travaux  des  routes  un  vuide 
d'autant  plus  considérable  que  sur  ces  trenie-trois 
millions  la  construction  des  barrières,  les  frais  de 
régie  ,  les  dépens  d'administraiion  générale  et  des 
ingénieurs  a  absorbé  douze  à  treize  millions  ,  et 
qu'alors  euviron  vingt  millions  seulerrtent  ont  été 
dépensés  en    travaux  pendant  trois    ans. 

Ces  dépenses  d'ailleurs  ont  éié  faites  d'une 
manière  tiès-inégale  î  quelques  départemens  ont 
éié  très -bien  téparés  ,  quelques-uns  l'ont  éié 
dune  manière  insufiisante  ,  et  le  plus  grand 
nombre  a  éié  laissé  dans  ijn  désastreux  abandon 
jusquà  la  fin  de  messidor  an  8  ,  époque  à  la- 
quelle il  a  été  fait  une  répartition  proportion- 
nelle à  tous  les  départemens  ,  de  tous  les  produits 
des  barrières  nouvellement  réaif  rmécs  en  argent. 
Cette  répartition  a  permis  de  taire  les  travaux  les 
plus  urgens  sur  toutes  les  roules  de  premiers 
ligne  ;  mais  au  milieu  de  besoins  immenses  ,  ces 
faibles  ressources  s'évanouissent  sans  laisser  de 
traces  sensibles.  Celle  situation  est  1  objet  de 
toute  la  sollicitude  du  gouvernement  ;  le  produit 
d.-s  barrières  ,  affaibli  par  les  modérations  pto^ 
noncées  par  la  loi  du  7  germinal  an  S,  se  réduit 
aujourd'hui  à  10,580,91a  fr.  18  cent,  par  an  4 
sauf  encore  des  non  valeurs  inévitables. 

Au  surplus  je  dois  vous  déclarer,  citoyen 
ministre  ,  que  vos  prédécessseurs  ont  ,  comme 
vous,  respecté  l'affectation  du  produit  des  bar^ 
rieres  depuis  leur  établissement ,  et  que  ce  pro- 
duit a  été  appliqué  ,  sans  distraction,  auxiravaux 
des  rouies  et  aux  dépenses  de  leur  adminisirn^ 
tion  ;  les  pièces  de  comptabilité  des  ponts  e( 
chaussées  ne  laissent  aucun  doute  sur  ce  fait. 

Q_uani  au  compie  provisoire  que  je  vous  sou- 
mets ,je  dois  vous  répéter  qu'il  n'est  que  la  réu^ 
ni  on  des  plus  gMndcsprobabiliiés.  Dans  (juelques 
mois  je  ser.n  en  élai  de  faire  dresser  le  compte  dé' 
finiiif  ,  basé  sur  ies  liquidations  doni  je  m'occupe. 

PROPOSITIONS. 

Le  premier  consul  ayant  décidé  le  5  de  ce 
mois  ,  1°  que  le  rapport  et  le  tableau  que  je  voua 
présente  seraient  imprimé.4  et  adressés  aux  preteis, 
et  par  ceux-ci  au.t  sous-préfets  ,  pour  larré  lems 
observations;  8°  qu  il  lui  seraii,  par  'ous,  proposé 
un  projet  d'arrêté,  pour  organncr  cet  envol,  je 
me  suis  occupé  de  la  rédaciion  de  ce  projet 
d'arrêié  que  vous  trouverez  joint  à  ce  piéscuc 
rapport.  Signé  ,  G  r  E  t  K  t. 


194 
PONTS       ET       CttÂUSSÉES.     —     TAXE       D'ENTRETIEN. 

E'fAt  des  recettes  de  la  taxe  d^'eiïtntîên  ,  et  des  dépenses  générales  des  roules  ,  pelidànl  les .  armées  6  ,  7  (;/__8  ,  et  après  les 
pièces  et  renseignemens  existo^hs  OctueUement  au  ministère  de  f intérieur^  bureau  des  ponts-  et  chaussées  ,  et  sauf  les 
changemens  que  la   liquidation  définitive  de  ces    trois   exercices    apportera   aux    résultats  du  présent    état. 


RECETTE     comprenant, 

1".   Le   produit   en   argent  versé   par  la    régie    de  la  taxe  ; 

2°.     Les     produits    versés    oU   restant     à     verser    par    les    fermiers    des 

barrières  ; 
30.  _Le.  moulant  des   travaux  à    la  charge   des   fermiers,   suivant  leurs 

baux.  , 


DÉPENSE     comiitenant  , 

1°.  Let.blissemerifâei  birri'ersi  ,  le's  frais  de  régie,  cCe  p'èVceJuion    de 

la    taxe  ;  ,-     , 

i°.  Les     trais     généraux    de    l'admiuisiration    des    ponts    et    chaussées, 

apfiointeniens  d'ingénieurs  ,  eic.  -   -  • 

3°.  Les  travaux  fails  sur  les  jrouLes. par  les  entrepreneurs  et  lermieis. 


DEPARTElVIÈNfS. 


Ain  ......... 

Aisne . 

Allier  .,...,.. 
AlpÈs!  {  Basses  )  .  .  .  . 
Alpes  (Hautes-  ).  .  .  . 
Alpes-Maritimes   .    .    . 

Ardêche 

Ardennes  ....;. 

Airriege 

.Aube i    . 

Aude 

Aveyroi) 

Bouches-du-Rhône  .    . 

Calvados, 

Cantal 

Charente 

Charente-Inférieure.    . 

Cher 

Correze 

Côte-d.Or 

Côtes-du-Nord 

Creuze 

Dordogne  ...... 

Doubs 

Diôme 

Dyle 

Escaut 

Eute    . 

Eure-et-Loir  .    .    .    .    . 

Finistère 

Forêts 

Gard , 

Garonne  (Haute-)   .    . 

Gsrs. 

Gironde 

Golo    .    ., 

Hérault   ...... 

lUe-et-Vilaine    .    .    . 

Indre 

Indte-et-Loire   ... 

Isère    

Jemmappes.   .... 

Jura 

Landes 

Léman 

Liamone 

Loir-et-Cher  .... 

Loire  (la) 

Loire  (Haute-)   .    .    . 
Loire-Infériètire.   .    . 

Loiret 

Lot 

Lot-et-Garontie.    .    . 

Lozère 

Lys 

Maine-et-Loire  ... 

Manche 

Marne 

Marne  (Haute-)     .    . 

Mayenne 

Meurihe 

Meuse.    ...... 

Meuse-Inférieure  .    . 

Mont-Blanc 

Mont-Terrible  .    .    . 

Morbihan   ..... 

Moselle 

Neihes  (DeùSi-)   .    . 

Nièvre.   ...'..• 

Nord 

Oise 

Orne 

Ourihe 

Pas-de-Calais.    .    .    . 

Puy-de-Dôme    ...    . 

Pyrénées  ('Basses-').  . 

Pyrénées  (HaUies-)   . 

Pyrénées-Orientales  . 

Rhin  (fias-) 

Rhin  (Haut-).    .    .    . 

Rhône 

Sarabre-et-Meuse.     . 

Saône  (Haute-).   .    • 

$aône-et-Loire  ,    .    . 

Saiihe 

Seine  ........ 

Seine^Inférieure   .    ■ 


An    6. 


AM    7- 


An   8. 


D  Ë  P  A  R  t  È  M  £  N  S.  ■  '     •     An   6; 


fr.  c 
5,944  78 
46,o'6o  60 
7,253  32 
6,924  81 
4,574  34 
i56  0 
3,644  6l 

2t,429  49 
6,520  63 
36,395  7*2 
*6,779  '^1 

5,194  8) 
6S,949  62 
66,o52     o 

1,643  o 
13,918  23 
34,600  83 

4,342  46 

5,972  85 
51,879  74 
40,745  5 

2,409  92 

3,812  32 
18,904  o 
34,5o5  o 
68,33 1  86 
21,729  71 
57,8ot  38 
20,004  75 
49,2o3  55 

8,56o  83 
34,395  41 
3 1,432  '32 

2,173  3 
19,564  35 
o  o 
4i,537  ag 
41,061  82 
10,887  19 
28,o38  80 
28,309  94 
43,952  88 
12,887  34 

7,621  26 


16,467  4 

9,070  68 

2,632  3o 

18,461  75 

85,532  12 

14.872  43 

9,439  40 

9-797  72 

17,9'5  i3 

11,188  98 

36,012  57 

66,747  20 

37,449  16 

3,025  45 

64,312  73 

21,484  64 

20,677  2 

5,265  7 

778  38 

14,602  i3 

29,110  53 

11,269  59 

12,960  0 

96,869  63 

69,876  5 

9,859  38 

12,074  ^6 

42,749  42 

5,137  97 

9,436  9 

o  0 

1,22?  29 

52,274  '4 
7,% 12  96 

3o,225    I 

io,68g  3g 
21,043  14 
22,090  8g 
15,906  94 
634,849  72 
43,7^6  19 


/,.■  c. 

295,909  i5 

472,099  77 

ii3,685  54 

22.821  61 

17,953  3 

io,o33  67 

41,520  17 

238,392  .  o 

7g,959  67 

412,148  82 

85,239  i5 

30,624  17 

543.994  2 

546,637  o 

20.354  o 

58.85.4  73 

i3o,556  99 

3 1,836  48 

29,566  95 

264,895  93 

120,244  1  5 

13.278  84 

29,673  61 

71,764  84 

128,118  42 

208,000  o 

89,783  82 

283,270  56 

i5o,3o4  29 

128,993  42 

36,344  8' 

186,362  91 

105,167  83 

32,621  92 

111,855  42 

o  0 

112,721  90 

lgg,iSl  48 

46,264  46 

l3o,ooo  o 

75,oi5  25 

297,784  62 

59,816  54 

5 1,602  2  5 

20,944  86 

o  o 

51,354  71 

52,000   o 

34,679  5 

85,3 II  49 

2'66,448  74 

73,463  59 

54,863  77 

39.986  99 

86,955  37 

65.398  32 

i3o,238  87 

258,198  33 

140,980  16 

39,828  94 

283,125  28 

133,627  44 

62,478  81 

23,3ii  38 

14,826  24 

85,887  .79 

102,927  98 

8i,goi  79 

57,343  54 

504,210  34 

276,846.  46 

84,534  1 

79,421  2 

240,762  90 

34,202  45 

43,493  27 

36,85?  58 

78,o32  81 

223,71s  89 

148,877  28 

192,898  5i 

58.935  26 

II2.S07  gg 

107,018  10 

88.053  80 

1,571.375  32 

363,520  21 


fr.    _  c.   , 

197,780  54 

257,141  96 

74,i56  65 

io,3i9  72 

12,621  66 

7,370  o 

io,i33  33 

lio,568  66 

51,847  78 

2o3,igS  78 

69,646  33 

27,5oo  66 

372,216  66 

356,i66  66 

23,54g  38 

42,125  81 

148,866  66 

22,591  7  1 

27,163  32 

324,192  64 

105,767  54 

20,843  32 

35,253  34 

124,462  17 

1 3 1,894  98 

307,62g  17 

gi,446  22 

287,868  98 

152,021  66 

120, o33  3 

43,587  I 

226,467  gg 

23g, 470  66 

60,866  7g 

164,049  99 

o  o 

'239,007  34 

163,833  75 

61,356  2 

i  49,447  3S 

133,670  49 

308.974  95 

64,451  66 

67,272  10 

62,124  33 

o   o 

49,o5i  88 

102,720  95 

3o,6S9  o 

5i,o5i  97 

194.113  33 

120,166  66 

54,207  52 

3i,33o  25 

112,099  o 

37,587  72 

iig.gâo  g 

232,157  55 

160, 5g6  gg 

37, 659  80 

333,358  10 

i86,i55  92 

78,225  54 

i3.6G6  66 

5,200  0 

107,191  22 

237,40g  69 

92,843  73 

45,727  24 

796.498  7 
341,172  J6 
106,772  68 
164,011  65 
253, 75o  iïg 
35,086  5o 
37.370  0 

38,222  22 

66,492  5 

240,284  O 

287,954.  O 

171,200  0 

I  10,790  72 

108.3-8  33 
206,620  81 
52,28g  o 
72  7,858  69 
485,815  i6 


.'^in 

Aisne , 

Allier 

Alpes  (  Basses-).  .  . 
Alpes  (Hautes-  )  .  . 
Alpes-Maritimes    .    , 

Ardeche 

Aidefines  ..... 
Artiege   ...... 

Aube"" 

Aude 

Aveyron 

Bouches-du-RUône  . 

Calvadoi 

Çania! 

Chaienie 

Charcnte-Iuférieuie. 

Cher 

Correze 

Côie-dOr 

Côte-du-Nord  .    .    . 

Creuze , 

Dordogne 

Doubs 

Drôme 

Dyle 

Escaut 

Eure 

Eure  ei-Loir  .... 

Finistère 

Forêis 

Gard 

Garonne  (  Haute-  )  . 

Gers 

Gironde 

Golo 

Hérault 

lUe-ei-Vilaine    .    .    . 

Indre 

Indre-et-Loire    .    .    . 

Iscte 

Jemmappes 

Jura 

Landes 

Léman 

Liamone 

Loir-et-Cher  .    .    .    • 

Loire  (  la  ) 

Loire  (Haute-  )  .  .  . 
Loire-Iciférieute    .    . 

Loiret 

Lot 

Loi-et-Garonne.    .    . 

Lozère 

Lys 

Maine-et-Loire.    .    . 

Manche 

Marne 

Marne  (Haute-).   .    . 

Mayenne 

Meurihe 

Meuse 

Meuse-Inlétieure  .  . 
Mom-Blanc  .... 
Moni- ierrible   .    .    . 

Morbihan 

Moselle 

Nethes   (Deux-)    .    . 

Nièvre 

Nord 

Oise 

Orne 

Ourthe 

Pas-deCalais.  -  .  .  . 
Puy-de-Dôme  .  .  . 
Pyrénées  (Basses-  ;  . 
Pyrénées  (  Hautes-  ). 
Pyrénées-Orientales. 
Rhin  (Bas-)  .... 
Rhin  (Haut-).    .    .    . 

Rhône 

Sambic-et-Meuse  .  . 
Snône  (Haute-).  .  . 
Siione-ei-Ldite  .    .     . 

Sarthc 

Seine   ....... 

Seine-intérieure.    .    . 


An    7. 


fr-  c, 
28,083  5 
21,-017  ^'6 
2  2,3jg  21 
12,2  i  g  65 
4.354  27 
5,950  58 
7.280  29 
33,i63  41 
5,65o  o 
56.81.7  4 
i5,i83  62 
11,735  i5 
39,626  43 
54.222  94 
14,5/7  3g 
11,398  61 
2  5.3o6  3 
9,469  o 
12.472  35 
5t.387  5 
37,345  62 
43.642  65 
io,3i7  75 
i7,o56  46 
17,961  S 
20,8 1 5  5o 

38.956  8 
26,121  10 
16.461   57 

9,398  29 
3,004  " 
41,600  63 
2.2,662  58 
i2,8oS  95 
17,846  5i 
!o,iog  5o 
99-610  29 
3d,5i5  II 
11,046.  59 
45,g78  57 
26,247  35 

50.957  62 
9,367  11 
8,027  61 


29,565  81 
i5.58r  4 
10.26g  23 
i8,3ii  77 

11g, 6g3  22 
i'4,ii5  45 
19,632  go 

.  i5,i23  90 
g, 224  64 
i2,o63  99 
21,446  39 
52,763  60 
21,546  Sg 
6,608  o 
68,o53  87 
24.901  92 
12.894  i5 
47,345  43 

.    4.741' 4' 

6,484  53 

37,. .'94  89 

t>,oj5  59 

12,960  73 

37.325  b 

67,807  33 

11.577  45 

3,837  49 

34,928  9 

3g.3]6  45 

27,200    32 

9,819  55 

1.652  47 

85,5'.:8  97 

17,511   28 

55,gt2  55 

7-232    <j5 

35,127  82 
;  50,393  b'6 
'6,994  45 
91,605  7 
«8,344  îS 


fr.     c. 
49,204  86 

75,657  74 
37,616  12 

63.3 13  56 
22,764  89 
46. 3, ,3  44 

Il 5,3 5 7  3.> 

2g  754  gS 

2i3,;3g  23 

89.314  68 
47,333  8g 

249,936  g5 

3oo,025  61 

48,461  37 

67,385  'gS 

ii3,38i  ti6 

5 1,553  66 

45,141  46 

210,928  II 

15S.S42  26 

32,408  3i 

42,7'.i5  10 

49,361  gg 

12g, j2I  65 

20.9,861  62 

95,4.' I  78 

104.709  35 

142, oia  5o 

109,209  7 

3i,3o8  ig 

155,9^0  45 

117,08g  81 

4 1,2 5 1  3i 

i3g,432  3g 

14,314  33 

I S  1,64g  I 

i4S,72g  84 

5i,o55  24 

133,09g  60 

153,241  6 

718,679  g 

76,643  80 

50,242  83 

32, -264  64 

6,044.  3i 

76,584  ig 

63,i38  81 
42,033  g5 
86,537  18 

358,488  49 

97.218  98 

68  3i5  97 

45;So/  64 

Si. 762  22 

io3.3i5  44 

1 46^868  7 

252,894  97 

168.47g  5o 

59,839  62 

208.412  17 

145,635  68 

90,780  23 

66,776  83 

25,34g  84 

61,292  42 

112,628  52 

49,281  35 

93,076  21 

360.170  5o 

374,777  66 

100,997  71 

94.751  28 

220,558  54 

63,748  6 

i27iQ25  i3 

46,066  90 

36,465  I  ; 

369.^64  3o 

83,7'67  2 

123,756  10 

76.635  35 

94,5c8  48 

164,446  19 

Il 8,999  9^ 

i,g56,33g  85 

S  7  0,3 11  99 


195 


DEPAllTEMENS. 


An    6. 


An    7. 


An   8. 


DEPAK  TEMENS. 


An   G^ 


An    7. 


An    s. 


Seine-et-Marne. 
Scine-El-Oise.    . 

£êvro3  (Deux-  ). 
Somme  .... 
.Tarn.   ..... 

Var,  .  .  .  . 
Viucluse.  .  .  . 
Vendre   .... 

yieniie 

Vienne  (Haulc-) 
Vosges  ,  .  .  . 
Yoane     .... 

TOTAUX 


Jr.  c. 

g5,g5i  71 

322,474  38 

9,360  5g 

60.7 ti 7  G2 

5,22«  83 

58,738  3-i 

48,897  95 

211,627  go 

j8,i  i5  Sg 

8>3.o8  i5 

43,347  35 


323 
923 

53 
247 

42 

96 
J43 

3'i 
107 

«9 

62 

206 


fr. 
,073 
,160 

,724 
,981 
.682 
,755 
708 
.697 
.972 
.576 
294 
037 


432 
772 

60 
3o5 

33 

.70 
i3i 

îS 
i35 

84. 

!23 

114 


fr.  c. 

.'472  41 

,646  66 

,911  64 

,658  77 

,146  3 

99S  94 

619  66 

,841  66 

,166  66 

,6Sg  99 

,3 11  3 

,gi6  66 


Stine-et-Mârne  .  . 
Seine-ei-Oisc;.  .  . 
Sèvres  (  DfuJi-) .  . 
Somme   .    .    ;    .    . 

Tarn 

Var 

Vaucluse.    .    . 

Vendée 

Vienne 

Vienne  (  Hante-  ) 

Vosges 

Yonne , 

TOTAUX.  .  . 


fr.  c. 
i3o,ooo  o 
416,100  9 
1 1,358  94 
3g,6i8  21 
16,464  3 
60.416  61 
37.692  74 
2  7.8ug  5o 
34,109  42 
10,763  60 
2^.818  36 
70,000  o 


Jg5 
949- 

74 
171 

87 
'-•4 

81 

73 
72 
7S 


fr.  c: 
822  20 
484  60 
347  47 
y  14  17 
1I74  ^9 
,o83  56 
;3.98  2 
.402  93 
,563,  tiH. 

IS.Ï  .2 y, 

o5o  4S 


fr.  c. 
■  27,143  9 
704,360  5j 
3i,3i5  33 
67,769  78 
40,33o  80 
61,020  64 
44.867  o 
45.836  67' 

:  35,Bi5!  401 
28,073  5 
94,9Jo  II- 


III  ij!    jl  ^m^m^'^'—^mfrmm\i    liiiil  III  r[ 

3,223,fi7..:54  1  14,873,203  2^  t,  43*8,95^  â^i 


fr.     c. 
3,317.043  27 


Jr.     c. 
r4,946,9i4  70 


fr.     c. 
14,659,647  gg 


■a 


**r» 


RECEtTE  TOTALE  ,     32,g23,6o5 /r.     q6  c. 


DÉPENSE  TOTALE  ,     24,464,37 â.>.  -'  i-B'^c. 


Annexé    au  rapport  du  conseiller-d''état  ,   de  ce  jour   4  brumaire  an   g  ,  Signé  , 


Projet   d'àrrilé. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du   ministre    tle    l'iniérieuc  ,   arrêtent. 

An.  l""^.  Le  rapport  soumis  au  ministre  de 
l'iniéfietir,  pat  4c  conseilter-d-état  ,  chargé  dss 
ponts  et  chaussées  ,  canaux  ,  etc.  approuvé  par 
le  ministre,  et  par  lui  présenté  au  premier  consul, 
sera  in)primé. 

U.  des  exemplaires  de  ce  rapport  seront  adressés 
à  chaque  prélet,ien  nombre  sutHsant  pour  être 
transmis  aux  sous-préfets  et  à  chaojue  membre  des 
conseils  généraux  de  déparlement. 

IlL  Les  sous-prétcis  et  les  membres  des  conseils 
généraux  ,  examineront  en  ce  qui  concerne  leur 
arrondissement  communal,  les  recettes  et  dé- 
penses annoncées  par  le  tableau  annexé  au  rap- 
port, ils  adresseront  leurs  observaiions  aux  préfets 
qui   les  transtr.etliont  au  uiinistre  de  l'iniérieur. 

Les  in'^énieurs  des  ponts  et  tiiaussées ,  four- 
niront à  cet  eSèt  les.  lenseignemens  qui  leur 
seiont  demandés.    ■  -       '         . 

Le  premier  consul ,  signé.   Bonaparte; 
Par  le   premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé.,  H.  B.  Maret. 

Rapport  présenté  aux  consuls  de  la  république  ,  .par 
le  cit.  Ckaplal,   ministre  de  l'intérienr. 

Les  eiifans  de  rillusire  auteur  de  la  science 
de  la  législaiiorr  ,  Gaetnno  Filangieri  ,  coupables 
aux  yeux  du  gouvernement  napoliiain  ,  de  la 
célébrité  et  des  prmcipes  de  leur  père  ,  ont  élé 
cornpris  dans  la  proscription  qui  ,  jusfju'à  ce 
jour,afrappé  de  si  nombreuses  victimes. 

Ils  sont  jeunes  luri  et  l'autre  ;  ils  ànnoncenf 
des  dispositions  heureuses;  mais  ils  ont  besoin 
tjue  leur  éducation  intcrtompue  s'achève.  Ils  ne 
peuvent,  citoyens  consuls,  compier  sur  un  tel 
bientait  s'il  ne  leur  est  accordé  par  vous. 

Je  vous  propose  d'ordonner  qu'ils  seront  admis 
au  Ptjianée. 

Celte  école  doit  être  préférée  à  toute  autre. 
II  n'en  est  aucune  où  l'on  donne  de  meilleures 
leçons  ei  de  meilleurs  exemples.  Les  jeunes  Filan- 
;4ieri  .  placés  au  milieu  des  enfans  de  l'état  s'y 
tendroirt  bieniGt  dignes  du  nom  qu  ils  portent 
CI   de  la   protection  qu'ils  reçoivent. 

aigué  ,   Chaptal. 

TiONAPARTE  ,  premier  consul  de  la  république  , 
sut  le  rapport  du  ministre  de  l'iniérieur*  arrêle 
ce    qui    suit   : 

Les  deux  fils  de  GaetanoFilangierie,  napolitain., 
sontnomméi  élèves  du  Ptytanéc  français. 

Le  minisiic  de  I  intérieur  est  chargé  de  l'êxé- 
culion  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  17  brumaire  an  9. 

Les  consuls  de  loiépublique  ,  sur  le  rappot  du 
Ministre  de  la  guerre  ,  le  conseil-d'éiat  entendu, 
arrêtent   ce  qui  suit  : 

An.  I".  Il  ne  sera  payé  que  la  moitié  des 
masires  aux  corps  dont  l'eftéciif  ne  s'élèvera  pas 
à  la  moitié  du  complet. 

Il  ne  srra  payé  que  le  tiers  aux  corps  dont 
l'effectif  n'aiteinilra  pas  le  tiers  du  complet. 

Il  ne  sera  pa>é  que  le  quart  aux  dépôts  des 
corps  qui  sont  hors  de  l'Europe  ,  ou  de  ceux 
doni  la  solde   est  payée  par  une  puissance  alliée. 

IL  Le  m.nisire  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté,  qui  sera  imprimé  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 

■par  le  premier  consul  , 

Le  iecrélaite-d'étut  ,  ;igW ,  H.  li.  Maret. 


Arrêté  du    19  brumaire  an  8. 

B0N.1PARTE  ,  premier  consul  de  la  république  , 
SUT  le  rapport  du  ministre  de  l'intérieur,  arrêle  : 

Art.  I"^.  Les  enfans  dont  les  noms  suivent  sont 
admis  au  Pryianée  français. 

Verdier.  Son  père  ,  procureur-général-syiidic  du 
département  de  l'Aude  ,  fut  assassiné  en  1792  , 
dans  une  émeute  populaire  en  exerçant  «es  fonc- 
tions. 

Aîidré  Vilet.  Son  père  ,  maire  de  la  commune 
de  Nuyel  ,  arrondissement  de  Saumur  ,  a  été  tué 
à  la  tête  de  la  garde  nationale  dans  une  invasion 
des  rebelles  en  l'an  2. 

François  Cousin.  Son  père  ,  garde  général  de  la 
forêt  de  Brotome,  est  mort  en  1792,  victime  d'une 
émeute  populaire. 

Raynauld.  Son  père  ,  capitaine  au  13"^  régiment 
de  chasseurs  à  cheval,  a  été  tué  à  l'aflaire  de  Turin  , 
le  7  prairial  an  7. 

Philippe.  Son  père ,  chef  de  la  45=  demi  brigade 
d'infanterie  ,  a  été  tué  à  l'aflaire  de  Novi  ,  ic  28 
thermidor  an  7.  ^ 

Antoine  Dnportal.  Son  père  ,  capitaine  au  40' 
d'infanterie,  est  mort  en  combattunt.  les  rebelles 
de   la  Vendée  ,  le  3o  brumaire  an  2. 

Wendeling.  Son  père  ,  adjuJant-général  ,  a  été 
tué  à  Arcole  le  25  brumaire  an   5. 

Pierre  Gillet.  Son  père  ,  officier  de  la  garde 
nationale  nantaise  ,  a  été  tué  par  les  lebellcs  de 
la  Vendée. 

Nicolas  Semestre.  Son  père  ,  adjudam-major  au 
1"  bataillon  de ,  la  Meurlhe  ,  est  mort  de  sej 
blessures. 

Louis  Chair.  Son  père  ,  sous-lieutenant  dans  le 
neuvième  bataillon  de  la  lorœalion  d'Orléans  , 
est  mort  en  combattant  les  rebelles  de  la  Vendée. 

Alexandre  Boulevilain  -Grand-  Pré.  Son  père  , 
lieutenant  au  bataillon  de  Craon  ,  a  éié  tué  en 
1793  dans  un  combat  contre  les  rebelles  de  la 
Vendée. 

Antoine  Viatey.  Son  père  ,  capitaine  au  premier 
baiaillon  de  Rhône  et  Loire  ,  a  été  tué  à  l'aliaire 
de  Kaisersiauthern  en  l'an  2. 

François  Cl-ermomt.  Son  père  ,  sous-lieutenant  à 
La  11'  demi  brigade  ,  a  été  tué  sous  Mantoue  en 
1  an  4. 

François  Audrieux.  Son  peie  ,  adjudant-major 
au  I"  bataillon  de  la  Correze  ,  a  été  tué  à  l'affaire 
de  Nedenerbach  en  1793. 

Jean-Baptiste  Mouraux.  Son  ,p,ere  ,  capitaine  au 
i^'  bataillou  de  Fianciade  ,  a  été  lue  au  tiége  de 
Landtecy  en  t7g3. 

Ca/en.  Son  |>.ene  ,  agent  municipal  ,  a  élé  assas- 
siné dans  l'exercice  de  ses  foncions. 

Duguere.  Son  père  ,  secrétaire  du  district  de 
Rochelort  ,    a    été    tué    par    les    rebelles   de   la 

Vendée . 

Joseph-Marie  Guérin.  Son  père  ,  sergent  dans 
le  bataillon  de  1j  garde  nationale  de  Pontrieux  , 
a  élé  tué  le  19  pluviôse  dernier  ,  en  combattant 
les  rebelles  de  la  Vendée. 

Antoine- Alexandre-Chéri  Dubédat.  Son  père  ,  lieu- 
tenant de  vaisseau  ,   a  été  tué  dans  un  combat. 

II.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  artêié. 

Le  premier  co7nul ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  cousul  , 

Le  secréihit'e-  U'Ûat .,  tign/é ,  H.  B.  Maret. 


ACTES  A  D  M  ï  H I  %,f  thtXt%. 
MINISTERE    DE    LA  j'tJ'S  fl  C  tf  "■'' 

Lt  ministre  de  la  justice  ,  auft  commùscmes  ixTgqtt- 
vernement  pris  les  tribn^naux  criminels  ,■  t  les  dir- 
recteurs  de  juiy.  —  Paris  ,  te  is'  brumaire  ,  an  9 
de  la  République  française. 

En  vous  confiant  ,,çjto.yeas,, 'les  fondrons  iiii'- 
portantes   que  vous   avez  à  Jcra-plvr  ,  le   premiiit 

consul  a  compté  autant  sur  voSue  vigilaiAeet 
votre  activiié  ,  que  sur  vosiuniieres  c^ .  \  otre 
intégrité.  ■..,■.;._■  _ 

Tout  cime,  cafaciérisé  tel,  par  la  loi,  doit 
être  puni.  Le  gouvernement  vput  que  l'action  ide 
la  justice  crimioelle  s'éieadé  rapidement  sur  tous 
les  coupables.  -  — 

Vous  répondrez  ,  citoyens  ,  à  cette  volonté  pak 
tous  les  moyens  qui  sont  en  votre  pouvoir.  Des 
crimes  qui  intéressent  plus  directement  l'ordre 
public  .  semblent  se  re.nouveler  ■  dans  plusieurs 
départtmens.  Les  grandes  routes  ne  préséntfcnc 
plus  de  sûreté  ,  les  brigands  attaqueut  les  voya- 
geurs ,  les  courriers,  les  voitules  publiques.  Les 
deniers  nationaux,  si  nécessaires  pour  1  entretiea 
de  la  guerre  et  le  service  iatéfieur  ,  sont  pilléà 
journellement  ;  les  comrauniVatioiiS  commeiciales 
sont  interceptées.  Ces  .atteîitâls  ■sonl'dc  naiure  à 
lixer  plus  particulièrement  la  soilieitudc  des  con- 
suls ;  ils  exigent  de  votre  part  ia  j'ius  grande  acti- 
vité dans  les  pouisuiies  ;  cl  sous  ce  rapport,  je 
dois  surveiller  consiammeut''VOtre  marche  et  les 
1  r  grés  de   l'instruction 

pour  y  •parv^Q.ir  ave'c  succ\ès,  j'exige  de  vous, 
citoyens  ,  que  vous  toc  lassiez'  connaître  tout 
délit  intéressant  l'ordre  public',  commis  dans  la 
ressort  de  votre  arrondissenTt-iit  ,  aussitôt  que 
vous  en  aurez  eu  connaissance,  et  ce  qui  aura 
été  lait  pour  en  punir  les  auteurs. 

Pénétrez  vous  bien  de  tout  l'intérêt  queje  nieta 
dans  cette  correspondance  ,  et  de  l'exactitude; 
qu'elle  exige.  Vos  relations  habituelles  avec  les 
directeurs  de  jury  et  les  officiers  de  police 
judiciaire,  vous  mettent  dans  la  position  de  n'y 
manquer  jamais  ;  c'est  à  vous  ,  au  surplus  .  à  sur- 
veiller les  uns  et  à  stimuler  les  autres.  Par  eux 
vous  devez  tout  savoir  ;  par  vous  je  iiois  étra 
instruit  de  tout.  S'il  survient  quelque  obstacle 
qui  anête  le  cours  dé  la  justice,  vous  m'erx 
donnerez  connaissance  ,  pour  que  je  pui.sse 
concourir  à  le  faire  lever.  Vous  m'apprendrez 
sur  quel  tribunal  s'est  portée  l'option  des  accusés- 
Si  quelque  coupable  avéïé  ,  par  une  indulgence 
plus  coupable  en-core  ,  échappait  à  la  vengeance 
des  lois  ,  vous  recourrez  aussitôt  at,i  tribunal 
suprême  ;  il  y  va  du  repos  et  de  la  tranquillité 
pubhque. 

Telle  est  ,  citoyens  ,  la  volonté  du  gouverne^ 
ment.  Vous  conformer  à  ce  qu'il  prescrit  pour- 
l'utilité  générale.,  est  un  devoir  sacré  pour  vous: 
je  n'aurai  donc  jamais  à  vous  y  rappeler  ;  et 
j'espère  que  dans  les  rajipoits  que  vous  iivs 
mettrez  à  portée  de  faire  journellement  au  gour 
vernenient  sur  l'état  de  la  justice  criminelle  ,  le 
premier  consul  ne  trouvera  jamais  que  des 
motifs  nouveaux  pour  vous  conserver  la  con- 
fiance dont  il  vous  a  investis. 

Salut  et  fraternité  , 

Signé  ,  Abrial. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Le  6  brumaire,  les  mousses  de  ITnvincible^mouiÛé 
en  rade  de  Brest  ,  étant  à  taire  lexcicice  ,  CbacW» 
Moussant,  tomba  de  la  hune  de  mizaiiie  à  la 
mer  ,  après  s  être  lait  une  forte  contusion  à  un 
œil,  sur   la   cariure   d'uA  aianlclei  de  sabord  de 


195 


la  batterie  de  54.  Le  cit.  Yves  Morvant,  contrç- 
niaîire  à  bord  de  l Invincible  se  ttouvaru  à  portée, 
s'élance  à  la  mer  tout  habillé  pour  sauver  ledit 
Cliailes  Houssant,  qui  était  près  de  périr.  Il  eut 
le  bonheur  de  l'atteii)dre  ,  et  le  prenant  dans 
ses  bras,  il  le  conduisit  à  bord  de  la  chaloupe, 
descendue  sur  l'un  des   eôtés   du   vaisseau. 


Nous  avons  annoncé  hier;  que  le  collég-e  de 
France  reprenait  ses  cours  le  21  de  ce  mois. 

Les  professeurs  sontcLalande,  doyen  ;  Cousin, 
Portai  ,  Mauduit ,  Bouchaud  ,Darcet,Bosquillon  . 
Caussin  ,  Cournand  ,  Lefêvre-Gineau  ,  Dupuis  , 
Gail ,  Levesque,  Perille  ,  Selis  ,  Corvisart  ,  Au- 
dran  ,  Cuvier  ,  et  Deiametherie  ,  adjoint  du  ci- 
toyen ^uvier. 

—  Hier  pendant  la  nuit  ,  et  presque  toute  la 
journée  ,  un  vpnt  d'ouest  très-violent  a  régné. 
Vers  les  1 1  heures  du  matin  .  1  ouragan  est  devenu 
furieux  :  il  a  renversé  beaucoup  de  cheminées. 
Beaucoup  de  personnes  ont  été  blessées  par  la 
chnie  des  pierres  ou  des  tujîes  qui  tombaient  de 

foules  parts  dans  les  rues.    ; 

—  On  écrit  de  Colmar  que  le  citoyen  Kerpf  , 
professeur  de  dessin  ,  a  présenté  aux  commis- 
saires chargés  de  l'exécution  d'un  projet  de  mo- 
tiument  à  la  mémoire  de  Kleber  ,  un  morceau 
parfaitement  composé  et  du  meilleur  style.  On 
ne  doute  pas  qu'il  ne  soit  accepté  ,  et  qu'on  ne 
commence  à  l'exécuter  dès  que  les  souscriptions 
seront  remplies. 

—  Un  capitaine  suédois  vient  de  faire  l'essai  , 
en  présence  de  l'académie  des  sciences  de  Sioc- 
kt)lm  .  d'une  machine  à  l'aide  de  laquelle  on 
fait  deux  copies  à  la  fois  d'un  ouvrage  ,  et  .  si 
l'on  veut  ,  en  formats  différens  :  cela  n'exige 
que  l'espace  de  lems  qu'on  emploie  ordinaire- 
ment à  faire  une  seule  copie.  L'épreuve  a  mérité 
les   éloges  de  l'académie. 


par  lui-même  ,  et  qui  ne  les  connaît  que  pour  lés 
améliorer  ,  conçoit  le  projet  de  se  faii'e  repré- 
senter auprès  des  sourds-muets  parde»  admtnistra- 
teurs  dignes  de  transmettre  à  ces  enlans  infor- 
tunés sa  surveillance  et  sa  tendresse  paternelle  ; 
aussitôt  le  nom  de  Béihune-Charost  vient  hono- 
rer   cette    administration.   Déjà    cette   institution 

I  ressentait  la  douce  influence  d'un  choix  si  hono- 
rable ;  et  je  voyais  se  réaliser  toutes  les  espé- 
rances que  donnait  partout  la  présence  de  ce 
soleil  vivifiant,  quand  la  mort  est  venue  répandre 
le  deuil  autour  de  moi  ,  et  jeter  dans  une  afflic- 
tion profonde  des  enlans  déjà  si  malheureux ,  et 

iqu'une  perte  si  difficile  à  réparer  rend  orphelins 
une  seconde  fois.  C'est  donc  avec  eux  que  je 
devais  ici  mêler  au  deuil  universel  le  juste  tribut 
de  mes  larmes. 

Ce  citoyen  recommandable  ,  dont  la  perte  est 
si  digne  de  nos  pleurs  éternels  ,  laisse  au  milieu 
de  nous  un  nom  qui  sera  à  jamais  respecté  .  sans 
doute  ;  et  le  «ouvenir  consolaieur  de  ses  lou- 
chantes venus  demeurera  gravé  dans  nos  cœurs. 
La  renommée  les  publiera  ,  si  l'on  veut  ,  jusque 
dans  la  postérjié  la  plus  reculée;  mais  est-ce  à 
cette  récompense  si  fragile  ,  que  doit  être  borné 
le  prix  de  tant  de  vertu  ?  Est-ce  pour  ce  faible 
dédommagement  que  pouvait  agir  cet  homme  si 
solidement  éclairé  ?  Non  ,  sans  doute.  Il  éiait 
inlimement  convaincu  qu'il  y  a  une  antre  v,ie  , 
et  un  dieu  rénumérateur  dont  les  yeux  sont 
ouverts  sur  le  juste,  qui  compte  ses  œuvres, 
et  qui  leur  destine  une  récompense  éternelle.  Les 
vœux  et  les  larmes  de  tous  les  infortunés  qu  il 
avait  soulagés  l'auront  précédé  devant  le  trône  de 
lEiernel  ,  et  lui  auront  servi  de  cortège.  Il  y  aura 
paru  avec  la  confiance  qu'inspirentdcs  jours  pleins , 
et  une  vie  entieie  consacrée  au  bonheur  de  Ihu- 
manité. 


LIVRES       D 


éloges  que  lui  méritent  la  pureté  d'intention  qu'o^ 
voit  partout  animer  sa  morale  et  ses  réflexions ,  et 
la  chaleur  avec  laquelle  il  a  traité  quelques  pas- 
sages bien  difficiles  a  rendre  dans  nos  mœurs  , 
je  ne  dois  point  déguiser  qu'il  m'a  paru  que 
cette  harmonie  même  de  style Ta  jette  quelque  ioié 
dans  une  abondance  d'images  et  de  descriptions; 
également  nuisible  à  la  variété  de  la  diction,  et  à 
l'intérêt  de  faction  principale. 

Ces  taches  qu'un  peu  plus  de  correction  efTacerait 
aisément  ,  notent  point  à  l'auteur  le  mérite  qrn 
dans  mille  autres  cndroitsdéceleson  talent  d'écrircj 
et  il  serait  à  souhaiter  qu'en  l'exerçant  sur  de  senj- 
blables  sujets, les  écrivains  de  nos  jours  travaillas- 
sent comme  celui-ci  à  perfectionner  la  morale  pat 
les  efforts  de  la  sensibilité.  A.  A. 


GRAVURES. 

Henri  Lalour  d'Auvergne  de  Turenne  ,  maréchal 
de  France  ,  portrait  en  pied  ,  gravé  au  burin  , 
présenté  au  premier  consul  Bonaparte  ,  qui  en  a 
accepté  la    dédicace. 

Celte  estampe  ,  de  dix-huit  pouces  de  hauteur 
sur  quinze  de  largeur  ,  a  été  dessinée  et  gravée  , 
d'apiés  le  modèle  de  Dardel  ,  sculpteur ,  par 
Boutelou  ,  sourd  et  muet  ;  elle  est  parfaitement 
belle.  Il  nous  semble  difficile  d'obtenir  du  burin 
un  effet  plus  vrai  et  un  ensemble  plus  harmo- 
nieux. L  attitude  du  héros  a  de  la  dignité  et  du 
naturel  ;  ses  traits  sont  saisis  avec  fidélité.  ;  le  cos- 
tume a  toute  l'exactitude  désirable.  Cette  estanipe 
se  trouve  chez  l'auteur  ,  rue  Hyacinthe,  piés>|a 
porte  St.  Jacques  ,  n''  536. 


COURS     DU     CKANGh. 

Bourse  du  19  brumaire. 

à  3o  jours.      I  à  ço  jouis. 


Les  Nuits  Eljiséennes  ;  par  J.  A.  G.  ;  avec  cette 
Un  remarque  que    l'académie  des    belles-     épigraphe  : 

°     '""  '   '"       '  '  "  Per  arnica  silentia  lunœ. 


lettres  de  Stockolm  a  éié  obligée  de  renouveler 
la  proposition  d'un  prix  pour  la  meilleure  ins 
cnption  à  faire  sur  la  Bourse  de  cette  ville. 


Discours  prononcé  à   la  cérémonie    des    Tunérnilles 
du   citoyen  Bethunc-Chnrost  ,     (un  des    adminis 


'ViRG. 
De  l'imprimerie  de  P.  Didot ,   l'aîné. 

Je    n'entreprendrai   point   de    donner  ici    une 
analyse  détaillée  de  l'ouvrage  qui  vient  de  paraître 
sous  ce  titre  ;  il   rae  suffira  de   faire  connaître  le 
une  nature  à  n'être 


irateurs  de  l  institution  nationale  des  sourds-muets  I  genre  de  cette  composition  ,  d' 

de  naissance  ;  par  te  eitoyen  Sicard,  directeur  de  I  bien  jugée  que  par  les  lecteurs. 

telte  mstituttiin.  i        /  '^ 

p  ;      L'auteur  des  I^uits  élpéennes  paraît  avoir  eu  en 

«-•ITOYENS,  I  vue  bien  moins  de  composer  un   roman  frivole  , 

Au  milieu   de  ce    concert  de  louanges  si  jus-  I  1^^   ^^  j^'^''  <J3ns  un  cadre  assez  étendu  ses  idées 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg. 

Madrid 

Effectif. 

Cadix 

Effectif...... 

Gênes  effectif 

Livourne w  . 


Bàle. 


561 

■57 

190 

18S 

4tr.9n  c. 

14  fr.70  c. 

4  (r.  goc- 

14  fr.  40c. 

4  (r.  70c. 

5  Ir.  IQ  c. 

au  p. 


temeni  méritées  ,  qui  viennent  de  retentir  dans 
cette  lugubre  enceinte  .  en  faveur  de  cet  homme 
SI  Ciiiinsn  ment  verit)«ux  ,  q.  i  emporte  dans  la 
tombe  les  regrets  de  tous  les  infortunés  dont  il 
e:ait  le  père,  de  tous  les  amis  de  l'humanité 
dont  il  était  le  modèle,  qu'il  me  soit  permis, 
a  moi  qu'il  honora  d'une  amitié  particulière  ,  qui 
fus,  SI  long-tems,  le  témoin  de  l'effusion  de  sa 
bitnfcsance  ,  de  faire  .entendre  aussi  ma  faible 
VOIX  ,  et  de  payer  à  sa_  mémoire  le  tribut  de 
reconnaissance  que  je  lui  dois  ,  et  en  mon  nom  , 
et  au  nom  de  cette  classe  si  intéressante  quil 
venait  d'adopter. 

Le   bien  pubhc  était  le  but  unique  des  pensées 
habituelles  de  celui  que  nous  regrettons  ;   il  rem 


sur  la  vie  solitaire  ,  telle  qu'ont  pu  la  goûler 
d'abord  une  petite  fjmille  séparée  de  toute  société, 
et  puis  un  seul  membre  de  cette  famille  que  ses 
malheurs  ont'encore  isolé  sur  la  terre.  Suivons-le 
dans  la  division  qu'il  s'est  lui-même  tracée  dans  ces 
cinq  Nuits.     ' 

Nous  voyotis  dansia  première,  un  jeune  homme 
habitant  les  environs  des  montagnes  de  lOccitanie 
qui  ,  en  les  visitant,  rencontre  un  étranger,  facile 
à  reconnaître  pour  tel  par  la  singularité  de  son 
habillement  et  de  ses  manières.  Cet  homme  l'ac- 
cueille ,  lui  parle  ,  et  c'est  dans  ces  conversations 
qui  ont  lieu  chaque  nuit  qu'est  renfermée  l'his- 
toire du  solitaire. 

...  -  „  .   Il   nous  transporte  dans  un  désert  de  la  Syrie 

plissait  soii    ame  toute  entière.  Il    ne  voyait   que  1  où  les  événemens  de   sa  vie  et  la  description  de 
cet  objet  dans  toutes  les  conceptions  de   son  es-     ces  climats  font  !a  matière  de  la  seconde  et  de  la 
pru  ;   auc^un  obstacle  ne  1  arrêiau  ;   aucune   diffi-     troisième  Nuit.  Dans  la  quatrième,  il  exprime  ses 
n  zèle  ;   il  se   multipliait  en  .  regrets  et  donne  à  son  jeune  ami  des  leçons  de 


affaibli: 


quelque  sorte  ;  son  nom  était  à  la  tête  tie  toutes 
les  listes  des  bienfaiteurs  de  l'humanité  ;  on  eût 
dit  qu'aucun  genre  de  bien  ne  devait  se  faire  dans 
cent  grande  cité  .  sans  l'influence,  sans  le  con- 
cours de  cette  ame  expansive  et  brûlante;  aussi 
toutes  les  voix  le  nommaient  toujours  ,  d  un  ac- 
cord unanime  et  comme  par  inspiration  ,  à  la 
présidence  de  toutes  les  sociétés  de  bienfesance  , 
des  arts  et  de  littérature.  Les  artistes  de  tous  les 
étits  .  les  infortunés  de  toutes  les  classes  se  grou- 
paient autour  de  lui  comme  des  enfans  Sensibles 
e^  reconnaissans  se  groupent  autour  de  leur  mère. 
Tous  le  connaissaient,  tous  répétaient  son  nom 
avec  attendrissement.  La  mère  infortunée  ,  dont 
la  retraite  obscure  et  pauvre  n'avait  pu  échapper 
à  son  active  bienfesance  ,  le  redisait  à  sa  famille  , 
comme  celui  d  une  divinité  tutélaire. 

Le  ministre  de  l'inlérieur,  dont  les  yeux  sont 
«ans  cesse  ouverts  sur  tous  les  établissemens  uti- 
les de  son  dépatieraent,   qui.  veut  les  connaître 


sagesse  ,  à  la  vue  de  la  dévastation  et  des  ruines 
d'une  ancienne  ville.  Ces  réflexions  sont  suivies 
d'un /rafmên/ contenant  l'abrégé  d'un  système  sur 
la  formation  et  la  durée  du  monde.  Sans  entamer 
une  discussion  sur  les  principes  qu'il  renferme, 
principes  que  je  suis  très-loin  d'adopter  dans  leur 
entier. Je  dirai  que  le  but  de  ce  système,  tendant 
à  inspirer  de  l'amour  et  de  la  bienveillance  pour 
tous  les  êtres  créés  ,  est  présenté  avec  des  déve- 
loppemens  ingénieux. 

La  cinquième  Nuit  qui  termine  cet  ouvrage 
contient  un  rêve  dans  lequel  le  narrateur  croit 
entendre  de  la  bouche  de  l'asiatique  lui-même  , 
le  récit  de  la  fin  de  sa  vie  ,  et  des  peines  qu'il 
souffre  dans  un  lieu  d'expiation. 

Cette  partie  de  l'ouvrage  est  traitée  d'une  ma- 
nière neuve  ,- et  la  teinte  sombre  qui  y  règne  , 
porte  un  caractère  de  mélancolie  qui  toucfie  et 
élevé  tout  à-la-fois. 

En  donnant. à  l'auteur  de  celte  brochure  les 


Effets  publics. 

Rente  provisoire s3  fr.  75  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.  3o  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  66  c. 

Bons  d'arréragé. 85  fr.  5o  c. 

Bons  pour  I  an  8 92  fr.  gS  c. 

Syndicat. 83  fr.  5o  c. 

Coupures. 83  fr.  5o  c. 

Act.  de'5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  3o  fr.  5o  c. 

SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  RepuBLiqpE  et  des  Arts. 
Aujourd.  Fraxitelle, oféii  en  un  acte,  et  le  ballet 
de  ta  Dansomnnie. 

Théâtre  de  là  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  7'  repr.  de  TJméo ,  opéra  en  trois  actes  . 
suiv.  A'Augustine  et  Benjamin. 

Théatredes  JEUNES  ÉLEVÉS, rue  deThionville. 
Auj.  la  Gouvernante  ;  la  fausse  Apparence  ,  et 
Cassandre  comédien. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Le  ï2  ,  l'ouverture 
de  la  salle  restaurée. 

Théatrede  la  Gité-'Variétés.  — P<7ni07nim«v' 
Aujourd'hui  la  6"  repr.  de  l'Amour  aux  Petites- 
Maisons  ou  Us  Fous  hollandais  ,  folie  ornée  de 
chants  ;  Louise  ,   et  la  Fille   hussard. 

•Théâtre  DU  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  Robert,  chef  de  brigands,  pièce  à  grand 
spect.  ,   préc.    de  ^Enrôlement  supposé. 


VEILLEES   AMUSANTES   DE   LA  CITÉ. 

Auj;  20  brumaire.  Fête  et  bal  depuis  7  heures 
jusquà  minuit.  A  neuf  heures  ,  de  jeunes  enfans 
donheront  la  2'  représentation  de  l'Avocat  et  le 
Ltrari  ,  comédie-proverbe  ,  préc.  de  l  Orpheline 
de  village. 

Le  billet  d'entrée  est  de  deux  francs  ,  et  d'un 
franc  pour  les  enfans  au-dessus  de  huit  ans. 

L'administration  reçoit  de?  abonnemens  pour 
les  bals  de  chaque  mois. 


L'abonnement  se  fait»  Paris,  me  des  Poitevins,  u»  .8.  Le  prix  est  de  î5  franc,  pour  trois  moi.,  5o  fraeci  pour  six  mois,  et  100  franc,  pour  l'année  entière.  On  nt 
s'abonne  qu;,v  commencement  de  cliaque  moi.. 

llfau,  adresse.  iesleuresttrarg=n.,francdeport,aueit.AcASSE, propriétaire  de  cejournal, rue  des  Poitevin,, a«  .8.f  Ifau.tomprendre  dan.  le.  envoi,  le  port  de. 
pay»  ou  1  on  ne  p'utaffr,  ichir    Lr  ,  leUres  -^es  dépanemens  non  affr.inct,ies  ,  ne  seront  point  retirée,  de  la  poste. 

lltautavo.rsom  pou,,, lus  de. ûrele,  décharger  celle,  qui  reufe.menLdes  valeurs,  .(adresser  tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de  la  feuille,  aH  rédacteur,  rue  de. 
Foitevini,    n     i3,  depuis  ^enf  heure,  dumatinjusqu'à  cinq  neurcs  du  soir. 


A  Pa  ti  s,  d(.  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  a"  j3. 


GAZETTE  NATIONAL^  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


N"  5i. 


Primedi  ,    2 1    brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  soTOtaes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  datet  d'ù' '7*. 'NiVôsé  lié, _'M^  le  seul  journal  ojficieL     '!"  „  ''"^  "'■'■.'' 

n  cpntienc  les  séances  des  autorités  constituées ,,  les  accès  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  années  ,  ainsi'  que  les  faits  et'  lés  hotidns  tAntàùr'  ' 
l'intérieur  que  stir  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  miniscériçiles.  ,  .^1  .1:  .  ,»,.;.,.:  ,/<,      ,.  ; 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ;aaJc  art*S  et  aux  détouvertes  nôuV^elles. 


I 


Ë  X  TE  R  I   E  U   R. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  i" novembre  Mo  brumaire.) 

JJans  les  »ept  premières  années  qui  précéderfnt 
la  guerre  de  17S6,  c'est-à-dire  de  1749  ^  '755., 
jl  fut  vendu  Sob.GsS  lêtes  de  gros  bétail  à  5miih: 
field,  ce  qui  lait ,  lerme  moyen  ,  72,374  par  an. 

Dans  les  sept  années  de  guerre  ,  c'est-à-dire  de 
1756  à  1762  ,  il  er!  tut  vendu  au  même  marché 
604,499,  —  c'est  86,357  pour  une  année. 

Dans  les  sept  années  suivantes  ,  c'est— dire  de 
1763,  à  1769  ,  la  consommation  fut  de  552,298, 
dont  la  moyenne  proportionnelle  est  de  78,895 
pour  un  an. 

Il  est  donc  prouvé,  par  rapprochement  ,  que 
la  consommation  est  plus  grande  en  tems  de 
guerre  qu'en  tems  de  paix  ,  et  nous  devons  en 
conclure  que  la  disette  que  nous  éprouvons  est 
due  piincipalement  à  la  prolongaiion  de  celle 
guerre.  Il  est  de  fait  que  les  3oo  mille  hommes 
employés  dans  nos  années  de  terre  et  de  mer, 
consomment  quatre  fois  plus  de  nourriture  qu  ils 
n'eussent  fait  .  s  ils  étaient  restés  dans  leurs  atté- 
liers  et  à  la  charrue.  Combien  ensuite  de  pro- 
visions perdues  par  nos  vaines  expéditions  ] 

Notre  dette  nationale  s'est  accrue  dans  ce  siècle 
de  492  millions   sterling. 

Elle  était  en  170e  de     16  millions. 
1715  de     55. 
1740  de     78. 
-    1763  de  146. 
1783  de  239. 
Elle  est  aujourd'hui    de  5 10  millions. 
Ou  12  milliards  240  millions  de  francs. 
(  Extrait  du  M/irning-Chrortictt  et  du 
M orning- Herald.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  20   brumaire. 
Le  génétal  Beithier  est  de  retour  à  Paris.         ; 

—  Le  Journal  de  Farit  ,  donne  les  détails  siii- 
rans  sur  les  accidens  produits  par  le  violent 
ouragan   du  18. 

Près  de  l'ancienne  église  dite  de  Saini-Gervais  , 
un  homme  a  eu  la  Jambe  cassée  par  un  morceau 
de.  plomb  qui  s'est  détaché  des  toits  de  cette 
église. 

Un  ouvrier  est  monté  sur  le  champ  sur  les 
combles  pourretenir  un  autre  morceau  de  plomb 
qui  menaçait  également  do  se  détacher  ;  il  a  été 
cniraîiié  par  son  poids  .  et  est  tombé  lui-même 
dans  la  rue  ;  il  a  plusieurs  fractures  ,  et  on  l'a 
perlé  de  suite  au  grand  hospice  de  l'Humanité. 

Dans  la  rue  Neuve -des -Bons  -  Enfans  ,  une 
femme  a  eu  la  icic  ouverte  par  une  tuile  ;  elle  est 
blessée  irès-grievement. 

Dans  la  rue  de  la  Fraiernité,  une  autre  femme 
2.élé  tuée  par  la  chute  de  plusieurs  plâtras  qui  se 
sont  détachés  du  haut  dune  maison. 

—  Les  douze  membres  qui  forment  le  noyau  de 
la  société  libre  des  arts  ,  ont  procédé ,  il  y  a  deux 
jours,  à  la  nomiiiaiion  de  douze  autres  membres. 

voici  les  n.  ins  desartistes  sur  lesquels  sont  tombé» 
les  sufffa'^es  :  les  citoyen*  Vien  ,  David  ,  Leihiers  , 
Girodel  ,  peintres;  Mniite,  julien,  Chaudet  , 
Rolland,  sculpeurs  ;  David  -  Leroi  ,  Durand  , 
architectes  ;  Bervvick  et  Blol  ,  graveurs. 

—  Dans  la  décade  dern'ere  ,  un  citoyen  ,  chargé 
de  reiirer  des  effets  engagés  dans  la  maison  de 
prêt  du  citoyen  Peltier  ,  laisse  tomber  en  sortant 
deux  billets  de  la  caisse  des  comptes  courans  ,  de 
5oo  fr.  chacun  ,  roulés  dans  quatre  reconnais- 
sances de  la  maison  de  prêt.  L'enlant  du  ciioyen 
Aubert, marchand  de  cannes  au  bout  de  la  galerie 
dn  théâtre  de  la  République  ,  trouve  le  paquet 
dans  celte  même  galerie  ,  et  le  porie  à  son  père  , 
malade  dans  son  lit. 

Le  perdant  revient  à  la  maison  de  prêt  ;  il  y 
fesaii  entendre  ses  gémisscmen»  ,  lorsque  I  on  voit 
lou-à-coup  enitir  l'épouse  du  ciioyen  Aubert, 
rappotlani  la  trouvaille  de  son  enfuii.  Le  perdant 
t'est  acquitté,   pat  une   récompense    pécuniaite 


donnée  à  I|'êhfant,et'én  témoignant  au  citoyen 
et  à  la  citoyenne  Aubert  l'estime  que  ip^rilje 
leur  probité.  ^  '  , 

—  Une  affaire  d'autant  plus  importante  qu'elle' 
intéresse  ,  en  premier  ordre  ,  le  commerce  et 
l'industrie  dont  elle  sappait  la,  base  ,  enidétriiir 
s^ni,  U  confia,pce.  qui  jes  alimente  ,  yieni  d'être 
soumise  4  un  jtçjy  spécial.  Il  s'y  agissait  .dçJaux 
en  biillets  de  commerce.  Divers  effets  avaientiété 
en  circulation  dès  J'ari  7  ;  trois  seulement  d'entre 
eux  motivaient  l'acte  d'accusation  .  el  Anne 
Détot  éuit  accusée  d'êire  auteur  ^n.fabricateur, 
ou  connpiice  de  la  fabrication  de  ce^r.effets ,  et  de 
les  avpjr  mis  en  circulation.  Le  juty  ..en  écartant, 
l'idée  que,  l'accusée  fût  elle  -  niêm.e,  1  auteur  des. 
faux,,  l'en  a  déclarée  complice  ,,  a- vu;,  dans, leur 
ùnise  en  circulation,  rinÇeniion  du  ctime.,  et  le 
tribi^nal  a  proiioncé  contre  Anne  Déîot ,  la  peine 
desijcans  de  réçlusipn.  .,..^ 

'  ~"  .'^^^  professeurs  du  cqllége,  naiioiial  dp 
Branc'e  ,  ont  tenu  le  19  brumaire  tai  séance  pu- 
bhqùe  de  leur  rentrée;  voici  les  lectures  qui 
y  ont  été  faites  : 

T°.  Sur  la  sanction  proprem.enl:  dite,  de-la  Loi 
Naturelle;  parle  cit.  Bouchau^,  ,  .,- 

2°.  LHistpire.de  l'Astronomie  dansl'an  8 s- par 
le  cit.,  Lalande.  -  i  .;     .■     ^  ■..  1;  ,  ,  j  , 

3°.  Un  Mémoire  sur  les  osSetMeWs'd'eâpéces 
quadrupèdes  perdues  ;  parle  cit.  Guvier. 

4°.  Des  Réflexions  sur- Ovide;  par  lè'cïioyén 
Se  lis.  ■■  ■" 

5°.  Des  Observations  sur  le  Traiié  de  la  Chasse, 
de  Xénophon  ;  par  le  cil.  iGail. 

6".  La  Méiamorphose  dé  Daphné  en  laurier  , 
imtlée  d  Ovide  ;   par  lé  cil.  Cournand. 


C  O  N  S  E  I  L  -  D'  E  T  A  T. 

i(,-      '  y-Ac:  ,1  IVJ    1! 

Suite  du  rapport  et  projet  de  loi  sur  ftnstf-uction 
publique  ,  présentés^  au  canuil- d'état ,  section  de 
l'intérieur  ,  par  J.,  A.  Ckaptai. 

%    P  R  ÉrM  I  E  fi. 

Vne  instruction  première  est-elle  nécessaire  à  tous  ? 

[  „I1  n'est  aucun  peuple  d'Europe  qui  ne  soit 
iaùjourd  hul  bien  é|oigné  de  ces  formes  primi- 
tives oti  les  besoins  ,  presque  nuls  ,  peut-être 
imaginaires,  pouvaient  être  saiistails  sani  efforts. 

Les  ans  ,  le  commerce  ,  l'agriculture  ,  tout  est 
chez  nous  l'ouvrage  des  lumières;  et  l'instruc- 
tioo  doit  placer  la  génération  qui  s'avance  ,  au 
moins  au  niveau  des  connaissances  de  ceHe  qui 
finit.  ■ 

On  peut  donc  regarder  l'insiruciion  comme 
l'effet  ei  le  besoin  de  la  civilisation  :  elle  doit 
donc  être  proportionnée  à  son  état  ef  à  ses 
progrès. 

L'instruction  doit  être  encore  rnodifiée  selon 
la  nature  du  gouvernement  qui  régit  le  peuple: 
les  lumières  créent  et  soutiennent  les  gouverne- 
raens  représenlalifs  :  elles  les  préservent  des  at- 
teintes du  fanatisme  et  des  Secousses  de  1  igno- 
rance ;  elles  les  entourent  de  force  ,  de  con- 
&<tnce  ,  de  soumission.  Mais  on  doit  cacher  la 
lumière  à  un  peuple  esclave  .-  elle  serait  poiar 
lui  le  signal  de  l'insurreclion  ,  ou  le  sentiment 
douloureux  de  son  oppression. 

En  descendant  jusqu'aux  derniers  degrés  de 
l'ordre  social  dans  un  gouvernement  représen- 
tatif, on  éprouve  par-lout  le  besoin  de  linsiruc- 
lion  ,  puisque  tous  sont  appelés  à  voter  pour 
le  choix  de  leurs  magistrats  :  celui  qui  ne  sait  ni 
lire  ni  écrire  ,  est  déjà  dans  la  dépendance  de 
celui  qui  possède  cet  art. 

§     I   I. 

Tous  demandent-ils  le  même  degré  d'instruction  ? 

L'insiruction  publique  doit  avoir  pour  but  prin- 
cipal ,  de  donner  à  chacun  les  connaissances 
nécessairespour  remplir  convenablement  les  fonc- 
tions auxquelles  il  est  appelé  dans  la  société. 

Parmi  ces  fonctions  il  en  est  de  communes 
à  tous  ;  et  il  en  est  de  particulières  aux  diverses 
classes  d'individus. 

Les  fonctions  communes  sont  celles  sur  l'exer- 
cice desijuelles  reposent  les  droiis  de  cité  :  elles 
demandcnl  ,  dans  l'état ,  une  éducation  générale, 
commune  à  lous,  et  qui  se  borne  A  l'an  </'^rn'r( , 


lire,  chiffrer,  el  aux  prertiieres  notions' batotfi'" 
natssancesidu  pacte  social.  '"    ■•■■'■'  " 

Lesifoiictions  particulières  sont  celles  qui ,  dis-  ' 
Iribuânf  les  hommes  par  i:lasses  dans  la  société',    ' 
les   appliçi'dent  à  divefs  emplois  ',"  et  subviennent,  ' 
^ux  besoins   de  tous  p(àr  tmé'sa.ge   distribuiiqn' 
des   facullés   de   chacun.   Il  faut  donc  à  chaque 
individu  des'  études  '  ou   une    insiruclion   parti- 
duliere  ^seloni'l'état    qu'il   embrasse  v'^le 'méiièk"' 
(|u'il  pratique' Ou  la  profession  qu'il  exerce.        '  '     • 

I  Dév'elqppoiis  ces.  îtlèes  -en'  les  appliquant  p'ia ' 
société;    ■'    '■'-^ '■        ■    .ji  os  El   .»...   . -,  . ,    M!' 

i.  .S'  iio.HS;  jefons   un  coup.jd'œjl,  surla  compo-  \ 
S|ition     d'une    riombreuse,flatio^j,. dont  tpus   les 
ijnembr^s.  sont  liçs  par  un  pacte, pomraun,. nous. ,, 
en  verrons  tous  les  individus' placés  à  des  po.Sii,eifc 
d'utilité  publique  :  el  le  gouvernement  leroieust,, 
organisé,  le  peuple   le  plus, heureux  ,    est   celui 
où    chaque  individu    est    à  'sa  .place;     oti    nul 
ri'a  été  laissé  hors  des  rangs;  "où  lés  professions  ,' 
sont  honorées    dans    lotis    les    degrés  ;  et   ofl  le 
gouvernement,  qui  veille  à  lotit ,  maintient  rhat-  ' 
monie'.'idàris  toutes  les  parlies,   el  garantit  à  cha- : 
que  élerneiil  du  corps  social  tous  les'droiis  que  lui 
donne  lé'cdnirat' d'association.  '         ' 

En„pariant  de  ces  principes  ,  Klnsrruction  dpit,' 
être  très-iijégale  ;  car  tous  les  élats  de   la  soçifie,,' 
n'en, ont  pas   un  égal  besoin  :  il  çn   est  ,  et  c'est 
le   pltis  gra.nd  nombre  ,   oti  la  société  ne  ,réclaniç: 
que  l'ernploi   des   forces,  physiques,^.  Le  -gouver-,, 
nement    ne    dpit    donc,    dans    ce    cas-ci  ,  1  que 
l'insiruction    cominune     ou     générale  :^et,^  au,,, 
sortir    des    premières    écoles,    les  jeunes    gêna: 
qui   se  destinent   à  des  professions   mécaniques , 
doivent    rentrer    dans    la    maison  ;  ou     dans  les 
ateliers  de  leurs  pères,  fiour  s'y  former  de  bonne 
heure   à    la    pratique    des    métiers    qui    drivent  ^ 
assurer  leur  subsistance.  Il  est  à  la  fois  de  l'inléi-^t'^f 
de    l'état    et  de   celui   de   l'individu    de    bofiier 
là  son  éducatioh  :  ce   principe  ti'a   pas    |}esciin 
de  développement. 

Mais,  comine  le  corps  humain  n'est  pas  totit., 
composé  de  bras,    le  cprps  social  ne  saurait  être 
uniquemeiit  formé  d'artisans  ou   de  laboureurs. 

II  y  existe  plusieurs  professions  qu'on  ne  peut 
bien  exercer  qu'à  l'airie  de  connaissances  plus 
ou  ihoins  j^éndues'  :  il  serait  tout  aussi  irripo- 
liiique  de°''ne  pas  s'occuper  de  fournir  à  ces 
derniers  des  moyens  d'instruction  cbnvepables  , 
que  d'appeler  à  une  éducation  soignée  les  in- 
dividus qui  sont  consacrés  par  élal  aux  plu» 
rudes  travaux  de  la  société. 

Celte  seconde  classe  comprend  non-seuleiaeti^j 
tous   les  hommes   qui  aspirent  à  se  placer  honor  . 
.rableraent  dans   les,  premiers  rangs  de  la  socié,té  . 
pour    y  payer  un   tribut   de,  service    public  dans 
une  profession  quelconque  ,   mais  elle   embras,se  > 
encore    tous    les    indiyitlus    qui  ,  nés    dans   l'ai- 
sance ou  placés  à  la  iête,  ci\in' grand   éublisse-;, 
ment ,   ou  d'une  liche  exploitation   rurale  ,veuV 
lent  diriger  leur  conduite  par  des  connaissances, 
et  travailler    à   perfectionner  leur  art  ou   à  sim- 
plifier les  procédés  d'exécution. 

Mais  toutes  ceS  professions  ont  encore  des  ' 
bases  communes  ,  puisqu'il  est  des  connaissances 
générales  applicables  à  toutes;  et  c'est  pour  les 
acquérir ,  qu'on  doit  placer  ,  au-dessus  des  pre- 
mières écoles,  des  écoles  préparatoires  à  l'élude 
des  arts  libéraux,  dans  lesquelles  on  enseigne 
les  principes  communs  à  toutes  lés  sciences.  Ces  >' 
écoles  peuvent  être  considérées  comme  les  écoles 
primaires  de  toutes  les  professions  qui  suppo- 
sent de  l'itisiruction  ,  el  de  celle  classe  nombreuse 
de  la  société  qui  cultive  les  ans  ou  les  sciences 
plutôt  par  goût  que  par  intérêt  ou  devoir. 

En  sortant  de  ces  écoles,  chaque  individu  fait 
choix  d'un  état,  et  cherche  à  s'établir  au  poste 
où  il  croit  être  le  plus  utile  ou  le  mieux  placé. 
Ici  commence  essentiellement  l'organisalion  ^0- ' 
ciale  dans  la  partie  qui'  lient  de  plus  près  à 
l'intelligence  :  ici  résident  les  principes  de  vie 
qui  vont  animer  loules  les  parties  du  corps  social;  ' 
et  c'est  de  la  distribution  qui  se  f:iit  en  ce  mo- 
ment ,  que  dépendent  la  bonté  des  services 
publics,  la  force  du  gouvernement  ,  la  pros- 
périté publique  ,  la   gloire  de  la  nation. 

Le  gouvernement  doit  ouvrir  el  préparer  à  cha- 
cun la  carrière  qu'il  veut  parcourir  ;  ri  doit  lui 
procurer  les  moyens  nécessaires  pour  acquérir 
l'instruction  convenable;  et  il  ne  peut  s'acquit- 
ter enverslui  qu'en  établissant  des  écoles  spéciale» 
où  chaque  profession  toit  enseignée  avec  détail. 


Les  dlvért^  "  degtéî'  âe  '  rinstruction  publique 
doivenl  donc  correspondre  aux  grandes  divisions 
qui  s'oBservent  dans  îe  corps  social';  el  s'il  nous 
était  permis  de  suivre  une  comparaisgii  g^ui  peul- 
êire  n'est  pas  étrangère  au  su)et,  nous  dirions 
que— Ae-cor^ps- *<*Giai-,-6en>H»e  le-eoips  humain  , 
a  des  bras  ,  des  organes  ,  et  un^  princip^e  d,ç 
vie  qui  en  anime  téitiïT*'^  l'è^sottiiVi'rafdfè  tWil", 
po^)ji5j.],a  ^^p;ç^j,ié.'^lt«^Vd«  ('liaf  nippiei^iii;  tejjne 
entre  toutes  les  parues. 

^     I  I  I. 

Le  gouvernement   doil-il  salarier  l  instruction  ? 

Da rî s  1  oTi t  gouvernement  fepiésëniâtTr,  Te  pre- 
'"i-fi'f^Êgf^eittiS.ftStf^ÇWn^  esf  nécessajre  A\}ii>us  :■ 
c'est  donc  une  dette  puljiUque  qtril:  nàppaftietit 
qu'alla  sociéjé  cl'açauuierf,  Saj^s,,  c^(a,-;^,  Sç^'iprei- 
mîèi  avaiTlase  ?era)t,,.Pp'^')''ç,f  J*^  J;?V'?*rî"  ^î  Ç?>F''4r: 
si^e  d'un.Détif  nomDrâ,^  et  nnég'alii'e  ,  îa  dépen- 
da''feé",  , 's  efab'i iraient  sur  les  pr^.ie.res  n^atdhes 
dejl  édifice  social,       //  ,,  ,,  , 

Le  secqnçijdfgré  d',l«siruction:  n'çst  plus,,;,  à  la. 
véfjté  ,  le.,besQiu,  d«,.mus,  ;,  mai?  cjaniine.rinléiêl 
public  est  étr.oii^mept.i.ijé  :^'SOn  eiisteace  ,  puis- 
qu'il doit  fournir  des  lirunmes  distipgués  pour 
tous 'les  séi'vVc^s  ,  ïa  soi'ietè  doi't  'a'isurér  et  rnulti- 
plier  ces  moyens  d'instruction.  On  peut  rigoti- 
reuseriïéiît  cbrtSi'dérer'téiecûièS  cdiilttia  uHe'édu- 
cai*i<in-i^épà'i'àtbiti(î"lk5'ur-'les  sciences  ,  eôrnme 
lei'-'WhiabJèS'éeâlcîà'^ftStliaire's  dël'pr'éTèssîotis  li-' 
bài^to't  'et  ,:sdà%''Wnfi!''teâi'ii)î^"<irtà',  là'  Société 
diJi<Jlé^saiatier'.>'"^Vuo..    Ai;  :  9up,.M..rj    y...     . 

uv        ,».     .  ,.:  •,-.:iM[  i'.-'.'i   ,  :,.>qU3'i    -     .jjin.v,; 
T.experience.  a,  prouve  que  la.  SQrpme  modique 

dé  24  francs  ,  'exigée'  de   chaque  é.lçve   pat,  la  ioi 
du'3'biumai're  an''4' ,  n'a  pas  pu  être    pe,rçi,e  .,  ,i_,t 
à  "rendu    les   écoles  désertts.   D'ailleurs  ,  jà^  où 
.se  trouvent  le  premier  intérêt   de  l'éiat  ,    doivent 
dis'p'ârattiè  tQu,tcs  les  petites  considérations  dune 
cc'ono'rïîie  deprécratdce.  Tàiir  (es  sources  de  l'ins- 
truction, ou  ,   ce  qui  revient  au  même  .  nepas 
l'ôÉfn'r  a  t'ous',   c'est  coiiper  les  veirjes.du  corps 
po'lîliq'ue  ;   c'est  éteindre  tout  principe    d'action  , 
loiit  moyen'  de  perfectiontiement.  Ne  pas  rendre 
l'iïiytiuctiori"  première   gratuite,  c'est  inSposer  le 
pgre  de'  famille"'à    la   déchargé    dit   célibataiie  ;  1' 
c'est    frapper   la    population   jusqties    dans"  son  ' 
germe  ;    c'esll  'doiiner  le  scandale  dé  la'  dé.rriora-  f 
liîà'fiDn.  ■      '  "  '    '"'      ■       "    ■  ■      '    "     '    '■  I 

Eh  !  qu  on  ne'  dise  pas  'qu'en  rendant. cçs    se-  ! 
cô'rides  étfides„ faciles ',  on  peut  enlever  à.l'agri-  ' 
ctîl't'iire  et  "aux  aieliers  les  bras  dont  ils  ont  besoin,  j 
Min  ,   ouiie  que  ces  instiwtions  sont  toutes. dans  ) 
It's"' villes  ,  les  dépenses'  ci'entretien  ,  insépnrables  ' 
d  une   telle    éducaiion  ^   en   éloigneront    toujours 
les''enfaiis  des  âitisans  dont  les  forces  s'appliqirent 
de  bonne  heure  ,  avec  avantage,  aux  travaux  du 
nMiiér  dé  leafs  Jliei'ès.  D'ailleors  nous  avons  pour 
nous  Tc-xpérieiice  des  collèges  où  ,  quelque  pu- 
blique qu'y  fût    l'éducation  ,   on    d'à  jjtmais    vu 
déserter  les  ateliers  pour  y  courir. 

K'fais  le  salaire  des  instituteurs  .consacrés  à 
l'ètistignemeut  dans  ces  deux  premiU.s  degrés 
d'instruction  ,    doit-il    être   pris   immédiatement 

.  dàùSle.  trésor  public  ?  Cette  question  cessera  de 
présenier  aucune  difficulté  ,  si  l'oncpnsidere  que 
rmipot  V  dont  le  contribuable  vote  la  levée  et 
dont  il  surveille  le  bon  emploi ,  ne  porte  plus  avec 
iùi"  brtfeun  caractère  qui  lé  rende  odieux.  Il  de- 
vient' une  tha'rgé  lotalc  ,  librement  consentie  , 
d^rit  le  produit  passe  tout  entier  et  presque  sans 
intermédiaire  ,  du  contribuable  à  l'instituteur. 
Il-n'eSt  pas  douteux  ,  d'après  toutes  ces  considé- 
rafions  ,  que  les  frais  de  1  instruction  dans  les 
deux  preiÀiers  degrés  ,  ne  doivent  être  payés  par 
les  seuls  contribuables  de  l'arrondissement  ;  mais 
pour  concilier  l'intérêt  public  qui  veut  une 
instrtiction  assurée  ,  avec  ce  mode  de  fournir  â 
ses  frais  ,  il  faut  prévoir  et  écarter  avec  soin  tout 
c Ce  que  rintrigtie  et  quelques  considérations 
dintérêt  de  localité  pourraient  présenter  d'obs- 
tacles à  l'exécution  de  cette  mesure  ;  nous  cro- 
yons qu'on  y  parviendra  en  prenant  partie  des 
frais  des  écoles  primaires  ou  municipales  sur  les 
sentimes  additionnels  de  l'arrondissement  ,  et 
partie  sur, les  revenus  ou  sur  une  rétribution  de 
la  municipalité  elle-même.  Une  semblable  con- 
sidération nous  a  arnenés  à  faire    concourir  l'ar- 

"  rondissement  et  le  département  à  supporter  les 
dépenses  des  écoles  communales.    .      :;jo,; 

Par  ce  moyen  ',  li  demande  fdtmëe'''plaif  l'es 
conieils  municipaux  ,  pour  l'établissement  des 
écoles  municipales  ,  est  soumise  au  conseil  d'ar- 
rondissement, qui  l'approuve  ou  la  rejette,  selon 
qu'elle  est  plus  pu  moins  fondée.  Ainsi  la  dis- 
tribution de  ces  écoles  se  tait  de  manière  à  assurer 
rinstruction  sur  tous,  les  points  ,  Sans  que  le  far- 
dçau  de  la  dépense  soit  inégalement  réparti.  On 
suit  la  même  rn^rclie  pour  les  écoles  communa- 
les ,  dont  la  degaaode  ».  f9fmé:€.paè  les  conseils 
d^îrrondissemjSflJ,j,iSSMPUp»iseau  conseil  général 
de  département:,  ,,1  :,o  j. ;'-.,::.    t: 

Nous  avons  distingué  un  troisième  degré  d'ins- 
truction, consacré  à  l'enseignement  spécial  des 
cpauaissances  néc.essaires  à  quelques  prolessions  : 
ici  ,  les,  études  prépairent  à  l'individu  des  moyeiiu 
dp  subsistance }  et  la  société   ue    doit  pas   plus 


198 


'fonrrffr'aux  frais  de  cet  èriTèlgnënient;,  qu'à  l'à'p'-  ;  ne 's'ens'ëig'ne'n't  :' uxi''maître  cTuoIT  municfpaJe  sit 
preiitissage  d'un  mé.tj.er.  Néanmoins  ,  comme  il  .  donc  un  ami  que  le.-per.e  de.  faniilk;...admel  î. 
laut  des  élablissemens  qui  offrent  la  réunion  de  partager  avec  lui  le  doux  towi  de  l'éducatioa 
tous  Iç^.  moyens  néCQ's63^re,S;.pp,^r , pouvoir  2.ST't  de 'spn  hls  :  il 'doit  donc  avoir  tou;e;sa  do'ti* 
querii'  une  bonne  instruction  ,  le  gouvernement  fiance  ,  mériter  toute  son  estime, 
doit  préparer,  surveitler-er-assureT  l'enseigne-  j  f,e  maître  d'école  ne  peut  donc  opérer  quel- 
iT'?V;^^'^°"  ?.^^"g""  ^«'.^'"iVr^-fJ™,. ':;"'. '^°f.-l'qa«'  bien  que  par  la  confinée  qu'on  lui  porie  ; 
Vendable  ,  garantir  au  professeur  et  a  I  eleve  la  :  ^i  nulle  autorité  ne  peut  commander  à  ce 
ihberife  riecessaire  ,  écarter:. tous  les.  çbstacles  ;  ne,,  .senfi^nent  .  et  sihterposer  ,  cnmmel  fffse';-è'fitfe 
permettre  1  exercice  ues  pr,ofessions  dehcaies ,- sur  jiç   père   et    l'instituteur     :     la    force    du    Go^uverj;^ 

neiucnt  ne  serait  pas  ,  d'ailleurs  ,  suffisante 
pour  contraindre  un  chef  de  famille  à  tfoilfiir 
son  fils  à  l'homme  qu',1  méscst'me  ;  ce  sac.ri- 
ficlT'iî'est  pas  de  ceux  qu'on  petit"  exiger.  Uni  ' 
gouvernement  sage  doit  resserrer  ,  ^de  lo.u.t  son^ 
pou^tfir  ,  le  nœtid  dés  familles ,  IJitn  lojÇ  d&[ 
Vç  briser  ;  il  doit  les  considérer  comme  les 
jlremiers  éiléaiens_  du  bonheur  social  ./et  ne 
|)as   perdre"  de   vue   ciué   la  où  il    n  y  a   p'as   de 


lesquelles  le  public  ne  peut  prononce'r  que  par 
si|.i,iç.  d  une  t;xpérience  ,louj,oui:s  dangereuse  à 
acquérir,  qu'après  avoir  obtenu  certitude  de  ca- 
pacité. Le  gouvernement  doit  faii-e- plus  encore-; 
il  assurera  à  chaque  professeur  un,  salaire  niO;, 
dibiiè'^'.  t^ai's  néàni-ndins  sufljs:yii  .piâ'ùr  l.e  'rendre 
i^a'^JFéfidâîit' dé"ies  'élevés  .  et  lé  iiietir'e,,  (lacs 
tbus  les  cas ,  au-dessus  des  besoins  et  dé' là  cor- 
ê,ap\ipnf.,  Tîfij.no.i.i  i  -Iq  iii^ici.'ii  aiifille  snU  -  - 
Ce  traiiewierM  mixte  nous  pâ'falP 'l'é  Or'ai  nfô'yeii' 


lamjlle  . 


que 


tae  trauemem  mixte  nous  paraît^  ïe  vrar  m-oy.en     ram]jie  ,     11    ri  y  a   pas 
a'allitt'^l'intérêt'de  l'élevé  à' l'iriiéVét  dtl'jjfofésst'u'f.'l' il    n'y"  a'   pas   dé   cité. 
En  <;tfêt  ,' nous- voyons  dans   toùiéi  fcs' classes  dé  1  publique  ,    ni  esprit  publ 
la  soeiéTé','ét-dan-s  lîous  Ics' genres'Bèlproressi'àft's',' 
que   la   plupart  'de  ceux  qui'l'es  oîercenl  lie  fô'nl 
des  fiffons  qu'autant  que  leur  propre  inlëtêt  lésy 
contraint  1  ainsi  ,    lé   professeiii>'qUi  '  a  un 's'^taire 
invariable  asSu'rè   par   le  gouveprféto'ent  ,    tt  'q'.ii 
n'ailend  auBuii^  rétribution  deTa';^art  de  ses  élt- 


de    ciié  ;,&%    que   1^  oà 
jlè'iit  exisieV'  iJi  'ié-* 


fcAl 


Ainsi  ,  respédier  le  pouvoir  des  pères  ,' fc^ 
touîer  d'une  protection  presque  illimitée  cé(tC"| 
première  màgi,straiure  ,  poser  les  bases  dû  ^dtt-  ■' 
veriieméfit  patefiitl  dans  le  sein  n/êilifr'  dtiï  ' 
familles:  !  voilà  ,  je  pense  ,  les  vrgis'  princiip^s 
d'utie,  bonne.  ;ct  sage  administration.  .  •'; ,  1  :i  :  i 
ves  ,jne  s'iritéres'se  plus  égalértlén'l'ni  à'ieur  norn^pi'  ;  Le  gouvérnremenl  doit  .donc  protéget-et.rauJ- j, 
bre  ni  àltfUrs  progrès  :  il  esf'en'  cela  bien  diffé-' jj  tipiier,  les  lapporis  .du    père   à   l'eufani.;  iJ  i^bit.. 


rent  de  celui  dont  les  émoKimens  doiVeni  êfi'é 
fournis  par  lés  élevés  ;  car'  dès-lors  il  n  a  de-ies| 
s,outCe  que  ddns- letir  nombre  ," 'cjU'H  sait  devoir 
èire  proportionné  à  la  bonié-de  ses  IcçonS'  é't''â^' 
l'exactitude  qu'il  met  à  remplir  ses  devoiis.  D  ail- 
leurs ,'ré')ipétience  nous  fi  appifs  ,  et  Smith  rap- 
porté d'après  élie, "que  les  rrieillcures  écoles  spé- 
ciales de  l'Euiopé  sont  celles'dù  1e  professeur  re- 
çoit,  par  la  contribution  des  élevés,  l'a'  majeure 
partie  de  son  traitetaent.; -'"^  •"•""""•'     ■'       ■  -"i 


par    conséquent  ,  intéresser  les   pèrçs  £yi ,  choix 
des   instituteurs   primaires  ,    et   laisser   à    chaque 
ville    ,    bourg    ou   vili.ige  ,    le    droit   de    confier 
l'éducation    de    Icuis   eniàns    aux   seuls    irisiiîii-   ' 
teuri' qu? 'olit'  leur    estime.  .  ,    ,  . 

Les  écoles  sÈiiondairés  ou  cbinrmmaUs  sdnt 
déjà  mofns  domestiques  ,  pour  ainsi  dire  ,  qtiC 
les  ifititiicipàlés  ;  lés  jeunes  gensqui  s'y  présentent , 
n  ins'piretit  plti^  aux  paréus  les  aif^-ctions  ré- 
Seîvéés    à   la    lUîble.sse    du    p'remiér   âge'   :    leur 


Nous  croj-ons  ce^é'ùddii?4lè'*?)i?*  f)%}n'er''ceVte      'j'^;'^^'' '■'-r!^  mo'"s    nêèéssaires  ;     l'eil- 


mRi»iejê  de  ifaire  salarie-r  tès-'-pro'l'eSsenrs  'jfiar  Tés 
élevés ,  à  celles  des  écoles  spéciales  qui  ehseignérit' 
une  grofessioalucrative  ,  et., donnent  lé  pouvoir 
exclusif  de  la  pratiquer  :  tellessani;  cellesjde  légis- 
lation e-t  d.e  mé.dççiije.  Qjiant  aux  autres  ,>les  unes 
ne  fendent   qu'à  perfeciioiiner    les   sciences   dont 


lies  s'occupent,  ou  à  former  ce  qu'on  appelle  des  I ''°™'"'=s  probes  ,  éclairés  ,  vertueux  ,  et  s 
màfe'i^j/yfes -n  offrent  'iucùné  perspective  de ,  ".PP°"e -' ^  ce' sujet  .  au  choix  que  peuvt 
ortune-,  elles  ne  présenteiltliF'él'èVequ'uneoccu-     ""■^.  '^'^u"    de    s-èS    coticiioyens    que    1  opini 


fo  . 

patioh.digne   d'iin  philosophe,     et   cajjabfe   de 
porter  quelques  rayonS  de  ttwiïieredans  les   a-fts"-,' 
sans  se  borner  àaucun  :  telles  sont  Lécole  d'his- 
foire  naturelle  ,  celle  des  hm^ues  ,  etc. 
,T  /■  ■'.,    ;  -i.      ■■  '  A  ' 

Il  est  d'autres  écoles  spéciales  qui  ne  sont  géné- 

ralera(;nl, destinées  que  poù.r.une  classe  peu  for--) 
tunée  de  la  socjété  5  celles  de,  imusiq'ue  et  déliés  ' 
des  arts  mécaiiiqucsi.sonlde  :ce.  .honvbre..  L'artiste 
dont  le  fils  a  méri:é  d'être  reçu  dans  ces  écoles  , 
sacrifie  volont'^ri  aa.'foriune  modiiivje  pour  1')  en- 
tretenir: mais  il  serait  au-dessus  de  ses  forces  de 
payer  uno  tétiibution  pour  le'ptdfesséur.       * 

Nous  pouvons  distingué!'  Une  troisième  classe 
d'écoles  spéciales  ,  donrle  but  est"  dé  former  des 
élevés  pour  les  divers  services  publics  :  ici  ,  I  in- 
téiêt  bien  connu  du  gouvernement  veut  que  non- 
seulement  les  professeurs  salariés  par  le  trésor  pu- 
blic, mais  que  les  élevés  en  reçoivent  une  légère 
indernnité.;  car  l'élevé  n, est  admis  dans  ces  écoles 
qu'après  uu  examen  préalable  ,  se'ule  manière 
d  attacher  aux  services  publics  tout  ce  qu'une  gé- 
néi;ji,^,OA,p^çsente  de  talerjs  distingués. 

■  ob  sli-j   ;   ;•'  §    I  V- 

,  •     ,■         ,:B  !5  .h  1  • 

Quelle  part   le   gouvernement  doit-il  prendre  daits 
V  instruction  publique?  1 

L'effet  de  l'éducation  sur  l'esprit  public-est  si 
gép.éralement  senti .   que  chaque  gouvernement 
s'efibfce  de  l'organiser  à  son  gré;   presque  par- 
tout ils   nomment   les    professeuis  i    prescrivent 
le  mode  et   la,  nature   de  l'enseignement  ,  .  dési^ 
gnént  les  seuls   ouvrages -(jui    doivent   êtremls 
eatW   les    mains   de -la  jeunesse  ,    et   s'emparent 
avec  soin    de   .toutes   les  voies    par  où   pourrait 
pénétrer  quelque  principe  subversif  de  l'autorité 
p.ablique.  Cet    état  habituel   de   vigila.oce  et   de  | 
contrainte    est  la  plus   sûre   sauve-garde  de  tous  I 
les  vieux  gouverneçnens   de  1  Europe.  Blâmer  en  j 
eux  cette   active    prévoyance  qui  écarte  tout  ce 
qui  peut  éclairer    un  peuple  soumis ,    serait  leur  ; 
taire  un  Cfime  du  soin   de   leur  propre   conser- 
vation.   Les     gouvernemens   représentatifs  ,    qui 
n'ont  plus  les  mêmes  craintes,  ne  sauraient  suivre 
la    même   marche  :  loin  de  fuir   les   lumières,  ils 
doivent  les  provoquer;    elleç  sont  à  la  fois  leur 
force  etleurgloire.    - 

Mais  jusqu'à  quel  point  peut  s'étendre  le  pou- 
voir du  gouvernement  sans  gêner  la  liberté  publi- 
que ?  Cette  grandeqnes  ion  ne  peut  être  éclaircie 
qu'en  suivant  progressivement  les  degrés  d'ins- 
truction  que    nous    avons   déjà    établis,   et   nous 


i^rlemént  doiit  ils  ont -besoin  en  ce  momem  ,  • 
neptiit  plus'  être  jtigé  ott  dirigé  par  le  pl(ïS'-| 
grâftd  nOinbt'é  des  pères  de  famille.  Sous  tottï' 
les  rapports  ,  -l^'-pèrt-  'abandonne  T  sans  peine  *'■' 
à  djes'  personnes  :  instruites  ,  le  soin  dé  donner 
à  son    fils    un  instituteur  capable;    il  désire  des. 

et  s'en 
ent 


publique    désigné^  ,'coa»«i«j.  .bons    juges    en    ce 

''  Les  instituteurs  des  écoles  communales  doivcn 
donc  être  choisis  pat'  un  Jury  :  mais  il  faut  garantit 
te  choix  dé  l'in'fluence  des  préventions  ,'  de  la  né- 
fccssité.  de  le  lixer  sur  des  hommes  médiocres  ; 
etj'ai  tâché  _  d'écarter-  tous  ces  inconvéniens 
dans  l'organisation  d-u  mode  que  je  pro- 
pose. 

A  mesure  q(«e  nbus^pous  élevons  danj  la 
carrière  de  l'insTrucliou  pubJÎViue  ,  la  nomina- 
tion des  professeurs  devient,,  de  pKtj  en  plus 
imponanie  ,  et  beaucoup  plus  difficile  ,  en  ce 
que  la  concurrence  des  hommes  capables  ée 
resserre  sur  un  très-petit  nombre.  Ici  la  répu- 
tation désigne  à  l'autorité  les  personnes  qui 
ont  des  droits  à  occuper  des  places  de  pro-, 
fesseurs  ;  mais  les  meilleuis  juges  dans  cette 
matière,  sont'  les  professeurs  de  l'école  èll'e- 
même  ;  tir  ,  dhtre  les  connaissances  plus  6\x 
moins  parfaites  tju'ils  ont  de  l'individu  ,  il» 
sont  tou,s  intéressés  à  appeler  dans  leur  sein 
les  seuls  hommes  qui  peuvent  donner  à 
leur  école  le  plus  de  Considération  et  de  cé- 
lébrité. 

Dans  tous  les  cas  ,  le  gouvernement  doit  cori-' 
fîrmer  les  présentations,  et  investir  le  candidat 
du  titre  nécessaire  pour  exercer  des  fonction» 
publiques. 

Mais,  comme  tous  les  professeurs  d'une  école 
publique  doivent  ,  non-seulemeut  à  leurs  élevés, 
raais  à  la  société ,  l'exemple  de  toutes  les  verïus 
ci.yiles  .  il  faut  trouver  le  moyen  de  mainienis.-'' 
dans  tout  le  système  de  linstrueiion  publiqaev' 
ce  caractère  de  décence  ,  cette  conduite  de 
probité,  ceue  pratique  constante  de  vertus 
domestiques  et  civiles  ,  qui  forment  pour  l'élevé 
la  véritable  éducation  morale;  et  nous  penson*. 
qu'une  surveillance  active  de  la  part  du  gou-' 
vernemertt,  le  droit  de  destituer  les  professeurs 
d'après  l'avis  motivé  d'un  jury,  peuvent  seuls  pro- 
duire l'effet  qu'on  désire. 

Une  autre  sorte  de  pouvoir  çfue  le  gdùver- 
nem^ent  peut  exercer  sur  toutes  les  écoles  de 
1a  republique  ,  c'est  le  droit  incontestable  quliii 
a  de  faire  des  réglemens  pour  assurer  une  bonne, 
orgaiiisation  dans  toutes  les  branches  du  système 
de  l'instruction  publique.  Il  doit  sans  doute 
laisser  à  l'administration  intérieure  de  chaque 
école,,  le  soin  de  graduer  l'instruction  de  manière 
à  la  rendre  la  plus  profitable  possible;  il  doit 
laisser   à  chaciue   individu   le  droit  de    présenter 


luciion  que   nous    avons  ûeia    etauiis  ,  el   nous  .  i-s   Tir>ri;^r.  a'\,.  ;„„  ■    1    ■  r---'^- 

:   .„;.   ,  -1  1  ■        J        '^  portion  a  cnseiunement   qui    lut    est   confiée 

a  traiterons    principalement  sous  le  rapport  du     Hanq   l'orHr-   „,,,  1„,   ^,.  ;,    1       7  «-"nnee  , 

choix  des  instituteuis  -'■  -  dans     ordre   qui   lu    parait   le   plus   avantageux 

s    nsntuieuis.  pour  1  eleve  :  mais  il  s'aàsurera  que  chaque  pro- 

Une  école  municipale  n  est  que  le  supplément  tesseur  est  à  son  poste  ;  qu'aucune  branche  d  ins- 
de  cette  premieire  éducation  aorae;lique  où  les  tructiou  n'est  en  arrière  ;  que  les  époques  des 
mœurs  el  les  .affections  s'inspirent  plutôt  qu'elles  '  cours ,  les  jours  et  l'hetire  des  leçons  sont  marqué»' 


et  observas;  que  la  décètice  l'Ègne  dans  l'école; 
que  les  élevées  y  conservent  ce  respect  religieux 
qu'on  doit'  aux  persorines  investies  du  droit  d'en- 
seigner. Le  gouvernement  fera,  à  ce  sujet,  tous 
les  réglêmens  qu'llcroira  convenables,  et  il  en 
surveilitita  l'exécuiion. 

(  La  suite  demain.  ] 


Discours  par  le  citoyen  Dritjon  ,  secrétaire  de  t» 
Mairie  du  dixième  arrondissement  de  Paris  .  It 
7  brumaire  an  g  ,  jolir  de-  la  célébration'  d'é 
la  pompe  funèbre' du  citoyen  Bethune-Ch.aro^t\ 
décédé  Maire  dei  ^çet  /fr^pn4issement  ,  le  5  dit 
môme  mois.,  .j,._,3   ^yp 

C  I  T  O  Y  E  N  S' ^i- ■■.:.•:. :^ 

Je  n'entreprendrai  pas  de  peindre  les  verlu^ 
qui  ,  toujours  ,  ont  caractérisé  l'homme  de  bieti 
qiie  clia'cun  dé  nous  pleure  ici  ,  et  que  la  sô- 
ciélé,  é'nl.iére  regrette  :  la  lâche  serait  aisée,  il 
est  vi'ai  ,  si  je  pouvois  ajouter  quelque  chose 
à  cV  que  la  commune  renoAlmée  en  publie 
chaifue' jour  ,  et  à  ce  quT  vient  d  être  si  bien 
expiimé  i^ar  les  divers  oialeurs  qui  m'ont  pré- 
céi?è'-Mai«  cela  mest-il  possible  ?  Il  n'appar- 
lèhoit  qu'à  l'éloquenie  amitié  de  taire  le  pané-' 
gVriqtie  d'un  mortel  si  précieux;  la  timide  re-' 
connaissance  veut  seulement  jettec  quelques 
fleurs    sur  sa  tombe. 

0  souvenir  doux  et  cruel  !  Qjielques  mois 
se  sont  à  peine  écoulés  après  la  journée  à 
jamais  mémorable  du  l8  brumaire  ,  Cjue  le 
gouvernement  protecteur  ,  sous  lequel  nous 
corhraençons  à  jouir  des'  douceurs  de  la  paix 
intérieure  ,  institue  ,  pour  la  maintenir  ,  un 
nouvel  ordre  administratif  ,  composé  de  tout 
ce  qu'il  y  a  de  plus  pur  et  de  plus  vertueux 
dans  la -grande  Nation.  Beihune-Gharost  ,  ce 
zélé  partisan  de  la  paix  ,  en  quelque  lieu  qtje 
sa  modestie  le  cache  ,  ne;  peut  échapper  à  i  œil 
observaieur  et  perçant  du  premier  magistrat  de 
la  république  ;  les  vertus  civiques  et  morales 
de  son  admirateur,  ont  élé  jusqu'à  lui.  Amant 
de  son  pays,  il  doit  être  utile  à  l'état,  à  ses 
ctincitoyens  ;  il  est  élu  maire  de  cet  arrondis- 
sèmehi. 

Le  ig  germinal  suivant  ,  il  siège  dans  cette 
salle ,  oià  tant  de  fois  ,  depuis  ,  nous  fûmes  té- 
moins oculaires  de  sa  générosité  ,  de  son  extiême 
bienfesance  ,  qui  parfaitement  secondées  par  le 
zèle  infatigable  de  ses  deux  estimables  colla- 
borateurs animés  comme  lui  du  désir  de  soulager 
l'humanité  souffrante  ,  diminuaient  chaque  jour 
la  somme  des  indigens  ;  dans  cette  salle  oii  ,  pat 
ses  écrits  ,  ses  utiles  travaux  ,  il  sut  prouver  à 
.^tous  qu'il  était  l'héritier  des  vertus  du  grand  Sully, 
dont  le  généreux  sang  coulait  dans  ses  veines  ,  et 
notamment  de  cette  maxime  auguste  :  Que  i'agri- 
(Hlturê et  le  commerce  sent  les  deux  mamelles  de  l'état:, 
dans  cette  salle  enfin  ,  où  nous  entendîmes  si  sou- 
vent et  avec  tant  de  plaisir  ,  bénir  son  nom  de 
louies   parts. 

Ah  !  pourquoi  n'avoir  pu  conserver  que  six 
mois  ,  sous  nos  yeux  ,  un  modèle  si  rare  de  toutes 
its  vertus  politiques  et  sociales    !    que  dis-je  ,  six 

mois  ?  Ils  ont  passé  comme  un  jour  ! Il  nous 

semblait  être  encore  au  premier  qui  l'avait  amené 
dans  noire  sein  ,  comme  un  ange  tutélaire  et  con- 
solateur. Par  sa  tendre  sollicitude  ,  chacun  de 
jioai  (rouvoit  en  lui  son  appui  ,  son  père  et  son 
meilleur  ami  ;  aussi  chacun  de  nous  se  fesaii-il 
un  plaisir  bien  plus  qu'un  devoir,  d'écouler  ses 
•onseils  et  d  exécuter  ses  volontés  :  la  chose  était 
facile  :  i!  ne  conseillait  et  ne  voulait  jamais  que  le 
bien.  Il  elait  sur-tout,  d'une  telle  délicatesse  dans 
les  obligations  qu'il  contractait,  qu'il  serait,  si- 
non impossible  ,  au  moins  bien  difficile  de  citer 
son  semblable  sous  ce  rapport  ;  et  à  ce  sujet  ,  je 
ne  puis  laisser  plus  long-tems  ignoré  un  fait  qui 
ajoute  à  la  gloire  de  sa  vie  privée. 

Armand-Joseph  Bethune-Charost ,  cet  incom- 
parable philantrope  dont  on  ne  peut  proférer  le 
n'ôm  qu'avec  une  profonde  vénération,  avait 
souscrit ,  au  profit  de  quelqu'un  que  le  malheur 
des  lems  obligea  de  s'expatrier  ensuite  ,  un  effet 
de  6o,ooo  fr.  en  numéraire  :  les  biens  de  son 
créancier  lurent  bientôt  séquestrés  ;  et  lors  du 
oiiscrédit  du  papier-monnaie  ,  lui  Bélhune  fut 
contraint  envers  la  nation,  au  remboursement 
de  cette  somme  en  assignats  :  des  tems  plus 
hjeurcu,x  permirent  depuis  au  créancier  en  question 
de  rentrer  dans  ses  loyers  ;  et  ce  généreux  et 
loyal  débiteur  ,  dont  nous  honorons  les  mânes 
aiijo(ir<l'hui  ,  n'écoulant  que  le  cri  de  sa  cons- 
cience qui  lui  disiiit  :  tu  n'es  pas  quitte  de  cette 
dtiie  sacrée  ,  eiiettua  de  nouveau  ce  rembour- 
sement en  numéraire  à  son  créancier  plus  re- 
connaissant que  surpris;  car  ces  actes  lui  étaient 
familiers  ,  ei  je  ne  sais  pourquoi  j'ai  cité  ce  trait 
i»olé  ,  lorsque  sa  vie  entière  nous  ea  offre,  tapi 
d  autres  aussi  dignes  d'admiration. 

Par  de  telles  actions  ,  il  faut  l'avouer,  celui 
dont  nous  déplorons  la  perle  ,  celui  dont  l  ombre 
févétée  repose  en  paix  dans  cellf  enceinie  ,  s  cji 
iN«»-ac({ui>  f»  cou-Fottne  de  l'iimnorialité  !  Don- 
nons-la lui  donc  ,  en  transmettant  à  nos  neveux 
la  nomcnclaïuic  iairnense  des  traits  de  générosité 


I     _  ■ 

qui  honorerofif  à  jamais  sa  mémoire;  èl  puisque 
1  illusion  dans  la(]ueUe  nous  cherchôiis  '  encore 
quelque  consolation  en  ce  jour  de 'deuil  ,  est 
déliuite  par  les  malheureux  dont  les  pleurs  et 
les  gémisscmens  aiiesient  que  sa  belle  ame  ,  en 
s'élev.int  vers  le  ciel  ,  ne  nous  a  laissé  de  lui  que 
ces  restes  inanimés  ,  que  son  exemple  au  moins 
serve  à  consoler  lès  bons,  à  corriger  les  mé- 
chans  ,  à  faire'  chérir  à  lous  les  vertus  qu'il 
ineualt  en  praiique  ,  et  qui  nous  obligent  à  dire 
de  lui  ,  puisqù'hêUs  il  n'est  plus  : 

Hic    citiis  ,   uhiqiie  [d'MÛt- 


,  L   I.  T    T    E    R    A    T    U    II    E. 

■  Au  Rédacteur  , 

■  Le  traducteur  de  l'Iliade  èr  de  l'Odysée  n'a 
pas  dédaigné  d'exercer  son  ,béau  talent  sur  une 
espèce  de  miniaiure  poétique  ;  il  y  a  été  dé- 
terminé non-seulement  par  le  mérite  de  ce 
petit  tableau  ,..mais  aussi  par  la  dillici4l'é  même  ; 
;ce  qui  honorg  à  la  fois  etsoti  goût  et  son 
[zèle  pour  les   lettres. 

Herman  et  Dorothée  ,  (i)  tel  est  le  litf.p  de 
ce  poërae  ,  qui  passe  en  Allemagne  pour  l'un' 
ides  chefs-d'œuvre  de  l'illustre  auteur  de 
"Weriher.  C'est  un  petit  roman  poétique  dont 
le  mariage  d'un  jeune  hotnaie  est  le  àujet  ,  et 
dont  les  délaits'-nàïts  de  la  vie  ordinaire  forment 
tous  les  orncmens.  Ce  genre  d'épopée  ,  abso- 
lument inconnu  dans  notre  litiéraiure  ,  aura 
sans  doute  à  vaincre  bien  des  préventions  ,  et 
doit  nécessairement  s'attirer  un  gr^nd  nombre 
'de  critiques.  On  le  blâmera  d'abord  ,  pavce 
qu  il  est  étrange  ;  on  s'y  plaira  ensuite  par  ce 
qu'il  est  inléressant  ;  puis  il  fera  peul-êlre  une 
foule  de  mauvais  imitateurs  ,  comme  Shakes- 
peare ,  comme  Ossian  ,  comme  tous  les  grands 
poètes  dont  le  génie  doit  être  admiré,  parce 
qu'il  est  grand  et  sublime  ,  mais  non  pas  servit 
de  modèle  ,  parce  que  les  tems  ,  les  lieux  , 
les  mœurs  ne  sont   plus  les   mêmes. 

J'ai  déjà  entendu  des  personnes  d'un  goût 
très-délicat  blâmer  H«rman  et  Dorothée;  elles 
trouvent  l'action  trop  peu  iniéressanie  ,  les 
détails  trop  minutieux  ,  le  siyle  trop  relevé 
pour  de  si  petits  objets.  Leurs  objections 
seraient  sans  réplique  si  l'ouvrage  était  français  ; 
mais  encore  une  fois  il  est  étranger  ,  il  peint 
des  mœurs  qui  n'ont  aucune  analogie  avec  les 
nôtres  ,  et  surtout  avec  celles  de  Paris  où  l'on 
porte  ces  jûgemens  littéraires.  Ce  qui  paraît 
vulgaire  ici  ,  n'est  pas  sans  noblesse  au  fond 
de  l'Allemagne  ,  et  tel  personnage  que  vous 
placez  en  France  dans  les  dernières  classes  de 
la  société  ,  est  un  être  important  dans  une 
petite  ville  de  la  Germanie.  Il  en  est  de  même 
de  telles  pensées,  de  tels  détails  domestiques  , 
de   telles    moralités. 

Pour  bien  juger  un  poëie  ,  i!  faut  se  placer 
en  imagination  dans  son  siècle  ou  dans  son 
pays.  S;  j'habitais  une  petite  ville  d'Allemagne , 
je  sens  bien  que  le  poëme  de  Gœihe  aurait  pour 
moi  cent  fois  plus  de  charmes.  J'y  retrouverais 
la  peinture  de  ma  vie,  de  rnes  mœurs  ,  demes 
sensations  les  plus  ordinaires;  j'y  reconnaîtrais  le 
portrait  de  mes  amis  ,  de  mes  voisins  ;  et  ces 
peintures  ,  quand  elles  sont  embellies  par  les 
richesses  de  l'imagination  eipar  les  grâces  du  style 
sans  cesser  d'être  fidèles,  sont  peut-être  le  plus 
sûr  moyen  d'intéresser  les  hommes  et  de  leur 
plaire.  Voyez  les  romans  anglais  :  les  plus  esti- 
més ,  chez  la  nation  pour  laquelle  ils  sont-f.its  , 
ne  sont-ils  pas  ceux  qui  peignent  avec  le  plus 
d'exactitude  et  d'élégance  à,  la  fois,,  tous  les  détails 
de  la  vie  ordinaire  ,  et  les  passions  les  plus  corn- 
munes  au  cœur  humain  ?  Soyez-en  persuadé  ,  la 
peinture  des  choses  telles  qu'elles  sont,  de 
I  homme  tel  qu'il  est,  eu  égard  au  siècle  et  au 
pays,  a  toujours  été  l'an  des  grands  écrivains. 
Rien  déplus  allachant  que  leurs  ouvrages.  Pour- 
quoi ?  C'est  que  nous  nous  y  reconnaissons  nous- 
mêmes. 

Tout  fraiiçais  qui  a  vècti  en  Allemagtie  ,  con- 
viendra qu'alors  les  poésies  légères  des  Grasset  , 
des 'Voltaire  et  de  tant  d'autres  auteurs  charmans  , 
qui  peignent  avec  autant  de  vivacité  que  de  grâce 
les  mœurs,  les  plaisirs  et  les  iravers  brillans  de 
notre  capitale  ,  lui  plaisaient  beaucoup  moins 
que  les  Idylles  de  Gessner  ,  ou  que  tel  ouvrage 
indigène  qui  lui  offrait  la  peinlure  na'ive,  de 
cette  simplicité  de  mœurs  qui  caractérise-  les  ha 
bilans   de  la  Germanie. 

L'exemple  des  personnes  avec  lesquelles  on 
se  trouve  ,  leur  conversation  habituelle  ,  les 
usages  ,  le  climat  même  exercent  sur  nos  affec- 
tions et  sur  le  goût  littéraire  .  je  ne  sais  quelle 
influence  à  laquelle  on  cède  sans  s'en  apper- 
cevoir. 

C'est  dans  cette  disposîtiori  d'esprit  qu'il  con- 
vient déjuger  Herinan  et  Dorothée. 


(1)  Cet  ouvrage  ,  en  un  volume  in-i8,  de  25o  pages,  de 
l'imprimerie  de  Didot  jeune  ,  avec  une  jolie  gravure,  se  trouve 
,1  Pari»,  chez  Ircuttel  el  Wuttz  ,  libraires,  quai  Voltaire, 
u'',2.  ---  Prix,  2  frj  pour  Paris,  et  2  .fr.  40  cent,  franc  ds 
purt  ;  pap.  vclin  ,  grand  format  ,    S   fr.  ,  et  &■  iir.  5o  cent. 


<5,aaiit  â  la  tfàductidti ,   il   fâdt'at^Ssi  ,  pa/utfl? 

sorié'  de  fiction,  oublier  q'iie   Cd  sont  dés  HirAi' 

I  français  qui  composent  les  phrases  (ju'ou  aVoifl" 

I  les  yeux.  Certes  ,   un  ouvrage  original  qui  serait'' 

écrit  dans    le  style    de  cette    traduction  ,    serait 
I  souver.iinement  ridicule,   et  l'on    en  peut    dire, 
I  auiaiit  de  celles  d'Homère  ,   d"young,    d'Ossiai'i , 
de    toutes    les   traductions    célèbres  ;  mais    c  ejj; 
précisément   cet  air  étranger  qui    fait   leur    pl^W 
grand   mérite.  Il   y  a   mes  yeux,    entre   un   irV-,. 
ducicur  comme  Bitaubé  et  celui  qui   (ait   p.'rrler' 
un  grec  ou  un  allemand  en  stylé  purement  I7àu'-. 
ça's  ,  la  niémc  difféieiice  qu'ciitie  un  dcssinuieui'' 
el  un  peintre  :   l'un  ne   m'oft're  que   le   liait , 'ci  ua^. 
tableau,   l'aLiire    m'en  dôiihe    le    coloris!    VoiiSi' 
sentez  bien    que  je    n  hésite   pas    sur   la    préfé- 
rence. .  ,  ,     ,        ,      ■.,;        •   .    :     '  U 

Mars,  dira'-t-on  ,    potirçiuoi^rclidTe  fe' 'ity'lë' 

d'Homcre  pOiirpeindri'fc'e  qiiiise  passe  dân^une' 

j  petite  ville  parmi   quelques  bourgeois?  et  po'ut- 

()uoi    faire    pruler    un    curé   et    un    aubcrgiste'^''^' 

i  comme    Nestor  et   Agameninon  ?'    Ce   reproché' 

1  est  spécieux  ,  j'en  xOaMk'n's  ;  mais  si  Vous  vo'ùléz' 

i  vous  donner    la  peine    de  l'examiner  avec  moi'," 

!  j'aime  à'Cp-oire'  que   vous  vous  appercevrez  qu'il 

est  exagéré. 

Le   style    no   se    corapoàe  pas   seulement  d'un 
!  choix    d'expressions   plus    ou    moins    élevées     II 
I  se    forme' aussi   d'imagiis-,   de   figures  et  dè"}i(e- 
taphores  plus  ou  moins  hardies.   Or  ,   pour'rju'it 
y   eût  identité   enite   le    style    du   poète    gréc'-e'f 
celui   du  poêle  allemand  ,  il  faudrait   que  leurs 
images '■  fussent    égalemerrt    pompeuses  i     leurs- 
comparaisons  également  fréquentes  et  sublimes  ^' 
;  et  (jue   leurs  figures  et  leurs  métaphores  eussent' 
'  la    même    hardiesse;  c'esi-là   préciïémenl   ce   quf 
i  n'est   pas  ,  et  s'il   y   a   de    la    ressemblance  dans' 
les    descriptions    de   détail,    c'est   que  dans    cês' 
!  petites  choses,    la  naiure   est   partout  la  mêrtie'<' 
el  qu'elle  n'a   pas   été    différente   pour  les   fiéros'. 
[grecs,  que  pour    les  bourgeois  allemands;-^      '■' 
Ce   qui   caractérise   le   plus  cette  ressfemblehtJtf' 
I  de    style,  ce   sont  les   locutions  parlieulières ,  çjEr. 
les   'épitheie's     dont    se    servent    les    personnages, 
de  Gœihe    dans    leurs    discours    familiers  ;     rnats 
on   sait  que  la  poésie  s'élève  toujours  àu-dés^us' ' 
du    langage     ordinaire   ,     et    que    ce    n'est    paS 
cesser  d  être  naturel,  d'être  noble.  Il  faut  observet 
dailleurs    que   là   l.ingue  allemande  a   des  mots' 
composés    comme    la    langue    grecque.,    et   q,u,c 
ce    n'est    pas    le     seul    avantage    qui    le,vir    soit; 
commun.   Si  nous  ne   pouvons    rendre  ces  mots- 
qui    disent   tant    de   choses    si   rapidement  ,    que 
par  des  épilhetes   et   des    circonlocutions  ,,  c'est 
la  faute    de    notre   langue  ei    non   celle"  du   tra- 
ducteur, 
!     Je   finirai   cette    première  lettre  en   trariscrivànl 
ce  que  le  citoyen  Biiaubé    dit  liii-mêrne    dans   S'a' 
préface,  du  genre  et  du  mérite  dèi'diivfaSè  i  dciht' 
il  a  er^richi  ntire  littérature:     '  ■  - 

I  <t  Le  poëme  dont  je  présent^  la  traduction  au 
pubHc  ,  peut  être  considéré  comme  une  épopée- 
d'un  genre  nouveau  :  l'auteur  sans  recnuri.-  au 
merveilleux,    ni  prendre  ses    personnages  dans 

;  les  classes  brillantes  de  la  société  ,  les  rend    inté- 

I  ressans  par  les  siiUaiiOris  où   il  les  place  ,  et    paf 

;  la  peinture  de  leurs   caractères. 

I  "  La  durée  de  l'action  ,  très-courte  ,  est  d'une 
!  demi-journée.  L'intérêt  ,  excité  dès  l'entrée  ,  va 
'  toujours  en  croissant.  Le  poëte  parle  peu  en  son 
I  propre  nom  ;  son  poëme  est  souvent  dramatique, 
I  ainsi  que  ceui  d'Homère.  Il  offre  riième  une  sin- 
'  gularilé  en  ce  qu'il  l'esl  ÙH  le'début  ;  l'expositioiï 
'  du  sujet  £91  mise  en  action  ,  et  se  fait  par  le.f  pet' 
sonnages  ,  co.rairie  dans  un  drame.  Il  enchérit  sur 
;  l'exemple  mis  en  piécepte  par  Horace  :  in  mediaf- 
■  res  ,  non  secus  ac  notas  ,  audilorem  rapit.  En  gêné-»  ' 
Irai,  l'auteur  a  imité  le  poète  grec,  en  ce  .qu'il  néi 
i  prépare  les  événemens  qu  autant  J-q'ue  le  sujçt 
I  l'exige  ;  la  '  surprise  ajoute  à  1  intérêt  de  là, si" 
i  tuation. 

I  >i  Entre  plusieurs  autres  traits  de  ressemblanc^-i 
l.avec  Homère  ,  il  transporte  ses  lecteurs  au  li.cH 
j  de  la  scène  par  le  lableau  fidèle  des  mœurs  ef 
;  des  usages  ,  ce  qui  cohitibue  à  l'Illusion.'  Ce^ 
;  tableau  i^st  souvent  local  ,  et  doit  I  être.  CeUS 
j  qui  veulent  retrouver  par-tout  leurs  habitudes,': 
pourront  en  être  blessés  ;  il  aura  ,  au  contraire^ 
quelqu'intérêt  pour  un  observaieur  et  pour  ud 
ami  de   la   nature. 

»>  A  la  simplicilé  du  stvle  ,   à  la  peinture  na'i'vî 
I  des  passions  ,  on  prendrait  cet  ouvrage  pour  un 
!  des  monumens   d'une  antiquité  reculée.  Le  sujett 
!  est  très-simple  ,    mais   le    génie    de   l'auteur  sait 
I  le  féconder  el  l'agrandir;  il  y  déploie  quelijuefoïff 
,  les  plu.s  grands  raouvemens  de  1  élorjuence.  Avec 
(quelle  énergie   il    peint  les  beautés   de  la  nature! 
son   poëme   doit   plaire   aux   âmes  sensibles.  Cffi 
est  touché  de   l'ingénuité   des  caractères  de  Do- 
rothée ,    d  Herman   et  de  sa  mère  :  ingénuité  ijui 
nait  de    la  sagesse  et   de   la   siinpliciié   de   leur» 
mœurs  ,  et  dont  on  voit  un  exemple  remarquajbtt^ 
dans    l'aveu  que  Dorothée   fait  de  son   atnour  cri 
picsence  de  la   famille   et   des  amis  ,  an  rrrtimsTrf 
qu'une  lorte  émot:on    l'a  troublée.  Ce  poënSO  est! 
jiiorat;   la  jeuniSSie',  1  âge   avancé  y  uoavuin  ê<si 


aeo 


leçons.  Jamais  on  n'a  mieux  dépeinl  un  arno«r 
vertueux  et  délicat  ,  térnoin  plusieurs  situations 
où  les  deux  aniuns  sont  placés  ,  et  sui-tout  la 
scène  si  intéressante  du  berceau  ,  au  8'.  chant. 

I»  L'auteur  a  l'art  tour  à  tour  d'aitendrir  ses 
lecteurs  et  de  les  égayer  ,  sans  qu'un  de  ces 
effets  nuise  à  l'autre,  Il  y  a  même  dans  son 
ouvrage  plusieurs  récits  qui  produisent  ces  deux 
effets  presqu'en  même  temr.  enir'autres  celui 
du  pharmacien  au  i"  chant;  récit  qui  est 
pathétique  par  le  fond ,  et  qui  a  une  teinte 
de  comique  par  le  caractère  et  le  ton  du  per- 
sonnage. Pour  me  servir  de  l'expression  d  Ho- 
mère ,  ces  endroits  font  naître  un  sourire  entremêlé 
et  larmes.  >» 

Il  y  a  peut-être  dans  ces  derniers  éloges  ùti 
peu  d'exagération  ;  mais  elle  est  bien  excusable  : 
elle  a  son  principe  dans  l'emhousia'me  dont 
un  traducteur  de  génie  doit  être  animé  pour  son 
modèle.  Je  vous  donnerai  ,  dans  une  autre  Icuie  , 
l'analyse  du  poëme  ,  et  j  aurai  soin  de  citer 
les  morceaux  dont  le  citoyen  Biiaubé  lait  l'éloge 
dajjs  sa  préiace. 


Nous  avons  fait  connaître  quelqiies  fragmens 
du  premier  des  deux  poèmes  du  citoyen  Louis 
le  Mercier.  Celui  d'Alexandre  renferme  des  (.as- 
»ages  qu<  nous  nous  empressons  également 
de  citer.  Le  poète  cond\jit  son  héros  dans  un 
temple  où  Vulcain  a  gravé  les  traits  et  les  aciions 
des  guerriers  du  vieil  âge  ,  et  de  ceux  qui 
doivent  paraître  successivement  sur  la  scène  eu 
Monde.  En  suivant  le  cours  des  éyéneraens,  et 
en  retraçant  rapidement  ceux  ijui  ont  illusiré 
le  siècle  qui  les  a  vus  naître  ,  le  poèie  pai vient 
Jusquaux  jours  de  notre  révolution -,11  déciil 
ei)  ces  vers  les  travaux  guerrieis  qui  l'oat  k 
atnais   illustrée. 

Sombres  fiBes  du  tems  ,  »dans  son  sein  «nfanlée»  , 
Les  révolutions  naissent  ensanglantées  ; 
C'est  alors  que  de  Mars  ,  le  cirque   va   s'ouvrir. .  .  .. 
Dieux  î  quels  torrens  de  sang  font  aussitôt  fleurir 
Les  4aurier«  de  Jemniappe  ,   et  ceux  que  la  vaillanto 
Cueille  à  Fleurus  .deux  fois  célèbre  pour  la  France. 
Clio  !  dis  quelle  voîx  ,  du  Sein  de  leurs  foyers  , 
Fut  soudain  évoquer    six  cents  mille  gueitieis? 
Terrible ,  et  devancé  de  l'arme  de    Bayonne , 
Bans  les  langs  ennemis  que  la  Parque  moissonne  , 
Mars   guide   un  char  traîné  par  des  lions  ftansaiS. 
Ali  •'  que   de  longs  périls  achètent   les  auccct  ; 
Souvent  dix  jours,  levés  sur  la  même  contrée, 
D'une  seule  bataille    éclairaient  la  durée  , 
Et  des  monts  de  Pyreuc  aux  bords  liguriens. 
Des  campagnes  du  belge  aux    monts  Helvétiens  ,  , 
Une  année  étendant  ses  bras  â  deux  armées  , 
Be  leur  chaîne  ceignait  nos    frontières  fermée». 
Diiai-je  l'union  de  tous   leur»  chocs  divers  , 
Le  batave  trahi  par  le  dieu  des  hyver»  , 
Qiii  durcissa-nt  le»  taux  de  ses  souffles  perfides. 
Affermissait  nos  pas   sur  le»  routes  liquides. 
Tant  de  faits  iiiouis  ,   prodiges  de  nos  jours  , 
Xe  Rhin  épouvanté  nous  livrant  tout  son  cour»  , 
Xa    Moselle  illustrée  ,   et   la  Sainbre  et   la   Meuso , 
Nommant  avec   orgueil  leur  légion  fameuse  ; 
Et  ce  réparateur  savant  et   respecté  , 
Dont  brille  en  tous  les  rangs  la   modeste  fierté , 
Q;ii  de  l'aBiont  d'Hochtett  a  su   venger  la  France. 

Ce»  tiagcurs  nud^  armés ,  sur  le  Danube  immense  , 

Et  tant   d'habiles  chefs  eux-mêmes  se  créant , 

Et  ma  chère  patrie  ,   et  son  peuple  géant , 

Qui  de  ses  fiers  voisins  méprise  les  injures, 

Et  de  qui  la  vigueur  s'accroît  par  les  blessure»? 
O  grand  peuple,  jadis  triomphant  sous  tes  roi», 

Et  constamment  vainqueur  sous  d'inconstantes  loi»  ; 

Inépuisable  Antée  ,  et  vrais  fils  de  la  Terre , 

Pfjur  vaincre  en  tous  les  tiéux  ,  ne  quitte  point 'ta  mère  } 

1,'Europe  n'aura  point  d'Hercules  redoutés 
rgui  surmontent  l'effort  de  te»  bras  indomptés. 

Au   rang  de  tes  vengeur»  ,  sur   les  lambris  du  temple, 

S»  vance  un  nouveau  Mars  ,  et  ses  pas,   îon  exemple  , 
Entraînent  des  soldats  pleins  d'un  zèle  joyeux  , 
Qui  semblent  en  chantant  escalader  les  cicux  ; 
•    L'olympe  entend  sa  voix  ;    dans    les  airs  il  assiège 
La  tête  At  rochers  éblouissans  de   neige  , 
Son  vol  précipité  tombe  sur  l'ennemi , 
Et  l'Adda  ,  l'Etidan  ,    la  Bormide    ont  frémi. 


Ses  ctetidarts  flottaient,...  En  leurs  voiles  Eole 

•Déploie  aux   yeux  les  noms  de   Rivoli,  d'Arcole; 

Le  Teu  luit  ,   le  sang  fume  ,  et  la  victoire  encore 

Vient  d'y    graver  Marlnguc  en  traits   de   pourpre   et  d'ol. 

Dans  un  autre  chant  le  poëie  peini  les  macédo- 
niens célébrant  par  des  cris  d'allégresse  ,  le  mo- 
ment où  Alexandre  leur  promet  de.  les  ramener 
au  sein  de  leur  pairie  ,  et  dirige  leur  marche  sur 
Babylone. 

Babylone  !  lés  cris  de  bouche  en  bouche  erran» 
Du  nom  de  Babylone  ont  rempli  tous  les  rangs  ; 
A  Babylone  !  au  loin  la  plage   encore  résonne  , 
Que  plus  loin  d'autres  voix  répètent   Babylone  ! 
Et  des  mont»  dans  la  plaine  un  long  bruit  répando 
Revole  au  haut  des  monts  dont  il  est  descendu. 

Chacun  voit  la  patrie  à  ses  souvenirs  chère  , 
tes  vieux  soldats  leurs  fils,   les  jeunes  un  vieux  père. 
Et  le  lit  d'une  épouse  ,    et  les  Bieux  des  foyers  , 
Ils  s'embrassent  l'un  l'autre  ,  et  de  leurs  yeux  guerrier» 
Tombent  de  larges  pleurs  répandiis  par  la  joie  , 
que  leur  visage  humide   en  tous  se»  trait»  déploie. 

Oh  !  que  d'apprêts  tardifs  suivront  ces  doux  transports , 
Çu'ils  brûlent  de  quitter  l'Hyphasè  et  tous  ses  bord». 
Douze  autels  sont  dressés  ,  monumens  des  conquête» 
Qu'Alexandre  consacre  en  Je    pompeuses  fête». 

0  Muses  Couvres-le»  d'éternels   attributs  , 
Disciples  de» beaux-arts,   offrez-lui  vos  tribut»; 
Mais  redoutes  UB  prince  élève  de  la  Grèce 
Qu'aux  merveille»  du  Pinde  a  bercé  la  sagesse  , 
Qui  ,    si  la  mélodie  espère  le  charmer  , 

veut  qu'un   hymne  à  Pallas  le  contraigne  à  s'armer: 
ApeUe  en  fit  unlieu  prêt  à  lancer  la  flamme  ; 
Ne  peignez  plus  ses    taits  :  l'artiste  a  peint  son  ame, 
D'une  servile  muse  ,   il  dédaigne  l'encens  , 
Qu'infecte  nn  art  flatteur  ,  et  l'espoir  des  ptésens. 
■  Ami»  libres  ,  et  fiers  ,   les  sublimes    génies 

^•abaissent  point  l'orgueil  de  leurs  palmes  unie», 
i  te  béros  ,  le  poète  ,  égauxdans  l'avenir  , 

Poursuivent  des  honneurs  qu'un  affront  peut  ternir. 

Leur  nom  toujours  d'eux  seuls  tient  un  éclat  durable. 

Alexandre  fonda  son  trône  mémorable  ; 

Pe  la  lyre  d'Horacre  il  n'a  peint  eu  l'appui  t 

Homère  est  immortel ,  et  brillait  avant  lui. 

Ah  !  si  l'or  o»l  un   prix  pour  les  talens  vulgaires  , 

Un  noble  chantre  attend  de  plus  nobles  salaire». 
'  Que  ne  peut-il  ,   vainqueur   des  esprits  ignorans  , 
i  Jetter  le  prompt  éclat  qui  suit  les  conquérans  ! 
)  Leur  gloire  I  par  la  foudre  ,    aux  peuples  annoncée  , 

1  N'est  point ,  par  un  Zoïle  ,   en  naissant  éclipsée  ; 
'  Leurs  rivaux  consternés  pâlissent  à  ses   traits  , 

j  Et  sur  de»  champs  de   mort  le  fer  les  tend  muet». 
I  Alexandre  à  grand  bruit  roule  un  char  de  victoire  , 
'  Lorsqu'à  pas  sourds  et  lents  marche  vers  la  mémoiro 

Aristote  son  maître  ,   hôte  des  sombies  bois, 

Qiii  ,    fouillant  la  nature  ,   étudiant  ses  lois , 

Caché  sous  les  berceaux  des  jardins  de  Stagire', 

Rêve  ,  ecde  la  science  envahit  tout  l'empire. 


publia.  Depuis  ,  quelles  richesse»  nous  avons 
acquises  en  siatisiitjue  !  de  combien  de  chan- 
gemens  poliiiques  n'avons  nous  pas  été  le» 
témoins  !  il  était  donc  nécessaire  tie  travailler 
à  une  nouvelle  édition  d'un  livre  si  utile.  C'est 
ce  que  vient  de  faite  le  citoyen  Coraciras  ,  qui  , 
pour  ne  rien' oublier.de  ce  qui  pouvait  en  aug- 
menter linlétêt  ,  l'a  enrichi  d'une  notice  de» 
mesures  itinéraires  de  tous  les  pays  ,  du  cours  . 
de  tous  les  grand5  fleuves  ,  des  chiiînes  de  toutes'^ 
les  hautes  montagnes  ,  d'une  table  des  iroutes 
et  distances  de  Paris  aux  principales  villes  du 
monde. 

La  géojrraphie  est  une  étude  indispensable, 
sur-ioui  aujourd'hui  que  cette  science  s'est  em- 
parée de  toutes  les  connaissances  qui  l'avoisinen: 
et  qui  lui  conviennent  ,  telles  que  l'histoire  na- 
turelle, le  commerce  ,  l'agriculture  ,  la  siaiislique, 
etc.  Il  est  peu  de  circonstances  dans  la  vie  civile 
où  il  ne  soit  pas  nécessaire  d'avoir  des  noiicn» 
exactes  sur  le  caractère  des  diftérens  peuples, 
leurs  relations  politiques  et  commerciales  ,  leur» 
productions  ,  leurs  mœurs  ,  leurs  lois  ,  et  leurs 
possessions  respectives. 

Les  éditeurs  croyeni  pouvoir  regarder  comme 
une  preuve  du  mérite  de  cette  nouvelle  édi- 
tion ,  le  choix  qu  en  ont  fait  les  principales 
maisons  d'éducation  de  Paris  ,  et  principale- 
ment les  directeurs  du  collège  des  scietices  et 
arts  ci-devant  St=.  Barbe  ,  qui  en  ont  pris  ioo 
exemplaires   pour  leurs   élevés. 

LIVRES        DIVERS. 

Romances  historiques  et  poésies  diverses  ,  sui- 
vies de  notices  snr  les  troubadours  ,  la  lontaine 
de   Vaucluse,   Ih.rmilage    de  J.  J.  Rousseau  ,  et 
de  pensées  détachées  .   par  le  cit.  Labiée  ,    «    vol. 
petit  in-12  ,  avec  une  gravure. 
!      Les  airs  gravés  des  romances  se   trouvent   chez 
'  Devienne  .  rue  Notre-Dame  des  Victoiies  ;    chcî 
[  les  frères  Gaveaux  ,   et  chez  Cochel ,  marchands 
1  de  musique,  passage  Feydeau. 

Manuel  des  contribuables  ,  ou  Recueil  des  lois 
fondamentales  sur  les  contributions  foncière, 
mobiliaire.  personnelle  et  somptuaire  ,  des  porte» 
et  fenêtres,  et  des  patentes  ,  avec  les  ariêtés  des 
consuls  ei  les  insiruciions  ministéiielles  qui  les 
ont  adaptées  au  régira^  administratif,  un  vol. 
in-8°.  Prix  2  il. ,  et  î  fr.  5o  cent,  franc  de  port. 

A  Paris ,  chez  Rondonneau  ,  au  dépôt  des  lois , 
place  du  Carousel. 

Le  ministre  des  finances  ,  dans  une  lettre 
écrite  à  l'auteur  de  ce  manuel  ,  applaudit  à , 
ses  vues  el  à  l'exécution  de  son  plan  ,  à  l'ordre 
et  à  la  méthode  qui  règne  dans  ce  travail  ;  il  le 
regarde  comme  très-uiile  aux  employés  de  la 
direction  ,  aux  agcns  du  gouvernement  et  à 
tous  les  citoyens  qu'intéresse  la  eoanaissanc» 
des  lois  sur  les  connibutlons. 


GÉOGRAPHIE. 

Géographie  moderne  et  universelle  ,  précédée  d'un 
traité  de  la  sphère,  et  d'un  précis  d'astronomie; 
avec  un  abrégé  de  la  géographie  ancienne  , 
sacrée  et  ecclésiastique  ,  pour  servir  à  l'intelli- 
gence de  l'histoire;  par  Nicolle  de  la  Croix; 
nonvelte  édition  ,  entièrement  refondue  ,  et  con- 
sidérablement augmentée  ,  d'après  les  relations 
lés  plus  exactes  des  voyageurs  ,  les  découvertes 
les  plus  récentes  des  célèbres  navigateurs  ,  les 
partaseï  et  les  divisions  modernes  des  états 
et  des  territoires;  par  Victor  Comeiras,  deux 
vol.  in-S".  d'environ  8oo  pages  chacun,  (de 
l'imprimerie  de  Ctapelet);  prix.  lî  francs.  Le 
même  ,  avec  8  cartes  enluminées  l5  fr.  ,  et  avec 
l'atlas  ,  composé  de  ss  caries  aussi  enluminées, 
so  francs.  En  ajoutant  5  fr.  à  chacun  de  ces 
prix,  on  le  recevra  franc  de  port. 
"  A  Paris,  chez'Waréel,  libraire,  quai  des  AugUs- 
tins  ,  n"  20  ;  et  Picquet ,  géographe  ,  palais  du 
Tribunal ,  galerie  de  bois ,  n"  254. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republii^ue  et  des  Arts. 
Dem.  les  Prétendus  ,  opéra  en  3  actrs,  et  le  ballet 
de    Téiémaque. 

Théâtre  de  la  roe  Fëydeau.  Aujourd'hui 
les  Coméd  ens  ambulans  ,  opéra  en  deux  actes 
suiv.  de  Lise  et  Colin. 

Théâtre  des  JEU  NFS  ÉLEVÉS,  rue  deThionville. 
Aujourd.  Jeannot  et  Colin  ;  fEpreuve  ,  et  l'Abbé 
coquet. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Le  42  ,  l'ouverture 
de  la  salle  restaurée. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés: -.-PanWmiWêt. 
Aujourd'hui  la  7'  repr.  de  l'Amour  aux  Fetites- 
Maisons  ou  les  Fous  hollandais  ,  folie  ornée  de 
chants  ;   la  Romance  ,  et   l'Enfant  de  l'amour. 

Le  23  ,  la  i'"  repr.  de  (Elevé  de  la  Nature 
pantom.   nouv.  avec  les   mystères  d  Isis. 

Théâtre  dc  Marais,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  relâche.  


veillées    amusantes    de    la  CITE. 

))  La   destinée  de   ces   sortes  d'ouvrages,    dit  j      Auj.  21  brumaire,   Fêle  et  bal  depuis  7  heure» 
!>  le  ci^  Comeiras  ,     est    de  solliciter  sans   cesse 
M  de    nouvelles    corrections  ;     et   semblables   à 
ji  l'esprit   humain,    de  tendre  toujours  à  la  pér- 
ir fection  sans  pouvoir  J' atteindre.  » 

Parmi' les  livres  élémentaires  qui  traitent  de  la 
géographie  ;  celui  de  Nicole  de  la  Croix  a  jus- 
qu'ici  obtenu  la  préférence  ,  et  l'a  méritée  ;  mais 


jusquà  minuit.  A  neuf  heures  ,  de  jeunes  enfans 
donneront  la  2*  représentalibn  de  l'Avocat  et  le 
Lièvre  ,  comédie-proverbe  ,  préc.  de  i  Orpheline 
de  village. 

Le  billet  d'entrée  est  de  deux  fraiics ,  et  d  un 
franc  pour  les  enfans  au-dessus  de  huit  ans. 

L'administration   reçoit  des  abonnemens  pour 


il  y  a  plus  de  5o  ans    que  cet  estimable  auteur  le  '  les  bals  de  chaque  moi». 


L'abouoement  ic  fait  a  Paris,  rue  des  Poiievins ,  n"  18,  Le  prix  est  de  s5  francs  pou 
fabonoe  qu  »./  commencement  de  chaque  mois. 

llfaui  adresse.  les  leures  tl  l'argent  ;  franc  déport  , au  cit.  AcASSE,  propri 


r  trois  moi»,  5o  frïBC»  pour  tix   mois,  et    100   fisnci  poui  l'anode  entière.  On  ne 
de  ce  journal , rue  des  Poitevin»,  s»  18.  Iirautïoraprendrt   dam  le»   envois   le  port    di> 


''it^t::::û:r:^:;^u:.^^r::r:i:^:!::':^  .arédacti».. .,  ..«>««,  a«  rédacteur,  ,„ed. 

Poitevins,    «■>  i3,  depuis  >cuf  heures  du  matinjusqu'à  cinq  ntures  du  soir. 


A  Pâtis,  du  l'imprimerie  du  cit.  Agasse-,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  de»  Poitevin» ,  a"  i5. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N'  52. 


Duodi ,    2  2   brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  â  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   Mo  ni  t  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  dos   armées  ,  ainsi   que  |«  fair«  ^r  ul       • 
','.     i  ■',,,■  r        ■  ,  '       i^i  1411»  Cl  les  notions  tant  sut 

I  intérieur  que  sur  l  exteneur,  f-oiirnis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  anic!e  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Paris  ,   le  2  1    brumaire. 

jLjE  citoyen  Fousenberte  ,  commissaire  -  général 
des  relations  commerciales  à  Cadix  ,  est  mort  à 
Port-Réal ,  près  de  celte  ville,  de  ta  maladie 
contagieuse. 

—  Dominique  Chaix  ,  curé  des  Baux,  près  de 
Gap  .  vient  de  mourir  âgé  de  69  ans.  Cet  esti- 
mable savant,  né  sur  le  Mont  -  Auroux  ,  entre 
Veguer  et  Gap  ,  d'un  pauvre  fermier  des  Char- 
treux ,  .s  était  élevé  par  lui-même  à  force  de  cons- 
lance  et  de  zèle;  il  avait  acquis  les  plus  pro- 
fondes connaissances  en  botanique.  Ami  et  com- 
pagnon du  célèbre  naiuraliste  Villart  .  celui-ci  a 

.  publié  sa  F/or«  gapenqnise  dans  l'Histoire  des  plantes 
du  Uauj'kiné  ;  il  donnera  également  dans  le  sup- 
plément qu'il  prépare  pour  cet  ouvrage  ,  son 
Eloge  historique  ,  lu  au  lycée  de  Grenoble  ,  le  21 
germinal  dernier.  Les  herbiers  de  Chaix  ont  passé 
au  citoyeu  Picol-Lapeyrouse  ,  professeur  d'his- 
toire naturelle  à  Toulouse,  et  les  manuscrits  au 
citoyenVillari.  Ils  ne  pouvaient  rester  en  de  meil- 
Jemesmains.  Monumens  de  ses  connaissances  ,  ils 
transmetiront  son  nom  aux  amateurs  de  la  science; 
ses  parens  ,  ses  amis  ,  ses  concitoyens  n'en  ont 
pas  besoin  pour  conserver  le  souvenir  de  ses 
vertus. 

—  Le  citoyen  Calvel  d'Avignon  ,  médecin  sa- 
vant, distingué  par  son  érudition  et  ses  connais- 
sances dans  les  antiquités  ,  vient  d'enrichir  le 
cabinet  des  antiques  de  deux  monumens  qu'on 
legarde  comme  importans. 

Le  premier  est  un  marbre  sur  lequel  on  lit 
en   grec  l'inscription  suivante  : 

a  Les  mègarie:!S  ,  pour  obéir  à  l'oracle  de 
î)  Delphes  ,  ont  élevé  ici  un  monument  distingué 
i>  au  magnanime  Orippe.  qui  étendit  au  loin 
>5  par  ses  conquêtes  les  limites  de  sa  patrie  ,  et 
5)  qui  le  premier  des  grecs  courut  tout  nud  ,  et 
>)  fut  couronné  aux  jeux  olympiques  ,  tandis  qu'a- 
5)  vant  lui  ,  ceux  qui  disputaient  le  prix  de  la 
>>  couise  avaient  toujours  été  couverts  d'une 
)>  ceinture  dans  le  siade.  îj 

Ce  marbre  fut  trouvé  en  1769  dans  la  ville  de 
Mégare  ,  en  Acha'ie,  entre  Athènes  et  Corinthe 
près  du  golphe  Sjronique  :  il  servait  à  tenir 
ouverie  la  porte  de  la  cabane  d  un  pauvre 
grec.  Ce  fut  M.  Bassinet  d'Augard  ,  lieutenant 
de  vaisseiiu  ,  qui  en  fit  la  découverte,  et  l'ap- 
porta au  citoyen   Calvet. 

L'autre  raonuaient  est  une  tessere  de  bronze 
ayant  d'un  ctjté  une  outre  ,  de  l'autre  cette  ins- 
cripiiou  : 

COLLEGIVM 

U  TRICULARI  anVM    C.     A.     B.    ELEICUSIVM 

L  U  C  1  V  S      V  A  LER l  V  S 

S    V   C    C    E    S  'S    V    S. 

—  On  annonce  comme  prochaine  la  première- 
représentation  au  Théâtre  Français  d'une  tra- 
gédie intitulée  ;  Thésée. 

—  La  société  philolechnique  a  tenu  ,  hier  20 
brumaire  ,  sa  séance  publique  ,  dans  la  salle  du 
Louvre  qui  lui  est  aflFcciée. 

Tous  les  morceaux  qui  ont  été  lus  ont  ob- 
tenu et  avaient  mérité  les  applaudissemens  d'une 
assemblée  autant  nombreuse  que  le  comportait 
son   local. 

La  séance  ,  présidée  par  le  citoyen  Cuvier  1 
a  été  ouverte  par  le  rapport  du  citoyen  Hecquet  1 
sur  les  nouvelles  communiquées  à  la  soci'élé  , 
depuis  le   20  ihetmidor  dernier. 

Il  a  été  lu  par  le  citoyen  Houel  ,  correspon- 
dant de  la  sotiéié  ,  la  description  d'une  Grotte 
ou  Galerie  naturelle  de  plus  de  cent  mètres 
de  lorjgucur  ,  découverte  dans  une  des  carrières 
de  Câurannt  ,  à  cinq  lieues  de  Kouen  ,  oii 
ion  a  trouvé  un  ruisseau,  une  rivière,  des 
Malactiir.s  ,  des  stalagmites  ,  etc. 
■  Par  I    citoyen  I.andon  :  Dls  Stances. 

l'ai  le  ciioycn  Hecquet  :  Une  Notice  historique 
«ur  Arroaud-Jostph  Béthune-Charost,  qui  a  at- 
(endii   toute   1  assemblée. 

Par  le  citoyen  Josi  ph  Lavallée  :  Episode  d'un 
Roman  iiié'lil.  Il  10  île  sur  une  ciif.;nt  de  cinq 
ajM  ,  abandonnée  en  une  îlu  déserte  ,  et  adoptée 
par  une  lionne.  { 


Par  le  c'iioyen  Guichard  :  ■  Cinq  Fables  en 
vers  ,  courtes  ,  mais  d'une  texture  et  d'une  morale 
charmantes. 

Par  le  citoyen  Mangourit  :  une  Notice  sur 
Latour-d'Auvergne-Corret. 

Par  le  citoyen  Masson  :  Le  Fragment  d'un 
Roman  historique  inédit  ,  ayant  pour  titre  la 
Nouvelle  Astrée.  Au  milieu  de  ce'  Fragment  , 
était  une  Romance  ,  qui  a  été  cllanlée  par  le 
citoyen  Adrien  l'aîné,  musique  de  i^  composition, 
paroles  du  citoyen  Misson.  , 
.  Par  le  ciioyen  Rotrou  :  Démonstration  d'un 
i  'Trigonometre  sphérique  inventé  par  lui  ,  pour 
l'usage   de   la  marine. 

Le  citoyen  Adrien  l'aîné  a  chanté  ,  pour  ter- 
miner la  séance  ,  les  Adieux  de  Chirnène  et  du 
Cid  ,  paroles  de  Florian  ,  musique  de  sa  com- 
position. 


CONSEIL-  D'  ÉTAT. 

Suite  du  rapport  et  projet  de  loi  sur  l'instruction 
publique  .présentés  au  conseil-d'état,  section  de 
l'intérieur  ,  par  J.  A.  Chaptal. 

S    V. 

L'enseignement  ..les_  méthodes  de  l'enseignement,  et 
la  nature  de  l'instruction  doivent-ils  être  libres  ? 

L'iNSTRtiCTiON  étant  le  besoin  de  fous  ,  le 
gouvernement  ne  doit  pas  laisser  au  hasard  le 
soin  d  y  pourvoir. 

Mais,  par  une  suite  de  ce  principe  ,  chacun  a 
le  droit  de  concourir  à  la  répandre. 

Tout  privilège  est  odieux  par  sa  nature  ;  il 
serait  absurde  en  matière  d'instruction  ;  l'auto- 
rité n'a  que  le  droit  d'exiger  de  celui  qui  exerce 
la  profession  d'instituteur,  les  obligations  quelle 
impose  à  tous  les  citoyens  dévoués  à  une  pro- 
fession quelconque  ;  elle  a  sur  lui  une  surveil- 
lancequi  doit  être  d'autant  plus  active,  nue  l'exer- 
cice de  cette  profession  intéresse  plus  essentiel- 
lement la  morale  publique:  là  se  bornent  tous 
les  pouvoirs  du  gouvernement  ;  et  d'après  ces 
principes  incontestables,  l'enseignement  doit  être 
libre. 

Ainsi  ,  il  dérive  de  la  nécessité  d'assurer  l'ins- 
truction et  de  la  rendre  générale  et  accessible  à 
tous  ,  que  le  gouvernement  doit  créer  par-tout 
des  écoles  publiques  ;  mais  il  appartient  aux  droits 
d'un  chacun  d'ouvrir  aussi  des  écoles,  et  d'y  ad- 
metne  les  enfans  de  tous  ceux  qui  n'auront  pas 
pour  l'instituteur  public  le  degré  de  confiance 
nécessaire. 

De  la  liberté  de  l'enseignement  doit  naître  cette 
rivalité  précieuse  entre  les  instituteurs ,  qui  tourne 
toujours  au  profit  de  la  morale  et  de  l'instruction. 
Gloire  ,  iniérêi ,  amour-propre  ,  cette  rivalité  met 
en  jeu  tous  les  ressorts  qui  peuvent  produire  de 
grandes  actions. 

La  liberté  dans  les  méthodes  d'enseignement 
n'est  ni  moins  naturelle  ,  ni  moins  utile  que  la 
liberté  de  l'enseignement  lui-même.  Astreindre 
l'enseigiieraent  à  des  méthodes  générales  ,  le  cir- 
conscrire dans  des  lignes  tracées  par  le  pouvoir  , 
serait-en  effacer  le  plus  beau  caractère  ,  l'indé- 
pendance. Lorsqu'on  veut  tout  prévoir  .  tout 
prescrire  par  des  réglemens  ,  l'on  étouffe  ces 
développemens  heureux  ,  ces  ressources  inépui- 
sables qui  sont  le  fruit  de  l'imagination  et  du 
génie  débarrassés  de  toute  entrave  :  en  un  mot, 
croire  tout  faire  est  la  plus  absurde  vanité  ;  vou- 
loir  loui  régler  ,   est  la  plus  funeste  manie. 

Dans  l'art  si  difficile  de  cultiver  les  facultés  de 
l'homme,  il  existe  un  nombre  infini  de  détails 
secrets  qui  sont  tout-à-faii  inaccessibles  à  h  loi  et 
aux  réglemens  ;  c'est  ce  qui  fait  que  l'art  d'ensei- 
gner n  est  pas  toujours  eu  rapport  avec  le  savoir. 
La  méthode  d'enseigner  doit  varier  ,  non-seu- 
lement par  une  suite  de  la  différence  qui  existe 
dans  les  laculiés  des  professeurs ,  mais  même  par 
suite  des  dispositions  qu'apporte  l'élevé. 

Mais  ,  peut-être  ,  le  plus  grave  inconvénient  des 
méihocles  uniformes  et  prescrites  ,  serait  celui  de 
n'exciter  aucun  effort  de  la  part  du  professeur ,  de 
borner  ses  idées  dans  le  cercle  étroit  qui  lui  est 
tracé;  de  refroidir  l'enthousiasme  iiccessaiie  pour 
vaincre  Us  dégoûls  de  l'enseignement  ,  et  de  ne 
plus  présenter  de  dédommagement  à  tel  amour 
de  la  nouveauté,  (^ui  seul  peut  produire  de 
très-grands  effets.^ 


Designer^  chacun  le  genre  de  science  qu'il  doit 
e.>seigner,  lu.  marquer  le  lems  quil  doit  donner 
a  1  instrucuon  ;  c  est  le  devoir  du  gouvernement  : 
mais  tracer  la  marche  des  idées  ,  donner  des 
bornes  a  la  pensée  et  aux  moyens  de  la  déve- 
lopper; cest  le  genre  de  tyrannie  le  plus  in- 
supponable  par  cela  seul  qu'il  s'attache  à  ce  que 
1  Homme  a  de  plus  indépendant. 

,  On  n'a  peut-être  pas  assez  réfléchi  sur  ces  prin- 
ç  pes ,  lorsqu  on  a  propose  de  composer  des  livres 
élémentaires  pour  l'iusirucuon  ,  à  ren.seignement 
desquels  tous  les  professeurs  seiaient  astreints, 
«-est,  sans  y  songer,  t.acer  le  cerde  d„ni  nous 
venons  de  parler ,  et  arrêter  la  marche  de  i'insrruc- 
fjon  ,  sous  prétexte  de  la  régulariser.  Sans  doute 
>l  faut  composer  des  livres  élémentaires  ;  mais  il 
^ut  se  garder  de  faire  une  loi  de  leur  enseigne- 
ment exclu.sif.  L  eleve  et  le  professeur  ne  tarde- 
raient pas  a  tourner  autour  de  quelques  idées  tri- 
viales sans  se  douter  que  les  bornes  de  la  science 
sont  indéfinies  et  que  sa  carrière  est  sans 
limites. 

Ici  se  présente  une  question  du  plus  grand  in- 
térêt. Le  gouvernement  peut-il  déterminer  la  na- 
ture de  1  instruction  ?  peut-il  astreindre  un  insti- 
tuteur a  n  enseigner  que  ce  qui!  juge  conve- 
nable r  '  J    a 

Pour  résoudre  vne  question  de  cette  impor- 
tance ,  nous  devons  distinguer  l'enseignement 
public  ou  salarié  ,  d'avec  l'enseignement  donné 
par   des   particuliers. 

Le  gouvernement  peut  sur  le  premier  ce  qu'il 
ne  peut  pas  sur  le  second.  En  effet ,  dans  le  pre- 
mier cas  ,  les  instituteurs  sont  fonctionnaires  pu- 
blics ;  leur  créaiion  est  faite  en  vertu  de  la  loi  ;  la 
science  qu'ils  enseignent  est  désignée  par  elle  ;  les 
réglemens  concernant  l'école  puijlique  sont  arrê- 
tes par  le  gouvernement  :  c'est  ici  une  véritable 
institution  nationale  ouverte  à  tout  le  monde  , 
irïais  qui  n'est  lorcée  pour  peisonne.  La  loi  peut 
donc  prescrire  le  seul  genre  d'instruction  qui  y 
sera  donné  ,  et  le  gouvernement  peut  y  oro^a- 
niser  l'enseignement  comme  il  le  trouve  con- 
venable. 

Il  n'en  est  pas  de  même  à  l'égard  de  l'insti- 
tuteur privé.  Ici  c'est  un  simple  "citoyen  qui  se- 
dévoue  à  l'enseignement  ,  et  qui  couuacte  des 
engagemens  avec  le  père  de  famille  qui  lui  confie 
ses  enfans  :  le  gouvernement  n'a  de  pouvoir  sur 
sa  personne  et  dans  sa  maison,  que  sous  le  doii- 
ble  rapport  des  mœurs  publiques  et  de  la  tran- 
quillité ei.siireté  de  létal  ;  hors  de  là  ,  tout  serait 
de  sa'part^véxàtiôn'ef  tyrannie.  Le  gouvernement 
peut  donc  exiger  que  nul  ne  puisse  exercer  la 
profession  d'instituteur  s'il  n'est  citoyen  français  , 
s  il  n'a  prêté  serment  d6  fidélité  à  la  constitution  ] 
s'il  n'a  déclaré  à  l'autorité  locale  qu'il  ouvre  une 
école  d'instruction:  mais  cela  fait  ,  il  n'a  plus  qu'une 
surveillance  de  police  à  exercer  :  la  nature  de 
l'instruction  est  pleinement  au  choix  de  l'insiiiu- 
leur;  El  s  il- en  était  autrement  ,  quelles  affreuses 
conséquences  ne  verrions-nous  pas  en  découler  î 
Le  gouvernement  ,  maître,  absolu  de  1  instruc- 
tion ,  pourrait  tôt  ou  lard  la  diriger  au  o-ré  de 
son.  ambition  ;  ce  levier  ,  le  plus  puissent  de 
tçu.s,  deviendrait, peut-être  ,  dans  ses  mains,  le 
premier  mobile  de  la  servitude  ;  toute  émulation 
serait  éteinte  ,  toute  pensée  libre  serait  un  crime  j 
et  peu-a-peu  l'instruction  qui ,  par  sa  nature  ,  doit 
éclairer  ,  bientôt  dégénérée  dans  la  main  de  quel- 
ques instituteurs  timides  ,  façonnerait  toute  une 
génération  à  l'esclavage. 

Oii  ne  doit  cas  perdre  de  vue  (et  le  plus  grand 
éloge  qij'çn  puisse  faire  du  gouvernement  actuel, 
c'est  de  pouvoir  énoncer  cette  vérité)  que  tout 
gouvernement  tend  à  une  domination  arbitraire  : 
1  instruction  seule  remet  continuellement  sous  Je» 
yeux  du  peuple  ses  droits  et  ses  devoirs  :  elle  esti 
donc  le  vrai  et  le  seul  correctif  ou  régulateur  de 
la  tendance  naturelle  d;V  gouvernement  vers  le. 
poijvoir  absolu  :  mais  ,1e  jyur  où  le  gouverne- 
ment pourra  la  diriger,  elle  perd  son  principal 
caractère  ;  elle  devient ,  dans  ses  majns  ,  un  moyen 
puissant  de  servitude  ;  et,  loin  de  contre-balancer 
la  propension  trop  p:ononcée  du,.gouverneraen« 
vers  la  tyrannie  ,  elle  1  y  précipité. 

Conservons  donc  l'indépéAdîmce  de  l'instruc- 
tion :  elle  sera  la  sauve-girde  de  là  liberté  ■  et 
avec  les  dispositions  et  lc;s  intentions  doiil  le 
gouvernement  actuel  est  animé  ,  elle  en  fera  toute 
la  force. 


2oa 


i   VI. 

(Quelles   sont    tes    bases    que  le  gouvernement    doit 

adhpter  peur  diviser  et  distribuer  l'instruction  sur 

le  sol  de  la  république. 

Un  bon  système  d'enseignement  doit  off.ir  les 
ressources  de  l'instiuction  ^ar-lout  où  elle  esi 
riécessaiie  ;  mais  comme  la  même  école  peui  ad- 
meure  ,  sans  confusion  et  sans  danger  ,  uii  cer- 
tain nombre  d'individus  ,  il  faut  d'abord  calculer 
le  nomlare  des  écoles  sur  la  population. 

Celle  base  ,  qui  a  été  constamment  prise  pour 
règle  de  conduite  ,  doit  néanmoins  recevoir  quel- 
ques restrictions.  En  effet  ,  les  habitations  sont 
éparses  sur  une  grande  partie  du  sol  de  la  répu- 
blique ,  les  communications  sont  plus  ou  moins 
faciles  -,  de  sorte  qu'en  exigeant,  à  la  rigueur,  un 
«•ombre  déterminé  d'habitans  ,  et  fixant  léiabiis- 
sement  d'instruction  au  centre  ,  les  distances  ou 
les  difficultés  de  chemin  pouiraient  êire  telles, 
q.ue  les  élevés  de  la  circonlérence  nepussent  jias 
constamment  se  rendre  à  l'école.  Déjà  cette  diffi- 
culté avait  été  applauie  par  l'établisiement  des 
paroisses  ;  e\. ,  comme  nous  sommes  convaincus 
que  la  source  de  toules  nos  erreurs  dans  les  insiitu- 
trons  politiques  provient  de  ce  que  nous  n'avons 
pas  assez  tenu  compte  du  résultat  de  l'expérience 
des  siècles  que  nous  avons  constamment  con- 
fondu avec  fa  marche  éphémère  des  opinions  , 
nous  croyons  qu'il  faut  en  revenir  à  ces  démaica- 
ifons  traiéàs  par  les  convenances ,  à  ces  divisions  , 
à  ces  circonscripliotjs  qui  ,  depuis  long-lems  éta- 
blies et  pratiquées,  pfésentent  des  moyens  laciles 
de  communication,  et  ofFi-ent  une  telle  suitedc 
lelalioiis,  d'habitudes  entre  les  habilans  .  qu'on 
peut  les  considérer  comme  forniani  des  associa- 
tions pariiculieres.  C'est  donc  en  partant  de  ces 
anciennes  divisions  ,  heureusement  rétablies  et 
CDusactécs,  presque  loutcs  par  la  loi  crganiijue  de 
l'.idminisuaiion  «ivile  ,  qu'on  peut  établir  les 
les  écoles  municipales 


conSiBce  pufcSque  ;   c'est  une  vérité  malheureu-  ' 
sèment   acquise  par  une  trop  longue  expérience. 

On  peut  donc  réduire  à  environ  cent  jnille 
les  jeunes  gens  qui  léclament  une  seconde  ins- 
truction publique  pour  se  préparer  à  remplir  les 
diverses  fonctiotis  delà  société.  Ces  jeunes  gens 
soni  p:esqiie  tous  habilans  des  villes  :  là  se  trou- 
vent les  besoins  multipliés  de  la  société  ;  et  là  , 
par  conséquent  ,  doivent  se  préparer  et  être;  en- 
seignés les  moyens  d'y  salislaire.  C'est  donc  dans 
les  villes  qu'on  doit  établir  les  écoles  eommu- 
naies. 

Ici  ,  sur-tout  ,  on  doit  consulter  la  popula- 
tion ;  car  les  besoins  de  la  société  .  et  consé- 
quemment  les  moyeps  d'ins-iruciion  ,  doivent  va- 
rier selon  qu'elle  est  plus  ou  moins  considé- 
rable. 

En  partant  des  calculs  a-pproximatifs  de  la 
probabilité  de  la  vie  ,  une  ville  de  huit  mille 
habiraris  n'a  que  quatre  cent  (juarante  jeunes 
ge.  s  de  douze  à  dix-sept  ans  :  or  il  est  Gonslant. 
que  le  sixième  au  plus  se  desiirie  à  suivre  la 
carrière  des  études  libérales  :  ainsi  une  ville  de 
huii  mille  habilans  ne  compte  que  soixante-ireize 
enfans  qui  puissent  entrer  dans  l'école  com- 
munale; 

Une  ville   de     lo.ooo   en  a       88. 

20,000.   ...      176. 

«5,000.   .  .  .     220. 

i  100,000.  .  .  .     880. 

Ce  nombre  s'accroît  à  pei^-piès  du  double 
par  les  enfans  de  la  catnpaij;ne  ;  mais  comme  les 
ctablisstraens  particuliers  d'éducation  en  prennent 
la  moitié  ,  il  ne  reste  pour  l'instruction  publique 
que    le   nombre  porié   ci-dessus. 

Il  serait  donc  aussi  ridicule  qu'inconvenant  de 
placer  dans  chaque  chef-lieu  d'arrondissement 
les  mêmes  ressources  pour  linstruction  :  le  gou- 
vernement doit  par-tout  les  prop.orlioiintr  au 
besoin.   Sous   l'ancien   régime,    on    avait  si   bien 


^fais  comme  ,  d'un  côté,  il  existe  des  munici-  j  .'enli  cette  vérité,  qu  il   n'existait  ,  par  exemple  , 

qu  uii  seul  collège  dans  toute  1  étendue  du  dé- 
paiient  de  fa  Lozère,  tandis  que  dans  celui  de 
l'Hérault  ,  dont  la  population  toiale  n'excède  pas 
de  moitié  celle  de  la  Lozère  .  il  eu  existait  cinq; 
et  que  l'Aveyron  ,  où  la  population  est  supé- 
rieure à  celle  de  1  Héiault  ,^  n'en  possédait  que 
trois. 

Au  reste  ,  il  est  impossible  ,  sans  s'exposer  à 
de  graves  erreurs  ,  de  distribuer  à  priori  les  éta- 
blissemens  d  insiruction   communale  :  on  ne  peut 


pallies  trop  piu  peuplées  pour  fournir  à  une 
écoK'  municipale,  et  qu  il  en  est  un  Irès-grand 
îioiiihrc  doni  la  population  en  exige  plusieurs, 
les  cx)aseils  municipaux  doivent  en  exprimer  la 
cfemande  ,  pour  que  les  conseils  d'arrondisse- 
ment prononcent  sur  le  besoin  et  en  fixent  le 
nombre. 

En  partant  des  considérations  que  nous  venons 
d-élabiir  ,  et  combinant  les  résultats  du  sol  avec 
ceux  de    la  population  ,   nous   pouvons  ,   dès-à- 


piésent,  fixer  par  approximation  le  nombre  déco- (  jamais  avoir  des  données   suffisantes   à  ce   sujet; 


les  municipales  nécessaire  à  linstruction. 

Supposant  que  les  écoles  municipales  soient  on- 
veries  à  tous  les  eiifans  depuis  1  âge  de  sept  jusqu'à 
«elui  de  douze  ans,  et  calculant  sur  une  popu- 
lation toiale  de  trente  millions  d'individus  en 
France,  Condorcet  estime  que  le  diKieme  en  est 
desiiné  à  ce*  écoles  ,  ce  qui  ferait  irbis  njillions. 
Le  calcul  des  probabilités  de  la  vie  nous  rtiene  à 
des  résultais  semblables;  car  3o  millions  de  po- 
puljiion  supposent 
■  571,908  enfansdes  deux  sexes  de  l'âge  de    7  ans,  |  P°."^    1"^   quatre-vingt-treize 

.  '     -"  j       o  (  soixante-six. 

550,700 de    8,        ) 

553,713 de  9, 

548,192 de  10, 

54.4,419 •^^  "' 


et  il  faut  s'en  ripporter  à  la  sagesse  ,  à  l'intérèl 
et  auK  connaissances  des  conseils  d'arrondis^ 
sèment. 

C'est  pour  avoir  voulu  tout  prévoir,  tout/  ar- 
rêter ,  tout  symétriser ,  que  le  département  du 
Nord  ,  dont  la  population  s  cleve  à  huit  cent, 
huit  mille  cetii  quarante-sept  hubitans  ,  et  qui 
possède  cinq  à  i^ix  villes  considérables  ,  r'a  que 
son  école  centrale  ,  comme  le  dépariement  des 
Alpes  -  Maritimes  ,  dont  la  popuUtion  ne  se 
ille    trois    cent 


t  pou 
faut 


2,)78ï932. 

Si  à  présent  nous  supprimons  de  ce  calcul  , 
1'°.  les  personnes  du  sexe  qui  en  forment  la 
nioilié  ;  2".  un  sixième  qui  sera  élevé  dans  la 
maison  paternelle  ou  ch.z  des  instituteurs  privés, 
i[  ne  restera  plus  pour  les  écoles  primaires  que 
],i57,889,  cesi-à-diie  ,  à  peu-près  le  trentième 
delà  population. 

Admettant  ensuite  ,  pour  tetme  moyen  ,  cin- 
quante élevés  par  école  ,  il  faudrait  pour  toute  la 
république  environ   î3,t55  écoles  municip.'.les. 

A  mesure  qu'on  s'éloigne  de  cette  première 
in?ttuciion  publique  ,  le  nombre  des  élevés  di- 
mintie  avec  une  progression   rapide. 

Au  sortir  des  écoles  municipales  ,  un  sixième 
au  plus  se  consacre  à  des  études  plus  relevées  ; 
tout  le  reste  rentre  clans  les  ateliers  ,  ou  se  livre 
aux  travaux  de  1  agriculture. 

On  peut  donc  borner  à  deux  cent  trente-un 
■mille  cinq  cent  soixante-dix-sept  tous  lesjeunes 
oens  qui  se  destinent  à  entrer  dans  une  nou- 
velle .carrière  d'instruction  ;  mais  cette  portion 
de  jeunesse  appariieiit,  pour  moine,  à  cette 
classe  fortunée  de  la  Société  qui  préfère  cons- 
tamment 1  éducation  des  pensioiinats  à  celle  des 
étabiissemens  publics  :  d'«n  côté  ,  la  surveil- 
lance plus  directe  que  les  parens  conservent 
sur  leurs  enfuns^  de  1  autre,  la  faculié  qui  leur 
€St  laissée  de  ■ëiriger  leurs  études  d'apiès  leurs 
opinions  on  leur  but,  maintiendront  toujours 
ces  étabiissemens  particuliers  à  côté  des  étabiis- 
semens publics-:  ils  seront  même  plus  fréquen- 
tés ,  tant  que  ««  derniers  n  obtiendront  pas  . 
pour  leur  régime  intérieur  ou  la  nature  des 
études-,  rasseutiment  des  parens.  Il  est  pl'is  fa- 
cile d'ouvrir  de*   école*  que   d'y  faire  entrer  la 


écoles  spéciales  qu'il  faut  consulter  les  locali-  , 
tés ,  pour  trouver  les  ressources  nécessaites  à  j 
l'instruction.  j 

Il  est  des  points  marqués  sur  la  France  ,  où 
l'enseigiienieni  de  certaines  sciences  et  de  quel- 
ques ans  s'est  établi  par  un  concours  de  cir- 
constances, qu  Iquefois  fortuites,  plus  spuvent 
locales  ,  mais  que  nous  devons  respecter  pour 
ne  pas  perdre  le  fruit  de  ces  heureuses  institu- 
tions. 

C  est  sur-tout  dans  le  choix  de  l'emplace- 
ment des  écoles  spéciales  ,  qu'il  serait  dangereux 
de  tracer  sur  le  sol  de  la  France  ,  le  compas 
à  la  main  ,  les  lieux  où  l'on  doit  les  établir.  Je 
ne  connais  que  deux  principes  qui  puissent  gui- 
der dans  ce  choix  :  d'un  côié  ,  l'exemple  du 
passé  qui  a  vu  prospérer  pendant  d<;s  siècles  , 
sur  un  point  déterminé  ,  tel  art  ou  telle  science  ; 
de  1  autre  ,  une  réunion  bien  établie  d'hoijinaes 
capabl'-s_  de   bun   enseigner. 

D  après  cela  ,  nous  proposerons  de  conserver 
les  trois  écoles  de  médecine  créées  par  la  loi  du 
14  tnmairc  an  3;  elles  suffisent  à  l'in&truciion  ; 
elles  prospèrent  :  craignons  ci'ébranler  leur  or- 
ganisaiion  .  et  bornons-nous  a  y  porter  quelques 
modifications  demandées  par  l'expérience  de  six 
années. 

L'élablissemcnt,des  vingt-neuf  tribunaux  d'ap- 
pel paraît  avoir  déterminé  d'avance  le  siège  cl^es 
écoles  (ie  dmii  :  ià  ,  la  réunion  de  presque 
lous  les  degrés  de  la  hiérarchie  judiciaire  ,  et  les 
Uçons  des  premiers  talens  dans  la  science  de  la 
législation  ,  t  ffrent  des  ressources  que  l'élevé  ne 
saurait  rencontrer  ailleurs. 

Lan  véiérinaiie  ,  dont  une  nation  agricole 
peur  retirer  Je  si  grand,  avantages  ,  possède  déjà 
deux  grands  eiabhsveniens  qui  méritent  une  pro- 
leclion  s[)eciale  de  la  part  du  gouvernement  :  les 
écoles  dA.loii  et  de  Lyon  seront  donc  conser- 
i  vétis  «t  aniéliorées. 


L'éc^e  des  mines;  le  con9e*v»folfc  de  mu- 
sique ,  celui  des  ans  et  métiers  ;  lécole  de  pein- 
ture ,  sculpture  ,  architecture  ;  celle  d'histoire 
naturelle,  établie  au  jardin  des  Plantes  ;  lécole 
polytechnique  ,  celledes  ponts  et  chausséts  ;  tous 
ces  utiles  étabiissemens  ne  peuvent  prospéier 
qu'à  Paris  ,  parce  qu  indépendammt-iii  de  la  léu- 
nion  des  savans  et  des  artistes  les  plus  distingués 
de  l'Europe  qui  s'y  dévouent  à  l'enseignement , 
on  ne  peut  pas  se  flatter  de  trouver  ailleurs  , 
au  même  degré  ,  ce  goût  exquis  ,  cet  esprit 
philosophique  ,  cette  émulation  que  donnent 
de  grands  exemples  et  qu'inspirent  les  talens 
supérieurs. 

S-    VU. 
Des  pensions  4e  retraite. 

Levrai  moyen  d'attacher  à  linstruction  publique 
les  hommes  qui  se  dévouent  à  suivre  cette  car- 
rière difficile  ,   se  borne  : 

1°.  A  acijorder  à  leurs  honorables  fonction» 
cette  considération  sans  laquelle  leur  profcssioit 
n'est  bientôt  qu'une  servitiade. 

2*^.  A  leur  assurer  un  traitement  suffisant 
pour  éloigner  tout  prétexte  de  cultiver  con- 
curremment une  autre  profession  ;  et  pour 
écarter  loin  de  leurs  occupations,  jourualièt.es  , 
le  sentiment  pénible  ou  la  crjinle  fondée  d'ut* 
manque  de  subsistaiice. 

3°.  A  présenter  à  l'instituteur  ,  pour  terme 
d.'une  longue  et  honorabh  carrière  ,  une  re- 
traite suffisante  pour  mettre  ses  vieux  jours  ài 
l'abri   de   linquiétude  ou  des   besoins. 

Cette  retraite  est  un  devoir  du  gouvernement 
vis-à-vis  de  1  instituteur  ;  et  si  elle  n  est  assurée  , 
si  elle  n'est  suffisante  ,  loui  le  système  de 
l'instruction  publique  pèche  par  la  base  ,  la 
justice. 

Il  faut  donc  que  la  ipunificçnce  nationale 
suive  l'instituteur  jusque  ■  dans  sa  retraite  ;  et 
qu'au  moins  la  certitude  de  jouir  d  la  moitié 
de  ses  appoinlemens  ,  lui  présente  l'avenir  ,  noa 
comme  un  terme  où  la  misère  1  attend  ,  mai». 
comme  le  repos  mérité  de  scS  longues  cl  im- 
portantes  langues. 

Le  maître  d'école  doit  donc  jouir  de  la 
thoitié  de  son  traitement  ,  ajirès  vingt  an» 
de  service  effectif  dani,  le  même  arrondisse- 
ment. 

L'instituteur  communal  jouira  pareillement 
d'une  moidé  de  son  traitement  après  vingt  années 
d  exercice. 

Les  professeurs  des  écoles  spéciales  de  mé- 
decine et  législation  .jouiront  de  tout  leur 
traitement  fixe  ;  ceux  des  écoles  spéciales  où  il 
n'y  a  qu'un  traitement  fixe,  jouiiont  de  là 
moitié. 

Lorsqu'uti  professeur  aura  atteint  Iç  tetijs  dç 
service  fixé  pour  sa  retraite  ,  H  jouira  ,  en  su), 
de  son  traitement  ,  d'un  quart  de  sa  pensi"^oç, 
de  retraite  pendant  les  dix  premières  années,, 
s'il  continue  ses  fonctions  ;  de  la  moitié  ,  pen-^ 
dant  les  dix  années  subséquentes  ;  des  trot» 
quarts  ,  pendant  les  dix  qui  suivront  ;  et  de  }»' 
totalité  après    ce   terme. 

Néanmoiiis  ,  le  bien  de  l'enseignement  par^ 
exiger  que  le  professeur  qui  a  d'oît  à  la  petir. 
sion  de  retraite  ,  soit  tenu  de  renoncer  k 
l'insiruciion  publique  ,  si  l'autorité  qui  doit 
pouivoir  à  son  remplacement  le  juge  incapable' 
de  continuer  à  en  remplir  les  fonctions: 
[La  suite  demain.] 


MINISTERE  DE    LA  GUERRE. 

Rapport  du  lieulenant-générai  Dupont ,  commahdant 
-Jnîlt  drille  de  l'armée  d'Italie ,  sur  ïexpedition  dt 
Toscane ^aumois de  vendémiaire  an  g.  -^JJvournt, 
le  i  brumaire  an  g. 

'Votre    lettre     du     14    vendémiaire,   citoyen 
I  général  ,  relative  à  la  Toscane  ,  m'est  parvenue- 
j  le    l6  à  Boulogne. 
,      J'ai  adressé   sur-le-champ   au    général  Sommiii' 

riva  voite  notification  sur  le  licenciement  et  lé- 
I  désarmement  des  levées  extraorcinaires  ,  pdur 
I  être  en  mesure  ,  d'après  vos  ordres  ,  d  entrer  rapi- 
I  dément  en  Toscane  dans  le  cas  où  ce  générml 
I  refuserait  d'obtempérer  à  votre  demande  3  lefc 
j  brigades    des    généraux    Malber   et   Carra  Saiot». 

Cyr  appartenant  aux  divisions  Watrin  et  Monnier, 
I  ont  été  rassemblées,  la  première  à  Imola  ,  et  la 
I  seconde  à  Forli.  La  division  cisalpine  du  général, 
]  Pino  ,  et  la  brigade  des  chasseurs  à  cheval  du 
j  général  JablonQuski  ,  ont  reçu  l'ordre  de  se 
I  tenir   prêtes   à    marcher. 

Le  général  Sommariva  ,  au  lieu  de  me  répondr* 

sur    l'objet   de  U  notification  ,    se    borne  a  mac- 

1  cuser  réception  de  ma  lettre  ,    et  il   me  piéviept 

j  qu'il  dépêche    près    de  vpus    un   officitr  de  soa 

!  éiat-major.   J'aurais    dû     renvoyer   cet    officier  à  • 

Florence,    et  ne  pas   lui    accorder    le   passage  V 

puisque   dans  le  même  jour  ,  le   citoyen  MetlTs, 

l'un  de   mes  aides-de-camp  ,  chargé    d'une  niiS'- 

I  jion   prés    Le  géoéfal  -  comnaandaut  à  Ferra-reV' 


S!03 


ti'avait  pu  être  admis  dans  celteplace.J'aitotitcfois, 
oubliant  le  droit  de  représailles  ,  permis  au 
(thevalier  de  Saint-Atiibroisc  de  se  rende  à  Milan, 
où  il  vous  a  éié  préseiué  par  le  généial  Gobetl  ; 
chef  de  l'éiat- major  de  l'aîie  droile. 

Les  délais  fixés  dans  votre  lettre  pour  le  désai^ 
memeiit  allaient  être  écoulés,  et  je  ne  recevais 
point  du  gi-nèral  Sommativa  sa  réponse  ulié- 
lieure  que  j'en  nltcndais  ;  i!  était  néanmoins  pré- 
venu que  j  ciais  exclusivement  chargé  de  vos 
instructions.  Ce  silence  me  jettait  dans  un  grand 
étonnement.  Mais  ce  qui  redoubla  ma  surprise  , 
fut  le  rapport  du  général  Pino  ,  daté  de  Pianoro  , 
qui  m'éccivaii  (ju'un  mouvement  général  s'opérait 
dans  les  insurgés  toscans;  que  leurs  postes  occu- 
paient etjcoie  plusieurs  poinis  du  teriiioire  cisal- 
pin ,  et  que  l'on  traînait  de  l'artillerie  pour  armer 
les  ouvrages  élevés  sur  les  passages  ile  l'Appen- 
nin.  J'ai  dirigé  alors  sur  Bologne  lc«  troupes 
destinées  à  l'expédition,  et  qui  se  trouvaient  dans 
la  Romagne.  Lavant-garde  s'est  poriée  à  Logano 
pour  observer  de  plus  près  la  Toscane. 

De  nouveaux  rapports  confirment  les  premiers; 
ils  ne  me  laissent  plus  le  moindre  doute  sur  les 
intentions  hostiles  du  généra!  Sommariva  ,  et  sur 
son  refus  de  dé'îasmer  les  insurgés.  Cette  con- 
viction ,  partagée  par  tous  les  gétiéraux  ,  me  dé- 
termine à  marther. 

Le  terme  était  expiré,  et  j'aurais  éic  ,  par  un 
plus  long  retard  ,  co.upable  de  l'inexécution  de 
vos  ordies  et  de  ceux  du  gouvernement.  En 
rfonnarrt,  d'ailleurs,  à  l'ennemi  le  tems  de  se 
fortifier  davantage  et  d'occuper  les  gorges  des 
montagnes  ,  c'était  provoquer  une  effusion  de 
sang  inuiile;  toutes  les  considérations  militaires 
et  politiques  rae  dictaient  le  parti  que  j  ai  pris. 

Avant  de  pénétrer  en  Toscanç  ,  j'éctis  au  gé- 
néral Sommariva  la  lettre  suivante  :  elle  expose 
les  griefs  qui  rendent  celte  opération  aussi  iégi- 
mc  que  nécessaire  ;  ils  fixeront  l'opinion  de 
1  jîurope  1  comme  ils  ont  déjà  fixé  celle  de  l'Italie. 
LA.naementdç  la  Toscane  porté  à  25,ooo  hom- 
mes et  les  incursions  dévastatrices  de  ces  levées 
exiraordinairts.  sur  le  teriiioire  cisalpin;  les  ca- 
lomnies et  les  insulies  les  plus  outrage  mies  pour 
la  naiion  française  ;  la  sûreté  de  nos  canionnc-- 
tnens,  sans  cesse  compromise,  et  un  état  réel 
d  hosulités  au  sein  raérae  de  l'armisiice  ,  tout 
exigeait  ladoption  d  une  mesure  analogue  à  la 
.  dignité  du  plus  grand  des  peuples  et  à  la  gloire 
de  l'armée  d'Italie.  J  adresse  en  même  lerns  une 
proclamaiion  au  peuple  toscan  ,  que  je  ne  devais 
pas  (onfondie  avec  les  légions  de  M.  Somma- 
riva. Cette  armée  insurgée  a  coûté  pré;;  de  trente 
millions  à  ce  pays  que  son  beau  climat  a  rendu 
si  florissant  et  le  gouvernement  de  U  régence 
si  infortuné.  Les  moyens  les  plus  ridicules  et  les 
plus  violens  ont  été  lour-à-tour  çinployés  pour 
exciter  un  soulèvement  général.  A  Arez^o  ,  on  a 
vu  la  madone  lirçr  ,  de  sa  niche  ,  des  coups  de 
fusil  sur  1  effigie  des  français.  G  étaient  le  mi- 
nistre anglais  Windam  ,  un  moine  et  la  coqrii- 
»anne  Mdr)i  ,  célèbre  en  Toscane  ,  qui  {'esïienf 
opérer  ce  miracle  ,  auteur  de  la  perte  des  trop 
crédules  et  ardens  Arétins. 

A  Lucques  ,  le  général  Sommariva  pressait 
Févêque  de  prêcher  une  espèce  de  croisade 
contre  nous  ;  mais  la  piété  éclairée  de  l'évéque 
»  rejette  jon  projet  de  guerre  de  religion.  A 
l-ivourne  ,  I)  rcme  de  Naples  égarée  par  sa 
iiiine  et  par  sa  douleur  ,  après  la  bataille  de 
Matengo  ,  n'a  pas  craint  de  répondre  aux  vo- 
ciléradons  du  peuple  ,  au  milieu  du  ihéâirc  , 
par  ces  cris  :  Mort  aux  français  ,  mort  à  B.07ia- 
parte.  Il  y  a  railie  iraits  de  ce  genre  qu'il  est 
supciflu  de  rappeler  ;  ils  tembl«nl  ,■  par  leur 
extravagance  ,  être    éirangers   à  ce  siiecle. 

Les  2o  et  îI  ,  les  corps  des  généraux  Malher  , 
Monuier  et  Jablonowsky  se  dirigent  de  Bologne 
&ur  Log^no  ;  la  division  Pino  s'éiiiit  avancée  sur 
Scaric.a  Lasino.  Un  bataillon  roarclie  pat  la  route 
4^  'Vçrgatû  ,  et  la  84'.  demi-brigade  légère  , 
Commandée  par  le  citoyen  Fercy  ,  irèi-bon 
chef  de  çorpj  ,  reçoit  l'ordre  de  se  porter  de 
Ferly  sur  la  route   de  Fioremuota. 

Le  22  tout  le  corps  d'expédition  se  met  en 
mouvement  ;  la  division  Pino  forme  lavant- 
garde  sous  les  ordres  du  général  de  division  Pino, 
et  des  généraux  de  brigade  ,  Julien  et  Trivulcy. 
Lo  premier  poste  ennemi  que  l'on  rencontre  était 
placé  en  avant  de  Pielra-Mala  ,  et  coiapoié  d'au- 
trichiens et  de  toscans  ;  il  fait  feu  sur  nos  troupes, 
elles  y  répondent,  et  elles  l'enveloppent  rapide- 
snenl.  11  met  bas  les  armes.  Je  témoigne  aux  au- ■ 
Irichiens ,  commandés  par  un  major  du  régiment 
ide  jordis  ,  ma  surpiise  de  les  voir  mêlés  avec  les 
lôstans  qui  se  sont  mis  en  état  de  guerre  avec 
1  armée  française  ,  et  que  j'ai  ordre  de  désarqaer  ; 
je  les  préviens  au  surplus  que  je  ne  les  consi- 
dère point  comme  piisonniers  de  guerre  ,  altcndu 
l'armistice  que  mon  opération  n'altère  en  rien  ,  et 
.qu'ils  vont  rejoindre  leurs  corps  avec  leurs  armes 
*t  If  urs  effet».  Le  po^ie  établi  à  Pietra-Mala ,  com- 
posé de  cuirassiers ,  demande  ,  et  obtient  tans  dif- 
iiriilié  ,  la  faculté  de  se  lelirtr  sans  eue  in- 
quiété. 

A  mctute  qii'on   avance  ,  «d  appctçoit  lur  le 


flanc   de<  colonnes,   des   bandes   d'insurgés  qui     messes  et  tous  Ici  prestiges  du   fanati 


gagnent  l'épaisseur  des  bois  et  les  gorges  écar- 
tées ,  pour  .se  .'iousiraire  à  noire  pouisuitc.  Nous 
trouvons  à  Sinla  des  ouvrages  dt-  campagne  fort 
eiendus.  Ils  couvraient  un  camp  où  nous  pension!, 
éprouver  quelque  rési^Iance  ;  mais  il  avait  élé 
abandonné  peu  d'heures  avant  notre  arrivée  .  el 
quelques  hommes  seulement  qui  sélaieiit  cachés 
dans  les  redoutes  y  ont  été  piis;  des  aimes  et 
beaucoup  d'ouiils  y  oni  clé  enlevés.  Les  ennemis 
se  repliant  sur  Barbeiino  où  était  leur  quartier- 
généial  ,  nous  inarchoris  vers  ce  point  avec  rapi- 
dité. Le  général  Sparmocliy  ,  qui  les  commandait 
dan»  cette  partie  ,  évacue  précipitammeiii  la  ville , 
el  nous  y  entrons  le  soir  après  une  marche  de 
3o  milles. 

J'apprends  en  arrivant  que  les  insurgés  trompés, 
comme  je  l'avait  espéré  ,  par  le  mouvcmeni  de  la 
S4?  légère  ,  et  par  celui  du  corps  (]ui  m.ncliait 
par  Vergalo  et  Granoglioue  sur  Pist' 'ia  ,  s'étaient 
portés  en  graml  n'ombre  de  ce  côié.  Il  dirvivm 
alors  évidc-nt  (]u'ils  ne  peuvent  plus  se  léunir  cl 
de       ■ 


ismc  ,  pont 
exciter  les  aréùns  à  une"  défense  opiniâ're.  Un 
bataillon  gardait  les  approcncs  d^  la  ville;  il 
est  aliaqijii  le  ii6  sur  I,-  canal  de  la  Ghiana  , 
où  il  avait  pris  posiiiori  :  il  fait  un  feu  assez  vif 
mais  il  est  bieniôt  culbulé  et  taillé  en  pièces  par. 
un  escadron  du  1 1  '  de  hussards,  commandé  par  le 
cil.  Berruyer.  Le  cit.  Briche  ,  capitaine  au  même 
régiment,  en  poursuit  les  débris  juiqiies  sous 
les  remparts.  Les  aides-de-camp  Démoli  et  Ca- 
mille ont  chargé  avec  valeur.  Les  troupes  air;. 
vent  prés  des  retrancheraens  hauts  de  vingt 
pieds  ,  et  qui  semblent  à  labri  d'un  coup  tîe 
main  ;  l'artillerie  dont  ils  sont  garnis  tire  avec 
une  grande  vivacflé.  Le  général  Carra  Saint-Cyr 
se  porie  ,  avec  deux  bataillons  de  la  29°  de 
ligne,  sur  une  hauteur  voisine  de  la  citadelle  ;  un 
autre  bitaillon  de  la  même  demi-brigade  se 
porte  sur  la  rouie  de  Peiugia  ;  pliisieni's  pièce» 
de  canon  souienues  par  un  baiaillon  de  la  SS'  , 
sont  mis  en  batterie  devant  la  porte  de  Floiencc 
pour  labaiirc  ;  d'auires  pièces  battent  en  biêçbe 
opérer  de  loislance.  l'on, es  lej  difficiilrés,  du  | '«^  basiions  à  droite, 
passage  de  l'Appennin  ^e  trouvaient  vaii,ciics.  Je  1  Le  général  Monnier  qui  Sait  prolonger  les  sièges 
fus  également  instruit  à  Barberino  ,  que  le  gênerai  ■  lorsqu  d  les  soutient,  comme  à  Ancône,  et  les 
Sommariva  avait  redoublé  d'activi'é  dans  ses  abréger  lorsqu'il  les  fait,  ordonne  qu'on  garnisse 
dispo.siiions  militaires,  au  retour  de  l'oHicier  qui  la  poiie  de  fascines  et  qu'on  y  mette  le  ieu.  Les 
avait  été  expédié  à  Milan  ,  malgré  les  promesses  grenadiers  courent  Içs  placer  ,  dirigés  par  laidc- 
qu'il  y   avait    données  ^  et   qu'il   lésait  sonner   le     de-camp  Démoli  ,  et  le  capitaine  du  génie  ,  Bois- 


tocsin  de  tous  côiés.  Ccue  circonstance  est  re- 
marquable. Jç  réponds  à  la  lettre  qu'il  m'écii't 
par  la  lettre  ci-jointe. 

On  découvre  à  Barberino  des  magasins  d'elTeis 
d'équipement  ,  >;i  un  grand  noiubie  du  piques 
desiinées  à  armer  les  p.av.sans  .  au  ucf.iii  de 
fusils;  elles  seroni  transféréts  à  Bo  O.^inc.  Il  éclate 
pendant. la  nuit  un  inct-nJic  tiè;-vio)cni  qui  me- 
naçait d'embraser  touie  la  vdle;  ma:s  la  pniximiié 
du  camp  arrête  les  ravages  qu'il  aurait  nu  taire  : 
les  travailleurs  s'y  porient  avec  céléiitc.  j'ai  rempli 
purement  vos    internions,   en  pro  me  tant  des  in- 


chevalier. 

Le  général  SainirGyr  fai,t  la  «nême  opération  à 
la  porte  qui  se  trouve  dans  son  côié  -d'atiaijue. 
Une  pluie  de  mitiaiiie  ,  méiée  de  grenades  et  de 
pierres  ,  lombe  sur  Ls  braves  qui  po.;eiit  les 
lascines  poui  embraser  les  poiii;*.  Mais  ce  moyen 
audacieux  ne  peut  ré<jssir,  les  portes  étant  dou- 
blées en  fer  et  terrassées. 

L'e.^^eml  qui  touchait  à  sa  perle  se  rassure  et 
se  croit  vainqueur.  La  ville  est  soudain  illuminée, 
elle  retentit  tic  vociférations  fiénéiiqucs  ;  le  tocsin 
sonne    avec  tureur,    et  accompagne   les  cris   ic 


emnites  aux  individus  qui  ont  essuyé  des  pertes,     doublés  de  mort   aux  français. 
Les    lioupes  reprennent   leur    marche  le    =3  ,         £,3^,  ,i"s'ruit   de  cet   éiaî  de  "choses  ,  je   fais 

sur 


en   avançant    vers     Florence   ;    j'étais   a   cUaquc    passer    de'  l'anilleiie  ,     et     des     mupuior 
instant    plus    impatient   de    savoir    le    pam    que    Arezzo  ;   le   gênerai  T.ivulcy  marche    avec    une 

demi-brigade  cisalpine    de    lenfort,   ainsi  rjue  \et 


prendrait  M.  Sommariva  qui  était  à-la-lois  gé- 
néral autrichien  ,  général  toscan  ,  membre  et 
président  de- la  régence.  Comme  chtf  des  insur- 
gés ,  il  avait  employé  tous  ses  moyens  de  défense  ; 
mais  l'armisiice  régnant  toujours  entre  les  deux 
armées  française  et  autrichiene  ,  il  sentait  qu  il  j 
ne   pouvait  ,  sans  se  compromettre   gravement 


général  Polombini  ,  avec  Je  bataillon  d'officiers  , 
cis.alpin  qu  if  commande  ;  un  bataillon  de  1» 
28"^.   reç£)it    la   même  destination. 

Pendant  la  nuit  ,  ou  prépare  des  échelles  ;  le 
soldat  ,  impatient  de  vaincre  ,  deiuaudatt  l'as- 
saut. C  est  sur  les  rempaiis  de  la  ville  ,   emponéi 


m'opposer  les   tioupes  autrichiennes    qui  é.aient  ;  Je  vive  foice  ,    qu'il   veut  altendre   les    renions, 
sou.s  ses  ordres,  je  reçois  ennn  ,  a  quelques  miUçs    - 
de  Florence  ,  une  lettre  où  ce  général  m'annonce 
qu'il   évacue  la  Toscane ,  et  ou  il  recommande  à 
la  générosité  française  les  intérêts  des  malades  et 
des  détachemens  autrichiens  qu'il  laisse  derrière 
lui;   son.  vœu   a  , été  fidèlement  rempli;   j'ai   eu 
pour  eux  tous  les  procédés  convenables ,    et  les 
officiers   que  j'ai     vus  ont   reconnu   la   légilinjité 
'  )n  qui 
ral'So 
général  et  gouvernement  toscan 

Le     tocsin     sonnait   encore     à     Florence    peu 
d'heures    avant    noire    atrikée  ;    mais    ceiie  ma 


d'une  opération  qui  ne  concerne  point  l'Autriche  , 
et  que  le  "énéral/Sommarivs  a  provoquée  comme 


Le  27  ,  à  neuf  heures  ,  iput  est  disposé  pour 
donner  l'assaut.  La  58°  demi-brigade  ,  coniman- 
dée  par  le  chef  de  bataillon  Lusignan  ,  s'y  pié- 
senie  ,  conduite  par  le  général  Monnier  et  lad- 
judant-ccmmandant  Géiard.  Plusieuis  braves  de 
ce  corps  sont  trappes  ;  mais  rien  ne  peut  ébranler 
son  auctace.  Dans  le  même  instant,  la  porte  de 
Pérugia  et  celle  -dé-ia  Montagne  soiii  enlevées 
par  la  2g«  de  ligne  ;  les  français  se  précipiten; 
alors  dans  la  place. 

Les  aiétins  sons  poursuivis  et  jnàssac.és  sur  les 
remparts  ,  dans  les  rues  el  sur  les  batteries.  Les 
uns    sç  dérobent  à  la    mon    en    fuyant  de  tous 


nœuvre  était  trop  tardive  ;  le  plus  grand  calme  j  Us  côiés  ,  ,d  autres  se  déiendeiu  encore  dans  les 
a  légné  dans  la  ville,  au  momçni  de  l'arrivée  j  maisons  tient  les  murs  sont  crénelés;  des  sou- 
des troupes  ;  ma  proclamation  a  rassuré  et  j  letiains  qui  conduisent  dans  les  camjiagnes  tr» 
éclairé  les  habitaiis  sur  leur  situation  ,  que  les  j  oni  sauvé  plusieurs.  La  citadelle  demande  4 
excès  de  la  légence  auraient  ponés  au  dernier  capituler  ;  et  sur  la  réponse  que  les  français  né 
degré  d'infortune  ,  si  un  nouvel  ordre  ce  choses  |  capitulent  pas  avec  des  brigands,  elle  st  rend 
n'avait  pas    renversé    sa   dominaiion.    Les    mc-m-  !  à  discrétion.  .    '       <  '  ' 

bres  qui  composaicni  ceiie  auionié,  on't  quille 
la  ville  après  avoir  lormé  un  gouv.  rncment 
piovisoire   qutj'ai  niain 

autorités   que  j  ai   tiouvées   e.ablies."  |  campagne,  et   elle  n'a  cessé  depuis  de  méri.er  I, 

La    capitale    de    la     Toscane     étant  entre  noj     vengeance  que  la  générosité  française  a  dédaioné 

d'exercer   suf  elle. 
Je  vous    ferai  passer  sept  drapeaux  qui  ont  élé 


j      Tel  3  é'é  le  sort  d'Arezzo  ,    de  celte  coupable 
.     .-         I  .ville,   qtion    a    toutes  fois  épargnée;    elje   avait 

ainsi  que  les  autres     „,  ■    ^iraver   l'armée   de  Naples   dans    la  demi, 


eiant  entre 
mains  ,  j  ai  dirigé  la  division  Pino  sur  Prato  ; 
Pislo'ji.  cl  Pescia  ;  la  division.  Monnier  ,  sur 
Arrczo  ,  et  la  brigade  Maihcr  ,  sur  Livourne  , 
afin  de  prendre  possession,  à  |i)  fois,  de  tout 
le  territoire  Toscan  ,  et  de  le  ptitger  des  in- 
surgés auxquels  il  ne  falUit  pas  doiirjer  ft  tems 
de  rassembler  leurs  corps  sur  difféiens  points. 

Le  général  Pino  a  trouvé  à  Pisio'ia  le  ba- 
taillon cisalpin  qui  éiaii  paiii  de  Vergalo.  Le 
commandant  du  baiaillon  avait  frit  un  arran- 
gement avec  le  commandant  autrichien.  II5  ont 
réuni  leurs  moyens  «pendant  quelques  inslans 
pour  calmer  l'eflctv>-scerice'  qui  se  manifestait 
dans  cette  ville  .  pendant  que  le  gépéial  Malher 
marchait  sur  Livourne.  Le  général  Clémtiit 
Coretmandant  à  Lucfjues  ,  auquel  j'avais  envoyé 
un  courrier,  le  20',  pour  se'poriér' sur'  cette 
place  ,  m'a  apppris  qu  il  y  éiait  heureusement 
cniiré;  il  a  eu  beaucoup  à  se  louer  du  co- 
lonel autrichien,  Si.egeiH^I  «  ^|li  y  comman- 
dait ,  et  qui  la  lui  a  cédée  sans  d  fficulié.  Le 
général  Clément  a  justifié  votre  confiance  ,  et 
il    a   patf'aiteincnt  conduit   son  opéiaiion. 

Le  gros  des  insurgés  s'était  replié  sur  Arrezzo  , 
et  le  général  Monnier  les  y  a  trouvés  décidés  à 
le  défendre.  Celte  place  bien  fermée  et  favora- 
blement située,  pouvait  se  miiinltiiir  quelque 
tems.  Le    général  Sommariva   l'a  traversée    dans 


enlevés  ,?qx  insurgés.  La  place  renfermait  beau' 
coup  d'armes  et  de  muniiioiis.  Il  esi  inuiile  de 
vous  faire  l'éloge  des  troupes.  Le  succès  de  cène 
expédition,  et  l'assaut  brillant  d'Ac^zo  le  fonf 
assez  ,  ainsi  que  celui  des  officiers-généraux, 
des  officiers  supérieurs  et  d'éiat-inajoi  employés 
dans  le  corps  d'arrtiée  que  je  commandé. 

L  observation  de  la  discipline  militaire  ,  I« 
proteclion  accordée  aux  habiians  paisibles,  ci  le 
respeci  pour  l'armistice  ,  traraçiéiisenl  parijculié- 
rement  cette  opération;  elle  répare  des  griefs 
tjue  l'armée  f  anç^ise  ne  pouvait  tolérer  sans 
faiblesse  cl  sans  danger;  elle  rétablit  le  piincipe 
dt»  lois  de  la  guerre,  trop  longiems  violccs  à 
notre  égard. Je  ne  doute  pas  qu'elle  n'accélère  les 
négociations   de    la   paix. 

Signé  Dupont. 

Pour  copie  conforme  , 

Le  ministre  de  la  guerre ,  sie»é ,  J.  G.  I,AevÉs^ 


sa  retraite  sur  Ancône  ,  el  y  3  prodigué  le>pro-  j  Koltieidani, 


MINISTERE    DE   LA    MARINC:. 

Lv  corsaire  U  Çhass^eifr,.  dt  Dunkeique  ,  capi» 
laliic  Nauckman  .  .1  pus  uu  sloop  anglais  chai«ç 
d'avoine  ,  de  fromages  et  de  toiles  a  vojJc,  C« 
bâiimeni  ,   arrivé  »  la  Brille  ,  11  dd  êire  cçnduil  i 


IMINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 
Ordre  du  19  brumaire. 

Tous  les  officiers  et  sous  officiers  du  corps  de 
la  gendaimerie  naiionale  .  en  acliviié  de  service 
ou  reformés  .  qui  soui  à  Paris  ou  y  viendront  , 
soit  pour  objet  de  service,  soit  pour  afFiiires 
pcisontielles  ,  sont  tenus  de  se  présenter  dans 
irO'S  jouis  ,  pour  ceux  qui  s  y  trouvent  ,  et 
'pour  1  avenir  d^ins  les  24  heures  de  leur  arrivée, 
au  buicau  de  l'insprctian  générale  de  la  gen- 
darmerie, rue  de  i  Université,  n°  908,  à  l'effet 
de  l'aire  connaîfie  et  viser  leurs  ordres  ,  per- 
missions ou  passeports.  Ils  se  présenteront  entre 
neuf  heures  et  midi. 

Cv.'ux  desdiis  officiers  réformés,  domiciliés  à 
P.ins  ,  ou  qui  voudront  s'y  fixer  à  l'avenir  ,  sont 
éjj,aleniei!t  astreints  à  cette  formalité  ,  sans  êtie 
dispensés  de  celles  voulues  par  les  lois  mi- 
litaires et  de  police  ,  et  les  ordres  particuliers 
des  ministres. 

Vinipnleur-générai  delà  gendarmerie  nationale  , 
Signé ,  Radet. 


PRÉFECTURE    DE    POLICÉ. 

farii  ,  le  19  brumaire .,  an  g  de  la  république  fran- 
çaise ,  une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  a  fait  faire  le  relevé  des 
viandes  qui,  à  raison  de  leur  insalubrité  ,  ont 
été  saisies  pendant  le-  cours  de  l'an  8  ,  par  les 
agens  de  la  police  ,  et  principalement  à  la  Halle. 
La  quantité  s'élève  à  7,683  kilogrammes,  c'est- 
à-dire  ,  environ  i5,366  livres  ,  qui  ont  été  trans- 
portées à  la  ménagerie  du  Jardin-des-Plantes , 
pour   la    nourriture   des  animaux  carnivores. 


204 

des  Bons-Hommes;  il  y  blanchit  deux  ou  trois 
mille  aunes  de  toiles  en  un  jour  ,  avec  trente  livres 
de  soude  et  un  seul  homme.  On  va  l'établir  éga- 
lement àRouen  et  dans  la  Belgique. 

Une  cotiimissinn  ,  dont  le  citoyen  Halle  a 
été  1  organe  ,  a  vérifié  les  expériences  nouvelles 
de  Volta  sur  le  galvanisnye.  Elles  reviennent  en 
général  à  ceci  :  qu'une  séiie  quelconque,  com- 
posée d'argent,  d  eau  et  de  zinc,  répétée  plu- 
sieurs fois  dans  le  même  ordre  ,  se  trouve  sur  le 
champ  et  demeure  constamment  posiiivemenl 
électrique  à  l'extrémité  où  est  l'argent,  et  négative- 
ment à  celle  oii  est  le  zmc;  que  celui  ou  ceux 
qui  louchent  à  là  fois  ces  deux  extrémités  , 
éprouvent  une  espèce  de  commotion  électrique 
qui  dtire  autant  que  le  contact  .  et  que  si  cette 
communication  se  fait  par  deux  fils  de  métal 
qui  entrent  tous  deux  dans  un  tube  plein  d'eau; 
celui  qui  touche  au  côié  électrisé  posiiiveinent  . 
s'oxidc  .  pendant  que  1  autre  paraît  produite  d'un 
airqui  provient  de  la  décomposition  de  l'eau,  et 
qui  est  du  gaz  hydrogène. 

Le  citoyen  Cwt/ier  a  décrit  un  pied  d'oiseau, 
trouvé   dans    Ife   gypse    de   Montmartre. 

Le  citoyen  Gérard  a  décrit  une  espèce  de 
vesce  ,  dont  une  partie  des  fleurs  demeure  tou- 
jours clans  la  terre  ,  et  y  produit  des  fruits  qui 
s  y  développent.  Le  citoyen  Ventenat  a  vérifié 
ces  observations. 

Le  même  citoyen  Ventenat  ,  a  présenté  le 
premier  cahier  de  sa  description  des  plantes 
rares  ou  curieuses  du  jardin  du  citoyen  Cels. 
Ce  cahier  contient  dix  espèces  représentées  dans 
de  superbes  planches. 

Le  citoyen  Beauvois  a  décrit  un  nouveau 
genre  de  plante  qu'il  a  découvert  en  Afrique, 
et  nommé  omphalocarpon.    C  est  un    arbre    qui 


tinuée.  Les  cit.  Monsaldy  et  Dcvisme  vi^nnet>t 
de  la  reprendre  sur  le  même  plan  ;  à  l'exceptioa 
que  la  disposition  actuelle  du  sallon  sur  quatre 
faces  ,  les  a  obligés  de  faire  dt  ux  planches 
au  lieu  d'une.  —  La  première  paraîtra  le  i5  fri- 
maire prochain.  Ceux  qui  .  desiieront  des  pre- 
mières épreuves  ,  sont  invi'és  à  se  laire  inscrire 
chez  les  citoyens  Monsaldy  et  Dcvisme  ,  rue 
de  Molière  ,  n°  2  ,  piès  lOdéon. 

Le  prix  de  chaque  estampe  est  de  3  fr.  —    On 
prie  de  vouloir  bien  afFraucbir  ks  Iciiics. 


LIVRES       DIVERS. 

Traité  des  rentes  foncières  ;  principes  sur 
la  nature  de  ces  contrats  ,  moyen  de  distin- 
guer les  rentes  foncières  à  rétablir  d'avec  les 
droits  féodaux  abolis;  ouvrage  également  utile 
aux  propriétaires  qui  ont  des  rentes  foncières 
à  percevoir  ,  et  à  ceux  qui  devaient  des  presta- 
tions annuelles  détruites  par  la  nouvelle  légis- 
lation ;  par  A.  G.  G.  Boudet  ,  jurisconsulte  ; 
brochure  in-12  ,  prix,  l  fr.  ;  pour  les  dépar- 
teraens  ,   l    fr.   5o  cent. 

Chez  Baudouin  ,  imprimeur  du  Coips-légis- 
laiil  et  du  Tribunal  ,  rue  de  Grenelle  Saint- 
Germain  ,   11°.    I  l3i. 

On  trouve  toujours  chez  le  même  ,  la  collec- 
tion générale  des  lois  depuis  1.789  ;  •  les  rap- 
ports ,  les  discours  des  assemblées  nationales 
depuis  la  même  époque  ,  et  pendant  la  session 
du  Corps -législatif  les  projets  de  loi  qui  lui 
sont  présentés  par  le  conseil- d'état  ;  le  tout 
format  in  8°. 


INSTITUT        NATIONAL. 

h'otice  des  travaux  de  la  classe  des  sciences  physiques 
et  mathématiques  de  l'Institut  national.,  du  i5 
messidor  an  8,  jusqu'au  i5  vendémiaire  an  g. 
—  Partie  physique. 

Le  citoyen  Berthotlet ,  qui  avait  prouvé  précé- 
demment que  la  force  de  cohésion,  lorsqu'elle  est 
considérable  ,  détermine  dans  les  mélanges  des 
différens  sels  la  précipitation  et  la  séparation  des 
combinaisons  salines  dans  lesquelles  elle  a  lieu  , 
s'est  occupé ,  dans  ce  trimestre  ,  des  cas  oii 
cette  force  difFere  peu  dajis  les  substances  salines 
mises  en  action.  Il  a  montré  que  les  propor- 
tions déterminent  alors  le  résultat,  au  point  qu'en 
les  variant  on  peut  obtenir  des  combitiaisons 
opposées. 

Les  citoyens  Fourcroy  tt  Vauquelin,  ont  prouvé 
que  les  acides  obtenus  de  la  distillation  dçs 
végétaux  ,  et  que  l'on  a  nommés  pyro-muqueux, 
pyio-ligneux  ,  pyro-tartareux  ,  sont  absolument 
de  la  même  nature  que  le  vinaigre  ,  et  qu'ils 
ne  différent  entre  eux  que  par  la  combinaison 
d'une  huile  particulière  à  chacune  des  substances 
qui  les  produit. 

Le  citoyen  Vauquclin  a  confirmé  l'existence  d'une 
terie  nouvelle  ,  trouvée  par  M.  Gadolin ,  dans 
irne  pierre  noire  qui  se  trouve  à  Sterby ,  en 
Suéde.  C  est  la  neuvième  :  elle  forme,  comme 
la  glucine  ,  des  sels  très-sucrés  avec  les  acides  , 
taais  elle  en  difiTere  ,  parce  que  sa  combinai- 
son avec  l'acide  sulfurique  est  peu  soluble  ,  et 
parce  que  l'acide  oxalique  et  le  prussiate  de 
potasse  la  précipitent  de  ses  dissolutions. 

Le  citoyen  Hauy  a  trouvé  que  le  soufre  pos- 
sédait àun  très-haut  degré  la  propriété  de  doubler 
les  images  des  objets,  même  lorsque  les  deux  faces 
au  travers  desquelles  on  les  regarde  ,  sont  paral- 
lèles :  il  a  mesuré  la  force  réfringente  du  souffre  , 
et  montré  qu'étant  très-supérieure  à  ce  que  sa 
densité  indiquait ,  le  résultat  de  ^Newton  sur  les 
substances  combustibles  se  trouve  encore  con- 
firmé dans  ce  cas-ci. 

Le  citoyen  Chaptal  fit  connaître  ,  dans  cette  en- 
ceinte ,  l'année  dernière  ,  à  pareil  jour  ,  un  nou- 
veau procédé  pour  blanchir  le  coton  par  la  vapeur 
de  l'alcali  fixe  ;  il  fesait  espérer  que  ce  pro- 
cédé s'appliquerait  avec  avantage  au  blanchiment 
du  lin. 

Les  anglais  n'ont  pas  manqué  de  faire  usage 
de  celte  découverte  ;  ils  l'ont  même  apphquée 
aux  toiles  en  L-s  dévidant  dans  l'appareil  ,  et 
l'ont  rendue  si  économique  que  l'aune  ne  coûte 
pas  un  liard  à  blanchir.  Le  citoyen  Bawens , 
vient  d'établir  le   même  procédé  ,    à  la  fabrique 


Ans  aux  négocions  et  voyageurs. 

A   dater  du  25    brumaire  ,    l'établissement  dei 

berlines  Saint-Victor  ,  qui  est  tue  Neuve-Egaliié  , 

a  cela  de   singulier  ,  que  ses  fleurs  et  ses   fruits     n°  3o6  ,   sera   transporté   rue  du  Mail,  ci-devant 

sont   attachés  à   son   tronc  ,    et  qu'il    n'en  vient  ,  hôtel  des  Chiens,  n°  43  ,  d'où  il  partira  de  cette 

point   sur   ses  branches.  ;  époque  ,    tous  les  jours   pairs  ,   à   7    heures   du 

.,  .  .  _  .  •    j     i  matin,  une   berline   conduite  en   poste,  qui    se 

Le   même    CJtoyen   Beauvois  ,    a    "pporte  de  ,  ^^^^^^   ^„  ,^^-^    -^^^^  ^   Bruxelles  ,  et  couchant 

nouvelles    observations    sur    différentes    espèces     -,  yn^  Les  bureaux  sont  ,  à  Arras  ,  chez  Franger 

de   mousses,    pour  confirmer  1  opinion   quil    a  .    ^  .      „     ,      ,        .       .      = 

émise  autrefois  que  l'urne  de  ces  petits  végé- 
taux est  une  fleur  hermaphrodite  ,  qui  contient 
à  la  fois  le  pollen  fécondant  et  les  germes  des 
semences. 


Le  citoyen  Sabatier  a  cherché  une  nouvelle 
explication  des  changcmens  qui  arrivent  à  l'en- 
fant nouveau  né  par  rapport  à  la  circulation  du 
sang.  La  gêne  qui  résulte  dans  le  système  vas- 
culaire  de  l'enlèvement  du.  placenta  ,  force 
l'enfant  à  se  donner  divers  mouvemens  qui  oc- 
casionnent la  première  respiration.  La  poitrine 
se  dilatant  ,  repousse  le  diaphragme  et  avec 
lui  le  cœur  vers  le  bas  ,  avec  d'autant  plus  de 
force  que  le  foie  venant  à  diminuer  .  ne  les 
soulevé  plus.  Le  cœur  changeant  de  situation  , 
tous  les  vaisseaux  changent  de  rapports  ;  par 
u.ie  combinaison  d'actions  assez  compliquées , 
le  trou  ovale  se  ferme.  L'angle  que  le  canal 
artériel  forme  avec  les  deux  grandes  artères 
change  ,  et  ce  canal  ne  pouvant  plus  recevoir 
de   sang  ne  tarde  pas  à    s'obstruer. 

Le  citoyen  Ha//e'  a  cherché  à  établir  la  théorie 
du  tempérament  sur  des  bases  prises  'dans  l'or- 
ganisation et  faciles  à  déterminer  par  l'observa- 
tion. Les  premiers  fondemens  de  cette  analyse 
sont  lej  piépondérances  respectives  des  sys- 
tèmes vasculaii-es  sanguin  et  lymphatique  ,  et 
surtout  du  système  nerveux.,  soit  coinrae  siège 
de  la  sensibilité  ,  soit  comme  cause  du  mou- 
vement volontaire. 

Le  citoyen  Lombard  a  publié  un  ouvrage  sur 
l'usage  de  la  suture  dans  les  différentes  espèces 
de  plaies. 

Enfin  le  citoyen  Saucerotte  a  fait  passer  le  ta- 
bleau des  naissances  et  des  morts  de  la  com- 
mune de  Luiiéville  pendant  un  siècle  ,  les  a 
considérées  dans  tous  leurs  rapports  et  en  a 
obtenu   des   résultats   très-curieux. 


et  au  petit  Saint-Paul;  à  Lille,  chez  le  citoyen 
Petry  ;  à  Bruxelles  ',  hôtel  du  duc  de  Brabant. 
On  tiouvera  au  bureau  de  Paiis  la  voilure  de 
Pont-Sainte-Maxence ,  et    celle  de  Senlis. 

\         COURS     DU     CHANGE 

Bourse  du  <ii  brumaire. 

à  3a  Jours.       I  à  gojoursr 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid...    

Effectif.. 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâie. 


561 

190 

4  fr.  90  c. 
14  lr.70  c. 

4  fr.  90  c, 
14  fr.  40  c. 

4  fr.  70  c. 

5  fr.  12  c. 

au  p. 


GRAVURES. 


Le  graveur  Martini  a  publié  ,  en  1785  et  1787  , 
deux  estampes  représetWant  l'exposition  du  salon. 
Ces  estampes  ,  qui  servaient  à  donner  une  idée 
de  ces  expositions  aux  étrangers  qui  n'avaient 
pu  en  être  les  témoins ,  et  à  rappeler  à  ceux 
qui  les  avaient  yues ,  les  objets  qui  les  avaient 
frappés  ,  ont  été  irès-accueillies  ,  et  on  a  vivement 
regretté   que    cette   entreprise  n'ait  pas  été  con- 


Effets  ptiblics. 

Rente  provisoire sS   fr.  5o  c. 

Tiers  consolidé ....34  fr.  65  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  66  c. 

Bons  d'arréragé. 85  fr.  38  c. 

Bons  pour  l'an  8....,..; 92  fr.  gj  c. 

Syndicat 84  fr. 

Coupures 84  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des.  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiojje  et  des  Arts. 
Auj.  les  Prétendus  ,  opéra  en  3  actes,  et  le  balle» 
de  Héro  et  Léandre. 

Théâtre  de  i.a  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
Claudine  ,   suiv.  du  Conteur. 

Théatredes  jeunes  ELEVES,  tue  deThionville. 
Auj.  le  Doyen  de  Killerine  ;  la  Gouvernante  par 
amour  ,   et  les    Marchés  de  Philis. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Le  24  ,pourrouver- 
ture  de  la  salle  restaurée  ,  la  1^'^'  représent,  du 
Retour  d'Arlequin  dans  sou  ménage  ,  suite  d'Arle- 
quin afficheur  ,  suivie'd'une  scène  fesant  compli.^ 
ment  d'ouverture  ;  Jean  Monnet  ,  et  Piron  avec 
ses  amis.  1    .       •      ,-. 

Ihéatre  de  la  Cité-'Variétés.  —  Pantomimes. 
Demain,  la  1=''  repr.  de  CEleve  de  la  Nature  y 
pantom.   nouv.  avec  les  mystères  d  Lis. 


L'abonnement  le  fait  1  Paris,  rue  des  Poitevins ,  n' 18.  Le  prix  est  de  «5  franc»  pottr  trois  mois ,  5o  francs  pour  six   mois,   et    100    francs   pour  l'année  entière.  On    ne 
s'abonne  qu'^&i;  commencement  de  cbaqoc  mois. 

Ilfaul  adresse-,  tes  leurcsct  l'argent,  ftancde  port  ,aucit.  Agasse,  propriétaire  de  cejourual.rucdes  Poitevinî,n«   iS.  Il  faufconiprendrc    dans    les    envois    le  port    dci 

pays  où  l'on  ne  p'utjffri  dctisr.   Lr  î  lettres  «^es  départemens  non  affranctiies  ,  ne  seront  point  retirées  delà  poste. 

Hlaulavoir  soiu,   poui  ;>lus  de  sûreté  ,  dt  charger  celles  qui    renfermeni  des  valeurs  ,  ccadressel  tout  ce  qiiiconcerne  la  rédaciion  de    la    feuille,    au    rédacteur,    rue  dei 
Poiievins^    n°  i3,  depuis  jicuf  heures  du  inatinjusqu'à  cinq  neures  du  soir. 


A  Patis,  dt  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZE 


TONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N'  53. 


ridi  ,    23   brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  ai.irotisés  à   prévenir   nos  souscripteurs  qii'à^dater  du  7    Nivôse  le    MONITEUR  est  le  seul  journal  ojficiel. 
Il  contient  les  sé:vnçes  des  aiirorirés  constirué^-s ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  dcjs   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministériellL-s. 
Un   article  sera  particulié'ement  consacré   aux   sciences,  aux  arts  et   aux  découvertes   nouvelles. 


I  N  T    É  R  I    E    U  R. 

Paris  ,   h  29   brumaire. 

J\  Majesté  Catholique  a  fait  présent  au 
premier  consul  de  seize  chevaux  andaloux  , 
«Je  la  plus  rare  beauié  ;  arrivés  le  20  à  Paris  , 
ils  seroni  préstniés  ,  le  25  ,  à  la  grande  pa- 
rade. 

—  On  écrit  du  Havre  en  date  du  19  bru- 
maire :  hier  malin  .  nous  avons  éprouvé  un 
cQup  de  ve-.t  terrible  ;  presque  louies  les 
couvertures  des  -maisons  et  les  cheminées  ont 
été  enrtornmagées. 
•  Le  venl  a  commencé  à  souffler  de  la  partie 
d-u  S.  S.  O.  et  dans  le  fort  de  la  lempêie  ,  il 
était  O.   S.  O. 

Heureusement  aucun  pécheur  n'était  à  la  mer, 
car  nous  auriorss  à  regretter  une  grande  quan- 
tité de  pevcs  de  famille  qui  auraient  été  engloutis  ; 
la  mer  en  fureur  ne  I  ur  aurait  pas  permis  de 
regagner  le  port  ;  jusqu'à  ce  moment  nous 
n'avons  connaissance  d  aucun  accident  maritime; 
mais  il  est  à  craindre  qu  il  n'en  soit  arrivé. 
L'ouragan  a  commencé  à  se  manifester  sur  les 
huit   heures  ,   et  n'a  cessé  qu'à  midi. 

D'autres  détails  sur  les  suites  du  même  ou- 
ragan ,  parviennent  de  Rouen  souS  la  date 
du    20. 

ti  L'on  n'entend  parler  à  la  ville  comme  à  la 
campagne  que  des  dommages  causés  par  l'o^ura- 
gau  du  18.  On  le  compare  ,  pour  la  violence, 
à  celui  qu'on  éprouva  il  y  a  22  ans.  Ce  ne 
sont  dans  l'étendue  de  deux  myriaraetres,  depuis 
Deville  jusqu'à  Darnetal  ,  que  cheminées  dé- 
truites ,  que  combles  emportés  ,  que  toitures 
endommagées.  Le  vent  n'a  pas  soufflé  seule- 
ment dans  la  direction  des  vallées  de  l'ouest 
et  du  sud  ,  la  tempête  a  dévasté  la  plaine  ;  la 
plupart  dcsr  bâiimens  des  fermes  ,  qui  tous  sont 
couverts  de  chaume  ,  présentent  sur  la  route  | 
d'Amiens  des  traces  de  la  fureur  du  vent.  A. 
chaque  pas  dans  la  campagne  ,  on  rencontre  des 
liêires  et  de  chênes  déracinés  ,  des  pommiers 
culbutés  ,  des  poiriers  d'une  grosseur  prodigieuse 
^  éclatés.  " 

On  mande  dElbeuf,  que  l'ouragan  y  a  occa- 
sionné les  mêmes  ravages. 

Dés  détails  de  la  même  nature  sont  contenus 
tlans  une  lettre  de  Bruxelles  et  de  Valenciennes 
en  date  du  ig. 

—  Le  citoyen  Faujas ,  professeur  au  Muséum 
d'histoire  naurelle  ,  fait  tous  les  ans  des  voyages 
pour  enrichir  ce  bel  établissement.  Ses  courses 
de  l'an  8  ont  duré  six  mois  de  plus  que  les 
précédentes ,  parce  qu'il  les  a  étendues  dans 
les  dépariemens  des  Hautes-Alpes  ,  du  Gard, 
de  Vaucluse  .  de  l'Hérault  ,  de  la  Drôme  ,  du 
Rhône  ,  de  la  Côte-d  Or  ,  et  que  pour  se  rendre 
à  linvitation  du  ministre  de  la  marine,  il  est 
allé  à  la  recherche  d'une  terre  propre  à  faire 
des  briques  qui  surnagent  sur  l'eau ,  et  dont 
l'usage  peut  être  de  la  plus  grande  utilité  pour 
garantir  la  sainie-bôrbc  des  vaisseaux  desaccidens 
du  feu.  Le  citoyen  Faujas  a  découvert  cette  terre 
qu'il  a  mise  sous  les  yeux  des  professeurs  du 
Muséum  ,  ainsi  que  les  briques  légères  qui  en 
sont  parvenues.  Il  a  aussi  apporté  une  rare  et  pré- 
cieuse collection  de  plantes  fossiles  ,  trouvées  à 
plus  de  douze  cents  pieds  de  profondeur  ,  dans 
un  8chi»:e  argilleux  ,  recouvert  par  des  laves  , 
dans  le  dép.iriemeiH  de  l'Ardêche  ,  à  une  lieue 
de  Privas.  Il  en  a  fait  hommage  au  Muséum  ; 
et  il  y  a  ajouté  une  Suite  de  granits  et  autres  miné- 
raux de   France. 

ACTES-  DU  GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du   ig  brumaire  an  g. 

Lf.S  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'état 
entendu ,  arrêtent  : 

Art.    1".  Le  ministre    de   l'intérieur    fera   pré- 

fater ,  sans  délai  ,  la  salle  du  corps-législatif  pour 
ouverture  de  sa  session. 

II.  La  salle  de  la  bibliothèque  sera  ouverte  à 
midi  le  1"  frimaire  ,  pour  recevoir  les  membres 
du  corps  législatif. 

m.  Le  même  jour  et  à  la  même  heure  plu- 
iieurs  salves  darlilleric  annonceront  l'ouveriure 
de   la  ictiion. 


IV.  Le  minisire  de  l'intérieur  se  rendra  ,  ac- 
compiiuné  de  deux  messagers  d'état  ,.,  dans  la 
salle  ordinaire  des  séances  ,  pour  recevoir  les 
membres  du  corps  législatif. 

V.  Trois  conseilters-d'état  se  rendront  aussi 
au  corps-législatif. 

VI.  Lorsque  les  membres  du  corps-législatif 
auront  pris  séance  sous  la  présidence  du  doyen 
d  â!;e  ,  l'offiiier  commandant  de  la  garde  d  hon- 
neur du  corps-législatif  prendra  les  ordres  du 
président. 

VII.  Un  des  conseillers-d'état  portera  la  parole  | 
au  nom  du  gouvernement. 

VIII.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé 
de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé 
au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état-,  signé,  H.  B.  Maret. 

PROCLAMATION. 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  répu- 
blique, proclame  l'acte  du  gouyernement 
dont  la  teneur  suit  :  '' 

Les  consuls  de  la  république  ,  vu  l'article 
XXXIII   de  la  constitution  ainsi   conçu  ; 

i!  La^  session    du    corps-législatif  commence  , 

))  chaque  année  ,  le   i"^'  frimaire  ,  etc.  )i 

j      Déclarent  qne    la     réiinion    des    membres  du 

corps-législatif ,  pour  la  session   de   l'an   g,   aura 

j  lieu   le    i''    frimaire,   à"  midi  ,    à  Paris  ,    dans  le 

palais   du   corps-législatif. 

Soit  le  présent  acte  revêtu  du  sceau  de 
l'état,  inséré  au  Bulletin  des  lois,  inscrit 
dans  les  registres  des  autorités  judiciaiies 
et  administratives  ,  et  le  rainistre  de  la 
justice  chargé  d'en  surveiller  la  publication. 

Le  premier  consul  ,  signi .   Bonaparte. 
Pat  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


CONSEIL- D'  ÉTAT. 

Suite  du  rapport  et  projet  de  loi  sur  l'instruction 
publique  ,  présentés  au  conseil- d'état  ,  section  de 
l'intérieur  ,  par  J.  A.  Chaptal. 

ORGANISATION    DE    L'INSTRUCTION    rUBLIQ_UE 
EN  FRANCE.  "*" 

Nous  croyons  pouvoir  réduire  à  trois  degrés 
tout  le  système  d'instruction  publique  nécessaire 
à  l'état   actuel   de    la  France. 

Le  premier  comprend  les  écoles  municipales  ; 

Le  second ,  les  écoles  communales  ; 

Le  troisième  ,  les  écoles  spéciales. 

Les  écoles  municipales  sont  communes  à  tous  , 
et  destinées  à  enseigner  à  chacun  ce  qu'il  est 
presque  nécessaire  de  savoir  dans  un  gouverne- 
ment représentatif,  lire  ,  écrire  ,  chiffrer  et  con- 
naître les  élémens  du  pacte   social. 

Les  écoles  communales  ont  pour  objet  d'en- 
seigner les  connaissances  générales  rjuil  n'est  pas 
pernus  d'ignorer  dans  la  société  ,  et  qui  forment 
la  base  de  toutes  les  professions  libérales. 

Les  écoles  spéciales  sont  destinées  à  l'ensei- 
gnement particulier  d'une  seule  science  ou  d'un 
art. 

Nous  plaçons  au  -  dessus  de  ces  écoles  un 
institut  des  sciences  et  des  arts,  destiné  par  son 
organisation  à  conserver  ,  à  publier  ,  à  perfec- 
tionner. C'est,  pour  ainsi  dire,  le  faîte  de  l'édi- 
fice consacié  à  1  instruction. 

Nous  allons  nous  occuper  séparément  de  l'or- 
ganisation de  chacune  de  ces  écoles. 

TITRE    PREMIER. 

ORGANISATION    DES    ECOLES    MUNICIPALES. 

i".  Répartition  des  écoles  municipales. 

Le  conseil  municipal  de  chaque  ville,  boutg 
ou  village  ,  est  chargé  .  par  la  loi  du  28  plu- 
viôse an  8  ,  de  délibérer  sur  les  besoins  parti- 
culiers et  locaux   de   la  municipalité. 

C'est  donc  entrer  dans  l'esprit  de  la  loi  ,  et 
donner  à  ces  institutions  paternelles  ce  caractère 


de  confiance  qui  en  assure  le  succès  ,  que  de  ' 
laisseraux  conseils  municipaux  le  soin  de  former 
la  demande  d'une  ou  plusieurs  écoles  munici- 
pales ,  selon  le  besoin.  Et  qui  ,  mieux  que  les 
hommes  qui  forment  ces  conseils  ,  peut  connaître 
les  besoins  de  la  commune  ?  qui  ,  p/us  rju'eux  , 
a  intérêt  à  donnera  leurs  enfans  une  éducation 
convenable  ? 

Mais  on  ne  peut  pas  se  dissimuler  que  si  le 
vœu  des  conseils  municipaux  recevait  son  ac- 
complissement sans  être  préalablement  soumis  à 
l'examen  du  conseil  d'arrondissement,  qui  ,  par 
la  nature  de  son  institution  ,  doit  délibé'er  sur 
toutes  les  dépenses  communales  ,  il  pourrait  en 
tésnher  de  très-grands  abus.  La  plus  petite  mu- 
nicipalité ,  celle  dont  la  population  n'est  com- 
posée que  de  quelques  familles,  aurait  aussi 
son  éctîle  municipale,  et  dès-lors  on  les  verrait 
se  multiplier  à  l'infini.  Il  .faut  donc  Ijalancer  l'in- 
térêt municipal  par  l'intérêt  communal  ,  et  sou- 
mettre le  vœu  du  premier  à  la  .sanction  àa 
second  ;  sans  cette  sage  mesure,  la  fortune  pu- 
blique serait  toute  à  l'arbitraire  des  inunici- 
palités.  ' 

Ainsi  ,  les  conseils  municipaux  exprimeront 
leur  vœu  et  motiveront  leur  demande  d  une  école 
municipale  .  tant  sur  la  population  qije  sur  les 
circonstances  des  localités.  Le  conseil  d  arron- • 
dissemenl  fournira  son  avis  au  sous-préfet  ;  qui- 
prononcera    d'une   manière    définitive. 

Cette  marche  paraît  concilier  ce  qu'on  doit 
a  l'instruction  ,  avec  cette  sage  prévoyance  qui 
doit  tenir  également  en  garde  contre  les  intérêts 
particuliers  et  le  mauvais  emploi  de  la  fortune 
publique. 

2°.  Nomination  des  maîtres  d'écoles  municipales. 

Nul  ne  pourra  être  élu  maître  d'école  muni-, 
cipale  ,  s'il  n'est  citoyen  français. 
!  Le  choix  du  maître  d'école  sera  fait  par  le 
conseil  raunicip^J  réuni  à  un  norabre  égal  de' 
pères  de  famille.  Ce  choix  sera  transmis  au 
sous-préfet  de  l'arrondissement,  qui  confltmera 
ou  rejettera  la  nomination  :  dans  ce  dernier  cas, 
il  sera  tenu  de  motiver  son  refus  ;  et  le  conseil 
présentera  un  second  citoyen  ,  en  observant  la 
même   maiche. 

Nous  pensons  que  ce  mode  de  nomiiTfltioïi 
concilie  le  degré  de  déférence  qu'on  doit  aux 
conseils  municipaux  ,  avec  les  considéiations 
puissantes  de  l'intérêt  public  ,  qui  ,  da;'>s  beau- 
coup de  cas  ,  pourrait  être  compromis  si  les' 
choix  des  conseils  étaient  définitifs.  ' 

3°.  Salaire  des  maîtres  d'écoles.  ' 

Il  n'est  pas  naturel  que  le  salaire  des  maîtres 
d'école  soit  exclusivement  perçu  sur  la  munici- 
palité ;  car  il  s'ensuivrait  que  les  plus  pauvres/  et 
les  moins  peuplées  seraient  taxées  à  l'égal  de; 
toutes  les  autres. 

Le  salaire  de  tous  !;•?  maîtres  d'école  doit  être 
pris  ,  en  partie  ,  sur  la  totalité  de  l'arrondisse- 
ment :  c'est  pour  cette  raison  que  nous  avons' 
pensé  que  la  création  d'une  école  devait  être 
délibérée  par  le  conseil  de  l'arrondissement  ,  et' 
prononcée  par  le  sous-préfet,  pour  éviter  les 
combinaisons  d'un  inléiêi  sordide  qui  quelque- 
fois pourrait  entraîner  la  détermination  du  conseil. 

Pour  alléger  le  fardeau  de  cette  nouvelle  im- 
position ,  on  croira  sans  doute  avantageux  de 
pouvoir  confier  au  maître  d'école  ,  sous  la  direc- 
tion du  maire  ,  la  tenue  du  registre  de  l'état  civil  ,  ■ 
et  la  correspondance  municipale.  Celte  fonction, 
tiès-compatible  avec  celle  d'instituteur  ,  assurera' 
à  la  tenue  du  registre  de  l'état  civil  ,  l'ordre 
que  réclame  cet  objet  de  haute  importance  ; 
elle  aura,  en  outre,  l'avantage  de  remplacer  le 
commis  ou  secrétaire  que  les  quatre  -  cinquiè- 
mes de  nos  municipalités  sont  tenues  de  sala- 
rier ,  par  suite  de  l'impossibilité  où  sont  les 
maires  et  adjoints  de  remplir  leurs  obligations 
à  cet  égard  ;  mais  cette  fonction  ne  sera  exercée 
par  l'instituteur,'  que  dans  les  seuls  cas  on  la 
municipalité  ne  pourrait  pas  la  remplir  par  elle- 
même.  ^ 

Le  traitement  d'un  maître  d'école  ne  saurait  être 
moindre  de  40e  fr.  dans  les  villes  au-dessous  de 
cinqiTiille  habitans  ;  de  5oo  fr.  dans  celles  de  cinq 
mille  à  dix  mille  ;  de  600  fr.  ,  lorsque  la  popula-. 
tion  s'élève  de  dix  raille  à  trente  mille;  de  80a  fr, , 
de  trente  à  cinquante  mille  ,  et  de  1,000  fruncs  au- 
dessus. 


sfo6 


Outre  le  salaire  fixé  d-dessus ,  il  doit  être  assi- 
gné un  logement  au  maître  d'école  ;  les  presby- 
tères rais  à  la  disposition  des  municipalités,  par  ta 
loi  du  7  brumaire  an  3  ,  pour  y  loger  l'instituteur , 
et  réservés  de  la  vente  par  ceDe  du  26  fructidor 
ai)  5  ,  seront -employés  à  cet  usage  ,  ^i  la  disposi- 
lion  en  est  encore  libre  ;  et  dans  le  cas  contiaire  , 
Je  conseil  municipal  y  suppléera  nux  trais  de  la 
commune. 

4».  Nalure  de  l'instruction  qui  sera  donnée  dans  les 
écoles    municipales. 

L'instruction  doit  être  bornée  ,  dans  ces  écoles, 
aux  seules  connaissances  qu'il  n'est  plus  permis  à 
un  citoyen  irariçais  d'ignorer  ;  ces  connaissances 
»e  réduisent  à  savoir  lire,  écrire,  chiffrer,  et  à 
quelques  notions  précises  de  la  constitution  que 
le  peuple  français  s'est  donnée. 

'Quoiqn'aucun  de  ces  objets  n'exige  une  atten- 
tion bien  suivie  ni  des  combinaisons  profondes, 
•les  enians  ne  doivent  être  reçus  dans  ces  écoles 
qvà  1  âge  de  six  à  sept  ans  :  jusque-là  les  soins 
maternels  lorraent  la  véritable  éducadon.  Les 
élevés  doivent  sortir  de  ces  écoles  à  onze  ou  douze 
ans ,  pour  passer  à  d'autres  études  ou  rentrer  dans 
ia   maison   paternelle. 

TITRE    IL 

ORGANISATION     DES     ÉCOLES    COMMUNALES. 

1°.  Répartition   des  écoles   communales. 

Les  écoles  communales  ne  peuvent  être  placées 
que  dans  les  villes  :  là  se  trouvent  réunis  les  élevés 
et  les  moyens  d'inlruction. 

Ce  serait  rendre  ces  écoles  trop  nombreuses  , 
que  d'en  former  une  par  arrondissement ,  puisque, 
6OUS  l'ancien  régime  ,  l'étendue  actuelle  de  qwel- 
qiies-uns  de  nos  dépanemens  n'avait  qu'un  seul 
collège  qui  suffisait  à  l'enseignement. 

Ce  serait  peut-être  encore  se  déclarer  contre  les 
convenances  de  quelques  localités  ,  que  d'arrêter 
en  principe  que  l'établissement  des  écoles  cotn- 
munales  se  fera  dans  le  chef-lieu   de  l'arrondis- 


publics  et  particuliers  seront  invités  à  présenter 
quelques-uns  de  leurs  élevés  pour  être  exa- 
minés ,  par  un  jury,  sur  les  matières  qui  auront 
été  annoncées  trois  mois  d'avance.  Là,  l'élevé 
et  l'instituteur  recevront  le  tribut  d'éloges  qu'ils 
méritent;  et  les  magistrats  leur  remeiiront,  au 
nom  du  gouvernement  ,  les  récompenses  na- 
tionales. Les  noms  des  élevés  et  des  professeurs 
qui  auront  été  distingués  ,  seront  proclamés 
dans  tout   te   département., 

C'est  parmi  les  jeunes  gens  qui  auront  été  cou- 
ronnés ,  qu'on  choisira  pour  compléter  le 
nombre  des  élevés  salariés  de  l'école  du  dé- 
partement. 

Ces  élevés  salariés  ,  après  avoir  terminé  leurs 
études  ,  pourront  servir  dans  le  pensionnat  en 
qualité  de'  répétiteurs  ,  et  s'exercer  peu-à-peu 
dans  l'art  de  l'enseignement  ,  de  manière  à 
fournir  au  gouvernement  une  pépinière  inépui- 
sable de    bons  professeurs. 

Cependant,    il  faut  en  convenir  ,   si  les  écoles 


En  effet ,  l'expérience  des  plus  habiles  profes-' 
seurs  des   écoles   centrales,  a,  depuis   plusieurs 
années ,  justifié  la  méthode  de  commencer  l'ins- 
truction   par    l'enseignement     de    la    grammaire 
f:ançaise.   Les    raisonnemens   qui   s'appliquent  à 
des  choses  connues,  nous  font  contracter  insen- 
siblement et  sans  effort  l'habitude  de  la  réflexion  , 
eu  nouï  donnant   le  sentiment  de  l'utilité  de  cei 
connaissances.    C'est  en  partant   de  ce  principe, 
que  nous  plaçons  l'histoire  naturelle  sur  les  pre- 
I  miers  pas  de  l'élevé  ;  dans  cette  science  tout  l'in- 
'  téresse  ;  et  ceux  qui    ont  étudié    1  élevé    dans  le 
'premier    développement    de    ses    lac-ultés  ,    l'oiit 
j  vu   constamment  se   livrer    avec  ardeur  à  l'éliidc 
de  l'histoire  naturelle  ,  et  contracter  presque  tou- 
I  jours  de  la  passion  pour  celte  science. 

Mais  ce  sarait  étrangemear  s'abuser  ,  que  de 
I  prétendre  porter  l'iuieniion  d'un  jeune  homme 
I  sur  toutes  les  branches  de  cette  science  infinie. 
I  II  s'agit  moins  de  lui  enseigner  l'histoire  natu- 
I  relie  proprement  dite  ,  que  de  présenter  à  l'œil 
tout  ce  qui   a  un  rapport  direct  avec  les  besoins 


de  département  peuvent  présenter  des  ressources  ,  j^  ^^  société.  Il  n  est  pas  question  de  décrirç 
suffisantes  pour  former  des  professeurs  dans  ■  ,^,^,^5  j^  12^,55.^  j'^^pliquer  tous  les  systèmes, 
quelques    parties,     il     s  en    faut    de    beaucoup  j  j^  j^j^^  j.Q„„3j,re  tous  les  animaux;  il  faut  borner 


qu'elles  offrent  les  mêmes  moyens  pour  quel 
ques  autres  ,  telles  que  le  dessin  ,  les  belles- 
lettres  ,  l'histoire  naturelle  ,  la  physii]ue  et  la 
chimie.  On  n'aura  de  bons  maîtres  pour  ces 
dernières  sciences,  qu'en  les  prenant  à  Paris: 
là  ,  outre  qu'elles  y  sont  enseignées  par  les 
piemiers  professeurs  de  lEurope  ,  il  existe 
auprès  de  ces  écoles  ,  des  hommes  du  plus 
grand  mérite  ,  voués  par  passion  à  leur  élude  , 
et  qui  désirent  ardemment  de  se  consacrer  à 
leur  enseignement.  Ainsi  ,  nous  devons  regarder 
l'école  d'histoire  naturelle  au  Jardin  des  plantes, 
l'enseignement  au  collège  de  France,  et  l'école 
de  peiniure  ,  sculpture  ,  architecture  ,  comme 
trois  écoles  noiûiales  destinées  à  fournir  des 
professeurs  pour  les  parties  dont  nous  venons 
de    paiL-r.    Du   moment   que   l'enseignement    de 


étude  à  ce  qui  a  un  rapport  direct  avec  les  arts , 
I  l'agriculture  ,    le    commerce  ;    par-tout    sacrilier: 
;  le  curieux  à  l'ulile  ,   et  ne  voir  ,  dans  tobt  l'en- 
seignement, que  les  applications   à  la  société. 
;      L'étude  des  mathématiques  n'est  pas  moins  utife 
que  les  précédentes.  Cette  science  peut  être  con- 
sidérée  comme  une  langtie  abrégée   qui  s'appli- 
que à  tout  ,  et  nous  présente  des  résultats  rigou- 
reux qui  deviennent  pour  nous  des   axiomes  de 
conduite  dans   presque  toutes  les  opérations  des 
arts  et  des  sciences.  La  géométrie  sur-tout  paraît 
être  d'une  utilité  plus  générale  ;   et  linstituieur  ne 
peut  pas  négliger   d'en   faire  l'application  à  tous 
les   arts    dont   les    principes    dérivent    de    cette 
science. 

L'étude    des  langues   anciennes   est    beaucoup 


l'une   de   ces  sciences  viendra  à  vaquer   dans  un  trop   négligée  de  nos  jours.  Peut-être  ,  sous   lan- 

département  ,    le   préfet   en    préviendra    le    mi-  cien  régime,  leur  donnait-on  trop  d'importance 

'sëment-  parce  nue,   outre  que  le   chef-lieu  n'en  I  ni.ire   de   l'intérieur      qui  ouvrira   un  concours  ,  en  rendant    leur  enseignement  presque  exclusif  j- 

seiiieiii  ,  [j  4      _,         ^     j         ^  ^^         .,     ja„s  l'unç  o;j  1  autre  de  ces  écoles  ,  pour  nommer  mais  aujourdhui  nous  sommes    desceridus   dans 


est  pas  toujours  la  ville  la  plus  peuplée,  il 
peut  ne  pas  offrir  un  local  convenable  à  î'empla-- 
cément  de  l'école. 

D'après  cela ,  nous  croyons  très-sage  d'en  référer 
au  conseil  d'arrondissement,  et  ,  sur  son  avis  ,  à 
celui  du  département ,  tant  pour  juger  de  l'avan- 
tage que  de  l'emplacement  de  l'école. 

Il  suffit  d'arrêter  en  principe  que  chaque   dé- 


à    la   place  vacante. 

Le  jury  départemental  nommera  à  toutes 
les  autres  places  ,  d'après  le  résultat  d  un 
examen  ou  concours  ■  dont  il  sera  parlé 
ci-ajSrès. 

3°.    Salaire  des  Instituteurs. 

Le  salaire  des  instituteurs   doit  être   pris  partie 


parlement  ne  pourra  pas  avoir  moins  d'une  école  |  sur  l'arrondissement  et  partie  sur  le  département, 
communale  ,  et  que  celles  qui  existent  sous  le  titre  j  Là  où  il  existe  encore  des  revenus  provenant 
d'êVo/ci  cenira/ci  ,  conîerveronti'emplacement  qui  ;  de  fondations  ou  de  bourses  ,  et  réservés  à 
leur   est  afiecié. 

s°.  Nomination  des  instituteurs. 

Mais  les  écoles  communales  étant  établies  dans 
une  des  villes  de  l'arrondissement  ,  il  serait  im- 
possible aux  habitans  des  campagnes  ou  des 
villes  voisines  de  profiter  de  l'instruclion  publi- 
que ,  si  la  nation  n'ouvrait  pas  à  leurs  en- 
fans  les  ressources  d'un  pensionnat  près  de  chaque 
école. 

Outre  l'avantage  inappréciable  que  présentent 
ces  maisons  pour  l'instruction  publique  ,  le  gou- 
vernement peut  les  rendre  plus  utiles  encore  ,  en 


leur  destination  par  la  loi  du  25  messidor  an  5  , 
la  jouissance  en  sera  donnée  aux  écoles  com- 
munales ,  ainsi  (jue  les  maisons  des  collèges  que 
la  loi  du  25  messidor  an  4  affecte  à  l'ensei- 
8;nement   public. 

Le  salaire  des  instituteurs  doit  nécessairement 
varier  selon  la  population  de  la  ville  où  1  école 
se    trouve  étabhe. 

4°.    Instructions   dans   Us  Ecoles  communales.  ■ 

L'instruclion  ,  dans  les  écoles  communales  , 
doit  se  borner  à  l'enseignement  de  ce  qui  est 
strictement  nécessaire  pour  se  livrer  ,   avec  quel- 


■y  entretenant ,  à  ses  frais  ,  quelques  élevés   peu  |  que  probabilité  de  succès  ,  à  l'étude  des  sciences 
fortunés  ,  qui  auraient  déjà  manifesté  des  dispo-     qui   forment  une   profession  libérale  ,    ou    pour 
suions  pour  les  arts  ou  les  sciences.  Ces  élevés  ,  !  occuper    un  rang  distingué  dans  la  société, 
salariés   par   le    gouvernement  ,   pourraient   être  I      q^  ^^  perdra  pas  de  vue  que  l'enseignement, 
réunis  au  nombre  de  huit  dans  chaque  école  de  |  ^^^^   ^^^   écoles   communales  ,    ne    doit   se  fixer 


lairondissement  de  la  préfecmre  :  leur  entreuen 
peut-être  regardé  comme  un  bien  faible  dédom- 
magement des  sacrifices  qu'ont  faiis  les  départe- 
mous  à  la  révolution  ,  par  l'abandon  ou  la  sup- 
pression des  bourses  des  collèges  ;  et  il  est  peut- 
être  d'une  saine  politique  de  faire  refluer  vers 
les  départemens  ,  une  portion  de  cette  libéralité 
qu'on  a  voulu  réserver  toute  entière  pour  la  ca- 
pitale. 

Mais  comment ,  et  par  quels  moyens  .  se 
mettre  à  couvert  de  l'inirigue  dans  la  distri- 
bution de  ces  places  ?  comment  se  flatter  d'ap- 
peler à  ces  pensions  gratuites  les  plus  capables 
et  les  plus  dignes  parmi  tant  de  concurrens  ? 
je   ne   vois   qu  un    moyen   pour    y   parveni 


que  sur  les  parties  que  l'élevé  ne  peut  pas  ap- 
prendre sans  secours  étranger.  Ce  serait  embar- 
rasser les  écoles  de  professeurs  inutiles ,  que  de 
confier  à  des  hommes  le  genre  d'instruction  qui 
peut  être  fourni' par  un  bon  livre. 

Ainsi  les  seules  sciences  expérimentales ,  et 
celles  dont  l'analyse  est  tellement  compliquée 
que  les  facultés  de  l'élevé  ne  sauraient  la  saisir  , 
doivent  avoir  un  enseignement  public  dans  les 
écoles  communales. 

L'instruclion  n'est  profitable  qu'autant  qu'elle 
est  graduée;  et  on  peut  établir  cette  graduation 
de  la  manière  suivante  : 

En  supposant  que  le   cours  d'études  ,  dans  les 


ce  moyen  ,  je  vais  le  puiser  dans  le  résultat  écoles  communales  ,  soit  de  quatre  années  ,  on 
de   l'expérience.  \  peut  employer  la  première  à  l'étude   de  la  gram- 

II  n'est  aucun  de  nous  qui  ne  se  rappelle  i  m^ire  française  et  des  premiers  élémens  de  la 
avec  émotion  ces  premiers  tems  de  notre- en-  i  langue  latine.  On  continuera,  dans  la  seconde 
fance  où  de  longs  et  pénibles  travaux  n'avaient  jannée  ,  1  étude  des  langues,  et  on  apprendra  les 
pour  but  que  d'obtenir  une  honorable  disiinc-  élémens  de  l'histoire  naturelle  et  de  la  géo- 
tion  parmi  nos  concurrens  ,  à   la  fin  de   chaque     graphie.  ^ 

année  de  scolarité.  L'homme  n'est  jamais  plus  <■  Dans  la  troisième  année  ,  on  poursuivra  les 
sensible  à  la  louaige  que  dans  la  première  j  mêmes  études  en  leur  associant  celle  des  élémens 
ieunejse  ;  et  le  plus  puissant  mobile  de  l'édu-  |  de  mathématiques  et  de  physique  ;  et  la  quatrième 
cadon  publique  ,  c  est  peut-être  l'art  d'exciter  et  j  année  sera  entièrement  consacrée  à  la  littérature 
de  nourrir  celte  sainte  émulation  qui  produit  ancienne  et  moderne  ,  et  à  la  continuation  des 
de  si  grands  effets.  j  premières  études. 

Ainsi  ,  nous  n'irons  pas  organiser  la  dissimu-  |      Chaque  jour ,  et  pendant  tout  le  teras  de  sco- 
lation   ou   imprimer  la  terreur   dans    les    écoles  j  lariié  ,  on  s'occupera  du  dessin, 
par    des    visites    inquisitoriales   ;    mais    chaque  |      Cette  marche  paraît  présenter  les  sciences  dans 
«nnée  ,   à  des    époques   marquées  ,   et   en     pre- 1  ]e   rapport  qu'elles  ont  ou  avec  nos  facultés  ,  ou 
-eence  des  autorités   constituées  ,   les  instituteurs  1  ayeic  nos  besoins. 


lexcès  contraire.  C'est  cependant  par  l'élude  des  ' 
langues  anciennes  que  nous  apprenons  l'histoire 
des  peuples  les  plus  célèbres  ;  que  nous  y  'pui^ 
sons  cet  esprit  de  philosophie  ,  ce  sentiment  de 
liberté  ,  ces  exemples  de  courage  ,  de  dévoue- 
ment ,  de  magnanimité  ,  qui  nouS'  rendent  ca- 
pables des  plus  grand-es  choses.  C'était  sur-toùt 
cette  étude  des  langues  anciennes  ,  qui  ,  éta- 
blissant des  rapports  presque  directs  avec  tous 
les  grands  hommes  de  l'antiquiié  ,  fesait  germer 
dans  lame  des  élevés  ,  les  principes  du  plus  pur 
républicanisme. 

L'étude  des  belles-lettres  est  encore  nécessaire 
à  lajeunessc',  et  intéresse  de  très-près  la  gloire 
de  la  nalion  :  révoquer  en  doute  ce  double  avati-  . 
tage,  Ce  serait  méconnaître  ce  que  nous  devons 
aux  littérateurs  distingués  qu'a  produits  la  France. 
Notre  langue  n'est  devenue  presque  universelle 
que  parce  qu'elle  a  fourni  dés  modèles  dans  tous 
les  genres  de  littérature  ;  et  il  serait  impoliiique 
de  ne  pas  conserver  et  multiplier  par  l'enseigne- 
ment les  titres  glorieux  de  cette  illustration. 

On  pourra  encore  établir  auprès  de  plusieurs 
écoles  l'enseignement  de  quelques-unes  de  nos 
langues  vivantes.  Les  rapports  commerciaux  ,  les 
communications  avec  les  peuples  voisins ,  rendent 
souvent  ces  études  nécessaires  ;  mais  nous  devons 
laisser  aux  conseils  généraux  de  département  ,  le 
soin  d'apprécier  l'avantage  de  telle  ou  telle 
langue. 

Nous  pensons  aussi  qn'il  est  avantageux  da 
conserver ,  dans  les  grandes  communes ,  les  cours 
de  physique  et  de  chimie.  On  ne  saurait  trop  ré- 
pandre ces  connaissances  ;  et  notre  système  d'ins- 
truction serait  incomplet,  s'il  n'en  piésentait  pas 
l'enseignement  dans  quelques  -  unes  des  villes 
principales  de  la  république. 

Indépendamment  de  ces  connaissances,  qui 
font  la  base  de  l'instruction  communale  ,  il  im- 
porte de  diriger  les  affections  de  la  jeunesse  vers 
la  vertu;  de  créer  de  bonnes  mœurs  par  l'exemple 
et  la  pratique  de  tous  les  actes  d'humanité  ,  de 
justice  ,  de  reconnaissance,  de  respect,  d'amour 
filial ,  de  soumission  aux  lois  ;  ce  sont  -  là  les 
élémens  de  la  morale  '  publique  ;  elle  s'inspire 
plutôt  qu'elle  ne  s'enseigne  ;  et  nous  croyons 
devoir  confier  ce  soin  important  au  directeur  de 
l'école,  qu'une  réputation  de  vertu  et  dé  con- 
sidération personnelle ,  doit  seule  élever  à  celte 
place.  C'est  pour  cette  raison  que  nous  en  con- 
fions le  choix  .  non  aux  résultats  d'un  concours  ,  ' 
mais  à  la  sagesse  du  conseil  d'arrondissement, 
qui  seul  peut  juger  la  moralité  de  l'individu. 

Mais  l'enseignement  des  écoles  communales 
ne  produira  l'effet  qu'on  doit  en  attendre  ,  qu'au- 
tant qu'on  y  établira  un  bon  système  d'organisa- 
tion ,  et  qu'on  y  graduera  l'instruction  de  manière 
à  l'élever,  par  degrés,  des  notions  les  plus 
simples  jusqu'aux  connaissances  les  plus  diffi- 
ciles :  il  faut  que  l'étude  du  jour  prépare  et 
dispose  à  celle  du  lendemain.  Rien  ne  mérile 
une     plus    sérieuse   attention     de    la    part     du 


^OTivernement  ;  et  c'est  par  des  régleraens  «âges, 
exécutés  rigouieusemtnt  sous  la  surveillaiict  du 
directeur  de  i'ecole  ,  qu'il  s'acquittera  de  ses 
devoirs  à  cet  égard.  Il  faut  que  l'enseignement 
soii  continu  presque  touie  l'aiiiiée  ;  que  la  durée 
et  l'heure  de  chaque  leçon  soient  iracécs  et 
observées;  quf  la  gradusiioii  la  plus  exacte  règle 
la  marche  des  éludes  ;  que  l'ordie  ,  l'obéissance. 
soient  absidus  de  la  part  fli:  l'élevé  ;  que  l'assi- 
duité soit  exigée  ;  que   des  [iciucs  soient  établies 

-  et  appliquées  ;  que  chaque  élevé  subisse  des 
examens  en  entrant  el  en  sortant  d'une  classe  ; 
que  le  professeur  commande  à  l'élevé  ;  que  le 
directeur  surveille  le  professeur  ,  et  le  dénonce  à 
l'aiitorité  dans  le  cas  d  insoumission  à  ses  avis: 
sans  -cela  ,  nous  avons  beau  créer  l'instruction  , 
nous  continuerons  de  manquer  d'enseignement; 
car  c'est  sui-toui  ceiit:  abs-nce  de  louie  organi- 
sation qui  rend  les  écoles  centrales  désertes.  Et 
comment  pourr;ni-..'U  se  ll.îUer  qu'un  père  enverra 
son  his  à  l'école  ,  saiis  (ju'on  lui  donne  la  cer- 
titude qu'on  y  surveiileia  sa  conduite  ,  qu'on 
dirigera  ses  études  ,  et  qu'on  I  y  oc'cupera  toute 
l'année  ? 

"■  (  La  suite  demain.  \ 


LITTÉRATURE. 

Au  rédacteur. 

Dans  ma  première  lelire  sur  Herman  e/Doro- 
thie  ,  je  vous  ai  promis  l'analyse  de  ce  roman 
jioéiique.  S  il  élju  rempli  d'aventures  merveil- 
leuses ,  celle  analyse  serait  plus  courte  et  plus 
attachauie  ;  mais  les  scènes  na'tves  qui  se  suc- 
cèdent dans  Cet  ouvrage  ,  empruntent  loul  leur 
chaime  d'un  ceriain  coloris  qui  est  propre  à 
lauieur,  de  ses  réflexions  sentimentales  et  de  ses 
expressions  piiloie.'.ques.  Il  faut  donc  me  per- 
ineltre  de  tianscrire  plusieurs  morceaux  assez 
étendus  pour  vous  donner  une  idée  de  l'ensem- 
ble ,    du  ton  général  et  du  style  de  ce  poërue. 

Il  est  .divisé  en  neuf  chants.  Chacun  d'eux 
porte  le  nom  d'une  muse  ,  et ,  de  plus,  un  titre 
pariiculier  q'ii  en  annonce  le  sujet.  Le  tiaducleur 
nous  a  prévenus  que  la  durée  de  l'action  n'éiait 
que  d'une  demi-journée.  C'est  à  la  gène  qu'un 
espace  aussi  court  a  imposée  au  poète  qu'il  faut 
attribuer  les  défauts  et  les  invraisemblances  de 
de  son  ouvrage.  La  singularité  l'a  séduit  et  il  a 
eu  tort.  Le  lecteur  judicieux  ne  tient  nul  compie 
de  ces  tours  de  force  ,  ni  des  diflicuhés  vaincues 
quand  elles  nuisent  à  la  vériié. 

Chant  1".  —  Le  malheur  partage. 

Tout  un  peuple  proscrit  et  fugitif  a  quitté  la 
livc  gauche  du  Rhin  el  cherche  un  asyle  dans 
l'inlérieur  de  l'Allemagne.  Les  habiians  d'une 
jittiie  ville  soni  accoures  sur  le  passage  de  ces 
infortunés  pour  leur  offrir  des  secours.  L  hôie  du 
Lion  d'or  ,  brave  homme  ,  sensible  au  malheur 
d'auirui  ,  mais  qui  n'-ime  pas  à  en  voir  1  image, 
parce  (ju'elle  l'aïuisie  ,  est  à  la  porte  de  sa  maison 
où  causant  avec  sa  femme  ,  il  nilend  le  retour 
des  cu.ieux.  Son  fils  Herman  est  allé  porter  quel- 
ques dons  aux  fugitifs.  Le  pasteur  et  le  phaima- 
cien  reviennent  avec  la  foule.  Lhôie  et  1  hôtesse 
les  inletrogent. 

il  Après  ce  doni  j'ai  été  le  témoin  ,  répond  le 
pharmacien  d'un  ton  expressif,  il  sera  bien  diffi- 
cile que  je  me  livre  de  siiôt  à  la  joie.  El  qui  pour- 
rait raconter  la  plus  grande  vaiiéié  d'infortunes 
réunies  en  une  seule?  Déjà  ,  avant  d'être  des- 
rendus dans  la  prairie  ,  nous  avons  apperçû  de 
loin  un  nuage  de  poussière  ,  et  ,  sans  que  nous 
ayons  pu  discerner  les  objets  ,  la  muliiiude  qi.d  se 
portait  de  côieaux  en  coteaux  à  perie  de  vue  : 
inais  après  avoir  gagné  le  chemin  qui  traverse 
obliquement  la  vallée  ,  hélas  !  malgré  la  presse  et 
la  confusion  des  piétons  et  des  charriots  ,  nous 
n'avons  vu  que  irop  encore  de  ces  malheureux  à 
leur  passage.  L'asptct  de  chacun  d  eux  nous  a 
fait  connaîire  à  la  (ois  ,  combien  la  luiie  a  de 
peines  et  d'amertumes  ,  et  quel  doux  scniim.nt 
on  éprouve  d  avoir  saisi  l'unique  et  r.ipide  ins- 
tant de  sauver  sa  vie.  Les  effets  nombreux  qu'une 
maison  peut  mettre  à  couvert ,  et  auxquels  le  judi- 
cieux économe  assigne  auiour  de  lui  la  place  la 
plus  convenable,  pour  les  trouver  toujours  au 
besoin  ,  parce  qu  il  ny  a  rien  qui  ne  puisse  êlie 
Ulilc  ;  tout  cela,  trisie  spectacle  !  était  char>jé  pêle- 
mêle  sur  différcnies  voilures  et  charreties  ,  et 
coidtle  avec  précipitation  ;  le  crible  ei  li  cou- 
veriure  de  laine  étaient  sur  l'aimoire  ,  les  bois 
de  lit  dans  la  huche  ,  les  mjielais  sur  le  miroir. 
Et ,  comme  nous  le  vîmes  ,  il  y  a  vingt  ans  ,  dans 
le  teriible  incendie,  le  péril  iio  ible  si  (on  la 
laison  ,  qu'on  sauve  les  meubles  les  plus  vils  et 
qu  on  laisse  les  plus  précieux.  De  même  ici  ,  (a- 
tiguani  les  bœul>  ci  les  chcvaiix  ,  on  voiiurail 
■vec  une  p.é^o^ance  peu  rcllcehie  ,  dei  clîels 
d'une  mince  valeur ,  lels  que  de  vieilles  pljiichcs  , 
de  vieux  lonncaux,  la  poussinniere  et  le  loit  aux. 
oies  ;  de  même  de»  femmes  et  des  enfans  s'es- 
«ouUlaient  à  se  iraiiici  avec  des  paqueis ,  à  porter 
des  hottes  el  des  corbeilles  chargées  de  choses 
inutiles  :  lant  l'homme  abandonne  à  regiei  la 
jxioiodtc  de  ses  possessions  1  Et  de  même  encore 


207 

1.1  multitude  se  foulant  en  désordre  et  en  tumulte, 

s'avançait  dans  le  chemin  poudreux.  L''in  ,  mené 
par  des  animaux  taibics ,  voulait  aller  lentement; 
l'auire  voulait  couiir.  Là  s'élevaicnl  confusément 
les  clamcurS'des  (eiiimes  et  des  enfans  froissés  , 
les  mugissemcns  des  anim.iux  ,  le  vacarme  des 
chiens  aboyaris  ,  et  les  voix  lamentables  clés  vieil- 
lards ,  des  malades  ,  assis  sur  des  lits  ei  vacillans 
au  haut  d  un  charioi  lourd  et  surchatgé.  Mais ,  au 
bord  d'un  monticule  ,  la  roue  pie.'-sée  par  la 
foule  s'égare  de  l'ornière  el  crie  :  le  chariot  verse  , 
se  précipiie  dans  le  (ossé  ,  et  par  la  violenie  im- 
pulsion ,  les  hommes  jeitanl  des  cris  effroyables  , 
sont  lancés  au  loin  dans  les  champs  :  la  chute 
est  cependant  heureuse  ;  les  caisses  lombcnt  plus 
lard  ,  et  à  une  mointlte  distance  du  cbarrioi  :  le 
témoin  de  ce  désastre  s  attendait  certainemeiii  à 
voir  le  spectacle  de  ces  hommes  écrases  d  un 
poids  énorme.  Le  charriot  resie  là  brisé  ,  ei  ips 
hommes  dénuésde  secours  ;  car  les  autres  passent 
devant  eux  et-avcc  rapidiié  ,  ne  s  occupa'H  que 
de  leur  propre  son  ,  el  entraînés  par  le  lorrent  de 
la  foule.  Nous  cotirons  aux  premiers  ;  ci  ces 
malades  et  ces  vieillards,  qui  ,  d.iii:,  leurs  domi- 
ciles el  sur  leui;s  lits  ,  pouvaient  à  peine  sup- 
porter leurs  longues  souffrances  ,  nous  les  trou- 
vons étendus  à  terre,  couverts  de  blessures', 
poussant  des.gémissemens  et  des  plaintes  ,  brûlés 
des  feux  du  soleil  ,  étouffés  par  les  flo.s  de  la 
poussière,  u 

Je  ne  chercherai  point  à  fiire  partager  le  s'fenli- 
raent  que  j'éprouve  ;  le  goùl  particulier  d'un 
individu  se  communique  rarement  à  un  autre  ; 
mais  je  vois  daii,i  ce  récit  un  tableau  plein  de 
vérité.  On  n'a  pas  oublié  que  c'est  l'un  des 
morceaux  dont  le  citoyen  Bitaubé  lait  l'éloge 
dans   sa  piéface. 

Quant  au  personnage  dti  pharmacien  ,  j'avoue 
qu'il  ne  me  plait  pas.  C  i!st  une  figure  grotesque 
qui  dépare  tous  les  tableaux  oùelle  se  trouve  : 
plus  il  veut  faire  d'esprit ,  pkjs  il  esi  gauche  et 
lourd.  L'auteur  a  voulu  répand^e  quelque  variété 
dans  son  ouvrage  ,  en  y  pilaçnnt  un  personnage 
comique  ;  il  n'a  fait  ,  ce  me  semble  ,  qu'une 
caricature. 

Je  reviens  au  poème  ,  çl  je  continue  mon 
analyse. 

Ainsi  ,  le  pharmacien  raconte  ce  qu'il  .a  vu  ,  et 
le  pasieur  en  tire  des  moralités.  Dignes  :;ll!emands 
el  fidèles  aux  usages  du  pays  ,  ils  se  font  seivir 
dans  un  salon  (rais  ,  un  flacon  de  vin  du  Rhin  , 
pour  dissiper  la  mélancolie.  ïoui  en  choquant 
leurs  coupes  verdâtres  consacrées  à  cette  liqueur  lim- 
pide et  luerveilleuse  ,  ils  (ont  cies  vœux  pour  la 
f>aix  ,  e;  1  bôie  y  joint  celui  de  voit  bientôt  son 
fils  lormer  les  nœuds  du  mariage. 

Chant  II.  —  Herman. 

Cependant  Herman  est  de  retour;  il  est  plus 
vif  qu'à  l'ordinaiie  ;  il  à'  lés  yeux  plus  ani- 
més. Il  aienconlré  une  jeune  fille,  distinguée 
j>ar  la  beauté  de  sa  taille  ,  auiant  que  par  la 
douceur  de  ses  traiis  et  de  son  langage  :  elle 
conduisait  un  chaiiot,  et  prensit  soin  d'une 
femme  accouchée  et  de  son  enfaiit  :  Elle  a 
iraploié  pour  eux  les  secours  d  Herinan.  Il  lui 
a  donné  tout  ce  qu'il  avait  apporté  pour  les 
fugitifs;  elle  en  a  fait  la  distribulion.  Au  sein 
de  rinfonune  ,  celle  jeune  fille  exerce  la  bien- 
fesance  ,  et  brille  de  toutes  les  vertus  d'une  ame 
noble  et  g'énéreuse. 

I)  Dès  qu  Herman  se  lail ,  le  voisin  ,  toujours 
prêt  à  discourir  ,  s  écrie  :  O  combien  est  hèu/'eux 
celui  qui  ,  dans  cts  jours  de  (uite  et  de  iroubfçs  , 
vit  isolé  dans  sa  maison,  et  ne  voit  pas  une 
femme  et  des  enlans  collés  à  lui  ,  trembler  daas 
tes  bras  .'Je  sens  à  présent  tout  mon  bonheur  5 
je  ne  voudrais  pas  en  ce  tems-ci  ,  pour  tous  les 
trésors  ,porier  le  noiudépoax  m  de  père:... 
un  célibataire  a  des  aîles  !  il  veut  prendre  la 
fuiie.  )) 

Herman  combat  ces  principes  :  son  pare  l'ap- 
plaudil  ;  il  l'invite  à  prendre  une  épouje  ,  et  à 
choisir  l'une  des  flilcs  d'un  riche  marchand  du 
voisinage.  Herman  av.jue  qu'il  y  avait  pensé  ; 
mais  il  a  éié  1  objet  des  railleries  de  ces  trois 
demoiselles  ,  el  il  a  juré  de  ne  plus  remettre  le 
pied  sur  le  seuil  de  celle  maison.  Le  père  insiste 
sur  la  nécessité  de  la  foitune  ,  et  se  met  en 
coleie.  Herman  est  constant  dans  son  refus  , 
el  son  du  salon. 

Le  récit  de  son  aventure  avec  les  trois  jeunes 
filles  est  plein  de  naïveté.  Ce  tableau  assez  gai 
est  en  opposition  avec  celui  de  l'incendie  de 
la  pelile  ville,  événement  que  la  mère  d  Herman 
raconte  à  son  fils  ,  pour  lui  apprendre  que  ce 
fut  l'époque  de  son  mariage  avec  son  pete ,  et 
que  c'est  souvent  au  milieu  des  grandes  cala- 
mités que  se  forment  les  unions  les  plus  heu- 
reuses. 

Chant  III.  —  Les  bourgeois. 

Ce  chani,  très-court,  est  une  espèce  de  digres- 
sion dans  laquelle  noire  bon  bourgeois  parle 
ries  seiviccs  qu'il  a  rendus  à  sa  pelile  ville  ,  comme 
membre-  de  la  magistrature.  11  regrette  que  son 
fils  n'aiinonce  pas  les  niême;  dispositions. 


Chant  IV.  .—  La  mère  et  le  fis. 

Herman,  au  désespoir  d'avoir  lâché  son  père, 
et  agité  par  un  autre  senlimeni',  élait  sorti  de 
la  maison  ,  rêvçur  et  mélancoliriue.  Sa  mère  le 
cherche  pour  le  consoler.  Elle  parcourt  inuti- 
lement les  granges  ,  le  jardin ,,  les  champs  et 
les  vignobles  d  alentour;  enfin,  elle  apperçoit 
son  fils  assis  sous  nn  grand  poirier  ,  qui  sert  de 
limite  aux  possessions  de  cette  famille  heureuse. 
Elle  le  trouve,  les  yeux  remplis  de  larmes  ;  elle 
I  interroge,  el  parvient  par  ses  tendres  caresses, 
a  obtenir  l'aveu  qu'elle  désire  :  . . ,  .  u  Voyez,  lui 
dit-il  ,  l'étendue  cl  la  richesse  de  ces  champs;  au 
dessous,  le  vignoble  et  le  jardin  ;  plus  loin  ,  les 
granges  et  les  éiubles  :  quelle  série  agréable  de 
biens  !  mais  lorscju'au  delà,  je  regarde  I  arrière- 
maison ,  le  loîl  sous  leijuelje  découvre  la  fenêtre 
de  ma  petite  chambre  ;  lorsque  ,  me  rcjeiiant 
dans  le  passé  ,  je  songe  couiijien  de  nulls  en 
ce  lieu  j'ai  déjà  attendu  lalune,  el  combien 
de  malins  le  soleil  ,  quand  le  sommeil  salniaire 
ne  m'avail  accordé  que  peu  d'heures  de  repos; 
ah!  non  moins  ijuc  ma  chambre,  la  cour  c( 
le  jardin  ,  ce  beau  champ  qui  s  éiend  sur  la 
colline  ,  me  paraisscni  si  solitaires  !  toul  à  mes 
yeux  e.st  si  déseil!  il  me  manque  une  compagne. 

"  O  mon  fils  I  dit  la  tendre  mère,  quand  tu 
souhaites  de  conduire  dans  ta  chambre  1  épousa 
qui  t'aura  été  accoiriée  ,  afin  que  la  nuit  soit 
pour  loi  une  heureuse  moitié  de  la  vie  ,  et 
que  le  jour  tu  te  livres  plus  gairaent  à  des  tra- 
vaux dont  lu  posséderas  les  fiui;s.  tu  ne  peux 
former  ce  souhait  avec  pius  d  ardeur  que  Ion 
père  et  la  mère.  Nous  l'avons  toujours  cxhoné  , 
pressé  même  de  te  choisir  une  compagne  ;  mais 
je  le  sais  ,  el  mon  cœur  me  le  dit  en  ce  moment: 
quand  I  heure  n'est  pas  venue  ,  i  heure  véniaUle  , 
et  qu'elle  n  amené  pas  la  vérilabie  compagne  , 
le  choix  est  reculé  ,  et  ce  qui  agit  le  plus  est  la 
crainte  de  prendre  la  fausse.  Te  le  dirai-je,  mon 
fils  ?  Je  crois  que  le  tien  est  faii  ;  Ion  cœur  esr 
alteint  .il  est  plus  sensible  qu'il  ne  l'a  jamais 
élé.  Parle  ouvciiement  ;  car  je  me  le  suis  déjà 
dii  :  cetle  jeune  fille  ,  cxpattije,  est  celle  que  lu 
as  choisie. 

Il  Mère  chérie,  vous  l'avez  dit,  répond  -  il 
avec  feu  ,  oui  ,  c'est  elle  ;  et  si  je  ne  la  con- 
duis pas  ce  jot;ir  même  dans  noire  maison  , 
comme  mon  épouse,  si  elle  s'éloigne  ,  et,  ce 
que  peuvent  causer  les  troubles  de  la  guerre 
et  tant  de  funestes  migrations  ,  si  elle  disparait 
toujours  à  mes  yeux  ,  ô  ma  mère  !  en  vain  , 
dans  tout  le  cours  de  ma  vie,  ces  champs  se 
couvriront  pour  moi  des  plus  richei  fr:ui,ts  ,  en 
vain  chaque  année  m'apportera  les  dons  de 
l'abondance.  Oui  ,  la  maison  où  je  suis  né  ,  le 
jardin  ,  oni  perdu  pour  moi  tout  leur  aitraiî  : 
et  même  ,  helas  !  la  tendresse  d'une  mère  ne 
consoie,point  cet  infortuné.  Je  sens  que  lamonr 
relâche  lous  les  autres  nœuds  en  formant  les 
siens  ;  si  la  jeune  fille  s'éloigni!:  de  son  père  et 
de  sa  meré  ,  pour  suivre  son  mari  ,  le  jeune 
homme  qui  voit  partir  sa  seule  bien-aimée  , 
oublie  qn'il  a  une  mcre  et  un  père.  Laissez 
moi  donc  m'abandonner  à  la  rouie  01a  me 
pousse  le  désespoir  ;  car  mon  père  a  prononcé 
la  sentence  décisive  ,  et  sa  maison  n  est  plus  la 
mienni-  ,  quand  il  la  ferme  à  celle  que  seule  je 
desirais   dy   conduire.  )> 

_  La  mère  d  Herman  lui  rend  l'espoir,  et  veut 
parler  à  son  époux  eu  faveur  de  la  jeune  étran- 
gère. Il  Viens  ,  dit-elle  à  son  fils  ,  fesons  sur- 
le-champ  la  leniauve  ;  risquer  avec  courage  , 
amène   le  succès >» 

Est-il  rien  de  pius  louchant  que  ce  lableau 
si  simple  et  si  v.ai  de  la  tendresse  maternelle  ? 
celte  conversation  ,  la  bonté  de  la  niere  ,  la 
confiance  et  l'ingénuiié  du  fils,  tour  itispire  le 
plus  vif  intérêt;  de  lels  moiceaux  doivent,  ce 
me'  semble  ,  faire  excuser  ce  qui  ,  dans  ce 
poème  ,  est  coniraiie  à  noire  goûi  .  en  liiiéra- 
ture  ,  el  le  faiie  placer  au  nombre  des  pro- 
ductions les  plus  agréables  du  génie  étranger. 

Chant  V.  —  Le  cosmopolite. 

Le  pasteur,  le  pharmacien  ,  et  Ihôte,  pour- 
suivaient  leur  enireiien  ,  lorsque  la  mère  entre  , 
tenant  son  fils  par  la  main  ;  elle  le  conduit  et 
le  place  devant  son  mari.  Elle  lui  répète  l'aveu 
d  Herman  ,  concernant  la  jeune  exilée, 

"  Q_ue  je  l'obtienne  de  vous  ,  man  père, 
dit  le  fils;  mon  cœur  a  fait  un  .choix  snr  , 
exempt  de  blâme  ,  vous  aurez  en'  elle  ttne  fille 
incomparable.  )> 

On  ne  conçoit  guères  ,  j'en  conviens ,  comment 
un  homme  raisonnable  peut  parler  avec  cette 
assutance  dune  fille  qu'il  na  vue  qu'un  mo- 
ment; mais  la  passion  fait  due  lani  de  choses 
hasardées  !  d'ailleurs  l'ouvrage  que  j'examine 
est  loin  d'être  sans  délauls. 

((  Mais   Iç  père  gardait   le  silence  ;  aussiiôt  le 
pasteur  se    lève   ,     et    prenant  la   parole    :   c'esl 
toujours  d'un  moment  que  la  vie  et  la  destinée 
de    1  homme    dépendeul  ;     car   même  après    de' 
longues  (iélibétatioDs ,  la  décision  est  l'ouvras» 


2o8 


d  lin  moment,  et  l'hoThme  sensé  prend  seul  la 
rat^lleure  ;  c'est  un  lact  du  seniinieut  ,  qu'on 
riscjue  d  é m o lisser  en  se  livrant  alors  à  des  con- 
sidéraiions  acce^uircs.  L'ame  U'Herman  est  saine; 
je  le  connais  depuis  son  cnLincei,  il  ne  tendait 
pas  indifféremment  les  mains  vers  tous  les 
objets  ;  ce  qu'il  demandait  pouvait  lui  con-- 
venir  ;  alors  aussi  il  né  lâchait  pas  prise  :  ne 
soyez  donc  point  surpris,  efFarouché  ,  de  voir 
arriver  soudaio  ce  que  vous  souhaitiez  depuis 
si  long-'ems.  Il  est  vrai  que  voire  voeu  ,  tel  que 
vous  laviez  conçu  peul-êlre,  n'est  pas  rempli  ; 
«■Os  désirs  aveugles  nous  déguisent  quelquefois 
l'objei  désiré  ;  les  dons  nous  viennent  d  en  haut 
sous  leur  (orme  véiiiable;  ne  méconnoissez  donc 
point  la  jeune  personne  qui  ,  la  première  ,  a 
louché  laine  de  ce  his  bon  et  judicieux  que 
vous  adorez.  Heureux  celui  à  qui  la  première 
qu  il  aime  donne  aussiiôi  sa  main  ,  et  dont  le 
-VOEU  le  plus  cher  ne  languit  pas  secrètement 
au  fond  de  son  cœuf  !  Oui  ,  tout  en  lui  me 
lannonce  ,  le  sort  de  voire  fils  est  décidé  :  un 
penchant  vrai  fait  subitement   de  l'adolescent  un 


homme.  Herman  esj  inébranbbk  ;  si  vous  lui 'près  d'un  rocher  ;  partout  où  il  dirige  ses  regards 
refusez  votre  coristniement  ,  je  crains  que  les  il  la  voit  à  l'instant  même  se  reproduire .  et  , 
plus  bclifs  anuées  de  sa  vie  ne  s  écoulent  dans  |  vacillante  ,  rayonner  de  riches  couleurs:  ainsi 
ia   tristesse.  >>  Herman  voit  l'image  de  la  jeune  fille  passer  légé- 


I  épée  dont  il  était  ceint,  et  lui  porte  un  coup 
terrible  qui  l'abat  sanglant  à  ses  pieds  ;  et  déli- 
vrant ses  compagnes  par  sa  mâle  intrépidité  ,  elle 
l.rijipe  q'iaire  autres  de  ses  brigands  qui  échappent 
à  la  mort  par  U  fuite.  Elle  ferme  en>uite  la  porte 
de  fa  cour  ,  et  dans  son  asyle  aiiend  qu'on  vienne 
la  secourir. 

Ctpendaut  le  p'harmacien  a  reconnu  la  jeune 
personne  ;  le  pasteur  s'empresse  d'aller  la  voir.  Il 
demande  au  juge  des  rcnscignemens  sur  elle. 
Celui-ci  lui  répond  que  c  est  d'elle  quil  vient  de 
lui  parler.  Les  deux  amis  enchantés  retournent 
vers  Herman  ,  le  félicitent  de  son  choix,  lui  lais- 
sent le  soin  de  faire  lui-même  sa  demande  à 
l'étrangère  ,  et  retournent  à  la  ville  pour  disposer 
en  sa  faveur  le  père  de  1î  jeune  exilée. 

Chant  VII.  —  Dorothée. 

"  Comme  le  voyageur  ,  au  couchef  du  soleil  , 
fixe  une  fois  encore  les  yeux  sur  cet  astre  ,  qui 
descend  de  l'hoiison  et  disparaît  ;  son  œil  éblpui 
en  voit  flotter  l'image  dans  vin  sombre  bosquet  et 


Le  pharmacien  propose  d'aller  prendre  des 
)nfo^mations  sur  la  jeune  personne  ;  Herman 
Je  désire  ;  le  père  y  consent  ,  ils  se  disposent 
à  partir  ;  mais  avant  de  passer  outre  ,  et  de 
suivre  le  fil  de  cette  histoire  ,  il  faut  que  je 
vous  cite  un  des  jnorceaux  où  l'on  reconnaît 
trop  peut-être  le  siyle  de  l'Iliade  et  de  l'Odyssée. 
Il  se  trouve  précisemcni  à  cet  endroit  du 
poé'me. 

H-erman  volé  vers  l'écurie  ,  où  les  ardens 
evaux  se  reposaient  ,  et  consommaient  rapi- 
dement l'avoine  pure  et  le  foin  sec  ,  fauché 
dans  1-1  meilleure  prairie.  Aussitôt  il  leur  met 
le  frein  luisant  .  fait  passer  les  couroies  dans 
ks  boucles  argeniées  ,  attache  les  longues  et 
larges  giiides  ,  et  conduit  les  chevaux  dans  la 
cour  ,  où  le  zélé  valet  ,  tirant  la  voitiire  par  le 
linion  ,  l'a  fait  avancer  ;  donnant  aux  traits 
lenf  exacte  longueur,  ils  attelent  les  coursiers 
dont  la  vigueur  emporte  légèrement  un  char 
dan     '  .         .,  .... 


cb 


rement  devant  lui  ,  et  suivre  le  sentier  qui  mené 
à  sa  demeure,  u 

Cette  comparaison  si  fraîche  ft  si  ingénieuse  , 
n'est-elle  pas  digne  de  'Virgile  ou  de  Gesner  ? 
C'est  à  ces  traits  charmans  que  1  on  reconnaît  une 
imagination  vraiment  poétique. 

Herman  retrouve  Dorothée.  Elle  allait  puiser  de 
l'eanàunesourceéloignée.  Elletémoigne  duplaisic 
en  revoyant  celui  qu'elle  nomme  son  bieiifaileur. 
Ils  arrivent  à  la  fontaine,  et  le  poëte  profite  de  ce  site 
agréable*~pourtracerun  tableau  digne  de  l'Albane. 
Ecoutez-le  :  k  en  disant  ces  mots  ,  elle  a  des- 
cendu les  larges  degrés  ,  accompagnée  d'Her 
man  ;  ils  s'asseyent  sur  le  petit  mur  de  la  source 


fuguive  yacifiaii  à  travers  le  beiceay  ,  jette  sut  eux 
ses  derniers  regards  ,  ei  bieniôt  environnée  de 
nuages  orageux,  elle  laisse  ce  couple  dans  les 
tentbres.  Herman  ,  plein  Ce  lorce  ,  est  aiteniit  à 
soutenir  ia  jeune  fille  ,  penchée  sur  lui  pour 
jssurer  s.-i  marche  ;  mais  ,  comme  elle  ne  connaît 
pas  te  sentier  et  ces  pierres  de  masses  inégales  ,  le 
jpied  lui  manque,  il  éprouve  "un  craquement 
léger  ,  elle  est  près  de  s'abattre  ;  soudain  le  jeune 
homme  inielligent ,  se  tournant  vers  elle  .  a  éiendu 
le  bras  tt  soutenu  sa  bien-aimée  ;  elle  lombe  dou- 
cemc/it  sur  son  épaule  ;  leurs  seins  ,  leurs  joues 
se  touchent.  Immobile  comme  le  marbre  ,  con- 
tenu par  les  ordres  sévères  de  sa  volonté  .  il' 
ne  la  presse  pas  sur  son  sein  d'une  plus  forte' 
élreinie,  et  se  borne  à  ne  pas  céder  au  poids.' 
Chargé  de  ce  précieux  fardeau  ,  i)  éprouve  un! 
sentiment  plein  de  cliarme  ;  i!  sent  les  batte-' 
mens  et  l.i  chaleur  du  cœuf  de  son  amante  ,  il 
recueille  l'haleine  embaumée  qu'elle  éf^anchait 
sur  ses  lèvres,  et  il  porte  ,  en  homme  sensible  ,' 
la  jeune  personne  ,  i  ornement  de  son  sexe  pat  ' 
sa  beauté  et  par  la  richesse  de  sa  taille,  u 

Chant  IX.  —  I,a  persf/eciive  heureuse. 

Les  trois  amis  s'entretenaient  encore  ensemble, 
et  la  mère  attendait  avec  impatience  le  retour 
de  son  fils.  Il  enire  avec  sa  tien  -  aimée  ,  la 
présenie  à  se's  parens  ,  et  prie  le  pasteur  dap- 
prtïndre  son  véritable  dessein  à  la  jeune  fille, 
qui  et  toujours  dans  l'erreur.  Une  plaisanterie' 
échappée  au  père  ,  affecte  douleureusement  le 
cœur  de  Dorothée;  elie  croit  qu'on  veut  l'humi- 
her,   é\  dans  l'accès  de  son  chagrjn  ,   elle  avoue 


l'autre  cruche,  et  se  baisse  sur  la  même  eau.  Ils 
y  voient  leurs  images  flottantes  sur  un, ciel  azuré  ; 
ils  s°  parlent  par  un  léger  mouvement  de  tête  ,  et 
se  saluenii  tendrement  dans  ce  miroir.  Je  veux 
m'abreuvi^r  de  cette  eau,  dit  aussitôt  le  jeune 
a  carrière.  Herman  a  saili  le  fouet  ,   il  est  I  homme  satisfait;  elle  lui  présente    la  cruche.  Ils 

assis  ,    et  la   voilure    étant   aiTivée   sous  la  voûte     restent  asiûs  sur  le  mur  avec  une  confiance  ingé 

de    la  grande   porte,     et  les    deux    aaiis   ayant 

pris    aussiiôt   leurs  places  ,    elle  roule  avec   ra 


pidité  ,  laisse  en  arrière  le  pavé  ,  les  murs  et 
les  tours  éclatantes  ;  il  dirige  vers  la  célèbre 
chaussée  sa  course  toujours  également  impé- 
tueuse, soit  qu'il  monte  les  côt'éaux  ,  soit  quil 
descende  dans  les  plaines;  raaislorsqu'il  aperçoit  la 
tour  du  village  et  les  chaumières  entourées  de 
jardins  ,  il  se  dit  qu'il  est  lems  d'arrêter  ses 
chevaux.  i> 

Le  lecteur  judicieux  remarquera  dans  ce  mor- 
ceau l'art  avec  lequel  le  poëte  et  son  habile  tra- 
ducteur ont  su  donner  de  I  iniéiêt  et  une  cou- 
leur poétique  aux  détails  les  plus  communs  ;  mais 
il  pensera  sans  doute  que  ce  ton  est  trop  élevé 
re'laiiveraeut  au  sujet  et  aux  personnages,  et  qu'il 
valait  peui-êire  mieux  omettre  ces  descriptions  , 
qiic  de  leur  donner  ce  caractère  épique. 

Je  reprend»  le  récit  :  Herman  s'arrête  sous  un 
arbre  ,  tandis  que  le  pasteur  et  le  phai^macien  se 
rendent  au  village  où  sont  tous  les  réfugiés.  Ils 
remarquent  un  vieillard  qui  paraissait  exercer 
les  fonctions  de  juge  parmi  ces  infortunés.  Le 
pasteur  l'interroge.  Le  pharmacien  cherche  par- 
tout la  jeune  fille  ,  dont  Herman  n'avait  pas  ou- 
blié de  lui   faire  le  portrait. 

Chant    V  l.  —  Le  siècle. 

Ce  chant  commence  par  une  digression  qui 
ma  paru  très-belle.  Elle  roule  sur  la  révolution 
française  ,  et  prouve  que  l'illustre  Goethe  l'a 
aimée  tant  qu'elle  ne  s'est  pas  écartée  des  princi- 
pes de  la  vraie  lib'Srté.  Je  regrette  que  l'étendue  de 
ce  morceau  ne  tri'e  permette  pas  de  le  transcrire 
ici  ;  c'est  un  des  plus  beaux  de  l'ouvrage.  îl 
est  curietjx  de  voir  ce  qu'un  étranger  si  jus- 
tement célèbre  a  pensé  de  ces  grands  événemens. 

Le   juge,   e,-n  terminant  ce   récit ,  appread  au 

fiasteur  qu'au,  milieu  de  nos  plus  grands  désastres 
e  sexe  que/  l'on  nomme  faible  ,  s'est  montré 
animé  de  courage,  de  force,  et  de  la  présence 
d'esprit  la  -plus   vive.   "Et  souflFtez,  ajoute 


quelle  aime  Herman  ,  et  qu'elle  avait  conçu  le 
desir  de  lui  plaire  et  l'espoir  de  devenir  un 
jour  son  épouse;  'i  mais  ,  dit-elle  ,  mon  secret 
est  échappé  de  mon  sein,  lorsque  le  mal  a'est 
pas  sans  remède;  que  tout  soit  révélé,  tienne 
doit  me  retenir  plus  long-tems  ici  ,  où  je  me 
^'°'s  confuse,  agitée,  où  j'ai  fait  le  sincère  aveu 
Elle  se  baisse  sur  l'eau  pour  y  puiser  ;  il  prend  I  ^f   ""^^  sentimens  et  de  ma   folle    espérance,  u 

"  Malgré  la  nuit  et  l'orage  elle  veut  partir.  La 
mère  la  retient  et  la  nomme  sa  iilie.  Tout 
s'explique  et  s'éclaircil.  Doroihce  apprend  qu'eii 
effet  ,  Herman  l'a  choisie  pour  épouse  ,  elle  se 
j«^,"e  anx  pieds  du  bon  pcre  pour  recevoir  sa 
bénédiciion  ,  la  mère  l'embrasse  tendrement  ,  le 
pasteur  unit  les  deux  amans.  Heiman  en  ior- 
mant  ce  nœud  au  milieu  des  troubles  de  la 
guerre  et  des  révoluiions  .annonce  qu  il  se  sent 
plus  de  zèle  que  jamais  pour  défendre  sa  patrie, 
et  termine  le   poème   en   formant   un   vœu  pour 


nue,  appuyés  sur  les  vases.  Cependant  elle  dit 
a  son  am:i  :  parle  ,  comment  te  rencontrai-je  en 
ce  lieu?  et  cela  sans  ta  voilure  rt  tes  chevaux  . 
loin  de  celui  où  je  l'ai  vu  pour  la  première  fois  ; 
pourquoi   es-tu  v«h*u  ici  ?  >> 

«(  HerrEian  pensif  baissait  la  paupière.  Il  levé 
ensuite  u(i  regard -paisible  vers  Dorothée  ,  l'at- 
tache avei:  tendresse  sur  les  yeux  de  son  amante, 
et  il  sent  qjue  son  cœur  se  calme  et  se  rassure.  Ce- 
pendant, lui  parler  de  son  amour,  il  ne  l'aurait  pu; 
le  regard  delà  jeiine  personne  n'annonçaitpoint 
d'amour  .  mais  de  rintelligen(:e  et  de  la  sagesse  , 
et  commandait  une  réponse  dictée  par  la  rai- 
son. ...  Il  II  lui  fait  entendre  qu'il  vient  la 
chercher  pour  la  conduire  chez  ses  parens  qui 
ont  besoin  _  d'être  aidés  dans  les  soins  du  mé- 
nage ;  elle  imaginé  que  c'est  à  titre  de  servante  , 
et  dans  sa  position  malheureuse  ,  elle  se  déter- 
mine à  le  suivre.  Elle  va  faire  ses  adieux  à  ses 
compagnons  d'infortune,  et  part  avec  Herman  , 
qui  n'osR   encore   la  désabuser. 

C  w.  A  N  T    VIII.  —  Herman  et  Dorothée. 

En  cheminant,  elle  s'informe  du  caractère  du 
pere  et  de  la  mère  de  ce  bon  jeune  homme.  Il 
la  Siatisfait;  a  mais,  ajoute-t-elle  ,  qui  me  dira 
ce  qui  me  reste  à  saVoir,  comment  je  dois  me 
ccKiduire  avec  toi-même  ,  toi  ,  leur  fils  unique  , 
et  à  l'avenir  mort  supérieur?)) 

"  Comme  elle  parlait  ainsi  ,  ils  étaient  arrivés 
sous  le  poirier.  La  lune  ,  dans  toute  sa  rondeur, 
répandait  sa  clarté  majestueuse  du  haut  de  'la 
voûte  céleste;  la  nuit  était  venue  , avait  jeté  son 
voile  sur  les  dernières  lueurs  du  soleil;  à  leurs 
yeux  s'étendaient,  en  de  grandes  masses  qui 
se  touchent,  une  lumière  aussi  claire  que  relie 
du  jour,  et  les  ombres  de  la  nuit.  Herman 
entend  avec  plaisir  ceite  question  am,icale,  sous 
le  bel  arbre  qui  l'ombrageait  ,  au  lieu  qu'il  aime, 
et  qui  ce  jour  même  a  été  le  témoiri  des  pleurs 
qu'il  a  répandus  pour  sa  chère  exilée.  Tandis 
qu'ils  s'asseyaient  pour   se   reposer  un  moment. 


que.  je  vo.iis   raconte  en  particulier  l'aciion  dcint  '  'e  jeune    homme,   transporté  d'amour,  sa 


s'ennobhi ,  par  un  subhme  essor  de  l'ame,  une 
jeune  til.le?,  l'honneur  de  son  sexe.  Elle  était 
lestée  s  fuie  avec  d'autres  jeunes  filles  dans  une 
grande  ferme  ',  les.  hommes  étaient  partis  pour 
repousser  les  étrangers.  La  cour  fut  assaillie 
d'une  troupe  de  vils  fuyards  qui  se  livrèrent  au 
pillage  ,  et  Dieniôl  pénétrèrent  dans  l'appartement 
des  1  crames.  A  l'aspect  de  la  beauté  ,  de  la  taille 
beui.euse  de  la  jeune  personne,  de  ces  filles  ornées 
da  glaces,  et  qu'on  pourrait  nommer  encore  des 
er'ifdns ,  un  desir  féroce  s'empare  de  ces  monstres  ; 
i'.s  se  précipitent  avec  une  fureur  barbare  vers  ces 


la  main  de  la  jeune  fille:  Q^iie  ttsn  cœur  te  le 
dise,  lui  répond-il,  et  suis  librement  ce  qu'il 
te  dira....  ))  Il  n'ose  en  dire  davantage  ;  Doro- 
thée ,  modeste  et  troublée  ,  parle  de  I  admirable 
clarté  de  la  lune  ;  ils  se  remellent  en  chemin  , 
car  un  orage  s'avance  en  lançant  des  éclairs , 
et  c  est  ICI  que  nait  celte  scène  charmante  que 
le  citoyen  Biiaubé  a  ciiée  comme  un  modèle. 

'<  Prenant  plaisir  à  la  clarté  nocturne,  ils  sont 
arrives  au  vignoble  ,  et  commencent  à  marcher 
dans  l'obscurité.    Il    la    conduit   sur    les  pierres 


1. s  se  précipitent  avec  une  fureur  barbare  vers  ces  nombreuses  et  informes,  degrés  du  berceau 
colombes  tremblantes,  vers  la  fille  généreuse;'  Elle  descend  à  pas  lents,  les  mlins  appuyées  sur 
mai»  aussitôt  elle   arrache   a   1  un   des    scélçrau    l'épaule  de  son  guide  !  La  lune  ,  dont  la  lumière 


la  paix. 

Je  regrette  que  la  muliiplicité  de  me^  cilationj 
ne  m'ait  point  permis  de  transcrire  ce  dernier  dis- 
cours de  Dorothée.  Maison  a  vu  dansccite  analyse 
assez  de.morceaux  de  ce  poème  pour  se  former 
une  idée  du  style,  et  de  i  agrément  des  détails 
Il  y  a  des  lecteurs  qui  les  irouveront  minu- 
tieux et  trop  au-dessous  de  la  poésie  ;  d'auires 
reconnaîtront  ce  naturel  charmant  ,  et  cet  intérêt 
de  description  qui  caractérisent  Homère  et  notre 
bon  Lafontaine. 

Je  le  répète  ,  il  ne  faut  pas  juger  ce  poème 
en  littérateur^  parisien.  On  le  trouverait  trop  sou- 
vent conltaire  au  goût  français.  11  faut  se  trans- 
porter en  idée  sur  le  lieu  de  la  scène  ,  en  con- 
riaiire  les  mœurs,  et  supposer  un  moment  que 
1  on  est  aussi  un  bourgeois  allemand  ;  alors  il 
prend  un  caractère  bien  différent  :  il  intéresse  . 
il  parle  au  cœur  autant  qu'a  l'imagination  ;  il 
atteint  un  but  moral  de  la  plus  haute  importance, 
celui'  d'inspirer  le  goût  des  mœnrs  simples  , 
d'éloigner  l'esprit  des  idées  révolntionnaires  ,  de 
porter  les  hommes  au  mariage  et  à  l'exercice  de 
toutes  venus  sociales. 

Ce  poème  est  dans  noire  langue  un  monu- 
ment singulier  auiant  qu  utile  et  précieux.  On 
doit  de  la  reconnaissance  au  savant  traducteur 
qui  nous  fait  jouir  de  cette  richesse  nouvelle  ; 
mais  inalheur  à.  ceux  qni  trop  facilement  dis- 
posés à  l'imitation  ,  voudraient  marcher  sur  le» 
traces  de  Gœihe  et  de  Bitaubé,  Ce  que  nou» 
)olérons  dans  cet  ouvage  en  faveur  de  son  ori- 
gine étrangère  et  des  des  morceaux  de  génie  dont, 
il  est  rempli  ,  serait  peut-être  insuppDriable  dan» 
les  imitateurs  français.  D. . . 

Erratum  de  ma  première  lettre. 

II'  paragraghe,  comme  tous  les  grands  poètes  , 
lisez  :  comme  lOus  ces  grands  poètes. 

XI=  Paragraphe  ,  ce  n'est  pas  cesser  d'être 
naturel,   d'être  noble  ,  Usez  :  que  d'être  noble. 


Le  discours  du  citoyen  Mulot  sur  les  sépul- 
tures ,  dont  nous  avons  inséré  un  extrait  dans 
notre  N°  du  7  brumaire  dernier,  se  vend  à 
lirnpriraerie  et  librairie  de  la  rue  des  Prêtre» 
Saint-Girmain-l'Auxerrois  ,  n°  44,  1  fr.  so  c. 
et  I   fr.    5o  cent    par   la  poste. 


A  Paris ,  de  l'imprimerie  de  H.  Agasse. 


GAZETTFNATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  34. 


Qiiarlidi  ,    24   brumaire  an  g  de  la  république  française  ,7me  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à   prévenir   nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7    Nivôse  le    MONITEUR  est  le  seul  iournal     f  '■■!   ■ 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenï ,  les  nou)«l!es  des   armées    ainsi    mil  i.c  fo;.e  „.  1  " 

:  11       ;  ■  f         •  1  '  .'  >         »'    >-i"c  ics  .ajis  et  les  notions  tant  sur 

l'intérieur  que  sur  1  extérieur,  f-ournis  par  les  correspondances  ministérielles.  ""-" 

Un   article  sera' particulièrement  consarré   aux   science'; ,  aux  arts  et    aux  .lécouvertcs  nouvelles.  / 


INTERIEUR. 


Paris  ,   le  23   brumaire. 


u 


JE  ffénéral  Berthier  a  pris  aujourd'hui  le  porte- 
feuille du  ministère  de  la  guerre., 

—  Plusieurs  jeunes  citoyens  qui  ont  obtenu  des 
prix  de  peinture  et  de  sculpture  ,  ont  reçu  des 
laieiiiptions  de  service  militaire. 

—  Les  cinq  militaires  qui  ,  à  la  fête  du  14 
juillet ,  ont  obtenu  des  médailles  ,  et  ceux  qui  en 

^^obtiendront  à  l'avenir  ,  toucheront  la  haute  paie 
accordée  aux  militaires  qui  obtiendront  des  bre- 
vets d'honneur. 

—  Les  français  attachés  au  commissariat-général 
à  Cadix  ,  ont  été  ,  comme  le  commissaire-général, 
victimes  de  l'épidémie  qui  ravage  cette  contrée. 

Les  dernières  lettres  de  ce  pays  donnent  les  dé- 
MÏls  les  plus  afBigeans  des  effets  cruels  de  ce 
fléau.  Les  hommes  ,  les  femmes  et  les  enfans  ex- 
pirent au  milieu  des  rues  et  des  places  publi- 
ques. Leurs  cadavres  restent  long-tems  sans  sé- 
pulture. Beaucoup  périssent  en  proie  aux  hor- 
reurs de  la  famine  ,  et  d'un  abandon  total. 

Pendant  que  la  cour  cherchait  les  moyens  d'é- 
viter la  contagion  ,  les  habilans  qui  fuyaieni  Cadix 
la  portaient  dans  les  villes  voisin.es  ,  et  bientôt 
elle  commença  à  se  manifester  à  Séville,  au  pott 
Sainte-Marie  ,  à  Sin-Lucar  ,  à  Chciez.  an  Port- 
Royal  .  à  l'île  de  Léon  et  à  Chiclam.  Elle  exerce 
maintenant  ses  ravages  (Jans  ces  piovitices  et 
sur-tout  à  Séville  ,  où  ,  chaque  jour  ,  il  périt  deux 
à  trois   cents    personnes. 

D'après  un  calcul  très-mridéré,  on  peut  appré- 
cier à  vingt  mille  le  nombre  des  personnes  vic- 
times de  la  contagion  depuis  deux  mois  dans 
toute  cette   coniiée. 

Le  journal  officiel  de  Bordeaux,  en  date  du  14, 
■publie  une  lettre  de  Bayonne  ,  qui  donne  quel- 
ques espérances   de  la  cessation  dj  ce  fléau. 

>i  Nous  recevons  dans  ce  moment  ,  y  est-il  dit , 
>>  sv\%  du  commissaire  du  gouvernement  français 
)'  à  Séville  ,  sous  la  date  du  3  brumaire ,  que  de- 
"  puis  trois  jours  l'épidémie  avait  beaucoup  di- 
"  minué.  je  tn  empresse  de  vous  transmettre  cet 
'>  avis  qui  vous  sera  certainement  agréable,  n 

—  Les  journaux  des  déparlemens  ,  principa- 
lement ceux  du  Nord  et  du  Nord-Ouest  de  la 
république  ,  sont  remplis  des  affligeants  détails 
des  ravages   produits  par  l'ouragan    du   18. 

—  On  écrit  du  Havre  :  L'ouragan  commença 
vers  les  huit  fieures  du  malin.  Un  cercle  violet, 
qui  enveloppait  le  disque  du  soleil  à  son  lever  , 
Tavalt  annoncé.  En  peu  d'instans  ,  la  mer  ne 
ressembla  plus  qu'à  un  bassin  d'écumes  ,  et  les 
vagues,  élevées  jusque  dans  les  nues,  se  ré- 
solvaient en  pluie  à  deux  lieues  dans  les  cam- 
pagnes. En  moins  de  deux  heures  ,  la  plupart 
des  toits  des  maisons  furent  découverts  ,  les 
cheminées  renversées  ,  quelques  personnes 
blessées.  Les  rues  étaient  pavées  de  dénombres. 
On  évalue  les  dommages  de  cette  matinée  à 
plus  de   cent   mille   fr. 

Heureusement  la  mer  était  basse;  autrement 
les  communes  de  Leure  et  de  Sainte-Adresse 
auraient  couru  les  plus  grands  dangers. 

Les  campagnes  des  environs  du  Havre  ont 
aussi' ressenti  les  effets  de  cette  bouriasque.  On 
ne  voit  qu'arbres  renversés  et  que  ch.iumieres 
découvertes.  A  Bleville  ,  la  femme  d'un  beri'er, 
mère  de  sept  enfans,  a  été  écrasée  sous^les 
débris    d'une    bergerie. 

De  Diinkerque.  La  tempête  commença  à  dix 
fleures  du  matin  ;  le  vent  soufflait  S  S  O.  ,  et 
passait  de  moment  en  moment  à  l'O.  un  quart 
N.  O.  Là  ,  comme  au  Havre  ,  les  cheminées  ont 
été  renversées  ,  et  les  toits  découverts  ,  etc.  Des 
magasins  entiers,  près  du  port  ,  ont  été  abattus. 
Un  navire  américain,  chargé  de  700  boucauds 
de  tabac  .  et  un  bâiiaiem  iitulre  ,  chargé  d'en- 
viron trois  milles  tasietes  de  sel  .  ont  déradé.  | 
On  ne  savait  pas  encoie  ,  le  19  ,  oii  l'impétuosité 
du  vcni  les  avait  jetés  ;  mjis  on  avait  des  rai-  1 
«on»  de  craindre  que  ces  deux  navires  ,  et  deux 
bateaux  pêcheurs  sortis  le  malin  ,  avaient  péri  ; 
car  des  débris  de  navires  et  du  tabac  venaient 
à  la  côie.  —  Une  des  deux  canonnières  siailon- 
Baircj  a  été  jetée  à  la  côie  ;  deux  hommes  et  ' 
le   seiond   capitaine   ont   péri.    —  L'ouragan  n'a 


cessé  qu'à  cinq  heures  du  soir  ,  le  iS.  On  croyait 
dans  celte  ville  que  cette  tcinpêle  éiait  occa- 
sionnée par  un  tremblement  de  terre.  Tonnerre  , 
veni  ,  pluie,  secousses,  tout  :Se  confondait; 
plus  de  3o  moulins  des  environs  de  la  ville  ont 
été  renversés.  Maisons  de  campa^Kne ,  granges , 
étables  ,  arbres,  on  éié  ou  abattue  ou  endom- 
magés. —  La  flèche  de  la  ci-devant  paroisse  de 
Gravehne  a  été  renversée  ,  et  a  lue  dix  pers,.i.nes 
dans  sa  chute.  Le  barometie'était  u8o  au-dessous 
de  tempête. 

De  Calais.  La  violence  de  l'ouragan  a  duré 
depijis  onze  heures  du  matin  jusqu'à'trois  heures 
de  l'après-midi;  on  ne  se  rappelle  pas  d'avoir 
jamais  vu  d'exemple  de  la  dévastation  qu  il  a 
occasionnée  dans  cette  ville  ;  la  plus  grande 
partie  des  maisons  ont  éié  découvertes  ,  et  il  n'en 
est  aucune  qui  n'ait  éprouvé  des  dégâts  plus 
ou  moins  grands. 

Des  cheminées  abattues  ,  des  toits  enlevés  et 
écrasés  ,  des  murs  écroulés  ,  des  arbres  cassés 
ou  déracinés,  des  moulins  renversés,  des  bâ- 
timens,  en  partie  ou  eniiéremetit  détruits,  des 
individus  jetés  à  terre  et  roulés  sur  le  pavé, 
sans  pouvoir  s'arrêter  ,  sont  les  tristes  effets  de' 
cette  scène  dévastatrice.  Personne  heiireusement 
na  péri,  mais  plusieurs  ont  éié  blessées,  soit 
en  tombant,  soit  par  la  châle  des  décombres. 
Cet  événement  terrible  a  fait  tant  d'imorcssion 
pendant  sa  durée  ,  que  les  animaux  eiî  étaient 
eux-mêmes  afiFcctés. 

La  campagne  a  éprouvé  une   destruction  non 
i  moins   affligeante.    Les   grains   et  les    fourages  en 
,  meules    ont    été   enlevés   et  jetés    cà    et   là.   Des 
granges  ,    maisons  .    étables  ,    bergeries    œnt   été 
I  abjiiues  ,    et    ont   écrasé    ou    étouffé  ,    par   leur 
I  chute  ,    les   bestiaux    qu'elles     renfermaient.     La 
j  pluie  ,    qui    tombait    en    abondance,     semblait 
menacer     d'engloutir   toutes    les    habitations    ru- 
rales ,   et  empêchait  ,  avec  la  violence  du  vent  , 
de  porter   aucun§  secours. 

Les  rapports  de  ce  cruel  événement  qui  ar- 
rivent de  tous  !es  environs  ,  n'annoncent  que 
des  désastres.  Cet  ouragan  a  ,  selon  les  appa 
rences  ,  pareouiu  une  giande  étendue  de  ter- 
rein. 

La  mer  n'a  présenté  aucune  naarque  fâcheuse 
de  ce  coup  de  vent  :  il  est  à  présumer  qu'il 
aura  eu  des  effets  terribles  à  la  côte  d  Angle- 
terre ,   sur    laquelle  il  soufflait   avec  violence. 

De  Lille.  L'ouragan  a  commencé  à  7  heures 
du  matin,  sa  violence  a  progessivement  aug- 
menlé  jusqu'à  4  heures  du  soir  ;  mais  c'est  pii'n- 
Cipalemcnt  depuis  midi  jusqu'à  3  heures,  quelle 
s  est  exercée  avec  les  mêmes  ravages  que  dans 
les  autres  viljes  ;  la  tempête  y  a  découvert  les 
.  principaux  édifices  ,■  a  renversé  le  télégraphe, 
dont  la  chute  na  heureusement  ■  occasionné 
aucun  accident.  Les  dommages  de  la  ville 
seulement  ,  sont  évalués  à  un  million.  Les  cjm- 
gncs  environnantes  n'ont  pas  été  moins  mal- 
i:aiiées  ,  plus  de  200  moulins  ont  éié  ren- 
versés. 

De  V'ilendennes.  Outre  les  désastres  communs 
aux  auirts  villes,  on  a  ressenti  plusieurs  secousses 
de    iicmblemeui  de   terre. 

—  Une  lettre  particulière  ,  insérée  au  Cilojcn- 
Frrt7jç,,3(i  , -et  eciitc.de  Lille  par  un  voyageur  , 
est  ainsi  conçue  : 

A  peiife  éiions-nous  sortis  de  Péronne  ,  le  18 
à  dix  heures,  qu  un  vent  s'éleva  tellement  fu- 
rieux que  la  diligence  dans  laquelle  nous  étions, 
rcsseniblaii  à  un  vaisseau  prêt  à  faire  naufrau-e. 
Nous  étions  sur  le  point  d  arriver  à  Cambrai  ;°le 
vent  a  renversé  la  voi  ure  et  les  six. chevaux  da.TS 
une  marre  de  boue.  Culbutés  les  ups  sur  les 
auties  ,  mais  sans  blessures,  nous  lûmes  con- 
traiiiis  de  sortir  par  les  fenêtres  de  la  poniere. 
Une  femme  s  étant  empressée  de  sortir  la  pre- 
mière, elle  a  cié  enlevée  à  plus  de  200  pas  dans 
la  plaine  :  ou  lui  a  porté  de  prompts  secours  ; 
elle  était  presque  suffoquée.  Pour  éviter  d  être 
emporiés  ,  tous  les  voyageurs  s'agenouillèrent  au 
pied  (i  un  très-gros  arbre  ,  et  s'y  garotterent  avec 
une  lorie  corde.  Ainsi  amarrés,  nous  avons  vu 
des  nuisons  s'écrouler,  les  tuiles  ,  les  ardoises , 
les  (ihcminées  volet'  en  l'air  ,  les  clochers  lodi-^ 
ber  ,  les  arbie»  se  déraciner  et  bairer  la  route  , 
et  les  besiia.ix  chercher  iiiuiilement  un  abri.  Dans 
ce  momcni  alf.cux,  un  incendie  éclata  da:is  un 
village  ,   et    a  ruiné   plus  de  3(jo  habilans.     Les 


moulins,  les  télégraphes  du  côié  de  Lille  sont 
ou  détruits,  ou  t,ès-.ndomm.(.és.  La  ..ouïe  de 
Dunkerque  sera  pendant  q,u^i„e  lems  imiirati. 
cable  ,    tani  .1  y  a  d  arbres  qui  b.nent  le.cl.emin. 

—  Une  des  lionnes  duj.ndin  des  plames  vient 
demeure  bas  trois   peiiis  ,  vivans  et  à   Icime. 

Cei  événenient  est  intéressant  pour  1rs  naïu- 
ralistes  ,  qui  ignoraient  jusqu'ici  les  pariiculaiités 
r^l.itives  à  la  propagation  de  ce^ie  espèce. 

'  Ce  n'est  cependa'nt  pas  la  première  fois  que 
désirons  ont  produit  en  Europe;  nn  en  cite  des 
exemples  arrivés  à  Florence  ,  à  Londres  et  à 
Naples  ;  mais  ils  n'ont  point  été  observés  avec 
soin.  On  n'en  avdit  pas  eu  en  France  jusqu'à  ce 
jour. 

Le  père  et  la  tnere  ont  été  pris  ensemble  entre 
Bonne  et  Constaniine  ,  par  des  aiabes;  ils  avaient 
environ  six  mois  ;  on  les  croit  de  la  même  portée. 
Ils  ont  été  acliéiés  à  Constaniine  ,  et  amenés  en 
France  par  le  ciioyen  Félix  ,  l'un  des  gardes  de 
la  ménagerie.  C'est  à  ses  sons  qu'ils  doivent  le 
bon  état  dans  lequel  ils  se  trouvent,  sur-tout  le 
mâle,  qui  est  pcui-êire  le  plus  beau  ,  de  son  es- 
pèce, quiexisje  aujourd  hui  en  Europe. 

Ils  ont  à  présent  six  ans  et  demi.  La  f  raelle  a 
déjà  porté  une  fois;  mais  quelques  personnes 
imprudentes  l'ayant  iniiée  dans  sa  loge  ,  elle  se 
blessa  et  avorta.  Les  l'œius  qui  avaient  "deux  mois 
de  conception  ,  n'avaient  point  encore  de  poils. 
On  les  conserve  dans  la  collection  d  anaiomie  du 
Muséum. 

Quinze  jours  après  son  avortement  elle  rentra 
en  Chaleur.  Dès  lors  le  mâle  la  couvrit  plusieurs 
fois  par  jour.  Elle  fut  couverte  cinq  lois  le  4 
thermidor  dernier,  et  ne  la  pl'ùs  été  depuis.  Il 
est  donc  probable  que  c'est  de  celte  époque  que 
date  sa  conception. 

Le  tems  de  s^a  gestation  est  donc  de  cent  jours  ; 
Buffon  croyait,  d'après  Philostrate  et  "VV'icd,  qui! 
était  de  six  mois. 

L'accouplement  du  lion  est  le  même  que  celuî 
du  chat  :  .même  hneur' de  la  part  de  la  femelle,  ' 
même  doule-ur,  même  cris  pendant  le  coi'i.  Le 
mâle  mord  également  la  nuque  de  la  ietnelle. 

Le  jour  de  l'accouchement  ,  la  lionne  a  paru 
languissante  ;  elle  a  traîné  la  viande  qu'on  lui 
donne  chaque  jour  dans  l'iniérieur  de  sa  lotje  , 
sans  en  manger.  Du  resjc  elle  n'a  jette  aucun'"cri 
et  n'a  pas  été  moins  douce  envers  son  gardien 
qu  a  1  ordinaire. 

Elle  a  mis  bas  son  premier  petit ,  la  nuit  du  18 
au  19  brumaire,  à  lo  heures;  le  second  à  il 
heures  iiioins  un  quart;  le  troisième  à  2  heures 
apiès  minuit. 

Ces  lionceaux  sont  aussi  grands  que  des  chats 
adultes  (  On  a  dit  jusqu'à  présent  que  les  lions 
nouveaux-nés  n'avaient  que  6  à  7  pouces  de  lon- 
gueur ):  mais  ils  oni  la  létc  plus  grosse  ,  ils  dif- 
férent assez  des  lions  adultes:  leur  pelade  est  d'un 
brun  roux,  tacheté  par-tout  de  points  et  de 
bandes  nonâtics;  leur  queue  est  marquée  d'an- . 
neaux  noirs  sur  un   fond  jaune. 

Les  mâles  n'ont  point  de  crinière. 

Ils  ont  les  yeux  oiiveris  et  marchent  en  se  traî- 
nant ;  en  quoi  ils  diiïé.ent  b.'ançoup  des  autres 
animaux  carnassiers,  qui  sont  quelque  tems- 
aveugles  ;  leurs  cris  ressemblent  ri  de  tiè.-forts 
mijulemens.  comme  Ceux  d  un  dut  en  colère. 
La  raere  en  a  le  plus  giand  soin  :  lorsqu'elle  veut 
les  cbanger  de  place  ,  elle  les  porte  dans  sa 
gueule  ;  elle  les  lèche  continuellement,  et  elle 
a  une  grande  attention  à  ne  les  point  blesser 
dans  ses  mouvemens. 

[Mte  communiquée  par   l'administration  du 
Muséum  d'histoire  nalurelle.j 


Extrait  du  Journal  du  siège  de  Malte 

Le    général    Bonaparte    ava'it    saisi   la 'manière 
dont  il   fallait  se  concluire  à  l'égard  d'un   peuple' 
intéressant  sous  beaucoup  de  jappons,  mais  doit 
lignorance   et  les  piéjngés  eAigcafènt    beaucoup.' 
de  ménagemens.  ..;  ., 

Une  commission  exlraordinâii'e  de   gouverne- 
ment avait  été  établie   parlui,'et  avniteu  pour" 
instiuctions   de  se  rapprocher  le  plus,  possible  c|e 
la    constitution    française  ,    sans  néanmoins    rien  . 
changer  aux  lois  du  pays. 

Mais  quelques  erreurs  dams  l'adiiiinistralion  ,  1 
les  revers  d  Aboukir  .  et  plus  encore  learnanœu-i 
yres  des  ag^jis,  <^«  ]  ,d,i'ëkKinn  .^f  ,dn  roi  de  ' 
N.iples  ,  réveillèrent  bientôt  Tes  disposiiiarrt  pm 


favorables  d'\inc  T>atr!e  des  habitarts;  les  prêlres  , 
les  nobles  conipiuent  que  de  long-tems  li  faible 
-garnison  française  ne  pourrait  être  ravitaillée  ;  un 
complot  se  forma,  l'incident  qui  devait  en  Ualer 
}  explosion  le  fit  échouer  par  le  défaut  d  en- 
semble. 

Le  commandant  ,  dès  le  mois  de  frijclidor  , 
fait  toutes  les  dispositions  pour  assurer  l'évacua- 
tion des  points  les  plus  exposés  aux  entreprises 
des  insurgés ,  et  pour  les  éloigner  de  la  ville.  Ua 
rebelle  pris  les  armes  à  la  ttiain  est  fusillé. 

Le  17  fructidor.  Les  insurgés  de  la  campagne 
entre  dans  laCatouer  et  àBourmolet.  La8o«  demi 


où  les  rebelles  avaient  du  canon  ,  (fes  comraes-        Des  français  remplacent  les  boulangers  maltais 


tibles  et   des  munitions  de  guerre, 

On    trouve    les   avenues   de    CazaI .    tellement 


que  la  mauvaise  qualité  du  pain  fait  soupçonner 
d'intentions    ennemies.     On   prend  des  mesures 


que  les  troupes   débarquées   en   Egypte    ont   été 
trois  fois  battues  par  les  mameluks,  que  Bonaparte 

,      .         entouré   n'a  plus  de   retraite,  etc.  etc.   Il   a  soin 

brigade  se  rend  à  la  cité  de  l'est  pour  y  réduire  \  d'annoncer   l'accession  à  la  coalition  de  Tutiis, 
es    lebelles.   Le  général  Biouard  ,  qui    la  com-  |  y\.|ger  gt  Tripoly.   Le  parlementaire  portugais  te 


retranchée!   qu'on  ne  peut  y   pénétrer.  Le  déta-     PO"''   (^"^  «^u'.'iveT  les  terreins  appartenant  à  des 
chement  rentre.  1-         '    *  absens ,  et  qui  se  trouvent   enclos  dans  les   tor- 

I  tificalions. 

Le    i5  frimaire.   L'argent  devient  rare  de  plus         ^^  brumaire.  Le  cit.  Doublet  est  nommé  pour 
en    plus  ,   il  est  déjà   sextuple  de  prix.  remplacer  le  cit.  Regnaud  ,    de    Saint-Jean-d'An- 

L'arairal   portugais  adresse   une  seconde  som-  !  gely  ,  dans  l'emploi  de  commissaire  près  le  gou- 
mation ,    il    cherche    par    un   exposé   inhdelle   à  |  vernement. 
abattre   le   courage   de   la    garnison;    il    prétend 


mande  ,  les  menace  de  détruire  la  ville  par  l'ar 
tilierie  du  vaisseau  le  Vego  ,  s'ils  ne  déposent  les 
armes  :  il  donne  ,  en  cas  de  refus  ,  vingt  minutes 
aivï.  femmes  et  enfans  pour  sortir. 

Depuis  ce  moment  ,  des  rissemblemens  se  for- 
ment sur  toutes  les  avenues.  Les  insurgés  se  n- 
tranchest  dans  les  points  principaux  ,  et  la  gar- 
nison française  est  à  peu  près  resserrée  dans  ses 
muis. 

Une  escadre  portugaise  est  signalée  presqu'au 
même  moment  ;  elle  commence  le  blocus  du 
port. 

Le  roi  de  Naples  venoit  de  fermer  les  ports  de 
la  Sicile  aux  embarcations  françaises.  Malte  était 
dépourvu  de  tous  approvisionnemens  de  bouche  ; 
on  n'y  avait  que  du  blé  ;  la  place  n'était  pas  même 
suffisamment  garnie  de  plomb  ,  de  boulets  et  de 
cartouches;  les  fortifications  avaient  besoin  de 
réparations  sur  plusieurs  points  ;  c'est  dans  cette 
situation  que  Malte  est  déclarée  en  état  de  siège. 
Les  deux  contre-amiraux  ,  Villeneuve  et  Decrez 


tourne  à  son  bord  avec  une  réponse  du  com- 
mandant français  ,  aussi  négative  que  la  prerniere  ; 
cependant  peu  de  jours  après,  une  troisième 
sommation  est  annoncée  à  la  garnison.  Elle  est 
envoyée  par  Nelson  lui-même.  La  voici  ainsi 
que  la  réponse  du  général  'Vaubois. 

Sommation'  de  l'amiral  anglais  Nthon. 

25   octobre  179S. 
Messieurs, 

En  vous  adressant  cette  lettre  contenant  ma 
détermination  concernant  les  français  actuelle- 
ment à  Malte  ,  je  me  flatte  que  vous  n'attribuerez 
pas  cette  démarche  à  une  curiosité  impertinente, 
mais  au  désir  de  vous  exprimer  clairement  mes 
intentions. 

La  situation  de  Malle  est  telle  que  les  habitans 
sont  en  possession  de  toute  lîle,  excepté  >le  la 
cité  Valette  qui  est  entre  vos  mains.  Les  insulaires 
sont  sous  les  aimes    con':evous,   i;t   le   j.iOrt   est 


s'y     trouvent     renfermés    avec     les    vaisseaux   le     bloqué  par  une  escadre  appartenant  à  sa  majesté 
Guillaume-Tell  et  le  Dego  .  les   fréga»es  /a  Diane,  |  britannique. 
la  Jus'tue  et  la  Carthaginoise.   Le   général   Ville- 
neuve conserve  le  commandement  de  la  marine  ; 
Decrez  prend  le  commandement  en  chef  de  trois 
forts.  Les  équipages  sont  employés   au  service  de 


terre  ;  sans  eux  ,  il  eiît  été  impossible  de  penser  à 
la-  défense  de  tous  les  postes.  La  trop  faible  gar- 
nison n'était  que  de  2,200  hommes,  déduction 
faite  des  malades. 

■ïoutes  les  disposilions  nécessaires  pour  assurer 
la  défense  sont  prises  ;  on  fait  évacuer  les  per- 
sonnes qui  habitent  dans  l'enceinte  des  fortifica- 
tions ;  des  chaloupes  sont  envoyées  le  long  des 
côtes  et  à  Goze  ,  pour  communiquer  avec  la  gar- 
nison française  et  leur  faite  passer  des  secours. 

Un  conseil  de  guerre  est  assemblé.  Chacun  , 
mû  par  son  patri'odsme  et  sa  bravoure  ,  émet 
son  opinion  sur  les  mesures  à  prendre:  des 
avisos  sont  expédiés  ou  en  France  ,  en  Italie  , 
en  Corse,  sur  les  côtes  Barbaresques  .  pour 
faire  connaître  la  situadon  de  la  garnison  ,  et 
létilamer  les  munitions  de  guerre  et  de  bouche 
qui  lui  sont  nécessaires.  Tout  le  plomb  est  en- 
levé pour  faire  des  balles  ;  une  pohce  sévère 
s'exerce  dans  l'intérieur  ;  un  emprunt  est  fait 
aux  habitans  les  plus  aisés  ,  pour  Subvenir  à  la 
solde;  tous  les  effets  propres  à  l'habillement  de 
là  garnison  ,  sont  mis  en  réquisition  ,  les  habi- 
tans .suspects  sont  expulsés  ,  etc.  ,  etc. 

Dans  les  premiers  jours  du  blocus  ,  la  garni- 
son reçoit  sommation  de  se  rendre  ,  de  la  part 
du  marquis  de  JVizza  ,  amiral  portugais  et  de 
Sonnaire  ,  chef  de  division  anglaise.  Cette  som- 
mation est  faite  en  apparence  pour  le  compte 
des  maUais  révoltés  ;  elle  porte  que  les  français 
avcnt   à   se   rendre  et    à    livrer    aux  Maltais   les 

f",  "    "^  r    •      :„     „,     i„-   „,;ct(.a.iv  INOUS    avons    reçu     la    icuic    que    vous    nous 

hî^rimfns    de     suerre    tranc-us    et     les  vaisseaux  ,-  .     ,.1  ^     .  •     ■         1.1  , 

(janmens    uc    gucuc    '  "'J^  j.     avez  fait  1  honneur   de  nous  écrire.   Jaloux   de 

rUi    ci-aevant    ordre    de  Malttie.    jille    oiire    ue  l_   ',  .        1,      •  1  .  .- 

(i-a    Cl  acvai  i    uiuiç    ^y,      »t,„.,:ii.  mériter  lesume  de    notre   nation,    comme  vous 

reconduire   la   garnison  a  Marseille. 

Cette  sommation  est  accompagnée  d'une 
lettre  écrite  par  deux  chefs  de  la  rebellicin  de 
l'isle  ,  tous  deux  ex-membres  de  la  commission 
'  du   «gouvernement  ,  et  se   disant  mandataires  du 


a6  brumaire.  Nouvelle  circulaire  aux  consul» 
de  Cagliari ,  Gênes  et  Livourne.  On  les  presse 
de  subvenir  aux  besoins  de  la  garnison. 

Mêmes  démarches  auprès  du  commandant  en 
Corse  et  du  vice-roi  de  Sardaigne.  Les  citoyens 
Second   et    Goste   sont    chargés  de  cette  mission» 

Le  général  Vaubois  envoie  en  outre  réclamer 
des  secours  sur  la  côte  barbaresque.  Le  cit.  Conseil 
se  rend  de  sa  part  à  Pouz.~.  et  à  Tripoly.  Le 
général  offre  en  présent  au  pacha  de  Tripoly  ,  un 
cutter  que  le  consul  Baussier  esit  chargé  de  pré- 
senter. 

29  brumaire.  Les  mendians  sont  mis  hors  la 
ville. 

A  cette  époque  plus  de  dix  mille  habitans 
avaient  été  déjà  renyoyés.  Il  est  fait  défenses  à 
ceux  qui  restent  de  monter  sur  les  rempails. 
Le  lofrimaire.Ds  cinq  avisos  expédiés  ricTouIon, 
I  depuis  le  commencement  du  blocus  ,  un  seul 
arrive  à  sa  destination  ;  il  informe  la  garnison  des 
entreprises  commencées  par  le  gouvernement 
français   pour  opérer  le   ravitaillement. 

La  suite  demain. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  22  brumaire  an  9. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport  du 
ministre  de  la  guerre  ,  arrêtent  : 

Art.  I''.  Les  1" .  2'  et  4=  bataillons  francs  . 
levés  dans  les  12',  l3°  et  22'  divisions  militaires  , 
seront  completlés. 

II.  Le  I*'  bataillon  du  Finistère  ,  la  légion  nan- 


Mon  objet  est  d'aider  le  bon  peuple  de  Malte 
à  vous  forcer  d'abandonner  l'île  ,  pour  qu'elle 
puisse  être  remise  entre  les  mains  de  son  légitime 
souverain  ,  et  de  prendre  possession  du  Guillaume 
Tell ,    de  la  Diane  et  de  la  Justice. 

Pour  arriver  à  ce  but  aussi  promptement  qu'il 
est  possible  ,  j'offre  que,  sur  la  délivrance  qui  ■  taise  ,  les  compagnies  franches  à  pied  et  à  cheval- 
me  sera  faite  des  vaisseaux  français  ,  toutes  les  '  '^ 
troupes  et  tous  les  marins  actuellement  à  Malte 
et  au  Goze,  seront  débarqués  en  France,  sans 
même  qu'ils  soient  regardés  comme  prisonniers 
de  guerre.  Je  prendrai  soin  que  la  vie  de  ceux 
d  entre  les  maltais  qui  se  sont  réunis  à  vous  ,  soit 
épargnée,  et  j'offrema  médiation  auprès  de  leur 
souverain  pour  la  restitution  de  leurs   propriétés. 

Que  si  ces  offres  étaient  rejettées  .  ou  si 
quelques  uns  des  vaisseaux  venaient  à  .s'échapper 
malgré  ma  vigilance  ,  je  déclare  que  je  n'en- 
tendrai à  aucune  capitulation  que  le  général 
pourroîi-être  obliaé  de  proposer  par  la  suite 
aux  habitans  de  Malle  ;  et  que,  bien  moins,  je 
ne  m'intéresserai  d'aucune  manière  pour  le 
pardon  de  ceux  qui  ont  trahi  leur  devoir  envers 
leurs^  pays. 

Je  vous  prie  de  croire  que  telle  est  la  déter- 
mination d'un  amiral  anglais  ,  et  j'ai  l'hoiineur 
d'être  ,  Messieurs  ,  votre  très-humble  et  très- 
obéissant  serviteur. 

Signé  HoRATio  Nelson. 
Réponse  du  général  Vaubois  et  dw  commandant  la 

marine  ,  à   la  sommation  de  l'amiral  anglais. 
4  brumaire. 
Monsieur  l' amiral. 

Nous   avons    reçu    la    lettre    que  vous    nous 


peuple. 

Le  général  Vaubois  répond  à  l'anglais  et  au 
portugais  :  <i  Vous  avez  oublié  ,  sans  doute  ,  que 
»)  des  français  sont  dans  la  place  ;  le  stjrt  des 
)i  habitans  ne  vous  regarde  pas.  Quant  à  votre 
ji  sommation,les  français  n'entendent  pas  ce  style.  )) 
Le  général  ne  fait  aucune  réponse  à  la  lettre 
des  deux  rebelles  ; 

Deuxième  jour  complémentaire.  Ge"pendant_  la 
révolte  des  campagnes  continue.-  Le  général 
Vaubois  est  forcé  de  renfermer  absolument  dans 
lés  murs   sa  faible   garnison. 

Il  est  arrêté  que  le  citoyen  Regnault  ,  de  St.- 
Jean-d'Angely  ,  commissaire  près  le  gouverne- 
ment à  Malte  ,  se  rendra  auprès  du  directoire, 
pour  activer  l'envoi  des  secours.  Des  vents  con- 
traires   suspendent   quelques  jours   son    départ. 

Le  4  vendémiaire.  La  garnisori  du  fort  Chambray 
répousse  plusieurs  assauts.  Le  manque  de  vivres 
lui  lait  prendre  le  parti  de  s'emparer  des  barques 
du  port  du  Mygiero  el  de  se  rendre  à  la  Valette 
le  même  jour. 

Le   12.  On  tente  une  sottie  sur  Cazalzabban 


recherchez  celle  de  la  vôtre  ,  nous  sommes  ré- 
solus de  déffendre  cette  forteresse  jusqu'à  l'ex- 
trémité. 

Quant  à  l'intérêt  que  vous  prenez  aux  rebelles 
de  la  campagne  ,  leur  conduite  parjure  les  mené 
à  leur  perte;  e'est  tout  ce  qu'ils  peuvent  retirer 
de  leur  entreprise  insensée.  Nous  les  plaignons 
sincèrement  ti'être  la  dupe  des  conseils  de  quel- 
ques ambitieux  ,  et  nous  sommes  disposés  à  re- 
pousser leurs  efforts  avec  tout  le  courage  dont 
des  gens   d'honneur  peuvent  être  susceptibles. 

Nous  avons  l'honneur  d'être  ,  M.  l'amiral. 

Signé  ,  le   général  Vaubois  et  le 
contre-amiral  Villeneuve. 

Reprenons  la  suite  des  dispositions  intérieures 
de  police  et  de  défense. 

22  vendémiaire.  Un  nombre  choisi  de  maltais 
est  réuni  pour  être  organisé  en  compagnies  de 
canonniers.  Les  fr;  nçais  ,  attachés  aux  aadminis- 
tratLons  en  qualité  de  secrétaires,  ont  ordre  de  se 
faire  inscrire  pour  servir  en  cas  d'attaque. 

28  vendémiaire.  On  distribue  des  cartes  de  sû- 
reté aux  maltais  dont  le  séjour  dans  la  place  est 
autorisé. 

12  brumaire.  Pour  prévenir  les  abus  qui  se 
glissent  dans  la  distribution  de  la  viande  ,  le 
commandant  de  la  place  a  ordre  d'assister  à  cha- 
que distribution,  et  du  constater  la  quantité  né- 
cessaire de  viande  par  jour. 


des  Deux-Sêvres  ,  et  les  suites  compagnies  iso- 
lées ,  formées  en  exécution  de  l'art.  XXI  de  la 
loi  du  14  messidor  an  7  ,  qui  se  trouvent  em- 
ployées daas  les  12',  iS*^  et  22°  divisions  mili- 
taires ,  seront  réunies  et  formeront  une  légion 
sous  la  dénomination  de  légion  de  la  Loire. 

III.  Cette  légion  sera  composée  de  deux  ba- 
taillons d'infanterie  légère,  divisés  chacun  en 
huit  compagnies  dont  une  de  carabiniers,  un» 
de  sapeurs  et  six  de  fusiliers  ,  et  d'un  escadron- 
de  cavalerie  légère  formé  de  deux  compagnies 
de  124  hommes,  montés  le  tout  conformément 
à  la  loi  du  3' jour  complémentaire  an  7. 

IV.  L'état-major  de  cette  légion  sera  composé 
ainsi   qu'il  suit  : 

1  chef  de  brigade. 
Pour  l'infanterie  : 

2  chefs  de  bataillon  ,  l  quartier-maître-trésorier, 
2  adjudans- majors  ,  2  adjudans  sous  -  officiers  , 
2  porte  -  drapeaux  ,  i  chiiuigien-major ,  i  tam- 
bour-maître ,  I  armurier,  l  maître  tailleur  ,  i  maî- 
tre cordonnier. 

Tour  la  cavalerie 
1  chef  d'escadron,  i  quartier  -  maître  adjoint, 
I  adjudant-major,  i  adjudant  sous-ofEcier  ,  r 
porte-étendard  ,  l  aide  ^  chirurgien  ,  l  armurier- 
épéronier  ,  i  maître  tailleur  ,  i  maître  bottier  ,  i 
I  maître  sellier  ,   l  maréchal-ferrant. 

V.  Les  bataillons  francs  mentionnés  à  l'art.  I"' 
et  la  légion  de  la  Loire  seront  exceptés  de  l'arrêté 
du  9  fructidor  dernier,  qui  ordonne  l'incorpora- 
tion dans  les  demi-brigades  de  ligne  de  tous  Ifp 
corps  isolés. 

VI.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétatre-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


CONSEIL- D'  ETA  T. 

Suite  du  rapport  et  projet  de  loi  sur  Cinstructioit 
publique  ,  présentés  au  conseil-d'état ,  section  de 
l'intérieur ,  par  J.  A.  Chaptal. 

TITRE     II L 

Organisation  des  écoles  spéciales^ 
L'école   spéciale    est  celle  dont  l'enseignement 
est    borné    aux   connaissances    nécessaires    pour 
exercer  un  art  ou  une  profession. 

On  ne  peut  créer  d'école  spéciale  que  pour 
l'enseignement  des  arts  et  des  sciences  difficiles, 
et  fondés  sur  des  principes  dont  la  connaissance 
doit  précéder  la  pratique.  On  doit  sur-tout  orga- 
niser des  écoles  spéciales  pour  ceux  des  arts  ou 
sciences  qui  o.' :  un  pouvoir  plus  marqué  sur  la 


prospéjrîlè   du   peuple  ,   la   gloire   nationale  ,  la 
sureic  Je  l'état  ,  l'extension  du  commerce. 

C'est  en  partant  de  ces  principes  que  nous 
eonsacierons  des  écoles  spéciales  à  l'enseigne- 
ment delà  médecine,  de  la  législation  ,  des  ans 
mécaniques  et  chimiques  ,  de  l'hisloive  natuielle  , 
de  l'agriculture  et  économie  rurale  .  d<^  l'an  vété- 
rinaire ,   de  l'art  du  dessin  et  de  la  musique. 

Ces  écoles  ne  peuvent  pas  être  symétrique- 
ment distribuées  sur  le  soi  de  la  république  !  il 
faut  ,  poijr  les  établir  convenablement,  une  réu- 
nion d'hommes  habiles,  et  des  circonstances  de 
localité  qui  ,  si  elles  sont  négligées  ,  peuvent  faire 
échouer  les  projets  les  plus  utiles. 

Nous  ne  parlerons  pas  ici  des  écoles  spéciales 
de  service  public  i  elles  sont  organisées  par  la  loi 
du  3o  vendémiaire  an  4,  ou  par  des  lois  posté- 
rieuies ,  telles  que  celle  du  25  frimaire  an  8  con- 
cernant la  réorganisation  de  Técole  polytech- 
nique. Le  plus  grand  nombre  de  ces  écoles  est 
en  activité  ,  et  les  atitres  n  attendent  que  des  cir- 
constances plus  heureuses  qui  leur  imprirnent  le 
mouvement  nécessaire. 

Comme  les  écoles  spéciales  ne  doivent  comp- 
ter dans  le  nombre  des  p,rofesseurs  que  les  hom- 
mes les  plus  célèbres  et  les  plus  instruits,  il  est 
évident  que  le  choix  ne  peut  en  être  confié  qu'à 
ceux  qui  doivent  les  associer  à  leur  gloire  et  à 
leurs  travaux.  C'est  donc  dans  le  sein  même  de 
l'école-que  doit  s'ouvrir  le  concours  ,  et  c'est  aux 
professeurs  à  prononcer  entre  les  concurrens  ; 
mais ,  pour  éloigner  jusqu'au  soupçon  de  la  par- 
tialité ou  de  la  piévention  ,  le  gouvernement 
aura  le  droit  de  déterminer  le  mode  du  con- 
cours ,  d'en  assigner  lépoque  ;  et  seul  il  pourra 
Investir  le  candidat  présenté  par  les  juges  ,  du 
diplôme  de  professeur. 

Tous  les  professeurs  d'écoles  spéciales  n'ont 
pas  droit  à  un  égal  traitement. 

Il  en  est  qui  peuvent  concilier  leur  devoir  de 
professeur  avec  l'exercice  de  leur  profession  ; 
tels  sont  les  peintres,  sculpteurs,  architectes, 
musiciens  :  les  progrès  de  l'an  exigent  même  ce 
partage  entre  l'enseignement  et  la  pratique.  Il  en 
est  d'autres  qui ,  voués  par  état  à  l'enseignement, 
lui  consacrent  tous  leurs  momens,  et  ne  trouvent 
de  ressources  que  dans  le  traitement  attaché  à 
leurs  fonctions  ;  les  professeurs  d'histoire  natu- 
relle ,  agriculture,  art  vétérinaire  ,  arts  mécàni- 
.  ques  et  chimiques  ,  sont  tous  dans  cette  classe  ; 
et  il  serait  injuste  de  ne  pas  leur  assurer  un  traite- 
ment qui  ,  en  éciriant  le  pénible  sentiment  du 
besoin  ,  conserve  toutes  leurs  forces  pour  les 
progrès  de  leur  art. 

C'est  en  partant  de  ces  principes  que  nous  pro- 
posons d'accorder  aux  premiers  2,5oo  francs  ,  et 
5ooo  francs  aux  derniers. 

Dans  le  nombre  des  écoles  spéciales  dont 
nous  proposons  l'établissement  ;  il  en  est  deux 
qui  sont  destinées  à  enseigner  des  professions 
lucratives;  la  médecine  et  la  législation.  Ici  nous 
n'avons  pas  pu  croire  que  la  nation  dût  fournir 
renseignement  gratuit  :  car  .  quoique  les  écoles 
consacrées  à  l'enseignement  des  arts  oià  nous 
avons  déclaré  l'enseignement  gratuit,  fournis- 
sent également  des  moyens  de  subsistance  ,  les 
élevés  qui  s'y  présentent  sortent  presque  tous 
de  la  classé  la  moins  fortunée  de  la  société  , 
et  les  ressources  de  ces  professions  ne  sauraient 
erre  comparées  à  celles  de  la  médecine  ou  du 
dioit. 

§    PREMIER. 

Ecoles  spéciales  de  médecine. 

La  loi  du  14  frimaire  an  3  ,  tf'créé  trois  écoles 
de  médecine  ,  une  à  Paris  ,  l'autre  à  Montpellier, 
et  une  troisième  à  Strasbourg. 

Ces  trois  écoles  destinées,  par  la  nature  de  leur 
première  institution  ,  à  former  des  officiers  de 
santé  pour  le  service  des  hôpitaux  militaires,  ont 
pleinement  répondu  aux  vues  du  gouvernement  ; 
et  aujourd'hui  l'enstigneraenty  eslsi  bicn|organisé, 
que  ces  trois  établissemens  offrent  ,  sur  toutes  les 
parties  de  la  médecine  ,  des  éludes  bien  plus 
parfaites  que  celles  qu'on  trouvait  dans  les  pré- 
cédentes universités.  Les  élevés  affluent  à  ces 
étales  de  tous  les  points  de  la  F;ance  ,  et  celle 
de  Montpellier  s'est  rétablie  dans  la  possession 
presque  exclusive  de  former  des  médecins  pour 
tomes  les  parties  du  luliil^i. 

Ilfc'agit  donc  moins  de  détruire  que  de  perfec- 
tionner. Une  expérience  de  six  années  nous  a 
prouvé  que  ces  troisécoles  suffisaient  aux  besoins 
du  gouvernement  et  de  la  société  :  bornons-nous 
acorriger  quelques  légères  imperfections  que  le 
tems  a  découvertes  dans  le  système  de  leur  or- 
ganisation :  et  donnons  la  stabilité  à  trois  établis- 
semens qui  prospèrent. 

Nous  proposer-ons  d'abord  de  supprimer  la 
distinction  que  la  lii  a  établie  entre  les  profes- 
•eurs  et  leurs  adjoints,  et  nous  réduirons  à  un 
plus  petit  nombre  de  professeurs  ceux  qu'elle  a 
donnés  à  chacune  de  ces  trois  écoles.  Seize  pro- 
feiseurs  paraissent  devoir  sufhre  à  Paris  ,  douze 
à  Montpellier  ,  neuf  à  Strasbourg.  Cette  réduc- 
tion devra  s  opérer  inicnsiblcméiA  ,  et  seulement 


21  t 

parla  démission  ou  parla  mort  des  titulaires. 
L'idée  de  dépouiller,  sans  motif,  des  hommes 
qui  ont  rendu  d'iraporians  services  à  l'état,  ré- 
pugn»;  aux  principes  d'un  gouvernement  juste  cl 
éclairé. 

Nous  ne  droyons  pas  qu'on  puisse  tracer  d'une 
manière  invariable  la  ligne  qu'on  doit  suivre  dans 
le  système  de  l'enseignement  de  la  médecine  : 
celte  science  est   tellement  compliquée  ;    elle  se 

'  compose  de  tant  d'élémens  ,  que  son  étude  Sera 
toujours  très-imparfaiie  lorsqu  on  croira  pouvoir 

1  tout  régler,  tout  disposer  par  des  arrêtés.    Il  n'y 

j  a  de  fixe  que  la  chimie  ,  1  anaiomie  et  la  bota- 
nique î  il  convient  d'attacher  un  seul  homme  à 
cliacune  de  ces  parties  ,  et  de  laisser  le  soin  aux 
professeurs    de    rédiger    chaque  année    le    pro- 

i  gramme   des   autres    cours    qui    se    feront    dans 

I  l'école. 

Mais  ce  qu'il  importe  le  plus  d'établir  et  d'or- 
'  ganiser  dans  les  écoles  de  médecine  ,  ce  sorvt  les 
j  examens  des  élevés.  Une  trop  longue  expérience 
(nous  a  appris  que  vainement  on  piétendrait  à 
Ides  succès  dans  l'étude  de  la  médecine  .  si  l'on 
j  n  arrivait  pas  à  lécole  avec  des  connaissances 
j  préliminaires  :  du  moment  que  les  portes  en  ont 
éié  ouvertes  à  tout  le  raondt;  ,  on  a  vu  y  affluer 
,  des  hommes  qui  ,  n'y  apportant  aucune  connais- 
,  sance  posilive  ,  ont  été  incpables  d'y  profiter 
i  des  leçons  qu'on  y  donne  ;  dès-lors,  ou  ils  se 
;  sont   retirés  après  Une  perte   de   tems  irrépâr..ble 

■  pour  se  j.eter  dans  une  autre  carrière  ,  ou  ils 
se  sotu  ré]iandus  dans   la   société    pour  en    de- 

!  venir   les    fléaux  ,    sous   le   titre   usurpé   de   mé- 

,  decins. 

;      Il  fjut   donc  que  nul  ne  puisse  s'inscrire  pour 

étudier  en  médi-cine  ,  sans  avoir  subi  un  examen 
;  préalable  sut  toutes  les  parties  qu'on  enseigne 
1  dans  les  écoles  communales. 

On  ne  cesse  de  réclamer  ,  depuis  dix  année.'  , 
I  contre  une  foule  d'imposteurs  qui  ponentimpu- 
;  néraent  la  mort  dans  tous  les  rangs  de  la  société  : 
\  on  n'a  pas  cessé  d'appeler  l'attention  du  gouver- 
'  nement  et  d  implorer  la  sévérité  d'une  loi  ,  pour 

réprimer   ce    désordre.    Et    le    gouvernement  ne 

s'acquittera  envers  la  société,   qu  en    la    purgeant 

de   ces   assassins  qui    l'infestent,    et  en   prenant 

de  sages  précautions  pour  prévenir  la  reproduc- 
;  lion  de  pareils  abus. 

Il   remplira  le  premier  but   en   appelant  à  un 

examen  solennel   tous  ceux   qui  pratiquent  sans 

une  autorisation  légale. 

Il  remplira  le  second  en  s'assurant  ,  à  diverses 

époques  ,  des  progrès  des  élevés  ,  et  en  les  as- 
I  Ireignant  à    ne  pouvoir  exsrcer  la   profession  de 

médecin    riu'en    vertu   d'un   diplôme  qui   atteste 

leur  capacité. 

)  .  Ces  examens  doivent  être  sévères;  ils  doivent 
être  publics  ;  ils  doivent  embrasser  la  totalité  des 
connaissances  nécessaires    à  un  médecin. 

Pour  régulariser  les  examens  et  les  rendre 
très-profitables  ,  chaque  professeur  commencera 
par  s'assurer  chaque  année  des  progrès  de  ses 
élevés  ,  par  un  examen  qui  aura  lieu  à  la  fin  de 
son  cours  ;  il  prendra  des  notes  sur  chaque 
élevé  ,    et   les  déposera  au  secrétariat  de  l'école. 

;  Dans  les  six  derniers  mois  du  terme  de  sco- 
larité ,  les  examens  devront  embrasser  toutes  les 
parties  de  l'art  de  guérir  :  on  peut  néanmoins  les 
borner  .i  trois  ;  l'un  sur  la  théorie  .  le  second  sur 
la  pratique  ,  le  troisième  sur  un  sujet  imprimé  , 
du  choix  de  l'élevé. 

Le  gouvernement  réglerais  formé  du  diplôme 
qui  sera  délivré  à  1  élevé  pour  constater  sa  capa- 
cité ,  et  fera  tous  les  réglemens  qu'il  croira  néces- 
saires  pour  petfectionner   I  ensegnement  dans  les 

j  écoles. 

I      La  médecine  devenant  un  état  lucratif,   et  for- 

I  mant  une  prolession  à  la  fois  honorable  et  avan- 

■  tageuse  ,  d  n'y  a  pas  de  doute  que  les  professeurs 
ne  doivent  être  salariés  par  les  élevés  ,  sur-tout  à 
raison  des  examens  qu'ils  font  et  des  grades  qu'ils 
confèrent  :  il  serait  d'ailleurs  facile  de  prouver 
qu'en  cela  l'iniérêi  des  professeurs  est  inséparable 
de  celui  de  l'élevé.  Mais  ,  si  indépendamment  de 
cette  rétribution   éventuelle   ,    le    gouvernement 

j  n  assurait  pas  i  chaque  prosesseur  un  modique 
•  sjlaire  qui  puisse  le  mettre  au-dessus  du  besoin  , 

il  serait  à  craindre  que  les  professeurs  ne  se 
r  missent  dans  la  dépendance  des  élevés  ,  et  que 
j  peut -être  ils  ne  trafiquassent  honteusement  de  leuxs 

grades. 

I  La  nomination  aux  places  de  professeurs  en 
!  médecine  ,  mérite   fa   plus    sérieuse    attention.  Il 

serait  peut-être  dangereux  de  s'écarter  du  mcfde 
'  qui  a  été  suivi  de  succès  pendant  plusieurs  siècles 
I  oii  1  on'a  vu  se  succéder  ,  dans  les  mêmes  écoles  , 
I  les  hommes  les  plus  célèbres  dans  l'art  de  guérir. 

Ce  mode  consiste  à  ouvrir  un  concours  public  en 
j  présence  des  professeurs  de  l'école  ,  pour  sou- 
(  mettre  les  candidats  à  des  leçoas  et  à  des  exa- 
i  mens  pendant   un    lems   assez  considérable  pour 

pouvoir  prononcer  sur  le  mérite  des  concurrens , 

non-seulement  par  raj»porf  à  leurs  connaissances  , 
[mais  cncor^  par  rapport  à  l'art  d'enseigner.  Ce 
[jugement  est  constamment  sévère  et  impartial  ;  le 
I  gouvernement  peut  le  conlirmer   sans   craindre 


qu'aucun  motif  étranger  au  bien   de   l'instruction  - 
ait  pu  le  dicter. 

S     II. 

Ecoles  spéciales  de  législation. 

L'étude  des  lois  ,  aussi  nécessaire  que  négligée 
de  nos  jours  ,  demande  une  prompte  et  sévera 
organisation. 

11  n'existe  plus  de  connaissances  réelles  que 
chez  les  jurisconsultes  formésaux  anciennes  écoles. 
La  plus  profonde  immoralité  a  flétri  presque  tous 
les  hommes  nouveaux  qui  entourent  les  tribunaux; 
et  la  fortune  privée  ,  d'accord  avec  la  morale  pu- 
blique,  réclame  des  institutions  qni  ,  en  offrant 
les  moyen  s  d'acquérir  les  connaissances  nécessaires, 
rendent  à  la  justice  les  formes  et  la  dignité  qui  lui 
conviennent. 

Le  seul  moyen  d'atteindre  ce  but,  c'est  de  créer 
des  écoles  publiques  où  l'enseignement  soit  donné 
par  des  maîtres  habiles ,  sous  les  yeux  e!  la  surveil- 
lance de  magistrats  intègres.  L'organisation  ac- 
tuelle des  tribunaux  d  appel  ,  fournit  un  moyen 
facile  d'-  xéctitcr  ce  piojct  :  car  c  est  là  que  tous 
les  degrés  de  la  hiérarchie  judiciaire  sont  réunis  ; 
c'est  là  que  ,  par  état  comme  par  intérêt ,  doivent 
s'établir  les  jurisconsultes  les  plus  habiles;  c'est 
donc  là  que  l'instruciion  sera  la  plus  p  rfaite. 

Nous  croyons  que  trois  piofesseurs  peu- 
vent embrasser  l'enseignement  de  tout  ce  qu  il 
impoite  de  savoir  en  législation: 

Le  premier  traiterait  du  droit  public  ; 
Le  second  ferait  connaître  le  droit  civil  ; 
Le  Iroisieme  enseignerait  le  droit  ciiminel. 

Pour  que  l'étude  des  lois  ne  dégénérai,  pas  dans 
Certaines  écoles  ,  en  une  vaine  formalité  ,  l'ensei- 
gnement pourrait  être  mis  sous  la  surveillance  du 
commissaire  du  gouvernement  près  le  tribunal 
d'appel,  et  le  cours  d'étude  durerait  trois  ans. 
Les  élevés  ne  seraient  reçus  à  l'école  qu'après  un 
examen  préalable  sur  les  objets  qu'on  enseigne 
dans  les  écoles  communales  ;  ils  n'obtiendraient 
un  diplôme  de  capacité  qu'après  avoir  fourni  des 
preuves  de  connaissances  à  deux  examens  pu- 
blics ;  et  nul  ne  pourait  prétendre  à  devenir  juge 
ou  avoué  ,  sans  être  muni  d'un  diplôme  délivré- 
par  l'une  des  écoles. 

§     I  I  I. 

Ecole  spéciale  d'agriculture  et  économie  rurale. 

La  France  est  à  la  fois  commerçante  et  agri- 
cole ;  aucune  nanon  voisine  ne  réunit  les  res- 
sources que  lui  donnent  sa  position,  la  variété 
de  son  sol  ,  la  facilité  des  débouchés  ,  et  l'in- 
dustrie  de  ses   habitans. 

Mais  son  agriculture  ,  base  fondamentale  de 
sa  richesse  et  la  garantie  piincipale  de  son 
indépendance  ,  est  encore  susceptible  de  ^ands 
perfeciionnemens.  Nous  devons  d'autant  plus 
nous  flatter  d  obtenir  des  succès  dans  ce  genre  , 
qtae  depuis  vingt-cinq  ans  que  nous  appliquons 
les  sciences  à  1  agriculture  ,  on  y  fait  des  amé- 
lloraiions  précieuses.  Il  nous  suffit  de  citer  .  à 
l'appui  de  cette  assertion  ,  la  multiplicité  des 
prairies  artificielles  ,  le  perfectionnement  de 
nos  bêtes  à  laine  ,  l'abolition  presqiie  géné- 
rale des  jachères  ,  et  l'art  d'alterner  les  ré- 
coltes. 

L'agriculture  a  ses  principes  comrhe  toutes 
les  sciences  ;  elle  peut  s'enrichir  de  l'expé- 
rience de  tous  les  peuples  de  notre  globe  i  et 
vainement  attendrait-on  du  tems  ce  que  les 
connaissances  peuvent  nous  procurer;  car  l'ha"; 
bitude  dans  les  travaux  des  champs,  la  pra- 
liijue  des  procédés  transmis  de  génération  en 
génération  ,  écartent  jusqu'à  l'idée  qu'il  soit  pos- 
sible de  perfectionner,  " 

Il  faut  donc  que  des  hommes  instruits  dis- 
cutent sans  préjugés  ,  essaient  sans  passion  et 
proposent  sans  enihousiame  tout  ce  que  l'agri- 
culture peut  présenter  de  découvertes  ou  d'aiiié- 
liorations  ;  il  faut,  pour  convaincre  1  agricul- 
teur méfiant  ou  prévenu  ,  lui  faire  préscnteï 
pai  de  véritables  agriculteurs  ,  les  résultats  de 
leurs  expériences  :  il  n'est  peut-être  que  ce 
moyen  de  propager  des  méthodes  utiles. 

Déjà  nous  trouvons  parmi  nous  des  réunions 
d'agriculteurs  formées  d.^ns  chaque  déparlement 
soirs  le  titre  de  Sociétés  librts  d'agriculture.  Elit» 
doivent  leur  existence  au  sentiment  profond 
de  leur  utrliié  ;  et  on  peut  s'en  promettre  des 
effets  d'autant  plus  heureux,  qu  elles  ne  reçoivent 
l'impulsion  que  du  désir  de  voir  s'améliorer., 
se  perfectionner  ,  un  art  que  chacun  de  cciix 
qui  les  composent  exerce  par  goût  et  pat 
intérêt. 

Mais  ces  associations  ne  produiraient  qu'une 
partie  de  l'effet  qu'on  est  en  droit  d'en  atten- 
dre ,  si  elles  testaient  isolées  et  réduites  à  leur» 
propres  efforts.  Le  gouvernement  doit  les  rap- 
procher, les  lare  concourfr  à  un  but  commun  , 
la  prospériié  ue  lagricu'iure  en  France  :  et  je 
pense  que  le  plu-  sûi  moyen  se  borne  à  éta- 
blir une  société  ccntiale  où  tous  les  fils  viennent 
se  réunir,  où  paivienneni  tous  les  renseigne- 
mens  ,  où  I  on  coordonne  en  système  et  lallache 
aux  principes  londamentaux  de  la  science  ,  es 
qui  n'est  qu'un  fait  isolé  et  presque  perdu  cliu»s 


21  2 


une  icunion  départementale.  C'est  dans  ce  foyer 
tonirautj  (jn'oo  povuia  véritii-r  iDus  les  laits 
n  )iivc..ux  ,  essayer  les  niédlodes-  et  les  cultures 
qui  nous  parvifup.cnt  de  Jé'iranger  ,  choisir  d.ins 
1  ciCTidue  de  ia  république  le  sol,  et  le  climat 
les  piirs  pro['n-.s  à  nainraiistr  des  idanies  éiran- 
geies  ;  c  est  là  ,  en  un  mot  ,  qu  en  rapptocliar.t 
tous  les  lenseignemens  qui  seront  loumis  par 
les  sociéfës  dcpartemeniales  ,  on  pourra  tonner 
le    sysicme   complet    de  l'âgriculluie  en  France. 

Au  reste  ,  nous  pensons  que  l'organisation  de 
Cette  école  doit  être  simple  comme  l'objet  dont 
elle  s'occupe. 

Quatre  jirofesseurs  me  paraissent  pouvoir  suf- 
fiie  k    reuscigiicuient  : 

Un    de  mccanique   rurale  ; 

Un    de   la  nature  et   de  la   culture   des  terres; 

Un   de   ta   culture   des   arbres  ; 

Un  de  mouture  ,  boulangerie  ,  et  nourriture  des 
hommes  et  des   animaux. 

Indépendamment  de  ces  quatre  professeurs  , 
il  y  aurait  un  directeur  chargé  de  surveiller 
rensci_i;nement  .  et  de  correspondre  pour  tous 
les  objets    d'utilité  publique. 

Le  premier  de  ces  professeurs  s'occuperait 
de  la  construction  des  bâtimens  ruraux  ,  de 
celle   des    outils  ,   usines  ,  etc. 

Le  second,  de  la  nature  des  terres  et  engrais; 
de  la  conservation  des  grains  ;  du  travail  des 
plaints  naturelles  et  artificielles  ;  des  desséche- 
niens  et  défrichemens;  de  l  éducation  et  améliora- 
tion des  bestiaux. 

Le  troisième  s'occupera  des  semis ,  plantations, 
éducation,  taille  et  usage  des  arbres;  de  ia 
conservation  des  fruits  ;  de  la  fabrication  des 
vins  ,  etc. 

Le  quatrième  lera  connaître  les  diverses  natures 
et  usages  de  grains  ,  leurs  préparations,  et  les 
divers  alimens  dont  l'homme  et  les  animaux 
peuvent  se  servir. 

Celte  école  ne  peut  être  placée  avantageusement 
qu'aux  environs  de  Paris;  parce  que  lï  seulement 
viennent  aboutir  les  relations  de  tous  les  pays  , 
et  que  là  siège  le  gouvernement  qui  seul  peut 
fournir  à  cet  établissement  tous  les  encourage- 
mtns  'et  les  moyens  d'exécution  nécessaires. 

,  '  §    I  V. 
Ecoles  spéciales  de  l'ail  vctéi inaire. 
Une  loi   du  29  germinal   an  3  ,   a  établi  deux 
écoles    décononiie     rurale    vétérinaire  ,    l'une   à 
Lyon,   l'autre  à  Versailles. 

Chacune  de  ces  écoles  devait  avoir  six  pro- 
fesseurs et  un  directeur  :  les  districts  avaient  le 
droit  d'envoyer  à  lune  ou  à  l'autre ,  selon  la 
proximité,  un  élevé  âgé  de  seize  à  vingt-cinq 
ans. 

Le  trésor  public  était  chargé  de  fournir  une 
somme  de  1,200  francs  pour  l'entretien  de  chacun 
des  élevés. 

La  translation  de  l'école  d'Alfort  à  Versailles 
n'a  pas  eu  lieu  ,  sous  divers  prétextes  qu'il  est 
inutile  de  rappeler  ici. 

Quoique  bien  des  causes  se  soient  réunies 
pour  contrarier  le  but  et  les  succès  de  ces  deux 
écoles  ,  nous  avons  vu  néanmoins  en  sortir  de 
nombreux  élevés  pour  se  répandre  sur  le  sol 
de  la  république  et  y  porter  des  connaissances 
très-utiles. 

Il  suffit  aujourd'hui  de  donner  à  ce  qui  existe 
une  organisation  plus  convenable  pour  obtenir 
des  résultais  heureux. 

Cinq  professeurs  et  un  directeur  nous  parais- 
sent suffire  à  chacune  des  deux  écoles.  Len- 
seigiiement  pourrait  y  être  distribué  de  la  manieie 
qui  suit  : 

1°.  Un  professeur  d'anatomie  des  animaux  do- 
mestiques ; 

i°.  Un  professeur  de  ta  connnaissance  et  de  ta 
santé  de  ces  mêmes  animaux  ; 

3°.  Un  professeur  de  botanique  ,  matière  mé- 
dicale et  ctiimie  pharmaceutique  ; 

4°.  Un   professeur   dé  Jorge  et  de  ferrure; 

5°.   Un  professeur   des    maladies  des   animaux. 

Ces  écoles  doivent  eue  ouvertes  à  tout  le 
monde  ;  mais  elles  sont  essentiellement  destinées 
à  ceux  qui  se  proposent  d'exercer  l'art  vétérinaire 
ou  quelque-une  de  ses  parties. 

Pour  répandre  ces.coiinaissances  avec  la  promp- 
titude que  demandent  les  besoins  des  campagnes, 


il  nous  paraît  indispensable  que  chaque  arron.  lui  est  nécessaire  ,  la  tournure  et  les  mariieres 
dissement  communal  entretienne  un  élevé  à  l'école  distinguées  qu'il  exige  ,  la  méthode  de  chant  qui 
la  plus  voisine.  Le  choix  en  sera  fait  par  le  1  lui  est  propre.  Ce  rôle  est,  à  proprement  parler, 
sous-préfci  ,  qui  s'assurera  de  1  intelligence  et  celui  de  la  Fausse  Agnès  ;  il  faut  pour  l'occuper 
de  la  moralité  de  léleve  :  il  prendra  de  pré-  à  I  Opéra  ,  être  une  comédienne  exercée  et  une 
férence   les  enlans  des    artistes    qui    exercent  une  I  cantatrice    habile.   Mademoiselle    Scllmcr,  jeune 


profession  véiérinaiie;  son  choix  de' 
iirmé  par  le  préfet. 

Chaque  élevé  recevra  25  francs  par  mois  sur 
les  centimes  additionnels  de  1  arrondissement  ; 
et  le  directeur  de  l'école  fera  connaître  sa  con- 
duite et  ses  progrès  au  sous-prétct  ,  au  moins 
tous  les  trois  mois  :  celui-ci  pourra  le  remplacer 
au  besoin  ,  d'après  les  plaintes  poriées  par  le 
directeur. 

[La  suite  demain.] 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 


personne  ,  qui  parait  avoir  déjà  quelque  habitude 
du  théâtre,  mais  à  laquelle  la  vue  et  l'élude  des 
bons  modèles  que  Paris  lentérme.  est  encore 
très-nécessaire,  a  eu  des  momens  heureux  et 
d'autres   assez  faibles.' 

Sa  taille  n'est  point  élevée  ,  sa  figure  est  peu 
régulière  ,  et  le  caractère  de  sa  phisionortiie 
semblerait  lui  indiquer  plutôt  l'emploi  des 
soubrettes  que  celui  auquel  elle  paiait  s  auonntr. 

Sa  voix  est  pure  ,  et  d'un  timbre  assez  bril- 
lant ,  mais  quelques  éclats  élancés  avec  effort 
ne  suffisent  pas  pour  prouver  que  cette  jeuae 
cantatrice  possède  des  moyens  irès-étendus  ; 
elle    en   a   manqué  dans  plusieurs  passages  ,  se» 


Du  16  brumaire  an  g. 

Le  préfet  de  police,  informé  que  beaucoup  [finales  sont  peu  soutenues  ,  et  pour  peu  que 
de  femmes  se  travestissent,  et  persuadé  (ju'aucune  les  tons  deviennent  graves,  sa  voix  ne  pro- 
d'elles  ne  quitte  les  habits  de  son  sexe  que  pour  I  duit  plus  l'effet  nécessaire.  Ses  moyens  1  ont 
cause  de  sanlé  \  souvent  trahie^  dans  l'air  de  bravoure  du  second 

Considérant    que   les    femmes     travesties   sont 


exposées  à  une  infinité  de  desagrémeriS  ,  et  même 
aux  méprises  des  agens  de  la  police  ,  si  elles 
ne  sont  pas  munies  d'une  autorisation  spéciale 
qu'elles   puissent   représenter  au  besoin  ; 

Considérant  que  cette  autorisation  doit  être 
uniforme,  et  que,  jusqu'à  ce  jour,  des  per- 
missions différentes  ont  été  accordées  par  diverses 
autorités  ; 

Considérant  enfin  ,  que  toute  femme  qui,  après 
la  publication  de  la  présente  ordonnance,  s  ha- 
billerait en  homme  ,  sans  avoir  rempli  les  tor- 
maliiés  prescrites,  donnerait  lieu  de  croire  qu'elle 
aurait  l'intention  coupable  d'abuser  de  son  tra- 
vestissement ,  ordonne  ce  qui  suit  : 

Art.  I'^.  Toutes  les  permissions  de  travestis- 
sement accordées  jusqu'à  ce  jour,  par  les  sous- 
préfets  ou  les  maires  du  déparlement  de  la 
Seine  ,  et  les  maires  des  communes  de  Saint- 
Cloud  ,  Sevrés  et  Meudon  ,  et  même  celles  ac- 
cordées à  la  préfecture  de  police  ,  sont  et  demeu- 
rent annullées. 

II.  Toute  femme  désirant  s'habiller  en'homme 
devra  se  présenter  à  la  préfecture  de  police  , 
pour  en  obtenir  lautoiisalion. 

ni.  Cette  autorisation   ne  sera  donnée  que  sur  '  malheureux, 
le  certificat  d'un  officier  de  sanlé  ,    dont  la  signa-         q^,^^   j^   j^^h^,  j-^^y^  ^^  Lèandre.  donné  après 


acte. 

Nous  ne  parlerons  pas  de  la  manière  dont 
elle  chante  le  récilaiif;  cette  partie  est  la  plus 
difficile  peut-être  ,  quoiqu'en  apparence  la  plus 
aisée  ;  c'est  du  moins  à  coup-siàr  celle  qui 
exige  le  plus  d  habitude  de  la  scène,  en  mêrae- 
lenns  qu'une  oreille  très  -  lamiliarisée  avtc  les 
modulations  musicales  les  plus  imprévues  et 
quelquefois  les  plus  bisarres  ;  touieslois  la  pro- 
nonciation de  la  jeune  demoiselle  Sellmer  est 
pure  ,  nette  et  trés-distincie  .  et  si  son  débit 
manque  encore  d'aplomb  ,  d'aisance  et  de  va- 
riété ,  il  est  difficile  de  ne  pas  leconnaître  que 
le  sens  en  est  exact  .    et  1  intonation  juste. 

Son  attitude  à  la  scène  ,  son  geste  ,  sa  démar- 
che'  laissent  beaucoup  à' désirer  ;  il  était  presque 
inutile  de  le  dire  :  ce  qui  ne  s'acquiert  que  pat 
un  long  usage  ,  peut-il  êire  le  partage  d'une  dé- 
butante :'  Celle  cloiit  nous  parlons  ici  ,  a  reçu 
des  applaudissemens  très-vifs  ;  qu'elle  les  regarde, 
comme  des  encourageinens  ,  et  les  momens  de 
fFoitle-ar  du  public  comme  dés  leçons  ■,  qu'elle, 
ne  s'ûit  ni  éblouie  par  les  premiers  ,  ni  découra- 
gée par  les  secorids  ,  et  elle  doit  espérer  de  par- 
courir un  jour  avec  avantage  une  carrière  où  le 
premier  pas  est  si  difficile  ,  et  où  le  sien  n'estpas 


ture    sera   duement    légalisée  ,    et    en   outre  sur 
I  l'attestation  des  maires  ou  commissaires  de  police, 
I  portant  les  noms,  prénoms,  profession  et  demeure 
de  ia  requérante. 

-  IV.  Toute  femme  trouvée  travestie  ,  et  qui  ne 
se  sera  pas  conformée  aux  dispositions  des  articles 
précédens  ,  sera  arrêtée  et  conduite  à  la  préfec- 
ture de  police. 

V.  La  présente  ordonnance  sera  imprimée  , 
affichée  dans  toute  l'étendue  du  département  de 
la  Seine  et  dans  les  communes  de  Saint  Cloud, 
Sevrés  et  Meudon  ,  et  envoyée  au  général- 
commandant  les  i5^  et  17"^  divisions  militaiies  , 
au  général  -  commandant  d'armes  de  la  place 
de  Paris,  aux  capitaines  de  la  gendarmerie  dans 
les  départemens  de  la  Seine  et  de  Seine-et-Oise  , 
aux  maires,  aux  commissaires  de  police  et  aux 
officiers  de  paix,  pour  que  chacun,  en  ce  qui 
le  concerne  en   assure  1  exécution. 

Le  préfet  de  police,  iigne,  Dubois. 
Fer    le   préfet. 

Le  secrétaire-général ,  signé  ,  Pus. 


THE.ATRE       DES        ARTS. 

Mciie  Sellmer  a  paru  ,  hier ,  pour  la  première 
fois  à  ce  théâtre  ,  dans  un  rôle  très-agréable  ,  mais 
aussi  très-difficile  :  celui  de  Julie  dans  l'opéia 
véritablement  bouffon  des  Prétendus,  composition 
charmante  qu'on  croirait  soriie  de  l'école  ita- 
lienne ,  et  par  laquelle  Lemoine  ,  trop  tôt  enlevé 
à  l'art  musical  ,  semblait  se  délasser  de  l  étude 
nécessaire  à  des  productions  telles  que  Phèdre  et 
Mephté. 

Ce  rôle  de  Julie  a  été  établi  d'une  manière  très- 
brillante  par  mademoiselle  Gavaudan  ,  plus  con- 
nue sous  le  nom  du  personnage  qu'  elle  avait 
joué  avec  beaucoup  de  finesse  et  d'esprit  dans  le 
fameux  opéra  de  Tarare.  Aujourdhui  il  est  rem- 
pli par  mademoiselle  Henty,  qui  nous  semble  en 
avoir  saisi  la  véritable  nuance,  et  y  apporter  à  la 


les  Prétendus  ,  les  progiès  rapides,  du  jeune  Saint- 
Amand  ont  été  vivement  sentis.  Il  n'est  peut-être 
pas  déplacé  de  remarquer  aussi  que  madame 
Gardel  semble  apporter  une  attention  délicate  à 
ne  pas  quitter  le  rôle  d'Héro  ,  dans  un  ballet  que 
nous  devons  aux  ingénieux  dessins  du  citoyen 
Milon.  S.... 


Le  25  du  présent  mois  de  brumaire  ,  le  cît, 
Boze,  peintre,  exposeia  au  Louvre,  pavilloa 
des  archives  ,  grande  cour  nationale  des  arts  , 
son  tableau  repiésentant  le  premier  consul 
Bonaparte  ,  en  pied  ,  de  grandeur  naturelle  , 
accompagné  du  général  Bertllier ,  au  moment  du. 
gain  de  la  bataille  de  Maringo. 

Le  prix  de  l'entrée  de  la  salle  d'exposition, 
qui  sera  ouvene  tous  les  jours  pendant  un  mois  , 
depuis  dix  heures  du  matin  jusqu'à  quatre  heures 
après-midi  ,  est  de  1  fr.  80  cent. 

J^ota.  L'intention  de  cet  artiste  étant  de  cqn- 
sacrer  à  la  gravure  de  ce  tableau,  qui  intéresse 
tous  les  Itançais  ;  le  produit  de  l'exposition  qu'il 
annonce  ,  il  sera  en  conséquence  ouvert  dans 
la  salle  même  de  l'exposition  ,  une  liste  de 
souscripteurs  pour  cette  gravure  ,  moyennant 
24  fr.   à  payer  lors  de   la  livraison. 


COURS     DU     CHANGL. 

Bourse  du  23  brumaire. 


Rente  provisoire 23  fr.  3o  c. 

Tiers  copsoiidé 33  fr.  88  c- 

Bons  deux  tiers 1   fr.  64  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr. 

Bons  pour  lan  8 ...    .  9»  •>■'  9^  c. 

Syndicat 85  f r. 

_._ ^  _.  ^  ^^^     _                Coupures 84  Ir.  5o  c. 

fois  le  mélange  de  coqueiterie  et  âe  décence  qiii.  (  Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  renners. 


L'aboaoetHcnt  se  fait  i  Paris,   rue  des  Poitevins ,  q»  18.  Le  prix  est  de  !5  francs  pouf  trois  mois  ,  5o  frases  pour   six    mois,    et    100   francs   pour   l'année   entière.  Oi 
s'abonne  qu  ki/  coaameuccmcnl  de  ctiaquc  mois. 
',    J(lfautadres!.e.  iesieiueset  l'argcnl,  franc  de  port  ,aucit.  Agasse,  propriétaire  de  cejouroal  , rue  des  Poitevins,  H»    i3.  Il  faufcomprcndre    dans   les    envois    lepoit 
payi  où  l'on  ne  p-uta  ffn  iichir.   Lr  i  lettres  4cs  départemens  non  aSfranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

U  faut  avoirsoiii,  pom  plus  de -.ûrcté,  rft  charger  celles  qui    reufcrment  des  valcuis    et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de    la   feuille. 
Poitevins,    n°  i3,  depuis  ieufheures-du  mïtiùjusqu'à  cinq  neures  du  soir. 


pou    de 
dacteur  ,   rue  de 


A  Paris,  dt,  l'impruiierie  du  cit.  Agasse  ,  propriéjiiie  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZE' 


fATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  55. 


Qinntidi  ,    25   ùrumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


INous  sommes  autorises  a  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  d«er  du  7  Nivôse  le   M  o  N  i  T  E  u  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  acres  du  gouvernemen!  ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ai.ivi    c^ue  |c-s  faits  et  le; 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un   article  sera  particulièrement  consacre   nnx   sciences  ,  aux  arrs  et    ai;x  découvertes  nouvelles. 


s  notions  tant  sut 


EXTERIEUR. 

I  T  A  X  I  E. 

Milan  ,  le  i2  brumaire  an  g. 

Juge'rncnt  rendu  par  la  commission  militaire  extra- 
ordinaire  établie  par  ordre  du  général  en  chef 
Brune.. 

V^E  jourd'hui    12    brumaire  an   9   de  la  répu- 
blique française  une  et  indivisible. 

La  commission  militaire  extraordinaire  établie 
à  Milan  en  venu  de  l'ordre  du  général  en  chef, 
en  date  du  7  du  courant  ,  composée  des  citoyens 
Vignolles,  général  de  Ijirrgade  ,  président;  Dau- 
vergne  ,  adjudani-coramandant  ;  Demanjeot  et 
.- Saiel  ,  chefs  d'escadron;  Daucourt  ,chef  de  ba- 
taillon ;  Paitru  ,  lieutenant:  Dutailly  ,  lieutenant; 
Wauiré,  capitaine  rapporteur;  assistés  du  citoyen 
Semin  ,  greffier  ; 

Lesquels ,  aux  termes  de  la  loi ,  ne  sont  parens , 
ri  alliés,  ni  entr'eux,  ni  des  prévenus  au  degré 
prohibé  par  la  constitution. 

La  commission  installée  par  le  général  Vignolle  , 
commandant  la  division  de  la  Lombardie  .  s'est 
réunie    dans   une  des   salles    de  l'archevêché  ,  à 
l'effet  de  juger  les  nommés  Pierre  Collier,  capi- 
taine à    la  suite   du   i5'  régiment  de   chasseurs  à 
cheval  ,   adjoint   à   r.état-major-général  de  l'armée 
,  dijralie  ,  âgé  de  46   ans  ,  natif  de  Drarabon  ,  dé- 
parlement de  la  Côte-d  Or  ;   François  RipI  ,  capi- 
taine ,  chel  d'escadron  ,  au  service  de    sa  majesté 
l'empereur  ,  chargé   de   la   surveillance   de   I  hô- 
pital  militaire  de  S^ini-Luc  ,  pour  les  autrichiens 
à  Milan  ,  âgé  de  46  ,  nat'if  de  Crems  en  Autriche  ; 
»   et  Nicolas-Joseph  Baraux  ,  sergent-major  ,  fesant 
ilf'  les  fonctions  d'adjudant ,  sous-officier  dans  le  ba- 
taillon léger  de  Louis   Rohan  ,  au  service   de  sa 
majesté   l'empereur  ,    âgé    de   48    ans  ,   natif  de 
Saint-Denis  ,  cemté   de  Namur  ,  employé  à  l'hô- 
pital   désigné    ci  -  dessus  ,    tous    accusés    d'es- 
^    pionage. 

La  séance  ayant  été  ouverte  ,  l^président  a  fait 
apporter 'par  le  arefKer  ,  et  déposer  devant  lui 
sur  le  burea\i  ,  un^xemplaire  de  l'ordre  du  gé- 
néral en  chef,  en  date  du  7  du  présent  mois  de 
brumaire  ,  et  a  demandé  ensuite  au  rapporteur  la 
lecture  du  procès-verbal  d'information  et  de  toutes 
les  pièces  tant  à  charge  qu'à  décharge  des  accusés 
8;u  nombre  de  neuf. 

Cette  lecture  terminée  ,  le  président  a  ordonné 
à.  la  garde  d'amener  les  accusés  ,  lesquels  ont  été 
introduits  libres  et  sans  fers  devant  la  commis- 
sion ,  accompagnés  de  leurs  défenseurs  officieux, 
à  3  heures  de  relevée. 

Interrogés  de  leurs  noms  ,  prénoms  ,  âges  , 
professions  ,  lieux  de  naissance  et  de  domicile  , 
ont  répondu  .  le  premier  se  nommer  Pierre  Col- 
lier ,  âgé  de  45  ans ,  capitaine  à  la  suite  du  li' 
régiment  de  chasseurs  à  cheval  ,  adjoint  à  l'état- 
jn  jor-général  de  larmée  d'Italie,  natif  de  Dram- 
bon  ,  département  de  la  Côte-d  Or,  à  présent  à 
Milan  ;  le  second  a  répondu  se  nommer  Fran- 
çois Ripl  ,  âgé  de  45  ans  ,  natif  de  Crems  en 
Autriche  ,  capitaine-chef  d'escadron  ,  chargé  de 
la  surveillance  de  l'hôpital  militaire  autrichien  ; 
et  le  troisième  se  nommer  Nicolas-Joseph  Baraux, 
âgé  de  48  ans,  sergent-major,  fesant  les  fonc- 
tions d'adjudant  dans  le  bataillon  léger  de  Louis 
Rohan  au  servicede  l'empereur,  nalif  de  Saint-De- 
nis ,  comté  (le  Namur  ,  employé  à  l'hôpital  mi- 
litaire autrichien  à  Milan. 

Après  avoir  donné  connaissance  9ux  accusés 
des  faits  à  leur  charge  ,  leur  avoir  fait  prêter  in- 
lerrogaioire  par  l'organe  du  ptésideoi  ,  et  repré- 
senter les   pièces  de  conviction. 

Oui  le  rapporteur  dans  son  rapport  et  ses 
co  clusions  ,  et  les  accusés  dans  leurs  moyens, 
de  déiense  tant  par  eux  que  par  leur  défenseurs 
officieux  ,  le  président  a  demandé  aux  membres 
de  la  commission  s'ils  avaient  des  observations 
à  laire  ;  sur  leur  réponse  négative  et  avant  d  aller 
aux  opinions  ,  il  a  ordonné  aux  défenseurs  el  aux 
;iLCu'..ésdi;  te  retirer. 

La  commission  délibérant  à  huit  clos  ,  le  pic- 
»ideat  a  poié  la  question  ainsi  fiu'il  suit  ; 

Le  nommé  Pierre  Collier  ,  capitaine  à  la  suite 
du  li""  rc'^imeiit  de  chasseurs  à  cheval  ,  adjoint 
à  léiai-mijor-géiiécal  de  larmée  d'Italie  accusé 
d  espionnage  ,  vst-il  coupable  ? 


Les  voix  recueillies  ,  la  commission  militaire 
extraordinaire  a  déclaré  à  l'unanimité  qu'il  était 
coupable. 

Le  nommé  François  Ripl  ,  capitaine  chef  d'es- 
cadron au  service  de  l'empereur  chargé  de  la 
surveillance  de  l'hôpital  militaire  autrichien  à 
Milan  accusé  d'espionage  est-il  coupable  ? 

Les  voix  recueillies  ,  la  commission  militaire 
extraordinaire  à  déclaré    qu'il  était  coupable. 

Le  nommé  Nicolas  Joseph  Baraux  ,  sergent- 
major,  fesant  fonctions  d'adjudant  sous-officier 
au  service  de  l'empereur  employé  à  l'hôpiial  mi- 
litaire autrichien  de  Saint-Luc  ,  accusé  d'espio- 
nage est-il  coupable  ? 

Les  voix  reeueillies,  la  commission  militaire 
extraordinaire  a  déclaré  qu'il  était  coupable. 

En  conséquence  ,  la  commission  militaire  extra- 
ordinaire ,  a  condamné  et  condamne  à  la  peine 
de  mort  les  nommés  Collier  ,  Ripi  et  Baraux  , 
convaincus  de  leur  propre  aveu  ,  conformément 
à  l'article  I^'  de  la  loi  relative  aux  français  ou 
étrangers  convaincus  d'espionage  dans  les  places 
de  guerre  ou  dans  les  armées  ,  aiiisi  conçu  : 
(  ladite  loi  en  date  du  16  juin  1798  {  v.  s.  ) 

II  Art.  pr.  Les  français  ou  étrangers  convaincus 
!i  d'espionage  dans  les  places  de  guerre  ou  dans 
>'  les  armées  .  seront  punis  de  mort.  >> 

Ordonne  l'impression  ,  l'affiche  et  la  distri- 
biition  du  présent  jugement  ,  enjoint  au  capi- 
taine-rapporteur d'en  donner  de  suite  connais- 
sance aux  condamnés  en  présence  de  la  "arde 
assemblée  sous  les  armes  ,  et  de  faire  exécuter 
ledit  jugement  dans  tout  son  contenu  dans  les  24 
heures  ;  coiîformément  à  la  loi.  Ordonne  qu'il 
sera  envoyé  une  expédition  du  présent  jugement 
au  général  en  chef,  aux  lieutenans  du  général 
en  chef  ,  au  commandant  de  la  Lombardie  ,  et 
au  commandant  de  la  place. 

Fait  ,  clos  ,  et  jugé  sans  désemparer  en  séance 
publique  à  l'Archevêché  à  Milan,  les  jour, 
mois  et  an  ci-dessus  ,  à  neuf  heures  de  relevée, 
ei  avons  signé  avec  le  capitaine-rapporteur  et  le 
greffier. 

Signé  ,  Dutailly ,  lieutenant  ;  Paitru  ,  lieutenant  ; 
Daucourt ,  chef  de  bataillon  ;  Salel  et  Déman- 
geât.,  chefs  d'escadron;  Dauvergne  ,  adjudant 
commandant;  Vignolle,  général  de  brigade, 
président  ;  Waufrc  ,  capitaine-iapporteiïr;  et 
Semin  ,  greffier. 

Pour   copie   conforme  , 

Le  capitaine-rapporteur ,  'Wautré. 
Le  présent  jugement  a  été  lu  aux  condamnés 
à  9  heures  et  demie  de  relevée  ,  la  garde  assem- 
blée sous  les  armes. 

■WAnTRÉ  ,   capitaine-rapporteur. 

REPUBLIQ.UE  BATAYE. 

pie    d'une    lettre   écrite     de  RoHsrdam. 
le  1 9  brumaire. 

Nous  avons  éprouvé  hier  au  soir  un  des  plus 
terribles  ouragans  qu  on  ait  vus  depuis  long-tems 
dans  le  .pays  ;  on  ignore  encore  tous  les  maux 
qu'il  a  pu  causer.  11  a  renversé  dans  la  ville  une 
partie  des  cheminées  et  des  clochers,  et  a  décou- 
vert les  toits  d'une  quantité  de  maisons;  il  a 
même  ,  chose  inconcevable  ,  décloué  les  plaques 
de  cuivre  qui  couvraient  l'église  luthérienne  ,  et 
les  a  roulées  comme  des  feuilles  de  papier.  Plu- 
sieurs barques  et  bâtimens  ont  été  jettes  à  terre 
sur  la  Meusa  et  dans  les  canaux  voisins.  Il  a 
occasionné  une  matée  tellement  haute,  que  la 
partie  la  plus  élevée  de  la  ville  a  été  inondée;  et 
si  le  vent  n'eût  pas  varié  ,  l'eau  aurait  surpassé 
les  digues,  el  la  basse  ville  aurait  été  entièrement 
submergée. 

L'ouragan  a  duré  depuis  cinq  heures  du  malin 
jusqu'à  six  heures  du  soir,  les  vents  ont  varié 
de  la  partie  de  l'ouest  sud-ouest  ,  au  nord- 
nord-ouest. 

L'eau  croissant  toujours  et  ayaiit  déjà  inondé 
le  bas  des  maisons  ,  les  tuiles  ,  les  débiis  des 
cheminées  écrasant  les  malheureux  ,  que  la  peur 
d  être  englnutis  dans  leurs  souteraines  demeures 
forçait  de  chercher  un  abri,  un  vent  furieux 
arrêtant  les  voilures  malgré  les  efforts  des  che- 
vaux et  précipitant  dans  les  canaux  ceux  que 
la  rafale  surprenait  dans  un  endroit  un  peu 
découvert  ,  ajoutez  à  cela  la  rruit  la  plus  obscure, 
les  cris  du  désespoir  el  des  travailleurs  ,   et  vous 


vous   formerez    une  idée   du  tableau  désaslrctiit 
que  nous  avions  sous  les  yeux. 

On  attend  en  tremblant  les  nouvcl'es  de  là 
mer  ;  elles  ne  peuvent  être  que  bien  affli- 
geantes    sur     une      côie     aussi      mauvaise 


que 


I 


N     T     E     RIE     U     R, 

Parii  ,  /«  24  brumaire. 
L'ouragan  du  iS  n'a  pas  borné  ses  ravage» 
a  notre  territoire  ;  prvsquc  toutes  les  maisons  dâ 
la  Haye  ont  été  ciidomniagées.  Les  eaux  sont 
sorties  de  leurs  canauxci  se  sont  répandues  dans 
la  ville. 

—  Des  lettres  de  Bruxelles  annoncetit  que  deuJt 
secousses  de  tremblement  de  terre'  se  sont  fait 
sentir  au  plus  fort  de  la  tempête. 

Plus  de  deux  mille  arbres  ont  été  déracinés 
dans  la  forêt  de  Soignes. 

—  Il  se  trouve  en  ce  moment  à  Paris  un  jeune: 
homme  de  six  pieds  huit  pouces  six  lignes  ;  sa 
taille  extraordinaire  est  au  reste  d'une  belle  pro^ 
portion  dans  toutes  ses  parties, 

—  Les  officiers  de  la  garde  des  consuls  ayant 
eu  connaissance  de  l'étabHssement  des  soupes 
économiques,  et  jaloux  devenir  au  secours  des 
malheureux,  ont  pris  quatre-vingt-quatre  sous= 
criptions  audit  établissement. 


Suite  de  l'extrait  du  Juamnl 


Copi 


Dît  l^  frimaire.  Q_uatrieme  sommation  de  la 
part  du  co:nmandant  de  la  station  anglaise.  Ce 
commandant  insère  inpudemment  dans  sa  som- 
mation ,  que  l'escadre  française  ayant  six  mille' 
hoirimes  à  bord,  rencont.ée  par  1  escadre  an-' 
glaise,  a  été  prise  ou  coulée  b^s ,  excepté  trois 
frégates.  Il  prévient  officieusement  qu'il  vient  de' 
recevoir  raillrail  nécessaire  de  sies:e  ,  raoriiets  , 
canons  ,  bombes  ,  e-c.  Le  général  Vaubois,  dattj 
o«  répnn.,e-,  tV-u  .if.v.  an-x  ^i^^o-jacs  p,^„i. 
dentés. 

On  prend  néanmoins  toutes  les  précâulionà 
d'usage  pour  mettre  la  place  à  l'abri  du  bom- 
bardement. On  met  un  soin  tout  particulier  à  pré- 
server lescadte.  Les  bâtimens  sont  bastingués  à 
six  pieds  de  hauteur ,  en   colon,  en   bois^'^    eic* 

Du  8  nivôse.  On  n'a  plus  de  blé  que  pour 
six   mois. 

11^  arrive  un  petit  navire  français  et  un  autre 
expédié  de  Marseille  par  Bakri  ,  qui  apportent  à 
l'hôpital  pour  six  mois  de  vin. 

On  reçoit  par  le  dernier  de  ces  bâtimens  un  peu 
de  viande  salée  dont  on  manquait. 

Les  magasins  contiennent  de  l'eau-de-vie  en-' 
core  pour  quelques  mois  ,  et  très-peu  de  lé= 
gumes  secs. 

Il  n'e  rcs.te  qu'une  vingtaine'  de  bœufs  pouf 
l'hôpital. 

Enfind'état  des  approvisionnemens  est  tel  ,  qu'il 
réduit  la  garnison  à  redouter  ia  hn  de  la  révolte 
de  lîle  ,  puisqu'il  éH  'faudrait  alors  nourrir  les, 
hahitans.  ■  ■''  '  '  ' 

Le  roi  de  Naples  qui  nous  avait  tout  refusé, 
fournissait  aux  rebelles  maltais  vivres  et  muni- 
tions de  guerre.  Deux  frégates  avec  pavillon 
napolitain  étaient  venues  se  joindre  à  l'escadre- 
anglaise  ;  ce  même  pavillon  napolitain  flottait  sur 
la  cité  vieille,  chef-lieu  des  rebelles,  et  sur  les' 
batteries  qui  tiraient  sur  la  place.  Le  gétiétal 
Vaubois  ne  pouvant  correspondre  avec  son  goU= 
vernemens^  s'en  rapporte  à  l'évidence  des  faits  j 
et  considère  comme  ennemi  le  consul  de  Naples 
à  Malle.  Il  lui  ordonne  de  se  tenir  renfermé  et 
de  s'abstenir  de  toute  communicatioa  avec  lesi 
malintentionnés. 

23  nivôse.  Malgré  la  surveillance  du  comman= 
dant ,  une  conjuration  se  tramait  dans  i'iniéneur 
de  la  place.  Le  plus  grand  nombre' des  habitanS 
y  participait  ;  le  projet  était  concerté  avec  l'in- 
térieur. 

Les  conjurés  devaient  égtïrger  l'état-niajor  dans 
le  palais,  de  là  se  porter  à  la  porte  de  Marsa» 
mucet ,  égorger  le  poste,  ouvrir  la  porte,  se  porter 
ensuite  à  la  porte  Nationale  <  autrefois  porté 
Rédle.,  prendre  un  des  cav(iUcrs  ei  tinir  par  m.ij'' 
sacrer  les  français  dans  la  ville  aprè*  leur  àvoi» 
coupé   toute  communication   avec   U   Floiiart  ëi 


ei4 


de  l'Est.  Un  grand  nombre  de  rebelles  [  trémité  de  la  sengle  où  com 
...:._.   ,,.,i^„,.    A..    h,r„MP»     à   la     la  Bourmola    ;  mais  ils   sont 


ks  vuiesde   riist.  ung"n°  nombre  uc..u....  ,  j^-~^^-^^^^^  .^^   ^^^^  reçus   républicaine 

de     Me    avaient   passe    P"  ,f"    Marques     a    M  ^^nt  ,  ils  sont  m,s    en   lune  ou   se  sauven,   à  la 
ll^Lr,"^!".  aV.^uL    à   1,    .nrvpillance   des  !  r>âge  ,  beaucoup  se   noyenl.  La   19=  aem.-buaade 


ence  Tenceinte  de         Du.  19  ventôse.   La  garde   nationale  est  chargée 


nuit  qui  les  avait  dérobés  à  la  surveillance  des 
sentinelles;  ils  étaient  venus  se  cacher  dans  des 
magasins  extérieurs,  qu'un  nommé  Pulis ,  par- 
f  imtui  de  laSanlé  ,  et  I  un  des  chefs  de  la  coriju- 
lation  leur  avait  ouverts.  Ces  conjurés  devaient 
agir  en  même  leœs  que  leurs  complices  de  l'in- 
térieur,  et  entrer  dans  la  ville  par  la  porte  de 
Marsamucet.  Pendant  le  trouble  intérieur  ,  les 
insurgés  de  la  compagne  devaient  par  leurs  atta- 
ques ouvertes  ,  occuper  encore  la  garnison  sur 
les  remparts. 

La    révélation   d'un   grec ,    et    le   courage   du 
lieutenant  Roussel  sauvent  la  garnison. 

L'avis  donné  le  matin  même  par  le  grec  ,  avait 
bien  instruit    le   général    Vaubois   de    ce  qui    se 


qui  leur  a  ^il  cet  accueil,  s'empare  des  échelles 
et  des  barques. 

Les  anglais  bloquent  le  port  avec  beaucoup 
plus  de  piécauiion  ,  depuis  que  ia  Boudeuse  et  la 
Goélette  sont  entrés. 

Les  maladies  augmentent  par  suite  des  fatigues. 
Sommation  du    eommnndant    les  forces   anglaises 
navales   devant  Malte. 

Du  19  fevier  1799. 

Monsieur, 

'  Les  dernières  nouvelles  que  vous  avez  reçues 
avec  le  peu  d'app  ovisionnement  qui  vous  est 
arrivé  pour  voire  garnison,  doivent  vous  avoir  con- 


de  faire  un  service  journalier  qui  doit  soulager 
la  troupe. 

Germinal.  Dans  les  premiers  jours  de  ce  mois, 
le  capiiaiiie  Gavazza  ,  génoii  ,  arrive  pour  la 
seconde  fois.  L  argent  qu'il  tire  de  sa  pàcoiille 
récompiense    son    aLiiviié. 

Mais    la  viande    fiaîche  manque   toujours,   et 

les  malades   auumenleni;   le   scorbut,  le   flux  de 

sang  ,    la  cécié   ,   lont   une    guerre  cruelle   à   la 

1  garnison;  elle  est  diminuée  d'un  quart   depuis  le 

blocus. 

On  fait  ,  en  travaux  défensifs  ,  tout  ce  qui  peut 
suppléer  au    nombre. 

L'enceinic  est  d'une  étendue  effrayante  ,  le 
soldat  est  nuit  et  jour  sur  pied. 

Le  service  militaire  est  simplifié.  On  le  monte 
de  manière  que  personne  ne    redouble.   Aucune 


négligée. 

Du  20  Jloréal.  Nouvel  emprunt  aux  habitans 
aisés ,  pour  subvenir  à  la  solde  et  aux  besoins  des 
hôpitaux.  Ainsi  ,  sans  avoir  reçu  un  écu  de 
France  ,  la  solde  est  toujours  au  courant 
billement  est  entretenu. 

(  La  suite  demain.\ 


et  Iha- 


passait   dans  lintérieur.   Cet   avertissement   avait     vaincu  à  piésent  que  vous  ne  pouvez  avcir  aucune  '  mesure    qui    peut    ménager     les    hommes    nest 
mis  la   garnison  sur   ses   gardes.    Mais  on  igno-     espérance  de  secours  de  Fiance  ni  de    I  E^spagne. 
raie  encore   le    rassemblement    caché   en  dehors    j^    j^^j^    donc   induit    d  obéir  à  la  voix  de  I  hu- 
près  la  porte  de  Marsamucet.  :  nianité  ,    en  vous    offrant   les  mêm  es  termes   de 

Roussel  ,  à   neuf  heures   du   soir  ,   passant  de     capitulation  qui  ont  déjà  été   offerts  à  votre  brave 
la  ville  au  fort  M4nuel,  voit  de  sa  barque  remuer     gai nison. 

quelque  chose  contre  le  rerapaa.  Cela  l'inquieie.  \  Vous  avez  déjà  prouve  que  vous  étiez  digne 
Arrivé  au  fort,  il  demande  quelques  hommes  de  la  confiance  que  Ion  a  placée  en  vous,  en 
'de  la  o-arde  ■    il  en  prend  sept  avec  lui  et  se  rend     fesant  usage  de  cloute  espèce  de  slratagême  pour 

droit  au  magasin  de  la  Santé.  Il  se  trouve  au  entretenir  le  courage  de  vos  soldais,  et  e»  dis- 
milieu des  rebelles;  il  fait  feu;   il   en  blesse  ,ir  poser   à    persevcier  dans   leu.s    devoirs   dans   la 

en  tue  :  les  uns  se  rembarquent,  d'autres  se  jettetil    plus  dure  siiuaiion. 

à  la  mer Enfin  les  huit  braves  font  dix  pii-         Mais,     monsieur,    cela    ne    peut    durer   plus 

ïonniers.  Le  général  fait  courir  après  le  reste  ,  et    Jong-iems.  Ils   connaissent  à   présent  leur   si^u3- 

on  en  prend  encore  une  trentaine.  j  lion  ,  et ,  si  vous  êtes  encore  déterminé  à  iraîner 

Un  autre  événement  concourt  au  succès  de  ce  ^  en  longueur  plus  loug-tems,  cela   ne  peut  tendre 

jour.  Il  apporte    une    cargaison   intéressante    en     qu'à  les  convaincre  ,    ainsi  que  le  monde  entier 

approvisionneraens  ,  et  en  outre   la  nouvelle  de  ,  que  vous  saciifiei  la  vie  de  nombre  de  personnes 

l'expulsion  du  roi  de  Sardaigne  et  de  la  déroute     pour   enrichir  quelque  peu    d  individus;    ce  qui 


des  napolitains.  Le    général  'Vaubois    met   cette     ne   p< 


;ut  qu'ajouter   à   la    haine     implacable    des     désemparé. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Extrait  de   lettres  offuieths   écrites  au  ministre  de 
ia    marine    et    des    colonies. — L'Orient,    U    i5 
I      brumaire  an    9. 

'  Hier  matin  ,  des  avis  particuliers  du  Port- 
Liberté  nous  ont  apjais  qu'un  des  vaisseaux 
anglais  croisant  dans  ces  parages  était  à  I  ancre 
entie  Groix  elBelle-Isle  ,  et  qu'il. paiaissaii  être 


nouvelle  à  l'ordre,   et  ordonne  en    réjouissance     maltais    qui   ne    cesseront  jamais    de    l<iiie   tous 

«ne  salve    générale   de   toutes   nos    batteries   sur     les  efforts  qu'on  peut  attendre  d'un  brave  peuple 

celles  des  ennemis.  Les  rebelles  de  la  campagne     pour  recouvrer  leur   île.  Ils   se  sont  rais  sous    la 

prennent   sans  doute  cette    canonnade  pour   un     protection  de  sa  majesté  britannique. 

signe  de  succès  de  la  part  des  conjurés  delà  ville:        j^j  l'honneur  dêire,  etc. 

ils    approchent  en   colonne,  et  la   mitraille   des  i  ^  Alexandre  Ball. 

remparts  en  fait  raison. 

Le  principal  chef  de  la  conjuration    était  un'  Réponse  du  général   Vaubois,  à   ta  sommation    du    de  lui  donner  des  secours.  Epouvaniés  sans  doute 
ancien  forban  ;  on  le  saisit  ,   et  le  26  il  était  déjà  commandant  anglais.  par  les  coups  de   tangage  de  cette  machine  sans 

,     -11.  ,  soutien  ,  ds  n'osaient  trop  s'en  approcher,  tandis 

Dn  1"  ventôse.  qu'un   autre    gros   vaisseau  ,  craignant   probable- 

J'ai  eu  l'honneur  de  vous  prévenir  ,  monsieur  ,     rneni  le  sort  de  son  camarade  ,  mettait  dehors  au- 

lui   est  dans   Malte  éiait  cécidée  !  tant  de  voiles  qu'il  pouvait   en  mettre  pour  s'éle- 


Nous  avons  en  effet  apperçu  très-distinctement, 
de  la  Tour  des  signaux  ,  à  5  ^lieues  ou  environ  , 
un  gros  vaisseau  de  74,  nmiuel  il  ne  restait 
qu'un  ironçon  du  mât  de  misaine  ,  et  la  toialilé 
du  beaupie;  le  grand  mât  et  le  mât  d'artimon 
étaient  absolument  à  bas.  Deux  cutters  semblaient 
tenter  les  moyens  que  le  mauvais  lems  leur  relusait 


Les  interrogatoires  des  autres  conjurés  saisis, 
fournissent  des  renseignemens  qu'on  met  à  profit , 
soit  pour  la  punition    des   coupables,   soit    pour',  que   la  garnison  qt..    .      __„      .  .  .  _..  fuir  la  baie  d'Eiel 

^  ■    •      "^  ••  •     ■  !  ue     penr  plutôt    que  de   rendre  la   ville.  Je  n  ai    ver,  et  luir  la  oaie  a  niei. 

A  5  heures  du  soir,    le   vaisseau  démâté 


Au  surplus  l'état  des  approvisionnemens  s  ame-     attaquer. 


du  vin  ,  de  la  viande  salée  ,  un  peu  d  haricots  et 
de  l'eau-de-vie.  On  a  encore  quelques  bœufs 
pour  Ihôpital. 

Du   i5  pluviôse.  Entrée  dans  le   port  de  la  lar 


J'ai   l'honneur  d'être  ,  etc. 

Signé  ,  le  général  Vaubois. 

Du  8  ventôse.  On  économise  de  plus  en  plus  sur 
les  consommations.  A  compter  de   la   2°  dé^de 


tane  le  Saint-Esprit ,  expédiée  de  la  côte  d  Afri-  i  de  veniôse  on  ne  fait  plus    de  distribution  de  vin 
"  .1  1  n  _         • .  I  gj    d  eau-de-vie  que  deux  fois  par  décade. 

Orr  ne  donne  plus  de  riz  à  la  troupe  ;  il  est 
réservé  pour  1  hôpiial  ;  il  en  est  de  même  des 
haricots.  On  remplace  le  riz  par  des  distributions 
de  porc  frais  et  de  fèves. 


que  par  le  cit.  Ccnseil  et  le  consul  Beaussier, 

Du  17.  Entrée  de  la  frégate   la   Boudeuse  ,    qui  , 
apporte  des   nouvelles    de   France,  La   garnison 
apprend  la  prise  de  Naples  ,  et  le  voisinage  pro-  ; 
chain   de  l'armée  d  Italie  ranime   ses   espérances,  j 
Tous  les  vœux  se  portent  vers  la  Sicile. 

Une  goélette  partie  d'Ancône  arrive  encore  et  : 
vient  augmenter  les  ressources. 

Cependantces  envois  n'apportent  aucuns  adou-  1 
cissemens  à  la  pénurie  des  habiians  de  la  place.  ] 
Le  commandant  eût  compromis  le  salut  de  l'ar-  ' 
mée  ,  s'il  eût  permis  aux  habitans  de  puiser  dans 
les  magasins  militaires,  et  le  commerce  n'amène- 
rait aucun  bâtiment  dont  on  pût  disposer  pour  la 
ville. 

Les  besoins  de  la'gamison  ne  lui  font  pas  fermer 
l'oreille  aux  cris  de  1  humanité. 

Les  malades  de  l'hospice  civil  sont  traités 
comiToe  ceux  de  l'hospice  militaire. 

Des  distributions  de  blé  sont  faites  aux  pau- 
vres. Les  familles  des  maltais  qui  ont  suivi  l'ex- 
pédition d'Egypte  reçoivent  de  préférence  tous 
les  soulagemens  qu'il  est  possible  de  procurer 
aux  habitans. 

Les  rebelles  persistent  dans  leur  entreprise. 
Cette  insurrection  était  devenue  par  la  suite  des 
circonstances  un  événement  très-heureux.  Les 
anglais  bloquant  étroitement  j'île  ,  la  garnison 
française  aurait  eu  à  nourrir  une  population  de 
près  de  100  mille  âmes  ,  qui  aurait ,  en  bien  peu 
de  tems  ,  épuise  les  greniers. 

La  position  des  rebelles  les  mettait  à  la  merci- 
des  anglais,  ceux-ci  les  menaçant  de  les  bloquer 
et  de  les  faire  mourir  de  faim  ,  s'ils  se  découra- 
gent. Les  têtes  s'échauffent ,  et  les  insurgés  se 
déterminent  à  tenter  un  assaut. 

Du  s8.  Ils  viennent  du  fond  de  la  Marse  avec 
des  embarcations  :  ils  approchen*  des  murs  et 
appliquent  les  échelles.  Leur  principale  attaque  a 
iie«  siu  le  point  le  plus  faible  à  la  vérité  (à  l'ex- 


elait 

dans  la  même  position  que  le  matin.  Le  lems, 
sans  être  calme  ,  n'a  pas  éié  orageux  depuis  6 
heures  jusqu'à  II  heures  ou  minuit  ;  mais  depuis 
lors  .  les  mêiues  vents  de  S.  O.  qui  avaient  mis 
l'ennemi  dans  la  position  où  il  était  hier 
matin  ,  se  sont*  déchaîaés  avec  une  nouvelle 
fureur,  '• 

Du  17  brumaire. — Le  vaisseau  anglais  dont  je 
vous  ai  parlé  dans  ma  lettre  du  i5  ,  élait  le 
Marlborough ,  de  74,  capitaine  Soiheby.  D'après 
tous  les  rapports,  il  parait  qu'au  moment  où  je 
vous  rendais  compte  de  tous  ses  désastres,  il 
n'était  déjà  plus. 

Suivant  toute  apparence  ,  les  anglaisent  profité 
de    la   cessation   momentanée   des   venis  dans   la 


Du  9.  La  garnison  a  le    désagrément   de   voir  |  nuil  du   14  au   l5  ,   pour    sauver    les  équipages 
un    lâche    bâtiment  génois   se    renJre  à  l'entrée  j  du  Marlborough  ,  el  incendier  le  vaisseau.     A   2 
même   du   port  ,  et  au  moment  où  il  n'avait  plus  !  heures  ,  une  forte  explosion  a  été   entendue   du 
ïicn  à  craindre.  [fort    Penihievre    et    du    fort    de    Knès.    Celui-ci 

Du  i5  Un  parlementaire  se  présente  de  la  parT^  ^ême  prétend  avoir  éprouvé  la  commoàon  pro- 
de  1  oBicier  anglais  ,  commandant  le  poste  Rebell  j  duite  par  le  feu  des  poudres. 

"       ■  '^  '  «        ■    .  ....  .        .      Cependant ,  quelques  habitans  des  environs  de 

l'erabouchure  de  la  rivière  d  Eiel  ,  préiendent 
que  le  Marlborough  a'a  brû.é  que  jusquà  li 
floitaison  ,  et  que  la  carcasse  est  toujoais  air 
même  endroit  ,  aniarrée  ,  et  ienantsur  les  ancres. 
Au  premier  embelli  ,  je  lerai  vérifier  ce  fait  ,  et 
reconnaître  s'il  y  a  quelque  chose  à  sauver. 

Des  débris  du  vaisseau  que  les  vagues  ont 
portés  à  lerre  ,  la  chaloupe  seule  est  parvenue 
en  assez  bon  état.  Elle  a  été  mise  en  sûreté  , 
autant  qu'ont  pu  le  permettre  les  circonstances. 

Le  bruit  se  répand  depuis  ce  matin  qu'un  autre 
vaisseau   anglais,  mouillé    sous    les    glénans ,   a* 
chassé    avant  -  hier»  jusque    vers    ia    rivière    de 
Poniaven. 

Le  tems  est  si  mauvais  ,  que  nous  n'avons 
point  reçu  de  courier  aujourd'hui.  If  est  présu- 
mable  que  le  passage  de  la  Roche-Bernard  n'est 
pas  pi<aiicable. 

Dunktrque  ,  18  brumaire.  —  Aujourd'hui  à 
midi,  il  s'est  élevé  un  coup  de  vent  affreux  de 
la  partie  du  sud  -  ouest  variant  à  l'ouest. 
A  2  heures  et  demie  ,  plusieurs  bateaux  canon- 
mers  et  péniches  ont  été  en  dérive  dans  le 
bassin;  d'où  il  résulte  que  quelques-unes  de» 
péniches  ont  beaucoup  souffert. 

A  4  heures  ,  le  ciel  s'éiant  un  peu  éclairci  , 
on  a  reconnu  qu'il  ne  restait  plus  sur  la  rade 
qu'une  des  batteries  flottantes  ,  qui  avait  dérivé 
jusqu'au  j,tort  Blanc.   La  batterie  la  République  , 


rie  Cazal-Zeitou.  Sa  mission  n  avait  d'autre  but 
que  de  comiTiunitjuer  une  lettre  particulière  de 
Naples  ,  contenant  des  nouvelles  défavorables  à 
la  république.  Le  général  Vaubois  adresse  à  ce 
sujet  la  lettre  suivante  au  commandant  en  chef 
des  forces  navales  devant  Malte.  ' 

Au  commandant  des  forces  anglaises  devant  Malte. 
Malle  ,  du   i5  ventôse. 

J'ai  eu  lieu  d  être  étonné  ,  monsieur  ,  de  l'ar- 
rivée hier  par  terre  de  soi-disant  parlementaires 
chargés  dune  letire  insignifiante. 

Je  ne  puis  et  ne  dois  en  recevoir  que  de  vous, 
pendant  que  vous  commandez  une  escadre  bri- 
tannique devant  Malte.  Je  ne  communique  pas 
avec  des  officiers  particuliers,  sur-tout  quand  ils 
se  disent  commandans  des  troupes  maltaises.  Les 
troupes  maltaises  ne  sont  qu'un  rassemblement 
de  rebelles  ,  et  celui  qui  les  commande  n'est 
plus  considéré  par  moi  que  comme  un  officier 
ennemi  d'une  puissance  avec  laquelle  nous  som- 
mes en  guerre. 

La  curiosité  seule  a  sûrement  occasionné  cette 
démarche.  Il  était  de  mon  devoir  de  traiter  ces 
parlementaires  comme  des  espions,  et  vous  con- 
naissez leur  sort  ;  mais  ,  par  humanité  et  par 
générosité  ,  je  vous  renvoie  l'anglais  ,  et  je  garde 
les  tiois  maltais. 

J'ai  l'honneur  ,  etc. 

Signé,  le  général  Vaubois, 


21  5. 


deux  bâiimens  du  commerce,  dont  l'un  amé- 
ricain et  l'autre  sous  pavillon  danois  ,  avaient  dis- 
paru ,  ainsi  que  le  bateau  des  pilotes.  On  pen- 
sait que  ces  bâtimens  avaient  pu  gagner  Osiende; 
mais  à  environ  5  heures  ,  le  gardien  de  la  tour 
m'a  rappoité  que  la  baileiie  la  République 
avait  fait  côte  à  la  hauteur  de  Zudcoote  ,  à  envi- 
ron deux  lieues  d'ici ,  et  que  la  mer  passait  par- 
dessus. J  ai  envoyé  du  monde  par  terre  pour 
porter  du  secours.  On  ignore  le  sort  des  deux 
autres  bâiiraens  et  du  bateau  des  pilotes, 

Le  coup  de  vent  a  aussi  occasionné  des  dégâts 
considérables  dans  les  maisons,  magasins  et  éia- 
blissemens  dépendans  du  parc.  Des  toits  sont 
presqu'entiéumenl  découverts  ,  des  cheminées 
renversées,  des  croisées  enfoncées,  des  palissa- 
des abattues  ,  des  leverberes  enlevés.  L'ingénieur 
des  bâtimens  civils  évalue  à  plus  de  i5,ooo  fr.  la 
réparation  du  dommage. 

Du  19  biumaWe.  Lf  batierie  flottante  la  Répu- 
blique ,  qui  a  échoué  à  la  hauteur  de  Zudcooie  , 
est  ensablée  ;  mais  on  espère  que  ce  bâtiment 
n'est  pai  crevé  ,  et  qu'on  pourra  le  relever  s'il 
ne  survient  pas  de  mauvais  tems  à  la  mer  basse. 
On  a  sauvé  tout  l'équipage  ,  à  l'exception  d'un 
soldat  d'artillerie  de  marine  ,  d'un  matelot  ei 
d'un  mousse  qui  s'étaient  jetés  à  la  mer  pour 
gagner  le  rivage.  Il  a  été  retiré  de  ce  bâtiment 
beaucoup  d'ctîets  de  gréémcnt  et  arnit-ment  qui 
ont  été  transportés  aujouid  hui  par  terre  ici.  On 
continuera   demain  le  sauvetage. 

Le  bâtiment  sous  pavillon  danois  a  péri  corps 
et  biens. 

On  n'a  point  de  nouvelles-  du  bâtiment  amé- 
ricain', qui  est  chargé  de  tabac. 

Le  bateau  des  pilotes  est  entré  aujourd'hui  en 
rade. 

Plusieurs  bâiimens  canonnieis  ,  des  péniches 
et  des  canots  ont  coulé  dans  le  bassin.  On  va 
s'occuper  sans  relâche  de  remédier  à  ces  avaries  , 
ainsi  qu'aux  dommages  considérables  qu'ont 
éprouvés  les  élablissemens  de  la  marine  ;  mais 
les  maisons  de  la  ville  ayant  aussi  beaucoup 
souffert  ,  on  a  de  la  peine  à  trouver  des  ou- 
vriers. 

Anvers  ,  18  brumaire.  Nous  avons  été  livrés 
pendant  cette  journée  à  un  des  plus  affreux  ou- 
ragans qui  se  soient  jamais  fait  ressentir  dans 
ces  contrées.  Les  malheurs  arrivés  sur  l'Escaut 
seront  très-grands.  La  corvette  \  Alerte  ^  mouillée 
devant  le  port  de  celte  ville  ,  n'a  pu  parvenir  à 
se  sauver  qu'en  coupant  une  partie  de  sa  mâ- 
ture. Les  dégâts  qu'ont  éprouvés  les  quartiers  si- 
tués sur  les  quais  ,  sont  considérables. 

Havre  ,  19  brumaire.  On  coup  de  vent  extrê- 
mement violent  ,  qui  a  commencé  hier  matin  et 
a  duré  presque  toute  la  journée  ,  a  causé  beau- 
coup de  dégâts. 

Tous  les  toîis  des  bâtimens  civils  de  la  marine 
ont  considérablement  souffert  ,  ainsi  que  quel- 
ques corps-de-garde  ,  et  particulièrement  le  poste 
des  signaux  de  la  Hêve.  Le  magasin  du  Hoc  qui 
renferme  des  poudres  ,  a  une  partie  de  sa  cou- 
verture enlevée.  Je  viens  d'ordonner  que  la  ré- 
paration en  soit  faite  sans  retard  ,  et  je  l'ai  pro- 
visoirement fait  couvrir  de  prélarts  pour  empêcher 
que  la  poudre  ne  soit  exposée  à  la  pluie. 

Jusqu'à  présent  il  ne  m'a  été  annoncé  aucun 
naufrage.  Les  pêcheurs  d'Honfleur  et  du  Havre 
n'étaient  heureusement  pas  à  la  mer  pendant  ce 
coup  de  vent, 

Fleisingue  ,  19  brumaire.  Hier  18  ,   sur  les  neuf 
_  heures   et    demie  du  matin  ,    un  ouragan  affreux 
s'est  déclaré. 

La  frégate  la  Carmagnole  ayant  été  abordée  par 
l'Incorruptible  ,  dont  le  cable  avait  cassé,  a  filé 
les  siens  pour  l'éviter  ;  mais  empêchée  par  la 
violence  du  vent  et  du  courant  de  taire  léte  , 
elle  tomba  en  travers  ,  cassa  ses  cables  et/fut 
jetée  à  la  côte  ,  à  une  lieue  de  la  rade  ,  sur  un 
banc  de  sable,  oii  courant  les  risques  d'ouvrir  , 
le  capitaine  s'est  vu  forcé  de  faire  couper  ses 
mâts.  Un  aspirant  de  2^  classe  a  été  tué  dans  le 
démâtage. 

.  Les  Irégates  l'Incorruptible  et  la  Poursuivante 
eni  eu  des  cables  rompus  et  des  vergues  cassées. 

La  corvette  la  Foudroyante  ,  mouillée  en  rade 
-de  Ramkins  a  été  jetée  à  la  côte  à  deux  lieues 
de  là,  ayant  rompu  successivement  quatre  cables. 

Je  m'occupe  à  secourir  ces  bâtimens,  et  j'es- 
père parvenir  à  les  conserver  à  la  république. 

La  marine  baiave  n'a  pas  été  plus  heureuse.  Le 
Ptuto  ,  mouillé  en  cette  rade  ,  a  aussi  tau  côte. 
La  violince  de  1  ouragan ,  qui  a  duié  environ 
tept  heures,  a  été  telle  que  plusieurs  bâtimens 
ont  coulé  >ur  leursancres. 

Le  désastre  a  été  général.  A  terre  ,  des  moulins  , 
de»  maisons  entières  ont  été  renversés.  Les  équi- 
pages des  vaisseaux  .  occupés  de  leur  sûreté  per- 
aoiinellc  ,  et  dans  limpossibiliié  de  mettre  leurs 
canots  à  la  mer  ,  voyaient  passer  des  hommes  le 
long  de  leurs  bords  sans  pouvoir  les  sauver. 
Signé ,  FoufAiT, 


Nous  publions  l'extrait  suivant  de  la  corres- 
pondance du  ministère  de  l'intérieur  ,  sur  l'état 
de   la   France. 

La  population  du  département  de  la  Meuse 
n'est  pas  diminuée  depuis  la  lévolution.  J'en  ai 
la  preuve  ac(]iiise  par  les  renseigmmcns  que  je 
me  suis  procurés  près  des  sous-préfets  et  des 
maires  du  i''.  arrondissement  ,  pour  former 
l'état  demandé  par  votre  circulaire  du  26  tloiéal  ; 
cet  état  présente  un  total  de  Q6y522  individus. 

Or  ,  le  recensement  opéié  ,  en  exécution 
de  la  loi  du  10  vendémiaire  an  4,  ne  portait 
ce   total    qu'à   254,840. 

Il  y  a  donc  une  augmentation  de  j5,j82  in- 
dividus. 

Je  conçois  que  la  formé  de  cet  état  a  pu 
entraîner  des  erreurs  dans  quelques  communes, 
où  les  maires  peu  éclairés  ,  malgré  les  instruc- 
tions qui  leur  ont  été  données  ,  auront  com]>ié  , 
par  double  emploi  ,  les  jeunes  gens  non  m, niés 
et  les  militaires  vivans  ;  mais  comme  dans  des 
opérations  semblables  ,  où  Ion  a  besoin  du 
concours  des  fonctionnaires  qui  sont  placés  im- 
médiatement auprès  du  peuple  ,  on  ne  peut  , 
quelques  précautions  que  l'on  prenne  ,  atteindre 
à  une  exactitude  rigoureuse  ,  je  crois  qu'il  faut 
s'en  tenir  à  un  terme  moyen ,  et  regarder  la 
population  actuelle  du  département  de  la  Meuse  , 
comme  s'élevarit  à  260000  âmes.  Cela  posé  ,  il 
y  a  de  817  a  81S  habiians ,   par  \ieat  quarrèe. 

.  Lorsque  j'aurai  obtenu  les  états  supplétifs  que 
j'ai  demandés  ,  pour  connaître  précisément  le 
nombre  des  naissances  ,  mariages  et  décès  qui 
ont  eu  lieu  dans  mon  arrondissement  pendant 
l'an  S,  j'appuierai  ces  réflexions  de  nouvelles 
preuves. 

Maintenant  je  crois  avoir  suBîsamment  dé- 
montré la  vérité  de  l'assertion  que  j'.d  faiie  au 
commencement  de  cet  article.  J  ai  indiqué  dans 
ma  correspondance  précédenie  quelques-unes 
des  causes  auxquelles  j'attribue  l'augmentation 
de  la  population  ,  malgré  tant  de  circonstances 
qui  semblaient  devoir  produire  des  effets  con- 
traires. 

Il  est  de  la  justice  de  compter  parmi  ces 
causes  : 

1°.  Les  progrès  qu'ont  fait  la  médecine  ,  la 
chirurgie  et  l'art  de  l'accouchement  ,  art  pré- 
cieux qui  fera  cesser  dans  ce  département  ,  les 
maux  que  l'irapériiie  des  sages-femmes  fait  peser 
sur  les  campagnes  ,  si  mon  arrêté  du  aS  fruc- 
tidor, qui  a  obtenu  votre  approbation  ,  reçoit, 
comme  je   l'espe.re  „  une   entière  exécution. 

2°.  L'obligation  que  s'imposent  les  mères  de 
suivre  les  conseils  de  Rousseau  en  allaitant  leurs 
enfans. 

3°.  Les  victoires  que  le  tems  obtient  sur  les 
piéjugés  qui  s'opposaient  à  l'inoculation.  Il  est 
d'autant  plus  à  désirer  que  ce  triomphe  soit 
général  ,  que  la  petite  vérole  qui  s'est  manifestée 
sur  plusieuis  points  de  ce  département  a  pris, 
depuis  environ  deux  mois  ,  un  caractère  de 
malignité  ,  tel  que  beaucoup  d  enfans  en  ont 
été    victimes. 


CONSEIL- D'  ETA  T. 

Suite  du   rapport  et  projet    de   loi  sur  l'instruction 
publique  ,  présentés   au    conseil-d'élat  ,   section  de 

I  inteneur  ,  par  J.  A.  Chaptal. 

§    V. 
Ecole  spéciale  des  arts  mécaniques    et.  chimiques. 

I  Le  peuple  dont  les  arts  manufacturiers  sont  les 
plus  parfaits  ,  tient  les  autres  dans  sa  dépendance 
et  établit  sa  prospérité  sur  la  consommation  qu'ils 
font  de  ses  produits.  C'est  donc  à  perfectionner 
nos  arts  que  doivent  tendre  tous  nos  efforts. 

Le  moyen  le  plus  sûr  de  parvenir  à  ce  but, 
consiste  à  porter  la  lumière  dans  les  ateliers , 
à  y  diriger  tous  les  pas  de  I  artiste ,  et  à  rendre 
sa  marche  aussi  sûre  que  facile.  Dans  l'état  où 
sont  aujourd'hui  les  arts  en  Europe  ,  celui-là 
a  le  plus  d'avantage  qui  einploie  dans  ses  opé- 
rations des  procédés  plus  parfaits  et  des  moyens 
plus  économiques  :  or ,  la  mécanique  et  la  chimie 
nous  amènent  à  ces  perfectionnemens  ;  la  pre- 
mière ,  en  organisant  une  main-d'œuvre  plus 
facile  ;  la  seconde  ,  en  fournissant  des  méthodes 
d'opérer  plus  simples   ou  plus  exactes. 

La  mécanique  centuple  les  forces  de  l'homme  , 
et  donne  des  produits  plus  réguliers  ,  plus  par- 
faits que  tous  ceux  que  peut  produire  fa  main 
de  l'homme.  La  chimie  dirige  les  opérations  , 
varie  les  procédés,  maîtrise  les  résultats  ,  et  pré- 
senie  des  effets  constans  ,  toujours  prévus,  tou- 
jours calculés  ,  là  où  l'aveugle  routine  ne  voit 
que  hasard.  C  est  donc  sur  ces  deux  bases  ,  mé- 
canique et  chimie  ,  qu'il  faut  élever  la  gloire  et 
la  piospérité  des  arts  en  France. 

II  paraîtra  très-extraordinaire  à  la  postérité  que, 
dans  un  tems  où  un  système  de  destruction  cou- 
vrait la  Fiance  des  débris  de  tous  nos  ans,  on 
ait  pu  soustraire  à  la  main  des  Vandales 
les    plus    précieux  monumeas    du   génie    et  de 


l'induslïie  française  :  c'est  cependant  ce  qui  a 
été  lait  par  un  décret  de  la  conv  ntion  ,  du 
19  vendémiaire  an  3  ,  qui  a  ini^titué  le  conser- 
vatoire des  arts  et  métiers.  Au  même  moment, 
d'  s  hommes  aussi  zélés  qu  habiles  se  sont  em- 
pressés de  couvrir  de  l'égide  de  cette  loi  sa- 
lutaire ,  la  C'iUeciion  du  Louvre,  formée  de» 
machines  de  Pajol-d'Uiembraf  ;  celle  drs  arts  mé- 
caniques du  palais  d  Orléans,  et  le  dépôt  de 
Vaucanson  ,  légué  au  gouvernement  en  1783. 

Ces  précieuses  collections  ont  été  réparées  et 
enrichies  jusques  en  l'an  3  ,  oi\  une  nouvelle 
loi ,  du  17  floréal  ,  a  consacré  la  ci-devant  abbaye 
de  Saint-Martin-des-Charaps  pour  les  y  réunir. 

Déjà  ce  superbe  local  est  préparé  pour  recueillir 
celte  collection  ,  la  plus  riche  et  la  plus  belle 
de  l'Europe. 

Cette  collection  offre  plusieurs  avantages  :  elle  • 
présente  à  l'esprit  l'état  actuel  de  notre  industrie  ; 
elle  efface  ou  aplanit  pour  l'artiste  le  chemin 
par  lequel  on  arrive  à  connaître  !e  degié  de 
perfection  où  l'art  s'est  élevé.  Un  dépôt  de  ma- 
chines est  la  bibliothèque  de  l'ariisie  :  il  y  lit 
les  progrès  de  son  art  ;  il  y  voit  toute  la  pensée 
de  l'auteur  d  une  découverte  ;  et  ,  en  compa- 
rant, son  imagination  peut  parvenir  sans  efforts 
a  des  peifectionncmens  que  l'inexactitude  de  ses 
meihodes  de  pratique  ne  lui  eût  jamais  sug- 
gérés. 

Un  artiste  ne  peut  pas  ,  sans  éprouver  de  l'en- 
thousiasme ,  voir  dérouler  à  ses  yeux  les  pro- 
diges de  l'industrie  :  son  imagination  ,  son  génie  , 
s'enflamment  du  désir  d'ajouter  ses  découverte»' 
à  celles  qui  lui  sont  préscniées  ;  et  ce  ferment 
jeté  dans  le  cœur  de  l'homme  à  talent  ,  ne  peut 
que  se  développer  avec  fruit. 

La  description  d'une  machine  offerte  aux  yeux 
et  mise  sous  la  main  ,  a  encore  I  avantage  de 
fixer  ou  de  former  une  langue  uniforme  pouf 
les  arts  ;  ce  qui  est  d'autant  plus  neCt.ssaire  , 
qu'elle  varie  de  ville  en  ville,  et  que  les  dé- 
couvertes en  mécanique  ne  peuvent  que  diffici- 
cilemcnt  se  transmettre. 

Il  y  a  peu  de  chose  à  faire  pour  donner  au 
conservaioire  des  arts  et  métiers  tous  les  déve- 
loppemens  dont  il  est  susceptible. 

Il  y  existe  déjà  trois  professeurs  et  un  des- 
sinateur :  il  ne  s'agit  que  de  leur  distribuer  1  en-: 
seignement  ,  de  manière  à  fournir  aux  artistes 
tous  les  principes  sur  lesquels  ils  peuvent  appuyer; 
leur  pratique. 

L'un  des  professeurs  pourrait  être  chargé  da 
l'enseignement  de  la  mécanique  et  de  l'hydrauli- 
que ;•  ,         ' 

Le  second  s'occuperait  de  l'art  de  la  construc- 
tion des  machines  et  outils; 

Le  troisième  enseignerait  la  chimie  appliquée 
aux  arts  ; 

Et  le   quatrième  instruirait  sur   iart  du  dessin. 
Mais  l'enseignement  de   la  mécanique    et    delà 
chimie  des  ans  ,   concentré  dans  Paris  ,  ne  pour- 
rait pas  devenir  d'un  avantage  général  pour  toutes 
les  parties  de  la  république.  Les  eiifans'des  artistes 
ont  rarement  les  moyens  d'aller  puiser  I  instruc- 
tion au  loin;   et   nous  croyons    que    le    gouver- 
I  nement   ferait    une   chose    tiès-utile    aux  arts    et 
I  fabriques  ,  en  multipliant  ces  écoles,  que  la  sim- 
I  plicité  de    leur   organisation   rend    très-peu    dis- 
pendieuses.   Nous    proposons    donc    d'en  créef 
quatre   pour    toute   la  république   :    on   pgrurrait 
les  établir  à  Paris  ,  Bruxelles  ,  Lyon  et  Toulouse. 

Le  nombre  des  professeurs  pourrait  être  réduit 
à  trois  dans  les 'trois  dernières  de  ces  écoles;  ce- 
lui de  construction  peut  y  être  supprimé  sans' 
inconvénient. 

§.     VL       . 

Ecole  spéciale  des  arts  du  dessin. 

Le  dessin  fait  la  base  des  connaissances  né- 
cessaires au  peintre  ,  au  sculpteur  et  à  larchi- 
lecte  ;  et  c'est  à  l'étude  de  ce  premier  des  artâ 
que  nous  consacrons  une  école  spéciale  ,  sous 
le  nom  d'école  des  arts  du  dessin. 

Les  grands  hommes  qu'a  produits  l'école  fran- 
çaise depuis  qu'elle  a  été  créée  par  Charles  Le-, 
brun  en  1648,  proiavent  trop  la  bonié  de  soa  ■ 
organisation  ,  pour  que  nous  n'en  respections  pas 
les  bases.  Ainsi  nous  nous  bornerons  à  pioposer 
quelques  légères  modifications  qui  paraissent  être 
désirées  par  les   artistes  eux-mêmes. 

L'école  pourrait  être  composée  ainsi  qu'il  suit  ; 

1°.  Six  professeurs  pour  li peinture  ; 

2".  Six  pour  la  sculpture  ; 

3°.  Quatre  pour  l'architecture  et  la  construction  ; 

4°.  Un  professeur  à'anatomie; 

b".  Un  de  perspective  ; 

6°.   Un  d'histoire  ,   antiquité  et  costumes  ; 

7°.  Un  de  géométrie  descriptive. 

Il  est  aisé  déjuger  que  les  artistes  célèbres  qu'on 
appelle  à  exercer  les  fonctions  de  prolesseiiis  , 
ne  doivent  pas  se  livrer  exclusivement  à  I  cnsW- 
gnement  :  l'école  ne  doit  être  pour  eux  que  le 
délassement  des  travaux  de  leurs  ateliers.  C'or 
pour  cela  que  nous  établissons  un  nombre  cuiui- 


si6 


dérable  de  professeurs  ,  pour  qu'ils  ne  soient  pas  | 
oljligcs  de  doiinerplus  de  deux  mois  à  l'enseigne-  I 
menl;  c'est  ;iu  rcsie  11- seid  moyen  de  pouvoir  con-  j 


V   VIII. 

Ecole  spéciale  d'histoire  naturelle. 


n  les 


loire  et  les  progiès  de   l'art. 


;iu  r 
sacrer  a  linsuii 
le»  genres ,   et  d  obi 
prëeeple  ,   pour  la  E 

L'ancien  gouvernemenl  avait  mu'UipMé  les 
eoiicriurs  et  les  prix  de  telle  manière  que  l'ému- 
lalion  ,  corjstanimcni  excitée  pir  l'espérance,  pro- 
duis.it  Its  plus  heureux  efforts.  Ces  piix  ,  ces 
concours  doivent  êire  continués  :  le  voyage  à 
Rome  doit  toujours  être  la  principale  des  récom- 
penses ;  car  ,  quoicjue  nous  possédions  ,  en  ce 
moment  plusieurs  des  chefs-d  œuvre  qui  y  atti- 
raient les  jeunes  artistes  ,  il  y  reste  encore  assez 
de  monuiiiens  précieux  pour  qu'on  puisse  re- 
garder cette  ville  comme  le  séjour  fortuné  des 
arts. 

Sous  l'ancien  régime  ,  les  encouragemens  don- 
nés par  le  gouvernement  ne  se  bornaient  pas 
aux  élevés  :  les  professeurs  eux-mêmes  en  rece- 
vaient des  secours  dignes  d'eux  et  de  lui  :  tous 
les  deux  ans,  il  fesait  exécuter,  par  les  plus 
habiles  artistes  ,  8  grands  tableaux  d'histoire  et  2 
s'atues.  En  renouvelant  ce  mode  précieux  d'en- 
couta.gemeni  ,  le  gouvernement  actuel  n'aura  à 
fixer  son  choix  ,  ni  sur  des  sujets  puisés  dans 
1  histoire  des  peuples  anciens  ,  ni  sur  des  hom- 
mes qui  appartiennent  à  d'autres  tems  ;  la  nation 
est  riche  de  ses  propres  faits  ;  c'est  dans  le  couit 
espace  des  d;X  années  qui  viennent  de  s'écouler  , 
<|ue  l'artiste  trouver^  les  hé|ros  et  les  actions  de 
toute  l'antiquité. 

S-     VII. 
Ecoles  spéciales  de  musique. 

Avant  la  révolution,  on  pouvait  regarder  les 
nuittises  établies  près  des  chapitres  ,  des  cathé- 
drales ou  des  abbayes  ,  comme  les  écoles  pri- 
maires de  l'art  de  la  musique.  Le  culte  catho- 
lique était  célébré  avec  la  |ilus  grande  solemnité 
dans  quelques  églises  ,  et  par-tout  c'étaient  des 
musiciens  salariés  qui  y  fesaient   le   service. 

I      Nous  proposerons  donc  d'ériger  le  collège  de 

La  suppression  de  tous  ces  établissemens  a  F^^rice  en  une  école  spéciale  de  belles  -  lettres  et 
privé  lait  musical  de  ses  principales  ressources.  ,  ^„-^,,^^^  ^^^^^^^^  ^^  ^j^^^j-,,,^,,^,^^^  .  „ous  lui  don- 
La  loi  du  i6  ihermidor  an3  a  crée  le  «n«™'i-  Uerons  un  degré  duiiliié  de  plus,  en  .lui  atiri- 
to-ire  de  musique  .  elle  y  a  ouvert  un  asyle  aux  ^^^^^  l'honorable  foncuon  de  former  des  proies- 
premiers  talens  de  1  Europe.  Sans  doute  elle  a  |  ^^^^^  j^  belles-lcures ,  de  physique  et  de  chimie 
fait  beaucoup  pour  l'an  en  tecuMllant  et  hono-  |  ^^^^  i^j  ^^^i^j  communales, 
rant  ces  artistes  distingués  ;  mais ,  en  les  concen- 
trant sur  un  point  de  la  république  ,  elle  n'a  tien  . 
fait  qu'on  puisse  compare!  à  ces  premiers  éta-  . 
blisseraens  ,  où  le  germe  du  talent  trouvait  un  j 
asyle  ,  où  des  dispositions  heureuses  étaient  sen-  i 
tii's   et  encouragées  ,    ei   d'où   se  répandait   dans  | 


..ers  talens  duns  tous  j  Le  muséum  d'histoire  naturelle ..  organisé  par  la 
fois  l'exemple  et  le  loi  du  10  juin  lygS  ,  piésente  .  en  ce  moment ,  le 
système  d'enseignement  le  plus  complet  qu'il  y 
ait  en  Euiope,  tant  sous  le  rapport  des  riches 
colieclioiis  qu'il  possède  ,  que  sous  celui  des 
hommes  célèbres  qui  y  professent.  Nous  n'y 
proposerons  donc  aucun  changement  •,  mafs  la 
loi  doit  imposer  à  cette  école  la  lâche  honorable 
de  former  des  professcuis  dhisioire  naturelle 
pour  toùies  les  écoles  de  département  :  il  n'y  a 
que  ce  moyen  de  donner  à  celte  partie  intéres- 
sante de  l'instruction  publique  ,  dans  les  dépar- 
temtns  ,  le  caractère  d'utilité  qui  la  rend  d  une 
application  journalière  à  tous  les  besoins  de  la 
.société. 

§.    IX. 

Ecole  spéciale  de   belles-lettres  et  sciences  physiques 
et  mathématiques. 

Le  collège  de  France  est  à  la  fois  le  monument 
le  plus  ancien  et  un  des  plus  utiles  que  possède 
l'instruction  publique.  Créé  en  l53o  par  François 
I'',  il  fut  soutenu  et  perfectionné  jusquà  n«)S 
jours  ;  et  en  ce  moment  ,  il  présente  un  des  sys- 
tèmes d'enseignement  les  plus  complets  qu  il  y  ait 
en  Europe.  Trois  professeurs  y  enseignent  les 
mathéraaiiques  et  l'astronomie  :  cinq  cours  y  sont 
ouverts  à  l'enseignement  des  sciences  physiques; 
deux  ont  pour  objet  le  droit  public  et  1  histoire.  •' 

Les  langues  anciennes  et  orientales,  la  poésie  , 
l'éloquence ,  l'histoire  de  la  littérature  française  ,  y 
forment ,  sous  huit  professeurs  ,  le  complément 
d'une  instruction  presque  universelle. 

Cet  établissement ,  qui  a  passé  ,  comme  par  mi- 
racle ,  à  travers  tous  les  orages  de  la  révolution  , 
et  est  toujours  resté  debout  au  milieu  des  ruines 
qui  l'entouraient,  ne  sera  ni  supprimé  ni  dégradé 
dans  un  moment  où  le  gouvernement  cherche  à 
létablir  ce  qui  a  été  détruit ,  à  réorganiser  tout  ce 
qui  peut  être  utile. 


TITRE    IV. 

INSTITUT    NATIONAL    DES    SCIÏNCES    ET    ARTS. 


toute  la  masse  du  peuple  le  goût  de  la  musique. 

Celui  qui  sait  quel  est  le  pouvoir  de  la  musique 
sur  une  nation  ,  combien  elle  a  d'influence  sur 
nos  moeurs  et  répand  de  charmes  sur  notre  vie 
domestique  ,  cherche  les  moyens  de  replacer 
dans  nos  villes  quelque  genre  d'institution  qui 
réveille  le  gotit  du  chant  dans  toutes  les  classes 
de  la  société  ,  et  y  reporte  la  gaieté  ,  dont  il  est 
l'expression  la  plus  ordinaire. 

En  attendant  que  des  circonstances  plus  heu- 
reuses 'permeitent  au  gouvernement  de  former 
des  institutions  musicales  sur  presque  tous  les 
points  de  la  république  ,  nous  cioyons  très-avan- 
tageux d'établir  six  petites  écoles  de  musique 
d'ans  les  villes  les  plus  considérables  de  la  France. 


Il  est  à  remarquer  que  ,  depuis  l'assemblée  cons- 
tituante jusqu'à  nos  jours,  tous  les  ptojets  d'ins- 
truction publique  qui  ont  été  préseniés  ,  piopo- 
sent  un  Institut  national  destiné  à  recueillir  les 
découvertes  ,  à  propager  les  connaissances,  et  à 
réunir  les  hommes  les  plus  distingués  dans  les 
sciences  et  dans  les  arts. 

L'avantage  de  ce  bel  établissement  a  été  si 
généralement  senti,  que  les  constitutions  de  l'an  3 
et  de  l'an  8  en  ont  fait  un  article  du  pacte 
social. 

L'institut  est  organisé  d'après  la  loi  du  3  ,  bru- 
maire an  4  ;  et  malgré  quelques  vices  que  l'expé- 
rience a  fait  connaître  dans  sa  constitution  ,  il 
n'en  forme  pas  moins  un  des  plus  beaux  monu- 
roens  de  la  gloire  nationale. 

Il  suffirait  peut-être   de    rapporter  la  loi  régie' 


clature  des  divers  objeis  qu^embrasse  l'institut , 
pour  se  convaincre  que  la  paille  de  l'éloquence 
a  été  sacrifiée  dans  son  organisation  primitive.  Cette 
lacune  a  été  d'autani  mieux  sentie  ,  que  tous  les 
talens  disiingués  de  l'académie  française  n'ont  pas 
pu  trouver  place  dans  le  cadre  étroit  qu'offrait  la 
loi  ;  et  nous  croyons  qu'il  laut  créer  une  section 
dans  la  troisième  classe  ,  sous  le  titre  de  section 
d'éloqnenrc. 

ArPEkÇU    DES    HÉPENSF.S      de     LlNSTftUCTlON.. 
PUliLlOUE  ,  d'après    le    PLAN    PROPOSIi. 

1°.  Ecoles  municipales.  En  supposant  l'instriic- • 
lion  publique  organisée  sur  tous  les  points  de  la 
république,  nous  avons  déjà  prouvé  qu  il  y' 
aurait  vingt-trois  mille  écoles  municipales  ,  ce  qui' 
formerait  une  dépense  d  environ  5,ooo.ooo  ,  à  la' 
charge    des    arrondisseinens   communaux. 

2°.  Ecoles  communales.  Il  paraît  prouvé  pat' 
l'expérience  ,  cl  d  apiès  l'état  actuel  de  la  Fiance", 
que  deux  cent  cinquanle  collèges  ,  ou  écoles, 
communales  ,  snlhront  à.  l'instruction  seçoni- 
daire. 

Chaque  collège  a  im  d'recteur  et  cinq  profes- 
seurs. Le  terme  moi  en  du  traitement  des  pro- 
fesseurs est  de  i5oo_  francs.  Ainsi,  il  y  aurait 
dans  la  république  douze  cent  cinquanle  pro- 
fesseurs et  deux  cent  cinquante  directeurs, 
dont  les  iraitemens  foiraeraiént  une  somme  totale* 
de  3,000,000. 

En  supposant  de  600  fr.  la  pension  de  chaque' 
élevé  salarié,  les  huit  cents  coiîteraient  480,000 
francs.  '  ' 

3°.  Êfo/(!i  jj!>ccîi2/ef  ,  1 ,3o6,6oo  francs. 

4".   Institut  national .,  266,000  francs. 

Ainsi  ,  eii  supposant  l'instruction  complète  pour 
toute  la  France  ;  en  admettant  qu'il  n'y  ait  pas  un 
point  sur  le  sol  de  la  république  ou  l'instruction  ne 
soit  possible  pour  tous  et  suffisante  pour  tous  les> 
besoins  de  la  société,  la  dépense  se  bornerait  à 
ure  somme  annuelle  d'environ  9,500,000  fiancs, 
sur  laquelle  il  serait  pris  5, 000, 000  sur  les  cen- 
times additionnels  des  arioudisseinens  ,  pour 
les  écoles  municipales  ;  3,ooo,ooo  sur  les  cen- 
times additionnels  ,  tant  des  départemens  que' 
des  arrondisseméns ,  pour  les  écoles  communales; 
et  i,5oo,ooo  francs  sur  le  trésor  public  ,  pour  les 
écoles  spéciales. 

C  Ecoles  municipales.  5,ooo,ooO' 

Total         j  Ecoles  communales.  3,ooo,ooo 

de  la  dépense.  \  Ecoles  spéciales.   .  .  i. 306,600" 

f  Institut 266,000^ 


Chacune  de  ces  écoles  pourrait  être  composée  de     mentaire  du  i5  germinal  an  4  ,  qui   lui  a  prescrit 


quatre  professeurs 

Un  de  musique  ,  un  de  charit ,  un.  de  violon  , 
un  de  basse. 

Ces  écoles  auraient  l'avantage  de  placer  con- 
venablement les  élevés  les  plus  distingués  du 
conservatoire,  de  propager  le  goût  de  la  musique  , 
de  fournir  des  moyens  faciles  pour  l'instruction  , 
de  former  des  musiciens  pour  les  bataillons  ,  de 
présenter  .des  ressources  pour  les  fêtes  publi- 
ques ,  de  distinguer  et  recueillir  les  talens  qui 
deviennent  rares  de  plus  en  plus  sur  nos  théâtres. 

Le  conservaioire  de  musique  ,  qui  existe  à 
Paris  ,  est  la  seule-  école  de  ce  genre  que  possède 
la  Fiance;  c'est  presque  la  seule  ressource  qui 
soit  ouverte  aux  artistes  :  nous  sommes  donc 
bien  éloignés  d'en  proposer  la  suppression  ;  mais 
nous  pcnsotTS  qu'on  peut,  borner  à  soixante-dix- 
hnit  le  nonibie  Jes  membres  du  conservatoire, 
porté  à  cent  dix-huit  par  la  loi  du  16  thermidor 
an.3.;.ct  à  quatre  cents,  celui  des  élevés  des  deux 
sexes ,  fixé  a,  six  cçnts  p*r  la.  même  loi. 


un  mode  de  scrutin  ,  une  manière  invariable  de 
remplacement  ,  et  l'a  ainsi  assujetti  à  des  formes 
vicieuses  ,  pour  que  l'institut  n'offrît  plus  que  l'en- 
semble de  connaissances  le  plus  complet,  le  plus 
imposant,  dont  une  nation  puisse  s  honorer. 

On  pourrait  encore  reprocher  à  l'organisation 
actuelle  de  l'instilul  ,  de  s'être  beaucoup  trop 
écartée  de  ce  que  l'expérience  avait  montré  de 
perfection  dans  la  composition  de  nos  anciennes 
académies.'  Le  même,  homme  ,  par  exemple  ,  en 
suivait  tous  les  détails  ,  en  devenait  l'historien  , 
et  attac!  a  '  ,  d  une  manière  toute  particulie  re  ,  la 
gloire  de  son  nom  à  celle  du  corps  dont  't  éta  t 
1  organe;  il  y  avait  plus  de  suite  dans  l'admi- 
nistration, plus  de  célérité  dans  l'exécution  ,  plus 
d'ordre  dans  la  marche  ;  et  on  ne  peut  pas  nier 
que  le  réiM'issement  d'un  secrétaire  perpétuel  font 
chaque  classe  de  l'institut,  en  rouvrant  une  car- 
rière qui  présente  tant  de  grands  hommes  pour 
modèles  ,  ne  contribuât  à  la  gloire  de  ce  corps  et 
aux  progrès  des   sciences. 

Il  suffit  de  jeter  un  coup-d'oeil  sur  la   nomen- 


9,572,600 

La  dépense  totale  de  linstruclion  publique  s'élè- 
verait donc  à  une  somme  d  environ  10,000,000  , 
si  jamais  elle  était  si  complètement  organisée  qu'il. 
n'existât  pas  un  seul  point  sur  le  sol  de  la  repu-- 
blique  où  chaque  individu  ne  trouvât  une  ins- 
truction suffisante  et  proportionnée  à  se». 
besoins. 

La  suite  demain. 


COURS     DU    CHANGE 

Bourse  du  24  brumaire. 

Rente  provisoire s3  fr.  65  c. 

Tiers  consolidé 34  Ir.  10  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  64  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr.  i3  c. 

Bons  pour  lan  8 ,   gS  fr.  5o  c. 

Syndicat 84  fr.  5o  c. 

Coupures......../-.-. ^.  S'4  h-  5o  g. 

Act.  de  5o  fr.  delacai«se  des  rentier*; 


S  P  E  C  T   A  C  L  E  S. 

Théâtre  de  la  Republk^ue  et  des  Arts. 
Auj.-ies  Horaces,  opéra  en  3  actes,  et  le  ballet 
de   Psyché.  . 

1  HÉAïRE  DE  la  RUE  Eeydeaxi.  Aujjourd'hui 
la  ,9^  repr.  de  Tjméo ,  opéra  en  trois  actes  , 
suiy.  à' Augustine  et  Benjamin. 

THÉATilE  DU  Marais  ,  rue  Cuitute-Caiherine. 
Auj.  'Je  Roi  Léar  ,  irag.  en  5  actes,  suivie  de  la 
jore  jejjr.   liis  fausses  Alarmes. 

Théâtre  DES  jEUf;ES  élevés,  rue  deThionville. 
Auj  le  Mariage  du  Capucin  ;  les  deux  Bergères  , 
et  Cassandrecomédien. 

Théâtre  DU.  Vaudeville.  Apj.  la»*  repr.  (itt 
Retour  d'Arlequin  dans  son  ménage  ..  suite  À' Arle- 
quin afficheur.,  suivie  d'une  scène  de  complimenr; 
ie  Testament  ,  et  la  Danse  interrompue- 


L'abounemcat  se  fait  1  Paria,   rue  des  Poitevins 
fi'aboaue  qu  "m/  commeucenaent  de  cliaque  mois. 

Il  faut  adresse,  les  lettres  et  l'argent  ,  ffaoc  de  port  , au  cit.  Agasse,  piop 
;pays  où  l'on  ne  p-ut  J  ffn  iicllir.    Lr  s  lettres  Hes  départemens  non  alTranchic 

it.fauuavoir  soia,  pour  >>lus  de  «ùreté,  dt  charger  celles  qui    renfermen 
Poiie.vins      n"*  i3,  depuis  .leuf  heures  du  œatin  jusqu'à  cinq  oeures  dusoir 


.  Leprîxestde23  francspourtroismois,  3o  fraacs  pour   si 


:  de  cejournal  ,ruc  des  Poitc 
eroutpoint  retirées  de  la  pos 
leurs,  ccadrcsser  tout  ce  quii 


,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  tu 
a"  18.  Ilfaufcomprendre  dan»  les  envois  le  potl  4o 
rpe  la  rédaction  de    la    feuille  ,    au   rédacteur  .  rue  de 


A"  Pa  vi  s,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  n"  i3. 


GAZETtîf  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


JV°  56. 


SexHdî\^^z6  ^brumairean  g  delà  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aucotisés  à  prévenir  nos-  souscripteurs  qu'à'd.*fcâ>fiiu--'7  -Mvose  le   MONITEUR  est  le  snul  journal  officiel. 
11  contient  les  séances  des  autorités  constauéty ,  les  acres  du  gouyernemenï ,  les  nouvelles  des   aruiées ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur  ' 
l'inr<^vieur  que  sur  l'extérieur,  fournis' 'parjles"correspond?.nces  ministéfiélles. 

Un'  article  sera  particulièrement  consac,^é 'aux  jscàences',  aux  arts  ttt   aux  découvertes  nouvelles. 


I  N  T    É  R  I   E   U^R. 

Paris  ,  le  ^5  brumaire. 


XjES  chevaux  envoyés  par  S.  M.  le  roi  d  Espagne 
au  premier  consul ,  éiaient  arriv.és,  décadi  deancr, 
sous  la  conduite  de  dora  Chéli.  Ils  opt  été, pré- 
sentés aujourd'hui  à  la  grande  parade.  Ils,  sont 
de  la  plus  grande  beauté  ,  de  la  plus  belle  lofme , 
ei  presque  tous  d'un  pelage  très-raie. 

Le  !"■  ,  dont  le  nom  est  Marotq  ,  est  gris  éloilé,, 
a  4  pieds  6  pouce»  et  demi  ,  et  ôans.       •{■>'• 

Le  2'  ,  Colegial  ,  est  gris  éloilé  prolongé  i-a':4'ir. 

7  pouces  et  demi  ,  et  7  ans.  .■     ,      1!  •hâ    l  l 
Le  3'  ,  Sereno  ,  est  bai  ,  poil  blaric  'ai'  ftjWtiva 

4  p.  )  I  p.  et  demi  ,  et  6  ans.  ■   '^''  'i-''^   "' 

.  Le  4"=  ,  Cigarrero  ,  est  bai  ,  poil  blanc  au  front  , 
a  4  p.  S  p.  ,  et  5  ans.  -     ' 

Le  5'  ,  Cigueno ,  est  bai,  a  4  p.  8  p.  et  demi , 
et  4  ans. 

Le  6'  ,  Romero  ,  est  gris  ,  poil  blanc  au  froat  , 
a  4  p.  7  p.  et  demi  ,  et  5  ans. 

Le  7'  ,  Barquero  ,  est  bai ,  a  4  p.  7  p.  et  ûeœi  , 
et  4  ans. 

Le  S'  ,  CarpenUro  ,  est  isabelle  ,  poil  blanc  au 
front  ,  a  4  p.  7  p.  et  demi  ,  et  4  ans. 

Le  9'  ,  Cumeto  ,  tigré  étoile  ,34  p.  9  p.  et  demi  , 
et  4  ans. 

Le  10'  ,  Monarca  ,  perle  ,  chaussé  de  pied 
hors  du  monioiie  de  derrière  ,  a  4  p.  8.  p.  et 
demi  ,  et  4  ans.  •    .  - 

Le  11',  Sembrador,  isabelle,  a  4  p.  8  p  ,  tt 
4   ans.  .  . 

Le  12= ,  Gainero  ,  tigré  étoile  ,  talon  blanc  du 
jiied  hors  du  monioire  de  .deIrie■re^  a  4  p.  8  p. , 
ei  6  ans. 

Le  i3'  ,  Placera  ,  gris  éloilé","â~4'pr9  p.  et  demi , 
et  6  ans. 

Le  i 4' ,  Fundador ,  bai  brup,  poil  blanc  du 
front  ,  chaussé  de  pied  du  monioire  de  derrière  , 
tt  digité  du  pied  du  monioire  de  devant  ,  a  4  p. 

8  p.  et  demi  ,  et  7  ans. 

Ces  14  chevaux  viennent  tous  des  haras  du  roi; 
les  1 1  premiers  de  celui  d  Aranjuès ,  et  les  3  autres 
de  celui  de  Cordoue. 

Le  i5= ,  Jonagero  ,  bai  brun  ,  4  p.  10  p.  et  demi, 
et  6  ans  ,  vient  du  haras  d'Altamira  ,  appartenant 
au  comte  de  ce  nom. 

Le  16',  Contador  ,  bai  clair,  4  p.  10  p.  et 
demi  ,  et  4  ans  ,  vient  du  haras  de  Médinaceli  , 
appartenant  au  comte  de  ce  nom. 

~  Plusieurs  journaux  annoncent  la  nomination 
d'un  secrétaire-général  du  ministère  de  liniérieur. 
H  n'y  a  point  à  ce  ministère  de  secrétariat  général, 
mais  un  bureau  particulier  du  ministre  dont  Je 
citoyen  Scipion  Mourgue  est  le  chef. 

—  Plusieurs  lettres  reçues  d  Espagne  s'accordent 
à  dire  que  la  maladie  diminue  considérablement; 
la  saison  commence  à  devenir  plus  favorable.  Les 
premiers  froids  se  sont  déjà  fait  sentir.  Tout 
annonce  que  les  ravages  du  fléau  qui  y  a  régné 
vont  cesser  :  quant  à  son  extension  au  territoire 
français  .  la  propreté  de  ses  habiians  ,  les  moyens 
de  salubrité  usiiés  parmi  nous  ,  el  notre  position 
géographique  sont  autant  de  raisons  qui  se  réu- 
nissent pour   bannir  toute  crainte. 

.  —  On  a  ressenti  le  12  brumaire  à  1 1  heures  du 
loir .  a  Zurich,  une  légère  secousse  de  tremble- 
Ijoenl  de  lerrc. 

—  On  écrit  de  Rouen  ,  en  dale  du  22  brumaire  : 
Chollol ,  assassin  du  citoyen  Frenot ,  brigadier 
de  gendarmerie  ,  condamné  à  mort  par  noue  tri- 
bunal criminel ,  dont  le  jugement  a  été  maintenu 
par  le  tribunal  de  cassation  ,  a  subi  hier  son 
supplice. 

—  Le  journal  de  la  Gironde  annonce  la  mon 
du  citoyen  Dudon  ,  ancieil  procureur-général  au 
paticmcntde  Guyenne.  Son  grand  âge  ,  ses  talens , 
ses  venus  publiques  ei  privées  lavaient  rendu 
Tcspeciable  et  cher  à  tous  ses  concitoyens.  Sa 
famille  a  manifesté  le  desir'de  conserver  ses  restes , 
eta  obtenu  desauloriiés  constituées  la  permission 
de  les  faire  transporter  dans  une  des  propriétés 
du  déluni ,  située  près  de  la  commune  de  Bruges. 

—  La  tempête  du  18  a  été  ressentie  à  Strasbourg; 
en  même  lems  le.  feu  a  pris  à  l'hôpital  dé  Sainte- 


Marguerite  ;  rUdis^leS  secours  ont  été  rapides  ,  et 
l  incendie   a-éiéxtilnt  ptompteracnt. 

—  On  lit  "dans  le  Journal  des  débuts,  qa'un 
marchand  allepu^tid  ,  du  pays  de,  Nassau,  a  in- 
\enié  l'art  de  vendri",,|e  diap  de  laine  imper^ 
m'éable  à  la  pluie.  Une  bourse  qu'il  a  fuit  faire 
de  ce  drap  ,  et  qu  il  a  remplie  d'eau  ,  n'en  a  pas 
laissé  pas.^er  une  goutte,  pendant  8  jours  :  l'eau 
s'est  desséchée  et  n  a  point  traversé  le  drap.  On 
pense  dans  le.paysque  cette  découverte  peut 
être  d'une  grande  utilité  ,  et  l'on  désire  que  le 
piocédé  soit  tendu  public. 

-ç-  On  mande'  cle  'Villiers  en  Paine,  que  la  foire  , 
célébré  dans  le  pays  poiSI" le  commerce  des  mou- 
lons ,  a  surpassé  toutes  les  espérances. 

—  Un  grenadier  français  ,  traduit  devant  un 
conseil  de  guerre  tenu  a  Bamberg  ,  le  1^'  de  ce 
mois  .  a  été  déclaié  innocent  des  accusations 
portées  contre  lui.  Il  avait  choisi  pour  défcn- 
seuf5  officieux  M.  l'assesseur  Horntal  ,  et  M.  le 
professeur  Gley ,  rédacteur  de  la  Gazette  de  Bam- 
berg, qui  le  dépendirent,  lanl  par  les  actes  que 
par  les  lois  françaises. 


Tin  de  l'extrait  du  Journal,  du  siège  de  Malte 

Du  i^  floréal.  Le.  commandant  a  de  nouvelles 
inquiétudes  sur  ce  qui  peut  se  tramer  dans  -la 
ville.  Il  donne  ordre  à  tout  mililaire  de  se  tenir 
sur  ses  gardes  ,  de  dissiper  les  giouppes  ,  d'en- 
-chaîner  les  forçats  ;  quiconque  alternera  à  la  su- 
réié  ou  à  la  vie  d'un  franc  lis  sera  puni  de  mort. 

L'ennemi  tiava  ille  à  placer  une  baiteiie 
devant  la  porte  du  Coradic.  Les  mesures  soni 
prises  pour  la  démonter. 

La  poudre  avariée  sert  à  parfumer  les  hôpitaux. 

Du  6  prairial.  Distribuiion  aux  habitans  d'une 
prise  de  harengs  .salés. 

Du  9.  Le  général  Vaubois  fait  activer  la  ren- 
trée 4e  l'emprunt. 

Du  6  messidor.  Défense  de  vendre  aux  mili- 
taires des  chevaux  ou  mulets  pour  être  tués. 

Du  II.  Les  moyens  de  subsistance  et  les  mé- 
dicamens  s  épuisent. 

Une  cruelle  épidémie  enlevé  chaque  mois 
120  à  i3o  hommes  de  la  garnison, 

La  dépense  devient  énorme  en  raison  du 
nombre  d'employés   aux   hôpitaux.  ' 

Il  reste  des  vivres  et  des  vins  pour  passer  l'été  , 
si  les  chaleurs  ne  gâtent  pas   la  viande  salée. 

Du  23.  Célébration  de  la  fête  du  14  juillet. 

Du  9  thermidor.  L'élai  de  la  caisse  mililaire  force 
à  réduire  de  moitié  la  solde  et  les  appoiniemcns 
des  militaires  de  tous  grades  ,  ainsi-que  des  ad- 
ministrations. 

La  partie  civile  ne  sera  plus  payée  que  par 
trimestre. 

Du  22.  On  remet  au  i"  vendémiaire  la  célé- 
bration de  la  fête  du  10  août.  On  marquera  ce 
jour  par  une  salve  d'artillerie  sur  les  batteries 
ennemies. 

Du  2  fructidor.  Le  général  Vaubois  reçoit  ,  de 
la  part  du  commandant  des  forces  navales  an- 
glaises, une  sixième  sommation  conçue  en  ces 
termes  : 

Du  19  août  1799. 
Monsieur, 

•J'ai  ordre  de  l'amiral  lord  Nelson  de  vous  en- 
voyer des  renseignemens  authentiques  ,  pour 
vous  prouver  que  les  français  sont  sortis  de  llialie, 
que  la  flotte  f  ançaise  n'est  plus  dans  la  Méditer- 
ranée ,  et  que  des  insurrections  sérieuses  qui 
augmentent  journellement  dans  Toulon,  Mar- 
seille et  Lyon  ,  vous  priveroot  de  recevoir  au- 
cun secours.  Je  vousOlFre  de  nouveau  une  capi- 
tulation honorable  ,  que  si  vous  n'acceptez  pas 
avant  l'arrivée  de  la  llotle  russe  et  des  tioupes  de 
terre  maintenant  à  Messine,  destinées  pour  cette 
place  ,  vous  seriez  privé  ,  vous  et  votre  garnison, 
d'en  obtenir  une  favorable.  C'est  pour  celle  rai- 
son que  je  vous  engage  à  ne  pas  sacrifier  plus 
long-tems  la  vie  de  tant  de  braves  gens  à  une 
ob->tinaiion  qui  priverait  voirc  pairie  de  leurs  ser- 
vices. 

Je  vous  enyoiç  le  capilaine  Bronghion  pour 
vous  remettre  Cette  lettre. 

J  ui  1  honneur  d'éire,  etc. 

Signé,  Alexandre  Ball. 


La  réponse  du  général  françnis  en  dictée  aveé 
la  même  fermeté  que  les  piécédenles  ;  la  voici  t 

Du  2  fructidor. 

La  valeur  de  la  garnison  de  Malte  est  celle  des 
républicains  aussi  remplis  de  l'amour  de  leur  de- 
voir que  de  courage  :  elle  esi  en  trop  bon  état  , 
et  je  suis  moi-même  trop  jaloux  de  bien  servir  , 
mon  pays  et  de  conserver  mon  honneur,  pour 
écouler  vos  propositions.  Quelques  ennemis  qui 
se  présentent,  nous  les  combattrons  avec  la  plus 
grande  viguetir,  el  nous  vous  forceioiis  ,  ainsi 
que    ceux  qui  pourraient  venir,   à  nous  estimer. 

Je  suis  fâché  de  n'avoir  pu  faire  entrer  en  ville 
l'officier  que  vous  avez  envoyé. 

J'ai  l'honneur  ,  etc.  Signé  ,   Vaubois. 

Du  4  fructidor.  L'argenterie  provenant  des  mai- 
sons des  maltais  absens  est  inventoriée  et  trans- 
portée à  la  monnaie  pour  être  convertie  en  lingots. 

Du  8.  La  garnison  du  fort  Ricazoli  qui  s'expose 
en  allant  marauder  dans  la  campagne  ,  est  con- 
signée jusqu'à  nouvel  ordre. 

Du  14.  On  manquait  de  vinaigre  :  des  barriques 
de  vin  de  Sicile  qui  éiaient  à  bord  de  l'escadre 
soni  transformées  en  celle  liqueur  essentielle  pour 
la  salubriié  de  l'armée  et  surtout  pour  celle  des 
hôpiiaux. 

Du  ig.  Le  marquis  de  Niza  ,  amiral  portugais  , 
fait  demander  au  général  Vaubois  une  entrevue. 
Celui-ci  l'accorde.  Le  fou  Manuel  est  désigné. 
pour  lieu  de  la  conférence  ;  elle  est  fixée  au 
dimanche  suivant.  La  garnison  en  est  avertie  par 
l'ordre  qui  suit  : 

Ordre  du  jour  du  22  fructidor. 
La  garnison  est  avertie  que  le  commandant  por-' 
tugais  m'a  demandé  une  entrevue.  Je  regarde  cette 
démarche  comme  une  marque  de  faiblesse  de  la 
pan  de  nos  ennemis.  J  ai  cru  devoir  la  lui  accorder 
et  lui  parler  en  présence  de  mon  éiai-major. 
S  il  ouvre  la  bouche  pour  parler  capitulation  ,  je 
la  lui  fermerai  sur  le  champ  ,  en  lui  répondant  en 
vrai  républicain  ;  si  c'est  pour  autre  chose  ,  je  le 
laisserai  dire.  Qujnd  des  ennemis  cherchent  à 
parlementer  ,  c'est  qu  ils  connaissent  leur  faiblesse. 
Il  y  a  apparence  que  1  hiver  leur  fait  peur. 

Le  but  des  chefs  ennemis  dans  cette  circons- 
tance était ,  sans  doute  ,  de  prend  e  connaissance 
de  la  contenance  de  la  garnison  ;  d'efFrayet  ,  par 
le  récit  des  désast;es  d'Italie  ,  peut-être  aussi  de 
chercher  à  séduire  les  chefs....  A  peine  arrivés 
au  fort  ,  ils  essuient  la  bordée  de*  propos  répu- 
blicains; le  soldat  cne  :  Malte  eu  la  mort  !  Plutôt 
périr  que  de  capituler;  enfin  ,  les  amiraux  parle- 
mentaires nepeuventprolérer  un  moi  de  ce  qu'ils  se 
proposaient  de  dire.  Après  beaucoup  de  politesse,, 
ils  se  retirent  avec  la  honte  d'une  démarche  inti- 
tile  ,  marchant  au  milieu  dune  haie  de  soldats  qui, 
à  lue  tête  ,  les  invitent  à  l'assaut.  La  garnison  de  la  , 
ville  répond  à  ces  cris  par  un  mouvement  spon- 
tané.,. Les  tambours  battenl  qa  ira. 

Le  i"  vendémiaire  an  ^  ,  célébration  de  l'an- 
'piversaire   de   la  fondation    de  la   république. 

Les  détails  suivans  établissent  la  situation  de 
la  place  à  celte  époque  principale. 

L'espèce  d  épidémie  qui  régnait  sur  la  ganiison 
avait  diminué  avec  les  chaleurs.  Le  nombre  des 
malades  néiaii  plus  que  de  280. 

Le  blocus  était  toujours  formé  psr  les  vaisseaux 
portugais,  trois  anglais,  2  frégates,  ï  cervelles 
et  2  bricks. 

Du  côté  de  terre  quelques  troupes  anglaiseî 
avaient  renforcé  l'armée  des  rebelles. 

La   population    de   la  ville  ,   par  suite  des  éva» 
cuations  ,  ne  s'élevait  plus  qu'à  9,000  âmes. 
Les  magasins  contenaient  encore 

Du  bled   pour  8  mois. 

Lard  el  bœuf  pour  4 

Vin  pour  3 

Vinaigre  pour  3 

Haricots  pour  5 

Eau-de-vie  pour  4 

Les  denrées  du  commerce  étaient  déj.î  monléeâ 
à  un  prix  excessif;  on  en  peut  juger  par  le  tarif 
ci-apràs  : 

La  poule  ,  prix  60  francs. 

Une  paire  de   pigeons  24 

Un  lapin  12 

Un   œuf  16  .sous. 

Une  laitue  i8 

Viande  de  cheval  s  fr.  la   livre. 

Un  rai  3 

Poisnon  C  ff.  la  livi«« 


«i8 


Du  ï3  vendfrtftairf.  IJn  avif<)  a/rivj  de  ^o«Ip,a.      JLej  di?»enteti«5  se  déclarent?  les  titttnes  ac 
Il   ranime  Tespoir  par   la  nouvelle  que  le  gou-     vident  ;  l'eau  commence  à  manquer, 
vcrneraeat  lait  de*  préparatifs  pour   le  ravuaiJ- 


lement. 

Septième  sommation  de  la  part  de»  ennemis 
Septiemejréponse  négative  de  la  part  du  général 
Vaubois. 

Du  «4  vendémiaire.  Un  autre  aviso  arrive;  il 
apporte  la  nouvelle  des  victoires  de  Massena 
en  Suisse,  de  Brune  en  Hollande  et  de  l'armée 
d'Egypie  à  Aboukir. 

Du  3o  frimaire.  Les  distributions  de  vin  et 
d'eau-de-vie  cessent.  Le  peu  de  vin  qui  reste 
est  réservé  pour  1  hôpital.  L'eau-de-vie  ne  se 
délivrera  que  pour  des  travaux  extraordinaires. 

Du  9  pluviôse.  Le  contre-amiral  Villeneuve 
propose  de  faire  partir  la  marine. 

Un  ordre  du  goiivemement  portait  que  la 
marine  de  Malle  ne  partirait  que  quand  le  convoi 
annoncé  serait  arrivé.  Les  marins  prêtaieni  un 
secours  trop  utile  pour  qu'on  ne  difFéiât  pas 
encore  à  prendre  ce  paiti  extrême. 

Du  lï  ventôse.  L'anglais  s'empresse  de  prévenir 
le  général  Vauhois  du  désastre  arrivé  à  la  division 
aux  ordres  du  contre-amiral  Perrée ,  qui  était 
déjà  en  vue  de  MjIic.  La  mort  de  Perrée  ,  la 
prise  des  généraux  de  la  Badine  et  du  Commerce 
de  Marseille  sont  une  nouvelle  bien  triste  pour 
ia  garnison. 

Du   n  ventôse.  Arrivée  de  la   corvet'c    la  Bel- I  .^ 
lonne  ,    de  Marseille,   Sa  cargaison  apporte  qùel- 
qu'amélioration  dans  la  situation  de  la  oarnison. 
L'urgence  des  besoins  fuit  monter  le  prix  de  cette 
cargaison  à  58o  mille  tr. 

Sur  la  démande  réitérée  du  conlre^amiral  Ville- 
neuve ,  et  sur  l'avis  d'un  conseil  de.  guerre 
tenu  pendant  trois  jours  consécutifs  ,  on  se  dé- 
cide au  départ  du  Guillaume  Tell.  Le  contre- 
amiral  Decrès  le  monte.  Il  est  ctiaigé  d'aller  dé- 
clarer au  gouvernement  français  que  la  place 
ne  peut  tenir  que  jusqu'en  prairial,  et  de  solliciter 
des  secours  dont  le  prompt  envoi  puisse  préve- 
nir l'époque  fatale. 

Du  is  germinal.  Par  suite  de  l'empressement 
de  l'ennemi  à  apprendre  à  la  garnison  les  rnau- 
Vaites  nouvelle»  ,  on  ne  larde  pas  être  instruit  de 
là  pjise  du  Guillaume  Tell. 

Ce  malheur  aggrave  encore  la  tristesse  que  la 


L'officier  a  vendu  tout  ce  qu'il  avait.  Il  ne  lui 
resie  que  ce  qu  il  a  sur  l,e  coi'ps. 

Du  29.  C'est  dans  ce  triste  état  que  la  garrjison 
reçoit  la  huitième  sommation  de  se  rendre.  Celte 
sommation  n'obtient  eijcore  que  la  réponse  sui- 
vante : 


Au  commandant  les  troupes  anglaises  dans  l'île.  — 
29  messidor. 

J'ai  reçu  ,  monsietir ,  la  sommation  que  vous 
m'avez  fait  l'honneur  de  ra'envoyer  hier ,  s8  mes- 
sidor. Nous  ne  pouvons  nous  rendre  aux  propo- 
sitions que  "yous  nous  faites.  Vous  croyez  que 
nous  avons  satisfait  à  cç  que  le  service  de  notre 
patrie  exige.  Nous  sommes  bien  éloignés  de  par- 
tager votre  sentiment ,  nous  croyons  avoir  encore 
beaucoup  à  faire.  L'attaque  de  Malte  exige  une 
grosse  armée  ;  noire  situatiotj  peut  se  prolonger 
bien  loin  ,  et  nous  ne  commettrons  pas  le  crirnè 
de  l'abréger  Un  instant.  Notre  résistance  nous 
acquerra  siàrement  votre  estime. 

J'ai  l'honneur  ,  etc. 

Siené ,  Vaubois. 

Cependant  tout  le  mois  de  thermidor  s'écoule 
sans  qu'aucun  bâiîment  soit  entré. 

Le  reste  des  provisioris  se  consomme.  On  a 
tué  tous  les  mulets. 

Au  i''  fructidor  on  n'a  du  blé  tout  au  plus 
jusqu'au    i5.  - 

La  garnisr-n  perd  tout  espoir  d'être  secourue. 

Le  général  Vaubois  persuadé  qu'il  oe  pourra 
sauver  cfans  la  capitulation  les  deux  frégates  , 
la  Diane  ei  la  Justice  .  ie  résout  à  les  faire  partir. 
Il  ne  garde  de  leur  équipagt<iue  ceux  des  canoii- 
nicrs  qui   sont  à  des  postes  essentiels. 

Du  i5  fructidor.  Enfin  il  n'y  a  plus  de  blé  que 
pour  cinq  jours. 

Le  conseil  de  guerre  convoqué  s'assemble  ,  et 
le  résultat  de  sa  délibération  est  la  1 
qu'on  adresse  : 

Au  commandant   des    troupes  anglaises  dans    l'île 
de  Malte.  \ 

Du  iT  fructidor  an  8. 

Par    votre  lettre  ,  datée  du   17  juillet  dernier. 


lettre  suivante 


une  Iroupe  qu'on  peu{  conduire  par  tout  contre 
les   ennemis    de    la   république  ,  quoiqu'elle   ail 
grand  besoin  de  repos. 
Jteceyez  le?  respects   d'un  républicain  désolé. 
Signé  ,  Vaubois, 

Erratum  à  la  feuille  du  «5  ,  article  Malte ,  page 
B14  ,  i"^'  colonne  ,  5=  alinéa  ,  un  autre  événement 
concourt  au  succès  de  ce  jour.  11  apporte  une 
cargaison  ,  etc.  lisez  :  un  autre  événement  con- 
court au  succès  de  ce  jour.  Un  bâtiment  génois , 
cap.  Cavazza  ,  entre  dans  ie  port.  Il  apporte  une. 
cargaison  ,  etc. 


MINISTERE    DE   LA    MARINE. 

Extrait  d'une  lettre  du  cpmmissaire  principal  de 
marine  de  Dunkerque,  préfet  maritime  ,  par  inté- 
rim ,  du  i"  arrondissement .,  en  date  du  «i  bru- 
maire an  9i 

Hier,  à  la  marée  du  soir,  la  batterie  flottante, 
le  Jonger-Slexiiigh  ,  se  disposait  à  rentrer  dans  le 
port ,  elle  était  sous  voile  ;  mais  la  forie  brise  du 
S.  S.  O  ,  variable  au  S.  O.  ,  ne  lui  a  pas  permis 
d'achever  ce  mouvement  et  elle  a  été  contrainte' 
de  mouiller  de  nouveau  à  6  heures  ;  un  cable 
de  10  pouces  lui  a  été  expédié,  e)  aujourdhùi 
iine  ancre. 

La  batieiie  flottante,  la  République,  qui  s'est 
perdue  à  la  hauteur  de  Zudschooje  ,  eU  jcntiére- 
ment  dégréé. 

Le  navire  américain  qui  était  chargé  de  tabac , 
et  que  la  tempête  du  18  avaii  forcé  d'appareil  ec 
de  la  rade  de  Dunkijrque,  s'est  pefdp  corps  et 
biens  près   Ostende, 

Signe    EvçN. 
Four  extrait  conforme  , 

Le  ministre  de  ta  marine  et  des  colonies. 
Par  ordre  en   l'absence. 

Signé  ,  RÉGNIER  ,  ihef  du  fecrétariat. 


oerte  du  convoi   de  Perrée  a  jetée   dans  la  gar-  1  vous   me    propose/,    monsieur ,  d'envoyer  à  la 


Le  général  Vaubois  renouvelle  ses  tentatives 
pour  faire  conaitre  au  gouvernement  la  situation 
désespérée  de  Malte.  Il  emploie  à  cet  effet  diffé- 
rentes voies. 

Du  2  floréal.  On  distribue  un  secours  de  24  fr. 
par  tête  aux  officiers. 

Du  sî.  Un  écu  est  donné  à  chaque  soldat ,  à 
titre  d«  secours. 

Du  19  prairial.  La  situation  de  la  place  s'ag- 
erave  ;  les  magasins  s'épuisent.  Le  moment  des 
grandes  privaiions  est  venu.  Pendant  ce  mois  , 
un  des  plus  durs  de  toufle  blocus  ,  on  n'a  que 
du  pain  pour  toute  riourriiure. 

Du  20.  Le  pelit  bâtiment  la  Marguerite  ,  por- 
teur du  cit.  Renai  ,  adjoint  aux  âdjudans-géné- 
raux  ,  entré  etifin  par  ipiracle  à  travers  les  bâd- 
Ujçns  ennenùs.  Il  vient  prolonger  de  quelques 
i<3urs  >'e»istpnce  de  la  garnison. 

L'adjoint  Rémi  présente  l'acte  constitutionnel 
de  l'an  8.  La  garnison  s'assemble  et  accepte  cet 
«cte  à  l'unanimité. 

Du  Y  juin  1800.  Le  général  anglais  Graham  , 
déclare  qu'il  ne  recevra  plus  les  habitans  que  le 
général  français  voudra  désormais  mettre  hors  de 
fa  place.  Malgré  cette  déclaration  ,  le  général 
Vaubois  se  trouvait  forcé,  parla  jpçnurie,  d'en 
faire  soit'r  encore  2700. 

11  réclame  auprès  du  général  anglais  contre  la 
dureté  de  son  procédé  ,  et  persuadé  que  les  anglais 
n'auront  pas  la  barbarie  de  repousser  miliiaire- 
ment  les  malheureux  dont  il  s'agit  ,  il  orc^onne 
l'exécution  dé  l'évacuation  projetée. . .  Les  anglais 
fpnt  feu  !  leurs  victimes  ,  après  jivoir  passé  un 
jour  et  une  nuit  dans  les  fosses  des  tJuyrages 
extérieurs  ,  espérant  que  leurs  compatriotes  des 
campagnes,  leurs  amis  ,  leurs  parens  ,  fléchiraient 
les  anglais  ,  rentrent  dans  ta  ville.  Les  volontaires 
français  leur  portent  des  vivres. 

Du  i*'  messidor.  On  entame  le  chargement  du 
bâiimentsur  lequel  le  citoy«n,.Bejai  estjrriivé.  ,La 
cargaison  comportait  tout  au  plus  pour  quinze 
jours  de  vivres  ;  on  en  règle  l'emploi  de  nianiere 
a  ce  que  ces  quinze  jours  puissent  faire  six 
semaines. 

Du  3  messidor.  Arrivée  de  la  felouque  la  Légère , 
expédiée  par  le  ministre  de  la  guerre.  Les  bonnes 


Valette  un  officier'de  marque  pour  traiter.  L'hon- 
neur me  permet'de  le  recevoir,  si  vous  persistez 
à  ce  qu'il  se  présente,  je  vous  garantis  qu'il  sera 
reçu  et  respecté  comme  doit  I  être  un  officier 
revêtu  du  caractère  qu'il  aura.  Entrant  dan?  ce 
moment  en  négociation; pour  capituler  ,  je  voits 
préviens  que  je  viens  de  donner  ordre  pour 
qu'on  cesse  toute  hostilité.  J  espère  que  vous 
voudrez  bien   en   donner  de   semblables. 

J'ai  l'honneur  d'être  ,  Signée  Vaubois. 
"  La  dépêche  suivante  ,  écrite  parle  général  Vau- 
bois au  ministre  de  la  guerte,quelques  jours  avant 
que  la  résolution  de,  capituler  fût  prise  ,  achever» 
l'exposé  de  la  situation  de  Malte  au  moment  de 
sa  reddition. 

Au  ministre  de  la  guixn.  —  i"  fructidor. 
Citoyen  ministre  , 

Jusqu'à  ce  jour  ,  les  précautions  prises  par 
le  gouvernement  pour  nous  ravitailler  ont  été 
infructueuses.  Nous  sommes  au  pain  seul  depuis 
le  i5  thermidor,  et  ce  pain  va  nous  manquer  , 
nous  n'en  avons  plus  que  jusqu'au  so  du  cou- 
rant ,  il  faudra  que  j'entre  en  négociation,  le  l5, 
si  rien  ne  nous  arrive.  Vous  ne  pouvez  vous 
peindte-le  désespoir  de  cette  brave  garnison  ,  qui 
ne  voitauciin  fruit  des  travaux  et  des  privations 
qu'elle  a  supportées  pendant  deux  ans,  sauf  la 
gloire  qui  ne  peut  lui  être  enlevée. 

Je  partage  sa  façon  de  penser ,  et  il  ne  faut  rien 
moins  que  l'impossibilité  physique  pour  me  ré- 
soudre à  capituler  ;  mais  nulle  espèce  de  ressource  : 
l'ennemi  n'a  point  de  magasins  :  il  tient  sur  des 
bâtimens  le  peu  de  subsistances  quil  fournit  à 
l'ile.  Il  n'est  donc  aucun  moyen  de  résister  à  la 
plus  entière  famine.  C'était  pendant  le  premier 
hiver  surtout  qu'il  fallait  nous  fournir  de  quoi 
lasser  l'ennemi.  Dès  les  premiers  jours  du  siège 
nous  avons  su  nous  réduire  à'irè*-peu  de  chose. 
Nous  espérons  tous  que  la  Fraijce  rendra. justice 
à  noire  conduite  ;  mais  cela  ne  satisfait  pas  de 
bravçs  gens  moius  occupés  d'eux  qne  de  leur 
patrie. 

Je  compte  demander  qu'on  nous  conduise  à 
Marseille.  Si  nous  obtenons  ,  comme  je  l'espère  , 
de  rentrer  en  France  ,  nous  pensons  que  vous 
voudrez  bien  donner  des  ordres  pour  que  nous 
y  trouvions  des  à-comptes  d'appointemens  de 
solde.  Que  deviendraient  ces  pauvres  officiers 
à   qui  il   ne  reste  aucun    moyen   d'existence ,  et 


nouvelles    de    France   raniment   le   courage   des     quinesonlpasvàlus?La  troupe  aussi  n'a,surle  corps 
assiégés,  et  soutiennent  leurs  espérances.  |  que  des  habiis  de  toile.  L'entrée  de  la  saison  rigou- 

Du  22.  Toutes  les  provisions  de  bois  sont  épui-  leuse  lui  rend  nécessaires  des  habits  de  drapa  son 
ïées  ;  pour  n'en  pas  manquer  absolument  ,  on  arrivée.  Si  nous  obtenons  toutes  les  conditions 
dépèce  la  fiégate  la  Boudeuse.  \  hot^otables  que  je   dematrderai ,  il  vous  restera 


Le  corsaire  le  Cygne  de  Boulogne  ,  capitaina 
J.  B.  Pollet  ,  a  pris  et  conduit  dans  ce  port  le  i3 
prumaire,  deux  bricks  anglais  chargés  de  bois  de 
construction;  l'un  se  nomme  le  'Violet,  de  Withby, 
capitaine  Harrison,  et  l'autre  k  Whiby,  de  Whiby, 
capitaine  Coole. 

Le  corsaire  (Impromptu  du  même  port  (Bou- 
logne )  ,  y  a  conduit  le  14  un  autre  brick  anglais  ,' 
sur  son  lest ,  norpmé  la  Marie  et  Marguiritt  de  6 
canons  de  3  liyies  ,  qu'il  avait  captuié  ie  même 
jour. 

CONSEIL- D' ÉTAT. 

Suite  du  rapport  et  projet  de  loi  sur  finstructiort 
publique  ,  présentés  au  conseil- dî état ,  section  de 
l'intérieur ,  par  J.  A.  Chaptal. 

PROJET  DE  LOI  SUfl  l'iNSTRIJCTION    PUBLIQUE. 

TITRE    PREMIER 

Division  de    (instruction   publique. 

Art- 1".  Il  y  aura  tr.oi»  degrés  d'instruction  pu- 
blique en  France  : 

A  cet  effet,  il  sera  créé  des  écoles  municipales  ; 
des  écoles  communales  ;  des  écoles  spéciales. 

II.  Les  écoles  municipales  ont  pour  objet  de 
de  donner  la  première  instruction  nécessaire  à 
tous. 

Les  citoyens  chargés  de  cet  enseignement  s'ap- 
peleront  rnaUres  £écple. 

III.  On  enseignera  ,  dans  les  écoles  ctmmunales , 
les  connaissances  premières  nécessaires  à  ceux 
qui  sont  appelés  à  remplir  des  fonctions  publi- 
ques ,  à  exercer  dçs  professiops  Iftérales ,  ou 
à  vivre  dans  les  classes  éclairé.es  de  la  scjcjété. 

Les  citoyens  chargés  de  cette  portion  de  l'ins- 
truction publique,  porteront  le  nom  d'instituteurs. 

IV.  Les  écoles  spéciales  sont  consacrées  à  l'en* 
seignement  exclusif  d  une  science  ou  d'un  art. 

Les  maîtres  de  cet  enseignement  auront  le  litre 
de  professeurs. 

V.  Un  institut  national  (  créé  par  l'article 
LXXXVIII  de  la  constitution  )  est  chargé  de 
recueillir  les  découvertes ,  d^  perfectionner  le* 
sciences  et  les  arts. 

VI.  L'ipstruciiot)  publique  est  libre  en  France  : 
il  est  perinis  à  tout  citoyen  français  d'en  for-^, 
m^r  dçs  étalilissemens. 

TITRE    II. 

RÉPARTITION   DES  ÉCOLES  PUBLIQUES. 
§.      P    R    £    M    I    E    fl. 
Ec4)les  municipales. 
Art.  If.  Les  écoles  inunicipales  seront  répar- 
ties de   manière   que  l'instruction  première  soit 
possible  pour  tous. 

II.  Le  conseil  municipal  de  chaque  ville  , 
bourg  pu  village  ,  formera  la  deinande  de  l'éta- 
blissement d'une  ou  plusieurs  écoles  munici- 
pales. 


III.  La  demande  motivée  du  conseil  munici- 
pal sera  soumise  au  conseil  d'arrondissement  , 
qui   pourra   l'admettre  ou   la  rejeter. 

IV.  Le  conseil  d'arrondissement  ne  pourra  pas 
refuser  l'établissement  d'une  école  municipale 
dans  les  deux   c^s  suivans  : 

1°.  Lorsque  la  distance  du  chef-lieu  de  la 
ijuunicipajité  à  une  école  voisine  est  de  plus  de 
deux   milles  ; 

s°.  Lorsque  la  population  s'élève  à  deux  mille 
habitans  dans  les  campagnes,  et  à  trois  luille 
dans  une  ville  on  section  de  ville. 

V.  Les  municipalités  pourvoiront,  à  leurs  frais  , 
9  remplacement  de  1  école  et  au  logement  du 
jaaîue. 

^    II- 
Ecoles  communales. 

An.  I''.  Les  conseils  d'arrondissement  adresse- 
ront leur  demande,  pour  l'établissement  desefo/« 
communales  ,   au  conseil  du  département. 

II.  La  demande  du  conseil  d'arrondissement 
sera  motivée  sur  la  population  ,  le  genre  d'indus- 
trie ,  le  moniaiil  des  contri.b.u.li.OQS  et  l'existence 
d'un  local  approprié  aux  frais  de  la  commune 
pour  recevoir  lérablissement. 

III.  Les  conseils  généraux  de  département  se- 
ront tenus  de  faire  droit  à  la  demande  du  conseil 
d'arrondissement  dans  les  deux  cas  suivans  : 

1°.  Lorsque  la  population  de  l'arrondissement 
çxcede  cent  mille  âmes  ; 

9*.  Lorsque  le  chef-lieu  de  l'arrondissement  a 
plus  de  dix  mille  habitans. 

IV.  Il  pourra  y  avoir  dansParis  plusieurs  écoles 
communales  ;  le-  conseil  général  du  département 
en  déteiminera  le  nombre. 

^.11 1.\  Ecoles  spéciales. 

Les  écoles  spériales  seront  étabhes  nominative- 
ment par  la  loi  ,  ■;!  repani^s  d.t  roaniere  qu'elles 
puissent  fournir  une  insiruclion  sutiiijrue  pour 
toutes  les  professions  libérales  de  la  société." 

TITRE    I  I  L 

Organisation    générale    des   écoles    d'ins- 
truction  PUBLIQUE. 

§.    l".   Ecoles  municipales. 

An.  I''.  Les  élevés  ne  seront  reçus  dans  les 
écoles  municipales  que  depuis  lâge  de  six  ans 
jusqu'à  celui  de  douze. 

II.  Dans  les  écoles  municipales  ,  on  apprendra 
à  lire .  écrire  et  chiHrcr. 

On  y  terminera  l'instiuction  par  les  principes  et 
la  pratique  de  l'arpentage  et  du  tQisc. 

III.  L'enseignement  sera  gradué  dans  les  écoles 
municipales. 

Il  y  aura  trois  degrés  d'iastruclion  dans  chaque 
école  : 

Le  premier  aura  pour  but  d'apprendre  à  lire  ; 
le  second,  à  écrite  ;  le  troisième,  à  chiffrer, 
arpenter  et  toiser. 

IV.  Le  mdîire  d  école  donnera  à  tous  les  élevés 
dps  leçons  de  morale  ,  et  leur  expliquera  la  cons- 
^itupon. 

V.  Le  tems  des  leçons  ,1e  séjour  dans  l'école , 
l'époque  et  la  durée  des  vacances  ,  seront  réglés 
par  le  conseil  municipal. 

VI.  Il  y  aura  congé  tous  les  quintidis  et  décadis, 
de  même  que  le»  jours  de  lêles  nationales. 

^.11    Ecoles  communalts. 

Art.  I".  Les  élevés  ne  seront  r^.çus  dans  le? 

écoles    communales ,    qu'au-dessus    de    1  âge  de 

dix  ans  ;  et  nul   ne  pouira  y   êire  admis  s'il  oe 
sait  lire  ,  écrire  etchiffier. 

II.  Le  cours  d'éiudet  ,  dans  chaque  école  com- 
munale ,  sera  de  quatre  années. 

III.  Dans  chaque  école  communale  ,  l'instruc- 
tion sera  divisée  en  cinq  classes. 

Pans  la  preiqiere  ,  on  enseignera  la  grammaire 
française  et  les  principes  de  la  langue  latin;  ;, 

Dans  la  seconde  ,  on  continuera  ces  deux 
éludes  ,  et  on  y  joindra  les  premiers  élémens  de 
l'histoire  naturelle  et  de  la  géographie  ; 

Dans  la  troisième ,  outre  la  continuation  de 
l'étude  des  langues  ,  on  apprendra  les  élémens 
des  mathématiques  et  de  la  physique  ; 

Dans  la  quatrième  ,  on  s'occupera  essentielle- 
ment de  la  littérature  ancienne  et  moderne  ,  et 
l'on  continuera  les  études  précédentes. 

Dans  les  villes  dont  la  population  est  au-dessus 
de  trente  mille  habitons,  il  y  aura  une  cinquième 
classe  dans  laquelle  on  enseignera  la  chimie  et  la 
physique  expérimentale. 

Il  y  aura  un»  classe  particulière  pour  le  dessin  , 
qui  sera  ouverte  a  ions  les  élevés  de  l'école  pen- 
dant les  quatre  ou  cinq  année»  de  scolarité. 

IV.  Un  seul  instituteur  sera  attach  éà  chacune 
de  ce»  classe*. 

V.  Aucun  élçve  entrant  dan»  l'école ,  ne 
pourra  être  reçu   dans   l'une  ou  l'autre  de  ces 


I  2ig 

classes  ,  qu'après  que  le  directeur  de  l'école  aura 
.constaté  son  degré  d  instruction  par  un  examen 
préalable. 

VI.  Les  éludes  seront  d'une  nnnée  dans  cha- 
cune de  ces  (judire  premières  cla,ss>  »  ;  ri  nul  ne 
pouira  éite  admis  à  une  c|asse  supérieure  ,  que 
d'après  un  examen  sur  l'a'pâuie  d  instruction 
qu'on  donne  dans  la  classe  qui  est  au-dessous. 

VII.  Les  conseils  d'arrondissement  et  de  dépar- 
tement pourront  ,  selon  les  localités  ,  ajouter  à 
l'instruction  ci-dessus  l'enseignement  de  quelques 
langues  vivantes. 

VIIL  ,  Dans  chaque  école  commun.ile  ,  il  y 
aura  Un  directeur  chargé  de  surveiller  l'ensei- 
gnement et  de  maintenir  le  bon  ordte.  Il  don- 
nera des  leçons  de  morale  deux  foir  par  décade. 

IX.  Les  écoles  communales  varjucront  les  quin- 
tidis et  les  décadis  et  d.p'uis  le  i5  tliermidor 
jusqu'au   1"^  vendémiaire.      •' 

X.  Il  sera  fait  des  iréglernens  particuliers  par 
le  gouvernement,  pour  déterminer  les  heures 
des  leçons,  la  policé  de  l'école,  le  mode  de 
tous  les  examens  ,  etc. 

§  I  I  I. 

Ecoles    spéciales. 

Art.  P^  Nul  ne  sera  reçu  dans  une  école 
spéciale  ,  s  il  n'est  instruit  de  tout  ce  qui  s  en- 
seigne dans  les  écoles  communales.  Chaque  élevé 
subira  ,  à  cet  effet  ,  un  premier  exa.uen  d  ad- 
mission. 

II.  Nul  ne  pourra  être  admis  dans  une  école 
spéciale  ,   s'il   n'a   atteint  l'âge   de   stize  ans. 

III.  Sont  seuls  exceptés  des  dispositions  ci- 
dessus  ,  les  élevés-  des  écoles  de  (tessiri  ,  mu- 
sique et  art  véiériaaire  .  lesquels  ne  sont  tenus 
que    de   savoir   lire  ,    écrire  et   chilficr. 

IV.  Les  professeurs  de  chaque  école  se  réuni- 
ront en  conseil  au  moins  une  fois  par  décade  , 
pour  délibérer  sur  tout  ce  qui  a  rapport  à  l'ins- 
truciion  qui  leur  est  confiée  ;  ils  nommciont  , 
tous  les  ans  ,  dans  leur  sein  ,  un  direcieur  qui 
sera  chiirgc  de  l'administiaiion  ,  surveillance, 
correspondance  ,  el  de  la  icnue  du  regisue  des 
élevés. 

V.  Il  sera  fait  par  le  SP"^^ ''nement  ,  pour 
chaque  école  spéciale  ,  des  réglemens  pour  dé- 
terminer l  ordre  de  l'enseignement  ,  fixer  l'épo- 
que des  cours  et  les  heures  des  leçons  ,  et  as- 
surer une  bonne  poljce   d^^s   cluque  écple. 

T  I  T  R  E     ly. 

INOMINATION    DES    MAITRES. DE    l'iNSTRUCTION 
-   ^   PUBLIQJUE^     .:.. 

Art.  I".  Nul  ne  pourra  exercer  des  fonctions 
dans  I  instruction  publique  ,  s'il  n'est  ciioyen 
français  ,  ou  admis  à  le  devenir,  s  il  n'a  fait  sa 
promesse  de  fidéliié  à  la  cons.tiluiion  .  et  s'il 
n'a  déclaré  à  l'aul.-îriié  civile  du  lieu  ,  q\J  il  ouvre 
une  école  d'in<truclion. 

S.       PREMIER. 

Ecoles  municipales. 
Art.   P'.  hts  maîtres  décales  municipales  iewnt 
nommés    par  le  conseil  municipal  ,    réuni    à   un 
nombre   égal  de   pères    de    lamille   désignés  par 
le  maire. 

II.  Cette  nomination  devra  être  confirmée  par 
le  sous-piéfet  ,  qui,  en  cas  de  refus,  est  tenu 
de  le  motiver. 

III.  Dans  le  cas  oii  le  sous-prétet  refuse  de  con- 
firmer la  nomination,  le  conseilmutiicipalpiésenie 
un  second  candidat. 

S-    II- 

Ecoles  normales. 

Art.  P'.  Les  nominations  aux  places  d'insti- 
tuteur dans  les  écoles  communales  ,  seront  fjiies  à 
Paris  ,  ou  dans  le  déparitmenl  ovi  la  place  est 
vacante. 

II.  Seront  nommés  à  Paris,  i°  les  instituteurs 
d'histoire  naturelle  ,  ou  de  la  seconde  classe  ; 

9°  Ceux  de  physique  et  chimie,  ou  de  la  cin- 
quième classe  ; 

3"  Ceux  de  littérature  ancienne  et  moderne ,  ou 
de  la  qtïBiiiemc  classe  ; 

4°  Les  instituteurs  du  dessin.' 

Les  premitTs  seront  nommés  par  les  profes- 
seurs d'histoire  naturelle  à  l'école  spéciale  du  jardin 
des  plantes;  le»  seconds  et  les  troisièmes,  par 
les  professeurs  de  l'école  spéciitie  de  littérature  et 
sciences  physiques  et  mathématiques  [  collège  de 
France);  les  quatrièmes,  par  les  professeurs  de 
l'école  spéciale  des  arts  du  dessin. 

III.  La  vacance  de  l'une  de  ces  pièces  sera 
annoncée  au  ministre  de  l'intérieur  par  le  préfet 
du  département  ;  le  ministre  en  préviendra  1  école 
qui  doit  nommer  ,  et  déterminera  le  jour  au- 
quel les  candidats  pourront  se  présenter  au  con- 
cours. 

IV.  Les  professeurs  présenteront  au  gouverne- 
ment celui  des  concurrens  qu'ils  auront  jugé  le 
plus  capable  ,  «t  il  lui  sera  délivré  un  diplôme 
d  instituteur. 


V.  Seront  nommés  dans  les  départemc-ns  tous 
instituteurs  non    compris  dans  l'ariiclee  IL 

VI.  Pour  procéder  à  la  nomination  d  un  ins», 
ntutcur  dans  un  dépanenient ,  il  sera  créé  ,  par 
le  préfet,  un  jury  composé  de  trois  citoyens 
distingués  par  leurs  connaissances  et  leur  mo- 
ralité. 

VII.  Ce  jury  sera  renouvelé  par  tiers  chaque 
année. 

Vin.  Du  moment  oà  une  place  sera  vacante, 
le  préfet  en  instruira  le  jury,  et  déterminera  le 
jour  du  coiicours. 

IX.  Le  concours  n'aura  lieu  qu'autant  que  le 
jury  ne  trouverait  point ,  parmi  les  éleVes  sala- 
riés du  pensionnat  (titre  VIII),  un  citoyen  ca- 
pable de  remplir  la  place  vacante. 

X.  Leprélet  adressera  au  ministre  de  l'intérieur 
le  nom  du  candidat  proposé  ,  pour  qu'il  lui  soit 
expédié  un  diplôme  d'instiiuieur; 

XI.  Le  mode  d'examen  ou  de  concouis  .  tant 
a  Paris  que  dans  les  départemens  ,  sera  léglé  par 
le  gouvernement. 

XII.  La  nomination  du  directeur  de  chaque 
école  communale  sera  faite  par  le  conseil  dar- 
rondisseraent ,  cl  confiunée  par  le  gouvernement. 

§    III.    Ecoles   spéciales. 

Art.  I'^.  Les  premières  nominations  aux  places 
de  professeurs  dans  celles  des  écoles  spéciales  qui 
ne  sont  pas  encore  établies  ,  seront  laites  par  lé 
gouvernement. 

II.  Les  rerapjacemens  aux  places  de  profes- 
seurs dans  les  écoles  spéciales  se  feront ,  par  la 
suite  ,  .dapiès  un  concouis  public  ouvert  dans  le 
sein  de  I  école  ,  à  l'époque  et  d'après  le  mode 
réglé  par  le  gouvernement. 

Les  professeurs  seront  juges  du  concours  ,  et 
présenteront.an  gouvernement  ,  pour  eh  obtenir 
un  diplôme  de  prolesseur,  celui  des  concur- 
rens qui  aura  paru  le  plus  capable. 
_  III.  Les  directeurs  attachés  à  quelques-unes 
des  écoles  spéciales  où  ils  n'exercent  point  les 
fonctions  de  professeurs  ,  seront  nommés  par  le 
gouvernement. 

T  I  T  R  E    V. 

Destitution   des    maîtres   de   l'instruction 
publique. 

Alt.  I"^.  Les  maîtres  d'école  pourront  être  ré-; 
voqués  par  le  conseil  municipal.  , 

II.  Les  instituteurs  pourront  être  stispendus 
de  leurs  fondions  par  lejury  :  leur  deititution 
ne  pourra  être  prononcée  que  par  le  gouverne- 
ment ,  et  après  avoir  entendu  I  accusé. 

III.  Les  piofesseurs  ne  seront  destitués  que  sur 
l'avis  d'un  jury  nommé  par  le  gouvernement,  et 
Composé  de  cinq  membrespris  par  les  professeurs 
de  (Tinq  écoles  spéciales. 

Ce  jury  entendra  l'accusé. 

T  I  T  R  E    VL 

traitement   des  maîtres  de  l'instruction 
publique. 

§.  I"'.  Ecoles  municipales. 

Art.  \".  Le  traitement  des  maîtres  d'école  sera 
i-églé  d'après  la  population  ,  et  danria  proportioii 
suivante  :  .  , 

Dans  les  villes   /  5ooo  habit,  et  au-dessous.     40b  f. 
bourgs  ou  vil-  I   5ooo  à  l5ooo.  .......     5oo 

lages  ,  dont  la  (    i5ooo  à  3oooo 600 

population  est   )  3oooo  à  5oooo 800 

de V  au  -  dessus 1000 

II.  Ce  traitement  sera  payé  moitié  par  Tarron- 
dissenieut  communal  ,  -iur  les  centimes  addi- 
tionnels, et  le  surplus  sera  fourni  par  la  muni- 
cipalité ,  d'aptes  les  arrangemens  qui  seront  faiis 
entre  le  conseil  municipal  réuni  à  un  nombre 
égal  de  pères  de  famille  ,  et  le  maître  d'école. 

III.  Les  maîtres  d'école  ne  pourront  pas  se 
refuser  à  servir  de  secrétaires  aux  maires  des  cam- 
pagnes .  pour  la  tenue  du  registre  d»  l'état  civil. 
Ils  ne  pourront  exiger  aucun  salaire  pour  ces 
fonctions. 

^  II.  Ecçles  communales. 

Art.  l".  Le  traitement  des   instituteurs  sera  fixé 
(d'après    la  population    de  la  ville    oià  est  formé 
l'établissement,  et  dans  la  propoition  suivante.-, 
{  5ooo  habit,  et  au-dessous,  lioa  f. 
Dans     les  \  5ooo   à    i5ooo.  ......  i5oo 

villes  dont  la    )  i5ooo  à  Soooo. j8«fo 

population    \  3oooo  à  ioooo.  ......  aooo 

est  de.  ...»  5oooo  à   looooo 2200 

(^  looooo'  et    au-dessus.  .  .  ï5oo 
IL  Ce  traitement  sera  pris  moitié  sur  les  cen- 
times additionnels  de   l'arrondissement   ,    moitié 
sur  ceux  du  déparlenient. 

III.  Dans  le  cas  où  il  existerait  des  revenu» 
affectés  à  l'instruction  publique  dans  un  a.ron-- 
dissemcnt ,  il  ne  sera  ))ris  sur  les  centimes  que  le 
suipius  de  la  somme  nécessaire. 

IV.  Le  traitement  du  directeur  de  l'école  sera 
d'une  moitié  en  «us  de  celui  d'un  instituteur. 


2520 


§  II.  Ecoles  spéciales. 

At-  P'.  Les  piol'esseul-s  des  écoles  spéciales 
scroijt  payéf  par  le  liésor  public,  et  dans  la  pro 
portion  suivante  : 

Kg  T  d*  niédecine , 2000  f. 

o  'Y'tie'  'lép,isîalion 2000 

n'  J  de  l'ctole  des  ans  du  dessin  .  .  .  2^00 
j»  \  de  l'ccolé  de  musique  à  P.iris  .  .  2200 
c    ^   des  six.  écoles  de  musiijue  des  dé- 

*"    (_     ,  parietpicns 1000 

Les  professeurs  de  chacune   des  autres 
écoles  spéciales 5ooo 

II.  Les  professeurs  de  médecine  et  de  législa- 
tion percevront,  outre  ,  le  traitement  fixe,  un 
traitement  éventuel  fourni  par  chaque  élevé. 

III.  Le  traitement  éventuel  sera  de  5oo  francs 
par  élevé  pour  tout  le  teras  de  scolarité.  îl  sera 
payé  par  parties  égales  ,  de  trois  mois  en  trois 
mois. 

(  La  suite  demain.] 

TRIBUNAUX. 

Au  moment  oii  de  nouveaux,  tribunaux  d'appel 
Vicnticni  d'être  organisés  sur  un  plan  infiniment 
plus  sage  que  le  précédent ,  il  est  utile  de  faire 
connaître  une  décision  importante  que  le  tribunal 
de  cassation  vient  de  rendre  concernant  leurs 
pouvoirs. 

L!ii  giand  procès  divisait  ,  depuis  plus  d'un 
siècle  deux  familles  considérables  de  la  Belgique. 
Il  était  resté  indécis  pendant  près  de  cent  ans  à 
i  ancien  conseil  de  Brabant ,  par  i'efFet  de  lettres- 
de-cachet  ,  qui  ,  à  diverses  reprises  ,  en  avaient 
Interdit  le  jugement.  Depuis  la  réunion  de  la 
Belgique  à  la  France  ,  les  héritiers  de  la  partie 
soufTranie  essayèrent  de  reprendre  et  faire  juger 
au  tribunal  du  département  de  la  Dy,le  cet  ancien 
procès.  Les  héritiers  de  l'autre  partie  ,  au  lieu 
d'y  consentir  ,  se  bornèrent  à  opposer  la  péremp- 
tion d'instance  et  la  prescription.  Jugement  qui 
déclare  l'action  non  éieinte  ,  et  ordonne  de 
plaider  sur  le  fonds.  Appel.  Jugement  du  tri- 
bunal de  l'Escaui,  qui  annullé  celui  de  la  Dyle 
pour  vices  defurme,  mais  qui  ,  comme  le  pre- 
mier ,  déclare  l'action  non  éteinte  ,  ordonne  la 
reprise  de  l'instance  ,  et  ajourne  les  parties  à 
une  prochaine  audience  pour  plaider  sur  le 
fonds. 

Pourvoi  en  cassation.  Les  réclamans  soute- 
naient que  le  tribunal  de  l'Escaut  avait  excédé  ses 
pouvoirs  ,  qu'il  avait  lait  une  évocation  illégale  ,  | 
en  retenant  le  fonds  du  procès  ;  qu'il  n'avait  été  ' 
saisi  que  de  la  question  de  péremption  d'ins- 
tance ;  qu'il  ne  pouvait  statuer  sur  le  fonds  ,  n'y 
ayant  pas  encore  eu  à  cet  égard  de  jugement  de 
j''  ressort  ;  qu'il  aurait  dû  renvoyer  devant  les 
premiers  juges  ;  qu'autrement  c'était  violer  la 
règle  des  deux  degrés  de  juridiction  ,  etc. 

Ces  rnoyens  furent  plaides  avec  beaucoup  de 
foice  et  d  étendue  ,  par  le  citoyen  Pérignon  , 
assisié  d'un  autre  délenseur  distingué  de  Bru- 
xelles ,  député  tout  exprès  par  ses  pani-ea  pour 
suivre    ce    procès. 

Le  citoyen  Guichard  ,  qui  plaidant  pour  les 
défendeurs  à  la  cassation  ,  s  attacha  à  démontrer 
que  jusqu'ici  on  avait  souvent  mal  entendu  et 
faussement  appliqué  la  règle  des  deux  degrés 
de  juridiction;  que  les  réformateurs  de  nos  lois 
judiciaires  n'avaient  jamais  voulu  prescrire  autre 
chose  par  cette  règle  ,  sinon  que  les  parties  plai- 
da', es  ne  fussent  jamais  exposées  à  parcourir 
plus  de  deux  tribunaux  successifs  pour  raison  ! 
de  la  rnêinc  aHaire  ;  qu'en  défendant  les.évoca-\ 
iions  ,  ils  n'avaient  entendu  que  les  évocations  | 
de  faveur  ou  d'autorité  arbitraire,  et  non  pas  I 
les  évocations  de  droit  et  de  justice,  autorisées 
par  les  lois  anciennes  pour  l'avantage  même  des 
citoyens  ,  et  la  plus  prompte  administration  de 
la  jusiice  ;  que  du  moment  qu'il  y  avait  eu  con- 
testation au  tribunal  de  première  instance  etjuge- 
ment,  le  premier  degré  avait  été  rempli  ;  que 
peu  importait  que  ce  jugement  eût  statué  sur 
toutes  ,  otl  sur  une  seule  des  questions  de  la 
cause  ;  que  du  moment  qu'il  y  avait  eu  appel, 
cet  appel  avait  dû  nécessairement  entraîner  et 
déférer  au  tribunal  supérieur  le  procès  en  en- 
tier ;  que  le  devoir  du  tribunal  d'appel  était 
de  le  terminer  et  juger  dans  tous  ses  points  ; 
que  n'en  juger  qu'une  partie  ,  et  renvoyer  l'autre 
au  premier  juge  ,  ce  serait  d'un  seul  procès  en 
faire  plusieurs ,  ouvrir  une  carrière  sans  bornes 
à  la  chicane  ,  et  exposer  les  parties  à  parcourir 
un  nombre  illimité  de  dégrés  de  juridiction, 
sans  jamais  être  sûres  d'arriver  à  un  terme. 

Le  tribunal  de  cassation  paraît  avoir  sanctionné 
ces  principes  le  24  de  ce  mois  ,  en  maintenant 
le  jugement  attaqué. 


des  citoyens  ,  les  suites  n'ont  pas  été  auisi  fu- 
nestes que  je  le  redoutais  ,  vient  de  dévoter  , 
dans  la  nuit  du  17  au  18,  un  moulin  à  scier 
dû  bçis  ,  situé  dans  notre  port  et  placé  entre  la 
tour  des  signaux  et  les  magasins.  Ce  moulin  , 
dont  la  constiuciion  savante  ei  coûteuse  est  ache- 
vée depuis  peu  de  tems  ,  était  destiné  au  service 
de  la  marine. 

J'ai  recherché  les  causes  de  cet  accident  ;  mais 
ce  qui  nir  démontrerait  que  la  œalveillai;re  de 
nos  ennemis  serait  pour  cette  fois  en  déiaut  , 
c'est  qu  occupés  eux-mêmes  à  lutter  contre  '  la 
lempêie  ,  ils  paraissent  lui  avoir  laissé  tout  le 
soin  de  nous  donner  de  nouvelles  inquiétudes. 
Un  vent  d'ouest  .  le  plus  impétueux  qu  on  ait 
ressenti  dans  ces  parages  ,  soufflant  toute  la  nuit 
avec  une  fureur  telle  que  les  habitations  les  plus 
soliaes  de  I  Orient  en  paraissaient  ébranlées  ,  a 
brisé  les  crampons  qui  retenaient  les  ailes  volu- 
mineuses du  moulin.  Livrées  à  la  bourasque ,  il 
i^'a  fallu  que  quelques  minutes  au  frottement 
violent  des  pièces  agitées  par  elles  ,  pour  devenir 
un  incendie. 

Averti  par  la  clameur  publique  ,  j'arrivai  dans 
le  port  à  la  poinie  du  jour  ,  lorsque  les  flammes 
dévoraient  la  sommité  de  ce  moulin.  Les  maga- 
sins qu'il  dominait  fùreni  préservés  et  sauvés  par 
le  courage  et  l'activité  des  secours. 
J'ai   l'honneur  de  vous  saluer. 

J.  Charron, 


Le    commissaire  -  général   de  police   de    l'Orient,  au 
rédacteur. —   L  Orient  Je   10  brumaire,    an  9. 

Citoyen  ,  un  incendie  dont,  grâces  aux  soins 
et  à  I  activité  des  autorités    civiles   et  militaires  et 


Citoyen  ,  je  vous  prie  de  faire  connaître  au 
public  que  le  bureau  de  bienfesance  de  la  di- 
vision du  Mail  ,  qui  ,  depuis  un  an  ,  protège 
et  soutient  l'établissement  des  soupes  économi- 
ques de  la  rue  du  Mail  ,  et  qui  se  distingue  par 
son  zèle  pour  le  bien  des  pauvres  ,  vient  d'en 
donner  une  nouvelle  preuve  ,  en  prenant  cin- 
quante souscriptions  pour  former  des  établisse- 
mens  de  soupes  économiques  dans  Paris.  Le 
bureau  de  bienfesance  de  la  division  de  Brutus 
en  a  pris  quarante. 
Je  vous  salue  , 

Decandolle  ,  secrétaire  du  comité  des 
soupes  économiques. 
— 2 

La  banque  simplifiée  et  les  arbitrages  sans  calculs  , 
ouvrages  en  deux  formats  diflérens  ,run  de  poche 
et  l'autre  de  cabinet. 

Le  premier  réduisan^t  en  110  tablçaux  toutes  les 
opérations  de  change  possible  ,  de  change  de 
France,  de  Hollande  d'Hambourg  ,  d'Angleteire, 
de  Portugal ,  d'Espagne  ,  de  Gênes  et  de  Livourne, 
de  Venise  ,  de  Vienne  et  de  Bâle  à  une  seule 
transposition  de  virgule  ,  et  leurs  âibitrages  à  une 
seule  muliiplicjtion  ,  et  le  deuxième  présentant 
en  plus  de  5oo  tableaux  difierens  les  comptes  faits 
de  ces  mêmes  arbitrages,  entre  20  des  plus  fortes 
places  de  lEurope  et  celles  avec  lesquelles  ces 
places  sont  dans  l'usage  de  tiavailler  ; 

Par  Aubry,  géomètre  ;  première  livraison  ,  com- 
posée pour  la  banque  simplifiée,  de  l'instruction, 
de  l'ouvrage  et  de  36  tableaux  de  change  relatifs 
à  la  France,  à  la  Hollande,  à  Hambourg  et  à 
l'Angleterre  ,  et  pour  les  arbitrages  sans  calculs  , 
aussi  de  l  instruction  de  l'ouvrage  ,  et  de  Sg  ta- 
bleaux d'arbiiiages ,  comptes  faits  existans  entre 
France   et  Hollande. 

Le  prix  total  des  livraisons  de  ces  deux  ouvrages 
qui  se  suivront  rapidement  ,  est  de  g  fr.  l'édition 
tle  poche  en  papier  ordinaire  ,  et  de  16  fr.  en 
vélin  ,  et  celui  de  l'édition  de  cabinet  de  S  fr.  en 
papier  ordinaire.  I!  faut  ajouter  l  fr.  5o  cent,  par 
chaque  édition  pour  les  francs  de  port  par  la 
poste. 

On  paie  séparément  les  tableaux  de  cabinet 
75   ceniimes. 

A  Paris,  chez  l'auteur,  quai  des  Augustins  , 
n°  42  ;  chez  Moreâu  ,  libraire  ,  même  demeure  ; 
et  chez  Girardin  ,  Palais  du  Tribunat  ,  n°  i56  ; 
ainsi  que  chez  tous  les  libraires  des  départemens 
et  de  létranger. 

Les  iiégocians  de  tous  les  pays  savent  qu'une 
opération  de  change  exige  presque  toujours  100 
à  l5o  chiffres,  quelquefois  même  180,  et  qu'un 
arbitrage  en  exige  presque  toujours  le  double, 
souvent  même  trois  fois  autant.  On  doit  donc 
une  véritable  reconnaissance  au  citoyen  Aubry , 
déjà  connu  par  de  nombreux  et  utiles  travaux 
en  ce  genre  ,  de  présenter  aujourd  hui  un  moyen 
infiniment  simple.de  Se  débarrasser  des  calculs 
les  plus  insipides.  Sa  première  livraison  les  met  à 
même  non-seulement  d'apprécier  ce  double 
ouvrage,  mais  même  de  l'appliquer  de  suite  à 
leurs  affaires. 

Cet'e  première  livraison  paraîtra  du  1^'^  au  3 
frimaire  prochain  ,  et  jusque-là  on  pourra  se 
procurer  chez  l'auteur  tels  renseignemens  ijue 
ion  pourra  désirer  sur  cette  intéressante  pro- 
duction. 


M  u  s  I  q^  U  E. 
Morceaux  choisis  de  la  création  du  monde  ■ 
par  J.  Haydn  ,  avec  accompagnement  dé  forie- 
piano.  Les  paroles  françaises  parodiées  sur  cette 
musique  sont  du  cil.  Porto.  N"'  i  et  s.  Le  i=» 
contient  l'ouvemire  ,  un  récit,  un  solo,  un  qua- 
tuor. Le  prix  est  de  4  fr.  5o  cent.  Le  n»  2  contient 
un  air  que  chante  Gabriel  dans  Eden,  Le  prix  est 
de  2  fr.  5o  cent.  La  suite  de  cette  colieciion  p*. 
raiira  incessamment.  ,  j 

Léditeur  ne  prétend  donner,  et  nous  n'insé- 
rerons nous-mêmes  aucun  éloge  de  celte  8;rande 
composition  ,  dont  la  téputation  est  déjà  faitç 
chez  l'étranger,  et  répond  à  la  juste  célébrité 
d  Haydn.  L'éditeur  a  la  bonne  foi  de  convenir 
en  l'annonçant,  qu'elle  ne  convient  point  à  de 
faibles  amateurs  ttiôus  ajouterons  ,  par  une  con- 
séquence naturelle  ,  qu  il  n'est  pas  un  amateur 
distingué  qui  ne  doive  s'empresser  d'en  faire  ua 
objet  d'étude. 

Ces  numéros  se  trouvent  chez  Porro  ,  direcietir 
de  musique  ,   rue  Beaurepaire  ,  n"  16. 


COURS     DE     GEOGRAPHIE. 

Le  cours  de  géographie  du  cil.  Mentelle  ,  que 
nous  avions  annoncé  sans  désignaiion  de  jour, 
commencera  le  2  frimaire,  aune  heure,  et 
Cjontinuera  les  jouis  pairs,  à  la  même  heure, 
dans  son  logement  aux  galeries  du  Louvre,  n°  ig; 
il  s'y  servira  du  globe  ,  déjà  connu  ,  et  dont  ii 
est  l'auteur,  ayec  lequel  il  peut  démontrer  la 
géograjihie  physique  et  la  géographie  politique 
ancienne  et  moderne.  Ce  cours,  en  24  Icçins, 
esiduprix  de  18  fr.  payables  moitié  en  souscrivant! 


Ans  aux  négocions  et  voyageurs. 
A  dater  du  25  brumaire  ,  l'établissement  dei 
berlines  Saint-Victor  ,  cjui  est  rue  Neuve-Egaliié  , 
n°  3p6  ,  sera  transponé  rue  du  Mail,  ci-devant 
hôtel  des  Chiens,  n°  43  ,  d'où  il  partira  de  celte' 
époque  ,  tous  les  jours  pairs  ,  à  7  heures  du 
malin,  une  berline  '  conduite  en  posle  ,  qui  se 
rendra  en  trois  jours  à  Biuxelks,  et  couchant 
à  Lille.  Les  bureaux  sont  ,  à  Arras  ,  chez  Pran^er 
et  au  petit  Sainl-Paul  ;  à  Lille,  chez  le  cilo^^en 
PeUy;  à  Bruxelles  ,  hôiel  du  duc  de  Biabant. 
On  trouvera  au  bureau  de  Paris  la  voiture  de 
Pont-Sainte-Maxence,  et    celle  de  Senlis. 


On  demande  un  négociant  ou  propriétaire  ij<» 
/ame  ,  pour  traiter  d'une  entreprise  lucrative  eo 
totalité  ou  en  partie. 

S'adresser  en  l'élude  du  cit.  Ladigeois  ,  notaire 
Parvis-Notre-Dame. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  2  5  brumaire. 

Rente  provisoire 23  fr.  aS  c. 

Tiers  consolidé 33  fr.  88  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  5g  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr.  25  c. 

Bons  pour  l'an  8 ,.    .  gS  fr.  5o  c. 

Syndicat 

Coupures S4  fr.  5o  c. 

Aci.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers.  3p  fr. 

SPECTACLES. 

Théâtre   de    la  Republiq^ije  et  des   Arts. 
Le  2g  ,  Bal  masqué.  —  Il  commencera  à  minuit. 
L'ouverture  des  bureaux  se  fera  à  11  heures. 
Prix  du   billet  d'entrée  ,   6   fr. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
l'Entrée  dans  le  monde  ,  com.  en  5  actes  ,  suiv.' 
de  Claudine  de  Florian. 

Théâtre  des  jeunes  ÉLEVÉS,  rue  deThionville. 
Auj.  la  Gouvernante  par  amour  ;  Jeannot  et  Colin  , 
et  Contrainte  et  Caprice. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  3"  repr.  du 
Retour  d'Arlequin  dans  son  ménage  .  suite  d'ArU- 
quin  afficheur,  M.  Guillaume  ;   Comment  faire  ? 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Aujourd-  la  i'''  repr.  de  l'Elevé  de  la  Nature  , 
pantom.  allégorique  à  grand  spectacle  ,  suivie 
de   l'heureuse  Découverte. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 

Auj.  relâche. 


LOTERIE    NATIONALE. 

Tirage  du  ib  brumaire. 

8.     48.     II.     70.     22. 


A  Paris,  d».  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZ^^pATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  5t. 


Septidi  ,    i2  7    brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  A\x  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  ï&  seul  journal  officiel. 
Il  cpntient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  cortespoiui^nces  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 


Paris  ,  le  26  brumaire. 


Ne 


Ions  nous  proposons  de  publier  successive- 
ment un  tableau  semblable  à  celui-ci,  pour  tous 
les  départemens  de  la  république. 

Les  quatres  premières  colonnes  sont  formées 
des  résultats  fournis  par  les  préfets  ;  ils  ont  fait 
le  recensement  de  la  population  sur  les  ordres 
qu'ils  ont  reçus  du  ministre  de  l'intérieur;  on 
a  lieu  de  croire  que  ce  travail  approche  beau- 
coup de  l'exactitude. 


La  cinquième  colonne  est  remplie  d'après  les 
recensemeiis  faiis  en  1790,  par  ordre  de  l'as- 
semblée constituante  ;  il  est  assez  connu  qu'ils 
furent  tous  exagérés  par  une  suite  du  désir  qu'a- 
vait chaque  ville,  chaque  canton,  d'obtenir  un 
établissement  public. 

La  six.ieme  est  extraite  de  l'ouvrage  de  M.  Nec- 
ker,  sur  l'administration  des  finances  ,  et  présente 
la  population  telle  qu'il  l'assigne  à  la  province 
dont  fait  partie  le  département  ,  nommé  dans 
la  même  ligne. 

Enfin  ,   la  septième    est  le  résultat  du  calcul  de 


POPU1.ATION 


D     E 


L    A 


la  première  colonne  ,  comparé  à  la  superficie 
du  département,  telle  quelle  a  été  calculée' 
en  1790. 

Nous  ne  ferons  quant  à  présent  aucune  ob- 
servation sur  ce  travail,  nous  n'en  tirerons  aucune 
conséquence  ;  nous  nous  bornerons  à  recueillir 
des  faits  ;  quand  ces  t.iblcs  auront  été  publiées 
en  eniier  ,  nous  présenicions  successivement 
d'autres  résultais  non  moins  importans,  du  grand 
trpvail  qui  se  fait  au  ministère  de  l'intérieur  sur 
l'état  de  la  république. 


FRANCE. 


Premier     Tableau. 


NOMS 

DES 

DÉPARTEMENS. 


Ain. 

Arriege 

Aube 

Bouches-du-Rhône 
Eure    ...... 

Gard    ...... 

lUe-et-Vilaine    .   . 

Indre 

Jura 


POPULATION 

d'après   le 

recensement 

fait   par   les 

préfets. 


297-1071 
196,454 
233,455 
285,012 
402,776 
300,144 
488,84s 
205,902 
288,i5i 


2,697,811 


NAISSANCES 

dans  les  trois 

derniers    mois 

de  l'an  8. 


DÉCÈS 

dans  les  trois 

derniers    mois 

de  l'an  8. 


IMARIAGES 

dans  les  trois 

derniers    mois 

de  l'an  8. 


POPULATION 

de    1790  , 
d'après      les 
recensemens 
faits  par  ordre 
de  l'assemblée 
constituante. 


2,588 
1,267 
2,458 
2,357 
2,576 
2,017 
3,995 
1,387 
1,893 


20,538 


2,332 

673 
2,040 
3,586 
2,200 
1,694 
2,280 
i,6i3 
1,253 


17,671 


347 
195 
355 
43  r 
495 
372 
720 
175 
847 


3,337 


293,866 
175,360 
197,355 
322, i33 
400,000 
225,600 
490,666 
270,400 
249,600 


2,624,980 


918 
6o3 
663 
658 
1,170 

794 

1,982 

964 

779 


leue  quarree. 


En  l'an   8  , 

d'après  l'étendue 

assignée  à  chaque 

département  ,  par 

l'assemblée 

constituante. 


d93  t 
8o5 
765 
904  i 

1,3  II    i 

1,027  f 

1,408  J 

584  Ts 

^125  i 


—  Avant  hier ,  vis-à-vis  la  rue  des  Bourdonnais, 
oria  arrêté  un  individu  poursuivi  par  un  marchand 
drapier  de  la  rue  Saint-Honoré  ,  dans  le  magasin 
duquel  il  venait  de  voler  une  pièce  d  étoflFe  qu  il 
portait  le  long  de^sa  poitrine.  Il  refusait  de  rendre 
l'objet  réclamé  ,  prétendant  qu'il  l'avait  acheté  , 
lorsqu'un  marchand  de  toile  de  la  même  rue  est 
survenu  pour  réclamer  une  pièce  de  toile  qu'il 
avait  volée  chez  lui  ,  quelques  minutes  avant  ,  en 
fesant  semblant  de  la  marchander.  Il  niait  égale- 
ment ce  larcin,  mais  il  en  a  été  convaincu  lors- 
qu'on eut  trouvé  sous  sa  houppelande  la  toile 
réclamée.  On  a  exigé  qu'il  fût  conduit  au  poste 
de  la  Samaritaine.  Là  il  s'est  enfoncé  son  couteau 
dans  le  flanc.  Arrivé  au  corps-de-garde,  il  s'effor- 
çait d'élargir  sa  blessure  avec  ses  doigis  afin 
d'assurer  sa  mort. 

—  On  écrit  de  Nantes  le  22  brumaire  :  Le  coup 
de  vent  du  18  a  dispersé  et  jeté  à  la  côle  quatre 
trains  de  bois  merrain  ,  auprès  du  château  de 
Clermont ,  à  quatre  lieues  au-dessus  de  Nantes. 
Une  corderie  que  l'on  couvre  dans  les  derrières 
des  Saloiges  a  été  totalement  découverte  :  tous  les 
chevrons  ont  été  enlevés  par  le  vent  avec  les 
Jattes  ,  et  jettes  beaucoup  plus  loin.  Une  che- 
minée de  vingt  pieds  d'élévation  ,  dépendante  de 
la  maison  Lefevre,  île  de  Feydeau,  a  été  jettée 
sur  le  toît  qu'elle  a  crevé  :  les  décombres  sont 
tombés  dans  la  chambre  de  pauvres  gens  qui 
demeuraient  là  ,  et  qui  ont  été  heureusement  pré- 
servés par  leur  armoire. 

Dans  la  maison  Toché  ,  place  Graslin  ,  lèvent 
ayant  cassé  une  vitre  ,  souffla  avec  tant  de  vio- 
lence par  le  passage  qu'il  se  fit  ,  qu'il  jeta  à  bas 
une  cloison  de  bnques  dont  la  chute  ,  lort  heu- 
reusement ,  ne  blessa  personne. 

Comme  le  fort  du  coup  de  vent  venait  du  sud 
au  sud-sud-ouest,  tous  les  bâlimens  de  Paimbœuf 
ont  été  préservés.  Le  stationnaire  de  Mindin  a 
chassé  sur  ses  ancres  ;  mais  nous  n'avons  pas  ouï 
dire  qu'il  ait  éprouvé  d'avaiies. 

Nous  avons  parlé    de  la  perte  d'un  petit  bateau 


qui  a  péri  à  deux  lieues  au-dessus  de  Nantes  :  il 
était  de  Saint-Julien  :  on  porte  à  neuf  personnes 
le  nombre  de  ceux  qu'on  n'a  pu  sauver. 

Gel  ouragan  qui  a  endommagé  tant  de  maisons', 
n'a  déraciné  ni  brisé  aucun  des  arbres  de  nos 
promenades. 

Il  paraît  que  les  mauvais  tems  à  la  mer  ont  pré- 
cédé noire  coup  de  vent  du  18.  Antérieurement 
à  cette  époque  (  on  ne  sait  pas  aujourd'hui  la  date 
précise  ,  mais  la  chose  est  sûre)  ,  un  vaisseau  de 
ligne  anglais  ,  de  74  canons  ,  (  on  croit  que  c'est 
t  Hercule)  ,  a  échoué  dans  la  baie  d'Estelles  (entre 
la  presquîle  de  Qjjiberon  et  la  rivière  du  Port- 
Louis  ).  Les  anglais  ,  désespérant  de  relever  ce 
bâtiment  y  ont  envoyé  ,  dans  un  moment  de 
calme  ,  des  embarcations  pour  en  sauver  l'équi- 
page qu'ils  ont  mis  à  bord  d'une  corvette.  Ils  ont 
ensuite  mis  le  feu  au  vaisseau  et  se  sont  éloignés. 

Cinq  autres  bâlimens  de  guerre  anglais  sont  , 
dit-on  ,  dans  la  baie  d'Audierne  :  ils  ont  dû  s'y 
trouver  pendant  l'ouragan  ;  nous  apprendrons 
bientôt  s'ils  n'ont  pas  été  jettes  à   la  côte. 

—  On  écrit  de  Versailles  ,  en  date  du  23  bru- 
maire. Le  18  de  ce  mois  ,  le  feu  s'est  manifesté 
dans  des  meules  de  grains  ,  sises  dans  un  champ 
voisin  de  la  commune  de  Trappes  ,  départe- 
meut  de  Seine  et  Oise.  Le  déiachement  des  pom- 
piers établi  à  'Versailles  s'est  porté  aussi-tôt  sur  les 
lieux  ,  et  le  feu  commençait  à  s'appaiser,  quand 
on  est  venu  chercher  les  pompiers  pour  se  ren- 
dre à  Moniigny  ,  à  quelque  dislance  de  Trappes, 
et  oii  le  feu  venait  aussi  de  se  manifester 
dan'  d'autres  meules  de  bled  exposées  dans  les 
champs. 

Le  feu  de  Moniigny  n'a  été  éteint  que  le  19  à 
midi ,  ei  le  20, ,  à  4  heures  du  soir  ,  les  pompiers 
restés  à  Trappes  n'étaient  point  encore  de  retour 
à  Versailles. 

—  Des  lettres  de  Strasbourg  annoncent  que  la 
foire  de  Léipsick  a  été  remarquable  par  le  grand 
membre  de  marchands  français  qui  s'y  ront 
trouvés. 


Ils  ont  fait  grand  tort  aux  anglais  ,  écrit-on  , 
non  seulement  par  l'élégance  de  leurs  marchan- 
dises,  mais  encore  par  la  modicité  de  leurs  prix. 
Les  points  et  dentelles  de  Paris  et  d'Alençon  ont 
eu  un  grand  débit  ,  et  plus  encore  les  soieries 
qui  ont  élé  vendues  à  un  taux  considérable.  Les 
velours  de  Gênes  ont  été  enlevés  sur  le  champ. 
Au  reste  ,  il  est  aussi  quelques  anglais  qui  ont 
beaucoup  vendu.  La  maison  Humphries  et  com- 
pagnie a  débité  seule  pour  1,900.000  francs.  On 
regrette  qu'il  n'y  eût  pas  de  marchands  français 
en  pelleteries  :  les  grecs  et  les  turcs  ont  acheté 
les  pelisses  à  tiès-haui  prix.  L'argent  comptant 
s'y  trouvait  en  quantité  ,  sur-tout  l'or.  Il  y  avait 
six  mille  juifs.  Beaucoup  de  marchands  ont  dû 
faire  venir  des  marchandises  par  la  poste  ,  n'en 
ayant  point  assez. 

Vvus  savez  aussi  que  la  foire  de  Léipsick  est 
l'entrepôt  de  toutes  les  productions  littéraires  de 
l'Allemagne.  Cetie  fois  il  n'y  avait  que  1090  livres 
nouveaux;  mais  à  la  foire  de  Pâques,  il  y  en 
avait  2879  ,  de  sc'e  que  ceuc  année  a  vu  396g 
nouveaux  livres  ,  non  compris  la  foule  des 
brochures,   des  journaux,   etc 

Si  l'on  fait  seulement  un  calcul  très-modéré  , 
il  en  résulte  qu'il  a  fallu  pour  tous  ces  livres 
57  millions  de  feuilles  de  pépier  ,  les  journaux 
en  consomment  bien  davantage.  La  seule  ville 
de  Hambourg  en  emploie  annuellement ,  en 
gazettes,  neuf  millions  de  feuilles. 

Aucun  pays  de  l'Univers  n'a  autant  de  livres 
et  autant  de  libraires  que  l'Allemagne.  En  France, 
en  Angleterre  ,  c'est  seulement  daus  les  grandes 
villes  que  se  trouvent  les  auteurs ,  les  imprimeries 
et  les  librairies  ;  mais  en  Allemagne  ,  il  y  a  tant 
de  capiiales  ,  tant  de  gouvernemens ,  et  par  cf>n- 
séquent  tant  d'auteurs  ,  que  la  plus  p  liie  villi; 
compte  le  sien.  11  en  résulte  une  pl-rine  concur- 
rence, bonne  ,  en  ce  qu'il  faut  produire  quelque 
chose  d'excellent  pour  devenir  célèbre;  mau- 
vaise en  ce  qu'elle  inonde  le  public  de  inéthani 
ouvrages.    Voici  le  relevé   des  livres  nouveau»  , 


pendant    les    trois    dernières    années.   En  179^. 
3900  ;  en  1799  ,38s6i  et  en  ;^oo  ,  3969. 

le  Journal  de  Poitiers,  du  i5  ce  mois,  rap- 
J)orie  un  trait  de  bienfesance  qui  même  d'êiic 
cité.  Un  citoyen  a  fait  passer  1200  francs  à  l'hos- 
pice civil  ,  et  a  thargé  la  commission  admini.s- 
trative  de  faire  distribuer  deux  barriques  de  vin, 
et  20  livres  de  tabac  à  ceux  des  pauvres  que 
leur  âge  où  leurs  infirniiiés  empêchent  detravaiPer. 
Le  reste  de  la  somme  demeure  à  la  disposiiion 
de  la  commission  de  l'hospice.  Les  membres 
n'ont  point  laissé  ignorer  le  bienfait  aux  pauvres 
confiés  à  leurs  soins  ;  mais  ils  n'ont  pu  leur  faire 
connaître  le  nom  du  bienfaiteur  qui  a  gardé 
l'anonyme. 

—  Les  citoyens  Péron  et  Michaux  ,  corres- 
pondans  delasociélédes  observaieurs  del  homme, 
et  qui  sont  de  l'expédition  du  capitaine  Baudiii, 
écrivent  du  Havre  ,  26  vendémiaire  ,  au  secré- 
taire perjctnel  de  la  sociéié  ,  qu'ils  n'ont  qu'à 
s'app  audir  de  la  composition  du  corps  des  marins. 
Elle  est  telle  ,  disent  ces  deux  savans  ,  que  ce  sont 
autant  d'amis  et  de  collaborateurs  que  nous  avons 
trouvés  en  eux.  Tout  annonce  donc  que  les  dis- 
senlions  si  honteuses  ,  si  funestes,  qui  ont  tant  nui 
aux  succès  des  expéditions  de  ce  genre  ,  n'auront 
pas  lieu  cette  lois-ci  ;  et  l'on  peut  tout  attendre 
de  gens  pleins  de  zèle  dont  tous  les  elForls  com- 
binés n'auront  qu'un  seul  but  ,  celui  de  bien 
faire.  Ils  se  louent  beaucoup  du  capitaine  Hame-  | 
lin,  comraandanten  chti  te  Naturaliste.  Lemérite, 
la  modestie  ,  l'urbanité  de  ce  marin  qui  a  dis 
connaissances  très-étendues ,  sont  le  sujet  de  leurs 
éloges 


suivront  le  réparlement  entre  les  arrondissent  ans    tard  à  dix  heures.  En  mettant  moins  d'intervalle 

entre  les  pièces  et  dans  les  entr'actes  ,  on  pré-- 
viendra  les  murmures  et  l'impatience  du  public; 
les  citoyens  paisibles  qui  habitent  des  quartiers 
éloignés  dcS  théâtres  pourront  jouit  encore  d'un 
délassement  dont   ils  étaient  forcés  de  se  priver. 


communaux, 

VIII.  Les  préfets  répartiront  5  centimes  par 
franc  ,  en  sus  dô  principal  des  contributions 
directes,  pour  fonds  de  non  valeurs. 

IX.  Ils  pourront  de  plus  répartir  séparément 
la  somme  nécessaire  pour  leurs  dépenses  et  celles 
des  arrondissemens  communaux,  d'après  la  fixa- 
tion provisoire  qui  en  aura  été  faite  ,  sans  pou- 
voir excéder  pour  ces  objets  réunis  dans  les  dé- 
partemens  du  Monl-Tonnerre  et  de  la  Roër  , 
10  centimes  ,  et  dans  ceux  de  Rhin-et-Moselle 
et  de  la  Sarre  ib  centimes  ,  par  ttanc  du  prin- 
cipal. 

X.  Les  sous-préfets  pourront  également  répar- 
tir sur  les  communes  la  somme  nécessaire  pour- 
leurs  dépenses,  d'après  la  fixation  provisoire  qui 
en  aura  été  faite ,  sans  qu'ils  puissent  excéder 
7  centimes  et  demi  par  franc  du  principal. 

XI.  Les  rôles  seront  expédiés  par  les  directoires 
des  contributions  ,  conformément  à  la  loi  du 
3   frimaire  an  8. 

■XII.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  jt^ne,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H   B.  Maret. 


MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 


Copie  de  la  lettre  du  préfet  du  département  de  la 
,       ,         .,.,.,.-.      Seine-Inférieure  ,    au  ministre  de  l'intérieur.  — 
Ils  parlent  avec  le  plus  vif  intérêt  dn  coyer^        Rouen  ,  le  22  brumaire   an  9. 
Bory-Sainl-Viocent  ,  qui,  a   1  âge  de  24   ans  ,  et 


marié  depuis  peu  à  la  nièce  du  citoyen  Pé'iet 
ex-minisire  de  la  guerre  ,  abandonne- les  avan- 
tages que   pouvait  lui   procurer  l'éiai  militaire  et 


Citoyen  ministre  , 


dans  la  crainte  de  compromttirc  leur  sûrefé , 
en  retournant  à  leur  domicile  à  des  heures 
indues. 

CONSEIL- D'  ÉTAT. 

Fin  du  rapport  et  projet  de  loi  sur  l'instruction 
publique  ,.  présentés  au  conseil-d'élal  ,  section  dt 
l'intérieur  ,  par  J.  A.   Chaptal. 

TITRE    VII. 

TRAITEMENS     DE     RETRAITE. 

Art.  1".  Tout  maître  d'école  ,  instituteur  et  prO' 
fesseur  a  droit  à  un  traitement  de  retraite  après 
vingt  ans  de  service  effectif  dans  l'instruction 
pubHque  ,  et  dans    le    cas   d'infirmité   constatée. 

II.  Ce  traitement  de  retraite  sera  moitié  de 
celui  dont  il  jouissait  en  pleine  activité  de  service. 

III.  Les  professeurs  de  médecine  et  de  légis-  , 
lation  auront  pour  leur  retraite  la  totalité  de 
leurs   appoinlemens  fixes. 

IV.  Lorsqu'après  vingt  années  d'enseignement 
public  ,  un  maître  décole  ,  instituteur  ou  pro- 
fesseur  voudra   continuer  son   service  ,  il  pourra 

cumuler  un  quart  de  son  traitement  de  retraite 
avec  son  traitement  effectif  pendant  les  dix  pre- 
mières années,  moitié  pendant  les  dix  année» 
suivantes  ,  trois  quarts  pendant  les  autres  dix 
années,  et  la  totalité  par  la  suite. 
I  V.  Le  conseil  municipal  pourra  néanmoins 
I  forcer  un  maître  décale  à  discontinuer  l'ensei- 
1  gnemeni  ,  dans  tous  les  cas  oià  ,  après  20  années 
de  service  ,  il  le  jugeta  incapable   d'exercer  ses 


J'ai  reçu  ,  le    t2  du   courant  ,   l'ampliation    de 

toutes'ics  jouissances  d'une  grande  fortune,  pour     l'arrêté  par  lequel  le  premier  consul  m'accorde  un  •  fonctions, 

se  livrer  à  d'u'.iles  observations  sur  l'histoire  natu-     congé  de  deux  décades.  |      Le  juiry   de  département   aura  le   même    droit 

Je  ne  crois  pas  qu'il  me  soit  permis   d'en   pro-  i  sur  les   instituteurs  ,  et  le   gouvernement  sut  les 

fiter  dans  un  moment  oià  l'on  soupçonne    que   la  ;  professeurs, 

fièvre  jaune  se  manifeste   en   Angleterre  ;  parce  j     yi   Le  tems  de  service  exigé  pour  avoir   droit 


relie  (ju'il  cultive  avec  passion  ,  et  va  courir 
ainsi  les  gloiieux  hasards  d  une  navigation  longue 
périHeuSL-.    Ils   n'oublient    pas    non   plus   lun 


des   hommes  les   plus   recommandables  de  cette  |  que  si  un  pareil  soupçon  se  confirmait  ,  l'appro-  i  ^^  uaitement  de  retraite  ,   comptera  du  jour   où 


expédition  ,  le  jeune  Bernier  ,  astronome  très 
instruit,  qni  secondera  utilement  ses  compagnons 
de  voyages. 

—  L'ouvrage  intiiulé  Essais  sur  l'histoire  naturelle 
des  quadrupèdes  du  Paraguay  ,  pat  Don  Félix 
d'Azzara  ,  est  du  frère  de  celui  qui  a  été  ambas- 
sadeur à  Rome  et  en  France,  et  non  pas  comme 
on   l'avait     publié    de   l'ambassadeur   lui-même. 

Le  même  auteur  ,  et  le  même  traducteur  (  le  con-  I  tude  que  je  vous  manifeste 
seiller-d'éiat   Moreau   Saint-Merf  l^  vont    donner]      g^i^  ç^  respect, 
une  histoire,  morale  et  politique  du  Paraguay 


che  du  danger  exigerait  de  ma  part  des  mesures    jg  maître  d'école  ,  instituteur  ou  professeur  aura 
sévères  et  de  tous  les  instans.  !  été  appelé  à  remplir  des  fonctions  publiques  dans 

Qiielques  pressantes  que  soient  les  aff'aires  qu'     l'instruction. 
motivaient  mon    absence  ,   la  plus  pressante  de  j     yil.  Pour  avoir  droit  au  traitement  de  retraite  , 
toutes  est  de  remplir  mes  devoirs.  ,  ig  service   dans    l'instruction    ne   doit   avoir    été 

Je  vous  prie  donc  de  permettre  que  je  diff^cre  j  suspendu   que  pour   des    raisons   légitimes  ,   ou 
d'user  de  la  permission  du  premier  consul  jusqu'à  j-    .  --^  i-i:_- 

ce  qu'on  soit  complettement  rassuré  sur  l'inquié- 


ACTES'DU  GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  ib  brumaire  an  9. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances  ,  considérant  qu'il  im- 
porte de  déterminer  le  montant  et  le  mode  de 
répartemeni  des  contributions  directes  et  indi- 
rectes de  l'an  9  ,  dans  les  départemens  du  Mont- 
Tonnerre  ,  de  Rhin  et  Moselle  ,  de  la  Ro  er  et  de 
■la  Sarre  ,   le  conseil-d'éiat  entendu  ,    arrêtent  : 

Art.  l".  Les  contributions  directes  et  indirec- 
tes ,  établies  pour  l'an  8  dans  les  quatre  dépar- 
fetaens  ci-dessus  ,  sont  prorogées  pour  l'an  9  , 
sauf  les  modifications  ci-après. 

II.  La  contribution  foncière  de  cette  dernière 
année  est  fixée  en  principal  à  la  somme  de 
7.5oo,ooo  fr. 

III.  Les  contributions  personnelle,  mobiliaire 
€t  somptuaire  sont  réduites  ,  pour  l'an  9  ,  de 
l,5oo,ooo  fr.  à  t,i25,ooo  tr. 

IV.  La  répartition  de  la  contribution  foncière 
de  l'an  9  ,  entre  les  quatre  départemens  ,  est  faite 
conformément  au  tableau  inséré  dans  l'arrêté   du 

commissaire    du    gouvernement .  du   8  ventôse 
an  8  ,  n°  14,  Bulletin  ,  n°  i3  ;   savoir: 
Mont -Tonnerre.   ........     2,3oo,ooofr. 

Rhin  et  Moselle i,3oo,ooo 

Roër s, 600,000 

Sarre l,3oo,ooo 


Signé ,  Beugnot. 


Réponse  du   ministre    de  l'intérieur.   —  Paris  ,   26 
brumaire    an    9. 

J'ai  reçu  ,  citoyen  ,  voire  lettre  du  22  de  ce 
mois,  l'applaudis  à  votre  dévouament  :  il  honore 
le  choix  du  gouvernement  et  justifie  sa  confiance. 
Les  hommes  qui  le  servent  ,  comme  vous  ,  sont  à 
la  fois  garans  aux  peuples  de  leur  bonheur  ,  et 
à  l'état  ,   de    sa   gloire. 

Je   vous  salue  ,  Signé ,  CHAPTAt. 


Total.. 7,5oo,ooo 

V.  La  tépartilion  des  contributions  personnelle, 
mobiliaire  et  somptuaire  ,  est  faite  conformément 
au  même  tableau  ,  sauf  la  diminudon  d'un  quart , 
savoir  4 

Mont  -  Tonnerre.     .     .     .     .     .     298,300    fr 

Rhin-et-Moselle 165,400 

Roer .     471,900 

Sarre 189,400 

1,125,000   fr. 

VI.  Le  répartement  entre  les  arrondissemens 
communaux  sera  fait,  pour  cette  fois  seulement , 
par  ie  préfet  de  chacun  des  quatre  départemens. 
et  dans  le  délai  de  dix  jours  ,  à  compter  de  la 
publication  du  présent  arrêté. 

VIL  La  répartition  entre  les  communes  sera 
faite  par  les  sous-préfets ,  dans  les  dix  jours  qui 


pour  d'autres  servi<tes  publics. 

TITRE       VIII. 

DES   PENSIONNATS   ET' ESa'mENS   PUBLICS. 

Art.  I".  Il  y  aura  près  de  chaque  école  com- 
munale ,  un  .pensionnat  surveillé  par  le  directeur 
de  l'école. 

II.  L'entreprise  du  pensionnat  sera  confiée , 
par  le  sous-préfet ,  au  citoyen  qu'il  jugera  le 
plus  capable. 

III.  A  la  fin  de  chaque  année  ,  et  à  des  jours 
indiqués,  les  membres  du  jury  départemental  se 
transporteront  dans  chaque  école  communale 
pour  y  procéder  à  un  examen  public ,  en  présence 
des  autorités  civiles. 

IV.  Ces  examens  seront  annoncés  trois  mois 
d'avance. 

V.  Les  instituteurs  publics  et  particuliers  pré- 
senteront à  l'examen  tous  ceux  de  leurs  élevés 
qu'ils  en  jugeront  dignes  ;  ils  les  feront  inscrir» 
pour  la  parue  sur  laquelle  ils  peuvent  être  exa- 
minés. 

VI.  Le  mode  d'examen  ou  concours  sera  réglé 
par  le  gouvernement, 

VII.  Le  préfet  ou  sous-préfet  distribuera  de* 
prix ,  au  nom  du  gouvernement  ,  à  ceux  de> 
élevés  qui  se  seront  distingués  ,  et  les  noms  des 
instituteurs  seront  imprimés  et  proclamés  avec 
ceux  des   élevés. 

VIII.  Il  y  aura  ,  dans  chaque  pensionnat  de 
l'arrondissement  de  la  préfecture ,  huit  place» 
payées  par  le  trésor  public  ou  sur  les  fond$ 
destinés  à  l'établissement  des  bourses  ;  ces  place» 
seront  réservées  pour  ceux  des  élevés  peu  fot' 
tunés  qui  se  distingueront  dans  les  concours. 
Le  jury  présentera,  chaque  année,  au  préfet, 
un  nombre  d'élevés  proportionné  à  celui  des 
places  vacantes. 

IX.  Lorsqu'à  l'âge  de  seize  ans ,  les  élevés  sa» 
lariés  déclareront  se  vouer  à  l'enseignement  pu- 
blic ,  ils  seront  admis  en   qualité  de  répétiteurs 

decoupoiis  ,   balanciers  ,   matrices   et     '!>°?   les  pensionnats  ,   seront  exercés  dans  l'art 
lies  servant  à  la  fabrication  de  celte'  de  l  enseignement  par  le   directeur  de  1  école,  et 

occuperont  les  premières  places  vacantes  dans 
l'instruction  publique  ,  pourvu  toutefois  que  le 
jury  les  en  juge  capables. 

X.  Ces  pensionnaires  seront  examinés  tous  les 
ans  par  le  jury,  qui  fixera  l'époque  où  ils  doi- 
vent cesser  d'être  salariés  par  le  gouvernement. 

XI.  Si  quelqu'un  de  ces  élevés  salariés  annon- 
çait du  goût  et  des  dispositions  pour  le  dessin:, 
1  histoire  rwturelle ,  la  litiérature  ou  toute  autre 
science  ,  le  préfet  pourra  i'cnvoyer  à  Paris  pouiîl 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Paris,  le  25  brumaire  an  9  de  la  république  fran- 
çaise une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  a  fait  srrêter  successivement 
depuis  quelques  jours  5  évadés  des  fers,  connus 
tous  pour  des  brigands  dangereux.  Ils  vivaient  à 
Paris  sous  des  noms  supposés. 

Il  résulte  de  l'examen  fait  par  les  payeurs  de  la 
monnaie  ,  que  les  fausses  pièces  d'or  de  24  livres  , 
dont  le  préfet  de  police  a  fait  saisir  la  fabrique  au 
commencement  de  la  décade  dernière  sont  au 
millésime  de  1785  et  1788;  que  celles  au  millé- 
sime de  1785  sont  à  la  lettre  A  et  au  double  AA  , 
marques  indicatives  des  hôtels  de  monnaie  de 
Paris  et  de  Metz  ;  qu'elles  ont  à-peu-près  le  poids 
des  bonnes  pièces  d  or  ,  mais  que  leur  valeur  n'est 
que  de  I2  ,  l3  et  14  fr.  ;  que  pour  avoir  ce  poids 
elles  sont  un  peu  plus  larges  et  plus  épaisses  ;  que 
celles  au  millésime  de  1788  paraissent  aussi  être  à 
la  lettre  A  ,  l'empreinte  se  trouvant  manquée  en 
cet  endroit  on  l'apperçoit  à  peine  ,  et  que  ces 
derniers  pèsent  jusqu'à  28  grains  de  moins  que  les 
bons. 

Aujourd'hui ,  il  a  fait  saisir,  àVaugirard,  du 
côté  de  la  plaine   de  Grenelle  ,  les  fourneaux 
creusets  ,    découooiis  ,   balanciers  ,   matrices   et 
autres  usiens 

fausse  monnaie  ;  il  y  a  fait  arrêter  aussi  deux  in- 
dividus qui  s'y  trouvaient  porteursJe  faussespieces 
de  monnaie  d'argent. 

Du  même  jour. 

Le  préfet  de  police  vient  d'écrire  aux  entre- 
preneurs de  tous  l'es  théâtres  de  Paris  que,  si 
des  habitudes  nouvelles  ne  perrnettent  pas  de 
lever  la  toile  avant  six  heures  ,  comme  autrefois  . 
lien  n'«mpêche  que  le  spectacle  ne  finisse  au  plus 


52  23 


•y  continuer  ses  études  ;  sa  pension  lui  sera  con- 
servée pendanl  deux  ans.  Il    comptera  toujours 
■    parmi  les  huit  élevés  salariés  du  dépanement. 

XII.  Les  Prytanées  actuellement  existans,  seront 
organisés  par  le  gouvernement  en  écoles  mili- 
taires. 

TITRE    IX. 

ORGANISATION     PARTICULIERE     DES      ÉCOLES 
SPÉCIALES. 

i    P  R  E  M   I  E  R. 

Ecoles  spéciales  de  médecine. 

Art.  I"^.  Les  trois  écoles  spéciales  de  médecine 
ttiblies  par  la  loi  du  14  frimaire  an  3  ,  sont 
maintenues. 

Pn  continuera  à  y  enseigner  toutes  les  parties 
qui  constituent  l'art  de  guérir  ;  savoir ,  la  méde- 
cine et  la   chirurgie. 

II.  La  distinction  des  professeurs  adjoints  est 
supprimée. 

III.  Le  nombre  des  professeurs  sera  réduit  , 
par  mort  ou  démission  , 

A  seize  pour  Paris  , 
Douze   pour  Montpellier   , 
Dix  pour  Strasbourg. 

IV.  Le  tems  de  scolarité  ,  ou  le  cours  d'études , 
sera  au  moins  de  trois  années. 

V.  Il  sera  alloué  à  chacune  des  trois  écoles  une 
somme  annuelle  de  6000  fr.  ,  tant  pour  entretien 
des  bânmens ,  que  pour  le  traitement  des  por- 
tiers ,  concierges  ,  jardirliers  ,  chefs  de  prépa- 
rations ,  etc. 

L'école  de  Paris  aura  un  supplément  annuel 
de  3ooo  fr. 

VI.  Il  sera  distrait  5  pour  100  sur  la  rétribution 
des  élevés  ,  pour  être  employé  aux  frais  dei  cours 
de  chimie,  botanique,  anatomie  ,  entretien  de  la 
bibliothèque  et  traitement  du  bibliothécaire. 

VII.  A  l'avenir  ,  nul  ne  pourra  êire  admis  à 
exercer  la  médecine  ou  la  chirurgie  dans  l'inté- 
rieur de  la  république,  sans  être  muni  d'un  cer- 
tificat de  capacité  délivré  par  l'une  des  trois 
écoles. 

VIII.  Le  diplôme  ou  certificat  de  capacité  sera 
uniforme  pour  les  trois  écoles ,  et  réglé  par  le 
gouvernement. 

IX.  Ce  diplôme  ne  sera  délivré  qu'après  dvs 
examens  préalables  sur  la  théorie  et  la  pratique. 
Ces  examens  seront  publics.  Le  dernier  aura  pour 
sujet  une  thèse  imprimée  ,  au  choix  du  candidat. 

X.  Tous  ceux  qui  exercent  en  ce  moment  la 
médecine  ou  la  chirurgie  sans  aucun  titre  légal, 
seront  tenus  ,  dans  lintervalle  de  six  mois  ,  à 
compter  de  la  publication  de  la  présente  loi,  de 
se  présenter  à  l'une  des  trois  écoles  pour  y  subir 
un  examen  public,  et  y  obtenir  le  diplôme  de 
capacité. 

Cet  examen  devra  être  fait  dans  le  mois ,  à 
compter  du  jour  où  le  candidat  se  sera  présenté. 
I)  sera  terminé  eii  une  séance. 

Les  frais  d'examen  et  de  réception  sont  modérés 
à  ïoo  fr. 

XI.  Sont  exceptés  de  laformalité  des  examens, 
1°.  Les  oflBciers  de  santé  qui  ont  été  employés 

en  chef  dans  les  armées  de  terre  et  de  mer  ,  en 
vertu  d'un  brevet  ou  d'une  commission  légale  , 
d'après  les  dispositions  ordonnées  par  la  loi  du  3 
nivôse  an  2  ; 

2°.  Les  officiers  de  saille  employés  pendant  deux 
ans  ,  soit  comme  chirurgiens  de  première  classe  , 
ou  comme  médecins  ,  dans  les  armées  ou  hôpitaux 
militaires. 

Il  leur  sera  délivré  un  diplôme  sur  la  preuve 
fournie  des  services  ci-dessus. 

XIII.  Les  élevés  qui  ont  déjà  obîenu  provisoi- 
rement des  attestations  de  capaciié,  ne  seront 
tenus  qu  à  échanger  ces  attestations  contre  des 
diplômes. 

XIV.  Les  porteurs  d'un  diplôme  de  capacité  se 
feront  inscrire  dans  les  registres  de  là  munici- 
palité dans  laquelle  ils  se  proposent  de  se  fixer. 

XV.  Tout  individu  exerçant  la  médecine  ou  la 
chirurgie  sans  être  muni  du  diplôme  ,  sera  pour- 
suivi devant  les  tribunaux  ,  et  condamné  ,  pour  la 

'première  fois  ,  à  une  amende  de  1000  fr.  envers 
les  pauvres  du  lieu.  En  cas  de  récidive  ,  outre 
l'amende  ,  il  sera  mis  en  détention  pendant  trois 
mois. 

XVI.  Les  seuls  professeurs  de  botanique  ,  chi- 
mie et  anaiomic  seront  exclusivement  attachés  à 
l'ensrigncment  d'une  partie.  Lécole  arrêtera  , 
chaque  année,  la  distribution  et  lépariition  des 
autres  parties  qui  seront  enseignées  ,  de  même 
que  l'époque  ,  les  jours  et  les  heures  des  divers 
cours  :  elle  en  adressera  le  programme  au  ministre 
de  l'iniérieur,  pour  être  approuve  parle  gouver- 
nemeni. 

XVII.  Les  statuts  et  réglemens  pour  l'exercice 
et  la  police  de  la  pharmacie  ,  provisoirement 
maintenus  par  le  décret  du  14  avril  1791,  cou- 
inuctont  à  avoir  leur  exécution. 


§•11. 

Ecoles  spéciales  de  législation. 

Art.  J".  Il  y  aura  une  école  de  législation 
aupics   de  chaque   tribunal  d'appel. 

II.  Chaque  école  sera  composée  de  trois  pro- 
fesseurs ; 

Un  professeur  de  droit  public, 
Un  professeur  de  droit  civil. 
Un  professeur  de   droit   criminel. 

III.  La  durée  du  cours  d'études  est  fixée  à 
trois  années. 

IV.  Il  y  aura  des  examens  publics  dans  chaque 
école,  d'après  lesquels  on  délivrera  des  diplômes 
ou  certificats    de  capacité. 

V.  A  compter  de  l'an  10  ,  nul  ne  pourra  être 
reçu  en  qualiié  d'avoué  auprès  d'un  tribunal  . 
ni  être  investi  d'une  place  de  juge  à  la  nptninaiion 
du  gouvernement,  s'il  n'est  revêtu  du  ceriificat 
ci-dessus. 

yi.  Il  sera  alloué  à  chacune  des  écoles  de  légis- 
lation ,  une  somme  annuelle  de  2000  francs  pour 
les  faux  fiais  et  l'entretien  du  bâtiment  de 
l'école. 

VII.  Le  gouvernement  fera  tous  les  réglemens 
qu'il  croira  nécessaires  pour  organiser  une  bonne 
instruction  dans   toutes  ses  parties. 

§     III. 

Ecole  spéciale  d'agriculture  et  d'économie  rurale. 

Art.  I".  Il  y  aura  une  école  spéciale  d'agri- 
culture et  économie  rurale  auprès  de  Paris. 

II.  A  celte  école  sera  attachée  une  ferme  d'une 
^  étendue  suffisante  ,  pour  y  suivre  des  expériences 
t  d'uiiliié  publique. 

j   ^  III.    Il  y    aura   quatre    professeurs    destinés    à 
I  l'enseignement: 

1°.  De  la  mécanique  rurale  ; 
2°.  De  la  nature  et   culture  des  terres  ; 
I      3°.  De  la   mouture  ,  boulangerie   et  nourriture 
des  hommes  et  animaux  ; 
4°.  De  la  culture   des  arbres. 

IV.  Outre  les  quatre  professeurs  ,  un  directeur 
sera  chargé  de  surveiller  l'enseignement  ,  d'en- 
tretenir la  correspondance  ,  et  de  suivre  tous  les 
détails  de  l'adminisiraiion  intérieure. 

V.  L'instruction  sera  gratuite  pour  les  élevés  : 
le  gouvernement  mettra  annuellement  à  la  dis- 
position de  l'école  ,  une  somme  de  l5,ooo  francs 
pour  fournir  à  tous  les  besoins  d  administraiion 
et  frais  d'expériences. 

§    I  V. 

Ecoles  spéciales  d'art  vétérinaire. 

Art.  P''.  Les  écoles  spéciales  d'art  vétérinaire 
établies  par  la  loi  du  sg  germinal  an  3,  l'une  à 
Lyon  ,  l'autre  à  Versailles  ,  sont  maintenues. 

II.  Le  nombre  des  professeurs  en  sera  réduit  à 

cinq. 

Il  y  aura  en  outre  un  directeur  chargé  de  l'ad- 
ministiation  de  l'école  ,  de  l'inscription  et  de  la 
conduite  des  élevés. 

III.  L'instruction  entre  les  professeurs  est  par- 
tagée comme  il  suit  : 

1°.  Anatomie  des  animaux  domestiques  ; 

2°.  Connaissances  et  signes  qui  constatent  la 
santé  et  les  bonnes  qualités  de  ces  animaux  ; 

3°.  Botanique  ,  matière  médicale  ,  chimie  phar- 
maceutique ; 

4°.  Maladies  de  ces  mêmes  animaux  ; 
5°.  Forge  et  ferrure. 

IV.  Chaque  arrondissement  communal  ,  con- 
formément aux  dispositions  de  la  loi  du  29  ger- 
minal an  5  ,  pourra  envoyer  un  élevé  à  celle 
des  deux 'écoles  qui  sera  la  plus  voisine;  il  lui 
sera  alloué,  sur  le  produit  des  centimes  addi- 
tionnels ,    une  somme  de  25  fr.  par  mois. 

Le  choix  de  l'élevé  sera  fait  par  le  sous-pré- 
fet. Son  instruction  ne  pourra  durer  plus  de 
quatre  ans. 

V.  Le  directeur  de  l'école  pourra  renvoyçr 
un  élevé  pour  cause  d'inconduite  ou  d'incapa- 
cité ;  il  en  informera  le  sous-préfet  de  l'arron- 
dissement ,  pour  qu'il  soit  pourvu  à  son  rem- 
placement. 


VI.  Le  gouvernement  tiendra  chaque  année, 
à  la  disposition  de  chacune  des  deux  écoles,  la 
somme  de  Sooo  fr.  pour  fournir  aux  faux-frais 
du  service  dt  l'école. 

§.    V. 
Ecoles  spéciales  des  arts  mécaniques  et  chimiques. 

Art.  l".  Il  y  aura,  pour  toute  la  république, 
quatre  écoles   des  arts  mécaniques  et  chimiques. 

II.  Ces  écoles  seront  établies  à  Paris,  Lyon, 
Toulouse  et  Bruxelles. 

III.  L'école  de  Paris  sera  formée  dans  les  bâti- 
mciis  de  Saini-Marlin-des-Champs  ,  confouné- 
ment  à  la  loi  du  26  Uotéal  an  6. 


IV.  L'écolf  de  Paris  aura  quatre  professeurs) 
L'un  ,  de  mécanique  et  hydraulique  ; 

Le  second  ,  de  l'art  de  la  construction  des  ma- 
chines et  outils  ; 

Le  troisième  ,  de  chimie  appliquée  aux  arts  ; 

Le  quatrième  ,  de  dessin. 

Dans  les  écules  de  Lyon  ,  Toulouse  et  Bruxelles 
il  n'y  aura  que  trois  professeurs;  celui  de  méca- 
nique et  hydraulique;  celui  de  chimie  appliquée  ,  et. 
celui  de  dessin. 

V.  Il  sera  fait  un  fond  annuel  de  36. 000  fr. 
pour  l'administration  et  les  faux- frais  de  ces 
quatre  écoles.  Chacune  des  écoles  de  Lyon  , 
Bruxelles  et  Toulouse  ,  aura  6000  francs  sur  cette 
somme  ;  celle  de  Paris  tn  aura  18,000  ,  tant  pour-" 
lâchât,  construction  et  réparation  de  machines, 
que  pour  les  autres  dépenses  de  l'école. 

i     VI. 
Ecoles  spéciales  des  arts  du  dessin. 

.\Tt.  l".  Il  y  aura  à  Paris  ,  sous  le  'nom  à'écolet 
spéciales  des  arts  du  dessin  ,  une  école  de  peinture, 
sculp'ture  et  architecture. 

II.  Cette  école  sera  composée  comme  il  suit  ! 
Six  prolesseurs  pour  la  peinture; 

Six  pour  la  icu/^irjrê," 

Quatre  pour  V architecture  ; 

Un  pour  Vanatomie; 

Un  pouf  la  perspective; 

Un  pour  {'histoire,  costumes  et  antiquités;    • 

Un  pour  la  géométrie  descriptive. 

III.  Chaque  professeur  donnera  des  leçons  de 
peinture  et  sculpture  pendant  deux  mois  dé 
l'année; 

Chaque  professeur  d'architecture  enseignera 
pendanl  trois  mois. 

En  cas  d'absence  ou  de  maladie  ,  le  service 
sera  fait  par  celui  qui  doit  entrer  le  premier  en 
fonctions. 

IV.  Il  sera  ouvert  tous  les  ans  ,  à  Paris  ,  des 
concours  d'émulation  relatifs  aux  divers  objets 
d'études  et  à  leurs  degiés. 

V.  L'école  de  France  à  Rome  sera  conservée. 
Les  élevés  qui  auront  obtenu  les  premiers  piix , 
auront  seuls  le  droit  d'y  être  entretenus  aux  frais 
du  gouvernement. 

VI.  Les  réalemens  concernant  l'école  de  Paris 
et  celle  de  Rome  seront  ariêiés  par  le  gouver- 
nement. 

§.    VIL 

Ecole  spéciale  de  musique. 

Art.  1".  Le  conservatoire  de  musique ,  créé 
par  la  loi  du  16  thermidor  an  3  ,  sera  conservé  , 
et  portera  le  nom  d'  école  spéciale  de  musique. 

II.  Les  professeurs  y- seront  réduits  à  78  au  lieu 
de  1 18  ,  et  les  élevés  à  400  au  lieu  de  600. 

III.  Il  y  aura  une  école  spéciale  de  musiqup 
dans  chacune  des  villes  de  Lyon  ,  Marseille  , 
Bordeaux,  Rouen,   Strasbourg  et  Bruxelles. 

IV.  Chacune  de  ces  dernières  écoles  aura 
quatre  professeurs  : 

Un  professeur  de  musique  ; 
Un  de  chant  i 
Un  de  violon  ; 
Un  de  basse. 
L'école  de  Paris  aura  un  directeur  nommé  par 
le  gouvernement. 

V.  Il  sera  fait  un  fonds  annuel  de  24,000  francs 
pour  tous  les  faux-frais  des  sept  écoles  de  mu- 
sique. 

Celle  de  Paris  aura  16,000-  francs  sur  cette 
somme,  tant  pour  sa  bibliothèque,  sa  direc- 
tion, etc.  que  pour  les  autres  dépenses  extraordi- 
naires de  l'école. 

VI.  Les  professeurs  et  les  élevés  de  chacune  de 
ces  écoles  spéciales  sont  à  la  disposition  du  gou- 
vernement,  pour  la  célébration  des  fêtes  natio- 
nales et  autres  cérémonies  publiques. 

§    V  I  II. 

Ecole  spéciale    d'histoire  naturelle. 

Art.  I''.  Le  muséum  d  histoire  naturelle,  orga- 
nisé par  la  loi  du  7  juin  1793,  prendra  le  nom 
d'école  spéciale  d'histoire  naturelle. 

II.  Le  directeur  tiendra  un  registre  sur  lequel 
seront  inscrits  tous  les  élevés  qui  se  destinent  à 
l'enseignement  public  de  l'histoire  naturelle  et  de 
la  chimie. 

III.  Le  gouvernement  déterminera  ,  chaque 
année  ,  la  somme  qui  doit  être  affectée  aux  dé- 
penses et  service  de  l'école. 

§     I  X. 

Ecole  spéciale  de  littérature  ancienne  et  moderne  , 
et  sciences  phisiques  et  mathémaliqius. 

Art.  I''.  Le  collège  de  France  prendra    le   litre 
d'école  spéciale  de  littérature  et  sciences  physiques  et 
mathématiques. 
-JJ.  Le  directeur  de  l'école  inscrira  sur  un  re- 


i(istre  tous  les  jeunes  gens  lui  se  destineront  à 
rsnseigiiem'ent  des  langues,  belles  -  lettres  ,  ou 
sciences  physiques  et  mathémaiiques. 

III.  Il  y  aura  ,  chaque  année  ,  un  fonds  de 
10,000  francs  pour  fournir  à  tous  les  faux-frais  de 
i'école. 

§     X. 

Ecoles  spéciales  de  services  publics  .  et  autres  établis- 
semens  consacrés  à  l'instruction  publique. 

Au.  unique.  L'école  polytechnique  organisée 
parla  loi  du  sS  frimaire  an  8; 

Les  écoles  d'application  concernant  le  service 
militaire  de  terre  et  de  mer  ,  les  mines  ,  les  ponts 
et  chaussées  ,  les  ingénieurs-géographes  créés  par 
la  loi  du  3o  vendémiaire  an  4; 

L'école  spéciale  des  langues  orientales  vivantes, 
et  de  la  science  numismatique  ,  établie  près  la  bi- 
bliothèque nationale  par  les  lois  des  10  germinal 
et  20  prairial  an  3  ; 

Les  deux  établissemens  fondés  à  Paris  et  à  Bor- 
deaux pour  les  sourds-muets  ,  par  la  loi  du  16 
nivôse  an  3  ,  sont  maintenus. 

TITRE     X. 

INSTITUT    NATION.-VL    DES    SCIENCES    ET   ARTS. 

Art.  I"^.  L'institut  national  des  sciences  et  arts  , 
créé  par  l'article  LXXXVIII  de  la  constitution  , 
fera  dorénavant  tous  les  réglemens  qui  lui  paraî- 
,  tront  convenables  ,  tant  pour  les  élections  aux 
places  vacantes  ,  que  pour  son  régime  intérieur. 

II.  Chaque  classe  nommera  un  secrétaire  perpé- 
tuel ,  pris  dans  son  sein  ,  et  qui  jouira  d'un  traite- 
ment fixe  de  6,000  fr. 

III.  La  troisième  classe  de  l'institut  sera  aug- 
mentée d'une  section  ,  sous  le  titre  de  section 
d  éloquence. 

IV.  Chaque  classe  de  l'institut  aura  ,  séparément. 
Une  séance  publique  chaque  année. 

V.  Les  lois  des  3  brumaire  et  i5  germinal  an  4  , 
sont  rapportées  en  ce  qu'elles  ont  de  contraire  aux 
articles  ci-dessus. 

Toutes  lois  contraires  aux  dispositions  de  la 
présente  sont  rapportées. 

Celle  du  4  brumaire  an  4  ,  est  rapportée  en  tout 
ce  qui  concerne  les  écoles  primaires  et  les  écoles 
centrales. 

Comité  médical  pour  tinoculation  de  la  vaccine. 
Du  20  brumaire. 

Depuis  le  dernier  compte  qui  a  été  rendu  au 
public  (1),  le  comité  acontinuéses  inoculations,  et 
quatre  nouveaux  enfans  du  nombre  de  ceux  qui 
avaient  été  inoculés  de  la  vaccine  ,  ont  été  sou- 
mis à  la  conire-épreuve  de  l'inoculation  de  la  pe- 
tite vérole. 

Dans  cette  dernière  épreuve  ,  l'insertion  a  été 
pratiquée  superficiellement ,  comme  on  le  fait 
dans  l'inoculation  ordinaire.  En  préférant  cette 
méihode,  le  comité  desirait  se  mettre  à  portée 
d'observer  l'effet  qui  en  résulterait ,  et  de  le  com- 
parer avec  celui  qui  a  été  le  produit  des  piqûres 
profondes  ,  employées  sur  les  quatre  derniers 
enfans  réinoculés  avec  la  variole  ,  et  qui  en  avait 
imposé  à  quelques  personnes  sur  la  nature  du 
travail  qui  s'était  manifesté  aux  piqûres. 

L'inoculation  des  quatre  nouveaux  enfans  n'a 
eu  absolument  aucune  suite  ,  et  le  comité  dès- 
lors  s'est  confirmé  dans  l'opinion  que  le  tra- 
vail local  observé  aux  piqûres  profondes  ,  qu'il 
avait  employées  dans  une  de  ses  épreuves ,  était 
le  simple  résultat  de  la  plaie  faite  à  la  peau  , 
et  de  la  matière  étrangère  qui  y  avait  été 
déposée. 

Mais  pour  ne  laisser  aucun  doute  à  cet  égard 
il  convenait  dinoculer  ainsi  profondément  des 
sujets  qui  eussent  eu  auparavant  la  petite-vérole. 
Le  comité  s'est  empressé  de  faire  cette  expérience. 
Un  enfant  qui  ,  dans  l'épidémie  observée  il  y  à 
deux  ans  ,  contracta  l'infection  variolique,  à  l'hos- 
pice même  des  orphehns,  a  été  inoculé,  le  18  ven- 
démiaire ,  de  la  petite  vérole.  Deux  piqûres  pro- 
fondes ont  été  faites  au  bras  droit ,  et  il  y  est 
survenu  le  même  travail  qu'à  celles  des  en- 
fans inoculés  de  cette  manière  après  la  vaccine  , 
sans  qu'à  l'inspection  ,  ainsi  que  dans  la  marche 
du  travail,  il  ait  été  possible  d'y  remarquerlaplus 
légère  différence. 

Le  comité  ne  croit  pas  qu'il  puisse  maintenant 
rester  aucun  doute  sut  la  nature  du  travail 
local  observé  à  quelques  -  unes  des  piqûres 
dans  les  cinq  enfans  réinoculés  de  la  petite  vérole  , 
dont  il  a  parlé  dans  sa  dernière  note.  Ce  tra- 
vail fui  parait  étranger  à  toute  espèce  d'infection 
variolique  ;  il  s'est  produit  par  l'effet  delà  plaie 
'  faite  à  la  peau  ,  le  bouton  phlegmoneux  et  la 
suppuration  qui  sont  survenus  ,  en  ont  été  la 
suite  ;  la  matière  varioleuse  qui  y  avait  été  dé- 
posée ,  s'est  conservée  dans  ce  foyer  ,  où  l'on  a 

(i)  Voyeï  le  n°.  du  2  bruoiairt. 


pu  le  reprendre  avec  toute  son  activité  ;  enfin 
il  n'y  a  pas  eu  dans  ce  travail  ,  après  l'emploi 
de  la  vaccine  ,  et  sans  doute  par  un  bienfait  de 
cette  pratique  ,  plus  d'infection  variolique  ,  que 
dans  l'enfant  que  nous  avons  inoculé  de  la  petite 
vérole  ,  après  l'avoir  eu  ,  il  y  a  deux  ans  ,  de 
la  manière  la  plus  sensible.  ^ 

Le  comité  doit  ajouter  que  ,  d'apfès  l'avis  qu'il 
en  avait  donné  dans  sa  dernière  note  ,  il  a  fait 
sur  deux  enfans  l'épreuve  de  la  matière  prise 
sur  les  quatre  sujets  vaccinés,  qui  ,  ainsi  que 
Blondeau  ,  ont  offert  dans  la  réinoculation  avec 
la  petite  vérole  un  travail  local  à  quelques-unes 
des  piqûres.  Cette  inoculation  n'a  été  suivie  que 
d'une  inflammation  légère  ,  qui  en  peu  de  jours 
s'est  dissipée. 

Le  résultat  des  expériences  du  comité  est  en 
ce  moment  : 

Inoculations   de  la  vaccine  ,   200. 

Enfans  vaccinés  soumis  à  la  réinoculation  de 
la  variole  ,  sans  en  avoir  él;é  atteints,  27. 

Au  nom  du  comité  médical  de  l'inoculation 
de  lavaccine.  Thouret. 


THÉÂTRE       FEYDEATJ. 

Le  Journal  de  Paris  contenait  le  23  la  lettre  suivante  : 

On  donne  aujourd'hui ,  aS  ,  au  théâtre  Feydeau 
le  Voyage  d'Epernay  ,  opéra  en  i  acte.  La  musique 
est  en  grande  partie  connue.  Elle  est  de  Haydn  , 
Pàësiello,  Cimarosa  ,  'Vincenzo-Martini ,  Fabrici  , 
et  d'un  autre  maître  italien  qui  est  en  France  (i). 
Cette  pièce  n'est  cependant  point  une  traduction, 
ni  une  parodie  d'un  ouvrage  étranger. 

En  attachant  au  fond  léger  de  ce  petit  ouvrage 
quelques  morceaux  faits  par  des  compositeurs 
si  chéris  et  si  célèbres  ,  je  n'ai  eu  d'autre  but  que 
de  procurer  des  jouissances  aux  amateurs  de  la 
musique,  et  de  fournir  à  l'orchestre  du  théâtre 
Feydeau  ,  qui  est  familiarisé  avec  les  chefs-d'œu- 
vre ,  une  nouvelle  occasion  de  faire  bri^ller  sa 
charmante  exécution. 

J'ai  suivi  en  ceci  une  idée  indiquée  dans  les 
Mémoires  de  Grétry  sur  la  musique. 

Je  serai  top  heureux  que  des  noms  si  beaux  me 
servent  d'appui. 

L'auteur  du  Voyage  d'Epernay. 

Il  est  vrai  ,  l'on  peut  suivre  hardiment  un  con- 
seil donné  par  Grétry  ,  et  ce  n'est  pas  seulement 
en  fait  de  musique  et  de  pièces  de  théâtre.  Sans 
parler  du  talent  dont  il  est  doué,  quel  compo- 
siteur a  plus  souvent  et  mieux  étudié  le  goût 
national  ?  qui  peut  dire  avec  plus  de  raison  que 
lui  ,  en  avoir  fait  d'heureuses  épreuves  ?  D'au- 
tres doivent  leur  expérience  à  des  revers  ;  il  doit 
la  sienne^  â  des  succès  sans  nombre.  On  doit 
donc  l'écouter  et  l'en  croire  ;  mais  avant  de  sui- 
vre son  conseil,  il  faut  être  certain  de  l'avoir 
bien  entendu. 

Par  exemple  ,  il  est  impossible  de  croire  que 
Grétry  ait  pensé  qu'un  ouvrage  de  la  dernière 
médiocrité  réussirait  en  France  pat  respect  pour 
la  célébrité  des  compositeurs  dont  on  aurait  em- 
prunté la  musique.  Celle  de  Grétry  lui  -  même 
n'eût  pas  sauvé  de  l'oubli  de  tels  ouvrages  ;  mais 
la  plupart  des  pièces  pour  lesquelles  il  a  travaillé, 
sont  des  modèles  dans  le  genre  de  l'opéra  co- 
mique. Ces  ouvrages  heureusement  choisis  quant 
au  sujet ,  habilement  traités  et  soutenus  d'une 
musique  expressive,  variée,  locale  et  sur-tout 
chantante  ;  ils  plairont  toujours  ,  et  ,  ce  qu'il  y  a 
de  mieux,   ils  plairont  à  tout  le  monde. 

Si  donc  l'auteur  du  Voyage  d'Epernay  eût  bien 
entendu  le  conseil  donné  par  l'auteur  des  Essais 
sur  la  musique ,  il  eût  aisément  reconnu  que  plus 
le  nom  des  compositeurs  qu'il  mettait  à  contri- 
bution était  célèbre  ,  plus  il  fallait  rendre  digne 
d'eux  le  cadre  dans  lequel  on  introduirait  leurs 
productions  :  qu'au  lieu  de  donner  un  ouvrage 
néghgé  sous  tous  les  rapports,  sorte  de  cannevas 
dont  les  situations  communes  sont  à  peine  indi- 
quées ,  dont  les  scènes  sont  à  peine  écrites  ,  il 
devait  employer  tout  ce  qu'il  peut  avoir  de  ta- 
lent,  du  moins  pour  ne  pas  compromettre  celui 
des  autres  :  il  desirait  que  les  noms  célèbres  lui 
servissent  d'appui  ;  mais  pour  être  soutenu  par 
quelqu'un  ,  il  faut  au  moins  s'approcher  de  lui  : 
or  ,  notre  auteur  s'est  tenu  à  une  telle  distance 
de  ceux  dont  il  empruntait  le  secours,  qu'ils  n'ont 
pu  le  soutenir  dans  sa  chute.  Son  but  était  louable, 
sans  doute;  il  ne  voyait  en  tout  ceci  que  la  gloire 
des  compositeurs  italiens,  et  nullement  la  sienne. 
Le  pubHc  a  traité  comme  une  négligence  ,  ce  qui 
n'est  peut-être  au  fond  que  du  désintéressement. 
On  sait  que  le  public  aime  rarement  qu'ori  soit 
avec  lui  désintéressé  ,  au  point  de  ne  pas  mériter 


ses  suffrages.  Si  l'on  ne  peut  blâmer  les  premier? 
sujets  du  théâtre  de  n'avoir  pas  concouru  à  la 
représentation  de  cet  ouvrage,  on  doit  des  éloges 
au  zèle  et  aux  efforts  que  les  seconds  ont  inutile- 
ment faits  pour  lui  obtenir  du  succès. 

S.... 


MUSEE      CENTRAL     DES      ARTS, 

En  conséquence  ide  l'arrêié  du  ministre  de 
l'intérieur  ,  les  projets  pour  le  monument  à 
élever  sur  l'emplacement  du  château  Trompette  , 
à  Bordeaux,  seront  exposés  dans  le  grand  sallou 
du  Muséum. 

La  durée  de  cette  exposition  sera  d'un  mois  , 
à  commencer  du  i*^'  frimaire  prochain. 

L'entrée  du  grand  salon  et  de  la  galerie  des- 
tableaux est  interdite  jusqu'audit  jour  i"^'  frimaire. 

On  ne  reçoit  plus  maintenant  au  Muséum  que 
les   projets  envoyés    du   ministère. 


COURS  de  langue   italienne. 

Le  cit.  Giovanni  ,  auteur  de  plusieurs  disser- 
tations sur  le  génie  de  la  langue  italienne  , 
ouvrira  ,  le  1'^'  frimaire,  un  cours  de  cette  langue  , 
qu'il  se  propose  d'enseigner  par  une  méthode 
aussi  simple  qu'attrayante.  Le  même  professeur 
consentirait  à  donner  des  leçons  d'iiàlien  aux 
personnes  qui  ne  pourraient  pas  être  assez  libres 
pourse  déplacer ,  et  suivre  son  cours.  Sa  demeure 
est  rue  de  la  vieille  Bouderie  ,  n°  25.  S'adresser 
par  écrit ,  ou  de  vive  voix  ,  au  citoyen  Dufour  , 
même  maison. 


GRAVURES. 

Estampe  de  23  pouces  de  large  ,  sur  22  de 
haut ,  représentant  Béhsaire  aveugle  ,  recevaat 
l'aumône  ,  et  reconnu  par  un  soldat  romain  qui 
a  servi  sous  ses  ordres  ;  gravée  d'après  le  tableau' 
du  citoyen  David  ,  et  sous  sa  direction  par  le 
citoyen  Morel ,   son  élevé. 

Le  public  est  prévenu  que  chacune  des  épreu- 
ves sera  revêtue  du  (ïachet  de  chacun  des  auteurs.' 

On  souscrit  chez  le  cit.  David,  au  palais  des 
sciences  et  des  arts ,  et  chez  le  cit.  Morel  ,  rue  de 
la  Patrie  ,  n"  2  ,  au  coin  de  celle  de  la  Verrerie. 

Le  prix  de  l'estampe  est  de  24  fr.  avec  la  lettre  ; 
elle  paraîtra  le  1^'  nivôse  an  9. 

LIVRES       DIVERS. 

Portefeuille  politique  d'un  ex-employé  au  minis-^ 
tere  de  la  police  générale,  ou  Essai  sur  l'instruc- 
don  publique;  par  Lebrun.  ( In  medio  verilas. ) 
I  vol.  in-S". 

A  Paris ,  chez  Carteret  ,  rue  Pierre-Sarrazin  , 
n°  i3.  Prix  ,  3  fr.  ,  et  4  fr.  franc  de  port. 


COURS     DU     CHANGE. 

Bourse  du  26  brumaire. 

Rente  provisoire 23  fr.  25  c.' 

Tiers  consolidé 33  fr.  3o  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  54  Ci 

Bons  d'arréragé 85  fr.  88  c. 

Bons  pour  l'an  8 gS  fr.  60  c. 

Syndicat ' 

Coupures 84  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


(1)  Francesco  Parent! ,  ijrofesseur  habile,  et  coropositeui  pie 
de  goût  ,  qui  ,  par  modestie  sans  doute  ,  n'a  pas  voulu  : 
nommer  après  ses    maîtres.   — -   (  Note  du  rédacteur.  ) 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq_ue  et  des  Arts. 
Dem.  Anacréon  ,   et  le  ballet  de  la  Dansomanie. , 

Le  29  ,  Bal  masqué.  —  Il  commencera  à  minuit. 
L'ouverture  des  bureaux  se  fera  à  il  heures. 

Prix  du   billet  d'entrée  ,   6   fr. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
le  Major  Patiner  ,   et  Lise  et  Colin. 

Théatredesjeunes  élevés,  rue  deThionville. 
Auj.  le  petit  Mercier;  l  Ecole  de  l'adolescence  ,  et 
Cassandre  comédien. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  4'  repr.  du 
Retour  d'Arlequin  dans  son  ménage  ,  suite  (^Arle- 
quin afficheur.,  Cendrillon  ,  et  Fielding. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Aujourd.  la  2"^  repr.  de  l'Elevé  de  la  Nature, 
pantom.  allégorique  à  grand  spectacle  ,  suivie 
de   la  Romance. 

Théâtre  di>Marais  ,  rue  Culture-Caiherine. 
Auj.  les  fausses  Alarmes.,  Gilles  toujours  Cilles, 
et  l'Amitié  vaincue. 


Erratum.  Haas  la  feuille  d'hier,  page  2 18, 
1^'=  colonne,  y''  alinéa  :  la  mort  de  Perrée ,  la 
prise  des  généraux  de  la  Badine  et  du  Commerce 
de  Marseille.  ,  lisez  :  la  mort  de  Perrée  ,  la  prise 
du  Généreux  ^  de  la  Badine  ,  etc. 


A  Pavis,  dt  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  a"  i3. 


GAZ  ET 


TIONALEouLE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


.V"  58. 


Octidi  ,    28    brumaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le    MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel.  -lus 

II  contient  les  séinces  des  aatoricés  constituées ,  les  actes  du  gouvernemt;nî ,  les  nouvelles  des   armées  ,  airtsl   que  les  faits  et  les  notions  tant'suj 
l'ijuérieat  que  sur  l'extérieur,  tournis  par  les  correspondadces  ministérielles.  ■      j 

Un  article  ssra  particuliéioinent  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découverres  nouvelles, 


INTÉRIEUR. 


Paris ,  le  2]  brumaire. 


L 


'ouragan  du  iS  s'est  étendu  vers  l'Allemagne. 
Des  ietirc-s  dAix-ia-Ch3(.elie  ,  Cologne,  Dussel- 
dorf  ,  Cicvelt  et  de  plusieurs  autres  villes  an- 
Boncciit  qu'il  y  a  occasionné  des  ravages. 

—  On  écrit  de  Caen  endatedu  23,  que  Sjcunes 
j;eas.  prévenus  de  l'assassinat  coinmii  sur  un  par- 
liculier  de  la  commune  de  Lolif ,  et  à  la  pour- 
suite desquels  était  la  gendarmerie  ,  ont  été  arrêtés 
dans  la  nuit  du  i3  au  14  de  ce  mois  ,  au  moment 
oii  ils  comptaient  trouver  un  bateau  piêt  à  les 
passer  à  Jeisey.  Les  citoyens  Laporte  et  Saurin  , 
contrôleurs  des  brigades  de  la  douane  au  quartier 
de  Granville  ,  ont  donné  dans  celte  occasion  des 
preuves  de  zèle  et  d'intelligence. 

—  L'aihénée  de  Lyon  a  adressé  des  diplômes 
d'associé  honoraire  aux  trois  consuls,  au  ministre 
de  l'intérieur  (Lucien  Bonap.irle  );  au  ministre  des 
relations  extérieures;  aux  conseillers-d'état  Chap- 
tal ,  RœJerer,  Français  (deNantes)  ;  au  secrétaire- 
d'état  ;  aux  citoyens  Garât ,  sénateur;  Pasioret  , 
Boissy- d'Anslas  ,  Latiarpe  ,  Fontanes  ,  Sicard  , 
Saint-Ange  ,  Visée  ,  Piis  ,  Cubieres  ,  et  à  madame 
Dubocage  .  e*  Fanny  Beauharnois. 

— 'Le  3o  brumaire,  à  midi  très-précis,  il  sera  cé- 
lébré dans  le  temple  de  la  Victoire  (Sulpice  ),  une 
fêle  à  Ihéroîsme  de  Guillaume-Tell.. 

ACTES   ADMINISTRATIFS, 

MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

Le  miniilrt  de  la  justice,  aux  préfets  ,  sous-préfets  , 
etaux  juges  de  paix. —  Paris  ,  le  îS  brumaire  an  g. 

La  confection  des  listes  des  jurés  pour  chaque 
trimestre  ,  citoyens  ,  a,  jusqu'à  présent,  éprouvé 
des  retards  dans  plusieurs  déparlemens.  Il  en  est 
résulté  une  suspension  dans  les  travaux  des  tribu- 
naux criminels  ,  qui  semble  avoir  enhardi  le 
crime  et  le  brigandage  :  il  est  tems  de  faire  cesser 
ces  abu'.  En  vous  recommandant  que  doréna- 
vant les  listes  des  jurés  soient  faites  de  la  ma- 
nière et  dans  les  délais  prescrits  par  la  loi  du  6 
germinal  et  par  l'article  489  du  code  des  délits  et 
des  peines  ;  j'appelle  particulièrement  votre  at- 
tention sur  le  choix  des  citoyens  qui  doivent  être 
portés  sur  ces  listes. 

De  nombreuses  réclamations  se  sont  fait  en- 
tendre contre  celles  qui  ont  eu  lieu  jusqu'à  pré- 
sent :  on  leur  a  reproché  d'y  avoir  souvent  com- 
pris l'ignorance  ,  l'inaptitutle  et  l'esprit  de  parti  ; 
et  quand  on  voit  tant  de  criminels  échappera 
la  juste  punition  des  lois ,  tant  de  scélérats  se  rire 
et  des  tribunaux  et  de  la  justice,  on  serait 
tenté  de  le  croire.  Nindiquez  donc  ,  juges  de 
paix  ,  que  des  hommes  instruits  et  probes ,  dont 
les  vertus  ,  les  lumières  et  le  patriotisme  garan- 
tissent à  l'innocence  un  refuge  ,  à  la  société  la 
punition  du  crime  ;  portez  dans  vos  choix  la  plus 
scrupuleuse  attention  ;  consultez  les  citoyens 
honnêtes  et  recoramandables  par  leur  moralité. 
Songez  que  de  ces  choix  dépendent  la  tran- 
quillité publique  ,  le  triomphe  de  la  justice  ,  et 
la  prospérité  du  gouvernement. 

Quant  à  vous,  sous-préfeis  ,  usez  avec  une 
sage  sévérité  du  droit  que  vous  donne  la  loi  du 
6  germinal  ;  épurez  convenablement  les  listes 
qui  vous  seront  présentées  ,  et  ne  laissez  au 
sort  d'autre  latitude  que  celle  d'atteindre  néces- 
saircmrnt  des  hommes  dignes  de  la  confiance 
publique. 

Vous  ,  préfets  ,  usez  de  tout  votre  pouvoir 
pour  nbtenii  à  tems  ,  des  juges  de  paix  ,  les 
listes  qu  is  doivent  fournir;  et  si  quelques-uns 
d'enireux  se  montrent  encore  négligens  à  vous 
les  adicsscr  ,  faiics-les  connaître  au  commissaire 
près  le  tribunal  criminel  ,  ijui  saura  employer 
les  moyens  (jue  lui  donne  l'article  284  du  code. 
L'action  de  la  justice  ciiminelle  ne  doit  plus 
«lésormais  éprouver  aucune  espèce  d'obstacles  et 
do  retards  :  tous  les  fonctionnaires  doivent  con- 
courir au  rétablissement  de  l'ordre.  Il  faut  cjue 
la  force  et  la  vigueur  du  gouvernement  se  lassent 
«cntir  dans  toutes  les  parties  de  l'administration  : 
t'est  le  vœu  des  consuls. 

Je  vous  salue,  A  b  r  i  a  i.. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Les  personnes  qui  se  croient  dans  le  cas  d'êire 
éliminées  de  la  liste  des  émigrés  .  adressent  de 
tous  les  pomis  de  la  républi(jue ,  leurs  réclama- 
tions au  ministre  de  la  police  gènéiale. 

Ces  réclamations  sont  absolument  inutiles;  les 
affaires  se  jugent  selon  l'ordre  prescrit  par  l'arrêté 
des  consuls,  et  nulle  détiL^Schc  ne  peut  accélérer, 
ni  retarder  une  décision,   d  un  seul  instant. 

Des  gens  d'affaires  s'empressent  aussi  d'offrir 
aux  citoyens  inscrits  leurs  soins  mercenaires.  Plu- 
sieurs d'entre  eux  persuadent  même  aux  parties 
intéressées  ,  qu'ils  sont  forcés  de  partager  le 
prix  de  leurs  démarches  avec  certains  employés; 
sous  ce  prétexte  calomnieux  ,  ils  obtiennent  un 
salaire  d'autant  plus  fort. 

Les  citoyens  doivent  être  prévenus  que  la  police 
est  toujours  en  défiance  contre  ces  officieux  sol- 
liciteurs, et  que  leur  recommandation  est  la 
plus  mauvaise  de  toutes  celles  que  l'on  peut 
employer. 

Ils  sont  également  prévenus  que  toute  espèce 
de  sollicitation  est  supeiflue,  et  que  tout,  jus- 
qu'aux expéditions  des  arrêtés  ,  quoique  revêtues 
du  timbre  ,  se  délivre  giatis  dans  les  bureaux 
du  ministère. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Le  préfet  de  police  ,  aux  maires  et  adjoints  des  com- 
munes du  département  de  la  Seine  1  extra  muras  j  , 
et  des  communes  de  Saint-Cloud  ,  Sevrés  et  Meudon. 

Citoyens, 

L'arrêté  des  consuls  ,  en  date  du  3  brumaire 
présent  mois,  inséré  au  Bulletin  des  Lois ,  n"  4g  , 
établit  des  relations  entre  le  préfet  de  police  et  les 
maires  et  adjoints  des  communes  du  déparlement 
de  la  Seine  [extra  muros  ) ,  et  de  celles  de  Saint- 
Cloud  ,  Sevrés  et  Meudon. 

L'article  I"  de  cet  arrêté  porte  que  le  préfet  de 
police  exercera  son  autorité  dans  ces  diverses 
communes  en  ce  qui  touche  les  fonctions  qui  lui 
sont  attribuées  par  l'arrêté  des  consuls  du  12 
mes:idor  an  8  ,  sur  la  mendicité  et  le  vagabon- 
dage ;  sur  la  police  des  prisons  ;  sur  les  maisons 
publiques  ;  sur  les  atlroupemens  ;  sur  la  librairie 
et  l'imprimerie;  sur  les  poudres  et  salpêtres  ;  sur 
les  émigrés  ;  sur  la  recherche  des  militaires  et 
marins  déserteurs  .  prisonniers  de  guerre  ;  sur  la 
salubrité;  sur  les  débordemens  et  débcfcles  ;  sur 
la  sûreté  du  commerce  ;  sur  la  surveillance  des 
places  ,  lieux  publics  ,  et  sur  les  approvision- 
nemens. 

Les  maires  et  adjoints  des  communes  sont 
placés  ,  par  l'article  II  ,  sous  les  ordres  du  préfet 
de  police  ,  pour  cette  partie  de  ses  attribu- 
tions. 

La  police  de  Paris  réclamait  depuis  lorig-tems 
ce  nouvel  ordre  de  choses  ,  et  je  me  félicite 
d'être  placé  dans  des  circonstances  qui  me  per- 
mettent de  communiquer  avec  vous.  Il  sera  doux 
pour  moi  de  méditer  sur  le  bien-être  et  la  tran- 
quillité de  vos  campagnes  ,  et  de  travailler  de 
concert  avec  vous  a  y  maintenir  l'ordre  et  la 
paix.  Lé  concours  des  maires  et  adjoints  me  sera 
nécessaire  pour  atteindre  ce  but  ,  et  j'espère 
que  vouf  ferez  tous  vos  efforts  pour  assurer  l'exé- 
cution des  mesures  que  j'ai  ordonnées. 

La  mendicité  et  le  vagabondage  se  font 
sans  doute  sentir  dans  vos  communes  comme 
dans  Paris  ,  quoique  dans  des  proportions  diffé- 
rentes. 

Plusieurs  lois  contiennent  des  mesures  répres- 
sives contre  ce  fléau  ,  mais  les  circonstances  n'ont 
pas  encore  permis  de  les  exécuter  complettement  ; 
néanmoins  les  magistrats  sur  qui  repose  l'exécu- 
tion des  lois  doivent  faire  tout  ce  qui  est  en  eux 
pour  arrêter  le  débordement  du  mal  ,  lorsqu'ils 
ne  peuvent  pas  le  faire  cesser. 

Je  vous  invite  donc  à  porter  votre  attention  sur 
ce  premier  objet  ,  et  à  me  donner  une  idée 
exacte  de  l'état  de  vos  communes  respectives  , 
sous  le  rapport  de  la  mendicité.  Je  désire  savoir 
à  combien  monte  approximativement  le  nombre 
des  mendians  qui  les  fréquentent  habituellement. 
Vous  les  diviserez  ,  dans  l'apperçii  que  vous  m'en 
enverrez,  en  mendians  domiciliés  ,  en  mendians 
errans  et  sans  aveu  ,  en  valides  et  en  invalides. 

Les  mendians  errans  et  sans  aveu  sont  dans  la 
clessu  des  vagabonds ,  cl  les  dispositions  de  la  i^oi 


du  10  vendémiaire  an  4  ,  sur  la  police  inlérieur'e 
des  communes  ,  doivent  leur  être  iigoureu8enlt:r<t 
appliquées.  Je  vous  engage  dès  ce  monieiil  â  V 
tenir  la  main. 

J'ignore  si  les  communes  ,  dont  la  police  tn'eh 
confiée  ,  renferment  beaucoup  de  prisons  .'je  n6 
parle  pas  de  celle  de  Blcèire  ,  parce  que  l'anêtë 
du  12  messidor  l'a  mise  sous  mon  auloriié  ,  et 
que  je  la  connais  dans  tous  ses  détails  ;  mais  jtJ 
désire  avoir  des  renseignemens  sur  toutes  Ui 
autres.  J  invite  donc  les  maires  et  adjoints  ,  qui 
ont  des  prisons  dans  leurs  communes  ,  à  iri'a- 
dresser  I  état  nominatif  de  tous  ceux  qui  y  sont 
détenus  ,  et  à  me  répondre  sur  les  quesiiot»» 
suivantes  :  .,  .       ;        ii 

Où  les  prisons  sont-elles  situées  ?  Leur  coflsf' 
truclion  est  -  elle  assez  solide  pour  piévenir  leâ 
évasions?  De  quels  chaiigemens  sont-elles  sus» 
ceptibles  pour  les  rendi'c  plus  siues  ou  plus 
salubres?  Q_uel  est  le  genre  de  détenus  quelles 
renferment?  A  quelle  époque  remonte  leur  dé» 
lention  ?  De  quel  délit  sont-ils  pièvcnus  ?  Ont' 
ils  une  nourriture  suffisante  ,  et  jouissent-ils  de 
toutes  les  facilités  conripaiibles  avec  leur  état? 
Qjaels  sont  les  concierges,  gardiens  et  guiche- 
iii-rs,  leurs  noms  et  prénoms,  la  daie  de  leur 
entrée  en  exercice  .  et  le  montant  de  leurs  irai' 
temens  ?  Ont-ils  toutes  les  quaiiiés  requises,  et 
de  quelle  manière  remplisseni-iis  leurs  lonetioiis? 
Sur  quels  fonds  leurs  appointcracus  sont-ils  payés, 
et  combien  leur  est-il  dû  ?  Les  maisons  publi- 
ques ,  quel'arrêié  du  3  biumaire  me  charge  de 
surveiller  dans  les  communes,  sont  les  hôiels 
garnis,  les  logeurs,  les  cabarets,  les  maisonii 
de  jeu  ,  et  les  maisons  de  débauche.    , 

je  vous  invite  à  ra'adrcsser  un  éiat  exact  de  toutes 
les  maisons  de  ce  genre  qui  .existent  dans  vo( 
communes  respectives,  et  à  veiller  à' l'exécution 
de   la   loi    du    22  juillet  1791  ,    qui    les  concernej 

L'article  V  du  titre  I  de  celle  loi  oblige  les 
aubergistes  et  logeurs  à  inscrire  sur  ,inn  registre 
les  noms ,  qualités  ,  domicile  habi'uel  ,  date  d  en" 
trée  et  de  sortie  de  tous  ceux  qui  coi^çheront 
chez  eux  ,  m^me  une  seule  nuit;  et  de  représenter 
ce  registre,  toutes  les  fois  qu'ils  en  serunt  requis  j' 
aux  otliciers  municipaux. 

L'article  V  de  l'arrêté  du  directoire  exécutif 
du  21  fructidor  an  6  ,  veut  qu  il  soit  fait  des 
visites  chez  eux,  au  moins  deux  fois  par  décade., 
pour  vérifier  leurs  registres ,  les  examiner  et 
constater  les  changemens  survenus  dans  .i'in» 
lervalle  d'une   tournée   à   l'autre.  .  ; 

Je  liai  pas  besoin  de  vous  prouver  la  nécest 
siié  de  remplir  exactement  le  vœu  de  ces  deu« 
articles.  La  tranquillité  de  vos  communes  respec" 
lives  dépend  de  leur  observation  ;  une  foule 
d  individus  qui  ciaignent  ma  surveillance  dans 
Palis,  se  léfugient  aux  environs  pendant  la  nuit, 
et  je  pourrai  les  atteindre  si  la  police  des  auberges 
est  laite  avec  exactitude  dans  les  communel 
extra  muros. 

Occupez-vous  donc  de  cet  objet  essentiel  ,  e£ 
faiies-moi  parvenir  ,  tous  les  dix  jours  ,  ua 
rt;levé  exact  et,  détaillé  des  registres  des  auber^ 
gistcs  et  des  logeurs  ,  ainsi  que  des  changemens 
qui   surviendront  dans  l'intervalle   de  vos  visites, 

Ce  relevé  doit  énoncer  les  noms  et  prénoms  de» 
individus  entrés  chez  les  aubergistes  et  logeurs  , 
leur  âge  ,  leur  profession  ,  leur  domicile  habituel , 
le  motif  de  leur  séjour  dans  vos  communes,  la 
date  de  leur  passeport  ,  la  Commune  qui  l'a  dé- 
livré,  et  la  mention  du  visa  que  vous  y  aureï 
apposé. 

La  loi  du  27  ventôse  an  4  ,  doit  aussi  fixer  votre 
attention. 

L'art,  l"  veut  que  ceux  qui  arrivent  à  Paris  , 
sans  y  avoir  eu  Tintérieuremcnt  leur  domicile,  décla- 
rent, dans  les  3  jours  de  leur  arrivée  ,  devant  l'ad- 
ministration municipale  ,  leurs  noms  ,  prénonis  , 
âge  et  profession  ,  leur  domicile  ordinaire  ,  6t 
exhibent  leurs  passeports. 

L'art.  II  impose  l'obligation  anx  citoyens  qtlî 
auront  logé  un  étranger  ilans  leur  maison  ,  et 
aux  concierges  ou  portiers  de  maisons  non 
habitées  ,  d'en  faire  la  déclaration  dans  les  vinn-i- 
cjuatre  heures.  i 

Qjioique  cette  loi  ait  eu  Paris  pour  objet ,  elle 
tend  au  maintien  de  la  tranguiltité  publique  dans 
le  dépatlement  de  la  Seine  ,  et  les  dispositions 
qu'elle  renferme  sont  applicables  aux  cantons  ru- 
raux de  ce  dépaitemenl  ,  et  aux  communes  de 
Saint-Cloud  ,  Sevrés  et  Msudon,  djnt  la  police 
m'est  confiée. 


«26 


VovK  voudrez  donc  bien  veîjler  à  son  «xécuiion, 
«t  m'adresser  aussi  ,  tous  les  dix  jours  ,  un  état 
nominatif  et  détaillé  dq  tous  les  éirangeis  qui 
habitent  ou  qui  viendront  habiter  dans  vos 
communes,  ailleurs  que  chez  les  aubergistes  et 
logeurs  ,  et  un  extrait  des  déclarations  que  vous 
aurez  reçues  en  conformité  de  l'aiticle  II. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire  que  vous  devez 
•y  joindre  la  mention  du  visa  de  leurs  passe- 
ports. 

L'ariêté  du  3  brumaire  me  charge  du  soin  de 
dissiper  les  aitroupemens  qui  peuvent  se  former 
dans  les  comirunes  confiées  à  ma  surveillance. 
Cet  objet  intéresse  de  très-près  la  tranquillité 
.publique  ,  et  il  rpériie  toute  votre  atieniinn. 
L'un  des  moyens  propres  à  prévenir  le  danger 
des  aitroupemens  ,  est  de  surveiller  le  port 
,d'armes.  Vos  administrés  ne  peuvent  point  eue 
^rfnés  sans  une  permission  ;  je  vous  invite  , 
.citoyens  ,  à  leur  rappeiler  le  vaeu  des  réglemens 
,'çur  cel  objet,  à  veiller  à  leur  exécution  ,  et  à  me 
idonnerdes  renseignemens  sur  I  état  de  vos  com- 
munes respectives  ,  sous  le  rapport  du  port 
d'armes. 

Les  gardes  champêtres  et  les  gardes  forestiers 
doivent  seuls  être  dispensés  d'obtenir  une  per- 
jnission  de  port  d'armes  ,  parce  qu'ils  sont  ins- 
titués pour  la  conservation  et  la  défense  des 
propriétés  rurales  ;  mais  ils  doivent  toujours  ê;re 
anunis  de  leurs  commissions.  Vous  voudrez  bien 
•leur  recommander  de  concouiir,  avec  la  gendjr- 
merie  ,  à  l'exécution  de  mon  oidonnatice  du  7 
.brumaire. 

(  La  suite  demain.] 


'Circulaire  publiée  par  le  préfet  du  département  du 
.  Cher.  —  Bourges  ,  le  12,  brumaire  ,  an  g  de  ta 
,.  république  française ,:  une   et  indivisible. 

La  ville  de  Paris,  citoyen,  a  payé  à  la  mé- 
moire du  titoyen  Bélhunc-Charost  ,  le  tribut  de 
resi'ect  dû  à  ses  vertus;  il  reste  au  département 
du  Cher  à  acquitter  envers  Itii  la  dette  de  la  re- 
connaissance. Il  faut  qu'un  monument  simple  , 
élevé  au  lieu  où  ses  cendres  sont  déposées  , 
consacre  le  souvenir  de  ses  bienfaits,  et  qu'une 
■pierre  arrosée  des  larmes  du  pauvre,  inspire  au 
voyageur  un  recueillement  religieux, 
i  L'idée  de  ee  monument  est  dans  tous  les  cœurs; 
•mais  il  appartenait  au  magistrat  de  leur  donner 
la  première  impulsion  ,  et  je  compte  beaucoup 
sur  vous  ,  citoyen  ,  pour  me  seconder.  De 
nombreuses  sousciiplions  se  sont  formées  pour 
honorer  id,es  noms  brillans  :  l'ami  de  l'humanité 
inérile  birn  aussi  que  le  sien  soit  transmis  aux 
généray.ons  futures. 

Je  crois  pouvoir  ,  citoyen  ,  «-ous  compter 
d'avance  avec  certitude  au  nombre  des  sous- 
cripteurs du  monument  à  lui  ériger  dans  la 
commune  de  Meillant.  Les  souscriptions  seront 
reçues  au  secrétariat  de  la  préfecture  jusqu'au  i5 
i'rimaire  ,  jour  auquel  je  propose  aux  souscrip- 
teurs ,  dont  la  liste  sera  rendue  publique  par  la 
voie  de  l'impression  ,  de  se  réunir  chez  moi  ,  à 
midi  ,  en  assemblée  générale,  pour  nommer  un 
.comité  d'administration  et  d'exécution.  Ce  comité 
^era  chargé  de  proposer  à  l'assemblée  1  emploi 
cie'la  somme  à  laquelle  la  souscription  s'élèvera  , 
.et  de  lui  faire  un  rapport ,  au  jour  déterminé  ,  sur 
les  plans  et  di.ssins  qui  ,  dans  1  intervalle  ,  auront 
été  exposés   au  concours. 

Je  vous  le  répète  ,  citoyen,  je  compte  particu- 
.liérement  sur  vous  pour  assurer  l'exécution  de  ce 
projet  honorable  au  département  ,  en  travaillant 
■à  multiplier  le  nombre  des  souscripteurs.  Mon 
attente  ne  peut  être  déçue  ;  elle  est  fondée  sur 
votre  sensibilité  ,  et  sur  cet  élan  qui  vous  entraîne 
-îers  tout  ce  qui  est  moral  et  patriotique. 

J'ai  l'honneur  de  vous  saluer. 

Signé  ,  LucAY. 


'  Dans  une  lettre  datée  d'Angers,  et  publiée  der- 
'^nierement  dans  les  journaux,  on  lit-,  que  le 
talent  d'improviser  Jt'cjt  ,  en  Italie  ,  auxre  chose 
que  celui  d'entasser  les  contradictions  et  d'allonger 
les  'inutilités. 

Il  pourrait  suffire  d'observer  à  l'auteur  de  la 
lettre  qu'en  général  ,  il  n  était  point  nécessaire 
d!injurier  une  classe  de  littérateurs  qui  honorent 
vine  nation,  de  qui  .,  suivant  l'aveu  d  un  homms 
dont  le  témoignage  n'est  point  suspect,  les  fran- 
çais tiennent  tout ,  et  quils  imitèrent  assez  tard  dans 
les  arts  de  l  esprit  et  de  la  main.  U  ne  faut  point 
décrier  aussi  légèrement,  sur-tout  ceux  auquels 
en  a  de  telles  obligations. 

Il  se  peut  cependant  que  l'auteur  de  la  lettre 
ne  se  croie  pas  obligé  envers  l'Italie  ,  et  qu'en 
effet  il  ne  tienne  rien  d'elle.  Pour  cette  raison  , 
je  me  permettrai  de  lui  demander  s'il  connaît  la 
langue  iialienne  ?  s'il  a  entendu  quelques  impro- 
visateurs ,  et  quels  sont  ceux  quil  a  entendus? 
puis  ,  je  le  prierai  de  me  dire  ,  de  bonne  foi  , 
s'il  les  a    bien   compris  ? 

Je  pourrais  m'en  tenir  là  ,  jusqu'à  ce  qu'il  m'eût 
fait  une  réponse  saiisfesante  ;  mais  j  ajouterai 
quelques  réflexions  que  je  le  prie  de  peser. 


Je  retBàrqué  qtle  le  talent  d'improviser  en  prose 
n'est  pas  aussi  rare  en  France  que  l'on  .semble 
l'assurer  dans  la  lettre  ;  il  me  semble  que  la  tri- 
bune et  ,1e  .barreàU  en  ont  ,/ naguère  encore  , 
fourni  quelques  exemples. 

L'Italie  a  ses  poëies  improvisateurs  ,  comme 
la  France  a  ses  orateurs  en  ce  genre  ;  mais  elle 
ne  donne  pas  plus  ce  nom  à  ceux  qui  chantent 
dans  les  carrefours  de  grossiers  impromptus, 
qu'ici  l'on  appelle  poé'ies  les  faiseurs  de  noëls 
ou  de  chansons  des  rues.  On  nomme  improvvi- 
satori  ceux  qui  ,  sur  un  sujet  donné  ,  créent 
à  l'instant  une  ode  ,  un  chant,  un  poëme  que 
l'enihousiasme  ,  la  régularité  ,  la  connaissance 
des  passions  ,  l'art  dé  les  décrire,  de  les  mettre 
en  œuvre  et  de  parler  leur  langage  ,  enfin  qu'un 
style  pur  ,  élégant  et  nerveux  rendent  dignes 
d'être  comparés  à  des  ouvrages  du  même  genre, 
écrits  et  médités  dans  le  silence  du  cabinet. 
L'Italie  a  beaucoup  de  ces  génies  ardens.  Ce 
n  est  pas  ici  le  lieu  d  exarniner  les  causes,  de 
sa  fécondité  en  ce  genre  ;  il  vaut  mieux  faire 
connaître  deux  imprbyisaieurs  qui  sont  présen- 
tement à  Paris. 

Le  premier  est  le  citoyen  Gianni.  Ses  vers  , 
écrits  à  mesure  qu'il  les  prononce  ,  sont  imprimés 
ensuite  ;  déjà  plusieurs  journalistes  en  ont  traduit 
et  publié  divers  morc.eaux.  Voici  les  deux  der- 
niers vers  d'un  ottava  improvisée  sur  le  consul 
Bonaparte. 

M  £  IMnstabtl  Fortuna  a  tu!  devota* 

„  Il  crin  gt;  ofTerse  ,  abbandono  la  rota. 

On  conviendra  que  chez  tous  les  poètes  de 
toutes  les  nations  ,  de  telles  idées  ne  sont  pas 
généralement  très-communes. 

Le  second  ,  le  cit.  Galiulfi,  pourrait  fournir  la 
pr;uve  que  cette  facilité  des  italiens  ne  tient  pas 
entièrement  à  la  souplesse  de  leur  langue.  En  un 
instant  ,  et ,  ainsi  que  l'on  dit  stans  ptde  in  uno ,  il 
rend  en  vers  latins  une  composition  ou  une  action 
quelconque  dofit  011  lui  a  fait  ou  la  lecture  ou  le 
récit. 

Le  poëme  que  Gianni  improvisa  ,  il  y  a 
quelque  lems  ,  chez  le  ministre  ligurien  ,  en 
présence  de  plusieurs  littérateurs  français  versés 
dans  la  langue  italienne,  et  la  traduction  en 
vers  latins  qu'en  fit  sur-le-champ  GaliufH  ,  sont 
imprimés  ;  fauteur  de  la  lettre  peut  les  lire  et 
juger  ensuite  les  improvisateurs  italiens  ;  j'oserai 
lui  faire  remarquer  ces  deux  vers  : 
•*  Tuonano  i  bronzi ,  echeggian  le  pendici 
„  £  scontrasî  viedpiù  stuûto  coD  stuolo. 

Traduite  3  l'instant  par  celle  autre  : 

•>  AEra  sonant  ,  rcboant  montes  t  pfemiturque  Tiro  vir. 

Ce  que  je  viens  de  citer  suffit  pour  donner 
une  idée  des  prodiges  d'un  art  que  ne  mépri- 
sait pas  Voltaire  ,  celui  de  tous  les  étrangers  , 
après  Ménage  ,  qui  a  le  mieux  connu  noire 
langue.  Pour  1  intérêt  de  ma  cause  ,  je  devrais 
en  rester  -  là  ,  mais  je  ne  saurais  m'abstenir 
de  transcrire  encore  les  quatre  vers  que  Gianni 
fit  chez  le  premier  consul  ,  quelques  jours  après 
la   bataille  de  Marengo. 

,,  Quel   Eroe  teiribil   tanto 

„  Und'  Ettor  di  vita   usci 

M  In   due    lustri  non    fè  quanto  , 

y,  Bonaparte  fè  in  un  di. 

Et  si  l'on  me  pardonne  celte  dernière  cita- 
lion  ,  on  ne  me  saura  point  mauvais  gré  ,  sans 
doute  ,  d'y  joindre  le  distique  latin  par  lequel  l'a 
traduite  le  citoyen  Cambiasi  ,  ligurien,  distingué 
par  ses  connaissances  littéraires,  et  recommanda- 
ble  par  les  qualités  de  son  cœur. 

„  Hcctora   qui  bello    vicît  ,  troadesque  bilustri  , 
„  Non  unà  fecit  quod  Bonaparte   die. 

Un  italien,  jeté  par  la  tourmente  des  révolu- 
lions  sur  une  terre  étrangère  ,  doit  sans  doute 
réclamer  pour  sa  patrie  qui  fut  le  berceau  des 
beaux-arts  ,  des  honneurs  auxquels  on  voudrait 
attenter;  iis  sont  la  propriété  sacrée  de  ceux  qui 
ont  tout  perdu  ,  hors  le  désir  et  le  sentiment  de 
la  gloire  de  leur  pays  ,  qui  leur  font  souhaiter  de 
le  voir  aussi  puissant  dans  les  arts  militaires  , 
cju'il  est  distingué  dans  ceux  de  l'imagination  ; 
aussi  riche  en  armes  et  en  soldats  ,  qu  il  le  fut 
et  l'es  I  encore  en  ouvrages  d  esprit  en  littérateurs. 
Ales.  Azzia. 


ne  veut  que  de  la  pluie  :  on  voit  déjà  que  c'est 
absolument  là  le  sujet  de  l'agréable  opéra  ,  inti- 
tulé :  les  Pommiers  et  le  Moulin  ,  dont  le  Moine 
3.  fait  la  musique.  Ce  sujet  ,  (raiié  de  nouveau  , 
eût  pu  faire  la  matière  d'une  scène ,  daii,s  un  de  ces 
ouvrages  connus  sous  le  nom  de  pièces  à  tiroirs  ; 
mais  alors  même  ,  il  eût  fallu  la  donner  quelques 
mois  plutôt  ,  pour  que  certaines  allusions  fussent 
senties,  si  toutefois  elles  sont  de  nature  à  faire 
quelqu'efFet  au  théâtre.  La  situation  ,  d  ailleurs  , 
eût  exigé  plutôt  quelques  piquanls  couplets  de 
circonstances  ,  que  des  arictles  dont  on  entend  à 
peine  les  paroles  ,  ou  des  morceaux  d'ensemble 
amenés  sans  n'iotifs  et  par  conséquent  entendus 
sans  intérêt.  Mais  de  quelque  manière  que  l'ou- 
vrage eût  été  traité  ,  il  eût  fallu  surtout  en  bannir 
les  jeux  de  mots  sans  nombre  ,  qui  s'y  trouvent , 
et,  par  exemple,  ceux-ci  :  voici  une  ardeur  qui 
fera  tort  àvotre  flamme.  —  Sivos  artifices  ne  prennent 
pas  les  femmes  ne  viendront  plus  ;  finesses  (ju'on  est 
honteux  d'avoir  devinées,  après  avoir  été  forcé  de 
réfléchir  pour  les  entendre. 

Il  y  a  dans  la  pièce  un  valet  qui  s'annonce  avec 
beaucoup  d'importance  ,  qui  discute  sur  les 
spectacles  ,  lesjouinaux,  les  auteurs,  les  chûtes', 
les  succès  ;  qui  demande  à  son  maître  l'occasion 
de  le  servir  ;  qui  veut ,  dit-il  ,  du  mouvement ,  de 
l'action  ,  de  l'intrigue,  pour  se  trouver  dans  son 
centre  ;  mais  par  malheur  on  ne  sait  trop  ce  que 
devient  ce  valet  pendant  la  pièce  ;  il  ne  noue  et 
ne  dénoue  aucune  intrigue;  il  paraît  à  peine  sur 
la  scène  ,  sans  doute  pïrce  qu'il  ne  se  trou- 
verait nullement  dans  son  centre  ,  là  oti  il  n'y  a 
ni  intrigue  ,  ni  action ,  ni  mouvement  ,  si  ce  n'est 
l'intrigue  qu'il  promet  ,  qu'on  attend  de  lui  ,  et 
qu'il  ne  pioduit  pas. 

Il  y  a  dans  l'ouvrage  un  autre  rôle  également 
destiné  à  être  c.jinique  ,  personnage  taillé  sur  des 
patrons  très-connus  ,  et  dont  la  phisionomie 
est  empruntée  de  celle  de  tous  les  gascons 
parasites  aux  dépens  desquels  les  auteurs  de 
l'ancien  théâtre  se  sont  si  souvent  égayés.  Celui-ci 
dîne  chez  le  directeur  du  spectacle  ,  pour  lequel 
il  fait  des  articles  dans  le  journal  du  malin  ,  et 
soupe  chez  l'entrepreneur  des  fêles,  pour  lequel 
I  il  écrit  dans  le  journal  du  soir.  Il  vcui  emprunter 
de  l'argent  à  I  un  pour  épouser  la  fille  de  l'autre  ; 
mais  il  n  est  pas  difficile  â  l'amant  préféré  de 
déjouer  la  ruse  d'un  tel  personnage.  Le  moyen 
qu'il  emploie  est  pour  nous  un  mystère;  et  sî 
nous  sommes  certains  qu'il  termine  par  se  marier 
avec  son  amanle  ,  nous  le  sommes  moins  sur  le 
moyen  qui  lui  sert  à  réconcilier  son  père  avec 
celui  de  la  jeune  personne.  Ceci  est  en  partie  I* 
faule  du  public  ,  qui  a  accompagné  ,  de  manière 
à  le  laisser  difficilement  entendre  ,  un  morceau 
d  ensemble  qui  occupe  la  scène  du  dénoûment. 
Peut-êtic  aussi  les  compositeurs  devraient-ils  ,  ea 
g'rnéral  ,  éviter  de  faire  exécuter  en  musique  les 
parties  quil  est  indrspensable  d'entendre  pour 
l'intelligence  d'une  pièce.  Ce  n'est  pas  trop  exiger 
que  de  vouloir  au  moins  dans  un  opéra  comique 
entendre  distinciement  1  exposition  el  le  dénoû- 
ment. 

Nous  croyons  avoir  dit  que  cet  ouvrage  n'avait 
point  réussi.  On  doit  regretter  quelques  mor- 
ceaux de  musique  d  un  chant  agréable  ;  l'ouver- 
ture est  assez  brillante  ;  le  premier  rondeau  du 
valet  est  bien  fait  ;  le  motif  principal  est  heureux  , 
et  l'accompagnement  imitatif,  mais  il  est  trop 
long  ;  c'est  en  général  ce  que  l'on  peut  dire  de 
tous  les  morceaux  d'ensemble  ,  ou  de  ceux  dé- 
tachés ,  qu'on  entend  dans  cet  ouvrage.  Le» 
auteurs   n'ont  point  été    demandés. 


Théâtre  de  l'Opéra  cgmiq^ue. 

La  Pluie  et  le  ■  Beau  Tems ,  tel  est  le  titre  assez 
bizarre  d'un  ouvrage  donné  hier  à  ce  théâtre  ,  et 
dont  le  peu  de  succès  est  une  nouvelle  preuve  de 
cette  assertion  ,  qu'une  pièce  décidément  mau- 
vaise ne  peut  se  soutenir  même  à  l'aide  d'une 
musique  agréable  ,  vive,  légère  ,  et  même  ingé- 
nieuse ;  telle  éiait  celle  cle  l'opéra  nouveau. 

Le  fond  de  cet  ouvrage  est  peut-être  ce  qu'il  y 
a  de  plus  commun  et  de  plus  usé  au  théâtre  , 
puisqubn  y  voit  deux  pères  refuser  d'unir  leurs 
enfans  parce  qu'ils  sont  opposés  d'intérêt.  L'un  , 
entrepreneur  de  fêtes  champêtres  ,  ne  veut  que 
du  beau  lems  ;  l'autre  ,  directeur  de  spectacles  , 


AU       REDACTEUB. 

C'est  avec  l'intérêt  le  plus  vif  que  j'ai  lu  dans 
votre  journal,  citoyen,  le  rapport  du  cit.  Chaplal, 
sur  l'instructionpublique.  Il  in'a  paru  réunir  toutes 
les  qualités  que  comporte  un  sujet  de  cette  impor- 
tance ?  Idées  nettes  ,  vues  profondes  ;  dévelop- 
pement lumineux  ;  principes  sûrs;  conséquences 
heureuses.  C'est  l'ouvrage  d  un  bon  citoyen  ,  d'un 
administrateur  habile  ,  d'un  philosophe  ,  à  prendre 
ce  mot  dans  sa  primitive  acception  ,  et  tel  que  le 
concevait  Marc-Aurele  ,  lorsqu'il  disait  que  les 
peuples  seraient  heureux  quand  ils  seraient  gou- 
vernés par  des  philosophes.  Aussi  ,  en  apprenant 
la  nomination  du  cit.  Chaptal  aux  fonctions  du 
ministère  de  l'inlérieur  ,  au  moment  même  oii 
j'avais  sous  les  yeux  son  rapport  sur  l'instruction 
publique,  ai-je  éprouvé  un  sentiment  de  joie, 
qu'ont  sans  doute  éprouvé  aussi  tous  ceux  qui  , 
comme  moi  ,  gémissent  sur  la  décadence  de 
l'éducation  en  France.  Le  plan  qu'a  conçu  le 
philosophe  ,  le   ministre  l'exécutera. 

Donner  un  bon   système    d'éducation  ;   c'est  , 

j'ose  le  dire  ,  rendre  à  son  pays  le  service  le  plus 

grandqu'il  soitpossible  d'imaginer. Jamais  service 

n'aura  été   mieux  senti  ,  ni   mieux   apprécié  que 

dans    les  circonstances  où  nous  nous   trouvdtis. 

C'est  à  l'éducation   à  perfecrionner  ,    à  épurer, 

î  sije   peux  m'exprimer  ainsi,   la   révolution  fran- 

!  çaise  :  ccae  révolution  qui  fut  amenée  par  la  force 

:  irrésistible   des  choses  ,  iplus  encore  que  par  1* 

>  volonté  des  hommes. 


Combien  d'années  déjà  perdues  à  proposer,  à 

,  discuter  ,  à  sophisliquer  sur  les  condiiions   d'une 

S'bonne  éducation  naiionale  !  Il  faut  l'avouer  avec 

•le  savant   auteur  du   rapport,   celle  paiiie   de   la 

généraiion  préscnK-,  ((ui  a  atteint  vingt  dns ,  peut,  à 

.  quelques  exccplioiis  prii  ,  êlre  ;rcgjr«iée  comme 

,  vouée  à  l'ignorance.  Jamais,,  cependant,   on   n'a 

-  plus  parlé  ,   plus  éciil  sur  l'éducation  ijue  depuis 

dix  ans.  Il  fallait  donc  dix  années  de  déraison  pour 

en  venir  aux  piincipes  dont  le  cit.  Chapial  a  lait 

la  base  de  son  rapport. 

Mais   la    cause    des    aberrations    politiques  et 

.sociales    dont    nous    avons  été    si    long-tcms  le 

1  jouet  .   quelle   est-elle  ?    Ne    calomnions    pas   le 

cœur  humain  ;   mais  ne  dissimulons  pas  ses  fai- 

^  plesses.  Or  ,  ce  n'est  pas  le  calomnier  que  de  dire 

.que  c'est  l'enthousiasme  même  du  bien  qui  sou- 

.  yenl  l'emporte   vers   le   mal.   Il   est  plus  aisé  de 

j  d.c'f""'^   'l'J^    tle   réformer.  Fiappés  des   abus  de 

.l'ancienne    éducation,    les   hommes    ont  oublié 

les    services   qu'elle    avait   rendus  ,  et  méconnu 

çejix   qu'elle  pouvait   tendre  encore.  On  n'a  pas 

considéré    que     de    toutes    les    institutions   alors 

j^exisianles  ,  il  ny  en  avait  pas  qui  se  rapprochas 


227 

s'est  imaginé  qu'une  seule  leçon  publiqi»e  d'une 
heure  et  demi:  pai  jour  ,  et  dans  ïnquclle  le  rôle 
de  disciple  se  léduit  piesqu'entiérument  il  écouler 
les  disscnatinns  du  maître,si'fii.s.iii  pour  apprendre 
e(ideijxans  1.1  langue  latine  ,  iiléiuclcde  laquelle, 
ipeut-être  par  un  ixcè.<  coutraiic  ,  on  consacrait 
dans  les  anciens  collettes  sept  ou  huit  années:  on 
a  cru  que  deux  rniiîtres  suflisaieiil  ,  l'un  pour 
enseigner  les  clémens  des  lan'gucs  mortes  ,  l'autre 
potir  en  f.iire  sesjiiret  admiici  les  chefs-d'œuvre  , 
et  Ion  a  classé  dans  le  même  rang  l'enfant  quj 
s..it  à  peine  les  noms  et  les  vi'tbes  ,  et  celui  qui 
déjà  explique  couramment  les  auteurs.  D'tù  il 
ré'^uite  que  les-  leçons  du  nvaîue  ,  quehjut  clarté 
qu'il  y  mette  ,  tjueiriu'efrort  qu'il  (.rsse  pour  se 
mettre  à  la  portée  de  ioiis  ceux  qui  sont  censés 
rtiitendre  ,  sont  entièrement  perdues  j)Our  la 
grande  mujoiilé  des  disciples.  De  là  un  dégorrt 
absolu  chci;  les  uns,  le  dclaui  d  émuljiion  chez 
les  autres  .  ei  [lour  la  société  entière  un  avenir 
efFiayani  d'ignoiance   et   de    baibrie. 

Mais    ces    inconvéniei:s    ont    ciç   siiffisamment 

sentis  ,    et  il  n'en  est  pjs  uji   seul    i|ui    ne    trouvé 

son    remède  dans   le   plan   que    présente    au  gou- 

2»ent  davantage  des  formes  républicaines  que  les  I  vernement   le   cit.   Chjptal.    Nous   verrons  donc 

j^univeisirés.  On  n'a  pas  vu  que  dans  les   collèges  ;  bientôt  l'éducation  refleurir  eti  France  ;  ce  yasie 

et  dans  les  pensionnats  des  congrégadons  enseig-  !  édifice  sera    replacé    sur    son  annque  base  ,   mais 

,  naiites ,   se   trouvaient    réunis    tous    les   éléraens  ;  par  des  mains  habiles  (jui  .  en  corrigeant  les  vices 

,, dont.se  compose  une  sage  république  ;  que    s'il     de  sa  première  consirucdon  .  lui  donneront  plus 

s  y  rencontrait  des   abus  ,  ils  étaient  sentis  et  dé-  '  de  solidité  ,   plus   de    régularité  ,   la   niajeslé  qui 

nonces    déjà   par    les    maîtres    eux-mêmes  ,    qui  *  convient  ^à    une    nation    qui   a    le  sentiment  de 


'■depuis  long-tems  en  sollicitaient  la  réforme; 
^  qu'il  n'y  avait  pas  d'amélioration  plus  aisée  à 
«faire  ijue  celle  que  demandait  l'insiiuction.  Cet 
,  arbre  antique  et  majestueux  dont  il  1;.'' ,■'  re- 
trancher le  bois  mort  ,  et  diriger  les  branc'aes 
,  miles  ,  on  l'a  abattu. 

Cette  destruction  a  été  le  signal  du  vandalisrne 
en    France.    Leî    asyles  de   I  éducaiioa    une   fois 
renversés  ;    les  gardiens  du  sanctukure  des  muses 
dispersés;  leur  patrimoine.  envaU  ;    on    ne    parla 
■plus   sur    .  i.    ■'nction  qu'avec  délire.    On   eût  dit 
"que    rien    n'était    j.i>^    lacil;    à    trouver   que    de 
•bons   instituteurs:  qu  avec    du    patriotisme,  (et 
'l'on  sait  ce  que  pendant  long-tems  on  a  entendu 
par  patriotisme  )  un  homme  était  capable  de  rem- 
placer les  RoUin    et  les  Lebeau  ;  que   les  chastes 
sœurs  ,  prenant  part  au  vertige,  révoiuiionnaire , 
étaient  prêtes  à  prostituer  leurs  laveurs  au  premier 


E.  Petit. 


LIVRES       DtVERS. 

Relation  de  l'amhassndt  niigliùe  ,  envoyée  en 
1795  dans  le  royaurjic  d'Avo  ou  1  emplie  des 
birmans  ;  l'ar  le  major  Michel  Symes  ,  chargé 
de  celte  ambassade  ;  suivi  d  un  voyage  lait  en 
1798  ,  à  Colombo  ,  dan?  l'île  de  Geylan  .  et  à  la 
baye  de  DaLigoa  ,  sur  la  côte  oiientale  de  l'Afri- 
que; de  la -description  de  l'île  de  Carnicobar 
et  des  ruines  de  Mavalipourjn  ;  tr^iduiiS  de 
l'anglais  ,  avec  des  notes,  par  J.  C.istera  ;  avec 
une  collection  ele  3o  [danches  iu-.j."  ,  gravées  en 
taille  douce,  parJ.B.  P.  Tanii.u;  de-sinées  sur 
les  lieux,  sous  les  yei:x  de  I  umb.issadeur  ;  trois 
vol.  in-8°  ,  avec  un  atl.is.  Prix  ,  -24  fr. 


Le  gouverneur  -  général  du  Bengale  voulant 
venu.  On  crut,  ou  l'on  feignit  de  croire  ,  que  .faciliter  et  raffermir  les  rehtions  commerciales 
les   connaissances  étaient  aussi  faciles   à  acquérir     de  llnde  anglaise  avec  l'emiiire  Birma-i  .  dont  les 


qu'à  iransmetire  ;  par  un  respect  hypocrite  ,  ou 
insensé  pour  la  liberté  ,  on  affranchit  l..s  élevés 
de  tous  ces  réglemens  sans  lesquels  il  ne  peut  y 
avoir  d'éducation  ,  et  qu'on  se  plat  à  représenter 
comme  un  joug  indigne  des  enfans  d'un  peuple 
libre. 


teriitoires  sont  contigus  ,  envoya  en  1  ;g5  le  major 
Symes  auprès  de  lempereur  dAva.  C  ne  ambas- 
sade  eut  à-peu-près  tout   le    succès   qu'on    avait 
désiré  ,  malgré   les  intrigues  des  mahoinétans  ,   et 
sur-tout  des  arméniens  ;  gens ,  dit  le  major  Symes , 
d  un   caractère  perfide  et   rusé  ,  d'une  activité  in- 
Des  écoles  primaires  avaient  ,   il  est  vrai  ,  été  '■  faiigablc  .  et  ne  manquant  pas   ordinairement   de 
décrétées.  Mais  otà  étaient  les  fonds    pour   payer    capacité.  Ceux  du  Pegu  voyaient  d'un  oeil  d'envie 
IfcS    maîtres?    les    maisons    pour    les    recevoir?     lès  progrès  des  colonies  européanes  ,  parce  qu  ils 
les    di.sciples    pour    les    entendre  ?     Mais    quels     '«"'  fesaicnt  craindre   de   perdre   bieniot  tout  le 
hommes     chargeait  -  on     de     ces     fonctions    si  ^  <:'é'lit  et  rautonié  qu'ils    avaient    dès    long-tems 
respectables   ?     quelles      qualités      exigeait  -  on  |  acquis  parmi  les  peguai-.s  et  les  birmans. 
d'eux  ?    quel    examen    leur    fesait  -  on     subir  ?  I      Le  principal  objet  de  commerce  entre  les  an- 
je  dis   plus  ,  que  pouvi<it  -  on    demander  à    des  ,  glais  et  les  birmans  ,  est  le  bois  de.'reakou  bois 
maîtres   à  qui   un   patriotisme  exagéré  tenait  lieu  ;  de   llnde,    qui    croît  dans  les    royaumes    d'Ava 
.de  lumières  ,  de  mai^rs  ,  de  talens  ,   et  qui  seul  >.  n  de  Pegu  ,  et  qu'on  trouve    aussi   sur    la   côte 
'  leur  avait   valu  le   choix  qu'on  avait  fait  de  leurs  j  de    Malabar,   otà    il   sert    à    la  construction    des 
'personnes?  à    des  maîtres  souvent  étrangers  aux  i  vaisseaux  de  Bombay.   Ceux   de   Calcutta    et  de 
'communes  dans    leiqi:;l!es  ils  étaieiit   envoyés  ,  |  Madras   sont    contruits    avec  le    bois  de    Teak  , 
'_,OD  ,    ce  qui  était  pire   encore  .  chnlHs  parmi  les  i  ct'Ava   et  de  Pegu,  que  les  anglais  vont  chercher  à 
'têtes    les    plus  ardentes   du   pays?   a  des    maîtres  ,  Raagoun  ,   principal  port  de  ce  dernier  royaume, 
placés,  à    une    distance  irès-éloignée    des   élevés  ,  Ce  bois  est   le  seul  qui  puisse  être  employé  pour 
qui  devaient  suivre   leurs  leçons?  Ce  qu'on   pou- '  les    gros    vaisseaux    dans    cetie    navigation     de 
vait  en  attendre,   on  l'a  eu   :   la   privation  totale  (  llnde.   On  a   fait  des  vaisseaux  avec  des  bois  in- 
d'insiruction  dans  les  campagms.  Ces  ministères  ;  digenes    du  Bengale;    mais  rpiand    on  les  a   es- 
de    confiinfe,    remis   à  des    hommes     qui   n'en  ■  sayés  ,   on  a  vu  qu'il  était  impossible   de  les  faire 
inspiraient  aucune  ,  (Stdemeiiié  sans  exercice  ,  j  servir. 
"et  cette  portion    nomb.cu.e   de  la   société   poitr  \      l^^  ^      ,,;,  exportent  annuellement  de  ce   bois 
laquelle  la  révolution  semblait  plus  particulière-     j^,  Teak  uour  une   valeur  de  200.000  liv.    sterl, 
■  jnent  avoir   ete  faite  ,   s  est  trouvée    Unstree    du  ;       -ji^       j^l^^  ^„  marchandises   de  leurs  manufac- 
preraier  des  avantages   que  la  société  doit   a  ses  j  ,^,.,,3   ae  llnde.    On   peut  juger  de  l'importance 

i  de  cette  exportation  ,  en  apprenant  que  le  port 
seul  de  Calcutta  peut  fournir  assez  de  vaisseaux 
construits  avec  ce  bois,  pour  porter  40  mille 
tonneaux. 


.  enfans  ,  I  instruction 

Le  mal  qui  est  fait,  est  sans  remède;  mais 
on  peut  en  arrêter  le  cours,  et  ce  bienfait  était  , 
comme  tant  d'autres  ,  réservé  au   gouvernement 

"  régénérateur  sous  lei]uel  nous  vivons.  Le  rap- 
port du  citoyen  Chaptdl  en  ptésenle  les  moyens^ 
Ce  judicieux  observateur  a  sonde  d'une  main 
habile  la  profondeur  de  la  plaie.  Il  a  remonté 
à  la   source   du  mal  ;  il   a  fait   voir  que   les   éta- 

'  blissemens  substitués  aux  anciennes  institutions  , 
sous  le  nom  décales  centrales  ,  en  piésentant 
de  grands  avantages  ,  étaient  bien  loin  encore 
de  la  perfection  riu'on  attend.  En  rendant  jus- 
tice à  l'habileté  des  maîtres  ,  il  a  fait  observer 
que  leuis  talens  étaient  à-peu-près  perdus  pour 
les  élevés  ,  parce  que  dans  l'organisation  ac- 
tuelle des  écoles  centrales  ,  il  semble  qu'on  ait 
travaillé  uniquement  pour  des  hommes ,  et  non 
pour  des  cnlans. 

On  a  supposé  dans  tous  les  disciples  un  degré 
de  sagesse  et  de  réflexion  dont  très  -  peu  sont 
capables.  Toute  apparence  de  contrainte  a  été 
écariéc  d  un  âge  où  généralement  on  n'a  de  volonté 
que  pour  le  plaisir,  et  de  dégotit  que  pour  l'étude  : 
on  a  ouvert  des  cours  libres  à  des  enfans  qu  il 
iallaii  ïssujcitii   à  la  discipline   des  classes  :  on 


On  connaît,  d'après  cela  ,  l'intérêt  que  le  gou- 
vernement général  du  Bengale  devait  mettre  à 
l'établissement  d  un  commerce  solide  et  régulier 
entre  les  deux  nations. 

!>  Si  le  commerce  du  bois  de.  construction 
avec  ce  pays  ,  dit  le  major  Symes  ,  était  inter- 
rompu par  quelqu'acte  dautorité  ,  par  quelque 
événement  malheureux  ,  ou  par  un  manque  de 
conduite  de  notre  part  ,  la  marine  de  Calcutta 
1  qui  c.tt  pour  notre  principal  établissement  dans 
l'Inde  une  source  de  prospérité  ,  et  qiji  procure 
des  avantages  immenses  à  la  mere-patrie  ,  et  une 
honorable  existence  à  un  très  -  grand  nombre 
d'individus  ,  serait  réduite  àjien  ,  sans. que  nous 
eussions  la  possibilité  de  subslittier  un  équi- 
valent à  la  branche  de  commerce  que  nous  au- 
rions perdue.  " 

Les  anglais  se  proposaient  aussi  de  retirer 
deux  autres  avantages  de  Icuis  rapports  avec 
les  birmans.  1°  D'établir  chez  ce  peuple  un  dé- 
bouché pour  leurs'  marchtio dises    de   l'Inde  et 


d'Europe  ,  et  d'en  ouvrir  un  autre  dans  les  pro- 
vin-'-s  du  ::ud-ouesi  dç  la  Chine  par  le  moyen  de 
la  grt^nde .  rlviert!  d'Ava.  ï".  De  suiveiller  avec 
.soin  les  iMouvcmens  que  pourraient  fdre  des 
nations  ét''ai];:-ies  pour  détourner  le  commerce 
dans  d'autres  Cdi;aux  ,  et  obtenir  un  établisîe- 
m  -m  d/ins  un  pays  si  voisin  de  la  capitale  de 
leurs  possessions. 

Les  résultats  de  rette  ambassade  ont  été  pour 
les  anglais  1°  la  liberté  de  commercer  dans  toutes 
les  parties  de  l'empire  ,  en  payant  les  droits 
éia'tilis  ;  a°  Le  droit  d'envoyer  un  résident  à 
Rangriun  ;  3°  le  dioit  de  venir  faire  des  repré- 
se.ntatioiiî  à  l'empereur  ;  4"  le  droit  de  radouber 
et  ragréer  leUrs  vaisseaux  ,  etc.  Ou  leur  a  refusé 
l'établissement  d'un  fort  et  d'un  village  sur  les 
frontières  de  l'Arr.ican  .  et  on  n'a  jjoint  voulu 
souscrire  à  la  demande  iju  ils  avaient  (aile  à  lem- 
pereur de  ne  fournir  aucun  bois  de  constiuc- 
tion  ou  provision  aux  ennemis  de  l  An'glei'errc  , 
soit  européans  ,  soit  indiens. 

Ce  n'est  pas  sans  beaucoup  d'obs'acies  et  de 
dégoûts  de  vanité  nationale  ,  que  le  major  Symes 
est  parvenu  a  remplir  presque  eiiiiérenieui  l'objet 
de  sa  mission.  Quoique  accueilli  avec  politesse  , 
et  même  avec  uénérosité  ,  il  a  été  constamment 
trajté  dansiout  le  cours  de  son  voyage  avec  li 
léserve  que  ces  peuples  ont  toujours  envers 
les  étrangers,  et  très-souvent  avec  la  défiance 
que  devaient  leur  inspiier  des  voisins  dont  ils 
connaissaient  "l'ambition  turbulente  et  1  active 
cupidité. 

La  relation  -du.  m.ijor  Syrries  est  itjiéressante 
sous  plusieurs  rapports  ;  elle  offre  le  tableau  des 
mœurs  ,  .  de  ia  religioti .  des  richesses  et  du  com- 
me.ice  d'une  nation  <oiiiposée  de  17  militons 
I  d  ii.iijivitjl'us  ,  et  pont  le.  teriiioire  est  aussi  étendu 
i  que  celui  de  l'em.pire  geçmaitique;  nation  puis- 
;  saute  ,  belllriueuse  ,  restée  jusiju  à  présent  pres- 
!  que  inconnue  à  l'Euiope  ,  quoiipie  da-s  la  der- 
i  ïiisre  tnoitié  de  ce  siècle  ,^ellè  ait  conquis  une 
i  grande  partie  de  la  viste  J'coinside  <|ui  séiiare 
I  le  golfe  du  Bengale  des  mers  de  Ta  Ch.ne.  Cette 
j  relation  jette  un  nouveau  jour  sur  ccnc  p.irne  de 
1  ia  géo'.;raphie, indienne  ,  assfz  obscure  jusqu'ici  , 
1  et  elle  préscn-e  au  politique  j  au  jihilosophe,  au 
I  naturaliste  une  foyle  d'objets. nouveaux  de.médi- 
j  tation    et   d'instruction.  ,  . 

Ce  voyage   est  précédé   tl'un   précis  historique 

!  sur    les    royaumes     d  Ava    et    de   Pegu..  C  est   le 

;  tableau    des    événemeus    militaires    et   politiques 

1  qui    ont   réuni  ,  sous    la   même    domination  ,    ces 

I  deux   çmpires  ,  celui    d'Arracan  et  une   partie  du 

royaume   de    Siara.  Ce  précis   est  rempli  de   fajts 

extrêmement  curieux,  et  q,ui  portent  le  plus  grand 

caractère  d'exactitude. 

Nous  ne  pouvons  entrer  ici  ni  dans  le  détail 
de  ces  laits  ,  ni  dans  ceux  du  voyage  même. 
C'est  d'ailleurs  dans  le  livre  qu'il  Jaul  les  lire-, 
pour  en  recueillir  tout  l'intéiêt.  Nous  nous  con- 
leiiteirons  de  lapporter.  comme  lerésumé  général 
de  l'ouvrage  ,  le  morceau,  par  lequel  le  major 
Syraes  termine   sora   piéçis. 

(t  Le  monarque  qui  règne  aujourd'hui  sur  les 
birmans  a  beaucoup  ajouté  à  ia  gloire  et  à  la 
puissance  de  sa  nation;  et  l'on  a  droit  de  croire 
qu'une  paix  durable  donnera  à  cette  nation  les 
moyens  d'accroître  les  avantages  dont  elle  jouit. 
Les  connaissances  s'étendent  avec  le  commerce, 
et  comme  les  birmans  sont  exempts  des  préjugés 
des  castes  .  de  la  nécessité  de  se  livrer  à  des  occu- 
pations héréditaires  .  et  de  ,1a  ciainte  de  s'allier 
à  des  étraugtis,  préjtigés  dont  sont  imbus  la 
plupart  des  peui-lcs  de  ,1  Orient  et  sur-tout  les 
indiens  ,  leur  pei  leetionnemeni  sera  sans  doute 
très-rapide.  Dtjà  même  ,  quoiqu'ils  n  aient  pas 
pénétré  les  profondeurs  de  la  seictrce  ,  ni  brillé 
à  un  trèi-haut  degré  dans  les  arts  ,  \\<  doivent 
être  comptés  au  rang  des  nations  instruiies  et 
polies.  Leurs  lois  sont  sages  et  fondées  sur  une 
morale  pure.  Leur  police  vaut  mieux  que  celle 
de  la  plupart  des  coiiiiées  de  1  Europe.  Ils  sont 
naiurellemenl  bienfesans  et  hospitaliers.  Leurs 
manières  sont  l'exjiression  ,  non  d'une  courtoisie 
trompeuse  ,  mais  d'une  mâle  fr.inchise.  Parmi 
eux,  les  droits  du  rang  et  le  respect  dtî  à  l'au- 
torité s'observent  avec  l'attention  ia  plus  scrupu- 
leuse. >)  '  '      ' 

II  La  connaissance  des  lettres  est  si  étendue 
chez  les  birmans  ,  ijue  tous  les  artisans  ,  cl  la 
plupart  des  paysans  et  même  des  matelots, 
(classe  qui  est  ordinairement  la  plus  i,j;noranle) 
savent  lire  et  écrite  la  langue  vulfçaire.  Toute- 
fois ,  il  faut  avouer  que  peu  d'entre  eux  cnm- 
prenneut  les  liv.'es  de  sciences  ,  ijui  contiennent 
beaucoup  de  termes  sanscrits,  et  sont  souvent 
écrits  en  pâli  ,  comme  le  Schaster  des  indous. 
Le  système  féodal  qui  chérit  i'ignoiance  , 
et  rend  un  homme  la  propriété  d  un  homme  , 
s'oppose  encore  au  ptogiès  des'  lumieies  ei  de 
la  civilisation;  mais  son  pouvoir  stilTjiblii  à 
mesure  que  la  nation  apprend  à  tronnaîiie  Ka 
mœurs  et  les  coutumes  des  étrangers;  ri  à  moires 
que  le  feu  des  discordes  civiles  ne  se  r.illume 
paimi  les  birmans  ,  ou  que  <iuelijue  puissani,e 
rivale  ne  les  soumette  au  joug  ,  ils  devieiidrouc 
non  moins  éclaiiés  que  pui9S,:us. 


223 


Tf  irnJuctfur  a  mis  à  la  suite  de  cette  relaiion 
«cl  e  duo  voyage  à  'Coiornbo  et  à  la  baye  de 
1>.il:igo;i.  Ce  voyage  lail  ooiinaîtie  une  punie  de 
)'AtVicjut:  ei  des  peuples  sur  les'juels  nous  n'a- 
vions td  iiisqu'ici  que  d'e  irès-légeres  noiions. 
—  Il  y  a  joint  aussi  une  iJeiCiipiion  succinle  de 
li'C  de.  Càrnicpbar'  et  des  mœurs  deses  habuans  , 
iii:i?i  que  des  obse;  valions  sur  les  ruines  de  l'an- 
liiiLiî:  cl  superbe  ville  de  Maralipourain.  Le  pre- 
nuer  iIe  ces'  écrits  a  des  rapports  avec  ce  qui 
conseille  Its  birmans  ,  puisqu  il  traite  d'une  île 
.Mtuee  sur  les  côtes  de  leur  empire  ;  le  scond 
itiiltriiie  beaucoup  de  (iéiailî  analogues  à  leur 
tulle  cl  :i  leur  l.mgue  sacrée.  L'auteur  de  cet  écrit 
est  M.  William  Cb.inibers  ,  membre  distingué  de 
la.c-.lcbre  société  littéraire  de  Calcutta. 

La  traduction  de  ce  vovaire  est  du  cit.  Castera, 
...  .  .'fa 

cieja  connu  iies-avantageusement  par  sa  traduc- 
j/ou  du  vojage  de  Bruce  ,  par  celle  du  voyage 
de  lord  M.icariney  ,  et  par  l'histoire  du  règne  de 
Catlieiine  H.  Cette  nouvelle  traduction  à  laquelle 
il  a  joint  des  notes  intéressantes  ,  et  qui  jettent 
plus  de  lumières  sur  les  objets  qui  y  sont  traités , 
ne  peut  que  donner  à  cet  estimable  et  laborieux 
écrivain  ,  de  nouveaux  dioits  à  l'estime  et  à  la 
reconnaissance  du  public.  —  Les  deux  caries  et 
les  planches  qui  les  accompagnent  ,  sont  d'une 
exécution  paifaite.  On  y  retrouve  toute  la  fidé- 
lité et  toute  1  élégance  du  burin  du  citoyen 
Tardieu. 


'      Voyages.  —  en  Asie  3  articles  ;   en   Afrique  ,  i  ; 
en  Améiique  ,   1. 

Sciences  et  arts.  —  Traités  généraux,  i  article; 
mathématiques  ,  2  ;  hydraulique  ,  I  -,  physique  , 
2  ;  histoire  naturelle  ,  i  ;  icliologie  ,  2  :  botanique, 
4  ;  médecine  ,  8  ;  higiene  ,  i  ;  anatoniie  ,  i  ; 
cliiiufgie,  3;  teinture,  i  ;  peinture  .  3. 

Littérature.  —  Traités  généraux  ,  4  articles  ; 
grammaires  et  dictionnaires  .  5  ;  poésie  ,  18  ; 
théâtre,  4;  romans,  36  ;  bibliogrugie  ,  1  ;  jour- 
naux littéraires,  3;  éditions  siérétuypes  i.  —  En 
lout ,  175  articles. 


Bihlictheque  française  ,  ouvrage  périodique  , 
rédigé  par  Charles  Pougens ,  membre  de  l'ins- 
titut national  de  France,  de  l'institut  de  Bo- 
logne ,  des  académies  de  Corionc  ,  Rome  ,  etc. 

Us   ont   promis  de  n'opposer    que  le 
'  silence   aux    clameurs  de    l'amour- 

propre  froissé. 

BiBLïOT.  Franc.  Introd. 
A  Paris  ,   chez  Honnett ,  imprimeur-libraire  , 
me  du  Colombier ,  n°  1160  ;  et  Charles  Pougens  , 
quai  Voltaire  ,  n°  lo. 

Les  auteurs  de  là  Bibliothequefranqaise  ont  tenu 
tout  ce  qu'ils  ont  promis  ,  et  même  plus  qu'ils 
n'avaient  promis  ;  car  ils  ont  déjà  rendu  un 
compte  détaillé  ,  dans  les  six  premiers  numéros 
qui  viennent  de  paraître  ,  de  lyS  ouvrages  en 
lout  genre,  publiés  depuis  le   i5  floréal  an  8. 

Ce  journal  exclusivementconsacré  aux  sciences 


Catalogue  des  livres  provenant  du  fonds 
d'ancienne  librairie  du  cit.  Merigot  ,  libraire  , 
quai  des  Auguslins  ,  n°  38,  dont  la  vente  se 
fera  le  24  frimaire  an  g  et  jours  suivans,  à  quatre 
heures  de  relevée  ,  à  la  salle  de  vente  du  citoyen 
Sylvestre  ,  rue  des  Bons-Enfans  ,  n"  12  ,  volume 
in-8°  de  35o  pages.  Prix  2  fr.  ,  et  3  fr,  pour  les 
dépariemens. 

A  Paris  ,  chtz  G.  Debure  l'aîné  ,  libvair"  de 
la  Bibliothèque  nationale  ,  rue  Serpente,  n°  6  ; 
etj.  G.  Merigot  ,   libraiie  ,   quai  des  Auguslins. 

Le  citoyen  Merigot  ,  en  vendant  la  meilleure 
partie  des  livres  qui  composent  son  fonds  d'an- 
cienne librairie  ,  n'a  pas  l'intenlion  de  renoncer 
an  commerce  ,  et  il  croiî  en  devoir  prévenir  ses 
correspondans. 

La  collection  de  manuscrits  originaux  qu'il  a 
réunis  ,  et  qui  soni  détaillés  dans  l'avertissement 
en  tête  de  son  catalogue  ,  mérite  altenlion.  On 
remarquera  ,  dans  les  cinq  grandes'  classes  et 
leurs  subdivisions  ,  des  ouvrages  précieux  du 
premier  siècle  de  la  typographie  ,  tous  ceux 
recherchés  et  indispensables  sur  chaque  ma- 
tière ,  et  beaucoup  de  livres  rares  et  curieux  , 
relatifs  aux  divers  genres  d'études  ou  aux  opi- 
nions et  au  goût  de  chacun. 


ANNONCES. 

Bureau,  de  liquidation  et  de  recouv7  entent  des  fourni- 
tures de  tous  les  services  militaires  de  terre  et 
de  mer. 

Le  travail  de  ce  bureau  aura  pour  objet: 
1°.   La  liquidaùon  des    compagnies    et    entre- 
preneurs particuliers   qui  ont  traité  ou  sous-traité 
des  services  des  vivres  de  terre   et  de  la  marine. 


et  aux  lettres  ,  est  rédigé  par  Charles  Pougens  ,  I  équipages  ,  approvisionnemcns  extraordinaires  , 
membre  de  l'institut  national  de  France  ;  les  ana-  I  chaufages  et  lumières  ,  étapes  ,  habillement  , 
Jysesqu'ilrenfermesonltrès-développées, plusieurs  ;  équipement ,  casernemeni  ,  transports  et  convois , 
sent  faites  par  lui  ;  et  dans  ce  nombre  ,  on  dis-  artillerie  ,  génie  ,  t'oniHcalions  ,  hôpitaux  miliiaires 
tuigue   celles  du  Discours  sur   la  littérature  ,  par     et  de  la  manne  ,  constructions  navales ,  etc. 


Ses  bureaux  sont  établis  à  Paris  ,  -  ru«  de 
Menars ,  n*  1  ,  au  coin  de  celle  de  Graramoiit  , 
où  le  prospectus  plus  détaillé  des  opérations 
qu'ils  ont  pour  .objet,  seta  délivré  gratuite- 
ment. 

Les  lettres  ,  paquets  et  caisses  devront  y  être 
adressés  franc  de  port  ,  au  citoyen  Pilois  ,  direc- 
leur-général  du  bureau  de  liquidation  des  servi- 
ces militaires  de  terre  et  de  mer. 

Un  ciioyen  ayant  voyagé  en  Afiique  ,  annonce 
q'u  il  a  apporté  une  |ioudre  ixlraite  des  végétaux 
de  celte  contrée  ,  qui  a  la  propiiété  de  faire  par- 
faitement couper  les  rasoiis  ,  et  de  les  rendre  si 
doux  qu'à  peine  on  les  sent  passer  sur  la  peau. 
Il  assure  de  plus  qu'elle  est  excellente  pour 
arrêter  le  sang  et  guérir  les  coupures.  Parmi  les 
personnes  qui  en  oni  t'ait  usage  ,  il  nomme  les 
citoyens  Blasius  ,  premier  violon  de  la  comédie- 
italienne,  tous  les  musiciens  du  même  théâtre  ; 
les  citoyensChalon  ,  musicien  à  l'Opéra  ;  Randier, 
dentiste  ,  porte  Martin  ;  Decagcux  ,  rue  Vivienne  , 
n°  5;  ;  Ruoult ,   rue  des  Poitevins  ,  11°  6  ,  etc. 

Le  dépôt  de  cette  poudre  est  chez  le  citoye» 
David,  rue  Montmartre,  n°.  104,  la  porte  cocherc 
en  face  du  corps-de-garde  ,  au  milieu  de  la 
piemiere  cour  ,   au  premier. 

On  y  trouve  des  boîtes  de  l  franc  et  de  l  franc 
5o  centimes,  et  des  cuirs  d'une  excellente  qualité 
à  l'épreuve.  

Journal  typographique  et  bihliogrctphique  (  4» 
année)  Le  prix  de  l'abonnement  est  de  9  francs 
l'année  ,  pour  Paris,  et  de  u  f:ancs  pour  les 
dépariemens.  On  souscrit  chez  le  citoyen  Roux  , 
rédacteur,  rue  du  Battoir  ,  n°  8. 

Celle  feuille  qui  paraît  depuis  quatre  années , 
et  dont  l'ulililé  est  reconnnue,  présente  la  nomen- 
clature de  tous  les  ouvrages  nouveaux  ,  estampes  , 
rausirjue  ,  qui  paraissent  dans  le  courant  de  l'an- 
née.El'e  est  indispensable  aux  bibliothécaires  près 
les  écoles  centrales  ,  aux  amateurs  de  livres,  librai- 
res ,  instituteurs  ,  pour  les  mettre  au  courant  de 
toutes  les  nouveautés.  Il  paraît  quatre  nuitiéros  par 
mois.  On  peut  se  procurer  des  collections  de 
cet  ouvrage.  Prix  des  trois  premières  aîinées  ,  40 
francs  pour  les  dépariemens. 


Boufflers  ,  et  de  la  littérature  considérée  ,  etc.  par 
madime  de  Siael  ;  un  grand  nombre  ont  été  faites 
par  des  personnes  dont  les  noms  sont  également 
chers  aux  sciences  et  aux  lettres,  tels  que  ceux  des 
citoyens  Tcxier  ,  Toulongeon  ,  Lassus  ,  Langlet  , 
etc.  membres  de  l'institutnalional;Fortia,d'Urban, 
Stanislas  BoufHers,  Framery  ,  Delamotle  ,  Louis 
S.  L.  ,  Antoine  L.  G.  Ces  extraits  sont  faits  sur  le 
phin  et  d'après  les  modèles  que  nous  ont  transmis 
Bayle ,  Leclerc  et  Basnage  ;  en  un  mot  ,  la  Biblio- 
thèque franç^aise  nous  a  paru  un  des  journaux 
littéraires,  les  plus  exacts  elles  plus  complets, 
puisqu'on  y  trouve  un  compte  détaillé  des  ou- 
vrages nouveaux  publiés  en  France,  même  des 
ouviages  français,  imprimés  dans  les  pays 
étrangers. 

Voici  la  note  de  divers  genres  d'ouvrages 
analysés  dans  le  semestre.  Ce  tableau  peut  servir 
à  donner  quelques  appetçus  utiles  sur  notre 
histoire  littéiaire  moderne  et  la  direction  actuelle 
des   esprits. 

Philosophie. — Traités  généraux  et  particuliers  , 
II  articles;  morale  4  ;  instruction  publique,  9; 
mythologie  ,  i.  - 

Politique.  —  Traités  généraux  et  particuliers  , 
6  articles. 

lurisprudince. — Traités  généraux  et  particuliers, 
S  articles. 

Economie  politique.  —  Traités  généraux  et  parti- 
culiers ,  6  article»  :  agriculture  ,  2  ;  médecine  vé- 
térinaire ,  1  ;  statistique  ,  1  ;  finances  ,  2  •,  com- 
merce ,    I. 

Histoire. — Traités  généraux  ,  2  articles;  his- 
toiçe  universelle  ,  i  ;  histoire  de  France,  7  ;  his- 
toire de  Prusse  ,  l  ;  biographie  ,  7,;   antiquiiés,  i. 

Géographie.  —  Traités  généraux  .    19  ardcles. 


2°.  La  formation  des  comptes  de  tous  les  comp- 
tables de  ces  services. 

3°.  La  recette  au  trésor  national  et  le  re- 
couvrement, soit  à  Paris,  soit  dans  les  dépar- 
teraens  du  montant  des  fournitures  et  créances 
de  toute  nature  rtlatives  à  ces  services  ;  la  négo- 
ciation et  l'emploi  de  la  manière  la  plus  utile 
aux  intéressés  ,  des  valeurs  qui  seront  obtenues 
en  paiement. 

4°.  Les  poursuites  judiciaires  à  exercer  pour 
parvenir  aux  recouvremens  ,  et  dont  on  fera 
les  avances. 

5°.  Les  transactions  entre  les  compagnies  et 
entrepreneurs   pariiculiers  et   leurs  créanciers. 

6°.  La  poursuite  du  rétablissement  des  ar- 
riérés. 

Ce  bureau,  établi  de  manière  à  mériter  la  con- 
fiance publique  ,  sera  d'une  utilité  facilement 
reconnue  aux  fournisseuis  et  employés  qui,  ayant 
des  liquidations  et  des  recouvremens  à  faire,  sont 
forcés  à  jlrs  déplacemens ,  ou  sont  retenus  dans 
les  dépariemens  et  aux  armées. 

Ils  y  treuveront  certitude  pour  la  suite  de  leurs 
affaires  ,  célérité  pour  leurs  liquidations  .  et  re- 
couvremens et  sûreté  compleite  pour  leurs  fonds 
reçus. 

Enfin,  ce  bureau  sera  véritablement  une  agence 
générale  pour  tout  ce  qui  a  trait  au  service  de 
guerre  et  marine. 

Il  sera  sous  la  direction  du  citoyen  Pitois, 
successivement  employé  pn  chef  dans  plusieurs 
parties  de  ces  services  ,  et  long-lems  secrétaire- 
général  de  l'administration  des  vivres. 

Ses  connaissances  et  ses  relations  dans  toutes 
les  places  militaires  et  maritimes  ,  lui  donnent 
l'espoir  de  justifier  la  confiance  des  personnes 
qui  lui   remettront  leurs   intérêts. 


COU  US     DU     CHANGE. 

Bourse  du  27  brumaire. 

à  3o  jours.      I  à  90  jours. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid...    

Effectif. 

Cadix 

ESectif 

Gênes  effectif 

Livourne. 


Bâle. 


561 

igo 

4  fr.  90  c. 
t4fr.94c. 

4  fr.  90  c 
14  fr.  40  c, 

4  fr.  70  c. 

5  fr.  12  c 

au  p. 


1S8Î 


Effets  publics. 

Rente  provisoire sS  fr.  75  c. 

Tiers  consolidé 33  fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers l  fr,  5o  c. 

Bons  d'arréragé 84  fr.  88  c. 

Bons  pour  l'an  8 gS  fr.  75  c- 

Syndicat 

Coupures 84  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ue  et  des  Arts. 
Auj.  Anacréon  ,   et  le  ballet  de  la  Dansomanie. 

Le  29  ,  Bal  masqué.  —  Il  commencera  à  minuit. 
L'ouverture  des  bureaux  se  fera  à  il  heures. 

Prix  du   billet  d'entrée  ,   6   fr. 

Théâtre  de  la  rue  Fevdeau.  Aujourd'hui 
le  Collatéral  ou  la  Diligence  de  Joigny  ,  com.  ea 
cinq  actes. 

Théatredes  JEUNES  ELEVES,  rue  deThionville. 
Aujourd.  le  petit  Figaro  ;  la  Gouvernante  par 
amour  ,   et  les   Marchés  de  Philis. 

rHÉATRE    DU     VAUDEVILLE.      Auj.    DanCOUTt    } 

Gesner ,   et  Chaulieu. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  — Pa^'omimej-. 
Aujourd.  la  3=  repr.  de  l'Elevé  de  la  Nature, 
panlom.  allégorique  à  grand  spectacle  ,  suivie 
de  l'Amour  aux  Petites-Maisons  ou  les  Fous  hol- 
landais ,  folie  ornée  de  chants. 


l'abounemcnt  se  fait  1  Pari»  rue  des  Poitevins ,  n°  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  moii ,  5  o  francs  pour  six  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  ne 
l'abonne  qu  »v  commcucenrient  de  cliaque  mois. 

Il  laul  adresse,  its  lentes  tt  l'argent  ,  franc  de  port  ,aucit.  AcASSE,  propriétaire  de  cejournal  , rue  des  Poitevins,  a'  18.  Il  faufcomprendre  dans  les  envois  le  poit  des 
pays  où  l'on  ne  p-iitaffrr  »chir.   U  i  lettres  -Aes  départemcns  non  affranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  delà  poste. 


11  faut  avoirsoiu,  pa-u  plus  de -.ûreté ,  dt  ctiarger  celles  qui    t-enfettneni  de 
roiievini,    n"  i3,  depuis  jeuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  neures  du  soir. 


U  rédaction  de    la   feuille 


A  Pa  ïi  S,  dt  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


jr  5g. 


Nonidi  ,    Q9   brumaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
i'intétieut  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  sS  brumaire. 

Le  général  Moreau   est  parti   de  celte  ville. 

—  L'ouragan  qui  s'est  étendu  vers  le  Nord, 
ne  paraît  pas  avoij  exercé  ses  ravages  sur  nos 
côtes  du  Midi.  Les  papiers  de  Bordeaux  n'en 
disent  rien.  Le  degré  le  plus  violent  de  la  tempête 
a 'eu  lieu  à  différentes  heures  sur  la  côte  ,  depuis 
rOfient  jusqu'en  Zélande. 

A  la  suite  de  cet  ouragan  ,  la  mer  a  jeté  sur 
lé  galet  de  Dieppe  ,  sept  cadavres  liés  ensemble. 
Les  pêcheurs  de  ces  parages  sont  dans  l'usage  , 
quand  ils  se  voient  inévitablement  prêts  à  périr  , 
de  se  lier  de  la  sorte  ,  après  s'être  ^emandé 
pardon  les  uns  aux  autres  ,  afin  disent-ils  ,  que 
si- on  en  trouve  un,  on  retrouve  aussi  les  autres. 

—  On  écrit  de  Manheim  ,  que  le  courrier 
de  Meiz  qui  apportait  les  journaux  de  Paris,  du 
5  et  du  6  novembre  a  éié  obligé  par  l'ouragan  , 
d'abandonner  la  voiture  publique  aux  environs 
de  Kaiscrlautern  .  et  de  monter  à  cheval  avec  les 
dépêches.  La  voiture  retardée  par  la  chute  des 
arbres  dans  la  vallée  de  Frankenstein  est  enfin 
parvenue  ^  Turkeim  hier  vers  les  sept  heures 
djU  mrtin  ;  mais  on  ne  savait  pas  encore  ce 
quêtai!  devenu  le  courrier.  On  craint  qu  il  n''ait 
été  jette  dans  quelque  précipice  .  tant  l'ouragan 
a  causé  de  grands  ravagea;  nous  sommes  privés 
par-là  des  lettres  et  journaux  de  Paris  ,  du  5 
et  du    6. 

—  On  a  appris  à  Hambourg  que  l'exportation 
de  la  potasse  avait  éié  défendue  en  Russie.  Ceiie 
jvouvelle  a  fait  une  très-vive  sensation  dans  le 
commeice.  Ciue  denrée  est  montée  subitement 
de  10  à  12  pour  100. 

—  On  a  placé  à  la  'our  de  Londres  quatre  ti- 
gres avec  lesquels  Tippoo  -  Sa'i'b  chassait  la 
grand-bête  ;  ils  étaient  accompagnés  par  trois 
naturels  du  pays.  L'un  d'eux,  piqueur  de  ce 
prince  ,  quoique  très-agé  ,  n'avait  pas  voulu 
quitter  ces  animaux  qu  il  avait  élevés  ;  il  a  eu 
recours  aux  larmes  pour  obtenir  la  permission  de 
les  suivre  en  Europe. 

—  Une  espèce  de  guerre  s'est  élevée  en  An- 
gleterre entre  les  journalistes  ,  à  l'occasion  d'A- 
dam Smith  ,  auteur  de  la  Richesse  des  nations  ; 
les  uns  le  blâment  ,  les  autres  l'approuvcnî  d'a- 
voir comparé  la  crainte  des  accaparemens  à  celle 
de  la  sorcellerie. 

—  On  écrit  de  Bordeaux  ,  en  date  du  aS  bru- 
maire. —  Nos  dernières  lettres  d'f^spagne  sont 
plus  rassurantes  sur  l'état  de  l'épidémie  qui  y 
légnait  dans  divers  endroits.  Elle  s'est  un  peu 
ralieRiie  à  Séville  ,  et  la  mortalité  n'y  en  plus 
si  considérable  ;  elle  a  presqu'entiérement  cessé 
^  Cadix.  Il  y  a  lieu  d'espérer  que  la  saison  de- 
venant plus  froide  ,  fera  totalement  disparaître  ce 
fiéau. 

Les  plus  grandes  précaution.s  sont  prises  pour 
en  préserver  nos  contrées  ,  et  empêcher  que  ses 
ravages  ne  s'étendent  davantage. 

—  On  écrit  de  Chambéry ,  en  date  du  18  bru- 
maire ,  le  fait  suivant  ,  assez  curieux  ,  et  arrivé 
dans  la  commune  de  Saint-Maurice,  u  Le  r5  au 
soir,  un  cultivateur  ayant  monté  par  une  échelle 
dans  sa  grange  ,  pour  gagner  son  lit  ordinaire  , 
qui  était  un  tas  de  foin  ,  fut  trouvé  mort  le  len- 

I  demain  par  sa  femme  ,  dont  les  cris  avertirent  le 
!  •Coisinage  de  cet  accident.  Le  laboureur  est  en- 
seveli ,  tant  bien  que  mal  ,  par  une  cornmere  , 
ei  deuxjours  après  des  hommes  chargés  des  sé- 
i>ultures  le  descendent  par  le  même  escalier  tjn'il 
avait  monté  si  gaiement  deux  jours  auparavant. 
'.     IJans  la  descente  .  un  échelon  se  casse;  le  premier 

Î)oriei!r    et    le    défunt    tombent   ensemble     assez 
ourdcmenf,  mais  ce  qui  Hl  grand  mal  au  vivant, 
;     Ât  grand  bien  au  mon,  car  ce  coup   le   rappela  à 
I     fa  vie.  Une  partie  des  témoins  de  la  résurrection 
i     l'effiaic  et  prend  la  fuite  ;  quelques  autres,  moins 
'     timides  ,  aident    notre   homme   à  se   débarrasser 
]     du  linceul  ,    qui  l'étouffait  ,  et  le  portent  auprès 
du  feu.  Une  heure  après  il  reconnut  tous  ses  voi- 
sins ,  et  ne   se  plaignit  que  d'un   mal  de  tête.  La 
contusion  qu'il  a  reçue   dans  sa  chôte  est  si  peu 
inquiétante  ,  que  l'otticier  de  santé  qui  l'a  visité  , 
a  assuré   qu'il  sera  dans  quatre  jours  en  état    de 
;    reprendre  ta  charrue.  >> 


—  Le  canal  du  midi  ,  qui  traverse  le  départe- 
ment de  l'Aude  dans  toute  sa  longueur ,  fut  tracé 
originairement  de  manière  que  le  chef-lieu  du 
départet^ient  de  l'Aude  en  était  éloigné  de  près 
de  trois  kilomètres. 

La  ville  de  Carcasson^ie  ,  si  importante  par  ses 
fabrications  et  par  l'activité  de  son  commerce  , 
sollicita  long-tems  les  avantages  d  une  commu- 
nication immédiate  avec  le  canal.  Enfin  ,  en  1786, 
il  fut  tésoluqu'on  exécilterait  un  canal  d'embran- 
chement de  Carcassonne  au  canal  des  deux  mers. 
Les  travaux  furent  commencés  en  1788. 

Mais  ,  au  milieu  des  mouvemens  de  la  révo- 
lution et  des  besoins  de  la  guerre  ,  ce  grand 
ouvrage  fut  interrompu  jusqu'à  la  fin  de  lan  6. 
Une  portion  très-considérable  reste  encore  à  faire. 
On  vient  de  le  reprendre  ,  et  le  14  vendémiaire 
dernier  ,  l'on  a  jeté  les  fondemens  d'un  pont  sur 
le  canal  d'embranchement. 

Le  citoyen  Barante  ,  préfet ,  de  concert  avec 
le  citoyen  Georget  ,  ingénieur  en  chef  du  dépar- 
tement de  l'Aude  ,  a  donné  la  plus  grande  impor- 
tance etia  plus  grande  solennité  à  cette  cérémonie. 
C'est  en  présence  de  toutes  les  autorités  consti- 
tuées et  au  milieu  d'une  foule  immense  de  citoyens , 
qu'il  a  posé  la  première  pierre  du  pont. 

Il  a  profilé  de  cette  occasion  ,  pour  faire  sentir 

à  une  ville  industrieuse  et  commerçante  ,  tout  ce 

que  lui   promet  le  bienfait  de  la  paix  ,  et  tout  ce 

i  qu'elle  doit  attendre  des  intentions  généreuses  du 

I  gouvernement.    Avant    de   poser  la  pierre  ,  il   a 

!  prononcé  un  discours  dans  lequel  on  a  remarqué 

les  traits  suivans  -. 
j  u  Le  moment  est  venu  ,  citoyens  ,  oià  la  pro- 
tection donnée  par  le  gouvernement  à  l'indus'rie 
I  et  aux  arts  permet  de  consacrer  un  nouveau 
'  monument  à  la  prospérité  du  commerce  dans 
I  cette  ville. 

!  )i  Ce  bassin  déjà  commencé  ,  ces  travaux 
'  dont  l'activi'é  va  s'accroître  ,  ce  pont  dont 
I  nous  jetons  aujourd'hui  les  fondemens  ,  offrent 
;  déjà  le  plus  riche  spectacle  à  l'imagination  qui 
'  devance  les  années. 

))  Cette  rive  encore  déserte  ,  notre  pensée 
la  couvre  d'édifices  et  de  magasins;  elle  l'anime 
par  le  mouvement  des  travailleurs  et  par  le  trans- 
port des  marchandises. 

j)  De  cette  place  oti  je  vous  parle  ,  l'œil  se 
porte  sur  les  deux  mers,  qu'une  nouvelle  branche 
du  canal  vient  d'ouvrir  à  nos  spéculations. 

))  Là  s'embarqueront  tous  les  produits  deTîos 
manufactures  ,  à  la  sortie  même  des  ateliers  ;  et 
cette  nouvelle  facihté  dans  le  débit,  doublera 
nos   fabrications,    en   étendant  notre  commerce. 

)>  La  guerre,  il  est  vrai  ,  a  interrompu  les 
expéditions  que  vous  aviez  coutume.de  faire  au 
dehors:  elle  a  créé  des  relations  nouvelles  pour 
un  peuple  rival  ;  mais  gardez-vous  d'être  effrayés 
de  cette  concurrence.  'Voulez-vous  vaincre  tous 
ceux  qui  vous  disputent  les  marchés  du  Levant  ? 
donnez  à  vos  fabriques  plus  de  perfeciiot^  et 
à  vos  transactions  plus  de  bonne  foi  qu'ils  ffen 
mettent  dans  les  leurs  ;  et  la  préférence  vous 
sera  pour  toujours  assurée. 

!)  Dans  le  commerce  ,  comme  dans  la  poli- 
tique ,  les  succès  de  la  fraude  sont  passagers  ; 
et  l'empire  doit  appartenir  tôt  ou  tard  à  celui 
qui  fait  le  meilleur  usage  de  ses  talens  ,  et  dont 
la  loyauté  inspire  le  plus  de  confiance. 

1)  Un  siècle  nouveau  va  commencer.  Songez 
que  vous  lui  dev  ez  compte  de  tout  ce  que  vous 
a  légué  le  siècle  précédent. 

)>  Ce  canal  ,  qui  fait  la  richesse  de  notre  pays 
et  l'admiration  de  tous  les  autres  ,  fut  l'ouvrage 
de  nos  pères.  Qu'il  devienne  plus  utile  encore 
à  ceux  qui  viendront  après  nous  ,  par  les  travaux 
que  nous  exécutons  ,  par  les  communications 
qui  le  lient  maintenant  à  notre  ville,  par  l'ac- 
croissement que  nous  saurons  donner  à  notre 
commerce.  î> 

Après  ce  discours  ,  le  préfet  a  reçu  des  mains 
de  l'ingénieur  en  chef  une  boîte  de  plomb, 
qu'il  a  placée  sous  la  première  pierre.  Une 
plaque  de  cuivre  y  était  enfermée.  Sur  cette 
plaque  est  gravée  une  inscription  rappelant  la 
date  de  la  fondation  ,  et  les  noms  des  chefs 
du  gouvernement  sous  lequel  elle  a  eu  lieu  . 
celui  des  magistrats  qui  y  ont  présidé  ,  et  des 
artistes  qui  y  ont   concouru. 


ACTES'DU  GOUVERNEMENT. 

Rapport  fait  par  le  général  Sainte-Suzanne  sur  la  coh- 
duile  du  citoyen  Aubert ,  {grenadier  à  la  8'  demi  ■ 
brigade  de  ligne. 

Le  6  floréal,  la  compagnie  des  grenadiers  du 
q'  bataillon  fut  placée  à  la  tête  du  village  de 
Grissen  ;  il  s'engagea  enir'eux  et  un  parti  de 
troupes  ennemies  qui  occupait  le  village  de 
Bissel  une  fusillade  assez  vive.  La  compagnie 
avait  l'ordre  de  ne  pas  abandonner  le  jiosle  pour 
poursuivre  les  ennemis  ;  ce  qui  donna  à  ces  der- 
niers  l'occasion  d'insulter  les  grenadiers. 

Un  soldat  du  corps  des  manteaux  rouges, 
parlant  bon  français,  s'approcha  plus  près°que 
les  autres. 

Le  citoyen  Aubert,  grenadier,  connu  depuis 
long-tems  par  sa  bravoure  et  sa  bonne  conduite  , 
proposa  à  cet  ennemi  de  mettre  fin  à  toutes  ces 
criailleries  par  un  duel.  Sa  proposition  étant  ac- 
ceptée, les  deux  adversaires  se  placèrent  sur  la 
grande  route  à  environ  cent  pas  l'un  de  l'autre  , 
et  commencèrent  à  se  battre  à  coups  de  fusil. 
Tous  les  autres  tirailleurs  cessèrent  leur  feu 
aussitôt,  et  fixèrent  les  yeux  sur  le  combat  par- 
ticulier. 

Il  fut  tiré  de  part  et  d'autre  trois  coups  de 
fusil  sans  succès  ;  mais  ,  au  quatrième  que  tira 
le  citoyen  Aubert,  il  renversa  son  adversaire. 

Les  officiers  et  grenadiers  présens  remarquè- 
rent que  le  citoyen  Aubert,  après  chaque  coup 
de  fusil  tiré  marchait  à  son  ennemi  en  chargeant 
son  arme  ,  et  qu'il  n'en  était  pas  éloigné  de  40  pas 
lorqu'i!  le  tua. 

Celte  conduite  produisit  sur  la  compagnie  un 
tel  effet,  que  tous  les  grenadiers  sollTciterent 
la  permision  d'aller  provoquer  les  ennemis  et  de 
se  battre  corps  à  corps  comreux. 
,  Le  lieutenant  général  Sainte-Suza-hne  sollicite 
pour  ce    brave  un  fusil   d'hi^nneur. 

Signé.     ^INTE-SUZANNE. 

Bonaparte  ,  premier  consul  delà  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  été  rendu  de  la 
conduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante' 
du  citoyen  Aubert,  lui  décerne,  à  titre  de  récorn- 
pense  nationale  ,    un  fusil  d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'arrêté   du   4   nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  ,  le  26  brumaire,  an  9  de  la 
république  française. 

Le  premier  consul.,  signé.,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul ,    ' 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H   B.  Maret. 


Au     NOM    DU     PEUPLE     FRANÇAIS, 

Brevets  d'hoAneur. 

Bonaparte,  premier  consul  delà  république, 
d'après  le  compte  qui  lui  a  éié  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  ei  de  la  bravoure  éclatanie  des 
citoyens  ci-après  désignés,,  leur  ,déce:ne  ,  à  titre 
de  récompense  nalionale  ,  un   fusil  d'honneur. 

Aux  citoyens  Duret,  Devaud,  Dopile  ,  sergens; 
Lcloquele  et  Carpentier,  caporaux  à  la  22'  de 
ligne.  Ces  cinq  braves  ,  à  I  affaire  de  Marinao  , 
s'emparèrent  d'une  pièce  de  canon  ennemie, 
avec  laquelle  ils  firent  feu  tant  que  durèrent  les 
munitions  qu'ils   avaient   trouvées. 

Aux  citoyens  Debevre  .  caporal  des  grenadiers  , 
Lefort  et  Beau'iire  ,  caporaux,  Girard  et  Martin,' 
fusiliers  à  la  22»  de  ligne,  qui  à  l'affiiire  de 
Maringo  ne  pouvant  pouisuivre  l'ennemi  qu'  près 
avoir  passé  un  large  ruisseau,  se  présenter eni 
pour  le  sonder  ,  et  abordèrent  à  la  rive  opposée 
soiis  un  feu  très-vif, 

Aux  citoyens  Gludel ,  sergent  ;  Dupont  ,  capo- 
ral de  grenadiers;  Turc  ,  grenadier;  Lerondeau 
et  Febvre  ,  fujilliers  ,  qui  détachés  en  tirailleurs' 
à  la  même  affaire  ,  et  se  trouvant  pressés  par 
un  parti  de  cavalerie  ennemie  ,  firent  si  bonne 
contenance  ,  qu'ils  le   forcèrent   de    se  retirer. 

Ils  jouiront  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris ,  le  28  brumaire,  an  9  de  la 
république  française. 

Le  premier  consul,   signé.,  Bonapartis. 

Par  le  premier    consul  , 

Lt  secrélaire-d'état  ,  signé-,  H.  B.  Maret. 


AUNOM      DU    PEUPLE    F  R  A  N  Ç  A  I.S. 
Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  élé  rendd  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  eclataiiie  du 
citoyen  Rénaux  ,  fusilier,  15"=  de  ligne,  a  }  aflaire 
du  i3  floréal  an  8 ,  où  ce  militaire  assailli  par 
trois  hullans,  fit  feu  à  vingt  pas  sur  un  deux 
qu'il  blessa,  se  défendit  contre  les  deux  autres 
avec  sa  bayonnette ,  en  blessa  un  second  ,  et 
força  ces  trois  cavaliers  à  se  retirer; 

Lui  décerne  ,  à  titre  de  récompense  nationale  , 
un  fusil  d'honneur. 

Il  jouira  des  prérogatives  attachées  à  ladite  ré- 
compense par  l'arrêté  du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris ,  le  28  brumaire  ,  an  9  de  la  ré- 
publique française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état,  signé,  H.  B.  Marf.t. 


AU     NOM     DU     peuple     FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur. 
Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'aorès  le  compte  qui  lui  a  élé  rendu  de  la 
cotiduite  distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante 
des  citoyens  ci-après  désignés,  leur  décerne  ,  a 
litre  de  récompense  naliofiale  ,  un  sabre  d  hon- 
neur : 

1°  Le  cit.  Diani,  dragon  d(ins  h  5"  compagnie 
du  5=  régiment  ,  à  l'affaire  du  18  prairial  an  8, 
à  l'armée  de  réserve  ,  quand  il  s'est  précipite  dans 
les  rangs  de  l'infanterie  ennemie  que  son  len 
empêchait  d'être  chargée  ,  et  lésant  prisonnier 
l'officier  qui  la  commandait.  Il  occasionna  la  dé- 
roule de  l'infanterie  ,  et  la  ^rise  de  cent  cinquante 
hommes  ; 

2°  Le  cit.  Diot,  dit  Jolelte  ,  dragon  dans  la 
3<:  compagnie  du  5'  régiment  ,  à  l'affaire  du  24 
prairial  an  8  ,  à  l'armée  de  réserve  ,  lorsqu^il  en- 
fonça plusieurs  pelotons  ennemis,  y  mu  le  de- 
sordre ,  et  contribua  par  son  audace  ,  au  succès 
de  la  charge  exécutée  par  le  régiment; 

3°  Le  cit.  Chevalier,  dit  Beaucousin  ,  dragon 
dans  la  i"  compagnie  du  5=  régiment  ,  à  faffaire 
du  -24  prairial  an  8  ,  à  l'armée  de  réserve  ,  quand, 
fait  prisonnier  au  milieu  des  rangs  ennemis,  il 
fut  délivré  dans  une  deuxième  mêlée,  et  près 
d'être  tué  par  l'ordre  d'un  officier  ^e  la  légion 
de  Bussi  ,  il  lui  partagea  la  figure  d'un  coup  de 
sabre  ; 

4°  Le  cit.  Lallier,  dragon  dans  la  1"  compagnie 
du  5=  régiment  de' dragons ,  à  l'affaire  du  24 
prairial  a°n  S  ,  à  l'armée  de  réserve  ,  quand  , 
après  avoir  pénétré  fort  avant  dans  une  colonne 
ennemie  ,  et  reçu  une  forte  blessure  à  la  tê'e  , 
il  se  débarrassa  de  quatre  chasseurs  qui  l'en- 
touraient, et  soutint  le  coinbat  jusquà  la  fin. 

Ils  jouiront  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense   par    I  arrêté   du   4   nivôse   an  8. 

Donné  à  Paris  ,  le  22  brumaire  ,  an  9  de  la 
république  française. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  la  guerre,  signé  ,  J.  G.  Lacuée. 


23o 

tçoycns  qui  dépendent  de  moi  :  mais  availt  d'or- 
donner des  mesures  sur  ll^  objet  aussi  intéres- 
sant ,  j'ai  besoin  de  savoir  quel  est  l'étal  et  la 
situation  des  cimetières  :  ."ioni-ils  clos  de  murs  ; 
sont-ils  isolés  des  habitations  ;  sonl-ils  plantés 
d'arbres;  ontils'  assez  détendue,  et  quelle  esl 
la    prolondeur  des  iosses  ? 

Je  désire  aussi  connaître  la  marche  que  vous 
suivez  en  cas  de  mort  violente  ou  accidentelle 
pour  vous  assurer  de  la  mort  apparente  ,  et  quel 
délai   vous  faites  observer  pour  l'inhumation. 

Avez-vous  des  fosses  vétérinaires  pour  enlouir 
les  cadavres  des  animaux  morts  ?  oti  sont-elles 
situées  ? 

Existe-il  dans  vos  communes  des  échaudoits  , 
des  londoirs  et  des  salies  de  dissection  ? 

Y  existe-t-il  des  atteliers  et  des  manuCaclures  ; 
sont-ils  une  cause  d'insalubrité  ;  y  met-on  en 
fermentation  des  matières  animales  ;  sont -ils 
isolés  des  maisons  ,  et  .les  habilans  se  plaignenl- 
ils  de  leur  proximité  ? 

En  m'adressant  ces  renseignemens  ,  je  vous 
invite  a  me  donner  des  détails  sur  la  nature  des 
objets  dont  s'occupent  ces  atieliers  et  ces  manu- 
factures ;  ces  détails  me  soni  nécessaires  pour 
déterminer  le  drgré  d'attention  et  de  surveillance 
dont  ils  sont  susceptibles. 

La  conservation  des  bestiaux  est  attachée  au 
progrès  de  l'agriculture  et  à  la  richesse  des  cul- 
tiv.ucurs.  Vous  ne  devez  donc  négliger  aucuns 
I  des  moyens  propres  à  prévenir  les  cinzooiies  et 
rs  aufres  maladies  auxquelles  les  bestiaux  sont 
exposés.  Si  quelques  symptômes  alarmans  se  ma- 
niicsuifiit  dans  vos  communes  .  vous  voudrez 
bien  m'en  informer  à  I  instant  ,  afin  que  je  puisse 
prendre  des  mesures  pour  en  arrêter  les  progrès. 

En  me  chargeant  de  veiller  à  la  saliibriié  de 
vos  coujm'incs  ,  conformément  à  l'an.  XXIII  tle 
l'arrêté  du  lîmessidor.  le  gouvernement  a  étendu 
ma  suiveillance  dans  les  halles  ,  marchés  ou  bou- 
tiques, chezles  bouchers, boulangers ,  maichands 
de  vin  ,  limonadiers  ,  épiciers-droguistes  ,  apothi- 
caires ou  tous  autres. 

Il  est  donc  indispensable  que  vous  me  fassiez 
connaître  les  hallrS  qui  existent  dans  vos  com- 
munes ;  que  je  sache  les  jours  de  tenue  des 
marchés,  et  que  vous  me  fournissiez  un  état 
nominatif  des  citoyens  qui  exercent  les  diverses 
professions  que  je  viens  de  vous  rappeller. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Suite  de  la  circulaire  du  préfet  de  police  ,  aux  maires 
et  adjoints  des  communes  du  département  de  la 
Seine  (  extra  muros  )  ,  et  des  communes  de  Saint- 
Cloud  ,  Sevrés  et  Meudon. 

Je  vous  invile  à  me  donner  des  renseignemens 
sur  les  imprimeries  qui  peuvent  exister  daiis  vos 
communes.  Je  désire  connaître  les  lieux  où  elles  | 
sont    situées  ,  le    genre   d'ouvrages   qui    s'y    im-  1 
priment  ,   le  nom  des  imprimeurs  ,   elle  nombre 
des   ouvriers  attachés  habituellement  aux  impri-  1 
merles.  1 

La  loi   du   i3  fructidor  an  5    contient   des  dis-  | 
positions  générales  sur   la  fabrication  et  la  vente  j 
des  poudres   et  salpêtres  ,    que   l'arrêté  du  3  bru- 
maire me  dhargc  de  surveiller  dans    les  commu-  j 
nés  extra  muros.  'Vérifiez  si  tous  les  citoyens    qui 
se   livrent  à    ce  genre  d'industrie  sont  munis  -de 
permissions  ,  et  si  ceux  qui  n'eri  ont  point,   con- 
servent chez  eux  au-delà   de  cinq   kilogrammes 
de  poudre  (  environ  dix  livres  un  quart.  )  En  cas 
de   contravention  ,   je    vous   recommande    d'en 
dresser  procès-verbal  ,    et  de  traduire    les   délin- 
quans  devant  les  tribunaux. 

La  recherhe  des  émigrés  et  des  militaires  et 
marins  déserteurs  ,  prisonniers  de  guerre  ,  est 
encore  un  des  objets  que-  l'arrêté  du  3  brumaire 
me  confie.  Je  vous  invite  ,  citoyens  ,  à  me  les 
signaler,  el  à  seconder  l'exécution  des  mesures 
que  je  serai  dans  le  cas  de  prendre  contre  eux. 
La  salubrité  des  communes  extra  muros  m'est 
également  confiée  ,  etje  doi*  1  étaBhr  par  tous  les 


Le  nouveau  système  des  poids  et  mesures  esl-il 
généralement  en  usage  dans  les  communes  extra 
muros?L^\o'\  du  i"vendémiaire  an  4  ,  concernant 
cette  inslituiion  ,  est-elle  observée  ? 

Faites  de  fréquentes  visites  dans  les  halles  et 
marchés,  et  chez  les  marchands,  pour  vous  en 
assurer;  et  lorsque  vous  ^turcz  emplo\é  les  moyens- 
de  persuasion  ,  dressez  des  procès  vctbaux  contre 
les  délinquans,  traduisez  les  devant  les  tiibunaux, 
et  rendez  moi  compte  de  vos  opér.Tlions. 

J'invite  les  maires  el  adjoints  des  communes 
riveraines  de  l.i  Seine  et  de  la  iMarne  à  me  donner 
des  rense'gnemens  particuliers  sur  léiat  de  ces 
rivières.  Je  désire  connaître  : 

1°  Le  nombre  el  la  situation  des  ports  et  autres 
points  de  décharges  qui  existent  sur  ces  rivières; 
2°  La  nature  et  l'espèce  des   marchandises  que 
le  commerce  y  lait  débarquer; 

3°  Si  ces  ports  sont  commodes  ou  ce  qu'il  fau- 
drait faire  pour  les  rendre  tels  ; 

4°.  Si  les  chemins  de  hallage  sont  en  bon  état; 
5°.  Quels  sont  les  points  de  ces  deux  rivières 
où  les  debordemens  commencent  à  se  manifester 
lorsque  les  eaux  éprouvent  de  l'élévation  ; 

6°.  Le  nombre  des  établissemens  .  moulins  ou 
usines  qui  existent  sur  les  bords  ; 

7°.  S'il  existe  des  moyens  particuliers  et  locaux 
pour  préserver  ,  en  cas  de  débâcles  .  les  bateaux 
et  marchandises  appartenans  au  commerce  ; 

8°.  Qjiels  sont  les  espèces  de  filets  dont  on  se 
sert  pour  la  pêche  ,  quelle  est  la  largeur  des 
mailles  ?  Les  dispositions  des  articles  VI  et  suivans 
du  litre  XXXI  de  l'ordonnance  del66g  sont-elles 
observées  ? 

En  un  mot  ,  a-t-on  établi  sur  la  rivière  beau- 
coup de  pêcheries  et  de  gords  ,  et  gênent-ils  la 
navigation  ? 

Quelques-uns  de  ces  renseignemens  sorit  com- 
muns à  la  rivière  de  Bievre  ,  et  j'invite  les  maires 
et  adjoints  descommunes  limitrophes  âme  donner 
des  détails^  sur  l'état  actuel  de  cette  rivière 
intéressante ,  pour  laquelle  le  gouvernement  a 
spécialement  pris  un  arrêté  le  sS  vendémiaire 
dernier. 

Je  les  invite  sur-tout  à  me  dire  si  les  disposi- 
tions de  l'arrêté  du  conseil  du  26  février  1732, 
relatives  à  la  conservation  des  eaux  de  cette  ri- 
vière sont  maintenus  ;  si  le  cours  des  eaux  et  celui 
des  sources  etruisseaux  y  affluant  est  suffisamment 
libre;  s'il  existe  des  saignées  et  ouvertures  laites 
aux  berges  sans  titre  légal,  et  enfin  si  les  meù- 
nieis  font  entretenir  et  fortifier  les  berges  ,  de 
manière  que  les  eaux  ne  puissent  sortir  de  leur 
I  lit,  ni  passer  au  travers  desdites  berges  pour  se 
I  répandre  dans  les  prés  ou  ailleurs. 


IJn  aîsez  grand  nombre  de  citoyens  domiciliés 
dans  les  communes  rurales  ,  conduisent  le  public 
dans  des  cabriolets  soit  aux  environs  de  Paris, 
soit  à  Pjris  même.  Ces  voilures  publiques  doivent 
être  surveillées  par  la  police,  et  être  assujetties  à 
des  réglemens  particuliers.  Je  vous  invite  à  me 
faire  connaître  les  noms  et  demeures  de  ceux  à 
qui  elles   appartiennent. 

Il  existe  dans  vos  communes  respectives  une 
gardé  nationale  chargée  d'y  maintenir  l'ordre  et 
la  iranquillilé.  Qjielle  est  la  composition  de  cette 
garde  ;  fait-elle  son  service,  avec  exactitude  „  et,. 
quel  est  le  genre  de  ce  service?  Les  brigades  de 
gendarmerie  stationnées  dans  plusictirs  com- 
munes ,  lonl-elles  de  fréquentes  tournées  ?  Visi- 
tent-elles tous  vos  arrondissemens  ? 

Conformément  à  l'art,  l"  de  l'arrêté  des  con- 
suls ,  en  date.du  27  ventôse,  vous  remplissez  les 
fonctions  du  ministère  public  auprès  des  tribu- 
naux de  pol  ce. 

Je  vous  invile  .1  m'envoyer  ,  chaq'-ie  mois,  un 
état  des  aff.dres  portées  dans  ces  tribunaux  ,  et  à 
insérer  dans  cet  état  la  note  des  jugemens  rendus 
dans  toutes  les  matières  relatives  aux  attributions 
que  l'ariêté  du  3  brumaire  me  confie  dans  les  com- 
munes extra  muros. 

Je  correspondrai  fréquemment  avec  vous,  ci- 
toyens ,  et  quoique  l'arrêté  du  3  brumaire  me 
permette  d'employer  l'intermédiaire  des-  officier» 
publics  sous  mes  ordres  ,  j'userai  de  cette  faculté 
le  plus  rarement  possible. 

Néanmoins  comme  il  peut  arriver,  dans  des  cas 
particuliers  ,  que  ce  mode  de  communication  de- 
vienne momentané  un  enl  indispensable,  il  esl  essen- 
tiel que  vous  connaissiez  les  officiers  publics  dont 
je  suis  environné. 

A  cet  effet  ,  je  vous  adresse  ,  avec  l'arrêté  du  3 
brumaiic  ,  un  exemplaire  de  mon  ordonnance-dû 
23  thermidor,  conienant  i  organisation  de  la  pré- 
fecture fie  police  ;  vous  y  trouverez  les  noms  des 
agens  et  préposés  placés  sous  mes  ordres  ;  ils  sont 
assermentés  en  justice  ,  etje  vous  invite  à  délérer 
aux  réquisitions  qu'ils  seront  dans  le  cas  de  vous 
faire  pour  assurer  l'exécution  des  mesures  que 
j'aurai  prescrites. 

Ces  agens  ou  préposés  sont  i-idépendans  des 
vingt-quaire  officiers  de  paix  institués  par  la  loi. 

Ne  perdez  pas  un  instant  pour  me  procurer  le» 
renseignemens  que  je  vous  demande.  Je  les  attends 
avec  la  plus  vive  impatience  pour  prendre  ulté- 
rieurement loutes  les  mesures  nécessaires  au  per- 
fectionnement du  service. 
Je   vous  -salue  , 

Le  préfet ,  signé  ,  Dubois. 
Par  le  préfet  ,  le  secrétaire-général  ,•  signé ,  P  i  i  s. 


Le  préfet  de  police  a  rendu  ,.le  19  brumaire  , 
une  ordonnance  relative  à  la  vegtc  des  fruits 
dans  les  ports  de  Paris.  Les  fruits  continueront 
d'être  vendus  dans  la  partie  du  port  de  Tour- 
nelle  ,  qui  leur  est  al'cctée.  Il  est  défendu  à  toutes 
personnes  d  a:ler  au-devant  des  bateaux  de  fruits  , 
et  de  vendre  les  fruits  par  batelées.  Il  ne  doit  être 
mis  en  vente  que  des  fruits  bons  el  non  défec- 
tueux. Ils  seront  visiiés  par  le  commissaire  des 
halles  et  marchés ,  etc. .  .  .  Cette  ordonnance  ,  ea 
quinze  articles  ,  se  compose  en  pariie  des  ordon- 
nances de  1672  et  de  1778  ,  et  de  la  loi  du  19 
juillet  1791. 


Apperqu  statistique  du  département  du  Bas-Rh   .. 

Le  déparlement  du  Bas-Rhin  ,  un  des  plus 
riches  de  la  France  par  la  fertilité  de  son  sol , 
sa  nombreuse  population  ,  et  les  productions 
de  toutes  espèces  qu'on  y  recueille,  esl  formé  de 
la  Basse-Alsace. 

Il  est  compris  entre  les  49=  degré  i5  minutes, 
et  48°  degré  8  minutes  de  latitude  ,  et  entre  les 
b'  degré  20  minutes  et  5"^  degré  5o  minutes  de 
longitude  orientale  ,  à  compter  du  méridien  de 
Paris. 

Il  est  borné  à  l'est  par  le  Rhin,  qui  le  sépare 
de  l'Allemagne;  au  sud  parles  départemens  du 
Haut-Rhin  et  des  Vosges  ;  à  l'ouest  par  les 
départemens  des  Vosges  et  de  la  Meurihe  ;  au 
nord-est  par  le  département  de  la  Moselle ,  et  au 
nord  par  celui  du   Monl-Tonnerre. 

Sa  longueur  ,  du  sud  au  nord  ,  est  d'environ 
3i  lieues  de  2282  toises  à  la  lieue;  sa  largeur 
moyenne  de  1  est  à  l'ouest  de  près  de  9  lieues. 

Son  étendue  est  de  2  14  lieues  quarrées,  environ 
970,986  arpens ,  ou  495,575  hectares. 

Par  la  division  territoriale  de'l790,  il  fut  partagé 
en  4  districts,  savoir  ceux  de  Strasbourg,  Hague- 
nau  , 'Weissembourg  et  Bienleld. 

Ensuite  en  40  cantons  ;  enfin  il  esl  aujourd'hui 
divisé  en  4  arrondissemens  communaux  .  savoir 
de  Strasbourg  ,  Saverne  ,  'Weissembourg  et 
Barr.  ^ 

I       Strasbourg,    ville    de    47,254   habitans  ,  à    121 
lieues ,  esl ,  de  Paris  ,  en  est  le  chef  lieu. 

Les  rivières  qui  arrosent  ce  département,  sont 
le  Rhin  ,   navigable  dans   tout   son  cours  d'une 


2âi 


exirémité  de  ce  déparlement  à  l'autre  ,  qui  est 
de  64,000  toises;  la  rivière  dlll,  qui  est  éga- 
lement navigable  dans  tout  son  cours  ,  qui  com- 
prend un  tiers  du  département  5  la  Sclicr  , 
TÀndlau,  la  Ehn  ,  la  Brusli  ,.  la  Mobsig  ^  la 
Souffle,  la  Zoin,  la  Zinsel  ,  la  Moder  ,  la 
Surbach,  la  Selizbacb  ,  la  Lauter  .  la  Queich  , 
qui  versent  dans  le  Rliin  ;  la  Saare  ,  I  Eichel 
et  rischbach  ,  qui  versent  dans  la  Moselle. 

Toutes  ces  rivières  sont  ou  (louables,  et  navi- 
gables ,    ou   peuvent    facilement   le  devenir. 

Il  y  a  encore  d'autres  petites  rivières,  Un  grand 
nombre  de  ruisseaux  ,  et  quelques  canaux  qui 
arrosent  le   département. 

La  populaiion  du  Bas-Rhin  est  nombreuse  ; 
elle  passe  480,000  individus  ,  non  compris  les 
troupes  et  les  ouvriers  qui  y  affluent  en  lems  de 
paix. 

Ces  430,000  individus  ,  divisés  par  214  lieues 
quarièes  étendue  ,  donnent  2,008  individus  ,  et 
quelque  chose  de  plus  par  lieue  quarrée  ;  popu- 
lation qui  n'est  comparable  qu'avec  celle  des 
dépariemens  populeux  de  la  Belgique  et  de  la 
Flandre  française. 

Le  recensement  de  l'an  7  a  donné  pour  ce  dé- 
parlement  440,696    individus  ;    le    nombre    des 
naissances  a  éié  ,  pendant  celte  même  année  ,  de 
i8,3d2  ;  celui  des  morts,  de  io,863.  Ainsi   l'aug- 
mentation de   population  y  a   été    de   7.499  ii«ii- 
vidus.  Dans  le  nombre   des   morts    ne  sont  point 
compris  les   militaires  décédés  dans  les  hospices, 
qui  ne  sont  point  censés  faire  partie  de  la  popu- 
lation, j 
On  voit  encore  par  le  tableau  de  Xélat  civil  du  ! 
département  ,  qu'il  y    a  eu    pendant  l'an  7    9,486  ; 
naissances  de  garçons,  8,876  naissances  de  hlles  ;  ' 
ces)  610  garçons  de  plus  que   de  filles.  I 
Sus    le  nombre   des  garçons  ,   il  en  est  né  4o5  | 
hors  mariage  ,     et  des  faUes  444.  Le  nombre  des 
mariages  a  été  de  3,524  ,  celui  du  divorce  61. 

Le  relevé  des  morts  donne  ,  pour  cette  même 
année  ,  5,577  individus  du  sexe  masculin  ,  et 
-3.286  du  sexe  féminin. 

Les  résultats  de  la  proportion  des  morts  aux 
naissances  des  deux  sexes  ,  donnent  le  rapport 
à-peu-prés  constant  d'une  population  d'un  garçon 
ouindividu  mâle  sur  un,  plus  un  huitième  d'indi- 
vidus   femelles. 

Parmi  les  morts  On  trouve  io5  garçons  morts- 
nés  ,  et  77  filles  ;  78  garçons  mons  de  la  petite- 
vérole  ,  et  So  filles  ;  et  ,  ce  qui  est  remarquable  , 
s8o  garçons  et  23-2  filles  sont  morts  de  con- 
vulsions. 

Enfin  ,  nous  remarquerons  qu'en  l'an  7  ,  le 
nombre  des  citoyens  patentés  se  rnotiiait  à  3o 
mille;  qu'il  y  a  eu  r5i  procès  criminels  et  85 
jugemens  sur  appel  des  tribunaux  de  police  cor- 
rectionnelle ;  que  la  garde  nationale  sédentaire 
à  pied  y  était  de  67.913  hommes  ,  celle  à  che- 
val de  520  ;  que  les  colonnes  mobiles  offraient 
11,24g  hommes  armés  ;  que  les  conscrits  de  pre- 
mière classe  y  étaient  de  3426  ;  de  seconde 
classe  ,  3544  ;  de  troisième  classe  ,  25o2  ;  de  qua- 
trième  classe  ,  368. 

Il  y  a  dans  le  déparlement  339  arrondisse- 
mens  d'écoles  primaires  ,  to5  seulement  sont  en 
activité  ;  38o  écoles  particulières  connues  y  sont 
établies.  L'école  centrale  a  été  suivie  en  l'an  7 
par  443  élevés  ;  savoir  :  112  pour  le  dessin  ,  71 
pour  1  histoire  naturelle  ,  40  pour  les  langues 
anciennes  ,  52  pour  les  mathématiques  ,  28  pour 
la  physique  expérimentale  et  la  chimie  ,  73  pour 
la  grammaire  générale  .  26  pour  les  belles. lettres  , 
20  pour  l'histoire  ,  12  pour  la  législation  .  g  pour 
la  bibliographie.  L'école  spéciale  de  médecine  à 
Strasbourg  a  fourni  77  officiers  de  santé  pour 
les  armées;  l'école  d'accouchemens  a  fourni  en 
l'an  6  ig  sages-femmes  ,   et  21  en  l'an  7. 

Apiès  ces  remarques  importantes  sur  l'état  et 
l'emploi  de  la  population  dans  le  département 
du  Bas-Rhin  ,  ni^us  devons  faire  connaitre  sa 
culture,  ses  productions  ,  son  industrie,  son 
commerce. 

Le  département  du  Bas-Rhin  est  en  général 
un  des  plus  fertiles  et  des  plus  productils  de 
la  France.  Mais  toutes  les  parties  de  son  sol  ne 
^  sont  cependant  pas  d'un  égal  rapport;  celle  qui 
est  comprise  entre  l'IU  et  le  Rhin  ,  appellée  le 
Rieth  ,  est  d'un  médiocre  produit  en  grain  ,  à 
cause  des  forêts  et  des  débordemens  fréquens  ; 
celle  qui  s'étend  de  l'Ill  aux  Vosges  ,  de  la  mon- 
tagne de  Saverne  à  Strasbourg ,  et  de  Saverne 
jusqu'au  territoire  d  Hagut.nau  est  extraordinaire- 
ment  fertile  ;  la  plaine  de  Marienthal  dont  le 
territoire  de  Hagucnau  fait  partie  .  oHre  un  ter- 
rein  sabloneux  dont  lingratiiude  nest  vaincue 
que  par  un  travail  opiniâtre  et  la  culture  de  la 
garance.  Toute  la  partie  comprise  entre  Hàgue- 
nau  et  le!  Vosgts  ,  et  Haguenau  et  Landau  ,  est 
prcsqu'en  totalité  couveile  de  forêiL.  La  plaine 
fie  Landau  pailage  la  feriilié  des  environs  de 
Sirisboug;  les  cantons  situés  dans  les  Vosges 
et  leurs  gorges,  ont   un  sol  ingrat  ,  dont   il 


la  partie  située  au-delà  des  Vosges ,  et  qui  for- 
mait ci-devant  le  district  de  Sar-Louis ,  est  fer- 
tile ,  mais  d'une  culture  pénible.  Les  cinq  can- 
tons qu'elle  contient  sont  les  seuls  de  tout  le 
département  où  les  jachères  soient  en  usage. 

Les  principales  productions  du  département 
consistent  en  grains,  vins,  tabacs,  chanvres, 
lins,  pavots  et  autres  graines  dites  ^mJ5«5  dans  le 
commerce  ;  garance  ,  moutarde  ,  Icnugrcc  ,  co- 
riandre. 

Il  y  a  beaucoup  de  prairies  ariificielles  ;  et  l'on 
n'y  suit  le  système  des  jachères  que  dans  une 
petite  étendue  seulement  ,  comme  nous  venons 
de  le   dire. 

L'avoine  n'est  cultivée  que  dans  les  cantons  du 
nord,  oii  l'on  cultive  aussi  l'épeautre  ,  et  le  maïs 
dans  les  cantons  du  midi. 

Année  commune  ,  les  récoltes  en  grains  dans 
le  déparlement  du  Bas-Rhin  excédent  d  un  cin- 
quième la  consommation  des  habitans.  On  y 
récolte  du  vin  pour  la  consommaiion  et  au-delà. 
Un  sixième  est  rouge  ei  le  reste  est  bbiic. 

Le  dépanei...;ni  du  Bis-Rhin  possède  environ 
385,674  arpens  de  foiêts  ,  tant  nationales  que 
communales  ou  séquestrées  sur  les  princes  alle- 
mands de  la  rive  dioile  du  Rhin.  Elles  sont  sur- 
tout peuplées  âe  chêne»  ,  de  hêtres  et  de  sapins. 
Un  grand  nombre   d  usines  en  sont  alimentées. 

Ici  comme  ailleurs  on  se  plaint  des  dégâts  et 
dévastations  des  forêts  ;  ils  sont  tels  que  le  prix' 
du  bois  de  charperae  et  de  chauffage  est  doublé 
j  à  Strasbourg  et  dans  plusieurs  autres  endroits  du 
département.  Il  y  a  cependant  eu  des  repicque- 
mens,  plantations  et  repeuplemens  considérables 
exécutés  dans  les  forêts  nationales  ;  et  le  nombre 
d'arbres  plantés  en  l'an  6  sur  les  propriétés  parti- 
culières ,  s'est  élevé  à  71.167  pieds  d'arbres- frui- 
tiers, et  d'aibres  non  fruitiers  à  23,864. 

Il  y  a  grand  nombre  de  mines  et  substances 
minérales  dans  le  département  du  Bas-Rhin.  On 
y  compte  deux  mines  de  charbon  de  terre  ,  une 
mine  d'asphalie  ,   une  de  vitriol  de    fer  ,   18  a  20 


à  la  paix.  Depuis  long-tems  te  commerce  du 
département  demande  qu  il  soit  rétabli.  En  1792 
M.  Charpentier,  ingénieur,  avait  donné  un  plaift 
pour  continuer  ce  canal  utile  jusqu  à  la  proxi» 
mité  des  lignes  de  la  Qjieich  ,  et  de  là  à  Landau» 
La  jonction  du  Rhône  au  Rhin  est  possible  , 
moyennant  uncanal  de  communication  du  Doubs 
à  llll.  Il  est  déjà  creusé  de  Dol  à  Saint-Jean-de- 
lOsne  depuis  1783,  La  jonction  de  la  Meurthe 
au  Rhin  peut  se  faire  ,  1°  pai  la  jonction  de  la 
Zorn  qui  paste  à  Saverne  ,  et  du  Sanon  qui  va 
grossir  les  eaux  de  la  Meurthe  ;  2''  par  la  jonc- 
lion  de  la  Bruche  qui  se  perd  dans  1111  à  Stras- 
bourg. 

Nous  terminerons  ici  cet  apperçu  statistique  du 
déparlement  du  Bas-Rhin  ,  en  observant  que  nous 
en  avons  tiré  une  grande  partie  de  l'annuaire 
du  Bas-Rhin  ,  du  citoyen  Botiin  ,  que  nous  avions 
indiqué  comme  étant  sous-préfet  dans  le  dépar- 
tement ,  et  qui  lui-même  nous  a  demandé  de 
rectifier  celle  erreur.  Peuchet. 


mines   de   fer   exploitées,  deux  tourbières  ,  plu 
'    '  -  ■-      de   plâtre 


',       .  r  u-   .     1       •       «irai     le  nom  de  ffamma,  nui  est  celtri  de  la  lelire 

besltaux  y  forment  un   auire   objet   de  ri-  1  sicai  ,  te  nom  uc  g^mm^i.   i      „„„.„.    annoncer 

■I-     p  ■.  Qc  ,-K     I,.   ,„„     I  p  dans  1  a  phabet  grec;    en  voulant   annoncer, 

;uÏir:s%^8rbLur'55%fvI^I:ef";,,  7'lo  i  'par  cette  in^dication^  que  la  musique  vient  de  la 


Notice  sur  la  ville  <£ Armo. 

Arezzo,  est  ainsi  appellée  des  peuples  ^rœ/n' » 
anciens  habitans  de  l'Eiruric.  Porsenna  .  Pilate  et 
Pétrarque  y  ont  pris  naissance.  On  y  labnque 
des  chauffreites  en  tayence  noire  trés-artistement 
travaillées.  On  y  exécute  avec  autant  de  goût  que 
d'adresse  des  ouvrages  de  tourneur  ,  tels  que  les 
dévidoirs,  les  fuseaux  ,  et  les  toupies  vides  qui 
en  contiennent  un  certain  nombse  dans  leur  ca- 
pacité intérieure.  C'est  la  patrir;  du  poète  Aretin  , 
célèbre  par  ses  obscénités  ,  autant  que  par  des 
satires  mordantes.  Un  roi  de  France  lui  fil  présent 
d'un  collier  d'or,  afin  qu'il  l'épargnât  dans  ses 
vers.  De  telles  productions  lui  ont  valu  l'épitaphe 
suivante  : 

*'  Qui  gîac  rAretin  ,  poeta  Tosco  ; 

„  Dl  tutti  disse  mal  ,  fuor'  che  di  Christel 

„  Suesandosi  col'  dir  ,  non  lo  conosco.  „ 

ti  Ci-gil  l'Arétin.  po'cte  Toscan;  s'il  a' médit  dt 
))  tout  le   monde  ,   excepté  du  Christ  ,   il  s'excusait 
sieurs  carrières    de    pierres  à   bâtir  ,   de   plâtre  ,     "  «»  disant  ;  je  ne  le  connais  pas.  .» 
d'ardoise,  d'argile  à  potier  ,'elc.  I       Un  moine,  dit  Guy  Arétin  ,  inventeur  des  noms 

Les  diverses  salpêtreries  ont  donné  en  l'an  7  1  donnés  aux  notes,  ut,  ré,  mi ,  fa  ,  sol.  la,  y 
42.800  quintaux  de  salpêtre;  cl  les  salines  de  j  naquit  dans  le  11'=  siècle  ;  il  publia  son  Mjcro/ogMS. 
Souitz  donnent  annuellement  25,ooo  quintaux  sous  le  pontificat  de  Jean  XX.  Au  dire  de  Biy  le  , 
de  sel.  1  il  avait  donné  à  là  nomenclature  de  1  octave  mu- 

Les 
chesse. 
8387  p 

geni-ses  ,  57,486  bêtes    à   laine,    1 1,175  chèvres  , 
81,607  porcs  ,  6006  ruches  d'abeilles. 

L  industrie  du  département  s'étend  sur  un  grand 
nombre  d'objets  :  les  usines  pour  le  fer ,  pour  le 
cuivre  ;  les  torges  ,  martinets  ,  fayanceries  ,  chau- 
dronneries ,  verreries  ,  sont  dans  une  gaande 
activité. 

On  y  trouve  aussi  des  fabriques  de  garance  , 
de  labacs  ,  d'amidon  ,  de  poudre  à  cheveux  ,  de 
draps .  de  siamoises ,  de  futaiiie  ,  de  calmandre  , 
de  bas  de  coton  ,  de  toiles  ordinaires  .  fines,  de 
ménagé,  à  voiles  ;  de  toiles  peintes  ;  des  papete- 
ries ,  blanchisseries  de  toile  ,  tanneries  ,  chamois- 
serie  ,  maroquineries  ,  etc. 

Les  fabriques  de  draps  ,  presque  toutes  occu- 
pées de  gros  draps  ,  s'élèvent  à  3o  ;  celles  de  sia- 
moises à  3  ;  de  bas  de  fil  et  de  coton  au  métier 
à  120  ,  d'autres  bonneteries  128  :  filatures  de  laine 
et  coton  ,  35  ;  blanchisseries  ,  40  :  teinturiers,  120"; 
foulons  ,  24  ;  moulins  à  préparer  le  chanvre  ,  26; 
papeteries,  7.  manufactures  de  papier  peint,  3  ; 
tanneries,  204;  moulins  à  tan,  41  ;  chamoiseries  , 
mégisseries  .  72  ;  moulins  à  huiles  de  navette  , 
pavot,  noix,  3oo  ;  fabricans  de  savon,  8i;  fabricans 
de  chandelle,  5o  ;  labricans  d  amidon,  de  poudre  , 
32  ;  fabricans  de  tabac  ,  86  ;  fabricans  de  garance  , 
II;   fabricans  de  peignes  de  corne,  26;  etc. 

Le  commerce  du  département  du  Bas-Rhin 
roule  en  partie  sur  les  productions  indigènes  et 
sur  les  produits  de  l'industrie  des  habitans  ;  il  est 
aussi  commerce  d'entrepôt  ,  sur-tout  en  tems  de 
paix ,  pour  les  marchandises  qui  passent  de 
l'Italie  et  de  la  Suisse  en  Hollande  ,  et  réci- 
proquement par  le  Rhin  en  grande  pariie  ,  et 
par   l'Alsace  en    général. 

Avant  la  révolution  ,  le  commerce  du  dépar- 
tement du  Bas-Rhin,  s'étendait  aussi  sur  l'expor- 
tation des  vins,  des  hui'es  ,  des  cafés  ,  des 
indigos,  et  autres  productions  ,  soit  de  nos 
colonies  soit   de    l'intérieur  de,  la  France. 

La  position  de  l'Alsace  près  de  l'Allemagne 
j  donne  beaucoup  de  facilité  au  département  du 
Bas-Rhin  pour  le  commerce  extérieur.  Le  trans- 
port est  favorisé  dans  l'intérieur  par  plusieurs 
canaux  de  navigation  ,  tels  que  ceux  de  la 
Brusclie  ,  celui  dit  le  canal  français  ,  le  canal 
du  Rhin  ,  dit  de  navigation  ;  celui  de  Landau, 
peut-être  trop  négligé  ;  celui  de  Giessen  ,  celui 
de  Wassclonne  qui  devait  s'étendre  jusqu'à 
Souitz.   et   <iu'on  pourrait  finir. 

L'ancien  canal  de  Seltz  ,  dessiné  cl  creusé  en 
1706  par  Vauban  ,  servit  en    17 13  au    transport 


Grèce. 

Les  arétins  ne  passent  pas  pour  de  bonves  gens 
parmi  les  toscans.  Fagioli  ,  poète  burlesque  ,  a  dit 
dans  un  sonnet  ,  otà  il  fait  l'énuméraiton  de  plu- 
sieurs choses  impossibles , 

"  Quand'  Arno  tornetà  vogli  Appennini  1 
,,  Con  r  akre  cose  soprannatUTali  , 
,i  Sentira   dir'  il  vero    agU  Aretijii.  x 

u  Quand  l'Ame  remontera  les  Appenuins, ■ 
avec  nombre  de  choses  surnaturelles  ,  les  Are" 
J)  tins  diront  la  vérité.  )' 

(Extrait  du  Journal  de  Paris.) 


joat  dédommages  que  pat  les  pâturages.  Enfin  ,  (  des  munitions  pour  Landau  ,  et  fut  abandonné 


Grammaire. 

Observations  sur  la  note   insérée  dans  le  Monileui; 

du  8  vendémiaire  ,  au  sujet  d'une  discussion  qui 

vient  de  s'élever  entre  les  partisans  de  l'ortographt 

de   Voltaire  et    Us  partisans    de   l'ortographe  de 

l'académie. 

i".  L'une  et  l'autre  ortographe  est  imparfaile- 
Voltaire  se  contrarie  ,  et  dans  le  même  mot.  Par 
exemple  ,  il  écrit  :  les  amis,  un  amy,  philosofe  ,  etc. 
(Voyez  la  lettre  écrite  de  Berlin.)  L'académie 
en  fait  de  même.  Exemple  :  bonhomie  ■  prud- 
hommie  ,  appeler,  et  dans  mille  ,  autres  circons 
tances.  Les  deux/i  sont  conformes  à  l'étimologie 
tant  réclamée  ,  mais  un  seul  /  la  viole. 

2°.  Les  réformateurs  ,  dit  la  note  .  sont  persuadé/ 
qu'une  langue  est  d'autant  plus  près  de  sa  perfection  , 
qu'elle  exprime  tes  mêmes  idées  en  moins  de  caractères. 

Ce  n'est  point  là  l'état  de  la  question  :  la  per-  ^ 
fection  d'une  langue  ne  dépend  ni  de  l'orlhd- /., 
graphe  ni  du  nombre  des  caractères  ,  mais  bien-> 
de  la  parole.  L'orthographe  n'est  que  secondaire. 
L'écriture  orthographique  a  été  imaginée  pour  re- 
présenter la  parole.  Ainsi  ,  l'orthographe  doit  la 
représenter  d'une  manière  conforme  à  la  pro- 
nonciation ;  autrement  elle  cause  de  l'embarras 
et  de  la  confusion  ,  ef  voilà  ce  que  les  réforma- 
teurs voudroient  éviter.  Les  écrivains  doivent 
aussi  peindre  leurs  pensées  d'une  manière  con- 
forme à  la  prononciation  ;  s'ils  veulent  être  lus. 
Oui  ,  les  réformateurs  sensés  veulent  rapprocher  ^ 
autant  que  possible  .  le  langage  écrit  du  laligige 
parlé.  Mais  ils  savent  que  le  grand  point  est 
de  corriger  avec  sagesse  ;  car  souvent  le  pire 
des  abus  est  de  mal  réformer  les  abus  même. 
Ils  veulent  principalement  supprimer  les  caratf- 
teres  que  nous  n'entendons  point  quand  on  nous 
parle  ,  et  que  nous  supprimons  mentalernent 
I  en  lisant  ;  lorsque  ces   caractères  ne   conltaiisnt 


ni  les  lois  delà  prononcialion  soutenue  ,  ni  celles 
de  la  poésie  ,  ni  celles  de  la  syniaxe.  Je  sais  qu'on 
a  proposé  de  clmnger  l'écriluve  ;  mais  ce  n'est 
qu'un  vœu  qui  n'a  pas  eu  de  suite.  La  noie 
dont  il  t'agii  ne  mérileroit  point  d'antre  réponse, 
si  _la  plupart  des  hommes  ne  prenoient  souvent 
de  btUes  phrases  pour  des  raisons  ,  et  si  elle  ne 
CQnienoit  pas  des  principes  faux. 

Il  est  faux  que  la  voyelle  comijoséc  ai,  ait  tou- 
jours le  son  de  la  voyelle  simple  e.  Par  exemple  , 
il  aide,  il  ade,  aisé  ,  lés-é ,  bail ,  il  travaille  ,  etc.  La 
diphtongue  oi  remplacée  parrti  dans_/»Y(nça!i  ,  etc. 
-es4  une  fausse  comparaison.  Ecoutons  Dumarsais  : 
i(  La  syllabe  ai  est  prononcée  au-delà  de  la  Loire 
»>,par  a-i  diphtongue.  On  entend  Va  et  Vi;  telle 
)'  était  la  prononciation  de  nos  pères.  On  la  pro- 
)»  nonce  ainsi  dans  les  langues  grecque  ,  italiene  , 
>>  espagnole  ,  (  langues  harmonieuses  )  ;  ce  qui  fait 
î!  voir  avec  combien  peu  de  raison  quelques 
"  personnes  s'obstinent  à  vouloir  introduire  cette 
'>  diphtongue  oculaire  à  la  place  de  la  diphtongue 
)>  oculaire  ci  dans  les  molsfrançais , j'avais  iComme 
"  si  a»  étoit  plus  propre  que  Oî  à  représenter  le  son 
"  de  Yè.  Si  vous  avez  à  réformer  oi  dans  les  mots 
"  où  il  se  ptononce  e  ,  mettez  è ,  autrement  c'est 
"  réformer  un  abus  par  un  plus  grand  ,  et  c'est 
"  pécher  contre  l'analogie.  "  D'autant  plus  que  , 
par  exemple ,  dans  français  on  a  la  filiation  France , 
francès ,  etc. 

Je   continue    de   répondre  à  la  note.   Si  dans 
bourdonnement  on  prononce  la  syllabe  don  comme 
dans  bourdon  ,  on  sera  obligé  de  prononcer  bour- 
don-nement,  enappuyant  légerementsurne  comme 
dans  ornement.  Mais  ,  lorsque  deux   mêmes  con- 
sonnes se  trouvent  entre  une  voyelle  et  ïe  bref, 
cet  «  n'est  presque  pas  sensible.  Par  exemple  ,  net- 
tement. La  même   chose  arrive  ,  quoiqu'il  n'y  ait 
qu'une  consonne.  Exemple  ,    complètement ,  pro-  i 
chainement;  ce  qui  donne   deux  sortes  d'«  bref,  ! 
l'un  bref  ,  et  l'autre  trés-btef.  On  peut  les  distin-  | 
guer  ,  en  donnant  à  l'un  le  nom  de  bref,  comme  | 
dans  ornement,  superbement;  et  à   l'autre  ,  celui  1 
d'«  muet  ,  attendu  sa  grande  brièveté.  Remarquez 
que  cet  e  muet  oblige  d'élever  la  voix  sur  la  syl-  l 
labe  qui  le  précède.  Il  est  donc  inutile  de  redou-  | 
bler  la  consonne  et  conséquenament  le  n  ;  ce  que  , 
l'on  fait  en  plusieurs  mots  ,  comme  il  est  aisé  de  ! 
l'observer  ,  en  lisant.  On  peut  dire  la  même  chose  ■ 
A' achoppement  ,  qui  n'est  pas  plus  dur  que  déve-  \ 
loppeiiient.  Ce,  taiit  il  est  dur  ,  de  la  note,  me  pa- 
reil exagéré.  Les  auteurs  du  dictionnaire  de  Poi-  ' 
tiers  écrivent  :  bourdoncment  ,  achopement.  j 

Si  ,  du  teuis  de  Lckain  ,  on  prononçoiî  courroux  i 
comme  je  coitrrois  ,  il  devoitfaije  soi  ner  les  deux  { 
r  ;   car  un  acteur  ne  peut  changer    la  prononcia-  ) 
tion  ,  sans   blesser  l'oreille    des  auditeurs.  Il  de- \ 
voit   sans    doute  appayer   sur  courroux  ,  l'accent 
n'étant  pas  le  même  dans  la  colère  que    dans    la  i 
passion  ;    mais    comment    orthographier  exacte-  i 
ment  les   diflérens  degrés   de   la  passion  ?  Qiiant  ! 
à  irrités  ,   on  prononce  et  on  écrit   les  deux  r  ,  et 
je  ne  crois  pas  qu  on    ait  proposé     d'en  suppri- 
mer un. 

■  Sommes-nous  étonnés  ?  hésitons-nous  en  li- 
sant :  il  gete  ,  fide/e  ;  il  détone,  il  mirape  ?  On 
ne  doit  donc  ni  être  étonné  ,  niJiésiter  en  lisant  : 
ele  amené  avec  ele  ;  tone  ,  frape  :  guère  et  guerre 
iront  point  le  même  son  pour|  une  oreille  exer- 
cée. Le  premier  e  de  guerre  ,  modifié  avec  le  r  , 
semble  une  nuance  entre  l'accenj  grave  è  et 
l'accent  circonflexe  ê. 

L'orthographe  de  Montaigne  ,  de  Marot  n'est 
point  barbare;  elle  l'est  si  peu,  qu'on  aime 
mieux  les  lire  avec  leur  orthographe  ;  parce 
qu'elle  représente  des  sons  plus  pleins  ,  plus 
jSonores  ,  et  il  faut  avouer  que  nous  avons  fait 
des  pertes  à  cet  égard.  Mais  si  nous  écrivons 
autrement  aujourd'hui ,  est-ce  la  faute  de  l'or- 
thographe ?  non  ,  elle  ne  suit  que  de  loin  ta 
prononciation  qui  varie. 

On  a  tort  de  dire  que  Racine,  Boileau ,  {ajou- 
tons Paschal  )  ,  ne  jugèrent  pas  une  réforme  néces- 
saire. Ils  la  jugèrent  si  nécessaire,  qu'ils  corri- 
gèrent l'orihographe  de  leur  tems  dans  les  pre- 
mières éditions  de  leurs  ouvrages  ;  qu'ils  corri- 
gèrent encore  la  nouvelle  dans  les  dernières.  On 
l'a  encore  changée  depuis  ;  cependant  nous 
trouvons  toujours  leur  style  admirable.  L'acadé- 
mie a  fait  des  changeraens  partiels  à  chaque 
édiiiori  de  son  dictionnaire  ;  on  n'en  est  point 
étonné  :  on  n'hésite  point  en  les  lisant;  on  n'est 
point  arrêté  par  le  sentiment  d'improbation  dont 
parle  l'auteur  de  la  note  ,  on  s'occupe  des  pensées  , 
tans  être  arrêté  par  les  signes  qui  les  expriment; 
ce  seroit  donc  perpétuer  1  erreur  que  de  s^en  tenir 
irrévocablement  à  l'orthographe  de  l'académie. 


232 

Au  surplus  ,  voulez-vous  orthographier  comme 
les  grands  écrivains  que  vous  citczî?  iLtiouvellez 
leur  prononciation,  et  vous  donnerez  a  ;a  langue 
plus  d'éclat,  plus  d'harmonie.  Cependant  I  ortho- 
graphe actuelle  cause  beaucoup  d'embarras.  J  en 
appelle  au  témoignage  de  nos  écrivains.  S  ils 
n'en  ont  pas  fait  une  étude  assidue  .  ils  sont  sou- 
vent embarrassés  sur  la  manière  de  peindre  leurs 
pensées.  Ils  l'abandonnent  même  ordinairement 
aux  proies. 

Au  reste  ,  veut-on  mettre  fin  à  ces  discussions  ? 
il  faut  arrêter  les  changeraens  qui  surviennent 
dans  la  manière  de  prononcer.  Mais  comment 
fixer  une  chose  aussi  mobile  que  la  parole  ? 

))  Objecter  qu'exprimer  en  moins  de  mois  les 
mêmes  idées  ,  c'est  donner  le  Irait  de  la 
figure  ;  que  développer  ces  idées  par  des 
mots ,  des  épiiheies  ,  des  comparaisons ,  c'est  y 
mettre  les  couleurs  ;  que  la  langue  ne  sera  pas 
parfaite  ,  lorsque  réduite  à  un  plus  petit  nombre 
de  mots  ,  elle  aura  perdu  ses  couleurs  et  sa  ri- 
chesse ;  II  c'est  sortir  de  la  question,  la  compa- 
raison du  trait  ne  peut  être  appliquée  à  l'ortho- 
graphe ,  qui  par  un  seul  mot  peint  la  parole. 
Comparons  plutôt  lès  lettres  superflues  à  des 
masses  de  couleurs,  plus  propres  à  nuire  au  ta- 
bleau qu'à  l'enrichir.  En  vérité  cptte  note  n'est 
au  font!  qu'un  pur  sophisme. 

Imitons  les  italiens  qui  ont  corrigé  leur  ortho- 
graphe ,  et  les  espagnols  qui  viennent  de  rendre  la 
leur  aussi  conforme  qu'il  est  possible  à  la  prononcia- 
tion ;  ce  qui  la  rend  la  plus  régu-iere  et  la  plus  facile 
pour  les  étrangers.  (  Dict.  espagnol.  ) 

L'enfance  ne  sera  plus  rebutée  par  tant  de 
coniradiciions  ,  vrais  obstacles  à  l'élude  de  la 
langue  et  aux  progrè.s  de  la  première  instruc- 
tion. Les  étrangers  ,  bien  loin  A'ctre  arrêtés  à  cha- 
que pas  ,  le  seront  bien  moins  qu'en  voyant  les 
mêmes  sons  peints  difléremraent  par  chaque 
auteur,  sur-tout  par  l'académie.  Leur  rendre 
notre  langue  plus  facile  ,  est  plutôt  le  vrai  moyen 
de  lui  conserver  son  privilège  de  langue  univer- 
selle ,  et  d  œsaurer  plus  solidement  à  la  nation  une 
supériorité  marquée  dans  les  rapports  politiques  et 
commerciaux. 

La  meilleure  réponse  à  de  telles  objections  . 
est  de  renvoyer  à  l'excellent  ouvrage,  intitulé  : 
Orthographe  des  dames  [i)  ,  dont  la  lecture  a  fait 
changer  d'opinion  Beauzée  ,  et  l'a  forcé  à  se 
réfuter  lui-même  dans  le  Dictionnaire  encyclopé- 
dique par  ordre  de  matières.  (Article  néographisme. j 
Elle  a  aussi  fait  impression  sur  les  auteurs  du 
Dictionnaire  d'orthographe. 

Signé  ,  RouLLÉ. 


)     Les  auteiifs  mettront  une  devise  à  leur  ouviagJl.'' 
et  y  attacheront  un  billet  cacheté  ,   contenant  \i' 
même  devise,  et    leur  nom   ainsi  que  leur    dt-' 
meute.    Ce  billet  ne  sera  ouvert  que  dans  le  caj 
ovi  l'ouvrage  obtiendrait  la  préférence. 

Les  ouvrages  destinés  au  concours  seront  en- 
voyés (franc  de  port)  au  cit.  Delessert ,  ban- 
quier, secrétaire  du  comité  ,  rue  Coq-Héron  , 
n°  58.  Il  donnera  de  chacjue  pièce  un  récépissé 
dans  lequel  il  relatera  la  devise  ou  l'épigraphe  , 
en  y  ajoutant  un  numéro  qui  constatera  l'ordre 
de  réception. 

Le  concours  sera  ouvert  jusqu'au  i"  pluviôse 
prochain. 

Les  projets  et  modèles  seront  exposés  au  pu- 
blic ,  avant  le  jugement  qui  sera  prononcé  sur 
le  mérite  des  ouvrages.  Ces  ouvrages  seront 
jugés  par  un  jury  d'artistes  adjoints  au  comité, 
et  désignés  à  cet  effet  par  les  concurtens  eux- 
mêmes.  Ceux-ci  sont  en  conséquence  invités  à 
joindre  à  leurs  projets  et  mémoires  une  liste 
des  artistes  qu'ils  désirent  avoir  pour  juges,  au 
nombre  de  treize.  Il  sera  formé  sur  le  relevé  de 
ces  listes  particulières ,  et  à  la  majorité ,  une 
liste  définitive  des  personnes  qui  composeront 
le  jury  ,  conjointement  avec  les  membres  du 
comité. 

L'auteur  du  projet  qui  obtiendra  le  prix ,  sera 
chargé  de  l'exécution  ,  sous  la  surveillance  du 
comité ,  et  il  sera  décerné  deux  accessits  :  le 
premier ,  d'une  médaille  d'or  de  la  valeur  de 
cinq  cents  francs  :  le  second  ,  d'une  de  la  valeur 
de  trois  cents  francs,  aux  auteurs  des  deux 
projets  qui  approcheront  le  plus  du  but,  et 
qui  en  seront  jugés  dignes  par  le  jury. 

Le  programme  ci-dessus   a  été  arrêté  dans  la 
séance  du  comité,   du  12  vendémiaire  an  9. 
Signé  ,  Pastoret  ,  président. 
Delessert  ,  secrétaire. 


La  citoyenne  Anne  Brizard  ,  veuve  Roger, 
liquidatrice  de  la  maison  Mar^e  Brizard  et  Roger  , 
de  Bordeaux,  informée  qu'une  personne  établie  à 
Paris  ,  y  vendant  des  liqueurs  ,  se  dit  être  son 
gendre,  et  tenir  sous  ce  titre  supposé  un  entrepôt  de 
liqueurs,  avec  la  fausse  étiquette  de  Marie  Biizard 
I  et  Roger  prévient  le  public  que  sa  maison  n'a 
jamais  établi  d'entrepôt  de  ses  liqueurs  dans  aucune 
ville  ,  et  que  si  elle  en  formait  un  jour  le  projet, 
elle  aurait  le  soin  de  l'annoncer, 

Brizard  ,  veuve  Roger. 


Appel    aux    artistes. 

Les  souscripteurs  pour  h-  monument  à  élever 
en  1  honneur  du  général  Desaix,  ayant  notnmé 
un  comité  dans  leur  assemblée  générale  du  7 
thermidor;  le  piemicr  soin  de  ce  comité  a  dû 
être  d'aviser  aux  moyens  d'accomplir  le  vœu 
énoncé  dans  la  souscription  même,  en  se  réser- 
vant les  soins  et  les  détails  administratifs  que  cette 
tâche  comporte.  Il  a  pensé  que  la  voie  d'un 
concours  pour  la  partie  d'art  était  la  plus  juste., 
la  plus  favorable  à  l'émulation  et  la  plus  propre 
à  donner  d'heureux  résultats.  Il  fait  en  consé- 
quence un  appel  au  génie  4es  artistes  et  les 
invite  à  lui  transmettre  leurs  projets,  plans  ,  des- 
sins ,  modèles  ou  esquisses  d'un  monument  des- 
tiné à  honorer  la  mémoire  du  général  Desaix. 
C'est  à  l'idée  d'un  monument  d'utilité  publique 
que  le  comité  a  cru  devoir  s'arrêter.  Cette  dési- 
gnation précise  a  paru  plus  convenable  pour 
fixer  la  pensée  des  artistes  et  leur  indiquer  le 
but  du  concours.  L'objet  en  étant  mieux  dé- 
terminé, sera  plus  heureusement  rempli. 

Le  sujet  proposé  est  , 

Une  fontaine  publique ,  destinée  ,  par  son 
ensemble  et  par  ses  ornemens  ,  a  rappeler  les 
circonstances  les  plus  mémorables  de  la  vie  du 
héros  que  la  France  regrette.  Ce  monument  sera 
élevé  à  Paris  ,  sur  la  place  de  Thionville  ,  ci- 
devant  Dauphine,  conformément  à  la  permis- 
sion qui  a  été  accordée  par  le  gouvernement. 

Les  concurrens  joindront  à  leurs  projets  un 
apperçu  de  la  dépense  ,  qui  ne  pourra  excéder 
la  somme  de  25,ooo  fr.  ;  cette  condition  est  de 
rigueur.  Ils  sont  invités  à  se  conformer  à  l'é- 
chelle de  5  centimètres  par  mètre  pour  les  dessins, 
et  à  celle  d'un  décimètre  par  mètre  ,  pour  les 
modèles. 


EXPOSITION      PUBLIQ^UE. 

Les  citoyens  Isabey  et  Vernet,  ont  l'honneur 
de  prévenir  lé  public  ,  que  leur  dessin  ,  repré- 
sentant la  Revue  du  premier  consul  ,  qui  a  lieu 
tous  les  quintidis  au  palais  des  Tuileries ,  sera 
exposé  ,  à  compter  du  1='  frimaire,  au  ci-devant 
hôtel  de  Coigny  ,  rue  Saint-Nicaise  ,  au  coin  de 
la  place  du  Carousel ,  depuis  9  heures  du  matin 
jusqu'à  5  du  soir. 

Le  prix  du  billet  d'entrée  sera  de  1  franc 
5o  centimes. 


(l)   chez   Mérigot,    qUai  des  .Augustir 


LIVRES       DIVERS. 

Collection  complette  d'ouvrages  sur  Jet 
domaines  nationaux,  l'enregistrement, le  timbre, 
les  hypothèques  et  autres  contributions  ,  depuis 
1 789  jusqu'à  l'an  9  ;  6  vol.  in-8°.  de  240Q  pages. 

Prix  i5  fr.  et  21   fr.  par  la  poste. 

A  Paris  ,  chez  H.  L.  Perronneau  ,  imprimeur  , 
rue  du  Battoir  ,  n°.  8  ,  et  au  dépôt  des  Lois. 

SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiqjie  et  des  Arts. 
Aujourd,  Bal  masqué.  —  Il  commencera  à  minuit. 
L'ouverture  des  bureaux  se  fera  à  11  heures. 

Prix  du  billet  d'entrée  ,   6   fr. 

Dem.  Œdipe  à  Colonne  ,   et   le  ballet  de  Psyché. 

Théâtre  DES  JEUNES  élevés,  rue  deThionville. 
Auj.  le  Doyen  de  Killerine  ;  l'Amant  muet ,  et 
Cassandre  comédien. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Champ agnac  ; 
Teniers  ,  et  Plus  heureux  que  sage. 

Théâtre  DE  la  Cité-Variétés. — Pantomimes. 
Aujourd.  la  4'  repr.  de  l'Elevé  de  la  Nature  , 
pantom.  allégorique  à  grand  spectacle  ,  suivie 
de  Cadichon. 


L'abonaeiRcat  se  fait  1  Paris,  rue  des  Poitevins ,  n"  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  moii ,  5o  fraocs  pour  six  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  ne 
s'abonne  qu  -av  commeucemenc  de  cbaqne  mois. 

Ilfaul  adresic.  les  lettres  et  l'argent ,  franc  déport  ,aucit.  Agasse,  propriétaire  de  cejournal , rue  des  Poitevins,  a'  i8.  Ilfaufcomprendre  dans  Us  envois  le  port  des 
pays  où  l'on  ne  p'uca  ffr;  pchsr.   Lr  à  leUrcs  '^es  départemens  non  affranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  de  la  poste, 

il  faut  avoir  soin,  pour  ^lus  de  sûreté,  <!<.  charger  celles  qui  renfermentdeS  valeurs  ,  et  a,dres5er  tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de  la  feuille,  au  rédacteur,  rue  des 
Poitevin»,    n°  i3,  depuis  .teuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  oeures  dusoir. 


A  Fa  ti  s,  db  l'imptisteric  du  cit.  Agaf se ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins ,  n°  i3. 


GAZETTENATIONALE  pu  LE  MONirEUR  UNIVERSEL. 


N"  60. 


Décadi  ,    3o   brumaire  an'g  de  la  république  française ,  une  et  indivinbk. 


Nous  sommes  autoilsés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Moniteur  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  Goiitienc  les  séances  des  aucotirés  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  à&s   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'inrérieut  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arcs  et   aux  découvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Parii ,  le  <2q  brumaire. 

X-iE  nommé  Huet  de  Guervilie  ,  impliqué  dans 
.l'affaire  du  faux  quaierne  de  800,000  fr.  ,  par 
suite  de  laquelle  deux  individus  ont  élé  ,  Tan- 
née deiniere,  condamnés  aux  fers,  devaii  hier  28 
purger  sa  contumace  devant  le  tribunal  criminel. 
Maisl'absence  du  nommé  Marin,  autre  co-accusé, 
qui  ,  dans  le  premier  piocès  ,  avait  élé  acquitté 
sur  rinlention  ,  a  fait  remettre  l'affaire  à  la  ses- 
si'ort  prochaine. 

Le  même  jour  ,  la  première  section  de  ce  tri- 
bunal a  acquitté  le  nommé  Boureau-Placenne , 
accusé  d'avoir,  en  l'an  2  ,  fabriqué  ou  émis  de 
faux  assignats.  Il  avait  élé  condiimné  à  mort  par 
contumace  ;  et  ,  aux  termes  de  la  loi  ,  le  pré- 
sident lui  a  fait  une  réprimande  publique  ,  sur 
ce  qu'il  avait  douté  de  la  justice  et  de  la  loyauté 
de  ses  concitoyens,  et  l'a  condamné  à  garder 
prison  pendant  une  décade. 

—  Le  II  brumaire  on  a  fait  à  l'hospice  du  Sud 
l'opération  de  la  trachéotomie  ,  qui  a  arraché 
des  bras  de  la  mort  un  enfant  âgé  de  sept  ans 
et  demi  ,  cjui  jouant  avec  des  haricots  blancs  , 
en  avait  rais  un  dans  sa  bouche  ,  qui  dans  une 
forte  inspiration  ,  fut  entraîné  dans  le  conduit 
qui  transmet  l'air  aux  poUmons.  Ce  corps  ét^an- 
ger  causa  sur-le-champ  une  grande  difficulté  de 
respirer,  une  toux  convulsive  et  suffocante  ,  un 
râlement  continuel  ,  et  de  tems  à  autre  des 
accès  de  suffocation  ,  qui  plusieurs  fois  faillirent 
le  faire  périr.  Il  y  avait  trente-six  heures  que  le 
malade  était  dans  cet  état  ,  quand  on  le  confia 
aux  soins  du  citoyen  Caron  ,  chirurgien  en  chef 
de  cet  hospice.  Ce  praticien  ne  met  que  le  tems 
qu'il  lui  a  fallu  pour  bien  s'assurer  du  lieu  où 
était  le  corps  étranger;  pour  lors  ,  aidé  par  le 
citoyen  AUard  ,  premier  élevé  de  cet  hospice  ,  il 
fit  à  la  partie  antérieure  du  col  une  incision 
pénétrante  dans  la  trachée  artère  ,  et  ces  chirur- 
giens ne  tardèrent  pas  à  avoir  en  leur  pcftses- 
Sioa  cette  fève  qui  avait  causé  tant  de  mal  :  le 
malade  est  autant  bien  qu'on  le  peut  desiier. 
Ôuand  sa  guérison  sera  parfaite,  le  citoyen  Caron 
se  propose  de  rendre  un  compte  détaillé  de  tous 
les  symptômes  que  la  maladie  présenta,  de  l'état 
pathologique  du  col  au  moment  oii  l'opération 
fut  faite  ,  et  enfin  des  difficultés  qui  se  sont  pré- 
sentées,  lorsqu'il  la  fit. 

—  On  écrit  de  Caumont  (Calvados)',  en  date 


P    O    P    u 


L     A 

Second 


du  23  brumaire..  j>  Le  18  de  ce  mois  ,  les  vents 
commencèrent  à  souffler  avec  impétuosité  snr  les 
.3  à  4  heures  du  nrialin  ;  le  fort  de  la  tempête  fut 
depuis  9  heures  du  matin  jusqu'à  10  heures  et 
demie,  et  elle  s'appaisa  sur  ks  11  heures  et 
demie.  Le  baromètre  était  ici  à  27  pouces 
3  lignes  ,  et  le  thermomètre  ,  à  l'air  libre  .  à  8  à 
9  lignes  au  -  dessus  du  degré  de  consellaiion. 
Le  ciel  était  couvert  d'un  gros  nuage  blanchâtre  . 
uniforme  ,  mais  au-dessous  duquel  étaient  de 
légers  nuages  plus  rembrunis ,  qui  passaient  rapi- 
dement dans  la  direction  du  vent  :  ils  ressem- 
blaient beaucoup  aux  petits  nuages  qui  ,  dans  les 
tems  d'orages,  vont  contre  le  vent  dominant. 

Les  bourrasques  ,  dans  leur  violence  ,  se  pous- 
saient de  tems  à  autre  par  secousses  qui  souvent 
étaientdoubles  et  même  triples  dans  l'espace  d'une 
seconde- 
Dans  cette  contrée  ,  les  vents  impétueux  souf- 
flent toujours  de  l'ouest  ,  ou  plutôt  de  1  ouest- 
sud-ouesl;  mais  dans  la  dernière  tenapèle  ,  phé- 
nomène assez  extraordinaire  ici  ,  il  soufflait  du 
sud-ouest,  et  même  du  sud-ouest  quart  sud. 

Un  vieillard  m'a  assuré  que  ,  il  y  a  environ 
5o  ans,  il  a  vu  une  pareil^  tfempête  ,  et  que  le 
vent  était  dans  la  même  dirçjiiion. 

Ces  deux  circonstances  éeuvent  fournir  ma- 
titre  aux  météorologistes  i  faire  de  nouvelles 
recherches  sur  la  cause  ettenaiure  des  venis, 
dont  la  théorie  est  encore  ttès-imporianie.  La 
physique  ,  l'histoire  naturelle  et  la  médecine  ne 
pourraient  qu'y  gagner. 

Les  bas-fonds  ont  beaucoup. plus  souffert  que 
les  hauteurs ,  sans  doute  par  la  rafale. 

On  peut  évaluer  à  un  cinquième  ou  à  un  sixième 
le  nombre  de  pommiers  que  la  tempête  a  renver- 
sés ;  perte  qui  sera  sensible  ,  les  principales  pro- 
ductions de  ce  pays  étant  en  cidfe.  >> 

—  On  écrit  de  Bordeaux  quela  grande  quantité 
de  grains  et  farines  arrivée  depuis  rjuelques  jours 
et  l'espoir  d'en  voir  arriver  bieiViôt  une  plus 
grande   encore  ,  ont  fait  baisser  le   prix  du  pain. 

Les  navires  danois,  suédois  .  \  russienset  ham- 
bourgeois  étaient  pavoises  ,  le  22  ,  à  l'occasion 
du  A^tiage  de  mademoiselle  Hesse  ,  fille  du 
consul  de  S.  M.  P.  à  Bordeaux  ,  et  M.  Vonliemer  , 
consul  de  S.  M.  D.  Les  capitaines  de  ccs  naviies 
ont  été  invités  au  repas  qui  a  eu  ileu  à  Bardineau. 
Le  canon  de  leurs  bords  a  tiré  pendant  toute 
lajournée. 

—  On  écrit  de  Dijon  ,  en  date  du  24  bru- 
inaire.  "  Une  dernière  circulaire  du  ministre  de 
la  justice  ,  relative  à  la  répression  du  brigandage  , 

T     I     O     N         DE         LA 

Tableau  ,  fesanù  suite  à  eclui  inséré  au 


nous   est  parvenue.   Heureusement  les  délits  sur 

I  lesquels  elle  appelle    latieniion  et  la  sévérité  des 

,  n'agistrais  ,   sont  inconnus  dans  le   déparlement, 

de  la   Cote-dOr.    L'arrestation    des  voyageurs  y 

est  infanimeni  rare  ;   jamais  ni  lescouriers  ni  les 

voitures  publiques  n'y    ont   élé   attaqués  ;  jamais 

on    ny    a   porté  aileinie  aux   caisses  publiques. 

Ceue  surete,   cette  tranquilliié  dont   nous  avons 

toujours  JOUI  ,   nous   la  devons  à  la  vigilance  de 

I  tous  les  lonciionnaiics  et  à  linfatigablc   activité 

de  notregendarnierie.i) 

—  On  a  imaginé  à  Mens ,  département  de  lljere, 
de  secourir  les  pauvres  de  la  manière  suivante.  Il 
n  est  permis  à  personne  de  mendier  :  règle  géné- 
rale ,  le  pauvre  ou  le  malade  hors  d  état  de 
gagner  leur  vie  ,  et  reconnus  tels ,  s'adressent  à 
une  personne  aisée  et  la  prient  de  vouloir  bien 
les  secourir.  Celle-ci  choisit  six  de  ses  amis  ou 
autres  ,  et  chacune  des  personnes  désignées  nour- 
rit a  son  tour  le  pauvre  pendant  la  semaine.  On 
ne  saurait  croire  l'effet  qu'a  produit  cet  acte 
philantropique  ;  on  commence  déjà  à  ne  plus 
voir  autant  de  vagabonds  demander  aux  portes- 
ils  sont  maintenant  obliges  de  travailler.  ' 

—  Nous  recevons  de  Strasbourg  ,  sous  la  date 
du   18  brumaire,  les  détails  suivans  : 

Le  cito^'en  Lhomond  ,  préfet  du   déparlement 
du  Bas-fihin  .    a  fait  au   commencement    de   ce 
mois   la    visite  générale    des   quaire    arrondisse- 
mens   qui  le   composent.  Il  a   reçu   des  témoi"- 
rtages   unanimes   de    dévouement    et   de   recon- 
naissance pour  le  (gouvernement  et  d'estime  par- 
liculif  re  pour  sa  personne  et  son   administration 
paternelle.  L'enihousiasme  ,  la  franche  cordialité 
présidaient  par-tout  à   sa    récepiion.    On  ne  sait 
ce  qui  a  dû  le  frapper  le  plus ,  ou  de  lexcellenle 
tenue  de  la  garde   nationale  à   pied  et  à  cheval  , 
ou  du   zele  constant  doni   elle  fait   preuve  pour 
I  seconder   et  maintenir  le    gouvernement. 
I      A'Weissembourg  ,  chef-lieu  dune  préfecture, 
oîi   l'on  semblait   craindre   de   trouver   quelques 
j  vestiges    d'un  parti  dangereux,   le  préfet    a're- 
I  cueilli     les     mêmes    témoignages     d'affection    et 
j  d'es,t;me. 

!  -^Le  gouvernement  actuel  est  fort  dans  cette 
!  contrée  de  la  réunion  de  touie>  les  volontés, 
j  Les  efforts  des  agitateurs  de  tous  les  partis  y 
j  seraient  impuissans. 

—Le  28  brumaire  an  9,  s'est  présenté  à  la  mairie 
du  II'   arrondissement  de  Paris  ,  le  cit.   Girard 
I  cordonnier,    rue  de  Tournon  ,  n°  ii58  ,  kqueî 
j  a  fait  constater  la  naissance  de  trois  filles  ,  toutes 
j  trois   en   bonne   santé,    dont  sa  femme  est  heu- 
reusement accouchée  le  matin  du  même  jour. 

FRANCE. 

n°  5]. 


NOMS 

DES 

DÉPARTEMENS. 


;    Landes    (  t  )  .   . 

Lot 

Marne  (  Haute-). 
'    Meurthe.    .    .    . 

Meuse 

■■    Olne 

Rhin  (Bas-)  .    . 

Saône  (  Haute-  ). 

Saônc-et-Loire  . 


POPULATION 

d'après   le 

recensement 

fait   par   les 

préfets. 


224.362 
377,207 
227,207 
328,115 
270,1 12 
397,568' 
4481483 
264,073 
452,673 


2,989,800 


NAISSANCES 

dans  les  trois 

derniers    mois 

de  l'an  8. 


1,788 
2,782 
ii797 
2,949 
1,649 
1,1 5o 

4,249 
2,073 
3,863 


22,30O 


DÉCÈS 

dans  les  trois 

derniers    mois 

de  l'an  8. 


MARIAGES 

dans  les  trois 

derniers    mois 

de  l'an  8. 


POPULATION 

en    1790  , 

d'après      les 

recensemens 

laits  par  ordre 

de  l'assemblée 

constituante. 


i,5og 

1,5  a  4 
2,  i5g 


3,453 
1,265 
3,855 


18,124 


POPULATION    par 

En    1786, 

suivant 

M.    Necker. 


lieue  quarrée, 

En  l'an   S  , 
d'après  l'étendue 
assignée  .î  chaque 
département  ,  par  ' 


l'assi 


nblé 


229 

53o 
188 
63 1 

203 

488 

726 
472 
472 


3,919 


246,200 
268,000 
282,666 
380,266 
252,266 
3S6,i33 
362,865 
s5o,6G6 
402, i3i 


2, 83 1,1 94 


885 
908 
663 
934 
934 
1,170 
i,i83 

779 
918 


479  t 
1,042 
721    f 

i,o58 

849  i 
1,282  f 
1,673  f 

996  r 
1,043 


0    B    S    E    R     VA     T    I    0    N    S. 
{i]    U   ne  faut  pas   oublier   que  lea   Landes   étaient  la  partie  la   moins    peuplée    de   la  généralité   de  Bordeaux. 


—  On  sous  écrit  de  Saint-Valery-sur-Somme , 
en  date  du  28  brumaire  :  i>  Le  18  de  ce  mois  il 
s'est  passé  un  ouragan  affreux:  la  plus  grande 
partie  des  toîis  des  maisons  ont  été  enlevés  !  plu- 
sieurs cheminées  renversées  ;  le  moulin  à  l'hui  e 
de  Saumon  ,  sur  les  monts  de  Saint-Valery ,  cul- 
buté et  entièrement  écrasé  en  pièces  ;  les  bergeries 
du  Cap-Cornu  détruites  jusqu'aux  foiîdemens  ; 
une  meule  de  bas  grains  ,  contenant  environ  deux 
mille  bottes ,  sise  sur  la  plage  ,  entièrement  enle- 
vée par  le  vent ,  dans  la  mer.  Les  moulins  a  bled 
Tdc  Faviere  et  Morlaix  ,  situées  entre  le  Croloy  et 
Grand-Port ,  culbutés  ;  un  autre  à  Cayetix  ;  enhn, 
dans  les  campagnes  environnantes,  beaucoup  de 
maisons ,  granges ,  écuries,  étables,  etc.  sont  dans 
le  même  cas  ,  ainsi  qu'une  grande  partie  d  arbres 
fruitiers  et  de  toutes  autres  espèces  ,  déracmes  et 
cassés  par  le  pied.  ^  . 

51  Ces  événemens  ne  sont  qu  une  esquisse  clij 
triste  tableau  que  présente  particulièrement  celui 
des  bateaux  de  Cayeux  ,  du  bourg  d  Auts .  du 
Treport,  de  Dieppe  ,  etc.  servans  a  la  pèche  du 
hareng,  dont  partie  ont  échoué  surnos  cotes  et 
d'autres  engloutis  par  la  mer  avec  les  malheu- 
reuses victimes  qui  en  composaient  les  équipages. 
Un  de  ces  bateaux  du  Treport  ,  mouille  dans  la 
bâche  de  Cayeux  ,  en  face  du  phare  nomme  le 
Soleil,  commandé  par  le  capitaine  Malard  ,  monte 
de  dix-neuf  hommes  ,  ayant  chassé  sur  son  ancre  , 
a  chaviré  sur  les  bancs  de  Somme  ,  près  la  pointe 
du  Hourdel  ;  tous  ont  péri  sans  pouvoir  les  se- 
courir ,  quoique  n'étant  qu'à  quatre  cents  pas  de 
terre  ,  tant  la  mer  était  en  tourmente.  Nous  avons 
à  regretter  dans  ce  nombre  quatre  infortunes  pères 

t      r        -11-    i_   c-!-.   \7^îIor,r./^«iiv:3nrrp«  fin  même 


s54 

Le  ministre  des  finances  au  préfet  du  département 
de 
Je  vous   adresse,  citoyen    préfet,   l'expédition 
imprimée  d'un  avis  du  conseil-d'état  ,   du   is  de 
ce  mois  ,  approuvé  par  le  premier   consul. 

Il  consacre  les  vrais  principes  résultant  de  la 
loi  du  i(  frimaire  an  8  contre  les  acquéreurs  de 
domaines  nationaux  ,  souscripteurs  de  cédules  , 
et  sujets  à  défaut  de  paiement,  à  la  peine  de 
déchéance  de  plein  droit  et  à  celle  de  revente 
à  la  folle  enchère. 

Il  doit  servir  de  règle  à  votre  conduite. 

Ainsi  ,  non-seulement  la  revente  à  la  folle 
enchère  doit  s'opérer  sur  les  acquéreurs  infidèles 
à  leurs  engagemens  ,  et  elle  ne  peut  être  retardée 
sous  aucun  prétexte  ,  dès  l'instant  qu'elle  est 
provoquée  par  le  porteur  de  cédules  qui  dé- 
nonce une  sommation  infructueuse  ,  mais  ayant 
même  que  le  rescript  soit  effectué  ,  la  république 
doit  ressaisir  le  domaine  qui  forme  le  gage  de  la 
çédule  prolestée.  C'est  la  conséquence  nécessaire 
de  la  déchéance  de  plein  droit  ,  et  le  vœu  précis 
de  l'article  XIII  de  la  même  loi  du  11  frimaire  , 
qui  charge  la  régie  des  domaines  de  faire  exé- 
cuter sans  délai  la  dépossession  des  acquéreurs 
tombés   en  déchéance. 

Assurez-moi,  citoyen  préfet,  que  ces  dispo- 
sitions seront  exactemèot  observées  dans  votre 
département. 

je  vous  salue  ,    ,  Signé,  Gaudin. 

P.  S.  Je  vous  observe  que  les   revenus  et  fer- 


à  regretter  dans  ce  nomore  quauc  luiuiiuii^-i,  ^^.>.^         .  .  „.  j-    . ._    ,    __ 

de  ffraille  de  Sainl-Vallery;  deux  autres  du  même     mages     saisis    sur     les     acquéreurs   dépossèdes  , 
oe  laraiiic  uc  uaiiii  ^     ,,        i     c„r„r..  »mr,  r,vp«  siirrcssivpmpnt  .  et  nar  a  comute 


endroit ,  dans  un  deuxième  bateau  qui  a  éprouve 
Je  même  sort.  Un  3»  bateau  pêcheur  de  Dieppe  , 
monté  de  trente  hommes  d'équipages,  échoue 
sur  la  côte  du  bourg  d' Auts.  a  perdu  11  hommes: 
on  ignore  encore  quel  en  le  sort  de  beaucoup 
d'autres  bateaux  ,  et  l'on  assure  que  ceux  de 
Cayeux  ,  qui  étaient  en  grand  nombre  a  'a  mer  , 
sont  en  relâche  à  Dieppe  ,  à  Boulogne  ,  a  Calais , 
et  autres  ports  ,  même  en  Angleterre  :  en  atten- 
dant de  leurs  nouvelles  ,  les  tamiUes  de  ces  mal- 
'  heureux  marins  sont  dans  la  plus  grande  cons- 
ternation. 1»       

MINISTERE    DES    FINANCES. 
Extrait  des  registres  des  délibérations  des  consuls  de 

la  république.  —  Paris,  le  i3   brumaire  an  9  de 

la  république  une  et  indivisible. 
Extrait  des    registres  des  délibérations  du   conseil- 

d'itat.  —  Séance   du   12  brumaire  an   9   de   la 

république. 
^  Avis. 


seront  employés  successivement ,  et  par  à  compte 
au  paiement  des  porteurs  d^  cédules  protesiées  , 
le  tout  par  ordre  de  jiate  ,  et  à  valoir  tant  sur  le 
capital  que  sur  les  inférêts  des  cédules.  La  rèt!.ie 
est  chargée  de  veillee.avec  soin  à  l'exécution  de 
cette  mesure.  ^ 


chante  les  sentimens  de  son  sexe  ,  et  qu'elle  laisse 
à  nos  nouveaux  Saini-Aulaire  le  soin  d'exprimer 
leurs  tendres  regrets.  No«s-ne  pouvons  manquer 
d'avoir  sur  ce  sujet  d'excellentes  élégies,  la  ph.i- 
part  denos  plu&cèlebres  poètes  ne  touchent-ils  pas 
à  cet  âge  ? 

Madame  Dufresnoy  ne  s'est  point  permis  uni; 
semblable  méiaraorphose.  C'est  l'incertitude  d'une 
amante  qu'elle  exprime  avec  giacer  dans  sa 
romance. 

Si  M""  Durameau  ,  ci-devant  veuve  Colonna- 
Ornano  .  est  italienne  comme  ce  dernier  nom  le 
fait  croire,  on  ne  sera  point  surpris  qu'elle  ait 
fait  passer  dans  ses  coupleis  élégiaques  la  viva- 
cité qui  caractérise  la  passion  de  l'amour  en  Ita- 
lie ;  mais  on  s'étonnera  qu'elle  écrive  notre 
langue  avec  autant  de  pureté  que  de  giâces. 

Les  dames  ne  se  sont  point  bornées  à  faire 
des  couplets.  Il  me  semble  qu'elles  excellent  dans 
l'èpître  en  vers  autant  que  dans  les  lettres  ea 
prose  ,  et  que  la  poésie  a  aussi  ses  Sévigné.  Le»  ■ 
hommes  sont  obligés  de  convenir  qu'elles  l'em- 
portent infiniment  sur  eux  dans  ce  genre,  où 
il  faut  ,  à  beaucoup  d'esprit  ,  joindre  beaucoup 
de  naturel  et  une  grande  délicatesse  de  sen- 
timent. 

Madame  Bourdic-Viot  a  publié  une  Epitre  à 
la  campagne  ,  intitulée  aussi  :  lajournée  des  champs. 
Ce  morceau  rappelle  les  plus  jolies  pièces  de 
Madame  Deshoulieres  et  du  sensible  Léonard. 
Elle  en  est  peut-être  une  imitation  trop  parfaite  ; 
et  je  crois  faire  ici  moins  un  reproche  qu'ua 
éloge.  Rien  de  mieux  colorié  que  ses  tableaux 
des  difièrentes  heures  du  jour  à  la  campagne. 
Rien  de  plus  consolateur  que  ses  réflexion» 
morales.  Il  faut  en  citer  quelques-unes  : 

th  :  qui  peut  résister  aa  spectacle  toucliant 
De  la  rature  épanouie  ? 
Ici ,  l'emploi  de  chaque  instant , 


LITTÉRATURE. 

Tous  les  ans  YAlmanach  des  Muses  offre  fies 
ouvrages  de  nos  poêles  ,  comme  le  salon  du 
Muséum  ceux  de  nos  peintres.  On  volt  dans  l'tin 
et  l'autre  les  essais  de  l'èieve,  à  côté  des  chefs- 
d'œuvre  du  maître.  On  doit  à  l'élevé  des  conseils 
et  des  encouragemens  ;  au  maître,  un  tribut 
d'éloges  V  mais  il  faut,  pour  l'honneur  des  arts, 
poursuivre  de  toute  la  sévérité  de  la  critique  ces 
individus  sans  vocation  ,  qui  ,  d'une  main  inha- 
bile ,  osent  toucher  les  pinceaux  ou  la  lyre  ,  et 
qui  figurent  quelquefois  parmi  les  artistes  et  les 
poètes,  comme  dans  la  bonne  compagnie  quel- 
ques personnes  qui  lui  sont  étrangères. 

Peut-être  ce  soin  appartient-il  plutôt  à  la  satire 
qu'à  la  critique.  Il  a  suffi  autrefois  de  quejques 
épigrammes  pour  faire  justice  des  Coiiii  et  des 
Prudon  ;àquoi  nous  servi raitaujourd'hui  l'examen 
criiique  de  leurs  poèmes  ?  Les  bons  ouvrages 
méritent  seuls  d|étre  critiqués ,  et  les  observations 

,        c  j  ,  qu'ils   font   faire    sont    les   seules    peut-être    qu- 

expose  que  le  ministre  des  fananccs  ordonne  ,  ^^^j^^^  ^^jj^^  ^^^  progrès  de  l'art.  Ne  nous  atia 
encore  l'application  contre  les  acquéreurs  de  do-  \^^^^^  ^^^^  j„  parcourant  ce  recueil,  qu'au; 
maines  nationaux  qui  n  acquittent  pas  les  oDli-  ,  productions  auxouelles  nous  pourrons  donne 
gâtions  qu'ils  ont  souscrites  ;  .      ,    ,  ,. 

î".  Si  la  loi  du  28  pluviôse  an  8  ,  qui  a  établi 
■an  conseil  de  préfecture  dans  chaque  départe- 
ment pour  connaître  du  contentieux  des  domaines 


Dérobe 


tdela 


-Lorsqu'il  nt 
Nons  allons 
Il  faut  bien 


que lejoL 
istins  rbo 


Le  conseil-d'état  qui  ,  sur  le  renvoi   des  con- 
suls, et  sur  le  rapport  de  la  section  des  finances , 

a  discuté  une  pétition  du  citoyen ,  par.la- 

laquelle  il  demande  , 

1"  Si  la  loi  du  11  frimaire  an  8  ,  n'a  pas  subs- 
titué la  simple  peine  de   déchéance   à  celle  de _^ ^_ 

déchéance  et  revente   a   folle  encliere  ,  dont  il         ,.|^  ^^^^  ^^j^^   ^^^^   j^^   ^^^1^^    peut-être    qui 

expose   que    le    ministre    des   fananccs   ordonne  ,  ^^^j^^^  ^^jj^^  ^^^  progrès  de  l'art.  Ne  nous  atia- 

•■      ilicaiion  contre  les  acquéreurs  de  do-  '  ^^^^^  ^^^^_    en   parcourant   ce  recueil,  qu'aux 

productions  auxquelles  nous  pourrons  donner 
des  éloges  ,  après  les  avoir  critiquées. 
Je  commence  par  celles  des  femmes, 
ment  pour  connaître  du  contenueuxaes  uoiuaincs  Elles  ont  pubhé  de  jolies  romances  ;  ce  genre, 
nalioiiaux,  autorise  un  préfet  à  prononcer  seul  la  comme  celui  de  l'idylle,  par  cela  même  qu'il 
folle  enchère  ,  et  à  rejeter  seul  les  demandes  des  i  exige  du  naturel  et  de  la  sensibilité,  semble  leur 
acquéreurs  qui  réclament  contre  cette  peine  ;  et  1  convenir  plus  particulièrement  qu'un  autre.  C'est 
que,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  été  statué  sur  ces  deux  :  celui  dans  lequel  elles  obtiennent  de  plus  fré- 
questions ,  il  soit  sursis  à  toutes  poursuites  en  folle  I  "" 
enchère  :  . 

Est  d'avis  ,  sur  la  première  question  ,  que  la 
loi  du  II  frimaire  an  8  ,  n'a  eu  d'autre  objet  que 
de  relever  de  la  déchéance  ceux  des  acquéreurs 
des  domaines  nationaux  qui  l'ont  encourue;  et 
que  l'on  ne  peut  induire  avec  fondement ,  d'au- 
cune de  ses  dispositions  ,  qu'elle  a  aboli  la  peine 
de  la  folle  enchère  établie  par  toutes  les  lois 
précédentes  ,  notamment  celle  du  16   brumaire 

Et  sur  la  seconde  question  ,  que  la  loi  du  ?8 
pluviôse  an  8  ,  charge  les  préfets  seuls  de  l'admi- 
nistration ;  que  la  mise  à  exécution  d'une  déci- 
sion du  ministre  ,  est  un  fait  d'administration  , 
et  que  dès-lors  on  ne  doit  pas  considérer  comme 
contentieux  ,  quant  au  préfet  ,  ce  qu'il  est  chargé 
par  l'autorité  supérieure  de  faire  exécuter  ,  no- 
nobstant les  réclamations  des  çjarties  intéressées. 

D'après  cela,  le  conseil-d'état  estime  que  la 
décision  du  ministre  des  finances  ,  dont  se  plaint 

le  citoyen ,  doit  être  maintenue  ,  et   qu'il 

n'y  a   pas   lieu   conséquemment  à  ordonner  un 
sursis  aux  poursuites  en  folle  enchère. 
Pour  extrait  conforme  , 

Le  secrétaire-général  du,   conseil-d'état , 
Signé  ,  J.  G.  LocRÉ. 
Approuvé. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maeet. 
Pour  copie  conforme  , 
Le  ministre  des  finances  ,  JigTié  ,  Gaudin. 


quens  succès. 

La  romance  de  madame  Bourdic-'Viol  est  né- 
gligée ;  mais  «Sl-il  rien  de  plus  agréable  que  les 
deux  couplets  suivans  ? 

Rien  n'est  stérile  au  sein  de  la  oature  ; 
Elle  a  des  fleurs  pour  toutes  les  saisons  : 
ti  le  prinlems  se  couvre  de  verdure  , 

r  sous  les   glaçons. 


Ce  bel  enfant  que  guide  la  folie , 
Par  la  jaîson  souvent   calomnié , 
S'appelle  amour  au  printems  de  la  vie  , 
Et  dans  l'automne  il  se  nomme  amitié. 

Par  un  caprice  qui  pourrait  paraître  assez 
bizarre,  si  toutes  les  fictions  n'étaient  pas  per- 
mises aux  poêles  ,  madame  d'Hautpoul  se  trans- 
forme en  vieillard  octogénaire  ,  pour  refuser  ,  en 
jolis  vers,  le  baiser  d'une  belle. 

De  ce  refus  pénétrez-vous  la  cause? 
Vous  êtes  belle  ,  et  j'ai  quatre-vingts  ans  : 
Par  un  baiser  je  fanerais  la  rose , 
Et  ce  serait  un   outrage   au  printems. 

Je  dois  laisser  à  la  vive  jeunesse 
Ces  biens  si  doux,    elle   adroit  d'en  jouir; 
De  vos  plaisirs  il  reste  à  ma  vieillesse  , 
Moins  un  regret  qu'un  heureux  souvenir. 

.  On  est  toujours  étonné  de  trouver  le  nom 
(  d'une  femme  à  la  fin  d'une  romance  où  l'on  lient 
'  un   pareil    langage.    Que    madame  d'Hautpoul 


regards  le 

t-on  le  tems  qui  fuit, 
nous  enlevé    aucune  jouissance  ? 
sans  effroi  ,  vers  la  mort  qui  s'avance  ; 
fasse  place  à  la  nuit, 
me  se  plaint  sans   cesse  ; 
Eh  quoi!  n'esi-il  donc  plus,  dans  l'hiver  de  nos  ani. 
Des  biens  que  l'amitié  garde  pour  la  sagesse  ? 
Le  souvenir  console  la   vieillesse  , 
C'est  une  fieur  dérobée  au  printems. 

Il  faut  pourtant  ,  malgré  ces  jolis  vers  ,  que  je 
fasse  un  léger  reproche  à  l'auteur.  Après  avoir 
peint  les  jeux  du  soir  ,  les  amourettes  d'une 
jeunesse  folâtre  ,  un  baiser  donné  furtivement  à 
la  jeune  bergère,  elle  endort  1  innocente 

Au^Brult  conjas   de  m   niiii5f»l  àesin. 

Si  l'auteur  a  voulu  rendre  par  ces  mots  ;  bruit 
confus  ,  le  souvenir  de  ces  jeux  ,  de  ce  baiser  , 
de  la  cloche  du  village  ,  qui  a  marqué  la  fia 
de  cette  scène  ,  elle  a  eu  une  idée  ingénieuse  ; 
mais  il  me  semble  que  l'expression  manque  à 
l'image.  On  dit  bien  le  tumulte  des  sens  ,  la 
tempêie  des  passions  ;  mais  on  n'a  jamais  dit  , 
je  crois  ,  le  bruit  des  désirs.  Cette  expressioa 
qui  n'est  pas  sans  grâces  ,  ne  peut  pourtant 
être  admise,  parce  qu  il  faut  respecter  une  langue 
fixée.  Voltaire  a  dit  dans  un  poème  célèbre  : 

"  Tous  ces  pensers  formaient  une  tempête 

^  Au  cœur  de  Jeanne  ,  et  confondaient  sa  tête,  iv 

Il  s'agit  ici  d'une  tempête  morale ,  et  c'est 
une  expression  reçue  ;  mais  comme  les  désirs 
d'amour  n'ont  jamais  fait  de  bruit ,  je  prends  là 
liberté  d'invit-r  madame  Bourdic-Viot  à  changer 
une  expression  que  je  regretterai  avec  elle. 

Il  y  a  long-tems  qu'on  a  dit  que  le  triomphe 
des  femmes  et  le  plus  bel  attribut  de  leur  puis- 
sance ,  était  d'aprivoiser  la  férocité  de  l'homme 
et  d'adoucir  ses  mœurs.  Les  anciens  n'ont  pas 
oublié  de  rendre  cette  vérité  sensible  dans  leurs 
charmantes  allégories  ;  et  ce  n'est  pas  en  vain 
qu'ils  ont  représenté  Mars  se  laissant  désarmer 
par  Vénus.  Toutes  les  expressions  dont  je  viens 
de  me  servir  sont  beaucoup  trop  fories  pour 
le  sujet  dont  je  veux  parler  ;  mais  comme  il 
y  a  souvent  de  l'analogie  entre  les  plus  petites 
choses  et  les  plus  grandes  ,  j'ai  cru  pouvoir 
rappeler  ici  cette  vérité  ,  sans  trop  m'écarier  de 
l'ordre  naturel  de  nos  idées.  J'y  reviens. 

Vous  vous  souvenez  de  la  fureur  satirique  qui 
n'a<rueres  s'était  emparée  de  nos  poètes,  et  des 
combats  à  outrance  qu'ils  se  sont  livrés.  Il  appar- 
tenait aux  femmes  de  désarmer  ces  fiers  combittans 
et  de  les  rappeller  à  des  sentimens  plus  doux. 
C'est  ce  qu'a  fait  madame  d'Hautpoul  à  l'égard 
du  cit.  BaourLormian.  Elle  invite  ce  jeune  poète, 
dans  une  épître  un  peu  négligée  ,  à  reiioncer  à  la 
satire  ,  et  lui  donne  de  très-bonnes  raisons  pour 
ly  déterminer. 
Les  torts  ds  nos  rivaux  n'excusent  point  les  nôtres  ; 

Et  l'avenir   oubliant  ces  travers  , 
Ne  vous  jugera  point  sur  les  écrits  des  autres , 

Mais  sur  vos  mothrs  et  sut  ro«  vers,  ' 


Elle  lui'  cite  Son  propre  exemple.  Elle  avait 
jWrdonné  au  citoyen  Lebrun  ses  cpigranimes 
j:ontre  les  femmes  qui  cultivent  les  lettres  ;  c'est 
la  conduite  de  ces  dames  elles-mêmes  quelle 
offre  pour  modèle  à  tous  les  poètes. 

Emûtes  sans  rivalité  , 

Et  poëtes  sans  jalousie  , 
loin  de  voir  à  regret  le  succès  d'une  amie, 

Chacune  en  tire  vanité , 
Et  vous  prouve  ,  en  fuyant  l'envie  et  les  cabales  » 
Que  tes  Muses  sont  sœurs ,    et  ne  sont  pas  rivales, 

Madame  Dufresnoy  a  décrit  ses  propres  sen- 
sations ,  dans  le  morceau  intitulé  :  des  plaisirs  et 
des  consolations  que  les  arts  piocurent.  Ce  sujet 
n'est  pas  nouveau  :  tous  les  poètes  ont  célébré 
le  bonheur  dont  ils  ont  joui  dans  le  commerce 
des  muses  ,  et  dernièrement  encore  ,  Delillc  a 
embelli  ses  Géorgiques  françaises  de  plusieurs 
morceaux  sur  ce  même  sujet;  et  il  est  à  remar- 
quer que  ces  vers  auxquels  on  ne  refusera  pas  le 
mérite  d'être  inspirés  par  le  sentiment ,  sont  peut- 
être  les  plus  intéressans  de  son  ouvrage.  Mais , 
comme  le  sentiment  est  inépuisable  ,  son  expres- 
sion, pour  peu  qu'elle  ait  de  grâces  ,  est  toujours 
sûre  de  plaire.  Cependant  ,  je  reprocherai  à 
madame  Dufresnoy  d'être  restée  trop  au-dessous 
de  #es  modèles.  Ses  vers  ont  du  naturel  ,  et  le 
naturel  a  toujours  de  la  grâce;  mais  ils  ressem- 
blent trop  quelquefois  à  une  prose  élégante.  Riche 
en  instruction  comme  en  idées  ,  elle  a  voulu 
présenter  plusieurs  tableaux  tirés  de  l'histoire  ; 
ils  ae  sont  qu'ébauchés  :  ces  traits  qui  se  suivent 
avec,  trop  de  rapidité  ,  ont  une  concision  qui  ne 
convient  pas  à  la  poésie  ,  dont  l'objet  est  de 
peindre  ce  que  le  poète  raconte.  L'auteur  paraît 
faire  des  citations  d'histoire  plutôt  que  des  tableaux 
poétiques.  Je  pourrais  relever  aussi  quelques  ex- 
pressions impropres  ou  superflues;  mais  je  soufFie 
déjà  d'avoir  tant  critiqué  1  ouvrage  d'une  femme 
aussi  distinguée  ;  et  je  vais  tâcher  d'en  obtenir  le 
pardon  ,  en  citant  un  passage  qui  prouvera  que 
cette  pièce  de  vers  mérite  aussi   des   éloges-. 

L'auteur,  après  avoir  rappelle  les  noms  des 
plus  grands  poètes  ,  ajoute: 


0«i  I  de  tous  ces  talens  , 
Celui  qui  sait  le  mieux  v; 
le  seul  qui  nous  assure  i 
le  seul  qui  sach 


>  loîsîR  f 


durable 

lélange  a: 


fiable 


El  ce  que  l'ha 
Et  ce  que  la  peinture 
C'est  l'art  brillant  de: 
l'iiarmonie  et  ses  soni 
la  peinture  est  mueti 


235 

Tes  saints  efîbrs  vivront  d'Jlge  en  .îge  be'nt^  î 
Pour  admirer  ton  cœur  ,  tous  les  cœurs  sont  unis  ; 
Et  ton  zèle  à  jamais  ,  clicr  aux  partis'  contraires  , 
Est  des  cnfans  l'exemple ,    et  la  gloire  des  pères. 

Le  trait  d  Eponine   est  peut-être  raconté  d'une 
manière  un  peu  pénible.  Quant    au   tableau  des 
soins  touchans  que   prodiguent  aux  malades  les 
religieuses    consacrées   aux  hospices  ,   il  ne  m'a 
point  paruégalement  soignédans  toutes  sesparties. 
je  terminerai    cependant  par  en    citer    un  frag- 
ment qui  ,  comme  le  morceau   qui  précède  ,  me 
semble  fait  pour  donner  une  haute  idée  du  poème. 
Ouvre-toi,   triste,  enceinte  ,   où  le  soldat  bles«6, 
Le  malade  .indigent ,   et  qui  n'a  point  d'aayle, 
Reçoivent  un  secours  trop  souvent  inutile; 
Là  des  femmes,  portant  le  nom  chéri  de  ^aurs*, 
D'un  zèle  affectueux  prodiguent  les  douceurs. 
Plus  d'une  apprit  long-tems  dans  un  saint  monastère, 
En  invoquant  le  ciel  à  protéger  la   terre  , 
Et  -vers  l'infortuné  s'élançant  des  autels, 
Fut  l'épouse  d'un  dieu  pour  servir  les  mortels. 


a  de  plus  enchanteur, 

offre   de   plus  flatteur  , 
vers.  O  grandeur  !  ô  merveille! 
ne  charment  que  l'oreille  , 

;  ou  ne   parle  qu'aux  yeux  , 
l'augusle  poésie  ,  habitante  des  cieux  , 
Béunit  de  ses  soeurs  la  palme  toute  entière  ; 
laissons  Apelle ,   Orphée  ,  et  méditons  Homère. 
-Sleureux  .e  jeune  auteur  qui  ,  plein  de  ses  écrits, 
'De  son  laurier  jaloux  et  de  sa  gloire  épris  , 
Tar  des  etforts  constans  franchit  la  double  cime. 
Des  tourmens  de  l'amour,  s'il  devient  la   Tictimc  , 
11  sait  associer  chaque  amant  à  ses  pleurs  ; 
Vart  qu'il  a  cultivé  console  ses  douleurs  ; 
Son  luth  est  un  ami  complaisant  et  6de]le  , 
Qui  vien^  a  son  secours  dès  que   sa  voix  l'appelle. 

Après  avoir  analysé  les  ouvrages  des  dames  , 
leur  éloge  allait  occuper  ma  pensée  i  déjà  je 
léunissais  quelques  traits  qui  les  honorent  et 
comme  êtres  intelligens  ,  et  comme  êtres  sensi- 
bles ,  lorsque,  dans  le  recueil  que  j'examine, 
j'ai  trouvé  un  fragment  du  poème  intitulé  le 
Mérite  des  femmes.  La  tâche  agréable,  «jue  je 
mêlais  imposée  ayant  été  parfaitement  remplie 
par  l'auieur  de  ce  poème  ,  le  cit.  Legouvé  ,  je 
dois  me  borner  à  citer  quelques  vers  de  ce  mor- 
ceau plein  de  talent  et  de  sensibilité.  On  n'y  lira 
pas  sans  émotion  le  récit  du  trait  héro'ique  de  la 
jeune  Sombreuil  ,  dont  l'histoire  s'empressera  de 
retracer  l'admirable  cic'ouemcn!  ,  et  que  le  poète 
nomme  ajuste  litre  la  moderne  Aniigone. 

Bans  le  sommeil  des  lois  ,  dans  l'effroi  du  sénat  , 

Des  monstres  qu'irritaient  Bacchus  et  les  Furies, 

Aux  prisons  en  hurlant  portent  Iturs  barbaries. 

lu  mêlent  sous  leurs  coups  les  sexes  et  les  rangs  ; 

iTis jettent  morts  sur  morts,   et  mourans  sur  mourans  ; 

Tout  fi;émit  !....    Une  fille  ,  au  printems  de  son  âge, 

bombreuil  vient  éperdue  affronter  le  carnage  ; 

•*  C'est  mon  père ,  dît  elle  ,    arrêtez  inhumains  !  „ 

£lle  tombe  à  leurs  pieds,  elle  baise  leurs  mains.... 

leurs  mains  teintesde  sangJ....  C'est  peu  ,  doublant  d'audace, 

Tantôt  elle  retient  un  bras  qui   le  menace. 

Et  tantôt  s'otfrant  seule  à  l'homicide  acier  , 

De  son  corps  étendu  le    couvre  tout  entier  ; 

E.ïe  dispute  aux  coups  ce  vieillard  qu'elle  adore  ; 

Elie  le  prend  ,  le  perd  ,  et  le  reprend  encore. 

A  ses  pleurs  ,   îi  ces  cris,  à  ce  grand  dévotlnient, 

le»  meurtriers  émus  s'arrêteirt  un  moment. 

Elle  voit  leur  pitié  ,  saisit  l'instant  prospère; 

Do  milieu  des  bourreaux   elle  enlevé  son  perc, 

Et  tr.iverse  les  mur»  ensanglantés  par  eu**  , 

PuTUant  ce  poids  chéri    dans  ses  bras  généreux. 

Jonts  de  ton  triomphe  ,  &   moderne  Antigonc  ! 

Qticl  que  suit  le  débat  et  du  peuple  et  Ou  trône. 


NÉCROLOGIE. 

Les  arts  ont  à  regretter  la  perte  d'un  homme 
essentiel  ,  c'est  l'auteur  de  l'Histoire  naturelle  des 
singes  et  des  màkis  ;  ].  B.  Audebert ,  peintre  ,  gra- 
veur et  naturaliste  ,  vient  de  mourir  à  la  fleur  de 
son  âge  ,  lorsque  ses  rares  talens  allaient  s'asso- 
cier à  la  gloire  des  noms  les  plus  illustres  dans 
cette  science. 

Audebert  s'était  formé  de  lui-même.  Né  à  Ro- 
chefort ,  de  païens  pauvres,  il  n'avait  reçu  d'eux 
que  les  premières  notions  d^j  dessin  ;  mais  son 
intelligence  et  l'infatigable  activité  de  son  esprit, 
lui  firent  bientôt  trouver  dani-ee  faible  secours  , 
et  sa  subsistance  et  les  moyens  d'acquérir  un  nom. 
Un  attrait  irrésistible  l'entraînait  à  l'étude  des  ani- 
maux ;  il  ne  tarda  pas  à  lés  bien  connaître  ,  et 
son  début  en  histoire  naturelle  fut  un  chef- 
d'œuvre  ;  je  veux  parler  de  l'Histoire  des  singes 
et  des  makis  I 

Persuadé  que  l'histoire  naturelle  ne  pouvait  se 
passer  de  peintures,  que  les  simples  descriptions 
ne  donnaient  point  des  idées  assezjusles  de  l'objet 
décrit ,  et  que  l'art  de  peindre  exerçait  sur  l'esprit 
un  empire  encore  plus  puissant  et  plus  absolu  que 
Ijrt  d'écrire  ,  il  a  joint  aux  descriptions  les  plus 
claires,  la  figure  de  chaqtje  animal  ,  qu'il  a  su 
peindre  et  graver  d'une  maniéré  absolument 
neuve. 

Mais  l'ouvrage  qui  demandait  au  plus  haut 
point  la  réunion  de  ses  ralens,  c'est  l'Histoire  na- 
turelle des  Colibris,  oiseaux -mouches  et  sucriers, 
qu'il  terminait  lorsque  la  mon  l'a  frappé  ,  et  qui 
est  prête  à    paraître.  On    concevra    difficilement 


l'éducstion  est  une  espèce  de  Ititte  qui  s'engags 
entre  le  maître  et  l'élevé,  et  dont  il  faut  que.  le 
premier  sorte  vainqueur  ,  pour  le  bonheur  même 
et  la  gloire  du  second.  Les  obstacles  que  le  dis- 
ciple o^'pose  au  maître  ,  sont  la  légèreté  natu- 
relle à  l'eMfance  ,  l'amour  de  l'indépendance ,  qui 
est  de  tous  les  âges,  et  le  dégoût  pourle  travail,  dé- 
goût rjue  1  homme  ,  avec  toute  sa  raison  ,  a  souvent 
bien  de  la  peine  à  surmonter.  Les  armes  qui  doi- 
vent assurer  au  maître  ses  avantages  ,  sont  une 
patience  à  toute  épreuve  ;  une  élude  réfléchie  du 
cœur  humain  ;  une  adresse  merveilleuse  a  manier 
tous  les  ressorts  de  l'émulation  et  à  écarter  toutes 
les  épines  du  travail.  C'est  la  réunion  de  ces  qua- 
lités qui  constitue  le  bon  instituteur  :  la  disci- 
pline est  un  joug  nécessaire  ;  mais  ce  joug  doit 
être  proportionné  aux  forces  de  celui  à  qui  on 
limpose  ;  et  les  forces  de  l'enfance  ,  ou  même 
de  la  jeunesse  ,  ne  me  paraissent  pas  avoir  été 
assez  consultées  dans  l'ancien  système  de  l'édu- 
cation. On  exigeait  d'elles  plus  rju'ellcs  ne  pou- 
vaient produire  ;  on  fatiguait  la  plante  ;  la  culture 
était  plus  pénible  ,  et  la  récolte  moins  abon- 
dante. 

Quelle  était  longue  la  journée  d'un  écolier  ? 
à  létude  à  six  heures  du  matin  ,  il  y  était  encore 
à  sept  heures  du  soir.  Sur  ces  treize  heures  ,  une 
tout  au  plus  lui  était  accordée  pour  sa  récréation  ; 
une  autre  pour  ses  repas.  Les  onze  autres,  com- 
ment les  passait -il?  renfermé  dans  une  salle 
d'études,  ou  clans  une  classe,  au  milieu  d'une 
atmosphère  épaisse  ,  collé  sur  un  banc  ,  courbé 
sur  une  table  ,  ou  nonchalamment  appuyé  sur  le 
coude  :  onze  heures  <;le  captivité  !  et  à  quel  âge  , 
grand  Dieu  !  dans  cet  âge  où  le  mouvement  fait 
la  moitié  de  la  vie  !  dans  cet  âge  ,  où  l'ame  a  tant 
besoin  de  dilatation  ,  et  le  corps  d'exercice  !  dans 
cet  âge  où  l'état  de  méditation  est  un  état  contre 
nature  !  onze  heures  d'étude  pour  votre  enfant  ! 
etvous  son  père  ,  vous  que  l'habitude  des  affaires, 
que  le  désir  de  l'instruction  ,  que  la  soif  des  hon- 
neurs ,  des  richesses  ,  de  la  gloire  ,  fortifient 
contre  les  dégoûts  presqu'inséparables  du  travail  , 
ne  croyez-vous  pas  votre  journée  bien  remplie, 
quand  vous  avez  donné  sept  ou  huit  heures  au 
recueillement  du  cabinet  ?  Onze  heures  d'étude 
pour  votre  écolier  !  et  vous  son  maître  ,  vous 
son  modelé  ,  n'auriez-vous  pas  pâli  d  effroi  ,  sil 
au  moment  où  vous  vous  êtes  présenté  pour  le 
ministère  auguste  autant  que  pénible  dont  vous 
êtes  chargé  ,  on  vous  eût  annoncé  que  pendant 
onze  heures  du  jour  ,  vous  resteriez  enfermé  dans' 
la  même  chambre  avec  vos  disciples  :  assis  comme! 
eux  à  la  même  place  ,  condamné  comme  eux  au 
silence  ?  Enlance  ,  jeunesse  ,  âge  heureux  ;  le  seul 
heureux  de  la  vie  ,  si  ceux  qui  se  croient  vos 
protecteurs,  n'étaient  vos  geôliers  et  vos  bour- 
reaux ;  nous  vous  calomnions  ,  nous  vous  tour- 
mentons :  nous  vous  fesons  acheter  par  bien  des~ 


'^  j  -   j  -         c  .„    .  I  i  I-.    .  1    I  larmes  et  des  ennuis  ,  le  bonheur  pour  un  tems 

son  adresse  a  donner  a  SCS  hgrures  tout  I  éclat  et  le  .  .  '  •      _i      '^^         •     t, 

u  .  .  J        t   _  J      ï^      K    11      .   „;.  .,  auquel  peut-être  vous  ne  parviendrez  laraais.  roar 

chatoyant  du  plumage   de   ces   brulans  oiseaux;     r  •       j*^  j      u  •  ""^ 


itoyunt  du  p 

cependant  il  l'a  fait ,  et  au  point  de  tromper  les 
yeux  :  couleurs ,  altitude,  ,  tout  en  est  vrai  ;  c'est 
la  nature  elle-même. 

En  voyant  ce  qu'il  nous  laisse  ,  que  de  regrets 
lorsqu'on  saura  qu'il  préparait  deux  grands  ou- 
vrages ,  l'un  sur  les  oiseaux  de  proie  ,  et  l'autre 
sur  les  animaux  carnassiers  !  ils  ncSus  mariquent  et 
manqueront  à  sa  gloire  ;  les  matériaux  en  sont 
prêts  ,  il  est  vrai  ,  mais  l'homme  de  génie,  l'ar- 
tiste savant  et  laborieux  n'est,  plus  là  pour  les 
mettre  en  œuvre.  , , 

jCamille. 

Nota.  Il  laisse  une  très  -  belle  collection  de 
quadrupèdes  et  d'oiseaux  ,  parmi  lesquels  il  s'en 
trouve  de  très-rares  et  des  espèces  uniques;  il  les 
a  montés  lui-même.  Il  laisse  en  outre  une  col- 
lection assez  nombreuse  de  très-beaux  insectes  , 
tant  étrangers  que  du  pays. 


AU       REDACTEUR. 

Haud  ignara  mali  miseris  succurrere  disco. 

Citoyen, 

Qu'il  est  doux  de  rêver  le  bien  ,  quand  on 
voit  son  pays  gouverne  par  des  hommes  qui 
peuvent  donner  à  nos  rêves  la  réalité  dont  ils 
sont  susceptibles  !  Aussi  depuis  le  rapport  du 
citoyen  Chaptal ,  sur  l'instruction  publique,  et 
sa  nomination  au  ministère  de  l'intérieur  ,  des 
idées  que  j'avais  eues  depuis  long-tems  sur  1  édu- 
cation se  sont-elles  présentées  de  nouveau  à  mon 
esprit.  Je  crois  le  moment  favorable  pour  les 
publier.  Si  elles  sont  accueillies  en  totalité  ,  ou 
même  en  partie  seulement  ,  je  croirai  avoir  été 
de  quelcjue  utilité  à  mon  pays  ,  et  le  plus  ardent 
de  mes  vœux  se  trouvera  accompli.  Si  elles  sont 
lejeltées  ,  la  pensée  du  bien  que  j'aurai  voulu 
l'aire,  me  consolera  de  l'impuissance  de  mes 
elToris  ,  et  m'encouragera  à  en  faire  de  nouveaux, 
qui,  peut-être,  seront  plus  heureux. 

La  nature  crée  l'homme  :  l'éducaiion  crée  le 
citoyen.  Cette  seconde  création  ,  sans  laquelle  la 
première  aurait  très-peu  de  prix  ,  est  de  toutes 
les  fonctions  sociales  celle  qui  exige  le  plus  de 
vertus  ,  de  lumières  et  de  véritable  philosophie  : 


faire  de  vous  des  hommes  ,  nous  commençons 
par  vous  réduire  à  la  condition  des  forçats.  Les. 
qualités  que  vous  avez  reçues  de  la  nature  , 
deviennent  ,  sous  notre  direction  ,  des  défauts  ;. 
et  vos  défauts  deviennent  des  vices. 

Je  sais  bien  ce  que  me  répondront  les  par- 
tisans de  la  discipline  sévère  de  1  ancienne  édu- 
cation ;  ce  que  répondaient  danp  les  discussions 
sur  la  traite  des  nègres  ,  au  parlement  d'Angle-, 
terre  ,  les  antagonisti-s  des  amis  des  noirs  ;  ce 
que  répondaient  au  vertueux  évêque,  espagnol  ,j 
Las  Casas,  les  avides  conquérans  du  nouveau, 
monde  ,  et  leurs  partisans  :  ces  êtres  pour  les-, 
quels  vous  témoignez  tant  d'intérêt  ne  sont  pas: 
aiissi  à  plaindre  que  vous  nous  le  dites.  Les 
enfans  ,  par  la  légèreté  même  de  leur  âge,  échap- 
pent aux  maux  que  vous  déplorez  ,  comme  le 
Noir  par  sa  stupidité  échappe  aux  peines  de  son 
esclavage.  Onze  heures  d'étude  ne  sont  pas.  pour 
un  enfant,  onze  heures  d'application.  Ces  exerci- 
ces d'ailleurs  ,  sont  variés  ,  ce  sont  des  leçons 
qu'il  apprend  ,  c'est  un  devoir  qu'il  fait  ,  c'est 
une  explication  qu'il  prépare  ,  c'est  une  lecture 
qui  T'occupe;  dans  la  classe,  il  récite,  il  explique, 
il   écoute  ,  ajoutez  ,  ou  fait   semblant  d'écouter. 

Je  le  sais  ,  l'esprit  d'un  enfant  n'est  pas  toi.ijours 
pendant  l'étude  là  où  est  son  corps  ,  et  c'est 
peut-être  pour  lui  le  plus  grand  des  malheurs.' 
Celte  imagination  .  que  vous  ne  pouvez  captiver 
comme  sa  personne,  de  quels  objets  croyez  vous 
qu'elle  s'alimente?Ges  désordres  malheureusement 
trop  communs  dans  les  maisons  d'éducation  , 
désordres  honteux  qui  flétrissent  l'ame  ,  énervent 
le  corps,  dégradent  1  individu,  et  défériorent 
l'espèce  ,  quelle  en  est  la  source  la  plus  ordinaire  ? 
L'inaction. L'enfant,  vous  en  convenez  vous  même, 
trouve  ,  sous  les  yeux  mêmes  de  son  vigilant 
argus  ,  les  moyens  de  se  distraire  et  de  trom-' 
per  l'ennui  de  l'étude;  si  son  esprit  est  ardent,' 
il  cherche  de  la  pâture  ;  il  se  crée  des  objets 
capables  de  le  fixer  ;  un  mot  qu'il  a  entendu, 
un  geste  qu'il  a  saisi  ,  un  tableau  qu'il  a  vu  , 
lui  fournissent  des  images-  aux.juellcs  il  n'au- 
rait jamais  songé  ,  si  vous  aviez  su  lui  donner 
une  occupation  proportionnée  à  ses  forces.  Un 
enfant  a-t-il  au  contraire  un  esprit  Uni  ,  il  som- 
meille ,  ou  végète  sur  son  banc  ,  comme  l'indien 


236 


slupide  ,  le  soleil  couchant  le  retrouve  à  Ia-1 
même  place  ,  où  il  l'avait  vu  à  son  lever.  Enfin  ,  | 
si  l'enfant ,  sans  avoir  reçu  de  la  nature  une 
imagination  brûlante  ou  une  ame  faible  ,  a  un 
esprit  léger  et  turbulent  ,  comment  parviendra- 
l-i!  à  occuper  ou  plutôt  à  tuer  son  tems  ?  il 
s'agitera  autant  qu'il  pourra  le  faire  ,  sans  quitter 
sa  place,  il  cherchera  à  détourner  son  voisin, 
à  lier  conversation  avec  lui  ,  à  le  tourmenter 
peul-êtie,  et  comme  il  faut  que  tout  cela  se 
passe  sans  qu'on  soit  vu  .  il  devra  datos  le  trouble 
même  ,  conserver  l'extérieur  de  la  tranquillité  , 
épier  sans  cesse  le  maître  ,  pour  se  soustraire 
à  son  active  surveillance  ,  et  s'accoutumer  par-là 
de  bonne  heure  à  la  ruse  ,  à  la  dissimulation  , 
à  l'hypocrisie,  au  mensonge.  On  attendait  de 
vous  un  homme  libre  ,  franc  ,  ouvert ,  et  vous 
nous  remettez  un  esclave  malin  et  Ironiipeur. 

Je  ne  vous  parierai  pas  des  peines  qui  suivciit 
toujours  le  délit.  Je  vous  éviterai  le  tableau  affli- 
geant des  réprimandes  ,  des  punitions  ,  de  la 
sévérité,  et  quelquefois  des  rigueurs  injustes  du 
maître  ;  et  celui  des  murmures,  des  soupirs  ,  des 
pleurs  du  disciple  ,  suites  inévitables  d'un  sys- 
tème combiné  pour  le  tourment  de  l'un  et  de 
l'autre.  Je  crois  en  avoir  dit  assezpour  faire  com- 
prendre combien  il  est  dangereux  d'imposer  à  un 
malheureux  écolier  une  tâche  tjue  l'homme  le 
plus  studieux  ne  pourrait  supporter.  Si  l'enfant 
employait  au  travail  les  onze  heures  d'étude  aux- 
quelles il  est  condamné  ,  ses  forces  physi<iues  et 
morales  ne  pourraient  y  suffire  :  c'est  donc  son 
corps  seul  qu'on  prétend  assujettir  ,  bien  certain 
que  son  esprit  échappera  malgré  tous  les  efforts 
de  la  surveillance  ,  aux  liens  de  la  captivité.  De 
quelle  utilité  peut  donc  être  pour  un  enfant  la 
longueur  des  études  qui  remplissent  sa  journée. 
Vous  convenez  vous-même  qu'elle  serait  insup- 
portable pour  lui ,  s'il  ne  trouvait  les  moyens  de 
l'abréger .  souvent  il  est  vrai ,  aux  dépens  de  son 
bonheur  et  de  votre  propre  repos.  Que  ne  lui 
épargnez-vous  cette  peine  en  l'abrégeant  vous- 
mêmes  ?  maîtres  et  écoliers  y  gagneraient  égale- 
ment ;  et  je  crois  qu'en  distribuant  autrement 
qu'on  ne  le  fesait  autrefois  ,  et  qu'il  est  à  craindre 
qu'on  ne  le  fasse  encore  dans  le  nouveau  sys- 
tème d'éducation ,  la  journée  d'un  écolier  ne 
pourrait  lui  faire  employer  son  tems  ,  de  ma- 
nière qu'il  n'y  en  eût  pas  un  instant  de  perdu  , 
*pit  pour  le  bonheur  de  l'individu  ,  soit  pour 
le  bien  de  la  société.  Le  problême  me  paraît  si 
facile  à  résoudre  ,  que  je  suis  étonné  qu'on  n'ait 
pas  encore  entrepris  de  le  faire.  Je  vous  deman- 
derai ,  citoyen  ,  pour  cette  utile  solution  encore 
t^ije  place  dans  votre  journal. 

E.  Petit. 


germinal  an  8  ,  soit  le  double  du  mandat  qui  leur  |  est  ouvert  au  public  ,  et  dont  il   vient    de   fairtî 


a  été   délivré    par  leur   admirtistratioi)   centrale 
lors   du   paiement  du   2""^  semestre   an  6  ,   et   qUi 
leur  sert  de  titre  provisoire. 

Ceux  qui  résident  dans  d'autres  départemcns 
que  celui  de  la  Seine  ,  recevront  du  payeur  de 
leur  département  ,  leur  certificat  d  inscription 
définitive. 

IV.  Se  conformeront  au  mode  établi  par  l'art.  H, 
lem.eiives  liquidées  eti  venu  de  la  loi  du  t4liuciitior 
an  ,6  ,  à  moms  qu'elles  ne  soient  munies  d  un  cer- 
tificat d'inscription  intitulé  :  Loi  du  n  Jructidor 
an  6. 

V  Les  autorités  constituées  sont  invitées  à  faire 
publier  le  présent  avis  dans  toutes  les  communes 
de  leur  arrondissement.  * 


connaître  les    détails  par  un  prospectus  nouveau 
adressé  à  ses  commettans. 

Il  demeure  rue  des  Mathurins-Jacques ,  n°  lo. 
P. 

Les  citoyens  souscripteurs  pour  l'établissement 
des  soupes  éco.nomiijues  ,  sont  prévenus  que 
l'assemblée  générale  se  tiendra  le  i^"^  frimaire 
à  six  heures  et  demie  de  l'après  -  midi  ,  à  ta 
préfecture  de   la  Seine  ,  place   Vendôme. 


Trésor    pcjelic. 
Avis  -aux  pensionnaire,  de   l'étal. 

Le  gouvernement  ayant  arrêté  que  le  paiement 
des  pensions  sera  fait  en  numéraire  à  commencer 
du  2°"  semestre  de  l'an  8  ,  l'administration  du 
trésor  public  croit  devoir  prévenir  les  pension- 
liaires  de  ce  qu'ils  ont  à  observer  pour  recevoir  , 
sans  aucun  retard  ,  les  arrérages  de  ce  second  se- 
mestre et  des  suivans  ;  en  conséquence  ils  sont 
avertis  de  ce  qui  suit  : 

Art.  l".  Les  anciens  employés  dans  lés  admi- 
nistrations civiles  ,  qui  jouissent  d'une  pension  de 
retraite  ;  les  ci-devant  ecclésiastiques  et  religieux 
des  deux  sexes  qui'  sont  nouvellement  liquidés 
d'après  l'arrêté  du  directoire  exécutif  du  5  prairial 
an  6  ,  et  les  veuves  de  défenseurs  de  la  patrie  , 
liquidées  en  vertu  de  la  loi  du  14  fructidor  an  6  , 
seront  porteurs  ,  pour  recevoir  leurs  arrérages  ,  à 
commencer  du  2""'  semestre  de  l'an  8  ,  d'un  cer- 
tificat d'inscription  au  registre  des  pensions  ;  ce 
certificat  leur  sera  délivré  à  la  trésorerie  nationale. 
II.  A  cet  effet  ,  les  pensionnaires  civils  résidant 
a  Paris  ,  présenteiont  ou  feront  présenter  leurs 
brevets  à  la  section  des  pensions  ,  qui  fait  partie 
de  la  direction  du  grand-livre  ;  laquelle  leur  déli- 
vrera sur-le-champ  le  certificat  d'inscription.  Ceux 
qui  habitent  dans  d'autres  départemens  que  celui 
de  la  Seiiie  ,  pourront  réclamer  direciement  ce 
certificat,  par  lettres  adressées  à  l'administration 
du  trésor  public  ,  dans  lesquelles  ils  désigneront 
exactement  leurs  noms  ,  prénoms  et  date  de  nais- 
sance ,  le  département  et  la  commune  oii  ils  sont 
domiciliés.  L'administration  du  trésor  public  fera 
passer  les  certificats  d  inscription  au  payeur  du 
chef- lieu  du  département,  qui  les  délivrera  à 
chaque  pensionnaire  sur  la  présentation  de  son 
brevet. 

III.  Les  ci-devant  ecclésiastiques  qui  ne  sont  pas 
, porteurs   d'an    certificat   d'inscription   définitive  , 
V.dÉlivrépar  le  directeur  delà  dette  publique  posté- 
"ieurement  au  i*''  germinal  an  8  ,,  devront  |e   ré- 
mer  conformément  au  mode  fixé  par  l'article 
^dent  ,  en  remettant  ou  en  fesarit  remettre  à 
-erie  nationale,  soit  le  certificat  d'inscrip- 
'-oire  qui  leur  a  été  délivré  par  le  direc- 
sicns  ,  à  une  date  antérieure  au  l" 


HiDSO    GRAPHIE. 

Cartes  hidrographiques,  dressées  au  dépôt  gé- 
néral des  cartes  ,  plans  et  journaux  de  la  marine 
et  des  colonies  ,  pour  le  service  des  vaisseaux 
de  la  république  française  ,  publiées  par  ordre 
du  gouvernement. 

Carte  générale  de  la  Mer-Rouge  ,  en  3  feuilles 
grand  aigle.  Dressée  d'après  les  observations  faites 
en  1787  sur  la  frégate  la  Vénus,  par  le  citoyen 
Rosili ,  vice  -  amiral.  Cliaque  feuille  3  fr.  ,   g  fr. 

Carte  du  golfe  de  Suez  ,  d'après  les  mêmes 
observations,  par  le  même,   i   fr.  80  cent. 

Carte  de  la  partie  méridionale  de  la  pres- 
qu'île de  llnde,  qui  comprend  l'île  de  Geyian  , 
mêmes  observations^   par   le   même  ,    i  fr.  5o  c. 

Carte  des  côtes  de-Guzurat  ,  de  Goncan  et  de 
Canara  ,  depuis  Ma|^  jusqu'au  golfe  de  Cam- 
baye  .  idem  ,   i  fr.  Jorcent. 

Carte  des  côles  d^la  Cochinchine,  depuis  la 
baye  de  Saigon  jusqii'à  la  baye  de  Beuil,  piemiere 
feuille  ,    i7r.  5o  cetft. 

Idem  ,  deuxième  feuille  ,  depuis  l'île  de  Beui 
jusqu'au  cap  Boxhorncn  ,  i  fr.  5o  cent. 

Idem  ,  troisième  feuille  ,  depuis  le  cap  Box- 
hornen  jusqu'au   cap   Clioumay  ,  1  fr.  5o  cent. 

Plan  du  port  de  Candiu  et  de  la  rivière  de 
Saigon ,  située  à  la  côte  de  Tsiompa  ,  i  fr.  5o  c. 

Carte  d'une  partie  de  la  mer  de  la  Chine  ,  de- 
puis Camboje  jusqu'à  Canton  ,  i  fr.  5o  cent. 

Plan  de  la  baye  de  Manille  et  de  ses  environs , 
I    franc. 

A  Paris  ,  à  l'entrepôt  général  des  cartes  de  la 
marine  ,  chez  Dezauche  ,  géographe  ,  rue  des 
Noyers ,  n°  33. 


On  désirerait  avoir  des  renseignemens  sur  la 
famille  du  citoyen  Jean-Baptiste  Chirac  ,  fils  de 
Jean-Baptiste  Chirac  et  de  Françoise  Bourcel  , 
né  à  Gênes  en  1741  ,  et  passé  à  Saint  -  Do- 
mingue   il  y  a  environ  quarante  ans. 

S'adresser  à    Lisieux  ,  département  du  Calva- 
dos ,  au   citoyen    Leroy ,   qui  a  des   choses   du 
plus     grand    intérêt     à    communiquer    à    cette\ 
famille. 

On  est  prié  de  vouloir  h'wn  affranchir  le» 
lettres. 


AVIS. 

Le  citoyen  Ducluzeau  -  Chenevieres  ,  ancien 
procureur  au  parlement  de  Paris,  avoué  près  le 
tribunal  de  première  instance  ,  et  dont  nous  avons 
déjà  fait  connaître  l'établissement  dans  ce  journal 
(  'Voyez  les  n°^  3l  décembre  1790  et  27  novembre 
1792  ) ,  continue  de  suivre  avec  le  même  zèle  ,  la 
même  intelligence  et  la  même  honnêteté  ,  les 
affaires  dont  ses  cliens  et  le  public  veulent  bien 
le  charger. 

On  peut  diviser  en  six  classes  les  objets  pour 
lesquels  on  peut  s>adresser  à   lui. 

La  première  est^  relative  aux  liquidations  de 
tous  offices  civils';  militaires  et  de  finance  ;  de 
toutes  rentes  perpétuelles  ,  viagères  et  de  pen- 
sions ,  ainsi  que  cj)es  recettes  et  remboursemens 
qui   en   sont  les  suites. 

La  seconde  classe  comprend  la  liquidation  des 
deties  dues  par  l'état ,  soit  d'après  d'anciens  titres  , 
soit  comme  s'étant  chargé  d'acquitter  les  dettes 
des  corporations  supprimées  ;  par  les  émigrés  et 
autres  persoirnes  frappées  de  séquestre  ;  et  de 
toute  indemnité  et  restitution  ,  ainsi  que  d'en 
recevoir  le   remboursement. 

La  troisième  classe  s'applique  à  toutes  les 
affaires  de  particulieis  à  particuliers  .  ou  recou- 
vrement de  toute  espèce  de  créance  établie  sur 
billet,  lettre  de  change  ,  obligation  ,  et  autres 
titres. 

La  quatrième  classe  a  pour  objet  les  différentes 
successions  qui  peuvent  s'ouvrir  à  Paris,  et  les 
opérations  q.ui  en  sont  la  suite,  délivrance  de 
legs  ,  reçouvremens  ,  licitation  et  partage. 
^  La  cinquième  s'applique  aux  affaires  en  di- 
rection ,  faillite,  attermoyement,  cession  de  biens, 
ainsi  qu'aux  redditions  de  comptes  dûs  par  les 
syndics  ,  associés,  exécuteurs  testamentaires. 

Enfin  la  sixième  et  dernière  classe  concerne 
les  pouvoirs  qui  sont  nécessaires  pour  suivre 
toutes  les  affaires'  qui  ont  trait  aux  voies  ju- 
diciaires. 

Tel  est  le  tableau  des  objets  dont  le  citoyen 
Ducluzcau-Chenevieres  est  en  possession  de  se 
charger  depuis  plus  de  3o  aas  que  son  cabinet 


COURS     DU     CHANG 

Bourse  du  2g  brumaire. 

à  3o  jours.      1 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne. 


Bâle. 


561 

190 

4  fr.  90  c 
14  (r.70  c 

4  fr.  90  c, 
14  fr.  40c. 

4  fr.  70  c. 

5  Ir.  17  c. 

au  p. 


5o  c. 
20  c. 
52  c. 


Effets  publics. 

Rente  provisoire ^ 28  fr. 

Tiers  consolidé 33  fr. 

Bons  deux  tiers r   fr. 

Bons  d'arréragé 85  fr.  5o 

Bons  pour  l'an  8 gS  fr,  g5 

Syndicat 

Coupures 84  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  ia  caisse  des  rentiers. 
'      Matières. 

Or  fin  l'once io5  fr.  42  c.' 

Argent  le  marc 5o  fr.  61  t,' 

Portugaise  l'once gS  fr.  78  ciit 

Pias"tre„ 5  fr.  28  c. 

Quadruple 79  fr.  75  c. 

Ducat II  fr.  56  c. 

Guinée 26  fr. 

Souverain 34  fr.  69  c. 

Marchandises. 
Café  Martinique ?  fr.  3o  c. 

—  Saint-Domingue 1  fr.  90  c. 

—  Bourbon 2  fr.     5  c; 

Savon  de  Marseille i  fr.   10  c. 

Huile  d'olive i   fr.  35  c. 

Coton  du  Levant 2  fr.  40  c. 

—  des  îles 4  fr. 

Eau-de-vie  { 355  francs. 

—  Montpellier  22  degrés 255  francs. 

—  Cognac  22  degrés 260  francSi 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^iie  et  des  Arts. 
Atij.   Œdipe  à  Colonne  ,    et    le  ballet  de  Psyché. 

Théatredesjeunes  ELEVES,  rue  deThionvillc. 
Aujourd.  Jeannol  et  Colin  ,  com.  en  3  actes  ;• 
ie  Roman  et  l'abbé  Coquet. 

THEATRE  ntj  Vaudeville.  Auj.  Arlequin  dt 
retour  dans  son  Ménage  ;  Gesner  et  M.  Guillaume. 

Théâtre  de  la  CirÉ-VARiÉTÉs.  —  FantomimiK 
Aujourd.  la  5=  repr.  de  l'Elevé  de  lo/  ISature  ^, 
paniom.  allégorique  à  grand  spectacle  ,  suivip 
de  Cadichon. 

Théâtre  du  Marais,  rue  Culture-Catherine.' 
Auj.  les  Fausses  ailarmes  et  les  Victimes  cloîtrées. 


VEILLEES    AMUSA.MTES    DE    LA  CITÉ. 

Auj.  3o  brumaire  ,  Fêle  et  bal  depuis  7  heuret' 
jusquà  minuit.  A  neuf  heures ,  de  jeunes  enfanii 
doTineront  la  2^  représentation  de  l'Héritage .  et. 
du  Villageois  philosophe. 

Le  billet  d'entrée  est  de  deux  francs  ,  et  d'un 
franc  pour  les  enfans  au-dessus  de  huit  ans. 

L'administration  reçoit  des  abonnemens  pour 
les  bals  de  chaque  mois. 


ERRATUM. 


N°  d'hier,  article  grammaire .,6'  aliéna  :  l'accent 
n'étant  pas  le  .même  dans  la  colère  que  dans  \i 
passion  ,  lisez  :   que  dans  le  calme. 


A  Pa  ti  s,  du  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  li. 


GAZETTE 


[ALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  61. 


Primedi ,    i  "  frimaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  s, ul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des   armées  .  ainsi  que  [es  faits  et  les  notions  tant  sut 
rintérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  a^ix  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


tN  T   É  R  I  E   U  R. 

Paris  y  le  Sq  brumaire. 

JLjE  21  brumaire  ,  le  piemier  conseil  de  guerre 
de  la  1%'  division  militaire  a  jugé  et  condamné 
à  mon  les  nommés  Amal  et  Roucen  ,  pour 
«voir  ai;êlé  et  volé  la  caisse  de  la  recette  de 
Brioudc,  département  de  la  Loire  ,  et  assassiné 
les  conducteurs  qui  en  étaient  chargés.  Ils  ont 
é\i   exécutés   le  lendemain  22. 

—  Les  lia'oilans  de  Chaillard  ,  arrondissement 
de  Laval  ,  viennent  de  donner  un  bel  exemple 
de  l'amour  du  bon  ordre.  Depuis  quelques  tems 
des  voleurs  y  exerçaient  leurs  brigandages  : 
lassés  de  voir  ainsi  leurs  propriétés  exposées  ,  et 
guidés  par  leur  juge  de  paix,  les  habilans  se 
«ont  réunis  à  la  gendarmerie  ,  et  sont  parvenus 
à  arrêter  six  de  ces  voleurs  qui  sont  actuellement 
dans  les  prisons  de  Laval;  un  septième  a  été  blessé, 
et  ne  pouvant  êire  transporté  ,  est  resté  dans 
les  prisons  de  Chaillard. 

—  L'administration  du  Musée  central  des  ans  , 
et  les  commissaires  chargés  de  recueillir  les  objets 
d  arts  en  Italie,  se  sont  réunis  pour  célébrer  l'inau- 
guration de  l'Apolion.  Dans  celte  réunion  oii  se 
trouvaient  les  citoyens  Vien  ,  Monge  ,  Benholet , 
membres  du  sénat  -  conservateur  ;  les  citoyens 
Foubert.  Lagrené.-,  Moitié,  Thouin  ,  Tinette  , 
Dufourny  ,  Visconti  ,  Barthélémy  .  Raymond  , 
j.  Lavallee  ,  Pajou  ,  Lebrun  ,  (  More!  d'Arles  ) 
Labillarderie ,  A.  Lavallée  ,  etc.  plusieurs  toasts 
ont  été  portés  à  la  oloire  nationale  ,  et  à  la  gloire 
des  beaux  arts  ,    désormais  inséparables. 

On  a  chanté  des  couplets  analogues  à  la  fête  , 
et.après  avoir  passé  quelques  heures  dans  cette 
douce  fraternité  qui  règne  entre  des  hommes 
unis  par  le  goiil  ,  l'estime  et  les  tale.ns  ,  la  so- 
ciété en  se  séparant  ,  a  arrêté  que  tons  les  ans 
à  pareil  jour  ,  la  même  fête  serait  célébrée  par 
elle. 

Les  étrangers  ,  et  la  plupart  même  des  liabî' 
lans  de  Paris  ,  ignorent  les  ressources  d'instruc- 
tion que  cette  grande  ville  leur  offre.  Voici 
l'indication  des  pensionnats  ,  collèges  ,  sociétés 
savantes  et  littéraires  qui  sont  à  notre  connais- 
sance ,  et  que  nous  avons  cru  pouvoir  être  utile 
à  plus  d'un  lecteur  ,  sur-tout  au  moment  du  re- 
nouvellement annuel  de  presque  tous  les  cours. 

Pensionnats. 

Prytanée  de  Paris  ,  au  ci  -  devant  collège  de 
Louis-le  Grand. 

Le  prix  de  la  pension  ,  y  compris  l'entretien  , 
est  de  goo  fr.  par  an. 

Prytanée  de  Saint-Cyr  ,  au  ci-devant  couvent 
de  Saint-Cyr. 

Le  prix  de  la  pension  ,  y  compris  l'entretien  , 
est  de  800  fr. 

(t  On  enseigne  auxéleves  de  ces  deux  pension- 
nats ,  l'écriture  .  le  dessin  ,  la  grammaire  ,  les 
langues  anciennes  et  vivantes  ,  la  littérature,  l'his- 
toire naturelle  ,  la  physique  et  la  chimie ,  les  ma- 
thématiques. >) 

Institution  nationale  des  colonies,  au  ci-de- 
vant collège  de  la  Marche. 

Institution  polytechnique  ,  et  pensionat  par- 
ticullier  du  citoyen  E.  M.  Lemoine  (  Dessoies  )  (l) 
rue  neuve  -  de  -  Berry  ,  au  bout  des  Champs- 
Elysées. 

Le  prix  de  la  pension  est  de  iSoo  fr.  et  de 
1800  fr. 

c(  On  y  enseigne  la  lecture  et  l'écriture,  la 
langue  française  ,  les  langues  anciennes  et  étran- 
gères ,  la  langue  latine ,  les  langues  anglaise  , 
et  allemande  ,  la  littérature  ,  les  mathématiques  , 
l'histoire  et  la  géographie  ,  le  dessin  pour  la 
ligure,  le  plan,  l'architecture  et  le  paysage;  la 
musique  vocale  et  instrumentale,  la  danse  et 
l'escrime.  >i 

Maison  d'éducation  dirigée  par  les  citoyens 
Dubois  et  Loiseau  ,  rue  Bigant ,  près  le  boule- 
vard des  Invalides. 

Mêmes  études  que  chez  le  citoyen  Lemoine. 


(1)  c'est  ce  citoyen  dont  il  est  question  dans  une  lettre 
publifc  it  y  a  quelque  icnis  dans  le  Moniteur,  et  dans  laquelle, 
t>ir  erreur  t  il  tut  ouniuic  Lemoina  Deicoutll*. 


Collège  des  sciences  et  des  arts  ,  au  ci-devant 
collège  de  Sainte-Barbe,  sous  la  direction  des 
citoyens  Lanneau  et  Miellin. 

Le  prix  de  la  pension  est  de  800  et  1000  fr. 

Pensionnat  de  l'école  centrale  des  Ouatre- 
Naiions  ,  dirigé  parles  citoyens  Crenot  et  d'Au- 
tun,  rue  du  Vieux-Colombier,,  en  face  de  la 
rue  Cassette.- 

"  On  y  enseigne  les  langues  ,  l'histoire  na- 
turelle ,  le  dessin ,  les  mathématiques ,  la  phy- 
sique ,  la  géographie  ,  la  grammaire  générale  , 
les  belles-lettres  ,  la  législation,  u 

Ecole  polytechnique  du  citoyen  Butel ,  rue  de 
la  Liberté  ,  n*  gg.  ■ 

Il  Enseignement  t  mathématiques  et  physique  , 
langues  française  et  latine  ,  belles-lettres  >) 

Pensionnat  du  cit.  Fleurizelle  ,  successeur  du 
cit.  Colin  ;   rue  de  Picpus  ,  n°  29. 

((  On  y  enseigne  les  langues  française  et  la- 
titie  ,  les  mathématiques  ,  la  géographie,  l'his- 
toire ,  la  mythologie  ,  l'écriture  et  les  arts 
agréables,  u 

Maison  d'éducation  du  cit.  Mardernott,  rue  du 
Cheval-Vert ,   à  l'Estrapade. 

Autre  maison  d'éducation  *  tenue  par  le  cit. 
Ltrpiire  ,  rue  Jacques  ,  n°  168. 

Autre  maison  d'éducation  ,  tenue  par  les  cit. 
Lefebvre  -  Gineau  et  Cousin  ,  rue  Neuve-Gene- 
viève. 

Institution  p.our  l'étude  des  langues  et  des 
sciences,  du  citoyen  Leroux,  rue  de  Picpus  , 
n°  34. 

Pensionnats  pour  les  jeunes  personnes. 

Institut  de  madame  Campan  ,  à  Saint-Germain- 
eh-Laye. 

Il  Ecriture,  deisjn,  'langues,  musique,  danse, 
ouvrages  d'aiguille  ,,  sont  enseignés  dans  cette 
pension  ,   dont  le  prix  est  de  i636  fr,'  par  an. 

Maison  d'éducation  de  madame  I.egroing  ,  la 
maison  neuve  ,  rue  de  Seine  ,  prss  le  jardin  des 
plantes  ,  n°    l3. 

Le  prix  de  la  pension  est  de  600  fr.  par  an. 

Maison  d'éducation  chez  madame  Allard,  rue 
de  I  Union  ,  au  bout  des  Champs-Elyiiées. 

Insiitulion  de  MU'  Bourdu  ,  rue  de  l'Univer- 
sité ,  hôtel  de  Mailly. 

Pensionnat  tenu  par  madame  Gauthier  ,  grande 
rue  du   Faubourg-Saint-Antoine. 

Ecoles  centrales. 

.  Des  Qualre-Nations  ,   du  Panthéon  ,  de  la  rue 
Sjint-Antoine. 

il  On  professe  dans  ces  écoles  le  dessin  , 
l'histoire  naturelle ,  les  langues  anciennes',  les 
mathématiques  ,  la  physique  ,  la  grammaire  gé- 
nérale ,  les  belles-lettres,  Ihistoire,  la  législatioUi 

Ecoles  spéciales. 

Le  Collège  de  France. 

tt  On  y  professe  l'astronomie  ,  les  mathéma- 
tiques ,•  la  physique  générale  et  expérimentale  , 
la  médecine  ,;  l'anatomie  ,  la  chymie  ,  l'histoire 
naturelle  ,  le  droit  des  gens  ,  l'histoire  et  la 
philosophie  morale  ,  les  langues  hébraïque  , 
syriaque  ,  arabe  ,  persane,  turque  ,  grecque  ,  la- 
tine ,   et  la  littérature  française. 

Chaque  professeur  donnera  ses  leçons  quatre 
fois  par  décade  ,  depuis  le  i''  frimaire  jusqu'au 
3o  thermidor. 

Le  Muséum  d'histoire  naturelle,  corriposé  de 
i3  professeurs  ,  qui  donnent  chacun  un  cours 
de  40  leçons. 

!>  On  y  professe  la  chymie  générale  ,  la  bota- 
nique ,  la  zoologie  ,  l'anatomie  humaine  et  celle 
des  animaux  ,  la  minéralogie,  la  géologie,  la 
culture  des  jardins  ,  l'iconographie  naturelle.  )> 

L'école  nationale  de  peinture  ,  de  sculpture  et 
d'architecture. 

L'école   de   médecine. 

))  On  y  professe  l'anatomie  ,  la  physiologie,  la 
médecine  opératoire  ,  la  chymie  médicinale  et  la 
pharmacie  ,  la  doctrine  d'Hypocraie  ,  la  démons- 
tration des  instrumens  de  chirurgie  ,  la  biblio- 
graphie médicale  ,  la  physique  médicale  et  l'hy- 
gicne  ,  la  pathologie  externe  et  interne  ,  l'histoire 


naturelle  médicale  ,  les  accouchemenS  ,  la  méde^ 
cine  légale  et  l'histoire  de  la  médecine  ,  la  dé^ 
monslration  des  drogues  usuelles  ,  la  clinique  ex- 
terne et  interne  ,  et  celle  dite  de  perfectionne- 
ment. I) 

L'école  gratuite  de  pharmacie ,  rue  de  l'Ar^ 
balete. 

L'école  spéciale  de  langues  orientales  et  vi- 
vantes, à  la  Bibliothèque  nationale. 

j)  Les  cours  sont  de  langue  persane  ,  par  Lan- 
glès  ;  de  larigue  arabe  ,  par  Sylvestre  Sacy  ;  de 
langue  arménienne  ,  par  Cierbier  ;  de  grec  mo- 
derne ,  par  Villason;  et  de  langue  turque  ^  paf 
Jaubert.  )> 

Ecole  grattiile  de  dessin,  rue  de  l'École  de 
Médecine. 

Le  cours  d'Archéologie  ^  par  le  cit.  Mlllin , 
a  lieu  dans  l'une  des  salles  de  la  bibliothèque 
nationale  ^  tous  lesjours  pairs  de  chaque  décade  ,- 
à  deux   heureSi 

Le  cours  de  minéi'alogie  docimastique  ,  àd 
cabinet  de  minéralogie  de  la  Monnaie  ,  a  lieU 
tous  lesjours  pairs  ,  à  midi. 

L'institution  nationale  des  soùrds-rnuets  .  rue 
Saint -Jacques  ,  au  ci-devant  séminaire  Saint- 
Magloire  ,  est  rendue  publique  le  3o  de  chaque 
mois,   depuis  onze  heures  jusqu'à  une  heure. 

L'école  polytechnique  ,  rué  de  Lille. 

L'école  des  ponts  et  chaussées  ,  rue  ûrenellci 
faubourg  Saint-Germain. 

L'école  de  théorie  des  mines  ,  rue  de  l'Uni' 
versité. 

L'école  des  géographes  .  rue  de  Grei^elle. 

Le  lycée  républicain,  rue  Saint-Honoré  ,  place 
du  palais  dil  'Tribunat. 

0  L'on  s'abonne  pour  Un  an  ,  moyennant  la 
somme  dé  96  francs.  Il  est  ouvert  tous  les  jours  , 
depuis  neuf  heures  du  matin  ^  jusqu'à  onze  heu-», 
res  du  soir. 

u  On  y  professe  les  Coiirs  suivans  ;  Physique 
expérimentale ,  professeur  ,  le  cit.  Buiet  ;  chimie  , 
le  ci(,  Fourcroy  ;  histoire  n:,l>,rellfl  ,  le  cit.  Cuvier  ! 
anatomie  ,  le  cit.  Sue  i  hygiène  ,  le  cit.  Moreau  ', 
technologie  ,  le  cit.  Ffassenfratz  ;  facultés  physi- 
ques et  nnorales  de  Ihornme  ,  le  cil.  Alphonse 
Leroy  ;  litléralure  ,  le  cit.  Laharpe  ;  histoire  ,  le 
cit.  Garât  ;  économie  publique  ,  le  cit.  Rœderer  j 
philosophie  morale  ,  le  cit.  Degérando  ;  dessin  et 
architecture  ,  le  cit.  Legrand  ;  Tangues  anglaise  et 
italienne  ,  les  citoyens  Robert  et  Boldony.  j» 

La  séance  générale  d'ouvenure  a  lieu  le  i''  fri^ 
maire  ,  et  les  cours  s'ouvriront  dans  la  deuxième 
décade  dii  riiême  mois. 

Le  lycée  des  arts. 

!i  II  tient  ses  séances  à  l'Oratoire;  il  publie  iln 
journal  sous  le  titre  de  Répertoire  général  des 
sciences  et  des  ans  ,  inventions  et  découvertes  4 
pour  lequel  on  s'adresse  au  cit.  Desâudray  ;  le  pris 
en  est  de  3o  fr.  par  an.ii 

Le   lycée  de  Paris  ,  établi  rue   du  Hâsard-Èi-  ' 
chelieu. 

it  On  s'y  abonne  moyennant  96  fr.  pour  Url 
an  ;  72  fr.  pour  6  mois  ;  42  fr.  pour  3  mois  ;  et 
18  fr.  pour  un  mois.  —  La  moitié  de  ces  prix  pour' 
les  femmes. 

I)  Les  séances  de  ce  lycée  se  composent  ainsi 
qu'il  suit:  1°  Veillées  des  muses;  2°  cours  dd 
physique  expérimentale  .  par  le  cit.  Ferry  ;  3°  dà 
botanique  ,  par  le  cit.  *  *  *  ;  4°  de  physiologir  , 
par  le  cit.  Alîbert:  5^  d'anatomie  ,  par  le  cit.  Ili-. 
cherand  ;  6°  de  pasigraphie  ,  par  le  cil.  Mesmieux  ; 
■/°de  langues  anglaise  et  italienne  ,  paries  citoyens 
Boldony  et  Galignary.  î) 

La  société  des  observateurs  de  l'homme  s'as= 
semble  ,  le  8  de  chaque  décade  ,  dans  l'hôtel  de 
la  Rochefoucault ,  rue  de  Seine. 

La  société  médicale  ,  séante  à  l'École  de  Mé^ 
decine  de  Paris  ,  donne  tous  les  ans  le  mémoire 
détaillé  des  travaux  de  là  société  pendant  le  cou- 
rant de  l'année. 

La  société  de  médecine  de  Paris  tient  tous  IcS 
ans  ,  au  Louvre  ,  Une  séance  publique  dans  la- 
quelle on  fait  l'analyse  des  travaux  annuels  de  là 
société. 

La  société  phildtechnique  ,  réunie  à  celle  dcS 
Amis  des  arts  ,  tient  séance  publique  au  Palais 
des  Sciences  et  des  Arts ,  le  90  du  Second  tnù'iê 
de  chaque  iHmestre^ 


238 


La  sociéle  d'ag'viculture   du  département  de  la 
Seine.  Sonti(_re  indique  assez  les  objets  dont  elle 
s'occupe.   Elle  tient  séance  particulière  ,   le  6  de 
chaque  décade  ,  dans  le   local   de    la^  préfecture  1 
du  déparlement  ,  place  Vendôme. 

La  société  philomatique.  Elle  s'occupe  d'his- 
toire naiurtlic  ,  d  anatomie  ,  de  physique  ,  de 
chimie  ,  de  l'ait  de  guérir  ,  des  arts  mécaniques 
et' chimiques  ,  de  l'économie  rurale  et  du  com- 
merce ,  des   mathématiques  et  de  l'archceologie. 

L'Institui  national  des  arts  et  des  sciences  , 
séant  au  Louvre  ,  a  4  séances  publiques  par  an. 
Il  s-'aîs-embie  le  quinridi  de  la  piemtere  décade 
de  chaque  mois ,  pour  prendre  conn'aissance  des 
travaux  des  trois  classes  qui  le  composent.  Les 
iavans  .étrangers  ,  ou  républicoles  ,  sont  admis 
aux  ,  sé.a'nces    pailiculiercs  ,   avec   l'agrément    du- 

F  résident  et  la  présentation  d'un  des  membr-es  de 
une  des  classes. 

(Extrait  dujûurnal  de  Paris.) 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Paris  ,  29  brumaire  an  9. 
_Le  préfet  de  police  prévient  ses    concitoyens  , 
qxi'en  vertu  de  larrêté   des    consuls  ,   du  3  bru- 
maire présent  mois ,  les  passe-ports  à  l'étranger  se 
délivrent  maintenant  dans  ses  bureaux. 

En  Con'séquence  ,  comme  les  personnes  qui 
peuvent  avoir  besoin  de  ces  passeports  ,  ne  sont 
jias  routes  co'niliies  à  lapréfectme ,  celles  tant  de 
Pffris  et  du.  département  de  la  Seine  ,  que  des 
cominunes  de  Saint-Cloud  ,  Sèvres  et  Meudon  , 
du  département  de  Semé  et  Oise  ,  qui  voudront 
en  obtenir  ,  d<-vroCt  en  adresser  au  préfet  la  de- 
mande sur  papier  timbié  .  avec  leurs  noms,  pré- 
noms ,  domiciles,  qualités  ou  professions,  et  la 
désignation  du  pays  où  elles  voudront  aller  ,  et 
des  motrfs  de  leur  voyage. 

Et  afin  d'éviter  des  démarches  mutiles  ,  avant 
d'apporter  les  pétitions  à  la  préfecture  de  police  , 
on  les  présentera  à  Paris,  avec  deux  témoins, 
aux  commissaires  de  poHce  ,  et  dans  les  commu- 
n-es  rurales ,  au'K  maires  et  adjoints  ,  lesquels  don- 
neront leur  avis  ,  conformément  à  la  loi. 

Le  préfet  ,  signé  ,  DuBOiS. 
Le  sicrétaire-général-adjoints,  signé  ,  Bauve 

Trésor    public. 

Paiement  de  la  dette  publique  ,  pour  le  premier 
semestre  de  tan  8  ,  à  effectuer  dans  le  mois  de 
frimaire  an  9. 

Savoir: 
Bette  perpétuelle  ^    tiers  consolidé. 

Toutes  lettres  et  tous  numéros  des  parties  li- 
.quidées  jusqu'au  dernier  jour  complémentaire 
an  8. 

Le  5  de  chaque  décade  ,  il  n'y  pas  de  paie- 
ment ,  ce  jour  étant  réservé  pour  la  vérification 
des  parties  qui  sont  payables  dans  les  déparie- 
niens. 

Dette  viagère  t   i  ,  s  ,  3  et  4  têtes. 

Toutes  lettres  et  tous  numéros  des  parties  li- 
quidées jusqu'au   l'^  brurrraire  an  g. 

Le  5  de  chatjué  décade  ,  il  n'y  aura  pas  de 
paiement  ,  ce  jour  étant  réservé  pour  la  vérifica- 
tion des  parties  qui  sont  payables  dans  les  dépar- 
temetls. 

Pensions. 

Lès  1,5,  3  et  4  de  chaque  décade. 

Toutes  natures. 
Toutes  lettres   et  tous  numéros   des  parties   li- 
quidées jusqu'au  3o   brunaaire  an   9. 

Le  8  de  chaque  décade  est  exclusivement  ré- 
servé •,  savoir  :  bureau  ,  no  7  ,  pour  le  paiement 
des  pensions  des  ecclésiastiques  et  religieux 
des  deux  sexes  non  liquidées  ,  qui  sont  payables 
sur  mandats  des  préfets  des  départemens  ; 

Et  bureau  ,  n"  8  ,   pour  le  paiement  des  pen- 
sions  des  veuves  ,    enfans  infirmes   et  orphelins 
des  défenseurs  de  la  patrie  (  novelle  liquidation  ) . 
.(jui  sont  payables  par  mois. 

Les  5  ,  6  et  7  de  chaque  décade  ,  il  n'y  aura 
pas  de  paiement  ;  ces  jours  sont  réservés  ,  dans 
les  bureaux  de  paiement  des  pensions  ,  pour  la 
vérification  des  parties  qui  sont  payables  dans  les 
départemens.  ' 

Le  9  de  chaque  décade  ,  il  n'y  pas  de  paie- 
ment. 

JVo<a.  Lés  semestres  antérieurs  aw  premier  se- 
mestre de  l'an  8  ,  sont  payables  dans  les  bureaux 
n°  9  et  10  ;  savoir  : 

Les  arrérages  du  deuxième  semestre  an  5  et 
premier  semestre  an  6  ,  payables  en  rescriptions 
nomirtaiives  pour  contributions  arriérées  ,  le  1" 
de  chaque  décade  ; 

'Ceux  du  deuxième  semestre  an  6  et  premier 
Semestre  an  7  ,  les  â  ,  3  ,  4  'et  5  de  chaque  dé- 
cade ; 

Et  ceux  du  deuxième  semestre  an  7  ,  les  6 ,  7 
S  de  chaque  décade. 


ECONOMIE      PU,BLIQ_UE. 

Importation  des  métaux  et  substances  minérales  en 
France. 

Dans  les  états  tle  commerce  ,  des  produits  du 
sol  et  de  l'industrie  française,  on  ne  tient  point 
tissez  coinpie  des  substances  minérales  dont  la 
consommation  est  considérable  en  France. 

Les  travaux  qui  ont  été  faits  pour  connaître 
l'étendue  de  cette  branche  de  commerce,  prou- 
vent que  dans  les  lems  d'activité  des  fabriques 
Ifariçaiscs  .  l'importation  des  substances  miné- 
ra'es  venant  de  l'étranger  s^est  élevée  à  33,140,528 
livres  tournois  ,  et  leur  export.ition  ,  y  compris 
celle  qui  se  fait  dans  les  colonies  ,  à  8,676,000  liv. 
d'après  les  quantités  eiircgistrées  dans  les  bureaux 
des   douanes. 

Il  faut  ajouter  à  la  somme  des  quantité»  im- 
portées, celles  qui  le  sont  ordininaircment  en 
fraude,  et  encoi'e  celle  qui  doit  compenser  les 
déclarations  au-dessous  de  la  vérité  ,  que  font 
les  marchands  ou  trafiquans  au  passage  des 
douanes. 

Pour  se  rapprocher  de  l'étal  vrai  ,  on  estime 
donc  qu'il  faut  ajouter  un  dixième  aux  importa- 
tions ci-dessus  ,  ou  6.626,000  francs  ,  ce  qui  les 
porte  à  39,750,000  francs. 

Mais  comme  on  a  pris  pour  année  de  compa- 
paraison  celle  de  1787  ,  011  les  travaux  de  l'in- 
dustrie étaient  portés  à  un  grand  degré  d'activité 
en  France  ,  et  qu'à  cette  époque  tes  provinces  de 
Lorraine  ,  d'AIsjce  ,  des  Trois-Evêcliés  ,  l'ile  de 
Corse  ,  Marseille  ,  Dunkerque  ,  Bayoïine  et 
Lorient  ,  étaient  francs  de  droits  d'etrirée  ,  on 
n'a  pu  constater  le  montant  des  importations  par 
les  registres  des  douanes  ;.cependant  des  appcrçus 
bien  laits  ,  portent  le  montant  des  quantités  des 
diverses  substances  minérales  importées  dans  ces 
provinces  pendant  la  même  année  ,  à  2.5oo,ooo 
francs  ,  somme  qui  ,  réunie  à  la  précédente  , 
porte  à  42,256,000  f.ancs  l'importation  des  subs- 
tances minérales  vonaut  dt;  l'étranger  en  France  , 
dans  les  années  de  prosuérité. 

Ces  substances  ,  parmi  lesquci'es  ne  sont  point 
compris  l'or  et  largent  ,  sont  en  très-grande 
partie  payées  par  les  objets  de  nos  r:tbfi<jues  , 
nos  vins  ,  nos  caux-de-vie  ,  nos  huiles  ,  ti  sur- 
tout nos  denrées  coloniales. 

En  voici   brièvement  l'apperçu.  En   ïcr  brut  , 

ouvré  ,   blanc  ,  acier  ,  etc  ,   cliiicaiilcrie  en  fer  , 

armes    ,    etc.  ,   importé    pour    une    somme     de 

15,624,491  francs;  exporté  pour  une  somme  de 

5,788,209  francs  ,  en  1787. 

I       En  cuivre  brut,  en   feuille»,  laiton,    clîncaîl- 

I  lerie    en    cuivre  ,    viuiol     bleu    ou    suUat-    de 

I  cuivre  ,    etc.  ,    importé    pour    une     somme   de 

11,608,325    fr.  ;    expoiié    pour  une   somme   de 

■1,460.991   fr. 

En  plomb  ,  dans  l'état  métallique  .  al'juifoux  , 
litarge  ,  blanc  de  plomb  ,  etc.  ,  importé  pour  une 
somme  de  4,567,842  fr.  ;  exporté  pour  283, 5o6  f. 

En  étain  importé  ,  pour  1,095,800  fr.  ;  exporté 
en  étain  ouvré  ,  pour  107,875  fr. 

En  mercure,  à  l'état  métallique  ,  vermillon, 
cinabre  ,  etc.  ,  importé  ,  776,414  fr.  ;  exporté  , 
53,176  fr. 

En  cobalt  ,  azur  ,  cendres  bleues  ,  importé  , 
pour   347,751  fr.  ;  exporté  ,  pour  40,188  fr. 

En  antimoine  importé  ,  4,048  fr.  ,  exporté  , 
6,999  fr- 

En  zinc  ,  tutle  ,     toutenague  ,    etc  ,   importé  , 
40,000  fr. ,  exporté -,    12,823   fr. 
(      En     arsenic    importé  ,    3o,268    fr.  ,    exporté  , 
1629  fr. 


En  manganèse  :  importé  pour  15,268. 

En  charbon  de  terre  :  importé  pour  5,564,778  ; 
exporté  pour  611,556  francs. 

En  ardoises  :  importé  pour  36,53o  francs  ;  ex- 
porté pour  118,686  francs. 

En  soufre  ,  huile  de  vitriol  ,  vitriol  martial  , 
alun  ,  etc.  :  importé  2,052,417  ;  exporté  283.974 
francs. 

En  bleu  de  Prusse  :  importé  pour  20,834  fr.  ; 
exporté  pour  i4,33o  francs. 

Marbres  :  importé  pour  401,234  francs  ;  exporté 
pour  44.543   francs. 

Il  résulte  de  cet  apperçu  que  la  consommation 
des  substances  minérales  étrangères  ,  forme  un 
objet  de  commerce  important  ,  et  que  c'est 
à  tort  que  dans  les  estimations  de  notre  ba- 
lance du  commerce  ,  on  la  réduit  à  des  quantités 
d'une  faible  valeur. 

P  E  U   c   H  £  T. 


LITTERATURE. 

Seconde  lettre  sur  /'Alma'nach  des  Muses ,  an  g. 

J'ai  commencé  par  vous  faire-  connaître  les 
ouvrages  des  femmes  ,  j-e  l-eur  devais  cette  défé- 
rence. Quelques  noms  d'hommes  célèbres  par 
leurs  lalens  se  font  remarquer  dans  notre  recueil 
poëdque  :  comme  iU  auirent  d'abord  l'attentioB 


des  lecteurs,  c'est  de  leurs  ouvrages  que  je  vais 
m'occuper.  -   - 

Je  retrouve.,,  je  relis  avec  un  plaisir  incxpr'^,- 
mable  les  Vers' sur  la  beauté  ^  extraits  du  poëme 
suri  Imagination,  que  nous  prometDclille  ;  poëme- 
qui  sera  l'un  des  chefs-d'œuvre  de  la  langne 
Irançaise  ,  si  toutes  ses  parties  sont  dignes  de  ce 
fragment.  Non  ,  j'en  suis  persuadé  ,  nul:  homme 
sensible  à  la  poésie  de  'Virgile  et  de  Racine,  n'a 
lu  ces  vers  sans  éprouver  le  nicmt  sentiment 
d'admiration. 


Tantiquîte'  fit  édore  dca  onde 
:endis  du    Ciel  et  régnes  EUr  le 


Beauté  ,  je  te  satne  ;■  hel.-ïs  !  dtépais  mioges. 

A  mes  yeux  preïqu'éteints  dérobent  tes  ouvrages 

Tel' est  le  début  de  ce  morceau.  Qtie  ne  puis-je 
transcrire  l'a  s-uite  de  ces  vers  et  vous  montrer 
MihoiJi ,  nouveau  créateur ,  peignant  aussi  la  beauté 
sans  jouir  de  sa- présence  ;  vous  la  montrer  ré- 
pandue sur  loures  les  productions  de  la  nature  : 
mais  il  faut  se  born-er,  et  je  m'arrête  sur  le.tableau 
charmant  qui  caractéiise  le  mieux  la  beauté  aux 
yeux  de  tous  les  hommes. 

A  l'aigle ,  ^u  mouçlxeron  tu  donnas  leur  pariuo  ; 

Mais   tu   traitaf  e&.roi,  I^  itii  de  la  nature: 

L'bomme  seul  eni  de- toi  ce  front  majestueux, 

Ce  regard  tendre  et  fier,  noble,    voluptueux, 

Du  sourire  et  des  plenrs  l'intéressant  langage  , 

Et;  sa  compagne  enfin  fut  ton  plus  bel  ouvrage. 

Pour  elle  tu  choisis  les  trésors  les  plus  doux  » 

Cette  aimable  pudeur  qui  les  embellit  tous , 

Tout    ce  qui  porte   au   cœur  ,  l'attendrit  et  l'enBamme  ; 

Et  Hs   grâces  du    corps   et  la   douceur  de  l'ame. 

L'homme  seul  contemplait  ces  globes  radieux  : 

Sa  compagne  parut;  elle  éclipsa  les  cieux  ; 

Toi-même  l'applaudis   en  la  voyant  èclore  ; 

Dans  le   reste  on   t'admire ,  et  dans  elle  on  t'adore. 

Delille  ,  il  manque  un  trait  à  tes  tableaux.  La 
beauté  est  aussi  dans  une  imagination  comme 
celle  d'Homère  ,  comme  celle  de  Virgile,  comme 
celle  de  l'auteur  de  ces  vers. 

Le  fragment  du  même  poëme  sur  Ne-wion  et 
son  système  du  Monde  n'était  pas  susceptible  du 
même  charme.  On  l'a  rapproché  de  six  vers  de 
Voltaire  ,  cjont  il  est  peut-être  un  peu  trop  imité  » 
et  qui  ont  conservé  le  mérite  de  la  précision.  , 

Le  morceau  de  Delille  offre  une  métaphore' 
qui  paraîtra  peut-être  trop  hardie  ,  même  en  poé- 
sie.   Il  dit  : 

Dans  cette  vaste  mer  de  feux  étinceîante , 
Devant  qui  notre    esprit   recule   d'épouvante  , 
N(*iwton    plonge;  U  poureuît  ,  il    atteint  ce*  grands   corps. 
Qui  jusqu'à  lui,   sans  lois,   sans   règles  ,  sans  accords. 
Roulaient  désordonnés  sous  ces  voûtes  profondes. 
De  ces  brillans  chaos,  Newtons  fait  les  Mondes 

Newton  a  créé  la  science;  il  a  découvetl  l'at- 
traction universelle  des  corps  ,  qui  expliqlue  tout 
dans  la  nature,  puisqu'elle  paraît  en  être  la  loi 
fondamentale  ;  mais  le  chaos  n'était  que  dans  nor 
idées  : 

"  Rien  n'est  beau   que  le  vrai ,  le  vrai  seul  est  ain>able  ; 
„  Il  doit  régner  par-tout,  et -même  dans  la  fable. 

Les  vers  traduits  de  Milton  ,  intitulés  :  Cromwel 
à  Christine ,  reine  de  Suéde ,  en  lui  envoyant  son. 
portrait  ,  sont  ,  avec  les  morceaux  dont  je  viens 
de  parler  .  les  seuls  vers  de  Delille  que  l'on  trouve 
dans  X Almanach  des  Muses.  Il  paraît  que  Cromwel 
ne  manquait  pas  de  galanterie  ;  il  dit  à  Christine  , 

L'auteur  de  tant  d'alarmes  , 
Cromivel ,  dans  ce  tableau  ,  se  soumet  à  tes  lois  ; 
Ce  front  n'est  pas  toujours  l'épouvante  des  rois. 

Après  Delille  vient  le  citoyen  Lebrun  dans 
l'oidre  de  la  célébrité.  Ses  vers  intitulés  fi/f'fiV . 
sont  dans  le  goiit  antique;  c'est  le  ton  d'Horace 
et  celui    de  Tibulle  tétanis  : 

Qtiand  à  mes  yeux  séduits,  la  mer  paraît  sourire  , 
Crédule  ,  je  me  livre  aux  conseils  du  Zéphire  : 
Je  me  plais  à  guider  la  barque  où  ma  Zélis , 
Sur  la  fin  d'un  beau  jour  s'abandonne  à  Thétis , 
Et  contemple  avec  moi  l'astre  de  Cytherée  , 
Au   doux    balancement  de  la  vague  azurée. 
Tandis  que  sur  son  char  Diane  ouvrant  les  cieux, 
Argenté  mollement  les  flots  silencieux , 
Ooel  charme  de  n'avoir  dan^  ,ce  calme  du  Monde  , 
De  témoin  que  l'Amour,  de  confident  que  l'onde  1 

Cette  élégie  ,  très-courte  ,  est  terminée  par  c*.5 

vers  : 


Heureux, je  V 

aïs  m*asseoir  près  d^uoe  so 

irce  pure  , 

Qui ,  loin  de  n 

l'efFrayer,  m'endort  par  son 

murmure  , 

Plus  heureux 

si  Zélis  troublant   ce  doux 

sommeil. 

Enivre  de  ba 

sers  le  moment  du  réveil 

Il  faut  en  vers  des  expressions  hardies.  Ce  sont 
elles  qui  caractérisent  Je  vrai  talent  poéiique  ; 
mais  il  me  semble  que  celle-ci  :  enivre  te  moment 
est  trop  hasardée. 

Lés  stances  à  Zu'ny  qui  proposait  irot>iquement 


23g 


à  l'auteur  de  valse.r  avec  e'ie  ,  paraîiraient.  imi- 
tées d'Anacréon  ,  s'il  n'y  était  pas  question  d'une 
danse  qu'apparemment  les  Grecs  ne  connais- 
saient pas  ,  de  Saint-Aulaire  et  de  Ninon,  qu'ils 
rie  connaissaient  pas  davantage. 

On  trouve  aussi  dans  l'Almanach,  des  Muses 
quelques  épigrarames- du  citoyen  Lebrun  ,  et  la 
poétique  de^ce  genre.  Rapprochons-la  de  celle 
de,  Boileau  : 

^,   L*épîgrarame  plus  vive  en  son  tour  plus  borné  , 
„  N'est  souvent  qu'un  bon  mot  de  deux  rimes   or:^. 

Le  citoyen  Lebrun  la   caractérise  ainsi  : 

L't-pigramme    est  un  feu   d'escrime  : 
L*a^resse   à  la  force  s'y  joint  , 
Qni  sait  mal  dégager  sa  rime , 
De  la  cuirasse  offre  le  joint. 


leurs  bas-rclicfS  des  squelettes  ,  des  lêles  on  des 
os  décliainés  et  séparés  du  tronc  ,  à  moins  qu  ils 
ne  tiennent  la  place  d'une  «orte  d'Iiiéroglyphe  : 
et  ce  cas  se  léduit  peut-être  à  un  ou  deux  exem- 
ples. Mais  jamais  ils  ne  firent  partie  d'une  allé- 
gorie.  )> 


On 


coup  pesant 


porté  droit; 
lent  esquiver  la  feinte 
glisse  un  tireur  adroit  ?... 


Il  appartenait  à  l'un  des  hommes  de  nos  jours , 
(luj  sait  le  mieux  manier  cette  arme  ,  d'en  donner 
de?  leçons. 

Pijisqu'il  s'agit  d'épigràmmes  ,  je  finis  par  celle 
<jui   s'adresse    aux   femmes.    Hier  nous    fesions 


écrivains  vivans  .-  entrç lésc'nicls  nn  distirtglîe  l'au- 
teur   de     \ Explication    éei  {<i'crrcs  gravcc-^\    qui' 
appartenaient  jadis   à  la  maison   d  OrlcahS  ,   ont' 
contribué  par  leurs  écrits  à  ramener  le  bon  goût , 
à  proscrire   les   allégories  bisarres  et  forcée* ,  et  a 
faire  rechercher  daris  les  monuhiens  des   anciens 
pour  les  objets  qu'ils  ont  connus  ,  les  allégories 
Ici  ,  le  citoyen  Mongez  se  livre   à  des  recher-  j  approuvées  par  la  raison.  Entre'auiros   ouvrages 
ches  parmi  les   monumciis  antiques  ,  et  n'en  voit  j  ^g  Winckelmann  ,  celui    qui   en   partie    a   pour 
(ju'un  seul    où    l'on    soit   certain  de   trouver  un  |  obj^t  l'allégorie   et   qui    en   porte   le    titre  ,   doit 
cœur  repiéscnié.  \  cire  Le  manuel  des  onisies;  et  c'est  par  ce  conseil 

Il  Q_uelle  différence  chez  les  modernes  ,  dit-il  !  utile  que  je  termine  mes  réflexions,  i' 
on  y  a  vu  des  cœurs  percés  de  flèches  ,  deux  Nous,  avon?  suiyi  le  ciroyca  MOinS"^^  ','^"^  '* 
cœurs  percés  du  même  trait  ,  des  cœurs  doùl  j^gf^i,^  çy^^•\\  s'était  tr;icée  pour  cet  intéressant, 
s'exhalent  des  flammes  ,  des  cœurs  empilés  sur  un  |  opuscule  ;  mais  nous  ri'avi7,ns  pu,  entrer  avec  lui, 
autel,  etc.  Pompeio  Jialtoni  ,  peintre  romain  ,  |  j]g„,  |e  j^|„i|  (^gj  recherches  cu.c,leuscs  auxquelles! 
iTiori  depuis  peu  ,   en  a  placé  plusieurs   sur    les  |  jj   ^^    livre;    c'est    dans   son    écrit  mên?e  que   It 

genoux  de  Vénus Il  semble  que  l'on  ait  voulu  ,  igccur  ami  des  art,s,(ioit  allqr  puiser  les  extmple^, 

exprimer   sur    la    toile    et  le  m.irbre-v  toutes  les     g,  i^j    autorités    sur  lesquels    le  citoyen  Mongez, 
façons  de  parler  proverbiales  ,   qui   ont  le   cœur    appyig  son  opinion  avant  de  la  développer. 


pour  objet.  Je  ne  sais  pas  même  comment  on  a 
oublié  celle-ci  :  Avoir  le  curtr  sur  te  bord  des  lèvres! 
Il  ei'it  peut*'êlre  fallu  que  cette  hideuse  caricature 
eiît  été  exécutée  ,  pour  (iu'elle  Ht  sentir  l'incon- 
venance de  l'usage  que  je  combats.  Car  il  existe 
des  abus  qui  ,  devenus  généraux  et  habituels ,  ont 
besoin  ,  pour  être  reconnus  ,  d'une  forte  exagé- 
ration. 
,-       ,,  .        ,„     .  ,         ,  ,    !      ,,  Le  aoôt  trace  ,  entre  les  tableaux  du  poëie  et 

l««r  éloge  ;  aujourdhui  nous  leur  lançons  quel-  jeux  du  peintre  ,  une  ligne  de  démarcaiion  ,  qui 
ques  traits  satynques.Voi  à  bien  le  caractère  Iran-  „'£„  ^jt  pas  moins  réelle  ,  pour  être  difficilement 
^ais.  Oupoaiiions-nouslemonttettplus  àpropos 


que  d.ans  ces  frivolités  ? 

Toute  femme  ressemble  A  la  chaste  Di 
Approuvant  en  seçre.t  ,  dit-on 
Ce  Jju'en  public  elle  condam 

Sa  bisa^re  vertu  sur  le  pauvre  Actéon 
.S,e  venge  d'un  regard  profan 
lit  va  séduire  Eodymîon. 


MELANGES. 


Le  citoyen  Mongez  ,  membre  de  l'institut  na- 
tional et  du  tribunat ,  vient  de  publier  .des  ré- 
flexions sur  l'abus  de  quelques  fig'ares  allégo- 
riques employées  en  peinture  et  en  iculpture  (l)  ; 
elles  ont  le  triple  caractère  de  I  érudition  ,  de 
l^amour  des  ans  ,  et  du  sentiment  des  beautés 
réelles.  'Voici   comme  il  entre  en  matière. 


Au  s'tfym  rédacteur  du  Moniteur. 

'S'U'  ilLA      VACCINE. 

Comme  membre  du,  c.amiié,  formé  pour  l'ino-- 
culaiiorr  de  la  vacçinç  ,  Jy^;  in,etais  promis  de., 
n'émettre  aucune  opinion  pour  ou  contre  eetiç 
nouvelle  découvetie  ,  jusqu  à  ce  que  le  comité 
lui-même  eût  fait  connajue  dcFnluvement  ,  par 
le  rapport  général  du  lésulrat  de  ses  expériences , 
si  la  vaccine  est  ou  non  le  préservatif  de  la  peiiie- 
vérole  :  mais  aujourdhui  qu'il  se  reiicoiiire  quel- 
ques faits  évidemm-ni  aliéiés  dans  les  différentes 
lettres  qui  viennent  d  être  publiées  sur  cette  im- 
portante rnaiieie  ,  il  ne  peut  paraître  déplacé  que 
je  m'efforce  de  les  rectilier  .  e.n  conservant  tou- 
d'œil.  j"en'vaïs°Tiie'r'un  exemple  frappant. .t..  jours  le  caractère  d  impartialité  qu'exige  le  sujet. 
C'est  une  belle  pensée  en  poésie  ;  c'est  présenter  Trois  enlans  des  Orphelines  avaient  été  itfo- 
une  belle  image  ,  que  de  proposer  d'élever  la  (.yi^j  jg  la  vaccine  après  l'arrivée  du  docteur 
Liberté  sur  les  débris  des  statues  des  rois.  Eh  -yVoodville  ,  et  l'inoculation  avait  présenté  tous 
bien  !  on  a  donné  de  la  ré-lité  à  ce  tableau  sur  jg^  caractères  qu'offre  cette  maladie. Environ  deux 
une  des  )ilaces  de  Paris  :   et  Ton    sait  combien     ^q\^    après    ils    furent  soumis    à    une    seconde, 

■   ■  "~       épreuve  ,  c'est-à-dire  inoculés  avec  le   virus   va- 

riolique  ordinaire  ,  par  le  citoyen  Colon  et  moi. 
Nous  leur  fîmes  quatre  piqûres  ,  deux  à  chaque 
bras.  D.eux  de  ces  piqûres  s  effacèrent  ,  comitie 
cela  arrive  très-ordinairement  dans  celte  opera- 
merae  ,  quelque  sujet  que   le  monument  eût     ^\Q„_  Dès  le  lendemain   deux  autres   s'enllurame- 

'   rcnt  en  s'élevant  en  pointe  .  et  formant  un  bouion 
■■      -         ...       .  bouton 


pas  moins  reeiie  ,  p 
aperçue.  Souvent  le  sens  intime  ,  ou  l'insiinct  (  si 
l'on  préfère  ceite  dénomination)  ,  nous  tait  ré- 
p^ouver  des  peintures  prétendues  ingénieuses  , 
des  allégories  trop  recherchées  ,  sans  que  l'on 
puisse  en  distinguer  les  raisons  du  premier  coup 


l'œd  a  été  choqué  en^voyant  une  statue  notivelle  , 
entière  ,  placée  sur  un  piédestal  à  demi-ruiné.  je 
n'entends  parler  ici  ni  .du  choix  du  sujet  ,  ni  du 
mérite  de  la  statue.  Il  me  suffit  de  faire  observer 
cette  étrange  disparate  ,  et  d'ajouter  qu'elle  eût  été 


Accoutumés    dès   la   plus   tendre  enfance  à  |  ^^ 


représenté.  ,  

>i  L'épisode  du  comte  Ugohn   est  un  des  en-  enioaré  d^^le  aréole.  La  vésicule   de   ce  o^"'  ,. 

!i  Accoutumes    aes   ta   pius   lenare  eniance  a  ;  droits    les   plus    attachans   de    l'enfer   du    Dante  se  retnplit  d'une  sérosité   qui   :.e  changea  bientôt 

■voir  représenter  des  objets  qui,  offerts  à  nos  yeux  \  [Chant  33 j.  On  a  représenté  cet  infortuné  père  en  pus  jaunâtre  .  et  ce  lut  le  cinquième  jour     e 

pour   la  première    fois   dans  un  âge    mûr.   nous  ;  g,  ses  enfans  ,  condamnés,  à  mourir  de  faim  dans  l'inoculation  que  je  trouvai  quelques  mouvemens 

affecteraient  désagréablement,  nous  ne  réfléchis-     [g  même  cachot.    Ce   dessin  pénètre   de  tristesse  fébriles   à  l'un    de  ces  enlans  ,    avec  rougeur  e 

sons   même  pas  sut  leur  inconvenance.  Du  nom-  '  gt  de  douleur  <  mais  il  n'inspire   de  l'horreur  que  chaleur  à  la  peau  ;  mais  non  le  deuxième  ,  ctsmme 

bre  de   ces  objets  est  ,  sans  contredit ,   le  cœKr  de    pour   leur    bourreau,   le   féroce   archevêque    de  l'annonce  le  médecin  Tourlet ,  qui  aut.i  sans  cloute 

l'homme.    On    connaît    cependant   la    piofusion  ;  pjsg     H   en  inspirerait  pour  l'artiste,   le    tableau  été  induit  en    erreur  par   quelque    rappoit  inn- 

ave.c  laquelle  k  pinceau  et  le  cheaa  l'ont  rcpro-  .  où  l'on  verrai't  le  supplice  de  l'archevêque.  Il  est  ,  dèle.   La  maladie  a  parcouru  ses  diver.s  penoae., 

duit  à  noj   regards.   Non-seulement    ils   en   ont    selon  le  Dante  ,  plongé'dans  les  marais  de  l'enfer ,  et  il  s'est  formé  chez  ces  en  tans  des  ulcères  vario- 

doublé  les  images,   mais  ils    les   ont  quelquefois  ,  où  sa  victime,    le  malheureux  Ugolin  ,  lui  ronge  leux  qui  duiaient  encore  un  mois   ^pres^l  opera- 
multipliées   à    l'infini.     Je     m'élève    aujourd'hui     [g  crâne  ,  et   se  repaît  d'un  sang   qui  ne  tarit  ja 


contre  cet  usage,  et  j'essaierai  d'en  montier  l'ab- 


On  lit  avec  un  intérêt  mêlé  d  effroi  la  pein-- 


lion  ;  ce  qui  a  lieu  trè.s-souveni,  lorsque  l'érupuou,, 
ne  se  fait  que  localetiieni. 

Le  médecin  de  l'hospice  des  orphelines  ,  le  ci- 
toyen Mongenot ,  a  suivi  la  marche  de  la  maladie; 
et   sans  blâmer   l'artiste  ,    qui  ,  dans   cette     ;|  ^  tenu  ntjte  des  observations  ,  et  le  résultat  en 
aurait  si   mal -adroitement   osé   lutter     ggra  publié   dans  le  travail  général  que    doit  faire 
avec  le  poète?  }  imprimer  le  comité.  Il  sera  lacile  alors  de  juger ,  à 

„  D'après  ce  principe  erroné  ,  que  la  poésie  ;  ceux  qui  ont  1  habitude  de  l'inoculation  ,  si  ces. 
et  la  peinture  étant  sœtirs  ,  leurs  images  peuvent  :  enlans  ont  pris  vénlablement  la  pente  vérole  ,  ou 
être    communes,    les  artistes    ont  souvent    tracé  ,  s'ils  en  ont  été  preserve.s  par  la  vaccine. 

^_^__    ^    _  des     allégories    inexplicables.    Ils    ont    de    plus';       u  Peut-on    raisonnablement,    dit    le     citoyen 

celle    du    sang;    sur    lequel    on   chercherait  en     adopté  ,  un    mélange    choquant  de  personnages  ,  golon  .conclure  quelque  chose  contre  la  vaccin- 


jurdité.  Je   suis   le  premier    qui   l'ait  combattu:     ,ure   du  comte   acharné   sur   sa  proie;   mats  qui 
puissé-je  être  le  dernier  qui  ait  à  le  combattre  !      }  pourrait  la  voir   sut    la   toile  sans   reculer   dhor- 

n  Considéré  en  lui-même  ,  le  cœur  ne  peut  reur 
être  retçardé  avec  intérêt  que  parles  anatomistes  ,  occasion 
eux  que  l'examen  d'une  science  ,  à  laquelle  est 
SHachée  la  guérison  de  nos  maux  ,  a  heureuse- 
ment famffiarisé.s  avec  la  vue  des  membres  sé- 
parés du  tronc.  Pour  tout  autre  spectateur,  qiiel 
hideux  objet  que   le  cœur,  dont  la  couleur  est 


vain  lépidcrme  ,  cette  enveloppe  doiit  les  nuan- 
ces variées  et  le  moelleux  velouté  flattent  si  agréa- 
blement les  yeux!  D'ailleurs  ,  isolé  et  séparé  de 
cçtte  admirable  machine  ,  à  laquelle  il  sert  de 
régulateur  ,  il  est  privé  de  vie  et  bientôt  de  mou- 
vement. Ce   n'est  donc    plus   à  nos  yeux  qu'un 


historiques  et  dettes  mythologiques,   ou  allégo- 
riques, .,'  j 

C'est  contre  cet  abus  de  l'imagination  ,  eonire 
cette  confusion  des  sujets  ,   ce    mélange   d  idées  \ 
disparates  et  d'objets  incohérens  ,   que  le  citoyen  | 
Mongez  continue  à  s'élever  ,  en    s'appuyant  de  ; 


dcv 


o^jet  inerte  et  sanguintilent ,  qui  n  aurait  jamais     p^^t^mé  du  Poussin  ,  et  en  l'opposant  à  quelques 


eut  d  un 
î  J  e  r  m  e 


du  être  peint  ni  sculpte. 

Le  citoyen  Mongez  se  livre  ici  à  une  discus- 
sion en  apparence  étrangère  à  son  sujet  ,  mais 
qui  rentre  dans  son  idée  principale  et  vient  à 
son  appui.  Il  rappelle  la  sensation  cruelle  ,  le 
frémissement  horrible  qu'on  éprouve  à  la  vue 
de  ce  tableau  représentant  un  juge  prévarica- 
teur écorché  sur  son  siège.  Celle  sensation  lui 
i  fait  faire  un  retour  vers  les  anciens  pour  les 
admirer  encore  plus,  Il  les  voit  préférer  d  in- 
(iiquer  un  supplice  par  les  préparatils  pluiôt  , 
que  d'exposer  aux  regaids  un  corps  sanglant 
«t  défiguré  :  il  cite  le  Marsyas  présenté  par  eux  , 
non  pas  écorché  ,  mais  prêt  à  fêlre  ;  l'image  si 
souvent  représentée  dHécgbe  immobile  et  no- 
ble dans  sa  douleur 'profonde  ;  L^ocoon  Iptj- 
chant   et  sublime    recevant  une  mort  cruelle. 


productions  de  Rubens. 

Il  examine  quelle  a  pu  être  la  cause  de  l'éga- 
rement dans  lequel  se  sont  laissés' entraîner  les 
artistes  en  employant  des  allégories  souvent  for- 
cées ,  et  quelquefois  ab.surdes.  Il  en  accuse  les 
auteurs  des  traités  d  Iconologie.  "  La  plupart  des 
artistes  ont  pu   penser  qu'Us  ne  pouyaietit  mieux 


de  ce  que  sur  dix-neuf  enlans  vaccines  ,  soumis 
à  l'inoculation  de  la  petite  véiole,  cinq  seulemet  t 
ont  eu  une  irriialion  locale  à  l'endroit  des  piqû- 
res ,  sans  aucune  espèce  d'éruption  ji. 

Le  fait  n'c5i  pas  as.'.ez  détaillé  ,  et  se  trouve  pat- 
conséquent  peu  ex^ct.  Les  pi 
rouge  animé  ,  ^vcc  dureté  .il 
se  souleva-  et  forma  une  vésicule  remplie  rie  séro- 
sité ,  d'où  provini  un  pus  j-iuiiâirc.  L'inllamraa- 
lion  s'étendait  visiblement  amour  du  bûuion  q'ii 
a  dégénéré  en  ulcère  vaiioleux.  La  marche,  à  !a 
vérité  ,  a  été  tiès-rapide  au  cornuiciicernent  ;  ma:S 
tous  les  inoculaieurs  ter 
une  pareille^  circonstance. 


5  m  m 

rqueni   joumplUniciit 
Nous  avons  vu   dans 


artistes   ont  pu   penser  qu  vis  ne  puuya. ci  ....v.".»     ....w^.... --r-  -    n    '   „   ,;„„     l„r-,lp     ^1 

faire  que  de  consulter  et  de  croire  des  écrivains  i  quelques  .sujets  une  ir,f)amrnat.on  '"cale  si 
qui  s'annonçaient  pour  po'séder  à  fond  cette  j  prorppte  même  des.  le  second  jour  disen  les 
Partie  de  la  science  piitoresque.  Mais' ces  iconolo- j  citoyens  Desoteux  et  Vakntin  ,  page  197  rie  leur 


parue  ue  la  science  piitoresque.  i.ic.a  v-^u  ... ■ ,. ,  .  .    ■        -     ,  , 

listes    n  avaient  éiudié   que    les    poëics  ;   ils  ne;  ouvrage  ,  que  l;i  piqûre   formait  une  espèce    de 
'les   descriptions    de  j  petite  vessie  oti  ampoule  rprirermant  du  pus  ,".. 

Nombre  de  faits   attestent  qu'en   inocuUnt   Ij 


doutaient   même     pas   qr 

ceux-ci,  que  leurs  allégories  ne  pussent  être  trans-         ^  _   __    ..   _  . 

portées  surf,    toile  sans  aucune  distinction,    et    pgtiie  vérole  à  une   personne  qui  a    déj.i    eie  at- 

ils   en  grossirent  leurs   recueils.    Q,uant   aux   tno-  '''        '  ■     "  -      - -'--  -"-~- 

numens  antiques,   bas-reliefs  .médailles  et  pein-  1  pr 

tures  ,  les  seuls    témoins  inexcusables  de  la  doc-  |       p,^,^,^,,^  vanoorte  ,    d'après  Gandoger  ,   page 


teinie  de  cette  maladie  ,   on    rie  peut  plus  ipeipe 
produire  sur  elle  une    irritation   locale. 


Desoteux  rapporte 


La   mort  elle-même  ,  que  je   viens  de  nom-  :  trine  des  anciens  ,    à  peine    ont-ils  jeté  sur  eux  ,  Richard   Hautesierck  ,  médecin  ,  ino 

■se.-iu  I  un    coup-.lfpil    rapide-   Leur   imagination   aurait  I  ^J^'J}^   ^^^^  ^^^^^.^^  q^j  prit  ,3  pgdie  vérole  ,  e 


mer,  dit-il,  ne  fut  point  hideuse  sous  le  c 
des  grecs.  Un  génie  renversant  le  flambeau  de 
la  vip  ,  un  génie  brûlant  les  aîles  du  pajnllon  , 
symbole  de  l'ame  ,  des  roses  à  demi-effeuiUées 
et  répandues  sur  le  tombeau  d'une  jeune  Rlle  , 
tels  turent  chez  les  grecs  cl  chez  les  lomains 
les  emblèmes  de  la  mort.  On  ne  voit  point  dans 


R^l>^f)u^e  de  10  pages  d'iiupre 
fiariclic  de  porl.  A  Fari" ,  chez  la 
libraire,  iu<  de  Gierielle  ,  faubu 


sion.  l'iix  ,  20  cent.,  et  25  c. 
veuve  Pafickaykc,  ii)i;r>|npDi- 
irs  Germain,  n^   32t. 


et 

qui  l'eut  fort  heureusement.  Lorsqu'il  fut  guéri  ,  il 
le  soumit  à  une  expérience  singulière.  Il  le  garda 
penciant  un  an  ,  dans  une  maison  partii;uhc.e  et 
isolée.  Durant  cet  intervalle  ,  il  le  réiimcida  de 
quinze  en  quinze  jours.  De  ces  épreuves  rauhi- 
pliéfs  ,  il  résulta  que  l'inoculation  ,  répétée  au 
moins  vingt  fois  dans  l'espace  d'une  année  ,  le  fut 
sieurs  ecnvain  ,  cmi'  AÏlëmaVnV^  WinJkelVan'n  et  '  toujours  sans  succès  ;  que  la  quantité  de  virus 
Mengs,  en  ltalie;en  France ',  Caylus  et  quelques    vatioleux  applique  successivement  et  en  ditîcrenj 


été  resserrée  dans  un  champ  trop  étroit.  La  vé- 
rité parait  tiop  sirr.ple  à  ceux  qui  rie  voieiit  le 
beau  que  dans  le  gigantesque. 

n  MoMtl'aiiCQn  plus  sage  ne  recueillit  que  des 
monumeiis  aiit  qucs  ,  ou  que  Ion  croyait  tels  à 
cette  époijue.  n 

51  Mais  doouis  un  demi  siècle  .  Lessing  et  plu 


tems  ,  ne  causa  pas  la  plus  légère  incommodité  , 
et  rien  ne  fut  plus  propre  à  démontrer  quil  ne 
doit  pas  y  avoir  de  récidive  ,  ni  même  d'éruption 
locale  ,  lorsqu'on  a  véritablement  eu  la  petite 
vérole. 

J'ai  eu  moi  même  occasion  de  voir  Sutlon  se 
pratiquer  diBéreiiics  piqûres  au  bras  ,  ei  y  insérer 
du  virus  varioliqiie  sans  en  éprouver  la  moindre 
irriiation.il  sera  donc  permis  de  demander  pour- 
quoi quelques  cnfans  vaccinés  ,  et  qui  devaient 
par  cette  opération  être  à  l'abri  de  la  petite  ve- 
ille ,  ont  éprouvé  une  afiéction  locale. 

Rien  d'étonnant  sans  doute  que  la  matière  va- 
rioiique  insérée  et  reprise  sur  le  bras  deBlondeau. 
précédemment  vacciné  ,  ait  pu  communiquer  à 
un  autre  sujet  une  petite  vérole  abondante  , 
après  n'avoir  produit  chez  lui  qu'une  afleciioii 
locale.  iVIais  il  faudrait  qu'il  lût  bien  démonué 
qrie  cette  simple  affection  locale  n'est  pas  une 
véritable  petite  -  vérole  .  avant  d'avancer  que 
lui  Bloiidcau  eii  a  éié  préservé  ,  quoiqu  il  l'ait 
communiqué  à  d'autres.  N'est-il  pas  prouvé  qu'un 
seul  bouton  ,  dans  l'inoculation  ordinaire  ,  lésant 
le  même  elfet  que  deux  ou  trois  et  même  un  plus 
grand  nombre  ,  met  à  l'abri  de  la  lécidive  ?  Par 
conséquent  un  seul  bouton  ne  caiaciérise-t-il  pas 
bien  la  petite  vérole. 

41  J'ai  vu  ,  dit  Odier  ,  des  inoculés  dans  les- 
quels on  n'appercevait  aucun  signe  d'action  géné- 
rale ,  mais  une  petite  vérole  locale  bien  carac- 
térisée >>. 

Les  professeurs  Pinel  et  Leroux  ont  observé 
quelques  cas  semblables  ,  sur  plusieurs  sujeis  (•) , 
et  ce  fut  toujours  sans  elfet  qu'ils  pratiquèrent 
une  seconde  inoculation  ,  quoique  la  première 
n'eût  produit  qu'une  simple  éruption  locale. 

-  N'arrive-t-il  pas  aussi  ,  comme  le  rapporte 
Sideuharn  ,  Tissot ,  Boethaave  ,  Diinsdale  et  le 
savant  Lacondaraine  ,  quelques  petites  véroles 
sanséruplion  ,  et  que  la  lièvre  seule  caractérise. 
Sidenham  a  connu  cette  fièvre  ,  sous  le  nom  de 
fièvre  varioieuse  sans  éruption  variolique  ,  et  je 
ne  doute  pas  que  les  médecins  piaiiciens  ne 
l'aient  quelquefois  remartjuée. 

Je  ne  révoque  pas  le  fait  qui  regarde  le  citoyen 
Chrétien  ;  je  dirai  seulement  qu'il  ne  faut  p  .s 
toujours  prendre  pour  les  caractères  de  la  vraie 
variole  ,  les  marques  que  l-ùisse  <iuelquefois  sur  le 
visage  une  espèce  de  variole  ,  connue  sous  le 
nom  de  variole  bâtarde  ou  petite  vérole  volante. 

Il  ne  s'agit  pas  d'exiger  que  la  matière,  connue 
sous  le  nom  de  vaccine,  soit  prise  actuellement 
sur  une  vache  infectée  de  la  maladie  nommée 
cowpox;  ce  serait  imposer  une  condition  diffi- 
cile ,  puisque  depuis  plus  de  iS  mois  cette  mala- 
die ne  s'est  pas  manifestée  sur  les  vaches  en 
Angleterre  ,  et  que  l'on  ne  se  sert  que  de  la  ma- 
tière qui  a  passé  successivement  sur  un  très-grand 
nombre  d'individus  ;  puisqu'enlin  les  médecins 
vétérinaires  en  France  n'ont'pu  la  faire  prendre 
aux  vaches  de  ce  pays ,  par  le  moyen  de  l'inocu- 
laîion  ;  il  importe  seulement  de  savoir  si  le  pus  , 
tel  qu'il  est  ,  sera  toujours  le  préservatif  de  la 
petite  vérole. 

Les  médecins  ont  observé  que  le  pus  vario- 
lique ,  tiré  des  inoculés,  s'afiaiblit  par  succession 
d  inoculations  ,  au  point  que  les  dernières  sont 
pour  ainsi  dire  sans  effet  ,  et  que  la  petite  vérole 
c^t  presque  nulle.  On  sait  encore  qu'on  a  cherché 
à  raiiiger  et  à  énerver  l'activité  du  virus  vario- 
lique qu'on  voulait  inoculer,  aEn  de  rendre  la 
maladie  beaucoup  plus  douce  ,  et  qu'un  tel 
moyen  .  capable  sans  douie  de  séduire  et  de 
rassurer  à-la-fois  les  parens  qui,  par  une  ten- 
dresse bien  louable,  s'allarmaienl  à  l'idée  des 
souffrances  dont  leurs  enfans  étaient  menacés  , 
et  tremblaient  de  voir  fléchir  leur  beauté  par 
une  étuptioti  de  boutons  plus  ou  moins  consi- 
dérable, on  sait,  dis-je  ,  qu'un  tel  moyen  n'a  laissé 
après  lui  que  des  regrets  par  le  peu  de  succès 
dont  il  a  été  suivi  ,  et  a  mis  plus  que  jamais 
en  garde  contre  toute  espèce  d'innovation.  Il 
est  ,  par  exemple  ,  de  noioritété  publique  ,  que 
le  docteur  Gatii,  inoculateur  des  élevés  de  1  école 
militaire  ,  après  avoir  ainsi  adouci  le  pus  va- 
riolique qu'il  inoculait,  et  dont  il  ne  résultait 
qu'un  certain  nombre  de  boulons,  n'a  pas  cons- 
tamment réussi  ,  et  que  plusieurs  de  ceux  qui 
avaient  été  inoculés  avec  celte  matière  mitigée  , 
ont  repris  ,  quelque  tems  après  ,  la  petite  vérole. 


34® 

Nous  avons  tout  lieu  d'ejpérer  qu'il  n'en  sera 
pas  de  la  vaccine  ,  comme  de  toutes  ces  inno- 
vations et  de  tous  ces  remcdes  auxquels  on  attri- 
bue dans  les  commencémens  tant  de  cures  mer- 
veilleijses  ,  et  que  le  tems  ,  ce  juge  sévère  et  im- 
partial ,  fait  rentrer  bientôt  dans  l'oubli  ;  mais 
nous  ne  croyons  pasquon  puisse  nous  blâmer  de 
convenir  ici  qu  il  faut  encore  beaucoup  plus  d'ex- 
périences qu'il  n'y  en  a  eu  jusqu'à  présent,  et  des 
expériences  éloignées  les  unes  des  autres  ,  pour 
se  convaincre  que  la  vaccine  garantit  sûrement 
de  la  petite  vérole  ,  et  nous  aimons  à  croiie  quà 
l'instar  du  comité  ,  tes  médecins  ne  se  conten- 
teront pas  des  essais  déjà  faits  ,  et  soumettront 
pendant  long-tems  encore  à  une  seconde  ino- 
culation les  enfans  qu'ils  auront  vaccinés. 

Salut  et'  considération  , 

Salmade  ,  médecin. 


Je  riçois  en  ce  ,moraent,  mon  cher  confrère  , 
une  letiie  de  Genève  ;  comme  elle  contient  un 
paragraphe  intéressant  sur  la  vaccine  ,  je  vous 
le  transmets  ,  vous  priant  ,  .si  vous  le  jugez  à 
propos  ,  de  le  faire  insérer  dans  le  Moniteur. 
Le  voici  : 

"Un  de  nos  compatriotes  n'ayant  pas  eu  la  petite 
véiole  voulait  profiler  de  la  vaccine;  il  tombemal- 
heureusementsurun  n"  duMonileur  qui  contenait 
une  lettre  Contre  ce  préservatif;  il  se  ilégoûie  , 
il  prendila  petite  vérole  naturelle  et  meurt  :  c'était 
un  jeune  homme  dune  force  de  coips  extraor- 
dinaire ,  tiès-moral  et  très-estimé  :  plus  de  deux 
mille  personnes  ont  escorié  son  convoi.  Cet 
accident  a  engagé  tous  les  gens  douteux  à  se  faire 
vacciner;  nous  passons  huit  cents  ;  toujours  les 
mêmes  symptômes  elles  mêmes  succès.  Lamiiauté 
d  Angleterre  vient  d'ordonner  cjue  tous  les  ma- 
telots et  enfans  de  niaielols  qui  n'ont  p.rs  eu  la 
petite  vérole  ,  fussent  vaccinés  ;  ce  qui  pourra 
bien  aller  à  40  ou  5t>  mille. 
Je  vous  salue  ,  Signé  ,  Magimel. 


Paris  ,   3o  brumaire  an  g. 

qu'oD  prend  de  notre  enfance 


Q  fait  tout  ,  et  la  tnain  de 
s  faibles  cœuis  ces  premie 


nos  pères 
s  caractères» 


(1)    C*est    ce    qu'on  Ut  dans  leur  rapport   fait  à  l'Ecole  de 
édecine  de  Paris  ,  sur  la  clinique  d'inoculation. 


Citoyen  , 

L'intéressant  et  vasie  travail  du  ministre  de 
l'intérieur ,  sur  l'instruction  publique  ,  occupe 
toutes  les  pensées  ,  éveille  loutes  les  joies.  11 
n'est  aucun  ami  de  son  pajs  qui  ne  doive  s  em- 
presser d'apporter  le  tribut  de  Celles  qu'il  croit 
uiiles.  Je  viens  ,  par  votre  organe  ,  en  offrir  à 
I  opinion  publique  et  au  gouvernement  ,  quel- 
ques-unes qui  doivent  concorder  pa;laiteinent 
avec  celles  du  ministre  de  l'intérieur,  puisqu  elles 
ont  pour  but  de  développer  ,  d'assurer  la  propa- 
gation méthodique  des  sciences  et  des  arts  ,  et 
qu'elles  ont  rapport  aux  impressions  que  l'édu- 
cation peut  donner. 

Ne  cpnviendrait-il  pas  que  dans  chacun  des 
départemens  les  professeurs  de  chacunes  des  sec- 
tions desécoles  spéciales,  se  réunissent  en  comité, 
et  formassent  le  noyau  d'une  société  savante  , 
laquelle  se  divisant  en  sections',  veillerait  au  dé- 
veloppement ,  à  la  propagation  et  à  la|survcil- 
Jance  ,  (dans  son  arrondissement  départemental) 
de  1  instruction  en  général  ,  et  de  même  pour  ce 
qui  est  relatif  à  l'agriculture  ,  au  commerce  et 
aux  arts. 

Toutes  ces  sociétés  départementales  rendraient 
compte,  tous  les  mois  au  moins  ,  de  ce  qu'elles 
auraient  fait,  de  ce  qu'elles  pourraient  faire  ,  et 
de  ce  qu'elles  n'auraient  pas  fait ,  à  une  réunion 
de  prpfesseurs  nommés  par  chacun  des  établis- 
semens  et  des  écoles  spéciales  établis  à  Paris.  Cette 
réunion  appelée  comematoire  ,  serait  sous  la 
surveillance  de  1  institut. 

Le  conservatoire  aurait  le  droit  de  surveillance 
sur  chacun  des  professeurs  instituteurs ,  etc.  ,  des 
écoles  ,  et  tous  les  trois  mois  publierait  une 
analyse  exacte  de  ce  que  chaque  département 
aurait  fait  ou  pu  faire  pour  renseignement, 
l'agriculture  ,  le  commerce  et  les  ans  ,  et  y  join- 
drait des  instructions  méihodiques  sur  la  propa- 
gation et  l'accroissement  de  1  éducation  et  des 
découvertes  utiles  à  findustrie. 

Je  laisse  ,  citoyeii  ministre  ,  à  vos  lumières  le 
développement  de  l'utilité  de  ce    conservatoire. 


qui  pourrait  proposer  au  gotrvernement  des  pri» 
d'encouragement  pour  les  professeurs,  etc,  qui  se 
distingueraient  ,  et  je  passe  au  deuxiemç  moiif 
de  ma  lettre. 

Les  impressions  que  nous  rece\/ôns  de  l'éduca^ 
lion  première  ne  s'effacent  jamais  ;  nous  en  avons 
pourexemple  et  le  caractère  particulier  des  enfans 
deMo'ise,  et  la  haine  des  anglais  contre  tes  fran- 
çais ;  les  anglais  ,  encore  enfans  ,  s'amusent  à 
mettre  dans  les  ruisseaux  de  petits  bateaux  ,  for- 
metit  des  combats  ,  es  c'est  toujours  sur  notre 
pavillon  que  retombe  le  ridicule  de  ces  jeux.  ■ 
Ce  qu'on  nous  inspire  en  sortant  du  berceau 
Naissant   comme  aiec  nous,  nous  suit  jusqu'au  tombeau. 

Je  pense  que  votre  intéressant  rapport  sur 
1  éducation  eût  acquis  un  degré  de  perfection  de 
plus  ,  SI  vous  y  eussiez  parlé  des  affections  el 
des  préventions  que  nous  recevons  dans  notre  en- 
fance. Je  n'entreprendrai  point  ici  de  développer 
ce  qu'on  peut  dire  sur  ce  sujet;  mais  je  crois 
qu'il  serait  nécessaire  que  vous  ajoutassiez  à 
votre  plan  d'enseignement  quelques  articles  sup- 
plémentaires. 

La  position  topographique  de  la  France  ne 
dematide-l-elle  pas  et  des  soldats  et  des  marins? 
L'expérience  nous  en  prouve  le  besoin.  Il  faut 
donc  par  l'éducation  inspirer  dès  la  plus  tendre 
enfance,  le  désir  que  tout  français  doit  avoir 
de  seivir  sa  patrie. 

Indépendamment  des  mesures  générâtes  qu» 
l'on  prendrait  à  cet  égard  ,  ne  tonviendrait-il  pa» 
que  : 

J°.  Dans  les  départemens  maritimes  ,  et  même 
à  Paris,  l'on  ajoutât  au  nombre  des  professeurs 
des  écoles  spéciales  ,.des  piofesseurs  chargés  de 
multiplier  et  d'enseigner  Us  connaiisances  néces- 
saires à  la  conservation  des  hommes  el  des  choses; 
enfin  celles  relatives  à  la  navigation  el  à  la  cons- 
truction ? 

^  S".  Que  par-tout  les  enfans  soient  accoutumés 
a  la  natation  ,  au  tir  et  aux  exercices  du  corps  ?^ 

Je  termine  par  cette  considération  ;  Ne  serait-il- 
pas  nécessaire  d'améliorer  l'éducation  des  femmes 
qui  habitent  la  campagne;  sur  mille,  à  peine 
cinquante  savent-elles  lire  :  combien  de  maux 
cette   ignorance  ne  produit-elle  pas  ! 

Je  vous  salue  , 

Sigiii ,  R.  Leroi,  commissaire  des  guerres. 


Annonces. 

Livres  mis  à  un  prix  très-modéré,  chez  Seraiert, 
libraire  ,  rue  du  Foin-Jacques ,  en  face  de  ctUt. 
BouUcbrie  ,  à  Pnris. 

Œuvres  complelies  de  Mably  ,  u  vol.  in-8», 
broches  ;   au-lleu  de  36  Ir.    18. 

Théâtre  complet  de  Voltaite  ,  belle  édition  ,  8 
vol.  in-8°  ,   br.  au-Iieu  de  40  fr.  24. 

Eléraens  de  lactique  ,  par  un  officier  de  l'état- 
major  des  troupes  prussiennes  .  2  vol.  in-S"  avec 
figures  ,  brochés  ,   au-Iieu  de    10  fr.  5. 

Elémens  d'architecture  ,  de  fortifications  el  de 
navigation  ,  etc.  avec  22  planches  ,  l  vol.  in-8*, 
au-lieu  de   6  fr.  3.  '' 

Richesse  de  la  Hollande  ,  etc.,  5  vol.  in-lg  , 
br.  au-Iieu  de  10  fr.    5. 

Idée  du  Monde  ,  ouvrage  curieux  et  intéres- 
sant ,   avec  fig.  3  vol.  in-12  ,  au-lieu  de  9  fr.  5. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ijf  et  des  Arts. 
Dem.  Alceste,   e(  le  ballet  de  Paris. 

Théâtre  DESjEUNES  ÉLEVÉS,  rue  deThionville. 
Auj.  Us  ****;  la  Gouvernante  par  amour  ,   et 

Nicaise. 

Théâtre  no  Vaudeville.  Aujj/e  Mur  mitoyen  ; 
Téniers  ,   Us  Prés-Gervais. 

Théâtre  de  la  Cité-W A.K\trè.s.  — Pantomimes. 
Aujourd.  la  5'  repr.  de  CEUve  de  la  Nature  , 
pantom.  allégorique  à  grand  spepiacle  ,  suivie 
de  VAmour  aux.  Petites-Maisons  ou  les  Fous  hol- 
landais ,  folie  ornée  de  chants  ,  et  l'heureuse  Dé- 
couverte. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Aujourd.    relâche. 


.  Le  prix  est  de  23  francs  pour  trois  mois  ,  3o  francs  pour   six    mois,    et    100    francs 


(,'abounement  se  fait  aPaiis,  rue  des  Poitevins 
s'abonne  qu  Ai;  commeucement  de  chaque  mois. 

llfaiii  adresse,  les  lettres  et  l'argent ,  franc  de  port,  au  ci  t.  Agjvsse,  propriétaire  de  ce  journal ,  rue  des  Poitevins,  1 


pays  où  l'on  ne  p'ut 
Il  faut  avoir  soii. 


a  affranchi. 


ochir.   Lf  i  lettres  -ies  départen 
)iii,  poittï  ^lus  de  sûreté,  dt  charger  celles  qui    rcufe 
3,  depuis  ^euf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  oeu 


eroutpoi 

ea'.dcs  valeurs, et: 


de  la  poste. 
)utce  quiconcerne  la  rédaction  de 


.  Ilfaut'comprendre    dans   les   envois   le  port    de 


dus 


A  Pa  ti  s,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


J^'  62. 


Duodi ,    2  frimaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   NlvôsÇ  le   M  O  NI  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorirés  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemenr ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi  que  les  faits  e:  les  notions  tant  sur 
riucérieut  que  su^  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  er   aux  découvartes  nouvelles. 


EXTERI   EUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  1 1  novembre  (16  brumaire.  ) 

IJ  N  ouragan  affreux  allarma  dimanche  dernier 
toute  la.  ville  de  Londres.  Tous  les  quartiers  se 
tont  resseniis  de  ses  «ffcis.  des  arbres  dans  le 
paie  de  Si.  James  se  sont  déracinés,  partie  des  loils 
de  Sommersel-House  ont  été  enlevés  ,  plusieurs 
maisons  renversées  ;  des  thuiles  ,  dss  pierres, 
des  briques  ,  des  chehiinées  entières  tombaient 
dans  les  rues,  on  ne  peut  évaluer  les  pertes 
que  cet  ouragan  a  occasionnées. 

—  Le  dommage  éprouvé  par  nos  vaissaux  dans 
tous  les  ports  du  Midi  a  éfé  trèr-sérieux.  APorts- 
n)Ou;h  ,  tous  les  vaisseaux  de  ia  flotte  ont  filé 
sur  leurs  cables,  et  plusieurs  ont  éié  poussés  en 
raer.  LIncrédible  ,  transport  de  600  tonneaux  , 
s  est  totalement  perdu  sur  le  Horse-Bank;  l'équi- 
page s'est  sauvé  apiés  trois  heures  du  plus  grand 
péril,  La  frégate  ,  te  Hussard  et  un  autre  vais- 
*eau  sont  échoués  sur  le  Woolsener.  La  Diane 
est  jetée  à  la  coie  sur   le    banc    d  Hamilton.  La 

■  plupart  des  vaisseaux  du  port  de  Deal  ont  perdu 
leurs  cables,  et  les  petits  bâiimens,  q^ui  mouil- 
laient dans  la  rivitre  ,  ont  prodigieusement  souf- 
fert. 

—  Le  prix  du  blé  a  haussé  hier  de  cinq  shel. 
par  quarierau  marché  de  la  cité. 

—  Un  billet  incendiaire  ayant  été  répandu  pour 
provoquer  les  ouvriers  de  la  commune  de  Ken- 
ningion  à  Jun  rassemblement  diir.anche  dernier, 
le  gouvernement  prit  les  mesures  nécessaires 
pour  que  les  magistrats  de  ia  police  et  les  corps 
de  volontaires  fussent  sur  pied.  Des  officiers  de 
Bow-street  ayant  été  placés  dans  les  divers  caba- 
itts  voisins  du  lieu  indiqué  pour  le  rassemble- 
ment,  des  paiïouilles  furent  établies,  afin  de 
les  prévenir  dès  qu'il  se  formerait  queJque  at- 
troupement. Des  groupes  commencèrent  à  se 
léunir    vers  neut  heures;  les  yeomen    lie   Surrey 

I  ji  parr.rent  alou  ,  a'ayénc  réuisi  à  les  dissiper 
;Me  momentanément,  les  volontaires  de  South- 
M.iik  vinrent  à  leur  assistance,  et  ensuite  tous 
les  oHiciers  des  différens  bureaux  de  police  de 
la  ville.  M.  Ford  parut  lui-même  à  10  heures 
en  fiacte  ,  et  harangua  les  séditieux.  Ils  se  dis- 
persèrent sans  avoir  fait  une  grande  résistance  , 
et  deux  des  chefs  ,  cordonniers  de  leur  mé- 
tier ,  furent  arrêtés  et  envoyés  dans  un  corps-de- 
garde.  L'ouragan  empêcha  les  séditieux  de  se 
»3ssembler  de  nouveau.  Le  malin  ,  le  gouverne- 
ment avait  fait  ciicuier  un  billet  pour  prévenir 
les  mutins  que  leur  dessein  était  connu  ,  et 
tomes  les  mesures  prises  pour  en  empêcher 
l'exécuiion.  Ce  billet  n'avait  pas  éié  affiché 
dans  la  crainte  cju'il  ne  fût  devenu  lui-même  un 
signal  de  rassemblement. 

PROCLAMATION. 

George  R. 
Comme,par  le  quatrième  des  articles  de  l'union 
de  la  Grande-Bretagne  et  de  l'Irlande  ,  tels  qu'ils 
ont  été  ratifiés  et  coidirmés  par  deux  actes  du  par- 
lement ,  passés  l'un  au  parlement  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  Cl  l'aune  au  parlement  d  Irlande  ,  il 
est  statué  que  si  au  premier  janvier  1801  ,fixé  pour 
donner  lieu  à  cetie  union  ,  ou  avant  leditjour  , 
nous  déclaiions  ,  sous  le  grand  sceau  de  la 
Grande  -  Bretagne  ,  qu'il  serait  convenable  que 
les  lords  et  les  communes  du  patlement  actuel 
de  la  Grande-Bretague  lussent  membres  des  cham- 
bres rcspectivesdu  premier parlem'.:il  duroyaumc 
uni  de  U  Grande-Brelagne  et  de  1  iilande  ,  pour 
la  Giande-Brelagne  ,  alors  lesdils  lords  et  com- 
munes siégeaient  en  effet  au  preraiar  parlement 
du  royaume  uni  ;  et  comme  c'est  noue  intention 
de  fixer  jeudi  24  du  mois  de  janvier  prochain 
pour  rassembler  le  premier  parlement  du  royaume- 
uni  ,  nous  jugeons  convenable  que  les  lords  et 
les  communes  du  ptcseni  parlement  de  la  Grande- 
Bieiagnc,  soient  membics  des  chambres  respec- 
tives du  premier  parlement  du  royaume-uni  pour 
la  Grande-Bretagne;  ei.conloiméracni  aux  articles 
de  l'union  et  aux  actes  du  pailemerit  ,  qui  les 
confirnsnl  et  les  ratifient,  nous  déclaron.i  par  la 
ptésenle  ,  «ou»  notre  grand  sceau  de  la  Grande- 
Bteiagne  ;  qu'il  est  «onvenable  que  les  lords  et  les 
1  oriimuncs  du  présent  parlement  de  la  Graiide- 
f.iciagne  soient  membres  du  premier  parlement 
ilu  royaume  uni  de  la  Grande  -  Bretagne  et 
<lc  I  Irlande  ,  pout  la   Grande-Bretagne  ;   et  les 


lords  et  communes  du  présent  parlement  de 
la  Grande  -  Bretagne  ,  seront  en  conséquence 
membres  ,  elc  ,  et  ils  sont  par  les  présentes 
requis  et  ont  l'ordre  de  se  trouver  à  'Westminster 
ledit  jour  22  du  mois   de  janvier  prochain. 

Donné  à  notre  cour  de  Saint  -James  ,  le  5 
novembre  iSoo  .  !a  quarante-unième  année  de 
notre  règne. 

GOD 


M    B    R   E 

Séance  du 


jAVE    THE  KiNG. 
DES      L   O    R   D 

II  novembre. 


S.  M.  s'étarit  rendue  dans  la  chambre  des  pairs 
à  deux  heures  et  demie  et  placée  sur  le  irône  , 
l'huissier  à  verge-noire  est  envoyé  pour  ordonner 
aux  communes  de  se  rendre  à  la  barre.  Elles  s'y 
rendent  en  conséquence  ;  et  le  roi  adresse  aux 
deux  chambres  réunies  le  discours  suivant  : 
My  lords  et  messieurs  , 

"  Ma  tendre  sollicitude  pour  mes  sujets,  et  le 
seiiiiment  des  difficul'is  que  le  haut  prix  des 
denrées  fait  éprouver  particulièrement  aux  classes 
les  plus  pauvres  ,  m'ont  eng.igé  à  vous  rassembler 
pluiôt  que  j'avais  compié.  Ce  qui  peut  loucher 
mon  cœur  de  plus  près  ,  est  que  ,  par  vos  soins 
et  votre  sagesse  ,  il  soit  piis  les  mesures  qui  pour- 
ront ,  d'après  une  mûre  considération  ,  paraître 
■  les  plus  efficaces  pour  alléger  ceiie  sévère  cala- 
mité ;  pour  empêcher  que  le  danger  d'un  pareil 
malheur  ne  renaisse  à  iavenir  ;  pour  favoriser  au- 
tant que  possible  l'extension  perraanenie  et  les 
progrés  de  l'agriculture  du  pays  ;  et ,  pour  trouver 
un  remède  immédiat  ,  votre  attention  se  dirigera 
d'abord  aux  moyens  les  plus  propres  à  encou- 
rager- l'importation  des  grains  étrangers  de  toutes 
espèces.  Ces  moyens  et  une  soigneuse  attention 
à  suivre  l'économie  ,  et  la  frugalité,  que  vous 
ayez  déjà  observées  en  des  ciiconsiances  anté- 
rieures ,  relativement  à  la  consommaiion  du  bled  , 
voilà  ce  qui  pourra  le  mieux  contribuer  à  réduire 
le  haut  prix  des  denrées  et  à  faire  face  aux  be- 
soins de  l'année. 

"Je  suis  persuadé  que  ,  d'après  ia  situation  pré- 
sente du  pays  ,  les  dispositions  de  la  loi  pour  la 
vente  des  denrées  deviendront  l'objet  de  vos 
plus  sérieuses  délibérations  ,  et  si  ,  par  le  résultat 
de  ces  délibérations,  vous  trouviez  que  les  maux 
'  qiii  proviennent  nécessairement  d'une  luauvaise 
saison  ,  eussent  été  augmentés  par  des  combinai- 
sons illicites  ,  ou  par  des  pratiques  séditieuses  , 
en  ajoutant  déloyalement  au  prix  des  denrées, 
vous  éprouveriez  le  vif  désir  de  prévenir  de  pa- 
reils abus  pour  l'avenir.  Mais  je  suis  siir  que  vous 
ferez  une  soigneuse  distinction  entie  des  prati- 
ques de  celle  nature  et  le  cours  régulier  depuis  si 
long-tems  établi  dans  le  commer"ce  ,  cours  que 
l'expérience  a  prouvé  eue,  dans  l'état  actuel  de 
la  société  ,  nécessaire  pour  l'approvisionnement 
des  marchés  ,  et  pour  la  subsistance  de  mes 
sujets. 

>)  Vous  n'aurez  pas  vu  sai>s  regret  les  troubles 
momentanés  qui  se  sont  manifestes  dans  diftérentes 
parties  du  pays.  Ceux  qui  ont  pris  ,  [avec  cruauté 
et  malice  ,  avantage  de  la  situation  actuelle  du 
pays  ,  pour  exciter  mes  sujets  à  outrager  les  lois  , 
sont  doublement  criminels  ;  en  même  lems  que 
de  pareils  procédés  ont  une  tendance  à  poner 
immédiatement  au  plus  haut  degré  le  mal  dont 
on  se  plaint ,  ils  troublent  la  tranquillité  publique , 
de  laquelle  dépend  en  si  grande  partie  la  réduc- 
tion du  prix   des  dentées. 

»'  Les  efforts  volontaires  d'une  partie  de  mes 
sujets  pour  réprimer  sut  le  champ  les  troubles  et 
pour  maintenir  les  lois  et  l'ordre  publics , 
ont  par  conséqnent  des  droits  à  mes  plus  grands 
éloges.  1) 

Messieurs  de  la  chambre  des  communes, 

>>  Dans  les  circonstances  où  vous  vous  ras- 
semblez aujourdhui  ,  je  «e  désire  vous  dcmauder 
que  les  subsides  ijui  pourront  être  né<cssaires 
pour  le  service  public,  jusqu'à  ce  que  !«  parle- 
ment des  royaumes-unis  puisse  être  convenable- 
ment rassemblé.  J'ai  ordonné  à  cet  effet  que  les 
estimations  nécessaires  lussant  mises  sOus  vos 
yeux  ;  et  je  suis  persuadé  qiJ'en  atlCndatlt  ,  vous 
adopterez  les  mesures  ,  et  vous  accorderez  les 
subsides  qui  pourront  paraître  nécessillres  pour 
le  service   public.  >i 

My  lord  et  messieurs  , 

<i  J'ai  ordonné  pu'il  vous  fût  remis  copie  d«  la 
correspondance  (  ci/mmuitiealions]  qui   a  «u   lieu 


entre  moi  et  le  gouvernement  français  ,  par 
rapport  a  des  négociations  de  paix.  'Vous  y 
verrez  de  ma  part  de  nouvelles  et  frappantes 
pretrves  d'un  desir-stncere  pour  la  tranquillité 
gerierale  de  l'Europe  ;  mais  jusqu'ici  ce  désir  a 
malheureusement  été  frusiré  par  la  résolution  de 
1  ennemi  de  ne  consentir  quà  une  négociation 
séparée  ,  dans  laquelle  je  ne  pouvais  m'engaser, 
conformément  à  la  foi  publique  ,  ou  aux  égard» 
qu'exigeaient  les  intérêts  permanens  de  I  Europe. 
Ma  sollicitude  pour  le  prompt  rétablissement 
de  la  paix  demeure  toujours  inaltérable,  pourvu 
que  cette  paix  puisse  s'accorder  avec  l'honneur 
du  pays  et  avec  les  iniérêts  de  mon  peuple.  Mai» 
si  l'ennemi  coniinUait ,  malgré  mes  efforts,  à 
rendre  le  but  de  la  paix  impossible  à  atteindre, 
excepté  par  le  sacrifice  de  l'objet  de  ces  consi- 
dérations essentielles  ,  je  suis  persuadé,  que  je 
vous  verrais  persévérer  à  me  fournir  cet  appui 
ferme  et  loyal  ,  que  j'ai  éprouvé  de  voire  pan  ,  et 
qui  ,  avec  la  faveur  de  la  Providence  ,  m'a  mis  ea 
élat,  au  milieu  des  difficultés  et  des  calamités  desi 
nations  voisines  ,  de  mainienir  dans  toute  leur 
intégrité  l'honneur  et  la  sûreté  de  ces  royaumes.  )> 
S.  M.  s'étanl  retirée,  le  duc  de  Sommerset  prend 
la  parole  ,  et  en  développant  les  divers  sujets 
auxquels  le  discours  du  roi  se  rapporie  ,  il  s'ar- 
rête particulièrement  sur  tout  ce  qui  lient  aux 
mesures  à  prendre  pour  remédier  à  la  cherté  des 
denrées.  Il  donne  des  éloges  à  la  conduite  que 
les  ministres  ont  tenue  ,  et  observe  que  le  moyen 
le  plus  efficace  pour  parvenir  à  une  paix  sûre  et 
honorable  ,  est  de  préparer  le  pays  à  poursuivre 
vigoureusement  la  guerre  ,  dans  le  cas  où  celle 
ahernaiivc  deviendrait  nécessaire.  Le  duc  ter- 
mine son  discours  en  proposant  une  adresse  qu'il 
a  rédigée,  et  qui  correspond  exactement  à  tous 
les  points  du  discours  du  roi.  Celte  adresse  est 
lue  par  le  lord  chancelier. 

Lord  Hohart.  L'adresse  qui  vous  est  proposée 
ne  me  paraît  pas  devoir  provoquer  aucune  dis- 
cusiion.  Je  me  permettrai  cependant  quelque» 
obseryationa.  La  rjreté  des  grains,  l'année  passée, 
eut  é(é  bien  plus  sensible ,  sans  le  pian  suggéré 
par  un  trés-tévérend  prélat  (  l'arch,  de  Cantor- 
bery  )  ,  pour  liraiier ,  au  moyen  d'un  engagement 
signe  ,  la  consommation  du  pain  dans  la  maison 
des  pairs.  La  législature  suivra  sans  doute  cet 
exemple  ,  et  parmi  les  mesures  efficaces  qu'elle 
pourrait  adopter  ,  la  première  devrait  être  de  re- 
commander une  économie  de  consommation  , 
toujours  plus  sûre  que  des  secours  étrangers. 
L'extension  de  l'agriculture  pourrait  un  jour 
fournir  de  grandes  ressources  ;  mais  ces  ressour- 
ces sont  encore  d'une  perspective  trop  éloignée 
pourrenaédier  au  mal  présent.  Certains  habiians 
du  comté  de  Mildessex  ont  passé  des  résolutions 
par  lesquelles  ils  attribuent  la  cherté  des  vivres  à 
la  prolongation  de  la  guerre.  Cette  opinion  est 
absolument  fausse,  je  ne  vois  point  que  la  guerre 
ait  aucune  influence  sur  le  prix  des  denrées ,  et  je 
le  prouve  par  des  faits.  C'est  dans  des  lems  de  paix 
que  les  disettes  se  sont  fait  seniir  de  la  manière  la 
plus  fâcheuse  ,  par  exemple  depuis  1767,  année 
où  l'on  a  commencé  à  faire  des  importations  en 
Angleterre  ,  jusqu'en  1770;  pendant  lout  cet  inter- 
valle .  elles  avaient  progiessivement  augmenté. 
Pendant  les  années  1792,  gS  et  94,  le  prix  des  blés 
fut  modéré,  il  fûi  très-haut  en  1795  et  96  ,  années 
dont  les  récoltes  avaient  manqué  ;  il  baissa  en  97 
et  98,  et  depuis,  il  a  encore  augmenté.  Cette  fluc- 
tuation est  une  preuve  du  peu  de  rapport  qu'il  y 
a  entre  le  piix  des  vivres  et  l'existence  de  lagu,eire, 
et  nulle  personne  raisonnable  ne  croira  qiie  le 
gaspillage  inséparable  de  l'approvisionnement  de 
la  floue  et  de  l'armée  suffise  pour  avotr  une  in- 
fluence sensible  sur  le  prix  des  marchés. 

Q,uant  à  l'ariicle  de  l'adresse  au  sujet  des  négo- 
ciations qui  ont  été  ouvertes  avec  la  France,  j'at- 
tendrai, pour  émettre  mon  sentiment  ,  que  des 
papiers  relatifs  à  cette  même  négociation  ,  aient  été 
produits  ,  mais  c'est  avec  plaisir  que  j'ai  remarqué 
dans  le  discours  du  roi  ,  une  disposition  pour 
traiter  avec  le  gouvernement  actuel  de  la  France. 

Lord  Holland.  J'eusse  souhaité  voir  quelque 
membre  plus  éloquent  se  lever  pour  discuter  les 
sujets  les  plus  propres  à  émouvoir  tous  nos  scn- 
limcns  :  la  guerre  et  la  disette.  Je  crains  trop 
que  ces  lléaujj  ne  soient  inséparables.  Je  ne  m'ar- 
rêteiai  point  .'lur  la  disette  ;  je  n'en  connais  pas 
dans  ce  moment  les  causes  précises  ,  elles  peu- 
vent,  comme  l'a  écrit  un  noble  secrciaire  d  état 
(le  duc   de  Portland  )  ,  provenir  de  l'incléiuence 


des  saisons.  L'altrîbuf  r  avec  le  cti  pubtic  à  l'effet 
du  monopole ,  c'est  une  folie  que  le  bon  sens 
repousse.  La  vraie  cause  de  la  disette  ,  je  la  vois 
dans  la  guerre;  elle  triple  la  consommation  pour 
la  subsistance  des  armées;  elle  empêche  la  libre 
communication  des  états  et  l'échange  mutuel  des 
productions.  Le  noble  lord  qui  a  evi  le  dernier 
la  parole  ,  a  présenté  à  la  chambre  un  état  très- 
délaillé  du  prix  des  grains  ,  soit  en  tems  de  paix 
soit  en  tems  dp  guerre.  L'état  pourrait  être  exact, 
mais  je  crois  la  conséquence  qu'il  en  tire  erron- 
née.  11  a  bien  démontré  la  fluctuation  du  prix 
des  grains  en  tems  de  guerre  ou  de  paix  ,  mais 
il  n'a  pas  voulu  convenir  que  la  guerre  fût  la 
principale  cause  de  la  rareté  actuelle  des  grain*. 
je  ne  ferai  qu  une  seule  question  à  l'appui  de 
mon  opinion;  je  demanderai  à  ceux  qui  vou- 
laient la  continuation  de  la  guerre  dans  l'inten- 
tion seule  d'affammer  la  France,  si  la  même 
cause  ne  tendrait  pas  au  même  effet  pour  ce 
pays.  Quel  est  des  deux  fléaux  le  plus  affreux  , 
la  guerre  ou  la  famine?  Je  ne  déciderai  pas, 
mais  je  sais  que  les  ministres  n'ayant  pas  le  pou- 
voir d'empêcher  les  atteintes  de  l'un,  sont  maî- 
tres de  préserver  le  peuple  de  l'autre. 

Je  voterais  avec  satisfaction  en  faveur  de 
l'adresse  si  elle  ne  comportait  l'approbation  de 
la  continuation  de  la  guerre.  Les  ministres  parlent 
de  leur  désir  pour  la  paix  !  Eh  !  tant  de  confiance 
et  d'absurdité  n'exciteraient  que  le  sourire  et  la 
plaisanterie  ,  s'il  élaii  possible  de  traiter  légére- 
remet  un  sujet  si  sérieux.  Peuvent-ils  s'attendre 
à  trouver  quelque  cré'ance  après  avoir  rompu 
la  négociation ,  sous  prétexte  de  ne  pas  traiter 
séparément,  tandis  qu'il  était  notoire  que  notre 
allié  avait  déjà  signé  des  préliminaires  ?  Les  mi- 
nistres diront-ils  que  la  convention  d'Autriche  et 
les  préliminaires  n'étaient  qu'un  jeu  ?  Il  ne  serait 
ni  sage  ,  ni  prudent,  ni  noble  de  se  prêter  à  un 
pareiljeu. 

ÎNIais  quel  pair  anglais  ,  encore  indépendant  , 
laisserait  sa  confiance  aux  hommes  qui  ,  dans 
l'heure  fugitive  du  triomphe  ,  parlaient  de  guerre 
éternelle  ,  et  qui  ont  avoué  n'avoir  fait  des  ouver- 
tures de  paix  ,  dans  le  moment  de  la  détresse  , 
qu'avec  la  terreur  du  succès  ?  Ils  ont  dit  qu'ils  ne 
traiteraient  jamais  qu'ils  ne  crussent  les  dangers  de 
la  guerre  plus  grands  que  les  dangers  de  la  paix. 
Quand  l'empereur  a  commencé  à  négocier  ,  alors 
nos  ministres  auraient  dû  négocier  aussi.  Peut-être 
craignaient-ils  que  Bonaparte  ne  leur  réplicjuât  , 
daus  leur  propre  lar.gage  ,  qu'il  attendrait  de  voir 
si  nous  érions  capables  de  maintenir  les  relations 
de  paix  et  d'amitié.  Je  crois  que  Bonaparte  a  trop 
de  bon  sens  pour  se  permettre  de  si  ridicules  im- 
pertinences. Soit  qu'il  veuille  la  paix  ou  la  guerre, 
il  est  incontestable  que  la  conduite  de  nos  minis- 
tres luf  a  donné  de  rares  avantages  ;  s'il  veut  faire 
la  guerre  ,  une  nouvelle  philippique  du  noble  se- 
crétaire d'Etat  ,  le  plus  habile  de  tous  les  recru- 
teurs ,  ralliera  encore  toute  la  France  autour  de 
lui.  Nos  ministres  attribuent  aux  circonstances  du 
hasard  toute  la  fortune  du  premier  co/isul.  Si  la 
fortune  a  en  effet  décidé  la  victoire  de  Maringo  , 
je  puis  assurer,  d'après  des  informations  certaines, 
que  dans  le  cas  où  Bonaparte  eût  perdu  L  bataille, 
il  ne  lui  eût  fallu  que  trois  jours  pour  recommen- 
cer le  combat  avec  des  forces  triples  de  celles  des 
Autrichiens  ;  qu'enfin  le  général  Mêlas  n'avait  pas 
de  provisions  pour  plus  de  14  jours. 

Lord  Holland  convient  que  la  paix  aurait  l'in- 
convénient de  laisser  la  puissance  de  la  France 
considérablement  aggrandie  ;  mais  la  guerre  , 
dont  la  conduite  est ,  à  son  avis  ,  au-dessus  ds 
la  capacité  des  ministres  actuels,  lui  paraîtdevoir 
produire  en  dernière  analyse  le  même  effet,  et 
d'une  manière  encore  plus  funeste. 

Le  comte  de  Suffolk  critique  les  opérations  de  la 
guerre  ,  et'inierpelle  le  noble  lord  Grenville  pour 
savoir  s'il  a  été  ordonné  une  enquête  relativement 
à  l'expédition  du  Ferrol  ;  il  prétend  qu'il  est  no- 
toire ,  d'après  les  lettres  de  plusieurs  oÉBciers  pré- 
«ens  ,  que  les  clefs  de  la  place  étaient  apportées 
su  moment  même  où  l'armée  se  rembarqua.  Le 
comte  de  Suffolk  étend  ensuite  son  blâme  sur 
les  dépenses  inutiles  faites  à  Saint-Domingue  ,  et 
il  n'accorde  même  aucune  approbation  aux  mi- 
nistres pour  la  prise  de  Malte  .  dont  le  mérite  , 
à  ses  yeux,  doit  être  attribué  au  génie  du  chef 
de  l'amirauté. 

L'amendement  proposé  par  lord  Holland  est 
rejette  à  la  majorité  de  5o  voix  contre  5. 

[La  suite  demain.] 

INTÉRIEUR. 

Paris,  le  i"  frimaire. 

Le  22  brumaire  ,  l'ouverture  des  cours  de 
l'Ecole  centrale  de  l'Ain  a  été  solemnellement 
proclamée  dans  une  séance  piiblique  à  laquelle 
ont  assisté   les  autorités  constituées. 

Le  maire  de  la  ville  de  Bourg  et  un  membre 
du  jury  d'instruction  publique  ont  successivement 


-      .242 

prononcé  des  discours  qui  ont  été  vivement  et 
universellement  applau-is  ;  le  professeur  de 
belles-Jetires  a  terminé  la  èéance  et  les  con- 
seils qu'il  a  donnés  aux  élevés  ,  par  ces  mots  : 
"  Le  premier  magistrat  de  ce  département  , 
par  une  de  ces  inspirations  heureuses  qui  n'ap- 
partiennent qu'aux  aroes  <*levées ,  a  exalté  tous 
les  sentiiuens  généreux  en  montrant,  dans  cetie 
enceinte  ,  la  médaille  rlu  premier  consul  :  il 
ne  pouvait  adresser  un  langage  plus  énergique 
à  l'imagination  d'une  jeunesse  sensible  ,  iju'en 
lui  annonçant  que  cette  auguste  effigie  formerait 
le  granrl  prix  de  l'an  g.  Ah!  que  ne  puisje, 
s'est  éciié  ce  professeur  ,  revenir  au  primems  de 
la  vie  pour  disputer  avec  vous  ce  trophée  glo- 
rieux, ce  monument  immortel  des  travaux  (i'uji 
grand  homme  et  de  la  délivrance  d'un  grand 
peuple .'  >i 

—  Des  lettres  de  la  Hollande  marquent  que 
l'on  continue  de  recueillir  sur  les  cotes  ,  depuis 
l'embouchure  de  la  Meuse  jusqu'au  Texel  ,  des 
débris  de  bâtimens  naufragés,  tics  marchandises 
et  des  cadavres  que  chaque  marée  vient  appor- 
ter sur  le  rivage.  Chaque  jour  le  commerce  ap- 
prend une  nouvelle   perte. 

Les  anglais  ont  aussi  essuyé  des  dommages 
considérables  :  leurs  côtes  sont  couvertes  de  dé- 
bris ;  sur-tout  dans  les  environs  d  Yarmouth  , 
plusieurs  de  leurs  vaisseaux  de  guerre  ont  été 
lotalenient  désemparés  et  rasés  comme  des  pon- 
tons ,  par  la  violence  de  la  tempête. > 

Différens  navires  neutres  ont  également  fait 
naufrage  à  la.  vue  des  côtes  de  la  république  ba- 
tave  ;  corps  et  biens,  tout  a  été  perdu.  L'on 
s'occupe  maintenant  en  Hollande  ,  avec  la  plus 
grande  activité  ,  de  la  réparation  de  plusieurs 
digues  qui  ont  considérablement  souffert. 

—  \,z 'Journal  des  débats  contient  le  paragraphe 
suivant  ;  u  Le  tribunal  criminel  de  Strasbourg 
vient  de  condamner  à  mort  un  parricide  nommé 
Sébastien  Mongel.  La  lecture  des  pièces  du  pro- 
cès a  fait  frémir  les  auditeurs,  et  a  porté  une 
telle  conviction  dans  lame  des  jurés,  qu'ils  «nt 
déclaré  à  l'unanimité  que  le  fait  était  constant. 
C  est  la  troisième  fois  que  ce  monstre  a  été  con- 
damné à  mort.  Les  deux  premières  fois  il  avait 
trouvé  le  moyen  de  faire  casser  son  jugement  n 

—  L'ouverture  des  cours  dn  lycée  aura  lieu 
le  3  Irimaire  prochain.  Le  citoyen  Laharpe  pro- 
noncera un  discours  ,  et  lira  un  fragment  de  sa 
traduction  du  Tasse.  Tout  annonce  que  cette 
année  la  réunion  du  lycée  sera  aussi  bril- 
lante ,  aussi  nombreuse  ,  que  le  but  de  son  ins- 
titution est  intéressant. 

—  Le  poëme  du  citoyen  le  Legouvé  ,  inliiulé  : 
du  Mérite  des  femmcf  ,  et  dont  l'Almanach  des 
muses  contient  un  fragment  que  nous  avons 
fait  connaître  en  partie  ,  va  bientôt  sortir  des 
presses   du   citoyen  Didot. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  27  brumaire  an  9. 

LES' consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  ,  vu 
la  loi  du  14  fructidor  an  6  ,  et  le  conseil  -  d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  l".  Il  sera  payé  aux  veuves  et  enfans  or- 
phelins des  marins  et  employés  de  la  marine  , 
morts  en  activité  de  service  ,  dénommés  dans  l'état 
annexé  au  présent  arrêté, les  pensions  portées  au- 
dit état ,  dont  le  montant  est  de  3g, Soi  francs 
53   centimes. 

II.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies  et 
celui    des  finances ,  sont  chargés ,  chacun  en  ce 
qui     le    concerne  ,    de    l'exécution    du    présent 
arrêté  ,  qui  sera  imprimé  au  Bulletin  des  lois. 
Le  premier  consul  ,  signée  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  Jour. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances  ,  le  conseil-d'état  en- 
tendu ,  arrêtent  : 

Art.  I".  Les  quatre  inspecteurs  de  la  loterie 
nationale  ,  qui  doivent  représenter  les  administra- 
teurs de  la  loterie  ,  lors  des  tiiages  qui  auront  lieu 
dans  les  villes  de  Bordeaux,  Bruxelles ,  Lyon  et 
Strasbourg  ,  auront  le  titre  d'inspecteurs  en  chef. 

Ils  seront  logés  dans  le  lieci  du  dépôt  des  lettres 
et  papiers,  sans  qu'il  leur  soit  néanmoins  alloué 
aucun  frais  d'ameublement. 

En  cas  demort  ou  empêchement  de  l'inspec- 
teur eri  chef  ,  il  sera  pourvu  à  son  remplacement 
provisoire  par  le  préfet. 

IL  Le,  traitement  des  inspecteurs  en  chef  des 
villes  de  Lyon  et  Bordeaux  ,  est  fixé  à  6000  fr.  ; 
celui  des  inspecteurs  des  villes  de  Bruxelles  et 
Strasbourg  à  5ooo   fr. 

II  est  en  outre  attribué  dans  chacune  de  ces  ré- 
sidences aooo  fr.  pour  le  traitement  d'un  secré- 
taire ,  d'un  garçon  de  buteauj  et  pour  tous  frais 


autres  que  ceux  d'impression  ,  ports  de  lettres  et 
paquets  de  l'administration  ,  qui  seront  rem- 
boursés dans  la  forme  ordinaire. 

III.  Les  trois  classes  d'inspecteurs  établies  par 
l'arrêté  du  5  fructidor  an  6  ,  seront  remplacées 
par  quatre  classes  ,  d'après  un  état  qui  sera  sou- 
mis par  les  administrateurs  de  la  loterie  nationale 
à  l'approbation  du  ministre  des  finances. 

Le  traitement  des  inspecteurs  de  chaque  classe, 
en  y  comprenant   les    frais   de  bureau,   qui   de- 
meurent à  leur  charge  ,  sera  : 
Pour  ceux  de  la  1'°  classe  ,  de.   .    .     4,000     fr. 

Pour   ceux  de  la   2' 3, 600 

Pour  ceux   de  !a    3' 3,ooo 

Pour   ceux   de  la  4'^ 4,400 

suivant  le  travail  dont  ils  seront  cliargés. 

IV.  Le  nombre  des  inspecteurs  actuellement  en 
fonctions  ,  ne  pourra  être  augmenté  à  raison 
des  dî.sposilions  de  l'aiiicle  précédent  ,  et  les 
réductions  de  Iraiiemens  qui  pourront  en  résulter 
n'auront  lieu  qu'en  cas  de  vacance  ou  démis- 
sion.- 

'V.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au  Bul- 
letin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé  ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire- d' état ,  signé  ,  H  B.  Maret. 

(1)  Exposé  de  la  situation  de  la  Républiq_us' 

Au  moment  où  le  corps  législatif  reprend  le 
cours  de  ses  travaux  ,  le  gouvernement  met  sous 
les  yeux  de  la  France  le  tableau  de  son  adminis- 
tration ;  c'est  un  devoir  que  lui  imposent  ses 
principes  ,  et  il  le  remplit  avec  la  franchise  qu'il 
doit  à  l'intérêt  pubhc  et  à  la  pureté  des  seniimens 
qui  l'animent. 

L'on  se  rappelle  quelle  était ,  au  4  nivôse  de 
l'an  8  ,  la  situation  de  la  république. 

Les  événemens  du  i8  brumaire  avaient  relevé 
les  courages:  mais  les  esprits  flottaient  toujours 
dans  l'incertitude.  Les  départemens  de  l'ouest 
étaient  en  proie  à  la  guerre  civile.  Par-tout  des 
administrations  faibles  ,  incertaines  ,  sans  unité 
de  principes  ,  sans  uniformité  de  mesures  ;  point 
d'énergie  .dans  le  commandement  ,  point  de 
ponctualité  dans  l'exécution  ;  une  police  impuis- 
sante ,  des  tribunaux  sans  activité  ,  le  désordre 
dans  les  caisses  publiques  ;  des  réquisitions  qui 
fatiguaient  les  citoyens  et  dévoraient  nos  revenus; 
le  commerce  et  les  manufactures  dans  la  stagna- 
tion ;  les  armées  de  l'Autriche  du  haut  des 
Apennins  et  des  Alpes  ,  menaçant  la  Ligutie  et 
la  France  ;  les  pavillons  neutres  bannis  de  toute» 
les  mers  par  la  terreur  de  nos  lois  ;  l'Araérique  ,  ' 
qui  nous  devait  son  indépendance  ,  armée  contre 
la  nôtre;  l'Espagne  ,  la  Batavie  ,  l'Helvétie  ,  \a 
Ligurie  ,  toujours  fidèles  à  notre  alliance  ,  maic 
attendant  avec  une  douloureuse  inquiétude  ,  ce 
que  l'avenir  praaonceroit  sur  notre  sort  et  sur  le 
leur. 

Ce  fut  dans  ces  circonstances  et  sous  ces  aus- 
pices ,  que  commença  l'an  8.  La  paix  était  le 
premier  besoin  et  le  vœu  le  plus  ardent  de  la 
nation;  la  paix  fut  aussi  la  première  pensée  du 
gouvernement.  Deux  lettres  écrites  par  le  pre- 
mier consul  à  l'empereur  d'Allemagne  et  au  roi 
d'Angleterre  ,  leur  exprimèrent  ,  sans  faiblesse  , 
mais  sans  détour,  le  vœu  des  français  et  celui  de 
l'humanité. 

Ce  vœu  fut  repoussé  par  les  ministres  de  l'Au- 
triche et  de  la  Grande-Bretagne  :  le  cabinet  de 
"Vienne  mêla  quelques  espérances  à  l'adresse  de 
ses  refus.  Le  cabinet  de  Londres  mit  l'amertume 
et  les  reproches  dans  sa  correspondance  ,  et  bien- 
tôt les  déclamations  et  les  injures  dans  des  discus- 
sions publiques  auxquelles  il  livra  les  ouvertures 
qui  avaient  été   faites  par   la   France. 

Cet  éclat ,  ces  déclamations  et  ces  injures  , 
servirent  mal  la  haine  et  les  projets  du  ministère 
britanir^ue.  Les  français  virent  dans  la  démarche 
de  leur  premier  magistrat  ,  le  désir  sincère  de  la 
paix  ;  ils  s'indignèrent  contre  l'ennemi  qui  la 
repoussait  ,  et  sentirent  qu'ils  ne  devaient  plu» 
l'attendre  que  de  leurs  efforts  et  de  leur  courage. 
De  là  le  prinoipe  de  cette  énergie  qui  a  fait  nos 
derniers  succès  et  nos  dernières  victoires;  déjà 
peut-être  ,  dans  le  cœur  des  anglais  ,  un  senti- 
ment de  justice  pour  un  peuple  qui  ,  après  tant 
d'exploits  et  de  gloire  ,  n'aspirait  qu'à  la  paix  , 
et  dans  le  cœur  des  autres  nations  un  retour  de 
bienveillancepour  la  cause  de  notreindépendance 
et  de  notre  liberté. 

Cependant  larebellion  de  l'ouest  était  étouffée  : 
il  n'avait  fallu  qu'appuyer  de  l'appareil  de  la  force 
l'autorité  de  la  raison  et  des  principes  ,  pour  ra- 
mener des  citoyens  égarés. 

Tout  ce  qui  n'avait  été  qu'entraîné  par  la  sé- 
duction et  la  terreur  ,  se  soumit  à  des  lois  qui  n'é- 

(i\  Cet  exposé  est  aujourd'hui  porté  au  corps  législatif ,- par 
les  conseillers  d'état  Régnier ,  Gouviolr-Saiiil-Cyr  et  Najac  ,  cijç» 
leurs  du  souvemement. 


laient  plus  que  bienfesantes  et  lutélaires  ;  chaque 
jour,  se  fonifient  dans  ces  départeracns,  l'allache- 
ment  à  la  république  ,  le  respect  pour  nos  ins- 
titutions et  la  haîne  pour  nos  ennemis.  L'éiablis- 
sement  d'une  gendarmerie  à  pied  achèvera  de  les 

Îiurger  d'un  reste  de  brigands  accoutumés  au  pil- 
age  ,  et  couverts  de  crimes  que  l'amnistie  n'a  pu 
pardonner. 

Dans  ces  déparlemens  comme  dans  tous  les 
autres ,  l'influence  des  aulorités  créées  par  la  cons- 
titution a  éié  marquée  par  das  amélioraiions  pro- 
gressives. Un  pouvoir  concentré,  une  respon- 
sabilité individuelle  ,  et  par  -  là  inévitable  ,  im- 
priment aux  affaires  publHjues  et  pariiculières  un 
mouvement  plus  rapide  ,  et  ramènent  peu-à-peu 
l'économie  dans  Tadrainisiraiion  :  la  surveillance 
est  plus  active  ,  les  informations  et  plus  promptes 
et  plus  sûres,;  le  citoyen  sent  mieux  les  bienfaits 
de  l'autorité  qui  protège  ,  et  la  force  de  l'autorité 
V  qui  contient  et  réprime. 

Dans  les  départemens  du  Midi  ,  les  délits 
sont  encore  multipliés  et  souvent  atroces  ;  mais 
là  ,  comme  ailleurs  ^ils  sont  dus  à  des  scélérats 
que  la  gendarmerie  poursuit  de  contréev  en 
contrée  ,  et  que  bientôt  elle  aura  tous  atteints. 

Dan.?  toute  la  république  ,  il  existe  ericore 
quelques  hommes  qui  regrettent  le  passé  ,  quel- 
ques consciences  faibles  qu'un  reste  de  fanatisme 
tourmente  ;  mais  chaque  jour  les  regrets  dimi- 
nuent ,  le  fanatisme  s'amortit  et  les  sentimens  se 
rapprochent. 

Vouloir  que  -Wiomme  désavoue  avec  éclat 
aujourd'hui  ce  qu'il  professait  hier,  qu'il  baise 
sans  murmurer,  le  joug  des'  lois  qu'il  bravait 
lout-à-l'heure  ,  ce  n'est  p®int  de  l'autorité  ,  c'est 
de  la  tyrannie.  Laissons  au  tems  achever  son  ou- 
vrage. Le  tems  seul'  mûrit  les  institutions.  Ce 
n'est  qu'en  vieillissant  qu'elles  parviennent  à 
obtenir  un   respect  absolu. 

Les  administrateurs  ont  été  choisis  ,  pour  le 
peuple  ,  et  non  pour  l'intérêt  de  telle  faction  , 
de  tel  parti  ;  le  gouvernement  n'a  point  demandé 
ce  qu  un  homme  avait  fait  ,  ce  qu'il  avait  dit 
dans  telle  circonstance  et  à  telle  épbque  ;  il  a 
demandé  s'il  avait  des  vertus  et  des  talens;s'il 
était  inaccessible  à  la  haine,  à  la  vengeance, 
s  il    saurait   être  toujours  impartial  et  juste. 

La  maxime  du  gouvernement  est  que  les 
dénonciations  qui  attaquent  des  fonctionnaires 
publics  ,  dans  ces  tems  encore  pleins  du  souvenir 
des  anciennes  divisions  ,  doivent  ètr-:  pesées 
dans  la  balance  de  la  justice,  et  vérifiées  par 
un  sévère  examen. 

Les  mêmes  principes  et  les  mêmes  vues  ont 
dirigé  le  choix  des  magistrats.  Qu'ils  jugent  les 
affaires  et  non  les  opinions  ;  qu'ils  soient  impas- 
sibles comme  la  loi  ;  tel  est  le  vœu  ,  le  seul  vœu 
que  doive. former  le  gouvernement.  ' 

La  constitution  leur  garantit  l'indépendance  et 
la  perpétuité  de  leurs  fonctions.  C'est  à  la  nation 
et  à  leurs  consciences  qu'ils  répondent  de  leurs 
juâ«ra«hs. 

Ava.nt  le  4  nivôse  ,  c'était  le  gouvernement  qui 
prononçait  sur  les  réclamations  des  citoyens  ins- 
crits sur  la  liste  des  émigrés ,  et  il  prononçait  sirr 
un  simple  rapport  du  ministre  de  la  police  géné- 
rale. Ainsi  ,  se  décidaient  des  questions  qui 
intéressaient  la  tranquillité  de  l'état,  le  sort  des 
personnes  et  des  propriétés. 

Pour  éclairer  sa  marche  ,  le  gouvernement 
voulut  connaître  les  lois  sur  l'émigration  ,  ce  que 
c'était  que  la  liste  des  émigrés  ;  comraenfet  par 
qui  elle  avait  été  formée  et  quels  en  étaient  les 
élémens. 

Il  reconnut  que,  dans  chaque  municipalité  ,  on 
avait  dressé  des  listes  des  citoyens  absens  de  la 
commune  où  ils  avaient ,  soit  propriété  ,  soit  do- 
micile ;  que  de  ces  listes  partielles  réunies  en  neuf 
volumes  s'était  formée,  ce  qu'on  appelle  aujour- 
d'hui ,  la  liste  des  émigrés  ;  que  des  citoyens  ins- 
crits comme  absens  ou  émigrés  dans  une  com- 
mune étaient  à  la  mêrne  époque  fonctionnaires 
publics  dans  une  autre  ;  que  des  cultivateurs  ,  des 
artisans,  des  hommes  à  gages  étaient  confondus 
avec  des  hommes  que  des  préjugés  de  naissance 
et  des  intérêts  de  privilèges  signalaient  comme  des 
ennemis  de  la  révolution  ;  que  des  inscriptions 
collectives  et  indéterminées  frappaient  des  familles 
entières  et  des  familles  inconnues  à  ceux  qui 
avaient  fait  l'inscription. 

Il  se  convainquit  donc  qu'il  n'existait  point  de 
véritable  liste  d'émigrés ,  et  qu'il  fallait  en  former 
une  en  séparant  ceux  qui  n'auraient  jamais  dû  êtr« 
inscrits,  de  ceux  que  leur  position  ,  leurs  préjugés 
et  des  circonstance»  connues  dénonçaient  comme 
de  véritables  émigrés.  De-là  les  bases  et  les  dispo- 
iiliotis  de  l'arrêté  du  28  vendémiaire. 

Un  projet  de  loi  sera  proposé,  pour  donner 
urte  garantie  de  plus  aux  acquéreurs  de  domaines 
nniinnaux. 

Un  travail  important  va  être  terminé  ,  celui  que, 
depuis  dix  années  ,  appelle  la  législation.  Dans 
cette  session  même  ,  le  code  civil ,  un  code  de 
procédure  seront  proposés  à  la  détermination  du 
corps  législatif;  d'autres  objets  moins  iinportans 
feront  matière  de  loi» ,  dont  lei  élémens  sont  déjà 
préparés. 


ptttefi{ 

,   .  .    .       .         -  . eii 

discuter  la  légilinnié  ;  elles  avaient  été'  remise» 
à  des  fournisseurs  avant  même  qu'ils  eussent 
commencé  leur  service  ,  et  il  était  bien  vrai- 
semblable que  ce  service  n'avait  été  ni  complet' 
tement  fait  par  tous  ,  ni  fiit  pir  aucun  avec 
une   parfaite  loyauté. 

Mais  ces  délégations  avaient  été  négociées  sou> 
les  yeux  et  de  1  aveu  de  l'ancien  gouvernement  ( 
elles  n'étaient  plus  d.ins  la  maiii  de  ceux  qui 
avaient  coniracié.  C'étaient  des  leiucs  de  cliangs 
dont  les  porteurs  actuels  avaient  fourni  la  valeur , 
et  on  ne  pouvait,  saiis  blesser  la  foi  publi(i.ue, 
sans  mettre  un  honteux  obstacle  au  retour  (.lu 
crédit,  en  diiîérer  ni  en   aiiénuer  le  p.iiement. 

Les  bons  de  réquisition  ont  été  soustraits  à 
l'agiotage ,  et  doivent  presque  tous  être  déjà 
rentrés  par  le  paiement  des  contributions,  et 
dans  l'an  9  ,  il  n'y  aura  plus  de  bons  d'arrérages 
dans  la  cii'culaiion  ;  le  cié.mcier  de  l'éiat  recev.'a 
en  numéraire  tout  ce  (jui  lui  est  dû  ,  et  le 
résor   public    ne    recevra    plus  que   des  valeurs 


I.  instruction  "ptibliq.ue  négligée  encore  dans  '  fonds  effectifs.  Ce.' délégations  ,  le  gouvernetil 
bien  des  départemens,  a  pris  dai;!  d'autres  une  aurait  pu,  avec  quelque  couleur  de  justice  , 
raeiUeure  direction  et  une  plus  grande  activité.  ''  ' 

De  nouveaux  Prytanées  ont  été  ouverts  aux  en- 
fans  de  ceux  qui  sont  morts  pour  la  patrie. 

Si  les  hospices  et  les  hôpitaux  sont  encore  dans 
la  détresse,  un  arrêté  leur  assure  du  moins  le  paie- 
ment d'une  partie  de  ce  qui  leur  est  dû  en  capi- 
taux de  rentes,  dont  le  rachat  fut  autorisé  par  une 
loi  rendue  dans  la  dernière  session. 

Des  mesures  ont  été  prises  pour  vérifier  le  nom- 
bre des  enlans  de  la  patrie  excessivement  accru 
dans  ces  derniers  tems  ,  pour  remédier  an  mal  mo- 
ral qui  les  multiplie  ,  et  pour  secoijfir  leurs  be- 
soins. 

Qiielques  manufactures  qui  appartiennent  à  la 
nation  et  qui  honorent  1  industrie  française,  sor- 
tent de  la  langueur  ot'i  nos  malheurs  les  avaient 
plongés.  La  pemture  ,  la  sculpture  ont  obtenu  des 
.encouragemens  ,  et  vont  transmettre  à. la  postérité 
les  traits  et  les  actions  des  héros  qui  ont  combattu 
pour  notre  indépendance  et  pour  notre  gloire. 

Les  monumens  des  arts  sont  conservés  et  offerts  |  réelles. 

k!'?SirmeT  P"*""'^"'  '^'"'  "^^  '^"P""  ^'S""  '^^  \      Une  partie  des  contribution  directes   de  l'an  8  . 

celle   qu'on    a    pu    présumer   qui     ne    sérail  pas 

Les  routes  sont  presque  partout  dans  un  état  !  absorbée  par  les  bons  de  réquisition  et  par  leà 
alarmant  de  dégradation  ;  mais  l'administialion  a  j  bons  d'arrérages,  a  été  versée  ài  l'avance  dans 
fait  tout  ce  qu'elle  pouvait  avec  les  faibles  moyens  I  le  trésor  public  en  obligations  des  receveurs, 
qui  lui  étaient  conh  es.  et  ces  obligations  qui    ont    dans    une  caisse    dé 

Le  droit  d'entretien  des  routes  k  reçu  quel-  i  gararilie  un  gage  certain  de  leur  acquilcmenc  » 
ques  modifications  que  sollicitaient-  la  justice  ;  sont  aujourd'hui  la  valeur  la  plus  solide  que  l'état 
et  l'intérêt  public.  La  perception  de  ce  droit,  se-  |  et  le  commerce  puissent  offrir, 
parée  de  l'obligation  d'entretenir  les  routes  mêmes,  Les  contributions  directes  de  l'an  9  sont  déjà 
a  été  affermée  ,  et  la  rentrée  en  est  assurée  par  des  '  dans  le  portefeuille  de  la  trésorerie  en  obliga- 
cautionnemens  qui  ne  seront  plus  vains  et  illusoi-  !  tions  d'une  égale  solidité.  Ces  recettes  successiveà 
res, comme  ils  l'ont  été  dans  les  années  dernières,  t  des   contributions  indirectes  ou   casuelles  y  sont 

L'emploi  des  produits  beaucoup  trop  faible  est  '.représentées    en   bons   de  receveurs  ,  piyables  à 
déterminé,  pour  chaque  département,    dans  la  !  v"^- 
proportion  de  ses  besoins.  '  j      Une   somme  fixe  de  ces    obligations  et  de  ces 

La  surveillance  devient  tous  les  jours  plus  ac-  ^  ^,°",'  "'  '''^*.'S"«.  à  1^  dépense  de  chaque  mois  : 
tive,  et  la  comptabilité  s'éclaire  etse  perfectionne,  i  ■'"  est  jamais  délivre   d  ordonnances  qu  a  la  me- 

.  "       ,  '^     ,  ;sure  ces  sommes  qui  sont  .reellemeni    présentes 

,  Le  gouvernement  a  porte  ses  vues  sur  la  nav.ga-  'dans  les  caisses.  Ainsi  les  orîionnafices  ne  6ont 
tion  intérieure  et  sur  les  canaux  :  oe  ne  sont  pas  ■  plus  le  jouet  de  la  place  ;  il  n'y  a  plus  de  mé-^ 
devastesprojetsquilaconçus,  ce  n  est  pas  encore  'compte  dans    les    duiributions  ,    plus    dillusiort 

Tl°!f,?lfi!.^f™.i.^..  !„"T1^"°"5.".'''.Z?_.""''  '  ^'"^  ''^^   promesses  de  paiemens  ,  et  l'attente  des 
'"'""'"•''  ■"  "" -  „  .--    .  parties  prenantes  n'es;   plus  trompée. 

Le  trésor  public  a  reçu  une  organisation  nou- 
velle ;  une  surveillance  active  en  éclaire  toutes 
les  parties  ;  la  comptabilité  arriérée  marche  dé- 
gagée de  ses  entraves.  La  comptabilité  courante 
est,  pour  ainsi  dire,  à  jour. 

Chaque  mois  ,  le  ministre  des  finances  et  ]& 
directeur  du  trésor  public  mettent  sous  les  yeux 
du  gouvernement  ,  des  états  de  situation  quii 
représentent  fidèlement  tout  ce  qui  a  été  reçu, 
tout  ce  qui  a  été  payé  ,  ce  qui  l'a  été  sur  les 
ordonnances  de  chaque  ministre.  Licolieciioa 
de  ces  états  à  la  fin  de  chaque  année  donnera  le 
compte  de  toute  la  recette  ,  de  toute  la. dépense 
acquittée  ,  et  de  chaque    nature  de  dépense. 

Il  reste  encore  à  acqXiitier  des  dépenses  des 
années  cinq  ,  six   et  sept  ,  il  en  restera  encore  ds 


Terminer  les  travaux  commencés, les  terminer  sur 
les  points  qui  intéressent  le  plus  la  circulation  in- 
térieure et  le  commerce  de  la  France  ;  voilà  tout 
ce  qu'il  peut  promettre  aujourd'hui  ,  et  tout  ce 
que  les  circonstances  lui  permettent  d'entrepren- 
dre. Moins  de  projets  et  plus  d'exécution;  tel  est 
la  maxime  fondamentale  de  son  administration. 

Les  finances  ont  été  un  des  objets  constans  de 
sa  surveillance  et  de  son  inquiétude  ,  base  pre- 
mière et  appui  néces«aire  de  tous  les  projets  qui 
peuven:  être  formés  pour  le  bonheur  et  pour  la 
gloire  des  états.  Le  gouvernement  a  dû  s'appli- 
quer à  en  connaître  tous  les  élémens  et  à  se- 
conder toutes  les  causes  qui  peuvent  en  opérer 
la  restauration  ou  la  ruine. 

Ce  n'était  pas  seulement  les  fonds  qui  man- 
quaient à  la   république  au  4  nivôse  de   l'an  8  , 

c  était  l'activité  dans  la  répartition  et  dans  l'assiette     1  an  8.  L'état  en  srta  consigné  par  apperçu  dans 
des  contributions  directes  ,  la  régularilé  dans  les     rapports    des    différens  ministres.  Le   rapport  du 
perceptions  ,  la  surveillance  dans  les  versemens  ,  ;  ministre  des  finances  oftr'ira  toutes    les  ressoiirces 
une'coraptabilité  lumineuse  dans  le  trésor  public,  :  qui   restent  à  la  république   pour  les  acquitter. 
une  distribution  bien  entendije  dans  les  différens   !      L'an  9  marche  avec  ses  propres  revenus  ,  sans 
canaux  de  la  dépense.  !  emprunt    sur    le    passé,      sans    anticipation    sur 

Au  4  nivôse,  les  rôles  de  l'an  Sn'étaient  point    '  ^'''^""■• 


encore  formés  ,  et  ils  ne  pouvaient  être  en  recou- 
vrement qu'au  mois  de  germinal. 

Des  porteurs  de  délégations  autoTisés  à  puiser 
directement  dans  les  caisses  des  receveurs,  et  de 
leurs  préposés  ,  achetaient  ,  par  la  carj:uption  des 
tonds  qui  n'y  étaient  pas  encore  ou  qui  devaient 
être  réservés  à  la  république  ;  des  bons  de  ré- 
quisition ,  des  bons  d'arrérages  de  rentes  étaient 
admis  dans  le  paiement  des  contributions  di- 
rectes ,  et  c'était  des  receveurs  ,  des  préposés  ,  des 
percepteurs  qui  trafiquaient  de  ces  valeurs  dé- 
préciées .  et  les  échangeaient  dans  leur  caisse 
contre  les  valeurs  réelles  qu'ils  avaient  reçues  ; 
des  payeurs  dissimulaient  les  versemens  qui  Ifur 
avaient  été  f  ils,  pour  arracher  aux  parties  pre- 
nantes l'escompte  des  avances  qu'ils  ne  lésaient 
pas. 

Ainsi  le  trésor  public  ne  connaissait  ni  les 
fonds  qui  avaient  été  reçus  ,  ni  les  fonds  qui 
avaient  été  versés  dans  les  départemeris.  Delà  des 
distributions  incertaines  et  des    assignations   illu 


j  Tout  ce  qui  reste  à  recouvrer  des  revenus  des 
I  années  précédentes  est  fidellement  réservé  à  l'ac- 
I  quit  de  leurs  dépenses. 

!  L'appetçyj  des  dépenses  nécessaires  de  l'an  9  , 
a  été  calculé  avec  une  sévère  économie.  Les 
I  revenus  ont  cié  évalués  avec  tout  ce  qu'on  a 
pu  y  mettre  de  précision.  Ces  revenus  ne  suin-' 
I  ront  pas  à  la  dépense  présumée.  Le  gouverne- 
I  ment  proposera  au  corps  législatif  ce  qu'il  croit, 
!  de  meilleur  poUr  combler  ce  déficit  éventuel  ,  et 
Isa   sagesse    en  décidera. 

Une  caisse   d'amortissement  a   été   créée.  L'ad- 
j  ministration   n'en    est    déjà    plus    onéreuse    au!t 
;  finances  y  elle  fournira  un  jour  de  grands  moyens 
;  à    la   libération     progressive    de     la    dette    pu-» 
blique,   et   un   grand   instrument    de    crédit.  En 
attendant  ,  elle  f'ai.t  avec  succès  la   fonction   im- 
portante  de  caisse  de   garantie   pour  les  obliga-» 
tions  des  receveurs. 

Une  banque  a  été  fondée,  faible  encore  < 
mais  dont  la  faiblesse  est  en  propoition  aved 
les  besoins  actuels   de   la   circulation. 


oires.  Cependant  les  ministres  prdo.ni,ariçaient  ,  .u^  ^.^^^^  y^^^^^  qu'exigera  notre  commères 
tout ,  e,  le  directoire  autorisait  tojjt.  Delà  le  dis-  aggrandi  par  le  retour  de  nos  anciennes  rela^ 
crédit  public  ;  et  sur  la  place  ,  les  négociations  ,ions  ,  et  Vr  les  secousses  même  de  la  révo- 
scandaleuses,  des  ordonnances  avilies.  !  lution.   Le    gouvernement  qui    en    a   favorisé   la 

Depuis  le  4  nivôse  ,  l'époque  de  la  répartition  j  naissance  de  tout  son  pouvoir  ,  la  protégera 
et  de  l'assiette  des  contributions  'a  été  fixée  avec  j  toujours  de  son  influence  ,  et  la  regardera  tou- 
précision  ,  et  cette  année,  pour  la  première  t^ours  comme  un  dépôt  sacré  qui  doit  être  con* 
fois,  les  rôles  de  presque  tous  des  départemen?  I  serv.é  parla  puissance  et  fa  fidélité  de  la  nation, 
ont  Clé  en  recouvrement  dans  le  courant  de  ji  D'autres  améliorations  seront  offertes  dans  un 
vendémiaire.  ^  j  rapport^  du  ministre  des   finances.  D'autres  pro- 

Les  caisses  publiques  ont  élé  fermées  aux  delé-    jets   d'améliorations    sont   encore  sous  les   yeu* 
gataires  ;    mais    Sa    millions    de    délégations    ont  !  et  dans  la  pensée  du   gouvernement, 
été    rapidemenr     retirés   par    des   opérations    qui'-     Une  fois  sorti  du  chaos  des  dilapidations  ,  de» 
n'ont    coûté   au   trésor   public  ,    ni  emprunt  ,   ni  (  abus  et  des  injustices  ,  chaque   jour  verra  cclora 
intérêts,  et,  lui  ont  procuré  tjuelques  avances  de     des  idées  salutaires  ,   et  de  nouveaux  moyens  d« 


«44 


prospérits  ,  les  citoyens  bonn*tes  ,  ceux  tjui  ont 
des  taculiés  et  une  répulatioii  à  conserver  ,  piê- 
teront  leurs  moyens  et  leur  appui  à  une  adminis- 
wation  fidèle  au  plan  que  la  loyauté  et  l'intérêt 
public  lui  ont  tracé.  Elle  n'est  déjà  plus  assiégée  I 
par  l'intrigue  qui  trafique  de  l'embarras  des  fi- 
nances ,  ni  par  la  cupidité  qui  vend  chèremeni 
pour  des  vaicuis  réelles  mais  lointaines  ,  de  mi- 
sérables secours  qui  ne  soulagent  les  besoins  du 
moment  ,  qu'en  ajoutant  aux  besoins  de  l'avenir. 

Déjà  des  compagnies  solides  ont  accepté  des 
eritrcprises  importantes  à  des  prix  modérés  ,  et 
n'ont  point  exigé  'qu'on  leur  livrât  d'avance, 
comme  on  faisait  autrefois,  des  valeurs  effectives, 
pour  gage  d'un  service  qu'elles  n'avaient  pas 
encore  fait. 

Nos  succès  dans  la  guerre  ont  passé  nos  es- 
pérances. Quatre  armées  ,  toutes  victorieuses,  se 
tiennent  par  une  chaîne  non  interrompue  ,  depuis 
la  ligne  formée  par  la  neutralité  prussienne  jus- 
qu'au centre  de  l'Italie.  Maîtresse  des  deux  rives 
du  Danube  et  du  Pô  ,  elles  occupent  ,  par  leurs 
déiachemens  ^  les  bords  de  l'Adriatique  et  la 
Toscane. 

^f  génie  de  la  France  a  sauvé  l'armée  d'Orient 
de  1  exécution  d'une  convention  qui  l'aurait  mise 
dans  les  fers  de  l'Angletterre. 

Malle  a  cédé  ,  mais  après  deux  années  de  la 
flus  glorieuse  résistance.  Tout  ce  qui  pouvait 
ctre  tente  pour  conserver  cette  importante  pos- 
session ,  le  gouvernement  l'a  tenté  ,  et  toujours 
inutilement. 

L'organisation  de  l'armée  ,  la  discipline  mili- 
taires ,  la  recherche  des  dilapidations  et  des  abus, 
le  rétablissement  de  l'ordre  et  de  l'économie 
dans  toutes  les  parties  du  service  ,  ont  été  l'objet 
des  travaux  et  des  arrêtés  du  gouveraemeni.  Un 
rapport  do  ministre  de  la  guerre  en  présentera 
lï  lesulia'.  La  paix  ,  la  paix  seule  peut  donper 
?ux  succès  qu'ils  ont  obtenu  leur  complément 
et'Ieur  solidité. 

11  n  a  pas  été  au  pouvoir  du  gouvernement 
de  réparer  tout-à-coup  les  malheurs  de  notre 
marine  ,  et  de  lui  rendre  son  ancien  lustre;  mais 
Il  en  a  recueilli  les  débris,  et  il  en  prépare  le 
ic'ablissement  et  ia  gloire.  Dts  léglemens  ont 
reformé  des  abus ,  assuré  la  régularité  du  service, 
cubir  dans  les  ports  unité  de  pouvoirs  et  surveil- 
lance severe:  d'anciennes  dilapidations  ont  été 
recherchées  et  atteintes ,  des  contrats  onéreux  ont 
e^e  lésiliés,  des  marchés  plus  avantageux  à  la 
république  ont  été  conclus ,  enKn  bien  des  pas 
ont  ete  laits  vers  l'ordre  et  l'économie  ;  mais 
combien  il  en  reste  à  laire  !  combien  il  faut  en- 
core de  travaux  et  de  tems  pour  remplir  la  tâche 
que  le  gouvernement  s'est  imposée  ,  et  que  lin-  1 
leiet  public  exige  de  lui.  I 

Datis  létal  oii  éioit  la  marine  ,  il  étoit  impossible  I 
a  entretenir  régulièrement  avec   nos  colonies  ces 
relations  de  correspondance  et  de   pouvoirs  qui 
apparuennent  à  la  métropole.  i 

Le  gouvernement  a  conservé  avec  soin  des  biens 
qui  les  attachaient  à  la  France  ,  et  il  prépare  ,  dans 
je  silence  ,  les  moyens  de  les  rendre  au  calmé  ,  à 
ia  culture  et  à  la  prospérité. 

1  '^  j"*^''  ^^'  prises  ,  autorisé  par  une  loi 
rent.ue  dans  la  dernière  session, a  portédans  cette 
matière  délicate  uk|  esprit  de  justice  et  d'impartia- 
nte  qui  a  eu  déjà  une  heureuse  influence  sur  nos 
relations  commerciales.  Les  pavillons  neutres  se 
sont  rencontrés  sur  les  mers  et  dans  nos  ports.  Les 

Î)Uissances  barbaresques  ont  repris  leurs  anciennes 
laisons  avec  nous. 

M  l'i!*^  gouvernement  eût  pu  les  renouer  plutôt , 
Malihe  seroit  peut-être  encore  en  notre  pauvoir. 
Mais  du  moins  elles  assureront  des  subsistances  à 
la  Ligurie  et  à  nos  départemens  méridiofiaux ,  et  j 
elles  ne  seront  pas  inutiles  à  l'armée  d'Orient. 

Une  convention  fondée  sur  des  intérêts  com- 
muns et  sur  la  plus  parfaite  réciprocité,  rétablira 
?es  liens  qui  attachaient  les  Etats-Unis  d'Amérique 
a  la  France.  Ils  dureront  éternellement, ces  liens , 
parce  qu'aucune  condition  inégale  n'en  altère  la 
force  et  la  pureté. 

La  nation  française  ne  veut  ni  privilège  çxclusif, 
m  faveur  partiale,  elle  ne  demande  aux  peuples 
amis  que  les  droits  de  l'égalité  ,  qu'aucune  nation 
ne  soit  plus  favorisée  qu'elle  ,  qu'elle-même  ne 
toit  pas  plus  favorisée  qu'une  autre  nation;  telles 
sont  les  prétentions  et  l'iniérêi  de  tous  les  peuples 
qui  contracteront  avec  elle. 

Tous  les  peuples  qui  connaissent  leurs  droits  se 
ralieroni  à  ces  principes.  Le  Nord  s'affranchira  de 
ta  tyrannie  qui  pèse  sur  son  commerce  et  sur'les 
mers  ;  il  sentira  que  nos  intérêts  sont  les  intérêts 
du  genre  humain.  La  Russie  surtout  se  souviendra 
de  sa  dignité  ;  et  les  anciennes  relations  qui  l'uni- 
tentavec  la  France;  elle  sait  que  la  France  est  un 
contrepoids  nécessaire  dans  la  balance  maritime 
<iu  monde. 

Le  gouvernement  avait  offert  la  paix  avant  l'ou- 
verture de  la  campagne  ;  il  l'a  offerte  sur  le  champ 
de  bataille  et  au  sein  de  la  victoire;  il  Fa  offerte 
digne  de  la  grandeur  mais  aussi  de  la  modération 
du  peuple  français  ,  et  à  des  conditions  qui  de- 
vraient lui  en  garantir  l'acceptation  et  la  durée 

Au  plus  léger  espoir  d'en  rapprocher  l'époque 
il  »  suspendu  les  succès  que  nous  assuraient  la 


position  de  nos  armé-es  et  l'arcîeur  de  nos  guer- 
riers. 

Si  nous  n'en  jouissons  pas  encore  ,  il  n'en  faut 
accuser  que  cette  puissance  qui  ,  étran);ère  aux 
désastres  du  continent ,  ne  veut  que  cimenter  ,  du 
sang  des  nations  ,  spn  empire  sur  toutes  les  mers 
et  son  monopole  dans  le  monde  entier. 

Enfin,  un  négociateur  autrichien  est  à  Lunéville, 
un  homme  qui  a  mérité  l'estime  de  l'Europe.  S  il 
a  toute  entière  la  confiance  du  souverain  qui  l'en- 
voie ,  il  déploiera  cette  franchise  qu'a  droiç  d'at- 
tendre la  franchise  du  gouvernement,et  que  pro- 
met son  caractère  personnel. 

L'Autriche  cessera  de  sacrifier  le  rçpos  et  l'inté- 
rêt du  continent  à  l'arnbition  des  dominateurs  des 
mers. 

Cependant  ,  dans  cette  incertitude  ,  la  pru- 
dence commande  à  la  France  de  ne  pas  se  laisser 
amuser  par  un  vain  simulacre  de  négociaiions. 
Elle  appuyera  ses  proposition»  de  toute  la  force 
de  ses  armes. 

La  conduite  du  gouvernement  a  démontré 
qu'il  n'a  ni  exagéré  les  prétentions  de  la  répu- 
blique ,  ni  sacrifié  au  délire  de  l'ambition  les  in- 
térêts de  l'humanité. 

Les  crimes  de  la  guerre  retomberont  tous  sur 
ceux  qui  en  sont  les  véritables  artisans  ,  sur  les 
gouvernemens  assez  faibles  et  assez  aveugles  pour 
s'asservir  aux  vues  mercantiles  d'un  seul  peuple  , 
pour  vendre  à  son  or  et  à  ses  intrigues  le  sang 
et  l'industrie  des  nations  qui  leur  obéissent  ,  et 
la  liberté  des  mers  qui  est  [a  propriété  du  genre 
humain. 

Tel  est  l'apperçu  d'une  administration  dont  les 
principes  et  les  actes  ont  été  franchement  ex- 
posés aux  regards  de  la  France,  Si  elle  n'a  pas 
fait  tout  le  bien  quelle  s'était  promis  ;  si  elle 
n'a  pas  rempli  toutes  les  espérances  qu'on  en  avait 
conçues  ,  elle  se  doit  au  moins  le  témoignage 
qu'elle  a  déployé  tout  ce  qu'elle  avait  de  force  , 
de  constance  et  de  moyens. 
Extrait  des  registres  des  délibérations  des  consuls  de 

la  républiqus.  —  Paris  ,   le  i'''  frimaire  ,  tan  g 

de  la  république  ,  une  et  indivisible. 

Les  consuls  de  la  république  arrêtent  que  l'ex- 
posé ci-dessus  sera  inséré   au  Bullciin  des  lois. 
Le  premier  consul  ,  signe,  Bonapaiite. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secritaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

SÉANCE    DU     l"     FRIMAIRE. 

Un  secrétaire  fait  lecture  du  procès-verbal  ; 
la  rédaction  en  est   approuvée. 

On  procède  au  renouvellement  du  Bureau. 
Sur  95  votaus  ,  le  cit.  Thicssé  réunit  91  voix 
et  est  élu  piésident  ;  les  seciétaires  sont  les  cit. 
Gallois,   Adet ,  Goupil-Prefein    et  Perrault. 

Le  président  annonce  qu'il  n  y  a  rien  a  l'ordre 
du  jour. 

Plusieurs  membres  demandent  la  levée  de  la 
séance  et  l'ajournement  à  tridi. 

Girardin.  Je  demande  que  la  séance  soit  seu- 
lement su  sper.due  pendant  quelques  inslans  le 
eoips-législatif  doit  vous  annoncerpar  un  message 
qu'il  est  installé. 

On  insiste  de  nouveau  pour  la  levée  de  la 
séance  et  l'ajournement  à  tridi. 

Cette  proposition  mise  aux  voix  est  adoptée. 

La  séance  est  levée. 

C  ORPS-LÉGISLATIF. 

SÉANCE    DU    I"   FRIMAIRE. 

A  midi  précis ,  la  séance  est  ouverte  au  bruit 
de  plusieurs  salves  d'artillerie. 

L'assemblée  se  forme  sous  la  présidence  du 
plus  âgé  de  ses  membres. 

Le  ministre  de  l'intérieur ,  précédé  de  deux 
huissiers  ,  est  introduit  et  prononce  le  discours 
suivant  : 

Citoyens  législateurs  ,  la  première  session  du 
corps  législatif  a  posé  les  bases  de  l'organisa- 
tion sociale  ;  la  seconde  va  les  affermir.  C'est  à 
lui  seul  qu'il  appartient  de  fixer  ,  par  des  lois 
immuables  ,  les  glorieuses  destinées  de  la  répu- 
blique. 

Que  ne  doit-on  pas  espérer  aujourd'hui ,  lors- 
que l'on  considère  qu'un  an  s'est  à  peine  écoulé 
depuis  le  18  brumaire  ,  et  que  des  siècles  de 
gloire  et  de  prospérité  paraissent  avoir  lui  sur 
la  France  ! 

Une  administration  sage  et  réglée  a  par-tout 
réparé  les  désordres  de  l'anarchie;  les  factions, 
ne  trouvant  plus  aucunappui  parmi  les  premières 
autorités  ,  s'éttignent  dans  le  mépris  public.  Les 
français  aigris  par  de  trop  longues  persécutions, 
reviennent  tous  au  gouvernement:  ils  le  bénissent 
du  bien  qu'il  a  fait;  ils  jouissent  d'avance  du 
bien  qu'il  prépare. 

Eclairés  par  les  observations  que  vous  venez 
de  recueillir  dans  vos  foyers  ,  vous  joindrez  les 
leçons  de  l'expérience  aux  vues  bienfesantes  du 
gouvernement  ;  et  de  cette  réunion  d  efforts  ,  de 
cet  accord  unanime  de  volontés  ,  sortira  le  bon- 
heur commun. 


'  Quelle  brillante  carrière  s'ouvre  devint  vous  , 
citoyens  législateurs  !  Dans  le  calme  de  la  sagesse, 
vous  allez  terminer  1  édifice  du  bonheur  public  , 
et  préparer  ces  beaux  jours  pu  la  France  triomr 
phante  ,  illustre  par  les  arts  ,  grande  par  les  vic- 
toires ,  heureuse  par  les  vertus  ,  réunira  tous  les 
français  autour  d'elle  ,  et  commandera  le  respect 
aux  nations. 

Le  ministre  se  retire. 

Le  président  provisoire  ^'adressant  à  l'assemblée. 
Citoyens  législateurs  ,  vous  allez  reprendre  le 
cours  de  vos  travaux  et  ouvrir  votre  nouvelle 
session.  En  ce  moment,  organe  de  votre  vo- 
lonté ,  je  déclare  que  la  séance  est  ouverte  ,  et 
que  le  corps-législatif  est  provisoirement  constitué. 
Vive  la  république  ! 

Le  cri  de  vive  la  république  !  est  répété  par  tous 
les  membres  de  l'assemblée. 

Le  président.  L'ordre  du  jour  appelle  la  forma- 
tion du  bureau.  Je  ne  pense  pas  que  vous  puissiez 
prendre  aucune  délibération  avant  dêtre  défini- 
tivement constitués.  J'invite  donc  les  membres 
à  se  retiier  dans  la  salle  de  conférence,  pour 
procéder  à  la  nomination  d'un  piésident  et  de 
quatre  secrétaires. 

Un  des  secrétaires  provisoires  fait  l'appel  nomi- 
nal. 

Trois  bureaux  de  scrutateurs  sont  formés  par 
la  voie  du  sort,  et  procèdent  au  dépouillement 
du  scrutin. 

Le  citoyen  Chatry-Lafosse  obtient  85  voix  pour 
la   présidence. 

Les  quatre  sectétaites  élus  sont  :  Gossuin  , 
Bréard  ,    Ciochon  et  Pémartin. 

Chatry-Lafosse  occupe   le   fauteuil. 

Les  quatre  secrétaires  définitifs  se  placent  au 
bureau. 

Le  président.  Le  corps-législaiif  déclare  qu'il  est 
définitivement  constitué  .  ei  arrête  que  cette  dé- 
claration sera  portée  au  sénat-conservateur  ,  au 
tribunat  et  aux  consuls  de  la  république  par  un 
messager   d'état. 

Après  cette  déclaration  ,  le  président  reprend 
la  parole. 

Il  rappelle  d'abord  les  événcmens  mémorables 
qui  ont  suivi  l'établissement  du  nouvel  ordre 
constitutionnel  ;  les  succès  brillans  de  nos  armées, 
leur  ardeur ,  leur  énergie  infatigable,  la  marcha 
rapide  de  l'armée  de  réserve  et  le  spectacle  su- 
blime qu'elle  a  donné  au  monde ,  en  franchissant 
les  rochers  sourcilleux  du  mont  Saint-Bernard  , 
en  se  précipitant  avec  intrépidité  dans  les  plaines 
d'Italie  ,  sous  le  feu  terrible  des  ennemik 

Si  vous  portez  ensuite  vos  regards  vers  l'anti- 
que Germanie  ,  continuei'orateur ,  combien  de 
batailles  ont  honoré  les  armes  françaises!  Grâces 
soient  rendues  au  digne  chef  de  t:ei',e  armée  si 
souvent  victorieuse  ,  et  à  tous  les  braves  qui  la 
composent.    • 

Nous  connaissons  tous  , législateurs  ,les  moyens 
efficaces  employés  p;ir  le  gouvernement  pour  ré- 
tablir Tordre  et  le  calme  dans  l'intérieur  de  la  ré- 
publique -,  vous  qui  arrivez  de  vos  départemens  , 
vous  avez  pu  vous  convaincre  des  heureux  effet» 
qu'ils  y  ont  produits  ;et  des  améliorations  qui  en 
ont  été  la  suite. 

La  nouvelle  carrière  que  vous  allez  parcourir 
fournira  de  nouveaux  moyens  à  la  sollicitude  pa- 
ternelle du  gouvernement  ;  il  touche  au  moment 
de  conclure  une  paix  honorable  pour  la  France. 
Livrons-nous  sans  réserve  à  cette  espérance. 
Vive  la  république! 

Les  conseillers  -  d'état  Cretet ,  Champagny  et 
Berlier  ,  sont  admis  dans  l'assemblée. 

Champagny  obtient  la  parole  et  monte  à  la 
tribune. 

Citoyens  législateurs  ,  dit-il  ,  des  formes  so- 
lennelles consacrent  chez  tous  les  peuples  libres 
le  jour  où  se  réunissent  leurs  législateurs  ;  en 
attendant  qu'une  loi  les  ait  réglées  paripi  nous  , 
le  gouvernement  s'empresse  de  vous  exprimer  ses 
sentimens  et  ses  vœux. 

Depuis  le  commencement  de  votfe  session 
dernière,  combien  la  face  de  la  république  est 
changée.  Triomphante  au-dehors  ,  chaque  jour 
affermit  au-dedans  ses  institutions  et  sa  puissance. 
Ces  changemens  ,  c'est  à  ia  sagesse  de  vos  déter- 
minations ,  c'est  à  l'heureux  accord  de  tous  les 
pouvoirs  qu'ils  sont  dus. 

Que  ce  jour  marque  une  époque  encore  plus 
fortunée;  que  des  lois,  toujours  plus  sages, 
fixent  les  destinées  et  le  bonheur  de  la  pairie  ! 
que  l'ennemi  qui  nous  observe  ,  désespérant  de 
nous  diviser  ,  désespère  de  nous  vaincre  ,  et 
reçoive  enfin  la  paix  que  lui  offre  la  modération 
de  la  France  ! ,  ' 

Tels  sont  les  voeux  du  gouvernement,  tels  sont 
les  présages  qui  motivent  sa  confiance  ,  et  celle 
de  tous  les  français.  Pour  lui  ,  pour  la  république 
entière  ,  vos  premiers  travaux  sont  le  gage  de 
travaux  encore  plus  heureux,  et  le  bien  que 
vous  avez  fait,  est  l'infaillible  garant  de  celui 
que   vous    devez  faire. 

Le  corps  législatif  ordonne  l'impression  de  tous 
les  discours  prononcés  dans   cette   séance. 

La  commission  des  inspecteurs  demande  à  être 
entendue  demain  en  comité  général. 

La  séance  est  levée ,  et  indiquée  à  demain  àmidi. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL 


J\f°G3. 


Tridi ,  3  frimaire  an  g  as  la  rébublijme  française  ufie  et  indivisible 


'ftij 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à   datet  du  7   nivôse  le  Moniteur  est   le   seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

R  U  S'S  I  E. 

Extrait    d'une  lettre  de  Pétersbourg  ,   du 
1 1  octobre ,   f  1 9  vendémiaire.  ) 

iN  OTRE  monarque  donne  une  grande  attention 
à  l'une  des  plus  importantes  sources  de  la  pros- 
périté de  son  empire  ,  je  veux  dire  le  commerce 
national.  Il  est  de  fait  que  si  toutes  les  branches 
qu'il  lenlermc  étaient  exploitées  par  les  natio- 
naux ,  le  bénélice  qui  en  résulterait  pour  la 
Kussie  s'éleveidit  à  des  sommes  immenses  ,  et 
y  verserait  une  abondance  de  numéraire  qui  met- 
trait bientôt  le  gouvernement  en  éiat  de  dé- 
truire la  plus  grande  pjriie  du  pspier  qui  le 
représente  aujourdliui  dans  la  circulation  ,  et 
élèverait  les  Imanccs  impériales  au  -  dessus  du 
niveau  des  besoins.  Non-seulement  toutes  ces 
branches  ne  sont  pas  exploitées  par  les  Russes  , 
elles  ne  sont  pas  même  loulcs  connues;  et  les 
négocians  étrangers  ,  établis  dans  le  pays  depuis 
3o  ou  40  années  ,  sont  prrsque  les  seuls  qui  en 
ayent  acquis  une  idée  exacte  et  protonde. 

Jusqu'à  présent  ,  le  commerce  de  Russie  n'a 
pas  obtenu  du  gouvernement  toute  1  attention 
qu'il  mérite  ,  et  n'ii  guercs  été  envisagé  que 
tous  le  pomt  de  vue  fiscal  ,  par  les  sommes  que 
les  douanes  rapportaient  au  trésor  impér  al  ,  beau- 
coup plus  que  par  sa  liaison  intime  avec  la  pros- 
périté générale  de  l'empire.  De  là  tous  les  mauvais 
réglemens  dont  on  l'a  enchaîné  ;  de  là  sur-tout 
ces  tarifs  exhorbitans  laits  pour  entraver  éternel- 
lement sa  marche  ,  et  l'arrêier  dans  ses  progrès  et 
déveioppemens  ultérieurs.  Le  ministère  le  voyant 
entièrement  livré  aux  étrangers,  croyait,  en  le 
ioumeltant  à  des  droits  démesurés ,  ne  mettre  un 
impôt  que  sur  l'aciiviiè  et  I  industrie  étrangères  : 
tel  était  le  principe  de  son  erreur  ,  et  c'est  aussi 
pour  cela  que  le  pavillon  marchand  russe  a  si  ra- 
lement  paru  jusqu'à  piésent  sur  les  mers, 

•  Il  paraît  que  Paul  I"^  veut  s'occuper  sérieu- 
sement des  moyens  de  tirer  le  commerce  de 
son  pays  de  cet  anéantissement  ,  et  de  lui  rendre 
Igfyie  et  l'activité.  Déjà  on  parle  du  projet  d'un  nou- 
veau tarit  beaucoup  moins  rigoureux  que  le  tarif 
actuel  :  un  ukase  a  è;é  dernièrement  alEché  à  la 
bourse,  par  lequel  l'empereur  annonce  ses  vues 
salutaires  en  faveur  du  commerce  national  ,  et 
ses  uitposiiions  pour  seconder  l'indusitie  et  l'ac- 
tivité de  ceux  de  ses  sujets  qni  voudront  appli- 
quer leurs  capitaux  et  leurs  lalens  aux  spécula- 
tions du  commerce  maritime.  Il  leur  promet  de 
leur  faire  fournir  gratis  ,  des  foiêts  appartenantes 
à  la  couronne  (  et  elles  sont  en  liès-grand  nom- 
bre )  les  bois  qui  leur  seront  néces.\aires  pour 
la  construction  de  leurs  navires.  S.  M.  offre  éga- 
lement de  leur  faire  fournir  des  bâtimens  de  sa 
.-propre  marine,  gréés,  montés  et  équipés,  à 
cette  seule  condition  qu'ils  paieront  les  équipages, 
comme  il  faudrait  bien  qu'ils  le  fissent  ,  si  le 
vaisseau   leur   appartenait. 

Cet  ukase  a  fait  un  effet  prodigieuxà  la  bourse  ; 
on  ne  doute  pas  que  de  grands  capiialistes  ne 
s'empressent  d'en  profiter  et  de  faite  des  armé- 
niens pour  tous  les  ports  de  l'Europe. 

Il  reste  à  savoir  si  S.  M.  I.  accordera  des  con- 
vois à  ces  bâtimens  ,  ou  si  elle  les  laissera  partir 
seuls.  Dans  les  deux  cas  ,  il  sera  très-curieux  de 
voir  comment  les  anglais  traiteront  son  pavillon. 

ITALIE. 

Milan  ,  le  20  brumaire  an  9. 

L'anniversaire  du  18  brumaire  ,  jour  regardé 
ici  comme  lépoque  du  rétablissement  de  la  ré- 
publique cisalpine  ,  a  été  célébré  avant-hier  au 
Druil  du  canon  ;  il  y  a  eu  une  parade  brillante 
et  nombreuse  ,  composée  rie  toute  la  troupe  fran- 
çais'- ,  et  des  corps  choisis  de  la  garde  nationale 
cisalpine. En  l'absence  du  général  en  chef.  Brune, 
indisposé  d  puis  quelques  jours  ,  le  gènèial  Ou- 
dinot  a  fait  un  discours  énergique  aux  troupes ,  et 
analogue  à  cette  journée.  Il  y  eut  le  soir  illumi- 
nation et  bal  gratis  aux  deux  théâtres. 

Le  ministre  Péiiet  et  le  général  de  division  , 
Nlarmont,  sont  partis  le  16  brumaire,  pour  la 
Toscane. 


L'ingénieur  en  chef  des  ponis  et  chaussées  , 
Houdouart ,  allaché  à  l'état-major  du  génie  .  part 
pour  la  Toscane  ,  sous  les  ordres  du  lieutenant- 
général  Dupont ,  et  va  être  chargé  de  recueillir 
et  de  dessiner  tout  ce  qu'il  y  a  d  intéressant  en 
ouvrages  de  construction,  tant  en  hydraulique 
qu'en  mécanique  dans  les  états  de  la  Toscane. 

ANGLETERRE. 

Londres.,   18  novembre  (2']  brumaire). 

Actions  de  la  banque  ,  fermées.  3  pour  cent 
consolidés,  645.  —  Omnium,  i  \. 

—  Le  marquis  de  Salisbury  présenta  avanl-hier 
à  S.  M.  un  livre  imprimé  sur  du  papier  fabriqué 
avec  de  la  paille  ,  le  prtmier  qui  ail  encore  paru  ; 
le  sujet  traité  dans  ce  livre  est  la  manière  dont  les 
anciens  employaient  difFéientes  maiieres  pour  y 
perpétuer  les  événemens  historiques ,  et  les  moyens 
de  se  communiquer  les  penséfs  par  des  piocédès 
matériels  ,  jusqu'à  l'invention  du  papier.  A  cet 
échantillon  J^mprimerie  .  étaient  jointes  des  feuil- 
les séparées  de  papier  paille  ,  blanc  ,  transparent  , 
fin  et  aussi  bien  collé  que  pourraitlêire  le  meilleur 
papier  fait  avec  des  chiffons  de  colon  ou  de  fil.  Il 
est  donc  clair  maintenant  qu'avec  la  paille  seule 
on  peut  fabriquer  du  papier  de  la  première 
qualité. 

—  Le  sceau  de  la  Grande-Bretagne  vient  de 
subir  un  changement  complet  :  les  fleurs  de  lys 
en  ont  été  effacées  vendredi  dernier.  Il  paraît 
que  S.  M.  ne  veut  plus  prendre  le  titre  de  loi  de 
France. 

Le  vaisseau  du  roi  le  Coromandel .,  de  44  canons 
armé  en  flûte  ,  s'est  perdu  dans  la  Bocca  ,  près 
de  1  Isie  de  la  Trinité.  Il  avait  à  bord  une  divi- 
sion du  2'  régiment  des  Indes  occidentales. 
Tous  les  hommes  de  l'équipage  ou  soldats  ont 
été  sauvés  quoiqu'au  nombre  de  plus   de  5oo. 

—  En  vertu  des  ordres  de  la  cour  des  direc- 
teurs de  la  compagnie  dis  Indes  ,  la  présidence 
de  Bombay  a  arrêté  et  ordoni.'é  qu  il  serait  payé 
un  droit  additionnel  d'un  pour  cent  sur  les  mar- 
chandises de  1  Inde  ,  pour  stabvenir  aux  dépenses 
faites  par  la  compagnie  pour  l'augmenration  des 
force»   mariiimes    dans  ces  èiablisscrncns. 

—  La  dernière  récolte  faiie  en  Amérique  a  été  , 
excepté  dans  quelques  petits  cantons  ,  d'une 
abondance  extraordinaire  ,  et  les  grains  ont  été 
parfaitement  conservés. 

—  Samedi  dernier  ,  le  nouveau  maire  ,  sir 
W.  Siaines  ,  a  prêté  serment  dans  les  formes 
accou  tumées. 

—  On  dit  que  M.  Wilberforce  est  dans  l'inten- 
tion de  proposer  au  parlement  un  bill  pour  l'en- 
couragement de  l'agriculture  ,  suivant  la  méthode 
à  laquelle  les  grands  jurys  d'Yorck  ,  de  Betks  et 
de  Worcester  ont  donné  leur   approbation. 

Cour  du  Conseil-Commun. 

Il  a  été  tenu  mardi  dernier  une  cour  du  con- 
seil-commun ,  dans  laquelle  le  lord-maire  com- 
muniqua la  réponse  de  S.  M,  à  ladresse  et  à 
la  pétition  du  i5.  M.  Powell  ayant  proposé  qu'elle 
iûi  couchée  sur  le  journal  de  la  cité  ,  M.  l'alder- 
man  Hibbert  témoigna  du  reg-'et  sur  la  froideur 
qui  lui  p/rraissait  régner  dans  ce. te  réponse.  Plu- 
sieurs membres  de  l'assemblée  blâmèrent  ces 
remarques  comme  absolument  déplacées.  Le  lord 
maire,  trouvant  la  circonstance  embarrassante  , 
désira  de  connaître  l'opinion  du  recorder  ;  celui-ci 
répondit  que  toutes  les  fois  qu  une  question  était 
proposée  et  secondée  ,  le  débat  était  permis  , 
quel  qu'en  pût  être  le  sujet. 

L'alderman  Hibbert  reprit  la  parole.  Il  ne  con- 
sidérait point ,  dit-il ,  la  réponse  comme  étant  de 
S.  M.  ;  elle  venait  de  ses  ministres  ,  ne  contenait 
lien  de  consolant  ,  ne  donnait  aucune  assurance 
relativement  au  sujet  de  la  pétition.  En  un  mot, 
plein  d'amour  pour  son  roi  ,  et  de  vénération 
pour  la  constitution  ,  il  ne  pouvait  cependant 
s'empêcher  de  dire  que  la  réponse  de  S.  M.  avait 
trompé  son  attente. 

M.  Waithman  s'exprima  en  termes  très  -  forts 
contre  la  réponse.  Elle  lui  paraissait  évidemment 
conseillée  par  les  ministres.  Il  ajouta  qu'une 
pétition  pour  la  prolongation  de  la  guerre  eût 
été  reçue  bien  différemment.  De  nombreux  et 
vifs  débals  eurent  lieu,  et  M.  'Waithman  les  ter' 


mina  ert  proposant,  par  voie  d'amendeitiehl -, 
d  ajouter  à  la  réponse  de  S.  M.,  en  la  couchant 
sur  le  journal  ,  ces  mots  :  <<  En  même  tems  la 
cour  est  d'avis  que  ceux  qui  ont  conseillé  à  S.  M. 
la  répohse  qu'elle  a  faite  à  l'humble  adresse  et  à 
la  pétition  du  lord  maire,  des  alderraans  ,  etc. 
ont  manqué  à  leurs  devoirs  envers  S.  M.  ,  se 
sont  montrés  irrespeciueux  envers  la  cour  ,  et 
sans  égards  pour  les  souffrances  extrêmes  et  la 
détresse  des    sujets   de  S.  M.  u 

Le  député  Goodbehere  seconda  la  motioni 
Lalderman  regretta  que  ses  remarques  eussent 
donné  lieu  à  la  proposition  d'un  semblable 
amendement.  L'amendement  fut  définitivement 
rejette. 

CHAMBRE      DES      LORDS. 

Suite  de  la  séance  du  1 1   novembre. 

Lord  Grenville  prend  la  parole  ;  mais  il  né 
réjpond  point  à  1  interpellation  du  noble  comte  ; 
elle  lui  paraît  trop  ridicule  :  il  relevé  ses  sar- 
casmes sur  la  conduite  de  la  guerre  ,  en  lui  op- 
posant les  éloges  qu'il  a  donnés  lui-même  à  la 
maiine. 

Ce  n'est  point  la  guerre  ,  continue  lord  Gren- 
ville ,  qui  a  occasionné  la  cherié  des  grains.  Le 
prix  des  blés  a  éprouvé  une  aussi  grande  fluc- 
tuation en  tems  de  paix  qu'en  tems  de  guerrei 
Anciennement  l'Angleterre  exportait  des  grains  i 
c'est  en  pleine  paix,  en  1767  ,  qu'elle  a  com- 
mencé à  en  importer.  La  guerre  n  a  poiul  em- 
pêché l'abondance  des  blés,  en  179261,93;  ils 
furent  chers  en  1794  et  g5  ,  parce  que  la  ré- 
colte avait  été  mauvaise  ,  et  le  prix  en  a  toujours 
varié  depuis  ,  selon  qUe  les  saisons  ont  été  bonnes 
ou   mauvaises. 

L'orateur  reprend  successivement  tous  les  traits 
dirigés  contre  les  ministres  par  le  noble  comte 
(  de  Suffolk)  ;  il  nie  que  jamais  le  gouverne- 
ment ait  déclaré  vouloir  affamer  la  France,  Lors- 
que sous  Robespierre  et  du  tems  du  maximum  >, 
la  France  ne  pouvait  se  passer  de  grains  étrangers, 
l'Angleterre  envoya  des  croiseurs  pour  inter- 
cepter les  secours  que  son  ennemi  tirait  des  pays 
neutres.  Celait  une  conduite  autorisée  par  les 
usages  de  la  guerre. 

Quant  au  manque  de  sincérité  reprochée  aux 
ministres ,  relativement  aux  négociations  de  Lille, 
rien  ne  peut  êire  plus  injuste.  On  se  souvient  de 
la  révolution  de  fructidor,  et  de  l'ascendant  que 
gagnèrent  à  cetle  époque  les  lerroiisies  :  telles 
furent  les  causes  qui  tirent  rompre  les  confé= 
rences  et  rejetèrent  bien  loin  l'espoir  de  la  paixi 
Le  noble  comte  accuse  encore  les  ministres 
d'être  la  cause  du  séjour  prolongé  des  français  en 
Egypte  ,  pour  avoir  rompu  la  convention  d'el 
Atisch.ll  est  facile  de  lui  répliquer  par  son  propre 
argument.  Ce  sont  les  français  qui  ont  rompu  la 
convention  pir  laquelle  IEg)pie  devait  être 
évacuée.  Les  ministres  anglais  ,  au  contraire  ,  ont 
ordonné  qu'elle  lût  exécutée  aussitôt  qu'ils  en  ont 
eu  connaissance.  On  demande  si  l'empereur 
n'avait  pas  déjà  signé  d.s  préliminaires  ,  quand 
l'Angleterre  refusa  de  traiter  séparément  ?  Par  qui 
ces  piéliroinaires  furent-ils  signés  ?  Par  un  officier 
qui  n'avait  nulle  connaissance  des  affaires  diplo- 
matiques et  qui  dépassa  ses  pouvoirs.  \ 

Qjiant  à  la  solidité  du  pouvoir  du  premier 
consul  lorsqu  il  proposa  la  paix  ,  Bonaparte  serait 
de  meilleure  foi  que  le  noble  comte  ;  il  avouerait 
que  c'est  la  victoire  de  Marengo  qui  a  décidé  sa 
puissance.  Aujourd  hui ,  je  le  regarde  comme  le 
souverain  de  la  France  ,  qui  peut  négocier  et  faire 
la  paix.  La  paix  est  désirable  !  elle  l'est  moins  que 
la  fidélité  à  nos  engagemens. 

La  chambre  nomme,  sur  la  motion  de  lord 
Grenville  ,  lord  'Valsingham  ,  président  des  co- 
mités pour  la  session  présente. 

CHAMBRE      DES      COMMUNES. 

Séance  du  1 1  novembre. 

Les  membres  de  la  chambre  se  rendent,  aveë 
l'orateur  à  leur  tête  ,  à  la  barre  de  celle  des  pairs', 
d'oii  ils  reviennentaprès  avoir  entendu  le  discours 
du  roi.  L'orateur,  pour  prévenir  toute  erreur,  lit 
copie  de  ce  discours. 

Sir  John  Wrottesley. i'espete  obtenir  l'indulgence 
de  la  chambre  en  prenant  la  parole  pour  proposer 
une  adresse  de  remercîmeni  à  S.  M.  Sans  doute  il 
n'existe  ici  qu'un  sentiment  à  cet  égard,  un  sen- 
timent de  reconnaissance  excité  par  la  icndrs  sol» 


246 


licitade  de  S.  M.  pour  soulager  ses  sujets  des 
maux  que  leur  fait  éprouver  la  cherié  des  vivres. 

Le  premier  remède  qui  se  présente  ,  est  de  fa- 
voriser les  imporialions  ;  et  les  récoltes  ayant  élé 
d'une  grande  abondance  dans  lous  les  pays 
îlran.gers  ,  le'  clia-mbre  ne  peut  hésiter  de  pro- 
mettre au  roi  qu'elle  adoptera  toutes  les  mesures 
convenables  .  pour  faire  venir  des  grains  du  de- 
iiors.  Il  s«ra  également  essentiel  de  s'occuper  des 
moyens  de  constater  le  produit  de  la  dernière 
récolte  dans  ce  pays.  Ceux  qui  peuvent  tendre  à 
diminuer  la  consommation  .  doivent  aussi  être 
mis  en  usage;  un  plan  de  fiugiliié  et  d  écono- 
mie île  peut  avoir  que  des  résulials  liès-avan- 
t&gsux.. 

Beaucoup  de  n-iem.bres  se  sont  attachés,  depuis 
quelque  terris  ,  à  l'idée  favorite  d'une  clôture  gé- 
Êërale  ,  pour  jugmenter  les  produits  de  l'agri- 
icullure.  J'esper^e  qu  ils  ne  seront  poimt  détournés 
d'un  plan  si  salutaire  par  la  ciifficulté  d'ajuster 
des  droits  Compliqués  ,  ni  par  les  frais  attachés  à 
la  clôture  des  terres  en  friche.  Déjà  ce  système  a 
Com.mencé  .1- gagner  une  grande  faveur.  Il  paraît 
que  pendant  les  sept  années  qui  piécéderent  la 
dernière  session  ,  le  nombr-e  moyen  des  actes  de 
clôture  a  été  de  78,  et  pendant  la  dernière  ses- 
sion seule  ,  il  yen  a  eu  8/. 

Des  opinions  variées  se  sont  répandues  par  rap- 
port aux  march:inds  qui  font  le  commerce  des  den- 
rées. Qiielques-uns  ont  élé  pcrsonnelleraentinsul- 
tés  r  on  a  attribué  la  disette  à  leur  avarice  et  à  leur 
intervention  illicite.  S  il  a  exisié  des  abus  ,  sans 
doute  il  faut  les  faire  cesser.  Mais  n'oublions  pas 
c]ue  si  pendant  la  dernière  saison  les  marchés 
n'eussent  pas  été  approvisionnés  avec  une  grande 
régularité  ,  la  disette  se  serait  convertie  en  famine. 
Dans  lous  les  cas  ,  je  suppose  que  la  chambie  ne 
pensera  pointa  détourner  le  commerce  des  bieds 
de  son  cours  ordinaire  ,  sans  avoir  pris  des  me- 
sures assurées  pour  l'approvisionnement  desmar- 
chés. 

Si  nous  portons  à  présent  notre  attention  sur  les 
expressions  de  S.  M.  au  sujet  des  dernières  négo- 
ciations ,  la  chambre  verra  avec  plaisir  que  le  dé- 
sir de  la  paix  demeure  inaliérable  cht  z  S.  M.  Mais 
si  le  but  di^  gouvernement  frant^ais  était  de  sacri- 
fier l'indépendance  des  autres  états  ,  l'Angltierre 
pourrait-elle  se  dispenser  de  fournir  à  ses  alliés 
des  secours  efficaces,  et  tels  qu  ils  pussent  affermir 
la  confiance  de  ces  mêmes  alliés  dans  notre  bonne 
foi  ,  et  garantir  notre  honneur  et  notre  indépen- 
dance? C'est,  au  surplus  ,  lorsque  nous  aurons 
connaissance  des  papiers  promis  par  S.  M.  ,  que 
nous  pourrons  savoir  le  résultat  éventuel  des  né- 
gociations. Sirjohn  Wrotiesley  finit  en  propo- 
sant une  adresse  conloirae  au  discours  de  S.  M. 

M.  Dickinson  donne  toute  son  approbation  à 
l'adresse.  Il  observe  ensuite  la  disposition  qui 
existe  maintenant  enire  le  prix  des  dentées  et  le 
prix  de  la  main-d'œuvre  :  la  nécessité  de  la 
taire  disparaître  par  de  sages  mesures  ;  enfin  , 
les  inconvéniens  majeurs  ,  l'impossibilité  même 
du  maximum  dont  il  développe  les  futrestes  etiéls. 
P.tssant  en'uiie  à  ce  qui  concernej  les  négo- 
ciations ,  M.  Dickinson  regarde  comme  un  pro- 
blême dt-  savoir  si  la  paix  est  désirable  avec  la 
France.  Q,uoique  l'empereur  séduit  par  de  mau- 
vais conseils  ,  ou  cédant  à  la  force  des  circons- 
tances ,  ait  entamé  des  négociations  ,  ce  n'est 
point  une  raison  pour  que  I  Angleterre  adopte 
une  conduite  pareille.  Sa  position  est  différente; 
elle  peut  encore  soutenir  la  guerre  avec  avan- 
tage ,  et  même  délivrer  l'empereur  des  embarras 
dans  lesquels  il  se  tiouve. 

Sir  Framfis  Burdett.  Cette  partie  de  la  motion 
me  parait  malheureusement  engager  la  France  à 
la  poursuite  d'une  guerre  ruineuse.  Je  ne  puis 
croire  au  désir  permanent  de  la  paix  exprimé 
dans  ce  discours.  Les  honorables  membres  doi- 
vent se  souvenir  avec  quelle  satisfaction  le  chan- 
celier de  l'échiquier  parla  de  la  rupture  des  négo- 
ciations antérieures;  de  la  hauteur  et  du  mépris 
de  la  réponse  faites  aux  ouvertures  de  Bonaparte. 
Il  est  donc  évident  que  la  nécessité  seule  force  les 
ministres  à  changer  de  langage.  Toutes  les  chi- 
mères de  prospériié  croissante  se  sont  évanouies. 
La  misère  et  la  détresse  intérieure  leur  ont  suc- 
cédé. Après  qu'une  moitié  du  pays  a  élé  affamée 
pour  corrompre  l'autre  ,  que  le  trésor  de  l'état  a 
été  dissipé  poui  subjuguer  llrlande  et  acheter 
des  bourgs  irlandais  ;  que  des  russes  ,  des  autri- 
chiens ,  des  prussiens  ,  des  piémontais  et  des  ba- 
varois ont  élé  à  la  solde  anglaise  ,  peut  -  on,  de- 
mander encore  si  la  détresse  actuelle  provient  de 
combinaisons  illicites  ?  Que  les  honorables  mem- 
bres tournent  les  yeux  vers  le  banc  tie  la  tré- 
sorerie, et  ils  verront  les  véritables  causes  de 
la  calamiié  publique.  Les  millions  accordés  suc- 
ceSNiveraent  aux  ministres  ,  peuvent  être  regar- 
dés comme  auiant  de  billets  tirés  sur  le  cultiva- 
teur ,  et  si  l'on  déduit  d'une  ferme  qui  rend 
900  liv.  par  an  ,  ce  que  le  fermier  est  obligé  de 
payer  en  frais  et  en  taxes  ,  on  verra  qu'il  ne  lui 
teste  pas  170  liv. 

M.  Robson.  Je  suis  persuadé  que  la  rareté  des 
grains  est  artificielle  ,  et  mon  opinion  est  fondée 
«us  les  renseignemeas  que  j'ai  pris  dans  les  cam- 


pagnes; la  prolongation  de  I.i  guerre  , -Vextefisiofl 
des  bannues  de  provinces  .  telles  sorit  les  prin- 
cipaltis  causes  du  mal.  (e  me  propose  ilt:  Ijirc  un 
jour  une  motionAsivr  soumettre  ces  bjiiqaes  à 
ccrialnes  rcstrici^Bij.  Je  crois  encore  que  le  mal 
a  été  aui^raenié^Rr  la  publicaiion  d'un  rjppon 
du  bureau  li'aiiicuUure  ,  au  mois  de  scpiembre 
dernier,  el  sur-loul  par  les  fjuieuscs  leitres  de 
M.  le  duc  de  Poiiland  ,  dans  lesquelles  il  esi 
affi:mé  positivement  que  \:i  rareté  est  réelle.  Ces 
auioiiiés  ont  scvi  de  préiexie  aux  lerniiers  et 
fadeurs  tie  bled  pour  leienir  leurs  grains. 

Le  chfincelier  de  féchiquier.  Qjitlciue  variété  d'o- 
pinions qui  puisse  s'éiablrr  d.jiis  le  cours  de  la 
discussion  sur  les  différens  poinis  du  discours  de 
S.  M.  et  de  l'adresse  en  réponse  ^à  ce  discours  , 
je  me  finie  qu'en  développant  la  \ériiable  ques- 
lion  que  la  chambre  est  appelée  a  décider  ,  tous 
les  sentiraens  se  réuniront  ,  tous  les  sujets  de  di- 
vision seront  suspendus.  Persuadé  que  tous  ceux 
qui  m'eniendeni  ,  désirent  contribuer  ,  de  tout 
leur  pouvoir,  à  rendre  la  détresse  publique 
moins  sensible  ,  je  ne  supposerai  pas  qu'aucun 
membre  apperçoive  des  moiifs  pour  refuser  son 
approbalion  à  Une  adiesse  ,  dont  le  principal 
but  est  de  remercier  S.  M.  d'avoir  mis  le  parle- 
ment à  même  de  s'occuper  de  cet  important 
objet. 

Le  discours  et  l'adresse  comprennent  deux  grands 
poinis  :  —  1".  Les  diliiculiés  provenues  à  U  suite 
de  plusieurs  mauvaises  saisons  et  la  nécessité  d'en 
rechercher  les  causes,  ainsi  que  d'y  apporter  les 
remèdes  dont  elles  sont  susceplibles.  2°.  Les  com- 
munications ,  qui  ont  eu  lieu  entre  l'Angleterre  et 
la  France  ramèneront  d'\;ne  manière  régulière  ,  le 
sujet  de  la  guerre  et  de  la  paix.  Mais  ces  mesures 
doivent  êire  réservées  à  des  délibérations  futures; 
elles  n'exigent  point  des  résolutions  immédiates. 

Qtiant  au  1"  point,  le  remède  pro;)Osé  con- 
siste à  favoriser,  par  des  voies  sûres  et  expédiiives, 
limp  iriaiion  des  grains  étrangers ,  et  à  régler  l'u- 
sage de  nos  propres  ressources  par  une  application 
économique  et  réirécie.  Quelques  soient  les  opi- 
nions sur  les  causes  du  mal  eisur  les  remèdes  con- 
ven.ibles ,  tout  le  monde  sentira  combien  le  sujet 
est  délicat,  la  discussion  difficile  et  le  scùn  avec 
lequel  la  législature  doit  peser  les  mesures  qu'elle 
adoptera.  Deux  moyens  pratiques  ,  aussi  simples 
que  sûrs,  sont  à  noire  poriée.  Le  premier  se  trouve 
dans  les  impottaiions.  L'exoérience  en  a  prouvé 
l'imiiortance  et  L'ctficaciié.  Nous  savons  ,  par  les 
documens  les  plus  auih»niiques  ,  que  pendant 
l'année  dernière,  les  ini[M,rt:itions  ont  surpassé  tout 
ce  que  nous  avionsj.iina  s  vu  dans  un  pareil  espace 
de  teins  ;  il  n  en  est  p:iS  moins  certain  que  nous 
possédons  les  moyens  de  donner  encore  plus  de 
latitude  aux  imporiaiions  de  l'année  piésenlc.  Cela 
peui  se  taire  en  accordant  des  piiiiits  établies  sur  le 
même  principe  ,  qui  lut  suivi  1  année  passée.  Suivant 
la  base  de  ce  principe,  la  dépense  des  primes  ne 
pouvait  porter  sur  le  pays  que  quand  la  nécessité 
de  les  accorder  existait ,  et  quand  leur  avantage 
élaii  constaté  ;  ce  que  nous  avons  déjà  lait,  nous 
pouvons  le  faire  encore  avec  d'autant  plus  de 
succès  que  ,  sur  le  continent  ainsi  qu'en  Amé- 
rique ,  les  récoltes  oni  élé  abondantes.  L'opulence 
de  I  Angleterre  ne  peut  manquer  de  faire  porter 
les  blés  étrangers  dans   ses  marchés. 

Il  est  encore  une  seconde  ressource.  C'est  de 
diminuer  la  consoramaiion  et  de  substituer  au 
froment  ,  qui  nous  manque  ,  d'autres  denrées. 
Nous  avons  éprouvé  l'efficacité  de  ces  expédiens 
en  1795  et  1796  ,  et  l'année  passée.  L'expérience 
nous  met  à  même  d'eu  lirei  encore  un  plus  grand 
parti. 

Je  me  suis  étendu  sur  la  nature  des  remèdes  in- 
diqués par  le  discours  et  par  l'adresse  ,  afin  de 
montrer  qu'il  ne  pouvait  y  avoir  qu'une  opinion 
à  leur  égard.  On  conviendra  qu  ils  sont  salutaires 
et  indispensables.  Les  détails  dans  lesquels  je  suis 
entré  ,  paraîtront  sans  doute  des  moiifs  suffisans 
pour  proposer  que  la  chambre  ,  même  avant  de 
se  séparer  ,  se  forme  en  comité  général  ,  afin  de 
fixer  les  primes  qui  devront  être  accordées.  Il 
n'est  pas  moins  important  de  s'occuper  ,  sans 
délai  ,  des  moyens  pour  diminuer  la  consomma- 
tion ;  mais  ici  ,  quoique  les  réglemens  de  la  lé- 
gislature puissent  être  d'un  grand  effet,  c'est  sur- 
tout l'exemple  qui  doit  agir.  Quelrjue  mauvaise 
qu'ait  pu  être  la  récolte  ,  tout  homme  raisonnable 
sentira  que  les  moyens  proposés  seront  plus  effi- 
caces pour  approvisionner  les  marchés,  que  ne 
pourrait  l'être  le  dangereux  essai  de  fixer  le  prix 
des   denrées. 

En  adoptant  ces  mesures  préliminaires  ,  nous 
ne  renoncerons  point  à  des  recherches  uliérieu- 
res ,  à  de  plus  mûres  réflexions.  Qjie  de  nou- 
veaux renseignemens  soient  pris  ,  «Je  nouveaux 
plans  suggérés  ,  la  chambre  écoutera  avec  im- 
pariialiié  et  se  déterminera  sur  la  conviction.  Ce- 
pendant j'affirmerai  ,  sans  hésiter ,  qu'il  serait  dan- 
gereux daller  au-delà  des  mesures  simples  et 
pratiques,  sanctionnées  par  les  principes  re- 
connus et  confirmées  par  une  vieille  expérience. 
Il  ne  sied  point  à  un  homme  d'èiat  d'abandonner 
un  système   connu   pour  de  chiraéiiques   avan- 


tages. En  tïïÇtne -têwis  le  -poVftiiqJie  prad«nt  s'è 
garde  d'une  théorie,  dont  les  principes,  quel- 
que justes  qu'ils  soient,  excluraient  les  disposr* 
lions  de  circonstances ,  que  des  siiuatians  inaitten- 
ducs  rendent  quelquefois  nécessaires.  Mais  dans 
tous  les  cas  ,  rien  ne  peut  être  plus  funeste  qu« 
de  prendre  pour  base  d'un  règlement  l'alarme  Cî 
la  clameur  publiques.  Si  nous  ne  devons  pas  faire 
plier  l'expérience -et  l'observatiou  devant  des  spé- 
culations ihéoréiiques ,  nous  devons  encore  moins 
faire  céder  des  principes  justes ,  des  usages  éprou- 
vés ,  à  des  plans  tirés  d'une  détresse  niomenianée, 
le  produit  de  la  crainie  ,  de  la  passion  et  des  pré- 
jugés. Nul  homme  qui  connaîtra  les  causes  et  ^il, 
base  de  noue  prospériié  ne  pensera  un  seul  mo- 
ment, que  l'on  doive  remédier  au  mal  que  le 
monopole  serait  censé  avoir  causé  dans  un  tems 
txtraorilinaire  de  diseile  ,  et  portant  atieinie  à  la 
libcrié  du  commerce  ,  à  l'applicaiion  de  l'indusT 
trie  et  des  capitaux.  Ce  serait  nous  r.amenei  À 
plus  de  5oo  années  en  arrière.  Et  qui  serait  asset 
absurde  pour  croire  qu'un  système  iconvienable  à 
1  époque  qui  lui  donna  naissance  ,  fût  encore  ap- 
plicable aux  nouveaux  intéiêts  d'un  autre  ^at 
socia:  ? 

Le  système  recommandé  par  S.  M.  ,  est  égale- 
ment éloigné  des  deux  extrêmes  ,  et  lorsque  le» 
faits  auront  élé  recueillis  par  le  parlement,  ti 
quelque  abus  existe  ,  il  y  sera  porté  remède.  Je 
ne  développerai  point  encore  les  opinions  qu« 
j'ai  pu  former  à  cet  égard  ;  mais  il  sera  conve- 
nable d'indiquer  quelques  erreurs  des  deux 
côtés. 

La  question  est  embarrassée  de  préjugés.  Quel- 
ques membies  ,  dont  les  motifs  sont  d  une  puieté 
connue,  se  sont  laissés  entraîner  à  des  erreurs. 
D'auires  membres  dont  les  motifs  paraissent  plus 
douteux  ,  se  sont  efforcés  de  lier  la  rareté 
des  blés  avec  l'existence  de  la  guerre.  Ainsi 
deux  sujets  qui  demandent  l'examen  le  plus 
froid,  ont  donné  naissance  à  de  viol -ntes  cla- 
meurs. Peu  de  personnes  de  bonr>e  foi  croient 
sage  ou  utile  d'en  mêler  la  discussion.  Cependant 
c'est  ce  qu'ont  essayé  de  taire  un  honorable 
baronet  ,  et  l'honorable  membre  auprès  de 
lui  (sir  F.  Burdett  et  M.  Robson.  )  Malgré  toute 
la  déférence  que  j  ai  pour  leurs  talens  ,  je 
voudrais  entendre  '  de  leur  côié  des  argumens 
plus  forts.  Il  ne  paraît  pas  que  ,  sous  un  point 
de  vue  général  ,  on  puisse  croire  que  la  guerre 
ait  une  tendance  sensible  à  augmenter  un  mal 
auquel  nous  pouvons  assigner  d'autres  causes, 
Mais  en  ce  moment  ,  je  m'apperçois  ,  à  la  conte- 
nance des  membres  opposés  ,  que  l'opiniot»  de 
l'honorable  baronet  est  plus  générale  que  je  ne 
le  croyais.  J'espère  au  moins  de  leur  candeur, 
de  leur  bon  sens  ,  que  leurs  considérations  sur  le 
piix  des  denrées  ne  seront  guidées  que  par  le 
désir  du  bien  public.  J  en  ferai  ,  quant  à  moi, 
la  règle  de  ma  conduite.  Je  serais  fâché  d'en  ob- 
server queUjues  déviations  de  la  part  des  autres 
membres. 

J'offre  de  prouver  quand  on  le  voudra  ,  con- 
tinue M.  Plu  ,  que  les  taxes  imposées  depuis 
l'année  1798  ,  n'ont  pu  avoir  qu'un  effet  à  peine 
sensible  sur  le  prix  des  grains.  Si  l'effet  inhérent 
à  la  guerre  était  de  faire  hausser  le  prix  du  grain, 
ce  prix  aurait  été  toujours  croissant  depuis  qu'elle 
a  commencé  ,  tandis  qu'au  contraire  ,  il  a  été 
dans  une  fluctuation  correspondante  avec  la 
nature  des  saisons.  Rarement  a-t-il  passé  48  où 
49  f.  ,  et  depuis  1796  en  1799  ,  à  peine  a-t-il 
suffi  au  profit  équitable  des  fermiers.  Immédia- 
tement  avant  cette  époque  où  le  blé  fut  à  si  bon 
marché ,  les  triples  cotisations  venaient  d'avoir 
lieu  ,  et  elles  n'influèrent  point  sur  le  prix  des 
grains.  Je  remarquerai  encore  que  l'Angleterre, 
qui  pendant  la  plus  grande  partie  du  siècle  avait 
1  usage  d'exporter  des  blés  ,  cessa  d'en  exporter , 
et  commença  à  en  importer  pendant  l'époque  de 
la  paix  qui  suivit  une  de  ses  guerres  les  plu» 
heureuses. 

Tandis  que  nous  portons  notre  attention  sur 
la  calamité  présente,  nous  devons,  par  humanité, 
la  considérer  avec  une  profonde  compassion  pour 
les  maux  de  nos  semblables;  comme  homme» 
publics,  nous  devons  être  pénétrés  de  l'impor- 
tance de  veiller  au  bien  être  des  classes  indus- 
trieuses ;  et  comme  hommes  prudens ,  pourvoir 
à  leurs  intérêts  sans  flatter  leurs  erreurs.  C'est  une 
maladie  de  l'état  ,  ijui  affecte  une  panie  délicate  , 
et  qui  ne  saurait  être  touchée  avec  trop  de  pré- 
cautions. 

Qjiant  au  produit  réel  de  la  dernière  récolte  , 
il  serait  aussi  téméraire  qu'inutile  d'énoncer  une 
opinion  à  ce  sujet.  Le  remède  proposé  n'exige 
point  une  connaissance  précise  du  déficit.  Nou» 
savons  ,  nonobstant  les  clameurs  élevées  contre 
le  monopole  ,  que  les  vieilles  provisions  étaient 
à-peu-près  épuisées  avant  la  récolte  ,  et  ce  qui 
pouvait  en  rester  n'a  pu  suffire  que  pour  un-court 
espace  de  leras.  Le  fermier  n  a  pu  fournir  aux 
demandes  du  niirché,  et  se  préparer  en  même 
tems  aux  semailles.  Cela  suffit  pour  expliquer  lo 
haut  prix  des  dernières  semaines  ,  sans  supposer 
que  la  récohe  ait  completlement  manqué  ,  ni  que 
des  moyens  illicites  aient  été  mis  en  œuvre  pour 
empêcher  l'approvisionnement  des  marchés.  Celte 


s  45 

double  erreur   a'  d'un    côté,  dionne  prétexte' au  1(^1.  Shéiidan)  s'est  en  t^rande  partie  conforme  à 


rencliérissemtni  ,  tt  de  l'autre  à  des  préjuges 
populaires  desiiiués  de  fondement.  Je  suis  con- 
vaincu que  les  prix  récens  ne  doivent  point  être 
regardés  comme  le  tarif  des  prix  fiaiurs  ;  ei  que  , 
si  l'ordre  accoutumé  n'est  point  inierverli  dans 
les  marchés  par  des  régleniens  impoliiiques  ,  si 
les  importations  sont  encouragées,  et  si  une 
siticie  économie  est  observée  ,  les  grains  éprou- 
veront une  réduction  de  prix  sensible  ,  graduelle 
et  permanente.  Il  ne  faut  cependant  pas  s'aitendre 
à  une  diminution  extraordinaire  et  rapide.  Je  me 
reprocherais  de  déguiser  les  difficultés  de  notre 
position, 

J  ai  parlé  des  denrées  à  substituer  au  bled.  J'ai 
remarqué  que  i'expéiience  nous  avait  rendu  1  uti- 
lité de  celte  ressouice  et  son  application  plus 
ISmilieres.  Oiio  que  le  froment  ait  manqué  ,  la 
]^lupàrt  des  auires  grains  ,  ei  l'orge  en  particu- 
lier, ont  été  fort  abond.ns.  tant  eu  Angleterre 
que  dans  les  pays  éirangers.  On  peut  jusqu'à  un 
certain  point  le^  substituer  au   bled. 

Ma  première  proposition  sera  donc  que  l.i  cham- 
bre se  forme  en  comité  général  ,  pour  fixer  le  taux 
des  primes  à  accoider.  La  seconde  serade  choisir 
un  comité  chaigé  de  rechercher  les  causes  de  la 
Hareié  des  grains  ,  et  auquel  le  discouts  du  roi 
sera  renvoyé  pour  ce  qui  concerne  cet  objet.  Le 
comité  pourra  de  tems  à  autre  suggérer  les  me- 
sures qui  lui  paraîtront  convenab  er.  II.  en  est 
une,  que  je  désirerais  lui  voir  adopter.  Ce  se- 
rait de  régler  que  les  secours  paioi'siaux,  au 
lieu  d  être  distribués  en  aigent  ou  en  pain  de 
froment  ,  le  fussent  toujours  en  pain  fait  de  ma- 
tières mélangées. 

Il  me  reste  à  toucher  la  question  de  la  guerre 
ou  de  la  paix.  J  observerai  seulement  à  cet  égard 
que  les  ]iap!ers  qui  doivent  déterminer  l'opinion 
de  la  chambre  ,  n'étant  point  sous  ses  yeux  ,  il 
serait  superflu  d'entamer  la  discussion.  Il  n'y  a 
certainement  rien  dans  1  adresse  qui  lie  1rs  ho- 
norables membres.  Le  seul  engagement  con- 
tracté p.îr  la  cbambie  sera  celui  de  ne  point 
concluie  une  pa;x  incompatible  avec  la  foi  pu- 
blique ,  avec  I  honneur  et  avec  les  iatéiêis  de  la 
nation.  Le  discours  du  roi  énonce  ,  ce  qui  paraîtra 
sans  doute  d  une  manière  distincte  dans  les  pa- 
piers promis ,  l'impossibiliié  où  S.  M.  s  est  trouvée 
de  nésçocier  sans  se  séparer  de  ses  alliés.  L'em- 
pressement de  lennenii  pour  dissoudre  ces  al- 
liances ,  prouve  assez  leur  importance.  Si  l'en- 
nemi a  avancé  des  préieniions  tellement  inouies 
que  S.  M.  n'dit  pu  rraiter  avec  lui  qu'en  manquant 
de  toi  à  ses  alhés  ,  je  ne  puis  croire  qu'aucun 
membie  de  la  chambre  eût  vu  de  pareilles 
condiiions  ,  comme  une  preuve  de  la  sincérité 
de  ceux  qui  prétendent  être  les  amis  de  la  tran- 
quillité  générale. 

M.  Shcridan  observe  que  les  ministres  paraissent 
toujours  s  attendre  à  unvote  unanime  pour  l'adresse 
de  remercîment  a  louverture  de  la  session.  Cette 
unanimité  luiparaii  aussi  désirable  quandl'adresse 
-  ne  contient  point  de  grand  sujet  d  objections ,  et 
.surtout  quand  ses  traiis  dirigeans  sont  semblables 
■  à  ceux  de  l'adresse  qui  vient  d'être  proposée. 
Celte  adresse  ne  présente  point  les  minisires 
comme  ayant  toujours  été  animés  d'un  désir  sin- 
cère de  paix;  s'il  était  possible  de  1  interpréter  ainsi , 
M.  Sheridan  s'y  opposerait ,  parce  qu  il  est  notoire 
que  les  ministres  ont  décelé  un  manque  absolu  de 
sincérité  ,  et  qu'ils  ont  négligé  des  occasions  favo- 
rables pour  faire  la  paix.  De  justes  éloges  leur  sont 
dûs  pour  la  manière  avec  laquelle  ils  ont  recom- 
mandé la  révision  des   lois  relatives  au  commerce 


ce  désir.  Je  suis  lâché  d'être  obligé  de  m'écuricr 
d  une  o])inion  qui  m'a  si  souvent  servi  de  guide. 
je  suis  plus  lâché  encore  que  dans  la  crise  pré- 
sente runanimi:é  ne  puisse  êirc  raisonnablement 
attendue.  Plût  à  Oieu  qu'elle  lût  méritée!  Mais 
1  administration  à  laquelle  nos  affaires  sont  con- 
fiées,  rccl.ime-t-elle  à  juste  titre  l'unanimiié  ?  Qjie 
nous  a-!-elle  offert?  au  lieu  de  vigueur ,  delà 
faiblesse  :  au  lieu  de  sagesse  .  rie  la  lolie  ;  au  lieu 
de  prévoyance  ,  de  la  léinéiité;  au  lieu  d'harmo- 
nie ,  de  la  discordance  :  au  lieu  de  vigilance  ,  de 
1  inatieniion  ;  .tu  lieu  d'énergie,  de  l-i  noncha- 
lance ;   au  lieu  d'éconoinie  ,  de  la  profusion. 

El  nous  ,  les  sentinelles  choisies  de  la  consti- 
tution, les  gardiens  délégués  du  tiésor  public  , 
signalerons-nous  par  une  apparence  d  iinaiiiinité 
le  honteux  et  perfide  abandon  de  ce  dépôt  ,  qui 
est  censé  avoir  éié  confié  à  notre  honneur  ei  à 
notre  intégrité?  D  un  autre  côté,  si  l'aclivilé  ,  la 
vigueur  ont  présidé  à  nos  entreprises;  si  la  sa- 
gesse a  régné  dans  nos  conseils,  tandis  que  la 
tolie  a  marqué  leurs  résultats;  si  les  désastres  et 
les  défaiies  qui  ont  terni  nos  armes  ,  ne  peuvent 
être  impuiés  à  une  mauvaise  administration  ;  si 
enfin  les  ministres  ont  pleinement  rempli  les  de- 
voirs d'hommes  d'état  ,  capables  et  prévoyans  ; 
et  si,  pourtant,  nous  n  avons  pu  éviter  notre 
situation  présente  ,  alors  cette  situation  est  véri- 
tablement funeste  et  désespérée,  je  voudrais  bien, 
de  celte  obscurité  même  et  de  ce  lugubre  hori-  1 
son  ,  faire  luire  un  rayon  d'espérance  !  Mais 
quelle  espérance  pouvons-nous  entrevoir  ,  avant  | 
que  nos  affaires  soient  placées  en  des  mains  plus 
habiles,  ou  du  moins  sous  une  influence  moins' 
sinis  re  ?  C'est  alors  ,  alors  seulement,  que  nous 
pourrons  traverser  l'orage  et  arriver  au  port. 

Dans  des  tems  meilleurs  ,  l'usage  était  de  faire, 
à  l'ouverture  de  la  session  ,  la  tcvue  des  alfjires 
publiques  ,  et  d'examiner  la  conduiie  des  mi- 
nistres. Ces  examens  ,  ces  enquêtes  ne  sont  plus 
observés.  Même  aujourd'hui  les  ministres  au  heu 
déi'jler  les  merveilles  de  leur  sagesse,  et  de  nous 
éblouir  de  1  éclat  de  leurs  opérations  ,  ne  nous 
présentent  qu'un  discours  d  omissions.  Ils  nous 
presciivent  les  points  sur  lesquels  notre  attention 
doit  se  porter,  et  nous  font  entendre  qu'il  ne 
laut  pas  sortir  de  la  ligne  tracée.  Je  m  accorde 
en  un  point  avec  mon  honorable  ami  (  M.  She- 
ridan); je  prononcerai  comme  lui,  que  notre 
devoir  est  de  dire  la  vérité  au  peuple.  Ainsi, 
j'indiquerai  les  omissions  du  discours  pour  dé- 
voiler toute  la  vérité  ,  et  je  ne  couviendrai  point 
que  dans  les  circonstances  actuelles  ,  une  adresse 
comme  celle  qui  nous  est  proposée,  puisse  être 
présentée  au  trône.  Les  communes  d'Angleterre 
doivent  se  presser  d'examiner,  la  nature  de  ces 
circonstances,  et  de  rechercher  toutes  les  causes 
qui  les  ont  fait  naître.  Je  crains  que  les  mesures 
qui  vont  êire  recommandées  ne  soient  qu  un 
palliatif  ,  et  je  crois  avec  mon  honorable  ami 
(sir  F.  Bnrdett  )  que  la  paix  serait  le  seul  re- 
mède efficace.  Je  n'adopte  pas  son  opinion  sans 
téserve.  Je  ne  crois  pas  que  la  guerre  soit  la 
cause  unique  de  la  rareté  des  grains.  La  guerre 
me  paraît  seulement  aggraver  une  Calamité  dont 
les  mauvaises  saisons  ont  été  la  cause  principale. 

Les  ministres  auraient  naturellement  dû  entrer 
aujourd'hui  dans  quelques  délai  Issu  ries  ressources 
et  les  forces  immenses  dont  ils  ont  disposé  ;  mais 
à  ma  grande  surprise  ,  le  discours  ne  fait  aucune 
mention  de  1  armée  ni  de  la  flotte.  Un  silence  pro- 
fond est  observé  à  cet  égard  ,  comme  s'il  n'avait 


,  _       .1  •  ^^     existé  ni  armée  ni  flotte.  Comment  expliquer  celle 

des  denrées:    elle  prouve"  qu  ils  envisagent  cette  \  éclatante  omission  ?  Quand  les  ministres  peuvent 


matière  importante  sans  préjugés.  Q_uant  à  la 
question  de  la  guerre  ou  de  la  paix  ,  l'adresse 
conçue  avec  une  extrême  précaution  ,  n'a  rien  , 
selon  lui  ,  lui  engage  le  consentement  de  la 
chambre  à  aucune  mesure  ultérieure  ,  et  par  con- 
séquent ,  il  ne  voit  nul  inconvénient  à  l'adopter. 
Mais  il  diffère  d'opinion  avec  le  très-honorable 
membre  ,  quand  il  prétend  qu'il  n'existe  point  de 
rapport  entre  la  guerre  et  la  rareté  des  grains.  Le 
1res  honorable  membre  semble  oublier  que  3  ou 
406  mille  ouvriers  qui  ont  été  arrachés  à  leurs 
travaux  consomment  aujouid  hui  5  ou  6  lois  plus 
de  denrées  que  s  ils  tussent  demeurés  dans  leurs 
ailelicrs.  (  J^on  I  non  !  s'écrient  tes  membres  sur  le 
bans  de  la  trésorerie.  )  Les  très-honorables  mem- 
bres r.nt  désir  éfjuc  le  sujet  fût  discuté  avec  calme  :  je 
prouverai  mon  assertion  quand  il  en  sera  tems. 
Mais  je  demande  si  Malte,  par  exemple,  n'a  pas  été 
approvisionnée  du  marché  de  Leadenhall-streel  ? 
Si  I  armée  et  la  flotte  ne  consomment  pas  une 
quaniiié  .mmense  de  grains  et  d'eau-de-vie  ? 

M.  Shcridan  termine  en  donnant  son  appro- 
bation à  l'adresse. 

M.  Nichols  s'oppose  à  l'adresse  ,  et  regarde  la 
guerre  comme  l'unic^ue  cause  du  haut  prix  des 
denrées. 

M.  Gr«^.  Quelque  chosed'exiraordinaire  semble 
marquer  le  débat  de  cette  nuit.  Le  tiès-honorable 


taire  briller  aux  yeux  de  la  chambre  quelque 
apparence  de  succès  ,  alorsce  n'est  qu'exaltaiion, 
que  panégyriques  de  leur  propre  mérite;, et  si 
I  on  avance  qu'ils  ont  fait  un  scandaleux  emploi 
de  nos  ressources  et  de  nos  forces  ,  ils  traitent 
tous  les'  argumens  dirigés  contre  eux  ,  d'indé- 
centes clameurs  ,  d'appel  aux  préjugés  et  à  l'indi- 
gnation populaire.  Ils  nous  disent  que  les  cala- 
mités ,  les  mauvais  succès  de  la  guerre  sont  ainsi 
que  la  disette  actuelle  ,  le  résultat  du  hasard  et 
des  mauvaises  saisons.  Combien  leur  langage  était 
différent  dans  la  session  dernière  !  Ils  avaient 
adopié  les  plus  sages  pl.'îns  ,  les  plus  habiles  me- 
sures !  La  fortune  était  seule  coupable  de  leurs  re- 
vers. Maisoti  ne  niera  pas  que  la  for  tune  ne  favorise 
ordinairement  l'audace  ;  que  mériter  le  succès, 
c'est  souvent  l'assurer  ;  que  la  sagesse  et  la  vigi- 
lance ne  commai.dcnt  point  aux  hasards;  que  les 
malheurs  et  les  revers  ne  soient  raies  avec  la  pré- 
voyance et  la  précaution  ;  qu'au  contraire  les 
espriis  peu  ptolonds  ne  se  réfugient  dans  .les 
petites  itiitigiics  ,  dans  les  expédicns  du  moment , 
et  ne  deviennent  ainsi  le  jouet  de  tous  les.venis 
de  la  fortune  ,  agiles  et  battus  sur  une  mer  d'ac- 
cidens.  Bcnf.  coiisulenli  ,  hent  vigilanti  prospéré 
omnia  succcdunt ,  etc.  Temcrè  autem  improvidèque 
agentibus  dd  ipsi  injesti  sunt. 

M.  Giey  accuse  les  ministres  de  n'avoir  pas  été 
plus  heureux  dans  leurs  plans  de  pacification  que 
membre  parait  plus  empressé  qu'à  I  ordinaire  de  |  dans  leurs  entreprises  guerrières;  d'avoir  vraiment 
couiti<er  tt  de  retoinmander  I  iinanimilé  ,  et  '  poursuivi  la  guérie  pour  le  létabli  .sèment  de  la 
d'obtenir  ,  s  il  est  possible  ,  qu'elle  se  manifeste  maison  Je  Bonrbon  ,  ei  d  avoir  méconnu  la  posi- 
en  adoptant    l'adresse   proposée.  Mon  bon  ami     lion   et  1  espiii  de  li  France  ,   ainsi  que  la  poli- 


tique   et   les    dispositiatis  des   anttes  puiiSanC»' 
du  continent. 

Les  ministres  ,  continue  M.  Grey  ,  imaginaient' 
ils  que  les  liançai»  et  Bonaparte  se  soumettraient 
sans  résistance  ?  Us  avouent  que  leurs  ressources 
n'avaient  point  encore  eu  d  exemple  dans  ce 
pays.  Cependant  qu'ont-ils  fait  ?Jc  le  demande 
pariiculiérement  au  tiès-honorablc  membre  qui 
a  la  direction  immédiate  des  aflaires  de  la 
guerre  ,  et  poui',  qui  un  département  fut  créé 
pour  lui  donner  plus  de  facilité  dans  l'exécu- 
tion de  ses  plans.  Il  a  dis{'Osé  dune  puissante, 
armée.  Il  a  expose  lui-même  la  ntcessiié  de  rjueU 
que  grande  entreprise.  A-t-il  dans  une  seule  cir-' 
constance  atteint  son  but?  Il  me  pariera  de 
Malte.  Je  ne  rabattrai  point  le  mérite  de  cette 
conquête  ,  mais  je  ne  la  regarderai  point  cunimâ 
une  compensation  pour  la  dépense  de  lentietien 
de  3o,ooo  hommes.  Et  d'ailleurs  nous  n'avons  pa8 
conquis  Malte  par  la  force  de  nos  armes  ;  c'est 
la  famine  qui  l'a  réduite. 

Il  faut  laisser  la  gloire  de  celle  conquête  à  qui 
elle  appartient  ,  à  la  marine.  A  la  vérité  ,  deuk 
entreprises  ont  été  tentées,  l'une  en  Italie  ,  l'au- 
tre sur  les  côtes  de  Fiance  ;  toutes  deux  ont 
manqué.  Peu  s'en  est  fallu  que  sir  Ralph  Aber- 
cronibie  ne  soii  entré  dans  le  port  rie  Gênes 
lorsqu'il  était  dans  la  possession  des  français  ,  ef 
sir  J.  Pulteney  a  échoué  sur  tous  les  points  où  il  ■ 
s'est  porté  ;  avec  tous  les  moyens  daciion  réunis  ' 
en  septembre  ,  i;ien  n'a  été  tenté  avant  le  mois  de 
mai.  PorteionS-nous  donc  au  pied  du  trône  l'ap- 
probation tacite  d'une  conduite  dont  les  résultats 
ont  été  si  humiliaiis  .  sur-tout  si  nous  les  com- 
parons avec  ce  qu'a  fait  notre  ennemi  pendant  la 
même  époque  ? 

Bonaparte  ,  en  prenant  les  rênes'  du  gouverne- 
ment ,  trouva  tout  dans  un  état  de  coiilusioo  ,  dô 
faiblesse  et  de  désorganisation  ;  cependant  il 
porta  presqu'aussitôt  ses  armes  à  travers  les  nei- 
ges du  Saint-Bernard  ,  et  expulsa  les  autrichiens 
d'Italie.  Je  demeure  dans  celte  alternative  ;  ou 
nos  plans  ont  éié  absurdes  ,  ou  ils  ont  été  heu- 
reusement exécuiés.  Au  Fer:ol  ,  notre  armée  se 
montre  sur  les  hauteurs  pour  se  rembarquer.  A 
Cadix,  elle  ne  peut  même  en  faire  autant.  Ce 
dernier  événement  ne  comporte  point  d  exameni 
Dira-t-on  que  l'attaque  de  Cadix  entrait  dans  le 
plan  des  opérations  concertées  ?  cela  se  peuti 
Mais  n'a-t-on  pas  eu  au  moins  le  tems  de  la 
contremander  pendant  que  sir  J.  Puiicney  ,  qui 
avait  refusé  de  rester  à. la  hauteur  de  Cadix,  sa 
rendait  à  Gibraltar. 

J'ai  entendu  dire  que  l'expédiiion  de  Cadia 
n'était  qu'une  feinte.  Uns  leiuie  !  et  quelle  autre 
entreprise  voulait-on  cacher  ?  le  seul  moyen 
que  nous  eussions  de  nuire  aux.  espagnols  < 
était  de  les  obliger  à  envoyer  des  troupes  dans 
une  place  infesiée  de  la  peste  ;  mais  malgré  la 
mauvaise  opinion  que  j  ai  des  mitiistres  ,  je  ne 
puis  encore  leur  imputer  une  telle  intention  ;  au 
lieu  d'êtres  faibles,  arrogans  ,  à  petites  vues  , 
ils  auraient  été  des  démons.  Il  est  douteux  qu'il 
soit  d'une  sage  politique  d  attaquer  lEspagnej 
Nous  fesons  la  guerre  contre  le  jarobinisme  ,  et 
non  pour  rançonner  les  espagnols.  Les  ministres 
ont  souvent  dit  qu'ils  n'agissaient  point  cordiale- 
ment avec  la  France;  veulent-ils  ranimer  leur 
affectionpour  elle?Si  1  entreprise  se  lût  effectuée, 
elle  n'aurait  réussi  qu'à  faire  appeler  les  français  < 
qui  nous  auraient  facilement  repoussés  ,  et  ils 
eussent  alors  persisté  dans  leur  projet  de  marcher 
contre  le  Portugal  ,  notre  précieux  et  fidèle  allié. 
Que  faut-il  donc  penser  d  une  expédition  dont  la 
revers  a  é'.é  la  chance  laplus  heureuse  pour  le  pays 
qui  l'avait  préparée.  ' 

M.  Grey  passe  ensuite  à  Ce  qui  concerne  le 
prix  de  la  rareté  des  blés.  Il  est  d'avis  que  la 
progression  des  taxes  ,  sans  être  leur  seule 
cause  ,  a  sensiblemem  contribué  à  les  augmenter, 
et  il  piéiend  que  pendant  les  sept  dernières  an- 
nées ,  le  prix  m'iyen  des  bièj  a  surpassé  celui  des 
sept  années  précédentes.  Ainsi  que  le  très-hono-' 
rable  membre  (M.  Pitt)il  croit  que  le  monopole 
pourrait  avoir  eu  quelque  part  au  renchérissement 
des  denrées  ;  mais  ce  mal,  c'est  eiicoreà  la  guerre! 
qu'il  faut  l'aitribuer.  Elle  rend  le  monopole 
plus,  facile.  M.  Grey  convient  au  surtius  des 
avantages  attachés  à  la  liberté  entière  du  com- 
merce des  grains  et  des  funestes  effets  que  pro- 
duirait toute  loi  qui  tendrait  à  établir  le  maximunti 
Ce  dangereux  expédient  ne  fut  essayé  que  .sous 
le  règne  d'Edouard  II  ,  et  il  eut  les  conséquences 
lesplus  déplorables.  Unessai  semblable  en  F.cossg 
fut  également  suivi  des  résultats  les  plus  lâcheux 
M.  Grey  donne  des  éloges  à  la  manière  donljea 
ministres  proposaient  la  révision  des  lois  sur  le 
cornmerce  des  grains  <  et ,  après  avoir  repassé! 
quelques  points  de  son  discours  ,  il  termine  cri 
proposarrt,  par  voie  d'amendement,  que  la  der- 
nière phrase  de  l'adresse  soit  retranchée. 

M.  Ditndas  répond  au  discours  de  M.  Grey. 
L'amendement  est  rejette  sans  division, 
M.  Rfder  propose  que  la  chambre  se  forme   le 
lendemain   en   cornité  généra!  ,  poui;  fixer  le  tau» 
dis  primes  à  accorder  sur  l'importation  d«s  blés* 

Cette  proposition  est  adoptée/ 


fri- 


INTÉRIEUR. 

Paris  ,   le  2  frimaire. 

On  lit  dans  la  Clef  du  Cabinet  ,  n°.  lï 
maire  ,  article  Strasbourg  ,  ces  mots  : 

a  On  dit  que  le  gouvernement  français  a  exigé 
u  de  l'Aulriche<iueles  russes  ne  s'avançassent  pas 
•>■>  dans  la  Gallicie ,  et  que  ceux  qui  vont  être  dé- 
n  barques  àNaples,au  nombre  de  4O00  hommes, 
«i  ne  dépassassentpas  les  frontières  dece  royaume. 
»>  On  ne  sait,  ajoute  l'auteur  de  l'article,  si  ce 
>)  bruit  a  quelque  fondement.  j> 

Nous  sommes  autorisés  à  démentir  ce  bruit  , 
aussi  dépourvu  de  vérité  que  de  vraisemblance. 

—  On  écrit  de  Gaen  que  .  le  1 6  brumaire  ,  à  dix 
heures  du  malin  ,  un  assassinat  affreux  a  été 
commis  à  Crainé  ,  commune  de  Lannerai  ,  ar^ 
Tondisscment  communal  de  Châicaudun.  En  voici 
les  délails. 

Pierre  Bois  ,  journalier ,  veut  envoyer  son  hls  , 
âgé  d'environ  quatorze  ans,  conduire  les  besiiaux 
au  pâturage.  Son  épouse  s'y  oppose  ;  Bois  se  pré- 
cipiie  sur  elle  ,  et  dans  un  accès  inconcevable 
de  furie  ,  il  l'assassine  à  coups  de  serpe  :  plu- 
sieurs voisins  atcourent  aux  cris  de  l'enfant  et  de 
la  niere  ;  l'assassin  ne  peut  échapper  ;  ses  habits 
ensanglantés  ,  l'instrument  meurtrier  qu'il  tient 
à  la  main,  tout  atteste,  le  crime  et  le  criminel; 
tremblant  d'être  arrêté  ,  il  court  et  va  se  préci- 
piler  dans  une  marniere  à  peu  de  dislance  du  lieu 
où  son  crime  avait  élé  commis.  Il  a  été  retiré 
mori  du  précipice;  sa  femme  a  élé  emportée 
mourante  à  l'hospice  de  Cliâteaudun  ,  où  l'on 
conserve  I  espoir  de  la  sauver.  On  aitribue  ce 
crime  à  un  accès  de  démence.  Le  malheureux 
qui  l'a  commis  avait  toujours  bien  vécu  avec  sa 
(emme  ,  et  était  esiimé  de  ses   voisins. 

Etat  militaire  du  département  de  l'Ain. 

I.ï  département  de  l'Ain  ,  dont  la  popula<ion 
est  de  282,758  araes  ,  a  fourni  aux  armées 
•  '  depuis    la  révoiuiion  3o,ooo  hommes. 

Le  tableau  des  réquisilionnaires  et  conscrits 
partis  depuis  le  i"^' germinal  an  8  ,  jtjsqu'au  24 
brumaire   an  9,   donne   le  résultat  suivant: 

Conscrits  de   l'an  8 408 

Contingent  assigné 383 

Excédent 25 

(    Réquisilionnaires  qui  étaient  en  retard  .  .     aSî 

Conscrits  des  classes  antérieures  à  l'an  8.  .     SgS 

Non  compris  5o  conscrits  de  l'an  8  enrôlés 
Volonuirement  dans  différens  dépôts  ou  postes 
ï(vec  des  ordres  de  route  individuels. 

Les  congés  délivrés  à  des  réquisilionnaires  et 
conscrits  qui  n'en  avaient  p.«s  obtenu  avant  la 
publication  de  la  loi  du  17  ventôse,  sont  au 
nombre   de   400. 

Lts  congés  dont  la  conFirmalion  a  eu  lieu 
en  exécution  de  la  loi  du  17  ventôse  ,  sont  au 
nombre  de  lioo. 

Le  total  des  hommes  qui  ont  marché  depuis 
le  I''  germinal  an  8,  et  de  ceux  qui  ont  été 
congédiés  conformément  à  la  loi  ,  s'éleve  aussi 
à  3o53  pour  le  département  de  l'Ain. 


348 

Le  préfet  de  police  vient  encore  de  faire  saisir 
dans  une  maison  isolée  ,  commune  de  Chenay, 
prés  'Versailles  ,  un  énorme  balancier ,  ainsi  que 
beaucoup  d'usiensiles  propres  à  tabiiquer  des 
pièces  de  monnaie  ;  ces  objets  sont  les  dernieis 
de  ceux  qui  dépendaient  de  la  fabrique  de  fausse 
monnaie  saisie  peu  de  jours  auparavant  à  Paris 
et  à  Vaugirard  ;  ensorie  qu'on  a  presque  la  cer- 
titude d  avoir  complelté  par  cette  découverte 
toutes  celles  que  nécessitait  un  délit  de  celle  im- 
portante. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Copie  de  la  lettre  du  préfet  aux  commissaires  de 
police.  —  Paris  ,  le  2  frimaire  ,  an  g  de  la  répu- 
blique française  ,  une  et  indivisible. 
Citoyens  ,  plusieurs  d'entre  vous  ont  éprouvé 
combien  il  est  difficile  de  se  procurer  des  ramo- 
neurs lorsqu'il  se  manifeste  des  incendies  pendant 
la  nuit  ;  cependant  ,  il  est  des  cas  où  leur  secours 
est  indispensable,  j'aurais  désiré  affecter  un  cer- 
tain nombre  de  ramoneurs  à  chaque  poste  des 
pompiers  pour  y  recourir  au  besoin  ;  mais  cette 
mesure  présente  des  difficultés  ;  il  serait  peut-être 
possible  d'y  suppléeren  assujeltissanttous  les  ramo- 
neurs à  se  faire  inscrire  chez  les  comniissaires  de 
police.  En  attendant  que  je  prenne  un  parti  à  ce 
sujel.jevous  chargede  faireun  recensement  exact 
des  établissemens  de  ramonage  public  ,  ainsi  que 
des  ramoneurs  particuliers  qui  peuvent  exister 
dans  votre  division;  vous  en  dresserez  un  état 
où  vous  indiquerez  les  noms  et  demeures  des 
-entrepreneurs  ,  les  n°'  des  rues  où  les  dépôts  de 
ramonage  sont  situés  ,  le  nombre  des  ramorieurs 
de  chaque  dépôt  et  notamment  l'endroit  qu'ils 
habitent  pendant  la  nuit. 

Vous  voudrez  bien  me  transmettre  ces  reiisei- 
gnemens  le  plus  tôt  possible. 


CORPS-LEGISLATIF. 

Présidence  de   Chatry-Lafosse. 
SÉANCE    DU     2     FRIMAIRK. 
Un  secrétaire  donne   lecture  du  procès-verbal. 
Un  membre.  Je   m'aperçois  que  dans  le  procès- 
Terbal  on   a  fait  npetiiiou  de  la   présence   du  mi- 
nisiie  de  l'intéiiéur' à  1  ouverture   de   la   séance, 
el  du   discours  qu'il  a  prononcé.  Je   ferai  obser- 
ver que    la   loi   n  exigeant    point    la  présence    du 
ministre   au   moment   de  l'ouverture    de    la  nou- 
velle session   du  corps  législatif,  le  procès-verbal 
ne  doit  point  constater  un   fait  inégulier  en  soi. 

Un  autre  membre.  On  ne  peut  regarder  l'assis- 
tance du  ministre  de  l'intérieur  ei  le  discours 
qu'il  a  prononcé,  au  moment  de  votre  installa- 
tion, commeun  lait  irtégulier. 

Pendant  voue  absence  le  ministre  est  chargé 
de  veiller  à  l'entretien  et  à  la  réparation  des  bâii- 
mens  conservés  à  la  tenue  des  séances  du 
corps-législalif  :  nous  le  trouvions  en  quelque 
sotte  à  son  poste,  et  nous  ne  pouvons  suppo- 
ser dans  celle  démarche  aucun  motif  déplacé  , 
ni  d'autre  inleniion  que  celle  de  rcme'.ire  les 
bâtimcns  à  votre  disposition;  cependant  je  ne 
pen^e  pas  que  le  piocés-verbal  doive  constater  la 
présence  du  ministre  ;  il  ne  doit  contenir  que  ce 
qui  s'est  passé  en  séance.  Le  ministre  s'est 
relire  avant  le  discours  par  lequel  le  président 
provisoire  à  déclaié  au  corps-législatif  qu'il 
était  provisoirement  constitué. 
I  Tout  ce  qui  peut  précéder  ce  moment  lui  est 
aussi  étranger  qu'une  conlérence  particulière  du 
ministre  avec  quelques-uns  de  ses  membres.  Je 
demande  donc  que  l'on  retranche  du  protés- 
verbal  ce  qui  est  relatif  à  ce  qui  a  pu  se  passer 
avant  le   discours  du   président  d'âge. 

L'assemblée  décide  que  le  reiranchement  aiira 
lieu. 

Le  président  lit  une  lettre  du  secrétaire-d'état , 
en  date  du  1''.:  frimaire  ,  et  une  du  premier 
consul  ,  datée  d'aujourd'hui;  elles  ont  pour  ob- 
jet d'annoncer  ^u  corps  législatif  que  trois  ora- 
teurs se  rendront  à  deux  heures  dans  son  sein. 

Un  secrétaire  donne  communication  de  plusieurs 
hommages  qui  ont  élé  adres^és  au  corps-législatif 
pendant  son  ajournement  constit'  tiotinel. 

1°.  De  deux  médailles  envoyées  pai  Lucien 
Bonaparie,  ministre  de  l'iniéticur  ,  le  26  messi- 
dor ;  lune  frappée  en  l'honneur  de  la  bataille  de 
Marinsj;o  ;  l'auire  ,  à  l'occabion  de  la  pose  de  la 
premieie  pierre  delà  colonne  départementale. 

2".  Du  premier  n*  de  la  Bibliothèque  fran- 
çaise ,  par  le  citoyen  Pougens  ,  membre  de  l'ins- 
litui  national. 

3".  D  un  volume  de  la  connaissance  des  tems  , 
par  le  bureau  des  longitudes. 

4°.  D  un  ouviage  sur  les  finances,  par  le  citoyen 
Guyot  ,  régisseur  des  domaines  nationaux. 

La  mention  au  procès-verbal  et  le  dépôt  à  la 
bibliothèque  sont  ordonnés. 

Le  sénal-conservateur  adresse  officiellement  à 
l'assemblée  les  procès- verbaux  d'élection  des 
magistrats  et  fonctionnaires  qu'il  a  nommés  depuis 
huit  mois  ,  au  sénat  -  conservateur  même  ,  au 
corps-législatif,  au  tribunal  ,  au  tribunal  de  cassa- 
tion et  à  la  comptabilité  nationale. 

Après  la  lecture  de  ces  actes  ,  faite  par  un 
secrétaire  ,  l'assemblée  ordonne  leur  mention  au 
procès-verbal. 

Les  conseillers-d'état  Reg'niêr  ,  Najacet  Gouvion- 
Saint-Cyr  ,  désignés  par  le  gouvernement ,  pour 
présenter  au  corps-législatif  l'exposé  de  la  situation 
de  la  république  ,  sonl  introduits. 

Régnier  porte  la  parole. 

Le  gouvernement  ,  dit-il ,  nous  a  chargés  de 
vous  présenter  le  tableau  de  la  situation  actuelle 


de  la  république  française  ;  ce  tableau  qui  va  être 
imprimé,  sera  mis  sous  les  yeux  de  la  nation  entière. 

L'orateur  fait  lecture  de  l'exposé  que  nous 
avons  publié   dans  notre  n**   d'hier. 

De  toutes  paris  011  demande  l'impression. 

Le  président  met  aux  voix  cette  proposition. 

Le  conseiller-d'état  Régnier.  Le  premier  consul, 
citoyens  législateurs  ,  a  donné  des  ordres  pour 
()ue  ce  travail  fût  imprimé  irès-promptement  ;  et 
il  vous  en  sera  distribué  des  exemplaires. 

Le  président.  Citoyens  oraleurs,  le  corps-légis- 
latif a  entendu  avec  le  plus  vif  intétêt  le  compte 
que  vous  venez  de  lui  rendre  de  la  situation  de 
la  république  ;  il  aime  à  se  pénétrer  de  f  idée  que 
le  gouvernement  porte  la  plus  vive  sollicitude 
dans  toutes  lespariies  de  l'administration  publique. 
Tant  d'efforts  pour  remplir  dignement  la  tâche 
qu'il  s'estimposée  ,  ne  peuvent  avoir  que  des  effets 
salutaires.  ■ 

La  nation  française  ,  convaincue  des  talens  de 
ses  premiers  magistrats  ,  attend  tout  de  leur  zèle 
pour  son  bonheur  ;  elle  se  livie  avec  confinice  à 
'  l'espoir  que  bientôt  nos  braves  armées  accoutu^ 
mées  à  vaincr»  ,  forceront  les  ennemis  à  ac- 
cueillir les  dispositions  pacifiques  de  son  gouver- 
nement. 

Les  orateurs  sa  retirent  ,  et  l'assemblée  se 
forme  en  comité  secret  sur  la  demande  de  la 
commission  des  inspecteurs. 


NÉCROLOGIE. 

Après  71  années  d'existence,  dont  la  plus 
grande  partie  fut  employée  à  l'étude  des  sciences 
et  des  ans.  le  citoyen  Charles  -  Louis  -  Denis 
Balliere  ,  dit  de  Laisement ,  vient  de  payer  son 
tribut  à  la  nature  ;  il  est  mon  le  17  de  ce  mois  à 
Rouen. 

Né  à  Paris  le  9  mai  1729,  de  parens  recom- 
mandables  par  leurs  venus  sociales,  il  reçut 
deux  une  éducation  brillante,  se  distinpiud  par 
ses  études  dans  les  premiers  collèges  de  France, 
et  donna  ,  de  bonne  heure,  l'espérance  de  le 
voir  paraître   avec  honneur  dans    la  carrière  lilté- 

"ire-  '  .  .     •       j  j 

Il  acquit  des  connaissances  Ires-elendues  dans 
lachymie,  les  mathématiques ,  Ihisioirc,  lesbtUes- 
leiires  et  la  poésie.  Sa  réputation  lui  procura  des 
relations  avec  les  Rousseau  ,  les  d'Alembert ,  le» 
Voltaire  ,  les  Diderot  ,  les  Fontenelle  etc  .  .  . 

Il  comppsa  plusieurs  ouvrages,  enlre  autres  un 
traité  de  la  théorie  de  I»  musique,  qui  obtint 
l'approbation  de  Jean-Jacques  ,  el  de  tous  lts 
hommes  éclairés  de  ce  tems.  S'il  n'eiil  point 
autant  de  succès  dans  ses  pièces  de  théâtre  ,  le» 
connaisseurs  savent  que  la  scène  française  était 
alors  occupée  par  des  auteurs  célèbres  qui  de- 
vaient éclipser  tout  ce  qui  osait  y  paraître. 

Ceux  qui  l'ont  connu  s'accordent  tous  à  dite 
qu'il  joignait  beaucoup  de  facilité  à  beaucoup 
d'érudition,  et  les  savans  de  cette  ville,  réunis 
alors  en  académie  ,  1  honorèrent  plus  d'une  fois 
de  leur  confiance  ,  et  rendirent  en  tout  tems 
hommage  à  son  mérite  et  à  ses  vertus. 

COURS     DUCHANGt. 

Bourse  du  i  frimaire. 

à  3o  jours. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid...    

—  Effectif........ 

Cadix ' 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


Sik 


Effets  publics. 

Rente  provisoire s'   fj- 

Tiers  consolidé "3l   fr.  05  c. 

Bons  deux  tiers i  fr.  5o  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  25  c. 

Bons  pour  l'an  8 94  "•  «5  c. 

Syndicat 

Coupures ••••  °4  "• 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  dçs  rentiers. 


L'abonoeoicat  se  faitaParis,  me  des  Poitevins ,  n»  18.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  moi» ,  5o  fraocj  pour  six    mois,   et    100   francs   pour  l'année  entière.  On   ne 
l'abonne  qu  av  commencement  de  cbaqne  mois. 

Ilfaui  adresse. iesleitre«ctl'ars*nt,francde  port,  aucit.AcASSE, propriétaire  de  cejournal,ruedes  Poitevins, o"  18.  Ilfaufcomprendre   dans  les  envois   le  port    de. 

pays  où  l'on  ne  p-utiffn  iiclnr.   Lf  >  lettres  -ies  départcmcns  non  affranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  delà  poste. 

Il  faut  avoir  soiu,  pam^lus  de  ■iûreté,  dt  charger  celles  qui   renfeimcatdes  valeurs  ,  et  adresser  tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de   la   feuille,    aa   rédacteur,   rue  des 

Poitevin»,    n"  l3,  depuis  jeuf  heures  flumatinjsisqu'à  cinq  oeures  du  soir. 


A  Patis,  dt  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL 


^"64. 


Qiiartidi  ,  4  frimaire  an  9  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à   liàcer  du  7   mvôse  le  MONITEUR  est   le   seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,   18  novembre  ("27  brumaire). 

X-'Eux  bâiimens  de  transport  de  la  première 
grandeur,  chargés  dariillerie  ,  et  fesanl  partie  de 
l'armenienf  sous  les  ordre«  de  sirjames  Pulteney, 
sont  tombés  au  pouvoir  des  espagnols  ,  à  l'entrée 
de  la  flotte ,  dans  le  golphe  de  Gibraltar  ,  au  mois 
de  septembre  dernier.  Une  grande  part'e  du  train 
d'artillerie  éiait  à  bord  de  ces  deux  bâiimens. 

La  maladie  épidémique  qui  a  enlevé  tant  de 
milliers  de  victimes  à  Cadix,  continue  ses  ravages 
dans  plusieurs  autres  villes  d'Espagne.  Les  der- 
rières lettres  de  Cadix  ,  sont  du  1 1  octobre  ,  il  n'y 
mourait  plus  alors  que  70  à  80  personnes  par  jour  , 
au  lieu  de  S.jo  qui  y  périssaient  auparavant.  Mais 
dans  les  villes  voisines  ,  la  maladie  fcsait  des 
progrès  efFrayans.  A  Chiclana  .  on  ne  compiait 
pas  moins  de  58  morts  par  jour.  Elle  était  si  vio- 
lente à  Séville  ,  qu'elle  y  er'ilevaii  5  ou  600  per- 
sonnes tous  les  jours.  Le  nombre  des  morts  à 
Cadix  s'est  monié  à  plus  de  dix  mille  dans  1  espace 
de  deux  mois.  On  compte  dans  ce  nombie  trente 
familles  irlandaises. 

Les  papiers  de  New-Yorck,  jusqu'au  17  sep- 
tembre ,  s'accn:dent  à  dire  que  la  fièvre  jaune 
exerce  encore  les  plus  arands  ravages  à  Baltimore, 
à  Norfolk  et  à  la  Pio'vidence  ,  dans  Rhode-Island. 
Toute  communication  entre  ces  places  ,  et  les 
villes  de  Philadelphie  et  de  Ntw-Yorck  ,  est  in- 
terceptée. (Extrait  du  Sun.  ) 

Cour  du  banc  du  roi  du  6  novembre. 

Cette  cour  a  ouvert  ses  séances  après  la  saint 
Michel  suivant  l'usage.  11  n'y  a  eu  de  remar- 
quable que  le  rapport  de  M.  Campbell  ,  gouver- 
neur des  prisons  de  "Woolwich.  Le  rapport  des 
prisonniers  comprend  depuis  le  29  juin  jusqu'au 
3  novembre  inclusivement.  Il  y  est  spécifié  quelle 
a  été  la  nature  du  travail  auquel  les  prisonniers 
ont  été  employés  ,  et  la  quantité  d'ouvrage  qu'ils 
ont  fait.  Les  prisonniers  ,  à  quelques  krHividus 
près,  se  sont  bien  conduits  ,  mais  letir  santé  a 
été  mauvaise.  Il  s'esi  manifesté  une  espèce  d'épi- 
démie dans  les  prisons  vers  la  fin  de  l'élé.  et 
malgré  les  soins  et  les  précautions  qu'on  a  pu 
prendre,  il  en  est  mort  un  nombre  considérable. 
Après  la  lecture  de  ce  rapport,  lord  Kenyon 
demanda  au  député  de  M.  Campbell  si  les  pri- 
sonniers étaient  habillés  avant  d'être  relâchés.  Le 
député  répondit  qu'on  passait  une  certaine  somme 
*      pour  leur  fournir  des  habillemens. 

Lord  Kenyon.  Je  désire  savoir  quelles  sont  les 
allouances  et  comment  ils  les  reçoivent  ? 
'  Le  député.  My  lord  ,  ils  reçoivent  un  habillement 

complet. 

Lord  Kenyon.  Qui  leur  donne  ces  habillemens  ? 

Le  député.   My  lord,  le  fournisseur. 

Lord  Kenyon.  Qj'el  fournisseur  ?  combien  est-il 
donné  pour  cet  objet? 

Le  député.  My  lord  ,  le  fournisseur  reçoit  une 
demie  guinée  pour  chaque  habillcinent. 

Lord  Kenyon.  Je  veux  une  réponse  positive  et 
claire  ;  faites  attention  à  ce  que  je  vous  demande 
et  point  de  faux  fuyans  dans  vos  léponses.  Com- 
bien le  public  donne-l-il  pour  habiller  les  pri- 
sonniers qui  ont  été  délenus  à  'Woolwich  ,  lors- 
que 1c  tems  de  leur  punition  est  passé  ? 

Le.  député.  My  lord  ,  je  ne  peux  ,  dans  ce  mo- 
ment ,  donner  l'éclaircissement  que  demande 
votre  seigneurie  ;  mais  elle  doit  être  convaincue 
que  les  choses  sont  faites  avec  la  plus  scrupu- 
leuse attention. 

Lord  Kenyon  J'insiste  pour  avoir  cette  connais- 
sance .  elle  est  de  la  dirniere  importance  pour 
jcs  prisonniers  et  pour  le  public.  Il  est  tems  de 
connaître  les  mystères.  Il  m'a  été  fait  des  plaintes 
à  ce  sujet.  Si  ces  plaintes  sont  fondées  ,  les  abus 
sont  de  la  nature  la  plus  criante  et  la  plus  infâme, 
et  méritent  toute  l'anlmadversion  de  la  cour.  En 
conséquence  ,  je  veux  que  vous  me  donniez  ici  , 
et  par  écrit  .  le  détail  exact  de  la  somme  que 
reçoit  M.  Campbell  pour  l'habillement  des  pri- 
sonniers .  et  l'emp'oi  déterminé  qu'il  a  fait  de 
cette    somme. 

!,[  député.  Je  suis  persuadé,  my  lord,  que 
M   CattipLicil  aura  beaucoup  d'obligation  à  votre 


seigneurie  de  lui  avoir  fourni  l'occasion  de  con- 
server son  honneur  intact  par  l'évidence  qu'il  peut 
donner  de  ses  comptes. 

Lord  Kenyon  je  crois  que  le  public  me  saura  gré 
de  ma  surveillance.  Je  n'accuse  pas  M.  Campbell 
et  n'ai  jamais  pensé  qu'il  fût  coupable.  Mais  on 
répand  des  rapports  qnj  sont  très-tâcheux  ;  il  est 
essentiel  de  s'assurer  s  ils  ont  queU^ues  fonde- 
mens. 

Résolutions  arrêtées  par  les  francs- tenanciers  du  comté 
de  Middlesex.  [Londres.  ) 

Qj.ie  la  cher;é  excessive  des  vivres  est  accom- 
pagnée de  grands  inconvéniens  pour  les  classes 
miioyennes  de  la  société  ,  et  qu'elle  écrase  les 
pauvres  industrieux  d'un  poids  qu'ils  ne  peuvent 
supporter. 

Que  la  continuation  du  haut  prix  des  choses 
nécessaires  à  la  vie  ,  doit  augmenter  le  prix  du 
travail  ou  le  taux  de  la  taxe  des  pauvres  ,  et  doit 
faire  tort  au  commerce  national  ,  diminuer  le 
revenu  public  et  produire  un  mécaiiientcment 
général. 

Que  les  causes  étendues  et  profondément  enra- 
cinées de  cette  calamiié  ne  peuvent  êtie  déiruiies 
que  par  l'intervention  législaiive  :  et  qu'en  adop- 
tantseulement  des  régleraens  palliaiifs'et  des  reme- 
des'tcmporaires  ,  c'est  le  moyen  de  faire  croître 
le  mal  et  de  le  rendre  permanent. 

Que  la  principale  cause  du  mal  présent  gît  dans 
la  guerre  oti  nous  sommes  engagés  ,  et  que  nos 
reptésenlans  reçoivent  l'instruciion  de  voter  au 
parlement  ,  dans  toutes  les  circonstances  ,  contre 
la  prolongation  de  cette  guerre. 

Une  pétition  à  la  chambre  des  communes  ayant 
été  aujourd'hui  proposée  et  approuvée  ,  il  a  été 
résolu  unanimement; 

Que  les  sheriffs  soient  rf-quis  de  signer  ladite 
péiiiion  ,  et  les  représentans  du  comté  de  la  pré- 
senter. 

Que  les  remercimens  de  l'assianblée  soient 
offerts  à 'William  Mainwaiing,  noire  digne  repré- 
sentant ,  pour  la  manière  habile  ,  explicite  ,  et 
honnêke  ,  dont  il  s'est  expliqué  au  sujet  des  ins- 
tructions de  l'assemblée  dans  l'occasion  présente. 

Que  l'assemblée  regretle  l'inévitable  absence  de 
George  Bvng  ,  notre  autre  digUe  représentant  ,  et 
que  des  remercîmens  lui  soien»  offert  pour  sa  con- 
duite générale  au  parlement. 

Que  ces  ré.solutions,  signées  des  sheriflfs ,  soient 
publiées   dans  tous  les   papiers   du  matin  et  du 
soii;. 
Sîgni,  John  Perring;  Thomas  Cadel  ,  sheriffs. 

Résolu  unanimerinent  que  les  remercîmens  du 
comté  soient  offerfi  aux  sheriffs  pour  leur  atten- 
tion envers  les  franc-tenanciers  .  et  pour  leur 
conduite  judicieuse  et  impartiale  dans  l'occasion 
présente. 

Samedi  dernier  ,  un  taureau  échappé  d'une 
prairie  ,  attaijua  un  homiiie  qui  éiait  occupé  à 
traire  une  vache.  Cet  homme  fut  si  cruellement 
bics'-é  qu'il  mourut  sur  la  place.  La  justice  a  ni- 
donné  que  le  taureau  fiât  tué  le  lendemain. 

Un  nouveau  minéral  vient  d  être  découvert  au 
Groenland  :  il  est  composé  d'argile  et  d'acide 
fluoiique  ,  et  formé  en  lames  blanchâtres  demi- 
transparentes.  Sa  gravité  spécifique  est  comme 
2  à  949.  Il  se  fond  à  la  flamme  d  une  chandelle 
et  flue  comme  la  glace  exposée  à  la  chaleur  de 
la  pipe  :  on  l'a  nommé  crysolyte. 

Dernièrement  un  homme  étant  soupçonné  de 
fabriquer  de  fausses  monnaies  ,  la  police  envoya 
chez  lut  des  officiers  qui  ,  sous  des  pretexjes 
plausibles  ,  le  prièrent  de  leur  Changer  quelques 
pièces.  Il  répondit  qu'il  n'avait  point  de  mon- 
naie ;  mais  il  promit  de  s'en  procurer.  Il  tint 
parole;  et  lorsque  les  officiers  eurent  reçu  la 
monnaie  convenue  ,  ils  le  firent  arrêter  et  livrer 
à  la  justice.  Les  précautions  nécessaires  avaient 
été  prises  pour  identifier  ces  pièces.  Le  coupable 
tut  convaincu  ,  et  le  jury  prononça  qu'il  avait 
encouru  la  peine  capitale  ;  mais  il  recommanda 
au  juge  d'adoucir  la  sentence  autant  que  possi- 
ble ,  ayant  égard  à  ce  que  le  crime  avait  pour 
ainsi  dire  éié  provoqué.  Le  coupable  ne  fut  con- 
damné qu'à  six  mois  de  détention. 

La  flotte  de  la  Manche  ,  sous  les  ordres  de  sir 
H.  Hcrvey  ,  a  mouillé  jeudi  dernier  (  iS  février) 
à  Torbay. 


Nous  apprenons  ,  dans  le  moment ,  que  le 
Marlborough  de  74  a  péri  sur  la  côte  de  France. 
Tout  l'équipage  a  été  sauvé. 

Les  dépêches  reçues  par  M.  Dundas  de  sir  Ralph 
Abercrombie  et  celles  arrivées  à  l'amirauié,  de 
lord  Keiih  ,  confirment  la  nouvelle  de  la  terrible 
tempête  qui  .  le  l5  du  mois  dernier  (  aS  ven- 
demiiaire  )  ,  a  causé  tant  de  dommages  à  notre 
marine. 

Lord  Nelson  est  nommé  commandant  du  Na- 
mur  de  98  ,   en  attendant    que    le  San-'joseph  de 
lia  soit  en  état  de  recevoir  son  pavillon.  Il  ser- 
vira sous  If  s  ordres    de    l'amiral  Saint-Vincent. 
(Extrait  du  Saint-James-Chronicle  et  du  Courier. 

CHAMBRE      DES      LORDS. 

Séance  du  12   novembre. 

La  prière  faite ,  le  comte  de  Leidester ,  lord 
Sieward  ,  annonce  à  la  chambre  que  sa  majesté 
recevra,  aujourd'hui  à  deux  heures  et  demie, 
l'adresse  de  la  chambre  ;  on  s'ajourne  au  lende- 
main ,  et  les  lords  se  rendent  au  palais  de  Saitit- 
James  pour  présenter  leur  adresse. 

CHAMBRE      DES      C0~MMUNES. 

Séance.du  12  novembre.  , 

Le  rapport  du  comi'é  chargé  d'examiner 
l'adresse  au  roi  ,  est  présenté.  La  première  lecture 
en  est  faite.  On  demande  la  seconde. 

M.  Grey.  Avant  déjà  fait  connaître  les  motifs 
(jui  m'empêchent  de  donner  mon  assentiment  à 
l'adresse,  je  ne  fatiguerai  pas  la  chambre  par  une 
répétition  inutile  :  l'honorable  membre  qui  m'est 
opposé  (M.  Piti)  a  parlé  en  général  de  quelques 
mesures  qu'il  a  intention  de  proposer  pour  remé- 
dier au  mal  présent ,  mais  il  n'a  désigné  aucun 
plan  :  il  a  glissé  légèrement  sur  un  bill  général 
de  clôture  ;  mais  je  me  flatte  que  le  gotàverne- 
ment  aura  d'autres  mesurés  à  proposer.  Je  désire 
aussi  savoir  quand  M.  Pitt  remettra  à  la  chambre 
les  papiers  relatifs  à  la  négociation  a\'ec  la 
France. 

M.  Pitt.  Je  déclare  a  la  chambre  que  mon 
intention  est  de  lui  remettre  ces  papiers  demain. 
Quant  aux  autres  questions  faites  p^r  l'honorable 
membre  ,  je  ne  puis  y  répondre  qu'en  lépétant 
les  observations  que  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de 
soumettre  à  la  chambre.  (  M.  Pitt  reproduit  ces 
observations.  )  J'espère  qu'un  comité  sera  nommé 
pour  prendre  en  considération  le  haut  prix  des 
subsistances  ,  et  que  ce  comité  sera  ouvert  à  tous 
ceux  des  membres  qui  auront  des  renseigne- 
mens  à  donner.  J'espère  aussi  que  le  comité  ne 
commencera  pas  par  rechercher  les  causes  de  la 
cherté  aciuclle  ,  mais  qu'il  s'occupera  d'abord  à 
chercher  les  moyens  propres  à  soulager  les  classes 
les  plus  pauvres.  Il  recommande"  particulière- 
ment les  primes  pour  limportation  des  grains 
de  toute  espèce  ;  mesure  qui  a  produit ,  l'année 
précédente,  des  avantages  très  -  sensibles.  Une 
autre  mesure  qne  j'ai  à  proposer,  c'est  l'écono- 
mie la  plus  rigoureuse  dans  la  consommation  des 
choses  les  plus  nécessaires  à  la  vie.  On  peut 
indiquer  comme  partie  de  ce  plan  (économique, 
la  suppression  des  distributions  de  bled  ou  d'ar- 
gent aux  pauvres,  qui  recevraient,  à  la  place, 
quelques  alimens  sains  et  nourrissans.  Les  régle- 
mens  à  adopter  pour  la  suite  ,  dépendront  des 
rcnseignemens  que  le  comité  .sera  dans  le  cai 
d'acquérir. 

Quant  à  ce  que  l'honorable  membre  a  dit 
sur  la  nécessité  de  prévenir  le  retour  d'une  pa-, 
reille  calarniié  ,  c'est  une  question  extrêmement 
délicate,  et ,  sur  laquelle  il  y  aura  diversité 
d'opinions.  Je  suis  du  iiombre  de  ceux  qui  pen- 
sent qu'une  clôture  générale  serait  très  -  utile  , 
mais  je  suis  sûr  qu'il  y  a  bien  d'autres  moyens 
qu'on  polirrait  adopter.  Un  honorable  membre  a 
proposé  ,  dans  la  dernière  séance  ,  de  soumettre 
à  un  autre  comité  créé  ad  hoc  ,  l'examen  des 
moyens  propres  à  empêcher  pour  toujours  le 
retour  du  mal.  Je  ne  suis  pas  de  son  avis.  Je  cro'» 
qu'un  seul  comiié  suffit  ;  et  que  si  l'on  en  éta- 
blissait deux  ,  il  y  aurait  nécessairement  embarras 
et  confusion  dans  les  rapports. 

AL  Tierney.  Je  crois  que  le  meilleur  moyen 
d'acquérir  des  lumières  sur  un  sujet  de  cette 
importance  ,  est  d'entendre  les  honorables  m>-m- 
bres  eux-mêmes.  Je  proposerai?  ,  au  lieu  d'un 
comité  particulier,un  appel  général  de  la  cbambie 


25o 


je  déclaTe  en  même  -  tems  que  je  suis  dans 
l'inlention  de  demander  un  comité  pour  con- 
naître l'étal  de  la  nation  ,  et  que  je  ferai  une  mo- 
tion à  ce  sujet  dans  quinze  jours. 

M.Jones  se  levé  ,  et  proteste  solennellement 
contre  la  dernière  partie  de  l'adresse  ,  paice 
que,  malgré  le  désir  de  sa  majesté  pour  la  paix, 
il  est  convaincu  que'la  guerre  va  continuer. 

M.  Wilberforce.  Je  suis  porté  à  croire,  d'après 
toutes  les  recherches  que  j'ai  pu  faire,  que  la 
dernière  récolle  a  été  mauvaise  ;  mais  une  con- 
solation pour  moi  ,  dans  la  crise  présente  ,  est 
de  voir  que  le  peuple,  quoiqu'on  ait  pu  dire  là- 
dessus,  n'attend  son  soulagement  que  de,  ses 
repiésentans. 

M.  Tienuy  s'explique. 

L'adresse  est  adoi-lée  sans  division.  Elle  sera 
présentée  à  sa  majesté  par  la  chambre  eu  corps. 
Les  membres  de  la  chanibie  qui  sont  du  conseil 
privé  de  S.  M.  se  rendront  auprès  d'elle  pour 
lui  demander  quand  elle  voudra  recevoir  la 
chambre.  On  renvoie  à  un  comité  général  pour 
le  lendemain  le  rapport  du  discours  de  S.  M. 

M.  Tierney.  Je  déclare  que  dans  quinze  jours  , 
à  dater  du  moment  où  je  parle,  je  ferai  la  mo- 
tion que  la  chambre  se  forme  en  comité  géiiéral 
pour  prendre  en  considération  l'étal  de  la  nation  ; 
mais  je  demande  si  je  puis,  sans  manquer  aux 
réglemens  ,  réclamer  un  appel  de  la  chambre 
avant  quinze  jours.  Si  cela  était  possible  ,  je 
réclamerais  cet  appel  pour  un  terme  plus  rap- 
proché; par  exemple,   dans  dix  jours. 

Vorateur  répond  que  le  terme  Je  quinze  jou  s 
est  de  rigueur. 

M.Ticrney.'E.n  ce  cas,  je  fais  la  motion  qu'il 
soit  fait  un  appel  à  tous  les  membres  de  la 
chambre   pour    dans  quinze  jours. 

M.  Pitt.  Je  ferai  observer  que  la  réunion  du 
pailement  avant  l'époque  qui  avait  d'abord  été 
ariêiée ,  et  dans  les  circonstances  actuelles,  est 
un  av's  suffisant  pour  tous  les  membres.  Un 
appel  à  la  chambre  m'a  toujours  paru  un  moyen 
peu  nécessaire  ,  et  peu  proportionné  à  la  fin 
qu  on  se  proposait.  Je  suis  convaincu  que  les 
membres  qui  ne  se  rendent  point  à  leur  poste 
au  moment  actuel  ,  ne  se  tiennent  éloignés  que 
parce  que  leur  présence  ,  à  raison  des  difFérens 
emplois  qu'ils  occupent  ,  est  plus  utile  dans  le 
-pays  où  i;s  résident  ,  qu'elle  ne  le  serait  dans  la 
chambre.  Les  membres  présens  sont  en  assez 
grand  nombre  pour  qu'on  ait  par  eux  tous  les 
ren-eignemens  qu'il   est  possible    de   désirer  sur 


Unauireplan  a  été  proposé  :11  consiste  àpTcndre 
le  prix  du  blé  étranger  ,  sur  le  port  de  Londrc!  , 
pour  base  dvs  réclamations  à  faire  par  le  marchand 
qui  importe.  Ce  pian  est  bon  sous  bien  H.,s  rap- 
ports :  mais  il  présente  un  grarrd  inconvénient", 
c  c.^t  que  nar-là  ceux  qui  importent  fixeout  eux- 
mêmes  le  prix  du  blé,  elles  iniéiêisdu  public 
seront  compiomis  ,  quand  les  personnes  qui  doi- 
vent recevoir  seront  eUcs-nicmcs  j'.iges  ,  jrour  ce 
qu'on  doit  leur  payer.  Aussi  ce  plan  a-i-il  été 
géiréralcracnt   reconnu  impraticable. 

Un  moyen  m'a  éié  indiqué;  il  consiste  à  faire 
vendre  à  l'enchère  ,  dans  un  tems  déitrminé  .  tout 
le  gi^in  importé  ,  et  à  régler  la  prime  sur  le  prix 
f^u'd  aura  été  vendu.  Mais,  comme  les  imporia- 
iions  se  font  ordinairenienl  pM  grandes  spécu- 
lations ;  que  ce  n'est  pas  un  bâiimeni  ,  rnais  une 
Hotte  entière  qui  apporte  le  blé  ,  en  en  lésant  à 
son  arrivée  une  vente  publique  ,  on  le  ferait 
tomber  au-dessous  de  sa  valeur  ;  parce  qu'il  y 
aurait  plus  de  grain  que  de  demandes;  ce  moyen, 
cependant,  est  praticable  pour  la  iarine  et  le  rtz  , 
qui  viennent  en  petite  quantité.  Voici  le  plan  que 
je  voudrais  proposer  :  lobjection  contre  celui 
del'année  dernière  est  tirée  de  ce  que  l'eslimatiori 
se  fait  d'après  le  blé  d'Angleterre  ,  qui  e.st  pbjs 
cher  que  le  blé  étranger  ;  car  le  blé  d'Angleterre 
se  vendra  dans  les  marchés  loo  s.,  et  celui  de 
l'étranger  80.  Le  m,<rchand  qui  importe  est  en 
perte  ,  parce  que  son  blé  étant  estimé  à  un  plus 
h-jut  prix  qu'il  ne  peut  le  vendre  .  il  se  voit  par- 
là  privé  du  bénéfice  de  la  prirne.  Pour  obvier  à 
cet  inconvénient ,  il  n'y  a  qu'à  se  régler  sur  le  prix 
du  blé  étranger  seulement.  Un  moyen  pour  faire 
cette  appréciation  ,  serait  de  consulter  le  prix 
moyen  du  blé  dans  chaque  port  où  se  fait  1  im- 
portation. Mais  il  est  possible  que  toute  1  impor- 
tatioh  dans  difFérens  ports  de  l'extérieur,  se  borne 
à  une  cargaison  ;  et  qu'ainsi  le  marchand  qui 
importe  ,  fixe  lui-raê.me  la  base  sur  laquelle  la 
prime  lui  sera  payée.  Si  l'opération  se  fait  par 
district  ,  il  y  aura  encore  de  grands  inconvéniens; 
mais  je  crois  qu'il  n'en  restera  aucun  ,  si  l'on  coti- 
sulte  pour  le  blé  de  l'éir.inger  sa  valeur  à  Londres. 
La  niajeure  partie  du  blé  qui  se  vend  sur  celte 
place  ,  est  vendue  par  des  facteurs  ,  à  qui  les  pro- 
priétaires, presque  tous  étrangers  ,  l'ont  confié,  et 
qui  en  le  vendant  tant  le  quarter ,  n'ont  auctin  in- 
térêt à  en  déguiserle  prix.  On  peut  dire  que  c'est  le 
marché  de  Londres  qui  règle  tous  les  autres  mar- 
chés du  royaume.  C  est  sur  ce  principe  que  je 
demande  qu'on  déienuine  la  prime. 

Je  pense  aussi  qu'il  faut  que  cette  prime  ne 
soit  pas  au-dessous  de  100  s.  par  quarter  de  blé  , 
de  70  par  baril  de  farine  supeitine  ,  et  de  68  pour 


tes  les  pti"  de  la  Grande-Bretagne.  Un  la  farine  fine.  Je  réclame  aussi  une  pnme.  pour 
r^e  qui  n'es,  jamais  obhgatoire  ,  et  auquel  ot^  orge  ,  l'avoine  et  le  se.gle  ,  et  rrierrie  a^us^'  POur 
:ut  par   conséquent   ne  pas   répondre,   est   un     les  fannes  _de  mais  et  d  avome.  Le  riz  mente  une 


app 

peut  par   conséquent   ne  pas   rép 

véritable  abus  ,  et  les  longueurs  qu'une  lelle  me 

sure  entraînerait    ont    de   graves     inconvéniens. 

Le  sujet  même  de  la  convocation  prématurée  de 

la  chambre  est  une  garantie  suifisanie  de  1  empres- 

«emeni  des  membres  à  assister  aux  délibérations. 

Je  conclus  au  rejetde  la  motion. 

Sir  W-  Toung  parle  dans  le  même  sens. 

M.  Tierney.  Le  premier  devoir  des  membres 
du  parlement  est  dans  les  circonstances  présentes 
de  se  trouver  à  leur  poste.  Ceux  qui  occupent 
des  emplois  sont  en  si  petit  nombre  ,  que  leur 
absence  momentanée  ne  peut  nuire  au  service 
public  dans  leur  pays  ;  enfin  ,  en  étendant  le 
principe  qu'on  veut  établir  ,  on  dirait  que  le 
roi  pourrait  ne  pas  convoquer  du  tout  le  parle- 
ment ,  sous  prétexte  que  la  présence  des  membres 
serait  plus  utile  dans  leur  pays.  D'ailleurs  ,  si 
j'appelle  les  honorables  membres,  et  les  invite  à 
remplir  les  bancs  de  la  chambre  ,  ce  n'est  pas 
.(dans  rixilen.ion  qu'ils  appuient  ma  motion  ,  mais 
■ij.pour  leur  propre  dignité. 

La  question  mise  aux  voix,  la  motion  est  rejettée 
à  une  majorité  de  96  voix. 


considération  particulière  ;c'est  la  meilleure  nour 
riiure  à  substituer  au  blé.  Je  proposerais  pour  le 
riz  importé  d'Amérique,  une  prirne  de  35  s.  par 
baril  de  100  cwt.  J'en  voudrais  une  encore  pour 
le  riz  de  llnde.  Q_uand  la  chambre  aura  réfléchi 
sur  les  avantages  que  procureraient  à  notre  pays 
40  ou  5o  mille  tonneaux  de  riz  apportés  chez 
nous  à  très-peu  tle  frais  pour  la  nation,  d'ici  au 
1='  de  janvier  1801  ;  elle  se  rangera  sans  peine  à 
mon   avis. 

Il  paraît  que  la  récolte  chez  l'étranger  a  été 
aussi  abondante  cette  antiée  que  l'année  der- 
nière. Or,  la  saison  dernière,  nous  avons  reçu 
1,200,000  quarters  de- blé  importés  dans  notre 
pays.  Nous  pouvons  en  recevoir  davantage  en- 
core cette  année.  Ainsi  le  pauvre  peut  espérer 
que  le  remède  à  ses  maux  est  également  sûr  et 
prochain. 

Je  conclus  en  demandant  que  le  prix  moyen 
du  blé  étranger,  vendu  à  Londres,  soit  constaté 
et    publié  toutes  les   semaines. 

(Extraie  du  Times.  ) 

La  suite  demain. 


I 


R. 


N     T     E     R     I     E     U 

Farii  ,   le  3  frimaire. 

Traduction  d'une  lettre  des  capitaines    régens  de  la 


La  chambre  se  forme  ensuite  en  comité  pour 
délibérer  sur  les  primes  à  accorder  pour  l'encou- 
ragement de  l'importation  du  blé. 

M.  Ryder.  Il  était  naturel  de  penser  que  la 
grandeur  des  demandes  lerait  hausser  le  ])rix 
du  blé.  Des  primes  sagement  réparties  sont  le 
meilleur  moyen  d'augmenter  1  importation.  Mais 
comme  la  prime  fait  elle-même  hausser  le  blé 
dans  les  marchés  de  l'étranger  ,  parce  qu'ell 
multiplie  les  de 
dans  nos   marchés 

de  l'importation.  Cependant  comme  la  chert'é  est 
un  mal  infiniment   plus  petit    que  la   disette  ,  les 

crimes   accordées  dans   un  lems  de  disette   sont     --      -  ,     .     ,  •  '  .    .       ■      1  r      "  j 

^  aesure  bonn<=  et   sage.  Mais  com-     vernement  eiatt  de  continuer  a   la  repubhque  de 


république  de  Saint-Marin  .  au  citoyen   Monge 
membre    de    l'institut    national   de    là  république 
française.  —  Saint-Marin  ,  le  26  octobre  1800. 

Après  avoir  éprouvé  les   effets  de  votre  bien- 
lés    de    lélranger,   parce    ,ju  elle  y  I  veiUance  envers  notre  petite   républ.riue    dans  la 
emanJes  ,  il  nS  faut  pas  croire  que     visite  que    vous  nous   tues   lorsque  le   héros  du 
chés  la  baisse  sera  en  raison  exacte     siècle  ,  Bonaparte  ,  passa  dans  notre   voisinage  ; 
et  depuis,  quand  étant  commissaire  du  directoire 
exécutif  à  Rome  ,  vous  nous  informâtes ,   en  date 
du  6  floréal   au  6  ,  que  l'intention  de   votre  gou- 
vernement était  de  continuer  à   la  république  di 
Saint-Marin   la   proteciion  que  le   général  Bona 
pane  lui  avait  promise   au  nom  du  peuple  fran 
çais  ;    nous    implorons    encore    uue    fois   votre 
assistance. 

Nous  avons  échappé  sains  et  saufs  auxrévolu- 

cles   ont 
vulsions 


toujours  une 

ment  doit  être  réglée  la  primç  ?  c'est  une  ques- 
tion sur  laquelle  il  y  a  eu  partage  d  opinions, 
et  qui  mérite  toute  l'attenlion  de  la  chambre.  La 
prime  peut  être  accor'dée  par  cargaison  ou  par 
quarter   de   blé  importé.   Mais  il  en  résulterait  un 

grand    désavantage    pour  te  public    qui    aurait  à  i  lions    politiques    qui    pemlart    treize    siei 
payer    des   primes    considéralDles  ,   pour    donner'  agiié    1  Italie  ,     et    nolamirient    aux     con 
un  profil  exorbitant    à    celui    qui    importe  ,  sans     quelle  a  éprouvées  l'année  dernière  ;   mais-,  si  le 
que  l'importaliou  fût  augrnentée  pour  cela.  premier  consul    ne    s'occupe  de    nous   dans    le 


traiié  de  paix  que  l'on  va  Conclure  ,  liOTis  serons 
exposés  à  être  envahis  par  des  voisiris  ijui  déjà 
ont  joint  envers  nous  l'insulle  au  mépris.  Sa 
grande  ame  ne  perd  pas  de  vue  les  petits  o'ojets, 
lors  mêtne  qu'elle  est  occupée  des  plus  grands  ; 
il  daignera  peut-être  défendre  la  liberté  d'un  pays 
auquel  il  a  donné  quelque  célébrité  par  l'iniérêt 
qu'il  a  bien  voulu  lui  accorder.  Vous  jouissez 
auprès  de  lui  d'un  crédit  justement  mérité  ; 
rendtz-nous  le  plus  important  de  tous  les  ser- 
vices ,  en  contribuant  à  noue  bonheur,  c'est* 
à-dire  ,  au  iiiainiien   de  notre  antique  iib,;rté.     . 

Vous  nous  olîiîie«,  de  la  part  du  général 
Bonaparte,  et  au>jiom  du  peuple  français,  l'ag- 
grandissement  de  noire  ttriiioire,  et  pénétrés 
de  reconnaissance,  nous  vous  léjiondîmes  que 
nous  ne  desirio.ns  rien  que  de  rester  petits  et 
pauvres  comme  nous  sommes  ,  mais  libres.  Ce 
sont  encore  là  tous  nos  vœux  ,  et  c'est  l'unique 
objet  de  la  démarche  que  nous  sollicitons  de 
vous  ,  et  qui  mettra  le  comble  à  notre  recon- 
naissance. 

Salut   et  respect  , 

Les  capitaines-régens  de  la  république 
^  de  Saint-Marin. 

—  Nous  trouvons  dans  la  correspondance  de 
Cadix ,  à  la  date  du  16  brumaire  ,  les  délail» 
suivans  sur  la  maladie  qui  ravage  l'Andalousie, 
u  La  cotitinuation  d'un  grand  vent  d'est  , 
durant  quarante-huit  jouis  ,  passant  sur  une  terre 
brûlanie  ,  a  augmenté  1  excessive  chak-ur  de 
lété  ei  activé  la  disposition  à  recevoir  cette 
mal/ die  ,  mais  elle  n'en  est  nullement  la  cause  ; 
el  c'est  cette  erreur  commise  par  la  m.ijeure  par- 
lie  des  médecins  de  Cadix  de  l'attribuer  à  cette 
grande  chaleur  ,  qui  nous  a  privés  de  nos  amis  , 
de  nos  conaissances,  et  a  enlevé  plus  de  i5,oo» 
amcs  dans  l'espace  de  deux  mois.  En  appuyant 
ce  système  erroné  sur  autre  cause  que  celle  des 
vapeurs  puirides  et  malignes  élevées  par  l'ardeur 
du  soleil,  des  eaux  stagnantes  et  corrompues  ,  il 
était  nécessaire  de  détermiuer  sa  nature,  el  c'est 
là  le  grand  point  concluant  ,  difficile  à  accor- 
der, puisque  celle  ville  ,  libre  de  vapeurs  féti- 
des ,  n'a  pu  donner  naissance  à  une  maladie 
épidémiquc ,  dont  la  vraie  cause  est  étrangère 
à  Cadix  el  au  reste  de  l'Andalousie.  Une  épidémie 
provenant  de  vapeurs  putrides  et  malignes  se 
serait  manifestée  où  les  chaleurs  sont  beaucoup 
plus  fortes  qu'en  cette  ville  ,  comme  à  SéviUe  , 
et  où  des  eaux  stagnantes  et  corrompues  occa- 
sionnent des  fievres.tlerces  dans  les  mois  de  juillet, 
août  elsepiembre  ;  et  Séville  ,  ravagée  en  octobre 
plus  cruellement  que  Cadix  dans  la  canicule, 
aurait  dû  convaincre  de  la  contagion,  puis- 
qu'alors  on  n'y  connaissait  poini  d'épidémie. 

1)  Ce  fut  vers  le  six  du  mois  d'août  qu'on  s'ap- 
perçut  ici  de  celle  maladie  si  exiraordinaire  dans 
ses  eiFels.  Si  des  magistrats  corrupiibles  sont  cri- 
minels chez  les  nations  non  policées,  combien 
doivent  1  être  ceux  qui  ,  chargés  de  la  santé 
publique  ,  compromettent  par  leur  corruption, 
les  états  ,  et  introduisent  un  fléau  destructeur, 
qui  couvre  de  deuil  leur  patrie  ! 

Oui,  c'est  à  la  corruption  qu'on  est  redevable  de 
la  fièvre  jaune  qui  afllige  ces  contrées.  Le  navire 
améiicaiu  qui  nous  l'a  apporice  ,  eui  l'entrée  le 
8  août,  quoi  que  le  journal  du  capitaine,  oa 
soil  le  pilote  4u  bord  ,  mentionnât  et  déclarât 
que  trois  hommes  avaient  péri  de  celle  maladie 
durant  ia  traversée.  Les  gens  de  l'équipage  et  les 
passagers  qui  descendirent  dans  les  auberges  voi- 
sines de  la  porte  de  Mer,  rues  Sopranis  ,  Sainte- 
Marie  ,  et  Saint-Jean-de-Uieu  ,  affectées  aux  ma- 
rins ,  périrent  peu  à  peu  ,  excepié  le  pilo'e  ou 
second  capitaine  ;  en  infcc.ant  tout  ce  quartier  , 
de  proche  en  proche  ,  les  autres  ont  éprouvé  le 
même  sort  ,  et  la  maladie  a  parcouru  toutes  les 
maisons  sans -exception. 

51  Dès  le  principe  la  terreur  s'empara  des  es- 
prits ,  occasionna  une  émigration  ,  aussi  mal 
entendue  qu  imprudente  ;  la  plupart  en  fuyant  la 
contagion  ,  en  ont  porté  le  germe  qu'ils  avaient 
déjà  dans  le  sein  ,  aux  lieux  les  plus  voisins  de 
Cadix,  comme  lîle  de  Léon  ,  Chiclana,  Porl- 
Royal  et  le  Port  -  Sainte  -  Marie  ;  delà  eUe  s'est 
étendue  à  Xerez  ,  Sainl-Lucar  et  Séville,  avec 
apparence  de  passer  plus  loin  ,  puisqu'on  a  ob- 
servé que  des  individus  réfugiés  au  milieu  de» 
champs  el  sous  des  chaumières,  ont  passé  jus- 
qu'à i5  jours  ,  sans  qu'aucune  aliération  ait  mani- 
Icsté  la  moindre  indisposition,  el  qu'aptes  ce 
t,-rme,  la  maladie  s'est  développée  avec  les  mêmes 
symptômes  efirayans  ,  éprouvés  ici.  Cette  singu- 
larité exigeait  la  prudence  des  quarantaines  qu  on 
n'a  point  observées  dans  les  premiers  momens  ;  et 
c'est  sous  ces  apparences  trompeuses  de  bonne 
santé  ,  qu'elle  s'esi  rapidement  étendue  à  plus  de 
trente  lieues  ,  sans  qu'on  puisse  déterminer  où 
poser  des  bornes  qui  assurent  le  terme  de  son 
cours  et  les  lieux  où  mettre  des  barrières  qui 
arrêtent  ses  progrès  et  sa  communication. 

)ï  Je  n'abuserai  point  de  votre  patience  pour 
faire  le  tableau  de  tani  de  maux;  je  me  borne 
aux  observations  ,  en  passant  sous  silence  tout  ce 
qui  afliige.    La   mortalité  a   fait  plus   de  progrès 


S3\ 


généralement  chez  les  jeunes  gens  et  nniiiculîc- 
rcmtnt  cliei  la  jeunesse  masculine  ,  (toni  elle  a 
enlevé  !a  plus  grj.-ide  partie.  On  a  encore  re- 
maniué  que  (iresiiie  louits  les  personnes  !jui  ont 
ëlé  à  nos  Atuilles  ,  à  celles  d'EsjiaiMH'  ,  oux  an- 
glaises ei  autres  pa)s  d'Annériqne  situes  entre  les 
deux  iiopiques  ,  n'en  ont  pas  é'é  .itiei:it.  s  ,  je  suis 
de  ce  nombie  ;  et  dans  un  séjour  de  six  mois  que 
j'ai  (ait  au  Pori-au-Prinee  ,  à  l'â;e  de  douze  ans  , 
je  fus  attaqué  d  une  lièvre  qui  céda  au  quatrième 
jour,  et  tétabli  dans  l'espace  de  dix.  On  petïi  se 
•  promettre  d'cire  soustrait  de  ce  fléau  ,  toutctois 
cjue  la  sevériié  sera  mise  en  pratique  et  coh- 
fiée  à  1  intégrité;  mais  cet  ennemi  séducteur, 
le  sordide  iuiéjét  hanchit  toutes  les  barrières-, 
surmonte  tous  les  obstacles  et  ne  rencontre  nulle 
résistance  oià  la  vénaliié  exigeante  ,  considère  les 
exactions  comme  propriété  ,  assure  toujours  ses 
Javeurs  au  plus  offaut. 

j)  L'administration  d  s  teraedes  a  varié  du  plus 
au  moins  ,  suivant  les  systèmes  adoptés  par  les 
niédei  iiis  et  selon  les  connaissances  qu'ils  acqué- 
raient de  la  nature  de  la  maladie  :  malheureu- 
sement beaucoup  ont  administré  des  vomitifs,  et 
l'on  a  observé  rju  au  comraencerncnt  et  durant 
trente  jours  environ  ,  où  l'on  en  Ht  usage  ,  les 
personnes  atteintes  de  la  maladie  périssaient  à  la 
suite  de  convulsions  affreuses  ,  précédées  de  dé- 
lires les  plus  violens  :  du  contrai.e,  les  purgatifs 
et  les  auoucissans  .  ont  sauvé  la  grande  majorité 
des'malades  ,  dont  le  nom^jre  s'élevait  à  quarante- 
six  mille  ,  lorsque. la  maladie  était  à  son. période. 
Xa  durée  de  cette  maladie  n'excédait  sept  jours  , 
et  la  tîfvre  ne  cédant  pas  aux  ralVaichissans  le  2' 
ou  le  3^  jours  ,  le  naalade  était  en  péril  imminent  ; 
rarement  les  remèdes  violens  obtenaient  de  succès. 
Heureusement  cette  ville  est  purgée  entièrement 
et  délivrée  de  cette  cruelle  contagion  depuis  i5 
jours  ;  mais  les  peisonncs  qui  ont  respiré  un  air 
j.ur  .  airivant  ici  ,  tombent  malades  peu  après  ,  et 
bien  dtiïcileraent  on  en  sauve  les  deux  tiers  , 
nonoBsiant  la  fraîcheur  de  la  saison  actuelle  ,  qui 
pui'fieia  toujours  plus  l'atmosphère  ,  à  mesurt: 
que  nous  nous  rapprocherons   de  1  hiver. 

i>  Mes  vœux  sont  uniquement  pour  la  conser- 
vation de  nos  conciioyens  et  la  prospérité  de  la 
république;  nous  tenons  tous  aux  mêmes  liens: 
puisse  1  Etre 'éternel  les  exaucer,  couvrir  de  son 
égide  noire  cheie  patrie  ,  la  préserver  du  fléau 
icrnble  qu  éprouve  la  malheureuse  Andalousie  ; 
et  qje  de  sages  précautions  la  mettent  à  couvert 
cle  toute  contagion  :  aujourd'hui  sur-tout  que 
léiroit.e  amitié  qui  nous  liait  aux  Etats-Unis 
est  renouveliée  ,  et  don'  l'abord  plus  fréquent 
des  -navires  de  celte  nation  dans  nos  pons  im- 
pose aux  conservateurs  de  santé  la  plus  séver^ 
surveillance.  )» 

A  cette  leiireétait  joint  le  tableau  ci-dessous. 

Etat  de  ta  population  des  villes  atteintes  de  la 
contagion  ,  et  du  nombre  des  morts  qu  elles  ont 
éprouvé  ,  depuis  le  12  août  dernier,  jusqu'au 
1"  novembie   1800  inclusivement. 


Villes 

Cadix 

Isle-de-Léon.    .    .   . 

Pori-Iloyal 

Chiclana  .  .  i  .  .  . 
PortSainte-Marie  . 
SatnI-Lucar 

Rota.  ...,.:... 

Xercz 


Population  Morts. 

68,000  araes.  16,000  (l) 
32,000  8,000 

10,000  3,000 

10,000  3,000 


25,000 
18,000 
6.000 
3o,ooo 
Séville ,  .  .       80,000 


279,000 


6,000 
4,000 
i,5oo 
8,000 
3o,ooo 

79,5oo 


.    (i)  Douze  mille  habitans  ,   et   quatre   mille  de 
la   (garnison. 

—  L'  général  Berthier  ,  ministre  de  la  guerre, 
?  présenté  ,  le  2  ,  au  premier  consul  l'ex-maré- 
chal  Piochambeau.  Ce  nom  rappelle  une  foule 
de  souvenirs  glorieux.  Rocfiambeau  commandait 
les  français  victorieux  en  Amérique  .  quanrl  ils 
assuraient  l'indépendance  des  Etats-Unts  ;  il  les 
commandoil  encore  ,  dans  les  premières  cam- 
pagnes de  la  liberté  ,  lorsqu'ils  jettaient  les  fon- 
demens  de  cette  gloire  qui  a  retenti  dans  toutes 
les  parties  du  Monde. 

—  Les  consuls,  voulant  donner  aux  défenseurs 
de  la  pallie  des  preuves  non  équivoques  de  la 
ïtconu/iibsante  nationale  ,  ont  ordonné  la  forma- 
tion d  un  bureau  temporaire  ,  chargé  de  li(]uider 
les  solfies  de  retiaiic  arriérées.  Le  bureau  est  en 
fonctions  depuis  le  li  brumaire,  et  déjà  le  ré- 
sultai de  ses  opéra'ions  ollre  4262  articles  termi- 
nés. Au  1"^'  pluvicjse  prochain  ,  tous  les  mili- 
taire» dont  les  litres  se  trouveront  en  règle  ,  joui- 
ront de  la  solde  de   retraite  définitive. 

Le  premier  consul  avait  aussi  ordonné  que  le 
21'  bureau  lût,  à  [a  lin  de  brumaire,  au  cou- 
laiil  du  travail  des  pensions  pour  tout  ce  qui  re- 


garde .l'an  g.  Ses  inlcniions  ont  été  rerniilies  ■,  et 
2234  pensions  liquidées  sont  le  résultat  de  ce 
travail. 

On  ne  saurait  donner  trop  d'élnges  aux  etii- 
plo)és  de  ces  deux  bureaux.  Ils  passent  les  jours 
et.  les  nuits  pour  seconder  les  intentions  du  pre- 
tnier  consul  ,  et  mettie  enlin  un  terme  aux  pri- 
vations (|u'ont  si  long-teras  éprouvées  les  braves 
dont  le  sang  a  coulé  pour  la  défense  de  la  patrie. 
Le  minislre  ,  i  n  applaudissant  au  zèle  de  l'inspec- 
leur  aux  revues  Vdlcmansy  ,  du  chef  du  bureau 
Gouihoi  et  du  sous-chef  i-Ierlhaui,  les  a  chaigés 
de   témoigner  sa  satisfaction  aux  employés. 

—  L'affaire  qui  s'éi.iil  élevée  entre  les  citoyens 
Courtois  et  Fu!chiron  ,  s'est  terminée  par  un  dé- 
sistement   réciproque, 

—  Le  tribunal  d'appel  ,  première  section  ,  a 
rejette  l'appel  inteijeité  par  le  trrs-ir  public  ,  d'un 
jugement  du  tribunal  île  premiL-rc  instance  ,  qui 
le  condamne  à  payer  eh  numéraire  ,  au  citoyen 
Ne u ville  et  à  mademoiselle  Mon tansier,  une  somme 
de  i3o,o,oo  (r.  »  restant  due  sur  le  prix  du  théâtre 
des  Ans  ,  acquis  par  la  république.  Il  avait  été 
stipulé  dans  l'acte  de  vente  ,  que  la  sornitie  ci- 
dessus  serait  payée  en  numéraire  ou  assignats 
ayant  cours,  sans  avoir  égard  à  leur  dépréciation. 
Le  trésor  public  voulai'i  payer  les  citoyens  Neuville 
et  Montansier  ,  d'après  l'échelle  de  dépiéciaiibn 
du  papier-monnaie;  mais  cette  disposition  était 
contraire  aux  conventions  ,  et  le  commissaire  du 
pouvoir  exécutif  a  observé  que  c'était  au  gouver- 
nement à  donner  l'exemple  delà  bonne-foi,  dans 
l'exécution  des  transactions. 

—  La  deuxième  section  du  même  tribunal  est 
saisie  de  l'appel  de  la  célèbre  demandé  en  nullité 
de  mariage  ,-  qui  a  ,  i|  y  a  dix-huit  mois  ,  fixé 
l'attention  publicpte.  Mademoiselle  Pcnicaud  , 
mariée  ,  suivant  elle  ,  contre  son  consentement  , 
au  citoyen  Lanefranque  ,  demande  ranilullatioti 
de  l'acte  qui  les  a  unis  ,  moins  pour  obtenir  une 
séparation  que  le  divorce  pourrait  également  pro.- 
nonccr ,  que  pour  déterminer  Vctût  de  trois  enfans 
dont  deux  sont  issus  du  citoyen  Racle  ,  son  ravis- 
seur, et  dont  l'aîné  est  à  la  fois  réclamé  par  celui- 
ci   et  par  le  mari. 

En  première  instance  ,  le  mariage  avait  été 
confirmé,  le  premier  des  enfans  déclaré  appar- 
tenir au  citoyen  Lanefranque  ,  sans  qu'i/  fût 
statué  sur  le  sort  des  autres.  At.ijourd'hui  le  ci- 
toyen Racle  ,  qui  n'éiait  point  intervenu  dans  la 
première  action  ,  veut  intervenir  dans  l'appel  ,  et 
défendre  ses  enfans.  Le  citoyen  Dclamalle  ,  son 
défenseur,  était,  hier  primedi,  sur  le  point  de 
porter  la  parole  ,  lorsque  le  citoye:!  Bonnet  ,  dé- 
fenseur de  son  adversaire  ,  a  élevé  à  cet  égard  un 
incident  ,  et  a  plaidé  que  le  citoyen  Racle  lût  dé- 
claré non-recevable  dans  son  intervention. 

Le  tribunal  a  renvoyé  l'affaire  au  6  ,  audience 
de  midi  ,  jour  auquel  le  commissaire  du  gouver- 
nement portera  la  parole  sur  l'incident,  et  erisui te 
il  -saluera  sur  la  question  extrêmement  délicate 
de  savoir  si  1  on  peut  ,  en  matière  d'appel  ,  inter- 
venir ,  ssns  avoir  passé  par  le  premier  degré  de 
jurisdiciion. 

—  Le  citoyen  Fiançais  (de  Nantes)  s'est  pré- 
senté hier  au  conseii-d  état.  Il  a  piêié  le  serment  de 
fidélité  à  la  constitution  ,  et  a  éié  de  suite  installé 
en  qualité  de  conseillei-d  état  ,  membre  de  la 
section  de  législation. 

(ACTES    ADMINISTRATIFS. 

MINISTERE   DE    LA   GUERRE. 

Le  ministre  de  la  guerre  ne  pouvant  répondre 
dans  ses  audiences  à  toutes  les  demandes  qui  lui 
sont  faites  par  les  militaires  ,  vu  le  grand  nombre 
de  réclam<itions  occasionnées  par  les  diflFérentes 
réformes  qui  ont  été  faites  ,  anêie  ,  avec  l'auto- 
risation spéciale  du  premier  consul. 

Art.,P'.  Il  y  aura  jusqu'au  i5  frimaire  ,  une 
commission  composée  du  général  Saini-Cyr  ,  eon- 
seiller-d  étal  ,  des  généraux  Mortier  et  Junot  ,  et 
de  l'inspecteur  aux  revues  Denniée  ,  fesant  fonc- 
tions de  secrétaire-général  ,  qui  se  réunira  tous 
les  jours  j  depuis  9  heutes  du  matin  jusqu'à  3 
heures  après-midi,  à  l'état-major  de  la  place, 
pour  recevoir  les  pétitions  des  militaires  qui  sont 
à  Paris. 

Cette  commission  ,  aprèsavoirpris  connaissance 
des  demandes  et  entendu  le  réclamant  ,  le  fera 
passer  dans  la  salle  d'audience  ,  et  lui  fera  con- 
naître à  l'inïtan:  même  sa  décision.  ^ 

II.  Le  général  Saint-Cyr,  président  de  la  com-  ! 
mission  ,  travaillera  tous  les  jours  avec  le  minislre  ) 
de  la  guerre  i  pour  obtenir  les  décisions  qui  pour-  I 
roni  être  nécessaires. 

III.  Les  chefs  de  bureaux  du  ministère  de  la  [ 
guerre  sont  tenus  de  faire  remettre  ,  dans  les  t 
vingt-quatre  heures  ou  dans  les  quarante-huit  au' 
plus  tard  ,  les  décisions  du  ministre  à  la  commis-  ' 
sion  ,  qui  les  enverra  elle-même  au  pétitionnaire 
qu'elles  concernent.  -  '  ^ 

Sisné  Alex.  Berthier.  1 


MINISTERE    DE    LA    M  A  R  I  N  F.-,  ;, 
Le  soussigné  coi^missaire  de  rnarine .,  au  ministre  di 
la    marine  et  dis  colonies.'—  Bûûtopié ,  là  2g 
brumaire  ,  'an  ,9. 

Citoyen  ministre  , 

J'ai  eti  l'honneur  de  voYis  prévenir,  hier,  qti'ùri 
navire  inconnu  était  échoué  sur  les  roches  du 
cap  Grincz  ,  et  que  j'allais  m'y  rendre.  Je  suis  dti 
retour  à  l'instant  ,  et  je  vrlOs  rends  compte  que 
ce  bâiiment  est  une  très  jolie  goëlèiie  anglaise-, 
doublée  en  cuivre,  ci-devant  teVégase.  cuisaire 
français  expédié  de  Londres  ,  il  y  a  huit  mois  i 
en  guerre  et  matcliandise  ,  et  chargée  de  42  mil-, 
lieis  de  café  ,  revenant  de  Surinam-.  Ce  bâdmcnt 
est  monté  de  8  liomnies  ,  et  lo  canons  de  4. 

Si   les  vents  se  soutiennent  de  l'amont  ,  j'espcre 
le    ramener   dans   le    port.   Il  aura  besoin   d'une 
I, lusse  quille  et  de   quelques  réparations  au  giée- 
ment  ,  et  il  pourra  être  trèj-iitile  au  service. 
Signé,  Labrouche. 
Pour  copie    conforme. 

Le  ministre  de  la  murine  et  des  cçlonies  -, 
Signé ,  FoRPAiT. 

Autre  du  même  'au  minittre   de  la  marine.  — Bou- 
logne ,   29  brumaire  an  9. 

Citoyen   ministre  » 

Je  vous  ai  hier  fait  pat-t  de  l'entrée  en  ce  port 
d'une  prise  du  corsaire  te  Cliasseur  .  de  Dun-' 
kerque  ,  sur  six  qu'il  m'en  avait  déclaré.' Je' 
vous  infoiiiie  aujourd'hui  qu'une  secOriHe',' 
chargée  de  charbon,  est  aftivée  en  rade  dé 
ce  port.  J'y   ai    même    apposé  déjà   les  scellés. 

Je  vous  informe  aussi  que  le  corsaire  l'Enjôleur ^ 
capitaine  Lefebvie  ,  a  amené  à  la  marée  de  cette 
nuit  un  bâtiment  à  trois  mâts  anglais  ,  d'envirorl 
400  tonneaux  ,  doublé  en  cuivre,  chargé  riche- 
ment ;  partant  de  Londres  pour  Constanti.noplc. 

Je  vous  donnerai  par  le  prochain  courrier  les 
noms  de  tous  ces  bâtimens  ,  et  le  nombre  des 
prisonniers. 

Il  païaît  en  ce  morrient  .en  rade  une  secondé 
prise. 

Signé  ,  La  Brouci-ie. 
Pour  copie   Conforme  , 

Le  ministre  de  la  marine  et  des,  colonies: 
Signé  ,  F  o  R  F  A  I  T.     '^ 


-     T    R    I    B    U    N    A    T. 

Présidence  de   Thiessé^ 

SÉANCE    DÛ     3     FRIMAIREi 

Un  secrétaire  fait  lecture  dii  procês-verbal  ;  \i. 
rédaction  en  est  approuvée. 

Les  indigcns  de  la  maison  de  Bicêtre  réclament 
contre  ,  un  arrêté  de  l'adiTiinistration  des  hospices 
civils  ,  comme  attentatoire  à  leur  liberté  ,  en  ce 
qu'il  les  prive  de  la  faculté  de  se  promener  dans 
I  intérieur  de  la  maison  ,  et  de  communiquer  avec 
leurs  parens. 

Cette  pétition  est  renvoîéo    au  gcuvcrnement; 

Le  corps-législatif  annonce  ,  par  un  message  , 
qu  il    est  déhniiivement  constitué.       ^. 

Le  tribunal  ordonne  l'insertion  du  message  ati 
procès-verbal  ,    et  le  dépôt   aux  archi\ts. 

Le  citoyen  Pareni-Real  dépose  sur  le  bureau 
une  motion  d'ordre,  relative  à  la  nominatiori 
des  candidats  pour  le  sénat-cocservateur ,  et  dont 
les  conclusions  sont,  1°  que  le  iribun.it  supprime 
le  scrutin  indicatif;  i"  qu'il  motive  ses  présen- 
tations. 

Aux  termes  du  règlement ,  cette  motion  sera 
déposée   pendant  trois  jours  au  secrétariat. 

N'y  ayant  rien  à  l'ordre  du  jour,  on  demandé 
la  levée  de  la  séance; 

Mathieu.  Le  tribiinat  a  reçu  divers  rnéssàges  qui 
annoncent  que  plusieurs  places  sont  vacantes  au 
sénat-conseivaieur  ;  je  désirerais  (jue  le  bureau 
nous  fît  connaître  le' nombre  des  candidats  que 
nous  avons  q  présenter,  ahu  que  le  tribunal  dé- 
termine le  jour  auquel  il  proeédera  à  celte  opéi 
ration. 

Les  secrétaires  donneront  demain  une  nouvelle 
lecture  des  messages  du  sénat-conservaieur. 

On  demande  de  nouveau  là  levée  de  la 
séance. 

Plusieiirs  rrlembres  proposent  de  la  suspendre 
seulement  justju'à  trois  heures. 

Le  tribunal  Consulté  ,  levé  sa  séance  et  s'a- 
journe a  demain. 

Lj  séance  est  levée. 


ÇORPS-LEGÏSLATIF. 

Présidence  de  Ckatry-Lafosse. 

SEANCE   DU    3   FRIMAIRE. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal  ,  dont  la 
rédaction  est  iidopiée  ,  le  président  co<-ninunique 
à  l'assemblée  une  lettre  -,  par  laquelle  le  secré- 
laire-dé;àt  prévient  le  corps-législatif  qu'un  ora- 
teur se  rendra  aujourd'hui  dans  son  sein  pour 
lui  présenter  un  projet  de  loi,  et  lui  en  déve- 
lopper les  motifs. 

A  deux  heures  ,  Regnaud ,  de  Saint -Jean- 
■d'Angdy  ,  orateur  nomme  par  le  gouvernement, 
est  introduit.   Il   monte   à    la  tribune,  et   lit  un 

Fvojet    de    loi  qui  a     pour   objet    de    donner  à 
institution  des  archives   nationales   une   organi- 
sation complette   et   définitive. 

Après  avoir  rappelé  que  cet  établissement  fut 
«réé  p.tr  l'assembiéc  constituante  ,  maintenu  par 
un  décret  de  la  convention  nationale  ,  et  con- 
servé ))ar  la  législature  constitutionnelle  de 
l'an  3  ,  1  orateur  expose  qtie  la  consiitution  de 
l'an  8  nécessite  des  changemens  dans  l'organi- 
sation des  archives  nationales.  Jusquau  l8  bru- 
maire, ce  dépôt  était  sous  la  garde  immédiate 
de  la  législation  ,  qui  en  avait  donné  la  surveil- 
lance à  deux  commissaires  pris  dans  le  corps- 
législatif.  Depuis  cette  époque  ,  le  gouvernement 
a  fait,  pour  assurer  la  conservation  des  dépôts 
confiés  à  cet  établissement  ,  tout  ce  qui  était  dans 
les  limites  de  son  pouvoir  ;  mais  il  reste  aujour- 
d  hui  à  déterminer  par  une  loi  quels  sont  les  actes 
dont  il  sera  le  g.irdien  et  le  dépositaire.  Le  gou- 
vernement a  jugé  qu'il  devait  réunir  ,  dans  un 
dépôt  commun  ,  les  actes  de  toutes  les  autorités 
qui  font  partie  intégrante  de  la  législation. 

La  discussion  du  piojet  de  loi  est  indiquée  pour 
le  12  frimaire. 

Le  président  ;  ne  à  l'orateur  acte  de  la  pré- 
sentation qu  il  y  .e  ,  et  dont  une  expéditon  sera 
adressée  au  ti  ^.at. 

Une  nouvelle  ieilre  du  secrétaire-d'état,  an- 
nonce que  le  gouvernement  enverra  demain 
deux  orateurs  pour  présenter  deux  projets  de 
loi. 

Le  ci  oytn  BclkvilU  ,  membre  du  corps-légis- 
laiif,  envoyé  sa  démission  ,  et  annonce  que  le 
gouverntmc-ni  la  nommé  commissaire  général 
dfs  reiaiioas  commerciales  en  Toscane. 

La  séance  est  levée. 


Il  paraît  un  ouvrage  intitulé  :  de  l'état  de  la 
Fiduce  à  lajin  de  i an  8  ,  en  un  vol.  in-S".  de  3oo 
pages  ;  chez  Heniichs ,  libraire  ,  rue  de  la  Loi  , 
n".  288. 

Cet  ouvrage  est  divisé  en  six  chapitres.  Le  pre- 
mier est  une  introduction  aux  cinq  autres.  Les 
quatre  qui  suivent  traitent  de  la  situation  politique 
de  la  France.  Le  dernier  expose  les  détails  de  sa 
situation  intérieure. 

L'auteur  ,  dans  le  premier  chapitre  ,  discute 
l'origine  cl  les  principes  du  droit  public.  Il  prend 
l'époque  du  traité  de  Wesipbalie  ,  pour  date  de 
son  établissement.  Il  pense  et  prouve  qu'à  partir 
de  cetie  époque  ,  les  grandes  puissances  de  I  Eu- 
rope n'ont  cessé  de  porter  atteinte  à  ces  règles  , 
que  des  principes  actifs  de  désorganisation  ont 
pendant  le  cours  de  cent  cinqu.inte  année»  ,  tra- 
vaillé sans  relâche  à  détruire  I  ouvrage  des  négo- 
ciations de  Munster  et  d'Osnabruck?  qu  avant  la 
guerre  actuelle  ,  le  système  poLtique  de  l'Europe 
était  en  ruine  ,  et  que  la  guerre  de  la  coalition  a 
«té  le  dernier  signal  de  sa  destructiop. 

L'auteur  assigne  trois  causes  primordiales  et 
•constantes  de  désorganisadon  générale  ,  dont  il 
«uit  les  progrès  ,  pour  ainsi  dire  ,  pas  à  pas.  Ces 
.trois  causes  sont ,  1°.  la  formation  d'un  nouvel 
empire  au  nord  de  lEurope  ;  2".  lélevation  de  la 
Prusse  au  rang  des  premières  puissances  ;  3°.  l'ac- 
croissement dn  système  colonial  et  maritime.  Il 
s'attache  à  expliquer  l'action  de  chacune  de  ces 
causes  ;  niais  comme  son  obet  est  d'instruire  les 
lecteuis  ,  et  non  de  les  aigrir  ,  il  a  soin  die  discul- 
per lui-même  les  états  qui  ont  profilé  des  déve- 
ioppemens  de  ces  trois  causes ,  en  disant  qu'à 
l'époque  (t  où  le  droit  fut  fondé  ,  ces  trois  puis- 
sances ne  furent  pas  appellées  à  7  prendre  part  ; 
que  l'une  d'entre  elles  était  inconnue  ,  que  les 
deux  autres  furent  dédaignées  ;  qu'elles  ne  se  sont 


<s5« 

pas  écartées  des  règles,  du  droit  naturel  ,  en  .con- 
trariant celles  du  droit  politique  auxquelles  elles 
furent  étrangeies  ;  et  qu'enfin  des  nations  qui 
s'aggrandissent ,  ne  font  que  céder  à  cette  impul- 
sion expansive  que  la  naiure  à  imprimée  à  tous 
les  êtres  animés  .  soit  qu'ils  agissent  individuelle- 
i^ent  ,  soit  qu'ils  se  concertent  pour  agir  avec 
l'énergie  dune  activité  et  d'une  volonté  collec- 
tives. 

5)  Aux  états  seuls ,  ajoute  l'auteur  ,  par  qui  et 
pour  qui  ce  droit  fut  fondé  ,  appartient  le  ton  de 
n'avoir  pas  vu  que  dans  un  droit  public  piéexis- 
tant  les  éiémens  de  concert  ,  de  fédération  et  de 
concours  ,  qui  s'y  trouvent ,  donnent  toujours  aux 
états  qui  ont  des  intérêts  communs  à  défendre, 
tous  les  moyens  dont  ils  ont  besoin  pour  pré- 
venir tous  accroisseraens  de  puissance  qui  pour- 
raient altérer  Iharmonie  de  leurs  rapports  res- 
pectifs, j» 

L'auteur  disculpe  victorieusement  la  révolution 
française  du  repioche  d'avoir  été  une  cause  né- 
cessaire de  la  guerre  ;  elle  a  été  comiue  la  déca- 
dence du  droit  public  ,  fondé  sur  le  traité  de 
Westphalie  ,  comme  la  guerre  elle-même,  un 
des  résultats  de  l'extension  et  de  l'accroissement 
du  système  commercial.  Mais  le  mal  que  la  guerre 
et  ses  causes  ont  produit  ,  la  révolution  est  des- 
tinée à  le  réparer  ;  et  c'est  avec  beaucoup  de 
raison  que  l'auteur  termine  le  premier  chapitre  , 
en  disant  que  si  les  conséquences  qu'il  a  déve- 
loppées sont  senties  ,  comme  il  espère  qu'elles 
le  seront  ,  les  français  pourront  considérer  la 
révolution  sous  un  point  de  vue  plus  étendu  ,  et 
les  étangers  sous  un  point  de  vue  plus  grand 
et  plus  juste  qu'ils  ne  l'ont  fait  jusqu'ici. 

Les  2'  ,  3°  ,  4'  et  5'  chapitres  sont  consacrés  à 
l'exposition  des  systèmes  d'alliance ,  de  guerre 
et   de  neutralité  de  U  France. 

L'auteur  suivant  toujours  la  principale  idée  qu'il 
met  en  avant  au  commencement  de  son  ouvrage, 
s'attache  à  prouver  que  ,  dans  leur  système  poli- 
tique ,  les  ennemis  de  \n  France  n'ont  ni  base 
d'intérêt  commun  ,  ni  règle  fixe,  ni  objet  déter- 
miné. La  France  seule  ,  en  établissant  ses  droits  , 
les  lie  à  la  chaîne  des  droits  généraux  :  ces 
alliances  en  assurant  l'équilibre  partiel  de  1  ho- 
rison    politique    sur   lequel    elle    influe    par    sa 

Frépondérance  ,  ont  pour  but  de  conduire  à 
établissement  de  l'équilibre  général  ;  son  sys- 
tème politique  de  guerre  n'est  que  de  préserva- 
tion et  de  défense  ;  son  syième  de  neutralité  eat 
tout  entier  fondé  sur  des  idées  de  justice,  d'im- 
paiiialité,  de  bienveillance.  Dans  tous  ces  déve- 
loppemens  les  assertions  de  l'auteur  sont  tou- 
jours appuyées  sur  des  principes,  et  les  principes 
vérifiés  ptr  des  faits. 

Dans  le  dernier  chapitre  ,  la  France  est  pré- 
sentée sous  quatre  aspects  ;  sous  celui  de  sa  po- 
pulation ,  de  son  industrie  ,  de  ses  mœurs  et  de 
ses  lois.  Les  deux  premiers  et  les  deux  derniers  , 
liés  ensemble  par  lanalogie  des  objets  qu'ils  pré- 
sentent ,  sont  la  matière  de  deux  tableaux  '^ni 
seront  instructifs  pour  les  lecteurs  étrangers  ,  et 
pleins  d'iniéiêt  pour  les  lecteurs  français.  Dans 
le  premier  tableau  ,  l'objet  de  l'auteur  est  de  ré- 
futer les  dépréciations  des  apologistes  de  lAn- 
glelerre  ,  et  l'exagération  des  calculs  qu'ils  ont 
donnés  au  public  ,  sur  la  richesse  et  la  puissance 
de  la  nation  à  laquelle  ils  voudraient  que  tout  fût 
soumis.  Les  résultats  de  l'auteur  sont  déduits  avec 
la  plus  grande  clarté  ;  et  en  lisant  cette  partie  de 
l'ouvrage  que  nous  annonçons  ,  tout  bon  français 
s'applaudira  de  voir  que  le  principe  de  la  richesse 
et  de  la  puisance  de  la  France  est  posé  sur  des 
bases  que  la  révolution  n'a  lais  qu'étendre,  que 
la  guerre  n'a  fait  qu'affermir  ,  et  qne  l'indépen- 
dance politique  que  les  français  ont  conquise  , 
est  aussi  assurée  que  la  gloire  militaire  qui  a 
été  un  des  plus  beaux  résultats  de  leurs  efforts.' 

Enfin  ,  le  deuxième  tableau  qui  termine  l'ou- 
vrage,  est  destiné  à  la  défense  de  la  révolution  , 
des  moeurs  et  des  lois  de  la  France  ,  et  du  ré- 
gime constitutionnel  de  l'an  8.  Ici  les  principes 
et  les  faits  sont  tellement  multipliés  et  rapprochés 
les  uns  des  autres  ,  que  le  lecteur  ne  sent  pas 
un  instant  le  besoin  de  chercher  ni  l'application 
qu'il  peut  faire  des  principes  ,  ni  les  consé- 
quences qu'il  doit  tirer  d'une  suite  de  faits. 

Les  amis  de  la  contre  -  révolution  trouveront 
dans  l'exposition  des  doiize  priiicipes  qui  sont  ex- 
primés avec  une  grande  iprécjsion  dans  le  début 
du  tableau,  lécueil  surlçquel  doivent  se  briser 
toutes  leurs  espérances.  Jls  apprendront  que  les 
causes  de  la  révolution  sont  trop  anciennes  ,  trop 
générales  et  trop  puissantes,  pour  qu'aucun  obs- 


tacle ait  pu  rallentir  leur  action  au  moment  où 
elles  devaient  agir  ,  pour  qu'aucune  tentative 
puisse  les  entraver  ,  les  contrarier  même  après 
leur  triomphe. 

Les  amis  de  la  liberté  apprendront  à  se  confier 
dans  la  bonté  de  leur  cause  .  qui  n'a  pas  besoin 
d  être  défendue  par  des  maximes  ni  par  des  tue- 
sures  exagérées  ,  quand  elle  est  sous  la  garde  de 
lois  aussi  sa;>es  que  celles  que  l'an  8  a  données  à 
la  France  ,  et  d'un  gouvernement  tel  que  celui 
qui  est  aujourd'hui  chargé  de  ses  destinées. 

Les  principes  du  régime  ultra-révolutionnaire 
sont  ici  présentés  sans  indulgence  et  sans  aigreur. 
On  arriye  ensuite  par  la  route  incertaine  des  légis- 
lations intermédiaires  jusqu'à  la  dernière  consti- 
tution ,  dont  les  principes  sont  discutés  sans 
enthousiasme  et  même  sans  partialité. 

Nous  regrettons  que  les  bornes  d'un  journal  ne 
permette  pas  de  citer  quelques  traits  de  cette 
discussion.  L'auteur  nous  semble  y  avoir  prouvé 
d'une  manière  très-ingénieuse  ,  que  la  constitution 
de  l'an  8  ,  que  les  uns  trouvent  trop  ,  et  d'autres 
pas  assez  démocratique  ;  que  trop  de  suscepti- 
bilité fait  regarder  aux  uns  comme  à  quelques 
égards  monarchique  ,  n'est  ni  démocratique  ni 
monarchique,  mais  républicaine,  et  tellement 
républicaine,  que  l'auteur  arrive,  par  une  dé- 
duction de  principes  analytiques,  à  cette  con- 
clusion ,  qu'elle  est  la  plus  réellement  ,  et 
peut-être  la  seule  constitution  représentative 
qui  existe. 

Nous  renvoyons  les  lecteurs  à  l'ouvrage  .  qui 
mérite  d'être  lu  et  qui  sûrement  le  sera.  L'auteur 
est  digne  d'estime  par  la  ra.niere  dont  il  a  traité 
un  sujet  d'une  extrême  impoitance  ,  et  qui  tient  à 
tout  ce  qui  intéresse  le  plus  l'Europe  ,  et  tous  les 
états  qui  la  composent  et  tous  les  citoyens  qui 
les  habitent.  On  reconnaîtra  en  lui  un  ami  de 
l'humaniié  ;  un  homme  qui  a  observé  les  événe- 
mcns  sans  préjugés,  qui  les  décrit  sans  passion, 
qui  a  vécu  au  milieu  des  partis  sans  appartenir 
à  aucun  ,  qui  ne  sépare  jamais  les  droits  de  la 
justice  de  ceux  de  la  liberté  ,  qui  a  enfin  voulu 
prouver  par  toutes  les  pages  de  son  ouvrage 
que  l'amour  du  bien  ,  une  véritable  passion  pour 
1  honneur  ,  pour  la  gloire  et  l'indépendance  de 
sa  patrie  ,  et  une  confiance  éclairé  dans  la  Sagesse 
du  gouvernement  aciuel  de  la  république,  sont 
les  sentimens   qui    l'ont  inspiré. 


COURS     DU    CHANGE 

Bourse  du  3  frimaire. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid.. 

Effectif. 

Cadix 

-i— Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâie. 


I  b. 


1  3o  jours. 

a  90JOU»*. 

56| 

57i 

igo 

.S8i 

4  fr.go  c. 

I4fr.70  c. 

4  fr.  90  c. 

14  fr.  40c. 

4  fr.  70  c. 

5lr.  17  c. 

Effets  publics. 

Rente  provisoire ss  fr.  38  c>< 

Tiers  consolidé 32  fr.  88  c. 

Bons  deux  tiers 1  fr.  55  c. 

Bons  d'arréragé. 86  fr.  25  c. 

Bons  pour  l'an  8 95  fr. 

Syndicat 

Coupures 83  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  REPUBLiQ,tjE  et  des  Arts. 
Dem.  Iphigénie  en  Aulide  ,  et  le  ballet  de  Télé-' 
maque. 

Théâtre  DES  JEUNES  ÉLEVÉS,  rue  deThionville. 

Auj.  le  Chaudronnier  de  Saint-Flour  ;  Jeannot  et 
Colin  ;  l'Epreuve. 

Théâtre  DU  Vaudeville.  Auj.  Honorine,  et 
Tenniirs. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.— Pa»/flmim«j. 
Demain ,  la  6'  repr.  de  l'Elevé  de  la  Nature  , 
pantom.  allégorique  à  grand  spectacle  ,  siiivie 
de  l'Amour  aux  Petites-Maisons  ou  les  Fous  hol- 
landais ,  fohe  ornée  de  chants. 


L'abonncacut  le  fait  I  Paris,  jue  des  Poitevins,  n"  iS.  Le  prix  est  de  2S  fiaocs  pour  troii  moii,  5o  francs  pour  six  mois,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  ne 
•'aboane  qu  at/  commeucement  de  ctiaquc  mois. 

Il  faui  adresbe.  les  Unies  et  l'argent,  franc  de  port, -aucit.  Agasse,  propriéiaire  de  eejournal, rut  des  Poitevin», B«  iS.Ilfaatïomprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  où  l'on  ne  p-utiffn  ochsr.  Lf  J  lettres  "^es  départemens  non  aeFranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

11  faut  avoir  soiu,  pour  plus  de  lûreié ,  dt  charger  celles  qui  renfermentdes  valeurs,  etadresset  tout  ce  quiconcenie  la  rédaction  de  la  feuille,  ay  rédacteur,  rue  d«i 
Poitevins,    a°  i3,  depuis  ^cuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  oeures  dusoii. 


A  P&vis.  dv  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Monitetir  ,  rue  des  Pokevios ,  n°  r3. 


GAZETTE^ATIONALE  ou  LE  MONIIEUR  UNIVERSEL. 


N"  65. 


Quintidi  ,    5  frimaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR  est  le  seul  journal  ojgiàel. 
Il  contient  l«s  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées .  ainsi  que  jes  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,    18  novembre  (  27  brumaire.  ) 

CHAMBBE      DES      COMMUNES. 

Suite  de  la  séance  du  n  novembre. 

Sir  W.  Young.  Je  pense  que  la  disette  doit  être 
attribuée  en  grande  partie  à  une  augmentation 
dans  la  consommation  du  pain  de  froment  ,  et 
c'est  pour  cela  que  j'ai  toujours  pensé  qu'il  fallait 
•'occuper  des  moyens  de  remplacer  celte  nour- 
liture  par  une  autre.  Je  ferai  observer  que  c'est 
moi  qui ,  le  premier  ,  ai  suggéré  cette  idée. 

L'orateur  de  la  chambre  interrompt  sir  W. 
Young  ,  en  le  rappellant  à  l'ordre. 

M.  Pitt.  Je  dois  relever  une  erreur  échappée  à 
l'honorable  baronnet  ;  c'est  à  tort  qu'il  suppose 
qu'avant  qu'il  eût  parlé,  on  n'avait  pas  pensé  à 
substituer  une  autre  nourriture  à  l'usage  du  pain. 
Je  saisirai  cette  occasion  d'exprimer  mon  voeu 
pour  que  les  distributions  de  chaiiié  dans  les 
paroisses  ,  en  argent  ,  blé  ,  ou  pain  de  froment 
soient  limitées.  Je  ne  doute  pas  que  les  magis- 
trats ,  par  motif  d'humanité  ,  n'aient  passé  dans  ces 
distributions  les  bornes  du  pouvoir  que  la  loi 
Jeur  accordait.  Mais  l'abus  n'a  pas  été  porté  à  un 
point  qui  exige  linlerveniion  du  parlement.  L'ho- 
norable baronet  a  parlé  de  taxer  les  gages.  Une 
pareille  mesure  serait  extrêmement  dangereuse  ; 
elle  désorganiserait  la  société  ;  mais  il  faut  secourir 
les  pauvres ,  et  surtout  leur  donner  des  alimens 
qui  leur  tiennent  lieu  de  pain. 

Sir  W-  Pu//eB«v.  J'approuve  hautement  les  pri- 
mes ;  mais  je  crois  que  ce  plan  est  susceptible  de 
quelques  régleraens.  Il  est  reconnu  que  la  prime 
sur  l'importation  n'entre  point  dans  la  poche 
de  celui  qui  importe  ,  mais  dans  celle  du  mar- 
chand étranger.  Il  est  clair  aussi  que  la  cheité 
de  la  dentée  est  elle-même  un  encouragement 
pour  l'importation.  Je  ne  pense  pas  pour  cela 
que  ,  quand  ,un  pays  est  menacé  de  la  disette  , 
il  ne  soit  pas  à  propos  de  donner  des  primes. 
Le  blé  est  très-cher  au-dehprs  :  cette  cherté  a 
duré  tout  l'hiver  et  tout  l'été  ;  elle  n'a  pas  di- 
minué depuis  la  moisson.  D'après  les  derniers 
tableaux  de  la  Baltique ,  le  blé  s'y  est  vendu 
de  4  liv.  10  s.  à  5  liv.  sterl.  le  quarter  ;  ce  qui  7 
à  considérer  la  différence  de  la  valeur  intrinsèque 
du  blé  d'Angleierr€  ,  comparé  à  celui  de  l'é- 
tranger ..  esr  aussi  cher  que  chez  nous.  Qijelle 
en  est  la  cause  ?  l'espoir  des  primes  que  nous 
accordons.  La  preuve  de  cela  ,  c'est  que  les 
puissances  de  ces  pays  ne  consentiraient  jamais 
à  l'exportation  ,  si  le  haut  prix  du  grain  y  était 
naturel.  Nous  ne  la  permettons  pas  chez  nous  , 
quand  il  est  à  bas  prix.  Les  paysans  vendent 
leurs  blés  aux  marchands  dans  les  ports  de 
jner.  Ceux-ci  ne  veulent  le  revendre  qu'à  un 
prix  très-haut,  parce  qu'ils  savent  qu'on  viendra 
'  le  chercher  pour  nous  l'apporter,  je  préférerais 
l'indemnité  à  une  prime  positive  ;  mais  je  re- 
doute l'appréciation  faite  d'après  la  valeur  du 
blé  de  l'étranger  en  Angleterre.  J'approuve  aussi 
beaucoup  la  prime  pour  le  maïs  importé  chez 
nous.  En  1795,  l'usage  en  fut  introduit  dans  les 
environs  de  Liverpool  ,  et  cette  nourriture  fut 
trouvée  aussi  agréable  que  nourrissante  ;  mais 
je  blâme  la  vente  du  riz  et  de  la  farine  à  l'en- 
chère. On  sait  assez  ce  qui  se  pratique  dans  ces 
ventes.  Le  vendeur  a  un  ami  qui  acheté  à  un 
piix  bas  ou  élevé  ,   selon  qu'on  en  est  convenu. 

Lord  Haxvkesbury.  Il  faut  que  celui  qui  importe 
ïoii  dédommagé  de  ses  risques  et  peines.  En 
1795  et  1796  ,  une  indemnité  fut  accordée  ,  mais 
elle  ne  suffisait  pas  ;  et  le  gouvernement  dépensa 
plusieurs  centaines  de  mille  liv.  st.  :  l'année  der- 
nière ,  au  contraire,  il  n'en  a  pas  coûté  un 
scbelling  pour  les  primes;  mais  les  sûretés  don- 
nées par  le  gouvernement  luâisaient  pour  en- 
courager l'importation. 

La  discussion  se  prolonge  encore  quelque 
terna ,  et  se  termine  par  l'adoption  des  résolia- 
tions  suivantes  : 

Une  prime  qui  ne  sera  pas  au-dessous  de  45  a. 
par  quarter  ,  sera  accordée  sur  chaque  quarter 
d'orge  ,  du  poids  de  3Si2  Ibs.  an||laisei  ,  importé 
avant  le  1"  octobre  i8oi.  Celle  prime  lera  dé- 


terminée d'après  le  prix  moyen  dn  marché  ,  pu- 
blié dans  la  gazette  ,  la  troisième  semaine  après 
l'importation. 

Une  prime  qui  ne  sera  pas  au-dessous  de  65  s. 
par  quarter,  pour  chaque  quarter  de  seigle  ,  pe- 
sant 408  Ibs.  ,  et  déterminée    comme  ci-dessus. 

Une  prime  de  3o  s.  au  moins  ,  par  chaque 
quarter  d'avoine',  du  poids  de  a8o  Ibs. 

Une  prime  de  70  s.  au  moir.s,  par  barril  de 
farine  superfine  de  blé  ,  de  196  Ibs  ,  vendu  à 
I  enchère  dans  les  deux  mois  après  1  impor- 
tation. 

Une  prime  de  68  s.  au  moins  ,  par  barril  de 
farine  de  blé,  fine,  aux  mêmes  conditions  que 
ci-dessus. 

Une  prime  de  32  s.  au  moins  ,  par  cent 
livres  pesant  de  riz,  importé  des  Indes -orien- 
tales. 

Une  prime  de  35  s.  au  moins  ,  pour  cent  livres 
de  riz  de  l'Amérique. 

M.  Pitt  propose  ensuite  la  formaiion  d'un 
comité  pour  rechercher  les  causes  de  la  cherté 
des  subsistances. 

Le  comité  est  formé  de  MM.  Pitt  ,  Dundas  , 
Ryder  ,  lord  Hawkesbury  .  l'Atternev  et  le  solli- 
citeur général  ,  etc.         (Extrait  du  Times.) 

CHAMBRE      DES      LORDS. 

Séance  du  i3  novembre. 

Lord  Grenville  présente  les  papiers  de  la  cor 
respondancc  entre  l'Angleterre  ec  la  France,  pour 
/  l'armistice  maritime. 

Le  duc  de  Norjolk  demande  au  noble  lord  si 
son  intention  est  de  fixer  un  jour  pour  l'examen 
de  ces  pièces. 

Lord  Grenville  répond    qu'il  ne  peut    encore 
fixer  de  jour.  I!  fait  observer  qu'il  croit  inutile  de 
demander    l'impression    de    ces    pièces  ,     parce 
qu'elles  sont  déjà  imprimées  ,   et  que  des  copies" 
vont  en  être  délivrées  à   leurs  seigneuries. 

Chambre    des    communes. 

Séance  du  1 3  novembre. 

M.  Dundas  remet  à  la  chambre  les  pièces  re- 
latives à  la  négociation  pour  l'armistice  maritime  : 
ces  pièces  seront  imprimées. 

Chambre    des    Lords. 

Séance  du  14  novembre. 

Lord  Grenville  remet  à  la  chambre  ,  par  ordre 
de  sa  majesté  ,  divers  renseignemens  ayant  pres- 
que tous  rapport  à  l'importation  du  bled  ;  lui 
annonce  l'absence  forcée  du  lord  ayant  le  dé- 
partement du  commerce  ,  retenu  chez  lui  pour 
cause  de  maladie  ,  et  présente  la  liste  des  lords 
qu'il  désigne  pour  former  le  comité  parjiculier 
dont  il  demande  la   formation, 

Lord  Walsingham.  Je  propose  d'ajouter  aux 
noms  inscrits  sur  cette  liste  celui  de  lord  Gren- 
ville. 

Le  duc  de  Norfolk.  Je  n'ai  aucune  objection 
à  faire  contre  les  lords  dont  on  nous  présente 
les  noms;  mais  il  me  semble  que  la  liste  pour- 
rait êti^e  plus  étendue.  Il  est  ici  d'autres  lords 
que  différentes  circontances  ,  leurs  relations  par- 
ticulières ,  leurs  habitudes  ,  les  lieux  oh  ils  font 
leur  résidence  ,  ont  mis  dans  le  cas  d'acquérir 
beaucoup  de  lumières  sur  cet  important  sujet. 
Leur  présence  dans  le  comité  ne  pourrait  qu'y 
être  très-utile.  C'est  avec  une  certaine  peine  que 
jç  vois  qu'aucun  des  pairs  qui  résident  dans  les 
six  grands  comiés  du  Nord  ,  ne  se  trouve  porté 
sur  cette  liste.  Léxclusion  semble  donnée  aussi 
au  banc  des  évêques. 

Lord  Grenville.  Je  ne  m'oppose  pas  à  ce  que 
la  liste  que  je  viens  de  présenter  ,  soit  augmen- 
tée ;  je  mécontente  de  faire  observer  que  les 
lords  que  j'ai  indiqués  possèdent  toutes  les  qua- 
lités que  nous  pouvons  désirer. 

Le  comte  de  Suffolk.  Pour  répandre  plus  de 
clarté  sut  une  matière  de  cette  importance,  on 
devrait  nous  mettre  sous  les  yeux  le  tableau  du 
bled  importé  depuis  six  mois  ,  en  spécifiant  la 
nature  du  grain  ,  les  quantités  séparées  ,  et  le 
montant  des  sommes  payées  peiidant  cette  pé- 
riode. Je  suis  convaincu  que  ces  importations 
font  sortir  d'Angleterre  beaucoup  d'argent  :  ce 
fait  doit  être  constaté  ;  il  mérite  les  plus  sérieuses 
réBexioas. 


Lord  Grenville.  Ce  que  demande  sa  seigneurie 
se  trouve  en  très-grande  partie  dans  les  piecci 
remises  a  la  chambre. 

Le  comte  de  Darnley.  Le  sujet  qui  nous  occupe 
est  extrêmement  délicat,  je  crains  que  nous  ne 
puissions  pas  faire  pour  le  peuple  tout  ce  qu'il 
attend  de  nous.  Je  me  propose  de  soumettte  à 
ia  -c-hambre  lundi  prochain  quelques  observations 
qui  me  frappent  sensiblement. 

Je  demande  que  les  lords  soient  convoqué» 
pour  ce  jour-là. 

La  question  allait  être  discutée  ;  lord  HoUand 
entre  dans  la  chambre  ,  s'çfxcuse  de  n'être  pas 
arrivé  plutôt;  regrette  de  n'avoir  pas  entendu  lire 
la  liste  ,  et  demande  à  faire  quelques  observations 
sur  la  question  en  général. 

Lord  Holland.  L'affaire  qui  nous  occupe  est 
d'une  telle  nature,  que  nécessairement  le  peuple 
attend  de  nous  plus  qUtr  nous  ne  pouvons  faire 
pour  lui.  En  effet  ,  que  peut  faire  votre  comité  ? 
prendre  des  renseignemens  exacts  autant  que 
possible,  et  vous  les  communiquer;  indiquer 
les  remèdes  qu'il  croira  praticables  ,  et  sur-tout 
travailler  à  prévenir  toute  injustice.  Peur  moi  , 
quoique  partisan  déclaré  de  la  paix,  je  ne  me 
laisserai  pns  ,  dans  une  discussion  de  cette  impor- 
tance ,  diriger  par  mes  sentimens  d'opposition  à 
la  guerre;  il  ne  s'agit  ici  de  rien  moins  que  de 
trouver  le  moyen  d'arracher  la  nation  aux  hor- 
reurs de  la  famine  dont  elle  est  menacée.  Un 
membre  du  parlement  ,  dans  des  circonsiances 
aussi  difficiles ,  ne  doit  penser  qu'à  son  devoir. 
Ce  n'est  pas  l'esprit  de  parti  qui  me  suggeic 
les  observaiions  pour  lesquelles  je  léclame  votie 
indulgence.  Hier,  on  nous  a  présenté  ,  avec  un 
air  de  confiance  ,  des  états  et  des  calculs  qu'on 
a  voulu  nous  donner  comme  des  argnmens  sans 
réplique:  pour  prouver  que  ce  n'est  point  à  la 
guerre  que  doit  être  attribuée  la  disette.  On  a 
eu  soin  de  nous  faire  remarquer  que  ,  pendant 
la  guerre  même  .  les  denrées  avaient  été  quel- 
qnefois  moins  chères  qu'en  lems  de  paix;  mais 
ces  faits  ne  prouvent  pas  que  la  guerre  n'amené 
pas  la  disette.  Je  pense  le  contraire.  Sur  les  jill 
années  qui  se  sont  écoulées  depuis  la  révolu- 
tion ,  dans  notre  pays,  on  compte  52  années 
de  guerre  ,  et  c'est  dans  ce  nombre  que  se 
Irouvent  les  ciuq  années  de  la  plus  grande 
disette  que  l'Angleterre  ait  éprouvée  dans  ce 
siècle.  L'ouvrage  de  M.  Brand  ,  qu'on  nous  a 
cité  ,  prouve  seulement  que  la  guerre  tend  plutôt 
à  jetter  de  la  fluctuation  sur  le  prix  du  blé  ,  qu  à 
lui  donner  une  hausse  uniforme.  Je  me  propose 
de  traiter  la  question  plus  à  fond  ,  lorsque  le 
comité  nous  aura  fait  son  rapport. 

Le  comte  de  Warwick.  Je  viens  de  parcourir  dif- 
férentes provinces  de  ce  royaume  ;  j'ai  été  à  même 
de  reconnaître  l'état  des  récoltes.  Elles  ont  été  si 
mauvaises  dans  "certains  pays  ,  les  habitans  y 
éprouvent  une  disette  si  affreuse,  que  je  n'entre- 
plendrai  pas  de  vous  décrire  leur  misère.  Je 
pense  que  le  meilleur  moyen  de  soulager  le 
malheureux  serait  d'établir  un  maximum  pour  le 
prix  du  blé  ,  et  de  le  fixer  à  10  schellings  le  quar- 
ter ;  le  pauvre  alors  n'aurait  plus  à  se  plaindre.  - 
Lord  Grenville.  Je  partage  l'opinion  de  lord 
Holland  sur  l'importance  du  sujet  qui  nou,s  oc- 
cupe ,  et  sur  la  grandeur  des  devoirs  que  le 
comité  aura  à  remplir.  Je  pense,  comme  lui, 
que  si  le  peuple  attend  de  nous  un  soulagement 
complet  ,  il  nous  demande  plus  que  nous  ne 
pouvons  lui  donner.  Est-il  en  notre  pouvoir  de 
régler  les  saisons  ?Je  ne  dissimulerai  pas  la  gran- 
deur du  mal.  Non-seulement  la  récolte  a  été 
mauvaise  ,  mais  même  elle  a  totalement  manqué 
dans  plusieurs  endroits  ;  mais  je  ne  suis  pas  de 
l'avis  de  quelques  personnes  qui  voudiaient  que 
tout  le  produit  de  la  récolte  dernière  fut  apporté 
en  même  tems ,  ou  du  moins  dans  un  court 
espace  de  lems  ,  sur  le  marché.  Une  pareille 
mesure  serait  bien  funeste.  C'est  aussi  avec  dou- 
leur que  j'ai  entendu  prononcer  le  rnot  de  maKi- 
mum.  Je  proteste  solennellement  contre  une  pa- 
reille mesure,  qui  compromettrait  les  intérêts  du 
commerce  ,  ceux  des  propriétaires  ,  l'existence 
même  de  la  société  ;  je  proteste  enmon  nom  , 
au  nom  du  gouvernement  ,  et  je  crois  pouvoir  le 
dire  au  nom  du  parlement  lui-même.  Introduire 
un  semblable  principe  ,  c'est  sapper  les  fonde- 
mens  de  la  civilisation.  En  effet  ,  à  quoi  bon  la 
liberté  ?  à  quoi  bon  les  lois  ?  si  le  fondement  sur 
lequel  reposent  la  sûreté  et  la  propriété  du  ci» 
toyen  est  renversé  ? 
Lt  comtt  de  Warwick  l'explique. 


254 

te  comte  de  Moka.  Je  pense  comme  le  noble  |  ne  paient  pas  ses  setvices  assez  cher  ,  vient  de 
secrétaire  d'éiat  sut  les  dangers  du  maximum  ,  et  ]  s'enrôler  dans  les  troupes  du  cardinal  -  général 
sur  l'état  fâcheux  de  la  récolte.  Je  suis  convaincu  Ruffo 
comme  le  noble  lord  qui  vient  de  parler  ,  que 
le  travail  du  pauvre  ne  peut  suffire  à  sa  sub- 
sistance. Dans  la  contrée  que  j  habile  ,  un  ou- 
vrierqui  ,  avec  sa  famille  ,  pouvait  gagner  29  sch. 
par  semaine,  était  si  évidemment  hors  délat  de 
se  nourrir  lui  et  ses  enfans ,  que  les  magistrats 
ont  été  obligés  de  l'admettre  aux.  distribuiions  de 
la  paroisse.Si  l'on  ne  vient  pioraplement  et  eHi- 
cacement.  au  secours  desmalbeureux  ,  il  laut  s'at- 
tendre aux  plus  épouvantables  désordres.  Je  vou- 
drais que  le  gouvernement  Ht  passer  du  blé  des 
pays  Oïl  la  récolte  a  été  plus  abondante,  dans  ceux 
où  elle  a  manqué,  j'espère  que  les  pièces  qui  sont 
remises  à  la  chambre  ,  contiennent  le  tableau  vé- 
ritable des  récoltes  dans  les  différentes  parties  du 
royaume. 

Lord  Hobart  ne  veut  pas  qu'on  prenne  l'initia- 
tive sur  le  comité. 


Lori  GrenviUe.  Les  papiers  remis  à  la  chambre 
ont  principalement  rapport  à  l'importation  et  à 
Texponaiion  du  bled. 

Lord  Norfolk  Je  demande  que  les  noms  du 
comté  de  Fitzwilliam  ei  des  évêques  de  Chester 
et  de  Dutham  soient  ajoutés  à  ceux  qui  nous 
ont  été  présentés. 

Cet  avis  est  adopté. 

Lord  Holland.  Les  papiers    relatifs    à    une   né- 


(  Extrait  du  Journal  dis  Défenseurs  de  la  Patrie  ] 

—  On  écrit  de  Metz  ,  en  date  du  28  biumaire  : 
le  préfet  de  la  Mozelle  a  observé  avec  soin  ,  dans 
lu  visiic  qu'il  a  faite  de  son  déparlement  ,  les 
nombreux  établissemens  de  forges  ei  de  manu- 
factures' qu  il  renferme  ;  la  paix  ,  la  proteclion 
(lu  gouvernement  et  line  bonne  police  loresiierc 
les  rendront  florissans.  Un  de  ces  éiablissemens  , 
la  foige  de  Dilling  ,  piès  de  Satte-Louis  ,  pré- 
sente sur-tout  un  grand  intérêi.  Tous  les  outils 
nécessaires  aux  ans  et  métiers  doivent  s'y  fabri- 
quer. Les  ouvriers  qu'on  y  emploie  sont  des 
étrangers  que  les  entrepreneurs  ont  attirés  du 
pays  de  Berg,  C'est  le  seul  atlelier  en  France  oii 
il  se  fabriquera  des  faulx  ,  des  scies  ,  des  crics  , 
et  beaucoup  d'auires  articles. 

—  Le  goût  de",  dentelles  est  aujourd'hui  porté 
en  Allemagne  à  un  si  haut  point ,  que  l'on  donne 
pour  certain  qu'à  Bi'uxelles  on  vend  pour  ce  pays 
des  voiles  d-e  femmes  dont  le  prix  s'élevè  à  trois 
mille  florins. 

—  Le  3o  brumaire  ,  une  battue  générale  a  dû 
avoir  lieu  pour  la  destruciion  des  loups  ,  sur  tous 
les  points  du  déY..artement  de  la  Haute- Marne. 
Comme  il  éiail  à  présumer  que  les  loups  chassés 
de  la  Hanle-Marne  se  jeiteraient  en  partie  sur  le 
déparlement  de  la  Côte-d'Or  ,  le  préfet  de  ce 
déparlement  ,a  pris  toutes  les  mesures  nécessaires 


gociation  pour  la  paix  ,  déposés  hier  sur  le  bu-;  pour  garantir  les  communes  des  ravages  que  pour- 
reau  par  le  noble  secrélaire-d  état  ,  ne  me  pa-  raient  y  exercer  les  loups  qui  s'y  réfugieraient, 
raissent  point  propres  à  donner  les  notions  exactes  II  a  autorisé  les  maires  à  ordonner  les  chassés  et 
dont  nous  avons  besoin.  Pour  pouvoir  bien  ap- '  battues  nécessaires,  en  leur  indiquant  tous  les 
précier  la  conduite  des  minisires  dans  cette  occa-  moyens  de  précaution  à_  prendre  ,  soit  pour  éviter 
sion,  il  faut  que  nous  ayons  aussi  sous  les  yeux  les  accidens  ei  les  dégâts,  soit  pour  meure  de 
des  copies  de  toutes  les  communicalions  officielles  ^  l'ensemble  dans  la  bailue. 

entre  1  Autriche  et  la  France ,  telles  qu'elles  ont  j  _  j^g  ^  frimaire,  vers  les  trois  heures  après 
ete  transmises  ou  reçues  par  les  ministres  de  sa  ^jj;^  ,^  ^j,  Pinson,  tapissier,  rue  de  laMontagoe 
majesté,  depuis  le  i-^^jum  i8oq(  12  prainal.  )  j  Sainle-Genevieve  ,  est  sorti  de  chez  lui  :  il  a  été 

Lord  Holland  présente   sa   motion  ,  en  forme    trouvé  le  soir  sur  le  boulevard  de  IHôpiul ,  percé 
d'adresse  ,  au  roi;   elle  est  lue  par  le  lord  chan-     d'une  balle  :  son  pisiolei  était  à  côie  lui.  La  dou- 


celier. 

Lord  GrenviUe.  Une  semblable  motion  ne  me 
surprend  pas  de  la  part  du  noble  lord  :  elle  a 
pour  objet  d'affaiblir ,  en  détournant  votre  atten- 
tion ,  l'impression  qu'a  dû  produire  sur  vous  la 


leur  d'avoir  perdu  sa  femme  paraît  avoir  élé  la 
cause  de  ce  suicide  :  il  laisse  sept  enfans  en  bas 
âge. 

—  Un  émigré  français  vient  de  publier  en  An- 
gleterre une  nouvelle   méihode  quil  a  inventée 


lecture  des  pièces  qui  vous  ont  élé  remises,  rtia-  POar  éclairer  les   ruts  :  elle   consiste  principale 

tivement  aux  négociations  avec  la  France.  Mais  ment  à   taire  passer  la  lumière  des  réverbères  à 

ce  qui  me  surprendrait  beaucoup  ,  ce  serait  que  travers  des  cylindres  ou  vides  ou  rempli  d'eau  , 

la  motion  produisît  sur  vous  cet  elFet.  Le  noble  «e  qu'  la  réfléchit  d'une  manière  très-avaniageuse. 

lord  ,  dans  tout  ce  qu'il  a  dit  touchant  le  traité  Cette  méthode  ,  essayée  dans  un  des  quartiers  de 

signé  par  le  comte  de  Saint-Julien ,  m'a  paru  plus  •  Londres  ,  a  eu  un  plein  succès, 
habile    à  jusiiSer   l'ennemi,   que    l'ennemi  lui- 1      _Le  Journal   du  Commerce  contient  le  para- 

meraenelaete.  j  graphe  suivant  :. 

Lord  Holland.  Je  sais  que  c'est  la  coutume  du  I      "  Un  nommé  Smiih  a  fait  avec  succès  à  Bigst , 

noble  secréiaire-d'éiat  et  de  ceux  qui  gouvernent  e«  a«  Havre  ,  une  expérience   tendante    à  rendre 

avec  lui  ,  d'accuser  leurs  adversaires   d'être   les  '  potable  et  saine  l'eiu    la  plus   corrompue.  Il   a 

avocats  de   l'ennemi    de   noire   pays.  L'ailifice  ,  acheté  un  quartier  de  vache  ,  qu'il  a  laissé  putré- 


pendant  quelque  tems ,  a  réussi  assez  bien.  Je 
ne  connais  pas  d'autorité  légale  qui  donne  à  un 
(ecrétaire- d'état ,  ou  à  tout  autre,  le  droit  de 
mettre  en  question  les  motifs  qui  font  parler  un 
membre  du  parlement  ,  ou  d'imputer  à  bienveil- 
lance pour  l'ennemi  l'exercice  du  privilège  ,  que 
donne  la  constitution  de  réclamer  les  renseigne- 
mens  qu'une  chambre  du  parlement  a ,  selon  moi , 
le  droit  d'exiger  en  totalité.  Tels  sont  les  papiers 
dontje  demande  communication.  Le  noble  secré- 
taire-d'état dit  que  les  pièces  prouvent  que  le ,  .  _  . 
comte  de  Saint-Julien  a  outrepassé  ses  pouvoirs  :  /  M.  Smith  met  les  substances  que  l'eau  doit 
mais  comment  la  chose  est-elle  prouvée  ?  sur  l'au-  I  traverser  pour  s'épuiser.  Au  bout  de  i5  minutes, 


fier  sur  un  tas  de  fumier,  il  l'a  mis  ensuite  dans 
l'eau  ,  qui  a  pris  bientôt  une  couleur  noire  et 
verdâtre  ,  est  devenue  épaisse  ,  et  a  répandu 
l'odeur  la  plus  infecte.  Au  bout  de  20  jours  , 
en  présence  des  autorités  de  la  ville,  il  a  fait 
porter  à  bord  du  Géographe  (bâtiment  de  l'expé- 
dition des  découvertes)  ,  de  cette  eau  corrom- 
pue. Il  l'a  versée  dans  six  filtres,  faiis  en  forme  de 
bidons  ou  barrils  à  mettre  du  sel ,  mais  plus 
grands.  Chaque  philtre  est  composé  de  plusieurs 
divisions  ou  cercles,    dans  l'intervalle  desquels 


torité  même  d'une  lettre  écrite  par  le  noble  secré- 
taire-d'état :  en  sorte  que  c'est  de  sa  propre  auto- 
rité qu'il  s'appuie  ici  lui-même.  Je  crois  pouvoir 
dire  ,  sans  craindre  de  passer  pour  l'avocat  de 
Bonaparte ,  que  quand  une  chose  est  affirmée  par 
lui  ,  ètayée  par  les  ministres  d'Angleterre  ,  l'asser- 
tion de  l'un  vaut  bien  celle  des  autres.  La  corres- 
pondance ,  dont  je  demande  communication  , 
répandra  la  lumière  sur  toute  la  question  des 
négociations.  Il  est  possible  que  le  comte  de  Saint- 
Julien  ait  outrepassé  ses  pouvoirs  ,  à  quelques 
égards  ,  mais  si  la  motion  que  je  présente  à  la 
chambre  est  agréée  ,  leurs  seigneuries  pourront 
savoir  jusqu'où  l'abus  a  été  porté  ;  pour  moi,  je 
suis  persuadé  qu'il  n'a  pas  été  aussi  loin  que  les 
ministres  voudraient  le  faire  croire  à  toute  l'Eu- 
rope. 

La  motion  ,  mise  aux  voix  ,  est  rejettée.    - 

Sur  la  demande  de  lord  Darniey,  la  chambre 
s'ajourne  au  lundi  prochain. 


N     T    E     R    I    E     U 

Paris  ,  le  4  frimaire. 


R. 


On  écrit  de  Rome  que  le  fameux  Ozarotto  , 
génois  ,  d'abord  général  génois  ,  puis  déserteur 
des  troupes  françaises  ,  ensuite  général  allemand, 
puis  cbas^   de  ce  grade,  finalement  général  de 

la  masse  qui  avait  été  organisée  en  Toscane  sous  |  David  ,  Sàlzard  et  Mager°,  en  exécution  des 
le  commandement  dii  duc  d'Aost  et  de  Willot.  '  décrets  rendus  sur  les  imputations  d'abus  faites 
dégoûlé  de  la  protection   de   ces  messieurs,  qui     aux  fermiers-géiiéraux  desdiis  biux. 


l'eau  versée  sur  ces  philtres  sort  limpide,  pure  et 
sans  odeur  ,  comme  celle  de  la  fontaine.  Par  ce 
moyen,  les  marins  sont  toujours  sûrs  d'avoir 
de  l'eau  potable. 

L'auteur  de  l'invention  fait  un  secret  du  pro-. 
cédé  qu'il  emploie  ,  mais  le  chirurgien-major  de 
Brest  a  réussi  à  produire  le  même  effet  en  fesant 
passer  l'eau  à  travers  du  charbon  ,  de  la  chaux  , 
et  du  cailloux  de  différentes  espèces. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du.  aS  brumaire  an  9. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances- 
Vu  la  demande  des  héritiers  et  co-intéressés  des 
fermiers-généraux  ,  en  main  levée  des  séquestres 
et  oppositions  subsisians  sur  leurs  biens ,  par  suile 
des  décrets  des  aS  et  29  nivôse  an  2  ; 

Vu.  les  avis,  donnés  en  exécution  des  mêmes 
décrets  par  les  commissaires  de  la  comptabilité 
nationale  ,  sur  les  imputations  d'abus  et  malver- 
sations faites  aux  fermiers-généraux  des  trois  der- 
niers baux  ,  desquels  il  résulte  que  toutes  lesdites 
impuiaiions  sont  dénuées  de  fondement,  leconseil- 
d'élat  entendu  ,  arrêtent  : 

An.  I".  Il  sera  donné  main-levée  des  séquestres 
et  oppositions  mis  sur  les  biens  des  hériuers  et 
co-iniéressés  des  fermiers-généraux  des  baux  de 


II.  Le  ministre  des  fiiia-ces  est  charge  de 
l'exéciiMon  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré 
au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrélaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  i  frimaire. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil- d'état, 
entendu ,  arrêtent  : 

TITRE    PRE  iM  1ER 

Masse  d'habillement  et   équipement  militaire. 

Art.  I'^.  li  sera  fait  pour  l'an  9  un  fond  fixe 
pour  l'habillement  et  éciuiperaent  militaire  , 
entretien  ,  confection,  et  première  fourniture 
de  petit  équipement  fourni  par  l'éiat  aux  troupes 
d'artillerie  de  la  marine. 

Ce  fonds  sera  désigné  sous  le  nom  de  masst 
dkabillement  et  équipement  militaire. 

II.  Cette  masse  sera  de  34  francs  par  chaque 
sous-officier  et  soldat  ,  il  y  sera  ajouté  un 
supplément  de  14  fr.  pour  la  fournuure  d'usage 
dans  la  marine-,  d'un  palieau  de  drap  tous  le» 
trois  ans  ,  et  d'une  culotte  de  toile  ou  tricot  tous 
les  ans.  Le  décompte  en  sera  fait  par  douzième 
chaque  mois  ,  sur  l'extrait  de  revue. 

Elle  sera  payée  en  totalité  aux  demi-brigades  et 
compagnies  d'ouvriers,  dont  l'effectif  s'élèvera 
aux  deux  tiers  du  complet  de  guerre  ;  il  n'ea 
sera  payé  que  les  trois  quarts  à  celles  donl 
l'effectif  sera  au-dessous  des  deux  tiers  ;  et  la 
moiiié  à  celles  qui  se  trouveraient  réduites  au- 
dessous  de  la  moitié  du  complet.  ; 

III.  Les  fonds  de  cette  masse  seront  administrés, 
dans  chaque  demi-brigade  et  compagnie  d'ou- 
vriers ,  par  les  soins  économiques  du  conseil 
d'administration  ,  qui  en  rendra  compte  chaque 
année  à  l'inspecteur  -  général  des  troupes  ,  et 
celui-ci  au  ministre   de  la  marine. 

IV.  Les  dépenses  auxquelles  doit  subvenir  la 
masse  d'habillement  et  d'équipement  militaires 
soni  : 

1"  L'achat  des  étoffes  ,  la  confection  et  l'entre- 
tien de  toutes  les  parties  de  l'habillement  des 
sous-officiers   et  soldats  ; 

2°  L'entretien  et  le  remplacement  des  ceintu- 
rons ,  baudriers,  gibernes,  bretelles  de  fusil, 
caisses  et  colliers  de  tambours  ,  et  la  répartition 
des  armes  ; 

3"  La  fourniture  des  effets  du  petit  équipement 
qui  seront  délivrés  à  chaque   soldat  lors  de  son 
arrivée  au  corps  et  qui  consistent,  savoir: 
En  I  sac  de  peau  ; 
3  chemises  i 
3  mouchoirs  ; 
I  paire  de. guêtres  noîfes; 

1  paire  idem  de  toile  grise  ; 
i  paires  de  souliers  ; 

3  paires   de   bas  ; 

2  cols  ; 

Sac  à  poudre,  brosses,  peignes,  boucles  « 
rubans  de  queue  et  épinglelies. 

4°  Les  frais  de   bureau  de   l'état-major.         , 

TITRE    IL 

Masse  de   linge  et  chaussure. 

V.  L'entretien  et  le  remplacement  des  effets 
de  petit  équipement  seront  à  la  charge  de  chaque 
sous-officier  et  soldat  ;  il  sera  fait  ,  en  consé- 
quence ,  une  retenue  sur  leur  solde,  qui  sera 
de  8  centimes  par  jour  ,  pour  chaque  sergent- 
major,  sergent  et  fourrier  ;  et  de  5  centimes  pour 
chaque  caporal  et  soldat. 

VI.  Le  produit  de  cette  retenue  sera  appelé  , 
masse  de  linge  et  chaussure.  Elle  sera  administrée 
dans  chaque  demi-brigade  et  compagnie  d'ou- 
vriers d'artillerie  de  la  marine  ,  par  le  capitaine 
de  la  compagnie,  sous  les  ordres  et  sous  la 
surveillance  du  conseil  d'administration. 

VIL  II  sera  tenu  un  compte  ouvert  à  chaque 
sous-officier  et  soldat  ,  pour  les  dépenses  et  l'en- 
tretien du  petit  èquipemciu  ;  et  le  décompte  en 
sera  fait  tous  les  trois  mois  :  mais  il  ne  sera  paiyé 
à  chaque  homme  que  ce  qui  excédera  27  fr.  pour 
les  sergens-majors  ,sergens  et  fourriers,  et  18  fr. 
pour  les  caporaux  et  soldats.  ' 

Ces  sommes  resteront  toujours  à  la  masse  pour 
subvenir  aux  dépenses  journalières  du  petit  équi- 
pement. , 

VIII.  Lorsqu'un  sous-officier  ou  soldat  obtiendra 
son  conijé  absolu  ,  le  décompte  de  cette  retenue 
lui  seratait  en  son  entier,  déduction  faite  de  ce 
qu'il  pourra  devoir  au  corps. 

IX.  I!  ne  sera  point  établi ,  dans  les  troupes  de 
la  marine  ,  des  masses  de  boulangeries  ,  de  caser- 
nement ,  ni  de  chauffage  ;  le  ministre  traitera  avec 
le  munitionnaise  général  des  vivres  de  la  marine  . 
pour  la  fourniture  de  la  ration  d.e  pain  ,  alloué* 


»ux  sous-officiçrs  et  soldats,  présens  au  corps, ou 
détachés  pour  Je  service. 

X.  L'administration  des  ports  passe  ,  sous  l'ap- 
probation du  ministre,  les  marchés  relalits  aux 
hôpitaux  ,  casernement  ,  chauffage  des  troupes  et 
fourniture  de  liis  militaiies. 

Mais_  il  sera  retenu  à  chaque  sous-officier  et 
soldat  à  l'hôpiral,  les  deux  lieis  de  la  solde  pen- 
dant tout  le  lems  qu'il  y  sera  resté. 

Le  chauffage  des  troupes  sera  déterminé  .  quant 
à  la  quotité  du  combustible  et  aux  mois  d'hiver, 
ainsi  qu'il  est  réglé  à  l'égard  des  tioupes  de 
terre. 

XL  Le  niinistre  de  la  marine  et  des  colonies 
est  chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui 
sera  inséré  au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,   iisné ,  Bon.\parte. 
Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

•i  Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre  ,  le  conseil-d'état  en- 
tendu ,  ariêtent  : 

Art.  !"■.  Les  pensiajis  précédemment  accordées 
en  exécution  de  l'an.  XI  du  litre  X'Vli  de  l'or- 
donnance du  27  juillet  1781  ,  en  faveur  des  mi- 
litaires qui  ,  réduits  en  un  état  d'incurabilité  ab- 
solue ,  oni  été  admis  dans  de«  hôpiiaux  civils  , 
seront  converties  en  solde  d.-  reiraite  ,  confor- 
mément àja  loi  du  28  fructidor  an  7  ;  mais  elles 
deraeureroni  fixées  aux  taux  auxquels  elles  ont 
été  primiiivement  portées. 

IL  Le  paiement  de   cette  solde  de  retraite  sera 
fait  ,  àcomp;cr  du  1^'' vtndemia  le  au  g  ,  d  après  1 
les   levues  des  commissaires    des  guerres  ,  euire  ' 
.les    mains  de   l'administration  de    I  hôpital  civil  ,  1 
dans  lequel  ces  militaires  seront  adiais. 

III.  Les  arrérages  échus  antérieurement  à  l'an  g 
seront  acquittés  ,  conformément  aux  lois  et  ar- 
rêtés relatifs  au  mode  de  paiement  des  pensions 
militaires. 

IV.  Les  minisires  de  la  guerre  et  des  finances 
sont  ,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,   chargés  de 

J'exécuuon  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé 
au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,    signé,    Bcjisiaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrélaire-d  état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre   des  finances  ; 

Vul  article  XXXIV  de  la  loi  du  22  vendémiaire 
an  4  ,' relative  à  1  o/ganisaiion  des  monnaies  ,  et 
l'arrêté  du  28  messidor  an  7  ,  le  conseil  -  d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I".  Il  sera  alloué  aux  directeurs  des  mon- 
naies pour  les  frais  de  fonte  et  fabrication  des 
pièces  d'argent  de  cinq  francs  ,  décrétées  le  28 
thermidor  an  3  ,  2  fr.  17  cent,  par  kilogramme. 

II.  Il  leur  sera  passé  en  compte  ,  pour  les 
déchets  dans  les  fontes  d'argent ,  5oo  grammes 
par  100  kylogrammes. 

III.  La  présente  fixation  n'aura  lieu  que  pour 
la  fabrication  de  l'an  8. 

IV.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  ,* 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 


a55 

présenter  de  sa  part.  Acceptez  en  niêtnc  tems  les 
assurances  de  ma  plus  haute  considération. 

Le  tribunal  ordonne  que  les  médailles  et  les 
pièces  de  monnaie  ,  au  nombre  de  douze  seront 

déposées  aux  archives. 

L  ordre  du  jourappelle  les  observation»  d'ordre 
annoncées  parle  iiibun  Parent  Real  dans  la  séance 
d'hier, 

Pi7ri,';U-/{Mfr"La  propositon  d'un  des  trois  can- 
didats qui  doivent  être  piésentés  pour  la  nomi- 
nation à  une  place  de  sénateur,  est  l'une  des 
belles  aitiibulions  du  tribunal.  L'a  combinaison 
de  faire  concourir  à  i'organis.-tion  du  sénat  le» 
pruicipatix  fonciionnaires  (]u  il  est  chargé  d'élire  , 
me  paraît  neuve  et  profonde.  Elle  rattache  heu- 
reusement les  exlréuiiiés  du  cercle  des  élections  ; 
elle  fait  jriaître  une  confiance  qui  établit  les  meil- 
leurs rapports  entre  les  premières  autorités  ,  et 
qui  est  favorable  à  la  bonté  de  leurs  sufi'ragcs. 
Cet  enchaînemint  d'action  ,  cette  réciprocité 
d'influence  ,  doivent  servir  le  bien  public  et 
l'état. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

SÉANCE    DU    4     FRIMAIRE. 

En  exécution  de  l'arrêté  pris  dans  la  séance 
d'hier  ,  le  bureau  communique  au  tribunal  les 
divers  messages  ,  par  lesquels  le  sénat-conserva- 
teur annonce  la  mort  de  plusieurs  de  ses  mem- 
bres. Il  en  résulte  qu'il  y  a  au  sénat-conservateur, 
trois  places  vacantes  pour  cause  de  mort ,  et  deux 
pour  completter  les64  membres,  nombre  auquel, 
d'après  la  constitution  ,  le,  sénat  doit  être  porté 
pendant  l'an  g. 

Le  tribunal  procédera  incessamment  à  la  pré- 
sentation des  candidats. 


Le  président  fait  lecture  de  la  lettre  suivante  , 
qui  lui  a  été  adressée  par  le  citoyen  Marescal-  hi  , 
député  de  la  république  cisalpine ,  près  le  premier 
consul. 


Aussi  ,  c'est  parce  que  vous  avez  jugé  ce  de- 
voir ^important ,  que  vous  avez  environné  son 
accomplissemeni  de  formes  protectrices  et  de 
délais  priidens.  Les  précautions  déterminées  par 
1  art.  XLIX  de  votre  règlement  attestent  la  sagesse 
de  vos  esprits  et  la  pureté  de  vos  intentions. 

Mais  les  conceptions  du  génie  ont 'besoin  elles- 
mêmes  de  la  leçon  de  l'expérience.  La  constitu- 
tion n'a  pu  poser  que  le  principe.  Les  déve'op- 
pemens  appartiennent  à  des  lois  réglémeniaiies. 

Je  ne  viens  point  les  provoquer,  parce  que 
nioi  aussi  je  désire  que  le  tribunal  soit  sobre  de 
1  initiative  v  je  crois  que  l'acte  de  proposer  les 
candidats  pour  l'élection  d'un  sénateur  aurait 
besoin  d'être  régularisé.  Je  voudrais  qu'une  loi 
organique  en  déterminât  les  formes  ,  en  précisât 
le  lems  ,  l'ordre  et  les  circonstances.  Il  me  paraît 
nécessaire  surtout  que  les  présentations  soient 
faites  le  niêuie  jour  et  simultanément  ;  mais  ces 
moyens  de  perfection  ne  sont  point  dans  votre 
main  ;  il  faut  les  attendre  avec  confiance  du  pou- 
voir revêtu  du  droit  de  les  proposer. 

Je  dois  me  bornera  vous  soumettre  que'ques 
modifications  qui  sont  faciles,  et  sans  doute  de 
votre   compétence. 

Vous  avez  arrêté  que  lorsqu'il  y  aurait  lieu  à 
présenter  un  candidat  au  sénat  conservateur,  il  se 
ferait  un  premier  scrutin  indicatif.  Cette  sorte 
de  scrutin  peut  être  utile  pour'une  auroriié  dont 
les  séances  ne  sont  point  piibliqucs  ,  tcdes  que 
le  sénat.  Au  sein  du  tribunal,  je  lui  trouve 
moins  d'avantage    que  d  in  convéniens. 

Je  crains, _par  exemple  ,  que-  l'aniiiié  qui  a  son 
enthousiasme  ,  ne  se  livre  aussi  à  ses  illusions  ,  et 
ne  puisse  comnietire  ses  errcuis.  Je  crains  que  , 
par  prévention  ,  elle  naccorde  quelque  fois  son 
estime  à  l'homme  médiocre  comme  au  plus 
digne.  De-là  l'on  verrait  sur  votre  liste  des 
noms  faibles  et  sans  couleur.  Celui  qui  aurait 
été  désigné  ainsi  par  un  suffrage  complaisant  ei 
solitaire  ,  ne  serait  point  honore  ,  et  son  obscu- 
rité ,  ou  son  incapacité  morale  ,  jetterait  de  la 
défaveur  sur  le  choix  définitif  du   iribunat. 

Le  scrutin  indicatif  n'est  admissible  ,  à  mon 
avis  ,  qu'autant  que  le  vote  individuel  est  moti,vé, 
et  qu'il  est  peimis  d'ouvrir  une  discussion  sur  les 
carididais  ;  alors,  je  conçois  qu'il  est  possible 
qu'il  remplisse  son  but,  et  qu'il  devienne  si 
Ion  veui  préparatoire  ;  mais  la  publicité  néces- 
saire de  vos  séances,  et  les  dangers  attachés  à 
toiite  discussion  publique,  lorsqu'elle  a  pour 
objet  les  individus  ,  s'opposent  fortement  à  ce 
que  vous  fassiez  accompagner  de  ces  formalités 
le   scrutin  ^d  indication. 

Q,uelque  soit  d'ailleurs  la  manière  de  l'amen- 
der ,  il  y  a  contre  sa  conservation  une  objection 
que  je  ne  peux  point  dissimuler.  En  effet  ,  ouïe 
premier  scrutin  d  élection  produira  ,  sans  liste 
indicative  préalable  ,  la  majorité  absolue  des 
voix  ,  et  alors  celte  liste  eût  été  vaine  ;  ou  il  faudra 
procéder  à  un  second  tour  de  scrutin  ,  et  dans 
ce  cas  la  première  épTeuve  dans  laquelle  il  y 
auia  eu  une  grande  dissémination  de  suffrages, 
servira  bien  elle-même  de  table  d'indication.  Je 
crois  donc  qu  il  y  a  un  avantage  réel  à  sup- 
primer le  premier  scrutin  pureiiient  indicatif, 
parce  qu  il  est  surabondant  et  parasite,  et  que 
la  mtaltiplicilé  de  noms  qu'il  occasionne  ,  fatigue 
I  esi  lit  et  distrait  nécessairement  l'atleniion  à 
l'égard  du  concurrent  sur  lequel  elle  aime  à  se 
reposer,  et  sur  lequel  elle  doit  enfin  se 
réuiiii. 


Une  seconde   question  se  présente  sur  l'cxécu- 
liian  de  1  an.  XVI  de  la  consiitulion  ,  et  je  la  crois 
irès-irapori  nie  ;  je  la  livre  d'ailleurs  à  vos  médi- 
/-,  ■  I  talions  ,  moins  comme    une  opinion  à  laauelle  \e 

Citoyen  président  ,  ,„^,  ^^-^  ^„.,.  ^  ^^^  ^„^^^  ^^^  doute  \ue  j'ai 

La  bataille  de  Marengo  est  un  événement  qui  1  conçu. 
fera  époque  dans  l'histoire  ;  il  fallait  «jue  la  ic-  En  attendant  que  la  loi  ait  réglé  le  mode 
connaissance  du  gouvernement  cisalpin  vers  la  '  d'énre  les  candidats  à  présenter  au  sénat- conter- 
république  française  en  formât  une  aus=;i.  Voilà  ;  vattur  ,  et  (ju'ellc  ait  donné  à  cet  acic  son  com- 
à  quoi  sont  dirigées  le»  médailles  et  les  monnaies  '  plérnent ,  il  conviendrait  peui-êire  que  le  tribunal 
que  j'ai  1  honneur,  citoyen  président,   de  vous    adoptât  l'usage  louable  suivi  par  le  premier  consul, 


I  de  motiver  ses  ptésentMions.  La  simple  dé.<;îgna- 
tion  des  fondions  publiques  ,  bu  de"  rirrékcfcî 
aciirellement  par  le  candidat -,■  ne  le  fiii  point 
toujours  connaître  assez  sous- les  rapports  qui  le 
distinguent  le  plus  et  comme  par  excellence.  S  il 
est  des  citoyens  dont  la  réputation  pleine  de  gloire 
est  devenue  europcatme  ,  et  qu'il  suffise  de 
nommer  pour  les  recommander  davantage  et  en 
faire  le  plus  bel  éloge  .  il  en  est  d'autres  ausîi  d'un 
vrai  mérite  ,  dont  le  nom  beaucotlp  moins  connu  ,' 
est  un  icxie  riche  ,  mais  peu  familier,  qui  a  be» 
soin  d  être  commenté,,  .tu  <yit;lque  soue  ,  par 
litidicaiion  spéciale  de  leurs  travaux  ou  de  leur 
conduite.  Lors(iuun  citoyen  a  l'av.anta;je  d'offrir 
plusieurs  liirts  à  la  consitiéiaiion  nationale,  iU 
concourent  tous  s.)ns  doute  à  le  faire  préléier; 
mais  il  n  est  point  indifflicnl  non  plus  au  carac- 
tère du  tribunal  que  Ion  saclie  ou  que  l'on  ignoré 
la  qualité  qu'il  a  aimé  à  distinguer  ,  qui  lui  a 
montré  plus  de  garantie  cl  qui  a  déterminé  partît- 
culiéremcnt  son  choix.  L'exposé  de  vos  motifs 
aurait  sur-tout  ce  mérite,  r^u'eii  accordant  vos 
suffrages  à  un  citoyen  pris  dans  te!  ordre  de 
fonctions,  vous  pouirltz  fi<ire  connaître  que  vous 
avez  voulu,  non-seulement  lécornpenserses'vt  riu» 
personnel  es  ,  mais,  au^si, honorer  en  lui  tous 
ceux  qui  exercent  la  même  profession.  Si  la  car- 
rière était  périlleuse  ,  ce  serait  une  récompense; 
SI  elle  était  plus  udlc  que  brillante  ,  ce  serait  uiji 
encouragement. 

^  Je  sais  toutefois,  tribuns,,  .qu'il  est  plus  facile 
a  un  seul  lonctionnaire  ou  à  une  auioriié  léduite  , 
en  cette  occasion  ,  à  un  seul  ,  de  motiver  tei  pro- 
positions ,  qu  à  une  autorité  multiple,  à  un  corp^ 
composé  de  cent  ou  de  trois  cents  raembies.  Mji's 
si  les  raisons  qui  portent  à  voter  pour  un  citoyen 
peuvent  être  variées  à  l'infini  dans  leurs  nuances 
et  se  décomposer  au  pointde  devenir  aussi  nom- 
breuses que  les  voians  ,  il  est  cependant  des 
moiifs  générau*,  transcendans  ,  sur  lesquels  doit 
-se  fixer  la  majorité  de  l'a&semblée  la  plus  nom- 
breuse. ■   ,  ■    .         .   .     ,    ,  j 

_  L'expression  de  ces  motifs  ne  me  paraît-  avoîr 
rien  d'impraticable,  et  si  voiis  adoptiez  le  pi'in" 
cipe  d'en  ém-ettre  ,  il  suffirait  de  rechercher  alors 
le  meilleur  moyen  de  les  constater  et  de  les  ré- 
digci;.  Obsetvez  seulement ,  je  vous  prie  ,  que  les 
abus  quej'avoue  êire  inséparabie's  de  la  discussion 
des  individus  ,. ne  sont  point  ici  les  mômes  ofi 
pluiôt  qu'ils  ne  se  rencontrent  plus., Après  le 
scrutin  d  indication  .  ce  sont  toiis  ceux  qu'il  com- 
prend que  l'on  pourrait  d  <cut;-t  ;  après'le  scruttb 
définitif,  le  candidat  est  clioiii ,  1!  est  seul.  Déjà  , 
vous  avez  été  d'accord  sur  son  mérite  ,  puisque 
vous  lui  avez  accordé  voire  confijiice.  ,11  ne  peut 
donc  plus  être  question  de  l'accuser.  Votis 
êtes  ,  au  contraire,  iniéressés  à  lui  trouver  les 
titres  les  plus  recommandablts  et  qui  honorent 
davantage  votre  préseniation.Je  pourrais,  tribuns, 
donner  à  mes  idées  plus  d'étendue  ,  mais  je  croîs 
qu'il  convient  à  des  observations  d'ordre  d  être 
sommaires  ,  et  que  leur  développement  doit  êti'e 
réservé  pour  la  discussion. 

Je  vous  invite  à  examiner  d'abord  si  l'accessoire 
que  je  votis  propose  ,de  donner  à  vos  votes  ,  est 
bon  en  soi-même;  et  s'il  promet  plus  davaniages 
quil  ne  fait  craindre  d'inconvéniens. 

Je  conclus  1°.  à  ce  que  le  tribunal  supprime  le 
scrutin  indicatif  pour  l'éL-clion  des  candidats  à 
présenter  au  sénat-conservateur.! 

2°.  A  ce  qu'il  motive  ses  présentations. 

Je  prie  le  tribunal  de  renvoyer  à  une  commis- 
sion l'examen  de  mes  observations. 

Ces  propositions  sont  renvoyées  à  l'examen 
d'une  commission  ,  composée  des  citoyens  De- 
meuniers  ,  Parent-Real  ,  Lehary  ,  Laloi  et  Malès. 

"  Le  tribunal  reçoit  du  corp'.-légis|aiif ,  le  projet 
de  loi  relatif  à  l'organisation  définitive  des  archivés 
nationales. 

Ce  projet  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  com- 
mission de  trois  membres. 
La  séance  est  levée. 

CORPS-LÉGISLATIF. 

Présidence  de  Chatry-Lafosse. 

SEANCE  DD  4  FRIMAIRE. 
Le  citoyen  Mareschalli  ,  député  de  la  républi- 
que cisalpine  près  du  premier  consul  ,  envoie 
au  corps  législatif  plusieurs  médailles  frappées 
en  mémoire  de  la  bataille  de  Maringo.  (  Vofez  'la 
séance  du  Iribunat.)  ' 

Il  sera  fait  mention  de  cet  Hommage  au  proces- 
verbal. 

L'ordre  du  jour  appelé  le  renouvellement  de  la 
commission  des  inspecieurs.  On  s'occupe  de  la 
formation  du  scrutin  pour  Cet  objet. 

Le  citoyen  Isaac  Tarteyron  ,  membre  du  coups 
législatif,  envoie  sa  démission  ,  motivée  sur  son 
grand  âge  et  l'affaiblissement  de  sa  santé.  Kii  le- 
rionçant  à  ses  fonctions  ,  il  se  flatte  de  couseiver 
l'estime  de  ses  collègues. 

Il   sera    fait  mention  de  «a  lettre   au  procéi- 


iB6 


verbal ,  e«  il  en  sera  donné  communication  au 
âénat-conservaieuT. 

Une  lettre  du  seeréraire-d'éiat,  annonce  l'envoi 
êe  deux  orateur»  ,  le  6  frimaire ,  pour  présenter 
deux  projets  de  loi. 

.  Les  trois  orateurs  annoncés  pour  ta  séance  d'au- 
jourd'hui ,  sont  introduits  dans  l'assemblée  ;  ce 
«ont  les  citoyens  Devaisme  ,  Duchâtel ,  de  la  Gi- 
ronde 1  et  Defermont. 

Devaisnu  présente  un  projet  de  loi  qui  réduit  à 
7  pour  cent  les  intérêts  des  cautionnemens  fournis 
par  les  receveurs-généraux  et  particuliers  des  con- 
tributions directes. 

Voici  les  motifs  exposés  par  l'orateur  à  l'appui 
de  ce  projet  : 

Citoyens  législateurs,  les  lois  du  6  frimaire  et 
»7  ventôse  en  assujettissant  les  receveurs-géné- 
raux et  paiticuliers  de  l'impôt  direct  à  fournir  un 
cautionnement  ,  leur  accorda  pour  celle  même 
année  une  indemniié  de  lo  pour  cent. 

Elle  était  considérable,  mais  les  cautionnemens 
l'étaient  aussi. 

Ils  avaient  pour  base  le  vingtième  de  la  con- 
tribution foncière  ,  tandis  que  ceux  exigés  pour 
les  autres  emplois  étaient  calculés  non  sur  la  re- 
cette, mais  sur  le  revenu  de  la  place. 

D'ailleurs ,  à  cette  époque  l'argent  était  rare  , 
le  prix  auquel  on  l'obtenait  très-cher  ,  et  les  re- 
ceveurs ,  commençant  à  peine  leur  gestion  ,  n  a- 
vaieni  pu  inspirer  asstz  de  confiance  pour  trou- 
Ver  des  fonds  à  un  iniéiêi  modéié. 


SÉNAT-CONSERVATEUR. 

Extrait   des    registres    des  délibérations    du  sénat- 
conservateur.  —  Du  i  frimaire 

Le  sénat  procède  au  scrutin  pour  le  renouvel- 
lement du  bureau  ,  conformément  à  l'article  I'' 
de  son  règlement. 

Ledépouillement  des  votes  donne  la  majorité 
absolue  pour  la  présidence,  au  cil.  Laplace. 

Il  est  proclamé  président  du  sénat,  et  occupe 
le  fauteuil  en  cette  qualité. 

I  Les  citoyens  Clément  Deris  et  Rousseau  sont 
pareillement  élus  à  la  majorité  absolue  ,  et  pro- 
clamés secrétaires  du   sénat. 

Ils  prennent  place  au  bureau  en  cette  qualité. 

Le  sénat-conservateur  arrête  que  ces  nomina- 
tions seront  sur  le  champ  notifiées  par  un  mes» 
sage  au  .corps-législatif ,  au  tribunal,  et  aux 
consuls  de  la  république.' 

Signé ,  Laplace,  président;  Clément  Deris  et 
Rousseau  ,  secrétaires. 

Par  lé  sénat-conservateur  , 

Le  secrétaire-général ,  si^é  ,  Cauchy. 


THÉÂTRE       DES       ARTS. 


On  a  donné  hier  au  Théâtre  des  Ans  la  repre- 
seniation  d'Alceste  ,  ce  chef-d'œuvre  de  1  art 
musical.  Le  rôle  d'Alceste  ,  le  plus  beau  et  le 
plus  difficile  peut-être  de  la  scène  lyiique  ,  était 
confié  à  madame  Casser,  artiste  distinguée  du 
théâtre  de  Bordeaux  ,  qu'anime  le  désir  de 
.    .         ,„     .  ,  jfl:      1.'  ■     mériter  les   suffrages  d'un  public   accoutumé  aux 

Aujourdhui  plusieurs    de   ces   difficultés    ont    „fa„ds£fï-^,s,,ug produisait madameSjint-Huberli, 


disparu  ,  ou  se  sont  afifaiblies 

L'ordre  ,  ce  premier  élément  de  l'économie , 
établi  dans  toutes  les  parties  de  l'administration  ; 
la  révision  sévère  de  chaque  nature  de  dépenses; 
la  suppression  d'un  grand  nombre  d'abus;  1  in- 
tention du  gouvernement  de  les  proscrire  tous , 
on  fait  remonter  les  effets ,  le  crédit  s'est  ranimé  , 
la  ciicuiation  j  las  abondante  a  rendu  :es  négocia- 
tions plus  faciles ,  et  les  receveurs  ont  eu  le  tems 
ou  de  réunir  leurs  ressources  personnelles,  ou 
de  se  préparer  des  empiUD  I  moins  coûteux. 

On  peut  sans  doute  conclure  de  ces  fait»  ,  qu  il 
convient  de  soumettre  l'indemnité  à  une  réduc- 
tion. 

Il  aurait  été  à  souhaiter  qu'elle  eût  pu  être  assez 
forte  pour  établir  l'uniformité  entre  tous  les  cau- 
tionnemens ,  et  pour  donner  un  exemple  de  plijs 
de  celle  fixation  de  l'intérêt  à  5  pour  cent  qui , 
lorsqu'il  est  admis  dans  toutes  les  transactions  , 
est  à-la-fois  un  signe  certain  de  l'aisance  générale 
et  un  moyen  puissant  de  l'accroître. 

Mais  les  transitions  précipitées  n'ont  que  trop 
souvent  écarté  du  biit  que  l'on  voulait  atteindre  ; 
il  faut  calculer  le  tems  et  les  circonstances, 
améliorer  sans  impatience  ,  changer  sans  se- 
cousses ,  et  opérer  les  réformes  avec  la  mesure 
qui  peut  seule  en  assurer  la  stabilité. 

Ici  ,  par  exemple  ,  en  diminuant  l'indeinnité 
de  moitié,  il  était  à  craindre  que  plusieurs 
prêteurs  ne  retirassent  leurs  capitaux  ,  qn'il  u'y 
■  eût  de  l'embarras  pour  les  receveurs  ,  et  de  la 
gêne  dans  le  service. 

Votre  sagesse  et  votre  expérience,  ciitjyens 
législateurs,  garantissent  votre  adhésion  à  ces 
principes;  ce  sont  eux  qui  ont  déterminé  le 
projet  de  loi  dont  vous  avez  entendu  la 
. lecture. 

La  discussion  est  indiquée  au  g  prochain. 

Le  projet  et  les  motifs  qui  l'accompagnent 
'  seront   envoyés  au  tribunal. 

Duchâtel  ,  de  la  Gironde  ,  succède  à  l'orateur  , 
et  présente  un  projet  qui  fixe  un  délai  de  six 
mois  pour  prononcer  sur  la  validité  des  juge- 
niens  arbitraux  obtenus  par  les  communes  contre 
.  la  république ,  concernant  la  propriété  des  forêtt 
prétendues  nationales. 

Il  était  juste  ,  dit  l'orateur  ,  de  fixer  un  terme 
à  la  révision  de  ces  jugemens  ;  mais  les  délais , 
accordés  par  des  lois  antérieures,  n'ont  pu  suf- 
fire-, la  multiplicité  des  affaires  administratives  a 
empêché  de  porter  la  lumière  sur  ,ces  questions 
entr«  les  inlérêis  de  l'état  et  ceux  des  citoyens. 
Utifc  loi  nouvelle  a  paru  nécessaire  au  gouverne- 
ment ,  pour  concilier  celles  précédemment  ren- 
dues avec  les  motifî  qui  les  ont  fait  rendre ,  pour 
prévenir  des  abus  qui  «pporteraieiU  un  préjudice 
tonsidérable  dans  l'adrtiihistration  forestière  ,  et 
qui  puissent  en  même  lefiJi  itendre  une  justice 
exacte  aux  particuliers. 

L'orateur  annonce  que  la  discussion  de  ce 
projet  a  été  fixée  pour  le  ii  frimaire. 

L'assemblée  ordonne  l'envoi  au  tribunal. 

On  continue  le  dépouillement  du  scrutin  pour 
le  renouvellement  de  la  commission  des  inspec- 
teurs. ...     1        , 

(  Demain  nous  ferons  connaître  le  résultat.  ) 

La  séance  est  levée. 


et  aux  succès  soutenus  de  mademoiselle  Maillard. 
Un  début  en  ce  genre  ofirail  des  difficultés  ;  c'était 
beaucoup  de  n'en  être  pas  effrayé  .  Madame 
Qjsser  nous  a  paru  donner  de  ses  talens  une 
idée  très -avantageuse  ,  et  mériter  d'autant  plus 
d'encouragement,  qu'éloignéede  la  scène  depuis  j 
trois  ans  ,  elle  avait  à  combattre  sa  propre  dé- 
fiance. Elle  s'est  présentée  avec  des  avantages 
qui  peuvent  lui  promeltre  des  succès  réels  et 
constans.  Une  voix  pleine  ,  d'un  timbre  agréa- 
ble ,  une  bonne  méthode  de  chant  ,  une  diction 
pure  ,  un  geste  vrai ,  une  attitude  qui  a  de  la 
dignité,  voilà  ce  qui  nous  a  semblé  fixer  1  atten- 
tion des  hommes  de  goûi.  Si  sa  timidité  insépa- 
rable d'un  début  et  l'inhabilude  d  un  théâtre 
immense  ont  nui  dans  quelques  morceaux  au 
développement  de  ses  moyens  ,  on  n'en  a  pas 
moins  senu  tout  ce  qu'un  premier  essai  doit 
donner  d'espérance  aux  amateurs  des  beautés 
simples  et  vraies.  C'est  sur-tout  dans  le  récitatif 
qu'elle  a  rappelé  ce  bon  goût  dont  le  cit.  La'is 
donne  depuis  long-iems  des  leçons  et  des  exem- 
ples. Madame  Casser  est  une  des  élevés  qui 
promet  d'en  profiiler  davantage. 


DIVERS. 


LIVRES 

Le  Portefeuille  des  Enfans  ,  mélange  intéressant 
d'animaux ,  fruits  ,  fleurs  .  habillemens  ,  plans  , 
cartes  et  autres  objets  ,  dessinés  suivant  des  ré- 
ductions comparatives  ,  et  commencés  à  graver 
en  1783  ,  sous  la  direction  de  Cochin  ;  accom- 
pagnés de  courtes  explications  et  de  divers  ta- 
bleaux élémentaires.  Rédigé  par  Ant.  Nie.  Du- 
chesne  et  Aug.  Sav.  Leblond. 

A  Paris ,  chez  Mérigot ,  jeune  ,  quai  des  Au- 
gustins  ;  Merlin ,  rue  du  Hurepoix  près  le  Pont- 
Saini-Michél. 

Les  véritables  amis  de  l'insiruction  voient  avec 
intérêt  se  continuer  les  oiivrages  inspirés  par  le 
seul  detir  de  la  propager  ,  en  la  fesant  aimer  et 
rechercher.  Il  y  a  plus  de|  deux  ans  qu'il  n'avait 
paru  de  livraisons  de  celui-ci ,  dont  il  semble 
que  les  circonstances  ont  pu  rallentir  la  marche 
sans  altérer  l'esprit  et  l'exécution. 

C'est  toujours ,  comme  dans  les  précédens  nu- 
méros ,  une  variété  d'objets  qui ,  sans  tenir  trop 
long-tems  sur  un  même  point  l'attention  des  jeu- 
nes amateurs  auxquels  elle  est  destinée  ,  utihse 
leur  premier  moment  d'attention  en  détaillant 
avec  concisioir  et  netteté  ce  qu'il  est  plus  intéres- 
sant de  savoir  et  de  retenir. 

Ce  cahier  contient  cinq  planches  ,  gravées 
d'après  des  dessins  très-exacts  ,  et  disposées  par 
figures  envoyées  par  numéros  à  une  explication 
placée  En  regard. 

Quinze  oiseaux  chanteurs  étrangers  occupent 
la  première. 

La  sétondè  planche  est  consacrée  à  une  classe 
d'animaux  ordinairement  peu  connue  ,  mais  qui 
offre  à  l'observateur  des  particularités  fort  singu- 
lières. Ce  sont  quinze  lézards  en  tête  desquels 
figure  le  caméléon. 

Nous  croyons  pouvoir  copier  la  singulière  des- 
cription de  cet  animal ,  le  seul  de  son  ordre  dont 
on  se  plaise  à  parler. 

LE     CAMÉtÉON. 
Les  poêles  ont  pu  supposer  pour  emblème  de 
la  vile  flatterie  ,  un  Caméléon  qui ,  nourri  d'air, 
prît  la  forme  et  la  couleur  des  objets  qui  l'envi- 


ronnent. En  écartant  le  merveilleux ,  il  reste  pour 
le  naturaliste  assez  de  singularités  à  détailler  dans 
ce  lézard.  Autour  de  sa  lêie  et  de  son  corps  une 
i-rrête  dentelée  :  sur  ses  pru- elles,  des  membranes 
à  peine  fendues,  qui  en  suivent  les  mouvemens 
indépendans  l'un  de  l'autre,  selon  ce  que  cha- 
cune d'elles  regarde  :  à  ses  oreilles  ,  des  envelop- 
pes ,  dont  il  est  assourdi  jusqu'à  la  stupidité  :  à  ses 
pattes ,  des  espèces  de  gants  qui  donnent  à  sa  dé- 
marche un  ridicule  embarras.  Sa  queue  est  pre- 
nante comme  celle  des  sapajous.  Ses  mâchoires 
sont  taillées  en  forme  de  dents,  et  si  resserrées  , 
qu'on  a  souvent  peine  à  distinguer  les  deux  lèvres: 
sa  langue  ronde  ,  noueuse  et  gluante,  retient  les 
insectes  sur  lesquels  il  la  darde  comme  s'il  humait 
l'air. 

Enfin  ,  ce  qui  a  pu  donner  lieu  aux  idées  allé- 
goriques du  Caméléon  .  c'est  la  nature  même  de 
sa  peau  chagrinée  et  coriace  en  apparence  ,  mais 
assez  flexible  pour  se  gonfler  par  dçs  mouvemens 
lentement  irréguliers,  et. assez  transparente  pour 
se  nuancer  des  différentes  affections  du  sang  ou 
de  la  bile.  Il  est  ttès-sujet  à  la  jaunisse  ;  sitôt  qu'oa 
le  touche  ,  il  se  couvre  de  taches  noires  ;  sa  lemie 
ordinaire  est  le  gris  livide  :  les  grains  qui  le  cour 
vrenl  sont ,  à  l'ombre,  d'un  rouge  pâle;  au  soleilt 
verdâtres  sur  un  fond  brun  :  quelquefois  d'un 
beau  vert  tacheté  de  jaune. 

La  3'  planche  réunit  les  neuf  plantes  de  France 
les  plus  usitées   comme  vulnéraires 

Les  4'  et  5'  planches  sont  liées  entre  elles  par 
le  secours  qu'elles  se  prêtent  mutuellement.  Oa 
a  quelquefois  de  la  peine  à  se  rendre  compte 
des  effets  perspectifs  d'une  vue  ,  et  des  différences 
que  présente  le  dessin  exact  de  l'architecte. 
Prenant  pour  exemple  un  kiosque  accompagné 
d'un  bosquet  du  genre  libre  ,  les  auteurs  du  porte- 
feuille ont  suivi  à-peu-près  pas  à  pas  la  compa- 
raison entre  la  vue  perspective  et  le  dessin 
géométral. 

Enfin  ,  deux  pages  sans  gravure  forment  le 
tableau  des  oiseaux  distribués  suivant  les  princi- 
pales vues  annoncées  par  Buffon  ,  et  celui  des 
seuls  oiseaux  de  France  ;  rapprochés  selon  ce 
qu'ils  nous  présentent  d'utiliié  ,  d'agrément,  ou 
de  dommage. 

Nous  ne  devons  pas  être  étonnés  de  trouver  le 
véritable  langage  de  l'instruction  dans  des  homme$ 
qui  s'y  sont  vpuès  dès  leur  jeunesse  ,  et  qui  , 
connus  par  leur  zèle  avant  la  révolution  ,  ont 
suivi  constamment  la  carrière.  Le  citoyen  Du- 
chesne  ,  professeur  d'histoire  naturelle  à  l'école 
centrale  de  Versailles  ;  le  citoyen  Leblond  ,  qui 
dès  177g  y  professait  les  mathématiques  ,  la  phy- 
sique et  l'art  militaire,  ont  dû  voit,  avec  une 
bien  douce  satisfaction  ,  l'ouvrage  qu'ils  avaient 
entrepris  en  1783  ,  adopté  par  le  jury  d'instruc- 
tion ,  couronné  par  la  loi  du  il  germinal  an  4 , 
et  recommandé  par  plusieurs  circulaires  du  mit- 
nisire  aux  administrations  et  aux  maisons  pu- 
bliques et  particulières  d'éducation. 

On  trouve  chez  le  même  libraire  Mérigot,  Us 
Etrennes  de  Cadmus  ,  ou  la  manière  d'apprendre 
à  lire  avec  des  mots  et  des  phrases  toutes  faites. 
—  Prix  ,  10  fr.  les  4  boëtes  avec  le  livret. 


COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  /^frimaire. 

à  3o  joura.      {  à  gi 


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Rente  provisoire i s3  fr. 

Tiers  consolidé 33  fr.  5o  c. 

Bohs  deux  tien i  fr.  60  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  38  c. 

Bons  pour  l'an  8 94  fr.  75  c. 

Syndicat. 

Coupures 83  fr.  5o  c 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 

SPECTACLES.      '~ 

Théâtre  de  la  République  et  des  Arts. 
Auj.  Iphigénie  en  Aulide ,  et  Te  ballet  de  TéU- 
maque. 

Théatredes  JEUNES  ÉLEVÉS,  rue  deThionville. 
Auj.  le  bon  Gervais  ;  l'Acteur  dans  son  ménage  ; 
les  deux  Bergères  ,  et  la  Lanterne  magique. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  les  Trouba- 
dours ;  Arlequin  cruello  ,  et  Comment  faire  f 


A  Pari  s,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agatse  ,  propriétaire  d«  Moaiteitr  ,  tut  des  Poitevini ,  n*  i3. 


GAZ 


NATIONALE  ou  LE  iVlONITEUR  UNIVERSEL. 


J\f°  66. 


Sextidi  ,    6  frimaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   MONITEUR 

Il  tontieiu  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   «mées  ,  ainsi   q.ue  les  faits  «  les  noti 
rintérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles,  a 


VEV  R  est  le  seul  journal  officiel. 


notions  tant  sur 


correspon 
Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,   18  novembre  f  27  brumaire). 

Xj  e  12  novembre  ,   le  sucre  était  à  72  schellings 
10  pences  et  3  forthings  le  quintal. 

On  dit  qu'une  des  mesures  que  doit  proposer 
le  comité  ,  pour  diminuer  les  effets  de  la  disette  , 
est  une  adresse  à  sa  majesté  ,  pour  l'inviter  à  en- 
gager ,  par  une  proclamation  ,  les  personnes  de  la 
première  et  de  la  seconde  classe  de  la  société  ,  à 
introduire  dans  leurs  maisons  la  plus  grande 
économie  dans  la  consommation  du  grain  ,  et 
particulièrement  du  blé. 

Une  parliculariié  digne  de  remarque  ,  c'est  que 
les  commissaires  pris  par  le  gouvernement  dans 
quatre  classes  différentes,  pour  faire  un  rapport 
sur  le  produit  de  la  derniete  récolte  ,  s'accordent 
tous  ,  à  une  fraciion  près  ,  à  déclarer  que  la  ré- 
colte a  manqué  d  un  quart. 

(  Extrait  du  True  Brilon.  j 

Chambre    des    communes. 

Séance   du  14  novembrt:. 

La  chambre  reçoit  plusieurs  pétitions  d'un  in- 
térêt particulier. 

L'orateur.  J'appelle  l'attention  de  la  chambre 
sur  les  btlls  paniLuliers  qu'on  voudrait  faire  pas- 
ser dans  cette  session.  Le  parlement  actuel  .  en 
conséquence  de  l'union  avec  l'Irlande  ,  doit  finir 
le  3i  décembre  prochain.  La  session  peut  même 
être  prorogée  avant  cette  époque.  Dans  l'un 
comme  dans  l'autre  de  ces  deux  cas  ,  les  bills 
particulii;rs ,  s'ils  n  ont  pas  encore  reçu  la  sanction 
loyale,  seront  nuls;  il  faudra  qu  ils  soient  re- 
nouvelle» dans  la  première  session  du  parlement 
impérial.  Je  crois  que  ce  motif  déterminera  les 
Bonorables  membres  à  ne  point  proposer  de 
bills  paiticuliers  ,  à  moins  quils  n'aieni  des  rai- 
Sons  très-fortes  pour  supposer  que  laffaire  sera 
terminée  avant  la  fin  de  la  présen^c  Session.  Peu'- 
éire  s  élcvera-t-il  quelques  difficultés  pour  les 
bills  qui  avaient  été  annoncés  dans  les  mois 
d'aOQi  tt  de  septembre  derniers  ;  mais  la  chambre 
pensera  sans  doute  que  ces  déclarations  pour- 
ront valoir  pour  la  première  session  du  parle- 
ment-uni. 

J'appellerai  encore  l'attention  de  la  chambre 
ïiir  un  autre  objet.  Différens  bills  publics  et  par- 
ticuliers doivent' expirer  dans  le  cours  de  la  pré- 
fente  session.  Ne  conviendrall-il  pas  dç  rendre 
un  bill  pour  qu'ils  soient  continués  ? 

Le  bill  de  la  prime  prjur  l'importation  du  blé 
est  lu  une  premieie  fois.  La  seconde  lecture  en 
sera  faite  lundi  prochain. 

M.  Jones.  Je  demande  qu'on  remette  à  la 
chambre  le  tableau  du  montant  de  l'inrome-tax  , 
jusqu'au  4  avril  1801  ,  aussi  exact  qu  ou  pourra 
se  le  procurer.  1 

M.  Rose.  La  dernière  session  était  si  avancée 
quand  le  bill  passa  ,  qu'on  n'a  pu  se  piocurer 
encore  les  rôles.  Dès  quils  seront  parvenus,  on 
ïes  remettra  a  l<i  cb.rabre. 

M.Jones  relire  sa  motion. 

La  chambre  se  forme  en  comité  de  subsides. 

M.  Rose.  Je  demande  qu'un  subside  soit  accordé 
à  sa  majesté.  —  Adopté. 

M.  Jones.  Je  déclare  que  dans  quinze  jours  d'ici, 
je  soumettrai  à  la  chambie  une  motion  relative  à 
la  guerre. 

La  chambre  se  forme  de  nouveau  en  comité 
pour  le  bill  de  l'importation  du  rii:. 

M.  Ahbot.  }e  crois  devoir  appeler  l'attention  de 
la  chambre  sur  un  objet  d'une  grande  impor- 
tance. Il  m'a  toujours  paru  qu'il  serait  très-avan- 
tageux qu  on  pût  constater  la  population  de  notre 
pays.  Celle  vériticaiion  faite  ,  on  saurait  si  c'est  à 
cause  de  l'accroissement  de  la  population  que 
nous  avons  cessé  d'être  une  nation  exportante  ' 
f  an  exporling  nation.  )  Mercredi  prochain  ,  je  ferai  I 
une  motion  à  ce  sujet.  j 

M.  Robion.  Je  pense  qu'il  serait  à  propos  de  , 
(cmprendre  dans  lé  même  bill  la  vérification  de 


la  quantité  de    grains   que    produit   la  Grande- 
Bretagne. 

M.Abbot.  C'est  un  point  à  traiter  séparément, 
et  qui  doit  faire  le  sujet  d'un  bill  particulier. 

M.  SA«n(i<jn.  Je  désirerais  avoir  quelques  éclair- 
cissemens  relatifs  aux  faits  contenjis  dans  les 
papiers  qui  ont  été  rerais  à  la  chambre.  Je  ferai 
lundi  une  motion  à  ce  sujet. 

Séance  du  i5. 

M.Jones.  Je  crois  devoir  demander  à  l'hono- 
rable membre  qui  proposa  dans  la  dernière  ses- 
sion ,  la  formation  d'un  coniiié  pour  le  com- 
merce de  charbon  ,  s'il  a  quelque  mesure  à  an- 
noncer dans  la  session  aciuclle  ,  qui  soit  fondée 
sur  le  rapport  de  ce  comiié.  Ce  qu  il  y  a  de  cer- 
tain ,  c'est  que  ,  malgré  tous  les  efforts  du  comité, 
non-setilement  le  prix  du  charbon  n'a  pas  baissé. 
rnais  même  qu'il  colite  plus  cher  qu'il  ne  coûtait 
laiinée  dernière  à  paieille  époque.  Il  est  certain 
qu'il  faut  prendre  des  mesures  pour  léduire  le 
prix  de  cette  marchandise  de  première  néccssiié  ; 
car  il  est  clair  qu'il  esi  beaucoup  plus  élevé  qu'il 
ne  devrait  l'êire  ,  d'après  les  vrais  piincipes  du 
ctîmmerce.  Dans  les  circonstances  malheureuses 
où  nous  nous  trouvons  ,  le  prix  énorme  du  char- 
bon augmente  encore  la  misère  du  pauvre. 

M.  M anning.  Mon  intention  avait  clé  d'abord 
d'appeler  ,  d'ici  à  quelques  jours  ^  l'aiieniion  de 
la  chambre  sur  ce  sujet  ,  et  de  demander  le 
renouvellement  du  comité.  Mais  apiès  en  avoir 
conféré  avec  plusieurs  honorables  membres,  je 
doute  qu'on  puisse  proposer  aucun  bill  à  ce 
sujet,  avant  que  le  comiié  n'ait  lait  de  plus 
grandes  recherches  sur  celte  matière. 

M.  Jones.  Je  pense  que  le  comiié  a  fait  toutes 
les  recherches  qu'il  pouvait  faire. 

M.  Manning.  Si  l'honorable  membre  voulait 
jeter  un  coup-d'œil  sur  la  fin  du  rapport  du 
comité  ,  il  verrait  que  des  recherches  ultérieures 
sont  nécessaires. 

M.  Nepeau.  Mardi  prochain  je  présenterai  à  la 
chambre  un  élat  des  chargaj  pour  l'ordinaire 
et  l'exiraordinaire  de  la  maiine  pendant  trois 
mois  à    partir  du    l"  janvier   1801. 

M.  Bragge  présente  le  rapport  du  comité  sur 
le  bill  pour  prohiber  lexporiaiion  du  riz  ,  et 
sur  le  bill  qui  prohibe  celle  des  provisions. 
L'un  et  l'autre  sont  adoptés.  La  troisième  lec- 
ture s'en  fera   lundi. 

M.  Bragge  présente  encore  le  rapport  du 
comité  de  subsides  ,  qui  est  lu  ef  aidopiè.  Il 
demande  ensuite  que  la  chambre  se  forme  lundi 
en  comité  général  pour  délibérer  sur  les  sub- 
sides à  accorder  à  sa  mjjesié. 

M.  Long  demande  le  tableau  des  charges  pour 
l'orilinaire  et  l'extraordinaire  de  la  marine  ;  pour 
les  bâiimens  de  iransport  ;  pour  I  entretien  des 
prisonniers  de  guerre;  pour  les  gardes  et  gar- 
nisons ;  pour  l'artillerie  de  terre  pendant  trois 
mois  ,  à  partir  du  1"  janvier  i8oi.  Il  propose 
aussi  qu'une  adresse  soit  fjiie  à  S.  M.  pour 
l'inviter  à  ordonner  aux  officiers  de  ces  différens 
déparlemens  de  remeure  ces  états  à  la  chambre. 
Adopté. 

M.  Tierney  demande  le  tableau  des  dettes  de 
la  marine  ,  au  3o  septembre  dernier,  et  celui  de 
ses  dettes  ,  au  3i  décembre  prochain.  La  première 
de  ses  motions  est  adoptée;  il  retire  lui-même  la 
seconde,  d'après  les  observations  de  sir  Philipp 
Stephens  ,  qui  fait  voir  que  la  chose  est  impossible. 

M.  Tieriiey  demande  ensuite  l'estimation  du 
moulant  du  produit  de  Vincomc-tax  depuis  le  5 
avril  iSoo  ,  jusqu'au  1"='  avril  1801. 

M.  Long.  Je  m'oppose  à  cette  motion  ,  parce 
qu'il  est  impossible  de  donner  un  pareil  tableau  . 
les  étais  n'étant  pas  encore  faits.  Ce  tableau  serait 
si  incomplet,  qu'il  ne  conviendrait  pas  à  la  chambre 
de  le  recevoir. 

M.  Tierney.  Ce  n'est  pas  tin  état  exact,  mais 
approximatif  que  je  demande.  Une  motion  sem- 
blable à  la  mienne  fui  faite  et  accueillie  l'année 
dernière.  Il  me  semble  qu'il  serait  intéressant  pour 
la  chambre  de  pouvoir  comparer  le  produit  pré- 
sumé de  la  taxe  cette  année  ,  avec  son  produit, 
l'année  dernieie. 

M.  Long.  Je  persiste  dans  mon  opposition. 


La  motion  de  M.  Tierney,  mise  aux  voix  .  est 
rejeftée. 

La  chambre  s'ajourne  à  lundi. 


R   R   R  A  T  u   M. 

N".  d'hier  .  5  frimaire  ,  2'  pag.  ,  i"  colonne  , 
9  alinéa  ,  discours  de  lord  Holland  ,  20«  ligne  , 
au  heu  de  ce  qui  est  écrit ,  liiez  ce  qui  suit  : 

1'  Je  crois  pouvoir  dire  ,  sans  craindre  de  passer 
»  pour  l'avocat  de  Bonaparte  ,  que  quand  une 
"  chose  est  affirmée  par  lui  et  niée  par  les  mi- 
"  nistres  d'Angleierre  ,  l'assertion  de  l'un  vaut 
'»  bien  celle  des  autres.  i> 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,   le  5  frimaire. 

Nous  publions  la  note  suivante  sur  la  popu- 
lation de  la  Corièze  ,  pour  montrer  jusqu'à  quel 
point  on  cherche  à  acquérir  sur  cette  partie  dei 
données  positives  et  incontestables. 

On  s'est  trop  long-tems  livré  à  des  conjectures 
ou  a  des  s-upposidons  ;  il  faut  au  gouvernement 
des  tairs,  ce  sont  les  seuls  guides  qu'il  puisse 
consulter.  ^         r        " 

Tulle  ,  2  brumaire. 
Vous  observerez  que^  la  population  de  ce  dé- 
partement devrair  être  ,  suivant  quelques  évalua- 
tions, de  254,502  ,  tandis  que  d'après  le  relevé 
des  états  de  population  qui  vous  ont  été  envoyés 
en  dernier  lieu,  cette  population  ne  s'élçve  qu'à 
'?2»,8o5  ,  ce  qui  s'accorde  à-peu-près  avec  les 
étais  tenus  au  bureau  du  cadastre.  Vous  me  de- 
mandez de  vous  indiquer  les  causes  de  cette 
ditierence. 

Je  ne  pense  point  que  cette  différence  tienne  à 
une  diminution  réelle  de  population;  elle  tient 
pluiot  ,  pour  ne  pas  dire  Uniquement ,  à  ce  que 
dans  les  premiers  lems  de  la  révolution  ,  les  états 
de  population  des  communes  furent  généralement 
exagérés,  soit  dans  l'espoir  d'obicni'r  des  établis- 
semens  publics  ,  soit  pour  avoir  un  plus  grand 
nombre  d'électeurs  ,  et  par  conséquent  plus  d  in- 
fluence dans  les  assemblées  électorales,  où  se 
distribuaient  les  places  publiques  ;  soit  enfin  par 
lintervention  des  ministres  de  culte  et  des  fonc- 
tionnaires publics  laïcs  dont  le  traitement  était 
règle  en  raison  de  la  population. 

3°.  Vous  m'observez  en  outre  que  M.  Necker 
estimait  la  populaiion  de  l'a  généraliié  de  Limoge» 
a  757  individus  par  lieue  quarrée,  tandis  que 
a  parur  même'  de  l'évaluation  d'une  populltion 
de  254,502,  cela'iifc  d'onnerait  que  63i  i  habitans 
par   lieue. 

Il  est  possihie  et  même  probable  qu'une  des 
causes  de  cette  différence  tieni  principalement 
a  ce  que  la  ci-devant  généralité  de  Limoges  com- 
prenait ,  dune  part,  la  populeuse  ville  de  Li- 
raogcs  ,  et  ,  d'une  autre  part  ,  le  terriioire  fertile 
et  populeux  du  ci-devant  Angoumois  ,  tandis 
quune  portion  considérable  du  département  de 
la  Corrèze  ,  qui  comprend  aujiourdhui  l'arron- 
dissement dUssel,  partie  de  eçlui  de  Tulle  ,  se 
trouve  couverte  de  montagnes  ,  la  plupart  in- 
cultes ,  et  réunit  ainsi  à  une  grande  superficie 
une  population  très-circonscrite. 

Du  II.  J'ai  omis  dans  ma  letti-e  du  2,  de  vous 
observer  qu'une  des  causes  principales  de  la  diffé- 
rence de  la  population  présumée  de  1790  à  celle 
d  aujourd'hui  ,  est  la  soustraciion  qui  tut  faite  k- 
,  ce  département  de  dix  communes  ,  la  plupart- 
:  tres-populeuses  ,  pour  les  réunir  à  celui  de  la 
Dordogne.  : 

j      —  On   vient  d'établir  à  Edimbourg  une  chaire 
de  langue  persânne.  Elle  est    occupée    par    M 
iMoodîe,  pi'ofesieur  d'hébreii. 

■  .  ~  ^°  ann<?nce  à  Londres,  comme  devant 
bientôt  paraître  ,  une  vie  du  célèbre  comédiea 
Garrick  ,    par  M.  Murphy. 

.  —  On  prépare  en  Angleterre  une  superbe  édi- 
tion des  poésies  d'Ossian.  Celle  édition  présen- 
tera à  la  fois  l'origin.»!  ,  la  belle  traduction  an- 
glaise  de  Macpherson  ,  et  une  belle  traduciion 
latine. 

—  Il  sera  publié  incessamment  une  nouvelle 
édition  dcsjardins  ,  dej.ûelilie,  avec  des  chan- 
gemens  et  des  additions. 


S258 


—  L'ouverture  du  Lycée  a  èié  itès-brillante  ; 
le  citoyen  Laharpe  a  éié  entendu. 

—  Le  citoyen  Chamoulaud  ,  auteur  du  plan 
«n  faveur  des  rcnlieis  ei  pensionnaires  de  létat  , 
vient  de  publier  un  discours  relatif  aux  moyens 
d'activer  toute  espèce  de  souscriptions  ouvertes 
pour  des  objets  de  birnfesjnce  et  d'uiiliié  pu- 
blique ,  en  en  confiant  particulièrement  le  soin 
aux  femmes.  Ce  travail  a  été  piésenté  au  mi- 
nistre des  finances  ,  qui,  par  une  lettre  adressée 
à  l'auteur  fe  i8  de  ce  mois,  émet  le  vœu  que 
l'intéressant  moyen  proposé  obtienne  tout  le  suc- 
cès que  son  auteur  désire. 

_ — Le  comité  médical  établi  à  Paris  pour 
l'inoculation  de  la  vaccine  ,  a  reçu  du  citoyen 
Caqué ,  président  de  celui  de  Reiras ,  la  noie 
suivante  : 
,  <<  Le  comité  de  Reims  a  vacciné  une  vache 
avec  le  virus  vaccin  pris  sur  l'homme  ;  trois 
boutons  se  sont  développés  aux  trois  piqûres 
faites  sur  deux  de  ses  trayons.  On  a  vacciné, 
avec  le  virus  pris  sur  la  vache  ,  neuf  individus, 
dont  sept  n'avaient  pas  eu  la  petite-vérole  ;  les 
deux  autres  s'étaient  soumis  à  l'opération  pour 
chercher  à  obtenir  un  effet  comparatif.  La  vac- 
cine a  réussi  sur  detix  ,  et  a  suivi  la  marche 
ordinaire.  On  s'est  servi  de  ce  nouveau  virus 
pour  vacciner  dixautres  personnes  ,  sur  lesquelles 
tout  promet  une  heureuse  réussite. 

Cette  expérience  qu'on  n'avait  pu  encore 
voir  réussir  à  Paris  ,  prouve  i"  que  le  virus 
vaccin  ne  s'altère  pas  sur  l'homme,  puisqu'il 
donne  à  la  vache  une  maladie  semblable  à  celle 
des  troupeaux'  d'Angleterre.  2°.  Que  le  virus 
pris  sur  la  vache  et  inoculé  sur  1  tiomme  ,  ne 
donne  pas  une  maladie  plus  grave  que  lorsqu'il 
est  pris  sur  l'homme.  3°.  Que  l'identité  du  virus 
vaccin  sur  la  vache  et  sur  le  corps  humain  ,  se 
trouve  évidemment  confirmée  par  cette  trans- 
mission réciproque  d'une  espèce  à  l'autre  ,  sans 
qu'il  perde  son  énergie.  " 

—  Dans  la  liste  des  pensionnats  et  maisons 
d'éducation  ouvertes  à  Paris  ,  que  nous  avons 
publiée  le  i'' de  ce  mois,  c'est  par  erreur  que 
les  citoyens  Lefevre  -  Gineau  ,  et  Cousin  se 
trouvent  annoncés  comme  tenant  une  maison 
d^éducation  rue  Sainte-Geneviève.  Ces  citoyens 
réclament  contre  celte  inexactitude.  Ils  n'ont 
jamais  été  placés,  ensemble  ou  séparément  ,  à 
la  tête  d'un  établissement  de  cette  nature. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  3  frimaire  an  g. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'ctat 
,çnttndu ,  arrêtent  : 

Ari.P'.  Conformément  à  l'article  III  de  l'ariêié 
du  i'^'  fructidor  an  8,  les  troupes  à  cheval  conti- 
nueront à  lecevoir  la  ration  de  pain  pour  quatre 
jours. 

A  compter  du  i5  frimaire,  présent  mois,  le 
fourrage  leur  sera  fourni  à  chaque  gite. 

II.  Les  entrepreneurs  des  fourrages  pour  le 
service  stationné  ,  sont  provisoirement  chargés 
de  celui  des  chevaux   en  marche. 

III.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au 
bulletin  deslols. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte, 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  4  frimaire. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre    de    Hatérieur  ; 

Vci  les  lois  des  II  frimaire  an  7  et  du  5  ven- 
tôse an  8  ,  relatives  à  l'établissement  des  octifois 
municipaux-  et  de  bienfesance  ,  celles  des  ig  et  27 
frimaire  an  8  ,  qui  règlent  leur  perception  ; 

Vu  l'article  II  de  la  loi  précitée  du  5  ventôse  , 
portant  que  les  conseils  municipaux  seront  tenus 
de  présenter ,  dans  deux  mois  ,  au  gouvernement 
les  projets  de  tarifs  et  de  réglemens  convenables 
aux  localités  ,  pour  êtreap])rouvés  par  lui  et  arrêtés 
définitivement,  s'iLy  a  lieu  ; 

Vu  l'arrêté  des  consuls  du  i3  thermidor  dernier 
qui  autorise  le  ministre  de  l'intérieur  àapprotiver 
provisoirement  li  perception  des  octrois  ,  sauf  à 
provoquer  l'approbation  définitive  du  gouvery 
nement  ; 

Vu  les  délibératî&iis'  des  côifSeils  municipaux 
des  villes  ,  ■'  ^  '-"-'-/  [    ■ 

Des  Sables  ,    département   de   la  Vendée  ,   en 
date  du   i5  messidor  an  S.;. 
■  De   Clermont  .   départenle'nt-  de   1  Hérault  ,   en 
date  du  29  germinal  ,  même  année  ; 

De  Cognac,  département  de  la  Charente  ,  en 
date  du  4°  jour  complémentaire  an  8  ; 

DAngfers  ,  département  de  Maine  et  Loire  ,  en 
^  date  du  4  thermidor  de  hdite  année  ; 


De  Saint-Etienne  ,  département  de  la  Loire  ,  en 
date  du  8  thermidor,  même  année; 

Vu  les  tarifs  et  réglemens  annexés  à  ces  délibé- 
rations, et  provisoirement  approuvés  par  le  mi- 
nistre  de  l'inléiieur  ; 

Savoir  ,  pour  l'octroi  des  Sables  ,  le  14  vendé- 
miaire an  g  ; 
•'■  Celui  de  Clermont ,  le  i5  thermidor  an  8  ; 

Celui  de  Cognac,  le  27  messidor  au  8; 

Celui  d'Angers  ,  le  14  fructidor  an  8  ; 

Celui  de  Saint  -  Etienne  ,  le  17  vendémiaire 
an  9  ; 

Considérant  que  les  villes  susdites  sont  dans 
le  cas  prévu  par  le  titre  V  de  la  loi  du  II  fri- 
maiie  an  7  ,  et  par  l'atticle  1"'  de  celle  du  5  ven- 
tôse an  8  ; 

Considérant  que  le^i  tarifs  ne  comprennent  dans 
les  objets  soumis  à  la  taxe,  aucun  de  ceux  que 
les  lois  défendent  d'imposer; 

Q_ue  les  réglemens  pour  la  perception  sont 
coniormes  aux  lois  des  ig  et  27  fnmaire  ,  ar- 
rêtent ; 

Les  octrois  municipaux  et  de  bienfesance  éta- 
blis en  vertu  des  décisions  provisoires  du  mi- 
nistre de  l'intérieur,  conformément  h  l'anêié  du 
i3  fructidor  dernier,  dans  les  villes  des  Sables, 
département  de  la  Vendée  ;  de  Clermont ,  dépar- 
lernent  de  I  Hérault;  de  Cognac  ,  département  de 
la  Charente  ;  d'Angers  ,  département  de  Maine-et- 
Loire  ;  de  Saint- Etienne .  départerrri-nt  de  la 
Loire  ,  continueront  à  être  perçus  conformément 
aux  tarifs  et  iég!emeijs_arrêiés  par  ks  conseils 
municipaux  ,  et  approuvés  par  le    ministte. 

Lesdits  tarifs  et  réglemens  sont  approuvés  et 
définitivement   ariêtés. 

Les  ministres  de  l'intérieur  et  de  la  justice  sont 
chargés ,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,  de  l'exé- 
cution du  présent  airêté  ,  qui  sera  imprimé  au 
Bulletin   des  lois. 

Le  premier  consul,    signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  .  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  Jour. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
arrête  ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Duquesnoy ,  maire  du  9'  arron- 
dissement ,  est  noirinié  maire  du  10'  ,  en  rem- 
placement du  citoyen  Béthune-Charost ,  décédé. 

Le  citoyen  Dcluynes  ,  membre  du  conseil- 
général  du  dépâitement  ,  est  nommé  maire  du 
g'  arrondissement,  en  remplacement  du  citoyen 
Duque'noy. 

Le  citoyen  Geint  est  nommé  membre  du  con- 
seil général  du  département,  en  remplacement 
du  citoyen   Deluynes. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte. 
Par.  le  premier  consul  , 
Le  ui rélaire-d' état ,  signé  ,  H   B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour, 

LeS'  consuls  de  la  république ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre,  le  conseil-d  état  entendu, 
arrêtent  : 

Art.  I"^.  Les  fonctions  de  membres  du  direc- 
toire central  des  hôpitaux  militaires  ,  des  direc- 
toires aux  armées,  et  des  conseils  d'administra- 
tion des  hôpitaux  militaires  ,  sont  purement 
civiles. 

II.  Ceux  d'entre  eux  qui  jouissent  d'une  solde 
de  retraite  ou  de  réforme  ,  pourront  la  cumuler 
avec  le  traitement  attaché  à  cette  fonction  ,  con- 
formément à  l'article  V  de  la  loi  du  28  fructidor 
an  7  ,  et  à  lavis  du  conseil-d'éiat  du  18  fructi- 
dor dernier  ,  approuvé  par  le  premier  consul. 

III.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré 
au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le   sécrétai? e-d' état  >  signé  ,  H.  B.  M.-iRET. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

Un  corsaire  de  Toulon  a  pris  et  conduit  à 
Bonifacio,un  riche  bâtiment  anglais. 

Le  corsaire  l'Impromptu,  de  Boulogne,  capitaine 
Côrriu  ;  s'est  emparé  du  Hope  ,  navire  à  3  mâts  , 
allant  de  Liverpool  à  Londres  avec  sel  ,  plomb  , 
bois  de  gaillac  ,  peaux  de  chèvres  et  avirons  de 
frêne.   Cette  prise  est  entrée  à  Calais. 

L'Elizabeth  .  bâtiifient  suédois  ,  commandée  pat 
le  capitaine  Pietro'"  Longuist  ,  a  été  visité  en  se 
rendant  à  Livourne,  par  un  corsaire  anglais  qui  , 
contre  le  droit  des  gens  et  de  la  neutralité  ,  lui  a 
enlevé  une  partie  de  la  cargaison  et  d'autres 
effets  fesapt  partie  de  son  gréément. 

On  a  trouvé  échoué  sur  le  sable  entre  la  ri- 
vière de  Dives  et  celle  de  Trouvill-e  ,  un  mât  de 


55  pieds  de  long  sur  «4  po'iaces  de  diarnetre  et 
g  pieds  de  tenon  ,  peint  en  jaune  pâle,  et  pa- 
raissant avoir  été  rompu  à  18  pouces  environ 
au-dessus  du  pont. 

On  a  trouvé  échoué  sur  le  même  point  de  la 
cote  une  chaloupe  d'environ  16  pieds  de  long  , 
très-avariée  ,  et  plusieurs  pièces  de  bois  de 
hêtre. 


T      R      I      B      U      N      A     T. 

(  Nous  rétablissons  ici  le  rapport  fait  par  Des- 
meuniers ,  concernant  la  révision  des  réglemens  , 
dans  la  conférence  du  16  brumaire  ,  rapport 
rendu  public  par  arrêté  du  tribunat.  ) 

Citoyens  tribuns  ,  le  bureau  ,  la  commission 
des  inspecteurs  ,  et  le  rapporteur  de  la  première 
commission  du  règlement  ,  ont  exécuté  Tordre 
que  vous  leur  avez  donné  dans  la  conférence  du 
2  de  ce  mois  ,  et  voici  le  résultat  de  notre  dis- 
cussion. 

D'abord  vous  avez  paru  désirer  une  accéléra- 
tion dans  le  dépouillement  des  scrutins  ,  dont  les 
bulletins  ont.  été  ,  jusqu'à  présent  ,  ouverts  et 
recensés  en  séance  publique.  Ces  scrutins  sont 
relatifs  1°  à  la  nomin,-;tion  du  bureau;  2"  à  la  no- 
mination des  candidats  à  présenter  au  sénat  con- 
seivateur;  3°  à  la  nomination  des  membres  d'une 
commission  spéciale  chargée  d'un  rapport  sur  le 
vœu  d'adoption  ou  de  icjct  à  émettre  par  le  tri- 
bunat à  l'égard  des  déclarations  de  guerre  et  des 
traités  de  paix  ,  d  alliance  ou  de  commerce.  Le 
dépouillement  de  ceux  de  la  première  espèce 
peut,  sans  inconvénient  ,  se  faire  dans  une  pièce 
voisine  de  la  salle  ,  par  l'un  des  secrétaires  ,  et 
trois  scrutateurs  désignés  à  tour  de  tôle  sur  la  liste 
générale.  De  celte  manière  yous  économiserez  le 
tems  ;  considération  d'autant  moins  à  négliger  , 
que  nous  pourrons  ainsi  donner  plus  d'étendue  à 
la  discussion  des  projets  de  loi,  ou  des  matière» 
qui  sont  de  notre  compétence;  éclairer  lopinioii 
publique  ,  qui  ,  sur  la  jurisprudence  constitution- 
nelle ,  par  exemple  ,  ou  ,  eu  d'autres  termes,  sur 
les  questions  qui  doivent  être  décidées  par  les 
principes  de  la  division  des  pouvoirs  ,  et  non  par 
les  maximes  ou  les  règles  du  droit  civil  ,  semole 
avoir  grand  besoin  d'être  guidée.  Nous  avons  eu 
occasion  d'observer  qu'au  sein  même  du  iribtinat 
il  peut  nous  échapper  des  méprises  sur  des  points 
qui  ,  tenant  à  tout  le  système  d'une  constitution 
nouvelle  ,  ne  sont  pas  encore  devenus  des  vé- 
rités familières:  sous  ce  rapport,  tout  ce  qui 
laissera  le  loisir  de  relever  des  sophismes  ou  des 
erreurs  politiques  ,  mé:l(o  donc  d'être  accueilli. 

Mais  d'autres  considérations  d'un  ordre  plus  re- 
levé se  présentent  ,  lorsqu'on  examine  quel  doit 
être  le  mode  des  scrutins  relatifs  à  la  nomina- 
tion des  candidats  à  présenter  au  sénat  conser- 
vateur. Vous  exécutez  alors  l'article  XVI  de  la 
constitution  ;  et  quand  la  rigueur  des  principes 
n'ordonnerait  pas  de  procéder  à  ces  scrutins  (  et 
par  consérjuent  de  les  dépouiller  )  en  séance 
publique  ;  cet  acte  important  nous  impose  des 
devoirs  particuliers  envers  l'opinion  publique;' 
il  convient  de  lui  donner  de  l'appareil  et  de  la 
soiemnité,  et  l'avis  de  la  commission  est  de  ne  pas. 
changer  à  cet  égard  la  disposition  du  règle- 
ment. 

Les  derniers  motifs  que  je  viens  d'énoncer 
sont  applicables  aussi  aux  scrutins  relatifs  à  la 
nomination  des  commissions  spéciales  chargées 
d'un  rapport  sur  le  vœu  d'adoption  ou  de  rejet 
à  émettre  à  l'égard  des  déclarations  de  guerre  et 
des  traités  de  paix  ,  ou  autres  conventions  poli- 
linues.  Le  peuple  fiançais  ,  soyez-en  sûrs  ,  ne  se 
plaindra  pas  au  tems  que  vous  y  emploierez; 
il  vous  saura  gré  de  tous  vos  soins  dans  des 
actes  qui  lintéressent  éminemment  ,  et  s'il  s'agit 
de  traités  de  paix  ou  de  commerce  ,  qui  for^ 
ment  aujourd'hui  le  p|us  ardent  de  ses  vœux  , 
j'ajoutetai  qu'il  faut  écarter  jusqu'aux  soupçons 
injustes  ,  et  que  ,  si  on  ne  doit  pas  craindre  les 
propos  de  la  malveillance ,  il  est  souvent  sage 
d'éviter  ce  qui  peut  les  produire.  Ainsi  ,  la  com- 
mission est  encore  d  avis  de  continuer  à  dé- 
pouiller en  séance  publiijue  cette  troisième  espèce 
de  scrutins.  Au  reste  .  si  les  discussions  sont  ur- 
gentes ,  rien  n  empêchera  de  les  dépouiller 
vers  la  fin  de  la  séance  ,  et  d  en  user  de  la 
même  manière  à  l'égard  des  scrutins  relatifs  à  la  ' 
nomination  des  candidats  à  présenter  au  sèna^ 
conservateur.  On  a  proposé  de  le  dire  expressé- 
ment ,  mais  une  telle  précaution  a  paru  inutile  , 
et  nous  nous  bornons  à  demander  le  retranche» 
ment  de  six  mots  à  l'article  LU. 

Plusieurs  membres  de  la  commission  ont  pensé 
que  vous  ne  nous  aviez  pas  chargés  de  revoir 
les  au>re&  dispositions  du  règlement  ;  toutefois  , 
dans  la  crainte  de  ne  pas  remplir  vos  intentions  . 
et  par  un  mouvement  de  zèle  que  vous  ne 
désapprouverez  point  ,  nous  avons  revu  et  exa- 
miné chacun  des  articles.  Je  vais  rendre  cpmpte  de 
cet  exainen,  et  de  quelques  changemens  que  nous 
desirons. 

Nous  avons  commencé  par  discuter  le  mode 
que  prescrit   le  règlement    à   lég^rd   du   travail 


préparatoire  ;  c'était  en  effet  la  question  la  [.lus 
difficile.  Vous  vous  rappelez  que  la  première 
commission  du  règlement  avait  proposé  de  di- 
viser les  membres  du  tribunat  en  cinq  seciions  , 
dont  la  dénomination  se  trouvait  la  même  que 
celle  des  seciions  du  conseil  d'état.  Ce  sysiême 
a  été  reproduit  dans  la  commission  nouvelle  avec 
d'autant  plus  d'avantage  que  l'expérience  nous  a 
_  éclairés  sur  des  inconvéniens  qu'on  n'avait  pas 
prévus,  lorsqu'il  fut  rejeté.  Ce  n'est  pas  qu'il  n'ait 
lui  -  même  ses  inconvéniens  ,  et  surtout  plu- 
sieurs difficultés  d'exécution  ;  car  les  sections 
des  finances  ,  de  la  législation  civile  et  criminelle 
et  de  l'intérieur  seraient  nécessairement  bien 
nombreuses  ,  tandis  que  celles  de  la  guerre  et 
de  la  marine  et  des  colonies  le  seraient  beaucoup 
moins  ;  on  ne  peut  se  dissimuler  que  l'inscription 
de  chacun  de  nous  sur  le  tableau  de  telle  ou 
telle  section  ,  serait  (d'une  longueur  interminable  , 
si  on  l'opérait  au  scrutin  ,  et  qu'il  en  résulterait 
des  mécontentemens  si  on  l'abandonnait  au  bu- 
reau ou  à  une  commission.  Quelle  que  puisse 
être  d'ailleurs  la  supéiiorité  de  ce  système  ,  nous 
sommes  unanimement  convenus  que  le  chan- 
gement des  articles  XXXIII  ,  XXXIV  et  XXXV 
qui  contiennent  les  dispositions  dont  je  parle  , 
engagerait  une  longue  discussion  ;  qu'il  vaut 
mieux  suivre  encore  le  mode  actuel  durant  la 
prochaine  session  du  corps  législatif,  et  pro- 
longer l'expérience  de  quelques  mois  de  plus.  Il 
est  bien  entendu  que  le  bureau  s'efforcera  de 
dédommager  un  peu  les  dernières  lettres  de 
l'alphabet,  et  qu'on  ne  commencera  pas  en 
l'an  9  par  reprendre  les  têtes  de  colonnes  qui  ont 
été  favorisées  en  l'an  8. 

Mais  il  est  d'autres  modifications  légères  qu'ap- 
pelle l'expérience  ,  ûI  qui  nous  ont  paru  devoir 
réunir  toutes  les  opinions.  Le  simple  énoncé  de 
plusieurs  vous  convaincra  peut-être  de  leur  jus- 
tesse ;  du  moins  il  est  permis  de  le  penser, 
d'aptes  ce  que  nous  avons  pu  recueillir  du  vœu 
-  général. 

De  ce  nombre  ,  j'indiquerai  d'abord  une  addi- 
tion de  deux  mots  à  i'anicle  XXXVI  .-pour  que 
chaque  commission  nomme  son  rappoiteu.  au 
scrutin;  z°  une  autie  addition  à  lariicle  XLIII  , 
qui  interdirati  de  choisir  les  orateurs  du  tribunal 
auprès  du  corps  législatif  ,â  parmi  ceux  qui  ont 
émis  une  opinion  contraire  au  vœu  de  la  ma- 
jorité. La  première  commission  du  règlement 
l'avait  d'abord  insèiée  dans  son  projet  :  mais  . 
sur  l'observation  que  l'aiticle  XVIII  de  r.'.cte 
constitutionnel  dit  expressément  que  les  orateurs 
du  tribunat  sont  chargés  d'exposer  et  de  défendre 
les  motifs  du  vœu  du  iribunat,  c'est-à-dire  ,  de 
la  majorité  ,  cetie  disposition  ne  fut  pas  jugée 
nécessaire.  On  ne  peut  maintenant  la  rèpuier 
inuiile.  Le  système  qui  combat  la  restriction  du 
choix,  a  saiis  doute  encore  des  partisans  ;  en 
thèse  générale  ,  on  le  défendra  d  une  manière 
plausible.^;  mais  la  lettre  et  l'esprit  de  l'article 
XXVIII  de  la  constitution  ,  ne  permettent  pas 
de  i  adopter  ,  et  nous  n'avons  point  à  examiner 
si  celte  disposition  constitutionnelle  aurait  pu 
être  conçue  d'une  autre  manière.  3°.  Un  chan- 
gement qui,  sans  doute,  éprouvera  moins  de 
diflicultès  encore  ,  est  la  dénomination  de  com- 
mission administrative  du  tribunat  ,  substituée  à 
celle  de  commission  des  inspccieurs  ;  d  abord 
parce  qu'elle  est  pltts  exacte  ,  ensuite  parce  qu'elle 
a  été  adoptée  par  le  sénat-conservateur  et  le  corps- 
Jégislatif ,  du  moins  pour  la  commission  qu'il  a 
établie  à  la  lin  de  sa  première  session  ;  enfin  , 
parce  ^e  Ja  seule  objection  qu'on  puisse  faire 
ici ,  se  tirerait  de  la  surveillance  de  police  que  lui 
confère  le  règlement  ,  d'après  la  loi  du  5  nivôse  , 
qui  accorde  au  tribunal  la  police  de  son  enceinte  , 
et  que  cette  objection  ne  doit  pas  arrêter  un 
moment,  si  on  considère  que  depuis  1789  les 
lois  ont  attribué  à  des  administrations  la  police 
du  lieu  de  leurs  séances  ,  et  même  la  faculié 
d  envoyer  en  prison  ceux  qui  y  porteraient  le 
trouble. 

Parmi  les  autres  changemens  ,  il  y  a  des  ad- 
diiions  et  des  reirancheraens  qui  sont  en  quelque 
sorte  la  suite  de  vos  prècédens  arrêtés  :  ainsi  , 
dans  la  séance  du  2  de  ce  mois  ,  vous  avez  dé- 
cidé que  la  commission  des  inspecteurs  serait 
désormais  nommée  à  la  pluralité  relative  ,  et 
qu'elle  se  renouvelleraitseulemenl  par  cinquième 
chaque  mois.  Vous  avez  voulu  éviter  les  trois 
scrutins  qu'a  presque  toujours  exigés  la  majorité 
absolue  ,  et  profiler  des  lumières  que  donne  la 
piaiique  des  affaires.  Les  mêmes  motifs  nous 
déterminent  à  vous  proposer  ,  1°  d'arrêter  que 
les  membres  soriant  de  la  commission  adminis- 
trative ,  qui  aujourd  liui  ne  doivent  être  réélus 
qu'apiès  un  intervalle  de  quatre  mois  ,  puiss-;nt 
léire  après  un  inicrvalle  d'un  mois  ;  2°  de  ne  pas 
procéder  au  remplacement  du  membre  sortant  , 
le  jour  du  renouvellement  du  buicau  ,  et  de  fixer 
le  jour  de  1  élection  au  16. 

Dans  une  conférence  du  ihois  de  thermidor, 
au  lieu  de  l'impression  du  compte  sommaire  de 
la  commiss'on  des  inspecteurs  ,  qui  devait  avoir 
lieu  chaque  mois  ,  vous  avez  ordonné  l'affiche 
dam  le  sallon  de  lecture  ;  noui  proposons  comtne 


.209 

unesuité  de  voire  arrêié  ,  que  le  compte  généfal 
de  l'année  soit  livré  à  l'impression. 

La  commission  désire  en  outre  une  rédaction 
plus  claire  de  l'art.  XLVI ,  relatif  à  la  dénoncia- 
tion des  minisires.  La  première  commission  du  rè- 
glement n'avait  pas  cru  devoir  y  parler  du  rapport 
d  une  commission  spéciale  .  aliendu  que  si  les 
griets  contre  un  ministre  n'ous  arrivent  par  la 
voie  des  péiiiions  ,  il  ne  peut  ,  aux  termes  de 
1  atiiclc  VI,  en  êire  délibéré  qu'apiès  le  rapport 
d'une  commission  spéciale;  que  s  ils  sont  pré- 
sentés par  un  membre  du  Iribuiutt,  c'est  une  pro- 
position èiiangere  à  l'ordre  du  jour ,  ei  il  ne  peut 
en  être  délibéié  qu'après  les  loimiiliics  prt-sctiirs 
par  I'anicle  XLVII,  lequel,  sans  le  diie  expiÈs- 
sément,  suppose  qu'ils  seront  reiivoyèa  à  une 
commission  spéciale.  Mais  la  nouvelle  rédaction 
devant  faire  ressortir  davantage  le  bon  esprit 
<jui  anime    le    tribunat,  nous  l'avons  adoptée. 

Ces  modifications  peu  considérables  en  elles- 
mêmes  sont  néanmoins  des  mesureç,  de  sagesse 
et  une  garantie  contre  des  abus  ;  elles  auront 
d'ailleuis  des  effeis  utiles  ,  et  Ion  reiTmiquria 
voire  empresseme/it  à  régler  de  plus  en  plus 
votre  force  après  un  essai  de  courte  tlurèc.  Déjà 
cette  première  année  de  notre  iiistitulion  ,  <iin 
donnait  de  l'inquiétude  ,  n'offre  en  lèsultaî  que 
des  succès.  Voire  modération  a  déjoué  les  espé- 
rances et  peut-être  les  trames  des  ennemis  du 
peuple  français.  On  comptait  sur  l'action  immo- 
dérée d  un  corps  que  tout  semble  inviter  à  une 
grande  agitation  ;  on  calculait  que  d  anciennes 
préventions  et  des  habitudes  récentes  amene- 
ra.ient  des  chocs  violens  :  vous  êtes  sortis  habi- 
lement de  diverses  circonsl.mces  qu'on  peut  re- 
garder comme  des  pitges.  L'union  a  régné  parmi 
nous,  et  le' zèle  du  bonheur  public  nous  a  tous 
animés.  C'est  faute  de  se  bien  connaître  et  de  se 
rendre  justice  que  tant  d=  maux  sont  sortis  du 
sein  des  assemblées  délibérantes  :  je  ne  trouverai 
point  de  contradicteurs  paimi  vous  ,  mes  collè- 
gues ,  lorsque  je  dirai  qu'on  n'a  plus  à  redouier 
un  pareil  malheur  ,  et  qu'il  n'y  a  ici  de  diversité 
d  opimo  que  sur  les  moyens  d'arriver  au  même 
but.  Depuis  le  t8  brumaire  tout  a  changé  de 
lace  ;  si  les  préliminaires  de  la  paix  ne  sont  pas 
encore  signés  ,  je  n'en  crois  pas  moins  la  France 
sauvée  ,  et  la  rèpubliqne  iriomphanie  et  hors  de 
péril  :  le  tribunal  redoublera  d'efiorts  pour  main- 
tenir cette  heureuse  siiuaiion  ,  et  la  seconde  année 
de  ses  travaux  déconcertera  de  plus  en  plus  les 
factieux  ,  les  despotes  et  les  esclaves. 

.  (Après  ce  rapport  et  la  discussion  dont  nous 
avons  rendu  compte  dans  le  numéro  du  tS  bru- 
maire ,   le  projet  d'arrêté  suivant  a  été  adopté.  ) 

Le   tribunat,    après  avoir  entendu    le    rapport 
d'une  commission  spéciale  ,   anête  les  modifica- 
tions suivantes  aux  articles  XXXVI  ,   XXXVII 
XXXVIII,    XLIII,  XLVI,  LU  et  LXV  du   rè- 
glement ,  lesquels  demeureront  ainsi  conçus  : 

XXXVI,  Chaque  comiuission  nomma  son 
rapporteur  au   scrutin. 

XXXVII,  Il  y  a  une  commission  administra- 
tive tiu  inbunat,  nommée  au  sciutinàla  plu- 
ralité relative  ,  et  composée  de  cinq  membres 
'jui  je  renouvellent  par  cincjuieme  le  t6  de  cha- 
que mois  :  les  membres  sortans  ne  peuvent  être 
reclus  immédiatement. 

XXXVIII.  Lorsrjue  les  dépenses  de  l'intérieur 
du  tribunat  ont  été  déterminées  par  l'assemblée, 
après  un  rapport  de  cette  commission  ,  elle  en 
anête  l'état  particulier  ;  elle  surveille  d'ailleurs 
pour  le  tribunal  la  police  qui  lui  est  atuibuèe 
par  la  ioi  du  5  de  ce  mois  ;  elle  est  chargée  de 
tous  les  déiails  d  administration  ;  elle  rend  , 
chaque  mois  ,  un  compte  sommaire  qui  est  affi- 
ché dans  la  salle  des  conférences;  et,  chaque 
année  ,  un  compte  général  qui  est  imprimé  et 
distribué. 


designés  par  le  bureau  à  tour  de  rôle  sur  la  liât* 
générale. 

LXV^.  Toute  pièce  originale  remise  au  tribunal 
est  copiée  ,  si  elle  est  de  nature  à  éire  conservée 
double  :  la  copie  ,  collaiionnée  par  un  des  se- 
ciètaires  et  signée  par  lui  ,  reste  au  secrétariat. 
L'original  est  déposé  aux   archives  nationales. 

—  La  commission  des  inspecteurs  portera  dé- 
sormais le  nom  de  commission  administrative  du 
tribunat. 

Le   règlement  sera  réiaiprimé. 

SÉANCE    DU     5     FRIMAlRt. 

Présidence  de   Thiessé, 

Après  la  lecture  du  procès-verbal,  le  iribunat 
reçoit  du  corps-législaiif  deux  projets  de  loi. 
Le  premier,  relatif  aux  intérêts  des  cautionne- 
mens  des  receveurs  des  contributions  ,  est  ren- 
voyé à  l'examen  d'une  commission  ,  composée 
des  citoyens  Dieudonné  ,  I'.ibre  de  l'Aude  et 
Iiribert;  le  second  concerne  les  jii'geraens  arbi- 
traux rendus  en  faveur  des  conmuines  contre 
la  républiijue  ,  et  tst  renvoyé  à  l'exaraen  d'une 
commission  de  cinq  riicrabies  ,  composée-  des 
citoyens  Chabaud  ,  de  l'Allier  ,  Duchesne , 
Mallarmé  ,   Duverriir  et  Favard. 

Le  sénat-conservateur  annonce  par  un  messaga, 
qu'il  anommé  pour  son  président  le  cit.  Laplace  , 
et  pour  secrétaires  les  citoyens  Clément  de  Ris  et 
Rousseau. 

Rien  n'étant  à  l'ordre  du  jour  ,  le  président 
levé  la  séance. 

C  O  R  P  S  -  L  É  G  I  S  L  A  T  I  F. 

Présidence  de   Chatry-Lafosse. 

SEANCE    DU     5    FRIMAIRE. 

On  fait  lecture   du   procès-verbal. 

Les  nouveaux  membres  de  la  commission  de» 
inspecteurs ,  nommés  dans  la  séance  d  hier  ,  sont: 
Dcwink  -  Thierry ,  Le'olanc  ,  Defrance  et  Ful- 
chiron. 

Un  membre  fait  hommage  d'un  ouvrage  du 
citoyen  Xavier  Audouin  ,  intitulé  :  Du  Cornmerce 
maritime,  de  son  influence  sur  la  richesse  et  la 
force  des  états  .  2  vol.  in-8".  L  ouvrage  sera'  dé-' 
fjosé  à  la  bibliothèque. 

Un  membre.  Citoyens  législateurs  ,  j'aurai  quel* 
ques  objej:iions  à  faire  contr-c  la  molion  produite 
dernièrement  en  comité  général  ,  et  iciidante  à 
apporter  de«  changernens  et  l'es  modifications 
jux  articles  XXX  et  XXXI  du  règlement  clu  corps 
légilaiif. 

Ces    articles     sont    ainsi   conçus  : 

Art.  XXX.  a  Si  l'un  des  orateurs  du  Iribunat  ou. 
du  gouvernement  demande  à  être  entendu  une 
seconde  fois  ,  le  président  consulte  le  corps-lé- 
gislatif; en  ce  cas  le  vœu  du  corps-législatif  s'ex- 
prime par  assis  et  levé.  Le  bureau  seuf  décide  du 
résultat  de  l'épreuve  ;  dans  le  doute  ,  la  discussioa 
est  continuée. 

XXXI.  j>  La  discussion  fermée  ,  le  président 
consulte  le  corps-législatif  sur  la  question  de 
savoir  s'il  procédera  de  suite  au  scrutin  ;  s'il  y  a 
doute  dans  l'épreuve,  ou  que  1  ajournement  soit 
prononcé  ,  le  scrutin  a  nécessairement  lieu  à  la 
séance  suivante.  >i 

Je  demande  que  l'on  fixe  un  jour  pour  dis- 
cuter la  motion  que  j'attaque  ;  car  il  n'est  pas 
possible  que  le  corps-législaiif  laisse  l'opinion 
indécise  sur  l'inteniion  manifestée  de  changer  des 
articles  qui  tiennent  de  )ilus  près  qu'on  ne  pense 
à  la  formation  de  la  loi. 


XLIII.  Si  le  tribunat  adopte  l'avis  de  la  com- 
mission concernant  l'adoption  ou  le  reiet  d'un 
projctde  loi,  le  rapporteur  est  un  des  "orateurs 
du  tribunal  auprès  du  corps-législatif.  Les  deux 
autres  sont  choisis  au  scrutin  :  ils  ne  penvent  l'être 
parmi  ceux  qui  ont  émis  une  opinion  contraire 
au  vœu  de  la  majorité. 

XLVI.  Dans  le  cas  prévu  par  les  articles  72  et 
73  de  la  consliiution  ,  les  griefs  allégués  contre 
les   ministres   sont  : 

1°.  Rédigés  par  écrit  ; 

2^.   Déposés  sur  le  bureau  ; 

3".  Renvoyés  à    une  commission  spéciale. 

Il  ne  peut  être  délibéré  qu  après  trois  lectures  , 
à  iiois  jours  d  intervalle. 

,        ,.  .  -,  ,.  ,       ,  ministre,   io;(_ocnon,   I;    Uuval  ,  ex-minishe 

La   discussion   peut  être    demandée  après  cha-  (^  ,,0  ;     Durand,    t;ènéiai  ,    4;    Gnupil  de  Prefehr 
que   lecture.  ,  |  .^ij,re  ,   l;  Guyton-Motvaux  ,  i  ;  Hai ville  .  général. 


Cette  proposition  est  adoptée  ,  et  la  discussion' 
est  indiquée  à  seplidi. 

D'après  une  décision  prise  hier  par  l'assemblée, 
on  procède  au  scrutin  indicatif  et  préparatoire 
pour  le  choix  d'un  candidat  à  l'une  des  places 
vacantes  au  sénat-conservateur. 

Le  dépouillement  de  ce  scrutin  donne  pour  ré-- 
sultat  la  liste  suivante  : 

Abel  ,  de  l'institut,  2  voix  ;  Alquier,  ambas- 
sadeur ,  5  ;  Anson  ,  oSonsiituant  ,  3  ;  Biraillon;,. 
Baron,  Bjzoche  ,  Champion  (  du  Jura)  Guyot-. 
Desherbiers  ,  Lnpouire  ,  Lefevre  Laroche  .  Le- 
fevre  Cahier,  Pilastre,  législateuis  ,  i  ;  Dupuis,' 
Girod-Pouzol  ,  Pison-Dugaiand  ,  idem,  3,  Vacher, ' 
idem  ,  i3  ;  Chatry-La fosse  ,  idem  ,  ib  ;  Grégoire, 
idem  ,  17  ;  Dedelay-d  Agier  ,  idem  ,  iS  ;  Bossu  ,.' 
le  Brun  ,  tous  deux  de  l'instiiui  ,  1  ;  Garrot  „  ex-! 
ministre,   iS  ;  Cochon,   I  ;    Duval       '        '    '    '    '' ' 


LII.  A  l'exception  des  scrutins  pour  la  nomi- 
nation des  candidat)  à  présenter  au  sénat- conser- 
valeitr  ,  et  des  membies  d'une  commission  spé- 
ciale, chargée  d  un  rapport  sur  le  vœu  d'adoption 
ou  de  rejet  a  èiiieiiie  par  le  iribunat,  à  l'égard 
des  déclarations  de  guérie  ou  des  irailés  de  paix  , 
d'alliance  ou  de  commerce  ,  le  dépouillement  se 
lail  ,  séance  tenante  ,  dans  une  pièce  voisine  de 
la  salle  ,  par  un  des  secrélaires  et  trois  scrutateurs, 


Hédouville  ,  Morand  ,  idem  .  t  ;Rochambeau  . 
Lafjyetie,  I  ;  Valence  ,  l;  Perignon  ,  général  ,6; 
Reveiliere  -  Lepaux  ,  g  ;  Bigot  Pré.imeneu  .  i  ; 
Tronchet  2;  Chassiron  ,  Challand  ,  La  foi  ,  Gou- 
pil de  Prefein  fils,  membres  du  iribunat,  1'; 
Daunou,  idem  ,  4  ,  Leloorneivr  de  la  Manche,  1^ 
Saget ,  ex-lègislatcur ,  3;  Dccomberousse,i(/em,  1. 
Celle  liste  est  proclamée  par  le  préiideut,  et  la, 
séance   indiquée  à   demain.  ' 


MÉLANGES. 

Les  artistes  om  été  invités  dans  cette  feuille 
à  publier  les  observations  que  l'amour  de  leur 
an  et  celui  du  bien  public  pourrait  leur  suggé- 
»f;r,  relativement  aux  plans  proposés  pour  l'érec- 
tion des  colonnes  départementales.  Celles  qu'on 
va  lire  nous  sont  adressées  par  le  citoyen  Goulet  , 
archiiecie  ,  membre  de  plusieurs  sociétés  des  ans, 
et  adjoint-maire  du  6"=  arrondissement  de  Paris. 

L'achiirciure  est  appelée  dans  la  construcdon 
des  monumens  publics  pour  exprimer  et  peindre 
d'une  manière  durable  le  caractère  propre  de  la 
nation  qui  les  fait  élever,  en  perpétuant ,  autant 
que  possible  ,  les  grandes  actions  qui  ont  le  plus 
conir  bue  à  sa  gloire.  Les  moyens  que  l'art  doit 
employer  sont  essentiellement  les  convenances 
dans  la  composition  ,  l'idiome  du  pays  pour  les 
lui  rendre  intelligibles  ,  le  choix  le  plus  avanta- 
geux d'un  local  qui  ne  piive  pas  les  habitans  du 
lieu  des  autres  avantages  dont  ils  jouissent  ,  et 
enfin  le  goût  dont  le  génie  de  la  nation  est 
ïusceptible  pour  les  décorer  et  les  embellir. 

Pour  faire  sentir  la  vérité  de  ces  principes  ,  et 
pour  les  appuyer  par  des  exemples  frappans  ,  il 
ne  laut  aller  ni  en  Egypte,  ni  en  Grèce,  ni  à 
Rome  ,  puisqu'ils  se  trouvent  en  France  ,  et  même 
dans  Paris ,  d  oià  je  ne  veux  pas  sortir  pour  le 
démontrer.  ^ 

L'arrê:é  des  consuls  du  8  germinal  an  8  ,  or- 
donne que  le  monument  à  élever  à  la  mémoire 
des  braves  du  déuarlemeut,  sera  une  colonne  , 
|!ir  laquelle  seront  inscrits  tous  leurs  nom»  ;  ci 
linsirucion  du  minislie  invite  les  archiiecies  à 
consulter  à  la  fois  la  situation  de  la  ville  ,  le  genre 
d'architecture  qui  lui  convient,  l'étendue  de  ses 
places,  et  en  général 'outes  les  circonstances  qui 
j)euvcnt  déterminer  la  forme  et  les  dimentions 
d  un  monument  public  ,  pour  lesquelles  il  laisse 
toute  la  latitude  nécessaiie  au  génie  des  aits,  en 
recommandant  seulement  la  grandeur  et  la  sim- 
plicité dans  les  idées. 

Parmi  le  grand  nombre  de  concurrens  qui  ont 
exposé  leurs  projets  ,  il  parût  que  ceux  qui 
méritent  le  plus  de  fixer  l'attention  ,  oui  senti 
qu'une  seule  colonne  ne  suffisait  pas  pour  rendre 
compleitemeut  toute  l'étendue  de  leurs  idées. 

Les  uns  ont  fait  un  grand  bâtiment ,  d'autres 
ont  fait  un  obélisque  ,  d'autres  ont  élevé  leur 
colonne  sur  un  slylobaie  ,  quelquefois  sur  deux, 
indépenJament  du  piédestal  de  la  colonne  ; 
d'auiics  enfin  ont  entouré  leur  colonne  d'une 
enceinte  niui;^ée  en  demi  cercle  pour  y  placer  les 
inscriptions. 

Sil  était  permis  de  s'écarter  assez  de  l'arrêté 
des  consuls ,  pour  proliier  de  la  latitude  qu'a 
donnée  lé  ministre  ,  je  préférerais  à  une  colonne, 
un  obélisque  ,  en  ce  qu'il  présente  quatre  faces 
droites  sur  lesquelles  s  inscriraient ,  d'une  manière 
plus  lisibles  que  sur  une  colonne ,  les  noms  des 
braves  ;  en  ce  qu'il  peut  supporter  une  plus 
grande  hauteur  relative  à  sa  base  ,  et  en  ce  qu'il 
assure  par  ses  talus  une  solidité  plus  durable. 
Ce  genre  de  monument  qui  a  ses  beautés  ,  et 
qu'on  emploie  rarement ,  me  paraît  fort  approprié 
iau  sujet ,  tandis  que  la  colonne  a  de  fréquentes 
occasions  pour  être  employée  autrement.  Si ,  au 
contraire  ,  les  colonnes  sont  de  rigueur ,  je  suis 
de  l'avis  de  ceux  qui  les  ont  élevées  sur  un  ,  et 
même  deux  soubassemens ,  parce  que  cette  grande 
masse  donne  les  moyens  d  y  pradquer  un  céno- 
taphe ,  qui  me  paraît  très-convenable  ,  pour  ne 
pas  dire  essentiel  ,  à  ces  monumens,  et  qui  entre 
bien  dans  l'esprit  qui  les  fait  ériger  ,  parce  qu'ils 
offrent  de  grandes  surfaces  oià  peuvent  être  , 
non-seulement  inscrits  les  noms  des  héros  ,  mais 
aussi  les  actions  qui  les  ont  illustrés  ,  et  même  les 
combats  qui  ont  rendu  leur  mort  glorieuse  ; 
enfin  ,  parce  qu'ils  élèvent  la  colonne  autant 
qu'elle  a  besoin  de  l'être  ,  pour  rendre  tout  son 
effet  dans  la  place  qu'elle  doit  occuper. 

Je  pense  aussi  qu'on  peut  admettre  et  même 
préférer  celles  qui  sont  entourées  par  derrière 
d'une  demi  enceinte  ,  toutes  les  fois  qu'à  défaut 
d'une  grande  place  elles  seront  érigées  au  bout 
d'une  grande  rue,  ou  d'une  avenue,  ou  même 
sur  les  côtés  d'une  grande  place ,  pour  ne  pas 
nuire  à  un  passage  d'enfilade  ou  à  un  point 
de  vue. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  du  choix  ,  de  la 
forme  ,  ou  des  dimensions  du  monument  dont 
il  s'agit  ,  c'est  encoii  de  l'effet  qu'il  doit  p'ro- 
duire  lorsqu  il  sera  élevé  ,  et  cet  effet  dépend 
absolument  ,  quelque  beau  que  soit  le  monu- 
ment ,  de  son  emplacement. 


Sur  cela  j"'observe  que  la  porte  Saint-Antoine, 
celle  Saint-Jacques,  celle  Saint-Bernard  et  le  petit 
Châtelet ,  qui  ont  été  originairement  construits 
dans  de  grands  emplacemcns  et  hors  de  la  ville 
lorsqu'elle  était  petite  ,  ont  été  successivement 
tlémolis  ,  comme  embarrassant  la  voie  publique  , 
comme  nuisibles  à  la  circulation  de  l'air  ,  et 
comme  interrompant  des  points  de  vue  plus 
intéressans.  Le  grand  Châtelet  y  'est  aussi  con- 
damné ,  parce  que  tout  le  monde  en  sent  le 
besoin  ,  et  en  désire  la  suppression  depuis 
long-tems. 

Les  plus  beaux  édifices  ne  dédommagent  pas 
de  la  perle  d  un  grand  volume  d'air  ou  d'un  beau 
point  de  vue  ,  et  les  architectes  habiles  n  ont 
jamais  interrompu  les  lignes  de  milieu  ni  les 
grands  points  de  vue  par  des  monumens.  Dans 
le  jardin  des  Tuileries,  dans  le  parc  de  Versailles 
et  dans  beaucoup  d  autres  qu'on  peut  citer  pour 
modelés  ,  ce  sont  des  bassins  et  des  pièces 
d'eau  qui  occupent  les  points  milieux  ,  et  les 
groupes  de  figures  ,  les  vases  et  autres  monumens, 
sont  rangés  autour  d'eux  ou  dans  des  bosquets 
latéraux.  On  a  voulu  même  que  la  clôture  des 
plus  glands  parcs  fussentouveris  d'une  large  bée  , 
défendue  par  une  grille  ou  par  un  fossé  au  bout 
des  longues  allées ,  pour  laisser  voir  au-delà  toute 
retendue  de  pays  où  la  vue  pouvait  se  porter. 

Q;iel  avantage  n'est-il  pas  résulté  de  l'élargisse- 
ment de  la  grande  allée  des  Tuileries  ?  Q^uelle 
jouissance  n'éprouve-t-on  pas  à  l'aspect  de  i  ave- 
nue des  Champs-Elysées  ,  depuis  que  la  figure 
de  la  place  de  la  Concorde  a  disparu  ? 

Il  ne  Suffit  donc  pas  d'avoir  des  monumens  ;  il 
faut  ,  comme  l'a  sensi  le  ministre  ,  qu'ils  soient 
disposés  assez  avantageusement  pour  qu'ils  fassent 
le  plus  grand  effet  possible  ,  et  qu'ils  détruisent 
dans  les  villes  oit  on  les  érige  ,  les  agiémens  que 
la  nature  ou  la  situation  du  local  leur  piocuieni  ; 
car  enfin  ,  si  les  monumens  sont  faits  pour  les 
villes  et  pour  crux  qui  les  habitent,  il  ne  faut  pas 
qu'ils  leur  nuisent. 

Or,  il  est  certain  que  les  meilleurs  projets  du 
concours  qui  seront  sans  doute  adoptés  par  le 
juiy,  ne  pourraient  s  cxécuiet  dans  le  milieu  des 
places  indiquées,  sans  nuire  à  la  voie  publique 
et  sans  interrompre  la  ligne  visuelle  ,  puisque  les 
soubassemens  ont  douze  à  quinze  mètres  de  lar- 
geur sur  tiois  à  quatre  de  hauteur.  Je  pense  donc 
que  l'on  ferait  une  grande  faute  de  les  placer 
ainsi,  et  si  c'est  une  efreur  d'habitude,  comme 
je  le  crois  ,  ou  ne  saurait  ttop  se  hâter  de  la 
réformer. 

D  après  ces  observations  ,  s'il  en  est  encore 
tems  ,  et  sans  aucunement  prétendre  contrarier 
les  arrêtés  du  gouvememenl  ,  que  lout  citoyen 
doit  respecter ,  je  hasarderai  mon  avis  sur  le  genre 
à  adopter  pour  les  deux  monumens  demandés  et 
sur  les  places  qu  ils  doivent  occuper  à  Paris. 

Pour  lempiir  l'objet  de  là  colonne  départe- 
mentale ,  je  donnerais  la  préférence  à  l'obélisijue  , 
par  les  raisons  que  j'ai  ci-devant  déduites  ;  mais 
au  lieu  de  le  placer  au  milieu  de  la  place  Ven- 
dôme ,  j'en  exigerais  deux  pareils  dans  cette 
même  place  à  j5  ou  3o  mètres  de  distance  l'un 
de  l'autre  ,  ils  pourraient  avoir  lo  à  la  mètres  de 
bases  sans  nuire  au  passage  ni  au  séjour  des  voi- 
tures qu'elle  est  dans  le  cas  de  contenir.  Comme 
ils  pourraient  être  moins  grands  que  celui  qu'on 
ferait  seul  au  milieu  ,  ils  pourraient  ensemble  ne 
pas  coûter  plus  ;  mais  cette  considération  est  de 
peu  de  valeur  pour  Paris. 

Quant  à  la  colonne  nationale  ,  mon  avis  est 
aussi  que  ce  soit  une  colonne;  quelle  doit  être 
unique-,  qu'elle  doit  être  vue  de  loin  pat  beau- 
coup de  monde  ,  et  ,  s  il  se  peut  ,  vers  la  plus 
belle  entrée  de  Paris  ;  mais  d'éviter  toujours 
qu'elle  nuise  à  la  voie  publique  ou  à  une  grande 
enfilade.  Pour  cela  ,  ne  voyant  pas  de  raison  pour 
préférer  la  place  de  la  Concorde  ,  je  l'érigerais 
sur  la  place  du  Pont-Neuf  oîi  était  Henri  IV. 
Sur  cette  même  place  ,  où  on  a  vu  si  long-tems  les 
nations  enchaînées  comme  ennemies  ,  on  pour- 
rail  les  voir  nous  jurer  une  paix  éternelle. 

Ce  monument  placé  là  se  découperait  bien  dans 
l'air  ;  il  serait  au  centre  de  la  capitale  et  vu  du  plus 
grand  nombre  possible  de  ses  habitans  ,  sans 
avoir  aucun  des  inconvéniens  qui  sont  à  éviter  ; 
il  serait  appeiçu  des  deux  rives  de  la  Seine  ,  à 
une  très-grande  distance  et  de  toutes  parts  ;  enfin 
on  pourrait  fui  donner  toutes  les  dimensions  né- 
cessaires ,  et  1  enrichir  de  tous  les  accessoires  dont 
il  peut  être  susceptible. 

Je  n'entreprends  pas  de  les  déterminer.  Le 
concours  a  fourni  des  morceaux  qui   sont  bien 


dignes  d'êife  exéefttés ,  et  auprès  desquels  je 
craindrais  même  de  concourir;  mais  je  désirerais 
qu'avaiit  l'exécution  de  ceux  qui  seront  arrêtés 
par  le  jury  ,  le  gouvernement  fît  faire  (ies  mo- 
dèles grands  comme  nature  sur  la  place  même 
où  le  monument  devra  être  exécuté  ,  afin  de 
n'être  pas  trompé  par  l'effet  séduisant  des  des- 
sins ;  car  l'auteur  même  du  projet  d'un  grand 
monument  est  souvent  étonné  de  l'effet  différent 
que  produit  l'exécution,  auquel  il  ne  s'était  pas 
attendu. 


THEATRE      FRANÇAIS. 

On  a  donné  hier  à  ce  théâtre  la  première  repré- 
sentation de  Thésée,  tragédie  en  cinq  actes  et  en 
vers,.  Cette  production  est  le  premier  ouvrage 
dramatique  d'un  jeune  littérateur  ,  le  citoyen 
Mazoyer.  Plutarquç  a  donné  le  sujet  de  cette  tra- 
gédie ,  dans  sa  vie  de  Thésée.  L'auteur  a  choisi 

I  l'instant  où  le  héros  accusé  par  Médée   de  cons- 
pirer contre  la  vie  d'Egée  ,  et  prêt  à  recevoir  un 

I  breuvage  empoisonné  ,  est   reconnu  pour  le  fils 
de  ce  roi,  et  triomphe  des  Pallantides. 

Il  y  a  des  beautés  réelles  dans  celle  tragédie,  le 
style  en  est  la  partie  la  plus  remarquable  ,  et  la 
conduite,  le  côté  faible.  Le  succès  a  été  complet 
jusqu'au  cinquième  acte,  dont  l'extrême  nullité 
a  indisposé  le  spectateur.  Des  coupures  nom- 
breuses ,  la  suppression  de  quelques  tirades  de 
pure  déclamation  ,  peut-être  même  celle  d'un 
acte  entier  ,  sont  les  changemens  que  le  public 
nous  semble  avoir  indiqués, Nous  croyons  devoir 
attendre  l'effet  d'une  seconde  représentation  pour 
rendre  compte  de  cet  ouvrage.  S. . . . 


CONSERVATOIRE    BE    MUSIQ_UE. 

Admission  des  élevés. 
I 

I  Le  25  frimaire  an  g  ,  aux  termes  du  règlement 
■du  conservatoire  de  musique  ,  les  inpecleurs  de 
I  l'enseignement  procéderont  à  l'examen  des  aspi- 
1  rans  aux  places  d'élevés  vacantes  en  cet  établis- 
sement. 

Les  aspirans  doivent  être  préalablement  inscrit» 
au  secrétariat  du  conservatoire. 

Ils  ne  peuvent  être  inscrits  que  sur  la  présentation 
de  leux  acte  de  naissance  dûmeni  légalisé. 
L'examen  aura  lieu  à  neuf  heures  du  matin. 


GOUkS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  5  frimaire. 

à  3o  joure.  ^    ï  à  g 


Amsterdam  banco. 

Courant.  . . ... 

Hambourg 

Madrid 

Effectif.. 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâie. 


561 

190 

4  fr.  90  c 
14  fr.70  c 

4  fr.  90  c 
i4fr.  40  c, 

4  fr.  70  c. 

5  fr.  17  c 

I*  b.  ' 


188^ 


Effets  publics. 

Rente  provisoire sa  fr.  a5  c. 

Tiers  consolidé •. . .  3g  fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  60  e. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 g5  fr. 

Syndicat 83  fr.  5o  c. 

Coupures 83  fr.  5o  c. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  renders. 

SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republique  et  des  Arts  . 
Aujourd.    relâche. 

Théâtre  desjeunes  élevés,  rue  deThionville. 
Auj.  le  Chaudronnier  de  Saint-Flour  ;  la  Gascon- 
nade  ,  et  les  fausses  Apparences^ 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  le  Mari  sans 
femme  ;  Arlequin  cruello  ,  et  la  Danse. 


LOTERIE    NATIONALE. 

Tirage  du  5  frimaire. 

i5.     40.     48.     32.     69. 


L'abonncaicnt  »e  fait  aParii,  me  dei  Poiievinj,  n"  18.  Le  prix  est  de  j5  fiança  pour  trois  moii,  5o  fra»c»  pour  sU   mois,   et   100  franei   pour  l'année  entière.  On   ne 
Vabonne  qu  au  commcuccment  de  cbaquc  mois. 

Il  faut  adresse,  tes  icities  et  l'argent ,  franc  de  port,  aucil.  AoASSE,  propriétaire  de  cejournal  ,rue-d<s  Poitevins,  B«  iS.  Ilfouticoinprendre  dans  les  envois   le  port    des 

pays  où  l'on  ne  p-ut  jffn  nchtr.  Lr  S  lettres  <\es  dépanemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soiu,  paui  ^tus  de  «ûreté,  dt  charger  celles  qui  renfermenides  valeurs,  étadresser  tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de   la  feuille,    au  rédacteur,  rue  des 
■foitevins,    n°  i3^  depuis  aeuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  oeures  du  soir. 


A  Pâïis,  de  l'imprimerie  du  cit.  Ajasse ,.  propriétaire  du  Moniteur  ,  tue  des  Poitevins ,  n"  i3. 


GAZrrtt' NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  67. 


Septidi  ,    7  frimaire  an,  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   Mo  Ni  T  E  U  R  est  le  seul  journal  cfficid 
^  H  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


t:  X  T  É  R  I   EUR. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,   18  novembre  (27  brumaire). 

Chambre    de.":    Lords. 

Séance  du  17  novembre, 

J_iE  lord  chancelier  annonce  à  la  chambre  que 
le  royal  plaisir  de  sa  majesté  estque  les  membres 
des  deux  chambres  du  parlemenr  d'Angleterre 
leprésentenl ,  dans  leurs  chambres  respectives  ,  la 
Grande  Bretagne  ,  au  patlement-uni. 

•M.  Arthur  Young,  appelé  en  tétnoignage  par  le 
comité  spécial  ,  ciéé  pour  prendre  en  considé- 
ration la  partie  du  discours  de  sa  majesté  relative 
à  la  cherté  des  subsistances,  prête  serment  à  la 
barre  de  la  chambre. 

Le  comte  Darnley.  J'avais  demandé  qu'un  appel 
fàl  fait  à  tous  les  membres  de  la  cli^lmbre  ;  je 
demande  maintenant  à  retirer  ma  pioposilion. 
Ce  n'est  pas  que  j'aie  changé  de  seniimens  sur 
l'importance  du  sujet  qui  nous  occupe  ;  au 
contraire  ,  j  y  persiste  plus  que  jamais  ;  mais 
j'ai  des  raisons  trèo-fories  pour  faire  la  proposi- 
lion  que  je  tais  dans  ce  moment.  Onoique  je 
n'aye  rien  avancé  sur  cette  matière  qui  ne  soit 
incontestable;  quoiqu  on  naît  pu  me  faire  au- 
cune objection  solide  ;  je  suis  convaincu  que  je 
ne  trouverai  pas  d'appui  dans  la  session  pré- 
fente  ;  peut-éue  même  me  vetrai-je  absolument 
seul,  je  suis  persuadé  aussi  qu  une  discussion  , 
dans  les  circonstances  actuelles  ,  ne  servirait  qu'à 
entraver  les  opérations  du  comité  ,  et  à  nuire  au 
euccès     des    mesures    qu  il    pourrait    proposer. 

D'ailleurs  la  discussion  en  elle-même,  sur-tout 
quand  elle  prend  le  ton  de  l'allatrae  ,  et  qu'elle 
présente  I  idée  d'une  grande  disette,  lait,  ainsi 
que  je  l'ai  dit  déjà  ,  beaucoup  plus  de  mal  que 
de  bien. 

Je  sais  très-bien  que  dans  1  état  actuel  des  choses 
notre  pays  ,  si  l'on  n'emploie  des  remèdes  puis- 
sans  ,  esi  menacé  des  plus  grands  malheurs.  La 
mesure  sur  laquelle  il  me  paraît  qu  on  insistera 
le  plus  ,  celle  d'une  grande  économie  dans  la 
consommation  de  la  larine  et  du  pain  ,  me  paraît 
insuffisante.  Pour  qu'elle  produisît  quelque  effet, 
il  faudrait  qu  elle  tût  en  quelque  manière  coër- 
ciiive.  Les  choses  ont  bien  changé  depuis  lins- 
tant  où  la  question  tut  agitée  pour  la  première 
fois  dans  la  dernière  session  ;  nous  avions  alors 
la  perspective  d  une  récolte  abondante.  La  saison 
a  été  coniraire  à  nos  voeux,  et  nos  espérances  ont 
été  trompées.  J'ai  parcouru  différentes  parties  de 
ce  royaume  ;  j  y  ai  vu  le  blé  dune  cherté  exces- 
sive ,  et  la  misère  du  peuple  à  son  comble  ;  dans 
le  comté  de  'Worcester  le  quarter  de  blé  se  vend 
l5o  s.  sterl.  !  Il  n'y  a  que  des  remèdes  prompts  et 
décisifs  qui  puissent  arrêter  le  mal. 

Le  comte  de  Warwick.  Je  n'ai  aucune  relation 
politique  avec  aucun  pani  ;  je  parle  avec  la  fran- 
chise d  un  membre  indépendant,  et  comme  je 
dois  le  faire  dans  une  question  d'un  aussi  grand 
intérêt  ,  dans  un  moment  de  crise  aussi  terrible. 
C'est  avec  peine  que  j'ai  vu  que  quelques  pa- 
roles qui  mêlaient  échappées  dans  la  dernirre 
séance  ,  avaient  déplu  à  quelques  personnes  ; 
j«  n  en  persisie  pas  moins  dans  1  opinion  que  j'ai 
émise.  Les  mesures  (ju'il  paraît  qu  on  va  adopter  , 
sont  proposées  ,  wns  doute  ,  dans  de  bonnes  in- 
lEntions  ;  mais  je  les  crois  impuissantes.  Ce  n'est 
pas  sans  une  espèce  d  inquiétude  que  je  vois  le 
peuple  meure  toute  sa  conhance  dans  le  parle- 
lueni  ,  et  attendre  de  lui  seul  un  entier  soulage- 
ment à  ses  maux.  Ce  que  j'ai  avancé,  hier, 
mérite  la  plus  grande  atiention.  Mes  renseigne- 
mcns  ne  sont  que  trop  bons.  Je  connais  bien  la 
situation  du  pays  ,  et  je  sais  qu  elle  est  telle  dans 
beaucoup  d  endroits  ,  qu'elle  exige  des  remèdes, 
non  seulement  efhcaces,  mais  encore  immédiats. 

Je  suis  convaincu  plus  (jue  jamais  de  la  néces- 
sité d  une  loi  qui  oblige  les  fermiers  à  apporter 
leur  blé  au  mirclic,  à  un  prix  déterminé ,  c'est 
une  niesuic  de  circonstance  qui  donnera  les 
résultats  les  plus  heureux  et  fera  cesser  le  mal. 
Vos  seigneuries  ,  quelle  que  soit  leuropinion  sur 
la  quoiion  de  la  diacilc  ,  savent  que  le  blé  est 
aclucllcnicnt  d'une  cherté  épouvantable.  Quelles 
jugent  par  Icxcmplc  que  je  vais  leur  citei  ,  des 
piofit»  énormes  que  font   les    fermiers.  Un  de 


mes  fermiers  me  rend  une  liv.  .sterl.  pour  un 
acre  de  terre  qui,  vu  le  prix  du  blé  ,  lui  en 
rapporte  3o.  Qu'\  nous  répondra  que  le  blé  ,  si 
Ion  ne  fait  aucun  règlement  contre  ce  désordre, 
ne  doublera  pas  de  prix  l'année  prochaine  ?  Les 
gains  de  l'ouviier,  de  l'artiste  ,  je  le  répète,  ne 
suffisent  plus  à  sa  subsistance.  Le  fermier  ce- 
pendant joue  des  guinées  au  whist. 

Lord  Hobart.  Je  conjure  la  ch^imbre  de  s''abs- 
tenir  de  toute  discussion  ptématuiée  sur  un  sujet 
aussi  délicat  ,  et  dans,  des  circonstances  comme 
celles  oià  nous  nous  trouvons.  Qjjelle  que  soit 
l'impaiience  du  public  i  et  l'opinion  du  noble 
ponite  .  j  ose  dire  que  le  parlement  n'a  pas  perdu 
jusqu'ici  un  seul  moment  ,  et  que  le  comité  a 
rnis  toute  l'activité  possible  dans  ses  recherches. 
Si  l'on  n'a  pas  encore  trouvé  de  moyens  efficaces. 
il  ne  faut  pas  en  conclure  qu'on  n'en  trouvera 
pas  dans  la  suite. 

Lord  chancelier. ]e  regarde  la  doctrine  du  maxi- 
mum comme  une  doctrine  funeste  ,  et  j  invite  la 
chambre  à  considcier  avec  la  plus  grande  attention 
la  proposition  qui  lui  a  été  faite.  Cette  mesure 
serait  entièrement  coërciiive.  Elle  forcerait  une 
classe  nombreuse  d  hommes  ,  à  livrer,  en  vertu 
de  la  loi  ,  leur  propriété  à  un  prix  déierminé  : 
quant  à  ce  qui  a  été  dit  hier  par  le  noble  lord  , 
qu  il  y  avait  bien  des  fermiers  qui  ne  s  oppose- 
raient pas  à  de  pareils  réglemens  ,  qui  mênie  les 
désiraient  ,  et  avaient  déjà  pris  la  tésoluiion  de 
don.-ier  leur  blé  à  un  prix  modéré  ,  c  est  avec  la 
plus  grande  satisfaction  que  je  verrais  ce  bon 
esprit  s  éiablir  :  on  ne  peut  (ju'applaudir  au  désin- 
téressement de  ces  bons-ciioyens.  Il  serait  à  désirer 
qu'ils  trouvassent  beaucoup  d'imitateurs.  Mais 
employer  la  voie  de  la  contrainte  ,  c'està  quoi 
je  m'opposerai  de  toutes  mes  force».  Non-seule- 
ment la  loi  qu'on  nous  propose  est  une  Iqi  de 
contrainte  dans  son  objet  ,  elle  l'est  encdre  dans 
tous  sesmoyensd'exécuiion.  Le  fermier  ne  pourra 
plus  disposer  de  ce  qui  lui  est  nécessaire  pour  sa 
subsistance  ,  pour  celle  de  ses  enfans  ,  de  ses 
ouvriers.  Parcourez  l'histoire  ancienne  ou  mo- 
derne ,  vous  verrez  qu'une  pareille  mesure  n'a 
jamais  été  que  très-funeste.  L'expct'.ence  en  fut 
faite  il  y  a  peu  d'années  .  dans  un  pays  voisin  de 
noire  île.  Qjieiles  en  ont  été  les  conséquences  ? 
la  diselie  dégénéra  bientôt  en  famine.  Les  culti- 
vaieurs  retirèrent  leurs  denrées.  Le  gouvernement 
prit  alors  le  parti  de  mettre  le  grain  en  réquisition  , 
alors  aussi  commença  le  système  d'affamdtion  {the 
System  of  starvnt'on.  )  Les  cultivateurs  en  furent 
les  premieies  victimes. 

Supposons  que  les  faits  qu'on  vous  a  allégués 
soient  exacts  ,  suffisent-ils  pour  autoriser  une 
mesure  qui  doit  causer  des  maux  incalculables  ; 
qui  doit  entraîner  dans  la  même  ruine  toutes  les 
classes  de  la  société  ,  les  riches  comme  les  pau- 
vres? Le  culiivateur  se  verra  dans  l'impossibilité 
de  nourrir  l'homme  de  peine  qu'il  emploie;  et 
c'est  des  bras  de  ce  dernier  que  dépend  la  sub- 
sistance du  pays.  Personne  n  est  plus  sensible  que 
moi  à  la  misère  du  manouviier  .  que  j'appelerai 
la  mécanique  vivante  et  raiionnable  du  fermier.  Il 
faut  venir  à  son  secours  par  tous  les  moyens 
possibles  ,  mais  en  repoussant  celui  du  maximum. 
Dans  nos  colonies  des  Indes-occidentales  ,  oti 
les  maux  de  la  diselie  de  grains  se  sont  fait  sentir 
plus  que  par-tout  ailleurs ,  jamais  il  n'est  venu 
dans  la  pensée  à  qui  que  ce  soit  de  recourir  à 
cette  mesure  désastreuse.  Je  crois  bien  que  le 
noble  comte  a  parlé  par  conviction  :  la  chaleur 
qu  il  a  mise  dans  son  discours  ,  me  prouve  qu'il 
était  profondément  affecté  de  son  sujet,  et  qu  il 
pensait  ce  qu'il  disait.  Mais  c'est  pour  cela  même 
que  je  le  combattrai  avec  plus  de  force;  je  sens 
aussi  qu'il  est  de  mon  devoir  de  prémunir  la 
chambre  contre  les  dangers  d'une  opinion  qu'on 
ne  doit  pas  laisser  exister  ,  même  un  seul  instant. 

Le  comte  de  Warwick  s'explique. 

Son  altesse  royale  U  ducdeCtarettce.  Après  ce 
que  vient  de  dire  avec  autant  de  chaleur  que 
de  raison  ,  le  noble  et  savant  lord  (  le  chancelier) , 
il  me  suffira  de  taire  observer  à  la  chambre  que' 
son  comiié  est  maintenant  en  pleine  activité ,  et 
qu'il  travaille  sans  relâche.  Toute  discussion  sur 
un  sujet  aussi  délicat  ,  serait  prématurée  ,  et  par 
là  même  dangereuse.  J'espère  que  les  noblrs 
lords  trouveront  qu  il  est  convenable  d  attendre 
le  rapport  du  comité,  et  qu'ils  se  réserveront 
pour   ce    moment. 

Lerd  Carrington.  Je  ne  veux  pas  prolonger  des 


débats  qu,  déjà  n'ont    été    que  trop   loin,   sur^ 

hance"!  er'  T  '^"'  '  ^'^  ^''  P"  '^  "«ble  lo'rd 
nu.  t'  ■''  ""^  "n'enterai  de  faire  Observer 

était  âdmi^^H"  P'°P°'^  P"  '^  ""ble  comte 
bientl,  ^h  '  ■  'T  "î"'  "°"'  éprouvons  serait 
Dieniot  changée  en  famine. 

La  proposition  du  comte  Darnley  est  retirée. 

Lord  Carrington  demande  qu'un  message  soit 
envoyé  a  la  chambre  des  communes,  pour  lui 
exprimer  le  desir  que  l'honorable  Genraes  Vil- 
bers  ,  membre  de  cette  chambre  ,  soir  inierroeé 
et  entendu  dans  le  comité^ de  la  chambre  dei 
pairs.  —  Adopté. 

La  séance  est  ajournée  au   lendemain. 

Liste  des  lords  qui  composent  le  comité  chargé  d* 
de  s  occuper  de  la  cherté  des  subsistances-. 
Les  ducs  de  Sommerset ,  de  Bedford  et  de 
Fortiand  ;  les  comtes  de  'Winchelsea  ,  d'Essext 
de  Graham,  de  Fiiz- William  ,  d'Egremoni  .  dé 
Hardwicke  ,  de  Cambden  ,  de  Liverpool  . 
d  Ossory  ;  les  evêques  de  D'urham  et  de  Ches-er  •  ~ 
les  lords  Grenville,  Hobart,  Romney  ,  Car^ 
rington   et  Bolton. , 

(  Extrait  du  SUn.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,   le  6  frimaire. 

Le  général  Vaubois  avait  reÇu  du  général 
Graham  ,  commandant  à  Malte  ,  l'assurance  que 
le  cabinet  de  I  infortuné  Dolomieu  lui  serait  res- 
littae.  Cette  précieuse  collection  d'bisioire  natu* 
relie  ,  partie  de  Malte  sur  le  bâtiment  parlemen- 
taire anglais  ,  le  Triton,  est  arrivée  à  Marseille, 
et  a  ete  remise  au  directeur  des  douanes  ,  qui  a 
du  prier  le  ministre  de  rinicrieur  de  lui  faire 
connaître  ses  intentions  sur  ce  dépôt.  Le  direc 
teur  a  donné  au  citoyen  Dolomieu  avis  de  cftte 
loyale  restitution  ;  il  espère  que  sa  lettre  sera  re- 
mise a  ce  savant  infortuné.  Puisse-t-elle  le  con- 
soler un  moment  dans  ses  fers!  (Clef du  Cabinet.) 

-  On  écrit  de  Châiillon  sur-Sèvres  ,  que  des 
chiens,  enragés  y  font  des  ravages  déplorables 
Uuatre  personnes  ont  été  assaillies  du  si  au  ai 
brumaire.  On  cite  entr'auires  un  malheureux 
enfant  qui,  dans  le  village  de  la  Baubrie  ,  a  été 
mordu  dans  les  bras  même  de  sa  mère  ;  cette 
raere  intoi-tunée  s'est  défendue  avec  son  mou- 
choir, et  n  a  pas  été  atteinte. 

-Le  citoyen  Lezai  de  Marnésia  vient  de  mou- 
rir,  âge  de  66  ans.  Il  était  auteur  d'un  poème  sur 
la  nature  champêire  ,  et  de  divers  écrits  ayant 
plus  ou  moins  de  rapports  avec  ce  titre. 


MINISTERE    DE    LA    MARINE. 

L'ouragan  qui  s'est  fait  ressentir  dans  les  dé- 
partemens  de  I  Ouest  et  du  Nord,  s'est  déclaré 
a  Lorient  dans  la  nuit  du  17  au  18  brumaire. 
La  violence  -du  vent  ayant  rompu  les  retenues 
du  moulin  à  scie  qui  existe  dans  le  port,  le» 
aîles  ont  tourné  avec  une  vitesse  prodigieuse» 
le  frottement  a  enflammé  les  pièces  sur  lesquelles 
il  agissait,  et  l'incendie  s'est  bientôt  manifesté. 

Dès  que  le  citoyen  Bourdon  ,  fesant  fonctions 
de  pietet  maritime  ,  en  a  été  averti,  il  a  donné 
des  ordres  pour  ipréserver  le  port  du  danger 
qui  le  menaçait  ,  et  il  s'est  transporté  partout  &à 
sa   présence  était  nécessaire. 

Dans  l'impossibilité  d?   rendr.e  justice  nomina- 
tivement aux  citoyens  du  poit  et  de  la  ville   qui 
tous  ,  ont   des  droits  à   la  satisfaction    du   ectu- 
vernement,  oncite  ,  pour  avoir  été  plus  g'^éné- 
ralement  remarqués  ,  le  citoyen  Martin  ,  timonier,- 
qui  ,    malgré    la   violence   du    vent  et   des  tiam- 
mes  ,  a  attaché   aux  aîlej  du   moulin    le  grapirli 
qui  a   servi  à  les  arracher.  Il  a  été   seconde  par" 
un  aspirant    de   2'    classe  ,    nommé    Longer  .  et 
par  le  citoyen  Delplanque  ,  officier  d.'artillcrie. 

La  voix  publique  désigne  aussi  le  citoyen 
Ambroise,  lieutenant  de  la  compagnie  .çl  ou- 
vriers, et  le  citoyen  Lotion  ,  commis  de  marine. 

Le  courage  du  ^capitaine  de  vaisseau  .   Coudé, 
fesant    fonction    de  chef    militaire,  et  la  sa^essa^ 
des  mesures    qu'il    a    prises,   méritent  les  °plus  ' 
grands  éloges.  Oij  en  doit  également  à  ses  deux 
adjudans  ,  Compagnac   efprosant ,  et  auit  capi- 
taines de  vaisseau,,  Villegris  et  Laroque.    > 


s;69 


-J-e  sous-préfél  de  la  ville  ,  la  munie! paliié  i 
le  commissaiie-général  de  police,  la  3o°  deniie- 
.brigade  d'infanterie  légère  ,  commandée  par  le 
citoyen  Virideau  ,  cùet  de  brigade  ,  et  Faury  , 
chef  de  bataillon  ,  la  denùe-brigade  d'artillerie  , 
les-eommis  de  la  marine  et  les  marins  du  port, 
ont  rivalisé  de  /ele  et  d'ardeur  dans  cette  cir- 
constance. 

Les  administrateurs  et  chefs  des  différentes 
parties  du  service  ,  et  le  citoyen  Leclerc  ,  in- 
génieur chargé  des  travaux  maritimes  ,  ont  dans 
cette  occasion  donné  des  preuves  de  dévoûmcnt 
et  de  courage. 

Cet  incendie  qui  pouvait ,  en  se  communi- 
quant ,  détruire  le  port  de  Lorient  ,  a  cessé  dans 
,1a  matinée  du  i8. 

Extrait  d'une  lettre  du  commissaire  général  des  rela- 
tions commerciales  de  la  république  française  en 
Batavie ,  au  ministre  de  la  mariîie  et  des  colonies. 
—  Amsterdam  ,  29  brumaire. 

Le  corsaire  l'Espoir,  capitaine  Victor  Sparrow, 
a  fait  côte  ,  le  21  de  ce  mois  au  soir  ,  à  l'entrée 
de  la  passe  d'Ameland.  L'équipage  composé  de 
(rente-deux  hommes  ,  et  les  prisonniers  anglais 
qui  se  trouvaient  à  bord  ont  été  sauvé».  La  croi- 
sière de  ce  bâtiment  lui  avait  déjà  procuré  quatre 
prises  anglaises,  dont  une  sur  son  lest,  une 
chargée  de  goudron  et  mâtures  d'Archangel,  et 
les  deux  autres  de  charbon  de  terre.  Une  de 
ces  dernières  et  celle  venant  d'Archangel  ont 
malheureusement  fait  naufrage  près  de  lîle  de 
Rotium.  Un  seul  homme  a  péri.  Ces  accidens 
sont  une  suite  du  terrible  coup  de  vent  qui  s'est 
fait  sentir  ici  le  18  brumaire  ,  et  qui  s'est  pro- 
longé plusieurs  jours  en  mer. 

Dans  le  même  tems  et  par  la  même  cause  , 
une  autre  prise  anglaise,  nommée  le  Hope  ,  faite 
par  le  corsaire,  de  Dunkerque  ,  le  Chasseur, 
capitaine  Blankmann  ,  a  échoué  sur  la  côte  de 
Nord-Hollande  près  de  Calanlsoog.  On  est  oc- 
cupé à  mettre  en  sûreté  la  cargaison  qui  consiste 
-en  bois  de  construction. 

11  est  entré  ces  jours  dernierj,  à  Delfzyl  ,  une 
prise  nommée  aussi  le  Hope  ,  chargée  de  charbon 
de  terre  ,  faite  par  le  corsaire  la  Mouche,  cap. 
Lefebvre  ,  et  à  Amsterdam  ,  le  navire  the  Com- 
merce, sur  son  lest,  capturé  par  le  corsaire /e 
toisson  volant  ,  capitaine  Haide. 


MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Le  ministre  de  l'intérieur  f  par  intérimj  recevra 
le  qnintidi  de  chaque  décade  ,  à  deux  heures  ,  les 
membres  du  sénat  ,  du  corps  -  législatif  et  du 
tribunal. 

Le  4  et  le  8  de  chaque  décade  ,  à  midi  ,  on 
fournira  les  renseignemens  qu'on  peut  désirer 
«ians  la  maison  Conti ,  au  rez  déchaussée. 

Le  minisre  ne  donnera  de  rendez-vous  particu- 
lier qu'autant  qu'on  lui  fera  connaître  ,  par  écrit  , 
la  nature  de  l'oDJet  pour  lequel  on  le  demande. 


T      R     I      B     U      N     A     T. 

Présidence  de  Thiessé. 
SÉANCE    DU    6     FRIMAIRE. 

Après  la  lecture  dû  fprocès-verbal  un  membre 
«lépose  sur  le  bureau  une  motion  d'ordre  dont  il 
n'annonce  pas  l'objet. 

Le  dépôt  au  secrétariat  est  ordonné  ,  afin  que 
les  membres  du  tribunal  puissent  ,  aux  termes  du 
règlement ,  en  prendre  connaissance. 

La  séance  est  levée, 

C  O  R  P  s  -  L  É  G  I  s  L  A  T  I  F. 

Présidence  de  Ckatry-Lafosse. 
S  E  A  N  c  E   D  u    6   F  R  I  M  A  I  R  E. 

Deux  orateurs  du  gouvernement  sont  introduits 
immédiatement  après  la  lecture  du  procès- 
verbal. 

Berlier  obtient  la  parole  et  présente  un  projet 
de  loi  relatif  aux  attributions  et  aux  limites  géo- 
graphiques des  justices  de  paix. 

Après  avoir  lu  les  dispositions  textuelles  de 
te  projet,  l'orateur  en  développe  les  motifs 
dans  les  termes  suivans  ~ 

Citoyens  législateurs  ,  dépuis  long-tems  l'opi- 
nionpublique  sollicite  quelques  changemens  dans 
Torganisaiidn  des  justices  de  paix. 

Cette  belle  institution  ,  dont  l'utilité  est  géné- 
ralement reconnue  -,  eût  sans  doute  rendu  plus 
de  services  encore,  si  ses  organes  eussent  été  moins 
multipliés  ,  et  si  on  ne  les  eût  accablés  d'attribu- 
tions hétérogènes. 

C'est  ce  double  vice  r^ué  le  gouvernement  s'est 
principalement  appliqué  à  corriger  dans  le  projet 
de  loi  qu'il  vous  ioimiet, aujourd'hui. 


La  république  compte  en  ce  moment  6000  juges 
de  paix  répandas  sur  son  territoire. 

Sans  doute  il  existe  en  France  plus  de  6coo 
hnmmcs  propies  à  en  bien  remplir  les  lonc- 
lions  ;  ma^  (  chose. malheureuse  ,  et  que  le  gou- 
vernement le  mieux  intentionné  ae  peut  faire 
cesser  en  un  jour  ),  les  lumières  sont  distïibuées 
d'une  manière  tiès-inégale  ;  elles  abondent  sur 
un  point ,  elles  en  abandonnent  quelques  aiures  ; 
elles  sont  raies  dans  un  grand  nombre. 

Delà  la  tlisette  d'hommes  qu'éprouvent  plu- 
sieurs arrondissemens  de  justices  de  paix,  dans 
leurs  limites  actuelles  :  qu  on  étende  cesiimiies; 
qu'on  augmente  ,  qu'on  double  leurs  ressorts  , 
et  l'on  doublera  les  moyens  offerts  aux  ciioyens 
pour    faire  de  bons  choix. 

Toutefois  le  bien  même  â  son  terme  ,  et  s'il 
est  nécessaire  que  la  balance  de  Tbémis  ne  soit 
tenue  que  par  dçs  mains  habiles  ,  le  législateur 
ne  peut  perdre  de  vue  que  la  justice  ,  ce  besoin 
de  tous  les  jours,  et  surtout  la  justice  de  paix  , 
ne  doit  pas  êirè'  placée   trop  loin   des   citoyens. 

Le  nouveau  système  respecte  celte  limite  ;  la 
réduction  qu'il  propose -est  sage;  elle  n  est  point 
excessive;  il  en  résultera  rarement  que  les  ci- 
toyens aient  à  parcourir  plus  d'une  iieue  au-delà 
du  trajet  qu'ils  ont  à  faire  aujourd'hui  ,  et  celle 
légère  surcharge  sera  bien  amplement  rachetée 
par  deux  avaniages  incontestables  ;  une  meilleure 
dispt-nsation  de  la  justice  ,  et  une  économie  de 
plusieurs  millions. 

Je  viens  ,  citoyens  législateurs  ,  de  vous  exposer 
les  vues  générales  qui  ont  dirigé  ce  travail  ;  je 
vais  vous  faire  connaître  les  moyens  que  le  gou- 
vernement a  considérés  comme  propres  à  les 
réaliser. 

Dans  l'état  ac""el ,  le  territoire  de  la  république 
est  d'environ  3o,ooo  lieues  quarrées  (  ancienne 
irresure)  ,  sauf  une  légère  fraction. 

Sa  population  (je  supprime  aussi  les  fractions)  , 
et  d'un  peu. plus  de  3o  millions  d'habitans. 

Les  justices  de  paix  sont  au  nombre  de  6000. 

Ainsi ,  chaque  justice  de  paix  embrasse  5  lieues 
quarrées  ,  et  5ooo  justiciables. 

Pour  connaître  dans  quelle  proportion  ou  quo- 
tité une  réduction  était  sagement  praticable  ,  le 
gouvernement  a  fait  interroger  les  préfets  sur  les 
réunions  ou  nouvelles  démarcations  qui  pouvaient 
s'opérer  dans  chaque  déparlement ,  à  1  avantage 
des  citoyens. 

Beaucoup  de  préfets  ont  déjà  répondu  :  il  ré- 
sulte de  leurs  indications  appliquées  à  tout  le 
territoire,  que  la  réduction  peut  s'opérer  utile- 
ment dans  la  proportion  de  5  à  3  ;  proportion 
tellement  approximative  de  la  quotité  dimidiaire 
qu'on  peut  bien  prencHre  la  moitié  pour  base  des 
léduclions  à  faire,  lors  sur-tout  qu'on  doit  présu- 
mer que  les  préfets  les  mieux  intentionnés  ,  mais 
toujours  environnés  de  toutes  les  influences  lo- 
cales ,  n'ont  pu  connaître  ni  donner  la  mesure 
exacte  des  réductions  pralicables  ,  et  l'ont  plutôt 
resserrée  quéiendue. 

Je  dois  ,  au-surplus  ,  dès-à-présent  dire  que  cet 
aperçu  qui  frappe  sur  l'ensemble  du  territoire  , 
ne  porte  pas  de  même  sur  chaque  déparlement 
isolément  Considéré. 

Il  est  des  déparieraens  qui  ont  été  si  mal  par- 
tagés dans  la  première  distribution,  qu'il  y  aura 
très-peu  de  chose  à  leur  retirer. 

U  en  est  d'autres  qui  ont  été  traités  avec  tant 
de  prodigalité  ,  que  la  réduction  des  justices  de 
paix  devra  y  excéder  la  moitié  de  leur  nombre 
actuel. 

Ces  détails ,  .citoyens  législateurs  ,  sont  plus 
spécialement  renvoyés  à  un  autre  travail  ;  plu- 
sieurs renseignemens  locaux  sont  encore  attendus , 
et  les  mesures  d'application  appartiennent  à  un 
règlement  d'administration  publique  ;  mais  il 
appartient  à  la  loi  de  poser  les  bases  communes 
d'une  nouvelle  répartition  ,  purgée  de  l'arbitraire 
qui  a  présidé  à  l'état  actuel. 

Les  bases  contenues  au  projet  qui  vous  est 
soumis  ,  ont  leur  source  et  leur  type  dans  la 
nature  même,  c'est-à-dire,  dans  la  combinaison 
de  l'étendue  territoriale  avec  la  population  ,  et 
cette  combinaison  ne  cesse  que  lorsque  la  popu- 
lation rassemblée  sur  un  seul  point  est  telle  qu'il 
faille  la  prendre  pour  règle  unique. 

Hors  de  ce  cas,  les  deux  bases  combinées  doi- 
vent s'approprier  à  tous  les  points  du  territoire  , 
malgré  l'exirênTe  diversité  des  circonstances  lo- 
cales ;  et  l'on  conçoit  que,  pour  obtenir  un  tel 
résultat ,  il  faut  un  minimum  et  un  maximum  fort 
disians  du  terme  moyen. 

Ainsi  ,  par  exemple  ,  dans  la  ci-devant  Belgi- 
que ,  il  sera  facile  de  trouver  i5, 000  justiciables 
dans  un  arrondissement  de  195  milles  carrés  , 
(  5  lieues  carrées  )  tandis  que  dans  d'autres  parties 
de  la  république  ,  l'applicaiion  sera  absolument 
inverse  et  ne  ptésenteta  que  5, 000  habitans  dans 
un  arrondissement  de  SyS  railles  carres,  (  i5  lieues 
carrées.  ) 

Mais  comme  il  s'opère  de  nombreuses  compen- 


sations dans  une  opération  aussi  vaste  ,  il  y  a 
tout  lieu  d'espérer  que  le  l'ésuiiai  général  s  ac- 
cordera avec  le  terme  moyen  (  10  lieues  carrées 
et  10,000  justiciables)  ,  terme  double  dé  celui 
d'aujourd'hui. 

De-là  on  est  fondé  à  conclure  que  3ooo  juges 
de  paix  pourront  suffire,  mais  il  est  au  moins 
certain  qu'il  n'en  faudra  pas  600  au-delà  ,  et  cette 
limite  peut  être  posée  par  la  loi  sans  incon- 
véniens. 

Citoyens  législateurs ,  il  me  ïesie  peu  de  choses 
à  vous  dire  sur  le  surplus  du  projet. 

En  retraçant  les  attributions  des  juges  de  paix  , 
considérés,  soit  comme  conciliateuis  ,  soit  comme' 
juges  du  contentieux  ,  soit  enfin  comme  chargés 
par  la  loi  de  certaines  parties  non  conieniièuses  , 
le  gouvernement  n'a  eu  pour  objet  que  de  placer 
dans  un  seul  cadre  toutes  les  fonctions  qui  leur 
sont  conservées  ,  de  manière  que  ,  Soit  les  ci- 
toyens ,  soit  les  ju^es  de  paix  ,  puissent  d'ua 
coup-d  œil  mesurer  l'étendue  de  ces  fonctions. 

Après  une  foule  d'aliribulions  ,  dont  plusieurs 
sont  éteintes  ou  tonibées  en  désuétude,  et  dont 
quelques  autres  seront  plus  utilement  départies 
à  d'autres  agens  ,  il  convenait  de  ramener  les 
choses  à  leur  vrai  point  ,  et  de  les  réduire  à  ce 
dont  l'expérience  a  démontré  la  sagesse  et 
l'utilité.' 

Au  reste,  dan»  les  attributions  maintenues, 
nous  avons  respecté  jusqu'au  texte  des  lois  qui 
les  ont  établies  ,  en  les  transcrivant  d'une  ma- 
nière à  peu  près  liuérale  ,  et  qui  dispense 
dentrer  dans  aucuns  développemens  pour  lei 
justifier. 

Je  termine  cet  exposé,  citoyens  législateurs, 
par  une  réflexion  bien  digue  d'occuper  voir» 
pensée. 

Lorsque  les  juges  de  paix  seront  choisis  dans 
un  cadre  plus  vaste,  lorsque  leur  juridiciion  ■ 
étendue  ,  quant  au  territoire  ,  sera  restreinte, 
quant  aux  attributions  hétérogènes  dont  elle  avait 
été  chargée,  lors  sur-tout  que  la  procédure  crimi- 
nelle leur  deviendra  étrangère  (  ce  qui  est  l'objet 
d'une  loi  qui  vous  sera  incessamment  proposée  )  , 
comment  ne  pas  espérer  des  juges  plus  généra- 
lement instruits  ,  et  qui  ,  remplissant  d'ailleurs 
des  fonctions  simplifiées  et  toutes  paternelles  , 
seront  plus  chei's  à  leurs  concitoyens  ,  et  plu» 
utiles  à  la  république. 

La  discussion  du  projet  de  loi  est  indiquée 
au   iS  frimaire. 

Les  orateurs  se  retirent. 

Bréard  demande  la  parole  pour  une  motion 
d'ordre. 

Votre  règlement  ,  dit-il  ,  porte  qu'il  y  aura  ua 
intervalle  de  trois  fois  vingt-quatre  heures  entre 
chaque  scrutin  pour  la  présentation  des  can- 
didats au  sénat  -  conservateur  ;  vous  avez  jugé 
utile  dans  votre  dernière  session  de  déroger  à 
celle  mesure.  Je  demande  par  le  même  motif,  que 
vous  procédiez  dans  ceue  séance  au  premier 
tour  de  scrutin  d'éleclion  .....  (On  murmure.) 
Je  demande  à  continuer  mon  opinion.  —  Voua 
avez  cinq  candidats  à  présenter  ;  si  vous  suive? 
votre  règlement ,  calculez  le  tems  qu'il  vous  fau- 
dra pour  terminer  celle  opération  ;  vous  êtes  ici 
pour  des  objets  imporlans;  vos  séances  doivent 
êlre  remplies .... 

Un  grand  nombre  de  voix.  Appuyé  ;  aux  voix. 

Rousseau  Dettonne.  L'opinion  que  j'ai  à  émettre 
difière  beaucoup  de  celle  du  préopinanl.  VouS; 
avez  pu  voir,  citoyens  législateurs  ,  par  le  résul- 
tat du  scrutin  d  hier  et  la  liste  qu'il  nous  a 
donnée  ,  combien  la  France  se  trouve  appauvrie 
d'hommes  célèbres.  (Il  s  élevé  de  violens  mur- 
mures dans  louies  les  parties  de  la  salle.  ) 

Quelques  voix.  Votre  proposition. 

Rousseau.  D'un  autre  côté  ,  cette  liste  vous  offre 
le  consolant  tableau  d'hommes  recommanda- 
bles  par  leurs  venus.  Mais  comment  choisir 
entre  eux -^  nous  n'avons  qu'une  palme  à  décerner. 
Combien  sera  plus  embarrassé  encore  le  sénat- 
conservateur  pour  connaître  le  mérite  des  can- 
didats? Je  dis  plus..  (Des  murmures  interrompent 
de  nouveau  l'orateur.  )  Je  passe  à  ma  proposiiioa. 
Elle  consiste  en  deux  articles. 

Par  le  premier,  je  demande  que  le  corps- 
législàiif  motive  son  vote  sur  les  candidats  qu'il 
doit  présenter  au  sénat-conservateur. 

Je  propose  en  second  lieu  .  la  formation  d'une 
commission  pour  faire  un  rapport.,,. 

On  demande  de  toutes  paris  l'ordre  du  jour. 

Plusieurs  voix.  La  proposition  n'est  pas  appuyée. 

Bréard  reproduit  celle  qu'il  a  faite  pourengager. 
l'assemblée  à  procéder  aujourd'hui  au  scrutin 
d'éleclion. 

On  demande  ,  par  amendement  ,  qu'il  y  ait  au 
moins  24  heures  d'intervalle  entre  la  publication 
de  la  liste  et  le  nouveau  scrutin. 

Après  quelques  débats  ,  la  proposition  ainsi 
amendée  est  mise  aux  voix  et  adoptée. 

La  séance  est  levée  et  indiquée  à  deniain. 


§63 


■Notice  stir  la  vie  et  Us  ouvrages  de  Creuxc'-Lalouche. 

Jacques-Antoine  Creuzé-Latouche, membre 
du  sénai-conservaieiir ,  de  l'inslitul  naiional  et  de 
lasociété  d'agticiiliuie  du  département  de  la  Seine  , 
naquit  vers  l'an  i75o,  à  Châtelleraut ,  déparlement 
de  la  Vienne  ,  de  parens  estimables  et  aisés.  Il  fil 
»es  premières  éludes  d'abord  à  Châielleraut ,  puis 
chez  les  oraioricns  de  NiorI ,  où  il  se  distingua 
principalement  par  la  justesse  de  son  esprit. 

Après  avoir  achevé  sa  ihéiprique  il  se  rendit  à 
Poitiers  ,  y  fit  sa  philosophie  ,  son  droit  ,  prit 
quelques  notions  de  ia  pratique  du  barreau,  et 
vint  ensuite  à  Paris  oii  il  embrassa  la  profession 
d'avocat.  C'était  alors  le  compjément  de  lédu- 
cation  de  ceux  qui  se  destinaieiU  à  la  judicature 
ou  qui  aspiraient  seulement  à  se  procurer  des 
connaissances  au-dessus  du  vulgaire.  Il  se  ménagea 
dans  l'exercice  de-cetic  profession  autant  de  loisir 
qu'il  lui  en  f'jUait  pour  d'autres  éludes  propres  à 
former  son  goût,  enrichir  sou  esprit  et  perfec- 
tionner son  jugement.  La  littérature  ,  dont  l'attrait 
séduit  presque  tous  les  jeunes  gens,  et  qui  jouis- 
sait à  celle  époque  d'une  très  -  grande  faveur  , 
obtint  ses  premiers  hommages  ;  mais  bientôt  son 
inclination  l'ditirant  de  préférence  Vers  la  philo- 
sophie ,  sans  abandonner  entièrement  les  produc- 
tions agréables  ,  il  s'attacha  plus  particulièrement 
aux  ouvrages  de  morale  et  de  politique.  On 
conçoit  aisément  que  les  méditations  d'un  tel 
homme  ne  furent  pas  favorables  aux  préjugés 
dans  lesquels  la  France  était  encore  bercée.  Il 
avait  éprouvé  le  dégoût  des  anciennes  institutions , 
long  -  tems  avant  qu'il  pal  soupçonner  qu'on 
l'appellerait  un  jour  à  les  détruire.  Fatigué  de  la 
servitude  et  de  la  dépravation  dont  le  royaume 
lui  ofiFrait  le  speçiacle  ,  curieux  d'opposer  à  cet 
as-peci  celui  d'un  peuple  libre  et  moral  .  voulant 
d'ailleurs  repaître  sa  vue  et  son  imagination  des 
grands  tableaux  que  la  nature  a  rassemblés  dans 
les  Alpes  ,  il  résolut  de  voir  une  partie  de  la 
Suisse  ,  il  visita  le  canton  de  Berne  ,  le  pays  de 
Vaud  ,  Genève  ,  et  parcourut  la'  Savoie.  La  diffé- 
rence qu'il  remarqua  entre  les  pays  où  régnait  la 
liberté  et  ceux  qui  gémissaient  sous  le  despo- 
tisme ,  ne  contribua  pas  peu  à  l'affermir  dans  les 
principes  républicains ,  qui  firent  depuis  la  règle 
de  sa  conduite  politique; 

De  retour  de  ce  voyage  il  épousa  unt  de  ses 
parentes  qu'il  aimait  depuis  long-teras  ,  et  qui- 
était  vraiment  digne  de  lui  par  les  qualités  de  son 
cœur  et  son  amabilité,  mais  peu  partagée  des  biens 
de  la  fortune.  Sous  ce  dernier  rapport  ,  il  eut  à 
vaincre  de  la  part  de  sa  famille  de  longs  obstacles  , 
qu'on  ne  rappelle  ici  que  comme  les  seuls  cha- 
grins qu'il  éprouva  dans  tout  le  cours  de  sa  vie. 
Depuis  le  premier  instant  de  son  mariage  ,  il  a 
constamment  joui  dans  son  domestique  d'une 
félicité  parfaite  ,  qui  influa  sans  doute  beaucoup 
sur  la  conservaiion  et  le  perfectionnement  des 
qualités  heureuses  qu'il  tenait  de  la  nature  ,  une 
gahé  douce  ,  et  la  plus  grande  égalité  dans  le 
caractère. 

Pour  peu  qu'il  eût  eu  de  penchant  à  l'amour  des 
richesses  ,  une  belle  perspective  s'ouvrait  devant 
lui.  Il  avait  dans  la,  finance  des  parens  riches  qui 
ne  demandaient  pas  mieux  que  de  le  pousser 
dans  celte  carrière  ;  mais  les  charmes  de  l'élude 
prévalurent  sur  latirait  de  lopulence.  On  lui  fit 
aussi  la  proposition  d'une  charge  de  conseiller 
à  la  chambre  ardente  de  Saumur,  tribunal  formi- 
dab'e  ,  chargé  de  juger  les  contrebandiers  ,  et 
dont  le  nom  seul  était  pour  les  âmes  généreuses 
un  ob}ct  d'épouvante  ;  il  rejetta  cette  offre  avec 
l'indignation  qu'elle  méritait  ,  et  acheta  peu  de 
tems  après  la  charge  de  lieutenant-général  de  la 
sénéchaussée  de  Châielleraut;  place  dans  laquelle 
il  se  conduisit  en  juge  écUiiré  ,  assidu  ,  intègre  , 
désintéressé  ,  ayant ,  en  un  mol  ,  le  sentiment  et 
la  connaissance  de  ses  devoirs. 

Dans  ce  nouveau  genre  de  vie  il  ne  perdit 
point  de  vue  la  philosophie  et  les  sciences.  Il 
entretint  une  correspondance  suivie  avec  les 
amis  qu'il  avait  laissés  dans  la  capitale  ,  cl  se 
maintint  de  la  sorte  au  niveau  des  progrès- 
que  fesaient  les  lumières.  Il  en  acquit  même 
qu'on  ne  puise  que  difficilement  dans  les 
gcaudcs  villes,  et  qui  ne  sont  guère  le  partage 
que  des  propriétaires  qui  savent  étudier  la  nature 
dans  les  productions  de  leurs  champs.  Il  possé- 
cLait  un  domaine  dans  une  situation  agréable, 
dont  l'embellissement  et  l'amélioration  l'occupe- 
leni  jusqu'au  dernier  de  ses  jours.  Ce  fut  pour 
lui  une  occasion  de  s'instruire  dans  l'économie 
rurale  .  science  i\\\\  lui  devint  bienlôt  si  fami- 
lière ,  que  la  société  royale  d'agriculture  de  Paris 
l'ailniii  au  nombre  de  ses  correspondans,  après 
lui  avoir  précédemment  donné  ,  comme  prix 
d'encouragement  ,  des   béliers  de  race  espagnole. 

Mais  en  éludi;iiil  l'agriculture,  il  ne  se  conlen- 
laii  pas  d'envisager  ses  produits  apparens.  Les 
rapports  de  cet  an  avec  la  morale  n'échappaient 
pas  à  sa  pénétration.  Il  en  était  de  même  de  toutes 
ses  autres  connaissances,  et  de  tout  ce  qui  fiap- 
pait  son  esprit ,  aux  champs  comme  à  la  ville  , 
dans  l'exercice  de  ses  fonctions  comme  dans 
iiniéricur  de  son  ménage.  Par-tout  il  irouvaii 
iD<itiere  U  réflexion,  ou  à  quelque  application  des 


principes  dont  il  était  imbu  ;  par:out  la  philoso- 
phie spéculative  éclairait  la  irhilosophie  pratique  , 
ou  la  philosophie  pratique  aidait  la  philosophie 
spéculative. 

Par  exemple  ,   la  planlaiion   de  quelques  bois 
entrait-elle     dans    son     plan    d'améliorjlion  ?    11 
attendait  que    ses  filles,  encore  enlans  ,  eussent 
atieintlâge    où  l'on  peut  conserver  le  souvenir 
d'un  événement   un  peu  mémorable  ,  et  dès  que 
leur    intelligence     lui     paraissait    assez    formée  , 
chacune   d'elles  présidait  sûlennellemcnt  à  l'une 
de   ces    plaiiiatioiis  ,    lui     donnait    son    nom    en 
présence   des     voisins     invités    à    celte    fêle  ,    et 
s'assurant    ainsi    une     existence     dans    l'avenir  , 
prenait   par   cela    même   l'engagement   de   prati- 
quer toutes  les  vertus  qui  fout   honorer  et  chérir 
la   mémoire  de   ceux  qui  ont  bien  vécu.  Avait- il 
à   gémir  sur   la   supeistiiibn   des   habilaiis  de    la 
campagne  ?   le     plan    d'un    calcchume  de   morale 
occupait    Si     pensée  ,    et    remplissait  ses   loisirs,  j 
Instruisail-il    un     procès     criminel  ?    frappé    des  | 
inconvéniens  attachés  à  la  forme  pratiquée  alors,  ! 
et    pénétré    du    danger     que    courait    l'innocence  ; 
dénuée  de  conseil  et  d'appui  ,  il    sentait  le   besoin  '. 
d'une  réforme,  et  n'oubliait  dans  l'interrogatoire  \ 
et  l'audition  des  témoins  ,  tien  de  ce  qui  poiJvait  \ 
tempérer  la    rigueur  de   l'ordonnance.  'Voyail-il  | 
dans   sa    famille     l'heureux   effet    de     la    douce  i 
lamtliariié    qui    régnait  entre   lui  ei  ses  enfans  ?  j 
il   s'indignait     de   ce    que   ii    les  jurisconsultes  ,  ' 
!)  moralistes  ,     publicistes  ,    etc.  ,     qui    ont     dit  j 
î)  quelques    mois    en    passant  sur   l'autorité  pa-  | 
11  lernelle  ,  se  sont  tous  (  à  Texcoption  de  Locke  ! 
11  et  J.  J.  Rousseau)  copiés  les  uns  les   autres,  ! 
II  et  ont  tranché  la  question  ,  en  mettant  lous  les  j 
"  droits  du  côié   des   pères  ,  et  tout  les  devoirs  j 
î>  du     côlé    des     enfans.  ii  Selon    lui  ,   un   bon 
traité  sur   l'autorité   palernellç.  manquait  absolu-  ; 
ment.  Il  amassait  des  matériaux  sur  ce  sujet  ,  et  | 
se  proposait  de  les  mettre  en  ordre  quelque  jour.         \ 

Ces  faits ,  pris  au  hasard  parmi  beaucoup 
d'autres  dails  sa  correspondance  avec  un  de  : 
ses  amis  (i)  ,  at.estent  qu'il  n'y  eut  point  de 
vide  dans  tout  le  cours  de  sa  vie  ,  et  qu'il  fut 
continuellement  tourmenté  du  besoin  de  se  ren- 
dre utile  à  ses  semblables  ;  aussi  obtint-il  l'estime 
universelle.  Il  en  recueillit  entr'autres  un  témoi- 
gnage bien  saiisfesant  en  lySi  ,  lorsque  la 
tranquillité  de  son  pays  faillit  être  troublée  à 
l'occasion  de  la  disette  des  grains,  prétexte 
terrible  ,  contre  lequel  les  armes  de  la  police 
ont  presque  toujours  si  peu  d'efficacité.  Tandis 
que  ia  révolte  éclatait  de  toutes  parts  ,  il  main- 
tint le  calme  dans  son  territoire  par  le  seul 
ascendant  de  son  caractère  et  de  sa  raison.  Chose 
inouie  ,  il  put  se  faire  eritendre  au  milieu  des 
clameurs  ,  et  démontrer  à  des  citoyens  inquiets 
sur  leur  subsistance  ,  les  avantages  qui  résultent 
de  ia  libre  circulation  des  grain'!.  Je  ne  leur 
disais  pas  avec  emphase  que  fêtais  l'ami  du  peuple  , 
écrivaii-il  en  i7g3,en  rapportant  ce  fait,mflà 
ils  voyaient  tous  les  jours  ma  conduite  ,  et  j'avais 
leur  confiance.  C  est  ainsi  qii  il  préludait,  long- 
tems  avaiil  la  révolution,  au  développement  cou- 
rageux de  principes  qu'il  manifesta  dans  la  suiie 
avec  bien  plus  d'éclat  et  de   danger. 

Mais  s'il  savait  rappeler  le  peuple  à  ses  devoirs  , 
il  ne  montrait  pas  moins  de  force  contre  les  abus 
de  la  puissance.  Bienlôt  les  querelles  du  parle- 
ment avec  la  cour,  lui  donnèrent  lieu  de  mani- 
fester son  amour  pour  la  liberté.  Il  détermina  , 
par  son  exemple  ,  la  sénéchaussée  de  Châ- 
ielleraut à  refuser  l'enregisirement  de  la  cour plé- 
niere  ,  et  des  autres  édits  de  la  mÉrae  époque. 
Cette  résistance  presqu'unanime  ,  et  les  ouvrages 
de  plusieurs  bons  esprits  à  ce  sujet,  disposaient 
la  France  à  la  révolution.  Léiablissement  des 
assemblées  provinciales  vint  encore  fjvoriser  celle 
impulsion  vers  un  meilleur  ordre  de  choses. 
Creuzé-Lalouche  ,  appelé  à  celle  de  Poitiers  , 
y  montra  des  connaissances  très-étendues,  et  des 
vues  supérieures  d'adminislratlon. 

Nommé  aux  éiats-généraux  en  1789,  il  vota 
constamment  avec  les  défenseurs  éclairés  des 
droits  de  la  nation.  Digne  de  figurer  dans  l'as- 
semblée constituante,  s'il  ne  fut  pas  de  ceux 
dont  les  discours  cOntribuereni  à  donner  à  cette 
assemblée  l  éclat  dont  elle  jouira  dans  l'histoire  , 
ce  lut  parce  qu'il  était  plus  animé  de  l'amour  du 
bien  public  que  de  celui  de  sa  renommée.  Son 
zèle  n'en  agissait  pas  moins  activement  dans  les 
conversations  et  dans  lés  comilés  ,  notamment 
dans  celui  d'agriculture  et  de  commerce  ,  où  il 
travailla  le  plus.  Satisfait  de  concourir  dans 
l'ombre  à  la  préparation  du  bonheur  du  peuple  , 
il  laissait  aux  orateurs  la  gloire  de  manifester  des 
principes  qui  souvent  étaient  le  fruit  de  ses  médi- 
tations. Peut-êtie  même  ja  modestie  l'eût-elle  em- 
pêché dé  prendre  jamais  un  autre  rôle,  si  lab- 
sence  des  grands  lalens  moissonnés  dans  la  révo- 
lution ,  ne  lui  eût  imposé  le  devoif  de  se  pro- 
duire  enfin  dans  un   plus   grand  jour. 

Mais  s'il  se,  présentait  à  lui  une  idé»  utile  qui 
ne  lût  pas  du  ressort  de  la  tribune  ,  il  ne  la 
négligeait  pas  :  sa  Description  tflpographique  du 
district  de  Châtetleraut  .,  qu  il  publia  £n    1790,  fut 

(i)  Le  citoyen  BcMC-d'Antic. 


une.  preuve  de  raciivlié  de  son  zèle.  L'assembléi» 
consiiiuanle  ayant  décicié  U  nouvelle  division 
du  leriiloire ,  et  l'administration  passant  défini- 
tivement des  mains  des  agens  du  gouvernement 
dans  celle  des  élus  du  peuple  ,  Grcuzé-Laiouche 
sentit  que  ,  pour  donner  à  cette  institution  toute 
l'utilité  qu'elle  pouvait  comporter,  il  fallait  que 
les  administrateurs  eussent  une  connaissance 
exacte  de  la  nature  du  sol  ,  des  diverses  ])rO' 
duclions  du  commerce  ,  de  l'agriculture  ,  el  même 
du  caractère  et  des  mœurs  des  habilans  de  leur 
arrondissement. 

La  description  de  Glitâelleraut  remplissait  plei- 
nement ce  but  pour  l  administralion  de  son 
district  ;  mais  il  n'avait  pas  borné  ses  vues  à 
cet  avantage  déjà  fort  grand  en  lui-même.  Dans 
son  plan  ,  la  réunion  de  topographies  serablablej 
pour  les  autres  districts  de  la  Vienne  ,  devait 
porter  à  l'administration  de  département  un  plui 
srancj. faisceau  de  lumières  ,  et  ce'ite  opération  ré- 
pétée dans  toutes  les  parties  de  la  France  ,  oflFrir, 
en  dernier  résultat ,  une  topographie  générale  , 
exacte  et  détaillée;  ouvrage  qui  manque  ,  non-- ' 
seulement  aux  administrateurs,  mais  encore  au5t 
naturalistes  ,  aux  commerçaps,  aux  philosophes, 
aux  antiquaires  ,  aux  géographes  ,  aux  histo- 
riens ,  etc.  etc.  Ainsi  le  modèle  offert  par  Creuzé- 
Latouche  ,  quelque  peu  important  qu'il  paraisse 
au  premier  coup-d'œil  ,  est  réellement  la  pre- 
mière pierre  d'un  édifice  de  la  plus  grande  uli-' 
lilé.  S'il  n'a  pu  le  voir  élever  de  son  vivant ,  il  a 
çlu  moins  eu  la  satisfaction  d'espérer  qu'il  le 
serait  un  jour.  Le  gouvernement  ,  frappé  des 
avantages  qu'il  présente  .  a  consulté  linstitut 
national  sur  les  moyens  de  parvenir  à  son  ache- ' 
vement. 

Il  était  de  sa  destinée  de  remplir  constamment 
de  grandes  fonctions.  Sorti  de  l'assemblée  cons- 
tituante ,  il  fut  nommé  juge  au  tribunal  de  cas- 
sation ,  d'où  il  passa  à  la  haute-cour  d  Orléans, 
puis  à  la  convention  nationale.  11  lut  dans  celte' 
dernière  assemblée  ce  qu'on  l'avait  toujours  vu  , 
étranger  aux  intrigues  ,  aux  f.ictions  et  ne  con- 
sultant que  ses  devoirs.  Toujours  calme  au  mi- 
lieu des  agitaitons ,  il  échappa  aux  tuteurs  de 
parti-,  quoiqu'en  bien  des  circonstances  il  eût 
parlé  le  langage  de  la  raison  avec  un  courage 
peu  fait  pour  obtenir  gVace.  Ses  r;pports  sur 
le  commerce  des  grains  ,  sur  le  maximum  ,  et  l'ou-* 
vrage  qui  a  pour  titre  :  Sur  les  subsistances  ,  par 
J.  A.  Creuîé  -  Lntouche  ,  attestent  égaf-nieni  ses 
lumières  et  sa  fermeté.  Son  travail  sur  la  loi  reta-: 
tive  au  dessèchement  des  étangs  ,  ne  l'honora  pas 
moins  sous  l'un  et  l'autre  lappori. 
j  Ses  vertus  privées  ne  se  démentirent  points' 
même  au  plus  fort  de  la  terreur.  Il  se  montra  gé- 
!  néreux  dans  un  tems  où  la  générosité  ét:!it  punie 
comme  un  crime.  Q,uoiqu'il  ne  connût  que  par 
leur  renommée  l'infortuné  Roland  et  sa  coura- 
geuse femme  ,  il  accueillit  leur  fille  unique  ;  et 
cette  orpheline  partagea  avec  ses  propres  enfans' 
sa  sollicitude  et  celle  de  son  épouse. 
j  Enfin  toute  sa  conduite  fut  telle  dans  ces 
,  tems  difficiles,  que  les  esprits  les  plus  désordonné» 
ne  purent  lui  refuser  des  témoignages  de  res- 
'  pect.  La  confiance  généiale  le  porta  dans  la  com- 
mission des  onze,  où  il  fut  lun  de  ceux  qui^ 
i  eurent  le  plus  de  pan  à  l'achèvement  de  la  cons-' 
litution    de  l'an  3.  ' 

I     De  la  convention  ,  Creuzé-Latouche  passa  dan» 
le  conseil  des  anciens  ,  et  y  resta  jusqu'en  lan  6  , 
;  époque  à  laquelle   le  vœu    du   peuple    l'appela 
jà    celui   des    cinq  -  cens.    Il   y  était   encore    lors 
'  de    révénem.ent  du    18  brumaire.  La  liste  de  ses 
travaux    dans    ces    différentes     sessions   tiendrait 
trop  de  place   dans    celte  notice.   Ceux    qui   ont 
donné  quelqu'attenticin    aux   affiires    polititjues  , 
se  rappeleront  assez  qu'ils  roulèrent  lous  sur  des 
I  objets  importans,  el  qu  on   y.  .retrouve  à  chaque; 
'page    l'esprit   de  sagesse    et   de    pairioiisme   qui 
j  animait  leur  auteur. 

Les  partisans  de  la  sainï  raison  n'ont  pas  . 
oublié  non  plus  sa  dissertation  sur  l'intolérana 
philosophique  et  l intolérance  religieuse.,  lue  a  la 
I  classe  des  sciences  morales  el  poliriqucs  de  1  ins- 
j  lilut  national. ,  le  27  messidor  an  5  ,  et  pubjié  la 
:  même  année.  Cet  ouvrage  ,  dans  lequ  I  il  ses 
:  montre  métaphisicien  aussi  judicieux  que  profond 
;  moraliste  ,  fut  le  fruit  de  quelques  insians  de- 
!  robes  à  ses  fonctions. 

I      Membre  de  l'une  des  commissions  législatives  , 
il  fut  admis  à  la  confection  de  la  consiiiuiion   à 
I  l'ombre  de  laquelle  nous  reposons  aujourd'hui, 
■  et  appelé  un   dés  premiers  au  sénil-coriscrvaieur. 
\  Ce  qui   le  flatta  le   plus   dans    les   avantages  que 
!  procure  celte   place  ,  ce  fut  la  possibiliié   de    se 
;  livrer  sans  distraction  à'  ciés  ouviages  utiles  dont 
1  il  avait  l'idée  et  les  matériaux.  Leur   objet  princi- 
pal   devant   être    l'écouornie    politique ,    il    crut 
qu'un  voyage    dans    la   Belgirjue  et   la  Hollande 
serait   avaritageux    au    pcrfeclionnement    de   ses 
connaissances  ;  i'I  le  fil  vers  la  fin  du  printenis  de 
!  l'an,?,  et  en  rapporta  des   observations  qui  n'au- 
I  raient    pas  été  perdues  pour    sa  patrie  ,   si    une 
fièvre    épidémique    ne   l'eût    moissonné    dans    la 
j  maison   de  campagne  qu'il    teiiait  de    ses    pères  . 
j  et    dont  l'amélioraiidn  élail    l'objet  continuel  de 
I  ses  soins. 


La  mort  l'a  Frappé  ïë  i"  vendémiaire  an  g  vers 
la  cinquantième  année  de  sa  vie  ,  à  Tinslant  où 
plein  de  force  et  de  santé,  il  semblait  devoir 
-espérer  de  longs  jours.  Son  trépas  ôte  à  la  phi- 
losophie un  de  ses  fermes  soutiens  ;  à  la  liberté 
un  des  hommes  les  plus  propres  à  l'honorer  ; 
à  la  révolution  un  des  législateurs  qui,  par  une 
conduite  exempté  de  reproches  ,  l'ont  absoute 
des  crimes  dont  ses  ennemis  la  souillèrent;  à  sa 
famille  tout  le  bonheur  dont  elle  avait  cons- 
tamment joui  i  à  ses  amis  tous  les  avantages 
d'une  société  dans  laquelle  personne  ne  sut 
mieux  que  lui  mêler  l'instruction  au  plaisir  , 
et  la  morale  à  l'enjouement  ;  aux  pères  de 
famille  un  modèle  dans  l'éducation  des  en- 
fans  ,  et  le  plus  touchant  exemple  de  ce 
que  peuvent  apporter  de  jouissances  dans  un 
ménage  ,  des  mœurs  pures ,  un  cœur  affectueux  , 
un  caractère  égal  et  une  douce  gaîté  ;  au  sénat- 
conservateur  ,  un  sage  aussi  versé  dans  la  poli- 
tique que  dans  la  connaissance  des  hommes  ;  à 
1  inslil'jt  national .  un  écrivain  lumineux,  se  livrant 
à  l'élude  par  goût  ,  un  philosophe  modeste  ,  ne 
prisani  la  renommée  que  comme  un  stimulant  , 
n'ayant  de  véritable  passion  que  pour  le  bien 
public  ,  et  dont  les  travaux  devaient  concourir 
efficacement  à  la  gloire  du  corps  entier  ;  à  la 
SOciéié  d'agriculture ,  enfin  ,  un  coopéraieur  zélé, 
un  bon  observateur,  ennemi  des  vains  systèmes ,  et 
sachant  ,  dans  cet  art  comme  dans  la  philosophie, 
éclairer  la  théorie  par  la  pratique  et  la  pratique 
par  la   théorie. 

Pamii  les  mémoires  dont  il  a  enrichi  cetie 
sociétés,  les  bons  agronomes  distingueront  celui 
qui  a  pour  objet  la  culture  des  vignes  et  la 
fabrication  des  vins  :  mais  toutes  les  âmes  sen- 
sibles se  rappelèrent  avec  un  vif  iniérêl  le  dis- 
cours sur  les  moyens  de  multiplier  les  bois  en 
France  ,  lu  en  son  nom  dsns  la  séance  publique 
de,  l'an  8  ,  pendant  qu'il  achevait  son  voyagé  de 
Holland'C.  Cet  ouvrage  qu'on  croirait  dicié  par 
le  pressentiment,  est  en  quelque  sorte  le  testa- 
ment moral  de  son  auteur.  Les  personnes  qui 
Tant  entendu  ,  et  qui  n'y  trouvèrent  au  premier 
apperçu  qu'un  roman  champêtre  ,  intercalé 
comme  un  épisode  dans  les  travaux  de  la 
société  ,  ne  savaient  pas  qu'il  écrivait  sa  propre 
histoire  ;  elles  ignoraient  qu'il  était  lui-même  ce 
propriétaire  qui  <  dans  des  vues  philosophiques 
présentées  d'une  manière  si  touchante  ,  attachait 
ses  entans  au  domaine  paternel,  en  les  associant  à 
ses  travaux,  et  les  menait  en  quelque  sorte  en  pré- 
sence de  la  postérité  ,  en  donnant  solennelle- 
ment leurs  noms  à  des  bois  plantés  de  leurs 
mains,  EUes  étaient  bien  loin  surtout  de  prévoir 
qu'en  marquant  la  place  de  son  tombeau  dans 
un  de  ces  asiles  consacrés  aux  vertus  domes- 
tiques ,  il  touchait  de  si  près  au  terme  de  sa  vie. 
Hélas  !  tout  était  vrai  dans  ce  qui  ne  parut  que 
le  rêve  aimable  d'une  imagination  inspirée  par 
le  sentiment.  Sa  volonté  a  élé  respectée:  il  re- 
pose dans  le  lieu  qu'il  avait  choisi. 


AU       REDACTEUR, 

Quand  tous  les  actes  du  gouvernement  justi- 
fient si  honorablement  et  si  salutairement  l'im- 
mortelle journée  du  i8  brumaire,  je  crois  qu'on 
doit  aimer  à  en  consacrer  le  -souvenir  par  la 
célébration  de   son  anniversaire. 

Dans  la  Corrèze  ,  le  citoyen  Philippe  Juge  ■ 
s.ecrétaire-général  ,  réunit  au  sortir  des  bureaux 
tous  les  employés  de  la  préfecture  ,  et  dans  un 
banquet  civique  simple  et  improvisé  ,  le  i8  bru; 
maire  fut  célébré  cordialement.  Cette  petite  fête 
de  famille  avait  le  caractère  de  ce  bonheur  privé 
et  bien  senti  que  donne  le  souvenir  d'un  grand 
bienfait  public  ,  et  qui  semble  acquitter  sans  éclat 
une  portion  de  la  reconnaissance  due  aux  bien- 
faiteurs du  Peuple.  Cette  reconnaissance  devient 
plus  agréable  aux  hommes  supérieurs  qui  s'en 
sont  rendus  vraiment  dignes  ,  lorsque  ,  sans 
avoir  besoin  d'être  recommandée  ,  elle  prend 
d'elle-même  une  expression  aussi  franche  et  aussi 
affectueuse. 

Amis ,  dit  le  secrétaire-général ,  nous  sommes 
réunis  pour  célébrer  l'anniversaire  du  bienfesant 
et  immonel  i8|  brumaire.  Ce  jour  est  cher  à  tous 
les  français  comme  le  14  juillet;....  il  peut  lui  être 
comparé  sous  plus  d'un  rapport , ....  et  si,  comme 
le  14  juillet,  il  ne  vit  pas  les  élans  spontanés  des 
français  se  réveillant  au  premier  accent  de,  la 
liberté  ,  c'est  que  ces  élans  furent  suppléés  par 
l'essor  du  PUISSANT  GÉNIE  qui  opéra  le  18 
brumaire. 


264 

Combien  d'événemens  miraculeux  sont  sortis 
de  cetie  seconde  journée  !  Prompte  et  glorieuse 
pacification  de  la  'Vendée:...  subite  création 
d'une  armée  de  réserve  qui,  comme  l'aigle,  ou 
pluiôt  comme  le  génie  qui  la  guide  ,  franchit 
toute  entière  les  monts  éionnés  du  Saint-Bernard  ;... 
victoire  de  Maringo!....  sublime  organisation 
d'un  gouvernement  fort  et  sage  ,  qui  laisse  res- 
pirer paisiblement  ses  amis  et  ses  ennemis  ,  ses 
ennemis  que  chaque  jour  voit  diminuer  et  s'affai- 
blir!.... douces  et  solides  espérances  de  la 
paix!.  ..  Tous  ces  prodiges  ,  amis,  tous  ces 
bienfaits  nouveaux,,  reposaient  dans  le  sein  du 
18  brumaire.  Et  qui  pourrait  calculer  les  nou- 
velles et  glorieuses  destinées  qui  pourront  en 
sortir  •Tvet  tout  ce  que  ce  jour  a  promis  de  grand 
et  d'utile  à  la  France  .•'  nous  en  avons  le  fortuné 
présage. 

Amis  ,  nous  ne  perdrons  jamais  le  souvenir  et 
les  bienfaits  du  t8  brumaire  ,  parce  que  nous  ne 
serons  pasingiais. 

Premier  tuait.  — Au   iS  brumaire.  Puissent  ses 
glorieux  auteurs  compter  autant  dejours  fortunés,  1 
qu'ils   nous  ont  préparé  de  bienfaits  et  de  jouis- 
sances ! 

Les  autres  toasts  prirent  leur  rang  accoutumé 
dans  ces  sortes  de  réunions. 


La  législation  française,  ou  Recueil  des  lois  ,  des 
réglemens  d'administration  et  arrêtés  généraux  basés 
sur  la  constitution  ;  accompagnés  de  notes  qui  en 
expliquent  les  motifs ,  les  confèrent  enire  eux  ,  en 
rapprochent  les  lois  et  réglemens  aniérieuis  qu'ils 
confirment ,  abrogent  on  modifient;  et  disposés 
sur  un  plan  de  chissificaiion  qui  divise  la  législa- 
tion entière  en  autant  de  codes  pariiculiers  qu'elle 
renferme  de  matières  ,  et  distribue  les  lois  ,  les 
réglemens  et  les  anêiés  sous  les  m.itieres  aux-  | 
quelles  ils  appartiennent  ;  par  J.  G.  Locré  ,  se- 
crétairegénéral'du  conseil-d'état.  ; 

L'ouvrage  que  le  citoyen  Locré  annonce  a  été  I 
entrepris  ,  I 

Pour  ramener  les  lois  à  un  classement  régulier  ;  ] 
Pour  fixer  le  dernier  état  de    la   législation  sur  ! 
chaque  matière  ,  et  même  sur  chaque  point  ; 

Pour  faire  connaître  l'esprit  et   les  motifs   des 
lois  et  des  réglemens  d'administration  publique,! 
faiis  depuis  la  constitution  ,  et  de  ceux  qui  seront  I 
faits  à  l'avenir.  ' 

Voici  les  moyens  par  lesquels ,  dit  l'auteur  ,  je 
remplis  la  lâche  que  je  me  suis  imposée. 

Un  plan  général  de  classification  divisera  la 
législation  entière  en  autant  de  parties  ou  de  ma- 
tières que  lui  en  donne  la  marche  naturelle  des 
idées,  et  placera  ces  matières  dans  l'ordre  qu'éta- 
blissent entre  elles  leur  connexiié  et  leurs  r.ip- 
ports,  en  les  enchaînant  au  petit  nombre  de  no- 
tions simples  et  premières  d'où  découle  tout  le 
système  des  lois. 

Un  plan  de  classificaiion  ,  particulier  à  chaque 
matière,  indiquera  les  diverses  espèces  de  lois 
qui  la  règlent ,  et  rangera  ces  lois  dans  leur  ordre 
naturel. 

Ces  derniers  recueils  ne  seront  que  des  par- 
ties intégrantes  du  plan  général  ,  quand  on  vou- 
dra les  y  rapporter.  Pris  isolément,  et  abstraction 
faite  des  rapports  qu'ils  ont  avec  la  législation  en 
général  ,  chacun  d'eux  formera  un  ouvrage  com- 
plet ,  où  l'on  trouvera  toutes  les  dispositions 
relatives  à  la  matière  qui  en  est  l'objet. 

Une  simple  notice  indiquera  ,  sur  chaque  titre, 
les  lois  antérieures  au  18  brumaire  ,  qui  s'y  rap- 
portent. La  réimpression  de  ces  lois  serait  inu- 
tile :  d  abord ,  parce  qu'il  en  existe  des  collec- 
tions dans  toutes  les  bibliothèques  ;  ensuite  , 
parce  quelles  peuvent  éprouver  beaucoup  de 
changemens  ;  enfin  ,  parce  que  le  projet  est  de 
rapporter  toutes  les  lois  à  la  constitution  actuelle  , 
et,  par  une  suite  nécessaire,  à  la  législation  nou- 
velle dont  elle  est  la  base.  Je  ne  dois  donc  parler 
qu'accidentellement  des  lois  antérieures. 

Dès-lors  les  cadres  de  chaque  code  seront  rem- 
plis par  les  lois  et  les  réglemens  d'administration 
publique  faits  depuis  le  régime  actuel  ,  et  par 
ceux  qui  seront  faits  à  l'avenir. 

Ces  lois  ,  ces  réglemens  ,  paraîtront  dans  leur 
ordre  chronologique  ;  mais  on  trouvera  en  tête  de 
chaque  loi  et  de  chaque  règlement  ,  le  renvoi  au 
code  particulier  auquel  il  appartient  ,  et  au  titre 
de  ce  code  sous  lequel  il  doit  être  classé. 

Les  articles  des  lois  et  des  réglemens  seront 
accompagnés  de  notes  qui  auront  un  double 
objet. 


t".  Elles  conféreront  entre  elles  les  disposition» 
des  lois  et  des  réglemens  nouveaux  ,  et  elles  en 
lappiocheront  les  dispositions  des  lois  antérieures, 
à  Ictfet  d'indiquer  celles  que  les  dispositionsnou- 
vclles  confirment  en  s'y  référant  ,  celles  qu'elle» 
abrogent  ou  qu'elles  modifient  inème  implicite- 
ment. Il  suffira  donc  ,  pour  connaître  le  dernier 
état  de  la  législation,  d'ouvrir  la  loi  ou  le  règle- 
ment qui  viendra  de  paraître.  Ainsi  ,  le  magis- 
irat  et  le  citoyen  n'erreront  plus  au  milieu  des 
perplexités  ,  éternellement  incertains  si  les  dispo- 
sitions sur  lesquelles  ils  s'appuient  ,  ne  sont  pas' 
détruites  ou  modifiées  par  d  autres. 

2°.  Les  notes  feront  connaître  les  motifs  et 
l'esprit  des  lois  et  des  réglemens  nouveaux  ,  et  les 
résultats  que  l'auioriié  publique  en  a  voulu  obte- 
nir. Les  lumières  et  les  secours  dont  je  suis  en- 
touré ,  me  donnent  la  confiance  que  cette  partie 
ne    sera  pas  la  moins  unie  de  mon  ouvragé.     . 

Chaque  volume  sera  terminé  par  une  table 
raisonnée. 

Le  dessein  de  cet  ouvrage  me  paraît  embrasser 
les  divers  motifs  qui  portent  à  s'appliquer  aux 
lois. 

Les  uns  en  font  une  étude  suivie  :  le  plan 
général  de  classification  leur  en  facilitera  les 
moyens. 

D'autres ,  voués  exclusivement  à  une  profes- 
sion, n'ont  essentiellement  besoin  de  connaître 
que  les  lois  qui  servent  de  règles  à  leur  état  :  ils 
les  trouveront   dans   l'un  des   codes  particuliers. 

Quelquefois  ,  enfin  ,  l'on  ne  veut  interroger 
la  loi  que  sur  une  question.  On  pourra  recourir  à 
la  table  raisonnée  :  elle  sera  faite  avec  tant  de 
soin,  que  les  recherches  deviendront  extrêmement 
faciles. 

Le  recueil  de  la  législation  française  sera  vendu 
par  souscription. 

Comme  il  e>i  impossible  d'en  prévoir  l'étendue , 
parce  qu'elle  *lépend  des  travaux  du  corps-légis- 
latif et  du  conseil-détat,  la  souscription  sera  reçue 
par  feuilles. 

Elle  sera  de  cinq  francs ,  pour  vingt-cinq  feuilles 
in-8°.  ,  franches  de  port  dans  toute  la  république. 

Le  plan  général  de  législation  .  les  plans  dei 
codes  particuliers  ,  les  lois  et  les  réglemens  fait» 
depuis  la  mise  en  activité  de  ta  constitution  ,  vont 
être  d'abord  imprimés. 

Les  lois  et  les  réglemens  qui  seront  faits  à 
l'avenir  ,  paraîtront  trois  jours  ,  au  plus  tard  , 
après  quils  auront  reçu  la  sanction   légale. 

On  souscrit  au  secrétariat  du  conseil-d'état,  au 
palais  desTuileries. 

Les  lettres  et  l'argent  doivent  être  adressés , 
francs  de  port  ,  au  citoyen  Hugot  ,  chef  de» 
bureaux. 


COURS     DÛ     CHANGE 

Bourse  du  6  frimaire. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid... 

Effectif. 

Cadix i 

Effectif 

Gênes  effectif. .  .  . , 
Livourne 


Bâle. 


I   b. 


Effets  publia. 

Rente  provisoire ss  fr.  65  c. 

Tiers  consolidé 3ï-  fr.  75  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  5o  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.   i5  c. 

Bons  pour  l'an  8 gi  fr. 

Syndicat 

Coupures 83  fr. 

Act.  de  5o  fr.  de  la  caisse  des  rentiers. 

SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ue  et  des  Arts. 
Demain  Hécube  et  le  ballet  de  Psiché. 

Théâtre  DES  JEUNES  élevés,  rue  deThionville. 
Auj.  le  Mariage  du  Capucin  ;  les  marchés  de  Philis 
et  Cassandre   comédien. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Anjoaxd.  Arlequin 
afficheur  ,  l"  repr.  de  la  Revue   de   l'an  8  et  les 


L'aboaoeaicnt  se  fait  aPari»,  me  de»  Poitevin»,  n"  18.  Le  prixest  de  s5  francs  pour  trois  mois,  5o  franc»  pour  lix    moi»,   et   100   franc»   pour  l'année  entière.  On   ne 
■  t^abonne  qu  -iav  commeucemcnt  de  cbaqnc  mois. 

Ilfautadrestie.  tes  lettres  et  l'argent ,  franc  de  port,  aucit.  AcASSE,  propriétaire  de  cejournal , rue  des  Poitevin»,  B**  iS.  Ilfaufcomprcndre   dans  le»   envois   le  port   de» 
pay»  où  l'on  ni  pi-ut^ffri  Rchir.  Lf  î  lettres  4es  départcmens  non  aBFranchies  ,  ne  seroutpoint  retirée»  delà  poste. 

11  faut  avoir  soiu,  paut  ^lus  de  «ûreté,  dt  cbarger  celles  qui   renferment  des  valeur»,  et  adresser  tout  ce  quiconcerne  la  rédaction  de   la  feuille,    ata  rédacteur,  rue  des 
Poitevins      a^  i3,  depuis  .»euf  heure»  du  matin  jusqu'à  cinq  neures  du  soir. 


A  Pâtis,  dt  l'imptimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


GAZ. 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  68. 


Octidl  ,    S  frimaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indixiisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  ilaicr  du  7   Nivôse  le   Moniteur  esc  le  siul  'cwnul  vfficiel. 
H  contient  les  séinces  tics  autorités  constituées  ^  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi   que  les  fiits  er  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Paris  ,   le  7  frimaire. 

v^UELQ^UES  perionnes  ayant  vu,  dans   les  jour- 
naux, élraiigeis  ,  des   copies  de  iraités  conclus  par 
le   général   Aua,trcau  avec  plusifurs  princes  de  la 
rive  droite   du  Rhin,  et  n  en   voyant  point   faire! 
rneniion   dans  le  journal  officiel  ,  ont   élevé  des 
doutes  sur  la  sincérité  des  actes  produits  par  les 
gazettes  ailemandcs.   Nous  nous  ■  sommes  rendus 
certains   que  le   général  Augereau  était  autorisé  à 
traiter  avec  ces  princes  ,  qu'il  a  traiié  en  eflct  ,  et 
que  «es  conventions  avec  eux  ont  été  pleinement 
approuvées   par    le     gouvernement.     Il    est   vrai 
néanmoins  qu'il  n'y  en   a    eu  (ju'une  qui  ait  reçu 
la  ratification  formelle  et  la  signature  du  premier 
consul,   et  c'est  celle  faite' avec  le  piince    dlsen- 
bourg  ,  qui  se  trouve  en  même-tems  directeur  du 
collège  des   comtes  de  Véicravie.   C'est  peut-être 
cette  dernière  qualiié  du    prince,   peui-êire  aussi 
la  prioiilc  de   son  acconamodement ,  qui  a  fondé  , 
cette   disiinclion  ;   mais    comme   tous   les    pr.nces 
dç  celte  contrée  ,dont  l'inhostililé  a  éié  constatée  ] 
par   le   gêné  al   Augerau  ,     se    trouvent    dans   le  j 
jnéme   cas   c|ue    le    prince  disenbourg;      et    que  i 
tous  avaient  en    leur   faveur   la  recommandation  r 
de  la  cour  de  Berlin   qui  devait  déiermlner  en-  , 
core  plus  la  bienveillance  du  gouverneiT:em  ;  on 
■  verra  plus  bas  dans  l'airêié  que  nous  allons  trans- 
criie,  que   le    premier  consul  a   regardé    la    neu-  ' 
tralité    accordée    au   l'rince   directeur,  du    collège 
des   comie«    de  Véiéri'vie,   coranae    devait    être 
commuieà  tous   les  membres   de  ce   collège,  et 
que   ceitR  extension    positive    a   pu   autoriser   le 
général  Augi  reau  à  délivrer  à  chacun  d'entre  eux 
un    dip  ôme   de    raiification    particulière  ,   quoi- 
qu'en  effet  il  n'en  existe  qu'un  seul  ,  mais  géné- 
ral ,  qui  est  l'anêié  suivant. 


—  Le  citoyen  Van  Noorderi  ,  médecin  de  Ro- 
lerdam  ,  a  écrit  à  la  société  philonialique  qu  un 
chirurgien  qui  arrive  de  Surinam  .  lui  a  annoncé 
que  I  arbre  à  )!ain  y  avait  tellement  réussi  qu'on 
en  voit  des  allées  considérables,  et  qn  ils  pio- 
duisent  au-delà  de  toute  attente  :  on  en  tait  iians 
le  pays  un  jiain  aussi  bon  que  le  liomeni.  Pour 
cet  effet,  ou  coupe  le  fruit  pjt  tranches  :  on 
le  fait  sécher  au  soleil  ,  et  ensuite  on  le  pile  : 
la  farine  pétrie  levé  comme  celle  du  lioment  , 
et  Se  conserve  long-tems.  L  espoir  rju'on  a  fdtnié, 
ajuste  litre,  d'iulioduire  ces  aibres  précieux 
dans  nos  colonies  et  même  en  Eu.ope  ,  doit 
faire  accueillir  avec  iniéiêt  l'annonce  du  nou- 
vel emploi  qu  ou  a  su  laire  à  Surinam  de  ceite 
substance. 

—  Il  y  eut,  le  4  de  ce  mois,  an  Pdlais-Naj^ional 
des  sciences  il  des  arts,  une  asseiiiblée  généiale 
des  chirurgiens  de  Paris  ,  membies  de  1  ancienne 
académie  de  cK.rurgie.  Ces  ciioycns  ,  rcu  is  par 
r.imour  de  lei.-r  art  ,  ont  lésolu  de  reprendre 
leuis  travaux.  Ils  ont  nommé  des  con).'ni;Su'l;es 
pour  informer  le  gouveinemcu!  de  ceiic  lé.o- 
lution  ,  et  lui  dem,in'-ler  proieciion  ei  .secours. 
Tous  les  amis  de  la  science  ,  de  I  liumaniié  tl 
de  la  gloire  nationale  prendront  pan  sans  doute 
au  réiablisseracnt  de  cette  académie  célebie  (jui 
a  aggrandi  l'art  et  IKusiré  la   nation. 

—  Le  10  fiimaire  ,  à  midi  tiès-précis  ,  il  sera 
célébré  ,  dans  le  lempie  de  la  'Victoire  ,  (Sulpice  ) 
une  lèie  à  la  tolérance. 


Liberté. 


Égalité. 


AU     NOM      DU     PEUPLE      FRANÇAIS. 

Du  g  vendémiaire   l'an  g  de  la  république  une 
et  indivisible. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
vu  la  convention  conclue  à  Aschalenbourg 
entre  le  général  Angercau  ,  général  en  chef  de 
l'armée  balave  ,  et  le  prince  hé.éditaire  d'Isen- 
bourg  ,  le  28  fructidor  dernier,  approuve  ladite 
convention  pour  éire  exécutée  selon  sa  teneur: 
en  conséquence  arrête  : 

Art.  1".  Les  étals  et  possessions  du  prince  et 
des  comtes  disenbourg  jouiront  du  bénéfice  de 
la  neutralité. 

II.  Seront  pareillement  traités  en  pays  neutres 
les  étals  et  possessions  des  comtes  de  la  Vété- 
lavie  ,  et  notamment  ceux  du  landgrave  de 
Hesse-Hombourg,  du  prince  d'Anhalt-Bernbourg- 
Haym  ,  du  prince  de  Nassau-Usingen  ,  du  prince 
de  Nassau-'Weilbourii  ,  du  prince  de  Neuwied  , 
du  prince  de  Weid-Runkel  ,  et  ceux  des  princes 
et  comtes  dts  noms  de  Solms  ,  de  Holberg  , 
de  'Witgenstein  et   de   Westerbourg. 

III.  Le  ministre  de  la  guerre  tiendra  la  main  à 
l'exécution  du  présent  îriêté. 

Le  premier  consul,    signe',    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  .  H.  B.  Maret. 


Nous  annonçons  avec  joie  que  les  lettres  les 
plus  récentes  d  Espagne  annoncent  que  l'épidémie 
y  est  presqu'entiéretnenl  éteinte.  (Journal  du 
commerce.  ) 

—  Des  lettres  de  Bayonne  ,  datées  du  27  bru- 
maire ,  contiennent  les  détails  suivans  : 

t(  Le  tems  a  été  si  mauvais  jusqucs  vers  le  mi- 
lieu de  la  nuit  dernière. que  le  Courier  d  Espagne, 
qui  auiait  dû  arriver  ce  matin  ,  est  encore  eu  re- 
Jard  ,  et  il  est  onze  heures  passées.  Deux  de  nos 
ponts,  sur  la  rivière  de  Nive  ,  ont  été  emportés 
en  majeure  partie  ,  hier  sur  les  huit  heures  du 
soir  ;  et  le  seul  qui  nous  reste  ,  qui  est  le  prin- 
cipal ,  est  si  fort  ébranlé  ,  qu'on  n'y  passe  qu'en 
tremblant  ,  el^l'on  craint  qu'il  ne  soit  entraîné 
comme  les  deux  autres.  La  crue  de  l'eau  et  la 
rapidité  île  cette  rivière  étaient  très-fortes  avant- 
hier  et  hier;  cette  ciue  n'a  presque  pas  encore 
dimmué.  Qiielques  magasins  ,  le  long  de  la  ri- 
vière ,  ont  souffert  malgré  les  précautions  qu'on 
avait  piises.  >> 


Loterie    n  a  t  i  0  n  .a  l  e. 

Le  tirage  du  ib  brumaiie  dernier  a  produit  à 
Paris  t86  ternes,  4  quaternes  ;  et  dans  les  dépar- 
temens  une  aussi  giande  quantité  de  pareil»  lots. 
La  commune  de  Tours  seule   a  eu  14  ternes. 

Tirage  de  Bruxelles ,  du  5  frimaire  an  g. 

Le  tirage  s'est  fait  publiquement  dans  une  des 
safles  du  bâtiment  des  finances  .  en  présence  du 
préfet  du  département  de  la  Dyle  ,  du  ma:re  de 
Bruxelles,  du  commissaire  du  gi.'uvernement  piés 
le  tribunal  criminel  et  de  l'insp^cicur  en  chef  de 
la   loterie    nationale. 

Liste  des  nombres  sortis  de  la  roue  de  fortune. 

Prerruier        extrait...  N°.  3g. 
Deuxième  extrait...  N".  62. 
Troisième    extrait...  N".  68. 
Qjjatrieme  extrait...  N°.  53. 
Cinquième  extrait.  .  .  N".!!!. 
Les    cinq    nombres  ci-dessus   produisent  indé- 
pendamment de  cinq  lots  d'extraits  simples  ,  cinq 
lois  d'extrait?  déterminés,   10  ambes  simples  ,  io 
ambes  déterminés  ,  10  ternes  ,  5  quaternes  et  un 
q.iine.  '  .  ' 

Pour  extrait  conforme  au  procès-verbal  du  tirage, 
Signé  ,    les  inspecteurs  de  la  loterie  nationale, 
Gaborria  ,  Gamot  ,  Albittë. 


CONSEIL    DES    MINES. 

Discours  du  conseil  des  mines  lors  de  l'ouverture 
des  cours  et  de  la  distribution  des  prix  ,  le  28 
brumaire  an  g  ,  iTn  présence  du  ministre  de  l  inté- 
térieur  (par  intérim.  ) 

Citoyens, 

Lorsque  l'année  dernière  ,  votre  amour  pour 
les  sciences  et  votre  iniéiêt  pour  cet  établissement 
vous  réunirent  dans  cette  enceinte  ,  nous  avions 
la  douleur  de  voir  encore  plutieurs  élevés  des 
mines  éloignés  des  travaux  auxquels  ils  s  étaient 
consacrés  ;  mais  le  gouvernement  les  a  rappelles 
successivement  à  leur  poste  ,  et  nous  avons  au- 
jourd  hui  la  satisfactioh  de  vous  annoncer  que 
plusieurs  d  entre  eux  ont  fait  des  progiès  marqués 
dans  les  sciences  qui  ont  été  enseignées  à  cette 
école. 

Nous  allons  vous  rendre  compte  succinctement, 

i"  De  ce  qui  a  été  fait  pour  l'instruction  des 
élevés  en  l'an  8  ; 

s°  Des  cours  qui   vont  avoir  lieu  cette  anoée  ; 

3"  Des  principaux  travaux  des  inspecteurs  , 
desi  ngénieurs  et  des  membres  attachés  à  1  école  ; 

4°  Des  principales  mesures  prises  par  le  gou- 
vetncnieni  en  faveur  de  cet  établissement; 


5°  De  celles  proposées  pour  le  rendie  plus 
unie  ;  ' 

6°  Enfin  des  prix  qui  ont  été  mérités  par  les 
élevés. 

1°.  Instruction  des  élevés  en  l'an  8. 

Les  cours  publics  de  l'année  dernière  cm  été 
SUIVIS  d  examens  pour  connaître  U  force  indivi- 
duelle des  élevés  ,  et  déterminer  ceux  qui 
ciaient  eri  état  de^  passer  élevés  de  première  classe. 
Un  cr  ncours  a  éié  ensuite  ouvert  ,  entre  ces  der- 
niers ,  pour  connaître  leur  force  relative  ,  et  les 
citoyens  Cressac  ei  Depiich  ,  les  deux  premiers 
de  Ce  concours  ,  ont  élé  nommés  par  le  ministre  , 
ingénieurs  surnuméraires.  Le  désir  de  s'insiruire  à 
]  oité  le  p;emicr  à  voyager  dans  l'intérieur  de  la 
lepubll'jue  ;  le  zelc  du  second  lui  a  fait  solliciter 
une  place  parmi  les  savans  rjni  accompagnent  le 
capitaine  Baudiu  dans  le  vojage  de  long  cours 
qu'il  vient  d  entieprendrt. 

Les  connai.'isances  relatives  à  l'art  des  mines 
devant  s.^c(lllérir  principalement  sur  les  expioi- 
laiions  ,  reiisvigniment  des  élevés  a  éié  réglé 
géaéialcmem  de  manière  à  n'occuper  que  la  sais.on 
de  1  uivei  ;  nr.iis  les  circonstances  n'ayant  peimis 
l'année  dernière  ni  les  voyai^es  des  élevés  les 
p'us  foiii  ,  ni  l'oiganisaiion  de  l'école  pratique, 
on  y  a  suppléé  par  divers  exeicices. 

Des  leçons  de  minéralugie  ont  été  données  par 
le  citoyen  Ttinnelier,  garde  du  cabinel  ,  sur  une 
granvie  quaniiié  «le  uiorceaux  qui  ont  été  ip.is 
entre  les  mains  des  élevés  ,  et  le  professeur  n'a 
rien  né-ligé  pour  les  mettre  en  éiat  de  nommer 
et  de  reconnaïlie  ces  minéraux  au  premier  aspect; 
des  leçons  de  dessin  ont  élé  données  par  le  ci- 
toyen Cloquet  ,3ur  le  paysage  cl  sur  l'application 
de  la  géométiie  descriptive  à  la  projection  des 
corps  et  des  ombres;  et  les  élevés  ont  été  con- 
duits sur  des  établissemens  relatifs  aux  arts. 

Pour  soutenir  leur  zèle  ,  le  conseil  des  mines  a 
annoncé,  au  commencement  de  l'éié  dernier, 
qu'il  serait  disiribue  des  prix  à  ceux  qui  se  seraient 
disiingués  par  ries  travaux  particuliers  ou  des 
succès  souienus  dans  les  divers  exercices  dont 
nous  venons  de  rendre  compte. 

2°.  Cours  de  l'an  g. 

Les  travaux  de  l'instruiction  pour  l'an  g  con- 
sisteront en  cinq  cours  publics  ,  à  raison  de  deux 
leçoris  par  décade  et  en  des  exercices  particuliers 
aux  élevés. 

■  Afin  de  donner  plus  d'étendue 'aux  cours  .  et 
pour  offrir  en  même  tems  à  ceux  qui  les  suivront 
et  aux  professeurs  ,  les  moyens  de  se  livrer  à  des 
recherches  utiles  ,  souvent  indiquées  par  le  sujet 
même  des  leçons  ,  tous  les  cours  seront  divisés 
en,  deux  paities  ,  dont  la  première  se  fera  cet 
hiver  ,    et  l'autre  l'année  prochaine. 

1°  Le  cour^  de  géologie  sera  fait  celte  année 
par  le  citoyen  Faujas  ,  inspccieur  des  mines  ,  qui 
exposera  les  généralités  de  cette  science  et  les 
principaiix  faits  relatifs  à  la  disposition  des  subs- 
tances minérales  qui  composent  le  globe.  Il  met- 
tra sous  vos  yeux  ,  des  roches  ,  des  débiis  d'ani- 
maux, de  végétaux  qui  offriront  des  laits  précieux 
relatifs  à  la  disiinciion  de  différens  terreins,  si 
essentielle  pour  diriger  le  mineur  dans  la  recher- 
che des  substances  minérales. 

2"  L-  ciio\'en  Haiiy  ,  conservateur  des  collec- 
tions mnéralogiques  ,  suivra  dans  son  cours 
l'ordre  du  traité  complet  de  minéialogie  qu'il  est 
surle  point  délivrer  à  l'impression  ;  il  se  boinera 
pour  cette  année  aux  deux  premières  classes,  dont 
l'une  renferme  les  substances  acidiferes  ,  et  l'au-;- 
tre  les  substances  terreuses.  Pour  faire  envisager 
celle  science  sous  tous  ses  rapports,  il  puisera 
dans  la  chimie  ,  la  géométrie  et  la  physique,  des 
connaissances  qui  vous  éclaireront  sur  la  compo- 
sition des  minéraux  ,  sur  leur  cristallisation  et 
sur  leurs  caractères  distinctifs.il  y  joindra  l'expli- 
cition  des  phénomènes  qu  ils  présentent  et  I  in- 
dication de  leurs  principaux  usages  dans  les 
arts. 

3*  Le  cit.  Baillet  ,  inspecteur ,  donnera  (es  cinq 
premières  sections  de  son  coûts  relatif  à  l'exploi- 
tation des  mines. 

Dans  la  première  il  s'occupera  de  la 'recherche 
des  mines.  Dans  la  2=  il  traitera  des  fouilles  et 
déciira  avec  détail  les  méthodes  que  L-  mineur 
emploie  pour  cscaver  ei  dont  plusieurs  lui  sont 
particulieies.  Dans  la  3'  il  enseignera  l'art  de  lever 
les  plans  souterreius  cl  de[rrendie  des  nikellcmcus. 
Dan»  la  4.'  il  iiaitera  de  la  poussée  des  terres  et 
des  étaiemens  à  laide  du  boisage  ,  du  '  mnraille- 
mcnt  et  du  remblais.  Dans  ta  5'  il  enseignera  la 


266 


{iiéorre  de  l'airage  ,  et  les  procédés  les  j.Kis  con- 
venables pour  balayer  les  mophetes  nuisibles  du 
tond  des  mines  ,  et  y  faire  ciiculer  Un  air  rcspi- 
rable. 

Le  citoyen  Vauqueiin  ,  inspccieur  et  conser- 
vateur des  produits  chimiques  ,  fera  la  pieroiere 
partie    de  son  cours    de  docimasie.  Il  donnera  ^^ 

1°  Les  généraîilcs   de  la  chimie. 

î"  Il  enseignera  les  moyens  d'anaîysej  les  terres 
et  les  pierres. 

3°  Il  lera  connaître  ."es  méthodes  propres  à 
distinguer  ,  analyser ,  préparer  et  purifier  les  dif- 
férentes substances    salines. 

Le  citoyen  Hassénfralz  ,  inspecteur  et  profes- 
seur de  cainéralurgie  ,  enseignera  la  théorie  de 
toutes  les  méthodes  propres  à  traiter  les  substances 
pierreuses,  salines  et  métalliques  ,  pour  les 
mettre  en  étal  d'être  versées  dans  le  coitimerce: 
l'année  prochaine  ,  il  doiîneva  la  partie  pratique 
relative  aux  mêmes  objets.  Son  cours  sera  par- 
tagé en   quatre  glandes  divisions. 

La  i'"  contiendra  la  définition  de  la  minéra- 
lurgie  ,  ses  rapports  et  ses  différences  avec  la 
chimie  et  la   docimasie. 

La  2""=  donnera  la  connaissance  des  divers 
agens  dont  on  fait  usage  ,  et  l'état  auquel  ils  doi- 
vent être  employés. 

La  3""  présentera  le  détail  des  opérations  de 
minéralurgie  ,  et  les  principes  sur  lesquels  elles 
sont  fondées. 

La  4""=  enfin  contiendra  la  description  des  ins- 
truna>ens  dont  on  fait  usage ,  et  la  théorie  de  l'em- 
ploi des  fourneaux  ,  des  chaudières  ,  eic. 

Les  exercices  particuliers  aux  élevés  consiste- 
ront celte  année  : 

1°  En  leçons  de  dessin  appliquées  à  la  carie  , 
aux  plans  et  aux  machines. 

2°  Le  citoyen  Clouet  ,  bibliothécaire  ,  ensei- 
gnera -aux  élevés  la  langue  allemande  ,  qui  est 
celle  des  mineurs  ;  il  donnera  aussi  des  principes 
des  langues  anglaise  et  italienne. 

3°  A  la  suite  des  cours  publics  les  élevés  s'oc- 
cuperont de  l'étude  des  lois  relatives  aux  mines. 

3°.   Travaux  des  inspecteurs  ,  des  ingénieurs  et  des 
membres  attachés  à  l'établissement  des  mines. 

Après  avoir  exposé  brièvement  les  moyens 
d'instruction  employés  pour  former  les  élevés  , 
nous  allons  faire  connaître  quelques-uns  des  tra- 
vaux qui  sont  dus  à  l'activité  des  inspecteurs  et 
des  ingénieurs  des  mines. 

C'est  pendant  leurs  voyages  qu'ils  sont  le  plus 
utiles ,  soit  par  les  renseignemens  nécessaires  au 
gouvernement  ,  qu'ls  transmettent  au  conseil ,  soit 
par  les  avis  qu'ils  donnent  aux  exploi'tans,  soit  par 
les  découvertes  qu'ils  font  ,  et  nous  avons  à  re- 
g-reiter  qu'il  y  en  ait  eu  si  peu  à  qui  les  circons- 
tances aient  permis  de  voyager  pendant  l'an  S. 

L'inspecteur  Schreiber,  chargé  de  la  surveillance 
des  travaux  de  la  mine  d'argent  d'Allemont,  dé- 
partement de  l'Isère  ,  a  soutenu  l'activité  de  cette 
niirte  située  dans  des  montagnes  souvent  inac- 
cessibles ,  et  dont  le  bouleversement  a  produit 
dans  les  filons  une  irrégularité  qui  force  le  mi- 
neur à  employer  la  majeure  parue  de  ses  travaux 
en  recherches  pour  en  perpétuer  les  produits. 
C  est  à  son  zeie  ,  c'est  à  la  confiance  quil  a  ins- 
pirée que  nous  devons  la  reconstruction  bientôt 
achevée  de  la  fonderie  de  cet  établissement ,  qui 
avait  été  incendiée  par  des  malveillans. 

L'inspecteur  Duhamel  fils  ,  surveille  les  mines 
nombreuses  ,  les  fonderies  ,  les  forges  du  départe- 
ment de  la  Saare;  il  a  fait  des  rapports  très-dé- 
taillés  sur  plusieurs  établisseraens  du  département 
de  la  Roer ,  et  principalement  sur  les  mines  de 
houille  d'Eschweiller ,  qui  alimentent  les  manu- 
factures de  ce  pays  ;  nous  avons  de  lui  encore  des 
détails  intéressans  sur  une  manufacture  naissante 
de  faulx  et  de  quincaillerie  ,  située  à  Dilling ,  dé- 
partement de  la  Moselle. 

L'inspecteur  Faujas  a  découvert  dernièrement, 
près  de  Privas  ,  département  de  l'Ardèche  ,  au 
pied  d'une  des  chaînes  volcaniques  des  monts 
Collerons,  des  schistes  argilleux  ,  recouverts  d'en- 
viron 400  mètres  de  laves  ,  et  qui  renferment  des 
ïeuilles  d'arbres,  des  plantes,  des  fruits,  et  quel- 
ques insectes  parfaitement  conservés.  Plusieurs 
espèces  ont  été  reconnues  par  des  savans  célèbres , 
Desfontaines,  Lamarck,  "Thouin  ,  Jussieu  ,  Fabri- 
cius,Bose,  etc.  pour  être  parfaitemens  sembla- 
bles aux  espèces  vivantes.  Cette  découverte  est 
utile  à  la  géologie  ,  en  caractérisant  une  révolu- 
<ion  d'une  haute  antiquité  ,  et  en  fesant  voir  dans 
des  fossiles  de  véritables  analogues  ,  jusqu'ici  fort 
rares  à  .rencontrer. 

L'ingénieur  Lenoir  vient  de  visiter  les  riches 
mines  de  calamine  de  Limbourg  ,  département 
de  1  Ourthe  ,èt  il  a  proposé  des  mesures  ten- 
dantes à  assurer  la  conservation  de  celte  exploi- 
tation, la  seule  qui  fournisse  des  calamines  à  la 
F.ance  ,  et  d'où  l'on  en  tire  en  tems  de  paix  pour 
une  partie  de  l'Europe  ;  il  a  été  chargé  de  termi- 
ner des  différends  qiii  s'étaient  élevés  entre  plu- 
sieurs exploitan»  des  mines  da  bouille  du  pays 
de  Liège. 


Les  trois  seuls  in;;énicurs  qui  soient  encore  en  ! 
slaiioii    continuent  à  donner    des  pieaves  de  leur  ! 
grande  utilité  ,    ils  ont   lendu  celte  année  des  ser- 
vices iini'Oilaiis. 

Lins]ectciir  Laverriere  est  chargé  de  la  lâche 
inipoiianie  ue  iéi;ulariser  l'exploiiaiion  des  houil- 
lieres  muliiplièfcS  des  départemens  de  la  Loiie  et 
de  la  Haute-Loire  ;  il  t  occui'e  delà  conleciion 
d'une  cane  à^i  canton  de  liive  de  Gicie  ,  dc- 
pariemeul  du  Rhône  ,  bur  laquelle  sont  in. liijnées 
les  posiiions  des  couches  de  houille  et  les  limites 
des  diveises  concessions  ,  alin.  que  celles  qui 
seront  accordées  dans  la  suite  soient  dèieiniinées 
de  la  raanire  la  plus  piopre  à  faire  piospéret 
ces  eiureptiscs. 

L'ingénieur  Muthuon  ,  dans  les  Pyrénées  occi- 
dentales,  après  avoir  relevé  l'établissement  des 
mines  célèbres  de  cuivre  ,  tenant  argent  ,  de 
Baigorry  ,  incend'é  par  les  espagnols  ,  a  lout  dis- 
posé pour  le  mettre  en  activité  aussitôt  que  la 
compagnie  aura  reçu  les  indemnités  promises 
par  ie  gouvernement.  Il  y  a  construit  une  forge 
conduite  à  la  Catalane  .  méthode  si  économique 
pour  les  combustibles. 

Mathieu  Jeune  ,  dans  les  Pyrénées  orientales  , 
a  puissamment  contribué  à  faire  remettre  en 
activité  plusieurs  forges  abandonnées  ;  il  a  poité 
ses  vues  sur  les  moyens  d'augmenter  et  de  per- 
pétuer leur  activité  ,  en  déterminant  les  maîtres 
de  forges  à  faire  des  plantaiions  étenduei  de 
chalaij^niers  qui  ont  paifaiiemenl  réussi  ,  et  dont 
on  pourra  former  des  taillis  élevés  ,  suivant  la 
méthode  décrite  dans  le  journal  des  mines  ,  et 
pratiquée  en  Espagne  .  à  l'aide  de  laquelle  les 
maîtres  de  forge  augmentent  annuellement  leurs 
moyens   de    faûricaiion. 

(  La  suite   demain.  ) 


T      RI      B      U      N     AT. 

Présidence  de   Thiessc. 
SÉANCE    DU     7      FRIMAIRE. 

Le  tribunal  reçoit  du  corps-législatif  un  projet 
de  loi  ,  relatif  aux  justices  de  paix. 

Ce  projet  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  com- 
mission de  cinq  membres,  composée  des  citoyens 
Andrieux  ,  Mallarmé,    Faure  ,   Ganilh  et  Gary. 

L'ordre  du  jour  appelle  le  rapport  sur  le 
projet  de  loi  qui  fixe  l'iniérét  des  cauiionne- 
mens   des  receveurs  des  contributions. 

Dieudonné.  Ttibuns,  vous  avez  chargé  une  com- 
mission spéciale  ,  de  l'examen  d'un  projet  de  loi  , 
du  2  vendémiaire  dernier  ,  qui  fixe  pour  l'an  9 
lintérêt  des  cautionnemens  fournis  par  les  rece- 
veurs généraux  et  particuliers.  Je  viens  ,  au  nom 
de  celte  commission  ,  vous  présenter  le  lésuliat 
de   ses  réflexions. 

Dans  le  cours  de  la  i'''  session  du  corps-législatif, 
plusieurs  lois  ont  été  rendues  pour  assujettir  à 
des  cautionnemens  en  numéraire  les  receveurs 
des  contributions  directes  ,  les  régisseurs  ,  admi- 
nistrateurs et  employés  ,  chargés  de  la  recette  des 
diverses  branches  des  impôis  indirects .  ainsi  que 
les  payeurs  et  caissiers  de  la  trésorerie  nationale. 

Soumettre  à  plus  d'exactitude  les  nombreux 
agens  auxquels  la  perception  des  deniers  publics 
est  confiée,  donner  au  gouvernement  de  nou- 
velles garanties  pour  les  receveurs  ,  et  assurer 
pour  l'avenir  l'ordre  et  la  ponctualité  dans  les 
différentes  branches  de  la  comptabilité  ;  tels  furent 
les  principaux  motifs  de  ces  lois.  Elles  produi- 
sirent en  outre  l'heureux  efiet  d'augmenter  les 
ressources  du  trésor  public  dans  des  circons'ances 
très  -  pénibles  ,  d'alléger,  dans  un  moment  de 
guerre,  le  poids  de  quelques  contributions ,  et 
de  favoriser  l'établissement  de  la  Banque  de 
France  ,  dont  chaque  jour  les  opérations  prennent 
un  accroissement  que  les  conjonctures  ne  permet- 
taient peut-êire  pas  d'espérer. 

Il  est  à  remarquer,  citoyc.is  tribuns,  que  les 
lois  des  6  frimaire  et  7  ventôse  an  8,  qui  ont  exigé 
des  cautionnemens  des  receveurs  généraux  et  par- 
ticuliers des  contributions  ,  ne  parle  pas  d'intérêt; 
que  ce  mol  n'y  est  pas  même  employé.  C'esl  une 
indemnité  qu'elles  accordent  à  ces  receveurs  ,  ei 
cette  indemnité  doit  être  réglée  chaqrre  année. 
Pour  l'an  8  elle  a  été  fixée  à  10  pour  cent. 

L'on  conçoit  facilement  la  raison  de  cette  dif- 
férence établie  dans  le  taux  de  l'indemnité  ac- 
cordée aux  receveurs  des  contributions  ,  et  de 
l'intérêt  attribué  pour  les  autres  cautionnemens 
fournis  ,  intérêt  réglé  par  les  lois  à  5  pour  cent. 
Les  cautionnemens  exigés  dès  payeurs  et  cais- 
siers du  trésor  public  ,  des  régisscuis ,  directeurs , 
administrateurs  ,  préposés  et  employés  des  régies 
et  administrations  de  l'enregistrement  des  do- 
maines, des  postes  et  delà  loterie  ,  se  repartis- 
sent entre  une  foule  d'individus  ,  dont  chacun  ne 
supporte  qu  une  faible  partie  du  poids  total  ,  le 
montant  entier  de  leurs  cautionnemens  ne  s'élève 
qu'à  i2,797,oeo  fr.  L'on  voit  que  celte  somme  est 
légère,  si  on  la  compare  d'un  côté  à  la  masse  de 


cel'es  dont  la  manutenûon  est  confiée  à  tous  ce? 
agens  et  employés  ,  et  di;  l'autre  au  nombre  tiès-, 
considérable  de  ceux-  ci. 

Les  cautionnemens  ,  exigés  de?  receveurs  gé- 
néraux et  particuliers  des  contributions  ,  sont 
fixés  non  sur  le  montant  de  leur  traitement,  mais 
invariablement  au  20'=  du  moniant  de  la  contri- 
bution foncière  de  l'an  8.  Ce  20'  est  exigé  d'a- 
boril  des  receveurs  généraux  .  et  un  autre  2o' est 
exigé  ensuite  des  leceveurs  patticuliers  ;  ce  qui 
lait   le  10=   de  la  coiiliihuiion. 

Si  l'on  considère  niaint'-n:int  les  circonslanrrs 
dans  lesquelles  on  a  exigé  de  ces  receveurs  le  ver- 
sement très-prompt  de  sommes  aussi  considéra- 
bles ,  on  concevra  qu'ils  n  ont  pu  se  procurer 
les  fond»  nécessaires  cju'à  des  conditions  irès- 
onéreuses. 

Ce  n'est  donc  pas  sans  des  motifs  très-plausi- 
bles que  les  lois  des  6  frimaire  et  27  ventôse 
an  8  ont  ordonné  (ju'il  leur  serait  accordé  une 
indemni'é  qui  ferait  léglée  chaque  année.  Celte 
indemnité  a  été  fixée  pour  1  an  8  à  10  pour  cent 
du  moniant  des  cautionnemens  versés,  et  aucune 
voix  ne  s'esl  élevée  pour  réclamer  contre  cett» 
fixation. 

Le  projet  de  loi  qui  nous  est  présenté  l'a  réduite  , 
pour  l'an  9  ,  à  7  pour  cent.  Il  est  conçu  en  ce» 
le'rmes  : 

ti  L'iniérêt  des  cautionnemens  fournis  par  les 
receveurs  généraux  et  particuliers  des  contribu- 
tions ,  en  venu  des  lois  des  6  frimaire  et  27  ven- 
tôse an  S ,  est  fixé  pour  l'an  9,37  pour  cent  san» 
retenue,  n 

Je  vous  ait  fait  remarquer  que  les  lois  des  6 
ftiraaire  et  27  ventôse  qui  sont  relatées  dans  la 
projet  ne  parlent  pas  rf'inic'if'i ,  mais  d'indemnité. 
Votie  commission  auiait  désiré  retrouver  les 
mêmes  expressions  dans  le  projet  qui  vous,  est 
soumis  ,  parce  que  c'est  véritablement  une  indem- 
nité qui  est  due  aux  receveurs  généraux  et  parti- 
culiers des  contributions  ,  et  que  d'ailleurs  les 
lois  générales  qui  règlent  l'Intérêt  des  caution- 
nemens, ne  le  portent  qu'à  i  pour  cent  ,  et  qu'il 
serait  dangereux  de  voir  déroger  à  cette  dispo- 
sition ,  dans  la  crainte  de  donner  l'exemple  d'une 
plus  forte  fixation. 

Cependant  .  votre  commission  ne  pense  pa» 
que  cet  emploi  d'un  mot  impropre  soil  un  motif 
suffisant  pour  rejelter  le  projet  ,  s'il  est  juste  au 
fond.  Elle  a  donc  examiné  si  la  réduction  de  l'in- 
demnité à  7  pour  cent  était  juste. 

Depuis  l'époque  du  versement  des  cautionne- 
mens ,  toutes  les  parties  de  l'admin'Stration  publi- 
que entêté  organisées  ;  l'ordre  a  succédé  au  dé- 
sordre. La  confiance  dans  le  gouvernement  et 
toutes  les  autoriiés  constituées  de  la  république  , 
a  produit  les  plus  heureux  effets  sur  le  crédit  pu- 
blic. Mais  ce  qui  a  sur-tout  ranimé  l'espoir  de 
tous  les  bons-  citoyens  ,  ce  sont  les  rèsult-ts  pro- 
digieux de  la  dernière  campagne  ;  ce  sont  ces 
victoires  éclatantes  qui  ont  étonné  lUnivers  ,  et 
qui  nous  feraient  jouir  déjà  des  douceurs  de  ia 
paix  ,  si  le  cabinet  britannique  ne  la  redoutait 
pas  autant  que  tous  les  peuples  la  désirent. 

Tant  de  circonstances  heureuses  ,  en  multi- 
pliant les  canaux  de  la  circulation  ,  ont  rendu  les 
transactions  particulières  beaucoup  plus  faciles  , 
et  aggrandi  les  moyens  et  les  ressources.  Les  re-* 
ceveurs  ont  donc  pu  traiter  à  des  conditions  plus 
avantageuses  ;  l'indemnité  qui  leur  est  assurée  doit 
donc  être  réduite  dans  la  proportion  des  facilités 
qu'ils  onl  trouvées. 

Observons  d'ailleurs  que  nous  sommes  encort 
au  commencement  de  lan  9;  que  chaque  jour 
notre  silualion  politique  et-financiere  s'améliorera, 
et  que  c'est  pour  l'année  entière  qu'il  sagit  de 
fixer  1  indemnité.  Toutes  ces  considérations  ont 
déterminé  1  opinion  de  votre  commission  ;  elle 
pense  que  l'indemnité  a  été  sagement  combinée 
par  le  projet  de  loi  ,  et  dans  l'intérêt  des  receveurs 
et  dans  celui  du  trésor  public  ;  elle  vous  propose 
en  conséquence  démettre  votre  vœu  pour  l'adop- 
tion   du   projet. 

Le  tribunal  ordonne  l'impression  de  ce 
rapport. 

Thibault.  Le  projet  de  loi  soumis  à  votre  exa- 
men,  présente  les. caractères  de  l'injustice  et  dé 
l'arbitraire  ;  les  motifs  qui  l'appuient  ,  ne  sont 
pas  conformes  à  la  vérité  ;  il  est  contraire  aux 
intérêts  du  gouvernement  :  voiis  ne  pouvez  eu 
voter  l'adoption.  D'abord  le  projet  est  injuste; 
car  il  prive  cinq  à  six  cents  personnes  de  leur  pro- 
priété sans  leur  consentement  ;  il  peut  les  forcer 
de  renoncer  à  leurs  fonctions  ,  ou  parce  qua 
les  capitalistes  qui  leur  ontpiêtéles  fonds  exigé* 
■  pour  leur  cautionnement  ,  ne  îe  contenteront 
pas  de  l'intéiêt  réduit  des  trois  dixièmes,  ou  que 
ceux-là  ne  seront  pas  dans  le  cas  de  faire  le  sa- 
crifice demandé  par  le  projet. 

Lorsqu'on  fait  une  loi  fiscale ,  le  devoir  du 
législateur  est  de  se  placerda-^sla  position  dans 
laquelle  se  Irouvenl  les  individus  sur  lesquels 
elle  doit  peser.  Eh  bien  !  je  vais  vous  dire  quelle 
est  celle  des  receveurs  dans  l'état  actuel  de  la  lé- 
gislation à  leur  égard. 


Je  vais  dire  quel  est  leur  traitement  ,  quelles 
sont  leurs  remises  ,  et  quelles  sont  leurs  charges. 

Le  traitement  des  receveurs  généraux  des  dé- 
pariemens  est  de  6000  fr.  ;  ils  ont  pour  lemise 
un  tiers  de  centime  par  franc  çur  la  recelte  par- 
ticuliere'de  leur  arrondissement  ,  et  un  deuxième 
de  centime  sur  les  versemens  de  leurs  pré- 
posés. 

Les  recettes  ,  en  prenant  l'état  moyen  ,  s'élè- 
vent à  trois  millions  par  département  ;  et  dans 
ce  cas  la  recette  de  l'arrondissement  s'élève  à  un 
tnillioM.  D'après  celte  supposition  ,  voici  quel  est 
le    traitement   du   receveur  : 

1°  Traitement  fixe, 6000  fr. 

2''Kcriilses   sur  le  million  ,   comme 

receveur  d'arrondissement 3333 

3°  Remises  comme  receveur-général  ,     2000 

Total 11,333 

•    Voici  maintenant  les  charges  : 

4  commis  ,  un  à  iSoo  et  3  à   1200  fr.  5400 
Frais  de  bureau  et  location  de  maison  1200 
Retenue  ou  contribution  sur  le  trai- 
tement fixe 3oo 

Total 6goo 


Reste 


4433 


Lecautionnem.  en  immeubles  estde  166,666 

Celui  en  numéraire  est  de 100,000  fr. 

Et  la  majeure  pariie  des  receveurs  n'ont  pu 
l'obtenir  à  un  intérêt  de  10  pour  cent  :  si  vous 
les  réduisiez  à  7  pour  cent  ,  c'est  encore  3ooo  fr. 
à  sousîraire  de  ce  qui  leur  reste;  et  enfin,  si 
vous  considérez  que  dans  les  mois  dans  lesquels 
la  rentrée  des  contribuiions  diminue  sensible- 
ment ,  ils  ne  sont  pis  moins  lenus  d'acquitter 
leurs  obligaiions  ,  et  par  conséquent  d'avoir 
reco'urs  aux  empiuiiis  pour  faire  honneur  à  leurs 
engagemens  .  vous  comprendrez  facilement  que 
la   loi  proposée  est  une  vexition  ei  une  injustice. 

Je  dis  de  plus  que  le  projet  est  arbitraire  ;  car 
là  est  l'a:  binaire  où  les  conditions  d'un  contrat 
sont  irr;. osées  par  le  plus  fort  au  préjudice  du 
plu,%  faible  ,  sans  l'avoir  consulté  ,  et  sur-tout  sans 
motifs  valables,  car  je  ne  suis  nullement  touché 
de  ceux  que  le  conseil  d'état  a  exposés  ; 
il  convient  que  les  cautionnemens  sont  con- 
sidérribies  ,  et  il  ajoute  que  l'indemnité  l'est 
aussi  ;  mais  je  distingue.  L'indemnité  considérée 
en  erle-même  ,  absir.xtion  faite  des  circonstances 
dans  lesquelles  nous  nous  trouvons  ,  est  consi- 
dérable 'ans  doute  ;  mais  si  l'on  est  de  bonne 
foi  ,  on  conviendra  qu  elle  est  modérée  enraison 
du  taux  actuel  de  1  iniérêt  de  l'argent.  Sans  doute 
que  le  crédit  public  s'améliore  à  mesure  que  le 
gouvernemeni  prend  de  la  stabilité  ;  mais  il  n'en 
est  pas  moins  vrai  qu'on  ne  trouve  pas  encore 
d'argerit  à  emprunter  à  10  pour  cent  par  an  ,  à 
inoins  que  ce  ne  soit  sur  une  hypothèque  double 
de  lasoiiime  piêiée.  Or ,  les  cautionnemens  exigés 
ne  sont  pas  autre  chose  qu  un  emprunt  qui,  à 
la  vérîié  ,  a  pour  garant  les  intentions  pures  et 
la  loyauié  de  ceux  qui  gouvernent  ;  mais  ces 
vertus  ,  aux  yeux  des  prêieurs  d'argent ,  ne  sont 
pas  encore  assez- vieilles  pour  équivaloir  à  des 
écus.  La  soif  de  l'or  étouffe  quelquefois  en  eux 
1  amour  (ie  la  pairie.  Que  quelqu'un  m'affirme 
que  les  négociations  pour  le  compte  du  gou- 
vernemeni, même  pour  celui  des  particuliers 
les  mieux  famés  ,  se  font  au  taux  proposé  ,  j'aban- 
donne de  suiie  mon  opinion. 

Le  conseil  d'état  vous  dit  :  l'ordre  et  l'économie 
dans  toutes  les  parties  de  l'administration  ,  les 
suppressions  d'un  grand  nombre  d  abus  ,  l'in- 
teniion  du  gouvernement  de  les  proscrire  tous  , 
ont  fait  remonter  les  effets.  Cela  est  vrai  ,  mais 
ceux  qui  achètent  ces  effets  ne  laissent  pas  de 
placer  leur  argent  à  i5  pour  cent. 

On  dira:  mais  vous  parlez  contre  lintérêt  du 
gouvernement  ;  car,  si  votre  opinion  était  admise  , 
il  aurait  à  payer  pendant  I  an  9  ,  600,000  fr-  de 
plus  pour  ce  qu'on  appelle  indemnité  accordée 
aux  receveurs  généraux  et  pariiculiers  pour  les 
so  millions  de  cautionnement  qu  ils  ont  fournis. 

Je  réponds  que  le  véritable  intérêt  du  gouver- 
nement est  d  être  éclairé  sur  les  suites  des  mesures 
qu'il  propose  ,  qu'une  fausse  démarche  en  fait  de 
crédit  public  est  désastreuse,  qu'elle  fait  perdre 
deux  fois  plus  qu'elle  ne  procure  ,  qu'elle  ressus- 
ciic  la  niéhance  ,  qu'elle  diminue  la  concurrence 
des  négociateurs  ,  qu'elle  force  enfin  le  trésor 
public  ,  dans  ses  besoins,  à  avoir  recours  souvent 
à  des  hommes  dont  la  réputation  ou  la  fortune 
sont  susceptibles  àr  reproches.  La  scierice  de 
tous  les  gouveiritmens  pour  gagner  la  confiance 
et  él.iblir  le  crédit  ,  consiste  dans  ces  deux  mots  : 
bien  payer  ,  c'est-à-dire  ,  payer  tout  ce  qui  est  légi- 
timement dû  ,  le  payer  en  valeurs  réelles  et  à 
époques    fixes. 

On  dira  encore  :  vous  ne  voulez  donc  paj 
qu  on  prenne  les  tnoyeiis  de  diminuer  le  haut 
intérêt  de  largenl ,  cette  plaie  de  l'état,  ce  chan- 


'     267 

cre  qui  dévore  la  sociélé  toute  cnlierc  ,  qui  a 
introduit  au  milieu  d  elle  la  fourberie,  la  mau- 
vaise loi  et  tous  les  crimes  qu'elles  tiaînent  à  leur 
suiic.  Tribuns,  je  gémis,  comme  vous,  de  lous 
les  maux  qui  attaquent  la  prospérité  nationale; 
mais  je  ne  veux  pas  qu'à  l'exemple  des  chailaians 
on  aggrave  le  mal  ,  en  promettant  de  le  guérir. 
Dans  lous  les  pays  et  dans  lous  les  sieclts  ,  les 
lois  coiiire  l'usure  en  ont  augmenté  le  laux, 
comme  celles  contre  le  fanaiisme  et  les  jeux  en 
OUI  airgm'.-nié  les  fureurs.  Nmu  ,  ce  n'est  pas  par 
une  loi  spéciale  qu'on  peut  diminuer  l'inlciêt 
de  l'argent  ,  c  est  le  fruii  de  la  Icgislaiion  i.-uic 
enliere  ;  l'auloiiié  n'a  pas  le  droit  de  se  mêler  des 
conditions  des  transactions  entre  pariiculiers,  à 
moins  qu'elles  ne  blessent  l'ordre  public  ou  les 
bonnes  mœurs.  L'intérêt  de  largenl  se  compose 
de  tant  d  élémens  divers  ,  qu'il  faudrait  un  vo- 
lume pour  les  décrire,  et  des  bornes  moins  éiroiies 
a  la  discussion  qui  nous  occupe  :  la  paix  ou  la 
guerre;  l'économie  ou  les  dépenses  ex'raordi- 
naires  nécessitées  par  les  circonstances  ini])é- 
rieuses  dans  lesquelles  un  peuple  se  trouve;  le 
bon  érnt  des  roules  ,  et  leur  sureié;  la  navigaiion 
intérieure;  la  liberté  de  la  circulation  ;  la  .sagesse 
alliée  à  la  fermeté;  la  liberté  toute  eniiere  ;  ceiie 
opinion  publique  ,  maîiresse  du  monde  et  plus 
forte  que  loutes  les  lois  ;  voilà  le  ihermomeire  qui 
hausse  ou  baisse  l'iniérêt  de  l'aigcnl.  Certes,  si 
nous  jetions  un  regard  en  arriéré,  nous  pouvons 
nous  livrer  aux  plus  douces  espérances.  L'an  g 
qui  commence  verra  éclore  de  grandes  choses, 
comme  l'an  8  en  a  consacré  d'immortelles  ;  nous 
sommes  à  la  dernière  scène  de  notre  révoluiion  , 
nous  touchons  au  dénouement ,  il  sera  glorieux 
comme  Son  principe. 

Nous  avons  jusqu'ici  marché  à  pas  de  géant  ; 
tous  les  courages  ont  payé  leurs  dettes  à  la  patrie  ; 
notre  amour  pour  elle  ne  se  raleniira  p.is  :  mais 
il  est  des  objets  qui  dcmandeul  de  la  maturité  , 
et  qui  repoussent  la  précipiiation.  0_ire  loutes 
les  lois  soient  pesées  dans  la  balance  7le  I.t  jus- 
tice ,  éclairées  du  flambeau  de  la  vérité  ,  dis- 
cuiées  dans  liniéiêt  commun  de  tous  les  ciioyens, 
et  nous  aurons  rempli  la  tâche  honorable  qui 
nous  est  coniiée.  C'est  d'après  ces  principes  que 
je  voie  contre  le  projet  r^e  loi,  jidrce  qu  il  est 
injuste  ,  arbitraire  ,  contraire  à  l'inlérêi  bien 
entendu  du  gouvernement  ,  et  qu'an  lieu  de 
laire  baisser  linlérêi  de  l'argent  .  il  doit  en  aug- 
iiienter  létaux.  Présenié  à  la  paix  générale,  la 
lorce  des  circonstances  donnera  incessamment 
en  fait  ce  qui  ne  nous  est  offert  qu'en  espérances. 
Je  persiste  donc  ,  quant  à  présent  ,  dans  mon 
opinion. 

Fabre  ,  Je  l'Aude.  Mon  inteniion  n'est  pas  de 
combattre  le  projet  de  loi  prcstmé,  mais  seule- 
ment de  faire  (juclques  observations  sur  ses  mo- 
tifs et  SCS  effets.  (L'oraicur  rappelé  les  motifs 
énoncés  devant  le  corps-lcgislatil  par  le  conseillci- 
(l'état  Devaines.  )  Je  ne  veux  point  examiner  ici 
si  le  gouvernement  a  fait  tout  le  bien  qui  dépen- 
dait de  lui  ,  et  si  les  résuhais  sont  tels  qu'il  les 
annorce;  cette  discussion  doit  être  renvoyée  au 
moment  oià  les  ministres  rendront  ,  en  exécution 
de  l'article  LU  de  la  constitution,  les  comptes  dé- 
taillés de  leurs  opérations  eu  l'an  8. 

Sans  doute  il  a  été  fait  des  améliorations  im- 
portantes ;  mais  le  système  de  l'administration  des 
finances  ,  dont  I  insuffisance  et  les  vices  sont 
connus,  est  resté  le  même,  et  les  résultats  en 
ont  été  tels  que  je  l'avais  prévu  dans  mon  opinion 
du  22  ventôse  de  l'an  8.  On  m'accu.sait  alors  de 
diminuer  les  produits  de  la  plupart  des  branches 
des  revenus  publics  ;  l'expérience  a  prouvé  que 
j'avais  rencontré  juste  ,  ou  que  même  j'avais 
exagéré. 

Le  taux  général  de  l'intérêt  n'a  pas  éprouvé 
d'amélioration  sensible.  La  fixation  de  l'iniérêi  des 
cautionnemens  à  10  pour  ceni  par  année  ,  était 
encore  au-dessus  du  cours.  Aussi  la  plupart  des 
receveurs-généraux  et  particuliers  ne  purent-ils 
obtenir  les  capitaux  dont  ils  avaient  besoin  qu'au 
taux  d'un  pour  cent  par  mois.  Croit-on  que  dans 
l'état  (des  choses  ,  les  capitalistes  veuillent  se  ré- 
duire à  7  pour  cent,  et  que  les  receveurs  puissent 
trouvei  à  emprunter  à  ce  taux?  Le  gouvernement 
lui-même  est-il  plus  heureux  dans  ses  négocia- 
tions ?En  négociant  les  obligations  des  receveurs- 
généraux  ,  effets  qui  doivent  jouir  de  la  plus 
grande  confiance  ,  a  t-il  fait  une  de.  ces  opéra- 
tions ,  je  ne  dis  pas  à  trois  quarts  ,  mais  même  à 
un  demi  pour  cent  par  mois. 

Mon  opinion  acquerrait  bien  plus  de  force  ,  si 
je  parlais  du  taux  auquel  se  négocient  sur  la 
place  les  coupes  de  bois  ,  les  fermages ,  les  renies 
foncières  ,   les  cédules  des  domaines  nationaux  , 


1 

qu  on  a  prisc!  ,  et  les  \o?'ix.fju!  ont  i:r  piéscntéj 
pour  remédier  aux  abus  cxisians  ,  malgré  les  soiuK 
et  les  efforts  du  ministre  des  finances  dont ,  certes, 
les  principes  d'ordre  et  d'ailministraiion  sont  au- 
dessus  de  tout  éloge  ,  il  est  à  craindre  que  lei 
reccveuîs  ne  se  dédomm.jgeni  avec  usure  en  rete- 
nant ,  le  plus  long-iems  possible,  les  receties  non 
abonnées  ,  et  dont  ils  ne  comptent  pas  par  leurs 
obligations.  L'abus  exi-ie  ;  il  deviendra  pire  si  le 
remède  n  est  pi^s  bierilQi  appliqué,  et  le  trésor 
public  perdia  beaucoup  plus  qu':l  ne  gagnera  à  la 
réduction   de  l'iniérêt  des  caittionneiii  ns. 

Je  conçois  que  le  gouvrrnfmeni  a  éi;  entraîna 
tilamesurtqn'il  propose,  parle  désir,  bien  louable 
sans  doute  .  d'influer  sur  I.1  baisse  de  liriiéiêt  de 
l'aigcnl.  M.iis  cette  baisse  doli  ênc  amer:ce  nalu- 
rellenieni  et  par  une  suiie  d  amélioralioiis  .  et  nort 
par  une  fixation  quelconque  du  taux  de  l'intérêt. 
Elle  résulicra  de  la  siabililé  du  gouvernement  , 
de  sa  fidéliié  à  remplir  ses  engagemens  ,  dej 
principes  de  justice  qui  I  animent  .  de  la  con-» 
fi-ince  qu'il  continuera  à  1  spire.  ,  des  encoura- 
gemens  qu'il  donnera  à  la^riculiure  et  à  lou9 
les  genres  d'indusuic  ;je  ne  connais  pas  d'autres 
moyens  d'acii^rr  la  Ciiculaiion  ,  et  par  conséquent 
depar\'enir  à  la  bais.se  de  1  intérêt. 

Un  gouvernement  qui  négocierait  à  un  taux 
plus  (on  que  celui  de  la  place  ,  pourrait  sans 
doute  influer  sur  la  hausse  ;  rpais  s'il  ,  veut  ré- 
duire ,  par  la  force  de  l'autoriié  ,  cet  iniérêt  au- 
dessous  du  taux  général  ,  en  empruntant  ou 
négociant  lui-même  au-dessous  de  ce  coûts  ,  it 
aliène  les  espiiis  ,  il  enfouit  les  capitaux  et  tend 
à    un  but  contraire  à  celui  quils'est  proposé. 

Ces  observations  ne  me  conduisent  cepen- 
dant pas  à  iriaprouver  en  elle-même  la  réduction 
proposée  ;  mais  celle  m.e,<ure  doit  être  suivie  de 
toutes  les  précautions  pos.'ibles  ,.  pour  que  les 
receveurs  ne  trouvent  ]ias  un  moyen  de  se  dé- 
dommager au  préjudice  du  trésor  public.  Avec 
ces  précautions  ,  la  mesure  est  bonne  et  sôà 
I  résultat  économirpje. 

Et  nous  aussi  ,  nous  espérons  que  toutes  les 
paitics  de  l'aùministraiion  publique  éprouveront 
de  jour  en  jour  des  amélioraiions  scnsrble.s  ;  que, 
la  paix  viendra  bientôt  couronner  les  efioris  de 
nos  braves  armées  ,  et  ceux  du  héros  qui  les 
a  si  souvent  conduites  à  la  victoire  ;  alo:s  firi- 
térêt  de  l'argent  baissera  rie  lui-même  sans  ftort 
et  sans   aucune  influence  <le  la  part  de  1  autoiiié. 

C'est  par  ces  motifs  ,  et  dans  la  confiance  où 
je  suis  que  les  mesures  dont  la  réduciion  doit 
être  accompagnée  seront  adoptées  ,  que  je  vote 
pour    l'adopiion    du    projet. 

Le  tribunat  ordonne  l'impression  des  discours 
de  Thibaut  et  de  Fabre. 

Dieudonné.  Je  demande  à  relever  une  erreutt 
qui  a  é(;hipi>éà  noire  colicg'ie  _rhihaui.  Il  a 
prétendu  qu'on  n'.3Vait  pas  le  droit  d-.'  liea 
changer  à  l'indemnilé  qui  a  été  précéilemin^-nt 
accordée  aux  receveurs  des  contribuiions.  Je 
répondrai  par  la  loi  même  qui  a  déierminé  la. 
première  indemnité.  Cette  loi  porte  que  chaijue 
année  le  corps-législatif  réglera  I  indemnité  rju'il 
est  juste  d'accorcjer  aux  receveurs  des  conuibu- 
tions.  En  cela  le  projet  q'ui  vous  est  soumis  est 
entièrement  conforme  à  la  loi.. 

Reste  à  savoir  si  les  circonstaiices  sont  les  mê- 
mes qu'à  lépoque  oiî  la  loi  du  27  veaiôse  -  été 
rendue. Je  ne  le  ciois  pas;  les  grands  événemens 
qui  se  sont  succédés  dans  l'ani'ée  qui  vient  de' 
s'érouler  ,  a  fait  diminuer  de  beaucoup  l'intérêt 
de  l'argent  ;  cela  est  si  vrai  que  là  banque  de 
France  et  plusieurs  maisons  de  commerce  prê- 
tent maintenant  à  6  pour  cent,  je  persiste  dani 
mes  conclusions. 

D'une  part  ,  on  demande  à  aller  aux  vOix  sur 
le  projet  ;  de  l'autre  ,  on  réclame  raiournément 
à  demain 

Cette  dernière  proposition   est  adoptée. 

Arnould  obtient  la  parole  pour  la  molion  d'of-' 
dre   annoncée  dans  la  séance  d'hier. 

■ .  "•-•1 

Arnould.  Citoyens  tribuns  .  la  paix  est  devgjitjei' 
depuis  le  iS  brumaire  une  sorte  de  culte  pour  le,- 
gouvernement  constituiionnel  de  l'an  8  ,  comine- 
pour  tous  les  français.  La  victoire  a  ptéparé  .Ift; 
i^eiour  de  ce  bifeniaii  expiatoire  et  restaurateur 
de  la  prospérité  publique.  Le  gouvernement  ai 
reconquis  sa  considération  au-dthois,  et  i!  s'est, 
proposé  de  reconcilier  aù-dedans  ,  avec,  l  au-, 
torité  républicaine  ,  les  espriis  inquiets  ou  égarésk.- 

Déjà  ,  la  puissance  consulaire  3  semé  les  g,erme* 
de  sa  gloire)  mais  une  piévoyanie  sagesse  avertit 
de   ne  pas  nous    endormir,    même   .sur   des  ti^ 


que  le  trésor  public  fait  entrer  eq  tout  ou  en  I  phées  ;  et  nos  penchans  et  nos  devoirs  ,  citoyens 
partie  dans  ses   paiemens.  Il  résulte  de  ces  rap-  j  collègues  ,   s'accordent    en     loui   point    avec    la 

prochemcns  ,  que  l'iniérêt  de  l'argent  se  soutient!  vigilance  de  Miltiade de  Mittinde  ,   ledoù- 

encore  à  un  prix  très-fort ,  et  que  la  réduction  de  i  table  aux  ennemis  de  la  pauie .  adiiiué  de  toute 
lintérêt  des  cautionnemens  à  7  pour  cent  par  la  Grèce,  et  qui  obtient,  parce  .ju'il  ne  cessera 
année,  peut  faire  craindre  que  les  piéteurs  ne  de  la  mériter ,  l'affeciion  de  ses  conciio\ei.-  C'est 
retirent  leurs  capitaux  ,  et  qu'il  n'en  résulte  de  au  milieu  de  ce  taisceau  de  force  et  de  confiance 
l'embarras  pour  les  receveurs  ,  et  de  la  gêne  pour  1  nationales  que  le  grand  corps  du  peuple  pro- 
ie service.  Mais  ce  résultat  n'est  pas  encore  celui  '  piiéiaire  et  industrieux  ,  demai-de  à  le.ssalsir' le 
que  je  crains   le  plus  ;   malgié   les   précautions  i  sceptre  du  travail  brisé  par  les  discordes  civiles. 


268 


Lorsque  chacun  de  nous  ,  citoyens  collègues  , 
veut  se  pénéner  de  l'art. XXIX  de  la  constitulion, 
«jui  porte  :  "Le  iribunat  exprime  son  vœu  sur  les 
lr>i^  faites  et  à  faire  ,  sur  les  abus  à  corriger,  et 
sur  les  améliorations  à  entreprendre  dans  (ouïes 
les  ]iarties  de  l'adminislraiion  publique  u  ;  nous 
épiouvons  tous  le  besoin  du  recueillement ,  pour 
saisir  l'ensemble  et  le  résultat  des  circonstances 
d.ins  lesquelles  se  trouvant  maintenant  les  facultés 
Jjroduciiices  du  peuple  français. 

L'imnicnsiié  de  la  carrière  de  bien  public  que 
nous  avons  .i  parcouiir ,  rend  nécessaire  de  placer 
à  son  commencement  ,  des  points  de  reconnais- 
sance qui  non-seulement  nous  garantissent  des 
écueils  ,  mais  nous  rallient  au  point  central  d'une 
politique  éclairée. 

C'est  surtout  chez  les  peuples  qui  ont  senti  le 
besoin  de  secouer  le  joug  appesanti  d'une  aulQ- 
lité  d'habitude  ,  pour  se  laisser  conduire  sur  des 

principes  nouveaux-  d  utiiiié  sociale,  q^^e  'ous  1  à"ppiicatbn"sp7ciak  bien  plus  faciirdans'^tout  él^ 
ceux  qui  se  trouvent  aux  piemieres  tondions  de  ^^  j^  gouvernement  n'aurait  pas  contrarié  depuis 
b    république    ^«'^'^"^L^^f  ™<="|^^_  °J'^'-^°;;,';^^,l^f  ]  des  siècles  celte  tendance  naturelle  de  tous   les 

" ""      "'"■    ""      "•■'•"     """"»   "     honnines  vers  l'amél'oraiion  de   leur  sort.  Dans 

un  tel  pays  ,    quil   faudra   long-iems   chercher  , 


la   puissance  procréatrice   de  la  législation  pour 
contrebalancer  tous  ces  désavantages  d'accident. 

JaAiais  aucune  autoriié  publique  ,  citoyens  col- 
lègues ,  ne  s'est  trouvée  dans  des  circonstances 
aussi  mémorables  que  celles  oii  nous  sommes 
placés  ,  pour  faire  une  heureuse  applicaiion  de 
celte  docirlne  raisonnée  de  Montesquieu ,  d'Adam- 
Smith  et  de.  Turgot  ,  ces  trois  législateurs  de  ta  pro- 
priété, et  du  travail  chez  les  moderni.s.  Citoyens 
collègues  ,  lous  disiingués  par  l'habitude  de  l'ana- 
lyse ,  vous  vous  êtes  livrés,  sans  doute,  à  des 
méditations  suivies  sur  l'immortel  ouvrage  de  la 
richesse  des  nations.  Nous  pourrons  donc  voguer 
avec  ces  piloles  expéiimeniés  sur  le  vaste  océan 
de  la  législation  économique. 

Quelque  rigoureux  que  soit  le  principe  qui 
tend  à  abandonner  à  la  seule  liberté  illimitée  , 
tous  les  développemens  féconds  de  l'agriculture  , 
des  canaux  ,  des  manufactures  ,  du  commerce  et 
des   ans  ,    il   est  évident  que  ce  principe  »  une 


principales  maximes  d'état,  au  moyen  desquelles 
il  leur  soit  possible  de  s'entendre  ,  et  d'opérer 
le  bien-être  des  administrés. 

Soit  qu'on  se  reporte  à  l'existence  de  la  monar- 
chie ,  dans  des  tems  bien  aniéiieurs  ,  ou  à  des 
époques  très-rapprochées  de  la  révolution  ,  soit 
que  l'on  considère  nos  vicissitudes  depuis  dix 
ans  ,  on  doit  convenir  qu'il  ne  peut  y  avoir  de 
fixité  et  de  dévoûmeiit  sincère  4  telle  auioriié  que 
■ce  soit  ,  qu'autant  que  ce  dogme  sacré  ,  respect 
à  la  propriété  et  à  l'industrie,  sera  piolessé  dans 
«outes  nos  lois  ,  dans  tous  les  actes  publics  et 
dans  toutes  nos  conceptions  administratives. 

C'est  aux  soins  altachans  et  noiuiciers  de  la 
prop  é  é  et  du  travail  ;  c'est  à  l'exercice  de  leius 
facultés  inteliecluelles  que  les  modernes  sont  re- 
devables de  leur  affranchissement  des  chaînes  de 

la  féodalité.   Le   travail  et  la    propriété  ,  voilà  la 

..■,,,,.  .'     ^  ' pour  reparer  ou  diminuer  la  masse   ues   pênes  ^ 

char  e  inviolab  e  d  emancipaiion    que   nous   ont     f  "-f  ui     ■     i         i       ,ff  ;,„,.,,,;„ 

E-     c  1     j'    u,;,.s     par  une  sorie    d  habileté  d.ins  les  affaires  naiio- 

transmis  nos  ance  tes.  En  France  ,  la  depopulariie  ,  r^  .  .  ,      ,  ,     ,    ,  „,.„,i.,^„„„ 

nales,()ui  empêche  les  sources  de  la  repioduction 

de  se  tarir  ,  les  germes  féconds  d'être  étouffés  , 

de  manière  que  lians  tout  pays   ovi  le  gouvcrne- 


touts'y  trouvant  pour  ainsi  dire  régulier  ,  la  marche 
invariable  des  choses  y  fait  facilement  concorder 
les  ressources  avec  les  besoins  ,  et  proportionner 
le  succès  des  entreprises  à  la  hardiesse,  à  Ihabi- 
leté  et  au  bonheur  des  combinaisons  particu- 
lières. 

Mais  en  France,  oti  toute  la  science  ministé- 
rielle n'a  gueies  consisté  qu'a  faire  grandement 
fruc  ifier  les  dix  lieues  de  rayon  qui  circonscri- 
vaient la  cour  du  monarque-maître  ;  en  France  , 
où  tant  de  crises  viennent  d'entraîner  les  innom- 
brables sacrifices  de  l  intérêt  particulier  au  bien 
général  ,  n'esl-il  pias  indispensable  que  les  con- 
ccplioiiii  législatives  y  composent  les  lacuhés  vir- 
tuelles du  travail  ?  N  esi-ce  pas  un  des  premiers 
préceptes  à  suivre  que  celui  de  gagner  de  vitesse 
pour  réparer  ou  diminuer  la  masse   des   pertes 


encou.ue  par  l'ancien  gouvernement  dans  la 
conduite  des  affaires  économiques  ,  et  noiaraiBent 
en  livrant,  par  le  traité  de  1786,  notre  commerce 
à  l'Angleterre,  en  agitant  l'opinion  ,  a  influé  sur 
la  catastrophe  éprouvée  par  une  aulorité  de  plu- 
sieurs siècles.  En  effet  .  rien  ne  peut  résister  à 
ttne  force  toujours  agissante  ,  même  sourdement 


ment  cherche  des  moyens  puis^ans  pour  la  dé- 
fense du  territoire  ,  il  ne  soit  pas  réduit  à  pomper 
à  sec. 

Ce  qu'exige  la  force    des  choses  ,  ce  que   re- 


sur  un   million  de  poinis  ditTéiens,   quand  cette     commandent  des  auloriiès   imposantes,  n'est  pas 


force  est  mue  par  le  besoin  indomptable  qu'é- 
prouve un  peuple  nombreux  de  tirer  sa  sub- 
sistance et  celle  de  sa  famille  ,  des  fruits  d'un 
travail  qui  ,  toujours  reproduit ,  doit  êlre  sans 
cesse  échangeable  par  une  lucrative  circulation  : 
telle  est  la  puissance  de  ce  mobile  de  civilisa- 
tion qui  ,chez  les  modernes  ,  exclud  l'esclavage. 

Toute  population  qui  s'élance  du  sein  des 
forêts  ,  tend  à  se  mouvoir  dans  trois  sphères 
différentes  d'occupations  actives.  Cette  popula- 
tion deviendra  ou  conquérante  ,  ou  turbulente 
(  en  s'entre-dèchirant  )  ou  commerçante.  Tous  les 
peuples  anciens  et  modernes  ont  été  générale- 
ment placés  dans  l'une  de  ces  trois  cathègories  : 
L'esprit  cherche  envain  un  quatrième  point  de 
gravitation  ;  car  on  ne  peut  pbs  concevoir  ,  même 
spéculativement ,  l'état  de  quiétisme  d'un  grand 
peuple. 

L'impulsion  qu'a  reçue  la  nation  fançaise  dans 
ces  derniers  tems  ,  la  tenue  violemment  dans 
l'une  et  lautre  sphère  de  conquête  et  de  tur- 
bulence révolutionnaire  :  ainsi  elle  a  été  détournée 
des  occupations  profitables  de  l'agriculture  et  du 
commerce. 

Par  la  conquête  ,  la  France  s'eît  procuré  ,  à  la 
vérité  ,  de  grandes  propriétés  agricoles  et  indus- 
tTielles  contigues  à  son  ancien  territoire,  et  qui 
doivent  améUorer  sensiblement  son  existence  , 
lorsque  ces  nouvelles  sources  de  prospérité 
seront  liées  à  un  système  général  ;  mais  d'un 
autre  côté  ,  dans  la  crise  révolutionnaire  ,  la 
France  a  vu  appauvrir  son  domaine  colonial  , 
restreindre  ses  débouchés  externes  ,  ralentir  son 
industrie  et  sa  circulation  intérieure  ,  etifin  elle  a 
VU  ses  fonds  ruraux  n'obtenir  encore  que  des 
possesseurs  faiblement  actifs ,  qui  ne  peuvent 
j'idenii&er  avec  le  sol  comme  propriétaires  ,  au 
ttailteu  des  tourbillons  de  vente  et  de  revente  , 
et  dans  l'état  de  labeur  qu'entraînent  près  de 
l'agriculture  les  tourmens  de  la  fiscalité  :  lous 
ces  élèmens   qui   sont  dans  une  mobilité  stérile  , 


en  contradiction  avec  la  saine  doctrine  ,  et  s'ac 
corde  surtout  avec  nos  besoins  actuels ,  non  pour 
fjtiguer  de  la  manie  réglementaire,  mais  pour 
élever  sur  une  base  large  et  inébranlable  quel- 
que institution  génératrice  de  grands  effets  ,  et  qui 
serve  .  pour  ainsi  dire  ,  de  pivot  à  la  machine 
économique,  en  reconstruise  les  rouages  et  les 
fasse  mouvoir  dans  un  sysiême  général  d'utilité 
nationale. 

Il  y  a  dix  ans,  citoyens  collègues ,  que  plu- 
sieurs publicistes  se  sont  empressés  à  l'envi  de 
dresser  en  quelque  sorte  le  procès-verbal  de 
toutes  les  parties  de  la  richesse  publique  de  la 
France  .  sur  les  marches  du  itône  alors  chancelant 
et  devenu  victime  d'une  longue  insouciance  pour 
l'amélioration  du  sort  des  hommes. 

Ces  publicistes  ont  tâché  de  développer  ,  à  la 
veille  de  ceite  catastrophe,  et  pour  servir  de 
leçons  à  l'avenir,  dans  quel  rapport  se  trouvait 
l'industrie  des  villes  et  les  ressources  des  cam- 
pagnes ;  ils  ont  analysé  spécialement  les  divers 
degrés  d'opulence  comparative  ,  des  sections  ma- 
ritimes ,  frontières  et  intérieures  de  la  France. 

Depuis  que  la  tourmente  révolutionnaire  s'est 
calmée  ,  j'ai  porté  d'abord  mes  regards  sur  la 
branche  la  plus  importante  ,  comme  la  plus  dif- 
cile  de  la  législation  économique  ,  celle  qui  se 
rapporte  à  la  facilité  des  communications  ou  de 
la  circulation  des,  denrées  de  première  néces- 
cité  ,  le  blé  ,  par  exemple,  élément  primitif  de 
la  richesse  agricole  et  du  travail. 

Je  vous  dois  à  cet  égard  ,  citoyens  collègues  , 
le  résultat  de  mes  recherches  ,  et  avec  d'autant 
plus  de  raison  que  ces  déductions  serviront  de 
I  nouvelles  preuves  de  l'utilité  d'un  fonds  spécial 
pour  l'encouragement  de  l'agriculture  ,  des  ca- 
naux ,  des  manufactures ,  du  commerce  et  des 
arts. 

Lorsqu'on  jette  un  regard  observateur  sur  la 
cane  physique  de  la  France  ,  on  est  frappé 
des   obstacles    matériels  qu'apporte  la  configura- 


superflu    des    produits   agricoles 


provenant  des  contrées  du  Nord,  et  se  portant 
vers  les  contrées  du  Midi  oii  les  besoins  de  blé 
se  font  habituellement  sentir  ,  surtout  dans  les 
tems  de  guerre. 

La  direction  de  la  principale  chaîne  de  mon- 
tagnes qui  sépare  les  parties  de  l'Ouest  de  celles 
de  l'Est  ;  la  pente  de  plusieurs  grandes  masses 
de  terre  comme  les  Vosges  vers  les  contrées 
éirangeres  ,  et  la  navigation  des  fleuves  qui  cou- 
lent vers  les  mêmes  points  externes  ;  enfin  , 
la  circonstance  que  les  principaux  greniers  au 
nord  delaFrance  se  trouvent  aux  extrémités  desoti 
territoire  dans  les  ci-devant  provinces  de  Picardie  , 
de  Flandre  ,delaBelgique  ,  d'Alsace,  de  Lorraine  , 
Champagne  ,  de  Franche-Comté  ,  etc.  toujours 
plus  à  portée  des  marchés  extérieurs  :  toutes  ce» 
causes  physiques  sont  autant  de  difficultés  natu- 
relles ,  quoique  l'art  et  le  talent  administratif 
puissent  les  vaincre  ,  qui  empêchent  les  subsis- 
tances de  parcourir  avec  la  même  rapidité  et  la 
même  utilité  toutes  les  veines  du  corps  politique. 
1  La  suite  demain.  \ 

JV.  B.  Dans  la  séance  du  7  frimaire  ,  le  corps- 
législatif,  après  une  discussion  assez  étendue  ,  a 
passé  à  l'ordre  du  jour  sur  la  proposiiion  qui 
avait  été  faite  le  2  en  comité  secret,  de  faire  des 
changera ens  et  des  modifications  aux  articles  XXX 
et  XXXI  du  règlement ,  relatifs  à  la  forndation  de 
la  loi. 

On  a  procédé  au  premier  tour  de  scrutin  d'élec- 
tion d'un  candidat  au  sénat-conservateur.  Il  n  y 
a  point  eii  de  majoriiè  absolue. 


M  u  S  I  Q.  U  E. 

Numéros  3  et  4  des  morceaux  choisis  de  U 
Ciéaiion  ,  par  H.iydn  ,  avec  accompagnement  de 
piano  ,  conienant  laiiilc  ,  les  oiseauN  et  un  trio 
d  Anges;  prix,  2  Ir.  5o  ccn;.  chaque  ,  port  fraiic. 
A  Paris  ,  chez  P.  Porto  ,  rue  Bcaurepaire,  n°  16. 

Ces  deux  morceaux  loni  suiie  à  ceux  annoncés 
dans  un  de  nos  précèdens  numéros.  La  fin  pa- 
raîtra incessamment. 


il  dépend  du  gouvernement  de  les  fixer  et  de  les     tion  du  sol  à  l'échange  rapide   par  une  modique 
féconder  ;   mais   il    faut  à    cet    effet   employer  '  dépense  ,    du 


LIVRES      DIVERS. 

Manuel  de  médecine  pratique  ,  ouvrage  élé- 
mentaire ,  auquel  on  a  joint  quelques  formules 
à  l'usage  des  chirurgiens  et  des  personnes  chari- 
tables qui  se  dévouent  au  service  des  malades 
dans  les  campagnes  ;  par  le  cit.  Geoffroy  ,  associé 
de  l'insiiiut  naiional ,  correspondant  de  la  société 
de  médecine  deParis,  ancien  professeur  et  doc- 
teur de  la  ci-devant  faculté  de  Paris  ,  2  vol.  in-S"  , 
chacun  de  20  feuilles  d'impression  ;  prix  6  francs, 
et  7  fr.  par  la  poste.  A  Paris  ,  chez  G.  Debure 
l'aîné,  libraire  de  la  bibliothèque  nationale  ,  rue 
Serpente  ,  n"  6. 

Prose  îtaliane  sopra  divers!  soggetti  piacevoli 
ed  isiruttivi  ,  scelte  da  Angelo  Vergani  ,  per 
uso  degli  studiosi  di  questa  lingua,  1  vol.  in-12  , 
2  francs  ,  broché ,  et  2  fr.  5o  cent,  pour  les 
départemens  ,  franc  de  port.  A  Paris,  chez 
1  éditeur,  quai  de  IHorloge  du  Palais ,  n°  a8  , 
près  le  Pont-au-change. 


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Bourse  du  y  frimaire. 

Rente  provisoire sS  fr.  88  c 

Tiers  consolidé 33  fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  61   c. 

Bons  d'arréragé ; 86  fr.   25  c. 

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Théâtre  de  la  Republique  et  des  Arts. 
Auj.  Hécube  ,   et  le  ballet  de  Psiché. 

Théatredes  JEUNES  ÉLEVÉS,  rue  dcThionville. 
Auj.  le  Doyen  de  Killerine  ;  l'Amant  muet ,  et  l'Abbi 
coquet. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  l'Entrevue  ; 
la  Revue   de   l'anS,  et  Colombine  mannequin. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 

Le  9  ,  par  extraordinaire  ,  l'Elevé  de  la  Mature  , 
pantom.  allégorique  à  grand  spectacle  ,  suivie 
de  Molière  jaloux  ,   vaudeville. 


L'aboimeoicot.e  fait»  Pari.,  rue  des  Poitevias,  n»  18.  Le  prix  est  de  85  franc»  pour  troismoi»  ,  5o  fraac»  pour  six  mou,  et  loo  fraaci  pour  Vannée  entière.  On  o* 
4* abonne  qu  ai/  commcucement  de  cllaque  mois. 

Ilfaul  adresse,  les  lettres  et  l'argent,  francde  port,  aucit.  Agasse, propriétaire  de  cejournal.ruedes  Poitevins, ■'(  18.  Ilfaurtomprendre  dans  le»  envoi»  le  port  dei 
pays  où  l'on  ne  p-utiffn  Bctiir.   Lfî  lettres -les  départemens  non  affranchies  ,  ne  seroutpoint  retirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soiii,  paui  plus  de  sûreté,  dt  charger  celles  qui  rciifermenides  valeurs,  etadresseï  tout  ce  quiconcetne  la  rédaction  de  la  feuille,  au  rédacteur,  rue  de»/ 
faitevins,    n^  i3,  depuis  aeuf  heure»  du  matin  jusqu'à  cinq  aeuies  du  soir. 


A  Pâtis,  à^.  l'imprimerie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  de^Peitevin»  ,  n»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL.. 


N"  69. 


Xonidi  ,    g  frimaire  an  g  de  la  république  française ,  une  ci  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   Moniteur  est  le  mul  journal  officiel. 
H  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  ■  armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  dérouvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ALLEMAGNE. 

Hambourg ,  le  ig  nov.  (2$  brumaire). 

J.L  vient  d'arriver  dans  cette  ville  une  estaffelte  , 
expédiée  de  Riga  ,  le  n  novembre,  pour  an- 
noncer qu'un  nouvel  embargo  a  été  mis  sur  les 
bâtimens  anglais  mouillés  dans  ce  port  ,  et  la 
crainte  que  l'on  a  que  ceux  de  la  même  nation 
qui  se  trouvent  dans  les  ports  de  la  Russie  , 
n'éprouvent  le  même  sort- 

PRUSSE. 

Berlin  ,  le   24  brumaire. 

Le  général  Sprengtposten  part  après -demain 
pour  se  rendre  à  Bruxelles  ,  et  delà  à  Paris.  Il  a 
njie  mission  particulière  de  l'empereur  de  Russie 
pour  le  premier  consul. 

C'est  une  réponse  aux  ouvertures  faites  par  le 
gouvernement  français  à  l'empereur  Paul  1". 

La  nature  des  communications  qui  ont  eu  Heu 
entre  le  gouvernement  de  France  et  celui  de 
Russie  1  contraste  d'une  manière  frappante  avec 
celles  entre  les  autres  puissances;  c'est  un  com- 
bat de  générosité  et  de  bons  procédés  dignes 
de  deux  nations  aussi  puissantes  ,  et  de  deux 
hommes  aussi  faits  pour  s'apprécier  que  ceux 
qui  en   dirigent  les   cabinets. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,   18  novembre  f  S27  brumaire). 

Sa  majesté  ,  dans  le  nouveau  sceau  que  Ion 
prépare,  au  lieu  de  prendre  le  titre  de  roi  de 
la  Grande-Bietagne,  de  la  France  et  de  l'Irlande  , 
g'y  qualifie  simplement  de  Britannicorum  rex 
(Ko\  des  Anglais)  ;  ce  qui  comprend  non-seuie- 
jnent  les  sujets  des  îles  Britanniques  ,  miiis  encore 
tous  ceux  qui  ,  dans  chaque  partie  du  globe  , 
vivent  sous  la  domination  anglaise. 

Napper-Tandy  sera  jugé  dans  cette  session; 
du  moins  la  motion  en  a  été  faite  au  tribunal  du 
banc  du  roi  ,  à  Dublin, 

Le  roi  de  Njples  a  accordé  une  pension  indi- 
viduelle de  5oo  livres  sterling  aux  capitaines 
Trowbridge  et  Bail,  pour  les  services  qu'ils  lui  ont 
Tendus  tn  défendant  sa  personne. 

L  Océi;n  ,  vaisseau  neuf  ,  appartenant  à  la  Com- 
pagnie des  Indes,  et  qui  était  destiné  pour  Bom- 
bay et  la  Chine  ,  a  été  jeté  sur  la  côte  ,  près  de 
Gravesend. 

On  dit  que  le  marquis  de  Cornwallis  sera  créé 
duc  de  Suffolk.  Il  n'y  a  eu  ,  à  l'excepilon  des  princes 
du  sang  ,  que  deux  créations  de  duc  sous  le  règne 
de  Georges  III. 

Un  navire  ,  nommé  le  Wasinghton  ,  a  péri  dans 
la  baye  de  Cadix,  pendant  la  tempête  du  24  ven- 
démiaire. Sa  perte  est  évaluée  à  110,000  dollars. 

La  disette  que  nous  éprouvons  )iaraît  devoir 
être  attribuée  aux  cinq  causes  suivantes  :  1".  Aux 
lécolics  défavorables  ;  2".  au  manque  de  culture  ; 
3°.  à  retendue  des  taxes  ;  4°.  à  l'accroissement 
du  commerce  des  manufactures  ,  de  la  richesse 
et  du  luxe  ;  5".  au  papier  monnaie. 

Le  docteur  Herschell  a  communiqué  à  la 
société  royale  d«  Londres  un  ouvr.ige  dans 
lequel  il  détermine  d'une  manière  comparative 
l'étendue  de  la  puissance  visuelle  ,  ci  les  moyens 
«jue  le?  télescopes  de  diverses  grandeurs  et  cons- 
tructions peuvent  lui  fournir  pour  pénétrer  dans 
Tespace. 

Les  intendans  des  postes  ont  dernièrement  fjit 
arrêter  et  traduire  en  justice  le  cocher  d'une 
diligence  ,  pour  s'être  inutilement  arrêté  sur  la 
Toute  ,  et  avoir  retardé  ainsi  le  service  du  pu- 
blic. Il  a  éié  condamné  à  quatorze  jours  de 
tiavail  dans  la  maison  de  correction. 

Dans  la  fête  commémoralive  de  la  conspiration 
des  poudres  ,  qui  a  été  célébrée  le  14  brumaire, 
il  n'a  été  tenu  aucun  compte  envers  la  papauté 
de  la  vénération  qu'ont  professée  pour  elle  cer- 
fai-ne»  classes  de  la  société  dans  ces  derniers  teins. 
La  triple  couromie  papale  ,  burlesqueraent  re- 
piéseiiiée  ,  a  été  placée  ,  comme  de  coutume  , 
«ur  hi  tête  de  bois  de  (>uy  faux  ,  ti  ensuite  b.rnlce 
nux  grands  applaudissemeni  du  peuple. 


Un  boulanger  de  Portsea  vient  d'être  con- 
damné à  une  amende  de  25  livres  sli^rl.  .  pour 
avoir  vendu  cinq  pains  chauds  ,  en  contravention 
de  l'acte  du  parlement. 

La  femme  d'un  cardeur  de-laine  ,  à  Plymoiith  , 
est  accoucb^ie  .  à  sept  mois,  de  trois  enfans  , 
qui  sont  morts   peu  de   lems   après. 

Un  prêtre  français  fut  arrêié  ,  il  y  a  quelques 
jours  ,  par  un  volcUr,  près  de  Londres.  Le  voleur, 
non  content  de  quelques  schellings  que  l'ecclé- 
siastique lui  donna  ,  voulut  avoir  son  habit  ,  qui 
lui  parut  meilleur  que  le  sien.  Dès  que  1  échange 
fut  fait  ,  le  prêtre  se  mit  à  courir  de  toutes  ses 
forces  ,  craignant  d'être  maltraité.  Le  'voleur 
courut  après  lui  ,  lui  criant  de  s'arrêter  ,  et  le 
prêtre  de  courir  plus  vite.  Enfin  .  le  volé  arriva 
dans  une  rue  fréquentée  de  la  ville,  et  le  voleur 
cessa  sa  poursuite.  Le  prêtre  arrivé  chez  lui,  trouva 
dans  une  des  poches  de  l'habit  ,  des  billets  de 
banque  pour  la  somme  de  5o  liv.  sierl. 

Il  a  été  péché  dans  la  Tweed  ,  un  SDurhon  qui 
avait  4  pieds  3  pouces  de   long  ,  sur  deux  pieds 
4  pouces  de  circonférence  ,    et  pesant  56  livres. 
(  Entrait  du  Morning-Fost ,  du  Sun  et  du  Courier  ). 

INTÉRIEUR. 

Paris ,  le  &  frimaire. 

Le  citt)yen  Guersent  ,  professeur  d'histoire 
naturelle  à  Rouen  ,  ayant  ;  avec  l'agrément  du 
piélet  de  la  Seine-Inférieure  ,  envoyé  au  cit. 
Cuvier  ,  pour  les  examiner,  une  quantité  d'os- 
semens  recueillis  dans  les  rochers  des  environs 
d'Honfleur  ,  par  feu  l'abbé  B.ichelei  ,  et  apparte- 
nant aujourd  hui  au  cabinet  de  l'Ecole  centrale 
de  Rouen  ,  le  citoyen  Cuvier  a  reconnu  parmi 
ces  ossemens  ceux  dune  espèce  de  crocodile 
absolument  inconnue  jusqu  a  ce  jour  .  et  très- 
diflerenie  même  de  l'animal  fossile  de  Maëstrich, 
que  qtrelques-uns  regardent  aussi  comme  un 
crocodile.  Les  mâchoires  de  ce  crocodile  de 
Honfleur  ressemblent,  par  'eur  aiongeraent,à 
celles  du  eavial  ;  seulement  le*  dents  y  sont  moins 
égales  ,  et  les  sutures  des  os  autrement  figurées  ; 
la  différence  la  plus  (Vappanie  est  dans  les  ver- 
tebies  du  cou.  Celles  de  tous  les  ciocodiles 
connus  ont  la  face  antérieure  de  leur  corps  con- 
cave ,  ei  la  postérieure  convexe.  Ddos  celui  de 
Honfleur  ,  c  est  piécisément  le  contraire..  Les 
apophyses  y  ces  vertèbres  sont  aussi  plus  com- 
pliquées que  dans  les  crocodiles  ordinaires. 

Cetanimal  paraît  avoir  eu  iS  pieds  d't  longueur; 
ses  os  sont  pétrifiés  ,  et  (ont  feu  avec  le  briquet. 
Leijr  cellulosité  çst  remplie  de  pyrite.  Ils  sont 
rentermés  dans  une  pirrre  marneuse  ,  grisâtre  , 
très-dure  ,  et  dont  on  ne  peut  les  dégager  qu'avec 
beaiicoup  de  peine.  Outre  ces  ossemens  de  cro- 
codile ,  U  citoyen  Cuvier  en  a  liouvé  d  autres 
qui  paraissent  pjovenir  de  petits  cétacéts  ,  et 
dont  il  rendra  compte  par  la  suite. 

^  —  Un  citoyen  ,  nommé  Portails  ,  employé  , 
s'est  brûlé  la  cervelle  ,  rue  de  Lcsdiguieres  ,  n"  3  : 
on  ignore  les  motifs  de  ce  suicide^ 

-— Lenommé  Jean-Bapiistc  Fontaine  ,  tableltier, 
âgé  de  soixante-un  an  ,  demeurant  rue  de  la 
Tixeranderie  ,  n"  m  ,  vient  d  être  blessé  griéve- 
rnent  par  un  loup  appartenant  à  un  autre  indi- 
vidu ,  nommé  Marnet ,  marchand  forain  .  lequel 
demeure  rue  de  la  Mottellerie.  Fontaine  a  été 
blessé  aux  deux  bras  et  à  la  cuisse  droite.  Les 
morsures  sont  très-graves.  Le  loup  a  éié  assommé 
par  les  passans.  Le  blessé  a  été  conduit  à 
Ihjspice. 


De    la    guerre    et   de    la    paix. 


Depuis  plusieurs  années  ce  doux  nom  de  paix 
retentit  d'un  bout  du  monde  à  l'autre.  Le  vœu 
en  est  dans  le  cœur  de  tous  les  peuples  ,  et  sur 
les  le\ros  de  tous  ceux  qui  gouvernent. 
C  est  le  premier  besoin  des  nations  mêmes  qui 
ne  prennent  pas  une  part  active  à  la  guerre  , 
mais  qui  n  ont  pu  échapper  à  ses  désastreuses 
influences. 

Jamais  ,  en  effet ,  aucune  guerre  n'a  en  si  peu 
de  tems  bouleversé  plus  d  états  ,  désolé  plus  de 
familles  ,  coriompu  davantage  les  mœurs  des 
peuples  ,  ébranlé  plus  profondément  les  bases  de 
i  ordre  social  ,  que  cette  guerre  aussi  étonnante 
par  son  principe   que  par  ses  résultats.   Quel  est 


l'homme  qui  oserait  dire  aujourd'hui  qu'il  n'y  a 
pas  encore  assez  de  sang  répandu  ,  que  la  gloire 
ou  la  prospérité  de  son  pays  demande  encore 
quelques  milliers  de  victimes  humaines  ?  Mais 
s'il  ne  s'élève  pas  une  seule  voix  pour  la  conti- 
nuation de  cette  déplorable  guerre  ,  où  est  donc 
la  force  inconnue  qui  éloigne  toujours  la  paix  , 
lorsque  tout  le  monde  l'appelle.  Quel  est  cet 
empire  vanté_  de  l'opinion  qui  gouverne  ,  dit-on 
le  monde  ,  si  les  passions  secrettei  de  quelques 
individus  balancent  les  intérêts  évidens  des 
nations  ? 

Ce  phénomène  mérite  d'être  observé  ;  mais 
mon  objet  n'est  pas  de  l'expliquer. 

S'il  y  avait  un  homme  à  qui  l'on  pût  pardon- 
ner le  désir  de  continuer  la  guerre,-  ce  serait 
sans  doute  celui  qui  doit  à  cette  guerre  sa  gloire 
et  sa  fortune,  et  à  qui  son  expérience  et  ses 
talens  garantiraient  dans  de  nouveaux  combats 
des  triomphes  nouveaux. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  prononcer  le  nom  de 
cet  homme  ;  je  n'ai  pas  besoin  de  dire  qu'il 
ne  s'est  pas  montré  ambitieux  de  celte  auginen- 
taiion  de  renommée  miliiaire.  Toute  IE°urope 
voit  qu'il  aspire  à  une  autre  gloire  ,  sinon  plus 
brillante  ,  du  moins  plus  humaine  et  plus  solide  ; 
il  veut  gouverner;  ce  qui  est,  encore  plus  difli- 
cile  que  de  vaincre. 

Après  avoir  conquis  pour  la  première  fois 
l'Italie,  début  le  plus  glorieux  qui  ait  jamais 
sii>nalé  la  carrière  militaire  des  plus  giaads  ca- 
pitaines ,  il  passe  les  Alpes  Juliennl-s  ,  et  se 
trouve  sur  la  Drave  et  la  Mukr  ,  à  quelques  jour- 
nées de'Vienne;  l'ennemi  parle  de  paix,  bonapaiie 
arjête  sa  marche  victorieuse  ,  renonce  à  l'e.spé- 
rance  séduisante  d'aller  forcer  1  empereur  à  la 
paix  dans  la  capitale  même  de  ses  états  ;  il  sus- 
pend les  hostilités  .  négocie  et  conclut  le  traité 
de  Léoben  qui  prépare  celui  de  Campo-Forraio. 
Jamais  la  Fiance  n'aurait  obtenu  de  si  grands 
avantages  par  un  tiaiié  .  si  l'ignorance  et  les 
passions  n'eussent  détruit  à  Rastadt  l'ouvrage 
d'une   modération  éclairée. 

Il  fjtit  bien  redire  ici  que  lorsque  l'heureuse 
révolution  du  18  brumaire  eut  mis  Bonaparte  à 
la  tête  du  gouvernement,  le  premier  acte  de  son 
autorité  fut  un  vœu  de  paix,  et  que  ce  vœu  fut 
repoussé  avec  aussi  peu  de  raison  que  de  décence 
par  le  ministère  britannique.  Après  la  campagne 
presque  fabuleuse  de  Maringo  ,  le  vainqueur 
signa  ,  sur  le  champ  de  bataille  ,  un  ariTiisiice  qui 
satlva  vraisemblablement  le  reste  de  l'armée 
vaincue. 

Moreau,  après  des  marches  aussi  sûrement  que 
savamment  combinées  ,  s'avance  ,  de  succès  en 
succès,  presque  au  cœur  de  l'AHemagne.  Oui 
pourrait  affirmer  (jue  l'armée  ennemie  ,  décou- 
ragée autant  qu'aflFaiblie  par  une  suiie  de  reveis  , 
l'eût  arrêté  dans  ses  progrès  ?  Mais  I  humanité 
obtient  ce  qu  une  ambition  de  gloire  aurait  re- 
jctic.  Le  premier  consul  veut ,  avant  tout  ,  la  paix. 
Il  accorde  un  armistice  favorable  à  l'ennemi  ,  à  la 
condition  de  négocier  sans  délai. 

Le  but  de  la  guerre  est  la  victoire  ;  le  but  de 
la  victoire  doii  êire  la  paix;  mais  tout  ennemi 
peut  commencer  la  guerre;  le  vainqueur  seul 
peut  la  terminer.  Ces  pensées  ont  éié  la  règle 
constante  des  démarches  du  premier  consul.  Ce 
n  est  ni  dans  les  éciits  ,  ni  dans  leà  discours, 
que  nous  pouvons  juger  des  printipes  et  de* 
sentimens  des  hommes  qui  gouvernent.  Dans; 
les  manilestes,  les  proclamatio'ns  ,  les  notes  rai-J 
nisiérielles,  je  vois  exprimer  de  part  et  d'autre 
une  égale  horreur  pour  leflusion  du  sang  ,  un 
égal  désir  de  rendre  la  tranquillité  aux  peujdes  ; 
mais  apiés  toutes  ces  vaines  protestations ,  je'  voi» 
aussi  qu'on  continue  de  verser  à  flots  le  sang  des 
hommes,  et  d'empoisonner  toutes  les  sources  de 
l'ordre  et  du  bonheur  social  ;  et  je  n'apperçois 
nulle  part  les  grands  intérêts  qui  peuvent  balancer 
de  si  grands  malux.  Cherchons  donc  ,  non  dans 
I  les  paroles  ,  mais  dans  leurs  résultats,  les  véri- 
tables intentions  des  hommes.  Considérons  sous 
ce  point  de  vue  le  résultat  des  démarches  que 
vient  de  faire  notre  gouvernement  pour  parvenir 
à  une  pacification  générale, 

La  cour  de  Vienne  a  proposé  ,  pour  le  lieu 
des  conférences  de  paix  ,  une  ville  centiale  de 
France.  Le  premier  consul  a  fixé  Lunéville.  Cette 
cour  y  a  envoyé  un  négociaitur  célèbre  ,'  aussi 
estimé  par  son  caractère  que  par  ses  talens.  Il  a 
été  reçu  avec  honneur  comme  un  ann  de  la  paix, 
La  cour  de  Londres  a  manifesté  l'intention  d'en- 


270 


trerdansia  nëgociatron,  et  celle  de  Vienne  le  désir 
de  traiter  de  concert  avec  son  alliée;  le  premier  con- 
sul pouvait  se  souvenir  des  personnaliies  aussi 
indécentes  que  gratuites  que  s'étaient  permises 
contre  lui  les  cliefs  du  gouverneme.hi  britanni- 
que ;  mais  il  était  trop  au-dessus  des  injures  pour 
allier  ses  rtssentimens  particuliers  à  de  si  grands 
iniérêls.  Il  accueille,  sans  hésiter,  une  ouver- 
ture qui  pouvait  accéléier  la  paix  de  l'Eu- 
rope. 

Le  citoyen  Otto  ,  qui  résidait  à  Londres 
comme  commissaire  du  gouvernement  pour  le- 
change  des  prisonniers,  lut  chargé  aussitôt  de 
traiter  avec  les  ministres  anglais.  Cette  négocia- 
tion a  échoué  ;  et  ce  qu'on  ne  peut  voir  qu'avec 
peine  ,  c'est  que  le  ministère  anglais  .  loin  de 
conserver  aucun  désir  de  conciliation  ,  semble 
avoir  voulu  encore  aigrir  les  esprits  par  uii  pro- 
cédé gratuitement  impolitique  ;  contraire  à  tous 
les  usages  des  nations  policées  ,  il  vient  de 
rendre  publics   les  détails  de   la  négociation. 

Un  seul  gouvernement  avait  donné  jusqu'ici 
l'exemple  d'un  tel  procédé  ,  et  c'est  encore  le 
gouvi-rnemenl  anglais ,  après  la  négociation  de 
Lille;  le  ton  et  les  formes  avec  lesquels  cette 
négociation  fjt  conduite  et  rompue  par  un 
directoire  impérieux.  ,  qui  ignorait  et  bravait 
toutes  les  convenances,  pouvaient  peut-être 
Justifier  le  parti  que  prit  la  cour  de  Londres. 
Mais  aiijourd  hui  que  le  premier  consul  a  donné 
l'exemple  des  égards  que  les  gouvernemens  se 
doivent  entre  eux  ,  et  du  respect  que  l'on  doit 
aux  lois  reçues  dans  les  transactions  diploma- 
tiques ,  quel  motif  a  pu  autoriser  le  ministère 
anglais  à  publier  des  communications  amicales  , 
destinées  par  leur  nature  à  être  secreties  ,  jusqu'à 
ce  qu'un  inlétêt  national  en  commandât  la 
publicité  .'' 

C'est  une  maxime  reçue  dans  la  société,  que 
les  lettres  de  confiance  que  s'écrivent  des  parti- 
culiers, ne  peuvent  être  publiées  par  celui  qui 
les  a  reçues  ,  sans  le  consentement  de  celui  qui 
les  a  écrites  ,  à  moins  que  le  premier  n'y  ait 
recours  pour  défendre  ses  droits  devant  les  Iri- 
bunau.x.  ,  ou  son  honneur  devant  le  public. 
Pourquoi  cette  maxime  de  la  morale  sociale  ne 
serait-elle  pas  également  respectée  dans  la  morale 
politique  ?  De  plus  grands  intérêts  la  recom- 
mandent :  les  usages  des  nations  l'ont  consacrée. 
'Violer  ces  usages  ,  qui  forment  ce  qu'on  appelle 
le  droit  des  gens ,  n'est-ce  pas  ébranler  une  base 
déjà  trop  faible  de  la  tranquillité  des  peuples  ? 

En  publiant  les  pièces  dont  il  s'agit  ,  le  minis- 
tère britannique  a  peut-être  espéré  d'en  imposer  , 
non  aux  hommes  éclairés  ,  mais  à  la  multitude.  Il 
a  observé  que  dans  les  disfjutes  ordinaires  le 
ton  et  la  contenance  d'un  des  coatendans  fê- 
laient plus  d'impression  sur  le  commun  des  spec- 
tateur» ,  que  les  bons  raisonnemens  de  l'autre. 
Il  a  pensé  que  la  confiance  qu'il  montrait  dans 
la  bonté  de  sa  cause  inspirerait  une  prévention 
favorable  à  ses  juges  ;mais  ces  premières  impres- 
sions sont  légères  et  fugitives  ;  celles  de  la  justice 
et  de  la  raison    restent  seules. 

En  regardant  comme  une  provocation  sans 
motif  la  notoriété  donnée  à  la  négociation  du 
cit.  Otto  ,  le  gouvernement  français  n'a  pas  à  en 
redouter  les  effets.  Jamais  des  intentions  plus 
droites  n'ont  été  manifestées  par  des  communi- 
cations plus  franches.  Une  analyse  succinte  des 
progrès  de'  la  négociation  prouvera  ,  j'espère  ,  ce 
que  j  avance. 

Je  ferai  d'abord  une  observation  générale.  Ceux 
qui  ont  eu  occasion  d'observer  la  conduite  des 
ministres  et  des  agens  du  gouvernement  anglais 
dans  les  affaires  publiques  ,  ont  remarqué  qu'ils 
y  procédaient  avec  une  extrême  réserve;  qu'ils 
écrivaient  peu  ;  qu'ils  s'exprimaient ,  dans  tout  ce 
qui  avait  quelque  importance  ,  d'une  manière 
vague  et  générale  :  cela  tient  à  la  nature  du  gou- 
vernemuiû  ;  tout  homme  public  sait  qu'il  ne  dit 
ou  n'écrit  pas  un  mot  dont  il  ne  puisse  un  jour 
avoir  à  rendre  compte  à  sa  nation.  Il  en  résulte 
un  esprit  général  de  circonspection  ,  qui  s'exa- 
gère nécessairement  par  1  habitude  ,  et  qui  dsvicnt 
souvent  pédaniesque  ,  épineux  ou  timide  ,  au- 
delà  de  ce  qu'exige  la  prudence  et  l'intérêt. 

Cette  manière  d'agir  s'est  manifestée  sensible- 
ment dans  les  deux  négociations  du  lord  Mal- 
inesbury  ,  et  plus  encore  daris  celle  du  citoyen 
Otto  ;  parce  que  dans  celle-ci  la  circonspection 
ordinaire  du  caractère  anglais  se  trouvait  fortifiée 
par  la  volonté  systématique  de  gagner  du  tems 
sans   rien   conclure. 

Si  on  lit  les  prernieres  communications  faites 
par  le  citoyen  Otto  au  ministre  britannique  pour 
ouvrir  la  négociation  ,  on  voit  que  le  commissaire 
fiançais  fait  connaître  sur'le  champ  et  sans  détour 
l'objet  de  sa  mission  et  les  pouvoirs  dont  il  est 
revêtu;  le  lord  Grenville  ,  au  contraire  ,  semble 
éviter  d'abord  d'entrer  dans  le  fond  de  l'affaire  , 
en  recourant  à  des  formes  minutieuses  ,  à  des 
demandes  d'explications  sans  nécessité.  Pourquoi 
veut-il,  par  exemple,  que  le  citoyen  Otto  lui 
communique  la  note   adressée  au  baron  de  Thu 


lervenir  dan-sla  négociation  de  Luneville  PCertai- 
nemect,  le  lordGrenville  connaissait  parfaitement 
celte  r.o  le  et  la  communication  qui  en  avjil  été  laite 
à  ia  France.  On  voit  de  même  dans  tout  le  cours 
de  la  négôtialion,  du  citoyen  Otto  ,  que  le  tni- 
nistre  angljis  tire  parti  de  toutes  les  difficultés  , 
miiliiplie  les  explications,  et  ménage  même  ses 
objcciions  pour  tirer  en  longueur  et  reculer  le 
relus  prémédité  par  lequel  il  a  terminé  la  né- 
gociation. 

Mais  laissons  les  formes  et  entrons  un  mo- 
ment dans  le  fond  de  la  question  même.  Elle 
se  réduit  à  ceci.  Le  roi  d'Angleterre  demande  à 
traiter  de  la  paix  de  concert  avec  l'empereur ,  son 
allié;  le  premier  consul  y  consent  sans  objection. 
Mais  continuera-t-on  de  se  battre  ,  tout  en  par- 
lant de  s'accommoder  ?  c'est  se  placer  sur  un 
terrein  peu  fjvorable.  Les  événemens  de  la 
guerre  amènent  à  chaque  instant  des  changemens 
de  circonstances  qui  doivent  fortifier  les  préten- 
tions d'un  parti  etaigrirle  ressentiment  de  l'autre. 
La  France  et  l'Autriche  l'avaient  senti  :  une  sus- 
pension d'hostilités  avait  éié  le  préliminaire  des 
paroles  de  paix.  Puisque  I  Angleterre  voulait  faire 
cause  commune  avec  son  alliée  ,  ce  préliminaire 
nécessaire  de  la  négociation  devait  leur  être 
commun.  Il  était  donc  conforme  à  la  nature  des 
choses  ,  qu'une  trêve  maritime  entre  la  France  et 
l'Angleterre  ,  s'établît  avant  d'entrer  dans  la  dis- 
cussion désintérêts  qui  les  divisent. 

Le  commissaire  français  présente  un  projet 
d'atmistice  naval  qui  est  rejeté  ;  et  le  minisire 
anglais  présente  un  contre-projet  qui  se  trouve 
inadmissible.  Dans  cet  état  de  choses  ,  le  gouver- 
nement de  France  rédiail  les  propositions  à  l'al- 
ternative ou  d'entamer  une  négociation  commune 
avec  lAnglelerre  et  l'Autriche  ,  en  concluant  un 
armistice  suivant  le  projet  modifié  que  proposait 
la  France  ,  ou  de  négocier  Une  paix  séparée  avec 
1  Angleterre  ,  en  concluant  l'armistice  suivant  le 
projet  proposé  par  le  ministère  britannique. 
•  Dans  cette  manière  de  simplifier  la  question  , 
et  d'ouvrir  à  l'Anijleierre  deux  voies  pour  en- 
trer dans  la  négociation  ,  il  est  difficile  de  ne 
pas  appercevorr  avec  évidence  le  désir  sincère 
d'arriver  prompteraent  à  une  conciliation.  Les 
deux  points  essentiels  de  la  contestation  étaient 
donc  1°  la  possibilité  et  les  conditions  d'une 
armistice  maritime  ;  ï°  la  convenance  d'une  paix 
séparée. 

11  n'est  pas  nécessaire  de  prouver  la  possibilité 
d'un  armistice  maritime.  Il  y  ea  eut  un  de  con- 
clu entre  la  France  et  l'Angleterre  au  congrès 
d'Utrecht  en  1712,  Il  est  vrai  qu'à  ce  congrès, 
des  préliminaires  avaient  été  signés  ,  lorsque 
l'armistice  fut  convenu.  Le  concours  de  ces 
deux  mesures  est  favorable  saus  doute  à  la 
conciliation  ;    mats    H   n'est    pas     indispensable 


l'impression  naturelle  qUc  produisent  des  vi<:toire3. 
multipliées  ,  cette  influence  morale  qui  augmente 
les  forces  du  vainqueur  par  la  confiance  ,  et  dirai- 
nue  celle  du  vaincu  par  le  sentiment  contraire. 

L'avantage  lé  plus  imponant  que  trouvait  la 
France  dans  la  trêve  maritime  ,  c  étai^t  sans  doute 
celui  déporter  des  renforts  et  des  subsistances  à 
la  garnison  de  Malte  et  à  l'armée  d  Egypte  ;  mais 
cette  sollicitude  du  premier  consul  pour  le  sort 
de  ces  braves  troupes  ,  était  un  devoir  sacré  que 
lui  prescrivait  1  humanité  autant  cjne  l'intéiêl  na- 
tional. Que  demandait-il  dans  le  projet  de  trêve? 
pour  Malte  ,  les  moyens  de  vivre  ;  pour  l'armée 
d'Egypte  ,  les  moyens  de  se  défendre  contre  des 
peuples  cruels  et  perfides.  Q^ielle  barbare  poli- 
tique que  celle  qui  voudrait  s'allier  à  la  tainine 
pour  faire  périr  des  guerriers  qu'on  n'a  pu  vain- 
cre !  qui  refuse  du  pain  à  un  ennemi  ,  à  qui  l'on 
offre  la  main  pour  se   réconcilier  ! 

Le  refus  que  fesait  le  ministère  britannique 
dans  son  projet  d'armistice  î  de  laisser  porter 
des  secours,  même  limités  ,  à  l'armée  de  Malte 
et  d  Egypte  ,  se  présente  encore  sous  un  point  de 
vue  remarquable.  Le  lord  Grenville  avait  établi 
pour  base  de  l'armistice  ce  principe  spécieux,  que 
la  position  des  deux  parties  devait  rester  telle 
qu'aucune  des  deux  n'acquit  des  avantages  sut 
l'autre  qu'elle  n'eût  pas  eus  sans  l'armistice.  Ce 
principe  a  une  apparence  imposante  dejusiice  ; 
mais  en  voulant  l'appliquer  avec  rigueur ,  il  don- 
nerait lieu  à  des  difficultés  i.jterminables  ;  car  , 
dans  une  susjiension  d'hostilités  entre  deux  na- 
tions en  guerre  ,  il  ne  peut  jamais  y  avoir  une 
telle  parité  de  circonstances  ,  un  tel  équilibre 
d'intérêts,  que  l'une  des  deux  ne  trouvât,  quelque 
avantage  dans  la  trêve. 

Si  la  France  avait  conclu  un  armistice  à  la 
condition  de  ne  porter  aucun»  secours  aux 
troupes  de  Malte  et  d  Egypte  ,  elle  se  serait  évi- 
demment mise  dans  une  posision  plus  défavo- 
rable à  cet  égard  ,  qu'en  restant  en  état  de  guerre. 
Dans  ce  dernier  cas  ,  elle  pouvait  espérer  de 
faire  ce  qu'elle  avait  déjà  fait,  de  faire  passer  à 
Malte  et  à  Alexandrie  ,  quelques  vaisseaux  qui 
échapperaient  à  la  vigilance  des  escadres  enne- 
mies. Dans  l'armistice  ,  suivant  le  plan  des  an- 
glais ,  nulle  ressource  ne  restait  à  la  France. 
N'était  -  ce  pas  une  mesure  vraiment  hostile 
qu'une  telle  suspension  d'hostilités  ? 

Le  contre  -  projet  des  anglais  est  une  combi- 
naison astucieuse  ,  où  la  bonne  foi  et  le  desit 
de  la  conciliation  ne  se  montre  point.  Tous  les 
bénéfices  sont  pour  l'Angleterre  ;  la  liberté  de 
navigation  pour  les  vaisseaux  de  commerce  ,  est 
d'un  faible  intérêt  pour  la  France.  Une  4rève  qui 
peut  être  rompue  à  chaque  instant ,  n'olFre  pas  une 
garantie  suffisante  pour  encourager  les  commec- 
çans  à  des  expéditions  de  quetqu'importance.  Le 


L'une  n'en  serait  pas  moins    sans  f  autre  un  pas  )  commerce  des  anglais  étant  au  contraire  en  pleine 


vers  la   paix, 

D'ailleurs  ,  qui  empêchait  le  ministre  britan- 
nique de  proposer  des  préliminaires  ?  Toute  la 
conduite  du  premier  consul  ,  dans  cette  guerre  , 
ne  permet  pas  de  douter  qu'il  n'eût  accueilli 
avec,  empressement  une  propositiafc  qui  aurait 
tendu  à  accélérer -la  négociation.  Et  «rtes,  l'An- 
gleterre avait  à  l'époque  du  traité  d'Utrecht  de 
plus  fortes  raisons  qu'aujourd'hui  de  se  refuser 
à  un  armistice.  La  France  épuisée  au-dedans  , 
vaincue  au-dchors  ,  sans  finances  ,  sans  com- 
merce et  sans  marine  ,  avait  tout  à  gagner  à 
une  suspension  d'hostilités  par  mer.  Aujourd'hui 
la  France  victorieuse  en  Allemagne  et  en  Italie  , 
rassurée  de  ses  commotions  intérieures  ,  riche 
de  ses  ressources  naturelles  ,  n'a  de  commun 
avec  ce  qu'elle  était  alors  que  l'affaiblissement 
de  sa  marine  et  de  son  commerce. 

Sans  doute  ,  les  arrangemens  d'un  armistice  par 
mer  présentent  des  difficultés  que  n'offre  point 
un  armistice  continental  ;  mais  ces  difficultés  sont 
un  objet  de  discussion  ,  et  tout  se  concilie  aisé- 
ment quand  on  discute  de  bonne-foi. 

Il  n'est  pas  douteux  non  plus  qu'une  trêve  ma- 
ritime n'eût  des  côtés  plus  défavorables  à  l'Angle- 
terre qu'à  la  France.  Cette  considération  n'a  été 
ni  dissimulée  ni  éludée  par  le  gouvernement  fran- 
çais. Il  n'a  demandé  l'armistice  maritime  que 
comme  une  préparation  nécessaire  au  succès  de  la 
négociation.  Si  l'Angleterre  y  trouve  quelques  dé- 
savantages ,  c'est  un  sacrifice  qu'elle  fera  sur  l'autel 
de  la  paix,  un  gage  qu'elle  donnera  de  la  sincé- 
rité de  ses  dispositions  à  un  accommodement  juste 
et  raisonnable  ;  et  les  avantages  qui  pouriaicnt 
en  résulter  pour  la  France  ne  seront  qu'une  com- 
pensation de  ceux  que  l'armistice  continental  a 
procurés  à  1  Autriche, 

Ce  dernier  point  a  été  parfaitenaent  discuté  par 
le  commissaire  français.  En  efTet  ,  l'armistice  con- 
tinental donne  à  la  cour  de  'Vienne  le  moyen  de 
réorganiser  ses  armées  ,  de  convertir  en  soldats  , 
en  armes-,  en  munitions  de  toute  espèce  les  sub- 
sides que  lui  fournit  l'Angleterre,  de  fortifier  et 
de  ravitailler  les  places  de  2".  et  3=.  ligne  qui 
avaient  été  négligées  ,  parce  qu'on  n'avait  pas  pu 
prévoir  la  rapidité  des  succès  des  armes  françaises. 


gut   par   l'ambassadeur   d'Angleterre    à   Vienne,     Six  mois  de  repos  auraient  suffi  pour  ranimer  le 
pour  annoncer  l'intention  où  est  S.  M,   B.  d'in-  ;  zèle  et  le  courage  des  troupes ,  et  pour  affaiblir 


activité,  n'étant  plus  inquiété  alors  par  nos  cor- 
saires ,  soulagé  par  là  même  dans  le  prix  des 
assurances,  aurait  pris  un  nouvel  accroissement. 

Comme  les  bénéfices  de  ia  course  sont 
en  faveur  de  la  France  ,  elle  n'avait  un  véri- 
table intérêt  dans  l'armistice  ,  que  par  ia 
facilité  de  secourir  ses  colonies  et  les  conquêtes 
qu'elle  a  faites  au-delà  des  mers  ,  et  c'est  cet 
avantage  que  le  ministère  anglais  voulait  lui 
interdire. 

Je  viens  de  parler  du  peu  de  sécurité  qu'aurait 
donné  un  tel  armistice  aux  spéculations  de  nos 
négocians.  Il  résultait  en  effet  d'une  des  stipu- 
lations du  traité  proposé  par  les  anglais,  que  la 
trêve  aurait  pu  être  rompue  dans  toutes  les 
mers,  par  les  commandans  des  différentes  es- 
cadres de  S.  M.  B.  ;  ainsi  ,  lorsqu  un  vaisseau 
français  ,  navigant  sur  la  foi  de  larraislice  ,  au- 
rait paru  devant  une  station  anglaise  ,  le  commt- 
dore  aurait  été  le  maître  de  s'en  emparer,  en  dé- 
clarant la  trêve  rompue. 

Revenons  à  des  considérations  plus  générales. 
Tout  autorisait  à  craindre  que  I  Angleterre  ne 
demandât  à  intervenir  dans  la  négociation  de 
Luneville  ,  que  pour  l'embarrasser  et  la  pro- 
longer ,  et  non  pour  accélérer  la  pacification 
de  1  Europe.  C  était  donc  un  acte  de  sagesse 
et  de  saine  politique ,  que  de  refuser  de  l'y 
admettre  ,  avant  qu  elle  eût  donné  des  preuve* 
d'un  véritable  désir  de  conciliation.  Cette  puis- 
sance gagne  seule  à  la  guerre,  La  continuer  sur 
mer  ,  p:;ndant  qu'elle  est  suspendxie  sur  le  conti- 
nent ,  aurait  été  pour  elle  d'un  avantage 
immense. 

Ce  n'est  point  calomnier  la  politique  anglaise 
que  de  se  défier  des  moyens  faciles  et  connu» 
quel  e  sait  si  bien  employer  pour  prolonger  une 
négociation  ,  quand  elle  n'a  aucun  inieiêt  à  la 
terminer.  Cjiaque  incident  aurait  pu  amener  une 
difficulté  ;  chaque  proposition  nouvelle  aurait  été 
une  occasion  d'expédier  un  Courier  ;  chaque 
différence  d  opiniop  entre  les  ministres  ,  même 
des  cours  alliées  ,  aurait  nécessité  des  instructions 
nouvelles.  Rien  ne  pouvait  empêcher  que  le 
congrès  ne  durât  des  années  entières  ,  et  que  ce 
vain  combat  de  subtilités  diplomatiques  ne  con- 
sommât la  ruine  de  nos  solonies  et  de  notre  com- 
merce; ne  relevât  les  forces  et  le  courage  de  l'Au- 
triche ;   ne  donnât  lieu  à  de  nouvelles  intrigues^ 


et  ne  prolongeât  ks  troubles  de  l'Europe  et  le 
nialUeur  des  peuples. 

Un  seul  moyen  pouvait  prévenir  tant  de  roaux  : 
c'était  un  armistice  naval.  Ôueis  misérahl"S  calculs 
de    commerce   pourrail-tm    opposer   à    laji    de 
motifs  d'humaniié  qui    sollicitent  celle  mesure  ? 
Mais  l'expérience  des  tems  l'a  prouve  :  il   ne  faut 
pas  attendre  de  générosité  d'une  politique    mer-  | 
cantile.   L'intérêt    de    l'humanité  n'est   plus   pour 
les  anglais  qu'une  de    ces   idées   générales   qu  ils  [ 
ont  réléguées    dans   leurs   livres.   Dans    tous   les  | 
tems  ,  l'intérêt   de  leurs  alliés  a  été  sacrifié  à  celui  : 
de  leurs    comraeiçans.   Ils   prodiguent  l'or  pour  ' 
armer  les  peuples  du  continent  ;   mais  ils   savent 
que  cet  or  leur  reviemira  bientôt   par  les  canaux  j 
innombrables  du   couimerce    exclusif  qu'ils   ont 
ta  s'arroger  par    If  ur  cupide  industrie  ,   et  qu'ils 
veulent  consolider   par   leur   intolérable  despo- 
tisme. 

Dans  le  discours  prononce  par  le  roi  d'Angle- 
terre à  1  ouverture  du  Parlement ,  il  a  dit  que  la 
négociation  pour  la  paix  avait  échoué,  parce  que 
)a  France  ne  voulait  conseniir  qu'à  une  paix 
léparée.  I!  esl  éionnani  que  les  ministres  meiteni 
daps  la  bouche  du  roi  une  assertion  si  contraire 
a  la  vérité;  elle  est  démentie  par^lout  le  cours 
de  la  négociation  ;  elle  a  éié  réfutée  dans  quel- 
ques journaux;  la  réponse  était  facile,  mais  il 
convenait  de  la  feire. 

Je  terminerai  par  une  réflexion.  Le  lord  Gren- 
ville  ,  après  être  convenu  que  le  gouvernement 
Irançdis  avait  acquis  asstz  de  consistance  et  de 
solidité  pour  qu  on  traiiât  de  la  paix  avec  le 
premier  consul,  ajoute  :  la  paix  est  désirable, 
mais  elle  l'est  moins  que  ta  f  délite'  à  nos  engage^ 
mens. 

Quelle  morale  !  quoi  !  la  guerre  n'est-elle  pas 
un  crime  ,  quand  elle  n'est  pas  indispensable  ? 
Et  l'obligation  de  ne  pas  verser  le  sang  des 
^  hommes  sans  nécessité  .  u'esi-elle  pas  un  enga- 
gement aussi  sacré  que  ceux  que  des  iniérêls  tro- 
mentanés  et  inceitains  font  contracier  aux  chefs 
des  gouvernemcns  ?  Par  un  ami  de  la  paix. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrité  du  5  frimaire. 

s  Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
qui  leur  a  été  lait  par  le  du  ministre  des  finances 
•des  exportations  considérables  de  beurres  et  de 
chairs  salées  qui  s'opèrent  dans  différens  ports, 
arrêtent  : 

Toute  exportation  à  l'étranger,  de  beurres  et 
de  ch.-irs  sa!ét$  est  su^pecdue  ,  jusqu'à  ce  qu'il 
en  ail  é'é  auîrtmeni   ordonné. 

Le  minisire  de.  finances  est  chargé  de  1  exé- 
cution du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au  Bul- 
letio  dc6   lois. 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,   H.  B.  Maret. 


271 

liers ,  mit  le  grenatlier  hors  de  combat  d'un  coup 
de  bayonnelte  ,  et  força  l'autre  cavalier  à  se 
retirer. 

Le  cit.  Sallior  ,  chasseur  ,  détaché  ch  (iraillcur , 
ayant  éié  chargé  par  deux  cavaliers  autrichiens, 
en  tua  un  et  démonta  l'autre. 

Tous    de    la  9'   légère. 

Leur  décerne  ,  à  li're  de  récompense  nationale  , 
à  chacun  un  fu.'i'  d  honneur. 

Ils  jouironi  'les  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense  p«<r  l'arréié  du  4  nivôse  an  S. 

Donné  à  ï^arij ,  le  8  frimaire,  an  9  de  la 
répubjique  françaisi. 

Le  premier  consul,   signée  Bonaparte. 
Par  le  premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  sigué,  H.  B.  Maret. 
Le  ministre  de  ta  guerre,  signé ,  Alex.  Berthier. 


Au   NOM      DU     PEUPLE     FRANÇAIS. 

Brevet  d'honneur. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  , 
d'après  le  compte  qui  lui  a  éié  rendu  delà  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  que 
les  Atpyens  ci-après  désignés  ont  tenue  à  la 
bataille  de  Maringo  ,  savoir  : 

Le  citoyen  Davion  ,  sergent- major  ,  pénétra 
plusiisurs  fois  dans  les  rangs  ennemis,  et  y  fit 
quatre  prisonniers. 

Le  cit.  Petit,  sergent-major,  s'avança  seul  sur 
les  liraillcuts  autrichiens,  en  tua  plusieurs,  et  en 
lit  trois  priionniers. 

Le  cit.  Benoist  ,  sergent  ,  détaché  en  tirailleur , 
ayant  été  chargé  par  deux  cavaliers  autrichiens  , 
en  démonta  irrr  ,  et  Ct  l'autre  prisonnier. 

Le  cit,  Jacrjiies  ,  sergent,  ayant  éié  chargé  parla 
cavalerie  ennemie,  dont  le  but  était  de  tomber 
sur  le  bataillon  ,  la  tint  en  respect  par  son  intré- 
pidité ,  démonta  plusieurs  cavaliers  ,  et  força  les 
autres  à  se  retirer. 

Le  cit.  Maquart  ,  sergent,  à  la  tête  d'un  piquet 
de  six  hommes,  fil  preuve  de  beaucoup  de  fer- 
meté ,  en  résistant  avec  succès  à  une  charge  de 
douze  cavaliers  ennemis. 

Le  cit.  Bouvier ,  caporal  de  carabiniers  ,  péné- 
tra à  diverses  reprises  (fins  les  rang<  ennemis  , 
ety  tua  plusiu-urs  hommes  à  coup  de  bayonnetie.. 

Le  cit.  Mjhut  ,  caporal  de  carabiniers  ,  voyant 
,  un  officier  de  drat^ons  sur  le  point  de  tomber  au 
pouvoir  de  l'ennemi,  vole  à  son  secours  .  rue  un 
nés  auiiicHicris  rjui  le  poursuivaient,  met  les 
autres  en  fuiie ,  et  reçoit  un  coup  de  feu  au 
moment  où  il  allait  saisir  le  cheval  du  cavalier 
qu'il  avait  tué. 

Le  cit.  Camus  ,  carabinier,  démonta  deux  ca- 
valiers, qu'il  lit  prisonnieis. 

Lecit.  Vinot,  cirasstur  ,  détaché  en  tirailleur  , 
ayant  éié  assailli  par  deux  tavjlieis  autrichiens  et 
un  grenadier  hongrois  ,  démonta  l'uiî   des  cava- 


TRIBUNAT. 

Présidence  de   Thieaé. 

SUITE    ÛE    LA    SÉANCE   DU    ^    FRIMAIRE. 

Suite  de  la  motion  d'ordre  d'Arnouïd. 

Depuis  la  réunion  de  la  Belgique  ,  il  importe 
de  coustaier  quelle  a  été  1  influence  de  cet  im- 
portant grenier  sur  le  prix  propoitionnel  du  bré 
dans  toute  la  république. 

Je  prendrai  ,  pour  documens  à  cet  égard  ,  le^s 
mercuriales  adressées  au  département  de  l'inlé- 
ricur  de  tous  les  marchés  de  la  France  ,  et  dont 
les  résultats  généraux  ont  été  publiés  dans  les 
feuilles  périodiques. 

En  opérant  sur  l'année  moyenne  des  trois  écou- 
lées depuis  la  chute  du  papier-monnaie  ;  savoir  : 
l'an  5  ,  l'an  6  et  l'an  7  , 

On  trouve  que  sur  les  lo3  départemens  qui 
composent  aujourd'hui  la  république  française  , 

Le  prix  moyen  du  septier  de  bled  ,  mesure  de 
Patis ,  de  «40  liv.  pesant,  a  été   comme  il  suit  ; 

Dans  les  38  départemens  du  nord  ,  du  nord-est, 
du  centre  et  de  la  Belgique,  il  est  de  Ql  francs 
96  cent.  ,  et  la  population  cumulative  est  de  11 
millions  670  mille  individus. 

Dans  les  3o  départemens  de.  l'est ,  de  l'ouest  et 
du  nord-ouesi,  le  prix  moyen  à  été  de  97  f.  Sî  c.  , 
et  la  population  cumulative  de  9  millions  881  mille 
iadrvrdus. 

Dans  les  vingt-huit  départemens  du  sud  ,  du 
sud-esi  ,  et  du  sud-ouest  ,  ce.prix  moyen  est  de 
35  fr.  4  cent.  ;  la  population  cumjuladve  est  de 
'7  millions  48  mille  individus.        ,     • 

Dans  le  département  de  la  Seine  ,  le  prix  moyen 
esl  de  20  fr.  62  cent. 

Les  renseigneraens  sont  incomplets  pour  les 
deux  dépatteraews  de  la  Corse  ,  et  pour  les  quaue 
du  Rhin  et  iVIoselle. 

Ainsi  ,  depuis   l'acquisition    du   grenier  de  la 
Belgique  ,    le  minimum  du  prix  du   blé   a  été    eti 
France  ,     taux  moyen   des    années 
5,    6    et  7  ,  de al   fr.  96  c. 

'Le  médium  de... 27  —   Sa 

Le  maximum  ,  de .     35  —     4 

Il  résulie  plusieurs  vérités  de  fait  de  cette  com- 
paraison. 

1°.  Malgré  l'acquisiyon  de  ce  nouveau  grenier, 
la  diflFérence  comparative  du  prix  du  blé  au  Nord 
et  au  Midi  est,  année  moyenne,  sur  trois  dans 
la  proportion  de  22  fr.  à  35  fr.  ;  ce  qui  donne  , 
dans  le  lieu  de  consommation  ,  60  pour  cent 
au-delà  du  prix  qui  existe  dans  le  lieu  de  pro- 
duction. 

2°  La  difFérence  serait  biçn  plus  considérable  , 
si  la  comparaison  portait  séparément  entre  cha- 
que déparlement.  Par  exemple  ,  le  prix  moyen 
dans  tout  le  courant  de  1  an  8  ,  a  été  seulement 
de  16  fr,  56  centimes  le  septier  de  Paris  ;  dans 
le  dépanemeni  de  la  Marne,  ci-devant  Cham- 
pagne ,  où  est  Châlons  ,  Reims  ,  etc.  ce  prix 
moyen  de  l'annéi  est  monté  à  60  fr.  19  cent.  ; 
dans  le  département  du  Var  où  est  Toulon  ,  et 
même  dans  ce  dernier  département  ,  le  prix  du 
blé  ,  en  veniôse  dernier  ,  s'est  élevé  jusqu'à 
81  fr.  54  centime».  C'est  ,  comparé  au  prix  de 
16  à  17  tr.  ,  prés  de  quatre  cetîts  pour  cent 
d'augmeniaiion  du  prix  du  lieu  di?  production  à 
celui   de  consommaiion.  (l) 


Il  n'y  a  pas  de  doute  que  cette  grande  varia- 
tion ,  dans  un  moment  de  guerre  ,  a  également 
pour  cause  et  la  difficulté  d'approvisionner  I4 
Midi  par  la  Méditerranée  ,  et  les  obstacles  de 
plusieurs  natures  des  communicaiions  intérieures, 
dont  les  effets  à  la  vente  ,  sous  le  gouvernement 
protecteur  de  lan  8  ,  se  sont  fait  généralement 
moins  ressentir  que  les  années  précédentes  dans 
touie  la  république  ;  mais  dont  le  résultat  n'est 
encore  que  trop  onéreux  au  propriétaire  culti- 
vateur qui  volt  ,  par  les  frais  de  iranspOTt  .  sa 
denrée  doublée  ou  iriplée  de  prix  ,  loisqu'il  est 
foicé  par  le  fisc  de  réaliser  d  avance  ,  à  vil  prix  , 
ses  récoltes. 

Le  génie  administratif  ne  saurait  donc  provo- 
quer irop  tôt  des  moyens  piompls  ei  efficaces  , 
de  communications  en  tout  sens  du  Nord  ait 
midi  de  la  France.  Les  eneouragemciis  pour  la 
construction  des  canaux  ,  le  curcmcnl  des  ports 
maritimes  et  des  rivières  ,  la  rcslauiation  et  la 
confection  des  routes  ,  les  déirichemens  ouïes 
desséchemens  ,  l'acqu  sition  accélérée  de  -rilu- 
sieurs  branches  considéiabics  ,  d'une  in.iustria 
recherchée  dans  la  consrjmmalion  iniérieure  ou 
de  1  Europe  en  général  ,  la  création  des  chefs-" 
d'oeuvre  des  arts  qui  commandent  l'admiratioa 
et  appellent  les  richesses  des  étrangers  ;  lous  ces 
produits  ,  d'un  travail  manuel  ou  iiilelleciuel  , 
doivent  donc  faire  1  objet  des  arnélioraiions  à 
réaliser. 

Il  serait  facile  de  réunir  d'aulres  exemples 
aussi  frappans  que  ceux  qui  précédent  .  pour 
prouver  quelles  autres  branches  impoitantes  de 
l'économie  politique  sollicitent  l'éiablifsement 
secourable  d'un  fonds  d'amélioration  spécial  j 
permanent  et  progressif  pour  1  agriculture  ,  lô 
comiiierce  ,  les  manufactures  et  les  arts  ;  mars 
chacun  de  vous  ,  citoyens  collègues  ,  est  à  por- 
tée ,  à  cet  égard  ,  de  faire  une  heureuse  appli- 
cation des  mêmes  idées  aux  diverses  localités 
de  la  république  qui  lui  sont  plus  particulière- 
ment connues. 

Le  gouvernement  direciorial  avait  sollicité,  par 
un  message  du  ig  germinal  an  4  ,  une  loi  pour 
les' encouragemcns  ,  et  celle  du  6  messidor  de 
la  même  année  en  avait  déterminé  le  montant  à 
4  millions,  valeur  fixe.  La  chute  du  papier-mandat 
ayant  rendu  nulle  cette  valeur,  deux  nouveaux 
messages  successifs  des  23  brumaiie  an  5  et  2g 
pluviôse  an  6  ,  recommandereut  cet  objet  à  l'at- 
tention sérieuse  du  corps  -  législatil  ;  mais  la 
marche  toujours  entrriîiiantc  des  événemens  , 
empêcha  qu'il  ne  fût  définitivement  statué  sur 
le  mode  de  paiement  des  4  millions  fixés  pour 
encouragement  ,  par  la  loi  du  6  messidor  an  4. 

Tel  sera  toujours  le  sort  d'une  mesure  isolée 
qui  ne  prendia  pas,  comme  dans  l'cspcce  pro- 
posée ,  le  caractère  d  une  instituiion  économiqua 
permanente.  Il  s'agit  donc  aujourd'hui  d'en  jeter 
les  bases,  et,  à  cet  cflet ,  de  reconnaître  comment 
on  peut  lui  assigner  Un  fonds  spécial. 

Le  choix  de  cetie  assignation  ne  peut  être 
difficile  ,  et  il  peut  paraître  surprenant  que  la  loi 
n'est  point  encore   prononcée  ,   que  tout    fonds 


d'amélioration 


pour   1  agriculiure  ,  les    canaux. 


(l)   On  peirt  voir  encore,  par  les  résultats  qui  précèdent  sur  l^ 
prix  moyen  de  trois   années  .   r"  qu'une  population  de  ri  millions 
670    mille  individus  paie   en   Fr.mce  constamment   k   blé  22    fr. 
le  septier*  de  2,lû  livres  ;    2"  qu'une   autre  population  de  16  mil- 
lions 9:^0  mille  individus  acheté  la  même  mesure  au  taux  moyen 
:    de  32  Irancs.    C'est  la  manière   la  moins  défavorable   d'envisager 
i   ces  résuUat.s  ,  car  fiiire    un  prix  commun    poru-  toure  la  France  , 
;   comme  il  arrive  a   quelque  publitiste  ,    en  cumulant    le  prix   du 
!  Hctr  de  la  irroducLion  avec  celui   du    lieu  de    consoiriniation  ,    ce 
j   serait  additionner  deux  calamirés  ;  le  bas    prix    cC    le  lla-t   prix 
cfui  ,  se  confondant  numériquement  ,  ne  peuvent  jarrrais  présenter 
l   qu'un  symptôme  trompeur    de  prospérité  ,  si    l'on  ne  décompose 
pas  et  si  l'oir  ne  grouppe  pas  les  tlémeos  dsi  divori  pri»  dli  ble  , 
',  suivant  les  localitéi  de  la  Franci. 


le  commerce,  les  manufactures  ei  les  arts  ,  serait 
pris  sur  les  produits  des  droits  d'importation, 
d'exportation  et  de  navigation  dont  la  percep- 
tion constitJxe  les  douanes. 

En  efFet ,  tout  droit  de  celte  nature  n'est  essen- 
tiellement qu'une  avance  ou  un  fonds  commun  , 
formé  par  les  tributs  partiels  du  commerce  d'un 
état  ,  pour  le  plus  grand  avantage  et  la  plus  heu- 
reuse extension  de  l'agriculture,  des  manufac- 
tures et  des  aits  dans  le  p:iys  où  ces  droits  sont 
établis.  Montesquieu  observe  que  les  douanes 
bien  organisées  doivent  concourir  au  bien  géné- 
ral de  1  état  :  l'auteur  de  la  Richesse  des  Nations  , 
en  blâmant  les  peuples  modi'rnes  de  leur  insou- 
ciance pour  le  commerce  iniérienr  et  dé  leur 
extrême  dévouement  au  commerce  extérieur,  re- 
marque qu'ils  ont  fait  servir  les  douanes  .  soit  à 
gêner  et  à  restreindre  les  imporlations  étrangères, 
soit  à  étendre  par  des  primes  les  exironatiorts' 
nationales.  Le  livre  sur  la  balance  du  commerce 
a  été  plus  loin  ,  en  désirant  que  le  législateur  fasse 
tourner  les  produits  des  riouancS  ,  au  progrés  du 
commerce  intérieur;  >)  alors,  dit-il,  l'activité  se- 
rait conservée  aux  extrémités  de  l'empire  ,  et  la 
centre  participerait  au  mouvement  et  à  la  vie  qui 
doivent  être  communiqués  à  toutes  les  parties  du, 
corps  poliiique.  (Tome  II ,  page  94.)  .    . 

C'est  donc  sur  ce  produit  ou  revenu  des  droits' 
d'importation,  d'exportation  et  de  navigation', 
que  tout  fonds  d'amélioration  doit  être  naturel-' 
lement  assigné  ,  non  seulemj;nt  pour  ne  pas  être' 
illusoire  ,  mais  pour  devenir  encore  le  gériéia- 
leur  d'un  plus  grand  produit  de  ce  même  revenu, 
qui  ,  ayant  pour  base  les  matières  récoltées  ,  fa- 
briquées ou  çoramercées  ,  ressenlira  nécessaire- 
ment les  elFets  progressifs  de«  améliorations  réa-' 
lisées. 

Comme  l'on  voit ,  en  principe  ,  la  lolalilé  du 
produit  net  des  douanes  ne  devrait  avoir  que  ce' 
genre  d'afFcctalion  ,  pour  devenir  .ninsi  caisse' 
d'agriculture  et  de  commerce,  au  lieu  de  de- 
meurer tionc  fiscal  ;  mais  pour  uc  rien  déranger 


27« 


dans  ce  momept  aux  deux  budgets  de  l'an  8  et 
de  l'an  g,  qui  ont  compris  les  douanes  pour 
"8  raillions  dans  les  recettes  au  profit  du  trésor 
public  ,  je  ne  réclamerai  poiir  fonds  d'améliora- 
tion que  l'excédent  du  produit  au-delà  de  8  mil- 
lions (  I  ). 

Il  résulte  de  renseignemens  positifs  et  irrécu- 
sables, que  le  produit  net  des  douanes  a  éié  en 
laii  8  d'environ  i3  millions  8oo  mille  francs  ;  ce 
qui  donne  au-delà  de  8  millions ,  un  excédent  de 
près  de  6  millions. 

Il  serait  donc  d'une  législation  sage  et  pré- 
voyante, non-seulement  de  consacrer  cet  excé- 
dent au  fonds  d'amélioration  proposé,  mais  de 
prononcer  encore  qu'à  l'avenir,  tout  excédent, 
à  quelque  somme  qu'il  puisse  monter  au-delà 
de  8  millions ,  tonrnerait  en  enconragement  de 
l'agriculture,  du  commerce  et  des  arts. 

Vous  appercevez  ,  citoyens  collègues  ,  tons  les 
avantages  de  cette  assignation  ;  si,  par  exemple, 
l'excédent  du  produit  net  des  douanes  au-delà  de 
8  miiiions  ,  s  élevait  successivement  à  7  millions 
«ur  un  revenu  net  de  i5  millions  ,  comme  en 
l'ati  5  ,  il  serait  possible  ,  d'après  de  fructueuses 
combinaisons  ,  d'attirer  successivement  100  mil- 
lions de  capitaux  étrangers  ou  nationaux  ,  par 
exemple  ,  vers  la  confection  des  canaux  ,  le 
curtment  des  ports  ,  les  défricbemens ,  les  des- 
séchemens  ,  ou  autre  genre  d'amélioration. 
L'effet  de  cette  aspiration  de  capitaux  externes 
pu  stagnans  dans  l'intérieur,  serait  de  vivifier 
la  circulaiion  ,  conséquemment  d'accroître  le 
mouvement  et  les  quantités  des  malieies  recollées , 
fabriquées  et  commercées  ,  et  dinfluer  ainsi 
d'abord  sor  le  produit  des  douanes  .  qui  pour- 
raitmonter  à  20  raillions  les  années  subséquentes  : 
ce  serait  alors  12  millions  d'excédent  au-delà  de 
8  ,  et  ces  12  millions  composeraient  le  tonds 
d'amélioration,  devenu  de  celte  ujiiniete  pro- 
gressif par  son  action  sur  lui-même.  Son  exis- 
tence et  sa  distribution  légale  ,  en  ravivant  ainsi  , 
sans  que  le  calcul  puisse  déterminer  la  piopor- 
tion  ,  toutes  les  branches  d'industrie  agricole  el 
manufacturière  ,  augmenteraient  encore  pai-là  , 
au  profit  du  trésor  public  .  louies  les  recettes 
assises  ,  tant  sur  les  terres  que  sur  les  transac- 
tions et  les  consommations.  Celle  combinaison 
très-simple  .  et  puisée  dans  la  nature  des  choses, 
aurait  donc  pour  objet,  comme  pour  résultat , 
délevcr  perpéiuelltmeni  les  revenus  des  parti- 
<:uliers  ,  afin  de  grossir  sans  violence  les  recettes 
publiques. 

J'ose  dire  que  le  moment  est  pressant  pour 
l'adoption  d'une  semblable  mesure  ,  soit  qu'on  la 
considère  sous  le  rapport  des  espérances  fondées 
d'une  pacification  ,  soit  qu'on  l'envisage  sous  le 
point-dc-vue  li'un  état  prolongé  de  guerre,  soit 
qu'on  pesé  son  influence  sur  l'aisance  du  trésor 
public  ,  soit  enfin  qu'on  réunisse  à  toutes  ces  con- 
sidérations ,  les  raisons  de  politique  qui  ne  per- 
mctlent  plus  d'ajourner  l'activité  des  entreprises  : 
c'est  par-là  que  doivent  être  effacées  jusqu'aux 
traces  de  nos  calamités  passées;  c'est  par-là  que 
les  hommes  seront  mis  en  rapport  avec  les  choses  , 
au-lieu  de  s'cntre-déchirer  ;  c"est  par-là  que  doit  | 
être  opéré  le  licenciement  paisible  et  fructueux 
des  armées  continentales  ;  c'est  aussi  par-la  que 
feront  assurés  les  moyens  de  tr.ivail  et  de  sub- 
sistance, à  toute  population  qui  refluerait  vers  la 
France  ,  en  venu  du  règlement  du  28  vendé- 
miaire dernier.  Car,  citoyens  tribuns  ,  nous  ne 
devons  pas  perdre  de  vue  un  seul  moment  .que 
si  la  soumission  aux  lois  est  une  dette  sacrée  des 
gdminisiiés  envers  le  gouvernement  ,  si  même 
la  permanence  de  ce  gouvernement  est  une  pro- 
priéié  nationale  qui  ne  saurait  être  violée  saris 
compromettre  toutes  les  autres  propriétés  ptibli- 
ques  et  particulières;  c'est  aussi  une  condition 
qui  dérive  essentiellement  de  tout  pacte  social  , 
que  le  mandat  impose  à  ['autorité  supiéme,  d'ouvrir 
sans  cesse  de  nouvelles  routes  à  lactiviié  de 
L'agricultuie  ,  du  commerce  et  des  arts.  Occu- 
pai'on  el  salaire  ,  voilà  la  liste  civile  des  hommes 
industrieux  ,  parce  que  c'est  le  moyen  le  plus 
économique  ,  et  en  même  tems  le  plus  profitable, 
de  consolider  l'existence  du  gouvernement  qui 
■donne  .  comme  d'assurer  le  bien-êire  et  l'indé- 
pendance de  l'administré  qui  reçoit. 

je  crois  avoir  démontré  toute  l'utilité  de  mes 
propositions  que  je  réduis  aux  termes  généraux 
,suivans  ,  afin  de  ne  pas  entraver  toute  discussion 
ou   toute   détermination   ultérieiire. 

Je  propose  donc  au  tribunal  d'émettre  un  vœu 
«.tpour  qu'il  soit  établi  ou  réservé  ,  à  dater  de 
j;  an  9,  sur  le  produit  net  des  droits  d'importation, 
d'exportation  et  de  navigation  ou  de  douanes  , 
■un  fonds  d'amélioration  qui  serve  d'encourage- 
mens  pour  l'agriculture  ,  les  canaux  ,  le  com- 
merce ,  les   manufactures  et  les  artsî) 

Déjà  des  lois  faites  en  nécessitent  d'autres  sur 
cette  partie  importante  de  l'administration  publi- 
que :  tout  est  donc  conforme  ici  à  l'article  XXIX 


■  { 1  )  Le  rapport  du  ministre  des  finances  ,  annexé  au  message 
des  consuls  du  25  frimaire  ,  an  8  ,  réduit  à  8  millions  le  produit 
Bel  des  douanes  au  profit  du  trésor  public.  Les  observations 
du  conscil-d'étal  sur  le  projet  de  loi  annexé  au  message  des 
consuls  de  ventôse  deiniei  ,  port»  également  ce  produit  des 
douanes  a  8  miUioM. 


de  la  cCfTisiitniion.  Je  demande  en  conséquence  , 
d'après  l'article  XLIV-  de  son  règlement  ,  que  le 
tribunal  nomme  une  commission  pour  l'examen 
de  ma  proposition. 

Cette  commission  est  renvoyée  à  l'examen  d'une 
commission  de  sept  membres,  composée  des  ci- 
loyeiis  Isnard  ,  Laussat ,  Légier  ,  Bosc  ,  Chassiron, 
Arnould  etBérenger. 

La  séance  est  levée. 

CORPS-LÉGISLATIF. 

Présidence  de  Chatry-Lafosse. 
SÉANCE    DU     7      FRIMAIRE. 

Le  procès-verbal  est  iu  et  approuvé. 

Baraillon  obtient  la  parole  pour  une  motion 
d'ordre. 

Baraillon.  Citoyens  législateurs  ,  je  ne  puis 
vous  exprimer  ma  surprise  d'avoir  trouvé  dans  la 
distribution  qui  nous  est  faite,  la  motion  lue  hier 
par.  notre  collègue  Rousseau  ,  imprimée  sous  le 
sceau  du  corps-législatif;  je  ne  pense  pas  que 
cette  assemblée  puisse  autoriser  la  publication 
d'un  écrit  qui  insulte  à  tous  les  membres  désignés 
dans  votre  liste  préparatoire  pour  l'élection  d'un 
candidat  au  sénat-conservateur.  Tous  les  nonas 
que  contient  cette  liste  ,  méritent  l'estime  ptabli- 
que  ,  et  plusieurs  sont  connui  de  l'Europe  entière. 
Je  demande  que  le  corps-législatif  déclare  for- 
mellement quil  désavoue  l'opinion  que  je  liii 
dénonce  ,  et  que  les  frais  d'impression  en  seront 
supportés  par  son  auteur. 

Cette  proposition  est  adoptée. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  sur  les 
changemens  pioposés  aux  articles  XXX  et  XXXI 
du   règlement. 

Saint-Martin,  Je  viens  cojrabattre  la  proposition 
faite  par  notie  collègue  Rousseau,  dans  la  motion 
d'ordre  du  2  de  ce  mois  ;  je  les  crois  inconve- 
nantes  et  inadmissibles. 

Le  citoyen  Rousseau  veut  u  \°  que  tant  qu'un 
orateur  du  tribunal  ou  du  gouvernement  de- 
mande à  répliquer,  la  parole  lui  soit  accordée  , 
et  que  toute  acclamation  générale  ou  demande 
paiiiculiere  de  fermer  la  discussion  ou  d'aller  aux 
voix  .  soit  interdite.  >' 

Ainsi  ,  suivant  notre  collègue  ,  le  corps-légis- 
latif doit  s'imposer  la  loi  d'entendre  les  orateurs 
qui  viennent  dans  son  sein  discuter  les  projets  de 
loi  autant  de  fois  qu  il  leur  plaira  de  demander  la 
parole  ;  il  doit  s'en  remettre  entièrement  à  leur 
discrétion.  Envain  chaque  législateur  aura-t-il  ac- 
quis ,  par  les  premiers  discours  ou  par  les  répli- 
ques, toutes  les  lumières  nécessaires  pour  éclairer 
son  jugement  et  former  son  opinion  ;  aucun  mem- 
bre n'aura  le  droit  de  réclamer  la  clôture  de  la 
discussion  :  bien  plus  ,  il  sera  interdit  à  la  majo- 
rité ,  à  la  généralité  même  de  l'assemblée  ,  de  de- 
mander qu'il  soit  procédé  au  scrutin  ! 

La  loi  du  ig  nivôse  ,  concernant  les  commu- 
nicaiions  respectives  des  auiorités  chargées  de 
concourir  à  la  formation  des  lois  ,  a  voulu  ii  que 
))  la  discussion  ne  puisse  être  fermée  ni  sur  les 
55  propositions  de  loi  ,  ni  sur  les  demandes  de 
I)  nouveau  délai,  qu'après  que  chacun  des  ora- 
>)  leurs  du  gouvernement  ou  du  tribunal  aura  été 
)>  entendu  au  moins  une  fois  ,  s'il  le   demande.  )' 

Nous  avons  été  plus  loin  par  l'article  XXX  de 
notre  règlement  ;  la  disposition  que  contient  cet 
article  ,  et  qu'un  excès  de  précaution  nous  a  fait 
adopter,  ne  satisfait  pas  encore  notre  collègue 
Rousseau  ;  il  pousse  le  scrtipule  jusqu'à  vouloir 
que  nous  nous  lions  de  manière  à  ne  fermer  la 
discussion  ,  à  n'aller  aux  voix  que  par  la  volonté 
des  orateurs,  soit  du  gouvernement,  soit  du 
tribunal. 

Il  n  est  pas  à  présumer  ,  vous  dit-on  ,  que  les 
orateurs  abusent  d'une  pareille  faculté  :  soit  ;  mais 
il  n'est  pas  à  présumer  non  plus  que  le  corps- 
législatif  se  trouve  composé  d'hommes  assez  peu 
iusiruits  et  d'un  entendement  assez  dur  ,  pour 
n'êire  pas  éclairés  par  les  discours  de  quatre  ou 
six  orateurs  qui,  tour  à  tour,  auront  parlé  deux 
fois ,  et  dont  chacun  de  nous  pourra  d'autant 
mieux  saisit  les  raisonnemens  qu'il  aura  d'avance 
médité  sur  la  matière,  d'après  la  lecture  atenlive 
des  opinions  diverses  émises  dans  le  tribunal. 

Et  si  ,  ce  que  je  ne  puis  croire  ,  il  se  présentait 
quelque  matière  tellement  ardue  ,  qu'il  fût 
possible  de  craindre  qu'une  discussion  si  pro- 
longée ne  l'eûtpas  éclairée  suffisamment,  doil-on 
faire  au  corps-législatif  l'injure  de  présumer  qu'il 
se  refusera  à  une  seconde  téplicjue  ?  Peut  -  il 
former  d'autre  vœa  ;  peut-il  avoir  d'autre  in- 
tention que  de  donner  au  peuple  français  de 
bonnes  lois  ? 

Je  ne  conçois  pas  ,  je  l'avoue  ,  ce  qui  peut 
avoir  suggéré  à  notre  collègue  Rousseau  1  idée 
de  la  proposition  que  je  combats.  Peut-il  allé- 
guer quelqu'exemple  que  la  discussion  ait  été 
trop  précipitamment  fermée  ?  Non  ;  mais  j'eii 
pourrais  citer,  moi  ,  où  des  orateurs  ont  été 
patiemment  écoulés  pendant  des  heures  entières  , 
quoiqu'il  n'y  tût  aucun  de  nous  qui,  d'après  les 
ptemiers  discours,  n  eût  son  opinion  bien  fixée. 
)  Il  s'élève  des  murmures.-  ) 


A  la  vérité  ,  il  est  arrivé  que  quelques  mem- 
bres se  sont  permis  de  crier,  aux  voix  avant  que  la 
discussion  eût  été  fermée  ;  mais  ces  mouvcmens 
d'impatience  produits  par  une  intime  conviction 
que  la  madère  était  pleinement  éclaircie  ,  mou- 
vemens  blâmables  sans  .doute  ,  exigeraient  tout 
au  plus  qu'on  ajoutât  au  règUnient  un  article 
pour  les  réprimer.  Je  dis  tout  au  plus  ,  purcc 
qne  cette  addition  me  semble  minutieuse  et  su- 
perflue. 

Le  2'  article  de  la  motion  d'ordre  ne  me  paraît 
pas  mériter  un  meilleur  accueil. 

Suivant  l'aiticle  XXXI,  n  La  discussion  étant 
fermée  le  corps-législatif  ne  peut  ajourner  le 
scrutin  qu'à  la   séance  du  lendemain.  >>. 

Notre  collègue  trouve  que  dans  certains  caç 
le  terme  de  cet  ajournement  est  trop  court,  ij 
veut  que  le  règlement  ne  détermirie  point  ce 
terme  ,  et  que  dans  chaque  affaire  ,  il  soit  fixé 
par  l'assemblée. 

Cette,,  proposition  peut  paraître  spécieuse  au 
premier  coup  -  d'oeil  ;  mais  en  l'examinant  de 
près  ,  on  se  convainct  qu'elle  ouvrirait  la  porte 
à  des  inconvéniens  bien  plus  réels  ,  bien  plus 
graves  que    ceux  qu'elle  cherche  à  prévenir. 

D'abord ,  tant  que  la  majorité  de  l'assemblée  ne 
se  croil  pas  suffisamment  instruite  ,  elle  n'a  garde 
de  fermer  la  discussion  ,  et  lant  que  la  discussion 
n'est  pas  fermée  ,  le  scuiin  ne  peu  s'ouvrir  ;  ainsi 
rinconvénient  auquel  notre  collègue  veut  remé- 
i  dier ,  n'existe  pas. 

Ensuite  ,  ou  le  tribunal  a  voté  le  rejet  du  projet 
de  loi  ,  ou  son  vœu  est  pour  l'adoplion.  Dans  tous 
les  cas,  les  opinions  qui  ont  été  émises  nous  sont 
distribuées  ,  et  par  conséquent  une  li:ciute  atten- 
tive nous  fait,  en  quelque  sorie  ,  assister  aux  dé- 
bats qui  ont  eu  lieu   dans  son  sein. 

Quanta  1  objecilon  faiie   par   notre  collègue, 
quil  arrive  que  la  discussion  s'ouvre  el  se  ferme 
souvent  ici  avant   que   les   opinions   nous  ayent 
été  distribuées  ,  j'y    ai  déjà   répondu  ;  c'est  à  la 
majori'é  du  corps  -  législaiif ,   à  continuer  la  dis- 
cussion ,   si  elle  n'est  point  assez  éclairée;  lois- 
quelle   la  ferme  ,  c'est  qu'elle   croit  avoir  acquis 
I  toutes  les  lumières   dont  elle   a  besoin. 
I      II  est  possible  au  sur-plus  que    l'on  arrête  par 
j  addition  au  règlement ,  que  la  discussion  d'aucun 
I  piojel  n'aura  lieu   que  24  heures  après   la  distri- 
bution  des   discours   prononcés  au   tribunal.   La 
proposition  faite  par  notre    honorable  collègue  , 
'  exposerait  à  des  débats  qui  lui  feraient  perdre  ua 
tems  précieux  ,  cl  nuiraient  à  sa  dignité.   Qui  ne 
sent  combien   seraient  pénibles  ,   peu   décentes  , 
et  nuisibles  à   la  chose  publique  ,  les  luttes  qui 
s'élèveraient  à  cet  égard. 

Je  demande  donc  l'ordre  du  jour  sur  les  propo- 
posilions  de  n9!re  collègue  Rousseau. 

(  La  suite   demain.  ) 

N.  B.  Dans  la  séance  du  8  ,  le  tribunal  a  voté 
l'adoplion  du  projet  de  loi  relatif  à  l'intérêt  du, 
cautionnement. 

Le  corps-législatif  ,  dans  sa  séance  du  même 
jour  ,  a  de  nouveau  procédé  au  scruiih  pour 
iindication  d'un  candidat  au  sénàt-consetvateur. 
Il  n  y  a  point  eu  de  majorité. 


Loterie    nationale  de   France. 

Dans  l'annonce  du  tirage  de  Bruxelles  ,  du  5 
frimaire  ,  insérée  dans  le  n"  d'hier  du  Moniteur, 
il  s'est  glissé  une  erreur  que  nous  nous  empres- 
sons de  rectifier  ,  parce  qu'elle  pourrait  donner 
lieu  àdes  méprises  désagréables.  Dans  les  numéros 
sortis  par  ce  tirage  -  on  a  imprimé  53  au-lieu  de 
63   qui  est  le  N°.  réellement  sorti. 

Nous  croyons  à  cet  effet  devoir  redonner  en  soa 
entier  l'annonce  du  tirage  de  Bruxelles. 

Tirage  de  Bruxelles  ,  du  5  frimaire  an  9. 

Le  tirage  s'est  fait  publiquement  dans  une  des 
salles  du  bâtiment   des  finances  ,   en   présence  du 
préfet   du   département  de  la  Dyle  ,  du  maire  de 
Bruxelles,  du  commissaire  du  gouvernement  près 
le  tribunal  criminel  el  de  l'inspecteur  en  chef  de 
la  loterie   nationale. 
Liste  des  nombres  sortis  de  la  roue  de  fortune. 
Premier       extrait. ..  N".  Sg. 
Deuxième  extrait. . .  N°.  62. 
Troisième    extrait...  N°.  68. 
Qtjatrieme  extrait,..  N°.  63. 
Cinquième  extrait. . .  N''.2i. 
Les   cinq  nombres  ci-dessus  produisent  indé- 
pendamment de  cinq  lots  d'extraits  simples  ,  cinq 
lots  d'extraits  déterminés,   10  ambes  simplçs  ,  10 
arabes  déterminés ,  lo  ternes  ,  3  quaiernes  et  un 
quine. 

Pour  extrait  conforme  au  procès-verbal  du  tirage. 
Signé  ,    les  inspecteurs  de  la  loterie  nationale  , 

GaBORRIA  ,  GaMOT  ,  ALBIT'tE. 

Les  administrateurs  de  Paris  , 

|Amelot,  Dutremblay  ,  Thabaud. 


A  Paris  ,  de  limptiraerie  de  H.  Agassc. 


GAI 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


jsr°  70. 


Décadi ,    1 0  frimaire  m  g  de  la  république  française ,  une  et  indiviiible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  NivÔse  le   M  O  N 1 1  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel 
^  li  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  .  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Uh  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  atts  et  aux  découvertes  nouvelle». 


EXTERIEUR. 


O. 


A  F  R  I  Q,  u  E. 

Alger  ,  le  3  brumaire  an  g. 


"n  ne  doute  point  à  Alger  que  les  anglais  ne 
se  soient  opposés  à  la  sortie  de  l'armée  d'Egypte. 
On  est  mêrae  persuadé  que  leur  intention  était  de 
s'emparer  de  la  Terre  sainte  ,  et  les  turcs  pensent 
que  le  séjour  des  français  en  Egypte  est  l'événe- 
menl  le  plus  heureux  qui  pouvait  leur  arriver. 

Le  cit.  'Thainville  a  obtenu  la  mise  en  liberté 
de  trois  enfans ,  l'un  français ,  l'autre  espagnol  et 
le  troisième  génois. 

Un  capitaine  anglais  ayant  refusé  de  se  rendre 
it  l'appel  d'un  corsaire  algérien,  celui-ci  l'a  en- 
voyé chercher  par  sa  chaloupe  ei  lui  a  fait  donner 
cent  coups  de  bâton.  Le  dey  sur  les  plaintes  qui 
lui  furent  portées  à  cette  occasion  par  l'agent 
anghis ,  a  répondu  que  le  capitaine  algérien  avait 
fait  son  devoir  ,  et  qu'à  son  retour  il  le  récom- 
penserait. 

ESPAGNE. 

Extrait  d'une  lettre  de  Cadix  ,  du   i5 
uovembre  f  i  4  brumaire.  ) 

Enfin  nous  respirons  ,  le  fléau  qui  désoUit  ces 
contiées  ces"e  d  exercer  ses  ravages,  et  noscoeurs 
sont  ouvens  à  l'espoir  d'en  être  entieremanl délivrés. 

A   N   G  L  fc  T  E  R  R  R. 

Extrait  des  gazettes  anglaises  ,  du  10  aw  27 
brumaire  inclusivement. 

Un  navire  ,  arrivé  de  Jersey  à  Plymouth  ,  a 
apporté  la  nouvelle  de  la  perte  sur  les  côtes  de 
celle  île  ,  des  bâiimens  de  S.  M.  le  Harick  et  le 
Fetican  ,  tous  les  deux  de  i8  canons.  Les  équi- 
pages ,   à  ce  qu'il  paraît ,   ont  été  sauvés. 

Ces  jours  derniers  ,  un  particulier  de  Twicken- 
ham  se  présenta  au  bureau  de  la  police  ,  bow- 
street  ,  et  y  donna  avis  que  le  nommé  Cole  , 
vannier  de  sa  prolession  ,  était  dans  l'habitude 
de  se  servir  d'expressions  irrespectueuses  en  par- 
]ant  de  S.  M.  et  du  gouvernement  de  son  pays , 
etc.  En  conséquence  de  quoi,  deux  officiers  de 
police  furent  expédiés  à  ïwickenham  ,  avec  or- 
dre d'arrêtei  et  d'inxtntt  le  nommé  Cole  qui  , 
à  son  arrivée  à  bow-street  ,  subit  un  interroga- 
toire secret  devant  M.  Ford  ,  et  fut  conduit  de 
là  à   la   maison  correctionnelle  de   Tothill-Fielis. 

Un  irlandais  a  été  trouvé  mort  dans  la  maison 
de  correction  où  il  était  détenu  comme  chargé 
d'avoir  pris  part  aux  troubles  dirlandc.  Le  jury 
du  Coroner  la  déclaré  suicide.  Le  jugement  qui 
énonçait  ladite  déclaration  .  avait  éié  affiché  sur 
■un  poieau  érigé  au  lieu  de  sa  sépulture  ;  mais 
le  lendemain  plusieurs  de  ses  compatriotes  ,  ar- 
més de  bâtons,  sont  parvenus  à  enlever  son  corps. 

Il  a  été  pris  sur  les  côtes  d'Ecosse  i8  jeunes 
baleines  ,  dont  la  plupart  avaient  20  pieds  de  long 
et  12  de  circonférence  ;  leur  graisse  était  de  ttois 
pouces  dép.iisseur. 

Les  médecins  et  les  chirurgiens  de  Chestcront 
offert  d  inoculer  gratuitement  la  vaccine  à  tous 
les  pauvres  de  cette  ville  et  des  environ». 

Il  a  été  amené  un  nombre  considérable  d'élé- 
phans  à  la  foire  qui  a  eu  lieu  celte  année  à 
jrt^nu/'aWjni.  Nos  marchands  du  Bengalen'en  ont 
pas  acheié  moins  de  100  .  à  raison  de  1700  à 
sooo  dollars  chaque.  En  général  ,  les  éléphans 
du  Ceylan  sont  préférés  à  ceux  du  continent  de 
l'Inde  ,  comme  plus  forts  et  supportant  mieux 
la  fatigue. 

Le  fameux  cheval  de  course,  Young  Marth  , 
est  mort  ,  il  y  a  quelques  jours  ,  à  Aldburg-hall  , 
âgé  de  32  ans. 

Un  individu  a  payé  la  semaine  passée  la  sotame 
de  7000  liv.  st.  pour  droit  de  timbre  sur  un 
legs  fait  en  sa  faveur;  mais  cette  somme  n'ap- 
proche pas  de  plusieurs  autres  acquittées  à  ce 
bureau  depuis  près  de  quinze  mois.  Un  simple 
Jeg»  a  coâié  de  timbre  46,000  liv.  st.  ;  un  autre 
s3,ooo;un  troisième  11,000.  Le  droit  de  timbre 
|iour  succession  de  simples  legs  est  de  6  pour  cent. 

Notre  gouvernement  au  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance a  pris  à  son  service  un  ceriain  nombre 
de  naturels  du  pays  ,  qui  habitent  à  200  lieues 
dans  l'iniérieur ,  et  qui  promettent  de  devenir  de 
braves  soldats. 


Un  ecclésiastique  papiste,  mon  ces  jours  der- 
niers dans  l'avjbcrge  de  Gray  ,  a  laissé  10,000  1.  st. 
de  bien  ,  qu'il  a  léguées  à  trois  bénédictins  pour 
c'/e  partagées  entre  eux  également  ,  quoiqu'il 
eût  déclaré  avoir  des  parcns  dahs  le  besoin. 

Avant-hier ,  dans  une  cour  du  conseil-com- 
mun ,  le  droit  de  ciié  a  éié  unanimement  voté 
en  faveur  de  M.  Adam  ,  pour  avoir  établi  avec 
un  grand  succès  des  magasins  de  harengs  et  de 
pommes  de  terre  à  bon  marché  dans  la  cité. 
M.  Adam  est  dans  l'intention  de  former  un  éta- 
blissement semblable  pour  l«  viande -de  ■bou- 
cherie. 

La  diligence  de  'Weimouth  ,  en  sortant  de  la 
ville,  a  sauté  pnr  l'effet  d'une  explosion  de 
poudre.  Le  cocher ,  une  femme  et  un  enfant 
ont  été  blessés. 

y     (  Extrait  du  Morning-Chronich ,  du  Sun  ,  du 
Times  et  du  Courrier 

INTÉRIEUR. 

Extrait  d'une    lettre   de  Bruxelles   du  ^5 
brumaire. 

Toute  mesure  répressive  de  la  mendicité  sup- 
pose la  préexistence  d'un  éiablissément  public 
ort  l'on  puisse  offrir  à  l'indigence  les  secours  de 
première  nécessité.  Il  n'existe  dans  ce  départe- 
ment aucin  dépôt  de  cette  nature.  Les  moyens 
manquent  au  gouvernementpour  sn  faire  les  frais 
dans  les  circonstances  actuelles  ;  l'ocitoi  municipal 
quelqu'onéreux  quil  soit  aux  contribuables  ,  suffit 
à  peine  aux  besoins  extrêuies  des  hospices  : 
au  milieu  de  ces  difficultés,  je  n'ai  pas  perdu 
l'espoir  de  créer  des  ressources  et  d  anéantir 
avant  peu  la  mendicité.  Il  fallait  pour  cela  inté- 
resser les  citoyens  de  celte  ville  à  la  destruction 
de  ce  fléau  ;  j'y  suis  parvenu.  Il  existe  ici  depuis 
long-tems  une  société  litiér  lire  qui  se  compose  des 
citoyens  les  plus  tecommandables  de  Bruxelles, 
sous  les  rapports  de  la  fortune  et  de  l'éducation. 
Cette  aggrégation  avait  été  dissoute  par  les  agens 
d'un  direcioire  faible,  inquiet  et  disposé  par  con- 
séquent à  voir  des  ennemis  partout  otî  il  supposait 
des  lumières  et  des  richesses.  Depuis  ,  les  socié- 
taires partageant  la  confiance  na  ionale  se  sont 
réunis  de  nouveau.  Leurs' Sfàtuis  m'aisi^nam  une 
place  de  membre  honoraire  ,  j  ai  pro&té  de  l'in- 
fluencre  quo  me  donnait  mon  caractère  public  et 
des  dispositions  favorables  de  lï  sociéié  ,  pour 
insinuer  à  quelques  membres  d'y  proposer  une 
souscription  pour  rétablissemen  des  soupes  à  la 
Runiford  :  celte  idée  a  é'é  accueillie  ,  la  souscrip- 
tion ouverte  il  y  a  qu-lques  jours  se  monte  déjà  , 
par  le  seul  fait  delà  rotisaiion  d'une  centaine  de 
membres  de  la  société  .  à  une  somme  de  raille* 
écuj,  au  iTioyen  de  laquelle  on  se  dispose  à  faire  les 
premiers  essais  de  cette  utile  et  bienfesante  insti- 
tution qui  doit ,  pour  dernier  résultat  (  en  combi- 
nant ses  avantages  avec  ceux  résultans  de  l'ouvet- 
ture  des  atieliers  publics  projettes  à  Vilvorde) ,  me 
donner  les  moyens  de  faire  disparaître,  avant  peu, 
la  foule  des  mendians  dont  celte  ville  est  obstruée. 

Paris ,  le  g  frimaire. 

L'article  suivant  est  une  preuve  nouvelle  de 
l'opinion  déjà  émise  plusieurs  fois  sur  l'état  de  la 
population  de  la  France  :  il  prouvera  de  plus 
avec  quel  zèle  on  s'occupe  actuellement  en  France 
de  l'établissement  des  soupes  ou  potages  éco- 
nomiques. 8aint-Lo,  13  brumaire  an  9. 

L'éiendue  du  département  de  la  Manche  est 
de  654871130,4316  arcs.  Il  lut  reconnu  en  1790 
que  la  mesure  de  son  territoire  était  de  398  lieues 
quarrées.  L'auteur  des  Essais  ne  la  porte  qu'à 
270  lieues.  Cette  énorme  différence  provient  sans 
doute  de  celle  des  anciennes  mesiires  qui  avaient 
la  même  dénomination,  c'est-à-dire,  de  la  lieue 
commune  de  France  ,  de  la  lieue  marine,  de  la 
lieue  de  deux  mille  et  de  deux  raille  quatre  cent 
toises. 

La  population  de  ce  département,  d'après  les 
derniers  recensemens  faits  sous  mes  yeux,  s'élève 
à  528,787  habitans  (i). 

U  me  serait  difficile  de  vous  désigner  précisé- 
ment les  causes  qui,  à  cette  époque,  peuvent 
augmenter  ou  diminuer  la  population  de  chaque 
canton.  Je  ne  puis  gueres  vous  offrir  que  des  ob- 
servations générales. 


(  1  )  1 328  et  demi  par  lieue  ;  M.  Necliei  ,11; 
l8  genifralité  ;  cit.  Vtaay  ,  490, 332  ;  Attllur  Yi 
Cil.  l'euctiet  ;  538, 008  ;  cit.  frudliomt  ,  4 63,3 j 
SaS.oog  ;  cil.  CernoQ  ,  i.},iii. 


A  entendre  les  vieillards  et  les  dévots ,  la  révo- 
ution  aurait  aflrieiié  un  relâchement  sensible  dans 
les  moEurs  des  habitans  des  villes  et  des  campa- 
gnes. Le  résultat  devrait  en  être  au  profit  de  la 
populauon;  malheureusement  c'est  tout  le  con- 
traire. 

Les  enfans ,  nés  tors  mariai^e,  sOnt  aujourd'hui 
pour  la  plupart  ou  raahsaius  ou  mil  conformés' 
soit  misère  ou  mauvaise  honte  ,  il  sont  exposés  où 
déposes  dans  les  hospices.  Là,  par  Ir  défaut  de 
Ttournces  ou  rie  moyens  d  y  suppléer,  ils  périssent 
a  meiure  qu  ils  arrivent. 

Mais  ce  qp'il  y  a  de  nou  moins  affligeant 
c  est  que  des  femmes  mariées ,  par  pauvrette,  li- 
bertinage ,  ou  même  par  une  insouciance  cou- 
pable ,  ne  rougissent  pas  quelquefois  de  se  dé- 
barrasser de  leurs  enfans  ,  en  les  faisant  porter 
aux_  hôpitaux,  comme  s'ils  étaient  orphelins.  Pour 
arrêter  un  tel  abus,  j'ai  recommandé  la  plus 
grande  surveillance  aux  administrateur;;. 

La  mendicité  est  un  des  maux  qui  affligent  le 
plus  ICI  l'œil  et  le  coeur  de  l'adminislraieur.  Dans 
les  villes  comme  dans  les  campagnes,  ce  mal 
contagieux  prend  sa  source  dans  "la  fainéantise 
encore  plus  que  dans  une  misère  réelle.  Linac^ 
non  du  commerce  a  désorganisé  les  ateliers  dit 
rl*^  u°^  °^'^^^  '  '^^  '*  cessation  des  travaux  es<  née 
1  habitude  de  la  pa'resse  et  de  mendier  pour 
vivre. 

Pour  réprimer  le  vagabondage  et  ôter  tontpré-» 
texte  aux  mendians  ,  j  ai  pensé  qo  if  convenait 
préalablement  de  leur  assurer  une  subsisiance 
sa  ubre  et  commode.  J'ai  excité  dans  louies-  les 
villes  les  administrateurs  des  hospices  et  des  co- 
mités de  bienfesance  à  établir  au  plutôt  les 
soupes  économiques  à  la  Riimfort.  J'ai  t.nii  venir 
les  plans  des  fourneaux;  des  modèles  ont  éié 
exécutés  en  peiit,  et  j'ai  lieu  despérer  que  l'hiver 
ne  se  passera  pas  sans  que  ces  éiablisseraen» 
utiles  ne  se  soient  étendus  dans  les  principales 
communes  de  ce  département  ,  au  moyen  de» 
souscriptions  que  je  ne  cesserai  d'encourager.  Je 
veillerai  à  ce  .jue  les  cartes  des  souscripteurs  ne 
sciient  par  eux  données  qu'à  la  vieillesse  et  aux 
véritables  infiimcs.  Q_uani  aux  mendians  valides, 
j  exigerai  qu'il  soit  établi  ,  dans  les  hospices  , 
des  métiers  divers,  pour  les  faire  travailler  au 
profit  de  la  maison  ;  leur  ouvrage  sera  à  peu-près 
apprécié  ,  et  le'  prix  leur  eu  sera  payé  partie  en 
nourriture  et  habillement ,  et  partie  en  disiribu- 
lions  décadaires   du  pécule   revenant  à  chacun. 

Alors  ,  des  réglemens  de  police  et  une  sur- 
veillance exacte  contraindront  les  mendians  vaga- 
bonds à  chercher  dans  les  hospices  un  asile  oà 
ils  trouveront  une  subsistance  certaine  du  tra- 
vail et  quelques  profits. 

~  On  écrit  de  Vannes  que  des  individus  qui 
avaient  fait  partie  des  rassemblemens  de  rébel- 
lion ,  et  qu'une  crainte  mal  fondée  avait  empê- 
chés jusqu'ici  de  se  présenter  au  préfet  ,  sont 
venus  lui  fjire  leur  promesse  de  fidélité  ;  ils  ont 
été  si  convaincus  ,  par  son  entretien,  delà  fran- 
chise du  gouvernement  ,  qu'ils  ont  promis  leurs 
secours  personnels  contre  quelques  restes  de 
brigands;  ils  ont  ajouté  qu'ils  décideraient  plu- 
sieu.s  de  leurs  camarades  à  suivre  leur  exemple  , 
et  ils  ont  quitté  la  ville  en  criant  vwe  la  répu- 
blique ! 


MINISTERE    DE    LA   MARINE. 

Le  cours  des  marées  est  rétabli  dans  le  chenal 
du  Tiéport  qui  était  obstrué  par  une  quantité 
énorme  de  galet  :  les  habitans  ont  montré  le 
plus  grand  zelt  pendant  la  durée  des  travaux  ; 
et  l'ingénieur  Tarbé, qui  les  dirigeait,  a  remarqué 
parnculiérement  le  citoyen  Dion.  Ce  citoyen 
encourageait  sans  cesse  les  ouvriers  par  soo 
exemple.  Le  24  brumaire,  il  s'est  plongé  vo- 
loniairement  dans  le  nouveau  lit  du  chenal,  pour 
en  approfondir  la  fouille  :  quoique  exténué  de 
fatigues  ,  il  ne  s'en  est  retiré  que  lorsque  la 
force  du  courant  ne  lui  a  pas  permis  d'y  rester  , 
et  il  est  demeuré  sur  les  travaux  en  continuant 
de  se  rendre  utile. 

Le  citoyen  Bcrtin  ,  préfet  maritime  au  Havre  , 
s'est  empressé  de  donner  au  citoyen  Dion  les 
éloges  diîs  à  son  dévonment;  et  c  est  en  présence 
des  habitans  assemblés  que  le  préposé  de  la 
marine  au  Tréport  a  remis  au  citoyen  Dion  la 
lettre  que   ce    préfet  lui  a  écrite. 


274 


TABLEAU       GENERAL 

Des   naissmic^s  .  mariages  ,   divorces  ,  reconnaissances  et  adoptions  d^enjans  ,  et  décès    qui   ont  eu  li<.u   dans  le  départeinsnt 

de  la  Seine  ,  pendant  fan  8  de  la  république  française. 


AUX        DOMICILES. 


NAISSANCES. 


Actes 


M  O  I  S. 


Enfans  nés   de  maiiasts-       i     EnFans    nés  liui: 
Viasculln.    Féminin.     Total.  |  Masculin.     Féminii 


TOTAL 
GûNÉRAt, 


Vendémiaire 

Brumaire 

Frimaire 

Nivôse 

Pluviôse 

Ventôse 

Germinal,.    ..... 

Flclîéal 

Prairial "•; 

MliSSIDOR ; 

Thermidor 

Fructidor 

ftjouis  comiilémciUai 

Total  de  l'année.    . 

Franciade. 
Sceaux  .    . 


65o 
641 
589 
6.26 
660 
812 
717 
678 
691 
612 
677 
ô;8 


8,0.3 1 

79« 
6S4 


614 
Sgo 
56 1 

658 
73. 
682 
65y 
627 

5n6 

654 
676 


7.623 

742 
65i 


1,393 


1,264 

I,23l 

I ,  I  î  n 
1,20; 
i.3i8 
1,543 
>,399 
1.337 
i.3iS 
1,208 
I.33I 
1,354 


i5.654 


1.340 
1,335 


2,875 


1,828 


de   recon- 
naissance   d'adoption 
d' enfans. 


i3i 

9'' 

124 

m 

116 

i3i 

161 

146 

'47 

i3o 

170 

157 

170 

161 

187 

i63 

176 

i5a 

t5o 

127 

i34 

128 

162 

148 

225 
275 

«47 
307 
277 

32  7 

33  [ 
3;o 
32S 
277 
262 
3io 


3,517 


55 
5o 


.490 

,5  06 

.397 
,5o8 
,598 
,870 
,73o 
,687 
,646 
,485 
,593 
,664 


19,171 


1,595 
1,385 


io5  I  2,980 


340 
262 
272 

249 
3  ig 
261 
278 
259 
274 
267 
214 
3i  1 


.3o6 
196 

2Ql 


397 


684 


DÉCÈS 


Masculin.!  Féminin. 


i65 


345 
3y5 
425 
46S 
408 
56 1 
557 
4'>9 
437 
445 
462 
649 


5.621 


466 
46S 


367 
365 
40' 
5i6 

494 
598 
585 
490 
459 
437 

479 
702 


5 .8c,3 


4S6 


974 


712 
760 
826 

984 

902 

iiiSg 

1.142 

Q59 

896 

882 

941 

i,S5i 


1 1.514 


954 
954 


Le  lotal   "énéial    Jc3   naissances,  mariages,   divorces,   reconnaissances   d'enfans ,  adopiions    et  décès  à  Domiciles  dans  louie  l'étendue  du 
département    de    la    Seine  ,    donne  : 

1»    Pour  les  naissances  9,623  garçons  et  g,oiS  filles  nés  de  mariages;  total    18529  enfans  néâ  de  mariages  ;  et  i,8Si  gar  çons  et  1.741  filles  nés  hora 
(le    ma[iua:es  ;  loial  3,622  enfans  nés  hors  maiiages  ;  total  des  naissances  2,2i5l. 

2°.  3,703  Mariages. 

3°.  704  Divorces. 

4°,   174  Reconnaissances  d'enfans. 

5°.  24  Adopiions. 

6°.  6,555  Décès  masculins  et  6,867  décès  féminins;  total  des  décès   i3,522. 


AUX        HOSPICES. 


MOIS 


Vendémiaire 

Brumaire 

Frimaire 

Nivôse  

Pluviôse 

Ventôse 

Germinal  

Floréal 

Prairial  ....... 

Messidor 

Thermidor 

Fructidor 

et  jours  complément. 

Total  de  l'année. 


Franciade. 
Sceaux. .  . 


nais  sances. 


Enfans  nés  de  mariages, 
mascul.      fémin.        total. 


182 


i85 


Enfans  nés  hors  mariages, 
mascul.      fémin.        lotal. 


DÉCÈS. 


mascul.  1  fémin.         total 


367 


33 
33 
43 

49 
62 
66 
61 
44 
48 
39 
47 
54 


_579 
3 


49 
35 
43 
48 
58 
68 
55 
53 

39 
65 
35 


594 


68 
85 
97 
120 
134 
116 
97 
87 
104 
82 
100 


1.173 


108 
loi 
117 
126 
i65 
171 
i5i 

123 

117 
126 
101 
i34 


1,540 


270 
253 
271 
356 
357 
463 
491 
420 
38 1 
286 
274 
357- 


4-179 


126 
405- 


53 1 


295 
264 
s83 
390 
342 

469 
406 

349 
36i 
3oo 
267 
324 


4,o5o 


40 


565 
517 
554 
746 
699 
932 
897 
769 
742 
586 
541 
681 


8,229 


162 
409 


571 


A    LA   MORGUE. 


DECES. 


mascul.     fémin.         total 


29 


129 


Te  total  oénéral  des  naissances  et  des  décès  aux  Hospices  dans   toute  l'étendue  du   département  de  la  Seine,  donne  : 

\°    Pour  les  naissances  191  garçons  et  190  filles  nés  de  mariages  ;  total  38l  enfans  nés  de  mariages  ;  et  582  garçons  et  5g9  filles   nés  hors  mariages; 
total  1.181   enfans  nés  hors  mariages;   total  des  naissances    i,562. 

oo    4710   décès  masculins  et  4.090  déccs    féminins  ;  total  des  décès  8,800.  v^ 

30    A  LA  morgue  ,  100  décès    masculins  ,  29  féminins  ;  loial  des  décès' 129. 


275 

RECAPITULÀTIOM      GENERALE. 


Paris  , 


à  domiciles  . 
aux  hospices, 
à  la  Moisue. 


Total  de  Paris. 


f  RANCIADE 


à  domiciles 


aux  hospices.  . 
Sceaux.,      < 
Total  gén.  du  département. 


à  domiciles  . 
aux  hospices. 


Naissances. 
Enfans  nés  des  maiiag. 


masc.     fémin.      total. 


8,o3i 
iSa 


8,2i3 

798 
3 

6S4 
6 

9v704 


7,623 
i85 


7,8oS 

742 
I 

65 1 
4 

9,206 


Eiifans  nés  hors  mar. 


masc.     (émin.      total. 


i5,G54 
367 


l6,0QI 

1,540 

4 

1,335 
10 

i8,gio 


1.828 


2,407 


•^94 


3,5i7 
1,173 


2,s83  I  4,6go 


2,340  I  4,8o3 


gêner. 


ig.171 
1,54g 


20,7  II 

1,595 
II 

1,385 
1 1 

23,7i3 


Actes 


de 
maria. 


3,3o6 


3,3o6 
196 


3,7o3 


de 
divor. 


de  recon- 
d'entans. 


9 
704 


i65 

7 


«74 


d'adop- 
tion. 


DÉCÈS. 


masc.     fémin.   .total 


H 


5',6'^i 

4'>79 
100 


9,900 

46G 
126 


405 
11,365 


5.893' 

4,o5o 

=  9 


9972 

488 
36 


fi;5i4 

■1S,2  2^ 
l'29 


1(^.872 

m 
leî 

954 
409 

22,351 


RÉSUMÉ. 


Le  nombre   des  naissances  est  de   •    •    •. 23,7iS 

Celui   des  décès   est  de 22.35i 


En  conséquence  les  naissances  excédent  les  décès  de   .    .     1,362 

Certifié    exact    et    véritable ,  par  moi    secrétaire-général  de  la   préfecture   du  département  de    ta    Seine.    A    Paris  ,    /«    29    brumaire    an  9    dt'''tà 
république  fraiiqaise.  ■     ■    '~  '- 

Signé,  Et.  Méjean. 


CORPS-LEGISLATIF. 

Présidence  de  Chatry-Lafosse^ 

suite    de    la    séance    du    7    FRIMAIRE. 

Savary.  Je  pense  que  l'art.  XXX  doit  être  main- 
tenu. Pour  en  provoquer  le  changement,  il  faut 
supposer  que  le  corps  législatif  pourrait  vouloir 
refuserlapaioie  à  un  orateur  qui  la  demanderait 
pour  porter  la  lumière  sur  une  question  qui  ne 
seiait   pas    suffisamment   éclairée, 

Or  ,  on  a  vu  des  orateurs  parler  encore  sur 
une  question  plus  que  suffisamment  développée  , 
et  il  est  presque  sans  exemple  qu'un  tribunal  ait 
voulu  piOiioncer  sur  une  question  non  déve- 
loppée sans  vouloir  entendre  l'orateur  qui  vou- 
lait  1  éclairer. 

Quant  à  lanicle  XXXI  ,  je  crois  qu'il  serait 
bon  de  le  soumettre  à  la  révision  d  une  com- 
mission. 

La  décision  qu'a  pris  le  tribunal ,  de  n'envoyer 
au  corps  législatif  que  ceux  des  membres  qui  , 
en  cas  de  partage  ,  auraient  voté  pour  l'adop- 
tion du  projet  de  loi  ,  rend  nécessaire  la  lecture 
et  l'examen  des  opinions  qui  ont  été  émises  dans 
son  sein  contre  le  projet  ,  et  l'ajournement  sera 
un  moyen  d'attendre  que  les  opinions  nous 
aient  été  distribuées. 

Crochon.  L'obligation  d'entendre  tous  les  ora- 
teurs du  tribiTnat  ou  du  gouvernement  ,  au  moins 
une  fois  ,  nous  nous  lasorames  imposée  par  la  loi 
sur  les  communications  entre  les  autorités  char- 
gées de  concourir  à  la  formation  de  la  loi.  Quant 
au  besoin  d  être  instruits,  l'article  XXX  qu'on 
te  permet  de  ciiliquer  ,  y  a  pourvu  .  puisqu  il 
veut  que  la  majorité  qui  aurait  encore  besoin  de 
dcveloppenieiis  pour  lotnier  son  opinion  ,  puisse 
accoiiler  la  réplique  à  l'orateur  du  tribunal  eu 
du  gouvernement,'  qui  voudrait  répliquer. 

M.iiv  ,  puifquoii  rappelle  au  corps-législatif  ses 
devoirs  .  pouiqnoi  donc  ne  parle-ton  pas  de  ses 

■  droits  ?  et  qui  pourrait  lui  conteste!  celui  de  dé- 
clarer qu  il  est  suffisamment  instruit  ?  qui  pour- 
rait   vouloir    lui    imposer  l'obligation    découler 

'.  encore  ,  quoique  son  instruction  lût  complctie  ? 
ne  seiau-ce  pas  le  réduire  ,  le  condamner  à  la 
passibilité  ,  provoquer  son  avilissement  ?  'Voilà 
ce  qu'on  vous  propose  :  sans  doute  ,  on  n'y  a 
pas  létléchi.  Q,uant  à  1  instruction  dont  nous  avons 
besoin  ,  suivant  l'auteu'r  de  la  motion  ,  il  peut 
se  rassuier  ,  et  quelle  que  soit  mon  estime  pour 
les  laltns  et  les  lumières  des  orateurs  que  le  tri- 
bunal et  le  gouvernement  nous  envoient  ,  je 
peme  que  la  discussion  est  bien  plus  nécessaire 
pour  mériter  à  la  loi  la  conhance  et  le  respect 
dn  peuple  <jue  pour  ajouter  à  notre  instruction  , 
à  noire  conviction  ,  et  je  suis  persuadé  que  cha- 
cun de  nous,  apiè»  avoir  médité  sur  les  piojcis 
de  loi  soumis  à  notre  sanction,  arrive  ici  avec 
une  opinion  faite  que  la  discussion  peut  bien 
fortifier,  mais  qu'elle  ncchange  pas.  Voilà  ce  que 
je  pense  en  1  honneur  du  corps- Icgislaiil.  (Ou 
niiirmnrc.  )  ■    ,     ,      .         . 

Il  serait  sans  doute  inutile  de  rien  ajouter  pour 
démontier  l'inconvenance  de  la  proposition  qui 
vous  est  faite,  proposition  ([ui  ne  tendiait  quà 
vous  rendre  auditeurs  passifs  de  discours  inutiles. 
On  prétend  que  les  fondions  que  nous  exerçons 
»ont  susceptibles  d  être  assimilées  à  celles  déjuges. 
Je  icpoutse  la  comparaison  ;  i<uis  je  dis  à  l'ora- 


teur :  igaorez-vous  qu'aujourd'hui  comme  dans 
l'ancien  régime  ,  le  président  d'un  tribunal  sur  la 
demande  de  ses  collègues  interrompt  le  défen- 
seur officieux  ,  et  lui  impose  silence  ,  par  ces 
mots  la  cauu  est  entendue  ?  et  vous  voudriez  que 
le  corps  -  législatif  ,  après  avoir  entendu  six 
orateurs  pour  l'adopiion  de  la  loi  ,  et  trois 
contre;  vous  voudriez,  dis-je  ,  qu'il  eût  encore 
quelqiie  chose  à  entendre  ?  Mais  dans  le  premier 
cas  ,  Celui  où  le  tribunal  aura  voie  l'adoption  du 
projet  de  loi  proposé  ,  il  me  semble  difficile  que 
six  oiaieurs  ne  se  répètent  pas  dans  leurs  moyens  , 
et  alors  vous  voudriez  prolonger  ,  au  profit  de  ces 
oraieuts  ,  une  discussion  déjà  ennuyeuse  par  les 
rediies,  les  répéiiiions  ;  dans  le  cas  contraire  ,  et 
le  plus  important ,  celui  d'une  vériiable  discus- 
sion ,  d'une  opposition  entre  les  orateurs  du  gou- 
i  vernement  ,  que  pouvez  vous  avoir  encore  à 
I  désirer  ,  lorsque  les  orateurs  opposans  auront 
I  fait  vriloir  toutes  les  raisons  présentées  contre  le 
projet  de  loi  ?  que  pourrez  vous  désirer  pour  ce 
projet,  lorsque  vous  auiez  entendu  trois  orateurs 
du  gouvernement  chargés  de  le  défendre,  et  qui 
le  (iéfendront  avec  d'autant  plus  davantage  qu'ils 
connaîtront  parla  discussion  préalable  au  tribunat 
tous  les  moyens  qui  devront  leur  être  opposés  ? 
Qiie  l'auteur  de  la  proposition  que  je  combats  soit 
ûonc  sans  inquiémde  ,  et  que  le  corps-législatif 
conserve  tous  ses  droits  ,  toutes  ses  prérogatives , 
et  celle  que  je  défends  est  une  des  plus  belles.  Le 
corps-législatif  ne  voudra  point  être-dans  la  dé- 
pendance des  orateurs  du  tribunat  ou  du  gouver- 
nement. Lorsqu'ils  auront  épuisé  le  droit  que  leur 
donne  11  loi  d'être  eniendus  une  fois  ,  ils  devront 
recouiir  à  la  bienveillance  du  corps-législaiif  pour 
parler  une  seconde  fois  ,  la  raison  le  voulait  ainsi  , 
la  loi  l'a  réglé  ,  et  votre  dignité  le  commande.  Je 
demande  donc  la  question  préalable  sur.  la  pro- 
position dapporter  aucune  modification  à  l'ar- 
ticle XXX  de  votre  règlement.  Je  passe  à  la 
seconde  proposition  relative  à  l'aititle  XXXI, 
qu'on   désire  de  voir  modifier. 

Cet  article  XXXI  de  votre  règlement  a  prévu 
le  tas  extraordinaiie  011  la  discussion  trop  pro- 
longée ne  vous  permettrait  pas  de  voter  dans  la 
même  séance  ,  et  le  cas  plus  extraordinaire  en- 
core oii  la  majorité  du  corps-législatif  aurait  besoin 
d'un  délai  pour  foiraer  son  opinion  sur  la  loi 
proposée  et  discuiée.  Dans  ces  deux  cas  ,  le 
corps  législatif  consulté  peut  ajourner,  mais 
seulement  au  lendemain  .  l'émissiou  de  sa  dé- 
teimination.  L'ameur  de  la  motion  trouve  pour 
tous  les  cas'  cet  ajournement  trop  rapproché  , 
il  désire  que  le  corps  législatif  le  détermine 
chaque  fois  qu'il  voudra  eu  user. 

Les  motifs  dont  on  s'appuie  sont  que  l'inter- 
valle d'une  séance  à  une,  autre  n'vst  pas  suffisant 
pour  recevoir  et  lire  les  opinions  èriiises  au  tii- 
bunal,  et,  l'on  rapporte  à  ce  sujet  que  dans  la 
dernicic  session  nous  ne  reçûmes  qu'après  1  émis- 
sion de  lu  loi  les  opinions  par  lesquelles  elle  avait 
été  combjttuei  (ni  ajoute  qu  aujourd  t;ui  nous  ne 
pouvons  pas  espérer  qu'aucun  oraleut  du  tribunat 
vienne  soiiieiiir  le  vœu  de  la  minorité  ;  tjue  les 
mo5  ens  (ju'elle  .mra  hat  valoir  nous  seront  exposés 
sans  développemeii»  ,  avec  faiblesse  ,  et  peut-être 
avec  paitialite.  par  I  ora'cur  de  la  majorité.  Ainsi,  et 
poui  noue  plus  gramie  instruction  ,  on  demande 
qu'on  puisse  aiouriier  la  décision  du  corps-légis- 
latif à  deux ,  tiois  ,  quatre  jours  au  plus. 

Celte  j/ioiposiiiioii  est  plus  importante  qu'elle 
ne  le  p.ir.iitia  tlaboid  ;  elle  tient  surtout  à  la 
loiinaliou   du   la.  loi  plus   que  11c  l'a  pensé  celui 


j  qui  vous  l'a  faite.  Qit'il  relise  ,  qu'il  médite  l'ar- 
ticle XXXIV  de  la  constitution  ,  et  qu'il  me 
l  dise  si  sa  proposition  est  bien  en  harmonie  avec 
:  le  texte  constitutionnel  qui  ne  souffrirait  qu'avec 
ï  peine  une  imerprétatinn.  je  défendrai  ,  avec  au- 
;  tant  d'énerg'e  iju'aucun  autre  le?  prérogatives 
i  du  corps-législatif;  mais  je  ne  verrais  pas-sans 
S  une  très-grande  peine  qu'il  s'écartât  de  la  coôs- 
j  tistution  pour  jouir  de  plus  de  liberté.  A  cet 
I  égard,  votre  profonde  sagesse  me  rassure  :  et  je 
1  suis  certain  que  vous,  repousserez  ,  Sans  hésiter  , 
[  la  proposition  qui  vous  est  fournie  ;  et  je  regrette 
I  bien  sincèrement  qu'elle  ait  été  faite.^ 

j  Darj^s  mon  opinion  ,  l'art.  34  de  la  constitution  , 
j  et  la  loi  qui  règle  les  communications  des  auto- 
I  rites  chargées  de  s;»  conlection  ne  comporte''nt 
j  aucun  ajournement  :  aussi  ,  et,  pour  les  atyax  cas 
I  que  j'ai  exprimés  plus  haut  ,  si  le  corps-législatif 
i  remet  au  lendemain  1  émission  de  son  vœu  ,  il  n'a 
I  fait  que  suspendie  sa  séance  ,  et  le  premier  objet 
i  dont  il  doit  s'occuper,  est  de  procéder  au  scrutin, 
j  de    manière    qu'il    n'y  ait  véritablement  aucune 

i  opération  intermédiaire  entre  la  clôture  de>la 
discussion  et  l'émission  du  vote  sur  la  loi.  Voilà  , 

J  citoyens  représenlans  ,   l'esprit    dans  lequel    l'art. 

j  XXXI  de  votre  règlement  a  été  conçu,  qu  il  voua 

I  a  été  présenté  ,  que  vous  l'avez  adopté  :  auireraent 
il  serait  impossible  de  le  justifier  ;  mais  qu'on 
ajourne  à  deux  ,  trois  ou  quatre  jours  l'opération 
du  scrutin,  c'est  ce  que  je  ne  p'uis. concevoir  ,  et 
sur-toutsans  de  grands inconvéniens.  Parexeimple, 
l'auteur  de  la  proposition-ne  dehiande  ce  délai 
que  pour  que  chacun  de  nous  puisse  sinstiuire 
davantage;  mais. notre  irisliiuction Haït  ou  se  for- 
tifie sur-tout  par  la  discussion.  Il    laudrait  donc 

Sn'admettre   à   voter   que  ceux  des   membres   qui 

I  auraient  assisté  à  la  discussion.  Comment  en  faire 
la- distinction  ?  comment  sUr-tout  priver  de'leurs' 
[  droits  des  membres  qui  voudraient  en  u.s£r?|Cet 
i  inconvénient  qui  n'est  pas  le  moins  grave,  cora- 
rne/it  nous  proposefa-t-oo  deî  I  éviter  ?  fi'e  rc- 
,  pugne-t'-il  pas  à  la  constitution  qui  veut  que  les 
projets  de  loi  soient  discuiéç  devant  le  corps- 
législatif?  ne  repugne-l-il  pas  d  admettre  à  voter 
ceux  qui  .n'auront:point  e.ntïndu  la  discussion? 
La  discussion  est  censée  çpérer  la  conviction  ,  et 
l'émission  n'en  peut  être  différée'.  -  ; 

Je  ne  réfuterai  pas  les  raisons  liréçs  des  relards 
que  peuvent  éprouver  les  distribUuons  "du  tri- 
bunat ,  et  de  la  nécessité  de  lire  lés  opinions"  po'ur 
et  contre  la  loi,  pour  notie  insu  uctionV  j'y' ai 
déjà  répondu,  et.j ^ajoute  qui I  suffira  à '■chacun 
de  nous  d  avoir  médité  d'avance  sur  les  piiojets 
préseuiés  ,  et  qu'on  nous  rappelle  succuicicmant 
les  opinions  pour  et  contre  émises  au  tribunat. 
Mais-le  gouveriiement  qui  a  l'initiative  desilois^qui 
fixe  le  jour  delà  discussion,  d  après  1  èpoqùoi^le 
jour  on  il  aura  besoin  de  la  loi,  le  gouvernement 
ne  se  se  tait-il  point  tiompé  dans  ses  attentes  ,-si  le 
corps  -  législatif  pouvait  retarder,  ajourner  ré- 
mission de  son  vœu?  Pouriiez-vous'adopteri  la 
proposition  qui  vous  est  Liiie  ,  sans  la  partifci- 
paiion  des  autres  autoiiiés  qui  concourent  à-'la 
formation  de  la  loi  ?  non  ,  sans  douie  ,  et  c'est 
dans  ce  sens  que  j'ai  dit  que  la  propositionuque 
je  combats  ,  tenait  plu?  qu'on  ne  pensait j  ,â  la 
conlection  de  la  loi.  ,  ,,,;f.  jf 

Vous  suppléerez  ,  citoyens  collègues,  aux 
raisonnemens  que  je  pourrais  ajouter  ,  et-que 
je    crois   sage  de  supprimer. 

Je  demande  la  question  préalable  sur  la  pio- 
posi[ii}n. 


Legtanâ.  J'attaque  «us&i  Uarticlc  XXX  du  Té- 
glement  comme  inconvenant  et  inconstiiution- 
nel.  Il  est  inconvenant  en  ce  qu'il  usurpe  , 
en  faveni  de  la  majorité  ,  les  droits  de  la  mino- 
rité du  corps  législatif.  Que  viennent  faire  les 
orateurs  du  gouvernement  et  ceux  du  tribunal , 
lorsqu'ils  sont  admis  dans  cette  enceinte  ?  Vous 
présenter  des  projets  de  loi  ,  et  les  débalive 
pour  vous  mettre  à  portée  de  prononcer  sur  leur 
méiite  et  leur  utilité.  La  question  est  infiniinent 
grave.  Il  ne  s'agit  point  ici  d'intérêts  particu- 
liers ;  mais  d'intérêt  national  dans  ce  qu'il  pré- 
sente de  plus  important.  Or,  si  dans  les  transac- 
tions les  plus  ordinaires  ,  si  dans  les  plus  minces 
procès  on  accorde  toute  la  latitude  posssible  , 
ti  les  juges  respectent  assez  les  éniinenies  fonc- 
tions dont  ils  sont  chargés,  pour  laisser  aux  ora- 
teurs le  tems  d'éclaircir  les  difficultés ,  comment 
vous  ,  dont  les  fonctions  sont  encore  plus  au- 
gustes,  refuseiie^-vous  à  un  orateur  le  tems  né- 
cessaire pour  faire  connaître  les  motifs  qu'il  croit 
favorables  ou  contraires  aux  projets  de  loi  sou- 
mis à  votre  délibération  ?  Vous  devez  à  Tinlérêt 
majeur  d'une  telle  circonstance  de  ne  procéder 
au  scrutin  qu'après  que  tous  les  orateurs  ont 
déclaré  qu'ils  n'ont  plus  rien  à  dire  pour  ou 
contre.  A  bien  examiner  la  majorité  dans  son 
principe  ,  a-t-elle  le  droit  de  prononcer  avant  que 
les  débats  soient  achevés,  tant  que  ceux  qui 
viennent  au  nom  du  peuple  ou  au  nom  du  gou- 
vernement discuter  des  mesures  d'utilité  géné- 
rale ,  croient  avoir  encore  à  faire  entendre  ou 
des  considérations  nouvelles,  ou  des  réflexions 
jusque-là  trop  peu  développées  et  trop  peu 
senties  ? 

Par  l'article  que  je  combats  ,  il  est  évident  que 
la  majorité  du  corps-législatif  usurperait  les  droits 
de  la  minorité.  Nous  sommes  tous  individuelle- 
ment représentans  du  peuple  et  ses  organes  !  les 
droits  et  les  devoirs  sont  égaiix  pour  tous  :  aucun 
de  nous  n'a  le  droit  d'usutper  celui  d'un  autre  : 
or  dans  le  cas  où  la  majorité  refuse  d'entendre  un 
orateur  soit  pour  soit  contre  un  projet  de  loi  , 
n'en  résulte-l-il  pas  que  la  majorité  usurpe  les 
droits  de  la  minorité  ?  (  On  murmure.  ) 

Legvand  termine  en  déclarant  ne  trouver  rien  à 
objecter  contre  l'article  3i  du  règlement. 

Un  grand  nombre  démembres  demandent  la  ques- 
tion préalable  sur  le  tout. 

Bréard.  Je  demande  la  division  ,  et  que  la  ques- 
tion préalable  soit  mise  aux  voix  successivement 
sur  les  deux  articles. 

L'assemblée  passe  à  l'ordre  dû  joui  sur  le 
tout. 

On  procède  de  suite  au  premier  tour  de  scrutin 
d'élection  pour  un  candidat  à  présenter  au  sénat- 
conservateur.  Les  votans  sont  au  nombre  de  264. 

Le  résultat  du  dépouillement  ne  donne  à  per- 
sonne la  majoiilé  absolue.  —  Les  suffrages  sont 
distribués  ainsi  qu'il  suit  : 

Vacher,  législateur ,  4  voix;  Dedeley-Dagier, 
idem  ,  5o  ;  Grégoire  ,  idem,  44  ;Carnot,36;  Merlin, 
l3;  Reveillere-Lépaux,  l4iDuval,  7;  Tronchet, 
.  6;Daunou,  4;  Bossu,  5;  Saget ,  3  ;  Viry ,  3; 
Guyoï-Desherbiers  ,  2  ;  Pérignon,  3;  MoUevaut, 
8  ;  Rossée  ,  s  ;  Bigot-Préameneu  ,  2  ;  Morand- 
Dupuc  ,'3  ;  Chatry-Lafosse  ,  s. 

Les  95  autres  voix  se  Sont  partagées  par  unité* 
tntre  autant  de  citoyens. 

Un  second  tour  de  scrutin  aura  Iteu  demain. 
La  séance  est  levée, 

TRIBU      N     A     T. 

Présidence  de   Thiessé. 
SÉANCE    DU    8     FRIMAIRE. 

Un  secrétaire  fait  lecture  des  procès-verbaux 
,des  6  et  7  ;  la  rédaction  en  est  approuvée. 

L'ordre  du  jour  appelle  à  la  tribune  le  rappor- 
teur du  projet  de  loi  relatif  aux  aiçchives  natio- 
,,  «aies. 
.'  pi  Labrouste.  Citoyens  tribuns  ,  le  projet  de  loi 
■r.  qtri  vous  est  soumis  a  pour  but  de  déterminer  la 
sature,  la  forme  et  les  délais  des  dépôts  à  faire 
aux  archives  nationales  par  divers' corps  consti- 
tués de  la  république  ;  il  ne  renferme  qu'un  Irès- 
petitnombre  de  dispositions  tellement  nécessaires 
d»ns  leur  objet  et  tellement  simples  ,  que  nous 
nousabsli'jndrionsàson  égard  de  toute  discussion 
ultérieure  ,  si  vous  n'étiez  ,  en  niême  tems  que 
les  examinateurs  contitutionnels  des  projets  de 
lois  proposés,  les  provocateurs  également  cons- 
titutionnels des  lois  qui  restent  à  faire  ,  et  si  nous 
lie  vous  devions  à  ce  titre  un  compte  exact  des 
omissions  que  nons  avons  cru  remarquer. 

(L'orateur  indique  ici   les    principales  dispo- 
sitions du  projet.) 


«76 

Nul  doute  ,  dii-il  que  les  divers  actes  dont  il  est  I  tomber ,  par  l'effet  de  sa  négli'genee  ou  du  tffnv»  . 
question  dans  ce  ptojel ,  ne  doivent  être  déposés  |  dans  la  dépendance  de  tel  ou  de  tel  niiniiire  .  dî 
aux  archives  nationales.  Ils  doivent  en  former  la  |  telle  ou  lelle  administration  ou  agence  ?  El  quel- 
base  ,  comme  ils  forment  la  base  et  la  garantie  du  |  qu'éloigoées   que  soient  aujourd  hiii  sutiout ,  de, 


pacte  social  et  de  la  législation  de  l'état  politique 
et  civil  du  peuple  français  :  nul  doutfe  encore 
qu'une.loi  ne  fût  nécessaire  pour  assurer  ces  di- 
veis  dépôts.  Mais  si  le  projet  de  loi  propose  est 
bon  et  utile  dans  son  objet,  ne  deyez-vous  pas 
rechercher  avec  soin,  indiquer  avec  franchise  , 
ce  que  l'organisation  actuelle  des  archives  peut 
encore  laisser  à  désirer  ? 

Indépendamment  des  actes  principaux  qtie  le 
projet  de  loi  impose  à  différens  corps  constitues 
l'obligation  de  déposer  aux  arctiiveS  nationales, 
il  peut  en  exister  une  infinité  que  le  prc>jct  n  énu- 
mere  pas  ,  et  dont  Je  dépôt  serait  au  moins  coiive- 
tiant  et  pourrait  être  même  d'une  uiiliié  constante 


pareilles  craintes,  que  sera  pour  l'indépendance 
d'un  fonctionnaire  chargé  d'une  immense  re,<poii- 
sabilité  ,  que  sera  pour  la  nation  dont  le  plus  pré- 
cieux dépôt  est  confié  à  sa  garde  ,  r^ue  sera  ,  pour 
l'un  et  pour  l'autre  ,  une  garantie  que  la  loi  n'a 
pas  établie  ? 

Nous  irons  plus  loin  ,  et  nous  ne  balancerons 
pas  à  dire  que  les  dispositions  que  nous  venons 
d'examiner-',  fussent  elles  l'expression  de  la  loi 
seraient  encore  incompleties  et  insuffisantes,  liiles 
attribuent  au  premier  consul  la  nominaiion  de  l'ar- 
chiviste; mais  elles  ne  disent  pas  s'il  sera  nommé 
à  volonté,  à  lems  ou  à  vie.  Elles  le  déclaixiii  icvo- 
cable  par  le  premier  consul  ;  mais  elles  ne  disent 


De  ce  nombre,  seraient  sans  -  doute  les  actes  et  |  pas  s'il  sera  révocable  à  volonté  o^  seulement /.our 


autres  pièces  que  le  sénat-conserVateur  ,  le  coips 
législatif  et  le  tribunal  jugeraient  nécessaire  d'y 
déposer  ,  et  votre  commission  s'astendait  a  trouver 
à  ceiégard,  dans  Je  projet  de  loi  proposé,  une 
disposition  qtiç  l'orateur  du  gouvemejnent  avait 
annoncée.  La  faculté  que  nous  réclamons  est  con- 
sacrée ,  il  est  vrai ,  par  l'arrêté  des  consuls  du  8 
prairial  dernier  ,  et  nous  sommes  loin  de  penser 
que  son  exercice  ait  à  redouter  aucun  obstacle. 
Mais   cette    faculté   qu'exerçait    seul  auirelois 


malversation  préalablement  jugée.  Ces  dispositions 
sont  indisi  ensables  quand  il  s'agit  de  nominations 
dans  un  état  où  il  y  a  des  fonctionnaires  révocables 
à  volonté ,  des  toncilonnaites  à  teins  ,  et  des  fonc- 
tionnaiies  à  vie  :  elles  sont  plus  indispensables  en- 
core ,  lorsqu'il  s'agit  d'un  fonctionnaire,  dont  la, 
nominaiion  ei  la  responsabilité  ont.jusques  à  C« 
jour  ,  consiammeni  fait  exception  aux  règles  com- 
munes :  elles  sont  indispensables  ïur-tout  ,  quand 
ce  fonctionnaire  a  besoin  d'une  indépendance 


corps-législatif,  tient  essentiellement  à  la  digniié  d'une  garantie  proportionnées  à  l'immense  res- 
des  premiers  corps  constitués  de  la  république  ,  et  ponsabilité  qu  il  porte,  et  aux  grands  intéiêls  don* 
peut,  dans  bien   des  cas  ,  offrir  à  la  liberré  poli-     il  çU  chargé. 

tiqUe  et  civile  une  garantie  de  plu».  Nous  pensons  Telles  sont ,  citoyens  tribuns  .  les  observations 
que  la  loi  seule  doit ,  qu'elle  peut  seule  ,  conve-  que  nous  ont  suggérées  l'examen  du  projetdeloi, 
nablement  et  soEdement  la  consacrer;  et  nous  re-  |  et  l'étude  qu'il  nous  a  conduits  à  faire  du  régime 
gaidons  comme  une  omission  le  silence  qti  à  |  actuel  des  archives  nationales, 
gardé  à  cet  égatd  le  projet  de  loi  dont  la  dis-  j  j^ous  le  répétons,  au  surplus  ,  ces  observa- 
" '  "  lions   tendent   à    prouver    la  nécessité  de  dispo- 

sitions nouvelles  ,  mais  ne  conirarieiit  pas  celles 
renfermées  dans  le  projet  soumis  à  voire  exa- 
men. Ce  projet  est  bon  et  utile  en  soi.  Il  est 
important  dans  son  objet  ,  conforme  aux  prin- 
cipes dans  ses  détails,  sans  danger  dans  ses 
conséquences  ;  et  votre  cr^mmission  vous  pro- 
pose   de  voter   son  adoption. 

Le   tribunal   ordonne  l'impression  tle   ce   rap- 
port ,  et  ajourne  la  discussion. 

[  La  suite  demain.) 


cussion  vous  occupe 

Nous  n'avons'  aucune  objection  à  faire  sur  la 
quotité  du  traitement  qu'atiribue  à  l'archiviste 
l'ariêté  des  consuls  du  8  prairial  dernier.  Restreint 
dans  de  justes  'bornes  ,  il  nous  a  paru  égale- 
ment éloigné  d'une  prodigalité  blâmable,  et 
d  une  parcimonie  non  moins  dangereuse  ;  il  est 
de  plus  ,  ce  quil  fut  toujours,  égal  à  celui  des 
membres  du  corps  législatif.  Mais  s'il  est  vrai 
qu'aucune  dépense  ne  puisse  être  mise  à  la 
charge  de  l'état,  si  elle  n'a  été  consentie  et  fixée 
par  une  loi ,-  et  si  attribuer  un  traitement  à  un 
fonctionnaire  public  est  bien  consentir  et  fixer 
une    nouvelle   dépense    publique  ,    nous    nous 

croyons  autorisés  à   penser  que  la  fixation  faite  ,  bunat ,  et  Délerraont ,  orateur  du  eotrvernem''enV 
à    cet  égard  ,  {iar  l'arrête  des  consuls  ,   n  est  pas  ■  ,  „4„^,i  ,„  „_;^.  j_  1„;  „..;  .^  j"  H,.   '"^'"^"'  ' 


N.  B.  Dans  la  séance  du  9  ,  le  corps-législatif, 
après  avoir  entendu  Dieudonné  ,   organe   du  tri- 


définitive  ;  et  nous  regardons  comme  omise  dans 
le  projet  la  disposition  législative  qui  devait  la 
consacrer. 

Une  autre  observation  non  moins  importante 
a  frappé  votre  commission  ;  elle  porte  sur  to"t 
ce  qui  lient  à  la  nomination  ,  à  la  responsabilité 
et  a  la  garantie  de   l'archiviste. 

Vous  avcr  vu  ,  dans  les  lois  précédemment 
existantes  ,  quelle  importance  a  toujours  été  at- 
tachée au  dépôt  des  archives  nationales  ,  et  dans 
quelle  indépendance  l'archiviste  a  ,  par  suite  de 
cette  importance  même  ,  été  constamment  placé  ; 
nommé  par  le  corps-législatif  ,  responsable  en- 
vers lui  seul,  et  ordonnançant  immédiatement 
les  dépenses  des  archives  ,  lui  et  le  dépôt  qu'on 
lui  avait  confié  semblaient  mis  exclusivement  sous 
la  surveillance  publique  et  la  garantie  nationale. 
Cette  indépendance  que  les  diverses  assemblées 
représentatives  se  sont  accordées  ,  dans  tous  les 
tems  .  à  garantir  au  dépositaire  des  archives  ,  il 
suffit  ,  pour'  eo  apprécier  les  motifs  et  l'impor- 
tance ,  de  jeter  un  instant  les  yeux  sur  les  giands 
intérêts  livrés  à  sa  foi ,  et  le  précieux  dépôt  confié 
à  sa  stirveillance. 

Ces  vérités  ont  été  senties  par  le  gouvernement  , 
à  qui  elles  ont  dicté  plusieurs  des  disposidons  de 
son  arrêté.  Mais  indépendamment  de  ce  que  ces 
dispositions  n'ont  pas  ,  dans  la  forme  où  on  les 
a  piises ,  le  caractère  de  stabilité  si  désirable  ,  et 
que  la  loi  seule  peut  leur  imprimer,  nous  croyons 
qu'elles  sont  d  ailleurs  insuffisantes  en  elles-mêmes; 
et  nous  allons  tâcher  de  le  démontrer. 


a  adopté  le  projet  de  loi  qui  réduit  à  7  pour  cent 
l'ioiérêt  des  cautionnemens  fournis  par  les  rece- 
veurs généraux  et  particuliers  des  contribution» 
directes. 

Il  s'est  occupé  ensuite  du  troisième  tour  de 
scrutin  pour  l'élfction  d  un  candidat  à  présenter 
au  sénat-conservateur.  La  pluralité  des  suffragei 
s'est  fixée  sur  Dedeley-d'Agier. 


Le  prix  de  la  gravure  représentant  Turenne  , 
et  annoncée  dans  le  numéro  du  20  brumaire  ,  esi 
de  9  francs. 


COURS     DU    CH  AN  G  Ji. 
Bourse  du  g  frimaire. 

Rente  provisoire sS  fr.  38  c. 

Tiers  consolidé 34  fr,  25  c. 

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Théâtre   de    la  Republiqtje  et  np.s   Arts. 

Auj.  Orphée  ,  et  le  balletde  Héro  et  Léandre. 

Le  12  ,  Dardanus  ,   opéra  en  3   actes. 

Incessamment   [Oratorio   d'Haydn  ,    intitulé  Ia 

Création  du  Monde  ,  parodié   et  rois  en  vers  fran- 

Nul  doute  que ,  dans  l'état  actuel  des  choses  ,  I  çais  par  le  cit.  Ségur  jeune  ,  traduit  de  l'allemand^ 


la  surveillance  des  archives  nationales,  comme 
celles  de  tous  autres  étabfissemens  ,  de  tous  autres 
dépôts  publics ,  n'appartienne  au  gouvernement. 
Nul  doute  encore  que  les  nominations  aux  fonc- 
tions'pi^bhqùes  ,  lésant  ,  à  l'exception  de  celles 
constitutionnellement  dévolues  à  d'autres,  partie 
des  attributions  du  gouvernement  ,  celle  de  l'ar- 
chiviste ne  lui  appartienne.  Nul  doute  ,  enfin  ,  que 
l'arrêté  du  8  prairial  dernier  n'ait  beaucoup  fait 
pour  l'indépendance  et  la  garantie  de  l'archiviste, 
en  attribuant  spécialement  sa  nomination  au  pre- 
mier consul  ,  et  en  le  plaçant  sous  son  autorité  Auj.  le  Château  de  Duncan  ,  suiv.  de  la  Femme 
immédiate.  j"f«  «  partie. 

Théâtre  de  la  Cité-Vartètés.  —  Pantomimer. 
Aujourd.  l'Elevé  de  la  Nature  ,  pnnt.  allégorique 
à  grand  spectacle  ,  suivie  de  Molière  jaloux  et  d« 
Cadi'chon. 


et  la  musique  arrangée  parD.  Steibelt.  —  Le  prix 
des  places  sera   doublé. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
Roméo  et  Juliette  ,  opéra  en  3   actes. 

Théâtre  DES  JEUNES  élevés,  rue  deTbionville. 
Auj.  Jeannot  et  Colin;  Cassandre  comédien,,  et 
le  Chaudronnier  de  Saiot-Flour. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  le  Pot-pourri; 
la  Revue   de  Van  8  ,  et  M.  Guillaume. 

Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 


Mais  un  simple  arrêté  ne  peut-il  pas  être  rap- 
porté aussi  aisément  qu'il  a  été  pris  ?  L'itnportarice 
attachée  à  la  nomination  de  cet  archiviste  ,  ne 
peut-elle   pas    être   méconnue  ?    ne    peut-il   pas 


A  Paris ,  de  l'iniprimetic  du  cit.  Amasse  ,  propriétaire  du  Monitetu^  rua  Aet  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N^  Ti. 


Primedi  ,    1 1  frimaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Mous  sommes  aurorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le  MONITEUR  es:  le  seul  journal  officiel. 
Il  coudent  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tant 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvectes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Extrait  continué  des  gazettes  anglaises  ,  du 
10  au  27  brumaire  inclusivement. 

jyj.lSTRISsSlDDONSa  reparu  à  Drury-Lane  dans  le 
rôledeMisttiss  Hallerde  l'Etranger  (thestranger  ou 
Misantiopie  ei  Repentir).  Elle  a  joué  avec  tant  de 
vérité  et  de  sensibilité  ,  qu'elle  a  fait  fondre  en 
larmes  la  plus  grande  partie  des  spectateurs.  Une 
femme  est  tombée  en  convulsion,  et  on  a  été 
obligé  de  l'emporter. 

Deux  maniaques  ,  dont  l'un  se  dit  Zion  ,  fils 
du  roi  ,  et  en  relation  intime  avec  Jésus-Christ , 
ont  été  arrêtés  à  Buckingham-House  ,  où  ils  vou- 
laient parler  à  S.  M.  :  ils  ont  été  conduits  à  Bow- 
Strett  ,  par-devant  M.  Ford  ,  qui  ,  après  les  avoir 
interrogés  ,  a  ordonné  de  les  vêtir  et  de  les  trans- 
férer à  la  maison  de  correct'on  ,  avec  recom- 
mandation d'en  prendri^  le  plus  grand  soin. 

Le  docteur  Whilbe  fait  imprimer  un  ouvrage 
«avant  de  sa  composition  ,  relatif  à  l'histoire  d'E- 
gypte. 

Les  occupations  du  docteur  Hornsby  l'empê- 
chent de  continuer  la  publication  des  tables  et 
des  obseivations  de  Bradley.  Il  est  à  regretter 
que  M.  Powell  ne  veuille  pas  se  charger  de  ce 
travail. 

M.  Robert  Hope,  trésorier  du  vaisseau  du  roi 
le  Puissant,  âgé  de  So  ans  ,  vient  d'épouser  miss 
Fanny  Paul  ,  de  Porisinouth,  âgée  de  i3  ans. 

Elizabeth  Shaw  est  morte  ,  il  y  a  trois  semaines  , 
dans  le  Lincolnshire  ,  âgée  de  Il^  ans;  elle  a 
conservé  tous  ses  sens  jusqu'à  sa  mort ,  et  se 
souvenait  de  la  révolution  de  i68S. 

On  apprend  de  Madras  que  le  roi  de  Perse, 
vers  leq;;el  le  colonel  Malcolin  a  été  envoyé  en 
ambassade,  a  transféré  sa  cour  d  Ispahan  à  Fera- 
bad  ,  ville  trés-beile  ,  située  à  un  mille  et  demi 
de  la  première  ,  et  qui  s'étend  l'espace  d'environ 
trois  milles  le  long  du  Zenderoulh. 

Un  libraire  ayant  acheté  la  bibliothèque  du 
docteur  Wanon  ,  mort  dernièrement  ,  a  trouvé 
dans  un  des  livres  ,'  en  les  arrangeant  dans  sa 
boutique  ,  des  billets  de  banque  pour  la  somme 
de  ii5  liv.  sierl.  ,  qu'il  s'est  empressé  de  trans- 
mettre aux   héritiers  du  docteur. 

Le  vaisseau  de  S.  M. ,  le  Fersée ,  venant  de 
Gibraltar,  et  arrivé  à  Portsmoulh  ,  a  été  séparé 
par  un  coup  de  vent  dune  flotte  de  navires 
marchands  sous  son  escorte. 

Le  Romney  ,  de  5o  ,  est  entré  à  Shernes,  après 
avoir  perdu  tous  ses  mais  ,  cl  jette  les  canons  de 
ta  batterie  haute  ,  à  la  mer. 

Douvres  ,  21  brumaire.  —  Le  chef  d'accusation 
mis  en  avant  contÊc  Napper-Tandy  ,  porte  sur 
ce  qu'il  est  dit  avoir  accepté  et  exercé  la  com- 
mission de  général  de  brigade  au  service  de  la 
république   trançaise. 

Il  a  été  coupé  la  semaine  dernière  ,  dans  un 
jardin  près  de  Workinton  ,  un  chou  qui  pesait 
45  liv     et  demi. 

Le  nombre  des  personnes  embarquées  sur  le 
Pucei ,  se  montait  à  33o  ,  et  la  perte  de  ce  bâti- 
ment, brûlé  dans  le  port  de  Saint-  Salvador, 
au   Brésil  ,  est  évaluée   à  i5o,ooo  liv.  sterl. 

Quelque  mal  que  nous  aient  fait  dans  cette 
guerre  la  poudre  et  les  balles  de  l'ennemi  ,  il 
n'approche  pas  de  celui  que  nous  éprouvons 
journellement  des  poudres  et  des  pillules  de  nos 
empyriques. 

(  Extrait  du  Sun  et  du  Morning-Chronide.  j 
INTÉRIEUR. 
Paris  ,  le   10  frimaire. 

Sept  mille  soldats  russes  sont  prisonniersen 
Fiance  depuis  piés  de  i5  mois  ;  une  partie  a  été 
faite  prisonnière  en  combattant  avec  l'armée  au- 
trichienne ;  l'autre  patiie  combattant  avec  l'armée 
aijglaise  en  Baiavie. 

La  bravoure  des  troupe»  russes  a  depuis  long- 
lems  mérité  l'intérêt  du  premier  consul.. 

Habitués  à  un  climat  si  différent  du  nôtre  ,  il 
âfait  naturel  que  leur  échange  eût  lieu  de  pré- 
Mrence  à  celui   de»  anglais  ei  des   autrichiens. 

Mai»  k>  gouvernement   de   ces  deux  nations 


ont  refusé  de  recevoir  des  russes  dans  les  car- 
tels d'échange.  Le  gouvernement  anglais  a  poussé 
plus  loin  l'injustice  et  l'égf/tsme  ;  il  a  tefusé 
d'échanger  les  lioo  russes  qui  étaient  à  sa 
solde  ,  et  qui  fesaient  partie  de  l'armée  du  duc 
d  'Vorck  ,  quoiqu'il  y  eût  plus  de  «0,000  français 
prisonniers  en  Angleterre. 

Le  premier  consul,  révolté  d'une  injustice  aussi 
criante  ,  professatit  d'ailleurs,  depuis  iong-tems 
une  estime  toute  particulière  pour  la  loyauté  et 
la  franchise  de  Paul  I'^,  lui  a  fait  offrir  de  lui  rcn- 

j  voyer ses  prisonniers,  sans  échange  et  sans  rançon. 

'  Le  premier  consul  a  donné  des  ordres  pour  qu'ils 
fussent  tous  réunis  dans  les  déparlemens  du  Nord, 
ou  le  climat  est  plus  analogue  au  leur.  Le  ministre 
de  la  guerre  fait  confectionner  ieur  habillement  ; 
on  croit  que  l'intention  du  gouvernement  est  de 
les  renvoyer  en  Russie  avec  l'uniforme  de  leurs 
régimens. 

—  L'on  vient  de  recevoir  de  Bucharest,  du  aS 
octobre  1800  ,  la  nouvelle  que  les  troupes  de 
Passwan-Oglou  ont  attaqué  celles  de  la  Porte  , 
le  19  de  ce  mois  ,  avec  une  tçlle  violence  ,  que  la 
défaite  a  été  totale  sur  toute  la  ligne.  — Le  corps 
principal  ,  sous  les  ordres  de  Placi  ,  pacha  ,  a 
été  même  entièrement  dispersé;  les  troupes  de 
Passwan-Oglou  ont  enlevé  la  caisse  militaire  , 
neuf  pièces  de  canon  ,  toutes  les  munitions  et 
vivres  de  l'armée  ottomane  ,  dont  la  perte  en 
morts  et  blessés  est  très-considérable. 

On  craint  que  Passwan-Oglou  n'entre  en  Vala- 
chie  et  ne  mette  à  contribution  la  capitale  ,  oià 
tout  est  en  consternation.— Le  prince  a  disposé 
ses  troupes  le  long  du  Danube  ,  pour  empêcher 
le  passage  du  fleuve  ,  et  il  a  en  outre  un  corps 
considérable  à  Bucharest  ,  avec  lequel  il  compte 
se  défendre. 

—  A  la  nouvelle  subite  inattendue,  allarmanée  de 
l'attentat  qui  médité  contre  les  jours  du  premier 
consul ,  devait  être  exécuté  le  18  vendémiaire  ,  les 
autorités  supérieures  que  Paris  renferme  ,  se  sont 
einpressées  d'exprimer  les  sentimens  que  cet 
événement  fesait  naître.  Si  elles  ont  eu  le  privilège 
déparier  les  premières,  elles  ont  eu  l'avantaae  de 
servir  d'interprètes  à  la  France  ,  qui  bientôt  fe- 
sant  par-tout  entendre  le  même  langage  ,  et  par- 
tout émettant  les  mêmes  vœux,  semblait  avoir  à 
l'avance  choisi  ces  autorités  pour  ses  organes. 

Nous  empresser  de  faire  connaître  les  premiefs 
témoignages  de  l'allarme  publique,  fut  un  devoir- 
Mais  de  toutes  lesjparlies  de  larépublique, d'autres 
témoienagessonl  venus  à  l'appui  des  premiers.  S'il 
est  difficile  de  les  énumérer,  s'il  est  presque  ira- 
possible  de  les  faire  connaître,  indiquer  leur 
existence  est  un  acte  de  rigoureuse  impartialité  : 
nous  craignons  de  ne  le'  remplir  qu'imparfaile- 
tnent  :  en  effet  donnerons-nous  une  idée  juste  de 
l'immense,  mais  intéressante  collection  que  nous 
avons  sous  les  yeux  ,  en  disant  que  par-tout,  ma- 
gistrats envoyés  des  dépanemens,  préfets,  conseils 
de  préfectures  ,  secrétaires-généraux,  maires ,  ad- 
joints ,  commissaires  ,  agens,  négocians  ,  cultiva- 
teurs, citoyens,  artistes,  artisans, généraux,  officiers, 
soldats  ,  femmes,  adolesccns,  vieillards , étrangers 
même ,.  soit  dans  uue  foule  immense  d'adresses 
collectives,  oii  le  vœu  de  la  cité  qui  a  signé  toute 
entière  se  trouve  déposé,  soit  dans  d  honorables 
lettres  individuelles  ,  expriment  leurs  allarmes  , 
peignent  leur  allégresse  ,  protestent  de  leur  dé- 
voûment  ! 

Ces  adresses  ont  un  caractère  particulier  qui 
n'échappe  point  à  l'œil  attentif  de  l'observateur. 
Leur  envoi  a  été  spontané.  Les  honneurs  de  la 
tribune  ne  leur  étaient  point  destinés  :  l'espoir 
d'une  éclatante  publicité  n'a  pu  leur  servir  de 
mobile.  Elles  portent  le  cac-het  de  la  franchise  ,  la 
concision  :  en  les  lisant,  00  ne  peut  y  recon- 
naître ni  cet  esprit  d  intérêt  local  ,  ni  ces  préten- 
tions particulières  ,  qui  souvent  ont  pu  grossir 
le  nombre  des  signataires  ,  ni  cette  fausse  exagé- 
ration annonçant  la  terreur  qu'on  ressent  par  la 
terreur  qu'on  inspire ,  ni  sur-tout  cette  adula- 
tion servile  ,  langage  indigne  d'un  grand  peuple 
épris  des  vertus  de  son  chef ,  appréciateur  de 
son  génie  et  rémunérateur  de  ses  services. 

Honorables  et  respectueuses  pour  le  chef  du 
gouvernement  ,  elles  associent  à  la  reconnais- 
sance nationale  ,  et  les  collègues  du  premier 
consul  ,  et  son  conseil  ,  et  le  ministre  qui  veil- 
lait sur  lui  ,  et  cette  garde  brillante  qui  doit  son 
poste  à  sa  renommée  .  sa  renommée  à  sou  cou- 
rage ,  et  son  plus  bel  éclat  à  sa  tidélité. 


Elles  sont  écrites  de  ce  ton  simple  ,  naturel  et 
vrai,  a  la  sincérité  duquel  il  est  impossible  de 
ne  pas  croire  ,  puisque  ,  dans  aucun  tems  ,. ce- 
lui qui  la  pris  ne  pourrait  prétendie  l'avoir  si- 
miile  :  elles  sont  sur-loui  rcmirquabics  en  ce 
quelles  ont  le  caractère  du  lépubl^canismc  et 
e  sentiment  de  la  vraie  liberté.  Dans  toutes 
linieiêt  national  est  encore  plus  considéié  que 
celui  même  de  l'homme  auquel  elles  s'adies- 
sent  :  on  voit  bien  avec  douleur  le  coup  qu'il 
devait  recevoir  ;  mais  sur-iout  on  contemple  avec 
eluoi  la  blessure  profonde  qui  aurait  déchiré  le 
sein  de|la patrie. 

En  jeitant  les  yeux  sur  l'immense  coUeciioll 
de  ces  adresses  ,  on  ne  doit  pas  être  étonné  de 
voir  I  expression  naîire  presque  par-tout  la  même  , 
laouun  vœu  commun  a  conduit  toutes  les  plumes. 
Le  sentiment  n'a  qu'un  langage,  et  s'il  était  besoin 
d  une  preuve  de  la  sincérité  des  signataires  ,  celle» 
Cl  pourrait  suffire. 

Touts'accorderasurcesdeuxpointsprincipaux: 

Punition  exemplaire  du  crime  ; 

Précautions   sévères   pour  l'avenir. 

Cependant  dans  le  nombre  de  ces  adresses,  i^ 
en  est  que  le  nom,  le  caractère  des  signataire», 
feraient  distinguer  ,  si  d'ailleurs  l'expression  qu'ils 
emploient  n'était  en  soi  remarquable. 

Ainsi  l'on  peut  citer  particulièrement  la  com- 
mune de  Bordeaux  qui ,  fixant  l'intérêt  au  seul 
nom  de  son  comtperce  ,  déclare  a  que  sa  recon- 
'»  naissance  et  les  besoins  de  la  patrie  sont  la 
'»  mesure  de  l'indignation  qu'elle  a  éprouvée.  » 

<t  Envain,  disent  encore  les  magistrats  et  les 
)>  habitans  de  cette  cité  ,  envain  les  ennemis  de  la 
"  république  armeront  les  mains  pariicides  et 
'>  sanguinaires:  le  génie  de  la  France  ,  qui  a  veillé 
M  sur  vous  au  milieu  des  combats  ,  qui  vous  a 
>'  guidé  à  travers  les  flots  ,  conservera  à  la  répu-t 
>>  blique  son  premier  magistrat  à  qui  elle  doit 
>>  tant,  de  qui  elle  attend  son  bonheur  et  la  sta- 
>>  bilité  de    son    gouvernement,  d 

Il  est  aussi  difficile  de  ne  pas  parler  de  ces 
réunions  spônianées  des  négocians  des  principale» 
villes  de  France  ,  exprimant  quel  prix  ils  attachent 
pour  l'accroissement  et  la  prospérité  du  com- 
merce ,  à  un  gouvernement  stable  ,  éclairé  ,  pro- 
tecteur,  fondant  l'élévation  de  leurs  espérances 
pour  l'avenir  sur  le  résultat  connu  des  travaux 
et  des  améliorations   d'une  année. 

On  doit  citer  aussi  la  commune  de  Toulouse-, 
analysantainsi  ses  sentimens  ;  a  Attachement  pour 
)>  le  premier  consul  ,  reconnaissance  pour  ses  il- 
>i  lustres  services  ;  joie  pour  le  présent,  espérance 
"  pour  l'avenir.  >> 

Les  habitans  d'Evreux  offrant  a  l'hommage  de 
)>  leurs  cœurs  et  les  services  de  leurs  bras,  fi 

Ceux  de  Montpellier  honorant  plus  encore 
(1  le  vainqueur  des  factions  que  celui  des  en- 
))  nemis  ,  le  resiauiateur  des  sciences,  du  com- 
))  merce  et  des  arts,  que  le  conquérant  et  le  iriora- 
j»  phateur.  u  ^ 

Le  préfet  du  Rhin  déclarant  au  premier  con«ul 
que  "  si  la  confiance  et  l'attachement  du  peuple 
j)  français  peuvent  lépandre  quelques  chrtimes 
>>  sur  une  vie  qu'il  a  remplie  de  tant  de  hauts 
J)  faiis  ,  jamais  il  n'a  dû  plus  qu'aujourd'hui  at- 
jt  tacher  de  prix  à  l'exislence.  u  : 

Les  p'réfeis  du  Var,  des  Bouches-du-Rhône,  des 
Landes  ,  de  la  Haute-Vienne  ,  du  Léman,  de  la 
Charente,  de  l'Ain  ,  des  Pyrénées  ,  de  lu  Mo- 
zelle.  etc.  etc.  expriment  un  sentiment  égal  dans 
des  termes  presque  semblables. 

Les  maires  et  adjoints  de  l'a  Rochelle  rappellent 
que  les  murs  de  cet  ancien  boulevard  de  l'i-  dé- 
pendance «  renferment  toujours  des  amis  (le  la  li- 
)>  berté  ,  noniment  une  juste  défiance  du  crime 
'»  la  dernière  science  des  héros' ■,,  et  désirent  que 
M  Bonaparte  la  réunisse  à  celles  qu  il  possède.  >> 

Le  préfet  du  département, du  Nord  ,  Joubert ,  se 
rendant  l'interprète  des  foncljpnnaires  et  des  habi- 
tans de  ce  vaste  déparieinent,  si  féconcl  en,  res- 
sources ,  si  célèbre  par  ses, efforts  ,  et  proieslant 
d'un  dévoûraent  garanf^i par  les.pl us  nobles  sacri- 
fices. .  ,   ,' 

Le  préfet  de  la  Roer,  Sitnon.  et  le  secrétaire- 
général  Jourdan  qui  ii  placés  aux  confins  de  la  ré- 
j>  publique  et  sentinelles  avancées  de  l'état, 
i>  croyaient  avoir  devant  eux  tous  les  ennemis  de 
>i  la  France,  et  ne  pensaient  pas  devoir  trembler 
))  pour  des  jours  ,  respeciés  au  milieu  de  la  sédi- 
I)  tioo  des  cités ,  des  cbanips  dé  llialie, des  désert» 


ji  de  l'Afrique  ,  des  écueils  de  la  mer  ,  de»  préci- 
))  pices  glacés  ,  et  des  flottes  ennemies,  n 

A  une  autre  extrémité  de  la  Fiance  le  préfet  du 
Mont-Blanc  parlant  du  devoûment  d'un  peuple 
d'autant  plus  juste  appréciateur  des  services  du 
premier  consul  ,  qu  il  est  plus  voisin  des  lieux 
illustrés  par  ses  victoires. 

Enfin  Lyon  et  Valenciennes .  soit  que  la  pre- 
mière parle  de  son  industrie  se  ranimant  ,  et  de 
ton  coniraeice  rendu  à  la  vie,  soit  que  l'autre 
rtionire  ses  plaies  encore  seignantes  ,  ses  débris 
dispersés  ,  et  ses  habilans  sans  asyle  ,  se  réunis- 
sant dans  un  sentiment  commun  de  dévouement 
et  de  fidélité  ;  «  qui  pourra  ,  dit  la  première  , 
91  disputer  avec  nous  d'attachement  pour  le  héros 
«1  et  le  chef  à  qui  nous  devons  tant  de  bientaiis  ? 
»î  Qui  refusera  de  çtolie  ,  dit  la  seconde  ,  à  des 
>i  promesses  scellées  de  notre  sang  ?  qui  doutera 
5)  d'une  fidélité  que  les  ravages  ennemis  n'ont  fait 
u  qu'accroître.  )> 

La  franchise  ,  la  loyauté,- le  dévouement  ,  tels 
sont  les  caractères  des  lettres  qu'une  foule  de  mili- 
taires adressent.  Nous  ne  pouvons  les  nommer  tous  : 
nous  nous  arrêtons  aisément  à  ceux  dont  l'ex- 
pression nous  parait  la  plus  remarquable.  Le  ci- 
toyen Féry  offre  3400  bras  éprouvés  sous  le  dra- 
peau de  la  Sa',  demi-brigade  :  le  quartier-maître 
de  la  5g'.  écrit  du  milieu  des  Alpes,  quels  sont 
les  senlimens  de  cette  brave  légion  ,  en  rappelant 
au  premier  consul  n  qu'à  Maringo  elle  combattait 
•»  à  sa  droite,  n  La  6'.  ,  la  68'.  de  ligne  ,  les  corps 
composant  la  18'.  division  ,  les  marins  de  Brest  , 
les  militaires  composant  la  i5'.  division  ,  le  corps 
commandé  en  Lombardie  par  le  général  Vignolle , 
enfin  ,un  grand  nombre  d'officiers  de  tout  grade  , 
et  lei  braves  qu'ils  commandent  ,  se  proposent 
pour  gardiens  fidèles ,  ou  pour  intrépides  ven- 
geurs. 

>  Mais  un  plus  grand  nombre  de  citoyens  veu- 
lent que  le  crime  soit  prévenu  ,  poux  n'avoir  à 
le  punir  ,  ni  à  le  venger. 

Parmi  ceux  qui  donnent  ce  conseil  de  la  pru- 
dence .  on  distingue  les  magistrats  et  les  habitans 
d'une  ville  ,  dont  la  conduite  pendant  la  révolu- 
tion fut  un  modèle  ,  puisque  la  sagesse  y  servit 
tonstammçnl  de  règle  au  patriotisme.  «<  Consul  , 
>)  disent  le  préfet  Beugnot  et  les  habitans  de 
»»  Rouen  ;  tous  les  français  ont  frémi  ,  excepté 
>»  vous  ;  ne  vous  exposez  plus.  >' 

t(  Pour  ne  pas  être  alarmés  ,  ajoutent  les  cit. 
>î  de  Saône  et  Loire  ,  il  faudrait  que  tous  nos 
»>  cœurs  eussent  11  magnanimité  du  vôtre.  )i 

i<  Vous  avez  bravé  le  poignard  des  assassins  , 
»  disent  les  fonctionnaires  de  la  Rochelle  ,  voilà 
»)  le  premier  ton  que  nous  ayons  à  reprocher  à 
>i  voire  sagesse.  Ce  n'est  pas  à  Bonaparte  que 
>>  l'on  demande  despreuves  de  courage. 

tt  Bonaparte  généra!  ,  écrit  un  citoyen  de  la 
!)  Haute-Loire  ,  était  maître  d'expo,set  ses  jours 
)>  pour  maîtriser  la  fortuné  et  augmenter  la  masse 
51  de  sa  gloire;  mais  premier  consul  ,  il  ne  s'ap- 
î'  partient  plus.  Je  laisse  aux  autorités  constituées 
5)  le  soin  d'aitestéi  que  le  crime  était  annoncé 
»)  quinze  jetrrs  avaRt  de  le  commettre.  )> 

<t  'Veillez  sur  vos  j^urt ,  consul ,  (  disent  les 
»j  cultivateurs  de  Liailcourt  )  ,  nous  vous  rap- 
ji  pelons  ce  devoir  avec  franchise  ;  nous  em- 
>>  ploierions  la  même  sincérité  pour  vous  en 
î)  rappeler  d'autres  ,  si  votre  administration  ne 
>i  piévenait  nos  voeux,  ii 

Parmi  ceux  qui  demandent  avec  le  plus  d'ins- 
tance la  punition  du  crime  ,  on  remarque  les 
magistrats  de  Pau  ,  dont  les  souvenirs  ont  ici 
de  l'éloquence;  le  préfet  des  Vosges;  les  ma- 
gistrats d  Orléans  ;  Jes  membres  du  tribunal 
dOrthcz,  déclarant  it  qu'il  appartient  à  la  répu- 
>>  blique  de  poursuivre  les  assassins  de  son  pre- 
)>  mier  magistrat  >>  ;  les  fonctionnaires  de  Grasse, 
empruntant  le  langage  de  l'orateur  romain  contre 
les  comfilices  de  Catilina  ;  le  préfet  Faitpoul  , 
qui  II  au  nom  de  la  liberté,  de  la  pa^ie  et  du 
41  repos  de  l'univers  >i  demande  un  exemple  écla- 
tant et  une  justice  sévère. 

Le  préfet  d'Etire-et-Loir  ,  celui  du  Jura ,  et  une 
foule  d'autres  ,  qui,  visitant  ces  départemens  au 
monàent  ovi  ils  reçoivent  la  nouvelle  du  complot, 
ont  pu  recueillir  eux-mêmes  le  voeu  des  com- 
munes ;  le  préfet  du  Gers  qui  peint  a  le  peuple 
»i  français  frappé  dans  la  pefsonne  àe  son  chef.  '^ 
Le  préfet  de  l'Yonne,  R6ugier-la-Bergerie  ,  celui 
de  la  Di^ôme  ,  CoUin;  le  commissaire-général  de 
police  à  Lyon  ,  Noël  -,  le  préfet  du  Rhône ,  Ver- 
ninac  ,  les  magistrat»  d'Auxonne  ,  se  glorifiant 
>)  d'avoir  conjpté  Bonaparte  parmi  les  habitans  de 
«>  cetttf  ville;  ndes  compagnons  de  la  jeunesse  du 
premier  consul  ,  joignant  à  l'expression  de  leur 
sollicitude  ,  celle  de  leur  attachement  ou  de  leur 
reconnaissance  particulière. 

Le  laconisme  de  quelques  adresses  suffirait  pour 
les  faire  remarquer.  Ainsi  s'expriment  les  juges  de 
Monlmorillon  : 

Il  Citoyen  consul  on  a  conspiré  contre  vos  jours, 
>>  la  providence  les  a  sauvés ,  grâces  éternelles  lui 
t)  soient  rendues.  >' 

Beaucoup  d'autres  intéressetit ,  les  unes  par  le 


«7* 

soin  ingénieux  avec  lequel  les  fonctionnaires  ont, 
conservé  ,  pour  les  transmettre  ,  les  expressions 
et  jusqu'au  langage  des  cultivateurs;  d'autres, 
par  des  traits  d'une  na'iveté  louchante  ou  d'une 
piquante    originalité. 

A  ces  caractères  particuliers  ,  se  joignent 
des  résultats  plus  généraux  et  plus  sadslesans  ; 
la  plupart  des  adresses  annoncent  en  effet 
que  la  nouvelle  du  danger  a  ralliéj  les  esprits  ,'  et  a 
fait  disparaître  les  nuances  d'opinions  qui  divi- 
saient quelques  communes;  c'est  par  ce  trait,  de 
tous  peut-êiie  le  plus  intéressant ,  que  nous  de- 
vons terminer  cette  analyse. 

—  Hier  soir  ,  le  cit.  Getz  .  pâtissier  sur  le  bou- 
levard du  Temple  ,  revenant  du  marché  aux  che- 
vaux ,  à  la  suite  d'une  querelle  avec  les  deux 
frères  Poidatz  ,  dont  L'un  est  architecte  du  dépar- 
tement de  la  Seine  ,  a  été  frappé  par  ce  dernier 
d'un  coup  de  couteau  l.mcé  dans  l'estomac.  La 
garde  a  arrêté  les  deux  frères  ;  la  police  a  de 
suite  livré  le  prévenu  au  juge  de  paix.  On  espère 
sauver  la   vie  au   bicssé. 

—  La  nuit  dernière  le  feu  a  pris  dans  un  bateau 
à  poisson  ,  près  le  Pont-Marie  ;  heureusement 
une  patrouille  s'en  est  apperçue  ;  les  secours 
ont  été  si  prompts  que  le  feu  a  été  bientôt  éteint  , 
et  que  l'on  a  préservé  les  bateaux  de  charbon 
qui   environnaient  la  barque  incendiée. 

—  Toutes  les  dispositions  sont  prises  à  Bor- 
deaux ,  pour  l'établissemeut  de  bicnfesance  des 
soupes  économiques.  Les  membres  des  premières 
autorités  y  sont,  comme  à  Paris,  à  la  tête  des 
souscripteurs.  Les  mêmes  dispositions  sont  faites 
à  Niort  par  les  soins  du  préfet. 

—  M.  Frauberg  ,  astronome  suédois  ,  a  entre- 
pris ,  l'année  passée  ,  un  voyage  en  Laponie 
pour  visiter  les  lieux  oià  Maupertuis  et  ses  collè- 
gues avaient  mesuré  le  degré  du  méiidien.  Il 
s'est  avancé  bien  plus  au  nord  que  les  savans  , 
et  a  trouvé  à  cette  occasion  que  déjà  ,  en  l'an- 
née i6Si  .  trois  français  ,  nommés  Defercourt  , 
Corberon  etRegnard  ,  avaient  poussé  leur  voyage 
jusqu'à  1  Eglise  de  Jukasjerswi  .  dans  la  latitude 
de  67  degrés  3o  minutes  ;  c'est-là  qu'ils  ont  laissé 
l'inscription  si  connue  et  publiée  dans  les  œuvres 
de  notre  second  poëte  comique  : 

Gallia  nos  genuit,  vidit  nos  Africa  ,  etc. 

—  Le  grand  oratorio  d'Haydn  ,  intitulé  ta 
Création  du  Monde ,  sera  incessamment  exécuté  au 
Théâtre  de  la  république  et  des  arts.  La  musique  en 
a  été  arrangée  par  D.  Stebelt  ,  et  les  paroles 
françaises  parodiées  de  l'allemand  sont  du  citoyen 
Ségur  jeune.  Garât  et  madame  Barbier  'Walbonne 
chanteront  dans  cet  ,otatoiio.  Le  piano  sera  tenu 
par  D.  Stebelt.  L'orchestre  devra  être  composé 
de  i5o  musiciens. 

—  Le  I"  nivôse  prochain  ,  il  sera  ouvert  à 
Epinal ,  un  concours  public  pour  choisir  le  pro- 
fesseur du  cours  gratuit  d'accouchement  qui  doit 
y  être  établi  en  vertu  de  l'arrêté  du  préfet  du  dé- 
partement des  Vosges  et  de  l'autorisation  du  mi- 
nistre de  l'intérieur.  Le  cours  commencera  le 
1"  ventôse  de  chaque  année  et  durera  quatre  mois. 
Le  prolesseur  jouira  d'un  traitement  annuel  de 
700  fr.  Les  personnes  qui  désireront  se  présenter  , 
devront  se  faire  inscrire  avant  le  20  frimaire  à  la 
préfecturedu  dépariement  des  Vosges. 

—  Il  paraît  en  Espague  deux  traductions  du 
drame  allemand  de  Kotsbiie  ,  intitulé  :  Misan- 
trop'u  elRepentir. 


T      R     I     B     U      N     A     T. 

Présidence  de  Thiessé. 

SUITE  DE   LA    SÉANCE   DU    7    FRIMAIRE. 

Chabot,  de  l'Allier.  Tribuns,  le  projet  de  loi 
soumis  à  votre  discussion  a  pour  objet  de  con- 
server à  la  république  des  propriétés  importantes 
que  des  communes  ont  tenté  d'usurper.  Ce  sont 
les  lois  relatives  au  partage  des  communaux  ,  qui 
ont  fourni  le  piétéxte  et  les  moyens  de  ces  usur- 
pations devenues  très-fréquentes. 

Ce  projet  de  loi  est-il  juste  ,  est-il  nécessaire 
ou  utile  ?  tels  sont  les  rapports  sous  lesquels  il 
convient  de  l'examiner. 

Fixons-nous  d'abord  ,  sur  celte  question  qu'a 
faite  le  gouvernement  dans  l'exposition  de  ses 
motifs.  Faut-il  regarder  les  jugcmens  sur  lesquels 
les  autorités  n'ont  pas  eu  le  tems  de  prononcer , 
comme  définitivement  acquis  aux  communes  ? 
est-ce  ici  le  cas  d'opposer  à  la  nation  une  fin  de 
non-tecevoir  ? 

Il  est  évident ,  d'après  ces  expressions  ,  que 
le  gouvernement  a  craint  qu'on  opposâtr  une  fin 
de  non-recevoir  coiitre  les  appels  des  jugemens 
arbitraux  obtenus  par  les  communes  ,  lorsque 
ces  appels  se  trouveraient  interjettes  postérieure- 
ment à  l'expiration  des  délais  fixés  par  la  loi  du 
28  brumaire  an  7. 

Cependant  ,  on  pourrait  lui  répondre  que  les 
articles  III  et  IV  de  la  loi  ont  bien  fixé  les  délais 
dans  lesquels  les  adirairiistraiions  centrales  enver- 


raient leurs  avis  sur  les  jugemens  qu'elles  croi- 
raient devoir  être  maintenus  ,  et  les  délais  dans 
lesquels  le  ministre  statuerait  si  l'appel  devait  ou 
non  être  interjette  ;  mais  que  ces  articles  ne  par- 
lent nullement  du  délai  dans  lequel  les  appels 
devaient  avoir  lieu  :  que  l'article  II,  qui  a  prescrit 
aux  commissaires  près  les  administrations  d'tnter- 
jetter  ces  appels ,  n'a  pas  déterminé  d'une  manière 
fixe  et  précise  les  délais  dans  lesquels  seraient 
notifiés  ,  et  que  dès-lors  ces  délais-  doivent  être  , 
suivant  la  règle  générale  ,  de  3o  ,  ou  au  moins 
de    10  ans. 

On  pourrait  répondre  encore  que  la  loi  n(a  pas 
mênàe  limité  le  délai  dans  lequel  l'adminislratioit 
centrale  devait  prendre  son  arrêté  sur  les  juge- 
mens qu'elle  croyait  susceptibles  d'être  réformés, 
et  que  l'appel  ne  pouvant  être  interjette  qu'aprèi 
lavis  de  l'administration  ,  le  délai  pour  l'appel  ne' 
peut  être  expiré  ,  puisque  le  délai  pour  donner 
l'avis  n'est  pas  limité. 

Mais  il  faut  en  convenir  ,  si  l'on  consulte  l'es- 
prit et  l'objet  de  la  loi  du  28  brumaire  ,  on  re- 
connaît aisément  que  sa  rédaction  est  vicieuse  ; 
qu'elle  n'a  pas  exprimé  tout  ce -qu'elle  voulait 
ou  qu'elle  l'a  mal  exprimé ,  et  que  les  délai» 
qu'évidemment  elle  a  eu  l'intention  de  fixer^  sont 
réellement  expirés  ;  le  gouvernement  a  donc  été 
bien  fondé  à  croire  qu'on  pourrait  opposer  la 
fin  de  non-recevoir  contre  les  appels  interjettes 
positivement  à  ces  délais  ,  et  l'équivoque  mêm» 
que  font  naître  sur  ce  point  les  vices  de  la  ré-^ 
daction  ,  serait  un  motif  de  plus  pour  adopter  le 
projet  de  loi  ,  puisqu'il  préviendra  les  inciden» 
qu'elle  pourrait  produire. 

Quant  à  la  justice  du  projet  de  loi  ,  elle  ne 
saurait  être  contestée. 

Votre  commission  ,  citoyens  tribuns  ,  pense 
comme  le  gouvernement  ,  que  s'il  n'existait  pas 
encore  de  loi  qui  autorisât  la  république  à  se 
pourvoir  par  appel  contre  les  jugernens  arbi- 
traux qui  la  dépouillent  au  profit  de  plusieurs 
communes  ,  de  parties  très-considérables  de  fo- 
rêts et  même  de  forêts  entières  ,il  faudrait  émettre 
aujourd'hui  cette  loi  salutaire  ,  pour  qu'un  mode 
de  jugement  plus  sûr  que  le  mode  bisarre  et  ré- 
volutionnaire adopté  par  la  loi  du  10  juin  J793  , 
rendît  aux  parties  contenlieuses  la  justice  qu'elles 
ont  droit  de  réclamer  ;  mais  la  loi  existe  :'  il  ne 
s'agit  que  des  délais  nécessaires  à  son  exécution  , 
et  il  faut  que  la  république  et  les  commune* 
jouissent  à  cet  égard  de  toute  la  latitude  conve- 
nable pour  vérifier  et  défendre  leurs  droits  ,  sans 
que  néanmoins  les  délais  soient  prolongés  au< 
delà  <Ju  tems  nécessaire  pour  l'examen  et  le  juge- 
ment des  contestations. 

Le  délai  d'un  an  a  paru  sagement  combiné 
en  raison  du  .grand  nombre  et  de  l'importance 
des  affaires.  Les  communes  qui  n'avaient  pas  pro- 
duit leurs  jugemens  et  leurs  pièces  dans  le  mois 
de  la  publication  de  la  loi  du  28  brumaire  ne 
peuvent  s'opposer  au  projet  de  loi  ,  puisqu'il  leur 
accorde  à  elles-mêmes  un  nouveau  délai  pour 
produire  ,  et  celles  qui  ont  fait  leurs  produc- 
dons  dans  le  tems  utile  ,  inspireraient  de  grave» 
soupçons  sur  la  justice  de  leurs  prétentions ,  si 
elles  s  opposaient  à  ce  que  la  républiq'ue  eût  le 
tems  de  se  défendre. 

Il  suffit  enfin  de  savoir  comment  les  affaire»  ont 
été  discutées  et  jugées  en  arbitrage  forcé  ,  pour 
accueillir  avec  empressement  les  moyens  de  sou- 
mettre à  des  jugemens  plus  sûrs  et  plus  équitables 
les  intérêts  de  la  réptibhque. 

Votre  commission  ,  citoyens  tribuns ,  n'a  donc 
pas  hésité  à  se  prononcer  en  faveur  du  projet  de 
loi  ;  mais  elle  a  vu  avec  peine  qu'on  ne  s'occupait 
que  des  intérêts  de  la  république  ,  et  qu'on  ou- 
bliait ceux  des  partic'"uliers  qui  se  trouvent  éga- 
lement lésés  et  dépouillés  par  une  foule  de  ju- 
gemens arbitraux  qu'ont  obtenus  les  communes 
en  exécution  de  la  loi  du  10  juin  1793  ,  et  elle 
a  cru  devoir  faire  entendre  ici  son  vœu  ,  pour 
qu'un  nouveau  projet  de  Un  r.ndeaux  particu- 
liers la  même  justice  qu'à  laiëpublique. 

Cependant  ce  ne  serait  encore  à  mon  avil 
qu'une  demi-mesure,  Il  faut  en  venir  enfin  à  ré- 
viser entièrement  la  loi  du  10  juin  1793,  pour  la 
dépouiller  de  ses  vices ,  et  en  concilier  les  dis- 
positions utiles  avec  le  respect  dû  à  la  propriété. 
Cette  révision  réclamée  de  toutes  parts  et  deptii»  ' 
si  long-iems  ;  cette  révision  tant  de  fois  promise 
et  annoncée  par  les  législalents  ;  celte  révisien 
que  conimandent  la  morale  et  l'intérêt  public  , 
ne  peut  plus  aujourd'hui  rencontrer  d'obstacle  , 
et  ne  doit  plus  éprouver  de  retards. 

Votre  commission,  citoyens  tribuns  ,  livre  ces 
observations  à  votre  sagesse  et  à  la  sollicitude 
du  gouvernement  ,  et  vous  propose  de  voter 
l'adoption  du  projet  de  loi  qui  vous  est  soumis. 

Le  tribunal  ordonne  l'impression  et  l'ajourne- 
naent. 

On  reprend  la  suite  de  la  discussion  sur  le 
projet  dé  loi  qui  fixe  à  7  pour  cent  l'intérêt 
des  cautionnemens  des  receveurs  des  contri- 
budons. 

Lausiat.  Il  a  fallu,  ce  me  {emlile  ,  igiibrer  U^ 


discussion  pour  rendre  problématique  si  le  Ivibu- 
nat  accordcraii  son  vœu  à  une  loi  qui  rédiiii  l'in- 
térêt des  cautionnemens  des  receveurs  de  lo  à  7 
pour  roc  ,  et  décharge  ainsi ,  durant  l'an  9  .  le  tré- 
sor public  d'une  dépense  de 600  mille  francs- 

Ceci  n  a.  assurément  aucun  rapport  avec  la  théo- 
rie de  liniérêi  légal ,  ni  avec  les  vices  qui  peuvent 
exister  dïns  le  nuniement  des  deniers  publics. 

Ce  n'est  pas  plus  un  intérêt  permanent  de  5 
pour  100  ,  voté  1  an  dernier  en  faveur  par  exemple 
des  notaires  qu'un  intérêt  de  10  pour  100  ,  voté  la 
même  année  en  laveur  des  comptables  qui  ont  dé- 
cidé du  cours  de  l'intérêt,  ni  dans  les  transactions 
commerciales  ,  ni  dans  les  transactions  communes. 
Tout  le  monde  sait  que  le  taux  de  ces  deux  genres 
d'intérêts ,  soit  que  la  loi  y  intervienne  ou  n'y  inter- 
vienne pas,  tient  à  beaucoup  d'au-res  élémens 
très-difFérens ,  et  dont  ce  n'est  point  l'occasion  de 
s'occuper.  Q^uant  aux  vues  de  crédit  national  et 
d'ordre  financier  qui  vous  ont  été  indiquées ,  elles 
sont  encore  plus  étrangères  au  taux  de  1  inléiêt  des 
cautionnemens.  Qjie  tel  intérêt  soit  faible  ou  fort, 
les  recevcursabu»ci  ont  tout  autant  de  la  confusion, 
si  on  la  laisse  pénétrer  dans  leurs  caisses  ,  et  de  la 
négligence  si  elle  règne  dans  le  contrôle  perpétuel 
auquel  tout  comptable  doit  être  nssujelti. 

Il  en  fi>t  ainsi  de  tous  les  teras  ,  et  le  sera  éternel- 
lement de  même.  La  finance  neût  pas  sans  cela 
donné  ces  spectacles  par-tout  et  toujours  si  sou- 
vent répétés  de  fortunes  soudaines  et  scandaleuses. 
Une  des  causes  qui  les  ont  le  plus  favorisées  pen- 
dant ces  dernières  années ,  la  diversité  des  signes 
de  valeur  et  de  monnaie  ,  cède  enfin  tout-à-l'heure 
entièrement  devant  la  constance  et  lascendant  de 
J'administration  actuelle.  Je  suis  bien  d'avis  aussi 
d'ajouter  le  plutôt  possible  et  cette  simplicité  dans 
les  gestions  ,  et  cette  activité  dans  la  surveillance  , 
et  cette  lacilité  d.ins  les  vérifications  ,  et  enfin  sur- 
tout celle  exactitude  rigoureuse  dans  la  comptabi- 
lité ,  qui  sont  en  cerie  partie  les  meilleurs  garans 
de  l.i  moralité  privée  et  de  l'ordre  public.  Mais  il 
serait  difficile  de  ne  pas  convenir  que  ces  sages 
vues  ne  se  rallient  de  bien  loin  à  la  question 
toute  simple  qui  nous  est  donnée  à  examiner. 

On  a  exigé  des  cautionnemens  des  Cjomplables 
par  des  lois  rendues  en  l'an  8  :  ces  lois  ne  fixent 
pas  le  taux  perpétuel  de  l'intérêt  ou  de  l'indem- 
nité ,  comme  on  voudra  1  appeler;  car  j'attache 
peu  d'importance  à  Uicr  de  l'un  de  ces  mots  plutôt 
que  de-l'-^iutre  ;  et  à  vrai  dire ,  le  mot  intérêt  ,  me 
■paraît  le  mot  propre.  Cet  jntétêt  fut  donc  déter- 
miné poiiî  l'an  S  seul  ,  au  denier  dix;  d'où  résulte 
la  ncccs-sNté  de  le  délerniiner  de  rechef  pour  les 
années  suivantes.  On  vous  propose  de  le  fixer  à  7 
pour  cent  pour  l'an  9. 

Y  a-I-il  là-dedans  vexation  et  injustice  contre 
les  receveurs .'  y  a-t-il  fausse  combinaison  de  la 
part  du  gouvernement  ?  je  ne  le  pense  pas. 

S'il  était  vrai  que  les  receveurs  n'eussent  ,  l'un 
dans  1  autre,  qu  environ  4600  francs  de  produit 
net  de  leur  place,  1  opinion  publique  serait  bien 
jnjuste  envers  eux  ,  puisqu'il  y  a  peu  de  dépar- 
temens  où  1  on  ne  les  soupçonne  de  s  être  au  con- 
traire ,  la  plupart  enrichis.  Mais  sans  descendre  à 
des  calculs  superflus  ,  il  est  évident  que  dans  ceux 
qui  ont  été  faits,  les  chaiges  ont  été  lort  exagé- 
rées ;  ce  qui  ,  au  demeurant  ,  tranche  celte  diffi- 
culié  ,  c'est  qu'on  ne  persuadera  certainement  à 
personne  ,  que  les  emplois  de  receveurs  aillent 
être  désertés  de  toutes  parts,  parce  qu'on  aura 
réduit  de  10  à  7  pour  cent  les  iiitérêis  de  leur 
cautionnement.  Je  ne  crains  pas  ,  au  contraire,  de 
mettre  en  fait  que  pas  uu  seul  d  entre  eux  ne  quit- 
tera pour  cela  sa  place  ,  et  que  s'il  y  en  avait  qui 
la  quittassent,  il  y  aurait  davantage  encore  dï 
coiiturrens  empressés  de  les  remplacer. 

Pour  bien  juger  la  question  ,  il  suffitaiipeut-ètre 
de  comparer  le  cours  des  effets  sur  la  place  à  la 
date  où  les  cautionnemens  ont  paiu,  avec  leur 
cours  actuel  :  le  ticrs-consolidé  n  éi.iit  pas  à  (9  (r. 
le  5  fiiinaire  an  8;  il  n'était  pas  à  sa  li.  ie  27  ven- 
tôse. Il  est  maintenant  à  plus  de  33  fr.  Le  cours  de 
tous  les  ,  fïets  nationaux  a  çuivi  la  même  propor- 
tionà  ces  diverses  époijues.  Si  ce  cours  s'est  lant  bo- 
nifié au  profil  du  crédit  national ,  pourquoi  les  in- 

-  téiêis  des  cauiionnemens  ne  s'en  resseniiraieniils 
pas  ?  Il  y  a  infiniment  plus  de  justesse  à  mon  avis 
entre  ce  rapprocbr;ment,  qu'entre  celui  de  liniérét 

'des  cautioijuemcnS  ,  et  de  l'intérêt  journalier  du 
commerce. 

En  général  l&s  fonds  des  cautionnemens  comp- 
tables se  composent  non  des  fonds  distraits  des 
fonds  ordinaires  du  commerce  ,  mais  des  capitaux 
dûs  à  l'allection  cl  à  la  confiance  de  U  pareulé  et 
de  l'amitié.  On  doit  en  conclure  que  I  intérêt  ac- 
quitté est  moins  fort  «pie  si  les  capitaux  étaient  em- 
prunté* à  des  spéculateurs. 

On  a  bien  fait  de  revenir  au  système  qUi  éiail 
jadis  en  usage  sous  le  nom  de  soumissions ,  et  qui  a 
été  ternis  en  vigueur  sou»  celui  d'obligations.  Il  a 
beaucoup  plu»  d'avantages  que  d'inconvéniens  ; 
znaii  il  ne  faui  plus  se  dissimulerqu'il  entraîneiné- 

.  viiablement  avec  lui  des  profits  de  maniement.  I  s 
entraient  autreiois  avec  précision  dans  les  calculs 
positiit  ({ue  le  gouvernement  leiiit  du  revenu  des 
places  des  receveurs; 


Enfin  on  peut  avec   fondement  regarder  le  bas 

intérêt  accordé  aux  cauiiomitmens  des  places 
comptables  ,  comme  un  faible  prix  mis  à  la  piéfé- 
rence  obtenue  pour  des  ennjlois  csseniiellfnicnl 
lucratifs,  sur  la  foule  qui  ne  manque  jaiuiiis  de 
rivaux  égaux  d'ailleurs  en  prétentions,  en  solva- 
bilité, en  titres.  C  est  ainsi  que  sous  l'ancien  régime 
les  receveurs  n'avaient  que  4  et  demi  pour  100 
d'intérêt  net  du  moiitanl  de  leurs  finances ,  quand 
l'inlérêt  légal  était  à  5  pour  100  ,  et  i'iiiiéiêi  de  la 
place  à  5  pour  100. 

La  sollicitude  louable  que  l'on  témoigne  au- 
jourd'hui à  l'égard  des  receveurs  ,  est  bien 
placée  ,  mats  ne  l'eût-elle  pas  été  mieux  encore 
à  l'égard  de  ces  pères  de  famille  qui  ont  dû 
acheter  le  privilège  de  conserver  l'état  laborieux 
et  souvent  ingrat  de  notaire,  d  avoué,  etc. ,  en 
payant  aussi  des  cautionnemens  ,  dont  pourtant 
dès  l'an  dernier  même  il  ne  leur  a  été  alloué  qu'un 
intérêt   de  5  pour  loo  ? 

Si  le  gouvernement  pouvait  raisonnablement 
diminuer  le  gros  iniérêt  qu  il  payait  aux  receveurs 
à  raison  de  leurs  cauiioiiiiemcDs  ,  il  a  bien  fait 
de  soulager  d'autant  le  tiésor  public.  Je  pense 
avoir  prouvé  qu'il  le  pouvait.  J  opine  en  consé- 
quence pour   l'adoption    du  projet   de  loi. 

On  demande  la  clôture  de  la  discussion. 

Celle  proposition  est  adoptée. 

Le  tribunal  délibère  ensuite  au  scrutin  secret , 
sur  le  projet  qui  lui  est  soumis.  Il  y  avait  89 
membres;  66  adoptent  le  projet;  23  exprinieni 
le  vœu  contiaire.. 

Le  projet  est  adopté;  trois  orateurs,  les  ci- 
toyens Dieudonné,  Fabre  de  I  Aude  cl  Laussat  , 
sont  chargés  de  porter  au  corps-lcgisl  ,lii  le  vœu 
du  tribunal. 

Lahary  fait  un  rapport  sur  la  motion  d'ordre 
dans  laquelle  Pareni-Rèal  avait  proposé  de  suppri- 
mer, dans  l'éleciion  des  candidats  ,  le  scrutin 
indicatif,  et  de  motiver  les  présentations. 

La  commission  dont  il  est  l'organe  ,  ne  pense 
pas  qu  aucune  de  ces  propositions  doive  être 
adoptée. 

Et  d  abord  ,  quant  au  premier  objet,  la  com- 
mission n'a  vu  aucune  sorte  d  inconvénient  dans 
l'usage  du  scrutin  indicatif  ;  pas  rnême  celui 
qu'on  a  cru  y  tiouver  ,  et  qui  est  pris  de  ce  qu'il 
peut  fournir  à  l'amitié  ,  à  la  prévention  et  à  I  en- 
thousiasme ,  le  moyen  de  proposer  des  sujets  fai- 
bles ou  peu  honorables. 

Si  l'inconvénient  qu'on  craint  était  réel  ,  ne 
repaïaîtrnit-il  pas  tout  entier  dans  le  scrutin  d'é- 
lection ?  ne  l'y  retiouverair-on  jiit3^  avec  un  ca- 
ractère encore  plus  giave  et  plus  dangereux  , 
puisque  iaj  précipitation  avec  laquelle  se  tribu- 
nal avait  forcé  de  voler  ,  lui  ôtcrait  lout  moyen 
de  le  piévenir   ou  d'y ,  remédier  ? 

Une  autre  raison  ,  tout  aussi  déterminante  , 
vient  à  l'appui  de  celle-là  ,  cl  milite  en  faveur 
de  l'opinion  de  la  commission  ;  c'est  qu'il  serait 
aujourd'hui  aussi  inuiile  que  dangereux  de  cher- 
cher à  perfectionner  le  mode  des  scrutins.  Cette 
perfection  est  purement  idéale;  et  ce  ijui  le 
prouve  ,  c'est  (jue  les  diverses  assemblées  na- 
tionales et  les  compagnies  savantes  ont  épuisé 
tous  les  soins  ,  toutes  les  recherches  ,  toutes  les 
combinaisons  sans  pouvoir  1  atteindre. 

En  effet  ,  après  avoir  établi  d'abord  le  scrutin 
de  liste  simple  ,  puis  celui  de  liste  double  ,  puis 
encore  celui  de  liste  triple  ,  puis  celui  de  ré- 
duction ,  puis  enfin  un  scrutin  plus  étrange  en- 
core (  et  qu'on  peut  appeler  scrnlin  de  gradua- 
lion  de  mérite,  puisqu'on  y  souir.et  à  tous  les 
calculs  delà  métaphysique  et  des  abstractions  les 
divers  degiés  de  mérite  de  chaque  candidat  )  ; 
elles  OUI  enfin  reconnu  la  nécessité  d'y  renon- 
cer ,  et  d  en  revenir  au  simple  sciutin  d'élection, 
en  le  fesanl  piécéder  du  scrutin  indicatif  ou  pré- 
paratoire. 

Mais  ,  dit-on  ,  ou  le  scrutin  d'élection  donnera 
la  majorité  au  premier  tour,  et  «lors  l'indication 
préalable  devient  inutile  ,  ou  il  faudra  procéder 
à  un  second  tour.eten  ce  cas.  il  sert  lui-inênie 
dé  scrutin  indicatif.  Il  faut  donc  le  supprimer 
comme  surabondant  et  parasite  ,  puisqu'il  ne  pré- 
sente pas  plus  davantage  que  le  scrutin  d'é- 
lection. 

Ce  dilemme  a  paru  à  la  commission  d'autant 
moins  concluant ,  rjuil  peut  se  rétorquer  contre 
le  système  même  auquel  il  sert  d'appui  ;  car  si  l'on 
peut  arriver  à  d'aussi  bonnes  élections  par  la  voie 
de  deux  scrutins  ,  il  est  de  conséquence  forcée 
qu'ils  ne  sont  ni  plus  avantageux  ,  ni  plus  utiles 
l'un  (jue  l'autre.  Cela  posé  ,  et  autres  choses  égales 
d'ailleurs  ,  il  n'est  donc  pas  nécessaire  de  les 
changer  l'un  pour  l'autre  ,  puisqu'il  n'y  aurait 
entre  eux  aucune  raison  de  préférence. 

Quant  à  la  seconde  pioposition  ,  la  commission 
a  regardé  comme  son  premier  devoir  d  examiner 
daboril  si  les  prèsenlaiions  motivées  sont  con- 
traires à  la  lettre  ou  à  l'esprit  de*la  ronstiiuiion. 

A  cet  égard  ,  l'article  XVI  ne  parlant  que  de  la 
présentalion  des    caudidais  ,   sans    en  (racer  le 


mode  ,  il  paraît  que  d'après  l'expression  liiiérale 
de  la  consiituiioii  ,  ce  mode  dépend  absolument 
de  chacune  de  ces  trois  autoiités. 

Qirant  à  l'esprit  du  pacte  social  ,  la  commission 
a  pensé  que  cette  élection  ,  comme  beaucoup 
d'autres  ,  se  trouvant  abandonnée  à  la  sages.'C  du 
sénat-conservateur  de  la  constitution ,  et  des 
(iirmcs  constltuiioanelles  ,  Il  ne  semble  pas  (ju'un 
exposé  des  motifs  puisse  avoir  une  influence 
dangereuse  sur  ce  corps  éminemment  respec- 
table ,  (jui  est  appelé  à  remplir  des  devoirs  si 
imporlans. 

La  commission  a  erisuiie  examiné  s'il  serait 
possible  ,  et  s'il  serait  utile  de  motiver  les  pré- 
sentations. 

Mais  outre  que  la  chose  lui  a  paru  imprati- 
cable ,  elle  y  a  encore  rcinarcjué  un  inionvénicnt 
extrêmement  grave  :  c'est  celui  de  discuter  les 
individus  après  rju'ils  oni  été  nommés,  tu  effet  , 
il  peut  arriver  qu  en  recueillaiit ,  dans  les  diverses 
époques  de  la  vie  du  candidni  ,  les  tiaits  de 
vertu  ,  de  courage  et  de  patriotisme  qui  doivent 
motiver  sa  présentation  ,  on  cite  une  seule  de 
ses  actions  a'vilissanie  ou  cri;nine!le  ,  et  alors  le 
tribunal  ne  serait-il  pas  réduit  à  la  fâcheuse  al- 
ternative ,  ou  de  révoquer  son  élection  ,  ce  qu  il 
ne  peut  pas  faire  ,  ou  de  ne  pouvoir  honorable- 
ment la  motiver ,  ce  qu'il  doit  éviter  tout  aussi 
soigneusement. 

Le  tribunal  doit  donc  obvier  à  cet  inconvénient 
majeur,  en  renonçant  à  motiver  ses  présen- 
tations. 

Gardons  -  nous  donc,  continue  l'orateur,  gar- 
dons-nous ,  mes  collègues  ,  d  adopter  aucuns  des 
changemeijs  proposés....  Ne  sojons  pas  plus  pré- 
voyaiis ,  plus  sages  ,  plus  précauiionnés  que  ne  I  a. 
été  la  loi  fondjinentale  qui  a  toul  fait,  tout  prévu, 
tout  co-ordonné  pour  la  plus  sûre  garantie  de  nos 
droits.  AcLOmplissons  liitéralcmenl  les  rigoureux 
devoirs  cju'ellc  nous  impose  ,  et  ne  nous  en  im- 
posons pas  nous-mêmes  de  plus  difficiles  à  rem- 
plir ;  car  si  le  zèle  immodéré  est  une  preuve  irré- 
cusable de  lardent  amour  qu'elle  inspire  ,  la 
scrupuleuse  obéissance  est  le  gage  certain  du  res- 
pect que   nous  lui   devons.   . 

Appliquons-nous  uniqufihent  à  fixer  l'atteniion 
du  sénat-conservateur  par  la  sagesse  et  la  distinc- 
tion de  nos  choix,  pour  reg.'gncr,  en  quelque 
sorte  ,  par  la  seule  force  de  noue  droit,  ce  que 
nous  semblons  perdre  par  la  manière  avec  la- 
quelle nous  l'exeiçons.  Que  routes  nos  préicnia- 
lions  soient  désormais,  nbn  le  vain  étalage  ,  nidis 
le  sûr  garant  des  vertus  civiques  ,  des  sacrifices 
nombreux  ,  des  services  éclatans  des  candidats 
que  nous  lui  proposerons,  et  soyons  sûrs  qu'elles 
les  recommanderont  plus  puissamment  peut-êice 
que  les  présentations  motivées  ,  à  l'impartiale  jus- 
tice des  gardiens  de  la  constitution. 

'Votre    commission    vous  propose   de  déclarer 
qu'il   n'y  a   pas  lieu  a- délibérer  sur  les  pioposi- 
tions  contenues  dans  la  moiion  d'ordre. 
Le  tribunal  adopte  cette  proposition. 
Le  président  annonce   qu'une   motion    d'ordre 
a  été    déposée  sur  le   bureau  ,  et  c^u'il  n'en   sera 
donné  connaissance  que  demain. 
La  séance  est  levée. 

CORPS  -  LÉGISLAT  I  F. 

Présidence  de  Chatry-Lafosse. 

SÉANCEDU     8     FRIMAIRE. 

On  lait  lecture  du  procés-verbaf. 

L'assemblée  procède  ensuite  au  second  tour  de 
scrutin  ,  qui  don<ie  le  résultat  suivant  : 

Votans  240;  majorité  absolue  121  ;  Dedeley- 
Dagier  obtient  100  suffrages;  Grégoire  64,  Carnot 
23;  Reveillere  et  Merlin  8  ;  Vacher  5  ;  19  voix 
distribuées  par  unités. 

Le  président  proclame  cette  liste  etdécl^reque 
personne  n'a)ant  réuni  la  pturalité  absolue,  il 
sera  procédé  demain  au  scrutin  de  ballotage  entre 
Grégoire  eiDedcley-Dagier. 

La  séance  est  levée. 

T     R     I     B     U     N     A     T. 

SÉANCE     DU     9     FRIMAIRE. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  du  projet 
de  loi  relatif  aux  jugemens  arbitraux  rendus  en 
faveur  des  communes. 

Delpierre.  Le  décret  du  10  juin  1793  ,  a  ouvert 
une  carrière  immense  aux  vexations.  C'est  là 
(ju'on  trouve  l'inslitution  bizarre  d'un  arbitrage 
lorcé  ,  prononçant  en  dernier  ressort  sur  les  i;on- 
tesialions  les  plus  intéressantes  île  propriété.  On 
sent  combien  un  tribunal  qui  n'av.'tii  pour  frein  et 
pour  règle  que  sa  volonté  ,  dm  entraîner  d  in- 
justice. Les  communes  dépouillées  par  des  usur- 
pations frauduleuses  ,  erabrasseicnt  dans  leurs 
répétitions  des  objets  précieux  ,  revêtus  de  tous 
les  caractères  deli  propriété  privée;  elles  se  firent 
adjuger  par  les  arbitres  qui  étaient  leurs  avocats 
plutôt   que  leuis  juges  ,  d'immenses  loiêts  qi.ii 


n«  leur  avaient  jamais  appartenu.  Il  en  a  été 
de  même  d'une  foule  d'autres  propriétés  ,  telles 
que  landes,  bruyères,  etc.,  dont  les  communes  se 
sont  emparées  au  préjudice  de  la  république.  Il 
faut  espérer  que  le  gouvernement,  qui  vient  de 
porter  ses  regards  sur  les  forêts  ,  fera  bieniôt 
cesser  l'espèce  d'interdit  dont  le  décret  ,  du  aS 
prairial  ,  a  frappé  ces  terres  et  les  droits  innom- 
brables de  propriété  qui  s'y  rattachent.  En  atten- 
dant qu'une  disposition  vous  soit  offerte  à  cet 
égard ,  je  vote  pour  le  projet  qui  vous  est  soumis, 
comme  un  acheminement  à  une  mesure  générale 
qui  rétablira  la  république  dans  des  propriétés 
dont  elle  n'aurait  jamais  dû  être  évincée. 

Personne  n'étant  inscrit  contre  le  projet  ,  le 
tribunal  procède  au  scrutin  sur  son  adoption. 
—  Le  résultat  du  scrutin  donne  79  voix  pour  le 
projet  et  5  contre  ;  le  projet  est  adopté. 

Les  membres  qui  porteront  le  vœu  d'adoption 
au  corps- législatif ,  sont  les  citoyens  Chabot, 
de  l'Allitr.  Delpierre  et  Mallarmé. 

Les  membres  se  retirent  pour  procéder  au 
scrutin  indicatif  d'un  candidat  à  présenter  au 
sénat-conservaieur.  Le  dépouillement  du  scrutin 
donne  les  noms  suivans  :  Desnieuniers  ,  t3  voix  ; 
Dedeley-d'Agier  ,  l2;Bergerot,  liquidateur,  6  ; 
Grégoire,  ex-cpnslituant,  6  ;  Crassou»  ,  tribun  ,  5  ; 
Bjchelier-d'Agès ,  homme  de  lettres  ,  5  ;  Réveil- 
liere-Lépaux,  4;  Dclamarre  ,  ex-agent  de  la  ré- 
publique ,  4  ;  Sajet,  législateur,  3  ;  Anson  ,  ex- 
consiitnant  ,  s  ;  Chatry-Lafosse  ,  2  ;  Threillard  . 
ex-directeur  ,  2  ;  Dolomieu  de  l'institut  ,  2  ;  Leva- 
cher  ,  2  ;  Rochambeau  père  ,  2  ;  Châlon  ,  régisseur 
des  domaines  ,  l  ;  Pcrrezon  ,  i  ;  Delmas  ,  gé- 
néral ,  I  ;  Abelllej,  i  ;  Dupont ,  de  Nemours  ,  1  ; 
Mourque,  £  ;  Lafon-Ladebat,  l  ;  Bitaubé,  de  l'ins- 
titut, t;  Dupuy  ,  ex-administrateur  des  îles  de 
France  et  de  la  Réunion  ,  i  ;  Thibault ,  tribun  ,  i  ; 
Mulot ,  I  ;  Lafayette  ,  i  ;  Parmentier  ,  i  ;  Pome- 
reuil  .général  ,  i  ;  Second,  ex-convenlionnet ,  i; 
Sédillez,  I  ;  Descorches  ,  ex-ambassadeur  à  la 
Porte  ottomane  ,  1  ;  Carnot ,  i. 

La  séance  est  levée  ,  et  renvoyée  à  primedi. 

C  O  R  P  S-LÉG  ISLAT  I  F. 

SÉANCE    DU    9     FRIMAIRE. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  du  projet 
de  loi  qui  Bxe  à  7  pour  100 ,  pour  l'an  9  ,  l'intérêt 
des  cautionnemens  fournis  par  les  receveurs  géné- 
raux et  particuliers  des  contributions  diiectes. 

On  procède  d'abord  au  troisième  tour  de  scru- 
tin pour  l'élection  d'un  candidat  à  présenter  au 
sénat  conservateur.  Les  suffrages  ne  doivent  porter 
que  sur  Grégoire  et  Dedeley-d'Agier. 

Après  l'appel  nominal  et  pendant  le  dépouille- 
ment des  voies,  des  orateurs  du  gouvernement  et 
du  tribunat  sont  introduits  dans  l'assemblée. 

Dieudonné  obtient  la  parole  au  nom  du  tribunat, 
pour  faire  connaître  et  défendre  le  vœu  d'adoption 
exprimée  par  l'autorité  dont  il  est  l'organe,  en 
faveur  du  projet  de  loi  sur  les  cautionnemens.  Il 
analyse  d'abord  la  législatioli  existante  à  cet  égard, 
et  retrace  ses  effets. 

Il  s'attache  ensuite  à  réfuter  les  objections  par 
lesquelles  on  a  combattu  le  projet,  u  D'abord, 
dit-tl,  on  a  prétendu  qu'il  était  arbitraire,  parce 
qu'il  changeait  les  conditions  du  contrat  fait  avec 
les  receveurs ,  sans  les  avoir  consultés  ,  et  que  ces 
nouvelles  conditions  étaient  imposées  par  le  plus 
fort  au  préjudice  du  plus  faible. 

)j  II  suffit  de  se  rappeler  le  texte  des  lois  des 
6  frimaire  et  27  ventôse,  pour  démontrer  l'injus- 
tice de  ce  reproche.  Il  résulte  biea  clairement  de 
leurs  dispositions  ,  i".  que  l'indemnité  de  10  pour 
100  n'a  été  accordée  que  pour  l'an  8;  2°.  que 
chaque  année  l'mdemnité  doit  être  réglée. 

Ce  n'était  pas  sans  raison  qu'on  avait  employé 
J^expression  d'indemnité  ,  de  préférence  à  celle 
ef  intérêt.  Il  eût  été  bien  inconvenant ,  en  effet  , 
de  consacrer ,  dans  deux  lois ,  la  fixaûoa  de 
l'intérêt  d'un  capital  à  10  pour  cent  ,  lorsque 
toutes  les  autres  lois  relatives  à  cette  matière  ,  ne 
le  fixent  qu  à  5. 

Le  projet  soumis  à  votre  délibération  peut  bien 
blesser  les  intérêts  particuliers  des  receveurs  , 
dans  ce  sens  qu'il  ne  leur  promet  pas  tout  l'a^ 
vantage  qu'ils  désirent  :  mais  certes  il  ne  porte 
aucune  atteinte  à  leurs  dro'ts  ;  car  ils  n'en  ont 
d'autres  que  ceux  qui  leur  sont  assurés  par  les 
lois  des  6  frimaire  et  28  ventôse  an  8.  Or,  quels 
^ont  ces  droits  ?  c'est  l'indemnité  promise  ,  et  dont 


280 

le  taux    doit  être   réglé  ,   chaque  année  ,  par  le 
législateur. 

Apres  vous  avoir  présenté  ,  citoyens  législa- 
teurs ,  ces  premières  observations,  qu'il  me  soit 
permis  de  fixer  un  instant  vos  regards  sur  la 
situation  de  la  république  ,  à  l'époqije  du  6 
Frimaire  an  8,  qui  est  celle  de  la  fixation  de 
l'indemnité  à  dix  pour  cent  pour  la  même 
année. 

Nous  n'avions  point  de  constitution  :  nous 
n'avions  qu'un  gouvernement  provisoire.  Toutes 
le«  autorités  constituées  ,  toutes  les  administra- 
tions ne  marchaient  plus  que  d'un  pas  chan- 
celant ;  les  départemeds  de  lOuest  étaient  deve- 
nus encore  une  fois  le  théâtre  de  l'insurrection 
et  de  la  révolte.  Nos  armées,  assiégées  par  tous 
les  genres  de  besoins  ,  étaient  rentrées  sur  aotre 
territoire  ,  et  n'occupaient  plus  qu'un  faible  point 
en  Italie. 

Comparons  maintenant,  citoyens  législateurs, 
à  l'esquisse  du  tableau  qu«  je  viens  de  vous 
présenter ,  celle   de  notre  situation  actuelle. 

Une  constitution  sa(;e  a  été  accueillie  par  un 
assentiment  presque  généial.  Un  gouvernement 
qui  réunit  à  sa  force  constitutionnelle  ,  celle 
plus  puissante  encore  de  lopinion  et  de  la 
confiance  publique  ,  a  été  organisé.  Toutes  les 
parties  de  l'administration  ,  les  tribunaux  ,  en  un 
mot  ,  toutes  les  ramifications  de  l'autorité  ont  été 
mises  en  activité.  Le  repos  et  la  satisfaction  ont 
succédé  aux  troubles  et  à  la  révolte  qui  déso- 
laient plusieurs  départemens. 

Llialie  reconquise  dans  l'e-pace  de  quelques 
jours  ;  l'Allemagne  occupée  par  nos  armées  ; 
l'enthousiasme  que  tant  de  prodiges  ont  excité; 
tant  de  résultats  inouis  ,  de  changemens  favo- 
rables,  de  sujets  d'espérances,  d  améliorations 
réahsées  ,  n'auraient-ils  donc  apporté  ,  depuis 
un  an  ,  aucune  variation  avantageuse  dans  la 
situation  du  crédit  public  et  des  finances. 

Je  plains  les  froids  calculateurs  ,  qui  ne  seraient 
pas  rassurés  par  l'évidence  de  tous  ces  faits  ,  et 
qui  ne  jugeraient  de  notre  situation  que  par  les 
opérations  et  les  spéculations  usurières  de  l'a- 
giotage. 

Faut-il  cependant  consulter  le  cours  des  effets 
publics?  eh  bien,  il  est  constant  que  depuis 
un  an  le  tiers  consolidé  et  les  autres  effets  de 
celte  nature  ont  acquis  une  hausse  progressive 
qui  est  maintenant  de  plus  des  deux  cinquièmes 
au-dessus  du  cours  qui  existait  il   y  a  un  an. 

Faut-il  consulter  les  opérations  des  grands  éta- 
blissemens  de  commerce  et  de  banque  ?  personne 
n'ignore  que  la  banque  de  France  et  la  maison 
de  commerce  négocient  à  i  dt-mi  pour  toc 
par  mois ,  c'est-à-dire  ,  à  6  pour  100  par  année. 

Les  ressources  se  sont  accrues  ;  l'iniérêt  des 
capitaux  ont  baissé  d  une  manière  trèi-sensible  ; 
nous  ne  sommes  qu'au  commencement  de  l'an  g  ; 
les  améliorations  déjà  opérées  se  multiplieront 
avec  les  événemens  ;  les  receveurs  des  contri- 
butions peuvent  se  procurer  des  fonds  à  des 
conditions  infiniment  plus  avantageuses  qu'à 
l'époque  ovi  l'on  exigea  leurs  cauiionnemeus  : 
si  l'indemnité  fut  fixée  alors  à  un  taux  que  la 
justice  avouait,  on  conviendra  que  la  réduction 
des  3  pour  lob  n'est  pas  trop  forte,  en  la  com- 
parant aux  changemens  favorables  survenus  de- 
puis cette   première  fixation. 

On  a  encore  objecté  que  si  on  diminue  l'in- 
demnité due  aux  receveurs,  ou  les  excitera  à 
faire  valoir  pour  leur  compte  particulier  les  fonds 
de  leurs  recettes  provenant  des  impôts  indirects  , 
pour  lesquels  ils  n'ont  pas  passé  d  obligations  ,  ce 
qui  entravera  nécessairement  le  trésor  public. 

Je  répond  par  ce  dilemme  :  ou  les  receveurs  ont 
la  possibilité  d  employer  à  leur  profit  une  partie 
des  fonds  de  leurs  recettes  ou  ils  ne  l'ont  pas  ; 
s'ils  n'ont  pas  cette  possibilité  ,  l'objection  tombe 
d'elle-même;  si  ,  au  contraire  ,  ils  peuvent  faire 
une  mutation  lucrative  des  deniers  publics  ,  ne 
croyons  pas  que  la  quotité  de  leur  traitement 
soit  jamais  uneconsidération  suffisante  pour  arrêter 
ceux  qui  en  seraient  capables. 

Je  vous  ai  exposé,  citoyens  législateurs,  tous 
les  rapports  soiis  lesquels  le  projet  de  loi  a  été 
examiné  par  le  tiibunat ,  et  les  motifs  qui  ont  dé- 
terminé son  vœu  d'adoption.  Votre  sagesse  déci- 
dera si  le  projet  doit  être  converti  en  loi. 

Defermont  obtient  la  parole  au  nom  du  gou- 
vernement. 


Defermont.  Citoyens  législateurs ,  d'après  les  dé" 
veloppemens  que  vous  venez  d'entendre  ,  il  me 
reste  bien  peu  de  choses  à  vous  dire  en  faveur 
du  projet  qui  vous  est  soumis.  J'examinerai  seule- 
ment la  nature  des  cautionnemens  dont  il  s'agit  , 
afin  que  vous  puissiez  juger  si  l'intérêt  doit  être 
restreint. 

Un  système  nouveau  avait  prescrit  aux  rece- 
veurs des  contributions  directes  de  remettre  leurs 
(onctions  ou  de  les  accepter  ,  à  la  charge  de 
fournir  des  obligations  qui  assurassent  la  rentrée 
des  fonds  ,  et  missent  le  gouvernement  à  même 
de  pouvoir  compter  sur  ses  ressources  et  en  dé- 
terminer l'emploi  ;  un  cautionnemeiu  éiait  néces- 
saire pour  garantir  la  solidilé  des  obligations  elles- 
mêmes.  Dès  que  les  receveurs  avaient  souscrit  à 
ces  conditions ,  ils  étaient  tenus  de  les  remplir 
lors  même  qu'il  ne  leur  eût  pointété  accordé  d'in- 
demnité. Mais  ne  leur  en  point  accorder  ,  c'eût 
été  à  la  fois  compromettre  leur  délicatesse  et  les 
embarrasser  dans  les  moyens  de  fournir  ta  garantie 
exigée  d'eux. 

La  comparaison  qui  vous  a  été  fnte  de  notre 
sisuation  actuelle  avec  celle  antérieure  d'une 
année  ,  vous  prouve  que  les  receveurs  rempliront 
facilement  leurs  obligations  malgré  la  réducdon 
proposée  dans  leur  indemnité. 

Cependant,  parmi  les  objections  qui  ont  été 
faites  ,  il  en  est  une  sur  laquelle  je  dois  appeler 
votre  attention.  On  a  dit  que  le  projet  de  loi 
était  contraire  à  l'a  justice.  Croyez  ,  citoyens  lé- 
gislateurs ,  que  le  gouvernement  sera  toujours 
jaloux  de  votis  présenter  des  projets  conforme» 
à  la  justice  ,  comme  de  vous  faire  connaître  la 
vériié.  Avant  de  vous  apporter  le  projet  sur  le- 
quel vous  allez  prononcer  ,  nous  avons  dû  nous 
procurer  des  renseignemens  sûrs.  Le  ministre  des 
finances  a  été  consulté  ;  il  lui  a  paru  constant  qu'il 
était  juste  d'accorder  une  indemnité  pour  les  pré- 
teurs de  fonds  ,  mais  qu'il  était  convenable  de  la 
réduire.  S  il  importe  que  le  gouvernement  soit  le 
régulateur  des  mouvemens  des  capitaux  ,  il  doit 
donner  l'exemple  de  la  modération.  Lefministre 
des  finances  trouvait  qu'il  était  possible  d'assi- 
miler l'indemnité  des  receveurs  des  contributions 
à  l'intérêt  des  autres  cautionnemens  ,  c'est-à-  'ire  , 
à  5  pour  loo  ;  le  gouvernement  a  craint  de  bleiser 
quelques  iniérêls  privés  ,  et  il  a  suivi  le  terme 
moyen  ,  en  réduisant  seulement  de  10  à  7  ;  ainsi  , 
sa  déterminaiion  n'a' rien  de  contraire  à  la  justice, 
et  il  a  su  concilier  l'intérêt  particulier  avec  l'intérêt 
général. 

On  demande  à  aller  aux  voix. 

On  procède  sur-le-champ  à  l'appel  nominal. 

Le  projet  de  loi  est  adopté  à  une  très-grande 
majorité. 

Le  président  proclame  la  décision  du  corps» 
législatif. 

Il  communique  ensuite  le  résultat  du  scrutin  pour 
l'élection  d'un  candidat  au  sénat-conservateur. 

Des  deux  concurrens ,  Grégoire  et  Dedeley- 
d'Agier,  le  premier  a  obtenu  122  voix,  et  le  se- 
cond 128  :  en  conséquence  Dedeley  est  proclamé 
candidat. 

Fourcroy  et  un  autre  conseiller-d'élat  sont  intro- 
duits dans  la  salle.  Ils  demandent  à  présenter  un 
projet  de  loi  en  comité  général.  —  Les  spectateurs 
se  retirent. 

La  séance  est  bientôt  rendue  publique,  mail 
sans  faire  connaître  ce  qui  s'est  passé.  Le  préaident 
indique  la  séance  à  primedi. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Rep;ibliq_i)f  et  des  Arts. 
Demain  ,  Dardanus  ,  opéra  en  3   actes. 

Incessamment  l'Oratorio  d'Haydn  ,  intitulé  ia 
Création  du  Monde  .  parodié  et  mis  en  vers  fran- 
çais par  le  cit.  Ségur  jeune  ,  traduit  de  l'allemand, 
et  la  musique  arrangée  par  D.  Steibelt.  —  Le  prix 
des  places  sera   doublé. 

Théâtre  de  la  rue  Fevdeau.  Aujourd'hui 
Lqdo'iska  ,  opéra  en  3  actes. 

Théâtre  DES  JEUNES  ÉLEVÉS,  rue  deThionville. 
Auj.  l'Ecole-  de  l'adolescence  ;  la  Bergère  des  Al- 
pes ,  et  Contrainte  et  Caprice 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  Matront 
iTEphese  ;  Scarron  ,  et  Arlequin  cruello. 


L'abonnement  se  fait  à  Parii ,  rue  dc«  Poitevins ,  n°  18.  Le  prix  est  de  si  francs  pour  trois  mois,  5o  Çianc»  pour  6  mois ,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  On  ne  s'abonoe 
Qu'au  commeucement  de  ciia^uc  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  etl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  A  js  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  n°  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  o".  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  «étirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté ,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs ,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur ,  rue  des 
Poitevins  ,  n*^  i3  ,  depui  sneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris ,  de  l'imprimetis  àxk  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  <i«s  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


W"   72. 


Duodi  ,    1  2  frimaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorbé?  A   prévenu-  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  !c    M  O  N  I  T  F,  U  K  est  le  seul  jouri  d  cji  '  '  ~~  ' 

Il  contient  ks  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  goaver.emen: ,  les  nouvelles  des   armées ,  ainsi   que  l.s'h.its"er' t  notions  tant  ..i 
l'mténeiir  que  sur  ;  extérieur,  fournis  par  les  correspond-'.nces  n-.inistsrie!!es. 

Un   article  sera  particulièrement  consacré   anx   scier, ces  ,  aux  ;uts  et    ?.vy.  dl^  o\i 


noiivelk 


E  X  T  E  R  I   E  U  R. 

DANNEMARK. 

De  Copenhague  ,  /«    1  8  novembre  (  27 
brumaire.  ) 

V-/n  a  reçu  ici,  par  Elscneur ,.  la  nouvelle  que 
l'embargo  a  élé  mis  sur  ies  vaisseaux  anglais,  dans 
tous  les  pons  de  la  Russie.  On  délivre  à  lous  les 
bâiimens  sortant  des  pons  de  cet  empire,  un 
passe-port  qui  contient  la  déclaration  que  toute  vi' 
site  d'un  bâtiment  russe  sera  regardée  comme  une  dé- 
claration de  guerre. 

Elseneur ,  te  11  novembre  ( io  brumaire). 

Nous  recevons  par  plusieurs  bâiimens ,  la  nou- 
velle que  le  séquestre  a  été  mis  sur  les  propriétés 
anglaises  ,  dans  tous  les  ports  et  dans  toutes  les 
villes  de  la  Russie. 

On  mande  de  Danizig  ,  que  toute  exportation 
de  blé  pour  l'Angleicrre  est  défendue. 

Celte  défense  d'expoitation  de  blé  a  également 
lieu  en  Dannemarck. 

ANGLETERRE, 

Extrait  des  gazettes  anglaises  ,  du  iS  au  27  novembre 
(  du  27  brumaire  au  è frimaire). 

Actions  de  la  banque,  fermées  ;  3  pour  100 
consolidés  ,  64  .  j  |  }  5.  Omnium  ,  3  \. 

M.  Pitt.  dans  la  séance  du  18  novenjbre  ,  à  la 
chambre  des  communes  ,  a  déclaré  que  l'inten- 
tion des  ministres  de  sa  majesté  n'était  point 
qu'un  jour  lût  indiqué  pour  prendre  en  considé- 
ral.ion  les  papiers  remis  à  la  chambre  ,  rclaiive- 
Eenî  aux  ouvertures  de  paix  ,  et  qu'ils  regardaient 
toute  motion  à  ce  sujet  comme  inutile.  11  Ces  pa- 
piers ,  ajouta  iM.  Pitt ,  ont  été  imprimés  ,  et  sont 
entre  les  mains  de  tous  les  honorables  membres  ; 
par  conséquent  ,  on  sait  ce  qu'ils  contiennent. 
Cette  connjissance  suffit  pour  prouver  à  tous  les 
esprits  sans  partialité  ,  que  le  gouvernement  an- 
glais s'est  conduit  dans  celte  occasion  avec  la  pru- 
dence ,  la  dignité  et  l'élévation  qui  lui  convien- 
nent. Si  cependant  quelque  honorable  membre 
du  côié  opposé  ,  dans  cette  salle  ,  était  d'une  opi- 
nion difiérente  ,  je  m'estimerais  heureux  de  pou- 
voir lui  donner  les  éclaircisseixiens  qu'il  pourrait 
désirer  s'. 

M.Jones  ,  dans  la  séance  du  20  novembre  ,  à  la 
chambre  des  communes  ,  a  demandé  qu'il  fût 
remis  à  la  chambre  un  état  des  troupes  étrangères 
au  service  de  la  Grande-Bietagne. 

M.  Shétidan  ,  dans  la  même  séance  ,  a  demandé 
copie  des  articles  signés  à  Paris  par  M.  le   comte 


était    uri   d,es   plus  anciens    vaisseaux    de    74.  ;  il 
avait  été  construit  l'année  I/G?. 

Urie  nominaiion  de  pairs  tl'Irlande  doit  avoir 
lieu  iiîcessammenj^.  —  Les  comies  de  Shaunon  , 
dAltaraont  et  d'iily  .  seront  créés  marquis;  les 
vicomtes  de  Norihlatid  ,  de  Donoughmore, ,  de 
Carleton  ,  de  Calcdon  ,  et  de  Kenmare  ,  comtes  ; 
les  barons  de  Tempiclown  ,  de  Glenvi'orth  ,  de 
Gallon,  deSomviton  ,  de 'Velverton  ,  et  Kiiwar- 
dcn  ,  vicomtes. 

Les  cent  membres  qui  doivent  ê'irc  envoyés  par 
l'Irlande  dans  !.i  chambre  des  communes  du  par- 
lement impérial,  seront  nommés  par  les  villes 
suivanres  : 'VVaterford,  Limcritk  .  Belfast  ,  Drog- 
heia  ,  Carrickfergus  ,  Newry  ,  Ki^kenny,  Lon- 
donderry  ,GaKvay  ,  Clonmell,  'WexI'ord  ,  You- 
ghall,  Bindon-Bridge  ,  Armagh  Kiif^s.de  ,  Lis- 
barne  ,  Sligo  ,  Cadrer  Bugh  ,  EiTnis  ,  Dunoarvon  , 
Down-patrick  ,  Colcraine  ,  Mallov/ ,  Atldnne, 
New-Ross  ,  Traièe  ,  Cashel  ,  Dungannon  ,  Port.ir- 
lington  ,  Eunihkillen  ;  le  nombre  sera  achevé  un- 
ies membres  des  comtés  ,  et  par  ceux  des  villes  de 
Dublin  et  de  Cork  ,  et  de  l'université  de  Duoiin. 
Une  dame  de  Baltimore  écrit  à  son  amie  à 
Glasgow  :  u  Notre  situation  est  des  plus  affreuses. 
La  fièvre  jaune  désole  notre  ville  :  tous  ceux  qui 
ont  pu  trouver  un  simple  abri  ,  pour  y  placer 
leurs  familles  ,  quittent  Baltimore.  Depuis  le  5 
août  jusqu'au  25  septembre  ,  cette  maladie  cruelle 
a  enlevé  863  personnes.  j> 

Une  lettre  reçue  aujourd'hui  par  la  malle 
d  Hambourg,  annonce  qu'il  venait  d'y  arriver 
un  exprès  (  27  brumaire  ou  i8  novembre)  ,  avec 
la  fâcheuse  nouvelle  qu'un  embargo  avait  été 
mis  sur  tous  les  bâtiraens  anglais  mouillés  dans 
le  port  de  Riga.  Ces  bâiimens  étaient  au  nombre 
de  70. 

Le  rapport  du  comité  chargé  par  la  chambre  des 
communes  de  lui  piésenter  des  mesures  relative- 
ment à  la  cherté  des  subsistances,  a  éié  lu  hier, 
dans  la  séance  de  cette  chambre.  Ce  rapport  a 
éi.é  adopté  à  l'unanimité.  Il  concluait  à  ce  qu'il  ftit 
fait  une  adresse  à  S.  M.  pour  la  prier  d'émettre 
une  proclamation,  à  l'cfîet  de  recommander  à 
tous  ses  fidelles  sujets  d'appoiier  la  plus  stricte 
économie  dans  la  consommation  des  grains.  Le 
vote  de  cette  adresse  a\'ail  été  piéccdé  d'une  dis- 
cussion longue  et  orageuse  ,  occasionnée  par 
quelques  expressions  d'un  discours  de  M.  Wil- 
berforce  ,  relevées  par  MM.  Grey  ,  Shéridan  , 
Tierney  ,    etc.   (i). 

^  La  grande  flotte  ,  sous  les  ordres  par  intérim  de 
l'amiral  sir  Hyde  Parker,  a  été  contrainte  de 
rentrer  à  Toibay  ,  vu  la  violence  des  vents, 

Le  convoi  allant  à  Terre-Neuve ,  sous  l'escorte 
de  lAzincourt ,  contre-amiral  Poole  ,  a  été  dispersé 
par  la  tempête,  et  plusieurs  des  bâiimens  sont 
tombés  entre  les  mains   de  l'ennemi. 

Il   paraît  ,   par    des   lettres   de  Richmond  ,   en 


,  terrogaloire  qu'il  a  subi  pardevantM;  Ford     il  a 
ele  remis   en  la  garde  d'un  messager  d'état.' 

Une  bourse  de  5o  guinées  a  été  voiéc  par  le 
conseil  t:ommun  de  la  cité  au  chapelain  dta  der- 
nier lord  maire  ,   pour  ses  cxcellens  sermons. 

(Extrait  du  Moming-Chronirle .  du  Sun  ,  du 
btaret  du  Courrier  de  Londres.) 

N     T     É      R     I     E     ÎI     R. 


I 


R     I     E     U 

Paris  ,   le   II  'frimaire. 

On  reçoit  des  lettres   de   Constaniinople  , 
ate  du  b  brumaire  ;   elles  donnfn,  l^c  ,-,^ 


laire  ;   elles  donnent  les  nouvelles 


de  Saint-Julien  ,  et  désignés  par  M.  Otto  sous  le  ]  Virginie  ,_  en  date  du  20  septembre,  que  la 
nom  de  préliminaires  de  paix  ;  des  pièces  relatives  j  conspiration  tramée  par  les  noirs  se'dévoil  dt  de 
aux  négociations  entre  la  Fr.ince  et  le  cabinet  de  jjour  en  jour.  Les  détails  en  ont  été  révélés  par 
'Vienne;  de  toutes  les  lettres  et  extraits  de  lettres  j  un  mulâtre  nommé  Ben-'Woolfolk  ,  qui  Jvait  été 
du  ministre  de  sa  majesté  à  Consiantinople  ,  rela-  ,  condamné  à  mort ,  et  auiiuel  on  a  'fait  grâce  ,  en 
tivement  aux  instructions  ,qu  il  a  pu  donner  à  sir  j  conséquence  de  ses  aveux.  Des  nègres  ariêtés  , 
Sidncy-Smith  ,  pour  l'évacuation  de  1  Egypte  par  j  i5   avaient  déjà  été  mis  à   mort;  3  autres,  et  un 


da 
suivantes  : 

!»  Les  turcs  ont  absolument  renoncé  à  l'idée  de 
chasser  les  française  de  l'Egypte  ;  l'opinion  géné- 
ra,e  est  ICI  que  ,  même  aidés  par  un  débarque- 
ment anglais  ,  on  échouerait  contre  la  tacdque  de 

I  armée  hança.se  ,  .sa  nombreuse  artillerie  de  cam- 
pagne et  les  barrières  naturelles  qui  défendent 
IJtgvpte.  ' 

"  Le    grand-visir  continuera  de  rester  à  JàflFa.' 

II  a  reçu  d  Asie  quelques  renforts  qui  (ont  monter 
st»   fortes  a  8  ou  10,000  hommes.' 

_  "  Mahriout,  pacha,  de  Trébisonde,  qui  était 
a^.iine  a  ni-rcher  avec  6  mille  hommes  contre 
I  tigypte  ,  a  reçu  l'ordre  de  partir  de  Scutati  et 
de  m3rch,;r  en  troupe  pour  combattre  Passwan- 
•Uglou  ,  de  concert  avec  le  pacha  de  Romélie  et  le 
pacha  de  Belgrade. 

"  Passv/an-Oglou  a  surpris,  dans  nne  attaque 
de  nuit ,  un  corps  de  8,000  hommes  ,  commandés 
par  diiTereris  pachas  ;  il  en  a  tué  5,ooo  et  fait  le 
r<;sje  piisonniers  :  il  est  entièrement  maître  de  la 
Buljarie. 

"  La  cour  de  Péiersbour;:  a  toujours  un  diffé- 
rend avec  la  Porte  pour  ies  mdcmnités  qui  étaient 
dues  à  l'escadre  russe.  Cet  empire  ottoman  s'é- 
croule de  tous  côtési  n 

—Des  lettres  que  nous  recevons  d'Esnagne  à  l'ins- 
tant, nous  annoncent  qu'heureusem'enl  enfin  la' 
maladie  cesse  sensiblement  ses  ravages.  Au  lieu 
de  25o  personnes  qui  périssaient  chaque  jour,' 
aujourd'hui  le  nombre  ne  s'élève  pas  :.u-delà  de 
20,  et  journellement  il  diminue.  Depuis  l'origind 
ne  I  épidémie,  la  totalité  des  morts  est  de  i4,'o33. 
Voici  deux  observations  assez  sin-rulieres.  Alors 
que  la  maladie  était  dans  sa  plus  fo'^te  activité, un 
charbonnier  ivre  tomba  au  milieu  de  la  rue  ,  et 
s  y  endormit.  Le  soir,  une  des  voitures  qui  par* 
couraient  les  difFérens  quartiers  de  la  ville  ,  pour 
I  recueillir  les  nombreuses  victimes  de  l'épidémie,' 
et  les  porter  à  la  sépulture  ,  placée  hors  des 
murs  ,  rcnconire  ce  charbonnier.  On  le  cri,ii  mort, 
et  on  le  ch;trge  sur  la  voiture  ,  pêlc-i-nêle  avec 
les  autres  cadavres.  Arrivé  au  cimetière  ,  on  se 
dispoi.c  àl'eriierrer;  heureusement  il  revint  à  lui  , 
et  échappa  à  une  mor:  non  moins  cruelle  que 
celle  dont  on  le  croyait  fr..pi,é."On  a  remarqué 
que  la  maladie  n'a  point  attaqué  cet  homme. 

La 
Caln 


les  français  :  enfin,  de  toutes  les  pièces  ayant 
rapport  à  1  Egypte.  Sa  motion  a  été  rejetée  ,  sans 
division. 

La  gazelle  do  la  cour  de  samedi  dernier  con- 
tenait dilFérens  avettissemens  signés  par  le  duc  dé 
PortLnd  ,  dans  lesquels  il  est  promis  des  récom- 
penses pour  larrcstaiion  des  auteurs  de  différent'es 
lettres  incendiaires,  répandues  en  plusieurs  en- 
droits ,  au  sujet  du  prix  des  denrées.  Il  est  pio- 
mi.';  ausO  trois  récompenses    pour  l'arrestation  de 


colonel  .George  ,  devaient  l'être  quelques  jours 
après  ;  12  à  14  avaient  élé  acquittés  ,  et  il  en 
restait  encore  environ  3o  dans   les  prisons. 

Les  passeports  délivres  aux  français  (jui  retour- 
nent dans  leur  patrie,  portent  la' cond-iiion  ex- 
presse qu'ils  ne  rtmetiront  plus  les  pieds  en  An- 
gleterre. C'est  le  juge  M.  Ford  ,  à  qui  le,  gou- 
vernement a  commis  la  délivrance  de  ces  passe- 
ports. 

Six  indiens  de    Seringapalam  ,  qui    accorapa- 


préseniés   à  S.  M.  loisqu'eiie  viendra  en  ville.  Ils 
ont  élé  voir  hier  'Windsor. 

Un  étranger  de  distinction  a  élé  arrêté  hier 
dans  son  logeinent,  près  de  Piccadilly,  comme 
prévenu  de  haute  trahison.   A  la  suite    d'un    in- 


ccux  qui  ont  déjà  mis  le  feu  à  quelques  granges-  ;  gnaient  Tippo-Sa'îb  lorqu'ii  fut  tué  ,  doivent  être 

'   Le  prix  des  grains  iraponés  est  augmenié  à  un 

point  extraordinaire.  Le  fromentraêlé  d'Amérique 

et  de  la  Ethique  ,  s'est  vendu  ,  la  semaine  der- 

nièie  ,  depuis  123  shellings  jusqu'à  i35  le  sac.  Le 

finment  rouge  de  la  Baltique  a   augmenté  de  10 

shcilings  ;  celui  de  Biême  cl  de  Hambourg  de  25 

«hciliiigs  par  sac. 

Il  y  a  maintenant  dans  k  mer  Baltique  400  na- 
vires anglais  chargés  de  grains  ei  de  munitions 
n.ivalc5.  Le  gouvemcmcnt  prendia  sans  doute  la 
pi'écaution  de  les  faire  convoyer  par  quelques 
bâiimens   de  guerre  ,    attendu  qu'on  a  vu   deux 


(1)  Cette  discussion  ,  dans  laquelle  M.  Pitt  a 
combattu  avec  l'opposition  M.  'Wilberforce  . 
quant  à  son  opinion  opposée  à  l'adresse  ,  et  l'a 
défendu  contre  ceite  même  opposition  .  quant 
aux  expressions  qu'elle  lui  reprochait  ,  nous 
paraît  trop  importante  ,  en  ce  qu'elle  fait  con- 
naître la  situation  des   esprits  ,  pour  que  nous  ne 


co.sa.res  en  croisière  sur  la  cote  de  Norvège  j,  „,„io„s  pas  prochainement,  avec  quelques 
qm  pourraient  en  enlever  un  grand  nombre  sur-  |  détails  ,  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs.  Nous  r.ous 
loin  dan»  un  lems  ou  les  nuits  sont  longues.  !  proposons  aussi  de   leur  offrir  ce  que  les  débats 

Le  vaisseau  du  roi  le  Marlborough,  dont  la  perte     parlemcniaiies  olTrent  de  plus  iniéressant ,  depuis 
jur  les   cotes   de  France  vient   d  être  annoncée,     le  18  jusqu'au  27  novembre.  — A'eic'rf»  r«A'(c((;u»'. 


secoiuie  oo;erv.ii)on  est  plus  curieuse.'  A 
01; a  ,  pcdie  VI  le  de  l'And.dousie  ,  la  .mâla- 
Oie  se  ma.'iifesia  dans  'une  maison  isolée  ,  où 
deux  personnes  moururenî.  Les  habiians  de  la 
ville  se  persuadèient  qu'eri  brûlant  la  maison  et 
les  deux  cadavres  .  ils  se  garantiraient  du  fléau. 
Ils  le  firent;  et,  en  effet  j  la  maladie  s'ar.êta 
lout-a-ceup.  Ces  nouvelles  d'Espagne  sont  du  26 
brumaire. 

ACTES    DU     GOUVERNEMENT.. 

Arrêté  du   Z  frimaire  an  q. 
Les  consuls   de  la   république,   sur  le   rapport 
du  minjsire  de  la  guerre,  le  conseil-d'élat  entendu, 
arrêtent  : 

Art.  P'.  Le. ministre  des  finances  fera  payer  sur 
les  crédits  généraux  ouvtris  pour. le  paiement 
des  renies  et  pensions  ,  à  titie  de  pensiotrs  ou 
secours  fa  somme  de  vingt-deux  mille  dcu,^ 
cents  detix  fr,  trente-neuf  cent,  aux  veuves  et 
enlans ,  infirmes  ou  orphelins.,  compris  d-ins 
les  deux  états  présentés  par  ^e  ministre  de,  la 
guerre    et    annexés  au  présent   arrêté.  ' 

IL  Ces  secours  et  pensions  seront  payés  'à 
domicile  par  douzième  chaque  mois  ,  à  coinpier 
de  la  publication  du  présent  arrê  é. 

Les  ministres  de  là  guerre  et  des  finances  font 
chargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,  de  l'exé- 
curion_  du  présent  aiiëié  ,"qu'i  sera  inséré  au 
BuUeiin   des  lois.     '■■■-■ 

Le  premier  consul,  si^rié,  Bon.Vpautk. 
Par  ic  prtn\i':r  cùusul  , 
Le  semtaire-d'élat ,  iigné  ,  Il   B.  M.'VRE'v, 


282 


T     R    1     B     tJ     N     A    T. 

Présidence  de   thicssé. 
SÉANCE    DU     11      FRIMAIRE. 
Le  corps-législatif  annonce  par  un  message  qu'il 
«    adopté  le  projet  de  loi   qui   règle  l'imérêi  des 
fies  cauiionnemens  des  receveurs  des   eonmbu- 
«lions. 

Le  tribunal  ordonne  le  dépôt  aux  archives. 
L'ordre  du  jour  appelle  la   discussion  sur  le 
projet   qui  organise  les  archives   nationales. 


Éouteville.  Le  projet  qui  est  soumis  en  ce  mo- 
ment à  votre  discussion,  n'est  autre  chose  que 
le  compliment  de  l'arrêté  piis  par  le  gouverne- 
nicnt  le  8  prairial  ^  or  ,  si  je  prouve  que  cet  arrête 
renferme  des  dispositions  législatives  que  vous 
ne  pouvez  approuver  ,  j'aurai  démontré  ,  ce  me 
semble  ,  que  vous  ne  devez  point  donner  votre 
assentiment  au  projet  qui  vous  est  présenté. 

Pour  prouver  que  l'arrêté  du  8  prairial  n'était 
toas  ihconstitutionnel  ,  On  a  dit  que  le  déjîôt 
important  des  archives  nationales  n'était  pas  une 
institution  nouvelle  ,  qu'elles  existaient  avant  la 
constitution  de  l'an  8  ,  qu'il  ne  s'agissait  que 
de  veiller  à  leur  conservation  et  de  leur  donner 
Une  organisation  et  une  administration  appro- 
priées aux  bases  et  aux  intentions  du  pacte  nou- 
veau. 

Avec  le  gouvernement,  je  distinguerai  dans  les 
archives  nationales  ,  comme  dans  tout  ce  qui 
existe,  le  matériel  et  la  forme.  Aussi  je  deinande- 
r'ai  si  l'acte  le  plus  essentiel  ,  l'txisience  ,  la  cons- 
titution d'un  établissement  de  cette  nature  ,  n'est 
J)as  celui  qui  détermine  la  forme  Wus  laquelle  il 
existera  ,  qui  crée  la  fonction  du  dépositaire  à  la 
garde  duquel  il  sera  confié,  qui  précise  la  nature 
de  ses  fonctions  ,  de  son  traitement,  désigne l'au- 
tôriié  à  laquelle  la  nomination  et  la  révocation  en 
àppjriiendront,  celle  sous  l'autoriié  de  laquelle  il 
sera  immédiatement  et  exclunivement  placé  ,  à  la- 
quelle seijle  il  devra  compte  de  sa  conduite;  si 
l'on  convient  que  l'acte  qui  contient  toutes  ses  dis- 
positions est  le  seul  acte  constitutif  de  l'établisie- 
ment  ,  je  demanderai  si,  à  l'érjuméraiion  que  j'ai 
faite,  on  n'a  pas  reconnu  l'arrêté  du  8  prairial,  et  si 
véritablement  cet  acte  n'est  pai  plutôt  une  loi 
qu'un  simple  arrêté  ?  Or  ,  la  eonstitution  de 
l'an  8  n'ayant  rien  statué  relativement  aux  ar- 
chives ,  le  gouvernement  devait  soumettre  ,  au 
corps  législatif  le  règlement  qui  organisait  cet  im- 
portant dépôt. 

D  après  ces  observations  je  ne  crois  pas  qu'il 
puisse  subsister  un  seul  doute  suj  ce  point ,  que 
les  dispoiitions  de  l'arrêté  du  8  prairial  sont  in- 
contestablement législatives. 

Ces  motifs  sont  sans  doute  sufEsans  pour  vous 
déterminer  à  rejetter  le  projet  qiii  vous  est  soumis  ; 
projet  qui,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  n'est  autre 
chose  que  h  complément  de  l'arrêté  du  8  prai- 
rial ,  vous  se-^sz  d'autant  plus  porté  à  prendre 
cette  mesure  que  le  gouvernement  est  dans  la 
confiance  qu'il  n'a  pas  outrepassé  ses  aitribu- 
rions  ;  il  est  important  de  le  tirer  promptement 
de   celle   erreur.  Je  vote  pour  le  rejet. 

Béiard.  Je  pense  que  vous  devez  rejeter ,  au 
moins  quant  à  présent,  le  projet  de  loi  relatif  aux 
archives  nationales. 

Je  me  fonde  i°  sur  ce  qu'il  n'est  pas  question 
dans  le  projet  des  autres  dépôts  d'archives  ; 
ï°  qu'à  l'égard  des  archives  nationales  il  est  in- 
suffisant -,  30  qu'il  présente  quelques  contradic- 
tions avec  l'arrêté  du  8  prairial  dernier  qui  en 
est   la  base. 

La  loi  du  7  messidor  ordonnait  le  dépôt  aux 
archives  nationales  des  traités  avec  les  nations 
étrangères  -,  le  nouveau  projet  n'en  parle  pas. 

Elle  statuait  qu'on  y  déposerait  également  tout 
ce  que  le  corps-législatif  ordonnait,  et  lui  ré- 
servait le  droit  exclusif  de  le  faire.  Une  telle 
disposition  ,  tans  doute,  doit,  sous  la  constitution 
de  l'an  S  ,  recevoir  quelques  modifications,  mais 
la  loi  nouvelle  est  mueue  à  cet  égard. 

Enfin  les  dépôt»  judiciaires  et  domaniaux  ont  été 

Î)laccs  tantôt  (îans  les  attributions  du  ministre  de 
a  justice  ,  tanipt  dans  celles  du  ministre  des  fi- 
nances. L'arrêté  du  8  prairial  place  le  biireau  du 
tirage  sous  la  surveillance  du  ministre  de  l'intérieur 
et  de  l'archiviste.  Cependant  un  arrêté  ne  doit  pas 
détruire  des  lois  existantes. 

D'après  ces  détails  ,  il  est  facile  de  voir  combien 
îl  serait  nécessaire  de  ne  rien  statuer  sur  l'établis- 
sement des  archives  avant  d'avoir  un  plan  général 
pour  cette  organisation. 

L'examen  des  lois  antérieures  et  la  connais- 
sance de  la  nature  et  de  l'objet  des  archives  in- 
diqueront facilement  le  silence  qu'il  convient 
d'adopter. 

Il  doit  y  avoir  auprès  du  gouverrieraent  un 
premier  dépôt  d'archives.  Si  l'on  croit  qu'il  doit 
être  unique  et  commun  aux  premières  autorités 
de  l'état  ,  'le  sénat-conservateur  ,  le  corps-législatif 
et  le  tribunal  ,  on  déterminera  si  elles  auront  le 
droit  d'ordonner  le  dépôt  aux  archives,  et  com- 
jsent  elles  y  auront  recours  au  besoin. 


Les  archives  de  l'état  pourraient  être  composées 
de  la  manière  fixée  dans  la  loi  que  nous  exami- 
nons, en  y  ajoutam,  comme  la  loi  du  7  messidor 
le  prescrivait  .  les  traités  avec  les  autres  nations 
et  copie  des  inventaires  des  titres  domaniaux 
existant  dans  toute  la  répilblique. 

Il  semble  que  ce  dépôt  doit  contenir  ce  qui  , 
ayant  un  objet  générai  ,  devrait  être  par-touti 
Je  proposerai  dé  substituer  à  la  dénomination 
d'archives  nationales  celle  d'archives  de  Céiat , 
comme  plus  caractéristique. 

Cet  établissement  formé,  les  titres  qui  exis- 
tent dans  les  archives  ,  peuvent  être  considérés 
sous  difFérens  rapports. 

Les  uns  concerhetifla  fortune  publique  :  ce 
sont  les  titres  domaniaux. 

Les  autres  concernent  les  particuliers  ,  l'état, 
la  propriété  des  citoyens. 

Il  en  est  enfin  qui  appartiennent  aux  sciences 
et  aux  arts  ,  ou  qui  sont  monument  d'his- 
toire. 

La  loi  du  7  messidor  an  2  ,  a  réglé  la  deslina- 
rion  de   ces  deirniers  titres.        • 

Elle  a  ordonné  la  division  des  autres  en  deux 
classes;  l'une  domaniale  ,  et  l'autre  judiciaire  et 
administrative. 

JVIais  il  y  a  dans  les  actes  judiciaires  des  litres 
relatifs  aux  domaines  nationaux  ,  et  réciproque- 
ment les  litres  domaniaux  peuvent  intéresser  les 
ci'oyens. 

Il  aurait  été  plus  convenable  de  réunir  sous 
le  litre  d'archives  publiques  ,■  les  dépôts  doma- 
niaux et  judiciaires.  La  division  existant  dans  ces 
titres,  serait  seule  conservée;  on  déterminerait 
alors  le  ministre  qui  devrait  en  avoir  l'attribu- 
tion. Les  litres  domaniaux  ,  au  lieu  d'être  réunis 
à  Paris  .  seraient  renvoyés  dans  les  dépôts  det 
lieux  de  la  situation  des  faits  qui  le  concernent. 

Vous  avez  remarqué  sans  doute  que  Fariêié  du 
8  prairial  et  le  projet  de  loi  présenté  laissent 
subsister  derrière  eux  une  législation  très-com- 
pliquée ,  qu'il  faut  franchement  éclaircir  par  une 
loi  unique  sur  les  archives  ,  et  appropriée  à  la 
constitution.  Je  conclus  au  rejet. 

Laloy.  Depuis  la  constitution  ,  les  archives 
existaient  sans  lois.  Le  gouvernement  vous  en 
propose  une.  Ce  projet  est-il  admissible  ,  le 
projet  est-il  complet,  le  tribunal  doit  il  en  voter 
l'adoption  ? 

Je  me  suis  d'abord  demandé  pourquoi  le 
gouvernement  ne  proposait  pas  une  loi  liéiiérale 
sur  l'organisation  des  archives  et  des  dépôts  de 
toute  espèce  ,  pourquoi  des  objets  de  la  même 
nature  n'étaient  pas  compris  dans  la  même  loi  , 
et  réglés  sur  le  même  plan  ?  sans  doute  il  s'oc- 
cupera de  la  loi  générale  que  j  indique  et  que 
je  regarde   comme   nécessaire. 

Passant  à  l'examen  du  projet  comparé  aux 
lois  antérieures  à  la  constitution,  j'ai  trouvé  entre 
l  un  elles  autres  des  difierences  sensibles.  Je  ne 
vois  plus  qu'elles  doivent  contenir  le  dépôt  des 
sceaux  de  la  république  ,  des  types  des  mon- 
naies ,  et  beaucoup  d'autres  objets  également 
importans.  Je  ne  trouve  dans  le  projet  aucune 
disposition  qui  garantisse  à  la  république  la  con- 
servation  de   ces   objets. 

Je  sais  que  par  son  arrêté  ,  du  8  prairial ,  le  gou- 
vernement a  statué  sur  ces  objets ,  mais  un  ariêié 
n'est  qu'un  acie  provisoire  ,  dicté  par  un  bon 
esprit  d'administrauon  générale,  pendant  l'absence 
des  lois.  Il  doit  rester  sans  foice  dès  que  la  loi 
paraît. 

En  examinant  les  détails  du  projet;  je  crois  que 
l'article  j^'  eût  pu  être  conçu  dune  manière  plus 
simple  :  que  ces  expressions  ,  tous  les  actes  re- 
latifs aux  propriétés  territoriales  de  la  république  , 
ne  seront  pas  également  entendues  et  appliquées 
par-tout.  Pourquoi  ne  pas  dite  les  domaines,  les 
bois  ,  les  rivières  ,  etc  ?  et  pourquoi  resiieindre 
ce  recueil  aux  propriétés  nationales  ,  quand  il  y  a 
d'anciens  revenus,  non-produits  parle  territoire, 
dont  les  litres  viennent  également  s'y  déposer.  Il 
suffirait  de  mettre  :  les  actes  relatifs  aux  propriétés 
et  biens  de  la  république ,  tant  en  France  que  chez 
l'étranger. 

La  seconde  partie  de  l'article  II ,  provoque  des 
observations,  et  parle  du  dépôt  des  réglemens  et 
arrêtés  d'administration  publique  ,  rédigés  par 
lé  conseil  d'état,  conformément  à  l'article  XLII 
de  la  consntuiion. 

Or  ,  cet  article  XLII  ne  parle  pas  de  réglemens  , 
ni  d'arrêtés  rédigés  par  le  conseil  d'état ,  il  ne  parle 
que  des  actes  propres  au  gouvernement  ,  et  con- 
certés entre  les  tiois  consuls.  C'est  l'article  LII 
de  la  constittltion  qu'il  fallait  citer ,  quoiqu'il  n  y 
soit  pas  question  danêiés  du  conseil  déiat,  mais 
seulement  de  réglemens  ,  et  de  la  rédaction  des 
projets  de  lois,  sous  la  direction  des  consuls. 
Vous  ne  pouvez  laisser  passer  une  telle  erieur. 

Mais  je  ne  pense  pas  quil  suffise  ,  comme  le 

porte  le  projet  ,    de   déposer    des  copies   de  ces 

actes  ,  certifiées  par  le  secrétaire-général  des  con- 

snls.    Les  archives  nationales    appellent  les   ori- 

1  finaux  OU  les  doubles  minutes.  Cela  s  est  tou- 


jours pratiqué  ,  cela  est  exigé  pour  Te  corps  lé*- 
gisladf  et  le  tribunal  ,  et  cela  doit  l'être  pour 
le  gouvernement.  La  même  observation  s'apphqué 
au  troisième  paragraphe    du  même  article. 

Le  gouvernement  ,  est-il  dit  au  projet  ,  ferat- 
remettre  des  copies  des  états  de  population  ,  etc. 
Par  qui  ces  Copies  seront-elles  remises  ?  dans! 
quelle  forme  seront-elles  déposées  ? 

Le  gouvernement ,  est-il  dit  encore,  déposera 
tous  les  trois  ans  ses  listes  d'éligibles  ?  la  cons- 
tiiulion  n'ordonne  d'autre  dépôt  de  ces  listes, 
que  celui  des  listes  nationales  ,  et  celle-ci  arriva 
de  droit  et  constitutionnellement  ,  au  sénat-con- 
servateur; c'est  pour  lui  qu'elle  l'a  fail  ,  à  lui 
qu'elle  s'adresse  ,  à  lui  qu'elle  est  essentiellement 
nécessaire  ;  lui  seul  doit  posséder  l'oiiginal  cl 
lavoir  toujours  sous  les  yeux.  Elle  est  d'ailleurs 
sujette  à  son  jugement  ,  si  elle  lui  est  déférée, 
comme  inconstitutionnelle.  Comment  concevoir 
un  dépôt  ordonné  par"le  gouvernement  ,  d'une 
liste  qu'il  n'a  P'iS  ,  et' ne  doit  pas  avoir?  Quel» 
loi  charge  le  sénat-conservateur  d'opérer  le  dépôts 
voilà  ce  que  je  conçoi.i. 

Mais  •,    dira-t-on  ,  la  liste  est  nécessaire  au  gou-    ' 
vernement ,  qui  doit  procéder  à  des  nominations: 
je  réponds  :  elle   n'est  nécessaire    qu'au   premier 
consul  ,     et     une    loi  doit    déterminer  comment 
cette  liste  lui  parviendra. 

Par  cet  article  ,  d'ailleurs  ,  on  semble  induir» 
que  tous  les  trois  ans  ,  les  listes  d  élii^ibles  seront 
lenouvellées.  Or,  j'examine  les  articles  1,7,8, 
et  g  de  la  constitution  ,  et  je  vois  que  ces  listes 
une  fois  faites  ,  sont  maintenues  jusquà  épui- 
sement, si  elles  pouvaient  lêtre;  que  ces  listes 
sont  durables  el  pe  péiuelles  ,  loin  de  se  renou- 
veller  tous  les  trois  ans.  Il  y  aura  des  lacune» 
dans  ces  listes  ,  il  faudra  les  réparer  ;  mais  pOur 
les  réparer  ,  il  faudia  que  les  lislcs  existent ,' et 
non  les  renouveller. 

M'arrêiant  enfin  au  quatrième  article  ,  j'aurai» 
désiré  qu  il  contînt  celte  disposition  :  quelles  expé- 
ditions seront  gratuites  ?  Il  ne  faut  rien  donner  à 
l'arbilraire  ,  quand  on  règle  un  état  par  des  lois. 

Je  trouve,  au  surplus,  la  loi  proposée  incora- 
pleite.  J  aurais  voulu  des  dispositions  relatives  au» 
actes  de  la  haute-cour ,  et  aux  archives  particu- 
lières de  diverses  autorités  constituées,  telles  que 
le  tribunal  ,  le  corps  législatif,  le  sénat-cûnserva- 
leur,les  consuls,  le  gouvernement  ;  j'aurais  aussi 
désiré  des  dispositions  relatives  à  l'archiviste  lui- 
même  ,  à  son  administration  ,  à  Ses  dépenses.. 
Comment  concevoir  des  archives  sans  archiviste  ? 
La  constitution  ne  parle  ni  d'archives  ,  ni  d'ar- 
chiviste. Puisqu'une  loi  est  aujourd'hui  proposét" 
relativement  aux  archives  ,  c'est  elle  qui  doit  sta- 
tuer sur  l'archiviste. 

Je  ne  ])uis ,,  d'après  ces  observations,  partager 
l'avis  de  la  commission  ;  et  je  vote  le  rejet  du 
projet. 

Portier  ,  de  FOise.  Le  projet  qtli  vous  est  pré-" 
semé  n'est  autre  chose  que  'e  rapport  de  la  loi 
du  g  mtsJdor  an  7  ,  à  1  cxcepnon  de  quelques 
dispositions. Cette  loi  était  unmodele  de  précision 
et  de  clarté;  elle  était  l'ouvrage  de  B.iudin  ,  des 
Ardennes.  C  est  nommer  uji  homme  qui  connais- 
sait l'importance  de  son  sujet,  et  avait  les  moyen* 
de  le  bien  traiter.  Cette  loi  comprenait  tous  lea 
objets  de  nature  à  être  déposés  aux  archives  ;  1« 
projet  piésenté  en  omet  plusieurs  très-iraporians. 
L'article  1^'  est  insuHisam  :  je  passe  au  second. 
Le  corps-législatif  et  le  tribunal  doivent  ,  aux 
termes  de  cet  article  ,  déposer  les  origiffaux  de 
leurs  actes  :  le  conseil-d'éial  ne  dépose  que  des 
expéditions  des  réglemens  qu'il  rédige  ,  et  l'on 
n'exige  aussi  le  dépôt  que  des  expéditions  des  no- 
minations et  autres  actes  que  fait  le  sénat.  Ja 
pourrais  faire  remarquer  une  telle  diflFérence  , 
demander  pouiquoi  ,  par  cet  article  ,  on  consacre 
des  fonctions  de  secrétaire-général  des  consuls 
qu'aucune  loi  u'a  établies,  tandis  que  c'est  le 
secrétaire-d  état,  qui  contie-signe  ordinairement^ 
mais  je  me  borne  à  faire  observer  que  le  projet 
crée  trois  sortes  d'archives  au  lieu  de  maintenir 
les  archives  nationales  ,  car  les  minutes  des  actes 
du  gouvernement  et  du  sénat  restent  aux  archives 
du  sénat  et  du  gouvernement. 

J'ai  remarqué  que  je  ne  voyais  pas  oti  l'on  dé- 
poserait le  type  des  monnaies  et  le  sceau  de  l'état; 
mais  l'article  V-mérite  toute  votre  attention.  Il  sup- 
pose un  renouvellement  dans  les  listes  d'éligiblea 
tous  les  trois  ans,  tandis  que  tous  les  trois  ans  les 
citoyens  sont  seulement  appelés  à  remplir  les  la- 
cunes qui  se  trouvent  dans  ces  listes.  Cette  erreur 
ne  peut  être  sanclionnée  par  vous. 

Qjjantà  ce  qui  regarde  la  nomination  et  le  trai- 
tement de  l'archiviste  ,  je  m'en  rapporte  à  ce  qu'a 
dii  le  rapporteur  de  la  commission.  Je  vote  contre 
le  projet  de  lei  ,  en  lui  reprochant  des  omissions 
essentielles,  et  des  erreurs  rjue  vous  ne  pouvez 
confirmer  par  votre  approbation. 

Jubé.  Le  premier  inconvénient  du  projet  est  de 
lai5-er  subsister  des  fiagraens  de  diverses  autres 
lois  rendues  en  1790,  1791  et  1792,  maintenues 
par  celle  du  2  messidor  an  3. 


283 


Ainsi,  lorsqu'une  seule  loi  pourrait  aujourd'hui 
régler  avec  si rnpiicité  l'objet  important  des  atchives 
nationales,  six  lois  vont  se  heurier,  en  concou- 
rant au  rnâaie  but.  Je  conçois  qu'un  tel  vice  ne 
ïera  pas  fortement  setiti  par  un  grand  nombre  de 
citoyens  ,  dans  l'organisation  des  archiyes  natio- 
nales ;  mais  si  vous  le  laissez  introduire  daos  cette 
circonstance  ,  il  se  glissera  bientôt  dans  beaucoup 
d'autres. 

En  parlant  de  six  lois  qu'il  fallait  consulter  pour 
les  seules  archives  ,je  n'ai  point  fait  mention  des 
arrêtés  réglementaires  ;  je  n'ai  pas  compté  surtout 
l'arrêté  du  8  praiiial  dernier,  qui  parmi  d'excel- 
lentes dispositions  d'administration  en  contient 
qui  me  paraissent  législatives  ;  le  second  incon- 
vénient du  projet  qui  vous  est  communiqué  serait 
donc  d'entraîner  par  son  adoption,  l'approbation 
implicite  d'un  arrêté  qui  mérite  une  attention  toute 
particulière. 

L'opinion  de  votre  commission  que  l'archiviste 
doit  être  à  la  nomination  du  premier  consul ,  sera 
généralement  partagée  ;  mais  elle  doit  être  formel- 
lement consacrée  par  une  loi.  Et  quand  l'assem- 
\>\ée  constituante  ,  la  convention  nationale  et  les 
■?u^res  législatures  se  sont  accordées  à  investir  l'ar- 
chiviste d'une  garantie  formelle  contre  le  pouvoir 
exécutif,  leur  unanimité  à  cet  égaid  dispense  de 
rappeller  combien  il  importe  à  la  propriété  et  à 
l'hofineur  des  citoyens ,  à  la  sûreté  du  dépôt  des 
archives,  que  la  législation  consacre  l'indépendance 
de  l'archiviste. 

L'arrêté  du  8  prairia!  en  déclarant  ,  article  VII  , 
que  ce  fonctionnaire  sera  nommé  et  pourra  ître  ré- 
voqué pai  le  premier  consul,  annulle  donc  des 
.  lois  qui  ne  sont  pas  rapportées,  et  décide  admi- 
nislraiivement  un  objet  sur  lequel  la  législation 
»eule  peut  et  doit  statuer.  Le  projet  de  loi  qui  vous 
occupe  étant  une  suite  nécessaire  de  l'arrêté  du  8 
prairial  ,  votre  adoption  consacrerait  une  erreur 
que  le  gouvernement  s'empressera  sans  doute  de 
rectifier. 

Votre  commission  vous  a  démontré  que  le  pro- 
jet que  vous  discutez  est  incomplet  ,  c  est-à-dire  , 
en  d'auties  termes  ,  qu'il  faudrait  dans  la  suite 
encore  d'autres  dispositions  législatives  sur  les 
archives  nationales. 

Je  crois  avoir  prouvé  ,  de  mon  côté  .  que  cette 
Joi  ,  bien  loin  de  concouiir  à  la  simpliflcaiion  si 
désirée  de  la  législation  .  ne  faisait  que  grossir  la 
multitude  de  lois  et  de  décrets  dont  il  importe  de 
débrouiller  le  cahos.  J'ai  rappelé  les  principaux 
inconvéniens  de  ce  projet  ,  tendant  à  consacrer 
les  erreurs  contenues  dans  l'arrêté  du  8  prairial 
dernier.  Je  vote  ,  en  conséquence,  pour  quii  soit 
rejeté. 

Le  tribunal  ferme  la  discussion  ,  et  rejette  Je 
projet  à  une  majorité  de  85  voix  contre  5. 

Le  président  annonce  qu'une  motion  d'ordre  a 
été  déposée  sur  le  bureau  ,  et  que  les  membres  du 
tribunat  pourront  en  prendre  connaissance  au 
éecrétariat. 

Le  tribunat  se  forme  en  comité  secret. 

Les  speclateoTS  se  retirent. 

C  ORPS  -"lÉGISLAT  I  F. 

Présidence  de  Chatry-Lafossc. 
SÉANCE     DU     11     FRIMAIRE. 

On  fait  lecure  du  proces-verbal. 

A  une  heure  ,  Portalis  et  Berlier  ,  conseillers 
d'état,  viennent  présenter  un  projet  de  loi  con- 
cernant la    police  simple  et  la  police  de  sûreté. 

Avant  la  lecture  du  projet  ,  Portalis  en  expose 
les   motifs  en  ces  termes  : 

Portalis.  Le  projet  que  nons  venons  vous 
soumettre  ,  au  nom  du  gouvernement  ,  présente 
de  nouvelles  vues  sur  une  partie  intéressante  de 
l'ordre    public. 

Il  s'agit  d'organiser  la  police. 

On  la  divise  en  police  simple  et  en  police  de 
•ûreté.  Celte  division  est  celle  des  deux  titres 
qui  composent  le  nouveau  projet  de  loi. 

La  police  simple  juge  les  négligences  et  les 
fautes  ;  la  police  de  sûreté  recherche  ,  poursuit 
les  délits  et  les  crimes,  mais  ne  les  juge  pas.  La 
première  est  une  sorte  de  tribunal  destiné  à  cor- 
riger par  des  peines  mot4érces  les  légers  manque- 
œens  ofes  citoyens  ;  la  seconde  se  place  entre  le 
citoyen  et  les  tribunaux  ,  pour  que  les  grandes 
■violations  ne  demeurent  pas  impunies.  L'un  est 
un  pouvoir  ,  l'autre  n'est  qu'un  ministère. 

La  police  simple  ,  objet  du  premier  titre  du 
projet,'  a  été  diversement  déléguée  depuis  le 
commencement  de  la  révolution.  L'assemblée 
constituante  l'avait  attribuée  aux  officiers  muni- 
cipaux -,  de-là  ,  cette  espèce  de  police  prit  le 
nom  de  police  municipale.  A  cette  époque  ,  il 
exista  quarante  mille  tribunaux  de  police  cjui  ju- 
geaient,  sauf  l'appel  aux  tribunaux  de  district. 

Les  officiers  municipaux  furent  dans  la  suite 
dépouillés  de  la  connaissance  des  matières  appar- 
tenantes à  b  police  simple  ,  et  on  en  iiivesut  let 


juges  de  paix  ,  sans  appel    de  leurs  jagemen*  en 
aucuns    cas. 

L'expérience  nous  a  éclairés  sur  les  inconvé- 
niens de  l'un  et  de  l'autre  système  ,  et  il  importe 
de  mettre  ces  inconvéniens  sous  vos  yeux. 

Dans  les  matières  appartenannes  à  la  police 
simple  ,  deux  choses  sonl  à  considérer  :  l'infrac- 
tion de  police  et  laclion  qui  compete  au  tiers 
lezé  par  celte  infraction. 

Linfraction  de  police  ,  considérée  en  elle- 
même  ,  et  abstraction  faite  de  tout  préjudice 
porté  à  des  tiers  ,  n'offre  jamais  qu'une  question 
de  lait  dont  l'examen  et  la  décision  ne  peuvent 
devenir  inquiéians  pour  le  jusiiciablt-  .  M:ris  le 
particulier  lézé  par  la  plus  peiite  information 
de  police  ,  a  souvent  à  demander  la  réparation 
d'un  grand  dommage.  Un  animal  qui  s  échappe 
par  l'imprudence  du  propriétaire  ,  peut  ravager 
le  domaine  d'un  voisin  ,  on  même  compromeitre 
sa  personne.  Le  préjudice  est  alors  iircalculable  , 
et  l'action  qni  en  naît  peut  être  indéfinie. 

Tout  avait  élé  indistinctement  attribué  par 
l'assemblée  constituante  aux  officiers  munici- 
paux. 

Il  arrivait  qu'une  juridiction  qui,  par  sa  nature, 
doit  être  soumise  à  peu  de  formalités  ,  parce 
qu'elle  roule  sur  des  choses  qui  sont  de  tous 
les  jours  et  de  tous  les  instans  ,  prononçait  sans 
une  instruction  suffisante  sur  des  questions  ma- 
jeures de  propriété. 

L'aitribuiion  ayant  élé  faile  à  tous  les  officiers 
municipaux  sans  exception  ,  il  arrivait  encore  que 
dans  les  petites  communes  où  il  est  si  difficile 
de  rencontrer  des  magistrats  capables  ,  et  où  le 
magistrat ,  presque  confondu  avec  tous  les  jusli- 
ciables  ,  est  si  exposé  à  partager  toutes  leurs- 
passions  ,  l'impér-iie  ,  la  préve-  tion  ou  la  haine, 
décidaient  souvent  des  intérêts  les  plus  chers  ou 
les  plus  importans  du  citoyen. 

Ainsi  ,  au  danger  de  la  chose  se  joignait  l'abus 
de  1  homme. 

On  ne  fit  que  déplacer  le  mal  sans  y  remé- 
dier ,  lorsqu'on  dépouilla,  les  officiers  municipaux 
pour  investir  les  juges  de  paix.  Les  inconvéniens 
attachés  à  la  nature  de  la  juridiction  et  à  la 
quaiué  de  ceux  qui  étaient  appelés  à  l'exercer  , 
continuèrent  à  se  faire  sentir  :  on  les  aggrava 
même  en  ôtanl  la  ressource  de  l'appel  aux  jus- 
ticiables. 

Aujourd  hui  on  s'est  psoposé  de  corriger  ce 
qUe  les  deux  systèmes  pouvaient  avoir  de  dé- 
fectueux. 

On  ne  peut  se  dissimuler  que  la  propreté  des 
rues  ,  le  soin  de  la  santé  publique  ,  les  objets 
de  petite  voierie  ,  la  tranquillité  publique  doi- 
vent ,  dans  chaque  cité  ,  fixer  la  sollicitude  des 
administrations  locales  ,  puisque  ia  plupart  de 
ces  objets  sont  presque  l'unique  source  des  im- 
positions et  des  dépenses  municipales.  Il  est 
donc  nmurel  de  laisser  aux  officiers  municipaux 
le  droit  de  proléger,  par  une  surveillance  ac- 
tive ,  des  choses  dont  la  conservaiion  est  à  leur 
chaige.  Il  est  donc  dans  [essence  des  choses 
que  la  police  en  appartienne  aux  officiers  mu- 
nicipaux. 

Mais  on  a  cru  devoir  distinguer  les  cas  où  il 
ne  s'agit  que  de  prononcer  sur  une  pure  infrac- 
lion  de  police  ,  d'avec  ceux  où  il  y  a  des  répa- 
rations   demandées  par  quelque  tiers   lésé. 

Dans  les  premiers  cas  seulement  ,  on  a  pensé 
que  la  juridiction  devait  être  atttib^iée  aux  mai- 
res et  à  leurs  adjoints  ,  attendu  qu'il  ne  s'agit 
alors  que  d'un  objet  de  police  séparé  de  tout 
iniérêt  civil. 

Mais  les  juges  de  paix  reprennent  tous  leurs 
droits  ,  quand  l'infraction  de  police  se  trouvant 
liée  à  des  actions  civiles  en  dommages  et  intérêts  , 
l'affaire  rentre  dans  le  cercle  des  matières  con- 
tentieuses  ordinaires. 

On  a  pensé  en  second  lieu  que  même  les  pures 
infractions  de  police ,  sans  aucun  mélange  d'action 
civile  de  la  part  d'un  tiers  ,  ne  pouvaient  être 
attribués  indistinctement  à  tous  les  officiers  mu- 
nicipaux, de  quelque  commune  que  ce  soit  ;  car 
il  est  des  communes  ,  qui  ,  par  l'état  de  leur 
population  et  par  la  qualité  de  leurs  habitans, 
ne  pourraient  nous  offrir  des  personnes  auxquelles 
cette  juridiction  pût  être  conférée  sans  danger. 

Dira- 1- on  qu'il  faut  de  l'uniformilé  dans  les 
institutions ,  et  que  d'ailleurs  il  est  absurde  de 
ne  pas  traiter  avec  égalité  tous  les  officiers  muni- 
cipaux de  la  république  ? 

Mais  l'uniformité  n'est  bonne  quaulant  qu'elle 
produit  un  bien.  Si  on  ne  peut  l'établir  sans  incon- 
vénient ,  il  faut  renoncer  à  une  perfection  appa- 
rente ,    qui  produirait  un   mal  réel, 

Qjrani  à  l'égalité  qui  doit  être  gardée  entre  tous 
les  officiers  de  toute  la  république  .  on  nous  per- 
meiira  de  faire  quelques  observations  essentielles. 

Toute  inégalité  dans  une  république  n'est 
point  un  vice  ;  car  il  est  des  inégalités  qui  sont 
tirées  de  la  nature  des  choses ,  et  du  principe 
même  de  l'égalité. 


On,  peut  craindiC,  par  exemple,  que  des 
hommes  sans  éducaiion  ,  sans  études  .  sans  lu- 
mières ,  el  qui  ont  besoin  d  un  travail  niécanique 
pour  vivre,  ne  puissent  remplir  certaines  lonc- 
tions.  On  peut  craindre  que  dans  certaines  com- 
munes ,  il  soit  impossible,  ou  du  moins  très- 
difficile  ,  de  rencontrer  d'autres  hommes.  On  en 
conclud  qu  il  ne  laijt  pas  laire  aux  officirrs  muni- 
cipaux de  ces  communes  ,  touies  les  attributioui 
qui  n'ont  aucun  danger  dans  les  communes  plus 
importantes. 

Si  on  se  conduisait  autrement  ,  on  accablerait 
les  officiers  municipaux  des  petites  communes  , 
d'une  magistrature  inconciliable  avec  leur  situa- 
tion. Les  hommes  ,  s  ils  étaient  distraits  du  soin 
de  leur  subsistance  par  des  lonctions  journalières 
et  trop  multipliées  ,  seraient  djns  une  pire  condi' 
tion  que  les  administrateurs  des  autres  communes  ; 
et  les  mêmes  hommes  qui  seraient  obligés  de  né- 
gliger leurs  fonctions  ,  ou  qui  seraient  inc -pables 
ue  les  remplir,  mettraient  leurs  concitoyens  dans 
une  condiiion  pire  que  celle  des  autres  ciioyens 
de  la  république.  Dans  des  cas  pareils  ,  l'égalité 
d'attributions  errtre  les  magistrats  des  différentes 
communes  ,  doit  être  ôiée  dans  la  république  \ 
pour  l'uiililé  de  la  république  elle-même.  Mais  ce 
n'est  qu  une  égalité  apparente  c|ue  l'on  ôie  ,  et 
c'est  une  inégalité  réelle  et  monstrueuse  que  l'on 
corrige. 

De  plus  ,  selon  l'expression  d'un  ancien  philo- 
sophe ,  les  jurisdictions  ntxhtent  pas  tour  le  bien 
des  judicians  ,  mais  pour  celui  des  judiciés.  Ce  ne 
sont  donc  pas  des  consiciéraiions  personnelles 
aux  divers  magistrats  ,  mais  des  considéiaiions 
relatives  au  plus  grand  bien  du  peuple  ,  qui  dcivî:nt. 
déierminer  el  diriger  la  distribution  et  iorganisa- 
tion  des  magisiraiures. 

Partout  les  officiers  municipaux  peuvent  ,  sans 
inconvénient  ,  exercer  la  police  simple;  il  faut  1» 
leur  laisser,  comme  étant  leur  patrimoine  naturel. 
Ailleurs  ,  il  faut  l'attribuer  aux  juges  de  paix  ,  qui 
ont  en  leurfaveur  une  plus  grande  présomption  de 
capacité;  présomption  qui  ne  pourra  que  s'ac- 
croître ,  quand  ces  juges  ,  réduits  à  un  moindre 
nombre  ,  pourront  être  choisis  dahs  un  plus  vasic 
territoire. 

Après  avoir  fixé  tout  c^  qui  concerne  les  attri- 
butions de  la  police  simple  ,  et  les  divers  magis- 
trats chargés  de  l'exercer  ,  on  détermine  les  peitjes 
et  la  procédure. 

Les  peines  ne  peuvent  excéder  une  amende  de 
3  f r. ,  ou  un  emprisonnement  de  trois  jours. 

Il  est  des  criminels  qu'il  faut  punir ,  il  en  est 
d'autres  qu'il  ne  faut  que  corriger  ;  les  premiers 
sont  soumis  à  la  puissance  de  la  loi ,  et  les  seconds 
à  son  autorité.  Les  grandes  punitions  ne  sont  donc 
pas  propres  à  la  police,  qui  rie  s'occupe  que  de 
léa,'ers  délits ,  et  les  grands  exemples  ne  sonl  pas 
faits  pour  elle.  Dans  f'exercice  de  celte  espèce  dà 
juridiction,  c'est  le  magistrat  qui  avertit ,  ce  n'est 
pas  proprement  i  la  loi  qui  frappe. 

Comme  il  faut  peu  de  formaliiés  poui'  l'exercice 
d'un  pouvoir  qui  ne  s  occupe  que  de  dé'ailsins^ 
tans  et  de  peu  d  importance  ,  on  maintient  la  pro- 
cédure sommaire  éiablie  jusqu'à  ce  jour. 

Comme  les  amendes  pécuniaires  ne  peuvent 
excéder  trois  francs  ,  les  senietlces  qui  les  pro- 
noncent ne  sont  sujettes  ni  à  appel,  ni  au  recours 
en  cassation-  Les  moyens  de  faire  réparer  une 
injustice  ,  cessent  dêtre  convenables  et  utiles 
quand  ils  deviendraient  plus  funestes  que  l'injus- 
lice    même. 

L'appel  est  ouvert  contre  une  prononciatiori 
d'emprisonnement,  parce  que  la  liberté  est  une 
chose  inappréciable. 

Nous  avor-s  vu  que  dans  le  système  du  projet^ 
toutes  les  fois  que  1  instruction  de  police  se  trouve 
jointe  à  une  action  civile  en  réparation  ,  l'affaire 
doit  être  portée  ou  renvoyée  au  juge  de  paix  , 
assisté  de   ses   assesseurs. 

Les  jugemens  de  la  justice  de  paix  sont  sans 
appel  et  sans  recours  en  cassation  ,  du  chef  de 
la  partie  délinquante  ,  lorsque  les  réparations 
n'excèdent  point  5o  francs  ;  mais  s'il  y  a  un  em-. 
prisonnemeni  prononcé  ,  la  voie  de  l'appel  com» 
pete  contre  celte   disposition  par'.'cullere. 

Les  jugemens  de  la  justice  de  paix  sont  aussi 
sujets  à  1  appel  de  la  part  du  demandeur  en  dom- 
mages efinlérêts,  quand  la  demande  est  indé- 
finie ou  qu'elle  excède  5o  francs. 

L'exécution  provisoire  des  adjudications  ci- 
viles ,  prononcée  par  la  justice  de  paix  ,  a  lieu  en 
donnant  bonne  et  suffisante  caution. 

La  souveraineté  jusqu'ici  accordée,  dans  tous 
les  cas  ,  à  la  justice  de  paix  en  matière  de  police 
impies,  comprornettrait  trop  ouvertement  ce  que 
les  citoyens  ont  de  plus  cher  ,  la  liberté  et  la 
propriété. 

Le  litre  II  du  projet  de  loi  est  relatif  à  la  police 
de   sûreté. 

On  y  voit  que  cette  police  consiste  dans  la  ic- 
cherche  et  poursuite  des  délits  dont  la  connais- 
sance appartient  ,  soit  aux  tribunaux  de  police 
cèrrectiorfRells  ,  soit  auK  tribunaux  criminels. 


offi 

surve 

près  le   tribunal  crimine 

•A  Paris  ,  Lyon  ,  BoideauK  ,  Marseille  ,  il  pa- 
raît nécessiùre  de  donner  di's  substituts  à  l'olfitier 
cfrargé  de  la  police  de  surelé. 

"Leb  officiers  chargés  de  cette  police  ,  et  leurs 
substituts,  sont  à  la  nomination  du  premier 
consul. 

L'existence  de  ces  nouveaux  agens  est  sans 
préjudice  de  l'obligation  où  sont  les  autres  fonc- 
tionnaires publics  de  dénoncer  les  crimes  ,  et 
même  de  faite  exécuter  les  coupables  surpris  en 
flagrant  délit  ou  désijjnés  par  la  clameur  publique; 
mais  il  est  essentiel  pour  que  les  crimes  na  soient 
pas  impunis  ,  qu'il  y  ait  des  officiers  principale- 
ment et  particulièrement  chargés  de  laire  la  re- 
thetche  et  la  poursuite. 

Nous  lisons  dans  l'article  60  du  titre  V  de  la 
constitution  ,  que  n  chaque  arrondissenaent  com- 
munal à  un  ou  plusieurs  juges  de  paix  élus  immé- 
diatement par  les  citoyens  pour  trois  années,  et 
que  leurs  principales  fonctions  consistent  à  conci- 
lier les  parties  qu'ils  invitent  dans  le  cas  de  non 
conciliation  à  se  faire  juger  par  des  arbitres.^  i> 

Le  ministère  dujuge  de  paix  est  donc  essentiel- 
lement par  l'esprit  et  par  la.  lettre  de  la  loi  consti- 
tutionnelle un  ministère  de  conciliation.  Un  tel 
ministère  est-il  donc  compatible  avec  les  démar- 
ches rigoureuses  que  commande  la  police  de 
sûreté? 

La  force  des  lois  vient  de  ce  qu'on  les  craint. 
L'influence  d'un  conciliateur  vient  de  ce  qu'on 
l'aime.  Entourons  les  justices  de  paix,  de  confiance 
et  d'amour  ,  et  non  de  terreur. 


iiisires  inlermeuiaiies  entre  I  homme  et  le  ju^c. 
Ils  sont  à  linitar  de  tous  les  commissaires  établis 
près  les  tribun>iux. 

De  tels  oiFiclers  doivent  être  destiluabies  par 
l'auioriié  au  nom  de  laquelle  ils  agissent,  parce 
qu'il  importe  que  l'autorité  chargée  de  l'execuuon 
des  lois,  soit  sûre  de  la  conduite  de  ses  agens. 
Ce  principe  est  le  même  que  celui  qui  rend  tous 
les  commissaires  du  gouvelrnement  destituables. 

Le  dioit  d'arrêter  un  coupable  n'est  po.nt  une 
fonction  judiciaire.  Ce  droit,  dar-s  le  cas  du  tU- 
grant  délit  ou  de  la  clameur  publique,  compette 
à  tout  fonctionnaire  ,  et  même  à  tout  citoyen. 

Dans  l'arreslalion  ,  tien  n'est  préjudiciel  ni  irré- 
parable. En  matière  civile  ,  il  iaut  faire  plus  de 
cas  de  la  hberté  d'un  citoyen  que  de  l'intérêt  d  iin 
autre.  En  matière  criminelle,  la  faveur  de  la  li- 
berté particulière  d'un  seul  ,  doit  céder  à  la  sûreté 
de  tous. 

Dans  le  plan  du  projet  de  loi  ,  l'ûfïicicr  de 
police  de  sûreté  est  placé  près  du  tribunal  civil  de 
chaque  arrondissement.  Tous  les  officiers  charges 
de  ce  ministère  sont  sous  les  ordres  du  commis- 
saire du  gouvernement  près  le  tribunal  ciiminel. 
Ils  aboutissent  à  un  centre  commun  ;  ils  ont  une 
correspondance  réglée  ;  ils  veillent  ,  et  tous  les 
citoyens  sont  tranquilles. 

Les  mêmes  avantages  ne  pourraient  être  garantis 
par  des  juges-de-paix  isolés,  sans  relation  régu- 
lière avec  les  agens  supérieurs.  Il  n'y  avait  point 
d'harmonie  entre  les  institutions  consacrées  a  la 
justice  criminelle  ,  et  les  méchans  qui  se  concertent 
et  s'entendent,  échappaient  presque  toujours  a 
la  loi. 

En  diminuant  les  attributions  et  le  nombre  de 


La  douce  habitude   que  contracte  un  juge  de 

paix  de  rapprocher  les  parties ,  de  les  déterminer  !      *^"  "".....-- „' 7Vl,,nnnns    h  ct-riiiude 

à  des  sacifiies  ,  de  peser  leurs  droits  avec  huma-  )  jugcs-de-paix  ,   nous    '°"     d°"';°"',  j^^  lo,     iot^s 
nité  ,   de  jetter  un  voile  sur  la  rigueur  du  droit  ,  qu.ds   seront  mieux  cho,       Y,,    "  mu  acons    pa 
.■  1      t  1' •       •   P     1  1  nni    Ipnr    <innf  oiees  .    nous    (cS    icuipuc'Jiiû    y<*^ 

pour  se  livrera  des  vues   d  équité,    le  rend  peu     q^^i    leur   ^°"^°         ',•'",  ,.„:p,,„  ces  fonctions 

^  1  .     •  ■  I     ■  "  ;    <-lfïc  /-iHinprc  nul    rpmDiirOni  mieux  I.C3   ïuin-iiutjs. 

propre  à  cet  autre  ministère  qui  ne  doit  connaître     tics  omcrers  qui  rempinu.  i 


P 

propre  à  cet  autre  ministère  q 

que  les  lois  ci  qui  ne  transige  jamais.  | 

D'ailleurs  ,    la    recherche    et   la   poursuite   des  | 
crimes  demandent  une  surveillance  active  et  con- 
tinue  ,   à  laquelle  ne  peut  s'abandonner  un  juge- 
de-paix  ,   distrait  par    des  fonctions  aussi  cond-  ' 
nues  et  plus  douces.  '  f^\yg  punir  les  crimes.  Il  vous  proposera  bientôt 

L'officier  chargé  de  la  police  de  sûreté,  doit  '  l'établissement  d'un  tribunal  d'exception  contre 
plutôt  considérer  la  sociéié  que  les  particuliers:  1  les  attentats  commis  par  des  hommes  qui  sont 
un  officier-de-paix  doit  plutôt  considérer  les  par-  ,  en   guerre  ouverte    avec    la  société.  Les  officiers 


Ces  officiers  sont  des  agens  qui  manquaient  a 
notre  organisation  intérieure.  La  dépense  sera 
moindre   et   le  service  mieux  fait. 

Le  gouvernement,  citoyens  législateurs ,  regarde 
comine    le   principal   de    ses    devoirs  ,   celtii    de 


dépouillés  par  des  jugemens  arbitraux  rendus  au 
pretit  des  communes  ,  en  exécution  de  la  loi  du 
10  juin  I7y3. 

Il  est  à  regretter  encore  qu'on  ne  s'occupe  à  ré- 
parer que  pièce  à  pièce  le  sysiêinc  si  mal  combiné 
de  la  législaiion  sur  les  communaux.  Il  faudrait 
en  venir  enfin  à-  reviser  entièrement  la  loi  du  10 
juin  1793  ,  pour  la  dépouiller  de  ses  vicss ,  et  en 
concilier  les  dispojiiions  utiles  avtc  le  respect  dû 
à  la  propriété.  Ceiie  révision  réclamée  de  toutes 
parts  et  depuis  si  long-tems ,  celte  révision  tant  de 
fois  promise  et  annoncée  par  les  législatures ,  cette 
révision  que  comm.încient  la  morale'  et  l'intérêt 
public  ne  peul:aujourd'hui  rencontrer  d'obstacles, 
et  ne  doit  plus  éprouver  de  retards. 

Depuis  six  ans,  on  a  présenté  à  la  tribune  na- 
tionale une  foule  de  projets  d'amélioration  que 
des  circonstances  malheureuses  ont  toujours 
éloignés  ;  mais  aujourdhni  ,  tout  ce  qui  estjuste 
et  utile  peut  se  laire  aisément. 

L'objet  est  d'autant  plus  urgent  ,  que  d'après 
la  loi  du  21  prairial  an  4,  qui  a  maintenu  pro- 
visoirement dans  leurs  possessions  tous  les  dé- 
tenteurs actuels  des  biens  piétendus  commu- 
naux ,  afin  d'arrêter  le  cours  des  innombrables 
1  contestations  auxquelles  avait  donné  lieu  la  loi 
1  du    10  juin    1793. 

On  voit  depuis  près  de  cinq  ans  des  usurpa- 
I  teurs  jouir  paisiblement  de  terreins  immenses  , 
auxquels  ils  n'ont  ancuns  droils.  Cette  suspension, 
de  1,1  justice  est  l'éploriible  :  elle  cause  les  pertes 
les  plus  énormes  à  la  république  ,  et  à  une  fouie 
d'individus.  Il  eit  teras  enfin  qu'elle  cesse  ,  que 
les  usurpasions  soient  réprimées  ,  et  que  les  vrais 
propriétaires  rentrent  dans  leurs  biens. 

Aucun  orateur  ne  demandant  à  continuer  la 
discussion  ,.  le  corps-législatif  procède'  à  l'appel 
nominal  sur  le  projet  de  loi. 

Le  nombre  des  votans  est  de  sS?.  Le  dépouil- 
lement du  scrutin  donne  246  sufirages  pour  l'a- 
doption :  en  conséquence  ,  le  projet  est  converti 
en  loi. 

N'y  ayant  rien  pour  demain  à  l'ordre  du  jour, 
l'assemblée  s'ajourne  à  tridi. 


ticuliers  que_la  société.  La  sévérité  est  le  partage 
de  l'un  ;  et  la  douceur  celui  de  l'autre.  Celui-ci 
étudie  les  intétêts  des  hommes  ;  celui-là  ne  pesé 
que  leurs  actions,  il  ne  consulte  d'autre  intérêt  que 
celui   de   la    loi. 

De  plus,  combien  de  citoyens  honnêtes  et  pai- 
sibles ne  sont-ils  pas  éloignés  de  la  place  dejuge- 
de-paix  par  la  perspective  des  fonctions  crimi- 
nelles ,  jusqu'ici  attribuées  a  celle  place  ? 

Faut-il  parler  de  la  répugnance  que  doit  éprou- 
ver un  homme  élu  par  ces  concitoyens  ,  lors- 
qu'il sagit  de  devenir  contre  eux  un  instrument 
de  sévérité  et  de  rigueur  ?  Sans  nous  arrêter  aux 
ménagemens  auxquels  sa  situation  Iç  soumet  , 
nous  disons  que  son  devoir  doit  être  journellc- 
aux  prises ,  dans  son  cœur  ,  avec  sa  venu  même.  I 


dont   l'établissement  vous    est    aujourdhui   pré 
enté  ,  deviendront  encore  alors  plus  nécessaires 


COURS     DU     CHANGH. 
Bourse  du  it  frimaire. 

Renie  provisoire î3  fr.   i3  c. 

Tiers  consolidé 33  fr.  88  c. 

Bons  deux  ners i   fr.  60  c. 


Il  est  tems   que   l  impunité   des   crimes  cesse.  Les  |  jj^^^^  j-^^j^^^g^ g^   ff_ 


.nstitutions  gouverne"nt  les  hommes  ,  mais  il  faut 
des  hommes  pour  faire  marcher  Ls  institutions. 

Ber/ier  succède  à  l'orateur  ,  et  fait  lecture  du 
projet  de  loi. 

Le  corps  -  législatif  ordonne  la  mention  au 
procès-verbal ,    et  l'envoi  au  tribunal. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  du  projet 
qui  fixe  un  délai  d  une  année  pour  prononcer 
sur  les  jugemens  arbitraux  rendus  en  faveur  des 
communes  contre  la  république  ,  relativement 
aux  forêts  prétendus  nationales. 

Chabaiid  ,  de  l'Allier  ,  expose  les  inolifs  qui  ont 


Bons  pour  l'an  8 g5  fr. 

Syndicat 

Coupures 83  fr. 


Dépouiller  la  justice  de  paix  de  l'exercice  de  déterminé  le  tribunal  à  voter  l'adoption  du  projet 
la  police  de  sûreté  ,  ce  n'est  point  afiPaiblir  ou  I  Ces  motifs  sont  les  mêmes  qu'il  a  déjà  exprimés 
, ,  ^     ,  ■   '-  .  .  '^.  1    i  ._  .    ,  _.-  ..:i .    Il   ,.i,.„,;no  -,;r,o;  . 


dég.ader  celte  magistrature  ,  c'est  la  ramener  a  sa 
véritable  institution;  c'est  lui  conserver  le  caric- 
tere  de  popularité  qui  la  distingue  ,•  c'est  lui  cona- 
muniquer  une  nouvelle  force  et  une  nouvelle  di- 
gnité. 

Les  foncdons  que  l'on  ôte  aux  juges  de  police 
sont  attribuées  dans  le  projet  ,  à  des  officiers 
nommés  par  le  gouvernement ,  et  par  lui  desti- 
tuables. 

L'accusation  publique  ,  la  recherche  et  la  pour- 
suite des  crimes,  appartiennent  au  pouvoir  chargé 
de  l'exécution  des  lois.  Ce  pouvoir  est  le  gouver- 
nement. C'est  donc  au  gouvernement  à  veiller 
par  lui-même  ,  ou  à  établir  des  agens  qui  veillent 
pour  lui  sur  tous  les  objets  qui  iniéresser\t  la  sû- 
reté ,  la  tranquillité  générale. 

Dira-t-on  que  des  fonctions  judiciaires  ne  doi- 
vent être  confiées  qu  à  des  officiers  inamovibles  ? 

Nous  répondrons  que  les  officiers  chargés  de  la 
rioHce  de  sûreté  ,  ne  sont  point  juges  ,  mais  seu- 


dans  son   rapport  au  tribunal.   Il  termine  ainsi 

Le  délai  d'un  an  a  paru  sagement  combiné,  .en 
raison  du  grand  nombre  et  d«- l'importance  des 
affaires. 

Les  communes  qui  n'avoient  pas  produit  leurs 
jugemens  et  leurs  pièces  dans  le  mois  de  la  publi- 
cation de  la  loi  du  28  brumaire ,  ne  peuvent  s'op- 
poser au  projet  de  loi  ,  puisqu'il  leur  accorde  à 
elles-mêmes  un  nouveau  délai  pour  les  produire  , 
et  celles  qui  ont  fait  leurs  productions  dans  le 
tems  udle  ,  inspireroient  de  graves  soupçons  sur 
la  justice  de  leurs  prétentions ,  si  elles  s'opposaient 
à  ce  que  la  république  eût  le  tems  de  se  défendre. 

Il  suffit  enfin  de  savoir  comment  les  affaires  ont 
été  discutées  et  jugées  en  arbitrage  forcé,  pour 
accueillir  avec  empressement  les  moyens  desou- 
meitre  à  des  Jugemens  plus  sûrs  et  plus  équitables  , 
les  intérêts  de  la  république. 

Le  projet  de  loi  qui  vous  est  présenté  ,  législa- 


SPECTACLES. 

Théâtre  dk  tA  REPUBi.iqtjE'  et  des  Arts. 
Auj  Dardanus  ,  opéra  en  3  actes  ,  et  le  ballet 
de  Pygmalion. —  Les  entrées  de  faveur  n'auront 
pas  lieu. 

Incessamment  l'Oratorio  d'Haydn,  intitulé  /a 
Création  du  Monde  ,  parodié  et  mis  en  vers  fran- 
çais par  le  cil.  Ségut  jeune  .  traduit  de  l'allemand, 
et  la  inusiiuic  arrannée  parD.  Steibelt.  — -Le  prix 
des  places  stra    doublé. 

ri-iÉATRiL  uii  LA  RUE  Feydeau.  Aujourd'hui 
les  Comédiens  amhiu-ins  ,  opéra  en  deux  actes, 
et  Augustiiu  et  Ëenjamin. 

THEATRE  DES  JEU.NES  ÉLEVÉS,  rue  de Thionvillc. 
Auj.  la  Confiance  mal  placée  ;  In  Gouvernante  par 
amour  ;  la  Fête  d'amour  ,  et  le  Chaudronnier  de 
Saint-F\oiir. 

rHÉATiiE    nu   Vaudeville.  Auj.    Gesner  ;    la  \ 
Puvue  de  l'an  8  ,  et  /a  Danse 


ERRATUM. 

Dans  le  n°  d'hier,  art.  Paris  ,  relatif  aux_ 
adresses  au  premier  consul ,  au  lieu  de  ces  mois  : 
tout  s'accordera  sur  ces  deux  points;  lisez  :  toutes 
s'accordent  sur  ces  deux  points.  Au  lieu  de  ces 
mots  :  honorables  adresses  ;  lisez  :  innombrables 
adresses. 

Article  Tribunal  ,  opinion  de  Laussat  ,  au  lieu 
de  ces  mots  :   ignorer  ta  discussion  ;  lisez  :  égarer  \ 
la  discussion. 


L'^bonnemenl  s=  fait  à  Paris  ,   rue  des  Poitevins,   u<=  l8.  Le  pris  est  de  25  francs  pour  troi.  mois  ,  5o  francs  ponr  6  : 

Il  faut  adresser  les  ïeUiesetlargcnt  ,  franc  déport  ,au  cil.  Aga  ûS  e  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  rue  desPoitevii 
pays  o- ,  l'on  ne  peut  affranchir.  I,es  lettres  des  déparlemens  non.  affranchies  ,  ne  seront  point  «étirées  de  la  poste. 

11  faut  avoir  soia,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs  ,  et  adresser  .ont  ce  qui  co 
Poilevins  ,  n'  i3  ,  depu)  tocuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  Eoir. 


ïis  ,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  Ou  ne  s 'abonni 
,  u"  l8.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de 
erne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur  ,  rue  de 


A  Paris,  de  1  imprimerie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  dç!  Poitevins,  n"  i3. 


TTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N'  73. 


Tndi  ,    i3  frimaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aurorisés  à   prévenir  r.os  soiiscriptcurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le    M  O  NI  T  F.  U  R  esc  le  seul  jotrnal  officiel.        ' 
Il  concienc  les  séances  des  ..torirés  constlniées ,  les  actes  du  gouvernemenz ,  les  nouvelles  <ks  armées .  ainsi   que  les  faits' ec  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  suc  l'extérieur,  founiis  par  les  correspondances  rninistérieUes. 

Un  article  sera  particnliéreiiient  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ALLEMAGNE. 

Hambourg ,  22  novembre  ,  (  1"  frimaire  ). 

V-/n  vient    de   publier  ici  les  deux  pièces  sui- 
vantes. 

Kote  officielle  de   l'/imbasiadeur  prussien  à  Vienne^ 
comte  de  Kcller  ,   au  ministère  impérial. 

Le  soussigné  envoyé  extraordinaire  ,  et  minislre 
plénipoieniiairc  du  roi  de  Prusse  ,  est  chargé 
de  se  plaindre  ,  près  la  cour  impériale  ,  de  i'oc- 
cupaiion  d'un  endroit  situé  sur  le  terriioire  du 
Duc  de  Saxe-Kilbourghausen  ,  par  conséquent 
dans  i'enctinie  de  la  ligne  de  démarcation  de 
l'Allemagne  septentrionale.  Un  détachement  d'un 
officier  et  de  20  chasseurs  du  corps  de  Lauenslein 
W'eriheim  ,  à  la  solde  de  la  cour  d'Angleterre , 
et  au  service  de  la  cour  impériale  ,  est  entré, 
le  2  octobre,  parordre  exprès  du  lieutenant  géné- 
ral Simpschen  ,  dans  le  bjillage  de  Koenigsberg  , 
et  y  a  pris  possession  du  village  principal  , 
malgré  les  remontrances  et  protestations  du  lieu- 
tenant saxon  .  Pape  ,  qui  y  tenait  le  poste  avancé. 
Le  détachement  étant  suivi  bientôt  après  par  deux 
compagnies  du  même  corps,  l'ofilcier  saxon  a 
été  forcé  de  se  retirer  ,  avec  son  petit  nombre 
de   troupes  ,    à   Cobourg. 

S.  M.  le  roi  de  Prusse  a  appris  celte  conduite 
si  contraire  aux  principes  de  la  neutralité  de 
l'Allemagne  septei:lrionale  .  avec  le  plus  grand 
éionnemeni.  Le  système  de  S.  M.  est  assez 
connu,  aussi  bien  que  sa  résolution  de  le  main- 
tenir avec  vigueur  ,  et  de  ne  jamais  permettre 
qu'il  soit  enfreint.  Ce  n'est  donc  que  sans  la 
connaissancede  S. M.  l'empereur, quecette  atteinte 
peut  avoir  été  portée  ,  et  le  roi  compte  quelle 
sera  incessamment  réparée.  Une  désapprobation 
f  ".rmellt  de  l'ordre  donné  au  corps  de  Lauenslein 
Vurtemberg  ,  pour  tranchir  la  ligne  de  démar- 
cation ,  le  rappel  de  ces  troupes  ,  et  l'ordre 
exprès  de  prévenir  ,  dans  le  futur  ,  de  semblables 
excès  ,  peuvent   seuls   atteindre  le  but   désiré. 

Telles  sont  les  mesures  que  le  soussigné  a 
reçu  ordre  de  proposer  à  son  excellence  le 
mintstre  de  cabin;t  ,  comte  Golloredo  ,  par  la 
présente   note.   etc.    etc. 

Vienne  ,   2g   octobre  ,    1800. 

Sig7lé  ,     K  E  L  L  E  R. 

Réponse  du  comte  Colloredo. 

Le  soussigné  a  l'honneur ,  etc. 
Lii  soussigné  ignorait  entièrement  cet  événe- 
ment. Mais  les  inforrastions  nécessaires  seront 
laites  sur-le-champ  ,  et  de  suite  on  prendra  les 
mesures  qui  peuvent  tendre  à  la  salislaciion  du 
roi  de  Prusse.  lia  cependant  1  honneur  d'assurer 
M.  1  ambassadeur  que  celle  infraction,  en  cas 
qu'elle  ail  eu  lieu  ,  a  été  commise  sans  la  con- 
naissauce  de  S.  M.  ;  l'empereur,  étant  très-éloigné 
de  vouloir  enfreindre  les  principes  de  la  neutra- 
lité adoptés  par  la  cour  prussienne,  pour  1  Alle- 
magne septentrionale  ,  et  qu  au  contraire  ,  elle 
saisira  toutes  les  occasions  de  témoigner  à  S.  M. , 
le  roi  ,  SCS  scntimens  d'amitié  ,  etc. 

Vienne  ,  3o  octobre  ,  1800. 

Sij^né ,   Colloredo. 

ARMÉE     DU    RHIN. 

Le  général  en  chef  à  l'armée  du  Rhin.  — Au  quartier- 
général  de  Munich  ,  le  ii  jnmaire  an  9  de  la  répu- 
bliquejranquise  une  et  indivisible. 

Soldats  ! 

Le  peuple  français  était  loin  tte  croire  que  vous 
«cilez  fortes  d.i  leprcnurc  encore  les  armes  dans 
les  saisuns  les  pluj  ligouteuses.  pour  lui  donner 
une  paix  qu'il  désire  avec  bonne  foi  ,  et  que  ses 
çnin;iiii3  cherchent  à  éloigner  par  les  ruses  que  la 
diplomatie  n  emiiloie  que  trop  frcquemraeni. 

En  eflct  on  ne  pouvait  gueres  s'attendre  à  voir 
un  négociateur  se  présenter  sans  pouvoir  de  né- 
gocier. 

Le  gouvernement  français,  aussi  franc  que  doit 
léirc  celui  d'un  état  libie  ,  s'est  empressé  de 
faire  à  I  ambassadeur  de  la  maison  d'Autriche 
les  ouvertuiet  Us  plus  avantageuevs  ,  et  ne  dou-  ' 


tait  nulleinent  de  mettre  un  terme  à  vos  tra- 
vaux ,  et  de  rendre  le  repos  et  le  bonheur  à  la 
république. 

Le  comte  de  Cobenzl  déclare  qu'il  ne  peut 
traiter  de  la  paix  qu'en  présence  des  plénipo- 
tentiaires   anglais. 

En  vain  lui  observe-t-on  qu'un  peuple  qui 
solde  tous  ceux  de  l'Europe  qui  veulent  s'armer 
contre  nous  ,  ne  consentira  point  à  voir  cesser 
une  guerre  que  son  gouvernement  trouve  avan- 
tageuse et  cherche  à  prolonger  même  par  des 
moyens  odieux. 

La  raison  se  tait  devant  des  pouvoirs  impé- 
raufs  ,  et  de  nouveaux  succès  paraissent  seuls 
devoir  faire  changer  des  dispositions  aussi 
étranges. 

C  est  par  d'aussi  misérables  chicanes  que  nos 
ennemis  ont  cru  gagner  une  saison  qui  ne  vous 
permettrait  pas  de  suivre  les  succès  de  celte 
campagne. 

Ils  devraient  vous  mieux  connaître  et  croire 
quî  les  soldats  français  aussi  peu  sensibles  aux 
rigueurs  de  la  saison  ,  qu'ils  l'ont  été  en  con- 
quérant la  Hollande  et  défendant  le  fonde  Kelh, 
sauront  surmonter  les  mêmes  obstacles  pour 
rendre  à  leur  patrie  une  paix  qui  melira  le  comble 
à   leur  gloire  et   à   sa  prospérité. 

Le  général  en  chef  ordonne  que  celte  procla- 
mation soit  mise  à  l'ordre  de  l'armée  et  imprimée 
dans  les  langues    française   et  allemande. 

Signé,  MoREAU. 
Pour  copie  conforme  , 

Le  général  de  division,  chef  de  l'état-major-général 
de  l'armée. 

Signé,  Dessolles. 

ITALIE. 

ARiVfÉE     D'ITALIE. 

Brune,  général  en  chef ,  à  l'armée. -^  Au  quartier- 
général  de  Milan  ,  le  a6  brumaire  an  9. 

Envaii>4  après  la  victoire  ,  les  français  se  mon- 
trent généreux;  il  est  des  hommes  i'nfluans  darts 
la  cour  de  Vienne  ,  qui  veulent  encore  la  guerre. 

Les  cessions  des  places  ,  les  complaisances  di- 
plomatiques ne  sont  qu  une  forme  évasive  ,  dont 
le  but  est  de  gagner  du  leras. 

11  faut  donc  encore  recourir  aux  armes ,  finir 
celle  longue  lutte  qui  ensanglante  depuis  long- 
tems  le  continent. 

Le  gouvernement  a  donné  le  signal. 

Soldats  de  la  liberté  et  de  la  gloire  !  la  scène 
des  grandes  actions  est  ouverte  !  vos  braves 
appellent  l'immorialilé  ! 

Jamais  campagne  ne  s'ouvrit  sous  de  plus 
heureux  auspices  ;  la  solde  courante  et  arriérée 
s'améliore  :  l-s  maladies  ont  diminué  ;  mais 
qu'ai-je  besoin  de  tous  ces  détails ?C  est  de  gloire 
qu  il  faut  parler  aux  français  â  la  veille  des  ba- 
tailles. Que  les  troupes  ennemies  ne  servent  que 
pariniéiêt,  c'est  la  tâche  des  peuples  esclaves; 
mais  nous  ,  nous  somrpes  les  enfans  de  la  patrie, 
et  la  gloire  nous  appartient.  Vive  la  république  ! 
Signé ,  Brune. 

RÉPUBLIQUE    CISALPINE. 

Le  comité  de  gouvernement  au  peuple   cisalpin.  — 
Milan  ,  le  i" frimaire  an  9. 

Proclamatio  n. 

Pour  accélérer  la  conquête  d'une  paix  stable  , 
les  troupes  républicaines  courent  fncore  une  fois 
aux  armes  ,  seul  moyen  de  mettre  un  terme  à  la 
mauvaise  foi  d  un  ennemi  opiniâtre  qui ,  comme 
ruse  de  guerre  ,  s'est  fait  un  système  de  gagner 
du  tcms  avec  les  négociations. 

Tous  les  vrais  amis  de  la  liberté  ont  vu  ,  avec 
les  transports  de  la  joie  la  plus  vive  ,  s'approcher 
cet  instant  si  de»iré,  qui  doit  mettre  lin  aux 
charges  extraordinaires  qui  pèsent  sur  vous  ,  et 
qui  rendra  plus  sensible  ,  au  peuple  cisalpin,  la 
léaliié  de.-i  grands  bienfaits  d'un  gouvernement 
républicain. 

Mais  c  est  dans  ces  circonstances,  que  les  hommes 
fauteurs  de  troubles  ,  par  système  ou  par  intérêt , 
les  conspirateurs  secrets  ,  les  émissaires  des  puis- 
sances ennemies,  ont  coutume  de  s'agiter  avec  plus 
de  force,  se  flattant  de  pouvoir,  à  la  faveut  des 
distraciions  ,   qui    sont  la  suite   nécessaire  de  la 


guerre,  troubler  la  république   avec   l'espoir   de 
1  impunité. 

Ces  misérables  se  trompent  ,  si  tel  est  leur  es- 
poir. Le  comité  de  gouvernement,  consiant  et 
terme  dans  sa  conduite  ,  rendu  plus  fort  encore  , 
parlunion  amicale  et  sincère  dans  laquelle  il  vit 
avec  les  autorités  civiles  et  militaires  de  la  répu- 
blique française  .  garantit  à  tous  les  bons  citoyens 
lemainnen  inaliérable  delà  tranquillité  intérieure, 
pendant  que  les  héros  républicains  courent  à  de 
nouvelles  victoires. 

Le  gouvernement  ne  se  départira  pas  pour  cela 
du  sistême  de  modération  qu'il  a  adopté  :  la  li- 
berté individuelle  sera  plus  que  jamais  respectée  , 
et  ceux  mêmes  qui  ne  marchent  pas  droit  dans  le 
seiis  de  la  république,  n'éprouveront  d'autre 
peine^  que  de  se  voir  abandonnés  au  mépris  bien 
mente  de  leurs  concitoyens  plus  éclairés  qu'eux. 

Mais  la  modération  du  gouvernement  est  lé 
résultat  d  une  fermeté  de  principes  ,  et  non  de 
la  faiblesse  ou  delà  bassesse;  et  ce  serait  un 
délit  contre  la  république  que  d'user  d'une  mo- 
deranon  déplacée  avec  des  hommes  décidément 
malveiUans  et  traîtres.  Les  personnes  trompées 
ou  séduites  cessent  elles-mêmes  d'avoir  droit  à' 
la  pitié  ,  lorsqu'après  les  avis  qu'elles  ont  reçus  , 
elles  se  montrent  incorrigibles. 

Ainsi  les  alarmistes  ,  les  propagateurs  des  nou- 
velles fausses  et  exagérées  ,  les  détracteurs  de  la' 
repubhque  et  du  gouvernement  ,  les  perturba- 
teurs de  toute  espèce  se  flânent  en  vain  de  se 
soustraire  à  la  surveillance  publique  et  à  la  ri- 
gueur des  lois,  qui,  dans  les  circonstances 
présentes  ,  seront  rappelées  â  leur  exécuiioii 
inexorable. 

Par  ces  dispositions  ,  le  comité  de  gouverne-- 
ment  ne  prétend  enchaîner  la  volonté  d'aucun 
citoyert  ,  ensorte  qu'il  ait  à  se  plaindre  que  , 
dans  un  état  hbre  ,  il  lui  est  défendu  d'agir 
librement.  Quiconque  ne  veut  point  vivre  sou- 
mis aux  lois  et  concourir  de  bonne  foi  à  l'affer-' 
raissement  de  la  république  .  et  préfète  au  con- 
traire de  conspirer  pour  sa  dissolution,  est  libre 
de  chercher  sous  uii'autre  ciel  un  gouvernement 
qui  convienne  mieu.»  à  ses  passions  ou  à  son 
caprice. 

Il  n'y  aura  pas  un  bon  citoyen  qui  ne  con- 
vienne de  la  justice  de  ces  dispositions.  Elles 
seules  peuvent  contribuer  au  maintien  de  l'ordre 
et  de  la  tranquillité  pubhque.  Puisque  les  ennemis 
de  1  extérieur  conspirent  encore  contre  l'existence 
de  la  république ,  il  n'y  a  que  des  hommes  insen- 
sés ou  perfides  qui  puissent  tenter  de  la  troubler 
intérieurement,  en  niant  avec  une  malveillance 
suggérée  ,  le  bien  qu'ils  ne  veulent  pas  recon- 
naître ,  ou  en  exagérant  le  mal  que  les  circons- 
tances rendent  inévitable. 

Mais  ces  êtres  lurbulens  ou  pervcr?,  s'ils  ne  mul- 
tipliaient pas ,  pour  ainsi  dire  ,  leur  existence  par 
leur  agitation  conunuelle  ,  ne  mériteraient  pas  de 
fixer  un  seul  instant  l'attention  du  gouvernement  , 
au  milieu  de  la  masse  innombrable  de  bons  ci- 
toyens qui  aiment  la  république  par  sentiment  et 
par  principe. 

Le  comité  de  gouverneinent  croit  donc  ne  pas 
se  tromper  ,  en  se  promettant  de  voir  tous  les 
amis  de  la  république  concourir  aVec  lui  aa 
maintien  de  la  iranguillité  dans  les  circonstances 
actuelles ,  but  important  auquel  tendent  tous  ses 
eirorts.  . 

Leur  active  v.igilance  ,  et  en  particulier  celle 
des  braves  gardes  nationales  ,  de  tous  ceux  enfin  , 
qui,  ayant  tout  sacrifié  à  la  liberté,  auraient  leur 
propre  existence  en  horreur  s'il  fallait  vivre  san» 
elle  ,  suffira  pour  garantir  la  république  de  toug 
les  attentats  de  ses  ennemis  .pour  réduire  a« 
silence  tous  les  provocateurs  des  disseniions  civi- 
les ,  et  pour  répondre  ainsi  à  la  juste  confiance  du 
général  en  chef  dans  le  bon  peuple  cisalpin  et 
dans  ses  gouvernans.  • 

Auloriiès  constituées  !  c'est  à  vous  qu'il  ap- 
partient d'exciter  ces  dispositions  jiàrriotiqueï 
parmi  le  peuple  ,  et  dé  les  y  maintenir  imper- 
turbablement. Si  le  gouvernement  ne  s'est  pas 
trompé  sur  le  choix  qu'il  a  fait  de  vous  ,  vous 
ne  manquerez  pas  de  suisir  avec  transport  l'occa- 
sion qui  se  présente  d'acquérir  ,  en  accomplie 
sant  uiî^  devoir  sacré  pour  vous ,  un  titre  (îis'- 
ungué  à  la  reconnaissance  de  la  pairie.  ''  ' 
Le  comité  de  gouvernement ,  SomiviariVa  , 

VlSCONTI  ,    RuttA. 


«86 


T      R     I      B      U      N     A     T. 

'Présidence  de  ThiessL 
SÉANCE    DU     12     FRIMAIRE.     ' 

lE  citoyen  Pâris-Mainvilliers  ,  du  départeraeni 
dEure-ei-Loir  ^  dénonce  l'arrêié  du  conseil- 
d'étal  du  I2  brumaire  an  9,  comme  coiitraiie 
à  la  loi  du  11  frimaire  an  8  ,  qui  substitue  la  dé- 
chéance  aux   folles  enchères . 

Cette  dénonciation  est  renvoyée  à  l'examen 
d'une  coïnmission  composée  des  tribuns  Arnould, 
Mouricault  4   Huguet ,  Laloi    et  Legicr. 

Le  corps-législatif  adresse  ,  par  un  message  ,  le 
projet  de  loi  sur  h  police  simple  et  de  sûreté. 

Ce  projet  est  renvoyé  à  une  commission  de 
tinq  membres ,  composée  des  citoyens  Malherbe, 
Siméon ,  Gillet  ,  GoUpil-Piéfeln   et  Grenier. 

Un  secrétaire  fait  lecture  d'un  arrêté  pris  hier 
en  comité  secret;  cet  arrêté  ,  dont  une  nouvelle 
rédaction  a  été  pioposée  dans  celte  séance  par 
Jard-Panvilliers,  porte  que  lorsque  lej  tribunal 
notifiera  au  sénat-conservateur  les  vacarices  qui 
auront  lieu  dans  son  sein  par  mon  ,  démission 
ou  autrement  ,  il  en  donnera  connaissance  ,  par 
un  message  au  corps-législatif  et  aux  consuls 
de  la  république. 

Cette  rédaction   a  été  adoptée. 

L'ordre  du  jour  appelle  un  rappo-t  sur  le 
projet  de  loi  relatif  à  l'organisation  de  la  justice 
de  paix. 

Taure,  de  la  Seine.  Tribuns  ,  organe  de  la 
commission  que  vous  avez  nommée  pour  exa- 
miner un  projet  de  la  loi  relatif  aux  justices  de 
paix,  je  viens  vous  présenter  le  résultat  de  ses 
méditations. 

Il  n'est  personne  qui  ne  reconnaisse  que  la 
jusiice  de  paix  est  une  des  plus  belles  institu- 
tions de  notre  législation  moderne. 

Représentons-nous  un  magistrat  spécialement 
chargé  de  veiller  aux  intéjêts  de  ses  concitoyens. 
Il  ne  pense,  il  n'«xiste  que  pour  eux.  Les  mi- 
neurs ,  les  absens,  les  interdits  sont  l'objet  par- 
ticulier de  ses  sollicitudes.  C  est  un  père  au  mi- 
lieu de  ses  enfans.  S  il  se  commet  une  injustice 
qui  doive  être  réparée  sans  délai  ,  s'il  s'élève  une 
contestation   sur  des  objets   d'une  valeur  niodi- 

que    ou     d'une    extrême    urgence,   c'est    à    lui     .^  „  ^ 

qu'on  s'adresse  ,  cest  lui  qui  doit  prononcer  |  ,"jon"^e  cVnrimes  addidoViners  ? 
«ans  formes,  sans  frais  •,  a  son  tribunal,  ce  jne 
tont  point  des  plaidoyers  solemnels  ,  ce  sont  des 
cxplicaiions  franches  et  simples.  Il  dit  un  mot, 
et  les  injustices  se  réparent  ,  les  divisions  s'é- 
teignent, les  plaintes  cessent.  Ses  soins  constans 
assurent  le  bonheur  de  tou%i:.  il  recueille  à  son 
tour  la  plus  douce  des  résQmpenses  :  p.ir-toul 
il  est  chéri  ,  par-tout  il  est  respecté.  Voilà  le  juge- 
de-paix.- 

Je  n'ai  considéré  ce  fonctionnaire  que  sous  le 
Tapport  de  ses  attributions  civiles.  Le  projet  qui 
vous  est  soumis  l'envisage  sous  ce  seul  point 
de  vue. 

L'assemblée  constitutante  ,  à  laquelle  nous  de- 
vons  celte   sublime  institution  ,   ne  pouvait  nous 
donner  une  organisation  parfaite.  Toute  organi- 
»ation  nouvelle  a    besoin  des    leçons    de    l'ex- 
-    périence. 

Nous  avons  aujourd'hui  sur  cette  matière  dix 
années  de  leçons.  On  a  reconnu  dans  la  pra- 
tique beaucoup  de  dispos'tions  excellentes  ; 
mais  aussi  quelques  imperfeciions  ont  été  recon- 
nues. Le  nouveau  projet  contient-il  les  léfor- 
mes  désirées  ?  C'est  ce  que  nous  allons  exa- 
miner. 

Trois    titres   forvnent  sa   division. 
Le    premier  traite    du  nombre   et  du  territoire 
des   justices  de    paix. 

Le  second  concerne  les  attributions. 
Le  troisième  ne  renferme  qus  des  dispositions 
générales. 

A  l'égard  du  territoire  ,  suivant  le  projet  de  loi  y 
le  nombre  des  justices  de  paix  doit  être  réduit  à 
trois  mille  six  cents  au  plus. 

Les  arrondissemens  de  justice  de  paix  se  régle- 
ront ,  autant  qu'il  sera  possible  ,  sur  les  bases  com- 
binées de  la  population  et  de  l'étendue  terri- 
toriale. 

La  population  moyenne  d'un  arrondissement 
de  justice  de  paix  sera  de  dix  raille  habitans  ; 
l'arrondissement  ne  pourra  en  embrasser  plus  de 
quinze  mille  ,  et  moins  çle  cinq  mille. 

La  moyenne  étendue  territoriale  de  l'arrondis'.' 
sèment  sera  pour  me  servir  des  termes  du  projet , 
de  deux  cents  cents  cinquante  milles  quarrés ,  ou 
pour  me  servir  de  ceux  de  l'exposé  des  motifs  , 
de  dix  lieues  quarrées  ;  elle  ne  pourra  en  com- 
prendre plus  de  irois  cents  soixante  quinze  (  ou 
Quinze  lieues  quarrées)  ,  ni  moins  de  cent  yingt- 
cinq  (ou  cinq  lieues  quarrées.  ) 

Telles  sont  les  bases  qu'on  vous  propose  pour 


des  motifs  annonce  que  dans  la  division  présente 
chaque  justice  de  paix  embrasse,  terme  moyen,  cinq 
lieues  quarrées  ,  ou  cinq  mille  justiciables  ,  il  en 
résulte  que  le  tcriine  moyen  proposé  doit  être 
double  de  celui  d'aujouid  hui  ;  la  réduction  est 
donc  de  moilié. 

Maintenant  examinons  la  nécessité  de  cette 
réduction-,  elle  est  fondée  ,  dit-on  ,  sur  la  disette 
d  hommes  éclairés  et  sur  l'économie. 

Quant  au  premier  motif,  il  faut  en  convenir  . 
les  hommes  très-instruits  ont  toujours  été  rares  ; 
ils  le  sont  iiujourd'hui  plus  que  jamais  dans  cer- 
taines parties    de  la  France. 

Mais  on  doit  convenir  aussi  que  les  lumières 
sont  relatives.  Plus  la  science  est  compliquée,  plus 
elle  exige  de  lumières,  et  dans  tout  éiai  oti  elle 
est-simple  ,  celui  qui  sait  assez  pour  bien  remplir 
son  devoir  ,  doit  être  ,  relaiivement  à  ce  même 
état  ,  rangé  dans  la  classe  des  hommes  éclairés. 

Qii'on  fasse  donc  un  bon  code  de  ju^e-de-paix; 
qu'i  1  soit  clair  ,  piécis ,  qu'il  dise  tout  ce  qu  il  doii 
dire  ;  qu'en  l'apprenant  bien  on  sache  tout  ce  que 
l'on  doit  savoir  ;  qu'il  Soit  enfin  totalement  com- 
plet, qu'on  n'ait  pas  besoin  de  recourir  à  d'auires 
lois,  et  ce  moyen  sera  beaucoup  plus  efficace 
pour  trouver  aisément  de  bons  juges-de-paix  dans 
quelques  arrondissemens  plus  étendus,  lussent- 
ils  non-seulement  doubles  ,  mais  même  quadru- 
ples de  ce  qu'ils  sont  à  présent. 

A  l'égard  de  l'économie,  il  est  aisé  de  «lavoir 
jusqij  à  quel  point  elle  peut  entrer  en  considé- 
ration. 

Dins  le  cours  de  l'an  7  ,  un  rapport  fut  fait  au 
coriis-législaiilsur  le  traitement  des  fonctionnaires 
de  l'ordie  judiciaire.  Le  traitement  dts  cinq  mille 
neuf  cent  sept  juges-de-paix  ,  distiibués  dans  lout 
le  territoire  euiopéen  de  la  république  ,  fut  fixé  , 
par  une  loi  du  8  ventôse  an  7,  à  4,862,600  fr.  ;  si 
l'on  réduit  Cc;  nombre  de  cinq  mille  neuf  cent 
sept  à  trois  mille  six  cents,  ce  yera  deux  mille  Irois 
cents  de  moins  ,  et  comme  la  réduction  portera 
toute  entière  sur  une  clase  de  fonctionnaires  qui 
n'ont  que  800  fr.  de  traitement,  la  dimin  mion  sera 
de  i,8oo,oos  fr. 

Mais  d'un  autre  côté  ne  faudra-t-il  pas  augmen- 
ter le  traitement  des  jugesde-paix  ?  Coimme  ils 
auront  à  se  déplacer  plus  souvent  ,  à  rester  plus 
long-tems  absens  de  chez  eux  ,  ne  faudra-t-il  pas 
les  indemniser  ?  Enfin  ,  les  justiciables  n)  ant  plus 
de  chemin  à  faire,  lorsqu'ils  auront  besoin  de 
paraître  devant  le  juge-dc-paix  ,  ou  qu'ils  seront 
appelés  par  lui  ,  ne  perdraicnl-il  pas  en  frais  de 
voyage   ce  qu'ils  auraient   pu  gagner  en  diminu- 


opérer  une  nouvelle  division  ,  et  comme  l'exposé  |  ticle  10 


Au  reste  ,  quand  il  s'agit  d'une  des  plus  im- 
portantes institutions,  c'est  moins  léconomie  qu  il 
faut  consulter  que  l'avantage  d'y  donner  toute  la 
perfection  possible. 

Un  bon  code  nous  a  paru  le  principal  moyen. 
L'exposé  des  motifs  annonce  comme  une  autre 
raison,  pour  aggrandir  le  lerritoiie  desjustices-de- 
paix,  la  loi  qui  doit  leur  retirer  les  fonctions  dé 
la   police  judiciaire. 

Sans  entendre  rien  préjuger  sur  un  projet  que 
nous  ne  connaissons  pas  encore  ,  nous  nous  con- 
tenterons de  dire  que,  si  d'une  part ,  l'inflexible 
sévérité  de  l'officier  de  police  semble  ne  pas  s'ac- 
corder avec  l'indulgence  paternelle  ,  avec  l'esprit 
de  douceur  et  de  conciliation  ,  qui  convient  au 
juge-de-paix  ,  de  l'autre  ,  nous  devons  avant 
tout,  nous  assurer  si  les  fonctionnaires  qu'on  pro- 
posera de  mettre  à  la  place  des- juges-de-paix  se- 
ront aussi  rdssurans  qu'eux  pour  le  maintien  de 
la   liberté   publique. 

Supposons  un  instant  que  le  projet  sur  l'aug- 
mentaiion  des  arrondissemens  fût  approuvé  ,  que 
ctlui  sur  la  police  judiciaire  ne  le  fût  point  ,  et 
que  la  nouvelle  division  territoriale  vint  à  s'exé- 
cuter ,  ce  qui  devrait  arriver  dix  jours  après  l'é- 
mission de  la  loi,  conformément  à  l'acte  consti- 
tutionnel ,  qui  donc  exercerait  la  police  de  sûreté 
dans  les  ressorts  dont  les  juges-de-paix  se  trou- 
veraient supprimés  ?  Serait-ce  les  juges-de-paix 
des  nouveaux  arrondissemens  ?  ils  diraient  tous 
sans  doute  :  a  La  nouvelle  loi  n'a  trait  qu'aux 
)>  justices  de  paix.;  c'est  aux  justices  de  paix 
11  seules  que  cette  division  appartient  ;  elle  ne 
11  nous  donne  aucun  droit  de  juridiction  comme 
!)  officier  de  police  judiciaire;  il  faut  nécessaire- 
)j  ment  une  autre  loi  qui  nous  attribue  les  fonc- 
>»  lions  de  police  dans  toute  l'étendue  de  notre 
>)  nouveau  territoire  ,  ou  qui  en  confie  l'exercice 
)j  à  des  agens  spéciaux.  i> 

Vous  seriez  alors  exposés  à  la  plus  cruelle  des 
alternatives. 

Il  faudrait  ou  souffrir  que  cette  police  restât  pa- 
ralisée ,  ou  consentir  aveuglénaent  à  l'admission 
du  nouveau  projet  qui  vous  a  été  présenté. 

Votre  commission  a  donc  pensé  qu'en  ce  qui 
concerne  le  titre  premier  du  projet  relatif  aux 
justices  de  paix,  il  serait  dangereux  de  l'admettre 
sans  que  celui  sur  la  police  judiciaire  fût  connu, 
discuté  et  jugé. 

Passons  au  titre  II.  Ce  titre  concerne  les  attri- 
butions de^  juges-de-paix;  il  commence  à  l'ar- 


Cet  article  porte:  "En  toutes  affaires  civiles  qàl 
i>  excèdent  leur  compétence  judiciaire  ,  et  qui 
1)  n'intérsssent  ni  la  naiion  ,  lîi  des  individus  dé-  _ 
5)  clarés  par  les  lois ,  inhabiles  à  transiger,  ji  k-s 
5>  juges -depaix  sont  chaînés  de  concilier  les  par- 
)î  lies  ,et  de  les  inviter  ,en  casde  lion-conciiiation  , 
)î  à  se  fai«;  juger  par  des  arbitres'  >'    ^ 

Votre  commission  a  remarqué  (^»a  il  existait  une 
omission  dans  cei  article  :  les  altairL-s  de  commerce 
sont  aussi  des  affaires  civiles  ;  leur  n.itiire  pstiicu-  . 
Hère  est  telle  qu'on  ne  peut  pas  attendre  de  tous  >j 
les  juges-de-paix  qu'ils  soient  asstz  instruits  pour 
être  en  élat  de  concilier  les  p.'.riies  toutes  les  fois 
qu'ils'agira  d'une  discussion  commerciale.  Cepen- 
dant ,  il  semble  résulter  de  cet  article  qu'en  pa'reil 
cas  l'épreuve  de  la  conciliation  doit  avoir  lieu  ;  la 
preuve  en  est  que, ces  jsortes  de  matières  ne  sont 
point  exceptées  ,  et  tout  le  monde  sait  que  ce  qui 
n'est  point  compris  dans  l'exception  ,  appartient  à 
la  disposition  générale  :  il  est  donc  i_ndispensab!e 
que  cette  exception  soit  exprimée  ;  si  elle  ne  l'était 
pas  ,  la  loi  produirai  1  un  etfct diaméiraleuien.t  con- 
traire à  celui  qu  on  doit  en  attendre  ;  au  lieu  de 
prévenir  les  procès ,  elle  en  contiendrait  le  germe  ; 
les  diversités  de  jurisprudence  qui  pourraient  avoir 
lieu  ,  favoriseraient  la  mauvaise  foi  ,  et  le  plus  sou- 
vent occasionneraient  des  lenteurs  fâcheuses  et 
des  frais  inutiles.. 

En  supposant  qu'on' prît  le  parti  de  s'assujettir 
à  la  rigueur  du  texte  ,  ce  serait  une  formalité  dis- 
pendieuse, dérisoire  ,  qui  répugnerait  à  la  saine 
raison  et  et  à  l'esprit  mêraï  de  la  loi. 

Concluons  qu'il  faut  de  toute  nécessité  placer 
dans  l'article  une  exception  relaiivement  aux  ma- 
dères commerciales,  et  qu'ainsi  1  omission  qui  en 
a  été  faite  doit  êirc  réparée. 

L'article  XVIII  du  6  mars,  1791,  l'avait  con- 
sacrée en  termes  formels  ;  ceci  répond  à  l'objtctioa 
qu'on  pourrait  faire  ijue  cetie  cxptession  de  l'ai- 
ticle  X  ,  en  toutes  affaires  civiles,  ne  frappe  point 
sur  les  affaires  de  commerce. 

L'article  II  du  titre  X  du  décret  du  16  août, 
1790'  parlant  aussi  de  la  nécessité  de  se  présenter 
en  concili.v,ion  ,  porte  :  aucune  action  principale  ns  , 
sera  reçue  au  civil  ,  et  ce  ijui  prouve  que  lé  mot 
civil  fut  regardé  comme  générique,  c'est  qu  oa 
juge  nécessaire  l'exception  insérée  dans  ta  loi 
de  179t. 

L'article  XI  défetid  aux  tribunaux  ,  à  peine  de 
nullité  ,  de  recevoir,  au  cas  de  l'article  X,  la 
poursuite  d'aucune  affaire  qui  n'aurait  pas  été 
préalablement  soumise  à  l'épreuve  de  la  con- 
ciliation. 

Comment  juslifiera-t-on  qu'on  s'est  soumis  à 
cette  épreuve  ?  Suivra-t-on  le  mode  établi  par 
la  loi  en  1790  ,  relativement  aux  anciens  bureaux 
de  paix  ,  ou  chacun  sera-t  il  fibre  de  faire  cetia 
jusiihcaiion  comme  bon  lui  semblera  ? 

Le  silence  du  projet  à  cet  égard  ne  manquera 
pas  de  jeter  les  tribunaux  dans  une  grande  in- 
certitude ,  et  d'occasionner  entre  eux  une  grande 
diversité  d'opinions. 

Les  uns  pensent  que  le  mode  ancien  n'est 
plus  applicable  :  11  La  disposiiion  de  l'article  XII, 
Il  disent  ils  ,  établit  un  nouvel  ordre  de  choses. 
)'  Il  n'y  a  plus  de  buieau  de  paix  ,  composé  du 
)'  juge-dc-paix  et  de  deux  assesseurs.  Le  juge- 
u  de-paix  seul  est  chargé  de  concilier  les  parues. 
!)  C  est  une  organisation  nouvelle.  Puisque  nous 
)>  ne  sommes  plus  sous  l'empire  de  l'ancienne 
)'  loi  ,  quant  à  l'épreuve  de  conciliatioq  ,  nous 
)5  ne  dépendons  plus  d'elle  quant  au  mode  delà 
11  justifier.  >i 

Cependant  ces  mêmes  tribunaux  ne  voulant 
point  qu'il  dépende  des  parties  d'ernployer  tel 
mode  qu'il  leur  plaira  ,  s'empresseront  d  en  établir 
un.  Ce  mode  se  convertira  bientôt  en  usage  ,  et 
cet  usage  acquérera  force  de  loi.  Chaque  tribunal 
prétendra  que  le  sien  est  le  meilleur ,  et  n'en 
reconnaîira  point  d'autre  :  telle  est  l'origine  de 
toutes  les  jurisprudences. 

D'autres  tribunaux  soutiendront  que  la  loi  de 
1790  e.it  toujours  en  vigueur  sur  ce  point  ;  mais 
malheureusement  plusieurs  n'ont  encore  pu  s'ac- 
corder sur  l'initiative.  Les  parties  fesaient  signifier 
en  tête  de  leur  exploit  l'extrait  du  procès-verbal 
de  conciliation  ,  pour  tenir  lieu  de  certificat.  Tel 
tribunal  s'en  est  contenté  ,  tandis  que  le  tribunal 
voisin  exigeait  ia  copie  entière.  A  Paris  ,  dans 
une  affaire  importante  ,  où  cette  question  fut 
agitée  ,  il  y  eut  partage  entre  les  juges  ,  et  le 
partage  ayant  été  vuidé  ,  l'on  jugea  que  la  copie 
entière  était  indispensable  ;  cependant  beaucoup 
de  jurisconsultes  persistent  à  croire  que  1  extrait 
suffit. 

Un  mot  ajouté  au  projet  eût  prévenu  le  danger 
des  jurisprudences  ,  et  l'inconvénient  des  incer- 
titudes. Celte  addition  devait  trouver  une  place 
à  ta  suite   de  l'article  XII. 


Je  ne  puis  terminer  cet  article  sans  rappeler  les 
avantages  immenses  qu'on  a  retirés  des  anciens 
bureaux  de  conciliation  établis  en  1790,  près  les 
tribunaux  de  district.  Les  membres  qui  tes  com- 
posaient étaient  des  hommes  éclaiiés  ,  vertueux  , 
animés  du  zèle  le  plus  vif  et  le  plus  pur  :  ils  ont 
eu  la  satisfaction  dç  concilier  un  grand  nombre 


d'affaires  ,  ils  jouiront  de  toute  Ja  confiance  de 
leurs  concitoyens  ,  et  ion  pariera  toujours  d'eux 
avec  des  sentimehs  de  iecounaissance  et  de  res- 
pect. 

L'époque  où  cet  établissement  a  cessé  d'exisier 
est  ceile  où  l'épreuve  de  la  coaciliation  a' com- 
mencé de  devenir  illusoire. 

Ici  se  présente  une  léflexion  naturelle. 

S'il  convient  de  réfoiraer  les  lois  dont  l'expé- 
rience a  fait  reconnaître  les  inconvéniens  ,  ne  con- 
viendrait-il pas  aussi  de  rétablir  celles  dont  elle  a 
démontre  les  avantages  ? 

L'article  XIII  est  une  répétition  littérale  de 
l'article  IX  du  litre  II  du  décret  du  i6  août  1790. 
_  On  n'a  pas  cru  devoir,  dans  le  nouveau  projeti 
lien   changer  à   cet  égard. 

Ainsi,  dans  toutes  les  causes  puremenr per- 
sonnelles et  moblliaires  ,  le  juge  de  paix  avec 
deux  assesseurs  ,  doit  continuer  de  juger  sans 
appel  juscjuà  la  valeur  de  5o  francs  ,  et  à  charge 
•d'appel  ju>qu'à  la  valeur  de  100  francs  ;  en  ce 
dernier  cas  ,  ces  jugemens  seiont  exécutoires  par 
provision  ,  nonobstant  l'appel  ,  en  donnant  cau- 
tion. 

Plus  d'une  foi  on  a  désiré  de  voir  élever  le 
taux  de  la  compétence  des  juges  de  paix.  Ne 
juger  sans  appel  que  jusqu'à  5o  fr.  ,  au  premier 
coup-d'œil,  cela  paraît  faible  pour  Paris  et  quel- 
ques grandes  villes  ;  cette  somme  est  en  effet  bien 
modique  ,  mais  dans  les  autres  communes  ,  sur- 
tout dans  les  campagnes  ,   elle  est  assez  forte. 

Quant  aux  affaires  de  ce  genre  qui  excédent 
5o  tr.  et  n'excèdent  pas  100  fr.  ,  nous  observons 
qu'on  a  fixé  ce  taux  ,  comme  étant  celui  auquel 
1  admissiori  de  la  preuve  par  témoin  est  limitée 
par  l'article  II  du  litre  XX  de  I  ordonnance  de 
1667  ;  c'était  le  seul  moyen  d'éviter  les  frais  de 
déplacement  des  témoins  dans  des  causes  d'une 
tiop   faible  valeur. 

Celles  qui  s'élèvent  au-delà  de  100  fr. ,  doivent 
jusqu'à  concurrence  de  loCo  fr.  être  jugées  en 
premier  et  dernier  ressort  par  le  tribunal  de 
premi«re    instance. 

L'articleXlIIeûl  diî  tappeller  quel  tribunal  con- 
pa'ilra  de  l'appel  des  jugemens  de  la  justice  de 
paix,    et  si  Ion  jugera  somraairemeni. 

La  première  question  est  décidée  par  l'aiticle  VII 
de  la  loi  du  29  ventôse  an  S  ,  sur  l'oiganisation 
judiciaire  qui  porte  que  ce  sera  le  tribunal  de 
première  instance. 

La  seconde  est  décidée  par  l'article  XII  du 
titre  III  du  décret  du  i6  août  1790  ,  où  il  est 
dit  que  ces  causes  seront  jugées  sommairement 
et  sur  le    simple   exploit  d'appel. 

Ainsi  faute  de  2  lignes  omises  dans  le  projet , 
Ceux  qui  voudraient  le  bien  comprendre  seront 
obliges  de  recourir  aux  disposiiions  de  deux 
fois  différentes  ,  dont  la  plus  ancienne  est  en 
partie  abrogée. 

L'art.  XIV  du  nouveau  projet  est  la  copie  de 
l'an.  X  du  liire  II  du  décret  du  16  aoûi  1790; 
mais  à  1  époque  de  cette  loi  ,  le  code  rural  n'exis- 
tait pas  encore.  Sa  date  est  du  28  septembre 
1791.  Voilà  pourquoi  en  1790  ,  l'assemblée  cons 
tiluante  classa  parmi  les  attributions  civiles  des 
juges  de  paix  ,  les  actions  pour  dommages  faits 
soit  par  les  hommes,  soit  par  les  anitnaux  ,  aux 
champs  ,  fruits  et  lécohes.  Depuis  que  le  code 
rural  existe,  cette  disposiiion  n  est  plus  appli- 
cable ,  et  cependant  on  la  retrouve  iniétée 
dans  le  nouveau  projet. 

je  dis  qu'elle  n'est  plus  applicable  ;  en  effet 
le  code  rural  considère  la  plus  pan  de  ces  dom- 
mages Comme  des  délits  appartenans  les  uns  à  la 
police  municipale  ,  les  autres  à  la  police  correc- 
tionnerte. 

Ils  sont  donc  sortis ,  dès-lors ,  de  la  partie 
d'attribution  civile  où  la  loi  de  1790  les  avait 
placés. 

L  erreur  Commise  dans  le  nouveau  projet  vient 
de  ce  qu'en  copiant  la  loi  de  1790,  on  ne  s'est 
pas  rappelé  qu  une  loi  subséquente  avait  tout 
change  sur  la  matière  des  dommages  commis 
dans  les  campagnes.  Il  faut  ou  convenir  de  cette 
erreur  ou  preieudre  qu'on  a  voulu  reiirer  à  la 
police  simple  et  à  la  police  correciionnelle  ,  la 
connaibsauce  de  ces  sortes  de  délits.  Une  telle  in- 
tention ne  peut  être  supposée. 

L'article  XIV  est  donc  vicieux  en  ce  qui  con- 
cerne la  disposition  dont  il  s'agit.  Cette  dispo- 
lition   forme  le  paragrjphe   I.  ' 

Le  second  paragraphe  appelle  aussi  nos  obser- 
vations. Non-seulement  il  atiiibue  aux  jugcs-de- 
paix  ,  la  connaissance  des  déplaccmcnsde  bornes, 
des  usurpations  de  terres  ,  aibres  ,  fossés  et  auties 
clôtures  commises  dans  l'année  ;  des  entreprises 
«ur  le  cours  d'eau  servant  à  l'arroseincnt  des 
prés,  commises  pareillement  dans  I  année  ;  il 
ajoute  ,  et  de  toutes  autres  actions possessoires.  Cette 
addition  copiée  comme  tout  le  teste  dans  la  loi 
de  1790  ,  offre  un  sens  trop  large  ,  et  semble  dire 
que  Us  juges  de-paix  statueront  sur  toutes  les 
•quesiions  reiatives  à  la  possession;  car  cette  ex- 
piejjion  ,   toutei  autres  actions  possessoires  ^    n'ex- 


287 

cepte  absolument  rien.  Cela  posé,  toute  demande 
qui  cpncerne  la  possession  soit  d  une  maison  ou 
terre  ,  soit  d  un  dioii  réel  ,  soit  il'une  univer- 
salité de  meubles  ,  sera  de  la  coiTipciciice  du 
juge-de-paix.  Qjttlles  immenses  aitiibiiiioiib  !  Re- 
marquez ,  d'ailleurs  ,  <juc  les  seules  (|ucslions  sur 
la  possession  des  dioiis  téels  ,  tels  que  ks  droits 
de  passuge  et  autres  serviiudes  ,  fom  ilaîire  sou- 
vent des  difficultés  Irès-ciélicates  ,  et  d'une  solu- 
tion très-enibarrassanle.  La  demande  en  réinté- 
gration pour  universaliié  de  meubles,  peut  de 
même  piésenier  des  queilions  qui  ne  sont  nulle- 
ment à  la  portée  de  tous  les  ciioycns. 

Et  1  on  voudrait  que  les  fonctions  de  juges-de- 
paix  devinssent  plus  faciles  à  remplir!  assuiément 
ce  n'est  pas  là  le  moyen  d'arriver  à  ce  but. 

Si  la  loi  de  1790  offre  cette  addition,  on  se  flat- 
tait alors  qu'il  y  aurait  plus'  d'hommes  en  eut  de 
remplir  les  fonctions  de  juges  de  paix ,  ([ue  les  lu- 
mières seraient  moins  inégalement  disislbiiées,  que 
d'anciens  juiisconsultes  vivant  dans  la  rcitaiie  , 
accepteraient  volontiers  ces  honorables  fonctions. 

n  Désoimais  ,  disait  un  membre  de  l'assemblée 
))  coiistiiu^inie  ,  dans  la  séance  ilu  6  juillet  1790, 
M  l'agriculture  sera  plus  honorée  et  le  séjour  des 
11  champs  plus  rechciché.  Les  campagnes  seront 
>■'  peuplées  d'hommes  de  mériie  de  tous  les  genres, 
n  Pourrait-on  leur  confier  un  poste  pltis  honorable 
))  que  celui  de  juge  de  paix  .""Je  le  deraarrde  àcha- 
1)  cun  de  vous,  ajouiait-ii  ;  de  relour  dans  votre 
ij  département ,  ne  croiricz-vous  pas  recevoir  une 
51  grande  laveur,  si  la  confiance  vou.s  appelait  à 
1)  une  place  où  l'honnêie  homme  pourra  faire 
Il  tant  de  bien  ?  n 

Ainsi  parlait  un  jurisconsulie  qui  sera  l'éternel 
sujet  "Je  nt)S  regrets ,  le  célèbre  Thouret. 

Vous  voyez,  tiibuns  .  qu  on  é:aii  loin  de  s'at- 
tendre alors  à  cetie  inégale  distribution  ties  lu- 
mières, à  cette  péuuiie  même  donion  se  plaint  au- 
jourdhui,  puisque  jamais  on  ne  serjiii  autant 
qu'aprésent  le  besjiin  de  meure  les  fondions  de 
juges-de-paix  à  la  portée  de  tout  le  monde.  Je  ré- 
péterai ce  qu'a  dit  le  rédacteur  de  l'exposé  dts 
raotils  ,  je  dirai  comme  lui  qu'il  convient  de  rame- 
ner les  choses  à  leur  vrai  point  ,  et  lie  les  réduire 
à  ce  dont  l'expéiience  a  démontré  la  sagesse  et 
1  utilité. 

D'après  ces  réflexions ,  votre  commission  est 
convaincue  que  la  redactioti  du  deuxième  para- 
graphe du  titre  14  ,  ne  peut  sans  danger  subsister 
telle  qu'elle  est ,  (}n'oi)  ne  doil  point  étendre  à  ce 
point  l'aitrlbutiou  relative  au  possessoire  ;  m^is 
(ju'il  importe  delà  piécistr  de  manière  quelle  soit 
réduite  à  ce  qu'elle  doit  être  ,  et  qu  on  ne  puisse 
élever  aucun  doute  suir  le  véritable  sens  de  ce  pa- 
ragraphe. 

No'us  n'avons  aucune  observât  on  à  faire  sur 
les  paragraphes  III ,  IV  et  V  ;  ils  sont  également 
une  copie  lidele  de  la  loi  de  1790. 

A  1  égard  du  paragraphe  'VI  où  l'on  retrace 
aussi  le  texte  de  la  même  loi  ,  il  porte  que  les 
juges-de-paix  connaiiront  des  réparaiions  civiles 
pour  injures  verbales ,  rixes  et  voies  de  fait,  pour 
lesquelles  les  paniesne  se  seiont  pas  pourvues  i^ar 
la  voie  criiiiiiicllc  ;  il  f.diait  ajouter  :  ou  par  la 
voie  de  police  correctionnelU. 

En  1790,  il  n  était  pas  possible.de  parler  de 
cette  deiuière  ,  parqe  qu  on  ne  la  connaissait  pas 
encore.  Le  décret  sur  la  police  municipale  et 
correciionnelle  est  du  19  juillet  1791.  ^ 

Ainsi  1  omission  provient  de  ce  iju'on  a  suivi 
trop  liitéialement  la  loi  de  1790. 

Il  nous  a  paru  d'ailleurs  ,  que  la  rédaction, 
pour  être  parfaitement  exacte,  eût  dû  èire  aiii.-.i 
conçue  :  Puur  lesquelles  il  ny  a  pas  lieu  Je  se  pour- 
voir par  la  voie  de  police  municipale  ou  corr  ctiion- 
nelle  ,  ou  par  la  voie  criminelle. 

La  conipéience  est  de  droii  public  ;  elle  ne  doit 
pas  dépendre  de  l'arbitraire'  des  parties  :  chacun 
peut  faire  remise  de  lindemniié  quil  a  dioit  de 
préieridre.  Il  ne  doit  jamais  être  en  son  pouvoir 
d'empêcher  que  l'action  publique  n'ait  lieu  louies 
les  fois  qu'il  y  a  eu  offense  envers  la  socicié. 

Le  paragraphe  XV,  qui  ,  comme  l'ancienne 
loi  ,  rcluse  auxjuges-de-paix  la  connaissante  des 
inscripiions  de  taux  et'dénégalions  d'écritures  ne 
nous  a  paru  susceptible  d  aueune  critique.  Ce 
sont  ,  eu  effet  ,  des  matières  dont  l'instruLiion  est 
trop  hérissée  de  formes  ,  pour  être  abandonnées  à 
des  fonctions  où  l'on  ne  doit  connaître  que  là 
marche  la  plus  simple. 

L'article  t6  piésente  encore  une  omission  im- 
portante; on  y  lit  :  L  appel  des  jugemens  rendus  par 
les  juges-de-pais  ,  en  exécution  de  i article  14  ,  .se 
p«rte  au  mime  tribunal  civil  ,  leciuel  en  ce  cas  pro- 
nonce en  dernier  ressort. 

Dans  la  loi  de  1790  ,  on  lisait  de  plus  les  mots 
suivans  ;  Sommairement  et  'sur  le  simple  exploit  d'ap- 
pel. Celle  addition  était  fondée  sur  ce  qu'-il  y 
avait  des  avoués  ,  sur  ce  que  l'on  continuait  d'ob- 
serverl'ordonnance  de  1667,  et  sur  ce  qu'on  eût  pu 
se  croire  autorisé,  par  cette  ordonnance,  à  faire  une 
procédure  (juelconque  sur  les  appels  des  juge- 
mens re  ndus  par  les  juges-de-paix  ,  tandis  qu'il 
con  venait  ,  au  contraire  ,  qu'en  cause  d  appel  il 
y  eût  la  même  simplicité  d'iirstruciion  qui  avait 
existé  eu  première  instance. 

Il  y  a  parité  de  raison  aujourd'hui  ,  pourquoi 
n'y  aurait-il  pan  parité  dcj  ptécaulioiis  ? 


L'art.  XVII  parle  Hes  apposiiioTis  de  scelles  qui 
doivent  être  fai:^  par  le  juge  de  paix  .  «oit  re- 
quis, soit  d'office.  C'.-t  article  le  chaigc  d  .npposrr 
les  scellés  d  ollice  si  les  héiiiieis  sont  absens  et 
non-Tiprésenlés  ,  mineurs  non  -  émancipés  et  sans  tu- 
teurs. L  et  dans  les  mois  absens  et  non  représentés  , 
est  évidemment  conjonciif;  en  effei,  quoiqu'un  hé-' 
ritier  soir  absent  ,  s  il  est  majeur  et  reptéscmé ,  ce 
n'est  point  le  cas  d'apposer  les  scellés  d'office. 

Mais  si  dans  les  mots  suivans  .•  mineurs  non' 
émancipés  et  sans  tuteurs  ,  Vet  est  aussi  coujontiif , 
c'est  tout  autie  chose.  Il  en  résultera  que  sans  le 
concours  de  ces  deux  circonstances  ,  le  juge-de- 
paix  ne  pouira  rien  faire  de  son  propre  mouve- 
ment ;  en  sorte  que  ai  le  mineur  avaii  un  tuleur  , 
et  que  celui-ci  ne  requît  point  l'apposition  de» 
scellés  ,  elle  ne  devrait  point  avoir  lieu. 

Votre  commission  n'ose  assurer  que  c'cst-là  ra 
qu'on  u  voulu  dire  ,  en  supposant  comme  le 
porte  à  croire  la  rédaciionqietelle  soir  tiiueiiiioi» 
du  projet;  nous  y  trou\ona  un  inconvénient 
grave.  Un  tuteur  peu  vigilant  porterai;  tpielquc 
lois  par  s:t  négligence  le  plus  giand  piejudice 
à  l'iriiérêt  de  son  raiticur.  A  d-jlaut  de  celle  pié- 
caution  ,  on  pourrait  divertir  des  deniers,  des  effets 
précieux  de  la  succession  ,  sans  même  que  le  mi- 
neur ait  aucune  prise  contre  son  tuieur,  ces  ob- 
jets ayant  disparu  avant  l'inveniaite;  il  peut  même 
arriver  que  dans  une  succession  ,  le  tuieur  ait  des 
iniéfêts  oppoés  à  ceux  de  son  pupille. 

L'assemblée  constituante  l'avait  bien  senti  ; 
aussi  dans  li  loi  du  6  mars  1791  ,  ne  manque 
t-elle  pas  d'employer  une  disjonctive  ,  et  on  n'y 
lit  pas  comme  dans  le  nouveau  projet,  mineurs  non 
émancipés  et  sans  tuteurs  ,  mais  mineurs  non  éman- 
cipés ou  n'ayant  pas   de  tuteurs. 

La  disposition  du  décret  de  1791  ,  s'accorde 
parlaitemcnt  avec  la  sollicitude  qne  les  Ijais  ont 
toujours  eu  et  doivent  toujours  avoir  pour  la 
conservation    du    droit   des    mineurs. 

La  disposition  du  nouveau  projet  nous  paraît 
donc  vicieuse. 

L'article  XVHI  est  relatif  aux  délibéraiinns  de 
famille.  On  n  y  parle  point  de  la  nécessilé  de 
l'homologation  ,  et  cette  nécessité  sans  douie  est 
incontestable  ;  mais  quelle  autoriié  doil  hoiuo- 
guer  par  exemple  les  délibéraions  qui  ont  pour 
objet  la  nomination  des  luteurs  et  cur.ueurs  ? 
c'est  ce  qui  n'esijpas  clairemeni  décidé  dans  la  nou- 
velle législation  ;  parmi  les  juges-ae-paix  ,  les  uns 
renvoient  en  pmeil  cas  devant  le  tribunal  civil. 
D  autres  croyent  avoir  le  droit  d'homologuer  eux- 
mêmes  ,  et  certains  tribunaux  ne  leur  contestent 
point  ce  droit.  Il  était  essentiel  de  faire  dispa- 
raître celle  bigarure  par  une  disposition  lor- 
melle  ;  dans  un  projet  où  Ion  a  lépété  tant  de 
choses  sur  lesquelles  il  n'existait  aucun  douie, 
puisqu'elles  éiaicni  consacrées  ].iar  des  lois  anté- 
rieures ,  on  eût  du  .  s'attjchet  principalement  à 
fixer    les  points   douteux. 

'  Cette  défectuosité  ne  mérite  pas  moins  d'at- 
tention que  toutes  celles  précédemment  in- 
diquées. 

Lartice  XIX  est  le  premier  du  titre  III,  il 
n'est  pas  non  plus  exempt  de  reproches  ,  il  porte 
poite  que  les  juges-de-paix  peuvent  être  chargés 
par  les  iribimanx  de  première  insiance  ou  d'appel 
d!entendre  des  térrfoins  et  de  recevoir  des  ser- 
mens  d'experts  ,  sans  que  cela  leur  attribue  juris- 
diction.  Cette  disposition  est  jusie  ,  elle  évitera 
des  frais  de  voyage  ,  de  séjour  ,  mais  elle  n'est 
pas  suffisante. 

Pourquoi  les  tribunaux  de  première  instance 
ou  d'appel  ne  pourraient-ils  pas  aussi  charger 
quelquetois  le?  juges-de-paix  des  interrogatoires 
sur  faits  et  articles  ?  L'ordonnance  de  1667  ,  per- 
met de  faire  interroger  en  tout  état  de  cause  : 
avant  que  les  plaidoyers  soient  entamés  l'interro- 
gatoire peut  être  requis.  Alors  les  juges  du  tri- 
bunal ne  sont  pas  mieux  instruits  ae  l'affaire 
que  le  juge-de-paix;  si  la  personne  qu'il  s'agit 
d'interroger  est  hors  d'état  de  se  transporter  ,  il 
sera  nécessaire  que  le  juge  du  tribunal  se  trans- 
porte lui-même  ,  à  grands  frais  ,  aupiès  d'elle  , 
ou  si  quoiqu  infirme,  elle  peut  ,  sans  danger,  se 
rendre  auprès  du  juge  à\x  tribunal  ,  il  Uudra 
que  son  adversaire  supporte  les  frais  de  vojage 
et  séjour  ,  tandis  que  tout  cela  pouvoit  facile- 
ment s'évitei  par  une  délégaiion  dontiée  au  juge- 
de-paix  voisin.  ' 

Cette  délégaiion  n'est  pas  du  nombre  de  celles 
que  le  projet  autorise  ;  nous  ne  doutons  pus  que 
ce  ne  soit  un  oubh.  Le  même  artid  •  XIX  en 
présente  un  autre  non  moins  sensible.  Il  se 
contente  d'autoiiser  la  délégation  pour  la  ré- 
ception du  serment  des  experts  ,  et  garde  le 
silence  sur  l'athimation  de  leurs  rappoits. 

Dans  plusieurs  ttibunaux  de  la  république  ,  un 
usage  ancien,  constant,  passé  en  foice  de  \oï 
s  oppose  à  ce  que  les  rappors  soient  enihériiiés  , 
jiisqu  à  ce  que  cette  affirmation  soit  faite  ,  eiil 
y  a  même  raison  de  permettre  aux  tribunaux 
de  déléguer  aux  juges-de-paix  la  lécepiion  des 
affirmations  de  rapports  d'experts  i]u  à  legaid  du 
serment  que  ces  experts  doivent  pièier  avant  de 
pouvoir  commencer  leurs  opéraiioos.  Er)  I  un  et 
1  autre  eus  il  s'agit  d  éviter  les  frais,  et  le  but 
sera  manqué,    st  l'expert,   éloigné   du   tribunal 


288 


civil  et  voisin  du  juge-de-paix,  est  obligé  de 
se  transporter  près  le  tribunal  pour  afliimer  son 
lappori. 

"  I)  faut  donc  que  cet  oubli  soit  léparé.  Obser- 
vons, en  passant  ,  que  ,  par  la  même  raison  ,  la 
taxe  des  txperts  devrait  être  faite  également  par  le 
juge-depaix. 

Un  autre  oubli  s'apperçoit  encore  dans  l'ar- 
ticle XX;  il  pone  que  les  juges-de-paix  rece- 
vront également  ,  sans  attribution  de  juriiliclion  , 
l'affirmaiion  des  rapports  ou  procès-verbaux  dres- 
sés par  les  préposés  ou  gardes.  1°  En  matière  de 
<iouane;  a°  en  iriatiere  d'eaux  et  forêts.  Les  pré- 
posés ,  à  l'octroi  ,  sont  absolument  dans  le  même 
£3S  rjue  les  préposés  des  douanes  et  les  gardes 
forestiers. 

Il  fallait  donc  ajouter  ces  mots  :  3°  en  matière 
d'octroi.  Or,  celte  addition  est  omise  ;  la  légis- 
laiion  des  octrois  l'a  consacré  ,  il  fallait  le  rap- 
peler. 

L'article  XXII  déclare  que  les  attributions  ci- 
viles des  juges-de-paix  sont  réduites  à  celles  ex- 
primées dans  le  projet. 

Il  résulte  delà  que  les  affaires  ,  dont  les  juges- 
de-paix  ont  corrnu  jusqu'à  ce  jour  en  vertu  dé 
lois  pariiciilières  ,  et  que  le  projet  n'a  poinl  lap- 
pelées  ,   ne  itront  plus  de   leur  compétence. 

Q.uand  il  serait  inconiesiabie  que  ces  divers  at- 
tribuiions  doivent  ,  avec  raison  ,  être  retiiées  au 
j  ige-de-paix  ,  qui  donc  à  l'avenir  en  aura  la  con- 
n  iissance  ?  C'est  ce  que  le  projet  ne  nous  dit  pas. 
Il  est  à  croire  qu'elles  seront  portées  devant 
les  tribuna'jx  auxquels  il  appartient  d'en  être  saisis 
à  raison  de  la  matière. 

Un  seul  exemple  que  je  vais  citer  ,  prouve 
qu'en  certains  cas  le  maintien  de  l'attribution  sc- 
iait préférable. 

L'article  II,  du  décret  du  g  août  lygt  au  titre  de 
la  compétence  sur  les  alfaiies  maritimes  ,  charge 
les  juges-de-paix  ,  dans  les  cantons  où  il  n'existe 
aucun  tribunal  de  commerce,  de  connaître  ,  sans 
appel  ,  des  demandes  de  salaire  d'ouvriers  et 
cens  de  mer,  de  la  remise  des  marchandises  et  de 
l'exécution  des  actes  de  voitures  ,  des  contrats 
d'affretlemeni  et  autres  objets  de  commerce  , 
pourvu  que  la  demande  n'excède  pas  leur  compé- 
tence. 

Cetieattribution  est  du  nombre  de  celles  abro- 
gées par  l'article  XXII. 

Alors,  pour  un  objet  de  iiès-peu  de  valeur, 
tout  au  plus  de  5o  francs  ,  et  souvent  de  beaucoup 
.moins  ,  on  serait  obligé  de  sortir  de  son  canton 
pour  aller  plaider  devant  le  tribunal  de  com- 
merce. 

Combien  de  fo's  aussi  ,  malgré  la  légitimité  de 
sa  ciéance  ou  de  son  droit  ,  ne  serait-on  pas  forcé 
d'y  renoncer  plutôt  que  de  dépenser  en  frais  de 
voyage  et  séjour  ,  beaucoup  plus  que  la  valeur 
de  la  chose  due  ?  Voilà  l'inconvénient  que  la  loi 
de  1791  prévient,  et  qui  résulterait  delà  nouvelle 
disposition  .  si  elle  étai:  adoptée.  En  vain  ,  oppo- 
serait-on que  ce  genre  d  affaires,  rentre  dans  la 
disse  des  causes  personnelles  et  mobiliaires  attri- 
b.iées  aux  juges-de-paix  par  le  projet  ;  je  répon- 
drais que  l'article  du  projet  qui  traite  des  causes 
personnelles  et  mobiliaires  est ,  comme  je  l'ai  déjà 
dit,  une  répétition  de  l'article  IX  du  titre  II  du 
décret  du  16  août  1790.  Or,  si  l'assemblée  consti- 
tuante eût  cru  que  cet  article  devait  embrasser  ce 
genre  d'affaires  ,  elle  n'en  aurait  pas  lait  une  dispo- 
sition formelle  dans    la  loi  de  179t. 

L'article  XXIII  détermine  quelles  fonctions  sont 
incompatibles  ave-c  celles  de  juges-de-paix.  Il  les 
borne  à  celles  davoué  et  d  huissier  près  d'un 
tribunal. 

Le  décret  du  6  mars.  1791,  comme  celui  du 
a5  janvier  de  la  même  année  ,  avait  exclu  les 
membres  des  administrations  municipales  ;  le 
projet  l'abroge  implicitement.  Ainsi  ,  d'après  ce 
projet  ,  un  citoyen  pourrait  réunir  les  deux  fonc- 
tions de  maire  et  de  juge-de-paix. 

De  tout  tems  on  a  reconnu  l'inconvenance  de 
celte    cumulaiion.  ' 

Le  maire  appartient  au  pouvoir  administratif; 
Le  juge-de-paix  au  pouvoir  judiciaire. 
Le   premier  est  à   la   nomination  du   premier 
consul  ; 

Le  second  est  nommé  par  les  justiciables. 
L'un  est  révocable   à  volonté  ;  l'autre  ne  peut 
être  destitué    que   par  forfaiture. 

Enfin ,  les  deux  autorités  sont  tellement  dis- 
tinctes ,  même  en  considérant  seulement  l'indé- 
.pendance  du  pouvoir  judiciaire  que  la  loi  ne  peu; 
établir  d'une  manière  trop  précise  la  ligne  de  dé- 
marcation qui  doit  les  séparer. 

Quand  il  aurait  été  possible  d'admeitre  la  com- 
patibilité par  rapport  au  maire  ,  on  ne  le  pou- 
vait pour  l'adjoint  du  maire  ;  aux  termes  de  la  loi 
du  27  ventôse  an  8  ,  les  fonctions  du  ministère 
public  sont  remplies  par  les  adjoints  du  maire  , 
•  dans  les  lieux  où  il  ne  se  trouve  pas  de  comibis- 
saire  de  police.  Et  comme  dans  les  tribunaux  de 
police  ,  c  est  le  juge-de-paix  qui  préside,  il  arri- 
verait que  dans  le  même  tribunal  ,  le  même  in- 
dividu serait  président  ^t  commissaire. 

L'incompatibilité  dont  je  viens  de  parler  n'est 
pas  la  seule  ,  dont  l'oubli  réclamait  notre  at- 
tention. 

Le  Bpuvcau  projet  ne  -déclarant  pas  non  plus 


les  fondions  de  notaire  incornpalibles  avec  celles 
de  jijge-de-paix  ,  abroge  la  loi  du  1''  brumaire  an 
2  c]-ji  établissait  celte  uicompatibiliié. 

Cette  loi  reposaii  cependant  sur  les  plus  puis- 
sans  motifs.  Le  caractère  du  juge  ,  en  général,  est 
la  plus  sévère  imparlialiié.  Osera-l-on  assurer  que 
le  jugt-uc-paix  ,  qui  comme  notaire  ,  aura  la  con- 
naissance iniime  ce  l'une  des  parties  ne  ronsei- 
vera  jamais  pour  elle  une  préuilcclion  contraire  à 
la  justice?  jjt-Lii-êtrc  ne  s'appcrcevra-i-il  pas  lui- 
niénie  de  celle  prédilection.  I!  ne  sera  p^s  volou- 
laircmeni  injuste  ,  j  y  con.sens  ,  il  n'aura  pas  moins 
commis  une  injustice ,  et  la  paiiie  lésée  n'en  sera 
pas  moins  victime. 

Sura-l-on  iûr  de  trouver  la  justice  ,  de  trouver 
l'impartialité  lorsque  sa  qualité  de  conciliateur  ou 
déjuge  le  constituera  l'interprète  des  actes  qu'il 
aura  réiligés  comme  notaire  de  lune  ou  de  l'autre 
des  parties  ? 

Enfin  ,  il  ne  suffit  pas  que  le  jugc-de-paix  soit 
impartial ,  il  faut  de  plus  pour  qu'il  puisse  inspirer 
toute  la  confiance  dont  il  a  besoin  ,  qu'il  soit  à 
l'abri  (lu  plus  léger  soup^n  de  pariialiié. 

Cette  dernière  considération  seule  sulKraitpour 
démontrer  1  incompaiibiliié  des  fonctions  de  no- 
taire et  de  juge-de-paix. 

L'art.  23  contient  donc  deux  oublis  ou  erreurs. 
Le  vingt-quatrième  et  dernier  article  annonce 
qu'il  n'est  ,  quant  à  présent  ,  rien  innové  à  la 
forme  sommaire  de  procéder  devant  les  jnges- 
de-paix  ,  non  plus  qu'à  leur  traitement  ,  vaca- 
tion ,  ni  en  ce  qui  touche  aux  greffiers  et  huis- 
sier.'! établis   près   d'eux. 

Qjiaut  aux  changsmens  sur  la  forme  il  y  a 
lotit  lieu  de  croire  que  ceux  qui  seront  à  faire 
paraîtront  avec  le  nouveau  code  général  de  pro- 
cédure. 

Pour  le  surplus  ,  c'est-à-dire  pour  les  traiie- 
mens  et  vacations,  ainsi  que  relativement  aux 
sort  des  greffiers  et  huissiers  ,  au  lieu  de  laisser 
tout  cela  dans  un  état  provisoire  ,  et  de  ren- 
voyer le  définitif  à  une  loi  future  ,  dont  l'é- 
poque est  incertaine  ,  le  projet  actuel  aurait 
du  naturellement  y  pourvoir  ou  être  différé  si 
l'on  avait  pas  encore  assez  de  renseignemcns. 
Le  projet  ne  dit  pas  non  plus  à  quel  âge  on 
peut  êire  juge-de-paix. 

Jusqu'en  1792  on  ne  pouvait  l'éire  avant  3o 
ans.  Une  loi  du  16  septembre  de  cette  même 
année  ,  n'en  a  plus  exigé  que  25. 

L'an.  IV  de  la  loi  du  27  ventôse  an  8  ,  fixe  à 
3o  ans  lâge  où  l'on  peut  être  juge,  suppléant, 
commissaire  du  gouvernement  près  les  tribu- 
naux, substituts  et  greffiers. 

Laqu.lle,  de  la  loi  de  l'an  2  ou  de  celle  de 
l'an  8,  est  applicable  aux  jugcs-de-paix  ?  La  loi 
de  l'an  8  a  pour  objet  l'orgjnisalion  des  tribu- 
naux de  première  instance,  d'appel,  criminel, 
et   de  cassation. 

En  I  an  2  ,  comme  aujourd'hui  ,  toutes  les  fois 
que  le  juge -de- paix  tenait  bureau  de  conciliation, 
il  était  obligé  d  appeler  deux  assesseurs;  suivant 
le  nouveau  projet,  sa  présence  suffira. 

S'il  est  possible  d  être  juge-de-paix  à  25  ans, 
je  le  demande  ,  comment  le  but  de  la  nouvelle 
disposition  sera-t-il  rempli  ?  lorsqu  il  s'agira  d'é- 
teindre des  haines  invétérées,  de  rapprocher  des 
parens  désunis  ,  de  ramener  la  concorde  entre  un 
père  et  ses  enfans  ,  ne  sera-t-il  pas  indispensable 
que  les  efforts  du  conciliateur  soient  soutenus  par 
une  sorte  de  vénération  religieuse  attachée  à  son 
caractère  et  par  une  ancienue  réputation  de  sa- 
gesse et  de  vertu. 

Le  nouveau  projet  aurait  dû  s'expliquer  sur 
l'âge  nécessaire  pourremplirces  iniporianies  fonc- 
tions. 

Citoyens  tribuns  ,  je  viens  de  parcourir  tous 
les  détails  du  projet  dont  vous  nous  avez  confié 
l'examen.  Voici  le  résumé  de  nos  observations  : 
Le  titre  1^"^.  ne  tend  à  rien  moins  qu  à  vous  faire 
préjuger  une  question  de  la  plus  haute  impor- 
tance ,  qu'à  vous  lier  de  telle  sorte  que  si  vous 
adoptiez  le  projet  sans  connaîire  celui  qui  doii 
vous  être  présenté  sur  la  police  judiciaire  ,  vous 
seriez  réduit  à  l'impossibilité  de  refuser  celui-ci  , 
quel  qu'il  fût. 

Les  autres  litres  présentent  de  nombreuses  omis- 
sions ,  des  dispositions  obscures,  insuffisantes, 
erronnées  ,  divers  renvois  ,  les  uns  implicites  ,  les 
autres  formels  à  d'auires  lois  laites  ou  à  faire. 

Au  toial  rien  n'est  plus  incomplet  ;  rien  cepen- 
dant n'est  plus  ardemment,  plus  universellement 
désiré,  que  la  disparution  de  cette  masse  énorme 
de  lois  anciennes  et  modernes  ,  dont  le  poids  nous 
accable. 

On  n'y  parviendra  qu'en  réunissant  dans  un 
seul  et  même  cadre  lout  ce  qui  appâiticnt  à 
chaque   organisation. 

Si  celte  mesure  est  nécessaire  pour  toutes  les 
branches  de  l'administralion  de  la  jusiice  ,  com- 
bien ne  l'est-elle  pas  pour  la  justice  de  paix  ? 

Il  est  bien  important  que  les  juges-de-paix  et 
leurs  justiciables  puissent  apprendre  sans  efforts 
et  reteiiir  sans  peine  des  dispositions  qui  sontd'un 
usage  journalier  ,  et  que  ces  derniers  puissent  fa- 
cilement acquérir  toutes  les  connaissances  néces- 
saires pour  partager  à  leur  tour  cette  honorable 
magistrature  ,  s'ils  y  sont  appeiléspat  la  çonliancp 
'de  leurs  concitoyens. 


Avec  le  projet  actuel  ,  il  ne  faudra  pas  moins 
comme  je  l'ai  déjà  dit ,  coijnaîlre  toutes  les  lois 
qui  ont  été  faites  sur  celte  rinatiere,  et  par  la  suite 
il  faudra  les  oublier  toutes  ,  pour  en  apprendre 
une  certaine  quantité  d'autres  .  .  qui  prendront 
successivement  leurs  places,  et  qui  produiront 
dans  la  mémoire  une  confusion  d'autant  plus 
grande  qu'elles  la  mettront  aux  prises  avec  le 
passé  .   le  présenter  le  futur. 

Certes,  elle  sera  bien  préférable  ,  cette  loi  qui 
n'offrant  plus  aucune  des  impeiicciious  ()ue  nous 
avons  fait  connaître  ,  dispensera  de  recourir  à  des 
lois  antérieures  ,  et  d'en  attendre  de  nouvelles, 
et  qui  formera  un  code  complet  ,  lumineux  ,  àla. 
portée  de   tous  les  citoyens. 

Elle  seule  peut  remplir  le  but  qu'on  s'est  pro- 
posé dans  1k  sublime  instilution  des  justices  de 
paix.  Alors  les  questions  seront  plus  simples  ,  les 
piocès  plus  rares,  les  affaires  plus  prom'ptement 
expédiées  ,  les  jugemCns  plus  uniformes  ;  alors  et 
seulement  alors  on  éprouvera  les  salutaires  effels 
de  cette  régie  éternelle  ,  si  bien  connue  ,  si  rare- 
ment suivie  ,  que  U  vraie  sagesse  consiste  à  'préve- 
nir le  mal  plutôt  qu'à  se  fier  aux  remèdes  qui  pour- 
raient le  guérir.  'Votre  commission  composée  des 
tribuns,  Andrieux,  Mallarmé,  Ganilbe  ,  Gary  et 
du  rapporteur  pense  unanimement  que  le  projet  de 
loi  sur  lesjusîices  de  paix  ne  peut  être  adopté. 
Le  tribunal  ordonne  limpression  de  ce  rapport. 
Carré.  Il  était  important  de  restreindre  les 
fonctions  de  juges-de-paix  aux  opérations  iialu- 
relleraent  analogues  à  l'essence  du  car.iciere  dont 
ils  sont  revêtus.  La  loi  proposée  ne  remplit  pas 
cornplettement  ce  vœu  général  ,  mais  die  nous 
en  rapproche  et  le  gouvernement  nous  annonce 
qu'il  proposera  incessamment  une  loi  qui  atteindra, 
ce   but  salutiare. 

La  section  première  du  litre  II  consacre  l'obli- 
gation imposée  aux  partis  de  se  présenter  aux 
juges-de-paix  ,  revêtus  du  caiaciere  sacré  de  con- 
ciliateurs, avant  que  l'entrée  des  tribunaux  leur 
soit  ouverte.  On  objectera  sans  doute  que  cette 
obligation  ne  fait  qu'entraver  la  marche  dcï 
affaires  et  augmenter  les  frais  en  multipliant  les 
pas  des  hommes  de  loi.  Je  répondrai  que  les 
bureaux  de  conciliation  dussent  ils  encore  long- 
temps n'êlre  que  des  simulacres  préparaloires  de 
l'ouverture  d'une  aciion  ,  les  législateurs  doivent 
les  conserver  avec  persévérance  ;  le  premier 
exemple  d'une  conciliation  effectuée  ,  'détermi- 
nera   bientôt  d'autres  reconciliaiions. 

L'orateur  examine  ici  les  autres  dispositions  du 
projet  de  loi  piésenté,  il  les  trouve  justes  et  propres 
à  donner  à  la  justice  de  paix  le  caractète  particu- 
lier de  douceur  et  de  sagesse  ,' véritable  objet  ds 
son  institution.  Il  vote  pour  son  adoption. 

Barra  (  des  Ardennes  ).  Je  trouve  que  la  ré- 
duction proposée  ,  des  justices  de  paix  ,  est  trop 
considérable  ,  qu'elle  est  entièrement  opposée 
au  but  de  l'institution  ,  qui  veul  qi:e  chaque  ci- 
toyen trouve  ,  pour  ainsi  dire,  la  jusiiceisous 
sa  main,    chaque  jour   et  à  chaque  iustant. 

Quant  à  l'économie  résultante  de  la  réduction 
proposée ,  je  crois  que  le  sujet  n'en  est  pas 
heureusement  choisi.  En  effet  ,  il  est  de  principe 
que  toute  dépense  ,  comme  toute  économie , 
doit  avoir  pour  but  le  plus  grand  bien  des  ci- 
toyens ;  or  ,  une  économie  qui  ne  peut  s'opé- 
rer qu'en  les  mettant  dans  l'alternalive  ,  ou  de 
se  priver  de  la  jusiice  de  paix  ,  ce  besoin  de  tout 
les  jours,  étant  obligés  de  1  aller  chercher  trop 
loin  ,  ou  de  se  constituer  dans  des  dépenses 
qui  réunies  ,  excéderont  de  beaucoup  cette 
économie  vantée  par  le  projet ,  ne  peut-être  ao 
cueillie  par  des  magistrats  ,  chargés  de  stipuler 
les  intérêts  du  peuple.  Je  voie,  en  conséquence, 
pour   le  rejet  du   projet. 

Plusieurs  membres  demandent  l'ajournement 
de  la  discussion  à  après-demain  ;  d'autres  veu- 
lent que  la  discussion  ne  soit  reprise  qu'après 
l'impression  du  rapport   fait  par  Faure. 

Matés  ,  je  demande  l'ajournement  ,  24  heures 
après  la  distribution  du  rapport.  Il  est  impos- 
sible de  bien  discuter  le  projet  qui  vous  est 
présenté  ,  avant  d  avoir  médite  l'excellent  dis- 
cours de  notre  collègue  Faure.  D'ailleurs  ,  le 
projet  de  loi  sur  la  justice  de  paix  ,  tient  de 
très-près  à  celui  qui  vous  a  été  distribué  danis 
cette  séance  ;  il  faudra  nécessairement  les  com- 
parer ensemble  ,  pour  juger  s'il  sont  biea 
combinés   entre  eux. 

La  proposliion  de  Malès  est  adopiéc. 
■  On  procède  au  scruiin  pour  la  nominatioQ 
d'un  candidat  au  sénat  conservateur.  Il  y  avait 
92  votans  ,  personne  n'a  réuni  la  majorité  ab- 
solue des  sufirages  ;  les  scrutins  se  sont  parta- 
gés entre  les  citoyens  Desmeuniers  ,  qui  a  réuni 
3o  voix;  Dedeley-d  Agier  24;  Clas^ous  l3  ; 
Lareveillere-Lépeaux  6  ;  Grégoire  5  ;  Treilhard4; 
Bergeroi  2  ;  les  citoyens  de  la  Marre  ,  Daunou, 
Bouueville  ,  Thibault  ,  Alquier  ,  Anson  ,  Dolo- 
mieu   et    Bachelier-d'Agès  ,  ont  eu  chacun  une 

VOIX. 

Le  piésident  annonce  qu'il  n'y  a  rien  à  l'ordre 
du  jour  de   demain. 

L.i  séance  est  en  conséquence  ajcurnée  à  quar'» 
tidi.  .'■,', 

La  séance  est  levée. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^^  74-  Quartidi  ,    i  4  frimaire  an  g  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 

Nous  sommes  autorisés  i  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivdsè' le   M  O  N I  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 


.  i  ■  ,  •     .  -.4.^....  ^  v^  ,v  tîL  ic  seul  journal  ojfiael. 

n  concent  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvertiemeni .  les  nouvelles  des  armées^,  aînsl   que  ks  faits  et  les  notions  tant  sur 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arcs  et   aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

Londres  ,  29  novembre  (  S  frimaire.  ) 

/xcTiONS  de  la  banque  i65  {.  5.  — 3  pour  cent 
consolidés  64.  63.  |.  64.^,64.  Oranium   a.  j.  3. 

'   *■      ,  .  ... 

Il.a  été  tenu  hier  à  Buckingham-house  un  con- 
seil privé  ,  relatif  à  la  nouvelle  de  l'embargo  mis 
pac>'««dc£  de  l'empereur  de  Russie  sur  tous  les 
bâiimens  anglais.  Le  conseil  était  composé  du 
duc  de  Portland  ,  des  comtes  Chatam  et  Spencer 
du  lord  chancellier,  de  lord  Grenville  ,  de 
l'avocat  et  du  procureur  général  et  de  sir  Ste- 
phen  Cotlerel  ,  clerc  du  conseil.  Les  délibéra- 
tions durerentprès  de  trois  heures  ,  et  se  termi- 
nèrent ,  selon  ce  que  nous  avons  entendu  dire, 
par  l'ordre  de  mettre  un  embargo  sur  tous  les 
bâlimens  russes  qui  se  trouvent  dans  nos  ports  ; 
lequel  ordre  a  dû  être  expédié  cette  nuit. 

A  l'issue  du  conseil .  le  duc  de  Portland  a  eu 
une   audience  de  sa  majesté. 

Le  bruit  s'est  répandu  le  même  jour  qu'une 
lettre  venant  d  Hambourg,  annonçait  que  le  roi 
de  Prusse  ,  à  la  tête  d'une  aimée  de  25  mille 
hommes  ,  n'était  plus  qu'à  deux  journées  de 
marche  de  cette  ville. 

Lundi  dernier ,  James  Napper  Tandy  fut  tra- 
duit pirdevant  la  cour  du  banc  du  roi  à  Dublin  , 
et  jugé  sur  l'accusation  de  crime  de  haute  tra- 
hison ,  portée  contre  lui  aux  dernières  assises 
pour  I>onégal.  Le  prisonniej  ayant  détruit  l'ac- 
cusation ,   a  été  ramené  à  Kilmaiuham. 

Les  membres  de  l'opposition  de  la  chambre  des 
communes  se  réunirent  hier  à  la  taverne  deAhat- 
ched-house  (delà  chaumière)  ,  pour  y  combiner 
un  plan  de  conduite  plus  régulier.  On  croit  que 
M.  Fox  reparaîtra  à  leur  tête. 

Il  est  question  d'une  nouvelle  promotion  d'offi- 
ciers généraux  de  mer  dans  laquelle  lord  Nelson 
serait  élevé  au  grade  de  vice-amiral ,  et  sir  Edward 
Pellcvif  ,  à  celui  de  contre-amiral. 

La  chambre  des  pairs  a  adopté  ,  dans  sa  séance 
d'hier  ,  l'adresse  à  présenter  à  S.  M.  .  aui  lui  avait 
été  communiquée  par  celle  des  communes  ; 
adresse  ayant  pour  objet  de  prier  S.  M.  d  inviter 
tous  ses  sujets  par  une  proclamation  à  observer 
la  plus  stricte  économie  dans  leur  consommation. 

M.  Robson  ,  dans  la  séance  des  communes  du 
même  jour ,  proposa  une  autre  adresse  à  S.  M.  , 
pour  la  prier  de  prendre  en  considération  ,  les 
bénéfices  importans  qui  proviendraient  d'une  ré- 
duction dans  la  cavalerie  anglaise  ,  portée  aujour- 
d'hui à  3o  mille  hommes  ;  mais  d'apjès  quelques 
observations  ,  M.  Jlobson  retira  sa  motion. 

La  grande  floue  a  remis  en  mer  le  25  frimaire 
de  Torbay  ,  sous  les  ordres  du  vice-amiral  sir 
Hyde  Parker. 

(Extrait  du  Sun  et  du  Morning-Herald.  ) 

—  M.  Tierney,  dans  la  séance  du  27  ,  dans  la 
chambre  des  commues  ,  a  fait  une  motion  ten- 
dante à  demander  qu'un  comité  fût  formé  pour 
examiner  la  situation  actuelle  de  la  nation,  il  a 
prononcé  ,  a  l'appui  de  sa  motion  ,  un  discours 
trop  long  pour  que  nous  puissions  le  donner 
dans  ce  moment  à  nos  lecteurs  ;  trop  intéressant 
pour  que  nous  n'en  donnions  qu'un  court  extrait. 
Nous  sommes  donc  obligés  de  renvoyer  cet  objet 
au  prochain  numéro. 

M.  Piit  a  répliqué  par  un  discours  qui  a  duré 
plus  de  deux  heures.  Nous  le  donnerons  égale- 
ment. 

La  motion  de  M.  Tierney  mise  aux  voix,  3; 
ont  été  pour  et  15;  contre. 

INTÉRIEUR. 

Faris  ,   le  n  frimaire. 

M.  Spina  ,  chargé  d'affaires  dupape  ,  à  Paris  , 
a  lait  connaîre  .  par  un  courier  extraordinaire  , 
à  la  cour  de  Rome  ,  que  l'inieniioa  du  gouver- 
nement était  de  protéger  les  étals  du  St.  Siège  , 
et  que  I  armée  française  en  Italie  ne  dépasserait 
pas  les  limites  de  la  Cisalpine  et  de  la  Toscane  , 
'  a  moins  qu'elle  ne  s'y  trouvât  forcée  l"  par 
rentrée  d'une  armée  napolitaine  sur  le  territoiie 
de  Rome;  2°  par  le  débarquement  d'une  armée 
^glaise  ou  autrichienne  ,  qui  tendrait  à  inquiéter 
kl   &anci    de  ïafmie  française. 


—  Le  bel  établissement  des  Gobelins  ,  dont  la 
prospérité  est  essentiellement  liée  à  la  gloire  na- 
tionale ,  n'existait  depuis  dix  ans  que  par  les 
talens  de  quelques  artistes  vieillis  dans  la  fabri- 
que. On  ne  formait  plus  d'élevés  ,  et  il  était 
à  craindre  que  cet  art  précieux  ^  qui  exige  vingt 
années  d'exercice  pour  être  pratiqué  avec  succès, 
ne  se  perdît  en  France.  Le  ministre  de  lintérieur 
pénétré  de  cette  vétilé  ,  vient  d'autoriser  le  di- 
recteur des  Gobelins  à  choisir  six  élevés  parmi 
les  enfans  des  artistes  les  plus  recommandables, 
et  a  les  attacher  à  la  fabrique  en  qualité  d'ap- 
prentis. Cette  pépinière  de  jeunes  artistes  pré- 
viendra l'état  de  ..dégrudation  dont  cette  inté- 
ressante   fabrique  était   menacée. 


Copies  authentiques  des  pièces  relatives  aux  négo- 
ciations pour  la  paix  ,  commencées  avez  la  France, 
telles  quelles  ont  été  présentées  au  deux  chambres 
du  parlement ,  le  li  novembre  1800;  traduites 
de  C anglais.  A  Londres  ,  di  l'imprimerie  de 
B.  Wrigt.  Piccadilfy  ,   1800.     ,,. 

AvERTlSSEiyiENT    DES    TRADUCTEURS. 

En  donnant  la  traduction  de  la  copie  anglaise 
des  pièces  authentiques  que  le  gouvernement 
d'Angleterre  vient  de  publier ,  nous  avons  voulu 
faire  connaître  en  France  l'origine  ,  la  marche 
et  le  dénouement  d'une  intrigue  diplomatique, 
dans  laquelle  il  nous  semble  que  les  ministres 
anglais  ont  employé  plus  d'astuce  que  de  poli- 
tique ,   et  plus  de  mauvaise  foi  que  de  talent. 

Ces  pièces  prouvent  que  l'Angleterre  cherchait 
encore  à  tromper  et  l'Autriche  et  la  France  ,  et 
qu'elle  feignait  le  désir'  d'une  pacification  géné- 
rale ,  dans  la  seule  vue  de  mettre  obstacle  à  une 
négociation  particulière,  lorsque  la  convention 
d'Hohenlinden  est  venue  lui  montrer  que  dans 
la  guerre  il  est  des  circonstances  de  position, 
oiî  il  est  impossible  de  cacher  à  ses  amis  leurs 
dangers  ,  et  à  ses   ennemis  leurs  avantages. 

La  publication  que  les  ministres  anglais  ont 
faite  de  ces  pièces  ,  prouve  en  même-tems 
qu'ils  ont  pensé  que  l'opinion  de  l'Europe  serait 
aussi  docile  que  celle  des  deux  chambres  du 
parlement  ,  fjii\,n  ajolrtcrait  par-toui  une  foi  im- 
plicite au  discours  du  trône  ,  qu'on  accuserait  la 
France  d'avoir  voulu  la  guerre  ,  qu'on  n'apper- 
cevrait  pas  dans  quelles  voies  tortueuses  le  mi- 
nistère anglais  avait  voulu  égarer  les  négociations 
de   la  paix. 

Nous  ri'aurons  pas  de  peine  à  faire  voir  que 
cette  espérance  est  une  insulte  au  discernement 
de  l'Europe  :  et  tout  nous  porte  à  croire  que  , 
malgré  la  tyrannie  et  les  intrigues  anglaises  ; 
l'Europe  est  encore  assez  éclairée  et  assez  fière 
pour  ressentir  cette   injure. 

1°.  Le  ministère  anglais  a  mal  apprécié  la  situa- 
tion de  la  France   et  celle   de   l'Autriche. 

2°-  Le  ministère  anglais  n'a  pas' su  discerner 
les  intérêts  de  son  pays  et  ceux  de  sa  propre 
influence. 

3°.  Le  gouvernement  de  la  république  a  prouvé 
ses  dispositions  pacifiques,  par  la  modération  de 
ses  demandes ,  et  par  des  concessions  qui,  bien 
examinées  ,  fontjuger  qu'en  les  offrant,  il  s'était 
plus  déterininé  par  l'impulsion  libérale  et  franche 
de  ses  sentiraens  ,  que  par  les  maximes  rigou- 
reuses de  la  prudence. 

4°.  Enfin  ,  le  gouvernement  de  la  république  a 
prouvé  son  amour  pour  la  paix  par  ses  refus 
même  :  car,  en  portant  plus  loin  sa  condes- 
cendance ,  il  n'eût  fait  que  livrer  pour  toujours 
peut-être  les  intérêts  de  la  paix  et  la  destinée 
de  I  Europe  ,  à  la  discrétion  d'un  gouvernement 
essentiellement  ennerni  de  l'Europe  et  de  la 
paix.  ' 

Nous  entreprenons  de  prouver  la  vérité  de  ces 
quatre  propositions.  Nous  discuterons  ensuite 
quelques  accessoires  de  détails  tirés  des  pièces 
de  la  négociation. 

La  première  proposition  se  trouve  tout  natu- 
rellement prouvée  par  la  convention  d'Hohenlin- 
den. Toutes  les  bases  du  système  des  demandes 
et  des  relus  des  ministres  anglais ,  étaient  fondées 
sur  la  dénégation  des  avantages  de  la  position  des 
armées  fraiiç.Mses,  et  de  l'infériorité  de  celle  des 
arméts  auirichiennes.  La  cession  d'Ulra  ,  d  Ingols- 
tadt  de  Philisbourg  ,  a  fait  voir  que  les  ministres 
anglais  étaient  les  seuls  hommes  en  Europe  qui 
s'abusjssent  sur  cette  inégalité  de  position. 

Se  sont-ils  également  mépris  sur  la  valeur  des 


offres  de  la  France  .  et  sur  l'exagération  de  leur. 
demandes  ?  On  va  en  juger. 

La  F'rance  demandait  un  armistice  maritime. 
Nous  discuterons  plus  loin  tout  ce  que  cette  de- 
mande youvm  comporter  d'avantages  pour  la 
trance.  On  verra  que,  sur  ce  point,  son  am- 
bition et  ses  espérances  étaient  extrêmcmem  mo- 
dérées. Mais  SI  le  ministère  anglais  eut  voulu  y 
déférer,  qudles  en  eussent  été  les  conséquences 
et  pour  1  Angleterre  et  pour  la  France. 

L'admission  d'un  plénipotentiaire  anglais  au 
congres  eût  entraîné  l'accession  de  la  Russie, 
de  Naples  ,  du  Portugal  ,  aux  négociations  de 
paix  générale  ;  l'intervention  de  tous  les  alliés  de 
la  trance  était  la  suite  nécessaire  de  cette  acces- 
sion. Quel  vaste  champ  de  contentions  !  quelle 
longue  perspective  de  débals  que  la  politique 
anglaise  aurait  eu  mille  moyens  de  compliquer  , 
et  inille   occasions  de  rendre  interminables. 

Là  ,  t(3us  les  intérêts  auraient  été  mis  en  oppo- 
sition ;  l'enuraération  seule  des  griefs  ,  des  pré- 
teiilions  ,  eût  ravi  le  tems  que  la  France  aurait  en- 
vain  tente  d  employer  à  l'examen  des  droits  ;  leur 
discussion  eût  consumé  les  jours  ,  les  mois,  les 
années  ;  l'influence  anglaise  se  serait  fortifiée  en 
setendant;  elle  eût  appelé  à  elle  l'ambition  des 
torts,  la  timidité  des  faibles  ;  les  ministres  de 
tous  les  gouvernemens  que  sa  politique  a  séduits  , 
se  seraient  rangés  sous  le  protectorat  de  sa  diplo- 
matie. '^ 

Çui  peut  dire  en  combien  d'années  tant  d'in- 
tereis  ,  tant  de  passions  auraient  pu  s'accorder  ? 
Et  pendant  ce  tems  ,  on  eût  vu  l'Angleterre  re- 
doubler par -tout  l'activité  de  ses  préparatifs 
hostiles.  '^ 

Ses  flottes  auraient  profité  du  tems  de  suspen- 
sion pour  se  radouber  ,  pour  reposer  et  renou- 
veler leurs  équipages  ,  moins  astreintes  à  des  sta- 
tions pénibles  et  ruineuses,  délivrées  de  la  sur- 
veillance des  croisières  ,  elles  eussent  iro,uvé  dans 
ses  rades  un  abri  nécessaire  dans  la  saison  péril- 
leuse qui  vient  de  leur  faire  essuyer  tant  de 
perles. 

L  espérance  de  la  paix  donnant  à  son  crédit 
un  nouveau  ressort  plus  utile  peut-être  que  la 
paix  elle-même  ,  eût  assuré  le  succès  de  ses  me- 
sures fiscales.  Elle  eût  trouvé  dans  des  communi- 
cauons  plus  libres  avec  le  continent ,  des  moyens 
certains  dé  porter  remède  à  la  diseue  qui  désole 
ses  provinces.  Elle  eût  donné  plus  d'étendue  au 
système  de  séduction  qu'elle  pratique  dans  tous 
lès  états  de  l'Europe.  Plus  sûre  de  ses  moyens  ,-' 
pliis  à  l'aise  sur  le  choix  du  moment  ,  elle  eût  fait 
arriver  à  tems,  aux  places  et  aux  époques  désirées 
par  son  commerce,  les  subsides  dont  les  envois 
précipités  et  mal  répartis  en  tems  de  guerre  ,  sont- 
souvent 'pour  ses  négocians  et  ses  banquiers  ,  des 
occasions  inévitables  de  discrédit  et  de  ruines. 

Ses  alliés  auraient  fait  des  levées  ,  des  approvi-- 
sionnemens.  Ils  auraient  choisi  leurs  positions  , 
foriifié  leurs  places  ,  mûri  leurs  plans  railiiaires. 
L'impressiori  des  dernières  victoires  françaises  se 
serait  affaiblie  ;  et  la  guerre  eût  pu  recommencer 
avec  avantage  au  moment  où  le  négociateur  an- 
glais eût  trouvé  qu'il  était  tems  de  donner  au  con- 
grès le  signalde  la  discorde  ,  et  de  dévoiler  sans 
péril  les  vues  hostiles  de  son  gouvernement. 

Qu'on  ne  dise  pas  que  la  France  eût  pu  tirer  les 
mêmes  avantages   de    la    suspension   :  d  abord   lar 
trêvemaritinae  ,  réduite  aux  termes  excessivement" 
modérés  qu'il  paraît  par  les  pièces  n°=.  Sg  et  41  , 
que  l'agent  français  a  offert  d'admettre  .  présentait 
peu  de  conséquences  effectives.  Les  armées  fran^ 
çaises  n'ont  besoin  ni  de  renfort ,  ni  de  repos  ,  ni 
dun    redoublement  d  espérance  ;    la  ligne   géo- 
graphique de  leur  position  ne  peut  être  per°fec- 
tionnée   :  elle  sera  un  sujet   d'étude  ,    elle    fera 
époque   dans  l'histoire  de  la  tactique  moderne  : 
l'impression  morale  de  nos  triomphes  ne  peut  que 
perdre 'en  s'éloignanl  de  leur  date;  le  gouverne- 
ment n'a  pas  besoin  d'artifice  pour  asseoir  le  sys- 
tê'me  fiscal  de  l'année  ;  U  confiance  générale  donne 
une  pleine  vie  au  mécanisme  des  rcceiies  ;  la  sa-  ' 
gesse  veille  sur  tous  les  détails  de  la  dépense  ;'  lai 
suspension  n'eût  rien  ajouté  à  cet  heureux  état  de' 
choses:  Quant  au  commerce  extérieur,  il  faut  le-' 
dire  ,  sa  décadence  est  telle  que  la  paix  seule  peut  ' 
le  ranimer  :  les  secours  d'une  trêveinceriaine  dans 
sa  durée  ,   circonscriie   dans  les    facilités  qu'elle 
donne  ,  ne  sauraient  suffire  pour  le  relever  de  son 
état  de  découragement  et  de  faibl'jssc.  Il  est  bien 
possible  de  prouver  que  la  Frame  peut  exister  et 
faire  la  guerre  sans  commerce  extérieur  ;  mais  on 


■e  doit  pas  «sjpéret  qu'elle  puiss*  redonner  la  vie 
&  ce  commerce ,  hors  des  citcoustances  d'une  paix 
définitive. 

Nous  pouvons  donc  conclure  que  les  minislres 
anglais,  en  refusant  l'armislice  demandé  par  U 
Fiance  ,  n'ont  su  discerner  ni  les  intéiêts  de  leur 
pays,  iii  ceux  de  leur  propre  influence. 

Mais  le  tableau  qui  précède  ne  prouve -t -il 
^as  en  mêroe-teras  que  la  France  a  donne  des 
picuvcs  qu'on  peut  dire  trop  libérales  ,  de  son 
dcsir  pour  U  paix.'  Ne  doit-on  pas  s'applaudir 
que  SCS  offics  aient  été  rejeitées ,  que  l'ennemi, 
«veuglé  par  son  orgueil,  ait  méconnu  tout  le 
parti  qu'il  pouvait  tirer  de  la  loyauté  française  ? 
Qjjant  à  nous,  nous  ne  pensons  pas  que  l'Euro- 
pe ,  que  le  minisicre  anglais  lui-même  en  juge 
iutremcnt  aujourd'hui. 

Et  cependant  il  accuse  la  France  ;  il  trouve 
qu'elle  a  élevé  des  prétentions  inouies.  Il  faut  voir 
à  quels  dangers  elle  ent  été  exposée,  ce  qu'on 
eût  auguré  d'elle  .  ce  gu'on  eût  pensé  de  la  pru- 
dence de  son  gouvernement,  s'il  eût  cédé,  sans 
réserve  ei  sans  défiance,  aux  demandes  du  gou- 
vernement anglais. 

Nous  avons  montré  quels  eussent  été  les  avan- 
tages comparatifs  de  l'armislice  maritime  pour  la 
Frarjce  ft  pour  l'Angleterre.  Supposez  maintenant 
que'  la  France  eût  fait  encore  le  sacrifice  de  ces 
avantages  ,  et  ajoutez  aux  inconvéniens  relatifs 
de  la  perspective  que  nous  avons  exposée  pltis 
haut  ,  tous  ceux  de  la  guerre  coloniale  et  mari- 
time. La  France  désarmée  sur  le  continent ,  en- 
travée dans  ses  négociations  avec  1  Autriche  par 
l'intervention  toujours  prést-nie,  toujours  active, 
toujours  ennemie  de  l'Angleterre  ,  eût  vu  la  mer 
incessamment  ouverte  à  des  expéditioiis  hostiles 
contre  elle  et  ses  alliés  ,  ses  rades  surveillées  ,  ses 
ports  bloqués  ,  ses  côies  menacées  ;  et  pendant 
quelle  eût  consenti  à  ne  faire  aucun  usage  de 
SCS  plus  puissans  moyens  d'attaque  et  de  défen- 
se .  ses  ennemis  eussent  conservé  le  droit  d  em- 
ployer contre  elle  tous  ceux  qu'ils  ont  de  lui 
nuiie.  L'Angleterre  eût  mis  l'Européen  lepos 
pour  préserver  ses  alliés  ,  et  se  fût  réservé  par 
privilège  le  droit  exclusif  de  faire   la   guerre. 

Telle  est  la  question  sous  ce  point  de  vue  du 
droit.  Si  on  la  piésenie  sous  celui  des  faits  ,  on 
Verra  si  nous  avons  mal  jugé  des  intentions  de 
l'Angleterre.  Pendant  qu'on  négociait  ,  était-ce 
l'espé.ance  de  la  paix  ou  la  soif  de  la  guerre  qui 
animait  ses  minisires?  Qu'on  jette  un  coup- 
d  ccil  sur  leurs  préparatifs  et  sur  leurs  mesures.  Us 
professaient  le  désir  de  mettre  un  terme  aux 
calamités  géiiérales  ,  et  ils  mepaçaient  le  Dane- 
marck,  ils  insultaient  la  Suéde,  ils  irritaient  la 
Russie;  ils  parlaient  avec  la  plus  insultante  hau- 
teur aux  puissances  barbaresques  :  ils  payaient 
de  r.ouveaox  recruteraens  ;  ils  contractaient  de 
r,.vuïclies  alliances  offensives  en  Allemagne  :  ils 
fesaient  arriver  à  flots  leur  or  dans  toutes  les 
places  littorales  de  l'Europe:  ils  redoublaient  l'ar- 
dtnle  surveillance  de  leurs  croisières  :  ils  pro- 
menaient sur  l'Océan  des  forces  considérables  , 
qui  ne  savent  encore  sur  quels  rivages  elles  doi- 
vent porter  la  destruction;  ils  préparaient  des 
expéditions  lointaines  pour  l'est,  pour  l'ouest  , 
ei  jusque  pour  les  Philippines.  Est-ce  aveugle- 
ment? est-ce  effronterie  ?  Et  imagine-t-on  qu'on 
puisse  ,  en  présentant  à  l'Europe  un  tel  appareil 
u  agression  ,  se  donner  le  droit  de  reprocher  à 
son  ennemi  de  n'avoir  pas  voulu  négocier  sans 
la  stipulation  préalable  d'un  armistice  maritime 
ou  sur  la  stipulation  illusoire  d'un  armistice  plus 
désavantageux  pour  Inique  la  guerre  elle-même,  i 

Le  gouvernement  français  n'a  pas  refusé  de 
négocier  avec  1  Angleterre  ;  il  n'a  pas  refusé  à 
l'Angleterre  de  l'admettre  dans  ses  négociations 
du  continent;  mais  il  a  voulu  avant  tout  avoir 
une  garantie  de  ses  disposiiions  ;  et  s'il  a  forte- 
lîieiit  insisté  sur  cette  garantie,  c'est  que  sous  le 
voile  de  leurs  déclarations  pacifiques  .  les  mi- 
nistres de  l'Angleterre  cachaient  un  but  qui  ne 
pouvait  échapper  à  sa  pénétration. 

Le  gouvernement  français  voulait  obtenir  une 
trêve  maritime  ,  qui  compensât  le  sacrifice  des 
avantages  et  de  la  perspective  qu'il  perdait  en 
consentant  à  l'armistice  de  terre  ;  il  exigeait  qu'en 
recevant  un  gage  de  ses  dispositions  pour  la 
paix,  les  ministres  donnassent  en  échange  un 
pareil  gage  de  leur  détermination  de  mettre  fin  à 
la  guerre. 

Les  ministres  anglais  voulaient  procurer  à  l'ern- 
pereur  un  armistice  qui  le  dégageât  de  la  posi- 
tion inférieure  dans  laquelle  les  événemens  mi- 
litaires l'avaient  placé  :  cet  armistice  donnait  à  leur 
allié  le  tems  de  préparer  de  nouveaux  moyens 
5)our  prolonger  la  guerre  :  et  cependant  ils  se 
flattaient  de  trouver  dans  leur  admission  au  con- 
grès ,  une  occasion  journalière  et  sûre  d'embrouil- 
ler toutes  les  discussions  ,  de  faire  évanouir  toute 
espérance  de  rapprochement ,  et  d'éloigner  sans 
cesse  les  négociateurs  de  leur  but. 

Voilà  ce  que  le  gouvernement  français  a  su 
discerner.  La  lecture  des  pièces  authentiques  con- 
jraincra  tout  esprit  impartial,  qu'il  eût  compromis 
au  plus  haut  degré  les  intéiêts  de  la  France  ,  les 
M^térêts  «l'ênaea  de  la  paix  générais,  s'il  ent  jus^é 


»9» 

autrement  des  déclarations  et  des  offres  de  ses  Ijent  aujourd'hui  de  prétentions  inouïes,  pou» 
ennemis.  Qu'on  lise  attentivement  les  deux  pièces  i  preuve  de  l'ambiguité  des  vues  que  1  Angleterre 
cotte  A  et  n".  4,  les  instructions  au  capitaine  lajiporte  dans  toutes  les  négociations.  N  a-i-oa 
Georae ,  et  la  note  n".  iS  du  citoyen  Otto  ;  qu'on  ;  p^j  vu  dans  la  dernière  session  du  parlement  , 
jeiie  i'is  yeux  sur  le  simulacre  de  contre-projet  (la  i  i^s  orateurs  de  la  guerre  faire  ouvertement  le 
lord  Grenville  ;  qu  on  observe  l'insistance  de  l'a-  j  sacrifice  de  leur  bonne  foi  politique,  à  leur  ré- 
gent français,  l'esprit  de  conciliation  qui  le  porte  j  nommée  financière?  Nont-ils  pasavoué  que  l'objet 
à  réformer  son  projet  de  trêve  ,  à  le  calquer,  I  d^j  négociations  de  Lille  était  fiscal  ,  plus  encore 
pour  ainsi  dire  ,  sur  le  projet  presque  dérisoire  |  que  diplomatique  ?  Ne  se  sont-ils  pas  applaudi 
des  minisires  anglais ,  qu'on  remarque  enfin  leurs  ;  d'avoir  ébloui  les  esprits  par  la  perspectiva 
dernières  dénégations,  et  qu'on  s'arrête  sur  les  ;  trompeuse  de  la  paix  qu'ils  ne  désiraient  pas, 
pièces  n°'.  i8,  19  ,  24  ,  25  ,  28  ,  Sa  ,  34  ,  42  et  j  ^(m  d'assurer  le  succès  des  impositions  de  1  annéa 
47  ,  et  nous  nous  flattons  qu'on  trouveraque  nous  :  dont  ils  avaient  besoin  pour  l'exécution  de  leur» 
avons  défini  avec  précision  l  objet  et  les  vues  des     projets  hostiles?  Nont-ils  pas  dit   enfin  que  rair^ 

orti    Malmesbury   avjit   été   envoyé    en    France 


deux  gouverncmens. 

Les  ministres  ont  pu  faire  dire  au  roi  d'Angle- 
terre que  ses  intentions  étaient  frustrées  par  la  réso- 
lution de  Cennenii  1  de  ne  consentir  qu'à  une  paix 
séparée;  M.  Pitt  a  pu  dire  à  la  chambre  des  com- 
munes, que  S.  M.  s'est  trouvée  dans  Cimpossibilité 
de  négocier  sans  se  séparer  de  ses  alliés;  le  fait  reste 
pour  démentir  ces  vaincs  allégations  :  on  le  trouve 
en  traits  marquans  dans  la  pièce  n°.  28,  et  il  se 
reproduit  dans  toutes  les  pages  de  la  correspon- 
dance de  l'agent  français. 

Si  le  roi  d'Angleterre  avait  réellement  voulu 
faire  cause  commune  ,  et  partager  avec  ses  alliés 
les  avantages  et  les  désavantages  dune  transaction 
d  armistice,  il  eût  négocié  en  commua  avec  eux  , 
et  la  France  eût  négocié  avec  lui.  Mais  il  a  voulu 
imposer  à  la  France  l'étrange  condition  de  rester 
exposée  pendant  qu'elle  consentait  à  déposer  ses 
armes  :  il  a  voulu  rester  uni  à  ses  alliés  ,  pour 
jouir  du  bienfait  de  la  trêve  ,  et  c'est  lui-même 
qui  s'est  séparé  d'eux,  quand  il  s'est  agi  de  par- 
ticiper au  sacrifice. 

Cette  manière  d'envisager  les  droits  elles  de- 
voirs fédéraiifs,  appartient  en  propre  au  gouver- 
nement anglais,  et  il  nous  semble  que  l'exemple 
qu'il  vient  d'en  donner  ,  fournil  une  leçon  assez 
instructive  aux  cabinets  du  continent  de  l'Europe. 
L'Angleterre  pouvait  acheter,  et  assez  peu  chè- 
rement ,  1  armistice  de  terre  dont  elle  savait  bien 
que  ses  alliés  avaient  besoin  :  par  les  dernières 
modifications  que  l'agent  français  a  proposées ,  les 
concessions  qu'on  exigeait  d  elle  se  bornaient  a 
laisser  passer  des  secours  définis  .  et  exliêmement 
bornés  à  l'armée  d'Egyp'e;  toutes  les  autres  clauses 
étaient à-peu-piès  compensées.  Les  lois  fédéiatives 
voulaient  qu'elle  fît  ce  sacrifice  ;  son  égo'isme  s'y 
est  refusé  ;  elle  a  délaissé  l'Autriche  au  momeni 
où  les  obligations  de  l'alliance  lui  imposaient  de 
supporter  une  partie  des  charges  de  la  garantie 
commune  ;  elle  a  forcé  l'Autriche  à  s'aflranchir  à 
ses  propres  frais  des  difficultés  de  sa  position ,  en 
abandonnant  au  vainqueur  trois  places  impor- 
tantes ,  qui  étaient  le  dernier  boulevard  de  l'em- 
pire. 

Vcui-on  un  indice  du  discernement  ou  do  la 
bonne  foi  du  ministère  anglais  ?  Qu'on  rapproche 
de  la  convention  qui  a  déterminé  la  cession  de 
ces  trois  places  ,1a  pièce  n"  3o.  Dans  cette  pièce, 
les  ministres  sont  près  des'indigner,  qu'on  paraisse 
mettre  en  doute  l'égalité  de  position  entre  les  ar- 
mées autrichiennes  et  les  armées  françaises.  Us 
assurent  qu'un  armistice  continental  pur  et  simple 
est  d'un  avantage  réciproque  pour  la  France  ,  et 
pour  la  cour  de  Vienne.  Us  ne  comprennent  pas 
que  la  France  puisse  demander  des  compen- 
sations. 

La  cour  de  Vienne  connaissait  mieux  sa  posi- 
tion ,  ou  était  moins  en  mesure  d'en  déguiser 
le  désavantage.  Pendant  que  les  ministres  de  son 
allié  exaltaient  la  valeur  de  ses  ressources  et  le 
mérite  de  sa  constance  ,  elle  signait  l'abandon 
de  trois  places,  et  avouait  ainsi  la  nécessité  oii 
elle  était  d'acheter  à  ce  prix  la  suspension  des 
hostilités. 

U  n'est  pas  exacfde  dire  que  la  France  ait  voulu 
séparer  V Angleterre  de  ses  alliés.  L'agent  fraisçais 
n  a  cessé  d  offrir  lalternative  présentée  dans  le 
n°  28,  ou  de  la  trêve  maritime  isolée  et  mo- 
difiée par  le  contre-projet  anglais  ,  tout  illu-, 
soire  qu'il  était  pour  la  France  ,  ou  de  l'armistice 
continental  combiné  avec  la  trêve  maritime  du 
projet  français.  Les  ministres  du  roi  ont  constam- 
ment rejeté  la  première  proposition  ,  et  la  con- 
vention d'Hohenhnden  a  rendu  la  seconde 
inutile. 

Il  est  contre  toute  bienséance  de  dire  que  la 
France  ait  avarice  des  prétentions  inouies.  La 
seule  prétention  que  la  Fiance  ait  mise  en  avant, 
est  celle  d'avoir  ,  sur  les  dipositions  pacifiques 
des  ministres  anglais  ,  un  gage  équivalent  à  celui 
qu'elle  donnait  à  la  cour  de  Vienne.  Cette  pré- 
tention pourrait  être  sans  objet  à  l'égard  d'un 
gouvernement  qui  n'aurait  jamais  autorisé  aucun 
doute  sur  sa  sincérité  ;  mais  toute  l'histoire  de 
la  guerre  actuelle,  et  tous  les  aspects  de  la  con- 
duite diplomatique  du  gouvernement  d'Angle- 
terre ,  dans  le  cours  des  trois  dernières  années  , 
justifient  trop  la  défiance  que  la  France  a  mon- 
trée dans  cette  occasion  ,  pour  que  cette  défiance 
ait  besoin  d'apologie. 

U  serait  long  et  fastidieux  de  citer  tous  les 
exemples;  mais  la  négociation  de  Lille  est  le 
plus  remarquable  et  un  des  plus  récens  ;  et  nous 
avons  laveu  des  luêmes  hommes  qui  npus.  acci4- 


pour    déterminer   le    pailement  à  voter   la  tiiple 
taxe  ,   et  induire  les  sujets  anglais  à  la  payer  ? 

Après  un  aussi  éclatant  aveu  ,  nous  ayons  le 
droit  de  dire  que  le  gjuveinement  Iranç^is  sa 
serait  laissé  aller  à  une  crédulité  tout  à-fait  hon- 
teuse ,  s'il  avait  consenti  à  traiter  avec  des  mi- 
nistres aujsi  calculateurs-,  sans  avoir  obteni» 
d'eux  aucune  garantie  ,  et  s'il  n'avait  pas  exigé 
des  gages  de  leur  bonne  foi,  avant  de  les  ad- 
mettre à  des  négociations  auxquelles  leur  téna- 
cité et  la  notoriété  de  leur  ambition  malveib» 
lante  ,  font  justement  soupçonner  qu  ils  ne  vou- 
laient prendre  part  que  pour  les  troubler.,  pour 
égarer  les  vues  des  négociateurs  ,  et  rendre  le»  . 
discussions    interminables. 

L'Europe  va  lire  ces  pièces;  elle  jugera  entr» 
la  France  et  l'Angleterre  ;  elle  dira  si  la  France  » 
voulu  négocier,  et  si  l'Angleterre  a  voulu  trom- 
per ;  si  la  France  ne  veut  pas  arriver  à  la  paix 
par  tous  les  sacrifices  qui  sont  compatibles  ave* 
sa  sûreté,  et  si  1  Angleterre  ne  veut  pas  conti- 
nuer la  guerire  par  tous  les  moyens  que  sot» 
isolation  lui  donne  ,  et  que  son  aniraosiié  lui 
suggère. 

Les  ministres  dans  leurs  discours  incidenteronl 
sur  des  détails  mal  présentés  dans  leurs  notes , 
et  sur  un  objet  auquel  ils  ont  Consacré  dan» 
leurs  instructions  au  capitaine  George  et  au  se- 
crétaire Hammond  ,  des  discussions  bien  su- 
perflues. 

Ils  appuieront  sur  le  reproche  auquel  ils  ont 
vûulu  donner  une  gravité  véritablement  puéril» 
dans  la  note  n".  36  ,  relativement  à  la  date  de 
la  trêve  maritime  proposée  ,  et  à  celle  de  U 
prétendue  ruptiire  de  l'armistice  dénoncé,  i'out 
cet  échafaudage  tombe  à  la  reflexion  simple  , 
que  la  dénonciation. d'un  armistice  n  est  pas  sa 
cessation  ,  mais  l'annonce  de  son  terme  a  une 
époque  détetminéc  ,  et  que  les  hostilités  lestant 
toujours  suspendues  jusqu'à  cette  époque  ,  il  n'y 
avait  ,  de  la  part  du  gouvernement  fiançais  , 
aucune  contradiction  dans  l'oftre  qu'il  fesaii  d  une 
trêve    maritime  ,    dont   l'acceptation     aurait    par 

le  [ah  ouuullc  la  dénonciaùon  reprochée. 

Enfin  ils  s'étendront  sur  la  nouveauté  de  la  pro- 
position de  larmistice  maritime  ,  qui  dans  les 
pièces  est  l'objet  de  longues  et  bien  frivoles  dis- 
sertations ,  qui  dans  les  papiers  anglais  est  le 
sujet  de  la  surprise  aflectée  des  journalistes  de 
l'administration  ,  en  même  tems  qu'elle  ieui  fournit 
l'occasiond'exprimerleur  admiralionsurla  sagacité 
diplomatique  qu'ils  trouvent  que  M.  Grenvilie ,  1^ 
capitaine  George  et  le  chevalier  Hammoud  ,  ont 
déployée  dans  cette  circonstance. 

Quelques  eSorts  de  pénétration  que  les  minis- 
tres' et  leurs  flatteurs  fassent  sur  ce  point  isolé  de 
la  discussion  ,  nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  ni. 
par  sa  nature  ni  par  son  objet,  susceptible  d  un,e 
telle  profussion  de  dialectique. 

Que  la  demande  d'une  trêve  maritime  soit 
inusitée  en  diplomatie  ,  c'est  ce  qu  il  est  inutile, 
d'examiner.  Si  l'on  eût  trouvé  nécessaire  de  fairej 
de  cette  remarque  des  ministres  anglais,  un  point 
de  controverse  ,  il  eût  été  facile  de  leur  rappeler 
plus  d  un  exemple  de  ces  sortes  de  trêves  ,  danj 
l'histoire  de  la  diplomatie.  En  170g  ,  les  ennemis 
de  la  Fiance  en  firent  eux-mêmes  l'offre  dans  ua 
projet  en  trente-sept  articles.  Larmistice  général 
est  1  objet  du  trente-septième  article.  En  17 10  ,  ce 
projet  fut  encore  mis  en  avant  ,  et  le  quatrième 
et  le  trente -septième  articles  furent  lefusés  par 
la  France- Eu  1711-,  la  France  er  l'Angleterre 
traitèrent  séparément  ;  et  les  alliés  de  l'Angleterre 
n'ayant  pas  voulu  accéder  aux  négociations  des 
deux  puissances  ,  elles  convinrent  d'une  suipen- 
ïion  d'armes  ,  qui  fut  signée  le  19  août  1712  ,  ea 
acte  isolé  de  trêve  maritime.  Et  qu'on  ne  pense 
pas  que  cette  trêve  fut  un  résultat  nécessaire  d'un 
rapprocheinent  absolu.  Ce  rapprochement  ne  s'o- 
péra qu'à  la  paix  de  I7i3.  Les  négociations  des 
trois  années  qui  précédèrent  furent  extrêmement 
actives  et  tiès  épineuses  entre  la  France  et  i'Aii- 
gleterre.  On  n'eut  lieu  de  croire  à  une  pacificaiion 
prochaine  ,  qu'à  l'époque  du  traité  préliminaire 
de  mars  I7i3  ,  dont  l'article  4  porte  textuelle- 
ment un  armistice  maritime  et  continental  ;  et 
les  deux  puissances  ne  furent  véritablement  paci- 
fiées, que  parle  traité  du  1 1  avril  suivant ,  qui  est 
connu  sous  le  nom  de  traité  d  Utrecht.  Enfin  la 
même  clause  se  retrouve  dans  les  t.égocixtioi4|> 
préliminaires  de  1727  ,    174861  1783. 

fit  qujiad  il  serait  vrai  que  la  demande  d'ua 


agi 


armistice  mariiime  sérail  sans  exemple  qu'en  pour- 
rail-on  conclure  ?  Dans  ccile  guerre  ,  et  dans  tout 
ce  qui  a  éié  tenté  pour  en  étendre  ,  pour  en  per- 
pétuer les  ravages  ,  tout  ii'esi-il  pas  inusi:é  ?  Est- 
ce  donc  une  chose  ordinaire  de  voir  la  Poric  et 
la  Russie  ,  les  états  barbaresques  et  l'Italie  ,  l'Au- 
triche et  l'Angleterre  ,  fairecause  commune  contre 
la  France  ,  de  voir  que  celle  guerre  continue  ,  et 
qu'après  huit  années  d  animosité  et  de  désastres  , 
les  membres  de  ceite  étrange  association  ne  sachent 
pas  encore  ce  qu  ils  veulent  de  la  France  ,  s'ils 
ont  U  projet  de  la  circonscrire  ,  s'ils  ont  perdu  le 
fol  espoir  de  la  démembrer  ,  s  ils  veulent  la  dé- 
primer en  l'épuisant  ,  la  dégrader  en  lui  donnant 
des  lois  ,  ou  s'ils  n'ambitionnent  que  de  mettre 
des  bornes  à  sa  prépondérance  ? 

Est-ce  une  chose  si  naturelle  de  voir  une  puis- 
sance qui  n'a  pas  un  seul  droit  ,  un  seul  intérêt 
à.  défenoire  sur  le  continent  en  aimes  .  recruter  et 
payer  les  armées ,  enflammer  les  cabinets  ,  exciter 
lés  princes  ,  pour  éterniser  sur  leur  territoire  des 
désastres  dont  sa  distance  et  son  isolation  la  pré- 
servent ?  Et  puisque  la  guerre  a  peu  de  risqaes 
pour  elle,  esi-iT  extraordinaire  que  quand  elle 
montre  quelque  désir  de  mettre  enfin  un  terme 
-à  tous  les  maux  que  ses  instigations  seules  pro- 
voquent ,  on  lui  demande  pour  gage  de  ses  dispo- 
sitions ,  l'assurance  qu'elle  restera  înoflFensive  au 
Riilleu  des  piéparatifs  qui  doivent  se  faire  de 
loules  parts  pour  arriver  à  la  paix  ? 

"Il  ne  faut  pas  examiner  si  la  demande  de  la 
France  est  nouvelle  ,  mais  si  le  principe  sur  lequel 
elle  est  fondée  est  nouveau.  Or  ^  ce  principe  se 
trouve  textuellement  dans  la  proposition  de  l'agent 
français  ,  n°  28  :  Si  le  roi  d  Angleterre  continue  de 
faire  cause  commune  avec  J' empereur  ,  il  doit  dans 
ce  cas  consentir  à  offrir  à  la  republique  française  , 
dans  une  trêve  maritime  ,  des  avantages  égaux  à  ceux 
quil  veut  qve  la  république  assure  à  C Autriche  dans 
l  armistice  continental. 

Dans  ce  principe, on  voit  la  réciprocité  des  obli- 
gations ressortir  désavantages  d'un  intérêt  com-  1 
roun.L'Angleierre  prend-elle  inléiêi  à  l'Autriche? 
veut-elle  procurer  à  son  alliée  le  bienfait  d'un  ar- 
mistice continental  ?  elle  peut  discuter  sur  le  de- 
-  gré  ,  sur  la  nature,  sur  les  formes  des  avantages 
que  la  France  est  en  droit  de  réclamer  d'elle  ;  mais 
elle  ne  peut  se  soustraire  à  la  légilimiié  de  ce 
dioit,  qu'en  renonçant  à  la  pan  d'avantages  qu'elle 
veut  retirer  des  concessions  faites  à  son  allié. 

Les  ministres  ont  feint  de  croire  que  la  propo- 
sition d'une  trêve  maritime  était  un  sujet  de  discus- 
sion toui-à-fait  nouveau  :  mais  ils  ont  biemôt 
prouvé  qu'ils  ne  croyaient  pas  que  celte  discus- 
sion fût  bien  épineuse  ;  car  ils  on  passé  toutà- 
coup  de  lexirêrne  surprise  qu  ils  avaient  d  abord 
affeciée  ,  à  la  facillié  de  réduire  eux-mêmes  la 
pioposiiion  en  projet,  d'en  léaliser  les  clauses 
dans  des  articles  distincts  et  exirëmement  prati- 
cables. Leur  contre-projet  ,  il  est  vrai,  était  illu- 
soire ;  mais  toute  décourageante  qu'en  éiait  l'ofiTre, 
elle  n'a  pas  éié  repoussée  ;  l'agent  français  a  été 
a,uiotisé  à  s'en  rapprocher ,  et  vers  la  fin  de  la  né- 
gociation ,  le  projet  français  et  le  contre-projet 
anglais  avaient  infiniment  perdu  de  leui  diiSem- 
blance. 

Dans  toutes  les  discussions  ,  ce  période  est  cri- 
tique et  sert  dépreuve  à  la  bonne  loi  des  parties: 
c'est  aussi  celui  que  les  ministres  anglais  ont  choisi 
pour  rompre  la  négocialion.  Dans  les  pièces  n"'. 
39  et  41  ,  louies  les  concessions  de  lagent  fran- 
çais semblent  donner  un  présage  assuré  d'un  rap- 
prochement prochain  ;  mais  dans  la  pièce  qui  suit 
immédiatement,  l'agent  anglais  exprime  un  refus 
concis  ;  et  dans  la  dernière  pièce  ,  n°.  47, il  signale 
d  une  manière  formelle  et  définitive  ,  la  rupture 
de  la  négociation. 

Je  ne  sais  pas  jusqu'à  quel  point  on  peut  statuer 
sur  l'exaciiiude  du  compte  que  le  chevalier  Ham- 
mond  a  rendu  de  sa  conversation  avec  le  citoyen 
Ollo  ;  mais  il  paraîtrait,  d'après  ce  compie  ,  que 
le  seul  obstacle  au  rapprochement  était  un  iniérêt 
de  sentiment  qui  lésait  désirer  à  la  France  la  faci- 
lité de  porter  un  médiocre  renfoit  et  un  léger  se- 
cours d'amies  à  l'armée  d'Egypte. 

Quand  on  connaît  la  situation  tout-à-faii  inat- 
taquable de  celte  aimée  ;  quand  on  sait  combien 
peu  les  forces  de  ses  ennemis  sont  cajiables  de 
lui  nuire ,  on  s'élonne  que  les  minisires  anglais, 
dans  la  publication  qu  ils  viennent  de  faire  des 
pièces  de  celle  négocialion  ,  aient  assez  peu  en- 
tendu les  intéiêts  de  la  renommée  pacifique  qu'ils 
veulent  se  donner  ,  pour  montrer  clairement  à 
toute  1  Europe  ,  qu'ils  ne  voulaient  pas  négocier  , 
parce  qu'is  ne  voulaient  p  iS    que    la   France  ptil 

Î)orter  en  Egypte  dix  mille  fusils  et  douze  cenis 
lommc»  ,  et  (ju'ils  ont  mieux  aimé  que  l'Autriche 
perdit  trois  places  ,  et  négociât  séparément  ,  que 
tle  laisser  arriver  à  l'armée  française  un  secours 
dont  il  est  aujourd  hui  démontré  qu  elle  n'a  aucun 
^besoin  ,  soit  pour  repousser  1  aliai]ue  impuissante 
des  turcs ,  soit  pour  déjouer  les  intrigues  de  leur 
allié. 

Tout  ce  (|ue  I  Egypte  a  fait  dire  et  fait  faire  au 
wiiiisleie  anglais  ,  depuis  la  fameuse  expédition 
de  l'ail  6  ,  ne  peut  se  concevoir.  Le  sujet  de  la 
/upiutc  de  lit  convention  delAcisch  «er^ttouvc 


dans  le  recueil  des  pièces  aulheniiques  ,  satis 
qu'on  appcrçoive  par  quel  rapport  il  peut  se  lier 
avec  l'objet  de  la  négocialion.  Ou  voit  à  l.i  suiie 
de  la  correspondance  de  Londres ,  une  piéieiiuue 
correspondance  auihentique  d  Egypte  ,  qui  ,  sans 
doute  ,  ne  peut  jeier  aucune  lumière  sui  la  dis- 
cussion d'un  armislice  de  mer.  Mais  le  but  de 
cette  insenion  est  de  prouver  que  la  converiiion 
n'a  pas  élé  rompue  par  l'Angleterre  ,  cl  quil  a 
éié  violé  par  la  France.  On  a  de  la  peine  à  com- 
prendre comment  les  ministres  du  roi  d  Angle- 
terre ont  pu  se  flatter  qu  ils  se  disculpeiaient  d  une 
des  plus  irrécusables  accusations  qui  aient  jamais 
élé  portées  contre  la  mauvaise  foi  d'un  gouver- 
nement. 

Dans  le  cours  de  la  guerre  actuelle  ,  et  dans  le 
cours  de  loules  les  guerres ,  il  est  ariivé  aux  An- 
glais de  se  trouver  souvent,  par  queltiues-unés 
de  ces  violdiioiis  de  tomes  les  lois  et  de  louies  les 
bienséances,  qu'eux  seuls  se  pcimeltent,  exposés 
à  la  censure  ,  aux  reproches  et  à  lindignaiion  de 
tous  les  peuples.  Pçut-êtie  est-il  dans  la  nature, 
quand  on  est  dans  une  telle  posilion  ,  ei  qu'on 
ne  peut  trouver  hors  de  soi  ni  défense  ni  excuse, 
de  faire  face  à  l'orage  ,  d'affecter  autant  d'audace 
qu'on  devrait  ressentir  de  honte  ,  de  récriminer 
enfin,  et  d'ajouter  ainsi  l'offense  des  calomnies  à 
celles  qu'on  ne  veut  ni  réparer  ni  reconnaiiie. 

Je  citerai  deux  exemples  qui  ,  dans  ce  genre, 
présentent,  s'ilesipossible,  un  caractère  plus  décisif 
d'eflronterie  poliMijue  ,  que  l'accusauon  repro- 
duite aujourd  hui  dans  la  copie  des  pièces  authen- 
tiques. 

Toute  l'Europe  a  su  l'attentat  commis  par  la 
marine  anglaise  sur  le  pavillon  danois  ,  ei  la  pro- 
teciiôu  éclôiarjle  que  le  minisiere  a  osé  donner  à 
cette  violation  des  droits  de  la  neutr.diié.  Toute 
l'Europe  a  su  1  abominable  ten:ative  que  1  escadre 
anglaise  a  faite  ,sur  Cadix,  au  roomciu  ot'i  un  fléau 
destructeur  fesaii  périr  le  tiers  de  la  population 
de  cette  ville  infortunée;  eh  bien  !  iiuon  lise  les 
pièces  imprimées,  soit  en  ju-^iification  ,  soit  en 
explication  de  ces  actes,  dont  l'un  est  réprouvé 
par  les  lois  de  la  politique  ,  et  l'autre  par  celles 
de  la  morale  ;  on  y  verra  cjue  la  France  ,  qui  certes 
n'a  rien  à  faire'dans  un  débat  entre  une  liégate 
angl.iise  et  une  frégate  danoise  ,  eiiire  une  escadre 
anglaise  et  une  ville  espagnole  désolée  par  la  pes- 
te ,  que  la  France,  dis-je  ,  est  citée,  injuriée  ,  dif- 
famée ,  par  qui  ?  par  des  hommes  que  le  droit 
public,  que  les  droits  du  génie  humain  placent 
comme  accusés  ,  comme  convaincus,  eiipiésence 
de  l'opinion  publiijue.  Ils  sont  là  à  la  face  de  1  Eu- 
rope pour  répondre  d'une  insulte  laite  au  droit 
des  gens,  d'un  outrage  fait  à  l'humanité  ;  et  quand 
ils  devraient  s'excuser,  ils  dénoncent;  ei  quand 
ils  devraient  s  humilier ,  ils  invectivent. 


Nous  n'étendrons  pas  plus  loin  celte  discussion 
accssoir;  nous  1  aurions  même  ciu  éirangere  à 
1  objet  de  cet  averiissement ,  si  elle  ne  tenait  à 
des  souvenirs  très  lécens  ,  et  à  des  questions 
qui  peuvent  se  reproduire.  Nous  reconnaissons 
avec  plaisir  que  les  foimes  sons  lesquelles  le  mi- 
nistère anglais  s'est  raon.ie  dans  les  pièces  que 
nous  traduisons  ,  et  ddiis  ses  discours  au  parle- 
ment ,  semblent  indiquer  qu'il  a  quelqu'envie 
de  se  rapprocher  3e  ce  système  de  sociabilité 
politique  ,  qui  établit  entre  les  agcns  publics  des 
nations  ,  des  reg'es  de  bienséance  ,  et  des  ma- 
xmes  de  d^oit  dont  il  esl  aussi  mal-habile  qu'in- 
juste de  s'écarter.  Peut-éirc  en  v:endra-i-il  enfin 
à  craindre  que  le  despotisme  des  mesures  n'excite 
contre  sa  nation  une  animosiié  plus  dangereuse, 
parce  qu'elle  est  plus  générale  et  plus  duiable  , 
que  celle  que  provoque  toujours  l'arrogance  des 
procèdes. 

No ui  voyons  avec  plaisir  encore  que  dans  les  dé- 
bals parlenrenuircs  ,  les  hommes  qui  ont  conservé 
quelque  indépendance  d'cspril  ,  n'ont  pas  bcs'oin 
de  dite  aux  ministres  que  la  France  existe  ,  qu'elle 
est  une  grande  et  puissante  n.nion  ;  ils  paraissent 
l'avoir  seriii  ,  et  en  convenir.  La  France  de  l'an  8 
semble  avoir  dessillé  leurs  yeux  fascinés.  Ils  ont 
vu  ses  armées  triompher  au-delà  des  fleuves  ,  au- 
delà  des  montagnes  ,  l'Itaiie  reconquise  ,  l'Alle- 
magne redevenue  le  grenier  miliiaiie  des  troupes 
lépublicaiiies  ,  1  administration  française  débar- 
rassée de  ses  entiaves,  délivrée  de  ses  dilapida- 
teurs  ,  en  avant  des  charges  de  son  service  ,  les 
factions  dissipées  ,  le  feu  des  discordes  éceint  , 
toui  les  coeurs  unis  ,  les  autorités  marchant  sans 
défiance  et  sans  jalalousie  dans  les  lignes  consti- 
tutionnelles ,  tous  les  espnis  attachés  par  la  con- 
fiance à  un  gouvernement  juste  ,  lt)Uics  les  voix 
proclamant  la  gloire  qu  un  héios  de  la  France  ho- 
nore cl  chérit  ,  parce  que,  sensible  autant  que 
fiere  ,  elle  est  satisfaite  et  g  orieuse  de  trouver 
en  lui  le  magistrat  el  le  guet ricr  qu'elle  peut  pré- 
senter avec  une  égale  confiance  à  ses  amis  et  à 
ses  ennemis. 

Tels  sont  les  changeraens  heureux  qu'une  an- 
née de  conccKde  el  de  gloire  sans  mélange  a 
opérés  parmi  nous.  Les  ennemis  de  la  France  en 
ont  été  frappés  ,  el  un  des  ministres  anglais  ,  celui 
même  qui  ,  l'année  dernière  ,  s  était  si  impru- 
demment et  si  publiquement  abandonné  à  loules 
Ui  inspiraùous  de  sa  haine  conuc  le  gouv.et'ii*- 


ment  françiis  ,  a  reconnu  que  les  fvenenicns  ne 
l'an  8  l'avaient  déirompé.  Les  lormcs  de  et 
aveu  tiennent  encore,  il  est  vrai  .  du  seniiment 
de  sa  malveillance  ;  mais  quand  la  malveillance 
s'éclaiie  cl  se  réduii-elle-même  à  dénaturer  les 
éloges  (pi'elle  est  obligée  de  donner  ,  elle  n'est 
plus    (ju'uiie  inipuissanie  jalousie. 

Nous  observerons  encore  ,  en  finissant,  que 
si  les  ministres  anglais  mimirent  ,  par  queltjue» 
formes  de  leur  discours  ,  qu'ils  ne  sauraient  en- 
tièrement revenir  el  se  lenir  avec  consiaiice  aux. 
règles  universellement  admises  des  bieiwéance» 
politiques  ,  on  peut  leur  dire  qu'ils  s'en  sont  re- 
marquablement écaiiès,  en  donnant  de  la  publi- 
cité à  des  pièces  diplomatiques  ,  que  ,  dans  tous 
les  tems  ;,  les  gouvernemens  se  sont  accordés  à 
laisser  jusqu'à  la  paix  ,  sous  une  sauve-garde  in- 
violable  de  dignité  et  de  réserve. 

Le  comité  de  salut  public  se  pcmetiait  aussi 
de  tout  publier.  Mais  que  ne  dTreni  pas  alors  •tous 
les  gouvernemens  de  1  Europe?  Çhieme  dit  pas- 
alors  le  gouvernement  anglais  ?  et  c  est  pour  cela 
même  que  nous  croyons  pouvoir  faire  observer 
que  les  minisires  anglais  ,  par  une  suite  du  sys- 
tème de  violence  dans  lequel  ils  persisieni  ,  ne 
s'appetçoivent  pas  qu'ils  rétrogradent  et  font  ré- 
trograder sans  cesse  leur  pays  vers  les  principe* 
dont,  par  des  causes  opposées,  la  France  s  é- 
loigne  sans  cesse.  Ces  appels  au  peuplé  sur  des 
objets  dont  le  peuple  ne  veut  et  ne  peut  pas  dé- 
cider ;  ces  mesures  prohibitives  qui  surveillent 
avec  tant  de  sévérité  l'iniioduciion  en  Angle- 
terre des  étrangers  ,  de  Icuis  journaux  ,  de  leur» 
pamphlets,  cerle  crainte  de  doniier  des  sauve- 
gardes etjusrpt'à  des  passc-^joiis  inuitlcrcitni  de- 
mandés dipuis  quaire  mois,  pour  quchjnes  sa- 
vans  malades  en  Egypte,  les  discnisions  enfin 
dans  les  cltibs,  dans  les  séances  municipales  , 
dans  le  parlemeni  même  sur  le  muxitnuîn  ,  rap- 
pellent 1  Eu. ope  à  l'esprit  qui  régnait  en  Fiance  , 
^ux  années  désastreuses  dont  ,  parmi  nous,  le 
gouvernement  français  n'a  plus  laissé  subsister 
que  le  souvenir. 

Le  contraste  des  principes  devient  ensuite  plu? 
sensible  par  la  différence  des  résultai-.  Touii 
I  Europe  croit  que  la  France  veut  la  paix  ;  tome 
l'Europe  croit  que  l'Angleterre  veut  la  guerre.  La 
France  est  unie  paj;  la  confiance  à  son  gouverne- 
ment ;  l'Angleterre  est  unie  à  son  gouvernement 
par  la  crainte.  L'abondance  règne  en  France  ;  la 
disette  désole  l'Angleterre.  Enfin  uri  dernier  trait 
plus  twarquantque  tous  ceux  qui  piécedent,  c  est 
que  le  système  monétaire  de  la  France  se  relevé  , 
se  ravive  piogiessi vement  ;  landis  que  l'argent  , 
tous  les  jours  plus  rare  en  Angleterre,  tous  les. 
jours  de  plus  en  plus  hors  de  proportion  avec  les 
papiers  de  crédit  ,  menace  le  pays  le. plu-:  nclie-  et 
le  plus. industrieux  de  l'univers  ,  d  un  fléau  qui 
iraine  toiries  les  calamités  a  sa  sunc.  Tous  le» 
canaux  de  l.j  circuiaiion  sont  obstrues  de  pj]>iers. 
Ce  symptôme  funeste,,  dont  la  reserve  même  des 
ennemis  de  i  adminisiraiion  seilà  fjiie  connaître 
la  gravité  ,  est  en  soi  uir  mal  si  effrayant  ,  i;ue 
l'opposition  n'ose  en  faire  un  sujet  de  loproches 
aux  ministres.  Elle  craint  en  le.-,  discré-lnaulsur 
de  tels  motits,  de  répandre  panout  des  alarmef 
trop  fondées  ,  de  porter  un  coup  mott»^l  à  I  in- 
dustrie ,  d'ébranler  enfin  les  bases  d'un  gouver- 
nemeni  dont  elle  ne  veut  que  surveiller  les, écarts 
et  redresser  les  fautes.  Aucune  yoix  en  Angleterre 
ne  s'élève  pour  signaler  cet  encombrement  qui 
imprime  au  signe  jusqu'à  présent  le  plus  respec  é 
des  valeurs  ,  le  sceau  déshonoré  de  billets  non 
échangeables  à  vue  ,  aucune  voix  ne  s'eleve  pour 
dire  que  c'est  uniquement  à  celte  dépieciaiion  des, 
billets  de  banque  ,  et  non  pjs  à  l'inîufïîsance.des 
lécolies,  que  l'  diseiie  doit  eue  aitribnée.  Mais, 
ce  srlence  véritablement  pairioiitjue  est  "n  signe 
d'effroi  ,  en  mêiric  lems  quil  prouve  aux  nations., 
étrangères  ,  qu  en  Angleterre  les  ministres  du  toi' 
sont  les  seuls  hommes  qui  sacrifient  toui  .à  leurs 
passions,  ijuand  ceux  qu'ils  tega.dent  cotnni.e 
leurs  ennemis ,  et  qui  ne  sont  ennemis  que  Me 
leurs  mesures  ,  savent  sacrifier  leurs  passions  au. 
bien  public. 

(  Les'-  pièces  seront  insérées  dans    le   prochain' 
numéro':--) 


C  O  R  P  S  -  L  É  G  I  S  L  A  T  I  F. 

Présidence  de  Chatry-Lafosse. 
SEANCE   DU     l3    FRIMAIRE. 

Deux  orateurs  du  gouvernement  viennent  pré- 
senter un  projet  de  loi  concernant  l'acquisiiion 
des  bâlimens  du  ci-devant  évêché  d'Avrauclies  , 
pour  y  éiablir  le  tributial  civil  du  dépariemeni  de 
fa  Manche. 

L'ordre  du  jour  appelTe  ensuite  la  disrzussipn  du 
projet  relatif  à  l'organisation  des  archives  naiio- 
iiales. 

Portiez  ,  de  l'Oise ,  au  nom  du  tribunal  :  Citoyen» 
légisUieurs  :  Les  dispositions  législatives  piises  par 
l'Assemblée  constituante  ,  étaienl  éparses,  lorsque. 
en  l'an  a,  parut  la  loi  du  7  messidor  qui  les  léu- 
«ii  ç»  «n  lit  un  code.    Cette  liw  lui  l'ouvrage  de 


Baudin  des  Ardennes  :  elle  était  digne  ,  à  beau- 
coup d'égards,  de  cet  excellent  esprit.  (L'orateur 
rappelle  les  principales  dispositions  de  celte  loi.) 

On  ne  voit  pas  que  dans  les  dispositions  dû  pro- 
jet il  s'agisse  ni  des  types  de  nos  monnaies  ,  ni  cies 
étalons  des  poids  et  mesures ,  ni  des  sceaux  de  la 
République  .  ni  du  tiire  général  tant  de  la  lortune 
4ue  de  la  dette  publique  ,  ni  des  traités  avec  les 
nations  étrangères.  On  y  parle, à  la  vérité,  des  pro- 
priétés nationales  ;  mais  il  n'y  est  pas  question  de 
celles  situées  en  pays  étranger.  En  un  mot ,  on  se 
demande  quelle  autorité  doit  être  dépositaire  d'ob- 
jet» aussi  imporlans. 

L'orateur  critique  égalemeiit  les  articles  suivans , 
dans  lesquels  il  -trouve  ou  des  expressions  im- 
propres ,  ou  des  dispositions  contraires  aux  lois 
constitutionnelles  :"  celle  qui  concerne  les  listes 
d'éligibles  lui  paraît  être  de  ce  nombre.  Ces  listes, 
dit-it,  doivent  être  envoyées  directement  au  sénat- 
conservateur  :  lui  seul  dok  en  posséder  l'original. 
Comment  doiic  concevoir  un  dépôt  ordonné  par 
le  gouvernement ,  d'une  liste  qu'il  n'a  pas  et  ne 
doit  pas  avoir. 

Enfin  ,  l'orateur  fait  remarquer  que  ,  d'après  le 
projet,  le  corps-législaljf  et  le  tribunal,  dont  les 
minutes  sont  déposées  aux  archives ,  ne  concou- 
raient pas  à  la  nomination  de  l'archiviste  ,  tandis 
qu'elle  serait  faite  et  consommée  par  le  premier 
consul  ,  dont  les  actes  seraient  seulement  déposés 
par  expédition. 

Porriez  termine  par  exprimer  le  vœu  de  voir 
des  codes  simples  et  clairs  succéder  au  chaos  de 
l'ancienne  législation.  Si  le  vœu  que  nous  for- 
mons ,  ajoute-t-il ,  a  été  juste  dans  tous  les  tems , 
c'est  sur-tout  au  commencement  d'une  nouvelle 
session  qu'il  est  utile  d'en  renouveller  l'expression. 
Législateurs  ,  organes  du  tribunal  ,  nous  avons 
mis  sous  vos  yeux  les  motifs  qui  ont  déterminé 
son  vœu  de  rejet  ;  mais  c'est  à  votre  sagesse  à  en 
apprécier  la  gravité  et  l'importance, 

ïiegnaud  ,  de  Sainl-Jean-d' Angely.  Citoyens  lé- 
gislaieurs ,  l'acte  constitutionnel  a  posé  les  prin- 
cipes et  déteirainé  les  bases  générales  auxquelles 
doivent  se  rapporter  toutes  les  lois  ainsi  que  les 
mesures  administratives  nécessaires  pour  des  cas 
qu'elle  n'a  point  prévus. 

Le  nouvel  ordre  de  choses  qui  a  été  établi 
ayant  apporté  des  changement  dans  le  système 
général  du  gouvernement  nécessite  par  la  même 
raison  des  modification»  dan»  les  insdlutions  par- 
ticulières. 

Celles  des  archives  nationales  a  dû  éveiller  la 
sollicitude  du  gouvernement  ;  il  a  dû  chercher 
à  donner  à  cet  établissement  un  ordre  fixe,  ré- 
gulier et  conformé  aux  nouveaux  principes. 

Chargé  de  défendre  le  projet  soumis  à  votre 
délibération,  je  vous  présenterai  l'analyse  des  faits, 
des  lois  ,  des  actes  relatifs  à  l'existence^des  ar- 
chives nationales  ,  j'examinerai  si  le  projet,  tel 
qu'il  est ,  a  besoin  en  effet  qu'il  y  soit  ajouré  dès 
dispositions  nouvelles;  et  en  supposant  qu'il  pa- 
raisse incomplet  ,  si  vous  ne  pouvez  pas  néan- 
moins l'approuver  en  attendant  que  l'on  vous 
soumette  les  nouvelles  dispositions  qu'on  aiara 
jugées  nécessaires.  (  Il  s'élève  quelques  mur- 
mures. ) 

L'orateur  remonte  à  l'origine  de  l'établissement 
des  archives  nationales  ,  au  mois  dejuillet  1789. 
Alors  ,  dit-il ,  le  pouvoir  exécutif  étant  en  oppo- 
sition ,  en  guerre  ouverte  avec  les  représentans 
de  la  nation  ,  il  était  import'atit  de  mettre  hors 
de  ses  atteintes  des  actes  qu'il  aurait  pu  sous- 
traire pour  ses  propres  intérêts.  Les  archives 
subsistèrent  d'abord  sans  organisation  formelle  ; 
t!e  ne  lut  qu'au  lîaois  de  septembre  qu'une  loi 
détermina  la  nature  des  actes  qui  y  seraient  dé- 
posés ,  créa  un  archiviste  ,  régla  ses  attribu- 
tions ,  etc.  La  convention  nationale  les  élertdit 
dans  la  suite  ,  ajouta  de  nouveaux  objets  à  la 
nomenclature  de  ceux  qui  entraient  dans  ce  dépôt 
et  reconnut  la  nécessité  de  le  centraliser  ,  en 
l'établissant  au  sein  de  la  convention  nationale 
fUe-même.  Le  rapport  du  représentant  qui  pro- 
voqua cette  centralisation  ,  Contenait  ces  paroles 
remarquables  :  Dans  la  république  une  et  indi-  ■ 
visible  ,  il  y  a  multiplicité  d'administrations  et  unité 
de  gouvernement.  En ,  effet  ,  la  convention  qui 
réunissait  tous-  les  pouvoirs  ,  faisait  les  lois  ,  les 
téglemens  et  les  mettait  à  exécution  ,  crut  devoir 
«tablir  près  d'elle  un  vaste  secrétariat  de  gouver- 
nement, un  immense  dépôt  nécessaire  à  la  force  , 
à  la  rapidité  de  ses  opéranons  ,  comme  corps 
de  gouvernement  et  d  administration  générale. 
Ce  dépôt  réunissait  des  archives  de  toute  espèce  , 
ce  système  fut  modifié  par  un  acte  législatif  du 
mois  de  fructidor  an  3.  Cet  acte  porte  qu'il  sera 
établi  des  archives  près  le  corps-législatif,  qu'elles 
eeront  communes  aux  deux  conseils  .  que  le 
tceau  sera  confié  à  l'archiviste  ;  mais  dans  l'ar- 
ticle XVII  de  cette  loi ,  il  est  stipulé  que  le 
directoire  ne  pourra  ordonner  le  dépôt  d'aucun 
acte  aux  archives  ,  d'oii  le  gouvernement  a 
conclu  qu'elles  avaient  été  établies  pour  le  corps- 
législatif  seulement;  qu'elles  n'étaient  ouveites 
ni  au  directoire  exécutif,  ni  à  aucun  autre  auto- 
rité ;  enfin  ,  qu'elles  n'étaient  point  les  archives 
nationales  générales.  Les  faits  sont  venus  à  l'appui 
ds  son  opinion ,  car  il  est  certain  que  le  direc- 


toire n  a  jamais  rien   déposé  aux  archives  ,  pas 
même  les    lois  proclamées  par  lui. 

Ici  l'orateur  répond  à  l'objection  relative  au  dé- 
pôt du  type  i\t?.  monnaies,  des  étalons  des  poids 
et  mesures.  Le  décret  de  vendémiaire  an  4 ,  dit-il , 
n'ayant  rien  ordonné  sur  ces  objets,  lesJois  anté- 
rieures ont  dû  être  censées  abrogées  à  cet  égard  , 
comme  plusieurs  autres.  La  loi  du  28  fructidor 
an  3  contenait  des  dispositions  devenues  inexécu- 
tables. Qiie  devait  faire  le  gouvernement  ?  Nu  K'.1- 
lait-il  pas  changer  l'inslilution  afin  de  la  coordon- 
ner ou  régime  nouveau  ,  réuniraux  actes  des  corps 
délibérans,  les  actes  mémorables  de  l'administra- 
tion générale  de  la  république? 

Le  directoire  élait  ciranger  à  la  formation  de  la 
loi.  Le  gouvernement  actuel  ayant  l'initiative  des 
lois  au  nombre  de  ses  attributions  ,  a  dû  chercher 
à  établir  dans  la  circonstance  qui  nous  occupe  , 
les  liens  qui  l'unissent  aux  difiérentes  branches  de 
l'autorité  îégijlative,  à  les  resserrer  en  veillant  à  la 
conservation^  d'actes  qui  leur  sont  communs  ,  en 
réglant  par  la  loi  qu'il  vous  propose  ,  l'organisa- 
tion définitive  du  dépôt  qui  doit  les  contenir. 

Il  était  convenable"  d'en  séparer  les  archives 
judiciaires  et  domaniales  ,  ainsi  que  les  dépôts 
ouverts  aux  recherches  des  savans  laborieux.  L'ar- 
ticle \".  du  projet  est  donc  exempt  de  reproche. 
Le  second  paragraphe  de  l'article  II  n'est  pas  plus 
attaquable.  S'il  porte  qu'il  sera  déposé  auxarchives 
seulement  une  e>ipédition  des  arrêtés  et  réglemens 
d'administration  publique,  il  faut  considérer  que 
le  double  des  actes  par  lesquels  le  gouvernement 
prépare  les  traités  ,  ressere  les  alliances  ,  organise 
la  vicioire  ,  et  négocie  la  paix  ,  ne  pourraient  sans 
inconvénient  ,  être  déposés  ailleurs  qu'au  secré- 
tariat des  consuls  ;  et  l'observation  faite  que  ce 
paragraphe  consacre  les  fonctions  de  secrétaires- 
général  des  consuls  que  la  loi  n'a  point  établies  , 
est  d'autant  moi^^s  fondée ,  que  la  légalité  de  celles 
de  secrétaire  d'état  n'a  poiet  été  contestées.  Ces 
fonctions  n'émaneni  d'aucune  loi  ,  quoique  le 
contre-seing  du  secrétaire  d'état  ait  pour  objet 
de  donner  aux  actes  du  gouvernement  le  dernier 
caractère  d'authenticité. 

L'orateur  justifie  l'article  III,  en  exposant  que 
les  listes  des  citoyens  éligibles  ,  adressés  au  sénat 
conservateur  ,  conformément  à  la  constitution  , 
doivent  être  aussi  remises  entre  les  mains  du  gou- 
vernement pour  guider  ses  choix  dans  les  nomi- 
nations qui  lui  sont  attribuées.  Le  gouvernement , 
dit-il  ,  ne  doit-il  pas  veiller  à  la  confection  de  ces 
litres  ?  La  difficulté  élevée  sur  le  mot  de  renouvelle- 
ment n'en  est  point  une  :  noo-sealement  ces  listes 
auront  besoin  d  être  complettées  ,  mais  il  y  aura 
aussi  des  suppessions  ;  de  là  le  besoin  d'un  renou- 
vellement. Un  article  de  la  constitution  de  l'an  3  , 
ne  portait-il  pas  que  les  deux  conseils  législatifs 
seraient  renouvelles  tous  les  ans  par  tiers?  l'expres- 
sion attaquée  doit  donc  s'entendre  d'un  renouvel- 
lement partiel  et  non  d'un  renouvellement  absolu. 
Alors  la  difficulté  s'évanouit.  Chargé  de  défendre 
devant  vous  les  dispositions  du  projet  de  loi.  Mon 
devoir  n'est  point  de  répondre  aux  reproches 
d'insconstitutionnaliié  qu'on  a  pu  leur  faire.  C'est 
devant  le  sénat  conservatetir  que  cette  question 
doit  être  portée. 

Mais  j'employerai  les  paroles  d'un  des  membres 
du  tribunal,  concernant  la  bonne  intelligence 
qui  doit  régner  entre  les  différentes  autorités. 
Comme  lui  ,  j'écarterai  celte  quesdon  :  La  pos- 
sibilité de  jalousie  de  pouvoir.  La  plus  parfaite 
harn'ionie  subsistera  toujours  pour  le  maintien  de 
la  liberté  ,  elle  subsistera  pour  la  jouissance  des 
vrais  républicains,  et  le  désespoir  des  cabinets 
jaloux  de  la  prospérité  et  de  la  gloire  de  la  France  : 
elle  subsistera  parce  que  l'usurpation  est  le  par- 
tage de  la  faiblesse  ,  et  que  le  gouvernement  ne 
peut  porter  atteinte  aux  droits  du  peuple  ,  sans 
détruire  sa  propre  autorité. 

Ici,  l'orateur  passe  à  l'examen  d'une  question 
nouvelle  ;  une  loule  d'objets  administratifs  ,  qui 
exigeaient  le  concours  et  la  décision  de  l'autorité 
législative  ,  sont  devenus  sous  le  régime  actuel 
purement  réglementaires.  Les  armées  étaient  or- 
ganisées par  des  lois  \  depuis  la  constitution  de 
l'an  8 ,  elles  le  sont  par  des  réglemens  d^dmi- 
iiistra:tion  publique,  par  des  arrêtés  du  gouverne- 
ment. 

L'administration  du  trésor  national  était  sous  la 
surveillance  immédiate  du  corps  -  législatif  ;  au- 
jourd'hui le  trésor  public  et  son  administration 
ont  été  organisés  par  le  gouvernement. 

Le  trésor  public  est-il  donc  on.  établissement 
moins  précieux  que  les  archives  nationales  ?  Et 
quand  on  a  confié  à  la  surveillance  ,  à  l'autorité  du 
gouvernement ,  cette  branche  si  importante  de 
rintérêt  national ,  ne  peut-on  pas  lui  attribuer  l'or- 
ganisation proposée  dans  le  projet  qui  vous  est 
soumis  ?  Lorsqu'il  y  a  parité  de  droit ,  il  -me 
semble  que   l'on  peut  adopter  le  même  parti. 

Je  n'ajoute  qu'un  mot.  Laloifùt-elle  insuffisante, 
aurait-elle  besoin  de  quelques  dispositions  sup- 
plétives, vous  pouvez  toujours  l'adopter.  Le  gou- 
vernement réunit  avec  soin  toutes  les  idées  utiles  , 
les  pensées  fécondes  que  lui  transmet  l'opinion 
publique  :  celles  que  lui  aura  fournies  le  tribunal 
ne  seront  point  infructueuses. 

Le  projet  est  bon  en  soi  ,  important  dans  son 
objet  ',  il  est  conforme  aux  principe*  et  dans  «on 


ensemble  et  dans  ses  détails  :  je  persiste  à  vous  le 
soumettre  comme  le  vœu  du  gouvernement. 

Jubé  ,  orateur  du  tribunal,  succède  à  Regnaud 
de  St.  Jean-d'Angely.  Le  discours  qu'il  prononce 
est  absolument  le  même  que  celui  qu'il  a  déjà  lu 
au  tribunal  dans  la  séance  du  11.  Il  ajoute  seule- 
ment les  réflexions  suivantes ,  nées  de  la  discus- 
sion. 

Nous  devons ,  dit-il  ,  répondre  à  l'appel  d'har- 
monie qui  nous  est  fait  par  l'orateur  du  gouver- 
nement. Il  ne  peut  ignorer  que  les  disseniimens, 
dans  les  discussions  importantes  qui  nous  occu- 
pent, sont  des  combats  civiques  excités  par  une 
mutuelle  émulation  pour  le  bien  ,  dans  la  cause 
la  plus  sacrée  ,  celle  qui  appartenant  à  la  législa- 
tion que  nous  devons  établir,  tient  de  si  près  à 
la  prospérité  de  lEtat  et  au  bonheur  de  nos  con- 
citoyens. L  orateur  termine  en  insistant  sur  le  vœu 
de  rejet  émis  par  le  tribunal. 

Laloi.  Je  ne  suivrai  pas  l'orateur  du  gouver- 
nement dans  les  détails  auxquels  il  s'est  livré. 
Cette  discussion  ne  doit  avoir  d'autre  effiet  que 
celui  de  nous  réunir  sur  les  vrais  principes  de  la 
constestation. 

Vous  avez, dû  remarquer  comme  moi  que  si 
la  législation  ancienne  ,  relative  aux  archives , 
devait  éprouver  quelque  changement,  ce  n'ëtaif 
pas  parce  que  les  lois  étaient  mauvaises  et  dan- 
gereuses ,  c'était  parce  que  quelques  lois  ne  se 
trouvaient  plus  en  harmonie  avec  la  constitution 
actuelle.  Etait-ce  une  raison  de  les  abroger?  II 
fallait  conserver  ce  qui  était  bon  ,  en  le  co- 
ordonnant avec  la  constitution.  Mais  on  substitue 
à  des  lois  bonnes  et  complettes  un  projet  fn- 
complet,  moins  en  harmonie  avec  la  constitu- 
tion que  la  loi  précédente  ,  offrant  moins  de 
garantie  ,  laissant  un  vaste  champ  à  l'arbitraire, 
ile  tribunal  ne  pouvait  voter  l'adoption  de  c« 
projet. 

En  l'adoptant  ,  citoyens  législateurs  ,  vou» 
porteriez  une  loi  inutile  ,  incomplette  ,  incons- 
titutionnelle. Il  faudrait  la  faire  marcher  de  front 
avec  l'arrêté  du  8  praiiial  auquel  le  gouverne- 
ment est  forcé  de  l'accoler  pour  sauver  le  re- 
proche d'imperfection  et  d'insuffisance,  et  pour 
cela  il  faudrait  légaliser  un  arrêté  qui  ne 
peut  avoir  force  de  loi  ,  ce  serait  vous  des- 
saisir du  plus  beau  de  vos  droits  ,  celui  de  faire 
la  loi.  Or  ,  l'objet  qui  nous  occupe  appartient 
exclusivement  à  la  législation  ;  il  ne  peut  être 
organisé  que  par  une  loi. 

Vainement,  dirait-on  ,  que  les  dispositions  ul- 
térieures peuvent  remplir  les  lacunes  que  l'expé- 
rience découvrait  ;  cet  argument  n'est  pas  soute- 
nable.  Je  vous  rejetterais  dans  un  dédale  de  lois, 
tandis  que  nous  voulons  simplifier  la  législation. 
Le  tribunal  cherchait  dans  le  projet,  la  raison 
d'utilité ,  de  nécessité  publique  qui  l'ont  fait  éclore  , 
il  ne  les  a  pas  rencontrées. 

Il  cherchait  d  ns  l'exposition  des  motifs  les  rai- 
sons qui  ont  guidé  le  gouvernement  dans  sa  pro- 
position ,  il  n'y  a  trouvé  que  le  récit  des  opéra- 
tions qui  ont  décidé  la  législation  ancienne  ,  et 
rien  qui  prouvât  qu'elle  n'était  pas  compleile. 

Je  termine  par  cette  réflexion  :  quand  dans  le 
système  même  du  gouvernement  ,  on  a  détruit 
toute  la  législation  relative  à  un  objet  important, 
qui  rie  peut  se  maintenir  sans  lois,  si  l'on  veut 
l'organiser  par  des  lois  nouvelles  ,  et  le  rattacher 
à  la  constitution  ou  le  mettre  en  harmonie  avec 
le  nouvel  ordre  de  choses  qu'elle  a  établi  ,  il  faut 
présenter  une  législation  ou  plus  compleile  ou 
meilleure  que  l'ancienne  ,  il  faut  ne  rien  aban- 
donner à  l'arbitraire;  il  faut  plus  encore,  il  faut, 
dans  l'exposition  des  motifs,  développer  la  néces- 
sité des  changemens  ,  l'inutilité  de  l'ancienne, 
1  utilité  de  la  nouvelle  ,  et  le  bien  qui  doit  en  ré- 
sulter. Il  est  du  devoir  du  gouvernement  de  con- 
vaincre non-seulement  la  raison  de  cenx  qui  doi- 
vent obéir ,  mais  la  raison  de  ceux  qui  font  ta 
loi. 

Le  vœu  du  tribunal  vous  est  connu,  ses  motifs 
vous  ont  ésé  développés;  c'est  à  vous  ,  législa- 
teurs ,  à  prononcer. 

Le  président.  Aucun  orateur  ne  demandant  la 
parole  ,  je  consulte  l'assemblée  pour  savoir  si  elle 
veut  passer  au  scrutin. 

Plusieurs  membres.  L'ajournement  de  la  discus- 
sion. 

D'autres.  L'ordre  du  jour  sur  l'ajournement.  ' 

JV J'appuie  l'ajournement  ;  la  décision  que 

nous  devons  prendre  ,  suppose  la  connai'sance 
de  plusieurs  lois  très-anciennes  :  je  demande  que 
le  scrutin  n'ait  lieu  qu'après  l'impression  et  la  dis- 
tribution des  deux  discours  que  nous  venoni 
d'entendre. 

On  demande  de  toutes  parts  l'ordre  du  jour. 

Le  corps-législatif  passe  à  l'ordre  du  jour ,  et 
procède  à  l'appel  nominal. 

Le  nombre  des  voians  est  de  267. 

Le  projet  est  rejette  à  la  majorité  de  20g  boulet 
noires  contre  58   blanches. 

La  séance  est  levée  et  indiquée  à  quintidi. 

A  Paris ,  de  l'imprimerie  de  H.  Agasse. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIEEUR  UNIVERSEL. 


N°  75. 


QjiMidi  ,    1 5  frimaire  an  g  de  la  république  française ,  mie  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le    M  o  N  i  t  F.  0  n  est  le  seul  journal  oflrr}^.'. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelleî  des   armées ,  ainsi   que  Us  faits  et  les  notions  tant  sur 
'intérieur  que  sut  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 
Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


CORPS-LEGISLATIF. 

Présidence  de   Chatry-Lafosse. 
SEANCE   DU     l3    FRIMAIRE. 

§3"  Nous  publions  textuelleiiient  le  discours 
du  citoyen  Regnaud  ,  sur  le  projet  de  loi  relatif 
aux  archives  nationales.  L'étendue  de  la  séance 
nous  avait  forcés  à  ne  donner  hier  ce  discours 
que  par  extrait. 

Regnaud ,  de  S aint-Jean- £ Angél) .  Citoyens  légis- 
lateurs ,  au  momeni  où  une  nation  adopte  un 
Jysiême  nouveau  de  législation  et  de  gouverne- 
ment ,  il  est  nécessaire  de  changer  1  institution  , 
l'organisation  ,  l'administration  d'un  grand  nombre 
d'établissemens  publics. 

L'acte  constitutionnel  distribue  les  pouvoirs,  en 
règle  les  limites  ,  en  pose  les  fondemens.  Enfin, 
il  détermine  de»  bases  générales ,  auxquelles  doi- 
vent se  rapporter  sans  cesse  ,  dans  les  cas  quil 
n'a  pas  prévus  ,  les  dispositions  des  lois  ,  des 
téglemens  d'administration  publique  ,  des  actes 
du  gouvernement  et  de  ses  agcns. 
-  Ainsi  ,  la  constitution  de  l'an  8  ayant  changé 
notablement  les  principes  sur  les  juels  reposait 
celle  de  l'an  3 ,  elle  a  commandé  dès-lors  au  gou- 
vernement établi  par  elle  ,  de  provoquer  par  des 
propositions  de  lois  ,  d'effectuer  par  des  réglc- 
niens  ,  ou  par  d'autres  actes  ,  les  changemens 
devenus  nécessaires  ,  ou  reconnus  utiles  dans  le 
nouvel  ordre  de  choses. 

La  conservation  ,  l'administration  du  dépôt  des 
archives  nationales  a  dû  fixer  l'attention  ,  éveiller 
la  sollicitude  du  gouvernement. 

Il  a  cherché  l'origine  de  cet  établissement  ,  sa 
iiatUTe  ,  son  organisation,  son  administration  dans 
la  législation  existante  ;  après  s'être  éclairé  par  cet 
«xamen ,  il  a  fait ,  le  8  prairial ,  un  règlement  d'ad- 
minisiration  qu'il  a  pubHé  ,  et  arrêté  en  même 
tems  un  projet  de  loi  qui  vous  a  été  présenté  le 
3  de  ce  mois ,  et  sur  lequel  vous  avez  à  prononcer 
anjourd'hni. 

Chargé  de  le  défendre  devant  vous,  je  mettrai 
d'abord  sous  vos  yeux  l'enalyse  des  faits  ,  des  lois, 
des  actes  relatifs  aux  archives  nationales. 

J'examinerai  ,  d'après  cet  exposé  ,  si  le  projet  de 
"loi  que  vous  allez  juger  est  bon  ,  utile  ,  conforme 
aux  principes  de  la  constitution. 

Si  elle  est  suffisante  ,  si  ,  en  supposant  qu'elle 
fait  incompletie  ,  les  dispositions  qu  elle  contient 
étant  indépendantes  de  celles  qu'on  pourrait  y 
désirer  de  plus  ,  vous  ne  pouvez  pas,  vous  ne 
devez  pas  les  adopter  ,  en  attendant  que  le  gou- 
vernement examine  et  propose  ,  s'il  le  juge  con- 
venable, celtes  qui  lui  ont  été  indiquées  dans  le 
cours  de  la  discussion. 

Ici  l'orateur  minute  le  tableau  historique  de, 
l'établissement  des  archives  nationales, et  reprend 
ainsi  la  discussion. 

Tel  était  l'ordre  existant  au  moment  ori  les  con- 
«oW  ont  été  chargés  par  la  constitution  de  1  an  8 
du  gouvernement  de  la  république. 

Conservateurs  de  toutes  les  propriétés  publiques, 
de  tous  tes  dépôts,  de  tous  les  monumens  natio- 
naux, le  gouvernement  a  dû  porter  ses  regards  et 
diriger  sa  surveillance  vers  les  archives  nationales. 

Il  a  rccotinu  que  dans  le  dernier  état  des  choses, 
et  suivant  le  décret  de  la  convention  ,  du  28  fruc- 
tidor an  3  ,  article  I."^  ,  "  les  archives  nationales 
41  établies  auprès  du  corps  législatif  étaient  cbra- 
«(  munes  au  conseil  des  anciens  et  à  celui  iies 
'i  cinq-cents,  -i 

Il  a  vu  dans  l'art.  XVII  u  que  le  directoire  exé- 
4t  cutif,  ni  aucune  des  autorités  constituées,  autre 
«1  que  le  corps  législatif  ne  pouvaient  or^lonner 
«1  de  dépôt  aux  archives, ni  prendre  connaissance 
it  de  leur  police  ou  de  leur  comptabilité,  ji 

lien  conclut  que  les  archives  nationales  avaient 
été  élablies  prèi  le  corps  législatif  pour  lui  seul  ; 
qu'elles  étaient  communes  seulement  aux  deux  bran- 
ehes  de  la  Ugislatwe;  mais  qu'elles  n'étaient  pas  ou- 
venet  fpu  direetuire  exécutif,  ni  à  aucune  autre  auto- 
rité constituée  ;  que  cowséqueinincnt  elles  étaient 
étrihivts  nationales  paniculierej  à  la  législature  , 
et  non  pas  ari.hive%  nationales  générales  pour  touie 
la  lépiibliquc. 

Il  en  a  conclu  que  la  convention ,  par  son  dé- 
«»et  régleratntaire  et  de  police  intérieure  ,  du 
28  ftuciidor  an  3  ,  révoquait  ,  rapportait  ,  non 
iraplicileruent ,  niais  très-clairement  ,  les  disposi- 
tions de  son  autre  décret  léglcmenluirc,  du  7  nrcs- 


sulor  an  2  ,  puisqu'il  était  impossible  de  concilier 
l'intention  de  ce  dernier  décret,  de  faire  que  les 
archives  nationales  soient  celles  auxquelles  corres- 
pondent celles  des  administratiorts  de  toute  espèce  . 
avec  les  dispositions  du  décret  subsé^juent  dont 
l'art.  XVil ,  ferme  les  archives  à  tomes  les  ad- 
ministrations, même  à  l'administration  supiême 
de  la  république,  au  directoire  exécutif,  et  lui 
défend  d'y  ordonner  aucun  dépôt. 

Le  eouvernement  a  d'autant  moins  hésité  à 
tirer  des  dispositions  des  décrets  de  la  conven- 
tion, les  conséquences  si  claires  en  elle-mêmes  , 
et  qui  s'en  déduisent  si  nalurellemeni  ,  que  les 
faits  sont  venus  à  l'appui  de  son  opinion.  En 
effet,  le  directoire  n'a  jamais-  propose  au  corps- 
législatif  de  faire  aucun  dépôt  aux  archives  na- 
tionales ,  pas  même  celui  des  actes  législatifs  pro- 
clamés par  lui   comme   lois   de   la  république. 

Il  y  a  plus  ,  le  décret  de  la  convention  du  7 
messidor  an  2  ,  ordonne  le  dépôt  aux  archives, 
des   types  des  monnaies. 

Le  décret  de  la  convention  du  '-28  vendé- 
miaire an  4  ,  rendu  après  la  proclamation  de  la 
constitution  de  l'an  3  ,  ne  porte  rien  de  sem- 
blable ,  et  ordonne  au  contraire  article  XII  et 
XXIII  ,  que  l'étalon  et  les  matrices  des  mon- 
naies seront  remis  au  commissaire  nalional  près 
l'administr.Tion  des  monnaies  ;  d'oîi  résuliaii  évi- 
dent ou  l'abrogation  de  toutes  dispositions 
antérieures,  contraires  à  celle-là.  Que  devait  iaire 
alors  le    gouvernement  ? 

Le  décret  du  7  messidor  an  9  ,  était  abrogé 
par  celui  du  28  fructidor  au  3.  Celui  du  28  fruc- 
tidor an  3  était  incontestablement  inexécutable  , 
et  conséquemment  abrogé  aussi  par  la  mise  en 
activité  de  la  constitution  de  l'an  8.  Il  fallait 
donc  ,  comme  je  l'ai  dit  en  commençant ,  changer 
l'institution  ,  l'organisation  ,  l'administration  des 
archives  nationales  ,  comme  d'v,n  grand  nombre 
d'autres  établissemens  publics  ,  afin  de  les  faire 
coordonner  avec  le  système   établi. 

Il  fallait  réunir  au  dépôt  des  actes  des  deux 
conseils  ,  les  actes  mémorables  par  lesquels  les 
deux  commissions  législatives  ,  en  replaçant  la 
république  sur  des  fondeinens  nouveaux  ,  so- 
lides ,  inébranlables  .  ont  acquis  des  droits  à  la 
reconnaissance  de  tous  les  amis  de  la  liberté. 

Il  fallait  approprier  l'ordonnance  générale  des 
archives  nationales  ,  avec  le  règlement  adopté 
par  vous  ,  sur  votre  administration  intérieure  , 
sur  le  mode  de  fixation  et  de  paiement  de  vos 
dépenses  ,   d'après  la  constitution  de  l'an  8. 

Le  gouvernement  a  pensé  qu'à  la  vérité  le 
directoire  exécutif  n'avait  pu  être,  sous  la  consti- 
tution de  ran3,  le  gardien  des  archives  du  corps- 
législatif  ,  parce  qu'il  était  étranger  à  la  formation 
de  la  loi  ,  mais  que  le  gouvernement  actuel  ayant 
le  droit  d'y  coopérer  par  une  initiative  nécessaire  , 
éiant  chargé  de  la  législation  réglementaire  de  la 
conservaùon  de  tousles  dépôts nat  onaux,  il  devait 
assurer  sans  délai  la  conservation  des  archives  qui 
étaient  sous  sa  surveillance  en  y  insiituant  un 
gardien ,  en  organisant  le  dépôt  remis  à  ses  soins  , 
en  lui  fixant  un  mode  d'administration. 

C'est  ce  qu'il  a  fait  par  l'arrêté  du  8  prairial. 

Le  gouvernement  a  arrêté  ensuite  le  projet  de 
loi  dont  je  vais  défendre  successivement  et  rapi- 
dement les  articles  ,  d'après  les  faits  que  j'ai  ex- 
posés ,  et  les  principes  que  j'ai  établis. 

L'art.  I'r_  porte  que  les  archives  nationales  conti- 
nueront d'être  le  dépôt  de  tous  les  actes  relatifs  à 
la  constitution  ,  à  la  législation  ,  et  aux  propriétés 
territoriales  de  la  république. 

Il  va  plus  loin  que  l'an.  I^'.  du  décret  du  28 
fructidor ,  qui  ne  destine  les  .archives  qu'aux  actes 
du  corps  lég  slalif. 

Le  gouvernement  a  voulu  ,  par  cet  article  ,  faire 
sanciionner  le  dépôt  delà  constiluiion  de  l'an  8, 
assurei  la  garde  de  tousles  actes  antérieurs  de  lé- 
gislation ,  de  tous  les  titres  de  propriétés  existans 
actitellcment  aux  archives. 

Il  n'a  parlé  que  des  archives  nationales  et  non 
des  archives  judiciaires  et  domaniales  ,  parce  que 
le  décret  de  la  législature  qui  constitue  le  dernier 
état  de  choses  ,  ne  parle  pas  des  archives  doma- 
niales et  judiciaires. 

Et  en  eflet ,  comment  appliquer  à  ces  archives 
ouvertes  nécessairement  aux  tribunaux  ,  au  gou- 
vernement ,  à  l'administration  ,  aux  savans  ,  les 
dispositions  de  l'article  17  du  décret  du  2S  fruc- 
lidor  an  3  ,  qui  réserve  au  corps  législatif  le  droit 
d'y  cfltfctucr  ou  d'en  retirer  un  dépôt. 


Le  gouvernement  obligé  de  chercher  dans  les 
deux  sections  d'archives  domaniales  et  judiciaires 
tous  les  moyens  de  conserver,  de  défendre  de 
recouvrer  les  propriétés  nationales,  de  permettre 
aux  hommes  savans  et  laborieux  qui  recherchent 
les  monumens  épars  de  notre  histoire  ,  de  puiser 
dans  ces  collections  ,  de  faire  séparer  dans  cet 
assemblage  encore  mal  ordonné  les  titres  ou  do- 
cumeris  inutiles,  ou  qui  ne  sont  que  des  monu- 
mens de  la  féodalité  renversée,  peut-il  les  réunir 
a  un  dépôt  qui  n'est  destiné ,  par  sa  nature  ,  qu'au 
pouvoir  législatif  et  aux  diverses  parties  qui  le 
constituent  ? 

Le  placement,  la  conservation  ,  le  triage  des 
litres  judiciaires  ,  domaniaux  et  hislotiqu  °s  exis- 
lans  .doit  être  évidemment  l'objet  d'un  travail 
sépare  de  règlement  d'administration  ,  dont  le 
gouvernement  s'est  occupé,  et  qui  sont  déjà  pré- 
pares. '^ 

Le  premier  article  de  la  loi  ne  peut  donc  êtr-e 
attaqué. 

Le  premier  paragraphe  de  l'article  II  est  extrait 
textuellement  du  règlement  arrêté  par  vous  , 
citoyens  législateurs  ,  art.  LXIV  et  LXV  ,  et 
par  le  tribunal,  art.  LVIII.  le  gouvernement  n'y 
a  exprimé   que   votre  commune  pensée. 

Mais ,  a-t-on  dit ,  le  paragraphe  II  de  cet  article  , 
qui  ordonne  le  dépôt  des  réglemens  d'adminis- 
tration ,  ne  prescrit  que  l'envoi  d'une  expédi- 
tion ,  au-lieu  d'une  double  minute  qui  serais 
nécessaire. 

Législateurs ,  vos  registres ,  ceux  du  tribunal 
ne  contiennent  que  des  actes  relatifs  à  la  légis- 
lation. Ceux  du  gouvernement  contiennent  des 
dispositions  de  plus  d'un  genre.  Les  actes  d'ad- 
ministration civile  et  militaire  ,  les  délibérations 
relatives  aux  rapports  avec  les  puissances  étran- 
gères ,  les  résolutions  par  lesquelles  le  gouver- 
nement conserve  ,  entretient ,  resserre  ou  prépare 
des  alliances  ,  celles  par  lesquelles  il  organise  la 
victoire  et  appelle  la  paix  ^  sont  placés  dans  les 
mêmes  registres  avec  les  actes  relatifs  à  la  légis- 
lation et  aux  réglemens  d'administration. 

Un  double  de  ces  registres  ou  minutes  ne  peut 
donc  être  sans  inconvénient  ailleurs  qu'au  se- 
crétariat même  des  consuls. 

La  signature  du  secrétaire-général  des  consuls  , 
institué  par  eux  en  même-tems  et  de  la  même  ma- 
nière que  le  secrétaire  d'état,  doit  obtenir  de 
vous ,  législateurs ,  du  tribunat ,  des  autorités  cons- 
tituées ,  de  tous  les  citoyens ,  la  même  foi  que  celle 
du  secrétaire  d  Eut  ,  dont  la  légalité  ,  loin  d'avoix 
jamais  été  contestée,  est  journellement ,  même  au 
milieu  de  vous  ,  proclamée  et  reconnue. 

Le  3*^  paragraphe  du  ll*^  art.  n'est,  pour  le  sé- 
nat-conservateur ,  qu'une  énonciation  de  son  rè- 
glement ,  comme  le  paragrahe  i'"^  est  celle  du  rè- 
glement adopté  par  vous  et  par  le  tribunat. 

Le  délai  d'un  mois  proposé  pour  effectuer  les 
dépôis  n'a  pas  éprouvé  de  censure.  Je  suis  dis- 
pensé de  le  justifier,  et  je  ne  dirai  qu'un  mot  sur 
l'erreur  qu'on  a  relevée  dans  cet  article  ,  qui  parte 
l'art.  XLII  au  heu  de  l'art.  LU  de  la  constitution^ 
Des  fautes  de  copiste  de  cette  nature  sont  relevées 
de  droit,  et  l'ont  été  jusqu'ici  dans  les  communica- 
tions respectives  des  trois  branches  du  pouvoir 
législatif  ,  sans  difficulté  comme  sans  inconvé- 
nient. 

Le  111°  art.  n'a  été  attaqué  que  sous  deux  rap- 
ports. On  a  dit  d'abord  que  le  gouvernement  ne 
devait  pas  faire  remettre  aux  archives  les  listes 
d'èligibles  ,  qui  ne  doivent  être  déposées  qu'au 
sénat- conservateur. 

Mais  ces  listes  doivent  être  aussi  entre  les  mains 
du  gouvernement,  pour  guider  ou  restreindre  les 
choix  qu'il  doit  faire  exclusivemant  sur  les  noms 
qui  y  sont  portés. 

Ce  sera  lui  probablement  qui  veillera,  d'après 
la  loi  que  vous  rendrez,  à  leur  confection  ,  qui 
les  recueillera  ,  les  transmettra  au  sénat  ;  et  y  a-t-il 
inconvénient  ou  danger  à  les  déposer  aussi  aux: 
archives  ,  pour  que  chaque  citoyen  qui  y  sera  ins- 
crit y  retrouve  un  titre  d  honneur ,  de  probité,  de 
ta'ctis  et  de  venus  ? 

Les  expressions  même  de  cet  article  et  sa  ré- 
daction onr  été  attaquées. 

On  a  blâmé  le  mot  renouvellement  appliqué  aux 
listes  d'èligibles,  qui  ne  doivent,  a-t-on  dit,  qje 
se  completier. 

J'observerai  premièrement  que  les  listes  d'èligi- 
bles, aux  termes  de  la  consiinuion  ,  doivent  non- 
seulement  se  complelter,  mais  s'épurer;  que  les 
noms  qui  y  sont  placés  peuvent  en  cire  retirés  ,  et 
que  de-là  résulte  nécessaircrucnt  un  renouvelle- 
ment. 


294 


Mais  j'invoquerai  eh  outre  une  âtitre  aulorue  , 
d'après  laq"'^"c  le  gouvernement  a  employé  le 
"lot  r«!OiH)«''c-  „       „       . 

C'est  celle  de  la  constitution  de  1  an  3  qui  disait , 
^ri.  nil  Vun  et  ^'"«''''î  coiiicil  est  renouvelle  tous 
'.-■>■  ",7nf  par  l'ers.  On  a  ">^  '^^^°'''  conclure  qu'on 
i.oi.vait  dire  auiourd'''".'  <^°'^™^  =■',?'■'  '  ""  «".""■, 
^:i'llcm.ent .  en  parlant  d  ""  renouvellement  partiel , 
comme  d'un  renouvellement  ^"'"'■- 

Enfin  ,  l'art.  IV  n'a  pas  P""  f:°™F,'."  ■  P^''" 
qu'il  ne  dit  pas  si  les  expé'^l'"°"s  délivrées  aux 
ciinyens  le  seront  -ratuilem'^"'  °^  ^n  payant  : 
mais  ce  point  réglé  par  l'usage  i  n  avait  pas  paru 
pressant  àéiablir-,  on  avait  cru  po^^o'^  '  ajourner, 
!~i  ;n.ucint  mieux  que  ce  qui  se  pratique  aux  a""' 
c'iivcs  près  le  corps-lcgislntif ,  n'est  pas  entier^" 
lurent  conforme  à  ce  qui  est  usilé  aux  archives 
judiciaires  et  domaniales  ,  et  qu'il  importe  d'éta- 
blirmême  .  pourles  dépôts,  dans  les  départemens , 
une  règle  Rxe  et  uniforme ,  qui  exige  des  lumières 
que  le  gouvernement  n'a  pu  recueillir  encore. 

J'ai  parcouru  les  quatre  articles  de  la  loi  ;  je 
crois  avoir  justifié  qu'elle  ne  contient  aucune  dis- 
posiiion  qui  blesse  l'intérêt  national ,  le  droit  des 
aninriiés  constituées  et  des  citoyens. 

Elle  est  conforme  à  l'esprit  qui  dicta  le  premier 
décret  de  l'assemblée consli tuante  sur  les  archives, 
où  i!  n'ordonne  de  déposer  que  les  actes  qui  éta- 
blissent la  constitution  ,  le  droit  public  .  les  lois  , 
la  division  du  territoire.  Elle  est  conforme  au 
décret  de  la  convention  du  îS  fructidor  an  3  . 
qui  n'établit  des  archives  communes  que  pour  les 
deux  conseils  des  anciens  et  des  cinq-cents. 

Elle  étend  la  communauté  à  toutes  les  parties 
intégrales  de  la  législature.  Elle  ne  propose  pour 
le  sénat  ,  le  corps-législaiif  ft  le  tribunal  que  ce 
qu'ils  ont  voulu  eux  mêmes. 

Elle  s'est  renfermée  dans  les  bornes  indiquées 
par  les  réglemcns  mêmes  de  ces  trois  corps  ;  elle 
D'y  a  rien  ajouté  sur  leur  droit  d'ordonner  des 
dépôts  aux  archives,  parce  qu'ils  ont  éviderameni 
ce  droit  ,  dont  ils  ont  déj.à  mé ,  avec  raison ,  sans 
conlestalion  comme  sans  obstacle. 

Les  dispositions  de  la  loi  proposée  sont  donc 
bonnes  enelles mêmes,  et  ne  portent  aucun  motif 
de  rcjcclion  ;  m?.is  ,  dit-on  ,  ces  dispositions  sont 
insuffisantes  ,  incomplettes  ,  et  la  loi  doit  être 
renvoyée  pour  que  le  gouvernement  y  ajoute  des 
dispositions  qui  lui  manquent. 

Ici  ce  n'est  pas  seulement  contre  la  loi  ,  mais 
encore  contre  le  règlement  du  8  prairial  ,  que  les 
reproches  som  dirigés,  Il  contient  ,  dit-on  ,  des 
dispositions  qui  devraient  se  trouver  dans  la  loi  , 
Cl  qir  la  complctteraient. 

Ch.irgé  par  le  gouvernement  de  défendre  un 
projti  cle  loi  devant  le  corps  législatif  ,  je  ne  dois 
pas  répondrf  à  ce  reproche  dirigé  contre  un  acie 
du  gouvernement  .  rcptoche  qui  ne  peut  être 
articulé  et  repoussé  que  devant  le  sénat  conser- 
vateur. 

Mais  ici  .  législateurs  ,  j'emprunterai,  pour  ré- 
pondre aux  orateurs  du  iribunat.  les  propres  pa- 
roles d'un  de  ses  membres,  répondant  aux  re- 
proches du  même  genre  diiigé  contre  uo  acte  du 
gouvernement,  et  cette  opinion  imprimée  ,  pu- 
bliée par  ordre  du  tribunat  ,  devient  ,  en  quelque 
sorte,  la  sienne,  puisqu'elle  a  déterminé  sa  dé- 
cision. 

il  De  ce  que  dans  nos  précédentes  constitutions, 
n  disait-U  ,yiout  était  un  sujet  de  loi  ,  il  ne  s'en- 
))  suit  pas  que  la  même  confusion  de  matières  et 
>i  de  pouvoirs  subsiste  aujourd'hui. 
,  i>  Toui  ce  qui  est  administration  n'est  plus 
•qu'objet  de  règlement. 

1)  Mais  dira-i-ou  ,  poursuit  le  tribun  ,  si  une  loi 
)>  avait  précédé  ^es  régi ,  mens,  ou  les  avait  faits  , 
M  pourrait-il  y  déroger? 

Il  II  le  peut,  je  pense  ,  si  en  réservant  au  corps 
1)  législatif  tout  ce  qui  est  matière  à  législation  po- 
!!  litiqueou  civile  ,  oi  a  franchement  abandonné 
n  au  gouvernement  tout  ce  qui  est  adrr.inisiratif. 
»>  Dès-lors  les  lois  administratives,  précédemment 
!!  rendues  ,  ne  sont  que  des  actes  du  gouverne- 
îi  ment  faits  en  un  tems  où  tous  les  pouvoirs 
!3  étaient  cumulés  :  comme  tous  les  actes  de  gou- 
M  vernement  elles  pourraient  donc  être  à  sa  dis- 
»)  position  pour  les  interpréter  ,  les  modifier ,  les 
Il  changer  ;  il  n'y  aurait  au-dessus  de  ses  pouvoirs 
5,5  que  ce  qui  est  législatif. 

j5  Mais  je  me  hâte  (  continue  l'orateur  que  je 
55  cite)  d'écarter  cène  question  qui  peut. . .  éveil- 
55  1er  des  jalousies  de  pouvoirs.  55 

Comme  lui,  législateurs,  j'écarte  cette  ques- 
tion ;  j'écarte  la  pensée  d'une  possibilité  dejalousie 
de  pouvoirs,  aussi  improbable  qu'impossible, 
d'après  l'heureuse  harmonie  ,  qui  a  marqué  jus- 
qu'à ce  jour  l'établissement  et  assuré  la  consoli- 
dation de  la  constitution  de  l'an  8. 

Dans  tous  les  tems  elle  subsistera  ,  fondée  sur 
la  conduite  et  les  principes  du  gouvernement  ,  sur 
ce  sentiment  universellement  vrai  que  l'usurpaîion 
est  le  partage  de  la  faiblesse  ,  et  que  le  gouverne- 
ment français  ,  fori  de  l'opinion  nationale  ,  et  de 
son  union  avec  les  autres  blanches  de  la'  législa- 
ture ,  nepeutvouloirpoiter  atteinte  à  leurs  droits  , 
puisque  ce  serait  toucher  à  sa  propre  prérogative. 

Au  surplus  ,  l'examen  du  principe  repousse 
tout  reproche  ,   parce  qu'il  est  certain  qu'à  la  dit- 


férence  delà  constitution  de  l'an  3  ,  un  gi'and  nom- 
bre d'objets  réglés  par  les  lois,  attribués  nommé- 
ment au  corps-législatif  ^  sont  devenus  réglemen- 
taires ,  sans  qu'il  soit  besoin  de  révocation  ex- 
presse des  lois  rendues  sur  cette  matière. 

Je  n'en  citerai  qu'un  exemple.  D'après  la  cons 
titution  de  l'an  3,  les  armées  étaient  organisées 
par  des  lois;  d'après  celles  de  l'an  8,  article  48  , 
elles  ne  sont  soumises  qu'aux  réglemens  d'admi- 
nistration publique. 

Et  les  faits  viennent  à  l'appui  de  la  loi  écrite, 
puisque  sans  réclamation  la  force  armée  a  ete 
organisée  par  des  r  églemens  qui  seuls  ontrévoque 
les  lois  auxquelles  ils  ont  succéJé. 

Si  on  veut  joindre  à  cet  exemple  une  analogie, 
je  citerai  ce  qui  se  pratiquait  sous  la  constitution 
de  l'an  3  .  pour  la  trésorerie  nationale. 

Les  administrateurs  étaient  nommés  par  le  corps 
législatif,  surveillés  par  ses  commissaires,  delà 
même  manière  que  l'archiviste. 

Aujourd'hui  le  trésor  public  est  confié  à  un  di- 
recteur, à  des  admiriistrateurs  institués  ,  Dommés  , 
révocables  par  le  gouvernement. 

Le  trésor  public  est-il  donc  un  dépôt  moins 
précieux  que  celui  des  archives  nationales  ,  et 
quand  on  l'a  confié  à  la  sagesse  ,  à  la  vigilance 
rî'un  gouvernement  régénéré  ,  conservateur  et 
fidèle  ,  ne  peut-on  pas  aussi  quand  il  y  a  parité  de 
droit  ancien  et  cle  motif  de  changement  actuel 
prendre  le  mêtpe  parti ,  adopter  le  même  système. 

La  loi  n'est  donc  pas  insuffisante  ,  puisqu'elle 
contient  les  dispositions  qui  sont  dans  le  domaine 
de  la  loi  ,  et  que  le  gouvernement  a  fait  ensuite 
ce  qui  était  dans  la  législation  réglementaire. 

Je  n'ajoute  qu'un  mot.  D'après  les  orateurs 
mêmes  de  la  commission  du  tribunat ,  dont  je  vais 
emprunter  les  expressions ,  la  lot  fût-elle  regardée 
par  vous  ,  législateurs  ,  comme  insuffisante  ,  quand 
vous  penseriez  que  le  gouvernement  y  dût  ajouter 
des  dispositions  nouvelles,  vous  jugerez  sans 
doute  ,  avec  la  commission  du  tribunat  ,  que  vous 
pouvez  adopter  celle^  qui  vous  sont  proposées. 

Les  dispositions  demandées  ajouteraient  à  celles 
portées  dans  la  loi  ,  mais  ne  les  contrarient  pas. 
Le  projet  est  bon  et  utile  en  soi ,  dirai-je  ,  comme  l'a 
Jait  à  l'unanimité  ta  commission  du  tribunat.  Il  est 
important  dans  son  objet.,  conforme  aux  principes 
dans  ses  détails  ,  et  je  vous  demande  au  nom  du 
gouvernement  de  l'adopter. 

TRIBUNAT. 

Présidence   de  Thiesié. 
SÉANCE    DU     14     FRIMAIRE. 

Un  secrétaire  fair  lecture  du  procès  -  verbal. 
La  rédaction  en  est  adoptée. 

Jnbé.  Tribuns  ,  le  message  que  vous  recevrez 
de  la  part  du  corps-législatif  va  vous  informer 
du  résultat  de  la  mission  que  vous  aviez  confiée 
à  nos  collègues  Portiez ,  Laloi  et  moi ,  relati- 
vement au  projet  de  loi  sur  les  archives  na- 
tionales. 

Mais  nous  devons  vous  rendre  conpte  qu'à  la 
fin  d  un  discours  dicté  par  l'éloquence  et  le  pa- 
triotisme ,  l'orateur  du  gouvernement  ayant  in- 
voqué ,  pour  les  premières  autorités  ,  le  main- 
tien de  cette  harmonie  qui  fait  le  désespoir  de 
nos  ennemis ,  et  sur  laquelle  les  républicains 
fondent  les  plus  grandes  et  les  plus  justes  espé- 
rances ,  nous  avons'cru  devoir  nous  rendre,  dès 
le  moment  même  ,  interprêtes  et  garans  du  tri- 
bunat. 

Comme  les  détails  de  ces  sortes  de  commu- 
nications franches  et  spontanées  sont  toujours 
d'une  grande  importance  ,  et  comme  les  papiers 
publics  n'ont  pu  retracer  avec  une  entière  exac- 
titude ceux  dont  nous  vous  entretenons  ,  nous 
venons  vous  transmettre,  dans  toute  leur  intégrité, 
les  dernières  expressions  employées  par  celui  de 
nous  qui  a  porté  la  parole  immédiatement  après 
l'orateur  du  gouvernement. 

55  Je  ne  descendrai  point  de  cette  tribune  , 
55  a-t-il  dit,  sans  répondre  à  l'appel  si  loyale- 
55  ment  fait,  en  faveur  de  l'harmonie,  par  le 
)s  citoyen  membre  du  conseil-détat.  Elle  sera 
15  toujours  religieusement  maintenue  par  le  tribu- 
51  nat ,  cette  précieuse  harmonie.  S'il  se  livre  ici 
11  des  combats  ,  ils  seront  ,  de  part  et  d'autre  , 
11  dirigés  par  une  mutuelle  et  généreuse  éraula- 
15  tion;  ils  auront  tous  et  toujours,  pour  but ,  la 
11  plus  noble  ,  la  plus  sacrée  des  causes  :  la 
51  solidité  du  gouvernement  ,  l'honneur  de  la  légis- 
11  lation  ,  l  affermissement  de  la  liberté ,  le  bonheur 
11  et   la  gloire  des  citoyens  français ... . 

Telle  a  été  ,  dans  cette  circonstance  ,  tribuns  , 
la  conduiie    de  vos   orateurs. 

Le  tribunat  ordonne  l'inserdon  du  discours  de 
Jubé  au  procès-verbal. 

On  reprend  la  discussion  sur  le  projet  de  loi 
relatif  à  l  organisation  des  justices  de  paix. 

Se'rfî'Wez.  J'examine  le  projet  qui  nous  est  soumis 
dans  ses  Ijases  et  dans  ses  effets. 

1°.  Il  diminue  le  nombre  des  juges-de-paix  ; 

2°.  Il  leur  ôte  la  police  judiciaire  ; 

3°.  Il  règle  leurs  attributions. 

Je  vais  parcourir  rapidement  les  effets  qui  doi- 
vent résulter  de  ces  trois  bases  principales. 

Lors  de  la  première  institution  des  juges-de- 


paix  ,  on  les  avait  beaucoup  trop  multipliés  ;  oa 
avait  (Dutré  le  principe  qui  veut  qu'on  rapproche 
la  justice  de  ceux  qui  en  ont  besoin  ,  et  lorsqu'un 
différend  s'élevait  entre  deux  hommes  ,  on  aurait 
voulu  qu'ils  trouvassent  sur-le-champ  un  arbitre 
ou  un  juge. 

Mais  ,  me  dira-t-on  ,  en  réduisant  le  nombre 
des  juges-de-paix  ,  on  étend  nécessairement  leur 
territoire  ,  et  cette  étendue  de  territoire  peut  faire 
craindre  qu'ils  ne  puissent  étendre  leurs  soins  aussi 
loin  que  les  nouvelles  limités  qu'on  leur  donne. 
Le  juge-de-paix  ne  sera  plus  sous  la  main  du  jus- 
ticiable. Je  ne  dirai  point  avec  quelques  per- 
sonnes :  Tant  mieux  ,  on  plaidera  moins  ;  mais  il 
y  a  un  milieu  entre  mettre  la  justice  hors  de  la 
portée  du  justiciable  et  la  mettre  ,  pour  ainsi  dire , 
sous  ses  pieds.  Ce  milieu-là  vous  est  offert  par 
le  projet,  et  il  me  semble  que  vous  devez  le 
saisir. 

Il  n'y  a  pas  de  mal  qu'en  diminuant  le  nom- 
bre des  juges-de-paix  ,  on  ait  pu  les  soulager  de 
quelques-unes  de  leurs  attributions.  De  toutes  les 
fonctions  de  la  justice  de  paix  ,  la  police  judi- 
ciaire était  en  même  tems  la  plus  embarrassante 
et  la  plus  désagréable  ;  je  suis  convaincu  qu'il  n'y 
a  pas  un  seul  juge-dc-paix  qui  la  regrette. 

En  effet ,  comment  peut-on  avoir  eu  l'idée 
d'associer  à  ce  ministère  de  conciliation  et  de 
paix,  les  fonctions  sévères  et  inflexibles  de  la  po- 
lice judiciaire  ?  La  surveillance  des  délits  ne 
convient  pas  aux  juges-de-paix  ;  ceux-ci  ne  con- 
viennent pas  davantage  à  cette  surveillance.  S'ils 
sont  bons  juges-de-paix  ,  ils  n'ont  rien  de  ce  qui 
faut  pour  être  bons  officiers  de'police. 

Après  avoir  ainsi  organisé  la  justice  de  paix  ,  i\ 
convenait  sans  doute  d'en  déterminer  les  attri- 
butions. Le  code  de  la  justice  de  paix  n'est  pas 
le  moins  important;  c'est  ici  sur-tout  que  les 
critiques  et  les  objections  se  sont  le  plus  multi- 
pliées ,  et  ,  il  faut  l'avouer  ,  c'est  ici  qu'elles 
m'ont  paru  le  plus  justes.  Il  serait  trop  long  dé 
répondre  à  toutes  celles  qui  me  paraissent  fon- 
dées ;  il  me  suffira  de  vous  faire  observer  que 
toutes  ces  critiques  portent  plutôt  sur  des  omis- 
sions que  sur  des  vices.  Or  ,  des  omissions  se 
réparent,  et  bientôt  sans  doute  le  gouvernement 
vous  présentera  une  nouvelle  loi  qui  contiendra 
les  additions  et  corrections  que  vous  pouvez  dé- 
sirer. 

Quand  les  objections  qu'on  a  faites  contre  le 
projet  seraient  toutes  fondées  ;  quand  il  serait 
possible  d'y  découvrir  encore  un  plus  grand  nom- 
bre d  imperfections,  cela  ne  m'empêcherait  pas 
de  voter  son  adoption.  En  législation  comme 
en  tout ,  sitôt  que  je  vois  un  bien  dégagé  de  tout 
inconvénient  grave,  je  le  saisis  et  je  ne  le  laisse 
pas  échapper  ,  sous  prétexte  qu'il  n'est  pas  assez 
complet.  Le'  bien  que  je  vois  est  réel  ,  et  ne 
m'ôte  pas  l'espoir  d'une  nouvelle  amélioration. 
Je  vote  pour  le  projet. 

Grenier  en  adhérant  à  un  grand  nombre  d'ob- 
servations faites  au  nom  de  la  commission  ,  ne 
partage  pas  son  avis  sur  I  incompatibilité  qui  d'a- 
près la  commission  ,  devrait  exister  entre  les 
fonctions  de  juge-de-paix  et  celle  de  notaire.  Il 
fonde  la  comptabilité  de  ces  fonctions  Sur  ce  que 
les  fonctions  de  notaire  se  rapprochent  de  celles 
de  juge-de-paix.  Les  notaires  sont  des  espèces 
de  juges  au  choix  des  parties  ,  des  conciliateurs, 
que  d'un  autre  côté,  si  l'on  excluait  les  notaires 
des  fonctions  de  juges-de-paix ,  ce  serait  trop 
resserrer  le  cercle  dans  lequel  les  choix  devraient 
être  faits  ,  surtout  dans  les  campagnes. 

Mais  Grenier  fait  quelques  nouvelles  observa- 
tions indépendantes  de  celles  présentées  par  la 
commission. 

Il  remarque  d'abord  que  l'article  XXI  du 
projet  de  loi ,  en  ne  conservant  aux  juges-de-paix 
les  droits  de  visa  que  dans  le  seul  cas  de  la 
contrainte  par  corps ,  exclut  tous  autres  visas 
dans  les  matières  importantes  ,  notamment  celtij 
exigé  des  juges-de-paix  ,  par  l'article  II  de  la 
loi  du  II  brumaire,  sur  les  expropriations  for- 
cées ;  que  cette  exclusion  aurait  lieu  par  l'effet 
de  la  réduction  contre  l'intention  sans  doute  de 
l'auteur  du  projet. 

Les  autres  observations  de  Grenierportentsurle» 
articles  X  ,  XI  et  XII  relatifs  à  la  conciliation , 
il  n'y  trouve  pas  des  exceptions  nécessaires.  S'il  y 
a  conciliation,^  l'acte  est-il  obligatoire  et  exécu- 
toire ?  Doit-il  être  homologué,  par  quel  tribunal? 
S'il  y  a  des  parties  sur  plusieurs  arrondissemens  , 
devant  quel  juge-de-paix  faut-il  se  pourvoir  ? 
Quelques-unes  des  questions  peuvent  être  déci- 
dées par  des  lois  antérieures  ,  mais  l'on  doit  les 
trouver  dans  la  loi  spéciale  pour  cet  objet.  Il  émet 
le  vœu  que  lorsqu'ils  n'y  a  pas  conciliation  ,  il  ne 
soit  pas  fait  mention  dans  le  procès-verbal  des 
dires  respectifs  des  parties.  Il  en  expose  les  incon- 
véaiens  ,  il  désire  une  simple  déclaration  que  les 
parties  n'ont  pu  être  conciliées. 

Grenier  propose  que  le  tribunat  demande  au 
corps-législatif  la  prorogation  de  la  discussion  , 
jusqu'après  celle  du  projet  de  la  loi  relauf  à  la  po- 
lice simple  et  de  sûreté  ,  et  dans  le  cas  où  cette  pro- 
position ne  serait  pas  adoptée  ,  il  vote  contre  le 
projet  de  loi. 

La  suiti  demain. 


Premier  supplément  aun°  yi 

Copies  (lulhe.ntiques  des  pièces  relatives  auK  négo- 
ciations pour  Ij.  /  aix  ,  commencées  avec  la  France  , 
telles  qn  elles  ont  été  présentées  aux  deux, chambres 
du  parlement  ^  le  i3  novembre  iSoo  ;  (Vo)tz  le 
numéro  d'hier.) 

N"   I. 

Leilre  du  citoyen  Otto  commissaire  du  gouver- 
nement français  pour  l'échange  des  prisonniers  , 
au  lord  Grenville.  —  Londres  ,  Herejort-Street  , 
U   6  fructidor  an  8.  ('24  août  iSoo.j 

.  Mllord  ,  queifjiie  scrupuleux  que  j  aie  éié  jus- 
qu'à ptéseiil  à  iuivie  poiiciucllenieni  la  marelle 
liacée  pour  mes  communie. liions  officielles  avec 
le  minisierc  de  S.  M.  ,  cependant  le  secret  et  la 
prompdiude  qu'exi[;ini  celles  qui  lormeni  l'ob- 
jet de  la  noie  ci-juinie  ,  me  paraisseni  jusiifier 
une  communicaiion  plus  direcle.  Je  me  fljlie 
donc  ijue  voire  excellence  ne  désapprouvera 
pas  la  démarche  que  je  lais  en  lui  communi- 
quant ,  sans  inici  iiiéaiaire  ,  les  inieniions  du 
gouvernement  liançiis,  rclaiivemeiit  aux  ouvei- 
tures  qui  lui  ont  eie  laites  par  M.  le  baron,  de 
Thugut. 

Si  S.  M.  accepte  les  propositions  contenues 
4.105  la  noie  cijoinie  ,  je  vous  piie  ,  milord  , 
(le  désigner,  le  pluiôt  possible,  la  personne  qui 
s.-ri  clijiyée  de  traiter  avec  moi  ,  et  qui  ,  sans 
doute  ,  seia  guidée  dans  celte  imponaiite  négo- 
ciation ,  par  cet  esprit  de  conciliation  qui  Seul 
peut  contribuer  au  léiablisseniciit  de  la  paix  ci 
de  la  bunnc  intelligence  entre  les  deux  gouver- 
nemcns. 

j'ai  riionreur  d'être  avec  la  plus  affectueuse 
considéiatioiï,  de  votre  excellence  ,  le  iiès- 
Lumble  ei  obéissant  seiviteur.         Signé Otto. 

N°  2.  — Projet  de  note. 

Sa  majesté  impériale  ayant  fait  communiquer 
au  gouvernement  de  la  république  française 
une  note  de  Lord  Minio  .  envoyé  cxiraordinnire 
et  ministre  plénipoienliaire  de  S.  M.  b.ilannique 
piès  la  cour  de  Vienrie  .  de  laquelle  note  il  lé- 
salie  que  le  deslr  de  S.  M.  b.iiannique  serait  de 
voir  terminer  la  guerre  qui  divise  la  France  ei 
l'Angleterre;  le  soussigné  est  spécialement  auto- 
risé a  demander  au  ministre  de  S.  M.  des  éclair- 
cissemens  ultérieurs  sur  la  proposition  transmise 
par  la  cour  de  Vienne;  et  attendu  qu  il  paraît 
impossible  que  dans  le  moment  où  I  Autriche 
«t  l'Angleterre  pre.idraient  une  part  commune 
atix  négociaiions  .  la  France  se  trouvât  en  sus- 
pension d'armes  avec  1  Autriche  ,  et  çn  continua- 
tion de  guérie  avec  l'Angleierre  ,  le  soussigné 
est  par^dllemenl  autorisé  à  pro(.oser  qu'un  armis- 
licc  général  soit  conclu  entre  les  armées  et  les 
floues  des  deux  états ,  en  prenant  ,  à  l'égard  des 
places  assiégées  ou  bloquées  ,  des  mesures  ana- 
logues à  celles  qui"  Ont  eu  lieu  en  Allem;;gnc  , 
par  rapport  aux  places  à  Uim  ,  d  Ingolsiadt  et 
de  Phil.sbourg. 

Le  soussigné  a  reçu  de  son  gouvernement  les 
•pTuvolis  necess.iires  )  our  négocier  et  conclure 
cet  armistice  général.  Il  prie  son  excellence,  mi- 
lord Grenville  ,  de  mctiie  celte  note  sous  les  yeux 
de  S.  M.,  etc.  ,  Signé,  Orxo. 

N°  3.     Downing  Street  ,   96  août  1800. 

Moi<sieur  ,  je  vous  recommande  de  voir  M. 
Otto  le  plutôt  que  vous  pourrez  ,  et  de  lui  de- 
mander de  ma  pan  s'il  y  a  empêchement  à  ce 
qu'il  vous  remette  ,  cachetés  à  mon  adresse  , 
les  papiers  dont  sa  dernière  dépêche  fait  men- 
tion ,  celle  icunion  devant  hâter  la  réponse  qu'il 
attend. 

Vous  lui  donnerez  en  même  tems  avis  que 
vous  n  êies  pas  informe  des  particularités  de  cette 
dépêche  .  non  plus  que  de  son  objet  ,  et  que 
vous  avez  été  chargé  d-j  faire  cette  demande,  afin 
d'éviter  qu  elle  atiiiât  l'aiieniion. 

Signé.  Griln'ville  ;  Au  commissaire  George, 
président   du  trunsport-ojjice.  * 

N"    4.       PLEINS    POUVOIRS    DE    M.    OtTO. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république 
française  ,  en  venu  de  l'ailicie  XLI  de  la  consti- 
tution ,  donne  au  citoyen  Omo  ,  commissaire  du 
gouvernement  pour  l'échange  des  prisonniers  en 
Angleierre  .  pouvoir  de  propcs-r,  consentir  et 
signer  ,  conlorménienl  à  ses  instructions  .  un  ar- 
mistice entre  la  république  française  et  S.  M,  le 
toi  de  la  Grande-Breugne. 

Signé,  Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  U'itat-,  signé,   H.  B.  Maret. 

Donné  à  Paiis  ,  au  palais  du  gouvernement  , 
le  2  friiciilor  an  8  de  la  république  française. 

N"  5.     Downing  Street  ^  i8  août  1800. 

Monsieur  .  j'ai  ordre  du  roi  de  vous  recom- 
mander de  voir  M. Otto  aussitôt  que  vous  pourrez 
après  la  léceplion  de  cette  lettre  ,  et  de  lui  remettre 
l'orijtinal  du  papier  rju  il  vous  a  délivré  mardi 
<Jr.tnicr. 

En  le  remerciant  de   son   allcnlion  dans   celte 


«9-5 


occasion,  vous  l'informerez  que  le  papier  que 
j'ai  dcsiié  voir  n'éiail  pas  celui-ci  ;  que  c  était 
la  note  de  lord  iVIinlo  ,  relatée  dans  celle  que 
M.  Otto  m'a  adressée  le  24  courant ,  par  ordre  de 
son  gouvcrnemenl  ;  mais  que  pendant  que  vous 
étiez  avec  M.  Oiio  ,  je  recevais ,  par  un  Courier  de 
Vienne  ,  la  copie  de  la  noie  de  lord  Minto  ,  avec 
celle  écrite  sur  le  même  sujet  par  M.  de  Thugut 
à  M.  Talleyrand. 

Je  joins  ici  ,  pour  votre  instruction  ,  une  copie 
de  la  première  et  un  extrait  de  la  dernière  de  ces 
notes  ,  que  vous  me  rendrez  après  avoir  vu  M. 
Oilo.Je  vous  les  communique  afin  de  vous  m:ntre 
ii  pnitée  de  vous  entietentr  de  leur  conienu  avec 
M.  Ollo  ,  e.i  suivant  les  instructions  contenues 
d.iiis  la  minute  ci-joituc  ,  que  Vous  pouvez  ,  dans 
le  cours  tle  la  conversation  ,  lui  m  on  ire  r  ,  comme 
n-nlciniaiit  la  substance  de  ce  que  vous  êtes 
chargé  de  lui   communiquer. 

Vous  vous  renfermerez  soigneusemeni,  en  con- 
vcisant  avec  lui  ,  dans  les  bornes  qui  y  sont  tra- 
cées ,  et  vous  me  ferez  parvenir,  le  pluiôt  pos- 
sible ,  une  minute  écrite  de  ce  qui  se  seia  passé 
à  ce  sujet  entre  vous  et  M.  Otio,  Sigiie ,  Grenville. 
Commissaire,  George. 

N".  6.  Minute  des  instructions  données  au  capitaine 
George.  —  28  août  1800. 

1°.  Déclarer  que  la  note  présentée  à  Vienne  par 
IohI  Minto,  contient  les  expressions  des  sentimens 
de  S.  M.  ,  et  que  le  roi  est  prêt  à  agir  confor- 
mément. 

2°.  S'informer  s'il  a  été  fait  une  réponse  par  le 
gouvernement  Irançais.  à  la  propositioncontenue 
dans  laletl.e  de  M.  dcThugut  àM.  Talleyrand, reL- 
livement  au  choix  du  lieu  pour  la  réunion  des 
plénipoteniiaiies  qui  doivent  poursuivre  la  négo- 
ciation entamée  ;  ou  si  M.  Ouo  est  autoiisé  à  con- 
venir de  ce  point  avec  le  gouvernement  ,  confor- 
mément à  la  suggestion  contenue  dans  la  lettre 
de  M.  de  Thugut. 

3°.  Exprimer,  dans  ce  cas;  que  toute  place 
nommée  par  M.  de  Thugut  conviendra  à  S.  M.  , 
et  qu  il  sera  envoyé  une  personne,  au  nom  du 
roi  .  jiour  se  joindre  aux  plénipotentiaires  d'Au- 
iriche  el  de  F.ance  ,  pourvu  que  le  gouvernemeni 
fiançais  veuille  s'engagera  laisser  la  liberté  d'une 
communicaiion  direcie  ,  par  courrier  ,  avec  le 
heu  des  négociations. 

4°.  Que  ,  quant  à  la  proposition  d'un  armis- 
tice ,  le  roi  verrait  avec  grande  saiisfaciion  le 
moment  oii  il  pourrait  convenablement  adopter 
une  mesure  dont  l'effet  fût  défaire  cesser,  au 
moins  pour  un  tems  les  malheitrsde  la  guerre; 
mais  qu  un  armistice  ,  applicable'aux  opérations 
navales  ,  n'a  jamais  été  conclu  enVtc  la  Gr.inde- 
Breiagne  et  la  France  ,  pendant  le  cours  des  né- 
gociations pour  la  paix  ,  ou  même  la  signature 
des  préliminaires;  que  d'ailleurs  cela  ne  peut  pas 
être  regardé  comme  une  mesure,  nécessaire  à  la 
négociation  ,  et  que  les  différends  inévitables 
auxquels  on  doit  s'altendre  qu'il  donnerait  lieu  , 
tendrait  à  entraver  plutôt  qu'à  faciliter  le  succès 
des  efforts  que  les  deux  parties  feraient  pour  le 
rétablissement  de  la  paix  ;  que  les  chances  d'une 
guerre  niaiitime  ne  sont  évidemment  pas  telles 
quelles  puissent  admettre  des  arrangemens  de 
celte  nature  ,  que  Ion  fait  aisément  quand  il 
s'agit  d'opérations  miliaires ,  quand  on  les  sus- 
ptnd  par  une  telle  convention-;  que  d'ailleurs, 
à  lous  événemens  ,  il  paraît  prématuré  de  dis-  ' 
cuter  sur  ce  point  jusqu  à  ce  que  ,  par  le  cours 
des  négociations  ,  on  puisse  voir  plus  clairement 
à  quel  point  on  peut  en  espérer  une  issue  satis- 
fesanle  ;  et  qu'on  ne  peut  prendre  dans  aucun 
cas  de  décision  sur  un  tel  sujet  ,  à  moins  que  le 
gouvernement  français  n'explique  préalablement 
de  quelle  manière  il  entend  que  les  principes 
adoptes- dans  l'armistice  avec  l'Allemagne  ,  rela- 
tivement aux  places  bloquées  ,  peuvent  être  ap- 
pliqués aux  ports  et  arsenaux  de  France  ,  alin 
de  mettre  de  bonne  foi  à  exécution  pour  ce  qui 
concerne  les  forces  maritimes  ,  les  objets  qui  , 
dans  ces  stipulations  ,  sont  relatifs  aux  positions 
militaires  occupées  par  les  deux  armées. 

N°  VII.  Par/iplace  .  29  août  1800. 

Milord  ,  pour  obéir  aux  ordres  de  S.  M.  ,  qui 
m'ont  été  communiqués  par  votre  seigneurie 
dans  vos  lettres  d'hier  ,  j'ai  vu  M.  Otto  ,  et  j'ai 
eu  avec  lui  une  conversation  au  sujet  des  papiers 
qni  m  ont  éié  délivrés  par  votre  seigneurie.  Je 
l'ai  remercié  de  l'obligeance  qu'il  a  mise  à  sa- 
tisfaiie  au  désir  de  votre  seigneurie,  en  com- 
muniquant le  papier  que  vous  vouliez  voir  , 
quil  croyait  être  celui  que  j'ai  eu  l'honneur 
de  vous  rcmcitie,  et  il  paraît  très  -  sensible  à 
latlenlion  qu'on  lui  a  montrée  dans  cette  oc- 
casion. 

Je  lui  déclarai  :  1°  que  la  note  présentée  à 
Viinne  par  lord  Minto  ,  contient  les  expiessions 
du  sentiment  de  S.  M.  ,  et  que  le  roi  est  prêt  à 
agir   en  conséquence  ; 

2°.  Je  demandai  s'il  avait  été  fait  une  réponse 
du  gouvernement  français  à  la  proposition  con- 
tenue dans  la  lettre  de  M,  de 'Thugut  à  M.  Tal- 
leyrand ,   relativement    au   choix  d  un  lieu  pour 


la  réunion  des  plénipotentiaires  ,  pour  suivre 
conjointement  les  négociations  ,  el  je  fus  informé 
par  lui  ,  que  le  lieu  de  la  réunion  était  fixé  à 
Lunéville  ; 

3°.  J'annonçai  à  M.  Oilo  que  chacune  des 
places  désignées  par  M.  fhugut  ,  conviendrait  à 
S.  M.  ,  et  qu'il  y  serait  envoyé  ,  de  sa  part  ,  une 
personne  pour  se  joindre  aux  plénipotentiaires 
dAulliche  el  de  France,  pourvu  que  le  gouver- 
nement consentît  à  laisser  libre  la  communicaiion 
direcie  par  courrier  avec  cette  place  ;  ce  qu'il 
piomet  de  communiquer  incesSrimmcnt  par  un 
couiricr  au  gouvernement  français  ; 

4°.  Pareillement  j'instruisis  M.  Otto  des  rai- 
sons paticulieres  qui  emjicchcnt  S.  M.  de  con- 
sentir à  un  aimistice  général  avant  la  signaïuie 
des  piélimlnaires  ,  et  qui  étaient  bien  détaillées 
dans  la  minute  que  j  ai  eu  Ihonncur  de  lece- 
voir  de  votre  seigneurie  ;  il  me  répondit  qu  il 
avait  tout  lieu  de  croire  ,  et  qu'il  était  person- 
nellement convaincu  que  la  prolongation  de  lar- 
misiice  d'Allemagne  dépendrait  de  la  conclusion  de 
l'armisiice  avec  1  Angleterre  ,  les  avaniagesdu  der- 
nier étant  considéiés  comme  un  équivalent  des  dé- 
savantages évidens  de  c.dui  d'Allemagne.  Il  ob- 
serve que  les  téglemens  contenus  dans  l'armis- 
tice d'Allemagne,  ne  s'étendent  point  aux  places 
qui  ne  sont  point  bloquées  ou  aitaciuées  put  les 
hançais  ;  el  que  ,  jugeant  donc  par  analogie  ,  le» 
seules  places  actuellement  bloquées  par  les  forces 
anglaises  ,  pourraient  être  comprises  dans  l'ar- 
mistice proposé;  qu'en  conséquence  Belle-Iles 
Malte  et  Alexandrie  pourraient  être  mises  sur  le 
même  pied  que   Ulm  ,  Philisbourg  el  Ingolstadi. 

M.  Otto  a  été  chargé  de  demander  une  ré- 
ponse à  la  proposition  d'un  armistice  général , 
avant  le  3  septembre,  ce  qui  lui  fait  conclure 
que  les  hostilités  peuvent  recommencer  à  cette 
époque  ,  si  l'armistice  est  positivement  lefusé  de 
la  part  de  S.  M.  Il  observa  en  outre  que  ,  tant 
que  les  hostilités  coniinueraient  sur  le  couii- 
nent  .  il  ne  pourrait  y  avoir  de  base  solide  pour 
établir  la  négociation  ,  chaque  changemeni  de 
1  un  ou  1  autre  cote  pouvant  occasionner  un 
nouveau  sujet  de  discussion. 

M.  Oito  remarque  de  plus  que  ,  si  un  armistice 
général  étaii  conclu  ,  il  est  autorisé  à  donner 
toutes  les  sûretés  jugées  nécessaires  pour  le  com- 
merce de  la  Grande-Bretagne  :  et  que  la  grande 
importance  du  sujet  l'oblige  de  s'informer  s'il 
doit  attendre  une  réponse  écrite  au  sujet  d'un 
armistice  général ,  ou  s'il  doit  considérer  la  pré- 
sente communication  verbale  comme  un  refus 
définitif. 

J'ai  l'honneur  d'être  ,  etc.  Signe  ,  A.  George. 
L'honnorable  lord  Grenville. 
N".  8.  Downing-Street  ,  29  août  1800. 

Monsieur,  comme  M.  Otto  vous  a  exprimé  le 
desir  de  recevoir,  par  écrit,  la  réponse  du  gou- 
vernement du  roi  à  sa  note  ,  je  vous  transmets 
l'incluse  que  vous  voudrez  bien  lui  communiquer. 
Je  suis,  etc.  Signé,  Grenville.  Commissaire, 
George. 

N".  9.   Downing-Street,  2g  août  iSoo. 

Monsieur  ,  je  joins  ici  ,  par  ordre  du  roi  ,  la 
réponse  que  S.  M.  a  jugé  a  propos  qae  je  fisse 
aux  différens  points  renfermés  dans  la  lettre  que 
j'ai  eu  l'honneur  de  recevoir  de  vous. 

Le  mode  quevous  avez  adopté  pour  la  commu- 
nication de  cette  pièce  a  été  ttès-salisfesant  pour, 
legouvernementde  S.M.;  mais  commeM.  George 
(  président  du  transport  office  )  a  par  sa  situation 
la  facilité  de  vous  voir  sans  être  observé,  je  vous 
prierais  de  me  transmeitre  ,  par  son  Cdnal  ,  ipute 
communication  ultérieure  dont  vous  pourriez  être 
chargéparvotregouvernemenl  concernant  l'alSire 
dont  il  s'agit.  J  ai  l'honneur  d'être,  etc.  Signé, 
Grenville. 

N°.  10.   Downing-Street ,  ig  août  1800.  —  Kote. 

M,  Otto  ayantinformélegouyernement  deS.M. 
que  ,  la  proposition  faite  par  la  cour  de  Vienne  de  , 
fixer  à  Lunéville  les  conférences  pour  la  négocia- 
tion proposée  touchant  une  paix  générale  ,  avait 
élé  accueillie  par  le  gouvernement  fiançais  ,  il  ne 
s'agit  plus  aujourd  hui  que  d'exprimer  1  adhésion 
de  S.  M.  à  celte  proposition  ,  et  de  déclarer,  en 
conséquence  ,  qu'une  personne  dûment  autorisée 
sera  envoyée  à  Lunéville  par  ordre  de  S.  M.  , 
pour  se  réunir  aux  plénipotentiaires  de  l'Autriche 
et  de  la  France  ,  aussitôt  que  les  passeports ,  pour 
un  pareil  ministre  et  sa  suite  .  auront  été  reçus; 
pourvu  que  le  gouvernemeni  français  sliil  disposé 
à  prendre  les  engagemens  nécessaiies  pour  que  le 
plénipotentiaire  'je  S.  M.  soit  en  pleine  libené,  de 
tommuniquer  sans  gêne  ,  et  de  la  manière  usitée 
par  courrier,  avec  son  pays  et  avec  les  contrée* 
appartenantes  aux  alliés  de  S.  M. 

Quant  à  la  proposition  d'un  armistice  général 
par  mer  el  par  terre  ,  entre  la  Grande-Bretagne 
et  la  France  ,  le  roi  verrait  avec  une  grande 
salislaciion  le  moment  où  il  pourrait  adopter 
convenablemeut  toute  mesure  dont  1  ellet  immc- 
dial  serait  de  meure  un  terme  ,  au  moins  pour 
quelque  tems  ,  aux  calamités  de  la  guerre.  Maig 
un  arnaisiics  adapté  aux  opération»  navales  c'a 


296 


encore  ,  dans  aucun  cas  ,  été  conclu  entre  h 
Grande-Bretagne  et  la  France  ,  dans  le  cours  de 
leurs  négociaiions  pour  la  paix  ,  ou  avant  la 
signature   efFeclire  des   préliminaires  ; 

En  conséquence  ,  une  pareille  démarche  ne 
saurait  cire  considérée  comme  nécessaire  aux  né- 
gociations ,  Cl  d'après  les  dispuies  iiui  s'élèveraient 
inévitablement  sur  son  exécuiion  ,  il  y  aurait 
tout  lieu  de  craindre  qu'il  ne  servît  plutôt  a 
obstruer  qu'à  faciliter  le  succès  des  efFotls  que 
les  deux  panies  pourraient  faire  pour  le  réta- 
blissement de  la  paix.  Au  surplus  ,  il  faut  con- 
sidérer que  les  circonstances  qni  accompagnent 
une  guerre  navale,  ne  sont  évidemment  pas  de 
nature  à  admettre  ces  airangemens  balancés  , 
qui  sont  si  aisément  établis  à  l'égard  des  opéra- 
tions militaires  ,  lorsque  ces  dernières  se  trouvent 
suspendues  par   une   convention. 

Il  paraîi  donc  ,  à  tout  événement  ,  prématuré 
d'enuer  même  en  discussion  sur  celte  question  , 
jusqu'à  ce  que  ,  par  le  cours  des  négociations  , 
il  paraisse  plus  clairement  si  l'on  peut  en  aliendre 
un  résultat  saiislesant.  Mais  dans  tout  étal  de 
cause  ,  aucune  décision  ne  pourrait  être  prise 
à  cet  égard  ,  à  moins  que  le  gouvernement  fran- 
çais n'ait  expliqué  provisoirement  de  quelle  ma- 
nière il  conçoit  que  ,  les  principes  des  régle- 
mens  adopiés  dans  l'armisiice  allemand  à  l'égcird 
des  villes  bloquées  ,  sont  applicables  aux  ports 
ei  arsenaux  maritimes  de  la  Fiance  et  de  ses 
alliés  actuellement  bloqués  par  les  escadres  de 
S.  M.  ,  de  manière  à  meure  à  exécution  de  bonne 
foi  ,  relaiivcmenl  aux  forces  maritimes  respec- 
tives ,  des  stipulations  analogues  à  celles  qui 
ont  éié  faites  à  légard  des  dispositions  militaires 
occupées  .par  les  armées  en  Allemagne  et  en 
Italie.  Signé,  Grf.nville. 
K".  II.  Londres,  lî  fructidor  an  8,  (3o  août  1800.) 

Milord,  j'ai  reçu  hier  au  soir  la  lettre  et  la  note 

.  que  votre  excellence  m'a  fait  l'honneur  de  m'a- 

Oresser,  et  je  me  suis  empressé   de   les   envoyer 

eur-le-champ  à  Douvres  par  un  courierexiraordi- 

naire. 

Je  ne  puis  qu'être  très-flatié  de  l'approbation  que 
le  gouvernement  de  S.  M.  a  bien  voulu  donner 
au  mode  que  j'avais  adopté  pour  mes  communi- 
cations po'iiiques.  Celui  que  votre  excellence  me 
propose  a  le  double  avantage  de  la  célérité  et  du 
«ecret,  et  je  le  suivrai  toutes  les  fois  que  tes  or- 
dres lie  mou  gouvernement  me  mettront  dans  le 
casd'en  profiter,  j'ai  l'honneur,  etc.  Si^nc  Otto. 

N°.    12.  Hereford-Strect ,   le  it  fructidor  an  &  , 
(  3o  août  1800.  )  —  Note. 

Son  excellence  milord  Grenville  ayant  bien 
voulu  informer  le  soussigné  de  l'intention  de  S.  M. 
d'envoyer  un  plénipotentiaire  à  Lunéville  ,  pour 
prendre  part  aux  négociations  qui  y  seront  enla- 
mées  aussi-tôt  que  les  p.jsse-ports  nécessaires  au- 
ront été  expédiés  ,  et  que  le  gouvernement  fran- 
çais aura  donné  l'assurance  d'une  correspondance 
fibre  de  ce  plénipotentiaire  avec  sa  cour  et  avec 
les  pays  appartenans  aux  alliés  de  S.  M.;  le  sous- 
signé a  expédié  sur-le-champ  un  Courier  extraor- 
dinaire pour  communiquer  ces  dispositions  à  son 
gouvernement. 

Les  sentimens  de  conciliation  et  d'humanité  qui 
ont  irflué  sur  celte  décision  du  cabinet,  sont  un 
heureux  présage  du  rétablissement  de  la  bonne 
harmonie  entre  deux  pays  qui,  par  le  génie,  les 
talens  et  l'industrie  de  leurs  peuples  ,  sont  si  for- 
tement portés  a  chérir  les  arts  de  la  paix  et  les 
jouissances  qu'elle  procure.  C'est  pour  alteindre 
plus  prompiement  ce  but  ardemment  désiré  par 
î  Europe  entière ,  que  le  soussigné  avait  été  chargé 
de  soumettre  au  gouvernement  britannique  ,  le 
projet  d'une  trêve  maritime;  mais  les  minisires  de 
S.  M.  ayant  jugé  qu'il  serait  prématuré  d'entrer 
même  en  discussion  sur  cet  objet ,  il  doit  respecter 
les  motifs  qui  leur  paraissent  militer  contre  une 
pareille  négociation  ,  quoiqu'il  ait  eu  tout  lieu 
d'espérer  que  l'adhésion  de  S.  M.  à  cette  proposi- 
tion aurait  pu  devenir  le  gage  de  la  continuation 
des  deux  armistices  conclus  en  Allemagne  et  en 
Italie  ,  le  gouveruement  français  ne  pouvant  con- 
sentir long-Iems  à  sacrifier  les  avantages  que  lui 
donne  sa  position  militaire  sur  le  continent,  sans 
être  assuré  d'un  sacrifice  équivalent  de  la  part  de 
la  Giande-Bretagne. 

Si  par  la  force  impérieuse  des  circonstances  , 
le  résultat  des  négociations  de  Lunéville  était 
soiamis  aux  nouvelles  chances  de  la  guerre,  il 
est  à  présumer  que  les  instructions  et  délibéra- 
tions respectives  n'auraient  plus  pour  base  un 
état  de  choses  connu  et  apprécié  de  toutes  pans  , 
et  que  les  dispositions  pacifiques  manifestées  par 
les  puissances  belligérantes  ,  ne  produiraient 
pas  des  effets  aussi  prompts  et  aussi  salutaires  , 
qu'on  aurait  pu  en  espérer  d'une  trêve  générale. 

Les  appréhensions  du  soussigné  touchant  le 
renouvellement  probable  des  hostilités  en  Alle- 
magne et  en  Italie  ,  nonobstant  les  négociaiions  , 
qui  ,  de  concert  avec  S.  M.  ,  seront  entamées  à 
Lunéville  ,  semblent  être  confirmées  par  l'ordre 
qu'il  a  reçu  de  solliciter  uue  répoose  avant  le  3 
ieptembie.  Signé  Otto, 


N"  i3.  Bowning-Street ,  î  septembre  iSoo. 
Monsieur  ,  je  désire  que  vous  informiez 
M.  Oiio  ,  qu'il  a  plu  au  roi  de  faire  choix  de 
M.  Grenville  .  pour  repiésenter  S.  M.  à  Luné- 
ville ,  et  de  M.  Garlike  ,  maintenant  secrétaire 
de  la  légation  de  S.  M.  à  Berlin,  pour  remplir 
les  lonct'ions  de  secrétaire  auprès  de  M.  Grenville. 
Il  seia  donc  nécessaire  qi:e  le  gouvernement  fran- 
çais délvre  à  M.  Garlike  un  passe-poi't  sépiiré  , 
pour  se  rendre  directement  de  Berlin  à  Lunéville. 
Vous  ajouterez  que  ce  serait  une  chose  conve- 
nable au  gouvernemeuide  S.  M.  ,  et  principale- 
menr  à  M.  Garlike  ,  que  ce  passe-port  au  lieu 
d'être  envoyé  par  Londres,  fiit  directement  trans- 
ujis  par  le  ministre  français  à  Berlin  ,  au  comte  de 
Carisfort  ,    ministre  de  S.  M.  à  cette  cour. 

Je  désire  que  vous  fassiez  observer  à  M.  Olto  , 
qu  il  est  d'usaoe  ,  à  louvetture  de  négociaiioris 
pour  la  baix  ,  de  s'entendre  ,  pour  que  les^  mi- 
nistres itspectifs  arrivent  à-peu-près  en  même- 
temps  au  lieu  des  négociaiions  ;  et  comme  une 
communication  sur  ce  point  parviendrait  beau- 
coup plutôt  de  Paris  que  de  Vienne  ,  le  gouver- 
nement de  S.  M.  désirerait  être  informé  ,  par 
votre  moyen  ,  de  l'époque  .fixée  pour  l'arrivée  des 
plénipotentiaires  autrichiens  et  français  à  Luné- 
ville ,  afin  que  de  la  part  de  S.  M.  il  n'y  ait  au- 
cun relard  à  l'ouverture  de  la  négociation. 

Je  suis,  e.tc.  Signé  Grenville.  Au  capitaine 
George. 


NO 


14.    Hereford  -  Street ,  '  17  fructidor  , 
(  4  septembre   1800.  ) 


Milord,  M.  George  n'étant  pas  revenu,  de 
Margate  où  il  a  accompagné  sa  famille  ,  j'espère 
que  votre  excellence  ne  trouvera  pas  mauvais  que 
je  lui  iraiismette  directement  les  importantes 
communications  que  j'ai  reçues  ce  malin  par  un 
courrier  extiaordinaire.J'ajouterai  que  si  S.  M.  con- 
sent à  l'armistice  proposé  ,  je  suis  chargé  de  dOn  ■ 
ner  le  passe-port,  et  de  donner  toutes  les  sûretés 
demandées  pour  le  pléuipoientiaire  qui  sera  dé- 
signé. 

J'ai  l'honneur  d'être  avec  la  plus  haute  considé- 
ration ,  etc.  Signé,  Otto.  Vhonerable  lord  ,  Gren- 
ville. 

N".  i5.  Note. 

Le  soussigné  ayant  communiqué  à  son  gouver- 
nement la  note  en  daie  du  29  août  que  son  excel- 
lence ,  lord  Grenville  ,  lui  a  fait  remettre ,  est 
chargé  de  lui  présenter  les  observations  suivantes  : 

Des  préliminaires  de  paix  avaient  été  conclus  et 
signés  entre  S.  M.  I.  c-t  la  République  française. 
L'intervention  de  lord  Muiio  qui  a  demande  que 
sa  cour  fût  admise  drns  les  négociations,  a  em- 
pêché la  ratification  de  S.  M.  I.  ;  la  suspension 
d'armes  qui  n'avait  eu  lieu  sur  le  continent  ,  que 
dans  l'espoir  d'une  prompte  paix  entre  l'empé- 
teur  et  la  république  ,  devra  donc  cesser,  et  cessera 
en  elfet  au  24  fructidor ,  puis?jue  la  république 
n'avait  sacrifié  qu'à  cette  espérance  de  paix  immé- 
diate ,  les  immenses  avantages  que  lui  a  donnés  la 
victoire, 

L'intervention  de  l'Angleterre  complique  telle- 
ment la  question  de  la  paix  avec  l'Autriche  ,  qu'il 
est  impossible  au  gouvernement  français  de  pro- 
longer plus  long-iems  l'armistice  sur  le  continent  , 
à  moins  que  S.  M.  britannique  ne  le  rende  com- 
mun entre  les  trois  puissances.  Si  donc  le  cabinet 
de  S. -James  veut  continuer  de  faire  cause  com- 
mune avec  l'Autriche  ,  et  si  son  désir  d'intervenir 
dans  la  négociation  est  sincère  ,  S.  M.  britannique 
n'hésitera  point  à  adopter  l'armistice  proposé. 

Mais  si  cet  armistice  n'est  point  conclu  avant 
le  94  fructidor  ,  les  hostilités  auront  été  reprises 
avec  1  Auiriche  ,  et  le  premier  consul  ne  pourra 
plus  consentir  à  l'égard  de  cette  puissance  ,  qu'à 
unepaixséparée  et  complette. 

Pour  satisfaire  aux  explications  demandées  re- 
lativement à  l'armistice  ,  le  soussigné  est  chargé 
de  faire  connaître  à  son  excellence  ,  que  les 
places  qu'on  voudrait  assimiler  à  celles  d'Alle- 
magne ,  sont  Malte  et  les  villes  maritimes  dE- 
gypie. 

S  il  est  vrai  qu'une  longue  suspension  d'armes 
entre  la  France  et  l'Angleterre  pourrait  paraître 
défavorable  à  S.  M.  britannique  ,  il  ne  l'est  pas 
moins  qu'un  armistice  prolongé  sur  le  continent 
est  essentiellement  désavantageux  à  la  république 
française  ;  de  sorte  qu'en  même  tems  que  l'ar- 
mistice maritime  serait  pour  le  gouvernement 
français  une  garantie  du  zèle  que  mettrait  l'An- 
gleterre à  concourir  au  rétabHssement  de  la  paix, 
l  armistice  continental  en  serait  une -pour  le 
gouvernement  britannique  de  la  sincérité  des 
efforts  de  la  France  ;  et  cotnme  la  position  de 
1  Autriche  ne  lui  permettrait  plus  alors  de  ne 
pas  rechercher  une  prompte  conclusion  ,  les 
trois  puissances  auraient  dans  leurs  intérêts  pro- 
pres des  raisons  déterminantes  pour  consentir 
sans  délai  aux  sacrifices  qui  peuvent  être  réci- 
proquement nécessaires  pour  opérer  la  prochaine 
conclusion  d'une  paix  générale  et  solide  ,  telle 
qu'elle  est  le  vœu   et  l'espoir  du  monde  entier. 


N°  16,  —  Downing-Streit  ,  /^septembre  1800. 

Monsieur,  comme  il  paraît,  par  une  note  de 
M.  Otto  de  ce  jour  ,  que  le  gouvernement  fran- 
çais est  déterminé  à  faire  dépendre  la  Ci^ntinua-  . 
tion  de  l'armistice  entre  l'Autrich  et  la  France  ,  !• 
et  le  commencement  des  négociations  pour  la  ;i, 
paix  de  la  conclusion  d'un  armistice  avec  l'An- 
gleterre ,  on  juge  à  propos  ,(afin  de  preruire 
cette  dernière  décision  sur  une  question  si  im- 
portante et  de  si  grande  conséquence,  avec  la 
pleine  connaissance  de  toutes  les  considéraiions 
qui  doivent  la  déterminer  )  ,  que  vous  voyiez 
M.  Olto  ,  et  que  vous  sachie,!  de  lui  si  (  comme 
sa  note  du  3o  dernier  paraît  l'assurer),  il  est 
muni  d  un  projet  de  iraiié  pour  une  trêve  mari- 
lime;  et  dans  ce  cas  ,  s'il  veut  le  communiquer 
pour  le  faire  connaître  au  gouvernement  de  S.  M. 

Vous  saurez  de  plus  s  il  a  les  instructions  et 
les  pouvoirs  nécessaires  pour  comprendre  dans 
ce  traité  les  alliés  de  S.  M. 

Ei  enfin  ,  si  son  projet  ne  contiendrait  pas  d'ar- 
ticle apqlicable  à  la  question  de  faire  prendre  une 
autre  slaiion  ,  soit  en  Europe  ,  soit  hors  d'Eu- 
rope ,  aux  vaisseaux  français  et  espagnols  main- 
tenant à  Brest  :  vous  saurez  si  M.  Otto  est  autorisé 
à  entrer  en  négociation  ,  à  l'effet  dinsérer  des 
stipulations  à  ce  sujet  dans  le  traité  de  cette  na- 
ture que  son  gouvernement  a  proposé.  ■ 

Je  suis  ,   etc. 

Signé  ,  Grenville.  Evan  Nepean  ,  écuyer. 
N'  IT- Jeudi  soir  ,  4.  septembre  1800. 

Le  ciloijen  Otto  fail  ses  comphniens  à  M.  Ne- 
pean et  lui  envoie  ,  comme  il  l'a  désiré  ,  un 
projet  de  traité  proposé,  par  son  gouvernement. 

N°   18.  Londres  ,   4  septembre  1800. 

Milord,  depuis  que  j'ai  eu  l'honneur  de  com- 
muniquer à  votre  seigneurie  la  conversation  qui 
a  eu  lieu  entre  moi  cl  M.  Otio  ,  au  sujet  de  la 
proposition  d'un  armistice  naval  ,  et  qu'il  a  ex- 
primé sa  disposition  à  me  communiquer  la  copie 
du  projet  ,  j'ai  reçu  de  lui  la  note  ci-jointe  ,  qui 
renferme  le  projet  en   question  ,  etc. 

Signe  ,  Evan  Nepean.  Lord  Grenville. 
N"   ig.  Projet. 

Art.  I".  Il  y  aura  ure  suspension  d'hostilité» 
entre  les  flottes  et  armées  de  la  république  fran- 
çaise e^  celles  de  la  Grande-Bretagne. 

II.  Les  vaisseaux  de  guerre  et  les  vaisseaux 
marchands  des  deux  nations  jouiront  d'une  libre 
navigation  ,  sans  êire  sujets  à  aucune  visite  ,  et 
observeront  1  usage  éî.ibli  avant  la  guerre. 

III.  Tous  vaisseaux  de  chacune  des  nations  , 
capturés  après  le         fructidor  ,  seront  rendus. 

IV.  Les  places  de  Malte  ,  Alexandrie  ,  Belle- 
Ile  ,  seront  assimilées  aux  places  dUlm  ,  Philis- 
bourg  ,  Ingolstadt  ;  c'est-à-dire,  tous  vaisseaux 
neutres  ou  français  auront  la  libre  permission  d'y 
entrer  pour  les  approvisionnemens. 

V.  Les  escadres  qui  bloquent  Brest  .  Toulon  , 
Flessingues  ,  Cadix  ,  reiourneroiit  dans  leurs 
ports  ,  ou  au  moins  s'éloigneront  de  la  vue  de  la 
côte. 

VI.  Trois  officiers  anglais  seront  dépêchés  ,  l'un 
directement  à  l'amiral  commandant  dans  la  Mé- 
diterranée ,  un  autre  au  commandant  de  l  es- 
cadre devant  Malte,  le  troisième  au  comman-, 
dam  du  blocus  d'Alexandrie  ,  pour  leur  notifier 
le  présent  armistice,  et  leur  porter  l'ordre  de  s'y 
conlormer.     Lesdils     officiers    passeroni    par     la 

(  France  ,  afin  d'arriver  le  plus  prompiement  pos- 
sible à  leur  destination. 

VII.  S.  M.  catholique  ,  la  république  batave  et 
la  république  ligurienne  ,  sont  comprises  dans  le 
présent  armistice. 

N".  20.   Note  de  lord  Grenville. 

L'unique  molif  qui  puisse  engager  celle  cour 
à  entamer  la  discussion  d'une  proposition  si  ex« 
traordinaire  et  si  désavantageuse  aux  intérêts  de 
la  Grande-Bretagne  ,  que  celle  d'une  trêve  ma- 
ritime ,  préalablement  aux  négociations  ,  est  le 
désir  de  coniribuer  à  faciliter  Id  conclusion  d'une 
paix  générale  ;  et  la  rupture  de  1  armisiice  sut 
le  continent  par  le  gouvernement  français,  fe- 
rait évanouir  toute  disposition  pour  une  pareille 
mesure  de   la  paît  de  l'Angleterre. 

La  nécessité  de  prendre  les  ordres  du  roi  sur 
le  projet  communiqué  par  M.  Otto,  empêcha 
le  soussigné  d  envoyer  une  réponse  avant  di- 
manche prochain.  M.  Oilo  déterminera  en 
conséquence  s'il  ne  serait  pas  à  propos  d'é- 
crire de  suite  à  son  gouvernement  ,  pour  ob- 
server que  si  la  France  a  proposé  un  armisiice 
avec  la  Grande-Bretagne  ,  dans  l'intention  d'a- 
cheminer une  négociation  générale  el  la  paix, 
ce  but  ne  saurait  être  rempli  ,  à  moins  que  lar- 
misiice  continental  ne  fût  au  moins  prolongé 
suHBsamment  pour  donner  ici  le  tems  de  répon- 
dre aux  propositions.  Signé  Grenville., 

H°- 21.  Londres ,  5  septembre  1800  ,  18  fructidor, 
an  8. 
Monsieur  ,  j'ai  reçu  la  lettre  que  vous   m'avei 
fait  l'honneur  de  m'éçrire,  pour  ro.informer  qu* 


s.  M.  a  jugé  conven.ble  de  nommerM.  Grenviile 
pour  prendre  part  aux.  négociations  éventueliçs  de 
Lunéville.  Ce  choix  ne  peut  manquer  d'éire 
agréable  au  gouverneraeni  français  :  dès  que  le 
résultat  des  communicaiions  actuelles  aura  rendu 
le  voyage  de  M.  Grenviile  nécessaire  ,  je  lui  expé- 
dierai les  passe  poils  qui  lu'oni  été  demandés  ;  et 
je  suis  autoiisé  à  donner  ,  au  nom  de  mon  gou- 
vernement ,  louie  garantie  à  M.  Grenviile  ,  pour 
la  célérité  et  1  inviolabilité  de  sa  correspondance. 

Quant  à  M.  Garlike,  il  serait  tres-lacile  de  lui 
envoyer  son  passe-port  directement  à  Berlin  ,  eije 
le  demanderai  à  mon  gouvernement. 

L'arrangement  à  prendre  dans  le  cas  d'un  con- 
grès éveniuel ,  pour  que  les  ministres  puissent  ar- 
river en  même  lems  au  lieu  où  doivent  se  tenir  les 
conférences  ,  est  tellement  semblable  à  ce  qui  se 
passe  en  de  pareilles  circonstances  ,  qu'il  ne  peut 
être  négligé.  La  proximité  de  Paris  me  raeur.i  à 
même  de  donner  au  gouvernement  briiannique 
toutes  les  informations  qu'il  désirera  sur  cet  objet, 
beaucoup  plus  promplement  qu'il  ne  pourrait  les 
recevoir  de  Vienne. 

j'ai  l'honneur  d'être,  etc.      Sigué  Otto. 

K°.  22.  Rue  d'Herefort ,  iq  fructidor  n?i  8  ,  (  6  sep- 
tembre  i8oo.) 

Le  soussigné  reçut  hier  à  4  heures  après-midi  , 
la  note  que  S.  E.,lord  Grenviile  lui  a  fait  l'honneur 
de- lui  envoyer.  Elle  lui  a  paru  d'une  telle  impor- 
tance, qu'il  l'a  sur-le-champ  fait  passer  à  son  gou- 
vernement parun  courtier  extraordinaire-.  Il  espère 
qu'elle  arrivera  assez  !Ôi  pour  produire  l'eHet  qu  en 
attend  son  excellence,  et  si  elle  contribue  à  pro- 
longer de  quelques  jours  l'armistice  continental, 
il  se  lélicitera  beaucoup  d'y  avoir  coopéré. 

Il  prie  son  excellence  d'accepter  l'hommage  de 
sa  respectueuse  considération.  Signé  Otto. 

N"  23.  Downing-Slreet ,  7  septembre  iSoo   — Note. 

Lord  Grenviile  présente  ses  complimens  à 
M.  Otto  ,  et  lui  envoie  la  réponse  officielle  à  ses 
dernièies  ouienurcs  au  sujet  d'un  armistice  ,avec 
le  contre-ptcjet. 

Il  prie  M.  Otio  d'accepter  l'asslirance  de  sa 
haute  considération. 

N°.  24-  Downing-Street ,  j septembre  1800.  — JVate. 

Le  soussigrré  a  eu  1  honneur  de  meure  sous  les 
yeux  du  roi  la  réponse  officielle  du  gouvernement 
français  qu'il  a  reçue  de  M.  Otto  le  4  de  ce  mois  , 
de  même  que  le  projet  d'armistice  communiqué  le 
rcêmejour. 

L'esprit  de  celle  réponse  est  malheureusement 
peu  analogue  aux  a^iparences  des  disposiiions 
conciliatoires  qui  avaietu  été  manifestées  aupara- 
vant. S  il  est  rédlem»  nt  possible  dans  l'état  actuel 
des  choses  ,  de  rétablir  la  ira  quililié  permanente 
de  lEurope  ,  ce  but  douêtre  aiieinr  par  des  voies 
bien  liifiéren'es  de  celles  d'une  controverse  que 
celle  pièce  est  daiiS  le  cas  de  faire  naître. 

Une  réponse  cepenriant  auxassèrtions  qui  y  sont 
avancées,  est  in.iispensablement  nécessaire  pour 
empêcher  que  par  notre  silence  elles  ne  soient 
legari'ées  comme  admises. 

Les  articles  qu'un  officier  autrichien  dépourvu 
de  toute  commission  ,  a  été  persuadé  de  signer  à 
Pari' ,  paraissent  en  tftct  à  S.  M.  peu  propres  à 
terminer  les  calamités  de  l'Europe.  Mais  quel 
qu  ait  été  le  but  de»  conditions  que  le  gouverne- 
ment français  y  a  stipulées  ,  il  ne  p..ut  y  avoir  au- 
cun prétexte  de  les  représenter  comme  des  préli- 
minaires conclus  par  [Autriche,  ou  annuUés  par 
l'intervention  de  S    M. 

Les  engagemens  par  lesquels  les  cours  de 
Londres  et  de  Vienne  sont  convenues  de  ne  traiter 
que  de  concert,  ont  été  pris  avant  qu'il  rje  tût 
question  de  ces  prétifndus  prélitnioaires  de  paix, 
et  la  première  nouvelle  que  S.  M.  a  reçue  ae  leur 
signature ,  était  accompagnée  d'une  iiéclaïaiiuri 
expresse  de  son  allié,  qu'ils  avaient  été  signés 
sans  autorité  ,  et  qu'ils  doivent  été  considéiés 
comme  abs.olumeni  nuls. 

En  effet ,  le  gt>uverneraent  françiis  ne  pouvait 
t'alieodre  à  une  autre  détermination  de  la  part  de 
S.  M.  I.  Le  ciélaut  de  tout  pouvoir  et  instruction 
pour  un  pareil  traité  de  la  pan  de  l'oHicier  autri- 
chien ,  a  été  disiinctement  notifié  par  cet  officier 
à  ceux  qui  ont  traité  avec  lui  :  et  ce  défaut  d  ins- 
truction est  même  mentionné  sur  la  pièci.'  qu'il  a 
ïignée. 

Il  n'y  a  donc  rien  de  plus  à  dire  à  l'égard 
«le  la  demande  supposée  de  S.  M.  ,  d'être  ad- 
mise à  ces  négociations.  Sa  note  présentée  au 
baron  de  Tliugut  psr  lord  Minto  ,  exprime  suf- 
fisamment la  part  que  S.  M.  est  réellement  dis- 
posée à  prendre  à  toute  négociation  qui  pourra 
cire  légulicrcment  entamée  pour  une  paix  géné- 
rale. Le  roi  a  toujours  été  persuadé  que  le  ré- 
sultat d'une  pareille  ncgociavion  peut  seul  réta- 
blir ffhcaccuieni  la  tranquillité  de  l'Europe.  L'ex- 
périence a  cotihrmé  celle  opitjion  ,  et  c'est  uni- 
qucmcni  d  après  la  convicliou  de  sa  vérité  .  que 
S,  M.  est  disposée  aujourd  hui  à  passer  pat-dessus 
les  grandes  objections  qu'elle  a  faites  à  la 
piCmicre  proposition  d'un  armistice   naval  et  4 


297 

discuter  les  conditions  sur  lesquelles  il   peut  être 
établi.  '     »• 

S.  M.  jugeant  d'après  l'expérience  des  négo- 
ciations aiiiciieurcs  ,  ne  pense  ,  en  aucune  ni.i- 
niere  ,  qu  un  pareil  armistice  puisse  acheminer 
ou  faciliter  un  arrangement  poitaiit  sur  les  inté- 
rêis  directs  de  la  Grande-Bretagne  et  de  la 
Fiance.  Elle  ne  peut  le  regarder  autrement  que 
comme  un  avantage  temporaire  qu'on  lui  pro- 
pose d'accorder  à  son  ennemi  ,  afin  d'cm)iêcher 
le  renouvellement  des  hostilités  coniineniales  , 
et  de  coniribucr  par-là  à  la  conclusion  d'une 
paix  générale.  D  après  celte  consideraiion.no- 
tsobstant  les  inci.nvéniens  nombreux  qui  doivent 
résulter  de  cette  mesure  pour  ce  pa)5-ci  ,  elle 
est  résolue  de  donner  à  ses  alliés  et  à  toute  l'Eu- 
rope ce  nouveau  gage  des  scntimcns  qui 
l'animent  ,  pourvu  que  ses  ennemis  soient  dis- 
posés à  régler  les  conditions  d'un  pareil  armis- 
tice (  autant  que  l.i  nature  des  choses  peut  l'ad- 
meltre  )  conformément  aux  principes  évidens  et 
ordinaires   de   ces   conventions. 

Ces  principes  sont  ;  que  la  position  respec- 
tive des  parties  contractantes  restent  ,  pciulant 
la  continuation  de  I  armisiice  ,  lelle  qu'elle  était 
lors  de  son  commencement  ,  ei  qu'aurune  des 
puissances  ne  puisse  ,  au  moyen  de  la  trêve  , 
acquérir  de  nouveaux  avantages  ou  de  nouveaux 
moyens  pour  inouiéier  son  ennemi.  On  a  déjà 
observé  dans  une  note  précédente  ,  combien 
il  est  difficile  d'atteindre  ce  bui  avec  la  liiêiTie 
précision  dans  le  cas  des  opérations  navales  que 
dans  celui  des  opérations  de  terre  ;  et,  sous  ce 
rapport  ,  il  reste  toujours  une  princij.ale  objec- 
tion contre  toute  la  mesure.  JVIds  ie  projet  (rin- 
çais loin  de  diminuer  ces  dilficuités  ,  s'écarte 
compleilement  et  dans  chaque  auicle  du  prin- 
cipe essentiel  expressément  reconnu  et  scrupu- 
leusement maintenu  dans  l'armistice  continental, 
qui  cependant  est  cité  comme  devant  servir 
de  base  et  de  modèle  à  cette  convention.  Il  y 
est  proposé  en  eifet  que  le  blocus  des  ports  et 
arsenaux  des  ennemis  du  roi  soit  levé.  —  Qu'ils 
soient  en  pleine  liberté  de  faire  passer  leurs  vais- 
seaux à  d'autres  stations ,  de  diviser  ou  de  réunir 
leurs  forces  comme  iis  le  jugeront  plus  avaiilat^eux 
à  leurs  pians  futurs.  —  L'imponafion  des  provi- 
sions et  munitions  navales  doit  éirc  entièrement 
libre.  —  Même  Maite  et  les  poris  d  Egvpte  ,  quoi- 
qu'expressément  représentés  comme  bloqués  dans 
ce  moment-ci  ,  doivent  être  librement  approvi- 
sionnés et  pour  un  tems  illimité,  ce  qui  e;t  en 
pleine  contradiction  avec  les  stipulalions  de  l'ar- 
mitiice  allemand  ,  concernant  Uim  et  Ingols'adt , 
auxquelles  p'aces  cependant  on  prétenel  vouloir 
les  assimiler.  —  On  pense  de  plus  que  ce  gouver- 
nement se  liera  envers  les  alliés  de  la  Fiance, 
avant  que  ces  alliés  aient  pu  prendre  d  en<>aCTe- 
ment  réciproque,  et  en  même, lems  il  n'est  fait 
aucune  mer.iion  des  alliés  rlu  roi. 

Il  est  impossible  de  s'attendre  qu'aucun  motif 
puisse  induire  le  roi  à  accéder  à  des  pro[;ositions 
si  manifestement  contraires  aux  principes  de  jus- 
lice  et  de  réciprocité  ,  et  si  préjudiciables ,  non- 
seulement  aux  intérêis  de  S.  M.  ,  mais  à  ceux  de 
de  ses  alliés. 

Le  contre-projet  que  le  soussigné  a  l'honneur 
1  de  transmettre  à  M.  Otto  ,  renfeime  des  siipula- 
I  lions  qui,  sous  ce  rapport ,  sont  p'us  analogues  à 
I  ces  piincipes  d'égaliié  d'après  lesquels  seuls  S.  M. 
peut  consentir  à  traiter.  — Même  ces  stipulations 
sont  en  plusieurs  points  importans  et  p.uticuliéïe- 
ment  en  ce  riui  concerne  la  position  actuelle  ries 
escadres  de  S.  M.  ,  très-éloignées  de  ce  que  S.  M. 
aurait  pu  justement  demander,  en  se  fondant  sur 
ce  principe  général  ci-dessus  uieniionné  , analogue 
aux  conditions  de  l'armistice  continental.  On  se 
repose  en  mtme-tems  avec  confiance  sur  la  bonne 
foi  de  l'ennemi  ,  quelque  dilbcile  iju'il  soit  d'y 
compter  ,  quand  il  s'agit  de  convention  entre  deux 
puissances  belligérantes,  et  S.  M.  aime  à  croire 
que  celte  confiance  ne  sera  pas  déplacée  en  cette 
occasion. 

Si  M.  Otto  a  le»  pouvoirs  nécessaires  pour  accé- 
der à  Ces  sli(  ulaiions  ,  une  personne  convenable 
sera  immédiatement  autorisée  à  les  signer  au  nom 
de  S.  M.  —  Dans  le  cas  contraire,  il  est  prié  de 
les  communiquer  sans  délai  à  son  gouvernement. 
Signé  Grenville. 
N°.  25.  Contre-projet. 

Attendu  qu'il  est  convenu  que  des  négociations 
pour  une  paix  générale  seront  immédiatement 
entamées  entre  l'empereur  d'Allemagne  ,  S.  M.  bri- 
tannirjue  et  la  république  française,  et  qu'un 
armistice  a  déjà  été  conclu  entre  les  armées  de 
S.  M.  britannique  et  celles  de  la  république 
française  ,   aux  conditions  suivantes  ; 

Art  I".  Toutes  hosiilités  par  mer  et  par  terre 
enire  les  forces  des  deux  parties  contractantes  , 
seront  suspendues  et  ne  seroiu  renouvelées  qu'a- 
près une  notification  préalable  de  (juinze  jours 
avant  la  fin  de  l'armistice.  Cette  iioiihcaiion  ,  en 
tant  qu  elle  se  rapporte  à  la  partie  de  l'Europe 
qui  esi  au  nord  du  cap  Si.-Vmtenl  ,  sera  faite  par 
1  un  des  deux  gouvernemens  à  l'autre  ,  el  elle 
dalera   du  jour  auquel  elle  aura  été  reçue  par  le 


gouvernement  à  qui  elle  auri  éié  fuite.  D^'nsU 
Méditerranée  ou  dans  d  autres  panits  du  mrjndc'; 
la  noiilicaiion  sera  faite  par  les  corainandans  res- 
l'tjciifs.  Mais  ,  en  cas  de  renouvellement  d'hos- 
tiliiés  entre  l'Aulriche  et  la  France,  l'armistice 
enlrc  la  Grande-Bretagne  et  la  France  sera  éga- 
lement considéré  comme  terminé  aussitôt  que  le  le- 
nouvellement  des  hostilités  sera  connu  des  coin- 
mandans  britanniques  ;  à  iexcepiioii  seulement  dt 
ce  fjui,est  relatif  aux  prises  de  bâtmims  man.liunds  , 
ce  point  devant  élie  réglé  par  le  troisième  ar- 
ticle de  cette  convention. 

II.  Il  sera  immédiatement  envoyé  par  les  deux 
gouvernemens  des  ordres  aux  officiers  cornmaii- 
dans  dans  les  différentes  pai  lies  du  momie  ,  pour 
qu'ils  se  conforment  à  celte  convention.  On  don- 
nera des  passeports  aux  avisos  qui  porteront  ces 
ordres  ,  et  les  officiels  de  S.  M.  britannique  qui 
traverseront  la  France  pour  cet  objet  ,  recevront 
les  sauf-conduits  et  les  facilités  nécessaires  pour 
accélérer  leur  voyuge. 

III.  Touics  les  prises  faites  dans  quelque  partie 
du  monde  pendant  la  durée  de  l'armistice  par 
un  officier  ayant  acruellement  reçu  la  nouficaiioti 
de  celte  convention  .  seront  resiituées.  Et  en  gé- 
néral ('|ue  cette  notification  eût  été  fane  ou  non/, 
toutes  les  piises  taiies  dans  la  Manche  ou  dans  les 
iners  du  Nord  après  douze  jours  ,  à  compter  de 
l'échange  des  ratifications  de  celte  convention  , 
seront  rendues  :  et  à  cet  égard  les  termes  seront 
fixés  pour  les  autres  parties  du  monde  ,   conlor» 

j  mémeiit  aux  stipulations  du  XXU^.  article  des 
piéliminaiics  de  la  cL-rniere  paix. 

IV.  Malte  et  les  villes  raaiiiimes  d'Egypte  seront 
mises  sur  le  même  pied  que  les  places  qui  ,  quoi- 
que co.mpriscs  dans  la  ilémarca;inn  de  l'armée 
française  en  Allemagne  ,  sont  occupées  par  les 
troupes  autrichiennes.  En  conséquence  rien  n'y 
sera  admis  par  mer,  qui  puisse  leur  donner  de 
nouveaux  moyens  de  défense  ,  et  elles  n'y  rece- 
vront des  provisions  que  pour  quatorze  jourf.  àla- 

fois.  à  proporiion  de  leur  consommation  ,  suivant 
l'évaluiiiion  qui  sera  faite  par  des  commissaires 
nommés  pour  cet  effet  ,  qui  auront  le  pouvoir 
d'établir  les  réglemeiis  nécessaires  pour  meurs  à 
exécuiion  cette  stipulation  ,  conformément  aux 
principes  de  1  article  iV  de  la  convention  conclue 
entre  les  généiaux  autrichiens  et  )'r.3nçais  en  Aile- 
magne- 

V.  Le  blocus  de  Brest  ,  de  Toulon  et  de  tout 
autre  port  Irançais  sera  levé  ,  et  tous  les  capitaines 
britanniques  recevront  l'instruction  de  ne  pas  in- 
terrompre le  commerce  de  tout  bâtiment  cnirant 
ou  sortant .  à  l'exception  cependant  des  munitions 
navales  et  militaires  qui  ne  pourront  y  être  importées 
par  mer  pendant  la  durée  du  jncsent  armistice.  Aucun  ' 
des  vaisseaux  de  guerre  actuellement  mouillés  dans  les 
susdits  ports ,  ne  pourra  ,  avant  le  renouvellement  des 
hostilités  ,  en  sortir  pour  prendre  une  autr-.-  station. 

VI.  Les  alliés  des  deux  puissances  contractantes 
seront  respectivement  en  liberté  daccédfr  à  cet 
armistice  ,  s  ils  le  jugent  à  propos  ,  pourvu  qu'ils 
prennent  en  même  tems  rengagement  d'observer 
la  même  trêve,  sur  des  conditions  semblables  à 
celles  ci-dessus ,  envers  ceux  des  alliés  de  l'autre 
puissance  qui  voudront  aussi  y  accéder. 

Les  termes  qui  seront  fixés  pour  le  commence- 
ment de  l'irmisiice  dans  les  différentes  parties  du 
momie  à  l'égard  desd'ts  alliés  ,  seront  réglés  conr 
formément  aux  stipuiaùons  renfermées  dans  l'ar»' 
ticle  111  de  cette  convention  ,  el  les  mêmes  termes  ' 
seront  comptés  du  jour  auquel  l'accession  des- 
dites puissances  à  I  armistice  aura  éié  dûment  no- 
tifiée à  la  partie  avec  laquelle  elle  est  en  guerre.. 
Celle  notification  authentique  du  gouvernemert 
au  nom  duquel  elle  est  faite  ,  pourra  eue  trans- 
mise directement  par  un  courrier  ou  parlementaire  ^ 
ou  par  le  canal  des  deux  parties  contractâmes  de 
1  une  à  lauire  récii-roquemeni.  Les  poris  et  arse- 
naux des  alliés  de  la  France  serool  ,  peridant  la 
durée  d'un  pareil  armistice,  mis  sur  le  même  pied 
que  celui  de  la  France  ,  et  les  notifications  qiîi 
doivent  précéder  le  renouvellement  des  hostilités  , 
de  même  que  tous  les  autres  objets  relaiifs  auxdiis 
armistices ,  seront  réglés  aux  termes  de  la  présente 
coriveniion. 

VII.  Cette  convention  sera  ratifiée  ,  et  l'es  rati- 
fications seront  échangées  dans  le  terme  de  dix 
jours  ,  ou  plus  lot  s'il  esl  possible. 

N"   26.  —  Hereford-Street.  21  fructidor    an   8 
(  5  septembre  iSoo.) 

Milord  ,  j'ai  reçu  hier  à  onze  heures  du  soir 
la  note  et  le  contre-projet  que  votre  excellence 
m'a  tait  l'honneur  de  m'envoyer.  Les  piincipts 
contenus  dans  ces  deux  pièces  sont  ,  sous  plu- 
sieurs rapports  ,  si  peij  analogues  aux  proposi- 
tions que  j  ai  été  autorisé  à  faire,  et  dont  l'objet 
était  de  compenser  ,  par  un  armistice  avec  l'An- 
gleterre ,  les  inconvéniens  qui.  pouiraient  ré- 
sulter pour  la  France  de  la  prolongation  éveU' 
tuelle  de  l'armislice  avec  l'Allemagne  ,  qucje  ne 
puis  prendre  sur  moi  de  les  admettre  avant  d  avoir 
reçu  de  nouvelles  iiistruiions.  £11  consét]Uençe  , 
pour  remplir  I  iniention  de  votre  excellen.pc, 
j  ai  transmis  les  deux  pièces  à  mon  gouverne- 
ment le  plus  promplement  possibli^.  J'ai  I  hon- 
neur d'être  avec  une  rcspectutviiie  considération, 
eit,  Signi ,  Orxo. 


298 


N»  S7.  —Mereford  -  Street ,  16  septembre  1800 
(  sg  fructidor  an  8.  ) 


Milord,  jai  1  honneur  d'envoyer  a  votre  exce 
lence  la   réponse  que  mon     gouveinement   mal 
chargée  «ié   faire  à   la  noie   que  vous  m'avez  fait  j 
l'honneur  de  m'adresser.  j 

est   encore     gouvernement  français  a-i-il  déjà  irop  diftéré  i  user 


Déjà  le  premier  Consul  a  fait  â  l'amour  de  la  : 
paix  un  assez  grand  sacrifice  des  avantages  qu'il  I 
avait  obieiius  ;  s  il  continuait  à  r;e  point  en  tirer  ' 
pùrti  ,  ce  m-  serait  plus  modération  ,  mais  faib'esse; 
t  e  ne  seiaii  p'us  ie  moyen  d'arriver  à  la  conclusion 
t'e  Ja  paix,  mais  ceiui  de  perpéiuer  'a  guerre-  1 
Peutêire  ,  au   jugement  des    hommes  d'éiat  ,  le  | 


Le  premier  consul  espérant  qu 
possible  de  concilier  les  intérêts  des  deux  gou- 
verncmens  ,  ainsi  que  le  désir  qu'ils  monircn 
pour  une  paix  prompte  et  solide  ,  et»  voulant 
donner,  à  cet  égard,  de  nouvelles  preuves  de 
de  ses  dispositions  pacifiques  ,  a  expédié  des 
ordres  pour  différer  quelques  jours  de  plus  1  at- 
taque que  l'aimée  franç;;ise  devait  taire  Sur 
toute  la  ligne. 

Je  donnerai  par  écrit  à  votre  excellence  ,  ou 
à  telle  personne  qu'elle  désigneia  pour  cet  ob- 
jet ,  des  explications  salisfesantes  sur  les  prin- 
cipales objeciions  contenues  dans  votre  noie  du 
7  de  ce  mois.  J'espcre  qu'elles  rempliront  l'objet 
de  voire  excellence,  et  me  feront  connaître  les 
inieniions  de  V.M.  ,  I  importance  de  ces  commu- 
nicaiions  m'engage  à  vous  recommander  de  me 
donner  toutes  les  facilités  possibles. 

N"  28.     Note. 

'  Le  soussigné  ayant  transmis  à  son  gouverne- 
ment la  noie  en  dat-  du  7  septembre,  que  son 
excellence  milord  Grenville  lui  a  fait  remettre 
avec  le  contre-projet  qui  y  ét-it  joint  ,  il  a  paru 
au  premier  consul  que  l'armistice  proposé  par  le 

gouveinement  britannique  était  rédigé  de  manière  j  |a  libre  navigation  de  ses  bâtimens  ,  et  les  facilités 
qu'il  ne  présentait  aucun  avantage  pour  h  repu-  I  nécessaires  pourses  communications  liVtzVEgyjitc, 
biique  française ,  et  dès-lors  ne  pouvait  pas  cora-  j  avec  les  îles  de  France  et  de  la  Réunion  ,  et  avec 
penser  les  incouvénicns   graves  qu'entraîne  pour  i  Jej  colonies  d'Axérique. 

elle  la  continuation  de  l'armistice  continental  :  d  où  j  Quant  â  l'approvisionnement  des  porls  mêmes 
il  résulte  que  le  contre-projet  présenté  ne  pourrait  •  de  la  république,  la  Fiance  ne  manque  pas  de 
être  admis  qu'autant  qu'il  serait  simplement  ques-  moyens  intérieurs  de  circulation,  et  la  facilité 
tion  de  préluder  à  un  arrangement  particulier  j  proposée  n'est  que  de  peu  d'intérêt  Le  gouverne- 
eutre  la  France  et  l'Angletene  ,  par  une  trêve  éga-  ment  briianniquc  propose  que  les  places  et  ports, 
lement  particulière  aux  deux  états.  Mais  l'effet  de  [  bloqués  ne  puissent  recevoir  que  pour  quatorze 
la  irève  maritime  devant  être  de  servir  à  la  repu-  I  jours  de  vivres  :  songe-t-il  que  la  plupart  de  ces 
biique  française  de  compensation  pour  la  trêve  j  établissemens  sont  loin  encore  de  manquer  de 
continentale,  la  première  doit  lui  offrir  des  avan-  |  vivres,  et  que  d'ailleurs  la  saison  qui  s'approche, 
tages  égaux  aux  inconvénien'S  que  la  seconde  lui  j  en  fesani  qu'un  blocus  raariiime  est  presque  tou- 
appone.  1  jours  illusoire,  rend  tout  à-fait  inutile  la  faveur 

Le  soussigné  est  donc  chargé  de  faire  deux  pro-     proposée, 
positions  entre  lesquelles  S.  M.  britanniquepourra         Que  si  enfin  on  considère  combien  l'Angleterre 
choisir  celle  qui  lui  paraîira  s'accorder  davantage     [  si  elle  veut  sincèrement  la  paix  ) ,  a  peu  d  intérêt 
avec  l'iniétêt  de   ses  états,  ou  avec  ses  relations  j  a  empécherque  la  Fiance  conserve  et  consolide  le 


de  la  chance  qui  lui  était  lavnra'jle  :  mais  il  ne  1  a 
fait  que  sur  les  assurances  positives  qui  lui  avaient  | 
été  doiinécs  d  une  nég^ociation  particulière  et  d  une 
paix  sépaiêe. 

Aujouid'hui  que  les  cours  alliées  insis'en'  pour 
une  néjiociation  commune  et  une  paix  générale  , 
le  gouvernement  français  sait  iiop  bien  qu  un  ou- 
vrage aussi  compliqué  n'est  pas  l'.iflaire  de  quel- 
ques jouis  ,  et  il  doit  éviier  dt  se  mettre  dans  une 
positon  qui  serait  diaméiralement  contraire  à 
I  accéléialion  des  négociations  ,  en  donn,-ni  aux 
pijissai'ces  ennemies  ,  et  piincipaLment  à  1  Au- 
triche ,  un  intérêt  réel  à  prolonger  les  discussions, 
pour  acquérir  chaque  jour  les  moyens  de  se  pré- 
serler  avec  plus  d'avantages  sur  le  ch-imp  de  b:i- 
tailie  ,  et  par  conséquent  avec  plus'  de  prétentions 
au  congrès. 

C  est  pour  éviier  en  partie  un  inconvénient 
au^si  manifeste,  que  la  France  tient  à  ce  que 
l'armistice  maritime  soit  stipulé  de  façon  à  être 
l'équivalent  de  l'armistice  continental ,  et  à  mettre 
fie  son  côté  l'Angleterre  dans  le  cas  de  désirer 
la   conclusion   de  la  paix. 

Les  avantages  /jue  la  république  française  peut 
et  doit  se  piocuret  de  l'armistice  maritime  ,  sont  , 


coniinenlalcs 

La  première  est,  que  le  projet  d'armistice  soit 
rédigé  et  admis  dans  des  termes  analogues  à  ceux 
qui  ont  été  proposés  par  le  ministre  de  S.  M.  bri- 
tannique, mais  uniquement  dans  la  supposition 
qu'il  serait  incpendant  des  événeraens  du  conti- 
nent,  et  seulcmtni  relatif  à  une  négociation  par- 

,.  ■    .  'I  r       J  uaiil    ue 

ticulicre  qui  s  ouvrirait  sur-ie-cbamp  entreles  deux  :    ,    ■.  . 

^  '^  :  doit  tro 

puissances. 

La  seconde  est ,  que  S.  M.  britannique  continue 
à  faire  cause  commune  avec  l  empereur,  mais 
qu'alors  elle  consente  que  là  tiève  maritime  offre 
à  la  république  française  des  avantages  égaux  à 


petit  nombre  d'érablissemens  d'out:e-raer  qui  lui 
resteni  ;  combien,  par  de  nouvelles  acquisiiioos 
de  Ci  genre  ,  l'Angleleire  accroîtrait  encore  l'in- 
quiétude ,  la  jalcuste  de  1  Europe  ,  et  la  disposition 
qu  elle  montre  à  ne  pas  regardei  indifféremment 
l'extension  sans  bornes  de  la  puissance  et  au  com- 
merce anglais,  on  sera  porié  ,  même  en  cor/v£- 
nant  des  avantages  que  la  république  française 
uver  dans  une  irêve  maritime  •.  à  ne  pas 
croire  que  cette  même  trêve  puisse  être  si  émi- 
nemment désavantageuse  à  I  Angleterre  que  son 
gouvernement  paraît  le  supposer. 

Le    soussigné   est   donc   chargé    de    réitérer    à 
S.  E.   milord  Grenville  ,   la   double   proposition 


ceux  que  la  tieve  continentale  assure  a  la  maison  q^g  renferme  la  présente  note.  S'il  s'agit  d'une 
d  Autriche.  négociat'on  et  d'une  paix  séparée  ,  l'armistice  peut 

Et  à  cet  égard  ,  la  comparaison  est  facile  à  ]  être  admis  tel  qu'il  est  proposé  par  le  ministre  de 
établir.  1  S.    M.    britannique;  s'il  s'agit  d'une   négociation 

Par  l'armistice  continental  ,  la  cour  de  Vienne  !  commune  et  d'une  paix  générale,  1  armistice  doit 
acquiert   le  moyen    de    réorganiser  ses   armées  ,     être  stipule  tel  qij  il  est  propose  au  nom  du  gou^ 


de  convertir  en  hommes,  en  armes,  en  muni- 
tions de  toute  espèce  ,  les  subsides  que  le  gou- 
vernement anglais  lui  paie;  de  fortifier,  d'ap- 
provisionner ses  places  de  seconde  et  troisième 
ligne  qui  se  trouvaient  en  mauvais  état ,  parce  que 
la  marche  rapide  des  armées  françaises  n'avaiJkpas 
été  prévue.  A'nsi  ,  Osoppo  ,  Palma-Nova  ,  "Ve- 
nise ,  'Véronne  et  Lintz  avaient  été  négligées  ;  cha- 
que jour  leurs  fortifications  se  relèvent  ;  Ulm  , 
Ingolstadt ,  quoique  bloquées  ,  améliorent  leur 
défensive  ,  et  c'est  l'armistice  qui  leur  procure 
cet  avantage  ;  car,  au  moment  où  ces  places  se 
sont  tiouvées  investies  ,  l'ennemi  ne  pensait  qu'à 
attaquer  les  nôtres,  et  par  conséquent  elles  n'é- 
taient pas  préparées  à  une  attaque  aussi  prochains. 

Par  l'armistice  continental ,  l'impression  des  vic- 
toires des  armées  françaises  diminue  ,  leur  effet 
s'affaiblit.  Six  mois  de  repos  suffiraient  pour  que 
le  raatéritl  et  le  moral  dt. s  armées  autrichiennes 
se  trouvassent  rétablis  .  pour  que  les  vaincuç  ne 
fussent  p'us  frappés  de  l'ascendant  des  vainqueurs , 
et  pour  que  celle  chauce  de  supériorité,  si  bien 
acquise  à  la  république  ,  fvit  encore  pour  elle  à 
ressaisir. 

Ce  serait  également ,  par  suite  de  l'armistice 
continental ,  que  le  royaume  de  Naples  ,  en  proie 
à  tous  les  genres  de  calamités  ,  à  tous  les  genres 
d'insurreciion  ,  pourrait  se  réorganiser  ,  et  offrir 
de  nouvelles  ressources  aux  ennemis  de  la  France. 

C'est  enfin  à  la  faveur  de  l'armistice  que  des 
levées  d'hommes  se  font  en  Toscane  ,  dans  la 
Marche  dAncône  ,  que  pai-tout  l'Autriche  pré- 
pare de  nouveaux  moyens  de  défense  ,  que  par- 
tout sa  positon  ,  qui  peut-être  était  désespérée, 
s'améliore  ,  tandis  que  les  avantages  de  la  répu- 
blique s'atténuent  ou  disparaissent. 


verremeiit  français,  tel  qu'il  sera  de  nouveau  dé- 
taillé par  le  soussigné. 

N°"  29.  Du  20  septembre  (  troisième  jour  complé- 
mentaire an  8  ) 

Monsieur,  je  joins  ici  la  réponse  à  la  dernière 
note  que  vous  m  avez  fait  l'hoaneur  de  me  re- 
mettre. 

Vous  y  remarquerez  que  S.  M.  est  bien  éloignée 
de  croire  qu'il  soit  convenable  pour  elle  d'ac- 
céder aux  principes  qui  sont  de  nouveau  repré- 
sentés dans  cette  note ,  comme  les  bases  d'un 
armistice  maritime. 

Tatit  que  cette  différence  fondamentale  existera, 
il  n'y  a  pas  lieu  d'espérer  qu'aucun  avantage 
puisse  résulter  de  la  discussion  des  détails  de  cette 
mesure. 

Le  contre-projet  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous 
transmettre  est  considéré  ici  comme  renfermant 
pleinement  tontes  les  concessions  que  la  France 
peut  raisonnablement  exiger,  ou  qui  peuvent 
êire  faite»  par  ce  pays  -  ci  ,  même  sous  le  seul 
point  de  vue  où  il  peut  être  question  d'un  armis- 
tice naval. 

Si  vous  êtes  autorisé  a  faire  de  nouvelles  pro- 
positions qui  puissent  réellement  cadrer  avec  les 
principes  considérés  ici  comme  la  seule  base  ad- 
missible d'une  pareille  convention  ,  je  suis  per- 
suadé que  ,  pour  une  affaire  d'une  aussi  haute 
importance,  vous  ne  vous  refuserez  pas  à  me  les 
transmettre  par  écrit.  Si  ces  nouvelles  propositions 
présentaient  au  gouvernement  de  sa  majesté  des 
motifs  suftisans  pour  une  discussion  ultérieure  , 
je  recevrai  facilement  les  ordres  du  roi  ,  pour  au- 
toriser une  personne  convenable  à  s'eniretenir 
avec  vous  sur  l'objet  de  ces  communications. 
J'ai  l'honneur  d'être  ,  etc.  SigiU  Grenville, 


A'.  B.  Nous  donnerons  demain  la  fin  des  pièces  dans  un  nouveau  supplément. 


H"'  5o.  Du  20  septembre  [troisième  jour  compAéiMn-' 
taire  aîi  8 .  ) 

La  note  renfermée  dans  la  lettre  de  M.  Otto 
du  i6  de  ce  mois  ,  a  été  mise  sous  les  yeux  (.lu  roi. 

S.  M.  n'a  vu  dans  cette  piere  aucune  considéra- 
tion nouvelle  ,  au  sujet  d'un  armistice  naval  ,  qui 
puisse  changer  en  aucune  manière  la  réponse 
transmise  à  M.  Ol'o  le  7  de  cfe  mois. 

Ni  les  engagemens  bien  connus  de  S.  M.  envers 
ses  alliés ,  ni  son  ilesir,  si  récemment  exprimé  ,  de 
contribuer  au  rétablissement  delà  tranquillité  gé- 
nérale en  Europe  ,  ne  lui  peimetteiil  de  séparer 
ses  inlérêis  de  ceux  des  puissances  avec  lesquelles 
elle  est  unie  dans  celte  guerre.  Elle  pourrait  encore 
moins  concevoir  l'idée  de  consentir,  dan»  ccue 
vue  ,  à  un  armistice  naval  ,  mesure  quelle  a 
déjà  déclaré  être  totalement  inapplicable  à  une 
discussion  séparée  entre  la  Grande  Bretagne  et  la 
France. 

Celle  proposition  étant  donc  telle  que  le  gou- 
vernement français  a  dû  prévoir  que  S.  M.  ne 
saurait  l'accepler  ,  l'alternative  suppo.sée  ,  que 
l'on  semble  avoir  offerte  au  choix  de  S.  M.  »  n'est 
autre  chose  que  la  simple  répétition  d  une  de- 
mande déjà  rejeiée.  Aucun  nouveau  motif  n'est 
présenté  pour  engager  S.  M.  à  consentir  aux 
conditions  d'un  armistice  commun  ,  qu'elle  avait 
déjà  considéré  auparavant  comme  inadmissible. 

D'après  les  informations  reçues  depuis  les  der- 
nières communications  à  ce  sujet  ,  sa  majesté  a 
observé  ,  avec  autant  de  suiprt.se  que  de  peine  , 
que  les  ordres  de  notifier  la  rupiure  de  l'armistice 
coniinenlal  ont  dû  être  expédiés  de  Paris  à  la 
même  époque  où  la  continuation  de  cet  armistice 
a  été  proposé  à  S.  M.  comme  la  condition  et  le 
motif  d'une  trêve  mariiime.  Si  ,  ouire  cette  cir- 
constance ,  S.  M.  devait  juger  des  dispositions 
actuelles  de  ses  ennemis  ,  d'après  les  expressions 
qui  cractérisent  sa  conduite  et  ses  vues  ,  et  qui 
remplissent  les  dernières  communications  de  la 
France  avec  les  alliés  de  l'Angleierre  ,  la  con- 
clusion serait  extrêmement  défavorable  à  l'exis- 
tence de  toute  disposition  conciliaioire. 

Néanmoins  S.  M.  est  encore  disposée  à  écarter 
touies  les  considérations  ,  et  à  régler  sa  conduite 
d'après  les  motifs  qu'elle  a  déjà  exposés.  En  con- 
séquence ,  elle  considère  toujours  un  armistice 
naval,  fondé  sur  des  conditions  raisonnables, 
comme  un  sacrifice  qu'elle  pourra  être  disposée 
à  faire  pour  empêcher  le  renouvellement  des 
hostilités  sur  le  continent,  et  pour  faciliter  les 
négociations  communes  d'une  paix  générale  , 
qui  peut-être  pourrait  être  accélérée  par  un  pareil 
arrangement  ,  quoiqu'elle  n'en  dépende,  pas 
d'une  manière  absolue. 

Mais  lorsqu'on  demande  que  l'étendue  de  ce 
sacrifice  que  sa  majesté  doii  faire  ne  soit  ter- 
miné ni  par  là  balance  équitable  de  la  récipro- 
cité ,  ni  par  les  règles  ordinaires  d  une  pareille 
convention  ,  lorsque  ,  sans  aucun  égard  ,  aux  in- 
térêts de  son  peuple  ,  elle  est  sommée  de  pro- 
poriionner  ses  concessions  à  I  évaluation  exagérée 
que  ses  ennemis  ont  faite  de  l'avantage  que  re- 
tirent ses  alliés  de  1  armistice  continental  ,  et  lors- 
que ,  d'après  une  pareille  évaluation  ,  on  insiste 
sur  des  condiiions  que  ces  avantages  ne  pour- 
raient pas  même  justifier  ,  il  devient  nécessaire 
de  déclarer  distinctement  que  non  seulement 
S-  M.  ne  reconnaît  pas  ce  principe  ,  mais  que  , 
même  en  l'admettant,  elle  ne  saurait  en  admettre 
également   1  application. 

A  la  vériié  il  n'appartient  pas  à  S.  M.  d'apprécier 
les  avantagés  relatifs  ,  que  la  prolongation  de 
l'armistice  continental  pourrait  réellement  procu- 
rar  à  l'une  ou  l'autre  des  puissances  belligérantes. 
Mais  des  circonstances  même  mentionnées  par  le 
gouvernement  français  ,  comme  exclusivement 
avantageuses  à  l'Autriche  ,  plusieurs  sont  évidem- 
ment favorables  aux  deux  parties  ,  et  le  sont  pres- 
que également. 

Si  .  pendant  l'intervalle  de  la  trêve  qui  a  déjà 
eu  lieu  .  1er  armées  autrichiennes  ont  été  rétablies, 
recrutées,  renforcées,  la  France  n'a  pas  perdu  de 
vue  ces  mêmes  mesures.  Si  les  subsides  que  S.  M, 
a  fournis  ont  éié  employés  par  son  allié  à  la  for- 
mation et  au  transport  des  magasins  ,  la  France  à 
approprié  à  des  objeis  semjjlables  les  coniribu- 
tions  rigoureuses  levées  dans  des  pays  que  l'exis- 
tence de  l'armistice  n'a  pas  exemptés  de  cette  ca- 
lamité. Les  places  fortes  derrière  l'armée  KUtri- 
chienns  peuvent  avoir  été  réparées,  mais  la  po- 
sition des  armées  françaises  a  également  été 
foriifiée  ;  même  les  villes  bloquées  peuvent  avoir 
souffert  d'avantage  par  la  prolongation  du  blocus, 
qu  elles  n'ont  profité  par  les  mesures  intérieure» 
pour  augmenter  leur  défense. 

S.  M.  ne  croit  pas  devoir  toucher  d'autres  objets 
de  comparaison  :  il  lui  paraît  qu'aucune  panie  des 
succès  variés  de  la  guerre  continentale  n'auiorise 
ses  ennemis  à  s  attribuer  un  ascendant  sur  les  ar- 
mées autrichiennes.  Mais  ,  quand  même  les  as- 
sertions du  gouvernement  français  à  cet  égard 
seraient  mieux  fondées  que  S.  M.  ne  le  conçoit  , 
le  principe  en  lui-même  serait  toujours  inadmis- 
sible. Il  est  impossible  que  S.  M.  tidmetie  qu'on 
lui  demande  une  compensation  pour  l'étendue  des 

avantages 


Second  supplément  aun"  "jS 

avantages  quelconques  que  son  allié  pourrait  re- 
tirer de  la  coniinuaiion  de  l'armistice  :  néannooins 
cette  compensation  même  est  ,  en  quelque  soile  , 
offerte  par  S.  M.  ,  en  consentant  à  une  trêve  ma- 
ritime sous  les  conditions  qui  ont  déjà  été  accor- 
dées par  S.  M.  Elle  a  fait  des  sacrifices  considé- 
rables ,  et  elle  a  donné  à  ses  ennemis  des  avantages 
très-grands  et  très-évidcns  ,  que  par  leurs  icpté- 
iserilaiions  ils  s'efforcent  en  vain  de  déprécier  : 
elle  a  donné  par  là  à  toute  l'Europe  un  gage  pié- 
cieux  de  sa  sollicitude  pour  le  bonheur  général  , 
•et  à  ses  ennemis  une  preuve  incoiiiesiable  de  si-s 
dispositions  pacifiques.  Mais  en  cédant  à  la  de- 
mande qu'on  lui  t'ait  aujourd'hui  ,  elle  sacrifie- 
rait ces  moyens  de  délense  actuelle  ,  et  cette  ga- 
rantie d'une  sûreté  future  ,  qu'elle  n'a  pu  acqué- 
rir que  par  les  plus  grands  et  les  plus  mémoiables 
-efforts  ,  et  auxquels  elles  ne  saurait  renoncer  que 
lorsque  le  résultat  des  négociations  ,  auxquelles 
«lie  a  déclaré  vouloir  prendre  part  ,  aura  cou- 
jronné  ses  efforts  pour  le  bonheur  de  son  peuple  , 
et  pour  le  rétablissement  d'une  paix  sûre  et  hono- 
rable. Signé,  GllEN VILLE. 

N"  3).  —  Londres ,  4'  jour  complémentaire  an  8  , 
[2  1  septembre  1800.  ) 

Milotd  ,  j'ai  reçu  hier  à  dix  heures  du  soir  la 
lettre  et  U  note  que  voire  excellence  m'a  fait 
l'honneur  de  m'envoyer.  J'y  ai  vu  avec  le  plus 
vif  regret  que  S.  M.  et  ses  ministres  ne  sont  point 
disposés  à  adopter  les  principes  de  conciliation 
énoncés  dans  la  note  que  |e  vous  ai  tiansrhise  le 
•16  de  ce  mois. 

Ce  n'était  pas  uniquement  pour  discuter  ces 
principes  ,  mais  dans  1  intention  de  proposer  de 
nouveaux  moyens  de  conciliation  ,  que  je  vous 
ai  demandé  une  entrevue  par  ma  lettre  du  16 
de  ce  mois.  J  avais  tout  lieu  de  croire  que  mes 
explications  eussent  levé  les  difficultés  qui  s'op- 
posent encore  à  la  toaclusion  d  un  armistice 
général. 

Vous  desirez  ,  milord  ,  que  je  vous  donne 
ces  explicaiions  par  écrit-:  elles  sont  relatives 
aux  deux  point»  les  plus  imponans  de  votre 
note;  le  droit  de  changer  la  posiiion  des  esca- 
dres de  la  republique  pendant  l'armistice  ,  et  le 
sort  des  alliés    delà   Giande-Breiagne. 

Je  su  s  autorisé  a  contenur  que  les  vaisseaux  de 
ligne  traiiça  s  ne  sortent  point  des  ports  oià  ils 
sont  actne.lemcnt  ;  et  si  S.  M.  insiste  pour  que 
ses  allies  soient  compris  dans  l'armisicc  p.opose  , 
je  Suis  enco.c  autor.sé  à  conseniir  qu  :1s  jouissent 
des  ■mêmes  a>aiuages  q'.e  les  alliés  de  la  répu- 
blique. 

Les  intentions  du  premier  consul  sont  de 
ïiouvetu  cx,.liquées  dans  la  note  que  j'ai  1  hon- 
neur de  jomute  ici  ;  et,  pour  ne  point  retarder 
dts  communicaiions  de  cette  importance  ,  je 
lenvoie  à  une  auire  occasion  ma  réponse  à  la 
pote  de  votre  excellence. 

J  observerai  seulement  que  ,  si  l'armistice  avec 
l'Autriche  avait  éé  rompu  dans  cet  intervalle, 
dar.s  le  cas  où  S.  M.  accéijerart  aux  dernières  prcx- 
positions  qui  lui  ontéié  faites,  il  serait  facile  de 
faire  reprendre  aux  aimées  respectives  leur  pre- 
mière position. 

J'ai  l'honneur  d'être  avec  la  plus  respectueuse 
considération  ,  etc.  Signé  Otto. 

N°.  32.   Projet  d'armistice. 

Attendu  qu'il  est  convenu  que  des  négociations 
pour  une  paix  générale  seront  immédiatement 
entamées  entre  la  république  française  et  ses  alliés 
d'une  part,  et  S.  M.  impéiiale  ,  S.  M.  britannique 
et  leurs  alliés  de  l'autre  ,  et  que  l'armistice  qui  a 
déjà  été  conclu  entre  les  armées  de  la  république 
fratiÇaise  et  celles  de  S.  M.  impériale  peut  être 
prolongé,  si  un  armistice  équivalent  est  conclu 
entre  les  forces  de  la  république  française  et 
celles  de  S.  M.  britannique  ,  les  deux  gouverne- 
mcns  ont  arrêté  de  conclure  ledit  armistice  aux 
conditions  suivantes. 

An.  1".  Toutes  hosiiliiés  par  terre  et  mer  entre 
les  deux  parties  seront  suspendues  ,  et  ne  seront 
renouvellées  quapiès  une  notification  préalable 
d  un  mois  avant  la  fin  de  l'armistice.  Dans  toutes 
les  part.es  du  monde  l'aimisiice  ne  pourra  être 
rompu  que  par  l'ordre  même  des  gouvernemens 
contiacians,  et  les  hostilités  ne  pourront  recom- 
mencer qu  un  mois  après  la  notification  qui  aura 
été  laite  par  le  général  ou  officier  commandant 
de  l'une  des  deux  nations  à  Celui  de  l'autre. 

II.  Il  sera  imniédiaicment  envoyé  par  les  deux 
gouvernemens  des  ordies  aux  officiers  commaii- 
dans  dans  les  différcnics  parties  du  monde  pour 
qu'ils  se  conloirnent  à  cette  convention.  On  don- 
nera des  passeports  aux  avisos  qui  poriciont  ces 
ordres  ,  et  les  officiers  de  S.  M.  briiannique  qui 
traverseront  la  Fiance  pour  cet  objet  recevront  les 
suul  conduits  et  les  facilités  nécessaires  pour  accé- 
lérer leur  voyage. 

m.  'J'outes  les  prises  faites  dans  aucune  des 
parties  du  monde  pendant  la  duiée  de  I  armistice 
par  aucun  olhcier  ayantactuellement  reçu  la  noii- 
iication  de  cette  convention  seront  resi'iiuécs  .  et 
en  général  (que  cette  notification  art  éic  laiic  ou 
non  ),  toutes  les  prises  faites  dans  la  Manche  ou 
dans  lef  med  du  «oïd  ,  après  douze  jours,  à 


S99 

compter  de    l'échange   des    ratifications  de  cette 

convenilon  ,  seront  rendues,  tt  à  cet  égard  les 

termes  seront  fixés  pour  les  autres  parties  du  monde 

coniormément  aux  stipulations  du  22'  article  des 

préliminaires  de  la  dernière  paix.  D'ot'r  il   résulte 

j  qu'àcompter  du  jour  dudit  échange  tous  bâtimcns 

;  de  commerce  de  l'une  et  de  l'autre  nation  pour- 

i  rontse  mettre  et  naviguer  librem'ént  comme  avant 

j  la  liuerie. 

IV.  Malle  et  l'Egypte  seront  assimilées  aux  places 
(d'Allemagne  qui,  quoique  bloquées  par  l'ar- 
j  méc  française  ,  ont  été  appelées  à  jouir  du  béiié- 
j  fice  de  1  armistice  continental.  Il  sera  fourni  à 
I  Malte  pour  quinze  jours   de  vivres  à  là  fois  ,  et  à 

raison  de  dix  mille  rations  par  jour. 

Pour  1  Egypte  six  frégates  Irançjises  pourront 
partir  du  port  de  Toulon  ,  débarquer  à  Alexan- 
drie ,  et  en  revenir  sans  qu'elles  puissent  être 
visitées  ,  et  sans  qu'aucun  empêchement  puisse 
être  inis  à  leur  traversée  ,  soit  par  les  vaisseaux 
anglais  ,  soit  par  les  vaisseaux  des  alliés  de  la 
Grancle-Bretagne.  Un  officier  parlementaire  an- 
glais s'embarquera  à  cet  effet  sur  une  des  frégates, 
et  traversera  la  France   pour  se  rendre  à  Toulon. 

V.  Le  blocus  de  Brest ,  de  Toulon  ,  et  de  tous 
aiitres  pçirts  français  sera  levé,  et  tous  les  capi- 
tiaines  britanniques  recevront  l'instruction  de  ne 
pas  interrompre  le  commerce  de  tout  bâtiment 
entrant  ou  sortant:  cependant,  aucun  vaisseau 
de  ligne  à  deux  et  trois  rangs  de  batteries  ac- 
tuellement mouillé  dans  les  susdits  ports  ,  ne 
pourra  en  sortir  avant  le  renouvellement  des 
hostilités  pour  prendre  une  autre  station  ;  mais 
les  frégates  ,  corvettes  ,  et  autres  petits  bâti- 
mens  de  guerre  ,  'pourront  librement  sortir  et 
naviguer  ,  et  lorsqu  ils  se  rencontreront  en  mer 
avec  les  vaisseaux  de  S.  M.  britannique,  ils 
conserveront   les  usages  établis  avant  la  guerre 

yi.  Les  troupes  de  terre  à  la  solde  de  S.  M. 
britannique  ne  pourront  débarquer  dans  aucun 
port  d  Italie  pendant  la  durée  du  présent  ar- 
mistice. 

VIL  Les  alliés  de  la  F.ranCe  ;  savoir ,  l'Es- 
pagne,  la  république  batave  ,  et  Gênes,  parti- 
ciperont au  bénéfice  du  présent  armistice. 

VlII.  La  présente  convention  sera  ratifiée  ,  et 
les  ratifications  seront  échangées  dans  le  terme  de 
dix  jours  ,  ou  plus  tôt  s'il  est  possible. 

N°.  33.  Hereford  -  Street  ,   23  septembre  ï8oo  , 
(  2  vendémiaire  an  9.  ) 

Milord,  j'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  la  ré- 
ponse à  la  note  que  vous  avez  eu  la  bonté  de  me 
faire  passer  le  20  de  ce  mois. 

Je  vous  prie  d'accepter  l'hommage  des  senti- 
mens  respectueux  avec  lesquels  j  ai  l'honneur 
d'être.  Signé  Otto. 

N".  34.  Note  du  citoyen  Otto. 

Dans  tout  le  cours  de  la  négociation  dont  le 
soussigné  a  été  chargé  ,  il  a  eu  lieu  de  regretter 
que  le  défaut  de  communications  plus  directes 
avec  le  ministère  de  S.  M.  l'ait  mis  dans  l'impos- 
sibilité de  donner  à  ses  ouvertures  officielles  les 
dévejoppemens  nécessaires.  Le  résultat  de  ses 
dernicies  communications  ,  auxquelles  répond  la 
note  qu'il  a  eu  l'honneur  de  recevoir  le  20  de  ce 
mois,  rend  cet  inconvénient  bien  plus  sensible 
encore. 

La  première  partie  de  cette  note  paraissant  met- 
tre en  doute  la  sincérité  des  dispositions  du  gou- 
vernement français  d'entamer  des  négociations 
pour  une  paix  générale  ,  le  soussigné  doit  entrer 
à  ce  sujet  dans  quelques  détails  qui" justifieront 
pleinement  la  conduite  du  premier  consul. 

L'alternative  proposée  d'une  paix  séparée,  dans 
le  cas  où  S.  M.  n'agréerait  pas  les  conditions  d'un 
armistice  général  ,  loin  de  dévoiler  un  défaut  de 
sincérité,  fournit  au  contraire  la  preuve  la  plus 
forte  des.  dispositions  conciliantes  du  premier 
consul.  Elle  est  une  conséquence  nécessaire  de  la 
dtclaiation  faite  par  le  soussigné  le  4  de  ce  mois. 
En  efiet  il  a  eu  l'honneur  de  piévenir  le  ministère 
britannique  it  que  si  cet  armistice  n'est  pas  conclu 
1)  avant  le  II  septembre,  les  hostilités  auront  été 
')  recommencées  avec  I  Autriche,  et  que  dans  ce 
>'  cas ,  le  premier  consul  ne  pourra  plus  consentir 
"  a  I  égard  de   cette  puissance  qu'à  une  paix  sé- 

"  paiée  et  complette  >> Cet  armistice  n'a  pas 

été  conclu  à  l'époque  indiquée;  il  était  donc  na- 
turel de  s'attendre  éventuellement  kune paix  sépa- 
rée avec  l'Autriche,  et,  dans  la  même  hypothèse,  à 
une  paix  également  séparée  avec  laGràndcBretagne , 
a  moins  qu  on  ne  pense  que  les  calatnilés  -qui  ac- 
cablent depuis  huit  années  une  grande  partie  de 
1  Europe  ,  doivent  se  perpétuer  ,  et  n'avoir  d'autre 
terme  que  la  destruction  totale  de  1  une  des  puis- 
sances  belligéiantes. 

Ce  n  est  donc  pas  le  gouvernement  français 
qui  propose  à  S.  M.  de  séparer  ses  intérêts  de 
ceux  de  ses  alliés  ;  mais  ayant  vainement  tenté 
de  les  réunir  dans  un  centre  commun  ,  et  les 
trouvant  séparés  de  fait  par  le  refus  de  l'Angle- 
terre de  déposer  sui  1  autel  de  la  paix  quelques 
avantages  pariiculicis  dont  la  France  avait  tJéja 
fait  le  saciifice  ,  le  premier  consul  a  donné  une 
nouvelle  preuve  de  ses  dispositions  en  indiquatit 
un  autre  moyen  de  conciliation  que  le  cours 
des  cycnemens  amènera  tôt  ou  tard. 


Coiiformémetll  à  l'avis  que  le  soussigné  'i 
donné  le  4  de  ce  mois  ,  on  a  notifié  en  effet  lit 
cessation  de  l'armistice  continental  à  léporjuê 
qui  avait  été  fixée  ;  mais  le  contre-projet  du  mi- 
nistère britannique  ,  expédié  par  le  soussigné  le 
8  de  ce  -mois  ,  éiant  arrivé  le  10  ,  et  S.  M.  im' 
périale  ayant  paru  convaincue  que  son  allié  n6 
se  refuserait  point  à  un  armistice  admissible  ,  le 
premier  consul  s'est  décidé  de  nouveau  à  faire 
retarder  de  huit  jours  la  reprise  des  hostilités. 
Les  ordres  ont  été  expédiés  sur  -  le  -  champ 
aux  armées  d'Allemagne  et  d'Italie  ,  et  ,  dans 
le  cas  où  ces  ordres  fussent  arrivés  trop  tarïl 
dans  cette  dernière  contrée,  et  qu'à  la  suite  de 
quelque  opération  militaire  les  généraux  frai  » 
çais  eussent  eu  quelques  succès  ,  il  leur  était 
ordonné  de  reprendre  la  position  quils  occu- 
paient le  jour  même  du  renouvellement  des 
hostilités. 

Le  simple  exposé  de  ces  faiis  suffira  sans  doute 
pour  démontrer  que  le  gouvernement  français 
n  a  jamais  pu  avoir  l'intention  de  masquer  par 
des  négociations  simulées  une  nouvelle  attaque 
contre  1  Autriche  ,  et  qu'au  contraire  il  a  apporté 
dans  toute  cette  négociation  la  franchise  ,' la 
loyauté  qui  seules  peuvent  assurer  le  rétablisse-' 
ment  de  la  tranquillité  générale  ,  que  S.  M.  et 
son  ministère   ont    tant   à  cœur. 

En  vain  chercherait-on  les  preuves  d'une  in- 
tention contraire  dans  quelques  expressions  ren- 
fermées dans  les  'communications  officielles  du 
fouvernemcnt  français  avec  les  alliés  de  S.  M.  — ' 
il  s'agissait  sut-tout  d'une  des  dernières  lettres 
écrites  à  M.  le  baron  de  Thugut  ,  que  le  sous- 
signé aurait  pu  communiquer  lui-même  ,  s'il  en 
eût  trouvé  l'occasion  ,  cette  lettre  prouverait 
que  le  gouvernement  français  ,  toujours  ami  de 
la  paix  ,  n'a  paru  se  plaindre  des  intentions  de  la 
Grande-Bretagne  que  parce  qu'il  avait  tout  lieu 
de  les  croire  contraires  à  un  système  solide  de 
pacification. 

Le  soussigné  n'est  entré  dans  ces  détails  que 
parce  qu'à  Ta  veille  des  négociations  qui  pour* 
raient  être  entamées  ,  il  importe  aux  conseils  des 
deux  puissances  d'être  réciproquement  convaincus 
de  la  sincérité  de  leur  intention  ,  et  que  l'opinion 
qu  elles  peuvent  avoir  de  cette  sincérité  est  le  seul 
garant  des  succès  des  négociations. 

Quant  au  second  point  de  la  note  que  le  sous» 
signé  a  eu  l'honneur  de  recevoir  ,  il  doit  se  référet 
a  sa  letlie  du  16,  par  laquelle  il  a  prévenu  son 
excellence  railorti  Grenvi  le  qu'il  était  chargé  de 
donner  des  explications  satisfesantes  touchant  leS 
principales  objeciioijs  du  gouvernement  britaii.-" 
nique  à  l'armistice  proposé,  en  le  priant  irstatr..-" 
ment  de  faciliter  d.-s  communications  verbales 
avec  le  ministère.  L  était  donc  difficile  iJe  croire 
que  le  gouvernennent  frai^çais  s'en  tiendrait,  sans 
aucune  modification ,  à  ses  preuiièies  ouvertures, 
car ,  dans  ce  cas  ,  il  eût  été  inutile  de  solliciter  un* 
entrevue  pour  donner  des  explications  satisfe^ 
santés. 

En  parlant  des  compensations  requises  pour 
faire  cadrer  l'armistice  naval  avec  la  trêve  copti- 
nentalc,  le  painistère  de  S;  M.  trouve  qu'il  y  a  de 
l'exagération  dans  la  balance  établie  par  le  gouver^ 
nement  frapçais.  Une  discussioa  formelle  sur  cet 
objet  serait  sans  doute  déplacée.  Apiès  les  succès 
variés  d'une  guerre  qui  a  produit  tant  d'événe-* 
iiiens  extraordinaires,  il  est  difficile  de  douter  de 
l'influence  morale  de  ces  événemeus  sur  les  ar-» 
mées ,  sur  les  peuples,  sur  les  gouvernemens 
eux-mêmes;  et  les  inductions  que  l'on  peut  en 
tirer  dans  le  moment  actuel  paraissent  justifie* 
l'opinion  que  le  soussigné  a  cru  devoir  manifester. 
S  il  y  a  de  l'txaLiération  dans  cette  opinion,  elle 
est  partagée  par  les  ennemis  de  la  république 
eux-mêmes,  qui  ont  tout  employé  pour  prolonger 
la  tiêve  ,  et  qui  ne  se  sont  fait  aucun  scrupule  de 
se  servir  mêrne  de  la  voie  des  négociations  simu-' 
fées  pour  gagner  du  tems.  Les  préliminaires  signés 
par  M.  le  comte  de  St. -Julien  ,  et  désavoués  par 
sa  cour  ,  en  sont  un  exemple  mémorable  ,  et  il 
faut  bien  que  la  continuation  de  l'armistice  conli- 
nentaPsoit  un  sacrifice  pour  la  république,  puis-* 
qu'on  a  tant  fait  pour  le  lui  arracher. 

Mais,  en  admettant  même  1  existence  de  ce 
sacrifice  ,  le  ministère  de  S.  M.  déclare  formel-' 
lernent  que  l'on  ne  saurait  exiger  de  lui  un  sa- 
crifice analogue.  —  Il  n'appartient  certainti-nent 
pas  à  la  France  de  juger  jusqu'à  qutl  point  les 
engageméns  pris  par  S.  M.  envers  ses  alliés  peu- 
vent gêner  ses  dispositions  à  cet  égard  ;  mais  le 
droit  de  la  France  de  demander  le  prix  du  sacri- 
fice qu'elle  a  fait ,  et  qu'elle  est  encore  prête  à 
faire  ,  parait  incontestable.  Le  piemicr  consul  a 
donné  à  1  Europe  des  gages  réitérés  de  ses  dis- 
positions pacifiques  ;  il  n  à  cessé  de  1  s  manifester 
envers  les  cabinets  intéressés  dans  cette  lutte  :  et 
quand,  même  sa  modération  relèverait  les  espé- 
rances des  ennemis  du  gouvernement  français  , 
elle  sera  néanmoins  toujours  l'unique  guide  de 
ses  actions. 

Malgré  cette  difîérence  dans  la  manière  de  con- 
sidérer plusieurs  questions  accessoires  et  prélimi- 
naires de  la  pacification  projcttée  ,  le  soussigiic 
doit  se  féliciter  de  tiouver  dans  tou'es  les  com-< 
munications  qu'il  a  eu  l'honneur  de  resevoi* 
jusqu'ici   les  mêmes  assurances   des  disposition» 


de  S.  M.  de  travailler  au  rétablissement  de  la 
tranquiliié  de  lEurope  ,  et  il  ne  négligera  aucune 
occasion  de  faire  valoir  ces  dispositions  près  de 
'  son  gouvernement. 

Heriford-Street ,  »''  vendémiaire  an  9  (i3  sept.  1800.  j 
N".  35.   JVo/e. 
Lord  GrenviHe  fait  ses  complimens  à  M.  Ouo  ; 
il  a  l'honneur  de  lui  envoyer  la  réponse  officielle  I 
à  srs  cbmmunicatiûns  du  aS. 

Il  prie  M.   Otto  d'accepter  l'assurance  de  sa 
haute  considération. 

Downing-Street ,  s3  septembre  1800. 

N".  36.  Note. —  Du  25  septembre  1800  (3  vendé- 
miaire an  9.  ) 
Le  gouvernement  britannique  n'a  ,  en  aucune 
manière  ,  l'intention  de  prolonger  une  contro- 
verse écrite  sur  les  circonstatices  auxquelles  se 
tapporte  principalement  la  première  partie  de  la 
note  de  M.  Oilo  ,  du  aS  de  ce  mois.  Il  est  néan- 
moins nécessaire  ,  pour  justifier  l'exactitude  de 
l'eXposé  que  le  soussigné  a  été  chargé  de  faire 
précédemment  ,  que  les  dates  de  ces  faits  soient 
particulièrement  relatées  en  réponse  à  la  note  de 
m.  Otto.  On  le  fera  sans  y  ajouter  aucune  nou- 
velle réflexion. 

La  première  proposition  faite  à  S.  M.  au  nom 
de  la  France  touchant  un  armistice  naval  ,  basé 
sur  celui  du  continent ,  était  datée  du  27  et  du  29 
août  ;  il  faut  donc  que  l'ordre  touchant  cette 
ouverture  ait  été  expédié  de  Paris  avant  le  24-  La 
réponse  da  S.  M.  a  été  transmise  à  M.  Otto  par 
le  soussigné  le  29,  le  même  jour  où  les  derniers 
avis  ont  été  donnés  en  Allemagne.  Cette  réponse 
se  référait  à  l'armistice  autrichien  comme  tou- 
jours existant  ;et  ce  n'est  que  le  4  septembre  que 
la  première  insinuation  a  été  reçue  ici  des  mesures 
prises  en  Allemagne  pjpur  notifier  la  rupture  de 
l'armistice. 

Quant  à  la  lettre  de  M.  Talleyraud  au  baron 
de  Thugut,  elle  était  également  datée  du  24 
août.  Le  gouvernement  français,  loin  d'être  alors 
autorisé  à  considérer  les  intentions  de  S.  M. 
comme  incompatibles  avec  l'établissement  d'un 
»)Stême  solide  de  pacification  ,  était  ?lors  formel- 
lement en  possession  de  la  notification  faite  au 
nom  de  S.  M.  par  son  allié  touchant  ses  dispo- 
sitio''3  de  concourir  aux  négociations  immédiates 
pour  cet  objet. 

Ce  sera  avec  un  véritable  plaisir  que  S.  M. 
verra  démentir  par  l'événement  les  conséquences 
qui  lui  paraissaient  résulter  de  ces  faits. 

La  preuve  la  plus  éclatante  que  le  gouverne- 
ment français  puisse  donner  de  la  sincérité  de 
»es  disposidons  pour  la  paix,  résultera  naturelle- 
ment des  facilités  qu'il  donnera  à  l'accélération 
du  début  et  de  l'heureuse  conclusion  de  cette 
négociation  ,  à  laquelle  le  roi  et  son  allié  l'em- 
pereur d  Allemagne  ont  déjà  témoigné  le  désir 
de  prendre  part ,  et  qui  seules  ,  en  comprenant 
dans  un  arrangement  général  les  intérêts  de 
toutes  les  parties  engagées  dans  cette  guerre  , 
donneront  à  l'Europe  l'espoir  d'une  tranquillité 
solide  et  permanente. 

Quant  au  cas  éventuel  dans  lequel  il  est  dit 
que  la  France  ne  consentirait  à  traiter  avec  l'Au- 
triche que  pour  une  paix  séparée  ;  les  chances 
de  la  guerre  peuvent  seules  fournir  les  moyens 
de  réaliser  une  pareille  intention  ;  mais  aussitôt 
que  la  France  insistera  sur  ce  point,  malgré  l'ex- 
périence de  ce  qui  s'est  déjà  passé  ,  toutes  les 
autres  puissances  se  trouveront  non-seulement 
la  présomption,  mais  la  conviction  pénible  et 
décidée  que  le  gouvernement  français  n'a  pas 
réellement  le  désir  de  mettre  un  terme  final 
et  irrévocable  aux  calamités  de  l'Europe.  En 
considérant  avec  attention  les  événemens  passés 
de  cette  lutte,  et  en  jugeant  avec  quelque  exac- 
titude la  situation  présente  des  affaires  ,  il  est 
impossible  de  ne  pas  croire  que  la  guerre  ac- 
tuelle ne  saurait  être  terminée  par  une  succes- 
sion de  traités  séparés  entre  les  différentes  puis- 
sances qui  y  sont  engagées  .  er  qu'on  ne  saurait 
fonder  sur  une  pareille  base  la  tranquillité  gé- 
nérale. 

S.  M.  ayant,  en  conséquence  des  désirs  de 
M.  Otto  ,  nommé  une  personne  convenable  pour 
conlérer  avec  lui  touchant  les  différentes  pro- 
positions d'un  armistice  naval ,  il  est  inutile  de 
rien  ajouter  ici  à  ce  sujet.  Cette  démarche  donne 
Une  nouvelle  preuve  des  dispositions  de  S.  M. 
de  se  prêter  à  toute  demande  équitable  qui  peut 
contribuer  à  la  pacification  générale  ;  et  la  con- 
duite de  S.  M.  sera  toujours  conforme  à  ces 
dispositions.  Signé  Grenville. 


390 

ment  que  le  résultat  de  leur  conversation  à  ce 
sujet  puisse  tendre  à  faciliter  le  grand  ouvrage 
d'une  pacification  générale  sur  une  base  solide 
et  permanente. 

Lord   Grenville  prie  M.    Otto  d'être  assuré  de 
sa  haute  considération. 


N"  37.  Downing-Street  ,  24  septembre  1800. 

Lord  Grenville  fait  ses  complimens  à  M.  Otto, 
et  a  l'honneur  de  l'informer  qu'en  conséquence 
du  désir  qu'il  a  manifesté  d'avoir  une  occasion 
de  s'entretenir  avec  une  personne  de  confiance 
de  ce  gouvernement-ci  concernant  les  diverses 
propositions  qui  ont  été  faites  touchant  les  con- 
ditions d'un  armistice  naval,  S.  M.  a  bien  voulu 
autoriser  M.  Hammond  à  conférer  avec  M.  Otto 
•ur  cet  objet. 

Le  gouvernement   de  S.   M.   désire    sincére- 


N"  38.  Lettre  de  lord  Grenville  à  M.  Hammend  , 
sous-secrétaire  d'état.  Du  14  septembre  1800. 
Monsieur  ,  le  gouvernement  français  ayant 
donné  à  M.  Otto  des  pleins'pouvoirs  pour  né- 
gocier un  armistice  entre  ce  pays  et  la  France 
pour  accélérer  les  négociations  dune  paix  géné- 
rale ,  et  M.  Otto  ayant  témoigné  le  désir  d'avoir 
des  communications  vprbales  à  ce  sujet  avec  une 
personn*;  autorisée  par  S.  M.  ;  le  roi  ,  toujours 
disposé  à  ne  rien  nésjligrr  qui  puisse  contribuer 
au  grand  ouvrage  du  rétablissement  d'une  paix 
solide  et  permanente  ,  a  bien  voulu  vous  qhoisir 
pour  vous  entretenir  avic  M.  Otto  ,  et  recevoir 
de  lui  les  communlfcations  vert)ales  qu'il  lui  plaira 
de  faire. 

Cette  lettre  vous  fera  connaître  les  raisons  qui 
engaijent  S.  M.  à  considérer  le  second  projet  de 
M.  Otto  comme  inadmissible  dans  tous  les  points 
essentiels. 

Vous  ferez  connaître  à  M.  Otto  .la  décision  de 
S.  M.  à  ce  sujet,  et  vous  entrerez  sans  réserve 
en  discussion  sur  les  objets  dont  il  s'agit.  S.  M. 
ne  peut  avoir  d'autre  vue  dans  cette  négociation 
que  de  contribuer  au  rétablissement  de  la  paix 
générale.  Dans  cette  vue  ,  elle  est  disposée  à  faire 
le  sacrifice  de  quelques  avantages  actuels  ,  dans 
la  persuasion  que  ce  sacrifice  sera  utile  à  son 
peuple;  mais  elle  ne  saurait  consentir  à  se  placer 
dans  un  état  d'infériorité  que  le  résultat  de  la 
guerre  n'autorise  en  aucune  manière  ,  et  qui  n'ac- 
célérerait pas  la  conclusion  de  la  paix,  en  rendant 
la  situation  intermédiaire  de  ses  ennemis  ,  sous 
l'apparence  d'un  armistice,  assezavantageuse  pour 
lui  faire  désirer  plutôt  la  continuaiion  de  la 
guerre  que  la  conclusion  d'une  paix  fondée  sur 
j  des  conditions  admissibles. 

!  S.  M.  ne  voit ,  dans  ce  dernier  prejet  du  gou- 
vernement français  ,  aucun  acheminement  vers 
une  conciliation.  M.  Otto  dit  ,  à  la  vérité  ,  dans 
sa  lettre  du  21  ,  que  ce  dernier  projet  renferme 
des  explications  satisfesantes  sur  les  deux  points 
les  plus  importans.  L'admission  des  alliés  de 
S.  M.  à  l'armistice  proposé  est ,  à  la  vérité  ,  non- 
seulement  une  condition  importante  ,  mais  in- 
dispensable. Cependant  on  ne  saurait  ,  sous  au- 
cun point  de  vue  ,  représenter  cet  arrangement 
nécessaire  comme  une  concession  de  la  part  de 
ta  France  ,  plutôt  que  de  l'Angleterre  ,  qui  admet 
également  les  alliés  de  son  ennemi.  Quant  à  l'au- 
tre point  mentionné  par  M.  Otto  relativement 
aux  vaisseaux  de  ligne  français  ,  l'offre  de  la 
France  s'écarte  de  beaucoup  de  la  demande  du 
roi  ,  et  de  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  assi- 
miler l'armistice  naval  à  la  trêve  continentale. 
Cet  article  ,  loin  d'écarter  les  obstacles  qui  s'op- 
posaient à  la  conclusion  amicale  dt  cette  affaire  , 
doit  donc  toujours  être  regardé  comme  inadmis- 
sible. 

A  d'autres  égards  également  importans  ,  le 
nouveau  projet  repi'oduit  les  demandes  antérieu- 
res ,  et  renferme  même  une  nouvelle  prétention. 
En  examinant  en  détail  les  divers  articles  de 
la  convention  proposée  ,  on  trouve  quelque  dif- 
férence de  rédaction  entre  le  contre-projet  an- 
glais et  le  nouveau  projet  français.  Je  n'en  parlerai 
pas  ici. 

Si  les  points  lesplusimportansxle  la  négociation 
étaient  réglés  d'une  manière  satisfesante  ,  il  serait 
cependant  nécessaire  de  faire  quelques  observa- 
tions sur  ces  différences. 

Il  serait  suffisant  de  comprendre  dans  cette  ré- 
serve les  deux  changemens  faits  dans  le  préam- 
bule de  la  convention;  mais  il  sera  peut-être  plus 
convenable  de  faire  immédiatement  les  observa- 
tions  suivantes  :  * 

1°  Que  la  mention  des  alliés  respectiis ,  dans 
la  forme  sous  laquelle  ces  mots  sont  introduire 
dans  le  préambule  français  ,  semble  comprendre 
nécessairement  non  seulement  l'idée  que  les  né- 
gociations (comme  c'est  l'intention  du  roi)  soient 
entamées  pour  une  paix  générale  de  manière  à  y 
faire  participer  tous  les  alliés  des  deux  côtés  ;  mais 
encore  que  ces  alliés  soientimmédiatement  appelés 
à  prendre  part  par  leurs  ministres  aux  négocia- 
tions proposées.  S.  M.  pense  que  cette  question 
sera  plus  convenablement  réservée  à  des  discus- 
sions futures  ,  sans  être  préjugée  par  les  termes 
d'un  armistice  séparé  entre  la  Grande  -  Bretagne 
et  la  France. 

2°.  Les  expressions  du  projet  français  touchant 
l'armistice  continental  paraissent  inconvenantes 
envers  les  alliés  du  roi,  et  ne  peuvent  être  admises 
par  S.  M. 

3°.  Le  mot  équivalent ,  inséré  dans  le  préambule, 
paraît  établir  comme  base  de  rarrr)istice  naval  le 
principe  d'une  compensation  «nffere, auquel  S.  M. 
a  déjà  refusé  de  consentir.  —  Vous  observerez 
aussi  que,  dans  le  premier  article,  l'omission  des 
moiiforce  de  paraît  indiquer  une  suspension  plus 
completie  de  l'état  de  guerre  que  ne  le  comporte 
la  nature  d'un  armistice. 

Au  reste,  cet  article  présente  d'autres  change- 
meos   ttès-essentiels  ;   savoir  :   1"  l'extension  du 


terme  d,e  rarmistîce  de  quatorie  jou^s  à  Un  mois^ 
2°  la  demande  que  la  notihcatipn  d'un  mois  soit 
donnée  dans  tous  les  cas  en  conséquence  des 
ordres  des  gouvernemeiis  respectifs,  et  par  les 
officiers  coramanduns,  de  l'autre  ;  3°  l'omission 
totale  de  la  clause  d'après  laquelle  la  continuation 
de  l'armistice  naval  devait  dépendre  de  celle  de  la 
trêve    continentale. 

Il  est  probable  que  les  deux  premiers  change- 
mens sont  proposés  dans  la  même  intention  qui 
a  fait  omettre  la  dernière  clause.  Il  en  résulterait 
que  si  l'armistice  autrichien  était  rompu  par  la 
France,  S.  M  se  trouverait  encore  pendant  un 
teras  considérable  dans  l'impuissance  d'assister 
son  allié.  • 

Le  simple  exposé  d'une  pareille  condition 
prouve  évidemment  qu'elle  ne  saurait  être  ad- 
mise par  S.  M.  ,  qui  ,  par  1  esprit  de  ses  enga^e- 
mens  ,  est  tenue  d'assister  immédiatement  son 
allié  lors  du  tenouvelkitaent  drs  hostilités  ;  S.  M. 
ne  pouvant  avoir  d'autres  motifs  pour  accéder  à 
l'armistice  naval  que  le  désir  d'empêcher  le  re- 
nouvellement des  hoitilités  continentales. 

Vous  insisterez  donc  péremptoirement  sur  la 
dernière  clause  de  l'article  anglais  ;  aucune  va- 
riation ne  pouvant  être  admise  dans  les  autres 
parties  qui  soit  incompatible  avec  l'objet  de  cette 
stipulation. 

Le  terme  de  quatorze  jours  est  en  effet  plus' 
long  que  celui  qui  a  été  admis  dans  les  deux  con-' 
ventions  du  continent  ,  et  remplit  suffisamment 
l'objet  de  l'armistice  naval,  et  comme  S.  M  n'ac- 
cède à  un  armistice  que  dans  l'espoir  d'une  con- 
clusion prochaine  de  la  paix  ,  elle  ne  pense  pas 
devoir  se  lier  à  un  aussi  long  terme  que  celui 
d  un  mois  ,  dans  le  cas  oià  elle  aurait  la  mortifi- 
cation- de  trouver  que  ses  ennemis  refusent 
d'adopter  les  ptiiicipes  de  négociation  qui  seuls 
peuvent  amener  la  tranquillité  permanente  de 
l'Europe. 

Le  quatrième  article  du  projet  français  renferme 
de  nouveau  la  contradiction  de  vouloir  assimiler 
les  places  bloquées  à  celles  d  Allemagne  ,  et  de 
leur  appliquer  cependant  des  conditions  entiè- 
rement contraires  à  celles  adoptées  par  l'armistice 
allemand. 

Le  roi  ne  saurait  consentir  à  l'évaluation  de 
10,000  rations  par  jour  pour  la  consommation  de 
Malte.  SI  celte  évaluation  est  exacte  ,  elle  sera 
reconnue  par  les  commissaires  nommés  pour  cet 
effet,  conformément  aux  stipulations  de  l'armistice^ 
allemand  auxquelles  la  France  témoigne  l'inten- 
tion de  vouloir  assimiler  cet  article. 

Mais  il  se  présente  une  objecnçn  bien  plus 
essentielle  encore  contre  la  proposition  qui  con- 
cerne l'Egypte. 

Si  la  situation  de  l'armée  française  dans  ce  pays 
devenait  un  objet  de  discussion  entre  les  deus 
gouvernemens  ,  S.  M,  et  ses  alliés  ,  d'après  tous 
les  principes  de  bonne  foi  établis  entre  les  na- 
tions civilisées  ,  auraient  le  droit  d'exiger  que  les 
français  évaciaassent  l'Egypte  d'après  les  condi- 
tions stipulées  dans  la  convention  d'EI-Arisch  ; 
ces  stipulations  ayant  été  ratifiées  par  le  gou- 
vernement turc  et  par  le  général  français  , 
et  S.  M.  ayant  également  ordonné  à  son  amiral 
d'y  accéder  ,  aussitôt  qu'elle  en  a  éié  informée. 
Cette  demande  pourrait  être  faite  avec  d'autant' 
plus  de  justice,  que  même  après  le  renouvelle- 
ment des  hostilités  en  Egypte  (sans  des  circonstan- 
ces que  S.  M.  ne  veut  pas  toucher  ici  ),  le  gé- 
néral Kieber  a  pris  de  nouveau  un  engagement 
offi'  ici  d  après  lequel  ce  générai,  qui  commandait 
alors  l'armée  française  en  Egypte  ,  et  q  li  par 
conséquent  avait  des  pleins-pouvois  de  songou- 
vernemeni  ,  a  forrûellemen  leconnu  que  la  con- 
vention d'EI-Arisch  sera  exécutée  aussitôt  qu'il 
serait  informé   que   le  roi  y  avait.acquicscé. 

Mais  lorsqu'au  lieu  de  remplir  cet  engagement, 
le  gouvernement  français  ,  sous  prétexte  d'assi- 
miler lEgypie  aux  places  bloquées  de  I  Alle- 
magne, demande  que  six  (régates  puissenty  porter 
sans  gêne  ,  et  même  sous  la  protection  ouverte 
d'un  officier  britannique  ,tous  les  articles  dontles 
garnisons  françaises  pourraient  y  avoir  besoin  ,  il 
est  naturel  de  demander  par  quelle  stipulation  de 
l'armistice  allemand  les  places  dUlm  et  dlngol- 
siadt  peuvent  recevoir  dans  des  fourgons  cou- 
verts ,  auiant  de  troupes  ,  autant  de  provisions, 
et  autant  d  armes  et  de  munitions  que  l'on  peut 
en  porter  en  Egypte  dans  six  fiégates  fiaiiçaises. 
Cette  comparaison  est  encore  plus  frappante 
quand  on  corisideie  que,  par  î  armistice  alle- 
mand ,  il  est  expressément  stipulé  que  les  places 
bloquées  ne  recevront  pendant  l'armistice  aucue 
article  qui  puisse  ajouter  à  leurs  moyens  de  dé- 
fense ,  et  que  ,  d'un  autre  côté  ,  la  proposition  de 
l'évacuation  de  lEgyptc  avait  été  faite  par  les 
français  eux-mêmes  .  qui  ,  à  présent  ,  voudraient 
se  prévaloir  d'un  armistice  pour  se  renforcer  dans 
des  postes  que  ,  par  une  co  ivention  proposée  par 
eux-mêmes  ,  ils  s'étaient  formellement  engagés  à 
abandonner. 

Cette  partie  de  l'article  français  est  donc  com- 
plettement  inadmissible  ;  elle  rciilerme  u;.e  pié- 
tention  injuste  en  e.le-même,  préjudiciable  auK 
intérêts  de  S.  M.  ,  et  non-seulement  contraire  au 
piiacipe  général  de  cette  uégociatioii ,  ijiais  mê.ne 


3oi 


à  celuiquî  est  spécifié  dans  les  premières  lignes 
de  l'ailicle  ;  elle  suppose  d'ailleurs  un  manque  de 
bonne  foi  de  S.  M.  envers  un  allié  auquel  elle  est 
liée  par  un  traité  solennel. 

Outre  toutes  ces  considératicfns ,  S.  M.  n'a  pas 
le  pouvoir  d'empêcher,  par  un  pareil  engage- 
ment ,  les  vaisseaux  de  la  forte  Ouomane  de 
résister  à  l'admission  de  ce  secours  en  Egypte,  à 
moins  que  son  allié  n'ait  accédé  à  cet  armistice  ; 
ce  qui ,  sous  une  semblable  condition  ,  ne  peut 
nullement  être  présumé. 

La  manière  dont  cet  objet  est  traité  dans  le 
jrojet  et  dans  la  note  de  M.  Oito  du  i6  de  ce 
mois,  doit  vous  engager  à  déclarer  formeUement 
que  1  offre  renfermée  dans  le  conire-projet  tou- 
ebantl  Egypte  va  aussi  loin  que  les  intérêts  de  la 
Grande-Bretagne  peuvent  l'admettre  ,  et  que  S.  M. 
est  persuadée  qu'on  ne  saurait  lui  itni>uler  juste- 
ment un  défaut  de  dispositions  concilianies;pour 
avoir  manifesté  dès  le  principe  et  sans  aucune 
réserve  toutes  les  concessions  qu'il  lui  est  possible 
de  faire. 

Ces  observations  sont  également  applicables 
aux  autres  articles  du  projet. 

Dans  le  cinquième  ariicle ,  S.  M.  est  obligée 
d'insister  pour  que  la  liberté  denavigaiionsiipuiée 
par  les  ennemis  ne  puisse  s'étendre  au  transport 
de  troupes  ou  de  munitions  navales  ou  militaires  : 
'  et  la  justice  de  cette  exception  et  sa  nécessité  sont 
trop  frappâmes  pour  exiger  d'autres  explications 
que  celles  qui  ont  déjà  éié  données  dans  les  notes 
officielles  ;  et  il  en  résulte  que  la  restriction  rela- 
tive aux  vaisseaux  de  guerre  serait  entièrement 
illusoite  si  elle  ne  se  referait  qu'aux  vaisseaux  de 
ligne. 

En  effet ,  il  ne  serait  ni  indifïérent  ni  juste  que 
la  France  eût,  pendant  1  armistice  ,  la  laculié  de 
thanger  la  station  de  ses  frégates  ;  mais  quand  on 
considère  combien  il  est  d'usage  dans  la  marine 
française  d'employer  ces  bâlimens  au  transport 
des  troupes  et  des  munitions  de  guerre  ,  les  deux 
parues  de  cet  article  se  trouvent  tellement  con- 
fondues qu'il  est  impossible  de  les  séparer  ,  et 
S.  M.  ne  saurait  se  refuser  à  l'une  sans  se  refuser 
également  à  l'autre. 

A  la  vérité,  les  munitions  navales  sont  re- 
présentées ,  dans  une  des  notes  de  M.  Olto  , 
comme  un  objet  peu  important  pour  la  France. 
Si  c'est  ainsi  ,  elle  est  moins  intéressée  à  insis- 
ter sur  un  point  qui  ,  dans  le  cas  aciuel  .  ne 
servirait -qu'à  blesser  les  principes  généraux  in- 
timement liés  aux  iniéiêts  maritimes  les..pitis 
importans  de  la  Grande-Bretagne. 

L'article  VI  renferme  une  nouvelle  demande 
de  la  part  du  gouverneirfent  français.  Elle  n'est 
fondée  sur  aucun  principe  équitable  de  récipro- 
eiié  ;  car  tandis  que  la  France  empêcherait  S.  M. 
de  renforcer  ses  alliés  en  Italie  ,  elle  se  réserverait 
la  faculté  d'augmenter  ses  propres  armées,  ou 
d'assister  ses  propres  alliés  ailleurs ,  conformé- 
ment à  ses  plans  futurs  d'opérations.  Le  gouver- 
nement français  n'a  de,  fait  aucun  moyen  d'em- 
pêcher le  transport  des  troupes  de  S.  M.  par 
mer  ,  et  il  n'est  pas  raisonnable  qu'il  puisse 
en  acquérir  le  droit  par  un  armistice  qui  ne 
donne  à  S.  M.  aucun  nouveau  moyen  pour 
empêcher  les  opérations  futures  de  ses  ennemis  , 
mais  qui  même  leur  accorde  des  avantages  con- 
sidérables  qu'iis  ne  possèdent  pas  actuellement. 


tractantes  par  une  transaction  régulière  et  diplo- 
matique ,  avant  de  pouvoir  être  considérées 
comme  comprises   dans  le  traité. 

Ces  considérations  sont  si  évidentes  ,  qu'on  ne 
saurait  concevoir  dans  quel  but  le  gouveriiemeit 
français  a  proposé  de  changer  cei  aiiiclc,  c-t  di.  lui 
donner  une  autre  forme  que  celle  à  laquelle  S.  M. 
avait  déjà  consenti. 

Je  dois  seulement  ajouter  que  si  l'armistice  est 
conclu  ,  S.  M,  pense  qu'il  est  nécessaiiC  ,  pour 
accélérer  les  négociations  ,  de  limiter  le  terme  de 
sa  durée  ,  au-delà  duquel  l'iniention  de  S.  M.  ne 
serait  pas  de  consentir  à  son  opération. 

La  faculté  de  fixer  ce  terme  ,  sera  réservée  à 
chaque  partie  contractante  par  les  articles  mêmes 
de  la  convention  ,  et  elle  l'est  cfFcciivcment  par 
le  projet  français.  Il  sera  donc  inunie  de  spéci- 
fier dans  la  convention  cette  intention  de  S.  M.  , 
et  encore  moins  de  fixer  l'éppque  de  la  durée  de 
l'armistice. 

Mais  il  paraîtra  plus  analogue  à  la  franchise  que 
S.  M.  est  déterminée  à  déployer  dans  toute  celte 
affaire,  de  signifier  à  M.  Oiio  ceiie  intention  dès 
'le  commencement  ,  en  remettant  à  un  autre  mo- 
ment la  notification  formelle  qui  sera  faite  con- 
formément aux  termes  de  la  convention. 

Vous  êtes  en  pleine  liberté  de  communiquer  à 
M.  Otto  ,  dans  le  courant  de  vos  discussions  ,  le 
contenu  de  cette  lettre  .  et  vous  lui  permettrez 
d'en  prendre  copie  ou  d'en  faire  tel  extrait  qu'il 
jugera  à  propos. 

N°.  Sg.  Downing-Street ,   s5  septembre  1800. 

Milord  ,  j'ai  l'honneur  d'informer  votre  sei- 
gneurie qu'en  vertu  des  ordres  de  S.  M.  que  voire 
seigneurie  m'a  expédiés  hier ,  j  ai  eu  ce  matin 
une  conférence  avec  M.  Oito  au  sujet  de  l'ar- 
mistice proposé  entre  la  Grande-Bretagne  et  la 
France. 

Ayant  proposé  à  M.  Oito  ,  pour  faciliter  la 
discussion,  de  lire  le  conire-projet  qui  lui  fut 
envoyé  par  votre  seigneurie  le  7  de  ce  mois  ,  et 
le  projet  en  réponse  remis  par  lui  le  2  i  ,  afin  que  , 
d'après  mes  insiiuciipns  ,  je  pusse  faire  connaître 
les  objections  de  mou  gouvernement  aux  divers 
articles  de  ce  projet  ,  M.  Otto  ayant  admis  ma 
proposition  ,  nous  procédâmes  régulièrement 
comme  de  la  suite. 

Comme  il  n'est  pas  nécessaire  que  j'entre  dans 
les  détails  de  la  conversation  qui  a  eu  lieu  entre 
nous  sur  les  articles  du  projet  auxquels  M.  Otto 
pensait  que  son  gouvernement  pourrait  renoncer  , 
il  suffira  de  vous  présentec^icette  partie  de  notre 
entretien. 

1°.  M.  Olto  pensait  que  le  gouvernement  fran- 
çais ,  lorsqu'il  entrait  en  négociation  pour  un  ar- 
mistice ,  ne  ferait  point  difficulté  d'adopter  le 
préambule  du  contre-projet,  au  heu  de  celui  pro- 
posé dans  le  projet  français  ; 

2".  Que  ,  pensant  que  la  phrase  du  quatrième 
article  (appelée  à  jouir  du  bénéfice  de  iarrnutice  con- 
tinental) pourrait  (par  les  mêmes  raisons  qui  s'ap- 
pliquent à  des  passages  particuliers  du  piéambule) 
être  interprétée  d'une  manière  offensante  pour  les 
alliés  de  sa  majesté  ,  il  ne  doutait  point  que  le  gou- 
vernement français  ne  censeniîi  à  supprimer  cette 
phrase  du  quatiieme  article  ; 

30.  Que  le  gouvernement  français  consentirait  à 
supprimer  à  la  fin  du  troisième  article  ces  paroles, 
d'où  il  résulte. 

Quanta  la  clause  du  premier  arlicIe  du  contre 


lime   reste  encore  à  dire  un  mot  touchant  les  I  „„- ,     ,       ,  1   1     j  .    , 

changemens  faits  dans  l'article  qui  concerne  les     l^     a  ^",'^1"^',  '»  durée  de  1  armistice  naval 
alliés  respectifs  >1  t  "c  les     dépend  de  la  duiee  de   larmisticc   commentai  , 


Les  objections  de  S.  M.  à  la  première  rédac- 
tion de  cet  article  ont  été  détaillées  dans  une 
réponse  au  premier  projet. 

Si  la  France  considère  ses  alliés  comme  des 
puissances  indépendantes  ,  et  se  propose  de  traiter 
sous  ce  rapport  leurs  intérêts  dans  les  négocia- 
tions futures ,  il  est  nécessaire  que  ce  principe 
soit  également  adopté  dans  les  arrarigemens  pré- 
liminaires dont  il  s'agit.  S.  M.  n'a  vu  par  la 
communication  d'aucun  acte  officiel  que  le 
gouveinement  français  soit  autorisé  à  traiter  au 
nom  de  I  Espagne  et  de  la  Hollande-,  de  son 
côté  S.  M.  n'a  nçu  aucune  autorisation  sem- 
blable de  ses  alliés  ;  et  il  serait  incompatible  avee 
la  bonne  foi  que  ,  sans  aucune  autorisation  sem- 
blable ,  elle  prit  des  engagemens  dans  une  autre 
forme  que  celle  qui  est  usitée  en  pareil  cas,  c'est- 
à-dire  de  les  laisser  en  phine  liberté  d'y  accéder 
s  ils  le  jugent  à  propos.  Sous  cette  forme  S.  M. 
est  piête  à  admettre  l'ariiclc  qui  concerne  les 
alliés  de  la  France  ,  et  sous  celte  forme  aussi 
clic  peut  comprendre  ses  propres  alliés  dans  cet 
arrangement. 

Si  l'article  était  conclu  dans  les  termes  actuel- 
lement proposés  par  la  France  ,  S.  M.  serait 
obligée  de  I  observer  de  bonne  foi  envers  l'Es- 
pagne et  la  Hollande  ,  tandis  que  ,  de  son  côté  , 
elle  n'aurait  pas  le  droit  d'exiger  la  réciprocité 
de  la  part  de  ces  puissances.  Elle  ne  pourrait  pas 
même  demander  la  restitution  d'un  seul  navire 
marchand  capturé  par  les  espagnols  ou  par  les 
hollandais. 

Ces  puissances  ,  si  elles  sont  regardées  comme 
imiépendanies  par  la  France  ,  ne  peuvent  être 
lices  [ai  un  acte  isolé  de  son  gouvernement  ; 
•lld  doivent  être  admises   comme  parties  con- 


M.  Otto  a  pensé  qu'en  accordaçit  aux  co'mman- 
dans  des  forces  britanniques  le  droit  de  recom- 
mencer les  hostilités  dès  que  la  cessition  de  l'ar- 
mistice leur  serait  signifiée,  ce  seiait  leur  laisser 
trop  de  latitude  ;  et  qu'ainsi  il  lui  semblait  plus 
convenable  que  ,  dans  ce  cas  ,  la  cessation  de  l'ar- 
mistice naval  fût  signifiée  de  gouvernement  à  gou- 
vernement ,  suivant  que  la  Grande-Bretagne  ou  la 
France  jugerait  conforme  à  ses  intérêts  de  fixer  le 
terme  de  1  armistice  naval.  Mais  ,  sur  ce  que  je  lui 
ai  représenté  les  avantages  que  la  France  ,  d  une 
part,  retirerait  de  sa  position  locale  et  de  la  faci- 
lité déconcentrer  ses  forces  sur  un  seul  point  d'at- 
taque ,  et,  d'un  autre  tôté  ,  le  retard  qu'éprou- 
verait le  gouvernement  anglais  pour  faire  parvenir 
dans  les  diverses  parties  de  son  territoire  la  nou- 
velle de  la  rupture  de  l'armistice  ,  M.  Otto  a  con- 
secili  de  renvoyer  cet  objet  à  examen. 

Notas  avons  jensuite  passé  aux  quatrienae  et 
cinquième  articles  ,  sur  lesquels  M.  Otto  a  re- 
marqué qu'ils  contenaient  les  deux  points  aux- 
quels son  gouvernement  attachait  le  plus  d'im- 
portance; et  son  opinion  était  à  cet  égard  que 
son  gouvernement  ne  consentirait  point  à  un 
arm  stice  dont  ils  ne  feraient  pas  partie.  Quant 
à  lévaluation  de  l'approvisionnement  de  Malte, 
à  raison  de  dix  mille  rations  par  jour,  M.  Olto 
ri 'a  point  spécifié  sur  quelle  raison  ce  calcul 
était  fondé  ;  mais  il  a  remarqué  en  passant  que 
le  nombre  de  ces  rations  nétait  point  déterminé 
sur  les  états  de  garnison,  mais  qu'un  certain 
nopibre  de  rations  était  accordé  ,  suivant  leurs 
grades  respeciils  ,  aux  général  et  officiers  de 
léiat-major:  et  quoique  beaucoup  d'habitans 
eutsint  été  renvoyés  des  forts  occupés  par  les 
français  ,  il  en  restait  encore  ,  qu'il  les  fallait  ap- 
provisionocr.  Il  «oyait  cependant  qu'il  ne  serait 


pa"*  difficile  de  régler  ce  point  d'après  le  sens 
du  conire-projet,  (onde  sur  ce  qui  avjit  été  sti- 
pulé dans  l'armistice  d'Allemagne  sur  les  forte- 
resses d  Ulrs  et  d'InsTal^iadi. 

Sur  Celte  partie  du  quatrième  article  du  pro- 
jet français,  qui  établit  que  six  frégates  puissent 
partir  de  Toulon  pour  I  Egypte  ,  et  seioni 
exemptes  de  recherches  ,  M.  Ôiio  m'a  lu  qu-lque 
chosedune  dépêche  où  M.  Talleyrand  exprime 
liniérêt  que  toute  la  nation  française  prend  à 
l'armée  d  Egypte  .  et  témoigne  que  te  désir  de 
travailler  au  soulagement  de  cette  armée  est  de 
la  part  du  gouvernement  français  le  principal 
motif  qui  le  porte  à  desi:er  de'conclure  un  ar- 
mistice. M.  Otto  ajouta  qu'il  ne  me  cacherait 
pas  que  la  France  était  dans  l'intention  d'en- 
voyer en  Egypte  un  renfort  de  douze  cents 
hommes,  et  que  les  fournitures  militaires  desti- 
nées pour  ce  pays  consistaient  particulièrement 
en  dix  mille  fusils.  Le  langage  de  M.  Otio  sur 
cette  partie  de  notre  conversation  ,  et  de  la  leitie 
de  M.  Talleyrand,  me  sembla  si  décisif,  qu'il 
me  porta  à  lui  demander  précisément  si  le  gou- 
vernement français  ne  se  désisterait  aucunement 
de  cette  proposition.  M.  Otio  répliqua  qu'il  ne 
pensait  pas  que  le  gouvemcincnt  français  s'en 
désistât. 

A  mes  réflexions  sur  les  différends  à  élever 
dans  le  cinquième  article  entre  le  conire-piojet 
et  le  projet  français  ,  par  lequel  il  est  stipulé 
dans  le_ dernier  que  les  frégates  françaises  et  les 
peliis  bâlimens  de  gu-rre  pourront  librement 
entrer  ou  sortir  des  ports  de  France  ,  (]ui  jus- 
qu'à présent  ont  été  dans  un  état  de  blocus, 
M.  Olto  répondit  que  le  motif  pour  leq'iel  le 
gouvernement  français  insistait  sur  cetie  clause 
était  le  désir  d'établir  un  sûr  moyen  de  com- 
munication entre  la  Fiance  et  ses  possessions 
éloignées.  Je  lépondis  à  cela  que,  si  tel  était 
le  seul  objet  que  la  France  avait  en  vue  ,  elle  le 
remplirait  aussi  bien  en  employant  des  bâli- 
mens auties  que  des  vaisseaux  de  guerre.  M. 
Otto  ne  parut  pas  vouloir  insister  dav..nia-e 
sur  ce  point,  et  crut  avoir  fait  tou  ies  sacrifices 
qu'on  pouvait  jusiemeni  exiger  en  accoidani  qui» 
les  vaisseaux  de  ligne  garderaient  leur  position. 
Quant  à  cette  partie  d«  contre-projet  relative  aux 
transporis  par  mer  de  fournitures  militaires  et 
navales,  M.  Otto  pensait  que  le  gouvernement 
français  consentirait  à  celte  restriction. 

M.  Otto  ne  pensait  pas  que  le  gouvernement 
français  insistât  sur  le  sixième  article  du  projet 
français  ,  quoiqu'il  fût  entièrement  nouveau  ;  mais 
il  évita  de  donner  sur  cet  objet  un  avis  positif 
avant  de  l'avoir  médité  quelque  tems. 

L'objection  principale  de  M.  Oi  o  sur  la  forme 
de  l'article  marqué 6 dans  le  contre-projet  a-glais, 
était  fondée  sur  ce  qu'à  moi'is  que  la  Grande- 
Bretagne  et  la  France  ne  s'arrogeassent  le  dioit  de 
comprendre  leurs  alliés  dans^l'artnistice  naval, 
avant  qu'ils  y  eussent  donné  leur  adhésion,  cela 
entraînerait  nécessairement  des  retards  ,  et  que 
es  deux  puissances  (  la  Grande  -  Bretagne  et  la 
France)  seraient  exposées  à  de  nouvelles  hosti- 
lités lorsque  l'une  des  deux  voudrait  attaquer  les 
alliés  de  l'autre.  Ensuite  il  donna  à  entçndie  que 
l'on  pourrait  faire  un  amendement  à  cet  article 
en  y  insérant  une  clause  par  la.juelle  on  fix'erait 
une  époque  pour  que  les  alliés  de  la  Grande- 
Bretagne  ou  de  la  France  déclarassent  s'ils  consen- 
taient ou  refusaient  d  être  compris  dans  1  armistice 
naval. 

Tel  est  le  compte  fidèle  que  je  rends  à  votre 
seigneurie  delà  substance  de  ma  conférence, avec 
M.  Otto.  -, 

Les  amples  instruciions  dont  j'étais  muni  ,  et 
que  (ainsi  que  je  vous  l'ai  dit  au  commencement 
de  ma  lettre  )  j  ai  lues  à  M.  O/to  ,  m'oni  empêché 
de  faire  de  nouvelles  o.bseryations.  J'ai  promis  (ia 
lui  communiquer  des  extraits  de  mes  instructions 
relatives  aux  quatrième  ef  cinquième  articles  ; 
points  sur  lesquels  il  s'est  élevé  entre  nous  le  plus 
de  difficultés.  Sa  mémoire  pourra  lui  rciraccr  les 
objections  que  son  projet  a  éprouvées  de  la  part 
de  notre  gouvernemeni. 

Avant  de  terminer  cette  lettre  je  n'oublierai  paS' 
de  rappeler  que  dans  le  cours  de  notre  entretien' 
M.  Otto  affirma  d'une  manière  positive  qn^la,' 
résolution  de  la  France  ,  dans  le  cas  oii  l'arraistice 
naval  ue  serait  pas  conclu  ,  était  de  poursuivre  le 
cours  de  ses  victoires  en  Allemagae  et  en  Italie  ;, 
et  que  la  faciliié  de  conquérir  Naples  etlà  S'icile 
{ événemens  dont  le  succès  lui  paraissait  ,,^usst 
prompt  qu'inévitable)  procurerait  par  1,.  force  a ui 
gouvernement  français  les  objets  relatifs  à  Malte 
et  à  1  Egypte  qu  il  voulait  obtenir  par  1  armistice 
naval.  Je  ne  jugeai  pas  convenable  de  m'expli- 
quer  sur  ces  assertions  si  fréquemment  Eépélèes  ; 
mais  je  rappelai  l'attention  de  M.  Oito  sur  le  sujet 
de  la  discussion. 
J'ai  l'honneur  d'être  ,  etc. 

Si^né  George  Hammond. 

N°.  40.  Hertford- Street  ,  4  vendémiaire  an  9, 
(  26  septembre  1800.) 

Monsieur  ,  je  vous  envoie  ,  sans  retard  ,  la 
substance  des  observadons  que  j'ai  1  honneur  de 
faire  sur  les  points  contestés  :  je  désire  sincère-' 
ment  qu'elles  satisfassent  votre  ministère.  Je  vous 
prie  ea  même  tems  d'avoir  la  bonté  de  m'adresscr, 


3o2 


I  lei  alliés  de  la  âMmlc- 


preparer   ae   nouveau? 

es  observations  «jui  lu 
i  objections  qui  lui  ou 
e  partie  que  sut  la  ré 
juiront  être    facilcnien 


eu  onVant  de  coTtrptendre  dans  l'armistic 
Bretagne.  11  serait  en  elfet  impossible 
Naplca  des  avantages  de  cette  trêve , 
tems  la  faculté  de  se  renforcer  et  d 
moyens  d'attaque  contre   la  république. 

Le   citoyen   Otto   doit   se    borner  à 
paraissent   les   plus    importantes.  D'aulr 
été  faites  ,    et   qui   ne   portent  en-gran 
daction    de   la   convention   projetée  ,    i 

N°  42.  Note  de  \ord  Grenville  à  M,  Hammond  ,  du 
26  septembre  1800.  ("4  vendémiaire  an  9.  } 

M.  Hammond  voudra  bien  informer  M-  Otto  que  les  observa- 
3ns  renfermées  dans  la  no^c  que  M.  Hammond  a  reçue  aujour- 
hui  ,  ont  été  mises  sous  les  yeux  du  gouvernement  de  S.  M. 

Les  serviteurs  du  roi  regrettent  que  les  instructions  de  M.  Otto 
:  soient  pas  suffisamment  étendues  pour  fournir  des  moyens  de 
ipprocbement  touchant  les  points  qui  empêchent  la  conclusion 


nt  lin 


Le  seul  objet  que  S.  M.  a  e 
on  ,  a  été  expliqué  itérativen 
ons  qui  lui  paraissent  néces: 
>ncessions  qui  lui  est  possible  de  faire 
Il  n'est  pas  vraisemblable  qu'aucun 
'un  nouvel  exposé  de  ces  considératioR 
i'on  n'a  aucun  doute  que  M.  Otto  , 
son  gouvernement  ,  des  dîfférens 
[.  Hammond  dans  sa  conférence  av 
ans  toute  leur  étendue. 
En  offrant  ces  concessions,  S.  M.  ; 
ente  de  ses  dispositions  à  faire  un 
particuliers  de  ce  pays  ,  afin  d 
auxquelles  e 
ère  toujours 
?lle  fera  volontiers  les  deir 
atteindre  ce  but. 


toute  cette  discu 


avant;ige  puisse  résulter 
s,  parLiculiereiuent  parce 
dans  le  rapport  qu'il  fcr# 
argumens  employés  par 
ec  lui  ,    ne  les   présente 

i  donné  une  preuve  évi- 
sacrîfice  considérable  des 
;  faciliter  les  négociations 
lie  a  déclaré  être  prêle  ii 
dans  les  mêmes  disposi- 
arches   convenables   pour 


possible  pour 


«omme    il  a  été  convenu  entie   nous  ,   copie 
des   discussions  auxquelles  ces  obseivations  ser- 
vent de  réponse.  ^^ 
J'ai  l'honneur  d'être  ,  etc.            Signe ,  Otto. 

N°.  41.  Note  explicative  et  in'ffiàelk  remise  à 
M.  Hammond. 
Le  citoyen  Olto  n'ayant  trouvé,  dans  les  obser- 
■vaiions  qui  lui  ont  été  laites  par  M.  Hammond , 
que  trois  objets  qui  lui  paraissent  réellement  de 
nature  à  retarder  la  conclusion  de  l'arroisiice  pro^ 
posé  ,  s'est  réservé  de  les  prendre  en  considéra- 
tion et  d'y  répondre  par  écrit.  _ 

Après  avoir  mûrement  réfléchi  sur  le  but  de  la 
frève  maritime,  sur  la  posiiion  actuelle  de  la 
France  et  de  ses  ennemis,  sur  l'influence  que 
celte  négoi-iation  peut  avoir  à  l'égard  de  la  paci- 
fication générale,  il  doit  faire  sur  les  points  con- 
testés les  observations  suivantes  : 

1°.  L'article  4,  en  accordant  dix  mille  rations 
parieur  à  la  garnison  de  Malte  ,  n'a   pas    seule- 
'  ment  en  vue   les  troupes   effectives    de  la  repu- 
blique ,  mais  toutes  les  personnes  attachées  a  la 
garnison  ,  et  même  les  habitans  de  la   place  ;   le  . 
citoyen  Otto  ne  croit  pas  qu'il  soit  possible  de 
diminuer  cette  quantité   :   cependant  pour  ecar-  | 
ter  autant  que  possible  lobjeclion   qui  lui    a  ele 
faite  .  et  pour  se  rapprocher  de  plus  en  plus   de  ;  __^^^ 
h  façon  de  voir   du    gouvernement  anglais  ,   il  j  p„,,  ^^^  ^3;^  générale 
consent    à  borner    celle  évaluation    au   premier  |  prendre  part.  Elle  p: 
mois,   délai   nécessaire    pour  donner  aux  com- 
IDÎssaires  respeclifs  la   facilité  de  convenir  de  la 
quotité  suffi»anie  pour  1  eutreden  de  la  garnison  et 

de  la  place.  r     •  1    \7t 

Le  second  point  renferme  dans  1  article  Vl, 
touchant  l'expédiiion  libre  de   six  frégates  pour  ,  ,„,:,. 

l'Eoypie  ,  paraît  avoir    donné   plus  f^^^^^'^A^^^ J  f'mrtuTernemrnt.^a 
encore  que  le  précèdent  ,  et  a  ete  1  objet  d  une    ^^  ^.^^^  ^^^ -^  ^^^^  „ 
discussion  plus  animée.  A  cet  égard  ,  le  cuoyen  ,      Le  ministère  des.  M 
Giio  ne  peut  s'empêcher  d'observer  de  nouveau  j  qu'il  a  pensé  que  j'envf 
que  si  le  gouvernement  français  a  proposé  d'a^si-  ;  détail! 
miler  les  places  d'Es^ypte  à  celles   dUlm  et  d  In- 
golstadt,   il  n'a   pu^le    faire    et  il  ne  l'a  fait   e»- 
l't;clivemenl    que   par  l'analogie  qu'il  y    a   entre 
ces   places  à   l'égard   du  blocus;  car   sous   tout 
autre  rapport  la  comparaison  eut  été  inexacte.  En 
effet  personne  n'iainore    que  les  places  d  Egypte 
ne  sont  pas  ,  comme  Ulm  et  Ingolstadi ,   dans  le 
cas  dêire  approvionnées  ,  puisqu'on  ne  saurait  les 
empêcher  de  tirer  des  pays  environnans   toutes 
les  subsistances  qui   leur-  sont  nécessaires  ;   que 
d'ailleurs   ces  places  ne   sont  pas  tellement  blo- 
quées   qu'elles    puissent    tomber   facilement    au 
pouvoir  des  ennemis.  On  n'a  donc  pu  eniendre 
par  cette   comp.iraison   que   lintenlion    de   faire 
accjrder   à    ces  places    bloquées   par  les   forces    dt 
ennemies  des    avmtages   analogues    à  ceux  qui    vc 
ont    éié    accordés   aux   places  d'Allemagne;    et 
ces  avantages  ne  peuvent   êire    déterminés   que  | 
par   les  sn'pulations  spéciales,  de   la  convention  j 
qu'il  s'agit  tie  conclure.  Le  passage  libre   de  six  , 
frégates   ne   saurait   ajouter    considérablement   à 
la  défense  de  1  armée   d'Egypte  ;  il  servira  scu-     j, 
lement  à  prouver  à  cette   armée  que  le  gouver-    j'ai  tellement  craint 
nement    français    s'occupe    de    son   sort  jusqu'à     com, 
ce   qu'il    puisse   être    définiiivement   fixe   par  un    ^"|j  _„^  „_  ,... 
traiié  de  paix.  En  se  rappellant  les  circonstances     ^^^  ëeu' s'est  fai 
qui   ont  suivi    la  capimlalion  signée  par  Sidney  ■ 
Smith  ,  le  citoyen  Ouo  ne  saurait  se  convaincre 
de  l'inconvenance    d  un  pareil  arrangement  rela- 
tivement  à   la   Porte,  et  il    voit  avec  regret  que 

les    observations    qui    lui     ont    élé    faites    par    M.   I       Monsieur,  j'ai  reçu  la  lettre  que  vo, 
Hammond   ne  lu?  p.ésentent   aucun    motif  suf-    /; -'-".rne^aHrit  TsulXc: 
fisant  pour  renoncer  à  cette  demande,^  dont  le    J,^^^.^  ^^^  ^^^^^^^  ^^  ^^^^  faire,  parce  que  Kmport 
succès    peut    seul    éiablir   une    sorte    d'analogie    \. 
entre  les  places  d'Egypte  et  celles  dXJlm  et  d'In- 
golsiadt. 

2«.  L'article  5  du  nouveau  projet  diffère  30us  plusieurs  rap- 
ports de  celui  du  conire-projet  du  minisieré  britannique  ;  mais 
il  diffère  bien  plus  encore  du  premier  projet  que  le  citoyen 
Otto  a  eu  rhomieur  de  remettre  ,  en  ce  qu'il  admet  qu'aucun 
vaisseau  de  ligne  actiieUement  mouiUé  dans  les  ports  de  Brest 
et  de  Toulon  ne  pourra  en  sortir  pendant  la  durée  de  l'armistice. 

Le  gouvernement  français  pense  que  ,  sur-tout  dans  la  saison 
actuelle  ,  cette  concession  va  aussi  loin  qu'elle  peut  aller  ;  et 
sortira  desdits  ports , 

un  état  moins  favo- 

pas  bien  éloigné  où 
;s  vaisseaux  de  sortir, 
rder  à  l'égard  de  cet 
;  puisse  être  importée 


emperei 


positions  i 


N".   43.   Hereford  -  Street^  6  vendémiaire  an  ^  ^ 
{  20  septembre  1800.  ) 

Monsieur,  j*ai  reçu  la  note   que  vous   m'avez   fait  l'honneur 
i  fait  sur-le-champ  passer  le  contenu 
que  les  observations  contenues  dans 
:i-incluse. 

du  justice  à  mes  intentions,  lors- 
L  la  France  une   relation  exacte  et 
que  j'ai  eue    avec   vous.   J'ai  fait 
premier  consul  de  toutes  les  ob-, 
:hargé   de  me  faire. 
Qiielque  soit  le  résultat  de  cette    tentative  des   deux  gouver- 
nemens  pour  rendre   à  l'Europe  la  tranquillité,  je  dois  me  féli- 
citer d'avoir  été   près    du   ministère    de   S.    M.    Tinterprete    des 
dispositions    pacifiques   de  la    France  ,  et   d'avoir  été   chargé  de 
faire  connaître  à  mon  gouvernement  les  m 
ciliatrices  de  la  part   de  S.   M. 
J'ai  l'honneur  d'être  avec  la  plus  haute  considération 
Signé,   OTT< 
A.  M.  Hammond  , 
Sous-iecrétaÏTé    d'état. 

44.    Hereford'Sneet  ,    1 1    vendémiaire  an    9 
(  6  octobre   1800  J. 

Monsieur  ,    M.    George  n'étant  pas    de   retour  ,  j'ai  l'honneur 
;  m'adresser  à  vous   directement  pour  vous  demander  un  rendez- 
lus  à   Park-Place  ,     ou   dans  tout  autre    Heu    que   vous  Jugerez 
nvcnable    de  me  désigner.  J'ai  Tbonneur  d'être  ,    etc. 
Sisné  ,    Otto. 
A  M.  Hammond. 

N'*  45.     Dorvnirig-Slreet  ^^  octobre  iSoo. 

tâchant  de  faire  aux  ministres  de  S.  M.  le  rapport 

ons  que  vous  m'avez  faites   hier  verbalement  , 

une  affaire   de    cette  importance,  de 

iir  ce  que  vous    aviez  dit,  que  je  ne 


Entrait  d'une  note  du  baron  de  Thu^ià  à  M.  Tallej- . 
rand  ,  datée  de  Vienne  ,■  11  août  iSoo. 

ordonné^,  monsieur,  de  faire  parvenit  prft 
consul  l'invitation  pour  la  prompte  réunion 
des  plénipotentiaires  respectifs,  qui  concerteront , avec  fraiKhise 
et  loyauté  les  moyens  de  rétablir  ,  aussitôt  que  possible  ,  la  tran- 
quillité générale  après  laquelle  l*Europe  a  vainement  soupiré 
dins  ses  calamités.  S.  M  Se  flatte  que  par  ce  moyen  seS  in- 
tentions pacifiques  seront  sûrement  satisfaites  ,  puisque  le  roi 
de  !a  Grande-Bretagne,  son  allié,  lui  a  déclaré  qu'il  était,  d* 
son  côté,  prêt  à  prendre  part  aux  négociations,  ainsi  qU'ii 
parait  par  là  copie  d^  U  note  officielle  remise  id  par  lord  Minto  , 
envoyé  extraoniinaire  tt  ministre  plcnipotenliaire  de  S.  M.  "bri- 
tannitiue.  Il  ne  teste  plus  qu'a  convenir  du  lieu  où  les  plétaipo- 
tentiaîres  se  réuniront-,  ce  qui  sera  facilement  réglé.  Pour  faciliter 
les  communications  des  plénipotentiaires  avec  leurs  gouvernerais 
respectifs,  S.  M.  pense  qu'il  serait  convenable  de  choisir  quel- 
que point  central,  comme  Schélestadt ,  Lunéville  ,  etc.,  oUfoUt 
.autre  sur  lequel  le  gouvernement  français  peut  s'entendre  avtc 
le  gouvernement  anglais  ,  afin  de  ne  pas  perdre  de  tems.  D'apilè» 
la  déclaration  que,  par  ordre  exprès  de  S.  M-  ,  j'ai  l'honneux 
de  transmettre  .i  votre  excellence  .  et  qui  atteste  lés  disposi-» 
tions  pacifiques  du  gouvernement  britannique  ,  il  dépendra 
désormais  du  gouvernement  français  de  hâter  l'heureux  instant 
qui  doit  rendre  e  repos  à  l'Europe,  si  trucUement  décliimc 
par  une   guerre  désasiieusc. 

Si^ni ,   Baron   de  Thuout. 

Le  soussigné  ,  envoyé  extraordinaire  et  ministre  plénîpoteà- 
taire  de  S.  M.  britannique  ,  ne  manquera  point  de  faire  passer 
à  sa  cour  toutes  les  communications  que  son  cxcclltuce  le  baron 
de  Thugut  lui  a  faites  par  ordre  de  sa  cour  ,  Tclativcmeui  à  la 
correspondance  qui  a  eu  lieu  entic  S.  M.  l'empereur  et  le  gou- 
vernement français  concernant  les  ouvertures  de  paix  :  en  con- 
séquence le  soussigné  a  été  chargé  de  témoigner  avec  quelle  sa- 
tisfaction S.  M.  a  reç  i  cette  marque  de  confiance  de  la  part 
de  S.  M.  impériale  et  royale.  Le  soussigné  ,  d'après  l'autori- 
sation qu'il  a  reçue  ,  n'hésîte  point  à  déclarer  que  S.  M.  britafi- 
nique  ,  en  tout  tems  disposée  â  donner  à  l'empereur  les  preuve» 
les  plus  évidentes  de  son  union  franche  et  cordiale  avec  S.  M. 
impériale  et  royale  ,  et  du  prix  qu'elle  attache  à  maintenir  cons- 
tamment la  bonne  intelligence  et  auiitié  qui  lient  heureusement 
uronnes  et  leurs  sujets  ,  est  disposée  à  concourir  avec 
ic  aux  négociations  qui  s'ouvriront  pour  la  paix  géné- 
:  à  envoyer  son  plénipotentiaire  pour  traiter  d'accord 
M.  impériale  et  royale  dès  que  l'intention  du  gouvcr- 
d'entrer  en  négociation  avec  S.  M.  britannique 
S.  M. 
Le  soussigné  saisit  avidement  cette  occasion  d'assurer  son 
exeeUence  de  sa  plus  grande  considération. 

Si^ni  ,  Minto. 
Vienne  ,  g  août  1800, 


l'Autri 
raie  , 


nement  français 
sera  connue  de 


N 


e  quelque 
npécher  di 


ous  témoigner  le  vit  tlesir  ( 
écrite  la  substance  de  cett 
d'autres  circonstances  de 


réponse  ,  a 
)tre  discussi 

fiAMMOND. 


N°  46.     Hereford-Street  ^   16  vendémiaire  an  9 
(octobre  1800.  J 


Le  général  Kléber^  commandant  en  chef  l'armée  fran- 
çaise en  Egypte .,  à  son  excellence  le  kaimakan  de  la 
sublime  Forte  ^  illustre  entre  les  grands  ,  les  sages 
et  les  doctes  ,  à  qui  Dieu  puisse  accorder  une  longue 
vie  pleine  de  gloire  et  de  félicité.  Salut  et  amitié. 

Au  Caire  ^  le  20  germinal  an  8  de  la  république  fran- 
çaise (ïo  avril  1800)  qui  répond  au  14  du  mois  de 
la  lune  de  xyskad^  an  1214(^6  l\hégyre. 

Votre  excellpnce  a  sans  doute  été  informée  de  la  suite  et  du 
résultat  des  négociations  qii';  j'ai  conclues  avec  Yousef  pacha  ; 
et,  d'après  les  assurances  que  m'ont  données  à  ce  sujet  les  per- 
sonnes les  plus  distinguées  de  votre  nation.  J'ai  lieu  de  croir« 
que  le  traité  d'El-Arisch  aurait  reçu  l'approbatioh  de  sa  hau- 
tcsse  l'empereur  Sélîm  II. 

Plusieurs  articles  de  ce  traité  ont  déjà  été  exécutés,  et  l*at- 
mée  française  pn  particulier  a  fidèlement  rempli  ses  engagemens. 
J'étais  sur  le  point  d'évacuer  le  Caire  ,  lorsque  j'ai  reçu  d* 
,lord  Keith  ,  commandant  en  chef  les  flottes  anglaises  dans  Ja 
Méditerranée,  une  lettre  qui"  a  excité  la' surprise  et  sur  -  tout 
l'indignation  de  l'armée  française.  Je  joins  ici  la  copie  de  cett* 
lettre.  Cette  pièce  ,  qui  montre  une  entière  ignorance  de  ma 
situation,  *et  le  mépris  de  tout  ce  qu'on  doit  à  d^s  alliés,  rend 
illusoire  non-seulement  la  convention  d'El-Arisch  ,  mais  toute 
espèce  de  traité  qui  dans  la  suite  aurait  pu  être  conclu  avec  la 
sublime  Porte.  Quant  aux  cotaditîons  injurieuses  que  cette  lettre 
contient,  votre  excellence  verra  que  l'armée  françîiiàe  d'Egypte 
ne   peiit  jamais  être  dans  la  nécessité  d'y  souscrire. 

observations  au  ^rand  -  visir ,  et  lâî  ai 
icuation  du  Caire  jusqu'à  ce  que  c^ft 
é  :  c'est  le  gage  le  plus  modéré  que  j» 
scution  de  notre  convention.  Son  excelt- 


que 


pas  pa; 


dans  le 


upêcheront  pas  i 


puissent 


qu'en  admettant  qu  aucun 
il  laisserait  ces  poits  réelh 
trouvent  dans  ce  momeni-< 
rable  ^  puisque  le  mom 
les  forces  britaniaiques  n' 
Tout  ce  que  le  citoyen  Otto  poui 
article  ,  c'est  qu'aucime  munition  n: 
par  mer  dans  les  ports  de  T,on\oi 
insister  pour  que  les  frégates  et  con 
ment.  Si  cette  concession  donne  à  la  France  1 
Biunîquer  efficacement  avec  ses  colonies  ,  il  « 
celui  que  rAngUterve  rétive  de  l'armistice  pour  soi 
qui  ,  à  l'ombre  de  cette  convention  ,.  pourra  se  port< 
1-s  parties  du  monde  sans  être  inquiété  par  les  cors 
voulait  encore  en  appcllcr  a  une 
iLinental  et  la  trêve  maritime  , 
raison  serait  entièrement  au  desavantage  de  la  Fr 
continent ,  les  armées  françaises  et  autrichiennes  j 
même  liberté  de  prendre  en-deçà  de  la  ligne  de  d. 
positions  qui  leur  paraissent  les  pi 


antage  de  ( 
t  l'équivalen 


ibjct  vous  fait  craindre  de 

de  cette  communication.  Je  me  hâte  de  vous  en  taire   passer  la 
substance. 

Les  dernières  notes  échangées,  et  plusieurs' "événemens  îm- 
portans  ,  qui  cet  entièrement  changé  les  bases  sur  lesquelles 
on  avait  établi  l'armistice  proposé  ,  ayant  rompu  les  négocia- 
tions entamées  ,  j'eus  l'honneur  de  vous  informer  qu'indépen- 
damment des  circonstances  qui  s'opposaient  à  la  conclusion  d'une 
trêve  maritime  ,  le  premier  consul  est  disposé  à  recevoir  toutes 
ouvertures  relatives  à  une  négociation  séparée  entre  la  France 
et  la  Grande-Bretagne  ,  et  que  le  mode  de  ses  ouvertures  était 
à  l'option  de  S.  M.  ;  que  quand  le  roi  jugerait  convenable  d'en- 
voyer â  ce  sujet  un  plénipotentiaire  a  Paris  ,  je  suis  autorisé  , 
non  seulement  d'y  consentir,  mais  de  lui  délivrer  les  passe- 
ports nécessaires  \  que  si ,  au  contraire  ,  S.  M.  préférait  que  les 
préliminaires  des  négociations  se  traitassent  à  Londres  ,  on  m'en- 
verrait â  cet  effet  des  pouvoirs  spéciaux. 

J'ai   l'honneur  ,  etc.  Signé,  Otto. 

M.  Hammond. 


N°  47.     Bowning-Street ,  9  octobre  1800. 


Mo 


1  l»ho 


Qi', 


ation  le, 


r  l'a 


lettre  d'hier,  et  je  suis   chargé  de  vous  informer  , 
Que  le   gouvernement  de  S.  M.  est  tout-à-fait  d'o] 

toute  discussion   ultérieure  sur  les  conditions    d'une    ; 

ritime  serait  inutile  ,    puisque   l'objet   unique   qu'on 

S.  M.  de  garantir  par  cet  arrangement ,  a    en  même  te 
!  base  de  sacrifices  particuliers  qu'on  exige  de   son  allié. 
Qiiant  à  la  proposition  d'ouvrir  des  négociations  pa 


■ÉuU   le 


,  entrer  dai 


Grande  Bretagne 
droit  de  disposer  de  "ses  escadres  ,  tandis  qu 
ligne  français  restent  dans  leur  port  ,  et  ne  p 
aucune  combinaison   hostile   contre   elle. 

u  pioiet  touchant  les  troupes  anglaises 

,  en   Italie  ,  a  été  considéré  (omme 

la  France  ,    puisqu'elle   n'en  avait 

i  premier  projet    Mais  cette  préten- 

eUe  peut  être  appelée  ainsi  )  n'est  qi^e  la  suit_e  ua-- 


le  de: 


C.   L'article  6  du  ; 

pourront 
e   pretentin 


dtbaïquei 
ouvelle  de 
nn  dans  st 

rSie  ^d'une"  «ncTssion  cgâlèmeat  nouvelle  ,  faite  par  la  France  , 


tum  ( 


S.  M.  conservant  toujou 
constamment  manifesté  pour  le  rétabli 
générale  de  l'Europe  ,  doit  cependant 
liéclaratioiis  d'une  détermination  in\ 
ponctualité  et  bonne  foi  ses  engagemens  c 
conséquence,  elle  évitera  toujours  d'adop 
tendraient  à  séparei  ses  intérêts  de  ceu: 
continueront  de  faire  avec  elle  cause  commun 
de  la  guerre.  Hgui  , 

M.  Ott.0. 


ment  de  la  tr.nquillité 
:iouveller  ses  premières 
able    de    remplir    avec 


G.  Hammond. 


J'ai  communique  ces 
proposé  de  différer  l'é^ 
obstacle  imprévu  fût  le' 
puisse  demander  de  l'exécutio' 
lence  a,  refusé  de  consentir  â 
mettre  au  sort  d'une  bataille 
était  entièrement  assuré.  Cettt 
ec  le  ciel,  protégeant  la  justi 
victoire.  Cependant  le  désir 
rétablir  les  liens  d'amitié  qui 
les  deux  nations  ,  n'est  point  chang 
Mime  Porte  me  trouvera  toujours  d 
session  de  l'Egypte  aux , conditions 
les  restrictions  que  les  circonstances 
saives.  Ainsi  l'on  préviendrait  toute 
et  une  négociation  (  à  laquelle  des 
raient  mettre  obstacle  )  rendrait  à 
TÎnces  qu'il  tenterait  vainement  de 
armes.  Si  votre  excellence  partage 
concilians  ,  elle  les  communiquera  i 
lim  II  ;  et  sans  doute 
reprendre  les    cooférem 


a  proposition  ,  el 
la  possession  d'i 
bataille  a  eu  liei 


;  préféré  coa> 
pays  qui    lui 


ause  , 


toujoun 


de 


ui^ 

par  cet  événement.  La  sit- 
posé  à  la  remettre  en  po* 
u  traité  d'El-Arisch  ,  avAC 
ztuelles  ont  rendues  néce»-  , 
ouvelle  effusion  de  sang  , 
rdres  inattendus  ne  pour- 
'empire  ottoman  ces  pro* 
ous  ravir  par  la  force  des 
es  sentimcns  pacifiques  cç 
sa  hautesae  l'empereur  Sé- 
sans  délai  des  ordres  pout 
le  résultat  qu 


Je  pri 
Sîdération  que  j'ai  pour  elle. 


excellence  de  < 


la  haute 

KLE2EEU 


Baudot ,  premier  aide-de-camp  du  général  Khber  , 
commandant  en  chef  C  armée  française  d'Egypte^  au 
premier  interprète  de  la  sublime  Porte.  ^-  Au  camp 
dTaffa^  i5  avril  iSoOi, 


Prince  ,  dans  tous 
tinuellemeiit  répété  qui 
rai  Kleber  avait  toujoi 
d'El-Arrisch.  j'ajoute  a 


lies  entretiens  avec  vous  je  vous  ai  con- 
l'intention  hautement  manifestée  du  géné- 
rs  été  d'exécuter  scrupuleusement  le  traite 
vec  confiancej,  d'après  la  connaissance  que 
et  lovai  de  ce  général ,  et  le  désir  sintere 
qu'il  a  de  donner  à  la  sublime  Porte  les  preuves  les  plus  incon- 
testables de  sa  bonne  foi  ,  que  ,  quel  que  soit  le  sort  de  la 
guerre  ,  l'armée  française  évacuera  l'Egypte  immédiatement  aprég 
que  le  gouvernement  anglais  aura  envoyé  les  passe-ports  né- 
cessaires et  le  nombre  des  vaisseaux  stipules  pour  le  transport 
des    troupes.  J'ai  l'honneur  d'être  ,    etc. 

Signé ,  BaudoTj 

A  Palis,  de  1  imprimerie  de  H.  Ayasse,propriélaîr« 
du  Moniteur. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIIEUR  UNIVERSEL. 


M°  76. 


Sextidi ,    1 6  frimaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   M  O  NI  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des   armées  ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  sur 
'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et   aux  découvertes  nouvelles. 


ACTES    DU     GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du    i3  frimaire  an  9. 
Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil-d'état 
entendu  ,  anêuirt  : 

Chambre  des  avoués  et  ses  attribulions. 

Art.  I".  Il  ssi  établi  auprès  du  tribunal  de 
cassation  ,  et  de  chaque  tribunal  d'appel  ,  et  de 
première  instance  ,  une  chumbre  des  avoués  , 
pour  leur  discipline  intérieure.  Elle  est  composée 
de  membres  pris  dans  leur  sein  ,  et  nommés  pat 
eux.  .  j ,  .  • 

Cette  chambre  prononce  par  voie  de  décision  , 
lorsqu'il  s'agit  de  police  et  discipline  intérieure; 
et  par  forme   de  simple  avis  ,  dans  les  autres  cas. 

II.  Les   attributions  de  ladite  chambre  seront  : 

1°.  De  maintenir  la  discipline  intérieure  entre 
les  avoues  ,  et  de  prononcer  l'application  des 
censures  de  discipline  ci-après  établies. 

2°.  Ue  prévenir  ou  concilier  tous  différends 
entre  avoués,  sur  des  communications  ,  re- 
mises ou  rétention  de  pièces;  sur  des  questions 
de  préférence  ou  concurrence  dans  les  pour- 
suites ,  ou  dans  l'assistance  aux  levées  des  scellés 
et  inventaires  ;  et  en  cas  de  non-concilialion  , 
émettre  son  opinion  ,  par  forme  de  simple  avis  , 
sur  lesdiles  questions  ou  difFirends. 

3°.  De  piévenir  toutes  plaintes  et  réclamations 
de  la  part  de  tiers  contre  des  avoués  ,  à  raison 
de  leurs  fonctions  ;  concilier  celles  qui  pour- 
raient avoir  lieu  ;  émettre  son  opinion  ,  par 
forme  de  simple  avis  sur  les  réparauons  civiles 
qui  pourraient  en  résulter,  et  réprimer,  par  voie 
de  discipline  et  censure  ,  les  iolractions  qui  en 
seraient  l'objet  ,  sans  préjudice  de  l'acnon  pu- 
blique devant  les  tiibunaiix  ,  s'il  y  a  lieu. 

4°.  De  donner  son  avis  ,  comm-j  ileis  ,  sur  les 
difficultés  qui  peuvent  s'élever  lors  de  b.  laxc  de 
tous  frais  et  dépens  ;  et  rr^ême  sur  tous  les  articles 
soumis  à  la  taxe  lorsqu  elle  se  fiOuTsr't.  contre 
partie  ou  lorsque  l'avoué  fait  défaut.  Cet  avis 
pourra  être  dot.né  par  un  des  membres  commis 
par  la  chambre  à  cet  effet. 

5°.  De  former,  dacs  son  sein  ,  un  bureau  de 
consultation  gratuiîc  pour  les  citoyens  indigens  , 
dont  ia  chambre  distribue  les  affaires  aux  divers 
avoués  ,  pour  les  suivre  quand  il  y  a  lieu.  \ 

6°.  De  délivrer ,  s'il  y  a  Ht  u  ,  tous  ceruScals  de 
moralité  et  de  capacité  aux  candidats  .  lorsqu'elle 
en  sera  requise,  soit  pour  le  tiibunal ,  soit  par 
les  candidats  que  le  tribunal  piésente  à  la  nomi- 
nation du  premier  consul  en  remplacement  des 
avoués  morts  ou  démissionnaires. 

7°.  Enfin,  de  repiésenter  tous  les  avoués  du 
tribuna'  col  eciivement ,  sous  le  rapport  de  leurs 
droits  et  iniérêts   communs. 

IIL  Tous  avis  de  la  chambre  seront  sujets  a  hO' 
molagation  ,  à  1  exception  des  décisions  sur  Its  cas 
de  police  et  de  discipline  intérieure  déterminées 
en  1  article  'VIIL 

Organisation  de   la  chambre. 

IV.  La  chambre  des  avoués  est        compos 

Dl-  quinze  membres  dans  les  tribunaux  où  le 
nombre  des  avoués  est  de  deux  cents  et  au- 
dessus. 

De  onze,  lorsque  tes  avoués  sont  au  nombre 
de  cent  et  plus  ,  jusqu'à  deux  cents  exclusi- 
vement. 

De  neuf,  lorsque  les  avoués  sont  au  nombre 
de  cinquante  et  plus ,  jusqu'à  cent  exclusive- 
mcni. 

De  sept ,  lorsque  les  avoués  sont  au  nombre 
de  trente  et  plus  ,  jusqu'à  cinquante  exclusive- 
ment. 

De  cinq  ,  lorsque  les  avoués  sont  au  nombre 
de  vingt  et  plus  ,  jusqu'à  trenie  exclusivement. 

De  quatre  ,  lorsque  le  nombre  des  avoués  est 
jnférifur  à  vingt. 

Et  néanmoins  la  chambre  peut  délibérer  va- 
lablement ,  quand  les  mi-mbns  présens  et  volans 
forment  au  moins  les  deux  tiers  de  ceux  dont 
elle  est  composée. 

V.  Parmi  les  membres  dont  la  chambre  se 
compose  ,   il  y  a  : 

1"  Un  pté.sid.  nt  qui  a  voix  piépondérante  en 
cas  de  partage  d  opinions:  il  convoijue  exira- 
ordinairtment  quand  il  le  juge  à  propos  ,  ou  sur 
la  réquisition  liioiivée  de  deux  auiri;s  membres  ; 
il  a  la  police  d  ordre  dans  la  chainbie. 

t"  U:i  syndic  ,  Icqu  1  est  partie  poursuivante 
contre  les  avoués  inculpés  ;  il  est  entendu  préa- 


lablement à  toutes  délibérations  de  la  chambre  , 
qui  est  tenue  de  délibérer  sur  tous  ses  réquisitoi- 
res. Il  a  ,  comme  le  président ,  le  droit  de  la  con- 
voquer ;  il  poursuit  l'exécution  de  ses  délibéra- 
tions dans  la  forme  ci-après  déterminée  ,  et  agit 
pour  la  chambre  dans  tous  les  cas  ,  et  confor- 
mément à  ce  qu'elle   a  délibéré. 

3°.  Un  rapporteur  qui  recueille  les  renseigne- 
mens  sur  les  affaires  contre  les  avoués  inculpés  , 
et  en  fait  le  rapport  à  la  chambre. 

4°.  Un  secrétaire  qui  rédige  les  délibérations 
de  la  chambre  ;  il  est  le  gardien  des  archives  , 
et  délivre  toutes  expéditions. 

5°.  Un  trésorier  qui  tient  la  bourse  commune 
ci-après-établie  ,  failles  recettes  et  dépenses  au- 
torisées par  la  chambre,  et  en  rend  compte ,  à 
la  fin  de  chaque  trimestre  ,  à  la  chambre  assem- 
blée .  qui  les  arrête  ainsi  que  de  droit  ,  et  lui 
donne  sa  décharge. 

Indépendamment  des  attributions  particulières 
données  aux  membres  désignés  dans  le  présent 
article,  chacun  d'eux  a  voix  délibérative  ,  ainsi 
que  les  autres  membres-,  dans  toutes  les  assem- 
blées de  la  chambre;  et  néanmoins,  lorsqu'il 
s'agit  d'affaires  ofi  le  syndic  est  partie  contre 
un  avoué  inculpé  ,  le  syndic  n'a  que  voix  consul- 
tative ,  et  n'est  point  compté  parmi  les  volans  ,  à 
moins  que  son  opinion  ne  soit  à  décharge. 

VI.  Les  fonctions  spéciales  auribuées  à  chacun 
des  cinq  membres  désignés  dans  l'ardcle  précé- 
dent ,  peuvent  être  cumulées  lorsque  le  nombre 
des  membres  composant  la  chambre  est  au-dessous 
de  cinq;  et  néanmoins  les  fonctions  de  président, 
de  syndic  et  de  rapporteur  ,  seront  toujours 
exercées  par   trois  personnes  différentes. 

Quel  que  soit  le  nombre  des  membres  compo- 
sant la  chambre  ,  la  même  consultation  peut  avoir 
lieu,  momentanément  en  cas  d'absence  ou  d'empê- 
chement d'aucun  des  membres  désigiiés  dans  l'ar- 
ticle précédent;  lesquels,  pour  ce  cas,sesuppléent 
enire  eux,  ou  peuventmêmeètre  suppléés  par  tels 
autres  membres  que  ce  soient  de  la  chambre. 

Les  suppléans  momentanés  sont  nommés  par 
le  président  de  la  chambre  ,  ou  ,  s'il  est  absent  , 
par  la  majorité  des  membres  présens ,  en  nombre 
suffisant  pour  délibérer. 

VII.  Outre  les  fonctions  spéciales  ci  ;  dessus 
attribuées  à  quelques  membres  et  celles  com- 
munes à  tous  dans  les  délibérations  ,  chacun  des 
membres  de  la  chambre  est  sous-délégué  ; 

1°.  Pour  faire  les  taxes  des  frais  qui  lui  sont 
répartis  par  lé  président  de  la  chambre  ; 

2°.  Pour  l'examen  et  consultation  des  affaires 
des  indigens  ,  qui  lui  sont  aussi  réparties  par  le 
président  de  la  chambre  ,  à  laquelle  il  les  renvoie 
avec  son  avis  ,  pour  ,  s'il  y  a  lieu  de  les  suivre  , 
être ,  par  le  président ,  distribuées  aux  divers 
avoués  I 

3°.  Enfin  ,  pour  se  trouver  à  la  chambre  des 
avoués  chaque  jour  des  audiences  du  tribunal , 
à  l'effet  de  faciliier  l'exercice  des  fonctions  attri- 
buées à  ladite  chambre. 

Pouvoir  de  ta  chambre  dans  les  moyens  de  discipline. 

VIII.  La  chambre  prononce  contre  les  avoués  , 
par  forme  de  discipline  ,  et  suivant  la  gravité  des 
cas  ,  celles  des  dispositions  suivantes  qu'elle  croit 
devoir  leur  appliquer  ;  savoir  : 

1°.  Le  rappel  à  l'ordre  ; 

2°.  La  censure  simple  ,    par  la  décision  même  ; 

3°.  La  censure  avec  réprimande  ,  par  le  pré- 
sident ,  à  l'avoué  en  personne  ,  dans  la  chambre 
assemblée  ; 

4°.  L'interdiction  de  l'entrée  de  la  chambre. 
IX.  Si  l'inculpation  portée  à  la  chambre 
contre  un  avoué  ,  paraît  assez  grave  pour 
mériter  la  susfpension  de  l'avoué  inculpé,  la 
chambre  s'adjoint  par  la  voie  du  sort,  d'autres 
avoués  en  nombre  égal  ,  plus  un  ,  à  celui  des 
membres  dont  elle  est  composée;  et  ainsi  formée, 
la  chambre  émet  son  opinion  sur  la  suspension 
et  sa  durée,  par  forme  de  simple  avis. 

Les  voix  sont  recueillies  en  ce  cas,  au  scrutin 
secret  ,  par  oui  ou  par  non ,  et  l'avis  ne  peut 
être  formé  si  les  deux  tiers  au  moins  des  mem- 
bres appelés  à  rassemblée,  n'y  sont  présens. 

Les  disposiiions  de  cet  article  ne  sont  point 
applicables  aux  avoués  des  tribunaux  où  leur 
nombre  total  n'est  pas  au  moins  triple  de  celui 
des  membres  de   la  chambre. 

X.  Qjiaiid  l'avis  par  U  chambre  sera  pour  la 
suspension  ,  il  sera  déposé  au  greffe  du  tribunal  ; 
expédition  en  sera  remise  au  commissaire  du 
gouvernement ,  qui  en  fera  l'usage  qui  sera 
voulu  par  la   loi. 


Mode  de  procéder  en  Ici  chambre. 
XL  Le  syndic  défère  à  la.  chambre  les  faits 
relaufs  a  la  discipline  ,  et  il  est  tenu  de  les  lui 
dénoncer,  soit  d'office  quand  il  en  a  connais- 
sance ,  soit  sur  la  provocation  des  parties  inté- 
ressées ,  soit  sur  celle  de  l'un  des  membres  de  la 
chambre. 

Les  avoués  inculpés  sont  cités  à  la  chambre 
avec  délai  suffisant,  qui  ne  peut  être  au-desious 
de  cinq  jours  ,  à  la  diligence  du  syndic  ,  par 
une  simple  lettre  indicative  de  l'objet ,  signée  de 
lui  ,  et  envoyée  par  le  secrétaire  ,  qui  en  lient 
note. 

XII.  Q^uant  aux  différends  entre  avoués  ,  et 
atjx  difficultés  sur  lesquelles  la  chambre  est  char- 
gée d'émeure  son  avis  ,  les  avoués  peuvent  se 
présenter  contradictoireinent  ,  et  sans  citation 
préalable,  aux  séances  delà  chambre  ;  ils  peu- 
vent également  y  être  cités  soit  par  simples  leures 
indicatives  des  objets  ,  signées  des  avoués  pro- 
voquans  ,  et  envoyées  par  U  secrétaire  ,  auquel 
ils  en  laissent  des  doubles  ,  dont  ils  déposent 
les  originaux  au  secrétaiiai.  Ces  citations  offi- 
cielles ,  oupar  leures,  sont  données  avec  les 
rnêmes  délais  que  celles  du  syndic  ,  après  avoir 
éié  préalablement  soumises  au  visa  du  pré-.ident 
de  la  chambre. 

XIII.  La  chambre  prend  ses  délibérations  dans 
les  affaires  pardculieres  ,  après  avoir  entendu  ou 
dûment  appelé  ,  dans  la  forme  ci-dessus  pres- 
crite ,  les  avoués  inculpés  ou  intéressés  ,  ensemble 
les  tierces  parties  qui  voudront  être  entendues  , 
et  qui  dans  tous  les  cas  pourront  se  faire  repré- 
senter ou  assister  par  un  avoué. 

Les  délibérations  de  la  chambre  sont  motivées 
et  signées  sur  la  minute  par  la  majorité  des 
membres  présens  :  les  expéditions  ne  le  sont  que 
par  le  président  et  le  secrétaire. 

Ces  délibérations  n'étant  que  de  simples  actes 
d'administration  ,  d'ordre  et  de  discipline  inté- 
rieure, ou  de  simple  avis,  ne  sont  ,  dans  au- 
cun cas,  sujettes  aux  droits  d'enregistrement, 
non  plus    que   les   pièces  y   relatives. 

Les  délibérations  de  la  chambre  sont  notifiées  , 
quand  il  y  a  lieu  ,  dans  la  même  forme  que 
les  citauons  ,  et  il  en  est  fait  mendon  par  le 
secrétaire  ,  en  marge  desdites  délibérations. 
Nomination  des  membres  de  la  chambre ,  et  durée 
de  leurs  fonctions, 

XIV.  Les  membres  de  la  chambre  sont  nommés 
par  l'assemblée  générale  des  avoués  ,  qui  se  réu- 
nissent à  cet  effet,  dans  le  lieu  où  siège  le 
tribunal. 

Lorsqu'il  y  a  cenlvotans  et  au-dessus,  l'assem- 
blée se  divise  par  bureaux  ,  qui  ne  peuvent'être 
composés  de  moins  de  trente  ,  ni  de  plus  de 
cinquante. 

Chaque  bureau  est  présidé  par  le  doyen  d'âge 
des  avoués  présens  ;  les  deux  plus  âgés  après  lui , 
font  les  fonctions  de  scrutateurs  ,  et  le  plus  jeune 
celles  de  secrétaire. 

La  nomination  se  fait  au  scrutin  secret  ,  par 
bulletin  de  Irsie  contenant  un  nombre  de  noms, 
quine  peut  excéder  celui  des  membres  à  nommer. 

La  majoiité^  absolue  des  voix  de  l'assemblée 
générale  est  nécessaire  pour  la  nomination. 

XV.  Les  membres  de  la  chambre  sont  renou- 
velles tous  les  ans,  par  tiers  ,  pour  les  nombies 
qui  comportent  cette  division  :  et  par  portions  les 
plus  approximatives  du  tiers,  pour  les  autres 
nombres,  en  fesant  alterner ,  chaque  année  ,  les 
portions  inférieures  et  supérieures  au  tiers  ,  à 
commencer  parles  inférieures;  de  manière  que, 
dans  tous  les  cas  ,  aucun  membre  n'e  puisse  rester 
en  fonctions  plus  de  trois  ans  consécutifs. 

Le  sort  indique  ceux  des  membres  qui  doivent 
sortir  la  première  et  la  seconde  année  ,  et  ensuite 
ils  sortent  par  ancienneté. 

Les  membres  sortans  ne  peuvent  être  réélus 
qu'après  une  année  d'intervalle. 

li  est  fait  exception  aux  dispositions  du  pré- 
sent article  ,  pour  les  cas  où  le  nombre  total  des 
avoués  n'est  pas  suffisant  pour  le  renouvelle- 
ment ,  qui  alors  n  a  lieu  que  jusqu'à  concur- 
rence du  nombre  existant.  Il  n'y  a  de  même 
pas  lieu  audit  renouvellement  ni  à  la  nomination 
primitive  ,  si  le  nombre  des  avoués  n'excède  pas 
celui  nécessaire  pour  la  composition  de  U 
chambre  dont,  en  ce  cas,  ils  sont  membres  de 
droit. 


5«)4 


XVI  Les  membres  ctoisis  pour  composer  la 
cliamhic  ou  qui  en  sont  membres  de  droit, 
nomment  entr'eux  ,  au  scrutin  secret  et  à  la  ma- 
joiiié  absolue,  le  président,  le  syndic,  le  rap- 
porteur ,  le  secrétaire  et  le  trésorier. 

Cette  nomrnaiion  se  renouvelle  tous  les  ans, 
et  les  mêmes  peuvent   être   réélus. 

En  cas  de  partage  des  voix ,  le  scrutin  est 
recommencé  ;  et  si  ie  résultai  est  le  même  ,  le 
plus  âgé  des  deux  membres  qui  sont  l'objet  de 
ce  partage  ,  est  nommé  de  droit  ,  à  moins  qu'il 
n'ait  rempli  pendant  les  deux  années  précé- 
dentes, la  place  à  laquelle  il  s'agit  de  nommer, 
auquel  cas  la  nominaiipn  de  droit  s'opère  en 
faveur  de  son  concurrent. 

XVII.  La  nomi-nation  des  membres  de  la  cham- 
bre a  lieu  de  droit  le  i5  fructidor  de  chaque 
année.  Ils  entrent  en  fondions  le  i  =  '  vendémiaire 
suivant  ,  et  le  même  jour  ils  nomment  le  président 
et  les  autres  officiers  qui  entrent  de  suite  en 
fonctions. 

Lcr  premières  nominations  pour  la  mise  en 
activité  du  présent  règlement  se  feront  ,  savoir  : 
à  Paris  ,  dans  les  deux  décades  de  sa  date  ;  et 
dans  les  autres  départemens  ,  dans  les  deux  déca- 
des   qui  suivront  sa  publication. 

Fonds  pour  les  dépenses  de  la  chambre. 

XVIII.  Il  y  a  une  bourse  commune  pour  les 
dépenses  des  bureaux  de  la  chambre. 

Chaque  membre  de  la  chambre  verse  ,  dans 
cette  bourse  commune  ,  la  moitié  des  droits  de 
présence  à  la  taxe  ,  ou  des  droits  de  tiers  qui  lui 
sont  attribués  par  les  ordonnances. 

Pour  le  surplus  des  fonds  à  fournir  à  la  bourse 
commune,  chaque  avoué,  et  même  chacun  des 
membres  de  la  chambre  ooniiibue  de  ses  de- 
niers ,  suivant  ses  facuhés  ,  ci  ainsi  qu'il  est  réglé 
par  elle  ,  sans  qu'il  puisse  néanmoins  être  exigé 
d'aucun  d'eux  ,  pour  chaque  année ,  au-delà 
d'une  somme  égale  à  l'intérêt  annuel  de  son 
cautionnement. 

Et  les  fonds  qui  se  trouvent  dans  la  bourse 
commune  au-delà  des  dépenses  annuelles  ,  sont 
réservés  et  employés  par  la  chambre  ,  pour  sub- 
venir aux  besoins  des  pauvres  qu'elle  croit  avoir 
le  plus  de  droits   à  la  bienfesance  des  avoués. 

XIX.  Le  ministre  de  la  justice  est  chargé 
de  l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé 
au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'élal ,  signé  ,  H.  B.Maret. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Thiessé. 

SUITE   DE   LA    SEANCE   D  U    I4   FRIMAIRE. 

Htiguet.  J'aurais  peu  de  chose  à  dire ,  si  votre 
commission  avait  approfondi  la  question  qu'elle 
n'a  fait  qvie  présenter,  celle  de  savoir  s  il  est  utile 
de  forcer  les  plaideurs  à  passer  par  l'épreuve  de 
la  conciliation  ,  avant  qu'ils  puissent  former  leur 
demande  en  justice  ,  comme  le  veut  l'article  XI  du 
projet  de  loi.  J'attaquerai  celle  disposition  parce 
que  je  suis  convaincu  que  cette  mesure  est  inutile 
et  dangereuse  ,  qu'elle  multiplie  les  procès  au  lieu 
de  les  éteindre  ,  que  généralement  elle  excite 
les  passions  haineuses  au  lieu  de  les  prévenir  ; 
enfin,  sous  prétexte  d'éviter  les  procès  ,  elle  ne 
fait  qu'établir  un  premier  degré  de  juridiction. 

Un  particulier  veut  intenter  un  procès ,  une  ac- 
tion en  justice  ,  seulement  demander  la  condam- 
nation d'un  billet;  vous  voyez  que  je  vous  parle 
d'un  procès  bien  simple  ;  il  faut  qu'il  cite  son 
adversaire  en  conciliation  ,  pour  cela  il  doit  faire 
enregistrer  son  billet;  il  faut  ensuite  qu'il  obtienne 
une  c4#ule  du  juge-de-paix  ,  il  faut  qu'il  fasse 
faire  la  citation  par  l'huissier  d'un  tribunal  ;  il 
faut  enfin  qu'il  prenne  toutes  les  mesures  ;  qu'il 
fasse  tous  les  frais  d'un  procès  pour  chercher 
à  en  éviter  un.  Au  jour  indiqué  ,  son  adversaire 
se  présente,  il  obtient  un  délai;  alors  on  verba- 
lise, on  constate  la  conciliation  ,  on  fait  un  pro- 
cès-verbal fort  long  ,  qui  coûte  fort  cher  ,  soit 
pour  l'expédition,  soit  pour  l'enregistrement; 
le  débiteur  s'en  va  en  supportant  ces  frais  con- 
sidérables qui  n'auraient  pas  été  plus  chers  devant 
le  tribunal.  Si  au  terme  convenu  le  débiteur 
ne  paye  pas  ,  il  faut  recommencer  de  nouveaux 
frais,  et  qu'avec  le  procès- verbal  de  concilia- 
tion ,  il  obtienne  du  tribunal  une  condamnation 
pour  raison  de  laquelle  il  paye  encore  des  droits 
d'expédition  et  d'enregistrement;  de  manière  que 
voilà  deux  parties  q-i ,  en  se  conciliant ,  ont  sup- 
porté deux  procès  au  lieu  d'un. 

On  dit  que  les  juges-de-paix  sont  à  même  de 
concilier.  Mais  ceux  qui  ont  un  peu  d'expérience 
savent  combien  la  conciliation  est  difficile.  Ne 
voyons -nous  pas  tous  les  jours  des  amis,  des 
païens  ,  des  conseils  très  éclairés  se  réunir  pour 
eoncilicr  des  plaideurs  ,   et  ji  y  pas  réussir.  Et  on 


voudrait  qu'un  juge-de-paix,  qui  souvent  n'est 
pas  connu  des  parties ,  ait  plus  d'ascendant  sur 
ces  plaideurs  ! 

Cette  observation  s'applique  à  l'habitant  des 
villes  comme  à  celui  des  campagnes.  Je  vois  pour 
celui-ci  mêmes  frais,  mênae  déplacement ,  même 
procédure,  et  souvent  plus  chère  à  cause  des 
distances  .  et  je  ne  crois  pas  que  ces  hommes 
soient  plus  exempts  de  passions  et  de  haine  que 
les  autres. 

Considérez  maintenant  les  lenteurs  que  ces 
vaines  formalités  apportent  dans  la  distribution  de 
la  justice  ,  pendant  que  les  citoyens  vont  ,  à 
grands  frais  ,  dans  les  bureaux  de  conciliation. 
Le  débiteur  devient  insolvable  ,  et  le  créancier 
perd  ainsi  tout  recours. 

D'après  ce  que  je  viens  de  vous  dire  ,  je  crois 
vous  avoir  démoniré  l'inutilité  et  It-s  dangers  de 
l'installation  des  bureaux  de  conciliation.... 

Laussat.  La  constitution  l'ordonne. 

Huguel.  Je  n'entends  pas  cependant  que  la  ten- 
lalive  de  la  conciliation  soit  interdite  aux  juges- 
de-paix  ;  sans  doute  ce  sera  un  des  devoirs  qu'ils 
auront  à  remplir  ;  mais  alors  sans  frais  ,  sans  pro- 
cédure ,  sans  papier  timbré.  Je  veux  qu'ils  soient 
des  juges  conciliateurs ,  et  non  des  juges  entourés 
de  greffiers  et  d  huissiers  ,  et  de  toute  cette  pro- 
cédure inutile  qui  vexe  les  parties  au  lieu  de  leur 
être  utile. 

Huguel  examine  les  autres  parties  du  projet ,  et 
fait  sur  chacune  d'elles  les  mêmes  observations 
qui  ont  été  présentées  par  le  rapporteur  de  la 
commission  :  il  vote  pour  le  rejet. 

On   demande  l'impression  de  son  discours. 

Plusieurs  membres,  l'ordre  du  jour, 

Chauvclin.  Je  ne  m'oppose  jamais  à  l'impression 
des  discours  de  mes  collègues  ;  je  les  lis  toujours 
avec  plaisir;  et  j'y  trouve  souvent  ma'ière  à  ins- 
truction. Cependant  ,  lorsqu'une  opinion  ,  émise 
dans  celle  enceinte  ,  attaque  ,  ou  les  lois  ,  ou  la 
consiiiulion  ,  il  est  du  devoir  des  membres  de 
celte  assemblée  d'en  arrêter  la  promulgalion.  L'o- 
pinion que  vous  venez  d'entendre  attaque  les  bu- 
reaux de  concil'ation  ,  et  la  conslituiion  les  con- 
sacre. Le  préopinant  a  dit  qu'on  ne  trouvait  dans 
les  bureaux  de  conciliation  que  des  frais  et  de 
l'aigreur,  au-lieu  de  l'esprit  de  sagesse  qu'on  de- 
vrait attendre  d'une  pareille  institution.  Cela  vient- 
il  de  ce  que  l'opinant  a  constamment  habité  Paris? 
S'il  avait  parcouru  les  campagnes,  il  aurait  vu 
que  la  conciliation  n'est  point  une  institution 
vaine  ,  et  que  tous  les  jours  une  foule  de  ci- 
toyens opposés  d'intérêts  sortent  les  larmes  aux 
yeux  de  chez  le  juje-de-paix  ,  bien  déterminés  à 
ne  point  plaiJer.  Je  vole  contre  l'impression  du 
discours  de  notre  collèg'je. 

Huguet.  je  n'ai  point  heurté  le  principe  de  la 
conciliation  ,  je  me  suis  seulement  élevé  contre 
les  frais  que  l'organisation  actuelle  entraînait  Au 
surplus,  si  le  préopinant  trouve  que  j'en  ai  trop 
dit  à  sa  conscienc  ,  je  ne  m'oppose  pas  à  ce 
qu'on  n  imprime  pas  mes  observations. 

Le  tribunal  consulté  ,  rejette  l'impression  du 
discours  dHuguet. 

On  donne  lecture  de  deux  messages  du  corps- 
législatif,  le  premier  annonce  le  rejet  du  projet 
de  loi  sur  leS'  archives  ;  le  second  contient 
l'envoi  d'un  projet  relatif  à  l'acquisition  du  ci- 
devant  évêché   d'Avranches. 

Ce  dernier  projet  est  renvoyé  à  l'examen  d'une 
commission  de  trois  membres. 

On  procède  à  un  second  scrutin  pour  l'élection 
d'un  candidat  à  présenter  au  sénat-conservateur. 
Il  y  avait  gS  votans  ;  personne  n'a  réuni  la  ma- 
jorité des  suffrages  ;  il  y  aura  demain  un  scrutin 
de  ballotage  entre  les  citoyens  Dedeley-d'Agier  et 
Desmeuniers  qui  ont  eu  le  plus  de  voix. 

La  séance  est  levée. 

SÉANCE    DU     l5     FRIMAIRE. 

Un  secrétaire,  lit leprocès-verba!;  la  rédaction  en 
est  approuvée. 

Berenger-  Vous  avez  renvoyé  à  une  commission 
l'examen  d'un  objet  important.  (Il  s'agit  d'un  projet 
de  loi  communiqué  aiï  tribunal  dans  un  des  der- 
'nicrs  comités  secrets.  )  Si  la  commission  attend 
pour  faire  son  rapport  ,  le  jour  indiqué  pour  la 
discussion  qui  doit  avoir  lieu  au  corps-législatif^, 
nous  serons  obligés  ou  demander  une  prorogatipiÀ 
de  délai  ,  ou  de  nous  en  rapporter  à  l'avis  de 
la  commission.  Je  demande  que  ce  rappoft  soit 
fait  dans  la  séance  de  demain. 

Celte  proposition  est  adoptée;  en  ccriiséquence  , 
les  tribuns  Daunou  ,  A'exandre  ,  Bôisjolin  ,  Barra 
et  Chauvelin  ,  membres  de  la  commission  ,  sont 
invités  à  se  réunir  pour  préparer  leur  travail. 

On  reprend  la  discussion  sur  l'organisation  des 
justices  de  paix. 

QailUmer  ajoute  quelques  observations  à  celles 
faites  par  le  rapporteur  de  la  commission  ,  '  et 
teiwfne  par  voter  le  rejeî  da  projet  présenté. 


Le  président.  La  parole  est  à  notre  collègue 
Ganilh. 

Gar.itt  Je  m'étais  eflFectivenient  fait  inscrire  pour 
parler  dans  cetie  discussion.;  mais  ie  bruit  qui 
s'est  répandu  hier  que  le  projet  avait  été  retiré 
parle  gouvernement,  a  fait  que  je.  ne  me  suis 
pont  préparé. 

Le  tribunal  ajourne  à  demain  la  suite  de  cette 
discussion. 

On  procède  au  scrutin  de  ballotage  entre  les 
citoyens  Dedeley-d'Agier  cl  Desmeuniers  pour  [3. 
nomination  d'un  candidat  à  l'une  des  places  va- 
canlesau  sénai-conscrvaîcur. 

Sur  88  volans  ,  Dedeley-d'Agier  réunit  47  suf- 
frages. Il    est  proclamé    candidat. 

Le  corps-législaiif  annonce  par  un  message 
que  le  gouvernement  à  retiré  le  projet  relatif  à 
l'organisation  des  jusiices  de  p-iix  ,  et  celui  sur 
la  police  simple  et  la  police  de  sûreté. 

Il  sera  fait  mention  de  ce  message  au  procès- 
verb  :■■'.. 

Le  président  annonce  qu'il  y  aura  demain  à 
l'ordre  du  jour  la  discussion  de  la  raotioa 
d'ordre  du  tribun  Isnard  sur  la  création  et  sup- 
pression d'offices  publics. 

Chazal.  Il  n'y  a  pas  assez  de  travail  pour  qu'il 
y  ait  séance  demain  ;  je  demande  que  nous  nous 
ajournions    à  sexiidi. 

Berenger. 'is  persiste  dans  la  demande  que  j'ai 
faiie  au  commencement  de  cette  séance.  Si 
la  commission  est  embarrassée  sur  la  proposition 
qu'elle  a  à  vous  faire  ,  peut-être  le  serons-nous 
moins  dans  le  parti  rjue  nous  aurons  à  prendre; 
dans  tous  les  cas  ,  nous  ne  pouvons  dépendre  de 
l'opinion  d  une  torniriission.  Je  demarjde  que  ie 
rapport  soil  fait  demain. 

Climal.  Il  s'agit  de  savoir  si  la  commissioii 
sera   prête. 

Clhibot-Latour.  Sur  l'objet  dont  il  s'agit,  le 
rapport  d'une  commission  est  moins  nécessaire 
que  sur  tout  auire  ;  ainsi  rien  ne  nous  empêche 
d'ouvrir  la  discussion.  Je  demsnde  que  nous 
ayons  séance  demain  ;  séance  publique  pour  dis- 
cuter la  motion  d'ordre  de  notre  collègue  Isnard  ; 
séance  particulière  pour  entendre  le  rapport  de 
votie  commission  ,  si  elle  est  en   état  de  le  faire. 

Le   tribunal  arrête  qu'il  aura  séance  demain. 

Le  président  envoie  un  huissier  pour  demander 
aux  membres  de  la  commission  s  ils  pourront  faire 
demain  le  rapport.  Les  membres  de  la  commis- 
sion font  répondre  qu'ils  vont  se  rendre  à  la 
séance. 

Le  président  levé  la   séance  publique» 

Les  spectateurs   se  retirent. 

C  ORPS-LÉGISLATIF. 

Présidence  de  Chatry-Lafosse. 
SEANCE   DU     1 5    FRIMAIRE. 
On  fait  lecture  du  procès-verbal  ce  la  séance 
du  i3.  La  rédaction  en  est  approuvée. 

Le  président  reçoit  el  communique  à  l'assemblée 
un   message   du    gouvernement  ,    conçu   en  ces 

lermes  : 

Taris  ,  le  i^  frimaire ,  an  9  de  la  république  fran- 
çaise une  et  indivisible. 

Les    consuls    diÉ    la    république'  au    corps- 
législatif. 

législateurs, 

Les  deux  projets  de  loi-  l'un  sur  les  justices  de 
paix  ,  et  l'autre  sur  la  police  simple  et  la  police 
de  sûreté  ,  que  le  gouvernement  vous  a  successi- 
vement envoyés  ,  devaient  être  suivis  d'un  troi- 
sième portant  établissement  de  tribunaux  d'excep- 
tion. Bien  que  ces  divers  projets  aient  entre  eux 
des  rapports  intimes  ,  cependant,  comme  ils  ont 
aussi  beaucoup  de  dispositions  indépendantes , 
le  gouvernement  avait  craint  de  compliquer  la 
discussion  et  d'embarrasser  voire  examen  en  vous 
les  soumettant  lous  à-la-fois  ;  mais  ayant  remarqué 
que  chacun  de  ces  projets  présen;és  isolément , 
donnaient  lieu  à  des  objections  et  élevaient  des 
doutes  ,  qui  se  trouvaiens  résolus  par  la  présen- 
tation simultanée'des  trois  projets  ,  il  se  détermine 
à  retirer  les  deux  premiers  qui  vous  ont  déjà  éié 
envoyés  ,  pour  vous  les  soumettre  de  nouveau 
tous  les  trois  ensemble. 

Le  premier  consul,  signé,  Bon.AiParte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H   B.  Maret. 

Le  corps-législatif  arrête  que  cette  lettre  sera- 
insérée  au  procès-verbal  ,  et  envoyée  au  tiibunat 
par  un  message.  ~~ 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé  ,  la  séance  est 
levée  et  indiquée  à  demain. 


A  Paris  ,  de  limprimerie  de  H.  Agass 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


ff'n- 


Septidi  ,  1  7  frimaire  an  g  de  la  république françaiie  ime  et  indivisible. 


Nous   somiîies  autorisés    à  prévenii"  nos  soiiSLiipccurs  ,  cju'à   d.iref  du  7   nivôse  le   M  O  N' I  T  t  U  R  est    le   seul  journal  oJficuL. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  taits  et  les    notion 
tant  sur  l'uiténeur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulieeuient   consacré   aux   sciences  ,  aux  arts    et  aux   découvertes   nouvelles. 


E  X  T  E  R  1    EU    R. 

ANGLETERRE. 

Londres,  le  27    nov.  (  ^  frimaire).  ) 

Tremier  rapport  du  comité  des  subsistances  à  la 
chambre  des  communes  ,  dans  la  séance  du  2C 
novembre  (6  frimaire.  ) 

JLiE  comiié  nommé  ,  etc.  en  procédant  à  l'exa- 
men, du  sujet  important  dont  la  connaissance 
lui  a  éié  renvoyée  ,  a  cru  qu'il  élait  de  son 
devoir  de  commencer  par  s'occuper  des  mesures 
à  proposer  pour  diminuer  ,  autant  que  possible  , 
le  mal  préseni  ,  sans  entrer  pour  le  moment  dans 
des  rechetches, détaillées  sur  les  différentes  cau- 
ses qui  on;  pu  concourir  à  le  produire.  En 
agissant  ain^i  ,  votre  comité  a  cru  entrer  dans 
les  iuieniions  de  la  chambr.-  ,  qui  ,  par  sa  ma- 
nière de  procéder ,  a  déjà  montré  qu'elle  re- 
gardait le  manque  de  grains  ,  au  commencement 
de  la  dernière  récolte  ,  et  la  cherté  qui  s'établit 
à  cette  époque  ,  comme  une  raison  suffisante 
pour  adopter  .  sans  perdre  de  tems  ,  les  remèdes 
les  plus  prompts.  C  est  dans  cettq  vue  que  des 
lois  ont  déjà  été  faites  pour  encoiirager  I  impor- 
,'  tation  des  grains  ,  pour  autoriser  sa  majesté  à 
piobiber  i'exponaiion  des  denrées  de  toute  es- 
pèce ,  pour  afijanchir  de  tous  droits  les  <learées 
imporiées  ,  pour  prohiber  la  disiillalion  du  (rrain 
et  l'usage  du  froment  dans  l'empois  ,  pour  per- 
mettre de  faire  la  dreche  avec  l'orge  qui  aurait 
clé  gâté  par  l'humidité  ,  sans  qu'on  soit  obligé 
de  le  laisser  tremper  le  tems  prescrit  par  la  loi  ; 
pour  permettre  l'emjiloi  du  sucre  au  lieu  de  ia 
dreche  ,  dans  les  brasseries  ,  et  pour  diminuer 
les  droits  sur  1  importation  du  houblon. 

Voire  eôffiitC'  a  été  confirmé  dans  ce:te  opinion  , 
en  vo5'ant  que  les  J'Ius  petites  recherches  sur 
l'état  des  técn.n.s  i-ntraî^ifraicnt  de  {'rands  rciarJs, 
en  supposait  aiêniequc  ces  recherchas  se  fissent 
avec  toute  l'activiié  possible  ,  et  n  éprouvassent 
pas  des  difficultés  .insurmontables  dans  leur  exé- 
cudon^  Votre  comité  a  vu  aussi  que  les  rechçr» 
ches  mêmes  les  plus  détaillées  ne  donneraient 
aucun  résultat  convenable  pour  parer  au  mal 
présent  ;  ayant  d'ailleurs  sous  les  yeux  beaucoup 
de  rcnseigneraens  dont  l'examen  pouvait  se  faire 
sans  délais  ,  et  qui  ,  confirmés  par  le  témoignage 
des  membres  cie  difiéreus  pays  ,  lui  ont  paru 
Sufiisans  pour  établir  un  apperçu  général  de  la 
récolte.  Votre  comité  a  cru  devoir  se  servir  de 
ces   matériaux. 

Ces  pièces  consistent  en  une  grande  quantité  de 
réponses  auxinformations  que  les  difïerens  dé- 
partemens  du  gouvernement  avaient  chargé  les 
receveurs  du  land-tax  de  faire  ,  ainsi  que  les  em- 
ployés aux  impositions  ,  au  timbre  ,  à  l'excise. 
Il  faut  y  ajouter  les  éclaircissemeris  donnés  par. 
les  ecclésiastiques,  à  qui  leurs  évéques  respectifs 
avaient  adressé  à  ce  sujet  des  circulaires. 

Votre  comité  sent  bien  que  ces  pièces  ,  con- 
sidérées isolément  ,  ne  méiitent  pas  une  con- 
fiance absolue  ,  ou  du  moins  que  leur  poids  peut 
varier  à  raison  de  l'opinion  qu'on  a  de  la  célérité 
et  de  l'exactitude  des  personnes  qui  les  ont  fait 
parvenir.  Il  croit  cependant  devoir  vous  faire  ob- 
server que  le  résultat  général  est  à-peu-près  le 
même  ;  que  ce  résultat  est  confirmé  jiar  les  re- 
présentans  des  différentes  parties  du  royaume.  — 
Votre  comité  n'a  pu  se  procurer  les  mêmes  éclair- 
ciisemens  pour  l'Ecosse  ;  mais  ce  qu'il  en  sait  , 
il  le  lient  de  sources  également  bonnes.  Il  se 
croit  donc  autorisé  à  prendre  ce  résultat  pour 
base  des  opinions  et  des  mesures  qu'il  va  sou- 
mettre ,  sans  délai  ,  au  jugement  de  la  chambre. 

Il  paraît  qu'on  peut  évaluer  à  un  ptu  moins 
d'un  quart  le  manque  qui  s'est  fait  sentir  dans 
les  récoltes  du  blé  ,  prises  en  masse  .  tant  en 
Aiigltiertc  que  dans  le  pays  de  Galles;  et  que  la 
récolte  de  l'orge  et  de  l'avoine  ,  quoiqu'elle  n'ait 
pas  éié  également  bonne  partout ,  a  éié  généra- 
lement abondante  dans  la  plupart  des  pays  d  011 
on  les  tire.  Ensorte  qu'ori  ne  peut  pas  dire  que 
l'année  ,  pour  ces  productions,  ait  été  sensible- 
ment au-dessous  des  années  ordinaires.  11  est  pro- 
bable aussi  qu  en  fesant  un  relevé  dans  des  cir- 
constances comme  celles-ci  .  où  la  récolte  a  pré- 
tenic  tant  d'inégalités  dans  les  difFérens  dislncrs, 
et  même  dans  les  différentes  parties  du  même  dis- 
trict ,  on  aura  été  plus  frappé  des  signes  de  di- 
saiiiution  que  des  «ignés  d'abondance  ,  et  qu'on 


aura  porté  les  états  plutôt  au-dessous  qu'au-dessus 
de  la  vérité.  11  n'est  pas  moins  ess-niicl  de  remar- 
quer que  le  grain  de  celle  année  est  infiuiment 
supérieur  en  qualité  à  celui  de  l'année  dernière  , 
et  qu'il  iKnnera  par  conséquent  plus  de  farine. 
Enfin  ,  votie  comiié  croit  pouvoir  vous  déclarer 
que  la  récolte  du  blé  ,  en  Angleterre  ,  a  été  ijcaw- 
coup  au-dessous  des  années  ordinaires  ;  que  dans 
beaucoup  d'endroils  elle  est  déjà  presque  toute 
consommée  ,  et  qu'elle  l'est  enuérement  dans 
d'autres. 

Il  faut  ajouter  à  ce  que  nous  venons  de  vous 
exposer  ,  que  depuis  la  récolte  ,  les  fermiers 
ont  été  obligés  de  fournir  du  blé  nouveau  ,  et 
pour  la  consommation  et  pour  la  semence  ;  et 
cela  dans  une  saison  où  la  plupart  des  bras 
étaient  occupés  aux  travaux  des  champs.  Le  blé 
pour  les  semailles  est  évalué  communément  à  la 
consommation  de  six  semaines  ;  et  comme  cette 
année  on  a  semé  du  blé  plus  qu'a  l'ordinaire  , 
ce  qui  ,  à  la  vérité  ,  nous  offre  une  perspective 
de  récolte  plus  flatteuse  pour  l'année  prochaine , 
il  en  est  résulté  plus  de  difficultés  encore  ,  pour 
approvisionner  les  marchés;  la  disette  au  moins 
pour  le  moment  ,  n'en  a  éié  que  plus  sensible. 
Les  demandes  extraordinaires  en  blé  ,  ont  em- 
pêché ,  dans  beaucoup  d'endroits  ,  de  battre 
aussitôt  que  de  coutume  ,  les  orges  et  les  avoines  , 
et  cet  accident  a  mis  sur  ces  grains  la  même 
cherté    que   sur   le  blé. 

Votre  comité  pense  que  la  réunion  de  ces  diffé- 
rentes cirtronstances  suffissii  pour  causer  une 
hausse  ,  quand  même  la  dernière  récolte  eût  élé 
abondarite  ;  mais  comme  elle  ne  l'a  pas  été  ,  la 
hausse  ,  a  du  naturellement  être  plus  considé- 
rable ;  d'autres  causes  ont  elles  contribué  encoie 
à  rendre  le  grain  plus  cher?  c'est  ce  que  votre 
comité  se  propose  s'examiner  plus  tard  ;  il  estime 
que  lorsque  linfluence  des  circonstances  dont 
il  vous  a  entretenu  ,  aura  cessé  ,  le  grain 
éprouvera    une    diminution    sensible  ,    sur-tout 

quand  on  3cra  ronv.iincu  que  d'après  tOUS 
les  reuseignemens  qu'on  a  pu  se  procurer  ,  la 
récolte  n'a  manqué  que  ci.ans  la  proportion  que 
votre  comité  3  déterminé  ,  e£  quand  on  verra  ce 
qu'on  peut  raisonnablement  se  promettre  de  la 
double  mesure  de  l'impoit.ition  et  de  l'économie. 

Qiiant  au  premier  de  ces  deux  oojets  ,  voire 
corniié  observe  que  dans  l'espace  de  dooze  mois  , 
depuis  le  ■26  septembre  1799  jusqu'au  2-/  sep- 
tembre 1800  ,  il  a  été  importé  dans  la  G.  B. 
i,26i.g3-2       quarters      de  froment  et  de  farine. 

67,988       quart.         d'orge. 
479,320        quart.  d'avoine. 

Soo.ôgS        cwt.  de  riz.' 

Ces  importations  ont  été  faites  dans  des  circons- 
tances tout  à  fait  défavorables.  Le  grain  ,  chez 
l'étranger  péchait  et  par  la  qualité  ,  et  par  la  quan- 
tité :  et  la  saison  était  déjà  avancée  ,  lorsque  la 
prime  lut  accordée  par  le  parlement. 

Il  aélé  assuré  à  voire  comité  ,  parlesprincipaux 
importeurs  de  blé  ,  que  le  froment  est  ,  celle 
année  ,  dans  le  nord  de  l'Allemagne -linfiniment 
supérieur  en  qualité  ,  à  celui  de  l'année  dernière. 
On  dit  qu'en  Allemagne  la  récolte  a  élé  abondante; 
et  quoique  les  rcnseigneraens  parvenus  dernié- 
riment  ,  des  autres  endroits  ,  ne  soient  pas  aussi 
favorables,  on  doit,  être  sans  inquiétude  à  ce 
sujet  ;  car  ,  ces  rapports  ne  sont  devenus  fâcheux 
que  depuis  qu'on  a  su  que  la  récolte  avait  manqué 
chez  nous  ;  disgrâce  qui  a  fourni  matière  aux 
spéculations  de  l'étranger  :  tous  les  grains ,  excepté 
le  seigle  ,  ont  été  abondans  dans  la  plus  grande 
partie  du  condoent  de  lEurope.  Il  y  a  eu  en  Amé- 
rique pleine  récolte  de  blé  et  de  riz.  Les  i  m  porteurs 
que  votre  comité  a  consultés  ,  estiment  que  la 
prime  d'indemnité  que  l'on  propose  de  donner  , 
est  plus  satisfesanie  que  celle  qui  fut  accordée 
dans  la  dernieresession,  etqu'elle  estplus  propre 
à  encourager  l'importation. 

Ainsi  ,  en  considérant  l'abondance  de  la  ré- 
colte chez  l'étranger  ,  en  calculant  les  efforts 
que  feront  probablement  les  importeurs  étran- 
gers et  nationaux  ,  il  semble  qu'il  n'y  a  aucune 
raison  de  douier  que  les  approvisionnemcns  en 
froment  et  en  farine  n'égalent  ceux  de  l'année 
dernière  ;  (jue  ceux  en  avoine  et  en  riz  ne 
soient  beaucoup  plus  considérables;  enfin  ,  on 
put  espérer  que  les  autres  grains,  et  particu- 
lièrement lorge  et  le  ma'is  ,  fourniront  un  sup- 
plément considérable.  Votre  comité  croit  devoir 
diriger  voire  attention  en  particulier  sur  le  riz. 
i  En  considéraiu  le  riz  et  le  froment  sous  Icu'r 
;  rapport  nutritif,  tout  l'avantage  est  pour  le  pre- 
mier. L4  qualité   de  ce  grain  est  excellente  ;  et 


partout  oij  l'usage  en  a  été  introduit,  il  a  pris 
faveur.  En  encourageant  l'importation  ,  on  atti- 
rera en  Angleterre  tout  le  tiz  que  l'Amérique 
peut  ne  pas  consommer.  On  peut  ailendre  aussi 
de  grands  secours  des  Indes  orientales  ,  en 
conséquence  des  ordres  qu'on  y  a  fait  passer 
par  terre  au  mois  d'août  et  de  septembre  der- 
niers ,  et  à  cause  des  récompenses  que  la  com- 
pagnie des  Indes  orientales  se  dispose  à  donner 
à  ceux  qui  amèneront  des  bâtimens  de  ces  pa- 
lagi-s  éloignés. 

Noirs  pourrons  en  conséquence  des  ordres  qui 
ont  cféja  été  donnés  ,  recevoir,  de  l'Amérique  , 
du  riz  de  la  précédente  récolte  ,  avant  les  fêtes 
de  Noël.  Le  riz  delà  récolte  de  cette  année,  nous 
arrivera  en  janvier  ,  et  pendant  les  mois  suivans. 
celui  des  Indes  orieniales  arrivera  le  dernier  ; 
on  peut  en  attendre  une  partie  pour  l'été  ,  tems 
auquel  il  sera  très-utile  ;  et  le  reste  avant  le  mo- 
ment où  la  récolte  de  l8oi  ,  pourra  selon,  le 
cours  ordinaire  des  choses  ,  être  mise' en  pleine 
circulation. 

Il  y  a  encore  d'autres  alimens  très-sains  qui 
ont  fixé  l'attention  de  voire  comité  ;  il  espère 
qu'on  pourra  prendre  des  .irrangemens  pour  que 
le  poisson  et  les  autres  vivres  salés  se  trouvent  en 
abondance  dans  lesmarchés,  et  y  suppléent  en  par- 
tie à  la  rareté  du  grain.  On  les  y  vendra  à  un  prix 
assez  modéré  pour  qu'ds  deviennent  une  res- 
source assurée  pour  le  pauvre.  Votre  comité  va 
s'occuper  immédiatement  de  cet  objet ,  et  il  vous 
soumetira  ,  le  pltitôt  possible  ,  le  résultat  de  ses 
recherches. 

La  fermeture  des  distilleries  ,  en  Angleterre  , 
dans  cette  saison  ,  équivaudra  à  une  importation 
d'au  moins  25o,ooo  qU'irters  d'orge  ;  cette  mesure 
doit  produiie  un  effet  plus  salisfesant  encore  en 
Ecosse.  La  prohibition  de  l'usnge  du  froment 
dans  la  fabrication  de  l'empois  ,  économisera 
environ  40,000  quarters  ;  par-là  on  ménagera 
une  quantité  considérable  de  grains  pour  la  nour- 
riture de  l'hnmnic.  Voire  comiié  a  cru  devoir 
Ijiro  marcher  tctic  mcsurc  de  front  avec  celle 
de  l'imporiation. 

Votre  comité  se  croit  autorisé  à  attendre  les  plus 
heureux  résultats  du  concours  des  différentes  me- 
sures qui  sont  proposées.  Mais  celle  qui  promet 
le  plus  d'avantages  est,  sans  contredit ,  l'encoura- 
gement offert  à  l'imporiadon.  Néanmoins  ,  votre 
comité  est  intimement  convaincu  ,  et  désire  que 
la  chambre  le  soitégalement  ,  qu'il  y  aurait  de  la 
témérité  et  du  danger  à  se  contenter  de  ces  me- 
sures ,  et  à  y  mettre  une  pleine  confiance.  Eix 
accordant,  comme  pro'ciable  ,  que  les  rapports 
sur  l'état  de  la  dernière  récolte  aient  été  plutôt 
au-dessous  qu'au-dessus  de  la  réalité  ,  l'ancienne 
récolte  eniiérement  épuisée  avant  le  tems  où  celle 
de  celte  année  aurait  dû  passer  dans  la  consomma- 
tion ,  prouve  qu'il  est  non  -  seulement  conve- 
,nable  ,  mais  même  indispensable  ,  pour  tenir  les 
subsistances  à  un  prix,  raisonnable  ,  d'user  par- 
tout de  la  plus  grande  économie  ,  dans  l'usage  des 
grains  sur  lesquels  'repose  ptincipaieaient  la  sub- 
sistance du  peuple. 

Votre  comité  est  persuadé  qu'une  recomman- 
dation émanée  de  la  première  autorité  ,  et  dans 
laquelle  seraiçnt  développés  les  grands  avan^ 
tages  qui  ,  dans  les  circonstances  présentes  , 
résulteraient  d'une  économie  généiale  dans 
l'usage  de  ces  alimens  ,  ne  manquerait  pas  de 
produire  les  effets  les  plus  satisfesans.  Pour 
donner  plus  de  poids  et  de  solennité  à  cetie 
recommandation,  le  concours  des  deux  chambres 
du  parlement  pour  une  humble  adresse  dans 
laquelle  on  supplierait  sa  majesté  de  vouloir 
bien  faire  une  proclamation  à  ce ,  sujet  ,  ne 
serait-il  pas  à  désirer  ?  telle  est  la  question  que 
vous  soumet  votre  comité.  Cette  proclamation 
serait  répandue  dans  lous  les  districts  ,  dans 
toutes  les  paroisses  ,  soii  par  les  magistrats  ,  soit 
par  les  ecclésiastiques  ;  des  associations  se  for- 
meraient pour  faire  exécuter  cette  salutaire  me-' 
sure  dans  les  lieux  voisins.  Son  adoption  géné- 
rale diminueiait  la  consommation  du  grain,  et  ' 
particulièrement  celle  du  froment,  parmi  ceux 
qui  pourraient  se  procurer  d'autres  subsislanccâ  , 
et  laisserait  une  pan  plus  considérable  à  ceux  qui 
n'auraient  pas  le  même  avantage.  Les  demandes 
devenues  moins  fortes  ,  le  prix  baisserait  ;  et  ce 
que  le  riche  aurait  pu  épargner  ,  tournerait  au 
profit  du  pauvre  ,  son  voisin. 

Votre  comité  appellera  ensuite  l'attenlitjn  de  la 
chambre  sur  une  autre  mesure  qui  duit  avoir  des 
résultats    plus  sensibles  encore    parmi  les  classet 


3o5 


laborieuses ,  sans  leur  faire  éprouver  aucune  dimi-^ 
nUlion  dans  leur  nourriiure.  Il  est  évident  que 
flans  des  circonstances  comme  celles  où  nous 
nous  trouvons  ,  beaucoup  de  personnes  dans  la 
classe  la  moins  aisée  ,  tirent  des  secours  de  la 
paroisse  ,  qui  leur  distribue  en  grande  partie  la 
subsistance  nccessaiie  pour  l'entretien  de  leurs 
familles.  Les  charges  de  paroisses  ont  nécessaire- 
ment beaucoup  augmenté  ,  dans  toutes  les  parties 
du  royaume.  Mais  si  les  secours  sont  donnés  en- 
tièrement en  argent  ,  cet  argent  sera  employé  à 
acheter  du  pain  ,  comme  dans  les  tems  ordinaires  ; 
e<  le  système  d'économie  générale  se  trouvera  con- 
trarié. Il  est.  donc  bien  essentiel  que  la  très-grande 
partie  du  secours  de  paroisse  ne  soit  ni  en  argent , 
ni  en  pain  :  il  faut  qu'on  distribue  des  aliraens 
«ains  ,  tels  que  voire  comité  les  a  indiqués.  Cette 
mesure  a  déjà  déjà  été  adoptée  par  plusieurs  ma- 
gistrats ,  et'  a  obtenu  le  plu,<;  grand  succès.  Mais  , 
soit  que  l'autorité  du  magistrat  n'ait  pas  toujours 
été  assez  grande  ,  soit  que  les  alimens  à  substituer 
au  pain  n'aient  pas  été  suffisamment  connus ,  ou 
se  soient  trouvés  en  trop  petite  quantité  ;  la  pra- 
tique de  ce'te  sage  m-sure  a  été  moins  étendue 
qu'on  l'aurait  désiré.  Votre  comité  sait  quelle 
n'est  pas  également  applicable  à  toutes  les  pa- 
vToisses  ;  ce  sera  aux  magistrats  à  juger  s'ils  doivent 
forcer,  ou  non  ,  les  habitans  de  leurs  districts  à 
l'adopter;  mais  ils  feront  connaître  les  motifs  de 
leur  conduite  dans  les  assemblées  spéciales  qu'ils 
tiendront  entr'eux  à  cet  eflFet. 

Votre  comité  soumet  à  la  sagesse  de  la  chambre  , 
ces  mesures  qui  lui  paraissent  les  plus  propres  à 
procurer  le  soulagement  qu'on  attend.  D  apiès  un 
examen  approfondi  de  la  rareté  qui  se  lait  sentir 
dans  les  subsistances  ,  et  qui  vient  en  partie  de  ce 
que  le  blé  de  la  récolie  précédente  a  été  entiè- 
rement consommé  ,  en  partie  de  ce  que  la  récolte 
de  celte  année  n'a  pas  été  bonne  ,  il  a  eu  la 
satisfaction  de  voir  que  si  les  mesures  qu'il  pro- 
pose sont  généralement  adoptées  ,  les  économies 
qui  seront  faites  ,  et  les  secours  qui  viendront  de 
l'étranger,  suffiront  pour  faire  disparaître  la  disette, 
et  procureront  de  quoi  satisfaire  aux  besoins  de 
cette  année. 

Parmi  les  objets  qui  fixent  plus  particulièrement 
l'attention  de  votre  comité  ,  est  l'état  de  la  législa- 
tion relativement  au  commerce  des  grains.  C'est 
un  sujet  extrêmement  délicat.  Votre  comité  croit 
ne  pouvoir  mieux  faite  que  de  le  considérer  sous 
le  point  de  vue  recommandé  dans  le  discours  de 
sa  majesté  ,  à  la  chambre. 

Votre  comité  ,  dans  la  poursuite  de  ses  travaux  , 
donnera  la  plus  grande  attention  à  la  discussion 
de  toutes  les  propositions  qui  auront  pour  objet 
de  remédier  au  mal  présent  ,  et  d'en  prévenir  le 
retour.  Il  soumettra  de  tems  en  lems  à  la  chombrc 
les  moyens  qu'il  aura  jugés  les  plus  propres  à 
donner  les  résultats  qu'on  désire. 

(Extrait  du  Sun. ) 

CHAMBRE      DES      COMMUNES. 

Séance  du  ij'  novembre. 

M.  TiERNFY  se  levé  et  fait  la  motion  qu'il 
avait  annoncée  pour  la  formation  d'un  coiv.ilé 
chargé  d'examiner  la  situation  où  se  ttC'uve  la 
nation.  Il  parle  en  ces  termes  :  il  n'y  a  que  le 
sentiment  profond  de  l'non  devoir  ,  qui  ait  pu 
.  lae  detîjïminer  à  la  démarche  qi^e  je  fais  dans  ce 
moment.  Je  vois  que  les  ministres  font  tous  leurs 
efforts  pour  éluder  un  examen  que  le  peuple 
anglais  désire.  —  Depuis  quatre  ans  ,  les  minis- 
tres de  sa  majesté  n'ont  éprouvé  aucune  résis- 
tance. Tout  ce  qu'ils  ont  voulu  faire  ,  ils  Tout 
fait.  Ils  ont  eu  à  leur  disposition  toutes  les 
forces  de  la  nation  ;  ils  les  ont  employées  à  une 
guerre  dont  le  but  hautement  reconnu  était 
l'abaissement  de  la  France.  Il  faut  voir  si  ce  but 
a  été  atteint.  La  nation  épuisée  ,  comme  elle  l'est 
aujourd'hui  ,  a  bien  le  droit  de  demander  ce 
qu  on  a  fait  de  son  or  et  de  son  sang. 

A  en  croire  les  discours  de  l'honorable  chan- 
celier de  léchiquier  ,  on  serait  tenté  de  penser 
que  nous  avons  obtenu  dans  cette  guerre  des 
succès  sans  exemple  dans  l'histoire  de  notre  pays. 
Mais  entendez  les  représentations  des  membres 
qui  siègent  dans  ce  côté  de  la  salle  ,  et  vous  serez 
disposés  à  croire  que  cette  guerre  ne  présente 
qu'un  enchaînement  de  revers  ,  et  qu'elle  n'a 
servi  qu'à  augmenter  la  puissance  de  l'enneçni 
qu'on  prétendait  abattre.  —  Cette  contrariété  d'o- 
pinions est  étrange  ;  il  faut  voir  si  elle  est  fon- 
dée. Le  meilleur  moyen  de  résoudre  la  question 
est  de  comparer  la  situation  des  deux  nations 
lorsque  la  guerre  a  commencé  ,  et  de  voir  dans 
quel  état  elles  se  trouvent  l'une  et  l'autre  au- 
jourd  hui. 

L'Angleterre  peut  être  considérée  dans  ses  rap- 
ports avec  les  peuples  qui  sont  naturellement  ses 
amis  ,  et  dans  ses  rapports  avec  son  éternel  en- 
nemi. J'avoue  que  nous  avons  remporté  de  grands 
avantages  sur  nos  amis.  Nous  avons  enlevé  à  la 
Hollande  ses  établissemens  dans  l'Inde;  mais  en 
revanche  ,  les  français  se  sont  soumis  le  sol  même 
de  cette  lépublique  en  Europe.  On  dirait  qu'il  y 
a  eu  dans  cettelaffaire  une  espèce  de  compromis  , 
en  venu  duquel  la  France   devait  s'emparer   de 


a  Hollande,  pendant  que  l'Angleterre  lui  pren- 
drait ses  établissemens. 

Qtrant  à  l'Espagne  ,  nous  avons  été  peut-être 
plus  heureux  ;  car  nous  avons  conquis  Minorque. 
Voilà  quels  ont  été  nos  succès  contre  des  gou- 
vernemens,  nos  amis  de  tous  les  tems. 

Quant  à  nos  avantages  sur  notre  véritable  et 
ancien  ennemi  ,  ils  méritent  d'être  discutés  avec 
la  plus  grande  attention.  Avant  de  commencer 
cet  examen  ,  je  pense  qu'il  est  nécessaire  d'établir 
que  1  honorable  membre  (M  Piit)  ,  en  se  met- 
tant lui-même  à  la  lèle  des  serviteurs  de  la  cou- 
ronne,  en  prenant  sur  lui  la  direction  des  affaires 
publiques  ,  s'est  chargé   de    la   responsabilité   de 

toutes  les  mesures  qui  ont   été  adoptées Il 

ne  peut  y  avoir  qu'une  ,  opinion  sur  la  gloire 
dont  notre  marine  s'est  couverte  pendant  cette 
guerre;  maisje  ne  suis  pas  également,  satisfait 
de  ce  que  le  minisire  a  dit  en  parlant  dé  l'armée  ; 
je  ne  peux  lui  accorder  qu'elle  ait  obtenu  des 
succès  sans  exemple  dans  les  guerres  précé- 
dentes. 

Je  ne  parlerai  point  de  la  guerre  d'Amérique, 
qui  ressemble  tant  à  la  guerre  actuelle;  mais  je 
porte  mon  attention  sur  une  auire  guerre  à  la- 
quelle un  anglais  ne  peut  penser  sans  un  senti- 
ment d'orgueil  ,  la  guerre  de  sept  ans  ,  con.duite 
par  l'illustre  père  de  l'honorable  membre  .  Je 
pense  que  si  la  piété  filiale  porte  quelquefois  le 
fils  de  Chatam  à  lire  l'inscription  placée  sur  la 
tombe  de  son  père  ,  ce  ne  peut  être  sérieusement 
qu'il  assure  que  nos  SDccès  ,  dans  la  guerre  pré- 
sente ,  surpassent  tous  ceux  que  la  nation  a  pu 
jamais  obienir.  Pour  mieux  èiablir  la  comparai- 
son entre  ces'  deux  guerres  ,  il  faut  commencer 
par  comparer  les  moyens  développés  dans  I  une 
et  dans  l'autre.  La  guerre  de  sept  ans  a  cotiiè  en 
tout  cent  onze  millions  sterling;  et  dans  celle-ci  , 
qui  duré  depuis  huit  ans,  nous  avons  dépensé 
plus  de  deux  cents  millions  sterling  :  vingt -cinq 
millions  par  chaque  année.  Dans  la  guerre  de 
sept  ans,  l'Angleterre  comptait  dans  les  diffé- 
rentes parties  du  monde  ,  en  Amérique  ,  dans 
l'Inde,  dans  l'Allemagne  ,  128  régimens  qui  ,  à 
600  haimmes  par  régiment,  formaient  un  corps 
d'armée  de  76000  hommes.  Par  les  votes  de  cette 
semaine  ,  chaque  honorabif  membre  a  pu  voir 
que  le  nombre  des  troupes  enirçlenues  mainte- 
nant par  l'Angleterre  ,  et  à  la  disposition  des 
ministres  de  sa  majesté  ,  s'élève  à  139,000  hom- 
mes ,  sans  y  comprendre  des  corps  de  troupes 
considérables  en  Irlande  ,  dans  l'Inde  et  dans  une 
partie  des  Indes  occidentales. 

Avec  des  forces  presque  doublées  ,  qu'a-t-on 
fait  pour  la  gloire  de  la  Grande-Bretagne  ?  qu'a- 
vons-nous piis  à  la  France  ?  quel  changement 
s  est  opéré  dans  la  situation  respective  des  deux 
peuples  ?  Dans  ta  guerre  présente  ,  nous  n'avons 
rien  perdu  ;  dans  rçUe  de  sept  ans  ,  nous  per- 
dîmes seulement  'Minorque;  dans  la  guerre  pré- 
sente, nous  ?.vons  pris  Sai  te-Lucie ,  'a  Marti- 
iitque  ,  et  le'j  comptoirs  des  français  dans  l'Inde. 
J'y  ajouttT'rai  si  l'on  veut  la  conquête  de  Malte  , 
quoii'ue  assez  gratuitement  ,  soit  parce  que  cette 
J'.o  ,'  au  commencement  de  la  guerre  ,  n'apparte- 
nait pas  à  la  France  ,  soit  parce  que  le  mérite  de 
cetie  prise  n'est  pas  à  nos  forces  de  terre  ,  et  que 
la  gloire  en  est  due  aux  savantes  dispositions  du 
capitaine  Bail  ,  chargé  du  blocus.  Dans  la  guerre 
de  sept  ans  ,  nous  avons  pris  tout  le  Canada, 
Q.uébec  ,  toute  la  nouvelle  Ecosse,  la  Marti- 
nique ,  la  Grenade  ,  Tabago  ,  la  Havane  et  Pon- 
dichéri  ,  en  même  tems  que  nous  jettions  les  fon- 
demens  de  tjotre  giandeur  future  dans  llnde. 

Le  ministre  mettra  peut-être  dans  la  balance  nos 
dernières  conquêtes  dans  le  Carnate  ,  et  la  des- 
truction du  tyran  du  Mysoure.  Mais  peut-on  com- 
parer aux  éclatans  exploits  de  lora  Clive  ou  de 
sire  EyreCoote  ,  les  derniers  événenlens  dans 
l'Inde  ?  Osera-ton  assurer  que  l  acquisition  des 
domaines  de  Tippoo  ,  qui  n'est  autre  chose  que 
la  conclusion  de  nos  premières  victoires  ,  soit 
comparable  aux  succès  qui  ont  fondé  avec  tant 
de  solidité  notre  puissance  dans  cette  partie  du 
monde  ?  Sous  le  rapport  des  conquêtes  ,  la 
guerre  actuelle  ne  peut  donc  être  comparée  à 
relie  de  sept  ans  :  on  sait  d'ailleuis  comment 
s'est  terminée  cette  guerre  de  sept  ans  ,  et  l'on  sait 
aussi  qu'elles  étaient  les  prétentions  du  mi- 
nistre ,  au  moment  des  négociations  en  1797. 
Si  la  paix  eût  été  conclue  alors  ,  nous  n'eussions 
rien  conservé  de  nos  conquêtes  sur  la  France  ; 
carie  ministre  consentait  à  rendre  tout  ,  excepté 
les  établissemens  hollandais.  Voilà  donc  à  quoi 
devaient  aboutir  tant  de  trésors  épuisés  ,  tant  de 
fat  gués ,  tant  de  sang  répandu  ! 

On  voit  dans  la  guerre  de  sept  ans  deux  expé- 
ditions dont  le  mauvais  succès  fit  désirer  un 
examen.  Pour  l'une  on  travailla  sérieusement  à 
satisfaire  le  public  ;  et  pour  l'autre  il  n  y  eut 
qu'un  méconientement  passager.  Mais  qu'est-ce 
qne  cela  en  comparaison  des  événemens  de  la 
guerre  présente  qui  appelent  hautement  un  exa- 
men ?  Au  commencement  de  la  guerre  actuelle  , 
sir  C.  Grey  et  sir  j.  Jervis  prirent  la  Guadeloupe 
et  la  Martinique;  encore  la  dernière  fut-  elle 
bientôt  reprise  par  un  effet  de  la  mauvaise  con- 
duite des  miuisires  qui  négligèrent  d'y  envoyer 


les  secours  nécessaires  pour  assurer  sa  défense- 
Mais  ,  Porio-Rico  ,  Ostende  et  Dunkerque  attes- 
teront nos  malheurs  et  l'habileié  du  ministre. 
Il  n'y  a  pas  une  cùie  qui  n'ait  èié  témoin  du  dé- 
sastre des  troupes  britanniques  ;  il  n'y  a  pas  une 
place  de  débarquement  qui  n  ait  vu  une  flotte 
anglaise  stationnée  pour  repiendre  les  troupes 
à  son  bord  ,  les  transporter  loin  du  théâtre  de 
leur  disgrâce  ,  et  leur  épargner  les  résultats 
affreux  de  leur  défaite.  Voilà  des  faits  qui  mé- 
ritent  d'être  examinés. 

Personne  n'admire  plus  que  moi  la  bravoure 
de  nos  soldats  et  les  talens  de  leurs  chefs.  C'est 
un  sentiment  que  le  ministre  lui-même  partage 
avec  moi  :  qu'il  nous  dise  donc  à  qui  doivent 
être  attribués  nos  revers. 

C'est  d'après  tous  ces  désastres"  ,  que  je  pro- 
voque .  au  nom  du  peuple  anglais  ,  un  examen 
sur  le  résultat  actuel  de  la  guerre  :  je  somme  les 
ministres  de  sa  majesté  de  nous  dire,  s'ils  le 
peuvent  avec  quelqu'apparence  de  vérité  ,  qu'ils 
ont  réussi  à  abaissrr  la  puissance  de  la  France. 
Passons  en  revue  les  événemens  depuis  douze 
mois.  L'année  dernière  une  armée  d'anglais  ,  en 
Hollande,  ne  fut-elle  pas  obligée  de  racheter 
son  salut  ,  et  de  payer  par  des  concessions  hon- 
teuses son  retour  dans  son  pays  ,  ne  pouvant 
le  devoir  à  son  épéePtlomme  si  ce  n'était  pas 
assez  de  ce  désastre  ,  des  débarquemens  n'ont-ils 
pas  été  tentés  sur  les  côtes  de  l'ennemi?  et  dans 
toutes  ces  tentatives  nos  tioupes  n'ont-elles  pas 
été  forcées  de  se  rembarquer  avec  précipitation  , 
ou  même  de  s'éloigner  sans  avoir  débarqué  ? 
Ces  mêmes  troupes  ,  après  avoir  été  contraintes 
de  renoncer  au  projet  d'invasion  sur  la  côte  de 
France  ,  n'ont  elles  pas  fait  voile  pour  Gênes  ,  et 
ne  se  sont-elles  pas  présentées  devant  cette  place 
au  moment  cù  la  vicioire  décisive  de  Marengo 
rendait  leurs  services   inutiles  ? 

Le  ministre  dira-t-il  ,  pour  affaiblir  l'odieux  de 
ces  revers  successifs  ,  que  les  moyens  lui  ont 
manqué  pour  faire  des  préparaiifs  rjui  répon- 
disseiit  à  la  grandeur  de  1  entreprise  ?  Toutes  les 
forces  de  la  Grande-Bretagne  étaient  à  sa  dispo- 
sition :  il  avait  toute  la  confiance  de  son  maître  ; 
il  n'jvait  point  de  contradictions  à  craindre.  Qu'il 
vous  dise  comment,  avec  les  sommes  énormes 
qui  lui  avaient  été  accordées  si  libéralement  , 
avec  des  troupes  aussi  nombreuses  ,  avec  uue 
autorité  sans  bornes  ,  il  a  pu  se  faire  que  ces 
expéditions  ne  fussent  jamais  entreprises  qu'au 
moment  où  elles  cessaient  d'être  utiles  ?  Mais 
apràï  l'expédition  tardive  de  Gênes  .  qu'j-t-on 
fait  des  troupes  ?  je  peux  certi.tir,  d'après  UKÇ 
autorité  respectable  .  qu'elles  ont  erré  long-tems 
sans  aucune  destination  6xe  ,  et  sans  connaître 
quel  usage  O'n  voulait  faire  de  leurs  services.  Jus- 
qu  a  ce  qi;e  les  ordres  pour  leur  destination  fu- 
ture fussent  arrrivés  ,  nos  soldats  ont  erré  comme 
des  vagabonds  qui  n'ont  ni  travail  ,  pour  occuper 
leurs  bras  ,  ni  maison  pour  abriter  leurs  corps. 
A  la  fin  ,  une  autre  expédition  est  arrêiée  ;  la 
conduite  en  est  confiée  à  un  officier  ,  dont  per- 
sonne plus  que  moi  n'admire  les  talens  distin- 
gués. Avec  douze  mille  hommes  de  troupes  on 
tenie  une  descente  au  Férol  ;  et ,  chose  aussi  éton- 
nante qu'incontestable  ,  un  corps  de  tioupes  aussi 
nombreux  ,  après  avoir  mis  pied  à  terre  ,  retourne 
gravement  sur  ses  vaisseaux  ,  sans  avoir  rien  fait. 
C'est  alors  que  le  détachement  ,  arrivé  trop  tard 
devant  Gênes  ,  fait  sa  jonction.  Ces  forces  réu- 
nies ,  se  présentent  devant  Cadix  ,  désolée  dans 
ce  moment  par  une  maladie  horrible  ;  et  cette 
expédition,  ainsi  que  la  première  ,  échoue  tout- 
à-fait.  Il  paraît  ,  d  après  les  derniers  rapports  , 
qu'une  partie  de  ces  forces  est  rentrée  dans  le 
Portugal  ,  et  qu'une  autre  division  est  destinée 
à   une  expédition    contre  les  français  en  Egypte. 

Ces  événemens  malheureux  nuisent  à  la  gloire 
du  soldat  anglais  :  ils  ont  couvert  la  nation  en- 
tière d'une  tache  qu'un  examen  solemnel  peut 
seul  effacer.  Il  faut  que  les  auteurs  de  nos  dis- 
grâces ,  quels  qu'ils  soient  ,  soient  connus  et 
punis.  Il  n'est  pas  un  soldat  dans  l'armée  qui  ne 
partage  ce  vœu  ;  il  n'en  est  pas  un  seul  qui  ne 
soit  pleinetsent  convaincu  que  ses  services  n  aient 
été  employés  là  où  la  bravoure  ,  où  les  talens  de- 
venaient absolument  inutiles  ;  pas  un  qui  ne  dé- 
teste profondément  la  conduite  du  ministre  ,  qui 
doit  passer  pour  l'auteur  de  ces  expéditions. 

Pour  distraire  le  mécontentement  général  ,  on 
nous  parlera  peut-être  de  nos  glorieuses  con- 
quêies  dans  l'Imie  :  mais  j'avoue  que  je  ne  peux 
entendre  nommer  ce  pays  ,  sans  que  mon 
attention  ne  se  reporte  naturellement  sur  lEgypte. 
LEgypte  est  aux  français  ;  c'est  de  l'Egypte  qu'ils 
menacent  nos  établissemens  dans  l'Inde.  Quand 
on  parle  de  (Egypte  ,  deux  questions  se  présentent 
à  mon  esprit  :  la  première  ,  par  quel  moyen  les 
français  oni-ils  pu  ))arvenir  à  s  en  rendre  maîtres  ? 
la  seconde  ,  comment  loccupent  -  ils  encore  à 
présent?  Certes  ,  il  est  assez  singulier  que  treize 
vaisseaux  de. ligne  ,  convoyant  plus  de  trois  cents 
transports  ,  aient  pu  échapper  ft  la  clairvoyance 
du  gouvernement  anglais.  Des  sommes  ènormi» 
sont  volées  tous  les  ans  pour  le  service  secrei  ; 
je  le  demande  ,  quel  meilleur  emploi  pouvait-on 
en  faire  que  de  s'en  servir  pour  payer  des  ren- 


«eignemens  sur  un  sujet  ,  lié  si  étroitement  aux 
plus  grands  inlérê(s  de  la  nation  anglaise  ?  Il  est 
vrai  que  la  victoire  du  brave  lord  Nelson  a  détruit 
en  partie  le  but  de  cette  expédition.  Mais,  je 
dois  le  dire  ici  ,  ce  n'est  point  par  les  ordres  du 
gouvernement  que  Nelson  a  (ait  voile  vers  les 
côtes  de  1  Egypte.  Le  gouvernement  n'a  donc  rien 
à  prétendre  à  cette  vicioire.Je  demanderai  ensuite 
pourquoi  les  français  se  trouvent  encore  aujour- 
d'hui possesseurs  'de  l'Egypte  ?  C'est  un  effet  de 
l'intervention  du  ministre.  Celui-ci  dira  peut-êue 
que  c'était  pour  lui  une  occasion  merveilleuse 
de  déployer  ses  talens  militaires  ,  en  chassant  les 
français  par  la  (oice  des  armes.  Peut-être  ,  en 
tenant  les  français  renfermés  dans  1  Egypte  vou- 
lait-il laisser  à  tous  les  envahisseurs  à  venir  un 
exemple  de  châtiment  terrible.  Pour  moi,  toutes 
les  fois  que  je  pense  à  l'Egypte  maintenant  aux: 
mains  des  trançnis  ,  e'  que  je  vois  notre  existencie 
dans  llnde  compromise  par-là  ,  je  trouve  que  le  s 
ministres  doivent  répondre  du  refus  quils  ont  faut 
de  ratifier  la  convention  qui  en  assurait  1  éva- 
cuation. 

Passons  maintenant  aux  efiéts  que  la  guerre 
a  produits  dans  nos  relations  extérieures.  Au 
commencement  de  cette  contestation,  nous  comp- 
tions pour  alliés  lEspagne  et  la  Hollande  ,  la 
Sardaigne  ,  Naples  ,  ei  tous  les  différens  états  de 
l'Allemagne.  Voyons  les  changemens  cjue  la 
guerre  a  opérés  dans  nos  relations.  La  Prusse  , 
dès  le  commencement  ,  se  dégoûia  de  la  coali- 
tion ;  elle  a  formé  un  système  de  neutralité  , 
auquel  elle  est  restée  imperturbablement. -attachée. 
La  Hollande,  bientôt  après,  incapable  de  ré- 
sister au  choc  de  l'invasion  ,  est  devenu'.-  la  proie 
du  conquérant  ;  1  Espagne  ,  autrefois  notre  amie  , 
figure  au  premier  rang  parmi  nos  ecmtmis.  La 
Sardaigne  est  ruinée.  Une  grande  partie  de  l'Al- 
lemagne est  au  pouvoir  des  français.  La  Russie  , 
jusqu'en  1798  ,  avait  refusé  d'entier  dans  la 
lice  ,  et  elle  n'a  pas  tardé  à  en  sortir  ;  tous  nos 
alliés  ont  disparu  ;  il  ne  nous  reste  que  le  Por- 
tugal ,  fncore  faut-il  que  nous  veillons  à  sa 
défense.  Naples  ,  dont  la  cour  c/n  ni<,int:nan'. 
fugitive  ,  est  perdue  ,  à  moins  q'je  noire  ministre 
de  la  guêtre  n  oppose  une  "partie  de  ses  talens 
militaires  à  1  armée  frai)ç?."ise. 

Le  rninistre  pourra  r,ou5  dire  que  nous,  avons 
un  allié  intéressant  ôans  1  Autriche  ;  mais  pou- 
vons-nous coriiiite.r  bur  sa  fidélité?  (M.  Shéridan  se 
propose  de  hire.  une  motion  sur  ce  sujet  mardi 
y^Ciiain  :  a  le  traitera  mieux  que  je  De  pourrais 
le  faire.  )  Une  lois  déjà  l'Autriche  <>.  abandonné 
l'Angleterre,  et  fait  une  paix  'séparée  avec  la 
France.  Il  est  imncssible  de  prouver  que  le 
gouvernênîc;;;  angUis  et  le  cabinet  de  'Vienne 
aient  des  intérêts  communs.  Jusqu  à  la  bataille 
de  Marengo  l'Autriche  avait  refusé  de  se  lier  avec 
nous  par  un  traité  d'alliance  :  elle  avait  persisté 
pendant  près  de  cinq  mois  à  refuser  de  signer 
nn  traité  qui  lui  assurait  deux  millions  sterling 
de  no  rc  argent  :  enfin  elle  ne  la  conclu  que 
pour  jusqu  au  mois  de  lévrier  prochain.  Un  léger 
incident  suffit  pour  montrer  ce  que  noue  gou- 
vernement doit  en  attendre..  Apiès  la  ba;aille  de 
Marengo  il  parut  dans  la  gazette  une  lettre  offi- 
cielle qui  annonçait  que  l'empereur  avait  quitté 
Vienne  pour  se  lueitie  à  la  tête  de  son  armée 
contre  la  France.  Admirez  la  conséquence  :  la 
feuille  du  dimanche  suivant  nous  donne  les  nou- 
velles deFranccquinous  ai'pienneniqu'un  armis- 
tice vient  d  être  signé  par  l'enipeieur  ;  et  il  n'y  avait 
pas  de  doute  cjue  des  préliminaires  n  eussent 
été  signés  aussi  :  en  effet  ,  cjuand  on  a  vu  une 
pièce  souscrite  par  un  officier,  qui  ne  fuyait  pas 
de  son  pays  ,  mais  qui  y  retournait  ,  on  est  tonde 
à  croire  qu  il  y  avait  quelque  chose  de  réel  dans 
la  négociation;  et  ,  poui  peu  qu'on  lasse  de  re- 
cherches ,  on  pourra  bien  découvrir  que  l'empe- 
reur est  dans  linteniion  de  traiter  sépatément. 
Voilà  où  nous  en  sommes  pour  nos  alliés. 

M.  Tierney  parle  ensuite  des  forfanteries  du 
ministre  qui  menace  l'Europe  entière  du  bom- 
bardement annoncé  de  Gênes  ,  des  affronts  icçus 
dans  la  Toscane,  aussi-bien  (jue  dans  le  Danne- 
-marck.  Il  rappelle  la  lettre  du  lord  Grenville  au 
ministre  danois  ;  mais  il  fait  observer  que  1  or- 
gueil britannique  a  été  bien  humilié  en  voyant 
quel  minisire  a  été  envoyé  à  Copenhague  :  c  est 
le  lord  Wiiworih  ,  personnage  dont  on  ne  doit 
parler  qu  avec  le  plus  grand  respect  ,  mais  qui 
avait  été  insulté  et  renvoyé  de  Péersbourg  ,  ville 
oti  les  sujets  de  S.  M.  britannique  et  les  person- 
nes de  la  suite  de  l'ambassadeur  ont  été  traitées 
avec  la  plus  grande  indignité.  Remarquez,  con- 
tinue M.  Thietney  ,  à  quel  degié  d  humiliaiinn 
«e  trouve  réduit  le  gouvernement  anglais.  Ce 
gouvernement  ,  si  fier  il  y  a  quelques  années  , 
est  obligé  aujonrd  hui  de  dissimuler  l'afiroiit  fait 
à  noire  pays  par  la  Russie.  L'empereur  Paul 
nous  donne  maintenant  des  preuves  uon  équi- 
voques de  ses  dispositions  hostiles  ;  les  nou- 
velles ,  arrivées  aujourd'hui  de  Hambourg  , 
apprennent  que  70  vaisseaux  anglais  ont  été  saisis 
dans  le  port  de  Riga  ,  et  il  n'y  a  pas  de  doute 
fjiic  des  ordres  semblables  n'aient  clé  donnés 
^ans  les  autre»  ports.  Voilà  où  nous  ont  réduits 
Ici  rniaistr«s  de  *a  majesté  avec    leurs  inenacei 


3oy 

et  leurs  intrigues.    L'Angleterre  qui  devait  exer- 
cer une  sorte  de   dictature  dans    le   monde,    est 

aujr/urd'hui   dégradée  et  avilie Tout   l'espoir 

des   mini.iires   repose  maintenant   sur    l'Autriche 
qu'on  pa.e  pour  continuer  la  guerre. 

M,  Tliierney  rappelle  ensuite  les  effets  de  la 
suspension  de  l'acte  habeiis  corpus  ;  l'accroisse- 
ment de  l'influence  de  la  couronne  ,  qui  s'en 
sert  pour  prodiguer  les  trésors  de  la  nation  et 
se  jouer  de  la  fortune  publiq'je.  Cette  iulluence 
énorme,  la  couronne  la  doit  en  partie  à  l'ag- 
grandissement  de  nos  possessions  dans  l'Inde. 
L'armée  que  nous  y  entretenons  ,  nous  coûte  de 
8  à  9  millions  sterling  pat  an.  (Il  s  élevé  uii  cri 
d  improbation.  )  Le  ministre  peut  sourire  ,  pour- 
suit M.  Tierney,  mais  je  suis  en  état  de  prouver 
ce  que  j'avance. 

Les  opinions  sont  partagées  sur  les  causes  de 
la  cherté' des  subsistances.  Les  uns  l'atribuent  à 
la  prospérité  ,  ei  les  auires  à  l'état  d  adversité  ou 
nous  sommes.  Le  meilleur  moyen  de  résoudre 
la  question  ,  seiait  de  soumettre  à  un  examen  la 
conduite  du  ministre  qui  no:is  a  jetés  dans  ce 
dilemme.  Ce  n'est  pas  le  pauvre  seulement  qui 
souffre  :  les  classes  mitoyennes  d.-  la  société,  la 
société  entière  .  sont  dans  la  peine.  Des  personnes 
qui  pouvaie.nt  autrefois  eniretcnir  ei  élever  leurs 
enfans  d  u'.ie  manière  convenable  ,  qui  pouvaient 
satisfaire  ce  goût  pour  1  hospitalité  qui  fesait  la 
gloire  de  la  naiion  angraise  ,  sont  niaiinenant 
obligées  de  fermer  leurs  maisons,  et  de  garder 
chez  eux  leurs  enfans  ,  sans  aucun  moyen  d  ins- 
truction. —  Peut-on  soutenir  que  la  tucrre  nin- 
fl'.ie  pas  beaucoup  sur  le  p.ix  des  déniées  ?  Elle 
en  diip.inuï  la  quaniilé  :  les  d  mandes  élant  plus 
fortes  sur  le  condnent  ,  les  prix  doiteni  hausser  ; 
il  faut  garnir  les  vaisseaux  le  vivres  quand  o.j 
prép.jre  une  expédition.  Une  partie  de  ces  vi- 
vres, il  est  vrai  ,  a  été  rapportée  ;  mais  ils  étaient 
tellement  gâtés  qu'on  ne  pouvait  plus  en  faire 
usage.  L  entrelien  d'une  grosse  armée  dans  l'in- 
térieur de  rAi;gletc.-re  contribue  aussi  beaucoup 
à  1-^  cherté.  Le  royau.v.c-  Ctar;;  couvert  de  if  mes  , 
la  consommaliOfl  est  plus  forie  ,  et  les  dégâts 
sont  inévitables.  Les  chevaux  de  la  cavalerie 
consomment   beaucoup  de    gr.iins. 

On  a  parlé  d'une  taxe  sur  la  chandelle  ,  mais 
le  peuple  a. déjà  plus  de  charges  qu'il  n'en  peut 
porter.  De  quelque  manière  qu  on  s'y  prenne 
pour  établir  la  taxe,  elle  finit  toujours  par  re- 
tomber sur  le  consommateur.  Petuiani  4  années 
de  paix  ,  jusqu'à  1793,  le  montant  des  taxes  a  été 
de  12  millions  sterl.  ,  ce  qui  est  ,  à  une  fiaction 
près  ,  le  montant  des  taxes  pour  une  année  seu- 
lement durant  la  guerre  actuelle. 

Le  ministre  nous  a  parlé  de  ta-  prospérité  du 
pays  et  de  ses  inépuisables  ressources  ;  mais  cette 
prospériié  cesse  dès  que  la  banque  cesse  ses  paie- 
mens.  Il  nous  a  parlé  de  la  solidité  de  son  système 
de  finances  :  mais  sur  quoi  repose  ce  système  si 
solide  ?  sur  une  ciiculaiion  illimiiée  de  papiers 
de  banque.  La  quantité  de  papiers  en  circulation 
n'e^t  plus  en  proiioriion  avec  celle  des  articles 
nécessaires  à  la  vie.  La  dette  (ondée  a  été  accrue 
par  le  ch.inceiier  de  l'échltjuler  ,  de  16S  millions 
sterl.  Les  billets  de  l'échiquier,  en  circulation  en 
1797  ,  raoniaienl  à  10  millions  sterl.;  il  y  en  a 
maintenant  pour  20  millions.  11  nous  a  été  pailé 
beaucoup  des  monopoleurs  ,  des  accapareurs  ; 
mais  je  suis  convaincu  que  le  commeree  doit 
jouir  de  la  plus  grande  liberté.  Le  ministre  a 
unposé  des  cliarges  ,  a  fait  des  emprunts  ;  si  l'on 
savait  comment  ces  impositions  ont  été  faites  , 
I  éionnement  cesserait.  Il  a  emi)runié  10  millions  ; 
trouvant  que  ce  n'était  pas  assez  ,  il  en  a  emprunté 
20  :  pour  faire  face  aux  intérêis,  il  a  eu  recours 
aux  laxes  assises  ;  voilà  ce  que  c'qst  que  ce  solide 
système  de  finances.  D  après  un  étal  que  j'ai  fait  , 
les  dépenses  dans  l'établissement  de  paix  seraient 
d  environ  38  millions  sterl. 

Je  supplie  les  honorables  membres  d'exami- 
ner de  piès  la  con  .luite  des  ministres  ,  et  de  me 
dire  s'ils  croient  peuvoir  en  conscience  annoncer 
à  leur  comniLilans  que  le  gouvernement  est  en 
bonnes  mains.  Qii'on  examine  aussi  la  situation 
de  l'armée  relativement  aux  dernières  expédi- 
tions. Ses  revers  ne  peuvent  êir;-  ailribués  qu'à 
I  incapacilé  du  ministre  qui  a  diriyé  ces  entre- 
prises si  malheureuses.  Notre  pays  n'a  aucun 
bien  à  espérer  tant  que  la  moitié  des  ministres 
actuels  n'aura  pas  éié  renvoyée.  ^-  Il  ne  convient 
pas  de  gagner  du  lems  et  d'amuser  les  dernières 
classes  de  la  société  en  fesant  des  recherches  sur 
la  prétendue  disette  du  blé.  La  masse  du  peuple 
ne  se  laissera  pas  tromper.  Si  le  remède  n  est  pas 
prompt  et  efficace  ,  les  conséquences  du  mal 
seront  séiieuses  ;  l'émigraiion  deviendra  com- 
mune. Il  est  sûr  (lu'on  tient  à  son  pays  ;  mais 
quand  on  ne  peut  plus  supporter  le  poids  ex- 
cessif des  charges  publiques,  et  qu'on  est  obligé 
de  payer  au  monde  entier  des-  droits  pour  la 
garantie  de  sa  propriété  ,  ofi  oublie  qu  on  a  une 
patrie  .  et  l'on  va  vivre  sous  un  ciel  moins  rigou- 
reux. Nous  sommes  devenus  une  naiion  sans 
caractère  aux  yeux  de  1  Europe  ;  la  méfiance 
règne  au  milieu  de  nous;  nous  ne  sommes 
plus  la  terreur  de  l'ennemi  .  nous  ne  sommes 
qu'un  miiéiible  Jungus  sur  la  face  de  la  nature.  | 


Letat  de  l'Angleterre  peut  être  comparé  rUns  ce 
moment  à  celui  de  la  France,  lorsqu  un  éeii- 
vain  célt?brait  la  prospérité  de  ce  pays,  qu  il 
représentait  comme  le  plus  florissant  de  l'Europe  , 
quoique  tout  son  ciédit  reposât  sur  du  papier  ; 
trois  mois  après  ,  la  France  fit  banqucroure. 
C  est  à  quoi  ne  peut  manquer  d'aboutir  la  pros- 
périté de  l'Angletcrie.  Le  même  système  amens 
les  mênties  résultats.  Tous  les  plans  da  finance 
du  ministre  sont  creux  et  sans  consistance.  Ce 
sont  des  vessies  soufflées  sur  lesquelles  il  est  poité 
et  flotte  sans  savoir  où  il  va. 

M.  Tierney  conclut  en  fesant  sa  motion  pour 
la  formation  d'un  coiuiié  d'enqtiête  sur  I  éiat  de 
la  nation.      ^  (Extrait  du  Star.  J 

M.  Pitt.  L'honorable  membre  que  nous  venons 
d'entendre  ,  semblait  devoir  borner  l'examen  qu'il 
provoque  ,  aux  objets  qui  ont  un  rapport  direct  à 
à  la  thedé  des  subsistances  :  mais  ,  abandonnant 
bientôt  son  sujet,  il  s'est  jeté  sur  la  paix,  sur  la 
guerre  ,  sur  nos  alliés  ,  sur  nos  finances  ,  sur  nos 
droits  constiiuiionnels  ,  ample  ma'iere  poui  I  élo- 
quence de  l'honorable  membie.  Je  ne  prétends 
point  que  la  situation  géuéiale  de  l'Angleterre  ne 
puisse  pas  êtie  le  sujet  d'un  examen,  dans  utx 
comité  général  de  la  chambre  ,  s'il  y  a  des 
raisons  lottes  et  déterminantes  qui  l'exigent  ; 
mais  je  soutiens  qu'un  comité  sur  l'état  èlc  U 
naiion  ,  est  une  mesure  qui  ,  depuis  un  siècle  , 
a  été  rarement  proposée  ,  et  plus  rarement  en- 
core adoptée  ;  on  y  a  eu  souvent  recours  , 
il  est  vrai  ,  dans  quelques  cas  urgens  ,  ou  le 
système  entier  du  gouvernement  était  inté  es^é. 
Tels  furent  le  comité  sur  les  bills  de  llnde  ,  et 
plus  récemment  celui  qui  eut  lieu  lor.iquc  ,  peti- 
dant  la  maladie  de  sa  majesié  ,  il  lut  question  de 
déterminer  la  régence.  Il  est  vrai  que  les  yeux  du 
public  et  de  1  Europe  sont  fixés  sur  nous  dap.s 
ce  moment  ,  où  s  agite  1  importante  question  de 
la^  paix  ou  de  la  guerre.  Mais  le  parlement  s'est 
déjà  prononté  ,  et  rien  ne  paraît  nécessiter  un 
changement  dans  ses  décisions.  L'opinion  géné- 
rale de  l'Angleterre  est  ,  j'en  suis  convaincu  , 
que  ia  question  de  la  paix  ou  de  la  guerre  ne 
peut  être,  considérée  aujourd'hui  sous  un  point 
de  vue  différent.  Le  peuple  sait  que  les  vrais 
amis  de  la  paix  ,  telle  que  la  prescrivent  l'hon- 
neur ,  l'intérêl  et  la  loyauté  de  la  nation  anglaise  , 
sont  persuadés  que  le  vrai  moyen  d  obtenir  ce 
bienfait ,  est  d'environner  sa  mc-jesté  d'une  grande. 
foice  ,  pour  la  mettre  e.~i  état  de  soutenir  avec 
avantage  cette  lutte  ,  .si  elle  doit  durer  encore. 

Comme  l'honorable  membre  n'a  rien  dit  à 
quoi  il  n'ait  été  déjà  répondu  ,  c'est  à  lui  à  faire 
voir  qu'il  est  survenu  dans  les  affiircs  des  chan- 
gemens qui  nécessitent  aujourd  hui  une  mesure 
rejcltée  toutes  lès  fois  qu'elle  a  été  proposée. 
Comment  peut-il  assurer  que  la  guerre  actuelle 
n'a  été  pour  nous  qu'un  enchaînement  de  revers , 
tandis  que  ,  de  son  propre  aveu  ,  notre  marine 
s'y  est  couverte  de  gloire  ?  C'est  ainsi  que  dès  le 
début  il  fait  preuve  de  boni!e-loi.  N'est-ce  donc 
rien  que  d'avoir  détruit  complettement  la  marine 
et  le  commerce  de  notre  rivale?  N'est-ce  donc 
rien  que  d'avoir  protégé  noire  propre  commerce  , 
d'avoir  augmenté  nos  ressources  avec  les  posses- 
sions enlevées  à  l'ennemi?  Pouvons-nous  oublier 
les  importans  services  que-nos  armées,  dans  les 
différenies  occasions  ,'  ont  rendu  à  la  cause  com- 
mune ?  0_uand  elles  ont  rencontré  l'ennemi  sur 
le  champ  de  bataille  ,  se  sont-elles  jamais  reti- 
rées sans  en  remporter  leur  portion  de  gloiie? 
L'honorable  membre  ignore-i-il  que  la  victoire 
dAboukir  a  couvert  de  son  éclat  I  Europe,  le 
monde  entier  ?  a  ajouté  un  nouveau  lustre  à  la 
grandeur  de  la  Grande-Bretagne?  a  inspiré  un 
nouveau  respect  pour  le  nom  anglais  ? 

Je  partage  volontiers  l'admiration  de  l'hono- 
rable membre  pour  l'amiral  Nelson.  Je  sais  que 
c'est  lui  qui  a  dirigé  la  bravouve  de  ses  compa- 
gnons ;  mais  C8UX  qui  ont  préparé  les  moyens 
pour  la  victoire  ,  sont-ils  donc  étrangers  à  sa 
gloire  ?  A-t-on  oublié  le  secret  adm  rable  avec 
lequel  sir  Roger  Cunis  fut  détaché  pour  la  Mé- 
diterranée ,  sous  prétexte  d'eue  envoyé  pour 
proléger  l'Irlande  menacée  d'une  invasion  ?  Ne 
sait-on  pas  qu'il  était  arrivé  à  sa  destination  avant 
qu'on  eût  soupçonné  son  départ  ?  L'honorable 
membre  croit-il  que  cette  vigilance ,  celte  pré- 
Cjution  n'ait  contril«.ié  en  rien  au  succès  de  cette 
illustre  journée  ?.  . .  Peut-on  oublier  combien  de 
fois  nos  victoires  ont  relevé  le  courage  de  nos 
alliés,  et  les  ont  déterminés  à  de  nouveaux  efforts? 
L'histoire  du  monde  offre-t-elle  un  autre  exemple 
dune  nation  qui,  bornée  par  sa  situation  insu- 
laire ,  à  une  certaine  sphère  d'opérations,  ait  joui 
d'une  influence  aussi  décisive  ,  ait  rendu  des 
Services  aussi  imporians  à  des  alliés  aussi  éloitinéa 
d'elle.  ^ 

Mais,  à  entendre  l'hon.  membre,  nos  plus  grands 
avantages  ,  c'est  sur  des  peuples  alliés  que  noii» 
les  avons  remportés.  Peut-on  dire  tjue  les  avan- 
tages tiue  nous  avons  obtenus  sur  les  hollandais 
et  les  espagnols  ne  doiveni  pas  être  considérés 
comme  des  conquêtes  ,  célébiés  comme  des 
triomphes  .-■  Puisque  les  forces  de  ces  peuples 
devaient  servir  à  nos  ennemis  ,  nous  n'avojis  pjt 
dû  hésiter  à  les  leur  enlever  ;  puisque  la  puis- 
sance ,  les  ressources  navales  et  miliuii«t  Uc  ia 


3o8 


Hollande  avaient  été  réunies  à  celles  de  )a 
France  ,  il  était  politique  ,  nécessaire  même  d'em- 
j)êcher  les  possessions  hollandaisesde  tomberentre 
les  mains  des  français.  Quant  à  I  Espagne  ,  elle 
était  aussi  au  commencement  de  la  guerre  ,  noire 
amie  et  notre  alliée.  Mais  au  lieu  de  persévérer 
dans  la  cause  honorable  que  nous  «ervions  ,  cé- 
dant à  des  craintes  pusillanimes  ,  elle  nous  a 
abandonnés  pour  se  ranger  sous  les  drapeaux  de 
notre  ennemi. 

L'honorable  membre  compare  les  acquisitions 
pendant  la  guerre  actuelle  avec  celles  que  nous 
fîmes  dans  la  guerre  ,  pendant  laquelle  nous 
prîmes  Tabago  ,  la  Martinique  et  SainieLucic. 
J'avais  l'honneur  de  siéger  dans  les  conseils  de 
sa  majesté  quand  on  négocia  la  paix  qui  mil  fin 
à  cette  guerre,  et  je  me  rappelle- très-bien  que 
les  opinions  étaient  partagées  sur  la  valeur  de  ces 
îles.  On  ne  se  plaignait  pas  de  la  cession  de  Ta- 
bago ,  parce  qu'on  altachait  peu  d'importance  à  la 
possession  de  celte  île  :  mais  celle  de  la  Marti- 
nique et  de  Sainte  -  Lucie  fut  très  -  censurée 
par  un  honorable  membre  ,  que  beaucoup  de 
personnes  regardaient  alors  comme  un  oracle  ; 
la  marine  elle-même  était  divisée  sur  ce  point  : 
les  uns  regardaient  Sainte-Lucie  comme  trés-im- 
ponante  ,  pendant  que  les  autres  assuraient  que 
la  Martinique  avait  une  grande  supérioiité  par 
,<:ertains  vents  et  dans  certaines  saisons.  Les 
mêmes  îles  ont  été  reprises  dans  la  guerre  pré- 
tente ;  l'honorable  membre  aurait  dû  ajouter  à 
ces  conquêtes  celles  de  Saint-Pierre  et  de  Mi- 
quelon  ,  qui  nous  assurent  l'important  objet  de 
la  pêche  de  Terre-Neuve.  Ce  qui  prouve  que 
l'ennemi  y  attache  autant  de  prix  que  nous  , 
c'est  qu'elles  ont  toujours  été  un  grand  objet 
de  jalousie  et  de  contestations  dans  toutes  les 
négociations  qui  ont  eu  lieu  depuis  la  paix 
dÛ'.recht  juqu'au  dernier  traité. —  'Voulant  pri- 
ver la  France  des  avantages  que  lui  procurait 
ton  alliance  avec  l'Espagne  ,  nous  ne  devions 
pas  oublier  la  conquête  de  Minorque  ,  conquête 
également  juste  et  politique.  L'honorable  mem- 
bre voudrait  aussi  rayer  du  tableau  de  nos  ac- 
quisitions l'île  de  Malte  ,  parce  qu'avant  la  guerre 
elle  n'appartenait  pas  à  la  France  ,  comme  si  ce 
n'était  rien  que  de  reprendre  à  l'ennemi  ce  qu'il 
avait  enlevé. 

Qjiant  à  Ceylari  et  au  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance ,  ce  n'est  point  aux  hollandais  que  nous 
les  avons  pris  ,  c'est  aux  français  ,  entre  les 
oains  desquelsces  grands  établissemens  n'auraient 
pas  manqué  de  tomber  ;  en  sorte  que  si  les  hol- 
landais redeviennent  nos  amis  ,  ils  auront  plus  à 
se  réjouir  qu  à  s'affliger  de  leurs  pertes.  Je  crois 
en  avoir  dit  suffisamment  pour  prouver  que  la 
guerre  actuelle  n'a  point  été  assez  malheureuse 
pour  qu'on  adopte  la  motion  de  l'honorable 
membre. 

Qii^int  à  nos  opérations  continentales  ,  je  ne 
îts  comparerai  point  avec  les  immortelles  cam- 
pagnes de  Marlboroug  ;  mais  su  considérant  la 
guerre  présente  en  elle  -  même  ,  je  n'hésiterai 
point  à  dire  qu'elle  fait  le  plus  grand  honneur 
au  génie  militaire  de  mon  pays. 

L'honorable  membre  a  sans  doute  oublié  dans 
^  la  liste  des  succès  de  nos  armes  les  exploits  de 
notre  armée  dans  linde ,  qui  ont  autant  contribué 
à  consolider  la  puissance  britannique  ,  qu'aucun 
exploit  à  aucune  autre  époque  de  notre  histoire. 
Je  sais  que  de  grandes  choses  ont  été  faites  par 
les  armées  que  commandaient  lord  Clives  et 
tir  Eyre  Coote.  je  rends  justice  aussi  à  l'impor- 
tance des  services  du  marquis  de  Comwalis  qui 
nous  a  frayé  le  chemin  pour  nos  dernières  con- 
quêtes ;  mais  je  dois  rejeter  toutes  comparai- 
sons qui  ne  sont  pas  nécessaires. 

Il  est  malheureux  que  l'honorable  membre 
n'ait  point  eu  l'occasion  de  déplorer  la  destinée 
de  Tippoo  ,  qui  ,  assurément  n'était  pas  notre 
8mi  ,  mais  celui  des  français;  qui  était  dans  l'Inde 
ce  qu'est  la  France  dans  lEurope  , l'ennemi  im- 
placable de  l'Angleterre  ;  dont  les  opérations  de- 
vaient concourir  avec  l'expédiiion  d'Egypte  , 
pour  détruire  l'empire  de  la  Grande  -Bretagne 
dans  llnde.  Loin  de  nous  tous  les  sophismas  ! 
Unissons-nous  pour  exprimer  notre  reconnais- 
sance aux  hommes  dont  la  sagesse  et  la  valeur 
nous  ont  conquis  tant  d'avantages. 

Une  autre  ruse  employée  par  Ihonorable  mem- 
bre ,  c'est  qu'il  ne  veut  considérer  les  succès  de 
cette  guerre  qt(e  dans  nos  rapports-  immédiats 
contre  la  France  ;  au  lieu  que  ,  selon  moi  ,  la 
question  est  moins  de  savoir  ce  que  nous  avons 
gagné  nous-mêmes  ,  que  ce  que  nous'avons  con- 
servé. Nous  nous  sommes  trouvés  engagés  dans 
cette  guerre  ,  parce  que  l'ennemi  ne  voulait  pas 
nous  laisser  vivre  en  paix  ,  et  qu'il  exigeait  de 
nous  le  sacrifice  de  notre  honneur  ,  de  notre 
indépendance  et  de  notre  constitution. 

Nous  avons  eu  à  lutter  contre  les  plus  grands 
obstacles  ,  contre  la  disette  occasionnée  par  l'in- 
clémence des  saisons ,  contre  les  convulsions  mer- 
caniiles  ,  contre  les  revers  et  les  désastres  de  nos 
alliés  sur  le  continent.  Les  hommes  sans  partialité  , 
ne  jugeant  point  des  choses  par  la  dernière  cam- 
pagne ,  avoueront  que  l'atlehlc  du  succès  avait 


été  fondée  .  et  que  si  notre  espoir  a  été  trompé,  j 
on  le  doit  à  des  événemens  qu'il  était  impossible  I 
de  prévoir.  De  nos  alliés  ,  les  uns  nous  ont  trahi  ,  , 
comme  la  Hollande  et  l'Espagne  en  particulier; 
d'autres  nous  ont  abandonné  ,  par  circonstance,  ' 
comme  la  Russie.  Mais  ces  contre-t-ms  fâcheux 
prouvent-ils  la  faiblesse  de  notre  gouvernement , 
comme  nos  i^nnemis  voudraient  le  faire  croire  ? 
je  les  regarde  .  au  contraire,  comme  une  preuve 
de  plus ,  de  notre  force.  Au  milieu  de  toutes  ces 
causes  de  découragement  ,  nous  avons  conservé 
l'intégralité  de  notre  empire  et  la  pureté  de  notre 
constitution  ;  en  même  tems  que  nous  avons 
anéanti  It^  plus  terrible  de  nos  ennemis  ,  je  veux 
dire  l'esprit  et  les  espérances  des  jacobins  qui  ,  au 
commencement  de  la  guerre  ,  étaient  si  animés 
contie  notre  pays.  Doit-on  compter  pour  rien 
l'avantage  qus  nous  avons  eu  de  préserver  notre 
commerce  ,  de  le  fordficr  ,.  de  l'accroître  ,  pen- 
dant que  nous  avons  totalement  détruit'celui  de 
nos  ennemis  ?  Nous  avons  été  le  point  de  rallie- 
ment (les  puissances  qui  ont  stï  contiaître  leurs 
véritables  intérêts  et  les  principes  de  la  saine  poli- 
tique et  de  la  sagesse.  Seuls  ,  aussi  bien  que  sou- 
tenus par  les  autres  ,  nous  avons  surmonté  tous 
les  obstacles  avec  courage  et  succès  ;  et  c'est 
pour  cela  que  maintenant  on  nous  appelle  à  un 
examen.  Loin  que  nos  entreprises  jnilitaires  puis- 
sent nous  causer  du  déshonneur,  je  suis  con- 
vaincu que  si  l'ori  entrait  dans  tous  les  détails, 
il  ne  nous  en  reviendrait  que  de  la  gloire.  (Un 
cri  d'improbation  séleve  du  côté  de  l'opposi-, 
lion.  ) 

L'honorable  membre  ,  naturellement  porté  aux 
comparaisons,  poursuit  M.  Pitt ,  prétend  que  la 
guerre  présente  devait  avoir  des  résultats  bien 
plus  grands  que  celle  de  sept  ans  ,  parce  que 
nous  avons  déployé  plus  de  farces  et  consacré 
le  double  d'argent.  Mais  il  devrait  se  souvenir 
que  depuis  quarante  années  qui  se  sont  écoulées 
depuis  la  guerre  de  sept  ans  ,  les  objets  de  con- 
sommation ont  bien  augmenté  de  prix  ,  ainsi 
que  tous  les  objets  relatifs  à  la  marine.  Quand 
on  voit  que  le  double  de  forces  n'a  pas  coâîé 
plus  du  double  d'argent ,  il  est  difficile  de  ne  pas 
convenir  que  cette  guerre  a  été  conduite  avec 
plus  d  économie  que  celle  qu'on  lui  oppose. 
D'ailleurs,  n'y  a-t-il  pas  de  la  mauvaise  foi  à  ne 
parler  que  de  l'augmcnialion  de  forces  de  notre 
part  .  sans  dire  un  mot  des  forces  immenses  qu'a 
déployées  l'ennemi  ?  La' république  française  a 
mis  sur  pied  des  armées  plus  nombreuses  que 
celles  avec  lesquelles  Louis  XIV  voulut  dicter 
des  lois  à  lEuropç.  C'est  du  moins  une  conso- 
lation pour  nous  que  d  avoir  pu  enlever  à  un 
ennemi  si  puissant  ses  établissemens  et  ruiner 
son  commerce.  Si  nous  n'avons  point  pénétré 
dans  le  cœur  de  son  pays ,  comme  nous  avons  eu 
une  fois  l'espoir  fondé  de  le  faire  ,  nous  avons 
au  moins  réussi  à  le  tenir  dans  des  alarmes  con- 
tinuelles par  le  nombre  de  nos  troupes  dispo- 
nibles, et  par  ses  incertitudes  sur  le  point  on 
devait  tomber  1  orage. 

Ce  n'est  pas  mon  honorable  ami  ,  le  ministre 
delà  guerre  (M.  'Windham  )  que  l'on  veut  atta- 
quer paniculiérertent  ,  ce  sont  tous  les  ministres 
de  S.  M.  ,  et  moi  avant  tous  les  autres.  Mais  je 
n'admettrai  jamais  qu'un  manque  de  bonne  foi 
de  la  part  de  nos  alliés  puisse  faire  la  matière 
d'une  accusation  contre  les  ministres.  Engagée 
dans  une  guerre  inévitable  ,  n'était-il  pas  de  la 
sagesse  et  de  la  politique  du  gouvernement  de  se 
servir  du  concours  des  autres  puissances  de  1  Eu- 
rope contre  l'ennemi  commun  ?  fallait-il  ne  pas 
faire  d'alliances  ,  parce  qu'on  ne  savait  pas  avec 
certitude  combien  de  tems  elles  dureraient  ?  Si 
nous  doutons  de  la  sincérité  de  nos  alliés  ,  est-ce 
un  bon  moyen  pour  faire  la  paix  que  d'instruite 
l'ennemi  de  nos  craintes  ,  et  d'annoncer  à  Bona- 
parte que  nous  ne  comptons  plus  sur  leur  assistance? 

Quant  à  l'Autriche  ,  je  ne  peux  que  répéter  ce 
que  nous  avons  déjà  dit  ,  que  depuis  la  bataille 
de  Marengo  ,  cette  puissance  n'a  jamais  pensé  à 
une  paix  séparée.  Je  vais  plus  loin,  et  je  déclare 
que  les  dernières  dépêches  du  cabinet  de  Vienne, 
arrivées  le  9  de  ce  mois  (  19  brumaire  )  respirent 
le  même  esprit.  L  Autriche  persiste  dans  son  refus 
de  traiter  ,  si  ce  n'est  de  concert  avec  nous.  Sur- 
viendra-t-il  des  événemens  qui  forcent  l'Autriche 
à  changer  de  sentimens  ?  c'est  ce  que  la  sagesse 
humaine  ne  peut  prévoir.  Pour  ce  qui  concerne 
l'embargo  qu  on  prétend  avoir  été  mis  sur 
nos  vaisseaux  dans  les  ports  de  la  Russie  , 
tout  ce  que  je  peux  dire  ,  c'est  que  quoique  je 
ne  sois  pas  porté  à  nier  certe  nouvelle  ,  je  n'ai 
reçu  aucune  communication  officielle  sur  cet 
événement.  La  chose  ,  en  elle-même  ,  est  assez 
probable  ;  elle  ?  déjà  eu  lieu  une  fois;  mais  l'em- 
bargo ne  tarda  pas  à  être  levé  :  au  reste  ,  li 
Grande-Bretagne  n'a  aucun  tort  à  se  reprocher 
envers  la  Russie. 

M.  Pitt ,  après  avoir  combattii  l'assertion  de 
M.  Tierney  ,  que  la  guerre  est  la  première  cause 
de  la  cherté  des  denrées  ,  et  ses  raisonnemens 
contre  le  système  des  finances  du  gouvernement, 
concl  ut  en  rejettant  formellement  la  motion  . 
comme  une  mesure  qui  n'est  propre  qu'à  nourrir 


les  espérances  de  l'ecnemi,  à  répandre  l'allarme,  à 
exciter  la  méfiance  ,  et -à  paralyser  l'énergie  nas- 
tionale. 

Diflërens  orateurs  sont  encore  entencius. 

M.  Tierney  ,  dans  sa  réplique  ,  fait  observer 
que  si  la  France  a  perdu  son  commerce,  elle  a 
aggrandi  sa  ligne  sur  les  côtes  ,  accroissement 
qui  lui  sert  de  compensation  ,  et  la  mettra  bien- 
tôt en  état  de  réparer  ses  autres  pertes. 

La  motion  est  rejettée  à  une  majorité  de  120 
voix. 

(  Sxiraù  du  Sun.  J 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,   le   16  frimaire^ 

Le  citoyen  Druion  ,  secrétaire  de  la  mairie 
du  10'  arrondissement ,  npus  adresse  la  note 
suivante  : 

r.i  Aujourd'hui,  9  frimaire,  le  citoyen  Claude 
M.ihuet,  marchand  boulanger  rue  de  Sève, 
n°  976  ,  division  de  l'Ouest ,  a  fait  au  bureau 
de  l'état  civil  du  10'  arrondissement  sa  décla ration 
de  la  naissance  de  trois  filles  ,  dont  Marie  Saurie  , 
sa  femme  ,  est  accouchée  très-heureusement  ce. 
matiti.  Les  trois  filles  sont  très-fories  ,  et  parfai- 
tement bien  portantes.  >» 

—  Dans  sa  séance  générale  du  5  de  ce  robis  , 
l'institut  national  avait  à  remplir  la  place  restée 
vacante  par  la  mort  du  citoyen  l'Héritier  ,  dans  la 
section  de  botanique  et  de  phisique  de  la  classe 
des  sciences  mathématiques  et  physiques.  Les  trois 
candidats  proposés  par  la  classe  ,  étaient  .les  ci- 
toyens Labillardiere  ,,  Beauvoir  et  Candolle.  Le 
premier  a  réuni  266  votes  ;  le  second  225  ;  le 
troisième  ,  un  nombre  moindre  :  en  conséquence, 
le  citoyen  Labillardiere  ,  naturaliste,  connu  par 
ses  voyages  ,  par  ses  travaux  et  par  les  richesses 
qu'il  a  ajoutées  aux  collections  du  muséum  d'his- 
toire naturelle  ,  a  été  proclamé  membre  de  l'ins- 
titut national. 


MINISTERE  DE, LA  GUERRE. 

Le  ministre  de  ia  guerre  prévient  les  militaires 
pensionnés  .  qui  n'auraient  point  encore  fait  la 
remise  de  la  copie  de  \e\3t,  brevet  aux  commis- 
saires des  guerres  de  leur  département  ,  qu'il  est 
instant  de  la  leur  faire  passer  pour  que  ceux-ci 
l'adressent  de  suite  au  ministre  de  la  guerre.  La 
célérité  (ju'on  apportera  à  se  conformer  à  cette 
invilatioiî  ,  mettra  le  ministre  à  même  d'exéctiiir 
les  ordres  du  premier  consul  ,  portant  que  tou- 
tes les  pensions  .seront  converties  en  solde  de 
retraite  au  1"  pluvn3;e  prochain. 

Les  préfets  ,  sohs-préfets  et  maires  ,  les  com- 
missaires ordonnateurs  commissaires  des  guerres 
communiqueront  le  prés'ent  avis  aux  militaire» 
brevetés  qui  se  trouvent  résider  dans  chacun  de 
leur  arrondissement. 

Le  ministre  de  la  guerre  recommande  égale- 
ment aux  pensionnés  d'indiquer  sur  la  copie  de 
leur  brevet  le  nom  de  la  commune  qu'ils  habitent, 
le  canton  et  le  département. 

,  Signé,  Alex.  Berthier. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Hier  ,  à  trois  heures  et  demie  ,  le  iribunat  a 
repris  sa  séance  publique  ,  et  le  président  a  an- 
noncé qu'il  n'y  aurait  pas  de  séance  le  16. 

C  ORPS-LÉGISLATIï> 

Présidence  de   Chatry-Lafosse. 
SEANCE   DU    16   FRIMAIRE. 
Après  la  lecture  du  procès-verbal ,  l'assemblée 
procède  au  scrutin  pour  le   renouvellement  di* 
bureau, 

Pison  du  Galand  est  porté  à  la  présidence  par 
106  suffrages. 

Trois  des  nouveaux  secrétaires  sont  :  Kervelegan, 
Savary  et  Rabaud.  Pour  le  quatrième  ,  il  y  a  eu 
concurrence  égale  entre  Lemaitre  et  Girod ,  de 
l'Ain.  L'âge  décidera  lequel  des  deux  remplira 
cette  fonction. 

Le  président  annonce  que  demain  le  corps- 
législatif  se  formera  en  comité  secret-  pour  en- 
tendre la  commission  des  inspecteurs. 

La  séance  est  levée. 


Bourse  du  16  frimaire. 

Rente  provisoire sS  fr.  55  c. 

Tiers  consolidé 34  (V.  40  c! 

Bons  deux  tiers 1   fr.  61  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr.  63  c' 

Bons  pour  l'an  8 g^  fr.  75  c. 

LOTERIE    NATIONALE. 
Tirage  du  1 5  frimaire. 

36.     24.     44.     19.     47, 

A  Paris  ,  del'imprimerie  de  H.  Agasse,propriétaîre 
du  Moniteur. 


^  & 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N°  78, 


Octidi ,  1  8  frimaire  an  g  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à  dater  du  7   nivôse  le  Moniteur  esc   le   siul  journal  oijiad. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  leï  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notion 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérifUes. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aiix  dé^oiivcr.es  noiiveiles. 


E  X  T  E  R  I   EU   R. 

ARMÉE    DU     RHIN. 


Liberté. 


Egalité. 


Le  général  en  chef  Moreau  au  ministre  de  la  guerre. 
—  Au  quartier-général  à  Anzing,  te  12  frimaire  , 
Tan  9  de  la  république  française  une  et  indivisible. 

J  AI  le  plaisir  ,  mon  cher  général ,  de  vous  rendre 
coinple  d'un  événement  bien  glorieux  pourrarmée 
que  je  conamande  et  d'un  grand  avantage  pourla 
république. 

Par  jîia  dépêche  d'hier,  en  vous  rendant  compte 
du  combat  du  10  ,  je  vous  annonçais  le  rassem- 
blement de  l'armée  et  mon  projet  de  prendre 
l'ofFensive. 

Hier  soir  le  corps  du  général  Grenier  était 
rassemblé  entre  Hohenlinden  et  Hartofen.  La  divi- 
sion aux  ordres  du  général  Grandjean ,  dont  le 
général  Groucby  a  pris  le  commandement,  ap- 
puj'ait  sa  gauche  au  village  d'Hohenlinden  ;  les 
divisions  Richepanse  et  Décan  à  Ebersberg. 

Je  ra'aliendais  à  être  attaqué  par  l'ennemi  à 
Hohenlinden  ,  et  j'avais  donné  l'ordre  aux  géné- 
raux Richepanse  et  Décan  de  déboucher  par 
Saint-Christophe  sur  Matenpœt  ,  et  de  tomber 
avec  vigueur  sur  les  derrières  tiç  celle  attaque.  Ce 
mouvement  s'est  exécuté  avec  autant  d'audace  que 
d'intelligence. 

L  ennemi  a  commencé  son  attaque  sur  Hohen- 
linden ,  environ  à  sept  heures  et  demie  du  matin  ; 
on  s'est  borné  à  le  contenir  jusqu'à  l'instant  oii 
un  moment  d'hésitation  m'a  fait  juger  que  l'atta- 
que du  général  Richepanse  commençait. 

J'ai  ordonné  au  général  Grenier  de  commencer 
la  sienne.  Le  général  Ney  s'est  porté  avec  vigueur 
dans  le  défilé  ,  et  a  rencontré  ,  à  moitié  chemin 
de  iVIatenpcet  ,  le  général  Richepanse.  Tout  ce  qui 
était  engouffré  dans  le  bois  ,  étendu  d'environ 
une  lieue  et  demie  ,  a  été  tué  .  pris  ou  dippersé. 

L'attaque  du  général  Ncy  était  soutenue  par  la 
division  du  général  Giouchy  ,  qui  venait  de  cul- 
buter la  réserve  des  grenadiers  ennemis  qui  avait 
cherché  à  déborder  sa  droite.  Ses  attaques  ont 
été  dirigées  par  les  généraux  Grandjean  et  Boyer. 
Le  mouvement  des  généraux  Richepanse  et 
Décan  a  éprouvé  les  plus  grands  obstacles. Obligés 
de  marcher  par  des  routes  étroites  et  entièrement 
entourés  d'ennemis  ,  le  général  Richepanse  s'est 
trouvé  séparé  des  autres  troupes,  avec  5  ou  6 
bataillons  et  un  régiment  de  chasseurs  ;  mais  sans 
regarder  derrière  lui  ,  il  a  marché  au  milieu  de 
l'armée  ennemie,  sans  s'inquiéter  du  peu  de 
iroupes  qu'il  avait ,  et  a  joint  la  tête  de  la  division 
du  général  Ney  ,  conduite  avec  une  égale  intré- 
pidité par  l'adjudant  commandant  Ruttin.  Le  gé- 
néral Valter  a  été  grièvement  blessé  à  celte  attaque. 
Le  général  Décan  est  parvenu  à  faire  pénétrer 
les  polonais  au  soutien  du  général  Richepanse. 

Pendant  que  le  succès  se  déterminait  au  cen- 
tre ,  un  corps  de  troupes  marchant  de  Vasser- 
bourg  sur  Ebersberg,  a. forcé  le  général  Décan 
à  changer  de  front  à  droite  pour  l'arrêter.  Il 
l'a  repoussé  dans  le  plus  grand  désordre. 

L'affaire  paraissait  tomplettement  décidée  à  trois 
heures  ,  lorsqu'un  autre  corps  ,  marchant  du  Bas- 
lun  a  voulu  déboucher  par  Butkrain  sur  Hohen- 
linden ;  comme  on  s'attendait  à  un  effort  sur 
la  gauche  ,  l'ennemi  ayant  eu  la  veille  beaucoup 
de  tioupes  dans  la  vallée  de  l'Isen  ,  le  lieute- 
nant-général Grenier  avait  laissé  en  position  les 
divisions  Legrand  ,  Bastout ,  et  la  réserve  de 
cavalerie  qui ,  au  moment  où  elles  allaient  prendre 
J  offensive  ,  ont  el  es-même  été  attaquées.  On  a 
fait  revenir  à  leur  soutien  quelques  troupes  du 
général  Ney  et  des  autres  divisions  qui  sesont 
trouvées  sous  la   main. 

Les  géréraux  Legrand  et  Bastout  ,  après  avoir 
repoussé  ces  attaques  et  avoir  eux-mêmes  abordé 
iLiiiifmiavec  une  grande  vigueur  ,  enfin  ,  après 
plusieurs  efforts  ,  les  ont  culbutés  avec  perte 
d'une  partie  de  leur  artillerie.  Le  général  Bastout 
a  été  blessé  à  cette  attaque  ;  le  général  Bonnet  l'a 
»iir  le  champ  remplacé. 

Celle  affaire  a  été  tellement  générale  ,  qu'il  n'y 
a  pas  un  corps  dans  l'aimée  française  qui  n'ait 
combattu  ,  et  certes  il  en  a  été  de  même  d>;  l'armée 
autrichienne.  La  neige  tombait  à  grands  flots  pen- 
dant toute  faction. 

Nous  avons  pris  environ  80  bouches  à  feu  et 
«00  caissons  ,  10,000  prisonniers  ,  un  grand 
nombre  d'oSicieri  paimi  lesquels  sont  trois  gé- 


néraux. La  poursuite  a  duré  jnsiju  à  la  nuit. 
J'esiirae  notre  pêne  à  un  millitr  d  liomincs  , 
tués  ,  blessés  ou  prisonniers  ;  celle  tle  l'ennemi 
esl  incalculable.  Tous  ont  fait  leur  devoir  :  je  ne 
puis  donner  d'éloges  particuliers  à  aucune  des  ar- 
mes ;  artillerie  ,  infanterie  ,  cava'.eiiu  méritent  les 
louanges  les  plus  fortes  et  les  plus  vraies.  Les 
états-majors  «e  sont  paniculiéremenl  distingués. 

Le  corps  du  général  Lecoujbc  qui  s'ftait  em- 
paré de  Rosenheim ,  le  10  ,  a  clé  chargé  de 
couvrir  l'Inn  et  de  défendre  tous  les  débouchés 
du  Tytol. 

Le  chef  de  l'éiat-major  vous  rendra  un  compte 
très-déiaillé  de  cette  bataille  d'Hohenlinden,  Ijeu 
déjà  connu  par  la  convention  qui  nous  cédait  les 
trois  places.  La  république  doit  connaître  les 
corps  et  les  militaires  qui  s'y  sont  particulière- 
ment distingués.  Il  vous  instruira  égalemeui  des 
déiachemens  que  l'ennemi  a  faits  derrière  noire 
gauche  et  auxquels  nous  n'avons  pas  fait  grande 
attention  :  l'armée  est  fiere  de  son  succès  ,  sur- 
tout par  fespoir  qu'il  cuntiibuera  à  accélérer 
la  paix. 

Salut  et  amitié  ,  Moreau. 


A  R  xM  E  E     D'ITALIE. 

Au  quartier-général  de  Milan,  le  t6  vendémiaire, 
an  g. 

Brune  ,  conseiller-d'éiat,  général  en  chef. 

Considérant  qu'il  s'élève  journellement  des 
altercations  entre  militaires  ou  employés  de  l'armée 
et  les  habiians  du  pays  ,  pour  d  anciennes  affaires 
d  intérêt ,  que  les  tribunaux  ordinaires  ne  peuvent 
terminer  ; 

Considérant  qu'il  est  urgent  de  faire  cesser  ces 
discussions  et  de  prendre  des  mesures  efficaces 
pour  concilier  la  célérité  dans  les  expéditions  de 
ces  affaires  avec  les  principes  de  justice  et  d'im- 
partialité ,  arrête  : 

Art.  P^  Il  sera  établi  à  Milan  une  commission 
spéciale  chargée  de  prononcer  sur  toutes  les  récla- 
mations ,  sou  des  fraiiç.iis  contre  les  cisalpins  , 
soit  des  cisalpins  contre  les  français  ,  pour  resti- 
tudon  d'argent ,  en  effeis  ,  ou  pour  tous  autres 
objets  relatifs  à  ces  affaires  d'iotéiêts  ,  et  qui  ne 
seraient  pas  clairement  de  la  compétence  des 
tribunaux  ordinaires. 

II.  Cette  commission  sera  composée  de  cinq 
membres,  dont  deux  seront. nommés  par  le  chef 
de  l'état-major-gènèral ,  deux  nommés  par  le  gou- 
vernement cisalpin,  et  un  par  le  ministre  extraor- 
dinaire du  gouvernement  français. 

III.  Les  jugeniens  ne  seront  point  sujets  à 
l'appel.  ' 

Le  présent  arrêté  sera  mis  à  l'ordre  du  jour  de 
l'armée  ,  et  adressé  au  ministre  extraordinaire  de 
la  répub  ique  française  près  la  république  cisal- 
pine ,  avec  invitation  de  veiller  ; 
exécution.  Signé 


guer 


pic- 


sa  prompte 
Brune. 


Milan,  le  19  brumaire  ,  an  9. 

Brune  ,  conseiller-d'èiat ,  général  en  chef  , 

Considérant  que  par  son  arrêté  du  16  vendé- 
miaire dernier,  la  commission  militaire  chargée 
de  juger  les  altercations  existantes  ,  ou  qui  s'élè- 
veraient entre  les  français  et  les  cisalpins ,  doit  être 
composée  de  cinq  membres  ,  et  que  ,  par  une 
fausse  interprétation  de  cet  arrêté  ,  leur  nombre 
a  été  porté  jusqu'à  onze  ;  voulant  rectifier'- celte 
erreur  ,  arrête  définitivement  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  La  commission  militaire  créée  par  ar- 
rêté du  16  vendémiaire  dernier  ,  pour  connaître 
les  différends  entre  les  français  et  les  cisalpins  est 
composée  de  cinq  membres  seulement  ,  savoir  , 
les  citoyensBondurand  ,  commissaire  des  guerres, 
nommé  par  le  ministre  Petiet; 

Roche  ,  inspecteur  de  subsistances  militaires  ; 

David  ,  ex-commissaire  des  guerres  ,  nommé 
par  le  chef  de  l'élai-mijor-général. 

II.  Le  gouvernement  cisalpin  sera  invité  à 
nommer  ,  dans  24  heures  ,  parmi  les  quatre  in- 
dividus par  lui  désignés  pour  assister  à  cette  com- 
mission ,  deux  membres  pour  compléter  le  nombre 
de  cinq.  Signé,  Brune. 

Milan  ,  le  ig  brumaire  ,  an  9. 
Brune  ,  conseiller-d'état  ,  général  en  chef, 
Ayant  décidé  que  toutes   les    coniesiaiions  qui 

s'élèveraient    entre  les   français   seraient   décidées 

sommairement    par    une    commissioii    spéciale  ; 

arrête  que  celte  commission  sera  composée  ainsi 

qu'il  suit  : 


Boiidurand  ,    commissaire    des 
sideni  ; 

David  ,  ex-commissaiie  des  guerres  ; 

Roche  ,  inspecteur  lies  subsistances  ; 

Latuada  ,  homme  de  loi  ; 

Lattanzi  ,  idem. 

Celle  commission  aura  les  mêmes  attributions 
pour  s'aïuer  sur  les  diftéretids  entre  français  et 
tiançjis  employés  à  l'armée  ou  domiciliés  dans 
la  république  cisalpine ,  que  celle  ciéée  par  arrêté 
du  16  vendémiaire  dernier. 

Le  chef  de  l'étai-major  de  l'armée  tiendra  la 
ma'n  à  l'exécution   du  ptcsent  arrêté. 

Signe  ,  Brune. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,   le  29   7iov.   (  S  frimaire). 

L.i  Diana  ,  appartenant  à  ce  port  et  chargée 
pour  le  Cap-dc-Bonne-Espérance,  a  été  prise  par 
un  corsaire. 

Un  autre  corsaire  a  enlevé  cinq  de  nos  bâti- 
mens  à   l'ancre  piès  de  Cionier. 

Le  Nassau,  de  Nevif-Piovidence  ,  arrivé  à  Liver- 
pool,  a  rencontré  dans  sa  traver-ée  un  coisaire 
de  14  canons  ,  avec  lequel  il  a  eu  un  long  enga- 
gement. 

Le  Héros  ,  de  Londres  ,  qui  était  de  compagnie 
avec  le  Nassau  ,  a  éié  pris  par  ce  corsaire. 

L'Avanlnre  ,  de  Gibraltar,  destinée  pour  l'Isle- 
de-la-Trini;è ,  a  sauié  dans  ua  combat  avec  un 
corsaire. 

Un  gros  bâtiment  .  se  rendant  de  Sinyrne  à 
ILondres  ,  a  été  amariné  par  uti  corsaire  français. 

L  Aventure  ,  de  Londres,  chargée  pour  Déraé- 
rary  ,  et  quatre  navites^  poriujiai.s  sortant  du  Bré- 
sil ,  ont  été  pris  et  conduits  à  Cayenne  ,  par  une 
corvette  de  24  canons. 

L'aimable  Éléonore ,  allant  de  Lisbonne  à  Venise, 
a  été  prise  par  l'ennemi. 

Le.  Southo  ,  de  Smyrne  pour  Londres  ,  a  été 
conduit  à  Malaga  par  un  coisaire  français. 

L'Augustus  ,  d'Arcangél  pour  Londres  ;  le  Ntw- 
arcli  et  l'Ellison  ,  pour  Ncw-Castle  ;  et  l'Edward, 
pour  Aberdeen  ,  ont  été  pris  par  un  corsaire 
français. 

Le  paquebot  le  Eayal ,  de  Lisbonne  pour  Ma- 
dère ,  a  été  pris  et  conduit  à  Ténèriffe. 

Le  Lancaster  et  le  Hiram  ,  de  Liverpool  pour 
Savannach  ,  ont  été  amarinès  et  conduits  à 
Cayenne  par  te  Courrier  et  un  autre  corsaire 
français. 

Le  Ross  ,  de  Mahon  pour  Gibraltar  ,  a  été 
capturé  et  conduit  à  Malaga. 

Le  paquebot  le  London  ,  allant  à  Aberdeen  ,  a 
été  capturé  par  un  corsaire  français  ,  commandé 
par  le  capitaine  Lasnouche<t[ui  i'a  fuit  conduire 
dans  le  VVscr. 

Le  Christian  ,  de  Londres  jiour  Montrosc  ,  a 
été  pris  et  amené   dans  un  port  de  Hollande. 

Il  n'est  arrivé  de  notre  flotte  de  Terre-Neuve 
qu'un  seul  bâùment.  Elle  a  été  dispersée  par  la 
tempête  ,  el  l'on  connaît  déjà  plusieurs  des  na- 
vires de  ce  convoi  pris  par  l'ennemi.  , 

Le  Thomas  et  Eltis ,  allant  de  New  -  Casile  à 
Londres  ,  a  péri  sur  Scroby-Sands  ,  près  d'Yar- 
mouth. 

La  Nelly  ,  se  rendant  de  Petersbourg  .i  Londres, 
s'est  perdue  dans  le  golfe  de  Finlande. 

Le  Commerce  ,  de  Dantzick  à  Londres  ,  a  fait 
côte  près  ICite. 

Le  London ,  de  la  Martinique  à  Londres  ,  a  été 
obligé  de  relâcher  à  Névis. 

Lord  Scafo.th  est  nommé  gouverneur  de  la 
Barbade  ,  et  va  se  rendre  à  sa  destinât  on. 

Son  excellence'Ibrahim  Hodge  Candiote,  am- 
bassadeur du  dey  d'Alger  piès  de  uotre  cour  ,  a 
eu  une  audience  de  sa  niajesié. 

Il  est  arrivé  hier  des  dépêches  de  l'île  de 
Curaçao  ,  qui  ont  retardé  le  départ  du  roi  pour 
Kew. 

La. sortie  des  pommes  de  terre  du  Dannemarck 
et  de  Hanovre  est  prohibée. 

11  réside  dans  un  villa;>e  ,  près  de  Schafiesbury, 
une  femme  dont  les  enfans  ,  jusqu'à  la  4""=  pcnc- 
ralion  ,  sont  au  nombre  de  3oo  ,  tous  vivaiis  ,  et 
forment ,  par  leurs   âi;es  léunis  ,  5, 600  ans. 

Vingt  el  tant  de  bouchers  ont  été  mis  à  l'amende  , 
par  les  magistrats  de  Maningfrec  ,  pour  avoir 
écoiché  des  peaux  au-dessous  du  genou. 


3io 


Suivant  des  letrres  de  Gibraltar ,  nne  dinde  de 
moyenne  grosseur  y  a  élé  payée  trois  guinecs. 
(Extrnit  de  l'Albion^  du  Sun  ,  du  Morning-H^rald, 
et  du  Courier.) 

ttj'  L'abondance  et  l'importance  d€^  matières 
ainsi  oue  le  retard  de  deux  couriers ,  ne  nous  ont 
jjas  permis  de  donner  plutôt  les  détails  qui  vont 
suivie. 

CHAMBRE      DES      COMMUNES. 

Séance  du  18  novembre. 
M.Nieholh  demande  qu'on  remette  à  la  chambre 
Je  tableau  de  la  quantité  d'or  employé  dans  la 
monnaie  de  sa  m.ijeslé  ,  depuis  la  Sainl-iMichel 
1796.  jusqu'à  la  Saint-Michel  1800  ,  distinguant  les 
années.  —  Adopté. 

Le  chancelier  de  l'échiquier  déclare  qu'il  n'a  pas 
l'intention  de  demander  qu'un  jour  soit   désigne 


pour  examiner   les   pap 


ers  remis  à  la  charabiC  , 


concernant  li;s    négociations   entamées  'pour     la 
paix.  " 

M.  Sheridnn,  qui  entre  dans  la  chambre  quel- 
ques instans  après  ,  loin  de  partager  l'avis  de 
l'honorabîe  membre,- annonce  qu'il  se  propose 
de  Jaire  ,  lundi  prochain  ,  une  motion  con- 
traire, -■  Il  fera  ,  le  jeudi  suivant  ,  une  autre  mo- 
tion qui  aura  pour  objet  de  demmder  qu'on  pio- 
duise  à  la  thambre  plusieurs  autres  picccs  pro- 
pres à  éclairer  la  discussion  ,  parce  qu'il  regarde 
comme  irès-incomplciie  la  collection  de  celles 
qiri    ont  été    présentées. 

Le  chancelier  de  l'éclii/]uier.  J'espère  que  l'hono- 
rable membre  voudra  bien  spécihcr  les  pièces 
qu'il  désire  ,  si  toutefois  il  le  sait  lui-même. 

M.  Grey  demande  qu'on  remette  à  la  chambre 
le  tableau  des  grains  el  l'arines  ai-heiés  pour 
l'usace  des  forces  de  mer  et  de  terre  ,  depuis  le 
comnencement  de  la  guerre  jusqu'à  ce  moment , 
en  distinguant  les  quantités  achetées  chaque  an- 
née ,  et  le  prix  moyen  qu'elles  ont  coûté.  — 
Adopté. 

M.  Grey. demande  encore  qu'on  présente  à  la 
chambre  le  tableau  du  nombre  de  porcs,  de 
bœuls  et  de  moutons  ,  achetés  pour  la  nourri- 
ture des  troupes  de  mer  el  de  terre  ,  pendant  le 
même  espace  de  tems  ;  et,  sur  l'observation  du 
chancelier  de  1  é;  biquier  ,  qu'un  paieil  tableau 
serait  d'une  iiès-petile  utilisé  ,  parce  qu'il  ne 
prouverait  pas  si  les  animaux  étaient  grands  ou 
petits,  gras  ou  maigres,  M.  Grey  demande  le 
lableau'par  livres  de  viande  ,  et  non  plus  par 
tête  ,   corame'il  l'avait  proposé  d'abord. 

Il  demande  ensuite  un  tableau  de  tous  les 
hommes  levés  pour  le  service  de  terre  et  de  mer 
depuis  le  commencement  de  la   guerre. 

Le  chancelier  de  [échiquier.  Je  ne  m'opposerais 
pas  à  ce  qu'on  nous  demande,  si  la  chose  était 
possible.  Au  reste  ,  je  peux  assurer  que  nos 
perLes  ,  d'après  les  reche'clies  les  plus  scrupu- 
leuses ,  se  sont  toujours  trouvées  moins  considé- 
rables qu'on  ne  le  croyait.  Mais  comme  on  n'a 
pas  de  renscignemens  authentiques  là-dessus,  le 
tableau  qu'on  présenterait  n'étant  pas  exact,  con- 
duirait à  l'erreur  plutôt  qu'à  la  connaissance  de 
la  vérité. 

Après  une  conversation  de  quelques  momens 
entre  MM.  Grey,  Tierney,  Windham  ,Stobhoase 
et  Pitt  ,  la  motion  est  adoptée  ,  ainsi  qu'un  autre 
qui  a  pour  objet  le  tableau  à  présenter  des 
hommes  retirés  du  service  de  nier  ou  de  terre  , 
depjis  le  com.iiencement  de  la  guerre,  pour 
cause  de  maladie  ,  de  blessures  ,  de  vieillesse  , 
ou  pour  toute  autre  cause  ;  celui  des  marins  et 
des  soldats  qui  ont  été  tués  dans  les  actions  ,  eu 
qui  sont  morts  au  service  étranger  ;  enfin  celui 
des  hommes  qui  servent  maintenant  sur  les  flottes 
el  dans  les  armées  de  S.  M. 

Affaire  d'Egypte. 

M.  Jones.  Lorsque  les  papiers  que  je  tiens  dans 
ce  moment  furent  mis  sur  le  bureau  ,  j  espérais, 
rous  espérions  tous  ,  que  les  ministres  sollicite- 
raient eux-mêmes  une  discussion  selennelle  à  ce 
sujet.  Puisque  notre  attente  a  élé  frustrée  ,  on  ne 
doit  pas  trouver  mauvais  que  j'aie  plu"?  d'une  fois 
rappelé  l'atieniion  de   la   chambre  sur   l'Egypte. 

—  L'honorable  secrétaire-d'élat  nous  a  dit  que  ie 
traité  d'El-Arisch  serait  cerlainement  renouvelle, 
et  que  peut-être  ,  au  moment  où  il  parlait  ,  les 
français  évacuaient  l'Egypte.  Mais  hélas  îles  fran- 
çais sont  maintenant  solidement  établis  dans  ce 
pays  ,  et  les  papiers  que  nous  avons  sous  les  yeux 
prouvent  jusqu'à  l'évidence  combien  l'établisse- 
ment qu'ils  y  ont  fait  doit  nous  être  préjudiciable. 

—  Si  le  traité  conclu  par  sir  Sidney  Smith  avait  élé 
ratifié  ,  le  Monde  serait  aujourd'hui  pacifié.  L'in- 
frsciion  de  ce  traité  a  coûté  la  vie  à  9,000  de  nos 
alliés  ,  et  nous  condamne  nousmemes  à  tous  les 
malheurs  d'une  gueire  interminable. 

Je  sais  .  (.le  science  certaine  ,  que  les  français 
ont  maintenant  dans  ce  pays  une  armée  nom- 
breuse ,  bien  disciplinée,  bien  entretenue  ,  forte 
de  60,000  hommes,  et  prêle  à  marcher  en  Syrie. 
Telles  ont  été  les  conséquences  de  la  malheureuse 
letwe  de  l'amiial  Keiih  ;  letiie  dont  l'adresse  était 


sans  doute  au  malheur  de  tous  les  habitans  de  la 
terre.  Y  avait -il  un  meilleur  moyen  pour  aug- 
menter Ui  puissance  engloutissante  de  ce  phénomène  , 
Bonaparte?  (  The  overwhelming  ,of  that  phenomenon  , 
BonaparU.)  On  lui  a  ouvert  par  -  là  un  avenir 
brillant.  Sans  doute  qu'il  roule  à  présent  dans  s:i 
vfiste  lêie  le  projet  de  renverser  notre  empire  dans 
l'Inde. 

Je  demande  qu'un  acte  dont  les  suites  ont  élé 
si  fatales  ,  soit  examiné  avec  l'attention  la  plus 
sévère.  C'est  cet  acte  qui  a  tait  rompre  les  négo- 
ciations :  il  empêchera  qu'on  ne  les  reprenne  :  il 
compromet  le  salut  de  l'empire  britannique  .  et 
on  n'a  point  encore  cherché  à  le  dégager  de  l'obs- 
curité dont  on  s'est  plu  à  l'envelopper.  Pour  éclair- 
cir  ,  autant  que  possible  ,  un  fait  de  cette  impor- 
tance ,  je  demande  qu'une  huinble  adresse  soit 
Ijite  à  sa  majesté,  pour  la  supplier  de  taire  re- 
mettre à  la  chambre  une  copie  de  la  lettre  écrite 
par  le  commandant  en  chef  des  forces  biiianni- 
ques  dans  la  Méditerranée  ,  au  général  Kleber. 

M.  fitt  ,  en  répondant  à  M.Jones  ,  reproduit 
la  plupait  des  argurnens  employés  duns  la  der- 
nier session.  La  lettre  qu'on  demande  ,  dit-il  ,  a 
élé  imprimée  et  publiée;  elle  est  connue  de  tout 
le  monde  depuis  plusieurs  mois.  La  chambre  a 
déjà  refusé  d'en  demander  une  copie.  Pourquoi 
agi.'erait-elle  la  motion,  aujourd'hui  qu'elle  n'est 
appuyée   d'aucun  raisonnement  nouveau. 

Qitaud  on  se  rappelle  l'état  des  choses  à  l'ou- 
veriure  de  la  deriiiere  campagne  ,  on  ne  doit  pas 
prononcer  avec  précipitation  comme  on  le  fait  , 
que  r'esi  un  malheur  que  le  retour  en  Europe  ait 
été  ftrmé  aux  fiançais. 

M.  Grey.  Je  suis  loin  de  penser  comme  l'ho- 
norable membre  (  M.  Pitt  ).  La  motion  que  nous 
avons  entendue  mérite  la  plus  grande  attention 
de  noire  pari.  Les  papiers  qui  sont  sous  nos  yeux  , 
ne  pronveni-ils  pas  que  le  refus  fait  par  les 
minisltcs  de  ratifier  la  convention  d'Egypte,  a 
donné  lieu  aux  difficultés  qui  ont  arrêté  les  dsr- 
nieres  négociations  ? 

On  a  du  que  sir  Sydney-Smith  ,  n'élait  pas  au- 
torisé à  entrer  en  négociation  avec  les  français  ; 
et  qu'en  signant  une  convention  avec  la  France  , 
il  avail  outre-passé  ses  pouvoirs.  Mais  je  n'avais 
jamais  entendu  dire  qu'un  officier,  dans  cer- 
taines situations  particulières  ,  eût  besoin  d'ins- 
trijclions  spéciales  pour  régler  sa  conduite.  J  ai 
toujours  cru  ,  au  contraire  .  que  quand  les  cir- 
constances l'exigent  ,  un  officier  peut  entrer  en 
négociation  ,  et  conclure  un  arrangement  sans 
des  ordres  particuliers.  Lorsque  le  général  Brune, 
en  Hollande  ,  fit,  avec  le  duc  d'Yorck,  la  con- 
vention qui  sauva  le  reste  de  notre  armée  ,  avait- 
il  reçu  de  son  gouvernement  des  ordres  pour  le 
faire  ?  Non  ,  sans-doute.  Qu'auraient  dit  nos 
ministres  ,  si  le  gouvernement  français  eût  refusé 
de  sanctionner  la  conduite  de  son  général  ?  Il 
faut  donc  que  nous  connaissions  les  motifs  puis- 
sans  qui  ont  déterminé  le  ministre  à  donner  les 
instructions  qui  ont  amené  la  rupture  d'une  con- 
veniioii  faite  et  conclue  sous  la  garantie  d  un 
officier  anglais  qui  jouit  de  la  plus  haute  con- 
sidération ,  et  qui  la  mérite...  Il  ne  faut  pas  pour 
pallier  la  faute  des  ministres  ,  ternir  l'honr.eur  de 
nos  biaves  officiers  ,  et  compromettre  la  bonne- 
foi  nationale.'  G'est-là  le  motif  qui  a  déterminé 
mon  ami  à  dem^inder  qudn  produisît  la  leltre 
qui  a  été  la  cause  immédiate  de  la  rupture  de  la 
convention. 

L'bonorable  membre  semble  penser  que  ie  té- 
moignage de  M,  Otio  ne  mérite  pas  une  entière 
croyance  ,  parce  que  cet  agent  de  la  France  ,  à 
raison  même  de  son  caractère  diplomatique  .  ne 
peut  parler  sanspartialilé  sur  Mahe  et  surl'Egypie. 
Je  ne  peux  m'imaginer  que  le  caractère  diploma- 
tique dont  un  homme  d'honneur  est  revêtu  ,  puisse 
l'engager  à  faire  des  rapports  contraires  à  la  vérité. 
Au  reste  ,  quelques  soient  les  raisonnemens  de 
M.  Otto  ,  nous  avons  droit  d'exiger  qu'on  nous 
les  fasse  connaître  ,  sans  que  les  ministres  les  dé- 
naturent par  leurs  interprétations.  Il  est  question 
aujourd'hui  de  connaître  si  ,  sachant  comme  nous 
le  savons  ,  que  l'Egypte  a  mis  des  obstacles  au 
succès  des  négociations  ,  et  que  ce  sont  les  ins- 
tructions du  ministre  qui  ont  fait  rompre  une 
convention  ,  en  vertu  lie  laquelle  l'Egypte  serait 
aujourd'hui  délivrée  des  français  ,  il  n'est  pas  à 
propos  que  la  chambre  fasse  usage  de  tout  sou 
pouvoir  pour  se  procurer  la  pièce  qui  contient 
ces  instructions.  J'appuie  de  tout  mon  coeur  la 
motion. 

M.  Wmi/tflm.  j'avoue  qu'il  n'y  a  pas  d'objec- 
tions sérieuses  à  faire  contre  la  motion  prise  en 
elle-même  ,  mais  je  ne  la  crois  pas  nécessaire.  Si 
les  honorables  membres  pensent  que  les  instruc- 
tions données  par  les  ministres  ,  relalivement  à  la 
convention  d  Egypte  ,  doivent  être  produites  , 
comme  devant  servir  de  base  à  une  accusation 
contre  nous  ,  s'ils  croient  que  ces  instructions  ne 
sont  pas  justifiées  par  les  circonstances  dans  les- 
quelles elles  ont  éié  données ,  c'est  à  eux  à  faire 
une  motion  séparée  sur  ce  sujet.  —  Les  papiers 
qui  sont  maintenant  sous  les  yeux  de  la  chambre 
ont  été  regardés  comme  prouvant  que  1  Egypte  a 
été  un  obstacle  de  plus  dans  les  négociations  , 
une  pierte  d'achoppement  sur  le  chemin  de  la 
pacification.  Mais  d'après"  ce  principe  ,  il  faudrait 


que  nous  abandonnassions  toutes  nos  conquêtes. 
Plus  nos  ennemis  mettraient  d'importance  à  U 
possession  des  places  que  nous  leur  avons  prises, 
plus  nous  devrions  nous  montrer  disposés  à  y 
renoncer  ,  pour  ne  pas  arrêter  lés  négociations. 

M.  Grey  s'explique  :  je  n'ai  pas  prétendu  autre 
chose  ,  dit-il ,  si  ce  n'est  que  nous  aurions  mis 
un  obstacle  de  moins  à  la  paix  ,  si  nous  avions 
laissé  les  français  sortir  de  l'Egypte  ,  et  que  nous 
eussions  remis  ce  pays  entre  les  mains  de  nos 
alliés. 


M.  Robson.  Si  la  lettre  qu'on  demande  ne  nous 
est  pas  remise,  il  nous  sera  impossible  de  pro- 
noncer sur  la  dernière  correspondance  avec 
M.  Ouo.  Mon  opinion  est  qa'il  n'est  pas  possible 
que  la  situation  de  nos  aflaires  dans  la  Méditer- 
riinée  puisse  justifier  la  lettre  du  lord  Keith  au 
général  Kleber  ;  lettre  dont  les  résultats  compro- 
mettent nos  possessions  dans  l  Inde.  Si  la  cham- 
bre refusait  la  communication  de  cette  pièce  , 
l'ennemi  commun  se  prévaudrait  de  cette  con- 
duite :  le  gouvernement  français  en  deviendrait 
plus  exigeant.  Je  demande  aussi  les  instructions 
données  à  sir  Sidney  Smith  ,  et  j'appuie  la  motion. 

M.  Nichots.  Si  je  vois  avec  peine  les  français 
en  Egypte  ,  ce  n'est  pas  que  je  croie  que  leur 
établissement  dans  ce  pays  piiisse  mettre  en  dan- 
ger nos  possessions  dans  l'Inde  ,  maintenant  sur- 
tout que  nous  avons  pour  les  protéger  Mitlte  et 
f'rinqueraale.  Mais  l'Egypte  peut  devenir  colonie 
des  français  ,  et  colonie  d'une  aussi  grande  im- 
portance pour  eux  que  Sainl-Domingue  :  c'est 
sous  ce  rapport  que  je  regarde  comme  très-con- 
damnable la  conduite  des  ministres  ,  sans  l'oppo- 
sition desquels  les  français  aujourd'hui  ne  se- 
raient plus  en  Egypie.  Je  vole  pour  la  motion. 

M.  Sheridan.  L'honneur  de  sir  Sidney  Smith 
serait  compromis  ,  si  les  ministres  refusaient  de 
communiquer  les  pièces  cju  on  leur  demande. 
Si  cet  officier  a  ouire-passé  ses  pouvoirs  ,  il  ne 
suffii  pas  de  le  diie  ,  il  faut  qu  ou  le  prouve.  La 
loyauté  de  la  nation  angloise  n  est  pas  moins 
intéressée  que  la  gloire  de  cet  estimable  officier. 
Qui  voudra  par  la  suite  iraiier  avec  les  anglais  , 
SI.  en  négociant,  on  a  à  craindre  que  lofficiet 
ou  l'agent  avec  lequel  on  traite  ,  n'ait  pas  des 
pouvoirs  pour  le  faire. 

Lord  Hawkesbury  soutient  que  sir  Sidney  Smith, 
n'a  point  paru  comme  paitie  directe  dans  la  con-: 
venlion  d'Egypte  ;  qu'au  moment  où  les  instruc- 
tions du  ministère  furent  expédiées  par  la  Mé- 
diterranée ,  on  ignorail  la  convenlion;  que  ,  du 
moment  où  l'on  sut  (jue  le  gouvernement  turc 
el  le  général  français  avaient  agi  dans  la  croyance 
que  1  Angleterre  raiifi.rait  la  convention,  les 
ministres  ,  par  respect  pour  la  foi  pubhque  ,  en- 
voyèrent des  instructions  contraires  aux  pre- 
mières, 

M.  Tierney.  Je  ne  crois  pas  que  la  queslion  pré- 
sente doive  se  traiter  légèrement.  Elle  se  réduit  à 
un  seul  point:  le  général  français  Kleber  dit, 
dans  une  leltre  qui  se  trouve  parmi  les  pièces 
remises  à  la  chambre  ,  qu'il  a  reçu  du  lord  Keith  , 
une  lettre  qui  a  rempli  l'armée  française  d'indi- 
gnation ,  il  s'agit  de  savoir  si  c'est  par  l'ordre  des 
ministres  que  celle  leltre  a  été  écrite.  On  a  dit, 
que  le  contenu  de  cette  lettre  avait  élé  inséré 
dans  les  papiers  du  jour ,  cù  l'on  avait  pu  l'y  lire  : 
mais  cela  ne  suffit  pas.  Ce  n'est  que  sur  une  copie 
authentique  ,  produite  par  les  minisires,  que  peut 
s  instruire  cette  grande  affaire.  Le  fait  qu'on  avance 
est  grave  :  s'il  est  vrai  ,  c'est  une  tache  pour  la 
nation  :  s'il  est  faux  ,  on  doit  s'empresser  d'en 
montrer  la  fausseté.  11  ne  faut  pas  qu'on  piiisse 
même  soupçonner  qu'un  traité  fait  par  un  officier 
anglais  ,  ait  été  honteusement  rompu  par  ordre 
des  ministres  de  sa  majesté. 

On  nous  a  dit  souvent  que  les  ministres  étaient 
prêts  à  répondie  à  un  exameu  ;  et  louies  les  fois 
qu'un  examen  a  été  proposé  ,  ils  l'ont  déciiné, 
Taniôt  il  y  avait  trop  de  pièces  ,  et  taniôt  il  n'y 
en  avait  pas  assez.  Si  les  honorables  membres 
pensent  que  les  ordres  envoyés  par  les  ministres 
de  sa  majesté  aient  élé  justifiés  par  les  circons- 
tances ,  ils  voteront  contre  la  communicatioa 
qu'on  propose.  Si  ,  au  contraire  ,  ils  sont  per- 
suadés que  ces  désordres  étaient  infâmes  en 
eux-mêmes  ,  autant  que  funestes  dans  leurs  ré- 
sultais ;  s'ils  sont  convaincus  que  la  violation  de 
la  convention  sanctionnée  par  un  officier  an^- 
glais  plein  de  mérite  ,  est  une  mesure  inexcu- 
sable ;  ils  voleront  pour  la  motion  de  1  hono- 
rable membre  ,  que  j'exhorte  a  persévérer  avec 
courage  dans  sa   demande. 

Plusieurs  orateurs  ,  pour  et  contre  ,  sont  en- 
core entendus.  La  motion  est  rejeiée  à  une  ma- 
jorité de  68  voix.  Extrait  du  Star.) 


I 


R. 


N     T     E     R     I     E     U 

Paris  ,   le   l^  frimaire. 

Une  cause  intéressante  ,  et  parla  qualité  même 
de  l'accusé  ,  et  par  la  gravité  que  linHuence 
des  passions  diverses  était  parvenue  à  lui  donner  , 
vient  dette  jugée  par  le  premier  conseil  de 
guerre  de  la  17'.  division  miliiaite. 


3ii 


Le  prévenu  élait  !e  citoyen  Poulet,  cjpiiaine 
rapporieur  près  le  premier  coostil  de  guerre  de 
la  i'.  division  militaire.  Ainsi  ,  l'homine  qui  , 
naguère  ministre  de  la  loi  ,  lui  préiait  son  organe, 
était  à  son  tour  réduit  à  lui  lépondre  ,  et  l'accu- 
sateur public  était  devenu  personnellement  ac- 
cusé. 

Le  fait  consistait  à  savoir  s'il  avait,  en  effet, 
commis  un  délit  de  double  perception  d'une 
somme  de  636  fr. 

En  vain  le  ministre  de  la  guerre  ,  juge  naturel, 
premier  juge  de  sa  comptabilité  ,  avait  reconnu 
qu'en  touchant  cette  somme  il  n'avait  lait  que 
toucher  partie  ,  même  légère  ,  de  ce  qui  lui  était 
dû  par  le  gouvernement,  et  la  lui  avait  ,  à  cet 
eiiet  ,  passée  en  compte. 

La  haine  ,  les  ressentimens  aigris  par  des  dif- 
férences d'opinions  politiques  ,  avaient  donné  à 
cet  acte  purement  administralit ,  et  déjj  adminis- 
trativenient  jugé  ,un  caractère  judiciaire,  et  le  ca- 
pitaine Poulet  était  depuis   un   an    djnslcs  i'ers. 

Les  consuls,  par  arrêté  du  7  yeadémiaire  au  9, 
évoquèrent  l'affaire  par  devant  le  picmier  conseil 
de  guerre  de  la   17'=.  division  milicaire. 

C'est-là  que  ,  les  9  et  10  de  ce  mois  ,  elle  a  été 
solemnellement  discutée  etjugée. 

Le  citoyen  Leroi  ,  capitaine-rapporteur,  a  fait 
preuve  ,  dans  cette  circonstance  ,  d'un  rjre  tal  ni 
d'analyse  ,  d'une  grande  sagacité  de  jugement  , 
-et  même  d'un  véritable   courage. 

Il  a  présenté  les  faits  avec  ordre  et  méthode  , 
jet  les  examinant  en  eux-mêmes  ,  les  mettant  à  leur 
juste  valeur  ,  il  a  plouvé  que  ce  qui  était  imputé 
comme  délit  ,  n'en  élait  point  un  ;  les  considé- 
lant  ensuite  dans  1  hypothèse  la  plus  défavorable 
pour  l'accusé  ,  il  a  fan  voir  qu  il  rr'y  avait  de  sa 
part  ,  non  pas  seulement  intention ,  mais  pas 
même  tentative  de  délit. 

Cette  conviction  n'était  pas  difîicile  à  acquérir  ; 
toutes  les  pièces  du  procès  avaient  fait,  pour 
ainsi  dire  ,  jaillir  à  tous  les  yeux  l'innocence  , 
l'irréprochabiliié  du  capitaine  Poulet  ;  et  le  conseil 
de  guerre  l'a  ,  en  effet,  acquitté  à  l'unanimiié  , 
l'a  icnvoyé  à  ses  fonctions  ,  et  a  ordonné  limpres- 
sion  de  ce  jugement  honorable  à  200  exiiiii- 
plaires.  (Extrait  du  journal  des  défenseurs.  ) 

—  Le  chef  du  bureau  des  archives  du  départe- 
ment des  Forêts  ,  le  citoyen  Hernig  ,  nous  éciit 
que  le  département  exposé  dans  les  hyvers  rigou- 
reux aux  ravages  des  loups ,  en  parait  cette  année 
particulièrement  menacé.  Le  préfet  ,  pour  arrêter 
les  progrès  de  ce  fléau  ,  a  ordonné  que  des  battues 
seraient  faites  cet  hyver  au  commencement  de 
chaque  mois.  La  correspondance  des  maires  dé- 
monirait  la  nécessité  de  celte  mrsure  ;  elle  fait 
connaître  les  actes  de  courage  d'une  foule  d'ha- 
bitans  qui  se  signalent  dans  ces  sortes  de  combats. 

—  De  senibl.ibles  détails  nous  sont  transmis  du 
département  des  Vosges.  On  nous  écrit  que  les 
citoyens  Emeiot  ,  manouvrier  ,  et  Claude  Carret . 
ont  arraché  trois  de  leurs  concitoyens  à  une  mort 
certaine    en  déiruisant  une   louve    furieuse.   Les 

'blessés  ont  reçu  du  citoyen  Dcsgouttej ,  préfet  des 
Vosges  ,  tous  les  secours  que  l'hurnaniié  exigeait , 
et  donné  aux  citoyens  que  nou  avons  nommés, 
des  témoignages  de  la  reconnaissance  n  tion.ile. 
Ce  lérfioignage  est  une  lettre  de  saiisfaction  à  la- 
quelle se  trouve  jointe  une  médaille  portant  l'em- 
preinte du  premier  consul.  Le  préfet  a  de  plus 
écrit  au  ministre  de  l'intérieur,  à  l'effet  d'obtenir 
pour  ces  braves  gens  une  récompense  extraor- 
dinaire. 

—  Le  citoyen  Moitié  ,  sculpteur,  vient  d'exé- 
cuter en  bas  -relief,  au-dessus  de  la  porte  d'en- 
trée de  la  galerie  des  antiques  ,  une  Minerve  de 
quatre  pieds  et  demi  de  propor'Ion.  Elle  tient 
d'une  main  la  lyre  ,  et  de  1  autre  une  couronne 
de  lauriers.  L'intention  du  sculpteur  a  été  de 
représenter  Minerve  présidant  aux  arts.  Le  style 
de  celte  jolie  figure  ei  le  bon  gotît  des  drape- 
ries sont  dignes  en  tout  de  la  réputation  de 
l'auteur. 

—  Le  troisième  vol'ime  de  la  Bibliothèque  des 
Romans  vient  de  paraître.  Il  contient  lEpouse 
infortunée  ,  nouvelic  iialienne  ;  Alcibiade  soli- 
taire ,  conte  ;  les  Mémoires  de  Lucie  d  Olbery  , 
traduits  de  l'anglais;  les  Faux-Pas  ou  Mémoires 
de  madame  ....    traduits  du  breton. 

—  On  cite  plusieurs  effets  du  dernier  ouragan  , 
qui  peuvent  passer  pour  de  vrais  phénomènes. 
Un  citoyen  ttès-instruii  en  histoire  naturelle  ,  et 
attaché  au  Jardin  des  Plantes  ,  disait  hier  qu'on 
lui  avait  envoyé  de  difFérens  endroits  de  la  France, 
des  oiseaux  reconnus  pour  n  habiier  que  des 
climats  tiès  -  éloignés.  Par  exemple  ,  on  en  a 
trouve  dans  les  déparicmens  du  Nord  que  les 
voyageurs  ont  décrits  parmi  ceux  du  Kamchatka. 
On  a  tué  au  Jardin  des  Planies  des  liirondelles 
de  mer»  (Journal  des  débais.  ) 

—  La  célèbre  improvisatrice  Morelli  ,  connue 
en  Europe  sous  le  nom  académiijue  deCorilla, 
est  morte  à  Florence  ,  le  22  bruniiiire ,  d'une  atta- 
que d'appoplexic;  elle  était  âgée  de  7a  ans.  Cette 
femme  ,  drjuée  d'un  talent  extraordinaire  pour 
I  improvisation  ,  a  eu  ,  comme  Pciratque  ,  l'hon- 
zieui  dêtrc   couiouiiée  <iu  ca^ilolc. 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

An-êté  du    17   frimaire. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  Icrappoitdu 
ministre   des   linances  ,  arrêtent  : 

Art.  1='.  Les  préfets  sont  chargés  de  surveiller 
la  perception  et  I  emploi  des  deniers  publics 
dans  leurs  départemens  respectifs. 

II.  Le  ministre  des  finances  donnera  connais- 
sance à  chaque  préfet,  des  fonds  et  des  ordres 
de  paiemeni  successivernenl  adressés  au  payeur 
du   iiésor  public. 

III.  Le  primidi  de  chaque  décade,  les  payeurs 
et  leurs  préposés ,  remettront  au  préfet  de  l'arron- 
dissement ,  la  noie  de  leur  avoir  en  caisse,  l'in- 
dication des  paiemens  par  eux  faits  d.jns  la  dé- 
cade précédente  ,  et  celle  des  paiemens  rtsiam  à 
eflectuer. 

IV.  Le  premier  de  chaque  mois  ,  le  piél'ei  vc- 
riliera  la  caisse  du  payeur,  airpicra  ses  rcuisires 
en  reeetle  et  en  dépense  .,  et  coiisiatera  le  nioriiani 
des  tonds  en  caisse:  les  vérificateurs  -  gérrér.iux 
seconderont  les  préfets  pour  cette  opéiairon  ,  et 
les  piètets  en  irairsmeilront  les  résultats  au  mi- 
nistre des  finances,  dans  les  premiers  jours  de 
chaque  mois  ,  pour  le   mois  piécédent. 

V.  Les  corps  qui  éprouveraient  du  retard  dans 
le  paiement  de  la  solae  ,  et  les  porteurs  d'ordon- 
nances qui  se  trouveraient  dans  le  même  cas, 
s'adresseront  aux  piélcts  qui  y  pourvoiront  , 
conformément  aux  insiructrons  données  par  la 
trésorerie  à  ses  payeurs  ,  ou  en  rélé.eiont  ,  s  il  est 
nécessaire  ,  au   ministre  des  finances. 

VI.  Dans  aucun  as  les  préfets  ne  pourront 
charfgec  ni  la  destination  ,  -.A  le  mode  des  paie- 
mens prescrits  par  les  insiructions  du  mirii6i:e 
des  finances  ou  du  direcieur  gênerai  du  trésor 
public. 

Le  ministre  des  finances  est  chargé  de  l'exécu- 
trou  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au  bulletin 
des  lois. 

Le  premier  consul.,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H   B.  Maret. 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Thiessé.. 

SÉANCE    DU     17      FRIMAIRE. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal  ,  le  tribunal 
procède  au  scrutin  pour  la  nomination  d'un 
membre  de  la  com  nission  d'a.iminisiralion  ;  le 
dépouilltr>ient  du  scrutin  donne  la  majorité  au 
citoyen  Jaucou  t. 

L'ordre  du  jour  appelle  les  observations  du 
ciioyea  Isnard  ,  sur  la  ciéaiion  et  suppiession 
d'offices  publics. 

Isnard.  Le  to  prairial  dernier,  je  vous  ai  pré- 
sené',^  citoyens  :ribuns  ,  trois  motions  d'ordre 
qui  m'avaient  paru  assez  importantes  pour  vous 
occuper  peudani  les  vacances  du  corps-législa- 
tif; mais  nos  sé/nces  étaient  rares,  et  le  tems 
■s'est  écoulé  sans  que  vous  ayez  pu  prendre  un 
parti.  Des  trois  motions  que  j'ai  préscnlées  ,  il 
en  est  deux  que  je  pourrai  vous  rappcle.r  sans 
doute  lorsque  le  gouvernement  vous  présentera 
des  projets  de  lois  relatifs  à  leur  objet,  je  livre 
donc  moi-même  à raj,.urnenient  celle  sur  le  mode 
de  régulariser  la  compt.ibiliié  ,  celle  sur  les  re- 
cettes et  les  dépenses  arniucllcs  de  l'érat  ;  nuis 
la  question  que  je  vous  ai  soumise  sur  les  créa- 
tions ou  suppressions  d'offices  publics  ,  me  pa- 
raît devoir  être  discutée  avant  la  pvésentation  qui 
vous  sera  faite  du  budjet  de  l'an  9. 

L'opinant  rappelle  ici  les  principaux  motifs 
énoncés  dans  sa  motion  d'ordre.  CVoyez  la  séance 
du  16  prairial  dernier.  ) 

Isnard.  J'appelle  votre  attention  sur  cet  ob- 
j  i  importani.  Le  gouvernement  enj  créant  des 
offices  publics,  s'est  écarté  des  vrais  principes  ; 
je  ne  puis  l'aitiibuer  qu'à  cette  espèce  d'iircer- 
trtude  inséparable  des  premiers  moryens  de  la 
mise  en  activité  d'une  constitution  nouvelle. 
Nous  sommes  placés  ,  tribuns ,  par  la  constitution 
pour  éclairer  les  incertitudes  par  la  discussion. 
Cet'e  discussion  doit  ici  servir  à  éclairer  le  gou- 
vernement sur  la  ligne  de  démarcation  à  établir, 
entre  les  offices  publics  et  les  commissions  mi- 
nistérielles, les  fonctions  nationales  et  celles  de 
confiance  des  ministres  ou  autres  agens  du  gou- 
vernement.   . 

Nous  ne  pouvons  nous  dissimuler  que  depuis 
la  mise  en  activité- de  la  constitution,  les  créa- 
tions, les  fixations  du  nombre  et,  de  traileraens 
d'oHicts  publics  oiït  été  très-mult  pli  es  ;  mais  je 
ne  puis  craindre  que  lesjmcsures  que  je  vous  prô- 
ne posesoientaliribuées  à  des  vues  i,t  opposi  rori  , 
parce  ijue  les  actes  contre  lesquels  je  m  élevé 
]iroviennent  d'urre  erreur,  parce  rjue  les  mesutts 
que  je  propose  sont  prescrites  par  la  constitu- 
tion. Nous    devons  prévenir  un  ét^bl  sseinenl  de 


budjet  ,  dans  lequel  des  créations  d'office  et  de» 
fixations  detratieineirs  sernlnernipirtforidé.-s  sur  un 
droit  du  i;oir\  ciiieriieiit.  Nous  devons  récla.nei- 
ou  la  conversion  des  tcgiemens  èii  projets  de 
lors  ,  ou  lannulhiiion  des  réglemens  qui  ont  créé 
des  offices  publics,  et  qui  en  ont  fixé  les  trai- 
lemens;  tels  soin  les  deux  nroycni  (]ui  paiaiss-nt 
indispensable.s  dans  la  questiori  qui  nous  occupe. 
Votre  vceu  dort  être  qu'il  ne  soit  créé  ou  supprii-nà 
aucun  otiice  public  ,  qu'il  ne  soit  déterminé  aucun 
montant  de  traiteme.rt  d'office  pubhc  qixcn.veîtu 
d'utie  loi.  je  demarrdc  .qu'rl  son  formé  une  com- 
mission pour  examiner  la  pioi..osition,de  1  é/nisT 
sion  de  ce  yceu  ,  pour  rassembler  les  actes  du 
gouvernement  qui,  depuis  la  mise  en  aciiv  té  di? 
la  constitution  ,  ont  créé  ou  supprimé  des  offices 
I  )iublics  ,  enfin',  jiour  proposer  au  tribunal  ,  sur 
I  ces  acti?-;,  ies  mesiues  prcicrites  ou  iridiijuées  par 
la    consiriuliiii). 

Siniéon.  Je  pensais  que  noire  collègue  av.iit 
abandonné  une  motion  qui  ,  f.iire  le  16  prairial 
dernier,  ne  fut  poini  contredite  ,  parce  ijrre  pei-- 
5onn.7  ne  se  ptésenta  pour  la  soutenir  :  puisqu'il 
la  lenouvelle  ,  je  piésenteiai  au  tribunal  les  obser- 
vations qui  nie  paraisse  jt  devoir  l'écarter. 

Elle  tend  à  ce  qu'il  ne  soit  créé  ou  supprimé 
aucun  office  prrbiic,  ([u'il  ire  soit  déieiminé  <iucun 
traitement  pour  un  office  public  qu'en  venu  d  une 
loi  ,  et  ijue  tous  les  olfices  publics  créés  par  dc-S 
arrêtés  des  consuls  ,  aieiit'à  cesser  jusqu'à  ce 
qu'une  loi  les  ait  établis. 

On  ne  nous  a  pas  ditjus'ju'à  ce  jour  r^juclles 
sont  les  lonctions  publi^nies  que  le  ;''oirv-erne- 
raent  a  etabires  ou  déléguéo  hors  de  se-,  pouvoii-s 
ou  attenti.ioirement  aux  lois.  Il  me  semL'la  iju  il 
n'a  délégué  que  dans  les  matières  rlorii  i'.ntribu- 
tion  lui  a  été  faite,  la  guerre,  la  marine  ,  la 
police. 

Notre  collègue  est  même  obligé  de  convi^nrf 
que  le  gouverrrement  qui  ne  peut  ie  pa-scrd  agen's 
doit  avoir  la  f.rculié  de  déiégn._r  des  i.jnctVons 
d^irs  un  orcirc  iirfériei.r;  m.iisil  von  !j  ligne  de 
dè:n;ircalion  cUns  ce  qu'rl  appelé  c/.';.-.  je  crois 
quil  n'y  a  plus  d  offices  dans  ia  lépubii'i.'.e  ;  nr.ris 
passons  le  mot  et  voyons  la  sig.irhciiion  qu  .1  lui 
donne. 

L'office  .  dit  notre  collègue  ,  est  une  d:iléj'itio7i 
de  fonctions  ou  de  pouvoirs  relr.tifs  à  I  .-mion  ,àia 
direction  ou  à  la  comuitution  ,  sous  la  responsabilité 
directe  envers  la  nation. 

Sans  ies  derniers  icrraes  de  ceiie  défi.Tiiion, 
tout  agent  du  gouvernement ,  le  muind  c  com- 
mis airr.iit  un  office;  car  il  ncn  est  aucun 'qui 
n'ait  iiuelqucs  fondions  ou  pouvoir-  rtlatits  à  l'ad- 
tion  .  a  la  difecnoir  ,  à  a  dccisiiin  ou  â  la  con- 
sultation. G  est  aor,c  U  rciponsabtUté  directe  envers 
lanationqVLi  co  ■siirucr.tii  ce  q-Je  rrone  collègue 
appelle  un  office  ,  er  le  disiingirevari  des  emplois 
auxquels  il  n'accorde  pris  ce  titre. 

Il  tant  r-narntenaiii  (|u  il  ninis  explique  ce  que 
c'est  que  la  responsabilité  directe  envers  la  nation. 
l  eut  ce  qui  est  rcsponsaL'ic  darrs  la  natioii 
à  d'.s  supérieurs  ,  jusqu'à  ce  qu'%:i  arrive  au  iro.s 
corps  irresponsables;  ie  énai-conseï  v.jieur  ,' I  • 
corps-législàirf  et  le  gouvernement.  Ce  n'est  donc 
pas  sous  ce  rapport  qu'on  p  ut  pirier  de  respon- 
sabilité directe  ;  elle  n'.-st  que  inésirate  ,  lorsqu  a- 
vani  de  répondre  à  la  nation  ou  aux  loix  ,  on 
répond  à  un  supérieur  par  qui  l'on  peut  être 
réprimandé  et  destitué. 

La  responsabilité, directe  ne  peut  pas  non  plus 
résulter  de  ce  que  I  accusateur  pub'ic  ou  le  com- 
missaire du  gouvernement  a  le  droit  de  pr.-uv- 
Euivre  devant  les  tribunaux,  ies  prévarications  d'un 
loireironnaire  qui  lui  est  renvoyé  ;  car  tout  fonc- 
tionnaire pouvant  êire  pjoursuivi  ,  aurait  donc  un 
orii.'Je. 

D'autre  part .  l'atticie  LXXV  de  la  consiiiution 
ne  permettant  de  poursuivre  les  agens  du  gouver- 
nement ,  autres  que  les  ministres  ,  pour  rJes  fans 
relaiils  à  leurs  lonctioiir.  ,  qu'en  verru  d  une  déci- 
sion flu  conseil-û'élat  ,  -il  s'ensuit  qu  aucun  agent 
du  gouvernement  ,  autre. que  ies  mini.-tres  ,  n  est 
dircctemeni  responsables  à  la  nation. 

Ce  n  est  donc  que  sur  les  ministres  que'  se 
trouvr;  placée  la  responsabilité  daecie.  Eux  seuls. 
en  eflct,  peuvent  ,  dans  Innpoiiance  de  leurs 
fonctions,  léser  grièvement  et  direciement  la 
nation.  Ils  sont  les  camions  du  gouvernement 
qui  est  irresponsable  ;  ils  sont  la  cons  ience  qui 
doit  tempérer  en  lui  la  soif  narurelle  du  pouvoir', 
l'éclairer  ,  l'avenir  d'e  ses  erieu.s  contre  ia'consri- 
tution  ;  ils  sont  la  main  sans  laquelle  les  actes  du 
gouvernement  n'auraient  point  d'exécution  ;  la 
main  qui  par  consér^uent  doit  se  refuser  à  un 
acte  inconsritulionrrel  ,  et  si  elle  le  signe ,  la  nation 
s'est  réservé  de  la  saisir.  C'est  pour  cela  qu'elle 
fait  dénoncer  les  ministres  par  le  iribunai  .  iju  elle 
les  fait  accuser  par  le  corps-législatif  et  juger  par 
une  haute-cour. 

Si  la  responsabililé  dirccie  envers  In,  rraiion 
constituait  1  office  ,  il  n'y  aurait  donc  d'office  cjue 
dans  les  mini'tetes. 

Ou  si  par  la  responsabililé  envers  la  aation  orj 
entenil  la  poursuite  jj.iur  piévaricaiion  ans  les 
fonctions  punliques  ,  il  s'ensuit  ijue  toui  fonctioi)- 
naire  ,  même  dans  1  ordra  le  plus  itilétieur,  a  iin 


3l2 


office  ;  car  tout  fonctionnaire ,  un  commis  aux 
barrières  ,  cjui  a  sans  douie  une  ronciion  relative 
à  Caciion  ,  peul  déliiujuer  et  éire  pouriuivi. 

Dans  ie  premier  car.  ,  s'il  n'y  a  d'otîice  rjue  dans 
les  ministères  ,  il  n'y  a  que  l.i  cré/.iion  et  la  sup- 
pression des  m'ciîteres  ijue  l:i  dcimiiion  de  noire 
collégU'.'  inlt-rditie. 

Dans  le  second  cas  ,  si  tout  fonctionnaire  res- 
ponsable a  un  iiilice  ,  le  gouvemeiinnt  ne  petit 
créer  ni  su;ipnmer  un  commis. 

La  dcfiniiinn  .jui  coii'iuit  à  ccfe  extrémité,  ou 
'-jni  n'éid'oiii  pas  ce  que"  l'en  vetn  prouver  ,  est 
M-Jcessairemcnt  mauvaise   ou    inutile;. 

Onse  1.1  serait  éparunée,  si  l'on  n'eût  pas  voulu 
songer  aux  olFices  que  la  lévolution  a  détruits. 

Le  gouvernement  était  dans  l'impossibili  é  de 
siijiprimtr  ou  de  ciécr 'des  ollices.  Il  s'est  donné 
-des  agens  ,  quand  il  etr  a  eu  besoin  pour  l'exer- 
cice des  pouvoi.s  qui  lui  soni  délégués  ;  il  a 
letianché  et  réformé  ceu.'i  qui  lui  éiaieni  inu- 
tiles. 

Combien  les  mots  influent  sur  les  quesrions  ? 
chacun  s'étonnerait  que  le  gouvernement  eût  créé 
t'es  offices  da.  s  une  république  qui  n'en  a  plus 
V'jtilii,  et  dans  laquelle  toutes  les  fonctions  sont 
aracvibles  on  passagères  ,  excepté  celles  de  sé- 
iiileur  et  de  juge  ;  mais  chacun  sentira  que  le 
gouvetrement  a  diî  se  donner  tous  les  agens  né- 
cessaires ,   et  la  question  deviendra   celle-ci. 

Le  gouvernement  peut-il  sans  une  loi  se  donner 
des  .-gens  >         ^ 

La  conitiiulion  ,  jalouse  d'assurer  1  indépen- 
dance et  même  la  composition  du  pouvoir  ju- 
diciaire ,  a  statué  que  la  ici  détermine  l'organi- 
sation des  ir'bunaux  .  leur  compétence  et  leur 
territoire;  le  gouvernement  ne  peut  donc  toucher 
à  ces  objets;  il  ne  peut  pas  même  augmenter  ou 
diminuer  ie  nombre  des  agtns  ou  commissaires 
et  substituts  qu'il  a  auprès  des  tribunaux  ,  parce 
que  ces  agens  (ont  partie  intégrante  de  l'orga- 
nisation. 

L'administration  civile  étant  une  des  attribu- 
tions principales  du  gouvernement  ,  la  constitu- 
tion a  pris  moins  de  soin  de  gêner  ses  pouvoirs 
dans  l'organisation  de  l'administration  ;  elle  s'était 
bornée  à  dire  que  le  territoire  de  la  république 
tu  Europe  est  distribué  en  départeraens  et  arron- 
dissemens  communaux. 

Cela  a  suffi  cependant  ,  pour  que  le  gouver- 
nement ait  dii  demander  une  loi  qui  divisât  le 
territoire  delà  république  et  en  organisât  l'admi- 
cistralion  civile. 

Cette  administration  intéressant  tous  les  ci- 
toyens individuellement  ,  son  organisation  doit 
êtiele  résultat  de  la  volonté  de  tous  ,  exprimée 
par  leurs  teprésentans  ;  elle  est  nécessairement 
matière  à  législation  ,  le  gouvernement  ne  pou- 
vant sans  une  loi  ,  établir  ou  supprimer  des  dé- 
parteraens ,  des  arrondissement  communaux  ,  des 
piélcclures  ,    des  mairies. 

-Mais  ,  si  la  constitution  a  mis  hors  de  son 
pouvoir  les  organisations  judiciaire  et  adininis- 
trJlive  ,  n'y  a-t^elle  pas  lai^sé  celle  des  diverses 
branches  d  administration  qui  n'intéressent  plus 
rL;n-.ve:s;.'.:ie  ûe.i  Cfançjis  comme  individus  et  ci- 
to\eiib:'  n  )■  a-t-cHe  pas  laissé  ce  qu'on  peut  ap- 
pelé: 1  ..dniinisiraiion  des  aflaires  publiques  ,  la- 
quelle embrasse  des  matières  Cjui  ,  quoique  d'un 
g:.ind  intérêt  national  ,  sont  indifiFérentes  à  un 
grand  nombre  d'individus  ? 

C  est  ainsi  que  la  constitut  on  a  dit  :  Le  gou- 
vernemenl  pourvoit  à  la  sûreté  intérieure  et  à  la 
défense  e:t'érieure  de  l'état  ;  il  distribue  les  forces 
de  terre   et   de    m-r  ,  et  en  règle  la  direction. 

L-  gouvtrine.uent  peut  donc  ,  pour  ces  choses  , 
qui  sont  a  sa  plus  libre  disposition,  prendre  telles 
mesures  qu  il  juge  convenables,  se  donner  les 
ag;ns  et  les  inbtrumens  qu'il  croit  nécessaires  ou 
utiles.  S  il  avait  besoin  pour  cela  de  lois  ,  il  n'ad- 
ministrerait ni  ne  gouvernerait ,  ce  serait  le  corps- 
législatif  qui  serait  le  véritable  administrateur  et 
gouvernerait  ,  puisque  tous  les  moyens  de  gou- 
vernement devraient  lui  être  soumis  pour  qu'il 
les  érigeai  en  loi. 

Quelle  est  la  fonction  publique  que  le  gou- 
gernement  ait  créée  au  de  là  de  ses  pouvoirs  et 
contre  la  constitution  ? 

On  prétend  qu'il  n'a  la  distribution  et  la  direc- 
tion des  forces  de  terre  et  de  mer  que  qu,int  aux 
localités  ,  quant  à  la  discipline  et  à  la  subordina- 
tion ;  rajis  pour  la  meilleure  discipline  et  la  meil- 
leure subordination  ,  lui  interdira-t-on  de  régler 
le  nombre  dts  bas-officiers  ,  des  officiers  supé- 
rieurs, des  inspecteurs,  des  directeurs  des  divers 


services  ?  L'organisation  des  forces  de  terre  et  de 
mer  sera-i-elle  l'objet  d'une  loi  ? 

Une  loi  doit  être  .constante  ;  elle  est  faite  pour 
le  piébcnt  comme  po.ur  l'avenir,  et  la  riistribu- 
tiLu]  de  ses  foices  p.eut  varier  chaque  année, selon 
les  circonsiances  •,■  elle  ne  peut  donc  être  que 
i  objet   d  un  légleraent  variable  comme  elles. 

Que  Ion  me  motitre  une  loi  qui  veuille  ijue  le 
gouvernement  ne  puisse  régler  le  service  de 
terre  et  de  mer  sans  y  être  autorisé  par  un  acte 
législaiif  ;  que  l'on  me  montre  une  loi  ijui  1  oblige 
à  n  avoir  en  officiers  ,  inaielots  ou  soldais  .  que  le 
nombre  que  lui  en  accordera  le  corps-iégistaiiif  ; 
à  n'administrer  les  poriS  que  par  des  agens  qui 
conservent  les  noms  anciens  dintendans  ou  de 
commissaires  de  la  marine,  plutôt  tjue  de  porter 
celui  de  préfet  ;  et  j'accuserai  toui-à-1  heure  ie 
gouvernement  d'inconsiituliounaliié  :  mais  si  on 
ne  l'a  pas  restreint  à  cet  excès,  je  dirji  qu'il  n'a 
fait  qu'user  de  ses  pcuvoirs  ,  en  modiliant  le 
nombre,  les  grades,  les  dénonainaiions  ,  et  que 
ces  choses  ne  sauçaient  être  de  la  compétence  du 

I  corps-législatif ,  d'abord  parce  qu'elles  sont  évi- 
demiTient  administratives  ,  mais  sur  -  tout  parce 
qu'elles  n'ont  pas  été  réservées  au  corps-iégislatif 
et  que  par  cela  seul  elles  font  parties  des  attribu- 
tions du  gouvernement. 

Les  seules  garanties  prises  contre  lui  sont  qu'il 
se  conformera  aux  lois  ;  qu'il  ne  fera  la  guerre 
ni  la  paix,  sans  le  consentement  du  corps-légis- 
latif; qu'il  n'excédera  ni  en  recettes  ni  en  dé- 
penses ,  les  fonds  qui  lui  sont  annuellement  ac- 
cordés. 

On  lui  oppose  cet  article  de  la  constiti^tion 
que  je  viens  de  citer.  On  dit  que  s'il  crée  des 
fonctions  ,  il  augmentera  les  dépenses  et  forcera 
à  de  nouvelles  recettes  ;  mais  c'esi-là  oir  vous 
l'arrêterez,  si  vous  jugez  qu'il  a  créé  des  fonc- 
tions superflues  ,    ou  qu'il   a  trop   multiplié    des 

I  fonctionnaires  utiles,  ou  qu'il  leur  a  attribué  trop 

;  d'appointement  ou  de  solde. 

)      Dans  cet  article   se  trouve  précisément   le   re- 
I  mede  au  mal  que  Ion  craint.  La  disposition  au- 
I  rait    dû    dissiper    toutes  les    inquiétudes    sur   la 
délégation  de  nouvelles  fonctions. 

En  effet ,  si  le  corps-législatif  accorde  pour  la 
guerre  i200  millions,  par  exemple  ,  et  8o  pour  la 
marine,  que  lui  impoite'ensuite  la  disiiibution 
de  ces  fonds  dans  chacun  de  ces  dépattemens  ? 
Le  corps-législatif  n'est  pas  chargé  de  prescrire 
le  mode  d'emploi  des  fonds  ,  mais  d'accorder 
eaux  qu'il  juge  convenir  à  la  nécessité  des  cir- 
constances et  à  la  situation  des  contribuables.  Le 
corps-législatif  peut  forcer  des  réductions  et  des 
économies  ,  en  refusant  si  on  lui  demande  trop. 
Mais  le  iribunat  n'a  pas  le  droit  de  se  plaindre 
comme  d'une  inconstitutionnalité  ,  de  ce  que  les 
fonds  accordés  par  le  corps-législatif  sont  appli- 
qués par  le  gouvernement  de  telle  ou  de  telle 
manière  ,  à  moins  que  cette  application  ne  soit 
contraire  aux  lois. 

Mais  on  ne  dénonce  rien  de  pareil ,  on  se  ré- 
pand en  des  généralités  .  on  ne  raisonne  point 
d'après  des  textes  précis ,  mais  plutôt  contre  des 
textes  ,  ou  du  moins  par  des  extensions  qui  ne 
sontjamais  permises  en  pareille  matière. 

C'est  plutôt  un  empiétement  du  pouvoir  légis- 
latif que  l'on  suggère  ,  que  la  répression  d'un 
excès  qui  n'existe  pas.  En  un  mot ,  des  chan- 
gemens  au  nombre  ,  aux  fonctions  et  aux  déno- 
minations des  agens  du  gouvernement  dans  les 
dépariemens  de  la  guerre  ,  de  la  marine  ,  de  la 
police  sont  indifierens. 

C'est  à  la  chose  qu'il  faut  aller. 

Le  gouvernement  ne  peut  pas  créer  de  nouveaux 
fonctionnaires  dans  l'ordre  judiciaire  qui  ne  lui 
appartient  pas. 

Il  ne  peut  pas  en  créer  dans  l'administration 
civile  ,  quoiqu'il  en  soit  le  chef.  Parce  qu'en  la 
lui  remettant,  la  loi  a  réglé  le  nombre  et  la  qua- 
lité de  ses  agens  dans  cette  partie. 

Mais  dans  toutes  les  autres  oià  la  loi  n'a  pas  pris 
le  même  soin  ,  il  peut  se  donner  tel  nombre 
I  d'agcns  qu'il  juge  nécessaire  ,  la  constitution  s'en 
est  rapportée  à  sa  prudence. 

On  a  fait  une  étrange  applicaticfn  de  l'ancienne 
déclaration  des  droits  ,  quand  on  rappelle  l'ar- 
ticle qui  déclare  que  nul  ne  peut  remplir  de 
fonction  publique  sans  délégation  légale.  Cela  ne 
veut  pas  dire  que  toute  fonction  publique  doit 
être  expressément  établie  par  une  loi  ;  mais  que 
tout  hommme   qui  fait  des  fonctions  publiques 


doit  en  avoir  reçu  la  délégation  par  celui  à  qui 
la  loi  permet  de  la  donner. 

Or  ,  si  le  gouvernement  ne  peut  pas  se  don.'aec 
des  agens  à  lui-même  ,  lui  qui  nomme  ceux  xjuet 
la  nation  a  voulu  plus  spécialement  établir  ,  je 
ne  sais  comment  il  pourra  gouverner. 

Dans  le  pouvoir  discrétionnaire  ,  abandsvnné 
au  gouvernement  pour  l'éiablisseinent  de  ses 
agens  ,  je  n'enthevois  que  que  deux  objets  de 
crainte  :  l'excès  de  dépenses  ,  et  ce  qui  sérail 
pire  ,  le  préjudice  à  la  sûreté  et  au  repos  des 
cifey«J33.  Il  ne  tient  qu'à  nous  de  réclamer  contre 
les  dépenses  inutiles  ,  s'il  y  en  a.  Nous  pouvons 
érnettre  dçs  veux  pour  telle  ou  telle  économie. 
Plus  efficacement ,  nous  pouvons  nous  opposer 
aux  articles  du  budjet  ,  ayant  pour  objet  des  sa- 
laires pour  des  fonctions  et  des  agens  qui  nou» 
paraîtraient  inutiles. 

Quant  à  la  sûreté  des  citoyens  ,  elle  restera  en- 
tière si ,  à  ces  agens  que  l'on  nous  délègue  comme 
inutiles  ,  il  n'a  été  délégué  aucune  fonction  excé- 
dant les  pouvoirs  du  gouvernement,  et  portant  sur 
des  citoyens  qui  ne  sont  soumis  ni  à  la  discipline 
des  armées  de  terre  et  de  mer ,  ni  à  l'action  de  ta 
police.  Or  on  ne  suppose  pas  même  que  le  gou- 
vérntnrent  ait  commis  cette  incompétence  :  oa 
ne  lui  reproche  que  ce  qu'il  a  pu  et  dû  faire  ,  s6 
donner  clés  agens  tels  qu'il  a  cru  que  la  nécessité 
du  service  l'exigeait. 

Enfin  on  a  dit  que  plus  le  gouvernement  se 
créerait  d'agens  ,  plus  il  augmenterait  son  in- 
fluence et  deviendrait  dangereux  pour  la  liberté. 
Cette  observation  vous  touchera  peu  d'abord  , 
parce  que  vous  avez  oui  dire  qu'au  contraire  il 
a  fait  des  économies  en  ce  genre  ;  mais  quand 
il  n'en  aurait  pas  fait ,  voudriez-vous  le  paraliser 
dans  l'exercice  de  ses  pouvoirs  ,  sous  le  prétexte 
que  cet  exercice  bien  dirigé  le  rendrait  tout-puis- 
sant ?  redouteriez  -  vous  une  influence  que  11 
constitution  n'a  pas  voulu  lui  ô'er  ?  Vous  ne 
voudriez  pas  être  plus  mélîans  qu'elle  ;  vous 
n'ambitionneriez  pas  d'être  plus  sage  :  vous  ne 
mettriez  pas  vos  craintes  à  la  place  de  ses  dispo- 
sitions ;  vous  ne  sortiriez  pas  des  limites  oià  elle 
nous  a  renfermés  pour  accuser  le  gouverne- 
ment qui  est  resté  dans  les  siennes  ,  de  les  avoir 
franchies. 

Je  demande  l'ovidre  du  jour  sur  la  motion. 

L'impression  de  de  discours  est  ordonnée. 

On  demande  à  passer  à  l'ordre  du  jour  sur 
les  propositions  d'Isnafd. 

L'ordre  du  jpur  est  adopté. 

Le  iribunat  se  forme  en  comité  secret. 

Les  spectateurs  se  retirent. 


COURS     DU    CHANGE. 
Course  du  11  frimaire. 

Rente  provisoire s3  fr.  63  c. 

Tiers  consolidé 34  fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  6o  c- 

Bons  d'arrérag* 86  fr.  25  c. 

Bons  pour  l'an  8 94  fr.  75  c. 

Syndicat 

Coupures 80  fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre,  de  la  Republique  et  ues  Arts. 
Auj.  Darda'nus  ,  opéra  en  3  actes  .  et  le  ballet 
de  la  Chercheuse  d'esprit. 

Incessamment  lOratorio  d'Haydn  ,  intitulé  la 
Création  du  Monde  .  parodié  et  mis  en  vers  fran- 
çais par  le  cit.  Ségur  jeune  .  traduit  de  l'allemand, 
et  la  musique  arrangée  parD.  Steibelt.  —  Le  prix 
des  places  sera   doublé. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
les  deux  Journées  .   opéra  en  3  actes. 

Théâtre  DES  JEUNES  élevés,  rue  deThionville. 
Auj.  r Ecole  de  f adolescence  ;  le  petit  Figaro  ,  et 
f  Amant  muet. 

errata. 

N°  74  du  Moniteur  (' 14  frimaire  an  9  ) ,  article 
des  copies  authentiques  relatives  aux  négocia- 
tions pour  la  paix,  etc.,  commencement  du 
cinquième  alinéa  de  la  4'^  colonne  ,  au-lieu  de  , 
telle  est  la  question  sous  cepoint  de  vue  du  droit , 
lisez  :  telle  est  la  question  sous  le  point  de  vue  du 
droit 

Ligne  19  du  5°  alinéa  de  la  8'  colonne,  même 
n°  ,  au-lieu  <ie  toutes  les  voix  proclamant  la  gloire 
qu'un  héros  de  la  France  honore  et  chérit  ,  lisez  : 
proclamant  la  gloire  d'un  héros  que  la  Trance  honore 
et  chérit. 


s ,   rut  de»  Poitev 


Le  priï  est  de  !5  flancs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois ,  cl  100  francs  pour  l'année  entière.  Onnes'abonae 


L'abonncmeol  se  fait  à  Par 
qu'au  commeucemeut  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  ieil.es  etl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  A  5S  E ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  n"  18;  II  faut  comprendre  dans  les  envois  le  porl  de» 
pays  a  .  Ion  ne  peut  affianchir.  Les  lettres  des  départemcns  non  affranchies  ,  ne  seront  point  ictirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,   et  adresser  loul  ce    qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  me  des 
foi  te  vins,  n**  i3,depuJ  fneufheuresdu  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cit.  Agasse ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


j^"  79. 


Nonidi  ,    1  9  frimaire  an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7   Nivôse  le   M  ONI  T  E  U  R  est  le  seul  journal  officiel. 
1!  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  acres  du  gouvernerneni ,  !es  nouvelles  des   armées  ,  ainsi   que  les  faits  et  les  notions  tan't'sur 
'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particulièrement  consacré   aux    sciencss  ,  ?:ix  arts  et    ?.ux  découvertes   nouvelles. 


EXTERIEUR. 

TURQUIE. 

Extrait  d'une  lettre  de  Constantinople ,  du  3 
brumaire  an  g  (  z5  octobre.  ) 

JDien  loin  d'avoir  rien  à  dire  de  l'Egypte  , 
i!05  nouvelles  de  ce  côié  sont  des  plus  vieilles, 
et  nos  communicaiions  nulles  ,  d'autant  plus  que 
Its  grands  préparatifs  de  guerre  se  tournent 
actucllennerit  ici  contre  Paswan  -  Oglu.  Il  a  été 
0rc!onné  à  Savr  Pacha  ,  fils  de  B.ial  ,  de  passer 
en  Romélie.avec  toutes  les  troupes  qui  ont  mur- 
mure et  montré  du  mcconientemenl  que  l'on  ait 
chai)t;é  leur  destination.  On  dit  qu'il  s'arrêtera  à 
A'idrinopoli  avec  un  corps  de  dix  mille  hom- 
mes,  et  que  Emdgi  Osman  Pacha  ,  Kulki  Pacha 
et  le  Pacha  de  Belgrade  ont  ordre  de  marcher 
contre  Paswan-Oglû  ;  mais  celui-ci  a  des  vivres 
et  des  muniiions  pour  deux  ans  à  Vidin  ,  et  peut 
encore  braver  l'autorité  du  grand  -  seigneur. 
On  ne  sait  trop  que  penser  ici  de  cette  nou- 
velle guerre  iniesiine  ,  et  qu'elles  suites  malheu- 
reuses elle  pourrait  avoir.  Cependant  il  paraît 
qu'on  a  totalement  abandonné  l'Egypte  pour  ne 
penser  (ju  à  Paswan.  Le  grand-visir  restera  avec 
vn  cjmp  àJafFe  ,  et  le  capitan-pacha  retourne 
avec    une   pa  tie    de  son  escadre 

L'jmiral  Uschacoff  est  parti  hier  pour  Sébas- 
lopoli  ,  mais  il  est  renirp  le  soir  et  est  mouillé 
à  l'embouchure  à  cause  de  la  contrariété  des 
vents.  Il  est  parti  fort  mécontent  etdelaPorie 
et  de' sa  cour.  La  Porte  cependant  lui  a  bonifié 
200  mille  piastres,  pour  indemnités  qu'il  fesait 
montçr  à  5oo  mille  ,  et  le  grand-seigneur  lui 
a  fait  cadeau  de  cinq  beaux  canons.  L  objet  des 
indemnités  que  la  cour  de  Pétersbourg  demande 
est  encoi'e  en  négociation  ,  et  a  été  soumis  à  la 
décision  de  Paul.  Mnis  la  cour  de  Pétersbourg  a 
été  tres-courro  icée  que  M.  Uschacoff,  sous  pré- 
texte que  l'escadie  était  composée  de  vieux  vais- 
seaux ,  n'a  pas  rempli  les  ordres  qu'on  lui  avait 
adressés  de  se  rendre  à  Malte  avec  les  troupes  du 
prince  Wolketisky  ,  et  s'en  est  revenu  avec 
pelles-ci. 

On  regarde  ici  comme  une  affaire  finie  l'orga- 
nisation du  gouvernement  des  îles  de  la  Mer- 
Adriatique  sous  la  protection  de  la  Russie  et  de 
la  Porte  ,  moyennant  un  tribut  annuel  aux  hulas 
à  l'instar  de  la  république  de  Raguse.  Les  députés 
partent  incessamment  ,  et  cette  nouvelle  répu- 
blique aristocratique  sera  représentée  auprès  de 
la  Porte  par  un  agent ,  comme  les  ragusins. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  20  novembre  (2g  brumaire.  ) 
PARLE  ME  N  T. 

CHAMBRE.   DES      COMMUNES. 

Séance  du  19  novembre. 

POPULATION    DE    LA    GRAIviDE  -  BRETAGNE. 

M.  Abbot  propose  un  bill  pour  constater  la 
population  de  la  Grande-Bretagne. 

M.  Abbot.  Si',  dans  tous  les  tems  et  dans  toutes 
lc5  circonstances  ,  il  a  été  avantageux  de  con- 
nsîire  la  population  d'un  pays,  on  peut  dire  que 
celle  connaissance  est  nécessaire  dans  un  mo- 
ment comme  celui-ci  ,  oià  la  disette  qu'on  éprouve 
sollicite  liritervenlion  particulière  du  parlement; 
où  des  mesures  extraordinaires  doivent  être  em- 
ployées pour  procurer  au  peuple  sa  subsistance. 
Si  l'on  n'a  pas  une  idée  exacte  du  nombre  des 
individus  qu  il  faut  nourrir  ,  il  est  impossible  de 
proportionner  ces  mesures  à  l'étendue  des  be- 
soins et  à  leur  urgence.  La  mesure  que  je  pro- 
pose a  encore  une  autre  milité;  elle  nous  fera 
connaître  si,  depuis  quelques  années,  la  popula- 
tion a  augmenté  ,  et  si  c  est  cette  augmcniaiion 
qui  ii^h  (jue  noire  pays  ne  produit  plus  assez 
jioui  l'exponalion  .  ni  même  pour  la  iiouriiture 
tje  ses  liabilans;  s'il  est  vrai  que  la  population 
ait  fait  des  progrès  étonnans  ,  s  il  est  viai  que  le 
pays  ne  produise  plus  (ie  quoi  nous  nourrir,  il 
îaudta  prendre  de  grandes  mesures  pour  étendre 
et  p-  ricciionncr  I  agriculture.  C'est  un  point  re- 
commandé spécialement  à  la  chambre  dans  le 
discours  de  ta  majesté.  > 

Ce  fur  sous  le  règne  d'Edouard  III  qu'on  fit, 
pour  la  première  fois  ,  un  relevé   rcgtilici  des  lia- 
biian»    de   l;i    Grande  -  Bretagne.    La    |iopulainui 
était    alors  d'environ    trois  luillioni   et  d-mi,  L 
uiétuc  l'ccenifmcnt  fut  fait  depuis ,  sous  la  reine 


Elisabeth  :  la  population  se  trouva  être  de  cinq 
millions.  Au  tems  de  la  restauration,  les  mesures 
violentes  exercées  contre  le.s  récmans  ,  occasion- 
nèrent un  autre  dénombrement  qui  donna  six 
millions  environ.  Au  tems  de  la  révolu;ion,  ou 
vers  la  fin  du  siècle  dernier,  la  population  paraît 
avoir  éié  portée  à  sept  millions  et  demi  ;  ei  l'opi- 
nion sur  ce  sujet  resta  la  même,  sans  examen 
ultérieur,  jusqu'à  la  paix  de  Paris  en  1763  A 
cette  époque  on  commença  à  croire  que  la  po- 
pulation avait  diminué  scnsibiemeni  ;  qu«,ltjues- 
unS  même  portèrent  cette  diminution  ,  depuis  la 
révolution  ,  à  un  million  et  demi.  Ces  notions 
ont  été  saisies. avec  la  plus  grande  avidité  ,  et  sou- 
tenues par  des  auteurs  recommandables  par  leurs 
lalens  et  par  la  profondeur  de  leurs  recherches. 
Pour  moi,  d'après  un  examen  approfondi,  je 
crois  qu'on  trouverait  que  la  population  ,  loin  de 
diminuer,  s  est  accrue  de  plus  de  deux  millions. 
Il  y  a  dîs  personnes  qui  pensent  aujourdhui 
qu'on.peut  l'évaluer  à  huit  millions  ,  pendant  que 
d'autres  assurent  positivement  que  la  poimlaiion 
est  augmentée  d'un-  quart  dans  toute  l'étendue  de 
la  Grande-Bretagne.  Je  crois  ne  pas  meure  les 
choses  trop  hautes  en  évaluant  à  onze  millions  la 
population  de  l'Angleterre. 

Q_uant  à  I  Ecosse  ,  je  ne  peux  rien  dire  de  posi- 
tif; je  suis  persuadé  néanmoins  que  ,  d'après  les 
états  les  plus  authentiques  ,  on  trouverait  que  la 
population  y  est  augmentée  aussi  d'un  quart. 

Comme  les  opinions  sont  partagées  sur  cette 
importante  mat'ere  .,  il  est  à  propos  de  les 
fixer  ,  par  des  principes  incontestables.  .  Pour 
écarter  tous  les  doutes  ,  nous  devons  adopter 
les  mesures  que  tous  les  étals  ont  employées 
dans  dis  occasions  semblables.  On  s'accorde 
assez  généralement  à  reconnaître  la  sagesse  de 
l'économie  poliiique  de  la  république  de  Hol- 
lande ;  cette  république  ,  à  difFéier.les  épo- 
ques ,  à  travaillé  à  constater  l'étendue  de  sa  po- 
pulation. En  Sut-de  ,  la  même  mesure  a  été 
adopiée  depuis  1749.  Dcui.  fois  depuis  que  le 
prince,  actuellement  régnant  est  monté  sur  le 
trône.  En  Espagne  ,  on  a  fait  le  dénombrement 
des  habitans  de  ce  royaume.  En  Amérique  ,  un 
recensement  eut  lieu  il  y  a  quelques  années  , 
et  il  p.araît  qu'on  vient  d'en  ordonner  un  nou- 
veau. Si  des  gouvernemens  de  constitutions  si 
différenies  ont  cru  devoir  adopter  ce  système  , 
pourcjuoi  ne  l'adopterions  nous  pas  dans  les 
circonstances  oiî  nous  nous  trouvons?  Les  moyens 
pour  parvenir  à  ce  résultat  ne  sont  pas  dilliciles  ; 
la  chambre  doit  se  rappeller  que  dcrniercrnent 
la  mesure  employée  pour  la  taxe  des  pauvres  , 
a  procuré  tous  lés  renseignemens  qu'on  désirait. 
Le  plan  qui  parut  le  plus  naturel  ,  consisiait  à 
adresser  une  séiie  de  questions  au  clergé  ,  dont 
les  membres  ,  par  leurs  rapports  intimes  avec  les 
habitans  du  pays  ,  étaient  très  en  éiai  de  donner 
tous  les  éclaircissemens  nécessaires.  Avec  les  la- 
ciliiés  que  leur  doni.e  leur  profession  ,  ils  auraient 
très-peu  de  chose  de  plus  à  faire  ,  pour  satis- 
faire aux  questions  qui  leur  seraient  faites  ,  sur 
la  population.  On  pourrait  aussi  consulter  les 
registres  des  naissances  et  des  morts  ,  ei  par 
tous  ces  moyens  ,  dirigés  avec  sagesse  ,  on  par- 
viendrait à  former  sur  cet  çbjet  un  jugement 
fondé  ,  qui  ,  en  fixant  l'opinion  de  la  généraiion 
actuelle  ,  servirait  de  base  au  jugement  qu'aurait 
à  porter  la  postérité.  Tels  sont  les  motifs  qui 
m'engagent  à  pioposer  un  bill  pour  constater  la 
population   de   la  Grande-Bretagne. 

M.  Wilberforce.  La  raison  et  la  nécessité  nou5 
cbmmand.;nt  impérieusement  la  mesure  qu  vient 
de  nous  être  proposée.  Sans  des  laisons  qu'il  est 
aisé  de  deviner  ,  le  public  ne  serait  pas  resté  dans 
l'ignorance  (ù  il  est  sur  une  matière  de  cette 
importance.  J'appuie  la  motion. 

M.  Robsoii..  Je  ci  ois  qu'il  serait  possible  aussi 
de  connaître  la  population,  en  fesanl  le  tableau 
compaié  de  la  quantité  de  blé  récoltée  l'année 
dernière  et  de  la  consommation.  Je  voudrais  sa- 
voir de  l'honorable  membre,  auteur  de  la  mo- 
tion ,  ail  conscniiiait  à  laisser  ajouter  cette 
clause   au  bill. 

M.  Jonej.J, approuve  la  proposition  de  l'hono- 
rabh-  membre. 

On  nomme  pour  rédiger   le    bill   M"  Abbot  , 
■Wilberforce  ,  Baker  et  le  maître  des  tôles. 
linj'orlaiion   du  blé. 

La  chambre  se  lorme  en  comité  pour  délibérer 
sur  les  piitnesà  accorder  pour  I  imi[  orlaiion  du 
blé  de  I  étranger. 


M  Ryder. ]e  voudrais  que  les  primes  commen- 
çasserit  au  1='  déce"mbre  1800,  et  continuassent 
jusqu'au  i"' octobre  1801 .  Je  voudrais  aussi  que 
le  prix  commun  du  blé,  dans  toute  .l'étendue 
du  royaume  ,  fiât  celui  de  la  place  de  Londres. 

C-s  clauses  étant  adoptées  ,  il  est  résolu  que 
veridredi  la  chambre  se  formera  en  comité  pour' 
délibérer  sur  le  bill. 

M.  Bragge  propose  un  bill  pour  la  continua- 
tion de  dittérens  actes  qui  expirent,  contre  l'ex- 
portation et  pour  l'imponaiion  de  plusieurs 
objet."!  de  subsistance  ,  d'exemption  de  droits  ,  ' 
etc.  Le  bill  est  lu  une  première  fois  ,  et  la  se- 
conde lecture  est  renvoyée  au  lendemain. 

M.  ilotir;?i.  J'appelle  l'attention  de  la  chambre 
sur  un  objet  très-important  ,  si  je  peux.le  traiter 
daris  ce  moment  sans  enfreindre  les  réglemens. 
Il  lit  une  résolution  qui  porte  en  substance, 
que  le  comité  nommé  pour  délibérer  sur  la 
cherté  et  la  disette  du  grain  ,  recevra  une'ins- 
truction  particulière  pour  examiner  s'il  ne  serait 
pas  possible  et  avan;ageux  de  constater  la  quan- 
tité de  grains  produits  par  l'Angleterre  ou  im- 
portés de  l'étranger  ,  et  si  certaines  mesures  men-. 
tionnées  dans  la  résoluiion  ne  seraient  pas-  pro-. 
près  à  remplir  cet  obje'. 

L'orateur  de  la  chambre.  Je  dois  faire  observet, 
à  la  chambre  que  la  motion  qu'elle  vient  d'en- 
tendre est  non-seulement  inusitée  ,  mais  .même 
sans  exemple.  Le  comité  est  déjà  investi  de 
pleins  pouvoirs  ,  pour^considéicr  les  objets  relaté» 
dans  sa  motion. 

M.  Buxton.  C'est  la  motion  la  plus  extraordi- 
naire qui  ait  jamais  été  faiie. 

M.  Robion  retire  sa  motion  ,  et  la  chanibre 
s'ajourne   au  lendemain.      [Extrait   du  Star.) 

Séance  du  20  novembre.  ' 

M.  Mannmg  propose    et   obtient   la  formation 
d'un  comité  chargé  de  s'occuper  de  l'état  du  com- 
merce du  charbon  ,  et  de  rechercher   les  causes 
j  qui  l'ont  fait  renchérir. 

M.  Jones  demande  qu'il  soit  remis  à  la  chambre 
!  un  état  des  troupes  étrangères  au  service  de  la 
!  Grande-Bretagne.  —  M.  ■Wnidham  y  consent  après 
i  avoir  observé  ,  cependant  .  que  cet  éi?.i  se  trouve 
:  déjà  porté  dans  les  estjmadons  de  l'armée.  Il 
'  s'élevis  à  ce  sujet  une  discussion  entre  M.  Pitt  et 
M.  ïierney.  Le  premier  trouve  peu  digne  de  la 
.,  chambre  de  s'occuper  de  motions  qui  n'ont  d'objet 
j  que  de  satisfaire  la  curiosiié  personnelle  de  quel- 
j  ques  membres.  — M.  Tierney  est  à  son  tour  sur-, 
'  pris  que  les  ministies  refusent  des  éclaircissemens 
;  pour  piouver  l'existence  de  troupes  qui  coûtent 
600,000  I.  st.  par  an. 

I      La   motion  de  M.  Jones  est  mise  aux  voix  et 
.  passe  dcfiniiivement. 

I  M. Sheridansehvs  dans  l'intention  de  demander 
i  ceitâins  papiet^s  sans  lesquels  il  pieiend  que  ceux 
déjà  communiqLiés  sont  incomplets  et  inutiles.' 
Ije  me  propose,  dit-il,  de  faire  lundi  prochain' 
:  une  motion  pour  qu'ils  soient  tous  pris  en  consi- 
■  délation,  Lesrainistresauraienidû  ei:x-mêmes  pré- 
venir la  demande  pour  contiaîire  l'opinion  de  la 
chimbresur  cette  affaire  importante.  Si  le  très- 
honorable  membre  ,  dit  encore  que  les  mèmbrei 
de  ce  côié  de'mandent  des  papi  rs  inutiles,  il  doit: 
leur  croire  une  perscvérai.ce  aussi  m.ignanimo 
tjuc  la  sienne  ,  car  il  est  bien  connu  qu  il  ne  cédé 
jamais  à  leur  requête.  J'e.îpere  -^ue  si  ma  motiori 
éprouve  drs  obstacles  oe  la  pan  des  ministres  ,  ils 
fourniront  au  moins  quelques  raisons  solides  pour 
prouver  que  les  circonstances  préscnies  n'exigent 
point  une  enquê'e.  Jamais  en  effet  enquête  ne  fut 
plus  nécessaire  ,  excepié  peut-être  dans  la  guerre 
d'Amérique  ,  lorsque  le  très-honorable  membre 
réprouvait  avec  une  éloquence  si  sévère  la  con- 
duite des  ministres. 

M.  Sheiidan  reproduit  quelques-uns  des  argu- 
mehs  dijà  iin[iloyés  contre  la  guerre  ,  et  termine 
son   discours  en   demandant  copie  : 

1°.  Des  articles  signés  à  Paris  par  M.  le  cpinla 
de  Saint-Julien  ,  et  désignés  par  M.  Oi.to  sous  la 
nom  de  Préliminaires  de  Paix. 

2".  De  toute  remonirance  ou  présentalion  faite 
à  ce  sujet  par  lord  Minto  à  la  cour  de  Vienne. 

3.".  Des  déclarations  expresses  faites  p.ir  S.  M. 
l'eiupereur  (  lesquelles  lord  Grcnvi'le  alliinre 
avoir  été  transmises)  à  la  cour  de  Londres,  pour 
I  inlormer  que  les  plumiers  articles  n'avaient  pomr 
été  autorisés  et  dev-'icnl  ctiti  tejjafdés  eonii»»  al>'' 
solumcnt  nuls. 


ài. 


4".  De  toute  r^résenéation  ou  sollicitation  faite 
à  la  cour  de  Vienne  par  lord  Minto  au  sujet  des 
négociations  .  après  que  la  correspondance  eut 
cortimencé  entre  l'empereur  et  le  gouvernetnent 
français,  relativement  à  des  ouvertures  de  paix,  et 
avant  la  lettre  de  S.  S. ,  datée  de  Vienne  le  9  août 
j8oo. 

5°.  De  toutes  les  communications  faites  en 
vertu  des  ordres  de  l'empereur  à  lord  Minto  par 
le  baron  de  Thugut  ,  au  sujet  de  la  correspon- 
dance de  l'Autriche  et  de  la  France  pour  la  paix  , 
et  transmises  ensuite  à  la  cour  de  Londres  par 
lord  Minto. 

6°.  De  toutes  les  communications  reçues  par 
les  minisires  de  S.  M.  de  la  cour  de  Vienne  ,  après 
qu'une  correspondance  fut  établie  entre  lerape- 
reur  et  la  France ,  eic.  pour  assurer  que  S.  M.  l'em- 
pereur ne  voulait  en  aucune  manière  traiter  de  la 
paix-,  sinon  conjointement  avec  C Angleterre. 

7°.  Des  pleins-pouvoirs  originaires  et  des  ins- 
tructions données  par  les  ministres  à  sir  Sidney 
Smith  ,  lors  de  sa  mission  près  la  Porte  otto- 
mane ,  et  de  son  commandement  sur  la  côte 
d  Egypte. 

8°.  De  toutes  les  lettres  ou  extraits  de  lettres 
du  ministre  de  S.  M.  à  Constaniinople  ,  relative- 
ment à  l'autorité  ou  aux  instructions  qu'il  a  pu 
donner  à  sir  Sidney  Smith  ,  pour  traiter  de  l'éva- 
cuation de  l'Egypte  par  les  français. 

9°.  De  toutes  les  lettres  ou  extraits  de  lettres 
dudit  ministre  ou  de  sir  Sidney  Smith  ,  rela- 
fîvement  à  toute  adresse  imprimée  ,  que  sir  Sidney 
Smiih  aurait  pii  faire  circuler  dans  l'armée 
française. 

10".  De  ladite  adresse  ou  pièce  imprimée  que 
sir  Sidney  Smith  aurait  ainsi  fait  circuler. 

11°.  Des  dépêches  envoyées  aux  ministres  de 
S.  M.  par  sir  J.  Douglas  ,  contenant  un  rapport 
de  la  convention  d'El-Arisch. 

12°.  De  tout  pouvoir  nouve*u  envoyé  à  sir 
Sidney  Smith  ,  lorsqu'il  fut  autorisé  à  engager  la 
foi  britannique  pour  la  raiification  ou  pour  le 
Tenouvellement  de   la  négociation. 

l3°.  Des  lettres  ou  extraits  de  lettres  de  sir 
Sidney  Smith,  ou  de  lord  Elgin ,  lorsque  celte 
négociation  manqua  ,  ainsi  que  du  rapport  de  la 
nomination  et  du  résultat  infructueux  de  la  mis- 
sion de  M.  Wright ,  au  même  sujet. 

14°.  De  rengagement  officiel  que  lord  Grenville 
affirme  avoir  été  contracté  ti  par  le  générai  Kleber 
i«  dans  sa  lelire  au  kaimakan  ,  dans  laquelle  ce 
»»  général  ,  alors  commandant  en  chef  de  l'armée 
11  française  en  Egypte  ,  et  par  conséquent  revêtu 
>'  de  pleins-pouvoirs  nécessaires  pour  lier  son 
n  gouvernement  à  cet  égard  ,  promet  formeile- 
11  ment  que  la  convention  d'El-Arisch  sera  exé- 
>i  cutée  aussitôt  que  le  consentement  de  S.  M.  lui 
»5  aura  été  notifié.  >» 

M.  Titt.  L'honorable  membre  a  fait  précéder 
Sa  motion  par  une  grande  variété  de  remarques 
sur  la  disposition  générale  des  ministres  à  refuser 
les  papiers  et  les  renseigneraens  que  les  mem- 
bres opposés  demandent  avec  tant  de  persévérance 
et  de  magnanimité.  Il  devrait  être  frappé  de  la  néces- 
sité de  refuser  ,  au  moins  d^ns  quelques  circons- 
tances ,  ces  sortes  d'informations  ;  lui-même  il  a 
été  obligé  de  réprimer  le  zèle  et  la  magnanimité 
de  l'un  de  ses  amis  (M.  Jones)  ,  qui  demandait  un 
papier  dont  la  publicité  lui  a  paru  pouvoir  être 
aussi  avantageuse  à  l'ennemi  qu'au  parlement 
britannique.  Sans  doute ,  après  cet  exemple  de 
précauiion ,  les  ministres  seront  excusés  s'ils  re- 
fusent de  communiquer  indistinctement  tous  les 
papiers  que  la  curiosité  personnelle  peut  ré- 
clamer. 

L'honorable  membre  a,  dans  une  circonstance 
toute  récente ,  exprimé  le  désir  de  concourir  au 
soulagement  du  peuple  ,  et  ,  s'il  me  permet  de 
lui  faire  un  compliment ,  je  suis  persuadé  que 
ce  vœu  provenait  de  la  générosité  et  de  la  sen- 
sibilité de  son  cœur;  il  était  prêt  à  aider  le  gou- 
vernement de  tous  ses  efforts  en  ce  qui  concer- 
nait la  disette  actuelle  ,  et  ,  le  premier  dans  la 
session  présente ,  il  témoigna  sa  satisfaction  de 
voir  que  l'attention  de  la  chambre  ne  serait  dis- 
traite de  cet  important  objet ,  ni  par  la  question 
de  la  guerre  et  de  la  paix  ,  ni  par  aucune  autre 
discussion  sur  des  points  contestés.  L'honorable 
membre  voyait  le  vaisseau  de  l'état  prêt  à  couler, 
et  s'est  mis  aux  pompes  pour  le  sauver.  Pendant 
qu'il  travaillait  avec  tant  de  zèle ,  a-t-il  été  frappé 
de  l'idée  ,  que  l'inconvénient  de  se  détourner 
de  cet  ouvrage  avait  cessé  ?  Pense-t-il  qu'à  présent 
ia  question  de  la  guerre  et  de  la  paix  puisse  être 
agitée  sans  apporter  des  obstacles  aux  salutaires 
mesures  auxquelles  il  était  si  empressé  de  con- 
courir ?  J'espère  qu'il  me  sera  permis  de  croire 
encore  le  contraire ,  et  je  vois  avec  un  véritable 
plaisir  que  les  sentimens  de  l'honorable  membre 
n'-ont  point  changé  à  cet  égard.  Il  ne  voulait  pas 
toucher  la  question  de  la  paix  et  de  la  guerre 
à  moins  qu'il  n'y  fût  forcé.,..  Mais  un  examen 
de  la  conduite  des  dernières  négociations  ne  de- 
vait pas  être  évilé  ,  quelques  plausibles  que  fus- 
sent les  prétextes  paur  le  différer.  L'honorable 
membre  peut  être  tranquiUé<^  Nous  n'avons  au- 


cune raison  pour  déclîaer  la  discussion  qu'il  sem- 
ble vouloir  provoquer.  Nous  ne  sommes  point 
dans  la  nécessité  de  solliciter  une  opinion  ;  nous 
savdns  qu'à  cet  égard  l'opinion  de  la  chambre 
est  généralement  formée.  Notre  seul  motif  pour 
écarter  une  discussion  He  cette  nature  ,  serait  la 
crainte  qu'elle  n'imerrompît  le  progiès  des  me- 
sures en  faveur  desquelles  la  chambre  a  manifesté 
un  vœu  si  général.  Quant  à  la  conduite  des  mi- 
nistres dans  la  dernière  négociation  ,  i:s  se  flat- 
tent qu'elle  a  été  uniquement  dirigée  vers  l  in- 
dépendance, la  sûreté  et  Ihonneur  de  la  Grande- 
Bretagne. 

Mais  pour  en  venir  directement  à  la  motion 
de  l'honorable  membre  ,  j  observerai  qu'elle  se 
subdivise  en  un  si  grand  nombre  de  détails,  que 
je  n'ai  pas  pu  les  concevoir  assez  bien  à  la  pre- 
mière lecture  ,  pour  être  sûr  de  pouvoir  répondre 
convenablement  par  rapport  à  chacun  des  papieis 
que  l'honorable  membre  demande.  Cette  motion 
me  parsîi  cependant  avoir  deux  principaux  objets 
en  vue,  une  explication  sur  ce  qui  s'est  passé  en 
Egypte  ,  et  un  examen  pour  savoir  jusqu'oîi  nous 
devons  compter  sur  la  sincérité  de  I  Autriche  dans 
une  négociation  conjointe. 

Le  premier  point  a  déjà  été  discuté  plus  d'une 
fois.  Ce  que  je  vais  dire  suffira  peut-être  pour 
satisfaire  1  honorable   membre  sur  le  second. 

S  il  était  possible  de  communiquer  à  la  chambre 
toutes  les  pièces  de  la  correspondance  ,  qui  a 
eu  lieu  entre  le  cabinet  autrichien  et  les  ministres 
de  S.  M.  ,  depuis  que  le  premier  consul  a  pris  les 
rênes  du  gouvernement  français  ,  et  depuis  qu'il  a 
faitdes  propositions  de  paix  séparées  ,  lani  à  l'Au- 
triche qu'à  la  Gtande-Bretagne  ,  on  verrait  que 
pas  une  de  ces  pièces,  pas  une  seule  des  expres- 
sions qui  s'y  trouvent,  ne  peut  donner  lieu  à  la 
plus  légère  supposition  que  jamais ,  pendant  cette 
iniervalle  ,  l'Autriche  ait  entretenu  le  dessein  de 
faire  une  paix  séparée.  Je  n'hésite  pas  même 
d  affimer  comme  un  fait  ,  qu'après  la  bataille  de 
M.irengo  ,  lorsqu  au  lieu  de  cet  heureux  succès  , 
qui  semblait  devoir  terminer  la  longue  querelle 
dont  gémit  l'humaniié  ,  1  Europe  vit  briser  et  ren- 
verser ses  espérances  par  une  des  vicissitudes  les 
plus  inattendues  ,  qui  aient  jirti.ris  marqué  les 
chances  de  la  guerre  ;  je  n'hésite  pas ,  dis-je  , 
d'affirmer  que,  même  à  celle  époque  critique  , 
l'Autriche  ne  conçut  point  l'idée  d'une  paix  sé- 
parée ,  et  depuis  cette  époque  jusqu'à  la  date  des 
dépêches  reçues  aujourd  hui  ,  le  4 ,  nous  avons 
les  assurances  les  plus  positives  et  les  plus  di- 
rectes, que  l'Autriche  est  déterminée  à  ne  traiter 
qu'en  commun  et  de  concert  avec  l'Angleterre. 
Cependant ,  si  l'on  me  demandait  de  garantir 
que  ,  dans  aucune  circonstance  possible  ,  l'Au- 
triche n'écoutera  des  propositions  séparées  .  c'est 
ce  que  je  ne  pourrais  faire  sans  une  présomption 
téméraire.  Je  déclarerai  seulement  avec  la  plus 
parfaite  sincérité  ,que  tout  ce  que  je  sais  des  cir- 
constances relatives  aux  vues  et  aux  intérêts  de 
l'Autriche  ,.  m  autoriserait  à  lui  conseiller  de  ne 
point  faire  de  paix  séparée  ,  que  simple  spec- 
tateur et  sans  avoir  rien  de  commun  avec  son 
sort  ,  je  lui  dirais  hardiment  qu'elle  n'a  rien  à 
craindre  de  ia  continuation  de  celle  lutle.  Mais 
après  les  éttanges  et  soudaines  variations  ,  dont 
la  guerre  présente  nous  a  offert  de  si  mémorables 
exemples  ,  je  ne  répondrais  pas  qu'aucun  chan- 
gement ne  pût  influer  sur  les  plans  de  I  Autriche. 
Faudra-t-il  prési-nter  des  papiers  pour  prouver 
cette  assertion  ?  Je  crois ,  qu'après  tout  ce  que  je 
viens  d'observer,  la  chambre  généralement  ne  la 
révoquera  point  en  doute. 

Chaque  membre  doit  sentir  que  les  papiers 
demandés  ne  sont  point  de  la  nature  des  papiers 
de  nos  bureaux ,  que  le  parlement  a  le  droit 
d'exiger.  Ces  papieis  ont  été  transmis  dans  les 
rapports  confidentiels  des  deux  cours  alliées  ;  ils 
contiennent  un  grand  nombre  de  détails  ,  qui 
embrassent  intimement  les  intérêts  particuliers 
d'une  autre  puissance.  Nous  n'avons  point  le  droit 
de  demander  ni  de  produire  de  pareils  papiers. 
Nous  ne  savons  pas  combien  leur  publicité  peut 
nuire  à  la  cause  d'une  allié  que  le  devoir  et 
l'honneur  nous  obligent  à  soutenir.  D'ailleurs  , 
la  production  de  ces  papiers  détruirait  l'ame  de 


l'on  assure  jetter  un  sî  grand  jour  sur  cet  évé- 
nement ?  La  prétendue  discrétion  dès  ministres 
ne  sert  à  rien  dans  cette  circonstance.  Ce  papier 
que  leurs  égards  scrupuleux  nous  refusent  ,  se 
trouve  ,  au  moins  en  substance  dans  tous  les 
papiers  publics.  Ne  vaudrait-il  pas  ràieux  lermintr 
nos  doutes  en  nous  en  donnant  la  copie  authen- 
tique ? 

Lord  Ha7vkesbur)<  répond  au  discours  de  l'hono- 
rable membre  (M.  Hobhouse  )  et  insiste  contre 
l'abus  de  faire  des  motlo;:»  pour  obtenir  dci 
communications  inutiles  ou  dangereuses.  Il 
observe  que  les  préliminaires  de  paix  ont  éié" 
signés  le  2g  juillet.  C'est  .  ajoute  lord  H^wkes- 
bury  ,  une  lorte  présomption  pour  supposer  que 
M-  de  St.  Julien  n'avait  point  reçu  à  cet  égard 
dinsiructions   préalables. 

M-  NichoUs  dit  ,  que  les  objections  élevées  pir 
le  chancelier  de  1  échiquier  contre  la  motion  ,  ne 
lui  paraissent  rien  laisser  à  répondre.  Il  est  con-7 
vaincu  qu'il  serait  trés-déplacé  .  dans  la  circons- 
tance présente  ,  d'établir  une  discussion  sur  des 
pièces  relatives  à  l'Autriche.  Peut-être  des  né-* 
gociaiions  se  sont  elles  rouvertes  entre  la  France 
et  ce  pays  ,  et  la  publicité  de  pareils  papiers  ne 
pourrait  cjuapporter  des  obstacles  à  la  paix. 
Quand  même  aucun  membre  n'appuyerait  M.  Ni- 
choUs ,  il  s'opposerait  à  la  motion  et  protesterait 
seul  contre   toute  discussion  sur  ce  sujet. 

Le  Dr.  Lawrence  ne  peut  admettre  la  doctrine 
du  très-honorable  membre  (  lord  Hawkesbuty  ). 
Les  membres  de  la  chambre  ont ,  dans  tous  les 
cas  ,  le  droit  de  demander  les  papiers  qu'ils 
jugent  à  propos ,  et  il  ne  sied  point  aux  ministres 
de  s'y  refuser  .  sous  des  prétextes  frivoles.  Mais 
dans  la  circonstance  présente  le  Dr.  Lavvrence 
croit  la  discussion  superflue  et  il  s'oppose  à  la 
motion. 

Af.  Sheridan  reprend  la  parole.  Après  avoir 
répondu  à  diverses  objections  élevées  contre  sa 
motion  ,  il  entre  dans  une  suite  de  détails  pour 
se  justifier  de  I  accusation  d'inconséquence.  Le 
très-honorable  membre,  dii-il,  m'accorde  d'être 
disposé  à  servir  la  cause  publique  ,  quand  je  suis 
le  pcnchani  de  mon  cœur  ,  mais  il  prétend  que 
celte  disposition  n'est  que  momentanée  dan»  ses 
effets.  J  espère  pouvoir  avancer  ,  sans  impuiatioa 
de  vanité  ,  que  le  désir  de  servir  la  cause  publique 
n'a  point  été  en  moi  une  impulsion  temporaire. 
Ce  lut  toujours  le  principe  régulateur  de  ma 
conduite.  Depuis  25  ans  ,  je  suis  entré  dans  ma 
carrière  publique  ,  et  pendant  20  années  j'ai 
occupé  un  siège  au  parlement.  Je  n'ai -eu  ,  dan» 
ce  long  intervalle  ,  qu'un  seul  objet  en  vue.  J  aï 
uniformément  suivi  un  seul  principe  ,  mon  atta- 
chement pour  la  grande  cause  de  la  liberté.  Je 
ne  crains  point  de  soumettre  ma  conduiie  poli- 
tique à  l'épreuve  de  la  plus  sévère  enquête.  Si 
jam^iis  j  ai  renoncé  aux  principes  fondamentaux 
de  liberté  que  j  ai  embrassés  de  si  bonne  heure  j, 
si  jamais  j'ai  renoncé  à  ces  sentimens  qui  ont  animé 
ma  jeunesse;  si  jamais  j'ai  abandonné  la  société 
que  j'avais  suivie  pour  le  miinlien  de  la  constitu- 
tion ;  si  mi  vie  a  été  marquée  de  semiilables  révo- 
lutions, alors  on  pourra  m'imputer  de  l'inconsé- 
quence. Jusque-là  j'en  nierai  I  accusation. 

M.  Sheridan  termine  son  discours  par  des  obser- 
vations relatives  à  ce  qui  s'est  passé  en  Egypte, 
et  annonce  l'intention  de  faire  une  motion  à  ce 
sujet  lundi  ,  pourvu  toutefois  qu'elle  ne  puisse 
relarder  l'enquête  sur  la  disette  actuelle. 

M.  Dundas  lit  l'extrait  d'une  lettre  de  l'aide- 
de-camp  de  Kleber  ,  pour  prouver  que  l'inten- 
tion de  ce  général  était  d'évacuer  lEgypte  aussitôt 
que  le  consentement  du.roi  d'Angleterre  lui  serait 
connu. 

La  motion  Je  M  Sheridan  est  mise  aux  voix 
et  rejettée  sans  division. 

(  Extrait  du  courrier  de  Londres  ). 

Du  2g  novembre  (  %  frimaire.  J 

Plusieurs  captures  ont  élé  faites  dernièrement 
sur  la  côte  orientale  de  cette  île  par  Iss  croiseurs 
de  l'ennemi.  On  ne  compte  pas  moins  de  14 
bâiimens    pris  ,    dont   quelques  -  uns    richement 


la   confidence  entre  les   deux   cours  alliées,   en     chargés.  On  appréhende  le  même  sort  pour  beau- 
prouvanl  que  nous  cherchons  à  rendre  la  publicité  {  coup  d'autres. 


de  la  coirespondance  qui  peut  avoir  lieu  entre 
des  souverains  ,  aussi  exigible  que  la  nôtre.  J'es- 
père donc  que  la  chambré  croira  la  vérité  des 
faits  que  j'ai  avancés  ,  sur  ma  simple  assertion; 
je  l'espère  d'autant  plus  j'ai  parlé  en  présence  de 
plusieurs  personnes  ,  qui  connaissent  ces  faits 
ainsi  que  moi. 

IJl.  Hchhouse  prend  la  parole  ,  et  après  avoir 
justifie  avec  beaucoup  de  chaleur  l'honorable 
membre  (M.  Sheridan  )  contre  l'accusation  d'in- 
conséquence ,  il  passe  à  la  discussion  de  la 
dernière  négociation.  Il  s'arrête  pariiculierement 
sur  ce  quia  rapport  aux  préliminaires  signés  par 
M.  de  St.  Julien.  On  peut  ,  dit-il  ,  soupçonner 
1  Autriche  de  fraude  et  de  duplicité  dans  celte 
transaction;  on  peut  soupçonner  que  cette  fraude 
a  élé  sollicitée  par  linfluence  et  payée  par  l'or 
de  la  Grande-Bretagne.  Pourquoi  donc  nouS 
refuser  les  pièces    de    ia  correspondance,   qua 


La  crainte  de  quelques  troubles  dans  le  'War- 
wickshire  et  le  Siatfordshire  ,  y  a  fait  envoyer  un 
grand  nombre  de    troupes. 

Les  corps  cantonnés  dans  les  environs  de  Bir- 
mingham et  de  New-Castle  ,  ont  été  renforcé» 
par  les  milices  de  la  partie  orientale  de  Suffolk  , 
de  Middlesex  ,  de  Norfolk  et  pour  quiSlques 
régimens   de  ligne. 

Deux  transports  appartenant  à  notre  flotte  d« 
la  Méditerranée  ,  et  qui  étaient  chargés  d'artil- 
lerie ,  de  bombes  ,  de  boulets  ,  de  25o  baril» 
de  poudre,  etc.  sont  tombés  au  pouvoir  des 
espagnols 

La  belle  et  célèbre  comtesse  de  Massarene  vient 
çle  mourir  à  Blackheat ,  âgée  de  38  ans  ,  des 
suites  d'une  maladie  connue  sous  le  nom  d'an- 
gina  pecloris.  Elle  était  privée  de  poumon  du  coté 
de  la  poitrine  ,  tandis  que  de  l'autre  elle  en  pos- 


3i5 


sédait  deux  avec  les  vaisseaux  qui  leur  étaient 
propres.  Le  cœur ,  quoique  sain,  avait  acquis 
un  volume  extraordinaire.  Les  circonstances  ont 
paru  très-nouvelles  à  nos  médecins. 

îl  est  question  de  jetter  au  moins  deux  cônes 
de  plus  dans  la  baie  de  Torbay  ,  pour  préserver 
les  vaisseaux  de  guerre  d'être  poussés  sur  la 
côte  par  les  coups  de  vents  qui  se  font  sentir 
dans  ces  parages. 

D'après  un  ordre  de  S.  M.,  tous  vaisseaux  ve- 
nant des  ports  de  la  Virginie  et  du  Maryland 
dans  les  ports  de  la  Grande-Bretagne,  seront 
tenus  de  faire  la  quarantaine  ,  comme  les  vais- 
seaux venant  de  la  Méditerranée. 

Il  est  entré  cette  année  dans  le  port  de  Péters- 
bourg  ,  63g  bâtimens;  il  en  est  sorti  Syg. 

La  pêche  du  hareng  a  été  très-abondante  la 
semaine  dernière  sur  la  côte  de  Sussex. 

M.  PoFtleihwaite  a  recueilli  dans' son  jardin  .  à 
Fox-Honter ,  près 'Whiichaven  ,  un  oignon  qui 
avait  i3  pouces  un  quart  de  circonférence  ,  et 
pesant  12  onces  et  un  quart.  Plusieurs  autres 
comportaient  ii  à  12  pouces  de  circonférence. 

Les  oégocians  de  Bombay  ont  envoyé  un  riche 
présent  au  roi  de  Bally,  pour  reconnaître  sa  bien- 
veillance envers  plusieurs  de  leurs  bâtimens  lors 
de   leur  passage  dans  les  détroits. 

Nous  avons  dans  la  Baltique  400  bâtimens 
chargés  de  grains  et  de  munitions  navales.  Ils 
sont  surveillés  par  deux  corsaires  de  l'ennemi , 
qui  doivent  être  joints  par  plusieurs  autres. 

{Extrait  de  l'Observer  ,  du  Courier  et  de  l' Albion.] 


INTERIEU 
Paris ,  le   iS  frimaire. 


R. 


-La  commune  de  Chailland,  arrondissement 
de  Laval  ,  vient  de  tenir  une  conduite  dont  les 
amis  de  la  paix  doivent  désirer  voir  se  propager 
l'exemple;  ses  braves  habitans,  uuidéi  par  le  juge 
de  paix  ,  se  sont  léunis  h  la  içendnrtneric  el  à  la 
garde  nationale  ,  et  sont  parvenus  à  arrêter  six 
voleurs  qui  ont  été  amenés  dans  les  prisons  de 
Laval. 

Le  général  divisionnaire  Liéberl ,  commandant 
la  22'  division  à  Tours  ,  a  écrit  au  juge  de  paix  , 
pour  le  féliciter  de  son  ie\e. 

—  La  tragédie  de  Thésée  a  eu  depuis  le  compte 
succinct  que  nous  en  avons  donné  ,  deux  repre- 
sensations  ,  avec  de  légers  changemens.  Le  succès 
les  a  couronnés.  L'auteur  s'occupe  en  ce  moment 
de  changemens  beaucoup  plus  considérables  ,  et 
son  ouvrage  doit  reparaître  le  si  de  ce  mois; 
celte  nouvelle  disposition  de  sa  part  nous  oblige 
d'attendre  sa  quatrième  représenirnion  pour  reridré 
compte  de  l'efft  de  cette  tragédie  ,  ttUe  qu'elle 
sera   alors   offerte  au  public. 


La  nouvelle  de  la  victoire  remportée  par 
Farmée  du  Rhin  a  été  envoyée  par  des  courriers 
extraordinaires  à  Cjlais  ,  Boulogne  et  Brest ,  avec 
ordre  de  l'annoncer  sur  toute  la  côte  par  des 
salves  d'artillerie.  Les  anglais  en  entendront  le 
bruit  de  Douvres. 

Il  faudra  voir  si  le  ministère  briiannique  trou- 
vera que  les  autrichiens  aient  suffisammeDl  payé 
l'intérêt  de  son  argent.  Il  a  ,  dit-on  ,  fourni  40 
cillions  à  l'Autriche  qui  vient  de  perJre  20,000 
^hommes  ,  prisonniers,  tués  ou  blessés;  c'est  un 
décompte  fort  raisonnable. 

La  nation  autrichienne  n'ouvrira  donc  pas  les 
yeux  ?  et  ne  cessera  de  répandre  son  sang  pour 
J'avantage  des  marchands  de  Londres  ? 

On  dit  que  l'armée  de  sir  Ralph  Abercrombie 
a  eu  ordre  de  débarquer  en  Italie;  si  celte  bonne 
nouvelle  peut  se  confirmer  ,  M.  Pitt  s'épargnera 
le  nolis  du  retour.  C'est  contre  les  habits  rouges 
que  se  tourneraient  principalement  les  bayon- 
cettes  des  soldais  de  l'armée  d'Iialie.  Mais  nous 
avons  lieu  de  craindre  que  la  prudence  qui  paraît 
avoir  eu  tant  d'influence  sur  la  conduite  des 
anglais  à  Gênes  ,  à  Livourne  ,  à  Cadix  et  au 
.  Ferrol  ,  oe  conseille  encore  à  sir  Abercrombie 
d'employer  de  nouveau  plusieurs  mois  à  parader 
à  la  vue  des  côtes  avec  son  infanterie  et  sa  cava- 
lerie ,  afin  de  se  dispenser  de  se-  compromettre  , 
et  d'arriver  lorsqu'il   n'y  aura  plus  rien  à  faire. 

Au  milieu  de  toutes  ces  belles  entreprises' 
cinq  milliards  ont  été  mangés  par  le  ministère 
anglais.  L'agio  du  papier  est  déjà  de  6  pour  100 
et  à  moins  qu'on  ne  fabrique  à  Londr£s  ,  comme 
dans  le  beau  tems  des  assignais,  i3o  millions 
par  jour  ,  les  billets  de  l'échiquier  ne  pourront 
pas   long-teras  suffire   aux   besoins. 

La  conduite  actuelle  du  gouvernement  anglais 
est  en    vérité  inconcenable. 

Getie  manière  cruelle  d'acheter  l'effusion  du 
sang  ,  coûte  bien  cher  aux  états  de  la  domina- 
tion autrichienne  ;  déjà  cette  puissance  s'est 
acquittée  par  le  sang  de  l'élite  de  ses  soldats. 

Ceci  confirme  ce  que  nous  montre  l'histoire 
de  tous  les  peuples  ,  que  c'est  pour  eux  un  fatal 
présent  du  ciel  ,  qu'un  prince  faible  ,  dirigé 
par  sa  femitae  ,  et  livré  aux  conseils  d'un  ministre 
mercenaire. 

—  On  écrit  de  Rome  ,  en  date  du  28  brumaire  , 
qu'on  y  fait  circuler  deux  projets  pour  la  réforme 
des  moines  ,  ou  du  moins  pour  les  rendre  utiles. 
On  les  diviserait  en  quatre  congrégations  ;  l'une 
d'elles  serait  dévouée  à  l'assistance  des  malades 
dans  les  hôpitaux  ,  une  autre  à  l'instruction  pu- 
blique. 

On  fixerait  un  terme  à  la  profession  religieuse. 
Les  membres  du  clergé  régulier  pourraient  être 
tirés  des  cloîtres  pour  remplir  les  fonctions  de 
curés. 

Il  n'y  aurait  dans  aucun  corps  régulier  ,  ni  ri- 
chesses superflues  ,  ni  permission  de  mendicité  ; 
un  traitement  annuel  pourvoirait  à  lexisience  des 
congrégations.  Les  religieux 'qai  ne  voudraient 
pas  laire  pariie   de  ces  congrégations  ,  pourraient 

entrer   dans   le    clergé  séculier  ;    moyennant   un 
bénéfice  ou  une  pen.sion. 

(  Extrait  du  Journal  des  débats.  ) 


PRÉFECTURËDE   LA  SEINE. 

Arrêté  relatif  à  la  responsabilité  des  propriétaires  et 
principaux  locataires  ,  concernant  le  paiement  des 
contributions  personnelle ,  mobiliairc  et  somptuaire, 
dues  par  leurs  locataires  et  soiu-hcataires. 

\u  les  lois  ,   arrêtés   et  réglemens  qui  rendent- 
les  propriétaires  et  principaux  locataires  respon- 
sables des  contributions  personnelle  ,  mobiliaire 
et  sompiuaire  ,  dues  par  leurs  locataires   et  sous- 
locataires  ; 

Considérant  qu'il  importe  d'adopter  une  me- 
sure qui  ,  en  assurant  la  rentrée  des  sommes  dues 
au  trésor  public  ,  mette  les  propriéiaires  et  prin- 
cipaux locataires  à  l'abri  des  poursuiies  qui 
pourraient  être  induement  dirigées  cunir'eux  , 
pour  raison  des  contributions  dues  par  leurs 
locataires  ou  sous-locaiaires  ; 

Le  préfet  du  département   de  la   Seine  arrête  : 

Art.  I".  Les  propriétaires  et  principaux  loca- 
taires des  maisons  seront  tenus  d'avertir  ,  au 
moins  un  mois  à  l'avance,  le  percepteur  de  leur 
arrondissement  ,  des  déménagemens  de  leurs 
locataires  ou  sous-locataires  :  ils  empêcheront  , 
pendant  ce  tems  ,  la  sortie  d'aucuns  meubles  et 
effets  appartenans  auxdits  locataires  ou  sous-lo- 
cataires ,  à  moins  que  ceux-ci  né  justifient  de 
l'entier  paiement  des  contributions  par  eux  ducs 
à  l'époque  de  leur  déménagement. 

II.  Les  propriétaires  ou  principaux  locataires 
qui  n'auraient  pas  averti  le  percepteur  ou  qui 
auraient  laissé  déménager,  dans  le  délai  ci- 
dtssijs,  des  locataires  qui  n'auraient  pas  payé  ou 
consigné  le  montant  de  leurs  côtitributions  ,  en 
seror.t  garans  et  responsables  ;  en  conséquence  , 
ils  seront  contraints  de  les  acquitter ,  à  moins 
qu'ils  ne  justifient  ,  pat  pièces  authentiques  ,  de 
la  perte  de  leurs  loyers  ou  de  l'enlèvement  furtif 
des  meubles  desdits  locataires. 

III.  Les  propriétaires  ou  principaux  locataires 
qui  auront  été  contraints  de  payer  ou  de  consi- 
gner les  contributions  dues  par  leurs  locataires, 
auront  leurs  recours  contre  eux,  et  pourront 
l'exercer  par  les  mêmes  voies  que  le  percepteur 
aurait  employées  contre  les  redevables  directs. 

IV.  Les  percepteurs  seront  tenus  de  donner  aux 
propriétaires  et  principaux  locataires,  une  recon- 
naissance signée  d'eux  et  datée  des  déclarations 
qui  leur  auront  été  faites  ,  au  moyen  de  laquelle 
reconnaissance  lesdiis  propriétaires  et  principaux 
locataires  seront  déchargés  de  tous  tecours  , 
pourvu  cependant  qu'ils  n'aient  laissé  sortir  au- 
cuns effets  appartenans  à  leur  locataire  ,  avant  l'é- 
poque des  déménasemcns  ni  même  postérieure- 
ment ,  si  lesdiis  effets  ont  été  saisis  à  la  requête 
du  percepteur. 

V.  Dans  le  cas  oîi  les  percepteurs  refuseraient 
de  donner  ladite  reconnaissance  ,  les  propriétaires 
ou  principaux  locataires  seront  pareillement  dé- 
chargés de  toute  responsabilité  en  rapportant  la 
sommation  qui  aura  été  faite  de  la  fournir. 

VI.  Les  percepteurs  aussitôt  les  averlissemens 
qui  leur  auront,  été  donnés  par  les  propriétaires 
ou  principaux  -locataires  ,  seront  tenus  de  faire 
toutes  les  diligences  nécessaires  contre  les  loca- 
taires ou  sous-locataires  avant  l'époque  de  leur 
déménagement ,  même  de  faire  vendre  les  meubles 
jusqu'àconcurrence  des  sommes  dvies,  à  peine  de 
demeurer  garans  et  responsables  ,  et  sans  qu'au- 
cune desdites  taxes  puissent  leur  être  allouée  en 
reprises  dans  leurs  comptes  ,  si  ce  n'est  en  cas 
d'insolvabilité  des  redevables  ou  qu'ils  soient 
sortis  furtivement  sans  avoir  payé  leurs  loyers  , 
ce  qui  sera  constaté  par  procès-verbaux  en  bonne 
forme,  certifiés  par  les  propriétaires  et  principaux 
locataires. 

VII.  Le  présent  arrêté  sera  imprimé ,  affiché  ,  et 
notamment  dans  les  bureaux  des  percepteurs. 

Fait  à  Paris ,  le  2  frimaire ,  an  g  de  la  lépublique 
française. 

Le  préfet  du  département ,  Signé ,  Frochot. 
Le  secrétaire-général  de  la  préfecture , 

Et.  Méjan. 


PRÉFECTURE  DE  POLICE. 
Par  un  avis  du  6  frimaire  an  g  .  le  préfet  de 
polici  de  Paris  piévient  le  public  que  h;  marché 
affecté  à  la  vente  des  comestibles  ,  connu  sous  , 
la  dénomination  de  Sainte-Catherine  ,  et  situé  dans 
la  division  de  I  Indivisibilité  ,  sera  remis  en  ac- 
tivité à  dater  du  16  du  courant.  Toutes  les  dis- 
positions sont  faites  pour  qu'à  ce  marché  les 
forains  el  les  déiaillans  trouvent  sureié  et  com- 
modité :  il  n'en  sera  souffert  aucun  autre  ,  souJ 
quelque  prétexte  que  ce  soit,  dans  touie  l'éten- 
due de  la  rue  Saint-Antoine  et  des  rues  adja- 
centes. 

Le  même  préfet  a  rendu  ,  le  4  frimaire  ,  une 
ordonnance  concernant  la  police  de  la  rivière 
et  des  ports  ,  aux  approches  de  Ihyver  ,  et  dans 
le  tems  des  glaces  ,  grosses  eaux  et  débâcles  ;  elle 
rappelle  les  disposiioos  des  anciens  réglemens  , 
et  en  ajoute  quelques-unes  nouvelles  ,  relative» 
aux  mesures  de  police  administrative  qu'il  con- 
viendra de  prendre  envers  les  contrevenans  à 
la  présente. 

LEmême  préfet  rappelle  aux  loueurs  de  carosse  - 
de  place  l'obligalit.n  qui  leur  est  prescrite  par 
son  ordonnancé  du  11  vendémiaire  ,  les  déclara- 
tions et  te  numérotage  auxquels  ils  sont  assujélis. 
Il  leur  indique  les  jours  et  le  lieu  où  ce  numéro- 
tage devra  êire  opéré.  Faute  par  les  loueurs  de 
carosse  de  se  mettre  en  règle  à  cet  égard,  leurs 
voilures  seront  arrêtées  par-tout  où  elles  se 
trouveront  ,  et  conduites  à  la  préfecture  de 
police. 

Le  même  préfet  a  rendu  le  8  frimaire  une  or- 
donnance vonant  qu'à  compt-r  de  ce  jour  jus- 
qu'au 2g  pluviôse  iriclubivcment  ,  les  chantiers 
de  bois  de  chauffage  seraient  ouverts  tous  les 
jours  de  travail  depuis  huit  heures  du  matin 
jusqu'à  quatre  heures  du  soir  sans  inlerruption  , 
pour  la  vente  et  I  enlèvement  des  bois,  et  que 
pendant  tout  le  reste  de  I  ann-^e  ,  les  marchand» 
de  bois  seront  tenus  de  se  conformer  aux  dispo- 
sitions des  réglemens  ,  qui  fixent  les  heuies 
de  vente  et  d'enlevenienl  des  bois  dans  les  chan- 
tiers. 

Le  même  préfet  a  publié,  le  g  frimaire  ,  un 
ordre  à  suivre  par  les  voitures  à  I  arrivée  et  à  la 
sortie  du  Théâtre  Françiis  ■'.&  la  république, 
rue  de  la  Loi  ,  pour  le  maintiemdu  bon  ordre. 


DÉPARTEMENT      DU     ÈHONE. 

Le  préfet  du  département,  considérant  que  le 
sentiment  de  bien  faire  doit  suffire  à  l'amedii 
bienfaiteur,  il  n'en  importe  pas  moins  à  la  société 
que  les  actes  de  bienfesance  et  les  noms  de  leurs 
auteurs  ne  soient  pas  ignorés  ; 

Considérant  que  la  publiciié  répandue  sur  les 
uns  et  les  autres  ,  en  même-tems  qu'elle  encou- 
rage aux  actions  utiles  ,  est  de  la  part  de  la 
société,  l'acquit  d'un  devoir,  de  reconnaissance  5 

Considérant  que  des  principes  de  sociabilité, 
de  justice  et  de  sentiment,  furent  méconnus  à 
l'époque  où  l'on  fit  disparaître  de  l'intérieur  des 
hospices  de  la  ville  de  Lyon  ,  les  noms  des 
hommes  vertueux  qui  avaient  doié  ces  asyles  da 
la  douleur  et  de  l'infortune  ,  arrête  : 

Art.  1".  Il  sera  placé  sur  les  murs  de  la  prin- 
cipale cour  de  chacun  des  hospices  de  Lyon  ,  urt 
nombre  de  couronnes  de  chêne  ,  égal  à  celui 
des   bienfaiteurs  de  l'hospice. 

II.  Dans  chacune  de  ces  couronnes  sera  gravé 
le  nom  d'un  des  bienfaiteurs,  l'espèce  de  l'a 
donation  et  l'année  où  elle  fut  faite. 

III.  La  commission  administrative  des  hospices  , 
et  le  maire  du  deuxième  arrondissement  où  ceS 
hospices  se  trouvent  silués ,  feront  les  disposi' 
tiotîS  les  plus  promptes  et  les  plus  convenables 
pour  l'exécution   du  présent  arrêté. 

Fait  à  Lyon  ,  à  la  préfecture  i  le  9  brumaire 
an  9  de  la  république  française. 

Signé  ,  R.  Verninac. 
Pour  expédition  conforme, 
Le  secrétaire  général  de  la  préfecture  , 

Sig-we ,  Urbain  JAUME. 


conservatoire  demusi  q_u  e. 

La  distribution  des.  prix  atjx  élevés  du  con- 
servatoire ,  est  une  solennité  intéressante  ;  après 
les  membres  du  gouvernement  ,  ceux  de  l'ins- 
titut national  y  tiennent  le  premier  rang.  Ces 
hommes  distingués  dans  toutes  les  sciences  ,  dans 
tous  les  arts  ,  viennent  applaudir  aux  premieis 
succès  d'une  jeunesse  ambitieuse  de  gloire.  Ua 
enfant  dans  les  bras  d'un  vieillard  qui  le  caresse  , 
est  un  tableau  qui  plaît  toujours  ,  il  en  est  de 
même  dans  les  ans  ,  on  aime  à  voir  le  maître 
applaudir  à  l'élevé  ,  et  le  rapprochement  du 
talent  formé ,  et  du  talent  naissant ,  de  tant  de 
célébrité  acquise  et  de  tant  de  célébriié  en  espé- 
rance ,  offre  un  charme  dont  l'ami  des  arts  ne  peut 
se  défendre. 

Hier  17  ,  la  distribution  des  prix  a  eu  liet» 
dant  la  salle  du  théâtre  de  la  Républi<iue  et  des 
Atts.  Les  trois  consuls ,  le»  mi^iistres  ,  plusieurs 


3i6 


1    ' 

membres  de  la  législature  et  du  tnbunat  ,  les 
deux  préfets,  les  secrétaires  généraux  ,  y  assistuierit 
en  costume.  Le  concours  des  spectateurs  était 
immense  ,  les  loges  étaient  extiêmemcnt  biil- 
lantes.  .     j  I 

,A  sept  heures  du  soir,  le  conservatoire  de  mu-  j 
jique  a  commencé  l'excicice  musical  par  la  belle 
ouverture    de    l  Hôtellerie   portugaise  ,     de    Ché- 
rubin!.  La  beauté  et  l'exécution    de   cette    sm-  j 
phonie  ont   i  xcité   des  applaudissemens   qni  te-  > 
naient    de    rentliousiasme.   Cependaiit   on   n  est 
point    étonne    de    celle   perfection    et   des  effets 
qu'elle  produit  .  quand   on  voit  réunis  ,  pour   la  , 
direction  des  premières  parties  d'un  orchestre  ,  les  ■ 
Rodes  ,  les  Kreutzer ,  les  Frédéric,  les  Salentin  ,  1 
les  Leiêvre,  et  cette  foule  d'artistes  si  dignes  de  ■ 
les  seconder.  ^  ^         ! 

Apiès  celte  simphonie  exécutée  parles  maîtres,  | 
les  élevés  qui  ont  obtenu  les  piix  pour  le  cours  , 
d'étude  de  I  an  8  ,  sont  venus  faire  connaître  à  ] 
quels  progrès  ,  à  quels  talens  ces  prix  ont  été  1 
décernés  ,  par  un  jury  composé  des  plus  habiles 
maîtres. 

Parmi  ces  élevés  ,  qui  ont  tous  mérité  des  ap-  , 
plaudisseraens  ,  on  a  remarqué  particulièrement  1 
celui  du  citoyen  Devienne  ,  le  jeune  Moudru  ,  j 
qui  ,  à  làge  de  lo  ou  12  ans,  a  exécuté^  une  so-  , 
nale  de  flûte  ,  avec  la  piécision  d'un  maître. 

Mademoiselle  Philis  ,  élevé  du  citoyen  Plautade,  , 
a  f.;it  aussi  beaucoup  de  sensation  :  elle  a 
chanté  un  air  de  Diane  et  Eniymion  de  Piccini  , 
avec  beaucoup  d'art, et  l'expression  la  plus  juste'. 

Mademoiselle  Ribou  n  îi  pas  obtenu  moins 
d'applaudissemens  ;  mais  beaucoup  de  personnes 
les  ont  donnés  plutôt  à  sa  belle  voix  qu'à  la  mé-  _ 
thode  qu'elle  s'est  trouvée  obligée  d  adopter 
pour  chanter  un  air  de  la  composiiion  du  cit. 
Garât.  Ce  viiiuose  jouit  dune  célébiiié  bien  mé- 
riiée  ,  et  nous  ne  pouvons  être  accusés  de  vou- 
loir l'affaiblir.  Mais  nous  croyons  devoir  dire  , 
pour  l'intérêt  même  de  lari ,  que  sa  méthode  ne 
convient  qu'à  lui  seul  ,  et  que  la  plupart  de  ses 
iniitateurs  s'abusent  sur  l'emploi  de  leur  moyetis 
et  de  leur  talent.  En  effet,  ce  qu'il  f.iut  retenir 
des  Itçons  de  Garât  ,  ce  qu'il  faut  étudier  en 
recourant ,  ce  qu'il  faut  emprunter  de  son  rare 
talent;  c'est  ce  sentiment  délicat  qui  lui  iridique 
d'une  manières!  juste  le  caractère  qu'il  doit  don- 
ner à  chaque  morceau  ;  cet  ait  de  conserver  à 
chaque  école  le  cachet  qui  la  fait  reconnaître  ; 
cet  accent  affectueux  ,  cette  expression  touchante 
qu'il  donne  au  cantabile  ••  celte  précision  musicale 
qui  ne  l'abandonne  jamais  dans  les  passages  du 
mouvement  ou  le  plus  lent  ou  le  plus  vif,  et 
de  l'exécution  la  plus  difficile.  Ce  qu  il  faut  éviter 
en  l'imitant ,  c'est  cette  sorte  d'audace  qui  lui 
permet  de  tout  entre  prendre, parce  que  son  habileté 
ne  connaît  rien  d'impossible;  ce  sont  ces  prodiges  ! 
qu'il  opère  sans  efforts ,  et  pour  lesquels,  doué! 
seul  d'une  facilité  sans  exeinple  ,  il  se  trouve  na- 
turellement inimitable.  | 

Nous  oserons  même  ajouter  que  l'école  qu'il  ! 
fonde  peut-être  sans  y  prétendre  ,  introduit  dans  : 
l'art  musical  des  défauts  brillans  ,  mais  qui  n'en  ; 
sont  pas  moins  des  défauts  ,  et  qu'on  pourrait  j 
définir  en  leur  appliquant  ces  vers  du  misantrope  , 
Ce  style  î;  brillant  dont  on  fait  vanité. 
Sort  du  bon  caractère  et  de  la    vérité. 

■En  général,  la  musique  vocale  nous  paraît  cul- 
tivée au  conservatoire  avec  beaucoup  moins 
de  succès  que  la  musique  instrumeniale  ;  est-ce 
la  faute  des  professeurs  ,  ou  des  élevés  ,  ou  de 
la  langue  française  ?  Est-ce  le  résultat  des  mé- 
thodes opposées  que  l'on  y  suit ,  et  du  défaut 
d'unité  dans  le  système  de  l'enseignement?  Voilà 
ce  que  nous   n'oserions  décider. 

Pour  nommer  tous  ceux  des  élevés  qui  ont  fait 
une  vive  impression  sur  les  auditeurs  ,  nous  ne 
devons  pas  oublier  le  cit.  Zimraermann  ,  qui  a 
touché  avec  le  plus  grand  succès  une  sonate  de 
.piano  ,  et  le  cit.  Gasse  ,  jeune  napolitain  ,  qui  a 
exécuté  avec  le  cit.  Kreutzer  jeune  ,  une  concer- 
tante de  violon. 

Cet  exercice  terminé ,  le  ministre  de  l'intérieur  , 
le  directeur  du  conservatoire  de  musique  ,  et  les 
inspecteurs  de  l'enseignement  musical .  se  sont 
rendus  au  lieu  prépaie  pour  la  distribution  des 
prix. 

Le  ministre  a  prononcé  le  discours  suivant  : 

Jeunes  ARTISTES, 
Cette  fête  préparée  pour  vous;  ces  nombreux 
auditeurs  ,  attentifs  à  vos  chants  ;  ces  prix  qui  vous 
sont  décernés  :  tout  vous  annonce  l'intérêt  que  la 
patrie  prend  à  vos  succès;  tout  vous  retrace  ,  dans 
celte  enceinte,  le  pouvoir  qu'exerce  sur  tous  1rs 
coeurs, sensible»  l'art  enchanteur  que  vous  pro- 
fessez. 

Eh  1  quel  art,  en  effet  ,  mérite  mieux  que  le 
vôtie  la  reconnaissance  des  peuples  civilisés  ! 
C'est  par  lui  ,  si  Ion  en  croit  les  premiers  histo- 
riens ,  que  les  hommes  encore  épars  dans  les  bois 
fureur  appelles  a  goûter  les  douceurs  de  la  société. 
G  ost  lui  qui  ouvrit  leurs  âmes  à  des  affections  tjui 
leur  éiaient  inconnues  :  une  allégorie  sublime 
nous  peiint  ApoUon^scendu  du  ciel  pour  ap- 


porter le  bonheur  sur  la  terre  ;  au  son  de  sa  lyre  , 
louts'éraeul,  tout  s'attendrit  ,  tout  se  perfectionne. 
C'est  par  les  charrois  de  la  musique  que  la  science 
embellit  .ses  premières  leçons.  Pour  apprendre  à 
l'homme  l'existence  des  dieux  ,  on  commença 
par  chanter  leur  puissance;  et  l'on  célébra  les 
merveilles  de  la  nature  avant  de  songer  à  lui 
dérober  ses  secrets. 

Les  écrivains  les  plus  réservés  ,  les  philosophes 
les  plus  graves  ,  étonnent  noue  imagination  par 
le  récit  des  prodiges  que  la  musique  opérait  chez 
les  anciens.  Nul  doute  ,  du  moins ,  qu'elle  n  y  lut 
consacrée  à  développer  les  phjs  sublimes  idd-s 
de  la  morale  et  de  la  législation.  Les  piéceptes 
les  plus  saints  ,  les  exemples  les  plus  illustres  , 
les  fastes  de  l'héro'isme  et  de  la  religion  étaient 
écrits  en  vers  et  chantés  en  chœur  au  son  des 
instrumens  ;  soit,  comme  l'a  di:  J.  J.  Rousseau  , 
que  l'on  n'eût  pas  trouvé  de  moyen  plus  eiucace 
pour  graver  dans  l'esprit  des  hommes  les  principes 
de  la  sagesse  et  de  la  vertu  ;  soit  que  I  on  ait  juge 
nécessaire  de  former  une  langue  particulière  pour 
exprimer  avec  plus  de  charme  les  affections  vives  , 
les  grandes  pensées  et  les  sentimens  profonds. 

Sans  avoir  conservé  parmi  les  modernes  ce 
caractère  de  puissance  et  de  majesté  ,  la  musique . 
par  l'empire  qu'elle  exerce  sur  toutes  les  passions , 
mérite  la  bienveillance  attentive  des  gouvernemens 
éclairés. 

Combien  de  fois  ,  dans  les  fêtes  augustes  de  la 
patrie-,  n'a-t-on  pas  vu  lé  dévoûment  et  l'enihou- 
siasme  tressaillir  à  ses  accens  ?  qui  n'a  pas  senti 
que  ,  sous  les  voûtes  de  nos  temples  ,  la  pompe 
des  cérémonies  sacrées  empruntait  de  la  musique 
ses  plus  douces  émotions?  qui  pourrait  contester 
l'influence  de  la  poésie  et  de  la  musique  ,  s  il  est 
vrai  que  leurs  chants  belliqueux  ont  eu  la  gloire 
de  donner  souvent  une  nouvelle  énergie  au  cou- 
rage même  des  soldats  français  ?  Ce  qu'on  raconte 
deTyrtée  a  cessé  pour  nous  de  paraître  une  fable  ; 
ses  prodiges  seront  écrits  dans  les  pages  de  notre 
histoire.  (Des  applaudissemens  éclatent  de  toutes 
parts.  ) 

Mais  ,  s'il  est  permis  su  gouvernement  d'un 
peuple  izuerrier  ,  de  chercher  ,  dans  la  musique  , 
ces  impulsions  violentes  qui  sont  à-la  lois  le  signal 
et  le  sage  de  la  victoire,  il  est  bien  plus  doux  , 
pour  les  magistrats  d'un  peuple  aimable  et  sen- 
sible ,  de  proléger  en  elle  l'art  qui  rappioche  tous 
les  états  et  tous  les  âges  par  les  mêmes  sentimens  : 
en  effet,  si  la  niusiq;ie  anime  le  repos  de  la 
richesse  oisive,  elle  adoucit  les  travaux  pénibles 
de  l'indigence  ;  elle  donne  des  idées  à  l'enfance 
et  des  souvenirs  à  la  vieillesse  ;  organe  de  la  joie 
et  de  la  douleur  ,  elle  sourit  avec  l'espérance  et 
pleure  sur  les  tombeaux.  On  dit  qu'elle  fut  ac-- 
cordée  à  l'homme  par  un  génie  jirotecteur  qui 
voulut  le  bercer  et  l'endormir  dans  les  misères 
de  la  vie. 

Tracer  le  tableau  des  avantages  de  la  musique, 
c'est  indiquer  à  ceux  qui  la  cultivent  les  devoirs 
nombreux  qui  leur  sont  imposés.  Jeunes  artistes! 
consacrez,  par  un  noble  usage,  vos  études 
qui  sont  un  bienfait  de  la  société,  et  vos  talens  qui 
sont  un  don  de  la  nature  ;  n'employez  les  res- 
sources de  votre  art  que  pour  inspirer  les  passions 
nobles  et  généreuses,  lamour  de  l'humanité,  de 
la  patrie  et  de  la  veitu.  Et  n'oubliez  jamais  qu'un 
musicien  célèbre  fut  banni  de  Sparte  ,  pour  avoir 
introduit  dans  le  chant  un  mode  nouveau,  dan- 
gereux pour  les  mceurs. 

Marchez  sur  les  traces  des  grands  maîtres  qui 
vous  ont  précédés.  C'est  dans  la  peinture  des 
caractères  vertueux  qu'ils  ont  déployé  toutes  les 
ressources  de  leur  génie.  Voyez  comme  Anti- 
gone  est  touchante  dans  son  dévouement ,  comme 
Iphigénie  est  aimable  ,  comtne  Alceste  est  su- 
blime !  Entendez  la  voix  de  l'autorité  paternelle , 
dans  la  bouche  d'Œdipe  ;  comme  elle  est  majes- 
tueuse et  puissiinte ,  soit  qu'elle  appelle  soit  qu'elle 
écarte  la  colère  des  dieux!  Gluck  a  chanté  les 
plaisirs  d'Armide  ;  mais  à  peine  a-t-il  fait  enten- 
dre le  cri  généreux  du  devoir  et  de  l'amitié,  que 
Renaud  n'aspire  plus  qu'aux  fatigues  de  la  gloire  ; 
et  l'on  dirait  que  ce  savant  compositeur  n'avait 
feint  d'épuiser  son  talent  dans  la  peinture  de  la 
volupté  ,  que  pour  donner  plus  d'éclat  au  triom- 
phe delà  vertu.  (De  nouveaux  applaudissemens 
se  font  entendre.) 

La  musique  n'a  pas  besoin  de  corrompre  pour 
plaire  et  pour  émouvoir  :  lorsqu'elle  peint  l'amour 
et  les  jeux  du  bel  âge  ,  elle  donne  à  ses  tableaux 
une  couleur  innocente  et  pure,  et  c  est  ce  pré- 
cepte que  la  fable  à  caché  sous  un  emblème 
ingénieux ,  quand  elle  a  voulu  que  la  chaste 
Minerve  chantât  les  plaisirs. 

A  ces  avis  dictés  par  l'intérêt  de  l'art  et  pour 
la  gloire  des  artistes  .j'ajouterai  l'expression  d'un 
désir  que  le  goût  héréditaire  de  la  nation  m'au- 
torise à  former.  C'est  que  les  musiciens  illustres 
dont  la  France  s  honore  ne  dédaignent  pas  ces 
chants  simples  et  faciles  ,  qui  ,  ^toujours  retenus 
sans  peine,  ne  sont  jamais  répétés  sans  plaisir, 
(  les  applaudissemens  les  plus  vils  interrompent) 
et  qui ,  liés  aux   sensations    les   plus   naturelles  , 


sont ,  pour  l'oreille  et  l'ame  sens'b'e  ,  ce  que 
les  proverbes  sont  pour  l'esprit  et  pour  la 
laison.  On  admire  l'harmonie  majestueuse  qui 
soumet  tous  les  phénomènes  de  la  nature  à  se» 
savantes  combinaisons  ;  mais  l'on  aime  cette  mé- 
lodie na'ive  qui  ,  par  une  expression  facile, 
prompte  et  fidelle  ,  semble  nous  révéler  le  secret 
de  nos'sentimens. 

Jeunes  artistes  !  prenez  ici  l'engagernent-sacié 
que  vos  ouvrages  jusiitieroint  la  proiecliou  du 
gouvernement  ,  que  vos  chants  seront  tûujoiir» 
dignes  de  la  graiide  nation  qui  vous  honore  de 
son  suffrage.  N'oubliez  pas  q,ue  la  musique  guer- 
rière a  lié  le  souvenir  de  ses  productions  à  celui 
de  nos  triomphes  ;  qu'il  faut  que  vos  chant», 
répétés  en  chcenr  autour  de  nos  étendaris ,  y 
fixent  à  jamais  l'enthousiasme  et  la  victoire  ,  afia 
que  dans  les  occasions  solennelles  où  vous  rece-; 
vez  ,  comme  aujourd  hui,  les  gages  de  la  bien- 
veillance publique,  le  gouvernement  puisse  ré- 
compenser plusieurs  services  rendus  à  la  patrie: 
dans  chacun  de  ces  prix  que  je  vais  vous  offrir- 
en  son  nom. 

'Après  ce  discours  ,  les  élevés  qui  ont  remporté 
les  prix  ont  été  appelles  lour-à-lour  par  le  direc- 
teur du  Conscrvaioiie.  Amenés  par  leur  pro- 
fesseur devant  le  ministre,  ils  en  ont  reçu  le  prix. 
C'était  pour  les  uns  un  instrument  ,  pour  le» 
autres  des  partitions  ,  pour  tous  une  branche 
de   l.iurier,  et  des  acclamations  unanimes. 


Au  rédacteur. 

Calais  ,  4  frimaire  an  9. 

Citoyen  ,  pour  détruire  les  faux  bruits  que  des 
personnes  mal  instruites  se  plaisent  à  répandre 
sur  la  prétendue  contagion  qui  existerait  en 
Angleterre  ,  et  qui  aurait  fait  cesser  toute  com- 
munication enire  la  France  et  l'étranger,  nous 
croyons  devoir  prévenir  les  voyageurs  que  la 
mesure  de  prudence  que  l'on  exerce  envers  le» 
bâtimens  qui  arrivent  de  la  mer,  se  borne  à  une 
simple  visite  de  médecins  ,  qui  n'entrave  en  rien 
la  marche  des  passagers  qui  se  trouvent  à  bord. 
desdits  navires,  ou  paquebots,  lorsqu'ils  sont 
d'ailleurs  munis  des  papiers  ou  passeports 
nécessaires. 

QuiLLAc  et  DuFLESsis.  ( MaiiOH  Dessin.  ) 


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Système  des  connaissances,  chimiques ,  et  de  leur» 
applications  aux  phénomènes  dé  la  nature  et 
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JV"  80. 


Kvnidi  ,  2n  frimaire  an  9  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sonimes  autorisés    à  prévenir  nos  S'justiriiueiirs ,  qu'à    datQr  du  7    nivôse  le   M  O  N  l  T  K  U  R  esr    le    seul  journa!  ojficidl. 
Il  contient  les  sdiinces  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  années,  ainsi    que  les  bus  ec  les    notion 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extcrleur,   ft>urnis   par  les  covcspondances  ministériiriles. 

Un  article  sera  parciculléement   consacré   aux   sciences  ,  aux  arts   et  aux   découvertes   nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   EU   R. 


Ac 


ANGLETERRE. 

Londres  ,  le  6  déc.  (  1 5  frimaire  }. 


kCTlONS  de  la  banque  fermées. — 3  pour  cent 
Gonsoliilés  ,  ttrnios  ;  pour  leur  ouverture  63  j. 
63  8  |.  —  Omnium  l.  o  j.  i. 

Une  division  de  la  grande  flotte  est  rentrée  à 
Torbay.  On  dit  qu'elle  sera  envoyée  dans  la  Mer 
baliique  ,  sous  les  ordres  de  lord  Nelson. 

La  chambre  deç  pairs  s'est  occupée  ,  dans  sa 
séance  d  hier  ,  de  la  cherté  des  subsistances.  Le 
comte  de.Warwick  renouvella  sa  proposition  de 
fixer  le  prix  des  grains.  Elle  fut  combartue  par 
lord  Grenville  ,  et  rejettée  ensuite  sans  division. 

Dans  la  séance  de  la  chambre  des  communes 
du  même  jour,  M.  NichoDs,  après  avoir  remar- 
qué la  diminution  sensible  de  l'or  monnayé  ,  de- 
manda qu'un  comité  fût  chargé  de  constater  la 
quantité  de  ce  mé:al  en  circulation  ,  et  d'en  faire 
un  rapport  à  la  chambre. 

Sa  motion  ,  appuyée  ,  par  M.  Tierney  et  com- 
bat'ue  par  lord  Hjwskerbury  ,  eut  16  suffrages 
poui  elle  ,  et  Sa  contre. 

Le  Romney  ,  de  5o  canons,  commandé  par  sir 
Home  Popbam  .  a  rais  à  la  voile  ,  hier,  de  'Wey- 
inouih  ,  avec  plusieurs  frégates.  Sa  desiination  est 
tenue  secrette. 

II  est  entré  à  Plvmoinh  un  briik  prussien, 
nommé  le  Potriompus  ,  capitaine  Bal-  k.,  venant  de 
Lisbonne  ,  chaire  de  cuirs  et  de  roion  .  et  saisi 
par  le  corsaire  tite  Ferret ,  qui  a  dé'enu  pat;eil!e- 
ment  deux  hâtimens  danois  ,  Itsquels  ne  sont  pas 
encore  ^rriiés. 

On  mapde  de  Dublin  que,  le  II  frimaire  .  en 
consé'ju  nce  de  |a  proclTimaiion  ém'se  pour  la 
Grande  Bretagne  et  l'Irlande  .  élection  n  été  faire 
"<1e8  nieriibres  nni  dniven'  représenter  les  bourgs 
de  ces   derniers  pays  au  oariement  impérial. 

Suivant  des  lettres  de  Philadelphie  du  25  octo- 
bre (  3  brumiire) ,  la  nomination  dupiésident  a  éé 
ajournée  au  tS  novembre  (  22  b  umaire.  )  On 
croyait  généralement  que  la  majoiité  des  suf- 
frages serait  en  faveur  de  M.JcfFcrson.  La  révolte 
des  nègres  dans  la  Virginie  et  dans  la  Caroline 
septentrionale  éiait  entièrement  réprimée. 

Le  roi  ,  conformément  à  l'adresse  des  deux 
chambres  de  son  parlement  ,  a  ordonné  ,  le  3 
frimaire,  une  proclamation  pour  engager  tous 
les  chefs  de  famille  à  réduire  la  consommation 
du  pain  dans  leur  intérieur  ,  etc. 

J)ans  une  assemblée  des  principaux  négocians 
de  Londres  .  il  a  été  arrêté  que  toutes  les  traites 
de  Russie  maintenant  acceptées  ,  seraient  payées  ; 
mais  que  celles  qui  seraient  présentées  après  la 
date  de  ce  jour  (  7  frimaire)  ne  seraient  point 
acquittées  jusqu  à  ce  que  l'embargo  mis  sur  les 
vaisseaux  anglais  dans  les  ports  de  la  Russie,  fût 
Lvé. 

Charleslown  dans  la  Caroline  et  ses  environs 
ont  éié  abîmés  le  12  vendémiaire  par  un  coup 
de  vent  ,  qui  a  renversé  une  partie  de  cette 
v»lle. 

M.  Sheridan  a  fait  la  motion  le  10  frimaire 
dins  la  chambre  des  communes  .  qu'il  fût  pré- 
senté une  adiesse  au  roi  ,  pour  le  supplier  de  ne 
négliger  aucune  occasion  d'ouvrir  avec  l'ennemi 
utje   négociation  séparée. 

41  a  établi  les  deux  propositions  suivantes  ; 
savoir  :  1°  qi:e  ,  dès  lorittine  de  la  coalition  , 
les  puissances  qui  en  ont  fait  partie,  n'ont  c-Ssé 
de  ma-.ife.iter  un  esprit  mercenaire  ,  des  vues 
d'égoïsme  et  la  plus  honteuse  fausseté.  2°  Qu  il 
existe  les  plus  fortes  raisons  pour  soupçonner 
que  si  ,  dans  le  cours  des  différentes  négocia  ions 
ouvertes,  les  ministres  ont  accédé  à  ceriair'es 
tOndilinns  ,  cl  s'ils  n'ont  point  traversé  leurs  pro- 
pres plénipotentiaires  .  cependant  ils  désiraient 
qpe  ces  mêmes  négociations  pussent  échouer. 
L'orateur  soutenant  qu'aucun  des  alliés  de  I  A  - 
cleicrre  ne  lui  a  été  fidèle  ,  et  rappelant  Itm- 
Dargo  ordonné^pâr  l'enlpereur  de  Russie,  a  ex- 
primélacrainte  de  voir  bientôt  cette  mesure  suivie 
de  la  fermeture  des  ports  de  l'Elbe  et  de  laugmen- 
'     talion  de  la  disette  en  Angleterre. 

Cherchant  les  vrais  motifs  de  la  guerre  , 
M.  Sheridan   a   trouvé  l'ituonséqucnce  personnifiée 


dans  les  deux  honorables  meinbres  qui  siègent 
vis-à  vis  de  lui  ,  ministres  d  accord  dans  leur 
conduite  ,  cjuoique  leurs  principis  soient  diffé- 
rens.  I  a  reproché  à  l'empereur  d'avoir  été  peu 
fidèle  .à  ses  engagemens;  d'avoir  paru  un  mo- 
ment à  la  tête  de  son  armée  pour  y  être  atteint 
d'une  magnanime  tttreur  panique  ,  et  aux  mi- 
nistres d  avoir  manqué  de  sincérité  soit  en  négo- 
ciant à  Lille,  soit  eii  rejeitant  les  ,  ptettiieres 
offres  du  premier  consul. 

La  rupture  de  la  convention  d  El  Atisch  a  aussi 
été  traitée  par  I  orateur  dans  toutes  ses  circons- 
tances, ^11  a  tenniné  etj.  opposant  !e  but  constam- 
ment annoncé  par  les  ministres  dans  cettg  giieire 
aux   résultats    qu'ils    ont    obtenus. 

M.  Windham  ,  M.  Grey  et  M-  Dundas  ont  été 
entendus.  M-  Sheridan  a  répliqué  à  ce  dernier. 

(  Nous  donnerons  son  discours  et  les  débals 
qui  en  ont  éié  la  suite  ,  dans  un  prochain  numéro.) 

La  motion  a  été  rejellée  à  la  majorité  de  l56 
voix  contre  35. 

M.  P'tt  doit  .  à  ce  que  Von  dit.  de  3  millions 
Sso.ooo  liv.  st.  par  anticipation  sur  l'emprunt 
qu  il  proposa  au  par'ernent  ;  les  billets  de  I  échi- 
quier qui  seront  émis  ,  seront  acfjuiltés  sur  les 
sept  premiers  termes  de  l'empr-unt  ,  à  5oo,o*o  1.  st. 
par  terme. 

[Extrait  de  l'Oracle  ,  du  Sun  et  du  Courier'  ) 

PARLEMENT. 

CHAMBRE      DES      COMMUNE  'S- 

Séance  cCu  il  novembre. 

Pauvres    d'Edimbourg.. 

'      M.  W.  Dundas  présente  un  rapport  du  comité 
I  nommé  pour  examiner  les  faits   a  légués  dans    la 
j  pétition  du  lord  Prévost  ,  du  conseil  ,  etc.  ,  de  la 
I  vil  e    .i'Ediiiibi>uig  ,    qu  solllciieni   un  règlement 
pOMr   le    soulag   ruent   des    indigens  .    au    moyen 
d  une  taxe  sur  les  habitans  de  cette  ville.  Le  rap- 
I  port  lu  .   M.    Dundas    demande    à   présenter   un 
i  bill  dont  1  objet  est  de   piocurer    des   secours   à 
4000  percs  de  famille  indigens,   qui  se   trouvent 
soit  dans  la  ville  d'Edimbourg,  soit  dans  ses  fau- 
bourgs ,  et  qui  ,  d'après   les   anciens    reglemens  , 
n  étaient  pas  dans  le  cas  d'avoir  part  aux  charités. 

M.  Tierney.  Je  ne  m'oppose  pas  au  bill  qu'on 
nous  propose  ;  je  demande  seulement  qu  il  ne 
soit  rien  tait  sans  le  consentement  des  habitans 
dEdimbourg.  Au  reste  ,  on  ne  peut  penser  sans 
douleur  et  sans  allarmes  à  l'augmentation  de  b 
misère  ,  si  grande  ,  que  dans  une  ville  comme 
Edimbourg  il  se  trouve  4000  familles  réduites  à 
vivre  des  secours  de  leurs  voisins. 
Le  bill  est  mis  à  l'ordre  du  jour. 

Subsides. 
La  chambre  se  forine  en  comité  de  subsides. 
Le  clerc  lit  différens  états  oii  les  sommes  sui- 
vantes  étaient  votées  pour   le   service  ,  pendant 
tiois  mois  lunaires  :  /jj,  ^^j-i 

Pour  la  marine   .    .• aoS.ooo 

Pour  lextr'aordinaire .    .      200,000 

Pour  les  prisonniers  de  guerre.   .    .    .     400,000 
Pour  les  prisonniers  de  guerre  malades       40,000 

M.  Windham.  Il  est  difficile  à  l'époque  de  l'an- 
née où  nous  sommes  de  donner  des  détails  exacts 
des  besoins  pour  l'année  enncre;  aussi  aurait-on 
tort  de  prendre  les  demandes  faites  dans  ce 
moment  pour  base  des  besoins  du  /service  pen- 
dant un  an. 

Le  président  (  the  chair  man  )  pose  la  question  , 
que  58,528  hommes  effectils  ,  y  compris  5797  in- 
valides ,  seront  employés  pendant  trois  mois 
lunaires  ,  à  compter  du  24  mars  1801. 

M.  Jones.  Je  n'ai  en  vue  que  le  bien  de  mon 
pays  :  les  sarcasmes  lancés  par  l'honoiable  chan- 
celier de  I  échiquier  ne  font  pas  p'us  d'effet  sur 
moi  ,  que  n  en  ont  fait  sur  la  république  fiançaise 
nos  diftércnlcs  expéditions.  Je  pense  que  la  cham- 
bre a  trop  bien  cii'cuté  l'article  des  subsistances  , 
pour  recevoir  de»  états  aussi  effrayans,  dans  un 
moment  surtout  on  le  pain  du  soldat  est  un  objet 
d  envie  pour  le  laboureur  et  le  paysan.  J'apperçois 
dans  le  compte  déposé  .sur  la  table  ,  un  seul  article 
de  76.000  I.  st.  p  ui  h  chdibon  et  la  chande  le  ; 
pour  les  frais  de  barratit.ies ,  de  monUes  ,  de  pro- 


visions .  etc.  60,000  I.  st.  Un  pareil  étjt  fait  trertl» 
bler.  Je  uemanderai  ce  que  nous  avons  eu  pout 
tant  d'argent,  et  ce  que  nous  devons  à  l'armée 
qui  a  fait  S'jr  I  Océan  ci  la  Médilenanée  un  voyagt 
de  découvertes  :  nous  avons  ausNi  un  mémoire  pour 
constructions  et  répaiaiiotis  de  5o,ooo  liv.  sterl.  t 
pour  les  baraques  ,  24,916  liv.  st  riling.  —  J'ai 
de  bonnes  raisons  pour  deiriander  les  pièces 
relatives  aux  corps  éirangets?  Nous  enioioiis 
des  soldats  sur  presque  tous  les  points  du  monde. 
Hier,  jjour  la  preratere  f  jis  ,  j  ji  entendu  dire 
que  nous  allions  lever  un  régiment  de  Ho. 
iienlois  :  on  ne  nous  a  pas  dit  le  nom  du  co* 
lonel.  Pour  moi,  je  ne  peux  consentir  à  laisser 
sortir   huit    millions    de     l'argent    de     la    nation. 

Les  sommes  suivantes  sont  volées  pour  les  diffé-» 
rens  services  ,  pendant  trois  mois  lunaireS. 

Pour  58,528  hommes  effectifs,  y  ' 

compris  les  invalides 552,o55  1.  st. 

Pour  le  service  des  colonies.      .     501,481 

Pour   les  corps    de   milice  ,   mi- 
neurs ,  etc 74,35o 

Pour  secours  accordés  aux  hô- 
telliers no,ooo 

P.iur    les    recrues  ,    les    fourra- 
ges ,  etc.    .      , 127,500. 

M.  Roi/son  demande  si  dans  les  circonstances 
présentes,  on  ne  pourrait  pas  faire  de  réduction 
dans  la  consomrnaiion  de  l'avoine  ,  et  des  éco- 
nomies dans  la  nourriture  de, la  cavalerie. 

M.  y/Vindkam  croit. la  chose  impossible. 

M.  Robson  soutient  que  le  corps  de  la  cavalerie 
est    plus   nombreux  qu'il  ne  doit  l'être. 

M.  M'icholls.yà\  eu  jur  cet  objet  quelques  ren- 
seignemens  d'un  yeoman  dans  la  cavalerie,  qui 
m'a  dit  qu'tm  cheval  mangeait  du  grain  quatre 
fois  par  jour.  Si  c'est  là  l'ordinaire  dans  toute 
la  cavalerie  ,  il  est  certain  qu'on  peut  faire  quel- 
ques  réducrions. 

Le  chancelier  de  réchiguier.  Croit -on  sérieuse- 
ment qu'une  réforme  de  deux  ou  trois  mille 
hommes  de  cavalerie  doive  produire  une  éco- 
nomie bien  sensible  ,  et  être  d'ur^  grand  sou- 
lagement pour  le  peuple  ?  Et  quand  même  la 
chose  serait  ainsi  ,  devrait-on  pour  cela  fo  rc  des 
changemens  dans  une  partie  qui  tient  d'aussi 
piès  à  l'ordre  politique  et  à  la  tianquillilé  pu- 
blique ,  surtout  dans  les  cirirorsionces  critiques 
où  nous  sommes.  J'espère  qtje  les  honorable» 
membres  ,  quand  il  faut  aller  au  secours  des 
malheureux  ,  ne  se  laisseront  point  égarer  par 
un  zèle  mal  entendu  ,  et  entraîner  dans  des  me- 
sures dangereuses  ,  et  qui  produiraient  un  effet 
tout  contraire  à  celui  qu'on  en  attend. 

M.  Jones.  Je  persiste  à  croire  qu'une  pareille  , 
économie  serait  très-avanlageuse  ,  et  j'esp.ere  qu  il 
y  aura  quelque  motion  sur  ce  sujet. 

On  continue  les  résolutions. 
Pour  le  corps  de  volontaires  de  la 

Grande-Bretagne  . 145,000  liv., st. 

Pour  les  dépenses  à  faire  par  les  ' 

Barrak-roasters 17  F. 200 

Pour  les  corps  éirang.»rs.  .....     i5o.ooo 

Pour  l'artillerie  de   (erre  .....     457,000 

Le  chancelier  de  l'échiquier.  Je  propose  d  ajouter 
les  articles  suivans  : 

Poiir  le  service  étranger  et  secret.  35,ooo  liv.  st. 
Pour  le,s  français  ,  dans  le  besoin,  ■ 

ecclésiastiques  et  la'ics 60,000    -       ''I 

Pour  la  garde    des  condamnés  à        ■  ■''' 

domicile 80,000  liv.  sf?' 

Le  rapport  de  toutes  ces  résolutions  est  ren- 
voyé à  lundî  prochain.  ,'^ 

VOIESETHOYENS.        ,  ' 

La  chatpbre  ,  sur  la  proposi;ion  de  M.  EoSè  , 
se  forme  en  comité  des  voies  et  moyens. 

Le  chancelier  de  l'échiquier  fait  les  riioiions  aceôu-  , 
ti.(ttiées  pour  la  continuation  (des  droits  sur  |;Sj„ 
diêche,  le  muiTi,  le  cidre  ,  le  poiré,  le'iatiaci* 
et  des  4  sous  de  retenue  par  liv.  st.  s.ur  les  penf,j 
sioii.s  ,  etc,  _      '^  h 

M.Jones  s'oppose  à  la  manière  dont  la  clràmbr**' 
vote  ces  voies  et  mcyens,  quî  ,  à  cause  de  lehV 
importance  ,  devraient  être  volés  dans  un  feoiniji'* 
plus  nombreux.  '      '^itx 

Le  chancelier  de   l'échiquier.  Ces  votes' s~e  'f'ptli'l 
tous  les  ans.  Je  suis  éiaiiné  des  difficultés   qu'on 
fait  dans^ce  moment. 


5i8 


Les  résolutions  sont  volées  ;  Et  le  rapport  en 
sera  fait   lundi. 

La  chamlDre   s'ajourne  au   lundi. 

Note  du  rédacteur.  Les  débats  n'offrent  rien 
d  intéressant ,  jusqu  à  la  séance  du  s6  qui  fut  très- 
a';imée,  ti  dont  nous  allons  commencer  à  rendre 
compte. 

La    disette. 

Le  rapport  du  comité  sur  la  cherté  des  sub- 
sistances ,  est  entendu  en  comité  général  :  — 
M.  Bragge  ,  présidant. 

M,  Ryder.  Le  rapport  que  nous  avons  à  dis- 
culer  a  été  imprimé  :  je  ne  doute  pas  que  lés 
honorables  membres  ne  l'aient  lu  avec  beaucoup 
d'attention.  Quand  on  considère  la  situation  mal- 
heureuse oià  nous  sommes  ,  on  reconnaît  aisé- 
ment que  le  soulaiienient  qu'on  alieiid  de  la  me- 
sure de  l'imporialion  ,  encouragée  par  tous  les 
moyens  possibles  ,  et  des  autres  mesures  jiropo- 
sées  et  adoptées,  n'est  pas  proportionné  aux 
maux  qu'il  faut  guérir.  Pour  moi  j'aurais  voulu 
que  1  économie  dans  la  consommation  des  grains , 
recommjndée  seulement  .  eût  éié  prescrite  par 
une  loi  positive.  Ne  serait-il  pas  à  propos  du 
moins  que  la  proclamation  de  sa  majesté  passât 
des  villes  les  plus  opulentes  ,  jusque  dans  le  plus 
petit  village.  C'est  /'objet  de  la  motion  que.  je 
propose. 

J'ai  encore  une  autre  motion  à  proposer  ,  au 
nom  du  comité,  dit  M.  Ryder;  la  voici:  Q)i  il 
soit  lait  un  bill  pour  régler  les  secou'S  à  donner 
au  pauvre  ,  pour  diminuer  la  consommation  du 
grain  ,  et  pour  adopter  d'autres  moyens  d'appli- 
quer les  secours  de  paroisse. 

Les  deux  lésoluiions  sont  agréées  dans  le 
comiié  ,  et  la  chambre  reprend  sa  séance  pu- 
blique. 

Ai.  \Vilberforce-Bhd.  ]e  ■peine  que  les  mesures 
proposées  paV  le  comité  ne  rempl  ssent  pas  l'at- 
tente du  public.  Le  peuple  ,  s'il  était  abandonné 
a  liii-mêmc  ,  auiait  Xis<z  de  bon  sens  pour  sup- 
poiter  avec  patience  les  peines  qu'il  éprouve  ; 
mais  il  est  des  hommes  mal  intentionnés  qui  pro- 
(uet  t  du  nii-ihïur  des  circonstances  pour  ulcérer 
les  esprits.  La  cherté  des  Jubsislances  est  le  moyen 
le  plus  propre  à  détacher  le  peuple,  non-seu- 
lement dts  ministres  ,  mais  du  gouvernement 
lui-mômç.I!  rst  très  à^esirer  que  le  peuple  soit 
satistait.  Je  ssis  que  l'opitîio/)  de  beaucoup  de 
personnes  est  qu'il  y  a  des  abus  dans  le  système 
actuel  d'agriculture  ,  qu'on,  espère  que  la  sagesse 
du  parlcm:;nt  rectifiera  :  on  pense  aussi  qu'il 
faudrait  a  iopter  quelques  moyens  pour  limiter 
et  fixer  le   prix  du    grain. 

M'.  Pilt.  Je  n'ai  rien  remarqué  ,  dans  ce  qui 
poils  .1  éié  dit  par  l'honorable  membre  que  nous 
vti!:'.-.'  il  (.niendre  qui  soit  propre  à  diminuer 
.les  diiliculiéii  dor  t  il  se  plai-ji  ,  et  que  nous  sen- 
toris  lous..  Je  n'ai  rien  oui,  au  contraire,  qui 
ne  t  nde  à  aggraver  le  mal.  Sans  doute ,  on 
ddu  sa  isl'aire  le  peuple  et  le  soulager  ;  mais  on 
doit  aussi  consulter  ses  vrais  intérêrs ,  ses  inié- 
rêis  de  lous  les  lems.  Je  ne  pense  pas  que  ,  dans 
une  circonstance  comme  celle-ci  où  beaucoup 
■de  gens  sentent  plus  quils  ne  peuvent  raisonner, 
on  puisse  juger  plus  mal  de  ce  qu'il  convient 
dt-  taire  qil'en  ado[.tant  les  mesures  qui  pour- 
rai nt  plaire  à  une  populace  trompée  ,  égarée  et 
sO'iveni  enflammée.  Il  y  a  des  cas  dans  lesquels 
un  membre  du  patientent  peut  consulter  le»  in- 
térêts de  ses"  commeiians  ,  sans  écouter  leuis 
nisiiuciions.  Sans  doute  ,  quand  des  CLjmmeilans 
ex;  riment  leur  sentiment,  froidement  et  sans  pré- 
juge ,  sur  d; s  points  qui  leur  som  soumis  ,  leur 
opinion  doit  être  d'un  grand  poids  ,  non  seule- 
ment sur  leurs  propres  représentans ,  mais  en- 
core sur  tous  les  membres  du  parlement.  Mais  elle 
ne  doit  pas  avoir  plus  d  effet  sur  leurs  représen- 
tacs  que  sur  tout  autre  membre  de  la  chambre  : 
il  y  a  des  circonstances  dans  lesquelles  un  mem- 
Ijfe  qui  ,  comme  I  honorable  membre  .  repié- 
sente  une  ville  grande  et  populeuse  ,  doit  ,  au 
lieu  de  recevoir  de  ses  commettans  ses  instruc- 
tions,  les  mettre  eux-mêmes  en  état  de  corriger 
leurs    erreurs  en  les  éclairant., 

Je  sais  que  parmi  les  places  populeuses  aux- 
quelles il  a  fait  allusion  ,  l'esprit  de  jacobinisme  , 
prenant  avantage  du  malheur  dé  la  faim ,  a  tra- 
vaillé avec'  une  activité  infatigable  à  accroître  un 
mai  déjà  trop  grand.  Je  ne  sais  que  trop  ,  qu'on  a 
cherché  à  inculquer  l'idée  fausse  et  dangereuse  , 
qu'il  est  au  pouvoir  du  parlement  de  faire  entiè- 
rement disparaître  une  disette  ,  qui  est  due  en 
grande  pariie  à  une  succession  de  faisons  défa- 
vorable»; je  sais  que  beaucoup  de  personnes  ,  en 
suggérant  (\ei  remèdes,  ont  parlé  de  fixer  le  prix 
des  subsistances,  et  ont  indiqué  un  maximum  sut 
le  grain.  Je  pourrais  représenter  à  Ihonorable 
membre  ,  que  si  des  mesures  aussi  désastreuses 
étaient  atloplées,  les  places  les  plus  populeuses  se- 
raient les  premières  à  s'en  ressentir.  Les  pays  ne 
produisent  point  aisez  pour  la  consommation  de 
leurs  non],breux  habitans.  Adoptez  le  maximum  , 
et  vous  arrêtez  la  circulaliou  di^  grain  ,  des  pays 


oîj  l'on  en  récolte  plus  qu'on  n'en  consomme,  dans 
ceux  où  l'on  en  consomme  plus  qu'on  n'en  récolte. 
L'honorable  membccdoit  seniirque  ceci  s'applique 
plus  particulièrement  à  la. ville  qu  il  représente. 

La  cherté  des  subsistances  est  un  grand  mal  , 
j  en  conviens  ;  mais  faui-il  y  remédier  par  une 
baisse  aitilicielle  ?  Ce  soulagement  moinenlané 
aurait  des  lésuliats  plus  fâcheux  qu'une  hausse, 
même  anificielle  ;  car  alors  on  consommerait 
sans  disciéiion  ,  et  le  mal  apiès  cela  serait  sans 
rem>:dc.  Ne  nous  arrêtons  pas  au  moment  pré- 
sent,  porions  aussi  nos  regards  sur  l'avenir.  Les 
^mesures  annoncées  par  le  comité  ne  sont  pas  les 
seules  qu'il  ait  à  proposer  :  mais  c  était  celles  qu'il 
devait  proposer  les  premières  ,  comme  tendantes 
plus  direcieinent  à  soulager  le  mal  actuel.  Voyons 
quels  peuvent  être  les  moyens  de  réduire  le  prix 
des  denrées  ?  Si  la  hausse  vient  de  ce  que  les 
demandes  sont  trop  fortes  pour  la  pénurie  du 
marché  ,  il  s'ensuit  que  yoire  premier  soin  doit 
êtte  de  garnir  les  marchés  ,  et  de  diminuer  les 
demandes.  C'eSi'-là  ce  doiit  le  paiîerriént  s'est 
occupé  immédiatement ,  parce  qu'il  n'y  avait  pas 
à  délibérer  là-dessus. 

Si  l'on  trouve  insuffisans  les  moyens  proposés 
par  le  comité  ,  qu'on  nous  en  indique  d  autres 
dont  l'exécution  so't  aussi  fjcile  et  les  résultats 
aussi  certains  ;  mais  sur-tout  gardons-nous  de 
1  iiiflucn-..e  des  piéjugés  populaires  et  des  loca- 
lités. Le  comité  recevra  avec  plaisir  tous  les  ren- 
sdignemens  ,  tous  les  avis,  je  suis  persuadé  que 
la  chambre  ne  partage  pas  l'opinion  de  l'hono- 
rable membre  ,  sur  l'insuffisance  et  le  peu  d'ef- 
ficaciié  des  mesures  proposées  par  le  comité. 

M.  Nicholh.  Mop  intention  n'est  pas  de  discuter 
la  question  qui  nous  occupe  ;  mais  je  persiste  à 
dire  que  tant  qu  ou  entretiendra  une  cavalerie  de 
3o,oou  hommes  ,  et  qu'on  continuera  à  donner 
aux  chevaux  une  pleine  ration  ,  parler  au  peuple 
de  soulager  ses  maux ,  c'est  se  mocquer  de  lui. 

M.  Windham.  On  a  déjà  fait  dans  cette  partie 
tous  les  reiranchemens  ,  toutes  les  économies 
qu'il  était  possible  de  faire.  L'honorable  membre 
ne  peut  tien  dire  là-dessus,  à  quoi  il  n'ait  déjà 
été  répondu. 

M.  Pi//.  L'honorable  membre  peut-il  supposer 
que  le  public  croira  qu  on  se  mocque  de  lui  , 
parce  qu  on  lui  recommande  1  économie  dans  la 
consommation  d  une  quantité  de  grains  qui  s'élève 
à  7  millions  de  quariers,  et  parce  qu'on  ne  veut 
pasfaiie  dans  notre  cavalarie  les  réformes  qiie 
l  honorable  membre  désire. 

M.  Willerforce  Bird  s'explique. 

M.  Grey.  Je  suis  convaincu  que  l'honorable 
membre  (  M.  'Wilbeifoice  )  n'a  eu  en  vue  que  le 
bien  public;  mais  je  pense  ,  avec  le  chancelier 
(le  1  éch  quicr  ,  quil  s'est  un  peu  mépiis  dans 
son  opinion  ,  et  que  la  mesure  de  fixer  le  prix 
des  grains  aurait  les  conséquences  les  plus  fâ- 
cheuses. Je  suis  piêt  à  soutenir  sur  ce  point  les 
ministres  ,  moi  qui  fais  profession  de  leur  être 
opposé  sur  tout  le  reste  :  dussions-nous  par  là  , 
moi  et  tousceux  de  mon  parti  qui  pensent  comme 
moi  sur  ce  sujet  ,  encourir  la  haine  populaiie  ; 
mais  je  n  accorderai  pas  à  l'honor..ble  chancelier 
de  léchiquier  ,  que  mon  honorable  ami  ait  ja- 
mais prétendu  encourager  par  ses  discours  l'es- 
prit de  jacobinisme  .  en  prenant  avantage  des 
des  malheurs  du  peuple!.  Jamais  le  peuple  n'a 
mieux  liiontré  son  attachement  au  gouvernement 
et  sa  patience  à  souffrir  que  pendant  les  débats 
de  l'année  dernière.  Il  est  vrai  qu'il  y  a  dans  le 
pays  ,  des  esprits  inquiets  et  mal  intentionnés  , 
toujours  prêts  à  mettre  à  profit  les  circonstances  ; 
mais  a-t-on  jamais  vu  dans  leurs  raogs  un  seul 
de   nos  politiques  ? 

J'avoue  que  mor>  am!  est  tombé  dans  quelques 
erreurs  :  en  supposant,  par  exemple,  que  la  rareté 
du  grain  n'est  pas  aussi  grande  qu  elle  paraît  l'êtie, 
ou  qu'elle  est  due  en  grande  partie  à  la  malveil- 
lance. Pour  moi  ,  je  n'ai  jamais  espéré  que  le 
parlement  pût  faire  beaticoup  pour  te  soulage- 
ment du  peuple.  Les  résolutions  présentées  par 
le  comité  peuvent  bien  pallier  le  mal ,  mais  non 
pas  le  guérir.  Quand  même  nous  ayrionsle  bon- 
heur de  faire  ii  paix,  nous  ne  serions  pas  en- 
tièrement délivrés  de  nos  maux.  Quoique  le 
rapport  du  cornilé  né  produise  pgs  tout  l'effet 
qu'on  pourrait  désirer  ,  ^e  peuple.au  moins  sera 
coni-aincu  que  le  parleiment  a  fait  pour  le  sou- 
lager  tout  ce  qui  était  en  son  pouvoir. 

La  suite  demain, 

I     N     T     É     R     I     E     U     R, 

Paris  ,  /e   1 8  frimaire, 

~~  Nous  avons  parlé  il  y  a  quelque  tems  d'une 
cause  intéressante  qui  se  plaidait  au  tribunal  de 
paix  de  la  division  Lepelleiier  ,  entre  le  citoyen 
Lange,  inventeur  des  lampes  à  coutans  d'air, 
défendu  par  le  citoyen  Thilorier,  et  les  contre- 
facteurs de  ces  lampes ,  défendus  par  le-,  citoyen 
Brasseux. 

Le  citoyen  Lange  a  gagné  sa  cause.  Les  lampes 
uouvées  cl^ez  |o  utoyen  Noël ,  l'ua  des  coiitc«- 


facteurs ,  et  qui  avaient  été  déposées  au  greffe' 
ont  été  confisquées.  Il  lui  a  été  fait  défense  de 
récidiver;  la  suppression  du  tableau  qui  était 
.-iii-dessus  de  son  magasin  ,  a  été  ordonnée  ,  et  il 
a  été  condamné  aux  dépens  avec  impression  tt 
arliche  du  jugement  auquel  la  loi  accorde  1  exé- 
cution provisoire. 

Le  tribunal  ,  prenant  en  consi^'ération  l'ign»- 
rance  de  droit  que  le  citoyen  Noël  avait  allé- 
guée en  sa  faveur,  ne  l'a  condamné  à  aucuns 
dommages  et  intérêts.  Mais  comme  une  sem- 
blable excuse  n'a  pu  être  admise  que  dans  la 
première  cause  de  ce  genre  ,  les  contrefacteurs 
qui  méconnaîtraient  dorénavant  la  propriété  lé- 
gale du  citoyen  Lange  ,  ou  de  tout  autre  breveté , 
doivent  s'attendre  que  la  loi  sera  exécutée  à  leur 
égard  dans  toute  sa  rigueur. 

—  L'épizooiie  continue  ses  ravages  en  Suisse. 
On  s'y  est  convaincu  ,  par  plusieurs  essais  ,  <iu"il 
n  y  avait  d'autres  moyens  de  sauver  les  bestiaux 
non  infectés  ,  que  dp  couper  toute  communica- 
tion entre  eux  et  les  bêtes  malades ,  et  même  de 
tuer  ces  dernières. 

—  Le  citoyen  Legrand-d' Aussi  ,  membre  d« 
llnstitut  national,  et  l'un  des  conservateurs  de 
la  Bibliothèque  nationale,  est  mort  hier  soir  à  la 
suite  d'une  très-courte  maladie  ,  et  lorsqu'on  le 
croyait  hors  de  danger.  Sa  perte  est  vivement 
sentie  par  tous  ceux  ijui  connaissaient  son  carac- 
tère ,  ses  vertus  ,  ses  travaux  et  ses  lumières. 

—  Le  lycée  de  jurisprudence  publie  un  bulletin 
de  ses  travaux;  le  n°  i"  vient  de  paraître.  Lin- 
troduction  que  les  auteurs  placent  en  tête  de^ 
cet  ouvrage  ,  a  pour  but  de  rappeler  la  nécessité 
de  l'étude  des  lois  ,  et  pour  objet  principal  dç 
donner  une  idée  exacte  et  précise  des  liavauK 
du  lycée.  On  y  trouve  nommés  patmi  les  profes- 
seurs dé  cet  établissement  les  citoyens  Lesuire  , 
Morand  ,  Jollivet ,  Peuchet  ,  Testard  ,  Dubreuil  , 
Dorfeuille  ,  etc.  etc.  A  l'ouverture  d'inné  école  de 
droit ,  se  joint  celle  d  un  bureau  de  consultation, 
et  de  défense  générale  pour  toutes  les  parties  de 
la  république.  L  administration  se  propose  de 
faire  paraître  divers  ouvrages.  L'un  çsi  le  bulletiix 
que  nous  annonçons  ici .  dont  le  prix  d'abonne- 
ment est  fixé  à  33  fr.  Le  second  ouvrage  sera  un  . 
choix  des  Causes  célèbres  depuis  la  révolution  ;  le 
troisième  sera  intitulé:  Répertoire  universel ,  poli- 
tique ,  littéraire  et  commercial ,  consacré  à  l'annonce 
des  nouveautés  en  tout  genre.  Le  prix  d'abonne- 
ment de  ce  recueil  sera  également  de  33  fr.  Le 
f  numéro  du  bulletin  coniient  en  outre  les  dis- 
cours d'^ouverture  prononcés  au  lycée  ,  et  diverseï 
pièces  relatives  à  l'objet  principal  de  l'insiituiiori. 

—  Le  bureau  de  bienfesance  de  la  ville  de 
Libourne  éprouvait  les  plus  grands  besoins;  il 
voyait  ses  ressources  entièrement  épuisées  ;  les  pau- 
vres étaient  privés  de  tout.  Des  citoyens  formant 
une  société  réunie  pour  jouet  la  comédie, 
apprenant  la  situation  du  bureau  de  bienfesance  , 
se  sont  déterminés  à  donner  au  ptofit  des  pau- 
vres une  représentaliou  publique  ;  leur  entre- 
prise a  eu  tout  le  succès  qu'on  pouvait  en 
attendre  ;  elle  a  produit  une  somme  de  400  fr.  , 
dont  la  distribution  ,  faite  avec  économie  ,  pour- 

'voira  encore  pendant  quelque  lems  aux  prciuier*^ 
besoins   de   l'indigence. 

—  Il  a  paru  à  Londres  ,  New  bond  Street  ,  un  ou- 
vrage intitulé  :  Réponse  à  une  brochure  ayant  pouç 
titre  ,  Véritable  état  de  la  question  de  la  promesse  iJe 
fidélité  à  la  comtiluiion  demandée  aux  prêtres  ,  etc. 
Cet  ouvrage  est  de  l'ancien  évêque  de  Troyes  , 
Barrai.  Il  a  eu  beaucoup  de  succès  en  Angleteire 
et  en  Allemagne  ;  c'est  un  excellent  traité  en  fa- 
veur de  la  promesse. 

—  Le  célèbre  astronome  Herschel  a  commu- 
niqué à  la  société  royale  dé  Londres  un  ouvrage, 
dans  lequel  il  détermine  d'une  manière  compara- 
tive l'étendue  de  la  puissance  visuelle  ,  et  les 
moyens  que  les  télescopes  de  diverses  grandeurs 
et  constructions  peuvent  lui  fournir  pour  pénétrer 
dans  l'espace. 

—  M.  Schiller  va  publier  sa  tragédie  intitulée 
Marie  Stuart.  Son  Wallenstein  a  eu  un  débit  si 
rapide  que  six  mille  exemplaires  ont  été  vendus 
en  trois  mois. 

—  M.  Heynn  ,  doyen  de  la  littérature  en  Alle- 
magne ,  vient  de  traduire  Homère.  Les  cinq  pre- 
miers volumes  contenant  l'Illtade  ,  seront  mis  en 
vente  dans  quelques  mois. 

-T-  On  mande  de  Gitonne  ,  en  Catalogne  j 
que  tous  les  évêques  français  retirés  en  Espagne, 
sont  unaniment  favorables  àia  promesse  exigée  des 
ministres  du  culte.  Ils  sont  au  nombre   de    i3  ou 

14.  [Journal  des  débats.  ) 

—  Le  20  frimaire  ,  à  midi  très-précis  ,  il  sera 
célébré  dans  le  temple  de  k  Victoire ,  (  Sulpice  ,  y 
une  fête   au   Courage, 

—  Le    citoyen    Schée  ,  préfet    des  quatre  dé- 
partemens  du  Rhin  ,  a  pris  aujourd'hui  séance  au 
conseil-  d'état ,  et  a  fait  la  promesse  de  fidélité  à  la.  ' 
coastitiition. 


3ig 


—  Les  lettres  d'Espagoe  atiivées  à  Bayonne  ,  le 
8  de  ce  mois,  Contirment  que  la  maladie  (jui  a 
affligé  si  cruelieraeni  l'Andalousie  est  eniiéienienl 
à  sa'fio  ,  et  qu'il  n'y  a  plus  que  des  convaloscens  , 
qui  maintenant  échappent  aux  danjieis  qu'elle 
présentait  dans  Us  commencemens.  On  écvii  de 
Cadix  et  de  Scville  ,  qu  on  y  est  actuellement  sans 
crainies,  ei  que  les  affaires  y  ont  repris  leur  cours 
ordinaire.  Les  douanes  sont  ouvertes  ,  et  de  nou- 
veaux employés  y  remplacent  ceux  qui  ont  été 
enlevés  par  la  maladie. 

Voici  l'extrait  d'une  lettre  de  M.Jacques  Sail- 
lera ,  commissaire  des  relations  commerciales  à 
Séville  ,  en  date  du  19  novembre  1800  ,  et  adressée 
au  cil.  Joseph  Dubrocq  ,  adjoint  à  la  mairie  de 
Bayonne  ,  qui  confirme  ce  que  nous  venons  de 
dire  au  sujet  de  lépidémie. 

J'ai  la  vraie  satisFact'on  de  vous  annoncer  que 
nous  sommes  ,  grâce  à  Dieu  ,  presqu'eniiérement 
libres  de  l'épidémie,  que  le  nombre  des  rao:ts  n'est 
que  le  journalier  en  lems  ordinaire,  et  que  s'il  y  a 
encore  quelqu'excédent  ,  il  provient  des  hôpi- 
taux :  il  n'y  avait  dans  l'hôpital  général  que  23 
hommes  et  neuf  femmes  ,  et  je  ne  doute  pas  que 
le  Te  Detim  ne  se  chante  par-tout ,  le  présent 
mois. 

Signé,  Jacques  Saillera. 


Les  détails  suivans  sur  la  population  des  dépar- 
temcns  réunis,  stjnl  d'un  (t-l  iiiiéfêl  qu'il  nous  a 
yard  unie  de  les  publier  sans  en  rien  lelrancher. 
Ils  sont  assurément  une  preuve  nouvelle  que  la 
population  de  la  Fiance  n  est  pas  diminuée  depuis 
1789  ;  nous  publierons  le  travail  annoncé  dans 
cette  lettre  ,  quand  nous  aurons  rassemblé  tous 
le's  récensemens  des  dépariemcns  réunis. 

Bruxelles,  te  i"  frimaire  ,  an  9. 

En  ro'accusant  la  réception  de  l'état  de  population 
du  département  de  la  Dyie  ,  que  j  ai  cu  I  honneur 
de  vous  envoyer,  vou,'  m'avez  demandé  des  ren- 
seignemeus  sur  l'ancienne  population  de  ce  pays  , 
en  m'inviiant  à  comparer  Us  résultats  ,  et  à  vous 
donner  mon  avis  sur  les  causes  auxquelles  (3n 
doit  rapporter  la  différence  qu'ils  peuvent  offrij. 
Pour  remi'lir  vos  intentions  ,  mon  premier  soin 
a  été  d'ordonner  la  recherche  d'un  travail  que  ie 
savais  avoir  été  lait  sur  celle  maiiere  en  1786, 
par  ordre  du  gouvernement  autrichien.  Je  suis 
parvenu  à  le  découvrir  ;  ei  comme  le  rcccisement 
qu'il  présente  embrasse  la  toialiié  des  proviirces 
belgiijues,  et  doit  conséqu  •minent  servirde  po'nt 
de  comparaison  pour  louie  la  partie  des  dépa'r- 
temens  réunis,  soumise  auirelois  à  la  domination 
auirichieiiue  ,  j'ai  cru  devoir  vous  en  adresser  une 
copie  Hdelc  que  vous  irouverez  jointe  à  certe 
lettre.  Ce  travail  est  d'autant  plus  précieux  qu  il 
est  louvrage  du  consei  \c:  Cornet  de  Grez  ,  lequel 
a  fait  preuve  de  grands  talens  en  adminisiralion. 

En  jetiarit  les  yeux  sur  ce  tableau,  vous  vous 
assurerez,  citoyen  raiiiistic,  que  lei  ihvisions  10- 
pooraphiques  générales  et  puriiculieres  ,  n'ayar.t 
aucun  rapport  avec  celles  que  nous  avons  adop- 
tées ,  je  n  ai  pu  conrrparer  des  produiis  qui  se 
composaient  de  quantités  différeBics.  Cette  diffi- 
culté se  lait  sentir  même  en  comparant  la  popu- 
lation des  villes,  par  l'embarras  où  Ion  se  trouve 
d'assigner  précisément  aux  mois  districts  et  dé- 
tendances  la  valeur  qu'ils  avaient  da^s  ces  états. 

Sans  pouvair  établir  cette  vérité  sur  des  dé- 
monstrations mathématiques  ,  j'ose  cependant 
assurer  que  la  populaiion  de  ce  dépariement  n'a 
point  souffert  de  diminution  sensible  (  si  même 
elle  a  diminué)  ,  et  voici  sur  quelles  doirnées 
j'établis  mon  opinion.  Si  ,  comme  quelques  [let- 
Sonnes  paraissent  le  croire  ,  ce  dépariement  a 
beaucoup  souffert  dans  sa  population  ,  par  suite 
de  la  révolution  et  de  la  guerre  ,  c'en  incon- 
testablement d.ns  les  villes  qu'il  faut  en  cher- 
cher la  preuve  ;  or ,  voici  un  tableau  de  récen- 
semens comparés  de  la  populaiion  des  princi- 
pales villes  du  déparlement,  en  1786  et  à  la  Kn 
de  l'année  dernière.  Je  me  suis  assuré  ,  autant  que 
possrble  ,  que  ia  même  opération  avait  été  faite 
dans  les  mêmes  limites 

Reeenaement  Recensement 

de  1786.  de  l'an  9. 

Bruxelles 74-427  ■    •    .    •  66,297 

"Louvain so,83i  •    •    •    •  18,587 

Nivelles 6,370  ....  6,537     • 

Tirlcmonl  ....  8,324  ....  7.788   (1) 

Diest 5,343  ....  5,653 

Vilvorde 2,544  ....  2,682 

Aertchot 2,299  ....  2,3oi 

Jodoigne î,253  ....  2,012 

Montaigii  .    .    .    .  1,352  .   .    ,   ,  1,579 

Wavre.  ..'...  3,789  ....  4,772 


Total. 


127,532. 


118,208 


(1  Ce  t^sulut  n*ej,t  point  conforme  à  l*opinîon  de»  liahilnn 
^tt«  ville ,  qui  asAiirrnt  que  \»  population  cftt  au  contraiic 
pncnlét  d*U]i  àiniçme» 


l\  résulte  de  ce  tableau  comparatif  que  la  po- 
pulation actuelle  des  dix  piincipales  communes 
de  la  Dvle  .  prises  collecriveraenl ,  est  aujourd  hui 
d  -  9,324individus  moins  considérable  qu'en  1786; 
mais  il  est  aisé  de  voir  que  cciie  différence  porre 
en  totalité  .sur  les  deux  villes  de  Bruxellei  et  de 
Louvain  ,  et  que  les  autres  ,  loin  de  participer  à 
cette  pêne  ,  contribuent  à  la  diminuer. 

Q_uant  aux  causes  qui  ont  diminué  la  popu- 
lation de  Bruxelles  et  de  Louvain  ,  il  ne  peut 
y  avoir  qu'un  avis.  A  Buxellcs  l'éloignement 
d'une  cour  éirangere  et  de  tous  les  agens  du 
gouvernement  autrichien.  A  Louvain  ,  la  sup- 
pression de  l'université  de  celle  ville.  Mainle- 
na  it  ,  si  l'on  considère  que  dans  ces  d.'ux  cas  les 
indiviiius  soriis  étaient  |ireS(]iie  lousélianu;  rs  à 
ce  pays  ,  (jue  dans  les  aunes  villçs  la  population 
paraît  avoir  au^mi  nié  ;  que  celle  des  cam|j;i'jnes 
n'a  ceriainenitni  essuyé  aucune  diminuiion  ,  on 
en  pourra  tonciure  avec  beaucoup  de  vraiseiTr- 
blaiice  que  la  iiojiulaiion  tiénélale  du  dépaile- 
merrt  de  la  Dyle  esl  au  moins  atrjourd  Ifiji  ce 
quelle  éiaii  eii  1786.  :  • 


CONSEIL-DE  TA  T. 

Extrait  des  registres  des  délibérations.  —  Séance  du 
iSfriiiiiiire.,  an  9  de  la  république. 

DÉCISION. 

Le  cor.scil-d  état  sur  le  renvoi  fait  par  les  consuls 
d'un  rapport  (iu  ministre  de  l'intéiieiir ,  vu  la  péti- 
tion préserilée  le  aS  fructidor  an  8.  par  Jean 
Bédés  pete  ,  Louise  Declercq  .  femme  Bé<iè«  , 
Louise  et  Julie  Bédés,  Louis  Laurent  Devaux  , 
Angélique  Devaux  ,  André  Quincbois  .  femme 
Quinebois,  se  déclarant  tous  tiablians  de  U  ville 
de  Rouen,  pères  et  mères  et  sœurs  d  Edouard  ei 
Frédéric  Bédés,  Alexandre  Devaux  et  André  Oui- 
nebois,  déicn'.s  en  ta  maison  de  justice  du  depar- 
lemert  de  ia  Seine  intérieure  ,  comme  prévenus 
de  rcnlevemeni  de  la  receite  de  Neufchâiel;  ladite 
péiition  tendanie  de  la  pari  des  citoyens  y  dérrora- 
i7iés  à  être  autorisés  à  poursuivre  dcvarrt  les  iri, 
buiiaux  le  cit.  Leiiévre  ,  adjoint  de  la  maiiie  de 
Rouer!  ,  comme  auteur  d'un  assaabinal  piémédilé 
piéienduemeni  exercé  sur  leurs  parens  ,  et  préten- 
duemeiit  consommé  défîniliveineni  sur  U  tcr- 
sonne.  d'André  Qjainebois  ,  l  un  d'eux  ,  le  12  fruc- 
tidor dernier. 

Considérant  que  le  citoyen  Leiiévre  d.uis  lout 
ce  qui  a  précédé  et  accompagné  lévénement  dudii 
,  jour  ,  12  11  uctidor ,  n'a  ponri  excédé  les  fondions 
d'adjoint  de  la  mairie  de  Rouen  ,  et  qu'au  con- 
traiic il  a  parfaitement  rempli  les  devoirs  de  sa 
place  ,  donne  la  décision  suivante  ; 

Il  n'y  a  pas  lieu  à  poursuivre  le  cit.  Lel  èvre  , 
adjoint  au  maire  de  Rouen  ,  chargé  de  la  police 
des   prisons   de   celle   commune. 

Pour  extrait  conforme  , 

Le  secrétaire-général  du    conseil-d'état , 
Signé  ,  J.  G.  LocRÉ. 

Approuvé.  -.  ■ 

Le  premier  consul,    signé,    Bonaparte. 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  .  H.  B.  Maret. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Le  ministre  de  la  police  générale  de  là  réjiuhliijue  , 
au  premier  consul.  —  Faris  ,  le  iH  Jrimaiie. 

"C  1  T~0  VEiM     CONSUL, 

Si  les  vols  de  diligence  n'ont  pas  encore  cessé  , 
si  le  pillage  des  fonds  publics  continue,  la  faute 
ne  peut  «n  être  imputée  au  ministre  de  ia  police  : 
;les  priions  des  dépariemens  font  foi  qu'elle  .i  fait 
son  devoir  :  elles  sont  toutes  remplies  de  bngands  , 
et  il  lie  s'est  gueres  commis  un  alternat  qui  n'ait 
été  suiyi  de  la  mort  ou  de  rarrcstàlion  de  quel- 
ques-uns de  ses  auteurs. 

Si  ces  désordres  n'ont  pas  encore  un  terme  ,  il 
faut  le  dire  avec  courage  ,  c'est  que  beaucoup 
de  tribunaux  J  et  les  jurés  ne  rernplis^çut,  pas 
leurs  devoirs.  ;,i^ 

Des  scélérats  pris  les  armes  à  la  main  ont  été 
acquiités  ,  et  mis  eh  liberté  par  les  tribunaux.  Les 
foi-ipes  de  procédures  ordinaires  n'onrhi  la  rapi- 
dité ni  la  force  nécessaire  pour  proléger  la  iTan- 
quillité  publique.  , 

De  toutes  parts  les  préfets  réclament  la  création 
de  commissions  extraordinaires  spéciales  pour 
juger  les  prévenus  actuellemeitt  en  atrestatipn. 

Un  tel  état  de  choses  ,  citoyen  consul  ,  ne  peut 
se  prolorrgcr  ,  il  décourage  tous  les  citoyens  ;  il 
-anéantit  faction  de  la  police  ;  il  enhardit  les  6cé 
lérats  qui,  mis  en  liberté,  ou  parvenusàs'échapper 
après  une  longue  détention  ,  sorirnl  des  prisons 
plus  furieux  ,  plus  méchans  ,  que  quand  ils  y 
sont  entrés. 

Je,  voiis  renouvelle  ,  citoyen  consul  ,  la  de- 
mande que  je  vous  ai  déjà  fait  de  créer  des  com- 
missions cxtraordinai(es  destinées  à  juger  , 


i".  Les  voleurs  des  diligences ,  des  courriers  et 
dos  recelés  publiques  ; 

2".  Lt'3  embaucheurs  et  provocateurs  à  la  dé- 
sertion ; 

3°.  Ceux  qui  tendent  d  enlever  à  raaiii  armée 
les  individus  transférés  ci   conduits  par  la  gen- 
dairaeric  et  la  force  publique. 
Salut  et  respect , 

Signé  ,  FouCH^. 

Etat  des  individus  arrttés  dans  tons  les  défiartemens 
de  la  république  .  comme  prévenus  de  brigandages , 
de  vols  de  diligences ,  de  eeariers  et  recettes  pu- 
bliques ,  non  jugés. 

Ardennes.  —  Baudoin  ,  Gclbay  ,  Marache  ,  (voi 
de  deniers  publics.  ) 

Meuse  -  Inférieure.  —  Brereins  ,  (assassinat  e: 
brigandage.) 

Deux  -  Xethes.  —  Dcvinter  ,  Denééf  ,  Devos  , 
chauffeurs.  ) 

Jenimappes.  —  Lourdaut ,  (  brigandage  et  assas- 
sinat. ) 

Moselle.  —  Charost ,  George  d'Anier  ,  (  idcu.  ) 

Scine-et  -  Marne.  —  Fiacre  ;  Joan  d\t  Ncviile, 
les  frères  Benoist ,  (  idem.  ) 

Seine-et-Oise.  —  Morand,  Bonne  ,  Jean-Louis  , 
(  idem.  ) 

Seine.  —  Furet  Edme,  (  assassinat).  J.  J.  Loubra- 
don  ,  Gardinier,  (empoisonnement).  Droulin  , 
femme  Lacroix,  Lacroix,  Leclerc  ,  Lemana'^er . 
Jourgeon  ,  (pour  avoir  concourra  à  l'enlèvement 
du  sénateur  Clément  de  Ris  ).  Margadelle  ,  (chef 
de  voleurs  de  diligcfice).  Curés  ,  (  asiiaïssinit  et 
brigandage).  Beranguier,  (  brli^andage  ).  Olivier 
Maihuriri ,  (assassinai).  Femme  Beqnet  ,  Lohi  dit 
Gatineau  ,  (complicité  de  chauffage).  Burct  dit 
Désiré ,  {  assr-  Mîirrat  et  brigandage  ).  Jeun  Beauvais  . 
(  briganda^  ,.  Girard,  Giiardon  ,  (attaque  de 
courrier,  ). 

Arriegi'.  — Guillaume  Sibra  ,  dit  Jean  Dabai!  , 
(  brigand  évadé  des  prisons  et  repris.  ) 

Aveyron.  —  M.iriin  ,  James  ,  Julien  Girod  (  bri- 
gandage.) Barnadé  (  a  éié  fusillé  par  une  se.i'U- 
nelle  en  voulant  s'évader.  1  Pailles  (  lué  d'un 
coup  de  feu  par  tes  complices  qui  voulaient  l'en- 
lever à  la  gendarmerie.  ) 

Corrhe.  —  Charlçi  de  Gimet  (  vol  de  dili- , 
gences.  ) 

Vordogne.  —  Soulier  (  chsluffeur.)  "Viole  (  assas- 
sinat et  biigandage.  )  Emety  Descourbes  (idem.  ) 
Guillaume  .  Narbotte  (  voleurs  de  fonds  publies.  1 
Pierre  Souillet  ,  Decoly  de  Saint-Félix  ,  Jean 
Vallete  ,  Jean  Laval  ,  Pierre  Bouiei ,  Maunn  .  Pe- 
lissier,  Galland  ,  Bclair  (  assassinat  <t  brigatrdage.) 
Gironde. — Dupâiy,  Geniet  la  Cheveliere,Br>u» 
baud-Voirailly,  Auguste  Gaiet,  Charles  Setis  et. 
deux  autres  individus  (  vols  de  diligenees  et  de 
courriels,  )  "Vérins  (  assassi'-.at  et  b-igandage.) 

Haute-Garonn-e.  —  Menard  ,  Segefield  ,  Ravenel 
(brigandage.) 

Hérault.  --  Malret ,  Roger  Eiienne  (  vol  de  dili- 
gecce.) 

Landes.  —  Mallet  du  Pin,  Jean  Bedou  (  assas- 
sins. ) 

Haute-Loire.  — Bison  (  chef  de  brigands.)  Bar- 
vier  (  assassinai  et  brigandage.  )  Bompart  (  idem.  ) 
Sedage ,  Ama,  Romeuf  (vol  de  fonds  publics.  ) 
Lômende  et  sa  famille  (  receleurs.  ) 

Lozère.  —  Boyer-Sagueiousse  (chef  de  brigands, 
tué  par  les  gendarmes  en  se  défendant.  ) 

Lot-et-Garonne.  —  Vingt  prévenus  d  assassinats  ,- 
de  brigandage  et  de  vols  de  diligences  ,  dont  ou 
n'a  pas  exacùtjnenl  les  noms. 

■Puy-de-Dôme.  —  Puissant  (  deux  frères)  ;  un  autre 
inconnu  (vol  de  la  recellc  de  Vic-sur-Allicr.  ) 

Gard. —  Sollier  ,  dit  Sana-Peur  (volde  dili- 
gence )  ;  Champrelier  (bri.gandage)  ;  Gilbert,  idem; 
David  (  chef  de  brigands.  ) 

Vaucluse.  —  Armand  Joubert  ,  André  Morçl  , 
(  brigandage.  ) 

Boiichfs-du-Rhône.  —  Paget,  G.  B.  Fontes  (  bri- , 
gandage.)  Deux  autres  brigands  ont  éié  tués  dan^ 
une  bastide  prèsAuriol  parla  gendarmerie, 

basses-Alpes.  —  Les  Sœurs  Rebuti  (  prévenues  de 
comphciié  avec  les  brigands)  ;  Bec  (brigandage); 
Comie  ,  idem.  Deux  autres  brigands  qui  n  ont  pas 
.déclaré  leurs  noms,  ont  été  arrêtés  comme  pré- 
venus d'avoir  arrêté  le  courriçr  de  Manosque. 

Dans  ce  même  départataent  ,  la  garde  rationale 
de  Saint-Michel  a  attaqué  trois  brigands,  l'un' 
d'eux  a  été  lué  ;  le  second  a  été  ptii  i  le  troisième 
a  pris  la  fuite- 
Far. —  Le  26  brumaire,  quinze  brigands  ont 
été  mis  à  mon  dans  ce  déparlement.  Les  arresta- 
tions ont  été  plus  nombreuses  que  dans  auc<in 
autre  département.  On  n'a  pas  les  iloms  des  indi- 
vidus arrêtés. 

Galvados.T-  Guilbert ,  boulanger  (brigand  pri» 
les  armes  à  la  main)  ;   Luuellt:  (prévenu  d'assas- 
sinat et  de  biigandage.  ) 
Cùtes-du-Nord.  —  Lebtix  (prévenu  de  brijan* 


Creuït. — Pinot  et  cinq  de  ses  complices ,{  as- 
sassinat et  brigandage). 

Deux-Sevres.  —  Dix  brioçands  pris  les  armes  à  la 
main  ,  commandés  par  Migoier  dit  Grand  Gas. 
' —  Mathieu  Dumas  ,  Pierre  Texier ,  Pierre  Tur- 
paut  ,  Louis  Débris  ,  Louis  Vert;ntaut ,  (  brigands  , 
pris  les  armes  a  la  main  ).  Giraudol  ,  Dubosquet, 
[  embjucheur  pour  une  prétendue  armée  royale  ). 

£ur«.  —  Louis  Ge'orgeon  .  (  assassinat  et  brigan- 
dage). Jean-Pierre  Tavernier  .  (brigandage).  Un 
autre  assassin  dont  on  n'a  pas  le  nom. 

Eure-et-Loire.  -  Dolleans ,  Théodore  ,  Julien- 
Robert  Rubenal .  Gastel  père ,  Gastel  6ls  .Jacques 
Philippe  ,  Jean  Philippe  ,  (  brigandage  ). 

Ilk-tt- Vilaine.  — Choiseul-Gouffier,  Charles 
Hector  ,  (btisands  et  espions  dég^iisés  sous  de 
faux  noms).  Préaux  Lacroix  dit  la  Grenade  ,  Se- 
bastien Chairvin  dit  le  Renard  .  François  Boissy 
dit  Sans-Souci  ,  Jean  Bouiel  dit  César  ,  (  brigands 
couverts  de  crimes). 

Indre.  —  M.-;llesvigne  ,  Royer  ,  Percellier ,  Du- 
bois ,  (  brigandage  à  main  armée).  ' 

Indre-et-Loire,  —  Casenac  ,  Monei,  (  directeurs 
de  voh  de  dilistnce,  complices  de  l'enlèvement 
du  sénateur  Ciénaent  de  Ris).  Delagtée ,  Vau- 
celles  ,  (brigandage  ). 

Loiret.  —  Marie  ,  Alexis ,  Charles ,  Charpentier, 
Sébastien  -  Toussaint  Martin  ,  Pierre  Flammery  , 
(  assassinat  et  brigandage.  ) 

Loire-Inférieure.  —  Trois  jeunes  gens  prévenus 
de  brigandage  à  main  armée. 

Maine-et-Loire.  — Théodore  ,  dit  Fend  -  Vair  , 
Humeru,  dit  Poussière,  (brigandage.  )  Parenteau, 
dit  Rossignol ,  M^rcoi  de  le  Signe,  (  vol  de  caisses 
publiques.  )  '■ 

Mayenne:  -^  Benhereau  ,  Rimbert ,  Pcnard,  (vol 
de  diligences.  )  Courtellier ,  (  brigandage.  ) 

Manche.  — '■  Lechaux  de  Barilly  ,  Dugay  de 
Marcey  ,  Viviers.  Joannerie  ,  Jean  Vallée  ,  Lan- 
çoudiere  ,  (assassinat  et  brigandage.  ) 

Morbihan.  —  Antoine  Conselin  ,  (  brigand-va-. 
gabond.)  Leii  ,  (embaucheur,  ) 

Nord.  — Pirrolu,  dit  Texier, François  Augustin 
(  brigandage.  1  Simon  ,  dit  LaCoudraye  ,  ci-devant 
chevalier  ,  (  embaucheur    et  esp'i'on.  ) 

Orne.  — Lçcomte,  Barreaux  ,'Dubos  ,  Marais  , 
(  assassinat  d'un  tonciionnaire-public  et  vol  de 
diligence.)  Frazier  ,  (  assassinat ,  vols  de  tonds 
publics.)  Manouri  Guim%r3ief€  ,  .Larue -,  (vols 
de  deniers  publics.  )  Lirocton  ,  (  brigandage  "  à 
main   armée. 

■  Sarthc.  —  L'amitié  ,  Pasquier  (brigandage.yW^iu- 
boussin  ,  Pierre  Lebrun  .  Jean  Joanneau  (  voi  de 
diligences.  )  Tiret  ,  dit  Raoul  ,  (brigandage  àmainc 
armée.)  Louis  •  Bled  ,"  Michel  Richard  ,  Louis 
Pacory  ,  Girard"  (brigands  couverts  de  crimes.  ) 
I  'Seine-Inférieure.  —  Georges  et  quatre  de  ses 
complices,  (brigandage.)  Delamare,  Martin  Lincare 
('embaucheurs.  )  Guinebois  dit  Sans  Gêne  , 
EdouardBedès ,  Devaux  dit  Fleur-de-Lys ,  Jean 
Bedès  (  voleurs  de  dilige  nce.  ) 

Ardèche.  — Dçux  brigands  pris  en  flagrant  délit 
par  la  garde  nationale  de  Privas,  (assassinat  et 
brigandage,  ). 

Somme.  — Retout,  Victoire  Mercier,  Sereve  et 
t^ois  autres  complices  ,  (  embaucheurs  et  espions 
pleur  les  angjais  sur  les  côtes  de  la  Somme.) 
Marie  Le  Sot  ,' (prévenu  d'assassinat.  ) 

Il  n'est  pas  fait  mention  sur  ce  .  tableau  d'un 
grand  nombre  dé  brigands  tués  sur  le  champ 
de  bataille  par  la  gendarmerie  ,  la  force  armée  et 
les  braves-  habitans  de  plusieurs  communes.  Il 
est  aussi  quelques  préfets  qui  ont  oublié  d'en- 
voyer leurs  états  ;  je  vais  le  leur  redemander  , 
et  j'en  formerai  un  supplément  que  je  mettrai 
bientôt  sous  les  yeux  du  premier  consul. 

A  Paris  ,  le  19  frimaire  an  9. 
Le  ministre  de  tapolice  générale  , 

Signé,  FoucHÉ. 


320 

-exircmement  utile  pour  l'exercice  de  la  police, 
Il  surveillance  et  la  salubrité  des  comestibles. 
Vous  sentez  ilonc  combien  il  importe  qu'il  soit 
laii  dune  manière  aussi  exacte  que  compleile.  Je 
pense  que  vous  atteindrez  ce  double  but,  en  sui- 
vant la  marche  que  je  vais  vous  tracer. 

Vous  ne  vous  bornerez  pas  à  me  transmettre 
les  noms  ,  prénoms  et  demeures  des  bouchers. 
Il  est  nécessaire  que  je  sois  fixé  sur  le  nombre 
et  le  placement  des  échaudnirs  ,  élauK  et  l'onJoirs 
tenus  par  chacun  d'eux.  Il  n'est  pas  moijis  essen- 
tiel que  je  sache  quels  sont  les  bouchers  qui  abba- 
lent  pour  le  corapt:-  d'auttui  ,  ceux  qui  fondent 
en  branche  ,  ceux  dont  la  fnme  se  borne  ou  non 
aux  suifs  provenans  de  icus  abbats  ;  et  enfin 
s'ils  sont  tous  munis  on  non  de  permissions  et  de 
paientes.  Vous  observerez  qu  il  ne  suffit  pas  que 
léa  bouchers  vous  déclarent  qu'ils  sont  en  règle 
sous  l'un  et  l'autre  rappori  ;  vous  vous  ferez  re- 
présont^r  leurs  permissions  et  patentes. 

J'ai  également  besoin  de  connaître  les  étaliers 
et  autres  gaçons  que  les  bouchers  emploient. 
Sans  doute  que  vous  vous  empresserez  de  re- 
cueillir à  cet  égard  tous  les  renseignemcns  capa- 
bles de  me  fixer. 

Tels  sont ,  citoyens,  les  divers  élémens  q:i 
doivent  enlrei  dans  la  formation  du  tableau  des 
bouchers  et  des  établissemens  de  boucherie  ,  que 
j'attends  de  vous  .  dans  les  premiers  jours  du 
mois  prochain  ,  et  dont  vous  trouverez  ci-joint  le 
modèle.  Si  ce  tableau  est  fait  avec  l'exaciilude 
requise  ,  il  suffira  à  l'avenir  de  ra'adresser  des 
noies  indicatives  des  mutations  qui  seront  surve- 
nues dans  l'intervalle  d'un   triijieslre  à  l'autre. 

Au  surplus  ,  les  détails  que  je  vous  demande 
sont  d'une  nature  trop  importante  ,  et  ils  touchent 
de  trop  près  à  l'oidre  public  ,  pour  qu'il  soit  né- 
cessaire d'exciter  votre  zcle  à  ce  sujet.  J'ai  la  con- 
fiance que  le  résultat  de  votre  travail  ne  me  lais- 
sera rien  à  désirer. 

Je  vous  salue  , 

Le  préfet ,  signé  ,  Dvsois. 


SEANCE     DU     19     FRIMAIRfe<. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès-verbal , 
le  président  annonce  qu'il  n'y  a  rien  à  l'ordre  dii 
jour.  Il  consulte  l'assemblée  pour  savoir  si  elle 
veut  se  réunir  le  îl  ou  le  22. 

L'assemblée  arrête  qu'elle  ne  se  réunira  que 
le  22. 

Le  président.  Citoyens  législ.-leurs ,  si  vos  déli- 
bérations ne  sont  point  encore  activées  au  gré  de 
vos  vœux  pour  l'amélioration  delà  législation  et 
pour  la  prospérité  de  la  république,  le  début 
triomphant  de  nos  armées  à  louverture  de  la 
campagne  repose  vos  pensées  ;  et  les  efforts  cons- 
tans  du  gouveinement  pour  la  paix  au  milieu  de» 
succès  les  plus  éclatans  de  la  gtaerre  ,  vous  sont 
un  garant  de  sa  sollicitude  ,  et  que  bientôt  les 
travaux  qu'il  doit  vous  soumettre  lépondront  k 
l'attente  nationale.  Vive  la  république  ! 

I  Cette  exclamation  est  vivem,ent  répétée  par  les 
membres  du  corps-législatif  et  par  les   citoyens 

I  des  tribunes. 

La  séance  est  levée. 


PR  È  F  E  C  T  U  R  E    D  E    P  O  L  I,C  E. 

te  préfet  aux  commissaires  de  police  de  Paris  ,  et  aux 
maires  et  adjoints  des  communes  du  département  de 
la  Seine  (  exirà  muros  )  ,  et  des.  communes  de 
Saint-Cloud ,  Sèvres  etMeudon. 

Citoyens  ,  le  recensement  des  bouchers  çt  des 
établissemens  de  boucherie  ,  auquel  vous  êtes 
chargés  de.  procéder  "dans  vos  arrondissemens 
respectifs ,  de  trois  en   trois  mois,   peut  devenir 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Préiidence  de  Thiessé. 
SÉANCE    DU     !9     FRIMAIRE. 

Un  secrétaire  fait  lecture  du  procès-verbal. 
La  rédacticm  en  est  adoptée. 

L'ordre  du  jour  appelle  un  rapport  sur  le 
projet  de  loi  ,  relaiif  à  l'acquisition  des  bâtiraens 
de  l'ancien  évêché  d  Avranches  ,  pour  y  placer 
les  autorités  constituées. 

Cat'Wêmer.  Aucune  difficulté  ne  se  présente  sur 
ce  projet.  La  veuve  Laplace  ,  qui  a  acquis  ces 
bâtimens ,  consent  à  leur  rétrocession.  Les  clauses 
de  l'aliénation  sont  convenues  et  arrêtées  réci- 
proquement,  comme  on  le  voit  dans  les  dis- 
positions des  deux  premiers  articles  du  projet. 

Sans  doute  que  le  gouvernement  ,  pénétré  de 
la  nécessiié  de  donner  aux  palais  de  la  justice 
cette  dignité  extérieure  qui  parle  d'abord  aux 
yeux  de  1  homme  ,  et  lui  commande  le  respect, 
de  la  nécessité  d'assain'r  et  de  rendre  plus 
commodes  et  plus  sûres  les  maisons  d'arrêts, 
s'empressera  de  s'acquitter  de  ce  que  lui  prescrit 
à  cet  égard  l'intérêt  de  l'état  comme  celui  de  sa 
piopre  gloire. 

L'arrondissement  communal  d'Avranches  sem- 
ble déjà  avoir  fixé  sa  sollicitude. 

La  nécessité  de  la  question  paraît  démontrée  , 
les  élémens  nécessaires  à  la  possibiliié  existent  ; 
toutes  les  formalités  prescrites  ont  été  observées  : 
le  projet,  tribuns,  semble  donc  mériter  votre 
suffrage.  Votre  commission  vous  propose  d'en 
voter  l'adoption. 

Le  tribunal  délibère  sur  le  projet;  il  est 
adopté  à  la..majorité  de  76  voix  contre  une. 

Le  tribunat  se  forme  ensuite  en  comité  secret. 

Le  spectateurs  se  retirent 

C  o  R  p  s  -LÉGISLATIF. 

Présidence  de  Pison-Dugaland. 

Le  17  ,  le  corps-législatif  a  entendu  en  comité 
"général,  un  rapport  de  sa  commission  des  inspec- 
teurs. —  La  séance  n'a  point  éié  rendue  publique  , 
et  l'assemblée  s'est  ajournée  au.surlendemain. 


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Bons  d'arréragé. ...  i 86  fr.  aS  c. 

Bons  pour  l'an  8 94  fr.  80  c 

Syndicat 8a  fr.  50  c 

Coupures Si   fr. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  République  et  des  Arts. 
Auj.  Iphigénie  en  Tauride  ,  trag.  lyrique  ,  et  le 
ballet  de  Psyché. 

Incessamment  l'O  ratorio  d'Haydn  ,  iniitulé  la 
Création  du  Monde  ,  parodié  et  mis  en  vers  fran- 
çais par  le  cit.  Ségur  jeune  .  traduit  de  l'allemand, 
et  la  musique  arrangée  parD.  Steibelt.  —  Le  prix 
des  places  sera   doublé. 

Théâtre  de  la  rue  Fevdeau.  Aujourd'hui 
les  deux  Journées  ,  opéra  en  3  actes  ,  précédé  de 
l'Auteur  dans  son  ménage. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Scarron',  et 
Teniers. 

Théâtre  des  jeunes  élevés,  rue  deThionvillrf. 
Auj.  le  Mariage  du  capucin  ;  Us  deux  Bergères  j  et 
le  Chaudronnier  de  Saint-Flour. 

■Théâtre  du  Marais  ,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.  spectacle  demandé.  Gaston  et  BcCiard  ,  et 
te  Chaudronnier  de  Saint-Flour. 


errata. 

Dans  le  n°  78  .  2=  page ,  2"=  colonne  ,  3'  ligne  , 
au-lieu  de  the  ouerv/helming  of  that ,  lisez  .-  the- 
overwhelming  power  of  that  ,  etc. 

Dans  le  n"  79  il  s'est  glissé  dans  quelques 
exemplaires  de  ce  numéro  deux  erreurs  qu'il  est 
important  de  rectifier. 

Colonne  7",  article  Paris  ,  dernière  ligne  du  2' 
alinéa  de  cet  article  ;  au-lieu  de  ,  c'est  un  dé- 
compte fort  raisonnable  ,  lisez  :  c'est  ur.  escompte 
fort  raisonnable.   ' 

Ligne  l"  du  7' alinéa  de  cet  article,  au-lieu 
de,  cette  manière  cruelle,  lisez  :  cette  manit 
(  cruelle,  .        . 


L'abonnement  se  fait  à  Paris,    rue  des  Foiieyias,  n"  iS.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois,  et  100  francs -pouri'anne'e  entière.  On  ne  '  h 
qu'au  commencement  de  chaque  mois.  '  ...  ...,■' 


Il  faut  adresser  les  leuresetl'argent  ,  franc  déport  ,aucit.  Aga  es  e,  propriétaire  de  ce  journal  ,  ine  desFoitcuins ,  u»  18.  Il  faut  comprendre  dan.  1^-.  ,-n„„;.i  "i"^"j    *'' 

-.  '  '  r  "au.  JC3  envois  Icport  Qo 

lys  O-.  1  on  ne  peutaffrancbir.  Les  lettres  d«s  départemensnon  aCTiancbies  ,  ne  seront  point  cetirées  de  la-poste.  .     .  .  .       y.i\.l' 

concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur  y  rue  dci 


pay»  U-.  *  un  u,i  pvubauaaukuii.  A,c5  Lciircs  u«s  ueparLcmcns  non  anrancnies  ,  ne  seront  point  «etl-rées  de  la-p 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plu»  de  sûreté;  de  charger  celles  qni  renferment  des  valeurs,   et  adresser  roui 
Poitevins  ,  n'  i3  ,  depui  «neuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  hcuies  du  soir. 


A  Paris ,  de  l'imprimetie  du  cit.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  ci^s  Poitevins,  n"  ii3. 


GAZE 


ATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  Si. 


Primcdi ,  21  frimaire  an  9  de  la  république,  française  une  et  indiviùble. 


Nous  sommes  autotisés    à  prévenir  nos  sousciipceiu-s  ,  qu'.i    dacur  du  7    nivôst;  If    M  O  ^' I  T  E  U  R  esc    le    stul  luurnal  ojpcict. 
Il  contient  les,  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notion 
tant  sur  l'intérieur  que  sac  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ARMÉE    DE    BATAVIE. 

Le  général  de  division  ,  chef  provisoire  de  l'état- 
major-général  ,  au  ministre  de  la  guerre.  —  Au 
quartier-général  à  Closter-Eberach  ,  le  nfrimaire 
an  ^  de  la  république  Jranqaise  une  et  indivisible. 

Citoyen    ministre, 

La  cessalion  de  l'armistice  ayant  été  dénoncée 
aux  généraux  tnnemis  ,  le  18  brumaire  ,  à  quaii'e 
heures  du  soir  ,  les  hostiliiés  devaient  recom- 
mencer le  3  frimaire  à  la  même  heure. 

Le  baron  d  Albini  ,  comniandant  les  troupes 
maycnçaises,  craignant  dêtre  torcé  à  Aschiffen- 
burg,  et  voulant  couvrir  sa  retraite  ,  fit  attaquer 
à  quatre  heures  précises  par  (Jes  forces  considé- 
rables ,  le  poste  dinfanterie  balaye  qui  gardait 
la  tête  du  pont  d'AschatFeiiburg  ;  ce  poste  fit 
bonne  contenance,  et  fut  soutenu  parle  colonel 
baiave  Colard  ,  qui  chargea  trois  fois  de  suite 
avec  ses  hussards  les  troupes  dAlbiiii  .  et  les 
repoussa  dans  la  ville.  Ce  brsve  officier  a  reçu 
deux  coups  de  feu  ,  dont  l'un  l'a  blessé  griève- 
ment. L'otiicier  qui  commandait  au  pont  d  As- 
chafFenburg  mérite  des  éloges  pour  son  intré- 
pidité ;  les  chasseurs  balaves  sous  ses  Ordres  ont 
montré   la  plus  grande  bravoure. 

Le  général  en  chef  a  Fait  poursuivre  le  général 
d'Albini  par  un  parti  de  cavalerie  ,  m  donnant 
l'ordre  au  capitaine  Larrieu  cjui  le  comman- 
dait de  faire  des  courses  dans  le  pays,  et  d'y 
jeter  partout  l'alarme. 

Le  lendemain  4  ,  on  avait  pris  position  en  avant 
d  AschafFenburg  ,  et  la  ville  fut  occupée. 

L'armée  qui  avait  quitté  les  cantonnemens 
qu'elle  occupait  sur  la  Nidda  ,  le  Bas-Mein  et  le 
Tobre  ,  s'éiait  mise  en  marcFie  pour  se  porter 
sur  'Wurtzbuig  etSchwinfurih. 

Le  4,  les  divisions  Batbou  et  Duhesme  pas- 
sèrent le  Mein  à  Trifiestein  ,  et  se  dirigèrent  sur 
Schv^infurth  où  l'on  avait  app-.is  que  l'ennemi 
avait  un  corps  de  trois  à  quatre  rail  e  hommes. 

Le  lieutenant  général  Dumonceau  ,  avec  la  di- 
vision baiavc  ,  partit  de  Werlheim  et  marcha  sur 
'Wur'zburg  pour  en  faiie  1  investissement  ,  ce  qui 
fut  efFcciué  le  8  ,  avec  perle  de  quelques  tirailleurs 
de  part  et  d'autre. 

Le  général  d'Allaglio  ,  sommé  de  rendre  la 
place  et  le  château  ,  proposa  de  rendre  la  place. 
■  Elle  fut  livrée  le  9  ,  par  capitulation. 

Le  généra!  en  chef  laissa  le  général  Dumon- 
ceau devant  le  château  de  'Wurizburg  ,  pour  en 
faire  l'attaque  ;  l'occupation  de  la  ville  de  Wunz- 
burg  et  les  avantages'du  terrein  sur  la  rive  gauche 
du  Mein  ,  permettent  l'investissenSent  du  château 
avec  peu  de  monde  ;  les  bouches  à  feu  pour 
son  attaque  sont  déjà  en  position  ;  on  doit  la 
formation  et  la  célérité  de  la  marche  de  l'équi- 
page -de  sicge  ,  à  l'activité  infatigable  du  chef 
de  brigade  d'artillerie  Humbeit  ,  officier  dis- 
tingué. ■ 

Le  mouvement  surSchwinfutlh  n'étant  point  ache- 
vé ,  le  général  en  chef  ordonna  dans  la  nuit  du  8 
au  9  ,  à  ladjudant  -  commandant  Devertine  ,  de 
passer  avec  la  98^.  et  le  16^.  régiment  de  dragons  , 
îes  deux  bras  du  Mein  ,  au-dessus  du  coude  de 
■Wurtzburg  sur  les  bacs  de  Closter-Zccl  et  de 
Fahr  ,  et  de  se  porter  à  GeroItzofFcn  ,  afin  de 
tâcher  de  couper  la  retraite  au  cotpj  de  troupes 
de  Schwinfurth  ;  mais  l'ennemi  instruit  de  nos 
mouvemens  avait  évacué  cette  place. 

Les  divisions  Duhesme  et  Barbou  prirent  posi- 
tion le  neuf. 

Pendant  que  le  général  en  chef  Augereau  for- 
mait l'investissement  de  Wurizburg  ,  le  général 
Moreau  linforma  ,  par  un  courrier  extraordi- 
naire ,  qu  il  avait  l'avis  certain  que  le  corps  de 
Klénau  se  rassemblait  à  Neumack,  et  qu'il  devait 
être  renforcé  d'une  partie  des  troupes  de  Meifcld  ; 
il  apprit  également  que  l'ennemi ,  après  avoir  rallié 
les  cantonnemens  en  deçà  de  la  Rcdniiz  ,  avait 
réuni  douze  à  treize  mille  hommes  en  avant  de 
Bamberg,dans  la  position  deButg-Eberach;  le  géné- 
ral en  chcl  assembla  les  deux  divisions  à  Geroltz- 
oflen  ,  et  résolut  de  marcher  à  l'ennemi  pour  le 
J)aitrc  ,  et  le  pousser  au-delà  de  la  Rednitz. 

Le  1 1  ,  les  deux  divisions  se  mirent  en  mou- 
vement ;  l'avanl-gardu  ,  40us  les  ordies  de  l'ad- 


judant -  commandant  Deverrine  ,  rencontra  à 
Closter -Ebérach  ,  un  parti  considérable  d'hus- 
sards de  Blankestein  ,  qui  fut  rejioussé  avec 
perte. 

Le  12  ,  les  divisions  se  trouvèrent  «iî  présence. 
L'ennemi  couvrant  la  rouie  de  Ban.berif  ,  occu- 
pait le  village  de  Burg  Eb 'r-ich  et  les  deux  pre- 
mières hauteurs  qui  le  dominent  ;  il  avait  six 
bouches  à  l'eu  sur  le  front  de  la  deuxième  posi- 
tion. La  crête  principale  ne  paraiss.iii  point  occu- 
pée. Le  lieutenant-général  Duhesme  ,  qui  avait 
fait  les  premières  dispositions  avec  beaucoup 
d'intelligence  .  était  parvenu  à  chasser  l'ennemi  du 
village  et  de  su  première  posidon. 

L  ennemi  tenait  ferme  dans,  la  seconde,  et  ca- 
nonnait  avi-c  force.  Le  général  en  chef  Aus^ereau 
ordonna  à  la  21°.  de  ligne  et  à  une  piriie  de 
la  cavalerie  bat:ive  ,  de  louiper  ,  à  la  laveur  d'un 
bois  3  la  gauche  de  l'ennemi  ,  en  couronnant  la 
hauteur  principale  ;  au  général  Treillard,  avec 
sa  réserve  de  cavalerie  ,  de  se  porter  sur  la  rouie 
de  Bambcrg  ,  et  à  l'adjudant  commandant  Devrr- 
rine  ,  d'at'aquer  l'ennemi  de  front.  Malgré  ces 
mouvemens  ,  l'ennemi  résistait  avec  opiniâtreté  ; 
lorsque  Je  jeune  et  brave  Deverrine  ,  entraîné  par 
cette  valeur  brillante  qui  décide  les  snccès,  char- 
gea à  la  lêie  des  carabiniers  de  la  29*^.  légère  ,  et 
foiça  la  position  ;  mais  soutetiue  par  une  cavalerie 
nombreuse,  l'ennemi  se  retira  en  bon  ordie.  La 
29'.  légeie  qui  s'est  distinguée  dans  cctie  journée, 
ne  cessa  de  le  harceler  ,  lui  tua  et  lui  b'cSJa 
beaucoup  de  monde. 

L'adjudant  commandant  Deverrine  a  été  atteint 
de  plusieurs  coups  de  feu  dont  un  est  mortel. 
Capitaine  de  grenadiers  à  dix-sept  ans  ,  formé 
dans  les  champs  de  bataille  de  l'armée  u'Iialie 
pendant  les  années  4  et  5  ,  il  a  vu  la  mort  en 
brave.  Il  disait  aux  carabiniers  qui  se  pressaient 
autour  de  lui  ,  et  qui  lui  do:  naient  ces  témoig- 
nages d'intéiêt,  fruit  d'une  bonne  renommée  : 
Mes  amis  ,  il  est  bien  glorieux  de  mourir  au  champ 
d  honneur. 

L'ennemi  a  été  poursuivi  JTisqu'à  la  fin  du  jour 
et  a  perdu  plus  d  une  ;ieue  de  terrein  ;  il  a  pro- 
filé de  la  nuit  et  de  l'avantage  d'un  pays  coupé  et 
difficile  pour  se  retirer  par  sa  gauche  surPomirs- 
feld  ,  oii  le  général  Barbou  a  eu  oïdtecle  le 
suivie.  Ce  général  a  effectivement  rencontré  son 
arricre-garde  le  i3  ,1a  aiiaquéd  et  l'a  îorcée  à.  se 
replier.  L'ennemi  a  décidément  lait  sa  retraite  sur 
Forcheim  en  passant  la  petite  rivière  d'.'Msch  ,  au 
village  d'Aisch  dont  il  a  rompu  le  pont. 

L'armée  a  pris  positionderriere  la  Rednitz  pour 
couvrir  l'atlaqiie  de  'VVurtzbnrg.  Le  général  Du- 
hesme occupe  Bamberg  ,  et  le  général  Barbou  a 
ordre  de  pousser  des  partis  jusqu  à  Nuremberg. 

■  Les  communications  avec  Wurizbourg  et  nos 
derrières  sont  parfaitement  établies  'par  divers 
ponts  lar  le  Mein. 

Le  pay?  offre  toutes  les  ressources  nécessaires 
pour  la  subsisance  de  l'armée. 

Notre  perte  dans  les  divers  combats  qui  ont 
eu  lieu  n'est  pas  considéiabic  ;  celle  de  l'ennemi 
est  .beaucoup  plus  forte.  Nous  lui  avons  fait 
quelques  prisonniers  ,  cl  il  nous  arrive  à  chaque 
insiani  des  déserteurs. 

Les  troupes  françaises  et  les  troupes  bataves 
ont  rivalité  de  bravoure  et  montré  la  plus  grande 
ardeur  .  malgré  des  marches  foicées  dans  des 
terreins  difficiles  et  rendus  presque  impraticables 
par   la  mauvaise  saison. 

Je  vons  salue  avec   rtspect  , 

Siiné ,  F.  Andreossy. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  2  dér.  (  m  frimaire  ). 
PARLIMENT. 

IJCr  Les  débats  de  la  .hambre  des  communes  , 
dans  la  séance  du  i^'  iécembre  (  lo  frimaire)  , 
nous  ont  paru  d'un  intttêl  si  grand  ,  que  nous 
croyons  devoir  leur  sacifier  la  suite  de  la  séance 
du  26,  que  nousaviors  annoncée  pour  aujour- 
d'hui. Ce  qtii  ayait  renlu  ce'te. séance  si  animée, 
c'était  une  accusation  dirigée  par  M.  'Wilber- 
force  ,  qui  semblait  reirocher  à  M.  Grey  des  re- 
lations particulières  avic  des  hommes  mal-inten- 
tionnés  pour   leur  pay.   Cette  imputation  avait 


été  relevée  avec  vivacité  par  MM.  Grey  etSlieadanj 
et  la  chambre  termina  cetie  lutte  ,  en  rejeiiani  untj 
motion  faite  a  ce  sujet  par  les  amis  de  M.  Grey. 
(Note  du  rédacteur.) 

CHAMBRE      DES      COMMUNES. 

Séance  du   i"^  décembre. 

NÉGOCIATIONS      POUR      LA      PAIX. 

M.  Sheridan  demande  qu'on  lise  la  dernière 
partie  du  discours  de  sa  majesté,  à  l'ouveiture 
de  la  présente  session  ,  lelaiive  aux  dernières  né- 
gociations avec  la  Fiance  :  cette  lecture  laite, 
1  honorable   membre  se  levé  et  dit  : 

En  réfléchissant  sur  le  passage  du  discours  de 
sa  majesté  qu'on  vient  de  nous  liie  ,  il  n'est  per- 
sonne qui  II  ait  pensé  que  ,  par  respect  pour  sa 
majesté  ,  autant  que  pour  se  conformer  aux  for- 
mes usiiées  dans  cette  ch  imbre  ,  les  min-stres  pro- 
poseraient quelque  motion  relative  à  ce  sujet  ,  el 
qu'ils  auraient  invité  la  cham'ore  à  répondre  aux 
intentions  de  sa  majesté. 

Puisqu'ils  ne  l'ont  pas  fait  ,  je  le  ferai  pour  eux. 
e  ferai  voir  qu  en  considérant  la  condtiite  tenue 
par  tous  nos  alliés  ,  et  par  chacun  d  eux  à  une 
époque  ou  à  une  autre  ,  on  aurait  dû  s'abstenir  de 
lier  notre  pays  par  des  engagemens  qui  l'empê- 
chent de  traiter  séparément.  D.iix  propositions 
suffiront  pour  éclaircir  ce  sujet  :  j'en  tirerai  deux 
conséquences  naturelles  et  évidentes.  La  premieie 
de  ces  pro;.osiiions  ,  c'est  que  depuis  le  com- 
mencement de  la  guerre  jusqu'à  présent  ,  les  puis- 
sances coalisées  contre  la  France  n  ont  montré 
qu'un  esprit  de  fausseté  ,  des  vues  mercenaires  , 
des  intérêts  opposés  :  c'est  ce  qui  les  a  empêchées 
de  s'entendre  dans  la  condui'.e  de  la  guene,  et 
les  met  dans  I  impossibilité  d'agir  de  concert  dans 
les  négociations  pour  la  paix.  De  là  je  conclus  que 
l'Angleterre  doit  à  l'ave-.ir  se  refuser  à  tout  en- 
gagement qui  l'empêcherait  de  traiter  sépa- 
rément. 

Ma  seconde  proposition  est  que  dans  toutes 
les  négociations  ,  ou  tentatives  de  négociations  , 
les  ministres  de  sa  majesté  n'ont  jamais  désiré 
qu'elles  léussissent,  d  où  je  conclus  que  notre 
pjys  n'aura  la  paix  que  par  l'intervention  du  par- 
lement. 

De  toutes  les  puissances  avec  lesr'uelles  nous 
avons  été  liés  depuis  le  commencement  de  I.-1 
coalition  ,  il  n'y  en  a  pas  irie  seule  qui  ne  nous 
ait  joués,  trompés,  abandonnés.  A  l'instant  mèm.e 
oii  je  parle  ,  un  de  nos  alliés  (j  espère  que  celle 
nouvelle  se  trouvera  fausse  ,  mais  tout  concourt 
à  faire  croire  quelle  est  vraie),  un  de  nos  ahiés 
vient  de  mettre  un  embargo  sur  nos  vaisseaux 
dans  tous  ses  ports  ;  non  content  de  cette  mesure 
hostile  ,  il  a  fait  mettre  en  prison  les  capitaines  de 
ces  navires.  'Voilà  cet  ami  de  la  Grande-Bretagne, 
dont  il  y  a  peu  de  teins  un  anglais  ne  pouvait 
pas  suspecter  la  sincérité  ,  sans  s'exposer  à  perdre 
sa  liberté. Je  cr.iins  bien  que  dans  ce  moment  tous 
les  ports  de  la  Baiiique  ne  nous  soient  fermés  , 
excepté  les  ports  de  Meklembourg  cl  de  lElbe  , 
les  seuls  dont  nous  prri>sions  encore  tirerles  grains 
qui  nous  sont  si  nécessaires.  Si  ces  faiis  sent 
vrais;  si  telle  est  linfidéiité  de  nos  alliés;  si  c  est 
ainsi  qu'ils  nous  outragent  ,  pourquoi  ne  liaittr 
rions-nous  pas  séparément  ?  pourquoi  nous  pei- 
drions-nous  pour  etjx  ? 

Le  tiès-honorable  meiribre  a  reconnu  la  per- 
fidie de  nos  alliés  ;  les  vues  mercenaires  de  l'un  , 
les  artifices  de  l'autre  ;  la  désertion  incroyable 
d'un  troisième;  ia  pusillaijimilé  d'un  quatrième  ; 
ei  il  nous  a  dit  que  ce  n'était  point  notre  faute. 
Certes,  ce  n'esi  point  là  le  langage  d  un  homme  , 
et  surtout  le  langage  d'un  homme  d'état.  Un 
homme  qui  aurait  eu  ia  plus  petite  portion  de 
prévoyance  politique  et  de  sagacité  ,  se  serait-il 
attendu  à  une  conduite  différente  de  la  part  de 
ces  alliés  ?  Non  ,  il  ne  la. lait  pas  un  grand  efTort 
de  sagacité  politique  pour  prévoir  que  la  Prusse  , 
dés  que  les  alarmes  que  lui  avaient  causées  les 
mots  jacobinisme  et  révolution  ,  auraient  cessé  , 
ne  voudrait  point  coniinuer  une  guerre  ,  <jui 
n'aurait  d  autre  effet  pour  elle  que  d  épuiser  ses 
forces  ,  de  faire  écraser  son  peuple  d'impôts  ,  ^t 
de  diminuer  son  importance  relative,  paimi  les 
nations  de  I  Europe. 

Il  ne  fallait  pas  une  grande  sagacité  politique 
pour  prévoir  cjue  1  Espagne  n'ayant  lieu  à  gagner 
à  celte  querelle  ,  privée   de  vigueur  et  dénerjjie  , 


322 


♦  omberail  bientôt  nu  pouvoir  (.lel'ennemi  ,  ou  ter- 
i-niiierait  la  lutte  en  joignant  ses  forces  aux 
siennes. 

11  ne  fallait  pas  une  grnnJe  sagacité  poliii<iue 
pour  connaître  ijue  I  Autiicbe  suiviaitprécisémcnt 
la  ligne  de  conduite  qu'elle  a  tenue  ,  et  que  les 
petits  étais  de  l'A  leraagne  deviendraient  .  comme 
la  chose  est  arri\ée  ,  la  proie  de  l'ennemi  ,  ou  se 
laisseraient  diiiger  par  l'une  ou  l'autre  des  puis- 
sances prépondérantes  ,  l'Auiriche  ou  la  Prusse  , 
selon  que  l'une  ou  l'autre  serait  plus  à  portée 
de   les  protéger. 

Mais  surtout  il  ne  fallait  pas  une  grande  sagacité 
politique  ,  pour  prévoir  que  le  ztle  de  l'cnipeieur 
Paul  pour  la  cause  commune,  ne  durerait  pas 
longiems. 

Je. dis  que  les  ministres  de  sa  m.ijesté  auraient 
du  piévoir  routes  ce-;  choses  ,  d'autant  plus  qu  ils 
ont  été  les  premiers  à  introduire  dans  la  coali- 
tion ,  cet  esprit  de  fausseié  et  d'égoïsme  dont 
ils  ont  donné  les  preiTiiers  lexemple.  On  peut 
juger  de  leur  sincérité  dans  les  premières  négo- 
ciations ,  par  la  conduite  qu'ils  ont  tenue  der- 
nièrement. Ils  accusent  les  membres  qui  siègent 
dans  ce  cûié  de  la  chambre  ,  de  contradiction 
dans  les  ruproches  que  ces  derniers  font  aux 
ministres  de  sa  majesté  ;  mais  ils  devraient  se 
souvenir  que  la  contradiction  n'est  que  dans 
eux-mêmes.  Ils  changent  continuellement  d'avis 
sur  l'objet  de  la  guerre  ;  d'abord  ,  ils  disent  que 
la  guerre  ne  se  f;)ii  point  pour  affaiblir  la  puis- 
sance de  la  France  ,  mais  pour  résister  à  l'agres- 
sion ;  tel  est  le  langage  précis  de  lord  Grenville  , 
dans  sa  lettre:  supposons  un  moaient  aux  mi- 
nistres celte  louable  intention  ;  comment  l'accor- 
derons nous  avec  leurs  premières  déclarations 
que  la  France  ,  par  sa  conduite  ,  a  réuni  toute 
l'Europe  contre  elle  ;  que  le  système  que  la  révo- 
lution française  a  in:roduii  dans  noire  pays,  ne 
peut  s'accorder  avec  la  paix  générale  et  la  tran- 
quillité ;  que  tous  les  autres  états  sont  engagés  , 
par  devoir  ,  à  se  déclarer  ses  ennemis?  Conivuent 
concilier  l'opniion  énoncée  parles  ministres,  avec 
leurs  menaces  coniie  ôènes  et  la  Toscane  ,  puis- 
sances (jui  n'ayant  à  se  plaindre  d'aucune  agres- 
sion ,  ne  devaisnt  pas  être  forcées  de  prendre 
pan  à  la  querelle  ?  Ce  défaut  de  sincérité  ,  ces 
contradictions  ont  du  être  sentis  des  le  commen- 
cement ,  par  tcus  les  membres  de  la  coalition  , 
et  les  indisposer  contre  nous. 

On  a   dit   ensuite  ,   dans  celte  chambre  ,    que 
nous  combattions  pour  la  cause  de  la  religion  ,  de 
l'ordre  social  -,  mais  la  Grande-Bretagne  ,  dans  le 
même   raomeni  ,   n'a-t-elie  pas  été   la    première  , 
aux  yeux  de  l'Europe  ,  à  s'occuper  de  ses  intérêts 
particuliers  ?  En  effet  ,  dans   le   tems  même  que 
les  ministres  de  sa   majesté  fesaient  ces  déclara- 
tions généreuses  ,  ils  moniraient  'eur  basse  hypo- 
crisie ,  en  s'assurant  d'avance  une  indemnité  dans 
llnde  occidentale,  oià  Ifurs  conquêtes  ne  furent 
autre   chose  qu'un  vol.   —  Je   vois  la   contradic- 
tion personnifiée  dans  les  deux  honorables  mem- 
bres  qui   me    sont   opposés.   (   Le  chancelier  de 
l'échiquier  et    l,»  secrétaire  de   !a  guerre  ),  Leur 
union    m'explique   'toute     la   conduite^  de   cette 
guerre.  Je  crois  que  le   chancelier  de  l'échiqui.r 
a  été  engagé  dans  cette  guerre  ,   croyant  sincère- 
ment qu'elle  était  nécessaire  pour  repousser  une 
agression  injuste  ,  et  que  l'autie  honorable  mem- 
bre y  a  été  déterminé   en  croyant  avec  la  même 
sincérité  ,    qu'elle  était  nécessaire  pour  maintenir 
l'ordre  social   :   tous    deux    ont  jugé    qu'il    (allait 
faire  la   guerre;   mais  ils   différaent  sur  les  prin- 
cipes ,    et  le  premier  a  dit  au   dernier  :  je  veux 
bien  que  vous  mainteniez  vos  principes  ,  pourvu 
que    vous   n'exigiez  pas  de  moi  qu'on   s'y   con- 
forme  ou    qu'on  y  reste  attaché.  Des  le  moment 
de    cette    étrange  union  ,   touie    dignité  morale  a 
disparu  du  cœur  et  de  la  condtdte  des  coalisés  ;  nos 
alliés  ont  ri  ,  en  eniendant  nos  ministres  professer 
des  maximes  généreuses  , annoncer  des  vues  désin- 
téressées, pendant  que  réellement  toute  leur  atten- 
tion se  dirigeait  vers  leurs  avsnlages  particuliers. 

L'honorable  membre  disait  que  nous  devions 
veiller  à  notre  sûreié  ;  mais  les  ministres  de  sa 
majesté  ,  après  avoir  gagné  ce  premier  point  , 
commencèrent  à  donner  un  au:re  but  à  la 
guerre.  Oa  nous  dit  alors  qu'on  ne  devait  pas 
souffrir  que,  la  France  gardât  les  Pays-Bas  auiri- 
chiens.  Nous  joignîmes  nos  armes  à  celles  de 
l'empereur  pour  les  en  chasser.  M.iis  quand  Va- 
lenciennes  eut  été  rendue  à  l'empereur  ,qu-i  en 
prit  possession  en  son  nom  ,  on  ne  paria  plus 
que  de  la  cause  de  l'ordre  social,  personnifié 
dans  le  rétablissernent  des  Bourbons  sur  le  trône 
de  France.  Notre  attention  alors  se  tourna  sur 
Dunkerque  ,  et  l'on  nous  dit  que  c'était  un  objet 
national  :  je  ne  le  nierai  point.  Mais  il  faut  se 
rappeler  que  l'objet  avoué  de  la  guerre  ,n  était 
point  des  avantages  particuliers  à  procurer  à  notie 
jjays  ,  mais  le  salut  général  de  lEurope,  qu'il 
fallait  préserver  de  l'anarchie  et  de  l'irréligion. 

Parlons  maintenant  de  la  Rus.ïie.  L'impéra- 
trice Catherine  se  déclara  pour  la  coalition  ; 
mais  elle  s'en  tint  à  des  promesses  et  à  des  iria- 
nifestes.  'Son  fils  prit  avec  chaleur  le 'parti  des 
Coalisés  ;  il  éuvoy.a  ses  troupe's  et  ses  généraux-en 
Hollande  'et. -dans  l'Italie  j  il  reconnut  bientôt 


je   pe 


qir'il  n'y  avait  pour  ses  soldats  ,  que  des  dangers 
et  des  peines  .  sans  aucun  profit  pour  leur 
ni:iîire  :  il  est  viai  que  l'empereur  P<iiil  a  obtenu 
le  titre  de  grand-maîlre  de  Malte  ,  mais  il  ne  pos- 
sède pas  un  pouce  de  tcrrcin  dans  cette  lie  ,  et 
probablement  il  ne  l'y  possédera  jamais.  Mais  il 
faut  bien  iju'on  lui  ait  lait  e'^pérer  qu  on  le  met- 
irait  en  iiosscssion  de  cej,te  île  ,  car  il  a  nommé 
commandeur  de  iVlalic,Mr  Home  Pnpham  ,  et 
celte  noniiniiiion  a  élc  irjséiée  dans  !a  gazelle  de 
Londres.  Il  a  ,  dans  ce  moment  ,  une  floue  con- 
sidérable dans  le  Bo-phote  ,  dont  une  p.iriie  , 
chose  bien  étrange,  a  fait  voile  des  ports^  de 
notiepays,  et  qui  était' évidemraent  desiinée  à 
s'emparer  de  Mahe.  Ainsi  l'on  voit  que  l'empe- 
reur Paul  n'a  point  eu  paît  au  butin. 

Q_uaiit    à   l'empereur  d'Allemagne  ,  je  ne  dirai 
rien  d'offensant    pour    un    prince   qui  est    en  ap- 
parence ,  au  moins,  l'allié  de  la  Grande-Bretagne, 
je  sais  d'ailleurs  qu'on   doit  toi.'jours  parlef  avec 
respect   des  rois  et  des   empereurs  ;    mais  les  ho- 
norables   membres    savent   tous     que    quanti    on 
nomme   ces   personnages  ,   on  ne    parle   que  de 
leu'rs   ministres    ....   du  b.rron  de  Thugut  .  par 
exemple  ,  et    de    quelques    honorables  membres 
qui   siègent   de   l'autre   côté  de  cette  salle.  Mais  si 
montrer    que    l'empereur    est    de    tous 
celui   dont  nous   avons  le  plus  à  nous 
plaindre  ,     il    me     sera   permis    sans     doute   de 
parler    de  lui    librement  ,    et    d'énoncer    les    vé- 
tités  que    je   veux    faire  sentir  à  la  chambre.  On 
conviendra  sans   doute   qu'une  fois  au  moins  ce 
piince   a  violé  ses  engagemens  ,   quand   il    con- 
clut  les   préliminaires  de  Léoben  et  le  iraiic    de 
Campo-Formio    qui    en    fut   la    suite.    On   nous 
dira  peut-être   qu'il  ne  pouvait    taire   auitemeni  : 
ce  serait  cettainement  une  mauvaise  justification. 
Mais  je  me, plaindrai  moins  de  sa  conduite  dans 
cette  occasion  que  de   celle  qu'il  a  tenue  depuis. 
Tout    le    monde  sait   que  la  France  recommença 
les  hosiiliiés.   Ce  fut  à  cette  époque  que  la  Russie 
prit   une    part    active    à    la   coalition  ,   et  alors  , 
l'honorable  membre  ,  sans  avoir   formé  une  nou- 
velle  alliance   avec  l'empereur   d'Allem.igiie  ,  se 
vanta   hautement  de  la  puis.-ance  ,  de  la  soliiiiié  , 
de  l'indissolubilité  de   la    coalition  ,  et   persista  à 
tenir    ce   langage    après    même   qu'il    tût   appris 
qu'elle  était  cîissoute  ,  et  que  l'empereur  Paul  s'en 
était   retiié.   Qjrand  la   R_ssie  ,   dont   laccession 
à  la    confédération   avait   été   si    vantée  ,  se    fut 
retirée  ,     l'ho.iorable   membre  nous    dit  que  cet 
événement  n'aurait  pas  de   suites   lâcheuses  ,   et 
que   le   vide    serait    rempli   par   les   électeurs  de 
Bavière  et  de  Brandebourg.   Les   ministres  pro- 
posèrent   aussi    de    laite  une   nouvelle  alliance, 
plus  étroite  encore  avec  l'empereur  d  Allemagne; 
mais  ce  prince   refusa  de  se  lier  par  aucun  traité  , 
et   d'acccjitc-r    les    trésors    que    nous   lui   offiions. 
Il  était  alors   maître    de  toute  l'Italie.    Il  se  voyait 
à  la  veille  de  réaliser  toutes  ses  vues  d'aggrandis- 
sement  ,  et  il    violait  ouvertement    les    droits  des 
gouvernemens  qu'il  prétendait  détendre.  Il  teriaii 
le    roi   de  Sardaigne  écaité  de   son  trône.  Il  exer- 
çait   la  tyrannie  sur  Venise.    Il  allait  doni:er  des 
lois   à   Gênes;   et   il  refusa    de  contracter  aucun 
engagement  avec  I  Angleterre  ,    cioyant   pouvoir 
s'assurer  quelques-unes  de  ses  conquêtes  en  fesant 
une  paix  sépaiée  avec  la  France. 

Le  i3  février  dernier  (  24  pluyiôse  an  8.)  un 
message  du  roi  apprit  à  la  chambre  qu'une  al- 
liance se  négociait  à  Vienne  entre  l'Angleterre  et 
l'Autriche  ,  et  les  ministres  la  represeniereni 
comme  tellement  avancée  ,  qu'on  n'altendaii  seu- 
lement que  la  chambre  votât  un  subside  de  deux 
millions  sterling  pour  l'empereur.  Ces  deux 
raillions  ,  l'empereur  les  accepta-t-il  ?  Non,  il 
les  refusa.  Il  se  tint  à  1  écart  jusqu'après  le 
14  juin  ^25  prairial  an  8)  ,  jour  de  la  bataille 
de  Mare'.:go'  dont  les  conséquences  ont  été  si 
fatales  pour  ce  pays.  Alors  ,  quand  le  général 
Mêlas  eut  été  obligé  de  remettre  aux  français 
toutes  les  places  fortes  de  lltalie  .  excepté  Man- 
toue  ;  quand  ses  arméts  ne  se  trouvèrent  plus  en 
état  de  taire  tête  aux  fiançais  dans  l'Itaiie  ,  ou 
même  de  protéger  les  états  héréditaires  ;  quand 
Moreau  tenait  Ulm  asiiégé  et  que  l'Allemagne 
lui  était  ouverte Daiis  cette  situation  déses- 
pérée ,  et  seulement  alas,  l'empereur  consent  à_ 
unir  ses  destinées  aux  liôtres  ,  à  accepter  notre 
argent,  et  s'engage  à  ne  point  négocier  séparé- 
ment avec  la  France  peidant  le  reste  de  la  cam- 
pagne. Ce  traiié  fut  erhn  signé  le  20  juin  (  l^'. 
messidor  an  8  ). 

Voyons  maintenant  c«  qu'il  contient  :  Le  sub- 
side de  2  millions  si.  divait  être  acqui.ié  en  liois 
paiemens  de  666.666  liv,  sterl.  i3  sous  4  deniers , 
le  premier  ,  à  l'instant  nême  du  traité.  Les  puis- 
sances contractantes  s'eigag.-nt  mutuellement  à 
<léployer  ,  pendant  la  ampagne  ,  toutes  leurs 
forces  sur  terre  et  sur  mir  contre  l'ennemi  com- 
mun ;  à  ne  point  ttaiier  léparéraent  de  la  paix  , 
à  n'entendre  mêra-^  à  aicune  ouver'ure  sans  se 
les  être  communiquées  arparavant.  Il  taut  faire 
I  attention  aux  dates.  Le  raiié  avait  été  proposé 
'  pour  un  an,  à  compter  du  ".  mars  iSoo  (  10  ven- 
tôse an  8),  jusquau  l^'.mars  1801  (  10  ventôse 
an  9  ).  Ce  traité  ne  tut  «onclu  néanmoins  que 
le  so  juin  (  i''.  messidorJ)  Quatre  mois  de  l'an 


née  s'étaient  déjà  écoulés.  L'empereur  s'engage 
donc  à  déployer  toutes  ses  forces  sur  terre  et 
sur  mer  contre  l'ennemi  :  durant  quatre  mois 
qui  él.iient  déjà  passés,  et  il  reçoit  en  même 
lems  de  nous  666,666  liv.  st.  1.3  sous  4  deniers  , 
pour  avoir  satisfait  ses  vues  ambitieuses  d'agran- 
dissement personnel  en  Italie  ,  et  dégoiîté  l'em- 
pejeur  de  Russie  de  la  cojliiion. 


11  a  reçu  le  second  paienient  pour  avoir  f.iit  un 
arniisiice  ,  et  envoyé  le  comte  de  Saini-Julieii 
négocier  à  Paris  les  préliminaires  d'une  pax  sé- 
parée   L'armistice  près  d'exj«irer  ,  le  guerrier 

se  réveille  :  des  prières  publiques  sont  faites  à 
Vienne  pour  le  succès  des  armes  de  lempereur; 
on  conjure  la  Providence  de  favoriser  ses  cHuris: 
le  prince  se  rend  à  son  armée  :  il  y  est  reçu  avec 
enthousiasme  :  on  a  les  plus  grandes  espérances, 
et  dans  sa  magnanime  terreur  panique  ,  l'empe- 
reur adiete  un  nouvel  armistice  par  le  sacrifice 
des  meilleures  forteresses  de  l'empire  germani- 
que, forteresses  que  je  sais  qu'il  n'avait  pas  le 
droit  de  remettre.  N  aurait-il  pas  dû  charger  quel- 
qu'autre  du  déshonneur  de  cette  aciion  ?  N'aurait- 
'1  pas  pu  l'abandonner  au  général  Kray  ou  Mêlas  , 
qui  avait  déjà  cédé  les  forteresses  d  Italie  ?  Mais 
il  semble  (ju  il  y  a  des  actes  d'humiliation  ou  de 
grandeur  ,  de  dégradation  ou  de  triomphe,  qui 
te  peuvent  être  taits  que  par  la  puissance  su- 
prême ;  et  la  reddition  de  ces  forieresses  de  l'Al- 
lemagne paraît  avoir  éié  une  de  ces  actions  qui  , 
pour  me  servir  de  la  vieille  expression  des  hono- 
rables membres  de  l'autre  côié  de  la  salle,  de- 
mande lexercice  de  la  magnanimité   impèiiale. 

Mais,  depuis  la  conclusion  de  ce  tr.iié  ,  l'em- 
pereur n'est-'l  point  entré  en  négociation  séparée  ? 
Le  très-honorable  membre  nous  a  assuré  ,  nous 
a  garanti  q'.iç  ce  prince  n'avait  jamais  montré  une 
pareille  intention;  mais  moi  ,  j  affirme  qu'il  est 
impossible  de  croire  ,  à  la  simple  inspection  îles 
piapiers  qui  sont  maintenant  sur  le  bureau  ,  qu'il 
n'ait  poini  éié  question  d'une  négociation  séparée. 
Dans  une  des  séances  précédentes ,  j'ai  saisi 
l'occasion  de  demander  la  remise  de  quatorze 
pièces  diflérentes.  On  m'a  objecté  que  ce  serait 
manquer  à  la  confiance  de  notre  allié.  Cette  réponse 
pouvait  êire  bonne  pour  une  de  ces  pièces  seule- 
ment :  toutes  ont  été  refusées.  Un  de  ces  papiers 
était  une  lettre  de  l'empereur  lui-même  à  Bona- 
parte :  le  comte  de  Saint-Julien  en  était  porteur, 
et  elle  contenait  ses  pouvoirs.  Je  ne  dirai  point 
que  cette  lettre  avait  été  éciiic  avec  la  participa- 
tion ,  et  par  l'avis  d-s  ministres  de  l'empereur  ,  et 
que,  par  conséquent,  nos  ministres  peuvent  y  voir 
clairement  leurs  intentions  ;  je  ne  dirai  pas  mêrae 
que  l'empereur  soit  entré  réellement  en  négocia- 
tion séparée.  C'est  une  maxime  de  notre  consti- 
tution que  le  roi  re  peut  avoir  tort  ,  parce  qu'il 
ne  peut  agir  que  par  ses  ministres  ,  qui  sont  res- 
ponsables envers  le  pays.  Mais  ce  n'est  pas  là 
mêrrie  chose  dans  les  gouvernemens  despotiques 
et  l'atte  de  l'empereur  peut  n  être  pas  lacté  des 
ministres.  Si  néanmoins  ces  papiers  étaient  pro- 
duits ,  je  m'engagerais  à  prouver  mon  assertion. 

On  nous  dit  que  les  préliminaires  du  comte 
de  Saint-Julien  demandaient  la  ratification  de 
l'empereur.  Sans  doute  ,  la  chose  peut-elle  être 
autrement  ?  Certes  ,  on  ne  dira  pas  que  lord 
Minio  n'était  pas  muni  de  pleins-pouvoirs  pour 
conclure  le  tiaité  entre  l'Angleterre  et  l'empereurs 
personne  cependant  ne  prétendra  que  sa  majesté 
n'eiit  pas  ,  si  elle  l'eiàt  jugé  convenable  ,  refusé 
de  ratifier  ce  traité.  Je  dis  :  produisez  -  nous  le» 
papiers  qui  doivent  constater  ce  point.  Non, 
me  répondent  le  tiès-honorable  membre  et  lord 
Grenville,  prenez  nos  paroles  pour  ce  que  ces 
papiers  contiennent.  La  chambre  est  libre  des'en 
tenir  à  la  parole  des  ministres  :  mais  du  moins 
examinons  les  papiers  qui  nous  ont  été  remis. 

Le  baron  de  Thugut  ,  dans  sa  lettre  à  M. 
Taileyrand  ,  invite  celui-ci  i>  à  désigner  ur.e  place 
pour  la  réunion  des  plénipotentiaires  ,  qui  s'oc- 
cupeot  avec  zèle  et  bonne-foi  à  coni  erter  les 
moyens  d'établir  la  iran'quilliié  générale."  Il 
représenie  l'ouvrage  de  la  négociation  déjà  com- 
mei  ce  ,  et  il  ajoute,  n  que  le  roi  de  la  Grande- 
))  Bretagne  a  exprimé  qu  il  èiait  piêt  à  concourir 
51  aux  mêmes  négociations  ,  c'est-à-dire  aux  né- 
n  gociaiions  do;u  s'occupent  déjà  les  plénipoten- 
11  tiaites  respectifs  de  l'Autriche  et  de  la  Francoi. 
Si  jamais  langage  fut  clair ,  c'est  bien  celuici  ,  et 
il  prouve  tjuc  1  empereur  a  négocié  séparérienl 
depuis  son  traité  avec  nous.  Il  n'y  a  pas  une 
proposition  dans  Euclide  qtd  soit  mieux  démoi  - 
tiée  ,  à  moins  que  nous  ne  supposions  que  la 
personne  qui  a  signé  cette  lettie  ,  ne  connaisse 
pas    la    force    des   mots. 

Examinons  maintenant  la  lettre  de  lord  Minta  : 
il  y  dit  u  qu'il  a  transmis  à  la  cour  toutes  Ut 
communications  ^).  Sur  quel  sujet  ?  Ce  qui  suit 
prouve,,  sans  réplique,  qu'il  est  question  des 
négociaiions  entre  l  Auiriche  et  la  France  :  toutes 
les  communications  qui  lui  ont  élé  faites  à  lui  lord 
Minto  ,  par  le  baron  de  Thugut ,  relalivement  à  Ij 
coirespondance  qui  s'est  établie  entre  sa  majesté 
l'empereur  et  le  gouvernement  français  ,  pour  les 
ouvertures  de  paix.  Cela  ne  prouve-:-il  pas  clai- 
rement q^ue  l'empereur  a  négocié  séparénie.-it  ,  et 


323 


que  ces  oégocjations  ont  été  poussées  très-loin  ? 
En  effet ,  loid  Mimo  s'exprime  comm<;  si  cei  com- 
munications étaient  en  grand  nombre  ;  le  style 
général  de  celte  note  n'est  cenainement  pas  celui 
d'un  homme  qi'i  croil  qu'il  n'y  a  pas  eu  d'ouver- 
lure  pour  une  négociation  séparée  ,  même  un 
seul  instant. J'ai  donc  raison  de  dire  qu'à  la  simple 
inspeciiou  de  ces  pièces  ,  on  voit  clairement  que 
l'empereur  a  commencé  actuellement  une  négo- 
ciation séparée 


Je  crois  pouvoir  jetter  en  avant  mes  soupçons 
sur  la  sincérité   des  miiristtes   de  sa  majesté  .  qui  , 
^elon  moi  ,  ne  désirent  pas  la  paix  :  je  pense  que 
ces  soupçons   sont  conlirmés  par   leur   conduite 
avec  l'empereur  ,   et   par   les   circonstances   dans 
lesquelles  ils  ont  conclu  leur  traité  avec  lui.  Après 
la  rupture  de  la  négociation  à  Paris  ,  et  de  celle 
à  Lille  (Cette  dcrnie^re  a  toujours  été  connue  sous 
le  nom   de  négociation  sinceie.)  ,  sa  majesté  s'est 
engagée  envers  son  pays ,  envers  1  Europe  entière , 
à  ne   né'J'iger  aucune   occasion  de  travailler  de 
nouveau"  au  rétablissement  de  h  paix.   Ces   ex- 
pressions, négociation  sincère  déplaisent  à  l'hono- 
wble    membre.  Je    ne  prétends    pas    établir   aia- 
cune  insinuaiiou  contre  la  sincérité  avec  laquelle 
cette  négociation  a  été   conduite-,  je   dis   seule- 
ment que  les  ministres  ne  di-siraient  pas  sincère- 
ment    quelle    réussît.     (Ici    M.    Windham     fait 
entendie    que    c'est    la   même    chose.  )    J  en    tle- 
rnande    pardon     à    la     logique     de     1  honorable 
membre  ;    mais   la    différence    est  très  -  grande. 
Supposez     deux     gentilshommes     du     voisinage 
qui    sont  en  contestation   sur  quelques  points  qtai 
les    intéresse    1  un    et   l'autre.   L  un ,    pour  quel- 
qu'objet  qui  vaut    pour    lui    ce    que   valait    aux 
yeux  ou   très-honorable  membre   réiablis-.emtnt 
du  solide  système  de  finances  ,  pcui-être  pour  la  clô- 
ture  de    quelque    lerrein    vague  ,    ou   le   partage 
dune    commune,   croit  qu'il    est   à -propos    de 
proposer     un     accommodement.    11     le    tau,    et 
fonde    quelqu'un   de  pouvoir;   mais    intérieure- 
ment il     ne   désire    pas    que    sa    partie  aaver.e 
accepte    ses     proposi.mns.    H    pe.u   M.ecuier  sur 
le    refus    des    ouvertures    quil    fait.    On     espère 
qu'il   surviendra   ijuelque    circonîtance    oui    em- 
pêchera raccommodement    :  il    pense    que   c  est 
tssez    pour   lui   d'avoir  monaé    à  ses  voiMtis  ses 
intentions  pacifiques.   C  est  ainsi  que    le  tres-ho- 
rorable  membre   avait    alors  un    système  solide  de 
finances  à  étabhr.    Le   vœu    de   1  AngUierre  etati 
pour  la  paix;  et  lui.  pour   en   venu  a  ses  hns  , 
fe    rend   en  apparence    au    desir  de    son   pays, 
et  négocie  ;    mais  il    n'aurait  pas  voulu   que    la 
négociation  .éussîi.  Or  ,  ce  que  je  blarae  le  plus 
dans  la    condui-c    des  mini.tres,   c  est    que  sans 
considérer    les    conséquences    et  'es  engagemens 
qu'ils    contractîie.  l    pour    l'avenu  ;  mais     seule- 
ment pour  atteindre   un  objet  paruculier  et  mo- 
mentané ,  ils  ayent  décla.é   quils  seraient  toujours 
érêts  à  négocier  aux.  termes   quils  avaient   offerts  .. 
quel  que   pût  être  le   gouvernement  de    trance. 
En  effet       il    est    impossible     de   témoigner  de 
l'opposition  à   négocier  avec  quelque    gouverne- 
ment   qu'il    y    ait   en   France,    quand     on   a    pu 
traiter   avec     le    direcioite.    Si    les  ministres  ont 
été  sincères  dans  leur  déclaration  ,  si  elle  n  a  pas 
été  en  même  teras  astucieuse  et  hypocrite  ,  poui- 
quoi   reluseraient-ils   d'écouter  Bon:.paitc  ?  C  e.st 
peut-être    qu'ils  n'oùt    plus  d'objets  particuliers  a 
désirer      parce     que  le  solide  systmie  de  finances 
de  Ihonorable  membre  ,  est  déjà  établi.''En  reje- 
tant   les  ouvertures    qui    leur   étaient   fanes,  ils 
n'ont    point   parlé    des  engagemens    avec    leurs 
alliés  qui  pouvaient  leur  lier  les  mains.  En  effet, 
ils  n'avaient   aucun  allié,   si  ce  ri;est   la    rcne  de 
Portugal;   car  notre  traité    avec  1  empereur  d  Al- 
lema'.ne    n'existait   pas   alors.  M -is  leur  refus   lut 
fonde  sur  le  desir  qu'ils  avaient  de  s  assurer  I  évi- 
dente et  l'expérience  des  faits.  Quoi  ,  disaient-ils 
en  parlant    de  Bonaparte  ,  en   termes  indecens  , 
dont  ils  auraient  mieux  fait  de  s  abstenir  ,  nous 
traiieiions   avec     un    aventurier?    attendons,    et 
voyons  si   son  pouvoir  s'établira. 

Maintenant  les  ministres  trouvent  ce  pouvoir 
bien  é  abli  ,  et  ils  ont  montré  ,  même  avant  la 
-dernière  négociation,  que  si  on  leur  proposait 
de  nouveau  de  traiter  avec  eux  ,  ils  ne  pieien- 
draient  point  avoir  besoin  d  être  plus  tassures 
sur  la  solidité  de  son  gouvernement  ou  la  sin- 
cérité de  ses  désirs  pour  la  paix.  Ils  disent:  nous 
nommes  perdus  ,  si  on  nous  offre  encore  une 
fois  de  traiter  ;  il  faut  donc  que  nous  trouvions 
nuelqu'autre  expédient.  Il  faut  que  notre  ambas- 
sadeur à  'Vienne  ,  surprenne  l'empereur  dans  un 
moment  de  détresse  ,  et  le  détermine  a  conclure 
avec  nous  un  traité  qui  nous  fournira  une  excuse 
pour  refuser  de  négocier  séparément.  Ils  ne 
pouvaient  point  supposer  que  Bon.iparte  sepit 
assez  simple  pour  souffrir  que  la  negociaiion 
qu'il  serait  dans  le  cas  d'entamer  avec  un  ennemi  , 
pour  ainsi  dire  à  sa  merci  ,  lût  entravée  par  I  m, 
iervcntion  d'une  autre  puissance  ,  s  il  n  en  obtenait 
pour  cela  quelque  compensation.  Ils  espetau-nt 
que  la  compensation  que  Bonaparte  demanderaii, 
leur  donneiail  moyen  de  se  tirer  d'embarras.  Je 
crois  que  Us  minisires  peuvent  être  sincères  dans 


Qjiant  à  l'armistice  naval  demandé  comme  uri 
préliminaire  pour  la  négociation  proposée  der- 
nièrement ,  j'applaudirais  volontiers  à  la  con- 
duite des  ministres  de  sa  majesté  ,  ci  si  j'avais  à 
les  blâmer  sur  ce  point  ,  ce  serait  d'avoir  pu  y 
penser  un  seul  instant.  Consentir  à  un  pareil 
armistice  ,  c'eût  été  relioidir  1  ardeur  de  nos 
biavcs  marins  et  les  décourager;  ils  eussent  été 
liés  comme  des  galériens  ,  sans  pouvoir  agir  sur 
les  ponts  de  leurs  vaisseaux  ;  ils  auraient  vu  les 
vaisseaux   ennemis   passer  librimcnt  devant  eux. 


et  aller    raviiaiUer    les    ports  quils    avaient    tenus 
bloqués  avec  tant  de  peisévérance  et  de  bravoure  ! 

Je  crois  devoir,  à  cette  occasion  ,  aborder  un 

sujet  qui  ,  je    le   crains  ,   sera  soumis  souvent  à 

considération   de  cette  chambre  ;  je  veux  dire 

__  ,...:    .'.„.    Ai„...;=  •„..„   r  A  .,..l<..„,r» 


la  I.U  IIS  iuci  aiiuii  uc  celle  cutiiiiuic  ,  je  v,_uj\  uit 
la  contestation  qui  s'est  élevée  entre  l'Angletcrr 
et  les  puissances  du  nord.  Si  celte  querelle  doii 
son  origine  seulement  au  maintien  du  droit 
qu'ont  les  croiseurs  anglais  de  visiter  les  vais- 
seaux neutres  ,  et  à  ce  que  nous  avons  trait» 
comme  ennemis  les  vaisseaux  qui  se  relusaient  à 
reconnaître  ce  droit  :  je  dirai  qu  il  y  a  deux  cents 
ans  que  ce  droit  nous  est  acquis  ,  que  c'est  le 
privilège  héréditaire  de  la  marine  anglaise  ;  que 
c'est  à  lui  que  nous  devons  d'avoir  éié  l'objet  de 
l'envie  et  de  la  terreur  du  monde  entier  ;  que 
ce  droit  estla  ciiartrc  de  notre  pouvoir  ,  de  notie 
commerce  et  de  notre  grandeur  nationale.  C  est 
la  flamme  dont  nous  devons  envelopper  le  corps 
de  I  état ,  au  moment  du  danger;  c'est  le  pavillon  , 
que  ,  pour  lairs  allusion  à  ce  qui  se  pratique 
chtz  nos  brives  marins  penJant  I  action  ,  il  but 
clouer  au  mât  de  la  nation  ,  et  avec  lequel  il 
fjut  vaincre  ou  couler  bas. 

Un  autre  sujet  qui  ,  selon  moi  ,  doit  fournir 
un  paragraph.-  dans  1  adiesse  à  sa  majesté  ,  et 
qui  fera  un  des  principaux  chels  d  accusation 
contre  les  ministres  ,  c'est  I  affaire  d  Egypte.  C'est 
à  cette  cha;nbre  qu  est  conhée  la  garde  de  1  hon- 
neur de  nos  officiers.  Il  ne  doit  pas  être  permis 
à  des  ministres  d'accuser  des  otiiciers  ,  pour  se 
disculper  eux-mêmes  ,  sins  qu'ils  produisent  les 
renseigneme  s  à  l'appui  de  leur  accusation.  Je 
dis  que  sir  Sidney  Smith  était  muni  de  pleins 
pouvoirs  pour  co dure  la  convention  pour  I  éva- 
cuation de  l'Egvpie.  C  est  ce  que  1  honorable 
membie  ni^.Je  dis  :  produisez-nous  les  pièces.  Il 
lépoûd  ,  non  :  mes  paroles  valent  des  pièces, 
D  ins  quelle  position  se  trouvait  Sidney  Smi  h  .■' 
Il  avait  été  envoyé  poui  agir  de  concert  avec  son 
fiere  ,  M.  Spencer  Smith  ,  notre  ambassadeur  à 
Consiantinopl  •.  Il  n'était  point  ,  il  est  vrai  ,  com- 
mandant en  chef  ,puisqu  il  obé'Ssait  à  lord  Nel  on. 
Mais  il  étditcommodore  ;il  commandait  nos  lorces 
dans  cette  staiiou  ;  il  lui  aurait  fallu  trois  mois  au 
moins  pour  recevoir  des  inst menons  de  ses  supé- 
rieurs. Lorsque  le  grand-visir  lu'  entré  en  négo- 
ciation ,  sii  Sidney  Smiih  crui  avoir  des  pouvoirs 
sufEsans  pour  y  intervenir.  Ce  fut  sur  ces  enire- 
fai'es  qu'arrivèrent  ici  les  lettres  qu'on  avait  iii- 
teiceptées.  Elles  donnent  aux  minlsties  des  éc'air- 
c  sseinens  sur  l'état  de  l'armée  française  ,  mais  elles 
ne  leur  apprirent  rien  sur  celle  du  grand-visir. 
Dans  cet  circonsiances,  il  se  présentait  trois  choses 
que  les  minivtres  auraient  dû  supposer,  pour  ag  V 
en  conséquence.  Ils  auraient  dû  supposer  que  sir 
Sidney  Smith  s'était  refusé  aux  négociations  ,  et 
ils  auraient  pu  lui  envoyer  des  ordres  pour  ne  pas 
les  renouer;  ou  ils  auraient  dû  supposer  qu'il  était 
entré  en  négociation,  et  ils  auraient  pu  lui  en- 
voyer des  ordres  pour  ne  pas  conclure  de  traité  ; 
ou  ils  auraient  dû  supposer  que  le  traité  était 
définitivement  conclu,  et  il  fallait  quils  le  rati- 
fiassent. Ils  auraient  dû  connaître  1  état  misérable 
de  1  armée  turque  ,  et  la  faiblesse  de  son  gouver- 
nement. Le  résultat  de  Leur  conduite  et  de  leur 
ignorance  a  été  pour  nous  la  perte  de  l'Egypte. 

D'après  quels  principes  de  fidélité  pour  nos 
alliés  ,  les  turcs  ,  avons  nous  agi  ?  Un  pays  qui 
leur  appaiienail ,  était  envahi  :  ils  concluent  une 
convention  avec  l'ennemi ,  pour  qu'il  évacue  le 
pays  ,  avec  les  honneurs  de  la  guerre.  Nous  in- 
tervenons ,  et  nous  disons  :  non  ,  nous  ne  souftri- 
lons  pas  q'je  l'ennemi  évacue  votre  pays,  à  moins 
qu'il  ne  se  rende  à  nous  comme  prisonnier  de 
guerre.  Supposou  que  les  français  eussent  en- 
vahi I  Irlande  ;  nous  consentons  a  leur  permettre 
d  évacuer  le  pays  avec  les  honneurs  de  la  guerre  : 
mais  un  officiel  russe  se  trouve  dans  nos  parages  , 
et  il  dit  :  non  ,  ils  n'évacueront  pas  ,  s'ils  ne  se 
rer.dent  à  moi  comme  prisonniers  de  guérie:  et 
s'ils  veulent  »c  retirer  ,  la  floue  de  1  empereur,  mon 
maître,  les  prendra. Je  ne  connais  personne  à  qui 
un  pareil  langage  eût  paru  plus  outrageant  qu'à 
Ihouinab  e  nii-nibie.  Eh  bien  ,  les  deux  cas  Sont 
ahscduhicnt  le»  mêmes.  J  espère  que  ce  sujet  fera 
la  matière  d  uue   discus,,ion  séparée. 

Je  le  (leuuiide  maintenant  ,  quelle  foi  mérite 
lord  Grcrlviilc  qui  veut  qu'on  le  croia  sur  ce 
qu'il  dit  d'un-  papier  qu'il  rfuse  de  com- 
munirjuci  ,  taudis  que  la  fausse  explication  d  une 
auire  pièce  qu  il  a  it.misc  ,  est  prouvée  claire- 
iiieni.jc  ne  me  pcrmetrai  point  de  reflexions  sur 
le  cjraciere  du  noble  lord;  je  diiai  seulement 
qu  il  y  a  dés   g-ns  qui  ont  teilcnieiit    la  jaunisse 


r.iulnion  ,   quil   vaut   mieux,   pour    notre   pays  ,  i  qu  u  y  a  v.c.,   jj. ..,  .,.^.  ^..|  .^.. .........    ...  j- .- 

,„micr  nue  autre  campagne,  que  de  laire  la  paix     qui  s  voe.n  tout  jaune  J  ubse.verai  en  passa    . , 
avec  Bonaparte.  ^  ^,^xày^.  grande  apparcnt-c  ,  dans  la  manière  dont 


celte  négoci.'tion  a  été  conduite  ,  qu'il  y  avait  u» 
plan  pour  iromper  la  chambre  des  commîmes. 
Pourrinoi  cette  attention  pitoyable  îles  ministres 
à  refuser  de  traiter  en  personne  avec  M.  Otto  ,  et 
à  le  renvoyer  au  capitaine  Georges  et  à  M.  Hara- 
mond  ,  personnages  du  même  rang  que  l'agent 
français  ?  Mais  pour  en  revenir  au  lord  Grenvillê, 
je  dis  que  I  interprétation  qu'il  donne  à  la  lettr» 
du  général  Kleber  au  kaimakan  ,  est  entièrement 
fausse.  Si  on  y  irouve  un  seul  mot  de  vérité,  ja-, 
mais  je  n'oserai  par  la  suite  faire  entendre  ma.voisi 
dans  cc:te  chambre.  -   <      ,  '  i  ; 

Ici  ,  M.  Slieridan  entre  dans  quelques  détaiU. 
assC-z  étendus  sur  l'eXHnien  du  cotucnu  de  ceue- 
lettre  ,  pour  prouver  son  assciliou  ,,et  montrer; 
que  Kleber  regardait  la  lellre  du.loid  Keitfj . 
comme  l'annullaiion  absolue  de, |.»  p(euiierCi,i,Qn- v 
vention;  et  il  fait  voir  que  ce  général  n'cxpiinie, 
autre  chose  que  ses  dispositions  à  accepter  une  ■ 
autre  convention  du  même, . genre  ;  il  regard», 
comme  dune  très-petite  a.uiotué  le  post.-icrif/tum.; 
de  laide-de-camp  de  Kleber,  Biudot,  paKCje  , 
qu'il  éaitéciit  licjaffa,  et  non  du  Caire,  et  que'. 
jiar  conséquent  il  n  était  point  connu  de  Kiébcr. 
Le  grand  objet  de  ma  moiio'n  ,  poursiiitlVI. 
Sheridan  ,  est  lie  faciliter  les  négociations  potir', 
la  paix. Je  crains  que  Ks  tabl'^'aux  que  I -smiri'i'sl^eif' 
nous  ont  fiits  des  succès  de  la  guerre  ,  n'ai'êfit' 
produit  queliju'effet  sur  les  esprits  i'our  moi',"' 
je  soufiens  qne  cette  guerre  est'  la  plus  malheû'-' 
reusc  -dans  laquelle  nous  nous  soyons  jamais 
trouvés  engagés.  J'avoue  que  notre  marine  s'y 
est  couverte  d;  gloire.  Mai,<  j  affii  me  de  nouveau 
que  la  guêtre  a  été  déshonorante  pour  ceux 
qui  l'ont  dirigée.  Jugeons  de  ce  ;.que  ^nous  y 
ayons  gagné  ,  par  ce  C|ue  nous  noua  étions  pro- 
posé  en  I  entreprenant. 

Nous  nous  prop-.sions  le  rétablissement  des' 
Bouibons  sur  le  nône  de  France,  le  maintien' 
de  la  r,  ligion  et  de  l'ordre  social  ,  et  l'extinc- 
lion  du  jacobinisme  républicain.  Avons  nous 
attei.  l  un  seul  de  ces  bu>s?Non,  non'/ diri-l-on;- 
nous  n'avons  pas  rétabli  la  rovauié  en  France  , 
mais  nous  avons  pris  Trinq'jtm  de  ;  nous  n  avons 
pas  éteint  le  jacobinisme  ,  mais  nous  avons  pris, 
une  île  aux  cpites  ;  nous  n'avons  point  sau'vé^ 
la  religion  en  France  ,  mais  nous  avons  pris  l,è 
cap  de  B..niie-E  pérance.  Soii  !  mettons  n-iàin-, 
tenant  dans  la  baianc  •  avec  ces  acq'jisitions  le! 
piix  qu'elles  nous  ont  coûté.  Nous  ne  devons' 
pas  non  plus  cousidcrer  ce  tjac  nous  avons  ac-' 
quis  ,  mais  eiicoie  ce  que  nous  garderons  à  là 
paix  ;  et  comme  nous  avo  :s  d-jk  consenti  à 
laisser  jouir  la  France  de  son  ag^raud  ssernerit 
sur  la  cote  ,  rien  de  ce  que  nous  avons  gagne' 
ne  peut  compenser  cet  avaiitjge  accordé  à  nos. 
ennemi-;  maison  dira  que  nous  avons  tait  beau- 
coup ,  cal  nous  avons  sauvé  notre  consiititiéin  ; 
c'est  une  des  choses  qu'il  me  seiVtbl;  qu  ort  doiçi 
c.mpter  parmi  les  dépenses  de  êcne  gtt'eric.  Oti' 
nous  en  a  enlevé  au-  moins  ce  qu'il  y  avait  d'-e' 
plus  précieux.  Il  faut  es;,érer-  qu'on  nciiis  lef 
rendra  ,  q'iaiid  on  nous  rembouscra  tiiOs  frais.  "' 
Si  Ion  me  demande  si  je  'peux  'e*î(<éret  uàâ 
paix  solii-ie  sotis  radmini-..traiio!i  aciu^-llt  ?,je  ré" 
pondrai  que  je  ne  peux  poi.niticspélre^'ii'Une  piàix 
solide,  mais- c]ue  celle  xpueu  noas^iobiieudréni?) 
sera  préférable  à  uiie.  guerre  .onié(ie>iAis.e  iconam^i 
celle  que  nous  soutenons,  .(e  ne  diraii'pas  riu,.l 
ny  a  qu'un  homme  en  Angleterre-  qtli  puissse» 
nous  donner  une  paix  solide  ;  "Diciu  me  ;  pré- 
serve de  penser  aussi  mal  de  mon  paijs  !  mais» 
je  dirai  que  nous  n'aurc';ns  de  paix  Solide,;  qu« 
celle  qui  aura  pour  bas^è  les  principes  de  cet 
homnae  ,  quil  n  est  pas  nécessaire  ijue  je  nom- 
me ici  (  1  ).  Avec  tout  autre  pri..cip'o  ,  iiouS' 
l'attendrions  en  vain  :  nousn'atirons  la  paix  ijii'ea 
cessant  de  nous  mêler  des  autres  ;;i'oâvèi'nfc'rhc*is. 
Je  ne  eontesieiai  pas  à  la  coùiounis  lai  piéiO.^aiive 
de  faire  la  paix  ,  rails  je  dir^i-qu«  pour_procure;s 
à  mon  pays  une  paix  solide  et' durable  ,  lopinior^ 
de  la  nation  don  être  consultée  ,- i^iji-il  faut  iuj^ 
rendre  ses  libertés  ;  cjuil  faut  lui  oier  les  fers 
avec  lesquels  on  lipni  sa  volonié'ei  sa  pensée 
captives  ;  qu'il  fau'l  que  la  cous  itulion  anglais^ 
soit  rétablie....  Je  crois,  en  a\:oir  dit  assez  j'Our 
prouver  la  vériiié  des'  propositions  que  j'ai  av  aii- 
cées.  elles  conséquences  que  j'en  ai  liiées.  Je  lai» 
maintenant  la   motion  :  '  _  \ 

a  Qia  une  humble  adresse  soit  présentée"^,  S3 
II  majcsié  pour  lui  assurer  qfi.ê  'nous  avons -pris 
II  eu  co'nsidéràriôn  séiieu5e''leï"pa'piers  relati'fi 
11  à  la  dernici'e  Hégociatlon 'avec  Ta  F.'ance  ,"'et 
II  qu^apiès  avoir  lit  un  usagé 'i-'eflechi  des  rcrj-' 
II  seignemens  qui'nous  ont  été  -donnés  ,  a-à'SSi 
11  bien  ^iie  de  I  expérience  de'  là  conduite  passée 
51  des  allié*  de  sa  majesté  ,  nous  avons  éié  déter- 
1,1  minés  à  adres.scr  à  sa  majesté  Icxprcssion  de 
11  notre  humble  éi  empressé  cicsii' i  pour  ijtie  sa 
ii»majesié  ne  laisse  échapper  a utu'iié'ocjcasi-tin 
11  favorable,  siiis  manquer  à' la  tonne- foi  dont 
II  elle  s'est  toui'ours  bouoiée  ,  de  négocier  piHtr 
n  une  paix  ,  prompte  et  hoaorauje  ,  et  p.ui  (jue 
n  sa  majesté  ne  saiiciioiine  auciiiie  nouvs-lle 
II  mesure  qui  pouiiail  empêcher  une  néj^o- 
II   cialion.  n 

(Au  prochain  numéro  U  suite  des  débats.) 
(Extrnt    /.:    S;n.  < 

(  l  )  M.   F«x. 


INTERIEUR. 

Paris ,  le  20  frimaire. 

Le  quartier  -  général  de  la  division  militaire 
•éiablie  à  Dijon  ,  vient  d  être  témoin  d'un  trait 
de  piété  filiale  et  de  désintéressement  qui  mérite 
d'être  rapporté. 

Philibert  ,  fils  naturel  de  Lazarette  Fusiere 
<i'Arnay-sur-Arroux  ,  voyant  sa  mère  plongée 
dons  une  extrême  détresse  ,  se  présente  pour 
remplacer  à  l'armée  Simon  Blondeau ,  et  fait  lui- 
même  les  conditions  auxquelles  on  souscrit,  et 
qui  consistent  en  une  somme  de  douze  cents  fr.  , 
dont  moitié  payable  sur-le-champ.  On  va  chez 
•le  notaire  ,  et  l'estimable  jeune  homme  veut  que 
l'obligation  soit  entière  au  profit  de  celle  qui  lui 
donna  le  jour.  Ou  le  sollicite  envain  de  prendre 
sur  la  moitié  de  la  somme  pour  laquelle  on 
s'oblige,  celle  ncct.ssaire  à  ses  besoins  :  il  prend 
modestement  une  somme  de  24  Ir.  et  laisse  à 
sa  meie  les  576  fr.  reitans  ,  indépendamment  des 
autres  600  !i.  portés  dans  la  convention.  (Gazette 
di  France.) 

—  Un  navire  américain  ,  chargé  de  morue  et 
venant  du  banc  de  Terre-Neuve .  est  entré  dans 
le  port  de  Bordeaux.  C'est  le  premier  navire  de 
cplle  nation  qui  nous  soit  venu  depuis  les  négo- 
ciations si  heureusement  terminées  entre  le  gou- 
vernement françHis  et  celui  des  Etats  Unis. 

(Journal  de  la  Gironde  du  \h  frimaire.  ) 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrttè  du    19  frimaire. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  guerre  ,  le  conscil-d'étal  en- 
tendu ,  arrêtent  : 

TITRE     PREMIER. 

lie  la  conversion  des  soldes  provisoires  en  solde  de 
retraite. 

Art.  l".  Leî  militaires  qui  ont  été  admis  à  la 
solde  provisoire  soit  en  vertu  de  la  loi  du  2S 
fructidor  an  7  ,  soit  en  conlotmité  de  l'arrêté  du 
1 1  prairial  an  8  ,  et  qui  n  ont  point  encore  adressé 
au  ministre  de  la  guerre  les  titres  qui  justifient  de 
leurs  droits  à  la  solde  de  retraite  ,  ou  les  pièces 
nécessaires  pour  obtenir  la  conversion  en  solde 
de  retraite  de  leurs  anciennes  pensions  ,  les  lui 
fcrocjt  parvenir  sans  nul  délai  et  avant  le  l5 
nivôse  prochain  ,  afin  de  pouvoir  êire  compris 
dans  le  travail  général  sur  la  liquidation  des 
soldes  de  retraite  qui  doit  être  terminée  le  1" 
pluviôse  prochain. 

II.  Les  inspecteur-généraux  termineront ,  avant 
le  i5  nivôse  prochain  ,  la  revue  des  corps  dont 
rinspection  leur  est  confiée  ;  ils  devront  égale- 
ment, d'ici  à  cette  époque  ,  avoir  adressé  au  mi- 
nistie  de  la  guerre  l'étal  des  militaires  qui  ,  par 
suite  de  blessures  ou  infirmités  contractées  à  la 
guerre  ,  leur  auront  paru  susceptibles  d'être  ad- 
mis à  jouir    de  la   solde  de  retraite. 

III.  Tous  les  militaires  compris  dans  l'article 
ct-desius  ,  ainsi  que  ceux  qui  ,  réunis  dans  des 
dépôts  p  irticuliers  ,  ont  été  précédemment  v.- 
tonnus  incapables  de  continuer  leurs  services  , 
et  datis  le  cas  d'obenir  leur  solde  de  retraite  . 
seront  sur  le  champ  congédiés  et  mis  en  route 
pour  se  rendre  dans  leurs  foyers  et  y  jouir  de 
radite  solde. 

T  I  T  R  E    I  I. 

JDes  admissions  futures  à  la  solde  de  retraite  , 
ou  à  ï  hôtel  des  Invalides  ,  ou  dans  les  demi-bri- 
gades de  vétérans. 

IV.  Hors  le  cas  prévu  par  1  article  VII  ci-après  , 
il  ne  sera  plus  procédé  qu'une  fois  par  an  ,  pour 
chaque  corps  ,  à  l'admission  des  militaires  ,  soit 
à  l'hôtel  des  Invalides  ,  soit  à  la  solde  de  retraite  , 
soit    dans  les   vétérans  en  activité. 

V.  A  dater  du  l''  germinal  prochain  ,  nul  mili- 
taire ne  sera  envoyé  aux  Invshdes  ,  ou  dans  les 
demi-brigades  de  vétérans  ,  ou  dans  ses  foyers  , 
pour  y  jouir  d'une  solde  de.  retraite  ,  qu'en 
vertu  d'uiî  ordre  préalable  du  ministre  de  la 
guerre. 

'  VI.  Toute  demande  d'admission  aux  Invalides, 
ou  dans  les  demi-brigades  de  vétérans  ,  ou  à  la 
solde  de  retraite  ,  sera  remise,  motivée  et  appijyéc 
de  pièces  justificatives  au  conseil  d'administra.- 
jjon  du  corps  ,  un  mois  avant  la  revue  définitive 
de  l'inspecteur  général. 


324 

Le  conseil ,  après  avoir  vérifie  les  faits  énoncés 
par  le  pét:lionnaire  ,  visé  léiat  des  services  ,  ainsi 
que  les  pièces  à  l'appui  de  sa  demande  et  donné 
son  opinion  sur  sa  demande  ,  remettra  le  tout  à 
l'inspécleur-général  du  corps. 

Linspecieui-général ,  après  avoir  fait  un  nouvel 
examen  des  p  eccs  et  une  nouvelle  vérification 
des  laiis  ,  adressera  leschies  pièces  ,  avec  son  avis , 
au  ministre   qui   prononcera. 

VII.  Si  dans  l'intervalle  d'une  revue  définitive 
à  l'autre  ,  il  se  trouve  des  miliiaires  que  des  bles- 
sures très-graves  rendent  manifestement  suscep- 
tibles d'obtenir  leur  solde  de  retraite  ,  le  conseil 
d'administration,  après  avoir  exécuté  les  dispo- 
sition de  l'article  ci-dessus  ,  remettra  le  tout  à 
1  inspecteur  aux  revues,  qui  ,  après  avoir  fait 
les  examens  et  véiifications  prescrits  à  l'inspec- 
leur-général  ,  adressera  les  pièces  et  son  avis  au 
ministre  ,  lequel  prendra  de  suite  les  ordres  des 
consuls  .  et  les  transmettra  à  l'inspecteur  aux  re- 
vues ,  chargé  de  la  police  du  corps  ,  qui  en  as- 
surera l'exécution. 

VIII.  Les  militaires  qui  seront  congédiés  avec 
ou  sans  solde  de  retraite  ,  ou  qui  seront  admis 
soit  aux  vétérans,  soit  aux  invalides  ,  recevront  , 
avant  leur  départ,  des  feuilles  de  route  ,  pour 
se  rendre  dans  leurs  loyers;  outre  la  solde  d'ac- 
tivité qui  leur  sera  payée  pendant  et  pour  leur 
route  entière  ,  ils  jouiront  de  l'indemnité  attribuée 
à  leurs  grades  respectifs  ,  en  remplacement  de 
l'étape,  et  ce,  à  raison  de  deux  myriaraeires  et 
demi  par  journée  de  rnarche. 

IX.  Le  ministre  de  la  guerre  adressera  à  chaquç 
corps  le  modèle  des  états  de  proposition,  pour 
l'admission  des  militaires  aux  différentes  récom- 
penses ci-dessus  dénommées. 

X.  Au  moyen  des  dispositions  ci-dessus ,  toute 
espèce  de  solde  provisoire  sera  supprimée  ,  à 
dater  du  t^'  germinal  prochain. 

Au  moyen  des  mêtnes  dispositions,  et  à  dater 
de  la  même  époque  ,  les  inspecteurs  aux  revues 
rayeront  des  contrôles  ,  du  jour  de  leur  départ  , 
tous  les  militaires  qui  auront  été  congédiés  ,  soit 
pour  se  rendre  à  l'Hôtel  des  Invalides  ,  soit 
à  une  demi-brigade  de  vétérans  ,  soit  pour  se 
retirer  dans  leurs  foyers  ,  mais  ils  assureront,  par 
leur  revue,  la  solde  d'activité  desdits  individus 
pour  la  durée  entière  de  leur  route  ;  à  l'effet  de 
rembourser  les  corps  de  l'avance  qu'ils  auront  faite 
de  ladite  solde  d'activité  ,  mention  particulière 
sera  faite  dudit  motif  sur  la  revue. 

XI.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécuilon  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au 
Bulletin   des  Lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Boiv) aparté. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.Maret. 


AVIS. 

Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particulières,  sur  tel  objet  que  ce  soit , 
doivent  être  adressées  directement  aux  ministres 
que  ces  demandes  concernent. 

Les  adresser  aux  consuls  ,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  1  examen  ;  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire  ,  parce  qu  il 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ces 
objets.         

Le  ministre  de  l'intérieur  ,  par  intérim  ,  au  citoyen 
Desgouttes  ,  préfet  du  département  des  Vosges  ,  à 
Epinal. —  Paris  ,  le  fi frimaire  an  9. 

J'ai  reçu  .citoyen  ,  avec  votre  lettre  du  17  bru- 
maire dcniier  ,  copie  du  compte  que  vous  avez 
rendu  au  ministre  de  la  guerre  ,  en  exécution 
de  la  loi  du  17  ventôse  ,  relative  au  départ  pour 
les  armées,  des  réquisionnaires  et  conscrits. 

Je  vois  avec  satisfaction  l'heureux  résultat  de 
vos  opérations  à  ce  sujet ,  c'est  un  nouveau  moiif 
pour  le  gouvernement  de  s'applaudir  de  la  dis- 
tinction honorable  dont  le  département  des  Vosges 
a  mérité  ,  par  vos  soins  ,  d'être  l'objet  à  la  fête 
du  1'^  vendémiaire  dernier  ,  et  votre  sollicitude 
prouve  assez  que  vous  savez  l'apprécier. 
I     Je   vous  salue  ,  Signé ,  Chaptal. 


Le  secrétaire-général  de  la  préfecture  du  département 
de  ta  Seirié-Inférieure  ,  au  rédacteur  du  Moniteur. 
—  Rouen ,  12  frimaire  an  9  de  la  république 
française. 

Veuillez  ,  citoyen  ,  insérer  dans  votre  prochain 
I  numéro  l'analyse  suivante  des  renseignemens  of- 


ficiels que  le  pré'fet  vient  de  recevoir,  têlativer 
ment  à  l'épidémie  espagnole  dont  on  craignait 
la  communication  en  France. 

11  La  maladie  contagieuse  qui  a  désolé  l'An- 
dalousie ,  a  beaucoup  perdu  de  son  intensité  ; 
il  paraît  même  qu'aucun  symptôme  alarmant  de 
communication  ne  se  manifeste  plus  sur  la  flotte 
anglaise. 

))  En  conséquence,  les  bâlimens  neutres  sont 
maintenant  admis  dans  les  ports  de  ce  département 
aveclesprécautions  convenables  ,  et  la  pêche  n'est 
plus  interdite  pendant  la  nuit. 

Ces  détails  sont  intéressans  sous  le  double  rap- 
port de  la  santé  publique  et  de  l'activité  du  com- 
merce maritime  ,  je  vous  prie  en  conséquence 
de  concourir  à  leur  publicité. 

Je  vous  saliie  , 

Galhe. 

I'ai  lu  ,  citoyen  ,  avec  le  pliis  vif  intérêt  les 
réflexions  judicieuses  que  vous  faites  dans  votre 
journal  du  s8,  au  sujet  des  Essais  sur  ta  musique 
du  citoyen  Grétry  ,  à  la  suite  de  la  lettre  de  l'au- 
teur du  Voyage  d'Epcrnay.  Mon  admiration  pour 
l'homme  célèbre  qu'elles  concernent,  mon  amour 
pour  l'art  divin  qu'il  cultive  avec  tant  de  succès  , 
m'engage  à  concourir  avec  vous  à  relever  une 
erreur  que  sa  célébrité  même  pourrait-  rendre 
funeste. 

L'auteur  du  Vofage  d'Epernay  a  pris  le  change 
sur  l'idée  de  Gretry.  Il  ne  taut  pour  s'en  con- 
vaincre que  jetier  les  yeux  sur  l'ouvrage  même 
qu'il  a  pris  pour  règle.  >)  Ne  pourrait-on  pas,  dit 
Grétry  (tome  I'',  page  847) ,  donner  à  la  musique 
la  liberté  de  marcher  d'un  plein  essor-,  de  faire 
des  tableaux  achevés .  oij  ,  jouissant  de  tous  ses 
avantages,  elle  ne  serait  plus  contrainte  de  suivre 
la  poésie  dans  ses  nuances  diverses,  etjusques 
dans  les  moindres  détails  des  syllabes  longues  01» 
brève»  ?  Quel  amateur  de  musique  n'a  été  saisi 
d'amiration  en  écoutant  les  belles  symphonies 
d'Haydn  !  Cent  fois  je  leur  ai  prêté  les  paroles 
qu'elles  semblent  demander.  Eh  !  pourquoi  ne 
pas  les  leur  donner?)'  Si  cette  dernière  phrase 
a  fait  croire  à  l'auteur  du  Voyage  d'Epernay,  qu'il 
n'était  question  que  de  parodier  de  la  mi^sique 
déjà  faite  ,  les  développemens  de  cette  idée  au- 
raient dû  le  faire  apercevoir  de  son  erreur. 
Grétry  assigne  ensuite  (page  35o)  au  poëte  et  au 
musicien  les  divers  procédés  qui  les  concernent. 
>)  Le  poëte,  dit-il,  après  avoir  conçu  son  plan, 
ne  doit  versifier  que  les  endroits  qui  lui  paraî- 
tront de  pure  déclamation  et  devant  servir  au 
récitatif.  Dès  qu'il  sentira  sa  verve  s'animer  et 
demander  du  chant  mesuré,  il  faut  qu'il   écrive 

en  prose Envoyez  ce  canevas  à  Haydn ,  sa 

verve  s'échauffera  sur  chaque  morceau,  etc.'i 

On  voit  donc  qu'il  n'est  pas  du  tout  question 
de  transposer  sur  des  paroles  la  musique  déjà 
faite  ,  mais  de  composer  sur  le  canevas  da 
poëte  ,  une  musique  relative  à  la  situation  dont 
le  poëte  ferait  ensuite  les  vers.  Par-là  le  musicien 
n'étant  plus  asservi  aux  lois  rigoureuses  de  I4 
prosodie  ,  n'étant  plus  arrêté  dans  sa  marche  pat 
l'inégalité  des  vers ,  par  ces  mots  enfiles ,  dit 
Grétry,  qui  ne  valent  pas  la  peine  qu'ils  lui  don- 
nent ,  ne  trouverait  plus  d'obstacles  aux  élans  de 
son  génie  ,  et  ses  compositions  seraient  d'autant 
plus  parfaites  qu'elles  auraient  eu  plus  de  liberté. 

Il  me  paraît,  par  ces  rapprocheraens  ,  que  l'au- 
teur du  Voyage  d'Epernay  ,  entraîné  par  l'idée  vrai- 
ment séduisante  de  produire  sur  la  scène  de» 
chefs-d  œuvre  de  musique  ,  a  plus  consulté  son 
enthousiasme  que  les  préceptes  du  grand  maître 
dont  il  s'est  appuyé.  Il  m'est  douloureux  de  rap- 
pcller  à  sa  mémoire  le  mauvais  succès  de  son 
essai  ;  mais  le  désintéressement  de  sa  démarche  . 
me  fait  espérer  qu'il  ne  verra  dans  ces  réflexions 
que  le  même  but  qu'il  s'était  proposé  ,  les  progtèx 
(î'un  art  qu'il  paraît  chérir  autant  que  moi. 

Salut  et  fraternité  , 

Blaze  ,  associé  de  l'institut  national. 


MÉDECINE. 

Dt  la  Gonorrhée  Bénigne  ,  ou  sans  virus  véné- 
rien ,  et  des  fleurs  blanches  ,  un  volume  in-S".  , 
nouvelle  édition  ,  par  J.  L.  Doussin  Dubreuil , 
membre  de  la  Société  Académique  des  Sciences, 
de  celle  des  Inventions  et  Découvertes  ,  séantes 
au  Palais-National  des  Sciences  et  des  Arts,  etc. 

Prix  3  fr.  franc  de  port. 

A  Paris  ,  chez  Fuchs ,  libraire  ,  rue  des  Mathu- 
rins  Saint-Jacques. 


L'abonnement  se  fait  à  Paiii  rué  dej  Poitevins,  n"  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  mois,  So  francs  pour  6  mois ,  et  100  francs  pour  l'année  entière.  Onoct'abonae 
qu'au  commeucemeot  de  chaque  mois. 

Il  Faut  adresser  les  lettres  etl' argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  A  G  A  <!S  E ,  propriétaire  de-ce  journal ,  loe  des  Poitevins  ,  u°  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  de» 
pays  0  .  l'on  ne  peut  aSFranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  «etiicea  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  ne  des 
Poitevins  ,  n'  l3  ,  depui  jneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  du  cil,  Aj^asse ,  propiiétaite  du  Moniteur,  tue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL 


j\f°  82. 


Diiodi ,  ^2  frimaire  an  g  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à   dater  du  7   nivôse  le  MONITEUR  est   le  seul  journal  officiel. 
II  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    no:i' 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  2  déc.  C 1 1  frimaire  )> 
PARLEMENT. 

CHAMBRE      DES      COMMUNES. 

Suite  de  la  séance  du  i'"  décembre. 

M.  WindltTfm.  Comme  il  n'y  a  rien  de  nouveau 
dans  tout  ce  que  nous  venons  d'entendre  ,  rien 
n'est  plus  facile  que  de  répondre  à  Ihonorabie 
membre.  Il  ne  s'agit  que  de  répéter  ce  qui  a 
été  dit  déjà  dans  plus  d'une  occasion.  —  L'ho- 
norable membre  convient  que  nous  somra'6 
dans  un  grand  danger;  que  nous  avons  en  tête 
un  ennemi  redoutable  ;  et  il  en  conclut  que 
nous  ne  devons  point  nous  embarrasser  dans 
des  alliances  ;  que  nous  devons  même  nous  dé- 
tachtr  de  nos  alliés.  Il  nous  représente  l'Au- 
triche dans  une  situation  plus  critique  encore 
que  la  nôtre;  et  il  en  conclut  que  nous  devons 
nous  séparer  de  l'Autriche  ,  et  que  l'Autriche 
ne  pense  qu'à  traiter  sans  nous.  Un  pareil  raison- 
nement est  si  extravagant  ,  que  le  seul  moyen 
de  le  réfuter  ,  c'est  de  le  répéter. 

Gardons-nous  de  faire  aucune  alliance  ,  nous 
dit-on;  car  en  prenant  des  alliés  ,  nous  ne  pou- 
vons plus  disposer  pour  nous-mêmes  de  toutes 
nos  forces;  et  des  alliés  nous  gênproDi  quand 
nous  voudrons  faire  la  paix.  C  est  comme  si 
l'on  disait  à  des  gens  altaqués  et  défendus  par 
une  garnison  ,  qu  ils  n'ont  rien  de  mieux  à  faire 
que  de  démanteler  la  place ,  de  renverser  les 
remparts  ,  de  ne  rien  laisser  subsister  autour 
d'eux  ,  parce  qu  alors  ils  pourront  combattre  ep 
rase  campagne  et  en  pleine  liberté  :  il  est  sûr 
qu'en  se  renferm.>nt  dans  une  place  forie  ,  on  se 
soumetà  beaucoup  d'incommoi^ités  ,  et  qu'en  fe- 
sant  une  alliance  ,  on  se  lie  soi-même  autant 
qu'on  lie  les  autres  ;  mais  dans  une  place  forte  , 
comme  avec  des  a  liés  ,  on  se  trouve  plus  en 
état  de   lésis'er   à    ennemi.  a. 

Au  reste  ,  j'aurais  tort  de  taxer  l'honofaîjfé 
membre  d'inconséquence  dans  ses  prindjb'e's  , 
quand  il  nous  dit  que  nous  n'avons  rien  dkton 
à  attendre  de  cette  guerre  tant  que  nous  n'aurons 
pas  détaché  notre  cause  de  celle  de  l'Autriche. 
Cette  assertion  est  irès-conséquente  et  à  ses  prin- 
cipes ,  et  à  ceux  de  ses  amis.  Elle  nous  mené 
directement  à  l'état  dans  lequel  ils  ont  grande 
envie  de  nous  voir. 

L'honorable  membre  nous  a  entretenu  avec 
jchaleur  ,  de  la  mauvaise  toi  de  nos  alliés.  Je 
<rois  devoir  répondre  à  ces  accusations.  Il  est 
vrai  que  quelques  puissances  ont  montré  de  la 
/aiblesse  ,  et  une  prélértnce  mal-entendue  pour 
leurs  intérêts  particuliers  ;  c'est  ce  qui  est  inévi- 
table dans  une  coalition  ,  et  en  amené  presque 
toujours  la  dissolulion  ;  mais  je  n'en  concluerai 
pas  ,  comme  l'a  tait  I  honorable  membre  ,  que  la 
guerre  présente  ,  n'ait  point  servi  à  la  cause  com- 
mune de  l'Europe  ,  ou  que  la  défection  de  nos 
alliés  ait  été  une  perte  véritable  pour  nous.  Tant 
qu'ils  ont  persisié  dans  la  cause  commune  ,  ils 
nous  ont  été  très-utiles  ,  et  quand  ils  s'en  sont 
retirés  ,  nous  n'avons  perdu  que  les  avantages  qui 
résultaient  de  1  union  de  leurs  forces  aux  nôtres. 

L'honoratle  membre  reproche  à  l'Autriche 
d'avoir  pensé  à  s'ag^randir  en  Italie,  lorsqu'elle 
s'est  séparée  de  nous.  A  cela  ,  je  répondrai  en 
feu  de  mots  ,  qu  en  travaillant  en  apparence 
pour  son  ^ggrandissement ,  1  Autriche  travaillait 
jtéelkment  pour  sa  propre  sûreté.  —  L'honorable 
membre  n'est  pas  heureux  pour  les  dates.  Il 
accuse  lAutriche  d  avoir  attendu  la  journée  de 
Xlarengo  ,  pour  se  lier  avec  nous  .  par  un  traité  ; 
la  vérité  est  que  ce  traité  était  trèi-avancc  ,  avant 
que  cette  bataille  se  tût  donnée  ;  il  n'en  était 
donc  pas  le  résultai  ;  je  ne  vois  pas  là  un  manque 
de  bonne-loi  de  la  part  de  l'Autriche.  — Je  ne 
l'en  accuserai  pas  non  plus,  comme  le  fait  l'hono- 
rable membre  ,  parce  qu'elle  a  remis  aux  fran- 
çais Ulm  ,  Philipsbourg  et  Ingolstadi  ;  t'est  au 
contraire  une  preuve  de  la  bonne-loi  de  l'em- 
pereur ,  qui  a  mieux  aimé  livrer  ces  places  ,  que 
île  traiter  séparément  avec  l'ennemi. 

Lhnnorabic  membre  veut  que  le  corale  de 
Saint  Julien  ail  eu  des  pleins  pouvoirs  pour  signer 
le»  préliminaires  à  Paris  ,   parce  qu'il  avait  une 


lettre  de  l'empereur.  Je  ne  saisjs  pas  bien  cette 
conséquence  ;  comment  assurer  qu'une  lettre 
qu'on  se  plaint  de  ne  pas  connaître  ,  et  qu'on 
demande  avec  tant  d'intérêt  ,  contient  des  pleins 
pouvoirs  pour  l'officier  ch;iigé  de  la  remettre  ? 

M.  'Windhara  ,  après  avoir  essayé  de  jusiificr 
l'Autriche  ,  s  occupe  à  repousser  le  reproche 
que  Ihonorabie  raerabre  fait  aux  ministres  de 
sa  majesié  ,  de  n'avoir  jamais  voulu  sincèrement 
la  paix  ;  il  prétend  que  leur  conduiie  ,  dans  toutes 
les  circonstances  oii  il  a  été  ques;ion  de  négocier , 
prouve  suiEsammeat  qu'ils  ctaietn  de  bonne  foi. 

On  trouve  mauvais,  poursuit  M. 'Windham  , 
que  lord  GrenviUe  n'ait  pas  traité  en  personne 
avec  M.  Otto.  Pour  moi,  je  ne  vois  pas  pour- 
quoi l'intervention  du  capitaine  Georges  pour- 
rait avoir  déplu  à  M.  Otto.  Ce  capiTaine  était 
en  relations  habituelles  avec  lui.  On  ne  pouvait 
faire  un  choix  qui  lui  fût  plus  agié^ib!?,  O  i-^-f 
à  M.  Hammond  ,  c'est  un  sous-secrétaii  c- i  c.  :  ^  , 
un  homme  de  confiance  ,  qui  convenait  par- 
faitement pour  une  négociaiion  de  cttie  nature. 
Ce  que  M.  Otto  était  au  gouvernement  français, 
M.  Hammond  l'élaii  au  ffopvernement  anglais. 
Aurestii,  cette  inculpation-  n'est  qu'une  preuve 
de  plus  de  l'animosité  des  honorables  membres 
qui  nous  sont  opposés.  Tantôt  ils  veulent  qu  on 
s'attache  aux  formes ,  tantôt  qu'on  les  compte 
pour  rien  ,  selon  que  la  chose  convient  à  leur- 
passion. 

M.  Windham  passe  ensuite  à  l'aflFaire  d'Egypie  ; 
il  soutient  que  le  post-scriptum  de  laide-dc- 
camp  Baudot  mérite  la  plus  grande  aiteniion  , 
et  que  c'est  au  nom  même  du  général  Kléber. 
que  cet  officier  a  écrit  que  ,  quelque  fût  le 
succès  de  la  guerre,  l'armée  frarçaise  évacuerait 
l'Egypte  dès  que  le  gouvernem-nc  anglais  aurait 
envoyé  les  passeports  nécessaires  .  et  qu'on  au- 
rait stipulé  le  nombre  des  vaisseaux  pour  le  trans- 
port des  troupes.  Quant  à  la  comparaison  faite 
entre  la  co\nduiie  de  l'amiral  Keiih  ,  en  Egypte, 
et  celle  que  tiendrait _  i-n  officier  russe  en  An- 
gleterre ,   c'est  un  sophisme  ,   et  rien  de   plus. 

Il  est  des  circonstances  ,  dit  M.  Windham  .  orà 
l'on  doit  moins  s'occuper  des  intérêts  d'un  seul  , 
que  de  ceux  de  plusieurs  de  ses  alliés.  S'il  im- 
portait à  la  sublime  Porte  que  les  français  éva- 
cuassent 1  Egypte,  il  importait  plus  encore  aux 
autres  puissances  coa'isées  qu'ils  ne  revir>ssent 
pas  en  Europe.  Le  gouvernement  angla  s  a  fait 
dans  cette  occasion  ce  que  ferait  un  individu  qui 
aurait  à  prononcer  entre  un  et  plusieurs  de  ses 
amis.  Voilà  sa  justifi::ation. 

L  honorable  membre  ,  continue  M.  'Windham  , 
ne  me  paraît  pas  raisonner  avec  plus  de  jus- 
tesse ,  qusnd  il  parle  des  événeme-s  de  la  guerre 
présente  ;  une  guerre  peut  avoir  été  malheureuse  , 
sans  que  ceux  qui  font  dirigée  soient  coupables  ; 
et  vice  versa  :  pour  bien  apprécier  les  avantages 
de  celle  que  nous  avons  à  soutenir  ,  il  ne  f.iut 
pas  voir  ce  que  nous  y  avons  gagné  ou  pei^du  ; 
il  laut  demander  dans  quel  état  serait  aujour- 
d'hui uotre  pays  ,  s'il  ne  s'était  pas  détermi-  e  à  la 
guerre..  Je  suis  persuadé  qu'il  n'y  a  pas  un  homme 
de  bonne  toi  qui  ne  convienne  que  noire  situa- 
tion est,  sous  tous  les  rapports,  infiniment  meil- 
leure aujourd'hui  ,  qo'elle  ne  le  serait  si  nous 
avions  retusé  le  combat.  Si  lAngleierre  est  au- 
jourd  hu.  libre  et  indépendante  i  c'est  à  l'elfort 
de  ses  armes  qu'elle  le  doit.  Si  le  peuple  anglais 
passe  aujourd  hui  ,  aux  yeux  des  auires  nations  , 
pour  un  peuple  heureux  ,. riche  ,  puissa' t  ,  c'est 
qu'il  a  su  combattre.  Si  la  constiKuion  de  noire 
pays  s'est  conservée  intacte  au  milieu  des  fureurs 
du  jacobinisme  ,  c'est  que  nos  braves  l'ont  cou- 
verte de  leurs  corps.  Si  l'on  eût  suivi  les  conseils 
de  l'honorable  membre  et  ceux  de  ses  amis  , 
1  Angleterre  serait  ce  que  sont  aujourd'hui  la 
Toscane  ,  la  Suisse  et  la  Hollande. 

Je  passe  maintenant  au  dernier  point  qu'a  traité 
l'honorable  membre  ,  quoiqu'il  ne  soit  pas  le 
moins  iruéressani  ,  la  paix  :  si  je  regarde  la  r on- 
tinuaiion  de  la  guerre  comme  un  mal  plus  grand 
que  la  paix  faite  avec  une  république  jacobine  , 
il  est  clair  que  je  voterai  pour  la  paix.  De  deux 
maux  ,  je  choisirai  le  moindre.  Maintenant  que 
la  falalp  doctrine  des  droits  de  l'homme  a  lait 
son  explosion  ,  et  qu'elle  est  devenue  ,  par  les 
excès  qu'elle  a  causés  ,  un  objet  d  exécration  , 
la  paix  ,  je  le  sais  ,  sera  moins  tuneste  quelle  ne 
ne  l'eût  été  auparavant.  Mais  quand  je  considère 
l'ïspece    de   paix   dont  l'honorable   membre   se 


déclare  l'avocat  ,  j'avoue  que  j'ai  peine  à  croire 
que  la  continuation  de  la  guerre  présente  assM 
de  dangers,  pour  que  cette  paix  lui  soit  préféi;!- 
rable.  même  comme  un  moindre  mal  lest  à  un 
plus  grand. 

Les  honorables  membres  nous  parlent  de  l'es- 
prit de  paix  ,  et  ils  expliquent  ce  mot  de  manière 
a  nous  taire  croire  que  par  esprit  de  paix  ,  no'is 
devrions  cesser  de  ha'ir  les  principes  du  Jaco- 
binisme ,  que  nous  devrions  même  chérir  les 
jacobins  ,  et  leur  donner  le  baiser  fraternel  ;  que 
Dieu  préserve  mon  pays  d'une  semblable  pa:x  ! 
Pendant  plusieurs  siècles  ^  nous  avons  fait  bun 
des  traités  de  paix  avec  l'ancienne  monarchie 
de  France  ;  mais  nous  n'avons  pas  adopté  pour 
cela  l'esprit  de  cette  monatthic,  et  Ion  vondinit 
qne  nous  prissions  aujourd  hui  l'esprit  de  Bot,-  - 
parte  !  L'honorable  membre  nous  a  parié  d'une 
certaine  personne  {  M.  Fox  )  ,  comme  du  seul 
homme  d  après  les  principes  duquel  il  soit  pos- 
s:bie  de  faire  la  paix,  je  respecte  les  talens  de 
cet  homme  ,  mais  je  ne  me  sens  pas  porté  à 
admirer sesopinions  et  moins  eocore  à  les  adopter. 
C'est  à  la  chan^bre  à  voir  si  elle  doit  goûter  les 
propositions  qui  lui  ont  été  faites  ,  de  demander 
la  paix  ,  de  rompre  nos  alliances  sur  le  coniineni  , 
de  renoncer  aux  moyens  de  continuer  la  guerre  . 
par  respect  pour  les  conseils  de  ceux  qui  veulent 
une  paix  de  pur  amour  avec  une  république 
jacobine  ,  ou  si  elle  doit  manifester  toute  sou 
horreur  pour  des  principes  si  pernicieux.  (Extrait 
du  Sun.  j  La  suite  demain. 

INTÉRIEUR. 
DÉPARTEMENT    DU    LOT. 

POPULATTION. 

Observations   particulières. 

Montauban.  —  La  mortalité  y  a  été  plus  coU' 
sidérahle  en  vendémiaire  qu'en  fructidor;  fa 
cause  en  est  attribuée  aux  ravages  de  la  petite 
vérole  et  aux  changemens  de  la  saison. 

Gourion.  —  Il  y  a  eu  moins  de  morts  en  ven- 
demiaiie  qu'en  fructidor  ;  la  cause  se  trouve  dans 
l'air  qui  s'est  purifié  ,  et  dans  les  sources  qui  , 
devenues  plus  abondantes  ,  ont  donné  une  eau 
plus  saine. 

Cahors.  —  Les  nouveaux  nés  y  excédent  le 
nombre  des  morts  ;  l'air  de  cet  arrondissement 
est  plus  pur  et  plus  vif,  et  les  maladies  y  sont 
moins    contagieuses. 

Figeac.  —  Les  morts  excédent  les  nouveaux 
nés  ;  celle  moitalilé  est  attribuée  aux  fièvres  d'au- 
tomne. 

Ainsi    en  résumé    la    population  ,  —' 

d'après  les  élals  de    1789,    était  de....     368, ySo. 

Aujourd'hui  ,  d'après  le  dénombre- 
ment qui  vient  d  être  fait,  et  dont 
léiat  déiaillé  a  été  envoyé  au  mi- 
nistre ,    elle  se  monte  à 377, 14t. 


La  différence   en  plus  est  de. 


S.  386. 


Observations  générales. 

La  populaiion  a  diminué  dans  les  villes  par  la 
suijpression  des  aiteliers  ;  les  Ϗmes  causes  l'ont 
fait  augmenter  dans  les  campagnes:  il  est  pour- 
tant vrai  de  dire  que  les  campagnes  ont  moins 
de  bras  pour  les  travailler.  Les  causes  eft  sont 
dans  la  guerre  qui  a  dévoré  un  douzième  des 
hommes  robustes  ;  mais  aussi  la  généiaiion  qui 
se  prépare  ,  celte  généraiion  qui  compte  depuis 
six  jusqu'à  vingt  ans  ,  promet  des  hommes  d'une 
constitution  plus  forte  ,  d  une  santé  plus  robuste 
et  d'un  caractère  plus  mâle  et  plus  guerrier. 

La  population  s'accroîtra  encore  à  la  paix  ; 
mais  c'est  au  gouvernement  à  la  favoriser  en 
favorisant  l'agriculture. 

La  révolution  en  diminuant  la  fortune  des 
grandes  familles,  en  déiruisani  les  corps  religieux, 
en  divisant  les  propriétés  territoriales  ,  a  rendu 
un  service  important  à  l.i  population  et  à  l'ngri- 
culiure. 

A  la  paix  chacun  aura  besoin  de  repos  ,  ci  on 
ira  le  chercher  dans  les  campagnes  ;  on  auia  b< - 
soin  de  rétablir  une  foriune  consumée  dans  les 
cités  populeuses  ,  et  on  la  rétabliia  par  U 
culture  oc  ses  terrtes. ,  ' 


5^6 


Les  occupations  dont  la  révolution  aura  fait 
\ine  nécessité  ,  dégoûtera  des  jouissances  factices , 
et  l'on  reviendra  à  des  goûts  simples  et  naturels. 
La  population  des  villes  y  perdra  ,  mais  les  cam- 
pagnes se  peupleront  d'hommes  indusliieux  et 
amis  du  travail  par  émulation  et  par  besoin.  Les 
mœurs  s'épureront  ,  et  ce  sera  sans  doute  un  des 
grands  bienfaits  de  la  révolution  ;  mais  je  le 
répète  ,  cette  amélioration  appartient  au  gou- 
vernement :  s'il  sait  profiter  de  la  lassitude  des 
©rages  politiques,  de  la  disposition  des  esprits 
vers  une  vie  plus  douce  et  plus  rassurante,  s'il 
jéchargB  l'agriculture  des  impôts  qui  l'écrasent, 
yagriculture  à-*cm  tour  lui  ouvrira  une  source 
.intarissable  de  population  et  de  richesses. 


'  DÉPARTEMENT      DE      l'A  U  D  E. 

Carcassonne.  —  Le  nombre  des  naissances  sur- 
fasse en  général  dans  chaque  commune  celui  des 
décès  dans  une  proportion  assez  considérable. 
On  peut  donc  affirmer  que  la  population  aug- 
mente. Est-ce  un  efiFet ,  comme  quelques  per- 
sonnes le  croyent  ,  de  la  multiplicité  des  ma- 
riages contractés  dans  la  vue  d'échapper  à  la 
conscription  ,  ou  par  l'espérance  d'obtenir  avec 
plus  de  facilité  des  dispenses  de  service  ?'  ou 
bien  n'esl-ce  pas  plutôt  la  suite  toute  simple  et 
toute  naturelle  de  Tabsence  des  maladies  épidé- 
miques  ,  et  de  toute  cause  extraordinaire  de 
mo.tal  té  ?  le  département  de  l'Aude  n'en  a 
éprouvé  aucune  dans  le  cours  de  cette  année  , 
ni  même  long-teras  auparavant.  En  général, 
l'air  y  est  sain  ,  et  la  vie  assez  longiie.  La  pro- 
portion des  naissances  aux  décès,  est  donc  né- 
cessairement à  l'avantage  des  premières,  et  la 
population  doit  s'accroître  par  cela  seul  et  sans 
aucune  autre  cause  ;  mais  cet  accroissement  ne 
tourne  pas  en  ce  moment  au  profit  de  la  culture 
ni  de  I  industrie.  Le  nombre  des  enf'ans  est 
augmenté  ,  celui  des  hommes  en  état  de  tra- 
vailler est  sensiblement  diminué  par  les  longs 
efFcIs  delà  guerre.  On  s'en  apperçoit  parle  haut 
prix  de  la  main  d'oeuvre.  Cependant ,  les  habitans 
de  ces  pays  suffisent  à  sa  culture.  Il  y  a  au  moins 
autant  de  terres  cultivées  ,  et  elles  sont  aussi 
bien  cultivées  qu'avant  la  révolution.  Les  hommes 
suffisent  aussi  à  toutes  les  fabrications  ,  mais  c'est 
parce  qu'elles  sont  prodigieuserrient  réduites  , 
depuis  que  les  produits  de  nos  manufactures 
n'ont  plus  leur  écoulement  accoutumé  dans  le 
Levant.  Toute  industrie  ,  toute  spéculation  , 
semblent  paralysées  depuis  plusieurs  années  ; 
une  foule  d'ouvriers  devenus  inutiles  ,  a  été 
ainsi  repoussée  vers  les  armées  par  la  nécessité 
des  circonstances  ;  d'autres  luttent  ici  contre  la 
misère,  et  trouvent. quelques  ressources  dans  les 
travaux  publics  ;  car  ce  département  est  heureu- 
sement celui  de  la  république  où  il  s'exécute 
en  ce  moment  le  plus  d'ouvrages  de  ce  genre  ; 
les  recreusemens  et  les  constructions  qui  se  font 
sur  plusieurs  points  du  canal  du  Midi  ,  donnent 
du  travail ,  et  par  conséquent  la  subsistance  à  plus 
ée    mille   personnes. 


Paris ,  le  zi   frimaire. 

Le  général  russe  Sprengporten  est  arrivé  le  18, 
à  cinq  heures  après-midi,  à  Bruxelles  où  il  a 
été  reçu  avec  la  plus  grande  distinction.  Le  gé- 
néral Clarke  était  entré  une  heure  avant  lui  dans 
cette  ville.  Le  général  Sprengporten  a  dîné  ,  le 
19  ,  chez  le  préfet;  il  est  attendu  incessamment 
à  P<  r  s. 

—  Le  journal  des  Défenseurs  de  la  Patrie  contient 
l'annonce   du   fait  suivant. 

Un  ancien  négociant  d'un  des  départemens 
méridionaux  de  la  France  et  qui  ,  depuis  plu- 
sieurs années  ,  s'était  condamné  à  l'inactivité  , 
vient  de  reprendre  ses  affaiies  et  remettre  en  circu- 
lation <ent  mille  louis  qu  il  avait  enterrés  pendant 
les  orages  delà  révolution.  Nous  regrettons  que  ce 
négociant  ne  nous  ait  pas  autorisés  àpublierson  nom 
et  à  donner ,  par  là  ,  à  ce  fait ,  le  degré  d'authen- 
ticité que  nous  aurions  voulu  y  imprimer  ;  nous 
pouvons  néanmoins  assurer  à  nos  lecteurs  la  vé- 
rité de  ce  fait,  bien  propre  à  prouver  le  retour 
de  la  confiance. 

-^  Le  citoyen  Magimel  ,  libraire  ,  quai  des  Au- 
gusiins  ,  vient  de  faire  paraître  un  recueil  de 
mémoires  d'Observations  etd  Expériencessurl'ino- 
culalion  de  la  vaccine  (l)  ;  on  y  trouve  réunis  à 
une  notice  historique  sur  cette  découverte  im- 
portante ,  par  le  cit.  Aubert,  les  rapportsque  le  co- 
mité médical  chargé  de  cette  partie  ,  a  publiés  ;  le 
mémoire  du  cit.  Odier,  sut  linoculation  de  la 
vaccineà  Genève,  la  notice  des  expériences  faites  à 
Paris  ,  les  divers  comptes  rendus  ,  publiés  à  cet 
égard  par  le  citoyen  'Ihouret ,  la  notice  des  ex- 
périences faites  à  Rheims  par  le  comité  médical 
établi  e:i  cette  ville  ,  et  le  citoyen  Husson  ,  mé- 
decin de  Paris,  Une  note  insérée  au  bas  d'un  de 
ces  rapports  ,  porte  à  80,000  individus  le  nombre 
des  vacicnés  en  Angleterre  ,  à  'Vienne  ,  Genève  , 
Paris  ,   Rheims  ,   Boulogne  .  etc.  ,  etc. 


MINISTERE  DE    LA  GUERRE. 

Copie  'de  Id  lettre  écrite  au  directoire  central  des 
hôpitaux  militaires  par  le  ministre  de  la  guerre.  — 
Paris  ,  le  16  frimaire  de  l'ari  9  de  la  republique 
franr.aise  une  et  indivisible. 

Le  ministre  de  la  guerre  aux   membres  composant   le 
directoire  central  des  hôpitaux  militaires. 

J'ai  soumis  aux  consuls,  citoyens  ,  votre  ré- 
ponse aux  observations  qu'ils  avaient  faites  sur 
votre  compte  de  recettes  et  dépenses  depuis  le 
l^'  floréal  an  8  jusqu'au  dernier  jour  complé- 
mentaire de  la  même  année. 

Ils  me  chargent  particulièrement  de  vous 
faire  connaître  que  le  gouvernement  ,  loin  d'avoir 
conçu  des  idées  défavorables  de  votre  adminis- 
tration ,  est  convaincu  ,  par  l.s  renseignemens 
qu'on  lui  fait  parvenir  ,  que  le  service  des  hôpi- 
taux s  est  amélioré  d'une  manière  sensible  depuis 
votre  gestion. 

Continuez,  citoyens,  à  contribuer  au  soula- 
gement del  bumanitéparvotre  zèle  etvoslumieres  : 
vous  acquerrez  de  nouveaux  droits  à  l'estime 
du  gouvernement  qui  sait  apprécier  vos  travaux. 

Croyez  que  ,  de  mon  côté  ,  je  vous  seconderai 
toujours  dans  les  vues  utiles  que  vous  avez  dé- 
veloppées. 
Je  vous  salue  Signe',  Alex,  Berthier. 


presque  toujours  exacte  et  souvint  poétique  ; 
mais  on  y  trouve  quelquefois  des  mots  sura- 
bondans  et  des  métaphores  hasardées,  je  ne  ci- 
terai que  ces  navigateurs 


Dont  la  vc 

île  hardie  et  la   rame 

docile 

Fécondent 

sur  les   flots   une    lerr 

stérile 

LITTERATURB. 

Troisième  lettre  sur  l'Almanach  des  Muses. 

Le  chantre  d'Etéonore]el  de  la  Guerre  des  Dieux 
nous  promet  un  nouveau  poëme.  Il  est  intitulé  : 
ia  Chrislianide.  Il  a  publié  le  prologue  de  l'un  des 
chants.  C'est  une  allégorie  fort  agréable  sur  la 
Constance,  qui  ne  pouvant  demeurer  ni  avec 
l'Amour  ni  avec  l'Hymen  ,  se  fixe  auprès  de 
l'Amitié. 

Le  nom  du  citoyen  Pamy  rappelle  celui  d'un 
de  ses  plus  dignes  émules  :  le  citoyen  Deguerle  a 
publié  plusieurs  morceaux  de  poésie  erotique.  Il 
eût  mieux  fait  de  se  borner  à  un  seul  qui  peut 
être  comparé  ,  ce  me  semble  ,  à  ce  que  Gentil 
Bernard  et  Pamy  ont  écrit  de  plus  gracieux. 
Cette  pièce  est  une  imitation  du  poëte  latin 
Bonnefond  ,  intitulée  :  l'instant  d'avant. 

En  voici  quelques  vers  : 


A  trop  d*ardeun 


De  myrte  frais  , 
De»  jeux  follets 
Envîronaée , 
Près   d'Hamiltoa 
El  de  Catulle , 
Entre  Tibulle 
Et  Jean  Second, 
L'ombre  légère 
D'Anacreon 
Poursuit  Glycere 
D'une  chanson. 


(1)  In-S**.   de    57   pages;  prix,  fS  centîmesv 


Pare   ma    tomba 
De  quelques  fleurs  | 
Et ,  SUT  tes  ailes» 
Dieu  protecteur 
Des  cœurs   Gdeles  , 
Amour  vainqueur  ! 
Porte  mon  ame 
Vers  l'heureux  bord 
Où  de  ta  flamme 
Brûlante  encor, 
La  tête  ornée 

Lf»  autres  pièces  du  cit.  Deguerle  sont  un  peu 
loin  de  celle-là.  Sa  seconde  imitation  du  même 
poè'te  ,  intitulée  :  T  Orage  ,  aies  défauts  du  style  de 
Dorât  ;  les  trois  grâces  en  comité  ,  les  désirs  qui  sont 
sous  les  armes  ,  sont  des  expressions  affectées  qui 
gâteraient  les  meilleurs  ouvrages.  Le  talent  du 
citoyen  Deguerle  permet  de  telles  observations. 
Le  citoyen  Aubert  (  l'abbé  )  nous  offre  encore 
des  fables.  Celle  qui  est  intitulée  :  la  rose  et 
l'anémone,  sera  remarquée  :  on  y  trouve  lélé- 
gance  et  la  pureté  du  style  qui  ont  caractérisé 
l'un  de  nos  critiques  les  plus  distingués. 

Puisqu'il  est  question  de  fables  ,  il  faut  indi- 
quer aux  lecteurs  celle  de  Dupont  (de  Nemours) 
intitulée  :  le  Cotin-Maillard.  On  y  reconnaît  l'es- 
prit aimable  de  cet  excellent  citoyen  que  la 
France  sans  doute  n'a  pas  perdu  po\ir  toujours. 
Les  jolies  bagatelles  de  cette  nature  qui  échap- 
paient si  souvent  à  sa  plume  ,  pourraient  prou- 
ver ,  avec  l'exemple  de  Turgot  ,  de  Mirabeau 
et  de  tant  d'autres,  que  les  amuscmens  litté- 
raires ne  sont  nullement  incompatibles  avec  les 
études  les  plus  graves  et  les  travaux  de  l'homme 
d'état. 

Passons  à  des  sujets  plus  importans-.  L'Alma- 
nach des  Muses  contient  des  fragmens  de  plu- 
sieurs poèmes  inédits.  Qijelques  critiques  assu- 
rent que  la  poésie  est  perdue  en  France  .  et 
pourtant  on  n'a  jamais  tant  fait  de  poèmes.  Ce 
n'est  pas  une  raison  sans  doute  ;  mais  comment 
croire  que  des  hommes  qui  lisent  tous  les  jours 
Virgile  et  Racine  ,  et  chez  lesquels  ces  grands 
poètes  sont  toujours  en  honneur,  leiomberoni 
entièrement  dans  la  barbarie  ?  j'aime  mieux  dire 
avec  d'autres  que  la  poésie  épique  est  encore  à 
naître  dans  notre  patrie,  et  qu'il  faut  encourager 
les  jeunes  poètes  à  essayer  leurs  forces  daris  ce 
genre  difficile. 

Si  le  poëme  sur  la  navigation  répond  à  l'idée 
qu'en  donne  la  description  de  la  Hollande  que 
l'auteur  en  a  détachée  ,  cet  ouvrage  placcera  le 
cit.  Esmenard  très-près  de  nos  meilleurs  poètes 
descriptifs.  Son  style  est  feuti.e  ,  sgn  expression 


L'idée  du  poëte  est  juste  ,  mais  son  expressioft 
n'a-t-elle  pas  quelque  chose  de  recherché?  ce 
morceau  est  déjà  trop  connu  pour  qu'il  soit 
iiéccssaire  de  justifier,  par  des  citations,  les 
éloges  qui  lui  sont  donnés. 
-Le  citoyen  Castel  ,  auteur  du  Poëme  de» 
Plantes  ,  approche  quelque  fois  de  Delille  , 
même  dans  l'art  difficile  de  décrire  avec  no- 
blesse les  productions  les  plus  communes  de 
la  nature  ,  et  de  donner  de  l'intérêt  et  du  charme 
à  ses  descriptions.  Son  fragment  ,  intitulé  :  Les 
champignons  et  les  plantes  marines,  paraît  supérieur 
à  lotit  ce  qu'il  a  encore  fait  dans  ce  genre.  En 
voici  les  premiers  vers  : 

"  Gnomes  de  ces  lieux  frais,   Sylphes  des  rerls   rameaux. 
Quittez  vos  souterreins  ,  descendez  des    ormeaux  ; 
Vous  ,  petits  Dieux  des-atrs ,  à  l'aîle  transparente. 
Qui  versez  du  matin  la  rose'e   odorante  , 


Des  nuages  légers 
Ddii  l'ombre  croi 
Hâtez-vous  de  ve 
Semer  des  champi; 


conducteurs  vagabonds , 
nte    obscurcit  les   vallons] 
dans  les  forêts  paisibles 
ins  les  germes  invisibles. ^ 


Deux  autres  poètes  marchent  ,  avec  le  citoyeii 
Castel  .  sur  les  traces  du  chantre  des  jardins ,  et 
de  celui  du  Verger:  l'un  est  le  citoyen  Lalanne. 
Il  a  piiblié  un  essai  didactique  iniitulé  U  Potager, 
Ses  vers  ,  généralement  bien  faits  ,  font  espérer 
un  talent  distingué.  Son  épisode  de  Se|mour  est 
d'une  sitnplicité  très-aimable,  niais  le  style  n'a 
encore  ni  la  fermeté  ,  ni  la  précision  ,  ni  l'élégance 
continue  qui  caractérisent  les  ouvrages  des  maître» 
de  l'art.  Il  faut  qu'il  se  dçfie  sur-tout  des  expres- 
sions bizarres  ,  des  métaphores  exagérées  ,  et  de 
la  séduction  que  tout  ce  clinquant  exerce  sut 
l'esprit  d'un  jeune  écrivain. 

L'autre  poëte  géorgique  dont  je  voulais  parler, 
est  le  citoyen  Campénon  ;  depuis  quelque» 
années  il  publie  des  fragmens  d'un  poëme  inti- 
tulé :  la  Maison  det  Champs.  Les  premiers  ont 
paru  d'utr  style  négligé  ,  celui  de  cette  année  n'a 
pas  ce  défaut ,  et  prouve  que  l'auteur  a  le  talent 
de  peindre  les  objets  rustiques.  Cependant  il 
laisse  à  désirer  un  peu  plus  de  poésie  dans  soa 
style  ;  traitant  le  même  sujet  que  l'auteur  dut 
Prcedium  Ruslicum  ,  il  imite  trop  le  style  de  ce 
poëte. 

Je  trouve  un  autre  fragment  de  poëme  ;  c'est 
une  nomenclature  de  fleurs  ,  une  foule  de  lieux 
communs  sur  les  zéphirs  ,  .  les  ruisseaux  ,  le» 
plaisirs   et  les. oiseaux.  Passons. 

J'en  lis  une  autre  encore  ,  où  je  reconnais  une 
assez  bonne  imitation  de  l'orage  ,  décrit  dans  le 
premier  livre  de  l'Eneïde.  Lî  héros  n'est  point 
nommé  ,  mais  on  le  devine  facil'-ment  ;  il  ne 
trouvera  point  le  poëte  indigne  de  lui  ,  si  le 
reste  du  poème  répond  à   ce   morceau. 

Le  fragment  du  poème  d'Achille  à  Scyros , -par 
le  citoyen  Luce  de  Lancival  ,  offre  une  imao-e 
intéressante  ;  c'est  Thétis  ,  inquiète  ,  qui  cherche 
pour  son  fils  un  séjour  oii  ,  vivant  au  sein  de 
la  paix  et  du  bonheur ,  il  puisse  tromper  ses 
destinées;  après  avoir  parcouru  les  lieux  les  plu* 
célèbres  de  la  Grèce  ,  et  trouvé  partout  des 
dangers  ,  elle  se  fixe  sur  Scypos.  Cette  peinture 
de  l'incertitude  maternelle  serait  très-bonne  ,  sî 
l'auteur  ne  laissait  échapper  trop  souvent  de» 
vers  durs  ou  prosa'iqucs  :  elle  est  terminée  par 
cette  comparaison. 

Tel  un  oiseau   qui  cherche ,  au    retour  du    prinlcms  , 

Pour  sa  tendre  couvée   un    abii    salutaire  ,  , 

De  bosquets  en  bosquets  voltige    solitaire  ; 

Des  fruits ,  douteux  encor  ,   d'un  hymen  clandestin^ 

A  quel  arbre  doit-il    confier   le    destin  ? 

Sur  quel  rameau  faut-il  que  son  amour  bâtisse 

De  son  toit  suspendu  le  fragile  édifice? 

Il  craint   des    noirs   autans  le   souffle  impétueux  ; 

Il  craint  l'assaut  furtif  du   serpent   tortueux  ; 

11  craint  l'homme.  Un  buisson,  dans  un  lieu  bien  sauvage. 

D'un  rempart  verdoyant   lui  présente  l'ombrage  , 

Et   ce  buisson  ,   déjà   confident  de  ses  feux , 

Fixe  son  vol,  son  choix  ,  son  espoir  et  ses  vœux. 

Ce  morceau  suffitsans  doute  pwur  nous  dcMincï 
une  idée  avantageuse  du  poëme. 

Mais  le  morceau  le  plus  remarquable  ,  celui 
où  le  talent  poétique  se  fait  le  mieux  sentir , 
c'est  le  poëme  dythirambique  ,  intitulé  Hercule 
au  Mont-CEta.  Il  y  a  dans  ces  vers  de  l'enthou- 
siasme pindarique  ;  ils  ont  soment  l'harmonie 
des  belles  cantates  de  J.  B.  Rousseau.  Un  criti^ 
que  éclairé  a  indiqué  à  1  auteur  une  strophe  qui 
manque  d'effet  ,  parce  que  les  derniers  vers  ea 
sont  faibles  et  sans  noblesse.  On  la  reconnaîtra 
facilement;  c'est  la  seule  de  ciltc  espèce  :  on 
pourrait  aussi  critirjuer  ce  vers  , 
S'élança  aux  plaines  de  l'azur. 

et  celui  ci   qui   renferme    une    faute    contre   la 
langue; 

Vaincu  d»  feu  qui  te  cansuae. 


327 


mais  j'aime  mieux  citer  une  des  belles  strophes 
dont  ce  poème  es:  composé  ,  pour  donner  une 
idée  du  talent  qui  dislingue  le  cit.  Théveneau. 

Le  poète  peint  Hercule  sur  le  bûcher,  allumé 
par  Philoctete. 

C*en  est  fait ,  et  déjà  la  flamme  pe'tiljante 
Etincelle ,  s*e'tend  ,  et  monte  dans  les  airs: 

Déjà  de  sa  iueur  brillante  , 
Elle  éclaire   et  les  monts,  et  les  bois  et  les  mers  (i). 
Alcide  ,  souriant  au  feu  qui   l'environne  , 
En  suit  d'un    œil  sereiu  Je  cours  impétueux  ; 

Et  le  bûctier  piraît  un  trône 
Où  brille  du  héros  le  front  majestueux. 
Bientôt' Vulcain  détruit  l'enveloppe' grossière 

Qui  l'attache  à  l'humanité  ; 
Le  Ciel  ouvert  attend  une  Divinité; 

Le  fils   d'AIcmène  est  en  psussiere  , 
Le  fils   de  Jupiter  dans  TOlympe  est  monte'. 

Soudain  précédé  du  tonrïerre  , 

Et ,  le  front  ceint  de   mille  éclairs 

Herciule  plane  sur  la  Terre  « 

Assis  6Ur  le  trône  des  airs  : 
Et  tandis  qu'au  travers  de  la  flamme  homicide  , 
Philoctete  éploré  cherche  envain  le  héros  , 
Bu  haut  des  Cieux  ,  la  voix  du  grand  Alcide 
tcrce  la-  nue  et   lui  parle   en  ces  mots  : 

Reconnais  l'ami  que  tu  pleures"; 

Je  n'ai  point  vu  le  sombre  bord  ; 

Pour  vivre  aux  célestes   demeures 

D'un   héros  j'ai  rempli  le  sort  : 

C'est  peu  que  sa   vertu   guerrière 

Durant  sa   mortelle  carrière 

De  mille  exploits  marque   ses  pas  : 

A  l'Univers  qui   le   contemple  , 

Il  doit  offrir  un  autre    exemple  , 

Et  cet  exemple  est  le  trépas. 

Je  ne  voulais  citer  qu'une  strophe  ;  séduit  par 
les  suivantes  ,  j'ai  été  entraîné  ;  on  me  pardonnera 
sans  doute  la  longueur  de  cette  lettre  en  faveur 
de  ces  vers.  D. 


MÉLANGES. 

Observations  sur   le  progrb  des   arts  ,    considérés 
d'après   l'exposition  de  l'an  g. 

Dan  S  les  premiers  jours  de  l'ouverture  du  sallon, 
l'exposition  encore  incompletten'apu  inspirer  une 
opinion  favorable.  Sans  doute  ,  pour  prévenir 
l'influence  des  premières  impressions  qui  laissent 
lovijours  des  traces  si  difficiles  à  effacer,  il  eût 
été  à  désirer  que  le  public  eût  joui  ,  dès  le  cora- 
rnencement,  des  productions  principales  qu'on  a 
exposées  depuis.  Si  l'ensemble  de  l'exposition 
avait  été  d'abord  offert  à  ses  regards  ,  il  aurait 
moins  apperçu  cette  foule  de  portraits  dont  fa 
stérile  abondance  lui  annonçait  la  décadence  des 
arts  ,  parce  qu'ils  semblaient  pour  la  plupart 
ne  s'être  introduits  qu'au  défaut  de  concurrens 
pour  remplir  un   espace  inutile. 

C'est  en,  conséquence  de  cette  première  im- 
pression que  l'exposition  de  l'an  g  n'a  pas  d'abord 
Î)aru  digne  de  l'attente  générale.  On  y  cherchait 
es  progrès  de  ces  jeunes  élevés  ,  l'espoir  et 
l'orgueil  de  l'école  française  régénérée  ,  qui 
s'étaient  distingués  dans  la  même  lice;  et  déjà 
l'on  croyait  leur  essor  rallenti.  Qjtelques  esprits 
trop  prévenus  regrettaient  même  les  expositions 
de  l'académie  ,  où  ,  si  l'on  excepte  deux  ou- 
trois  maîtres  supérieurs  qui  dans  les  dernières 
années  avaient  secoué  le  joug  de  la  manière  aca- 
démique, et  ramené  les  arts  à  leur  premier  prih- 
cipe  ,  on  ne  voyait  depuis  long-tems  qu'une 
longue  suite  d'artistes  uniformes  ,  attentifs  à  se 
copier  successivement.  Cette  prévention  était  pro- 
pagée par  ces  hommes  constamment  admira- 
teurs du  passé  et  censeurs  du  présent  ,  qui  ne 
jouissent  que  de  souvenirs  ,  et  se  plaisent  dans 
les  regrets.  CeçendanI ,  combien  ils  seraient 
honteux  de  leur  aveugle  admiration  ,  si  ces 
ouvrages  dont  ils  ressuscitent  la  renommée,  ve- 
«aient  à  reparaître  aujourd'hui  dans  la  même 
enceinte  !  ils  seraient  bientôt  convaincus  que 
(Certains  chefs-d'œuvre  d'autrefois  ne  valent  pas 
les  essais  de  nos  élevés. 

En   effet,  la  roirtine  héréditaire  des  uns  peut 
elle   se  comparer  à  l'effort  généreux  des  autres 
qui  les  affranchit  de  la  lisicre  de  l'école,  et   les 

rorte  à  s^étancer  dans  les  vastes  domaines  de 
imaginaiion  ,  où  fiers  du  sentiment  de  leurs 
forces  ,  et  guidés  par  le  principe  de  l'imitation 
de  la  belle  nature  ,  ils  volent  de  leurs  propres 
ailes  ?  Le  véritable  artiste  doit  être  créateur  dans 
son  art  ,  et  offrir  dans  des  productions  originales 
une  imitation  vanée  selon  la  diversité  du  génie 
(le  1  imiijtfur.  Il  ne  se  borne  point  à  l'avantage 
momenliiné  de  plaire  aux  yeux  ,  il  aspire  à  la 
gloire  plus  solide  de  flatter  l'esprit  et  de  toucher 
le  cceur. 


t,ll\,l\T  ^""/''^  "'™='8iner  qu'une  simple  lueur  éclaire 
•ant  de  chose..  C  est  que  lu,u,  n'est  pu  le  mot  propre  ,  ,t 
me  i««4oid«  1.0101  avec  r«pitliote(|u»  le  pcMiBjoùdoDO»». 


Jetions  un  coup  -  d'œi!  rapide  sur  les  ouvrages 
les  plus  remarquables  offerts  par  celle  exposition 
une  fois  complettée  :  loin  de  craindre  la  déca- 
dence des  arts  ,  'nous  serons  étonnés  de  leurs 
progrès  d.ins  un  moment  où  les  plus  grands  in- 
térêts absorbent  l'attention  cl  les  ressources  na- 
tionales. 

On  est  saisi  de  terreur  et  de  piiié  à  la  vue 
du  tableau  d  Oreste  touimenlé  par  les  rernoids  , 
déchiré  par  les  furies  qui  présentent  sans  ccss'e 
à  ses  yeux  épouvantés  le  spectacle  affreux  de 
son  crime.  Les  figures  allégoriques  sont  dignes 
du  piticeau  énergique  de  MichtI-Ange.  Q_uani 
a  la  tête  d  Oreste  ,  nous  exhortons  l'auieur  à 
se  meure  en  garde  contre  la  facilité  des  expres- 
sions outrées  et  convulsivcs  qui  nuisent  à  cette 
beauté  de  formes  ,  à  cette  dignité  que  les  an- 
ciens savaient  toujours  conserver  aux  person- 
nages importans  dans  les  situaiions  même  les 
plus  violentes.  Hennequin  qui  fut  couronné  lors 
de  lexposiuon  de  l'année  dernière,  prouve  par 
ses  progrès  dans  cette  nouvelle  production, 
combien  les  récompenses  nationales  sont  capa- 
bles délectiiser  les  artistes  ,  lorsque  c'est  au  véri - 
table  talent  que  les  prix  sont  décernés. 

Broc  ,  dans  son  école  d'Appclle,  réunit  la  va- 
riété ,  la  simplicité  de  la  nature  ,  avec  le  siile  et 
le  goût  de  l  aniique.  Il  marche  à  grands  pas  dans 
la  véritable  roule  qui  conduit  a  la  perfection. 
Croirait-on  qae  cet  ouvrage  est  le  début  d'-.ii! 
jeune  homme  ?  QjjcUe  heureuse  conformité  avec 
le  célèbre  tableau  de  l'Ecole  d'Athènes  ,  qui  fut 
aussi  le  début  de  Raphaël.  Q_uels  chefs-d  œuvre 
nous  promettent  des  essais  marqués  par  un  tel 
succès. 

Gérard  accoutumé  aux  triomphes  dans  cette 
lutte  annuelle  ,  nous  donne  une  nouvelle  preuve 
de  la  sagesse  de  son  esprit  et  de  la  supériorité  de 
son  talent.  La  plupart  des  artistes  modernes  se 
sont  imaginés  qu'un  grand'homme  ,  pour  paraître 
tel ,  devait  avoir  les  muscles  du  visage  tendus  . 
les  yeux  allumés  d'un  feu  sombre  .  les  lèvres 
pressées  l'une  contre  l'autre,  1rs  cheveux  épars , 
les  draperies  en  désordre  ,  l'attitude  pénible  par 
des  contrastes  affectés  :  le  portrait  du  général 
Moreau  dément  celte  erreur  ridicule  ,  et  prouve 
qu  tine  situaition  tranquille  est  1e  caractère  propre 
de  la  véritable  grandeur  d'arae.  Comme  on  aime 
a  voir  sur  tous  ses  traits  et  dans  son  maintien  ce 
calme  qui  caractérise  le  grand  capitaine!  cette 
serenite  qui  annonce  une  ame  forte  et  maîtresse 
d'elle-même  !  cet  air  de  bonté  qui  lui  concilie 
l'estime  ,  l'affection  même  des  peuples  vaincus  ! 
celle  simphcité  modeste  ,  cet  oubli  de  ses  vic- 
toires qui  en  rappelle  le  souvenir;  et  enlin  ,  ce 
héros  généreux  qui  sauva  deux  fois  les  armées 
françaises  ,  bien  moins  occupé  de  sa  propre  gloire 
que  du  salut  de  la  patrie  !  Heureux  l'arliste  dik.ne 
d'associer  son  nom  à  celui  des  hommes  si  juste- 
ment célèbres  ;  l'éclat  de  leur  renommée  rejaillit 
sur  son  talent  qui  passe  jusqu'à  la  postériié ,  cou- 
vert, en  quelque  sorte,  de  leur  gloire.  Je  n'ai  pas 
besoin  de  parler  des  autres  portraits  de  Gérard  : 
toijt  le  monde  y  a  admiré  celle  exécution  parfaite 
qui  réunit  le  fini  le  plus  soigné  à  une  touche  ferme 
et  sûre  ,  et  cette  fxpression  de  la  vérité  qui  fait 
qu'on  croit  voir  /a  nature  elle-même. 

Meynier  a  ajouté  à  sa  réputation  dans  les 
Adieux  de  Télémaque  el  dEucharis;  tableau 
charmant  qui  ature  et  flatte  les  yeux  par  un  pin- 
ceau aimable,  une  couleur  séduisante  ,  des  effets 
suaves,  et  qui  intéresse  encore  par  des  airs  de 
tête  gracieux  ,  par  une  expression  vraie  el  variée 
—  La  Muse  de  léloquence  a  de  la  dignité  dans 
sa  pause  ;  elle  sort  de  la  toile  ,  mais  on  lui  dé- 
sirerait plus  de  chaleur  ;  ce  défaut  est  peut-êlre 
inhérent  au  sujet  lui-même  :  on  ne  saurait  ,  en 
effet,  se  figurer  un  orateur  occupant  la  tribune 
sans  auditoire. 

Le  vaste  tableau  de  Garnier  ,  qui  représente  la 
consternation  de  la  famille  de  Priam  après  la 
mortdllector,  est  remarquable  par  sa  compo- 
sition son  ordonnance  ,  ses  effets  harmonieux. 
11  ne  lui  manque  qu'un  style  plus  pur  et  plus 
correct.  «-        r  t    ^ 

Metijaijd  nous  fait  partager  la  douleur  et 
1  effroi  dun  père  condamné  à  mourir  avec  ses 
deux  enfans  dans  ce  moment  affreux  où  il  les 
serre  pour  la   dernière  fois  dans  ses  bras. 

Sous  le  crayon  de  'Vernet  ,  ici  ce  char  vole 
avec  la  rapidiié  de  l'éclair  ;  ces  coursiers  su- 
perbes semblent  animés  de  l'orgueil  do  la  vic- 
toire. Là  c'est  l'infortuné  Hyppolite  dont  le  dan- 
ger nous  touche,  nous  effraie  ,  entraîné  par  ses 
coursiers  impétueux  qui  ne  connaissent  ni  le 
frein  ,   ni  sa  voix. 

Combien  d'autres  ouvrages  ont  fixé  l'atlenlion 
et  mérité  les  suffrages  du  public,  tels  que  les 
portraits  de  Girodet  ,  d'une  exécution  admi- 
rable; ceux  de  Sablet  d'une  couleur  chaude  et 
vigoureuse  ;  VInfortuné  ,  de  Bonne  -  Maison 
le  FirgiU  Mourant  .  d'Harriet  ,  le  P)'rame  à 
Thpbe  de  GautherOt  ,  etc.  Les  l'aysages  enchan- 
teurs de  Beriault,  de  Valenciennes ,  de  Berlin  ' 
de  Çajtehan  ,  etc.  ;   le»  Gouachu  de  Baclerdalbi.- 


qui  nous  transportent  sur  le  po»nt  de  Lodî ,  sfcr 
les  rives  du  Pô  ,  lieux  à  jarnais  célèbres  par  les 
prodiges  de  la  valeur  française.  Les  vues  perspec- 
tives de  ces  monis  fameux  qui  se  perdent  dans 
les  nues  ,  dont  l'œil  peut  à  peine  atteindre  U 
hauteur,  traversés  par  cette  étonnante  armée  de 
reserve  ,  qui  préludait  ainsi  à  la  victoire  de 
Marengo,  en  triomphant  des  plus  grands  obstacléi 
de  la  nature  ;  enfin  ,  les  infoncemens  mysiérieuxi 
di.iiérieurs  d'église,  de  Granet  ,  de  Foibin  ;  le» 
marines  de  Syvagcrs ,  de  Hue,  les  l.ibleaux  d« 
genre  de  Swebak  ,  de  Dcmarne  ,  de  Boilly  ,  de 
Drolling  ,  qui  charment  les  yeux  par  celle  cou- 
leur brillante  ,  ce  fini  précieux  ,  ceiie  touch» 
spiriiuelle'  ,  ces  effets  de  clair-obscur  qu'oa 
admire  dans  les  peintres  lombards  et  hollandais, 
et  tant  d'autres  productions  dignes  d'êire  dis- 
tinguées de  la  foule  ,  que  les  bornes  d'une  simple 
notice   nous  forcent   d'omettre. 

Ainsi  ,  par  celle  diversiié  de  talens  ,  l'école 
fra;  çaise  à  laquelle  on  reprochait  de  n'avoir 
point  de  caraciere  disiinciif  .  peut  prétendre  à 
la  gloire  de  réunir  les  divers  genres  de  perfec- 
tions épars  dans  les  autres  écoles  de  1  Europe. 

II  serait  superflu  de  parler  du  talent  si  renommé 
deGreuse,  ce  doyen  de  la  peinture,  dont  les 
ouvrages  nombreux,  exposés  cetts  année  ,  étaient 
remarquables  par  le  sentiment ,  l'expression  , 
I  harmonie,  qui  caractérisent  tout  ce  qui  est  sorti 
de  son  pinceau. 

Mais  on  doit  des  éloges  particuliers  aux  femme* 
artistes  qui  oni  brillé  dans  cette  lice  honorable. 
Nous  citerons  sur-toui  le  Déjeûner  d'enfans  ,  de 
mademoiselle  Chaudel ,  dont  le  n.Murel  ,  la 
na'iveté  ,  attiraient  tous  les  regards  ;  d'excellens 
poitraits  ,  par  mesdames  Vincent  ,  Benoit  ,  mes- 
demoiselles Gérard,  Capet;  nous  avions,  depuig 
lon-g-tems,  comme  les  grecs,  nos  Sapho  ,  nos 
Coiinne;  plus  heureux  encore  ,  nous  avons  au- 
jourd'hui des  rivales  d'Appelle,  qui  répandent 
sur  leurs  ouvrages  ce  charme  ,  cette  grâce  na- 
turel à  leur  sexe  ,  el  qui  réunissent  le  double 
avantage  de  uouver  en  elles-mêmes  et  le  talent 
et  le  modèle, 

La  sculpture  semble  s'être  laissée  devancer  par 
la  peinture  ,  sans  doute  ,  parce  (jue  les  encoura- 
gcmens  lui  sont  plus  nécessaires,  el  qu'elle  est, 
plus  dépendante  des  occasions  favorables  pour 
se  montrer  avec  éclat.  Cependant  ,  la  figure  de 
Cartellier,  qui  représente  la  guerre,  digne  des 
statuaires  grecs  par  sa  belle  simpliciié  ;  la  statue 
de  Montagne  par  Stouf  „  malgré  son  défaut  d« 
simplicité  dans  la  pose  ;  les  marbres  de  Bridan» 
les  bustes  dHouHon,  de  Pajou  ,  de  Dumont  , 
le  grouppe  des  Horaces  de  Gois  ,  quoi  qu'oa 
puisse^  reprocher  à  l'auteur  de  ne  s'être  pas 
élevé  à  1  expression  sublime  de  l'historien  latia: 
Magnorum  exerdtuum  animas  gtrentes ;  et  plusieurs 
autres  encore  d'un  ciseau  habile  ,  annoncent  des 
talens  capables  de  rendre  à  la  sculpture  son  an- 
nque  splendeur ,  lorsque  les  monume=s  qui  s» 
préparent  dans  toute  l'étendue  de  la  république, 
ranimeront  leur  enthousiasme. 

Dans  cet  apperçu  général  de  l'exposition  dç 
cette  année,  nous  avons  dû  voir  le  retour  des 
arts  à  leurs  vrais  principes.  Q_!iel  hiut  degré  da 
prospérité  ne  peuvent-ils  pas  se  promettre  dans 
ce  moment  où  les  circonstances  les  plus  heu- 
reuses et  les  moyens  les  plus  puissans  concou- 
rent à  les  seconder  I  La  valeur  française  associée 
au  génie  semble  n'avoir  porté  au  loin  ses  con- 
quêtes que  pour  aggrandir  le  domaine  de  nos 
connaissances  ,  et  nous  assurer  l'empire  des  ta- 
lens. Les  chels-d'œuvre  de  tous  les  âges  dti 
monde  ,  honorables  trophées  de  no5  victoires 
sc)nt  rassemblés,  sous  nos  yeux  pour  nous  élec- 
iriser  sans  cessé  ,  et  nous  élever  à  leur  perfec- 
tion ;  un  gouvernement  éclairé  .  qui  honore  et 
récompense  tous  les  genres  de  mérite  ;  cetla 
guerre  elle-même  dont  le  motif  sublime  a  ins- 
piré tant  d'hé  oi'ime  ,  tout  exalte  noire  imagina- 
tion ,  aggrandit  n©s  idées  ;  bientôt  ,  sans  do'ute, 
la  paix  va  donner  aux  arts  devenus  nécessaires 
ce  caractère  d'élévation  et  de  sublimité  dont  nos 
esprits  ont  contracté  I  habitude.  La  supériorité 
de  nos  armes  a  porté  la  gloire  et  la  vener.iiioa 
du  nom  français  ch--^  les  naiions  policées  et  bar- 
bares ;  que  la  supériorité  de  nos  talens  ,  chames 
de  transmettre  à  la  postérité  tant  d  exploits  écla- 
tans  ,  enfante  à  son  tour  des  merveilles  ,  et  ré-  ■ 
paiide  la  même  splendeur  sur  lecole  française! 
.Artisies  ,  vous  n'avez  plus  besoin  de  recourir  à 
l'hisioire  ancienne  pour  échauffer  votre  noble 
enthousiasme  ;  que  de  faits  hérc'iques  passés 
sous  vos  yeux  sont  propres  à  l'enflammer!  C'est 
après  avoir  l'ait  de  grandes  choses  qu'un  peupla 
est  sur-lout  capable  d  é.ever  des  monumens  di- 
Kries  d'elles.  Ainsi  le  siècle  de  Miitiade  ,  de 
Thémistocle  piépara  celui  de  Pericles. 

Jacq_ues  Lebrun  ,  du  déparlement  de  VaucUse. 


ARTS      INDUSTRIELS. 

L'auteur  des  Annales  des  arts  et  manuja  tares 
continue  de  faire  paiaiire  les  cahiers  de  s  m  m- 
«éressant  ouviage;  «t  de  louies  ks  p*riiea  de  la 


république  ,  des  fabiicans  ,  des  manufacturiers, 
cie.s  luopriéiaires  de  forges,  de  blanchisseries,  etc. 
annoncent  qu'ils  y  trouvent  non-seulement  une 
grande  perleclion  dans  le  prpduii  ,  mais  encore 
une  économie  prodigieuse  dans  la  fabrication. 

Le  succès  de  cet  ouvrage  périodique  atteste  son 
utilité.  L'intérêt  avec  lequel  il  a  été  accueilli  par 
k-  gouvernement  ,  l'institut  national  ,  le  conseil 
des  mines  et  la  plupart  des  sociétés  savantes  , 
suffit  pour  le  recommander  comme  une  des 
productions  les  plus  propres  à  assurer  la  gloire 
et  la  prospériié  nationales. 

Les  six  cahiers  qui  ont  déjà  paru  ,  sont  réunis 
par  trimestre  .  en  deux  volumes  d'environ  36o 
pages  ,  avec  douze  planches  parfaitement  gia- 
vées ,  chaque. 

Nous  avons  déjà  donné  l'analyse  des  trois  pre- 
niiers  numéros  ,  nous  ne  pouvons  pas  mieux 
faire  sentir  l'importance  de  ces  annales  qu'en  indi- 
quant les  matières  contenues  dans  les  numéros  4, 
5  et  6  formant  le  tome  2. 

Commerce,  i.  Sur  le  commerce  du  Nord. 
Beaux-Arts.    2.  Sur  la  fabrication    du  jaune  de 
Naples  ;   3.  sur  la  manière  de  teindre  le  bois. 

Métallurgie.  4.  Sur  la  fabrication  de  l'acier  de 
Darujs  ;  5.  observations  sur  la  trempe  de  1  acier  ; 
6.  préparation  d'un  blanc  de  Zuie  pour  rem- 
placer la  céruse;  7.  supplément  au  précédent 
Kiémoire  ,  par  Guyton  -Morveaux  ;  8.  fourneau 
d'essdi  pour  les  fers. 

Technologie,  g.  Suite  du  mémoire  sur  les  nou- 
velles découvertes  dans  l'art  de  la  tannerie  ;  10. 
l?ouyelles  machines  à  fabriquer  des  cordages 
pour  la  marine  ;  11.  manière  de  garantir  la  santé 
des  ouvriers  employés  dans  les  mécaniques  à 
carder  le  coton  ;  12.  nouvelle  machine  à  tailler 
es   limes;    i3.  sur  la  fabrication  des  chandelles 


3$i 

A  peine  les  articles. convenus  pour  l'évacuation 
de  Gênes  furent-ils  dé&niiivementsignés  et  échan- 
gés ,  le  i5  prairial  à  la  nuit,  que  le  général 
Massena  me  chargea  de  rester  à  Gênes  pour 
veiller  à  leur  exécution  ;  et  ce  ne  fut  que  le  28  , 
à  sept  heures  du  soir  ,  que  je  m'embarquai  avec 
le  général  de  division  Miollis  sur  la  Irégate  an- 
glaise ,  destinée  à  nous  porter  en  'France. 

Ce  n'est  pas  ici  le  moment  ,  sans_  doute  ,  de 
rappeler  tout  ce  qui  s'est  passé  à  Gênes  durar.l 
tet  intervalle  ;  mais  les  débats  qoi  ont  eu  lieu 
avec  les  autîichiens  et  l'amiral  anglais  Keiih  ,  la 
force  avec  laquelle  le  général  Miollis  a  réclamé 
contre  quelques  actes  arbitraires  ,  et  sur-tout  1  atti- 
tude fiere  et  imposante  d'une  poignée  de  Iranç  iis 
armés  et  campés  pendant  douze  jours  dans  Gê- 
nes au  milieu  de  12,000  autrichiens  et  arig'.ais  , 
voilà  des  faits  qui  ne  doivent  pas  être  passés  sous 
silence  ,  et  ils  occuperont  ,  dans  mon  rapport  , 
la  place  cl  le  rang  qu'ils  méritent. 

En  arrivant  à  Antibes ,  nous  apprenons  la  résis- 
tance  et   l'offensive   remarquable   du    centre     de 
l'armée,  la  marche  incroyable  de  celle  de  réserve, 
!  ses  étonnans  succès   et   le   glorieux   triomphe  de 
Marengo.     ' 

J'y  trouve  de  plus  un  ordre  du  général  Oudinot 
pour  me  rendre  sur-le-champ  en  poste  à  Milan. 
Je  me  hâiai  d'obéir. 

Dès  cet  insiant  les  mouveraeûs  et  les  travaux 
militaires  dont  j'ai  été  en  partie  chargé  ,  se  sont 
succédés  avec  lant  d'abondance  et  de  rapidité  , 
qu'à  peine  il  m'a  éié  possible  de  réunir  une  partie 
lie  mes  raaiériaux,  et  de  réclamer  aujuès  de  dil- 
férens  officiers  généraux  ,  les  copies  des  rapports 
qu'ili  ont  adressés  au  général  en  chel  .  et  qui  , 
très-souvent,  n'ont  pas  été  déposés  à  l'état-major- 
général. 

En  ce  raojment  oià  la   rupture  de  l'armistice   et 
la  prochaine   reprise  des    hostilités  m'appellent  à 
i  de  plus  importans,  devoirs  ,  et  vont  me  forcer  de 


Au  citoyen  rédacteur  du  Moniteur.  Varis  ,  le  9  /ri- 
maire  ,  an  ^  de  la  république-française. 

Je  ne  puis  qu'applaudir  aux  sagei  réflexions  du 
citoyen  S ,  relatives  au  placement  delà  co- 
lonne nationale  :  je  pense  comme  lui  que  le  terre- 
plein  du  Pont-neuf  est  la  seule  place  qui  convienne 
à  ce  monument.  Mais  pour  rompre  la  monotonie 
qu'offrirait  alors  la  place  de  la  Concorde  ,  ne  se- 
rait-il pas  possible  d'uîîliser  les  quatre  cariatides 
de  la  ci-devant  statue  de  Louis  X'V  existantes  en- 
core ,  lesquelles  soutiendraienr  un  globe  terresiie, 
dont  l'axe  serait  incliné  de  manière  que  la  partie 
topographique  de  la  France  supporterait  une  fi- 
gure représentant  ou  la  gloire  ou  ['abondance,  etc. 
Le  Musée  central  ou  celui  des  raonumens  fran- 
çais (i)  en  offrent  beaucoup  que  l'on  peut  em- 
ployer. 

Ce  monument  ,  dont  l'entière  exécuuon  est  fa- 
cile et  prompte,  produirait  un  bel  efFel,  ne  détrui- 
rait pas  le  point  de  vue  si  réclamé  ,  et  obtiendrait 
sans  doute  l'approbation  deS  vrais  amateurs. 

Je  vous  salue. 

R.  Leroy  ,  commissaire  des  guerres^ 

(i)  Les  dépôts  de  ces  établissemens  sont  rempli* 
encore  de  cariatides,  de  groupes  et  de  statues  en 
bronze  et  en  marbre  ,  dont  on  devrait  ce  nie  sern- 
ble  orner  les  jardins  et  places  publics. 


a  mèches  de  bois  ;  14.  composition  d'une  encre  ^  suspendre  de  nouveau  la  rédaction  de  l'histoiique 
qui  résiste  à  l'acide  muriaiique  oxigene  ;  i5.  sur  .  du  blocus  et  du  siège  de  Gênes  ,  je  sens  plus  vi- 
quelques  propriéiés  du  muriate  oxigene,  pour  i  yement  encore  le  besoin  de  donner  l'assurance 
aviver  les  couleurs  dans  la  teinture  ;  16.  manière  |  bien  positive  de  faire  ,  aussitôt  que  les  circons- 
ele  tabriquer  des  briques  flottantes;  17.  moulin  |  lances  le  permettront,  un  rapport  détaillé  sur 
broyer    les   écorces   et   les   bois     de    teinture;  j  toutes  les  opérations  qui   ont^Uustré  celte   belle 


18.  sur  l'extraction  d'un  esprit  ardent  des  carottes  ; 

19.  sur  une  couleur  bleue  ,  produite  par  la  œer- 
éuriale  ;  20.  sur  l'art  d'imprimer  en  stéréotype  ; 
SI.  surle  ploscope  et  poêle  fumivore;  22.  machine 


détense. 

Egalement  jaloux  de  n'omettre  rien  de  vrai ,  et 
de  ne  rien  dire  qui  ne  le  soit  ,  je  profite  de  celle 
occasion  pour  inviter  toutes  les  personnes  qui  ont 


à  imprimer   sur    les  draps  ;    23.  table    mobile  à  )  connu  quelques-uns    des  faits  militaires  adminis- 
**  "'   "  tratifs  oià  politiques  ,   susceptibles  d'intéresser ,  à 

vouloir  bien  me  les  adresser  de  suite  au  quartier- 


Fusage  des  graveurs. 

Architecture  hydrauUque.  24.  Sur  la  construction 
des  ponts  de  fer. 

Aeoustique  militaire.  «5.  Trompettes  à  signaux  à 
l'usage  des  armées. 

Agriculture.  26.  Sur  la  fabrication  du  sucre  de 
betteraves. 

Il  paraît  chaque  mois  un  caiiier  des  Annales  des 
arts  et  mauujactures  ,  de  7  à  8  feuilles  d'impres- 
sion ,  formant  in-8°  ,  avec  quatre  gravures  en 
taiH-e   douce,  exécutées   par  d'habiles    artistes. 

Le  prix  de  la  souscription  est  de  24  fr.  par  an 
pour  Paris  ,  et  29  fr.  pour  les  départemens .  franc 
de  port  :  t5  fr.  pour  six  mois  ,  et  17  fr.  5o  cent. 
franc   de  port. 

On  s'abonne  rue  J.  J.  Rousseau  ,  n°  il. 


LIVRES       DIVERS. 

Poésies  diverses  de  J.  Delille,  contenant  plus 
de  irois  mille  vers,  imprimées  pour  faire  suite 
aux  Géorgiques  françaises  ,  et  dans  lesquelles  on 
trouve  des  tragmens  inédits;  prix  ,  fornpat  in- 1,8^ 
beau  papier,  5o  cent.  ;  idem,  i  fr.  20  cent.  ;  in-12, 
sur  plus  beau  papier  ,  1  fr.  ,5o  cent.;  in-S° ,  sur 
papier  vélin  supetfin  ,  5   fr. 

On  n'a  tiré  que  cinquante  exemplaires  sur  ce 
dernier  format. 

A  Paris ,  chez  Colnet ,  libraire,  rire  du  Bac  , 
n°  618  ,  au  coin  de  celle  de  Lille  ,  à  l'enseigne 
de  1  Institut. 


COURS    DU    CHANGt. 

Bourse  du  n  frimaire. 

i  Sojouri 


M.  A.  M.  Andrieu  ,  adjudant-commandant ,  au  ré- 
dacteur du  Moniteur.  —  Au  quartier  -  général  à 
Milan,  le  25  brumaire,  an  9  de  la  république 
française  ,  une  et  indisivible. 

Citoyen, 

J'ai  lu  dans  fa  Gazette  Nationale  ou  le  Moniteur 
universel  ,  du  20  venderniaire  dernier  ,  1  annonce 
d'un  ouvrage  intitulé  : 

Journal  des  opérations  militaires  ou  siège  du  blocus 
de  Gînes  ,  etc. par  un  des  ojjiciers  généraux  de  l'armée. 

Obligé  par  les  devoirs  de  la  place  de  chef 
d'éial-major  ,  qu'en -l'absence  du  général  de  divi- 
sion Oudinot,  j'ai  remplie  pendant  le  siège  de 
Gênes  ,   de   faire  un   rapport  sur  ce   mémorable 

événement ,  je  me  suis  empressé  de  me  procurer     -  .         .  ,-•      . 

le  journal  annoncé  ;  et  avant  de  rédiger  le  mien  ,  I  ,  J^^°"^P"^^  _'^"°L^",:.'^i"^!i^'.."?J.^.'l'■_^,  ^^°^ 
je  crois  ,  dès  ce  moment ,  devoir  à  mes  premiers 
chefs  ,  à  mon  pays  ,  et   surtout  au  poste    que  j'ui 


général  de  l'armée  dltalie. 

Je  les  recevrai  avec  reconnaissance  et  je  m'em- 
presserai de  mettre  à  profil  tout  re  qui  portera 
l'empreinte  d'une  authenticité  incontestable.  Par 
la  même  raison  ,  je  déclare  que  plusieurs  faits 
renfermés  dans  le  journal  annoncé  ,  seront  aussi 
rapportés  par  moi;  mais  ambitionnant  par-dessus 
tout  d  être  narrateur  fidèle  ,  je  feiai  en  sorte 
que  tous  les  événemens  que  je  détaillerai  soient 
appuyés  de  litres  ou  de  pièces  justificatives.  Ce 
rapport  devant  d'ailleurs  être  considéré  comme 
étant  la  propriété  du  gouvernement  ,  à  qui  je  le 
dois ,  et  ne  pouvant  même  être  publié  qu'avec  sa 
sanction,  il  importe  qu'il  soit,  dans  toute  la 
valeur  du  mot ,  d'une  exactitude   scrupuleuse. 

J  ai  fak  connaître  les  motifs  qui  m'ont  obligé  et 
m'obligent  encore  à  ajourner  la  rédaction  de 
mon  rapport;  ma  plus  vive  sollicitude  n'en  sera 
pas  moins  de  profiter  du  premier  moment  pro- 
pice ,  de  tout  hâter  pour  le  mettre  bientôt  à 
jour. 

Puissent  mes  chefs  et  mes  camarades  y  recon- 
naître toutes  leurs  actions  fidellement  retracées. 
Heureux  si,  comme  je  lespere  ,  je  parviens  à 
réparer  les  négligences  et  les  lacunes  que  l'auteur 
du  journal  publié  annonce  pouvoir  exister  dans 
le  sien  !'{Voyez  son  avertissement.)  - 

En  m'expliquant  avec  celte  franchise,  je  n'en 
rends  pas  moins  justice  aux  intentions  de  l'au- 
teur du  jouinal  publié  ;  c'est  toujours  ,  ainsi  qu'il 
le  dit  lui-même  ,  faire  un  bel  emploi  de  son 
tems  ,  que  d'élever  à  quelques-uns  de  ses  com- 
pagnon» d'armes  ,  un  monument  de  justice  et  de 
gloire 


Amsterdam  banco. 

■ Courant 

Hambourg 

Madrid... 

EfFecrif. 

Cadix 

Effectif , 

Gênes  effectif. .  .  . 
Livourne 


Bàle. 


56  i 

4  fr.  90  c. 
14  fr.go  c. 

4fr.  90  c. 
14  fr.  60c. 

4  fr.  70  c. 

5  fr.  22  c. 

au  p. 


57  î-- 


Effets  puMici. 

Rente  provisoire 14  fr.  75  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  55  c. 

Bous  deux  tiers 1   fr.  63  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  10  c. 

Bons  pour  1  an  8 94  fr.  2 5  c. 

Syndicat 82  fr. 

Coupures 81  fr. 

Matières. 

Or  fin  l'once io5  fr.  44  c. 

Argent  le  marc So  fr.  6r  c. 

Portugaise  l'once. 95  fr.  78  c. 

Piastre 5  fr.  28  c. 

Quadruple 79  Ir.  75  c. 

Ducat Il  fr.  56  c. 

Guinée '26  fr. 

Souverain 34  fr.  69  c. 


eu  l'honneur  de  remplir ,  quelques-unes  des  ob- 
servations auxquelles  sa  lecture  a  donné  lieu. 

Il  m  importe  aussi  de  faire  connaître  les  motifs 
de  mon  silence  momentané,  et  c'est  par-là  que 
j.e  commence. 


le  plus  prochain  numéro  de  votre  journal 

ÂNDRiEU  ,  adjudant  commandant  ,  ayant 
rempli  les  fonctions  de  chef  d'état-major 
à  Gênes  ,  en  l'absence  du  général  de  divi- 
sion Oudinot  ,  et  chargé  de  la  négo- 
ciation des  articles  convenus  pour  l'éva- 
cuation. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ije  et  des  Arts. 
Auj.  Dardanus  ,  opéra  en  3  actes  .  et  le  ballet 
Héro   et  Léandre. 

Incessamment  l'Oratorio  d'Haydn  ,  intitulé  Ui 
Création  du  Monde  ,  parodié  et  mis  en  vers  fran- 
çais par  le  cit.  Ségur  jeune  .  traduit  de  l'allemand, 
et  la  musique  arrangée  par  D.  Steibelt.  t—  Le  prix 
des  places  sera   doublé. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Arlequin  tout 
seul  ;  l'Entrevue  ;   la  Manie  de  la  danse. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris,  lue  des  Poitevins,  n"  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  moi»,  et  100  francs  pour  l'anne'e  entière.  Ounes'abonoe 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  Ici  Icitre's  etl' argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Aga  £S  li,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  u^  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
pays  G'i  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  lietirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille,  au  rédacteur,  rue  des 
Foitevius  ,  n^  r  3  ,  depuj  tneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris,  de  l'imprimcri»  du  sil.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  d^s  Poitevins,  n"  l3. 


E  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


M"  83. 


Tridi ,  93  frimaire  an  g  de  la  républiqtu  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs  ,  qu'a   dater  du  7   nivôse  le  M  o  ^' i  T  EU  R  esc    le    seul  j^urnai  ojficitL 
II  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    iiotioi 
lant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéemenc  consacré, aux  sciences',  aux  arts   et  aux  découvertes   nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ITALIE. 

Naples ,  1 5  novembre  ('24  brumaire  ). 

JL/epuis  les  dernières  nouvelles  que  le  roi  a 
reçues  de  sa  femme  ,  on  remarque  qu'il  est 
devenu  plus  sombre  et  qu'il  ne  se  permet  plus 
aucuns  divertissemens.  Tous  les  cœurs  gardent 
l'aflreux  souvenir  des  vengeances  atroces  qui  ont 
été  exercées  ,  et  qui  malheureusement  n'ont 
point  encore  cessé  ;  parmi  les  nombreuses  vic- 
times que  l'on  continue  d'immoler,  il  faut  compter 
rarchevêque  de  Tarente  ,  pontife  trop  évangé- 
lique  ,  pour  n  être  point  le  défenseur  d'une  sage 
liberté. 

On  se  proposait  de  lever  une  milice  de  12,000 
Sommes  ;  mais  les  sollicitations  ,  les  menaces  ,' 
les  promesses  ,  l'argent  même  ,ne  peuvent  décider 
liti  seul  napolitain. 

Malgré  la  prétendue  amnistie  ,  les  arrestations 
coniinuent  ;  ces  jours  derniers  ,  800  individus 
condamnés  à  la  déportation  aux  îles  .  ont  été 
embarqués.  Le  fameux  Ferrante  ,  président  de  la 
commission  créée  pour  poursuivre  la  confiscayon 
des  biens  des  émijjrés  et  autres  accu^és  du  crime 
de  leze  majesté  ,  a  éié  arrêté  et  envoyé  à  Palerme  , 
chargé  de  cluines  ;  son  crime  est,  dit-oii  ,  de 
•'être  montré  juste  envers  plusieurs  familles  dont 
la  cour  voulait  la  ruine  totale. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  k  2  déc.  (  1 1  frimaire  ). 
PARLEMENT. 

CH  'AMBRE      DES      COMMUNES. 

Suite  et  fin  de  la  séance  du   i"  décembre. 

M-  Grey.  Les  honorables  membres  dont  je  me 
fais  gloire  de  partager  les  principes  ,   n'ont  jamais 

F  rétendu  ,  comme  voudrait  le  faire  entendre 
honorable  secrétaire  de  la  guerre  ,  que  l'Angle- 
terre ne  dût  pas  s'appuyer  d'une  coaîiiicn  pour 
réduire  ia  puissance  de  la  France  :  la  seule  chose 
que  nous  recommandions  aux  ministres  de  sa  ma- 
jesté ,  est  de  ne  pas  Se  lier  par  des  alliances  qui  ne 
sauraient  êire  durables  ,  et  qui  nous  empêche- 
taient  de  faire  la  paix  séparément  ,  quand  les  cir- 
constances le  deman  leraient.  Si  la  Fratice  avait 
attaqué  une  puissance  ou  un  pays  en  particulier  , 
nous  aurions  eu  un  motif  plausible  pour  entier 
dans  une  confédéation.  Mais  ce  n'est  pas  pour 
repousser  les  attaques  des  françaisque  nous  avons 
cherché  des  alliés  ,  c'était  pour  partager  la  France 
elle-même  ;  et  les  principes  mêmes  de  ces  alliances 
tendaient  évidemment  à  dissoudre  la  coalition, 
Ce  n'est  pas  sans  quelijue  surprise  que  j'ai  en- 
tendu l'honorable  membre  dire  que  le  terme 
sincérité  (t)  appli(]ué  aux  marchés  entre  paaicu- 
liers  ,  ou  aux  traités  entre  gouverucmcns  ,  était 
un  terme  lout-à- fait  incongru.  11  aurait  donc  fallu 
retrancher  ce  mot  sincérité  de  prcque  lous  les 
discours  de  sa  majesté  au  parlcmcni  ,  ainsi  que 
des  papiers  qui  ont  éié  déposés  sur  le  bui^au  de 
cette  chambre.  Il  y  est  plus  d  une  fois  c^uesiion  de 
ia  sincérité  avec  laquelle  sa  majesté  est  entrée  en 
négociations  ,  avec  laquelle  elle  désire  nous 
Tendre  les  bienfaits  de  la  paix. 

L'honorable  membre  veut  qu'on  n'examine 
pas  dans  quel  état  se  trouve  un  pays  à  la  fin 
d'une  guerre  ,  mais  dans   quel  état   il  serait  si  la 

tuetre  n  avait  pas  été  entreprise  (  uodeitaken  ). 
'il  prétend  ijue  si  nous  n'avions  pas  fait  la 
guerre,  nous  n'aurions  plus  ni  commeice  ,  ni 
constitution  ,  etc.  je  ne  suis  pas  de  son  avis  ; 
je  crois  que  parmi  les  partisans  mêmes  du  mi- 
nistère ,  il  en  est  peu  qui  ne  conviennent  que 
si  nous  avions  fait  la  paix  avec  la  France  ,  la 
première  fois  qu'elle  fut  proposée  ,  notre  position 
ne  serait  pas  pire  aujourd'hui.  Si  après  avoir  pris 
la  défense  de  la  Hollande  ei  de  la  Suisse  ou  de 
I*  Savoie  ,  nous  avions    réussi  à  repousser  l'en- 


(i)  M.  Winclham  ,  dans  son  discouru  en  rcponae  à  celui  de 
M.  biicridan  ,  uvaitdil  qu'il  admettait  la  ùmmli  en  amitié,  la 
tlf^ciittt  en  anioMt  ;  mais  que  ce  mot  iinciriti  ne  convenait  pas 
ijiiand  il  était  question  de  marche  ou  de  négociation  ;  d'où 
Il  coiichiait  t|u'uii  avait  ton  de  fairt  aux  œiniittn  un  reproche 

i'iMlMlllJI, 


nemi  ;  si  après  avoir  déclaré  que  nous  voulions 
faire  rentrer  la  France  dans  ses  premières  limiics  , 
nous  l'avions  empêchée  de  s'ettndre  jusqu'au 
Rhin  ;  alors  ,  je  dirais  que  noire  fiosiiion  est 
meilleure  qu'elle  ne  l'étaii  au  commcncemeni 
de   la  guerre.  Mais  que  nous    en  sommes   loin  ! 

Quant  à  I  Egypte  ,  c'est  un  renversement  dans 
les  mots  ,  que  de  nous  donner  Ij  leiire  du  gé- 
néral Kléber  au  ka'imakan  ,  pour  un  engage- 
ment formel  d'évacuer  ce  pays-  li'.éber  regardait 
la  première  convention  comme  annulée,  ri 
conséquence  de  la  lettre  de  l'amiial  Kciili.  On 
est  étonné  de  l'importance  que  les  ministres 
donnent  au  post  -  scriptum  de  l'aide  -  de  -  camp 
Baudot  ;  eux  qui  ne  veulent  pas  admettre  que 
que  le  Commodore  Sidney-Smilh  ait  eu  des  pou- 
voirs suftisans  pour  signer  une  convention  avec 
le  général  français  ,  et  qui  soutiennent  que  le 
comie  de  Saint-julien  ne  pouvait  signer  des  pré- 
liminaires de  paix  avec  Bonaparte.  Par  qui  a  été 
signée  la  capitulation  de  M. lie  ?  n'est-ce  pas  par 
un  oflScier  dans  la  même  position  que  sir  Sidney- 
Smith  ? 

Mon  honorable  ami  a  dit  ,  avec  raison  ,  qu'un 
armistice  maritime  aurait  [lorié  le  dctiil  dans  l'aine 
de  nos  malins  ;  mais  je  ne  pense  pas  que  la  pro- 
position de  cet  armistice  dût  pataure  ,  au  pre- 
mier appeiçu  ,  inadmissible.  La  lettre  même  de 
lord  Grenville  le  prouve  évidemmtni.  Je  ne  crois 
pas  qu'il  y  ait  U  exemple  dune  négiciaiion  en- 
tamée entre  deux  puissances  alliées  d'un  côté  , 
et  une  puissance  séparée  de  l'aune  .  et  que  pen- 
dant les  négociations  l'un  des  deux  alliés  ail  jeté 
en  état  de  guerre  ,  et  l'autre  en  éiat  d  armistice. 
Un  ttaiié  ,  enirepris  davis  de  pareilles  ciicons- 
tanccs  ,  ne  pourrait  réussir.  Supposons  que  no- 
tre ministre  de  la  guerre  ,  avec  cetie  jrmée  qu'il 
a  promenée  toutléié  dernier  comme  pour  di- 
vertir 1  Europe,  ait  durant  l'armistice  fait  une 
diversion  en  faveur  de  nos  alhés  ,  en  Iialie.la 
posiiion  de  l'Autriche  n'aurait-elle  pas  changé 
en  bien  ,  ei  celle  de  la  France  en  m  1  ?  mais  ia 
France  avait  d  autres  litres  pour  demander  un 
armistice  matiiime.  En  accordant  à  1  Autriche 
un  aimiîtice  sur  le  continent,  ne  lui  fcsait-elle 
pas  un  avantage  sensible  ?  ce  qu'elle  Ueniandait 
de  nous  éiaii  une  compensation  pour  le  sacrifice 
qu'elle  fesait  eu  s'arrêtant  au  milieu  de  ses  uiom- 
phiïs.  Lelfet  de  ces  victoires  ,  cl  de  celle  de 
Ma  engo  en  particulier  ,  ne  devait  -  il  pas  être 
d'enfler  le  courage  du  vainqueur,  et  d'abatire 
celui  du  vaincu  ?  Les  français  marchent  de 
triomphe  en  triomphe  du  Rhin  au  Danube.  Or  , 
je  le  demande  ,  une  armée  victoiieuse  a-t-clle 
autant  à  gagner  à  une  cessation  d'hostilités  tju'une 
armée  vaincue  ?  Mais  ,  quoiqu'il  n'y  eûi  rien  de 
déraisonnable  dans  la  proposition  du  gouverne- 
ment français  ,  je  trouve  que  nos  ministres  ont 
bien  fait  de  ne  pas  consentir  à  larniisiice  qu  il 
demandait.  Un  pareil  sacrifice  ne-  pouvait  pas 
êire  compensé  par  les  avantages  qu'il  y  aurait  eu 
à  traiter  conjointement  avec   l'Autriche. 

Je  pense  aussi  que  les  ministres  ont  bien  fait 
de  ne  pas  consentir  à  laisser  passer  des  renions 
en  Egypte  ,  et  porter  des  vaisseaux  de  guerre 
pour  les  'colonies  françaises.  Au  reste  ,  le  point 
de  la  question  est  de  savoir  si  ,  d'après  1  expé- 
rience que  nous  avons  faite  de  la  mauvaise  foi 
de  nos  ennemis  ,  nous  devons  repousser  toute 
mesure  qui  ne  nous  conduirait  pas  à  une  paix 
commune  avec  eux.  Dans  les  diUéiens  traités 
de  paix  que  lAngleterre  a  été  dans  le  cas  de 
faire  ,  je  ne  vois  rien  qui  porte  à  croire  qu  il  y 
ait  beaucoup  de  choses  à  gagner  aux  confédé- 
rations ;  l'opposition  d'intérêis  en  amené  natu- 
rellement la  dissolution  (Ici  M.  Grey  cite  à  lappui 
de  son  opinion  le  traité  d  Uirechl  ;  les  confé- 
rences de  Gertruydemberg  ;  la  négociation  sé- 
parée que  le  roi  Guillaume  fut  obligé  de  faire  , 
malgré  les  remontrances  loimelles  de  i'empe- 
reur  ). 

En  1757  ,  dit-il  ,  malgré  nos  liaisons  avec  la 
Prusse  ,  et  les  conférences  proposées  à  Augsbourg 
el  à  Biéda,  pour  une  négociation  en  commun, 
nous  finîmes  par  signer  une  paix  séparée. Je  ne 
vois  rien  dans  la  guerre  actuelle  qui  nous  poiie 
à  agir  différemment;  en  traitant  séparément ,  nous 
pourrons  stipuler  pour  nous  les  avantages  auxquels 
nos  succès  particuliers  nous  donnent  droit.  Dans 
un  rraiié  la  t  en  commun  ,  au  contraire  ,  on  nous 
demandera  des  sacrifices  pour  rendre  la  condi- 
tion  de  nos  alliés   meilleure. 

On    m'objecicra  que    la    bonn«-foI   veut   que 


nous  ne  séparions  pas  nos  intérêts  de  ceux  de 
no»  alliés.  J'avoue  que  la  bonne-foi  est  la  plus 
sûre  ga.aniie  d'un  pays;  mais  je  demanderai  si 
cette  bonne-foi  qu'nn  exige  de  nous  n'est  pas  une 
chinicre  ,  i\  la  pui'Sance  en  faveur  de  laiiutli'- 
on  farle  ,  la  réclame  réellement,  et  si  elle-mêiiT^ 
n'y  a  pas  manqué  avec  nous.  (  Ici  M.  Grey  repii  - 
duit  tout  ce  qui  avait  été  dit,  déjà  ,  sur  la  con- 
duite tonueuse  de  l'Autriche  avec  1  Angleterre, 
il  assure  ijue  le  cabinet  de  Vienne  a  voulu  iroinper 
et  l'An»leterre  et  la  France  ).  Ma  conclusion  , 
dit  M.  Grey  ,  est  que  les  ministres  de  sa  majesté 
n'agiront  pas  sa-^ement  ,  s'ils  refusent  de  traiter 
séparément   avec  la   France.    ' 

M.  DîiH<iai.  L'objet  paniculier  de  la  motion  qui 
nous  a  été  faite  ,  est  de  prouver  que  nous  ne 
devons  p;is  lier  nos  intéiéis  à  ceux  de  l'Autiiclie. 
Quelles  circonsianccs  choisil-on  pournous  donner 
un  pareil  avis  ?  G  est  lors  que  la  reprise  de.-  hos- 
tilités entre  l'Autriche  et  la  France  vient  dêirc 
annoncée  ;  lorsqu'on  ignore  si  elles  n'ont  pas 
déjà  rectimmenié,  ou  quel  en  a  été  le  résultat. 
C'est  comme  si  l'on  disait  à  la  France  :  Presse? 
1  Autriche  lani  que  vous  pourrez  le  faire  ,  car 
nous  avons  conseillé  au  roi  de  la  Graiide-Bie- 
lagne  de  ne  pas  lui  donner  de  secouis.  Voilà 
à  quoi  tend  la  motion  ,  je  ne  peux  pas  savoir 
encore,  si  jusqu'ici  les  ministres ,  sont  dignes  de  ; 
blâme  ou  de  louange.  En  effet,  une  punie  de. 
notre  conduite  a  été  approuvée  par  deux  des 
honorables  membres  qui  nous  sont  opposés  ; 
mais  qui  trouvent  que  nous  avons  bien  fait  de 
ne   pas    consentir  à   un  armistice  maritime. 

Je  ne  pense  pas  qu'il  soit  nécessaire  de  rap- 
peler à  la  chambre  que  c'est  au  roi  qu  appartient 
la  décision  de  la  paix  et  de  la  guêtre  ,  et  que  la 
chambre  ne  doit  point  y  intervenir ,  si  ce  n'est 
dans  des  cas  de  la  plus  haute  importance,  et 
lorsque  l'intervention  de  la  chambre  est  accompa- 
gné d'un  avis  au  roi  ,  pour  engager  sa  majesté  à 
choisir  d'autres  conseillers.  Ce  n'est  pas  entraî- 
ner la  chambre  dans  une  inconséquence  absurde 
que  de  lui  faire  dire  au  roi  :  t(  Nous  avons  si  peu 
de  jconfiance  dans  ceux  qui  vousconseillcm  .  que 
nous  prenons  sur  nOus  de  vous  avenir  de  faire 
la  paix  ;  mais  en  mêmp  ttnis  nous  pensons  que 
votre  majesté  doit  garder  ses  ministres.  >> 

J'espère  que  les  honorables  membres  voudront 
bien  croire   à  noire  sincérité  autant  qu'à  celle  de  1 
Bonaparte  ,  et  nous  accorder  ,  à  nous  qui  sommes  , 
leurs  amis  ,  quoiqu'en    opposition   avec    eux    sur; 
1  article  des  opinions  politiques  ,  ce  qu'ils  ne  le-  , 
fusent  pas  à  Bonaparte  ,   leur  ennemi  comme,  le 
notre.  Jusquà   présent   cependant  il   ne   s'est   pas. 
élevé  une  question  entre  1  Angleterre  et  la  France, 
ou  entre  la  France  et  l'Autiiche  ,    que  fes  hono- 
rables membres  n'aientété   disposés  àxn  croire- 
Bonaparte  plutôt   que    nous  ou   nos   alliés.  Est-cs 
ainsi  qu'ils  foni  preuve  d'impartialité  ? 

Les  honorables  membres  ont  souvent  dans  la_. 
bouche  le  mot  de  paix  ;  mais  il  faudrait  qu'il  nousi 
dissent  s'ils  sont  siirs  qu'on  pourra  la  faire.  C'est 
un  point  qu  il  laudiaii  écl  ircir ,  avant  que  de  dire 
à  l'ennemi  :  l'Angleierte  est  perdue  si'  elle  n'ob- 
tient pas  la  paix.  Toutes  les  observations  sur  la 
paix  sont  déplacées  et  dangereuses ,  suriou:  si  nous 
sommes  dans  le  cas  ,  ainsi  quç  le  croient  les  ho- 
norables membres,  d'avoirà  lutter  seuls  contre  la 
France.  C  est  une  question  que  je  n'ai  pas  inten- 
tion d'agiter.  Je  dirai  seuleiinerit  que  la  déleciioQ 
même  de  notre  allié  ne  comjiromeitrait  en  rien  le 
salut  de  mon  pays,  et  nous  avons  en  nous-mêmes 
assez  de  lorce  pour  nous  défendre  et  maintenir 
surtout  noj  droits  maritimes,  droits  si'importans 
pour  nou'. 

Q_nelques  personnes   prétendent   qu'il  y  aurait  _ 
plus  il  avantage,  pour  nous  à  traiter  séparém.ni  ; 
mais  attendons    du  moins  que  nous  soyons  dans 
le   cas  de  négocier.  Nous   ne  savons  pjs  encoie 
si   nous    ne   serons    pas   forcés   de   continuer   la 
guerre.  Il  y   aurait  donc  de  1  iinprudence  à  nous 
de  nous  détacher  dès-à-présent  d'un  allié    puis- 
sant. Mais  pour  s'assurer  de  son  .assistance,  laut- 
il   lui   accorder  un   nouveau   subside?  c'esi  une 
quesiioii  tout-à-^lait  disiiucie.  II.  s'agit,  de  savOïc  , 
SI  nous  devons. dite  à  1  Autriche  :  Nous  pourrons 
continuer   la  guerre;;   mais  vous  ne    r,efirç;ez  a,tj-., 
cun  avantage  de  laide   que    vous  nous   port.  rcjf. 
Si   la  motion  de   l'honorabe  membre  est  r,  jetée,  ■ 
il  ne  peui   en    résulli-r  aiiciin  maj  ;    n^àis,.ri   6,11^^ 
est   adoptée,    elle    peut  avoir  lès   conséquence» 
les    plus  fâcheuses  ;    paice   que   ce   sera  dite  à 


33o 


l'ennemi  qu'à  dater  tin  mois  de  mars  procliam  , 
l'Aulricbe  cessera  d'eue  noire  alliée  :  U  Fiance 
fera  ses  disposiiions  en  conséquence  ;  ce  sera 
annoncer  à  la  France  que  de  quelqu'uiiliié  qutsi 
puisse  êire  pour  nous  le  concours  Je  1  Autriche, 
soit  qu'on  se  batte  ,  soit,  qu'on  néi^ocie  ,  nous 
sommes  déterminés  à  renoncer  à  son  alliance. 
Tel  est  leiat  vcri-lable  de  "la  question  ;  mais  les 
honorables  membres  se  sont  clforcés  de  l'enfouir 
sous  un  monceau  de  décembres  si  épais  ,  qu'il 
n'est   pas   facile   i!e  l'en  dégager. 

Je  n'essaierai  pas  de  suivre  I  honorable  membre 
dans  tous  les  détails  où  il  tsl  entié  :  je  me  con- 
tenterai de  taiie  i]U(l(j'i;s  obieivaiions  que  je 
crois  nécessaires.  L  ho nor.nblc  membre  pi  étend  que 
c'est  ia  journée  de  Marengo  qui  a  déterminé  l'em- 
pereur à  conclure  un  traité  avec  nous.  11  se  irotn- 
pé  :  ce  traité  avait  été  signé  cinq  jours  avant 
que  l'on  eût  reçM  la  nouvelle  de  celle  funeste 
journée.  Il  nous  a  fait  remarquer  avec  une  saga- 
cité admirable  que  l'empereur  s'était  rendu  à  l'ar- 
mée avec  1  intention  de  poursuivre  la  guerre; 
mais  qu'auosilôl  que  le  second  paiement  du  sub- 
side de  l'Angleterre  ,  lut  entré  dans  le  trésor  de 
Vienne  ,  il  couclut  un  second  armistice  :  la  re- 
marque serait  irès-iuste  ,  si  le  fait  était  vra^  ;  mais 
malheureusement  il  est  faux  ;  la  cour  de  Vienne 
n'avait  pas  encoie  alors  touché  le  second  paie- 
ment. Lhonorable  membre  ,  enfin  ,  veut  que  le 
com.te  de  St.  Julien  ait  été  autorisé  à  signer  les 
préliminaires  de  la  paix  à  Paris  ;  mais  si  cela 
était ,  il  est  bien  étrange  que  M.  Oito  ,  chargé  de 
négocier  à  Londres  ,  n  ail  pas  été  instruit  d'un 
événement  de  cet  e  importance. 

En  voilà  assez  sans  doute  pour  penser  que  les 
honoiables  mcniDres  ont  réuni  une  foule  de 
soupçons  san-t  fondement  .  pour  en  faire  la  base 
de  la  motion  qui  nous  a  été  faite.  Je  rie  di- 
rai pas  que  lAutriche  n'ait  pas  été  une  fois  dans 
la  néccssilé  de  traiter  avec  l'ennemi;  mais  j'ose 
assurer  que  ,  depuis  le  traité  de  Campo-Formio  , 
if  n'y  a  que  ''quelques  heures  que  j  ai  su  que 
l'empeteiii  avait  lait  voir  quelques  disposiiions  à 
rompre  les  traités  qui  le  lient  à  nous  ,  et  j'a- 
jouie  qv.s  tout  tend  à  prouver  la  vérité  de  mon 
observation.- 

Le  comte  de  Cobenizel  est  allé  à  Paris;  c'est 
un  lait  connu  de  lout  le  monde  ,  ei  la  France 
eSl  .  ilii-on  .  jalouse  de  faire  sa  paix  séparée  avec 
l'Autriche.  Si  la  choSe  est  ainsi  ,  n'esi-il  pas  pro- 
bable que  le  gouvernement  français  aura  fait  les 
offres  les  plus  séduisantes  au  comte  de  Cobeni- 
zel pour  parvenir  à  son  but  ?  et  le  refus  de 
rAuiriche  n'est-il  pas  une  preuve  des  plus  con- 
vaincanies  de  sa  fidélité  pour  son  allié  ?  Ce  n'est 
ici  qu  une  supposition  .  je  l'avoue  ;  mais  on  doit 
laaccorder  quelle  est  aussi  raisonnable  qu'au- 
ci....^  ^ic  celles  qu  ont  faites  les  'nonorables  mem- 
bres qui  nous  sont  opposés. 

Il  a  été  dit  beaucoup  de  choses  dans  cette  cham- 
br  pour  et  contre  une  paix  faite  séparément. 
Poui  une  question  de  cette  nature  ,  je  crois  que 
le  témoignage  de  Bonaparte  n'est  pas  indifférent. 
0:i  doit  supposer  qu'il  entend  les  intérêts  de  la 
Ffiiice  ;  s'il  est  si  jaloux  de  négocier  séparément  , 
c'est  une  preuve  convaincante  qu'une  paix  sépa- 
rée ne  serait  pas  avantageuse  à  l'Angleterre.  Je  ne 
dirai  pas  s'il  a  tort  ou  raison  ;  mais  je  soutien- 
drai qu'on  n'est  pas  en  droit  de  demander  aux 
ministres  de  samajesté  ,  que  dans  une  seule  séance 
ils  prononcent  sur  un  point  aussi  important.  La 
manière  dont  l'honorable  membre  avait  annoncé 
sa  motion  ,  n'était  point  du  loul  précise  ;  el  jus- 
qu'au moment  où  je  suis  entré  aujourd'hui  dans 
cette  chambre  ,  j  ai  cru  qu'il  était  question  d'une 
censure  contre  les  ministres  :  je  vois  au  contraire 
qu'on  y  donne  des  louanges  à  leur  conduite.  Il 
est  vrai  que  les  honorables  membres  voudront 
bien  nous  dispenser  de  les  croire  sincères. 

Ils  disent ,  de  leur  côté  ,  qu'ils  pensent  que 
nous  n'avons  pas  été  sincères  :  mais  il  faut  cjuils 
reconnaissent  qu'ils  n'ont  aucune  preuve  de  notre 
manque  de  sincérité  ,  et  qu'ils  avouent  que  si 
nous  étions  sincères  ,  nous  devions  agir  comme 
nous  l'avons  fait.  On  a  traité  d'opinions  singu- 
lières ce  qii'a  avancé  mon  honorable  ami  (M. 
'Windham),  sur  les  malheurs  auxquels  notre  pays 
aurait  été  en  proie  ,  si  nous  n'avions  pas  eu  re- 
cours aux  armes.  Cette  opinion  est  aussi  la  mienne. 
Je  pense  que  si  lés  principes  révolutionnaires  n'a- 
vàiéni  pas  été  combattus ,  si  nous  n'avions  pas  ré- 
sisté au  torrent,  ii  nous  aurait  englouti.  Aussi  ne 
me  suis-je  jamais  mis  en  peine  de  discuter  de  quel 
côlé  avait  été  l'aggressiôn  :  qiroiqu'il  ne  soit  pas 
ilifficile  de  retônnaîire  que  c'est  la  France  qui 
nous  a  fo/cé  à  prendre  part  à  la  queVelle.  Si  nous 
eussions  permis  à  la  France  révoluiioun-ire  d  èn- 
■  voyer  ch.z  nous  tics  députés  etdts  ambassadeurs 
tirés  de  ces  sociétés  désorganisatrrtes-'àtixquelle's 
elle  obéis&jit  elle-même  ,  la  constitution  atiglaise 
n'avait  pas'eticore. une  année  à  exister. 

l.e  jacobinisme  ,  dii-on  ,  est  mort  en  France  ; 
jô  l'cspere  ;  mais  je  ne  suis  pas  certain  qil'il  n'y 
ressuscitera  pas.  Ce  cjui  me  r.issure  un  peu  ,  c'est 
queje  vois  que-  les  honorables  mtmbrcs  6'nt'pris 
la  chambre' cits  communes- pour  le  théâtté  dé 
leur   arnbition.     On   sait,  qu'un   principe   fonda- 


mcnt.-i!  du  jacobinisme  ,  était  que  les  membres 
du  parti  iravailbssent  pour  leur  ambition,  par- 
tout, txcipic  tUiis  la  chambre  des  communes; 
aussi  je  me  réjouis  de  le.s  voir  ici  rassemblés  en 
p'ij'.inge  ,  et  t  xerçniit  leur  adresse  contre  nous  , 
quoique  j  aie  à  souffir  de  leur  férule;  mais  je 
supporterai  leurs  coirps  avec  patience.  Je  me 
réj'ouis  de  les  voir  si  bons  -amis  en  nppateiice; 
j'aime  mieux  les  voir  s'ernbrasser  et  t/aterniser 
ici  ,  que  dans  loul  autre  endiolt.  —  Je  n'abuserai 
pas  plus  long-teins  des  momens  de  la  chambre. 
Je  m'oppose  formcllemenl  à  la  molion  ,  parce 
que  je  pense  qu'elle  ne  peut  produire  aucun 
bien;  ei  qu'au  contraire ',  si  elle  était  adoptée, 
elle  aurait  les   suites  les  plus   funestes. 

M.  Shéridan  réplique  en  peu  de  mots.  —  La 
chambre  se  partage  :  35  voix  sont  pour  la  mo- 
tion ,  et  i56  contre.   Majorité   I2i. 

(  Entrait  du  Sun.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris ,  le   2  2   frimaire. 

Les  gazettes  officielles  des  principales  villes 
de  l'Euiope,  ont  dit,  et  plusieurs  journaux 
français  ont  répété  que  M.  le  martjuis  de  Gallo  , 
minisiie  plénipotentiaire  du  roi  de  Naples  , 
ayant  été  désigné  pour  se.  rendre  au  congrès  de 
Lunéville  ,  le  gouvernement  français  avait  refusé 
de  l'admciire.  On  sait  assez  avec  qu' lie  cons- 
tance le  pruplc  Irançais  désire  et  veut  la  paix  du  con- 
linent  ,  pour  que  l'opinion  ait  déjà  jugé  ceiie 
assertion  ,^  que  nous  sommes  auiorisés  à  dé- 
mentir  formellernent. 

—  On  a  également  répandu  que  l'année  fran- 
çaise d  Italie  est  en  marche  sur  Rome.  Les  nar- 
rateurs n  ont  pjs  négligé  de  désigner  le  nombre 
des  tfoupes  ,  les  corps  qui  composent  les  diffé- 
rentes colonnes  ,  le  moment  de  leur  départ  ,  les 
lieux  où  elles  ont  couché  ou  séjourné.  Il  ne 
manque  rien  à  ces  détails  que  la  véiiié.  Nous 
sommes  autorisés  à  déclarer  que  ces  assertions 
sont  entièrement  desiiiuées  de  fondement. 

—  Il  est  bien  reconnu  qu'aux  yeux  de  l'oigueil 
britannique  ,  tout  ce  qui  n'esl  pas  né  dans  les 
trois  royaumes  est  à  peine  digne  du  nom  d'hom- 
me. Sans  cette  observation  ,  on  ne  poufrait 
comprendre  les  procédés  du  gouvernement 
anglais.  Les  européans  du  continent  ne  sont  pour 
lui  que  des  baibares  àl'égari  desquels  il' n'est 
lié  m  par  le  droit  des  gens  ,  ni  par  les  droits  de 
l'humanité.  Ajoutons  un  tait  à  ia  collection  des 
faits  nombreux  qui  prouvent  celte  disposition 
cruelle.     "       ' 

Dans  la  dernière, décade  du  mois  de  prairial 
an  S  ,  le  général  Vaubois  ,  commandant  de  la 
garnison  de  Malle  ,  ayant  reçu  ,  avec  l'adjoint 
aux  adjudans-généraux  Saint  Remy  ,  un  petit 
bâtiment  chargé  de  vivres  ,  fit  l'inventaire  de  ses 
provisions ,  et  résolut  ,  pour  assurer  encore  une 
longue  durée  à  sa  belle  défense  ,  de  faire  sortir 
de  la  place  tout  ce  qui  ne  portait  pas  les  ar- 
mes. La  population  qui  avait  été  originairement 
de  45,000  âmes  ,  éiait  réduite  à  12,000.  La  garni- 
son se  composait  encore  de  3, 000  hommes, 
les  vivres  nécessaires  pour  i5,ooo  h.  pendant  deux 
mois  ,  auraient  nourri  3ooo  hommes  pendant  dix 
mois.  D'ailleurs,  les  12,000  habiians  étaient  en 
proie  à  des  maladies  scrophuleuses  et  scorbu- 
tiques ,  el  menacés  d'une  épidémie  vermineuse. 
Ainsi  ,  l'humanité  même  commandait  au  général 
Vaubois  une  mesure  qu'autorisait  la  situation  de 
la  place   qu'il  était  chargé  de  défendre. 

Il  annonça  ,  le  1'^.  messidor  ,  au  général  anglais 
Graham,  que  les  habitans  restés  à  Malte  desiraient 
aller  rejoindre  à  la  campagne  leus  parens  et  leurs 
amis.  Le  général  anglais  répondit ,  le  lendemain  , 
par  un  refus  formel.  Le  général  Vaubois  conserva 
encore  l(^s  Mallais  dans  la  place  pendant  tout  le 
cours  du  mois  ,  mais  aucun  bâtiment  n'apportant 
des  provisions  nouvelles,  il  usa  du  droit  de  la 
guerre.  A  la  fin  de  messidor  ,  pendant  la  nuit  ,  ii 
ht  meure  hors  du  rernpart  les  habiians  qui  cou- 
Tûrent,  avec  sécurité,  embrasser  leurs  parens,  ou 
demander  du  pain  aux  assiégeans. 

Les  anglais  arrêtèrent  leurs  pas  ,  les  repoussèrent 
jusqu'aux  remparts  ,  ne  petmirent  à  aucun 
de  s  en  éloigner  ,  et  firent  feu  sur  eux  ,  en  con- 
tinuant à  lirer  contre  la  place.  Le  commandant 
fran-çais  voyant  ces  malheureux  périr  dans  les 
fosses  ou  par  la  taim  ou  par  le  feu  de  l'ennemi  , 
fit  ouvrir  les' portes  et  leur  lendit  les  bras.  La 
garnison  continua  à  parl.-rger  les  vivres  avec  eux  ; 
pendant  deux  mois  elle  alimenta  12,000  bou- 
ches inutiles,  consommant  ainsi  ses  moyens  de 
prolonger  long-iems  encore  une.  résistance  dont 
la  longue  durée  suffisait  déjà  pour  sa  gloire. 

,  D.11  3  décembre  (  12  frimaire.), —  Lés  derniers 
événeméns  ([ui  ont  eu  lieu  sur  le  continent  ont 
beaucoup   changé   la  face  des  affaires.   Le  nuage 

'qui  se  formait  depuis  si  long-iems  dans -le  nord 
est'prêt  à  crever.  Une  nouvelle  guerre  ,  dont 
nous  avons   souvent  indiqué  le   danger  et   l'ap- 


proche ,  menace  tout  le  monde  européan  ;  el  lé 
moment  de  discuter  les -privilèges  des  puis- 
sances neutres,  qui,  à  Copenhague  ,  avait  été 
ajourné  ,  est  ar.ivé  aujourd'hui,  accéléré  par  la 
violence  du  cabinet  de    Sainl-Pélersbourg. 

On  ne  peut  douter  de  l'accession  de  I3  cour 
de  Berlin  à  celte  ligue  extraordinaire ,,  depuis  que 
ses  troupes  sont  entrées  sur  le  terriioire  de 
Hambourg  .  et  qu'elles  ont  occupé  le  port  que 
|)Os,«ede  cette  ville  à  l'embouchure  de  lElbc. 
C'est  donc  du  bon  plaisir  du  roi  de  Prusse  que 
dépend  dorénavant  la  seule  communicaiion  que 
nous  avo-is  avec  le  continent.  Si  nous  en  excep- 
tons le  Portugal  ,  Constaniinople  et  quelques 
ports  d  Italie,  qui  sont  encore  nos  alliés  el  ou-- . 
verts  à  nos  flottes  ,  le  nord  de  l'Europe  nous  est 
entietement  fermé  ,  à  moins  que  nous  ne  sup- 
posions que  la  Suetle  ou  bien  le  Danemark  se 
sépareront  de  ia  cause  commune  ,  et  renonce- 
ront.à  prendre  paît  à  la  police  générale  delà 
Baltique.  Quant  à  nos  communications  ,  et 
même  à  notre  correspondance  avec  lempereur 
d  Allemagne,  elles  dépendent  de  la  permission 
de  la  Prusse  ,  et  quand  elle  voudra  nous  la  re- 
fuser ,  nous  nous  trouverons  aussi  isolés  en  po- 
litique qu'en  géographie. 

Il  est  probable  que  ces  circonstances  impose- 
ront à  nolie  cabinet  une  nouvelle  conduiieel  des 
entreprises  conformes  à  nos  nouveaux  iniérêts.  Si 
sa  majesté  l'empereur  et  toi  peui  obtenir  de  la  ré- 
publique française  ,  par  un  traité  séparé,  une  paix 
plus  favorable  ,  il  semble  qu'il  serait  non-seule- 
ment injuste  mais  impolitique  de  vouloir  qu'il 
tînt  plus  long-tems  des  engagemens  qui  ,  d'après 
la  défection  de  la  Russie  et  la  conspiiation  du 
nord  de  I  Allemagne  ,  ne  peuvent  ,  suivant  toutes 
les  chances  r^u'on  peut  prévoir ,  conduire  à  aucun 
événement  heureux  ou  à  une  jiaix  moins  désas- 
treuse cjue  les  conventions  préliminaires  déjà  si- 
gnées. Tous  les  étals  de  fEmpire  vont  négocier 
en  pariiculier,  ou  peut-être  mên-ie  ensemble  ;  et 
si  l'e^npereur  ,  q-ji  aura  seul  à  résister  à  la  répu- 
blique française,  peut,  en  nous  abandonnant, 
comme  la  France  l'exige  ,  s.iuver  le  sud  de  l'Iia- 
lie  des  dangers  (jui  le  menacent;  si  le  roi  de  Na- 
ples petit  échapper  aux  périls  qui  s'approchent 
de  ses  états  ,  il  obtiendra  tous  les  avantages  qu'il 
peut  espérer  de  la  continuation  de  notre  alliance. 
Qj.iant  à' re  qui  regarde  en  particulier  notre  hon- 
neur et  notre  conduite  dans  les  nouvelles  circons- 
tances' où  nous  nous  trouvons  placés  par  la  ja- 
lousie de  nos  amis  et  la  malice  de  nos  ennemis; 
il  semble  que  nous  ne  pouvons  rendre  à  la  mai- 
son d'Autriche  de  plus  grands  services  ,  que  de 
lui  rendre  ses  engagemens  ,  et  de  lui  permettre 
de  respirer  après  tant  d'efforts  aussi  inutiles  que 
pénibles.  [  Extrait  du  Times.  ) 

—  Le  22  novembre  {  1".  frimaire]  on  a  chanté    ' 
le   Te  Deum  à  Cadix  ,   en-  actîon  de  grâces  de  ce 
que  la  maladie  a  cessé. 

—  Le  maire  de  Gingelone  ,  département  de  la 
Seine-inférieure,  a  écrit  ,  le  28  brumaire,  au  sous- 
préfet  de  1  arrondissement  : 

u  La  furieuse  tempête  que  nous  avons  essuyée 
le  iS  de  ce  mois  ,  n'a  pas  plus  épargné  notre 
commune  que  celles  voisines.  Ce  jour  a  éié  vrai- 
ment un  jour  de  désolation  :  les  dégals  sont  af- 
freux et  les  réparations  à  faire  sont  immenses. 
Mais  ce  qui  consterne  nos  habitans  ,  c'est  une 
maladie  épidémique  qui  cause  de  cruels  ravages 
dans  ce  canton.  Eh  bien  !  le  croirez- vous,  citoyea' 
prélet  ,  aucun  de  ces  infortunés  ne  réclame  riî'  j 
secours  ni  diminution  dans  les  contiibutions.  Ils'  M 
savent  ,  m'oot-ils  dit  ,  qu'une  guerre  nécessaire  " 
épuise  le  trésorpublic  :  ils  ne  veulent  pas  augmen- 
ter les  embarras  que  doit  éprouver  le  gouverne- 
ment dans  des  circonstances  aussi  difficiles ,  par 
des  réclamations  auxiiuelies  il  ne  soufFriràh  que 
trop  de  ne  point  faire  droit.  Ils  lui  font  donc  le 
sacrifice  de  leurs  pertes,  quelque  sensibles  qu'elles 
soient  ,  et  me  chargent  de  vous  f^rier  de  trans- 
mettre au  gouvernement  cet  acte  du  plus  pur  pa- 
triotisme, comme  un  titre  à  sa  bienveillance. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du   ig  frimaire.  ■,.,-,     m 

Les  consuls  de  la  république^  sur  le  rapport  dû'     ^ 
ministre  de   la  guerre  ,    arrêienl  : 

Art.  I"'.  Conformément  à  l'art.  III  de  l'arrêté 
dn  l"'.  fruciiilor  an  VIII  .  les  troupes  à  pied  et  à 
theval  ,  marchant  dans  l'intérieur  de  la  républi- 
que ,  continueiont  à  recevoir  le  pain  en  nature  , 
mais  pour  deux  jours  au  plus  ,  seulement. 

IL  Celte  disposition  aura  lieu  ,  à  compter  .clii 
I".    nivôse  prochain. 

m.  Les  entrepreneurs  généraux  des  subsistan- 
ces mili:aires  pour  le  service, stationné  ,  restent 
chargés  de  celui  des  troupes  en  marche  .suivant 
l'an.  V  de  l'arrêté  précité. 

IV.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  ^Jél'^x!;- 
cution  du  présent  ariêlé  ,  qui  sera  inséré  au  Bul- 
letin des  lois. 

Le  premier  consul.,   itgne,  Bonapaete. 

Par  le  premier    consul  , 

Le  iecre'taire-d'état  ,  signé,  H.  B,.  Maret. 


33i 

È  TA  T    GÉNÉRAL    des  fuurniluns  effectuées  par   les    différens  munitionnaires    Blanchard  ,   Minet  -  Gérard   et    Rodin 

pendant   le   cours  de  tan  8. 


PREFECTURE. 


PORTS. 


RATION  s 

complexes 
de  journalier 
:L  decampagni 


NOMBRE    DES    RATIONSDE    CHIOURMES. 


FORÇ-^ 
à  la   fati 


RATIONS 

de  prisonnier 
PERTUiSANiERS       de  guerre. 


RATION 


A  T  I  O  N  s 

«elles. 


OBSERVATIONS. 


^  Osiendc.    .  * 

="-'•■■   ?F''?;^'*"''°-1       94>,444 
i  Le  Havre.  .3       ^^    "^ 

^  Brest    •    .  .  ) 

'"^   •    •    •   ^Sain.-Mâlo(    '•974^^4> 
\^  Ouitnper.  .  J 

(LOvient.   .■> 

4""=   .    .    .   <  Nauies.   .    .  >    1,482,242 

(  Vannes    .    •  3 

f  Rochefort  .  1 
5-=    .    .    .   ^^^^fj^^^l"'?     1,693,381 


\  isnrdeaux  .  1 
^  Bayonne  .  .  3 

(  Toulon   .    •  ") 

.   \  M,jrseille.  .  > 

(  Agde  .    .    .  ) 


2,364,737 


21, 43a 


Total  général.    .    . 


15,735,739 


492,0a 


1.53;. 278 


2,33o 


i58,o82 


36,804 


i7,3oo 


247,748 


452,264 


1,832 


75, if 


55,802 


41 ,900 


4,202 


178,905 


8,537 


85,948 


35,496 


36,420 


77.824 


244,325 


io,i58 


637 


60,1 15 


3,8i3 


i),53o 


2,626 


94,879 


221.991 


i3i,o63 


1.249,612  f 


941,984 


434,207 


414,460 


60,667 


JVc/rt.  Les  i)ipce5  re- 
latives aux  fournitures 
iaitea  pendant  les  deux 
derniers  mois  de  l'an  S 
n'étant  point  arrivée,':, 
on  n'a  calculé  que  p?r 
approximation  la  valeur 
des  rations  fournies 
pendant  cet  irftervnlle 
de  tenjs,  et  dont  le 
montant  est  porté  à  la 
colonne  cî'-dessous  du 
total  général. 


3,393,317 


60,667 


RECAPITULATION    ET    MONTANT    DE    CES    FOURNITURES. 


D    E    T    A    1    1 

des 

RATION 


NOMBRE     DES      RATIONS. 


EXERCICES. 


PRIX 

des 

RATIONS. 


SOMMES. 


TOTAL. 

du     montant 

DES     RATIONS. 


MONTA  NT 
des  fournitures 

partielles  , 

rafraichisseniens 

et      dépenses 


TOTAL 

GÉNÉRAL. 


I.îiionscoinpletles 


Forçais  à  la  faiigue.^      1,537,278 


i      .     „,     n       ^  Blanchard, 
)    i5. 7^5.739     f 

>  dont         (Min.   eiRo 

>  Blanchard... 
3  Min.   CI  Rob. 


Forçats  sans  travai 
Forçais  invalides  . 


.}         452,264     > 


B'anchard ... 
Min.  e  iRob 


■?  178,9*5      >  Blanchard... 

(  S  Min.  et  Rob. 

Penuisaniers.  •  •  •  <  244,325     >  Blanchard  ... 

.(^  jMin.  et  Rob. 

Rations     de    pain  j  33033,,     l  Blanchard., 

aux   troupes.          |  jiyij^     ^^  j^^b 

\  ) 

P.ison.  de  guerre.   <  94-879     V  Blanchard  .. 

(  3  Min.   et  Rob 

Rations  sèches.   .   .  ^  60,667     ^_^|„_   ^j  r^^ 


7,863,746 
6,723,3  ;4 
1,148,639 

7 17, -"96 
819,882 

200,472 
251,787 

87.223 
91,682 

106,756  ■ 
137,569 

i,63i,704 
1,761,613  j 

74. 154 
20,725 


fr.  25  mitlimes_ 

3  75  centimes _ 

à  85  centimes.. , .  . 


3728  mtlhmes. . . . 
à63Sm.il.6l  596JP 


a  432  millinaes.  . . ., 
à  529  m.  1.  et  374  p, 


à  667  millimes 

à  642  m.l.  et587  jP 


à  284  minimes..  .  . 
à45c.lev.  et  3o  c.  p 


a  24  centimes... . . 
à  36  c.  1.  et  24  c.  p 


à  691  millimes..  .  . 
a656m.y.e(574ra.p 


à  5o  centimes. 


/• 
8,060,339 
5,042,530 
1,145^,619 

522,264 
5oi,io3 

86.6o3 
116,543 

58,177' 
54,016 

30.298 
47,883 

.  391.608 
464,505 


m  \  f.  m. 

65o) 

^°°li4,25i,489i5o 
^8^1,023,367  7.8 
9°4^  203,147  84 
\%l     "  =  ''93  88, 

'°M     78,182  454 

75oi  '  '  ^  * 
9^°?  856,114  160 

2O03 


51,240 

11,978 


33o1   73,..8  644 
3o,333  5oo    3o,333  5oo 


Fournlti 
des  deux 
del'an  VllI,  défalcatîc 
faite  dé  la  valeur  d 
denrées  non  fournies  si 
les  rations  complettes. 

Total  gêné. al  du  moi 
tant  de  toutes  les  ratioi 
complettes. 


5,607,589  080 


i,i86,S3o    o 
16,618,046  591 


Total    général....   |     21.636.707 


,21,536,707 


16,618,046591     16,618,046591       Total  général.. .  I  23,412.465  6, 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Le  iribunal  de  cassalion  a  rendu  ;  le  7  ^t  ce 
mois,  un  jugciiiént  (j^ui  consacre' de  ,  plus  Ç) 
flus  1  inpédendaric'é  dtS  pouvoirs  qdntinistratif  et 
judiciaire.  ,  ' 

Ce  jugement  porte  que,  d'après  les  faits 'tels 
qu  un  préposé  de  la  police  ,  sur  les  mar'c-héS  ,  les 
préficnlait  ,  et  tels  que  le  jugcraenl  de  prilice  du 
4«.  arronJisscnicnt  les  a  pris  peur  cotisians','  il 
lésnllait  que  le  préposé  Baissai;  ,  e<  en  ceiie  qua- 
lité ,  et  pour  le  mainiien  d'un  légleniciii  de  po- 
lice .  dans,  la  circonstance  qui  a ,  .  lynijé  .l,ieu  à, 
la  plainte  ;  qu'ainsi  l'iiITaire  ne  pouvait  appanenir 
qu'à  l'ordre  administralif  ,  et  que  ce  iiir-|>nsé 
n'efii  pu  être  traduit  devant  le  iiouvoirfudiricitie  . 
que  de  lavcu  de  l'autorité  administrative  supé- 
rieure. 

Par  ces  moiif»  ,  le  tribunal  a  cassé  et  annullé 
le  jugemeni  du  4'.  arrondissement  du  canton  fie 
Palis  .  du  23  vcndéniiaiie  dernier ,  comme  con- 
tenant excès  de  pouvoir. 


Le  préfer  de  police  a  rendu  ,  le  22  frimaire  , 
une  'ordonnancé  rappeliant  les  dispositions  des 
anciens  regfefnens  ,  conceinani  le  ba'ayage  ,  arro- 
sage et  nétoyàge  ,  auquel  les' liabilans  sont  tenus 
ilev   nt    Iciiis    m,ii,  ons. 

T     R     1     B     U     N     A     T. 

Présidence  de   Thiessé. 

SÉANCE     DU     22      FRIMAIRE. 

Apiés  la  lecture   du   p  ocès-verbal  ,    le   prési- 
dent annonce  qu'iln'y  a  rien   à  Tordre  du  jour. 
Le"  itibirtai    levé  sa  séance  els'aiourne  au  24. 

C  Ô  ï^  P  s  -  L  É  G  I  S  L  AT  IF. 

Présidf.ner  de   Pison-Dugaland. 

SÉANCE     DU     22     FRIMAIRE. 

.   Le  procés-verbol   est  lu   et  applouvé. 

Le    prc.iideni  iinnonce    que  le  C'ioyen  Foissac- 
Laiour  lait  hommage  au  corps-législatif  dujoui- 


nal  des  opérations  militaires  et  administratives 
qui  ont  eu  lieu  en  l'an  7  pendant  le  blocus  de 
Mantoue. 

On   demande   de  tous  côtés  l'ordre  du  jour. 

L'ordre  du  jour  est  mis  aux  voix  et  adopté. 

Le  président  annonce  des  orateurs  du  tribunal 
et  du  gouvernemeiu. 

Le  projet  de  loi  sur  lequel  le  corps-législal^f 
doit  délibérer  ,  ne  peut  être  examiné  qu'eu  co- 
mité général. 

D  après  l'invitation  du  président  ,  les  citoyens 
des    tiibunes  se    relireni. 

Le  résultat  n'a  point  été  rendu   public. 


CONSEIL    DES    MINES. 

Fiti  du  discours  du  conseildes  mines  tors  de  l  uiivfriure 
des  cours  et  de  la  distribution  des  pr-s  .  le  28 
brumaire  an  9  ,  en  présence  du  ministre  de  t  mté- 
/nî'cur  (parintcrim.  )  (Voyez  le  N.08,8  frimaire.  ) 

Tels    sont    les     principaux    travaux    du    petit 
nombre   démembres   de  1  inspection   des  minci 


qui  ont  pu  parcourir  quelques  déparlemens.  Il 
en  est  eîicore  auxquels  un  desîr  ardent  de  dé- 
couvrir des  objets  uouveauK  a  fait  entreprendre 
des  voyages  lointains  et  dangereux.  Indépen- 
domment  de  l'iiiJcuieur  surnuméraire  qui  vient 
<lc  p.i;tir  avec  le  capitaine  Baudin  ,  nous  en 
comptons  six  hors  de  France  ,  et  i1ont  nous 
avons  raaihtureuscmtnt  peu  de  nouvelles. 

Un  élevé  des  mines  est  à  Sainl-Domingue  ,  otà 
est  mon  lingénieur  Giroud  au  milieu,  de  ses 
travaux  ;  deux  ingénieurs  et  deux  élevés  sont 
encore  en  Egypte;  une  lettre  de  Tuu  d'eux, 
l'ingénieur  Descotils  ,  nous  annonce  un  mé- 
moire sur  un  voyage  qu'il  a  fait  dans  la  Haute- 
Egypte  ,  elle  contient  que'qncs  détails  sur  ce 
pays  brûlant  ,  où  souvent  le  naturaliste  ne  peut 
garder  dans  ses  ni.nins  la  pierre  que  sa  curiosité 
l'avait  porté  à  ramasser.  Il  y  parle  d'une  espèce 
de  vernis  noir,  déposé  au  niveau  des  eaux  du 
Nil  sur  les  roches  de  granits  louges  ,  siiués  aui 
tour  de  i  île  E  éphaniine  ,  et  vis-à-vis  de  S;enne  , 
au-dessous  des  Caiaracifs  ,  d'oii  viennent  les 
beaux  gianits  égyptiens.  Ces  rochers  sont  cou- 
verte d'iiicrogliphes  (  que  l'on  croit  tracés  ii  y  a 
plus  de  trois  mi/le  ans),  cl  cependant  ils  sont 
presqu  ausii  frais  que  s'ils  sortaient  de  la  main 
de  l'ouviier  ;  I  intensité  de  cet  enduit  ,  au  niveau 
des  basses  eaux,  son  défaut  de  reproduction  sur 
les  hiérogliphes  depuis  trente  siècles  ,  ofircnt 
de  grands  sujets  de  méditations  et  de  conjec- 
tutes   aux  natuialistes. 

En  Europe  ,  un  ingénieur  des  mines ,  l'infortuné 
Doloraiea  ,  ce  célèbre  géologue,  est  eiicoie 
prisonnier  à  Messine  ;  mais  nous  avons  l'espoir 
qu'un  héros  -  pacificateur,  qui  a  pris  tant  d  iwté- 
têt  à  son  son  ,  le  rendra  incessamment  ,i  ses 
amis,  à  la  science,  et  que  bientôt  Dolomieu 
viendra  lui-même  dans  cette  enceinte  vous  ra- 
conter ce  qu'il  a  vu  ,  ce  qu'il  a  observé  ,  oublier 
ses  maux  au  milieu  de  vous  ,  et  bénir  avec  nous 
«.)n  libérateur. 

Ceux  des  inspecteurs  etdes  ingénieurs  qui  n'ont 
point  voyagé  ,  téunis  à  Parisen  conférence,  se  sont 
occupés  avec  fruit  des  moyens  de  reculer  les  borne» 
de  la  science  du  mineur  ,  et  ont  fourni  au  conseil 
des  mines  les  rapports  qui  leur  ont  été  demandés, 
sur  divers  objets  impojlans  ,  pour  la  prospérité 
des  mines  en  France.  Les  bornes  que  doit  avoir 
ce  disLOurs  ne  nous  peimettent  de  citer  que  quel- 
ques faits  extiaiis  de  ces  travaux. 

Le  professeur  Baillet  a  im  giné  un  instrument 
propre  à  véiitier  à  teile  profondeur  qu'on  le 
désire,  là  nature  des  substances  qui  auraient 
été    traversées    par   un   trou    de    sonde. 

Le  professeur  Vauquelin  a  fait  un  grand  nombre 
d'analyses  de  substjnces  minérales  envoyées  au 
conseil  de  divers  points  de  la  république.  Il  a 
troi.vé  que  l'acidc  de  \  Honklutein  ,  ou  pierre  de 
mtcl  des  ailcmauds  ,  avait  beaucoup  de  rapport 
à  1  acide  oxalique  ei  des  caiacieres  qui  lui  sont 
propres,  tels  que  la  fumée  qu'il  pioduit  ,  le 
bouisouflement  qu'il  éprouve  pat  la  chaleur  ,  et 
la  piécipitation  qu'il  opère  dans  la  dissolution 
du  sulfate  d'alumine. 

Il  a  dernièrement  fait  l'analyse  àeXziGtidolinite , 
pierre  noire  venant  à  Yterby  en  Suéde  ,  dans 
liquelle  il  a  tonfiimé  1  existence  d'une  nouvelle 
t.'rre  découverte  par  iVl.  Gddoliiv;  et  nommée 
YUria  par  M.  Eckeberg.  Le  cit.  Vauquelin  lui  a 
trouvé  des  propriétés  communes  avec  la  glucine 
et  des  caractères  qui  lui  soni  propres;  savoir, de 
former  i,vec  I  acide  sulfurKjue  un  sel  peu  solu- 
ble  ,  et  d'être  précipiiée  de  ses  dissolutions  par 
le  prussiate  de  potasse  ;  l'acide  oxalique  et  le 
tannin.  Il  vient  de  recevoir  du  célèbre  Klaptolh  , 
une  Ictire  dans  laquelle  il  lui  marque  avoir  dé- 
couvert 36  pour  cent  de  soude  dans  une  pieite 
blanche  de  Groenland  ,  encore  fort  rare  ,  nom- 
mée Chryolite.  Cette  pierre  avait  été  envoyée  à 
J  école  des  raines  par  M.  Abilgaard  ,  secrétaire 
de  1  académie  de  Copenhague  ,  comme  contenant 
de  l'acide  fluorique  et  de  l'alumine  ;  le  citoyen 
'Vauquelin  vieiit  de  répéter  fexpérience  avec  des 
inorceaux  qui  lui  ont  été  ofTerts  par  M.  Manthey  , 
jWolesseur  de  chimie  dans  la  même  ville  ,  et  , 
saus  connaître  le  procédé  suivi  par  Klaproih  ; 
il  a  trouvé  absolument  la  même  quantité  de  soude 
que  ce  savant.  Les  découvertes  récentes  de  la 
soude  et  de  la  potasse  dans  plusieurs  minéraux  , 
soiit  une  preuve  nouvelle  de  la  perfection  qu'ac- 
quiert l'art  docimastique. 

Nous  ne  terminerons  pas  cet  article  sans  rendre 
hommage  au  zèle  des  savans  étrangers  MM.  Abil- 
gaard ,  Manthey  ,   Meergaard  ,  'VVestrutnb  ,  Kar- 


332 

sten ,  Esmar  ,  le  baron  de  Moll  ,  Léopold  de 
Busch  ,  Ingversen  ,  qui  ont  envoyé  et  remis  au 
conseil  des  mines  ,  ou  a  des  membres  attachés 
à  cet  écablissemeni  ,  plusieurs  substances  nou- 
velles et  rares  des  ouvrages  préci-;ux  qui  ont  été 
•l'un  grand  secours  pour  les  progrès  de  la  miné- 
ralogie et  de  l'ail  des  mines.  Cette  communica- 
tion ,  au  niiiitu  des  troubles  de  la  guerre  ,  est 
un  heureux  présage  de  la  correspondance  qui  va 
bientôt  s  éiablir  cKtre  tous  les  savans  ,  et  qui  res- 
serrera plus  étroitement  les  liens  de  cette  grande 
famille.  (  La  suite  à  un  autre  numéro.  ] 


THEATRE      F  H    A     N    Ç    A    I    S. 

On  vient  de  donner  à  ce  théâtre  une  comédie 
nouvelle  en  trois  actes  et  en  vers ,  intitulée  :  Le 
Mariage  supposé.  Elle  a  eu  peu  de  succès  ; 
l'auteur  cependant  a  été  nommé  ;  c'est  le  citoyen 
Lourdet   de  Sanierre.  Voici  quel  en  est  le  sujet. 

Une  veuve  ,  tiès-jeune  encore  ,  aimable  et  belle, 
a  refusé  par  coquetterie  de  s'unir  à  st.-Phar,  jeune 
homme  doué  des  qualités  les  pins  distinguées  ; 
cet  amar.t  s'est  éloigné  ,  et  la  coquette  le  regrette 
en  secret  ;  un  oncle  ,  p. es  duquel  elle  s'est  fixée  , 
la  presse  inutilement  de  songer  à  d'autres  nœuds. 
La  fuite  de  S'.-Phar  n'était  cependant  qu  une  ruse 
d'a.nour;  une  autre  ruse  le  ramène  près  tle  la 
jeune  veuve  ;  il  feint  d  être  sur  le  point  de  se  ma- 
rier ,  et  se  p.ésenie  accompagné  de  sa  soeur, 
qu  il  fait  passeraux  yeux  de  son  amante,  pour  son 
épouse  future.  Mad.  de  Claitville  ,  c'est  le  nom 
de  la  veuve,  reçoit  Si.-Phar  avec  dépit ,  et  sa  rivale 
prétendue  avec  une  jalousie  (ja'eUe  a  de  la  peine 
à  dissimuler.  Deux  entretiens  facilités  à  ces  amans 
les  rapproche  ;  la  toqueiterie  fait  place  à  un  sen- 
timent plus  doux  ,  St.-Phar  retrouve  ses  droits 
en  avouant  sa  ruse  .  et  la  jeune  veuve  le  bonheur  , 
en  perdant  de  nouveau  sa  liberrc. 

Celte  analyse  suffit  pour  faire  reconnaître  que 
le  fond  de  la  comédie  nouvelle  Se  trouve  dans 
la  Coquetti  corrigée,  les  Fausses  infidélités  ,  ta  Feinte 
pur  amour  ,  etc.  etc.  Quoique  la  situation  princi- 
pale ne  soit  pas  précisément  neuve  ,  elle  pouvait 
amener  des  scènes  comiques  ,  et  nous  reproche- 
rons au  citoyen  Lourdii  de  n'en  avoir  pas  tiré 
tout  le  parti  possible.  Son  premier  acte  promet- 
tait un  peu  d'action  et  d  intrigue.  Les  deux  der- 
niers démentent  compleitement  celte  promesse  : 
on  n'y  trouve  que  des  entrées  et  des  sorties  ,  sans 
but ,  sans  motif ,  sans  nécessité.  Les  deux  entre- 
liens dont  nous  avons  parlé,  sont  amenés  de  la 
manière  la  plus  invraisemblable  :  une  siiuation 
dont  on  a  tant  abusé  au  théâtre, celle  d'un  homme 
surpris  aux  genoux  d'une  femme,  s'y  trouve  deux 
fois  employée.  L'auteur  a  cru  trouver  un  contraste  ; 
c'est  une  répétiiron  qu'il  s'est  perniise  ,  l'exposi- 
tion est  languissante  et  le  dénouement  prévu  dès 
le  premier  acte. 

Deux  personnages  àccesst>:res  ,  celui  de  Céli- 
court  ,  jeune  fat  ,  et  celui  de  la  tœur  de  Saint- 
Phar  ,  ne  produisent  aucune  situation  comique  , 
aucune  opposition  piquante.  Le  lôie  de  l'oncle 
est  à  peu  près  inutile  ,  celui  de  la  tante  l'est  toui- 
à-fait .  celui  du  valet  est  nul.  Celui  de  Saiini-Phar 
est  tracé  avec  sagesse,,  mais  il  est  d'un  eflFet  peu 
saillant  :  c  est  une  faible  imitation  du  CJiiaadre 
de  Lanoue. 

Le  rôle  de  la  Coquette  est  conçu  plus  habile- 
ment que  les  autre»  ,  et  est  écrit  avec  plus  de 
grâces  et  de  soins  ;  mais  comme  elle  parle  beau- 
coup et  n  agit  nullement,  il  en  résulte  que  sa 
conversation  a  quelques  agrémens  ,  sans  plaire  , 
sans  que  sa  conduite  attache ,  sans  que  son  sort 
intéresse. 

Le  défaut  principal  de  l'ouvrage  est  son  extrême 
froideur  ;  le  second  acte  surtout  est  d'un  vuide 
absolu  ;  il  n'y  a  que  deux  scènes  essentielles  dans 
la  totalité  de  ceite  comédie  ,  et  elles  spnt  trop 
peu  développées  ;  la  seconde  a  cependant  fait 
quelque    plaisir. 

Le  style  est  en  général  négligé ,  très-peu  har- 
monieux ,  rarement  naturel  ;  le  madrigal  y  do- 
mine :  ce  Ion  refroidirait  un  ouvrage  dont  les 
situations  auraient  du  comique.  On  peut  juger 
de  son  efifet  sur  des  scènes  qui  sont  totalement 
j  dépourvues  de  cette  rare  qualité. 

Au  surplus  ,  c'est  avoir  à  la  ftiis  et  mal  choisi 
son  lems  ,  et  peu  connu  le  goût  du  public  ,  que 
de  lui  offrir  aujourd'hui  une  production  à  la  ma- 
nière de  Dorât  où  de  Marivaux.  Quoiqu'on  puisse 
penser  de  la  décadence  prétendue  des  lettres  et 
du  gotît,  nous  devons  dire  que  le  public  repousse 
aujourd'hui  ces  productions  sans  force  et  sans 
I  couleur    :    miaiatures  pointillées  ,   si   l'on  peut 


s'exprimer  ainsi  ,  que  l'on  cjffrait  à  la  scène  quel-, 
ques  années  avant  la  révolution.  Le  public  Veut 
aujourd'hui  des  ressorts  plus  vigoureux  ,  dei  traits, 
plus  m|les  ,  plus  prononcés ,  des  scènes  attachan- 
tes ,  ou  des  situ.itions  comiques.  Ce  n  est  plus 
assez  pour  lui  que  d'être  élégant  et  superficiel  , 
il  faut  êire  énergique  et  vrai  ;  j'en  appelle  au 
Philinte,  aux  Précepteurs  .  à  lEcole  des  Pères, 
au  vieux  Célibataire  ,  ouvrages  dont  chaque  jour 
voit  s'accroître  le  succès  ,  tandis  que  chaque  jour 
achevé  de  détruire  l'enthousiasnne  éphémère  , 
l'enjouemeiit  frivole  qu'ont  inspiré  certaines  pro- 
ductions prétendues  dramatiques,  dont  l'éclat  fac- 
tice ne  fut  dû  qu'aux  caprices  de  la  mode  et  au 
talent  de  quelques   auteurs.     S.  t  .  . 


LIVRES       DIVERS. 

Voyage  de  Sophie  en  Prusse  .  traduit  de  l'allemand 
sur  la  douzième  édition  ,  par  P.  B.  Lamare.  ïioi* 
volumes  »t-8°.  d'environ  i,3oo  pages  ,  caractères 
cicéro  ,  sur  carré  fin  de  Limoges  ,  et  ornés  de  six 
belles  figures.  Prix,  12  fr.  et  16  fr.  par  la  poste.  Le 
même  ouvrage  .  papier  vélin ,  prix  ,  24  fr.  et  î8  fr. 
parla  poste.  Paris,  chez  Poignée,  imprimeur, 
rue  de  Sorbonne  ,  n°.  SSg. 

Ce  voyage  imaginaire  et  sentimental  ,  est  l'ou- 
vrage d'un  curé  protestant  ,  qui  ,  ennuyé  de  voir 
son  pays  inondé  de  romans  corrupteurs,  iinpor- 
tés  en  Allemagne  tant  de  France  que  d'Italie  ,  vou- 
lut, à  Icxemple  de  Richarson  -,  en  faire  un  qui 
tendît  directement  à  l'amélioration  des  mœurs. 
Le  nombre  des  éditions  qu'il  a  eues  en  Allemagne 
prouve  que  son  succès  a  été  très- marquant,  et  quen 
France  la  lecture  en  sera  recherchée. 

Histoire  naturelle  de  la  Rose  ,  par  Guillemeau  , 
jeune  .  médecin  militaire  à  Niort  ;  oià  l'on  décrit 
ses  différentes  espèces  ,  sa  culture  ,  ses  vertus  et 
SCS  propriétés  .  suivi  de  la  Corbeille  de  Roses  ,  oii 
choix  des  meilleurs  morceaux  de  poésie  sur  la 
Rose  .  extraits  d'Anacréon  ,  de  Sapho  ,  de 
Catulle,  de  Pignotti  ,  de  gentil  Bernard,  et 
autres  poètes  anciens  ou  modernes.  On  y  a 
joint  l'histoire  naturelle  des  insectes  ,  qui  viven» 
sur  le  rosier. 

Prix  ,  3  fr.  ,  et  3  fr.  75  cent,  pour  les  dépar- 
lemeds. 

On  a  dré  quelques  exemplaires  avec  figures 
enluminées.  —  Prix  ,  cartoné  ,  5  fr.  ,  et  6  fr.  pour 
les  départemens. 

A  Paris,  chez  Valar- Jouannet  ,  imprimeur- 
libraire,  rue  Cassette,   n''  gi3. 


COURS    DU    CHANGE 

Bourse  du  22  frimaire. 
Effets  publics. 

Rente  provisoire 24  fr.  88  ç. 

Tiers  consolidé 36  fr.  46  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  6s  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr.  yS   c. 

Bons  pour  l'an  8 94  fr.  5o  c. 

Syndicat 

Coupures 81  fr. 

Matières. 

Or  fin  l'once.. ; io5  fr.  42  c. 

Argem  le  marc 5o  fr.  61  c. 

Portugaise  l'once gS  fr.  ;8  c. 

Piastre ....t..  5  fr.  28  c. 

Quadruple ^ 79  fr.  75  c. 

Dacat II  fr.  56  c. 

Guinée 26  fr. 

Souverain 34  fr.  6g  c. 


SPECTACLES. 

Théâtre  ne  la  Republiq_iie  et  des  Art?. 
Aujourd.  relâche. 

Incessamment  l'Oratorio  d  Haydn  ,  intitulé  la 
Création  du  Monde  .  parodié  et  mis  en  vers  fran- 
çais par  le  cil.  Ségur  jeune  ,  traduit  de  l'allemand, 
et  la  musique  arrangée  parD.  Steibelt.  —  Le  prix 
des  places  sera   doublé. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
7J.méo  ,  opéra  en  3  actes  ,  suiv.  de  Lise  et  Colin. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Arlequin  de 
retour  dans  son  ménage  ;  ta  Manie  de  ta  danse  , 
et  la  Revue  de  l'an  8, 

Théâtre  DELA  Cité-Variétés. — Pantomimes, 
Âujourd.  au  profit  des  artistes  de  ce  théâtre  , 
f Elevé  de  la  Nature  ,  papt.  allégorique  à  grand 
spectacle;  l'Amour  aux- Petites  -  Maisons  ou  les 
Fous  hollandais  ,  folie  ornée  de  chants  ;  l'Epreuve 
excusable. 


Labonnementse  fait  à  Paris ,  rue  de,  Poitevin.,  n»  18.  Le  prix  est  de  u5  franc,  pour  troi.  Bioi.,  5o  franc,  pour  6  moi.,  et  loo  fr^nc.  pour  l'année  entière.  On  oe.abonne 
qu'au  commeucemeut  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  le.  leutes  eilargeut  ,  franc  de  port  ,  au  cil.  A  c  A  ss  . ,  propriétaire  de  ce  journ.I ,  lue  de.  Poitevin.  ,  n»  18.  Il  faut  comprendre  dans  le.  envois  le  port  de. 
pays  a>  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lellres  de»  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  (etirce.  de  la  poste. 

Ilfautavoir  soin,  pou.  plus  de  sûre.*,  décharger  celles  qui  renferment  de.  valeur.,  el  adresse,  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  an  rédacteur,  ^e  de. 
Poitevins ,  n*^  i3,depui  sneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cin(^  heures  du  soir. 


A  Pari  t,^e  l'imprimerie  du  ch.  Agisse  v  propriétaire  du  Moniteur,  tue  d«i  Poîievins,  n»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


-AT»  84. 


Qjiartidî ,  ^4  frimaire  an  9  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à  dater  du  7   nivôse  le  Moniteur  est   le   seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notion 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   EUR. 

ANGLETERRE. 

Londres ,  le  6  déc.  (  rb  frimaire). 

JVl.  Scott,  l'un  des  messagers  de  S.  M.,  a  été 
expédié  la  nuii  dernière  avec  des  dépêches  pour 
Vienne. 

M.  Frédérici  est  parti  en  inême-iems ,  envoyé 
par  le  guuvernement  à  l'armée  autrichienne. 

Un  exprès  est  arrivé  à  l'amirauté ,  de  la  part 
du  maire  de  Huit.  L'objet  de  sa  mission  n'a  pas 
encore  transpiré.  Oa  conjecture  qu'elle  a  trait  à 
l'interruption  de  notre  commerce  avec  la 
Russie. 

Il  a  été  expédié  les  trois  cutters  les  meilleurs 
voiliers,  pour  aller  à  la  recherche  de  notre  flotte 
marchande,  qui  se  rend  dans  la  Baltique  ,  et  la 
faire  rentrer  dans  nos  ports.  On  espère  qu'ils  la 
rencontreront  assez  à  tems.  C  est  une  des  plus 
riches  flottes  que  notre  commerce  ait  fait  partir 
pour  la  Baltique. 

Suivant  le  rapport  d'un  capitaine  de  navire 
qui  s'est  échappé  de  Riga  avec  son  bâtiment, 
et  est  arrivé  ici  hier,  sur  les  3oo  vaisseaux  dé- 
tenus comme  le  sien  ,  plusieurs  sont  parvenus 
éj;alement  à  se  sauver ,  et  à  gagner  la  rade 
«l'Elséneur. 

Il  a  été  transmis  à  lord  Keith  des  instructions 
relatives  à  l'escadre  russe  ,  stationnée  dans  les 
Dardanelles ,  et  aux  établissemens  que  cette 
nation  possède  sur  les  côtes  de  La  Mer-Noire. 

Le  silence  de  M.  Pitt  dans  la  séance  où  la  mo- 
tion de  M.  Shéridan  ,  pour  une  paix  séparée  de 
notre  part  avec  la  France,  a  été  agitée,  don- 
nerait lieu  à  penser  que  le  ministère  craint  que 
l'empereur ,  notre  allié  ,  ne  puisse  pas  tenir  sa 
parole. 

M.  Fox  a  déclaré  être  dans  l'intendon  d'aller 
reprendre  sa  place  au  parl«ment. 

Le  club  des  whigs  a  tenu  ces  jours  derniers 
à  la  taverne  de  l'Ancre  et  da  la  Couronne. 
Les  toasts  ordinaires  y  ont  été  portés  à  dîner. 

Il  s'équipe  une  centainie  de  navires  pour  l'Inde, 
dont  moitié  est  destinée  à  nous  rapporter  du 
riz.  Il  leur  est  défendu  ,  pour  plus  prompte 
expédition  ,  de  toucher  nulle  part  ,  à  moins 
qu'ils  n'y  soient  forcés. 

Une  société  qui  s'est  formée  ici  en  faveur  des 
indigens  vient  de  recevoir  la  première  cargaison 
de  harengs.  Elle  espère  pouvoir  en  distribuer 
deux  pour  le  prix  d'un  penny. 

Il  nous  est  annoncé  de  Bengale  une  grande 
quantité  de  chanvre  et  de  lin  d'excellente  qua- 
lité .  et  provenant  de  la  province  du  Béhar. 
Ces  envois  sont  destinés  pour  les  besoins  de  la 
marine  ,  et  ils  nous  arriveront  dans  la  saison  pro- 
chaine. 

Un  ofEcier  et  un  particulier  ,  tout  deux  con- 
finés pour  dettes  ,  l'un  dans  la  prison  du  banc 
du  roi  ,  et  l'autre  à  Newgate ,  ayjnt  obtenu 
simultanément  un  jour  de  sortie  ,  se  sont  ren- 
contrés au  théâtre  de  Drury-Lane  ,  où  ils  ont 
eu  une  querelle  dont  le  résultat  a  été  de  se 
donner  un  rendez-vous  pour  la  vider.  En  con- 
séquence ,  ils  ont  obtenu  l'un  et  l'autre  une 
prolongation  d'un  jour  d'absence  de  la  prison 
pour  aller  se  battre. 

[Extrait  du  Morning-Post ,  du  Times  et  du  Mor- 
ning-Herald.  ). 

INTÉRIEUR. 

Jura-Arbois  ,  1 5  frimaire. 

On  a  tenté  dernièrement,  mais  en  vain  ,  de 
voler  les  paquets  de  la  diligence  de  Strasbourg, 
en  coupant  les  courroies.  Cette  route  est  très- 
bien  surveillée. 

Paris  ,  le  11  frimaire. 

Des  lettres  d'Italie  contiennent  les  détails  sui- 
vant  : 

Le  général  Miollis  a  fait  célébrer  le  4  frimaire  , 
une  feie  funèbre  en  l'honneur  de  la  célèbre  im- 
provisatrice Corilla.  Lacadémie  de  Florence  a 
pubhé  le  programme  de  cettefête. 


Le  s6  novembre  ,  5  frimaire  ,  on  a  fait  l'ouver- 
ture de  l'université  de  Pavie.  Le  rétablissement  de 
cette  école  célèbre  fut  un  des  premiers  soins  du 
premier  consul  ,  après  la  bataille  de  Marengo: 
Le  professenr  Giardini  a  prononcé  un  discours  , 
tel  que  les  auditeurs  devaient  l'attendre  de  son 
talent. 

—  On  écrit  de  Stockolm  ,  en  date  du  3o  brum. , 
que  la  petite  vérole  ayant  fait  des  ravages  cette 
année  ,  le  collège  de  médecine  s'est  déterminé  à 
commencer  l'inoculation  de  la  vaccine. 

—  Le  conseil  de  préfecture  du  département  de 
Lot  et  Garonne  ,  a  expédié,  depuis  son  installa- 
lion  jusqu'au  l'^.  frimaire  ,  époque  a  laquelle  il 
était  à  jour,   i, 386  affaires. 

—  Dans  la  nuit  du  17  ,  la  moitié  de  la  prison 
militaire  de  Strasbourg  a  éié  la  proie  des  flammes. 
Les  secours  ont  éié  très-prpmpis  ,  et  personne  n'a 
péri  :  on  dit  qu'une  dixaine  de  prisonniers  se 
sont  sauvés.  On  ignore  les  causes  de  cet  incen- 
die. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Extrait  des  registres  des  délibérations  des  consuls  de 
la  république.  -—  Paris  ,  le  2a  frimaire  ,  l'an  g 
de  la  république  ,  une  et  indivisible. 

Les  consuls  de  la  république  ,  la  conseil-d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I".  Le  département  de  l'Aisne  fera  partie 
de  la  17'  division  militaire. 

IL  La  17°  division  militaire  prendra  le  nom  de 
I''  division  militaire. 

III.  Les  départemens  du  Pas-de-Calais  ,  du 
Nord,  de  la  Lys,  composeront  la  16'  division 
militaire. 

IV.  Ces  changemens  auront  lieu  à  compter  du 
l"  pluviôse  prochain. 

V.  Le  ministre  de  la  gueri 
l'exécution  du  présent  »fr*ié  , 
au  bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé,   Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 


guerre  e>(  chargé   de 
qtii -«era   inséré 


En  exécution  du  règlement  du  s6  thermidor 
an  8  ,   sur  l'organisation  de  la  marine,   le  corps 
militaire  de  la  marine  ,  est  composé  de  treize  cents 
cinquante  quatre  officiers ,  répartis  dans  les  dilië- 
rens  grades  dans  la  proportion  suivante  : 
8  Vice-amiraux  ; 
16  Contre-amiraux  ; 
i5o  Capitaines  de  vaisseau  ; 
180  Capitaines  de  frégate  ; 
400  Lieutenans  de  vaisseau  ; 
'        600  Enseignes  de  vaisseau. 

Les  officiers  de  tout  grade  sont  distingués  en 
officiers  en  activité.de  service  ,  et  officiers  en  non' 
activité, 

Liste  générale  des  officiers  de  la  ajarine. 
Vice-amiraux. 

1  Thevenard,  Antoine-Jean-Marie.  —  1''  juil- 
let 1792. 

2  Truguet  ,  Laurent-Jean-François,  conseiller- 
d'état. —  G  vendémiaire  an  3. 

3  Villaret-Joyeuse ,  Louis-Thomas. 

4  Martin  ,  Pierre  ,  préfet  du  5«  arrondissement 
maritime.  —  1''  germinal  an  4. 

5  Rosil)i ,  François-Etieohei.—'i^'^  vendémiaire 
an  5. 

6  Bruix  ,  Eustache.  —  s3  ventôse  an  7. 

contre-amiraux. 

Latouche-Tréville  ,  René-Magdeleioe.  Missiessy- 
Ouiès  ,  Edouard.  —  ["juillet  1798. 

Vence,  Jean-Gaspard  ,  préfet  du  6*  arrondisse- 
ment mariume.fiout/«/ ,  François-Joseph.  Velmotle, 
Jean-Louis.  Nielly  ,  Joseph-Marie  ,  préfet  du  i" 
arrondissement  maritime.  Leisseigues  ,  Corentin- 
Urbain.  —  26  brumaire  an  2. 

Blanquet  ,  Armand-Simon-Marie.  Villeneuve  , 
Pierre-Charles-jean-Baptiste-Silvestre.  Lacrosie  , 
Jean-Raimond.  —  i*'  vendémiaire,  an  S,  I 


Terrasson  ,  Jean-Elie ,  chef  militaire  à  Brest. 
Decrès ,  Denis  ,  préfet  du  4»  arrondissement  ma- 
ritime. Courant,  Jean-François.  Berfouf,  Jacques. 
—  28  germinal  an  6. 

Qanteaume,  Honoré  ,  conseillejr-d'état.  —  17  bru- 
maire an  7. 

3ordetin  ,  Alain-Joseph.  —  28  pluviôse. 

(I)  Durand-Linois  ,  Charles-Alexandre-Léon. — 
18  germinal. 

■Durfianoir-Lepelley ,  Pierre-René-MarieEtienne. 
-—  7  frimaire  an  8.  ' 

Capitaines  de  vaisseau  de  i"  classe 
qui  étaient  chefsde  division. 

Marant  Boissauveur ,  Guillaume -Marie  .  chef 
militaire  au  Havre.  Magon  .  Charles.  Bonnefoux  , 
Savarj),  Daniel.  L'Héritier  .  Franç.-Casimir-Louis. 
Letandre  ,  Mich. -Augustin.  Devienne,  Franc. -Guill. 
Cosmao  Kjulien  .  ]u\\er\-M2ni:.  Maistral  .  Esprit- 
Tranq»\\e.  Allemand.  Zacharle-Jacques-Théodore. 
J)oré,  '5fvel-François.  Benoist  JeanFélix.  Daugiet, 
Françots-Henri-Eugêne  ,  chef  militaire  à  l'Orient. 
Coudé.  Louis -Marie.  Castagniet  ,  Jean -jostph, 
Z,«ra>,  Julien,  imancj  Jean-Baptiste.  Vignot.  Jean- 
Françtris.  Mûncousu  ,  Pierre-Augustin'.  Etienne  , 
Jean-Pierre.  Allary,Jose'ph.  —  i"  germinal  an  4. 

Obet  ,  Yves-Louis.  Bompart  ,  Jean  -  Baptiste- 
François.  Lou\s  ,  Etienne.  Morenu  ,  André-Hector. 
Robin,  Pierre -Nicolas.  Christy  -  Palliere  ,  Jean- 
Anne.  Quérangat,  Pierre-M  iurlce-Julieii.  Lecoat 
Sa!ni-Hao««n,"Vves-Marie-Gabriel-Pierre.  Sescond, 
Pierre-Marie. MifA«au,  Joseph.  —  i^'  vendémiaire 
an  5. 

Faye  ,  Antoine-^eah-Baptiste.  —  1"  frimaire. 

Emeriau,  Maurice-Julien,  chef  militaire  à  Tou- 
lon. —  23  nivôse. 

Lavillesgris  ,  Guillaume  -Jean-Noël.  —  Dufay  , 
Henri-Dauphin 1"  messidor. 

Moliny  ,  François  -  Romuald  -  Alexandre.  — 
s   fructidor. 

Trihouart ,  Pierre  Julien.  —  29  frimaire  an  6. 

Villeneuve,  Jean.  -^  14  floréal. 

Gourio. ,    Claude-François-Marie.  —  26  floréal. 

Willaumez  ,  Jean-Baptiste  Philibert. -r-  16  nivôse 
aij  7. 

Eaure  ,  Gilbert-Amable.  —  3  pluviôse. 

Capitaines  de  vaisseau   de    i''   classb 

qui  n'ont  point  été  chefs  de  division. 

Terras  ,  Antoine-Louis.--  1=' juillet  179?. 

LozCoatgourhant,Low-jezn-Toussa'mi.  Le  Veyer 
Belatr,  Alain-JoSeph.  Rondeau  ,  Jacques  Melanie. 
Malés  ,  Louis,  chef  militaire  à  Dunkerque. -^ 
i"janvier  1793. 

Foucault ,  Pierre-Théodore.  Gourdon ,  Antoine- 
Louis.  —  5  février. 

Chtvillard  ,  Paul.  Levêque  ,  Jean  -  Piètre.  — 
8  février. 

Capitaines  de  vaisseau  de  2=  classe. 

Blavet ,  Fiacre-Henri.  Etienne  aîné  ,  François- 
Pierre.   Gillart  Larchantel  Gassen  Yves.  —  8  tév. 

7o^icrj<,Jean-Nicolas.  Mounier. ]acq.^  f  juin, 

Baudvacheres  ,  Jean  -Eortunat.  Lehuby,  Pierre- 
François.  L'H^rmî/ê,  Pierre-Louis.  ^  26  brumaire 
an  2. 

Cornic  -  Dumoulin  ,  YvesrFrançois.  La  Palisse, 
—  Félix,  s  2  nivôse.  , 

Â'Arflm  ,  Joseph-Hacinte-Isidore.  —  24  plu- 
viôse. 

Lacaille,  Charles-Nicolas.  Gouet ,  Pierre-René. 
Trulet ,  Louis-Léonce.  —  10  pluviôse. 

Latande ,  Pierre-Joseph  Darger.  —  3o  pluviôse. 

Cay  ,  Pierre-Antoine.  —  27  ventôse. 

hechelle  ,  André.  —  29  germinal. 

Jn/«rn«< , Louis- Antoine- Cyprien.  Longer,  fac- 
ques-Pierre.  Lahretkhe  ,  Guillaume  -  Marie  Au- 
gustin ,  chef  des  mouvemçns  à  Toulon.  —  i6 
floréal. 

Chambon  ,  Pierre-François.  —  5  fructidor. 
Guillotin  ,  Jean-Louis  ,,  chef  militaire  à  Roche- 
fort.  —  22  fauctidor. 


Gohet-Duchesne ,  Jacques-Sébastien, 
complémentaire. 


jour 


(1)  Le*  vice-anliraux  n'étinl  qu'au    nombre  de  6  au  lieu  <i% 
t  ,  a<lul  doa  caau-oiasiiraux  a  tit  fttti  k  >a  •■  tin  it  it. 


Merlet  ,  Joseph.    Ecubar  ,  Jean  Nicette    Nuii. 
Guillemet,  Fiançois-Charles.  —  2   vendémiaire,' 
Sn  3. 

Raillard  ,    Pierre-Marie.  —  ag  vendejmiaire. 

Leroyer  ,  Pierre-Jacques.  Lebeau  ,  Pierre*Manrfé. 
Legouardun  ,   Louis-Marie.  Henry  ,  Jean-Bapliste. 

—  IS    brumaire. 

Lebrun  ,  Jean-Marie.  —  16  brumaire. 
Laindet-Lalonde  ,    Nicolas-François-Isidore.  -- 
«4  brumaire. 
Dalbarade  ,  Eiienne.  —  29  brumaire. 

Almain  ,  Alexandre-Joseph  Prudent.  —  34  fri- 
maire. 

Montagnes-Laroijue.  —  12  «ivôse. 
Bergevin  ,   Maihieu-Cbarles.  ^  17  nivôsCi 
.Maillard  ■■  Lamorandais  .    Guy-Marie-Hilarion. 

—  24  nivôse. 

VUlemadrin  ,  CharlerrEusebe.  Boisquenay  ,  Guil- 
laume-Théophile ,  chef  des  mouvemens  à  1 0- 
lient.  —  19  pluviôse. 

Valleau  ,  Mathurin  -  Dominique.  Carreau  , 
Pi'erre-Elie.  Meynne  ,  François -Jacques.  Oivien  , 
Michel.  —  21   veniôse. 

Le  Tûruc  ,  Pierre.  Siméon  ,  Gabriel.  Barbier , 
Nicolas,  chef  des  mouvemens  à  Rochelori.  Hubert, 
Jean-Joseph-  —  )5  germinal. 

La  Fàrgue ,  Armand.  —  24  thermidor. 

Le  Bouc  ,  Charles.  —  28  thermidor. 

Mahé  la  Bourdonnais  ,  Louis-Charles.  'Racord 
aîné  ■  Piefre-Paul.  L'AÉrnn'fe,  Jean-Marihe-Adrien. 
fitol,  François-Marie.  Polony  ,  Claude-Vincent. 
Bergeret,ydC(i.  Bourhet,  Pierre.  Gillet,  Fr.  Maurice. 
Làiné ,  Victor.  Thomas,  Guill.  Févrieux  ,  Etienne. 
Castagne,  Fca'içois.  Favie,  Jean-Louis.  Malin, 
Joseph  Piene-Aridié.  Rolland  ,  Pierre  -  Nicolas. 
Lecour  ,  Jean-Baptiste-Ch.irles.  Papin  ,  cadet  , 
Andïi.  Papin  aine ,  Jacques.  Saint-Laurent,  An- 
loine-Pji;rre-Maiie-Alexandre.  Gourrege  ,  Pierre- 
Paul.  Clément,  aîné  ,  Nicolas.  Matagne,  Antoine- 
Alexandre.  Dtperonne  ,  Léonore.  Violette  ,  Pierre- 
François.   —  1"  vendémiaire  an  5, 

Prévôt  Lacroix, ,  Louis-Giles.  —  84  nivôse. 

Renaud,  Jean-Marie.  —  27  nivôbe. 

Le  Mengnonnet ,  Charles-Paul.  Lebesque  ,  Jean- 
It/Urie.  —  8  iheiraidor. 

Trulet  ,  aîné  ,  Jean  -  François  -  Timothée.  — 
II    brumaire   an  C. 

Saunier  ,  Georges.  —  24  .gerinina!. 

Bourde,  Guillaume -François -Joseph.  Martin, 
Claude-Jean.  —  14  floréal. 

Legrand  ,  Jean  -  François.  Florenville  ,  Denis- 
Cynede.  Sibille  ,  Jean-Bapiiste-Hermecegilde.  ^- 
a6  floréal. 

Baudin  ,  Nicolas.  —  17  thermidor. 

Bruilhac  ,  cadet  ,  Alain  -  Adélaïde  -  Marie.  — 
1"  vendémiaire  an   9. 

Richer ,  JeaprBaptisie-Edmond. —  5  nivôse. 

Duplessis-Compadre ,  Giles-Thomas.  iJ/fo/ ,  Ju- 
lien-Gabriel — 16  nivôse. 

Berrcnger ,  Cliarles.  -^  3  pluviôse. 
Barré ,  Jean-Baptiste.  —  17  pluviôse. 
Lnfond  ,  Mathias,  —  s6  germinal. 

Be.iuchot ,  Je3.n-Mcine.  Marie,  François-Michel. 
—  i"  floréal. 


Guyen,  Piere-Thomas. 


fructidor. 


Maistrat .  cadet  ,  Desiré-Marie.   Delarue  ,  Aimé 

—  23  frimaire  an  8. 

Landolphe  ,  Jean-François.   Petit ,  Jean-Nkolas. 

—  i"^'  vendémiaire  an  9.  < 

Capitaines    de    frégate. 

Loquet  -  Duquesne ,  Abraham  -  Louis  -  Alexis. 
Blandin,  Jean  -  Philippe.  Leisseigues  ,  Jacques- 
Bertrand.  Euejïet  ,  Joseph-Jean-Bapiiste.  Peytes- 
Moncabrié  ,  Frinçpis^Henri.  Gaut/am,  Jean  Fran- 
çois-Eloi.  Lautraye  ,  Joseph-Adolphe.  Bruilhac  , 
aîné  ,  Joseph  -Anne  -Joachim.  Fifstel  ,  cadei  , 
Benoit  -  Servari.  Rheydellet  ,  Jean-Jules-Maxime- 
Benoit.  Puillon-ViUeon ,  Jean-Marie-Pascal.  Poi- 
tevin ,  Guillaume-Gaspard-Anne.  FiUol  -  Camus  , 
Jean-Gilles,  jfouranii  ,  Jacques-François.  Maignan  , 
Jean-Bapiiste.  Lepeiit  ,  Joseph  -  Marie.  Louche, 
Pierre -Louis-Probace.  Mamineuu  ,  Joseph.  Allc~- 
tnand  ,  père,  Joseph-François.  Jourcfa»  ,  Jean- 
François-Pierre.'  Coguil,  Yyes.  Chcsneau  ,  Michel- 
JeanAndré.  Gueritant  ,  Jean-René.  Dorré  ,  Martin, 
Jouet  ta  ThuilUrie  ,  Ambroise.  Ripner  ,  Williaras- 
Guiilaumc.  'Bazin,  François-Marie.  Oré  ,  Jeah- 
Poirnain.  Ricj  ,  Pierre  -  Alexandre.  Houraynt , 
César-Joseph.  Lejaulne,  Gcoigc-Pierre-Guillaurae. 
Tro-nde  ,  AL'nat)le-Gilles.  Coudein  .  Jean-Daniel. 
Mequet  ,  Hugues  -  Olivie'r.  Canon  ,  Antoine, 
Sçolan_,  Roland.  Mes  lier ,  Charles-René.  Léonard, 
Jgcques.  Jourdan,  BanirelemyTPierre.  .  Guîomar, 
Pierre  -  Hyacinthe;  -Lemaitri-  ,  julien  -  Bjstien. 
Tarjuam  ,  Jean-Baptiste-A«guslin.  Biaisât,  Alexis. 


Aucam  .  Joseph.  Bernard  ,  Joseph.  Lcbigot  ;  Ar- 
mand-François. Billard,  Jean  Baptiste.  Débec  , 
Joseph.  Mahé  .  Joseph  -  Fr;uiçois.'  Vrignaud  , 
Josepb-Marie.  Montalan  ,  AntoineMarie-Fian- 
çois.  Savoy  .  Pierre-Réné.  Gandin  ,  Camille- 
Chailrs-Alexis-  Girnrdias  ,  Joseph  -  Maurice. 
Bouriin  ,  Antoine.  Ledrexenec  ,  Jean.  Leboxec , 
Pierre -Maiie.  Forestier,  Matiiri.  tradin  ,  ]tzn- 
Bapiiste-Alcxis.  Cahoureau  .  Louis-Josepb.  Bcrard, 
C'iuide  -  René.  Hamel  ,  Jean -J  cques -Joseph. 
Doiouville,  Jacques  -  N  coins,  //og-wez  ,  |.iciiues. 
/i!/y/uii«rf/,  Jose))li  -  Louis.  Jacob,  Loui?  -  Léon. 
i«/iûu.\  ,  Joseph.  Long,  Gaspard-Jacquesi,  Oinnts  , 
Nicolas.  Confoulens  ,  ]t:a't>.  Soleil,  Elconor-Jean- 
Nicolas.  Pourqmer  ,  Honoré.  Bourdet,  Charles- 
Louis.  G(2i7if'iri( ,  Jean-Marie.  Toiii/c/o*,  Jacques- 
Clément.  Magendie  ,  Jean  -Jacques.  Allemand, 
.Is,  Joseph.  —  i^'' germinal  an  4. 

Saignel ,  Gaspard,  Donnwal ,  Julien.  Legros  , 
Jean-Pierre.  Bedel  du  Tertre ,  Augusnn-Maiie- 
Fidele.  Brouard,  Gabriel-Auguste.  Billiet  ,^\mo\i. 
Nouvel.  Pierr-e- Michel.  Re>?iau(i  ,  Jean  -  Ignace- 
Marie.  £p7-on  .Jacques.  Bcrnarrf  ,  François.  Gra- 
mon  ,  Jacques.  Coudre  la  Coudrais  ,  Philippe-Jo 
seph.  Giraudeau  ,  Charles-François.  Hoj/ein  ,  Jean. 
Preniou/ ,  Jean-Pierre.  Brvn,  ]tàr.  Pichot ,  Sebas- 
tien-Louis-Marie. Croizé  ,  Jean  François.  Leduc, 
Amand.  Du/)/Mi!x,  Louis  François-Pierre.  Massart, 
Nicolas.  Passart ,  J.- an-François-Guillaume.  Des- 
landes, Alexandre.  Héron,  Jean-Paul.  Slandelet , 
Pierre -Jean.  Bargs^u  ,  Jean -Pierre.  Mamineau  , 
Guillaume-Marie.  Têni/i^e  ,  Jean-Pi;rre.  Delouche  , 
Etienne.  Thomas  ,  Joseph  -  Louis.  Veshayes  , 
Charles.  Delacoste ,  Louis-Augustin.  Lacouture , 
Marie-Anioine.  L«f«//i«r,  Jean-Marie.  Chasseriau  , 
Jean.  jfu/îVn  ,  Joseph  -  Marie.  Lenouvel  ,  l'ievie- 
Mathurin-Joseph.  Dumontier,  Augustin-François. 
Bertrand  ,  Jean-Etienne.  Brtlel  .Jacques-François- 
Ignace.  Henry  ,  Anloin,e.  Paumier  dit  Beaudiamp , 
Louis-Patrice.  —  l^'  vendémiaire  an  5. 

Martinet , Pierre-Joseph.  lîocAef ,  Jean.  Hamelin 
Jacques-Felix-Emmanuel.  —  1"  frimaire. 
Descormiers  ,  Nicolas- Antoine.  —  24  nivôse. 
Barreault ,  Michel-Pierre.  —  8  ventôse. 
Denieport  ,  Gabriel.  —  14  floréal. 
Martinencq  , Jules-François.  —  i"  messidor. 
Mdssot  ,  Jean-Louis.  iS  thermidor. 
Lenctrel  aîné  .  Jean-François-Piene.  Dumoncelte, 
Guillaume- Charles-Jean.    Renaudeau  ,    François. 
Le  Bduleiller  ,  Jacques ,  Louvel ,  Auguste-François. 
^-  2  fructidor. 

Levêque ,   Charles.  Robert,  Pierre.  —    12  ven- 
démiaire an  6. 

M<?7igrar(i,  Jean-Pierre-Gabriel. —  11  brumaire. 
Le   Rouueau  Saint-Dridan  ,  Maurice-Sébastien. 
24  brumaire. 

Belamy  ,  Charles-Henri.  —   2g  frimaire. 
Stnez  ,  .André.  —  i3  nivôse. 
Kegnault  ,  Jacques-Mathieu.  —  i3  veniôse. 
BeauUeu  ,  Morel-Claude-Pascal.   Mo/ard  ,  Léo- 
nard-Bernard.—  14  floréal. 

Allain  ,    Jean  François-René.    Duranteau ,  Ro- 
main. —  26  floréal. 

Segond  ,  Adrien-Joseph.  —  i"  prairial.  _ 
Hubert  ,  Paul-Mathieu.  —  12  prairial.  * 
Bergoeing  ,  François.  —  26  prairial. 
Jurien,  Pierre-Roch.  Moras ,  Gaspard.   4  mes- 
sidor. 

Guignace  ,  Pierrç-Léon.  —  i3  messidor. 
Senequier  ,  ]e3n.  —  i3  thermidor. 
Giiichard  ,  Charles-Tropti  —  17  brumaire  an  7. 
Maznjon.  Jacques-Remi.  —  19  brumaire. 
0«!//«  ,  Jean-Baptiste.  —  29  frimaire. 
Poulain  ,  Jean-Baptisle-Joseph-Remi.  —  8  ni- 
vôse. 

Lamarre  la  Meillerie ,    Louis-Charles-Auguste. 
; —  3  pluviôse. 

Dordelin  ,  Louis-Auguste.  BruiUac  ,  Guillaume- 
Bon-Pierre.  —  aS  germifial. 
Touffet ,  Claude.  —  12  floréal. 
Fauz/ma  ,' Joseph.  — 28  prairial. 
Ravin,  Prosper -Joseph,    Leg^roj  ,   Guillaume- 
François.  Lucas  ,  Jean-Jacques-£tienne.  —  2  ther- 
midor. 

C/crot ,  Jacques-François.  —  27  lbert«idor. 
CAai«rt,  Victor.  —  g  fructidor. 
Diiclos  Guyot ,  Jean-Auguste.  —  19  fructidor. 
Roustan  ,  Henri-Louis.    Oletta,   Silvestre. —  27 
fructidor. 

Prc^eau,  Guillaume-Marcelin.  Chaumont  Quitry, 
Jacques-Guy-Georges-Henri.  ^T^2  vendémiaire  au  8. 

Gueguen,  François-Sebastien. —  27  veriJemiaire. 

Prigny  ,  Maihieu-Paul-Louis-Aimé.  7  frimaire. 

Jugan  , -Nicolas.  — aS  frimaire. 

Quicysse  ,  Pierre.  ^-  27  frimaire. 
^  Donnqdieu  ,  Guillaume.  Moi  eau  ,  Gabriel-Anne- 
Marie.  Rouvier  ,  François-Gaspard.  Roux  ,  aîné  , 
Jeap.  Ali7/£«t,Pieire.  Lebas  Sainte-Croix.  Morand, 
Pierre-François.  —  i"  vendémiaire  an  g. 


LlEUTENANS     DEVAISSEAU. 

Desmonlils  ,  Réné-JacqueSïMenri. —  17  octobre 

78g. ■'   '^ 

Courdouan  ,   Honoré  Ciprien.   Kséré ,  Nicolas- 


Marie-Daniel.  Duceltitr  ,  Jean-Baptiste  ,  sous-chef 
des  mouvemens  ,  à  Nantes.  Aycard  ,  Jean-Bap- 
tiste -  François  ,  sous-chef  des  mouvemens  ,  à 
Toulon.  — '  1"  janvier  1792. 

Tnhier  Kervarec  ,  Julien.  Teilinid  ,  Lpuis-Jçaii. 
Toulouzan  ,  Balthazar.  —  l'^  juillet. 

Tarreau  ,  Jean-Laurent,  sous-chef  des  mouve- 
mens ,  à  Biest. — -26  octobre.    ' 

layeau  ,  Pierre.  —  Mars  i7g3. 

Z.(V//«r,  Joseph-Jacques. LacA<jna/(!.  Pierre-André. 

—  avril. 
Roger,    François.    Desnoyers,  Emmanuel-Tho- 
mas-Vincent. Cambernon  ,  François-Michel  Guil- 
laume. Poirier  .Jean-Jacques.  Savnl-Ouen  ,  Barthé- 
lémy-Alexandre. —  7  mai  1793. 

Lemonnier  ,  Jean-Louis-Jacques.  Nozeran  ,  Jean. 

—  6  juillet. 

iîousjeau,  Jean-Baptiste- Augustin. —  i5  août. 

Thibeault ,  Louis-Antoine.  Gauthier  ,  Charles- 
Louis.  Legras  ,  François.  Pigeon  ,  Louis-François. 
Segoing ,  François.  Oré,  Joseph-Bernard.  Lévêqut  , 
Jean-Heuri.  Dantoine  ,  Louis-François.  Bonavie  , 
Jean-Bapjtiste.  .^-  1"  septembre. 

Kohant  Tortay  ,  Jean-Baptiste-Joseph.  Bouton  , 
Jean-Alexandre.  Barere  ,  Jean-Philippe.  Dehen 
Nicolas  -  Philippe.  Rebours,  François  -  Etienne  ,  . 
sous-chef  des  mouvemens  ,  à  Brest.  Rabasse  , 
Etienne-François.  Desplanches  ,  Patrice.  Arnous  , 
Joseph-Hypolite.  CAafcjze  ,  Jean-Baptiste.  Bachelo(  , 
Pisrre.  Robin,  Louis-Pierre-Marie.  Ga^ ,  Pierre. 
Gueroutl .  Charles  -Jean  -  Antoine.  Lereverand  , 
Charles-François.  Laronde  ,  Joseph.  —  a6  biu- 
maire  an  2. 

Bonamy  ,Eusiache  Marie-Joseptr.  —  «2  frimaire. 

Ccimbon  ,  Pierrre-Philippe. -^  i?'' nivôse. 

Ohet ,  cadet,  Jean-Marie.  Leperu  ,  Jean -Bap- 
tiste-Noël.—  3o  nivôse. 

Barnetche  ,  Jean-Baptiste.    Constantin,  Jacquej- 

—  1"  pluviôse. 
Lhuissier.  Louis- Antoine-Joseph.  —  7  pluviôse. 
Dandicolle  ,  François.  Beaudouin  .  Henri.  Pluket, 

Pierre-Edouard.  Lambert,    Alexandre,    ûllivier , 
Louis.  —  24  pluviôse.   " 

Alliés  ,  Etienne-Charles. —  26  pluviôse; 

Le    Crosnier  ,  Jean-Baptiste.    Menard  ,   Pierre. 
Constantin,    Pierre-Joseph.  Constantin  ,  Joseph- 
Simon  -Joachim.   Bourgoin  ,  Alexandre.    Lucet  ,' 
1  ainé-Joseph-Antoine.  Vatel ,  Pierre.   Bérlier jeune  , 
I  Jean-André.  Lavaud  ,  Jean-Joseph-Michel.  Fradin 
I  aine  ,  François-Mathutin  -  Nicolas.  Pillet,  Louis- 
Gabtiel.   Beaudouin  ,  Louis-Alexis.    —   j'^  ven- 
tôse. 

Anget ,  Jacquçs,  —  3o  ventôse. 
Gois    aîné  ,  Arnaud.    Chevalier  ,   Antoine.  —  «3 
germinal. 

Frère  aîné  ,  Raimond-Charles.  —  aS  germinal. 

Pagelet ,   Michel-François-René  —  «6  germinal, 

Jollais  ,  Marie-Claude.  —  i"  floréal. 

Baron  ,   Clément.  ^-  8  floréal 

Ménagé,  Louis.  -^  9  floréal. 

Caltens,  Pierre-Jean.  Big^eau// ,Yves-Marié-Louiï. 
— ^  27  thermidor. 

Mondelot  ,  François-Alexandre.  —  9  fructidor,  ■ 

' Champûgnac  ,  Jean-Pierre.  —  ag  vendémiaire, 
an  3. 

Obet  aîné  ,  Arthur-Yves-Laurent.  —  12  brut 
maire. 

Collet  ,  Robert-François.  —  26  brumaire. 
Angot  ,  Jean  Tranquile. -^  7  frimaire. 

Jacques ,  jcan-Bapùsie.  —  10   frimaire. 

Petit,  Ciaude-Adré  ,  sous-chef  des  mouvemens 
à  1  Orient.  —  i3  frimaire. 

Charrier  -Lacroix  ,  Jean-Baptiste-Louis.  — 14. 
.frimaire. 

Villaine  ,  Marc.  Bonnie  ,  Bertrand.  OrcenaUx-, 
Jean-Baptiste.  Ta/on  ,  François  Bienvenue.  Ptrrte, 
Louis,  flacAe/oi ,  Jean-Bapi:iste.  Bonamy-,  Robert. 
—  18  frimaire. 

Dalbarade  ,  Jacques.  Lemoiru  ,  Charles.— :,S9 
frimaire.  .(.i, 

Biron  ,  Jean.  Deniay,  Pierre-Anfoine-Tôussainf. 
Chasseriau.  François  -  Vincent.  Delœuil ,  Jean- 
Etienné-Charles.  Le  Fée ,  Guillaume  Marie.  Juae//, 
Pierie-Jean.  Lanaspeze;  Jean.  Peridier ,  ]ein-A\e-x.. 
Dasnier,  Augusiin-Chàrlés.  Làmi'OiiJ',  Bernard. 
Ganitchaud  ,  Louis.  5«g'«»  ,  Jérôme.  Groignard  , 
Hcnri-A'Uoine.  Bouvier,  Pierre-Barthelemy.  Bas-. 
■jztî/.Jean-Baptiste-VJCtor.  Yillaert,  Çharles-Betioît- 
Constantin.  —  i"  nivôse. 

Galtier  Labrosse  ,  Louis-Paijl.  L(  B^oumois  ,  Lau- 
rent-François. —  3  nivôse. 

Ra^.  René-Guillaume. —^  12  nivôse  an  3. 
Grodlschilling,  Bernard.  —  18  nivôse 
Deshayes  ,  Pierre-Arnoult.  —  22  nivôse. 
Ca/f  es  ,  Jî-an-Marie. -— 24  nivôse. 
Landry,  François-Thimoihée.  —  11  pluviôse. 
Marette  Dessaun  ,  Jacques-François-Reué.  —  if 
pluviôse. 


i 


535 


.  Le  Maresijuier,  Jean-Ftan^oh.  Joye,  Et!cnn,e.  — 
sS  pluviôse. 
.  Gabet ,  Benjamin-Jean.  —  28  pluviôse. 

Jayet ,  Antoine.  ~  18  ventôse. 

Tourneur^  Laurent.  Maignein  ,  Guillaume. —  21 
ventôse. 

Draveman  ,  George-Henri.  —  sS  germinal, 

Dumesnil,  Pierre-Nicolas.  Gourrifi ,  Mailiieu- 
JosephCasimir.  —  1''  floréal. 

'  Micheton,  Claude-Louis.  Kdrnin  ,  Jean-Bàpiiste- 
Touss.  Gu^omar,  Pierre-Seivan-Olivier.  Kdrai'tt  , 
Maihurin.  Gréban  ,  Maiie-Jacques.  Gu!7/i;i  ,  Pierre. 
Le  Aetrel  .jacques-Gdhoel.  —  14  Qoiéal. 

Renaud^Jiith^iel.  Le  Marant  Kdaniel ,  Gabriel- 
I^iienne-Louis.  Tourneux ,  Jcan-Aïuand.  —  28 
.flpréal. 

Louis ,  Jean-Baptiste.  Pettier,  François-Marie.  — 
i3  messidor. 

Lucas,  Jean-Marie.  Fournier,  Antoine-Josepli- 
Maiie.  sous-c^ief  des  mouvemehs  à  Bresi.  — 28 
messidor. 

Rouden  .  Biaise-Innocent.  —  8  vendémiaire  an 4. 
Denis  ,  René-Jean-Marie.  —  4  brumaire. 
Dornaldegiiy,  Jean.  —  5  brumaire. 
Le  Blanc.  Sébastien.  iîourii^fAon  ,  Jean- Malhias 

—  27  Frimaire. 

Willaumez  ,  Etienne-Josepji.'  Guichard  ,  Etienne, 
-r  28  pluviôse  .m  4. 

r«r<ireaii .' Guillaume-Joseph.  Dubourg,  Michel- 
Augusiin.  Dillais  ,  Pierre-Jo-eph,  Dufour,  Fraoç.- 
Louis  -  Nicolas.  Lamendour,  Barnabe.  Rouvier , 
Charles.  Barbot,  Jean.  Chapellicr,  Jean  -  Marie. 
Jîmajjon  .-Jean-Marie.  Lehir  a'mé  ,  Laureni.  Mo- 
risson ,  Jacques-François.  Duval,  Fr:inçois-Nicolas. 
Sarrazin,  Marti.il-Hector.  Gagny .  Philippe-Gabriel. 
Ayreau  .Jean.  Denis  ,  Julien.  Dubois  ,  Louis-Jean. 

—  6  ventôse. 

Lecar/>£n(7£r, Jean-Martin  Michel.  Briard,  Fran 
çoiis.  Lugan  ,  aine  .Jean-Joseph.  Fourré  ,  iroistème 
frère  ,  Lonis  François  Hr  cioi.  Boitnnrd  .  Frai:çois. 
Margoli-Saniet  ,  Pierre  Jeau-Baptisi  .  Lcvenard  , 
Guillaume.  Leoroi ,  Louis  Benoist.  OHcrf,  Pierre. 
Cordier  .  Joseph-Marie-Eramanueh  Conor, Jean- 
Louis.  Lavanne  .  Pierre.  Coireau  ,  Fiançois.  Prod- 
Honime  ,  Felix-François.  Varin  ,  Pierre-Desiré 
Bojenval  .  Lonis-Marie.  Solminihac ,  Louis.  Ber- 
ihelin  ,  Mathuriri-Théorlore.  Bouvet,  Henry, 
Carrel  ,  Jean-Baptiste.  Rohan  .  Jacques  Terrio't  , 
.CharlcS-FrançoiS.  iv^flui,  Pierre.  Coquet,  Charles- 
Nicolas.  Magon  ,  MjIo.  Delage  ,  Michel.  Béens  , 
François-Loui».  ConiczV  ,  Gui  II.  Nazereau,  Louis. 
Moreau  ,  Jacques.  Racord  ,  Augustin  -  Michel. 
Guien  ,  Honoré-Maxime.  CalLoch ,  Jean  Marin, 
Tustet  ,  Joseph-Marie.  Fargener  ,  Jeari-Matibieu. 
Andrieux  ,  Jean-Baptiste,  iefcaj/ani  ,  Jean-Marie- 
Pierre.  Defiennes  ,  Jean-Marie  Samson.  Durand  ,. 
Jacques-Joseph  Kgarion  ,  Achille  Jacques-Joseph- 
Marie.  Maujouan  ,  Joseph-François.  Milihus  , 
Pierre  Bernard.  Ulliac  ,  Ange-Gabriel-Eiienne- 
Placide.  Tset  ,  François-Paul.  Dot  ,  Joseph-Jean- 
Baptiste.  Daudignon  ,  Joseph-Gabriel.  Salvy,]tan- 
François-Hypolile.  Legros  ,  Jean-Pierre.  Simian  , 
Jacques-Alexandre.  LfpeUetier,  François-Jacques- 
Michel.  Pourquiet  .  François.  Légué,  Julien- 
Eiienne.  Menuet ,  Pierre.  Voisin  ,  Charles-Pierre, 
D'dé  .Joseph.  Joannenc  .  Pierre  Arcade.  Cousin  , 
Jean-Roland.  Taupiet ,  Pierie  -  Isaac.  Ravin, 
Ftançois-Vallery-Louis.  Caillnbet ,  ¥'\eiie.  Lnfte  : 
Pomirrique.  Bayer ,  Joseph-Etji-nne.  Papineau  , 
jierre-Hypolyte.Rûuijeflu,  Bemard-Louis,  Frichet, 
Joseph-Jacques.  Rivet,  François,  L'Ecolier ,  }ean- 
Bapiiste-Louis.  Langlois  Jean  -Jacques  -  Judes. 
: —  1"  germinal. 

Rejou  .  Jacques.  Levasseur  ,  Pierre-Amand. 
Jiadreau  ,  Augustin.  Taillard ,  Yves-François. 
Moizeau  .  Jacques.  Jacon  aîné  ,  Félix-Esprit.'  Si- 
mipt  ,    Etienne-Stanislas.    Coupé  ,   Jean-Baptiste. 

—  1"  frimaire   an  5. 

Croquevielle  ,  Pierre-Louis-Gaud.  Legolias ,  }u- 
lieii-Marie.  —  12  nivôse. 

Pûupard  ,   Léonore-Viclor.   —  23  nivôse. 

Delcambre  ,  Louis-Joseph.  Leloin  ,  Pierre-Louis. 
Tanisson  ,  Jean-Baptiste.  —  24   nivôse. 

Lafosse  ,  Jean-René.  —  27  pluviôse. 
.  Passart ,  Julien.   —   19  ventôse. 
1-jDufoiirg,  Roger.  —  24  ventôse. 

Jnnsen  ,  Mathieu-Antoine.  —  4  germinal. 

Epron  ,  Louis-Jacques.  —  29  germinal. 

Trobriand  ,   François-Marie.  —  1"='  floréal. 

Duthoia  ,  André-Marie.  Varroc  ,  Thomas-Pierre- 
Fraiiçois.   Meuron  ,  Augustin.  —  14  floréal. 

Delanoue  ,   Luc.  —   26  floréal. 

Legolias  ,  Desitc-Guillaume-Marie.  Degrave  , 
Jean-Anioipe.  Moreau  ,  Jacques.  —  29  floréal. 

Lullin  ■  Nicolas-Maihurin-Eiienne, —  ig  prairial. 

Martin  ,  Clément.  —  «5   prairial. 

Penaud  ,  Pierre.  7-   5  messidor. 

Cncnult  ,  Raymond.    —   10    messidor. 

Bellenger  ,   Jacques-François.  —  19  messidor. 

Surmen  .  Jgiepb.  —  ti  messidor. 


Julien  ,  Michel-Hector.  —  29  messidor. 
CAauMri  ,  Jean-François.  —  11  thermidor. 
Morin  ,  Louis-Guillaume.  i)£//a>«  ,Joseph-Marc- 
Anloine.  —  28  thermidor. 

Lehoucker  ,  Clair-Picrn-Amoinc.  Bnrhet  ,  Fran- 
çois. Fa/Zec  ,  François-Clair.  Alû»e/,  Pierre.  -  2 
1  r  u  c  I  i  d  o  r. 

Mulet  ,  Charles-Julien.  Lncarriere  ,  Anfoiiic- 
Desiis.  —  3  fiuciidor. 

Porin  ,  Jacques-Claude.  Brun  .  François.  —  i  1 
brLmare  an   6. 

Olliveau  sine  ,  Julien-René.  —  25  frimaire. 
Fourré   cadet,  Charles-Auguste.  Faurnier .  Fui- 
cran.    ColliU  ,  Jcseph.    Leboucher  ,   Jac(jues-Marc 

—  29    tiimaire. 

Ruault  ,  Jacque?.  Fabre.  Pierre-Marie.  —  9  plu- 
viôse. 

Duvair,  Jean-Pierre-Benjamin.  —  |3  ventôse. 

Vidal.  Antoine.  Laffon  »  Jean.  Eydoux  ,  Jean 
Joseph-Félix  ,  —  27  vcniôse, 

Chaunay  Duclos,  Charks-lacques-César.  Lcfée  . 
Ch.iiles-François-Nicolas.  Vienet  ,  Jean-Baptiste. 
Saunier,  Antoine.  Charabot  ,  Anloiiie.  Gaultier, 
André-Louis.  —  24  gerininal. 

Du^in  ,  Jean-François-André.  —    14  floréal. 

Louvel,  Gilles.  Afou»u>^, Jean-Baptiste- Anselme. 
Classan.  Asraus.  Jrégomain  .  Godcfroy-M.aiie- 
Guillaume.  Hamon,  Joseph-Pierre-Marie,  tlatgan  . 
Emmanuel.  ^otii!«7-(i  ,  Jean-Maric-E'Iouard.  Gro- 
leau  ,  Jean.  Thibaudeau  ,  Jacques- Aimé-Marie.  — 
26  floréal. 

Calloche  ,  Julien  -  Michel  -  Augustin  -  Sjmuel. 

Labbé Lezingant, ioseph-Mar\e-'A\sy.\s.  Rullautt . 
Jean  -Jacques.  Calaman  ,  Joseph  -  Thérèse.  —  3 
prairial. 

Guérin  ,  Honoré-Bruno.  — -  ta  prairial. 

Boutet ,  François-Marie-Philippe.  —  26  prairial. 

Jf/ïe//,  Jean-Urbain.  Hubac,  Louis-Marie-Théo- 
phile.—  4  messidor. 

Roquebert  ,  François.  G-emon  ;  Jean-Baptiste.  — 
i5  thermidor. 

Hurtel  ,  François  -  Augustin.  OUiviei  ,  Louis- 
François.  —  6  fructidor. 

Lamarre  ,  Jean-Victor.  — 22  fructidor. 

Gautier.  Jean-Marie.  —  3'  jour  complémen- 
taire. 

Rapon  ,  Honoré.  Venel ,  Jean-Baptiste-Jérôme- 
Léppold.  —  5  biumaire  an  7. 

Guigon  ,  Bonaventure.  —  17  brumaire. 

Ricard,  Feiix-Jean. —  19  brumaire. 

Sat;«,  Josrph-André. —  l''  frimaire. 

Lahalle  .  Pierre-Nico'as. —  i5  frimaire. 

Dumonard  ,  Jean.  Levenu  ,  Jean-Baptiste.  —  29 
frimaire. 

Corby  .  François.  Guignîer,]ean-Fxançoh.Frouin 
Michel  -  Augustin.  Poties  Lahoussaye  ,  Robert-' 
Thomas.  —  i5  pluviôse. 

Saint  Faust  ,  Jean-Jacques. —  5  ventôse. 

Valtier  ,   Anioine-Melchior.  — 9  ventôse. 

Le  Gonirfcc,  Nicolas.  Bru?i«f,  Charles. —  sS  vent. 

Caro  ,  Vincent.  —  29  gertoinal. 

Faucon  ,  François-Marie.  —  l''^  floréal. 

Gayroaj-d  .Thomas.  —  17  prairial. 

Quantin,  François-Henri-Jean.  —  18  prairial. 

pesfossés  ,  Jean-François.  P(;n'er,  Jacques- Y v,es. 
Gicquel,  Pierre-Guillaume.  Patierne  ,  Fidèle.  Dau- 
bigny,  Joseph  Augustin.  —  28  prairial. 

Baudin  ,  François-André.  —  8  messidor. 

Piet ,  Zacharie-Servan.  —  24  me,«sidor. 

Régnier,  Eramanuel-René-Pierre.  Arqué,  Michel. 

—  1''  thermidor. 

Levasseur.  Jean-Jacques-Frar.çois.  Bouyer,  Jean- 
Baptiste.  —  2  thermidor. 

Jourdannet ,  Jean-Charles-Médard.  —  3  ther- 
midor. 

fiji/ZioTî,  Alexis.  Pelabond  aîné  ,  Jean-Pierre.^ 
4  thermidor. 

.^gajje ,  Noël-Joseph.  —  12  thermidor. 

Gelez,  Claude-Antoine.  —  19  thermidor. 

Bo!ij;i.  Jean-Baptiste.  —  7  fructidor. 

Mallet .  Stanislas.  Candon,  Nicolas-François.  Le 
Coat  Kveguen ,  Gabriel-François-Matie.  —  '8  fruc- 
tidor. 

Girault ,  Jeân-Màrie.  —  ig  fructidor. 

Reybaud.  Honoré-François.  Fouque  ,  Pierre-Va- 
lentin.  —  22  fructidor. 

Raou/,  Joseph-Français.  —  4'^jour  complémen- 
taiie. 
Descorclies ,  Henri — .  14  brumaire  an  8, 
G«J(au^  ,  Joseph-André.  —  27  brumaire. 
Chapus  ,  Louis.  —  7  frimaire  an  8. 
Bi'o/ ,  François.  — '    19  frimaire. 
Cabal  ,  Antoine-Alexandre.  —  27  frimaire. 
Ganteaume  ,  Joseph-Antoriin.  —  5  ventôse. 
Hulot-Gury.  —  29  gtrmina'. 


Girault,  Charles-Bcrtrap.dLouls.  —  7  florcaî. 
Colomb  ,  Christophe,  liaste,  Pi.-irc.  —  27  Qoréai. 
Perrigny.  Piniem.  Cluviii.  .  Eiasmc  -  Anioiiie- 
licinard.  Pw/iicr  ,  Charles  -  François.  Poisson, 
ienn-Mjiis.fJorir^oin.  Etienne.  Palasne-Ckampcaux. 
/allm  ,  Jean-  Baptiste-Benoit.  Debergue  ,  Jo^cl)ll. 
Vlalingre  ,  Michel- Philippe.  Leraudiin.  Hodonlt  , 
:an.  Roustan,  Jean-Bjpiisie.  Luhreton  ,  Bernairl- 
■-■an-Marie.  Jocc;<;.  Pi/orc.  Lanfiity. —  !«'  yendc- 
niaire  an  g. 

(  La  suite    demain.  ] 


MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Extrait  de  la  lettre  du  préfet  du  département  de  tu 
Loue  Inférieure  ^  en  date  du  i  frimaire,  au  mi- 
nistre de  l'intérieur. 

Le  17  brumaire  ,  jour  de  Touragan-,  cinq  per- 
sonnes rcmoîuaitnt  la  Loire.  Elle  était  tcès-mau- 
vaise  :  le  vent  était  impétueux,  leur  canot  était 
.'lêt  à  chavirer,  et  elles  allaient  infailliblement 
être  eng!cuiies  dans  les  flots  .  lorsque  deux  ieunes 
,^ens  de  l,r  Chapelle  Basse-Mer .  les  Hulcau  îrtres  , 
qui  lemontaient  également  la  rivière  .sont  témoins 
du  danger^  qui  les  menace  :  ils  oublient  qu'en 
cheichani  à  les  secourir  ils  vont  le  partager;  ils 
ne  consultent  que  leur  courage  ,.  et  ils  dirigent 
leur  bateau  vers  celui  ilont  la  perte  est  ceiiaine. 
,\piès  mille  efforts  que  la  fureur  des  flots  rend 
souvent  supeiflus,  ilt  parviennent  enfin  aies  arra- 
cher à  la  mort  ,  et  ils  atieiyneiu  le  rivage  ,  où  ces 
-généreux  libérateurs  reçoivent  les  embrassemcn.î 
et  les  témoignages  de  la  plus  vive  reconaaissauce. 

C  O  N  S  E^  I  L    D  E  S    M  I  N  E  S. 

Fin  du  discours  du  conseildesmines  lors  de  l'ouverturi 
des  cours  et  de  la  distribution  des  prix  ,  .le  28 
brumaire  an  g  ,  en  présence  du  ministre  de  t'inlé- 
«eneur(paiinterim.)  (Voyez  les  N.  68  et  83. 

4°.  Des  principales  mesures  prises  par  le  gouverne- 
ment en  faveur  de  cet  établissement. 
Il  nous  reste  à  faire  connaître  les  efi'orts  que  le 
gouvernement  a  faits  pour  les  progrés  de  cet  éta- 
blissement ,  malgré  la  difficulté  des  circons-- 
tances. 

1°.  Un  de  ses  plus  grands  bienfaits  est  d'avoic 
rendu  à  leurs  travaux,  des  ingénieurs  etj  des 
élevés  qui  étaient  sujets  à  la  réquisition  ou  à  la 
conscription. 

2°.  Une  grande  partie  des  minéraux  rassemblés 
par  les  soins  du  conseil  ,  faute  de  place  ,  ne 
pouvait  être  exposée;  d'après  les  ordies  du 
ministre  de  l'intéiieur,  de  nouvelles  salles  ont 
été  disposées,  des  armoires  ont  été  construites, 
et  ,  au  moyen  de  quelques  travaux  ultérieurs  , 
une  nombreuse  suite  de  minéraux  ,  rangée  par 
ordre  de  dépariemens.,  sera  ir.cessa.-nmeiu  ofieite 
aux  regards  du  public. 

3°.  Le  Journal  des  Mines  depuis  long-tems  était 
suspendu  ;  le  ministre  l'a  compris  dans  le  nombre 
des  ouvrages  dont  il  a  ordonné  de  reprendre 
1  impression. 

5°.  Des  mesures  proposées  pour  rendre  cet  établisse- 
ment utile. 

Plusieurs  mesures  générales  et  importantes  , 
tiiopresà  rendre  cet  établissement  plus  utile  , 
sont  déjà  soumises  au  gouvernement.,  tels  que 
le  perfectionnement  des  lois  relatives  aux  mines 
et  tjsines  ;  une  organisation  de  son  aaministranon 
qui  doit  rendre  son  acdvité  plus  rapide  et  plus 
uitile;le  placement  dans  les  départeraens  d  un 
plus  grand  nombre  d'ingénieurs  staiionnaires  ; 
ctilin  ,  l'orgaiiisaiion  de  l'école  pratique  ,  ordon- 
riée  depuis  cinq  ans  ,  et  non  encoie  établie  i 
école  indispensable  aux  éleycs  des  minés  ,  qui  ne 
peuvent  mettre  en'  pratique  les  préceptes  théo- 
riques qu  ils  ont.  reçus,  que  dans  un  lieu  où 
ils  seront  suivis  ;  nécessaire  aux  jeunes  ingé- 
nieurs qui  doivent  y  conduire  des  iravaus- 
difficiles ,  et  acquérir  en  petj  de  tems  1  expérience 
que  donne  les  années  ;  utile  à  l'art  des  mines  , 
pour  y  réaliser  des  découvertes  qtii ,  sans  cela, 
resteraient  perdues  pour  les  arts. 

Espétotis  que  le  génie  français  ,  débarassé  dej 
entraves  dont  les  anciens  préjugés  l'entouraient, 
pourra  se  livrer  avec  activité  au  développement 
des  tessc)urces  nombreuses  ijue  lui  offrent  les 
richesses  intérieures  de  notre  sol;  le  gouvernement 
sentira  combien  il  est  important  de  seconder 
cette  heureuse  impulsion  ,  et  tout  nous  porte  à 
penser  ,  que  sous  un  ministie'  qui  lui-même  2 
su  appliquer  avec  succès  ses  talens  chimique» 
aux  entreprises  en  grand,  l'administration  des 
mines  ,'  l'école  pratique,  fixerorvt  son  attention  , 
et  que  son  ministère  scxa  méinorable  par  U 
prospérité  du    commerce  et   des  arts.  ' 

6°.  De  la  distribution  des  prix. 

Le  conseil  des  mines  a  annoncé  au  p  'l'V  ç  que 
le  ministre  venait  dé  nommer  sept  él  ve-.  cle 
l'école  polytichii.ique^Jçs.  c'i^ii'.c.us  BouesrjeU 
Lcmaite.,  Pcrier,  Pierrei  ,  Ledean  ,  Hersart  el 
Calmelel,  élevés  de  l'école  d'jpphcaiion  de* 
iniues.  Puis  ,  s'adressant  aux  élevés  ,  il  <v  dit. 


336 


<>  Jeunes  élevés ,  une  caitîere  brillante  s'ouvre 
■aujourd'hui  devant  vous  ï  vous  êtes  assurés  que 
vos  efforts  seront  appréciés ,  que  vos  lalens  seront 
encouragés  ;  déjà  l'insiiiut  naiional  témoigne  ,  par 
la  dépuiaiion  qu'il  envoie  à  cette  assemblée  , 
l'intérêt  qui!  prend  à  vos  travaux;  déjà  le  ministre 
nous  a  chargés  de  lui  désigner  ceux  d'entre-vous 
«jui ,  par  leurs  succès ,  méritaient  dés  récom- 
l.t;nses.  Admis  à  l'école  polytechnique  dès  votre 
jeunesse,  oti  vous  avez  puisé  les  principes  de 
votre  instruction  ,  sous  les  maîtres  les  plus  cé- 
lèbres ,  n'oubliez  pas  que  le  gouvernement  ri'a 
rien  négligé  pour  vous  y  donner  des  connais- 
sances qu'un  pcre  n'aurait  pu,  malgré  son  opu- 
lence et  ses  efforts,  procurer  au  fils  le  plus 
chéri  ;  que  le  souvenir  de  ce  bienfait  ,  que  les 
soins  qui  vous  sont  donnés  à  l'école  des  mines, 
vous  avertissent  sans  cesse  de  la  dette  sacrée  que 
vous  avez  contractée  ,  et  que  vous  vous  empres- 
serez d'acquitter.  )> 

"La  distribution  des  prix  a  été  faite  ensuite  par 
le  minisire  de  l'intérieur. 

Le  citoyen  le  Livec  ,  né  à  Quimper,  départe- 
inênt  du  Finistère,  a  obtenu  le  pre,mier  prix, 
composé  des  ouvrages  suivans  : 

1°.  Système  des  connaissances  chimiques  ,  par 
Fourcroy.  10  vol.  in-8°. 
'  s"-  Gites  des  minerais  de  la  France  ,  par  Die- 
irich  ,  contenant  la  description  des  Pyrénées ,  de 
ia  Haute  et  Basse- Alsace  ,  et  de  la  Lorraine  méri- 
dionale. 3  vol.  in-4°. 

3°.  Q_iiatre  cahiers  du  Journal  de  l'école  poly- 
technique. Le  conseil  de  cette  école  qui  regarde 
eticore  les  élevés  des  mines  comme  ses  entans  , 
ayant  remis  plusieurs  exemplaires  pour  être  dis- 
tribués en   prix. 

4°,  Le  'Vocabulaire  de  Reuss  ,  contenant ,  en 
huit  langues  différentes  ,  tous  les  mots  relatifs  à 
l'ortognosie  et  à  la  géognosie ,  avec  l'explication 
de  leurs  vrais  sens  conformément  à  la  nomen- 
clature de  'Werner.    i  vol.  in-8°. 

Le  citoyen  Drappier,  né  à  Chartres  ,  départe- 
ment d'Eure-eirLoir ,  a  obtenu  [e  second  prix 
de  minéralogie  ,  composé  des  oiïvrages  suivans  : 

I".  Traité  élémentaire  de  chimie  ,  par  Lavoi- 
«ier.  2  vol.  in-8°. 

2°.  Elémens  de  chimie  ,  par  Chaptal.  3  vol. 
in  8°. 

3°  L'Exploitation  des  mines  ,  par  Délius.  2  vol. 
in-4°. 

4".  L'art  de  fabriquer  les  canons, par  G.  Monge. 
1  vol.  in-4°. 
5°.  Le  Vocabulaire  ,  de  Reuss. 
Un  seul  prix  a  été  donné  pour  des  mémoires 
relatifs  à  des  exploitations  ou  des  descriptions 
minéralogiques.  Il  a  été  partagé  entre  les  citoyens 
Hericart  et  Gorse. 

Les  titres  du  citoyen  Hericart  Thury  ,  né  à 
Paris  ,  département  de  la  Seine  ,  sont  s 

1°.  Un  mémoire  très-délaillé  sur  la  mine  de 
houille  de  Litry  ,  département  du  Calvados ,  ac- 
compagné d'un  grand  nombre  de  plans  et  de  des- 
sins ,  parmi  lesquels  se  trouve  la  machine  de 
lotation  mue  par  la  vapeur  ,  servant  à  monter  les 
minerais  ,  établie  sur  ces  mines  par  les  citoyens 
Perrier ,  et  qui  est  la  i"  machine  de  ce  genre 
exécutée  en  Fiance, 

2°.  Un  mémoire  relatif  aux  amas  considérables 
de  camerines  ou  numismales  qui  existent  dans 
le  département  de  l'Oise  ,dans  lequel  il  donne  la 
description  irès-détaillée  des  différentes  espèces 
de  ce  fossile  singulier  sur  lequel  les  plus  savans 
géologues  ont  eu  des  opinions  très-différentes; 
il  a  reçu  les  ouvrages  suivans  : 

1°.  Système  des  connaissances  chimiques ,  par 
Fourcrèy. 

2°.  Les  Gîtes  de  minerais  ,  par  Dietcich. 
3°.  Le  Vocabulaire  ,  de  Reuss. 
L'autre  partie  du  prix  a  été  méritée  par  le 
citoyen  Gorse,  né  à  Alby  ,  département  du  Tarn; 
ses  titres  sont  plusieurs  mémoires  relatifs  à  la 
géologie,  à  la  minéralogie,  et  à  la  description 
des  mines  et  des  élabhssemens  qu'il  a  visités  dans 
lin  voyage  fait  à  ses  frais  dans  les  départemens  du 
Tarn  ,  du  Lot  et  de  l'Aveiron  ,  indépendamment 
de  {)lusieurs  autres  mémoires  qu'il  a  rédigés  con- 
jointement avec  l'ingénieur  des  mines ,  Mathieu  , 
.sur  les  départemens  de  la  chaîne  orientale  des 
-ÎPyrénées  ;  tous  les  mémoires  qu'il  a  remis  ont  été 
remarqués  par  la  pureté  du  style  et  l'intérêt  des 
descriptions.  Ce  citoyen  étant  absent ,  il  lui  sera 
déhvré  au  secrétariat  un  prix  analogue  au  ci- 
toyen Hericart. 

Le  citoyen  Durosoir  ,  né  à  Paris  ,  département 
de  la  Seine  ,  a  remporté  le  premier  prix  ;  ses 
jitres  sont  un  paysage  lavé  à  l'encre  de  la  Chine  , 
fait  avec  soin  et  facilité  ,  et  une  suite  de  dessins 
qu  il  a  exécuté  cet  été- 
Ce  prix  consiste  en  un  cercle  répétiteur  à 
lunette  portatif  ,  fait  par  Lenoir.  Cet  instrument , 


qui  est  une  réduction  du  cercle  répétiteur  de 
Borda  ,  a  l'avantage  de  donner  toujours  les  an- 
gles dans  le  plan  vrai  ,  et  d'une  manière  plus 
précise  que  ceux  observés  avec  un  grapho- 
metre  d'un  grand  diamètre  ;  il  donne  ,  à  l'aide 
de  deux  noiiius  ,  les  degiés  de  quatre  en  quatre 
Mninutes  ,  de  deux  eu  deux  pour  approxima- 
tion ,  et  même  de  minutes  en  minutes  par  la 
répétition  des  arcs  doubles  d'observations  ;  enfin, 
il  donne  les  arcs  vertiejjux  au-dessus  et  au-des- 
sous de  l'horison  siaiionnaire  ,  par  des  arcs 
doubles  au  zénith  ,  et  remédie  ainsi  aux  incon- 
véniens  et  aux  vérifications  des  niveaux  ordi- 
naires. 

Le  second  prix  a  été  donné  au  citoyen  Bon- 
nard  ,  né  à  Paris  ,  dépariement  de  la  Semé  , 
pour  avoir  projeté  géométriquement  différens 
"corps  réguliers  ,  les  avoir  ensuite  dessinée  et 
lavés  avec  soin  à  l'encre  de  la  Chine  ,  et  pour 
avoir  remis  au  conseil  plusieurs  dessins  de  ma- 
chines et  de  paysages.  Ce  prix  consiste  en  : 

1°.  Elémens  de  cbiinie  t  par  Chaptal  ; 

2°.   Les  Gîles  de  minerais,  par  Dietrich; 

3°.  Cinq  cahiers  du  Journal  de  l'école  poli- 
technique  ;  ' 

4".  L'artde fabriquer  les  canons, par  G. Monge; 

5°.   Le  Vocabulaire  de  Reuss. 

On  a  cité  avec  éloge  un  dessin  de  paysage  lavé 
à   l'encre  de   la    Chine  ,  par  le    citoyen  Herou  ,  ' 
qui  a  fait   regretter  que  cet    élevé    n'en  ait    pas 
tait   davantage.  | 

Les  citoyens  Hérault  et  Drappier  ont  été  cités  , 
avec  distinction  ;  mais  comme  il  n'y  avait  qu'un  ] 
prix  à  donner,  il  a  été  décerné  au  choyen  ; 
Hérault,  né  à  Paris  ,  déparlement  de  la  Seine  ,  ■ 
et  composé  des  ouvrages  suivans  r 

1°.  Système  des  connaissances  chimiques  ,  par  i 
Fourcroy  ; 

2°.  Les  Gîtes  de  minerais,  par  Dietrich.  | 

3°.  L'art  de  fabriquer  les  canons, par  G.  Monge; 

4°.  Le  Vocabulaire  de  Reuss. 

Pour  copie  conforme , 

Les  membres  composant  le  conseil  des  mines. 

S.  P.  N.  GiLLET-LAtJMONT. 


croit  pouvoir  attendre  de  Votre  délibération  un 
résultat  conforme  à  son  vœu. 

Miot  ,  orateur  du  gouvernement.  Citoyens  légis- 
lateurs ,  je  n'abuserai  point  de  vos  momens  en 
répétant  ici  les  motifs  que  j'ai  déjà  mis  sous  vos 
yeux  lorsque  nous  avons  été  chargés  de  vous 
présenter  le  projet  de  loi  soumis  à  votre  dis- 
cussion. Le  tribunal  n'a  présenté  aucune  objec- 
tion contre  une  disposition  utile  en  elle-même, 
et  qui  tend  à  réparer  un  mal  pressant.  Il  ne 
se  présente  donc  qu'une  observation  générale 
à  laire  ;  c'est  que  le  gouvernement  ,  par  1  em- 
pressement qu  il  a  mis  à  accueillir  la  demande 
de  l'arrondissement  communal  d'Avranches  et 
du  département  de  la  Manche  ,  fait  voir  com- 
bien il  est  pénétré  de  la  nécessité  de  procurer  des 
lieux  commodes  et  sûrs  pour  les  établisseraens 
de  celte  nature  ,  ainsi  que  du  devoir  de  les 
entourer  de  tout  ce  qui  peut  commander  le  res- 
pect dû  aux  tribunaux. 

On  procède  à  1  appel   nominal. 

Sur  264  vouns,  3  voix  seulement  sont  contre 
le  projet.    En   conséquence   il  est  passé  en  loi. 

Le  corps-législatif  s'ajourne  à  quintidi. 

La  séance  est  levée. 


C  ORPS- LEGISLATIF. 

Présidence  de  Pison-Dugaland. 
SÉANCE     DU    23     FRIMAIRE. 
La  séance  s'ouvre  à  deux  heures. 

Un  des  secrétaires,  au  nom  du  cit.  Laurent, 
imprimeur  ,  lait  hoinmage  au  corps-législaiil  d'un 
ouvrage  en  3  volumes  ,  intitulé  :  Voj/age  chez  tes 
sauvages  ou  l'Homme  de  la  nature,  histoire  mo- 
rale des  sauvages  des  deux  continens  et  des 
naturels  des  îles  de  ia  mer  du  Sud  ;  par  le  citoyen 
Babié  ,  de  la  commune  de  Lavaur  ,  département 
du  Tarn. 

Le  corps-législatifordonne  la  mention  au  pro- 
cès-verbal ,  et  le  dépôt  de  l'ouvrage  à  sa  bi- 
bliothèque. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  du  projet 
relatif  à  l'acquisition  des  bâtimens  du  ci-devant 
évêché  d'Avranches  ,  pour  y  placer  le  tribunal 
civil  de  l'arrondissement,  les  prisons  de  la  gendar- 
merie ,    etc. 

Cailtemer  ,  au  nom  du  tribunal.  Citoyens  légis- 
lateurs,  vous  dire  que  ce  projet  a  été  adopté  à 
l'unanimité  des  voix  moins  une  ,  c'est  presque 
décider  votre  suffrage  ;  mais  pour  l'obtenir  à 
plus  juste  titre,  je  vais  vous  exposer  les  motifs 
qui  ont  été  développés  au   sein  du  tribunat. 

La  plupart  des  édifices  consacrés  à  l'acdon  pu- 
blique ,  sont  dans  un  tel  état ,  qu'indépendam- 
ment de  leur  incommodité  et  de  leur  peu  de 
décence ,  on  ne  saurait  les  habiter  sans  danger. 
L'arrondissement  de  la  commune  d'Avranches 
vient  de  fixer  sur  ce  point  la  sollicitude  du  gou- 
vernement. Là,  comme  dans  beaucoup  d'autres 
endroits  ,  il  n'exisce  point  d'édifices  décens  et 
convenables  pour  les  autorités  locales.  Le  régime 
révolutionnaire  ,  celui  de  l'an  3,  ayant  modifié  ou 
supprimé  les  institutions  créées  par  l'assemblée 
constituante,  les  maisons  nationales  qui  devaient 
ap))artenir  à  ces  éiablissemens  ,  ou  qui  devaient 
leur  être  affectées ,  ont  été  aliénées;  de  ce 
nombre  se  sont  trouvés  les  bâtimens  du  ci- 
devant  évêché  d'Avranches  ,  dont  on  propose 
aujourd'hni  le  rachat. 

Il  a  été  constaté  que  la  citoyentie  veuve  Laplace , 
qui  a  acquis  ce  local  ,  a  consenti  à  sa  rétrocession. 
Les  fonds  pour  la  payer,  on  les  a  trouvés  sans 
puiser  dans  le  trésor  public  ,  et  sans  grever  les 
habitans  de  l'arroadissement  d'aucune  charge 
nouvelle. 

Citoyens  législateurs  ,  aucune  difficulté  ne 
s'oppose  à  l'approbation  du  projet,  et  le  tribunat 


Dans  le  numéro  du  premier  de  ce  mois,  nous 
avons  inséré,  d'après  le  Journal  de  Paris  ,  un  état 
des  divers  pensionnats  ,  collèges  et  sociétés  sa- 
vantes et  littéraires  qui  offrent  de  si  grandes  res- 
sources à  l'instruction  dans  cette  grande  ville. 

Cet  état  nous  a  paru  incomplet ,  sur-iout  pour, 
les  pensionnats ,  et  nous  connaissons  particuliè- 
rement deux  maisons  d'éducation  dont  il  n'a  pas 
été  fait  meiiiion  ,  quoique  les  chefs  de  ces  éta- 
blissemens  jouissent .  depuis  long-tems,  d'une 
confiance  mériiée.  Nous  croyons  donc  ,  pont 
l'iniérêt  des  pères  et  mères,  devoir  donner  sur 
ces  deux  maisons  quelques  détails  que  nous  au- 
rions insérés  plutôt  dans  ce  journal ,  sans  l'abon- 
dance des  matières  qui  ne  nous  l'ont  pas  permi*. 

Maison  d'éducat',on  du  citoyen  Lizarde  ,  as.'iesseur 
du  juge-de-paix  de  ta  division  du  Jardin  des 
Plantes ,  rue  Copeau  ,  n"  g. 

On  y  enseigne  la  langue  française  ,  les  hngues 
anciennes  ,  les  mathématiques  ,  le  dessin  ,  ia 
géographie.  Le  prix  est  de  800  fr. 

On  y  donne  de  plus ,  au  gré  des  parens  , 
tous  les  maîtres  particuliers  qu'ils  peuvent  désirer 
pour  la  musique,  la  danse,  etc. 
.  Cette  maison  située  en  très-bon  air  entre  cour 
et  jardin,  près  du  Jardin  des  Plantes,  est  éga- 
lement à  portée  de  lécole  centrale  du  Panthéon  , 
du  collège  de  France  ,  de  lécole  de  médecine  , 
etc.  Ainsi  les  élevés  .  outre  l'école  centrale  oà 
ils  vont  régulièrement  ,  peuvent  ,  à  mesure  qti'ils 
gTandisseni ,  suivre  les  cours  des  autres  ètab'isse- 
mens  .  connus  sous  le  titre  d'écoles  spéciales, 
fondés  pour  le  perfectionnement  de  l'éducation, 
et  destinés  à  initier  les  jeunes  gens  dans  les  con- 
naissances de  l'état  qu'ils  se  proposent  d'em- 
brasser. 

Ce  dernier  motif  a  déterminé  le  citoyen  Li- 
zarde à  recevoir  chez  lui  des  jeunes  gens  au- 
dessus  de  l'âge  que  l'on  passe  ordinairement 
dans  les  maisons  d'éducation.  Ils  vivent  sépa- 
rément des  autres  élevés  ,  et  pariageut  ia  table 
de  l'instituteur.  Le  prix  de  leur  pension  est  réglé 
de  gré  à  gré. 

Institution  de  mademoiselle  Lorphelin  ,  rue 
des  Champs-Elysées  ,  dans  le  plus  beau  quai- 
tier ,  et  à  portées  des  pluS  belles  promenades  de 
Paris  ,  indépendamment  du  jardin  de  la  maison 
dont  les  jeunes  élevés  ont  la  jouissance.  Ecri- 
ture ,  langues  française  et  italienne ,  sphère  , 
géographie,  chronologie  ,  histoire  ,  arithmétique 
raisonnée,  musique  instrumentale  et  vocale  ,  des- 
sin et  danse,  par  des  meilleurs  maîtres,  tels 
sont  les  objets  de  l'enseignement. 

A  la  fin  de  chaque  année  des  études ,  11  y 
a  un  exercice  ,  et  une  distribution  de  piix  d'en- 
couragement en  présence  des  parens. 

Outre  les  études,  on  apprend  aux  jeunes  per- 
sonnes les  ouvrages  manuels  qui  sont  plus  par- 
ticuliers à  leur  sexe.  Pour  éviter  toute  préten- 
tion ,  elles  sont  assujéties  à  un  vêtement  uni- 
forme. Enfin  ,  on  ne  néglige  rien  du  côé  de 
la  morale  et  de  l'instruction  ,  pour  les  préparer 
à  ê«re  un  jour  de  bonnes   mères  de   famille. 

Le   prix   de   la  pension  est  de   i,5oo  fr. 

'Bourse  du  23  frimaire. 

Rente  provisoire 24  fr.  80  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  35  c. 

Bons  deux  tiers r   fr.  62  c. 

Bons  d'arréragé 85  fr.  65  c. 

Bons  pour  l'an  8 .  94  *''•  ^o  c. 

Syndicat , 

Coupures Si  fr. 


A  Pari»  ,  de  l'iaiptiiBetie  du  cit.  Amasse  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n"  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONIPEUR  UNIVER 


N"  S5. 


Quintidi ,  25  frimaire  an  9  de  la  république  française ,  u^e  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés  à  prévenir  nos  souscripteurs  qu'à  dater  du  7  Nivôse  le   MONITEUR  esc  le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées ,  les  actes  du  gouvernemeni ,  \ei  nouveilet  des  armées ,  ainsi  que  les  faits  et  les  notions  tant  su 
l'intérieur  que  sur  l'extérieur ,  fournis  par  les  correspondances  ministérielles.  • 

Un  article  sera  particulièrement  consacré  aux  sciences,  aux  arts  et  aux  découvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Taris. 


Xj  E  s  dépêches  suivantes  ont  été  apportées 
d'Ej;ypte  par  le  général  de  brigade  Vial  ,  parti 
du  Kaire  le  12  brumaire  ,  et  d'Alexandrie  le  l5 
du  même  mois,  à  bord'du  Lody. 

A  l'ouverture  de  la  séance  du  conseil-d'état, 
hier  24  frimaire  ,  le  consul  Cambacétès  qui  pré- 
sidait, a  dit  : 

Citoyens  ,  le  premier  consul  ne  pouvant  point 
encore  venir  à  la  séance  ,  ne  veut  pas  différer  à 
vous  faire  connaître  les  nouvelles  salisfesanles 
qui  lui  sont  parvenues  ce  matin  de  l'armée  dE- 
gyplc.  Cette  armée  est  dans  un  état  de  force  et 
d'abondance  ,  qui  ne  permet  plus  d'avoir  des 
Craintes  sur  le  sort  de  la  belle  conquête  qu'elle 
est  chargée  de  défendre. 

Le  général  Menou  écrit ,  à  la  date  du  12  bru- 
maire dernier ,  qu'il  est  à  la  tête  de  18,000  à 
20,000  hommes  français  et  d'un  grand  nombre  de 
troupes  auxiliaires  ,bien  armées  et  équipées  ;  que 
la  solde  est  allignée  ;  que  depuis  six  mois  il  n'a 
pas  eu  un  seul  ennemi  à  combattre  ,  pas  un  seul 
trouble  intérieur  à  réprimer;  que  le  grand-visir  , 
éloigné  de  plus  de  cent  lieues  du  désert  ,  n'a 
avec  lui  que  les  restes  Irès-affaiblis  de  son  ar- 
mée ,  et  qu'on  ne  croit  pas  que  ce  corps  s'élève 
à  plus  de   6000  hommes. 

Un  vaisseau  turc  de  80  canons  ,  et  une  fré- 
gate anglaise  ont  échoué  sur  la  côte.  Les  fran- 
çais se   sont  emparés  de  l'artillerie. 

ARMÉE     D'ORIENT. 

Menou.  général  en  chef,  au  général  Bortaparte  , 
premier  consul  de  la  république.  —  Au  quartier- 
général  du  Kaire  ,  le  2  vendémiaire  an  9  de  la 
république  française ,  une  et  indivisible. 

Citoyen  consul  , 

Plusieurs  membres  de  l'institut  vont  parlir  pour 
faire  un  second  voyage  dans  la  Haute-Egypte. 
J'espère  que,  pour  cette  fois,  ils  iront  dans  les 
Oasis,  el  remonteront  à  cent  ou  cent  cinquante 
lieues  au  -  dessus  d'Assuan.  On  assure  qu'il  y 
existe  des  ruines  beaucoup  plus  considérables 
encore  que  celles  de  Thebes  et  de  Dendera  :  on 
dit  la  ^ême  chose  des  Oasis.  Murad-Bey  offre 
de  procurer  pour  ce  voyage  ,  toutes  les  facilités 
et  secours  qui  dépendront  de  lui  :  de  mon  côté  , 
je  ne  négligerai  rien  pour  que  ce  voyage  ait  tout 
le  succès  qu'on  peut  désirer  :  les  voyageurs  ne  seront 
pas  nombreux  ,  mais  bien  choisis. 

Dans  ce  moment  on  travaille  à  force  à  Sakkara. 
Il  faut ,  à  cet  égard  ,  faire  toutes  les  fouilles  et 
recherches  qui  puissent  faire  connaître  dans  tous 
ses  détails  ce  singulier  monument.  Je  vais  faire 
faire  aussi  de  nouvelles  recherches  aux  grandes 
Pyramides.  On  soupçonne  ,  avec  beaucoup  de 
Taisons  ,  qu'il  doit  exister  d'autres  chambres  au- 
dessus  de  celles  qui  sont  connues. 

D'autres  voyageurs  vont  partir  de  Cosséïr  et 
de  Suez  pour  reconnaître  les  côtes  occidentales 
de  la  Mer-Rouge.  On  soupçonne  qu'il  existe  , 
dans  cette  partie  ,  une  soufrière  et  du  charbon 
de  terre. 

Dans  toute  la  partie  d«  désert  qui  existe  entre 
Belbtis   et  Suez,  vienn.cnt  de  s'établir  des  arabes 
cultivateurs,    qui,  méconiens    des    osmanlis    en 
Syrie  ,  m'ont  demandé    la   permission   d'habiier 
et  de  cultiver  le  canton  qui  se  nomme  le  Ow.ilc  : 
il  y  a  une  assez  grandequantité  de  puiis  ;  et  celle 
année  ,   le  Nil  qui  est  monté  à  vingt-cinq  pieds  | 
el  demi  ,   hauteur  à  laquelle  il  n'était    pas   par-  | 
venu    depuis  3;    ans,    le  Nil  ,   dis-jc  ,    a  coulé  j 
presque  dans  ce  canton.  1 

Je  vais  faire  rectifier  la  division  d  Egypte,'  dont  | 
les   provinces  s'ctiiremêîaicnt   les    unes   dans  les 
autres.   Ciioycn  consul  ,    c'est  ici  le  raomeni   de 
vous  parler  d'un  objet   qui  est  cxirêmemeiii  im-  | 
portant    pour   le»   science»  ,    et    dont   le    résultat 
ferait   un  honneur  infini   à   la  France. 

Tous  nos  savans  et  artistes  ont  fait  ,  chacun 
en  paiiicuiier  ,  des  travaux  ,  des  recherches  et 
des  dccouvctics  très-imiioiiantes  :  je  crois  que 
U>us  CCS  travaux  ai>paiiicnni;nt  à  la  répnbliciuc 
qui  loliie  à  ics  f.ais   tous    ces  savans  et  ariisits. 


Lorsque  le  citoyen  Hameliti  est  venu  en  Egypte  , 
il  a  proposé  de  faire  exéctiter,  à  de  certaines 
conditions  ,  le  grand  ouvrage  de  littérature  qui 
doit  résulter  de  tous  ces  travaux.  Le  général 
Kleber  avait  approuvé  cette  entrerjrise  ,  et  une 
convention  avait  été  faite  entre  Hamelin  et  les 
artistes.  Je  crois  qu'il  4i'est  pas  possible  de  laisser 
subsister  une  pareille  convenlion  ;  elle  serait 
déshonorante  pour  la  république  qui  seule  doit 
se  charger  de  cette  entreprise  ,  et  lécompenser 
magnifiquement  les  savans  et  les  artistes.  Je  leur 
ai  fait  part  de  mon  opinion  à  cet  égard  ;  ils  ont 
tous  senti  que  leur  ouvrage  était  une  propriété 
qui  appartenait  à  la  république.  Citoyen  consul  , 
je  n'ai  fait  que  vous  indiquer  la  chose;  il  appar- 
tient à  votre  sagesse  de  déterminer  ce  qui  doit 
être  fait  â  cet  égard  ;  mais  je  suis  convaincu  d'a- 
vance que  vous  protégerez  puissamment .  les 
hommes  que  vous  avez  conduits  en  Egypte  ,  et 
qui ,  par  leurs  découvertes  et  leurs  recherches  , 
procureront  à  la  France  Ihonneur  de  faire  pa- 
raître un  des  monuraens  les  plus  importans  re- 
lativement à  la  littérature  et  aux  arts. 

Salut  et  respect.        Signé  ,  Ab.J.  Menou. 

Menou,  général  en  chef,  au  général  BonoparU , 
premier  consul  de  la  république.  —  Au  quartier- 
général  du  Kaire  ,  te  2  vendémiaire  an  9. 

Citoyen   consul  , 

Les  circonstances  ayant  engagé  le  général  de 
division  Damas  à  cesser  ses  fonctions  de  chef 
de  l'état-major-général  de  l'armée,  j'ai  nommé 
pour  le  remplacer  le  général  de  brigade  La- 
grange,  dont  vous  connaissez  le  courage,  l'ac- 
tivité, le  zèle,  l'intelligenûe  et  l'attachement 
inébranlable  à  la  chose  publique  ;  vous  lui  avez 
témoigné  des  bontés  en  Egypte  ,  il  les  mérite  à  1 
tous  égards. 

L'armée  désire  que  vous  sachiez  positivement  I 
qu'elle  vous  a  toujours  regardé  comme  son  père. 
Elle  irait  au  bout  du  monde  pour  la  chose  pu- 
blique. Vous  pouvez  compter  qu-.--  je  les  entre- 
tiendrai dans  ce  sentiment,  et  que  ni:n  ne  pourra 
les  en  écarter.  Je  vous  demandé  encore  ,  citoyen 
consul ,  de  confirmer  toutes  les  nominations  qui 
ont  été  faites  !  elles  sont  nombreuses;  mais  les 
circonstances  l'exigeaient. 

J'ai  établi  un  jardin  national  des  plantes  .  que 
l'on  commence  à  cultiver  avec  succès  ;  celles 
de  France  sont  particulièrement  soignées.  On 
a  oublié  ,  citoyen  consul ,  de  nous  envoyer  des 
pommes  de  terre  ,  des  patates,  de  la  graine  de 
houblon.  Je  vous  supplie  d'ordonner  encore  un 
autre  envoi  de  grains  ,  de  plantes  et'  même 
d'arbustes.  S'il  était  possible  de  faire  passer  ici 
quelques  greffées  bien  empaillées,  bien  soignées, 
de  bons  pêchers,  abricotiers,  poiriers,  pom- 
miers ,  il  pourrait  en  réussir  quelques-unes  ;  il 
faudrait  aussi  s   ou  3  bons  jardiniers. 

Nous  aurions  aussi  besoin  de  3  ou  4  charrues 
à  versoir  et  à  tourne-oreille  ,  bien  corapleites  et 
faites  avec  soin.  Quelques  bons  laboureurs  nous 
seraient  aussi  d'une  grande  utilité. 

Salut   et  respect.      Signé,  Ab.J.  Menou. 

Menou-,  général  en  chef,  ati  général  Bonaparte  , 
premier  consul  de  la  république  française.  —  Au 
quartier-général  du  Kaire  ,  te  20  vendémiaire  au  9 
de  la  république  française  ,  une  et  indivisiôle. 

Citoyen  conSul  , 
Je  ne  puis  vous  rendre  trop  de  bons  témoi- 
gnages du  citoyen  Esieve  ,  que  vous  avez  nommé 
payeur-général  de  l'armée  d'Orient  ;  plein  de 
zèle  ,  d'activité  ,  d'intelligence  ,  il  développe  en 
outre  ,  dans  toutes  les  occasions  ,  un  aitache- 
nfiini  véritable  à  la  chose  publique  ,  et  un  grand 
dtivouement   pour   votre   personne. 

Lorsque  j'ai  pris  le  commandement  ptovisoire  de 
l'armée,  je  n'ai  pas  cru  pouvoir  faire  un  meil- 
leur choix  pour  administrer  en  chef  les  finances 
de  l'Egypte.  Je  me  suis  alors  déterminé  à  changer 
son  titre  de  payeur-général  en  celui  de  diiecieur 
général  ilcs  revenus   publics   de  l'Egypte. 

Sous  lui  sont  :  un  payeur  principal,  un  direc- 
teur des  revenus  en  nature,  un  directeur  des  do- 
maines nationaux  ,  deux  directeurs  des  Cheikl  et 
Belel  ,  un  directeur  des  droits  affermés,  un  di- 
recteur de  l'enregistrement,  un  directeur  des 
droits  sur  la  corporation  ,  un  directeur  et  un 
contrôleur  de  la  monnaie;  plus,  jg  contrôleurs 
ou  receveurs  dans  les  provinces  ;  plus,  6  direc- 
teurs des  douanes  ;  plus  5  contrôleurs  des  ou- 
vrages  d'orfèvrerie. 


Citoyen  consul  ,  je  vous  recommande  panicu- 
hcremenl  le  citoyen  Esieve  ,  il  mérite  toutes  vos 
bontés  et  votre  inlétêt  ;  c'est  un  homme  précieux 
sous  tous  les  rapports,  et  infatigable  à  l'ouvrage. 
Sa  lâche  est  d'autant  plus  pénible  ,  que  le  citoyen 
Poussielgue  n'a  laissé  ,  lois  de  son  départ ,  aucun 
renseignement.  Malgré  cettE  pénurie  de  moyens  , 
nous  nous  tirerons  d'affaire  ;  nous  éprouverons 
un  peu  de  difficulté  et  de  travail  ,  mais  quand 
on  sert  son  pays  ,  on  ne  pense  pas  à  tout  cela. 
On  est  trop  heureux!  de  lui  consacrer  ses  veilles  i  . 
et  toutes  ses  faculiés. 
Salut  et  respect ,  Ab.  J.  Menou. 

Menou,  général  en  chef  de  formée  d'Orient,  au 
général  Bonaparte ,  premier  consul  de  la  république 
française.  —  Au  quartier- général  du  Kaire,  le  1" 
brumaire  an  9  de  la  république  française. 

Je  dois  vous  rendre  compte  ,  citoyen  consul , 
que  M.  Courtenay  Boyle ,  caf^itai.ne  anglais  ,  qui 
est  venu  il  y  a  quelques  mois  s'échouer  sur  les 
côtes  d'Egypte  ,  et  pour  lequel  j'ai  eu  toutes  les 
attentions  et  toutes  les  politesses  possibles,  s'est 
conduit ,  depuis  qu'il  a  été  échangé  à  Damierte  , 
comme  un  homme  sans  foi  et  sans  honneur.  1/  a 
été  jusqu'à  p.'-étendre  que  j'avais  été  sur  le  point 
de  le  faire  massacrer  à  Îa  citadelle  du  Kaire. 

Citoyen  consul ,  la  vérité  est  que  lejour  de  l'assas- 
sinatdu  général  Kleber  , je  crusnécessaire  depren- 
dre  toutes   les  précautions  de   surelé.  Je  fis  con-  ■ 
duire   les   anglais   à  la    citadelle  ,  et   cela  autant 
pour  eux  que  pour  nous.  Je  n'eusse  pas  répondu 
de  la  conduite  des   soldats  envers  ces  messieurs. 
j'ai  eu  pour  eux,  pendant  qu'ils  5;  ont  été ,  toutes 
les  attentions  possibles  ;  quand  ils  sont  partis  ,  je 
les  ai  comblés  de  présens  ,  subsistances  et  vivres    . 
de    toutes    espèces.    J'avoue    que  je    suis    outré 
contte  leur  mauvaise  foi.  Telle  est,  citoyen  con- 
sul,  l'exacte  vérité  ;  mais  ils  ne  valent  pas  la  peine  " 
qu'on  s'occupe  d'eux  plus  long-tems.  , 

Murad-Bey,  depuis  le  traité  qu'il  a  fait  avec 
le  général  Kleber  ,  se  conduit  très-bien  ;  il  l'exé- 
cute ponctuellement.  Il  n'est  par  ce  traité  que 
prince-gouverneur  du  Sa'id  pour  la  république 
française.  Il  possède  à  ce  titre  les  provinces 
de  Girgé  et  d'Assuan. 

Aujourd'hui  12  ,  la  croisière  anglo  -  turque 
n'existe  plus  devant  Alexandrie  et  Damiette.  Elle  ' 
a  disparu- depuis  le  1"  de  ce  mois  ;  je  n'ai  pu 
découvrir  ovi  elle  s'était  portée.  Salut  et  respect ,  ' 

Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

Menou  ,  général  en  chef,  au  général  Bonaparte', 
premier  consul  de  ta  république  française.  —  Au 
quartier-général  du  Kaire  ,  le  10  brumaire  an  9. 

Citoyen  consul,  vous  venez  ,  par  des  victoires 
éclatantes  ,  de  rendre>à  la  France  la  splendeur 
que  des  événemens  dont  il  ne  faut  peut-être  plus 
parler ,  étaient  sur  le  point  de  lui  faire  perdre.  Le 
burin  de  l'histoire  gravera  en  lettres  d'or  la  pacifi-. 
cation  de  la  Vendée  ,  le  rétablissement  des  finan- 
ces ,  celui  de  la  confi.mce  des  français,  le  pas- 
sage des  monts  St.  Gotha'rd  et  St.  Bernard ,  la 
bataille  de  Marengo  ,  la  conquête  dune  grande 
partie  de  rAllemagne.  Ce  burin  gravera  le  génie 
de  Bonaparte  ,  présidant  à  tout,  dirigeant  tout, 
réparant  tout.  Il  n'oubliera  pas  ,  citoyen  consul  , 
l'expédition  de  l'Egypte  ,  époque  qui  deviendra 
si  célèbre  dans  la  postérité;  car.  indubitablement, 
elle  produira  la  civilisation  de  l'Afrique  et  de  l'A- 
sie. Citoyen  consul  , "cette  armée  avec  laquelle 
vous  aviez  fait  une  première  conquête  de  Mtalie  ,' 
avec  laquelle  vous  avez  porté  d.iiis  l'Orient  le  nom 
et  la  gloire  de  la  république  fraiiç.iise  ,  cette  ar-' 
mée  mérite  toute  votre  sollicitude  et  votre  intérêt. 
Victorii;use  de  louieslcs  forces  réunies  de  l'Asie,' 
commandées  par  le  grand  visir  en  personne  ,  rien 
n'égale  son  amour  pour  sa  patrie  et  pour  vous  , 
et  son  désir  d'être  toujours  les  dignes  entans  de  I» 
gloire. 

Le  grand-visir  est  àJatTa  où  ,  jusqu'à  présent  ,, 
il  a  employé  en  vain  toutes  les  ressources  de  la 
force  et  du  despotisme  ,  j'our  recruicr  une  armée 
qui  ne  veut  plus  se  mesuier  avec  les  bayonnettes 
et  l'artillerie  des  franc -li  s.  Huit  à  11  eufmi  lie  hommes 
qui  désertent  et  se  loinplaccntsucuessivemeni, com- 
posent toutes  ses  forces.  Le  grand-visir  fait  réparer 
El-Arisch  avec  activité,  mais  sans  intelligence.  Il 
est  brouillé  avec  les  naplousains  el  avec  Dgczzard 
pacha.  Tous  les  aiabts  hii  ont  déclaré  la  guene 
et  pillent  ses  convois.  Environ  deux  cents  anglais 
sont  réunis  aux  troupes  du  grand-visir  et  les 
exercent  au  canon.  Un  envoyé  russe  est  toujours 


333 


dans  le  camp  ottoman  ,  mais  il  y  est  vu  avec 
beaucoup  de  défiance.  Le  grand-visir  m'a  écrit 
plusieurs  lettres  ,  moitié  viles  ,  moitié  insolentes  , 
pour  me  demander  la  paix.  Je  lui  réponds  tou- 
jours que  c'est  à  Paris  qu'elle  doit  se  traiter. 

Le  capitan-pacba  croise  depuisDâmiette  jusqu'à 
Alexandrie  avec  20  on  25  vaisseaux,  doni  dix  à 
12  de  ligne  ;  Kii-mcme  monte  un  vaisseau  à  trois 
ponts  nommé  le  Selim.  Il  est  l'ennenii  juré  du 
prand-visir.  Il  déiesie  cordialement  les  anglais  ,  il 
se  nomme  Houssein  ,  est  mamelouik  ou  esclave 
blancd'origine  ,  a  clé  élevésvec  le  grand-seigntur 
donï  îl  a  toute  la  couKance.  Il  est  poli  ,  humain 
et.  assez  instruit.  Il  m'envoie  souvent  des  parle- 
mentaires; il  désire  ardemment  la  paix.  Il  sent 
bien  que  la  position  de  la  Porte  est  très-mauvaise. 
Il  dit  lui-même  que  si  la  France  ne  la  souiientpas, 
file  est  perdue.  Il  se  défie  de  tous  ses  officiers 
qui!  croit  vendus  aux  anglais  :  mais  il  aurait 
surtout  grand  désir,  de.  conclure  un  traité  quel- 
conque qui  pût  augmenter  son  importance  auprès 
de  «on  maître.  Nous  nous  fcsons  mutuellement 
beaucoup  de  politesses  ,  et  nous  nous  envoyons 
dçs  ptésens. 

j'écris  au  minisire  de  la  guerre  des  lettres  qui 
«ont  remplies  de  détails  surioutes  les  parties  du 
service  et  de  noire  position. 

Je  travaille  à  l'organisation  complette  du  pays 
en  ipaliere  de  finances,  d'administration  de  jus- 
tice ,  de  commerce. 

J'ai  rétabli  sous  une  autre  forme  un  divan  au 
Kaire  .  j'en  si  fait  un  tribunal  d'appel.  Trois  au- 
tres semblables  seront  établis  dans  le  reste  de 
l'Egyjue  ,  à  Siouib,  à  Damictte  et  à  Rosette. 
Alexandrie  sera  considérée  comme  une  ville  de 
guerre  et  de  commerce. 

J'établis  des  liaisons  avec  tous  les  princes  envi- 
ronnans.  Les  curavanncs  arrivent  de  toutes  parts. 
Je  lâche  de  faire  de  Suez  un  grand  cniiepôl  de 
commerce. 

La  nouvelle  organisation  des  finances  est  telle 
que  les  droits  nous  rendront  beaucoup  davan- 
tage, et  que  le  peuple  payera  beaucoup  moins. 
Je  me  débarrasse  peu  à  peu  des  agtns  qui  nous 
ont  trompés  ;  mais  parmi  eux  j'ai  trouvé  un  homme 
.de  taleni,  nommé  Mallem-Yacoub  ,  qui  nous 
forme  beaucoup  de  troupes  auxiliaires.  En  outre 
de  nos  troupes  auxiliaires,  nos  demi-brigad js 
font  des  recrues.  La  21'  'qui  est  dans  la  Haute- 
Egypte  a  enrôlé  plus  de  200  égyptiens  musul- 
fnans. 

Beaucoup  de  manufactures  s'élcvCnt  ;  nous  fe- 
soos  de  la  bicrre  ,  des  draps,  de  la  bougie,  du 
vin  ,  des  galons  d'or  e;  d'argent,  des  chapeaux; 
une  très-bonne  tannerie  a  été  éiablie.Le.ï  citoyens 
Conté  et  Chimpy  ,  hommes  qrie  je  ne  saurais 
trop  Jouer  ,  font  ici  les  choses  les  plus  extraor- 
dinaires. Citoyen  consul,  ils  méritent  toute  votre 
bienveillance  ;  je  sollicite  pour  eux  une  grande 
lécompctrse  nationale. 

L'insliiut  a  repris  ses  séances  ;  le  cil.  Fourier  , 
secrciaiie  perpéiucl  ,  se  conduit  à  merveille  ,  et 
nous  est  d  une  très-grande  utilité.  Je  demande- 
rais ,  citojen  consul,  que  vous  fissiez  quelque 
chose  pour  l'institut. 

Le  corps  des  ingénieurs  des  ponts  et  chaussées 
et  cV:lui  des  ingénieurs  géographes  ,  servent  avec 
dist' 
de 


...g, -..  ^._Q._^--_.  ,    -_..-  Tatrc    un  iduicau 

i   ciion.   Le   premier  j  occupe  du  nivellement  Kj^Hg    colonie- 
l'Egypte  et  d'un  système   général   d'irrigation  ;  '^^.[^^5   j^    „^„ 


en  outre  ,  plusieurs  travaux  utiles  sont  achevés 
et  quelques  autres  commencés.  Une  magnifique 
Toute,  plantée  d'arbres  des  deux  côtés,  conduit 
de  la  place  Ezbekier  jusqu'aux  bords  du  Nil ,  en 
traversant  Boulaç  ;  on  travaille  à  une  chaussée 
plantée  d'arbres  qui  fera  le  tour  intérieur  de  la 
plac^  Ezbekier. 

Tout  le  long  des  murs  de  la  ville  qu'on  répare 
sur  tous  les  p.6iius  ,  je  lais  praiif|ucr  dans  lin- 
tériçur ,  en  ab.aitaiu  Içs  maisons,  une  route  de 
de  6p  pieds  de  large  ,  plantée  d'arbres  des  deux 
cô'és. 

Le  second  torps',  celui  des  ingénieurs  géo- 
graphes ,  travaille  à  foi  ce  à  la  confection  d'une 
carte  qui  sera  magnifique  ,  et  qui  contiendra  les 
plus  grands  détails.  Je  fais  faire  le  relevé  des 
sondes    de  toutes   les  cotes. 

Les  travaux  du  génie  sont  dans  la  plus  grande 
activité  ;  partout  je  les  fais  faire  avec  beaucoup 
de  solidiié.  Le  général  Sanson  et  ses  subordonnés 
sont  d'exçellens  officiers;  je  vous  les  recommand"e 
particulièrement. 

Le  ministre  de-la  guerre  reçoit,  sur  les  fortifi- 
cations ,  des  déiaiis  i]ui  vous  mettront  à  même 
de    connaître   la  suite   des   travaux. 

Notre  aniUerie  ,  quant  au  matéiiel  ,  est  survie 
meilleur  pied  ;  les  généraux  Songis  et  Faultricr 
sont  des  offi^ciers  de  U  plus  grande  distinction. 

L'armée  est  au  courant  de  sa  solde  ,  elle  'est 
psîfaitemen)  vêtue  et  nourrie  ;  je  suis  content  de 
la  discipline-  et  ne  puis  trop  me  louer  d'une 
grande  partie  des  olhciers  généraux  et  particu- 
liers. J'ai  poursuivi  et  je  poursuis  encore  à  ou- 
trance tous  les  dilapidatturs.  On  a  beaucoup  de 
peme  à  faire  le  bien  ,  on  se  fait  quelques  enne- 
mis ;  mais  peu  ni  importe.,  qiiand  la  chose  réussit 
et   que  U  lépubl  qtJe   y   gagne. 


Les  arabes  que  je  fais  poursuivre  sans  relâche 
parles  dromadaires,  demandent  la  paix  de  toutes 
parts;  des  scheiks  et  princes  qui  habitent  à  5o 
journées  de  l Egypte,  font  demander  l'amitié  des 
français. 

Je  permets  à  quelques  individus  inutiles  à  la 
colonie  ,  pour  ne  pas  dire  plus  ,  de  s'en  retour- 
ner en  France. 

Ojiant  à  moi  personnellement  ,  je  n'ai  que  le 
commandement  provisoire  de  l'armée  ;  si  vous 
m'envoyez  un  successeur  ,  je  lui  obéirai  avec  le 
même  zèle  et  la  même  exactitude  qui  mont  tou- 
joui  s  ani'més  pour  le  bien  de  mon  pays  et  l'inlérêt 
de  la   république  (i). 

Salut  et  respect  ,  Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

Menou  ,  général  en  chef,  <fu  générât  Bonaparte ,  pre- 
mier consul  de  la  rébubhque-franqaiu.  —  Au  quar- 
tier.général  du  Kaire  ,  le  i".  brumaire  an  9. 

Citoyen  consul,  j'ai  chargé  le  général  de  bri- 
gade Via!  et  le  chef  de  brigade  du  génie  Lazous- 
de  vous  porter  mes  dépêches- Vous  savez  mieux 
que  moi,  citoyen  consul,  que  le  premier  a  servi 
avec  beaucoup  de  zelc  ,  d'aciivité  et  de  succè.-^ 
sous  vos  orilres  en  Italie.  Lors  de  noire  arrivée 
en  Egypte  ,  après  ma  blessure  à  la  prise  li'Alex  in- 
drie,ii  prit  le. commandement  de  la  division  que 
vous  m'aviez  confiée.  Aux  différentes  afiaires  con- 
tre les  mameloucks,  il  a  combattu  sous  vos  yeux. 

Le  second  (Lazousky)  a  été  nommé  par  vous 
chef  de  brigade  sur  le  champ  de  bataille.  C  esi 
un  excellent  et  brave  officier  ,  prêt  à  perdre  la 
vue  en  Egypte;  j'ai  cru  qu'un  moyen  de  la  lui 
conserver  était  de  l'envoyer  en  France  chargé  de 
mes  dépêches.  J'ai  l'honneur  de  vous  recomman- 
der particulièrement  ces  deux  officiers. 

Salut  et  respect.  Signé ,  Ab.  J.  Menou. 

Le  générât  de  brigade  Vial  au  ministre  de  la  guerre. 
—  Au  quartier- général  en  rade  à  Saint-Tropès , 
à  bord  du  Lody  ,  U  H  frimaire  an  9  de  la  répu- 
blique française. 

Citoyen  ministrs  , 

J'ai  1  honneur  de  vous  informer  que  ,  chargé 
par  le  général  en  chef  de  l'armée  d  Egypte  de 
dépêches  pour  le  gouvernement  ,je  suis  parti  du 
Kaire  le  12  du  mois  passé  ,  d'Alexandrie  le  i5,  et 
que  j'ai  aujourd'hui  jette  l'ancre  dans  celle  rade. 

Soumis  à  unequaranlaine  peut-être  irop longue, 
je  ne  puis  me  permettre  d'4?n  attendre  la  En  pour 
me  réserver  la  satisfaction  de  remettre  moi-même 
SCS  dépêches  au  gouvernement  ;  je  prends  donc 
le  parti  de  les  confier  au  commissaire  de  la  ma- 
rine employé  dans  ce  port  ,  qui  ,  à  cet  égard  , 
a  des  ordres  du  préfet  maritime  de  Toulon  ,  et 
je  le  prie  de  faite  partir  sur  le  champ  un  courrier 
exiiaordinaire. 

Le  chef  de  brigade  dij  génie  Lazousky  doit  par- 
tager avec  moi  Ihonneur  de  présenter  au  gouver- 
nement sept  queues  de  cheval  ,  marques  de  la 
dignité  du  grand-visir  à  la  tête  des  armées  ,  prises 
sur  ce  généralissime  par  suite  de  sa  détaite  à 
Héliopolis. 

L'Egypte  était  fort  tranquille  quand  je  l'ai 
quittée  ;  depuis  plus  de  six  mois  l'on  n'y  avait 
I  biûlé  une  amorce.  Je  crois  inutile  de  vous 
faire  un  tableau  de  notre  situation  dans  celle 
vous  le  trouverez  dans  les  dé- 
pêcdes  'Ju  général  en  chef  ,  et  devant  avoir 
bientôt  l'honneur  d'être  rendu  auprès  du  gouver- 
nement, je  pourrai  le  satisfaire  sur  tous  les  ren- 
seignemens  qu'il  pourra  désirer. 

Les  états  de  situation  que  je  vous  porte  du  per- 
sonnel et  du  matériel  de  l'armée,  de  l'infanterie, 
de  la  cavalerie  et  de  l'artillerie  ,  vous  feront  con- 
naître que  celte  belle  pariie  du  territoire  trançais 
est  à  l'abri  de   toute  espèce  d'invasion. 

Lors  de  mon  départ  d'Egypte  ,  toute  la  côte 
était  fort  libre.  Depuis  long-ieras  les  croisières 
s'étaient  retirées  de  devant  Alexandrie.  Les  an- 
glais ,  comme  les  turcs ,  sont  un  peu  dégoûtés 
de  ces  parages  ,  ovi  ils  laissent  de  tems  eu  tems 
quelques-uns  de  leurs  vaisseaux. 

Signé ,  Vi.^L. 


Lagrange  ,  général  de  brigade  ,  chef  de  Cétat-major 

générât   de  l'armée.  —  Au    quartier-général  du 

Kaire ,  le  4  complémentaire  an  8. 
Citoyen  ministre, 

Le  départ  prochain  du  bâtiment,  que  le  géné- 
ral en  chef  expédie  pour  la  France  ,  ne  me  donne 
pas  aisez  de  tems  pour  pouvoir  me  conformera 
ce  que  vous  me  demandez,  par  votre  lettre  du 
14  thermidor  dernier.  Je  vais  donner  l'ordre  pour 
que  les  conseils  d'adminisiration  des  coips  me 
lournissent  les  états  tels  qù;:  vous  les  désirez.  Je 
saisirai  la  première  Occasion  pour  vous  les  faire 
passer ,  ei  toujours  à  des  époijues  différentes. 

Appelé  par  le  général  en  chef  à  la  place  de 
chef  de  l'étal-major  de  l'ar.Tr^^è ,  depuis  3  jours 
seulement,  je  ne  puis,  citoyen  ministre,  avoir 
l'honneur  devons  rendre  aucun  compte  antéiieur 


(1)   Fai  arrêté    du  r^  fcuctidor 
été  nommé  général  en  cticf  de  l'ar 


à  cette  époque.  A  l'avenir,  j'y  mettrai  la  plus 
grande  exactitude.  Je  vous  ferai  coniiaîtie  les 
événemens  qui  pourraient  arriver  ,  et  les  mouve- 
mens  que  sera  dans  le  cas  de  faire,  l'armée.  J'en- 
trerai dans  des  détails,  persuadé  coiiime  je  le 
suis  du  vif  intérêt  que  le  gouvernement  et  la 
France  entière  prennent  à  son  sort. 

Pour  cetre  fois  je  me  borne  ,  citoyen  ministre  , 
à  vous  assurer  que  l'armée  est  dans  létal  le  plus 
satisfesant.  Le  général  en  chef  s'occupe  sans  re- 
lâche de  ce  qui  peut  améliorer  sa  situation.  Au 
courant  pour  sa  solde  ,  elle  est  on  ne  peut  mieux 
habillée  et  équipée  :  difficilement  trouverait-on 
des  troupes  d  une  plus  belle  tenue.  Le  pays  est 
trantfliille  ;  nous  n'y  comptons  plus  d'ennemis 
depuis  l'expulsion  totale  des  osmanlis.  Le  grand- 
visir  se  trouve  dans  ce  moment  à  Jafîa  avec  leî 
tristes  débris  de  son  armée,  hors  d'éiat  d'agir  , 
suivant  tous  les  rapports. 

Les  habitans,  si  souvent  témoins  de  nos  succès  , 
et  encouragés  par  cette  grande  supériorité  que 
l'armée  a  toujours  conservée  sur  ses  ennemis, 
quel  qu'ait  C'è  leur  nombre  ,  nous  son'  entière- 
ment dévoue;^.'  Déjà  dès  bataillons  auxiliaires  , 
grecs  ,  cophtes  ei  syriens,  ont  été  organisés.  Il' y 
a  mêaie  quekiu-:s  demi-brigades  i^ui  s«  sont  le- 
crulées  avec   une  facilité  singulière. 

C'est  dans  celle  attitude  ,  citoyen  ministre,  q.u.e 
l'armée  d'Orient  attendra  le  résultat  des  brillans 
.luccés  que  la  France  vient  d'obtenir  en  Europe. 
Les  heureuses  nouvelles  qu'elle  en  a,  leçu  l'ont 
comblée  de  joie. 
Salut  et  respect  , 

Signé,  Lagrange. 

Lagrange  ,  général  de  brigade  ,  chef  de  Cétai-major- 
"général  de  l'armée,  au  ministre  /iij-  ta  guerre.  — 
Au  quartier-général  du  Kaire  ,  le  7  Viendemiairt. 
an  9  de  la  république  française. 

Citoyen  ministre  .j'ai  l'honnetir  de  vous  adres- 
ser une  note  sur  l'ordre  qui  a  été  observé  dans  la 
célébration  de  la  fêle  du  i'^  vendémiaire,  au 
Kaire. 

Salut  et  respect.        Signé,  Lagrange. 

La  fête  du  i".  vendémiaire  a  été  célébrée  au 
Kaire  dans  l'ordie  suivant  : 

Le  5' jour  complémentaire,  au  coucher  du  so- 
leil ,  la  fêle  fut  annoncée  par  une  salve  d'artil- 
lerie de  la  citadelle  ,  qui  fut  répétée  par  tous  les 
forts  de  l'armée.  Le  t  =  '.  vendémiaire  ,à  la  pointer 
du  jour,  il  se  fit  une  salve  d'anilleria  générale. 

A  6  heures  du  malin  ,  le,  canon  annonça  le  dé- 
part des  troupes  ,  qui  se  rendirent  à  la  Coubée  , 
lieu  désigné  pour  le  rassemblement. 

A  7  heures,  les  officiers-généraux ,  les  chefs 
d'administration  civils  et  mililaires  et  de  la  ma- 
rine ,-les  membres  de  l'institut  et  de  la  commis- 
sion des  arts,  les  membres  du  conseil  privé,  les 
scheiks  et  les  grands  du  pays  ,  les  guides  à  pied 
et  à  cheval  ,  le  7'.  régiment  de  hussards  ,  se  ren- 
dirent au  quartier  général. 

A8  heures  ,  le  départ  fut  annoncé  par  une  salva 
des  pièces  de  la  porte  des  Pyramides  qui  fut  ré- 
pétée par  tous  les  forts. 

Un  peloton  des  guides  achevai  ouvrait  la  mar- 
che ;   ensuite   venaient   les  scheiks  et  grands  da, 
pays,  la  musique  des  guides  ; 
Le  quartier-général; 
Les  guides  à  pied  formant  la  haie  ; 
Les  chefs,  d'administration  ; 
Les  membres  de  l'institut   et  officiçrs  civils; 
Les  membres  du  conseil   privé  ; 
Le  reste  des  guides  à  cheval  ; 
Le  piquet  du  général  en  chef  ; 
Le  coriége  était  fermé  par  le   7'.  régiment  dcr 
hu-sards; 

Dans  cet  ordre  ,  la  naarche  eut  lieu  en  passant 
sur  le  pont  du  Mousky  ,  la  rue  du  Peiiihouars  et 
la  porte  des  Victoires. 

L'artillerie  de  cette  porte  anrionça  l'arrivée  du 
général  ïn  chef,  les  troupes  de  ta  garnison  pri- 
rent lesarmesi  Elles  étaient  en  bataille,  leur  droite 
appuyée  au  village  ,  qui  se  trouve  sur  la  route 
de.Belbeis  ,  et  leni  gauche  aux  montagnes  du 
Mocalam.  ''» 

Le  généra!  en  chef  en  passant  la  Vevue  donna, 
au  nom  de  la  République  ,  trois  étendards  au  régi- 
ment des  drwoiadaicea. 

Après  la  revue  ,  le  général  en  chef  vint??  placer 
sur  une  bute  vis-à-vrs  le  centre  de  l'armée  ;ious  les 
officiers  et  sous-officiers  par  compagnies  s'y  ren- 
dirent pour  entendre  le  discours  du  géaéral  en 
chef  et  prêter  le  serment  exigé   par  la    loi. 

Aux  cris  de  vive  la  République  ,  l'ariiilerie  fe 
une   salve  qui   firr -répétée  p.:r  tou»  les  forts. 

Le  serment  prêté,  Tes  officiers  et  sons-officiers 
retournèrent  à  leurs  corps  ,  les  troupes  ex;cu> 
terent  les  feux  avec  la  plus  grande  pré;.ision. 
Ensuite  elles  défilèrent  devant  Iq  géoéraJ  en  chef, 
dans   l'ordre  suivant  : 

Le  régiment  des  dromadaires!  ; 
Les  sapeurs  , 


33g 


La  division  ïlegnier , 

La  division  Priant , 

Le  parc  de  l'armée  , 

Les  bataillons  grecs ,  ] 

L«s  bataillons  cophtes , 

Les  mamlouks  , 

Les  syriens  , 

.£c  la  cavalerie. 

Après  avoir  défilé  ,  les  troupes  renircrent  dans 
leurs  quartiers  ;  elles  éîaient  remarquables  par  leur 
belle  et  brillante  tenue  ,  ainsi  que  par  la  propreté 
de  leurs  armes. 

A  trois  heures  ,  il  y  eut  un  dîner  ,  chez  le  gé- 
néral en  chef  ,  de  deux  cents  couverts.  Le  toast 
proposé  parle  général  en  chef,  à  la  prospérité 
tt  à  la  gloire  de  la  République  ,  fut  porté  avec 
enthousiasme  par  tous  les  convives. 

A  4  heures  commencèrent  lès  joutes  sur  l'eau  , 
avec  d'autres  jeux  ,  qui  amusèrent  beaucoup  un 
concours  immense  de  spectateurs  ,  qui  remplis- 
SJiemles  quais  et  lesmaison^sde  la  place  Esbckier. 

A  6  heures  le  général  en  chef  remit  les  prix  aux 
Viinqueurs. 

A  h  nuit  tombante  toutes  les  barques  furent 
illuminées. 

A  7  heures  le  canon  annonça  le  feu  d'artifice  , 
qui  réellement  a  enchanté  les  spectateurs  ,  soil 
par  le  goiît  ou  la  beauté  des  pièces  dont  il  était 
composé  ,  soit  par  l'ordre  et  la  précision  avec 
lesquels  il  a  été   exécuté. 

Le  feu  d'artifice  fut  immédiatement  suivi  d'une 
tiès-brillante  illumination. 

A  8  heures  le  bal  commença  et  a  duré  une 
partie  de  la  nuit,  dans  un  cirque  orné  d'un  pa- 
villon construit  avec  le  plus  grand  goût  ,  dans 
le  jardin  du  général  etr  chef. 

Ë'est  un  hommage  qu'on  doit  à  la  vérité  de 
dire  ,  que  la  fêle  a  été  superbe. 

Difficilement  en  voit-on  d'aussi  belles  en  Eu- 
rope. L'hnnnêieié  ,  la  décence  ,  la  cordialité  ,  y 
OHt  présidé'.  Les  habiians  du  pays  ont  paru  y 
prendre  la  part  la  plus  sincère  ,  et  l'on  peut  har- 
diment assurer  ,  que  le  jour  de  la  fondation 
de  la  république  ,  a  été  dignement  célébré  en 
Egypte. 

Certifié  véritable  , 

Le  général  de  brigade  ,  chef  de.  l' état-major -général 
de   l'armée.  Signé,  Lacrange. 

Menou ,  général  en  chef.,  au  ministre  de  la  guerre. 
—  Au  quartier-général  du  Kaire.,  le  s  vendémiaire 
an  g. 

Citoyenininistre, l'artillerie  de  l'armée  d'Orient 
est  sur  le  pied  le  plus  respectable  ;  chacun  de  utos" 
bataillons  a  une  pièce  de  4  ou  de  3.  Une  de  nos 
divisions  a  une  compagnie  d'artillerie  à  cheval  : 
les  pièces  sont  de  8  et  de  12.  La  division  de  cava- 
lerie a  aussi  une  compagnie  d'artillerie  à  cheval. 
Les  pièces  sont  de  même  calibre.  A  chacune  des 
quatre  grandes  divisions  d'inljoterie  de  l'armée  , 
«ont  attachées  des'  pièces  dé  position  'de  8  et 
de  13. 

'Kute  cette  artillerie  est  parfaitement  attelée,  et 
chaque  division  de  l'atméeest  tellement  organisée, 
qu'un  quart-d'heure  après  en  avoir  reçu  l'ordre  , 
elle  est  en  état  de  partir  et  de  combattre,  avec 
tout  ce  qui  lui  est  nécessaire. 

Chaque  demi-brigade  à  un  certaip  nombre  de 
chameaux  qui  lui  sont  attachés  pour  porter  l'eau 
et  les  vivres.  Il  en  est  de  même  de  la  cavalerie. 
J'ai  cru  nécessaire  d'établir  un  parc  de  réserve  de 
5oo  chameaux  qui  sont  destinés  aux  besoins  im- 
piévus  de  l'armée  ,  en  cas  quelle  fût  obligée  de 
faire  des  marches  eXti'aordinaires  ;  mais  afin 
qu'ils  tïe  soiend  pas  inuiltes  ci  à  charge  ,  lorsqu'ils 
ne  sont  pas  employés  pour  le  service  de  l'atmée  , 
ils  le  sont  alors  aux  travaux  publics,  à  ceux  du 
génie  et  de  l'artillerie. 

J'ai  auisi  fait  établir  un  dépôt  de  remontes  qui 
»er?  porté  successivement  jusqu'à  5oo  chevaux  , 
de  manière  que  nos  régitncnï  de  cavalerie  qui  , 
pour  le  moment ,  sont  parfaitement  bien  montés, 
puissent  toujours  trouver  Ips  chevaux  qui  leur 
«eront  nécessaire»  après  des  événemens  oc  perte 
À  la  guerre. 

Il  serait  bien  à  désirer  ,  citoyen  tei-tiisire,  que 
ootce- cavalerie  en  Europe  pût  être  montée  comme 
notre  cavalerie  en  Orient.  On  ne  se  fait  pas  d'idée 
de  la  vigueur ,  de  lasouplesse  et  de  la  sobriété  des 
cbievaux  arabes.  Je  vais  essayer  de  substituer  n  nos 
selles  européancs  les  selles  à  la  mani'  louk.  Quant 
aux  brides,  qui,  pour  la  guerre  ,  ont  beaucoup  de 
supériorité  sur  les  nôtres  ,  nous  les  avons  déjà 
généralement  adoptées. 

Le  cavalier  sur  une  selle  à  la  mamelouk,  n'a  pas 
besoin  de  s'occuper  de  sa  tenue.  Point  de  cheval 
»î  fougUBUK  ']ue  sa  bride  n'anêtc.  Alors  l'homme 
est  tout  entier  occupé  «Je  combaiire  cl  de  se  servir 
avaDt»gcusemcnt  de  ses  armes.  Aussi  j'ose  vous 
assurer,  citoyen  «hiniïtre,  que  la  c;ivalcric  mamti- 
louke  ctt  la  prewi're  <le  l'univeiJ  :  chaque  h'o'rrtme 
e<i  aimé  de   dciiX  pistolets  d'ar^on ,  de  deux  de 


ceinture  ,  d'un  tromblon  ,  arme  terrible  dans  la 
mêlée  ,  d'une  carabine,  d'un  excellent  sabre  qu'il 
porte  à  son  côté  ,  et  d'un  autre  petit  sabre  qu'il 
porte  à  cheval  sous  la  cuisse.  Il  se  sert  de  louies 
ces  armes  avec  la  plus  grande  adresse. 

J'aurai  l'honneur  de  vous  faiie  passer,  par  la 
première  occasion  sûre,  une  demi-douzaine  de 
selles  à  la  mamelouk  et  de  brides  bien  complelles. 

Je  ne  puis  ,  citoyen  ministre,  vous  faire  trop 
d'élopes  des  généraux  ei  officiers  qui  diri^^ent  l'ar- 
lillerie.  Le  général  Songis  qui  la  commande  en 
chef,  le  général  Fauhrier  ,  directeur-général  du 
parc  ,  sont  des  hommes  excellens  ,  aussi  braves  et 
inlelligens  qu'attachés  à  leur  patrie.  Les  chefs  de 
brigade  Tirelet  et  Danlhouard  ,  le  premier  ,  chef  1 
de  l'état-major  de  l'arlillerie  ,  le  second  ,  direc- 
teur du  parc  d'Alexandrie  ,  sont  des  officiers  de 
la  plus  grande  distinction. 

Le  parc  général  de  l'armée  est  en  aussi  bon  or- 
dre que  le  sérail  le  parc  le  mieux  tenu  d'Europe. 
Il  nous  manquait  encore  quelques  pièces  de  tiros 
calibre.  Mais  le  bon  génie  qui  plane  sur  nous  , 
nous  a  dernièrement  envové  à  la  cote  un  vaisseau 
turc  de  84  canons,  dont  le  s,niv;i,igu  nous  pro- 
curera ce  qui  nous  manquait.  Nous  jions  déjà  des 
pièces  de  48  ,  de  36  ,  de  24  ,  dt  18  ei  de  12  ;  elles 
sont  très-bonnes  ;  ce  qui  n'est  pas  ordinaire  chez 
les  turcs. 

Un  autre  bâtiment  anglais  pareillement  échoué 
sur  nos  côtes  ,  nous  a  fourni  vingt  caronades  de 
32  livres  de  balle. 

Au  total  ,  citoyen  ministre ,  nous  n'gygnj  fjen 
à  désirer  sur  le  matériel  de  rartil'*"^- 

Salut  et  respect.  Signé,  Ar.    J.    Menoù. 

Menou  ,  général  en  chef,  au  miriistre  de  la  guerre. 
—  Au  quartier-général  du  Kaire  ,.  le  u  vendémiaire 
an  9  de  la  république  française ,  une  et  indivisible. 

Citoyen  ministre  ,  j'ai  eu  l'honneur  de  vous 
adresrser  par  triplicata  ,  trois  lettres  qui  relataietr; 
I  horrible  assassinat  commis,  le  25prairi.il  der- 
nier, sur  la  personne  du  général  en  tlief  Ivléber. 
Je  n'entrerai  point,  à  cet  égaid  ,  dans  de  plus 
grands  détails.  Voustrouvcrez  joints  ici  plusieurs 
exemplaires  de  la  procédure  à  la  suite  de  la- 
quelle a  été  condamné  à  mort  ,  et  exécuté  ,  avec 
le  plus  gj-and  appareil  .  le  lâche  assassin. 

Porté  par  ces  circonstances  et  par  l'ancienneté 
de  grade  au  commandement  en  chef  de  l'armée 
d'Orient  ,  je  sens  combien  ce  fardsau  est  pesant 
pour  moi  ;  mais  si  un  z;le  sans  bornes  et  uh  ai- 
tachcmeot  inviolable  à  la  république;  et  à  ma  pa- 
trie peuvent  suppléer  à  ce  qui  me  mar.que  de 
talens  ,  vous  pouvez  cocr.pter  ,  citoyen  ministre  , 
et  je  vous  prie  d'en  assurer  le  premier  consul  , 
que  rien  ne  pourra  faire  perdre  à  la  république 
la  magnifique  conquête  de  l'Egypte  ,  que  des 
ordres  directs  du  gouvernement. 

Citoyen  ministre  ,  les  armées  françaises  viennent, 
de  s'immortaliser  en  Europe;  elles  ont,  pour 
ainsi  dire,  reconquis  la  république  et  la  libellé  , 
que  des  evénemens  que  nous  ne  connaissons 
ici  qu'imparfaitement ,  avaient  mis  sur  le  penchant 
de  leur  ruine.  L'armée  d  Orient  a  bravé  l'horreur 
des  déserts  ,  la  taim  ,  la  soif  ,  la  peste  ;  elle  a 
détruit  les  hordes  réunies  de  tous  les  barbares 
de  l'Asie  ;  elle  est  encore  prête  à  donner  à  la 
république  et  au  premier  consul  tous  les  témoi- 
gnages du  plus  entier  dévoûment;  elle  ma  chargé 
d'être,  à  cet  égard,  son  interpièie  auprès  du 
premier  consul.  La  cérémonie  d'hier  fut  atten- 
drissante :  ce  fut  au  milieu  des  cris  d'allégresse  , 
lorsque  nous  célébrions" et  la  fondation  de  la 
république  ,  et  les  triomphes  de  nos  arnnées  en 
Europe  ,  que  l'armée  d  Orient  donna,  dans  les 
épanchemens  de  sa  joie,  les  plus  fortes  preuves 
de  son  attachement  pour  le  premier,  consal  ;  il 
peut  compter  sur  elle  et  sur  celui  qui  alhonneur 
de  la  commander  provisoirement  ,  à  1^  vie  et  à  la 
mon. 

Citoyen  ministre  .  le  général  de  division  Damas 
ayant  cessé  ses  fonctions  de  chef  de  l'éiat- 
major-général  ,  j'ai  nommé  ,  pour  le  remplacer  , 
le  général  de  brigade  Lagrange  ,  homme  des  plus 
braves  ,  des  plus  actifs  el  des  plus  inielligens  de 
l'armée.  Le  premier  consul  lui  avait  téinoigné 
beaucoup  d'intérêt  et  de  bonté  en  Egfpie  '.  il 
les  méritait. 

J'espère  ,  citoyen  minisire  ,  «[ue  dans  quelrjiiès 
mois  ,  le  chef  de  l'éiat-major  pourra  vous  préjen- 
ter  un  état  sailsfesant  sur  tout  ce  qui  tient  aux 
comptabilités. 

Salut   et  respect.  Signé ,  Ai.  ].  Mekou. 

Menou  ,  général  en  chef .  au  ministre  de  la  guerre. 
—  Au  quartier-général  du  Kaire  ,  le  2  vendémiaire 
an  9  de  la  république  française  ,  une  et  indivi- 
sible. 

J'ai  l'honneur  de  vous  prévenir  ,  citoyen  mi- 
nistre ,  que  l'armée  d  Orient  est  au  courant  de 
sa  solde  depuis  le  dernier  jour  coinplérarnlaire. 
J'espère  qu'a  commencer  de  celle  nouvelle  année; 
elle   pourra  être  payée  tous  les  dix  jours. 

I.'li;<billeineul  est  en  bon  état  ,  ainsi  i]"ft  l'ai- 
intmciit.  Signé  Ab.  J.  Mi'.muu. 


Menou  ,  général  en  chef,  au  ministre  de  la  guerre. 
■ —  Au  quartier-général  du  Kaire  ,  le  2  vend(- 
miaire  ,  an  g  de  ta  république  française  un«.  et  in- 
divisible. 

Lorsque  les  circonstances  m'ont  porté  au  COTÎI- 
mandcm-nt  de  I  armée  ,  mon  premier  soin,  après 
avoir  pourvu  à  la  défense  et  à  la  sûreté  du  poys  , 
a  dû  êire  de  porter  1  œil  le  plus  attentif  sur  tout 
ce  qui  tenait  aux  a.iminisirations  ;  je  ne  vous 
Cithurai  poini  ,  citoyen  ministre  ,  que  j'ai  trouvé 
df.%  plaies  profondes  ;  de  grandes  déprédations 
avaieiM  été  commises  ;  une  immoralité  déhontéo 
s'était  icmpaiée  de  quelques  administrateurs.  J'ai 
cru  que  moo  premier  devoir  était  de  leur  dé- 
clarer une  guerre  à  mort  ;  dç  là  ,  quelques  ordres 
du  jour  qui  contiennent  des  additions  au  code- 
pénal  mil'iairo.  Vous  Cfoyez  bien  ,  citoyen  mi- 
nistre ,  qu'avec  Cette  sévéïiié,  je  me  suis  fait  des 
ennemis  ;  mais  peu  nt'iinpoile^si  la  chose  publi- 
que va  ,  cl  si  je  puis  i^'ppé'er  aux  principes  de 
l'honneur  quelques  homiTies  qui  sont  encore  sus- 
ceptibles d'.-  1rs  entendre  :  quant  riux  autics  ,  ju 
les  ch.isse  ii;nnminicustm<-nr.  De  o\  commissaire» 
des  guerres  qui  sont  aciuei'tment  à  l'armée  ,  ju 
compte  en  réduire  le  nombre  à  vingt  ;  ce  qui 
peut  paraître  encore  considéi'able  ;  mais  Icu 
grandes  distances  où  sont  entre  eilas  les  troupes  i 
et  l'étendue  de  1  Egypte  ,  nécessitent  ce  nombre. 

Sans  ré!oignenient  où  nous  sommes  de  la' 
France,  et  la  difficulté  de  correspondre  avec' 
elle,  je  n'aurais  rien  faii  à  cet  égard  sans  aitendre 
vos  ordres.  Quelques-uns  des  commissaires  sup- 
priiTiés  rcntreiont  dans  les' corps  d'où  ils  sont' 
sortis  ;  les  auties  seront  envoyés  en  France  par  Ix 
première  occasion. 

Les  comptabilités  des  corps  d'infanterie  et  de 
cavilerie  étaient  en  mauvais  état.  J'ai  donné  de»' 
ordres  sévères  à  cet  égard;  elles  commencent  à 
se  rétablir. 

Toutes  les  troupes  sont  bien  vêtues  ;  niais  le 
défaut  déicffes  d'une  même  couleur  nous  a  for- 
cés à  bigarer  exlrêmement  les  uniformes  :  le  rouge, 
le  biuii  ,  te  verd,  le  cramoisi ,  le  bleu  céleste  tor- 
ment  les  nuances. 

La  cavalerie  .a  pu  seule  conserver  ses  cou- 
leurs, et  est  d'une  tenue  aussi  parfaite  qu'elle  le' 
serait  en  Europe.  Les  généraux  Lecletc  et  Roise 
qui  la  commandeni  l'ont  remise  sur  un  très-bon 
pied. 

Les  troupes  de  toutes  les  armes  manœuvrent 
journellement  ;  j'ai  fait  établir  des  écoles  de  théo- 
rie pour  les  officiers  et  sous-ofïiciers. 

Le  service  des  places  se  fait  avec  beaucoup 
d'exactitude. 

La  discipline  et  la  subordinatiori  se  rétablissent 
dans  tous  les  coiis.  Je  ne  puis  à  cet  égard  trop 
louer  et  l'activil^.'Ut  {4  sarveillaoce  des  généraux 
et  officiers. 

Toutes  les  troupes  mangent  d'excellent  pain. 
Mais  vous  n'avez  pas  d  idée  ,  citoyen  ministre  , 
combien  il  m'a  f.iliu  batailler  contre  l'avidité  qui 
ip.jculait  sur  la  mauvaise  nourriiuie  du  soldat. 

En  place  de  la  viande,  des  légumes  ,  du  sel  et 
du  bois  tju'on  devait  délivrer  aux  troupes,  elles 
leçoivent  chaque  jour  deux  sols  d'indemnité,  ce 
dont  elles  sont  conientes  et  vivent  à  merveille. 
Qiielques  garnisons  où  la  vie  est  plus  chère', 
ictles  qu'Alexandrie  et  Suez  ,  reçoivent  ,  l'une 
un  sol  de  plus  par  jour,  et  l'autre  six  deniers. 

Il  n'existe  plus  d'autre  distribution  dans  l'armée 
que  celle  du  pain  ,  du  liz  et  du  fourage  ;  quant 
à  ce  dernier  article  ,  les  généraux  ,  états-majon 
et  tous  individus  isolés  ,  reçoivent  dix  sob  par 
jour  par  chaque  ration  de  fourage  que  la  loi  leur 
accorde. 

■  J'ai  rendu  aux  corps  ,  la  chaussure  ,  la  coëfFure. 
les  bottes  el  tout  ce  qui  concerne  l'habillement. 
Ils  sont  bien  mieux  entretenus  ,  et  ils  coulent 
beaucoup   moins   cher. 

'Voilà,   citoyen  ministre,  ce  que  j'ai   cru  faire 
de  mieux  sur  tous  ces  objets  .   pour  le  service  dt 
la  république  ,    et  pour  le  bien  être^e  l'armée. 
Salut  el  respect.         Signé,  As.  J.  Me>jou. 

Menou  ,  général  en  chef,  au  ministre  de  la  guerrû. 

—  Au  quartier  général  du  Kaire  .  le  2  vaidémiairt 

an  p. 

Citoyen  ministre  ,  Murad-Bey  avait  fait,  pen- 
dant le  siège  du  Kaire  ,  un  liailé  de  paix  et  d'al- 
liance avec  le  général  Kleber.  Il  l'a  exécuté  ponc- 
tuellement jusqu'à  ce  jour,  et  il  promet  qu'il  y 
sera  toujours  fidèle. 

Les  provinces  de  Girgé  çt  d'Assuan  n'ont 
été  concédées  à  Mourad-B.y  que  sons  le  titre  de 
prince  gouverneur  du  S  l'id  ,  pour  la  r-publiquo 
française.  Il  jouit  du  revenu  territorial  de  ces 
provinces,  à  condiiion  de  nous  payer  annuell-. - 
ment  ,  tant  en  argent  qu'en  grains  de  toutes  es- 
pèces, la  valeur  à-peu-près  de  65o,ooo  livres. 
Murad  a  iniérêi  d'observer  le  irailé.  Il  est  déres'é 
par  les  turcs.  Il  le  leur  rend  bii.n.  11  connaît  la 
mauvaise  foi  des  anglais.  Lui-même  a  de  la  géhé- 
rosiié  ctutre  certaine  grandeur  da-is  le  caractère. 
Si  femme  qui  est  demeurée  au  Kiire  ,  s'y  con- 
rhiità  meivciiL'.  J:;  b  ir.iite  avec  t.  '.ïs  1  S  éi'ir'in 
que    niériie   uub  femme   qiai  par  elle  nu  me  ,  pif 


340 


son  caractère  et  par  son  esprit  ,  commande  l'in- 
téêi,  mais  qui  d'ailleurs  jouit  d'une  grande  cé- 
lébiité  dans  le  pays  ,  ayant  été  la  femme  d'A'y- 
B.y  le  Grand.  Le  pr-mier  consul  lui  renJait  beau- 
coup d'honneurs.  J=  n'ai  cru  rien  faire  de  mieux 
que  de  suivre  son  exemple-  Murad-BL-y  enirctient 
au  Kaire  un  cachtf,  avec  le  titre  d'envoyé  piès 
le  gouvernement  français. 
Salut  et  respect.  Signé,  Ab.  J.  Menou. 

Minou  ,  général  en  chef,  au  ministre  de  la  guerre. 
—  Au  quartier  général  du  Kaire  ,  le  2  vendémiaire 
an  g  de  la  république  française  ,  une  et  indi- 
visible. 

Citoyen  ministre  ,  vous  trouverez  ci-joint  tous 
les  ordres  du  jour  depuis  que  j'ai  ie  comman- 
dement provisoire  de  l'armée.  Ils  renferment  les 
changemens  que  j'ai  cru  devoir  i'aire  à  la  nature 
de  plusieurs  contributions  et  impositions.  J'ai 
encore  beaucoup  à  faire  à  cet  égard.  J'espère 
cependant  que  ,  d'ici  à  un  mois  ,  tout  sera  ter- 
miné.Je  fais  siirement  beaucoup  de  fautes  ,  mais 
a^i  moins  je  tache  df.ue  le  plus  équitable  que  je 
puis  ,  en  ménageant  toui-à-la-fois  les  intérêts  de 
la  république  ,  ceux  de  Varmée  ,  et  ceux  des 
peuples.  Au  total  ,  citoyen  ministre  ,  je  ne  tra- 
T-aiUe  que  pour  le  bonheur  de  mon  pays;  je 
n'ai  pas  d'autre  ambition.  Je  mourrais  content 
demain  ,  si  j'étais  assuré  d'avoir  fait  un  peu  de 
bien  aujourd'hui. 

Le  commerce  reprend.  J'ai  entretenu  des  liai- 
sons suivies  avec  le  grand  schérif  de  la  Mecque  , 
sur  la  côte  orientale  de  la  Mer-Rouge  ;  avec  les 
rois  de  Darfurih  et  de  Dongola  ,  au  sud-ouest 
de  l'Egypte;  avec  l'empereur  d'Abyssinie  au  sud, 
et  j'ai  écrit  à  difFérens  princes  arabes  répandus 
dans  la  Lybie  ,  le  Balud  el  Gcrid,  et  le  pays  qu  on 
nomme  le  Sudan  qui  est  arrosé  par  le  Niger.  Les 
caravanes  commencent  à  arriver  ;  elles  appor- 
tent des  esclaves,  de  la  poudre-d'or  ,  des  dents 
d'^éléphans,  des  plumes  d'autruches  ,  des  cornes  de 
rhinocéros,  des  drogues  médicinales,  des  gommes 
et  plusieurs  autres  objets  d'un  grand  commerce. 
Les  arabes  de  Tor  et  du  Mont  Sinaï,  ainsi  que 
ceux  du  pays  situé  entre  Suez  ,  Jaffa  et  Jérusa- 
lem ,  viiennent  journellement  ici  en  caravanne. 
Plusieurs  de  ces  tribus  qui  veulent  devenir  agri- 
coles ,  m'ont  demandé  du  terrein  ;  je  leur  en  ai 
donné  entre  Belbeys ,  Salehieh  et  Suez;  elles  se 
comportent  très-bien. 

J  ai  envoyé  à  la  recherche  d'une  soufiFrière  qui 
existe  non  loin  de  la  Mer-Rouge  ,  entre  Cossé'ir 
et  le  paralelle  de  Benisouef.  Ce  serait  une  dé- 
couverte  précieuse. 

L  T^aypte  fournirait  du  salpêtre  au  monde  en- 
tier. C  en  ici  le  moment  de  vous  parler  de  notre 
manulac  uie  de  poudre  ;  elle  nous  en  fournit 
mille  livres  par  jour,  d'une  qualité  supérieure. 
Citoyen  ministre  ,  celui  qtii  la  régit,  ie  citoyen 
Champy  ,  est  un  homme  des  plus  précieux,  ainsi 
que  U-  cit.  Conté,  chef  des  aérostiers  ,  qui  a  été 
charné  de  tout  le  mécanisme  du  moulin  à  poudre. 
Ces  deux  hommes  mélitent  de  grandes  récom- 
penses nationales.  Ils  ont  tout  sacrifié  pour  venir 
ici  ;  ils  sont  l'ame  de  tous  nos  travaux  ;  ils  ne 
connaissent  que  l'amour  de  la  patrie  ;  tout  ce 
qu'on  leur  propose  de  faire  ,  est  fait  à  l'instant. 

Le  cit.  Conié  va  nous  établir  une  ligne  télégra- 
phique. Il  a  fallu  pour  y  parvenir  ,  tout  créer  ;  il 
a.  tait  avec  ses  aérostiers  60  lunettes  excellentes. 

Il  établit  un  moulin  à  foulon.  J'espère  que  , 
sous  peu  ,  nous  aurons  des  draps  pour  habiller 
nos  troupes. 

Il  a  établi  un  atelier  de  lames  de  sabres  ;  il  fait 
presque  aussi  bien. que  les  lames  de  Perse. 

Il  a  établi  un  martinet  et  une  tannerie  ;  enfin  , 
citoyen  ministre,  les  citoyens  Conté  et  Ciiarapy 
ne  rencontrent  jamais  aucune  difficulté  dans  ce 
que  je  leur  propose.  Ce  sont  des  hommes  éton- 
iians.  Ils  jouissent  l'un  et  l  autre  de  toute  l'estime 
et  de  la  considération  de  l'armée  ;  j'ai  l'honneur 
ce  vous  les  recommander  particulièrement. 
Salut  et  respect.    Stgrae ,  Ab.  J.  Menoo. 

Menou ,  général  en  ehef,  au  ministre  de   la  gurrre. 

—  Au  quartier-général  du  Kaire  ,  le  2  vendémiaire 

an  9  de  la  république-française  ,  une  et  indivisible. 

Citoyen  ministre  ,  les  officiers  du  génie,  dirigés 
parle  général  de  biigade  Sanson  ,  donnent  tous 
les  jours  en  Egypte  des  preuves  de  zèle  et  d'in- 
telligence. Je  De  puis  trop  les  louer  à  cet  égard. 
Les  iravaux  sont  partout  dans  la  plus  grande  ac- 
■•tivité.  Je  n'entrerai  pas  sur  cet  objet  dans  de 
grands  détails  ,  ayant  chargé  le  général  Sanson  de. 
vous  envoyer  un  étit  général  de  situation,  tant 
au  personnel  qu'au  matériel  :  mais  j'ose  vous  as- 
surer que  la  partie  du  génie  qui  est  en  Egypte 
mérite  tout  l'intérêt  du  gouvernement,  notam- 
ment le  général  Sanson.  Je  ne  connais  pas  d'offi- 
cier plus  attaché  à  sa  patrie.  Son  activité  est  sans 
égale;  il  est  p.irrout  ;  sa  comptabilité  est  dans  le 
plus  grand  ordre  ,  et  tous  les  officiers  sous  ses 
ordres  suivent  son  exeiu,ple. 

Nous  sommes  partout  en  état  de  résistance  ;  les 
travaux  sont  simples  ,  peu  considérables  ,  mais 
solides  et  le  flanquant  bien  daps  toutes  leurs  par- 


ties. Ceux  d'Alexandrie  sont  beaucoup  plus  con-  j  J'y  joins  celui  de  la  marine  avec  celui  de  l'artillerie. 


sidérables  ,  en  raison  de  l'importance  de  la  place 
et  du  port.  Nous  y  attendrions  de  pied-ferme  une 
armée  européane  aguerrie.  Ceux  du  Kaire  ont 
un  assez  grand  développement,  et  sont  dirigés 
tout  à-la-lois  contre  l'ennemi  extérieur  et  contre 
les  insurrections  des  habitans.  Cette  dernière  pré- 
caution est  sur-abondante,  car  aujourd'hui  les 
habitans  sont  dans  la  plus  grande  soumission.  Je 
suis  convaincu  qu'en  les  gouvernant  tout  à-la- 
fois  avec  fermeté ,  justice  et  moralité  ,  ils  devien- 
dront les  amis  sincères  des  Français  ,  car  partout 
les  hommes  ne  cherchent  qu'à  améliorer  leur 
sort;  et  il  ne  faut  pas  se  donner  beaucoup  de 
peine  à  cet  égard  ,  pour  faire  mieux  que  les 
mameloucks. 

Salut  et  respect.  Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

Menou.,  général  en  chef.,  au  ministre  de  la  guerre. 
—  Au  quartier-général  du,  Kaire.,  le  a  vendémiaire 
an  9  de  la  république  française. 

Citoyen  ministre  ,  lorsque  je  suis  arrivé  au  com- 
mandement de  l'armée  ,  les  hôpitaux  étaient  dans 
un  état  déplorable.  Cela  tenait  en  grande  partie  à 
l'infidéliié  et  à   l'immoralité   des  administrateurs. 
J'ai  fait  des  changemens  à  cet  égard.  J'ai  cherché 
des  hommes  probes  et  humains  ,  acfuellement  la 
nourriture  des  malades  est  excellente.  Les  matelas, 
les  couvertures  et  le  linge  de  toute  espèce  ont  été 
fournis  sn  abondance.  Nos  officiers  de  santé  ,  di- 
rigés par  les  citoyens  Desgenettes,   médecin   en 
chef ,    Larrey  ,    chirurgien   en  chef  et   Boudet , 
pharmacien  en  chef ,   se  conduisent   à  merveille. 
Leur  activité  ,   leur  dévouement  et  leur  courage  j 
sont  au-dessus  de  tous  éloges.  Ils  ont  bravé  les  hor-  j 
reurs  de  la  peste,  les  dangers  des  combats-  Aussi  | 
avons  nous  fait  dans  cette  partie  de  l'armée  ,  des  ' 
pertes  considérables  :  plus  de    cent  officiers  de 
santé  sont  morts  dans    les  hôpitaux,   ou   ont  été 
tués.  Je  ne  puis  jrop  recommander  à  vos  bontés 
les  trois  cherfs  que  je  viens  de  nommer  (  l  ). 

J'ai  cru  devoir  augmenter  proportionnellemcnj 
les  appointemens  de  tous  les  officiers  de  santé.  Ils  ! 
étaient  trop  peu  considérables  pour  ce  pays-ci. 

J'ai  cru  devoir  aussi  leur  donner  plus  d  influence 
dans  l'adininistration  des  hôpitaux  ,  et  la  leur  faite 
partager  avec  les  commissaires  des  guerres.  Il  m'a 
toujours  paru  extraordinaire  que  les  officiers  de 
santé  en  chef,  n'eussent  aucune  police  à  exercer  ; 
dans  les  hôpitaux.  j 

Je  dois  vous  observer  ,  citoyen  ministre,  que' 
quant  aux  maladies  ordinaire' ,  il  n'en  existe  ici 
qu'à-peu-près  le  dixième  de  celles  qui  existent  en 
Europe.  Lorsque  nous  aurions  cent  malades  par- 
tout ailleurs ,   nous  n'en  avons  que  dix  ici. 

Salut  et  respect.  Signé,  Ab.J.  Menou. 

Menou .  général  en  chej ,  au  ministre  de  la  guerre.  — 
Au  quartier-général  du  Kaire ,  le  2  vendémiaire 
an  9  de  la  république  française  une  et  indivisible. 

Citoyen  ministre  ,  quoiqu'il  n'existe  pas  de  cartel  lich  u'ont  pas  été  transportés   de   Boulaq   à  Ro- 

pour  l'échange  des  prisonniers  entre  la  république  sette  ,  comme  il  s'y  était  engagé  envers  elle   ; 
française  et  la  Porte  ottomane  ,  j'ai  cru  devoir .  par  '        Considérant    encore     que     tous     les    français 

principe  d  humanité  ,   me    conduire  vis-à-vis  les  avaient   été  prévenus  à  tetos  par   l'état-major  gé- 

nombreux  prisonniers    turcs  que   nous  avons  en  néral   de  l'armée  ,   et  par   le  commandant   de  la 

Egypte,    comme  je, me  conduirais  vis-à-vis  des  place   de  Bouiaq  ,  de    transporter   leurs  effets   à 

prisonniers  d'une  nation  ,  qui  aurait  un  cartel  avec  la  ferme  d'ibrhim-bey  ,  à  Giséh  ou  à  la  quaran- 

les  Français.    On  a  assimilé  les  grades  ,   et  chacun  ,  tainc  ;    ce  ne  peut  donc  être  que  par   la  faute  et 

des   osmanlis  iPçoii  la   demi-solde,   ainsi   que  le  au  moins  pat   la   négligence   dudit   citoyen   An- 

prescrivcnt  nos  lois.  I  toine,  gardc-magisin  ,   si  les   effets  de    la   veuve 

Le  citoyen  Baudot,  ci-devant  aide-de-camp  du'  He.ène    Krcliçh  ,   consistant    seulement  en  deux 

générai  Kleber,    et  qui  par  dévouement  avait  été  m^ili"  et  deux  paquets  ,  n  Ont  pas  ete  transportes 

fait  prisonnier  à  la  bataille   d  Héliopolis  ,    tandis  ,  ^''^  *'"">=  t*  Ibrahim-bey  ,  a  Gyseh  ou  a  la  qua- 

qu  il  se  rendait  en  qualité  de  parlementaire  auprès  ""''"°'=    =   ce  qui    détermine    la    commissitjn    a 

du  grand  visir;  Baudot,   dis-je  ,   qui  a  été  exiiê-  condamner   a   1  unanimité    le    citoyen   Antoine  , 

mement  maltraité  à  JafFa  par  les  troupes  de  terre  i  gardc-mag.sin  ,  a  payera  dans  le  délai  de  5  jours, 

ottomanes  ,    mais  parfaitement  traité  ensuite  par  ,  a  '»   veuve  Hélène  K.rehch    a  titre   d  indcinnite  , 

le  capitan-pacha  ,  et  toute  l'armée  de   mer,  a  été  ;  '*  somme  de  douze  cents  francs. 
échangé  à   Damietie  avec  des  prisonniers  faits  à        F,<it  à  Boulaq  ,  le  21  messidor  an  8  de  la  rt- 

■  ■         "  ■  ■  ■■  ■-  •  publique. 

Signés  PtNA  ,  directeur  de  la  douane  ;  le  chej  de 
brigide  Lambert  ;   Leclerc  ,  général  de  division. 

\a  boQ  pour  être  exécuté. 

Au  Kaire,  iezi  messidor  an  8  de  la  république. 
Le  général  en  chef ,  signé  Ab.  J.  Menou. 

Le  genéial  en  chef  voulant  que  l'armée  sache 
que  justice  a  été  rendue  à  qui  elle  appartient  , 
a  ordonné  1  insertion  à  l'ordre  du  jour  du  jugc- 
mc.  t  ci-dessus. 

Le  général  en  chef  témoigne  sa  satisfaction  au 
chtf  a' escadron  du  20°"=.  régiment  ,  le  citoyen 
Bliniac  ,  commandant  à  Manssourah  ,  de  la 
conduite  énergique  et  ferme  qu'il  a  tenue  lors 
de  l'assassina:  commis  sur  un  caporal  de  la 
32°^'.  cicrai-brigade. 

Le  générai  en  chef  fait  savoir  à  toute  l'armée 
que  l  assassin  était  venu   de  Syrie. 

Le  général  en  chef,  signé,  Ab.J.  Menou. 
Ordre  du  jour  du  25  messidor. 

Règlement  qui  organise  la  commission  chargés 
de    l'exécution   de  la  mesure  prise  par  le  général 
en  chef  Kiéber  ,   pour  le  paiement  d'une  partie 
i  de  la  solde  des  marchandise». 

Du 


pour  le  matériel  et  personnel  de  cette  arme  ,  quoi- 
que ce  dernier  se  trouve  compris  dans  l'état-géné- 
ral  de  l'armée. 

Salut  et  respect.  Signé,   LagraNGE. 

Extrait  des  ordres  du  jour  de  l'armée  d'E- 
gypte, DU  20  MESSIDOR  AN  8  ,  Al)  9  BRU- 
MAIRE AN   g. 

Du  20  messidor  an   8. 

Le  génrSral  de  division  Belliard  commandera  la 
place   du  Kaire. 

Le  général  en  chef ,  voulant  prendre  tous  les 
moyens  qui  pourront  préserver  les  soldats  de 
plusieurs  maladies  ,  et  notamment  de  celle  con- 
nue sous  Ije  nom  d'ophtalmie  ,  qui  provient  en 
grande  partie  de  la  fraîcheur  et  de  l'humidité  de 
l'air  pendant  la  nuit  ,  ainsi  que  de  la  mauvaise  ha- 
bitude qu'ont  la  plupart  des  soldats  ,  de  dormir 
sans  avoir  la  tête  couverte  ,   ordonne  ce  qui  suit  : 

D  ici  au  i5  vendémiaire  prochain  ,  tous  les  in- 
dividus corriposant  l'armée  seront  pourvus  d'une 
capote  faite  avec  l'étoflFe  de  laine  brune  dont  se 
servent  ordinairement  les  arabes.  Tous  les  corps 
de  l'armée  seront  chargés  de  l'achat  des  éloflTcs  et 
de  la  confection  des  capotes.  En  conséquence, 
le  général  chef  de  l'état-major  el  l'ordonnateur 
de  l'armée  se  réuniront,  pour  concerter  ensemble 
les  sommes  qui  doivent  être  accordées  pour  l'a- 
chat et  confection  desdites  capotes  :  ils  en  ren- 
dront compte  au  général  en  chef  ,  qui  ordonnera 
au  payeur  général  de  mettre  les  sommes  conve- 
nues à  la  disposition  des  corps. 

Signé  ,  Ab.  J.   Menou. 

Ordre  du  jour   du  21   messidor  au  8. 

Réglenlent  portant  organisation  d'un  dépôt  d« 
remonte  pour  l'armée. 

Ordre  du  jour  du  23  messidor  an  8. 

Jugement  rendu  par  la  commission  formée  par  l'ordre 

du  général  en  chej  ,  ainsi  conçu. 

ti  II  sera  formé  ,  à  Boulaq,  une  commission 
)i  corapos 'e  du  général  de  division  Leclerc  ,  du 
!)  chef  de  brigade  Lambert  dU  14°  régiment 
51  de  dragons  ,  et  du  citoyen  Pina  -  directeur 
ï!  de  la  douane  à  Boulaq,  à  l'effet  de  jugrr  dé- 
)>  ftjiiivement  et  en  dernier  ressort  une  contes- 
j>  talion  qui  s'est  élevée  entre  la  veuve  Hélène 
)j  Krelich  ,  vénitienne  de  naissance  ,  et  le  ci- 
!)  loyen  Antoine  ,  garde-magasin  à  Boulaq.  La 
5)  commission  fera  appeler  devant  elle  ,  sous  le 
51  plus  bref  délai  ,  les  deux  intéressés  ,  et  elle 
)i  rendra  compte  de  ses  opérations  et  de  son  ju- 
j>   gement  au  général  en  chef.  )> 

Le  général    en  chef  ,  signé  Ab.  J.  Menou. 

La  commission  ,  apiès  avoir  pris  information 
et  connaissance  de  toutes  les  pièces  à  charge  et 
à  décharge  ,  considérant  que  c'est  par  la  faute  et 
au  moins  parla  négligence  du  cit.  Antoi-e  ,  garde- 

agasin  ,   que   les    eficis  de  la  veuve  Hélène  Kre- 


Abou-Qjr.  A  son  débarquement,  j'ai  cru  ne  pou 
voir  mieux  lécompenser  son  dévouement  qu'en 
l'élevant  au  grade  de  général  de  brigade.  Je  vous 
prie  ,  citoyen  ministre  ,  de  demander  au  premier 
consul  la  confirmation  de  cette  nomination. 

Je  m'occupe  depuis  quelque  tems  de  l'échange 
de  tous  les  prisonniers  français  qui  sont  entre  les 
mains  des  turcs.  Houoseim  ,  capitan-pacha  ,  m'a 
fait  prom  ttre  d'y  travailler  fortement.  C'est  un 
homme  plus  instruit,  beaucoup  plus  poli  et  plus 
humain  que  ne  le  sont  ordinairement  les  turcs ,  et  \ 
j'espère  que  les  négociations  pour  les  prisonniers  I 
réusirjot  entièrement.  \ 

Vous  ne  uevez  pas  douter,  citoyen  ministre,  du  ■ 
prix  et  d'.-  l'iniérêi  que  j'y  attache. 

Salut  et  respect.         Sigiié ,  Ab.  J.  Menou. 

Lagrange  ,  général  de  brigade  ,  chef  de  Cétat-major- 
général  de  l  armée,  au  ministre  de  la  guerre.  — 
Au  quartier- général  du  Kaire,  le  il  vendémiaire  , 
an  g.      ■ 

Citoyen  ministre  , 
J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  l'état  de  situation 

de  l'armée  d'Orient,  au  premier  vendémiaire,  au  g. 


I      (1 


:koyen  Lart 


■  uls.  [Nvic/u  TÎdattewr,) 


i  chef  de  la  gardes  de 


$uiie  au  n*  85  m  $. 


If 


Le  comité  administraiif ,  considérant  que  le 
commerce  extérieur  de  lEgypie  ne  lui  procure 
que  le  bois  de  grosse  chaipeiue  ,  de  chaufFage 
et  de  consiruciion  navale  ,  et  que,  son  propre 
sol  doit  lui  Idurnir  les  bois  de  charronnage  , 
de  menuiserie  cl  de  petite  charpente  ;  voulant 
à  la  fois  prévenir  la  destruction  des  arbres  utiles 
à  ces  divers  travaux  ,  et  encourager  leur  planta- 
tion ,    arrête  : 

Art.  I"^'.  Aucune  coupe  d'arbres  de  bois  dur 
n'aura  lieu  à  l'avenir  en  Egypte  ,  ni  par  les  fian- 
çais ,  ni  par  les  habitans  ,  sans  un  ordre  du  co- 
mité administratif,  visé  par  le  gétiéral  en  chef  ; 
et  tout  individu  qui  ,  en  contravention  au  pié- 
sent  article  ,  sera  convaincu  d'en  avoir  coupé 
ou  fait  couper,  pour  quelque  cause  ou  service 
que  ce  soit ,  ericourra  les  peines  déterminées 
par  les  lois. 

II.  Dans  le  cas  d'urgence  ,  et  lorsqu  il  sera  de 
toute  impossibili'é  de  faire  des  réparations  utiles 
et  nécessaires  au  service  de  l'armée,  sans  avoir 
recours  à  une  coupe  d'arbres  ,  le  commandant 
tle  la  province  pourra  désigner  ceux  qui  devront 
être  coupés  ;  mais  il  sera  tenu  d'en  instruire  le 
comité  administratif  et  le  général  en  chef. 

III.  Il  sera  accordé  à  chaque  village  une  prime 
de  dix  raédins  par  pied  d'arbre,  de  bois  utile 
aux  diverses  constructions  ,  tels  que  tamaris  , 
rnûrier,  lebbek  ,  sycomore,  napka  ,  etc.  sauf 
le  palmier  ,  qui  auront  été  plantés  ,  à  partir  de 
la  publication  du  présent  ai-réié  ,  sur  les  digues 
d'enceinte  ,  les  bords  des  canaux  ,  et  dans  le 
yoisina;^..   des    lieux  habités. 

IV.  Cette  prime  sera  diminuée  sur  les  con- 
fribulions  du  village  de  l'année  postérieure  à 
celle  dans   laquel'e  les   arbres  auront  été  plantés. 

V.  Les  habitans  pourront  couper,  dans  l'in- 
térieur l'e  leurs  jardins  ,  tous  les  arbres  qui  ne 
sont  pas  spécifiés  dans  le  présent  règlement.  Ils' 
devront  tous  sentir  que  c'est  pour  leor  propre 
avantage  qu'on  met  des  rctiictions  à  la  faculté 
tle  couper  les  bois  ,  afin  que  le  pays  puisse  se 
sutHre  à  lui-mêrae  dans  un  tems  oii  il  n'est  pas 
possible   d'en  tirer  de  l'étranger. 

Le  présent  arrêté  scia  iinpiimé  en  français  et 
et  en  arabe  ,    et  mis  à  l'ordre  de  l'armé-. 

L'impression  en  arabe  se  fera  à  la  djligence 
.  du  comité  administratif. 

Kaire  ,  le  a3  messidor  an  8  de  la  république 
fjai:ç  ise. 

Ab.  J.  Menou. 

Ordre  du  jour  du  27  messidor  a»  8. 

Le  général  en  chef,  voulant  établir  au  K.^ire 
une  bibliothèque  publique  ,  composée  do  tous 
les  livres  <]ui  formaient  la  bibliothèque  de  l'ins- 
titut ,  et  de  ceux  r^ui  ont  été  laissés  par  le  général 
Bonaparte  ,  ordoniie  : 

Art.  P'.  Toutes  personnes  qui  auraieTit  reçu 
■quelques-uns  de  ces  livres,  ou  à  qui  il  en  serait 
parvenu  d'une  manieie  quelconque,  les  remet- 
tront ,  sans  délai  ,  aux  commandaos  des  d:flércns 
arrondissemens  ,  qui  en  feront  délivrer  des  reçus  , 
et  donneront  les  ordres  nécessaires  pour  qu'ils 
Boienl  transportés  au  Kaire  à  l'état-niajor  général. 

Les  permissions  accordées  par  le  général  en 
chef,  pour  retirer  des  livres  de  la  bibliothèque  , 
ou  des  instrumens  du  cabinet  de  physique  ,  sont 
annullés. 

II.  Le  secrétaire  perpétuel  de  l'institut  fera 
dresser  un  inventaire  de  tous  les  livres  ,  manus- 
crits , .instrumens  de  physi.jue  ,  objets  d'arts  ,  qui 
composeront  la  collection  nationale,  désignera 
un  local  pour  les  recevoir,  déierminera  les  né- 
tails  de  cet  établissement  par  un  rég'ement,  et 
en  surveillera   l'exécution. 

III.  Il  sera  déposé  à  la  bibliothèque  deuxexem- 
plaites  de  tout  ordre  du  jour  ,  proclamation  , 
rapport  ,  journal  ou  autre  imprimé  quelconque. 
Il  sera  formé  des  collections  de  ces  différentes 
pièces  depuis  l'époque  de  l'arrivée  de  l'année. 

Signé  Ab.  J-  Menou. 

Le  général  en  chef,  convaincu  qu'une  des  me- 
sures les  plus  efficace  pour  donner  prompteracnt 
<le  la  splendeur  à  une  colonie  naissante  ,  est  de 
lavoriscr  autant  que  possible  les  sciences  et  les 
arts. 

Désirant  aussi  fournir  aux  personnes  qui  s'en 
occupent,  tous  les  moyens  d'assurer  les  succès 
de  leurs  travaux,  o:donne: 

I.insiitut  reprendra  ses  séances  dans  la  pié- 
micic   quinzaine  du  mois  de  thermidor. 

I.e  générât  en  chef.  Signé  Ab.  j.   Mkjxou. 

Le  général  en  chef,  voulant  déterminer  défini- 
tivement les  loimes  qui  devront  être  suivies  pour 
l'admission  dans  les  dilférens  corps  d'ariilleiie  et 
du  génie  civil  et  militaire  ,  attachés  à  l'armée 
riEi;vpie  ,  ordonne  : 

Art.  1".  Tous  ceux  qui,  remplissant  les  con- 
ditions ptescriies  par  les  lois  ,  se  présenteront 
pour  être  admis  dans  les  scivices  publics  des 
corps 

Oc  l'artilleiic  , 


341 

Du  génie  militaire  , 

Du  génie  civil  ,  dit  des  pont  et  chaussées , 
Dts  ingénieurs  constiucicurs  des  v:.i:.st.aux  , 
Et  d'.s  ingénieurs  géographes,  doiveni  s'adres 
serau   chel   de  réiai-in.qor-géhéral  ,  à  qui   ils  re- 
mettront leurs  aiitMalions  de    mœurs  tt  de  bonne 
conduite.  Ils  en  obtiendront  des  lettres  d  examen, 
s'il  y  a  des  places  vacanies    dans   les  seivicc-s  pu- 
blics. Alors  ils  se  présenteront  au  citoyen  Fouricr, 
examinateur,  qui  s'assurera  s'ils   ont  les   connais- 
sances des  théoiies  exigées  par  les  loix. 

II.  Le  résultat  de  l'examen  sera  adressé  au  chef 
des'difFérens  services.  Les  candidats  dont  l'examen 
aura  décidé  l'admission  ,  ne  seront  employés 
qu'après  avoir  acquis  ,  sous  les  ordres  de  leurs 
chcls  ,  les  connaissances  pratiques  qui  sont  en- 
seignées   dans  les  écoles  d'application. 

III.  Il  sera  ouvert  ,  aupiès  de  la  bibliothèque  , 
une  salle  particulière  ,  dans  laquelle  les  asjiiians 
aux  ditTérefis  services  pourront  se  léunir  ,..aia«i 
que  ceux  q'ji  dcsircraienl  peifevtionner  leurs  con- 
naissances :  ils  y  trouveront  Ics'.iivics  élcuienlai- 
res  qu'il.»  doivent  étudier  ;  et  l««r^membn.s  de  la 
classe  des  mathématiques  de  l'insiiiiit  ,  sont  invi- 
tés à  leur  donner  les  explications  doiiiili  auraisni 
besoin. 

Signé  Ab.  j.  Mfnou. 

Ordre  du  jour   du   2g  messidor. 

Règlement  sur  la  police  des  t-uiopéans  dans 
la  ville  et  dans  les  enviions  du  Kaire. 

Ordre  du  jour  du   ëo  messidor,   au  S. 

Le  nommé  Nardi ,  italien  ,  enrôlé  dans  la  légion 
grecque,  ayant  éié  pr-cédemnieiii  condamné  aux 
galères,  et  qui  lut  ptis  sur  le  fait  en  \olantdu 
lin  à  Boulaq  ,  a  été  fusillé  h  cr  nj  messidor  sur 
la    place  Ezbeqyéh. 

Règlement  prononçant  les  peines  à  infliger  pour 
les  vols  simples  ,  avec  inliactioii  ,  a  inain  ar- 
mée ,  etc.- 

Ordre  du  jour  du  2  thermidor  ,   an  8. 

Le  général  en  chef,  voulant  assurer  d'une  ma 
niere  invariable  la  bonne  fabrication  du  pain  , 
voulant  aussi  piévenir  les  abus  et  les  infidélités 
qui  se  commeiieni  di^ns  l'emploi  des  grains  des- 
tinés à  la  nourriture  de  l'armée  ,  ordonne  ce 
qui  suit  : 

Il  sera  formé  sur-le-champ  une  commission 
composée , 

Du  général  de  division  Reynier  ,  président  ; 

Du  généial  de   brigade  Lagrange; 

Du    chef  de   la   85^   "Viala  ; 

Du   chef  de  brigade    de  la  88*.  Silly; 

Du  chef  de  brigade  du  14'.  régiment  de  dra- 
gons  Lambert  ; 

Du  chef  de  brigade    des  aérosiiers  Conté; 

Du  directeur  des  poudres  et  salpêtres  ,  le  ci- 
toyen  Chamjiy  ; 

Du  commissaire  ordonnateur  en  chcfDaure; 
Du   médecin  en   chef  Desg:nettes. 
Cette  commission  sera  chargée  des  opérations 
suivantes  : 

Art.  !"■.  Elle  se  fera  remettre  par  le  commis- 
saire ordonnateur  en  chef,  trois  ardcbs  bruts  de 
blé -froment,  dont    eHe    constatt-ra    le   poid. 

II.  E'ie  fera  procéder  sous  se?  yeux  au  lavage' 
vanage_,  criblage,  etc.  ,  des  trois  ardebs  ,  dont' 
a^rès  siccité  ,  elle  constatera  de  noia-vcau  le 
pcids.  \ 

III.  Elle  Fera  suivre  ensuite  d'une  rpanlère  exacte 
l'opération  de  la  mouture  ,  et  de  l'exiraciion  de 
vingt  livres  de  son  par  chaque  quii.lal  de  farine  , 
poids   de   marc. 

IV.  Efle  fera  procéder  à  la  fabrication  du  pain 
par  des  boulangers  qu'elle  choisira  ,  en  y  em- 
ployant toute  la  larinc  provrniie  des  trois  ardebs  • 
elle  pourra  varier  hs  procédés  tant  sur  la  ma- 
nière de  pétrir  que  sur  celle  de  chauffer  les 
fours. 

V.  Lorsqu'elle  aura  obtenu  le  meilleur  pain 
possible  par  l'extraction  des  vingt  livies  de  .ion  , 
elle  constatera  d  une  manière  prccise  ce  que  doit 
fournir  de  pain  un  poids  donné  de  farine  ainsi 
épurée. 

VI.  Elle  fe:a  publier  par  la  voie  de  l'impres- 
sion tons  les  procédés  qui  auront  été  employés  , 
et  remettra  au  général  en  chef  des  échantillons  1 
de  pain  ,  dont  l'envoi  sera  ordonné  porr  toutes 
les  manutentions  qui  existent  en  Egypte  ,  et 
pour  tous  les  généraux  ,  commandant  les  pro- 
vinces et  divisions.  Pjitout  les  mêmes  procédés 
devioni  être  suivis,  partout  le  pain  devra  être 
semblable  à  celui  qui  sera  envoyé   pour  modile. 

La  commission  ci-dessus  dénommée  s'honno- 
rera  infiniracnl  par  srs  travaux  ;  car  le  service 
le  plus  important  qu'on  puisse  rendre  à  l'armée  , 
est  de  lui  assurer  une  nourriture  toui-à-la-fois 
agréable   et   bienfesantc. 

Signé,  Ab.J.  MiîNpl.'. 

Règlement  prononçant  le.s  peines  des  délits  qui 
pourront  être  commis  rtlaliviment  à  la  manu- 
tention et  fabii'aiion  ,  «t  à  iadiiiinisiration  des 

subsistances,  I 


Ordre  du  jour  (lu    is  thermidor  an  S. 

Le  général  en  chef  .  voulant  imprinacr  le  sceau 
delà  floiiissurc  et  de  l'infamie  sur  un  honirus 
qui  a  lâchement  trahi  sa  iiatiie  ,  l'honneur  et  les 
scntimens  d'hiimaiiiié  <ju'on  trouverait  chez  les 
hommes  les  plus  barbares,  ordonne  l'insenjou  de 
la  lettre  suivante  à  l'ordre  du  jour. 

Copie  d'une  lettre  du  citoyen  Benoît  Arnaud  ,  écriK 
à  son  épouie.  —  Du  désert  de  Baïqa  ,  dans  le 
golphe  de  la  Sidre ,  le  iojtoréal  an  7. 

Ma  chère  amie  ,  je  ne  vous  ferai  pas  le  dé- 
tail de  ma  malheureuse  histoire,  dei^iK  irois 
mois  que  je  mamiue  d'Alexandrie  ,  époi.;ue  de 
la  séparation  la  plus  cruelle  pour  moi.  Je  me  dis- 
penseiais  même  de  vous  écrire  ,  n'ayant  a  vous 
apprendre  que  des  cho.ies  bien  douloureuses  pour 
moi  ,  si  je  ne  craignais  que  ,  privée  absolument 
de  mes  nouvelles  ,  vous  ne  puissiez  cioire  ,  aiii.si 
qcie  mes  supérieurs,  que  J  ai  trahi  lâchement 
mapatrieel  ma  famille,  en  m  éloignant  d'Ahxan, 
drle  ,  pour  me  rendre  en  chrétienté  ,  ainsi  que 
l'a  fait  le  capiiaine  du  brick  sur  lequel  j'étjis  em- 
barqué, le  vil  Sennequier.  dont  je  n'ai  pas  voulu 
partager  la  lâch»  défcciion.  La  mission  riui  m'é- 
tait confiée  avait  eu  le  succès  le  plus  complet; 
mais  la  conduite  indigne  de  Sennequier  .  cjui  a 
tiouvé  des  prétextes  pour  s'éloigner  d'Alex.m- 
drie,  et  qui  n'a  pas  même  voulu  faire  le  sacri- 
fice de  quelques  jours  de  plus  en  mer,  pour  me 
debarqui;r  à  Bengazy  ,  où  j  aurais  eu  des  moyens 
pour  me  rendre  ,  par  terre,  en  Egypte  ;  la  con- 
duiie  ,  dis  je  ,  indigne  de  Senneriuier  ,  a  ruiné 
de  fond  en  comble  la  mission  ,  et  ma  jeté  dans 
un  piécipice  de  peines  et  de  m.ilheuis  .  au  iioint 
que  ,  depuis  plus  de  cii'quanie  jouis  que  ce 
Sennequier  m'a  débarqué  à  Mesuiat  ,  dotije  me 
suis  rendu  ici  par  terre  ,  ma  \ie  n  a  tenu  coiiti- 
nucflerocnt  qua  un  fil.  Je  ne  mets  pas  en  ligne 
de  compte  des  huigues  et  des  souffiances  dont 
vous  ne   pouvez  pas    vous   former  didéi. 

Enfin  ff  pacha  de  Tripoli  ,  avec  la  permission 
de  qui  je  vt>yagt-ais  ,  vient  de  donner  des  oi.lies 
à  un  cheykh  arabe  chc-z  qui  je  suis  détenu  dcpuij 
vingt-cinq  jours  ,  de  me  iraduiie  à  ceiic  capilaie. 
J'ignore  les  rao'ils  politiques  qui  lui  font  prendre 
un  parti  contraire  à  ses  prertiie-ris  iinentioris ,  oti 
du  moins  je  ne  les  confiirai  pas  au  papier  .  paicé 
qu  à  coup  sûr  i-na  lettre  stia'  inieiccpiée  et  lue; 
mais  j'espère  qu'on  la  respectera  ,  loisque  l'on 
verra  quelle  ne  contient  autre  chose  que  lavis 
qu  un  perc  de  lamille  donne  à  sa  firamc,  de  son 
existence. Je  pars  pour  Tripoli  sous  les  plus  tristes 
auspices.  Adieu  ,  ma  chère  amie  ;  je  crains  de 
m'atlendiir  trop  en  continuant,  el  de  me  livrer  à 
un  désespoir  complet  :  si  je  meurs  et  que  je  suc- 
combe à  tant  de  maux,  au  moins  j  emporterai 
avec  moi  au  tombeau  la  consolaoon  que  je  n'ai 
manqué  ni  à  ma  patrie  ,  ni  à  ma  famille  ;  etje  puis 
dire  que  c'est  mon  amour  pour  eux  qui  me  cour 
tera  la  vie.  On  n'aura  pas  certainement  à  vous 
reprocher  que  voire  mari  est  mon  déshonoré  ,  et 
a  trahi  ses  devoirs.  )• 

Signé  à  l'original ,  Arnaud. 

Le  général  en  chef  prévient  l'année  que  le 
citoyen  Arnaud  avait  été  envoyé  à  Tripoli  par  lé 
général  Bonaparte  ,  potjr  une  mission  très-impor- 
tante. 

Il  ordonne  qu'une  pension  de  cçnt  cinquante 
livres  par  mois  sera  payée  à  la  citoyenne  femme 
Arnaud  ,  comme  un  témoignage  de  la  reconnais- 
sance publiquç  du  gouvernemetii  français  el  de 
1  armée   d  Orient. 

Signé,  Ab.  J.  Me.noli. 

Ordre  du  jour  du  lè  .thermidor  an  S. 

Règlement  sur  le  paiement  ele  la  soMe  de  la 
marine  française  en  Egypié, 'assimilée  à  l'armée 
de   lene. 

Du    17  thermidor  an  8. 

Ordre   pour  le   ser.vicc   des  postes. 

Du  22  "Ihermidor  an  8. 

L'armée  est  prévenue  que  la  biblioihèque  sera 
ouverte  à  l'institut  ,  demain  23  thermidor  ,  et 
qia'elle  continuera  lie  l'être  tous  les  jours  de  la 
décade  ,  le  quintidi  seul  excepté  ,  de[.uis  S'-pt 
heures  du  raaiin  jusqu'à  trois  heures  apiès  midi. 
Ordre  du  jour  du  27  thermidor  an  S. 
Le  général  en  chef,  voulant  f.ivotiser  autant 
que  possible  toutes  les  opérations  commerciales 
des  puissances  neutres  ,  ainsi  que  de  leurs  vais- 
seaux ,   ordonne  ce  ijui  suit  : 

Art.  1".  Tous  les  vaisseaux  ou  autres  bâti- 
mens  qui  auront  la  permission  de  sortir  des 
ports  d'Alexandrie  ,  Rosi-tie  ,  Damieitc  et  Soués , 
nepai.-rniu  ,  à  leur  sortie,  que  les  dioin  légo- 
lement  dus  d'après   le    laiif  des   douanes. 

II.  Toute  autre  ré'ribuiion  quelconque  tst 
sévèrement  déf:nduc:  quiconque  voudrait  l'exiger 
sera  poursuivi  conformément  à  la  rigueur  des 
loi». 

■  III.  Les  généraux  commandans  les  provinces 
ou  Iss  places  ,  ou  loua  autres  ^chcfs  mllîtairej 
veiUerpni  à  l'exacte  exécution  du  ptéscnl  ordre. 


■342 


Les  douaniers  seront  '  tenus ,  pour  ce  qui  les 
concerne  ,  à  la  même  surveillance  que  les  chefs 
militaires. 

IV.  Le  général  en  cief  ne  fera  point  recher- 
cher les  abus  qui  auraient  pu  s'iniroduire  à  cet 
égard  jusqu'au  jour  de  la  publication  du  pré- 
sent ordr:'  ;  mais  il  espère  que  tous  ceux  qui 
sont  revêtus  de  quelque  autorité  civile  ou  mili- 
taire ,  sentiront  combien  nous  devons  nous 
é^igner  des  pratiques  de  l'ancien  gouvernement 
d'Egypte  qui  n'existait  que  par  les  avanies..  D  ail- 
leurs ,  il  es!  de  l'intérêt  majeur  de  l'armée  de 
favoriser  autant  que  possible  les  relations  com- 
merciales, et  d'attirer  les  étrangers  dans  les  poris 
d'Egypte  ,  par  la  certitude  qu'ils  auront  d'y  être 
bien  traités  ,  de  n'y  éprouver  aucunes  vexations, 
et  d'y  trouver  le  débit  sûr  et  commode  de  leurs 
marchandises. 

Signé,  Ab.  J.  Menou. 

Le  général  en  ch?f  a  nommé  le  général  Roize 
inspecteur  général  de  la  cavalerie  actuellemeot 
en  Egypte.  Il  exercera  ses  fonctions  sous  les 
ordres  du  général  de  division  Leclerc.  Le  dépôt 
des  remontes  ,  Iç  corps  des  dromadaires  et  celui 
des  guides  à  cheval  sont  compris  dans  cette 
inspectioa. 

Le  citoyen  B'aniac  ,  chef  d'escadron  du  22™' 
régiment  de  dragons  ,  est  nommé  adjudant  gé- 
nérai ,  chef  d'état-major  de  la  division  de 
cavalerie. 

Le  citoyen  Sibylle  ,  capitaine  au  ao"^  régiment 
de  drai;ons ,  est  nommé  chef  d'escadron  ,  pour 
remplacer  ,  dans  le  même  corps  ,  le  citoyen 
Bla  liac. 

Le  citoyen  Fay  Latour  ,  ancien  chef  de  brigade, 
est  nommé  pour  prendre  le  commandement  du 
gjme  légiment  de  chasseurs. 

Signé  ,   Ab.  J.  Menou. 

Le  général  en  chef,  instruit  que  dan»  la  mesure 
qui  .1  été  prise  de  donner  aux  difFérens  corps  de 
l'armie  ,  des  marchandises  en  paiement  des 
quatre  premiers  mois  de  l'an  8  ,  il  est  résulté 
quelques  bénéfice;  de  la  vente  de  cet  marchan- 
dises ,    ordonne  ce  qui  suit  : 

Le  bénéfice  résultant  de  la  vente  des  marchan- 
dises dans  plusieurs  demi-brigades  et  régimens 
de  l'armée  ,  sera  réservé  en  caisse  ,  et  employé  , 
d'après  les  ordres  des  conseils  d'administration  , 
au.t  dépenses  imprévues  et  presque  toujours  né- 
cessaires daos  les  corps.  Ces  bérjéfices  ne  doivent 
jamais  tourner  qu'à   l'utilité  publique. 

Les  généraux  commandant  les  divisions  d'in- 
fanterie et  de  cavalerie  ,  ainsi  que  l'inspectf^ur 
de  cette  dernière  arnîe  ,  veilleront  à  l'exécution 
du  présent  prdre  ,  et  se  feront  rendre  compte  de 
l'emploi  des   fonds. 

Signé,   Ab.  J.  Menou. 

Ordre  du  jour  du  s  fructidor  an  8. 

Nomination  d'une  commission  pour  arrêter 
le  programme  de  la  fête  du  i"  ven  .herniaire 
an  9. 

Règlement  pour  les  comptes  à  rendre  des  mou- 
yemens  des  ports ,  par  les  chefs  d  état-major  de 
la  marine  ,  au  général  en  chef. 

Ordre  du  jour  du  3  fructidor  an  8. 

Le  général  en  chef  ,  désirant  tirer  le  parti  le 
plus  avantagfiux  des  graines  arrivées  dernière- 
ment de  France  ,  voulant  aussi  en  enrichir  l'agri- 
culture du  pays,  et  perfectionner  autant  que 
possible,  par  des  soins  bien  entendus  ,  les  arbres, 
»■  bustes  et  plantes  indigènes  de  l'Egypte,  ordonne 
ce  qui   suit  : 

Art.  I".  Il  sera  formé  une  commission  d'agri- 
culture. 

II.  Cette  commission  sera  composée  des  ci- 
toyens  Champy  ,  Delisle  et  Nectoux. 

III.  Sous  la  surveillance  de  cette  commission,  il 
sera  établi  un  jardin  destiné  à  recevoir  les  graines 
envoyées  de  France ,  à  multiplier  les  espèces 
utiles ,  à  perfectionner  la  culture  des  plantes 
indigènes  de  l'Egypte  ,  à  améliorer  par  les  pra- 
tiques connues  en  Europe  ,  les  fruits  que  produit 
le  pays ,  à  servir  enfin  à  toutes  les  expériences 
de  physique  végétale. 

IV.  La  commission  désignera  un  emplacement 
pour  le  jardin  ,  et  le  général  en  chef  donnera  les 
ordres  nécessaires  pour  que  le  local  dont  elle 
aura  fait  choix  soit  mis  à  sa  disposition. 

V.  Le  général  en  chef  réglera  avec  la  commis- 
sion tout  ce  qui  sera  relatif  aux  dépenses  de  l'éta- 
blissemei^t  et  de  l'entretien.  Une  fois  réglées ,  ces 
dépenses  rentreront  dans  la  cotnplabilité  générale 
de  h  commission  des  arts. 

VI.  La  commission  d'agriculture  rendra  compte 
habituellement  de  ses  travaux  à  l'institut  ;  et  tous 
les  mois  elle  enverra  un  état  de  ses  opératious 
eu   comité   administratif. 

4'igne,  Ab.J.  Menou. 

l.e  général  en  chef  ordonne  l'insertion  à  l'ordre 
du  jour  ,  des  notes  suivantes  : 

Dans  la  nuit  du  22  au  23  du  mois  passé  ,  un 
vaisseau  de  ligne  turc  vint  se  jettcr  iur  les  écueils 


qui  environnent  Abou-Qyr  ;  des  frégites  et  cha- 
loupes ennemies  vinrent  pour  lâcher  de  remorquer 
ce  vaisseau  ,  ou  au  moios  sauver  l'équipage-. Alors 
le  fort  d'Abou  Qyr  fit  feu  sur  les  frégates  ei  cha- 
loupes à  la  porlci.  d'environ  mille. toists.  Am  inëme 
instant  ,  le  général  de  division  Lanusss  .avec  son 
activité  ordirairc  ,  arrivait  d'Alexandrie  ,  apiès 
avoir  donné  l'ordre  à  plusieurs  djermes  et  canots 
armés,  de  se  rendre  à  Abou-Qvr.  Un  de  ces  ca- 
nots ,  monté  par  le  citoyen  Cologne ,  aspirant, 
reçut  à  Aboi;-Qyt  1"t^'q"'^s  grenacier.»  de  la  Gg.™'^, 
et  de  suite  alla  se  placer  entre  le  vaisseau  échoué 
et  les  frégates  ennemies  ,  pour  empêcher  leurs 
cha'oupes  de  sauver  l'équipage  ;  en  mêmertems 
deux  djermes  armées  chacune  de  cinquante  hom 
mes  de  la  69,""  vinrent  prendre  la  même  place. 
Une  des  chaloupes  ennemies  ,  plus  hardie  que 
les  autres,  voulut  forcer  le  passage  :  elle  fut  prise 
à  l'abordage  par  le  canot  que  montaient  le  citoyen 
Cologne  et  les  braves  grenadiers  de  la  69""'.  Alors 
le  vaisseau  échoué  lira  quelques  coups  de  canon 
sur  les  embarcations  françaises.  Le  vent  fraîchit 
en  même-temps;  elles  furent  obligées  de  rentrer. 
Le  général  Lanusse  alors  ordonna  de  doubler  la 
charge  de  poudre  des  pièces  de  vingt-quatre  du 
fort  ;  plusieurs  boulets  portèrent  en  plein  bord  du 
vaisseau  échoué,  qui  amena  son  pavillon.  Le  gé- 
néral Lanusse  y  envoya  une  chaloupe  qui  ramena 
à  terre  Mohhammed  Indjeat-Bey  ,  directeur-géné- 
ral des  arsenaux  de  Constaiitinople  ,  et  second 
amiral  delà  flotte  ottomane.  lî  a  livré  son  vaissca, 
portant  quatre-vingt-quatre  pièces  de  canon,  aux 
conditions  que  son  équipage  ne  serait  pas  esclave, 
et  que  les  ofiiciers  garderaient  leurs  armes.  A  mi- 
nuit ,  tout  l'équipage  était  à  terre  au  nombre  de 
cinq  cens  et  quelques  individus  ,  parmi  lesquels 
étaient  deux  français. 

On  ne  peut  donner  trop  d'éloges  à  la  conduite 
des  citoyens  Vinacbc,  officier  du  génie,  comman- 
dant à  Abou-Qyr,  Guichard,  capitaine  de  frégate, 
et  Cologne  ,  aspirant  de  la  marine  ;  les  braves  gre- 
nadiers et  fusiliers  de  la  69.™'  ont  donné  des 
prr-uves  du  plus  grand  courage  :  Le  Général  en 
chi'f  leur  témoigne  sur-tout  sa  satisfaction  de  leur 
conduite  généreuse  et  vraiment  républicaine  ;  au- 
cun homme  de  l'équipage  ennemi  n'a  été  insulté  , 
tien  n'a  été  pillé. Quel  contraste  entre  les  militaires 
français  et  leurs  ennemis,  qui  dernièrement  en- 
core ont  fait  souffrir  les  tourmcns  les  plus  cruels  à 
l'aiile-de-camp  Beaudot,  fait  prisonnier  contre  tout 
droit  des  gens  à  la  bataille  de  Matharyéh. 

On  espère  sauver  toute  l'artillerie  ,  les  fers  cou- 
lés et  gréemens  du  vaisseau  échoué. 

Le  général  en  chef  erdonne  qu'il  soit  payé  trois 
louis  pour  le  sr,uvetage  de  chaque  pièce  de  36  qu 
de  24  ,  un  louis  pour  chaque  pièce  de  18  ou  de  lï, 
i5  sous  pour  chaque  boulet  de  36  ou  de  24  ,  et 
10  sous  pour  chaque  boulet  de  18  ou  de  12.  Le 
payeur-général  donnera  des  ordres  à  ses  prépo- 
sés ,  pour  que  ,  sur  les  certificats  de  sauvetage 
des  objets  ci-dessus  indiqués  ,  signés  par  le  com- 
mandant et  le  commissaire  de  la  marine,  et  visés 
par  le  général  Lanusse  ,  les  sommes  ordonnées 
soient  payées  à  qui  de  droit. 

Un  bâtiment  de  cent  cinquante  tonneaux;  por- 
tant des  provisions  et  des  lettres  pour  l'escadre  du 
capitan-pachacst  entré  à  Alexandrie. 

Le  citoyen  chef  de  brigade  Beaudot  est  arrivé 
depuis  deux  jours  de  Damiette  ;  l'armée  connaîtra 
par  le  premier  ordre  du  jour  les  excelleoies  nou- 
velles qu'il  a  apportées.  Par-tout  la  république 
française  est  victorieuse. 

Signé,  Ab.  J.  Menou. 

L'adjudant  général ,  sous-chef  de  ïétat-major  général , 

Signé  ,   Damas. 

Pour  copie  conforme  ,  au  registre  d'ordre. 

V  adjudant- général,  sous-chef  de  l'état-major  général, 

René. 

Ordre  du  jour  du  ^fructidor  an  S. 

Institution  d'une  commission  chargée  de  la  ré- 
ilaciion  d'un  plan  général  d'administration  judi- 
ciaire en  Egypte. 

Le  général  en  chef,  s'étant  fait  rendis  çoimpte 
de  quelques  demandes  relatives  à  l'ouverture  ou 
fermeture  de  plusieurs  canaux  et  digues  dans  lin- 
térieur  de  l'Egypte,  ainsi  qu'à  la  confection  de 
quelques  autres  ouvrages  de  cette  nature  ; 

Voulant  en  même  tems  perfectionner  le  système 
général  des  irrigations,  mesure  qui  ne  peut  avoir 
d'exécution  que  par  l'examen  le  plus  approfondi 
du  cours  du  Nil  et  des  canaux  qui  en  dérivent , 
ainsi  que  par  l'étude  de  tous  les  terreins  qu'arrose 
ou  devrait  arroser  ce  fleuve  célèbre  ,  ordonne  ce 
qui  suit  : 

Art.  I'"'.  Le  citoyen  Le  Père  ,  directeur-général 
des  ponts  et  chaussées,  donnera  des  ordres  pour 
cjue  des  ingénieurs  de  ce  corps  se  répandent  le 
plus  promptemeiit  possible  dans  toutes  les  parties 
de  l'Egypte  ,  pour  examiner  avec  le  plus  grand 
soin  le  cours  du  Nil  ,  celui  des  canaux  qui  en  dé- 
rivent, la  nature  et  létendue  du  terrein  actuelle- 
ment arrosé  ,  et  de  celui  qui  pourrait  lêire  par  ce 
fleuve  ,  les  digues  qui  existent  et  celles  qu'il  serait 
nécessaire  de  construire. 
II.  Ils  examineront  ^ussi  le:  canau.x  provisoires 


qu'il  serait  utile  ou  nécessaire  de  faire  dès  l'-ins- 
lant  même  ,  pour  mieux  partager  les  eaux  dans 
les  terreins  déjà  en  culture  ,  ou  pour  les  conduire 
dès  celte  année  dans  quelque  portion  de  terrein 
non  ordinairement  arrosée. 

III.  Il  est  expressément  défendu  à  tous  géné- 
raux de  province  ou  de  place,  ou  à  tous  autres 
chefs  militaires  et  civils,  de  faire  faire  aucuns  tra- 
vaux non  accoutumés  et  relatifs  aux  irrigations  , 
sans  en  avoir  obtenu  le  vu  bon  du  général  en  chef, 
qui  lui-même  ne  se  permettra  d'ordonner  aur'un 
ouvrage  de  cette  espèce  ,  sans  l'avoir  préalable- 
ment soumis  à  l'examen  des  ingénieurs  des  ponts 
et  chaussées  ,  par  la  raison  que  pour  des  travaux 
de  cette  importance  il  ne  peut  y  avoir  de  bon  et 
de  bien  entendu  ,  que  ce  qui  résulte  d'un  système 
général. 

IV.  Les  généraux  commandans  de  province  e  . 
de  place  ,  ou  tous  autres  chefs  militaires  ou  civils 
adresseront  au  général  en  chef  les  demandes  qu'ils 
pourraient  recevoir  des  habitans  sur  les  différens 
objets  énoncés  ci.dessus  ;  ils  y  joindront  leur  avis 
motivé.  Sto^nc  Ab.J.  Menou. 

Ordre  du  jour  du  5  fructidor  an  8. 

Le  citoyen  Beaudot ,  ci-devant  aide-de-camp 
du  général  en  chef  Kleber  ,  a  été  échangé  à 
Damiette  avec  quarante-deux  officiers  ou  admi- 
nistrateurs turks  qui  ont  été  remis  à  Isaac-bey  , 
chargé  à  cet  effet  des  pleins  pouvoir  du  capitan 
pacha.   ' 

L'armée  doit  se  rappeler  que  le  citoyen  Beau- 
dot,  envoyé  en  parlementaire  le  jour  de  la  ba- 
taille de  Mathariéh  ,  avait  été  retenu  nrisonnier 
par  les  osmanlis  ,  de  la  manière  la  plus  illégi- 
time et  la  plus  contraire  au  droit  des  gens.  Au 
moment  où  il  arrivait  près  des  osmanlis  ,  il  fut 
blessé  de  plusieurs  coups  de  sabre  sur  la  maia 
et  sur  la  tête  ;  ensuite  lié  et  garolté  ,  il  fut  attaché 
à  la  queue  d'un  cheval  :  on  lui  refusa  toute  espèce, 
de  nourriture.  Enfin  ,  à  l'entrée  du  désert  ayant 
réclamé,  avec  toute  l'énergie  dont  un  français  est 
capable  ,  le  droit  des  gens  ,  le  prince  grec  , 
premier  drogman  du  grand  visir ,  lui  fit  donner 
un  cheval  ;  muis  encore  privé  de  nourriture  ,  il 
ne  put  en  obtenir  que  d'Aly  pacha,  qui  lui  Et 
donner  du  biscuit  en  lui  fesant  dire  qu'il  par- 
tageait avec  lui  ses  provisions.  Avant  de  quitter 
Belbeys  ,  les  osmanlis  avaient  forcé  le  citoyen 
Beaudot  de  regarder  et  même  de  passer  par 
dessus  quelques  têtes  des  français  qu'ils  avaient 
lâchement   coupées. 

Arrivé  à  Jaflfa  ,  lui  trente-cinquième  avec  le 
grand  visir  ,  il  a  été  relégué  dans  une  mauvaise 
cahute  où  le  plus  souvent  il  a  été  indignement 
traité  ,  quelquefois  mieux  par  les  soins  de  l'en- 
voyé de  Russie  ,  M.  Frankini  doat  le  citoyen 
Beaudot  se  loue  beaucoup.  Le  lutk  qui- a  le  plu* 
contribué  à  ses  souffrances  est  le  Reys  efiFendy , 
homme  en  horreur  ,  même  aux    osmanlis. 

Il  est  bon  de  dire  que  pendant  la  roule  dans 
le  désert ,  le  citoyen  Beaudot  a  partagé  généreuse- 
ment avec  un  officier  du  génie  anglais,  le  peu 
de  biscuit  que  lui  avaitfait  remettre  Aly  pacha  ;  cet 
officier  anglais  avait  ,  ainsi  que  Beaudot ,  été  atta- 
ché à  la  queue  d'un  cheval. 

Enfin  l'aide-de-camp  Beaudot  fut  remis ,  il  y  a 
plus  d'un  mois ,  entre  les  mains  du  capitan-pacha, 
Le  général  en  chef  avait  éciit  plusieurs  fois  à  cet 
égard  ,  et  de  la  manière  la  plus  forte  ,  au  grand- 
visir  et  à  M.  Smith. 

A  b(Drd  du  capitan-pacha  ,  la  scène  a  totalement 
changé  pour  le  citoyen  Beaudot;  il  y  a  été  traité 
avec  tous  les  égards  ,  toute  la  politesse  et  toutes 
les  attentions  qu'on  pourrait  à  peine  trouver  chez 
les  nations  les  plus  policées.  Tous  les  coiliman- 
dans  et  officiers  des  autres  vaisseaux  turcs  ont 
imité  la  conduite  de  leur  général  ,  et  ont  comblé 
le  citoyen  Beaudot  de  bons  iraitemens.  Isaac  bey  , 
an  des  principaux  officiers  du  capitan-pacha,  doit 
être  distingué  parmi  tous  ceux  qui  se  sont  con- 
duits avec  tant  d'honnêtetés  et  de  politesses. 

Le  général  en  chef ,  organe  delà  reconnaissance 
de  la  république  française  et  de  celle  de  l'armée 
d'Orient  ,  a  élevé  au  grade  de  général  de  brigade 
le  citoyen  Beaudot  ,  qui  s'éiait  sacrifié  pour  1  ar- 
mée en  se  remettant  à  Mathariéh  entre  les  mains 
des  osmanlis.  C'est  d'ailleurs  un  hommage  dç  -J 
plus  ,  que  le  général  en  chef  s'empresse  de  rendre  I 
àla  mémoire  du  général  Kléber.  ^ 

Sig^ne ,  Ab.J.  Menou. 

Le  général  en  chef,  sur  le  rapport  du  citoyea 
Le  Père  ,  directeur  des  ponrs  et  chaussées  ,  or- 
donne ce  qui  suit  : 

Art.  1^'.  Les  ingénieurs  dçs  pont?  et  chaussées  , 
exerceront  la  plus  grande  surveillance  sur  l'emploi 
des  fonds  qui  ,  prélevés  sur  les  impositions  ,  sont 
aniiuelment  affeciés  aux  travaux  dont  les  coptes 
dirigent  encore  l'exécution. 

II.  Là  digue  de  Faraouniéh  ,  dans  la  province 
de  Menout  ,  sera  soigneusement  gardée  et  entre- 
tenue jusqu'à  ce  qu  il  soit  possible  de  construire  ' 
des  écluses  ou  u'autres  ouvrages  propres  à  établir 
entre  les  provinces  du  Delta  et  celles  adjacentes  le 
partage  des  eaux  qui  a  fait  depuis  plusieurs  années 
l'objet  des  plus  vives  réclanjaii.ons. 


343 


m.  La  nouvelle  digue  de  Menouf  sera  perfec- 
tionnée à  la  diligence  des  villages  inlétessés.  Les 
ingénieurs  examineront  si  elle  a  toute  la  hauteur 
et  la  solidité  nécessaire  ,  pour,  dans  le  cas  oià  celle 
de  Faraouniéh  éprouverait  des  avaries  ,  pouvoir 
lou tenir  les  eaux  du  Nil ,  quelle  que  soit  leur  hau- 
teur. 

IV.  Le  général  en  chef  autorise  les  villages  inté- 
ressés ,  à  effectuer  ,  sous  la  surveillance  des  in- 
génieurs, un  déversoir  au  moyen  des  pertuis  du 
pont  de  Menouf  ,  à  l'effet  de  remplir  la  partie  de 
l'ancien  canal  qui  forme  aujourd'hui  un  vaste  bas- 
sin entie  Menouf  et  Kafr- Faraouniéh ,  et  afin 
d'opérer  dans  le  petit  canal  d'Abonzara  le  verse- 
ment des  eaux  que  réclament  plus  de  vingt  villa- 
ges qui ,  privés  d'eau  l'année  dernière,  n  ont  pas 
fait  de  récolte. 

Signé,,   Ab.J.  Menou. 

Règlement  sur  la  nomination  des  cheykhs-el- 
beled.  et  les  dr6its  qu'ils  doivent  payer  au  gou- 
vernement à   raison  de  2,253  villages. 

Le  général  en  chef  s'empresse  de  témoigner 
sa  satisfaction  au  citoyen  Champy  ,  directeur- 
général  des  poudres  et  salpêtres,  ainsi  qu'au  ci- 
toyen Conté  ,  chef  des  alteliers  de  méchanique, 
et  membre  du  comité  administratif,  des  travaux 
auxquels  ils  se  sont  livrés  pour  l'établissement  de 
la  poudrière  dans  lîle  de  Raoudali.  Le  succès  le 
plus  complet  a  couronné  leur  entreprise.  Il  ré- 
sulte d'un  compte  rendu  ofKciellement  parle  gé- 
néral de  division  Songis,  commandant  l'artillerie, 
que  la  poudre  faite  dans  l'île  de  Raoudah  ,  et 
éprouvée  d'après  les  règles  prescrites  ,  porte  le 
boulet  d'épreuve  à  4  toises  i  pied  plus  loin  que 
la  poudre    de  France. 

Les  deux  citoyens  nommés  ci-dessus  ne  cessent 
de  s'occuper  de  tout  ce  qui  peut  avoir  rapport 
à  liililiié  publique.  L'armée  leur  a  les  plus  grandes 
obligaiions.  Le  général  en  chef,  au  nom  des 
troupes  françaises  actuellement  en  Egypte  ,  leur 
voue  des   remerciemens. 

Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

Menou  ,  général  en  chef  ,  à  l'mrmée  d'Orient.  — 
Au  quartier  -  général  du  Kaire,  le  5  fructidor 
an  8  de  la  république  française,  une  et  indivisible. 

Je  m'empresse  de  faire  connaître  à  la  brave 
armée  d'Orient  les  nouvelles  suivantes  ,  tant  de 
l'Europe  ,  que  des  atnié'îs  turques  en  Asie  et  sur 
les  côies  de  l'Egypte.  Ou  peut  reg-.rdcr  toutes 
tes  nouvelles  comme  presque  officielles. 

Les  bâtimens  russes  qui  étaient  devant  Malte, 
à  Scio  ,  à  Cotfou  et  dans  tout  l'Aichiptl,  sont 
rentrés  dani  la  mer  Noire. 

Aussitôt  que  l'empereur  de  Russie  reçut  la 
nouvelle  de  l'ordre  transmis  par  le  lord  Keith  , 
pour  la  non-évacuation  de  l'Egypte  par  les  fran- 
çais ,  il  envoya  chercher  l'ambassadeur  anglais 
résidant  à  Pétersbourg  ,  et  lui  demanda  les 
motifs  d'une  pareille  conduite  ;  l'ambassadeur 
s'excusa  en  disant  qu'il  n'avait  aucune  connais- 
sance de  cette  affaire. 

Ou  vient  d'apprendre  ,  d'une  matjiere  certaine, 
que  le  même  empereur  avait  rappelé  de  Londres 
>or>  ambassadeur  ,  et  avait  fait  signifier  à  celui 
d'Angleterre,  résidant  à  Pétersbourg  ,  de  quitter 
la  Russie. 

M.  le  commodore  Smitth  est  rappelé  à  Lon- 
dres ;  on  doit  ici  lui  rendre  ia  justice  de  n'avoir 
pas  voulu  employer  les  rus;s  de  guerre  proposées 
par  M.  Morier. 

On  parle  de  quelques  troupes  de  débarquement 
rassemblées  à  Minoique.  Si  elles  sont  destinées 
contre  1  Egypte  ,  l'armée  d'Orient  les  recevra. à 
coups  de  bayonnettes ,  comme  elle  a  reçu  toutes 
celles  qui  ont  tenté  de  débarquer. 

M.  Morier  ,  si  célèbre  par  sa  ruse  de  guerre  , 
et  que  le  gland-visir  avait  fait  emprisonner  à 
Jaffa  ,  a  été  rappelé  à  Gonstantinoplc. 

(  Suivent  les  nouvelles  d'Europe  ,  jusqu'à  la 
bataille  de  Marengo  exclusivement  ). 

Le  vaisseau  de  ligne  français  le  Guillaume- 
Tell,  commandé  parle  contre-amiral  Decrcz,  i 
été  pris  par  les  anglais  ,  après  le  combat  le  pius 
mémorable  qui  se  soit  peut-être  jamais  donné  sur 
mer.  (  Ici  ce  sont  les  anglais  eux-mêmes  qui 
patient  ) 

Il  Messieurs  ,  disait  le  capitaine  Rodgers  de  la 
corvette  anglaise  le  Mercure  ,  à  des  officiers  fran- 
çiis  envoyés  par  le  général  en  chef  pour  l'échange 
ocs  prisonniers  :  Jamais  ,  non  jamais,  depuis  qu'; 
la  marine  est  connijc  ,  il  n'y  eut  d'exemple  duo 
combat  aussi  opiniâtre  .  malirré  la  supériorité  de 
trois  coriire  un.  Le  Gmllaume-Ttll  a  écrasé  le 
vaitseau  le  Lion  ,  une  grosse  frégate  ,  et  mis  le 
VjhitialK  foudroyant  de  80  canons  ,  hors  d'état 
de  tenir  la  mer.  Il  a  eu  l'audace  d'aborder  ces 
tiois  vaisseaux  les  uns  après  les  autres  ,  pendant 
un  combat  de  quatre  heures  ,  mais  sans  succès. 
Il  n'a  amené  son  pavillon  qu'après  avoir  été  dé- 
mâté de  tous  »es  mâts  ,  no  restant  qu'avec  un 
bout  du  mât  de  beaupré  ,  se  trouvant  avec  cinq 
canons  crevés  ,  et  trente  huit  démontés  ;  les  deux 
tiers   de  loa  équipage  tué»  ou   blessé» ,  le  capi- 


taine Saucier  au  nombre  d.'S  dertii  rs  ;  Ks  agiêii 
et  la  voilure  tonibatît  sur  les  lianes  du  vaisseau  , 
ne  pouvant  tirer  un  coup  de  canon  Sans  y  mettre 
le  Icu  ,  et  faisant  eau  de   toutes  pans. 

Etifin  ,  disent  les  anglais  ,  ce  ne  fut  que  dans 
celte  cruelle  position  que  le  malheureux  Guil- 
laume-Tcll  s'csl  rendu  ,  et  que  nous  avons  vu 
ses  ponts  inofidés   de  sang. 

))  Deux  grosses  frégates  aiiglaises  ,  bonnes 
voilieres ,  avaient  canonné  le  Guillaume-Tell ,  per.- 
dant  la  nuit  précédente  .  afin  d'entraver  sa  mar- 
che, et  donner  le  temps  aux  vaisseaux  de  guerre' 
d  arriver. 

>!  Au  jour  ,  il  parvint  à  aborder  le  Lion  ,  en 
engigeant  son  beaupré  dans  celui  du  Lion  ,  qui 
n'échappa  au  Guillaume-Tell  que  par  un  coup 
de  vent  qui  brisa  le  beaupré  du  vaisseau  aaglais 
au  tnoment  d'être  piis.  La  scpataiion  des  deux 
vaisseaux  par  ce  coup  de  vent  ,  c.iusa  la  perte 
de  quelques  braves  français  qui  s'étaient  déjà 
lancés  sur  le  pont  du  Lion  u. 

Ce  récit  est  entièrement  transrnis'par  les  Anglais. 

Le  capiian  pacha  est  parti  avec  son  escadre  , 
et  l'armée  du  giaud  'Visir  à  Jaffa  est  réduite  à  peu 
de  chose. 

Signé,   Ab.  J.  Menou. 

Ordre  du  jour  du  12  fructidor  an  8. 

Règlement  qui  ordonne  que  les  comptes  des 
divers  comptables  soient  rendus  au  l'^  vendé- 
miaire ,  et  qui  constitue  une  commission  de 
comptabilité. 

Règlement  tendant  à  favoriser  le  commerce  des 
navires  étrangers  arrivés  dans  les  ports  d'Egypte , 
à  favoriser  la  vente  de  leurs  denrées  ,  et  à  en 
assurer  leurs  paiements. 

Signé  Ab.  J.  Menou. 

Ordre  du  jour  du  i3  fructidor  an  8. 

Règlement  et  tarif  sur  le  prix  du  fret  des  di- 
vers bâtimens  naviguant  par  mer  et  sur  le  Nil  , 
et  sur  les  canaux  ,  pour  le  compte  de  la  répu- 
blique. 

Ordre  du  jour  du  14  fructidor  an  8. 

Règlement  sur  le  litre  des  ouvrages  d'orfèvre- 
rie ,  Ta  marque  d'or  et  d'argent  ,  les  tribunaux 
qui  connaîtront  des  délits  sur  celte  matière  , 
etc.    etc. 

Ordre  du  jour  du   i5  fructidor  an  8 

Le  général  en  chef  rappelle  à  tous  les  officiers 
généraux  ,  commandant  les  divisions  et  arrondis- 
semens  ,  que  les  états  de  situation  doivent  être 
adressés  tous  les  dix  jours  à  l'état-major  général , 
que  ces  états  doivent  entrer  dans  les  plus^  grands 
détails  de  tout  ce  qui  a  rapport  aux  troupes  ,  à 
leurs  mouvemens,  aux  hôpitaux,  aux  malacîes 
dans  les  chambrées  ,  aux  morts ,  aux  mutations  , 
aux  rerapiacemens  à  faire  en  officiers  et  sous- 
officiers. 

Ces  états  ne  doivent  faire  mention  que  des 
hommes  réellement  existans  en  Egypte,  et  non 
pas  ,  comme  plusieurs  corps  le  font  ,  des  hom- 
mes restés  à  des  dépôts  en  Europe  ,  ou  abseiis 
d'Egypte  pour  quelqu'autre  cause  que  ce  soit. 

Tous  les  mois  ,  les  revues  des  commissaires 
des  guerres,  doivent  être  passées  avec  rigueur  ; 
les  conseils  d'administration  des  corps  devront 
sentir  qu'il  ne  doit  jamais  être  porté  sur  les  re- 
vues que  ce  qui  est  véritablement  effectif.  Le  gé- 
néral en  chef  est  persuadé  qu'il  y  a  eu  jtrîqu'à 
présent  beaucoup  d'abus  à  cet  égard  ,  et  c'est  en 
arrivant  à  une  juste  et  stricte  économie  ,  en  met- 
tant beaucoup,  d'ordre  dans  les  comptabilités  des 
corps,  qu'on  pourra  parvenir  à  assurer  invaria- 
blement le  paiement  de  la  solde  ,  et  à  améliorer 
encore  le  sort   des   soldats. 

Tous  les  adjudans-généraux  ,  ou  autres  officiers 
remplissant  les  fonctions  de  chef  d'état-raajor 
seront  personnellement  responsables  de  l'inexac- 
titude à  envoyer  les  états  de  situation. 

Le  chef  d'élal-major  général  fera  parvenir  dans 
toutes  les  divisions  de  l'armée  et  arrondissemens  , 
des  modèles  d'états  de   situation. 

Le  général  en  chef  recommande  au  commis- 
saire ordonnateur  en  chef,  à  tous  les  généraux 
et  auires  chels  militaires  ,  de  veiller  avec  la  plus 
grande  exactitude  à  tout  ce  qui  a  rapport  aux 
revues   et  aux  comptabilités. 

.11  existe  aussi  de  grands  abus  sur  la  quantité 
des  rations  qui  sont  portées  en  compte  ,  comme 
délivrées.  Très-souvent  ,  des  détachemens  qui 
sont  en  couise  pendant  quinze- jours  ou  trois 
seraaiiifs  .  et  qui  sont  nourris  par  les  provinces  , 
sont  portés  comme  ayant  reçu  les  rations  de  pain  ; 
il  en  est  de  même  de  ceux  auqucls  On  donne  du 
biscu  t  ;  ils  sont  pnrtés  comme  ayant  reçu  biscuit 
et  pain.  Tou^  ces  abus  et  dilapidations  ne  tournent 
qu'au  profit  des  entrepreneurs  et  gardes-maga- 
sins ,  et  au  détriment  de  la  chose  publique. 
Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

Le  général  en  chef  ,  voulant  s'entourer  de  tous 
les  conseils  ,  deioutes  les  iumiercs  qui  pourront 
l'aider  à  suppoiter  le  fardeau  dont  ,  en  allcndani 
let   oidres  du  gouvernement  ds    la    tépublique 


française,  il  esl  proviso!rcmen,i  chargé  ,  ordonnt 
ce  qui  suit  : 

Art.  1".  Le  comité  aclrainisiraiif .  créé  par  un 
ordre  du  jour  du  9  floréal  an  8  ,  cessera  ses  fonc- 
tions au  i"'  vendémiaire  en  9  ;  4  dater  de  ce  jour, 
jl  sera  et  demeureia  supprimé. 

II.  Un  conseil  sera  formé  ,  sous  le  nom-  de 
conseil  privé  d'Egypie  ;  il  commencera  ses  séan- 
ces  le  i"'  vendémiaire   an  9. 

III.  Le  conseil   privé  d  Egypte  sera  composé  ,' 
I".    De    tous    les  généraux   de    division    et    de 

brigade  attachés  à  l'année.  Q_uaiid  ils  seront  au 
Kairc  ,  ils  y  auront  droit   de  séance  ; 

S".  Des  deux  plus  anciens  adjudans-généraux 
en    activité  qui  se  irouveiont  au   iCaire  ;" 

3".  Des  deux  plus  anciens  chefs  de  brigade 
d'infanterie  ,  idem  ; 

4°.  Des  deux  plus  anciens  chefs  de  brigade  de 
cavalerie  ,  idera  ; 

5".  Du  plus  ancien  chef  de  brigade  du  corps  du 
génie,  idem  ; 

G°-  Du  plus  ancien  chef  de  brigade  de  l'artil- 
lerie ,   idem  î 

7°.  De  l'ordonnateur  en  chef  de  l'armée  ; 

8°.  De  l'ordonnateur  de  la  marine  ; 

g".  Du  directeur  généial  et  comptable  des  reve- 
nus publics  ; 

10°.  Du  chef  d'état-raajor  de  la  marine  comman- 
dant à  Boulaq  ; 

11°.  Des  commissaires  ordonnateurs  de  l'armée 
qui  se  trouveront  au  Kaire  ; 

12°.  Des  médecin  ,  chirurgien  et  pharmacien 
en  chef  de  l'armée. 

IV.  Indépendamment  des  citoyens  ci-dessus  dé- 
signés auxquels,  en  raison  des  places  qu'ils  oc- 
cupent ,  le  droit  d'avoir  séance  au  conseil  privé 
est  accordé  1  le  général  en  chef  se  réserve  de 
nommer  plusieurs  autres  citoyens  dont  il  fera  con- 
naître les  noms  d'ici  au  i"  vendémiaire  pro- 
chain. 

V.  Le  général  en  chef  réserve  la  faculté  d'aug- 
menter ou  diminuer  le  nombre  des  membres  du 
conseil,  ainsi  qu'il  le  jugera  convenable;  mais 
ceux  (jMi  y  ont  droit  de  séance  par  leurs  places, 
continueront  d  en  faire  partie  lani  que  \f  conseil 
existera.  L'augmentation  ou  diminution  ne  pourra 
avoir  lieu  ,  que  quant  aux  places  remplies  par  les 
individus  que  le  général  en  chef  désignera  no- 
minativement. 

VI.  Le  conseil  privé  pourra  s'occuper  dans  ses 
séances,  de  toutes  les  questions  quelconques  qui 
ont  rapport  au  gouvernement,  excepté  la  guerre 

.  et  la  politique  extérieure.  Le  conseil  devra  sentir 
'  que   ces  deux  objets,  qui    doivent  toujours  êtie 
I  conduits  et  dirigés  sous  le  plus  grand  secret ,  na 
I  peuvent  être  mis  en  délibération  dans  une  grandç 
(  assemblée.  Tout  ce  qui  a  rapport  au  commerce, 
î  à   l'agriculture,   aux  finances ,  à  la  législation  ci- 
vile et  criminelle,  aux  sciences,  aux  at's ,   aux 
rapports  à  établir  entre  la  méirppole  et  l'Egypte  , 
entre  les  habitans  du   pays   et  les  français  y  lési- 
dani;  enfin,  tous  les    objets   possibles,   sauf  les 
deuxci-dessus  exceptés,  pouriontèire  traités  et  dis- 
cutés dans  le  conseil  privé. 

VII.  Le  conseil  privé  se  divisera  en  autant  de 
classes  qu'il  le  jugera  convenable  pour  embrasser 
toutes  les   parties  de  1  économie  sociale. 

VIII.  Le  conseil  privé  pourra  prendre  vis-à-vis 
le  général  en  chef  linitiaiive  sur  tous  les  objets 
dont  il  croira  û'tile  de  s'occuper. 

Le  général  en  chef  lui  adressera  aussi  les  queS- 
linn'i   sur  lesquelles   il    prendra    I  initiative. 

IX.  Le  conseil  privé  dé  ibérera  dans  la  plus 
grande  règle  sur  toutes  les  queslions  t|ui  lui 
seront  adressées  par  le  général  en  chef,  ou  potir 
lesquelles  il   prendra  l'initiative. 

Le  travail  piéliminaire  sera  fait  par  les  différen- 
tes classes  ,  qui  présenteront  leur  rapport  au  con- 
seil  rassemblé. 

X.  Toutes  les  questions  se  décideront  à  la 
majorité  absolue  des  voix. 

XI.  Quand  une  question  ,  après  avoir  été  dis- 
cutée ,  aura  été  adoptée  par  le  conseil-pr.vé  ,  il 
enverra  sa  délibération  au  iiénéral  en  chef  qui 
l'adoptera,  rejettera  ou  modifiera ,  selon  qu'il  le 
jugera  convenable. 

XII.  Le  conseil-privé  ne  sera  chargé  d'aucuiie 
espèce  d'administration  :  aucun  orihe  ne  pourra 
émaner  de  lui  ;  il  sera  purement  et  simplenieut 
le  conseil  du  général  en  chef;  il  sera  ,  pour 
ainsi  dire  ,    la  pensée  du  gouvernenicilt. 

XIII.  Pendant  le  premier  mois  de  ses  séances  , 
le  conseil-privé  d  Egypte  sera  présidé  de  droit 
par  le  plus  ancien  général  de  division  présent. 
Le  dernier  jour  du  premier  mois  ,  le  conseil- 
ptivé  nommera,  au  scrutin  fermé  et  à  la  majo- 
rité absolue  des  voix  ,  uu  picsident  qui  pourra 
être  pris  indifféremment  parmi  tous  les  membre» 
ptéscns  qui  le  cpinposeront  ,  et  ainsi  de  suite 
tous  les  mois.  Les  piésidtns  pourrront  être  retiui- 
intU'Iiniinent 

XIV.  Des  la  première  séance  du  conseil-privr;  , 
auisuôl  après  son  iiisiallaltou  cl  celh-  du  pies  idvul 


ception  arbitraire  sur  les  succession  et  remplace- 
ment par  un  droit  de  5  pour  loo  de  la  valeur  du 
capital  des  biens-mcubies  et  immeubles,  acquitté 
par  les  héii:iers. 

Pour  cofiie  conforme  au  registre  d'ordre  : 
L  adjudant-général^  sous-chef  de  iétat-majorgénéral, 
René. 


de  droit ,  il  s'occupera  de  rïommer  au  scrutin 
fermé  et  à  la  majoriié  absolue  des  voix  ,  un 
vice-préstdent  qui  sera  pris  indifféremment  parmi 
'ous  les  membres  présens  ,  et  ainsi  de  suite  tous 
I  ^  j  mois. 

XV.  A  sa  première  séance  ,  après  la  nomin^T 
tion  du  vice-président,  le  conseil  s'occupera  de 
choisir  un  secrétaire  permanent  et  deux  sous- 
sccréiaires.  Ces  trois  individus,  qui  ne  pourront 
êire  choisis  parmi  les  membres  du  conseil- 
privé  ,  seront  révocables  à  la  volonté  du  conseil. 

XVI.  Les  procès-verbaux  de  chaque  séance 
seront  réiiigés  avec  la  plus  grande  exactitude  , 
signés  par  te  président  et  le  vice  -  président,  et 
conire -signés   par   le   secrétaire  permanent. 

En  l'absence  du  président  ,  les  procès-verbaux 
seront  signés  par  le  vice-président  ,  par  le  plus 
ancien  général  de  division  ou  de  brigade  pré- 
sent, et  par  le  secrétaire  permanent.  ...  ,     _ 

,,,,,.      .  ...  1  de   sa   cestion    pendant   le  lems  qu  il    a  exerce 

XVII.  A  sa  première   séance  ,  le  conseil  exa-     ^^^^  ses  ordres   ,    les  fonctions    de   chef  d'étal 
minera  quels  appointemens  doivent  eire  accordes  |  njajo[..jr^[,jral 


Ordre  du  jour  du  21  fructidor. 

Le  général  de  division  Damas  ayant  cessé  ses 
fonctions  de  chef  d'état-major-générai  ,  toutes  les 
lettres,  demandes  ,  états  ,  etc.  ,  devront  être 
adressés  jusqu'à  nouvel  ordre  à  l'adjudant- 
général  René  ,  remplissant  provisoirement  les 
fonctions  de  chef  d'étai-major-genéral. 

Le  généial  en  chef  saisit  cette  occasion  pour 
témoigner  au  général  de  division  Damas  ,  au 
nom  de  la  république  ,  la  satisfaction  qu'il  a  eue 


aux  secrétaire  et  sous-secreiaire  ,  et  quels  tonds 
doivent  être  assignés  par  mois  pour  toutes  les 
autres  dépenses:  rapport  en  sera  fait  au  général 
en  chef  qui  donnera  à  cet  égard  les  ordres  con- 
venables. 

Signé  Ab.  J.  Menou. 

■Le  généial  de  division  ,  chef-de  fétat-major  général , 
Pour  copie  conf  jrme  au  registre  d'ordre  , 
Signé  Damas. 
i.' adjudant-général ,  sous-chef  de  l'état-major  général, 
René. 

Ordre  du  jour  du  i&  Jructidor  an  8. 

Règlement  sur  l'organisation,  le  tarif  et  l'admi- 

nistialion  des  douanes. 

Ordre  du  jour  du  17  fructidor  an  8. 

Menou  ,  général  en  chef,  a  nommé  conseillers, 
au  conseil-prive  d Egypte,  les  citoyens 

Fourrier  ,  secrétaire-perpétuel  de  llnstitut. 

Le  Pète  ,  directeur-général  des  ponts  et  chaus- 
sées ,  membre  de  l'Itisiiiui. 

Conté  ,  chef  de  brigade  des  aérostiers ,  membre 
de  I  Institut. 

Chanipy  ,  directeur-général  des  poudres  et  sal- 
pêtres ,  membre  de  I  Institut. 

Costaz.  membre  de  llnstitut. 


Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

''Ordre  du  four  du  21  fructidor. 

Règlement  ordonnant  l'adjudication  publique  . 
et  aux  enchères  .  des  fermes  qui  doivent  être  don- 
nées dans  les  provinces  pour  le  compte  de  la 
république. 

Ordre  du  jour  du  iZ  fructidor  an  8. 

Le  général  en  chef  ordonne  ce  qui  suit  : 
Art.  I".  Tous  les  prisonniers   de  guerre  ,   turcs 
ou  anglais  ,   de  quelque  grade  qu'ils  soi-ent  ,   qui 
se   trouvent  actuellement  en  Egypte  ,   recevront 
exactement  tous    les  mois  la   solde  et  traitement 
qui   leur   sont  attribués  par  nos  lois  ,   d'apiès  les 
revues    qui    seront    exactement    passées  par   les 
commissaires  des  guerres. 
\      II.  Ceux  qui  seront   employés  dans   les   difFé- 
j  rcns   attelieis  publics  ,  recevront  un  salaire  con- 
I  forme  à  leur  travail ,    mais  n'auront  aucun  droit 
I  à  la  solde  de  la  république  :  ils  recevront  seule- 
ment les  rations  de  pain  et  de  riz. 

III.  Par-tout  ils  seront  logés  dans  des  lieux 
sains  et  aérés.  Les  chefs  des  travaux  publics 
répondront  dçceux  qu'ils  emploieront  dans  leurs 
aiieliers. 

IV.  Le  commissaire  ordonnateur  en  chef  de 
l'armée  ,    et    le     payeur    général  ,   sont   chargés 

Jacotin,  directeur  des  ingénieurs  géographes  ,  ,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,    de  l'exécution  du 


SÉNAT- CONSERVATEUR- 

Extrait    des    registres     du    sénat-conservateur. 
—  L>u  4.  frimaire  ,  an  y. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  de  deux 
membrrs  du  corps  lénisla'if  en  remplacement  des 
citoyens  Belleville  et  Isaac-Tarteyron  ,  démission- 
naires. 

Le  sénat  ,  réuni  au  nombre  de  membres  pres- 
crit par  l'article  XC  de  la  constitution,  procède 
au  scrutin  dans  la  forme  accoutumée.  Le  dépouil- 
lement des  votes  donne  la  majorité  absolue  aui 
citoyens: 

Lebrun-Rochemont  (  de  la  Manche  ). 

Viennot-Vaublanc  ,  ex-législateur  (  de  Seine  et 
Marne). 

Ils  sont  proclamés ,  par  le  président ,  membres 
du  corps  législatif. 

■  Le  sénat-conservateur  arrête  que  ces  nomina- 
tions seront  sur  le  champ  notifiées  par  un  mes- 
sage au  corps-législatif,  au  tribunal,  et  aujt 
consuls  de  la  république. 

Signé,  Laplace,  président;  Clément  de  Ris  et 
Rousseau  ,  secrétaires. 

Par  le  sénat-conservateur  , 

Le  secrétaire-général ,  signé  ,  Cauchy. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
ordonne  que  l'acte  du  sénat   conservateur  ,   qui 
précède  ,   sera    inséré  au  bulletin    des  lois.    Le 
ministre  de  la  iusiice  enverra  à    chacun    des   ci- 
toyens Lebrun-Rochemont  et  Viennot-Vaublanc  , 
un  exemplaire   du    bulletin   de»  lois  où  cet  acte 
sera  inséré  ,  pour  leur  tenir  lieu  de  notification  , 
et  leur  servir  ee  litre  pour  constater  leur  qualité. 
Paris ,  le  24  frimaire  an  g  de  la  république. 
Signé.,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 


membre  de  l'Iustilut, 
Tlicveiiin  ,  négociant. 
Reynier,   frère  du  général  de  ce  nom. 
R;gnier  ,    cor'.missaire  des  guerres. 
Girard  ,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaus- 
sées ,  membre  de  l'institoi. 

Chanaleilles,  directeur  des  domaines  nationaux. 
Signé  Ab.  J.  Menou. 
Ordre  du  jour,  du  18 fructidor ,  an  8. 

Réglemens  portant  modification  de  l'impôt  sur 
le  sel  et  sur  les  droits  de  pêche  et  de  chasse. 
Ordre  du  jour,  du  20  fructidor ,  an  8. 

Nomination  aux  places  de  l'administration  des 
linEiices. 

Rancé  ,  receveur  principal. 
Télician  ,^payeur  principal. 

Reynier,  membre  du  comité  administratif ,  di- 
recteur des  revenus  en  catute  et  du  mobilier  na- 
tional. 

Chanaleilles,  directeur  des  domaines  nationaux 

BiiSon  ;  le  clijykh  Soleymaa-el-Fayoumy ,  di- 
recteurs des  cheykhs  el-belcd. 

Lascaris,  directeur  des  droits  affermés. 

Lerancé  ,  directeur  de  l'enregistrnment. 

DtiloiivilU  ,  directeur  des  droits  sur  les  cor 
porations. 

Bernard  ,  directeur  de  la  monnaie. 

Corancez,   contrôleur  de  la  monnaie. 

Bouvier,    directeur  à  Alexandrie. 

Bcauregard  ,  directeur  à  Rosette. 

Pica  ,    directeur  à  Damiette. 

Duquesncy  ,   directeur  à  Souès 

Durand,  directeur  à  Bab-el-Nasr,  porte  du 
Kaire. 

Règlement  relatif  à  la  fabrication  des  eaux-de- 
vie  ,  et  aux  droits  établis  sur  cette  denrée. 

Règlement  portant  abolition  du  beit-el-msl.  per-  | 


présent  oidre 

LiS  généraux  ,  commandant  les  provinces  ou 
les  places  ,  veilleront  aussi  à  ce^rirn*  les  prison- 
niers de  guerre  soient  traités  convenablement 
à  Ce  qu'exigent  l'humanité  et  le  droit  des  gens. 

Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 
Ordre  du  jour  du    i".  jour   complémentaire  an  8. 
Menou  ,  général  en  chef,  à  l'armée. 

J'apprends  dans  l'instant  qu  un  bâiiment  parti 
de  France  est  entré  dans  le  port  d'Alexandrie. 
Partout  les  armées  françaises  sont  victorieuses. 
Une  bataille  telle  que  l'histoire  ne  nous  en  rap- 
porte pas  de  semblable  ,  nous  a  rendus  maîtres 
de  riialie  ;  c  était  Bonaparte  qui  commandait  en 
personne.  Au  Rhin  ,  mêmes  succès.  Dans  la 
Vendée  ,  les  habitans  mêmes  de  ces  provinces 
autrefois  insurgées  ,  ont  repoussé  les  anglais  qui 
tentaient  une  descente.  Le  gouvernement  intérieur 
est  respecte  et  obéi  :  paitout  la  confiance  est 
tellement  revenue  ,  que  les  finances  sont  dans  le 
meilleur  état.  Lorsque  les  détails  me  seront  par- 
venus ,  je  les  ferai   connaître  à  l'armée. 

Signé  As.}.  Menou. 

Ordre  du  jour  du  i"  complémentaire  an  8. 

Le  général  en  chef  a  nommé  le  général  de  bri- 
gade Lagrange  ,  pour  remplir  les  fonctions  de 
chef  de   l'élat-major  général  de  l'armée. 

L  adjudant-général  René  remplira  ,  sous  les  or- 
dres du  général  Lagrange  ,  les  fonctions  de  sous- 
chef   de  l'éiat-maj  or  général. 

Signé  Ab.  J.  Menou. 
Ordre  du  jour  du  4  complémentaire  an  8. 

Menou,  général  en  chef,  ordonne  que  le  mois 
de  fructidor  sera  payé  à  l'armée.  Le  payeur  gé- 
néral enverra  à  cet  effet  tous  les  fonds  nécessaires 
dans  les  provinces. 

Signé  Ab.  J.    Menou. 

(  La  suite  des  ordres  du  jour  à  demain.  ) 


T     R     I     B     U     N     A     T. 

Présidence  de  Titiessé. 
SÉANCE    DU     24     FRIMAIRE. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal ,  le  prési<- 
dent  annonce  qu'il  n'y  a  rien  à  l'ordre  dj» 
jour. 

Le  tribunal  levé  sa  séance  ,  et  s'ajourne  au  26. 


Avis    aux    banquiers  ,    négocions  ,    marchands   et 
commissionna\res. 

Manufacture  d'horlogerie  ,  pendules  ,  giran- 
doUes  ,  candélabres  ,  et  toutes  sortes  d'ornemens 
dorés  ,  dans  les  goûts  les  plus  modernes.  A 
Paris  ,  rue  Barbette  ,  au  Marais  ,  N°.  483. 

Le  citoyen  Deverberie^  propriétaire  de  cette 
manufacture  ,  est  inventeur  de  plus  de  5o  mo- 
dèles les  plus  modernes  des  objets  ci-dessus  dé- 
taillés et  reçus  au  comité  des  arts.  Il  a  au.isi 
une  fonderie  où  l'on  fond  tous  les  jours;  les 
matières  y  sont  disposées  pour  la  dorure  ,  vert 
antique,  forger  et  laminer;  les  modèles  y  sont 
soignés  et  en  sûreté.  Les  commetlans  auront  toute 
facilité. 


LIVRES      divers. 

Suite  des  éditions  Stéréotypes  ,  d'après  le  procédé 
de  Firmin  Didot ,  en  vente  à  Paris  ,  et  qu'on  ne 
trouve  que  chez  Pierre  Didot  laîné  ,  imprimeur, 
rue  des  Orties,  gallerie  du  Louvre,  et  Fiimin 
Didot  ,  libraire  ,  rue  de  Thionville  ,  n°.  116 
et   i85o. 

Œuvres  complettes  de  Voltaire,  m-i8.  ;  contes  en 
vers  ,  sanres  et  poésies  mêlées  ,  un  volume.  Prix  , 
en  feuilles  ,  yS  centimes  ,  papier  ordinaire  ,  l  fr. 
25  centimes,  papier  fin,  3  francs  papier  vélin  , 
4   francs  5o  centimes  ,  grand  papier  vélin. 

JV.  B.  Les  citoyens  Didot  ont  rétabli  dans  le 
conte  :  ce  qui  plaît  aux  dames.  Ce  vers.,,  voulant 
charmer  un  moment  son  enuui...  et  dans  celui  in- 
titulé :  ^Education  d'un  prince.  Cet  autre  vers... 
de  mes  sujets,  de  moi,  vous  fîtes  le  bonheur — 
Omissions  d'autaut  plus  remarquables  dans  les 
précédeijles  éditions,  que  les  vers  précédens  man- 
quent de  rime. 


Labonnementse  fait  à  Paris     me  de»  Poitevins,  n»  18.  Le  prix  est  de  25  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois  ,  et  100  francs  pour  latmée  entière.  On  ne  s'abonne 
-ùu'au  commeucement  de  ctiaque  moli. 

Il  faut  adresser  les  IcUres  ctl'argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Aga  eS  E,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  n»  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
»ays  o  .  Ion  ne  peut  alFiaucliir.  Les  lettres  des  dépanemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  «étirée»  de  U  poste. 

Il  faut  avoir  soin,  pour  plu»  de  sùrelé.de  charger  celles   qui  renferment  des  valeurs,   et  adresser  tout  c«    qui    concerne  la  rédacdon  de  la  feuille,  au  rédacteur,  me  *e« 
Foitevint  ,  n'  i3  ,  dcpui  jneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


A  Paris ,  de  I  intpritoerie  du  cit.  Aj-asse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  ruq  des  Poitevins,  n"  (3 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


N"  86. 


Sextidi ,  '26  frimaire  an  9  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à  dater  du  7  nivôse  b  MONITEUR  esc   le  seul  journal  officiel. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  cojistituées ,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les   notions 
lantsur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,  fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts  ec  aux  découvertes  nouvelles. 


INTÉRIEUR. 

Paris ,  le  25  frimaire. 

Rapport/ait  au  gouvernement  français  par  le  général 
Kleber  sur  les  événemens  qui  se  sont  passés  en 
Egypte ,  depuis  la  conclusion  d'El-Arich jusqu'à  la 
fin  deprarial  an  8. 

U'après  lès  rapports  que,  j'ai  adressés  au  gou- 
vernement ,  j'ai  fait  cotinaître  les  tnoiifs  qui 
m'avaient  détriminé  à  conclure  les  négociations 
relatives  à  l'évacuation  de  l'Egypte.  Dès  ce  mo- 
ment je  me  suis  attaché  à  remplir  avec  exacte 
fidélité  toutes  les  obligations,  que  ce  traité  m'im- 
posait. :  , 

Toujours  animé  du  dcsir  de  rétablir  l'union 
entre  deux  nations  depuis  long-leras  amies  ,  et 
de  me  conformer  ainsi  aux  instructions  qui 
m'ont  été  laissées  ,  je  n'étais  pas  moins  sensible 
à  l'honneur  de  contribuer  à  une  paix  si  désirable, 
qu  à  la  gloire  qui  résulte  des  actions  militaires  ; 
mais  le  succès  n'a  pas  dépendu  de  la  droiture  de 
mes  intentions.  Les  propositions  injurieuresrrans- 
mises  par  lord  Kcith  ,  commandant  de  la  flotte 
anglaise  ,  dans  la  Méditerranée  ,  ont  occasionné 
utie  rupture  fatale  aux  armées  ottomanes. 

Une  partie  des  troupes  du  visir  a  péri  dans 
les  combats  qui  viennent  de  se  livrer  ,  et  le  reste 
a  été  entièrement  expulsé  du  territoire  de  lEgypte. 

J'ai  à  vous  rendre  compte  des  circonstances  de 
ce  grand  événement. 

Pendant  que  je  donnais  tous  mes  soins  à  l'exé- 
cution de  la  convention  passée  à  El-Arich  ,  les 
officiers  rie  la  Porte  s'y  conformaient  avec  lenteur; 
l'indiscipline  de  leurs  troupes  ,  les  retards  dans  les 
paiemens  occasionnaient  des  difficultés  sans  cesse 
renaissantes  ;  je  les  terminai  toutes  dans  des  con- 
férences ,  évitant  tout  ce  qui  jpourrait  donner 
lieu  au    renouvellement  des  liostiliiés. 

Déjà  les  approvisionnetnens  ,  les  bagages  ,  la 
presque  totalité  des  munitions  de  guerre  ,  étaient 
transportés  à  Alexandrie  oti  l'on  s  occupait  avec 
activité  des  préparatifs  de  l'embarquement  ;  les 
troupes  ottomanes  avaient  pris  possession  des 
forts  de  Katich  ,  Salahié  ,  Belbeis  ,  et  de  tous 
ceux  de  la  Haute-Egypte  ;  nous  leur  avions  livré 
la  ville  de  Damiette  et  le  fort  de  Lesbech.  Jouseph- 
Pacha  ,  grand-visir  de  la  Porte  Ottomane  ,  avait 
coriduit  son  armée  à  Belbeis  ,  et  établi  une  avant- 
garde  de  6,000  hommes  à  EIHar.ka  ,  à  quatre 
Heures  de  chemin  du  Kairc.  Enftn  deux  jours 
devaient  s'écouler  ,  jusqu'à  ce  que  la  citadelle 
çt  les  forts  de  cette  capitale  fussent  eruitrtment 
évacués. 

Telle  était  la  position  de  l'armée  française  , 
lorsque  j  ai  reçu  du  commodore  sir  Sidney  Smirh  , 
ministre  plénipotentiaire  auprès  de  la  Porte  otto- 
mane ,  une  lettre  datée  de  Cljipre  du  20  février 
1800.  Elle  porte  que  le  commandant  en  chej  de  la 
Jlotte  anglaise  dans  la  Méditerranée ,  a  reçu  des  or- 
dres qui  s'opposent  à  l'exécution  immédiate  du  traité 
d'El-Arich  ,  et  qu'on  a  jugé  nécessaire  de  me  faire 
part  sans  délai ,  de  cette  difficulté ,  afin  que  je  n'agisse 
point,  ignorant  son  existence. 

Aussitôt  que  j'eus  pris  connaissance  de  cette 
lettre  ,  je  fis  réarmer  les  forts  ,  arrêter  le  départ 
des  munitions,  tappeller  celles  qui  étaient  déjà 
transportées;  j'ordonnai  aux  troupes  de  Rhimanié 
et  de  Rosette  de  remonter  au  Kaire;  des  couriers 
dromadaires  furent  expédiés  pour  accélérer  la 
marche  de  celles  de  la  Hai'tH-Egypte  ,  tous  les 
moyens  réservés  pour  des  événemeos  cxtiaordi- 
naites  furent  réunis  ,  et  l'armée  prit  position  vers 
/«  Coubé  ;  j'adressai  une  proclamation  aux  troupes 
pour  les  préparer  aux  suites  d'une  rupture.  En 
même  tems  je  chargeais  M.  Keith  ,  secrétaire  de 
tir  Sidney  Smith  ,  du  se  rtodie  sur-ls-champ  au 
camp  du  visir  ,  pour  lui  présenter  la  copie  de  la 
lettre  qui  m'avait  été  adressée  ;  je  rappcllai  aufMCS 
de  moi  Musajjba  pacha  ,  commissaire  dj  la 
Porte  ,  je  lui  déclarai  que  je  dillécais  l'évacuation 
du  Kaire  ,  et  que  je  regarderais  comme  une  hos- 
tilité la  marche  de  l'armée  ottomane  au-delà  de 
Belbeis. 

Le  visir  reçut  ma  dépêche  dans  cette  place  , 
ion  camp  était  déjà  levé  ,  et  lui-même  prêt  à 
monlrr  à  cheval  ;  il  n'eut  aucun  çgard  à  ma  pro- 
position ,  se  rendit  avec  son  armée  à  El-Hanka  , 
vt  portant  iou  avaut-g:irdcà  Maïaiii  ,  à  di:ux  heu- 


res de  chemin  du  Kaire  ,  il  plaça  dans  la  plaine  de 
la  Coubé  ,  ses  avant-postes  au  milieu  des  nôtres. 
Sur  ces  entrefaites ,  monsieur  le  lieutenant 
Wriglht  arriva  à  mon  quartier-général  ,  et  me  pré- 
senta une  lettre  adressée  par  le  lord  Kei'h  ,  com- 
mandant de  la  flotte  anglaise  dans  la  Méditerra- 
née ,  ai  général  en  chef  de  l'armée  française  en 
Egypte  î  elle'  est  datée  de  Minorque  ,  le  8  jan- 
vier i8oi»  ,  ainsi  conçue  et  écrite    en  anglais  ; 

5)  A  bord  du  vaisseau  de  S.  M.  B.  la  reine 
n  Charlotte  1  à  Minorque  ,  le  8  janvier  1800. 

Monsieur , 
!>  Ayant  reçu  des  or.dres  po&itifs  de  sa  majesté  , 
>)  de  ne  consentir  à  aucune  capitulation  avec 
))  l'armée  française  que  vous  commandez  en 
u  Egypte  et  en  Syrie,  excepté  dans  le  cas  où 
!i  elle  mettrait  bas  les  armes  ,  se  rendrait  prison- 
)>  niere  de  guerre,  et  abandonnerait  tous  les  vais- 
!)  seaux  et  toutes  les  munitions  des  ports  et  ville 
>)  d'Alexandrieaux  puissances  alliées  ;  et,  dans  le 
!)  cas  oii  une  capitulation  aurait  lieu  ,  de  ne  per- 
^^  mettre  à  aucune  troupe  de  retourner  en  France 
)>  qu'elle  ne  soit  échangée  ,  je  pense  néc-.'ssaire 
)>  de  vous  informer  que  tous  les  vaisseaux  ajaut 
)i  des  troupes  françaises  à  bord  ,  et  fesa'ni  voile 
>>  de  ce  pays  d'aptes  les  passeports  signés  par 
>)  d'autres  que  ceux  qui  ont  le  dioit  d'en  accorder, 
>)  seront  forcés  ,  par  les  officiers  des  v»aisscaux 
)>  que  je  commande  ,  de  rentrer  à  A'eîiaodrie  , 
»»  ef  que  Ceux  qui  seront  rencontres  ,  retournant 
u  en  Europe  ,  d'après  des  passepoils  accordés  en 
)i  conséquence  de  la  capitulation  particulière 
))  avec  une  des  puissances  alliées  ,  seront  rete- 
I»  nus  comme  prises  ,  et  tous  les  indivirius  à  bord 
)>  considérés  comme  prisonniers.  Signé  Keith  >>. 
Je  pris  dans  l'instant  la  résolution  ide  livrer 
bataille  ;  certain  que  l'armée  partagerait  mes 
sentimens  ,  aussitôt  qu'elle  connaîtrait  cette  lettre 
odieuse  ,  je  la  fis  imprimer  pendant  la^nuit  ,  et 
elle  me  servit  de  proclamation.  ,; 

li  Soldats  ,  ajoutai-je  ,  on  ne  répond  à  une 
5)  telle  insolence  que  par  des  victoires  ;  ^réjiarez- 
))  vous  à  combattre.  11  Jamais  outrage  ne  fut  plus 
vivement  ressenti.  L'injure  était  commune  ,  cha- 
cun brûlait  de  la  venger  ;  tous  les  français  se 
reconnurent  à  cette  généreuse  indignation  ,  et 
l'on  eût  dit  que  l'armée  poussait ,  dans  ce  mo- 
ment ,    un  cri  de  guerre  unanime. 

Le  visir  avait  rejeté  toutes  les  propositions  que 
je  lui  avais  adressées.    Il   ne   v  .yait    dans    notre 

'  modération  que  le  témoignage  de  no/re  faiblesse; 

•  convaincu  que  je  ne  pouvais  m'opposer  à  la 
marche  de  son  armée  ,  il  exigea  l'évacuation  du 
Kaire  au  terme  convenu  ,  celle  de  tous  les  forts 
et  celle  du  Delta. 

I  Dans  les  conférences  qui  se  tinrent  à  la  Coubé, 
le  rcys-cffcndi  et  1«  teflerdar  feignirent  de  re- 
garder cette  opposition  des  anglais  comme  un 
évenementpeu  considérable  ,  qui  ,  n'étant  point 
émané  de  Constantinople  ,  ne  devait  point  ar- 
rêter l'évacuation.  Tout  délai  de  notre  part  était  , 
selon  eux  ,  une  infraction  au  traité  ,  et  c'était 
offenser  la  Porte  que  d'exiger  une  autre  garantie 
que   ses   firmans. 

La  cortiraunicalion  de  la  lettre  du  lord  Keith 
n'avait  rien  changé  aux  dispositions  du  vi^ir.  Sir 
Sidney  Smith,  qui,  dans  ces  circonstances  diffici'es, 
concilia  ce  qu  il  devait  à  l'honneur  avec  ce  qu'exi- 
geaient les  ordres  de  son  gouvernement  ,  re- 
présenta inutilement  qu'il  convanait  de  tout  sus- 
pendre de  part  et  d'autre.  Le  visir  qui  n'appré- 
ciait pas  les  suites  d'une  rupture  ,  repoussa  ce 
conseil  dicté  par  la  prévoyance  et  la  loyauté  , 
persista  dans  ses  prétentions ,  et  consentit  seule- 
ment à  promettre  des  otages  et  des  subsides. 

Pendant  que  duraient  les  conférences,  le  visir 
fesait  venir  de  nouvelle  artillerie  d  El-Arich  ;  il 
augment.iit  ses  forces  déjà  très-considérables, 
en  réunissant  les  habiians  des  villages  ,  qui  se 
rendirent  dans  son  camp  avec  armes  et  dra^jcaux. 
Il  répandit  dans  les  provinces  des  firmans  dans 
lesquels  les  fiançais  étaient  repiésentés  comme 
infidèles  ,  ennemis  de  l'islamisme  ,  inl'racieurs 
des  traités  :  il  écrivit  dans  le  même  sens  aux 
tribus  d'arabes,  établit  des  chcis  de  sédiiioii 
dans  toutes  les  villes  ,  et  notamment  au  Kaire, 
à  Mehalet-el-Kebir,  à  Tanta  ,  où  elles  ne  lar- 
dèrent pas  à  éclater;  il  ordonna  aux  odjaclis  , 
qui  composaient  l'ancienne  milice  du  grand-sei- 
gneur, de  se  rendre  à  son  camp  avec  leurs  che- 
vaux et  leurs  armes;  enfin,  il  enjoignit  à  tous  , 
sous  peiue  d'être  traités    comme  rebelles  ,   de  se 


réunir,  au  nom  de  la  religion  et  du  souverain  , 
pour  exterminer  les  français  ,  que  leur  petit 
nombre  et  la  terreur  de  ses  armes  avaient,  glacés 
d  efi^roi. 

Cependant  ,  les  troupes  françaises  arriveront 
de  la  Basse-Egypte  et  du  Sa'id  ,  il  n'y  avait 
pas  un  instant  à  perdre.  La  position  des 
deux  armées  suffisait  pour  commencer  des 
hostilités,  mes  forces  ne  pouvaient  augaenier; 
celles  de  l'ennemi  croissaient  chaque  jour.  Je  fis 
cesser  les  conférences,  et  m'adressaia  à  Mus- 
tapha picha  :  <i  II  faut  lui  ,  dis-je  ,  que  votre  ex- 
cellence sache  que  les  desseins  du  visir  me  sont 
connus  ,  il  me  parle  de  concorde  ,  et  forme  des 
séditions  dans  toutes  les  vides  ;  c'est  vous-même 
qu'il  a  chargé  de  préparer  la  lévolte  du  Kaire'i 
le  tems  de  la  confiance  est  passé.  Le  visir  m'at- 
taque ,  puisqu'il  est;  sorti  de  Belbeis  ;  il  faut 
que  demain  if  retourne  dans  cette  placé  ,  qu'il 
soit  le  jour  suivant  à  Salahié  ,  et  qu'il  se  retire 
ainsi  jusqu'aux  frontières  de  la  Syrie  ,  autrement 
je  l'y  contraindrai  :  l'armée  française  n'a  pas 
besoin  de  vos  firmans  ,  elle  trouvera  l'honneur 
et  la  sûreté  dans  ses  forces  ;  informez  son  altesse 
de    mes  intentions.  i>  ' 

Le  même  jour,  je  convoquai  les  officiers-géné- 
raux en  conseil  de  guerre  ,  et  ne  leur  présen- 
tant d'autres  pièces  que  la  lettre  du  lord  Keitlx 
elle  plan  de  bataille  ,  je  leur   dis  : 

!)  Citoyens  généraux  ,  vous  avez  lu  cette  le'tre, 
elle  vous  dicte  votre  devoir  et  le  mien.  Voici 
notre  situation  :  les  Anglais,  nous  refusent  le 
passage  ,  après  que  leurs  plénipotentiaires  en 
sont  convenus  ,  et  les  ottomans  auxquels  noui 
avons  livré  le  pays  ,  veulent  que  nous  achevions 
de  l'évacuer  conformément  au  traité  ;  il  faut  vain- 
cre ces  derniers  ,  les  seuls  que  nous  puissions 
atteindre.  Je  compte  sur  votre  zèle,  votre  sang- 
froid  ,  et  la  confiance  que  vous  inspirez  aux  trou- 
pes ;  voici  mon  plan  de  bataille. 

Cette  exposition  ne  fut  suivie  d'aucune  dé» 
libération,  chacun  était  animé  d'un  égal  désir  de 
soutenir  la  gloire  de  nos  armes. 

Ne  voulant  point  attaquer  le  visir  sans  une 
déclaration  expresse  d  hosûlité  ,  je  lui  adressai 
la    Icttte  suivante  : 

Au  quartier- général  de  l'armée  française  le  2S  ventôst 
1  l'an  8. 

j      <i  L'armée  dont  le  commandement  m'est  confié 
I  ne  trouve  point  dans  les  propositions  qui    m'ont 
'  été  faite*  de,  la  part  de  votre  altesse  une  garantie 
i  suffisante    contre     les    prétentions    injurieuses   et 
j  l'opposition    formelle   du   gouvernement  anglais 
à   l  exécution  de  notre  traité  ;  en  conséquence  il 
a  été   résolu  ce  matin  au  conseil  de  guerre  ,  que 
I  ces  propositions  seraient  rejetées,  et  que  la  viilç 
I  du   Kaire  ,    ainsi    que    ses    forts   demeureraient 
occupés   par   les    troupes    françaises,  jusqu'à  ce 
que  j'aie  reçu    du    commandant  en    chef  de   la 
I  flotte  anglaise  dans   la    Méditerranée,   une  lettre 
I  directement  coturaire   à    celle    (]u'il  m'a  adressée 
le  8  janvier ,  et  que  j'aie  entre  les  mains  les  passe- 
ports  signés  par  ceux  qui  ont  le  droit  d'en  accorder. 
j  D'après  cela  ,  toutes  conférences  uliéiieures  entre 
i  nos    commissaires     deviennent    inutiles  ,    et   les 
deux  armées  doivent  dès  cet  instant  se  considérer 
comme    en   état   de   guerre.  Xa  loyauté   que  j'ai 
apportée     dans    l'exécution     ponctuelle   de   nos 
conventions,   donnera  à  votre  altesse  la  mesure 
du    regret  que  fait  éprouver    une    rupture  aussi 
extraordinaire  dans   ces  circonstances,  que  con- 
traire aux  avantages   communs  de   la   république» 
et  de  la'  sublime  Porte.  J'ai  assez  prouvé  combien 
j'étais  pénétré  du  désir   de  voir  renaître  les  liai- 
sons   dintéièt    et  d'amiiié   qui   unissaient    depuis 
long-tems  les  deux  puis.sances  ;  j'ai  tout  fait  pour 
rendre   manifeste   la  pureté    de    mes  intentions  ; 
toutes   les  nations   y   applaudiront  ,  et  dieu  sou- 
tiendra par  la   victoire  la  justice  de    ma  cause. 
Le  sang  que   nous  sommes   prêts  à  répandre    re- 
jaillira sur  les  auteurs  de  cette  nouvelle  dissention. 
)'Je  préviens  aussi  voire  altesse  que  je  garderai 
comine  otage    à  mon  quartier-général   son  excel- 
lence Mustajiba-pacha   jusqu'à   ce  que  le  général 
Ga'beaud  ,  retenu  à  Damiette  ,   soit  rendu  à  Ale- 
xandrie avec    sa   famille   et   sa   suite  ,    et   cjuil  ait 
pu    me    rendre    compte     du    traitement   qu'il    a 
éprouvé    des   officiers    de    l'armée  ottomane  ,   et 
sur   lequel   on   me   fait  des  rapports  très-extraor- 
dinaires. 

)t  La  sagesse  accoutumée  de  votre  altesse  lui 
fera  distinguer  aisément  de  quelle  part  viennent 
les   nuages   qui    s'élèvent  ;   mais  tien  ne    pourra 


546 


aliérer  la  haute  considéralion  et  l'amitié  bien  sin- 
tere  que  i"ai  pour  elle)'. 

Signé ,,  Kleber. 

En  même  tems  on  ordonnait  au  camp  les  pre- 
paraiifs  du  combat  ;  au  milieu  de  la  nuii  suivante  , 
je  me  rendis  ,  accompagné  des  guides  de  l'armée 
et  de  mon  état-major,  dans  la  plaine  de  laCoubé, 
cil  se  trouvait  déjà  une  partie  des  troupes  ;  les 
autres  arrivèrent  successivement  et  se  rangeaient 
en  bataille.  La  clarté  «Ju  tiel  ,  toujours  serein 
dans  CCS  climats  ,  suffisait  pour  que  les  mouve- 
«lens  s'exécutassent  avec  ordre  ,  mais  elle  était 
trop  faible  pour  que  l'ennemi  pût  les  appercevoir; 
je  parcomus  les  rangs  ,  et  remarquai  la  confiance 
et  )a  gaieté  de  nos  soldats,  présage  ordinaire  de 
la  victoire. 

La  ligne  de  bataille  était  composée  de  quatre 
carrés -."ceux  de  droite  obéissaient  au  géaéral 
Priant  ,  ceux  de  gauche  au  général  Reynier. 
L'artillerie  légère  occupait  les  intervalles  d'un 
catré  à  l'autre  ,  et  la  cavalerie  en  colonne  ,  dans 
l'intervalle  du  centre  ,  était  commandée  par  le 
général  Leclcrc'  ses  pièces  marchaient  sur  ses 
flancs,  et  étaient  soutenues  par  deux  divisions  du 
régiment  des   dromadaires. 

Derrière  la  gauche  ,  en  seconde  ligne,  était  tjri 
petit  quarré  de  deux  bataillons  :  l'artillerie  de  ré- 
serve ,  placée  au  centre,  était  couverte  par  quel- 
ques compagnies  de  grenadiers  et  les  sapeurs 
armés  de  fusils  ;  d'autres  pièces  marchaient  sur 
les  deux  côtés  du  rectangle  ,  soutenues  et  flan- 
quées par  des  tirailleurs  ;  enHn,  des  compagnies 
de  grenadiers  doublaient  les  angles  de  chaque 
quarré  ,  etpouvaient  être  employées  pour  l'attaque 
des  postes.  La  première  brigade  de  li  division 
Priant  était  commandée  par  le  général  Belliart,  et 
formée  de  la  21'  légère  et  88°  de  bataille,  les  61' 
et  75°  de  bataille  formaient  la  deuxième  brigade 
aux  ordres  du  général  Donzelot. 

Le  général  Robin  comnaandait  la  première 
brigade  de  la  division  Reynier  ,  composée  de  la 
22'  lég.ere  et  de  la  9'  de  bataille  ;  le  général 
Lagrange  avait  sous  ses  ordies  la  i3'  et  85'  de 
bataille  ,  forin:;i:t  la  2'  brigade  de  cette  division  : 
le  général  Songis  commandait  larlillerie  et  le 
général  Sarason  le  génie. 

Nasif-pacha  à  la  tête  de  l'avant-garde  ennemie 
avait  sous  ses  ordres  deux  autres  pachas  ;  le  vil- 
lage de  Matarié  qu'il  occupait  avec  5  ou  6000 
bcmmcs  (  jat»nissaire8  d'élite)  et  un  corps  de 
cavalerie  ,  avait  été  retranché  armé  de  16  pièces 
d'artillerie.  Les  avant-posies  se  prolongeaient  sur 
la  droite  jusqu'au  Nil  et  sur  la  gauche  jusqu'à  la 
mosquée  Sibetti  Hatlem.  Le  camp  du  visir  était 
situé  entre  El-Hanka  et  le  village  de  Abouzabel  ; 
c'est  dans  cet  endroit  que  son  armée  était  rassem- 
blée ;  elle  y  occupait  une  espace  considérable. 
On  ne  peut  décrire  ?son  oidre  de;  bataille,  les 
turcs  n'en  observant  aucun  ;  presque  tous  les 
rapfjoris  qui  nous  sont  parvenu;,  portaient  cette 
armée  à  80,000  hommes  et  quelques-uns  à  60,000 
seulement. 

Vers  les  trois  heures  du  matin,  j'ordonnai  que 
Farmée  se  mît  en  marche.  L'aîle  droite  arriva  au 
point  du  jour  près  la  mosquée  Sibilli  Hallem,  où 
l'ennemi  avait  une  grande  garde  de  5  à  600  che- 
vaux ;  quelques  coups  de  canon  les  déterminè- 
rent à  se  replier;  les  deux  quarrés  de  gauche  arri- 
vèrent devant  le  village  de  Matarié  ,  s'y  arrêtèrent 
hors  de  portée  de  canon  et  donnèrent  le  tems  à  la 
division  de  la  droite  de  venir  se  placer  entreHélio- 
polis  et  le  village  dEI-Marek,  afin  de  s'opposer  à 
la  retraite  des  troupes  ennemies  et  à  l'arrivée  des 
ranforis  que  l'ennemi  pouvait  envoyer. 

Tandis  que  ce  mouvement  s'exécutait  ,  je  dis- 
itinguais  un  corps  de  cavaierie  et  d'infanterie  tur- 
que, uni  à  une  forte  troupe  de  mamelucks  ,  qui , 
après  avoir  fait  un  grand  détour  dans  les  terres 
cultivées  ,  se  dirigeaient  vers  le  Kaire  ;  les  guides 
eurent  ordre  de  les  charger  ;  ceux-ci  acceptèrent 
la  charge,  et,  renforcés  successivement  par  ds  nou- 
velles troupes,  ils  enveloperentles  nôtres;  l'issue  de 
cette  mêlée  leur  enr  été  funeste  ,  si  le  aa'  régiment 
de  chasseurs  et  le  14^  régiment  de  dragons  ne 
se  fussent  portés  aussitôt  pour  soutenir  l'action  ; 
après  un  combat  long  et  opiniâtre  ,  l'ennemi  prit 
Ha  fuite  ,  et  s'éloignant  à  perte  de  vue  dans  les 
terres ,  il  continua  à  se  diriger  vers  le  Kaire. 

Le  général  Reynier  commença  l'attaque  de 
Malarié  ;  des  compagnies  de  grenadiers  ,  mises 
en  réserve  pour  cet  objet,  reçurent  l'ordre  d'em- 
porter les  retrancbemens  ,  et  l'exécutèrent  avec 
une  bravoure  digne  des  plus  grands  éloges. 
Tandis  qu'ils  s'avançaient  au  pas  de  charge  , 
malgré  le  feu  de  l'ariillerie  ennemie  ,  on  vit  les 
jannissaires  sortir  de  leurs  retrancbemens  et  cou- 
rir ,  l'arme  blanche  à  la  main,  sur  la  colonne 
de  gauche  ;  mais  ils  n'y  rentrèrent  plus  :  arrêtés 
de  troni  par  le  feu  vif  et  soutenu  de  cette  co- 
lonne .  une  grande  partie  tombe  sur  la  place  , 
le  reste  pris  en  flanc  par  la  colonne  de  droite  et 
bieitiôi  attaqués  de  toute  part  .  périssent  sous 
la  bayoïineite  ;  les  fossés  comblés  de  morts  et 
de  blessés  n'empêchent  plus  de  franchir  les  re- 
tifinchcmens  ;  drapeaux  ,  pièces  d'artillerie  , 
^^oeues   de  pachas ,  efiets  de   campement,   tout 


reste  en  notre  potJvoir  ;  une  partie  de  leuî  in- 
fanterie se  jette  dans  les  maisons  à  dessein  de 
s'y  défendre  ;  on  ne  leur  laisse  pas  le  lems  de 
s'y  établir;  ils  y  sont  tous  égorgés,  livrés  aux 
flammes  ;  d'autres  essayant  de  sortir  du  village 
de  Matarié  ,  tombent  sous  le  feu  de  la  division 
Priant  ;  le  reste  est  tué  ou  dispersé  par  une  charge 
de  cavalerie. 

L'ennemi  veut  abandonner  ses  tentes  et  ses 
bagages  ,  mais  aucun  pillage  ne  retarda  le  mou- 
vement des  troupes;  l'armée  comprenait  la  né- 
cessité de  poursuivre  rapidement  le  visir  jus- 
qu'aux limites  du  désert  ,  et  cette  pensée  sem- 
blait animer  à  la  fois  tous  les  chefs  et  tous  les 
soldats. 

Le  seul  récit  de  l'affaire  de  Matarié  fait  l'éloge 
de  nos  braves  grenadiers  ;  la  colonne  de  droite, 
composée  de  deux  compagnies  de  la  22'  légère  . 
et  de  .deux  de  la  g=  de  bataille  ,  :était  commandée 
par  le  citoyen  Real  ,  capitaine  de  la  9'  ,  et  celle 
de  gauche  formée  de  deux  compagnies  de  la 
13"^  et  de  la  85=  de  bataille,  était  sous  les  ordres 
du  citoyen  Taraire  ,  chef  de  bataillon  de 
la  85^ 

Dans  le  même  tems  Nasif-pacha  me  fit  savoir 
qui.  desirait  parlementer,  et  demandait  un  offi- 
cier français  de  marque.  Je  lui  envoyai  le  chef 
de  brigade  Beaudot  ,  mon  aide-de-camp  ;  aussitôt 
qu'il  fut  apperçu  des  troupes  turques  ,  on  1  as- 
saillit de  toutes  parts ,  et  on  le  blessa  à  la  tête 
et  à   la   main. 

Deux  mameluks  du  pacha  qui  l'accompa- 
gnaient parvinrent  à  peine  à  le  soustraire  aux 
assassins;  conduit  au  visir,  il  fut  retenu  comme 
otage  pour  Mustapha-pacha  et  Assem  aga,  tef- 
terdar  ,  qui  étaient  auprès  de  moi. 

Pendant  que  cela  se  passait,  et  que  le  général 
Reynier  rassemblait  sa  division  autour  de  l'obé- 
lisque d'Héiiopolis ,  des  nuages  de  poussière 
annonçaient  l'arrivée  du  corps  de  l'armée  turque  ; 
un  rideau  dont  la  pente  est  insensible  unit  les 
deux  villages  de  Sericaurt  et  d'EI-Marec  ;  l'ar- , 
mée  ottomane  prit  position  sur  ces  hauteurs,  et. 
le  visir  ,  dont  on  distinguait  ta  garde  à  l'éclat 
de  son  armure,  s'établit  de  sa  personne  derrière 


L'armée  ottomane  était  trop  vivement  pour- 
suivie pour  qu'elle  pût  s'arrêter  à  El-Hanka  ;  nous 
y  arrivâmes  avant  le  coucher  du  soleil;  ses  effets 
de  campement ,  ses  équipages  que  l'ennemi  ayait 
abandonnés  ,  annonçaient  assez  la  précipitation  ' 
de  sa  retraite  ;  on  trouva  dans  ce  camp  quelque» 
objets  précieux  ,  et  une  grande  quantité  de  cotte» 
de  maille  ,   et  de  casques  de  fer. 

L'armée  avait  éprouvé  de  grandes  fatigues  dans 
cette  journée  ,  elle  prit  quelque  repos  sous  tes 
tentes  de  l'ennemi  :  aussitôt  aptes  que  j'eus  donné 
les  ordres  pour  le  départ  du  lendemain  ,  le  silence 
de  la  nuit  me  permit  d'entendre  le  canon  qui  se 
lirait  au  Kaire.  J  avais  laissé  dans  cette  ville  la  32*. 
de  bataille,  etdes  détachemens  de  differens  corps, 
ce  qui  formait  2000  hommes  environ  ;  prévoyant 
qu'une  émeute  générale  menaçaieiU  ces  troupes  , 
j  avais  ordonné  qu'elles  se  retiiâssent  dans  les 
forts,  et  le  général  'Verdier  ,  à  qui  j'ctvavais  laissé 
le  commandement,  a'.ait  pris  pour  instiuction  du 
se  borner  à  maintenir  les  communications  entre 
la  ferme  d'ibrahim-bey  ,  la  citadelle  et  le  fort 
Gamin.  Le  général  Zayonthtk  commandait  à  Gi' 
zeh  ;  ces  dispositions  suffisaient  pour  me  donner 
le  tems  de  repousser  le  visir  ,  ce  qui  était  mon 
premier  objet  ;  mais  jugeant  qu'un  corps  consi- 
dérable de  mamelucks  et  d'osmanlis  s'était  joint 
aux  séditieux,  je  crus  nécessaire  d'envoyer  du 
renfort  ,  et  le  général  Lagrange  reçut  ordre  à 
El-Hanka  de  s'y  porter  avec  quatre  bataillons  , 
deux  de  la  25'  ,  un  de  la  64=  ,  et  un  ae  la  yS*. 
Il  partit  vers  minuit  ,  bientôt  après  je  mi:  mis  en 
marche  avec  l'armée  pour  Btrlbeis  ;  nous  trou- 
vâmes sur  la  route  plusieurs  pièces  de  canon  , 
des  litières  sculptées,  une  voiture  à  ress.Tit,  et 
quantité  de  bagages  abandonnés.  L  armée 
arriva  le  3o  de  bonne  heure  à  Belbeis.  Le  fort 
et  la  ville  étaient  occupés  par  l'iofanierie  turque, 
et  1000  chevaux  environ  étaient  en  bataille  sur 
notre  gauche  ;  la  division  Reynier  s'aiiêta  d'-vant 
la  ville  ,  et  le  général  Priant  fit  prendre  à  la  sirnne 
une  direction  oblique  vers  la  gauche,  afin  de 
l'élever  sur  le  flanc  de  la  cavalerie  ennemie  ,  et 
de  la  tourner  ;  mais  elle  n'apperçut  pas  plutôt  ce 
mouvement  ,  qu'elle  prit  la  fuite  peouant  que  no- 
tre artillerie   répondait  au  feu  de  la  ville  et  des 


un   bois    de    palmiers   qui   entoure    ce     dernier  1  'O'". 
village;  1       Le  général  Priant  continuant  de  s'avancer,  reçut 

Le  général  Priant  .  déjà  en  marche  ,  fut  bientôt]  l'ordre  d'occuper  quelques  parties  de  l'enceinte, 
attaqué  par  les  tirailleurs  qui  garnissaient  le  bois  ;  I  Le  général  Belliard  chargé  de  cette  opération  , 
le  général  Reynier  reçut  ordre  de  se  porter  suri  éprouva  peu  de  résistance  ,  et  les  turcs  chasses  de 
la  droite  de  l'ennemi  ,  au  village  de  Sericaurt  ;  j  points  les  plus  avantageux  ,  se  jetterent  tous  rtnns 
notre  armée  s'avança  en  reprenant  insensiblement  ;  l'un  des  forts  on  ils  se  défendirent  le  reste  du  jour, 
son  premier  ordre  de  bataille.  Le  général  Friand  La  nuit  fut  employée  de  notre  côté  à  disposer  l'at- 
repoussa  d'abord  les  tirailleurs  ennemis  ,  les  taqhe  ;  mais  le  lendemain  les  turcs  proposèrent 
chassa  dubois  d'EI-Marec  , il  attaqua  avecle  canon  j  de  rendre  la  place  ,  et  demandaient  qu'on  leur 
et  des  obus  ,  le  groupe  de  cavalerie  qui  formait!  permît  de  rejoindrelarmée  ottomane  etd'eraporter 


le  quartier-général  du  visir;  des  pièces  d'artil 
lerie  placées  sur  le  front  de  l'armée  turque,  tirgrent 
quelque  tems  sur  nos  (juarrés ,  mais  sans  sucrés  , 
tous  leurs  boulets  passant  de  plusieurs  toises  au- 
dessus  de  nos  tètes  ;  nos  pièces  répondirent  par 
un  feu  soutenu  qui  fit  bientôt  cesser  celui  de 
l'ennemi  ;  alors  et  presque  dans  un  instant ,  tous 
les  drapeaux  se  réunirent  de  divers  points  de  la 
ligne  ennemie  ;  le  quarré  d^  droite  du  général 
Friand  ,  reçoit  l'attaque  et  loisse  approcher  Icï 
assaillans  à  demi  portée  de  mitraille  ;  arrêtés  par 


leurs  armés  ;  cette  dernière  condition  leur  étant 
refusée  ,  ils  continuèrent  leur  feu  ;  mais  dominés 
par  le  nôtre  ,  ils  éprouvèrent  une  perte  considé- 
rable. Ce  motif,  et  sur-tout  le  manque  absolu 
d'eau  ,  les  obligèrent  de  se  rendre  à  discrétion  ; 
ils  me  supplièrent  de  leur  permettre  de  se  rendre 
auprès  du  grand-visir  ,  et  de  laisser  à  quelques- 
uns  d'entre  eux  les  armes  nécessaires  pour  se  dé- 
fendre contre  les  arabes.  J'y  consentis ,  et  ils  sor- 
tirent de  la  place  le  i''  germinal  ,  vers  midi. 
Pendant  qu'on  s'occupait   de  les   désarmer  ,  un 


les  premières  décharges  ,  ils  se  séparèrent,  et  i  d'entre  eux,  animé  par  le  désespoir  et  le  fana- 
notre  feu  continuant ,  ils  se  déterminèrent  tout-à-  tisme  ,  s'écriait  quil préférait  la  mort  ,  et ,  comme 
coup  à  prendre  la  fuite  ,  notre  infanterie  ne  vou-  t  s'il  s'indignait  de  ne  pas  la  recevoir  ,  il  s'avançât 
lait  tirer  qu'à  bout  portant ,  et  ne  briila  point  une  i  contre  le  chef  de  brigade  Latour,  mon  aide-de- 
amorce,  f  camp  ,  et  lui  tira  un  coup  de  fusil  à  bout  ponant  : 

La  chaleur  qui  succède  à  la  retraite  des  eaux  |  la  balle  ne  fit  qu'enlever  son  épaulette.  A  l'instant 
occasionne  souvent  des  gersures  profondes  dans  tous  ceux  à  qui  on  avait  laissé  des  armes  ,  les  jet- 
le  terrein  ,  c'est  ce  qui  avait  ralenti  l'impétuosité  j  Itrfai  ,  en  àhznt  qu  ils  ne  méritaient  plus  de  les  con- 
de  la  cavalerie  ennemie  et  ne  permit  pas  klii,  server  ^  et  que  leur  vie  était  à  nous. he  co\iç3h\e  fat 
nôtre    de   charger  utilement  les  fuyards,  j  puni  de  mort  sur-le-champ  par  nos  grenadiers ,  et 

Le  visir  était  dans  le  village  d'EI-Marec  ,  exposé  [  nous  ne  laissâmes  des  armes  qu'aux  chefs.  Tous 
au  feu  de  nos  pièces;  il  y  attendait  le  succès '^  aussitôt  prirent  la  route  de  Salahié  ;  le  général 
de  ses  ordres;  c'est  alors  que  son  armée  s'ébranla,  i  Reynier  les  y  suivit  de  près.  Nous  trouvâmes  dix 
et  les  divers  corps  se  séparant  ,  nous  entourèrent  i  pièces  de  canou  dans  la  ville  et  dans  les  environs  , 
de  toute  part  ,  nous  nous  trouvâmes  ainsi  placés  |  non  compris  celles  qui  étaient  dans  les  forts  ,  et 
au  milieu  d'un  quarré  de  cavalerie  d'environ  une  [  que  nous  avions  laissées  lors  de  l'évacuation.  Parmi 
demi-lieue  de  côté  ;  cet  état  subsista  tant  que  les  :  les  premières  ,  étaient  deux  pièces  anglaises  sera- 
armées  furent  en  présence;  voyant  que  cette'  blablcs  à  celles  qu'on  enleva  à  Aboukir,  et  qui 
attaque  n'avait  point  réussi  <  le  visir  se  retira  pré-  '  portaient  la  devise:  Honni  soit  qui  mal  y  pense.  Ils 


cipiiamment  à  El-Hanka. 

Cependant  ^  j'étais  inquiet  sur  ses  desseins;  dé- 
terminé à  le  suivre  partout,  au  Kaire ,  dans  le  dé- 
sert, dans  les  terres  cultivées  ,  je  n'avais  d'autres 
soins  que  de  l'atteindre  et  de  le  forcer;  je  ne  tar- 
dai point  d'apprendre  qu'il  était  de  reiotir  à  El- 
Hanka.  Le  citoyen  Launiaka,  interprète  ,  qui  avait 


sortirent  de  Belbeis  au  nombre  de  800,  laissant 
dans  cette  place  environ  trois  cents  morts.  Le» 
puits  en  étaient  comblés. 

Pendant  que  cela  se  passait  ,  la  cavalerie  du 
général  Leclerc  battait  l'estrade  sur  la  route  de 
Salahié  ,  et  dans  l'intérieur  des  terres  ,  afin  de  re- 
connaître  s'il    ne   s'y   était  point  jette    quelques 


accompagné  mon  aide-de-camp  ,  revint  auprès  de  '  partis.  Le  7'  régiment  de  hussards  ramena,  le  i 
moi;  le  visir  l'avait  chargé  de  me  proposer  de  i  au  matin,  45  chameaux  avec  leurs  conducteurs  ; 
faire  cesser  les  hostilités  et  d'évacuer  le  Kaire  ,  l'escorte  était  composée  de  mameluks  et  d'os- 
conformément  au  traité  ;  je  lui  fis  répondre  que  je  manlis.  Ces  gens  déclarèrent  qu'ils  étaient  chargés 
marchais  sur  El  Hanka  ;  notre  armée  continuait  de     de  porter  au  Kaire,   à  Nasif-pacl^  et  à  Ibrahim- 


s'avancer  sur  ce  village  ,  la  cavalerie  qui  était  de 
vant  nous  ,  se  replia  confusément  et  prit  la  fuite  ; 
de  ceux  qui  étaient  sur  les  flancs  et  sur  les  der- 
rières ,  une  partie  revint  sur  ses  pas  en  faisant  de 
longs  circuits ,  d'autres  se  dispersèrent  de  divers 
côtés  ;  quant  à  Mutad-bey  ,  il  s'était  porté  sur  no- 
tre droite  dès  les  premiers  raomens  de  l'attaque, 

j  et  s'était  éloigné  à   perte   de  vue  dans  le   désert 

'  pour  ne  point  participer  à  l'action. 


bey  une  partie  de  leur  bagage.  C'est  alors  que 
j'appris  avec  certitude  que  le  visir  avait  chargé  ce* 
deux  chefs  de  se  mettre  a  la  tête  de  la  révolte  de 
1  Egypte.  Jugeant  donc  que  l'armée  ottomane  était 
considérablement  diminuée,  tant  par  la  perte  ei- 
suyée  dans  la  bataille  ,  que  par  la  séparation  des 
troupes  qui  occupaientle  Kaire  ,  j'ordonnai  au  gé- 
néral Priant  de  marcher  sur  cette  ville  avec  le  gé- 
néial  Donzelot  et  «nq  bataillons ,  dont  deux  delà 

6i« 


Suite  a 


6i'  .deux  delà  yS",  un  de  la  25*^,  quelques  pièces 
de  l'arlillerie  légère  ,  et  un  détachcmeat  Je  cava- 
lerie. 

Je  donnai  pour  instructions  de  maintenir  les 
CommunicHtions  entre  tous  les  forts  jusqucs  à 
mon  retour  ,  et  recommandai  d'éviter  des  atta- 
ques qui  pourraient  nous  causer  des  perles  trop 
considérables.  Cependant  le  général  Reynier 
conduisait  à  Salahié  sa  division  :  il  avait  avec  lui 
le  24°  régiment  de  chasseurs  ,  et  le  14*^  régiment 
de  dragons  ;  je  partis  deux  heures  après  avec  la 
brigade  du  général  Belliard  ,  les  guides  ,  et  le  7* 
régiment  de  hussards.  A  peine  étais-ie  en  marche, 
qu'un  arabe  escorté  par  un  détachement  de  notre 
cavalerie  ,  me  remit  nne  lettre  dans  laquelle  le 
visir  me  proposait  d'arrêter  la  marche  des  deux 
armées;  d'établir  des  copférences  à  Belbeis  (  il 
croyait  l'armée  française  à  El-Hanka  ) ,  et  d'entrer 
dans  de  nouvelles  explications  pour  l'exécution 
de  ce  traité.  C'est  ainsi  que  Jouseph-pacha  me 
fesait  ,  après  la  bataille ,  toutes  les  propositions 
qu'il  avait  rejetées  auparavant.  Je  diftérai  la  ré- 
ponse au  lendemain  ,  et  je  m'arrêtai  U  nuit ,  au 
village  de  Senrka  ;  le  général  Reynier  était  placé 
une  lieue  plus  loin.  Je  me  mis  en  marche  à  la 
pointe  du  jour  ,  et  me  trouvant  près  Coraim  , 
l'entendis  une  vive  canonnade  en  avant  de  ce 
village  ;  je  présumais  que  le  général  Rt-ynier 
était  fortement  engagé.  J  ordonnai  aussitôt  au 
général  Belliard  de  presser  sa  marche  ,  et  me 
portai  moi-même  en  avant  pour  être  présent  à 
l'action.  Je  n'avais  avec  moi  que  les  guides  elle 
î*  régiment  de  hossards.  Arrivés  sur  les  hauteurs 
des  sables  voisins  du  village  ,  je  vis  la  divi- 
sion Reynier  occupée  à  repousser  .  avec  son  ar- 
tillerie ,  3  ou  4,000  cavalisrs  qui  l'entouraient. 
A  peine  fus -je  posté  que  lé  corps  ernerai  fit 
nn  mouvement  subit,  ei  se  jetta  précipitamment 
flur  nous. 

Il  fallut  franchir  l'intervalle  qui  nous  séparait 
du  quarré  du  général  Reynier,  et  recevoir  la 
charge  :  elle  fut  tellement  impétueuse  que  l'ar- 
tilletfie  des  guides  ,  n'eut  pas  le  tems  de  se  mettre 
en  batterie.  Les.  conducteurs  sont  aussitôt  taillés 
en  pièces,  et  la  mêlée  devenant  complette  ,  chacun 
s'occupe  de  sa  défen.se  :  les  habiuns  de  Coraim 
BOUS  voyant  enveloppés  de  toutes  parts  nous 
croient  perdus  ,  et  toute  cette  muliilude  armée 
de  lances  et  de  fourches  ,  nous  assaillent  sur  noire 
gauche.  Le  danger  était  extrême  ,  lorsque  le  14° 
régiment  accourt  pour  nous  soutenir  ;  nous  re- 
prenons aussitôt  lofFensive  et  repoussons  vive- 
ment l'ennemi  ,  qui  laisse  environ  3oo  morts  ou 
blessés  sur  le  champ  de  bataille  ;  nous  rejoignîmes 
le  quarré  du  général  Reynier  auquel  se  réunit 
bientôt  celui  du  général  Belliard. 

C'est  en  cet  endroit  rjue  je  donnai  une  réponse 
aux  propositions  du  visir.  Je  me  conlentai  de  le 
prévenir  que  je  marchais  sur  Salahié;  l'arabe  se 
relira,  et  nous  vîmes  le  corps  de  cavalerie  qui 
nous  avaitatlaqué  se/ëunir  auprès  de  son  drapeau 
blanc,  Le  général  Leclerc  jugea  le  moment  favo- 
rable pour  la  charge  ;  il  en  fit  la  dispositions,  mais 
il  ne  fut  jias  attendu  :  tout  prit  la  fuite  en  un 
instant  ;  je  n'avais  point  de  tems  à  donner  à  la 
punition  du  village  de  Coraim,   et  je  la  différai. 

L'armée  continua"  sa  marche  vers  Salahié  ;  nous 
éprouvâmes  dans  celle  journée  une  chaleur  et  un 
abattement  excessif;  le  vent  du  raidi  règne  avec 
force  dans  cette  saison  ,  il  soufflait  par  interva  le  , 
et  portait  dans  l'atmosphère  tome  l'ardeur  du 
désert  -,  une  poussière  fine  et  brûlante  se  mêlait  à 
l'air  et  nous  empêchait  de  voir  et  de  respirer  ; 
nous  perdîmes  quelques  chevaux  et  bêtes  de 
somme.  Je  m'attendais  à  trouver  l'armée  du  visir 
ralliée  à  Salahié  ,  et  nous  pensions  loui  qu'il  s'y 
défendrait  jusqu'à  la  mort  plutôt  que  de  repasser 
le  désert.  Je  me  disposai  donc  à  livrer  le  combat 
le  lendemain  au  commencement  du  jour,  et  je 
donnai  une  nuit  de  repos  à  nos  troupes  à  deux 
lieues   de   distance  de  Salahié. 

Le  lendemain  au  point  du  jour  ,  1  armée  se  mit 
en  marche  :  les  h.ibitans  de  Salahié  accourent 
bientôt  à  noire  rencontre,  nous  informent  que 
la  veille  à  l'heure  de  Lasr  (environ  3  heures  après 
midi)  les  cavaliers  de  Cotcire  étant  rentrés  ,  le 
visir  était  monté  à  cheval  ,  prenant  la  fuite  à  tra- 
vers le  désert,  ayant  à  peine  conservé  5oo  hom- 
me» de  bonne  escorte  ;  que  dans  cette  déroute 
l'épouvante ,  et  la  confusion  étant  à  leur  comble  , 
ils  avaient  abandonné  le  camp  ,  l'artillerie  et  les 
bagages.  Nous  reconnûmes  bientôt  la  vérité  de  ce 
récit,  en  entrant  à  Salahié  ,  dans  le  camp  du  visir. 

C'était  une  enceinte  d'environ  3  quarts  de  lieue 
en  quarré  ;lout  cet  espace  était  couvert  de  tentes 
placées  sans  ordre  .  ou  renversées.  Une  mulliiuile 
de  coffres  brisés,  et  de  caisses  encore  remplies  de 
vêtcmens  ,  d'encens,  et  d'aloës  étaient  répanilus 
dans  les  inletvalics  ;  les  pièces  d'artilleries  étaient 
éparses ,  et  la  plus  grande  partie  des  munitions 
avait  été  pillée  ;  nous  trouvâmes  une  quan- 
tité considérable  de  selles  ,  et  de  liacnois  de  che- 
vaux.  et  les  outres  d'eau  qu'on  n'avait  pas  eu 
le  trmps  de  remplir, plus  dc4o.ooofers  de  chevaux, 
douze  litières  dorées  et  sculptées  ,  et  quelques 
ameublement  de  prix  confondus  avec  ks  tentes 
et  ici  dépouilles  des  soldats.  Voila  ce  qui  restait 


347 

de  l'immense  proie  que  les  osmanlis  avaientaban- 
donnée  aux  Arabes  de  ces  contrées  ;  ces  derniers 
s'étaient  rassemblés  suivant  leur  usa^e  à  la  nou- 
velle du  combat  pour  se  jetter  sur  les  fuyards  ; 
une  partie  poursuivait  les  restes  de  larmée  du 
visir  ,  tandis  que  les  autres  pillaient  sou  camp  :  ils 
s'étaient  éloignes  à  noire  approche.' 

L'armée  se  reposa  de  ses  filigues  ,  et  chacun 
disposant  pour  son  usage  des  objets  aban- 
donnés par  l'ennemi  .  nous  n'eûmes  point  à 
regretter  de  n'avoir  conduit  avec  nous  aucun 
bagage;  amsiiôt  notre  arrivée,  le  général  Le- 
clerc reçut  l'ordre  de  continuer  la  poursuite 
jusqu'au  pont  du  Trésor  ;  il  trouva  la  toute 
couverte  de  mourans  ,  de  chevaux  .  de  bêtes 
de  somme  ,  et  d'efîets  de  toute  espèce.  Il  vit 
au-delà  du  pont  Ips  arabes  qui  harcelaient  et  dé- 
pouillaient les  traineurs  ;  jugeant  l'affaire  en 
bonne  main  ,  il  revint    au   camp. 

L'expulsion  de  l'armée  étrangère  avait  été  mon 
principal  objei  :  aprè^  l'woir  rempli,  je  portai 
toute  mon  attention  sur  l'iiaérieur  de  l'Egypte. 
La  ville  de  D:imtctte  était  au  pouvoir  de  1  en- 
nemi ,  il  occupait  le  fort  de  l.esbch  :  Dervich- 
pacha  était  maître  du  S.nà  ,  et  presque  tous  les 
habitans  de  la  Basse  -Egypte  étaient  sou.evés 
contre    nOus. 

Le  général  Rampon  qtrî  commandait  à  Menouf, 
^ait  déjà  reçu  l'o.-dre  de  se  porter  sur  Damietie; 
je  chargeai  le  gér.éral  Belliard  démarcher  aussi 
sur  cette  ville  ,  et  de  s'emparer  de  Lesbeh. 
Il  devait  passer  le  canal  de  Moes  à  Kafr  et 
Mulakié  ,  et  le  chcik  arabe  Hassen-Toubar  ,  dont 
la  dernière  victoire  garantissait  la  fidélité  ,  pré- 
parait des  vivres  à  Meczalé.  Avant  de  quitter 
le  Kaire  ,  j'avais  ordonné  au  général  Lanusse 
de  contenir  le  De'ta  irifé:ieur,  et  d'envoyer  sa 
colonne  mobile  jusqu'à  SemenOud  ,  pour  com- 
muniquer sur  ce  point  avec  le  généia!  Rampon  ; 
ces  mouveraens  furent  exécutés  avec  la  plus 
grande  précision  ,  et  concoururent  lous  au  lé- 
suliat  général  ;  la  division  du  général  Reynier 
devait  rester  à  Salahié  ponr  prévenir  le  retour  des 
troupes  qui  avaiert  pris  la  rouie  du  désert,  et 
dissiper  celles  qui  s  étaient  jeltées  dans  la  Chaïkié. 
Ces  dispositious  prises  ,  je  partis  de  Sa  ahié 
le  3  au  soir  ,  et  je  me  rendis  au  K^ire  avec 
la  88°  demie  brigade  ,  deux  compagnies  de 
grenadiers  de  la  6i<^  ,  le  7°  régimes  de  hus- 
sards, et  les  3°  et  14"  de  dragoris.  Je  fis  jetter 
quelques  obus  dans  Boulac  ,  et  entrai  par  les 
jardins  daas  mou  quartier  -  général  ,  qui  était 
assiégé  ;  c'est  alors  que  j'appris  ce  qui  s'était 
passé  dans  la  capitale. 

Quelques  heures  après  le  commencement  de 
la  bataille  d'Heliopolis  ,  la  jnebellion  ?vait 
éclaté  dans  la  ville  de  Poulaa'.  tes  habilans  riiri- 
gés  par  un  petit  nombre  d'osmanJis  ,  élevèrent 
des  drapeaux  blancs,  et  s'armant  de  fusils  et  de 
sabres  qu'ils  avaient  tenus  cachés, ,  sortirent  des 
murs  ,  et  se  poileren)  avec  fureur  contre  le  fort 
Camin  dont  la  garnison  n'éjait  que  de  dix  hom- 
mer.  Le  commandant  les  fit  canoner  à  niiiraile, 
et  ils  ne  tardèrent  point  à  se  disperser.  Les  plus 
fanatiques  s'obstinèrent  à  l'altarque  jusqu'à  ce 
que  les  tirailleurs  envbyés  par  le  général  Verdier, 
et  une  sottie  du  quartier  -  général  secondant  le 
feu  du  fort,  les  obligèrent  à  se  retirer  après 
avoir  perdu  3oo  hommes.  Alors  les  habitans  de 
Boulac  se  bornèrent  à  tirer  sur  les  rtoupes  fran- 
çaises ,  de  quelque  part  quelles  se  présentassent  , 
pour  entrer  dans  la  ville.  Dans  le  même  tems 
le  peuple  du  Kaire  s'était. porté  en -foule  au-delà 
de  l'enceinte  ,  attendant  l'issue  de  la  baiaiie  gé.ié- 
rale  ;  il  vit  arriver  successivement  des  coij.s  de 
mameluks  et  d  osmanlis  ,  qui  assuraient  que  la 
défaite  des  français  était  inévitable.  Bientôt  après  , 
Nasif-pacha  se  préienla  à  la  porte  des  Vicioiies  , 
il  était  accompagné  d  Osman-cffendi  ,  Quiaya 
bey  ,  l'un  des  personnages  les  plus  considéra- 
bles de  l'état  ottoman  ,  d  tbrahim-bey  ,  de  Maha- 
met-bey-el-elfi  ,  d'Assan-bey  gedaoni  ,  et  en  un 
mot,  de  tous  les  chefs  de  l'ancien  gouverne- 
ment ,  excepté  Murad-bey  ;  ils  annoncèrent  que 
les  français  avaient  été  taillés  en  pièces  ,  qu  ils 
venaient  prendre  possession  de  la  capitale  au 
nomdu  sultan  Seiim,  et  iiscélébrerent  le  triomphe 
de  ses  armes  sur  les  infidèles  :  ils  élaient  accom- 
pagnés d'environ  10,000  cavaliers  turcs,  de  sooo 
mameluks  et  de  8  à  10,000  habitans  des  vil- 
lages qui  s'étaient  armés. 

Ces  troupes  qui  avaient  échappé  à  notre  vue  , 
pat  un  grand  détour  ,  étaient  entrées  dans  le  Kaire  , 
le  29  ventôse  vers  l'heure  de  l'asr  ♦  et  ils  y  turent 
reçus  aux  acclamations  de  tout  lé  peuple,  chaque 
habitant  s'effoiçant  de  faire  éclater  sajoie  ,  soitpar 
le  zelc  pour  la  religion  et  respect  pour  le  nom  du 
grand-seigneur,  ou  pour  faire  oublier  les  liaisons 
qu'il  avait  eues  avec  les  français 

Nasif-pacha  se  rendit  sur-le-champ  à  la  contrée 
des  européans ,  la  multitude  le  suivit  et  en  fit  ou- 
vrir les  portes,  ei  pendant  que  deux  des  négo- 
cians  tombaient  à  ses  pieds  en  lui  moniiant  la 
lauvt-jardc  du  visir ,  ses  soldais  et  la  populace  se 
jeitcrentdatjs  l'enceinte.  Ils  brisèrent  les  portesdes 
maisons,  des  magasins  et  des  comptoirs;  les  habitans 
furent  massacrés  sans  distinction  d'âge  ,  de  sexe 
et  de  nation  ;  on  jetta  leurs  corps  dans  le  Kalidji  ;  ' 


tout  ce  que  ce»  négo'cians  possédaient  fut  pillé  ea 
moins  d'un*  heure  ;  les  meubles  (ureit  enlevés  ou 
brisés ,  et  on  mit  !e  feu  au  quartier.  Pendant  cette 
expéditio.T  .  Nasif-pacha  excitait  le  peuple  à  le 
suivre  sur  la  place  lEbekié  pour  y  exterminer  le 
reste  des  Français  enfermés  dans  la  maison  de 
Mahamet-bey-ei-elfi  ;  c'était  là  la  résidence  du  quar- 
tier-général ,  et  ily  avait  à  peine  200  hommes  sous 
les  ordres  de  l'adjudant-général  Duranteau.  Le- 
pacha  accourut  à  cet  effet  avec  une  partie  de  ses 
troupes  :  des  grenadiers  et  des  guides  à  pied  sor- 
drent  uvec  la  plus  grande  bravoure  contre  cette 
cavalerie  ,  et  la  repoussèrent.  Celte  résistance  inat- 
tendue détermina  les  chefs  à  s'établir  dans  les  mai- 
sons situées  sur  la  place. 

C'est  alors  que  le  soulèvement  du  Kaire  de- 
vint général  ,  il  se  forma  des  atltoupemens  dan» 
toutes  les  places  ;  on  menaçait  de  mettre  le  feu 
aux  maisons  de  ceux  qui  se  tenaient  enfermés; 
plus  de  5o,ooo  hommes  furent  armés  de  fusils  , 
les  autres  portaient  des  piques  et  des  bâtons. 
Pendant  qu'on  arborait  les  drapeaux  blancs  ,  les 
crieurs  des  mosquées  publiaient  des  impréca- 
tions contre  les  icfideles  ,  les  mamelucks  et  les 
jannlssaires  parcou  aient  la  ville,  la  multitude 
les  suivait  ,  poussant  des  cris  affreux  ,  les  femmes 
et  les  enfans  fesbieni  entendre  des  cris  de  joie 
d'usage  ,  appelles  Ulalus.  On  attaqua  .es  mai- 
sons des  cophtes  .  des  srecs  ,  des  chrétiens  de 
Syrie  ,  et  un  grand  nombre  de  ces  malheureux 
périt  sar.s  défense  ;  leurs  corps  jetés  dans  les 
rues  y  éprouvèrent  pendant  tout  le  siège  ,  les 
insultes  publiques.  On  saisit  Mustaphaaga  ,  chef 
de  la  police  sous  le  gouvernement  des  français, 
et  les  chefs  de  l'armée  turque  le  firent  empaler  4 
la  populace  applaudit  à  son  supplice  ,  et  le  re- 
gardant comme  l'assurance  de  limpcnité,  elle 
se  livra  avec  plus  de  fureur  à  la  sédition  et  aa 
pillage;  huit  soldats  de  ta  i3'.  demi-brigade  , 
commandés  par  le  citoyen  Klane  ,  sergent,  qui 
se  trouvoil  auprès  de  Mustapha-pacha  !^  lorsqu'il 
fut  arrêté,  entreprirent  de  se  faire  jour  au  ra- 
vers  de  la  foule  ;  leur  intrépidité  leur  sauva  la  vie. 
Les  séditieux  voyant  tomber  quelques-uis  des 
leurs  ,  s'éloignèrent  ,  et  les  français  achevèrent 
leur  retraite  sur  la  citadelle,  après  s'être  baiius 
dans  les  rues,  dans  un  intervalle  de  plus  d'une 
lieue;  trois  d'entre-eux  furent  blessés,  leurs 
camarades  s'arrêtèrent  pour  les  défendre  ,  elles 
portèrent  justju'à  la  citadelle;  les  révoltés  aux- 
quels ils  avoient  enlevé  une  pièce  de  canon  , 
qu'ils  n'abandonnèrent  que  pour  secourir  leurs 
blessés  ,  les  poursuivirent  jusques  aux  portes  de 
ce  fort  ,  étonnés  et  furieux  de  celte  action  aussi 
hardie    que  digne  d'admiration. 

Pendant  le  cours  de  celte  émeute  ,  les  haines 
entre  particuliers  firent  commettre  plusieurs 
assassinats.  On  remarqua  aussi  deS  traits  de  gé- 
nérosité et  de  dévouement;  et  celle  même  reli- 
gion qui  semblait  exciter  le  plus  grand  nombre 
à  la  vengeance  ,  inspira  à  d'autres  le  dessein  de 
s'opposer  aux  massacres,   au  péril  de  leur  vie. 

Le  principal  but  de  Nasif-pacha  était  d'em* 
porter  le  quartier-général  ,  mais  il  n'y  put  réussir  ; 
200  français  soutinrent  pendant  deux  jour» 
ce  siège  extraordinaire  contre  les  forces  réynies 
des  mamelucks  ,  des  osmanlis  et  des  séditieux; 
ils  occupaient  quelques  maisons  voisines  ,  oti  ils 
étaient  vivement  pressés,  lorsqu'on  apperÇut  la 
colonne  du  général  Lagrange  ,  qui  arrivait  'd'EI' 
hanka  ;  alors  ,  un  corps  de  4000  cavaliers,  tant 
osmanlis  que  mamelucks  ,  se  porte  au-devant  de 
notre  colonne.  Le  général  Lagrange  forme  le» 
quatre  bataillons  en  carré  ,  et  se  dispose  ù  rece- 
voir la  charge  :  une  fusillade  et  quelques  coups 
de  canon  dispersèrent  les  assaillans  ;  nos  troupes 
continuent  leur  marche  ,  et  le  général  Lagrange 
entre  au  quartier-général  vers  les  deux  taeures 
après-midi.  Le  3o  ,  il  y  apportait  un  secours 
aussi  nécessaire  qu'inattendu  ,  et  la  première 
nouvelle  de   la  victoire. 

Le  poste  du  quartier  -  général  devint  bientôt 
inexpugnable  ,  l'artillerie  et  le  génie  concou- 
rurent à  celte  belle  entreprise  qui  déconcerta 
l'ennemi. 

La  citadelle  et  le  fort  Dupuy  continuèrent  le 
bombardement  de  la  ville  ,  qui  avait  commencé 
dès  les  premiers  instans  de  la  révolte. 

Cependaiit  nous  avions  été  obligés  d'abandon' 
ner  successivement  les  maisons  que  nous  occu- 
pions sur  la  place  ;  les  insurgés  s'avançaient  aussi 
sur  notre  gauche  dans  le  quartier  Cophie;  ils  pre- 
naient les  positions  les  plus  propres  à  intercepter 
nos  communications  et  à  conserver  celles  qu'il» 
avaient  au-dehors-  Le  général  Priant  arriva  sur 
ces  entrefaites  avec  cinq  bataillons;  il  repoussa 
l'ennemi  sur  tous  les  points  :  mais  les  succès  mêms 
qu'il  obtint  lui  firent  connaître  combien  il  était 
difficile  de  pénétrer  dans  l'intérieur  de  la  ville.  Do 
quelque  part.qu'onse  présentât,  on  trouva  dan» 
toutes  les  rues  ,  el  pour  ainsi  dire  à  chaque  pas  , 
des  barricades  et  maçonneries  de  douze  pieds  d'é- 
lévation et  à  deux  rangs  de  crenaux.  Les  apparte- 
mens  et  terrasses  des  maisons  voisines  élaient  oc- 
cupés par  les  osmanlis  qui  s'y  défendaient  avec 
le  plus  grand  courage.  Les  chefs  de  brigade  Miu- 
gras,  de  la  75»,  ,  et  Couroux  ,  de  la  61".  ,  furent 
blessés  dans  une    des  preœierej  attaques  de  ce» 


348 


letranchemens.  Ce  dernifi'r  officier ,  qu!  mourut 
de  sa  blessure  ,  éjait  de  la  plus  grande  espér.mce. 

Le  chef  de  bataillon  Donzelot  lut  tué  dans  le 
même  teins  ,  près  Boulac.  Il  avait  fait  tontes  les 
campagnes  de  la  Hauie  -  Egypte  ,  avec  la  plus 
p.rantle  disliuciion  ,  à  l'étal  -  major  du  général 
Dcsaix. 

Où  mit  tout  en  œuvre  pour  ervtretenir  Terreur 
du  peuple  sur  la  déf.iite  des  Français.  Ceux  qui 
parurent  en  douier  ,  f'jrent  tués  ou  emprisonnés  ; 
jios  envoyés  éi  aient  m  associés  avant  d  enl'jr  dans 
la  viile  ;  les  insurgés  déployèrent  une  aciivité  que 
la  religion  seule  peut  donner  dans  ce  pays;  on  dé- 
terri plus  de  20  pièces  de  canon  enfouies  depuis 
.  long-tems  ,  ils  établirent  des  fabriques  de  pou- 
dre ,  parvinrent  à  forger  des  boulets  avec  le  fer 
des  mosquées  ,  les  marteaux  et  ouùls  des  ard- 
sans  qui  s'empressaient  de  les  offrir  ;  on  forma  des 
magasins  de  subsistances  ,  des  provisions  des  par- 
ticuliers, qui  sont  toujours  irès-fories.  Ceux  qui 
portaient  les  armes  ou  t:avaiilaient  aux  retran- 
cheracns  ,  avaient  seuls  part  aux  distributions  , 
les  besoins  des  auttes  étaient  oubliés  ;  le  peuple 
ramassait  nos  bombes  et  nos  boulets  à  dessein  de 
nous  les  renvoyer,  et  comme  ils  ne  se  trouvaient 
point  du  cal'bre  de  leurs  pièces ,  ils  entreprirent 
de  fondre  des  raoriiers,  et  des  canons  ,  industrie 
extraordinaire  dans  ce   pays  ,    et  i's  y  réussirent. 

Le  général  Friand  arrêta  les  progrès  de  l'en- 
nemi ,  en  faisant  mettre  le  feu  à  la  fi  le  des  mai- 
ions  qui  ferment  U  place  de  l'Elbekier,  à  la  droite 
du  quanier-géoéial-,  une  partis  du  quartier  Copbte 
fut  aussi  i;.ccndiée  ,  ^uii  par  nous  ,  soi)  par  les 
insurgés. 

Telle  était  la  position  du  Kaire  ,  lorsque  je 
m'y  rendis  le  6  au  matin  ;  nous  n'avions  à  notie 
disposiiion  qu'une  très-petite  quantité  de  fers 
coulés  ;  nous  manquions  sur-tout  de  bombes  et 
d'obus  :  regardant  comme  irès-dangeceux  toute 
entreprise  partielle  .  je  me  déterminai  à  attendre 
le  retour  de  nos  munitions  ,  celui  des  troupes 
(iu  général  Belliart  qui  devait  remonter  au  Kaire 
«aussitôt  après  l'occupalion  de  Damielic  ,  et  celui 
de  la  division  Keynier  que  je  rappellai.  Pendant 
le  lems  que  je  donnai  à  la  réunion  de  nos  for- 
ces ,  je  lis  achever  les  retranchemens  ,  établir 
des  nouvelles  batteries  et  préparer  des  matières 
combustibles.  Ce  délai  était  nécessaire  au  succès 
de  nos  opérations  militaires  ;  je  lemployai  à  di- 
viser les  insurgés  par  des  correspondances  et  des 
négociations,  el  à  les  intimider  en  fesant  connaître 
à  tous  la  défaite  du  visir  ;  je  fis  parvenir  des  let- 
tres aux  cheiks  et  aux  principaux  habitaus  du 
pays  ;  Mustapha-pacha  q\ie  j'avais  retenu  écrivit, 
par  mon  ordre  ,  à  Nusif-paçha  et  Osman-eiFendi. 
tes  mamelucks  ,  le  peuple  du  Kaire  elles  os- 
manlis  ^yant  des  intérêts  très-opposés  ne  restè- 
rent pas  long-tems  unis;  alors  Nasif- pacha  . 
Oihman-kiaya  et  Ibrahim-bey  jugèrent  convena- 
ble de  capituler  ,  et  je  leur  accordai  plusieurs 
de  leurs  demandes. 

Quoique  ces  conditions  leur  offrissent  quelques 
avantages  ,  la  capitulation  ne  fut  point  exécutée. 
Ceux  des  habitans  qui  avaient  excité  et  entre- 
tenu les  séditions  ,  craignirent  de  rester  exposés 
à  notre  vengeance  ,  qu'ils  jugeaient  devoir  être 
terrible  ,  selon  les  mœurs  de  l'Orient;  il  soule- 
vèrent de  nouveau  la  populace  ,  firent  distribuer 
de  l'argent  et  des  subsistances  ,  et  ordonnèrent 
des  prières  publiques  ;  on  vit  les  femmes  et  les 
enfans  ,  arrêter  sur  les  places  ,  les  jannissaires  el 
les  mamelucks ,  le«  conjurant  de  ne  point  les 
abandonner,  et  leur  reprochant  leur  désertion. 
A  1  époque  fixée  pour  l'exécution  des  articles 
convenus,  les  jannissaires  refusèrent  de  livrer  les 
portes ,  et  je  fis  renouveller  les  hostilités  sur  tous 
les  postes. 

Dans  ces  cironstances ,  je  n'avais  point  encore 
rassemblé  tous  les  moyens  militaires  qui  devaient 
aie  répondre  du  succès  ,  et  j'étais  décidé  â  tout 
employer  pour  me  rendre  maître  du  Kaire  ,  par 
une  autre  voie  que  celle  d'une  attaque  de  vive 
force  ,  voulant  sacrifier  l'éclat  d'un  succès  à  deux 
intérêts  bien  plus  chers  ,  la  conservadon  de  l'armée 
et  celle  d'une  ville  nécessaire  à  son  établissement 
dans  ce   pays. 

C  est  alors  que  je  fis  éclater  les  intelligences 
que  j'avais  eues  depuis  long-tems  avec  Murad- 
bey.  L'estime  des  vertus  militaires  communes  aux 
français  et  aux  mamelucks ,  et  sur-tout  l'adversité 
avait  rapproché  de  nous  cet  ancien  maître  de 
lEgypte.  Aussitôt  que  la  convention  d'El-Arisch 
lui  était  parvenue  ,  il  avait  recherché  l'amitié  des 
français.  Le  visir  le  somma  de  se  rendre  à  son 
camp  ,  dans  le  temps  que  tout  annonçait  une 
rupture.  Murad-bey  ne  voulut  pas  le  faire  sans 
mon  consentement.  Je  lui  répondis  que  sous  les 
tentes  du  visir  aussi  bien  que  sous  les  siennes  , 
je  ne  voyais  que  c.s  amis  ;  qu'il  était  libre  de 
se  porter  ,  avec  ses  troupes  ,  au  camp  de  Jouseph 
pacha.  Il  fit  l'accueil  le  plus  obligeant  à  l'adju- 
da^t-général  Morjnd  ,  qui  eut  à  ce  sujet  une 
confért:nce  avec   lui. 

Deux  jours  avant  la  bataille  de  Matarié,  jugeant 
que  les  hpstiLités  étaient  inévitables  ,  jej  cherchai 
à.iu'auurer  (tes  dispositions  de  Muradrbey . 


L'épnûse  d'Aly-bcy  ,  devenue  depuis  celle  de 
Muiad-bey  ,  femme  du  plus  nobls  caractère  ,  et 
dent  la  maison  est,  depuis  plus  de  3o  ans  ,  le 
seul  asyle  qu'il  y  ait  en  Egypte  pour  les  mal- 
hfureun  ,  avait  été  traitée  av'-c  honneur  et  bien- 
veillance par  les  ordres  du  général  Bonaparte  et 
par  les  mien».  E'ie  commet  ça  ros  négociations 
avec  Murad-bey  ,  et  nous  tr.itismit  ses  réponses, 
it  Que  le.s  fiançais  ,  dii-il  à  mon  envoyé,  s'en- 
gagent à  livrer  baiaiîie  au  vi,»tr  ,  et  je  suis  prêt 
à  passer,  avec  les  miens  ,  de  son  camp  dans  le 
leur  ;  >:  tnais  il  rtfuja  de  s'oblit'er  k  rien  tant  que 
la  rupture  serait  incertaine  )>.  Satisfait  d'une  ré- 
ponse aussi  franchir ,  je  Kii  fis  savoir  que  mon 
intention  était  qu'il  t-e  prît  aucune  part  au  combat 
si  mes  ennemis  m'y  conlraii-naient.  I!  s'était  retiré 
en  effet  avant  l'action  de  Mataiiï.  Ibrahim-bey 
l'ayant  sollicité  de  se  jeter  dans  le  Kaire  ,  il  s'y 
ét.'.ii  refusé  ,  et  s'était  établi  à  Toura  ,  sur  la  rive 
droite  du-Ni!. 

Mes  premières  négociations  avec  ce  bey  furent 
continuées  après  le  relus  d'exécuter  la  capitula- 
tion du  Kaire.  Il  m'envoya  Ostnan-Bardissi-bey 
de  sa  maison  et  le  chargea  de  pouvoir  pour 
traiter  avec  moi.  «l'Vous  déclarerez  aux  français  , 
lui  dit-il  ,  que  je  m'unis  à  eux  aujourd'hui,  parce 
qu'ils  m'ont  mis  dans  l'Impossibilité  de  continuer 
la  guerre.  Je  demande  à  m'établir  dans  une  partie 
de  l'Egypte  ,  afin  que  s'ils  la  quittent  ,  je  m'em- 
pare ,  avec  les  secours  qu'ils  me  fourniront ,  d'ufl 
pays  qui  m'appartient  ,  et  qu'eux  seuls  peuvent 
m'enlcver.  Je  jure  d'unir  mon  sort  au  ieu  jusJju'à 
cette  époque,  et  je  serai  fidèle  à  mes  conv;  'ions,  u 
C'est  à  cela  que  se  réduisirent  ses  inslru  .oiis  ;je 
lui  donnai  ma  parole  d'honneur  qu'il  ne  serait 
plus  inquiété  par  nos  troupes  ,  et  qu'après  les 
intérêts  de  l'armée  que  je  commande  ,  je  n'en 
aurais  point  de  plus  chers  que  les  siens:  le  traité 
fut  conclu  ,  et  pour  lui  donner  une  authenticité 
inJépendante  de  tout  événement  ,  on  dressa  les 
articles  suivans  ;  les  conférences  ,  où  assistèrent 
des  conseillers  de  part  et  d'autre  ,  se  tinrent  à 
mon  quartier-général  ,  et  furent  souvent  inter- 
rompue* par  le  feu  de  l'artillerie  de  la  ville. 
(  suit  le  traité.) 

Aussitôt  après  l'échmge  du  traité  ,  Murad-bey 
nous  fit  parvenir  des  subsistances  ,  il  livra  les 
osmanlis  qui  s  étaient  rassemblés  dans  son  camp  , 
et  ne  cessa  d'entretenir  des  intelligences  qui  pré- 
parèrent une  capitulation  définitive.  Son  influence 
dans  le  Kaire  n'ayant  point  un  effet  aussi  prompt 
qu'il  le  desirait  ,  il  me  proposa  d  incendier  la 
ville  ,  et  peu  de  tems  après  il  m'envoya  des 
barques  chargées   de  roseaux. 

Cependant  Dervich-pacha  s'était  rendu  dans  la 
Haute-Egypte  par  suite  de  la  convention  d  El 
Arisch  ;  averti  de  la  reprise  des  hostilités  ,  il  ras- 
sembla un  corps  de  10,000  hommes  tant  arabes 
que  cultivateurs,  et  marcha  quelques  journées  vers 
le  Kaire.  J'exigeai  de  Murad-bey  qu'il  se  portât 
contre  eux;  ce  prince  m'avait  prévenu  ,  et  il 
m'informa  que  sur  les  ordres  qu  il  avait  expédiés , 
le  pacha  avait  déjà  été  abandonné  de  deux  tiers 
de  ses  gens.  <'  Au  reste,  dit-il  ,  faites-moi  savoir 
si  vous  demandez  sa  tête .  ou  si  vous  exigez  seu- 
lement qu'il  se  retire  de  l'Egypte.  Dervich-pacha 
ne  tardera  pas  à  repasser  en  Syrie.  " 

Ici  est  terminée  la  partie  du  rapport  qu'avait 
écrite  le  général  en  chef  Kléber.  Les  occupations 
multipliées  que  lui  donnèrent  les  besoins  de  l'ar- 
mée ,  et  l'administration  du  pays  qu'il  s'appliqua 
d'abord  à  réorganiser  ,  lui  prirent  une  partie  du 
tems  qu'il  eût  employé  à  cette  rédaction. 

La  croisière  turque  et  anglaise  ,  dont  le  nombre 
de  voiles  semblait  menacer  d'un  débarquement 
les  côtes  d'Alexandrie  ,  dans  le  commencement 
de  prairial  .nécessitèrent  aussi  des  dispositions 
militaires  et  des  mouvemens  de  troupes  dont  ce 
gétKral  suivait  lui-même  la  marche  jusqu'au  camp 
de  Rahmanié  ,  et  l'empêchèrent  de  finir  p  lutôt  cet 
important  travail. 

Le  reste  est  le  récit  des  faits  fourni  par  le  chef 
de  l'état-major  de  l'armée. 

L'arrivée  du  général  Reynicr  au  Kaire  ,  avec  une 
partie  de  sa  division  et  celle  d'un  convoi  de  mu- 
nitions,  facilitèrent  les  moyens  de  resserrer  le 
blocus  de  cette  ville. 

Les  troupes  du  général  Reynier  occupaient  le 
terrein  compris  entre  la  citadelle  et  le  fort  Carain  , 
ayant  leur  droiie  à  ce  dernier  fort  ,  et  celles  du 
général  Priant  occupaient  le  surplus  de  l'enceia  te. 

La  nouvelle  de' la  victoire  remportée  par  le  gé- 
néral Belliard  ,  près  le  village  de  Chouara  ,  en  avant 
de  Damiette  ,  que  l'on  apprit  à  cette  époque  , 
causa  la  plus  grande  joie  dans  l'armée. 

Ce  général ,  en  moins  d'une  demi-heure  ,  avait 
battu  et  dispersé  plus  de  douze  mille  hommes  avec 
douze  cer.ts  ,  et  leur  avait  pris  dix  pièces  de 
canon  ;  il  s'était  rendu  maîtie  à  la  fois  de  Damiette 
et  de  Lesbéh  ,  en  faisant  proclamer  par- eut  la 
victoire  des  français  sur  l'armée  du  granJ-visir. 

Les  habitans  de  Damiette  ,  qui  avaient  formé 
ce  rassemblement  ,  avaient  eu  l'audace  ,  depuis 
notre  évacuation  de  celte  ville ,  d'y  promener  l'ef- 
figie du  général  Bonaparte  et  celle  du  général 
Klebcr,  qu'ils  brûlèrent  ensuite  ;  le  général   ea 


chef  les  condamna  pour  f  e  fait  à  ur>e  conlribuliort 
de  guerre  de  deux  cent  mille  fjancs  ,  châtiment 
qu'ils  trouvèrent  bien  moins  cruel  que  celui  au- 
quel ils  s'attendaient. 

Une  insurrection  semblableéclaiail  dans  le  mêmb 
tems  à  Mehallct-el-Kebir.  L'adjudant-généra!  Va- 
lentin  ,  que  le  général  Lanusse  envoyait  à  Seme- 
noud  avec  une  colonne  mobile ,  trouva  les  porte* 
de  cette  première  ville  fermées  et  les  hsbitans  en 
armes.  Il  les  fil  somnter  de  se  sounictire  aux  vain- 
queurs ;  mais  ils  répondirent  qu'ils  obéissaient  aux. 
ordres  du  visir,  et  qu'ils  n'en  connaissaient  pas 
d'autres  ;  on  fit  sur-lc-charap  les  dispositions  d'at- 
taque ,  el  l'ennemi  ,  qui  prit  pour  une  retraite  lé 
mouvement  des  troupes,  lit  une  vigoureuse  sortis 
sur  elles. 

Les  grenadiers  de  la  iS'  fondent  alors  sur  le? 
enneinis  ,  les  prennent  en  flanc  et  en  cjueue ,  leur 
coupent  toute  retraite  sur  la  ville  et  en  font  ua 
horrible  carnage. 

Des  députés  viennent  bientôt  demander  \é 
pardon,  il  fut  ;;ccordé  et  toute  hostilité  cessa; 
mais  cette  ville  rebelle  fut  imposée  peu  après  par 
le  général  en  chef  à  une  contribution  semblabl» 
à  celle  de  Damiette. 

On  trouva  parmi  les  morts  plusieurs  membrei 
du  divan  ,  et  quelques-uns  des  principaux  cheiks. 

La  ville  de  Tanta  ,  deux  fois  révoltée  et  deux 
fois  subjuguée,  fut  aussi  condamnée  à  une  pa- 
reille imposition. 

Les  mouvemens  des  troupes  qui  traversaient 
.'1  la  lois  le  Delta  dans  tous  les  sens  ,  et  les  vic- 
toires remportées  dans  le  même-tems  sur  tous  les 
points  diftérens  ,  jetterent  dans  toute  la  Basse 
Egypte  une  consternation,  à  laquelle  on  dut  sa 
tranquillité  ;  à  l'exception  de  quelques  rassem-  - 
blemciis  d'arabes  et  rie  brigands  de  profession  , 
tout  rentra    dans  l'ordre. 

Ces  événemens  se  passèrent  du  9  aU  l5  ger- 
minal ,  pendant  que  le  siège  du  Kaire  se  conti-- 
nuait  avec  activité. 

La  nuit  du  i3  au  14  ,  un  détachement  de  la 
division  du  général  Priant  ,  formé  d'une  compa- 
gnie de  carabiniers  de  la  4'  légère  .  d'une  com- 
pagnie de  la  6'  ,  d'une  compagnie  de  grena- 
diers et  d'une  de  fusil'iers  de  la  7-5'  ,  commandée 
par  l'adjudant-général  Aimeras  ,  attaqua  le  quar- 
tier Cophte  ,  situé  au  nord  de  la  ville. 

Celte  colonne  pénétra  fort  avant  par  la  rue  quî 
se  prolonge  paralellement  à  une  ancienne  mu- 
raille d'enceinte  ,  après  avoir  chassé  l'ennemi 
des  maisons  et  des  barricades  très-multipliées  qui 
défendaient  celte  issue  :  elle  prit  position  ,  sa 
gauche  au  mur  de  rempart  ,  et  sa  droite  à  la 
hauteur  de  nos  postes ,  sur  la  place  Elbekié.  Par 
ce  moyen  les  communications  s'établirent  plu» 
directement  d'une  extrémité  de  Is'ligne  à  l'autre. 
Pendant  plus  de  huit  heures  de  combat  ,  les 
troupes  ne  durent  qu'à  leur  opiniâtreté  ,  da'its 
l'attaque  et  ia  défense  ,  la  conseriation  de  leurs 
nouveaux  postes  que  l'ennemi  essaya  trois  fois  de 
reprendre  avant  d'y  renoncer  ,  et  après  avoir 
perdu  beaucoup  de  monde.  On  lui  enleva  quatre 
drapeaux.  O.i  se  fortifia  pendant  quelques  jours  , 
de  part  et  d'autre  ,  su,r  différens  points  ,  saas 
cesser  de  combattre. 

Le  21  ,  à  l'entrée  de  la  nuit, 'le  général  Reynier 
fit  attaquer  par  deux  compagnies  de  grenadiers  de 
la  9^  ,  et  deux  compagnies  de  carabiniers  de  la  22', 
dirigées  par  le  général  Robin  ,  le  Santon  d'/4ioiiiij& 
crénelé  et  retranché  par  les  Turcs ,  et  situé  près  le 
■fort  Fuskou'ki  ,  sur  une  butte  qui  domine  tout  ce 
qui  l'environne. 

On  l'enleva  avec  la  plus  grande  rapidité  ,  ainsi 
que  les  maisons  de  ce  quartier  qni  furent  livrées 
aux  fî.immes  ,  àl'enceptron  de  celles  utiles  à  oc- 
cuper pour  la  sûreté  du  poste  ;  on  s'y  retrancha 
aussitôt  sous  le  feu  de  l'ennemi  ;  il  revint  deux 
fo'S  dans  la  nuit  pour  le  reprendre,  et  fiiiit ,  en 
l'abandonnant,  par  se  loger  dans  u:;e  tranchée 
qu'il  ouvrit  sur  le  revers  de  la  butte.  Les  Turcs 
l'aitaquerent  encore  t  ès-vivetneut  le  lendemain, 
mars  après  un  combat  extrêmement  opirwâire  , 
dans  lequel  on  se  battit  corps  à  corps  ,  ils  se  reti- 
rercnr  dans  leurs  tranchées  après  une  perte  con- 
sidérable. 

En  même  tems  que  ceci  se  passait  sur  la  gauche  ■, 
on  déployait  une  éi^ale  activité  vers  la  droite  po'ur 
être  en  état  d'exécuter  une  attaque  combinée, 
dont  les  mouvemens  rlevaient  commencer  par  let 
extrémités  ,  pour  se  réunir  au  centre  en  avant  di» 
notre  position  en  péiiéirant  dans  la  ville. 

Dans  la  même  nuit  du  2j   au  22  ,   un  détache- 
ment du  régiment  des  dromadaires,  soutenu  d'une 
compagnie  cJe  grenjuiers  de  la  25=   et   d'un  déta- 
chement de  la  SS'  ,  attaqua  la  maison  de  la  direc- 
tion du  génie  ,    'iiuée  à  la  droite  de  la   place  de 
l'E  bekié  ,   il  y  pénétra  par  une  brèche. que  le  ca- 
non y  avait  faite  ,  ea  chassa  l'ennemi  ,  et  5  en  em-     jm 
para  avec  la  plus  grande  impétuosité  ;  toute  la  nuit   ''jS 
fut  employée  aux  travaux  nécessaires  à  la  sûreté     ^P 
de  ce  poste ,  qui  se  firent  avec  un  courage  et. un» 
activité  extrême. 

Le  feu  continuel  que  la  citadelle  et  les  forts 
étaient  obligés  de  faire  pour  seconder  les  attaques- 


35o 


qui  se  succédaient  si  rapidemeri't  ,  avait  ooti- 
sommé  nos  approvisionnemens  tn  muniiioris  ; 
l'ennemi  s'en  ciait  apperçu  ,  et  comm?  il  reçut 
dans  le  même  lems  des  promesses  de  secours  du 
graiid-visir-,  il  profila  de  celte  circonsiante  pour 
ranimer,  par  des  réjouissance  publiques ,  l'abba- 
«èment  du  peuple  du  Kaire  dont  l'ignorance  et 
le^lanat'sme  lourcissent  toujours  à  ses  chefs  de 
nouveaux  moye:.s  de  tromper  son  aveugle  cré- 
dulité. 

Les  minarets  furent  illuminés  ;  les  muezzins, 
(crieurs  publics  qui  appellent  à  des  heures  fixes 
le  peuple  à  la  pr.ère  )  célébraient  par  des  chants 
d'allégresse  l'état  d'afFaiblibsenient  otî  ils  nous 
croyaieni   réduiis. 

Cependant  le  général  Beiliard  qui  avait  été  rap- 
pelle au  Kaire ,  y  arriva  le  23  ,  avec  la  21'  légère  ; 
il  avait  laissé  le  commandement  de  Damieile  au 
généial  Rampon  ;  le  retour  de  ses  troupes  et 
l'arrivée  d'un  convoi  de  munitions  venu  en  même 
lems  de  Rosetie  ,  fournirent  les  moyens  de  pié- 
rarer  l'exécution  de  l'attaque  générale  sur  le 
Kaire  et  de  réduire  Boulac. 

En  conséque'tce  ,  le  24  cette  ville  fut  sommée, 
pour  la  troisième  fo  s  ,  ite  se  rendre.  On  promet- 
-t.iit  d'un  côié  à  ses  habitans  le  pardon  le  plus  ab- 
solu pour  prix  de  leur  soumissioii  ,  et  de  l'aulre 
on  les  menaçait  de  la  plus  teitible  vengeance, 
si  par  une  résistance  aussi  inutile  que  funeste 
pour  eux  ,  ils  nous  formaient  à  nous  en  emparer 
les  armes  à  la  main. 

Ils  prirent  cet  icte  de  clémence  pour  de  la 
faiblesse  ,  et  rrjeilertnt  toute  proposition  ,  en  ré- 
pondant qu'ils  suivraient  le  sort  du  Kaire  ,  où 
se  trouvaient  leurs  chels  ,  et  que  si  on  les  atta- 
quait, ils  se  défendraientjusqu'à  laraon. 

La  reddition  de  Boulac  était  importante  pour 
accélérer  celle  de  la  capitale  ,  dont  les  habiians 
nous  croyaieni  t;op  faibles  pour  soumettre  cetie 
première  ville.  Cet  exemple  devait  encore  in- 
fluer sur  la  conduiie  des  chefs  de  l'armée  turque 
que  les  cheiks  du  Kaire  pressaient  de  capituler. 
Tout  moyen  de  conciliaiion  ayant  donc  été 
vainement  épuisé,  I  attaque  lut  ordonnée  pour 
le  lendemain. 

En  conséquence ,  le  aS  ,  à  la  poin'e  du  jour  , 
le  général  fiiant  fit  cerner  B^iulac  ,  avec  la  ai'', 
dt-mie  brigade  Icgete  ,  deux  compagnies  de  gre- 
nadiers de  la  3i^.  un  délach-meni  de  sapeurs,  et 
J'artille-rie  légère  de  la  division  commandée  par 
le  général  Beiliard.  On  bombarda  vivement  la 
vihe  ,  afin  d'essayer  encoie  le  moyen  de  la  sou- 
mettre avant  de  la  iiyrer  au  desordre  d'une  prise 
de  Vive  force  ;  mais  les  rebelles  continuant  leur 
lésiîiance  ,  taisaieîit  un  leu  très-vif  des  maisons 
où  ils  étaient  retranchés ,  et  des  crénaux  de  leurs 
barricades  qui  défendaient  Jes  approches  et  fer- 
maient to'.nes  les  issues.  Alors  le  canon  bat  en  brè- 
che ,  le  pas  de  charge  se  fait  entetidre  ;  les  soldats 
s'élancent  à  la  fois  sur  tous  ies  retrai.cherarns  ; 
la  plupart  sont  emportés  d'assaut  ;  queiq'.;es-uns 
lésisteat  ;  les  ennemis  se  défendent  avec  la  plus 
grande  opiniâtreté;  chaque  maison  est  pour  eux 
une  nouvelle  citadelle  ,  que  le  feu  seul  peut  ré- 
duire. Ce  moyen  n'échappe  pas  à  l'achjrnem.nt 
des  soldats  ,  ils  embtâsent  celles  qu  ils  ne  peu- 
vent forcer  ;  les  cris  de  fureur  et  de  désespoir,  se 
font  cnt.ndre  de  toutes  pans  ;  au  milieu  de  ce 
déiordie  ,  un  nouveau  pardon  est  proposé  à  ce 
peuple  de  furieux  qui  le  rejette  encore. 

Le  sac  recommence  ,  le  sacg  coule  de  nou- 
veau ,  et  les  fl.immes  dévorent  une  grande  partie 
de  celte  populeuie  cité  ,  jusqu'à  ce  qu'enfin  ies 
vaincus  viiissent  implorer  la  cléme;;ce  des  vain- 
qieurs  .  Les  chefs  de  chjque  coiporation  se 
rendent  près  du  généal  Fiant,  pour  lui  de- 
mander à  se  soumettre.  Au  même  instant,  les 
désordres  s'arrêtent,  les  hostiliiés  cessent  ,  et  le 
pardon  est  proclamé  du  haut  des  niinareis  ,  et 
dans  toutes  les  p'aces  de  la  ville  :  le  général  en 
«hef  le   confirma  immédiatement  après. 

L'artillerie  ,  le  génie  ,  la  marine  elles  hôpitaux 
«e  pa  tagerent  les  ressources  piécieuses  que  cette 
ville  fournit. 

L'adjudant-général  Aimeraz  qui  commandait 
^ine  de<  coloiivies  d  aitaque  y  leçut  deux  bles- 
sures. Le  courage  des  troupes  et  la  coi.duite  des 
chefs  sont  digi.es   des   plus  grands  éôges. 

Uae  lois  maître  de  Boulac,  et  voulant  presser 
continuellemeot  l'enoemi  ,  le  géi.éial  en  chef 
fit  préparer  pour  le  lendemain  l'attaque  gé :.é;ale 
du  Kaire;  elle  ne  put  cependant  avoir  lieu  que 
le  î8. 

Une  pluie  aussi  violente  qu'extraordinaire  dans 
ce  climat  ,  en  empêcha  l'exécudon  plutôt  ;  il 
fallait  un  tems  lec  ,  afin  de  pouvoir  facilement 
meure  le  feu  aux  maisons  dans  lesquelles  I  en- 
icmi  s  était  foriitié  ,  celles  où  il  avait  ses  baiie- 
iics  ,  et  luiciuser,  par  ce  moyen,  le  plus  de 
mil  ,  en  exposa  t  le  moins  de  monde  possible. 

Les  turcs  étaient  forleracui  reiranchés  dans  la 
maison  de  Siitlié  Fatmé ,  qui  flanquait  leur 
gauche  sur  la  pi '.ce  delÇsbekié. 

L  explosion  de  la  mine  que  nous  y  avions 
pratiquée  d«pui«  queltiues  joues ,  «levait  être   le 


sl^^nal  de  l'altaquc  ;  elle  se  fit  à  l'entrée  de  l.i 
nuit  avec  un  succès  complet.  L^s  Oini.T.iis  et 
mamelucks  qui  défendaient  ce  poste  nombreux  , 
lurent  ensevelis  sous  ses  ruines  :  -à  l'insiant  le 
combat  s'engaj;ea  de  toutes  parts  :  la  division  du 
général  Friaiii  lormait  la  dro.te  elle  centre;  le 
générid  Dorizelot  dirigeait  l'atiaque  de  droite  où 
se  tenait  le  général  Priant  ;  elle  élail  composée  de 
délachenieris  des  Gi'  75"  et    Sh=   demi-brigades. 

Le  généial  Beiliard  commandait  l'aitaque  du 
centie,  formée  de  la  21"^  légère  et  d'un  détache- 
ment de  la  -i'}"  de  ligne,  sous  les  ordres  de 
l'adjudant  général  Duraiiieau. 

Le  général  Rcynier  attaquait  en  même  lems  par 
la  gauche  avec  le  pins  grand  succès  ;  les  troupes 
rjuc  commai  dait  sur  ce  point  le  général  Robin  , 
étaient  détachées  des  22'  demi-biigade  légeie  , 
9^  ,  i3°  et  85°  de  bataille.  Par-ioui  on  se  battait 
avec  un  achai'nement  extrême. 

La  division  du  général  Reyniei  ,  qui  pénétra 
fort  avant  dans  la  ville  par  la  poile  diic  Babel 
Charich  ,  incendia  une  partie  des  maisons  de  ce 
quartier  et  tua  beaucoup  d'ennemis  ;  la  3=  com- 
pagnie de  carabiniets  de  la  22=  demi-brigade  lé- 
gère avait  ordre  de  s'emparer  d'une  pièce  de 
canon  de  l'ennemi  ,  placée  sur  une  tour  d'où 
elle  battait  le  poste  du  Saruon. 

En  traversant ,  pour  y  arriver,  les  maisons  de  ter- 
rasses en  lerraïses  ,  elle  rer.contra  sur  sa  roule  ,  au 
débouché  d'une  rue,  Nasif-pacha  et  Assan-bey  ge- 
daoni ,  avec,  un  grand  nombre  de  m.imeluks  et 
dosmanlis  qui  fuyaient  devant  la  9'  demi-bri- 
gade. Cetie  compagnie  se  forme  aussitôt  pour 
recevoir  la  ch.nrge  ,  et  fait  éprouver  nfie  perte 
considérable  à  l'ennemi;  larueéiait  comblée  de 
cadavres  ;  quelques  chefs  réussirent  à  se  sous- 
traire à  la  miirt  en  abandonnant  leurs  chevaux 
et  sejeilant  dans  les  maisons  voisines  du  canal 
qui  traverse  la  ville,  et  par  où  ils  se  sauvèrent. 
Voulant  exécuter  le  premier  ordre  qu'elle  a^-ait 
reçu  ,  cette  troupe  de  braves  alla  cnclouer  la 
pièce  qu'elle  ne  peut  enlever.  On  ne  saurait  trop 
louer  son  courage  et  son  audace. 

Il  y  eut  dans  cttte  expédition  au  moins  400 
maisons  de  biûlées.  et  plus  de  Son  osmanlis  et 
mameluks  y  périrent  ,  parmi  lesquels  beaucoup 
de  chefs  ;  notre  perte  fut  beaucoup  moindre. 

Le  général  Beiliard  fut  blessé  ,  ainsi  que  le 
chef  de  brigade  Brun  de  la  12°  légère;  le  chef 
de  bataillon  Maiin  de  la  i3'  reçut  un  coup  de 
poignard  en  enlevant  la  tranchée  de  l'ennemi  au 
bas   du  Santon. 

Le  jour  fit  cesser  le  combat,  et  nous  prîmes 
les  postes  d'où  l'ennemi  avait  été  chassé. 

Cependant  ,  la  hssilude  des  assiégés  succédait 
au  lanaiitme  que  chacun  de  nos  succès  refioi- 
dissait. 

Les  cheiks  avec  lesquels  le  généra!  en  chef 
avart_  conservé  des  relations  secieiies,  portaient 
les  réclamaiions  du  peuple  aux  chefs  de  l'aimée 
turque  ,  et  leur  représeniaienl  qu'une  plus  lon- 
gue résistance  entraînerait  la  ruine  totale  de  la 
ville  ,  sans  avantages  pour  le   grand-visir. 

Murad-Bcy  avait,  dans  le  même  tem  ,  fait  en- 
trer dans  le  Kaire  ,  Osman-bv.y  Bardissi  ,  pour 
offrir  à  Ibrahira-bey  et.  Nasil-pacha  sa  média- 
tion ,  et  les  engager  à  capituler.  Ceux-ci  firent 
de  telles  propositions  qu'il  ne  vouluipasen  parler 
lui-même  au  général  en  chef  ;  mais  il  lui  envoya 
Osmati-bey  Bardissi  ,  avec  Osman-bey  Laskar  ,  de 
la  maison  d'Ibrahim  ,  et  Osniim-tiga  ,  de  la  mai- 
son du  grand-visir  ;  ils  se  trouvèrent  au  quartier- 
général  pendant  1  attaque  du  28. 

Le  général  en  chef  leur  donna  le  lendemain 
29  ,  en  présence  de  tous  les  généraux  e:  ofli- 
ciers  de  iéiat-major,  une  audience  publique 
pour  .entendre  les  propositions  qu'il  savait 
devoir  lui  êire  faites. 

Apiès  les  avoir  écartées  ,  il  les  rejetta  avec  dé- 
claiii  .  disant  qu-  si  elles  étaient  connues  de  toute 
l'armée,  elles  souleveraienr  son  indignation  et 
éloi,gneraient  pour  toujours  les  moyens  de  con- 
ciliation. 

Pour  terminer  cette  conférence  ,  le  général  en 
chef  conduisit  ies  tro.s  parlementaires  dans  un 
appanement  d'où  l'on  pouvait  voir  le  Kaire  et 
B.'ulac  ,  ei  leur  montrant  cette  dernière  ville  qui 
brûlait  encore,  il  leur  fit  bientôt  comprendre, 
sans  avoir  besoin  d'interprète  ,  que  tel  seraii  bien- 
tôt l'éfat  de  la  capitale,  si  elle  ne  se  soumettaii 
à'  l'aimée  franc  ise. 

Il  ht  eiis'iiie  voT  au  bey  d'Ibrahim  le  traiié  de 
paix  conclu  avec  Murad-bey  et  qu'il  ne  connaissait 
paseiMioie.  Il  produis. t  l'effet  qu  il  enai-ait  attendu; 
et  I  etonuemcnt  de  Ce  bt-y  lui  fit  présager  que 
loisq.iil  serait  connu,  il  pourrait  contribuer  à 
rendr,  les  chefs  turcs  plus  traiiables. 

Les  e.ivoyés  retournèrent  immédiatement  après 
dais  le  Kaire,  et  revinrent  le  lendemain  ,  3o  , 
ippoitet  des  eonditions  plus  modérées  que  celles 
de  la  veille  ;  le  général  en  chef  n'y  souscrivit  pas  , 
mais  il  y  fit  des  modifications.  . 

Leur  ayant  refusé  la  suspension  d'armes  qu'ils 
pri'posaicnt  ,  ils  demandèrent  qu'au  moins  on  ne 
fît  pas  d'attaque»  aujsi .  fortes  que   celles  du  »8 


assurant   qur   1  ét.;cua  ;o:i   du   liai.e  s'effectuerait 
définitivenieni. 

Le  général  en  chef  Inur  fit  avoir  ensuite  une- 
entrevue  avec  les  ofliciers  turcs  ,  l.iits  prison^- 
niers  à  Damiette  ,  par  le  généial  Belliaid  ,  afin 
de  les  convaincre  que  nous  éilons  maiires  de 
cette  place  ,  de  celle  de  Lesbeh  ,  et  de  tome  U 
Basse-Egypte,  ce  qu'ils  paiaissaient  ignorer  ;  il 
les  envoya  le  même  jour  pppcr  aux  chefs  de 
I  aimée  turrjue  ,  les.ariicles  rédigés  par  écrit ,  de 
la   C'ipilulalion  qu'il  leur  accordait. 

On  fit  le  soir  une  nouvelle  a;taq;e  ,  dans  la- 
quelle on  enlevai  I  ennemi  plusieurs  portes  iju'H 
défendit  avec  peu  de   lésisianca. 

Osman,  aga  du  visir  .  rapporta  le  i"'.  floréal 
la  capitulation  signée  de  Nasif-pacha,  dont  copie 
est  ci-jointe. 

En  coùséquence  de  Son  exécution  ,  l'échangé 
des  otages  se  fit  le  le  2  floiéil  ,  sur  la  place 
d'Esbvkié  ,  t't  nous  plaçâmes  aussitôt,  des  postes 
sur  tout  le  canal  qui  tiaverse  la  ville  ,  dcpui.i  là 
prise  d  eau  de  l'aque  liiC  ,  ju,îq';'à  la  porie  dite 
Bdbel-CUaiié  ,    près  le  lort  Sulkouski. 

L'sdjudant  général  René  et  :e  tapi'aine  Tiochè 
son  adjudant ,  qui  furiiii  •.  nôlage  piès  les  osman- 
lis ,  couruPonl  dans  cette  tournée  le^  plus  grands 
dangeis.  Eu  sortant  de  ia  rnaison  où  étaient  des 
chels  de  l'armée  turque  ,  sur  la  place  E'bekié  , 
pour  aler  dans  celle  qu'occupaient  Mohamei- 
bey-lE!fi  ,  ils  furent  assaillis  par  la  populace  qui 
l^s  eût  assassinés  sans  la  conduite  feime  de  ce 
bey.  Il  les  renfeima  dans  une  ra-isqnée  dont  il 
défendit  l'entrée  avec  ses  mamelwcks  le  sabre  à 
la  main,  jusqa  à  ce  que  la  nuit  leur  permît  de  se 
rendre  à  sa  maison. 

Le  3  et  le  4  furent  employés  par  les  deux  ar- 
mées aux  préparât  fs  de  l'évacuaiion  de  la  ville 
•par  l-.-s  ennemis.  Ils  l'effectuèrent  eniiéreraent  le 
5  .^vant  midi  ,  après  que  les  ô;ages  eurent  été 
réciproquement   rendus. 

Les  turcs  emmenèrent  avec  eux  les  piincipaux 
chels  de  1  i.isurreciion  du  K.iire  ,  e!  trois  à  q'iatre 
mille  habitiins  les  suivirent  pour  se  cacher  dans 
les  villages  ,  et  tuir  la  vengeance  des  français 
qu'ils  redoutaient  extrêmement. 

Le  général  en  chef  avair  cependant  prorais  de 
n  en  exercer  aucune  ,  et  de  donner  égiUment 
protection  à  lous  Cfux  qui  aur.d  nt  confi-iiice 
dans  la  parole  q'j'il  avoir  solennellement  engai>ée 
à  ce  sujet  ;  il  se  réservait  d'exiger  d.-s  g  ns  riches 
et  du  commerce  une  satisfaciîo.i  cjui  fût  grande- 
ment profitable  à  toute  l'armée. 

Le  généial  Rrynier  escorta  avec  sa  diviiion 
I  les  turcs  jusqu'à  S  lahié  ,  d  où  il  pri!,.-nt  dans 
I  le  désert  la  route  de  Gaza,  Ils  s'y  rendirent  sans 
I  s'arrêier. 

Les  ennemis  avaient  éré  fort  efifrayr-s  en  sortant 
j  du  Kaire  de  se  voir  suivn  par  notre  infaiterie 
I  qu'ils  redoutent  exf  ên^enieoi  ;  mais  ils  p. tient 
I  bientôt  confiance  .  en  éjiioiivant  q'ie  nos  so'dats 
I  étaient  aussi  généreux  apiès  la  vi.  to'ie  que  ier'- 
j  ribles  dans  le  comba;  ;  le  plus  giand  ordre  ré- 
gna  dans    la  marche. 

Nasif-pacha  ,  et  Ibrahim-bey  ,  en  exprimaient 
chaque  jour  leur  eionnemeiit  et  leur  reconnais- 
sance au  général  Reynier. 

Ls  avaient  peine  à  concevoir  cette  subordina- 
tion qui  fait  la  force  des  a  mées ,  en  p.éoarant 
leur  s'oire  ,  et  qui  est  si  étrangère  aux  tioupes 
ottomanes. 

Le  général  Kleber  ayant  voulu  s'assurer  à-la-f,)is 
la  possession  de  louie  lEgypie,  avait  disposé  u.a 
ixpédition  pour  Sues  aussitôt  apré  là  prise  de 
I  Boulac  ;  Murad-bey  s'était  empressé  <le  l'informer 
que  depuis  le  premier  jour  de  germinal  les  an- 
glais y  avaient  débarqué  des  troupes  et  de  l'artil- 
lerie ;  il  desirait  autant  que  nous. qu  ils  ne  restas- 
sent pas  longtems  maîtres  de  ce  point. 

Le  chef  de  brigade  ,  Lambert  ,  commandam  le 
14°  régiment  de  drag -ns  ,  et  I  adjudant -général 
MacseChi  ,  partirent  du  Kaire  le  29,  avec  un  dé- 
tachement delà  21  légère,  dune  compagnie  de 
grenadiers  de  la  32  de  ligne  ,  cent  dromadaires  , 
un  détachement  de  dragons  du  14°,  quelques 
sapeurs  et  trois  pièces  d'ariillerie  légère. 

L'adjudant -gé;;éral  Macsechi  ,  qui  avait  déjà 
commandé  plusieurs  mois  à  Sues  ,  avait  ordre  d'en 
reprendre  le  commandement  ,  e.t  le  chef  de  bri- 
gade Lambert  de  revenir  au  Kaire  aussitôt' après 
l'expédition  avec  les  troupes  qui  ne  feraient  pas 
nécessaires  à  la  défense  de  celle  place.  Le  3o,  vers 
dix  heures  du  soir,  celte  colonne  lenconira  près 
le  fort  d'Algiroud  ,  Osman-bey-Hassan  ,  avec  plu- 
sieurs cache'fs  ,  des  maifieluks  et  des  arabes',  ati 
nonibre  de  200  environ.  Ce  bi.-y  venait  de  Gazàet 
aVait'passé  à  Sués  pour  conférer  avec  les  angiaii» 
et  les  engager  .imaicher  avec  lui  sur  le  Kaire  ,  oii 
il  venait  rejoindre  Ibrahim-bey  ,  pr<ur  laitùr', 
disait-il,  à  délivrer  loialemeut  cette  capitale  ,  des 
français. 

Après  une  courie  fusillade  ,  dans  laquelle  on 
leur  tua  l5  à  20  honiniLS  ,  ils  éehappcient  à 
la  faveur  de  la  nuit,  I  cxtiême  obseuiiié  empê- 
chant de  les  poursuivre  ,  sans  s'exposer  à  de  graiiiist 
inconyéniens. 


35o 


Dans  les  premiers  jours  de  germinal,  les  anglais  j 
avaient  commencé  leur  établissement  à  Sués  ;  ils 
y  avaieni  débarqué  4  à  5oo  hommes  dont  partie 
était  de  leur  84'  régiment  ,  4  pièces  de  iî  et  s 
iBortiers  .,  6  àSoo  habitans  de  laMecke  et  d'Iambo 
augmentaient  leur  garnison. 

Le  lieutenant-colonel  Murray  qui  commandait 
dans  celle  place  ,  avait  été  prévenu  de  nos  succès 
par  le  Commodore  sir  Smith  ,  et  avait  déjà  com- 
mencé à  prendre  ses  précautions  de  sûretés  il  avait 
fait  rembarquer  son  artillerie  et  une  partie  de  ses 
troupes  quelques  jours  avant  l'arrivée  des  nôtres. 
Quatre  mameluks  de  l'escorte  d'Ostnan-bey 
Hassan  qui  retournèrent  à  Sués  aussitôt  après  la 
rencontre  d'Algeroud  ,  avertirent  cet  officier  de 
notre  approche.  Lorsqu'il  eut  la  certitude  que  les 
français  n'étaient  plus  qu'à  une  lieue  de  Sues  ,  il 
regagna  son  vaisseau  avec  presque  toute  sa  troupe 
de  débarquement  ;  le  colonel  Murray  laissa  la 
défende  de  la  place  à  5o  anglais  réunis  avec  les 
gens  de  la  Mecke  et  d'Iambo  ,  auxquels  il  avait 
dit  que  les  français  qui  venaient  à  Sues  ,  n'étaient 
qu'un  reste  de  l'armée  .  totalement  mise  en  dé- 
toute ,   et  qu'ils  les  détruiraient  aisément. 

Le  colonel  Murray  regardait  sans  doute  la  dé- 
faite de  ces  fuyards  comme  indigne  de  sa  valeur. 

Cependant,  le  i".  floréal  au  commencement  du 
jour  ,  la  colonne  se  présente  devant  Sues  qu'elle 
attaque  de  vive  force.  Après  avoir  tiré  quelques 
coups  de  canon  ,  la  montagne  fortifiée  de  Kalsa- 
rié  fut  emportée  par  les  dromadaires  ,  en  même 
tems  que  les  grenadiers  de  la  32'  et  un  détache- 
ment de  la  ii'^  tournaient  la  place  du  côté  de  la 
grande  redoute  ,  pour  couper  à  l'ennemi  la  re- 
traite de  la  mer ,  et  empêcher  que  les  bâtimens 
marchands  ne  sortissent  du  port. 

L'attaque  fut  impétueuse  :  nos  8t)ldats  après 
«voir  culbuté  l'ennemi  ,  entrèrent  pêle-mêle  avec 
lui  dans  la  ville  do'nt  ils  furent  bientôt  maîtres.  Ce 
jour  fut  témoin  sur  la  Mer-Rouge  et  le  Nil  des  der- 
nieis  Itioinplies  qui  nous  assurèrent  la  possession 
entière  de  l'Egypte. 

L'ennemi  laissa  cent  hommes  morts  sur  le  champ 
de  bataille  ,  parmi  lesquels  quinze  anglais. 

Nous  n'eûmes  qu'uQ  homme  tué  ,  et  trois  blessés. 
Les  anglais  voulant  empêcher  les  bâtimens  de 
commerce  de  rester  dans  le  port  d'où  le  combat 
les  avait  éloignés  ,  mirent  aussitôt  le  feu  à  l'un 
d'eux  qui  ,  en  sortant ,  avait  échoué  dans  le  canal 
hors  de  la  portée  du  canon  de  la  place.  Le  len- 
demain et  les  jours  suivans  ,  ils  en  brûlèrent  huit 
autres  qui  cherchaient  à  revenir  dans  le  port. 

En  détruisant  ainsi  tome  la  fortune  des  hommes 
qu'ils  faisaient  battre  pour  eux  la  veille  ,  en  les 
abandonnant,  les  anglais  nous  rallièrent  bientôt 
des  habitans  surpris  de  trouver  autant  de  géné- 
rosité dans  les  procédés  de  leurs  vainqueurs  , 
qu'ils  avaient  éprouvé  de  perhdies  de  la  part  de 
leurs  alliés. 

Cette  expédition  terminée  avec  tout  le  succès 
qu'on  pouvait  en  attendre  ,  le  chef  de  brigade 
Lambert  ramena  au  Kaire  une  partie  des  troupes 
qui  y  avaient  été  employées.  I  y  arriva  le  5  ,  au 
moment  oà  les  osmanlis^  l'évacuaient. 

Le  général  Kleber  fut  très-satisfait  de  la  bra- 
voure des  troupes  ,  et  de  la  conduite  de  leurs 
chefs. 

Deux  jours  furent  employés  à  détruire  les  bar- 
ricades et  foriiBcations  de  l'ennemi;,  dans  l'intérieur 
de  la  ville. 

Le  7  ,  le  général  en  chef  Et  réunir  dans  la 
plaine  de  la  Coubé,  les  troupes  de  toutes  armes 
qui  restaient  au  Kaire. 

Il  s'y  rendit  suivi  des  beys  ,  Osman  Bar- 
dissi,  et  Osman-Ascar ,  qui  virent  avec  admira- 
tion les  différentes  manœuvres  que  le  général 
tit  exécuter  aux  troupes  après  les  avoir  passées  en 
revue  ,  et  leur  avoir  donné  les  éloges  que  leur 
avait  mérités  leur  conduite  courageuse. 

Nous  fîmes  ensuite  une  entrée  victorieuse  dans 
la  ville  au  bruit  des  décharges  répétées  de  l'artil- 
lerie  de  l'armée  et  des  forts  ,  pour  célébrer  les 
succès  qui  nous  assuraient  entièrement  la  posses- 
sion du  pays.  Cette  entrée  triomphante  eut  plus 
de    200  mille  témoins. 

Il  manque  à  la  valeur  des  troupes  ,  à  la  bra- 
voure et  à  1  habileté  des  généraux  ,  le  juste  tribut 
d'éloges  que  leut  réservait  le  chef  illustre  dont 
l'éneruie  et  les  talens  ont  si  rapidement  terminé 
celte  conquête  célèbre. 

Les  états  ci-joints  de  promotions  méritées  qi^e 
fit  le  général  en  chef,  et  de  ceux  qui  ont  eu  des 
récampenses  particulières,  ne  feront  connaître 
au  gouvernement  que  ceux  auxque  '  i  il  a  été 
possible  de  donner  des  témoignages  ostensibles  de 
satisfaction. 

Ce  qui  pourrait  être  dit  des  autres  suppléerait 
trop  faiblemeiit  aux  citadons  honorables  jue  le 
général  Kleber  avait  intention  de  faire  dans  son 
rapport  de  tous  ceux  dont  il  avait  lui-même  ap- 
piécié  le  mérite  et  les  actions  dans  cette  mémo- 
table  campagne. 


Les  finances  fesaieni  l'objet  des  plus  vives  sol- 
licitudes du  général  en  chef.  La  soumission  entière 
du  pays  lui  permit  d  y  donner  ses  soins  ;  il  sentit 
la  néecssiié  de  preiidre  lui-même  connaissance  de 
toutes  les  sources  des  revenus  publics  ,  recueillit 
des  instiuctio  is  de  ceux  qui  avaient  Tait  une 
élude  particulière  du  pays  ,  et  donna  la  plus 
grande  alieiiiion  au  premier  travail.  Il  ne  tarda 
pas  à  recoimaîtte  que  plusieurs  branches  de 
revenu  avaieni  été  ignorées  ,  el  qu'on  pouvait 
tirer  le  parti  le  plus  avantageux  de  ces  nouvelles 
ressources  ;  mais  il  ne  suffirait  point  d'assurer 
les  fonds  des  dépenses  ordinaires  ,  on  avait  des 
dettes  considérables  à  acquitter  ,  et  les  besoins  de 
l'armée  éiaient  pressans  et  immenses. 

Les  villes  de  Boulac  el  du  Kiire  ,  effrayées  de 
nos  conquêtes  ,  attendaient  dans  la  consieiuatioii 
le  châtiment  du  vainqueur.  Les  circonstances 
étaient  favorables  pour  leur  faire  payer  une 
contribution  extraordinaire  qui  pût  combler  le 
déficit. 

Douze  millions  payables  moitié  en  nature  et 
moiiié  en  numéraire  ,  furent  imposés  siir  le  com- 
merce de  celié  ville\  et  les  riches  habitans  qui 
avaient  pris  le  plus  de  part  à  l'insurrection. 

Celte  ressource  fournissait  le  moyen  de  mettre 
la  solde  au  courant  et  d'acquitter  la  dette  arriérée 
en  donnant  le  tems  d'effectuer  successivement 
la  rentrée  des  coniributioi  s. 

La  situation  polilique  et  mili'aire  de  l'armée 
devint  toute  autre  dès  ce  moment  ;  de  deux  puis- 
sans  ennemis  que  nous  avions  eu  à  combattre  , 
l'un  était  totalement  détruit  ,  et  il  ne  restait  assez 
de  forces  à  lautrg  que  pour  les  employer  à  notre 
avantage.  Nous  venions  de  former  avec  ce  der- 
nier une  alliance  ,  d'autant  plus  solide  ,  qu'elle 
était  à-la-lois  uiile  pour  nous  par  l'efttt  moral 
qu'elle  produisit  sur  les  habitans  ,  et  nécessaire  à 
r'Oire  al:ié  par  l'existence  tranquille'  qu'elle  lui 
assurait  dans  son  pays,  où,  depuis  deux  ans 
d'une  guerre  continue,  il  n'avait  pas  joui  du 
moindre  repos. 

Le  peuple  d'Egypte  qui,  peu  de  tems  ayant, 
croyait  noire  perte  cert;-':)e,  nous  regardait  alors 
comme  les  maîtres  absolus  d'un  pays  dont  au- 
cune puissance  ne  pouvait  plus  nous  forcer  à 
sortir. 

Murad  -  bey  qui  s'honorait  par-tout  du  titre  de 
noire  ami  ,  en  se  disant  un  général  français  ,  con- 
tribuait beaucoup  à  fortifier  cette  opinion. 

L'état  ,dcj  finances  étant  amélioré  tout- à - 
coup  ,  le  général  en  chef  commença  aussiiôt  à 
faire  atquitier  la  soide  de  l'armée  et  les  dettes 
arrîérées  de  tous  les  services  pour  les  dépenses 
desquels  il  restait  encore  d'assez  grandes  res- 
sources ;  il  (il  travailler  aussi  avec  la  plus  grande 
aciiviié  aux  foriificaiions  du  Kaire  ,  des  places  et 
des  côtes  de  I  Ei;ypte  ,  dont  il  avait  arrêté  le  sys- 
tème général  de  défense. 

Avant  te  départ  de  Murad-bey  pour  la  Haute- 
Egypte  ,  le  général  Kleber  qui  voulait  avo'.r  avec 
lui  un  entrelien  dans  lequel  il  pût  apprécier  ses 
intentions  et  lui  faire  connaî're  les  siennes  ,  sur  les 
intérêts  qui  les  liaient  contre  leurs  ennemis  com- 
muns, eut  le  10  floréal  une  entrevue  avec  ce  bey 
dans  la  maison  Gaziret.  Ils  conférèrent  longue- 
ment sur  leur  situation  respective  ,  l'avantage  de 
leur  alliance  ,  et  finirent  par  se  donner  les  témoi- 
gnages de  l'union  la  plus  franche. 

Après  avoir  assuré  Murad-bey  de  sa  bienveil- 
lance et  de  son  amitié  ,  le  gértéralen  chef  en  reçut 
les  promesses  les  plus  expressives  d'attachement 
et  de  fidélité  à  l'exécution  du  traité.  Les  preuves 
répétées  qu'il  en  a  données  attestèrent  assez  depuis 
sa  bonne  foi. 


Ici  se  termine  le  rapport  des  faits  antérieurs 
à  la  mort  du  général  Kleber.  Telle  était  la  situa- 
tion dans  laquelle  il  avait  rétabli  l'armée  ,  lors- 
qu'un coup  aussi  aflFreiTX  qu'inattendu  l'enleva 
aux  braves  dont  il  était  chéri. 

Pour  copie   conforme  , 

Le  général  en  chef ,  signé  Ab.  }.  Menou. 


C  ORPS-LEGISLATIF. 

Présidence  de  Pùon-Dugalandr. 
SÉÀ.iJCE     DU     25     FRIMAIRE. 

Le  sénat-conservateur  annonce  au  corps-légis- 
latif, par  un  message  ,  la  nomination  des  citoyens 
Lebrun  ,  •de  la  Manche  ,  et  Viennot-Vaublanc  , 
de  Seine  et  Marne  ,  aux  deux  places  vacantes 
dans  le  sein  du  corps-législatif. 

L'assemblée  ordonne  l'insertion  de  ce  message 
au  procès-verbal  ,  et  s'ajourne  à  septidi. 


P  O  S  T  -se  UIP  TU  M. 

Londres ,  le  8  déc.  (  \^  frimaire ). 

Extrait  des  gazettes  anglaises  des  17  ,  18  et  19 
frimaire  f  8,  9  ei  10  décembre. 

Action  de  ta  banque  ,  fermées.  —  3  pour  cent 
consolidés,   fermés. — 4'wrtmm  ,   i. 

Prix  du  sucre  ,  78  shellings  ï  pences  3  farthings 
le  quintal  ,  ou  g3  francs  83  centimes. 

La  flotte  de  la  Manche  a  appareillé  de  Joibey 
le  i5  frimaire  ,-  sous  les  ordres  de  sir  Henry 
Parker,  pour  aller  croiser  à  I  Ouest. 

Le  Calcutta  et  le  sloop  le  Fairf  ont  mis  à  la 
voile  ,  le  même  jour  ,  pour  la  Martinique  ,  où 
ils  transportent  le  68"°  régiment. 

Heley  Addington  ,  frère  de  l'orateur  de»  com- 
munes ,  a  été  nomnaé  lord  de  l'amirauté  ,  à  la 
place  de  lord  Glenbervic. 

Le  gouvernero-nt  ,  d'après  l'agitation  qui  regàe 
dans  quelques-uns  des  comtés  de  l'intérieur  ,  a 
cru  devoir  y  faire  passer  des  forces  considérables 
pour  prévenir  des  troubles. 

Suivant  les  dernières  nouvelles  de  la  Chine  ,  ve- 
nues du  Bengale  par  la  voie  de  terre  ,  le  Kram  , 
autrement  la  rivière  Bleue,  ^  inondé  la  province 
d  Yunan  ,  à  la  suite  d'un  fort  tremblement  de  terre» 
Le  gouvernement  chinois  est  parvenu  heureuse- 
ment ,  à  garantir  les  malheureux  habitans  de  cette 
province  ,  de  la  famine  dont  ils  étaient  menacés. 

L'amiral  sir  Richard  Bickenon  est  parti  pour 
aller  relever  sir  Sidney  Smith  ,  dans  sa  station  sur 
la  côte  d  Egypte. 

L'amiral  sir  John  B.  Warren  remplace  sir  Richard 
Bickenon  devant  Cadix. 

Deux  convois  nombreux,  escortés  par  p'usieur» 
frégates  ,  sont  sortis  le  16  frimaire  de  Portsmouih  ; 
l'un  destiné  pour  Lisbonne  ,  Gibraltar  et  la  Médi- 
terranée ,  et  1  autre  pour  les  Indes  Occidentales. 

Du  9  décembre  (  18  frimaire). 

Actions  delà  banque,  fermées,  —  3  pour  loe 
consolidés  ,  fermés.  —  Omnium  ,  l  o  J. 

La  chambre  des  communes  se  forma  hier  en 
comité  pour  un  subside  à  accorder  à  S.  M. 
Elle  approuva  la  résolution  qui  lui  fut  proposée 
par  M.  Long  ,  de  faire  délivrer  à  S.  M.  la 
somme  de  i5i,643  liv.  si.  16  s.  8  d. ,  déjà 
avancée  en  billets  de  l'échiquier  pour  le  service 
de  l'année  1799. 

M.  Hunier  ,  jeune  ,  l'un  des  messagers  de 
S.  M.  ,  est  arrivé  hier  avec  des  dépêches  de 
la  cour  de  Vienne. 

Toutes  les  lettres  venant  de  Copenhague , 
de  Siockolm  ,  de  Berlin  ,  etc.  s'accordent  à  dire 
qu'il  a  été  signé  ,  au  commencement  de  no- 
vembre ,  par  l'empereur  de  Russie  ,  et  les  roi» 
de  Prusse  ,  de  Suéde  et  de  Dannemarck ,  un 
iraité  de  neutralité  armée  ,  basé  sur  celui 
de    1780. 

Du  10  décembre  [Jg  frimaire) 

Actions  de  la  banque,  161;  i6ox  —  Trois  pour  g 
consolidés  ,  fermés.  -'  PoiiX  leur  ouverture  ea 
janvier  62  f  j  |. 

Prix  du  pain  de  4 livres,  i  schclling  6  pence;  I 
j  penny,  ou  l  franc  85  cent.  ;  c'esi-à-riire,  près  de 
5o  centimes  par  livre. 

La  chambre  des  communes  ,  formée  hier  en 
comité  ,  a  adopté ,  sur  la  motion  de  M.  Ryder, 
appuyée  par  MM.  Windham,  Piit  et  'Wilberforce  , 
et  combattue  par  MM.  NichoUs  ,  Shéridan  et 
Tierney  ,  qu'un  tiers  de  la  taxe  pour  les  pau- 
vres leur  serait  payé  en  subsistances  ,  et  le  reste 
en  argent. 

Les  cinq  régimens  formés  dans  l'île  de  'Wight, 
sous  l'inspection  du  ci-devant  prince  héréditaire 
d'Orange  ,  du  général  Bentink  ,  etc.  ,  ont  été 
embarqués  à  Cowes  ,  pour  être  transportés  ea 
Iilandc. 

Lord  Malmesbuty  vient  d'être  créé  vicomte  de 
Fitz-Harris,  et  comte  de  Milraesbury. 

Dans  le  cas  ovi  la  guerre  viendrait  à  se  dé- 
clarer entre  la  Russie  et  nous  ,  nos  possessions 
dans  l'Inde  ne  seraient  point  à  l'abri  d'une  in- 
vasion de  la  part  d'une  armée  russe,  par  Astracao, 
la  Perse  ,  le  Candahar  ,  etc.  Nous  le  craindrions 
d'autant  plus  ,  que  nous  savons  qu'il  existe  des 
relations  entre  la  Russie  et  plusieurs  souverains 
de  l'Inde  ,  et  entre  autres  Zemaun-Shah,  notre 
ennemi  irréconciliable.  > 

(  Extrait  du  Sun  ,  du  Morning-Chronicle  ,  de 
l'Observer  et  du  Saint-James-Chronicte  ). 

Bourse  du  ib  frimaire. 

Rente  provisoire s5  fr. 

Tiers  consolidé. 36  fr.  35  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  62  c. 

Bons  d'arréragé 85  U.  5o  c. 

Bons  pour  l'an  8 94  fr.  5o  c. 


A  Paris  ,  de  l'impTimetie  du  cit.  Agisse,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n°  i3 


GAZETTE  NATIONALE  o»  LE  M(^NITEUR  UNIVERSEL 


JV"  87. 


Seplidi  ,  ZT  frimaire  an  g  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous,  sommes  autorisés   à  piévenir  nos  sousaipceurs ,  qu'à  dater  du  7  mvôse  le  M  ON IT EUR  est  le  seul  journal  officiel. 
'  Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées ,  amsr    que  les  bits  et  Us   novons 
Kntsnr  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux  sciences ,  aux  arcs  et  aux  découvertes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Paris ,  /«  26  frimaire. 

'Fin  de  l'extrait  des  ordres  du  (Our  de 
l'armée  d'Egypte,  du  20  messidor  an  S, 
AU   9  brumaire  an  9. 

Du  3  vendcmiaire  an  9. 
Menov  ,  général  en  chef,  à  l'armée  d  Orient. 
Généraux,  officiers  ,  sous-officiers  ,  soldais  ,  et 
vous  tous  Français  ,  qui  êtes  ici  rassemblés  ,  c'est 
aujourd'hui  que  commence  ia  neuvième  année  à 
dater  de  l'époque  mémorable  où  la  France,  indi- 
gnée du  joug  sous  lequel  elle  gémissait  depuis 
tant  de  siècles,  brisa  ses  fers,  détruisit  la  royauté  , 
et  fond?  la  république. 

C'est  aussi  à  dater  de  la  même  époque  ,  que  se 
forma  cette  orgueilleuse  coalition  qui  voulut  tout 
à  la  fois ,  et  détruire  la  France  ,  et  étouffer  la 
liberté  dans  son  berceau.  Etouffer  !a  liberté  !  non  , 
la  liberté  semblable  à  ces  torrens  qui  se  précipi- 
tant du  haut  des  montagnes  renversent  tout  ce  qui 
s'oppose  à  leur  cours  ,  la  liberté  a  pénétré  par- 
tout ;  sa  voix  a  retenti  dans  tout  l'univers  :j'en 
aliesie  un  million  de  Français  qui  ont  tombatiu 
pour  elle  ;  j'en  atteste  les  braves  soldats  qui  m'en- 
tourent. Vous  tout  qui  avez  rempli  l'Europe  en- 
tière de  voire  nom  ei  de  votre  gloire  ,  ne  faites- 
vous  pas  flotter  dans  1  Orient  l'étendard  de  la  li- 
berté ?  Ces  couleurs  sacrées  que  je  vois  au  inilieu 
de  vos  bataillons,  iie  soni-e!l<:s  pas  le  signal  delà 
civilisation  pour  une  pariie  du  monde ,  jadis  si  cé- 
lèbre ,  depuis  anéantie  et  consumée  par  le  despo- 
tisme ,  mais  que  vous  allez  faire  renaître  de  ses 
cendres  ? 

J'en  atteste  celui  qui  tant  de  fois  vous  conduisit 
S  la  victoire  ,  ô  toi  ,  Bonapaite  !  les  destins  l'a- 
vaient donc  désigné  pour  rallumer  en  France  le 
feu  sacré  de  la  liberté  ,  que  des  événemens  sur 
lesquels  il  f.ut  peut-être  jeter  le  voile  de  l'oubli  , 
que  des  événF.mens  ,  dis-je  ,  dont  Im  causes  sont 
encore  inconnues  aux  français  d'Orient  ,  éiaieni 
sur  le  point  d'éteindre.  Tu  avais  donc  reçu  cette 
grande  et  aiagnifique  mission  dont  tu  viens  de 
t'acquitter  si  brillamment  dans  les  plaines  de 
Marengo  ?  Soldats  ,  qu'il  me  soit  permis  ici  d'in- 
terrompre un  moment  le  cri  delà  victoire,  pour 

le  changer  en  cris  funèbres  !  Desaix  est  mort 

Desaix  est  mort  ;  mais  il  est  mort  au  champ  de 
l'honneur.  Son  courage  l'avait  entraîné  à  la  tête 
d'un  corps  de  braves  ,  au  milieu  des  plus  épais 
bataillons  des  ennemis.  La  victoire  chancelait  :  son 
bras  la  fixée  ;  mais  c'est  au  dépens  de  sa  vie. 
O  loi  Kleber  ,  son  compagnon  d'armes  et  de 
gloire!  si  du  fond  du  tombeau  cù  ta  f.tit  des- 
cendre un  vil  assassin  ,  tu  pouvais  entendre  les 
regrets  des  soldats  que  tu  conduisis  à  ia  vic- 
toire dans  les  champs  d'Héliopolis;  si  tu  pou- 
vais entendre  leurs  cris  d'allégresse  ,  ton  ame 
é;onnée  s'affligerait  avec  eux  de  la  perte  d'un 
h -ros ,  ton  ami  ;  mais  j'en  suis  certain  ,  elle  ré- 
péierait  avec  eux  les  cris  de  la  liberté  ,  oui  , 
d:  la  liberté  qui  vient  d'être  fondée  sur  des  bases 
inébranlables  dans  Us  plaines  d'Itahe.  Elle  ré- 
péterait avec  eux  le  chant  de  la  victoire  qui 
annonce  les  triomphes  de  Moreau  ,  ton  autre 
ami  et  compagnon  d'armes ,  dans  les  campagnes 
delà  Geimanie.  Soldats,  n'ayez  donc  plus  de 
craintes  pour  la  liberté  ;  le  génie  de  Bonaparte 
«t  les  bras  des  français  1  ont  conquise  pour  tou- 
jours :  la  tépublique  existe  ,  et  bientôt  la  paix 
■    vous  conduira  au  terme  de  vos  travaux. 

Ici ,  soldats  ,  je  vais  vous  répéter  quelques  pas- 
sages de  la  lettre  du  gouvernement  au  général  en 
chef  de  l'armée  d  O.-ienl. 

1)  Sur  les  rives  du  Danube  et  du  Pô  ,  nos  ar- 
mées d'Europe,  par-ioui  victorieuses ,  marchent  à 
la  conquête  de  la  paix.  Vos  triomphes  sur  le  Nil 
y  contribueront  puissamment.  Les  circonstances 
sont  tel'es  enBn  ,  qu'il  n'est  pas  probable  que 
six  mois  se  passent  sans  que  ce  grand  bienfait  ne 
vienne  consoler  1  humanité  ,  et  mettre  un  terme 
gloritux  aux  travaux  qui  assurent  à  l'armée 
d'Orient  l'admiration  de  la  postérité  ,  autant  que 
la  reconnaissance  nationale.  Ici  ,  ajoute  le  gouver- 
nement ,  la  république  compte  sur  l'armée 
d  Orient  ,  comme  1  armée  d  Orient  peut  compter 
sur  la  république  ;  elle  se  repose  sur  le  courage  et 
sur  la  constance  des  braves  qui  ia  composent  , 
et  qui  doivent  sentir  que  leur  séjour  en  Egypie 
est  un  devoir  irupona'it  que  leur  imposent  la 
gloire  et  1  ioléiêi  de  la  république  >>. 


Soldats  ,  je  répondrai  aU  premier  consul  que 
je  suis  votre  caution  ;  que  la  république  peut 
compter  sur  vous  à  la  vie  et  à  la  mort;  que  des 
hommes  qui  ,  avant  devenir  en  Egypte  ,  avaient 
déjà  conquis  l'Allemagne  et  l'Italie  \  que  des  hom- 
mes qui  sous  le,s  ordres  de  Bonaparte  ont  bravé 
l'horrreur  des  déserts  ,  la  faim  ,  là  soif  et  d'hor- 
ribles maladies  ,  que  des  hommes  ijui  ont  dispersé 
les  hordes  réunies  des  barbares  de  i  Asie  ,  comme 
le  vent  disperse  la  poussière  ;  que  des  hommes 
qui  tous  sont  couvert»  de  cicatiiccs  honorables  ; 
qu'une  armée  enfin  ,  qui  n'est  composée  que  des 
vétérans  de  la  république  ,  n'est  conduite  par 
d'autres  principes  que  par  ceux  de  l'honneur  et 
de  l'attachement  inviolable  à  la  patrie.  Vive  la 
république  ,' 

Signé  Ab.  J.  Menou. 

Le  général  en  chef  s'empresse  de  témoigner  sa 
satisfaction  aux  troupes  de  toutes  armes  qu'il  a 
passées  avant-hier  en  revue  :  rien  n'était  plus  mi- 
litaire que  leur  tenue  ;  les  armes  étaient  dans  le 
meilleur  état.  Les  feux  d'artillerie  et  de  mous- 
queterie  ont  été  exécutés  avec  beaucoup  de  pré- 
cision. Le  général  en  chef  s'empressera  d'en  ren- 
der  compte  an  premier  consul.  Si  les  armées  fran- 
çaises dEurope  viennent  de  s'immortaliser  en 
lialie  et  en  Allemagne  ;  si  tous  les  ennemis  qui 
ont  paru  deVani  elles.,  ont  été  délruits  et  obligés 
de  prendre  la  fuite ,  l'armée  françafse  d'Orient  a 
fair  retentir  en  Asie  et  en  Afrique  le  nom  et  ^a 
gloire  de  la  république  française. 

Des  armées  innombrables  ,  sorties  de  toutes  les 
parties  de  l'Asie  ,  ont  été  dispersées  ,  et  rien  n'é- 
gale le  courage  et  le  dévouement  des  vétérans  de 
la  république, 

Tel  est  le  compte  que  le  général  en  chef  rend 
de  l'armée  d'Orient^  au  premier  consul  de  la 
république 

Signé  Ab.  J.  Menou. 

Ordre  du  jour  du  4  vendémiaire  an  g. 
Proclamation  contenant  le  récit    détaillé   de  la 
victoire  de  Marengo  et  de  ses  sxile^  glorieuses. 

Ordre  du  jour  du   5  vendémiaire  an  9. 

Il  a  été  fait  une  souscription  en  France  ,  pour 
élever  un  monument  à  la  mémoire  du  général 
Desaix,    tué  à  la  bataille  de  Marengo. 

Une  société  composée  de  français  s'est  réunie 
pour  en  former  une  au  Kaire.  Le  montant  de 
la  souscription  sera  envoyé  en  France  par  le  pre- 
mier .officier  qui  partira  ,  et  qui  devra  remettre 
cette  somme  à  l'artiste  chargé  d'élever  le  monu- 
ment. 

Les  personnes  qui  voudront  s'inscrire  sur  la 
liste  ,  peuvent  se  présenter  chez  le  commissaire 
ordonnateur  Daure. 

Le   général   en  chef  Menou  s'est  empressé  de 
s'inscrire  sur  la  liste. 
Le  général  de  brigade,  chef  de  l'état-major-général , 

Signé    Lagrange. 
L'adjudant-général,  sous-chejde  l'étajt-major général. 
Signé ,  René. 

Ordre  du  jour ,  du  6  vendémiaire  an  9. 

Menou,  général  en  chef,  prévient  l'armée  que, 
conformément  aux  principes  de  loyauté  et  de 
moralité  qui  doivent  toujours  diriger  les  actions 
d'un  vériiable  républicain  français  ,  il  a  donné 
ordre  au  citoyen  Estève  ,  directeur-général  et 
comptable  des  revenus  publics  de  l'Egypte  ,  de 
remettre  anx  héritiers  bien  duement  reconnus 
d'un  juif  de  Salonique,  mort  en  l'an  7  ,  à  Rosette  , 
la  somme  de  7,841  liv.  i  sou,  provenant  de  la 
vente  de  tous  les  effets  du  juif  décédé  ,  et  qui 
n'avait  été  versée  dans  la  caisse  de  l'armée  qu'à 
titre  de  dépôt. 

Les  commerçans  étrangers  prendront  nécessai- 
rement confiance  dans  la  loyauté  iFrançaise  ,  lors- 
qu'ils sauront  que  l'on  conserve  avec  tant  de 
soin  les  successions  d'hommes  morts  à  un  grand 
éloignement  de  leur  patrie. 

Le  citoyen  Estève  se  fera  remettre  par  les  héri- 
tiers les  quittances  duement  en  forme. 

Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 
Ordre  du  jour  du  7  vendémiaire  an  9. 

Règlement  sur  les  droits  qui  doivent  être  payés 
par  les  batpaux  djermes  ,  djermons  ,  mâiches  , 
cayasses  ,  et  lous  autres  bâiimens  naviguans  sur 
le  Nil  et  les  canaux   qui   en  dérivent. 

Ordre  du  jour  ,    du  8  vendémiaire  an  g. 
Portant  injonction  aux  adaiiuitttatcurs  ,  entre- 


preneurs ou  régisseurs  de  remettre  leurs  comptes 
à  la  commission  de  la  comptabilité  ,  avant  le  1" 
frimaire. 

Ordre  du  jour  du  g  vendémiaire  an  9. 

Menou,  général  en  chef,  voulant  procurer 
tous  les  moyens  de  s'insiruire  aux  jeunes  marins 
et  autres  individus  riui  désireraient  enlrer  dans 
les  corps  qui  exigent  des  éludes  préliminaires  , 
ordonne  ce  qui  suit  : 

Art.  1='.  Il  sera  établi  au  Kaire  une  école 
de  mathématiques  ,  particu'iérement  destinée  auç 
aspirani  de  la  marine  ,  et  dans  laquelle  on  en- 
seignera toutes  les  connaissances  théoriques  , 
nécessaires   aux  officiers  de  marine. 

II.  Tous  les  aspirans  delà  marine  de  2'  et  l"= 
classe  ,  qui  se  trouvent  actuellement  à  Alexandrie 
ou  dans  les  autres  places  ,  seront  réutiis  dans 
cet  établissement.  Ils  conserveront  leurtrailement,, 
et  seront  exempts  de  service.  La  police  sera 
exercée  par  deux  enseignes  de  vaisseau  ,  désignés 
par  le  chef  de  1  état-major  de  la  marine  au  port 
d'Alexandrie,  et  conformément  à  un  règlement 
particulier  qui  sera  fait  par  l'inspecteur  militaire 
de  l'école. 

m.  Quatre  mois  après  l'ouverture  des  cours 
de  maihématiques  ,  les  aspirans  se  présenteront 
au  citoyen  Fourier  ,  examinateur,  pour  êlre  in- 
terrogés sur  les  connaissances  élémentaires  exi- 
gées par  les  lois.  Ceux  qui  ne  seront  point  jugés 
avoir  l'instruction  convenable  ,  rentreront  dans 
les  classes  de  la  marine.  Quant  à  ceux  à  qui  ce 
premier  examen  aura  donné  le  titre  légal  d'as- 
pirans  ,  ils  continueront  d'éludier  la  géométrie  , 
fa  trigonométrie  rectiligne,la  trigonométrie  sphé- 
rique  ,  la  statique  ,  et  les  élémens  de  naviga- 
tion. Ils  subiront  un  second  examen  ,  avant 
d'être  reçus   enseigner   de  vaisseau. 

IV.  Indépendamment  des  aspirans  de  la  ma- 
rine ,  le  général  en  chef  accordera  l'admission 
dans  cet  établissement  à  des  candidats  non  âgés 
de  vingt  ans ,  qui  se  destineraient  à  d'autres  ser- 
vices publics.  Ils  devront  subir  un  premier  exa- 
men sur  les  élémens  de  l'arithmétique  ,  et  ne 
pourront  se  présenter  à  l'examen  sans  une  lettre 
du  chef  de  l'état-major  général.  Ils  jouiront  , 
après  leur  admission  ,  d'un  traitement  semblable 
à  celui  d'aspirant  de  marine  de  la  seconde  classe. 

V.  Les  frais  de  premier  établissement  ,  et  les 
dépenses  ordinaires  de  l'école  seront  prises  sur 
deâ  fonds  particuliers  qui  seront  mis  pour  cet 
objet  à  la  disposition  de  l'ordonnateur  de  la  ma- 

«rine.  Le  général  commandant  au  Kaire  est  chargé 
de  désigner  un  emplacement  convenable.  Le 
général  de  brigade  Galbaud  est  chargé  de  l'ins- 
pection militaire  de  l'école  de  maihématiques  :  il 
•îe  concertera  avec  l'ordonnateur  de  la  marine 
pour  l'administration  de  cet   établissement. 

IV.  Les  cours  de  mathématiques  seront  pu- 
blics ,  ainsi  que  ceux  que  l'on  jugera  conve- 
nable d'ouvrir  sur  les  autres  parties  de  l'ensei- 
gnement. ' 

Le  citoyen  Favier  ,  membre  de  la  commission 
des  arts  ,  est  chargé  de  remplir  les  foncuons 
d'instituteur  de  mathématiques. 

Si^ne'AB.J.  Menou. 

Ordre  du  jour  qui  met  à  la  charge  des  masses 
l'habillement  et  entretien  des  corps  d'ar.lillerie 
et  de  cavalerie. 

Ordre  du  jour  du    10  vendémiaire  an  g. 

Le  général  en  chef  ,  considérant  qu'un  dçs 
premiers  devoirs  du  gouvernement  est  de  faire 
rendre  la  justice  au  peuple  dont  l'adminislralion 
lui  est  confiée  ,  et  d'établir  des  tribunaux  pour 
juger  les  contestations  civiles  qui  s'élèvent  entre 
les  citoyens  ,  et  pour  punir  les  crimes  et  délits 
qui  se  commettent  contre  l'ordre  public  et  la 
société  ,  ordonne  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  Tous  les  tribunaux  existant  en  Egypte  , 
et  tous  ceux  que  l'on  jugera  convenable  d'y  éta- 
blir par  la  suite  ,  rendront  la  justice  au  nom  de  la 
république  française.  Aucun  des  juges,  soit  mu- 
sulmans, soit  chrétiens  ou  autres  ,  ou  juges  du 
commerce,  ne  pourra  porter  une  sentence,  s'il 
n'est  muni  d'un  titre  conféré  par  le  général  en 
chef,  et  scellé  du  sceau  du  gouvernement  français. 

II.  A  dater  du  i"  vendémiaire  de  l'an  9 ,  tomes 
les  charges  de  justice  en  Egypte  sont  déclarées 
vacantes.  Les  titulaires  actuels  rempliront  provi- 
soirement leurs  fonctions  jusqu'à  ce  que  les  noaii- 
natinns  aient  été  achevées  conlormémenl  aux 
articles  luivans. 


352 


III.  Il  sera  établi  au  Kaire  un  divan  composé 
des  cheykhs  ou  autres  musulmans  les  plus  recom- 
mandabies  par  leurs  vertus  ,  leurs  connaissances 
et  leur  désintéressement  ,  choisis  par  tous  les 
u'iémas  du  Kaire  ,  d'Alexandrie  ,  de  Rosette  ,  de 
Damieite  et  des  autres  villes  considérables. 

Ce  corps  des  premiers  ulémas  de  lEgypte  est 
placé  entre  le  gouvernement  français  et  les  égyp- 
tiens musulmans,  afin  de  veiller  à  l'exercice  de 
la  jurisprudence,  à  l'administration  des  mosquées, 
à  celle  des  hospices  et  fondations  pieuses  ,  a  1  en- 
seignement public  ,  aux  préparatifs  de  la  cara- 
vane de  la  Mekke  ,  enfin  au  maintien  de  tous  les 
usages  religieux  et  civils  :  il  transmettra  aux  habi- 
tans  de  l'Egypte  les  proclamations  qui  leur  seront 
adressées  ,  et  présentera  leurs  réclamations  au 
gouvernement.  Le  divan  correspondra  immédia- 
tement pour  tous  ces  objets  avec  le  général  en 
chef. 

IV.  Le  divan  sera  composé  de  neuf  membres 
lésidans  ,  et  de  quatorze  membres  honoraires. 

Les  principaux  des  nations  cophtes  ,  syriennes 
el  grecques  ,  déiignés  par  le  général  en  chct  , 
seront  admis  aux  séances  du  divan  ,  et  y  auront 
voix  consultative.  Les  membres  rési.dans  du  divan 
seront  tenus  de  s'assembler  trois  fois  par  décade  , 
et  jouiront  d'un  traitement  déleririiné  par  uv  arrêté 
particulier. 

Le  divan  nommera  d^ns  la  première  séance  de 
chaque  irimestie  ,  et  au  scruiin  ,  un  président  et 
un  secrétaire  qui  pourront  être  réélus. 

Le  président  et  le  secrétaire  seront  choisis  parmi 
les  neuf  membres  résidans. - 

V.  Un  commissaire  fratiçais  ,  nomme  par  le 
général  en  chef,  assistera  aux  séances  du  divan, 
requerra  l'exéculion  des  ordres  du  gouvernement, 
visera  tous  les  actes  du  divan  ,  et  s'opposera  à  ce 
que  cette  assemblée  ne  s'écarte  de  sej  attributions. 
Le  mêjne  corauiissaire  est  chargé  de  l'administra- 
tion générale  de  la  jusiice  en  Egypte. 

'VI.  Il  est  expressément  défendu  aux  membres 
du  divan  de  se  léanir  en  cette  qualité  dans  un 
lieu  autre  que  celui  de  leurs  séances  ,  et  à  une 
autre   heure  que  celie  qui  sera  fixée. 

Toute  réunion  i>x(r:;c'.dinaire  qui"  aurait  lieu 
sans  i  ordre  du  géi.éral  en  chef,  sera  dissouie. 

Le  divan  ne  pourra  publier  aucune  proclama- 
tion sans  l'autovisaiion  spéciale  du  général  en 
chef. 

VII.  Le  divan  tiendra  sa  première  séance  au 
conimencemenl  du  mois  de  vendémiaire.  Il  s'oc- 
cupera en  premier  lieu  ,  de  présenter  au  gouver- 
nement les  noms  de  ceux  qu'il  jugera  propres  à 
remplir  les  fonctions  de  qady  ,  et  formera  la  liste 
au  scrutin  à  la  majorité  des  voix. 

Elle  comprendra,  1°.  pour  la  place  de  qtid^  el- 
askar  ,  ou  grand  juge  du  Kaire  ,  les  noms  de  trois 
cheyks  parmi  lesquels  le  général  en  chef  choisira 
celui  qui  doit  remplir  cette  charge  ; 

2°.  Les  noms  de  ceux  qui  seront  présentés  pour 
remplir   les  places  de  qady  dans  les  provinces. 

VIII.  Aucun  individu  ne  pourra  être  promu  à 
une  charge  de  qady  ,  soit  au  Kaire  ,  soit  dans  les 
provinces  ,  s'il  n'est  pas  né  en  Egypte  ,  ou  s'il  n'y 
a  pas  demeuré  dix  années. 

IX.  Au  mois  de  vendémiaire  de  chaque  année, 
le  généra]  en  chef  nommera  de  la  mê.-ne  manière 
à  tous  les  offices  de  justice  ,  sur  la  présentation 
du  divan  du  Kaire. 

Le  qad}  el-askar,  actuellement  en  exercice  ,  et 
tous  les  autres  qadys  ,  pourront  être  réélus  ,  tant 
cette  première  fois  ,  que  toutes  les  autres. 

X.  Le  qady  el-dskar  nommera  d'office  ses  délé- 
gués dans  les  tribunaux  particuliers  du  Kaire  ,  du 
vieux  Kaire  et  de  Boulaq.  Les  qadys  des  provinces 
nommeront  aussi  leurs  délégués. 

XI.  Le  général  en  chef  déclare  aux  habitans  de 
l'Egypte  ,  qu'il  est  contraire  aux  principes  de 
tout  bon  gouvernement,  et  notamment  de  celui 
de  la  république  française  ,  de  vendre  à  qui 
que  ce  soit  le  droit  de  rendre  la  justice  ;  il 
déclare  encore  qu'après  avoir  conféré  ce  droit 
à  des  juges  integies  qui  n'auront  aucunes 
considéradons  ni  pour  le  pauvre  lû  pour 
le  riche  ,  et  qui  jugeiont  toujours  confor- 
mément aux  lois ,  à  leur  conscience  et  à  ce 
que  prescrit  le  créateur  de  l'univers  ,  lesquels 
juges  lui  auront  été  présentés  par  le  divan  du 
Kaire  ,  il  n'exigera  point  d'eux  les  sommes 
qu'ils  avaient  coutume  de  payer  pour  acheter 
ces  offices;  lesquelles  sommes  ne  leur  ont  jamais 
été  demandées  par  les  français. 

Cette  vénalité  des  magistratures  n'avait  point 
lieu  au  lems  des  premiers  princes  qui  ont  gou- 
verné les  musulmans ,  lorsque  l'islamisme  était 
encore  dans  toute  sa  pureté;  elle  est  dès  ce 
moment  abolie  en  Egypte. 

XII.  Le  qady  el-a'skar  du  Kaire  ,  iesqadys  des 
^Jrtovinces  et  leurs  délégués  continueront  à  jouir 
'yes  rétributions    légales  qu'ils    percevaient  autre- 

'fois  ,  et  qui  leur  ont  été  confirmées  par  le  géné- 
ral en  chef  Bonaparte. 

Toute  autre  taxe  ,  tout  présent  ,  émolumens 
quelconques  ,  de  quelque  manière  qu'ils  soient 
reçus  par  les  juges,  leurs  délégués  .  leurs  asses- 
seurs, leurs  écrivains,  soit  avant  ,  soit  après  la 
semence  rendue  ,  sont  formellementprohibés.  Les 
juges  qui  ks  recevraient,  sous  ub  ptéitxic  quel- 


o^l_ 
d'en  rece\^P,  seront  regardés  comme  coupables 
de  prévarication.  S'ils  en  sont  convaincus  ,  ils  se- 
ront punis  par  la  destitution  ,  notés  publiquement 
d'infamie ,  et  reconnus  incapables  d'exercer  aucun 
emploi. 

Le  tarif  de  ce  qui  appartient  légaleinent  aux 
juges  ,aux  qadys,  à  leurs  délégués  ou  à  tous  autres 
quelconques,  sera  imprimé  ,  publié  et  affiché  en 
français  et  en  arabe,  afin  que  chacun  sache  bien 
précisément  ce  qu'il  devra  aux  juges,  et  qu'il  puisse 
porter  ses  plainies  ,  en  cas  qu'on  ait  exigé  de  lui 
une  taxe  plus  forte  que  celle  que  la  loi  adjuge. 

XIII.  La  force  publique  armée  protégera,  dans 
tous  les  cas,  l'application  des  lois  musulmanes. 
Son  action  consistera  , 

1°.  A  arrêter  les  individus  prévenus  de  délits  , 
soit  par  la  noioriéié  publique,  soit  par  la  déclara- 
lion  du  magistrat  ; 

i".  A  fournir  tous  les  moyens  nécessaires  pour 
l'insiruciion  des  procès  ; 

3°.  A  assurer  la  prompte  exécution  des  sentences 
légalement  portées  par  les  qadys  ,  soit  en  matières 
civiles  ,  soit  en  matières  criminelles  :  mais  l'auto- 
rité militaire  ne  contribuera  en  aucune  manière  à 
la  décision  des  causes.  Cette  décision  dépendra 
uniquement  de  la  prudence  et  de  l'équiié  des 
juges  ;  elle  ne  doit  jamais  être  fondée  que  sur  les 
lois  du  pays.  Aucun  français  ,  quelle  que  soit  sa 
qualité,  ne  peut  intervenir ,  soit  par  voie  d'inter- 
cession Ou  autrement,  dansMes  contestations  et 
les  procès  soumis  aux  jugemens  des  qadys. 

XIV.  Tout  habitant  de  l'Egypte  ,  prévenu  d'avoir 
assassiné  ,  maltraité  par  voie.*  de  fait  ,  ou  volé  un 
autre  habitant ,  sera  arrêté  par  l'autorité  publique, 
et  le  piocès  instruit  conformément  à  la  jurispru- 
dence criminelle  du  pays. 

Si  la  sentence  de  mort  est  portée  ,  elle  sera  re- 
mise immédiatement  aii  gouvernement  françris 
qui  en  ordonnera  l'exécution. 

Toute  commutation  de  la  peine  de  mort  est  m- 
terdite  aux  juges. 

Toute  soliicitaiion  faite  à  cet  égard  ,  quel  que 
puisse  être  l'intercesseur,  doit  être  rejetiée  ,  et 
toutes  menaces  fuites  aux  juges  à  ce  sujet  empor- 
teront peine  de  complicité. 

Si  la  famille  de  celui  contre  qui  un  assassinai  a 
été  commis,  réclame  du  qady  le  dyéh  ou  prix  du 
sang  ,  il  lui  sera  refusé. 

Si  la  famille  d'un  assassin  ofTre  le  prix  du  sang, 
il  sera  rejette. 

La  poursuite  intentée  par  la  famille  de  la  per- 
sonne  assassinée  ,    n'est  point  nécessaire  à  l'ins- 
I  Iruction  du  procès  ;  dans  tous  les  cas  ,  les  autrurs 
'  présumés  du  délit  seront  arrêtés  ,  détenus  et  jugés 
I  par   les  ordres    du   gouvernement, 
j      XV.  Si   un  individu  de  la   famille  de  la    per- 
!  sonne   assassinée    réclame    le    droit  de   mettre    à 
i  mort  lui-même  le  condamné,   il   lui  ser.i  refusé; 
!  aucun   juge   ou  magistrat  de   police  ne  pourra  , 
1  dansaucun  cas,  accorder  une  semblable  demande, 
'sous  peine  de  destitution.   Cette    coutume   bar- 
bare est  expressément  abolie  dans  toute  lEgypte. 
I      XVI.  Tout    assassinat  ,    voie   de    fait   ou   vol 
commis   par  un    habitant  du   pays  contre  la  per- 
sonne d  un   français,   ou   par  un   français  contre 
un  habitant  du  pays  ,   sera  jugé  par  une  commis- 
,  sion  spéciale  ,   nommée  par  le  général  en  chef, 
I  sur   le  rapport   du    commandant  militaire   de   la 
!  province.   Les  mêmes  délits  commis  par  un  habi- 
tant  musulman    du   pays   contre    un  cophte,  un 
1  syrien   ou   damasquin  ,   un  grec   ou  un  juif,   ou 
par   ceux-ci    co  tre   un   habitant   musulman    du 
pays  ,   seront  jugés  par  les  juges  et   qadys    mu- 
sulmans. 

I  Les  mêmes  délits  ,  commis  par  un  individu  non 
'musulman  contre  un  autre  individu  de  la  même 
nation  ,  seront  jugés  par  une  commission  spé- 
ciale ,  nommée  par  le  général  en  chef  ,  sur  le 
I rapport  du  commandant  militaire  de  la-pro- 
!  vince. 

I  Les  mêmes  délits ,  commis  par  un  individu 
'  non  musulman  sur  un  individu  non  musulman  , 
!  mais  d'une  autre  nation  que  le  prévenu  du  délit  , 
:  seront  également  jugés  par  une  commission  spé- 
ciale   que  nommera   le   général    en  chef. 

XVII.  Le  divan  des  u'iémas  séant  au  Kaire  , 
I  exerçant  la  première  magistrature  ,  pourra  pro- 
I  poser  la  deslitulioxi  des  qadys  et  des  juges  pré- 
varicateurs ,  ou  de  leurs  subordonnés  ;  annuller 
les  sentences  pour  lesquelles  on  n'aurait  point 
observé  toutes  les  formes  prescrites,  soit  pa.  les 
lois  précédentes  ,  soit  par  le  présent  arrêté  ;  ré- 
duire ,  conformément  au  tarif  légal  ,  les  taxes  de 
jusiice  ,  frais  d  inventaire  ou  autres  ;  enfin  ,  ré- 
former les  jugemens  rendus  par  tous  les  qadys; 
mais  cette  dernière  attribution  ne  pouria  être 
exercée   que  de  la  manière  suivante. 

XVIII.  En  cas  de  réclamation  de  l'une  des  par- 
ties contre  une  sentence  portée  par  un  qady,  soit 
en  matière  civile  ,  soit  en  matière  criminelle  ,  le 
réclamant  préientera  sa  requête  au  divan.  Il  lui 
sera  pour  cela  accordé  six  jours  en  matière  civile  , 
et  quatre  jours  en  matière  criminelle  ;  mais  ,  dans 
tous  les  cas  ,  la  réclamation  ne  pourra  point  être 
admise  ,  s'il  n'y  est  joint  un  fétouéh,  ou  consulta- 
tion des  moufti  des  difiFérentes  sectes  orthodoxes  , 
qui  déclareront  qu'ils  estiment  que  l'instruction 
est  vicieuse  ,  ou  que  la  sentence  est  contraire  à 


la  loi.  Si  celte  condition  est  remplie  ,  le  divan  ad- 
mettra la  requête  ,  examinera  de  nouveau  la  cause, 
et  délibérera  sur  le  fonds.  La  sentence  du  qady 
sera  exécutée  , si  les  deux  tiers  des  voix  des  mem- 
bres présens  au  divan  ne  lui  sont  pas  contraires  ; 
mais  si  le  nombre  des  membres  qui  n'approuvent 
pas  la  sentence  ,  égale  ou  surpasse  les  deux  tiers 
des  membres  présens  ,  elle  sera  infirmée  ,  et  la 
nouvelle  décision  sera  adressée  au  qady  qui  l'en- 
registrera ,  et  elle  sera  exécutée  selon  sa  forme  et 
teneur. 

XIX.  Tout  corps  de  nation  composé  d'habitans 
non  français  ,  nés  ou  domiciliés  en  Egypte  ,  soit 
cophtes,  syriens,  grecs,  juifs  ou  autres  qui  ne  sui- 
vent point  la  religion  musulmane  ,  aura  un  tri- 
bunal formé  du  chef  légal  de  la  nation  ,  et  de 
deux  assesseurs  désignés  par  le  général  en  chef. 

Toute  contestation  en  matière  civile  entre  indi- 
vidus de  la  même  nation  devra  être  portée  en  pre- 
mier lieuà  ce,  tribunal,  à  moins  que  les  deux  par-' 
ties  ne  .veuillent  user  du  droit  déjà  établi  de  se  pré- 
senter devant  le  juge  musulman.  Si  l'une  des  par- 
ties seulement  demande  le  jugement  du  qady  , 
elle  ne  pourra  point  l'obtenir  avant  que  la 
cause  n'ait  été  d'abord  soumise  au  tribunal.de  sa 
nation. 

XX.  Si  l'une  des  parties  réclame  contre  la  dé- 
cision du  tribunal  spécial  ,  et  demande  un 
jugement  du  qady,  elle  l'obtiendra;  soit  que 
la  cause  ait  été  portée  c^u  non  du  consentement 
commun  à  ce  premier  tribunal ,  le  qady  exa- 
minera la  cause  ,  et  prononcera  ;  sa  sentence 
au  lieu  d'être  exécutée  immédiatement  ,  sera 
adressée  au  gouvernement  français  qui  donnera 
des  ordres  particuliers. 

XXI.  Toutes     contestations    ou    procès    entre 
deux    individus   non  français  ,  et  qui  ne   seront 
point  de    la  même    nation    ou    religion  ,    serom    [_ 
poriées' devant  le  qaiiy  ,    à  moins  que   les  parties, 
ne  s"'accordent  sur  le  choix   d'un   autre    tribunal;' 

et  dans  ce  dernier  cas  ,  on  ne  pourra  appeler 
au  qady  de  la  décision  de    ce   tribunal. 

La  sentence  portée  par  le  qady  ,  soit  en  cas 
de  première  instance  ,  soit  en  cas  d'appel,  sera 
adressée    au   général    en  chef. 

Généraleq^ent ,  toute  sentence  portée  par  ua 
juge  musulman  ,  sou  en  madère  civile  ,  soit  en 
matière  criminelle  ,  et  qui  se  rapportera  à  deux 
individus  ou  à  un  seul  non  soumis  à  la  religion 
musulmane ,  ne  pourra  être  exécutée  immédia- 
tement. Elle  sera  adressée  au  gouvernement  fran- 
çais ,  qui  donnera  l'ordre  nécessaire  ,  soit  pour 
I  exécution  ,  soit  pour  un  nouvel  examen  ,  afin 
que  dans  tous  ces  cas  il  ne  se  passe  rien  de  con- 
traire à  l'équité.  S  il  y  a  lieu  à  un  nouvel  examen  , 
il  sera  (ail  par  une  cornmission  coinposéedu  com- 
missaire près  le  divan  ,  el  de  deux  assesseurs  que 
le  général   en  chef  désignera. 

XXII.  Le  divan  étant  rassemblé  au  lieu  de  ses 
séances  ,  aura  une  garde  militaire  .  prise  moiiié 
parmi  les  français,  et  moitié  parmi  les  troupes 
auxiliaires  :  une  pareille  garde  l'accompagnera 
dans    les  cérémonies  publiques. 

Lorsque  les  membres  composant  le  divaadu 
Kaire  entreront  dans  le  lieu  de  leurs  séances  ou 
en  sortiront  ,  le  tambour  de  la  garde  rappellera 
comme   pour  un  généial  de  division. 

Le  général  commandant  au  Kaire  est  chargé 
de  désigner  l'emplacement  dans  lequel  le  divan 
tiendra  ses  séances.  Il  sera  fourni  un  ameuble- 
ment convenable.     Il   sera   attaché  au    divan  : 

Un  premier  interprête  , 

Un  second  interprète  , 

Un  homme  de    loi  , 

Un  archiviste  chargé  de  rédiger  et  recueillir 
les  annales  du  pays  , 

Deux  écrivains  arabes  , 

Un  tchaouych  , 

Un  premier   moqaddem  , 

Un  second  moqaeldem  , 

Hiait  molazemin  , 

Dix  qaouass   (ou  bâtonniers.) 

Les  frais  d'établissement  ,  les  déptnses  cou- 
rantes pour  appointemens  ,  et  la  somme  qui 
sera  fixée  par  le  général  en  chef  pour  1.  s  frais 
de  secrétariat  ,  seront  acquittés  chaque  mois  sur 
des  étais  visés  par  le  commissaire  français  prés 
le  divan, 

XXIII.  Le  général  en  chef  nomme  pour  remplir 
les  (onctions  de  membres  résidans  du  divan  du. 
Kaire. 

Le  cheykh  A'bd-Allah  el-Cherqaouy  , 
.  '^Le  cheykh  Soleyman  el-Fayoumy  j 

Le  cheykh  Mohammed  el-Emir  , 

Le  cheykh  Mustapha  es-Saouy  , 

Le  cheykh  Mûhhammed  el-Mohdy  , 

Le  ch-ykh   A'bd   crRahhamman  el-Gabarty  , 

Le  chérif  Saïd  A'Iy  ,    de  Rosette  , 

Le  cheykh  Khalyl  el-Bekry, 

Le  cheykh  Moussa  Syrsy. 

Le  général  en  chef  nomme  ,  pour  remplir  les 
fonctions  de  commissaire  chargé  de  l'adrainisira- 
tion  de  la  justice  en  Egypte  ,  le  citoyen  Foutier  , 
secrétaire  perpétuel  de  l'institut. 

Un  arrêté  particulier  désignera  les  membres 
hoDoraires,  et  ISs  principaux  deshabitans  cophtes, 
syriens  ,  grecs  ,  et  aulres  qui  doivent  êt:e  admis 
ùaus  le  divaii' 

xxiy. 


Suite  aun*  87  mi 


XXIV.  Le  génétaft'  en  chef  déterminera  ,  par 
un  nouvel  arrêté  ,  la  formation  et  les  attributions 
du  tribunal  de  commerce  séant  au  Kiire  ,  de 
plusieurs  divans  et  tribunaux  de  coronierce  , 
oans  le»  provinces. 

Le  présent  ordre  sera  exécuté  à  la  diligence  du 
commissaire  chargé  de  l'administration  de  la  jus- 
tice en  Egypte. 

Cette  exécution  datera  du  mois  de  vendémiaire 
de  cette  année  ,  et  aura  lieu  dans  toutes  les  pro- 
vinces de  l'Egypte  ,  y  comprises  celles  qui  sont 
administrées  ,  au  nom  de  la  république  française  , 
parMurad-B.y  ,  prince  gouverneur  du  Saïd. 

Il  sera  traduit  en  arabe  ,  imprimé  ,  affiché  et 
jubiié  dans  les  deux  langues  ,  adressé  à  tous 
les  généraux  commandant  les  arrondissemens  , 
ainsi  qn'auprince  gouverneur  de  laHauie-Egypte, 
et  à  tous  les  officiers  de  justice. 

La  traduction  ,  l'impression  ,  la  publication  , 
l'affiche  et  l'envoi  dans  les  provinces  à  tous  les 
officiers  de  justice  seront  faits  à  la  diligence  du 
commissaire  chargé  de  l'administration  de  la  jus- 
tice en  Egypte. 

Le  général  en  chef,  signé  As.  j.  Menou. 
Le' général  de  brigade ,  chef  de  l'état  major- général  , 
Signé  Lagrange. 
L'adjudant- général  ,  sous-chef  de  l état-major , 

Signé  René. 
Ordre  du  jour  ,  du  i3  vendémiaire  an  9  : 

Commandant  l'exécution  des  dispositions  con- 
tenues dans  une  lettre  du  ministre  de  la  guerre 
au  chef  de  l'etat-major  de  l'armée  française  en 
Egypte,  datée  de  Paris  le  14  thermidor  an  8  , 
sur  la  formation  des  matricules  et  des  contrôles 
des  corps. 

Ordre  du  jour,  du  n  vendémiaire,   an   9. 

Le  général  en  chef,  ayant  examiné  avec  beau- 
coup de  soin  un  modèle  de  lits  portatifs,  pro- 
pres à  transporter  des  blessés  ou  malades,  lorsque 
l'armée  est  en  marche  ,  approuve  cette  invention, 
résultat  des  recherches  du  citoyen  Larrey  ,  chirur- 
gien en  chef  de  l'armée. 

Le  général  en  chef  ordonne  la  construction  de 
cent  lits  de  cette  espèce  ,  qui  seront  portés  pat 
5o  chameaux  choisis  dans  le  parc  de  réserve  , 
pour  être  spécialement  attachés  à  l'ambulance  de 
l'armée. 

Les  cents  lits  faits  seront  sous  la  garde  des  trois 
officiers  de  santé  en  chef  de  l'armée;  savoir:  les 
citoyens  Desgenettes ,  Larrey   et  Boudet. 

La  dépense  de  la  confection  de  ces  lits  sera 
ordonnancée  par  l'ordonnateur-général  de  l'ar- 
mée ,  d'après  le  rapport  qu'il  aura  présenté  au 
général  en  chef. 

Le  citoyen  Larrey  *t  chargé  de  présider  à 
leur  coulection. 

Signé,  Ab.  J.  Menou. 

Ordre  sur  une  nouvelle  fixation  des  traitemens 
des  officiers  de  santé. 

Ordre  du  jour  du  i5  vendémiaire  an  g. 

Le  pont  de  Gyzét  se  trouvant  maintenant  trop 
fatigué  par  la  rapidité  du  courant  du  Nil,  et  vu 
le  danger  qu'il  y  aurait  à  continuer  à  ouvrir  la 
portière  pour  le  passage  des  barques,  ce  passage 
aura  lieu  à  l'avenir  par  le  canal  d'Ibrahym-Bey , 
le  milieu  du  pont  qui  s'y  trouve  étant  replié  à 
cet  e£fet. 

Ordre  du  jour  du   16  venrlemiaire  an  9. 

Le  général  en  chef  ordonne  que  le  droit  d'oc- 
troi sera  établi  dans  la  ville  d'Abouzir,  province 
de  Garbyéh. 

Signé,  ht.].  Menou. 

Ordre  pour  une  nouvelle  organisation  des 
serafs ,   peseurs  et  mesureurs. 

Ordre  du^ur,  du  ly  vendémiaire ,  an  g. 

Le  général  en  chef ,  d'après  les  différens  rap- 
ports qui  lui  sont  parvenus  de  plusieurs  parties 
de  lEf^ypte  ,  et  d'après  ce  dont  il  a  été  témoin 
Jui-niême  en  une  infinité  d'occasions  ,  ordonne 
ce  qui  suit  : 

Art.  I".  L'usage  de  la  liqueur  forte  ,  faite  par 
quelques  musulmans  avec  une  certaine  herbe 
nommée  hachich  ,  ainsi  que  celui  de  fumer  la 
graine  de  chanvre  ,  est  prohibé  dans  toute  l'E- 
gypte. Ceux  qui  sont  accoutumés  à  boire  cette 
fiqueur  et  à  fumer  cette  graine  ,  perdent  la  rai- 
son ,  et  tombent  dans  un  violent  délire  qui  sou- 
vent les  porte  à  commettre  des  excès  de  tous 
genres. 

II.  La  distillation  de  la  liqueur  dThachich  est 
prohibée  dans  toute  1  Egypte.  Les  portes  des 
calés  ,  des  maisons  publiques  ou  particulières  , 
dans  lesquelles  on  en  distribuerait  ,  seront  mu- 
rées ,  les  propriétaires  arrêtés  et  détenus  pendant 
trois  mois  dans  une   maison  de  force. 

III.  Toutes  les  balles  d'hachich  qui  arriveraient 
aux  douanes  ,  seront  confisquées  et  biûlées  pu- 
bliquement en  présence  d'un  officier-major  de 
la  place  ori  elles  auraient  été  confisquées  ,  ou  , 
à  défaut  d'officier- major  ,  en  présence  de  tout 
autre  officier  requis  à  cet  efiet  par  le  directeur 
ac  la  douane. 


Sb5 

IV.  Tout  individu  ,  convaincu  d'avoir  fait  pas- 
ser en  fraude  et  distribué  l'herbe  hachich  ,  sera 
arrêté  ,  paiera  une  amende  de  quinze  talarys  au 
profit  du  dénonciateur  ,  et  sera  détenu  pendant 
deux  mois   dans  une  maison  de  force. 

V.  Les  officiers  généiaux  ou  tous  autres  , 
commandani  les  provinces  et  les  places  ,  le  di- 
recteur général  et  comptable  des  revenus  pu- 
blics ,  le  directeur  des  droits  affermés  et  tous  les 
directeurs  des  douanes  ,  sont  chargé»  ,  chacun 
dans  ce  qui  le  concerne  ,  de  l'exécution  du  pré- 
sent ordre  qui  sera  traduit  en  arabe  ,  imprimé  , 
publié  et  affiché  dans  les  deux  langues ,  à  la 
diligence  du  chef  de  l'éiat-major-général  ,  et  du 
directeur- géuéral  des  revenus  publics. 

Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

Le  général  en  chef  saisit  encore  cette  occasion 
de  rappeler  à  tous  les  individus  qui  composent 
l'armée  ou  qui  lui  sont  attachés,  combien  est 
pernicieux  l'usage  immodéré  que  font  quelques- 
uns  d'entr'eux  de  l'eau-d'r-vie  et  autres  liqueurs 
fortes.  Outre  les  excès  de  tous  genres  auxquels 
se  portent  les  hommes  qui  sont  ivres  ,  excès  qui 
quelquefois  leur  coiitent  la  liberté  ,  It  vie  ,  ou  , 
ce  qui  plus  est  encore  ,  1  hpnneur  ;  l'usage  im- 
modéré des  liqueurs  fortes  rend  ceux  qui  s'y 
livrent,  plus  disposés  à  contracter  l'affreuse  ma- 
ladie de  la  peste.  Toutes  les  observations  faites 
par  les  hommes  les  plus  atientifs  et  par  tous  les 
officiers  de  santé  de  l'armée,  prouvent  que  la 
contagion  se  développe  plus  souvent  dans  les 
maisons  de  débauche  ,  dans  celles  des  cantiniers 
et  dans  les  cabarets  que  dans  tout  autre  lieu  ; 
que  de  vingt  individus  attaqués  de  la  peste  , 
quinze  au  moins  sont  des  hommes  reconnus  pour 
être  ivrognes  .  ou  se  livrant  journellement  à  des 
excès  d'eau-de-vie. 

En  conséquence  ,  le  général  en  chef  ordonne 
à  tous  les  officiers-généraux,  chefs  de  corps  et 
tous  autres  militaires  gradés  ,  de  punir  sévère- 
ment tous  les  hommes  qui  s'enivrent.  Le  bon 
ordre  et  la  santé  des  individus  de  l'armée  exi- 
gent ces  mesures  s  éveres. 

StgTie'AB.J.  Menou. 

Le  général  en  chef  voulant  imiter  les  grands 
exemples  d'indulgence  et  de  géiiérosiié  qui  sont 
donnés  à  tous  les  hommes  qui  gouvernent  , 
par  le  premier  consul  de  la  république  fran- 
çaise. 

Ayant  Surtout  égard  au  peu  de  connaissance 
que  les  habitans  de  1  Egypte  ont  de'nos  mœurs  , 
cle  nos  lois  ,  et  de  la  modéraiion  qui  préside  â 
toutes  les  actions  du  gouve  rneincnt  français  ,  or- 
donne ce  qui  suit  : 

Art.  \".  Tous  les  individus  égyptiens  qui  sont 
sortis  du  Kaite  ,  soit  par  craiate  de  nos  armes  , 
soit  pour  éviter  de  payer  une  partie  de  la  con- 
tribution imposée  sur  cette  ville,  sont  autorisés 
à  rentrer  dans  leurs  foyers.  Ils  y  seront  pro;égés 
par  toutes  les  administrations  civiles  et  militaires  , 
et  jouiront  en  toute  sûreté  de  leurs-biens  et 
propriétés. 

II.  Cette  faveur  qui  leur  est  accordée  ,  n'aura 
lieu  que  jusqu'au  l"  brumaire  prochain.  Ce 
terme  est  de  rigueur.  Passé  cette  époque  ,  les 
biens  et  propriétés  de  ceux  qui  ne  seraient  pas 
rentrés  ,  seront  acquis, et  confisqués  au  profit  de 
la  république. 

III.  Les  biens  et  propriétés  qui  auraient  pu  être 
séquestrés  jusqu'à  ce  jour,  seront  rendus  aux 
propriétaires  qui  se  trouveraient  dans  le  cas 
prévu  par  l'ariicle  I^'  ,  pourvu  qu'ils  acquittent 
la  portion  de  contribution  extraordinaire  à  la- 
quelle il  avaientété  imposés. 

IV.  La  grâce  accordée  par  le  présent  ordre  , 
sera  commune  à  tous  Us  individus  de  1 E- 
gypte,  qui  se  trouveraient  dans  les  cas  prévus 
ci-dessus, 

Il  est  à  observer  que  le  général  en  chef  n'en- 
tend parler ,  dans  le  présent  ordre  ,■  que  des 
individus  qui  auraient  émigré  depuis  la  dernière 
entrée  des  français  au  Kaire.  Les  propriétés  de 
ceux  qui  auraient  émigré  avant  cette  époque  , 
sont  et  demeureront  irrévocablement  acquises  au 
profit  de   la  république, 

V.  Les  généraux  commandant  les  provinces  , 
le  directeur-général  et  comptable  sont  chargés  , 
chacun  en  ce  qui  les  concerne  ,  de  l'exécution 
du  présent  ordre  qui  sera  traduit  en  arabe  ,  im- 
primé, publié  et  affiché  dains  les  deux  langues , 
dans  toutes  les  parties  de  1  Egypte. 

Signé  Ab.J. Menou. 

Ordre  du  jour  du  li  vendémiaire  an  9. 

Règlement  sur  toutes  le»  parties  de  l'adminis- 
tration des  vivres. 

Le  citoyen  Larrey  ,  chirurgien  en  chef  de  l'ar- 
mée, ouvrira  ,  le  i^'  brumaire  ,  un  cours  d'ana- 
tonaie  et  de  chirurgie  dans  le  même  ordre  que 
les  années  précédentes  ,  à  l'hôpital  de  la  Fermé 
d'Ibrahym-bey  ,  à  quatre  heures  et  demie  précises 
du  soir. 

Les  conférences  de  chirurgie  chimique  se  con- 


tinueront tous  les  primedi ,  à  huit  heure»  du 
matin. 

Tous  les  chirurgiens  présens  au  Kaire  sont 
invitéj  à  assister  à  ces  différens  cours. 

Dans  les  hôpitaux  d  Alexandrie  ,  Damiette  et 
Rosette,  il  sera  fait,  autant  que  les  circonstances 
le  permettront ,  des  cours   analogues. 

Ordre  du  four  du  19  vendémiaire  an  9. 

Menou,  général  en  chef,  ordonne  ; 

Art.  1".  L'article  IX  de  l'ordre  du  jour  du  20 
fructidor  an  8  ,  concernant  l'impôt  appelé  Beït' 
et-mal  ,  sur  les  successions  ,  est  applicable  au» 
français  qui  décedeot  en  Egypte. 

II.  Quant  aux  militaires  fesant  partie  des  diffé- 
rens corps  de  l'armée  ,  les  conseils  d'adminis- 
tration continueront  à  être  chargés  de  la  liquida- 
tion des  successions  ,  et  en  versecont  le  montant 
net  dans  la  caisse  des  préposés  du  receveur  prin- 
cipal de  l'Egypte,  après  l'acquit  des  dettes  léga- 
lerpent  contractées. 

III.  Quant  aux  employés  des  différentes  admi- 
nistrations ,  la  commission  composée  des  citoyen» 
Régnier,  commissaire  dts  guerres  ;  Cazabianca  , 
chirurgien  de  première  classe;  et  Laselve  .  em- 
ployé des  subsistances  ,  contiauera  de  liquider 
les  successions,  et  en  versera  également  le  mon- 
tant dans  la  caisse  du  receveur  principal  ,  aptes 
l'acquit  des  dettes  légalement  contractées. 

IV.  Les  différens  chefs  d'élat-majox  continue- 
ront ,  chacun  dans  leur  corps  ,  à  liquider  les 
successions  ,  en  se  conformant  aux  mesures  pres- 
crites par  les  articles  ci-dessus. 

Signé,  Az.  ].  Menoi/. 

Ordre  du  jour  du  20  vendémiaire  an  g. 

Règlement  sur  la  contribution  que  doivent  payer, 
dans  les  villes  ,  les  corporations  de  maicbanJs, 
d'ouvriers  et  d'artisans  de  toute  espèce  ,  établis 
pour  la  décharge  des  habitans  des  campagnes  et 
des  propriétés. 


Menou  ,  général  en  chef,  voulant,  d'après  le» 
principes  de  justice  distribiitive  ,  qui  doivent  taire 
la  base  de  tout  bon  gouvernement,  que  l'impo- 
sition soit  supportée  'en  partie  ,  par  toutes  les 
nations  qui  établies  eti  Egypte  ont  droit  à  la  pro- 
tection des  lois,  ordonne  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  Les  nanpns  copbte  ,  syrienne  et  damas- 
quine ,  grecque,  juive  ,  et  tous  les  individus  qui , 
quoique  de  différentes  nations  européannes  ,  for- 
ment en  Egypte  un  corps  connu  sous  le  nom  de 
francs  ,  seront  annuellement  soumises,  à  dater  du 
I"  vendémiaire  an  9  ,  à  une  imposition  person- 
nelle ,  dans  la  proportion  suivante  ;  savoir  : 

La  nation  cophie,  comprenant  tous  les  individus 
de  cette  tribu  qui  existent  en  Egypte  ,  paiera  an- 
nuellement la  somme  d'un  million 
de  France,  ci.     ....  .     1,000,000  fr. 

La  nation  syrienne  et  dans  as  quinev 
ou  d'autres  cantons  de  l'Asie  ,  mais 
réunies  sous  la  religion  catholique  , 
paiera  annuellement  la  somme  de 
cent  cinquante  mille  francs  ,  ci.      .        l3o,ooo 

La  nation  grecque  qui  réunit  tout 
ce  qui  est  en  Egypte  sous  l'obé- 
dience dupatriarchegrec  ,  résidant 
au  Kaire  ,  paiera  annuellement  la 
somme  de  cinquante  mille  francs  , 
ci 5o,ooo 

La  nation  juive  ,  comprenant 
tous  les  individus  de  cette  tribu 
cxistans  en  Egypte  ,  paiera  annuel- 
lement la  somme  de  trente  mille 
francs ,  ci ,    -3o,ooo 

La  nation  franque  ,  comprenant 
tous  les  individus  européans  exis- 
tans  en  Egypte  ,  paiera  annuelle- 
ment la  somme  de  quarante  mille 
francs  ,  ci 4°yO<*(> 

Tbtal  général     ....     1,270,000 
Les  articles  suivans  contiennent  les  dispositions 
réglementaires  pour  l'assiette  ,  la  répartition  et  la 
perception. 

Ordre  du  jour  du  92  vendémiaire  an  9. 

Le  général  en  chef  fait  connaître  à  l'armée  le 
rapport  du  ministre  de  la  police  générale  sur  le» 
intrigues  du  comité  anglais  à  Pans. 

Ordre  du  jour   du  ï3  vendémiaire   an  9. 

Extrait  de  la  lettre  écrite  par  le  citoyen  Higonet , 
chef  de  bataillon  à  la  8b'  demi-brigade  de  ligne, 
au  général  en  chej  Menou.  —Au  quartier-général 
du  Kaire  ,  le  »3  vendémiaire  an  9  de  la  république 
française,  une  et  indivisible. 

Mon  Général, 

A  la  bataille  d'Héliopolis ,  au  siège  du  Kaire  , 
plusieurs  grenadiers  du  corps  où  je  sers  furent 
blessés  et  transféré»  à  l'hôpital.  Le  nombre  de» 
blessés  rendait  les  ressources  da  cet  établissement 
insuffisantes.  L'ame  des  grenadier» ,  qui  ,  chacun 
à  leur  tour  ,  allaient  soigner  leurs  camarades 
blessés,  en  fût  vivement  émue,  et,  quoique  la 
solde  fût  alors   arriérée,  tout,  d'un  mouvement 


354 


spontané  ,  d'un  accord  unanime,  pourvurent  aux 
moyens  de  faire  à  ces  malheureux  une  solde  de 
dix  sous  par  jour. 

Ceux  que  les  hasards  des  comba:s  n'avaient  pas 
respectés  ne  ress=ntir(;nt  pas  seuls  les  eHets  de  la 
gSPSreyse  amilé  de  leurs  corapagnoos  d  arrats  ; 
deux  dViitre  eux  ,  privés  de  la  vue  par  suite  tl'utie 
ophialmit  opiniâtre  ,  out  été  aussi  Tobjet  de  lêi.'rs 
sollicitudes  Irateruflks  :  les  L.renadiers  ,  instruits 
que  ces  d^-ux  homnjes  devaient  retourner  en 
France  ,  leur  ont  lait  passer  à  chacun  5o  liv. ,  afin 
<]u  ils  pussent  sc-  procurer  quelques  douceurs  du- 
rant la  traversée. 

Mon  géaér.il ,  j^  me  serais  dispensé  de  vous  ins- 
truire de  ces  paiiiculaiités  ,  si  je  ne  savnis  avec 
quel  plaisir  vous  apprent- z  Ks  traits  qui  font  l'éloge 
des  sold.as  que  vo'JS  commandez,  traits  qui ,  sous 
tQus  les  rapports  ,  sont  plus  intércssans  pour  l'es- 
pèce humaine,  que  tous  ces  briOans  liens  dont 
retentissent  sans  cesse  tous  les  journaux  d'Eu- 
rope. 

Mon  général,  recevez  Ihoramage  dc-s  setiiimens 
d'esiiniL'  t-tde  dévouement  avec  lesquels  j'ai  l'hon- 
neur d'être  , 

Votre   subordonné  , 

Signé  ,    HiGONET. 

Avec  de  tels  hommes  ,  on  ferait  la  conquête  du 
monde  ,  et  on  lui  donnerait  l'exemple  des   vertus 

les  plus  sublimes. 

Le  gênerai  en  chef,  i/g-7!«  Ab.  J.  Mënou. 

Ordre  du  jour  du  26  vendémiaire  an  9. 

Tiix  moyen  des  denrées  et  marchandises  formant  la 
cargaison  des  trois  bateaux  entrés  dans  le  port 
d'Alexandrie  en  fructidor  dernier-,  relevé  sur  les 
diverses  déclarations  de  ventes  ,  faites  au  bureau 
de  ta  douiine ,  inclusivement  au  16  vendémiaire 
an  g  ;  savoir  : 

"Vin  vendu  à  div.  prix ,  revient  à  S5  médins  l'okke. 

Tabac  idem •.   •    •  100  médins  l'okke. 

Huile  d'olive  a   été  vendue   .     65  médins  l'okke. 

Fiomage  tdèm .     60  médins  l'okke. 

Drap  ordinaire  idem.      .    .    .   3oo  mé   ins  le  pic. 

Amadou  idem 120  médins  l'okke. 

O  ives  idem i3  médins  l'okke. 

Savon 72    pataquès     de 

40  médins  le  quintal  tuik. 
Tabac  en  pr.udre  idem    .    .   .    i38  médins  l'okke. 
Le  général  de  division  ,  signé  Lanusse. 
Signé  ,   As.  J.  Menou. 

Ordre  du  jour  du  s8  vendémiaire  an  9. 
Menou  ,  général  en  chef,  ordonne  : 
Art.  I".  Le  citoyen  Regnaut ,  membre  de  la 
commission  des  arts  ,  est  nomaié  essayeur  général 
e:i  Egypte  des  matietes  d'or  et  d'argent.  11  rem- 
plira en  même-.ems  les  fonctions  de  contrô'eur  à 
la  rhaujue  sur  lesaites  matières  dans  l'arrondisse- 
ment du  K  lire.  Il  est  en  outre  c'nargé  de  désigner 
au  directeur  général  et  comptable  des  revenus 
publics  ,  les  i-.jdividus  propres  par  leurs  talens  et 
leur  probité  à  toute  épreuve ,  à  remplir  les  places 
de  contiôleur.  à  Syouth  ,  Damiette  ,  Rosette  , 
Alexandrie.  Le  directeur  gécéral  et  comptable 
les  présentera  au  général  en  chef  qui  prouonctra 
définiiivenoeul  sur  leur  nomination. 

IL  Le  directeur  général  et  comptable  est  chargé 
de  présenter  au  yénéral  en  chef  un  rapport  ,«ur 
1.  s  fonctions  détaillées  de  l'essayeur  générar  et 
des  contrôleurs  ,  «insi  que  sur  le  traitement  qui 
doit  leur  être  accordé.' 

Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

Ordre  du  jour  du  29  vendémiaire  an  g. 
MtNOU  ,  général  en  chef,  ordonne  : 
Alt.  1^'.  Le  mois  de  vendémiaire  sera  payé  à 
toute  l'armée  ;  la  marine  est  comprise  dans  cette 
mesure:  le  directeur  général  et  comptable  d  s 
revenus  publics  donnera  des  ordres  pour  que 
drs  fonds"  soient  envoyés  sans  retard  dans  les 
provinces  où  les  préposés  du  receveur  principal 
c'en  auraient  pas  de  suffisans  pour  acquitter  la 
«olde. 

IL  Le  paiement  de  solde  ordonné  par  l'article 
ci-dessus  ,  commencera  ,  pour  les  troupes  qui 
sont  au  Kaire  ,  le  1''  brumaire,  chez  le  payeur 
de  l'armée. 

m.  Les  troupes  ne  recevront  leur  solde  que 
pour  dix  jours  à  la  fois,  de  m  niere  que  dans 
Jei  premiers  jours  de  brumaire  elîes  recevront  la 
prerniere  décade  de  veiidemiaire ,  et  ainsi  de 
suiie  ,  en  observant  que  la  seconde  décade  de 
"  vendémiaire  sera  payée  le  10  brumaîre,  la  troi- 
sième le  20  du  même  mois ,  et  ainsi  de  suiie  tous 
les  autres  mois  ;  ce  qui  n  éprouvera  aucune  diffi- 
culté ,  puisque  les  caisses  des  corps  contiendront 
toujours  uii  mois  d'avance. 

IV.  Le  général  en  ch -f  ordonne  que  toutes  les 
dépenses  de  l'arraéi,'  soient  payées  avec  la  même 
régularité  ,  pour  les  difFérens  services  ,  a&o  qu'il 
n'y  ait  pas  le  moindre  prétexté  aux  entrepreneurs 
et  fournisseurs  ,  pour  nCj  pas  fourt:ir  ce  à  quoi 
ils  se  sont  engagés  ,  ou  pour  ne  pas  payer  leurs 
employés,  Eri  con$équtnce  ,  tout  les  dix  jours  le 


commissaire  ordonnateur  en  chef  de  l'armée  fera 
connaître  le  montant  déiaillé  d^s  dépenses  de 
tous  les  services,  au  général  en  chef  qui  in  or- 
donnera le  piicment  ;  et  ce  paiement  n_'  sera  pas 
effectué  en  ordonnances  qui  soiiveil  n'étaient 
remboursées  qu'un  an  après  ;  ma^s  ,  ainsi  que  la 
solde,  il  sera  effeciué  en  argent  inniptrtnt;  d'ici 
:i  peu  de  jours,  le  mode  à  suivre  par  l-;s  différens 
chargés  de  se, vices,  pour  dresser  les  états  d^ 
dépenses,  ei  1.  s  Caire  passer  au  commissaire  or- 
donr.a'eur  en  chef  de  l'armés  ,  sera  iuséré  à  i'or- 
die   du  jour. 

V.  Les  généraux  commandant  les  provinces  , 
les  places  ,  les  divisions  ,  l'artillerie  et  le 
génie  ,  les  chefs  de  la  marine,  l'ordonnateur 
tn  clu-f  de  l'aimée  ,  le  directeur  général  tt  comp- 
table ,  et  tous  les  chefs  de  corps ,  chacun  dans 
ce  qui  le  concerne  ,  sont  chargés  de  l'exécution 
du  présent  ordre. 

Signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

Le  général  de  brigade,  chef  de  ïétat-major  général. 
Signé,  Lagrange. 
L'adjudant-général ,  sous-chef  de  l'état-major  général, 
René. 

Ordre  du  jour  du  3o  vendémiaire  an  g. 

Menou  ,  général  en  chef,  nomme  à  la  place 
d'inspecteur  aux  revues  des  troupes  françaises 
acuelleraent  en  Egypie  ,  le  cit.  Daurequi  a  rempli 
jusqu'à  ce  jour  les  fonctions  d'ordonnateur  en 
chef  de  l'armée. 

Le  citoyen  Sartellon  .  commissaire  -  ordonna- 
teur ,  est  nommé  commissaire  -  ordonnateur  en 
chef  de  l'armée  d  Orient  ;  il  commencera  ses  fonc- 
tions à  dater  de  demain  ,  i^'  brumaire. 

Signé ,  Ab.  J.  Mfnou. 


Le  général  en  chef  voulant  .  conformément  aux 
grandes  vues  qui  dirigent  aujourdhul  le  gouver- 
nement français  ,  apporter  dans  l'adrainisiration 
de  l'armée  d'Orient  une  éconoiuie  qui,  sans  nuire 
au  bien  du  service,  en  réduise  les  dépenses  au 
strict  nécessaire  ; 

Considérant  aussi  qu'en  supprimant  un  certain 
nombre  des  administateurs  ,  la  justice  exige  de 
pourvoir  à  l'entretien  honorable  de  ceux  qui  se- 
ront supprimés  ; 

Considérant  encore  ,  qu'il  est  de  l'intérêt  de  la 
république  de  les  employer  utilement  à  son  ser- 
vice ,  ordonne  ce  qui  suit  : 

An.  l".  Le  nombre  des  commissaires  des  guerres 
et  des  adjoints  qui  seront,  à  dater  de  demain  , 
I"  brumaire,  employés  à  l'armée  d  Orient,  est 
réduit  à  vingt-deux,  en  y  comprenant  le  commis- 
saire-ordonnateur en  chef  ,  et  deux  comxuissaires- 
ordonnateurs. 


Le  généiral  en  chef  ordonne  l'insertion  à  l'ordre 
du  jour,  de  la  noie  suivante  : 

La  division  aux  ordres  du  général  Rampon  ,  y 
compris  la  marine  ,  le  génie  ,  l'artilierie  ,  les  offi- 
ciers de  santé  ,  les  commissaires  des  guerres  ,  les 
chefs  et  employés  des  d  fFérenies  administrations  , 
a  souscrit  pour  la  somme  de  5, 161  et  une  livres, 
qui  doit  être  employée  à  la  construction  du  mo- 
nument qui  va  être  élevé  en  France  à  la  mémoire 
du  brave  général  Desaix ,  tué  à  la  bataille  de 
Marengo. 

Ordre  du  jour  du  1"  brumaire,  an,  9. 

Menou  ,  général  en  chef,  voulant  prociireraux 
officiers  de  sanié  de  l'armée  ,  aux  naturalistes  et 
à  ceux  qui  s'occupent  de  la  dissection  des  corps, 
les  moyens  d'étudier  l'anatomie  comparée  ,  or- 
donne ce  qui   suit  : 

Art.  I''.  Il  sera  établi  dans  le  bâtiment  qu'on 
dispose  à  1  î  e  de  Raoudah  pour  le  dépôt,  des 
remontes  ,  une  salle  de  dissection  è.e.  touics  les 
espèces  d'animaux.' 

IL  Le  citoyen  Loir  ,  artiste  véiérinaite  distin- 
gué ,  et  attaché  à  ce  dépôt,  donnera  dans  letle 
salle  des  leçons  de  zootomie  qui  serviront  à  l'ini- 
truciion  des  chirurgiens  ,  et  particu  iéreraent  à 
celle  des  artistes  véîénnaires  de  l'armée.  Les' 
citoyens  attachés  à  la  commission  des  arts  ,  et 
qui  s'occupent  particulièrement  de  l'étude  des 
animaux  peu  conr>us  sous  le  rapport  de  l'atiato- 
mie  ,  pourront  aussi  y  faire  toutes  les  dissections 
qu'ils  jugeront  nécessaires  pour  les. progrès  d'une 
science  si  utile  ,  mais  qui  exige  un  travail  con- 
tinuel. 

III.  Les  officiers  de  santé  en  chef  de  l'armée  s* 
concerteront  avec  le  général  Sansoa  ,  comman- 
dant l'arme  du  génie  ,  pour  l'exécuiion  du  pré- 
sent ordre. 

Signé,  Ab.J.  Menou. 


SAVOIR 


Les   citoyens  , 
Sartellon,  commissaire 
ordonnateur  en  chef. 


Laigle  ,      commissaire- 
ordonnateur. 
Raymondon  ,  idem. 

Duprat ,  commissaire  de     Capus ,  commissaire  de 
première  classe.  première  classe. 

YiegmtT ,  idem.  Hîgjom  .  idem. 

Pinet ,  idem.  Colbett  (Edouard) ,  id. 

Colberi  (Alphonse] ,  id.     Tardieu  ,  idem. 

Tranchant,  îï^ÉOT.  Sdplz  ,  .idem. 

Legois ,  idem.  Agard  ,  adjoint. 

Duval  ,  idem.  Ludieres  ,  idem. 

Robineau  ,  idem.  Mony  ,  idem. 

Li'pcre  ,  idem.  Maupetii  ,  idem. 

Deriard  ,  idem. 

IL    Le    commissaire-ordonnateur   en    chef   de 

l'armée  distribuera  les  commissaires  ci-dessus  dé- 
nommés ,  dans  les  différentes  places  de  l'Egypte  , 

ainsi  qu  il  le  jugera  nécessaire   pour  le  bien   du 

ser%nce. 

III.  Les  citoyens  dénommés  ci-dessous  ;  savoir  : 

Raybaud  ,  Pariant  , 

Rolland  ,  Jacquin  , 

Dubuisson  ,  Viilards  , 

Picquét  ,  Morel  , 

Berangsr  ,  Montelegier  , 

Pinatel  , 

qui  sont  supprimés  d'après  les  articles  ci  dessus  , 
seront  attachés  aux  corps  qui  composent  l'armée, 
avec  le  grade  auquel,  dans  les  différentes  classes 
des  commissaires  des  guerres ,  ils  étaient  assimilés 
d'aptes  les  ordonnances  ,  en  observant  qu'ils  ne 
pourront  prétendre  qu'au  traitement  de  la  der- 
nière classe  du  grade  dont  ils  seront  revêtus  à  la 
suite  des  corps.  Ils  y  feront  le  service  qui  leur 
sera  ordonné  par  les  généraux  commandant  les 
divisions',  les  provinces  ou  lus  places  ,  ainsi  que 
par  les  chefs  de  brigade  commandant  les  corps. 

Ils  seront  susceptibles  d  être  choisis  pour  être 
adjoints  ou  aidcs-de-camp  ,  et-  pourront  con- 
courir pour  être  mis  en  activité  réelle  en  cas  de 
vacance  d'emploi   dans   les    corps. 

IV.  Le  général. en  chef  se  lésetve  d'employer  , 
quand  il  le  jug-ra  nécessaire  ,  dans  des  missions 
particuli-res ,  quelques-uns  dts  commissaires  des 
guêtres    supprimés. 

V.  Le  général  chef  de  l'élat-major-général  de 
l'armée  ,  prés^^nicra,  dans  le  plus  court  délai,  au 
général  un  chef,  un  état  du  placement  à  la  suite 
des  dilFerens  corps  de  l'armée  ,  des  commissaires 
des  guerres  supprimés. 


Menou  ,  général  en  chef  ,  ordonne  ce  qui 
suit  : 

Les  citoyens  Brunet ,  Hassenfratz  ,  Dussaut  et 
Saint-Chamans  sont  nommés  contiôleurs  à  la 
marque  sur  les  matières  d'or  et  d'argent  dans  les 
arrondissemens  de  Syouth  ,  Alexandrie  ,  Rosette 
et  Damiette  :  ils  seront  aussi  essayeurs  desmêmed 
matières,  et  percepteurs  des  droits  établis  par 
l'ordre  du  jour  du  14  fructidor,  et  par  celui  du 
20  du  même  mois  ,  qui  prescrit  plusieurs  mesures 
re/alives  à  leurs  fonctions. 

Ordre  du  jour  du  3  brumaire  an  g. 

Le  général  en  chef,  par  explication  des  ordre? 
du  jour  qui  créent  les  différens  droits  à  percevoir 
en  Egypte  jusqu'à  ce  jour  ,  ordonne  ce  qui  suit  ; 

Tous  les  individus  ,  de  rjuelque  nation  qu'ils 
soient,  même  français  ,  sont  soumis  au  paiement 
des  droits  établis. 

Signé  ,  Ab.  J.   Menou. 

Ordre  du  jour  du  4  brumaire  an  9. 

Menou,  général  en  chef,  prévient  l'armée  que 
la  mort  vient  d'enlever  à  la  république  un  de  ses 
plus  braves  et  plus  zélés  défenseurs..  . .  Le  générai 
de  division  Leclerc  ,  commandant  la  cavalerie  ,  a 
succombé  à  Rosette  ,  après  une  longue  maladie. 
Ce  général  était  distingué  par  ses  talens  ,  sa  mora- 
lité et  son  attachement  inviolable  à  la  république  ; 
il  avait  rétabli  et  organisé  la  cavalerie  sur  le  pied 
le  plus  respectable  ;  il  ne  s'occupait  que  de  ses 
devoirs  ,  et  de  tout  ce  qui  pouvait  procurer  aux 
troupes  qu'il  commandait  ,  aisance  et  bien-être. 
Ami  de  la  discipline  et  de  la  subordination  ,  il 
était  chéri  et  respecté  des  officiers  et  sold.ils  ,  qui 
toujours  savent  rendre  justice  à  l'impartiale  sévé-' 
rite   de  ceux  qui  les  commandent. 

Le  général  Leclerc  doit  être  regretté  de  tous 
ceux  qui  le  connaissaient  ;  sa  mémoire  doit  être 
honorée  par  tous  les  amis  de  la  patrie.  Le  fils 
qu'il  laisse  ,  élevé  par  un  tel  père  ,  sera  cher  à 
I  armée  qui  déjà  a  été  témoin  de  son  intrépidité 
dans  les   combats. 

Signé  ,  Ab.  J.  Menou,   . 

Le   général  en  chef  nomme  le  général  de  bri- 
gade Roize  ,  commandant  général  de  la  cavalerie 
française  et  étrangère  attachée  à  l'armée  d  Orient. 
Signé ,  Ab.  J.  Menou. 

Le  général  en  chef  ordonne  que  la  compagnie 
des  mameluks  de  Bauhelemy,  et  les  deux  compa- 
gnies de  cavaliers  syriens  ,  seront  réunies  pour 
ne  faire  qu'un  seul  et  même  corps  ,  organisé 
conformément  à  la  formation  d'un  régiment  de 
cavalerie  française.  * 

Ce  corps  ,  quoique  formé  à  la  française  ,  con- 
servera les  armes  en  usage  parmi  les  mameluks  : 
il  sera  toujours  employé  comme  troupes  légères 
à  la  guerre. 

Le  général  en  chef  charge  le  général  comman- 
dant la  cavalerie  ,  de  lui  présenter  incessamment 
un  rapport  sur  l'organisation  ,  le  vêtement ,  l'ar- 
mement ,  l'équipement  des  chevaux  ,  la  solde  et 
le  casernement  du  nouveau  régiment  de  cavalerie 
qui  portera  le  nom  de  régiment  des  mameluks  de 
la  République. 

~~  Signé  Ab.  J.  Menou. 


355 


Ordre  du  jour  du.  5  brumaire  an  g. 

Menou  ,  général  en  chef. 

Soldats  !  que  les  ministres  anglais  qui  niu  l'au- 
dace ,  ou  pour  mieux  dire,  la  folie  d  insulter 
l'armée  «Orient  dans  leurs  diatribes  parlemen- 
taires ,  viennent  en  Egypte  !  ils  y  recevront  des 
leçons  de  vertu  et  de  moralité. 

Stamphly  ,  sergent,  vaguemestre  de  la  division. 
Reynier,  a  pour  camarade  et  ami  iniirae  Lhuillicr , 
sergent  de  grenadiers  au  !"■  bataillon  de  la  g' 
demi-brigade  :  il  apprend  qur  son  ami  vient  de 
perdre  la  vue  à  la  suite  d'une  longue  ophtalmie  ; 
iur  le  champ  il  écrit  au  cit.  Boursi-r,  quaitier- 
maîire  trésoiier  de  la  g'  demi  -  bngade  ,  qu'il 
donne  pour  toujours  sa  paie  de  sergent  à  son  ami 
Lbuillier  ,  et  ce  ,  à  da  er  du  1='^  vendémiaire  an  g  , 
afin  qu'il  puisse  se  procurer  les  soulageraens  dont 
il  pourrait  avoir  besoin. 

Stamphly  !  la  république  reconnaissante  vous 
donne,  par  mon  organe  ,  le  titre  de  vertueux 
citoyen. 

Lhuillier!  vons  êtes  l'ami  de  Stamphly,  vous  ne 
pouvez  être  qu'un  brave  et  excellent  soldat;  à 
dater  du  i"  vendémiaire  dernier  ,  vous  aurez  un 
supplément  de  paie  de  douze  flancs  par  mois  ,  à 
"titre  de  pension  viagère. 

Le  directeur-général  et  comptable  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  ordre.  Ce  supplément  de 
douze  francs  par  mois  sera  payé  ,  sur  un  cerii- 
ficat  de  vie  ,  délivré  tous  les  mois  par  le  conseil 
■d'administration  de  la  g^  demi  -  brigade  ,  et  visé 

Îrar  un  commissaire  des   guerres  ,  ainsi  que  par 
es  officiers  généraux  de  la  division. 

Le  général  en  chef  ordonne  au  général  chçf 
de  l'état-major-général ,  de  faire  f^ire  pour  S  am- 
phly  un  sabre  garni  en  vermeil  ,  sur  lequel  sera 
gravé  : 

La  république  reconnaissants  , 
Au  vertueux  Stamphly. 
Un  exemplaire  de  lo:dre  du  jour  sera  adr-ssé 
directement  aux  sergens  Stamphly  et  Lhuillier. 

A  la  prise  de  JafFa,  'Vaucher  ,  grenadiers  la 
i3=  demi-brigade  ,  enlevé  deux  drapeaux  turks 
au  bastion  de  la  porte  Saint-Georges  ;  i'  fait  en 
même  tems  un  butin  considérable  l'eficts,  pré- 
cieux. Les  citoyens  Biaise  Ma  seille  Martin, 
vice-consul  à  JafFa  ;  Baptislf-Noël  Fouinillier  , 
François  Ingelfret',  fils  ,  ei  Vincent  Rey  ,  tous 
quatre  négocians  français,  et  Jean-Bapiisie  Santi 
Lhomaca  ,"  drograan  au  service  de  la  république 
française  ,  étaient  enfermés  dans  une  maison  par 
ordre  du  gouvernement  tuik;  ils  cou.aient  de 
grands  risques  :  ils  apperçoivent  le  grenadier 
Vaucher;  ils  lapp-Uent  à  leur  secours  :  ce  brave 
et  Vf  riueux  soldat  abandonne  son  butin  ,  garde 
seulement  ses  drapeaux  ,  vole  à  Uur  secours  , 
et  ne  leur  demand-  pour  toute  récomp -nse  ,  en 
leur  corfiant  les  drap  aux  ,  qu'un  certificat  de  sa 
conduire  ;  il  apperçoit  ensuite  un  de  ses  cama- 
lades  ,  et  lapp  11.  pour  l'aider  à  gatd  r  les  ci- 
'dessus  dénonjmés,  s  ns  songer  en  aucune  raa- 
tiiere  au  butin  qu  il  avait  abandonné,  et  à  celui 
qu'il  aurait  pu  f.rire. 

Vaucher,  je  vous  accordé,  au  nom  delà 
.république  ,     un     sabre    monté    en    vermeil.  Le 

fénçral  clief  de  l'état-major  général  est  chargé  de 
exécution  du  présent  ordre. 
Sur  le  sabre  sera  gravé  : 

La   république  reconnaissante  , 
Au  brave  et  vertueux  grenadier  Toucher. 
Vaucher  a  été  blessé  à  la  prise   d  Alexandrie  , 
et   dernièrement    à  la   bataille  d  Héiiopolis  ,    en 
«autant  dans  les  retranchemens  etmemis. 

Un  exemplaire  de  l'ordre  du  jour  sera  adressé 
idirecletûcnt  au  grenadii-r  Vaucher. 

Signé ,  Ab.  J.  Menou. 

PROCLAMATION. 
AU    NOiH     DE     DIEU     CLEMENT    ET     MISERICORDIEUX. 

Il  n'y  a  (le  Dieu  que  Dieu  ,  et  Mahomet  est  son  prophète. 

"Menoo  ,  général  en  chef  de  l'armée  française ,  aux 
habitons  de  l'Egypte.  — Au  quartier  -général  du 
Kaire  ,  /«  6  brumaire  an  g  de  la  république  fran- 
çaise  ,  une  et  indivisible. 

Habitans  de  l'Egypte,  écoutez  ce  que  j'ai  à 
vous   dire  au  nom  de  la  république  française. 

Vous  élii-z  malheureux  ;  l'armée  française  est 
vpnue  en  Egypte  pour  vous  porter  le  bonheur. 

Vous  gémissiez  sous  le  poids  des  vexations 
de  toute  espèce  ;  je  suis  chargé  par  la  république 
et  par  son  premier  consul  Bonaparte  de  vous 
en  délivrer. 

Une  muhitude  d'impôts  vous  enlevait  tout  le 
fruit  de  vos  travaux  ;  j'en  ai^détruit  la  plus  grande 
partie. 

Aucune  tegle  ne  fixait  d'iine  manière  précise 
«nul  ce  que  vous  deviez  p^yer  ;  j'en  ai  établi  une 
invariable.  Chacun  dorénavant  connaîtra  à  (juel 
«aux  s'élève  les  contiibiuions  ;  dans  chaque  ville  ,. 
dans  chaque  village,  dans  chaque  maison,  si 
cela  est  possible  ,  seront  affichés  et  publiés  les 
étals  de  ce  (juc  chacun   doit  payer. 

Le»  gens  puissaiis  et  les  grands  exigeaient  de 
vous  des  avanies  ;  je  vous  engage  ma  parole  que 
je  n'eu  exigerai  jamais.   Parmi  vous,   ceux  qui 


avaient  acquis ,  par  un  long  travail  ,  des  richesses 
et  de  lar^^eiit,  é-aient  obligés  de  les  cntouir  , 
inê;iie  dans  la  le,rre  ,  pour  empêcher  qn  elles  ne 
tombassent  ei.tre  les  inains  des  grands  qui  sans 
cess',-  épiaie;,t  loccasion  de  voui  les  ravir;  habi- 
tans de  l'Egypic  ,  je  votis  promets  ,  au  nom  tle 
la  lépubliqije,  devant  Dieu  e-t  son  prophète, 
que  ni  moi  ni  aucun  français,  tant  quil  me  res- 
tera un  cheveu  sur  la  têtu  ,  n'atttnierons  à  vos 
propriétés;  en  payant  exactement  l'impôt  fixé 
par  la  lor  ,  vous  serez  libres  de  jouir  de  tout 
ce  qui  vous  appartient  ,  sans  que  personne  puisse 
vous  en  empêcher,  ou  vous  demander  compte 
de  'vos   richesses. 

Les  grands  et  les  gens  puissans  vous  traitaient 
beaucoup  moins  bien  qu'ils  ne  traitaient  leurs  che- 
vaux et  leurs  chameaux;  vous  le  serez  dotcna- 
vani  par  les  français  et  par  moi ,  comme  si  vous 
étiez  nos  frères. 

Qjjand  les  percepteurs  du  myry  et  autres  con- 
tributions voyageaient  dans  les  provinces,  ,  ils 
étaient  accompagnés  d'une  foule  de  serviteurs  , 
de  dornestiques  ,  d'écrivains  ,:  de  kaouas  ,  qui 
tous  dévoraient  vos  propriétés  ,  et  vous  enle- 
vaient souvent  jusqu'à  votre  derniermédin;  il  n'en 
sera  plus  ainsi,  h. bilans  de  l'Egypte  :  si  quel- 
qu  un  de  ceux  qui  sont  destinés  par  moi  à  perce- 
voir les  impositions  ,  vous  prend  un  seul  médin 
au-delà  de  ce  qui  est  fixé  par  la  loi  ,  il  sera 
arrêté  ,  emprisonné  et  condamné  aux  châtimens 
les  plus  sévères.  La  république  fiançaise  et  son 
premier  consul  Bonaparte  m'ont  ordonné  de 
vous  rendre  heureux  ;  je  ne  cesserai  de  travail!  r 
pour  exécuter  leurs  ordres. 

Jusqu'à  présent  ,  les  moultézimes  des  vil'ages 
vous  demandaient  beaucoup  plus  qu'il  ne  leur 
appartenait;  cela  n'arrivera  plus.  Ce  que  doivent 
recevoir  les  moultézimes  ,  est  fixé  par  la  loi  : 
Je  vous  défends  de  leur  payer  un  médin  au-delà  ; 
et  si  l'un  d'euxest  accusé  et  convaincu  d'avoirexigé 
de  vous  pus  qu'il  ne  lui  revient  selon  la  loi  , 
il  perdra  sa  propriété. 

Souvent  les  cheykhs  el-beled  vous  vexent, 
vous  fonr  payer  des  avanies«qu'ils  partagent  avec 
les  mou  lézimes  ,  les  percepteurs  des  impositions . 
et  autres  grands  du  pays  ,  qui  n  ont  en  vue  q'ie 
leur  avarice  et  votre  ruine.  Ce  que  doivent  rece- 
voir pour  leurs  sa'aires  les  cheykhs  el-beled  ,  est 
fixé  par  la  loi  ;  et  si  l'un  d'eux  exige  quelque 
chose  au-delà  ,  il  perdra  sa  place  et  sts  pro- 
priétés. 

Dorénavant ,  vous  ne  nourrirez  plus  les  troupes 
qui  marcheront  dans  les  provinces  ,   que  dans  le 
cas  oià  elles  iront  pour  vous  faire  payer  des  con- 
tributions que  vous  n'auriez  pas  acquittées  dans  i 
le  tems  prescrit  par  la  loi  :  rjans  tout  autre  cas  ,  | 
elles  paieront   tout  c?  qui   letir  sera   fourni    pour  | 
leur  nourriture  ;  j'ai  donné  à  cet  égard  des  ordres 
à   tous   les   généraux  commandans.   Vous  voyez  I 
donc   bien    qu'il  ne   tient   encore   qu'à   vous    de  ' 
vous   épargner    de   grandes   dépenses   :  je   vous 
avertis  de  tout  ;  ce  sera  donc  vous  -  mêmes  ,   et 
non  pas  moi  ,  que  vous  devrez  accuser  du  mal 
qui  vous  arriverait. 

je  vous  avertis  encore  que  vous  ne  devez  de 
présens  à  personne.  Mon  devoir  et  celui  de  tous 
les  commandans  et  administrateurs  ,  est  de  vous 
écouter  ,  de  vous  donner  aide  et  pr-otection  , 
quand  vous  vous  conduisez  bien.  Je  défends  aussi 
à  vos  juges  d'exiger  de  vous  aucun  présens.  Dieu 
et  Mahomet  son  prophète  leur  ordonnent  de  vous 
rendre  la  justice  ;  je  le  leur  ordonne  de  même, 
en  leur  prescrivant  de  n'avoir  ,  dans  leurs  juge- 
mens  ,  égard  ni  au  riche  ni  au  pauvre  ,  mais  seu- 


le perincltcnt  ,  l'o.-ganisaiion  de  la  rraiine  françai'fr 
aciuellcnicnl  i/ti  Orient ,' de  ctfiie  qui  vient  détfe 
donnée  à  la  marine  de  la  répu'oliiiue  tn  Franco  J 
ordonne    ce  qui   suit  : 

Art.  1"'.  Le  citoyen  Leroy  .  ordonnateur  de  la 
marine  ,  est  nommé  préfet  m  iriiime  de  1  Egypte^ 

Sous  ses  ordres  seront  ,  pour  toute  l'Egypte: 

Le  citoyen  Guien  ,  ca))iiaine  de  vaisseau  , 
nommé  chef   militaire   et  chef  di;s  mouvcmens. 

Le  citoyen  Maillot  ,  comniissaire  principal  < 
nommé  chef  d'admiirifiratipn, 

Le  citoyen  Ferraud  ,  nommé:  chef  du  génie  d« 
la  marine. 

IL  Le  citoyen  Leroy  ,  préfet  maritime  ,  pré- 
seniera  très-incessamment  au  général  en  chef  ûa 
plan  d'organisation  pour  la  maiine  actuellement 
en   Egypte. 

IIL  II  correspondra  directement  avec -le  gé- 
néial  en  chef  ,  et  lui  rendra  compic  -iircctemcnt  , 
tous  les  dix  jours  ,  de  tout  i  e  qui  a  rapport  ,  tant 
au  matériel  qu  au  personnel  dt  ia  maiinc,  ainsi 
qu'à   l'administration. 

Signé  Ab.  j-  Menou. 

Ordre  du  jour  du  8  brumaire  an  g. 

Le  général  en  chef,  voulant  prononcer  unifor- 
mément sur  tou'.es  les  réclamations  qui  lur  sont 
fiit--s  par  les  femmes  qui  or.t  pcdu  leuis  maris  de- 
puis que  l'armée  est  en  Egypte  ;  corjvainci)  dç  la 
nécessité  de  venir  à  leur  secours  ,  la  justice  'lui  en 
fesant  même  un  devoir  impérieux  ,  açrête  'ce  qui 
suit  :  ■  '■ 

Art.  I''.  Toute  femme  ,  veuve  d'un  miiitaire''OU 
de  tout  autre  individu  attaché  au  service  de  {"ar- 
mée ,  recevra  la  n;êrne  solde  dont  jouissait  son 
mari  à  l'épor^ue  de  sa  mon  ;  et  ce ,  depuis  le  vo- 
lonti.ire  jusqu'au  grade  de  sous-lieutenant  inclusi'- 
veincnt.  >- 

II.  Toute  femme  ,  veuve  d'un  lieutenant,  capi- 
taine et  autres  grades  supérieurs  ,  ou  d  un  eixi- 
ployé  dont  le  traiiernenl  correspondait  à  un  d-e 
ces  grades  ,  recevra  cent  livres  par  m'ois  a  titre 
de   secours. 

III.  Les  femmes  qui  auront  perdu  leurs  maris,  et 
qui  condnucront  de  rester  à  la  suite  des  corps', 
comme  blanchisseuses,  vivandières,  e^c.  joui- 
ront en  ouire  d'une  ration  de  vivres  accordée  aux 
niillaifes. 

IV.  Il  n'y  aura  que  les  fernraes  légitimement 
mariées  et  reconnues  pour  tedes ,  qui  pourront 
avoir  droit  aux  bieutaiis  des  articles  ci-dessus.  Si 
elles  se  sont  remariées  depuis  ia  mort  d.  leurs 
maris  ,  elles  ne  seront  plus  fondées  a  faire  aucune 
réclamation. 

V.  Le  général  en  chef  prononcera  sur  tculès  \éa 
demand  s  tjui  devront  toujours  èite  aiicstées  par 
les  conseils  ei'administratioa  ,  visées  par  ,ies  offi- 
ciers généraux;  par  le  chef  de  l'eiat-m.'jor-gé- 
néral  ,  si  le  mdltaire  ne  tient  à  aucun  corps;  par 
les  ch:  fi  dvs  administrations  ,  s'il  est  employé  au 
service  de  l'armée  :  dans  ce  clerniç'r  cas  ,  elles  de- 
vront toujoirrs  être  visées  par  l'ordoniiaieur  en 
chef.  ,  . 

Sîg-ne  Ab.J.  MenoB.  ' 
Ordre  du  jour  du  g  brumaire 'an  g. 

La  çérétnopi.e  funèbre  en  l'honneur'  du  général 
Desaix  ,  aura  lieu  ap.ès:  dem-ain",  n  du  courant. 

A  six  heui;es  et  demie  du  mati.n  ,^i\  sera  fait  une 

décharge,  par  U   grande    batte  ie  'de   la  ciiàdeil*; 

une  demi^heureapiès  ,  les  troupes  '(itendront  lés 

aimes,   et  se 'rendront   à  la   0;liu'bbéh  ,  où   éll'és 

1  ..-,  .  .,-,.,  .     seront  placées   par  des    officieTï   de  féia;-m 'ior, 

lement  a  leur  conscience  et  a  la  vente:  eux  qui     sur  le  lerrein  quelles  doivent  occupe,-.  . 

Un   détachement    de   5o   hommes    de    cha'rjt^'e 


contreviendraient  à  cet  ordre  ,  seront  punis  sévè- 
rement. 


Je  viens,  ô  habitans  d'Egypte  .  de  créer  un  tri- 
bunal suprême  au  Kaire  :  il  est  composé  des 
cheykhs  les  plus  recommandables  par  leur  sa- 
gesse ,  leurs  vertus  et  leur  désintéressement;  ils 
sont  destinés  à  maintenir  la  religion  dans  sa 
pureté  .  et  à  vous  juger.  Je  suis  convaincu  qu'ils 
s'acquitteront  de  leurs  fonctions  ,  ainsi  que  doivent 
le  faire  des  hommes  qui  craignent  Dieu  et  son 
prophète  ;  mais  je  vous  déclare  ,  ainsi  qu'à  eux  , 
que  si  ,  ce  que  je  ne  puis  croire  ,  ils  manquaient 
à  leurs  devoirs  ,  ils  seraient  punis  avec  la  dernière 
sévéïilé. 

Livrez-vous  aux  soins  de  vos  affaires  ,  de  votre 
commerce  ;  cultivez  vos  terres  ;  partout  v'ous 
n'avez  dans  les  français  que  des  amis  généieux  , 
des  proteceurs  et  des  défenseurs  :  je  voes  le 
jure  ,  au  nom  du  Dieu  vivant ,  au  nom  du  Dieu 
qui  voit  tout,  qui  dirige  tout  ,  et  qui  connaît 
jusqu'au  plus  secrettes  pensées  de  nos  coeurs. 

Le  général'en  chef  de  l'armée  française  ., 
Signé,  Ab.  J.  Menou. 

Le  généra'  en  chef  donne  connaissance  à  l'arrriée 
de  différentes  lettres  arrivées  de,  France  par  un 
bâtiment  entré  le  i"  brumaire  à  Alexandrie. 

Ordre  du  jour ,  du  6  brumaire,  an  g. 

Menou  ,  général  en  chef,  considérant  qu'il  est 
utile  de  rapprocher ,  autant  que  les  circonstances  I 


demi-brigade,  ainsi  que  "le  Ijaiaillori  de  sapeur^', 
les  aérostiers,  un  régiment  de  cavalerie  ,--»5 
hommes  des , dromadaires  ,  et  un  déra  hement  de 
l'artillerie  à  pied  ,  se  rendront  :i  la  liiême  he'iïi'e 
sur  la  place  Ézbckyéh.  '  '  "  .'"f 

A  hrjii  heures  ,  les  o-iEciers-génèaux  .  les  chefs 
d'administrations  milita  res^t  civiles,  les  membres 
de  l'institut  et  de  la  commissioiï  des  arts  ,  les 
guides  à  pied  et  achevai  ,  les  c.faeykhs  et  grands 
du  pay^  ,,ïS,C'rendront  au  quartier-général. 

Aneuf  helires  ,•  le  départ  sBr:(  annoncé  psr  tihi 
coup  de  canOta  d'une  des  pièces  de  la  porte  ^«s 
Pyraiiiides'. 

'     La  m-^rchê  aura  lieu  dans  l'drdr^  j^ulvajjl;   ,'  °'j' 

Les  dromadaires  ,  '   ^' '   ■"' 

Les  sapeurs .  '  •  ''  ■"°^'  ■"'*■'''>*  '* 

Les  aérostiers,  '-Trioi 

L'artillerie  à  pied  , 
•   Ui;ie  musique  ;  .' 

Les  déiacbtmens  des  demi-brigades, 'dans'ieïïr 
ordre  né  bataille  ,  '''',i    '  "  '      , -.n  ,  b 

•  Les  cheykhs  el,  gf'inds  du  pa.y9, 

Un,  peloton  des  guides  à  cheval;  { 

La  musique  des  guides  ,  ■ 

Le   quartier-géné  al  , 

Les  guides  à  pied  forrinànt  la  haie, 

Les  chefs  d'aidniinistralions  , 

Les  membres  de  l'institut  et  officiers  civils  , 

Les  guides  à  cheval  , 

Le  piquet  du  général  en  chef; 


La  marche tera  fermée  parle  régiment  decava- 
iexie. 

Le  commandant  du  Kaire  veillera  a  ce  que 
chacun  connaisse  la  place  qu'il  doit  occuper. 

La  marche  sera  dirigée  sur  le  pont  du  Mousky. 
la  tue  du  Petiihouars,  celle  des  Victoires,  et 
la  porte  Kleber. 

Arrivés  à  la  Qpubbéh ,  les  détachemens  qui 
seront  venus  avec  le  quartier-général  rentreront 
à  leur  corps. 

Les  sapeurs  et  aérostiers  seront  placés  par  un 
officier  de  l'état-raajor  ,  à  leur  rang  de  bataille. 

Lorsque  le  quartier-général  sera  arrivé  au  lieu 
du  rassemblement  ,  l'artillerie  fera  une  décharge 
qui  sera  répétée  par  toutes  les  troupes. 

Les  officiers  supérieurs  se  rendront  auprès  du 
général  en  chef,  pour  entendre  l'oraisori  funèbre: 
après  qu'elle  aura  éié  prononcée,  l'artillerie  fera 
une  seconde  décharge  ,  qui  sera  également  répé- 
tée par  les  troupes  qui  déhleront  ensuite  dans 
l'ordre  qui  leur  sera  prescrit. 
Le  général  de  brigade,  chef  de  l'état-major  général , 

Signé,  Lagrange. 
L'adjudant  général,  sous-chef  de  l'état-major-général, 
René.    ~ 


356 

ler  jamiier*  J«  profitai  de  cette  occasion  pour  aller  voir  mes 


amis  à  Smyrne 


h  Foggia  bi 


pro" 


à  tems  pou 

uisit  à    Scio  ,    où  nous 

;    un  bon     vent   noUs 

Nous  n'y  aurions    pas 

pas,  porté  que  je 

Sidncy    Smith,    afin    de  le 

;  rintention  de  prendre   de 

de  guerre  que  nous  devions 


COURRIER    D'EGYPTE. 

N**.  70.    21  prairial  an  8. 

Extrait  du  Journal  de  M.  Morier  ,  secrétaire  de 
S.  E,  le  lord  Elgin  ^  ambassadeur  extraordinaire 

'  et  ministre  plénipotentiaire  de  S.  M.  B.près  la 
sublime  Porte, 

M.  Morier  était  venu  du  camp  du  grand-visir  au  quartier- 
général  de  Tarmée  française  ,  pour  y  entamer  des  négociations 
au  moment  où  éclata  la  rupture  de  la  convention  d*el- 
A'rich.  Quand  il  appiit  la  victoire  d'Héliopolis  ,  il  s'éclipsa 
ave»  une  rapidité  incroyable  ,  et,  dans  le  désordre  que  cet  évé- 
nement avait  jeté  dans  sa  tête  ,  il  oublia  à  Damictte  une  partie 
de    ses  papiers  ,  et  notamment  son  journal  ou  Pocket-Book, 

En  faisant  connaitre  ce  recueil  de  notes  ,  nous  n'imiterons 
point  l'exemple  plus  qu'indiscret  et  souvent  odieux  ,  donné 
par  les  compatriotes  de  M.  Morier,  en  publiant  des  lettres  par- 
ticulières ,  et  qui  ne  contenaient  que  des  affaires  domestiques  , 
sans  avoir  le  moindre  rapport  avec  les  intérêts  publics  et  res- 
pectifs des   nations   belligérantes. 

Nous  croyons  cependant  devoir  annoncer  que  si  ,  peu  satis- 
faits de  notre  modération  ,  ceux  qui  en  recueilleront  les  fruits 
élevaient  quelques  doutes  sur  notre  véracité  ,  nous  sommes 
prêts  à   livrer  les  papiers   originaux  à  l'impression. 

A  bord  de  la  Marie-Anne  en  mer  ,  à  la  hauteur 
de   Rhodes  ,    22  janvier   i8oo. 
■    Nous   arrivâmes   à   Constaulînople   le  6   novembre  1799. 

Vers  te  . .  de  décembre  ,  TanibassadcuT  était  débarrassé  de 
£es  deux  audiences  ,  et  nous  étions  tous  établis  assez  bien  dans 
le   palais   de  France. 

Je  me  proposais  de  jouir  de  tout  le  plai 
que  l'agréable  situation  où  je  me  trouvais  pouvai 
sanb  «lever  mes  vues  plus  haut;  car  je  croyais  appercevoir  une 
si  grande  indifférence  de  la  part  du  lord  Elgin  envers  ceux  qui 
étaient  le  plus  immédiatement  sous  sa  dépendance  ,  que  je  ne 
m'attendais  guère  ,  tandis  que  je  resterais  avec  lui  ,  à  m'élever 
au-dessus  du  poste  subalterne  que  j'occupais  en  partant.  Ce- 
pendant j'eus  la  satisfaction  d'observer  que  j'avais  gagné  sa  con- 
fiance ,  car  il  me  laissait  voir  tous  ses  papiers  ;  il  était  en 
général  communicaiif,    et  avait  des   attentions  pour  moi. 

Au  moment  où  je  m'y  attendais  le  moins  ,  l'état  des  affaires 
et  de  la  guerre  d'Egypte  ,  ainsi  que  quelques  circonstances  rela- 
tives à  ces  objets  ,  donnèrent  occasion  au  loid  Elgin  de  m'avancer 
en  m'employant  au  service  du  gouvernement.  Il  me  proposa 
«i'allcr  au  quanier-général  du  grand-visir   comme  son   représen- 

dessein  d'établir  une  communication  régulière  avec 


et  je 
e  de  nord  qui  bous 
fûmes  retenus  par  les  vents  jusqu 
mena  ensuite  à  Rhodes  le  i3  jan 
jette  l'ancre  ,  si  mes  instructions 
m'informerais  de  la  position  de  ai 
voir  avant  de  joindre  le  visîr,  dai 
concert  des   mesures   pour  une  tuîi 

adopter  pour  rêvacuation  de  l'Egypte  par  les  français.  M.  Wreight 
l'un   des   lieutenans  de   sir  Sidney  Smith,   et  Hassan-bey  ,    gou 
verneur    de  Rhodes  ,  me  conseillèrent  d'aller  en  Chypre  ,   où   ]■ 
devais  probablement  avoir  des  avis  certains  sur  sir  Sidney  Smith 
parce  qu'on  [l'avait  pas  entendu  parler  de  lui  depuis  long-tems.  11 
me  dirent  en  même  tcms  qu'ils  imaginaient  qu'il  croisait  devan 
Damiette.   Nous  mîmes  à  la  voile  le    24  janvier,    avec  un  mau 
vais   vent,   4ans    l'intention    de    gouverner   sut  Chypre  ou  su 
Bamtette  ,    selon   que  le  vent  nous  favoriserait  ;    mais  il  vint 
souffler  si  violemment  que  le  lendemain  matin  nous  reconnûmes 
Marmorissa  sur    la    côte   d'Anatohe  ,     où  nous  restâmes  jus- 
qu'au  20. 

(La  suite  au  numéro  prochain.  ) 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  a  frimaire  an  g. 

Les  consuls  de  la  république  arrêtent  ce  qui 
suit  :     .  vvi 

Art-  I".  Pendant  la  maladie  du  citoyen  Locté, 
secrétaire-général  du  conseil-d'étal  ,  le  cit.  Hugot , 
chef  du  secrétariat  de  ce  conseil,  tiendra  pendant 
les  séances  ,  les  «ptçs  iiéçessaires  à  la  rédaction 
du  procès-verbal. 

II.  Le  citoyen  Hugot  soumettra  ces  notes  et  le 
projet  de  rédaction  du  procès-verbal  au  secrétaire- 
général  des  consuls  ,  qui  arrêtera  celte  rédaction 
et  signera  le  procès-verbal  en  la  forme  ordinaire. 

III.  Le  secrétaire-général  des  consuls  signera 
les  expéditions  des  actes  ,  dont  la  rédaction  aura 
éié  arrêtée  par  le  conseil-d'état.  Il  les  présentera 
chaque  jour  à  l'approbation  des  consuls. 

IV.  Le  présent  arrêté  sera  inséré  au  bulletin  des 
lois. 

Le  premier  consul ,  signé ,   Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-  d'état,  signé 


H.  B.  Maret. 


■  et  de  l'instruction 


tant, 
lui  e 

des  a 


T    R    I   B    U    N    A   T. 

Présidence   de  thiessé. 
SÉANCE     Du     26     FRIMAIRE. 

Le  sénat-conseiyaieur  annonce  ,  par  un  mes- 
sage ,  qu'il  a  nommé  aux  deux  places  vacantes  au 
corps-législaiif,  le  citoyen  Lebrun  de  Rochemont 
et  Viennoi-Vaublanc. 

Ce  message  sera  inséré  au  procès-verbal. 

Organe  d'une  commission  spéciale  ,  Bosc  fait 
un  rapport  sur  la  proposition  d'Arnoud  ,  tendant 
à  ce  qu  il  soit  établi  ou  réseivé  ,  à  dater  de  l'ari  g  , 
sur  le  produit  net  des  droits  d'importation  ,  d'ex- 
porialion  et  de  navigation  ou  de  douane  ,  un 
fonds  d'amélioration  qui  serve  d'encouragement 
pour  l'agiicullure  ,  les  canaux  .  le  commferce  , 
les  manufactures  et  les  arts. 


Crawouî. Avant  que  vous  ordonniez  l'impression 
du  rapport  .  je  demande  à  faire  une  observation. 
Noire  collég'je  Bosc  a  terminé  son  rapport  _ea 
proposant  un  projet  d'ariêté  dont  la  rédaction 
s'éloigne  de  la  forme  prescrite  par  la  conslitution. 
U  a  aussi  proposé  l'envoi  d'un  message  au  sénat- 
conservaieur  ,  pour  lui  communiquer  le  vœu  du 
tribuciat.  Ce  n'est  pas  non  plus  ainsi  que  la  consli- 
tution reale  le  mode  d'après  lequel  le  tiibunat 
devra  émetire  son  vœu  ;  c'est  au  gouvernement 
qui  a  l'iniiialive  des  lois  ,  auquel  le  tribunal  doit 
adresser  son  message  ,  et  non  au  sénat-conserva- 
reur.  Je  demande  qu'avani  de  livrer  son  travail  à 
l'impression  ,  notre  collègue  fasse  les  change- 
mens  que  notre  respect  pour  les  formes  consiilu- 
lionnelles  commandent. 

Bérenger.]e  n'ai  rien  à  dire  sur  la  première  ob- 
servaiion  de  noire  collègue  Crassous  ,  mais  je  ne 
suis  pas  de  son  avis  sur  la  seconde;  je  pense  au 
contraire  que  lorsque  le  tribunal  émet  un  vœu  ,  il 
doit  le  communiquer  et  au  sénat-conservaieur  et 
au  corps-législaiit  ,  afin  de  lui  donner  une  plus 
grande  publicié.  Si  le  gouvernement  fait  du  vœtï 
exprimé  par  le  tribunal  l'objet  d'une  proposiiion 
de  loi  ,  il  faudra  qu'il  soit  de  rouveau  soumis  à 
la  discussion  ,  et  la  communication  qui  en  aura 
été  faile  à  l'avance  au  corps-législatif  ,  lui  don- 
nera les  moyens  de  fixer  promptement  soa 
opinion. 

Au  surplus  ,  comme  -dans  la  discussion  à  la- 
quelle donnera  lieu  le  rapport  de  la  cotBmission  , 
nous  examinerons  ,  dans  le  cas  où  rious  adop- 
terons son  avis  ,  s'il  convient  d'en  donner  une 
connaissance  officielle  au  sénat-conservateur  et 
corps  lég.  ,  je  pense  que  les  débats  acr-xquels  nou» 
nous  livrons  en  ce  moment  sont  prématurés  ;  je 
demande  en  conséquence  l'ajournement  de  la 
seconde  proposiiion  de  notre  collègue  Crassous. 

Crassous.  Mon  intention  n'est  pas  de  restreindre 
nos  moyens  de  communication  avec  le  sénat- 
conservateur  et  avec  le  corps-législatif;  mais  je 
m'oppose  à  ce  que  nous  prenions  un  arrêlé  à  cet 
égard  avant  que  la  forme  de  communication  soit 
réglée.  Le.préopinani  a  dit  que  la  proposition  dç 
la  commission  ferait  l'objet  d'une  discussion  ;  eh! 
bien  ,  c'est  pour  cela  qu'il  ne  faut  pas  préjuger  la 
question  en  donnant  ,  par  l'impression  que  vous 
ordonneriez  ,  une  espèce  d'assentiment  à  la  pfor 
position  qui  vous  est  faite.  Au  surplus  ,  je  m'en 
rapporte  eniiérement  à  la  sagesse  du  tribunal. 

Ganilh:  Lorsqu'on  a  demandé  l'impression  dti 
rapport ,  on  a  laissé  entière  la  question  que  l'on 
agite  en  ce  moment.  L'impression  nous  meitra  à 
même  de  prononcer  sur  la  proposition.  Si  le  fand 
de  lariêié  est  rejette  ,  il  deviendra  inutile  d'en 
discuter  la  forme  ;  au  contraire  ,  s'il  est  adopté  , 
je  me  propose  d'en  combattre  la  forme  ,  parce 
que  je  la  crois  inconstitutionnelle.  Dans  tous  les 
cas  je  crois  anticipée  la  discussion  à  laquelle 
nous  nous  livrons  ,  et  je  demande  l'ajournement» 


de  la 


sepa 


ment  de  l'Inde 
nçaise  en  Syrie 
que  je  ne  dev 
de  sa  personr 
:re  dans  la 


t  sujet  des  opérations 
en  Egypte  ',i).  Il  me 
point  pour  cela  me 
il  insinua  qu'il  était 
diplomatique ,  et  que 
,  je  ne  pouvais  trouver 
connaître ,  et  pour  être 
.  Il  œe  promit  que  je 
de  légation ,  ou  d'un 
dépenses.  11 


Chauvelin.  C'est  parce  que  les  meràbres  du  tri- 
Nous  donnerons  en  entier  .   lors  de  la  discus-    bunai  mont  tous  paru  être  d'accord  sur  la  pre- 

•niere  proposition  de  Crassous  ,  que  je  demande 
qu'elle  soit  à  l'instant  même  adoptée.  Le  mot 
d'arrêié  ne  convient  point  à  l'acte  par  lequel  le 
tribunal  exprime  un  vœu  quelconqtie  ;  je  de^ 
mande  que  notre  collègue  soit  invité  à  changer 
cette  expression. 


comme  mes  dépêches  seraient  publiq 
une  plus  belle  occasion  pour  me  fai 
immédiatement  utile  au  gouvernem 
jouirais  des  appointemens  de  secrétï 
traitement   du   gouvernement    proportionné 

écrivit  au  Jord  Grenville  ,  dans  une  dépêche  oBcieUe  ,  d'une  ma- 
nière i.i  favorable  sur  mon  compte ,  qUe  je  ne  doutai  plus  de 
1.1  sincérité  de  ses  intentions  pour  favoriser  ir.on  avancement , 
d'autant  plus  que  cela  lui  était  venu  naturellement  :  jamais  je 
ne  lui  avais  laissé  entrevoir  mes  vues  ,  et  les  espérances  que 
je  fondais  sur  sa  protection  ,  espérant  par  cette  conduite  désin- 
téressée gagner  toute  sa  coniiance.  Je  pensai  de  plus ,  que  la 
position  où  le  lord  m'avait  mis  me  donnerait  toujours  des  drdits 
aux  v^"'^  mêmes  du  gouvernement  ,  quelle  que  fût  d'ailleurs 
son  intention  particulière.  Je  n'hésitai  pas  un  moment  à  accepter 
le  poste  qu'on  m'offrait.  Je  reçus  mes  instructions  qui  prouvent 
plus  que  tout  ce  que  je  pourrai  dire  ,  la  confiance  que  le  lord 
plaçait  en  moi. Je  quittai  Constantinople  le  23  décembre,  sur  la 
Marie-Anne ,  chaloupe  canonnière  qui  avait  été  pjise  sur  les  fran- 
çais par  sir  Sidnei  Smith,  et  était  commandée  par  un  de  ses 
aspirans  .    M.    Boxer. 

Ce  que  je  regrettai  le  plus  en  échangeant  une  vie  paisi^. 
contre  le  tumulte  des  camps  ,  ce  fut  d'abandonner  pour  quel- 
qne  tems  tout  projet  d'étude  ;  car  je  ne  pus  emporter  qu'un 
tort  petit  noiiibré  d'efTets  ;  mais  l'idée  que  je  servais  mon  pays 
me  dédommagea  suffisamment  de  tous  les  sacrifices  que  j'allais 
faire;  et  j'entrai  réellement  dans  les  vues  du  lord  £lgin ,  avec 
tout  le  zèle  possible. 


s,  décembre.  Nous  relâchâmes  i 
contraire. 


gia ,  à  .cause  d'un  fort'vent 


(i)  Le  général  Kochler ,  venu  d'Angleterre  avec  quelques  in- 
génieurs ,  a  été  employé  d'uue  maïuere  toute  contraire  à  l'in* 
tention  primitive  du  gouvernement ,  à  réparer  les  fortifications 
des  Dardanelles.  Le  lord  Elgin  insistait  pour  qu'on  l'envoyât  se 
concerter  avec  le  grand-visir  ,  et  comme  ce  général  et  sir  Sidney 
$mitb  étaient  ensemble  à  couteaux  tirés  ,  \o  devais  jouer  le  lôlc 
4e  médiateur  ,  et  rendre  compte  de  Ictir    opérations. 


sion  ,  ce  rapport  que  l'abondance  des  matières 
ne  nous  permet  pas  d'insérer  aujourd'hui  ,  et  qui 
perdrait  de  son  intérêt  dans  un  simple  extrait. 
Bosc  termine  par  le  projet  d'arrêté  suivant  : 
Le  tribunal  considérant  ,  i°  que  la  prospérité 
et  la  richesse  de  la  république  qui  a  un  territoire 
vaste  et  fertile,  doit  être  spécialement  affermie 
sur  les  bases  d'une  agriculture  florissante. 

2".  Que  les  progrès  de  cet  art  nourricier  du  peii- 
ple  comme  du  trésor  public  ,  doivent  être  facilités 
par  la  multiplicité  et  la  promptitude  des  commu- 
nications intérieures  ,  par  l'échange  rapide  et  aux 
moindres  frais  possibles  des  denrées  du  nord  aii 
midi  .  et  par  l'emploi  des  matières  brutes  dans 
les  manufactures  nationales. 

Arrête  le  vœa  suivant  : 

A  compter  de  l'an  10  ,  tout  l'excédent  du  pro- 
duit net  des  douanes  au-delà  de  8  millions  ,  sera 
consacré  à  réparer,  perfectionner  et  étendre  la 
navigation  intérieure. 

Le  présent  arrêïé  sera  porté  au  sénat-conser- 
vateur ,  au  corpî-législatif  et  aux  consuls  de  la 
république,  par  dés  messagers  d'état. 

On  demande  liinipression  et  l'ajournement. 

Le  président.  Notre  collègue  Chassiron  a  de- 
mandé la  parole. 

-'''-..  .       '  c   ■ 

ChxssÎTon.  La  propositton  qui  vous  est  faite 
est  eniiérement  difiérente  de  celle  de  notre  col- 
lègue Arnoud  ;  je  pense  qu'elle  mérite  un  nouvel 
examen.  Si  on  la  discute  aujourd'hui ,  je  demande 
à  la  combattre  ,  parce  que  je  n'ai  pas  partagé 
l'opinion  de  la  commission  ;  autrement  je  ne 
m'oppose  pas  à  llajouinement. 

Le  tribunat  prononce  l'ajournement  de  la  dis- 
cussion. 

On  demande  l'impression  du  rapport. 


Bosc.  Le  projet  ip'a  été  remis  par  la  commis- 
sion tout  rédigé  ,  je  n'ai  pas  dû  me  permettre  d'y 
rien  changer.  Je  propose  de  substituer  le  mol  émet 
à  celui  arrêts. 

Cette  proposition  est  adoptée. 

On  demande  l'ajournement  de  la  seconde  pro- 
position de  Crassous  ,  qui  tend  à  rayer  du  projet 
de  U  commission  l'envoi  d'un  message  au  sénat- 
conservateur  et  au  corps-législatif. 

L'ajournement  est  prononcé. 

.  La  séance.est  levée  et  indiquée  au  s8. 


COURS    DU    CHANGE. 

Bourse  du  96  frimaire.  \ 

Effets  publics. 

Rente  provisoire î5  fr.  25  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  80  c. 

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Syndicat •  80  fr. 

Coupures , ■  8i  fr. 


LOTERIE    NATIONALE. 

Tirage  du  sS  frimaire. 

44.     19.     6.     48.     35. 


A   Paris  ,  de  rimprimeri»  A\>  ci..  Agasse,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  dei  Poitevins,  n' 


rS 


N"  88. 


TTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 

Octidi  ,  ^S  frimaire  an  g  de  la  république  frmçaiie  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés    à  prévenir  nos  souscripteurs  ,  qu'à   aaier  du  7    luvôsc  le   M  u  N' 1  T  E  U  R  es:    le    si:iiL  journal  ojficiel. 
II   contient  les  séances  des   autorités  constituées,   les  actes  ilu  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  se  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ipinistérielles. 

Un  article  sera  particuliéenient  consacré  aux  sciences ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   E  U   |l. 

ANGLETERRE. 

Londres,    10   décembre  (  ig  frimaire.  ) 
PARLEMENT. 

Chambre    de.<:    Lords. 

Séance  du  5  décembre. 

Cherté    des    subsistances. 

Warwkk. iene  croyais  pas  que  les  termes  dont 
je  mtf  suis  servi  ,  en  exprimant  mei  sentime'nj  sur 
l'objet  qui  nous  occupe  ,  dussent  ra'atlirer  les 
reproches  ,  qui  m'ont  éié  faits.  J'ai  presque  é'é 
iraiié  comine  coupable  de  blasphème  et  de  tra- 
hison. Je  ne  remplirai  pas  pour  cela  ,  avec  moins 
de  courage  ,  mon  devoir  de  pair  indépendant  de 
la  Grande-Bretagne  ,  dans  une  crise  comme  celle 
où  nous  nous  trouvons. 

Personne  ne  respecte  plus  que  moi  le  principe 
sacré  de  la  propriéié  ,  mais  de  la  propriété  acquise 
par  des  voies  honnêtes  et  par  le  travail.  C  est  une 
question  ,  que  de  savoir  si  la  propriété  -,  quand 
el'e  est  notoirement  le  fruit  de  la  fraude  et  de  la 
violence  ,  mérite  la   protectiondu  gouvernement. 

Je  sais  que  celte  classe  d'hommes  ,  qu'on 
nomme  courtiers ,  est  en  quelque  sorte  néces- 
saire ;  mais  on  ne  doit  pas  souffrir  qu'ils  agissent 
comme  négocians  en  grains.  Il  n'existe  pas  de 
lois  qui  les  reconnaisse!'!  pour  tels.  On  ne  leur 
doit  donc  pas  d'encouragcmens.  Le  mal  dont  il 
est  question  demande  un  remède  prorapt  etdécisif. 
D'après  cette  considération  ,  je  crois  qu'il  est  de 
mon  devoir  de  propos!;r  la  mesure  suivante  , 
comme  étant  le  remède  le  plus  efficace  ,  quoique 
je  sache  qu'il  subsiste  contre  elle  un  préjugé  géné- 
ral. Je  p.opos  rai  .lonc  une  résolution  dont  le 
but  sera  d'autoiiser  ,  à  une  époque  déterminée  , 
les  magistrats  ,  dans  les  'ifféiens  pays ,  à  fixer  un 
prix  pour  le  grain  et  les  travaux  de  l'agriculture, 
d'après  les  renseigncmens  quils  se  seront  pro- 
curés sur  ce  point.  C'est  une  mesure  que  je 
loutiendrai  avec  ihaleur,  comme  étant  la  s  ule 
qui  soit  proportionnée  à  'a  grandeur  de  la  crise. 
On  peut  dire  que  le  vaisseau  de  l'é'at  est  déjà 
presque  brisé  contre  le  rocher.  Cette  mesure 
r'est  point  d'ailleurs  à  comparer  avec  le  système 
funeste  adopté  par  les  fratiçais  dans  une  occasion 
semblable;  e:  l'on  ne  saurait  m'onposer  ici  avec 
laison  l'autorité  du  docteur  Adam  Smith. 

Lord  Waiwick  fait  observer  que  le  prix  de  la 
farine  serait  réglé  par  celui  du  grain.  Ensuite  , 
âl  recommande  sérieusement  à  la  chambre  de 
rechercher  le  moyen  d'employer  le  plus  qu'on 
pourrait  de  ces  homme  sans  fortune  ei  sans 
travail  ,  dont  les  bras  seraient  irè, -utiles' à  l'agri- 
culture. Sa  Seigneurie  fait  ensuite  formellement 
la  proposition   qu'elle  a    annoncée. 

dette  proposition  est  lue  sous  la  forme  de  réso- 
lution par  le  clerc  de  la  chambre. 

Lord  Grenville.  Il  n'est  pas  un  noble  lord  qui 
ne  desTre  avec  ardeur  le  soulagement  de  ses  vas- 
saux pauvres  ;  mais  la  mesure  proposée  par  le 
noble  lord  ,  bit  n  loin  de  tendre  au  soulagement 
du  malheureux,  ne  servirait  qu'à  plonger  notre 
pays  dans  l'abime  de  la  famine.  C'é'ait  dans  des 
circonstances  pareilles  qu  écrivait  le  docteur  Ad  < m 
Snii  h  ;  son  intention  directe  était  de  combaltie 
des  opinions  semblables  à  celles  que  vient' d'é- 
noncer le  noble  comte  ,  et  de  faire  voir  tout  le 
danger  du  principe  du  maximum  et  de  toutes  les 
mesures  de  contrainie.  Si  le  parlement  avait  eu 
alors  à  discuter  une  semblable  motion  ,  il  n  y  a 
pas  de  doute  qu'ells  eût  été  rejetiée. 

Le  comte  de  Warwich  s'explique. 

A;i  es  quelq'ies  réflexions  de  la  part  de  lord 
Grinvitte  ,  la  question  mise  aux  voix  ,  est  rejettée 
laos  division. 

Expédition    de   Hollande. 

Le  comte  Je  SuJJ'olL  Je  dois  faire  observer  à  la 
tli.iiiib.e  que  ,  tl  apies  lés  gnzeiies  .  il  paraît  que 
nos  pertes  ,  en  morts  ,  dans  lexpédition  de  Hol- 
lande ,  n  exccdciii  p.is  mille  hommes  ;  et  cep'  n- 
dani  je  sais  que  notre  perte  s  est  momcc  à  près 
<fe  huit  mille  houuiics,  tant  tués  que  blessés  ou 
absent. 

Luril  Grtnvilk.  Je  n'ai  pas  autre  chose  à  dire 


si  ce  n'est  que  quand  les  papiers  relatifs  à  l'expé- 
dition seront  sous  les  yeux  de  la  chambre,  je 
serai  prêt  à  répondre  à  tontes  les  -ibstrvations 
qu'on  pourra  faire   sur   ce  sujet. 

Le  comte  de  Suffol/c  saisit  celte  occasion  pour  in- 
diquer de  nouveau  le  seul  usage  avantageux 
qu  on  puisse  faire,  selon  lui;  des  corps  no mbi eux 
tie  cavalerie  qu'on  entrelient  dans  le  royaume. 
Il  voudrait  qu'on  les  employât  à  transporter  le 
poisson  des  ditFéreos  poils  .  pour  l'entretien  de  la 
métropole  .  où,  particu.iércraent  dans  le  marché 
de  BiUingsgate  ,  il  s'exerce  un  monopole  honteux 
et  funeste. 

GHAMBR;E      DES       COMMUNES. 

Séance  du  5  décembre  f  i/^  frimaire). 
Etat    de     l'or     monnayé. 

M.  NichoUs  se  levé  et  fait  remarquer  la  di- 
minution sensib'e  qui  existe  dans  la  quantité  de 
l'or  monnayé  en  circulation. 

Dans  les  deux  années  qui  ont  précédé  lygS  , 
dil-il  ,  la  quantité  d'or  mOnnayé  a  été  d'environ 
200,000  liv.  sterl.  ;  mais  depuis  1795  jusqu'à  pré- 
sent, il  n'en  a  été  frappé  que  pour  environ 
400.000  liv.  st.  :  durant  ce:te  période  le  prix  du 
grain  a  augmenté;  des  sommes  considérables  en 
passé  chez  l'étranger  ,  pour  en  acheter,  et  la 
fabrication  à  la  monnaie  ,  n'a  pas  été  de  pair  avec 
l'argent  sorti  du  royaume.  Je  pense  qu'il  ne  faut 
pas  moi-15  de  2,200,000  liv.  st.  pour  tenir  l'or 
monnayé  à  sa  juste  valeur.  Durant  les  deux  der- 
nières années  ,  le  déficit  dans  cette  partie  ne  s'est 
pas  monté  à  moins  de  3,670,000  liv.  sterl.  ;  les 
mêmes  raisons  qui  ont  empêché  la  fabrication  de 
l'or  à  la  monnaie  ont  aussi  porté  les  juifs  à  re- 
fondre. C  est  ce  qui  a  eu  lieu  dans  les  années 
1795  et  1796.  où  l'on  vit  un  grand  déficit  dans 
la  monnaie.  Je  crains  qu'il  n'en  soit  de  même 
aujourd'hui;  et  ce  qui  ru'a  déierminé  à  repro- 
duire ce  sujet  devant  la  chambre  ,  c'est  que  le 
danger  qui  résulte  pour  le  public  de  ce  déficit, 
est  plus  grand  maintenant  que  la  première  fois 
que  je  le  recommandai  à  l'attenlion  de  la  cham- 
bre. En  1797  et  1798  ,  il  y  eut  une  augmentation 
dans  la  fabrica'ion  'de  la  monnaie  ;  et  en  1799 
on  fabriqua  pour  449.000  liv.  sterl.;  mais  ,  cette 
anriée,  on  a  frappé  pour  i8g,ooo  liv.  st.  seule- 
ment. Le  déficit  pour  les  quatre  années  précé- 
'denfes  peut  être  évalué  ,  dans  la  toialité  ,  à 
7,5oo,ooo  liv.  st.  Ajoutez  à  cela  que,  pendant 
celte  dernière  période,  le  déficit  s'est  accru  parla 
fonte  des  espèces  monnayées  faite  par  les  juifs  , 
et  par  l'exportation  pour  le  grain  acheté  ch.z 
l'étranger. 

Ce  qui,  dans  les  derniers  tems  a  empêché  de 
fabriquer,  c'est  que  l'or  non-monnayé  était  à  un 
plus  haut  taux  que  l'or  monnayé  ;  et  c'cst-là  ce 
qui  déterminait  à  fondre.  Enfin  ,  il  n'y  avait  pas 
de  comtnerce  plus  profitable  que  de  fondre  l'or 
monnayé  de  ce  royaume  ,  et  de  l'exporter.  C'est 
ce  qui  arrivera  toujours  ,  quand  le  change  sera 
autant  contre  nous.  Comme  nous  sommes  dans 
l'obligation  de  tirer  du  grain  de  l'étranger,  et 
de  lui  payer  des  subsides  ,  il  faut  bien  que  noir.; 
argent  sorte  du  royaume.  Il  est  impossible  dé 
fabriquer  à  la  monnaie  quand  l'or  esta  un  tiux 
aussi  haut  qu'il  l'est  aujourd'hui.  Si  l'or  monnayé 
continue  à  diminuer  dans  la  proporiion  des  an- 
nées précédentes  ,  il  y  a  tout  lieu  de  craindre 
que  la  monnaie  ne  disparaisse  en  Angleterre  , 
comme  elle  disparut  en  Frmce  en  1791.  C'est 
un  point  qu'il  nefaotpas  abandonner  aux  direc- 
tturs  de  la  banque  niauxministres.  Depuis  que  la 
banque  a  été  fermée  ,  le  prix  du  grain  et  des 
autres  subsistances  ,  a  loujours  augmenté  :  c'est 
Un  mai  qui  ,  si  on  n  y  reméJie ,  amènera  la  ruine 
conipleile  du  crédit  public.Un  écrivain  disiingi;é  , 
M.  Htjme  ,  flans  un  de  Srs  -ssais  ,  a  prévenu  la 
nation  contre  ses  guerres  fréquentes.  N'est-ce  pas 
le  cas  d  app'iqoer  ici  les  avis  de  M.  Hume  ,  au- 
jourd'hui que  l'or  a  disparu  ,  et  que  du  papier  en 
circulation  l'a  remplacé  ? 

I!  fatat  s'occtiper  des  moyens  de  constater  la 
quaniité  d'or  qui  resie  en  Ati,;,leierre  :  on  verra 
que  nous  ne  possédons  pas  la  qua'.liié  nécessaire 
■à  la  circulation;  et  ce  ser.r  un  motif  de  plus 
pour  nr  pas  continuer  la  guerre.  Car  bientôt  la 
dispatuiion  le  l'or  remplacé  par  1  papier  ,  aura 
le  même  ffei  ici  qu  en  France.  Tout  augmen- 
tera de  ('lix;  les  dépenses  du  gouvernement  au- 
ginenteiOiit  en  prnp,,riinii  ;  on  ne  pourra  se 
me"ie  en  gmde  coure  1.  s  conire-f  içnn»  ,  faites 
noii-stulenieut  chez  nous  ,  mais  eucote   dans  les 


pays  avec  lesquels  nous  sommes  en  guerre.  Je 
crois  devoir  (aire  observer  ici  qu'il  a  été  admit 
dais  nos  cours  dejusiire,  que  cr  ntre-faire  le 
papier-monnaie  d'un  ennemi  ,  n'éiait  pas  ua  acte 
immoral. 

M.  Nii.liolh  fait  ensui'c  la  motion  qu'un  comité 
soit  nommé  pour  rechercher  l'état  de  l'or  mon- 
nayé ,  et  en  faire  le  rapport  à  la  chambre. 

LordHawkesbury.  Il  n'est  pnint  nécessaire  dan» 
la  circonstance  présente  d'examiner  jusqu'à  quel 
point  les  espèces  en  circulaiion  prouvent  la  puis- 
sance d'ijn  pays.  La  monnaie  a  peu  fabriqué  cette 
année  ;  j'en  conviens ,  mais  cela  vient  de  ce  que  ia 
ba'ance  du  commerce  était  contre  nous.  La  niêma 
chose  est  arrivée  en  1795  et  1796;  et  01  le  devait 
a  la  disette  qui  exisiait  iilors,  ei  surtout  à  celle 
du  grain.  Cette  disette  teodant  l'importation  né- 
cessaire ,  il  fallait  que  nous  fissions  sortir  du 
royaume  beaucoup  d'argent.  La  m-ême  cause  a 
produit  aujourd'hui    les   mêmes   efFeis. 

Si  le  but  de  l'houoradle  membre  eit  de  retenir 
l'or  monnayé  dans  le  royaume,  il  doit  savoir 
qu'il  n'y  a  pas  de  mesure  législaiive  qui  puisse 
produire  cet  effet,  tant  que  la  balance  du  com'- 
merce  sera  conjre  nous.  Il  existe  une  loi  Contre 
l'exportation  de  For  monnayé  ;  et  cette  loi  m'a 
toujours  paru  impolitique  :  car  si  l'on  ne  peut 
pas  exporter  l'or  monnoyé  ,  on  le  fera  fondre, 
et  on  l'exportera  en  lingois.  Aujourd'hui  ,  qu'il 
faut  que  nous  envoyions  des  sommes  considé- 
rables à  l'étranger,  il  est  impossible  que  la  re- 
cherche qu'on  propose  amené  un  résultat  avan- 
tageux. 

Au  reste,  il  ne  me  semble  pas  que  les  alarmes 
'  que   I  honorable  membre  paraît  avoir    conçues  , 
soient  fondées. 
Je  m'oppose   à  la  motion. 

j       M.    Tierney.    Il   n'y    a    point    de    danger  plus 
!  allatmini  pour  un  pays  commerçant  ,  qu;.-  la  dis- 
1  parution   du  numéraire  ;   il  a   couru  un    nombre 
1  iiii]uiéiant    de    petits  billeis    de    banque  faux.  Je 
connais    differens  négocians  qui  en  ont  reçu.  Ja 
pense  que  les  dire',  leurs   de  la   banque  n'ont  pas 
j  employé  ,  depuis  qu'elle  a  éié  fermée,  les  mêmea 
[  précautions    qu'auparavant.   Le    change    va   tou- 
jours de  plus  en  plus   à  notre  désavaniage  ;  mais 
il   me    paraît   que    dans    l'autre    partie   de   cetio 
chambre  ,    on     est   disposé  à    traiter   légèrement 
ce  sujet.    Comme  je    suis   bien    loin   de   penser 
de  même  ,  j'appuie  la   motion. 

M.  Yorke.  Les  honorables  membres  s'adressent 
toujotits  aux  minisires  pour  qu'ils  fassent  la  paix, 
comme  si  ils  pouvaient  faire  tout  ce  qu  ils  veu- 
lent. Les  ministres  ont  élé  forcés  à  la  guerre  contre 
leur  inclination  :  il  n'est  pas  en  leur  pouvoir  de 
commander  la  paix. 

M.  H.  Thornton.  Je  ne  crois  pas  qu'il  soit  be- 
soin d'un  comité  pour  prouver  que  le  retour  de 
la  balance  du  commerce  en  noire  faveur  peut 
seul  remédier  au  mal  dont  on  se  plaint  ;  c'est  une 
vérité  reconnue.  Je  suis  au.ssi  porté  à  croire  que 
les  intérêts  de  la  banque  seront  aussi  bien  sur- 
veilléi  par  elle-même  ,  que  par  un  comité  de  la 
chambre  des  communes.  Les  honorables  mem- 
bres nous  parlent  de  notre  fortune  comme  d'une 
fortune  de  papier  ;  mais  notre  fortune  n'est  pas, 
en  papier  seulement  ,  elle  est  réelle  et  so'ide. 
Dans  un  pays  où  il  se  fait  un  aussi  grjnd  comi 
merce  ,  il  faut  bien  qu'il  y  ait  une  Rraude  quan- 
tité de  papiers.  —  Pour  moi  ,  plus  j'approf.indii 
ce  sujei  ,  et  moins  je  trouve  fondées  les'ciainte» 
des  honorables  merabies. 

M.Micholls  ei  Wilberforce  sont  encore  entendus. 
La  motion  est  mise  aux  voix:  16  sont  pour  et 
.Î2  contre.  Majorité  ,  16.  "       (Extrait   du    Sun.) 

INTÉRIEUR. 

Paris ,  le  27    frimaire. 
COURRIER    D'EGYPTE, 

Suite  de  C  extrait  du  Journal  de  M.  Marier  .secrétairt 
lie  S.  E.  le  lord  Etgin^  ambassudeur  extraordinairi 
et  ministre  plénipotr.ntinire  Te  S.  M.  B.  pris  /<»' 
sublime  Pçrle  ,   tiré  des  numéros  70  ,  73  et  74. 

a./fi/riVrJ'arrWaicnfin  m  campturk  ,  qui  elailsilini  près  d'tft 
A'iitli.  Il  étaii  liixlicurcsctii  snir.^lorsqucjcdeb.irqaai  ;i'oHalrt* 
siiiic  .'i  la  tente  de  M.  Frahkini  ,  oCi  j'appris  qne  sir  Siiitiey 
Siuitli  n'.iyaii  pas  encore  misa  la  voile,  et  qu»  la  consentit* 
pour  l'évasualioii  do  l'Strttx  iltlt  diijioontluo  <t  »tifla»v 


35i 


"3  fhrîer.  Conformément  à  nws  înstruètîons  ,  je  ne  perd 
I  point  de  teins  sans  voir  sir  Sidney  Smith.  Je  me  transportai 
bord  du  brick,  te  Camaléon  ,  sur  lequel  îl  était  embarque,  et  si 
le  point  de  partir  pour  YafFa ,  afin  de  regagner  son  vaisseau.  . 
me  communiqua  tous  les  papiers  qui  avaient  paru  ,  et  me  fit  sa 
voir  qu'il  avait  enfin  terminé  la  convention  pour  l'évacuatio 
de  PEgypte.  TI  s'étendit  avec  détail 
-qui  Tavaicnt  engagé  à  prendre  une  part  aussi  active  d; 
res  militaires  de  ce  pays.  Mais  le  résumé  total  de  t 
me,  dit  se  péduisit  à  ceci  ,  autant  que  je  puis  m'en  souvenir 
»,  que  le  caractère  de  ministre  plénipotentiaire  dont  il  était  re 
vêtu  ,  et  qui  avait  donné  de  l'on)brage  à  Constantinople  ,  lu 
avait  été  conféré  par  lord  Grenville  ,  afin  qu'il  pût  dire  à  lou 
amiral  étranger  ,  ou  à  tout  autre  officier  avec  lequel  il  serait  ei 
relation  :   voici  des  ordres  de  ma  cour  ;   je  représente  mon  goU' 


de  la  stricte 
et  il  pensait  qu 
guerre 


la  sûreté   de  Vi 


i  mettant  a  executic 


pas  ete  : 
de  l'emï 
nature  f 
le  visir  . 
culture  ; 
courante 
de  Russi 
partisan 
gouvertK 
vues  de 
lain 


dépend; 
upait  beaucoup  , 
le  projet  d'une  tkjc  de 
rejetait  les  affaires  dans  leur  état  primitif.  J'observai 
t  été  proposé  pour  le  cas  où  les  français  n'auraient 
:s  dans  leurs  premières  ouvertures;  et  que  la  sûreté 
tomaii  exigeait  quelque  mesure  vigoiirei 
Lélivrer  l'Egyplc  de  sa  envaliîsseurs.  I 
e  un  homme  doué  de  talens  naturels ,  mais  sans 
reys  effendy  comme  très-accoutumé  aux  affaire; 
,is  opposé  à  la  convention  ,  aussi  bien  que  l'ajîcni 
premier  ,  par  des  motifs  d'intérêt  personnel  ,  étnni 
lusses  ,   et  espérant,  en  secondant    les    vues  de  ce 


egarda 


gou 


fav 
nent ,   qui  ; 


t   le  s 
offerl 


spérait  probable 
favoriser  des  projet; 


ffaiblir  les  for 
onquêtes  sur 


Egypte  ,  I 
des  Turksj'afin  d 
empire. 

L'objection  que  fesait  le  premier  était  qu'on  avait  accordé  au: 
Français  leurs  armes,  bagage  et  trois  milles  bourses ,  sans  con 
sidérer  si  ces  objets  équivalaient  ou  non  à  l'une  des  plus  belle 
provinces  de  l'empire 

Sir  Sidney  pensait 
d'insiîter  sur  l'observ 
dans  le  cas  où  il  serai 

M,  Frankini  et  sii  Sidney  Smith  : 
très  quelles  étaient  las  vues  que  le 
sur  l'Egypte  ;  uiaU  ils  n'avaient  re 
lement  une  réponse  évasivc. 

4f(vrier,  Je  rendis  visite  au  reys  cffendy  et  au  gr 

5  février.   L'armée   partit  du  camp  d'el-A'rich  ,   e 
Â'uit    à    peu  de  distance  de  cet  endroit. 

6  février.  On  marcha  pendant   6  heures ,  et   on  t 
heures  après  midi. 

7  février.  Marche  de  g   heures. 

8  février.  Nous  sommes  campés  i  Qattyéh.  Li 
quitté  la   place  la  veille. 

îir  les    fortifi 


i   conduite  par  la    suite  devait  cire 
eligîeuse  du  traité  ,  et  de  protester 


t  demande  aux  minis- 
ïrnement  Ottoman  avait 


Les  ordres  du  çrand  vis 
rmée  ,    sont   en  général   tr; 


r  diriger  les  opéra 

ont  vtritablement  ridicule 

chf.res   dix  heurti   demain  pour  j 
leulstit   peuvent   partir. 


de  son 
r,  dans 
lorsqu'on 


ché  dix  llE 


Salehbycb-.-  • 


Nou 


heures  de  marche  de; 
à  piller  les  pauvres  ; 
telles.  On  les  emenc 
furent  étranglés  pour 
tance    de    Salehhyeh. 


arrivés     a   Salehhyeli  ,    après 
halte  d'hier.   Les  troupes  se  m 
qui  venaient  vendre  quelques    1 
■etter  les   fiançais.    Deux   janis; 
pillé  dans  un  village  à  peu  de 


d'un  rppre'sentant  anglai.?  pour  évacuer  ,!«  Kaire.  Je  dis  qu'il, 
faudrait  que  ce  fût  une  personne  chargée  de  pleins  pouvoirs 
pour  cet  objet,  et  j'ajoutai  que  tout  cela  pourrait  bien  n'être 
qu'une  feinte  pour  gagner  du  teras  :  que  les  Français  pourraient 
espérer  du  renfort;  qu'on  était  ertcore  en  droit  de  douter  de 
I  leur    bonne  foi  ;  je  propose  des  espions  :  ils  disent  qu'ils  en  ont. 

_  i5  mars.  J'entends  dire  que  les  troupes  françaises  reviennent 
d'Alexandrie  ,  et  que  l'on  attend  quatre  mille  hommes  du  Saïd. 
Les  portes  sont  gardées  ,  et  des  patrouilles  dispersées  dans  les 
lieux  suspects  ;  MM.  South  et  Keith  sont  arrêtés.  M.  Parsc  i 
donné  ordre  .à  M.  Zeller  d'accompagner  le  grand  visir  dans  son 
entrée  .  lundi  prochain. 


.3 /m, 
pain  ,  me 

.4/"r« 
sur  le  méi 
que  je  n'i 

15 /m 


Manque  excessif  de  provis 
chevaux  mangent  des  levés 


thariéh. 


nt-garde 


Mes  gens  sont  sans 


uUe    ho 


des   dépêches  de 


mes  s  avance  jusqu 
.sidney  Smith.  J'ai 


Ma- 


divan  qu'elle 
s  pas  chez  elle 


que 


elai 


■  fait  pn 
;  fût  aie 


J'ai  visité  Salehhyeh. 
J'entrai  dans  les  villages  autour  du  camp.  La  misère  des  arabes 
est  incroyable  :  ils  sont  presque, nus.  Les  liouimes  et  les  femmes 
n'ont  pour  vêtement  qu'une  large  chem'Se  bleue  qui  descend 
jusqu'aux  chevUlcs  des  pieds,  les  hommes  sont  maigres  et  d'une 
apparence  maladive  ;  les  leniiiics  sont  ^-^ales  et  tres-laides.  Ils 
parurent  tous  me  voir  a\'ec  plaisir  ,  et  avec  une  espèce  de  regret , 
en  se  rappelant  leurs  anus  les  français  auxquels  ils  paraissent 
très-attachés. 

chaleur   m'a 
toute  lajou 


17  mors.  J'allai  < 
aisément  concevoir 
d'avoir  égard  aux  le 
leurs,  les  Anglais 
toujours  été  dans  l 
lait  que  le  Ka 


fat 


:çu  la  prou 
du  sang. 


le  reit  effendy  ;  je  lui  dis  qu'il  pouvait 
motifs  çnii  m'avaient  porté  à  lui  répondre 
•  que  j'avais  communiquées  ;  que,  d'ail- 
erit  encore  aussi    îîdelles    qu'ils  l'avaient 

engagernens  et  leur  zèle.  Il  ditqn'ilial- 
■  ,  parce  que    l'armée  turk    en   avait 


.  Je  répondis  que 


t  pour  éviter  l'effusion 


>6  fivri 
le  grand 


raient  des   cr 
bien  étonne  i 


ledr  je 


lit.    Ce 


sont  trés-incommodes  :  il  pleut  rarement.  La 
ru  éloufFante  ,  quoique  je  sois  resté  en  chemise 
e.  La  rosée  est  désagréable  la  nuit  ;  les  matinées 

ous  fûmes  mandés,  M.  Frankini- et  moi,  par 
pour  lui  rentlre  une  visite.  Lorsque  j'approchais 
entendis  des  cris  atfreux  comme  ceux  que  pousic- 
inels  expirans  dans  les  tourmens  ;  Tiiais  je  fus 
entrant  de  voir  les  bouffons  du  visi 
d'adresse  ,  et  i  se  battre  pgur  de  l'a 
:s  bouffons  sont  la  plupart  sourds  et  muets.  ]» 
le   gfcnér.ilis- 


grand  zèle 
pour  l'amei 


:  pouvait  pa 
»r^s    cela.   ]  Ji 


pallai  chez  le  reis  Efj^ndy  ;  je  lui  dis  que  mon 
m'avait  suggéré  d'aller  joindre  sîr  Sidney  Smith, 
ler  lui-même  on  en  obtenir  une  réponse  décisive; 
s  qu'aucune  hostilité  ne  serait  commise  dans  l'in- 
■épondit  qu'il  essayerait  ce  qu'il  pourrait ,  maisqu^il 
-répondre  de  ses  troupes,  (  //  eu  respomable  de  tout 
,  ils  laisseraient  le  tems  à 
le  général  Kochler  pour- 


r  d'el-A'rich  ;  qi 
itre  d'un  grand 


cupes 


,seilsici.Je 
ODferertce  ;  q 
■  Sidney  Smj 
ue  personne. 


laisser  partir  ,. 
dis  que  j'avaip 
n  conséquence  , 
que  j'irai  moL- 


Françats    ont 


rr.J'= 


'       9f'vr 
palissade   de  3oo   pied, 
tiers,    et   défendue  p; 
j^avais  été  voir  la  pla 
laisser  entrer   qui  que 
propre  faiblesse  ,  ce  qui  les   renr* 
Je  ne  puis  pas  dire  que  j'aie  l 
insolentes  et  iudisciplînécs  que  j( 
fusse  en    habit  europcan   et  en   i 
•ulté  ,  et  cependant  je  me  phç.iis 
pendant   la   marche.  J'en  fus  d'au 
leur  que  je  trouvais  insupportable 
Kianquc  d''eau  les  rendaient  de   fort    mau 
nifcstaient  leurs  besoins,    en  arrêtant  les  c 
pour  les  particuliers,  et  ea  perçant  les  ou 
Ce  qui  ine  choqua   beaucoup  ,  ce  fut   1 
leurs    malades.   Ils  n'ont    ni   médecins  ,   r 
thicaires  ,  ni   hôpitaux.  Nous  perdîmes  dai 
hommçs  ,  et  le  visir  fut  obligé  d'aller  avei 
les  mourans. 

Une  a  rmée  turkejpeut  être  comparée  parfaitement 
entière  qui  émigie     Le  nombre  des  personnes  inuiil 


lions ,    consistant    en     une 
ré  ,    construite  en    troncs  de   dat- 
pîeces  de    6.    Dès   qu'on  sut  que 
posa   une   garde,   avec  défense  de 
Les   Turks    sont   honteux    de   leur 
Crès-soupçonneux. 
ouvé  les    troupes  turkes    aussi 
me  rétais   figuré.    Quoique  je 
liforme  ,   je  ne    fus  jamais  in- 
dans le, pins  épais  de  la  troupe 
ant  plus  étonné  ,    que  la  cha- 
la  longueur  de   la  marche  et  le 
rt    mauvaise   humeur.  Ils   aia- 
eaux  chargés  d'eau 


lajou 


ndant   lo 
:oup   du 


la  plus 
d'Anglt 


usant  connue  un  enfant.  La 
suite  fut  peut-être  encore  plus  ridicule 
lî^-tems  de  la  prise  d'cl-A'iich  comin. 
monde.    Il   ajouta    que    l'empereur    d( 

grande   admiration  ,   lorsque  je 
lerre  faisait  la  plus  grande   partit 


route  par  terre. 

Quelques  tems  après  ,  il  marqua  son  étonnemcnt  suV  le  nombre 
de  ses  troupes,  qu'il  ne  ffsaït  que  d'apprendre  au  moment. 
L'expression  dont  il  se  servit  fut  celle-ci  :  Je  iuis  bkn'ttonnè  dt 
tTêuver  que  ^ai  un  ii  grand  nombre  de  trottiie. 

17  féiirier.  (ij  ]'ai  appris  de  Romay,  que  les  espions  des  beys  et 
kachefs  ont  fait  savoir  que  les  Français  levaient  encore  des  con- 
tributions. 

Je  fis  venir  dans  ma  tente  un  artiste  du  pays,  pour  m'infor 
mer  si  les  Français  étaient  aimés.  Il  paraissait  un  homme  aisé  ; 
il  me  dit  que  eeux  qui  avaient  travaillé  pour  les  Français  étaient 
satisfaits.  Je  ne  puis  tirer  de  lui  rien  d'intéressant. 


Message  du  grand  vi 
parce  qu'il  a  besoin  de 
donné  ma  réponse  la  veil 
tout  dépendait  des  ordri 
même  et  les  rapporterai 

Refusé. 

18  mrtrs.  Les  ministres  ottomans  ouvrent  des  conférencee 
avec  le  général  Damas  et  le  citoyen  Gloutier,  qui  donn«nt  une 
note  en    quatre  articles  : 

1°.  Un  subside  en  argent   pour  l'entrée. 

^° .  Un  subside  en  provisions. 

Accordé. 

3".  La  citadelle  du  Kaîre  ,  comme  une  sûreté  pendant  qu'o» 
remplirait  ces  condilions. 

Refusé,  en  tant  qu'ils  doivent  occuper  le  Delta  et  les  rives 
occidentales  du  Nil,  d'où  ils  peuvent  tirer  des  subsides  ,  si  ceux 
fournis  par  les  ottomans  ne   sont  pas  réguliers. 

5**.  La  garantie  de  la  sublime  Porte  pour  le  passage  des  troiK 
pes  fn  France. 

Nous:  terminerons  l'histoire  des  relations  diplomatiques  de  M. 
Moricr  avec  nous,  par  une  lettre  au  général  en  chef  Kleber  ,  et 
la    réponse  qu'il  en  a  reçue. 

Du  quartier-général  de  S.  A.  le  grand  visir,  Yaffa  ,  2  juin  1800, 


.8/» 


20,    21 


'.  je  quittai  Salehhyeh. 

.  Je  suis  arrivé  à  Belbeys  après  une 


ent 


l'armée 
d'une 
les    deu 

est  presque 
X  tiers,  Lorsq 

quatorz 
jusqu'à 
simple 
breux  , 

composée  qi 
e  mille  cheva 
quatre-vingt 
oldat,   doit 

loncevable  ;  de 
lille  hommes  ,  il  f^aut  en  mettre  de  côté 
cette  a.rraée-ci  quitta  Constantinople  ,  elle 
de  cinq  mille  hommes.,  mais  il  y  avait 
,  et...     chameaux.  Ce  nombre ;s'est  accru 


pas 


aller  che: 
qu'i 


d'autres  ;  cependant 
j'avais   sept    cbameat 

viande  ,  que^  deux  f 
des  rations  de  riz.  J 
notice  exacte  du  noml 


Tout  homme  qi 
,  domestiques  ,  qui  sont  nom 
)ur  poser  et  plier  les  tentes 
:cur  d'eau,  un  hannasser  01 
riture   des  chevaux. 

de   bic: 


chargé; 


suite  en  comp: 
s  chevaux  et  ceux  de  mes  gens  , 
d'effets  et  de  provisions, 
t  pourvues  de  pain  ou  de  biscuit  ,  et  de 
lis  par  semaine.  Les  janissaires  seuls  ont 
est  presqu'impossiblé  de  se  procurer  une 
des  troupes  "dans' un  camp  turk  ;   d'abord 


,  23  ,    23 ,    24 
conséquence  de 


.  2  5/rt 

laJett 


.T'ai 

qne  , 
libre  < 


l'ho 


rdei 


r.  je   suis   allé 
de  M.  Keith  1 


le 


effendy  en  conséquence  ae   la  têtue  ac  m.  xeim  reçue  aujou 

d'hui.  |2 

Je  communiquai  au  reys  effendy  le  rapport  de  M  Keith  au 
sujet  de  la  menace  du  général  Kléber.  Cela  ne  peut  pas  avoir  eu 
lieu  ,  puisque  l'article  XV  n'.T  pas  été  encore  exécute.  Lui  et 
Cheleby  effendy  m'assurèrent  que  la  Porte  était  de  bonne  foi. 
février.  Le  reys  Eflfendv  m'envoya  chercher  pour  me  coinrou- 
niquer  une  lettre  qu'il  avait  reçue  de  Mustapha  pacha  ,  du  Kaire  , 
portant  que  trois  vaisseaux  de  ligne  anglais  étaient  arrivés  à 
Alexandrie  de  Plymouh  ;  qu'ils  avaient  arrêté  un  b.îtiment  fran- 
lyant  im  passeport  de  sir  Lidney  Smitli.  Je  répondis  que 
:r-commandant    ignorait    l'état  des    affaires ,   etc. 


communiquer  que  sa  maiesté  brîtannî- 
donnant  des  ordres  à  ses  flottes  d*accorder  le  passage 
ranceaux  troupes  françaises  qui  se  trouvent  en  Egypte, 
i  fait  accompagner. de  passeports  de  son  ambassadeur  extraor- 
ire  et  plénipotentiaire  près  la  sublime  Porte. 
:s  obstacles  que  vous  avez  toujouis  cités  comme  empêchant, 
Dtre  côié  ,   l'exécution  de  la  convention  d'el-A'rich    n'existe- 


l'offic 
afl'airf 


magina  tout  de  i 
le  traité  :  à  peine 
généralement. 

Vent  chaud  et  insupportable  avec 
dant  les  trois  jours    derniers. 


ys  effendy  ce  qu'il  pensait  de  l'état  des 
ination  de  Bonaparte  au  consulat  :  il  s'i- 
que  je  voulais  parier  de  son  influence  sur 
l  capable  de    répondre  à  la  question  prise 


poussière  épaisse  pen- 


,  parce  que  les  turks  le  cachent.;  ensuite,  parce  qu'il  n'y 
de  constant  parmi  eux  ;  un  officier  qui  fait  porter  devant  lui 
le  béyraq  ou  drapeau  ,  suppose  qu'il  commande  deux  cens 
hommes  ,  afin  de  recevoir  ce  nombre  de  rations  ,  tandis  que 
quelquefois  il  en  a   à  peine  cinquante. 

Un  ^événement  singulier  est  arrivé  cette  nuit  ;  il  sert  mieux 
que  tout  ce  qu'on  pourrait  ajouter  ,  à  donner  une  idée  de  la 
discipline  des    turks  ,   lorsqu'ils  sont  campés. 

Ma  tente  était  toujours  près^  de  celle  du  Reys  effendy  ,  à  peu 
de  distance  de  celle  du   visir  ;   car  les  ministres  et  les   hommes 


nt  d't 


4*^6131  sont 

'étaient  cam 
Tarmée.  Ap: 
gayer 


corps    particulier  ,    et    les 


ept 


lille    atba: 


A  quelque  disE£ 


egi- 


les 


de  nos  tente; 
ailleurs    Soldats  de 


leurs  ; 


chez  1^5 
es  â  feu , 


tente  fut 


du  soleil ,  ris 
les  signes  de  la  joie 
turks  par  des  cris  et  la  décharge  de  toi^te 
ÏI3  se  mirent  à  tirer  à  balle  de  côtés  et  d 
pas  sans  nous  faire  courir  de  grands  dangf 
percée   en  piusieurj   endroits. 

Le  visir  leur  donna  ordre  de  cesser.  Cet  ordre  fut  transmis 
de  bouche  en  bouche  ,  en  criant  almani  ,  {  ne  tirez  pas.  )  Lors- 
qu'il atteijMiit  les  albanais  ,  ils  cessèrent  un  instant ,  mais  redou- 
blèrent bientôt   leurs  décharges. 

10  févïitr.  Nous  marchons  pendant  cinq  heures  vers  Saleh- 
liyeh.  D-iin>  la  soirée  ,  le  reys  effendy  uie  communiqua  la  con- 
vention  ,    et  j'en   pris  copie. 

Un  autre  événement  non  moins  frappant  que  celui  que  je  vienfl 
de  lapportL-r,  eut  lieu  hier.  Aussitôt  qu'on  eût  décampé  ,  les 
soldats  toniUcrent  sur  ceux  qui  suivent  l'armée  pour  débiter  , 
à  leur  pTopicLouipte  ,  des  provisions  de  bouche  et  autres  objets  ; 
il  les  pillèrent  entièrement.  Le  besoin  peut  à  la  vérité  excuser 
cet  acte  de  violence  :  je  crois  le -soldat  turk  patient,  excepté 
lorsque  le  besoin  ei>t  très-urgent,  et -alors  il  manifeste  son' mé- 
contentement  par  des   actes  de  violence. 

Après  la  réduction  d'el-A'rich  1  l9S  turk»  pillèrent  un  de  leurs 
propicâ   pachaB. 


27  février.  ]< 
Keith,  reçue  a 
de  la  détention 
Smith  .    malgré  tout 


lai  au  leys  effendy  la  lettre  de  M. 
Il  desirait  beaucoup  jeter  le  blâme 
français  sur  l'absence  de  sir  Sidney 
qne  je    pus    faire    pour   li       '  " 


ont  donc  plu, 
uer  l'Egypte. 
J'ai  l'h, 


otre 


oudront  éva 


pas  toujours  possible  de 
Sidney  Smith   était  allé  en  Chypre  : 


te.    Il 
:  Emir 


prendre  qu'il 
présumait  que 
bâcha  ;   mais   ji 

28.  février.   J'ai  communiqué   au   reys    effendy   la  lettre  de  M. 
Keith  reçue  aujourd'hui. 

4  mair.  Arrivée  du  général  français  Galbaud  ,  ace  ompagné  de 
Son  fils. 

5  mers.  Les  parti culariteB  de 


ntrevue  sont   consignées 


a  correspo 
ri.  An 


Kleber 
Hank  : 


:  de    L.. 
.  Audience  du   visir. 
s.    M.    Keith    est  arrivé    avec 

I.  Nous  quittons  Belbeys,  et 
très  une  marche  de  six  heures. 
;.  Conférence. 


une  lettre   du   général 
allons    camper    à    el- 


On  dit  que  les   Français    fortifient  le   Kaîre  ,  et    fc 
des  troupes  d'Alexandrie. 

14.   TTiûri.   T'ai   communiqué  au  reys    effendy  la  lettre  de   AI. 
Keith.    Il  dit  que    le   général  Kleber    n'attend   que  la  garantie 


(1)  Note  du  Courier  d'Egypte  ,  N".  74.  —  C'est  par  erreur  que 
l'on  a  mis  dans  le  n".  70  de  ce  journal ,  que  M.  Morier  était 
venu  au  quartier-général  de  l'armée  française,  il  accompagna  cons- 
tamment le  grand-vîsir  ,  et  ne  l'abandonna  que  dans  sa  fuite. 
C'est  de  Salehhyeh  qu'il  gagna  Damiétce  ,  Roseite  ,  Alexandrie  , 
et  parvint  à  s'enibarquer  à  la  faveur  d'une  espèce  de  lettre  de  re- 
commandation du  chef  de  brigade  Baudot,  fait  prisonnier  par 
les  Turks,  contre  le  droit  des  gens  ,  en  allant  parlementer. 

(a)  Le  M.  Keith  dont  il  est  ici  question  ,  et  le  secrétaire  de 
sir  Sidney  Sinith,  qui  est  venu  fréquemment  au  quartier-général  de 
l'armée  française. 


aussitôt  que  v 
d*êtrc  avec  respect  , 

Votre   très-humble  et  très- obéis 


Le  général  en  chef  Kleber  répondit  à  la  lettre  précédente  p» 

la   note  suivante  ,  qui  n*a  été  envoyée  que  par  son  successeur    1# 
généial   en  chef  Menou  ,    en  y  ajoutant   le  dernier    article. 

He  tougt  (  sir  Sidney  Smith)  that  the  safetyofthe  Turjcish 
Empire  depended  upon  the  strict  observance  of  the  covention  . 
and  that  ihe  putting  in  exécution  the  plan  of  a  nue  de  guerre. 
Would  throw   things  back  to  theîr  primitive  state. 

J  observ|d  to  that ,  that  j  supposed  that  plan  had  been  pro- 
posed  in'the  idea  tliat  the  French  had  not  been  sincère  in  theîr 
fijst  ouvertnres  ,  the  safety  of  the  lurkïsh  Empire  requiring 
some  vigorous  measure  of  that  nature  to  rid  Egypt  of  its  in- 
vaders    (i). 

La  note  cî-dessus  est- extraite  d'i 
six  pouces  de  hauteur  ,   quatre  pouce 
d'épaisseur  ,  recouvert  de  maroquin  rou] 
parmi  les  équipages  d'un  anglais  nommé 
d'après  plusieurs  lettres   qui   lui   ont  été 
pareillement    été    trouvées  ,    écvyer  ,     secn 
r  ambassadeur  Elgin  ,    et  résident    britannique  < 

Cette  noie  fesant  connaître  d'une  manie 
le  susdit  Morier  est  un  fourbe  ,  chargé  , 
exécution  une  ruse  de  guerre  à*l*ombre  d'un  traite,  on  a  jugé 
qu'il  était  de  la  loyauté  française  de  prévenir  ca  Morier  ,  que 
tout  individu  qui,  à  l'avenir,  se  -présenterait  de  sa  part  à 
l'armée  de  la  république  en  Egypte  ,  sera  considéré  comme 
espion,  et  traité  en  conséquence.  Selon  l'usage  de  toutes  les 
nations  ,  il  sera  pendu  à  un  arbre  ;  le  même  sort  lui  est  réservé, 
s'il  o.sait  s'y  présenter  lui-même.  Ce  Morier  ne  peut  être  .  que 
désavoué  par  le  lord  Elgin ,  au  nom  duquel  il  a  l'audace  de 
parler. 

On  prévient  aussi  le  susdit  Morier  que  cent  cinquante- deux 
anglais  de  dilTérens  grades  ,  et  à  la  tête  (lesquels  se  trouve 
M.  Courtenay-Boyle  ,  r^ondront  au  général  en  chef  du  moindre 
mauvais  tiaitemeat  que  pourrait  essuyer,  à  l'armée  ottomane,  ïc 
chef  de  brigade  Baudot ,  aîde-de-camp  du  général  en  chef  Kleber. 
Par  ordre,  signé,  Leves^ue  , 

Secrétaire  du  général  en   chef* 


lahier  portatif,  d'envîjon 
:  largeur  et  quatre  lignes 


qualifiant  , 
;(0qui    ont 

re    de   son    excellence 

camp   ottoman. 


adret: 


équivoque  que 


:-il. 


fi)   Il  pensait  (    sir   Sidney  Sniit 
turk    dépendait  de    l'observation 
que  l'exécution   du  plan  d'une  ruse 
ses    dans  leur  état   primitif. 

J'observai  à  cela  que  je  supposa 
posée,  dans  Tidée  que  les  Franco 
dans  leurs  premières  ouvertures  , 
exigeant  quelque  mesure  vigoureust 
rrcr  l'Egypte  de  sea  envahisseurs. 


1  )    que  la  su: 

de  guerre  rejetterait    le 

s  que  ce  plan  avait  éti 


n.pire 
.  et 
cho- 


s  n'avaient  pas  été  sincères 
la  sûreté  de  l'empire  tuit 
de  cette  luiture  pour  dell- 


4 


359 


Ordre  du  jour  du.  i&  prairial  an  VIII. 


D*aprc3  les  procès-verbaux  adri 
major  général  ,  il  résulte  que  rarin 
dimité  la  coustitution  de  Tan  VI 


les  corps   à    Tetat- 
it  a  accepté  à  Ttina- 


Le  général  de  division  ,  chef  de  l'état-major  générât , 
Signé  Damas  , 


N".  75.  9  thermidor  ,  an  8. 

I.'aide-de-camp  ,  chef  de  brigade,  Bau<lot  es* 
arrivé  devant  Alexandrie  :  le  capitan-pactia  en  a 
prévenu  le  général  en  chef,  qui  a  fait  partir  un 
ofiScier  pour  aller  recevoir  le  citoyen  Baudot. 

—  Une  frégate  turké  de  trente  canons  s'est 
échouée  près  du  boghaz  de  Rosette  ,  à-peu-près 
au  même  endroir  où  s'était  déjà  échouée  la  cor- 
vette anglaise  le  Cormoran.  On  aura  de  la  pi-ine  à 
sauver  quelque  chose  de  ce  que  contenait  cette 
frégate  ;  la  mer  l'a  déjà  entr'ouverte  :  l'équipage 
est  prisonnier. 

—  Le  grand-visir  est  toujours  à  YafFa  avea  un 
corps  d'environ  sept  à  huit  mille  hommes  :  un 
autre  corps  d'enviion  deux  mille  hommes  est  à 
Gaza;  un  de  même  force  est  à  El-A'risch  ,  com- 
mandé par  Ismaël-pacha. 

—  Les  naplousains  sont  en  guerre  ouverte  avec 
le  grand-c»isir.  Abou-Maïak,  pacha  de  l'armée 
ottomane  ,  a  été  compleitement  battu  par  les 
naplousains  ;  il  a  perdu  dans  le  combat  douze 
à  quinze  cents  hommes.  Djtzzar  pacha  a  fait 
oflF.ir  du  secours  aux  naplousains. 

—  Le  capitan-pacha  ,  à  la  tête  d'une  escadre 
de  vingt  -  six  bàtimens  tant  grands  que  petits, 
croise  depuis  Ddmiette  jusqu  a  Alexandrie. 

—  Mustapha  pacha  qui  avait  éié  p'risonnicr  à 
Abou-Q^r  ,  et  qui  ,  d'aprè?  différens  éuénemens 
connus  de  l'armée  ,  avait  éic  envoyé  à  Lesbéh  , 
près  Damiette  ,  pour  y  être  échangé  avec  le 
cic.  Baudot  ,  aidc-de-camp  du  généra  K'eber,y 
est  mort ,  le  9  messidor  ,  à  la  saue  d'une  maladie 
qui  n'a  duré  (jue  peu  de  jours.  On  lui  a  donné 
tous  les  soins  qu'exigeaient  l'humanité  et  la  géné- 
rosité fracçiisc  ;  on  lui  a  l'ait  4^5  obsèques  sem- 
blables à  celles  qui  auraient  eu  lieu  pour  un 
général  de  division  français  ;  tous  ses  -  is  ont 
été  inventoriés  ,  mis  sous  le  scellé  ,  anii  d'être 
rendus  à  ses  hériiiL-rs.  On  a  prévenu  de  cet  évé- 
nement le  capiian-pacha. 

—  Hassan  Toubar  ,  grand  cheykh  de  tout  le 
pays  de  Mtnza'éh  ,  est  mort  subitement  ,  le  10 
messidor ,  d'une  attaque  d'apoplexie.  Cet  homme, 
très-considérable  par  l'ariiiquité  de^  famille  ,  par 
ses  riches  propriétés  et  ses  relations  nombreuses  , 
avait  d'abord  quitté  son  pays  peu  a^^rés  l'arrivée 
des  français,  pour  se  réunir  aux  osman4is.  Après 
la  campagne  di-  Syrie  ,  il  obtint  du  général  Bona- 
parte la  permission  de  rentrer  d  -ns  se-s  foyers  ; 
depuis  cette  époque  ,  il  s'est  parfaitemeni  conduit , 
et  a  témoigné  beaucoup  d'attachement  aux  fran- 
çais. Le  général  en  chef  a  accordé  la  place  de 
grand  cheykh  de  tout  le  pays  de  Menzaléh  à 
Chéléby  Toubar,  frère  de  Hassan  Toubar. 

N°  76.  18  thermidor. 

Les  musulmans  ont  célébré,  le  14  du  courant, 
la  naissance  de  Mahomet.  Les  principes  lolémns 
de  notre  gouvernement  l'ont  toujours  engagé  à 
prendre  part  à  cette  tête  qui  a  été  annoncée  au 
Kaire  par  de  nombreuses  sa  ves  d'artillerie.. 

Le  cheykh  el-Bekry  ,  descendant  du  prophète, 
a  donné  le  même  jour  un  somptueux  dîner  au 
général  en  chef,  à  tout  l'état-major  général  et  à 
celui  de  la  place  ,  aux  officiers-gé.iéraux  et  supé- 
rieurs de  tous  les  corps  qui  se  sont  trouvés  «a 
Kaire  ,  à  plusieurs  fonctiontiaires  publics  et  aux 
principaux  du  pays.  Il  y  a  eu  le  soir  dans  toute 
Ja  vile*  une  illuoiination  très-brillanie. 

Quelles  que  soierit  au  reste  nos  opinions  reli- 
gieuses ,  Mahomet  doit  être  consiiiéré  comme  un 
Homme  supérieur  à  son  siec'e  et  à  ses  compa- 
triotes, et  digr  e  .  par  son  génie  ,  ses  lumières, 
son  audace,  de  fixer  l'admiration  de  la  postérité. 

Né  au  milieu  d'un  peuple  ignorant  et  supersti- 
tieux ,  il  sut  apprécier  l'empire  si  puissant  de  la 
religion  ;  et  se  plaçant  entre  le  créateur  et  Ihom- 
me  .  il  parvint  à  substituer  le  dogtne  de  l'unité 
de  Dieu  à  une  loulc  d  idées  et  de  pratiques  ridi- 
cules qui  déshouoraienl  les  peuples  abrutis  de 
l'Orient. 

Les  points  fondamentaux  de  la  religion  de 
Mahomet  se  réduisent  à  sept,  dont  les  trois  pre- 
mieis  couccrneiit  la  foi  et  le  dogme  ,  et  les  quatre 
autres  uppjtlicnncnt  à  la  pratique. 

Le  premier  point  fondamental  est  qu'il  ny  a 
de  Dieu  que  le  vrai  Dieu,  et  que  Mahomet  est  son 
prephele. 

Le  second  point  consiste  à  croire  que  les  je- 
tions des  hommes  seront  récompensées  ou  punies 
après  leur  mort.  , 

La  prédestination  ou  le  décret  absolu  de  Dieu 
est  le  t'.oisicme  point   fondamental. 

Le»  qu.ite  points  de  pratiques  sont  la  prière  , 
l'aumôuc  ,  le  jc&ne  et  le  péléiioaije  de  la  Mckke. 


Outre  ces  points  principaux  ,  le  Qoran  prescrit 
encore  plusieurs  préci  pies  de  morale  qui  doi- 
vent être  religieusement  observés  ,  comme  la 
défense  de  faire  usage  des  boissons  qui  enivrent, 
exaltent  les  passions  ,  et  troublent  l'ordre  de  la 
société. 

L'usure  el  le  jeu  qui  doivent  leur  origine  com- 
mune à  la  cupidité  ,  sont  également  défendus 
par  la  loi  dé  Mahomet. 

Le  Qoran  renferme  encore  les  lois  civiles  :  il 
règle  la  poition  des  femmes  et  des  eufaiis  dans 
la  succession  des  pères  et  des  époux  ,  et  réduit 
à  quatre  les  femmes  que  chaque  musulman  peut 
épouser.  Enfin  ,  il  permet  le  divorce  qui  répare 
la  violation  que  le  mariage  fait  souvent  aux  lois 
de   la  nature. 

Nous  connaissons  ,  par  la  fiéquentalion  des 
turks,  beaucoup  plus  de  choses  que  no'rs  n'avons 
le  dessein  et  le  loisir  d'en  placer  ici.  Mais  il  est 
quelquefois  utile  de  rapprocher  dans  un-lableau 
concis  la  série  des  principes  londametuaux  d'une 
doctrine  souvent  agitée,  et  que  l'on  veut  juger 
sainerioenl. 

Nous  terminons  en  observant  que  la  perfection 
qui  peut  se  trQuver  parmi  les  ransulmans  tient  à 
-des  principes  de  morale  unive-rselle  ,  indépetv- 
dans  des  relis^ions,  et  qui  finiro'.t  par  les  rassem- 
bler toutes;  que  la  cause  la  plus  destr'jctive  de 
la  grandeur  ei  de  la  puissance  des  musulmans 
est  dans  le  dogme  de  la  prédestination  qui  leur 
a  lait  négliger  1  acquisition  des  conniiissa^:ces  qui 
nous  donnen  t  sur  eux  ,  dans  tous  les  genres ,  une 
sigrande  supériorité. 

—  Depuis  huit  à  d'x  jours,  le  c.piian-pacha 
est  de  retour  dtvant.  Alexandrie  ;  M.  Smith  est 
venu  ly  rejoindre  avec  un  vaisseau  de  ligne  et 
deux  autres  bâiimens  mo  ns  considérables. 

—  Le  général  en  chef,  instruit  de  l'arrivée  du 
citoyen  Baudot  devant  Alexandrie,  a  fait  partir 
du  Kaire  ,  le  3  de  ce  mois  ,  un  officier  qui  a  eu 
ordre  de  se  rendre  à  Rosette  avec  ries  dépêches 
pour  le  capitan-pacha  ;  la  mer  n'av.iii  pas  encore 
permis,  le  14  au  matiu  ,  qu'il  pût  se  rendre  à 
l'escadre   lurke. 

—  Le  grand-visir  est  toujou'S  à  YafFa  ;  les  rap- 
ports les  plus  atiihentiques  portent  qu  ir  n'y  a 
point  de  troupes  à  Gaza,  et  qu'il  y  en  a  peu  à 
el-A'rich. 

—  Mourad-bey  se  montre  toujours  dans  les 
meilleurs  intentions  ;  il  écrit  souvent  des  lettres 
très-aflectueuses  au  général  en  chef. 

—  Le  commerce  paraît  vouloir  se  ranimer  dans 
le  port  de  Souès  ;  les  nénocians  du  Kaire  pren- 
nent des  mesures,  à  cet  é^ard. 

—  Les  travaux  qu'on  fait  tous  les  ans  au  canal 
qui  porte  leju  du  N:l  à  Alexandrie  .  sont  dans 
la  plus  grande  activité  ;  le  citoyen  Lepere  ,  direc- 
teur des  ponts  el  chaussées,  nàei  beaucoup  de 
soin  pour  se  procurer  des  ren5eigne;iu-ns  sur 
1  irrigation  générale  de  l'E^^iypte;  il  a  envoyé  des 
ingénieurs  pour  examiner  les  différens  canaux  et 
la  manière  dont  ils  répandeni  dans  :es  campagnes 
les  eaux  du  Nil.  La  crue  de  ce  fleuve  était  aujour- 
ijl'hni ,  18  au  matin,  de  44  poucrs  plu^  considé- 
rable qu'elle   n  éiait  l'année  passée  à  pareil  jour. 

—  Les  ordres  ont  été  donnés  pour  réparer  le 
meqyas  ou  nilonieire  ;  on  s  éiait  permis  de  dégra- 
der presque  de  fond  en  comble  ce  monument 
qi;i  ,  sans  être  beau  ,  a  une  grande  cé'ébriié  dans 
le  monde.  Sa  construclion  remonte  jusiju  à  près 
de  yoo  ans  d'antiquité. 

—  La  ville  du  Kaire  est  trè  -tr.nnquiUe  ,  les  con- 
tributions s'y  paient  assez  bien  ,  quoique  irès-mal 
réparties.  L'arisiocraiie  des  richesses  domine  dans 
cette  ville  pus  peut-être  que  partout  aideurs  ,  de 
manière  que  l'influence  'les  gens  puissans  y  écrase 
sans  cesse  le  peuple  qui  supporte  presque  tout  le 
poids  fies  imposiiions.  Il  entre  puissamment  dans 
les  intentions  du  général  en  chef  de  diminuer 
autant  que  possible  ceite  influence,  et  de  relever  la 
classe  laborieuse  des  felUhhs. 

—  Deux  bâiimens  grecs  ,  dits  Voliches  ,  sont 
entrés  à  Alexandrie  ,  i I  y  a  peu  de  jours.  Ils  sont 
chargés  de  vin  ,  d'eau-dc-vie  ,  d'huile  ,  de  tabac,, 
et  de  quelques  ballots  de  drap. 

Lus  équipages  déposent  que  les  armées  fran- 
çiiees  ont  fait  de  grands  progrès  eti  Lalie  ;  mais 
comme  on  ne  sait  pas  jusqu'à  quel  point  on  peut 
[  ajouter  foi  à  ce  lapport ,  on  ne  donne  point  la 
nouvelle  comme  officielle.  Ces  deux  bàtimens 
viennent  des  îles  de  Miconi  et  d  Ipsera. 

N°  77.  Le  il  thermidor  an  i. 

KAIRE. 

Le  général  en  chef  a  passé  en  revue  ,  le  19 
du  courant  ,  trois  des  demi-brigades  qui  com- 
posent la  division  du  général  Priant  ,  savoir  , 
la  61'  ,  la  75'  et  h  88"^.  Après  la  revue  ,  ces  trois 
dimi-brigades  ont  marœuvré  et  exécuié différens 
feux  avec  beaucoup  de  précision  ei  de  vî'esse. 
L'aitillerie  de  cette  division  a  pris  pan  aux  ma- 
nœuvres ,  et  s'en  est  acquittée  avec  beaucoup 
d'imelligence. 


N°  78.  Le  6  fructidor  an  8. 

KAIRE. 

L'ouverture  du  khalydj  s'est  faite  cette  an- 
née le  2g  thermidor.  Le  Nil  marquait  à  la  co- 
lonne du  méqyas  seize  couMées  ,  ei  montait  ainsi 
au  terme  des  crues  de  l'année  dernière  le  1^ 
vendémiaire.  C'est  le  gage  assuré  d'une  heuteusts 
fertilité. 

Dès  la  veille,  au  coucher  du  soleil,  le  c;non 
de  la  citadelle  et  de  tous  les  forts  avait  annoncé, 
la  coupure  de  la  digue.  Le  lendemain  à  neuf 
heures  du  matio  ,  le  général  en  chef  Mcnou  ,  ac- 
compagné de  son  état-major  et  de  toutes  les 
autorités  miliiaires  et  civiles,  se  rendit  au  lieu 
qu'occupait  le  kyosk  détruit  pendant  le  siège 
du  Kaire.  La  nombreuse  garnison  de  celle  capi- 
tale et  les  troupes  statronnées  dans  les  envi- 
rons ,  occupaient  déjà  dift'crens  poi'nts  sur  le'i 
tertres  enviionnans  ,  disposés  en  gradins,  et  com- 
verts  dune  affluence  pr'odigieesê'de  peuple  doi:t 
le  costume  varié  offrait  un  coup-d'œil  extrême- 
ment pittoresque. 

Pendant  que  le  général  m  chef  fesait  jcf  r  au 
peuple  des  milliers  de  médins  ,  1  agha  Waly  lésait 
ouvrir  la  di^ue  ,  et  les  eaux  se  précipitèrent, 
bientôt  comme  un  torrent  dans  le  canal. 

Nous  avons  publié,  !'an  passsé  ,  11°  5o  de  ce 
journal,  l'acte  publ'C  et  juridique  cjui  se  dresse 
dans  cette  circonstance  :  il  en  resulie  que  c'est 
d'après  l'ouveiture  de  ce  canal  ,- qu'il  est  permis 
aux  cultivateurs  de  toute  l'Egypte  de  laisser  enir.  r 
les  eaux  dans  tous  les  canaux  d'irrigaiion  ,  et 
que  tous  les  propriétaires  sont  obligés  de  payer 
les  droits  du  myry  ,  les  denrées  destirrées  à  la, 
Mekke  et  lieux  saints,  et  tous  les  autres  droits 
suivant  les  anciens  usage?. 

Depuis  noire  entrée  en  Egypt.-  , aucune  fête  , 
aucune  cérémonie  publiqjC  n'avait  réunr  d.ms 
les  mêmes  lieux  et  pour  le  même  objet  un  aus-i 
grand  concours.  L  armée  n  avait  »,ême  j.amais 
paru  aux  yeux  des  habiians  du  pays  dans  une 
si  belle  et  si  importante  renne  ,  exctpé  le  jorir 
où  elle  célébra  à  la  fois  et  la  vicio  re  ct'Héliopi-lis 
et  la  reddition  du  Kaire;  mais  alors  la  f  ayeur 
glaçait  encore  le  cœur  d'une  partie  des  habiiâiiS 
de  cette  cité  populeuse  que  la  clémence  du  vaui- 
qutur  ras,<,ura  depuis  par  un  pardon  généreux. 
Dans  la  fêle  du  2g  ,  tous  ces  souvenirs  di.u'ou- 
reux  étaient  eniierement  effacés  ,  et  un  peuple 
immense  ,-  accouru  tle  toutes  pans  ,  se  livrait 
avec  transport  et  reconnaissance  à  la  contem- 
plation d'un  beau  phénomène  et  d'un  grand  bien- 
fait de  la  nature. 

Le  citoyen  Duterire  ,  membre  de  l'institut  ,  a 
fait  un  dessin  colorié  de  cete  iêie.  Ses  talens 
supérieurs  sont  assez  connus  pour  nous  dispenser 
de  tout  éloge. 

—  Le  général  Beaudot  rst  enfiT  arrivé  au  quar- 
tier-général du  Kaire.  Sa  longue  captivité ,  dont 
les  détails  sont  connus  par  l'ordre  du  jour  d'hier 
5  du  courant  ,  n'a  poin'  altéré  sa  san'é  :  La  conso- 
lation d'avoir  servi  son  pays  ,  effacera  le  souve- 
nir de  ses  malheurs.  L'armée  connaît  parla  pro- 
clamation du  général  en  chef  ,  en  date  du  même 
jour,  les  excellentes  nouvelles  qu'il  a  apportées. 
l'artoutla  république  fumqaise  est  triomphante.  ■  - 

N",  St.  —  Le  y  jour  complémentaire  an  S. 

Tout  annonce  que  l'année  piochaine  sera  ex- 
liérnetTieut  leriile  en  Egypte.  Le  Nil  a  momé  de 
plusieurs  pouces  au-delà  du  ternie  de  I  irrigation 
générale.  L'eau  cou'e  aciuellement  par  des  ca- 
naux creusés  de  toute  antiquilé  ,  au-delà  du  lac 
Nalrou  .  et  va  se  rendre  dans  les  plaines  de 
Marioulh  ,  qui  font  partie  du  désert  de  Barbarie 
au-delà  d'Alcxamirie. 

Tous  les  canaux  de  la  province  de  Bahyréh  ont 
été  nettoyés  avec  le  plus  grand  soin.  Cetre  pro- 
vince pourra  rcpnn-Jre  sa  place  parmi  les  pius 
fertilts  de  l'Egypte.  Dans  beaucoup  d'autres 
ca.iioris  ,  on  à  réparé  les  digues  ,  on  a  fait  des 
travaux  pour  opé-er  les  irrigations  d'une  manière 
plus  uniforme,  de  sorte  que  beaucoup  de  vil- 
lages qui  n'étaient  que  très-mal  arrosés  depuis 
quelques  années,  le  sont  actuellement  d'ene 
manière  irèv-abondante.  Il  n'est  pas  douteux  que 
les  habiians  seniiront  la  différence  qui  exiMs 
entre  le  gouvernement  ferme  et  juste  des  français 
et  celui  de  leurs  anciens  maîtres. 

—  L'armée  du  grand-visir  est  exrrêmement 
faible  à  "iTaffa.  Il  règne  une  maladie  contagieuse 
parmi  les  troupes  qui  la  composent.  On  assure 
qu  Ibrahim-bey  ,  et  une  de  ses  femmes  ,  viennent 
d'y   mourir. 

Un  bâtiment  venu  dernièrement  de  Lalakéh  à 
Damieiie  ,  a  rapporté  qu'il  y  arrivait  jour,  elli-- 
meni  une  grande  quantité  de  déserteurs  de  l'armée 
•  du  grand-visir. 

Plusieurs  bâiimens  grecs  sont  partis  dernière- 
ment des  ports  de  Damiette  et  d'Alexarrdri,-.  lis 
avaient  des  chargeinens  assez  rrches  ,  er  ont 
promis  de  rapporter  plusieurs  choses  utiles  à 
l'armée.  Il  n'est  pas  douteux  qu'en  se  conduisant 
avec  justice  ,  probrié  et  moralité  envers  les  gri.cs  ; 
on  ne  parvienne  bieniôt  à  gagner  leur  confiance. 


56ô 


—  La  mort  de  Yousouf  pacha,  anciennement 

trand-visir  ,  et  depuis  pacha  de  Gedda  ,  est  con- 
rmée.  Totis  les  gens  de  sa  suite  sont  arrivés  à 
Qosséyr,  et  de-là  à' Syout  ,  d'où  ils  descendront 
au  grand  Kaire  ,  et  de-là  s'en  retourneront  ,  fo\( 
par  Alexandrif  ,  soit  par  DaruiettÇ  ,  à  leurs  ditfé- 
lens  pays. 

La  mort  de  Yousouf  pacha  produira  vraisem- 
blablemement  des  changeraens  dans  le  gouver- 
nement et  la  politique  de  l'Arabii-.  Tl  est  à  présu- 
mer que  le  grand  schéril  de  la  M,kke  ,  ainsi 
que  quelques  autres  princes  arabes  ,  saisiront 
se  Duomeni  ,  pour  s'affranchir  tolalemeitl  du  joug 
otloiTian. 

—  La  caravanne  de  Senpaar  est  en  chemin  pour 
te  rendre  au  Kaire  ;  il  lui  a  été  donné  aide  ,  pro- 
tection et  liberté  sons  tous  les  rapports.  On  en 
attend  d'autres  de  Darfurth  ,  du  Sudan  et  de 
l'Abissinie.  Il  n'est  pas  douteux  que  l'expédition 
des  Iratiçiis  en  Egypte  produira  nécessairemeni 
la  civilisation  de  I  Orient  ,  et  la  connaissance 
du  vaste  continent  de  lAfFcique. 

—  On  parle  beaucoup  de  l'existence  d'une 
soufFiierc  ei  d  ur.e  mine  de  charbon  de  terre  dans 
les  montagnes  qui  bordent  la  côle  occidentale  de 
la  Mer  Rouge,  vers  les  patalleiles  de  Mynieh  ,  et 
de  Sioulh. 

—  On  a  relire  une  grande  quaniiié  de  pièces 
çie  canon  et  de  ftrs  coulés  du  vaisseau  naufragé 
à  Abou-Q_5r. 

^Le  chef  lie  brigade  Damas  ,  parti  de  Paris  le 
le  4  iheimidor,  et  de  Toulon  le  i"  Iruciidoi  , 
«st  arrivé  au  quartier-général  du  Kaire  le  i°'  coni- 
plénijentaire  ;  i!  nous  a  do,  ré  tous  les  détails  des 
.Succès  des  aiméts  de  réserve  et  du  Rhin. 

L'anii!erie  de  la  ciliidelle  et  celle  de  tous  les 
fo'ts  qui  environnent  et  dominent  le  Kaire  ,  ont 
fait  le  'oir  du  i"  coraplémeniaire  ,  de  nom- 
breuses décharges  pour  célébrer  l'heureuse  ani- 
mée de  ces  nouvelles  qui  ont  répandu  la  joie  la 
p  us  vive  et  la  plus  universelle. 

—  Les  astronomes  dEurope  sont  priés  de  vou- 
loir bien  faire  passer  au  citoyen  Nouei ,  au  Kaire, 
l'erreur  des  tables  de  la  lune  pour  le  g  fructidor 
an  8   (27  août  iSoo). 

Les  nuages  ont  empêché  l'observation  de  l'im- 
mersion d'Anlarès  à  Alexandrie  :  limmersion  a 
eu  lieu   à   8   h.  Il'  53'',  3  ,  tems  vrai. 

L:iti;ude  du  point   d'observation  3t"    12'    l3". 
Longitude  ,  par  les  montres  marines  ,    1   h.   5o' 
so"  ûiieniales  ,  à  compter  du  naéridien  de  Paris. 
N"  Hj  ,  1 5  vendémiaire  a7i  9. 

Le  citoyen  Simonet  .  sous-chef  des  ingénieurs- 
géographes  ,  est  de  retour  au  Kaire  ,  après  avoir 
terminé  les  cartes  déiaijiié  es  des  cours  du  branches 
du  Nil  de  Damietie  et  de  Rosette  ,  avec  les  posi- 
tions des  villes  ,  villages  et  objets  dignes  de 
remarque  qui  se  tiouvent  à  une  grande  lieue 
de  chaque  côié  de  leurs  bords.  I  a  égal,  ment 
terminé  la  carte  de  la  côte  comprise  entre  ces 
deux  bogharz  ,  celle  du  lac  Builos  et  du  désert 
compris   entre  ce  lac  et  les  villages  du  Bas-Dclia. 

Ces  belles  caries ,  levées  à  l'échelle  d'un  mètre 
pour  quarante  milles  ,  feront  parcie  du  grand 
travail  des  ingénieurs-géographes  sur  l'Egypte  , 
travail  que  nous  'erons  connaître  par  une  notice 
particulière, 

—  L'insliiut  d  Egypte  a  rouvert  ses  séances  le 
2  du  sourant  sous  la  présider.ce  du  citoyen  Houel, 
et  il  continuera  de  les  teriir  tous  les  primedi  et 
sexiidi  de  chaque  mois. 

N°   84.    24  vendémiaire  an  g. 

DAMIETTE. 

Céicbralion  de   la  fite  du   1"    vendémiaire  an  9  , 

à  Damictte ,  par  la  division    Rampon. 

DÈS  le  troisième  jour  complémentaire  ,  on  vît 
arriver  à  Damiette  ,  de  toutes  les  parties  de  la 
province  ,  les  cheykhs  et  les  principaux  haoiians 
des  villages,  amenant  à  leur  suite  des  troupes 
de  musiciens  ,  de  danseurs  et  d'aimés. 

Le  5°  jour  complémentaire  ,  au  coucher  du 
soleil,  des  salves  répétées  de  l'artillerie  de  cam 
pagne  ,  de  celles  des  forts  ,  de  la  flotille  et  de  la 
côte  ,  annoncèrent  l'ouverture  de  la  fête. 

Le  1'^  vendémiaire  ,  à  la  pointe  du  jour,  les 
mêmes  salves  d'artillerie  se  firent  entendre  ,  la 
générale  battit  dans  tous  les  quariiers  ,  les  troupes 
s'assemblèrent ,  et,  dans  la  plus  brillante  tenue,  se 
rendirent  sur  la  place  d'aimés  :  le  peuple  accourut 
eu  foule  de  toutes  parts. 

A  l'ext.éaoité  de  la  place  et  sur  le  bord  du  Nil , 
on  avait  dressé  t:n  autel  de  la  patrie  ,  au  cen're 
duquel  s  élevait  l'arbre  de  la  liberté  ,  entouré  d'un 
faisceau  et  décoré  de  trophées  d'armes  ;  sur  les 
quatre  angles  ,  des  candélabres  d'une  foime  élé- 
gante supportaient  des  vases  d'airain  ou  brûlaient 
des  parfums. 

La  division  se  forma  en  carré  autour  de  l'autel  , 
et  la  flotille  mouillée  à  la  même  hauteur  était 
or-  ée  de  tous  ses  pavillons. 

L  éiai-major ,  les  idministralicns  françaises  et  les 
autoiités  du  pays  se  réunirent  chez  le  général 
Rampon.  De  la  le  cortrge  ,  précédé  par  ia  musi- 
que, et  entouré  d'un  peloton  de  grenadiers,  se 
rendit  à  l'autel  de  la  patrie. 


Tout  était  préparé  pour  un  combat  simulé.  A 
un  sigoal  donné,  chique  corps  de  troupes  se 
rend  à  son  poste  ,  l.i  llotille  f.'.it  les  mouvtmens 
concertés  ,  et  bieniôt  l'at  aque  commence  de 
toutes  parts.  Après  une  demi-heure  de  manoeu- 
vres, exécutée  avic  une  précision  et  un  ensemble 
(pji  opèrent  l'illusion  ,  la  place  est  emportée. 
Erfii  ui!  rappel  annonce  la  réunio.-,  ;  les  troupes 
tevien:  eia  par  masse  se  ranger  autour  de  l'autel 
de  la  patrie  .  au  son  d  une  musique  guerrière  qui 
cxécuiaii  l'hyra-.e  des  combats.  Alors  le  général 
[jrononça  un  discours  analogue  aux  circor^s- 
tances,  et  rempli  du  patriotisme  le  plus  arden-U 
cl  le  plus  pur.  .  j 

Le  serment  de  fidélité  à  la  constitution  fat  prêté 
au  milieu  des  cris  mille  fois  répétés  de  vive  la 
république. 

Les  troupes ,  après  avoir  défilé  devant  l'autel  de 
la  patrie  ,  rentrèrent  dans  leurs  quariiers. 

A  trois  heures  commencèrent  les  jeux  mirins 
et  ceux  de  la  course  ,  à  la  suite  desquels  le  gé- 
néral décerna  avec. beaucoup  d'appareil  différons 
prix   aux  vainqueurs. 

Un  banquet  civique  succéda  aux  jeux  ;  il  fut 
animé  par  la  somptuosité  et  par  la  gt^îté  qu  ins- 
piraient aux  nombreux  cocvives  1;S  heu  cuses 
nouvelles  de  France.  On  porta  avec  enihounasme 
les  toasts  suivans  :  A  la  république  française  ;  à 
Bonaparte  , premier  consul;  aux  armées  de  la  répu- 
blique ;  aux  mânes  de  Kleber  ;  aux  mancs  de  Dcsaix  ; 
au  général  en  chef  Menou  ;  au  général  de  division 
Rampon.  On  chanta  aussi  divers  hymnes  patrio- 
tiques ,  composés  pour  la  lête  par  un  officier 
de    la    garnison. 

Des  .illuminations  brillantes  et  muliipliées  suc- 
céderont au  jour  ,  et  en  perpélnercnt  en  quelque 
sorte  la  durée.  L'autel  de  la  pairie  ,  éclaiié  de 
mille  feux  ,  portail  sur  ses  faces  des  transparens 
chîrgés  d'inscriptions  ingénieuses.  Enfi  1  .  I.i  co- 
médie, un  bal  Irançais  cl  des  danses  égypiiennes 
terminèrent  cctie  belle  et  agréable  lête  sur  les 
détails  l'-e  laquelle  nous  rcgreiions  de  n  avoir  pu 
nous  étendre  plus  au  loog  ,  et  qui  a  éié  due  aux 
soins  actifs  et  au  bon  goût  d'ur-e  co:amission 
composée  de  l'atljudant  -  général  Sornet  ,  prési- 
dent ;  du  chef  de  brigade  du  génie  d'Hauipoul  ; 
du  chef  de  bataillon  Lagardere  ,  command.'nt  de 
la  place  ;  du  ch.-f  de  baiaiilon  d'artillerie  Rutti  , 
et  du  commissaire  cie   marine  Langlois. 

—  Le  citoyen  Jacotin  ,  directeur  et  chef  des 
ingénieurs  géographes  ,  a  levé  la  carte  du  pays 
compiis  entre  la  bVanche  Pélusiaque  ,  le  canal 
de  Saléhhvéh  et  le  canal  de  Moëi  ,  et  tout  le 
pays  de  Menzaléh.  h  a  reconnu  toutes  les  em- 
bouchures de  la  branche  Pélusiaque  dans  le  lac 
Menzaléh,  et  une  cjuantiié  considérable  de  ruines 
tlont  les  principales  sont  San  ,  Deghou  ,  Tell- 
E  jyan,  D.iphné  ,  Panephysis.  Il  se  proposait  de 
\oir  celles  de  Mendés  et  de  Tannis  en  levant  le 
canal  de  Menzaléh  à'Manssourah  ;  mais  le  ig  mes- 
sidor .  son  cheval  l'ayant  précipité  d'unponi  dans 
un  canal  ,  il  se  cassa  la  jambe  en  deux  endrtjits  : 
il  a  fallu  tous  les  Recours  de  l'art  potir  la  lui 
conserver. 

—  Dans  la  séance  publique  de  l'Instiiut  ,  du 
2  (lu  courant  ,  le  citoyen  Fouriera  lu  la  première 
pariie  d'un  ouvrage  intitulé  :  Tableau  des  révo- 
lutions et  des  mœurs  de  l'Egypte  ;  elle  comprend 
le  précis  des  révolutions  de  1  Egypte  jusqu'après 
la  conquête   de   Selim. 

Le  citoyen  Girard  a  lu  un  mémoire  sur  les  irri- 
gations, l'agriculture  et  le  commerce  de  la  pro- 
vince de  Fjyoum. 

Le  citoyen  Nectoux  a  lu  un  mémoire  dans 
lequel  il  s'est  proposé  de  comparer  ,  sous  le  rap- 
pr.rt  de  la  géologie  et  celui  de  l'agriculture  , 
I  état  ancien  avec  l'état  moderne  de   lEgypte. 

Taris  ,  le  ii  frimaire. 

On  pouvait  penser  que  les  nouvelles  arrivées 
d'Egypte  occuperaient  assez  les  journaux  pendani 
plusieurs  jours ,  pour  les  dispenser  de  présenter 
de  fausses  aouvelles  à  la  crédulité  de  leurs  lec- 
teurs. Cepend.mt.  les  uns  ont  affirrné  que  lis 
municipalités  ava'ent  été  mi'es  en  permanence 
pour  aiiendre  l'anronce  d'un  grand  événement  , 
et  ne  se  sont  pas  appeiçu  que  le  ridicule  d  une 
telle  mesure  devai'  o;er  tout  crédit  à  cette  asser- 
tion. Les  autres  ont  rappor'é  des  discours  suppo- 
sés tenus  à  Paris  par  le  premier  consul,  et  qui 
n'avaient  éié  entendus  qui"  par  les  journalistes  de 
Hongrie  et  de  Bohême.  Quelques-uns  racontent 
tous  les  malins  l'heure  ,  le  moment  précis  ,  le 
lieu  de  l'arrivée  de  IVI.  de  Sprengporten  ,  qui 
n'est  arrivé  à  Paris  que  ce  soir  fort  tard. 

M.  le  général  biiçori  de  SpriîngpoRTEN  est  ac- 
compagné de  M..  LE  PRINCE  Joseph  Petrov/itz 
D  Olgorouky  ;  du  conseiller  de  cour  Hongberg  , 
secrétaire  de  légation  à  Dresde  ,  et  commissaire 
des  relations  coramerci.des  à,  Danizig  ;  ue  M. 
le  capitaine  COMTE  DE  Tissenhausen  ;  de  M. 
"WiNTER  ,  officier  de  correspondance  ;  et  de 
M.  ScuEPiNG  ,  attaché  à  la  légation  ,  et  fils  du 
grand  maréchal   de   Courlandc. 

—  Le  cit.  Lefat.ic  lieux  n'a  été  remplacé  ,  dans 
la  préfecture  de  la  'Vendée  ,  que  sur  la  demande 
qu'il  en  a  laite  lui-jiéme  pour  le  réiablisscm.nt 
de  sa  santé    délabrée.  —  Le  gouvcruemetit  ,  en 


l'appellant,  lorsqu'il  sera  remÏ!  ,  à  de  nouvelles 
fonctions,  lui  procurera  sans  doute,  sa  satisfaction 
du  dévoueinetit  et  de  la  capacité  dot!t  il  a  fait 
preuve  dans  le  déparlemeni  da  la  Vendée. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT,, 

.Arrêté  du  3'  jour  complémentaire  an  8. 
Bonaparte,  premier  consul  de  la  république, 
arrête  ce  qui   suit  :  „.^ 

Le  fils  du  chef  de  brigade  Darmàg'fî'ac  ,  chef  de 
la,3i«  derni- brigade  ,  sera  admis  an  Ftyianée 
français.  ,  ,     .  ; 

ic /i7-«m!«r  .canjii/',  îfgfîf ,  BoNA'PA'^TE. 
Par  le  premier  cOnstil  ,  '     ' 

Le  secrétaire-d'éiat ,  signé  ,  M   B.,  ^AREr. 

Arrêté  du   g  frimaire  aw  §."    ■  ' 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  larépubliquev 
sur  le  rappoit  du  ministre  de  1  intérieur  4  arrête  ce 
qui  suit  :  .  .      _ 

Le  citoyen  Mcrlet  ,  ex-membre  de  l'assemblé* 
légi^laiive  ,  est  nommé  préfet  du  département  de 
la  Vendée. 

Le  ministre  de  l'intérieur    est  chargé   dfe  l'exé- 
cution du  présent  arrêté.  ■ 
Signé,  Bonaparte, 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'éiat  ,  signé ,  IL  B.  Maret. 


c  orps-legislatif; 

Présidence  de  Pîson-Dugaland. 
SÉANCE     DU    27     FRIMAIRE. 

A  2  heures  ,  Benezech  et  Regnaud  ,  de  Saint,- 
Jean-d  Angely  ,  conseillers-d'état ,  sont  introduits. 

Benezech  obtierit  la  parole  et  présente  un  projet 
de  loi  relatif  à  la  reconstruction  des  maisons  dé- 
molies à  Lyon  ,  pendant  le  siège  ,  ou  en  exécu- 
tion de  la  loi  du  21  vendémiaire  an  2.  ■ 
.  Citoyens  législatr  urs  ,  continue  Benezch,  vouj 
connaissez  les  raaihc-urs  qui  ont  affligé  ia  vill(S 
de  Lyon.  Son  commerce  jadis  si  florissant,  avait 
été  détruit  ;  quelques  manufactures  subsistaier\t 
encore  ,  lorsque  les  événcmens  offreux  de  l'an  2 
ont  mis  le  comble  à  sa  ruine  ,  par  la  destruc- 
tion de  ses  plus  beaux  édifices  et  des  principale» 
maisons   du  commerce. 

Déjà  à  plusieurs  reprises,  les  industtieux  habi- 
tans  de  cette  ville  ont  fait  des  efforts  pour  relever 
leurs  manufactures  ,  mais  toujours  contrariés  par 
de  nouveaux  événemens  ,  ces  efforts  ont  été 
impuissans.  Le  tems  est  venu  oîi  la  nation  no 
peut  plus  v^r  sans  intérêt  les  décombres  qtii 
retracent  le  souvenir  de  la  prospérité  t  ils  doivent 
disparaître  et  repiésenter  une  seconde  fois  les 
vastes  ateliers  dont  les  riches  produits  se  ré- 
pandent dans  les  quatre  parties  du  monde. 

Lhi  encouragement  pour  la  reconstruction  des 
maisons  est  absolument  nécessaire.  Celui  que  IC 
gouvernement  vous  propose  est  le  seul  que,  dans 
les  circonstances  ,  il  soit  possible  d'appliquer 
eu  ifiFet.  L'encourageineni  pécuniaire  est  interdit 
tant  que  la  guerre  durera  ;  l'exemption  des  paié- 
meiis  de  la  contribution  foncière  ,  sans  être  trop 
à  charge  au  trésor  public  ,  donnera  des  facilités 
aux  propriétaires.  Le»  uns  ,  tfis  que  ceux  de  la 
place  Bêllecourt  ,  sont  assujettis  à  suivre,  pour 
la  constmction  des  façades  ,  le  plan  qui  leur 
sera  donné  par  le  gouvernement;  la  décoratioa 
de  cette  place  exigera  une  augmentation  de  dé- 
pense ;  il  est  à  désirer  (jue  ces  maisons  soient 
reconstruites  le  plutôt  possible  et  presqu'ensem- 
b!e  :  aussi  le  gouvernement  vous  propose  d'ac- 
corder à  ces  propriétaires  une  plus  longue  jouis- 
sance d'exemption  ,  et  une  prime  d  encoura- 
gement   dans  la  vue   d'accélérer  leurs  tiavaux. 

A  l'égard  des  maisons  dans  l'iniérieur  de  la 
vi'le  ,  les  propriétaires  ne  seront  point  assujettis 
à  une  reconstiuction  uniforme  ;  leur  dépense  ne 
sera  pas  aussi  considérable;  le  gouvernement  a 
cru  devoir  vous  proposer  de  classer  différem- 
ment ces  propriétaires. 

Le  gouvernement  a  senti  qu'en  vous  proposant 
d'accorder  un  encouragement  ,  il  fallait  exciter  , 
les  propriétaires  à  s'empresser  d'en  jouir.  C  est 
ce  qui  l'a  déterminé  à  vous  proposer  une  dis- 
position particulière  d  après  laquelle  les  proprié- 
laiies  ne  pourront  être  admis  à  la  jouissance 
de  l'exemption  qu'autant  que  dans  le  courant 
de  celle  année  ,  ils  auront  donné  de  l'acdvilc 
à    leurs   travaux. 

Citoyen"  législateurs  ,  en  pron-onçant  cette  loi 
de  bienfesance  ,  vous  lépareicz  bien  des  maux-, 
et  vous  préparerez  de  grands  biens  en  rendant  à 
la  ville  la  plus  industrieuse  l'éclat  qu'elle  n'eût 
jamais  dii  perdre  ,  et  cont  bienlôi  la  France  s'ho- 
norera encore. 

La  discussion  du  projet  de  loi  eit  indiquée  ^vi 
7  nivô-e. 

Le  corps-lé^ijatif .  après  avoir  ordonné  la  men- 
tion au  procèi  -  ver  bal  et  l'envoi  au  tribunal, 
s'ajourne  à  nonidi. 

La  séance  est  levée. 

A  Paris,  de  1  imprimerie  de  H.  Agasse, 


E  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


JV°Sg. 


Noiiidi ,  ^g  frimaire  an  9  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripreurs ,  qu'à   darer  du  7   nivôsc  k-  MONITEUR  es:   le   seul  journuL  oJjicLel. 
.  Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées  ,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions' 
'rant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux  sciences ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ITALIE. 

Livourne ,  le  1  "  frimaire. 
Extrait  d'une  lettre  écrite  par  un  ne'gociunt  fi ançais. 


Le  général  Kleber  jetla  les  yeux  sur  moi 
pour  m'eavoyer  en  Turquie  ;  il  était  prive  de 
nouvelles  de  France  depuis  long  tems  ;  il  avait 
conclu  la  conveiilion  d  évacuation  ;  mais  déjà 
informé  de  la  mauvaise  foi  des  anglais  ,  et  de  Ja 
révolution  qui  avait  été  opérée  en  France  ,  il 
prévint  la  rupture  prochaine  de  la  convention  , 
et  son  retour  en  Fiance  l'inquiétait  :  il  pressa 
donc  mon  départ ,  me  chargeant  de  lui  expédier 
des  bateaux  grecs  avec  les  nouvelles  de  France  , 
d'Europe  ,  et  surtout  de  bien  sonder  l'esprit  ,  les 
moyens  des  turcs  ,  leurs  dispositions  à  l'égard  des 
français  ,  et  notamment  envers  l'armée  d'Egypte. 

Je  partis  d'Alexandrie  dans  les  premiers  jours 
de  mars  ,  avec  autorisation  des  anglais,  comme 
négociant  neutre  ,  en  vertu  de  b  convention  qui 
n'était  pas  encore  rompue  :  je  me  rendis  à  Smyrne 
d'oià  ,  après  avoir  pris  les  premières  notions  sur 
les  aflaires  dEuiope,  et  sur  les  moyens  de  la 
Turquie",  j'fxpédiai  un  bateau  grec  ,  qui  devait 
se  rendre  à  Hengazé  ,  et  de-la  ,  par  la  voie  des 
arabes  ,  envoyer  mon  paquet  au  général  Kleber; 
mais  passant  devant  Rhodes  oii  était  le  capitan- 
pacha  ,  ce  bateau  fut  retenu  pour  servir  aux 
transports.  ■ —  Ce  contretems  et  le  peu  de  res- 
sources que  je  trouvais  à  Smyrne  ,  qui  n'est  qu'une 
place  pu'ement  conimerçaute  ,  m'engagèrent  à 
passer  a  Constantinople  :  je  pris  des  lettres  de 
recommandaiioQ  pour  tous  les  ministres,  comme 
sujet  prussien  ;  la  facilité  de  parler  allemand 
(  ayant   fait   mes  études  à  Gottingen  )  ,  me  firent 

?artout  reconnaître  comme  tel.  — L'envoyé  de 
russe  m'introduisit  dans  le  corps  diplomaiique 
comme  U'i  homme  intéressant  ,  puisque  j'arrivais 
d'Egypte  ;  j'étais  censé  y  avoir  été  avant  l'invasion 
des  français  :  je  payai  bleu  le  bon  accueil  qu'on 
me  fit  par  la  quantité  de  questions  dont  je  fus 
accablé. 

En  peu  de  tems  je  connus  la  haine  qui  subsis- 
tait erire  ie  nouvel  auibassadeur  d'Angleterre 
lord  Elgin  ,  et  l'ancien  chargé  d'affaires  Spencer 
Smith  Je  me  rapprochai  beaucoup  de  ce  dernier , 
Je  premier  étant  un  homme  sans  moyens  ;  au 
contraire  Smith  est  fin  ,  adroit,  et  d'une  ambition 
dém.-suré  ;  je  prétendais  devoir  ma  sortie  d  E- 
gypte  à  son  frère  le  comraodore,  dont  je  rehaus- 
sai tellement  les  faits  d'armes  ,  que  Spencer  crut 
me  devoir  un  accueil  distingué.  Les  moyens  cjue 
j'employai  auprès  de  lui  pour  gagner  sa  con- 
fiance ,  seraient  trop  longs  à  exphquer  ;  mais  en 
peu  de  jours,  outré  devoir  la  convention  faite 
par  son  frère  rompue  ,  il  finit  par  soulager  sa 
bile,  en  me  confiant  qu'on  venait  de  manquer  un 
gm,nd  coup  politique;  qu'aussitôt  l'évacuation  de 
l'Egypte,  les  troupes  anglaises  devaient  prendre  pos- 
session d'Alexandrie ,  Rosette,  Damiette  et  Suez,  et 
fonder  de  grands  étahlissemens  commerciaux.  Dès 
ja  n.êrae  nuit  je  ne  perdis  pas  de  tems  pour 
écrire  au  généial  KUber  ,  ei  l'informer  de  ce  plan 
qui  rendait  l'occupation  dEgypte  si  nécessaire  ; 
il  venait  de  détruire  l'arraée  du  grand-visir  ;  les 
tuics  étaient  dans  la  consternation  ;je  l'informais 
du  découragement  total  qui  régnait  dans  tout 
l'empire  ottoman,  qu'on  ne  pouvait  plus  lever 
un  so'dat  ,  ijue  les  finances  étaient  épuisées  , 
qu'enfin  cet  effort  était  le  dernier  que  pût  faire 
la  Porir.  Je  lui  confirmais  les  étonnaiis  succès 
des   armées    fiançaises    en    Europe   ;    je  finissais 

?ar  le  conjurer  de  ne  plus  songer  à  évacuer 
Egypte.  Je  fis  partir  in  patron  grec,  intelligent  , 
et  j'ai  la  certitude,  par  le  rapport  de  deux,  offi- 
ciers anglais,  qu  il  était  arrivé  en  peu  de  jours  ; 
mais  peu  de  tems  après  ayant  appris  l'assassinât 
du  général  Kleber  ,  et  bien  certain  que  le  général 
Menou  n'avait  pas  besoin  de  mes  avis  pour  main- 
tenir fortement  la  possession  dEgypte,  je  quittai 
Constantinople  pour  voyager  dans  la  G;ece.  Lors 
de  mon  retour  en  lia  ie  je  fus  porté  à  Malte  , 
avec  mon  bâtiment  ,  par  une  frégate  anglaise  ,  et 
retenu  3o  jours.  J'y  étais  au  moment  de  la  reddi- 
tion ;  enfinj'ai  regagné  Livourne  comme  j'ai  pu. 


I 


R. 


N     T     E     II     I    E     U 

Paris  ,  le  a^  frimaire. 

l.Jr.   nommé    Charles-Nicolas   Margadel  ,    natif 
d'bxiviay  .  déparieintiii    de   la  Meute  ,  prévenu 


d'être  embaucheur,  chef  et  instigateur  des  ras- 
semblemens  armés  qui  volent  les  diligences  et 
les  couriers  ,  a  été  traduit  devant  une  commis- 
sion militaire  extraordinaire  ,  convaincu  des 
crimes  dont  il  était  accusé  ,  et  condamné  à  mort, 
en  conformité  de  l'article  III  de  la  loi  du  3o  prai- 
rial an  3.  Cj  jugement  a  été  exécuté  aujourd  hui. 

—  L'adjudant-commandant  Deverrine  est  mort 
de  ses  blessures.  Il  a  été  eniei  ré  avec  les  hon- 
neurs dus  à  son  grade  et  à  sa  mort  généreuse. 

—  Le  cit.  Esménard  ,  auteur  d'un  poëme  sur  la 
navigation  ,  cl  de  plusieurs  morceaux  de  poésie 
lyrique  exécutés  dans  nos  fêles  nationales  ,  l'un 
des  coopérateurs  du  Mercure  de  france,  vient 
d'être  nommé  au  ministère  de  l'intérieur ,  chef 
du  bureau  des  théâtres. 

—  Dans  la  séance  du  27  frimaire  ,  il  a  été  pro- 
cédé dans  la  classe  des  sciences  morales  et  poli- 
tiques de  l'institut  ,  au  scrutin  pour  la  présen- 
tation de  trois  candidats  aux  trois  classes  réunies  , 
pour  la  place  vacante  dans  la  section  d'économie 
publique  par  la  mort  de  Creuzé-Latouche.  La 
classe  a  voté   sur  les  onze  candidats  suivans  : 

Les  citoyens  Lebrun  ,  consul  ;  Hauterive  ,  chef 
dé  division  aux  relations  extérieures  ;  Garnier  , 
préfet  de  Versailles;  Anson  ,  ex-constituant; 
Saint-Aubin  ,  Jollivet  ,  Barthélémy  ,  Duvillars  , 
Gallois  ,  Abeille  ,  Dyaniere. 

Le  scrutin  a  réduit  ces  onze  noms  aux  trois 
suivans  :  Lebrun  ,  Anson  et  Duvillars. 

—  Le  citoyen  Targe  ,  ancien  professeur  de 
mathématiques  à  l'école  militaire  de  Paris  ,  vient 
d'être  nommé  professeur  aux  écoles  centrales  du 
département  de  la  Seine. 

—  Le  citoyen  Roux-Fazillac  vient  de  publier 
et  de  dédier  aux  défenseurs  d.e  la  patrie  un  ou- 
vrage intiiulé  :  Histoire  de  la  guerre  de  1756  ,  etc. , 
entre  l'impératrice  ,  reine  de  Hongrie  ,  et  U  roi  de 
Prusse. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  2S  frimaire  an  9. 

AU     NOMDU     PEUPLE      FRANÇAIS. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république  ' 
d'après  le  compte  qui  lui  a  éié  rendu  de  la  con- 
duite distinguée  et  de  la  bravoure  éclatante  des 
cit.  ci-après  nommés,  à  la  bataille  de  Marcngo  , 
leur  décerne  à  chacun  ,  à  titre  de  récompense 
nationale  ,   un   brevet  d  honneur  ;  savoir  : 

Aux  citoyens  Cervelle,  capornl  des  grenadiers; 
Dubois,  grenadier;  Mattins  ,  Maire.  Lambert, 
fusiliers  de  la  101'  demi-brigade  de  ligne. 

Bay  et  Chapleaux  ,  fusiliers  de  la  lo5=  demi- 
brigade   d'iiîfantetie. 

Perdu,  Caries  ,  sergens  ;  Restoux  ,  Fontenelle  , 
Mogot  ,  Hullin  ,  Lefranc  ,  caporaux  ;  Harmand  , 
Margotté,  Jacqrinot,  grenadiers  ;  Ciriel ,  Aubray, 
Bjrrois  ,  Biulon  ,  Peroise  ,  fusiliers  de  la  28^ 
demi-brigade  de  ligne. 

Alph  -  Lang'ois  ,  Gaullier  ,  Géhin  ,  Grand  , 
Leguay ,  Jaciiuinot  ,  sergens  ;  Tissot  ,  Levert  , 
Thory  .  David ,  Daumas  ,  capoiaux  ;  Javot  .  Man- 
suic  ,  Barillier  ,  chasseurs;  Puistant  ,  carabinier 
de  la  6'=  demi-brigade  légère. 

Riche  .  Bœuf ,  Pasteur,  cavaliers  du  2°  régi- 
ment. 

Ruget,  Varin  ,  cavaliers  du  3"=  régiment. 

Godin  ,  Breton  ,  Postel  ,  cavaliers  du  20=  régi- 
ment. 

Carpentier  ,  Chauveau  ,  Dechamet  ,  Berger  , 
dragons  du  6'  régiment. 

Desormeaux  ,  Jousse  ,  dragons  du  8'  régiment. 
Isnard  ,  maréchal-de-logis,  chef;Jobey,  dragon 
du  9*=  régiment. 

Ils  jouiront  des  prérogatives  attachées  à  ladite 
récompense   par    l'arrêté   du  4  nivôse  an  8. 

Donné  à  Paris  ,  le  23  frimaire  ,  an  9  de  la 
république  française. 

Le  premier  consul  y    signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'étal ,  signé  .  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  dumîrrie  jour. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  la  justice  ,  le  conseil  -  détat 
entendu ,  arrêtent  : 

Art.  1*'.  Les  membres  du  tribunal  de  cassation 


pourront  ,  hors  de  l'exercice  de  leurs  fonctions 
porter  un  costume  ,  consistant  en  un  habit  noir 
avec  une  broderie  en  or  sur  le  parement  et  au 
collet. 

II.  Le  ministre  de  la  justice  est  chargé  de 
l'exécution    du   présent  arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,'signé  ,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  conseil- 
d'état   entendu  ,   arrêtent  : 

_  Art.  I''.  Le  recrutement  des  troupes  de  la  ma- 
rine continuera  à  se  faire  par  des  enrôlemens 
volontaires  ,  en  se  conformant  d'ailleurs  aux  dis- 
positions de  h  loi  du  ig  fructidor  an  6. 

II.  Tous  dépô;s  établis  pour  ce  service|sont  sup- 
primés. 

III.  Le  nombre  des  recrues  à  lever  et  le  prix 
d'enrôlement ,  seront  ,  d'après  les  comptes  rendus 
par  l'inspecteui-général  des  troupes  au  ministre 
de  la  luarine,  déterminés  chaque  année  ,par  un 
arrêiéparticulier  des  consuls,  qui  réglera  les  fonds 
à  accorder  pour  ce  service. 

IV.  Les  officiers  de  l'artilleiie  de  la  marine  qui 
étaient  attachés  aux  dépôts  des  recrues  ,  repren- 
dront dans  le-jr  demi -brigade  respective  leurs 
emplois  ,  s'ils  soot  restés  vacans  ;  dans  le  cas  con- 
traire ,  ils  jouiront  du  traitement  de  reforme  .  et 
seront  susceptibles  d'être  nommés  par  le  premier 
consul  ,  aux  emplois  de  leur  grade  qui  viendront 
à  vaquer  djns  l'artillerie  de  la  marine. 

Les  officiers  provenant  du  département  de  la 
guerre  ,  qui  étaient  aitachés'à  ces  mêmes  dépôts  , 
rentreront  dans  leur  département  ,  et  le  ministre 
df  la  guerre  les  employera  de  la  manière  qu'il 
jugera  la  plus  propre  au  service.  A  défaut  d'em- 
ploi ,  ils  jouiront  du  traiiement  de  réforme  réglé 
par  les  lois.       ' 

Les  sous-oflàciers  des  demi-brigades  d'artillerie 
de  marine  ,  employés  dans  les  dépôts  ,  rentreront 
dans  Us  demi  -  brigades  auxquelles  ils  appar- 
tiennent ; 

Ceux  provenant  du  département  de  la  guerre 
seront  remis  à  la  disposition  du  ministre  de  Ce 
département. 

V.  Le  ministre  de  la  guerre  et  de  la  marine 
sont  chargés  ,  chacun  en  ce  qui  le  concerne  ,  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  -consul ,   signé ,  Bonaparte. 
Pat  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé,  H.  B.  Maret. 
Arrêté  du  ib  frimaire  an  9. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances, 

Vu  les  lois  des  14  fructidor  an  6  ,  et  l3  ger- 
minal an  7  ,  et  l'arrêté  du  23.  fructidor  an  7  ; 
„  Considérant  que  les  pensions  accordées  aux 
veuves  et  enfans  des  militaires  et  marins  ,  anté- 
rieurement à  la  loi  du  i5  fructidor  an  6  ,  ont  été 
révisées  ,  et  sont  présentement  fixées  confor- 
mément aux  dispositions  de  ladite  loi ,  et  qu'il  n'y 
a  pltjs  lieu  au  paiement  provisoire  autorisé  par 
la   loi  du  l3  germinal  an  7  , 

Le  conseil-d'état  entendu  ,  arrêtent  : 

Art.  I"'.  A  compter  du  second  semestre  de 
l'an  8  ,  les  pensions  et  secours  accordés  aux 
veuves  et  enfans  des  militaires  et  marins  anté- 
rieurement à  la  loi  du  14  fructidor  an  6  ,  seront 
acquittés  conformément  aux  fixations  établi-s  par 
cette  loi.  En  conséquence,  il  ne  leur  sera  fait 
aucun  paiementprovisoire  surles  arrérages  de  ce 
semestre  et  des  suivans. 

II.  Les  arrérages  seront  payés  aux  pension- 
naires selon  les  formes  et  dans  les  délais  pres- 
crits par  les  lois  et  réglemens  ,  sur  la  représen- 
tation de  leurs  certificats  d'inscription  à  ta  tréso- 
rerie ,  après  que  leurs  brevets  auron;  été  revêtus 
de  la  mention  ordonnée  par  l'article  X  de  la  loi 
du   14  fructidor  ao  6.  \ 

III.  Les  ministres  de  la  guerre  ,  de   la  marine 
et  des  finances,  sont  ,  chacun  en  ce  qui  le  con- 
cerne ,   chargés  de  l'exécution  du  présent  arrêté 
qui  sera  imprimé  au   Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonapartï. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-délai,  signé,  H.  B,  Maret. 


362 


Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
di»  ministre  de. la  marine  et  des  colonies ,  le  con- 
jeil-d'état  entendu,  arrêtent  : 

Art.  I".  Dans  chacun  des  ports  de  Brest  , 
Toulon  et  Rochefort ,  'I  y  aura  pour  le  service 
et  la  direction  des  parcs  d'arlillevie  ; 

l'Chefduparc,  chef  de  "brigade  ; 

1   Sous-chef  idem  ,  chef  de  bataillon  ; 

I  Adjudant  idem.,  capitaine  d'artillerie  ; 

1   Garde  d'artillerie,  sous  garde-magasin  ; 

I  Maître  artificier. 

5  ,  dont  3  offi-iers. 
Da-s  le  port  de  l'Orient  i!  y  aura  : 
I   Chef  du  parc,  chef  de  brigade; 
1   Adjudani  ,  capitaine  d'artillerie, 

I  Garde  d'artillerie  ,  sous  garde-magasin. 

3  ,  dont  2  officiers. 

El  pour  l'.'s  quatre  ports,,  li  officiers  .  4  gardes 
du  parc  ,  3  .naîtres  artificiers  ,  au  total  18. 

II.  L«s  chefs  ,  soiiE-chefs  et  adiudans  du  parc 
jouiroQt  des  appointemens  attribués  dans  les 
demi-b'.igades  d'artillerie  de  la  marine,  aux  offi- 
ciers de  leurs  grades  respectifs. 

Ceux  des  gardes  du  parc  seront  fixés  ainsi 
qu'il   suit  : 

A  Brest 1,600  francs. 

A  Toulon   et  Rochefort  ....    1,400 

A  l'Orient 1.200 

Les  appointemens  des  maîtres  artificiers  seront  : 

A  Brest,  de.    . 1,400  francs. 

P^  Toulon  et  Rochefort,   de   .    .1,200 
Les  appointemens  ci-dessus  ne  sont  pas  suscep- 
tibles  de  la  réduction   ordonnée  par  l'arrêté  du 
g  vendémiaire  an  g. 

III.  Les  frais  de  bureau  relatifs  au  service  du 
parc  d'artillerie  dans  les  ports,  seront  déterminés 
sinsi  qu'il  suit  : 

A  Brest 1,800  fiancs. 

A  Toulon  er  Rochtfort i,5oo 

A  rOiient 1,200 

1\ .  Conformément  à  l'art.  XXII  du  règlement 
»ur  l'organisation  de  la  marine ,  du  7  floréal  an  8  , 
les  chefs  des  parcs  d'artillerie  seront  chargés  , 
sous  1  autorité  du  préfet  maritime,  de  la  cons- 
truction ,  réparation  et  entretien  des  affûts  et  atti- 
rails d'artillerie:  de  la  confcciion  des  artifices  de 
brûlots  et  autres  artifices  de  guerre  ;  ils  dirigeront 
et  inspecteront  les  fondetits  ou  fabriques  d'ar- 
tnes  établies  dans  les  jiorts. 

V.  Ils  seront  chargés  de  l'examen  et  de  la 
recette  des  armes .  munitions  et  approvisionne- 
metjs  d'ai'tillcrie  ;  ils  en  surveilleront  1  arrange- 
ment et  la  conservation  dans  les  parcs  et  maga- 
isins  ,  et  rendront  compte  au  préfet  maritime  de 
tout  ce  qui  peut  intéresser  le  service  qui  leur  est 
confié. 

'VI.  Ils  tiendront  un  registre  exact  de  toutes 
les  bouches  à  feu  existantes  au  parc  d'artillerie 
et  sur  les  bâtira  'ns  armés  ,  avec  leur  signalement , 
celui  de  leurs  défauts  ,  et  le  nom  des  fonderies 
dans  lesquelles  elles  ont  été  fabriquées. 

VII.  D'aptes  les  ordres  du  préfet  maritime  , 
ils  destineront  les  bouches  à  feu  ,  armes  ,  mu- 
nitions et  attiiails  d'artillerie  nécessaires  à  l'arme- 
ment   des  vaisseaux. 

VIII.  Ils  auront  une  des  clés  des  magasins  à 
poudre  ;  l'autre  sera  entre  les  mains  du  préfej 
maritime  ;  le  garde  du  parc  aura  celle  de  l'en- 
ceinte extérieure. 

IX.  Les  ch"fs  du  parc  veilleront  particulière- 
ment à  ce  qu'il  soit  procédé  à  toutes  les  opéra- 
tions relatives  à  l'embarquement  ,  débarquement 
et  mouvement  des  poudres  et  artifices  de 
guerre  ,  avec  toutes  les  précautions  qu'exige  la 
sûreté    du  service. 

X.  Ils  feront  visiter  avec  le  plus  grand  soin  , 
par  les  officiers  et  maîtres  canonniers  employés 
sous  leurs  ordres  ,_  les  soutes  et  coffres  à  poudre 
des  bàtimens  qui  entreront  dans  ce  port  ,  afin 
de  s'assurer  quil  n'y  est  resté  aucune  portion  de 
poudre. 

Ils  demeureront  responsables  des  plus  légères 
négligences  qui  auraient  été  commises  à  cet  égard, 
et   qu'ils  n'auraient  pas  dénoncées. 

XL  Les  compagnies  d'ouvriers  et  celles  d'ap- 
prcniils  carjonnieis  marins  sont  sous  leurs  ordres, 
et  ils  rempliront  à  leur  égard  les  fonctions  de 
chefs  de   brigade. 

XII.  Le  sous-chef  secondera  et  suppléera  le 
chef  du  parc  dans  toute  l'étendue  de  ses  fonc- 
tions. 

II  sera  particulièrement  chargé  ,  sous  ses  or- 
dres ,  de  surveiller  la  fabrication  des  bouches  à 
feu  qui  s'exécuteront  dans  les  fonderies  établies 
dans  le  port. 

XIII.  Les  adjudans  du  parc  d'artillerie   seront 


chargés  de  transmettre  les  ordres  du  chef  du 
parc  ,  de  la  surveillance  générale  du  service  , 
et  de  diriger  l'embarquement  et  le  débarquement 
des  armes  et  munitions  d  artillerie  ;  ils  seront 
loujours  présens  à  l'ouverture  des  magasins  à 
poudre.  Celui  de  L'O/ient  suppléera  dans  les 
fonctions    de  chefs  du  parc. 

XIV.  Le  garde  du  parc  d'artillerie  sera  comp- 
table envi'r.ï  le  garde  magasin  au  port;  il  sera 
sous   l'auioriié  du  chef  dtr  parc  d'arlillevie. 

Les  aimes  ,  munitions  et  attirails  d'artillerie 
seront  placés  sous  sa  garde,  et  il  en  demeurera 
responsable. 

XV.  Les  maîtres  artificiers  seront  charcés  , 
sous  les  ordres  des  officiers  du  parc  ,  de  rtxécu- 
lion  dci  artifices  de  guerre  ;  ils  commanderont 
et  instruiront  les  déiachemens  de  canonniers  et 
appreniifs  canonniers  marins  qui  seroat  employés 
à  ces  travaux. 

XVI.  Les  maîtres  canonniers  entretenus  ,  lors- 
qu'ils ne  seront  pas  embarqués  ,  seront  tm- 
pioyés  ,  sous  les  ordres  des  officiers  du  parc ,  aux 
diffèrens  détails  de  ce  service. 

XVII.  Les  officiers  des  parcs  d'artillerie  sont  à 
la    nomination  du   premier  consul  ,  savoir  : 

1°.  Les  chefs  des  parcs  ,  parmi  les  directeurs 
d'artillerie  des  ports  ,  les  chefs  de  brigade  cl 
chefs  de  bataillon  d'anilleiie  ; 

2°.  Les  soUschefs  des  parcs  ,  parmi  les  chefs 
d'artillerie  des  poris,  les  chefs  de  bataillon  et 
capitaines  d'artillerie  de  première  classe  ; 

3°.  Les  adjudans  des  parcs  parmi  les  chefs  et 
sous-chefs  d'artillerie  des  ports  et  les  capitaines 
d'artillerie. 

XVIII.  Lorsqu'il  vaquera  une  place  de  garde 
du  parc  d'artillerie,  le  chef  du  parc  présentera 
au  préfet  maritime  la  liste  des  trois  maîires- 
canonniers  entretenus  ,  sergens-majors  ou  sergens 
d'artillerie  qu'il  croira  les  plus  propres  à  ce 
service  :  le  préfet  maritime  proposera  au  minisire 
celui  des  trois  qu'il  jugera  mériter  la  préférence. 

XIX.  Lorsqu'il  vaquera  une  place  de  maîire 
atiificier  ,  le  chef  du  parc  remettra  au  préfet 
maritime  la  liste  des  trois  maîtres  canonniers  ou 
sous-oflicicrs  d'anilleiie  qu'il  estimera  le  plus  en 
état  de  la  remplir;  le  préfet  maritime  proposera 
pour  la  place  vacante  ,  au  ministre  ,  celui  des 
trois   qui  lui  paraîtra  devoir  être  préféré. 

XX.  Le  ministre  de  la  marine  et  des  colonies 
est  chargé  de  l'exécution  du  présent  atrêié  ,  qui 
sera  inséré  au  Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  signe'.,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'etat ,  signé  ,  H   B.  Maret.  , 

Arrêté  du   27  frimaire  an  9. 

Bonaparte  ,  premier  consiil  de  la  république  , 
au  sénat-conservateur. 

Sénateurs, 

Le  premier  consul ,  conformément  à  l'art.  XVI 
de  la  constitution,  vous  présente  pour  candidats 
aux  deux  places  auxquelles  le  sénat  dait  nommer 
en  exécution  de  l'article  XV  de  la  constiturion  : 

Le  citoyen  Dédelay-d'Agier  qui  a  réuni  les  suf- 
frages du   tribunat  et  du   corps-iégislatif  ; 

Le  citoyen  Rainpon  ,  général  de  division,  ac- 
tuellement en  Egypte.  Ce  soldat  a  rendu  des  ser- 
vices dans  les  circonstances  les  plus  essentielles 
de  la  guerre.  Il  est  digne,  d'ailleurs,  du  peuple 
français  de  donner  une  marque  de  souvenir  et 
d'iniérêt  à  cette  brave  armée  qui  ,  attaquée  à  la 
fois  du  côté  de  la  Mer-Rouge  et  de  la  Méditer- 
ranée par  tes  milices  de  l'Arabie  et  de  l'Asie  en- 
tière ,  a  é;é  sur  le  point  de  succomber  par  les 
intrigues  et  la  perfidie  sans  exemple  du  ministère 
anglais;  mais  elle  se  ressouvint  de  ce  qu'exi- 
geait la  gloire  ,  et  confondit  aux  champs  d'Hélio- 
polis  et  l'Arabie  et  l  Asie  et  lAngleier-re.  Séparés 
depuis  trois  ans  de  la  patrie,  que  les  soldats  de 
cette  armée  sachent  qu'ils  sont  tous  présens  à 
notre  mémoire. 

Le  premier  consul  ,  signé.    Bonaparte.    - 

Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état.,  signé,   H.  B.  Maret. 

SENAT -CONSERVATEUR. 

Extrait   des    registres    du    sénat-conservateur. 
—  Du  iS  frimaire  ,  an  g. 

Vu  les  messages  du  corps-législatif,  du  tribu- 
nat et  du  premier  consul  de  la  république  ,  des 
9  ,  i5  et  27  de  ce  mois  ,  par  lesquels  le  citoyen 
Dédelay-d'Agier,  membre  du  corps-légisiatif , 
est  proposé  comme  candidat  pour  une  place  au 
sénat-conseivatcur  ; 

Vu  pareillement  l'article  XVI  4e  la  constitution, 
concernant  la  nomination  aux  places  de  séna- 
teurs et  le  concours  des  trois  autorités  dans  la 
présentation  du  même    candidat  ; 

Le  sénat  ,  réuni  au  nombre  de  membres  pres- 
crit par  l'article  XC  de  la  constitution  ,  déclare  , 
confoifiémçnt    à  l'article    XVI  ,    que  le   citoyen 


Dédelay-d'Agier  ,  membre  du  corps-législatif  , 
proposé  à  la  fois  par  cette  autorité  ,  par  le  tri- 
bunat et  par  le  premier  consul  de  la  république  , 
pour  vine  place  de  sénateur  ,  est  admis  ,  en  cette 
qualité  ,   dans  le  sein  du  sénat. 

Le  président  proclame  ,  en  conséquence  ,  le 
citoyen  Dedelay-dAgier  ,  membre  du  sénat-con- 
servateur. 

Le  sénat  arrête  que  cette  admission  sera  sur  le 
champ  noiifiée  par  un  message  au  corps-législuif, 
au  iribunat  ,    et  aux  consuls  de  la  république. 

Signé,  Laplace,  président;  Clément  de  Rts  et 
Rousseau  ,  secrétaires. 

Par  le   sénat-conservateur  , 

Le  secrétaire-général  ,  signé  ,  C.auchy. 

Bonaparte  ,  premier  consul  dç  la  république, 
ordonne  que  l'acte  dii  sénat  conservateur  ,  qui 
précède  ,  sera  inséf.é  âùBuUetin  des  lois.  Le  mi- 
nistre de  la  justice  enverra  au  citoyen  Dédelay- 
d'Agier  uià  exemplaire  du  Bulletin  dés ''oiT  ou 
cet  acte  sera  inséré  ,•  poiar  lui  tenir  lieu  de  noti- 
fication et  lui  .servir  de  litre  pour  constater  sa 
qu.ilité.       ,    '  '  '  ' 

'  Paris  ,  le  sS  ftiitiaire  ,  an  9. 

Signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


Fin  de  la  liste  générale  des 'offciers  delà  mariatr 

Voyez  le  n°  84.  -,       ..,  A      \. 

enseignes  de  vaisseau. 

Bertaut-Labretêche , ]ac.  Marie. —  i" juillet  1791. 

JJ.«roï  ,  Jean-Marie.     Simonet  ,   Michel. —  6juil. 

Garnereau  ,  Jean-François-Nicolas.  Montfort., 
François-Giles.  D  uc  lègue  r  ,  Phiilp.pe-Hyacinthe. 
Leredde  ,  cadet,  Jacques-Julien.  Vatel ,  Jean.  D<- 
launay  ,  Louis-Augustin-Laurent,  Bpuvet .  Pierre. 
Brion,  Laurent-julien.  Montfort,  Giles-François. 
Dupsrron  ,  Pierre-Paul.  —  i"' juillet  I7g3. 

Vuhault,  Henri-Gabriel,  —  4  brumaire  an  8.      : 

Le  Prince  ,  Olivier.  —  14  brumaire. 

Bocey  ,  Joseph-Fidele-Constant.  — 24  brumaire. 

Thcvenard  ,  Vincent.  Dupuis  ,  Jean -Baptiste. 
Menard  ,  Charles-Léonard.  Hubert  ,  Hervé.  Phi- 
libert ,  Pierre-Henri.  Poterel ,  François  -  Marie.  — 
26,  brumaire. 

'Petit ,  cadet  ,  Hervé.  —  25  frimaire. 

Chassin,  Pierre-Jean-Marie.  3o  nivôse. 

Henry  , Jean-Pierre.  Hurly  .  Mathias-Constantin. 
Robin.  Dominique-Marie-Augusiin.  Pîodûj/,  Marc 
Henri.  Ponée  ,  François.  —  7  pluviôse. 

Le  Jis«n«  ,  Pierre-Auguste.  —  i^'  ventôse. 

Adam,  François-Etienne.  Caraf/ora,  Jean-Baptistit. 
—  23  ventôse. 

Bou  nef  ,  Jacques.  Julien,  Constant  -  Eugène- 
Marie.  Baudran,  Pierre-François.  Picard,  Gaspard. 
Banchochoury  ,  Claude.  Ollivier ,  Guillaume-Fran- 
çois. Clavier  ,  François-Hyacinthe.  Floch,  Jacquet- 
Marie.  Boulny  ,  Pierre.  —  17  germinal. 

Granval  ,  Jean-Noël-Vincent.  Le  Marchand  , 
Jean-Audfé.  —  12  brumaire   an  3 

Roche.  Bernard.  —  19  pluviôse. 

Lacroix  ,  Jean-Gabriel.  Lonaty  ,  Charles.  —  6 
veniôse. 

Mancel ,  Guillaume-Pierre.  Buessard ,  Pierre-- 
Paul-Joseph.  —  14  floréal. 

Larivet ,  Mathurin-Louis.  Le  Crosnier  ,  Charles- 
François,  herennes  ,  Jean  -  François.  Berthetot  , 
Chajles-Jacques.  Bou?'(i«i  ,  Hyacinihe.  Flandre!, 
jean-Bapiiiie.  Kimel  ,  François  -  Louis.  Gouet  , 
François-Marie.  Haveron  .  Laurent.  Cotelle  ,  ca- 
det ,  François-Augusie.  Le  Pelcy  ,  Pierre.  Petit 
rtinc  ,  Amable.  Petit,  Etienne-Guillaume-André. 
Elle  ,  Jean.  Perré .  Pierre-Ange.  Fourré  .  4'  frère, 
Jeao-Baptiste-Alcxandre.  Deselve  ,  Claude-Marie. 
Sauvage,  Pierre-Anloine. François.  Avoyne  .  ]3C- 
ques-Louis-Victor,  Duhourquois  ,  Josepti-Marie. 
Picard.  Pierre -Jean.  Segnr  ,  Jacques  -  Philippe- 
François.  Pigache  ,  Aug.  Gâtrelty  ,  Jean-Joseph. 
Gaultier,  Pierre-Henri.  Avoyne  ,  Guillaume-Bon- 
Eieazir.  Dehen  ,  Jacques -Joseph.  Fayolle  ,  Phi- 
lippe -  Aihanase  -  Hélène.  Chatellier  .  Marie-joa- 
chira-Isidore.  Cuvig?iy  ,  François-Louis.  Proteau, 
Eiienne  -  Nicolas.  Meynard  -  Lafarge  ,  François. 
Liot  .  César-Aususte.  Klero-Rosbo  ,  Pierre-Michel. 
Fotiniier  ,Jean-Bapiisie-Augusie.  Dufresnil  ,  Guil- 
i  laume-Emmanuel.  Laure  ,  Joseph.  Mars ,  jesn. 
Durdent.  Pierre-Anicinc-jeati-Baplisle,  Guiliet  , 
Samuel-Victor.  Po^/ii/tii  ,  Louis.  Gueroult ,  Noël- 
François.  Boutin  ,  aine  .  René-Pierre-Jean.  Cary  , 
Antoine.  Delville  ,  Thomas.  Chavon  ,  Jacques. 
Labbé  ,  Grégoire-Victor..  Guitlou  ,  Giles-Joseph. 
I^efebvre  ,  Louis-Pierre-.  Gaffaret ,  Jacques-Lau- 
rent. Allard  ,  Charles  -  Modeste.  Mein  ,  Jean- 
André.  Briamant  ,  Elie  -  Fiançois.  Chosel  , 
François.  Vmet  ,  Pierre.  Gadobert  ,  Benja- 
min. Brun  ,  Augustin-André.  Paulin  ,  François. 
Vallat  ,  jcan-Severe.  Hervand  ,  Pierre.  Perrodeau. 
Guillaume.  Halley  ,  François.  Beraud  ,  Etienne. 
Brun  ,  Jean-Joseph.  Lebrelon  ,  Charles-Paul-Guil- 
laume. Fi'^ÊJ  ,  Jean-Pierre-Eiienne.  Z.im«/,  Alexis- 
Antoine.   Barbaud  ,  jeune  ,  Jean.   David,  Jean- 


563 


Jacques.  Faire  ,  Joseph,  tissitoiir  .  Jean-F(ançois. 
Gois  ,     cadet  ,   François.    Caribou  ,   Joseph-Au- 
gusiin-César,    Lanif  ,   Antoine-Julie.  Fott  ,  Fran- 
çois-Louis. Mrt;(Ore//«  ,  François.  Leinnssun,  Au- 
!iuste  -  Ferrljnonci.    L(bretevillois  ,    Jean  -  Julien- 
François.  Bonchardeau  ,   A;naii<l.   Camus  ,  naiiiel. 
Gaudrun  .   Biaise.  Uutoit  ,  Joseph.  Liigaii  ,  cndet  , 
Joseph.  Gaspard,  Michel-Pierre.  Laramte-iElang , 
Paul-René.  DuinziV,  joachim-jcan.  Haviel.Jdcoh- 
Auguslin.  Dupré ,  Gabriel-Alcxis-Benjamin.  Gra- 
nkr  ,  Jean  -Joseph.     Guiné ,     René.     Duhamel, 
Vincent  -  M.irie,     Grelès   ,     Charles    -   Thomas. 
Guillou,    Louis-Marie.    Allemand,     Thomas.     Le 
Clainche  ,  Bon -François.  Poulain  ,  François-Louis. 
iarOiyu«,  Jean-Bapiisie.  Lacheuru: ,  Louis.  Thomas, 
Joseph-Guillaume.   Bernard  aine  ,  Jean  -  Jacques. 
Fraboulct  ,   Henri-Anne-Marihe.     Lniné  ,     M.irie- 
Jacques-Jean.  Bourgeois  ,]t\xn.  GaudJ'ernand^  Noël- 
Joseph.   Lucet,  cadet,   Pierre-Benjamin.    Guerin  , 
Pierre-Augustin.  Vincent  ,  Bernard.  Botira/î ,  Nico- 
las.  Villaubert  Bourde  ,]n\\en.  Sabourin  ,  Claude. 
Antjaetil,  Jacques-Marie.   Rolland,  Pierre -Jean- 
Marie.   Cuppé  Dubourg  ,    Louis.    Collinet ,  André- 
Arnaud.   Dumay  .  Jean.    Aiguier  ,  F eVix.  -  Chdirlei. 
Deberle,  Claude-Henri.  Faurès ,  Prosper.  Deboudt , 
Jean-Baptiste.  Gar<i  ,  Jean-Philippe-Marie.  Lanoy  , 
Joseph.    Drouel ,    Chrisostome-Léonore.    Gaven  , 
Etienne-Jean-Bapiiste.    Mathé  ,   Louis.     Legrand  , 
Joseph.   Briolk  ,   Louis.    Tourneur  ,     Dominique- 
Henri  -  Bonnaventure.    Messemnecker  ,  Jean-Jac-  | 
ques.  Prier  ,  Stanislas- Florentin.  il/tf!(^c,J. Jacques. 
Leroux  ,  François-Victor.  Allard  ,  PVançois.  Anni- 
fcij/ ,  Adrien-Jean.  Cheviliard  ii\i  ,   Fianç.-J  scques. 
Daleincourt ,   Gilles-Jacques,   ^u^ï'er  ,  J.  F.  Marie. 
Bargeau,  Jacques-Pierre.  Cossé.  Nicolas-Toussaint. 
Dupont,   Pietre-Ftançois.   Durand,   Jean-Joseph- 
Benjamin.   Delaporte ,  Jean-Pie'rre.   Fourré,  aine, 
Jean  -  François.     Lagenetiere  ,    Joseph  -  Thomas. 
Ailhaud  ,  Auguste-Ciémeut.  Tro^n^r  ,  Guillaume. 
Boissinot ,   Louis.   Breidenbach  ,  jo'eph.- Ft^y.qo'^i- 
Jean  -  Baptiste.   Chevalier  ,  René  -  Simeon.   Bellot  , 
Michel.  Dumas,   Auguste -Joseph.    Tilly  ,  jean- 
Pietre.   Gufoi.  Jacques.  JVfoJiWoiim  ,   cadet ,  Jeau- 
Baptiste-Elie.  Fdi'OJi  Joseph-Alexandre.  Batteman, 
Jean -Jacques.    Bagot ,    Louis -Pierre.    Dubourg, 
Pierre-Dominique.   Bargeau  ,F^\\e.  Rouget  ,Vio'é\- 
Germain.    Pallois  ,  Jean-Henri.    Saizieu,    Louis- 
Pierre-  François-Ricard-Barihelemi.    Dubourdieu  , 
Betnard.  Gigaux  de  Grandpré,  François-Germain- 
Aubin.    Seignan    d'   Serre ,   Jean-Baptisie-Joseph. 
Baubigny  ,   Aniolne  -  Louis.    Doriac  ,    Alexandre. 
Villon  ,  Euge-.ie.  Desforges  ,  René-Joseph-Narcisse. 
Duperré  ,   Victor-Guy.    Lapeyrere  .  Jean-Be-.na'ck 
Lacour,  Louis-  Pe//«rm  .  Jacques-Nicolas.  Tanque- 
ray  ,  Char'es-Nicolas.  Laierri  ,  Jean-Marie.  Petré , 
Pierre.    Chevallier.  Jean-Bvptiste-Mautice.   Petit, 
Joseph-M     le.  Bègue'  ,  Beruard.  Caboujigue  ,  Jean- 
Baplisie.  Castaings ,  Jean-Baptiste.    Crespin,  Ger- 
main.  Denielle  .  Jean-B  rpiisle.    Levicaire  ,  Jean, 
Lestrille  ,  J   cqucs-Angelique  François.    Roustan  , 
Georges.    Flanc,    Frarçois.    Saint  -  Pair ,    Gaud- 
Frsnçois.  Lî'îîon*,  Antoiae-Mafie.  Qitinlin  .Joseph- 
Maiie.  Maerleyn  ,  Loiiis-Jacques.  Audouy  .Joseph- 
François.  Leredde ,  Pierre-Michel.  Barbaud ,  Pierre- 
Honoré.   Cotélle  ,   3'   frère  ,  Jean-Baptis'e.   Aune, 
Joseph-François,    foui/ara  ,  Louis-Augusiin.  Meo- 
lan.  Simon.  Lewg'jiirr,  Henry-Fiauçois.  Cheminant, 
LouiS.Ange.    Lelong ,    Thom:,s.    Hardy,   Pierre- 
Louis.    Drouault  ,   fis,  Jacques-Pierre- Charles. 
Pioch  .     Barthélémy -François.     Laine,    Viacent- 
Louis-Marie.  —  i^'  germinal  an  4. 

Masson  ,  Pierre-Jean-Biptiste-Benjamin.  Grave- 
reau  ,  Jean.  Martin  ,  Jc-an-Pierre.  Roustan  .  D.-nis. 
Dupré.  Laurent.  Coirpon  ,  Jacques.  Hilaire, 
Liiuis.  Garahie  .Julien.  Tanqueray  ,  Jeati-Baptisie. 
Fenaid,  Jean-Henri.  Rocher,  Jacques.  Gouin  , 
Louis-Chailrs.  £ifnjii;,  Joseph-Thomas.  Silhouette, 
Jean.  Martin,  Charles  -  Roch.  Morice  ,  Nicolas. 
Desgraves  ;  Jicques  -  Philippe.  Castillan  ,  Jran- 
J;icqucs.  Fruchard  ,  Michel  -  Laurent  -  Qj.ienlin. 
Etchegaray  ,  Michel.  Vidal  ,  Jean-Anloiue.  De- 
rennes ,  Luc-François-Sévere.  /.omiarii ,  Jacques. 
Bridault .  Pierre -Joseph  -Marie.  Allard  .  Jean. 
Lecour  ,  Henri-Auguste.  Duchemin  ,  Guillaume- 
François.  Buvard  ,ie3n-B^\ii\ste.  Foucaud  i  Pierre- 
Pau-.  Plar  ,  Louis.  Lucas  ,  Joseph.  Duperron  , 
Fiançois.  Simian  ,  Dominique.  Caro ,  Nicolas. 
Clavier  ,  Pierre-Jacques.  Gaultier,  Etienne.  Cuvil- 
/iVr  ,  Jacques-Philippe.  Guion  ,  Claude-Antoine. 
Fisquet.  Louis  -  Fia;;çois.  Pastoureau,  Thibault-. 
Briiset  ,  Louis.  Achard  ,  G\\i':s.  Bepoge ,  Al  xis- 
Pierte-César.  Testée,  Vicior-'Savinieu.  Plassan  , 
Pierre-iacqiies-Leblond.  Bourde  ,  Louis-Nicolas. 
Lemaitre  ,  Pierre-Honoré.  Pinard,  Louis-Jacques. 
Lcbtond  ,  J  cques-Etienne-Thauzin.  Mandrillon  , 
Hoiioié.  Peleport  ,  Jacques.  Poucet,  Fraiiçois- 
Bilihizar.  Coi  bé  ,  Jean  -  Félix  -  Flore.  Desroche, 
Piètre  J-an.  Clément,  Louis  -  Maiie.  Laugier  , 
Esprii-Louis-Léonce.  —  ig    bruitiaire   an   5. 

Raoul,  cadet,  A -ge-Matie-Anne.  —  10  fri- 
nintte  an  5. 
Eydoitx.  Toussaint-Théodore. —  17  frimaire. 
Albert  .  Alexis.  T'ouffet  ,  Nicolas.  Delange  ,  Flo- 
rent. Martin  ,  Henri-Louis.  Rogerie  ,  Michel.  Mery  , 
François-Henri.  tioUot  ,  Louis-Raymond.  —  2  1  fri- 
maire. 

Vertier  ,  Jcan-Bapiiste-Henri.  Mauchrétien , ]svin- 
Bapitsic  GullUuiac.  —  it  nivôse. 


Chasseriau  ,  Jean-Bapiisle.  Gain  ,  Jean-Louis^  • 
'.'3  nivôse. 

/.«/lejîa/, Jean-Marie-Joseph.  —  27  nivôse. 

Coreil  ,   Bruno-Louis.  —  4  pluviôse.  1 

Genty  ,   Berioist.  —  17  pluviôse. 

Paul  ,  Joseph-François.  Saint-André  ,  Louis- 
Alexis.  Roquebert  ,  Uomini<jue.  Jance  ,  Pierre- 
François. —  27  pluviôse. 

Aycnrd,  J'-seph.  Songé ,  Marie-Amoine-Forlnné. 
Berteimy  ,  Louis.  Gohct  -  Duchesne  ,  Jacques.— 
6   veniôse. 

Sornin  ,  Michel.  —  ig  veniôse. 

Girardias  ,  Andréjoseph.  Lamon  ,  Jean-Marie. 
Desiotours  ,  Jvies.  —  24veniôse. 

Jourdain  ,  jeune  ,  Philippe-Paul.  Lannclongue  , 
Jean-Louis.   Ulliac,  Louis-Anne.  —  aS  veniôse. 

Damar  ,  François-Louis.  —  g  gcrmiial. 

Jourdain  ,^^^1^  ,  Jacques-Louis. —  i3germiniil. 

Bompar  ,  Baptiste  -  Henri.  Degras  ,  Jacques- 
Joseph,   /l/i^g-riî ,  Jacques. —  19  germinal. 

Ducamp  Rosamel  ,  Charles.  Deschamps  ,  aîné  , 
Jacques-Alexandre.  — 24  germina'. 

Leclerc ,  Pierre-Auguste.  —  i"  floréa'. 

Barbet,    Cliarles-A'cxand  e.  —  21  floréal. 

Lachadenede  ,  Henri- Augu«ie-Scbastien.  Hu'.in  1 
Jean-Picrre-Marie.  Dussenil,  Thomas.  —  2S  floréal. 

Le  Bescond  Coatpont  ,  Jean-Marie-Augusiin.  — 
j  5  prairial. 

Bouchcrot  ,  Romuald-Thomas.  —   7  prairial. 

Croquet  Desauteur,  N  colas  -  Fiançois.  —  5 
messidor. 

Mayol ,    Jean  -  François.  Mahé  ,  Jean  -  Michel. 

Le  Marant  ,   René-Constant.  —  19  messidor. 

Freycinet  Saulce ,  Louis-Henri.  Freycinet  Sautce  , 
Lauis-Claude. — 25  messidor. 

Briere  ,  Pierre.  Marchand,  Charles.  Crettt , 
Jean  -  Marie -Michel.  Pesron  ,  Louis -Eugène. — 
29  messidor. 

Le  Baron  ,  Jean-François  Bon-Louis.  —  1 1  ther- 
midor. 

Michel,   Pierre.    Bocey-Lach'nais ,  Louis-Marie. 

Le  Mée  ,  Jean  François.  Le  Poigncur  ,  Roberi- 
Dci.  is. —  2iihermidor. 

Andrieu  .  Pierre  -  Augustin.  La  B«i<«  ,  Julien- 
Marie.  Mequet  ,  jeunç  ,  Joseph -Jeap.  Giroux  , 
Louis-Hypolite-François.  Pelle,  Pierre.  Fougeray- 
Ducoudray  ,  Luc  -  Amable.  Le  Maître  ,  Jcseph. 
Borelly  ,  Nco  as-François.  Picquet,  aîné,  Augusùrj- 
Amédée.  Picquet,  cadet,  Ant.-Furoy. — 2  fructidor. 

Pajjarrf,  J,:an-Achille.  —  3  fructidor 

Derville  Hugot ,  Yves-Fiançuis-Maric. —  12  ven- 
démiaire an  t). 

Bichon,  Pierre.  D'Autriche,  Jacques  -  Charles- 
Cbricl.  Keron  ,  Pierre -Mi, ie.  Uê/g-oi  ,  Olivier- 
Fraiiçois-Marie.  —  il  brumaire. 

Salomon  ,  Victor-Amédée.  Gautier  ,  M.  Alexis. 
■^  24  bfumaire. 

Lenormand .  Pierre-Judes.  —25  frimaire. 

Pinet.  Guillaume-Maurice.  Mannéi,  Jean-Marie. 
^ng-(i)Bar7e  ,  Jean-Baptistejoseph.  Ochet  ,  Louis- 
Fiure.il.  —  29  frimaire. 

l)ucroult .  l^hilippe-Hyacinihe.  Levassent,  Louis- 
Frai. çjis.  Delaporte  .  Françols-J  trlien. — -"3  nivôse. 

Legall  Kerucn  ,  Pierte-Jean-Mar.ie.  Martel  ,  Jean- 
B..ptiâic. —  l3  nivôse. 

Tiret  ,  Chiisiophe.  —   26  nivôse. 

Tournais  ,  Louis.  Guerandet  ,  Guill.  -Jacques- 
Mjric.  —  g  pluviôse. 

Rolland,  Eiiennr. -Joseph  Pascal.  Ot^f ,  Picrre- 
Mari.e-Denis.  —  22  pluviôsg. 

Bellevilte  ,  Jacques-Louis,  iotid/w  ,  Jean-Marie. 
Llierondel  ,  Ei. -Joseph.  Drouet  ,  Célestin  -  Giles. 
Dupotet  ,  Jean-flcnri-Joseph.  —  i3  veniôse. 

Pitot  Keryves  ,  Pierre-Louis-Michel. — ■  17  ven- 
tôse. 

Villeneuve  ,  Josrph.  Fontrel ,  Louis  -  Auguste. 
Bonté,  David-Ai.igi'siin.  —  27  vtn  ôie. 

Pâturai,  Claude.  Doux,  J-an. Pierre-Agricole. 
Sfl?7iiO!î  .Jacques-Pierre.  Seston  Vitleblauche  ,  Chris- 
loph;-.  —  24  '4ermin.-il. 

Fougère  ,  Raoul.  Serval  ,  Charles-Félix.  — ■  14 
floréa). 

Blois  ,  François.  Suywens  ,  Pierre.  Montfort  , 
Dominique.  Trohriant  ,  Emmanuel.  Chamj>ion  . 
César-Auguste.  Bataille  ,  Fiançois-Gil'es.  Lehuby, 
Jean-Philippe.  Frigot ,  Louis.  B«r/mcj  ,  ^  Ch.irics. 
5ir«  ,  Jacques.  Grosjean.  Louis-Honoré.  Moulin, 
Pierre-Etienne.  Vistorte  ,  Guillaume-Jean.  Lesau- 
vage  ,  Louis  -  Aubin.  Olliveau  ,  Anioine  -  Jean. 
Legrand,  Pierre- AI,  xan'irc  -  Claude.  Meyronet  , 
Pi.  rrc-Sirnon.  Marcou  .  Henri.  Fauré  ,  S  basiicn. 
Gresleau  ,  A  idré.  Heyrisson  ,  François-Antoine- 
Boi'.iÇucc.  Beausset .  Charles-Joseph.  Gand  ,  Arii. 
Lebizieti  ,  Jcrônre  -  Louis.  Barré  ,  Pierre.  Franc, 
Bernard.  Loiseau  ,  Pi.-rre.  Jeuiltard  ,  Pierrc-Beii- 
j  iiiiin.  Bnyle  .  J.-Pi,-r.-e.  Lf.traon  Debctley,  Arnarjd- 
Corisiani-Guillaume-jacques.  Lechnrtreux  ,  Jcan- 
_aciiues-Gcorges.   Aillery  ,  François.   Laine,  Au- 


gustin-l'hili'ppe-Simon.  Codercq  ,  JaciJueS-AleXàft» 
dre.  Siméon  ,  Etienne.  Bouvier  ,  Théodore.  Gerdy  « 
François-Xavier.  Clourt:, iacriuea-luWefi.  Lemoyni  ^  ■ 
Pi:.rrejean.  Durecourt  ,  Chailes-Moyse.  —  sG  flo- 
réal. ^ 
Tonboulie  ,  Touss.Tint  -  François.  Legentil  ,  Ri" 
chard-Donihiique.  Gizolnie  ,  Guillaume  -  Pas<?al. 
R««flur<,Jeau-Antoine-Joseph,  CAflrn'er,  Alexandre- 
—  3  praiiial. 

Robin  ,  Alexandre-Marie- t-oiiis.  —  1  2  prairial. 

Rogerie  ,  Charles.  Snrg^oi»  ,  Pierre.  ValUlte  , 
Pic-ne.  Du/au, }cîn.  Legall,,  Louis-Julien.  Disdier  ^ 
Paul-Isidore- —  4  mesi>idor. 

Yon  ,  Dominique.  Fermier  ,  Bonriavetrture- 
Loui--Adrien.  Saint-Cricq  ,  Jacques.  —  i3  mes- 
sidor. 

Harang  ,  Augustin-Dou^;n'c]ue.  —  l5  messidor- 

Entheaûme  ,  Alexandre-Louis.  —  G  fructidor. 

Odievre  .  Joreph.  —  3'^  jour  coinpléraenta/re,, 

David,  Jean-Baptiste-Théodoie.  —  i5.  vende-? 
miaire   an   7. 

Gcstin  ,  Jean  -  Marie  -  Hvacinihe.  Tocqueville  , 
Charles  François.  — ■  17  veiidciuiaire. 

Blanchon  ,  Jacques.  —  ig  brumaire. 

Por/f,  Charles. —  i'^''  frimaire. 

Ouzaneau,  Denis.  —  i5  frimaire. 

Lcdos  ,  François.  Griot,  Fiançcds-A'mable.  Feré ^ 
François-Traiiqude.  —  29  frimaire. 

Deluret  ,  Joseph.  Beiraud  ,  Jean  -  Baptiste.  — ■ 
19  ventô.se. 

Hiir^ous  ,  Jean-Baptiste.  —  23  ventôse. 

Joly  ,  Jean-Jnsepli-Maurice.  Cap-Martin  ,  An- 
toine. Drouin,  François.  C/cmeni^o/,  Jacques-Louis. 
Legattais  ,  François.  Jehenne  ,  Charles-Noel.  Du- 
ronssay  ,  Louis.  Lacuée  ,  Chiisiophe.  Odievre,  Phi- 
lippe-Emmanuel. — •  25  germinal. 

Bourde -Viltehiiet  ,  François.  Lrcor  ,  Yves-Marie. 
Cani, Joseph.  Dutaillis  ,  André.  Rougcuil  , Michel- 
Ange.  Lamarre-Lnmeillerie  , Vnbois  ,  Gaud- 

Picrre.  Lenormand-Heigns ,  .  . . .  Bumj'ace  ,  Fleury, 
—  1"='  floiéal. 
1      Bîï/ojUÉif  ,  Jean-Bapiisie.  —  12  thermidor. 

Obriet  ,  Charles.  Duchar.in  ,  Antoine-Joseph.  — 

19  fructidor. 

!      Simian   ,    Barnabe.     Chevremont  ,    Dominique. 

Poupevitle  ,    Amoitie  -  François  -  Victor  -Joseph. 

'  Chasseriaux  ,  Eiienne-Innocent.  Allègre,  A.Ttoine. 

I  Baziii  ,  Jean-Marie.  —  27  iiucdcior. 

MarcAani  ,  Jean-Pierre,  —  g  vendémiaire  an  8. 
Vicard  ,  François.  —  27  brumaire. 
Norès  ,  Armé-Jean.  Bolle-Lasalle  ,  Henri.  Roux  , 
i  Victor.  —  7  frimaire, 
j      Savy  ,  Joseph.  —  19  frimaire. 

Fleury  -  Jarville  ,  Joseph  -  Edouard.  — ■  iS  ger- 
minal. 

Barret ,  Cha-iles. —  rg  prairial. 

Sergent ,  Pierre.  Simmouot ,  Edme-L'ju\s.  Gay  , 
Joseph.  Gibouin  ,  Louis.  Freinant  ,  Jean-Chrisos- 
lôrae.  Bujfur ,  Aimand-Vicioi-Augusie.  Lionneau  , 
Jean-Charles.  KoiwjCfjJi  ,  J  an-François.  Lebnln  , 
Georges.  Lajaunay  ,  :! . .  Perré.  Fra.çois-Fiienne- 
Ange.  Caron, Jean-Baptiste. -Gn'o/,  Georges-Fran- 
çois. Rrultene  .  Jacques-Fiançois.  Jauvas  ,  Jean- 
Rairponâ.  Martin.  Pierre-L:izard.Fî|-anîiîère, Pierre. 
Ganivet,  Jean-Chailes.  Roques,  Pierre-François. 
Anne,  cadet,  Charl««-Joseph -Fiançois.  Ri'che  , 
Charles-Thomas.  Eymin  ,  Jean-]oséph-Gabriel. 
Lagreze, ...  Blanc,  Eûenne.Morevau,]nCi]ues-F!zvç., 
Laforterie  ,Aw^ui{e.  Mauiineau,  Louis  Alexandre. 
'^gnèf.  ,  Nicolâs-G-.égoire.  Arnaud  ,  Je.in-Bapiisie. 
Barbereux  ,]t:in-C  aude.  Beville  ,  Char'es.  Cïouf*  , 
Louis-Angelique-Charles.  Desportes,  Benjamin- 
Piosper.  Dun  ,  Jean-Bapiiste-Gabriel.  Fournier , 
Jean-Pieire.  Gaum  ,  Etienne-- Jean.  Labulloche  , 
Jacques-François.  Levasseur  ,  Michel  -  François. 
Lidier  ,  August^-Maiie.  Lemerle  ,  Jean -Pierre. 
Drouet  ,  François-Joseph.  Emcric  ,  Jean  -  Léon. 
Ferrin  ,  Louis-François.  Lejrappcr  ,  Jean-Marie. 
Prévost,  Edenne-Jean.  Rivoire  ,  Jearr-pierre.  Sen- 
nequier  ,  Pierie-Raphaë  .  Vantigiiaie  ,  Jean-Fian- 
çois-Camille.  Ducrest  .  Alex:i;i  re.  Gardel ,  Ma- 
.lius.  Clément.  Michel-Jean-Fiançois-Marie.  Ar^ 
nous,  Rei.é.  Chaignau  ,  Elienne,  Ptn'OîJ ,  Julien- 
Augusiin-Maiie.  Grivtt ,  Jean-Baptiste.  Jouan  , 
Jean  -  Pierie  -  Louis.  Dunet  ,  Joseph.  Pasquiér  , 
Maihurin  -  Mariin.  Diberdet  ,  /'lathurin.  -•'î^a- 
ruis  ,  Jean  -  Louis.  Pastot  ,  'jcari-  Ar.'  ne. 
Rivière  ,  Jean  -  Baptiste  -  Henri.  Victon.  Bij' 
Ctrwi/^iÊ)- ,  Jacques- Etienne.  Duranty  ,  P. à.  .js. 
Ruix  ,  Joseph.  Garigon  ,  Adrien.  Colas,  Jean- 
André.  Gestin  ,  Rene-François-Marii-.  Jaumont, . . 
Pilet ,  Louis.  Le/ebure  ,  Victor.  Talma  ,  Alexis, 
/.«fcorrfe  ,  Jean-Bapriste.  Daniel...  Pouplin, Vi<.ior. 
Saint-André.. .  Billard,  Guillaume.  —  t*' vendé- 
miaire an  9. 

•  Nota.  Le  premier  consul  ayant  ,  par  une  déci- 
sion particulière  ,  porié  le  cil.  Georges  Saunier  , 
capitaine  de  vaisseau  ,  à  la  i"  classe  de  ce  grade  , 
son  rang  sur  la  liste  générale  est  après  le  ciloyau 
Chevillard  ,  et  le  ciioycn  Levêque  dot  se  trouver 
lu  premier  des  tapitaincs  de  2'  classe. 


Liste  des  officiers  de    la    marine   tn   activité 
pendant  Van  g. 

Vice-amiraux. 

Trugîifi, Laurent-Jean-François.  Villaret-Joyeuse, 
Louis-Thomas.  —  6  vendémiaire  an  3.  , 

Bruix ,  Euslache.  —  aS  ventôse  an  7. 
Contre-amiraux. 

La(ot(^cAe-T'rwï7/« ,  René-Magdeleine.  —  i'' jan- 
vier 1793. 

Delmotte  ,  Jean  -  Louis.  Lesseigues  ,  Corentin- 
Uibain.  — 26  brumaire  an  s. 

Villeneuve ,  Pierre  -  Charles  -Jean  -  Baptiste  -  Sil- 
vesire  (prisonnier  de  guerre.)  Lacrosse  ,  ]ea.n- 
Raymond.  —  l'''  vendémiaire  an  5. 

Bedout ,  Jacques.  —  23  germinal  an  6. 

Ganleaiime ,  Honoré. —  17  brumaire  an  7. 

Dord^lin  ,  Alain-Joseph.  —  18  pluviôse. 
Durand  -  Linois  ,    Charles-Alexandre-Léon.  — 
ï8  germinal. 

Dumanoir-Lepelley  ,  Pierre-René-Marie-Etienne. 
7  frimaire  an   S. 

Capitaines  de  vaisseau   de    i"   classe 
qui  étaient  chefs  de  division. 

Magon  ,  Charles.  Bonnefoux  ,  François-Casimir. 
Savary  ^  Daniel.  Lhéritier  ,  Louis.  Cosmao-Kjutien  , 
Julien-Marin.  Maistral ,  Esprit-Tranquiiie.  Alle- 
mand, Zacharie-Jacques-Théodore.  Coudé,  Louis- 
Marie.  Castagnier  ,Jezn -Joseph.  L«?a_)i  ,  Julien. 
F/^o/.  Jean-François.  Moncousu  , Pierre- Augustin. 
Allary  ,  Joseph.  —  f  germinal  an  4. 

Bompart ,  Jean-Baptiste-François.  Christy  Pal- 
liere  ,  Jean  -  Anne.  Quérangal .  Piene -Maurice- 
Julien.  Lf.coat  Saint-Haouen .  Yvcs-Marie-Gabriel- 
Pierre.  BiscOnd  ,  Pierre-Marie.  —  1  =  ' vendémiaire 
an  5. 

'  Z.rtiii//«jg'nj,Gui!laumf -Jean-Noël.  Da/o)',  Henri- 
Dauphin.  —  i'"^  messidor.  > 

Moliny  ,  François  -  Romuald  -  Alexandre.  —  2 
fructidor.  1 

Villeneuve,  Jesn.  —  14  floiéal  an  6. 

Willaumez ,  Jean-Baptisle-Phiiibert.  —  16  nivôse 
an  7. 

Taure,  Gilberl-Amable.  —  3  pluviôse. 
Capitaines    de    vaisseau  de   i"  classe, 

qui  n'ont  point  été  chefs   de  division. 
Leveyer  Belair,A\ain-]ose-ph.—  i^' janvier  1793, 
Gourdon  ,  Antoine-Louis.  — 5  février. 

Capitaines  de  vaisseau  de  2«  classe. 
Blavett  Fiacre-Henri.  —  8  février. 
Tcpsent  y  Jean-Nicolas.  —  i^"^  juin. 
Lapalisse  ,  Félix.  —  22  nivôse  an  g. 

Lacaille  .  Charles-Nicolas.  Trulet  ,  L. -Léonce. 
— ■  10  pluviôse. 

Chambon  ,  Pierre-François.  —  5  fructidor. 
Giii7/e»i«/ ,  François-Charles. —  2  vend,  an  3. 

Legouardun  ,  Louis-Marie.  He»7>,  Jean-Baptiste. 
—  12  brumaire. 


364 

Landolphe,  Jean-François.  Petit  ,  Jean-Nicolai. 
—  i"  vendémiaire  an  9. 

Leissegues ,  Jacqu'cs  Bertrand.  Gauvain,  Jean- 
François-Elof.  K//o/ Crtmai  .  Jean-Gilles.  Loucher' 
Pierre-Louis-Proban.  Afammeau  .  Josepli.  Cluneau  , 
Michel-Jean-André.  jfo!ic<  la  Tuillerie  ,  Arnb;oise. 
S(zzm.  François-Mane.  Bourayne  ,  César-Joseph. 
Troudé  ,  Aimable  -  Gilts.  Coudein  ;  Jean  -  Daniel. 
Méquet,  Hugues-Olivier.  Jourdan  ,  Barlhelemy- 
Picrre.  Bernard,  Joseph.  Billard,  Jpan-Baptiste. 
Vrignaud  ,  Joseph-M:ine.  Montalan  ,  Antoine-Ma- 
rie -  François.  Gaudin  ,  Camille-Charles-Alexis. 
GîVarrfwj,  Joseph-Maurice.  Bouran  ,  Ant.  Lebozec , 
P.  Marie.  Foretier  .  Martin.,  Fradin  ,  J.-B.-Alexis. 
Caboureau,  Louis-Joseph.  Berard  ,  Claude-René. 
Audouard  .Joseph-Louis.  Jacob,  Loui^-Léon .  Long^ 
Gaspard-Jacques.  Soleil,  Eleonore-Jean-Nicolas'. 
Bourdet  ,  CharleS-Louis.  ,Mag-«irf/e  Jean-Jacques. 
Allemand,  fils  ,  Joseph.  —  1='  germinal  an  4. 

Laignel ,  Gaspard.  Brouard  ,  Gabriel-Auguste. 
Nouvel.  Pierre-Michel.  Reynaud  ,  Jean  -  Ignace- 
Marie.  Epron  Jacques.  Bernard,  François.  Hos- 
/«re,  Jean.  Prcn/OKf,  Jean  -Pi. rre.  tichot ,  Se- 
baslien-Louis-Marie.  Leduc  ,  Amand.  Massart  , 
Nicolas.  Deslandes  ,  Alexandre.  Héron  ,  Jean-Paul. 
Bargeau  ,  Jean-Pierre.  Tempis  ,  Jean-Pierre.  De- 
lacoste,  Louis-Aufîusiin.  Letellier  .  Jean  -.xMarie. 
Chassériau  ,  Jean.  Julien  .  Joseph-Marie,  s  Bretel  , 
Jacques-Fiançois-Ignace.  Henry  ,  Antoine.  —  i" 
vendémiaire  an  5. 

Afar^me^  Pierre-Joseph.  Hame/mJacques-Felix- 
Emmanuel.—  i<:f  frimaire. 

Descormiers  ,  Nicolas-Antoine.  —  14  nivôse. 

Denieport ,  Gabriel.  —  14  floréal. 

Martinencq  ,  Jules-François.  —  4  messidor. 

Dumoncelle,  GuiUaume-Charles-Jean.  Louvel  > 
Auguste-François, —  2  fructidor. 

Robert,  Pierre.—  12  vendémiaire  an  6. 

Senez .  André.  —  i3   nivôse. 

BeaulieiL  ,  Morel-Claude-Pascal.  Motard  ,  Léo 
nard-Bernard.  —  14  floréal. 

Duranteau  ,  Romain.  —  25  floréal. 

Second,  Adrien-Joseph.--  1"  prairial. 

Hubert,  Paul-Mathieu.  —12  prairial. 

4 


lui  donnant  pas  les  renseignertens  qu'il  vous  de- 
mande :  je  lui  enjoins  ,  si  vous  persévérez  dans 
votre  refus  ,  de  faire  usage  des  moyens  que  lui 
donnent  les  articles  287  et  288  du  code  des  délits 
et  des  peines. 

Salut  et  fraternité.  Abrial. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Arrestations  de  brigands. 

DesvoIs  avaient  été  commis  dans  dans  le  canton 
de  Teilleul  (département  de  la  Manche).  Les  bri- 
gands qui  en  sont  les  auteurs ,  sont  connus.  0,'iatre 
sont  déjà  arrêtés  ,  par  les  poursuites  du  commis- 
saire du  gouvernement  près  le  tribunal  criminel. 
Tout  fait  présumer  que  les  autres  n'échapperont 
pas. 

Deux  frères  nommés  Dubouay  et  signalés 
comme  complices  de  l'assassinat  du  cit.  Audrein, 
évêque  de  Quimper  ,  viennent  d  être  arrêtés  â 
Rennes. 

Un  vol  d'environ  3ooo  francs  ,  tant  en  espèces 
qu'en  objets  d'argenterie  ,  fut  commis  à  Lyon  , 
le  22  frimaire  chez  le  citoyen  Lagardc.  Le  com- 
missaire général  de  police  en  fut  informé  sur  le 
champ.  Il  prit  les  mesures  convenables.  Elles  ont 
eu  tout  le  succès   désirable. 

Les  objets  volés  et  les  voleurs  ont  été  saisis  » 
ces  derniers  ont  été  de  suite  livrés  à  lajuslice. 

Le  même  commissaire  général  vient  aussi  de 
faire  arrêter  François  Forestier  ,  fameux  brigand  , 
chef  de  la  bande  de  Valréas.  Il  s'était  réfugié  à 
Lyon  ,  à  la  suite  d'un  vol  de  3o,ooo  fr.  ,  commis 
sur  la  route  de  Bourg. 


Bergevin  ,  Mathieu-Charles.— 
Villemadrin  ,  Charles-Eusehe. 


17  nivose. 
-  19  pluviôse. 
ra/^eau,Mathurin-Dominique.  Mayenne,  Fianç. 
Jacques.  —  21  ventôse. 

.    Siméon  ,  Gabriel.   Hw^ert  ,  Jean-Joseph.   — i5 
germinal. 

Lafargue  ,  .Armand.   —  24  thermidor. 

Le  Borec  ,  Charles.  —  28  thermidor. 

£A«r?n!Ve  Jean-Marthe-Adrien.  Berger«(, Jacques. 
—  i^' germinal  an  4. 

Ferrieux,  Etienne.  Malin  ,  Joseph-Pierre-André. 
Rolland  ;  Pierre-Nicolas.  Papin  ,  cadet,  André. 
Gourrege  ,  Pierre  -  Paul.  Clément ,  aîné  ,  Nicolas, 
Violette  ,  Pierre-François.  —  i^"^  vendémiaire  an  5. 

Prévost  Lacroix  ,  Louis-Giles 24  nivôse. 

Renaud  ,  Jean-Marie.  —  27  nivôse. 

Lebesque  ,  Jean-Marie.  —  8  thermidor. 

Trulet  ,  aîné  ,  Jean  -  François  -  Thimolée.  — 
1 1  brumaire  an  6. 

Saunier  ,  Georges  ,  24  germinal. 

Bourde,  Guillaume  -  François  -  Joseph.  Martin, 
Claude-Jean.  —  14  floréal. 

Baudin  ,  Nicolas.  —  17  thermidor. 

Bruillac  ,    cadet  ,   Alain  -  Adélaïde  -  Marie 

l*""  vendémiaire  an  7. 

Richer  ,  jean-Baptiste-Edmont.  —  I"  nivôse. 

Bigot ,  Julien-Gabriel.  —  16  nivôse. 

Berrenger  ,  Charles.  —  3  pluviôse. 

Barre, Jean-Baptiste.  — 17  pluviôse. 

Lofond  ,  Mathias.  —  26  germinal. 

Guin  ,  Pierre-Thomas.  —  j"  fructidor. 

M.iistral  ,  cadet ,  Desiré-Marie.  Delarue  ,  aîné. 
—•  25  frimaire  an  8. 


Surien  ,  Pierre  -  Roch.   Moras  ,    Gaspard 
messidor. 

Guignace  ,  Pierre-Léon.  —  i3  messidor. 

Guichard,  Charles-Tropez. —  17  brumaire  an  7. 

Maingon  ,  Jacques-Remy.  —  19  brumaire. 

Oreille  ,  Jean-Biptiste.  —  29  frimaire. 

Poutein,  Jean-Baptiste-Joseph-Remi.  —8  nivôse. 

Lamarre  Lameillerie,  Louis- Charles-Auguste.  — 
3  pluviôse, 

Bordelin  ,  Louis-Auguste.  Bruillac  ,  Guillaume- 
Bon-Pierre.  —  28  germinal. 

row/«f,  Claude.  —  12  floréal. 
Fauveau  , Joseph.  —  28  prairial. 
Lucas  ,  Jean-Jacques-Etienne.  —  2  thermidor. 
Chabert  ,  Victor.  —  9  fructidor. 
Duclos  Guyot  ,  Jean-Auguste.  —  19  fructidor. 
Oletta,  Silvestre.  —  27  fructidor. 
Proteau  .  Guillaume -Marcellin.  —  2  vendé- 
miaire an  8. 

Gueguen,  François-Sebastien.— 27  vendémiaire. 

Jtigan  ,  Nicolas.  — 23  frimaire. 

Guieysse  ,  Pierre.  —  27  frimaire. 

Donnadieu ,  Guillaume.  Moreau  ,  Gabriël-Anne- 
Marie.  Ronvier ,  François-Gaspard.  —  i"  vendé- 
miaire an  9. 

MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

Le  ministre  de  la  justice,  au  citoyen  Roussereau  , 
directeur  du  jury  à  Tours.  —  Paris  ,  i-;  frimaire  , 
an  9. 

J'apprends  avec  le  plus  grand  étonnement , 
citoyen  ,  que  vous  refusez  au  commissaire  du 
gouvernement  près  le  tribunal  criminel  du  dé- 
partement d  Indre  et  Loire,  les  renseignemens 
qu'il  vous  a  demandés  sur  l'état  où  se  trouvait 
l'instruction  contre  les  brigands  qui  ont  enlevé 
le  sénateur  Clément  de  Ris. 

Ce  commissaire  a  écrit  deux  lettres  au  citoyen 
Japhet  votre  prédécesseur  ,  qui  sont  restées  sans 
réponse  :  il  vous  en  a  adressé  deux  autres  qui 
n'ont  pas  eu  plus  de  succès  :  vous  ignorez  donc 
que  le  commissaire  du  gouvernement  est  autorisé 
par  les  articles  283  ,  84  et  suivans  ,  à  surveiller 
les  juges  de  paix  et  directeurs  de  jury  dans  leurs 
fonctions  d'officiers  de  police  judiciaire  ,  et  à  les 
citer  devant  le  tribunal  criminel  quand  il  y  a 
négligence  de  leur  part.  Votre  silence  est  d'autant 
plus  reptéheiisibite  qu'il  s'agit  d'une  affaire  extrê- 
mement importante  sur  laquelle  toute  la  France 
aies  yeux  attachés.  Il  faut  qu'un  attentat  aussi 
grave  soit  puni  avec  toute  la  rigueur  des  lois  et 
la  plus  grande  célérité  possible. 

C'est  le  commi^iire  du  gouvernement  qui 
doit  m'instruire  de  la  marche  et  des  progrès  de 
l'instruction  ,  et  vous  vous  tendez  coupable  en  ne 


T    R    I    B    U    N    A    T. 

Présidence   de  Thiessé. 
SÉANCE     DU     28     FRIMAIRE. 


Un  secrétaire  fait  lecture  du  procès-verbal  delà 
séance  du  26  ;  ia  rédac'.ton  en  est  approuvée. 

Le  corps-législatif  transmet  par  un  message  le 
projet  de  loi  relatif  à  la  reconstruction  d»  la  place 
de  Belcourt  à  Lyon. 

Ce  projet  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  com- 
mission de  trois  membres,  composée  des  citoyens 
Gillet,  Lajacqueminiere  ,  Carret  et  Challand. 

Le  président  annonce  qu'un  tribun  a  déposé 
sur  le  bureau  une  motion  d'ordre;  il  invite  les 
membres  à  en  aller  prendre  connaissance  au  se- 
crétariat. 

La  séance  est  levée  ,  et  ajournée  au  1"  nivôse. 

COURS     DU    CHANGE. 

Bourse  du  28  frimaire. 

à  3o  jours.      ï  60  jours. 


Amsterdam  banco. 

Courant 

Hambourg 

Madrid 

Effectif 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 

Baie 


56  i 

igi 

4  fr.  90  c 
i4fr.85  c. 

4  fr.  90  c. 
14  fr.  60  c. 

4  1  r.  70  c. 

5  fr.  22  c. 

au  p. 


57i 
189,1 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 25  fr.  -5  c. 

Tiers  consolidé 36  fr.  5o  c. 

Bons  deux  tiers 1   fr,  62  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr. 

Bons  pour  l'an  8 .  94  fr.  35  c. 

Matières. 

Or  fin  l'once io5  fr.  42  c. 

Argent  le  marc 5o  fr.  61  c. 

Portugaise  l'once g5  fr.  78  c. 

Piastre 5  fr.  3o  c. 


VEILLEES   AMUSANTES   DE   LA  CITE. 

Dem.  3o  frimaire  ,  Fêle  et  bal  depuis  7  heures 
jusquà  minuit.  A  neuf  heures  ,  de  jeunes  enfans 
donneront  une  représentât.  d'Augnstine  et  Babet , 
comédie  en  un  acte. 

Le  billet  d'entrée  est  de  deux  francs ,  et  d'un 
franc  pour  les  enfans  au-dessus  de  huit  ans. 

L'administration  reçoit  des  abonnemens  pour 
les  bals  de  chaque  mois. 


Erratum.  Dans  le  n°  d'hier  ,  2™' article  Paris, 
relatif  au  citoyen  Lefaucheux  ,  au  lieu  de  ces 
mots  :  Le  gouvernement  lui  procurera  sans  doute  ; 
lisez:   Le  geuvernement  lui  prouvera  sans  doute. 


A  Paris,  de  l'imprimerie  de  H.  Agasse, propriétaire 
du  Moniteur. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL 


N°  90. 


Décadi  ,  ôq  frimaire  an  9  de  la  république' française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés    à  prévenir  nos  souscripteurs  ,  qu  à   dater  du  7   nivôie  le  M  O  N  1  TEU  R  esc    le   seul  juurudi  ojjicid.  _'^ 

Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faii;s  et  les  notions 

rancsur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  mmistérielles.  ; 
Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


E  X  T  E  R  I   E  U  R. 

ANGLETERRE. 

Londres,    11    décembre  (  '20  fiimaire.  ) 


A, 


.  CTIONS  de  la  banque.  i58.  —  3  pour  cent 
consolidés  ,    fermés.  —  Omnium.  {  i.  o^. 

Le  roi  a  tenu  ,  ce  matin,  un  coiiseil  de  ses 
niinislres  ,  à  i  issue  duquel  il  a  donné  audience 
au  comts  de  Spencer  qui  avait  à  lui  communi- 
quer quelques  faits  relatifs  à  la  marine  ,  cl  à 
l'informer  ,  ciit-on  ,  de  l'appareillage  de  la  flotte 
de  Brest  et   de  -sa   destination. 

Le  parlement  d'IiUnde  qui  devait  s'assembler 
le  g  de  ce  mois  (  iS  Irimaire  )  ,  a  été  proroge  au 
samedi  20    (  29  frimaire.  ) 

Le  lord  lieutenant  d'Irlande  a  nommé  le  mar- 
quis deDonnegal  gouverneur  du  comié  d'Antrim. 

La  Défense  ,  de  74  ,  est  entrée  à  Portsmouth 
pour  se  réparer. 

Il  a  été  ouvert  dans  cette  ville  (Londres)  une 
souscription  en  faveur  des  marins  détenus  en 
Russie  par  suite  de  l'embargo.  E  le  a  produit 
jusqu  ici  7000  liv.   sterl. 

On  cite  neuf  de  nos  bâtimens  échappés  des 
ports  de  la  Russie  ,  dont  six  apparienanl  à  Li- 
verpool   et  à  HuU  ,    sont  ariivéïs  à  Eiseneur. 

Du  21  friviahe   (  n  décembre.) 

Actions  de  la  banque  ,  fermées.  —  3  pour  100 
consolicés  ,  fermés.  —  Om-jium  ,  4  i  I- 

Hier  ,  dans  la  chambre  des  coairaiines  ,  le 
procureur-général  a  demandé  qu'il  lui  lu'  permis 
d'j  proposer  un  bill  pour  la  prolongation  de 
la  suspension  de   lacie  d  haheas  coipus. 

Accordé  par  5i  ,  et  rejclié  par  ]3  ,  après  une 
vive  discussion  .  dans  laquelle  MM.  Sûeridan  , 
Ticrney  ,  et  sir  Francis  Burdeit  Joni-s  ,  o.it  com- 
battu la  pioposi.ion  ,  appuyée  par  MM.  Pitt  et 
Percival. 

Un  journal  du  soir  de  Paris  arrive  ayec  la 
nouvelle  ,  bien-  ajjiigeante  si  elle  est  vraie  ,  d'une 
grande  victoire  renipoiiée  par  Moreau  contre  les 
autrichiens,  etc.    [The  Sun.  ] 

Du  22  frimaire  (  i3  décembre.  ) 

Actions  de  la  banque  ,  i58  i  ,  lâij.  —  3  pour 
joo  consolidés  ,  fermés.  —  Omnium,  {  5  j  ^. 

La  chambre  de»  commi^nes  a  entendu  hier  la 
prrmiere  lecture  du  bill  propesé  par  le  procu- 
reur-général ,  pour  prolonger  la  suspension  de 
l'acte  d'habeas  corpus.  Ce  bill  a  donné  lieu  , 
comme  ia  veille  ,  à  de  grands  débals  ,  et  a 
léuni   56  voix  contre  il. 

Nous  âppienors  de  Falmoulh  que  le  mauvais 
tems  a  forcé  la  floue  dt-tlinée  pour  Lisbonne,  etc. 
à  relâcher  dans  ce  por;. 

Les  journaux  de  Fiance  arrivés  aujourd'hui, 
nous  conUrmenl  la  victoire  d'Hobcnlludea.  Nous 
regrettons  ,  dit  le  Sun  ,  que  l'Autriche  ait  ouvert  la 
iampagned  une  manière  aussi  malheureuse  ,  etc. 

Le  Journal  olficiel  ,  le  Moniteur  ,  dit  le  Star  , 
nous  donne  les  détails  les  jrlus  affligeans  sur  cette 
victoire.  Il  paraît  que  ia  déroute  de  l'armée  autri- 
chienne a  é;é  coiupletie  ,  et  il  est  impo.iible  de 
calculer  quelles  en  seront  les  conséquences. 

Du  i5  décembre, 

(  Le  14  élait  dimanche  ,  jour  oti  il  ne  paraî' 
point  de  gazelle,  j 

Actions  de  la  banque  ,  iSg  7.  3  pour  j  conso- 
lidés, fermés.  0.àinium  ^. 

Avant-hier ,  les  ministres  furent  en  conseil  , 
i  la  suite  d'une  dépê' he  du  comte  de  CobenzI. 
Le  messager  était  p:êt  à  partir  avec  le  résultat  de 
leurs  délibérations. 

(Extrait  du  Sun,  du  Morning-Chronicle  et  duStar.) 
PARLEMENT. 

C    H    A    M    11    K    E       DES       L   O    R    D    S. 

Séance  du  9  décembre. 

SECOURS     ADONNER     AUX     PAUVRES. 

La  chambre  se  forme  en  comité  pour  discuter 
le  bill   rcl.Uif  aux  secours  à  donner  aux  pauvres. 

M.  Soltijfe  combat  le  principe  du  bill  ,,j)arti- 
culiéicment  en  ce  qu'il  a  d'obligatoire. 


M.  Nicholls  combat  aussi  l'article  rlu  bill  qui 
autorise  les  inspecteurs  à  substituer  au  pain  de 
froment  ,  des  alimens  qu'il  regarde  cotnme  d'une 
qualité  irès-inférieure.  Je  crains  ,  dit  M.  Nicholls, 
que  cette  partie  du  bill  n'irrite  les  personnes  qui 
sont  dans  le  cas  de  recevoir  les  secours,  et  ir'al- 
lere  les  dispositions  du  peuple.  Ajoutez  à  cela 
qu'il  ne  faut  pas  penser  à  se  pto-:uier  du  r  z.  Les 
ministres  ont  lait  Tannée  dernic;e  aux  marchands 
de  la  Caroline  une  misérable  supercherie,  ensorle 
qir'il  ire  faut  rir-n  attendre  de  ce  pays.  Je  ne  vote- 
rai jamais  pour  forcer  les  pauvres  à  re..evoir  des 
alimens  grossiers,  au  lieu  de  l'argent  qu'on  a 
coutume  de  leur  distribuer. 

M.  Percival.  Si  l'houorable  itieirbte  avait  en- 
tendu les  chai  gemens  qui  doivent  être  proposés 
dans  le  bill,  ses, objections  ne  lui  paraitraient  pas 
à  lui-même  aussi  fondées.  C'est  avec  pei.-ji-  que 
je  vois  qu'on  abuse  des  momen;  si  prcci.ux  que 
la  chambre  consacre  au  soulagement  des  mjih,.u- 
reux,  pour  nouj  faire  entendre  os  propos  incfn- 
diaires.  Je  ne  pense  pas  que  1  honcrabie  n.embre 
fasse  réellement  le  bien  <ic  son  pays  ,  en  se  ser- 
vant d  un  pareil  langage  ,  et  en  insiiuant  que  ks 
moyens  par  lesquels  on  se  propose  de  venir  au 
secours  du  pauvre,  sont  de  nature  à  irriter  les 
esprits. 

M.  Nicholls  s'explique.  J 

M.  Witberforce  partage  l'opinion  que  vient 
d'énonctr  M.  Percival.  L'objet  que  se  piopore 
le  parlement  ,  est  que  le  pauvre  puisse  être  bien 
nourri  avec  les  deirrérs  que  ie  pays  produit  en 
plus  grande  abo.-idance  que  le  bled.  J'espère  , 
dit  M,  'Wilberforce  ,  que  qurndles  mesures  pro- 
posées dans  le  bill  seruui  bi.n  connues  ,  elles 
auront  1  assentiment  général. 

M.  Ryder  propose  ijne  nouvelle  clause,  por- 
Irnt  en  substance  que  les  inspecteurs  pourront 
employer  une  partie  de  l'arj^ent  destiné  aux 
pauvres  ,  à  acheter  des  ajtmcns  qui  puissent 
être  revendus  à  bas  prix  aux  itidigvns,  tels  qu- 
le  rti  ,  le  hareng  ,  etc.  Couruie  ces  articles  ne 
se  trouvent  pas  communément  dans  les  bou- 
tiques, M.  Ryder  voudrait  que  les  inspecteurs 
pussent  sarranger  avec  les  nurchanjs  pour  la 
vente  de  ces  articles,  en  leur  allouant  un  béné- 
fice par  cent  ,  à  condition  que  les  subsistances 
seraient  données  par  euxau  piix  coiîta.rt  ,  ©u  du 
nifins  de  manière  seulement  à  couvrir  toiis 
leurs   frais. 

M,     Western     s'oppose    au     bill  ,  parce    qu'il 

prive   les  personnes  qui  contribuent  aux  secours 

pour  les    pauvres  ,   et  la  faculté   de  donner    de 
l'argent,   s'ils  le  jugent  à  props. 

M.  Pitt.  Le  bill  ne  s'oppose  point  aux  distri- 
butions en  argent  dairs  plusieurs  circonstances  ; 
mais  on  conviendra  que  si  les"  secours  étaient 
distribués  iudiiTéremmente-r.  argent  ,  la  disette  ne 
ferait  qu  augmenter.  L  objet  du  bill,  estcle  rendre 
efficace  le  soulagement  donné  aux  pauvres.  Si 
l'on  pouvait  substituer  une  ;,rande  quaciilé  d'ali- 
mens  nourrissans  et  saios  à  l'usage  commun  du 
blé  ,  il  en  résulterait  un  grand  avantage  pour 
les  malheureux.  Ou  attend  ,  d  ici  à  quelques 
sernains.  une  grande  provision  de  riz  qui  fera 
baisser  le  prix  de  cei  article  ,  et  fera  plus  que 
contrebalanrer  le  déficit  qui  sa  trouve  dans  la 
récolte  du  grain,  Quant  aux  poissons  ,  c'esi  une 
denrée  que  trous  pouvons  niuliiplier  en  aug- 
mentaat  le  nombre  de  nos  pêcheries  ,  et  il  y  a 
moyen  de  repdre  cette  espèce  de  nourriture 
commune  à  une  grande  partie  des  habiians  de 
ce  royaume. 

M.  Sheridan.  Cette  questloi  ,  considérée  dans 
sa  totalité  ,  me  parait  de  ia  plus  haute  impor- 
tance. Le  parlement  devrait  d'abord  s'assurer  des 
dispositions  de  ceux  qu  on  veut  secourir.  Lidée 
de  rnon  honorable  ami  était  que  le  plan  pro- 
posé en  faveur  du  pauvre  ,  était  plus  propre  à 
l'irriter  qu'à  le  soulager.  Il  est  aussi  dangereux 
d'allaciuer  les  préjugés  du  peuple  q';e  ses  droits. 
Av;'.tit  d'adopter  le  bill,  je  crois  qu'il  serait  sage 
de  connaître  la  raJ:>iete  dont  il  serait  n'çu  dans 
les    paroisses  ,    par  ceux  qui  en  sout  l'objet. 

M.  W'K/Ziam.  Je  conviens  qii'il  serait  à  désirer 
qu'on  consultât  les  dispositions  du  peuple  inté- 
ressé à  rette  mesure.  Mais  il  ne  taudraii  pas 
cousirlérer  seulement  les  dispnsiilons  où  il  est, 
mai:ilcr:ant  qu  il  souffre,  mats  .  encore  celles  oià 
il  se  trouvera  lorsque  les  secours  lui  seront  par- 
venue Ce  qu  il   importe  le  plus  de  consulter. 


c'est  le  véiiiable  intérêt  du  peuple.  Si  ses  sen- 
limens  ne  sont  pas  d'accord  avec  ses  irnérêis  , 
il  faut  les  compter  pour  rien.  E)'ailleurs  je  de- 
manderai aux  honorables  membres  s'il  peut  y 
avoir  autant  de  danger  à  lenixr  l'expérience  , 
qu'à   ne  rien  faire  du  tout. 

M.  Sheridan.  Je  déclare  que  mon  intention  n'a 
jarhais  eié  d'ai|.'rir  les  esprit*  ;  mais  j'ai  fait  ob- 
server que  la  loi  donne  aux  pauvres  le  dioit 
de  recevoir  les  secours  en  argent  ,  et  qu'on  ne 
doit  point  mépriser  les  préjugés  et  les  seolimecis 
des  peuples. 

M.  Rose.  Je  ne  crois  pas  que  le  peuple  ait 
aucune  prévention  contre  les  alimens  par  lesquels 
ou  se  propose  de  remplacer  le  pain  ;  car  ces 
alimens  ne  semnl  pas  moins  nourrissans,  ni  moins 
bons  ,  quoiqu'ils  coûtent  moins  cher. 

M.  Tierney.  Je  voudrais  savoir  si  la  loi  laissera 
aux  pauvres  la  facidté  de  recevoir  de  lariient 
ou  des  alimens.  Je  i^ense  que  l'expérience  qu  on 
propose  n'est  pas  sans  rjueiques  dangers,  et  qt;e 
l'opiiiio;"!  du  peuple  n  est  pas  à  dédaigner.  Je 
crains  au:si  que  ce  bi.l  ne  donne  trop  de  }iou- 
voir   aux  inspecteurs. 

M.  Ryder.  Il  me  semble  que  l'opinion  générale 
est  que  la  seule  manière  de  soulager  efficacei-.ient 
le  peuple  dans  les  circonstances  irrésetites  ,  est  de 
diminuer  la  consommation  :  mais  lei  honorables 
membres  ne  sont  pas  d'accord  sur  les  moyens.  Il 
a  été  dit  que  le  parlement  devait  attendre  le  ré- 
sultat de  I  expérience.  Mais  l'expérience  a  déjà  été 
faite  ;  et  quoique  le  peuple  eût  d'abord  montré 
de  la  répugnance  pour  les  secours  en  nature  ,  il  a 
fini  par  en  paraître  recor.naissani.  Le  plus  grand 
de  tous  les  dangers  ,  darrs  la  crise  où  l'on  se 
trouve  ,  serait  de  ne  pas  agir. 

M.  Pitt.  Les  honorables  membres  semblent 
croire  que  la  totalité  des  secours  sera  donnée  en 
nature  ;  mais  le  bili  dit  qu'il  n'y  en  aura  qu'un 
tiers  seulement. 

La  motion  est  agréée  :  la  séance  redevient  pu- 
blique ,  et  le  rapport  est  fixé  au  lendemain. 
(  Extrait  du  True-Briton.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  2g  frimaire. 

Recueil  des  pièces  relatives  à  la  procédure  et  au 
jugement  de  Soleyman  el-Hhaleby  ,  assassin  du 
général  en  chef  Kleber. 

Procès-verbal  de   la   visite  du  cadavre    du   général 
en   chef  Kleber 

Le  25°  jour  de  prairial ,  l'an  8  de  la  république  , 
nous  soussignés  ,  médecin  en  chef,  et  chirurgien 
de  première  classe  ,  fesant  par  intérim  fonction  de 
chiruigieri  en  chef,  appelés  vers  les  2  heures  au 
quartier-général ,  place  Ezbekyeb  ,  au  Kaire  ,  par 
la  générale  qui  battait  ,  et  la  rumeur  publique  qjt 
annonç  lit  (jue  le  ténéral  en  chef  Kleber  venait 
d'être  assassiné  ,  nous  l'avons  trouvé  venant  de 
rendre  le  dernier  soupir.  Un  examen  at.entlf  a 
prouvé  qu'il  avait  été  frappé  d'un  instrument  aigu 
et  tranclunt  ;  il  avait  reçu  quatre  blessures  :  !a 
première  ,  à  la  partie  supérieure  de  Ihypoconde 
droit  ,  et  pénétrant  dans  l'orcifetie  droite  du 
cœur;  la  seconde,  cinq  travers  de  doigt  au-des- 
sous de  la  première,  et  donnant  issue  à  U!;e 
portion  de  l'épiploon  ;  la  troisième',  à  ravanî- 
btas  gauche  ,  péi.éirant  dune  part  à  l'autre  entre 
le  radius  et  le  cubitus  ;  la  qualiieme  ,  à  la  partie 
moyenne  e(  externe  de  la  cuisse  droite.  D;  quoi 
nous  rivons  dressé  procès-veibal ,  en  présence  de 
l'ordonnateur  des  guerres  Sarielon,  qui  a  signé 
avec  nous,  pour  lemrse  dudit  acte  être  faite 
au  générai  chef  de  l'élat-majot-général. 

Au  quartier-général  du  Kaire,  l'an  et  jour  ci- 
dessus  ,    à   trois   heures  apiès-midi. 

Signés  ,  R.  Desgenettes  ,  Casabianca  et 
Sartelon. 

Procès-verbal  sur  les  blessures  du  citoyen  Protain. 

Cejourd'hui  aS  prairial  an  8  de  la  répub'ique  , 
à  tiois  heures  après-midi,  nous  soussignés, 
médecin  en  chef  ,  et  chirurgien  de  prcm'ere 
classe  ,  lésant  par  intérim  foeciion  de  chirurgien 
en  chef,  avons,  sur  la  réquisition  vcibale  de 
l'ordonnaieur  des  guerres  Sjrtelon  ,  dressé  procèj- 
vcibal  de  1  état  îles  blessures  du  citoyen  Piotain  , 
architecte,  et   membre    de   l'Intilitut   d'Egypte  , 


566 


assassiné  aux  côtés  du  général  en  çhefICleber, 
et  en  lui  portant  du  secours.  Nous  l'avons  trouve 
.dans  un  des  appavtemens  de  l'état-rpajor-général , 
frappé  de  six  blessures  ,  faites  par  un  instrument 
aigu  et  tralutiant  ;  savoir  :  la  première  à  la  région 
temporale  gauche  ,  a  déchiré  la  peau  ,  les  parties 
charnues  ^  el  coupé  la  branche  antérieure  de  lar- 
tcre  temporale  ;  la  seconde  a  écarté  du  resl,e  du 
métacarpe  celui  de  ses  os  qui  correspond  au  petit 
•doigt;  la  troisième  est  à  la  partie  postérieure  et 
gauche  du  thorax  ,  entre  la  sixième  et  la  scpiitme 
3es  vraies  côtes  ;  la  quatrième  est  dans  la  région 
lombaire  gauche;  la  cinquième  sur  l'angle  gauche 
de  la  mâchoire  ;  la  sixième  a  sillonné  pru  profon- 
dément le  muscle  pectoral  gauche.  En  foi  de 
quoi  nous  avons  signé  avec  ledit  commissaire 
ordonnateur. 

Au  quartier-général  du  Kaie  ,  l'an  ,  jout  et 
•heure  ci-dessus. 

Signés  ,  R.  Desgenettes  ,  Casabianca  et 
Sarielon. 

Premier  interrogatoire  de  Soteyman  el-HhaUbji. 

■  Aujourd'hui  aS  prairial  an  8  de  la  république 
française  ,  dans  la  maison  du  général  de  division 
JDamas,  chef  de  l'élat-major  général  ,  a  été  con- 
duit par  un  sous-officier  des  guides  ,  un  homme 
du  pays  ,  prévenu  d'avoir  assassiné  le  général  en 
chefKleber;  lequel  accusé  a  été  reconnu  par  le 
citoyen  Protaiii ,  ingénieur ,  qui  était  avec  le  gé- 
•néral  ,  lors  dudit  assassinat,  et  qui  a  reçu  lui- 
même  plusieurs  coups  de  poignard  ;  ledit  accusé 
ayant  J'ailleurs  été  remarqué  à  la  suite  du  général 
depuis  Gyzéh  ,  et  ayant  été  trouvé  caché  dans  le 
jardin  oii  s'est  commis  ledit  assassinat  ,  dans  le- 
quel jardin  on  a  aussi  trouvé  ,  à  la  même  place 
où  il  a  été  pris  .  le  poignard  duquel  le  généra!  a 
été  blessé  ,  et  divers  haillons  appartenans  audit 
prévenu. 

De  suite  il  a  été  procédé  à  son  interrogatoire 
par  le  général  de  division  iVIenou  ,  le  plus  ancien 
de  grade  de  l'-uimée  ,  commandant  au  Kaire  ;  le- 
quel interroga,'oi)e  a  t;e  fait  par  l'entremise  du 
ciioyun  Braccwich  ,  premier  secrétaire  interprète 
de  l'élat-major  ,  et  rédigé  comme  il  suit  par  le 
commissaire-ordonnateur  Sarlelon  ,  requis  à  cet 
effet  par  le  général  Menou. 

Ledit  prévenu  interrogé  de  son  nom  ,  âge  ,  do- 
■licile  et  profession  .  a  repondu  s'appeler  So- 
leymaa  ,  natif  de  la  Syrie  ,  âgé  de  vingt  quatre 
ans ,  être  écrivain  arabe  de  profession  ,  et  avoir 
'été  ci-devant  domicilié  à  Hhaleb  (Alep.) 

Interrogé  combien  il  y  a  de  teras  qu'il  est  au 
Kaire. 

A  répondu  qu'il  y  est  depuis  cinq  mois  ,  et  qu'il 
y  est  venu  avec  une  caravane  dont  le  conducteur 
fSt  le  cheykh  arabe  Soieyman  Boutygy. 
Interrogé  de  quelle  religion  il  est. 
A  répondu  être  de  la  religion  musulmane , 
9Voir  demeuré  déjà  trois  ans  au  Kaire,  et  trois 
-autres  années  à  la  Mekke  et  à  Médine. 

Interrogé  s'il  connaît  le  graod-visîr  ,  et  s'il  l'a  vu 
depuis  quelque  tems. 

Répondu  qu'un  arabe  comme  lui  ne  connaît 
point  le  grand-visir. 

Interrogé  quelles  sont  ses  connaissances  au 
Jiaire. 

Répond  qu'il  n'en  a  point ,  mais  qu'il  se  tient 
jouvent  près  de  la  grande  mosquée  dite  gamè  U- 
èzhar  ,  qu'il  est  connu  de  tout  le  monde,  et  que 
beaucoup  de  gens  rendront  compte  de  sa  bonne 
conduite. 
Interrogé  s'il  est  allé  ce  malin  à  Gyzéh. 
Répondu  que  oui  ,  qu'il  cherchait  de  l'emploi 
pour  écrire  ,  mais  qu'il  n'en  a  point  trouvé. 

Iriterrogé  quelles   sont  les  personnes  pour  les- 
quelles il  a  écrit  le  jour  précédent. 
Répondu  qu'elles  sont  toutes  parties. 
Interrogé  comment  il  est  possible  qu'il   ne  con- 
naisse aucun  de  ceux  pour  lesquels  il  a  écrit  ces 
jours  passés,  et  qu'ils  soient  tous  partis. 

Répond  qu'il  ne  connaissait  pas  ceux  pour  qui 
îl  écrivait  ,  et  qu'il  est  impossible  de  se  rappeler 
leurs  noms. 

Interrogé  quel  est  le  dernier  pour  lequel  il 
•  écrit. 

Répond  qu'il  s'a]f)pelle  Mohhammed  moghreby 
es-Souéys  ,  vendeur  d'eau  de  réglisse  ,  mais  qu'il 
m'a  écrit  pour  personne  à  Gyzéh. 

Interrogé  de  liouveau  sur  ce  qu'il  allait  faire  à 
Gyzéh. 

Répond  toujours  qu'il  y  allait  pour  demander 
à  y  être  employé  en  sa  qualité  d'écrivain. 

Interrogé  comment  il  a  été  pris  dans  le  jardin 
"du  général  en  chef. 

Répond  qu  il  n'a  pas  été  pris  dans  le  jardin, 
mais   dans  le   grand  chemin. 

A  lui  représenté  qu'il  ne  dit  pas  la  vérité  ,  puis- 

qu=   les  guides    du   général   l'oar  pris   dans  son 

jardin   où  il  était  caché  ,  et  ont  même  trouvé  un 

poignard  qui  lui  a  été  exhibé. 

Répond  qu'il  «st  vrai  qu'il  était  dans  Iç  jardin  , 


mais  qu'il  n'y  était  pas  caché;  qu'il  s'y  était  assis, 
parce  que  des  cavaliers  gardaient  toutes  les  ave- 
nues ,  et  qu'il  ne  pouvait  pas  aller  au  Kaire  ;  qu'il 
n'avait  point  de  poignard  ,  et  qu'il  ignore  si!  y 
en  avait  dans  le  jardin. 

Interrogé  pourquoi  il  suivait  depuis  le  matin 
le  général  en  chef. 

.  Répond  que  c'était  pour  avoir  le  plaiïir  de  le 
voir. 

Inicrro;.;é  s'il  reconnaît  une  lisière  de  drap  verd 
qui  semble  iaire  partie  d'une  semblable  qu'il  a 
sur  lui  ,  et  qui  a  été  trouvée  dans  le  jardin  à 
l'endroit  où  le  général  en   chef  a  été  assassiné. 

Répond  que  cela  ne  lui  appartient  point. 

Interrogé  s'il  a  parlé  à  quelqu'un  à  Gyzéh,  et 
où  est-ce  qu'il  a  coiiché. 

Répond  qu'il  n'a  pailé  à  personne  que  pour 
acheter  divers  objets,  et  qu'il  a  couché  à  Gyzéh 
dans  une  mosquée. 

A  lui  représenté  que  les  blessures  qu'il  a  à  la 
tête  prouvent  que  c'est  lui  qui  a  assassiné  le  géné- 
ral ,  puisque  le  citoyen  Protain  qui  était  avec  lui , 
et  qui  le  reconnaît,  lui  a  donné  des  coups  de 
bâton  qui  l'ont  blessé. 

Répond  qu'il  n'a  été  blessé  que  lorsqu'il  a  été 
pris. 

Interrogé  s'il  n'a  pas  parlé  ce  matin  à  Housseyn 
kachef ,  et  à  ses  mamiouks. 

Répond  qu'il  ne  les  a  pas  vus ,  et  qu'il  ne  leur 
a  pas  parlé. 

L'sccusî  persistant  dans  ses  dénégations,  le 
généial  a  ordonné  qu'il  reçût  la  bastonnade  ,  sui- 
vant l'usage  du  pays  :  elle  lui  a  été  infligée  de 
suite,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  déclaré  qu'il  était  piêt 
à  dire  U  vérité  ;  il  a  été  délié  et  interrogé  de  nou- 
veau de  la  manière  qui  suit; 

Interrogé  depuis  quand  il  est  au  Kaire. 

Repond  qu'il  y  est  depuis  trente-un  jours  ,  et 
qu'il  est  venu  de  Gaza  en  six  journées  sur  un 
dromadaire. 

Interrogé  pourquoi  il  est  venu. 

Répond  qu'il  est  venu  pour  assassiner  le  géné- 
ral en  chef. 

Interrogé  par  qui  il  a  été  envoyé  pour  com- 
mettre ledit  assassinat. 

Répond  qu'il  a  été  envoyé  par  l'agha  des  janis- 
saires ;  qu'au  retour  de  l'Egypte  les  troupes  mu- 
sulmanes ont  demandé  à  Alep  quelqu'un  qui  pût 
assassiner  le  général  en  chef  de  l'armée  française  ; 
qu'on  a  promis  de  l'argent  et  des  grades  mili- 
taires .  et  qu'il  s'est  présente  pour  cet  objet. 

Interrogé  quelles  sont  les  personnes  auxquelles 
il  a  été  adressé  en  Egypte  ;  s'il  a  fait  part  à  quel- 
qu'un de  son  projet,  et  ce  qu'il  a  fait  depuis  son 
ai  rivée  au  Kaire. 

Répond  qu'il  n'a  été  adressé  à  personne,  et 
qu'il  est  allé  s'établir  à  la  grande  mosquée  ;  qu'il 
a  vu  les  chefs  de  la  loi  Seyd  Mohhacnmed  el- 
A'desy  ,  Seyd  Ahhmed  el-Oaaly  ,  A  bd-allah  el- 
Ghazzy  et  Seyd  A'bd-el  Qadyr  el-Ghazzy  ,  qui 
logent  dans  ladite  mosquée  ;  qu'ils  lui  ont  con- 
seillé de  ne  pas  exécuter  son  projet,  parce  que 
cela  serait  impossible,  et  qu'il  serait  tué;  qu'on 
aurait  pu  charger  d'autres  que  lui  de  cette  mis- 
sion ;  qu'il  les  a  entretenus  tous  les  jours  de  son 
dessein  ,  et  qu  hier  enfin  il  leur  a  ciit  qu'il  voulait 
terminer  cela  et  assassiner  le  général  ;  qu'il  est 
allé  à  Gyzéh  pour  voir  s'il  pourrait  réussir;  qu'il 
s'est  adressé  aux  matelots  de  la  cange  du  général  ; 
pour  savoir  s'il  sortait;  qu'on  lui  a  deiiiandé  ce 
qu'il  voulait,  et  qu'ayant  répondu  qu'il  desirait 


citoyen  Lhomaca  ,  interprêle  ,  de  la  manière  qui 
suit  : 

Le  nommé  Seyd  A'bd- Allah  el-Ghazzy  a  été 
interrogé  le  premier,  séparément,  comme  ci- 
après  : 

Interrogé  de  ses  noms  ,  âge  et  profession. 

Répond  s'appeler  Seyd  A'bd-AUah  el-Ghazzy, 
natif  de  Gaza  ,  domicil'é  au  Kaire  oij  il  exerce 
depui-s  dix  ans  l'emploi  de  lecteur  du  qoran  ,  à  la 
grand'^  mosquée  dit  gamé'el-âzhar  ,  et  ne  pas  savoir 
son  âge  qu'il  croit  être  environ  trente  ans. 

Interrogé  s'il  demeure  à  la  mosquée  ,  et  s'il  a 
connaissance    des  étiangers  qui  viennent  y  loger. 

Répond  qu'il  reste  nuit  et  jour  dansla  mosquée, 
et  quil  est  à  portée  de  connaître  lés  étiangew 
qu'il  remarque. 

Interrogé  s'il  a  connia  des  hommes  arrivant  de 
la  Syrie  il  y  a  un  mois. 

Répond  que  depuis  cinquante  jours  il  n'a  vu 
arriver  personne  de  la  Syrie. 

A  lui  représenté  qu'un  homme  arrivé  de  l'armée 
du  visir ,  depuis  trente  jours  ,  déclare  le  con- 
naître ,   et  qu'il  ne  paraît  pas  dire  la  vérité.- 

Répond  qu'il  s'occupe  uniquement  de  son 
emploi  ,  qu'il  n'a  vu  personne  de  la  Syrie  ,  mais 
qu'il  a  entendu  dire  qu'il  était  arrivé  une  cara- 
vane de  l'Orient. 

A  lui  représenté  de  nouveau  que  des  hommes 
arrivés  de  la  Syrie  soutiennent  lui  avoir  parlé  ,  el 
le   connaîtra. 

Répond  que  cela  est  impossible  ,  et  qu'on 
peut  le  confronter  avec  ceux  qui  l'accusent. 

Interrogé  s'il  ne  connaît  pas  un  nommé  Soiey- 
man ,  écrivain  arabe  ,  venu  d'Alep  depuis  trente- 
un  jours. 

Répond  que  non. 

A  lui  représenté  que  cet  homme  assure  l'avoir 
vu,  et  lui  avoir  communiqué  divers  objets  im- 
porlans. 

Répond  qu'il  ne  l'a  pas  vu  ,  que  cet  homm* 
a  menti  ,  et  qu'il  consent  à  périr  ,  s'il  est  con- 
vaiiîcu  de   ne   pas  dire  la   vérité. 

De  suite  ,  le  général  ayant  fait  appeler  Mob- 
hammed  elGhazzy,  également  prévenu  de  com- 
plicité dudit  assassinat,  il  a  été  procédé  à  son  in- 
terrogatoire ,   comme  il  suit  : 

Interrogé  de  ses  noms  ,  âge  ,  demeure  et  pro- 
fession. 

Répond  s'appeler  Cheykh  Mohhammed  el- 
Ghazzy  ,  âgé  d  environ  vingt-cinq  ans  ,  natif  de 
Gaza  ,  et  domicilié  au  Kaire  oià  il  exerce  l'état  de 
lecteur  du  qoran  ,  à  la  grande  mosquée  dite 
el-azhar;  depuis  cinq  ans  ,  et  d'où  il  ne  sort 
que  pour  prendre  des  vivres. 

Interrogé  s'il  connaît  les  étrangers  qui  viea- 
nent  loger  à  la  mosquée. 

Répond  qu'il  en  vient  quelquefois  ,  mais  que 
le  portier  seul  a  affaire  à  eux  ;  que  pour  lui  il 
couche  quelquefois  à  la  mosquée  ou  chez  le 
cheykh  ûherqaouy.    ■ 

Interrogé  s  il  ne  connaît  pas  un  nommé  Soiey- 
man ,  venu  de  la  Syrie  il  y  a  environ  ua 
mois. 

Répond  qu'il  ne  le  connaît  pas  ,  qu'il  ne  peut 
voir  tous  ceux  qui  arrivent ,  parce  que  la  mos- 
quée est  grande. 

Interrogé  de  déclarer  ce  que  lui  a  dit  Soieyman, 
attendu  qu'il  a  assuré  lui  avoir  parlé  à  la  mos- 
quée. 

Répond  (Ju'il  le  connaît  depuis  trois  ans,  qu'il 


lui  parler,  ils  lui  ont  dit  qu'il  allait  tous   les  soirs  (  sait  qu'il    a  été    à  la  IMekke  ,    mais  que    depuis 


dans  le  jardin  ;  que  ce  matin  il  a  vu  le  générai 
aller  au  Méqyas  et  au  Kaire  ,  et  qu'il  l'a  suivi 
jusqu'à  ce  qu'il  l'ait  assassiné. 

Le  présent  interrogatoire  fait  par  le  général 
IVIenou  ,  en  présence  des  généraux  de  l'armée  , 
des  officiers  de  l'éta'-major  ,  et  des  corps  assem- 
blés à  l'état-major  général  ,  a  été  clos  et  signé 
par  lé  général  Menou  et  le  commissaire  ordon- 
nateur Sartelon  ,  sousignés  les  jour  ,  mois  et  an  , 
que  des  autres  parts;  l'accusé,  après  lecture, 
^  pareillement  signé.  Signature  de  1  accusé  en 
lettres  arabes.  Le  général  de  division  ,  Meiiou  , 
le  général  de  division  triant  ,  !e  général  de  divi- 
sion Reynier  ,  le  sénéral  de  division  Damas  ,  l'ad- 
judant-général  Valentin  ,  l'adjudant-général  Mo- 
'  rand  ,  l'adjudant-général  Martinet  ,  Leroy  ,  Sarte- 
1  /on,  Baptiste  Santi Lhomaca,  drogman  -^JeariRcnno, 
'  interprète  du  général  en  chef,  Damien  Bracewich. 

Interrogatoire  des  trois  cheykhs  accusés. 

Cejourd'hui  vingt-citiq  prairial  an  huit  de  la 
république  française  ,  à  huit  heures  du  soir  , 
ont  été  cor.duiis  dans  la  maison  du  général 
Menou  ,  commandant  l'armée  ,  les  nommés  Seyd 
A'bd-AUah  el-Ghazzy  ,  Mohhammed  el-Ghazzy  , 
et  Seyd  Ahhmed  el-Oualy,  tous  les  trois  accu- 
sés de  complicité  dans  l'assassinat  du  général  en 
chef  Kleber. 

Le  général  Menou  ayant  ordonné  leur  interro- 
gatoire ,  il  y  a  été  procédé  en  présence  de  divers 
généraux  rcunis    à  cet    e'ff'et  p«r   l'entreniiie   dii 


cette  époque  il  ne  l'a  pas  vu  ,  et  que  s'il  est  re- 
venu, c'est  à   son  insu. 

Interrogé  si  Seyd  A'bd-Allah  el  •  Ghazzy  l'a 
l'a  connu  aussi. 

Répond  que  oui. 

A  lui  représenté  qu'il  est  sûr  qu'il  a  causé  long- 
tems  hier  avec  ce  Soieyman  ,  et  qu'il  y  a  des 
preuves  à  cet  égard. 

Répond  que  cela  est  vrai. 

Interrogé  de  dire  pourquoi  il  a  commencé  de 
dire  qu'il  ne  l'a  point  vu. 

Répond  qu'il  ne  croit  pas  l'avoir  dit  ,  et  que 
les  interprêtes  se  sont  trompés. 

Interrogé  si  ce  Soieyman  ne  lui  aurait  pas 
parlé  d'une  chose  très-criminelle;  ce  qvi  est  d'au- 
tant plus  vrai  qu'on  ssit  qu'il  a  voulu  l'en  em- 
pêcher.. 

11  répond  qu'il  ne  sait  rien  de  cela;  que  So- 
ieyman a  fait  différens  voyages  au  Kaire,  et  qu'il 
y  est  depuis  un  mois. 

A  lui  représenté  qu'il  y  a  des  preuves  que  ce 
Soieyman  lui  a  dit  qu'il  voulait  tuer  le  général 
en  chef,  et  qu'il  a  voulu  l'en  empêcher. 

Réporjd  qu'il  ne  lui  en  a  pas  parlé  ;  que  hier 
seulement  il  lui  a  dit  qu'il  s'en  allait  ,  et  qu'il 
ne  reviendrait  plus. 

De  suite  lé  nommé  Seyd  A'bd-Allah  el  Ghazzy 
a  été  reconduit  pour  être  inierro^é  de  pouveau  , 
ainsi  qu'il  suiti 


Interrogé  pourquoi  il  a  dit  qu'il  ne  connaissait 
pas  le  nommé  Soleyman  d'Alep  lorsqu'on  a  des 
preuves  que  depuis  3i  jours  il  l'a  vu  souvent  , 
•et   lui  a  parlé  tous   les  jours. 

Répond  qu'il  est  vrai  qu'il  ne  le  connaît  pas. 
Interrogé  s  il  ne  connaît  pas  le  nommé  Mohham- 
med  elGhazzy  qui    est  comme    lui  lecteur    à  la 
grande  mosquée  ,  dite  il  âzhar. 

Répond  que  oui. 

Et  de  suite  lesdiis  clieykhs  ont  été  confrontés 
de  la  manière  qui  suit  ; 

Interrogé  ledit  Mohhammed  el-GUazzy  s'il  n'a 
pas  dit  que  Seyd  A'bd-AUah  connaissait  ledit 
Soleyman. 

Répond  que  oui. 

Interrogé  ledit  Seyd  A'bd-Allah  pourquoi  il  a 
nié  la  vérité. 

Répond  qu'on  lui  a  mal  expliqué  la  demande  , 
et  <jue  maintenant  qu'on  lui  a  parlé  de  Soleyman 
d'Alep  ,   il  avoue  qu'il  le   connaît. 

A  lui  représenté  qu'on  sait  qu'il  a  vu  Soley- 
man plusieurs  lois  ,  et  qu'il  lui  a  parlé  souvent. 

Répond  qu'il  y  a  trois  jours  qu'il  ne  l'a  pas  vu. 

Interrogé  s'il  n'a  pas  voulu  l'empêcher  d'assas- 
siner le  général  en  chef. 

Répond  qu'il  ne  lui  a  jamais  parlé  de  ce  pro- 
jet ,  et  que  s'il  l'avait  fait  ;  il  l'aurait  empêché  de 
tout  son  pouvoir. 

Interrogé  pourquoi  il  ne  dit  pas  la  vérité  ,  puis- 
qu'il y  a  des  preuves. 

Répond  que  cela  ne  peut  pas  être  ,  et  qu'il 
n'a  vu  ledit  Soleyman  que  pour  se  saluer  réci- 
proquement lorsqu'ils  se  sont  rencontrés- 

Inlerrogé  si  Soleyman  ne  lui  avait  pas  dit  ce 
qu'il  venait  faire  au  Kaire. 

Répond  qu'il  ne  le  lui  a  jamais  dit. 

Les  deux  prévenus  ont  été  reconduits  ;  et  le 
-nommé  Styd  Ahhmed  cl  -Oualy  a  éié  amené, 
pour  êire  interrogé  à  son  tour  sut  les  faits 
ci-après  : 

Interrogé  de  ses  noms  ,  âge  ,  demeure  et 
profession. 

Répond  s'appeler  Seyd  Ahhmed  el- Oualy, 
natif  de  Gaza,  être  lecteur  du  qoran  à  la  grande 
mosquée  depuis  environ  dix  ans  ,  et  ne  pas  savoir 
:Son  âge. 

Interrogé  s'il  a  connaissance  des  étrangers  qui 
arrivent  à  la  mosquée. 

Répond  que  son  état  est  de  lire  le  qoran  à 
la  grande  mosquée ,  qu'il  ne  s'occupe  pas  des 
étranj^ers. 

.  A  lui  représenté  que  des  étrangers ,  arrivés 
depuis  quelque  tems  disent  l'avoir  vu  à  la 
mosquée. 

Répond  qu'il  n'a  vu   personne. 

Interrogé  s'il  n'a  pas  vu  un  homme  arrivé  de 
la  Syrie,  et  envoyé  par  le  grand-visir  ,  lequel 
homme   assiire  le   connaître. 

Répond  que  non,  et  qu'on  peut  faire  venir 
cet  homme  pour  le   confronter  avec   lui. 

Interrogé  s'il  connaît  le  nommé  Soleyman 
d'Alep. 

Répond  qu'il  connaît  un  nommé  Soleyman  , 
qui  allait  étudier  chez  un  effendy ,  que  cet  homme 
était  postulant  pour  entrer  dans  les  mosquées, 
qu'il  lui  a  dit  être  d'Alep  ,  qu'il  l'a  vu  il  y  a  20 
jours ,  que  depuis  il  ne  l'a  pas  rencontré  ,  qu'il  lui 
a  dit  que  le  visir  était  à  Jaffa ,  et  que  ses  troupes 
étaient  mal  payées  ,  et  le  quittaient. 

Interrogé  s'il  n'est  pas  le  protecteur  de  ce 
Soleyman  qui  s'est  réclamé  de  lui. 

Répond  qu'il  ne  le  connaît  pas  assez  pour  en 
répondre. 

Interrogé  si  les  deux  prévenus  d'autre  part  ne 
sont  pas  de  sa  connaissance  ,  et  si  tous  les  trois 
ensemble  n'ont  pas  parlé  à  Soleyman  dipuis  peu 
de  tems  ,  et  notamment  hier. 

Répond  qne  non  ;  que  cependant  il  sait  que 
ce  Soleyman  est  venu  faire  des  invocations  dans 
la  mosquée  .  qu'il  y  a  placé  des  papiers  dont  le 
contenu  était  qu'il  avait  confiance  dans  son 
créateur. 

Inierrogé  si  hier  il  n'était  pas  venu  aussi  placer 
de  ces  papiers. 

Répond  qu'il  n'en  «ait  rien. 

Interrogé  s'il  n'a  pas  voulu  empêcher  Soleyman 
de  commettre  une  action  ctiminelle. 

Repond  qu'il  ne  lui  a  jamais  parlé  de  cela  ;  que 
cependant  il  lui  a  raconté  qu'il  voulait  faire  des 
folies  ,  dont  il  a  cherché  à  le  détourner. 

Interrogé  quelles  étaient  les  folies  dont  il  lui  a 
pailé. 

Répond  qu'il  lui  a  dit  qu'il  voulait  entrer  dans 
le  combat  «acre  ,  et  que  ce  combat  consiste  à 
tuer  un  inlidelle  ,  sans  cependant  rju'il  lui  ait 
nommé  personne  ;  qu'il  a  voulu  l'en  détourner, 
en  lui  disant  que  Dieu  avait  donné  le  pouvoir 
«ux  Irançais  ,  et  que  rien  ne  pouvait  les  empê- 
cher de  Kouvcrncr  le  pays. 


367 

Lcd  t  accusé  a  été  reconduit,  et  1-e  présent  in- 
terrogatoire a  été  clos  en  présence  des  officiers 
généraux  assemblés  ,  et  signé  ,  tant  par  le  général 
Meuou  ,  que  par  le  cotnmissaite  ordonnateur 
Sartelon  qui  a  lédigé  ce  présent  inierrogatoire  , 
requis  à  cet  cHcl  par  le  général  Meuou.  Lecture 
faite  aux  accuîés  ,  ils  ont  persisté  et  ont  signé. 

Au  Kiire,  les  jours  ,  mois  et  an  que  dessus. 

Suivent  trois  signatures  en  arabe. 

Sig7iés,  le  général  de.  division  Ab.  J,  Menou  , 
Saktehin  ,  B.  Santi  Lhqmaca  ,drogman. 

Menou  ,  général  de  division  ,  commandant  en  chef 
l'armée  d Orient  par  intérim. 
Ordonne: 
1°.  II.  sera   formé  U'ic  commission  pour  juj^cr 
déllnitivcmeut  l'horrible  assassinat  commis   dans 
la  journée  du  gi  prairial  ,  sur  le    sénéral  en  chef 
KIcber. 

2°.  Elle  sera  composée  de  neuf  personnes; 
savoir  : 

Le  général  de  division  Reyoier; 

Le  général  de  division  Filant  ; 

Le  général  de  brigade  Robin  ; 

L'adjudant-général  Morand  ; 

Le  chef  de  brigade  Goguet  ; 

Le  chef  de  brigade  Faure  (artillerie)  ; 

Le  chef  de  brigade  Bertrand  (  génie  )  ; 

Le  consmissaire  desguerres  Régnier  ; 

Le  commissaire-ordonnateur  Leroy  (marine); 

Rapporteur  ,  le  commissaire  -  ordonnateur 
Sartelon  ; 

Le  commissaire  da  pouvoir  exécutif,  le  citoyeri 
Le  Père  ,  commissaire  des  guerres. 

3°.  La  commission  choisira  le  greffier. 

4°.  La  commission  ordonnera  les  arrestations  , 
les  mises  ci\,  prison  ,  généralement  enfin  tout  ce 
qu'elle  jugera  nécessaire  pour  découvir  les  auteurs 
et  complices  du  crime. 

5°.  Elle  décernera  le  genre  de  supplice  qu'elle 
jugtra  convenable  pour  punir  l'assassin  qui  a 
commis  le  crime  ,  ainsi  que  ses  complices. 

6°.  Elle  s'assemblera  aujourd'hui  26  ,  et  conti- 
nuera ses  séances  jusqu'à  ce  que  le  procès  soit 
terminé. 

Signé  ,  Ab.  J.   Menou. 
Pour  copie  conforme  j 
L'adjudant-général,  sous-chef  de  l'état-major  général. 
Signé  ,  René. 

(  Suit  le  procès-verbal  d'installation  de  la  com- 
mission. ) 

L'an  8  de  la  république  fnnçjise  ,  et  le  26  prai- 
rial ,  en  vertu  de  l'arrèié  eu  date  de  ce  jour  du 
général  de  division  Menou,  commandant  larmée 
d'Orient  par  intérim  ,  se  sont  assemblés  dans  la 
maison  du  général  de  division  Rcynier,  le  général 
de  brigade  Robin,  l'ordorinat.  ur  de  la  marine 
Le  Roy  ,  l'adjudant-général  Martinet  ,  en  rempla- 
cement du  général  de  division  Priant  ,  ensuite  de 
l'ordre  du  général  Menou  ,  l'adjudant  -  général 
Morand  ,  le  chef  de  brigade  d'infanterie  Goguet  , 
le  chef  de  brigade  d'anillerie  Faure  ,  le  chef  de 
brigade  du  génie  Bertrand  ,  le  commissaire  des 
guerres  Regr.ier  ,  le  commissaire  -  ordonnateur 
Sartelon,  rapporteur ,  et  le  commissaire  Le  Père 
fesant  fonction  de  commissaire  du  pouvoir  exé- 
cutif ,  pour  procéder  au'jligemetit  définitif  de  l'as- 
sassinat commis  daus  la  journée  d'hier  sur  la  per- 
sonne du  général  en  chef  K'eber. 

Ladite  commission  réunie  sous  la  présidence 
du  général  Reynier,  il  a  été  fait  lecture  de  l'urrété 
du  général  Menou  ,  ci-dessus  rappelé  ;  elle  a  ,  con- 
formément à  l'article  III  dudit  arrêté  ,  nommé 
pour  son  greffier  le  commissaire  des  guerres  Pinet 
qui  a  prêté  serment  ,  et  pris  ses  fonctions. 

Elle  a  autorisé  le  général  de  division  Reynier, 
et  le  commissaire-ordonnateur  Sartelon  ,  rappor- 
teur ,  à  ordonner ,  en  conformité  de  l'article  IV 
de  l'arrêté  ,  toutes  arrestations  et  mises  en  prison  , 
el  faire  tout  ce  qu'ils  jugeront  nécessaire  pour  dé- 
couvrir les  auteurs  et  complices  dudit  assassinat; 
ellr  a  ordonné  que  le  poignard  trouvé  sur  le  pré- 
venu ,  lors  de  son  arrestation  ,  sera  déposé  au 
grefFi:  pour  être  représenté  en  tems  et  lieu  comme 
pièce  de  conviction  :  elle  s'est  ajournée  à  demain 
huit  heures  du  matin  ,  et  ont  les  membres  de  la 
commission  signé  avec  le  grefiier. 

Signés  ,  le  commissaire  des  guerres  de  pre- 
mière cla-ise  ,  Regjiier  ;  le  chef  de  brigade  du 
génie  Bertrand  ,  le  chef  d'artillerie  Faure  ,  le 
chef  de  la  22'=  demi-brigade  d'infanterie  légère 
Goguet  ,  l'adjudant  -  général  Morand,  l'adjudant- 
i^éuéxA  Martinet,  l'ordonnateur  de  marine  Le  Roi , 
le  ge'néral  de  brigade  Robin  ,  le  général  de  divi- 
sion Reynier  ;  Pinet  ,  grclher. 

Déclaration  des  témoins. 

Cejourd'hui  vingt-six  prairial  an  huit  de  la 
république  française  ,  pardevant  moi  corum's- 
saire-onroiinaieur  soussigné,  chargé  par  l'arrêté 
du  gériéial  Menou  ,  commandant  l'arniée  ,  des 
fondions  da  rappoiteur  près  la  commission  nom- 


mée pour  juger  les  assassin!  du  gercera!  en  chef 
Kleber,  a  comparu  pour  donner  ses  déclar.itioni 
sur  ledit  assas'sinat  ,  à  quoi  j'ai  procédé  ,  assisté- 
du  citoyen  Pinet  ,  greffier  ,  nommé  corrlormé- 
merit  au.iii  arréré  ,  Joseph  Perriti  .  maréchal  de» 
logis  chef  des  canonniers  des  guides  ,  qui  X 
déclaré  que  lui  et  le  ciioyen  Robert  ,  maréchal 
des  logis  ,  ont  arrêté  le  turk  Soleyman  ,  accusé 
d'avoir  assassiné  le  général;  qu'ils  l'ont  trouvé 
dans  le  jardin  des  liains  frani^ais  .  attfirant  à 
celui  de  i  état-major  ;  ijuil  y  était  caché  entre 
de  petites  rauiailles  à  moiiié  démo  ics  ,  ci  que 
lesdites  murailles  éiaieiil  couvert'.s  de  sang  en 
diflérens  endroits;  que  ledit  So'cyman  était  éga- 
lement ensanglanté  ;  qu'ils  font  ar;êié  dans  cet 
état  ,  et  ont  éé  obliges  eilsuiie  d  ■  lui  donner 
des  coups  de  sabre  pour  le  faire  marcher.  Ledit 
Perrin  déclare  qu'il  a  trouvé  une  heure  après  en 
poignard  caché  dans  la  terre  au  même  endroit 
oii  il  a  ariêté  Soleyman  ,  et  qu'il  l'a  remis  à  l'état- 
major  :  ledit  poignard  était  eiisanglanié. 

Lecture  à  lui  faite  de  sa  déposition  ,  il  a  dé- 
claré ne  savoir  rien  .nutr-f  chose  ,  n'avoir  rien  à 
ajouter  à  sa  détLrva'ion  ,  ni  rien  à  y  diminuer ,  et 
a    signé   avec    nous   et   le  grefiier.' 

Signés  .   Perrin  ,   maréchal  des   logis   chef. 
SAftTELON  ,  PtNET  ,  greffier. 

A  comparu  aussi  le  citoyen  Robert ,  maréchal 
des  logis,  dans  l'artillerie  des  guides,  lequel  a 
déclaré  qu'étant  occupé  à  la  recherche  de 
l'assassin  du  général  ,  il  s'est  rendu  dans  un 
jardin  attenant  à  celui  de  l'àiat-major  .  et  appar- 
t>;nant  à  la  maison  des  Bains  français  ;  qu'il  y 
a  trouvé  avec  le  maréchal  des  logis  Perrin  ,  son 
camarade  ,  le  ncjmmé  So'eyman  d'Alep  caché 
dans  un  coin  entre  des  murailles  démolies  ;  qu'il 
était  tout  ensung'anté  .  n  ayant  rien  sur  la  tête 
qu'un  morceau  de  lisière  de  drap  verd  ;  que 
dans  ce  costume  il  l'a  reconnu  pour  être  l'as- 
sassin du  général  ;  qne  les  murailles  sur  lesquelles 
il  avait  passé  étalent  également  erisanglantées  ; 
que  cet  homme  a  montré  de  la  frayeur ,  et  qu'une 
heure  après  son  arrestaiion  il  a  trouvé  avec  le 
citoyen  Perrin  à  la  même  place  oi!i  il  était  caché  , 
un  poignard  rempli  de  sang,  quil  a  apporté  à 
l'ctai-major  :  ce  poignard  était  enfoui  dans  la 
terre. 

Lecture  faire  de  sa  déposition  ,  il  a  déclaré 
qu'elle  contenait  vérité  ;  qu  il  n'avait  rien  à, 
ajouter  ni  à  diminuer;  et  a  signé  avec  moi  et 
le   greffi'.r. 

Au  Kaire  ,  les  jour  ,  mois  et  aa  que  d'autre 
part. 

Sîg-ne'i  Robert  ,  maréchal  des  logis;  Sarleton; 
PliMET  ,  greffier. 

Moi  dit  commissaire  rapporteur  me  suis  de 
suite  transponé  dans  la  niaison  du  citoyen  Pro- 
tain ,  où  il  tst  détenu  dans  son  lit  par  suite  de 
ses  blessures  ,  et  ai  reçu  sa  déclaration  ,  ainsi  que! 
suit  : 

Jean-Constantin  Protain  ,  architecte  ,  membre 
de  la  commission  des  arts  et  de  l'institut  ,  a  dé- 
claré qu'étant  à  promenef  dans  la  grande  gaherie 
du  jardin  du  quartier-général  ,  qui  donne  sur  la 
place  ,  avec  le  général  en  chef  ,  un  homme  vêtu 
à  la  tuike  ,  sorti  du  fond  de  la  gallerie  oià  se 
trouve  un  puits  à  roues  ;  qu'étant  à  quelques 
pas  de  distance  du  général  ,  et  tourné  du  côté 
opposé,  il  entendit  le  général  crier  à  la  garde  ; 
quil  se  retourna  pour  en  connaître  la  cause; 
qu'il  vit  alors  ledit  homme  hu  porter  des  coups 
'le  poignard  ;  qu'il  courut  à  son  secours  ,  et 
vou  ut  le  défendre  ;  qu'il  reçut  plusieurs  coups 
du  même  poignard  qui  le  mirent  à  terre  ,  et  le 
firent  rouler  plusieurs  pas;  ayant  entendu  de 
nouveau  crier  le  généial ,  il  se  rapprocha  de  lui  ; 
il  vit  ledit  homme  le  frapper  ,  et  il  reçut  lui- 
même  de  nouveaux  coups  ;  il  perdit  enfin  con- 
naissance, et  ne  peut  donner  d  autres  détails  :  il 
s  il  seulement  que  malgré  leurs  cris  répétés  ils 
sont  restés  plus  de  six  minutes  sans  secours. 

Lecture  faite  au  citoyen  P.otain  de  sa  déclara- 
tion ,  il  a  dit  qu'elle  co-nlient  vérité  ,  qu'il  y 
persiste  ,  qu'il  ne  veut  y  aionter  ni  diminuer  ,  et 
a  signé  avec  moi  et  le  greffier.  Signés  ,  Protain  , 
Sartelon  ,  Pinet  ,  greffier. 

Après  avoir  signé  ,  le  cit.  Protain  a  déclaré 
vouloir  ajouter  que  ,  lorsque  Soleyman  dAlep  , 
accusé  d'avoir  assassiné  le  général  en  chef  et  lui  , 
lui  fut  présenté  quelques  instans  après  ledit  assas- 
sinat, il  le  reconut  pour  être  le  même  qui,  dans  le 
jardin  de  la  maison  du  quartier-général,  porta  au 
général  en  chef  des  coups  de  poignard  qui  le  terras- 
sèrent, etauquelil  donna  lui-même  plusieurs  coups 
de  bâton  ,  pour  tacher  de  défendre  le  général  ;  à 
la  suite  desquels  il  reçut  lui-même  plusieurs 
coups  de  poignard  de  Soleyman  d'Alep,  qui  lui 
firent  perdre  connaissance. 

Lecture  faite  au  citoyen  Protain  de  la  présente 
addition,  il  a  dit  f^u'elle  contient  vérité  ,  qu'il  y 
persiste  ,  ne  veut  y  ajouter  ni  diminuer  ,  et  a 
signé   avec  nous  et  le   greffier. 

Signés  Prqtain  ,  Sarthlon  ,  Pinki,  gr^J/àr^ 


368 


Aujourd'hui  a6  prairial  an  8  de  la  république 
française  ,  moi  soussigné  rapporteur  de  la  corn- 
missi'on  noramée  pour  juger  les  assassins  du  gé- 
néral .n  chefKleber,  ai  tait  appeler  les  aides- 
de-camp  dudil  général  ,  el  ai  reçu  leur  déclara- 
tion ,  assisté  du  citoyen  Pinet  ,  greffier  de  la 
commission,    de  la  manière  qui  suit  : 

Le  ciioyen  Fortuné  Devouges  ,  âgé  de  24  ans  , 
lieutenant  au  22'  réj^im.nt  de  chasseurs  achevai, 
aide-de-camp  du  général  en  chef  Kleber  ,  adc- 
"claté  que  le  2S  prairial  ayant  accompagné  le 
'  général  en  chef  dars  la  visite  qu'il  fit  à  soti 
tiuarlier-général  du  Kaire  ,  où  il  avait  ordonné 
des  réparaiions  ,  un  homme  à  lurban  verd  ,  vêtu 
d'une  mauvaise  casaque,  ne  ce.'sa  de  marchera 
la  suite  du  général  pendant  qu'il  parcourut  ses 
appaitemens  ,  et  chacun  le  prmant  pour  un  ou- 
vrier ,  on  le  laissa  librement  aller  et  venir  ;  mais 
le  général  en  chf  ayant  traversé  son  jardin  pour 
aller  dans  celui  ciu  général  Damas,  le  citoyen 
JJevouges  s'appercevant  que  le  même  homme  se 
mêlait  toujours  dans  la  suite  du  général  ,  lui 
demanda  ce  qu'il  voulait  ,  et  le  fit  chasser  par 
un    domestique  :  cet  homme  disparut  en  effet. 

Deux  heures  après  ,  lorsque  le  général  fut 
assassiné  ,  le  citoyen  Devouges  reconnut  à  côté 
du  général  le  vêtement  qu'avait  laissé  l'assassin  , 
pour  être  le  même  que  celui  de  l'homme  dont 
il  vient  de  parler  ,  et  peu  de  tems  après  on 
amena  un  honame  couvert  de  sang,  qu'il  reconnut 
paifaitcment  pour  celui  qu'il  avait  précédemment 
f'j'it  chjsser. 

Lecture  à  lui  faite  de  sa  déposition  ,  le  citoyen 
Devouges  a  déclaré  qu'elle  contenait  vérité  ,  et 
qu'il  n'avait  rien  à  y  ajouter  ni  diminuer ,  et  a 
signé  avec  moi  et  le  greffier. 

Au  Kaire  ,  les  jours  ,  mois  et  an  que  d'autre 
part. 

Signés  ,  Devouges  ,  Sartelon  ,  Pinet,  greffier. 
La  suite  demain. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du   27  frimaire  an  9. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  miaistie  de  lintétieut,  le  conscil-d'éial  en- 
tendu ,  arrêtent  : 

Art.  I''.  La  foire  qui  se  tient  à  Tourny  ,  dépar- 
tement de  l'Eure,  le  9  fructidor  de  chaque  année  , 
aura  lieu  désormaii  ,  le  8  vendémiaire  suivant. 

IL  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséié  au 
bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé  ,  Bonaparte. 
Par  le  pr'emier  consul  , 
Le  secrétairc-d'état  ,  signé  ,  H    B.  Maket. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  !a  république  ,  sur  le  rapport 
f  du  ministre  de  l'intérieur  ,  le  conseil-d'élat  en- 
tendu ,  arrêtent  : 

Art.  !"■.  Il  se  tiendra  chaque  année  à  la  Ro- 
ch.:ile  deux  foires  ,  l'une  qui  aura  lieu  le  la  ni- 
vôse ,  et  l'autre  le  12  messidor. 

II.  La  durée  de  chacune  de  ces  foires  sera  de 
cimi  jours  consécutils. 

III.  Le  ministre  de  lintérieur  est  chargé  de 
l'exécuiicn  du  présent  arrêté  ,  qui  sera  imprimé 
au  bulletin   des  lois. 

Le  premier  consul,    signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'élat ,  signé  .  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
dvi  ministre  de  l'intérieur,  le  conseil-d'état  en- 
tendu ,  arrêtent  : 

An.  I".  La  foire  dite  des  Guissis.'en  rétablie  à 
Couiances  ,  ovi  elle  s'ouvrira  le  25  floréal  de  cha- 
que année  ,  pour  durer  tros  jours  consécutifs. 

II.  La  foire  qui  se  tient  à  Sourdeval  ,  le  l" 
brumaire  ,  n'y  aura  lieu  désormais  que  le  5  du 
même  liiois, 

III.  Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul ,  signé.   Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 


AVIS. 

Les  citoyens  sont  prévenus  que  toutes  les 
demandes  particulières,  sur  tel  objet  que  ce  soit , 
doivent  être  adressées  directement  aux  ministres 
que  ces  demandes  concernent. 

Les  adresser  aux  consuls  ,  c'est  en  retarder  de 
plusieurs  jours  l'examen  ;  et  c'est  le  faire  sans 
aucun  avantage  pour  le  pétitionnaire  ,  parce  qu'il 
est  impossible  aux  consuls  de  s'occuper  de  ces 
objets. 


PREFECTURE    DE    POLICE. 

Le  préfet  de  police  a  publié  ,  le  22  d?  ce  mo's  , 
une  ordonnance  concernant  le  balayage  des  rues. 
Elle  enjoint  à  tous  les  propriétaires  et  locataires  de 
faire  balayer  régulièrement  ,  lous  les  jours  ,  le  de- 
vant de  leurs  maisons  ,  bouiiVjues  ,  cours  ,  jardins 
et  autres  emplaccmens  ,  d'y  jettcr  la  quantité  d'eau 
suffisante.  Le  balayage  devra  être  terminé  à.  huit 
heures  du  matin,  depuis  le  i'^'  vendémiaire  jus- 
qu'au i"'  germinal  ;  à  sept  heures,  depuis  le  1" 
germinal  jusqu'à  la  fin  de  l'année.  Les  étalagistes 
qui  occupent  des  places  dans  les  rues  et  sur  les 
halles  et  marchés  ,  sont  tenus  ,  matin  et  soir  ,  de 
les  balayer  et  de  les  rendre  nettes.  Il  est  expressé- 
ment défendu  de  rien  jetter  dans  les  rues  par  les 
fer'êtres  et  croisées.  D.ins  les  tems  de  neige  et  de 
gelée  ,  les  propriétaires  ou  locataires  sont  tenus 
de  faire  balayer  la  neige  et  de  casser  la  glace  au 
devant  de  leurs  maisons,  boutiques  ,  cours ,  jar- 
dins et  autres  emplacemens.  Les  concierges  des 
maisons  nationales  sont  personnellement  respon- 
sables de  l'exécution  des  présentes  dispositions. 
Les  conttevenans  seront  poursuivis  par  voie  de 
police  administrative  ,  Sins  préjudice  des  pour- 
suites à  exercer  contre  eux  devant  les  tribunaux , 
conlorraément  aux  lois  et  réglemens  de  police.  ■ 

—  Un  nommé  Lefcbvre-Leïon  est  mort  à  Bor- 
deaux, legfiimaire, sans  pareiis  connus;  les  papiers 
qui  ont  été  trouvés  à  son  domicile  et  mis  sous  les 
scellés ,  cfinstatent  qu  il  était  âgé  de  cinquante  ans^ 
natif  de  Paris,  et  qu  il  avait  exeicé  1  éial  de  notaire 
à  Saint-Domingue. 

Les  personnes  qui  prétendraient  à  sa  succession, 
peuvent  s'adresser  au  juge-de-paix  de  l'arrondis- 
sement de  Bacalan  ,  à  Bordeaux. 

C  ORPS-LÉGISLATIF. 

Frésidence  de  Pison-Dugaland. 
SÉANCE  DU   29  FRIMAIRE. 

Après  l'adoption  du  procès -verbal  ,  le  président 
donne   lecture   de  la  lettre  suivante  : 

Les  consuls  de  la  république  au  corps-législatif. 

Législateurs  , 
Les  consuls  de  la  république  vous  annoncent 
que  trois  orateurs  se  rendront  à  votre  séance 
aujourdhui  2g  frimaire  ,  à  une  heure  précis  -  ,  à 
leffet  de  vouî  prés.-nter  un  projet  de  loi  dont 
ils  vous  développeront  les  motifs,  et  qui  est 
de  nature  à  être   remis  en  comité  secret. 

Le  premier  consul ,  signé,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul , 

Le  secrétaire-d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 
Les  spectateurs  se  reurent. 
A  deux  heures  la  séance  est  rendue  pulique. 

Le  président  annonce  qu'il  n'y  avait  à  l'ordre 
dujour  que  la  communication  qui  vient  d'être 
faite  au  corps  législatif  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée,  et  indiquée  au  1"  nivôse. 


Avis  de  l'imprimeur  de  l'Etat  de  la  France  à  la  fin 
de  l'an  8. 

L'imprimeur  de  l'ouvrage  intitulé  :  Etat  de  la 
France  à  la  fin  de  l'an  8  ,  prévient  qu'il  s'occupe  , 
dans  ce  moment,  de  la  réimpression  de  cet 
écrit,  la  première  édition  étant  épuisée.  L'auteur 
y  a  fait  quelques  corrections,  et  y  ajoutera  des 
développemens  que  la  précipitation  d'une  ré- 
daction trop  rapide  ne  lui  a  pas  permis  d'insérer 
dans  la  première  édition. 

La  seconde  paraîtra  incessamment. 


livres     divers. 

Histoire  abrégée  du  cabinet  des  médailles  arifiques 
de  la  bibliothèque  nationale  ,  par  A.  L.  Cointreau. 
A  Paris  ,  chez  Charles  Pougens  ,  quai 'Voltaire,. 
h°  10.  et  Bouquet  ,  rue  de  ïhionville  ,  11°  i/iS  ; 

1  vol.  in-8° ,  tg.  2  i'r.  8  déc. 

Après  un  détail  sommaire  des  commencemens 
et  premiers  accroissemen  du  cabinet  des  médailles, 
l'auteur  passe  en  revue  les  acquisiiions  succes,- 
sives  des  cabinets  de  Beauran  ,  de  Lary  ,  de  Cli- 
ves ,  de  Pellerin,  de  d'Eanery  ;  les  oiijets  apportés 
de 'Versailles ,  des  irésois  de  Chartres  ,  de  Saint- 
Denis,  de  la  Saicte-Chapelle,  de  la  Belgique, 
de  la  Hollande  ,  d'Italie  ;  la  réunion  du  tabiu2t 
des  médailles  et  antiques  de  Sainte-Génévieve , 
et  beaucoup  d'envois  ou  d'acquisitions  faites  avec 
des  particuliers  ,  et  qui  ont  lait  entrer  dans  le 
trésor  national  divers   objets   rares   et  précieux. 

Enfin  ,  après  avoir  présenté  la  plupart  des  mé- 
dailles sous  l'aspect  de  médailles  astronomiques  , 
géographiques,  fabuleuses,  héro'iques,  historiques, 
etc.  il  termine  par  le  tableau  comparatif  du  cabinet 
du  Vatiean  ,  avec  celui  de  France  ,  et  les  divers 
sentimens  des  antiquaires  sur  le  plateau  d'argent 
connu  sous  le  nom  de  Bouclier  de  Scipion, 

Situation  de  ta  France  et  de  l Angletem  à  la  fin 
du  t8'  siècle;  ou  conseils  au  gouvérnemerii  de 
France  ,  et  réfutation  de  lEssai  sur  l;s  finances 
de  la  Grande-Bretagne  par  Frédéric  Gentz  ; 
ouvrage  déuié  au  premier  consul  Bonaparte, 
par   le    citoyen   Foiivielle  ,    aîné  ,   de   Toulouse. 

2  vol.  in-S". 

Prix,  6  fr.  pour  Paris  .  et  8  fr.  5o  cent,  franc  de 
port  pour  les   dépariemens. 

A  Paris  ,  chez  Fuchs ,  libraire  ,  rue  des  Maihu- 
rins ,  n°  334 1  s'  chez  tous  les  libraires. 

Voyage  dans  le  Jura  ,  deux  volumes  in-8°.  de 
5oo  pages  chacun  ,  avec  une  très-belle  carte 
gravée  par  l'un  des  meilleurs  atiistes  ,  le  citoyen 
Tardieu  ,  et  enluminée.  Prix,  8  fr.  pour  Paiis  et 
II  fr.    franc    de    port   pour  les   départemens. 

A  Paris  ,  chez  Caillot  ,  imprimeur-libraire  ,  rue 
du  Cimetière  André-des-Arcs  ;  Desenne,  libraire  , 
au  palais  du  Tribunat;  Debray  ,  libraire,  au 
palais  du  Tribunat,  et  Fuchs  ,  libraire  ,  rue  deS 
Mathurins. 

Il  faut  affranchir  les  lettres  et  l'argent. 

Dictionnaire  néologique  des  hommes  et  des  choses  , 
et  des  éveiiemens  de  la  révolution  française;  par 
le  cousin  Jacques;  6""  cahier.  Prix  ,  2  fr.  25  cent., 
et  3  ff.  pat  la  poste. 

A  Paris  ,  chez  Moutardier,  libraire,  quai  des 
Augusiins. 

Exposition  des  principes  généraux  de  la  langue 
française  .  à  I  usage  des  français  et  des  étrangers  ; 
par  'Yves  Bastion.   Piix  ,   i  fr.  85  cent. 

A  Paris  ,  chez  l'auteur  ,  au  lycée  des  langue» 
européannes ,  cloître  Honoré  ;  et  chez  Bailly  , 
libraire,  barrière  des  Sergens. 


COURS     DU     CHANGt. 

Bourse  du  sg  frimaire. 

:  3o  jours.  _  iCo  jourl. 


Amsterdambanco. 

Gourant , 

Hambourg 

Madrid 

Effectif. , 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif 

Livourne 


Bâle. 


56  i 

^^T 

191 

'«9i 

4  fr.  go  c. 

I4fr.85c. 

4  fr.  90  c. 

14  fr.  60  c. 

4  fr.  70  c. 

5  fr.  22  c. 

au  p. 


Effets  publics. 

Rente  provisoire 25 

Tiers  consolidé 36 

Bons  deux  tiers. .  .' 1 

Bons  d'arréragé 85 

Bons  pour  l'an  8 94 

Coupures Si 

Matières. 

Or  fin  l'once io5 

Argent  le  marc 5o 

Portugaise  l'once gS 

Piastre 5 


fr. 

fr. 

55 

fr. 

62 

fr. 

88 

fr. 

25 

fr. 

fr. 

42 

fr. 

61 

fr. 

78 

fr. 

3o 

L'a^ionnemem  se  fait  à  PaiÎB ,  rue  den  Poitevins,  n°  18.  Le  prix  est  de  s5  francs  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  loo  francs  pour  l'anaée  entière.  Ou  ne  s'abonne 
Mu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lecl.eseil'argcnt  .franc  déport  ,  au  cit.  Ag  A  (S  E ,  propriétaire  de  ce  journal ,  me  des  Poitevins  ,  n"  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  enfois  leport  des 
pays  a  .  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  letirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin,  poùi  plus  de  sûieié ,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille,  an  rédacteur,  rue  des 
Poitevins, n^  i3  ,  depui  ineuf  heures  du  matin  jusqu'àcinq  heures  du  soir. 


De  l'imprimerie   de  H.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  lue  des  Poitevins ,  n°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL,. 


N'q\. 


Primedi  ,  i"  nivôse  an  g  de  la  républiq'iie  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés    à  prévenir  nos  souscripreurs ,  qu'à   dater  du  7   nivôse  le  MONITEUR  est    le   seul  joumu!  oificul. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  aères  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  années,  ainsi    que  les  taivs  et  les    notioiyj 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux   sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ITALIE. 


Mapks  ,  le  16  novembre  ('2  brumaire.) 


AjE  sicilien  Dainiari  et  Antonio  dolla  Rossa  , 
l'un  piésident  ,  l'autre  conseiller  de  la  junte 
d'état  ,  vinntni  de  donner  leur  démission.  Ainsi 
toales  les  (onction<i  de  cette  chambre  tyran- 
nique  établie  par  la  réaction  royale  ,  sont  main- 
tenant concentrées  dans  les  conseillers  Spéciales. 
Sambuto  et  Sciro  .  sans  compter  le  procureur 
fiscal  Guidobaldi.  Grâce  à  ce  dernier  ,  toutes  les 
anciennes  horreuis  de  l'inquisition  d'état  sont 
remises  en  vigueur.  Cinquante  prêtres  ,  choisis 
par  le  pré!at  Torrusio  ,  ont  été  chargés  de  l'ou- 
veaure  des  lettres  à  la  poste  ;  et  la  plus  légère  , 
la  plus  innocente  équivoque  dans  les  expressions 
contenues  dans  ces  lettres  ,  ou  une  phrase  qui 
ne  sera  point  tniendue  par  ces  prêtres,  qui 
pour  la  plupart  ne  connaissent  d'auire  livre  que 
leur  bréviaire  ,  entraînent  soudain  l'âr  estaiion 
de  ceux  à  qui  ces  leitriS  sont  adressées.  Oo 
compte  déjà  jusqu'à  huit  cents  victimes  du  ztle 
de  ces  exierminaieurs.  Ces  infortunés  sont  trans- 
portés ,  chargés  de  chaînes  ,  en  Sicile.  On  tait 
honneur  d'une  nouvelle  invention  de  mcnotes  , 
au  vice-roi  !e  prince  del  Passero  ,  déjà  si  connu 
par  la  cruauté  qu'il  déploya  dans  l'exercice  de 
la   prêture  à  Palerme. 

Louise  San  Felici  ,  épouse  d'Andréa  Patrice  > 
napolitain  ,  condamnée  à  mort  depuis  plus  d'un 
an  .  sous  le  prétexte  d'avoir  dévoilé  la  faineu!,e 
conjuration  de,  Baker  contre  les  pairiotes  et  la 
république  ,  après  avoir  vu  suspendre  son  sup- 
plice trois  lois  pour  cause  de  grossesse  ,  vient 
d'être  entin  exécuiée.  Les  p.irens  de  celte  jeune 
et  intéressante  femme  ,  avaient  obtenu  de  la 
princesse  héréditaire  Marie  Clémentine  ,  qu'elle 
solliciterait  sa  grâce  ;  mais  dans  ce  pays  toutes 
les  grâces  sont  pour  les  étrangers.  Il  ne  reste 
aux    citoyens  que  le    privilège  des  échaufauds. 


I 


R. 


N     T     E     R     I     E     U 

Paris  ,  le  3i)  frimaire. 

La  nouvelle  'Je  la  victoire  de  Hohenlinden  a 
fait  hausser  les  fonds  publics,  en  Hollande  ,  de 
deux  ec  demi  pour  cent. 


Fjn  du  recueil  des  pièces  relatives  à  la  procédure  et  au 
jugement  de  Soleyman  el-Hhaleby  ,  assassin  du 
général  en  chef  KUber, 

Nouvel    int&rrogatoire  de  Soleyman   El-Hkaleby. 

Ccjoiird'hui  26  prairial  an  8  de  la  république  française  ,  moi 
■Bussîgne  cotninissaire  ordonnateur  ,  remplissant  les  fonctions  de 
rapporteur  p^cs  la  comiiiission  chargée  de  jugev  les  assassins  du 
général  en  clief  Kleber  ,  ai  fait  traduire  devant  moi  le  nommé 
Soleyman  d'Alep,  prévenu  dudit  as':iasïinat,  pour  Tinterroger  de 
nouveau  sur  les  faits  ci-après  ;  auquel  interrogatoire  j'ai  procédé  , 
as8i^té  du  citoyen  Pinet.  greffier  nommé  par  la  coinmi^sioti  ,  et 
p,ir  l'entremise  du  citoyen  Bracew^Jch  ,  premier  secrétaire  inter- 
prète du  général  cf\  chef. 

Interrogé  de  nouveau  sur  les  fait»  résuUans  dudit  assassinat. 

A  répondu  qu'il  était  venu  sur  un  dromadaire  fesant  partie 
d'une  caravanne  aiabe,  chargée  de  savon  et  de  tabac  ;|que  cette 
«aravanne  craignanc  d'entrer  au  Kaire  ,  s'en  est  allée  directement 
au  village  de  Cliayttah  ,  province  d'Attfiehhly  ;  que  là  il  a  pris  un 
âne  pour  at  vendre  au  Kaire  ;  qu^il  avait  loué  cet  âne  à  un  paysan 
qu'il  ne  conmit  pas  ; 

Qii'il  a  été  chargé  d'assassiner  le  général  par  Alihmed  agha  et 
Yassyn  agha  des  jannissaires  d'Alcp  ;  que  ces  deux  aghas  lui 
avaient  bien  défendu  de  s'en  ouvrir  à  qui  que  ce  fût  ,  parce 
que  c'était  une  chose  délicate  ;  qu'on  l'a  envoyé  ,  parce  qu'il 
connaistait  beaucoup  le  Kaire  où  il  avait  resté  trois  ans  ;  qu'où 
lui  a  dit  d'jllcr  à  la  grande  mosquée  ,  de  bien  prendre  son  tems 
et  ses  mesures  ,   et  de  ne  pas  manquer  de  lutr  le  général  ; 

Qu'il  s'est  ouvert  cependant  aux  quatre  cheykha  qu'il  a  nom- 
mes ,  parce  que  sans  cela  ila  n'auraient  pas  voulu  le  loger  à  la 
mosquée  ;  qu'il  leur  a  parlé  tous  les  jours  dcson  projet  dont  ils 
ont  voulu  le  détourner,  en  lui  dibant  <|ue  cela  était  impossible; 
qu'il  ne  les  avait  pas  priés  de  lui  aider  ,  parce  qu'ils  sont  trop 
poltrons  ; 

Que  le  jour  où  il  s'est  'léterminé  à  consommer  ledit  assassinat, 
il  n^i  trouvé  des  quatre  clieykhs  qu'il  a  nommés  que  Mohhaninied 
cl  -Ghazzy  .  a  qui  II  a  dit  qu'il  allait  à  Gyzch  pour  cet  objet  ; 
qu'il  tlaitftcul  pour  ««sa.tBiuer  le  général  ,  et  qu'il  croit  qu'il  était 
fo'i  dc[)iii8c|u'il avait  fait  ce  projet,  puisfjue  sans  cela  il  ne  serait 
jairiala  venu  de  Gaza  ,  puur  consouimer  rassastiinat  auquel  il 
t'est  port*  ; 

Qiie  Je»  papiero  qu'il  a  miti  dans  la  mosquée  n'étaient  que  des 
Vfr.Hcts  du  qurac,  l'usage  des  écrivain»  a,rabes  étant  d*y  en  mettre 
louvept ; 

r^iM  n'a  re^u  d'ar^nt  de  psreonnc  au  Kaire  {  qut  les  aghai 
l«i  cil  uvaicnt  deuBé  ; 


Querefrcndv  cli< 


étudié  s'appelle   Mousttufa   Effcndy , 
:agc  ,    tous    les    lundi    et    jciitli  ;    maiw 


chrykhs  qu'il 


,    quels 


l'Egypte 


h  et  G, 

cementdu 
minai  de  1 


qu'il  n*a  pas  o.e  lui  en  t 

Mais  qu'il  i   dit  aux 
étaient  ses  projets,  parce  qu'ils  étaient   syriens  conn 
leur  a  communiqué  l'intention  où  il  ctaîi  d'entrer  d. 
sacré  ,   et  qu'iM'a  réellement  dit  i    lous  les  quatre. 

Interrogé  où  il  était  lorsque  le  vîsîr  c,>t  venu 
au  commenremcnt  du  ipois  de  geniùnal  dernier  ,  < 
au   mois  turlt  appelé  dou-1-qaMeli. 

A  répondu  qu'il  était  à  Jérusalem  où  il  fesait  un  pèlerinage,  et 
où  il  était   méuie   auparavant,  lorsque  le  visir  a  pris  el-A'rich, 

Interrogé  où  est-ce  qu'il  a  vu  AJ.ibined  agha  qu'il  assure  lui 
avoir  proposé  cet  assassinat ,  et  quel  jour  il  l'a  vu. 

Répond  que  lorsque  le  visir  a  été  battu  ,  il  s'est  retiré  vers  el- 
à  la  fin  du  mois  turk  chaoual  ,  ou  au  commen- 
dou-1-qa'déh  qui  correspond  au  mois  de  ger- 
mçaise  ;  que  Ahhmed  agha  fesait  partie  de  celte 
armée;  qu'il  était  depuis  la  prise  d'el-A'ricli  ,  détenu  à  Gaza  par 
l'ordre  du  visir  ;  que  cet  agha  a  été  transjéré  à  Jérusalem  ,  dans 
la  maison  du  Montsellem  ,  ou  gouverneur  de  la  ville  ;  que  lui 
Soleyman  était  .t  cette  époque  à  Jérusaleni  ;  qu'il  est  allé  voir 
Abijmed  agha,  le  premier  jour  de  son  arrivée ,  pour  se  plaindre 
à  lui  de  ce  que  son  père  ,  nommé  Hhagy  Mohhammed  Aniyn, 
marchand  de  beurre  à  Alep  ,  éprouvait  toujours  des  avanies  par 
Ibrahym  ,  paclia  dudit  Alep  ;  qu'il  lui  en  avait  fait  une  assez  con- 
sidérable avant  le  départ  du  visir  ,  de  Damas  ,  pour  venir 
en  Egypte  ;  que  celte  avaniç  avait  été  payée  ;  que  craignant 
qu'elles  ne  se  renouvellassent ,  il  lui  avait  demandé  sa  protection. 

Qu'il  était  retourné  le  jour  suivant  chez  ledit  Ahhmed  agha  ; 
que  ce  jour  là  l'agha  lui  avait  dit  qu'il  était  Trimi  d'Ibrahym 
pacha  ,  et  qu'il  lui  rendrait  service  auprès  de  lui  ,  s'il  voulait  se 
charger  de  tuer  le  général  de  l'armée  française  ; 

Que  le  troisième  et  le  quatrième  jour  il  lui  avait  fait  les  mêmes 
propoiitions  ,  et  qu'alors  il  l'avait  açlressé  à  Yassyn  agha  ,  qui 
était  à  Gaza,  pour  le  défrayer  ;  qu'il  était  parti  de  Jérusalem 
trois  ou  quatre  joura  aprcs  ,  pour  se  rendre  au  village  Kbalyl  , 
sans  qn'il  eût  reçu  aucmielettie  d'Ahhmed  agha,  qui  avait  en'i'oyé 
un  domestique  a  Gaza,  pour  instruire  de  tout  Yassyn  agha. 
Interrogé  combien  il  a  demeuré  de  teîns  à  Kbalyl. 
Répond  qu'il  y  a  demeuré  vingt  jours. 

il  a  demeuré  vingt  jours  dans  ce  village,  et 
cunes  lettrés  des  deux  aghas. 
Répond  qu'il  avait  peur  des  arabes  dont  la  route  était  remplie, 
■'il  a  attendu  une  caravanne  pour  faire  ce  vayage  ,  sans  recevoir 
cunes  lettres,  et  qu'au  bout  de  ces  vingt  jours  il  s'est  rendu 
ce  elle  à  Gaza  ,  sur  la  fin  du  mois  dbu-l-qu'déh  ,  qui  corrtspond 
commencement  du  mois  de  Horéalde  l'ère  française. 
Interrogé  ce   qu'il  a  fait  à  Gaza  ,    et   ce  que    lui   a  dit  Vassin 


laquelle  il 


le  poignard  ensanglanté  , 
ur  être  le  même 


:c  lequel  le 
:  lequel  il  a 


l'ils  lui 


lit  le  général. 

Dnt    seulement  offert  la  lei 


Répond  que  le  second  jour  de  .0-  ^trivée  s 
sente  à  l'agha  qui  lui  a  dit  être  instruit  de  l'afFa 
était  venu  ;  que  cetaghk  l'a  loge  à  la  grande  mosquée  où  il  est 
venu  plusieurs  fois  ,  soit  de  jour  ,  soit  de  nuit ,  pour  se  concerter 
secrètement  avec  lui  ;  qu'il  lui  a  promis  de  faire  oter  les  avanies 
à  son  père  ,  et  de  le  protéger  lui-même  dans  toutes  les  occasions  ; 
qu  il  lui  a  donné  quarante  piastres  turkcs  ,  de  quarante  parais 
l'une,  pour  les  irais  du  voyage  ,  en  lui  donnant  les  instructions 
dont  il  a  parlé  ',  et  qu'il  est  parti  dix  jours  après  son  arrivée, 
sur  lin  dromadaire  avec  lequel  il  est  venu  en  six  jours,  ainsi 
qu'il  l'a  expliqué,  son  départ  ayant  eu  lieu  dans  les  premiers 
jours  du  mois  turk  dyl-hhagéh  ,  correspondant  au  milieu  de 
floréal  de  l'ère  française  ;  en  sorte  que  lorsqu'il  a  assassiné  le' 
général,   il  y  avait  trente-un  jours  qu'il  était  au  Kaire. 

Interrogé  s'il 
général  en  chef  a  et 

Répond  qu'il    le 
assassiné  le  général 

Interrogé  qui  lui  a  donné  ce  poignard  ,  s'il  le  tient  d'un  des  deux 
aghas,  et  commentil  se  l'est  procuré. 

Répond  que  personne  ne  le  lui  a  donné  ;  qu'il  l'a  acheté  au 
marché  de  Gaza  ,  dans  l'intention  de  s'en  servir  pour  tuer  le 
général  ,   et  qu'il  a  pris  la  première  arme  qu'il  a  trouvé  à  acheter. 

Interrogé  si  Ahhmed  agha  ou  Yassyn  agha  ,  ou  tous  les  deux 
ensemble,  lui  ont  parlé  du  grand-visîr  ,  pour  lui  offrir  sa  protec- 
tion dans  le  cas  où  il 

Répond  que  non  ; 
qu'il  parvint  â  réussir 

Interrogé  si  le  visi 
çai.  ,  pour  les  faire 

Répond  qu'il  n'en  sait  rien  ;  qu'il  sait  seulement  que  le  visir 
avait  envoyé  Ttahir  pacha  ,  pour  secourir  les  insurgés  du  Kaire  , 
et  que  ce  pacha  est  rentré  ,  lorsqu'il  a  trouvé  les  osmanlis  qui  se 
retiraient. 

luterjogé  s'il  est  le  seul  qui  ait  été  chcrgé  de   cette  mission. 
■  Répond  qil'ille  croit,  et  qu'il, était  seul  dans  le  secret  avec  les 
deux  aghas. 

Inter^gé  comment  il  devait  înforihÂ"  les  deux  aghas  de  cet 
assassinat. 

Répor^d    qu'il  devait  les  aller  trouver  ,  ou   leur  envoyer  propp- 

Le  présent  interrogatoire  a  été  clos  par  moi  rapporteur  soussigné, 
et  il  a  été  signé  par  l'accusé  après  lecture,  et  par  le  gneffier  et 
l'interprète. 

Au  Kaire  les  jour  ,  mois  et  an  que  d'autre  part.  Suit  h  si- 
gnature de  l'accusé  en  arabe.  Signés  Sartelon  »  Damien  Bra- 
cwiCH  ,  PiNtT  ,  greffier. 

Confrontation  des  accméi.' 

Cejourd'hui  26  prairial  an  8  delà  république  française ,  moi 
soussigné  rapporteur  de  la  commission  cliargée  de  juger  les  as- 
sassins du  général  en  chef  Kleber  ,  ai  fait  appeler  le  cheykb  Moh- 
hammed el-Ghazzy  ,  prévenu  de  complicité  dans  ledit  assassinat, 
pour  l'interroger  de  nouveau  ,  et  le  confronter  avec  Soleyman 
cL'Alép ,  prévenu  «L'ulic  l'autcui  dudit  crime  ,  auxi^ueU  înierruga- 


ons    j'ai    procédé    de    la     r 
le  citoyen   Finet ,    greffie 


de   ladit 


ûtîc 


;  Moii- 


tnterrogé  ledit  cheychk  Mohhammed  cl-Ghrzzy  s'il 
nommé  Soleyman    d'Alcp  ici  présent. 

Répond  que    oui, 

Inierroi-.c  ledit  Soleyman  d'Alcp  ,  s'il  connaît  le  non 
bammcd  el-Ghazzy  ici  présent. 

Répond  que  oui. 

Interrogé  le  nommé  Mohhammed  el-Ghazzy  si  Soleyman  d'.V 
lep,  ici  présent  ,  nt-  lui  a  confié  ,  depuis  3i  jours  ,  qu'il  étaitau 
Kaire,  le  dcbsein  ou  il  était  de  tuer  le  général  en  chef;  s'il  ne 
lui  a  pas  dit  qu'il  était  venu  de  la  Svrie  pour  cet  objet  de  la 
part  des  aglias  Alihmed  et  Vasivn  ;  s'il  ne  les  en  i  pas  entretenus 
à  peu  près  tous  les  joins  ,  et  enfin  si  la  veille  du  jour  où  il  a 
assassiné  le  général  en  chef ,  il  ne  lui  a  pas  4^t  qu'il  partait  pour 
aller  à   (ïyzéch  dans  le   dessein  de    le  tuer. 

A  jépondu  que  tout  cela  est  faux  ;  que  lorsqu'ils  se  sont  vus  , 
ils  se  sont  seulement  salués,  et  que  la  veille  du  jour  où  il  est 
parti  pobtr  Gyzéh  ,  il  lui  a  apporté  du  papier  et  de  l'encre  ,  ec 
lui  a  dit  qu'il  ne  reviendrait  que  le  lendemain. 

A  lui  représenté  qu'il  ne  dit  pas  la  vérité ,  puisque  Soley- 
man, qui  est  ici  présent  ,  soucient  qu'il  lui  a  parlé  tous  le» 
jours,    et   notamment    la   veille    de    l'assassinat,  du  dessein  où 


det 


nal. 


le   cheykh  Chei 


des  proclamaii( 


;  les  fran- 


Répond  que  CPt  homme  ment. 

Interrogé  s'il  ne  va  pas   coucher  souv 
quaouy  :  ei  s'il  n'y  a  pas    été  coucher  ces  jours  derniers. 

Répond  que  depuis  l'arrivée  des  français  ,  il  n'y  a  jamais 
couclié,  et  qu'il  y  allait   coucher  quelquefois  auparavant. 

A  lui  représenté  qu'il  ne  dit  pas  la  vérité,  puisque,  dans  son 
interrogatoire  d'hier ,  il  a  déclaré  qu'il  allait  tOMvent  coucher 
chez  le  cheykh  Clierqaouy. 

Répond  qu'il  ne   l'a  pas  dit. 

Interroge  le  nommé  Soleyman  de  déclarer  sHl  persiste  à  sou- 
tenir" au  cheykyn  Molihammed  ici  présent,  qu'ii'lui  a  parle  tous 
les  jours  du  projet  où  il  était  d'assassiner  le  gênerai,  et  notam- 
ment la  veille  dudit   assassinat. 

Repond  que  oui  ,  qu'il  a  dit  la  vérité  ,  et  que  le  cheyk  Moh- 
hammed el-Ghazzy  a  peur. 

Le  cheykh  Mohharmned  el-Ghazzy,  persistant  dans  ses  dé- 
riégations  ,  j'ai  jugé  convenable  ,  vu  les  preuves  acquises  ,  de  lui 
faire  infliger  la  bastonnade,  suivant  l'usage  du  pays,  pour  qu'il 
déclare  ses  complices  :  elle  lui  a  été 'donnée  jusqu'à  ce  qu'il 
ait  promis  de  dire  la  vérité  :  après  quoi  il  a  été  délié  et  inter- 
rogé de  nouveau ,  ainsi  qu'il  suit  :  '* 

Interrogé  si  Soleyman  lui  a  fait  paît  de  son  projet  d'assassinée 
le  général  en  chef. 

Répond  qu'il  lui  a  dit  souvent  qu'il  était  venu  de  Gaza  ,  pour 
entrer  dans  le  combcit  sacre  contre  les  infidelles  français  ,  qu'il 
l'en  a  détourné  en  lui  di^yiit  que  ceb  a"ryic  une  luaùvaise  fin  ; 
que  ce  n'est  que  la  veille  de  l'assassinat  qu'il  lui  a  dit  qu'il  vou- 
lait   tuer  le  général  en  chef. 

Interrogé  pourquoi  il  n'est  pas  venu  dénoncer  ledit  Soleyman. 

Répbnd  que  c'est  parce  qu'il  n'aurai  t  jamais  cru  qu'un  homme 
de  sa  façon  pût  tuer  le  général  en  chef,  lorsque  le  visii  n'avait 
pu  le  faire. 

Interrogé  s'il  n'a  pas  fait  part  de  ce  que  lui  a  dit  Soleyman  à 
plusieurs  per:onnes  de  la  ville,  notamment  au  clièykb  Charquaouy, 

Répond  qu'il  n'en  a  parlé  à  personne,  et  que  quand  on  le  tue- 
rait il  ne  le  dirait  pas. 

Interrogé  s'il  sait  qu'il  y  ait  au  Kaîré  d'a,utres  personnes  char- 
gées  d'assassiner  les  français  ,  et  où  elles  sont. 

Répond  qu'il  n'en  a  point  connaissance  ,  et  que  Soleyman  ne 
lui  en    a  jamais  parié. 

Interrogé  ledit  Soleyman  de  déclarer  également  où  sont  soa. 
complices. 

Répond  qu'il  n'en  a  point  au  Kaire,  et  qu'il  ne  croit  pas 
qu'il  y  ait  d'autres  personnes  que  lui  pour  assassiner  les  fran- 
çais. 

De  suite  ledit  Mohhammed  el-Ghazzy  a  été  conduit  ;i  sa  pri- 
son ,  et  Soleyman  est  resté  pour  être  confronté  avec  Se;  d  Ahhuied 
el-Oualy  qui  a  été  amené  pour  cet  objet. 

Interrogé  s'il  connaît  Soleyman  d'Alep   ici  présent. 

A  répondu  que  oui. 

InterVogè  ledit  Soleyman  s'il  connaît  le  nommé  Seyd  Ahhmed, 
el-Oualy  ici  présent. 

A  répondu  également  que  oui. 

Interrogé  le  cheykli  Seyd  Ahhmed  el-Ouali  si  Soleyman  lui  a 
fait  part  d'assassiner  lé  général  français,  notamment  la  veille 
dudit  assassinat. 

Répond  que  Soleyman  ,  à,  son  arrivée,  il  y  a  environ  trente 
jours,  lui  a  dit  qu'il  venait  pour  entrer  dans  le  combat  sacré 
contre  les  infidelles  ;  qu'il  l'en  a  détourne  en  lui  disant  que  ceU 
n'était  pas  bien  fait,  mais  qu'il  ne  lui  a  pasdit  qu'il  voulu; 
assassiner  le  général  en  chef. 

Interroge  ledit  Soleyman  de  déclarer  s'il  a  dit  à  Seyd  Ahhmed 
el-Oualy:  qu'il  voulait  assassiner  le  général  en  thef,  et  com- 
bien avant  l'assassinat  ,  il  y  avait  de  jouis  qu'il   en  avait  parlé. 

Répond  que  les  premiers  jours  de  son  3rnv<.e,  il  lui  a  dit 
qu'il  venait  pour  entrer  dans  le  combat  sacré,  ce  qu'il  a  désap- 
prouvé ;  que  six  jou,rs  après  il  lui  a  fait  part  de  sou  projet  d'as- 
sassiner le  général  ;  que  depuis  il  ne  lui  en  a  plus  parlé,  et  qu'il 
y  avait  quatre  jours  qu'il  ne   l'avait  pas  vu  lors  dudit  assassinat.. 

Représente  â  Seyd  Ahhmed  el-Oualy,  qu'il  n'a  pas  dit  la  vé- 
rité ,  en  assurant  que  Soleyman  ne  lui  a  point  tait  part  de  sim 
projet  d'assassiner  le  général. - 

Répond  que  maintenant  que  Soleyman  le  lui  a  rappelé ,  il  b'en 
souvient. 

Interrogé  pourquoi  il  n'a  pas  dénoncé  ledit  Soleyman. 
'     Repond  que  c'est  pour  deux  motifs;  le  premier,    parce   qu'il 
croyait  qu'il   mentait  ;   et  le    second  ,     parce   qu'il  le  méprisait 
trop  pour  le  croire  capable  d'une  pareille  action. 

Interroge  sî  Soleyman  lui  a  dit  qiiMl  eût  quelque  complice  ; 
et  si  lui  Seyd  Ahhmed    cl-Oujly  eu   u   pailé  À  quclqu'uu,    u<«- 


37® 


tammenl  au  clieylth  de  la  grande  mosquée  t  à  qui  îl  doit  rendre 
«oniple  de  tout  ce   qui  s'y  passe. 

Repond  que  Solcyman  ne  lui  a  point  dit  qu'il  eût  des  com- 
plices ;  qu'il  n'a  pas  cru  qu'il  fût  de  son  devoir  d'en  prévenir 
le  cheykli  de  la  mosquée  ,  et  qu'il  n'en  a  parlé  lui-même  à 
personne. 

Interrogé  s'il  avait  connaissance  d'un  ordre  du  général  en 
chef,  qui  ordonne  de  dénoncer  tous  les  osmanlis  qui  arrivent 
au  Kaire. 

J{épond  qu'il  n'en  a  pas  connaissance. 

Interrogé  de  déclarer  s'il  n'a  pas  logé  Soleyman  à  la  mos- 
quée ,  parce  qu'il  a  déclaré  qu'il  venait  pour  assassiner  le 
général. 

Répond  que  non  ;  que  tous  les  musulmans  peuvent  loger  à 
ia   mosquée. 

Interrogé  Soleyman  s'il  n'a  pas  dit  qu'on  ne  l'aurait  pas  reçu  , 
s'il  n'avait  pas  déclaré  quel  était  le  motif  qui  l'amenait  au 
Kaire. 

Répond  que  les  arrivans  sont  obligés  de  le  dire ,  mais  qu'il 
Tdbit  à  la  vérité  de  déclarer  qu'aucun  des  cheykhs  n'a  approuvé 
^on  projet. 

Ledit  Seyd  Ahhmed  el-Oualy  a  été  reconduit,  et  Soleyman  est 
iesté  pour  être  confronté  à  Seyd  A'bd-Allah  el  Ghaziy  ,  qui  a 
«té     amené  pour  cet  objet. 

Interrogé  ledit  Seyd  A'b-AUah  el-Ghazzy  s'il  connaît  ledit 
Soleyman  ici  présent. 

Répond  que   oui. 

Interrogé  le  nommé  Soleyman  s'il  connaît  ledit  Seyd  A'bd- 
AUali   el-Ghazzy  ici  présent. 

Répond  que  oui. 

Interrogé  Seyd  A'bd  Allah  el-Ghazzy  s'il  n'avait  pas  connais- 
■sancè  du  projet  de  Soleyman  pour  assassiner  le  général  en 
«hef. 

Répond  et  avoue  qu'à  son  arrivée  il  lui  a  fait  part  de  son 
-desseiu  de  combattre  les  infldelles  ,  et  de  tuer  le  général  en 
«hof,    et  qu'il  a   voulu  l'en   détourner. 

Interrogé  pourquoi  il  n'a  pas  dénoncé  ledit  Soleyman. 

Répond  qu'il  croyait  qu'il  serait  allé  trouver  les  grands 
theykbs  du  Kaire  qui  l'en  auraient  détourné ,  et  qu'il  le  fera  i 
Favcnîr. 

Interrogé  s^il  a  parlé  de  ce  projet  à  quelqu'ua  ,  et  s'il  sait 
que  Soleyman  en  ait  également  fait  part  à  quelques  pecsonaes  du 
Kaire. 

Répond   qu'il  n'en  sait  rien. 
Interrogé  s'il 
chargées  d'; 

Repond  qu'il  n'en  sait 

Lecture    faite    du    prese 
6oleyman  accusé  ,  à   .Volili 


é  confronté  avec  ledit  Mousttala 
tte   fois  l'EfTendy    Mousttafa  ,  et 


]ue  cet  homme  est 
:  lui  convenait  pas  de  lui  faire  part  de 


d'autres    personnes 


qu'il  y    ait  ai 
les  français. 

sait   rien  ;  et  qu'il   ne   le  croit  pas. 
présent   procés-vrrbal    de    confrontation    .\ 
el-Gliaz2y  ,  à  Seyd  .'Vhhrned  el- 


Oualy  et  à  Seyd  A'bduAllah  el-Ghai 
leurs  réponses  contiennent  vérité  ,  qu'ils  n'ont  rien  à  ajouter 
ui  à  diminuer  ,  qu'ils  persistent  ;  et  ont  signé  avec  nous  ,  Bra- 
cttaick  et  Lhomaca  ,   interprètes  ,    et  le   grcllîer. 

Au  Kaire  ,  les  jour ,  mois  et  in  que ,  d'autre  part.  Suivent 
le$  signatures   des  accusés  en^arabe. 

Signé,  Bapthtf  Santi  Lhmaca  ,  drogman  ;  le  premier  secrétaire 
interprète  du  généiaï  cm  chef ,  Damien  Braceu/icà  ;  Sarttlan  ; 
fiait ,  greffier. 

Et  après  avoir  clos  ledit  interrogatoire  ,  moi  commissaire 
rapporteur  ai  d(  mandé  aux  quatre  prévenus  s'ils  voulaient  se 
choisir  un  ami  pour  défenseur  ;  et  nous  ayant  déclaré  qu'ils  ne 
pouvaient  en  désigner  aucun  ,  nous  avons  fait  choix  du  nommé 
Lhomaca  ,    interprète  ,   pour  remplir  cet  objet. 

Au   Kaire  ,  les  jour ,  -mois  et  an  que  dessus. 

Signis  ,   Sartelon  ,  PiNir  ,  greffier. 


Aujourd'h 
îaise  ,  moi  , 
pour  JUffer  l 
appeb 


Interrogatoire  de  Mousttafa  Effendy. 

la  république  fran- 


vingl-six  prairial  an  huit 
soussigné  rapporteur  de  ladite  commission  nommée 
les  assassins  du  général  en  chef  Kleber  ,  al  fait 
iBt  moi  le  nommé  Mousttafa  Effendy  ,  pour  l'in- 
terroger sur  les  faits  résultans  dudit  assassinat  ;  auquel  inter- 
rogatoire j'ai  procédé  ,  assisté  du  citoyen  Finet  ,  greffier  de  la 
commission. 

Interrogé  de   ses  noms  ,  âge  ,  domicile  et  profession. 
Répond    s'appeler    Mousttafa    Effendy  ,    natif  de    Brouze    en 
Bithynie  .    âgé    de  quatre-vingt-un  ans ,   et  être  maître  d'école. 

Interrogé  s'il  a  vu  depuis  un  mois  le  nommé  Soleyman 
d'.^lep. 

Répond  que  cet  homme  a  été  son  élevé ,  il  y  a  trois  ans  ; 
qu'il  l'a  vu  ,  il  y  a  dix  ou  vingt  jours  qu'il  est  venu  coucher 
cliez  lui  ;  mais  que  ,  comme  il  est  pauvre  ,  il  lui  a  dit  de 
cliercJier    un    asyle  ailleurs. 

înterrogé  si   le   nommé   Soleyman 

assassiner  le  général  en  chef. 
;   qu'il  est  venu   seulement  ch< 


venu  de  Syrie 
Répond  que 


6alu 


i  dit  qu'il  était 

lut  pour  le 

pas  parlé  des  motifs  qui  l'avaient 

:n  est  pas  informé. 

Repond  qu'il  n'a  été  occupé  que  de  le  renvoyer  ,  parce  qu'il 

est    pauvre  ;    qu'il    lui     a    cependant    demandé  ce    qu'il    venait 

faire  ,    et  qu'il   lui   a  dit  qu'il  venait  se  perfectionner  dans   la 

lecture. 

Interrogé   s'il  ne  sait  point  qu'il  soit  allé  voir  quelqu'un  au 
"^aire  ,  notamnient  des  cheykhs  considérables. 

Répond  qu'il  n'en  sait^ien,    parce  qu'il  l'a  vu   très-peu  de 
que  d'ailleurs  ,   vu  son  âge  et  ses  infirmités  >  il  sort 


peu   de  chez    lu 

Interrogé  s'il  n'enseigne  pas  le  qoran  à  ses  élevés. 

Répond  que  oui. 

Interrogé  si  le  qoran  ordonne  les  combats  «acres  ,  et  prescrit 
àt  tuer  Us  înfidelles. 

Répond  qu'il  connaît  les  combats  sacrés  ,  et  que  le  qoran 
en  parle. 

Interrogé  s'il  enseigne  de  pareils  principes  Â  ses  élevés. 

Répond  qu'un  vieillard  n'a  rien  à  faire  dans  tout  cela  ;  mais 
qu'il  est  vrai  que  le  qoran  parle  des  combats  sacrés  ,  et  que 
celui  qui  tue    un  infideile  Cùt  dans  le  chemin  de  la  direction. 

Interrogé   s'il  a  appris  d'aussi  belles  choses  à  Soleyman. 

Répond  qu'il  ne  lui  a   appris  qu'a  écrire. 

Interrogé  s'il  sait  qu'uu  musulman  a  tué  hier  le  général  en 
chef  de  Taroiee  française  ,  qui  n'était  pas  de  sa  religion  ,  et 
ei ,  d'après  les  principes  du  qoran ,  cette  action  est  louable  et 
approuvée  par   le  prophète. 

Répond  que  celui  qui  tue  doit  être  tué  ;  que  quant  à  lui 
il  croit  que  l'houneur  des  français  est  aussi  l'honneur  des  mu- 
sulmans ;  et  que  si  le  qorïu  dit  autre  cUuse  ,  ce  n'est  pas  sa 
faute. 


De  suite  ledit  Soleyma; 
Effendy. 

Interroge  s'il  a  vu  pli 
s'il  lui  a  fait  part  de  soi 

Répond  qu'il  ne  l'a  vu 
qu'il  est  venu  seulemeni 
vieux  et  inlirme,  et  qu'il 
son  projet. 

Interrogé  s'il  n'est  pas  de  la  secte  des  combats  sacrés  ,  et  si  les 
cheykhs  de  la  ville  ne  l'ont  pas  autorisé  à  tuer  au  Kaire  les  infi- 
delles ,  pour  gagner  les  bonnes  grâces   du  prophète  Mohhammed. 

Répond  qu'il  a  parlé  des  combats  sacrés  seulement  aux  quatre 
cheykhs  qu'il  a  nommés. 

Interrogé  s'il  n'en  a  pas  parlé  au  cheykh  Cherqaoui. 

Répond  qu'il  ne  voit  pas  ce  cheykh  ,  parce  qu'ils  ne  sont  pas 
musulmans  du  même  rit  ;  que  le  chevkh  Cherqaoui  est  de  la 
secte  de  Chate'y  ,  et  lui  de  la  secte  de  Hhanefy. 

Lecture  faite  à  Solcyman  et  à  Mousttafa  de  leurs  réponses  ,  ils 
ont  déclaré  qu'elles  contenaient  vérité  ,  qu'ils  n'avaient  rien  à 
ajouter  ni  à  diminuer  ;  et  ils  ont  signé  avec  nous  ,  le  greffier  et 
le  citoyen  Lhomaca  ,  interprète. 

Au  Kaire  ,  les  jours,  m^ois  et  an  que  d'autre  part. 

Suivent  les  signatures  des  accusés,    en  arabe. 

Signés  ,    B.  Sanli  Lhomaca,  Sartelon  ,  P'Mel ,  greffier. 

Rapport/ait  le  2^  prairial  an  8  ,  par  le  commissaire 
ordonnateur  Sartelon ,  à  la  commission  chargée 
de  juger  l'assassin  du  général  en  chef  Kleber  ,  et 
ses  complices. 

Citoyens, 

Le  deuil  général  et  ta  douleur  profonde  donl 
nous  sommi-'S  environnés  ,  nous  annoncent  assez 
la  grandeur  de  l.i  perte  que  l'armée  vient  d'é- 
prouver. Au  milifu  de  ses  triomphes  et  de  sa 
g'oite  ,  notre  général  nous  est  tout-à-coup  en- 
levé par  le  ter  d'un  assassin  ,  dont  la  trahison 
et  le  fanatisme  ont  stipendié  la  main  parricide 
et  mercenaire.  Chargé  de  provoquer  contie  cet 
homme  exécrable  et  ses  complices  ,  la  ven- 
geance des  lois  ,  qu  il  me  soit  permis  d'unir 
un  moment  mes  pleurs  et  mes  regrets  à  ceux 
dont  sa  victime  est  parmi  nous  le  triste  ,  mais 
honoiable  objet  ;  mon  cœur  sent  vivement  le 
besoin  de  lui  rendre  ce  tribut  justement  mérité  ; 
ma  lâche  m'en  semblera  plus  facile  ,  et  j'entre- 
rai avec  moins  de  dégoût  dans  les  détails  dont 
cet  affreux   événement  se  compose. 

Vous  venez  d'entendre  la  lecture  de  l'infor- 
mation ,  de  l'interrogatoire  des  prévenus  ,  et  des 
autres  pièces    de  la  piocédure. 

Jamais  crime  ne  fut  mieux  prouvé  que  celui 
dont  vous  allez  jugez  les  perbdes  auteurs  :  les 
déclarations  des  témoins  ,  l'aveu  de  l'assassin  et 
de  ses  complices,  tout  en  un  mot  se  réunit  pour 
jeter  une  clarté  horrible  sur  cet  infâme  assas- 
sinat. 

Je  vais  parcourir  rapidement  les  faits  ,  et  re- 
tenir ,  s  il  est  possible  ,  l'indignation  qu'ils  ins- 
pirent. Que  lEurope  ,  que  le  Monde  entier 
!  apprennent  que  le  ministre  suprême  de  l'empire 
ottomatj  ,  que  ses  généraux  ,  que  son  armée 
ont  eu  la  lâcheté  d'envoyer  un  assassin  au  brave 
el  malheurtuxKleberqu  ils  n'avaient  pu  vaincre  , 
et  qu  ils  ont  ajouté  à  la  honte  de  leur  défaite  celle 
du  crime  atroce  dont  ils  se  sont  souillés  aux 
yeux  de  l'univers. 

Vous  vous  rappelez  tous  cet  essaim  d'osman- 
lis  accourus  il  y  a  trois  mois  ,  à  la  voix  du  visir  , 
de  Coostantinople  et  du  fond  de  l'Asie  ,  pour 
s'emparer  de  lÊgypte  qu'ils  prétendaient  nous 
forcer  de  quitter  en  vertu  d'un  traité  dont  leurs 
alliés  empêchiient  eux-mêmes  l'exécution. 

A  peine  les  restes  de  cette  borde  barbare  , 
vaincue  dans  les  plaines  de  Mathariéh  el  d'Hé- 
liopolis  ,  ont  repassé  honteusement  le  désert  , 
que  les  cris  de  rage  et  de  désespoir  se  font 
entendre   de  toutes  parts   dans  leurs   rangs. 

Le  visir  inonde  l'Egypte  et  la  Syrie  de  pro- 
clamations provoquant  au  meurtre  contie  les 
français  qui  l'ont  vaincu. 

C'est  sur-tout  contre  leur  général  qu'il  cherche 
à  assouvir  sa  vengeance. 

C'est  au  moment  où  les  habitans  d'Egypte  , 
égarés  par  ses  manœuvres  ,  éprouvent  la  clé- 
mence et  la  générosité  de  leur  vainqueur  ;  c'est 
au  moment  où  les  prisonniers  de  son  armée  sont 
accueillis ,  et  ses  blessés  reçus  dans  nos  hôpi- 
taux ,  qu'il  met  tout  en  usage  pour  consom- 
mer l'affreux  attentat  qu'il  médite  depuis  long- 
tems. 

Il  se  sert  pour  l'exécuter  ,  d'un  agha  disgracié  : 
il  attache  au  crime  qu'il  lui  propose  ,  le  retour 
de  sa  faveur  et  la  conservation  de  sa  tête  déjà 
proscrite. 

Ahhmed  agha ,  emprisonné  à  Gaza  depuis  la 
prise  d'el-Arich  ,  se  rend  à  Jérusalem  après  la 
déiou.e  du  visir,  dans  les  premiers  joiirs  de 
germinal  dernier;  il  a  pour  prison  ia  maison 
du.  Mouisellem  ,  et  il  s'occupe  dans  cet  asyle  , 
du  projet  atroce  dont  il  a  eu  la  barbarie  de  se 
charger. 

Une  fatalité  inconcevable  semble  avoir  tout 
préparé  pour  l'exécution  de  la  vengeance  du 
visir. 

Soleyman  d  Alep  ,  jeune  homme  de  vingt- 
quatre  ans,  déjà  sans  doute  souillé  par  le  crime  , 


se  préseiite  chez  l'agha  ,  le  jour  même  de  soh 
arrivée  à  Jérusalem  ,  et  réclame  Sa  protection 
pour  soustraire  son  père  ,  marchand  d'Alep  , 
aux  avanies  périodiques  d'Ibrahym  ,  pacha  de 
cette   ville. 

Il  y  revient  le  lendemain.  Des  informations  ont 
éié  prises  sur  le  caractère  de  ce  jeune  fanatique  : 
il  est  reconnu  qu'il  se  prépare  à  être  reçu  lec- 
teur du  qoran  dans  une  mosquée  ;  qu'il  est  à 
Jérusalem  pour  un  pèlerinage;  qu'il  en  a  déjà  fait 
deux  autres  à  la  Mekke  et  à  Médine ,  et  que  le 
délire  religieux  est  porté  au  plus  haut  degré 
dans  sa  tête  troublée  par  de  fausses  idées  sur 
la  perfection  de  l'islamisme  ,  dont  il  croit  que 
ce  qu'il  appelle  les  combats  sacrés  et  la  mort 
des  iiifidelles ,  sont  le  gage  le  plus  précieux  et 
le  plus  assuré. 

Dès  ce  moment  Ahhmed  agha  n'hésite  plus 
à  lui  parler  de  la  mission  qu'il  désire  lui  con- 
fier ;  il  lui  piomet  sa  protection  et  des  récom- 
penses ;  il  l'adiesse  à  'ifassyn  agha  ,  qui  com- 
mande à  Gaza  un  détachement  de  l'armée  du 
visir  ,  et  l'envoie  quelques  jours  après  pour 
recevoir  de  lui  les  instructions  et  l'argent  qui  lui. 
sont   nécessaires. 

Soleyman,  déjà  plein  de  son  crime,  se  met 
aussitôt  en  route  ;  il  demeure  vingt  jours  au 
village  de  Khalyl ,  dans  la  Palestine  ;  il  y  attend 
une  caravanne  pour  passer  le  désert;  et  rempli 
d'impatience  ,  il  arrive  à  Gaza  dans  les  premiers 
jours  de  floréal  dernier, 

Yassyn  agha  le  loge  dans  une  mosquée 
pour  entieteniji  son  fanatisme;  il  le  voit  souvent 
en  secret  ,  soit  de  jour  ,  soit  de  nuit  ,  pendant 
les  dix  jours  qu'il  passe  dans  cette  ville  ;  il  lui 
donne  des  instructions ,  et  quarante  piastres 
luikes  ,  et  le  fait  eiiBn  partir  sur  un  dromadaire 
av(  c  une  caravanne  'qui  le  conduit  en  six  jour» 
en  Egypte. 

Muni  d'un  poignard  ,  il  arrive  vers  le  milieu 
du  mois  de  floréal  au  Kaire  ,  où  il  a  déjà  passé 
trois  ans;  il  se  loge,  suivant  ses  instructions, 
à  la  grande  mosquée ,  et  se  piépare  au  crime 
pour  lequel  il  y  est  envoyé  ,  par  des  invoca- 
tions à  1  être  suprême  ,  et  des  prières  écrites  qu'il 
place  sur  les  murs  de  la  mosquée. 

Il  y  est  reçu  par  quatre  lecteurs  du  qoran  , 
nés  comme  lui  dans  la  Syrie  ;  il  leur  fai_t  part 
de  sa  mission  ,  les  en  entretient  à  chaque  ins- 
tant, et  n'en  est  détourné  que  par  la  difficulté 
de  l'entreprise ,  et  le  danger  qu'ils  trouvent  à 
l'exécuter. 

Mohhammed  el-Ghazzy  ,  Seyd  Ahhmed  el- 
Oualy ,  A'bd-Allah  el-Ghazzy  et  A'bdou-el-Qadyr 
el-Ghazzy  ,  reçoivent  la  confidence  de  ce  projet 
sans  rien  faire  pour  empêcher  de  le  consommer, 
et  s'en  rendent  complices  par  leur  silence  constant 
et  soutenu. 

L'assassin  attend  au  Kaire  sa  victime  pendant 
trente  et  un  jours  ;  il  se  détermine  enfia  à  partit 
pour  Gyzéh ,  et  confie  le  jour  de  son  départ 
l'objet  de  son  voyage  à  Mohhammed  el-Ghazzy, 
l'un   des  prévenus. 

Il  semble  que  tout  concourre  à  favoriser  soni 
crime  ;  le  général  part  de  Gyzéh  ,  le  lendemain 
de  son  arrivée ,  pour  se  rendre  au  Kaire  ;  Soleymat» 
le  suit  pendant  toute  la  route  ,  on  est  obligé  plu- 
sieurs fois  de  l'éloigner;  mais  il  poursuit  toujours 
sa  victime  ,  et  parvient  enfin  le  25  de  ce  mois  à  se 
cacher  dans  le  jardin  du  général  t  il  l'aborde 
pour  lui  baiser  la  main  ;  son  air  de  misère  inté- 
resse ;  il  n'est  point  tepoussé  ,  et  il  profite  de  ce 
-moment  d'abandon  pour  lui  porter  quatre  coups 
de  poignard.  En  vain  le  citoyen  Protdin  ,  archi- 
tecte et  membre  de  l'Institut,  se  dévoue  géné- 
reusement pour  lui  sauver  la  vie  ,  son  courage 
est  inutile  ,  et  il  reçoit  lui-même  six  blessures 
qui  le  mettent  hors  de  combat. 

C'est  ainsi  qu'est  tombé  sans  défense  sous  les 
coups  d'un  assassin  ,  celui  qui  dans  une  carrière 
militaire  remplie  de  gloire  et  de  daagers ,  fut 
respecté  par  les  hasards  de  la  giierre;  qui  le  pre- 
mier passa  le  Rhin  à  la  tête  des  armées  répu- 
blicaines, et  conquit  glorieusement  une  sec'ondc 
fois  lEgypie  envahie  par  une  nuée  d'osmanlis. 

Que  pourrais-je  ajouter  à  la  douleur  profonde, 
dont  il  est  l'objet!  les  larmes  des  soldats  dont  il 
fut  le  père  ,  les  regrets  des  généraux  qui  furent 
les  compagnons  de  ses  travaux  et  de  sa  gloire, 
le  deuil  et  la  consternation  de  l'armée  ,  sont  le 
seul  éloge  digne  de  lui. 

L'assassin  Soleyman  n'a  pu  éviter  les  recher- 
ches des  troupes  indignées;  le  sang  dont  il  était 
couvert,  son  poignard  ,  son  air  égaré  et  farouche 
ont  découvert  son  crime  :  il  l'avoue  et  nomme 
ses  complices;  il  semble  s'applaudir  du  meurtre 
infâme  qu'il  vient  de  commettre.  Dans  lus  inter- 
rogatoires qu'il  subit,  et  à  la  vue  des  supplices 
qui  l'attendent,  il  conserve  un  calme  inaltérable 
qui  devrait  être  le  fruit  de  l'innocence ,  mais  qui 
trop  souvent  aussi-est  le  partage  du  fanatisme. 

Les  complices  avouent  également  la  confi- 
dence qui  leur  a  été  faite  du  projet  de  l'assassinat 
qu'ils  ont  laissé  consommer  par  leur  silence. 

Ea  vain  ils  prétendent  qu'ils  n'ont  jamais  cru 


Soleyman  capable  de  ce  crime  ;  en  vain  ils  a3su- 
tenl  qu'ils  l'auraient  révélé  ,  s'ils  avaicnl  pu  pen- 
ser qu'il  eût  eu  réellement  l'inienlion  de  le  com- 
mettre :  les  faits  parlent  contr'eux  ;  ils  ont  reçu 
l'assassin  ,  ils  1  ont  accueilli  ,  ils  ne  l'ont  détourné 
de  son  projet  ,  qu'à  raison  du  danger  perîonncl 
qu'il  courait;  ils  sont  donc  ses  complices,  et 
tien  ne  peut  les  excuser. 

Je  ne  parle  point  de  Mousttafa  EfFendy  :  il 
n'existe  cotître  ce  vieillard  aucune  preuve  qui 
puisse  le  faire  regarder  comme  compli(:c. 

Le  genre  de  supplice  à  prononcer  contre  les 
prévenus  est  laissé  entièrement  à  votre  choix 
par  l'arrêté  qui  vous  charge  de  leur  jugement 
définitif  ;  je  crois  devoir  vous  engager  à  n'en 
adopter  aucun  qui  ne  soit  en  usage  dans  le  pays; 
mais  la  grandeur  de  l'attentat  exige  qu'il  soit  ter- 
rible :  celui  de  l'empalement  me  parjît  convena- 
ble. Que  la  main  de  cet  homme  infâme  soit  brû- 
lée avant  tout  ;  qu'il  expire  ensuite  sur  son  pal  , 
et  que  son  corps  y  reste  exposé  jusqu'à  ce  qu'il 
soit  dévoré  par  les  oiseaux  de  proie. 

Quant  aux  complices  ,  quoique  leur  délit  soit 
grand,  il  semble  que  leur  supplice  doive  être 
moins  sévère  que  celui  de  l'assassin  ;  la  simple 
peine  de  mort  ,  telle  qu'elle  est  adoptée  en 
Egypte,  doit  suffire,  et  je  crois  devoir  vous  la 
proposer. 

Que  le  visir.  que  les  féroces  osmanUs  qu'il  com- 
mande ,  apprennent  en  frémissant  le  châtiment  du 
monstre  qui  osa  se  charger  de  leur  vengeance 
atroce.  Leur  crime  prive  ,  il  est  vrai  ,  l  armée 
d'un  chef  qui  sera  toujours  l'objet  de  nos  regrets 
et  de  nos  larmes  ;  mais  qu'ils  n'espèrent  point 
abattre  nos  courages  :  le  successeur  du  général 
que  nous  avons  perdu  ,  déjà  connu  par  ses  talens. 

Far  sa  bravoure  et  par  les  qualités  brillantes  q  ;i 
ont  distingué  dans  sa  carrière  politique  et  mi-  . 
liiaire  ,  saura  nous  conduire  aussi  à  la  victoire  ; 
et  les  lâches  qui  ne  rougirent  pas  de  se  venger 
de  leur  défaite  par  un  assassinat  dont  l'hisioire 
n'offrit  jamais  d  exemple ,  ne  retireront  de  cet 
acte  de  baibarie  d'autre  fruit  que  de  sê're  dés- 
honorés inutilement  aux  yeux  de  l'univers. 

C'est  sur  les  considérations  développées  dans 
ce  lapport ,  que  je  motive  mes  contlubions  qui 
tendent  :i°.  A  ce  que  le  nommé  Soleynian  d  A- 
lep  soit  déclaré  convaincu  d'avoir  assassiné  le 
généra!  eu  chef  de  l'armée,  Klebsr;  qu'il  soit  con- 
damné à  avoir  la  main  droite  biûléc  ,  à  êire  cm- 
paié ,  et  à  expiier  ensuite  sur  son  pal  où  il  res- 
tera jusqu'à  ce  que  son  cadavre  soît  dévoré  par 
les  oiseaux  de  proie;  2°.  A  ce  que  les  trois 
cheykhs  Mohhammtd  ,  A'bd-AUah'et  Ahhiued 
el-Ghazzy  soient  déclarés  complices  dudii  assas- 
sinat ,  et  comme  tels  condamnés  à  avoir  la  lêie 
tranchée  ;  3*.  A  re  que  l;  che\kh  .'Vbd  el-Qadyr  , 
contumace  ,  soit  aussi  condamné  à  la  même 
peine  ;  4".  A  ce  que  1  exécution  ait  lieu  au  retour 
du  cortège  funéraire  ,  en  présence  de  l'aimée  et 
des  gens  du  pays  rassemblés  à  cet  effet  ;  5°.  A  et 
que  Mousitàffa  EEendy  soit  déclaré  non  cou- 
vaincu  de  complicité  ,  et  mis  en  liberté  ;  6°.  Enfin, 
à  ce  que  le  jugement  et  les  pièces  du  procès  scient 
impiimés  et  affichés  au  nombre  de  ciaq  cents 
exemplaires  ,  et  traduits  en  langues  turke  et  arabe, 
pour  être  placardés  'ians  les  différentes  provinces 
de  1  Egypte  ,  aux  lieux  accoutumés  et  désignés 
à  cet  effet. 

Au  Kaire  ,  le  27  prairial  an  8  de  la  république 
française. 

Signé,  Sartelon. 

Suit  le  jugement  de  la  commission  ;  il  est  inséré 
textuellement  dans  le  n".  du  go  fructidor  an 8. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  igfrimaire  an  g. 

Au    NOM       OU     PEUPLE     FRANÇAIS. 

.  Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république , 
sur  le  rapport  du  ministre  de  la  guerre  .  ariête  : 

Art.  1".  'Voulant  donner  au  général  de  brigade 
Fugieres,  employé  à  larmée  d'Otient,  des  preu- 
ves de  saiislaction  de  ses  précédens  services  ,  le 
nomme  commandant  en  chef  de  la  succursale 
d  invalides  ,  qui  sera  établie  incessamment  dans 
la  8'  division  militaire  ,  en  exécution  de  l'arrêté 
du  7  fructidor  an  8. 

IL  II  aura  sous  ses  ordres  un  chef  de  brigade 
commandant  en  second  ,  et  un  commissaire  des 
guerres  de  première  classe  ,  ainsi  que  tous  les 
employés  a  l'établissement. 

III.  Il  sera  statué  incessamment ,  par  un  autre 
arrêté,  sur  l'organisation  rhililaire  et  civile  de  cet 
établissement  ,  pour  établir  ses  rapports  ,  tant  avec 
le  ministre  qu'avec  le  conseil  d'administration  de 
l'hôtel  à  Paris. 

IV.  Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonapakie. 

Par  le  premier  consul  , 

Lt  ttcrétime- d'état  y  signé  ,  H  B.  Maret. 


571 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les   consuls  de  la  république  arrêtent  ; 

Art.  I=r_  ji  3^.f3  formé  deux  corps  d'écluireuts  , 
un  dans  le  (lépariemeni  duVar,  et  I  autie  dans 
celui  des  Bouchcs-du-Rhône. 

IL  Celui  des  Bouches-du-Rhône  sera  composé 
de  trois  compagnies  d'édaireurs  ,  di.-  la  19= 
demi-brigade  de  ligne,  chaque  compagnie  com- 
posée de  60  hommes  ;  de  trois  compagnies  d'é- 
daireurs de  la  74^  ,  chacune  composée  de  60 
hommes  ,  de  3o  gendarmes  à  cheval,  et  de  3o 
chasseurs   ou  hussards  tirés  des  dépôts. 

III.  Le  corps  d'édaireurs  du  Var  sera  composé 
de  trois  compagnies  d'édaireurs  du  corps  de  la 
marine  ,  chacune  composée  de  60  hommes  ; 
de  t.ois  compagnies  de  carabiniers  de  la  7'  lé- 
gère ,  chacune  de  60  hommes  ;  de  trois  com- 
pagnies d'édaireurs  de  la  7' légère  ,  chacune  de 
60  hommes;  de  3o  gendarmes  et  de  3o  chasseurs 
ou   hussards  pris  dans  (es  dépôts. 

IV.  Chacun  de  ces  corps  d'édaireurs  sera 
commandé  pir  un  général  de  brigade  ;  il  aura 
à  sa  suite  une  commission  niililaire  cxtraoïdi- 
naire  ,  qui  jugera  les  brigands  dans  les  24  heures 
de  leur  arrestation  :  cette  commission  sera  nom- 
mée par  le  général  commandant  la  division. 

V.  Ces  corps  poursuivront  les  brigands  ,  sans 
avoir  égard  au  département  ,  et  par-tout  oià  ils 
se  réfugieront.  Ils  resteront  constamment  à  leur 
poursuite. 

VI.  Les  ministres  de  la  guerre  ,  de  la  marine 
et  de  la  police  générale  ,  sont  chargés,  chacun 
en  ce  qui  le  concerne  ,  de  l'exécution  du  présent 
arrêté  ,   qui   sera  inséré   au    Bulleiin   des  lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,   Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-  d'état,  signé,  H.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la.  république  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  des  finances ,,  le  conseil-d'état  en- 
tendu ,  arrêtent  : 

Ait.  1*='.  La  commission  de  comptabi'ilé  natio- 
nale est  chargée  ,  en  exécution  de  l'art.  LXXXIX 
de  la  constitution  ,  de  vérifier  et  de  régler  les 
comptes  des  recettes  et  des  dépenses  de  la  lépu- 
publique. 

II.  Après  la  vérification  d'un  compte  ,  la 
commission  de  comptabilité  nationale  prendia 
un  premier  arrêté  dont  elle  inlormcia  ,  par  lettre 
chargée  ,  le  comp'able  pour  qu'il  ait  à  t'ad- 
roeiire  ou  le  debattie  ,  et  fasse  It-s  justificatious 
requis'  t  dans  le  délai  de  deux  mois  prescrit  par 
la  loi  ;  apiès  ce  dél.ii  ,  elle  prencira  un  dernier 
arrêiè  dont  elle  donnera  également  connaissance 
au  comptable  par  lettre  chargée. 

III.  La  commission  de  comptabilité  nationale  . 
d'après  la  connaissance  qu'elle  aura  piise  de  la 
situation  des  comptables  ,  déclarera  ,  s'il  y  a  lieu 
à  mdin  levée  et  radiation  ,  restriction  ou  trans- 
lation des  saisies  ,  oppositions  ,  inscriptions-hy- 
pothécaires assises  sur  leurs  biens  au  nom  de  Ja 
république  ;  elle  en  informera  le  ministre  chargé 
de  l'administration  du  trésor  public  ,  pour  qu  il 
fasse  suivre  l'exécution. 

Lorsque  ,  par  le  résultat  du  règlement  des 
comptes,  les  comptables  se  trouveront  en  avance, 
une  expédition  de  ce  règlement  sera  adressée  au 
ministre  des  finances ,  pour  qu'il  ordonne  le  rem- 
boursement et  le  fasse  effectuer  p.ir  le  trésor 
public. 

Lorsque  les  comptables  seront  quittes  ,  la  com- 
mission prononcera  leur  décharge  ,  conformé- 
ment aux  lois  des  28  pluviôse  an  3  et  18  frimaire 
an  4. 

IV.  Dans  le  cas  où  les  comptables  refuseraient 
ou  différeraient  soit  de  rendre  leurs  comptes  à 
la  comptabilité  nationale  ,  soit  d'en  solder  les 
débeis  et  de  lui  en  justifier  aux  époques  pres- 
crites par  les  lois  et  réglemens  .  la  commission 
décernera  contre  eux  des  actes  déclaratifs  ,  et  les 
adressera  au  ministre  chargé  spécialement  de  l'ad- 
ministration du  trésor  public  ,  auquel  il  est  or- 
donné de  faire  poursuivre  sans  délai,  ni  surséance 
par  l'agent  du  trésor  public  ,  lesdits  comptables  , 
leurs  héritiers  et  ayant-cause  ,  de  la  manière  dé- 
terminée par  la  loi. 

V.  Les  commissaires  de  la  comptabilité  natio- 
nale inlormeront   le   gouvernement  des  abus  et  i 
malversations  qu'ils  découvriront  dans  le  cours  de 
leurs  opérations. 

VI.  Ils  correspondront  immédiatement  avec 
les  ministres. 

Ils  correspondront  aussi  immédiatement  avec 
les  divers  agens  du  gouvernement  ,  pour  en 
obtenir  les  tenseignemens  et  pièces  dont  leurs 
vérifications  rendront  la  représentation  nécessaire. 

Ils  informeront  le  gouvernement  des  difficultés 
sut  lesquelles  ils  croiront  ne  pouvoir  statuer. 

VIL  Les  décisions  et  arrêtés  de  la  commission 
de  complïbiliié  nationale  recevront  leur  exécu- 
tion provisoire  ,  sans  que  le  recour»  au  gouver- 
nement puisse  la  suspendre. 


•  VIII.  Lï  commission  de  comptabiliié  remettra 
au  gouvernement  tous  les  trois  mois  l'état  d  ■  se» 
travaux;  et  à  la  fin  de  chaque  année,  die  lui' 
en  piéscnieia  le  résu'tat  général  qui  sera  r.-nda 
public;  elle  proposera  les  vues  de  rélonrie  et 
d'amélioiaiion  dans  les  différentes  parties  de 
comptabilité. 

IX.  Lorsqu'il  vaquera  une  place  de  commis- 
saire à  la  comptabiliié  nationale,  la  commission 
en  instruira  le  gouvernement. 

X.  Les  copimissaires  de  la  comptabilité  natio- 
nale rég'eioni  l'organisation  de  leurs  bureaux  et 
l'ordre  des  travaux  ,  nommeront  et  révoqueront 
les  employés  ,  distribueront  les  giades  et  icstrai- 
temens. 

XI.  Le  secrétaire  généra!  de  la  commission  de 
comptabilité  signera  les  ampliations  ,  copies  col- 
laiionnées  et  cxuaits  des  arrêiés. 

L'archiviste  signera  et  délivrera  ,  sous  sa  res- 
ponsabilité, et  dans  les  cas  auiorisés  par  les  lois, 
les  extraits  ,  certificats  et  copies  collactionnèea 
des  pièces  déposées  aux  archives  de  la  compia- 
bi'iié. 

Ils  ne  pourront  communiquer  ni  laisser  sortir 
des  dépôts  et  hors  du  local  de  la  comptabilité  , 
aucun  compte  ,  registre,  ni  papier,  sans  l'aato- 
risation  des  commissaires. 

XII.  Il  est  interdit  aux  employés  de  tous  gra- 
des ,  et  sous  peine  de  destitution  ,  de  communi- 
quer ni  correspondre  avec  les  comptables,  de  se 
charger  directement  ou  indirectement  de  leur 
procuration  ,  et  de  s  intéresser  dans  aucune  fer- 
me ,  régie  nationale ,  entreprise  ou  marché  qui 
donne  lieu  à  la  Comptabilité  envers  la  république. 

XIII.  Les  sept  commissaires  de  la  comptabilité 
nationale  jouiront  du  même  traitement  que  cha- 
cun des  cinq  précédemment  établis. 

XIV.  Les  dépenses  des  bureaux  de  la  compta- 
bilité nationale  seront  déterminées  annuellement. 
La  commission  en  remettra  l'état  au  ministre  des 
finances. 

XV.  Le  ministre  des  finances  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté,  qui  tera  insèréaubullt  tin 
des  loix. 

Le  premier  consul  ,    signé,    Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
\        Le  secrétaire-d'état ,  signé  .  H.  B.  M.^ret. 


MINISTERE   DE    LA   GUERRE. 

Copie  de  la  lettre  écrite  au  ministre  de  la  guerre , 
par  le  génér.d  de  division  chef  de  l  état-major  de 
l'armée  du  Rhin.  —  Au  quartier-général  de  Rosen- 
he'im  ,  /«   19  frimaire  an  9. 

Je  m'empresse  de  vous  annoncer  que  l'armée 
du  Rhin  a  passé  ll-n.hieriS,  à  Neupeiisen  , 
entre  Ro<enheira  ctKufsicin.  Dès  le  soir  de  la 
journée  du  12  ,^e  général  Lecourbe  ,  comman- 
dant l'aîle  droite,  reçut  l'ordre  de  faire  ses 
préparatifs  de  passage  ,  et  d'  faire  une  recon- 
naissance sur  les  bords  de  1  Inn  pour  désig-rer 
le  point  le  pus  avantageux  à  rétablissement 
d'un  pont.  Il  fut  en  même  t;-ms  p;évenu  que  le 
corps  du  centre  fesait  un  mouvement  par  Haag 
et  Ebersberg  sur  Aibiinger, ,  pour  être  à  portée 
de  le  soutenir.  L'équipage  de  pont  fut  également 
dirigé  de  Munich  sur  Aiblingen  par  la  route  de 
Rosenhtira.  Le  18  au  matin,  les  trois  divisior^s  du 
centre  éiaient  sur  la  croisée  des  chemins  de  Ro- 
senfi'  im  et  Kufslein  ,  et  le  général  Lecourbe  . 
sur  Neupensen  .  point  désigné  pour  le  lieu  du 
passage.  A  six  heures  du  matin  précises,  le  gé- 
néral Lecourbe  fit  jetier  son  pont  sous  le  feu  "de 
treni .•  pièces  d'atilleiie  ;  l'ennemi  fut  forcé  d'a- 
bandonner les  bords  de  la  rivière,  et  le  pont 
fut  achevé  dans  l'espace  de  quatre  heures.  A  dix 
heures  du  matin  ,  une  a;rande  pattie  des  troupes 
était  sur  la  rive  droite.  On  avait  également  établi 
une  batterie  à  Rosenheim  pour  empêcher  l'en- 
nemi d'en  brûler  le  pont  ;  mais  garni  de  fascines 
et  de  matières  combustibles,  il  fut  impossible 
d'en   arrêter  l'incendie. 

Alors  les  divisions  Decacn  etGrouchy  reçu- 
rent l'ordre  de  se  porter  sur  Neupensen  ,  en  sou- 
lien  du  général  Lecourbe. 

Ce  lieutenant-général  ,  aussitôt  après  avoir  tf- 
feciué  son  passage  ,  se  mit  à  la  poursuite  de  l'en- 
nemi qui  ne  fit  aucune  résistance  .  jusqu  à  la  po- 
sition de  Stephankirck  où  il  voulut  soutenir  un 
effort.  Sa  droite  était  appuyée  à  des  hauteurs  qui 
bordent  l'Inn  ,  vers  Rosenheim  ,  et  sa  gauche  au 
Siiiibsec.  Il  avait  garni  de  troupes  les  hauteuis 
en  avant  de  sa  position  ,  pour  gêner  la  marche 
du  général  Lecourbe  ,  et  1'e.mpêcher  d'airiverà 
la  chaussée  de  Vildervand  à  Rosenheim  ,  qu'il 
ne  pouvait  gagner  qu'à  travers  des  marais  et  des 
défilés  affreux. 

Le  général  Lecourbe  força  bientôt  toutes  ces 
troupes  à  se  replier  ;  il  ordonna  ensuite  au 
général  Gudin  de  diriger  lu  brigade  du  général 
Puthoil  surEndorf,  pour  trouver  le  fl  .ne  "gauche 
de  l'ennemi  ,  et  à  deux  bataillons  de  la  84'  de 
marcher  par  Lautetbach  ,  et  de  longer  l'Inn  pour 
attaquer  sa  dioite  ,  tandis  que  le  général  Mon- 
trichard  ,    arrivé  à  la  ch.iussée   de   Vildervand  , 


37'2 


Jevait  marcher  pouf  aborder  le  centre.  Ces  dis- 
posiiiotis  forcèrent  rcniiemi  à  la  retraite  ,  en 
laissant  5  à  600  prisonniers  dans  nos  mains.  La 
Duit  l'a  empêché  d'aller  très-loin  à  sa  poursuite. 
La  division  Decaen  ,  arrivée  sur  la  fin  de  1  artaire  , 
prit  position  à  hauteur  de  Roscinhcim  ,  à  la 
gauche  du  généial  'Lecouibe.  La  division  Giou- 
chy  se  tint  en  réserve.  La  division  Richepsnse  a 
passé  ce  matin  1  Inn  sur  un  pont  de  bateaux 
établi  dans  la  nuit.  Il  marche  sur  Vasserbou'g  , 
«andis  que  le  général  Lecourbe  se  pone  sur 
Secbruck  à  la  lête  du  Chiemsec.  L'ennemi 
coniinue  sa  retraite  ,  et  tout  fdi  préium.r  au 
cénéral  en  chef  qu'il  va  se  reformer  derrière 
la  Salza. 

L'ennemi  montra  hier  environ  12,000  hommes  : 
dèà  que  les  rapports  paiticuliers  seront  parvenus , 
je  m'empresserai  de  vous  faire  connaître  en  dé- 
tail tous  les  mouvemens  de  cette  biillanLe  opé- 
ration .  et  de  vous  désigner  les  traits  par  lesquels 
se  sont  distingués  les  corps  ,  plusieurs  officiers 
et  soldats.  Le  général  Lecourbe  a  eu  un  des  pans 
de  son  hibit  emporté  par  un  boulet  de  canon. 

L'artillerie  et  le  corps  des  pontonniers  ont  dé- 
ployé dans  cette  journée  ,  la  plus  grande  activiié 
et  la  plus  grande  bravoure. 

Salut  et  respect  ,  Signé,  Dessolles. 

Pour  copie  conforme  , 
Le  ministre  de  la  guerre  , 

^igTie,  Alexandre  Berthier. 


THEATRE        FEYDEAU. 

L'auteur  de  l'opéra  nouveau  donné  hier  à  ce 
théâtre  sous  le  titre  d'Ovinska,  n'a  pas  voulu 
quitter  le  voile    de   l'anonyme. 

On  suit  que  Menzikoff  mourut  d«ns  son  exil, 
et  qu'nprès  sa  mort  seulement  ,  ses  enfans  dé- 
couvrirent que  les  Dolgorouski  ,  auteurs  de  l'exil 
de  leur  père,  s'étaient  comme  lui  vus  bannis  à 
leur  tour. 

L'auteur  ,  en  choisissant  MenzikofF  pour  le 
héros  de  son  drame  ,  a  confondu  Its  époques  . 
déplacéjes  événemens  :  il  fait  paraître  Menzikoff 
vivant  en  piésence  de  son  ennemi.  Sa  fille, 
Ovinska  ,  se  trouve  dans  cette  situation  qui  , 
depuis  Chimene  jusqu'à  Juliette  ,  toujours  imitée 
à  la  scène  ,  y  païaît  toujours  inié:essanie  et 
dramatique. 

L'auteur  a  tiré  un  assez  faible  parti  de  la  haine 
qui  existe  entre  les  Menzikoff  et  les  Dolgo- 
rouski ,  (  auxqui.ls  il  donne  le  nom  de  Doloski), 
de  la  (^>osition  de  ces  deux  rivaux  qui  ne  purent 
Sass.oii  ensemble  au  laîte  des  honneurs,  et 
qu'une  même  infortune  accable  et  réunit  daos 
les  horreurs  d'un  commun  exil.  L'amour  dO- 
vinska  pour  le  fils  de  Doloski  ,  produit  quelques 
scènes  mal  amenées  ,  peu  développées  ,  mais 
dont  le  fond  ■.  st  attachant.  La  téconciliation  des 
proscrits  ,  leur  rappel  à  Pétersbourg  ,  le  mariage 
de  leurs  enfans,  lorment  le  dénoûmerjt:  il  inté- 
resse peu,  moins  sans  doute  parce  qu'il  n'est 
point  historique  ,  que  parce  qu'il  est  faible  ,  tt 
produit  par   des  moyens  invraisemblables. 

Le  style  de  l'ouvrage  ne  racheté  nullement 
les  vice:  du  plan  ,  et  la  mauvaise  disposition 
des  scènes.  On  peut  reprocher  à  l'auteur  un 
dialogue  sans  mouvement  et  sans  chaleur,  des 
lieux  communs  ,  de  longs  raisonnemens  com- 
posés de  sentences  rebattues  ,  et  ressemblant 
assez  à  ce  qu'on  appelle  un  sermon  en  ptQ- 
veibes.  Au  milieu  d'un  dialogue  en  prose,  une 
foule  de  vers  frappent  l'oreiile  de  leur  cadence 
imprévue  ,  tandis  que  ,  par  un  contraste  bizarre, 
des  phrases  prosa'iques  déparent  les  passages 
écrits    en  vers. 

La  musique  a  reçu  de  très-vifs  applaudisse- 
mens  ,  l'ouverttire  est  d'une  vigueur  et  d'une 
beauté  soutenues.  Les  entr'actes  sont  des  mor- 
ceaux de  genre  très-piquans  ,  dans  lesquels  les 
motifs  connus  ,  soit  du  Pas  russe  ,  soit  de  la 
Marche  des  tartares  de  Kreutzer  ,  sont  ingénieu- 
sement introduits  :  le  premier  acte  offre  un  beau 
trio  ,  et  une  finale  dont  Chérubini  a  donné  le 
modrie  dans  les  deux  Journées ,  mais  sans  donner 
son  Secret.  Celle  de  Gaveaux  a  de  très-belles 
parties,  mais  elle  en  a  de  tiès-faibles  :  elle  est 
trop  longue;  quelques  traits  d'un  récitatif  froid 
et  déclamatoire  en  suspendent  trop  souvent  le 
mouvement.  L'ensemble  a  besoin  d'être  revu 
par  le  compositeur  ,  et  peut-être  aussi  par  le 
poète  ,  qui  réussira  sans  doute  à  terminer  ce 
moFceau  autrement  que  par  une  froide  moralité. 

Le  second  acte  ,  le  mieux  fait  et  le  plus  inté- 
ressant de  l'ouvrage  ,  est  semé  de  morceaux  où 
le  talent  naturel  et  facile  de  Gaveaux  s'est  plu 
à  opposer  le  ton  de  nos  vaudevilles  français  à 
celui  des  romances  galliques  et  des  chansonnettes 
russes.  Cette  opposition  ,  le  talent  des  chanteurs, 
et  celui  de  "Vernier  sur  la  harpe  ont  été  juste- 
meot  applaudis. 


Au  tJoisieme  acte  ,  les  choeurs  des  tartares  ont 
paiu  i.i'bles.  L'air  d'Ovinsk.i  sur  la  tombe  de  sa 
mère  nous  semblait  exiger  une  autre  couleur  , 
un  autre  mouv'-ment.  Nous  ne  parlerons  pas  du 
passage  oii  les  taitares  ,  émus  à  la  vue  des  char- 
mes d  Oviiiska  ,  changent  en  madrigaux  galans 
leurs  cris  de  fureur  et  di?  vengeance;  cette  situa- 
tion ridicule  sera  sans  doute  supprimée. 

Çn  général  .  cette  composition  fait  honneur  à 
Gaveaux  ;  mais  son  talent  est  assez  intéressant  , 
pour  qu'on  lui  peigne  le  danger  de  l'altérer  en 
en  déliassant  les  bornes  :  ne  peui-oa  p?.s  lui 
dire  ?  n  Vouséiiez  un  des  premiers  composiieurs 
dans  le  get.re  agréable;  vos  petits  airs  étaient 
des  modèles  ,  vos  accompagncmetis  légers  étaient 
cliarmans.  Je  crains  qu'on  ne  leiierine  pas  tout 
Ovinska  ,  et  tout  le  monde  sait  ,  répète  .  en- 
tend avec  un  nouveau  plaisir  votre  p'.emicr  ou- 
vrage qui  fut  voire  chef  -  d'œuvre.  C'est  que 
t' Amour  filial  était  de  vous  seul  ,  et  (\\iOviniita  , 
production  illégale  dans  ses  diverses  parties  ,  imi- 
tation de  différentes  écoles  ,  vivant  de  réminis- 
cences ,  offrant  quelquelois  la  couleur  locale 
qui  lui  est  propre  ,  et  plus  souvent  s'en  montrant 
dénuée  ,  paraît  le  fruit  d'une  longue  étude  ,  plu- 
tôt que  le  produit  d'une  vive  inspiration  ,  décelé 
le   tiavail  plus   qu'elle   n'atteste  de  verve. 

il  Continuez  donc  à  préten  're  au  prix  du  chant 
et  de  la  mélodie  ,  mais  laissez  disputer  un  prix 
plus  difficile  et  plus  élevé  à  ces  disciples  savans 
de  Gluck  ,  qui  fondant  une  école  nouvelle  sur  la 
réunion  de  celles  d'Allemagne  et  d'I:aliej,  recu- 
lent les  bornes  de  leur  att  ,  et  suivant  I  impulsion 
de  leur  génie  ,  semblent  cortiraindre  l'harmonie 
à  recevoir  des  lois  nouvelles  pour  enfanter  de 
nouvelles    beautés.  >> 

La  pièce  est  généialem^nt  très  -  bien  jouée  : 
madame  Scio  ,  dont  les  moyens  ont  de  plus  en 
plus  besoin  d'être  ménagés,  en  déploie  de  très- 
beaux  dans  le  rôle  d'Ovinska.  Gaveaux  fait  preuve 
de  talens  dans  le  tôle  ingrat  de  Doloski.  F.iy 
chanie  bien  celui  de  l'officier  français  ,  rôle  à-peu- 
piès  inutile.  Mais  en  caculant  les  dates  pour  ie 
choix  de  son  costume ,  il  s'est  trompé  d'un 
siècle  ou  à-peu-piès.  Les  décorations  sont  bel- 
les ,  elles  font  > honneur  aux  citoyens  Maihis  et 
Desroehes.  S 


Avant  le  départ  de  Kleber  pour  l'Egypte  , 
j'avais  obtenu  de  lui  de  modeler  sa  tête.  Je 
possède  le  seul  buste  qui  retrace  ses  traits  de 
grandeur  naturelle.  C  est  d'après  ce  buste  que 
j'ai  fourni  celui  qui  a  servi  au  i^^  vendemi.iire  ,  à 
1  hommage  rendu  à  sa  mémoire.  En  ce  moment , 
j'achève  le  marbre  qui  m'a  été  commandé  par 
le  premier  consul.  Je  me  déternaine  ,  iur  les  sol- 
licitations de  plusieurs  des  amis  de  Kleber  ,  a  faire 
faire  un  creux  pour  en  tirer  des  plâtres.  En  con- 
séquence,  j'invite  tous  ceux  qui  en  désireront, 
de  m'adresser  leurs  demandes  au  Palais  des  Tuile- 
ries ,  pavillon  de  Marsan.  Signé ,  MAbSON. 


LIVRES   DIVERS. 

L'Observateur  sentimental  ,  ou  Correspondance 
anecdotique  apolitique, pittoresque  et  satirique,  entre 
Mohamed  Saady  et  quelques-uns  de  ses  amis  ,  ayant 
sur-tout  pour  objet  les  événemene  et  les  mœurs  de 
nos  jours  ;  lecucillie  et  publiée  par  le  cit.  San- 
charaau  ,  ancien  professeur  de  l'école  militaire  de 
Lille.   Un  vol.  in-12.  Prix,  2  francs. 

A  Paris  ,  chez  Patris  ,  imprimeur-libraire  ,  quai 
Malaquais,  près  la  rue  de  Seine.  / 

Mohamsd  Saady  est  un  riche  négociant  de 
Smyrne ,  qui  sait  allier  l'amour  des  sciences  et 
des  lettres  à  celui  du  commerce.  Il  a  parcouru 
en  observateur  l'Europe  et  l'Asie  ,  et  est  arrivé 
en  France  en  l'an  7  ,  pour  objet  de  spéculation 
commerciale,  et  pour  voir  de  près  un  peuple  qui 
joue  un  si  grand  rôle  sur  la  scène  du  Monde. 
Mohamed-Saady  ,  outre  les  langues  orientales  , 
entend  le  français  et  l'italien.. 

Tel  estle  personnage  à  qui  l'auteur  deces  lettres 
a  jugé  à  propos  d'en  attribuer  l'origine.  Elles  por 
tent  sur  un  grand  nombre  de  sujets  qui  méri- 
taient peut-être  p'us  de  travail  et  d'examen  ;  mais 
telles  quelles  sont  ,  et  quoique  le  cadre  de  l'ou- 
vrage ne  soit  pas  neuf  ,  on  y  trouvera  des  détails 
qui  pourront  attacher  quelques  lecteurs  ,  ei  qui 
sont  encore  préférables  à  beaucoup  de  produc- 
tions de  ce  genre  dont  on  çst  inondé  depuis  une 
dixaine  d  années.  On  trouve  en  tête  de  l'ouvrage 
une  jolie  gravure  exécutée  avec  soin.  P. 

Dictionnaii^e  portatif  de  la  fable  ,  pour  l'intel- 
ligence des  poêles  ,  des  tableaux  ,  staïues,  pierres 
gravées,  médailles  et  autres  monumens  relatifs 
à  la  mythologie;  par  Chompré.  Nouvelle  édition  , 
revue  ,  corrigée  et  considérablemeot  augmentée  ; 
par  A.  L.  MiUin  ,  conservateur  des  médailles  „ 
pierres   gravées  et   antiques   de    la    bibliothèque 


nationale,  membreet  associé  de  plusienrj  sociétés. 
Un  volume  in-S"  de  mille  pag.  environ,  très- 
bien  imprimé  sur  beau  papier.  Prix  ,  broché  , 
5  fr.  25  cent.  ,  et  relié  6  fr.  ;  port  franc  par  la 
poste,  broché  ,  8  fr.  5o  cent.  A  compter  du 
i'"^  germinal  prochain  ,  on  paiera  l'ouvrage  un 
hanc  de  plus. 

A  Paris  .  chez  Desray  ,  libraire  ,  rue  Haute- 
feuille  ,  n°36. 

Cet  ouvrage,  trop  abrégé  par  Chompré  ,  a  été' 
etii  rement  refait  d'après  les  auteurs  anciens  et 
modernes  ,  les  diction::aires  anglais  et  allemands , 
et  les  matériaux  particuliers  de  l'auteur  ,  qai  a 
remis  pour  ses  cours  tout  ce  que  de  longues 
recherches  peuvent  procurer.  Il  a  eu  soiti  d'indi- 
quer les  monumens  qui  tepréstatei;t  les  ditférens 
traits  de  l'histroire  des  dieux  et  des  héros  ,  partie 
essentielle  trop  iiégligée  dans  les  ouvrages  de 
ce  genre  ,  et  réclamé  depuis  long-tems  par  tous 
ceux  destinés  à  donner  ou  à  recevoir  une  bonne 
éducation. 

Il  en  a  été  tiré  5o  exemplaires  sur  carré  vélin 
supcrfin,  satiné,  pour  ceux  qui  désireront  joindre 
cet  ouvrage  à  la  collection  des  belles  édition» 
des  auteurs  dits  c'assiques,  et  sur-toui  d  Homère, 
d'Ovide  et  de  'Virgile. 

Histoire  naturelle  de  Buffon  ,  in- 18.  lédigée  et 
mise  en  ordre  parle  citoyen  Lacepede  ,  membre 
de  l'institut  national  ,  20°  livraison.  Prix  broché 
5  fr.  5o  cent.  ,  et  8  fr.  5o  cent,  avec  les  figures 
enluminées. 

A  Paris,  rue  du  Cimetiere-Andié-des-AtCî, 
n°  10. 

Cette  livraison,  composée  du  tome  ai'  deS 
matières  générales  et  du  tome  10*  des  quadru- 
pèdes, contient  32  gravures  exécutées  toujours 
avec  le  même  soin. 

Rapport  et  projetde  loi  sur  l'instruction  publi- 
que ,  fait  au  conseil-d'état  ,  par  J.  A.  Chaptal  , 
iri-8°  d'environ  140  pages  ,  belle  impression. 
Prix  1  franc  80  cent.  ,  et  2  fr.  25  cent,  franc  de 
port.  / 

A  Paris  ,  chez  Deterville  ,  libraire  ,  rue  dix 
Battoir  ,   a"    16  ,   quartier   de    l'Odéon. 

Manuel  Bibliographique ,  ou  essai  sur  les  biblio- 
thèques anciennes  et  modernes  ;  sur  la  connais- 
sance des  livres  ,  des  formats  ,  des  éditions  ;  sut 
la  manière  de  composer  une  bibliothèque  choisie, 
classée  méthodiquement  ,  et  sur  les  principaux 
ouvrages  à  consulter  dans  chaque  partie  de  l'en- 
seignement des  écoles  centrales;  le  tout  suivi  de 
plusieurs  nodces  bibliographiques  ,  instruciivc» 
c  CMrit-Liscs. 

Un  vol.  in-S".  petit-Romain  .  près  de  40Ô  pages. 
Par  Gabriel  Peiguot ,  bibliothécaire  ,  de  la  Haute- 
Saône. 

A  Paris  ,  chez  Desessarts  ,  libraire  ,  place  de 
1  Odéon  ;  Devilliers  ,  libraire  ,  rue  des  Mathurins  , 
n°.  396  ;  Deiay  ,  libraire,  rue  Hautefeuille  ,  n".  36. 

Prix  4  fr.  broché  ,  et  5  fr.  25  cent,  franc  de  port. 

Mémoire  sur  l'adîrtijiistration  des  forêts.  Ce  petit 
ouvrage  ,  qui  est  le  résultat  des  observations  de 
plusieurs  personnes  instruites  dans  cette  partie , 
traite  des  causes  du  dépérissement  des  fotçts  , 
des  moyens  d'y  remadier  et  de  leur  aménage- 
ment. On  y  démontre  la  supérioçité  des  lois  fores- 
lieies  qui  régissaient  la  ci-devant  province  de 
Lorraine  ,  en  les  comparant  à  l'ordonnance  de 
l66g  :  et  après  avoir  fait  entrevoir  les  principaux 
vices  des-  projets  qu'on  a  donnés  sur  l'admi- 
nistration de  cet  objet  si  important  .  on  parle 
de  cel'e  que  l'on  pourra'!  établir.  Le  rédacteur 
est  le  citoyen  Fontagne  ,  agent  national  p;ès  lad- 
ministration  forestière  de  Saint-Mlhiel,  départe- 
ment de  la  Meuse  ,  in-S"  de  96  pages.  Se  vend 
I  franc  20  cent,  chez  le  citoyen  Knapen  ,  impri- 
meur-libraire au  bas  du  Pont-Michel  ;  et  à  Saint- 
Mihicl  ,  chez  le  citoyen  Aruoult  ,  libraire. 


SPECTACLES. 

Théâtre  de  la  Republiq^ue  et  des  Arts. 
Le  3  nivôse  ,  l'Oratorio  d'Haydn  ,  intitulé  la 
Création  du  Monde  ,  parodié  et  mis  en  vers  fran- 
çais par  le  cit.  Ségur  jeune  .  traduit  de  l'allemand , 
et  la  musique  arrangée  par  D.  Steibelt.  —  Le  prix 
des  places  sera    doublé. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  2"  repr,  de  l'Ovinska  ,   opéi'a   en  3   actes. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Arlequin  de 
retour  dans  son  ménage  ;  la  i"''  repr.  de  Gentil 
Bernard,   et  Champagnac. 

Théâtre  du  Marais  .   rue  Culture-Catherine. 
Auj.    la  3«  repi.   du  Comte  de  Perche  ,   drame 
en  cinq  actes. 


Oe  rimgriras.rie    de  H.  Agassb  ,  propriétaire  du   Moniteur ,  ru«  des  Peilevins  ,  n°   l3. 


gaz! 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


M^  92. 


Duodi  ,  2  nivôse  an  g  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés    à  prévenir  nos  souscripteurs ,  cja'à    dater  du   7    nivôse  le   MONITKUR  esc    le    seul  journal  oJiicicL 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  taits  et  les    nuiionii 
rantsur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  cocespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux   sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvettes  nouvelles. 


INTERIEUR. 

Paris  ,  le  1"  nivôse. 

ARMÉE     DU     RHIN. 

ÉTAT-MAJOR-GÉNÉRAL. 

Le  général  de  division  ,  chef  de  i'état-mnjor-général , 
au  ministre  de  la  guerre.  —  Au  quartier-général 
de  Salzhourg,  le  qS  frimaire  ,  ang  de  la  république 
française  une  et  indivisible. 

Citoyen  ministre  , 

XXprès  le  passage  de  l'Inn  à  Nenpeuzen  ,  l'ar- 
mée française  s'est  avancée  entre  l'Inn  et  la  Sal- 
zach ,  l'aîle  droite  commandée  par  le  général 
Lecourbe  ,  sur  Secbruck  ,  Traunstain  ,  Teissin- 
dorf  ,  et  les  bords  de  la  Saal  ,  ayant  une  divi- 
sion du  centre  commandée  par  le  général  Grou- 
chy  en  soutien  ;  les  deux  autres  divisions  du 
centre  ,  commandées  par  les  généraux  Decaen 
et  Richepanse  ,  ont  marché  sur  la  grande-roule 
de  Vasserboerjî  ,  pour  forcer  l'ennemi  à  évacuer 
le  pays  entre  l'Inn  et  la  Salzach  ,  et  de-là  elles  ont 
fait  un  mouvement  par  leur  droite  pour  se  mettre 
en  ligne  sur  les  bords  de  celte  dernière  rivière, 
vers  Lautîen.  Deux  divisions  du  corps  du  lieu- 
tenant-générai  Grenier  ont  passé  l'Inn  ,  à  Vasset- 
tourg  ,  après  avoir  rétabli  le  pont  ,  et  ovA  marché 
par  Aiienmark,  vers  LaufFen  ,  jeitant  un  détache- 
ment sur  Dit-Maii;iûg  ,  tandis  que  la  division  Ney 
passait  à  Muldorf  ,  et  traversait  lAlza  pour  venir 
observer  et  masquer  Burghausen.  La  plus  grande 
partie  de  l'armée  ennemie  s'était  concentrée  entre 
LaufFen  et  Silzb.ourî  ,  et  1;  général  Lecourbe  ,  le 
21  frimaire  ,  trouva  une  avani-garde  en  avant  de 
]a  Saal  ,  qu'il  culbuta  si  brusquement  qu'elle 
lui  abandonna  4  pièces  de  canon  et  400  pri- 
ïDnniets. 

Le  général  en  chef  avait  fait  ses  dispositions 
pour  passer  la  S.ilzach ,  entre  LaufFen  et  Salz- 
bourg  ,  et  il  ordonna  en  conséquence  au  général 
L'.courbe  de  se  potier  sur  la  rive  droite  de  la 
Saal,  et  au  général  Decaen  sur  LaufFen,  tandis 
que  les  généraux  Richepanse  et  Grouchy  étaient 
en  réserve ,  prêts  à  se  porter  sur  l'un  ou  sur 
l'autre  de  ces  généraux. 

Le  il  ,  le  général  Lecourbe  passa  la  rivière 
de  Saal  ,  malgré  l'eni'iemi  qui  voulait  la  défendre, 
et  s'empara  du  village  de  Waal. 

Le  général  Decaerj  arriva  snr  LaufFen  ,  trouva  le 
pont  rompu  ,  et  l'ennemi  garnissant  les  hauteurs 
qui  le  dominent.  Trois  chasseurs  de  la  14"=  légère 
se  jetterent  à  la  nage  ,  malgré  un  froid  extrê- 
mement rigoureux  ,  pour  aller  chercher  quelques 
barques  sur  !e  bord  opposé  ,  tandis  que  quelques 
autres  s'avançaiçnt ,  en  fusillant  ,  sur  les  débris  du 
pont.  Environ  80  hommes  ,  passés  sur  les  barques 
qu'on  avait  ramenées  .  suffirent  pour  culbuter 
1  ennemi  ,  et  lui  faire  200  prisonniers,  parmi  les- 
quels p'usieurs  officiers. 

Le  général  en  chef  ordonna  au  général  Grenier 
de  se  porier  avec  ses  deux  divisions  sur  LaufFen  , 
et  le  même  ordre  fut  donné  aux  divisions  Grou- 
chy et  Richepanse  ;  il  fit  aussi  diriger  de  suite 
l'équipage  de  pont  sur  ce  même  point  ,  pour 
jeter  un  pont  nouveau  ,  tandis  qu'on  réparait 
celui  que  l'tnnemi  avait  rompu.  Ces  travaux 
s'opérèrent  pendant  la  nuit  ;  déjà  5c.o  hom- 
mes étaient  passés  sur  la  rive  droi'e  ,  et  le  gé- 
néral Decaen  continuait  ce  raouvem:nt,  lors- 
qu'à huii  heures  du  matin,  le  23  .  il  s'engagea 
une  affaire  très-vive  sur  le  front  de  l'aile  droite  ; 
le  général  Lecourbe  la  soutint  avec  vigueur  ,  et 
sans  perdte  le  village  de  'Waal  ,  jusqu'à  deux 
heures  après-midi  ,  lorsque  le  général  Decaen  , 
q'  i  avait  passé  la  rivière  en  entier-'avec  sa  di- 
vision ,  comm«>  Cl  à  marcher  en  Vivant  ,  fesanl 
uiMuand  feu  d'aiiillerie  sur  ce  qu'il  a,yai[  devant 
lui:  ce  mouvraient,  en  ccntiibuan,!  à  dégager 
le  général  Lecourbe  ,  favorisa  en  même  tems 
le  passage  de  la  diviiion  Richepanse^  qui  com- 
riiençait  à  se  f  imersur  la  live  dioiie. 

Dans  la  nuit  du  «3  au  24  ,  l'ennemi  a  opéré 
sa  reliaiic  avec  ptccipltaiion  ,  et  ivous  sommes 
entrés  à  Sa'zbourg  ,   à    8  heures  du  matin. 

Les  pertes  de  la  journée  du  23  s'élèvent  pour 
nous  à  environ  3oo  blessés.  Le  chef  de  br'gade 
Duchcyron  ,  commandant  le  9°  régiment  dlhus- 
tards  ,   cfhcietde  la  plus  grande  di»iiiiclion  ,   a 


été  tué.  Le  général  Schiner  a  eu  un  doigt  em- 
porté d'un  boulet  de  canon  et  une  balle  à  la 
cuisse.  Ladjudant-commandaiit  M.ingin  a  eu  le 
bras  cassé  d'un  biscaycn.  L'enneiui  a  eu  de  son 
côté  800  blessés  ,  ilont  une  partie  est  restée  à 
Sii'zbourg  ;  il  a  laissé  de  plus  ,  en  nos  mains  , 
400  prisonniers   et  une  pièce  de   canon. 

Je  vous  enverrai  incessamment  ,  citoyen  mi- 
nistre ,  un  rapport  général  de  toutes  ces  opé- 
rations et  de  plusieurs  au'res  combats  dans  les- 
quels nos  troupes  ont  déployé  leur  valeur  or- 
dinaire. Vous  excuserez  le  retard  que  j  ai  apporté 
à  vous  l'adresser,  en  considérant  la  rapidité  de 
nos  marches  et  les  obstacles  qu'elles  opposent 
à  la  réunion  des  rapports  particuliers  des  divi- 
sions. 

Salut  et  respect.  Signé  Dessolles. 

P.  S.  L'ennemi  se  retire  par  la  route  de  Neu- 
mark  ;  l'armée  est  à  sa  poursuite.  L=  général 
Richepanse  l'a  trouvé  aujourd'hui  à  Neumark 
tuême  ,  et  l'a  forcé  dans  sa  position  en  lui  fesant 
200   prisonniers. 

ARMÉE     D'ITALIE. 

Extrait  de  la  correspondance  du  chef  d'état-major 
de  l'armée  des  Grisons  au  ministre  de  la  guerre. 
—  .iu  quartier-général  de  Chiavenna  ,  le  i5  fri- 
maire an  g. 

Citoyen  ministre  , 

Le  général  Macdonald  a  passé  le  Splugen  avec 
une  partie  de  l'armée  des  Grisons.  Si  nous,  avons 
forcé  ce  passage ,  si  nous  remplissons  les  vues 
du  gouvernement,  c'est  parce  que  le  général  en 
chef  n'a  pas  cru  qu'aucun  obstacle  diît  l'airêier. 
Il  a  fallu  la  même  énergie  dans  les  travaux  et 
dans  l'exécution  de  ses  ordres,  la  même  ardeur 
et  la  même  constance  de  la  part  des  troupes. 

L'ouragan  du  Savait  forcé  de  retarJer  !a  marche 
du  10'=.  de  dragons.  Depuis  cette  époque  ,  le  Splu- 
gen était  entièrement  fermé  ,  et  quoiqu'une  forte 
gelée  et  un  tems  serein  eussent  succédé  à  la  tour- 
mente ,  l'amoncellement  des  neiges  était  si  consi- 
dérable sur  le  premier  revers  de  la  somrait:  ,  que 
les  guides  du  pays  refusaient  de  s'y  engager. 

Cependant  le  général  en  chef  m'ordonna  de  me 
rendre  au  village  de  Splugen  ,  et  de  tenter  ,  à  tout 
prix,  d'ouvrir  le  passage. 

Le  10  au  matin,  je  mis  en  mouvement  une 
première  colonne  de  quelques  compagnies  de 
la  8o*  ,  une  compagnie  de  dragons  du  10^  et  un 
convoi  d'artillerie.  Je  fis  piécéder  cette  co- 
lorine  par  quelques  boeufs  qui,  conduits  par  des 
guides  exercés  ,  foulaient  la  neige.  Cinquante 
travailleurs  du  pays  ouvraient  le  sentier  :  ils  ctaient 
soutenus  par  une  compagnie  de  sapeurs. 

L'adjudant  commandant  Stabenzath  ,  chargé 
de  ces  travaux  ,  parvint  vers  le  soir ,  avec  la  lêie 
des  travailleurs  jusqu'à  l'hospice  distant  de  deux 
lieues  du  village  de  Splugen.  Le  général  Labois- 
sière  ,  séparé  par  les  avalanches  de  la  colonne  à 
la  tête  de  laquelle  il  avait  marché  le  6  fiimaire  , 
était  resté  dans  cette  maison  ,  et  avait  fait  com- 
mencerle  déblayemcnt  des  neiges  daus  les  rampes 
du  Cardinel  ,  du  côté  d'isola.  Le  reste  de  la  co- 
lonne était  en  mouvement  ,  et  suivit  de  près  les 
travailleurs  ;  mais  la  cavalerie  ne  put  arriver  que 
vers  les  neuf  heures  du  soir. 

Le  général  en  chef  ,{  après  ce  premier  succès  , 
s'est  empressé  d'en  profiter,  et  a  ordonné  de  faire 
défiler  le  reste  des  troupes  sans  interruption.  Les 
difficultés  eussent  été  insurmontables  pour  les 
convois  d'artillerie  ,  si  ces  troupes  ne  se  fus- 
sent portées  à  les  secourir  avec  une  émulation 
dignesde  l'excm  >le  do  né  par  leurs  camarades  au 
Saint-Bernard.  Les  grenadiers  de  la  75^,  auxquels 
je  le  proposai  de  la  part  du  général  en  chef  , 
recueillirent  sur  la  sommité  ,  dans  le  passage  le 
plus  difficile  ,  les  effets  d'artillerie  abandonnés 
p<"ndant  la  nuit  par  les   paysans. 

Lorsqu'au  quatrième  jour  du  passage  ,  le  géné- 
ral Macdonald  ,  que  j'avais  oevancé  ici  pour 
organiser  les  travaux,  encore  imparfaits,  des 
rampes  du  Cardinel  ,  et  pour  préparer  les 
premiers  canionnemens  ,  se  présenta  au  passage, 
avec  son  quartier-général  ,  son  escorte  ,  les  gre- 
nadiers de  la  3*^.  demi-brigade  d  Orient  et  la 
104"^.  demi-brigade  ,11  ne  s'attendait  point  à 
rencontrer  des  difficultés  et  des  dangers  plus 
grands  que  n'en  aviit  éprouvés  la  première  co- 
lonne ,  le  jour  de  l'ouragan. 


Une  neige  très-épaisse  qui  durait  depuis  deux 
(os  24  heures  ,  avait  tellement  comblé  les  tran- 
chées et  effacé  les  traces,  que  les  guides  mêmes 
ne  pouvaient  reconnaître  les  chemins  doiu  ics 
jalons  avaient  été  emportés  ou  arrachés.  Il  ne 
parvint  à  la  sommité  ,  à  la  têie  de  la  colonne  , 
qu'après  six  heures  de  travail  ,  qui  ,  sans  son 
extrême  fermeté  ,  eût  éié  infructueux.  Les  tra- 
vailleurs et  les  grenadiers  qui  formaient  la  tête 
la  colonne  ,  réirograderent  uu  instant  ,  persuadés 
que  le  passage  était  entièrement  fermé  ;  mais  le 
général  en  chef  ,  accompjgné  des  généraux 
Pully  et  Sorbier  et  des  .idjuuans  commandaris  Du- 
peireux  et  Dampieire  ,  les  ramena  sur  leurs  tra- 
ces. On  ne  pouvait  le  suivre  que  irès-difEcile- 
ment  ,  parce  que  la  neige  tombait  en  abondance , 
et  qu'il  suffisait  de  qu.lqucs]minuies pour  combler 
tous  les   sentiers. 

Nous  espéroBS,  si  le  tems  devient  serein,  que  la 
roule  sera  rétablie  et  le  passage  rendu  plus  facile; 
mais  cjuoiqu  il  airive  nous  lâcherons  de  ne  point 
l'interrompre. 

J'aurais  dû,  citoyen  ministre  ,  vous  parler,  du 
zèle  qu'ont  montré  dans  cette  circonstance  les  of- 
ficiers d'état-major  et  plusieuis  officiers  particu- 
liers. J  ai  peu  de  mérile  à  avoir  mis  quelqu  ordre 
dans  une  opération  si  difficile  ,  ay.-.nt  été  aidé 
avec  tant  d'intelligence  et,  de  bonne'  volonté. 
Nous  avons  perdu  trois  hommes  et  quelques 
chevaux. 

I  Au  quartier-général  de   Morbègne  ,  te    21  frimaire, 

A  mesure  que  l'armée  défilait  par  le  Splugen 
sur  Ghiavenna  ,  le  général  en  chef  établissait  la 
nouvelle  organisation  en  ordre  de  baiaille  des  di- 
visions, elles  portait  successivement  en  'Valte- 
leline.  Déjà  une  partie  de  l'avant-garde  est  en- 
trée dans  le  val  de  Cammonica  ,.  par  la  passa 
d'Apriga .  et  se  lie  ain.si  avec  l'aile  gauche  de 
l'armée  d  Italie.  Le  reste  est  placé  entre  Tiranno 
et  Soudrio  ,  prêt  à  déboucher  parle  val  d'Apriga. 
Le  général  Vandame  a  son  quartier-général  à 
Ponté. 

La  brigade  de  gauche  du  général  Baiaguey- 
d'Hilliers  ,  qui  était  déjà  en  Valieline  depuis  un 
mois,  occupe  le  Haut  Engadin.Elle  a  pou  se  de 
fortes  reconnaissances  veis  Zerzuiis  ,  oii  les  en- 
nemis ont  un  corps  de  i5oo  hommes.  Le  but 
était  de  couvrir  la  marche  de  l'armée  dans  le  long 
défilé  par  Tuzis,  Splugen  et  Chiavenna,  et  d  ou- 
vrir la  communication  de  l'Engadine  avec  la  'Val- 
tel  ine  ,  par  le  mont  Béruina  et  levai  de  Puschiava. 

L'un  et  l'autre  objet  ont  été  remplis  ;  mais  un 
détachement  de  la  18=  demi-brigade  ,  fesani  par- 
tie de  la  3'^  provisoire  d'Orient,  et  un  déiachemeot 
du  2^  légiment  de  hussards  à  pied  ,  ont  éic  iour- 
nés  et  surpris  dans  la  nuit  du  17  au  18,  au  mcm  .ilt 
où  le  passage  duSp'ug-.n  s'achevait.  Ces  détathe- 
mens  ont  opposé  la  plus  forte  résisiaiice  dans  le 
village  de  Zu!z  ,  et  l'ennemi  a  payé  cher  quelques 
prisonniers   qu'il   a  faits. 

La  réserve  d'infanterie  qui  anivait  à  Chiavenna, 
a  soutenu  ces  postes  ei  a  repris  Zutz.  NoussomrneS 
avancés  dans  le  Hnut-Engadin  ,  juîrju'à  Ponté  et 
la  communication  par  le  val  de  Puschiava  est 
mainlenu. 

Pour   copie  conforme  , 
Le   ministre  de  la  guerre  , 

Signé  ^  Alexandre  Beiithier. 


Extrait  d'une  lettre  du  chef  de  brigade  JVetherweod  au 
gouvernement.  —  Toulon  ,  le  ig frimaire. 

Je  suis  parti  d'Aiexandrie  ,  le  29  brumaire  ,  sur 
la  corvette  {'Héliopolis,  j'arrive  à.Toulon  ,  n  ayar-t 
mis  que  20  jours  dans  la  Iraverséc. 

Les  fréquentes  nouvelles  de  France  que  l'armée 
recevait  par  mer  et  par  les  déserts  de  Baibaric  poi- 
taient  la  joie  dans  tous  les  ccejrs. 

L'armée  est  bien  établie  ,  point  de  nia'adie.  Je 
vous  amené  ,  de  la  paît  du  général  Menou  ,  plu- 
sieurs mamelouks  de  Murad-Bcy. 

ARMÉE     D'ORIENT. 

Menou  ,  général  en  chef,  au  général  Bonaparte  , 
premier  consul  de  la  république  jinnqaise — Au 
quartier  -général  du  Kaire .,  le  j8  brumaire  un  g 
de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 

Citoyen  général, 
Je  charge  le  citoyen  Nethcrwood  ,  suédois  „  qui 
a  été  successivement  voirc   aide   de  camp  ,  celui 
du  général  Kleber  et  le    micu  ,  de   vous  pOitcr 


374 


mes  dépêches.  Vous  aviez  des  tontes  pour  lui  , 
il  les  méiilait  à  tous  égards.  Il  est  impossible 
d'être  plus  brave  ;  il  a  été  grièvement  blessé  à  h 
bataille  d  Héliopolis  ,  en  chargeant  la  cavalerie 
turque  à  la  têie  des  guides.  J'ai  cru  devoir  lui 
conférer  provisoiremenl  le  grade  de  chef  de 
brigade  à  la  suiie  du  7'  d'hussards.  Je  prie  le 
citoyen  ministre  de  la  guerre  de  vous  demander 
la  confirmadoQ  de  ce  nouveau  grade  pour  le 
cit.  Netherwood.  Il  est  rappelle  par  le  roi  de 
Suéde  ,  et  je  n'ai  pas  cru  devoir  lui  refuser  la 
permission  départir;  il  est  accompagné  par  le 
cit.  Parât  ,  chef  de  brigade  ,  aide-de-camp  du 
général  Belliard  :  l'un  et  l'autre  auront  l'honneur 
de  vous  remettre  des  drapeaux  et  des  élendarts 
pris  dans  les  différentes  batailles  contre  les  turcs. 
]'ai  l'honneur  de  vous  supplier  de  leur  accorder 
votre  bienveillance. 
Salut  et  respect  ,      Signé  ,  As.  J.  Menou. 

Menou  ,  général  en    chef,  au    général  Bonaparte  , 
premier  consul  de  la   république  française.  —  Au 
.    quartier-général  du  Kaire  ,  le  23  brumaire  an  g. 

Citoyen    consul  , 

Je  vais  faire  tous  mes  eflForts  pour  me  rendre 
di^'ne  du  poste  que  vous  venez  de  me  confier  ; 
un  des  moyens  d'y  parvenir,  sera  d'avoir  sans 
cesse  devant  les  yeux  vos  exemples  pour  rcgle 
de  conduite.  Vous  pouvez  compter,  ainsi  que 
la  république  ,  jusqu'à  mon  dernier  soupir,  sur 
mon  dévoûment,  sur  mon  inébranlable  fermeté, 
sur  mon  zèle  ,  sur  mon  activité  ;  ils  me  tiendront 
lieu  de  talens  :  la  bravoure  de  l'armée  fera  le 
reste.  C'est  avec  le  plus  vif  enthousiasme  ,  qu'elle 
a  appris  la  nouvelle  d'une  pacification  prochaine. 
Elle  me  charge  de  vous  dire  ,  citoyen  consul  , 
qu'elle  sera  toujours  ce  qu'elle  a  été  sous  vos 
ordres.  Si  le  grandvisir  veut  encore  se  mesurer 
avec  elle  ,  une  armée  ottomane  de  plus  périra 
sous  nos  bayonnettes ,  ou  s'ensevelira  dans  le» 
déserts.   . 

Je  rends  compte  au  ministre  de  la  guerre  de  tout 
ce  qui  a  rapport  à  l'armée  ot  aux  mouvemens  , 
ainsi  qu  à  la  situation  des  ennemis. 

Nos  opérations  de  finances  vont  bien  :  le  peuple 
respire  ,  paie  moins  .  et  cependant  l'armée  est  dans 
le  meilleurétat.  Q_iielques  intriguans  avaientvou^u 
remuer  ,  mais  la  contensnce  de  l'armée  les  a  fait 
rentrer  dans  le  devoir.  Ci-joint,  citoyen  consul , 
Uïje  Ittire  du  divan  du  Kdre.  Elle  est  toute  entière 
de  leur  composition  :  personne  ne  leur  a  donné 
ni  avis ,  ni  conseil.  C'est  leur  ame  ,  leur  esprit  qui 
parle;  je  n'ai  fait  autre  chose  que  la  certifier, 
ainsi  que  le  citoyen  Fourier  (i)  Je  vous  envoie  une 
centaine  de  pains  de  sucre  ,  afin  qu'on  puisse  voir 
en  France  un  échantillon  de  ce  que  peut  produire 
l'Egypte. 

Je  vous  envoie  les  échantillons  de  drap  que 
nous  fabrique  le  citoyen  Conté.  Je  ne  puis  que 
vous  répéter  encore  ,  citoyen  consul  ,  que  cet 
homrùe  est, sous  tous  les  rapports ,  l'être  le  plus  ex- 
traordinaire et  le  plus  utile.  Je  sollicite  encore  de 
votre  bienveillance  une  grande  récompense  natio- 
nale pour  lui  ;  j'en  demande  aussi  pour  les  ci- 
toyens Champy  et  Fourier,  ainsi  que  pour  tout 
l'institut. 

Il  y  a  huit  jours  que  les  citoyens  Goutelle  ,  offi- 
cier des  aérosiiers  ,  tt  Rosière  ,  minéralogiste  ,  sont 
partis  pour  aller  faire  un  voyage  au  mont  Sinaï  et 
ddns  quelqu'autres  parties  de  l'Arabie.  Les  cheiks 
arabes  de  Thor  et  de  l'Hedgior  se  sont  conduits  à 
merveille.  Je  lésai  chargés  des  voyageurs;  ils  m'ont 
laissé  ici  leurs  enfan's  en  ôiage. 

Le  grand  voyage  pour  les  Oasis  et  pour  la  Nu- 
bie va  commencer.  Mourad-bey  se  charge  de  four- 
nir les  escortes.  Enfin, citoyen  consul,je  n'oublierai 
rien  pour  tâcher  de  remplirvos  vues  sur  la  prospérité 
de  la  colonie  et  le  progrès  des  sciences.  La  décou- 
verte du  zodiaque  de  Dendera  fera  une  époque 
bien  mémorable  dans  les  annales  du  monde.  Elle 
rend  à-neu-près  nulles  toutes  les  chronologies  an- 
ciennes. Que  serait-ce  si  ,  comme  on  le  présume  , 
on  trouvait  dans  la  Nubie,  d'autres  zodiaques 
nui  feraient  connaître  ,  ainsi  que  celui  de  Dendera, 
quel  était  l'état  du  ciel  il  y  a  plusieurs  milliers  d'an- 
nées?    Salut  et  respect,     Signé  ,  Ab.  J.  Mènou. 


'st  contentée  de  le  reme 
lins  duquel  il  restera  co 
dsidé  à  ses   opération 


général   c»  chef,    entre  les 
1    gage  de  l'exactitude  qui    a 


Résultat. 


voulant ,   dan 
s  trois  ardebs 


E-Egypti 


la    Haute-Egypte   et 
spcce  de   blé. 
7g2   livres.    Basse 


Egypte  , 
Après 


.  Après 
pesaient , 


Ces  blés  ont  do 
e  la  terre  qui  a 
I.    E.    46  liv.    B 

Afin  d' 


nporte 
.    E.    55    liv. 


,  ils  pesaient,  H.  E.   676  liv, 

pendant  dix-huit  heures  ,  il; 

eau  ,    non-seulement  le  poid: 
lans  le  lavage  ,   mais  encore 

de  difFérens  moulins  ,  01 


r  les  moutures  sorti 
a    divisé  chacune   de  ces   qualités   de    blé    en   quatre  parties  ,    et 
on  en   a   envoyé  une  de   chaque   dans  les  moulins  suivaus  : 

Moulin   à   vent   du   fort   Gamin  ; 

Moulin  à  vent  de  l'isle  de  Raoudah  ;    - 

Moulin  du  pays  ,  dirigé  par  des  meuniers  français  ,  à  Gyiéh  ; 

Moulin   du  pays  ,    dirigé  par  des    habitans    de  Boulaq. 

On  a  observé  que  la  farine  sortie  du  dernier  moulin  était  de 
plus  mauvaise  qualité  que  les  aut»cs  ;  le  ble  avait  été  trop 
écrasé  ,  et  le  son  plus  fin  se  trouvait  plus  mêlé  avec  la  farine. 
Le  son  du  moulin  du  fort  Camin  était  plus  sec  et  plus  large  , 
et   se  séparait   mieux  de  la   farine. 

Le  moulin  du  fort  Camin  est  celui  dans  lequel  on  a  moins  eu 
de  déchet  ;  celui  de  l'isle  de  Raoudah  ainsi  que  celui  de  Boulaq 
en    ont   au  contraire  donné  le   plus. 

Ces  farines  réunies  pesaient,  Haute-Egypte,  676  liv.  Basse- 
Egypte  ,  714    liv. 

Le  déchet  est  pour  la  Hault-Egypte  ,  dune  quantité  égale  à 
celle  de  l'eau  qu'il  contenait.  Pour  celui  de  la  Basse-Egypte  ,  il 
reste   encore   dans  la   farine   douze  livres   d'eau. 

Ces  déchets  qui  sont  considérables  ,  doivent  être  composés 
de  l'eau  qui   s'est  évaporée ,   et  de  fleui 

Ces  farines  passées  au  blutoir  ont  pesé 
Basse-Fgypte  ,    562   liv. 

D'après  la  proportion  de  vingt  livres  de  se 
farine  ,  les  quantités  de  farine  employées  aurai 
£arlne,     H.    E.  ,  541  liv.   B     E.    571  liv. 

Et  en   son,  H.   E.  ,   r35  liv.   B.  E.  143  In 


Bor  deux 
duits  n' 
Egypte  c 


La  première  expérience 
:  précision  ,  dans  le  méi 
speces  de  blé  ;   la   dilTéri 


terminée.  La  première  expérience  avait  montré  la  difficulté  de 
E  temps  ,  la  même  opération 
ice  proportionnelle  des  pro 
■  assez  forte  ,  quoique  le  blé  (ie,la  Basse- 
vancage  de  pain  de  plus  belle  c^ualité  ,  pour 
Ibire  de  nouvelles  recherches  comparatives.  La  .commission  a  donc 
arrêté  de  faire  une  nouvelle  expérience  sUr  le  blé  de  la  Haute- 
Egypte  ,  dont  on  fait  la  plus   grande  consommation. 

Trois   ardebs  de  ble  de  la  haute  Egypte  ont  été  mesurés  et  mis 
dans  les  sacs. 

Ils  ont  pesé  82g   li».    Poids  du  blé  criblé  e 

once.   Après  le  lavage  ,    le  blé  pesait  745   liv 

Tl   avait    gagné  en    poids  ,  malgré  le   dépar 

quantité    de  cinquante-quatre  livres ,  qui    m 


691  liv.  : 


devait  être  que  de 


Après  la  mouture  ,  la  farine  pesait  713  liv.   i 


déchet  doit  être  attribué  en   grande 
au  ,  puisque  le  poids  de  la  farine  ex 


de  farine  perdu 
Haute-Egypte, 


par  quintal 
du  donner 


On 


oup 


deche 


le  blutage 


blu 


etloye 


farine 


pour 


prouve  beai 
'avaient  pas 
rt  des  trous  dans  lesquels  la  fleur  de  farine  se  perdait  ;  il  s'est 
illssi  évaporé  un  peu  d'eau.  Pour  se  rapprocher  du  poids  <(e  la 
larinc  ,  on  a  été  obligé  d'y  mêler  du  gruau  grossier  tamisé  ;  et 
si  on  n'a  pas  obtenu  précisément  la  quantité  de  larine  qu'on 
aurait  dii  avoir,  c'est  qu'il  manquait  proportionnellenicnt  d'avan- 
tage de  son.  On  peut  arsurer  que  dans  celte  opération,  au  lieii 
de  retirer  les  vingt  livres  de  son  par  quintal  ,  on  en  a  retiré 
seulement  entre  dix-huit  et  dix-neuf  livrcw 

On  a  soustrait  quatre  livres   de  chaque  espèce  d, 
échantillon  ,   et  il  est  resté  ,   pour  convertir   en    pain  ,    1 
tités  de  farine  suivantes  : 

Haute-Egypte  ,    53?  liv.  Basse-Egypte  ,  562  liv. 

L'eau  ajoutée  pour  former  le  levain  et  la  p.ite  ,    pesait 
3o6  hv.  8  onc.  B.  E.  333  hv. 

Le  poids  de  la  pâte   était    de  ,  H.  E.  83?  ,    liv.   S  onc.  B.  E.  , 
S95  Hv. 

Le  pain  refroidi    du  four  ,    et   pendant  quinze   heures  ,  pesait , 
H.  E.    656  liv.,4  dAc.  B.  E.  698  liv.  8  onc. 

L'évaporation  de  l'eau  pendant  la  cuisson   était  donc  ,  H.  E.  , 
181  liv.    4  onc.   B.  E.  196  liv.    8  onc. 

Le  blé  de  la  Basse-Egvpte  a  gardé  plus  d'eau. 

D'après  la  proportion  établie  dans  les  manutentions  où  le  pro- 
duit du  quintal  de  farine  blutée  doit  produire  quatre-vingt-dix 
rations,  ou  cent  trente-cinq  livres  de  pain,  les  quantités  de  farine 
lient  produire,   H.  E.   716   liv.  12   onc.  B.  E.  748 


Les  sept  cents  treizi 
cette  opération  un  décl 
attribuer  à  l'evaporat 
encore,  et  à  la  fleur  d 
attachée  aux  sacs  ,  t 
qui  n'aurait  pas  lieu  t 
de  nouveau  le  sac  ,  et 
prés  aussi  belle  que  1 
de  farine  qu'on  n'en  d 
nière  n'a  pas  été  mêlé 
à    très-peu  de    chose 


ivres  quatre  o 
t  de  sept  livre; 

farine  que  l'a 
lis  et  habiller 
employant  11; 

utre.  On  aval 
-ait  employer 
avec  la  premit 


u  en  farine   562  livres  !• 

Total  706  liv. 
aces   ont  donc  perdu  dans 

quatre  onces  ,  qu'on  peut 
?  de  l'eau  qu'elle  retenait 
r  a  emportée  ;  ou  qui  s'est 
lens  des  ouvriert  ;  déche 
1  bon    blutoir.  On  a  tamisé 


de  fari 
grande 


'Ingt  livre*  par   quintal  , 


1°.  En  calculant  s 
ïc  calcul  qu'on  fait  a 
pas   de  déchet  de  m( 


avant  d'être  mouillé 
uionnaircs  auxquels 


livres  de  blé,   552  livres 


H.  E., 


iployees  t 
Différenc 


des  produits  ,    H.  E.  60  liv.  ,   8 


H.  E 


Ou  par  quintal ,  à  peu  près 

Ainsi ,  par  quintal  de  farine  ,  0 
un^tiers  d'once.  B.  E.  85  liv.  un 

51  on  fait  le  même  calcul  sur 
avant  d'être  lavé  ,  et  qu'on  en 
par  quintal,  sans  compter  aucun 
qui  est  le  calcul  qu  on  fait  avec 
on  fournit  le  blé  ,  on  trouvera  qui 
fesant  comme  pour  la  farini 
d'échantillons  ,  lés  quantités 

Hante-Egypte,  725  «v.  Basse-Egypti 


8  liv.  8  ( 
'aurait  e  u 


B.  E.   5o  liv. 


E.  84  liv. 


le  poids  du  blé  criblé  et  vai 
soustraie  les  vingt  livres  de 
déchet  pour  les  moutures  , 
les  manutentionnaires  auxqi 
:  ce  blé  aurait  dû  produire  , 
le  diminution  de  quatre  li^ 
suivantes  de  pain  : 

753  liv.  5  ont. 


Rapport  sur  la  fabrication    du  pain  ,   adressé   au 
général  en  chef. 


a  commission  que  vous  avez  cnaigee  Je  siuv 
r  la  fabrication  du  pain  ,  s'est  occupée  sar 
objet  important,     et  elle  a  l'honneur  de  mel 

°   Le   procès-verbal  ..de   ses  séances  ; 

"  Le  résultat  de  ses  recherches  et  de  ses  exp; 

c   Quelques  vues  sur  l'amélioration  des  procéd 

Procès-verbal. 

a    commission   voulant   éviter   des  dé 


Ités  obtenues  dans  l'expérience  ,  H.  E.  656  Uv.  4  onc. 
B.  E.  6g8  liv.  8  onc. 

Différence  des  produits  ,  H.  E.  68  hv.  12  onc.  B.  E.  54  hv 
l3  onc. 

Ou  pat  quintal ,  à  peu  près  ,  H.  E.  9  liv.  8  onc.  B  E.  7  livres 

Au   Heu    de  quatie-Vingt-dix  rations  par  quintal  de  fari; 


par  ( 


L  vingt-cinq   liv.  de  blé  , 


eu  que 


H.    E.    83 


.  B.  E.  84  liv.  deux-l 


;s-d'i 


Le  pain  obtenu  par  cette  expérience 
que  les  manutentions  fournissent  ordin 
nant  du  ble  de  la  Basse-Egypte  était  plus  blanc 
Haute,  mais  il  n'avait  pas  toute  la  perfection 
donner  ;  le  levain  avait  un  peu  trop  fermente 
au  pain  un  goût  aigre,  cependant  tres-faible 
chauffés  avaient  surpris  quelques  pains  ,    et  ils  r 


plus  beau  que  celui 
ent  :  le  pain  prove- 


n  pouvait  lui 
;  qui  donnai! 
ES  fours   trop 


■  3".  En  calculan 
le  blutage,    5  65  1 
de  ton 

t  sur  les    sept  cents   s 
v.  13    onces  de  farine 

ix  Hvr 

es  qu'on  a  après 
40  liv.   i    once» 

Si  on  pre 
la    farine   qi 
vingt  livres 
lirres  12  on 

nd  po 
de  so 

jr  base  de  la  proportion  la  quantité  totale   de 
obtenue,  comparée   au  son   resté,  au  lieu  de 
n  par  quintal  ,  on  n'aurait  retiré  que  dix-huit 

Comme  i 
pas  faire  le 
que  la   som 
de  quinze  1 

reste  de  l'eau  dans  la  farine 
calcul  d'après  le  poids   du  bi 
ne  du  poids   de  la  farine  et 

et  le 

du.so 

son  ,  on  ne  peut 

t  le  lavage  ,  puis- 
0  l'excède  encore 

On    a    en 

la  quant.te 

On  a  eu 

a.rctirée  du 

ployé 
de  far 

pour  le  pétrissage  et  1 
ne  suivante,  540  Hv. 
e  de  farine  de  21  liv. 
n  liv. 

1  form 
14   on 

atioR  des  levains 
es  ,  et  celle  qu'o» 

Au  preui 
d'eau  ;  au 

de  farine  i. 
larine  ,  333 

er  lev 
econd 
0  Hv. 
once 
Hv.  S 

in  ,  on  a  mis  67  Hv.  de  farine  ,  3!  liv.  6  once» 
,  76  liv.  de  farine  ,   3i   liv.  2    onces  d'eau;  au 
de  farine,  3o  liv  d'eau  ;  au  pétrissage,  357  liv. 
,   240  hv.  d'eau.  Total ,   540  Hv.  14  onces  de 

Total  du 
égard  aux  » 

poids 
ingt-d 

de  la  pâte  ,  874  hv.  6 
eux  livres  du  premier 

levain 

d'eau ,  sans  avoir 
apportées  et  re- 

L  pas  pu  entrer  dans  Iç 
ngt-huit  pains  ,  pesait , 


art  de  la  fari 
■  les  pains   a 


reti- 


tirecs  de  la  pâte. 

Il   y  a   eu  un   restant   de    pâte    qui  n 
four,    il   pesait,    214  liv.   6  onses. 

La  pâte  ,    convertie  en   cent  quatre- 
avant  d'aller  au  four ,  660  liv. 

On  ne  doit  pas  compter  cinq  livres  un  q 
rée  du  son  ,  qu'on  a  employées  à  poudri 
les  pelles  et  sacs  sur  lesquelles  le  pain  a  été  mis  en  couche. 

Les  cent  quatre-vingt-huit  pains  retirés  du  four  et  refroidii 
pendant  quinze  heures  ,  ont  pesé  cinq  cent  vingt-cinq  liYres  buît 
onces  T  il  s'est  donc  êvnpore  dans  la  cuisson  cent  trente-quatre 
livres  huit  onces  d'eau  sur  les  deux  cents  cinquante  une  livre» 
douze  onces  qui  étaient  dans  le  pain  mis    au  four. 

Le  pain  que  nous  avons  obtenu  pesait  525   liv.    8  onces, 

Tl  est  resté  deux  cents  quatorze  hvres  de  pàti 


;  propo 


:mqc 


1  que  les  six  cents  : 
its  vingt-cinq  livre: 
in,  179    liv.   8  onci 


huit 


Produit  en  pain  de 
fasine,   7o5   liv. 


auraient,  en  s 
42  liv,   8  once 

Le  total  de 
onze  livres  de 
livres  8  onees, 

Les 


vaut  In  proportion  de 


produ 


de  pâte  qu 
e  pain,    au 


nployées 
'-.  en  pain 


quatre-vingt- 
en  pain,   747 


■égle: 


six.  cens    quatre-ringt-o: 
raient    dû    donnej-  d'après   le 
pain  ,  746  liv.|  4  onc. 

Bénéfice  trouvé  dans  Texpérience 
Le  pain  était  blanc  et  de  fort  bon 
par  le  résultat  de  l'expérience  ,   qut 
perdu  plus  d'eauque  la  proportion  reçue   t 
où  on  pèse  trois  livres  et  demi  de  pâte  po 


res   deux  onces  de   ble  a 
ent    des  manutentions  ,  < 


qualit 
ms  la 


ns     les  manuten 
faire  crois  livn 


bien  égak 


lient  surpris  qu 
lent". 
t  qualités  de  blé  avaient   éprouvé  , 


n.    No 


différ. 


lia, 


ce  que    le    fou 
obligé  de  laisse 


devoir    publier  le  proc 


des  lépeiilio 
■verbal  ,    et  e 


1  langue  fran^aiite  1    danti 


fermés    et 


aurait  dû   exiger   des 


Les  d. 
déchets  plus  considérables  que  ceux  qu'on  pouvait  suppos. 
dinaireraent;  et  ils  devaient  l'être  ,  parce  qu  ayant  lait  moudre 
dans  plusieurs  moulins  .  et  par  petites  quantités  .,  .1  eta.t  probable 
qu'on  n'aurait  pas  saisi  bien  exactement  les  momens  du  com- 
mencement et  de  la  fin  de  la  mouture  de  chaque  partie  ,  et  dans 
les  transports  on  perdrait  un  peu  de  fleur  de  farine. 

On   avait  aussi  éprouvé  dans  le  blutage  des  déc^hets  qn" 
raient  pas  eu   lieu  ,   si  les  blutoirs  avaient 
nettoyés. 

Les  déchets  avaient  dû  influer  sur  le  produit  du  blé  converti 
n  pouvait  leur  attribuer  la  differencr -'"   "  »r^"va,i- en 
iltats  et  la  quantité   de  pain  qu' 
lonnaîres.  | 

Ces  considérations  ont  engagé  la  commission  à  faire  une  nou-  j 
velle  expérience,  pour  constater  avec  plus  d'exactitude  la  qua- 
lité et  quaurité  du  pain  que  peut  produire  une  quantité  de  blé  dé  - 


pains da 


s   attribu 

;  suffisamment  ,    et  qu^on  a  1 
;  four  plus  long-tems  qu'à  1' 
que  la  commission  a  fait  exécuter 
plusieurs  observations  importantes  sur  les 
iens   des  méthodes    employées    dans  les    r 
ainsi  que  sur  les  moyens   de  les  perfectionner.  Po 
,    nous  suivrons  les  différentes   opérations  que  l'c 
blé  ,  pour  le    convertir  en  pain  :  nous    en  distin 
quatre  principales. 

iP.  La  préparation  du  blé,  avant  de  l'i 


rappo 


1  sa  prei 


oulin. 


.  de  la  fari 


4".  La  paniîîcarion  ,  qui  pourrait  être  aues'  divisée  en  fora 
des  levains,  pétrissage,  fermentarion  de  la  pâte  et  cuisson. 

^  Observations  sur  les  préparations  du   blé. 


•  peu  de  soin  que  les  habitans  mettent  dans  le 
ces  ,  la  récolte  du  blé  ,   et  la  méthode  employé 


pour   aepareï 


375 


le  grain  de  son  épi  ,  produisent  un  grain  toujours  mélange'  de 
terres  et  de  graines  etrrîngcres.    1]  est    dans   cet    ctat   envoyé  aux 

cevant  e\  en  le  livrant  ,  la  terre  et  les  grainçs  qu'il  contient,  et 
qui  forment  un  déchet  très-irrégiilier.  Certains  blés  n'ont  que 
cinq  pour  cent  de  déchet ,  tandis  que  nous  en  avons  vu  arriver 
de  ta  Haute-Egypte  qui  étaient  annoncés  avec  quarante  pour 
cent  de  déchet  qu'on  a  constaté  pendant  que  nous  étions  au 
méqyas. 

le  blé  de  la  Haute-Egypte  ne  contient  ordinaïremenL  que  de  la 
terre ,  un  peu  d'orge  et  de  la  paille  ,  tandis  que  celui  de  la  Basse-' 
Egypte  où  rhumidîté  plus  grande  et  les  pluies  font  naître  de 
mauvaises  herbes,  contient  ,  outie  la  terre  et  l'orge  ,  d'autres 
mauvais  grains  ,  pariicnlierement  une  graine  ronde  qui  pourrait 
gâter  le  pain  si  on  la  laissait. 

On  se  sert  pour  épurer  le  blé,  de  cribles  et  vans  î  nous  avons 
admiré  quel  parti  les  ouvriers  du  pays  tiraient  de  ces  instruniens 
grossiers  ,  pour  en  séparer  la  terre  et  successivement  les  dtifé- 
rentcs  espèces  de  grains  ,  en  leur  imprimant  des  mouvemens  ana- 
logues à  leur  pesanteur  et  h  leur  forme. 

Nous  aurions  désiré  que  cette  opération  qui  exige  beaucoup  de 
tems  et  d'hommes  ,  pOt  être  remplacée  par  une  machine  pareille 
aux  vcoLil;:tcurs  employés  en  Europe  ;  mais  nous  avons  observé 
qu'avec  ces  ventilateurs  ,  on  séparerait  difficilement  les  graines 
étrangères  ,  et  qu'ils  ne  dispenseraient  pas  du  lavage  ,  parce  que  , 
de  même  que  les  cribles  ,  ils  ne  pourraienf  point  diviser  les  mor- 
ceaux de  terre  de  même  grosseur  et  pesanteurque  les  grains  de  blé. 

Diins  les  manutentiuns  situées  sur  le  bord  de  Nil,  on  lave  le 
blé  dans  des  couffee  qu'on  remplît  à  moitié  de  blé  ,  et  qu'on 
plonge  dans  le  Nil.  En  remuant  le  blé  ,  la  paiUe  et  les  grains 
légers  surnageni  et  sont  emportés  par  le  courant  :  la  terre  se 
délaye  dans  l'eau  qu'on  doit  cliangcr  en  retirant  la  couffe  et  la 
replongeant  jusqu'à  ce  que  l'eau  soit  claire  ;  le  blé  est  ensuite 
étendu  sur  des  nattes  dans  un  endroit  aère  où  on  le  laisse  sécher 
pendant  vingt-quatre  heures  avant  de  l'envoyer  au  moulin. 

C'est  cette  méthode  que  nous  avons  employée  dans  nés  expé- 
riences ;  mais  elle  a  le  défaut  d'exiger  beaucoup  de  tt-ms  et 
d'hommes  qui  ne  se  donnfat  pas  la  peine  de  la  bien  faire,  lors- 
qu'ils ne  sons  pas  eurveilUs  :  elle  peut  aussi  difficilement  être 
bien  faite  sur  une  grande  quantité. 

Dans  la  manutention  de  Boulaq  qui  doit  fournir  tous  les  deux 
jours  plus  de  vingt  mille  rations  de  pain,  la  difficulté  de  laver 
une  aussi  grande  quantité  de  blé  par  cette  méthode  ,  en  a  fait 
employer  un  autre  plus  mauvaise  et  presqu'ausjï  dispendieuse.  Le 

client  dessus  pour  l'étendre  ,  faire  pénétrer  l'eau  ,  et  écraser  la 
terre  ;  on  y  mêle  ensuite  du  son  ,  et  on  arrose  le  blé  sur  lequel  on 
fait  encore  marcher  plusieurs  hommes  ;  le  son  est  suppose  dans 
cette  opération  attirer  la  terre.  On  vanne  et  crible  ensuite    le  blé 


cette  méthode  exige  be; 
à  perdre  la  fleur  de  fa  ri 
fait  cette  cette  opératio 
dans  lesquels  celte  sép^i 


II 


noulii 


Les 


liens  de  ces  deux  méthodes  ont  engagé  la  com- 
mission à  proposer  au  citoyen  Conté,  notre  collègue  ,  de  fjire 
une  machine  qui  rendît  cette  opération  importante  ,  facile  à  bien 
exécuter  en  grand,    et  dans  les   lieux  où  l'eau  serait  raie. 

Des  montures. 

Le  lavage  est  non  -  seulement  nécessaire  pour  séparer  la  terre 
mêlée  avec  le  blé,  il  l'est  encore  pour  donner  au  blé  l'humi- 
diré  convenable  h  une  bonne  mouture  ,  amolir  la  partie  du 
grain  qui  doit  former  la  larîne  et  la  rendre  propre  a  être  écrasée 
et  séparée  de  l'ecorce  du  blé   qui    doit  former  le  son. 

Les  blés  de  la  haute  Egypte  dont  la  matiirité  est  trop  accé- 
lérée par  la  chaleur  ,  sont  presque  tous  cornés  ,  et  ont  beau- 
coup plus  besoin  que  ceux  de  la  Basse  Egypte  d'être  mouillé  a 
avant  de  passer  au  moulin. 

Lorsque  le  blé  est  porté  sec  dans  un  moulin  dont  les  meules 
sont  trop  serrées  ,  il  est  complettemcnt  réduit  en  poussière  ,  et 
le  son,  presque  tout  aussi  fin  que  la  farine,  ne  peut  plus  en 
être  séparé.  Qiielques  entrepreneurs  ont  cru  gagner  en  employant 
Tane  pareille  mouture  ;  mais  ils  ^  e  trompent  bien,  ils  font  tou- 
jours de  mauvais  ,pain  ,  et  il  leur  produit  moins  ,  parce  que  le 
son  mêlé  à  la  farine  prend  moins  d'eau  ,  ne  fermente  pas  dans 
le  pétrisi-aç.e  comme  la  farine  ,  et  ne  donne  pas  de  partie  nour- 
rissante. Si  le  manutentionnaire  retire  exactement  vingt  livres  de 
son  et  de  la  farine  la  plus  grossière  sur  chaque  quintal  ,  il  entre 
dans  ce  qu'il  extrait  ,  de  la  bonne  farine  qui  produirait  beau- 
coup plus  de  meilleur  pain  que  le  son  qui  reste  mélangé  à  la 
faiine  :  s'il  ne  retire  pas  la  quantité  fixée  par  les  réglemens  , 
alors  il  est  punissable  ,  et  la  mauvaise  qualité  du  pain  fait  biento  t 

Si  les  meules  sont  peu  serrées  ,  le  gruau  qui  est  la  partie  la 
plus  dure  et  la  plus  substanciélle  du  blé  ,  n'est  pas  assez  écrasé; 
l'ecorce  qui  doit  former  le  son  étfmt  trés-seche  ,  est  en  partie 
réduite  en  poussière  par  le  fiuttement  des  meules  ,  et  ue  trouve 
mêlée  avec  la  farine  ,  tandis  que  ce  qu'on  extrait  comme  son  est 
du  gruau  ;  ce  qui  doit  occasionner  un  déficit  dans  le  produit  et 
la    qualité   du  pain.  ' 

Le  seul  moyen  d'éviter  ces  inconvéniens  est  d'envoyer  au 
moulin  le  blé  humide  et  seulement  en  proportion  des  besoins  , 
pour  qu'il  n'ait  pas  le  tems  de  se  sécher  avant  de  passer  sous  la 
meule  ;  mais  cette  préparation  nécessaire  sera  inutile  ,  si  on 
n'empêche  pas  l'échange  du  blé  ,  le  mélange  de  la  farine  et  le 
Tol  de  la  fleur  de  farine ,  auxquels  ont  est  particulièrement 
exposé  dans  les  moulins  du  pays,  qui  ne  peuvent  moudre  que 
deux    on    trois    quintaux    par    (our. 

Pour  moudre  les  quantités  de  blé  nécessaires  à  l'armée  ,  on 
est  obli£'-'  d'employer  un  giand  nombre  de  ces  moulins  ,  et  on 
n'a  pas  astez  de  moyens  de  surveillance  pour  empéchei  la  fri- 
ponnerie des  meuniers  :  la  mauvaise  farine  que  reçoivent  quel- 
quefois les  manutentionnaires  ,  leur  sert  toujours  ùt  prétexte 
pour  faire  de  mauvais   pain. 

Les  deux  moulins  à  vent  qui  ont  été  construits  au  Kaire  sont 
bons  ,  et  doivent  donner  de  bonne  farine  toutes  les  fois  qu'ils 
seront  bien  con<luits  ;  ruais  le  défaut  de  vent  suffisant,  rend 
leur  produit  trés-irrégulicr  ,  et  ils  ne  puuvent  moudre  ,  lors- 
qw'il  est  suffisant,  qu'une   pttite  partie  de  la   quantité  nécessaire 

La  commission  pense  qu'un  monlvo  à  eau  établi  sur  un  ba- 
teau dans  le  Nil  ,  cl  qu'on  construirait  de  manière  à  moudre 
Boixante  quintaux  par  jour  ,  serait  un  élablisscment  fort  utile. 
Ce  moulin  n'irait  probablement  pas,  ou  donnerait  un  produit 
moins  considérable  dans  les  basses  eaux  du  Nil  ;  alors  on  serait 
toujours  obligé  de   ae  servir    des    moulins  du  pays. 

Afin  de  parvenir  à  surveiller  suffisamment  les  moutures  ,  on 
pourrait  auwi  faire  établir  un  certain  nombre  de  moulins  dans  un 
même  établissement  rapproché  des  manutentions,  et  y  mettre  une 
police  suflisantc  pour  cnjpêcher  les  mélanges  du  bl»  et  de  la 
farine  ,  et  le  vol  de  la  fleur  de  farine  ;  ces  moulins  ,  divigés  par 
des  mfuniers  inielligcns  ,  feraient  aussi  de  meilleure  farine  :  on  a 
déii  fait  ainsi  à  la  citadelle  et  a  Gyzéh,  Cet  établissement  ne 
«oiiicrait  pas  cher  ;  il  existe  dans  toutes  lee  grandes  maisons  du 
Kaire  de»  moulins  ,  et  on  en  trouverait  un  nombbrc  sufîisant 
dam  fcilcfl  qui  iippailienncnt  k  la  république.  Les  seules  dtpcnsea 
ueraicht  le  transport  de  ce»  moulins  ,  rt  l'arrangement  du  local 
«^u'uri  choisirait  pour  les  placer  :  cette  dépense  flcraitbitutot  com- 
penoée  par  l'économie  et  la  bonne  qualité  des  moutures. 
Dt  la  liparatlon  du   son. 

fin  «*cit  lont't.ema  lervi  ,  et  on  emploie  encore  dani  quelques 
>eiitci  maniiicniitfnB  j  dt>  tamis  pour  séparer  le  son  de  la  farine» 


pou 


iicoup  de  tema  et  d*ouvricrs  ,  et  exp 
le,  si  le  vent  souHe  dans  l'endroit  ou 
I.  On  a  pna  le  parti  d'établir  des  blutt 
ation  se  fait  sans   perte  ,  en  peu  de  U 

e  d'établir  un  bon  ordre  de  surveilla 
yant  été  bien  faites  ,  on  fasse  très-ex 


liun  du  s 
in    s'est  1 


ue  par  les  expériences  ,  que  le 
blé  ne  contient  pas  vingt  livres  de  sou  par  quintal  :  il  en  a  seu- 
lement dix-huit  à  dix-neuf  livres  :  le  surplus  ,  lorsque  la  mouture 
a  été  bien  faite  ,  est  tout  de  farine  propre  à  faire  du  pain  de 
munition  aussi  beau  que  celui  qu'elle  a  obtenu  dans  les  expé- 
riences. Celui  qu'eUe  a  (ail  dans  la  seconde  expérience  est  pres- 
qu'aussi  beau  que  le  pain  d'hôpital  ,  pour  lequel  on  doit  extraire 
vingt-cinq  livres,  tant  son  que  gruau,  tandis  que  dans  cette  ex- 
périence on  n'a  pas  extrait  dix-neuf  livres  de  son. 

Comme  le  pain  d  hôpital  doit  être  plus  léger  et  moins  substan- 
tiel* qi^e  le  pain  de  munition  ,  on  en  extrait  la  farine  de  gruau  la 
plus  grossière  ;  mais  on  peut  en  faire  d'excellent,  sans  extraire 
les  vingt-cinq  livres  prescrites. 


Panijtcalhn 


Lac 


nission  a  recontiu  que  c'était  principalement  de  la  pré- 
paration ,  du  lavage  du  blé  ,  des  bonnes  moutures  et  de  l'exacte 
séparation  du  son,  qu'on  devait  s'occuper  pour  obtenir  du  bon 
pain.  Les  boulangers  accoutumés  au  travail  de  la  boulangerie  fe- 
ront toujours  du  beau  pain  ,  lorsqu'on  leur  donnera  de  bonne 
farincj  et  qu'ils  y  apporteront  les  soins  nécessaires.  La  commis- 
sion a  seulement  observé  que  dans  ce  pays  la  fermentation  éiaît 
plus  précipitée  ,  les  levains  se  formaient  plutôt  et  étaient  plus 
disposés  k  s'aigrir  ;  elle  recommande  aux  boulangers  d'observer 
avec  soin  l'instant  où  la  fermentation  doit  être  arrêtée  ,  afin  d'é- 
viter le  goùc  aigre  que  le  pain  a  souvent. 

La  méthode  qu'on  a  adoptée  de  chauffer  les  fours  avec  des 
roseaux  ,  de  la  paille  de  doura  ou  du  carihame  ,  est  bonne  et 
u  pays;  la  commission  ne  pense  pas  qu'on  doive 
jmbustible  ,  mais  qu'il  serait  peut  être  possible  d'en 
consommation  par  quelques  changemens  dans  la 
des    fouts. 


Au  quartier  général    du  Kaire  ,    le   27   thermidor  an    8    de   la 
république  française. 

Signés ,  le  général  de  division  Rey'n'ier  ,  président  ;  l'ordonna- 
teur en  chef  Baure  ;  le  général  de  brigade  Lagrange  ;  le 
chef  de  brigade  SiUy  ;  le  chef  de  brigade  Viala  ;  le  chef 
de  brigade  Conté  ;  le  directeur  général  des  poudres  et  sal- 
pêtres Champy  ;  le  chef  de  brigade  Lambert  ;  et  ie  médecin 
en  chef  R.    Dagenettes  j    secrétaire. 


T    R    I    B    U    N    A    T. 

Préndence   de  Thiesséé 
SÉANCE     DU     1"   NIVOSE. 

Après  la  lecture  Au.  procès-verbal  ,  le  Iribunat 
procède  au  renouvellement  de  son  bureau  ; 
Mouricaut  est  élu  président:  les  secrétaires  ,  sont 
Fabre  ,  Jubé  et  Perrè.  Coriè  et  Baiihelemy  ayant 
réuni  le  même  nombre  de  suffrages  ,  le  plus 
âgé  sera  le  quatrième  secréiaire, 

On  procède  ensuite  à  un  scrutin  d'indication 
pour  Ja  pré-entation  d'un  candidat  au  sénat  con- 
servaieur.  Il  y  avait  85  votans.  le  généra)  Rampon 
à  réuni  53  suffrages  ,  Crassous  5  ,  Grégoire  4  , 
Desmeuniers  4  .  Treilhard  4  ,  Lacombe  Saint- 
Michei  3,  La  Révcillere-Lepeaux  2  ,  le  citoyen 
Ch,ilry-Lal'osse  ,  Thibaud  ,  Lafayette  ,  Mulot  , 
Mourgues  ,  Parraentier  ,  Laioni.- Ladebat  ,  le 
général  Ferrand  et  Magnien  ,  ont  eu  chacun  une 
voix. 

Il  sera  procédé  à'un  second  scrutin  dans  les 
délais  prescrits  parle  règlement. 

Le  Président  ;  la  parole  est  à  notre  collègue 
Emile  Gaudin  ,  pour  une  motion  d'ordre. 

Emile  Gaudin  :  Tribuns  ,  le  3  messidor  an  8  , 
pour  célébrer  les  prod-ges  que  le  ji,é,nie  ,  la  va- 
leur et  la  science  militaire,  le  dévoument  et  la 
mort  des  héros  venaient  d'opérer  sur  les  Alpes, 
en  Italie,  et  en  Allemagne,  vous  avez  choisi  un 
de  nos  collègues  aussi  disiinguè  par  son  élo- 
quence ,   que  par  ses  venus  républicaines. 

Convaincu  que  vous  placez  au  rang  de  vos 
premiers  devoirs',  que  vous  regardez  comme  une 
de  vos  plus  belles  attiibutions  le  soin  de  procla- 
mer et  d  honorer  à  cette  tribune  les  noms  et  les 
aciions  des  citoyens  qui  s'illustrent  en  combattant 
pour  la  liberté  et  le  bonheur  de  la  patrie  ,  j'eusse 
dû  peut-être  attendre  qu'un  nouveau  choix  de 
voue  part  dé  ij;nâ'.  l'orateur  qui  devrait  en  votre 
nom  ,  payer  un  jusie  tribut  d'éloges  à  l'armée 
d  Orient,  pour  ses  glorieux  et  uii  es  exploits,  et 
pour  les  vertus  qu'elles  ne   cesse   de  déployer. 

Soldais  français  qui  avez  conquis  lEgypte  ,  que 
vos  desiinèrs  sont  belles  !  quelles  sont  grandes  ! 
Les  lau'icrs  que  vous  avez  cueillis,  les  actes  de 
modération  et  de  justice  qui  ont  accompagné  et 
suivi  vos  succès  produiront  une  abondante  mois- 
son de  prospèriiès  pour  la  France  ,  pour  l'Eu- 
rope ,  pour  tout  le  génie  humain  !  Vous  aviez 
puissamment  contribué  à  l'indépendance  et  à  la 
liberté  de  voire  patrie  ;  le  monde  commercial  et 
industriel  vous  devra  principalement  son  affran- 
chissement. 

Tenter  ud  débarquement  en  Egypte,  soumettre 
et  posséder  celle  tt-rr'e  féconde  ,  rétablir  ensuite 
à  travers  l'isthme  qui  s'attache  à  l'Asie  ,  ces  com- 
munications antiques  ,  qui  lièrent  iadis  les  régions 
du  midi  aux  peuples  de  l'occident  ,  qui  turent 
dans  les  i3^.  et  14°.  siècles  ,  une  source  de  gloire 
et  de  richesses  pour  les  vénitiens,  sans  doute 
n'était  point  nne  idée  nouvelle;  mais  si  le  propre 
du  génie  est  de  concevoir  de  grandes  entreprises , 


il  n  appartient  èiiidement  qu'à  Ir.i  seul  de  lei 
exécuter;  lui  seul  peut  ccmibiiKi  ci  rasitiuMer 
les  élémens  ,  appertevoir  les  moyens  d'ensemble 
et  les  détails  nécessaires  pour  assurer  leur  lèus- 
site. 

Après  la  paix  de  Campo  -  Forraio  ,  le  vain- 
queur de  rita'ie  (ut  appelé  ,  autant  par  le  vœu 
national  que  par  le  gouvernement',  à  commat.- 
der  l'armée  destinée  à  combattre  le  dernier  et 
le  plus  implacable  des  ennemis  de  la  répu- 
blique. 

Le  peuple  français  ne  desirait  pas  que  la 
Grande-Bretagne  tut  afTamée  ,  partagée  ou  dé- 
truite. Il  n'aspirait  point  à  renverser  ces  chartes 
antiques  ,  et  cette  consiitution  si  justement  ré- 
vérée et  chérie  parla  nation  anglaise  ,  puisqu'elle 
leur  doit  sa  splendeur  ,  et  qu'elles  eussent  en- 
core plus  l'ait  pour  sa  tcliciié ,  si  elles  eussent 
toujours  été  fidèlement  observées  ,  si  le  frein 
qu'elles  imposaie'^  à  l'ambition  et  à  la  cupidité 
des  ministres  n'eût  point  çié  brisé  avec  scandale 
et  impunité.  Mais  ce  que  le  peuple  français  vou- 
lait ,  ce  qu'il  a  toujours  voulu  et  ce  qu'il  veut 
encore  ,  c  est  l'indépendance  de  son  pavillon  , 
de  celui  de  ses  allies  ,  et  de  tous  les  peuples 
navigateurs  et  comraerçans  ;  c'est  la  jouissance 
pour  lui,  pour  eux  ,  sans  obstacles  et  sans  ré- 
serve ,  des  droits  et  des  avantages  de  commu- 
nicaiions  et  de  transports  ,  dont  il  semble  que 
la  rature  ait  voulu  gratifier  tous  les  hommes  , 
lorsqu'elle  entouia  Tes  parties  terrestres  de  ce 
globe   de  la  vaste    étendue  des  mers. 

Fiere  de  ses  flottes  nombreuses  ,  du  courage  et 
de  I  habileté  de  ses  marins,  d'au'ani  plus  avide 
de  richesses  qu'efe  en  acquiert  d'avantage  ; 
l'Angleterre  était  et  se  montre  encore  bien  éloi- 
gnée de  souscrire  aux  conseils  que  l'équiié  et 
son  intérêt  bien  entendu  ,  lui  donnent  depuis 
long-tems  à  cet  égard.  Elle  paraît  plus  que  jamais 
au  coniraire  regarder  les  nations  comme  sa  proie  ', 
son  commerce  ,  son  industrie  ,  et  à  leur  défaut 
son  pouvoir  maritime  ,  doivent  concentrer  entre 
ses  mains  tous  leurs  trésors  ;  avec  leurs  dépouilles 
elle  se  flatte  de  pouvoir  à  sou  gré  acheter  et 
prodiguer  leur  sang  ,  et  les  livrer  à  des  divisions 
et  à  des  déchijemens  qui  les  empêchent  de 
pouvoir  jamais  s'unir  contre  elle.  Ces  odieux 
principes  viennent  encore  récemment  d'être  pro- 
fessés ,  et  hautement  proclamés  par  les  ministres 
de  la  Grande-Bretagne. 

C'est  sur  leurs  conquêtes  dans  l'Iiîde  que  les 
anglais  appuient  le  trident  qu'ils  ont  usurpé.  Pour 
l'arracher  de  leurs  mains  ,  c'était  donc  ve-s  l'Inde 
qu'il  fallait  diriger  les  coups  qu'on  se  préparait  à 
leur   porier. 

Pour  pénétrer  dans  cette  région  éloignée  ,  la 
route  la  plus  courte  ,  la  plus  assurée  ,  et  la  moins 
prévue,  était  celle  de  lEgypte.  Bonapaitt  le 
conçut  .  et  le  plan  déjà  mediiè  depuis  longlenis 
d'occuper  cette  contrée,  lut  soudain  résolu,  et 
non  moins  rapidement  teniè.  Il  :.e  fonde  point 
seulement,  comme  les  conquérans  vulgaires,  ses 
espérances  de  succès  sur  ces  moyens  de  force  et 
de  destruction  que  le  génie  de  la  guerre  a  in- 
ventés ;  mais  aussi  phil.jntrope  que  prévoyant,  il 
prépare  et  réunit  autour  de  lui  tous  les  moyens  de 
former  une  colonie  puissante  ,  et  de  la  taire 
fleurir. 

Il  associe  à  ses  destinées  ces  hommas  précieu* 
qui  C'jJiivent  les  stiinces  protectrices  de  Isi 
liberté  ,  et  les  arts  bienfesans  et  réparateurs  à 
l'aide  desqu  la  le  peuple  vainqueur  fait  oublier 
ses  triomphes   aux  peuples   soumis. 

Laper:e  de  la  floue  à  Aboikr  ,  en  suspen- 
dant sa  destinaiion  ultérieure  ,  n'eut  d'autre  ré- 
sultat pour  l'armée  française  ,  que  de  la  forcer  à 
s'occuper  sérieusement  à  s'établir  d'une  manière 
solide  et  durable  dans  l'Egypte  ,  qu'elle  avait 
déjà  presqu'entierement  subjuguée. 

Au  but  politique  qu'on  s'était  promis  d'attein-* 
dre  par  l'expédition  d  Egypte  ,  devait  se  ratta- 
cher l'intention  d'arracher  ce  beau  pays  à  la  ty- 
rannie des  mameloutks  violaleurs  des  traités  ,' 
d'imprimer  à  l'empire  ottoman  le  senticnem  de 
notre  dignité  et  de  notre  puissance  s  et  en  éia- 
blissant  un  point  de  contact  immédiat  avec  lui, 
de  lui  communiquer  assez  de  vigueur  pourqii'ii 
pût  se  meure  à  l'abri  des  attaques  méditées  contre 
lui.  Mais  le  succès  passager  de  Nelson  ,  l'or  et 
Ils  menaces  du  cabinet  de  Saint-James  ,  la  lâcheté 
et  la  corruption  de  la  plupart  des  ministres'  cie 
Selim  m,  le  fanatisme,  l'ignorance  et  l'orgueil 
de  tous,  déjouèrent  les  combinaisons  et  l'espoir 
de  l'amitié  éclairée  et  prévoyante. 

Je  n'entreprendrai  point,  tribuns,  de  décriie 
les  actions  militaires  de  l'armée  d'Egypte  ,  depuis 
son  débarquement ,  le  compagnon  le  plus  fitlele 
de  Bonaparte;  le  général  rjuil  associa  toujours 
à  ses  travaux  ,  à  ses  dangers  et  à  sa  gloire  ,  \'ier't 
de  publier  une  relation  aussi  iniéressante  que 
fidelle  de  celle  mémorable  campagne.  Commci  ( 
en  parlerais-je  dignement  apiès  Ivii.  Je  uic  bo,- 
ner.ii  à  fixer  votre  ailcnlion  sur  le  zèle  d  l'ar  leur 
avec  lesquels  les  sciences  furent  cultivées  ,  et 
leur  doinaine  agrandi  au  milieu  du  tumulte  dis 
armes.  Tous  les  travaux  ,  tous  les  ans  utiles  sont 
entrepris  et  pratiqués,  et  les  avantages  qui  i-rï 
résniient  sont  communs  aux  vaincus  comme  au>< 
vainqueurs. 


En  même  tems  la  perception  des  impôis  est  ré- 
glée el  cesse  d'êire  aibitraire.  Les  propriétés  sont 
assurées  à  leurs  possesseurs  ,  la  justice  esi  rendue 
à  celui  qui  l'invoque.  La  protection  succède  aux 
avanies,  la  modération  à  la  violence. 

Les  françiis  devaient  recueillir  le  fruit  d'une  con- 
duite si  m.i'gnanime  ,  si  ditFérenle  de  celle  des  op- 
presseurs de  l'E^^ypie  ,  et  c'est  d;  l'ennemi  quils 
en  reçoivent  l'assurance.  Ecoutez  M.  Mor  er  ,  cet 
agent' de  lord  Elgin  .fcel  artisan  de  ruses;  toutes 
ses  recherches  n'ont  abouti  qu'à  le  cotivaincre  que 
Is  fiançais  s'étaient,  fait  aimer  dans  lEgypte  et 
qu'ils  y  é. oient  regrettés.  Cet  avis  si  douloureux 
pour  lui  ,  ts  le  plus  beléloge  que  nous  puissions 
adresser  à  nos  géi.éreux  compatriotes. 

Mais  c'est  toi  sur-tout  brave  Desaix  dont  nous 
ne  cesserons  de  déploier  la  perte  prématuiée  , 
c'est  toi  sur-;oui  qui  te  distingues  par  la  modéra- 
lion  et  ton  équité.  Aussi  les  habitans  sensibles  et 
leçonnoissjus  du  Sa'id  ,  chez  lesquels  tu  portais 
une  guerre  étrangère  ,  dont  ils  avaient  été  exempts 
depuis  plusieurs  siècles  ,  le  doncereni-ils  le  beau 
surnom  d  el-nisckid  ,  LE  juste,  qui , depuis  le  grand 
Hnroun  ,  tiepuis  mille  ans  ,  n'avait  été  spécialement 
afl'ecié  à  aucun  calif  ou  sultan. 

Là  tu  trouvas  un  ennemi  digne  de  toi  par  son 
courage  et  sa  persévérance  ,  et  l'on  ne  sait  ce 
qne  l'on  doit  le  plus  aaniirer  ,  ou  de  ton  infati- 
gable activité  qui  le  poursuit  sans  relâche  ,  ou 
de  l'infatigable  patience  de  Murad-bey  ,  qui  ne 
désespère  jamais  de  la  fortune,  et  qui  se  montre 
menaçant  et  redoutab'e  ,  lorsqu'on  le  croit  dis- 
persé el  pour  jamais  abattu. 

Le  grand  cœur  de  Murad-b.-y  devait  estimer  des 
.  adversaires  tels  que  les  français.  Il  pense  b'enlôt 
qu'd  trouverait  p'us  de  sûreté  auprès  d'ennemis 
qui  relèvent  l'ennemi  qu'ils  viennent  d'abattre  ,  et 
qui  le  serrent  contre  leur  sein,  qu'auprès  de  ces 
osraanlys  perfides  envers  leuis  partisans ,  comme 
envers  leurs  ennemis  ,  et  qui'ne  savent  qu'égorger 
ceux  qu'ils  o;;t  engagés  à  déposer  les  armes. 

Le  traité  qu'il  concludavec  le  général  en  chef 
K  e'jcr,  léciproquement  avantageux  ,  lui  assura  le 
repos  et'  urie  existence  honorable  ,  et  il  donna  à 
l'établissement  des  français  ,  en  Egypte  ,  un  degré 
de  stabilité  tel  qu'ils  purent  désormais  le  croire 
inébranlable. 

Durant  la  période  qui  précéda  immédiatement 
cet  important  traité  ,  l'armée  d  Orient  avait  été 
soumise  à  l'épreuve  la  plus.difficile  qu'elle  dût 
subir;  elle  avait  traversé  l'époque  de  ses  plus  pres- 
sans  dangers  ,  et  de  sa  plus  grande  gloire. 

'  Le  héros  qui  l'avait  conduite  sur  les  bords  du 
Nil  ,  fjui  avait  été  lame  de  tous  ses  mouvemens  , 
avec  qui  elle  avait  toujours  vaincu  ,  sur  lequel 
enfin  elle  avail  jusqucs-là  reposé  toutes  ses  espé- 
rances, s'était  vu  forcé  de  la  quitter,  en  gardant 
le  plus  profond  secret  sur  son  départ;  la  liberté 
et  l'indépendance  nadonale  imminement  com- 
proiiùse  ,  le  rappellaient  en  France  ,  mais  il  lui 
laissait  Kleber  pour  la  commander.  Nul  général 
n'était  plus  fail  pour  succéder  à  Bonaparte  ,  plus 
propre  à  ranimer  la  confiance  de  l'armée.  Avec 
Kleber  elle  se  montra  supérieure  à  cet  événe- 
ment d'autarjt  plus  terrible  pour  elle  qu'il  était 
imprévu. 

Cependaiit  les  motifs  qui  avaient  nécessité  le 
départ  de  leur  ancien  général  étaient  connus  :  i's 
excitaient  les  mêmes  inquiétudes  et  les  mêmes 
allarmes  qu'il  avait  éprouvées.  L'amour  de  la 
gloire  n'occupait  que  le  second  rang ''dans  ces 
âmes  entièrement  cevouées  à  la  patrie. 

Kleber  lui-même  pensa  qu'il  fallait  assurer 
l'existence  de  la  république  avant  de  travailler  à 
fonder  sa  prospérité  ,  et  que  les  invincibles  ba- 
taillons qu  il  commandait  pouvaient  lui  être 
nécessaires  pour  repousser  ces  nombreux  snne. 
mis  étrangers  et  domestiques  qui  semblaient  s'être 
de  nouveau  co.ijurés  pour  sa  ruine.  11  signa 
donc  cette  convention  d'el-Arisch  .  en  vertu  de 
laquelle  il  s'engageait  à  évacuer  1  Egypte  ;  mais 
la  providence  ne  permit  pas  que  ce  monument 
magnifique  ,  élevé  par  le  génie  et  la  valeur  à 
1  indépendance  des  peuples  et  à  la  civilisaiion  , 
s'écroulât  ausfi  promptement.  Pour  la  première 
fois  ,  la  perfidie  et  l'inepte  cupidité  <les  minis- 
tres du  cabinet  de  Saint-James  ,  l'ignorance  et  la 
férocité  turques  conspirèrent  en  faveur  de  l'hu- 
manité- 

Ici  ,  mes  collègues,  c'est  le  général  Kleber 
lui-même  qu'il  faut  enteudre.  Il  a  pris  soin  de 
faire  coiinsître  les  causes  et  les  suites  de  la  rup- 
ture de  la  convention  d'el  Arisch.  Dans  cette 
relation  qu'il  a  commencée  ,  et  où  l'énergie  de 
son  caractère  et  sa  gfaade  ame  sont  si  bien 
retracées  ;  il  a  consacré  avec  le  burin  de  l'im- 
morialité  les  exploits  des  héros  qu'il  conduisit  à 
■la  victoire. 

Lui  seul  pouvait  s'élever  à  la  hauteur  d«  son 
sujet;  et  répéter  ce  qu'il  a  dit  ,  serait  l'affaiblir. 
Au  milieu  de  ses  triomphes  ,  au  moment  où  il 
allait  prouver  que  les  îalens  de  l'administraleur 
égalaient  ceux  du  guerrier,  ce  grand  capitaine 
tombe  sous  le  ter  d  un  vil  assassin.  Le  fanatisme  , 
te  monstre   odieux  qu'il  avait  cru  désarmer   jiar 


'  376 

la  clémence  et  la  magnanimité  dirigea  ce  coup 
affreux  qui  plongea  1  Egypte  et  la  France  dans 
un  deuil  profond.  Pêne  vraiment  immense  pour 
tous  les  sincères  amis  de  leurs  pays  ,  et  dont  il  ne 
pourront  jamais  se  consoler  ! 

Aux  scènes  de  carnage  .  à  l'horreur  des  com- 
bats ,  ont  succédé  une  iranquiHité  prolonge  et 
»in  calme  parf.rir  inconnus  depuis  long-tems  aux 
Ea;ypiiens.  Le  siigc  el  vaillanl  général  qui  a  rem- 
placé l'illustre  Kleber  n'en  et  pas  moins  aciif, 
ni  moins  vigilant.  Sa  prévoyance  s  étend  à  toui. 
Il  paraîi  ég^dement  animé  et  de  l'esprit  qui  crée  et 
de  l'esprit  qui  conserve.  Aux  yeux  de  quiconque 
connaît  les  mœurs  et  les  usages  de  l'Orient  ,  l'état 
politique  respectif  des  diverses  nations  qui  l'ha- 
biteni  .  les  régleracns  dy  général  en  chef  Menou  , 
relatifs  à  l'administration  et  aux  naturels  du  pays  , 
présenteront  l'empreinte  de  la  plus  haute  sagesse. 
Ils  atteignent  ce  milieu  si  difficile  à  saisir  pour 
maintenir  la  paix  entre  tous  ,  et  qui  doit  succes- 
sivement rendre  à  ces  malheureux  peuples  de- 
puis si  long-tems  avilis  et  opprimés.  Le  senumeni 
de  leur  dignité  et  de  leur  indépendance  natu- 
relle ,   et  la  jouissance  de   leurs  droits. 

Ce  que  vous  remarquerez  avec  non  moins  de 
satisfaction  ,  tribuns  ,  c'est  cet  amour  et  ce  dé- 
vouement pour  la  pairie  et  la  liberté  que  les 
chefs  et  les  so'dals  professent  à  l'envi  ,  et  ce  zelc 
avec  lequel  les  instiluiions  républicaines  sont  éle- 
vées au  sein  de  la  nouvelle  colonie. 

Guerriers  invincibles  ,  citoyens  fidèles  ,  vous 
n'avrz  cessé  de  bien  mériter  >le  votre  patrie ,  vous 
pouvez  compter  sur  elle.  Votre  ancien  général  , 
aujourd'hui  premier  consul  de  la  république  , 
veille  sur  vous  avec  une  cons:ante  sollieitude. 

Il  vous  décernera  les  récompenses  nationales  , 
dont  il  est  le  dispensateur.  Lesautoriiés  suprêmes 
concourront  avec  lui  pour  honorer  voire  dévoue- 
ment et   vos  services. 

Le  tribunat  ,  dès  aujourd'hui  ,  s'empresse  de 
vous  donner  une  marque  éclatante  des  senliraens 
que  vous  lui  avez  inspirés. 

En  conséquence  ,  mes  collogucs  ,  je  vous  pro- 
pose l'arrêté  suivant  : 

Le  tribunat  .  apiès  avoir  entendu  un  de  ses 
membres  ,  et  sur  sa  proposition  ,  prend  l'arrêlé 
suivant  : 

II  Les  pièces  officielles  concernant  l'armée 
française  en  Egypte  ,  publiées  dans  le  Moniteur 
des  25  ,  26  ,  27  et  28  ftimaires  ,  seront  réim- 
primées par  l'imprimeur  du  tribunat  ,  et  distri- 
buées à   chacun  de  ses  membres. 

I'  Deux  exemplaires  des  mêmes  pièces  ,  aux- 
quelles sera  joint  le  recueil  de  toutes  celles  qui 
ont  été  publiées  officiellement  jusqu  à  ce  jour, 
relativement  à  lexpédition  d  Egypte  ,  seront 
déposées  ,  l'un  à  la  bibliothèque  du  tribunat  , 
et  l'autre  aux  archives  ,  comme  un  monument 
de  son  admiration  et  de  sa  reconnaissance 
pour  la    brave   armée   d'orient. 

Riouffe  prononce  un  discours  dans  le  même 
sens  ;  il  fait  deux  propositions  addiiioiinelles  à 
celles  d'Emile  Gaudin.  Il  propose  1°  l'envoi 
d'un  message  au  gouvernement  ,  pour  ttan!- 
raettre  à  l'armée  d  Orient  les  témoignages  de  la 
satisfaction  publique  et  de  la  reconnaissance 
niitionale. 

2°.  D  inviter  le  gouvernement  à  faire  composer 
un  livre  élémentaire  ,  contenant  1  histoire  et  la 
description  des  campagnes  des  armées  de  la  ré- 
publique ,  lequel  livre  serait  elisiribué  comme 
ouvrage  classique  ,  à  toutes  les  écoles  delaré- 
qublique. 

Le  tribunat  ordonne  l'impression  des  discours 
d'Emile  Gaudin  et  de  Riouffe  ,  et  leur  renvoi  à 
une  commission  composée  d  Emile  Gaudirr  , 
Riouffe  ,    Moreau  ,  jubé  et   Desmeuniers. 

La  séance   est  levée. 

CORPS-LÉGISLATIF. 

Présidence  de  Piion-Dugaland. 
SÉAfJCEDU   1"   NIVOSE. 

L'ordre  du  jour  appelle  le  renouvellement  du 
bureau. 

Le  scrutin  ,  pour  ce  renouvellement  ,  donne  la 
majorité  des  suffrages  au  citoyen  Bourg-Laprade  , 
qui  est  proclamé  président. 

Les  quatre  nouveauxsccrélairessont  Guyot-des- 
Herbiers,  Girod,  de  l'Ain  ;Delamareet  Lagrange. 

A  uiie  heure  et  demie  ,  Devaisneset  Defermoni, 
conseiilers  d'état ,  sont  introduits  dans  la  salle. 

Devaisne  présente  un  projet  de  loi  tendant  à 
mettre  à  la  disposition  du  gouvernement  : 

1°.  La  somme  de  9,479  fr.  16  cent,  pour  l'acquit 
du  reste  des  dépenses  du  tribunat  pendant  l'an  8. 

2°.  La  somme  de  239,946  fr.  8C  cent,  pour  l'ac- 
quit du  rcsic  des  dépenses  faites  en  l'an  7,  pour  la 
construction  du  palais  ci-devant  destiné  au  conseil 
des  5oo. 

3°.  La  somme  de  79,006  fr.  25  cent,  pour  l'acquit 
du  reste  des  dépenses  faites  en  l'an  8  ,  par  la  com- 
mission de  liquidation  du  conseil  des  5o8. 


4°.  La  somm»  de  200,000  fr.  pourVacquît  du  res- 
tant des  dépenses  faites  en  l'an  S  ,  pour  l'établisse- 
ment du  gouvernement. 

Citoyens  législateurs,  continue  Dcvaisni  s  ,  la 
loi  dont  nous  venons  vous  soumettre  le  projet  , 
a  pour  objet  des  dépenses  qu'il  faut  régulariser,, 
pour  que  la  compiabililé  n'éprouve  aucune  dif- 
ficulté. 

Vous  trouverez  dans  les  pièces  que  nous  met- 
trons sous  vos  yeux  les  motifs  qui  les  ont  néces- 
sitées ,  et  nous  ne  doutons  pas  quils  ne  V!)Us  pa- 
roissenl  aussi  fondés  qu'ils  l'ont  paru  au  gouver- 
nement. 

Nous  sommes  aussi  persuadés  que  vous  ne 
serez  pas  surpris  que  les  dépenses  d'établissement 
du  gouvernement  aient  excédé  à  la  somme  à  la- 
quelle on  avait  cru   pouvoir  l?s  évaluer. 

Les  apperçus  de  dépenses  ne  se  portent  plus 
à  CCS  sommes  exorbitantes  auxquelles  on  les  éle^ 
vait  dans  les  premières  années  de  la  rép'jblique. 
Le  gouvernement  a  voulu  ,  et  chacrin  sest  fait 
un  devoir  de  se  renfermer  dans  de  justes  limites  ; 
mais  de  même  que  les  apperçus  pourront  laisser 
sur  quelques  atticles  un  excédent  de  crédit,  il 
n'est  pas  surprenant  qu'ils  laissent  un  déficit  sur 
quelques  autres.  C'est  le  résultat  inévitable  d'éva- 
luations faites  par  apperçu. 

Les  quatre  articles  pour  lesquels  le  goiiverne- 
ment  vous  demande  des  supplémens  de  crédit, 
s'élèvent  à  528  mille  482  francs  1 1  centimes.  C'est 
sur  les  fonds  faits  pour  les  années  auxquelles  les 
dépenses  appartiennent  ,  qu'elles  doivent  être 
acquittées.  Le  gouvernement  veillera  à  ce  qu'elles 
le  ,>oient  exactement  ;  mais  il  liendra  sévèrement 
la  main  à  ce  que  les  exercices  ,  tant  pour  les  re- 
ceiies  que  pour  les  dépenses  ,  soient  constam- 
ment maintenus.  C'est  le  principal  moyen  d'ob- 
tenir de  la  régulariié  el  de  l'ordre  dans  l'adminis- 
tration et  dans  les  comptes  de  la  république;  et 
c'est  aussi  !e  plus  sûr  moyen  d'e:iCOurager  la 
confiance  de  ceux  qui  traitent  avec  ellÉ. 

La  discussion  de  ce  projet  est  indique'e  au  i6 
nivôse. 

Le  corps  législatif  arrête  qu'il  sera  envoyé  dans 
le  jour  auuibunat,  avec  les  motifs  qui  l'accom- 
pagnent. 

Le  président  annonce  trois  nouveaux  orateurs 
du  gouvernement ,  Régnier  ,  Thibaudeau  et  Fran- 
çais ,  de  Nantes. 

Le  premier  obtient  la  parole  ,  et  fait  lecture  d'un 
projet  de  loi  pour  l'organisation  d'une  nouvelle 
administration  forestière. 

L'orateur    développe    les   motifs   de  ce  proiet. 

La  discussio.T  en  est  indiquée  pour  le  16  nivôse. 

Le  corps  législatif,  après  avoir  ordonné  l'envoi 
du  projet  au  tribunat,  procède  au  scrutin  de  la 
liste  indicative  pour  l'élection  d'un  candidat  à  pré- 
senter au  sénat  coijservaicur. 

Le  nombre  des  votans  est  de  260  ,  le  général 
Rjmpon  réunit  220  suffages  ;  le  surplus  est 
réparti  de  la  manière  suivante. 

Réveillere  -  Lépaux  ,  le  général  Valence  et 
Bossu  ,  4  voix  ;  Grégoire  5  ;  Pastoret  3  ;  Dolo- 
mieu  et  Félix  Faulcon  ,  2  ;  Lacreteile  ,  aîné  , 
Marquis,  Defermort  ,  Tronchet,  Darracq  ,  Bi- 
taube  ,  DauDou  ,  Dupuis  ,  le  général  Périgaon  , 
l'ex-ministre  Mourgues  ,  Kervélégan  ,  Carnot, 
Licorabe  -  Saint -Michel  ,  X roche  ,  Merlin  et 
Cochon  ,   I. 

Le  président  proclame  cette  liste  ,  et  indigue  la 
séance   à  tridi. 


LlVRliS       DIVERS. 

Trente-quatrième.  Suite  de  la  noiice  de  l'al- 
mauach  sous  verre  des  associés  ,  rue  du  Petit- 
Pont  ,  à  Paiis  ,  pour  fan  IX  ,  contenant  les  dé- 
couvertes .  inventions  ou  expériences  nouvelle- 
ment faites  dans  les  sci.nccs  .  les  arts,  les  mé- 
tiers,   rindu,irie ,  etc.  prix  1  fr.  20   centimes. 

Ce  recueil  ,  de  format  grand  in-4".  à  deux 
colonnes  ,  existe  depuis  trente-quatre  ans  .  et  pa- 
raît tous  les  ans  dans  le  courant  du  mois  de  bru- 
maire. 

On  y  rend  compte  non-seulement  des  décou- 
veries  principales  qui  ont  été  faites  dans  les  scien- 
ces ,  les  arts  et  les  métiers  ,  pendant  l'année  qui 
vient  de  s'écouler ,  mais  encore  des  expériences 
heureuses  tentées  pour  agrandir  le  cercle  de  nos 
connoissances  ,  ou  pour  perfectionner  celles  déjà 
acquises.  Les  procédés  nouveaux  ,  ceux  employés 
seulement  dans  quelques  localités  ,  et  dont  l'uti- 
lilé  peut  être  étendue  ,  y  sont  exposés.  Le  nota 
des  auteurs ,  lorsqu'il  est  connu  ,  est  indiqué  à  cha- 
que article.  C'est  une  galerie  où  ,  par  la  variété  , 
le  nombre  et  le  choix  des  milières  que  l'or,  y  réunit, 
on  peut  voir  d'un  coup-d'œil  les  progtès  que  les 
sciences  et  les  ans  ont  faits  pendant  l'année. 

Se  trouve  à  Paris  ,  chez  Demoraioe  ,  imprimeur- 
libraire,  rue  du  Petit-Pont  ,  n.°  99.  Le  prix  de 
chaque  notice  ,  prise  séparément,  est  de  l  franc 
20  cent,  et  i  fr.  5o  cent,  franc  de  poil.  La  collection 
est  de  24  Ir.  et  2S  fr.  5o  cent,  par  la  poste. 


A  Palis,  del'imprimerie  de  H.  Agasse, propriétaire 
du  Moniteur. 


ga^Me  nationale  ou  le  moniteur  universel 


N"  93. 


Tridi  ,  3  nivôse  an  g  de  la  république  française  une  el  indivisible. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs  ,  qu'à   dater  du  7   nivôse  le  M  O  N  1  T  K  L)  R  est    le   suai  ioun:a!  osJtaeL. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,. les  nouvelles  des  armées  ,' ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  j>ar  les  corespondantcs  niinistéricllc-s. 

Un  article  sera  particuliéement  "consacré  aux  sciences ,  aux  arts   et  aux  déi.'oUvénes  nonvcllt-s. 


INTERIEUR. 

Paris  ,  le  2  nivôse. 

Des  lettres  de  Londres  annoncent  que  le 
paragraphe  inséré  dans  le  Moniteur  relatif  aux 
prisonniers  russes  que  le  premier  consul  ren- 
voie sans  rançin  ,  y  a  fait  la  plus  vive  sen- 
sation. 


Sur  le  général  Rampon. 

Rampon  est  né  à  Tournon  ,  département  de 
l'Ardêche, 

Il  a  commencé  la  carrière  des  armes  p3r  être 
soldai.  Il  a  passé  successivement  pa'r  tous  les 
grades. 

Il  fut  nomme  adjudant-général  ,  chef  de  ba- 
taillon en  93  ;  chei  de  la  161'  demi-brigade  en 
1  an  2  ;  général  de  brigade  en  l'an  4;  et  général 
de  division  en  l'an    6. 

I!  était  chïf  de  brigade  f'e  la  Ss'  ,  lorsqu'il 
commandait  la  redoute  de  Montelesimo  près  de 
Savonne.  Attaqué  par  toutes  les  forces  de 
M.  Beaulieu  ,  et  voyant  sa  redoute  au  moment 
d'être  enlevée  ,  il  fit  prêter  le  célèbre  serment  de 
la  défsndrejusqu'à  la  mort. 

Il  s'est  distingué  dans  la  plupart  des  affaires  des 
campagnes  de  l'an  5  de  l'armée  d  Iiilie. 

Il  était  un  des  généraux  commandant  dans 
lavan!  -  garde  ,  lorsque  l'armée  d'Italie  passa 
1  Isonzo  ,  les  Alpes  Juliennes  ,  lorsqu'elle  envahit 
les  provinces  de  Carinthie,  Styrie  et  Carniole. 

A  la  baiaille  des  Pyramides  ,  il  comnaandait  les 
grenadiers  qui  abordèrent  les  retranchemens  des 
luiks  ,  et  soutinrent  les  charges  réitérée»  des 
maineloucks. 

11  entra   le  premier  à  Suez. 

Ilsoumitla  province  d'Alfiehhély.  A  la  bataillé dn- 
mont  Tbabor  il  commandaiila  droite  de  l'armée. 

ARMÉE      D'ORIENT. 

Suite  des  pièces  officielles  insérées   dans  le  n°  d'hier. 

An  quarlier-genéiat  du  Kaire  ,   le  i3  brumaire  an  9 
de  la  république  française  ,  une  et  indivisible. 

Ordre  dujour  du  i3  brumaire  an  IX. 

Cet  ordre  contient  : 

1°,  L'anêté  des  consuls  qui  nomme  le  général 
Menou  ,   général  en  chef  de  l'armée  d'Orient. 

i°.  L'arrêlé  des  consuls  qui  confirme  les  nomi- 
nations faites  par  le  générai  Kleber. 

■  3°.  L'arrêté  des  consuls  qui  ordonne  la  cons- 
truction d  un  monument  élevé  à  la  mémoire  des 
généraux  Kleber  et  Desaix. 

4°.  Une  note  du  général  en  chef  contenant  les 
nouvelles  de  France  .  jusqu'à  l'époque  de  la  des- 
cente des   Anglais   au  Ferrol. 

Ordre  du  jour  du  li  brumaire  an  g. 
Menov  ,  général  en  chef,  à  f  armée. 
Le  général  en  chef  prévient  l'armée  que  l'aviso 
le  San-Philippo  ,  parti   de    Toulon   le    19   vendé- 
miaire ,  est  entré  daas   le   port  d  A'exandtie  le  9 
brumaire,  ponant  des  dépêches  du  gouvernement. 

Un  armistice  a  été  signé  avec  l'empereu/.  'Voici 
une  lettre  écrite  par  le  premier  consul  aux  fonc- 
tionnaires des  dépanemens  ,  relaiivemenl  à  cet 
arm'.siice. 

Signé,  Ab.  J.  Menou.  ' 

(Suit  la  noie  lue  au  Temple  deMars,  le  i"^  ven- 
démiaire. Apiés  celte  note  ,  on  lii  une  lettre  du 
ministre  de  la  guerre  au  général  Menou  ,  dutée 
du  22    fructidor  ■). 

Armée  d'Oiient  ,  vous  voyez  avec  quel  intérêl 
le  gouvorncmint  s'occupe  de  vous  ;  vous  voyez 
oc  quelle  inriioriance  est  1  Ejiypie  dans  la  balance 
polniquc  ;  vous  voyez  combien  votre  valeur  et 
vos  succès  vous  attirent  l'admiration  de  l'Europe, 
el  vous   méritent  la  reconnaissance  nationale. 

Je  mande  au  premier  consul ,  qu'il  peut  compter 
sur  voire  rlévpuemeni  absolu.  Je  lui  mande  qu  il 
peut  compter  sur  mon  inébranlable  fermeté.  Soldais! 
je  vous  répète  encore  ,  que  je  ne  cesserai  de 
m'occupcr  de  tout  ce  qui  peut  contribuer  à  amé- 
liarer  voire  son  :  mais  aussi  j'attends  de  vous  en 
retour  ,  contlunce  entière  ,  discipline ,  obéissance 


et  subordination.  R.ippclez-vous  que  c'est  par  ces 
seuls  moyens  ,  que  je  puis  paiveriir  à  allégerl'im- 
mense  fardeau  qui  pèse  sur  moi.  R:ippeiez  vous 
qu  il  me  faut  ici  conlinuellemifnt  concilier  les  in- 
térêls  de  la  république  métropole, ctux  de  l'armée, 
et  ce^jx  des  peuples  d'Ei;ypie  dont  le  gony^rne- 
lueiU  m'est  confié.  Rappelez-  vms  qut  ,  pour  par- 
venir à  ce,  but  ,  il. faut  que  tjans  le  mênne-iems 
que  je  lire  de  l'Egypie  toutes  .les  ressources  en 
argent  qu'elle  peut  fournir ,  je  iravaille  au  bon- 
heur des  peuples  qui  l'iiabiieni;  il  f:u;t  que  je 
m'attire  leur  confiance  par  de  bons  traitemc-ris  ;  il 
faut  qu'ils  sentent  bieniôt  !a  différence  qui  existe 
entre  leur  ancien  gouvernement  et  celui  de  la  ré- 
publique française  :  en  un  mot ,  humanité  ,  ler- 
melé  ,  moralié  ei  probité  doivent  présider  à  toutes 
nos  actions.  Je  lâcherai  de  vous.cn  donnerrexcm- 
ple  ,  je  n'aurai  pour  cela  qu'à  marcher  sur  les 
traces  de  Bonaparte.  Vive  la  république  ! 

Signé,  Ab.  J.  Mknou. 
Ordre  du  jour  du  16  brumaire  an  g. 
Menod  ,  général  en  chef  ,  ordonne  ce  qui  suii  : 
Les   commissions  des  neutres  établies  dans  les 
ports   de    lEgypte  ,   correspotidront   directement 
avec  le  directeur  général  et  compiable  des  revenirs 
publics  ,    et  lui  enverront  le  manifesta  des  cargai- 
sons des  navires  qui  entreront  dans  leurs  poris. 

Elles  enverront  aussi  un  exemplaire  de  ce  ma- 
nifeste au  général  en  chef. 

Sf^«',AB.J.  Menou. 

Ordre  du  jour 'du  iT  brumaire  an  g. 

Menou,  général  »n  ch«f,  ordonne  ce  qui 
suit  : 

Art.  I",  La  liste  nominaùve  des  corps  ou  in- 
dividus de  l'armée  françase  ,  actuellement  en 
Egypte  ,  qui  ont  souscrit  <ou  souscriront  pour 
les  frais  de  construction  dii  double  monument 
qui  va  être  élevé  à  Paris  à  la  mémoire  des  gé- 
néraux Kleber  et  Desaix  ,  fera  inséiée  dans  l'or- 
dre du  jour. 

II.  Le  montant  deS-?iomiiics  sera  versé  dans  In 
caisse  de  l'armée  ,  et  récépissé  en  sera  fourni 
par  le  directeur  général  et  compiable  des  reve- 
nus pub'ici  ,  sur  la  trésorerie  nationale  de  France, 
pour  êire  payé  entre  les  mains  de  qui  les  consuls 
l'ordonneront. 

IIL  Toutes  les  souscriptions  et  versemens  de- 
vront être  faits  le  I'*  nivôse  prochain.  A  ceue 
époque  ,  le  résuliat  de  toutes  les  sommes  réu- 
ni,.s  sera  inséré  à  l'ordre  dujour. 

IV.  Tous  les  frarçais  actuellement  en  Ei^ypie 
sont  invités  à  proposer  un  projet  de  nionunient 
qui  seia  élevé  à  la  mémoire  du  général  Kleber 
dans  le  pays  qui  a  été  lémon  de  ses  triomphes  à 
la  bataille  d  Héliopolis,  et  de  son  horrible  as- 
sassinat dans  la  ville  du  Kain. 

V.  Une  commission  comiosée  du  général  de 
division  Songis  ;  du  généralrie  brigade  Sa/ison 
du  citoyen  Duierue  ,  membe  de  1  insliiut -,  des 
ciroyeiis  Peyre  et  Prorain  ,  ichitecres  ;  du  cii. 
Lepere  ,  di.ecieur  des  pont<  et  chaussées  ;  du 
citoyen  Conté  ,  chef  de  bri;ade  des  aéeostiers  , 
et  du  ciioyen  Charnpy  ,  ditcieur  de  la  pou- 
drerie ,  jugera  les  diftéress  pans  qui  seront  pré- 
sentés poiir  ce  monument.  Is  ne  seront  admis 
que  jusqu'au  i"  nivôse  an  9. 

Sign,  Ab.  j.  Menou. 
Le  général  en  chef  a  reç;  de  Ma'allem  Yacoub  , 
commandant  général  des  lefionscophies  en  Egypie, 
ijne  lettre  qui  fait  le  plus,rand  honneur  aux  sen- 
limens  ,  à  la  reconnaissace  et  aux  venus  d  un 
homme  qui,  quoique  n  dans  un  pays  très-éloi- 
gné  de  la  civihsaiion  .  pbede  des  qualités  qui 
rendraient  recomniandatjjs  l'Iiomme  né  dans  fe 
pays  le  plus  policé  de  l'Erope.' 

Traduction  franqmse  de  Mettre  arabe  de  Ma'allem 
Yacoub,  commandant  js  cophtes  ,  au  général  en 
chef  de  i armée  d'Orienté 

«Dans  ces  morncns  l<uljres  où  l'ame  de  tout 
bon  républicain  déplorrfa  perte  de  l'iniréi/ide  et 
vertueux  Desaix  aux  pines  de  Maringo  ,  per- 
meiicz  ,  choyen  générallque,  compagnon  de  ses 
travaux  dans  la  conque  du  S.i'id ,  je  répande 
aussi  quelques  fleurs  sii(a  tombe.  En  cesmornens 
de  ma  plus  profonde  islesse  ,  les  expressions 
manquent  à  ma  doiilcu  mais  le»  f,ii;s  vont  sun- 
pléer  à  mon  silène-.  D.iix  !  011  léleve  en  France 
un  monurnc-ni  :  Y.uoii|Ue  tu  airnài 
chérissait  tomme  un  ne  soi 


tiers  ,  quelle  que  soi!  la  son-ime  qu'il  (misse  coûten 
Si  ce  nioiiuwient,  toiiirne  il  (aui  Tch;  t  r.r  .  tiuns-' 
met  avec  véiité  à  la  posicii  é  Ivs  coinij.as  teiriblcS 
que  tu  livras  pour  ccjnquérir  et.soumeiire 'la  Ihé- 
ba'i  le  ,  la  posléfiié  apjircnd  a  ûussi  que  Y..ci".ub , 
combattant  à  ;es  côtés  ,  mérita  ton  csi.rne.  Hélas  ! 
depuis  lo.ig-tems  il  l'avait  dévoué  son  cœur,  jî 
Signé  ,  Yacgub* 


signé  ,  Ab.  J.  Menou. 

donne  linseriio'i  à  l'ordrâ 
mi;:aires  de  paix  ,  dont 
,  les  [.ieii  poieniiaires  de 
;i  dv  l'empereur  ,  piéli- 
laiifiés  par  le  pr,  niier 
îparle  ,  mais  que  l'empe-^ 
,  C  était  en  consé'jtience 
iliies  allaie  .1  recommen- 
vunt  mieux  coiiiulié  ses 
.1  des   peuple»  ,   CM  venu 


Le  général  en  chef , 

Le  général  en  chif  or 
du  jour  des  aiiiclcs  j.n 
étaient  Convenus  ,  à  P.ir 
la  république  lran(::ii  c 
minaires  qui  avaien'  éi 
cofsul  ,  le  g.'né.-a  Bo  > 
reur  avait  reluse  de  raiifi. 
de  ce  refus  que  les  hos 
cet  !  mais  l'empereur  a 
propres  iiiiéiêis  el  le  vœ 

luiniê-.iie  à  son  camu  sur  l'inn  ,  a  raiific  les  préli- 
minsires  anêics  à  P.; ris,  et  a  rerais  entre  les  mains 
des  français ,  pour  pi  cuve  de  sa  sincériié,  les  places 
d'Ulm  ,   Ingolstjdi  el  Phiiipsbourg. 

(Suivent  les  articles  préliminaires  ). 

Ordre  du  jour  ,  du  si   brumaire  an  g. 

Menou  ,  général  en  chef  ,  ordonne  ce  qui 
suit  : 

Art.  V.  La  co.-nmission  de  con^pt-abiliié  gé-^ 
nétale  pour  louies  les  liépens..'.';  Ue  1  armée  il  O- 
r'ent  ,  annoncée  pjr  l'ordre  dujour  du  \l  fruc-^ 
litlor  an  8,  sera  composée  ainsi  qu  il    suit: 

Le  général   de  bigade  Silly  ; 

Le  général   de  brigade  Rob/n  ; 

Le  citoyen  Champy  ,  diiecieur-général  des  pou-* 
dres    et   salpêtres  ; 

Le  commissaire-ordonnateur  Raymondon  ; 

Le  chef  de  bataillon  Novcl  ,  aide'dt-camp  dit 
général  en  chef. 

II.  Le  directeur-général  et  corçpiable  des  re- 
venus publics  ,  l'ordon-aiecr  en  ch  .f  de  larinée 
et  le  prélel  tnariiinie  seiont  membres  honoraires 
de  la  commission  de  coaipiabiliié  ;  ils  y  auront 
voix   Coosultaiive  ,  jamais  délibéiauve. 

III.  La  commission  tiendra  .'a  première  séance 
le  1".  frimaire  prochain  •  elle  se  choisira  au 
scrutin  un  président  pris  parmi  les  membres  qui 
la  composent  ;  il  ne  sera  en  place  que  pendant 
un  mois  ,  après  quoi  il  en  sera  nommé  un  autre, 
£t  ainsi  de  suite  chaque  mois.  Aussitôi  après  l'é- 
lection du  président  ,  la  conimission  nommera 
un  setrélaire  bois  de  son  sein  et  deux  sous-se- 
cieiaires  ;  ils  s«iont  lous  les  trois  révocables  à  la 
volonié  de  l,i. commission.  Le  .secrétaire  en  chef 
sera  en  même  leras  garde  cies  ie:;i3ires  ci  archives 
de  la   commission. 

IV.  En  cas  d'absence  longue  d'un  ou  de  plu- 
sieurs Il  ctnbres  ,  la  comnii.sMOn  aura  la  faciilié 
de  présenter  trois  indiv.dus  pour  cliatun  des 
membres  abseris  ,  au  géuétal  ei  chet  ,  qui  clioi-' 
sua  parmi  If  s  présentes;  niais  dans  tous  les  cas,, 
il  faudra  qu'il  y  ait  toujou'S  présens  trois  des 
membres  de  la  première  non, ination  ,  de  manière 
que  celle  faculté  de  lemplaccr  ne  pouna  avoir 
lieu  que  pour  deux  menibies  absens.  Si  les  cir- 
constances exigeaicni  que  plus  d.-  deux  s'abscn^ 
tassent  ,  alors  la  commission  suSjiendrail  sesf' 
séances  momentanément.  Dès  ipj  un  oes  membres 
de  premuM-e  nominaiion  .sera  leveiiu  à  .ion  poste,- 
il  reprenu.a  ses  fondions,  et  celui  qui  le  rcm- 
plaçail  ne  fera  plus  pariie  cie  la  commission  5 
niais  il  pourra  y  êirc  app  lé  ,  pour  donner  des 
éclaircifsemens  sur  les  allaiies  qui  auraient  pu 
êire  entamées  pendant  qu  1)  avait  uioii  de  séance. 

V 


ei  qui  te 

31  meuie,  en  paiera  le 


To;:tes  les  pièces  ,  aciei  ou  titres  ,■  qui  se- 
ront apportées  à  la  commission  pour  ê;rc  exa- 
minées par  elle  ,  seront  ccuées  ei  p.iraph.-.cspar 
le  président  et  secrétaire  ,  ainsi  que  par  ceux  qui 
les  remenront  Le  numéro  de  cli  ipie  jnece  ^  et. 
le  nom  de  celui  ([ui  la  lenieiira  ,  ^erolll  iiiscri/s 
par  leilre  alphabéinjue  caus  un  legisiie  .  dont- 
chaque  page  sera  paraphée  par  le  président  et 
le  secrélaire  de  la  conunission.  Le»  daies  Ou  jour, 
du  mois  et  de  l'année  ,  jiour  chaque  pièce  tc- 
niisc  ,  seront  relatées  dans  le  regiiiie  ;  ceux  qui 
les  rcmeitront  seront  bb.es  d'exiger  un  reçu  signaf 
par   le   secrélaire  en  chef.  ; 

VL  Aucune  décision  prise  par  la  conniissiort 
de  com|.tabilité  ,  n'aura  d'execuiioii  ipie  ie\oiue 
du  »i.iw    du    général  en    chef  ,    qui   a    coi    ..ifct  ■ 


37? 


represerier  par 
VÎII.  Tous  k 


travaillera  avïc  le  présidcnl  «t  un  des  membres 
choisis  par  U  commission  ,  lous  les  primcdi  ei 
quinlidi  de  *i>aquu    décade. 

VII.  Tout  individu  quelconque  pourra  ,  pour 
quelque  réclamalion  qu'il  aura  à  fiire  .  quelqu- 
somme  qu'il  au!^  à  lépéter ,  se  présenter  lui-même 
à  la  commission  ,  pour/y  discuter  srs  réelariKi- 
tions  ou  sa  demande;  Il  pourra  même  s'y  fane 
piocur:  iir. 
'scompiabifs  de  l'aimée  d'Egypte, 
ou  cenx  qui  lui  sor.î  attschés  ,  snii  direcieraeni  , 
soit  iiulirLCirme-^t  ,  seront  soumis  pour  leurs 
•comptes  à  la  révision  de  la  com.miiïion  tic  cnnip- 
tabililé;  tTin;s  les  pièces  originales  à  l'appui  des 
coruples  lui  seront  r-niises. 

IX.  Les  ancie^^s  conipies  depuis  l'arrivée  des 
français  en  E;^ypie  ,  hii  seront  soum:s  ,  à  1  ex- 
ception de  ceux  qui  auront  été  déliniliveraenl 
arrêtes  par  IiS  généraux  B.  n;.partc  m  K'eber. 

X.  Tomt-s  Us  d  mandes  dariiéré  de  solile  , 
d'jppoiniemcns  et  de  tc.iiieraens ,  d'indemnités 
accovdér-s  et  non  ;.avées  ,  H  indemnité-,  à  iccUi- 
raer,  de  palenieai  de  récépissés  et  bons  sur  h 
tvésoietie  nationale  de  France  ,  seront  soumises 
à  la  commission  de  comptabi'ité  ;  mais  t'Ie  ne 
pourra  examiner  aucunes  réclamations  laites  pour 
objets  .intérieurs  à  l'arrivée  de  l'arince  Irançaise 
en  Egypte  ,  le  général  en  chtf  ne  pouvant  s'en- 
gager pour  le  moment,  qu'à  l'aire  acqniitLT  les 
iteiies  légalement  contractées  en  Egypte. 

XI.  Dorénavant  toute:  les  dépenses  et  comptes 
quelconques  de  l'année,    seront   arrêtes  et  soldés  ^ 
chaqu,-   n;ois,    apiès  1  examen  de   la  coiuniission 
et  U  visa  du  général  en  chef. 

XII.  Le  général  en  chtl'se  réserve  d'augmenter  | 
ou    diminiTer  à  volo-ité  le  nombre  des    membres 
de  la  commission  ;  il  se  téserve  encore  la  iaculté  j 
de  les  cha-iger  en  pariie  ou  en   totalité.  1 

XIII.  La  commissie-n  piésenieraan  général  en  1 
chei  l'appciçu  des  dépcses  qu'exigera  son  éta- 
blissement, 'ainsi  tjue  l'état  du  traitement  qu'elle 
croira  devoir  demander  pour  s  m  secrétaire  ,  ses 
deux  sous-secréliiii'.s  ei  queljtics  autres  individus 
cpi'il  sera  p.ut-ëtic  nécessaiie  d  attacher  à  cet 
établissement. 

XIV.  Amesure  ciueles  différens  comptes  soumis 
à  l'exauien  de  la  commission  e'e  complabililé 
seront  épurés  et  approuvés  par  le  général  en  eh  1, 
ils  seront  vomis  au  directeur  général  et  conipiable 
des  revenus  publies  i^A  l.;s  gardera  au  dépôt, 
jusqu'à  ce  qu'ils  soi.  ni  remis  iiar  lui  au  gouver- 
nement de  la  répub  irjue  ,  en  lui  rendant  se; 
comiMcs  géiié  aux.  ,  cl  v-ii  lui  soumettant  hision- 
quemeni  lé  détail  de  toutes  les  opérations  finan- 
cières faites  ce  Jigypie. 

Aucun  lat.i  ■CjOmpta'b]  s  de  l'armée  ne  doit  êtie 
mortifient;  IT.  V'e^are  ia^ion,.ée  par  h:  iteneral  en 
chef,  le  rîty'irÔldÇ  qa  exercer. i  la  comraissioa  ne 
pourra  qu'W/rer  les  lio.iimes  de  bien  dont  les 
comptes  lui  sefont  soumis.  Qaaiu  aux  autres  ,  sil 
s'en  trouve  ,  l'iniérêide  la  république  cl 
J'arniée  exigée.!  irnperieuseincnt  qui 
connus  ei  réprimés. 

Le  iiénéra!  en  chef  se  persuade  d'avance  qu'au 
cune  "corrsi  'éiaiion  j.arncu  ière  n  influera  sur  le 
déiibéiations  d.:  !a  com.nissiû 
vérité  seront  ses  seirls  guides. 
J'ordre  et  ..le  l'éeonomle  ,  le  général  en  chef  pourra 
tiouvcr  encore  les  moyens  d'améliorer  le  sort  de 
l'armée. Jusqu'à  présent  il  a  fait,  à  cet  égard,  tout 
ce  qui  lui  a  é;é  possible.  S'il  promettait,  sans  être 
assuré  de  tenir  sa  parole,  il  mériterait  ,  à  juste 
ture  ,  des  repioches,  l  déclare  donc  qu  il  ne  s  en- 
ijan-.ra  jamnis  en  m.:lière  de  finances  ,  sans  .w^ir 
la  cenirude  d'exécuter  ce  qu'il  aura  promis. 

Le  général  commaudant  la  place  du  Kaire  ,  est 
charge  de  c  hoisir  un  local  pour  le  lieu  des  séances 
de  la  commission. 

.Signi,  Ab.  J.  Menou. 
Le  général  de  diviiion,  chef  de  l  état-major-général , 

Signé     L  A  G  R  A  N  c  E. 
fadiiidant-général ,  sous-chejde  l'élaj-aajor général- 
Signé  ,  REt..JÉ. 


lituées  dans  cette  province,   et  de  recherches  sur  j 

e  labyrinthe  d'Egypte.  l 


T    R    I    B    U    N.  A    T. 


Le  cit.  Couleile  ,  membre  de  la  commission  des 
sciences  et  arts  .  a  communiqué  à  l'institut  ses  vues 
sur  les  moyens  mécaniques  propres  au  transport 
d'un  gr., nd  obélisque. 

—  Lcsailjudans-cénéraux  Vrdeniin  etDuranteau, 
elles  chcis  de  brigade  Bron  ,  Sllly,  Maugras  et 
Boussart  oritété  promus  au  grade  de  général  de 
brigade. 

—  Le  général  en  chef  a  ordonné  l'inserlioii  à 
l'ordre  dtà  jour  du  3o  vendémiaire  dernier  ,  de  la 
note   suivaiil:e  ;  t 

La  division  aux  ordres  du  .général  Rampon  ,  y 
compris  la  marine,  le  génie,  l'aiti.leiié  ,  les  oflr- 
clers  de  santé  ,  les  commissaires  des  guerres  ,  les 
chefs  et  employés  des  différentes  adminisrrations  , 
a  souscrit  pour  la  somme  de  5iOl  li-\'rcs  ,  qui  dort 
éire  enT-loyée  à  I  r  construction  du  monument  qiai 
va  êire  él-\é  en  Fra^'ce  n  la  mémoire  du  brave  gé- 
néral Desaix,  tué  a  la  bataille  de  Maringo. 

N".  86.  —  6  brumaire  ,  ati  g. 

Dans  la  séance  publique  de  l'institut  du  premier 
du  courani  ,  !e  citoren  Dcscostils  a  fait  un  rap- 
port sur  les  échantillons  de  minéralogie  envoyés 
par  le  ciioyen  R-ynierice  rapport  a  été  adopté. 

On  a  donné  lecture  d'un  écrit  du  citoyen  Dela- 
porle  ,  membre  de  la  commission  des  sciences  et 
arts,  intitulé:  Desrente  des  Français  en  Egypte, 
traduite  de  l'histoire  chronologique  de  Mohhamined 
ben  Isaac. 

Le  citoyen  Dubois  ,  membre  de  la  commission 

I  des  sciences  et  ans,  a  présenté   une  notice   sur 
une  des  vallées  q'ii  conduisent  à  Qc)sséyr,   et  sur 

I  les  peuples  erratis  qui  habitent  une  partie  de  l'an- 
cienne Trogloclitique. 

Le  citoyen  Couleile  ,  membre  de  la  comm.ission 
des  sciences  et  arts,  a  présenté  à  l'insiiiut  un 
mémoire  sur  la  consnuction  et  le  revêtement  des 
grandes  pyramides   <ie  IVIemphis. 

Le  citoyen  Rosières ,  membre  de  la  commis- 
sion des  sciences  et  arts,  adonné  lecture  d'un 
écrit  ,  intitulé  :  Mémoire  sur  la  détermination  de 
plusieurs  points  connus  des  aitciens  danj  tes  environs 
de  Qosséyr  ,  et  notamment  sur  celle  du  port  de  Myos- 
Hormos  ,  et  de  la  route  qui  y  conduit.  Il  a  ensuite 
indiqué  un  travail  entrepris  sur  la  détermination 
des  autres  points  connus  des  anciens  sur  la  côte 
occidentale  de  la  Mcr-Rouge  ,  depuis  Soués  jus- 
qu'à   l'endroit  où  loit  place  Bérénice. , 

^  Le  citoyen  Le  Roy  ,   ordonnateur  de  la  ma 


\     (  Nous  rétablissons  ici  le    discours    relatif  aux 
dernières   dépêches    de  l'armée   d'Orien.t ,    pro-' 

I  nonce  par  Riouffc   dans    la    séance    du    i*^'   ni-. 

j  vô.se.  )  , 

Tribuns  ,  tomes  les  expressions  de  l'adraira- 
tion  et  de  la  reconnaissance  paraissent  épuisées  , 
quand  il  s'agit  drs  soldats  de  !a  république.  Non 
seulement  ils  cimentent  de  leur  sang  celte  ré- 
publique en  butte  à  tant  d'ennemis  :  non-seule- 
ment ils  défendent  ou  étendent  ses  frontières  , 
mais  ils  semblent  encore  rivaliser  d'ardeur  pour 
entourer  son  berceau  de  tous  les  genres  de 
gloire  militaire  ,  et  pour  la  rendre  ,  dès  sa  nais» 
sance  ,  l'égale  des  républiques  de  l'aniiquité  ,  . 
les  plus  fameuses  par  la  guerre.  D.puis  le  jour 
ori  l'armée  d'Oiierit ,  conduite  par  un  chef  si 
brillant  quand  il  conçoit  ,  si  hardi  quand  il  en- 
treprend ,  si  précis  (juand  il  exécute  ,  s'élança  , 
au  milieu  d'une  tempête  affreuse  ,  .sur  les  côtes 
d'Alexandrie,  depuis  la  bataille  des  Pyramides 
jusqu'à  celle  tl  Héliopolis  ,  est  -  il  un  genre  de 
gloire  que  la  brave  année  d  Orient  n'ait  mérilé? 
Elle  est  parventie  à  ce  point  où  il  rj'est  d'autre 
manière  de  la  louer  qu'en  racontant  ce  qu'elle 
a  fait  ,  et  où  tout  ce,  qui  n'est  pas  purement 
récit  historique  affaiblit  et  déiiaïute  la  grarideur 
qui  lui  rsi  propre  ,  ou  bien  il  faut  lui  dire 
comme  Bonaparte  lui  disait  en  l'an  7  :  "Soldats, 
vous  avez  traversé  le  désert  ,  ijui  sépare  l'Akique 
de  1  Asie  ,  avec  plus  de  rapidité  qu'une  armée 
arabe  ;  vous  avez  dispersé  aux  champs  du  rnont- 
Thabor  cette  nuée  d'hommes  accourus  de  toutes 
les  parties  de  l'Asie  pour  piller  l'Egyptei»;  c'est-, 
à-dire  ,  il  f^ut  lui  raconter  ses  proptfes  exploits, 
ou  se  taire  et  admirer. 

Dans  cette  armée  d  Orient  ,  la  valeur  indivi- 
duelle brille  davantage  en  raison  du  nombre  dea 
braves  qui  la  composent.  Chaque  soldat  républi- 
cain sent  que  son  importance  personnelle  en  est 
augmentée  ,  et  que  ,  destiné  à  repousser  des  mil- 
liers de  barbares  ,  il  doit  valoir  à  lui  seul  une  lé- 
gion entière.  Aussi  le  voit-on  déployer  tous  le» 
moyens  qui  lui  sont  piopres,  s'environner  de  toute 
sa  force  morale  et  physique  ,  se  rassembler  tout 
entier,  et  s'élever  ,  pour  ainsi  dire  ,  au-dessus  de 
lui-même.  A  la  vue  des  hordes  indisciplinées  des 
janissaires  ou  des  arabes,  il  sent  mieux  les  avan- 
tages de  la  discipline;  à  la  vue  de  ces  courages 
aveugles  et  sans  frein  ,  il  reconnaît  mieux  tout 
le  prix  de  la  valeur  éclairée  et  obéissante;  à  la  vue, 
de  leur  cruauté,  il  se  livre  avec  plus  de  pldsir  à' 
sa  civilisation    et  à  sa  douceur  naturelle.   En   un 


de 
soient 


.   La  justice  et   Ltn 
En  établissant    d 


COURIER    DE    L'EGYPTE. 

N°.  85. 3o  vendémiaire  an  Q. 
K  Aa  R  E. 
On  a  appris  par  les  différ,t;ns  rapports,  adressés 
daiis  le  courarri  de  ce  mois  à  l'état-major  gî:;eral 
de  l'armée  ,  r]uc  la  i'étc  de  la  londaiion  de  la  répu- 
bhque  Iranciise  av.ri'  été  célébrée,  le  i".  vendé- 
miaire .  avec  beaucoup  de  solemnité  dans  les 
principales  places  de  l'Egypte. 

Dans  la  séance  publique  de  l'institut  ,   du  l6 

veniknv.jire  ,  le  ci'.  Deiille  a  lu  un  mémoire  qui 
conticrii  11  description  de  deux  espèces  de  séné 
qui  M-,iii  ;;cu.;il!ies  en  E.',ypie  ;  d'une  cin.'nque 
don!  oir  fiiêle  les  fcuil'es  au  séné  ,  et  de  la  platiie 
rlnitles  graines  appelées  chismeh,  cruployées 


de  vaisseau  ,  nommé  chef  militaire  et  chef  des 
raouvemens  ;  le  citoyen  Maillot  ,  commissaire 
principal,  nommé  chef  d'administration  ;  le  ci- 
toyen Fetraud  ,  nommé  chef  du  génie  de  la 
marine. 

Nous  apprenons  à  l'instant  où  l'on  allait  ter- 
miner ce  n°.  du  courir;r  d'Eiiypte  ,  qu'il  est  entré  , 
■e  l"^"^.  du  courani  à  Alexandrie  un  bâtiment  arri- 
-vant  de  Fr.jnce  :  il  o'a  mis  que  viugl-cinq  jours 
dans  sa  traversée. 

N.°  87.   i5  brumaire  an  9. 

Le  7  du  courant,'  i;  est  entré  dans  le  port  d'A- 
lexandrie un  nouveai  bâtiment  arrivant  deFxance 
avec    des  dépêches  «u  gouvernement; 

Le  9  ,  il  en  est  arriv:  un  troisième  ,  lesté  comme 
les  deux  piécédens  r  d'armes  et  de  munitions  de 
cruerre  ,  et  qui  a  ap|Orté  la  nouvelle  des  préli- 
minaires depaix,  arêtes  entre  l'empeieur  d'Alle- 
magne et  la  républiiue  française. 

Des  nouvelles  icertaines  d'Europe  ^^confir-' 

mées  par  celles  d'Aje  ,  annoncent  qu  à  Constan- 
tinopie  ,  et  dans  tou^  Uséiats  du  graod-seigneur  , 
les  habllans  sont  cxtiêmement  dégoâtés  de  la 
o'uerre  entreprise  cosre  les  Français.  On  ne 
s'enrôle  plus  ,  et  oa   rfuse  de   les  combattre. 

Par-'.oui  on  se  louele  la  manière  dont  les  bâ- 
timens  étrangers  sont  rçus  dans  nos  ports  ,  et  de 
la  faciiiié  qu'ont  les  égocians  pour  y  vendre 
sûrement  ,  prompiemei  et  argent  comptant,  leurs 
Varsiaisons. 


qui  pi 


des  veux. 


par  les  Egyptiens  aans  l£.4-ma 

Le  citoyen  Jomard  ,  Ingénieur-géotvraphe  ,  a  pré- 
senté C'  lu  à  linsiltut  un  écrit  inirlr.;le  :  Dislirtation 
t-éo^raphiqu-e  sur  U  lac  Mans,  comparé  au  lac  de 
ï''*/fi"'>»u'v,iedela,driSC£jpii.oii  àz  quelques  ruines 


mot,   il   se  montre  plus  européan   et  plus   libre  à 

_  mesure  qu'il  voit  ses  enuemis  se  montrer  plas  bar- 

rin7,7sl7iomm'é7'e'fêt'  riraWtïmëdel  Egypte.  Il  a     barcs   et  plus  escL.ves  v  mais  ici  les  faits  peignent 
,oni    ses    ordres,    le   citoyen   Uuycn  ,    ckpiiaine     encore  m, cu=e  la   l«ree  tacrale  du  soldat  repivbli- 
■■-■■■•  ....         j.-j;^  qoeious  les  discours  possibles. 

Soit  que  celte  armée  qui  porta  le  nom  d'italique, 
avant  de  porter  le  nom  d'armée  d  Orient  ,  tourne 
les  yeux  vers  l'ancien  théàtie  de  sa  gloire,  soit 
qu'elle  soit  trompée  sur  l'état  de  sa  patrie  ,  elle  est 
ébranlée  un  moment  dans  ses  projets.  Elle  con- 
sent à  quitter  les  riches  domaines  qu'elle  vient  de 
conquérir.  La  convention  d'el-Arisch  est  presque 
déjà  exécutée  en  son  entier.  Il  ne  re:tç  plus  aux 
français  que  la  citadelle  du  Kaire.  Mais  la  fortune 
les  attache  aux  rivages  qu'ils  veulent  quiiicr,  et 
emploie  ,  pour  les  en  ressaisir  ,  la  perfidie  des  an- 
glais eux-mêmes.  Un  outrage  réveille  1  armée  d'O- 
rient.  et  l'efTet  de  son  révçil  ,  c'est  80  raille  turcs 
anéantis  ,  le  visir  chassé  au-delà  du  déseii,  toutes 
les  places  reprises ,  et  l'Egypte  reconquise  de  l'ex- 
trémité du  Delta  jusqu'aux  Cataractes. 

Mais  écoutons  Kleber  lui-même.  C'est  au  mo- 
ment où  il  reçoit  la  lettre  du  lord  Keidi.  iije  pris 
dans  l'inslant  (  dit-il  )  la  résolution  de  livrer  ba- 
taille :  je  fis  imprimer  ,  pendant  la  nuit ,  la  lettre 
de  lord  Keitli.  Elle  mese rvit  de  proclamation. L'in- 
jure était  commune  ;  .chacun  brûlait  de  se  venser  ; 
tous  les  français  se  reconnurent  à  cette  généreuse 
indignation  ,  et  l'on  eiii  dit  que  l'armée  poussait, 
dans  ce  moment ,  un  cri  de  guerre  unanime.  >> 
Kleber  même  explique  dans  son  rapport  les 
prodigis  de  l'armée  d'Orient.  Chaque  soldat,  a 
l'aine  d'un  héros  ,  et  la  raison  d'un  homme  libre. 
Autrement,  comment  concevoir  celle  guerre 
dEaypte  ,  et  ce  qu'elle  nûus  offre  à  chaque 
instant  de  merveilleux  ?  Ici ,  c'est  Kleber  et  sa  di- 
vision composée  de  deux  mille  hommes  ,  qui  se 
battent  au  milieu  de  25, 000  hommes  de  cavalerie 
au.x  plaines  de  Fouly,  et  les  dispersent;  aux  plaine» 
de  Louby  ,  35o  hommes  ,  commandés  parjunoi  , 
défont  trois  mille  cavalers  qui  les  enveloppaient. 
Aussi  entendez-vous  toujours  les  chefs  employer 
les  expressions  de  murailles  de  feu  ,  de  remparts 
de  ba'tonneties,,  de  nrurs  de  granit  ,  pour  peindre 
CCS  inexpugnables  carrés  d'infanierie  contre  les- 
quels la  cavalerie  et  d  Europe  et  d'Afriqua  vienr 
nent  échouer. 

Quelquefois  la  bravoure  paraît  pour  ainsi  dire 
fiabuleuse  ,  comme  à  Bonlaq  ,  où  dix  hommes 
dispersent  toute  une  populaiion  sotilevée.-  Au; 
Kaire  ,  huit  soldats  de  la  i3'  demi-brigade  com- 
mandés par  le  citoyen  Clane  ,  sergent  ,  se  fora 
jour  à  travers  la  foule  innombrable  qui  les  presse, 
et  achèvent  leur  .retraite  sur  la  citadelle  ,  après 
s'être  battus  dans  les  rites  1  dans  un  intervalle  de 


ACTES    DU    OUVERNEMENT. 

Arrêté  du  ifrimaire  an  9. 

Les  consuls  de  la  réublique  ,  sur  le  rapport 
du  ministre  de  l'iniérier ,  arrêtent  ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Dacier,  mtibre  de  l'institut  national, 
est  nommé  à  la  place  •-  garde  des  manuscrits 
français  de  la  bibliothtce  nationale  ,  vacante  par 
la  mort  du  citoyen  Le grici-d' Aussi. 

Le  ministre  de  l'iéricur  est  chargé  de 
l'exécuiion  du  piésent  rêlé  qrji  sera  inséié  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  cousu,   signé,  Bonap.\RTE. 
Par  le  premier  coiul  , 
Le  secrétére-d'étaisigné^U.  B-Ma.v,s.t. 


3/9 


Î)lu5  d'une  lieue  ,  et  emportent  avec  eux  trois  de 
eurs  caimarades  blessés. 

Oui  ,  l'on  ne  peut  tiop  donner  de  publiciic  à 
de  pareils  trjils  d'héroïsme  ,  et  aux  réci's  auih  .11- 
tiques  des  triomphes  de  nos  armées.  Ces  réciis 
devraient  êire  dans  tou't'S  les  mains-  Ils  sont  pro- 
pres à  jeier  dans  le  cœur  des  jeunes  ciloyens  sur- 
tout ,  iQiis  les  germes  de  l'amour  de  la  gloire  et 
de  la  patrie.  Ils  leur  feront  sentir  :e  boiilieur  iju'ils 
ont  d'appartenir  à  une  république  qui  ne  le  cède 
en  rien  aux  républiques  ,  dont  l'histoire  est  une 
partie  de  leur  éducation,  ^joutez  à  cela  qu'on 
/peut  dire  de  beapcoup  de  nos  généraux  ,  qu'ils 
écrivent  comme  ils  combattent.  Ainsi  ces  récils 
oiEciel'  sont  encore  propres  à  fornu-r  l'esprit  à 
Ja  précision  ,  en  niême-lerns  qu'ils  élèvent  l'ame, 
.et  la  remplissent  de  scniimeiis  généieux.  Je  rie 
puis  doi>c  qu'spp'.audir  à  la  pioposiiion  de  notre 
collègue  Gandin  ;  mais  je  dois  dire  que  les  mesures 
jqu'il  propose  ne  me  paraissent  p..:s  sidiisant-s  , 
<jue  la  iéimprcssiondespiecesoSicielles,n'expiirae 
pas  assez  tout  ce  que  chacun  de  nous  a  besoin 
d  expiimer.  La  formule  adopiée  si  lon.;-tems  jaar 
le  co'ps  législaiif  ,  de  proclamer  qu  :  les  aimées 
■avaient  bien  mérité  de  la  patrie  ,  é!ait  chère  aux 
soldats  et  aux  législ.^.tiurs.  La  consiituiion  de 
l'an  8,  en  ôta' t  l'initiative  au  corps  léi;islalif  ,  a 
apporté  des  obstacles  à  ce  que  cette  forme  fût 
suivie  ;  mjis  elle  n'a  rien  changé  aux  rapporcs 
qui  exiïtent  entre  les  braves  qui  -défendent  la 
Jiberlé  dans  les  camps  ,  et  ceux  cjui  l'instituent 
dans  la  carrière  légi'bliiive  CtSù lou;ours  la  même 
nrcleur,  l-.-s  mêmei  vœax  ,  la  même  solidarité  , 
le  même  etithousiasme.  Ces  seniimcns  qui  sont 
dans  nos  âmes  ,  il  faut  donc  trouver  un  moyen 
cojistiiutionnel  de  leur  donner  l'essor  .  et  de  les 
faire  parvenir  aux  armées  qui  en  sont  l'objet. 

Rioufie  soumet  les  propositions  énoncées  au 
numéro  d'hier. 

SÉANCE     DU     2     NIVOSE. 

Présidence   de  Mouricaut. 

Apte  la  lecture  d:i  prc  ès-vcrb:d,  u:  secrétaire 
communique  au  iribuiiat  u-  e  pétition  [fjr  iaq^icll  r 
le  cit.  Hauy  réclame  contre  un  plan  'ju'il  ijt 
txisier  ,  et  dont  l'oijjct  serait  de  détruite  1  institu- 
tion des  aveugles  trjva'lleuis. 

Cette  pétition  est   renvoyée   atï  gouvernement. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  des  pro- 
positions du  ci(  Aitiould. 

(Nous  rétablissons  ici  le  rapport  fait  par  Bosc 
dans  la  séance  l.u  26  i  in  aie.  ) 

d'i  7 

qu'il 


usable  ,  combien  la  .liHiciiUé 
terre  modifiaient    hi   cirmUlir 


le  Iiaut  prix  de.s  transports 
,c;.  liclifses  icrritori.nics  de 
la  Fiance  ,  en  appauvrissant  cBaleincnt  et  les  di'parleincns  pro- 
ducteurs ,  et  Is.s  dJ|iartepiK-n,'.  ton.M)niiii:itciir3  ;  il  von»  a  prouvé 
(pie  le  prix  des  crains  dans  les  ileiiarlciii.  ns  du  Nord,  com- 
pare .1  celui  aui|iia  il  s'est  soutenu  d.ins  ceux  du  Midi  ,  était 
presque  dans  le  rapport  de  un  /i  i|initrr.  Ainii  ,  tandis  que 
dans  les  fertilcii  contrées  du  Nord  ,  le  cultivateur  forcé  d'aban- 
donner ses  denrées  à  vil  prix  ,  siiit  pour  payr  ses  contiibu- 
tions,  soit  par  toute  autre  cause  ,  vil  nn.tiitilenicnt  ,  le  con- 
soni:iiateilr  du  Midi  ,  force  de  ]i-r,  rnliric  r  ,r  un  prix  excessif 
pour  nourrir  sa  famille,  s'appauviit  li  ,■,',  puisr -,  d'où  il  résulte 
la  ruine  *du  producteur  par  le  dél  nil  il'iirc  i  iui;..i!iiii,.ii;,hi  ré- 
gulière ,  et  celle  du  consonuiiatciir  \::ix  le  délaiil.  d.;  I.i  ,.,h.  iir- 
reiice  dans  la  vente.  Cet  abus  u'aniail  lieu  ni  de  [...ji  ni  d'autre  , 
si    l'équilibre  dans  les  prix  était  établi  par  la  facilité   des  apprp- 


Inq  li< 


nplo. 


S'ili, 


Je  pourrais  ,  en  ae 
plusieurs  mines  préci< 
sieurs  manufactures  ii 
des  transports  ;  je  vt 
navigables  et  les  terr 
verts  de  ricbes  moisi 
que  les  pays  montueu 
peuplés;  je  fixerais  v 
d'eaux  stagnantes  et 
salubres   par  l'ouvert 


nulant  ces  exemple 


prou 


plu- 


MlLCdc  la  (tilt, cul 
présenterais  les  bold.s  lenllcsde.s  rivler 
coupes  par  des  caniuix  ,  toujoiirt  cuu- 
et  d'une  population  nombreuse  ,  tandis 
t  d'un  accès  diflicile  sont  pauvres  et  mal 
■égards  sur  ces  terres  immenses  couvertes 
marais  fangeux  .devenant  fic«ndcs  et 
d'un  canal  de  navigation  ;  j'appellerais 
votre  attention  sur  ces  IciTeios  arides  et  incultes  ,  devenant  pro- 
ductifs par  UH  canal  qui  les  traverse-,  et  qui  sert  a-la-tbis  aux 
transports  et  à  l'irrigation.  Mats  Popinion  publique  est  formée  sur 
la  nécessite  et  l'utilité  des  canaux  navigables  ;  ces  détails  sciaient 
superflus.' 

Je  ne  m'étendrai  pas  davantage  sur  la  possibilité  d'exécuter  en 
France  un  système  général  et  complet  de  navigation  intérieure  ,  et 
de  multiplier  sur  tous  Tes  points  de  notre  vaste  teiritoiie  les  coin- 
niunications  par  eau  :  il  existe  plusieurs  bons  écrits  pour  le  prou- 
ver ;  et  s'il  pouvait  rester  quelques  doutes  a  cet  égare!  ,  il  sufîirait, 
pour  les  dissiper,  de  jeter  un  coup-rl'ocil  sur  nos  cutis  liydrogra- 
pliiques.  Un  pays  qui  est -arrosé  par  prés  de  quatre  raille  rivières 
peut  facilement  s'ouvrir  des  routes  par  eau  pai-lout  oii  les  besoins 


nal ,  la  première  année,  rei  evra 
100,000    fr.  ,     où    10    pour   loo   des    fuiiu*    e 

onde  année,  ils  recevraient  uiic  prime  de   180,000  tr.  ,  ou.  g, 

I  pour    100  des  foiids  employé».   Enfin   s'ils  avalent  terminé  leut 

ouvrage  et  employé  leur»  3  millions  la  truisiepie  année  ,    ils  iccè. 

Vraicnt  une  prime    de    240.000  Ir.  ,    ou  8  pour   »uo   de's    fondu» 

employés,    ete- 

Lc  gouvcrnemeut  aurait  en  apparence  dép'-nsé  ï>2o,ooo  fr.  , 
mais  il  n'aurait  lien  dépensé  en  réalité;  car,  s'il  ei'it  tntrcpria 
ce  canal  .à  ses  fiais  ,  il  aurait  perdu  (îoo,oou  fr.  d'intéiét  sur  te{» 
3  millions  ,  soit  qu'il  les  eût  empruntes  au  taux  de  la  place  ,  iii| 
qu'il  les  eût  pris  dans  le  trésor  pub|ic  ;  tar  ils  auraient  pu  les  lui 
raijpiirttr.  Les  entrepreneurs  n'auraient  point  éprouvé  de  perte 
sensible  par  la  stagnaiion  de  leurs  fonds  dans  ci  tir,  «nllepiiae  t 
et  cette  circonstance  est  latte  pour  di-torminer  beaucoup  de  capi- 
talistes à  faire  eniploi  de  leurs  capitaux;  dans  les  canaux  naviga- 
bles. U  est  inutile  d'observer  que  si  l'inlcrét,  parsuite  du  calme 
de  la  p.iix  Cl  d,  la  ,„i,liaiice  qu'inspire  }c  ijouvçriieincnt ,  et  qti'it 
acquiert  (  liaLpic  jour  ,  venait  ;i  tomber  X  5  ptîur  100  ,  ce  (]ui  est 
piesui.i.dile ,  Il  juiiiic  baisserait  propiptiminellcment. 

Vous  concevez,  citoyens  CoUèiiues  ,  que  par  ce  simple  attî- 
ficc  ,  le  gouvernement,  avec  une  souuiic  de  lî,  à  ïo  iliillirins  ,  ic- 
partie  en  lO  a  12  années,  peut  appeler  ,  dans  11  confcctiop  des 
canaux  ,  pins  de  cent  millions  ,  et  coiiilrletrr  ra[iideniclit  le  sysi 
teiiie  gênerai  de  la  navigation  intériellie  delà  France, 

Votre  cominèision  a  pensé  que,  pour  assurer  la  garantie  de? 
entrepreneurs,  il  falbit  atTecter  d'une  manière  spcci.llc  les  fonds 
destinés  .1  l'encouiagenient  des  can.inx  de  naviflaiion  ,  et  en  foi. 
mer  une  caisse  pariiculiére  et  inviola'olc  ;  comme  ellccioit  que, 
pour  la  sLrcte  du  gouvernement  ,  il  est  nécessaire  (pie  la  prime 
accordée  aux  entrepreneurs  soit  dcctoîssanle  et  s'éteigne  an  bout 
d'un   certain  teuis  ;    car  alors,    con-tnient  piesumcr  qu'ils  enfoui- . 


leur. 


;lblc.uL-nt  k.s    Ivi 


d'il 


capiti 


leut 


i.ptcment  d'un   dividcnd 


ye  me  bornerai  donc  à  l'examen   des  inovcns  les  i^us  assures  de 

réalisci-  le.  va^u  et  mile  projet   de  coiuplcter  le  ^^ysléme   de  navi- 

gation intérieuve. 

La  première  ciuestion  qui  se  présente,  est  celle   de    savoir  ,    s'il 

est  utile  que  la  confection  des  Ciina-ix  soit  à  la  clurge  de  IV-tat  ,    et 

s'il  n  est  pas  plus  avantageux   et  plus  convenable  qu'il    en  aban- 

donne [a  pioijrîétê  etTentreprise  à  de.s  compagnies  de  capitalistes, 

en  leiii- concidant ,  pour  les  indemniser  de   leurs  avances   et  de 

leurs  soins  ,   la  faculté  d'y  percevoir  des  taxes  sur  lé  transport  des 

raarcb.nudises. 

Vouloir  faire  construire  les  canaux   de  navigation  aux  frais  de 

l'état  ,    c'est  SLircbarger  le  trésor  public  de   dépenses  superflues  ; 

c'est  en  soumettre  l'exécution    à  des    chances  que  la  sagacité  hu- 

maine ne  peut  pénétrer;    c'est   occasionner    des  lenteurs,    peut- 

être   même  des  dilapidations,    inséparables    des  opérations    d'une 

grande  administration  ;  c'est,  en  un  mot,   rêver  1^  bifn  ,  mais  ne 

pas  le  réaliser  :    votre  commission   y    voit  des    ec.bairas    et    des 

in'jbnv^niciis  ,  sans  aucun  avantage  pour  \c  ;jiiblic.    .-Vbaiulonner  la 

propric-tc  des  canaux  à  ceux  qui  les  ct^suseioiu  ,   cV':..l  de;a  donner 

une    tùrie  impulsion  à  i'opinîon  ;    c^tsl  ai^peler    tous  les  tatiitai.x 

libres    dans    ces  uciics    enin^prises  ;    K^Ci-t    assurer    Khk    prompte 

e:cecuti(jn  ,  et  éveiller  l'industrie  ,  qui  bientôt  trouvera  des  moyens 

•plus    simples  et  plus   économiques    po-Ur  p*.'rfi:i.tinnner    leur   cous- 

Tandis  que 
des  canaux    di 


les  arts  se    perfecti 
>-igatiûn  n'est  pvint 


di2. 


rapideiîient ,  c»lu 
iuv  la  prcémincnc) 


euj.  des  plan«  indiiies.  lline 
de  et  de  la   ptâte  nnviyaiion 


semble  que  le  sv£téii.c  de  la 
trouve  bun  applic?.ti 
On  ne  peut  pas  plus  rejeter  radop'.î.-tn  d-js  pctiiscinaux  q'û  pré- 
sentent une  méiiijJc  plus  prcjuple  et  plus  éconoitilmic  d'ijuvrir 
des  conniiunications  par  eau  ,  que  celle  àti  grands  canaux ,  c'unfi 
exécution  pîus  longue  et  [:lus  dispendieuse  ,  ma-is  qui  ,  dans  cer- 
taines circon..tan-;-t;s,  sont  prEltrables.  D'ailleurs,  poiu-qu<M  ne 
s'en  rappoiterait-un  pas  à  cet  égard,  aux  combinai.uui..  et  aux 
cdculi   de  rintev;:t  païticuUcr ,    lorsque  les  entrepreneurs  se  cliar- 

Il  est  du  sort    des 


test( 


BoiC,  Tribuns  :    Notre  collègue  Arnould  ,  dans  la  . 
frrinaire  dernier  ,  vous  a  propoic  d'c'inettre    un  vuu  „ 

«Jioitsd'iirponations  ,  dVxiiortations  ,  et  de  na\iy  lion  .ou  de 
d-ouane  ,  un  fonds  d'auiélioration  qui  serve  d'ciicou-,  j^jL.-iient  pour 
l'agriculture,  les  canaux,  le  commerce,  les  mauuljctures  et  les 
arts  „. 

Votre  cooomission  ,  frappée  des  avantage^  qui  résultent  de 
fla  prnpo^itiûu  d«  notre  collègue  Arnould  ,  a  cEe  d'avis  ,  à  l'una- 
njniitc  ,  d'en  admettre  les  v''''"^'P'^ï^  ï  maisenmenje  tenis  elle  ne 
.b'csi  point  dissipiule  ,  et  notre  collègue  l'aveiit  prcsif.nii  lui-uiéme  , 
qu'elle  portait  sur  des  vues  trop  générales  *  qu'il  fallsit  les  rcdtvire 
à  des  clcmens  plus  positifs  ,  et  prétiser  les  objets  suf  lesquels  de- 
vaient principaleuient  porter  les  encourageuiens  qu'il  propose. 

Eclairée  par  une  longue  discussion  ,  vatre  commission  est  d'avis 
d'en  reitrcindre  l'usage  a  iir.pn'mer  une  forte  impulsion  a  la  con- 
fection des  canaux  navigables  ,  et  à  attirer  les  capitaux  cnculans 
dans  tes  miles  tntteprises  ;  elle  a  pengé.qjue  l'exécution  vive- 
ment désirée  d'un  projet  aXiïsi  vaste,  serait  le  plus  puissant, 
comme  le  plus  elficace    des    tncunragemens  a   accorder  au    com- 

Le  système  des  encouragcmens  unît^iucuient  destines  aux  arts 
îridustiielii ,  a  paru,  â  votre  cûairuisbion  ,  entraîner  dca  abus 
aiiSM  difficiles  a  prévoir  qu'à  r  prinjer  :  les  primes  qui  devraieut 
être  accordées  au  plus  induolricux  ,  le  sont  le  plus  souvent  au 
pluK  iniiig.int;  l'activité  du  commerce  sera  plutôt  le  résultai  du 
progrc^  ncs  lumières  ,  de  l'ensemble  d'une  bonne  législation, 
des  sc.ini  d'une  adniinistra'Jou  prévoyante  ,  du  calme  réparateur 
de  la  p;.ix  ,  et  enfin  de  là  tonf.fince  qu'inspire  l'L'lferiniptfciiient 
de  nos  institutions  &oci:iles  ,  que  de  l'impulsion  passagère  qu'on 
pounait  lui  flonnêr  par  des  piîmes  J'encoura-^tiiicnt,  On  ne 
pourrait,  d'ail'eurs,  en  établir  la  nécessité  qu'en  ^'appuyant  -sur 
■des  principes  déjà  contestéb  ,  et  nous  devone  i-vitrr  une  coniio- 
VcTsc  intempestive  et  im-onvenante.  Ces  considl-raiioDH  ont  dé- 
cidé votre'  coniuiiîaioii.  a  écarter  de  la.  pvnpoiiitîon  de  notre  col- 
lègue Arnould  tout  ce  qui  a  traie  aux  eni.ourageutens  relatifs  au 
Itiaimerce. 

Ntanmoms  ,  elle  vous  priîeeritcra  ,  maîî  accessgÎTeniént ,  quel- 
<]iic^  viits  Mir  les  uioyens  dé  Aâier- la  perfection  de  nos  niahu- 
■l^tcturcs  ,  en  y  propageant  la  c'onaaissaïue  et  l'usage  des  pro- 
ctidc^  tcoDoiïiî^ues  ,  et  en  y  tacilitani  l'adoi^tion  et  l'emploi 
dis  ii.actiine*  ingénieuses  qui  abrègent  Ift  teais  ,  simplifient  et  fl^r- 
fçctionncnt  le  travail. 

Il  ne  me  restera  plus,  après  avoir  déterminé  remploi,  du 
Jonde  d'amélioration  pioposé  par  Arnould,  que  d'examiner -'il 
çtit  sudihant  pour  l'uwigo  auquel  on  ie  destine,  et  si. le  cba»ix 
de  aon    aasignittion  est  convenable.  ^ 

Tous  le»  hpiiunca  in.«lruita  s'accordent  i\  penser  ,  que  pquf 
élever  le  produit  teritturial  d'un  empire  â  sa  plus  gr^inde  va- 
leur ,  il  fatit  mettre  en  communi'.ntion  toutea  les  parties  d?  floh 
«ot  ,  de  la  manière  la  plus  facile  et  la  moins  dispendieuse  , 
c'ct-à-diiÇ  ,  procurer  à  l^'  vente  de»  p/odutts.dc  l'agrituluirc  le 
toa^cbc  le  plus  étendii.  Il  n'o^istc  quç  deux  moyens  de  com- 
munication initricurf*;  le  roulage  ijnr  terre,  et  la  navigation 
des  rivi.ciea  ou  dt»  canaux  qui  y  suppléent,  (i^uelqu' importante!! 
que  soient  les  cuiiiDiunicutiuns  par  terre)   nous  ne  vous  en  oclu< 


1  r.iniour- 
tt  public 
'un  grand 


veuicn'.  les  deux  grands  mobiks  de  l'IiUinLtnl-.c  ,  l'i 
propre.  C'cït  en  mettant  en  roppojc  couiinuel 
avec  l'intérêt  piivé  ,  qu'il  exécutera  des  choses  t 
peuple,  et  qu'il  surmontera  des  obstacles  qui 
vaincus  que  par  cette  rtcipcocilé  d'effoils.  C-ue 
assuTe  aiix  citoj-ens  qui  ouvriront  des  canini  .  1 1 
nient  de  leurs  capitaux  ,  et  la  p;tioibie  et  iiu 
priété  de  ces  entreprises  ;  qu'il  cnirelienuc  | 
li&ies  la  noble  émulation  des  rieliesses  acquise 
de  leurs  fonds  ,  et  la  gioize  attatliec  gux  suçci 
tels  travaux  :  bientôt  la  France   se  couvrira  de 


Je  pourrais  m'appuycr  de  l'exemple  de  l'Angleterre  :  elle  e; 
coupée  maintenant  par  un  grand  nombre  de  canaux  qui  appar- 
tiennent à  Urs  partitidiers,  tandis  qu'il  y  a  cinquante  ans  il  n'y  er 
avait  pas  un  seul  ;  il  me  suffit  de  vous  indiquer  que  dcpui; 
douze   ans  le  pinlenient  a  autorisé  ,  par  environ  quatre-virigi-deuî 


]u'on  abandonne  au.s^i  diniiiU 
udeï.  On  douta  en  France  du 
;rut  en  AngletL-ne  à  la  ruine  i 
jui  ouvrit  une, liitd  de  Menchet: 


H.ti 


nulliLIc 

ami!    les    c 
par  cet   c 

pio- 
apita- 
nijdoi 

nouvelles 

«liJi  d;  Il  fiance,  c 
riche:  »■  cl  la  popul . 
le  .sl.lup.-ilire,  exto.l 
de   nnmbr^uM  iviitat' 

mais  ic    suis  qu'on  s'y 


nouvelles 

d'être 

tou 

jours   c 

on- 

silltatlïiU  d 

f  l'e.-.p 

rir 

nce  ,   pa 

rce 

neut.  ses    oi 

inions 

qu 

ses  'Il 

bi- 

succès  du  ca 

nal  de  1 

au 

,uedoc 

ou 

ncvitiihle  du 

duc-  de 

Br 

gdewai 

•  r  , 

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iol  ,    d 

jnt 

les  trav 

lux 

ni  ,  le  prc:.. 

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roi 

,  appli 

jua 

ae  i.;„lsiic'.l 

a   pu   1 
)C  a  l'ai 

la 

:r  pour 
richesse 

du 

mal  de  Wsi 

c  h  es  ter 

ao 

uiritLipI 

-  la 

le  ville  ;    le 

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:K 

-tlev  ,  d 

ans 

e  sysléme  de 

s  pl.i.s 

ini 

lincs  ,   a 

eu 

n  .\ri3leteir 

t  qut   d 

iil 

i'.VMiéri 
en  Frai 

..cie 

.'-•  de    pertec 
t  rie  siibstit. 

"l 

le 

lu.  Ir.cl 

des 

de 

,tcliami:r' 

c-.-s  con 

iructioùr 

Lîs 

un  heureux 

présage 

de 

ceux  qu'il^ 

da 


I  propriété  de  leurs  concessionnaires  ;  il=  vivifi-'nt  les  pays  qu'ils  | 
]  parcourent ,  et  enriciiisseui  les  ^ntrepreneups., 
[  Ce  principe  admis  ,  il  ne  s'agit  pliis  v  '.n  ds  .ré.?uJ.lrîser  ce  t 
j  grand  nioii.vemeiu  ;  le  moyen  a  paru  si. opte  et  lacile  a  votre  , 
I  coiilmission  ;  elle  pense  que  la  conccs.-ion  et  la  prnpiielé  d'un  | 
I   cinal   ne  peut  tire  accordée   que  par  une   loi  du  ci,r;is-liviilatil  ,  ) 

ou  q'-te  le  gouverneilunt  seul  a  le  droit  d'approiiv.r  les'  idans  , 
'^  1^  devis  estiiiimlts  ,  ,.iinsi  fiy\e  la  fiïîiunn  du  taiil  des  droits  de 
i  twnsports  i^ur  l;:5.,ul.-(rcjlan4isçs  (  .s'il  le  croit  nécessarre.  )  (i). 
I  5i  nous  examinons  maintenant  noire  position  intérieure  ,  nous 
i  verrons  que  ,  quclijiie  prolit  que  présente  l'entreprise  des  ca- 
I  naux  de  navigalion  ,  le  hautintcitt  de  l'arjeut  et  la  facilité  de 
,1  le  (.lacer  avanCiseuseuient  ,'  sans  péiil  ,  sans  inquiétude  ,  de 
1  iri-ahier-cà  le  tenir  toufniirs  sous  sa  main  ,  etil  pouvoir  le  réaliser 
'■  3ui,vaiJ(  son  besoin  -Qu  sa  volonté  ,  est  im  obstacle  a  l'emplo 
'i  d^ji  Cjipiti^Hx.  d^aii^  Irt4  travaux  de  ce  genre;  Un,  canal  ne  peut 
1  s'achever  qu'en  quel'|iics  années  ,  et  pendint  ce  tcuis  les  fonds 
I  qu'on  y  emploie  i.mt  stagnans  et^non  prodi.clil^.  Voila  précisé- 
ment pourquoi  l'aigePt  ;  au  'deii  de  se  porter  vers  ces  entre- 
prises, se- rlîproduit  parles  hont.-uses  spétulations  de  l'agiotage. 

O'est    à'   surmonter  cts   diir^  ulua    (jm;    le   gouvcrnenient   doit 
ptinckpalenient  ts'âtiaffliiîrt 


vaux   devenu 
■sor  piiblc  d 


iiires,  diminue  le  lar'lrau  de 
ravail  des  lioiiiiiies  ,  et  le  scf 
aux  tianspims  par  terre  ,  e 
ide  partie  des  frais  énormes  di 
eticn  de.  grandes  roules  ,  ecra 


effic. 


d'ele 


Plu 


SÏDipJi^  ,,  le 


ont  présentes  a  votre  commission  ;  ri 
je- vais  vous  occuper,  coir.inB  le  pi 
aux  abus  ^  t\.  le  plus  eâieafje  dans  1 


per, 


poil 


vous  parlerons  que  des  canaux  de  grande  £t,  de 
|>clitc  navi(:ation  ,  qui  en  ouvrant  au  commbrce  intérieur  des 
communications  et  ^de»  deboiiclié»  plus  économique»  ,  facilitent 
le  'irtuispac^  it*-  denrées  de  gros  cncourbrcnient  et  de  pcti.  de 
valeur  ,  et  sont  précisément  ,  pur.  rapjiort  a  l'agriculture  ,  c(i 
1]iie  tes  machines-  ingénieuses  qui  économisent  le  teins  et  sim- 
nlifient    le  travail  ,    sont   aux    manufactures. 

^iolra  collcguc  Arnould    vous  a  déiuoatrc  ,    d'une  maijcrc 


1     ^  Voue  commission  ipense.qucpoitrdi^nnet.gjic  Iourte  iir.piiisîon  au 

I  elîicace  les  fond^  dès  'capitalistes  ,  le  gouvernement  doit  assure 
I  aux  cntreprenenVs  coocessioniir-ires  une  prime  annuelle  et  dé 
',  croissante  ,  égale  au  taux  de  l'iiuérêt  de  la  place  ,  la  premier 
t  an^éo  ,  et  dtjcrofssaiiitc  d'un  .dixienie  chacune  des  années  sui 
I  v-antes.  Cette  pritnç  serait  accordée  en  proportion  des  travaui 
I  confectionnés  et  des  capitaux  qui  y  auraient  été  coudoyas.  Je  I 
!  n'ai  lias  besoin  d'observer  qu'elle  cesserait' aussitrd  que'le  caii  " 
';  serait   eu  pleine  nai>lgali(»n  ,    et  que    le   difidende    de    bénelit 

serait  oiivcit  entre  les    aitioiinaircs. 
I       Je  cilutai  ,  poiiroltcmple.'ef  par  siipp(<siti6n  ,  l'ouverture  d'i 

canal  de  lû.  lieues  ,    .ijotn  -les    devis'  estiuiiHifs  l 
I   S  millions  ,     l'intérêt   des   fonds  sur  la  place  étant  ,'i  lo  poiii 

Les  entrepreneurs,    s'ils  uv.lîeut  emplo-yé  uii  uiilliou,  et  < 


é,  et  de 
,  plus  de 


plusi 


plu 


lation  et  plus  d'Kctivité. 
Cependant  elh.'  n'a  pas  trii  devoir  s'y  b.imcr  exclusivement  ;  elle  »■ 
]iense  qu'elle  devait  encore  s'oicupcr  du  mode  le  plus  assuré  .le 
haler  la  perfection  des  arts  iiidusliieLs ,  en  répandant  dans  li,Vs 
atelier,  la  conuai-sancc  des  procédé  ^  nouveaux,  et  dans  no,  fabti^ 
ques  l'emploi  de  ces  iincliines  in^ciueuscs  qui  abrègent  le  tems  , 
Siniplilîcnt  et  r'.t;ul':r;.v.nt  le   tiMv.ii). 

Le  peuple  dtini  rinjn-tiie  aura  le  plus  simplifié  le  tiavail  de 
ses  fabriques  en  y  appliquant  II  ,bil.:iiR.nt  les  c.iiiiaissil.ccs  .icqulscs 
par  l'etii, le  des  sciences,  obrl.n.lr.i  l.i  pi ,  point,  i  iiit  c  sur  le  coin, 
meice  de  l'Europe.  I.e  gouvciiiciiicnl  li  plus  sage  sera  celui  qui 
s'appllquefa  il  tonibaltrc  cette  in..galilc  daiiserf.n- ■  ,  cl  a  rétablir 
l'équilibre  entre  sa  Imbrication  intérinire  et  .,  Il,-  ,1  ^c-  vn,  ,„,  , 
pour  entrer  en  concurrence  avec  eux  dans  Li  vinit,  m.  ,1-,  ...ur.'a 
s'alfranchir  des  importations  (tui  le  riiiiieiu.  l'ouï  y  )i.ir..]i:i,  il 
doit,  par  tous  les  moyens  qui  sont  en  sa  puissance,  favoriser  l'iu- 
tioducliou  dans, ses  fabri'pies,  des  procédés  et  des  iiiaclii.nes  (qu'em- 
ploient ses  voisin»,  ou  encourager  l'adoption  de  celles  qui  peuvent 
les  suppleir.  Le  succès  des  tentatives  de  ce  genre  n'est  pas  aussi 
simple  qu'on  pourrait  se  le  persuader  ;  l'cxperi-'nee  nous  prouve 
que  rien  n'est  plus  diflicile  que  de  rompre  parmi  les  hom.i'es  peu 
instriuts  la  force  de  l'habitude  et  les  préjuges  de  la  routine.  I  au- 
toiilé  de  l'exemple  ,  eu  Jôiiiulant  à-la-lois  l'aniour-piopre  et  l*In- 
lejét  ,  est  peut-eue  l'unique  moyen  d'ohlenir  quelques  tuctos  ; 
car,  en  apprenanià  mi-iix  faire  aux  manulacturiers  ,  il  laut  en- 
core les  convaincre  quMs  vecdiout  davantage. 

Rien  n'est  plus  convenable  dans  ces  circonstances  pour  h.itcc 
lesprogièi  dti  l'industrie  que  de  démontrer  a  nos  fabricans  ,  pat 
la  pratique,  l'usage  et  lu  supériorité  de  l'emploi  des  niacliines  oui 
des  prqcédés  qu'ils  ignoreilt  ou  qu'ils  repoussent  par  prévention  ; 
e(  rien  fi'ciK  plus  facile  pout  }e  guuvemehienc'ijue  de  uéct  fou 


r«  dJmonslratîonî  des  espèces  d'ecôlea  temporaires  et  locales  ; 
ainsi,  par  exemple  ,  aux  fiietirs  on  démontrerait  l'usage  et  les 
avantages  des  divïses  niachines  à  filer  ;  aux  tisseurs,  l'art  de 
tisser  avec  des  niétû-rs  plus  p;irraits  et  des  navettes  plus  expédi- 
livea  ;  on  prouverait  aux  maîtres  de  forges  et  aux  fabricans  de 
tôle  rt  de  Cer  blanc  combien  remploi  des  cylindres  à  laminer  est 
supérieiii-  â  l'usage  des  marteaux  ;  on  démontrerait  aux  taneurs 
ici-.  avimrjscs,  IVronoiiiic  et  raccclératJon  des  procédés  des  tan- 
heiies  aiiglais-s  ,  aux  impi-îiiieurà  de  toiles  peiuies  ,  la  célérité  et 
Ja  précision  des  cylindres  à  imprimer  ,    eic 

Votre  cnmniissînn  pense  que  le  gouvernement  pourrait  et  ferait 
bien  de  consacrer  à  cet  usacc  une  somme  de  4  à  Uoo.ooo  francs 
nai-  an  :  eik-  cruit  c|ii'uti  des -moyens  les  plus  efficaces  d'encourager 
liidnptiondc^  machines  Utiles,  serait  de  les  accorder  en  récom 
pense  au  fabiitant  qui^,  le  premier,  en  aurait  adopté  l'usage  ,  oii 
du  moins  de  les   lui    vendre   aVcc    des  faclinéa   pour  ne   point  le 


H  1 


U  ( 


t  le  plus  glorieux  élevé  z 
d(^vrait  ctrc  cliaVgé  du  soin  de  propager 
de  dititi-ibtier  ïcs  mécaniques  ingénieuses 
tlont  nous  avons  parlé  ;  te  serait  ajouiei 
lité  à  ce  bel  et  important  établissement  : 
interdit  tous  les  détails  qui  appartiennen 
bornerons  ;i  ces  seules  indications. 


qui 


m  nouveau  degré  d*uti- 
*  Texecution  ;  nousnou- 


Ji  me  reste  à  examinersi  le  fonds  d'amélioration ,  propose  par 
ïictrc  collègue  Arnould  ,  est  suffisant ,  et  s:  le  ciioix  de  son  assi- 
■çniitîon  est  convenable.  Tl  propose  l'excédent  du  produit  net  des 
douanes, au-delà  des8  millions  auxquels  le  gouvernement  ena  évalué 
le  montant  dans  le  biid'^et  de  l'an  S  et  l'an  9;  d'après  desrenseigne- 
inens  positifs,  recueillis  par  In  commission  ,il  nous  est  démontre  que 
cet  excédent  pouvait  s'élever  ,  année  commune  ,  de  5  à  6  millions  ; 
'ce  qui  serait  plus  que  suffisant  pour 


,  fav. 


rlap.rle 


indu 


Is  ,  suivant 
►ix  de   l'as- 


de   votre 
le  produit 


I  ,  et  ; 


pas  éprouver  de 


ribode  que   nous  -vous   avons  indiqu 

ru  également  convenir  à  la  majorité  des  membres 
mission.  En  effet,  il  parait  juste  de  rafTecter  sur 
s  douanes  ,  puisque  les  douanes  ne  sont  politique- 
ment instituées  que  pour  établir  un  équilibre  permanent  entre 
la  fabrication  nationale  et  la  (abrication  étrangère  ,  soit  en  di- 
minuant par  des  taxes  à  l'entrée  ,  le  débit  et  la  consomma- 
tion des  niarchandises  ouvrées  chez  nos  voisins  ,  pour  favoriser 
notre  propre  industrie  ,  soit  en  augmentant ,  par  des  droits  à  la 
sortie  ,  la  valeur  des  produits  bruts  de  notre  sol  i  pour  les 
forcer  à  être  manufacturés  chez  m 
grandes  variations  dans  leur  prix. 
Les  douanes  ne  sont  donc  pas  u 
institution  politique.  Leur  utilité  s 
produit  retournait  sans  ce^se  à  sa 
favoriser  les  pro^^rès  de  l'industrie  r 
«les  importations  étrangères  ;  s'il 
à  multiplier  par  des  communication 
la  circulation  des  richesses  de  l'éta 

les  arts  qui  nous  manquent,  et  qui  nous  rendent  tributaires  de 
nos  voisins  ;  à  favoriser  enfin  par  des  instituttons  libérales  les 
efforts  de  l'industrie  et  l'accroissement  du  commerce  inter'cur. 
Votre  commission  ,  en  adoptant  la  proposition  spéciale  du 
fonds  d'aniéhoratiou  provenant  de  sommes  prises  sur  l'excédent 
.  du  produit  des  douanes  ,  a  pensé  qu'ail  fallait  reportera  l'an  10 
ton  établissement.  D'ici  à  cette  époque,  nos  armées,  qui  marchent 
éi  rapidement  de  victoires  en  victoires  ,  auront  commandé  la 
paix  i  nffenjiî  notre  puissance  au  dehors,  et  noire  tranquillité  au 
dedans;  le  gouvernement,  affranchi  des  soins  de  rextéricur  , 
portera  to^ite  son  attention  à  vivifier  l'intérieur  ,  en  ouvrant  toutes 
les  sources  d'une  grande  prospérité;  enfin,  les  t;itoyen3 ,  plus 
-rsisurés  et  plus  confians  ,  se  livreront  avec  plus  de  sécurité 
éprises    utiles.    Mais  l'état    de   guerre    deviait-il   se  pro- 


î  invention  fiscale  ,  mais  une 
ait  bien  plus  sensible  si  leni 
■aie  destination  ,  et  servait  à 
[ionale  ,  et  à  nous  affranchi! 
était  employé  par  exemple  , 
rapides  et  peu  dispendieuses 
;   à    nationaliser  parmi  nouî 


long» , 
utile  : 


j  ajou 


serait  pas 
même  que 


serait 


C'est  par 
ue   l'c 


d«  la  gue 


tnouv 


toujo 


;s-prejudic 


able 


rrjetter  un  projet  si 
Lif  de  plus  pour  l'ad- 


duc 


Dt  attribué  â  la  prolongation 
et  la  langueur  de  l'industrie. 
e  pas  vouloir  convenir  que  la  mobilité  ,  j'ajouterai, 
ic  notre  législation  kur  ont  été  plus  funestes  que  les 
■  d'une  guerre  qui  s'est  presque  toujours  faite  sur  le 
pays  ennemi,  en  giandc  partie  aux  frais  des  vaincus,  et  dont 
on  aurait  méme^pu  tourner  les  énormes  consommations  au  profit 
de  l'industrie  nationale. 

En  fixant  votre  attention  sur  Tétat,  commercial  dr  ïa  France 
aux  différentes  époques  de  notre  révolution ,  je  vous  prouverais 
que  l'élan  généreux  et  Theureube  impulsion  des  premiers  jours 
de  la  liberté  ont  ibrtement  concouru  à  améliorer  l'agriculture  et 
à  développer  les  germes^ de  toutes  les  espèces  d'industrie;  mais- 
cet  élan  sublime  ,  cette  impulsion  favorable  ,  qui  nous  pro- 
mettaient tant  de  richesses  ,  et  des  succès  si  brillans  furent  tout- 
a-coup  arrêtés  sous  l'empire  de  la  barbarie  et  prêts  à  s'aneaniir 
flous  le  r^gne  des  lois  de  la  sottise  de  la  déraison.  Pour  vous 
démontrer  d'une  manière  encore  plus  convaincante  l'influence  de 
la  législation,  et  les  effets  d'une  administration  sage  et  pré- 
voyante sur  les  développcmens  de  l'industrie  ,  en  me  rapprochant 
des  momens  où.  nous  vivons  ,  je  terminerai  ce  rapide  tableau  par 
fixer  vos  regards  sur  l'état  actuel  de  la  France.  A  peine  échappée 
depuis  un  an  aux  fureurs  des    lactions  ,  elle   a  déjà  repris  ,   par 


soins  d'un  g( 
plendcur,  ses 
rt  de  bonheur  , 


de  paix 
elles  été  moins  victorieuses  ,  nos 
héros  moins  magnanimes?  La  première  base  d'un  état,  qu'il  soit 
en    paix  ou  qu'il  soit  en  guerre,  ic'est  la  justice. 

Par  toutes  ces  considérations,  votre  commission,  persuadée 
que  nous  devons  multiplier  nos  efforts  en  raison  des  difficultés  de 
Kotre  position;  pour  améliorer  la  prospérité  de  l'état ,  me  charge 
de  vous  proposer  le  projet  d'arrêté  suivant  : 

Le  tribunat  considérant,  i*.  que  la  prospérité  et  la  richesse 
de  la  république  ,  qui  a  un  territoire  vaste  et  fertile,  doivent  être 
spécialement  affermies  sur  les  bases  d'une  agriculture  florissante  ; 

2°,  Qiie  les  progrés  de  cet  aï-t  nourricier  du  peuple  comme  du 
trésor  public  doiventétre  facilités  par  la  multiplicité  et  la  promp- 
titude des   communications  intérieures  ,  par  l'échange   rapide  et 


aux  moindres  frais  possibles   des  denrées  d 

u  nord  au  midi  ,    e 

par  l'emploi   des  matières  brutes  ,    dans  les 
nales  ,   émet  le    vœu   suivant  : 

manufactures   natio 

A  compter  de  l'an    X,    lout   l'excédent 
douanes  au  delà  des  huit  millions  ,  sera  cons 
ectionner  et  étendre  la  navigation  intérieu 

du  produit  net  dr 
acre  à    réparer  ,   per 

Le  présent  arrêté  sera  porté   au   sénat  cor 
législatif,  et  aux  consuls   de  la  république 

servateur,  au  coip 
,  par    ies  messager 

Ferrée  (  de  la  Manche  ).  Aux  sysiêraes  réunis 
<jae  présentait  le  travail  de  notre  collègue  Ar 
60uld  ,  comme  aux  conclusions  isolées  de  la 
«ommission  ,  j'opposerai  des  calculs  certains  ei 
des  faits  conouj. 

Il  est  vrai  que  le  produit  des  douanes  ,  en 
la»  S  ,  a  excédé  de  près  de  6  millions  les  8  mil- 
lions fixés  par  appciçu  pour  ladite  année  ,  et 
c'est  sur  un  semblable  excédent  pour  l'année  cou- 
reiite  et  pour  l'avenir  que  nos  collègues  ont  fondé 
leurs  vceux. 


Après  quelques  observations  sur  Ii:'S  causes  pré- 
sunicrs  de  l'élevatioii  de  ce  pro  luit  ,  l'orateur 
rappelle  L'S  termes  dans  lesquels  le  gouvernement, 
dan<  I  expose  de  la  situation  de  la  lépublique  ,  a 
éno  ce  la  possibilité  d'un  déficit  éventuel  en 
l'an  S. 

Dapiè<  cet  exposé  ,  dii-il  .  propoisr  d'orga- 
niser en  l'an  g  le  svs'êine  des  encourasiemens  , 
c  est  proi>oser  de  désoiga'iiser  la  trésorerie;  et 
c  tte  dejn.indt  l'ûï-elle  susceptible  d'exécution  , 
elle  conduirait  à  SdCr.fi  r  les  moiî  des  fonds  réels 
e^,  nécessaires  ,  à  un  résultai  infailliblement  illu- 
solie  à  l,V  fin  de'l'aniiée. 

D'oià  il  résulterait  que  l'éventuel  du  'déficit 
présumé  scrjit  plus  inévitable  ,  et  qu'il  faudiait 
recourir  à  de  plys  fortes  impositions  pour  le 
combler. 

Ces  réflexions  ,  échappées  à  la  sollicitude  de 
notre  collègue  Arnould  ,  se  sont  présentées  à 
votre   commission. 

Aussi  vous  a-t-clle  proposé  de  reporter  l'exé- 
cution à  laa  10  pour  un  objet  déterminé  ,  les 
carraux. 

La  prudence  peut-elle  vous  faire  attribuer  des 
fonds  de  l'an  lo  à  creuser  de  nouveaux  canaux , 
tandis  que  vous  n'aurez  pas  |a  certitude  que  les 
engagemens,  les  soldes,  les  pensions  de  ladite 
année  seront  acquittes. 

Jetez  un  coup-d'œil  sur  tant  d'autres  besoins 
pressans. 

L'iigriculture  réclame  la  suppression  des  droits 
de  barrières  sut  des  matières  propres  à  l'en- 
giais. 

Elle  réclame  cbntre  l'impôt  mobilier  ,  arbitraire 
dans  soft  assieie  ;  contre  éelui  des  poites  et  fe- 
nêtres nAliipliés  pour  l'usage  des  babitans  des 
champs. 

Elle  demande  te  rétablissement  des  haras  ,  la 
réparation  des  routes  et  celle  des  chemins  vi- 
cinaux. 

Dites  si  ce  ne  serait  pas  embrasser  une  illusion 
que  de  créer  une  caisse  d  encouragement  ,  quand 
un  gouvernement  réparateur  a  tant  d  objets  pres- 
sans qui  léclament  sa  sollicitude,  tant  de  parties 
de  contributions  qui  attendent  une  diminution. 
L'orateur  relevé  ici  la  comparaison  qui  a  été 
laiie  avec  le  mode  de  confection  des  canaux 
adopté  par  l'Angleterre  ;  il  discute  aussi  le  sys- 
tème de  douanes  ,  de  primes  et  d'encouragement 
également  adopté  dans  ce  pays  ,  avec  celui  que 
l'on  a  suivi  chtz  nous  jusqu  a  ce  jour. 

Nous  accordions  des  encouragcmens  pour  agir, 
dit-il  ,  et  les  anglais  ne  les  donnent  qu'au  degré 
de  succès  de  lacrion.  Chez  eux  ,  ce  sont  des 
prix  offerts  à  l'érûulation  à  l'aciive  industrie  ; 
chez  nous,  c'ctaienl,des  secours  mal-entendus  et 
abusifs. 

Ainsi  nous  avait  entraînés  la  manie  du  lems  , 
d'imiter  sans  réflexion  les  systèmes  de  nos  voi- 
sins ;  ainsi  la  théorie  des  primes  et  encourageraens 
ava't  séduit  les  imaginations  vives  ,  qui  croyent 
quciVicde  l'argent  on  peut  tout  faire. 

L  expérience  repousse  cette  idée  à  l'égard  du 
commerce  et  des  ètàblissemens  ,  oià  la  présence 
de  1  honime  est  le  principe  et  le  terme  du  succès 
d'un  projet.  La  popîllation  ne  se  fixe  pas  à  la  voix 
de  l'autorité  ,  et  l'indus.rie  ne  connaît  que  les  lois 
de  la   liberté. 

S'il  fallait  se  résoudre  à  faire  des  sacrifices  dans 
l'avenir  dont  dojs  flatte  l'espéraiic-  ,  au  moins 
fjudrait-il  alors  que  ie  mode  des  primes  ei  en- 
couragemens  ouvrît  une  libre  catrie:e  à  tous  les 
citoyens. 

Hors  ce  principe  général,  je  ne  vois  que  des 
faveurs  et  des  privilèges exciusil.;, précédés  souvent 
par  l'immoralité  et  toujours  suivis  de  dé-ordres. 
L'orateur  discute  ici  la  motion  d'ortire  sous 
lé  rapport  de  sa  fonstitutionalité.  Je  soutiens  qu'é- 
mettre un  vœu  pour  la  perpétuité  d'un  impôt 
Cdsuel  ,  lorscjue  le  gouvernement  ,  le  corps- 
législatif  et  le  tribunat  ,  loin  de  pouvoir  fixer  le 
moiJe  et  la  durée  d  un  impôt  i;éel,  sont  appelés 
tous  les  ans  à  proposer,  contredire  et  co. sentir 
les  détails  et  la  loa^se  des  contributions  natio- 
nales ,  est  une  chost  en  soi  inconstitutionnelle. 

Gardons-nous,  dit-il  en  terminant,  de  cette  im- 
patience du  bonheur,  qui  est  souvt;nt  un  obstacle 
au  bonheur  même  ;  donnons  l'utile  exemple  d.- 
notre  confiance  dans  la  force.,  la  constance  et  les 
moyens  du  gouverrtéraent. 

L  union  des  autorités  est  le  plus  sûr  présage  de 
la  prospé.itè  publique  :  la  néccsslié  de  réparer  tant 
de  désastres  ,  le  besoin  de  considérer  tant  de  gloire 
vous  indiqueraient  ce  terme  ,  s  il  n'élait  aussi  l'ob- 
jet de  ions  vos  vœux. 
Je  me'résume. 

Nulle  possibilité  d'exécuter  le  vœu  de  notre  col- 
lègue Arnould. 

Le  vœu  secondaire  de  la  commission  ,  réduit 
aux  canaux  ,  ne  peut  s'exécuter  en  l'an  lo. 

L'excédent  des  douanes ,  leur  pioduit  même  est 
incertain. 

Ces  dioi's  ne  sont  pas  un  impôt  ,  le  fussent-ils. 
L'attributioM  fixe  d'un  impôt  perpétuel  est  con- 
traire à  la  constitution. 

Le  tribunat  n  a  pas  l'initiative  des  recettes  et  des 
dépenses. 

La  constitution  ne  lui  donne  que  l'examea  de 
chaque  année  ;  le  présent  seu!  est  a  vous. 


Les  encourageinrns  partiels  sort  des  sourci:s 
d'abus. 

hi-  gouvernement  s'est  occupé  des  canaux.  Avant 
de  commencer,  il  faut  réparer.  Il  faut  être  juste 
avant  d'être  libéral. 

Sous  tous  ces  rapports  ,  je  demanda  l'ordre  du 
jour  sur  la  proposition  de  notreco'Iegue  Arnould, 
et  l'ajournement  indéfini  du  vœu  secondaire  de 
votre  commission. 

Le  président.  Personne  n'est  inscrit  pour  parlet 
en  1-veur  des  propositions  de  notre  colleg'-ie  Ar- 
nould: il  n'y  a  que  le  cit.  Bosc  qui  demande  à 
souienir  l'avis  de  la  commission. 
"  Arnould. ]i  me  propose  de  répondre  à  toutes  les 
objections  :  je  prie  ceux  de  mes  collègues  qui  au- 
ront à  en  faire,  à  prendre  la  parole,  je  demanderai 
ensu'te  h  faculté  de  répliquer. 

Chassiron  demande  l'ordre  du  jour  sut  la  pro- 
position. Il  pet:se  qu'au  lieu  d'accroître  les  droit» 
des  douanes  ,  pour  relever  nos  porti  ,  il  vaudrait 
mieux  proposer  au  gouvernement  de  recréer  des 
établissemens  analogues  aux  chambres  du  com- 
merce ,  qui  bientôt  proposeraient  elles-même  dé 
remettre  tn  activité  des  moyens  déjà  connus  par 
de»  succès  d'expérience  pour  rétab.ir  nos  ports 
et  leur  éviter  une  ruine  prochaine. 

Bosc.  Je  demand'-  ,  comme  rapporteur  de  la 
commission'!  à  pouvoir  répondre  ayant  la  clô- 
ture de  la  discussion. 

Plusieurs  voix.  C'est  juste- 
Imbert.  Aces  deux  mois  :  proléger  et  laisser  faire, 
est  attachée  la  prospérité  relative  des  nation,»;  voilà 
le  véritable  ,  l'unique  encourageme.3t  ;  tout  autic 
n'est  irariginé  que  pour  l'aVantage  de  quelques 
indiviiius.  Le  projet  qu'on  vous  présente  n'est 
pas  nouveau  ;  en  l'an  5  on  voulait  aussi  cou- 
vrir la  France  de  Éanaux  navigables;  alors  on 
s'aveuglait  également  sur  les  moyens  d'exécution. 
On  citait  comme  aujourd'hui  l'Angleterre;  comme 
si  les  avantages  inappréciables  de  la  navigation 
artificielle  n'éiail  pas  reconnus.  On  nous  parle  de 
canaux  à  ouvrir  ;  pourquoi  ne  nous  paile-t-on 
pas  de  ceux  qu'il  a  fallu  abandonner  après  de 
longs  rravnux  ?  Si  le  tribunat  se  laissait  égarer 
par  cette  magie  dont  les  projets  d'accélération 
sont  toujours  environnés  ,  quelle  inquiéude 
ne  répandrait  -  il  pas  parmi  les  agriculteurs  ? 
qui  ne  craindrait  pour  ses  terreins  les  plus  pré- 
cieux ,  son  commerce  ,  ses  usines  ,  ses  fa- 
briques, etc.  ? 

Onreconnaitl'utilité  de  la  navigation  intérieure; 
s'ensuii-il  qu'il  faille  l'encourager  par  des  primes  ? 
'Vous  ne  pouvez  oublier  en  ce  moment  que  le 
gouvernement  n'a  pas  de  fonds  libres  ,  que  quel- 
ques parties  du  service  sont  arriérées  ,  que  la 
dette  publique  n'est  pas  éteinte  ,  et  que  la  dimi- 
nution des  impôts  laisse  encore  beaucoup  de 
choses  à  désirer. 

D^ns  l'état  actuel,  le  premier,  le  seul  vœu  à  for- 
mer ,  c'est  qu'uhe-  diminution  dans  les  dépenses 
amené  le  plus  possible  de  diminution  dans  les 
impôts. 

La  lépublique  est  couverte  d'établissemetlS 
utiles  qu'elle  doitàla  simple  industrie  particulière. 
Laissez  1  industrie  elle  tems  amener  des  amélio- 
rations dont  votre  zèle  pour  le  bien  public  vous 
rend  avides  ;  rien  ne  se  fait  spontanément  quand 
il  s'agit  de  la  prospérité  d'un  état.  Une  nation  ne 
passe,  pas  plus  rapidement  de  l'indigence  à  la 
splendeur  que  de  I  ignorance  aux  lumières.  La 
marche  qu'elle  est  forcée  de  suivre  ,  est  celle  des 
opérations  de  la  nature. 

Je  demande  l'ordre  du  jour  sur  la  proposition 
de  notre  collègue  Arnould. 

Chilland.  Je  demande  l'ordre  da  jour  sur 
touies  les  propositions.  Les  avantages  qie  sen»ble 
offrir  le  projet  ,  sont  loin  d'être  démontrés,  et 
ce  n'est  ni  le  mode,  ni  le  temsjconvcnables  pouf 
émettre  un  vœu  sur  cette  matière.  Lorsque  la  paix 
permettra  d'améliorer  notre  administration  inté- 
rieure ,  s'il  est  question  de  canaux  ,  j'espère  qu'on 
ne  les  fera  pas  adopter  en  masse  ;  que  si  l'on  se 
détermine  à  permettre  des  taxes  ,  elles  n'excéde- 
rontpas  les  forces  du  voiturier  par  eau,  etque  dans 
tous  les  cas ,  on  respectera  la  navigation  naturelle. 
En  f  evenarit  aux  projets  de  taxe  de  navigation  , 
on  trouveroit  facilement  les  moyens  de  réparerles 
chemins  de  hallage  ,  et  d'entretenir  les  berges 
qu'on  laisse  dévaster  par  un  système  de  commo- 
dité ,  qui  est  loin  de  remplir  son  objet.  S  il  restait 
encore  des  fonds  disponibles  ,  on  pourrait  les  con- 
sacrer utilement  à  d  autres  communications  par  eau. 
Le  tribunat  ordonne  l'impression  des  discours 
et  ajourne  la  suite  de  la  discussion  à  demain. 

Le  cosps-légfslatif  transmet  detrx  projets  de  loi  : 
le  1^'^,  qui  accorde  au  gouvernement  un  supplé- 
ment de  fonds  pour  l'acquit  de  diverses  dépenses 
faites  en  l'an  8,  est  renvoyé  à  une  commission 
composée  des  cit.  Gourlay  ,  Malès  et  Mathieu  ; 
le  second  ,  relatif  à  1  organisation  de  l'administra- 
rion  forestière  ,  est  soumis  à  l'examen  des  tribuns 
Siméon  ,  Thiessé  ,  Imbert  ,  Chabot  ,  de  l'Allier, 
et  Mallarmé. 

La  séance  est  levée. 

A  Paris,  deliraprimerie  de  H.  Agasse, propriétaire 
du  Moniteur.    ■ 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


Jfgi. 


Quartidi ,  4  nivôse  an  g  de  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  aucoi'isés    à  prévenir  lîos  souscripueurs  ,  cju'à   dater  du  7    luvôsi;  le   Moniteur  esc    le   Siul  journal  ojftcid. 
Il  contient  les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvetnennnc,  les  iiouvellt-?  des  armées,  ainsi    que  les  faits  ee  les    notions 
tant  sur  rinténeur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuHécment  consacré  aux  sciences  ,  aux  arts   et  aux  découvertes  nouvelles. 


EXTERIEUR. 

ANGLETERRE. 

Londres,    16   décembre  (,^5  frimaire,  ) 

/\aT[0NS  de  la  banque  iSgi.  3  pour  cent  con- 
solidés, feimés.  Omnium  4.  Prix  du  pain,  i  sheU 
littg  7  pences  4  li-'S  quatre  livres ,  ce  qui  fait  une 
augmeniation  d'un  pence  depuis  la  dernière  taxe. 

Un  courrier  est  arrivé  hier  en  ville  ,  avec  des 
dépêches  du  ministre  de  sa  majesté  à  la  cour  de 
Vienne. 

La  malle  arrivée  aussi  hier  d'Hambourg  était 
accompagnée  de  M.  Maberley  ,  attaché  à  la  fac- 
torerie anglais^  de  Peiershourg,  qu'il  a  quittée 
plusieurs  jours  après  l'embargo  mis  sur  nos  bâti- 
mens.  D'après  le  rapport  de  M.  Maberley,  les 
capitaines  et  équipages  de  ces  bâtimens  ont  été 
conduits  dans  l'inléritur  du  p  lys  ,  et  les  propiiétés 
des  anglais  qui  y  résident,  séquestrées  pour  servir 
d'indemnités  iux  négociaos  lUsses  à  qui  le  dif- 
férend actuel  pourra  occasionner  des  peiies. 

Deux  vaisseaux  de  notre  grande  flotte  ,  te  César 
<$t  le  Pompée,  ont  mouillé  le  23  frimaire  à  Torbay. 

La  New  -  Lioness  .,  bâtiment  venant  des  Indes 
Occidentales,  est  entrée  le  même  jour  à  Plymomh, 
démâtée  et  avec  d'autres  avariis  considérables 
qu'elle  a  reçues  en  mer ,  en  abordaat  un  des 
vaisseaux  de  la  flotte  de  la  Jamaïque. 

LardHolland  ,  dans  la  séance  des  pairs ,  d'hier , 
a  demandé  ci  obtenu  que  la  chambre  fût  con- 
voquée pour  le  26  frimaire  ,  jour  oiiil  se  propo- 
sait de  faire  la  nioiion  que  les  papiers  concernant 
l'évacuaiion  de  1  Egypte  ,  et  sur-tout  les  instruc- 
tioDS  envoyées  au  lord  Keith  ,  fujsent  mis  sous 
les  yeux  des  lords,  it  II  existe,  ajouta -t- il, 
t)  d'autres  papiers  d'une  plus  grande  importance, 
î»  qui  demandera  cnt  l'examen  de  cette  Chambre  , 
5>  je  veux  pailèr  de  la  cùirtspondance  à  laquelle 
s>  les  dernières  régociations  avec  la  France  ont 
donné  lieu  er.tre  M.  Oiio  et  lord  Grenville.  )> 

Lord  HoUand  a  terminé  en  disant,  que  s'il  ne 
se  trouvait  pas  da  :s  U  pailement  impérial  un 
pair  qui  se  chargeât  de  faire  la  deroaude  des 
pièces  de  cette  correspondance  ,  il  se  lèverait 
pour  en  faire  la  proposition. 

Une  pétition  par  laquelle  un  nommé  Paul 
Thomas  le  Maître,  déieiiu   depuis  1798  dans  les 

Frisons  de  Reading  ,  eu  vertu  tie  lasuspension  de 
acte  lii'haieas  corpus  ,  demandait  à   être  jugé  ou 
élargi ,  fut   présenté  hier  à   la  chambre  des  com- 
maDfs  par  M.  Grey,  et  y   occasionna  une  assez 
vive  discussion  ,  qui  se  termina  par  le  rejet  de  U 
'lïéijtion  ,  55  vots.  ayant  volé  contre  ,  et  8  pour. 

La  secoiide  lecture  du  bill  pour  continuer  la 
»uspensio8  de  l'acte  d'habeas  corpus  ,  eut  lieu  dans 
celte  séance  à  la  même  majoriié. 

Pîi  17  décembre  (i6  frimaire.  ) 

Actions  de  la  banque,  fermées;  3  pour  lop 
consolidés,  idem.  —  Omnium  ,0. 

Un  courrier  venu  de  Cux-Haven  ,  dans  un 
byc-boat  ,  et  débarqué  la  nuit  dernière  à  Yar- 
raouih  ,  est  arrivé  ce    matin  en  ville. 

Le  bill  pour  continuer  Valien-act ,  et  celui 
contre  l'embauchage,  ont  été  lus  pour  la  seconde 
fois  hier  dans  la  chambre  des  communes,  hn 
chambre  se  forma  ensuite  en  comiié  sur  le  bdl 
présenté  pour  prolonger  la  suspension  de  l'acte 
d'habeas  corpus.  Sut  la  proposition  du  procuieui- 
gcnéral  ,  il  fut  convenu  que  cette  suspension 
s'étendrait  jusqu'à  six  semaines  apiès  le  1°'  lévrier 
prochain. 

Un  détachement  du  li'  régiment  de  dragons 
légers  ,  consisuni  en  40  hommef,  est  paiii  de 
DoK-hcster ,  pour  aller  s'embarquer  à  Southamp- 
lOn.  Sa  destination  est,  dii-on  ,  I  Egypte,  où  il 
«it  chargé  d  enseigner  aux  turcs  la  tactique  d'Europe. 

D  après  un  rapport  lait  hier  à  la  cour  des  alder- 
nuii  ,  il  paraît  qu'il  a  été  consommé  dacis  la 
niéiîopole  ,  et  duns  un  espace  de  10  milles  autour 
de  royni  tn-change ,  16,800  sacs  de  farine  par 
te^aine. 

Le  Hérnt ,  bri'k  cortaiie  français ,  de  14  canons, 
sorti  de  Saipt-M'ilQ  la   «er»aiue   dernicie  ,  avec 


3o  autres  corsaires,  desiinés  à  pouisuivre  nos 
navires  marchands  ilansla  Manche  ,  s'est  entp.iié 
de  la  Défiance  ,  dt  Pen^incc,  et  de  iWUHimet- 
Mary  ,  qui  allaient  se  réunir  à  la  fl.ilte  expédiée 
pour  les  ludes  Occidentales  ;  mai?  on  ciùit  les 
deux  navires  rep:)S. 

Du  18  décembre  [  27  frimaire  ). 

Actions  de  li  banque,  fermées.  —  3  pour  loo 
consolidés,  idem;  pour  l'ouverture  en  janvier, 
6a|,   63f,   63i. 

L'Indefatigahle  ,  fesant  partie  d'une  flotte  ma  - 
chande  de  5o  voiles  ,  venant  de  la  Jamuïque  , 
sous  l'escorte  de  l'Âllarm  ,  et  dont  il  a  été  scpï:é 
par  le  mauvais  tems ,  est   arrivé  à  fainiouth. 

Les  vents  coniraires  retiennent  encore  dans 
ce  port  la  flotte  pour  Lisbonne  ,    etc. 

Il  est  entié  à  Hull  27  bâiimens  venant  de  la 
Baliique  ,  dota  ils  feront  voile  le  «5  noveuiLie 
avec  près  de  200  autres  navires,  qui  avaient  éié 
assez  heureux  pour  gagner  EIscneur  avant  que 
l'emb^irgo  eût  éié  mis  danr  les  ports  de  Russie. 
On  dit  que  de  ces  200  bâiiraens  ,  plusieurs  ont 
été  capturés  à  la  hauteur  de  Sc'arbaroug  par  deux 
corsaiies  français  ,  sous  le  commandi  ment  du 
capitaine  Biackman  ,  qui  4  déjà  causé  laat  de 
dommages  sur  nos    côtes. 

Des  placards  excitant  à  la  révolte  ont  été  affichés 
marui  sur  le  marché  à  Windsor.  Des  mesures  ont 
été  ptises  pour  et)  empêcher  l'exécutiqn. 

J-otd  Grenville  a  mis  hier  sous  les  yeux  du  roi  , 
tes  nouvelles  reçues  d'Allemagne.  —  Il  n'y  aura  point 
de  levers  au  Palais  de  Saint-James  jusqu'à  nouv.-l 
ordre. 

Le  William-Pitt  est  descendu  le  même  jour  au 
bas  de  la  livieie  ;  sa  desiinatiou  est  d'aller  cher- 
cher du   riz   dans  llnde. 

Le  rapport  du  comité  relatif  à  la  prolongation 
de  la  suspcnsioa  de  l'acte  d  habeas  corpus  ,  eut 
lieu  et  fut  adopté  hier  dans  la  chambre  des  com- 
munes ,  qui  oruonna  pour  aujourd'hui  la  troisième 
lecture  du  bill  y  relatif.  —  La  chambre  se  forma 
ensuite  en  comité  ,  pour  discuter  le  bill  de 
'ahen-act.  Le  procureur- général  proposa  et 
obtint  sa  prolongation  sin  mois  après  ta  paix  gé- 
nérale. La  chambre  prit  ensuite  eu  corsideraiion 
un  autie  bill  ,  tendant  à  faire  d' Amsterdam  ,  dans 
l'isle   de   Cut,iÇ:io  ,    un  port  libre. 

(  Extrait  du  Sun  et  du  Momin^-Ckronicte.  ) 

CHAMBRE      DES      COMMUNES. 

Séance  du  10  décembre  f  iç)  frimaire). 

L'attorney-(;énsra(.(i)  annonce  qu'il  fera  le 
lendemain  une  motion  pour  la  prolongation  de 
U  suspension  de  l'acte  habeas  cfirpus.' 

Dans  un  comité  des  voies  et  moyens  ,  une 
résolution  est  a  copiée  pour  lever  la  somme  de 
3,5oo,ooo  liv.  sterl.  par  forme  J  emprunt,  sur  les 
billets  de  l'échiquier. 

Le  comité  nommé  pour  remédier  à  la  cherté 
des  subsistance^  ,  présente  son  second  lappon 
qui  ne  contient  autre  chose  que  des  dispositions 
relatives  à  l'amélioraiion  des  pêcheries  ,  et  sur- 
tout de  celle  du   hareng. 

Séance    du    u.    —   Suspension    de    l'aitt  habeas 
corpus. 

M.  Sheridan,  Je  viens  d'apprendre' que  le  très- 
honorable  anorney-géiiéral  a  annoncé  hier  l'in- 
tention oià  il  était  de  faire  aujourd'hui  une  mo- 
tion rclaiivemcni  à  la  prolongation  de  la  suspen- 
sion de  l'âcic  habeas  coipus  ,  au-delà  du  i''  février 
prochain.Coinme  aujourd'hui  l'honorable  membre 
n'en  parie  plus,  je  suis  jiorté  à  cioirc  qu'il  ne 
pailait  pas  sérieusement  hier  ,  ou  qi*  il  s'est  dé- 
termii;é  à  retirer  sa  motion- 

L'attorney-général. ]e  suh  surpris  de  la  remarque 
de  l'honorable  membre.  Je  persiste  dans  ma  ré- 
solution ,  et  je  ciois  ma  motionfon'dée.  Le  bill 
de  suspension  de  l'acte  habeas  corpus  empire  au 
1"  lévrier  ,  et  supposant  que  le  parlement  im- 
périal se  léunisse  le  aa  janvier  ,  comme  on  s'y 
attciid  gé.éraleiiiani ,  il  ne  restera  pas  assez  de 
icms  pour  délibérer  sur  c«tle  mesure.  L'usase 
fjuc  le  gouvernement  a  lait  du  pouvoir  qui,  lui 
avait  été  conlié  ,   me    porte  à  croire  que    ra  pro- 


(i)  Lt-  procurvUf-gitiéMl. 


position  ne  rencontrera  pas  p'us  d'opposiiion 
aujourd'hui  qu'elle  n'en  a  reiiconiié  p'éccdem- 
ment.  je  desiic  donc  que  l'acie  de  U  d  ruiere 
session  ,  pour  la  suspension  de  \'2ic\.c  habeas  cor- 
pus ,  soit  lu  ,  et  je  propose  un  bill  pour  la  coa- 
tinuation    de  cet  acte,  pour  un  têtus  limité. 

m.  Sheridan-  La  manière  dont  a  procédé  l'ho- 
norable membre  ,  est  viaiment  extrroti. inaire.  Il 
ditqu'il  est  inulilc  de  discuitr  la  mesure  qù  il  pro* 
pose,  et  que  la  LOiili.ni  e  accoidée  déJH  auX  mi- 
nistres est  une  preuve  suflijan  e  cju'oii  doit  la  leur 
continuer.  La  question  ,  cependant  ,  me  païaît 
assez  impoitante.  Il  ne  s'agit  de  lien  moins  que  de 
savoir  si  la  constituiitm  sera  sus|)eiiduc.  Je  pré- 
tends que  les  minisires  ,  quoiiju  en  dise  1  hono- 
rable membre  ,  ont  abusé  de  leur  pouvoir  dans 
plus  d'une  circonstance.  La  loi  les  autorisait  seu- 
loment  à  faire  mettre  en  prison  ceux  qui  auraient 
eié  accusés  ,  sur  seimcni  ;  elle  leur  permetiait  seu- 
lement de  diflerer  le  jugement  justju'à  ce  qu'on 
eût  pu  se  procurer  des  preuves  suffisantes  de  con- 
viction. Mais  ,  en  se  prévalant  d;  cet  acte,  ils  ont 
fait  arrêter  des  hommes  auxquels  au  un  crime 
n'était  irapuîé  ,  et  les  ont  fait  enfermer  dans  des 
cachots,  sans  espoir  d'être  rclâciiés.  Je  nie  qu'il 
existe  dans  notre  pays  la  plus  légère  disjK.  sinon 
à  la  sédition.  Les  ministres  ,  avec  leurs  nombicux 
espions  ,  n'ont  pu  réussir  qu'à  découviir  trois  ou 
quatre  individus  obscurs  et  qu'on  pût  suspecter. 

D'ailleurs,  pou. quoi  retarder  celle  discussioQ 
jusqu'à  l'aiiivéc  des  me.-ubres  iilandais  '■'  Il  fau- 
drait, au  coulraire  ,  qu'ils  n'eussent  point  à  s'en 
occuper.  Une  reuelhon  des  plus  aiantra'ites  avait 
éclaté  dansleur  pays;  ce  pend -nt  il-  11  curent  point 
recours  à  une  semblable  mesure.  Il  sei  .it  d^mc  à 
propos  de  leur  laisser  ignoicr  la  manière  riont 
nous  avons  trahi  nos  droiis  ,  sans  que  nous  eus- 
sions aueun  sujet  d'alarmes.  Je  voi-.diais  qu'ils 
nous  trouvassent  e.i  pleine  jouissance  d,  autre 
constitution  ,  et  qi'ils  ne  pussent  pas  croire  à 
uotie  dégradation.  J'ai  été  o,>posé  à  l'union  ;  mais 
puisqu'elle  a  été  adupiée  ,  je  pense  qu'il  ne  laut 
rien  négliger  pour  la  re.idre  sincère  et  cordiale. 
Il  n'y  a  plus  de  milieu:  il  faut  uns  union  coui- 
pletie  ,  ou  une  séparation  absolue.  On  nous  a 
dit  que  l'existetice  des  principes  jicoLiins  rendait 
néciSs,;ire  la  suspension  dj  1  acte  habeas  corpus  ; 
et  I  sminsitresquaiid  on  leur  deman  Jait  des  preu- 
ves de  leur  as  se.  tiou,  répon  raient  toujours^ Voyez 
riilaridci).  Mais  queltiues-uns  des  memb.  irluu-aiî 
répondront  pcui-ê  ce  que  les  troubles,  en  Idj-tide, 
ne  provenaient  point  des  piincipes  ftaiiçaii  ,  mais 
du  gouvernement  irlandais  ;  de  la  bonne  toi  violée^ 
avec  les  catholiques  ,  de  la  tyrannie  irrsupoitavle  , 
des  cruauiés  énormes  comm-ses  contre  les  ci- 
toyens. Pour  moi  ,  je  crois  ferraeurcni  que  ce 
n'est  point  la  suspension  de  l'acte  habeas  lorpus , 
ni  les  bilis  contre  la  trahison,  qui  ont  lau  abjurer  à 
aucun  individu  les  principes  du  jacobinisme.  Il» 
se  sont  éteints  d'eux-mêmes  ,  et  par  un  effet  de 
l'horreur  que  leurs  résu  tais  av;«ient  inspirée. 

Le  chancelier  de  ['Echiquier.  L'honorable  mem- 
bre vieni  de  faiic  patur  (lès-eloqucnirn  nt  les 
membres  irlandais  ,  et  beaucoup  mieux  qu'il  ne 
l'eussent  ifait  je  crois  eux-mêmes,  Il  vouJr.  it  qua 
nous  fussions  en  pleine  jouissance  de  notr^  cous- 
tiiuiion,  au  moment  que  l'union  se  léaiis.-rait  ,, 
et  il  pense  que  nous  y  serions  ,  si  l'acte  h.abeas 
corpus  était  en  vigueur.  Il  a  donc  oublié  tant  d  au- 
tres acies  ,  que  lui  et  ceux  qui  pensent  ,  coairos 
lui ,  ont  dénoncés  si  souvent,  cornme  aiteuiatoites 
à  la  liberté  anglaise  ,  et  cm  f.'is  pires  que  la  sus- 
pension de  l'acte  habeas  coipus  ;  or  ,  ces  acies 
subsisteraient  toujours  :  nous  ne  jouirions  donc 
pas  de  notre  constitution  ,  ciriand  bien  même  1  ArJ- 
beas  corpus  serait  eu  pleine  vigueur. 

Q_uoique  le  nombre  des  mal-intcntioniics  soi( 
petit ,  il  en  existe  cependant  enco.e  î  '">  soft  tou- 
jours prêts  à  mettre  à  proHt  les  cirtonsnuces  ;  iU 
spéculent  sur  le  mécontentemciit  que  pourrait  ins-: 
pirer  la  cherié  des  subsistances.  Est-Cp  t'oiic  t.iire 
une  intulie  au  peuple  ansilais  .  <jue  de  dite  que 
des  mesures  de  précaution  sont  nécessaires  pour 
déjouer  les  projets  de  ces  homincs  pcrhdes  ? 

M.  Tierney,  Je  ne  ma  suis  point  opposé  à  la 
suspension  de  l'habeas  corpus  ,  quand  j  1  l'ai  cru 
nécessaire  ;  mais  aujourd'liui ,  que  je  vpis  que  les 
ministres  s'en  sont  servis  pour  violer  notre  cons- 
tiiulion,  je  pense  qu'il  ne  faut  pas  hisser  plu» 
long-tems  cnire  leurs  mains  une  arm.;  aussi  dan- 
gereuse. L'.'Vtiorney-i'eriéial,  n'en  a-i-il  pis  abusé, 
quand  il  a  ia,it  empiisonuer  des  personnes  coiilïe 


3S2 


Jesquellés  il  n'existait  aucun  motif  légiiimie  de 
détention.  Je  supplie  la  chambre  de  ne  poiiit  se 
laisser  entraîner  par  le  cri  de  jacobinisme  ,  mm 
de  coiisidérrr  par  quelle  raiion  l'acte  liabeas  cor- 
pus lut  suspendu  en  1798.  On  était  alors  menacé 
d'une  i  ivasion  ,  et  l'on  soupçonnait  que  1  ennemi 
avait  des  intelligences  dans  ce  pays.  Ce  (m  pour 
cette  raison  et  non  pas  pour  cause  de  jacobinisme 
que  la  législature  suspendit  l'acte  habcas  corpus. 
D-  puis  ce  moment  ,  beaucoup  de  pers0"nes  otjt 
été  arrêlées  ,  sans  tfue  pendant  Jeux  ans  et  9 
mois ,  on  ait  voulu  les  juger.  L  Attoiney-général  , 
s'y  refusera  toujours  ,  parce  qu  il  craint  que  le 
voile  ne  soit  levé  ,  et  que  les  détenus  ,  une  fois 
déclarés  innoccns,  ne  le  prennent  lui-même  a  par- 
tie. (  Ici  l'Allorney-géiiéral    rii.  ) 

Je  crains  bien  ,    dit    M.  Ticrricy  ,  que   ce   rire 
ne  soit  pas  celui  de  l'innocence.  Je  le  demande  . 
.pourquoi  a'.lendre    le   parlement  impérial  pour  la 
discussion   de  ce   biil  ?    c'est  à  la   crainte    d'une 
sédition   en  Angl'jterre  ;  c'est  à  des  rapports  faits 
en  Angleterre  .    qu'il  a  dû    son   origine.    Je    ne 
conçois   pas  pouiquoi  on   exige   wi  pareil  délai  ; 
pourquoi   ou   alleni    latrivée  de    cent   membes 
irlandais  ,    pour  décider  du  sort  des  anglais  dé- 
tenus sur  des  imputations  vagues  de  sédition  et 
de   trahison    dans   leurs   pays.  J  en    appelle  aux 
anciens  de  cette  chambre  ,  ont-ils  jamais  entendu 
plaider    dans    cette    enceinte    une    cause     aussi 
atroce  ?  N'est-il  pas  affligcaut  de  voir  qu  on  lasse 
marcher  de  pair    le  jacobinisme   et    la    constitu- 
tion ,'  et   qu'on  croie  qu'on   n'aura  échappé  aux 
dange;s  de   l'un  ,  que   quand  on   aura  fait   disp'»- 
raître   l'idée  de  l'autre  !  Ce  n'est  pas  à  l'occasion 
de  soulevtmens   populaires  ,    de   maisons  incen- 
diées ,   que  cette  mesure   a  été   proposée  ;   ce  n'a 
jamais  éié  que  pour  cause  de  conspiration  dans 
le  royaume.   Une   nouvelle  clause   ajoutée   à  cet 
acte  ,   le    rend    plus   funeste    encore  ,   c'est  celle 
qui  autorise  les  ministres    à   transférer  de  prison 
«m  prison  les  malheureux  qu'ils  retiennent   dans 
les.  fers;    ensorie   que,     d'jprès    la     disposition 
actuelle    de    la   loi  ,    ^oiit   homme  est   exposé   à 
aller   en   prison  à   Co!d-B  ith-Fields  ,   sous   Aiis  , 
ce  gouverneur   féioce  qui  n'a  pas  encore  renoncé 
à  son  syslêmeinhumain,  et  qui,  n'en  doutez  point, 
ne  manquerait  pas  de  tenir  sa   prison  prête  pour 
l'inspection   des  comu''siaires.  S  il  a  jamais  existé 
une   circonstance  dans  laquelle  il   fallût  traiter  le 
peuple   avec    douceur  ,     c'est    aujourd  hui    sans 
doute.    Qjioique    le    très-honorable   membre   ait 
parlé      du    peuple     moins     désavantageusement 
qu'il  n'a  coutume  de  le  faire  ,  je  ne  pense  pas 
qu'il  se  persuade   que  pour  le   dédommager  des 
peines   qu'il    endure  ,  il   faille    l'assujelir   à    une 
loi  aussi  sévère  ,   aussi  oppressive  ;  à  une  loi  qui 
pourrait  être  bonne   entre   les  mains    d'un    gou- 
vernement sage  ,    mais  qui  est  devenue  mauvaise 
par  l'abus    qu'en   ont    fait    les   mioistres   actuels. 
C'est  pour  cela  que  j'insiste   sur   la  nécessité  de 
retirer  cette  loi  ;  c'est  le  seul  moyen  de  secourir 
les  malheureux   qui  sont   cloués    dans  leurs    ca- 
chots ,  et  parmi  lesquels  il  se  trouve  d/"S  hommes 
du  premier  rang  (  ici.   M.  Tierney  fait  allusion  au 
lord  Clo[)Curry  ,    détenu  dans  la  tour.  ) 

Le  chancelier  de  l'échiquier.  Les  motifs  dévelop- 
pés par  mon  honorab'e  et  savant  ami  (l'attorney- 
a;énéral  )  pour  la  prolongation  du  bi;l ,  pendant 
quelque  tems ,  aptes  le  1"  février  ,  me  paraissent 
sans  réplique  ;' quant  à  l'autre  point,  il  m'est 
personnel.  L  honorable  membre  (M.  Tierney) 
prétend  que  j  ai  parlé  du  peuple  un  peu  plus 
avimaïeusement  que  je  n'ai  coutume  de  le  faire  ; 
je  lui  demanderai  quand  il  m'a  entendu  parler 
difîéremracnt.  Je  suis  si  éloigné  d'accuser  la  masse 
du  peuple  ,  que  j'ai  toi;jours  f^iit  l'éloge  de  sa 
loyauté  et  de  son  attachement  au  gouvernement. 
Les  lois  proposées  par  le  gouvernement  pour  la 
sûreté  générale  de  l'état,  ont  toujours  eu  pour 
but  d'empêcher  les  malveillans  d  altérer  ces  prin- 
cipes de  loyauté. 

Aï.  Percival  repousse  l'accusation  dirigée  contre 
l'aitorney-général ,  par  M.  Tiernty  qui  a  piélendu 
que  celui-ci  s'était  mis  dans  la  position  malheu- 
reuse de  ne  pouvoir  ni  poursuivie  ,  ni  décharger 
les  personnes  arrêiées  en  venu  de  1  acte  de  la 
suspension  de  l'habeas  corpus. 

Quand  au  reproche  fondé  sur  ce  que  l'accu- 
sation n  aurait  point  été  reçue  sur  serment  ,  M. 
Percival  répond  que  c'est  un  point  que  ni  M. 
Tierney  ,  ni  lui  -  même  ne  peuvent  garantir  ; 
parce  que  le  bill  porte  expressément  que  le  nom 


ïl  ne  s'agissait  ptïs  de  savoii*  ce  qu'avaient  pensé 
autrefois  Ls  honorables  membres  ;  mais  s'il  con- 
vient de  prolonger  ,  dans  es  circonstances  pré- 
sentes ,  la  suspention  de  l'acte  habeas  corpus;  s  il 
existe  aucune  raison  pour  investir  le  gouverne- 
ment du  pouvoir  de  retenir  des  anidais  en  prison 
pendant  quatre  ans  ,  o'i  inême  p'  ndant  Une  seule 
année  .  sans  les  juger.  Pnur  le  prése.  t,  je  me  con- 
tenterai de  faire  observer  qu  il  n'y  a  pas  de  raison 
pour  cacher  le  nom  des  dénonciateurs  ,  et  qu'il 
n'y  aurait  aucun  danger  à  les  faire  connaîtie.  Je 
me  propose  ,  en  consécjuence  ,  de  faite  ,  ausnot 
qu'il  en  sera  tems,  une  motion  tend  iiite  à  de- 
mander copie  des  ordus  en  vertu  desquels  les 
détenu?  on:  été  enfermés. 

La  question   est  mise  aux  voix  :   5i  sont   pouf 
la  motion  ,  et   l3  contre. 

(  Extrait  du  Star  ), 


I      N 


T     E 

Paris  , 


Il     I     E 

le  3  nivôse. 


U     R. 


Aujourd  hui  à  huit  heures  du  soir  ,  le  premier 
consul  se  rendait  à  l'Opéra  ,  ^'Ve.c  son  piq'ict  de 
garde.  Arrivé  à  la  ru.'  Nicâise  ,  une  niauyaise 
charrette,  attelée  d  un  petit  cheval  se  iiouvait 
placée  de  manière  à  embarrasser  le  passage.  Le 
cocher  ,  quoiqu'aliant  extrêmenieni  vite  ,  a  eu 
l'adresse  de  I  éviter.  Peu  d'iiisians  ap  es ,  une  ex- 
plosion lerrib'.e  a  cassé  les  glaces  de  la  •.  oiture, 
bessé  le  cheval  du  dernier  homme  du  piquet, 
brisé  toutes  les  vitres  du  quartier  ,  tué  ttois  Icm- 
m'.s  ,  un  marchand  épicier  et  un  enfant.  Le  nom-, 
bré  des  blessés  ,  cornu  jusqu'à  ce  mom  nt  ,  est 
de  quinze.  Ce  sont  des  hommes  qui  passai,  ni  ,  et 
des  propriétaires  de  miisons  voisines.  U 'e 
quinzaine  de  maisons  ont  été  considciablement 
endommagées. 

Il  paraît  que  cette  charrette  contenait  une  es- 
pèce de  machine  infernale.  La  détonation  a  été 
entendue  de  tout  Paris  ;  une  bande  de  loue  de  la 
charrette  a  éiéjcilée  pir-dessus  lestoîisdis  la 
cour  du  consul  Cambacérés.  Le  pr<mier  consul 
a  continué  son  chemin  et  a  assisté  à  [Oratorio. 

I!  y  a  deux  mois  le  gouvernement  fut  prévenu 
qu'une  trentaine  de  ces  hommes  qui  se  so-.t  cou- 
verts de  crimes  à  toutes  les  cpocjnes  de  la  révo- 
lution, et  spécialement  aux  journées  de  septembre, 
avait  conçu  le  même  projet.  Depuis  ce  tems,  douze 
sont  détenus  auTempie. 


Divers  rapports  du  préfet  de  police  sur  (e  projet 
de  brûler  ,  au  mojen  d'une  machine  infernale  ,  la 
voilure  du  premier  consul,  à  son  passage  dans  la 
rue  Nicaise. 

PRÉFECTURE     DE     POLICE. 

¥aris  ,  16  brumaire. 

Le  préfet  de  police  fesait  rechercher  depuis  plu- 
sieurs jours  les  nommes  Gombaut-ta-Chaise  ci  Des- 
'forges  ,  septembriseurs  bien  connus  dans  le  parti, 
et  tenant  chez  eux,  à  l'Abbaye-aux-Bois  .  de  fré- 
quens  conciliabules  :  ils  ont  été  arrêtés  ce  matin 
dans  une  maison  rue  Fromentel  près  la  rue  Saint- 
Jjcques.  Le  logeur  a  d'abord  nié  qu'ils  lussent 
chez  lui  :  on  a  été  obligé  de  faire  ouvrir  les  portes 
par  le  serrurier. 

Le  nommé  Bvusquet  qui  demeurait  rue  de 
l'Echelle  ,  et  prévenu  d'avoir  remis  de  l'argent 
à  Metge  ,  pour  l'exécution  de  ses  plans  exécrables, 
a  été  aussi  ariêlé  ce  matin,  rue  Frépillon.  On 
a  ei.core  nié  qu'il  fût  dans  la  maison  ;  on  Ta 
trouvé  couché  entre  deux  matelas  ,  et  deux 
de  ses  amis  couchés  dans  le  lit  par-desus  lui  , 
ont  été  arrêtés  également  ,  parce  qu'ils  n'ont  pu 
justifier  de  papiers   de  sûreté. 

Le  préfet  de  police  au  général  premier  consul.  — 
Paris  ^  le  17  brumaire  an  g  de  la  république 
Jran^aise  ,  une  et  indivisible. 

Citoyen  consul  ,, 
J'ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que  ,  cette  nuit 
à  deux  heures  ,  j'ai  fait  arrêter  le  nommé  Che- 
valier ,  logé  momentanément  dans  la  maison  des 
Blancs-Manteaux.;  on  a  saisi  chez  lui  une  ma- 
chine infernale  ,  construite  dans  le  plus  ctimiiiel 
dessein  ,  un  panier  plein  d'artifices  et  quelques 
papiers. 


0tt  17    hrurnairè. 

Les  inlerogaicircs  de  Chevalier  et  complices 
sont  commencés. 

Douze  individusarrêiés  en  ce  momcntparaissent 
évidemineni  l.iire  partie    de    la   conjuration. 

1°.  Desforges,  Gombnut-la-Chaiie  ,  Jamillard  ,• 
Brisevin  .  ont  vu  fi.-iiuemmmt  Chevalier  ,  I  ont 
icçu  chez  I  iix  ,  et  tous  les  rapports  s'accordent 
à  dire  qu  ils  font  secondé  de  tous  leurs  moyens 
pécuniaires  pour  sa  détestable  enircpiise. 

2°.  Gueraud  et  Thibaud  ,  qui  recelaient  chez 
eux  BouMiuet  avec  tj.a  de' Sdins,  Bouïquet  leur 
ami  ir.ti'.r.e,  ne  pouvaient  rien  ignorer  de  ce  que 
l'on  méditait. 

?>".  Vejccr,  BuYloy  et  la  femme  Bucquet  ,  qui  ont 
donné  asyle  à  Chevalier  dans 'a  mai.sou  des  Blancs- 
Manteaux  ,  étaient  également  instruits  ;  Veycer 
sur-loiii  dans  la  chambre  duquel  on  a  trouvé  la 
machine  infernale. 

4°.  Descreftpes  enfin,  qUi  voyait  Chevalier  tous 
les  jouis .  qui  devait  fabriquei  et  a  peut  être  même 
fabriqué  des  theviux  de  Irise  dont  on  a  parlé 
dans   les  piécédens  lapporis. 

Ce  n'est  qu'apiés  que  tous  ces  individus  auront 
été  inieirogés  et  confrontés  que  l'on  pourra  savoir 
au  juste  jusqu'où  allaient  leurs  projets. 

Ce  qu  on  en  sait  jusqu'à  présent  n'a  été  connu 
que  par  les  rapports  des  agens  stcrcs  ,  rapports 
qui  paraissent  tous  coïncidcrj 

Ceux  qui  sont  interrogés  se  tiennent  fortement 
sur  la  délensive  ;  mais  déjà  ds  se  sant  coupés  ,  et 
à  la  coiilrontaiion   la  véiilé  éclatera. 

L'interrogatoire  de  Chtvaier  jettera,  à  ce  qu'on» 
espère,  un  grand  jour  su   cette  affaire  ;  ei  les  pièces 
à  convie  ion  ,   doni  il  a  é  é  trouvé  muni ,  lui  ôtcnt 
,  tous  Us  moyens  de,dénégaiion. 

La  m.ichl."ie  infernale  consiste  en  une  espèce 
de  baril  que  loncoitêtie  rempli  de  balles,  de 
j  m..rons  et  de  poudre.  Chevalier  dit  qu'il  y  a  6  à 
7  livres  de  cette  deiniere  mature.  Ace  baril  lient 
un  Canon  de  fusil  solidement  fine,  garni  de  sa: 
batterie, -.liais  ayant  la  crosse  coupée. Celte  machine 
devait  être  placée  sur  une  petite  voiture  que  I  on 
aurait  nopinémeni  et  dans  un  tems  donné  ,  fait 
sortir  d  une  por;e  pour  obstruer  un  nsiant  le  pas- 
sage ,  et  alors  à  l'aide  dune  fictlle  on  eût  fait 
pailir  la  détente  ,  et  renversé  tout  ce  qui  se  serait 
trouvé  dans  les  environs. 

Dénormes  marons  d'artifices  devaient  être  jetés 
au  même  instant  de  toutes  parts  ,  pour  augmtn;er 
le  trouble  et  la  confusion. 

Demain  d.  ns  la  j./Uince  les  interrogatoire» 
seidnt  terminés  ,  et  l'on  en  préscniera  l'analyse 
da-.s  un  rapport. 

On  observe  que  plusieurs  des  individus  ânêtésont 
déjà  paru  plus  d  une  fois  au  tiibuual  criminel  ,  et 
que  tous  ont  tijuiè  parmi  tout  ce  que  la  déma-. 
gogie  a  de  plus  impur  et  de  pUs  dégoûtant. 

ACTES    DU     GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du  7  frimaire  an  9. 

Bonaparte,  premier  consul  de  h  république  , 
sur  le  rapport  du  ministre  de  l'intérieur ,  arrête  ce 
qui  suit  : 

Le  citoyen  Collin  ,  préfet'du  département  de  la 
Drôme,  est  nommé  à  la  préfecture  du  départe- 
ment  de   Seine-et-Marne  ,    en    remplacement    da 


appelle    à     d  autres 


J'ai  fait  arrêter  en  même  tems  le  nommé  Veycer,     BuUetiu  des  lois. 


citoyen    Larochefoucauld 
fonctions. 

Le  ministre  de  l'intérieur  est  clisrgé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté  ,  qui  sera  inséré  au 
-Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul,  signé,  B0KAP.A.RTE. 
Par    le    premier   consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signée  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  g  frimaire. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
sur  le  rapport  du  ministre  de  l'intérieur ,  arrête 
ce   qui  suit  : 

Le  citoyen  François  Noël ,  commissaire  général 
de  police  à  Lyon  .  est  nommé  préfet  du  dépar- 
tement du  Haut-Rhin  .  en  remplacement  du 
citoyen   Armand, 

Le  minisire  de    l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution   du   présent    ariêté  ,    qui    sera   inséré    au 


lé  cocame  un    de  ses  complices,  et^chez  le- 

*■,      1".  *        .  .       '     -     •      ■    I    „  .„,„  ,C,.;..;,=  ,i„  1,  i  quel   il  était  couché  ;  un   nommé   Butloy  et  une 
du  dénonciateur,  ainsi  que  la  nature  précise  de  la  I  T  .'  ,  _-'     . 

.    .      „o   „   ..,  10     Ti     ,-,„„. 11=       emrr.e  Bucquet ,   qui  tous   deux   ont  aliirme  que 
dénonciation  ,  seront    tenus   secrets.    Il     rappelle  •.  j         1  ■  ■    r-  .      - 

-hevalier  n  était  pas  dans  la  maison  a   I  instant  ou 

on  s'y  est  piésenté  ,  quoiqu'ils  le   sussent  bien  , 


3pp 

ensuite  le  cas  de  M.  O'Connor  ,  convaincu  ,  par 
son  propre  aveu  ,  de  manœuvres  séditieuses  ;  et 
il  demande  si  ,  en  laissani  expiier  l'acte  de  sus- 
pension ,  la  chambre  voudrait  que  cet  homir.e 
lût  mis  en  libellé,  et'renvoyé  en  Irlande  >,  potir 
troubler  la  paix  de  ce  royaume.  Il  voie  en  laveur 
de  U  motion. 

M.  Tierney.  Je  voudrais  seulem-nt  savoir  si  les 
personnes  ont  été  infeimées  sur  serment  ou  non. 
je  ne  demande  pas  le  nom  de  leurs  accusateurs. 

Sir   Francis    B.   Jones.    L  honorable     membre 
M  Percival  J  ,a  oénaïuié  entièrement  la  question. 


et  qu  ils  eussent  des  liaisons  avec   lui. 

J'ai  fait  faire. de  su'te  perquisition  au  domicile 
de  Chevalier  ,  rue  Saint-Dominique  ,  près  les 
Invalides.  On  y  a  encore  trouvé  de  l'anihce  et 
des  cartouches,  qui  ont  été  saisis. 

Ces  quatre  individus  sont  détenus  séparément 
et  au  secret  ;  on  va  les  ioterroger ,  et  j'aurai  l'hon- 
neur de  vous  rendre  compte  du  résultat  de  leurs 
interrogatoires. 

Salut   et  respect  , 

Le  préfet  de  police,  signé  Dubois. 


Le  premier  consul ,  signé  ,  Bonparte. 
Par    le    premier    consul  , 

Le  secrétaire-d'état  ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du   même  jour. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
sur  le  r.pport  du  ministre  de  1  intérieur  ,  arrêje 
ce  qui  suit  : 

Le  citoyen  Birnbaum  ,  préfet  du  département 
des  Forêts  ,  cessera  ses  fonttions. 

Le  ministre  de  l'iniérieur  est  chargé  de  i'exé- 
culion  du   présent   arrêté. 

Le  premier  consul  ,  signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état .; signé,  H.  B.Marét. 


3Sâ 


Avtre  arrêté  du  même  joui . 

BoNATARTE  ,  premier  consul  de  la  république, 
sur  le  rapport  du  ministre  de  l'intérieur  ,  arrête 
ce    qui    suie  : 

Le  citoyen  Jean-Baptiste  Lacoste,  ex-léftislateur, 
est  nommé  p,éléi  du  département  des  Forêts  en 
leniplacement   du   citoyen   Birnbaura. 

Le  ministre  de  l'intérieur  est  charge  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  qui  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois.  ■• 

Le  premier  consul  ,  Sî'l'ne  ,  BoNAPARTEi 
Par  le  premier  consul  , 

Le  Hcrétaire-d  état  ,  signé,  H.  B.  Maret. 

Autre  arrêté  du  même  jour. 

Bonaparte  ,  preinier  consul  de  la  répiablique  , 
sur  le  rapport  du  ministre  de  linlérieur  ,  arrête 
ce   qui  suit  : 

Le  citoyen  Mourere ,  secrétaire-général  de  la 
préfifcture  du  département  du  Haut-Rhin,  cessera 
ses  forrctions. 

Le  ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution   du    présent    arrêté. 

Le  premier  consul ,  Signé ,   Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 
■    Le  secretaire-d'état  ,  signé ,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  3  nivôse  an  g. 

Bonaparte  ■;  premier  consul  de  la  république  . 
Sur  la  pré-eatation  du  ministre  de  l'intérieur,  arrête 
ce   qui  suit  : 

Le  citoyen  Jean  B'iche  ,  ex-commissaire  du 
gouvernement  à  Corfou  ,  est  nommé  secrétaire- 
pénéral  de  la  prélecture  du  département  du 
Haut-Rhin,  en  remplacement  du  cit.  Mourere. 

Le  ministre  de  linlérieur  est  chargé  de  l'exécu- 
tion  du  présent  arrêté. 

Lepremier  consul  ,  Signé ^  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d  état ,  signé ,  H.  B.  Maret. 


MINISTERE   DE    LA  GUERRE. 

Le  bureau  temporaire  des  pensions 'continue 
toujouis  avec  la  même  activité  les  opérations  dont 
il  a  été  chjri;é  par  le  gouvernement.  Déjà  trente- 
Cinq  mille  liquidaiions  de  soldes  de  retraite  ar- 
riérées sont  tcdTiinées  ;  encore  quelques  jours',  et 
le  soit  de  tous  les  militaires  qui  ont  des  droits  à  la 
leconnaissance  nationale  ,  sera  irrévocablement 
fixé. 

'  On  s'occupe  en  ce  moment  de  la  formation  des 
étals  qui  doivent  être  adressés  aux  commissaires 
otdonnaiewrs  des  divisions  militjires.  Ces  étais 
setont  envoyés  à  la  tin  de  nivôse  ,  et  chaque  pen- 
sionnaire aura  reçu  avis  du  montant  de  la  solde 
à  laquelle  il  a  droit. 

Les  employés  du  bureau  temporaire  et  ceux 
■du  21"^.  bureau  rivalisent  de  zèle  et  d'ardtur. 
L,-  ministre  de  1j  guerre  ,  lémcin  d-  leurs  efforts  , 
leur  a  témoigné  la  satislaction  du  gouvernement. 


T    R    I    B    U    N    A    T. 

Présidence   de  MouncauU. 
SÉAJSrCE     DU     3     NIVOSE. 

Un  secrétaire  fait  lecture  du  procès-verbal  ,  la 
rédaction   en  est  adoptée. 

Le  tribunal  renvoie  au  gouvernement  la  péti- 
tion de  plusieurs  ci;oyens  ,  qui  réclament  cuni:e 
un  arrêté  du  maire  de  leur  commune  ,  qui  ,  'ii- 
SPDi-ils  .  tendent  à    rétablir  les  anciennes  cori-écs. 

L'ordre  du  jour  appelle  le  rapport  delà  com- 
mission chargé.-  d'examiner  la  dénonciation 
faite  par  divers  citoyçns ,  d'un  arrêté  du  cor.seil- 
d'état  .  du  12  brumaire  an  g  ,  comme  contenant 
infraction'  aux  Inis  des  ii  (rimaire  et  28  pluviôse. 
an  8  ,  relatives  aux  acquéri-urs  des  domames  na- 
tionaux ,  qui  ont  encourus  la   déchéance. 

Mouricault.  Avant  de  se  livrer  à  l'examen  du 
fond  de  la  question  qui  lui  a  été  renvoyée,  vo- 
ire commission  a  dû  discuter  préaUblement  la 
question  de  savoir  si  lacté  du  12  brumaire  ,  qui 
vous  est  dénoncé  ,  est  un  de  ceux  que  la  consti- 
tution vous  autorise  à  attaquer  ,  pour  cause  d'in- 
con.siiiuiionalllé  ,  par  la  dénonciation  au  sénat- 
conservateur. 

Celte  question  ,  quoique  préliminaire  ,  est  im- 
portante ,  puisque  la  discussion  nous  engage 
dans  la  recherche  et  la  dé  ermination  des  vraies 
limites  de  votre  altributiop  constitutionnelle  en 
ce  point. 

Après  l'examen  le  plus  attentif  et  le  plus  scru- 
puleux ,  voire  commission  esi  resiée  unanime- 
mect  convaincue  que  l'acte  du  IQ  brumaire  ne 
peut  être   le   sujet    d'une  ilénonviaiion    au  sénat. 

C'est  cetle'opinion  que  je  suis  cli.ngédé  vous 
soumettre  et  de  justifier  :  l'txpo^é  concis  de  nos 
jnotifs  sollicite  et  obtiindra  toute  votie  alicn- 
tion. 

L'article  28  de  la  coniitituiion  par  1  quel  le 
Hroii  de  délation  an  scnai-coiiservaieur  vous  est 
fonfr'ré,  «SI  général  sans  doui  •  ,  à  l'égaid  des 
scies  du  gouvernemeni.  Le  trihunat ,  dit-i:  .  dé- 
fère au  sénaL-itnstrvaUur  ,  pour  cause  d'inconstiiu- 


orialité  scnleràent .  les  actes  du  gouvernement.  Ces 
mots   les  actes  les  embrassent  tous. 

Mais  n'esi-on  pas  autorisé  à  dire  que  l'acte  du 
12  brurnai  e  n'est  pas  véritablement  un  acte  du 
gouvernement. 

Cet  acte  n'est  point  un  anêté  des  consuls  ,  c'est 
un  simple  avis  du  conseil-d  état  ;  ce  n'est  point  la 
volonté  ,  la  décision  personnelle  du  1'='^  consul  , 
que  cet  acte  énonce, 

N'oublions  pas  que  le  conseil-d'état  ,  quoiquf 
constitutionn<'|lement  établi  auprès  du  gouv:;r- 
nennent ,  n'en  fait  point  partie  ;  qu'il  n'est  des- 
tiné qu'à  l'aider  ,  et  sans  responsabilité  ,  de  ses 
lumières  et  de  ses  travaux  ;  que  h-  gouvernement 
n'est  confié  ,  par  l'ariicle  XXXIX  de  la  consti- 
tution ,  qu'aux  consuls  ;'  un  acte  qui  n'exprime 
point  leur  volonté  directe  ',  un  acte  fait  au  s  ul 
nom  du  conseil-d'état  ,  ou  avis  de  ce  conseil  , 
n'est  donc  point    un  acte  du  gouverncnlent. 

L'avis  du  12  brumaire  en  particulier  peu;  d'au- 
tant moins  être  placé  partni  les  actes  du  gou- 
vernecuent  ,  qu'il  est  l'exercice  d'une  aitribution 
particulière  ,  donnée  au  conseil-d  éta'  par  l'ar'.icle 
LU  de  la  constitution.  Sous  la  direction  des  con- 
suls ,  dit  cet  article  ,  le  conseil-d'état  est  chargé  de 
résoudre  les  difficultés  qui  s'élèvent  en  matière  admi- 
nistrative. C'est  le  conseil-d  état  qui  résout;  il 
agit  donc  de  lui-même  et  séparément  du  gou- 
vernement ,  de  l'attache  duquel  il  a  seulement 
besoin  pour  l'exécution  et  l'authenticité.  La  cons- 
titution ,  comme  on  voit ,  conséquente  dans  ses 
principes  ,  n'a  pas  voulu  que,  même  en  maiiere 
administrative  ,  le  gouvernement  prononce  sur 
les  difficultés  qui  s'élèvent  à  l'occasion  des  inté- 
rêts particuliers  ;  elle  a  donc  confié  la  décision 
des  difficultés  en  cette  matière  au  conseil-d'état  , 
comme  elle  confiait  le  jugement  des  procès  civils 
ou   criminels  à  d^-s  tribuuaux; 

D'après  la  disposition  consiiiuiionnelle  ,  le 
conseil-d'éiat  est  uae  sorte  de  tribunal  spécial  , 
établi  pour  juger  en  dernier  et  absolu  ressort  en 
maiiere  administritive.  Le  préfet ,  seul  ou  avec 
le  Conseil  de  préfecture  i,  y  remplif  or  iinaire- 
ment  le  premier  degré  ;  le  rniniure  en  remplit 
un  .second  ;  le  conseil  forme  le  troisième  ,  et  ^ 
dans  tous  les  cas  ,    il  est  le  aernier. 

Il  faut  que  toute  contestation  ,  en  quelque  ma- 
tière que  ce  soit  ,  ait  son  teime.  En. matière 
administrative  ,  ce  terme  est  placé  dans  le  con- 
seil-d'état présidé  ou  dirigé  par  les  consu's  ; 
cotiime  en  matière  civile  ,  il  est  placé  quelqu;-- 
fois  dans  un  tribunal  d'appel,  et  en  tous  cas 
dans  le  tribunal  de  cassation. 

Un  acte  émané  du  conseil-d'état  ,  con-idéré 
dans  Celle  aitribution  spéci-ale  ,  n'est  donc  j.bsolu- 
iTent  qu'un  acte  de  ce  conseil.  Il  en  lésulie  néces- 
sairement que  ce  n'est  point  un  acte  que  vous 
puissiez  déter-îr  au  sénat ,  sous  prétexie  d'inc-ns- 
titutionnalité.  Il  en  est  à  1  abri  par  deux  m^^lifs  , 
1°.  parce  que  ce  n'est  poim  un  acte  du  gouverne- 
ment ;  2°.  parce  que  c'est  une  décisioi)  en  de"rnier 
ressort. 

Mais  ,  dira-t-on  ,  quelh  ressource  auront  donc 
les  citoyens  atteints  par  des  ordonninces  Ou  déci- 
sions ,  en  matière  administrative  ,  qui  «e  trouve- 
raient illégales  et  vexaioires  ,  et  contre  lesquelles 
ils  auraient  vainement  réclamé  auprès  du  conseil 
même  ?  Il  suffirait  de  répondre  à  celte  quesiion  par 
unr  aune  ,  et  de  demander-  quelle  ressource  res.e 
aux  citoyens  qui  pe'îveM  ,  en  maiiere  civile  ou 
criminelle,  éprouver,  par  un  jugement  définitif 
au  tribunal  de  cassation  .  une  condamnation  con- 
traire aux  lois  et  à  féquite. 

Mais  en  matière  administrative  ,  il  existe  une 
double  ressource  .  et  c'est  dans  votre  sein  que  la 
Cinsiitution  l'a  placée. 

Ne  s  agit-il,  pour  prévenir  des  décisions  erron- 
néts  ou  y  rémelier  ,  que  d'un  abus  à  d'-iruir-:  < 
d  lire  obscurité  à  dissiper  uans  les  lois  ,  ou  d'une 
omission  à  y  réparer  ?  vous  pouvez  ,  aux  termes 
de  l'aiticle  XXIX  ,  émettre  h-  vœu  formel  qu  il 
y  soit  pourvu  ,  et  vous  savez  tout  ce  que  le  vœu 
d'une  autorité  éminemment  chargée  de  stipuler  et 
dedéleadre  les  intérêis  du  peuple  ,  un  vœu  fondé 
sur  la  raison  et  sur  b  justice  ,  un  vqsu  publi". 
enfin  ,  p. ut  avoir  d'influence  ,  quoiqu'il  n'oblige 
formelleaicnt  aucune  autorité  à  délibérer. 

L'un  des  ministres  ,  dont  l'inierveniion  et  la 
signature  sont  exigées  pour  lou»  les  acies  du  gou 
verni;ment  et  d'administration  .  par  les  art.  LIV 
et  LV  de  la  conïtitution  ;  nu  des  ministres  sur  qui 
les  articles  LXIX  et  LXXII  fcnl  peser  toute  la  rcs- 
ponsabiliié  pour  ces  actes  ,  l'un  deux  vient-il  à 
vous  paraître  coupable  de  prévarication  ou  de 
vexations  dans  l'.jcte  qu'il  a  signé  ,  ftit-il  con- 
fnimi' à  l'i-vls  antérieur  ou  posiérieur  du  consi-il 
d'état  ?  voqs  pouvez,  conjointcmrn;  avec  le  corps- 
législatif  ,  1  accuser  et  le:  traduire  devant  une 
haut>cour  ,  aux  termes  des  articles  LXXII 
et  LXXXIII. 

Celle  double  ressource  n'est  pas  Sans  doute 
celle  qui  conviendrait  le  mieux  à  I  intérêt  privé  ; 
m;ds  c'est  la  seule  que  liiiiéiêt  public  'xiue  , 
c'est  la  seule  que  le  bon  ordre  et  la  constituiio,  ' 
permettent. 

Devez  vous  y  renoncer  dans  la  circonstance 
actui  lie  ?  c'est  ce  que  nous  ne  croyons  pas  avoir 
à  examiner.  Il  y  faudrait  procéder  dans  les  formes  ' 


particulières  étab!'cs  par  les  art'cljs  44  et  4G' dé 
voire  règlement.  Un  seul  objet  nous  a  éié  rerj- 
voye'  et  vous  occupe  en  ce  moment  ;  la  r'écU- 
m.iiion  de  divers  citoyens  qui  vous  aénoncent- 
lacic  du  12  btumiire  ,  comme  inconstitutionnel  , 
qui  vous  invitent  à  le  faiie  annuller  .  rt  qui  par 
conséquent  vous  provoquent  à  le  l.  iioncer  au 
sénat-conseivateur  ,  seul  moyen  d  obtenir  cetio 
annuUatioa. 

Or  ,  il  est  démontré  à  votre  commissiori' ,  d'une 
part,  que  votre  -dénonciation  au  sén.lt  n'est 
atatorisé  (ju  à  l'égard  dés  actes  du  gouvernement'; 
d'auire  part  que  1  acte  du  12  brumaire  n'osi  point 
un  acte  du  gouvernement.  Cést  une  simple  dh 
cision  du  conseil  ;  qui-  d'après  une  atlribuiioQ 
spéciale^  et  co.jstituiionnelle  ,  a  statué  sur  une 
diflicijlté  en  matière  administrative  ,  et  qui  a  pfo- 
noncé  ,  à  cet  effet,  tn  dernier  ressort ,  tant  sur 
la  compétence  que  vur  Ip-  fand  ,  en  un  mot  sur- 
tout ce  que  la  diffiLulié  élevée  liieiiail  en  con- 
li  station.  ..         '>     , 

Farces  considérations  ,  Votre  coiTimissibh  vous 
propose  de  passer  à  I  otdre  du  jour  sur  les 
pétillons   que  vous. lui-  avi,i  renvpyéics.,  ,, 

Le  tribunal  ordonnç  l'impression  eti^ajourne  là 
discussion  à  trois  jouis  apièij  la  disiributign  du 
rapport.  /j 

On   reprend   la   discusjian-stif  les  propositions 

d'Ainould.         '  •->''    r  :  ' 

Fdrèiit-Réat.  Je  crpis  que' Ils.  propositions  qui 
vous  ont  eié  laites,  tint  , par  le  citoyen  Àrnoulil 
que  par  voire  commvï'sion ,,  .sont  du  nornbijC  de 
c  lies  dont  rinitiativâ-j,a,;jpariient  au  gouvér-.e- 
nient.  En  riiorale  ,  il  ^sy&t  de  vouloir  le  bitn  et 
de  trouver  l'occjs  on  de  le  faire  pour  eue  com- 
p.-teiit  ;  en  politique,  pour  qUe  le  bien  s'opère 
av.-c  succès  ,  il  f.iui  qu'il  émane  de  l'auti-riié.qui 
g.  u  erne  ;  en  cette  occasion  ,  il  me  paraît  qu« 
la  proposition  mise  en  discussion  ,  doit  na;u- 
relienitnt  prendre  sort  origine  d:ins  le  conseil 
d'état.  Peutéîie  le  goùveriremcnt  jug's-t-il,  que 
l'époque  actuelle  n'est  pas  la  pluS  favorjble  pour 
étendre  la  navigation  '  ibiérieure  ,  et  qu  avant 
d'ouv  ir  de  nouvelles  comraunicaiionS  par  eau 
i!  es.  sage  de  rendre  enfin  pratiq.iabli  s  les  louté» 
de  terre  ,  les  chaussées  et  lespoTi'ts  q'.;i  tOhdtjiseat 
1  aux   canaux   déjà   cX'StanS;     "'"  '     '. 

Quelques  observations  doivent  prouver  que 
I  non  seulement  'e  vœu  du  tribunal  serad  i  dis.  i  et, 
I  m:;is  qu'il  serait  inutile,  parce  qu'il  fiorie  à  faux,  tel 
;  qu'il  e.st  conçu  ,  et  que  K   gouveriicmeni  n    pour- 

faii  lui  donner  aucune  suite. 
I      'Votre  commission  suppose  d'jbord  un  excédent 
j  au  produii  net  drs  douanes  au  delà  de  huit    mil- 
1  lioTi  '  :  cet  excéd   m  ,  s'il  existe  .  s   ri  .-.ux  dépenses 
,  publique.:;  et   si    vous  I.     détournez    d     sa    oe.-li-- 
!  natinn   actuel. e  ,   il  îaedia  une  I  :i  nouvelle   pour 
I  acco.  dci  un  f  uppléinem  de  crédit.  Ou  n  aura  donc 
1  nen  gigné  à  vouloir  affecer  l'exCLdent    du    pro- 
I  duit  deS  douanes  à  un  service  nouveau. 
I       Si  ie  :ribunal  émet  ;;n   vœu  à   la   suite  de   celle 
I  di.tru.'sio-.-.  ,    ce  ne  doil  pas  ê;re  celui  d'aff'ecier 'el 
I  pii-  4  ,it  désigné  à  telle  espèce  de  dépense  ;  mais  il 
doit  se  borner  à  dema.n  ,er  que  le  gouvcraeo-.ent 
corisacre  jusqu'à  la  co;'Currence  de   telle  somme 
à  tel  objet;  autrement  il  est  impossible  que   son- 
vœu  puisse  êi.e.  priî  en  cor'sioéralion  ;  mais  j'in- 
siste pour  que,sur'lâ  qu  jstîotiTnêmejl'initiaiivÈ  Soit 
laissée  <iu  gotiveuieinent.  • 

Sédillez.  Il  est  difficile  de  refuser  un  pr"mier 
asscnumeni  .'Ux  propositions  qui  vous  sont  laues  ; 
qui  pourrait  voii  sa, .s  i..tcrêl  cett ,  agiie  ulture,  ces 
nianul  c  ures  nationales  ,  ce  conim-rce,  sources 
de  la  pioipéidé  de  l'état  ? 

Qjii  ne  voudrait  faire  cesser  l'énorme  dispro- 
poi  .on  q.'ï  a  existé,  dans  quelques  parties  de  la 
ré)'Ubiique,  dans  le  p. ix  des  grains  ?  qui  ne  Vent 
que  celle  inégalité  lient  .à  la  difficulté  fies,  trans- 
port- ?  ,     ,, 

Votre  commission,  tribuns  .  dans  son  rapport 
lumineux  .  a  préeisé  les  idées  de  notre  collègue 
Arnould  ,  elle  en  a  rectifié  quelques-unes.  "Cs 
r..pport  me  laisse  cependant  des  doutes ,  et  je  vais 
les  soumettre. 

D  abord  lés  points  de  dissentiment  qtji  se  irou- 
v,  ni  entre  la  proj^osition  ei  le  rappo  t  ,  ne  .soni- 
ils  pas  déjà  un  espèce  de  présage  qui  dispose  à 
douter  de  1  utilité  de  la  proposiiib  1  ? 

Cette  proposilicin  ,  d'abord  géué.ale  ,  applica- 
ble à  1  agriculture  ,  au  commerce  ,  aux  manulac- 
lures  pourquoi  se  trouve-l-elle  tout-à-coup  ré- 
duiie  à  I  ouveriure  des  canaux  ? 

N'est-il  pas  à  craindre  qu'elle  n'aboutisse  bien- 
tôt à  un  Seul  caaal,  à  une  entrep.ise  pariictil  ère 
qu'on  voudrait  favoriser?  Il  etl  uiile  d'avoir  des 
canaux  ,  mais  n'esl-il  pas  plus  iliile  encore  d'a-^ 
voit  des  routes  ?  et  en  avons^nous  à  3o  lieues  de 
Paris  ? 

Lindustrie  particulière  assuiée  de  laf  propri.4té 
des  camux  et  de  leurs  prodiiiis  <  n'est-elte.  pas  le 
plus  sûr  moyen  d  obienii  l'ouveituie  des  canaux 
<j".'oij  d-.sire  ?  et  en  supposan-  que  nous  ayons 
des  fonds  disponibles  .  nousserad-il  failed.'  elé- 
cider  sut  1  urgence  du  besoin?  Mais  si  nous 
n'avons  pas  de  fonds  disponibles  ,  je  puis  uernasi' 


del  sut  qiipi  disctitonsnous  ?  Je  deiTwnJerais  . 
4'aillevirs  ,  si  nous  pouvons,  d  tjoe  manière  ip- 
-direcie  ,  prendre  i'iHi(.ianive  pour  l'éta,blisseaient 
d'uo  nouvel   iinpôi. 

J'«  éi«  sétluir  paK  ia  proposilion  ,  mais  le  douia 
a  «branlé  ma  foi.  Ju  rats  siuis  tappalé  ia  iiiixiuBB 
de  Zore»>(^  :  d/ins  le  t^uie  abstiens-toi. 

i\  n'apinuiiksiu  ,  ie  croi» ,  qu'au  gouvernement 
de  poner  un  jugement  positil  sur  la  priûposiiiio.u 
"jj,u),  voi^f  esi  fsi'e-  Lui  s-çul  peut  j,uger  saipien»ent 
2e  çon  utilité  reiativi;  ,  dç  ^4  possibilité  de  \\\i- 
f^lipij  ,du  choix  çt  de  l'emploi  dcsruoyçns  et  de 
.j'pppQrtuoilé  dçs  çitçoRstaiicçs.  J'appuie  l'ordr« 
4h  J,ipU,ï  propos*, 

Le  tiibunai  arjouf^ia  à  ckisaip  Ta^uiie  delà  dii- 
«ussion. 

Xa  séance  est  fevée. 

vC  O  R  P  S  -  LJÉ  G  I  S  L  A  T  I  F. 

JProjet   de   loi   pour  l'organisation    cCunt    nouvelle 
Mminislratian  fatts tiers  ,  présent»  dans  la  séance 
.  <iîi,  j?'.  nivôse  ,  par  le  cemeillsr  d'état  Régnier. 

Art.  1^'.  La  partie  administrative  des  bois  et 
:forêt«  Siira  séi>arée  de  la  régie  de  l'enregistre-- 
ment,  et  confiée  à  cinq  admioiîtrateûrs  •qui  rési- 
deront  à  Paris. 

II.  Le?  adrainisitatevifs  ?-iiront  sons  leurs  ordres 
dés  conservateurs  ,  des  inspecteurs ,  des  sous- 
inspecteurs  ,  des  gardes  généraux,  des  gardes 
partieuliers  et  cies  arpenteurs  ,  dont  le  nombre  , 
rarroncfissement  ,  la  résidence  et  le  traitement 
*erort   déterminés   par  Je  gouvernement. 

IH.  te  nombre  des  conservateurs  ne  pourra 
excéder  irois  cents  ,  celui  des  gardes  principaux 
cinq  cents  ,  et  celui  des  gardes  particuliers  , 
Jbuil'  tnille. 

IV.  Le  traitement  ancuej  des  agens  forestiers  , 
autres  que  les  arpenieurs  ,  sera  fixé  ;  il  ne  pourra 
f  xcéder  ;  savoir , 

Celai  des  administrateurs ,  .....     lo,ooo  fr. 
Ci'lui  des  conservateurs  ,....,       6,qoo 

Celui  des  inspecteurs  ,  . 3,5oo 

Cïlui  dçs  sous-inspecteurs  ,  .  ,  .  .  2,000 
Cilui  des  gardes  principaux  ,  .  .  .  1,200 
Et  Celui  des  gardes  particuliers  ,  .  .  5oo 

V.  Les  arpenieurs  recevront  ,  à  titre  de  rétri- 
bution ,  et  pour  tous  frais  ,  deux  francs  par 
bectare  de  bois  dont  ils  auront  fait  le  mtsurage  , 
et  un  franc  cinquante  centimes  ,  aussi  par  hec- 
tare de  bois  dont  ils  auront  fait  le  recollement. 

VL  Les  dépenses  totales  de  l'adminislralion  fo- 
restière ne  pourront  excéder  cinq  millions  ,  y 
coraptls  la  dépense  des  demi-plantations  et  amé- 
lioraiiona  ,  et  celle  de  cinquante  mille  francs  pour 
encouragemcRs. 

VU.  Les  fonctions  attribuées  par  les  lois  açltielles, 
aux  divers  agens  forestiers,  seront  remplies  par  les 
^gens  ci-dessus  dénommés. 

Ils  n'entreront  en  exercice  qu''après  avoir  prêté 
«erment  et  fait  enregistrer  leur  comrpission  au 
tribunal  civil    de  leur   résidence. 

Vin.  Il  sera  fait  un  fonds  pour  les  retraites  ,  par 
vme  retenue  sur  les  traitement  :  les  retenues  et  les 
teiraites  seront  réglées  conformément  à  ce  qui  est 
prescrit  pour  la  régie  des  domaipes  çt  enregis- 
tiemenl. 

IX.  Les  3gens  actuels  de  l'adminûttatioa  fores- 
tière cesseront  leurs  fonciipnsau  mouient  où  ceux 
établis  par  la  présente  ,  entreront  en  acuvité.  Is 
leur  remettront  ,  sous  bref  inventaire  ,  les  mar- 
teaux ,  plans  ,  litres  et  papiers  de  l'administration 
dont  ils  sont  dépositaires. 

X.  Tou'es  dispositions  de  lois  et  régtemens  sur 
les  bois  et  le  régime  forestier,  auxquelles  if  n'est 
pas  dérogé  par  la  présente  ,  continueront  d  êire 
«xécutées  ,  jusqu'à  ce  qu'il  en  ail  été  autrement 
ordoncé. 

Approuvé  ,  le  premier  conîul , 

Signe,  Bonaparte. 
Par  le  pretnier  consul, 

L(  semtaire-d'ital ,  signé,  H.  B.  Maeet. 
Pourexttait  conforme  ,  le  sectét.-géo.  des  consuls. 

Signé ,  L  A  G  A  R  D  E. 
Motifs  à  l'appui  du  projet  de  loi  sur  l'organisation 
d  une  nouvelle  administratiau  forestière. 
Citoyens  législateurs  , 
Les  circonstances  ne  permettent  point  encore  de 
«'occuper  d  un  ouvrage  complet  sur  l'administra- 
tion forestière  :  malgré  les  secours  que  peut  fournir 
l'ordonnance  du  mois  d'août  1669  ,  et  les  nom- 
breux écrits  qui  ont  paru  sur  cette  matière  depuis 
la  révolution,  il  manque   trop  de  renseigneoiens 
et  de  données  pour  que  le  gouvernement  eût  pu 
6e  flatter,  avant  de  les  avoir  obtenus ,  de  pxtscnier 
à  la  Fracce  un  travail  qui  ,   embrasaant  toutes  les 

farties  de  ceiie  vaste  administration  ,  répondît  à 
extrême  importance  du  sujet. 
Le  projet    de    loi   qui    vous  est   actuellement 
•oumis   se   borne   à   l'organisation   de   nouveaux 
ftgens  forestiers  5  mais  quoique  cette  organisation 


S84 

n'ofTie  qu'une  partie  du  travail  ,,  cette  psrlie  est 
pouniinl  bien  esscinliellc;  car-,  par  elle  ,  on  aura 
déjà  iiU  un  gVaud  pas  t'crs  la  régéuéralion  des 
b  .1?  et   fijièls. 

Il  faui  le  dire  ,  citoyens  législateurs  ,  Jans  le 
CUIS  Ue»  ap,itations  tévoluiionnaires  ,  bien  sou- 
veot  J'csprit  de  parti  a  plus  influé  sur  le  choix 
des  agens  forestiers  que  la  capacité  et  les  mceurs 
de  ceux  qu'on  a  choisis  ;  d'ailleurs  ,  depuis  plu- 
sieurs années,  ces  a^ens  toujours  persuadés  qu  ils 
éliicnt  à  la  veille  d'un  chatigeraeut  ,  et  regardant 
leur  état  comme  Ciès-piécaire  ,  ont  la  plupart 
paîsé  cte  l'impatience  au  découragement  ,  et  cette 
(unesie  disposition  des  esprits  a  dû  nécessaire- 
ment introduire  dans  l'exercice  de  leuri  fonctions 
une  tiédeur  et  un  relâchemuni  bien  dangetreux 
pour  la  chose  pubhque. 

Le  projet  de  loi  est  destiné  à  faire  cesser  un 
état  de  choses  si  contraire  à  l'intéiêi  géiiétal. 
Des  hommes  honorés  de  la  confiance  et  du  choix 
du  gouverricmçnt,  bien  persuadés  d'ailleurs  qu'au- 
jourd'hui ,  lorsqa'oB  remplit  sesdevoits,  on  peut 
se  considérer  à  peu-près  comme  inamovible  ,  ne 
manqueront  pa«  de  mettre  dans  l'exercice  de 
leurs  fonctions  ce  zèle  et  cette  activité  qui  seront 
les  pltis  «ûrs  garans  de  la  stabilité  de  leurs  places. 

Ainsi  l'adminis  ration  forestière,  maintenant 
languissante  ,  va  bientôt  prendre  un  nouvel  es- 
sor .  et  présenter  aux  esprits  inquiets  sur  le  sort 
de  nos  forêts  les  premiers  et  heureux  symptômes 
d'une  régénération  si  généialement  désirée. 

A  la  tête  dç  cette  oiganisation  nouvelle,  le  pro- 
jet de  loi  place  cinq  administrateurs  qui  doivent 
résider  à  Paris,  et  qui  sont  destinés  à  imprimer 
un  mouvement  régulier  à  l'adrnoistration  toute 
entière. 

Ces  administrateurs  sont  séparés  de  la  régie  de 
l'enregistrement  par  une  double  raison  :  d'abord  , 
parce  qu'on  ajugé  que  la  partie  fiscale  et  la  partie 
^dministiative  des  bois  et  forêts  étaient  incompa- 
tibles dans  les  mêmes  mains.  En  effet  ,  dans  la 
première  on  n'envisage  les  choses  que  sous  le 
rapport  de  la  grandeur  et  de  la  multiplicité  dts 
produits  ;  dans  la  seconde,  au  contraire,  on  doit 
essentiellement  s'occuper  de  régénérer  ,  de  con- 
server, d'améliorer;  il  faut  s'y  bien  pénétrer  de 
cette  maxime,  que  les  jouissances  forcées  ou  trop 
hâtives  ,  presque  toujours  d'un  fort  médiocre 
rapport  pour  le  trésor  public  ,  préparent  aux 
gérérations  futures  les  plus  douloureuses  pii- 
vaûons. 

Ensuite  on  a  considéré  que  s'agissant  demeure 
à  la  tête  de  l'administr&tion  forestière  des  hom- 
mes de  la  plus  haute  capaciié  et  du  plus  grand 
mérite  ,  il  fallait  éviter  tfe  circonscrire  le  choix 
du  gouvernement  dans  un  cercle  tiop  étroit,,  et 
qu'il  importait  au  contraire  quil  eût  à  cet  égard 
la  latitude  la  plus  complette. 

Du  reste  ,  le  gouvernement  a  cru  que  l'impor- 
tante et  la  multiplicité  des  occupations  dont  ces 
administrateurs  doivent  être  chargés  ,  exigeaient 
qu  ils  fus^eut  au  nombre  de  cincj. 

Sous  eux  ,  le  projet  établit  des  conservateurs , 
des  inspecteurs,  dessous-inspecteurs,  des  ^-ardes 
principaux  et  des  gardes  particuliers  ;  le  gouver- 
nemeot  a  jugé  qu'il  avait  assez  de  renseignemens 
pour  proposer  dès  aujourdhui  la  conscription  du 
nombre  de  ces  divers  agens  ;  et  il  est  persuadé 
qu'en  établissant  leur  répartition  dans  les  diffé- 
rentes localités ,  d'après  des  bases  et  des  propor- 
tions sagement  couibinées  ,  nulle  partie  des  forêts 
delà  république  ne  seraniabandonée.ni  négligée. 
-C'est  à  laide  de  ces  agens  répartis  sur  tous  les 
points  du  sol  de  la  France  que  parviendront  , 
d'abord  à  l'administration  ,  et  ensuite  par  elle  au 
gouvernement, tous  les  renseignemens  nécessaires 
pour  la  formation  d'un  code  qui  restitue  auxforêis 
nationales  l'itriportaDCe  et  l'utiliié  dont  elles  sont 
susceptibles  :  par  là,  on  connaîtra  les  moyens  les 
plus  économiques  de  régénérer  par  tout  les  bois , 
d  après  les  principes  de  la  physique  végétale  ; 
par-là  ,  on  sera  mis  à  portée  de  combiner  des 
acnénagemens  nouveaux,  basés  sur  la  possibilité 
des  foiêts,  les  circonstances  locales,  les  besoins 
de  la  marine  ,  du  commerce  j  des  arts,  et  des 
babiiaas  de  chaque  contrée. 

Par  là  ,  en  un  mot ,  toutes  les  localité?  étant 
biiin  connues,  et  le  gouvernement  se  trouvant  en- 
touré de  toutes  les  lumières  ,  il  lui  sera  facile  , 
sans  uuire  à  l'uniformi'lé  générale  du  système  ad- 

«ministralif ,  d'adapter  par-tout  le  régime  et  les 
remèdes  convenaoles  ,  en  prenant  pour  guide 
et  pour  régulateur  la  nature  elle-même  ,  qui  , 
dans  un  sol  .immense  comme  lest  celui  de  la 
république  française  ,  offre  nécessairemeot  de' 
grandes  vatiéiés. 

Dans  le  traitement  des  nouveaux  agens  fores- 
tiers ,  le  gouvernement  a  cru  devoir  se  préserver 
également  de  deux  excès  :  ia  profusion  indis- 
ciette  ,  et  l'épargne  étroite  et  mesquine  qui  n'a 
rien  de  commuo  avec  la  véritable  économie  ,  la- 

I  quelle  n'est  autre  chose  que  la  sage  et  judicieuse 


dispensation  des  revenus  publics  dans  toutes  ie» 
parties  de  l'administ.-ation. 

Au  stirplus  ,  le  jirojet  de  loi  fixe^  cinq  million» 
le  maximum  de  la  clépcnse  de  l'adminisiraiiori  qu'il 
crée;  ce  qui  revient  à  peu  piès  à  ce  que  coû- 
tait l'ancienne  ,  en  observant  fju'il  faudra  prendra 
encore  sur  ces  cinq  millions  les  dépenses  reja-- 
tivei!  aux  semis ,  pUniaiions  et  amélioiiialioos,  <« 
qui  n'est  pas  cuiie  médiocre  importance  dans 
1  état  où  se  trouvt-nt  aciuelU-ment  Ls  fa:êts  ;  etclç 
plus,  cinquante  raille  fra  es  poai  encourage  osent 
à  ceux  des  agens  forestiets  qui  se  serom  le  plu* 
•distingués  par  K-ur  zèle   et  par  leurs  services.. 

L'article  VlII  du  projet  renfarrae  i).ne  .disposi- 
tion à  laquelle  vous  applaudirrz  ^ans  .doute  ;  ii 
veut  qu'il  soit  fait  un  fonds  pour  leî  reiiaiicti  par 
une  retenue  sur  les  traiicmeus.  Ainsi ,  sans  mi& 
le  trésor  public,  en  souffre  ,  les  agens  forestiejs 
acquièrent  'la  certitude  qu'aux  jo-.iis  de  hum 
vieillesse  ils  ne  seront  pas  condamnés  à  la  misère 
et  au  besoin. 

Enfin  ,  après  avoir  réglé  que  les  fcioction* 
actuellement  attribuées,  par  les  lois  aux  agens 
forestiers  ,  seront  reinplies  par  ceux  qu'éiahdit 
la  nouvelle  organisation  ,  ie  projet  statue  que 
les  lois  et  réglcmens  relatifs  au  régime  forestier, 
auxquels  il  n'est  point  ■dérogé  ,  continueront  à 
recevoir  leur  exécution  jusqu'à  ce  qu'il  en  ail  été 
autrement  ordonné. 

Au  moyen  de  cette  disposition  générale,  et  â 
l'aide  de  nouveaux  agens  bien  choisis  ,  nul  doutç 
que  l'administration  forestière  ne  puisse  marchef 
jusqu'au  moment  où  les  lois  et  tégltimens  de  1* 
matière  auront  reçu  le  perfectionnement  dont  il$ 
sont  susceptibles  ,  moment  que  le  gouvernement 
hâtera  avec  toute  la  célérité  que  l'intéiêt  public» 
droit  d'atiendie  de  son  zcle. 

SÉANCEDU     3     NIVOSE. 

Présidence  de  Bourg-Laprade. 

L'ordre  du  jour  appelle  le  premier  tour  d« 
scrutin  d'élection  ,  pour  la  présentatioo  d'iu» 
candidat  au   sénat-conservateur. 

Le  dépouillement  des  bulletins  donne  le  ré- 
sultat suivant  :  Nombre  de  votans ,  a65.  Majo- 
rité ,    i33. 

Le  général  Rarhpon  réunit  253  suffrages;  Gré- 
goire 5;  Laiéveillere  2  ;  Pastoret ,  Bossut  , 
Naigeon   et  Kervélégan   l. 

En  conséquence  ,  le  gétréral  Rampon  est  pro- 
clamé candidat  pour  une  des  places  vacante» 
au  sénat-conservateur.    , 

On  procède  ensuite  au  rer>ouvellement  de 
deux  m-  mbres  de  la  commission  des  inspecteurs , 
en  remplacement  des  citoyens  ûeftancq  et  Ran»- 
pillon  ,   sortis  par  le  son. 

Les  citoyens  Obelin  et  Aubert ,  obtiennent  Ix 
majorité  des  suffrages. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est 
levée  et   indiquée   à   quintidi. 


COU  US     DU     CHANGt.. 

Buurse  du  3  nivôse. 

à  3o  jours. 


Amsterdam  banco. 

— ■ —  Courant 

Hambourg.. .  .^  ... 
Madrid...    ....... 

Effectif. 

Cadix 

Effectif 

Gênes  effectif. . , . . 
Livourne ,  . 


Bâle. 


56  f 

'90î 

4  fr.  90  c. 
i5  fr.   5  c. 

4fr.  goc.! 
14  fr.goc. 

4  fr-.7oc. 

5  fr.  22  c. 

au  p. 


à  90  jourf . 


1S9 


Effets  publics. 

Rente  provisoire s6  fr.  38  C- 

Tiers  consolidé 38  fr. 

Bons  deux  tiers 1   fr.  69  c. 

Bons  d'arréragé. , S6  fr. 

Bons  pour  l'an  8.. 94  (r.  75  c. 


3  P  E  G  T  A  C  L  E  S. 

Théâtre  df.  la  RiiPuuLiq^tJE  et  des  Arts. 
Aujourd.  relâche. 

Ihéatre  diî  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la  3'  repr.  à'Ovinska  ,   opéra   en  3  actes. 

Theaikb  du  Vaudevilié.  Auj.  les  Otages; 
Teniers  ,  et  ta  Revue  de  l'an  8. 

Le  6  ,  la  Récréation  du  Monde  ,  suite  de  la 
Création. 

Théâtre  DE  LA  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Aujourd.  au  profil  des  artistes  de  ce  théâtre  , 
les  Fous  hollandais  ;  t'EnJant  es  C  amour  ,  et  la 
fille  hussard. 

Théâtre  du  Marais,  rue  Culture-Catherine. 
Auj.   le  Roi  Léar ,   suiv.  de  Robert  le  bossu. 


£^tf- 


De  l'imprimerie   de  H.   AcaSSE  ,   propriétaire  du  Mo  ni  têtu  ,  me  de*  PçitevitJS,  b°  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


M°  95. 


Qiiinlidi ,  5  nivôse  an  g  de  la  république françaue  une  et  indivisible. 


Nous  sommes  au:orisés   à  prévenir  nos  souscripteurs ,  qu'à   dacer  du  7   nivôse  ie  Mo^'ITEUResc   le   seul  jour/ial  officiel. 
Il   contient  les  séances  des  autorités  constituées  ,>  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi    que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  ^ar  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux   sciences  ,  aux  arts   et  aux  décoii vertes  nouvelles. 


E  X  T  P:  R  I   E  U  R. 

ANGLETERRE. 

Londres,    18   décembre  (  2"]  frimaire.  ) 

kJn  prépare  au  roi  de  Suéde  une  réception  des 
plus  pompetises  à  Pérersbourg.  L'empereur  quille 
pour  celte  raison  le  palais  de  Gatschina,  où  il  a 
résidé  jusqu'à  présent. 

Les  trois  puissances  maritimes  du  Nord  se  dis- 
posent à  meure  en  mer,  le  primeras  prochain  , 
pour  maintenir  leur  neutralité  armée.  La  presse  a 
déjà  été  ordonnée  dans  les  dififéreiis  ports  de  la 
Suéde. 

La  régence  de  Hanovre  a  pris  un  arrê  é ,  en  date 
du  26  novembre  (5  frimaire)  ,  pour  détendre  1  ex- 
poiiaiioti  du  bétail  de  toute  espèce  ,  de  la  vi.mde 
î'raich."  ou  salée,  du  porc  et  du  beurre  ,  sur  lEibe 
et  le  Weser,  sous  peine  de  conH^calion.  Cette  me- 
sure'est  due  à  la  cherté  des  vivras  ,  qui  va  tou- 
jours on  augmentant. 

On  éc;ii  deVienne,  en  date  du  29  novembre 
(8  himaire  )  que  l'empereur    est    toujours    ir;dis- 

Î)0sé  ;  que  les  audiences  ordinaires  n  ont  pas  eu 
ieu  cette  semaine  .  et  que  Us  ministres  qui  de- 
■vaien,t  pré-enter  leur  travail  à  sa  majesté  ,  le  ven- 
dredi précédant,  ont  reçu  contre-ordre.  Le  départ 
de  ce  souverain  pour  l'armée  est  suspendu. 

(Extrait  du  Courier  de  Londres  et  du  Times.  ) 

GHAMBRE      DES      COMMUNES. 

Séance   du   12    décembre. 

Suspension  de  l'acte    haeeas   corpus. 

L'Attorneji-général,  présente  un  bill  pour  la  pro- 
longation de  la  suspension  de  l'acte  hcibeas  corpus , 
durant  quelque  tems  après  le  i"^' février  prochain. 
Le  bill  lu  une  première  fois  ,  on  en  decnanJe  la 
deuxicme  lecture. 

M.  Joliffe.Je  m'y  oppose.  Ce  bi'l  lend  à  la  des- 
ttuction  de  tout  ce  que  nous  avons  de  plus  ch;r. 
L'acte  habeas  corpus  en  d'un  si  haute  impouance, 
que  c'est  lui  qui  constitue  la  principale  lifFérence 
qui  subsiste  entre  un  gouvernement  libre  et  un 
gouvernement  despotique.  La  sûreté  des  citoyens 
consiste  moins  dans  la  douceur  des  hommes  qui 
gouvernent,  que  dans  le  droit  qu'ont  les  individus 
de  connaître  le  crime  dont  00  les  accuse,  etie  nom 
de  l'accusateur.  C'estce  que  refuse  le  dcspotisma  : 
mais  c'est  leprivilege  des  pays  libres ,  c'estle  droit 
des  anglais.  Je  ne  nierai  pas  qu'il  puisse  y  avoir 
des  esprits  séditieux  ;  mais  les  lois  du  pays  suffisent 

Four  les  conlenir.  J'irai  plus  loin  :  j'avouerai ,  si 
on  veut,  que  le  gouvernement  actuel  a  usé  de 
son  pouvoir  avec  humanité.  Mais  qui  rrous  don- 
nera une  garantie  contre'  de  nouveaux  ministres  , 
si  )e  très-honorable  membre  (M.  Piti  )  était  ren- 
voyé ?  S  il  se  lésait  un  pareil  changement  dans  le 
ministère  ,  les  nouveaux  ministres  ne  pourraient- 
ils  pas  tourner  contre  leurs  prédécesseurs  l'arme 
terrible  de  la  suspension  de  l'acie  habeas  corpus  ? 
Ceux-ci  auraient-ils  droit  de  se  plaindre  ?  Dans 
l'état  présent  des  choses  ,  il  n'y  a  pas  un  individu 
qui  ne  soit  exposé  à  se  voir  arrêté  ,  confiné  dans 
une  prison  ,  séquestré  de  ses  parens  ,  de  ses  amis  ; 
sans  conn..ître  ni  son  crime  ,  ni  son  accusateur  ?  La 
suspension  de  l'acte  habeas  corpus  s'accorde  si  lé- 
gèrement, que  bientôt  elle  deviendra  loi  du  pays  , 
pendant  que  Vhabeas  corpus  seia.  lui-même  effacé 
de  rotre  constitution. 

VAllorney-général.h^  suspension  de  l'acte  habeas 
corpus  est  le  bouclier  de  la  constitution  anglaisé. 
Elle  s'en  couvre  dans  les  tems  d'allarmes  ;  c'est 
par  là  qu'elle  a  su  repousser  les  daogeis  dont 
elle  était  raetiacée.  —  La  suspension  de  Vhabeas 
corpus  est  une  mesure  qui  demande  une  discus- 
sion approlo.idie.  Le  rems  qui  doit  s'écouler 
entre  1  instalLition  du  paileraent  impérial,  et  le 
i"  février  ,  jour  auquel  doit'  cesser  le  bill  de 
suspension  ,  sera  trop  court  pour  que  la  question 
soit  agitée  comme  elle  mérite  de  l'être.  C'est 
pour  cette  raison  seule  que  je  demande  que  le 
bill  soit  prolongé  pour  un  tetrrs  court  et  dé- 
tciminé. 

Le  maître  des  rôles.  J]appuie  la  motion  de 
l'atlorDey-général.  Toute  la  question  se  réduit  à 
savoir  si  la  chambre  veut  que  le  bill  expire  le 
premier  février  prochain  ,  ou  qu'il  soit  un  peu 
prolongé  pour  qu'on  ait  le  tems  de  le  discuter. 


M.  Hohhouse.  Rien  ne  prouve  qie  la  mesure 
qu'on  provoqua  dans  cet  instant  soit  nécessaire 
ou  même  avantageuse.  Il  n'existe  \ioint  de  léu- 
nions  séditieuses  ;  on  n'est  point  oi-.rnacé  d'inva- 
sion ;  on  n'a  point  à  redouter  d'Ji'itHigences  au- 
dedans  ,  avec  l'ennemi  du  dehois.  Les  ministres 
seuls  "peuvent  inspirer  une  juste  Méfiance;  eux 
qui  abusent  de  leur  autorité  ,  qui  '^ont  arrêter  des 
citoyens  sur  le  pi  iS  léger  soupçon  ,  qui  n'exigent 
même  pas  le  serment  du  dénonJateur.  Si  l'on 
demande  la  suspension  de  l'hal.'is  corpus.,  ce 
n'est,  dit-on,  que  pour  un  tems  très-court.  Et 
moi  ,  je  le  demande  à  mon  tour  ,  pouvons-nous, 
sans  nécessité  ,  suspendre  pour  un  mois  ,  pour  un 
jour,  les  libertés  de  notre  pays? 

,  M.  Martin.  J'ai  volé  une  fois  pour  la  suspen- 
sion de  l'acte  /j^îicai  cor/)!/j,  parc  ■  que  je  croyais 
que  les  ministres  n'en  abuseraient  pas;  mais  au- 
jourd'hui que  je  sais  que  des  peisonjies  ont  été 
mises  en  prison,  sans  être  jugée  ;,  je  m'élèverai 
avec  chaleur  contre  un  pareil  abus.  Quoique 
je  ne  sois  pas  né  dans  la  classe  de  la  noblesse  , 
je  suis  d'une  bonne  et  vieille  famille  anglaise  , 
et  j'ai  été  élevé  dans  des  sentir:^  ;ns  de  vénéra- 
tion pour  notre  constitution.  Je  vote  pour  le 
renvoi  des  ministres  ,  non  pour  cause  d'incapa- 
ci:é  ;  c'est  un  reproche  que  je  ne  saurais  leur 
faire  ,  et  moins  au  chancelier  de  l'échiquier 
qu'à  tout  autre  ,  car  il  est  d  une  habileté  qui 
passe  l'imagination  ;  mais  parce  qu'ils  font  de 
leur  habileté  un  très-mauvais  usaj;e. 

M.  Sheridan.  Il  faut  donc  que  nous  attendions 
les  trois  ceats  membres  irlandais  qui  doivent 
venir  assister  à  nos  délibérations.  Ils  se  moque- 
ront de  nous  ,  lorsque  no'js  leur  parlerons  de 
trahison  en  Angleterre  ,  dé  sédition  ;  ils  nous 
diront  qu'ils  ne  savent  rien  de  tout  cela.  Au 
milieu  des  troub'es  les  plus  violcns  dont  leur 
pays  a  été  le  théâtre ,  ils  n'ont  pas  même  pensé 
à  suspendre  leur  habeas  corpus,  il  faudra  que 
vous  leur  disiez  à  leur  arrivjc  ,  que  vous  avez 
suspendu  celte  constitution  d->u;  l'oi.s  le«  invi- 
tez à  paitager  les  bicnfails.  Vous  les  «ft'iaierez  en 
calomniant  vos  propres  dons.  Ils  croyaient  que 
la  douceur  ,  la  loyauté  ,  ta  fidélité  ,  la  patience 
du  peuple  anglais  étaient  au-dessus  de  tout  soup- 
çon ;  ils  croyaient  que  les  lois  exista  ites  suffi- 
saient pour  garantir  et  proléger  notre  pays.  Vous 
leur  apprendrez  qu'ils  étaient  dans  l'erreur.  Enfin, 
la  mesure  qu'on  vous  propose  ,  considérée  sous 
tous  ses  rapports ,  n'a  pas  même  l'ombre  de 
raison. 

Le  chancelier  de  l'échiquier.  L'état  général  des 
affaires,  et  la  situation  piésente  de  l'Europe, 
motivent  assez  la  mesure  qui  vous  est  proposée. 
Quoique  je  convienne  que  cette  mesure  ,  réunie 
à  plusieurs  autres  ,  a  beaucoup  contribué  à 
affaiblir  le  mal,  et  à  diminuer  le  danger,  je 
demanderai  à  1  honorable  membre  (M.  Sheridan) 
s'il  croit  que  cet  esprit  qui  a  renversé  la  plupart 
des  gouvernemens  de  I  Europe,  ne  subs'ste  plus. 
Cet  esprit  souffle  toujours.  L'honorable  membre 
a-t-il  oublié  les  moyens  dont  on  s'est  servi  pour 
introduire  dans  notre  pays  le  système  du  jacobi- 
nisme ?  a-t-il  oublié  les  moyens  de  précaution 
par  lesquels  nous  avons  su  nous  mettre  à  l'abri 
des  malheurs  qui  ont  désolé  l'Irlande  ?  l'hono- 
rable membre  prétend  que  les  membres  irlandais 
se  trouveront  privés  des  bienfaits  de  la  constitu- 
tion :  et  moi  je  dis  qu'ils  devront  leur  sûreté  à 
Cet  acte  ,  sans  lequel  ils  seraient  réduits  à  em- 
ployer des  mesure?  qui  feraient  verser  bien  des 
larmes  et  bien  du  sang. 

M.  Grey.  Nous  n'avons  jamais  nié  qu'il  eût 
existé  daiis  ce  pays  des  hommes  séditieux  ;  mais 
nous  avons  soutenu  que  l'esprit  de  sédition 
n  avait  jamais  été  porté  à  un  point  assez  allarmant 
pour  justifier  l'adoption  d'une  mesure  aussi  vio- 
lente que  celle  que  nous  discutons  dans  ce 
momeni.  Cet  esprit  de  sédition  ,  grossi  par  les 
exagérations  des  ministres  ,  a  servi  de  prétexte 
à  tous  leurs  actes  inconstitutionnels  :  maintenant 
que  ces  prétexies  même  n'existent  plus  ,  les 
rninistics  peiscverent  avec  opiniâtreté  dan^  leur 
système  perli  se.  Autrelois  ,  on  apprenait  au 
peu|)lc  .i  regarder  sa  liberté  et  son  indépendance 
comme  le  plus  beau  de  ses  piivilégi  s  ;  aujourd  hui 
on  veut  qu  il  s'estime  heureux  d  avoir  la  vie  sauve, 
cl  de  le  devoir  à  des  mesures  de  précaution. 
Mais  (juand  on  étudie  les  révolutions  des  états  , 
on  von  que  les  précautions  n  ont  jamais  empêché 
les  gouvernemens  de  périr.  Est -ce  par  faute  de 


précautions  que  le  despotisme  ancien  a  été  reri- 
ver.-é  en  France  ?  ou  plutôt  n'est-ce  pas  la  chaîne 
de  fer  du  despotisme  ,  qui  a  lellement  pesé  sur 
le  peuple,  qu'il  a  éié  piussé  au  désespoii  ,  et 
s'est  jette  dans  cette  révolution  ,  qui  a  [iroduit 
tant  de  scènes  d'horreur  ?  C'est  une  vie. Ile  re- 
marque, confirmée  par  I  histoire  de  tous  les  tems, 
que  ce  n'est  pas  l'amour  du  changement  ,  mais  la 
force  de  l'oppression  qui  fait  désirer  aux  peuples 
une  révolulion  dans  le  gouvernement.  Les  mi^ 
nistres  semblent  avoir  adopté  la  maxime  con- 
traire: leur  conduite  prouve  qu'ils  sont  convaincu» 
que  le  meilleur  moyen  de  réprimer  la  scdiiioii  , 
est  de  mettre  les  citoyens  en  prison,  sans  essayer 
même  de  montrer  qu  ils  sont  coupables. 

Je  ne  répéterai  pas  ici  ,  continue  M.  Grey,  tout 
ce  que  j'ai  dit  contre  l'union  \  mais  je  crains  bien 
que  les  membres  irlanilais  n'éprouvent  le  même 
sort  que  les  membres  anglais  ,  et  que  1  Irlande  et 
l'Angleterre  ne  fassent  réclleratni  plus  qu'un  pouf 
les  ministres.  Je  pense  ,  quoiqu'il  en  soit  ,  que 
nous  avons  de  fortes  raisons  pour  terminer  nos 
questions  de  politique  générale,  avant  l'arrivée  des 
irlandais.  Il  faut  ,  avant  de  leur  laisser  prendre 
parla  une  discussion  de  cette  nature  ,  qu'ils  soient 
plus  familiarisés  avec  nos  moeurs  ,  nos  habitude» 
et  noire  situation. 

On  a  répété  souvent,  .dans  ie  cours  de  cette 
session  ,  que  le  peuple  avait  tourné  ses  regards 
sur  le  parlement,  et  placé  eu  lui  loutes  ses  espé- 
rances. Il  faut  donc  que  le  parlement  ne  fasse 
rien  qui  puisse  iromper  i'rspoir  du  peuple.  — 
On  demande  si ,  dans  un  moment  comme  celui-ci, 
otà  le  peuple  a  tant  à  souffrir  ,  les  mesures  de 
siireté  et  de  précaution  doivent  cesser  ?  Si  l'oa 
peut  opposer  un  argument  solide  aux  mesures 
violenies  ,  c'est  sans  contredit  celui  qui  se  lire 
des  maux  que  le  peuple  endure  aujoaruhui* 
Que  peut-il  espérer,  si,  à  des  mesures  qui  pa- 
raissent déjà  si  rigoureuses ,  ia  c'iraïui;  le  en  aioute 
une  qui  consiste  à  le  priver  de  tous  ses  dioils. 
Dans  l'état  actuel  des  choses,  il  faut  adoucir  les 
esprits  et  non  les  irriter.  Eir  adoptant  des  ra.-sures 
contraires  ,  il  est  à  craindre  que  la  loyauté  du 
peuple  ne  se  refroidisse  ,  que  de  ce  refroidis- 
sement il  ne  passe  à  un  état  d'irritation ,  qui 
pourrait  se  terminer  par  une  insurrection  dan.» 
géieuse. 

•Lord  Hawkesbury.  Si  le  peuple  forme  des  vœux , 
ce  n'est  pas  contie  les  mesures   de   précaution  , 
mais  pour   quelles  soient   continuées. 
Le  public   se  retire, 

La  seconde  lecture  mise  aux  voix ,  56  sont 
pour  ,  et  1 1  contre.  (  Extrait  du  Star.  ] 

ARMÉE     GALLO-BATAVE. 

Lettre  du  général  de  d'tvision  Andréossy  ,  chef  de 
l  état-major  général  de  l  armée  Gallo  -  Baiave  , 
en  date  du  29  frimaire  an  g  ,  au  ministre  de  la 
guerre-  —  Au  quartier  -  général  à  Herzogen' 
Aurach. 

Citoyen  ministre  , 

Après  la  bataille  du  12  j  de  Burg-Eberach  , 
l'armée  Gallo  -  Baiave  prit  posiiiop  deirieie  la 
Rednilz  de  Bamberg  à  Forcheim  ;  la  droite  fut 
rejettée  vers  Neustatt  ,  pour  être  à  poiiéc  du 
pont  de  Kitzingtn  que  le  général  en  chef  avait 
fait  couvrir,  ainsi  fine  d'un  déiacliement  de 
flanqueurs  posté  à  Ochsenfurt. 

Dès  que  le  général  en  chef  eut  connaissance 
des  succès  de  l'armée  du  Rhin,  i'  rappiocha 
son  aile  droite  de  la  Rednilz  .  occupa  Nuie.nbcrg 
et  Forcheim  ,  comme  avant-postes  ,  e'  au  ndait 
dans  Cette  position  ,  que  le  généial  Moreau  lui 
fît  connaîl'.e  celle  qu'occupait  la  gauche  de  son 
armée. 

Le  23  au  soir  ,  le  général  en  chef  reçut  un 
Courier  exiraordinaire  qui  lui  apprit  le  passage 
de  l'Inn  par  le  général  Moreau  ,  et  le  général 
de  brigade  Levasseur  ,  commandant  le  cor;-s  de 
flanqueurs  de  l'aîlc  gauche  d~  l'armée  du  Rhin, 
lui  donna  avis  qu  il  occupait  les  plac-  s  sut 
le  Danube  depuis  Donawjrt  jusqu  à  Ingols- 
tadt  .  poussant  des  paitis  sur  les  deux  rives 
vers  Ralisbonne  et  'Wuiizbourg,  lui  indiqua  de  les 
porter  sur  Neumarck,  ordonna  au  généra'  Ba.boti 
d'entrer  en  communicaiion  avec  lui  ,  et  d'é'.endre 
sa  droite  vers  Furth  ;  les  tentatives  du  général 
Barbou  n'ont  encore  pu  parvc  nir  à  Ini  faiie  appcl- 
ccvoir  les  mouvemcns  du  général  Levasseur. 


Si6 


D^ns  celle  position  ,  l'armée  Gallo  -  Batave  , 
leitnue  en  par(:e  devant  le  châieau  Je  Wuriz- 
burg,  avait  sur  sa  ijauche  d'Albiny  avec  2000 
hf^mmis,  en  face  le  corps  de  Simbschen  ,  ton 
d'environ  12,000  hommes  ,  et  dans  la  même 
direclinn  ,  le  corps  de  Klenau  ,  composé  de 
iS.ooo  hommes  ,  posté  vers  Neuraatck  et  occu- 
pant Raiisbonne. 

Le  25  ,  le  général  en  chef  donna  l'ordre  de  se 
porter  en  avant  de  la  Rednits  ,  et  de  pousser  de 
fortes  reconnaissances  .  afin  de  s'assurer  de  la 
position  de  l'ennemi.  Depuis  le  I2j.usqu'au  26, 
il  ne  s'éiaii  passé  aucun-jévénemcnt  remarquable; 
il  n'y  avait  eu  que  quelques  affaires  d'avant- 
posle',  où  les  avantages  s'étaient  trouvés  à-peu- 
près  balancés  -,  mais  hier  27  ,  il  a  été  livré  une 
bataille  sanglante  entre  Nuremberg  et  Lauff; 
l'action  a  duré  depuis  neuf  heures  du  matin  jus- 
qu'à la  nuit. 

Le  généro!  Klenau  a  attaqué  la  droite  com- 
mandée par  le  général  Barbou,  et  le  général 
Simbschen  la  gauche  aux  ordres  du  général 
Dtheiii.  On  en  tst  venu  aux  mains  ,  et  on  s'est 
bat'u  avec  un  acharnement  incroyable  ;  mais  , 
malgré  des  forces  supérieures,  l'ennemi  a  été 
battu  et  repoussé  vivement  sur  tous  les  points. 
Nous  lui  avons  fait  trois  cents  prisonniers  et  tué 
plusieurs  officiers  supérieurs. 

D'après  le  rapport  des  officiers  prisonniers ,  les 
autrichiens  ont  ramené  plus  de  cent  voitures  de 
morts  et  de  blessés.  Nous  avons  eu  dans  cette 
affaire  environ  trois  cents  blessés  et  peu  de  morts. 

J'attends  des  rapports  plus  circonstanciés,  pour 
vous  faire  connaître  dans  tous  ses  détails  ,  une 
affaire  ciont  l'ensemble  est  difficile  à  saisir  dan? 
\in  pays  coupé  de  coteaux  et  de  ravitis  ,  et  couvert 
de  bois.  Généraux  ,  officiers  et  soldais  ,  tous  ont 
montré  la  plus  grande  vileur;  sur  quelques  points 
l'on  s'est  battu  co'ps  à  corps.  Le  général  Baibou 
qui  a  eu  à  soutenir  les  plus  gian  is  effoits,  a 
montré  ,  ai  si  que  les  généraux  Pa^thod  et  Fuzier  , 
autant  de  t.ilent  que  de  couiage.  Le  général 
Duhcm  l'a  très-bitn  sicondé  en  s  opposa-.a  aux 
teniaiives  de  Simbschen  qui  cherchait  à  forcer  la 
gauche.  Parmi  [rs  blessés  ,  nous  coniplons  les 
citoyens  Chauvel  et  Michel  ,'t'iitfs  de  bataillon  de 
la  49'  demi-biigade  ,  et  le  brave  Fiédi-ric  de  la 
21°  qui  a  été  atteint  mort  lleraent  :  le  chef  de 
brigade  ,  Simon  ,  de  la  1 1'  'égere  ,  a  eu  son  cheval 
tué  sous  lui.  Le  chef  de  brigade  Waiier  ,  com- 
mandant le  4'=  régituent  de  dragons  ,  placé  à 
l'avan'-garde  du  général  Bitbou  ,  s'est  con.tim- 
ment  distingué.  Ce  jeune  offici  r  ,  j.tloux  de  se 
faire  un  nom  ,  se  montre  de  manière  à  donner 
d«  grandes  espérances. 

Je   vous    £aJuc   avec  respect  , 

Signé ,  F.  Anduéosst. 
Pour  copie  conforme  , 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  Alex.  Berthier. 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  4  nivôse. 

Les  membres  du  sénat  .  du  tribunal ,  du  corps- 
législa;if  et  du  conseil-d'état  se  sont  renuus  au 
palais  du  gouverneraent  ,  et  ont  été  introduits 
dans  le  cabinet  des  consuls. 

Le  président  du  tribunal  a  prononcé  le  discours 
suivant  : 

Citoyen  premier  consul  , 

Le  tribunal  extraordinairement  assemblé'sur  la 
nouvelle  de  1  honible  ait. mal  commis  sur  votre 
personne  ,  et  dont  plusieurs  citoyens  se  trouvent 
les  malheureuses  victimes  ,  vient  vous  présenter 
l'expiession  de  sa  vive  indignation  contre  les 
coupables  ,  et  de  la  joie  qu'il  éprouve  en  voyant 
le  premier  magistral  de  U  république  échapper 
à  un  danger  aussi  imminent. 

Qijand  on  considère  que  l'intention  des  cons- 
pirateurs était  de  perdre  en  même-tems  le  pre- 
mier consul  et  la  liberté  ;  que  le  repos  de  3o  mil- 
-Jions  d  hommes  ,  celui  de  l'Europe  entière  et  le 
succès- des  négociations  de  paix  eussent  éie  com- 
promis ,  ces  sentimens  acquièrent  une  énergie 
qu'il   est  plus  facile    d'éprouver  que   d'exprimer. 

Le  tiibunat  est  uni  au  gouvernement  par  tous 
les  intérêts  et  toutes  les  affections.  La  position 
intérieure  de  la  république  et  la  nature  des  criiaes 
dont  nous  sommes  témoins  .  nous  ont  prouvé 
que  lailégislation  n'est  pas  telle  qu'il  le  faudrait 
pour  les  prévenir  ,  ou  pour  les  punir  avec  la 
célérité  nécessaire.  Que  le  gouvernement  pré- 
■  sente  les  mesures  que  l'intérêt  public  exige  ,  et 
compti z,  citoyen  consul ,  sur  le  zèle  du  tribunal, 
ec/mme  il  rr  cessera  de  compter  sur  votre  pru- 
dence et  votre  énergie. 

Nous  avons  retenu  une  partie  des  discours 
faits  d'abondance  par  les  présidens  du  sénat  et  du 
corps-législatif,  et  par  le  citoyen  Boullai  ,  de  la 
Meurtbe  ,  au  nom  du  conseil-d'éiat. 


Le  président  du  sénat-conservateur  s'est  exprimé 
à-peu-près  en  ces  termes  : 

Nous  venons  ,  litoyen  premier  consul  ,  vous 
exprimer  les  vives  alarmes  que  nous  .1  causées 
1  événement  d'hier.  Nous  félicitons  ,  vous  et  la 
Fran'-e  entière  ,  de  ce  que  cet  alientat  a  été  sans 
succès. 

Le  sénat  chargé  de  la  conservation  de  la 
.constitution  ,  yesire  spécialemi-nt  la  v«tre  ;  à  cet 
intérêt  politique  se  joint  l'aiiacbement  le  plus 
te  'dre  de  tous  ses  mtmbres  à  votre  personne. 
Nous  vous  invitons,  citoyen  premier  consul  , 
à  faire  punir  prompiement  les  coupables  ,  et  à 
prendre  les  mesures  les  plus  efficaces  pour  que 
la  chose  publique  ne  soit  plus  exposée  à  de 
pareils  dangers. 

Le   président  du  corps-légiîlatif  a   dit  : 
Citoyen  premier  consul  , 

Le  corps-législalif  a  appris  avec  la  plus  vive 
émotion  le  fatal  événement  (|ui  hier  au  soir  a  mis 
vos  jours  en  péiil.  li  n'est  malheureusement  que 
irop  présuraabic  ijue  cet  événement  est  le  résultat 
des  exécrables  machinations  de  la  scélératesse. 
Q_tioi  qu  il  cA  soit  ,  recevez  ,  citoyen  consul  , 
l'expression  des  vives  soUxiiudes  du  corps-légis- 
latif pour  tout  ce  qui  iniére  se  raffermissement  du 
gouvernement,  la  prospérité  de  la  république  et 
la  sûreté  de  la  personne  de  son  premier  ma- 
gistrat. 

Le  cit.  Boullay ,  au  nom  du  conseil  -  d'état  , 
a  du  : 

Les  membres  du  conseil-d  éiat  éprouvent  le 
besoin  de  se  réunit  auprès  du  premi  r  consul  , 
pour  lui  cxpiimer  I  horreur  (jue  leur  inspire  l'af- 
freux attentat  qui  a  eu  lieu  contre  sa  personne  ,  et 
pour  lui  d  re  que  cette  çirconsiancc  augrnf.iierait 
encore,  s'il  éuit  poss  ble  ,  leur  conKance  et  leur 
dévouement  pour  le  pemier  consul.  Ces  senti-  ' 
mens  seront  panag'^s  par  lotiie  la  naiiori  ;  .'Ac  sen- 
tira plus  que  jamais  que  sa  iraiiquilliîé ,  son  bon- 
heur ,  sa  conservation  sont  lié^  a  a  constrvation 
de  son  prcm'er  magistral  ;  elle  liémira  en  voyant 
pjr  quels  horribles  complots  ses  des-inées  snnl 
compromises  :  elle  lé -lameia  la  puniticm  d  s  *■  é- 
lérats  qui  les  trament:  e-  certes,  il  est  tems  enfin 
de  satisfaire  au  vœu  national  .  ei  de  prendre  toutes 
les  mesures  iiéccÉSaires  au  mainiicti  de  lordre 
public. 

—  Sur  l'invitation  du  minis  re  de  l'intérieur, 
trois  membres  de  li.  st  tut  naiio  al  ,  les  ciio\ei>s 
Jussieu  ,  naturalisie  ;  Reg'.a' Il ,  peir.tre  ,  ei  llai- 
naand  ,  archilette  ,  aetomjiagntnl  le  général 
russe  ,  Sjire  gporien  ,  ci  le»  (liciers  qui  c  im- 
posent sa  suite,  dons  h  sisi'e  l.die  par  ces 
étrangers  .  de»  monumens  nonibicux  que  celle 
ville  rcnleiniv. 

—  L  Journal  des  Défenseurs  de  la  Patrie  ,  insère 
anioui  d  hui  11  leme  uivante  écrite  par  un  officier 
amiichi  n  ,  prisonnier  de  guérie  à  la  baïaiile  de 
Hoheiil  i.den. 

Il  Le  bataillon  des  grenadiers  de'Wouwermann  , 
compose  de  coiup  .,,niei-  le  gienadiers  liiécs  des 
téginicn..  wali,iis  ui  prince  de  L  gnc  ,  de  Clairfail 
et  de  Beaul  eu  ,  ton  d'ci-vimn  1200  hoinvi.s  , 
formant  les  leslcs   de   tes   bidV.  s  be  g  s  échappes 

jusijuà  ee  jour  au  graive  des  combats,  et  qui 
dans  I.  courai'l  d  celle  g.:eiie  ont  do.mé  tant 
de  m.irqties  'intiépiLl.ié ,  a  clé  prcsqu'entiére- 
mem  dét.uit  à  la  bat. die  de  Hoheninuen.  Tout 
ce  qui  na  pas  éié  tué  ou  blessé  esi  prisonni  r  de 
guerre  ,  à  t  exe  piton  d'une  centaine  d  hoiiTiies 
qui  ont  pu  se  sauver  à  la  fjveur  des  bois.  Nos 
wallons  ont  'onsi;  vé  dans  celle  o  cjsion  eur 
a  cienne  réputation,  et  il-.  Se  soni  fnt  esiinier 
des   généraux    Ir.  nçais.   Depuis    long-tems    rude 

I  ba;aille  na  mérité  ,  mi.ux  que  c  11  -ci  ,  le  liiie 
de  mémorable,  j'ignore  comaie  o  l  combattu  les 
autres  corps  autrichiens,  mus  j  ose  alhimer  q:e 
pour  nous  noiis  ne  pouvions  êtic  vaincus  que 
par  des  français.  Vous  n;  vous  faites  pas  d'idée 
de  cette  impétuosité  que  ri.n  ne  peut  arrêter  ,  de 
cette  opiniâtreté  que  rien  ne  peut  vaincre,  de 
de  celte  prestesse  que  rien  ne  peut  égaler.  On 
croirait  que  la  rigueur  de  la  saison,  que  léouis- 
seur  de  la  neige,  qui  rendait  le  fioid  extiênie  , 
que  lâprelé  du  climat  qui  engourdit  tojs  nos 
membres  ,  à  nous  qui  devrions  y  être  faits  , 
devraient  faire  une  impression  bien  vive  sur  ce 
peuple  accoutumé  à  une  température  bien  ph.s  ( 
modérée  ;  nullement: quand  i's  nous  comDait  dent  i 
corps  à  corps  ,  nous  voyions  la  sueur  luisseler 
de  leur  front  comme  en  uu  beau  jour  d  été.  J  ai 
vu  de  leurs  soldats  se  jelter  à  leau,  en  sortir 
mouillés  de  manière  à  transir  tout  autre  homme, 
et  corûbattre  avec  plus  de  chaleur  encore.  En 
vérité  cette  nation  là  a  quekpie  chose  d  extraor- 
dinaire. Qui  ne  la  verrait  que  dans  le  combat  ,  la 
croirait  implacable  et  féroce.  Après  le  combat  ce 
n'est  plus  cela.  Qiiand  nous  tombons  entie  les 
mains  de  ces  soldais  ,  ils  sont  les  piemiers  à  boire 
avec  nous.  Ils  chanienr,  ils  jurent  ,  i'S  riem  tout 
à-la-fois;  et  quelqu'un  qui  ne  sa  lait  ps  disiii;- 
guerles  prisonniers,  des  vainqueurs  ,  croirait  que 
ce  soal  (les  camarades  qui  se  rencoaiient,  etc.  :> 


Suite  des  pièces  officielles  de  l'armée 
d'Orient.. 

Tarif  des  Monnaies. 

Le  comité  administratif  considérant  combien  il 
est  important  de  maintenir  les  tiaonnaics  au  cours 
fixé  ,  lors  de  l'arrivée  de  l'armée  en  Egypte  ,  par 
le  tarif  arrêté  à  A'exandrie  le  17  messidor  an  6  , 
ci-dessous  transciit  ; 

Considérint  encore  qu'il  est  instant  d'empêcher 
l'usure  si  nuisible  au  commerce  ,  arrête  que  tout 
individu  convaincu  d'avoir  donné  ou  reçu  en 
paiement  une  monnaie  quelconque  au-dessus  de 
la  valeur  qu'elle  doii  avoir  ,  d'après  le  tarif  ci- 
dessous  ,  sera  condariiné  à  payer  à  son  dénon- 
ciateur une  amende  de  cinq  pour  cent  du  paie- 
ment fait  ou  reçu. 

Le  présent  arrêié  Sera  imprimé  en  arabe  et  en 
français  ,  publié  ei  affiché  dans  toutes  les  villes 
principales  de  l'Egypte. 

Au  Kaire  ,  le  22  thermidor  an  Vliï. 

Signés  ,  les  membres  du  comité  administratif. 

ÛAURE  ,    ESTEVE  ,   LE  RoY  ,   ReYNIER  ,     BeL- 

LiARD  ,  Conté. 
Approuvé  par  le  général   en^hef. 

Signé  Ab.J.   Menou. 

Copie  du,  tarif  arrêté   à  Alexandrie  le   17   messidor 
an   VI. 

Il  a  été  convenu  ,  entre  les  citoyens  Sucy  , 
commissaire  oidonnateur  en  chef  ;  Berihollet  et 
Monge  ,  membres  de  l 'institut  nationa'  de  Fran- 
ce ;  Poussielgue  .  contrôleur  des  dépenses  de 
1  année  ;  Esteve  ,  payeur  général  ;  Magnlon  ,  con- 
sul général  à  Alexandrie,  commi;,s;iires  nom- 
més garle  général  .  n  ihef  ;  ei  El-Hhjgy  Hhamyd 
A  'Ou-i-Rych  .  marchand  ;  Hiiagy  Abd  el-Ouahab 
el-Hhouch  Ch.ykh  ;  et  Aly  Tchùurbagy  el-Da- 
qaq  ,  maich.'nd  ,  •-dus  trois  établis  à  Alexandrie  , 
et  convoqués  sxpiés  ;  que  les  monnaies  fran- 
çaises ,  les  monnaies  turk.es  et  pulies  rrionnaies 
étrangères  ,  auront  couis  suivant  le  tarifa ci-apiès, 
qui  s-.-r:^  en  conséquence  imprimé  laf.l  en  arabe 
qu'en  françiis  ,  et  qu'elles  dcMont  être  données 
et  reçues  pour  la  valeur  dudit  tarif. 

Savoir: 

En  or. 

Parais  ou  medins.     liv.     s.     d. 

La   quadruple    d'Espagne  . 

pour. 2352   ou  84     o  o 

La  demi  -  quadruple.   ...  11.76  ou  42     o  o 

Le    quart  de  quadruple.   .   .  588  ou  2  1      o  o 

Le    huilierac    de  quadruple.  294  ou  10    10  o 

Le   s   izieme    de  quailruple.  147   ou  5     5  o 

Le  double  louis  de  France.  1344  ou  48     o  o 

Le  louis    simple., 672   ou  24     o  o 

Le  sequin  de  "Venise.    .    .    .  340  ou  21     2  lof. 
Le   sequin   zeremaboub   du 

Kaire 180  ou  6    8  6f. 

Le  sequin*** 90  ou  3     4  3f. 

L-j  seq.  de   Constanlinople.  200  ou  7     a  10 1. 
Le  sequin  de  Hongrie  ei  de 

Hollande .  3oo  ou  10   14  3  f , 

En  argent. 

L'écu  de  six  liv.   de  France.  168  ou  6     o  o 

Lécu   de  cinq   livres.    .    .    .  142   ou  5      I  3 

Lé  u  de  trois    ivres.    ...  84  ou  3     o  o 

l,a  pièce  de  irenie  sous.  .  .  42  ou  i   10  o 

La    pièce    d;    quinze   sous.  21   ou  o   i5  o 

Lécu  de  Rome 140  ou  5     o  o 

L'écu   simple  de  Malte.   .    .  67  ou  2     7  lof. 

Lécu  et  quart  de  Malle.   .  '.  84  ou  3     o  o 

Lediuble  écu  d.e  Mille.  .   .  134  ou  4  i5  8*. 
Le    double  et  demi-écu   de 

M.dte 16S  ou  6     o  o 

La  piastre  d'Espagne.  .    .    .  i5o  ou  5    '7  1  J. 

Le    Talary j5o   ou  3     7  i  f. 

Lécu  de  8  liv.  de  Gênes.  .  .  -186  ou  6   12  10  j. 

L'écu  de  6  livres  de  Milan.  i3o  ou  4  12  10  f. 

Il  ex'Sle  quatre  espèces  de 

piastres   lu.kes  :              ,  ' 

La  première    vaut.   ....  100  ou  3   ii-    5^. 

La  secnnde 80  ou.  2   17  i  y. 

La  troisième   .......  60  ou  2     2  10^. 

I^a  quatrième 40  ou  i     8  6  |. 

Par   ce  calcul  : 
La  livre  tournois  de  compte 

vaut 28  ou  I     O  O 

Le   parât .  i   ou  o     o  8  f. 

Kota.  Les  recettes  et  dépenses  de  l'armée  seront 
comptées  en  parais. 

A  Alexandrie  ,  le  17  messidor  an  6  de  la  répu- 
blique ;  et  de  l'Hégire  ,  le  20  de  Mohhajrem." 

Signés,  Sucy,  Magalon  ,  Poussielgue  .  Esteve, 
Bnlhollet  ,  Monge  ,  e.l-Hhagy  Hhamyd  Abou-l-Rych  , 
Hlngy  Abd  el-Ouahab  el-Hhouch,  A' ly  Tchourbagj 
el-Daqaq. 

Pour  copie  conforme  , 

Le  commissaire-ordonnateur  en  chef,  signé  SuCY, 

Pour  copie  conforme  , 

L'adjudant-général  ,   Grezieu. 


3S7 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêté  du    \"   nivôse   an  g. 

Les  consuls  de  la  république  ,  sur  le  rapport 
du  muiisrre  de  la  guerre  ,  le  couscil  d'état  en- 
tendu ,   arrêtent  : 

Art.  I''.  A  l'avenir,  et  à  compter  du  !"■  ven- 
dcmiaire  dernier,  le  décompte  Kiial  des  sommes 
dues  pour  solde  aux  corps  de  troupes  et  aux 
officiers-généraux  ,  des  éiats  -  majors  et  autres 
miliiairtrs  sans  troupes,  sera  fait,  à  la  fin  de 
chaque  trimestre  ,  immédiatement  après  la  con- 
fection des  revues.  A  la  même  époque  ,  sera  fait 
le  décompte  final  de  ce  qui  sera  dû  sur  les 
masses. 

II.  Au  moment  où  ces  décomptes  seront  ter- 
minés,  les  payeurs  en  acquitteront  le  montant, 
et  retireront  toutes  les  pièces  justificatives  qui 
doivent  leur  être  remises  à  l'appui  du  paie- 
ment. 

III.  Dans  le  cas  où  les  fonds  existant  en  caisse  , 
au  moment  de  l'arrêté  du  décompte  ,  ne  permet- 
traient pas  au  payeur  d  en  acquitter  je  montant, 
ils  ne  pourront  retirer  quittance  que  dé  l'a-comple 
par  eux  payé  qu'ils  inscriront  sut  [extrait  de  revue, 
aii'si  que  sur  le  livret  de  solde  ,  et  ils  délivreront 
aux  parties  prenantes  un  certificat  ,  constatant 
que,  d'après  les  pièces  remises  entre  leurs  mains, 
il  reste  à  payer  une  somme  de.  . .  .  sur  le  mon- 
tant  du  décomptf. 

IV.  Au  moment  du  paiement  d'un  deuxième  à- 
compte  ,  ils  en  inscriront  le  montant  comme 
ci-dessos  ,  eirelirernnt  à  l'appui  du  paiement  de 
ce  deuxième  à-compte  ,  le  certificat  qui  aura  dû 
être  délivré  ,  conformément  à  l'art.  111  ci  dessus  , 
et  ils  délivr'-ront  ,  en  remplacement,  an  certificat 
qui  indiquera  les  sommes  restant  à  payer  pour 
sol'ie  entière  de  décompte. 

V.  Les  sommes  formant  le  montant  du  dé- 
compte ,  celles  qui  auront  été  payées  à  titre  d'a- 
compte ,  et  enfin  celles  testant  à  payer  seront 
inscrites  ,  en  toutes  lettres .  sur  les  certificats  men- 
tionnés dans  les  articles  111  et  IV  ci-dirssus  ,  ainsi 
que  sur  les  livrets. 

VI.  Dans  le  cas  de  déplacement  des  corps  de 
troupe  ou  des  militaires  sans  troupe  ,  les  sommes 
restant  à  payer,  pourront  être  acquittées  pai  le 
payeur  clans  1  :rrondissement  duquel  se  trouvera 
leur  nouvelle  dcslinaiion.  Ce  payeur  retirera  les 
certificats  ci-des5us  mentionnés  ,  lesquels  ,  c-aiîS  le 
cas  ,  auront  dû  être  visés  ,  avant  le  départ  pour 
une  nouvelle  destination  ,  et  par  les  inspecteurs 
aux  revues. 

VU.  Les  inspecteurs  aux  revues  s'occuperont, 
aussitôt  après  la  réception  du  picsent  aiiêié  ,  de 
la  Siqulda^ioïi  des  sommes  qui  peuvent  lesiet 
dues  sur  la  solde  des  années  7  et  8  ,  tant  aux 
corps  de  troupe  qu  aux  officiers-généraux  et  des 
états-majors  et  autres  militaires  sans  troupe  ; 
ils  en  arrêteront  lélat  par  exercice  ,  et  ils  en 
transmettront  de  suite  un  double  au  comité 
cenifal  des  inspecteurs-généraux  aux  revues  ,  qui 
sera  chargé  de  la  rédaction  de  1  état  générai.  . 

VIII.  Les  sommes  qui  auront  été  reconnues 
ducs  sut  les  années  ~  et  8  ,  et  dont  la  liquidation 
aura  été  définitivement  établie  par  les  inspecteurs 
aux  revues  ,  seront  acquittées  sur  les  ordon- 
nances spéciales  du  ministre  de  la  guerre. 

IX.  Les  paiemens  de  cet  arriéré  s'effectueront  le 
premier  jour  de  chaque  mets,  sur  une  quittanC' 
Ou  conseil  d  administration  ;  ils  ne  seront  f^its 
qu'aux  individus  effectivement  présens  aux  cira- 
peaux  ,  la  veille  du  paiemert.  Cet  eflTectif  sera 
constaté  p^ir  un  état  nominatif  à  l'appui  de  la 
quittance  ;  cet  état  sera  certifié  ,  tant  par  le  con- 
seil d  administration  que  par  l'inspecieur  aux 
revoies  de  l'arrondissement.  Les  individus  ayant 
droit  à  1  arriéré  ,  et  qui  rejoindraient  eosuite  le 
corps,  seront  rappelés  d,.ns  les  états  d'effectif 
des  mois  subséquens.  Ces  divers  paiemens  se- 
101  I  inscrits  sur  un  livret  particulier,  qui  sera 
établi   à  cet  effet. 

X.  Les  parens  des  militaires  décédés  et  les 
mili'airrs  reliiés  de  l'armée  qui  se  croiront  en 
droit  de  réclamer  des  somrnts  pour  raison  de 
l'arriéré  des  années  7  et  8,  adresseront  leurs  de- 
mandes à  l'insiitcieur  aux  revues  de  l'airondisse- 
meot  ,  lequel  les  transmettra  ,  avec  ses  observa- 
tions .  au  ministre  de  la  guerre,  qui  fera  effectuer 
les  paiemens  .  s'il  y  a  lieu  ,  au  moyen  de  ses  or- 
donnances spéciales,  ainsi  qu'il  a  clé  ordonné 
pour  la  solde  antérieure  à  l'an  7  ,  par  l'arrêté  du 
6  brumaire  de  ladite  année. 

XI.  Aucune  réclamation  pour  solde  anté- 
lieure  au  i'^  vendémiaire  an  9,  ne  sera  admise 
postérieurement  au  i"  germinal  prochain,  épo- 
que à  latiitellc  la  liquidation  de  celle  solde  devra 
être  cniieremcnt  achevée,  et  les  sommes  dues 
dclitiiiivement  anêiées. 

XII.  La  disposition  prescrite  par  l'article  précé- 
dent ne  sera  point  applicable  aux  mililaites  qui 
«ont  au-delà  des  mi;rs,  à  ceux  qui  sont  en  cap- 
tivité chez  l'ennemi  ,  et  enfin,  à  tous  ceux  qui 
jujtifieiont  n'avoir  pu,  par  empêchement  légale- 
ment constaté  ,  foimer  leurs  demandes   «lao»  le 


délai  ci-dt  ssus  fixé  ,  lequel  est  prorogé  ,  en  letir 
faveur  ,  aux  trois  mois  (pii  suivront  la  c.  ssation 
de  1  cmpêchemc-ot  cons/taié. 

XIII.  Ce  qui  teste  dû  de  solde  arriérée  de  l'an  6 
et  de  'outcs  les  années  antérieures  ,  ne  pourra 
être  acquitté ,  conformément  À  l'arrêtédug  bru- 
maire an  7  ,  que  sur  des  ordonnances  spéciaU  s  dé- 
livrées par  le  ministre  delà  guerre  ,  d'après  les  états 
visés  et  arrêtés  par  les  commissaires-ordonnateurs. 
Le  montar.l  de  ces  ordonnances  ne  pourra  être 
acquitté  ,  qu'autant  qu'elles  seront  appuyées  des 
titres  qui  constatent  que  la  solde  est  due ,  et  il  de- 
vra êlre  inscrit  sur  les  livret?  de  solde. 

XIV.  Les  dispositions  des  articles  IX  ,  X  ,  XI 
et  XII  seront  applicables  à  l'arriéré  de-  solde  de 
l'an  6  et  des  années  antérieures  ,  ei  il  sera  pris  de 
promptes  mesures  pour  l'extinction  de  cet  arriéré. 

XV.  Le  ministre  de  la  guerre  et  celui  des  finances 
sont  chargés  ,  chacun  en  ce  qui  le  concetne  ,  de 
l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  imprimé  et 
misa  l'ordre  des  armées  et  des  divisions  mili- 
taires. 

Le  premier  consul,  signé,  Bonaparte.' 

Par   le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé ,'ii.  B.  Maret. 
Autre  arrêté  du  même  jour. 

Les  consuls  de  la  république  ,  le  ç,onseil-d'état 
entendu  ,  arrêtent  : 

An.  I"^'.  Les  ministres  ,  en  exécution  de  l'article 
LVII  de  la  constitution  ,  présenteront  aux  con- 
suls ,  dans  la  première  décade  de  pluviôse  ,  des 
comptes  séparés  des  dépenses  faites  en  l'an  8  , 
tant  pour  cette  atv.-ée  que  pour  chacune  de  cèdes 
antérieures,  dont  les  crédits   ne  sont  pas  épuisés. 

II.  Chacun  des  minisires  suivra  ,  dans  la  con- 
fection de  ses  comptes  de  1  an  9  el  des  anné;S 
suivantes,  l'ordre  des  chapitres  et  des  articles, 
établi  dans  les  états  de  nomenclature  et  division 
de  leurs  dépenses,  joints  au  présent. 

III.  Ces  comptes  seront  imprimés  et  distribués 
aux  m.^mbrcs  du  corps-législatif  et  du  tribunal. 

IV.  Les  différens  ministres  sont  charges  ,  cha- 
cu'i  en  ce  qui  le  concerne,  de  l'exéiUtlo;»  du 
présent  arrêté  qui  sera  imprimé  auBul.etin  des 
lois. 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte.' 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-d'état ,  signé  ,  H.  B.  Maret. 

Arrêté  du  3  nivôse  an  9. 

Les  consuls  de  la  république,  sur  le  rapport 
du  mitiistre   de    l'intérieur,  arrêtent  : 

Art.  P'.  A  complet  du  i^'  p'uviôse  prochain  , 
les  élevés  dont  les  pères  possèdent  un  revenu  de' 
trois  mille  francs  et  au-dessus  ,  ne  p^ur.o  .t 
continuer  à  être  entretenus  dans  le  Prytanée  aux 
frais  de  la  nation. 

II.  Sont  exceptés  de  la  disposition  de  l'article 
ci-dessus  ,  les  enfans  de  tous  ceux  dort  le  revenu 
ne  s  é'eve  au-dessus  de  trois  mille  francs  ,  que 
dans  la  proportion  de  5oo  fr.  par  chque  enfant. 

fil  Tous  les  élevés  -qui  seront  dans  le  ct>s 
de  l'art.  1"  ,  pourro-  t  rester  dans  L  Prytanée  en 
payant  une  pension  annuelle  de  5oo  fr. 

IV.  Les  élevés  de  Paris  et  de  Saim-Cyr  ,  qui  ont 
atteint  leur  18°  année  ,  seront  remis  à  la  dispisi- 
lion  de  leurs  parens  ,  et ,  à  I  ave"ir ,  iiul  re  pourra 
rester  dans  ces  collèges  après  l'âge  de  18  ans. 

V.  Tous  les  élevés  de  Compirgre.  qui  ont  atteint 
leur  i5'  année  ,  seront  remis  de  suile  à  la  disposi- 
tion du  uiinisirc  de  la  marine.       ' 

VI.  A  l'avenir  ,  la  dépense  ann'ielle  de  chaque 
élevé,  tant  pour  l'insiructioii  i|ue  pour  l'entre- 
tien ,  ne  pourra.pas  excéder  365  fr.  pourCom- 
piegne  ,600  fr.  pour  Saini-Cyr  el  700  francs  pour 
Paris.   , 

Le  minisire  de  l'intérieur  est  chargé  de 
l'exécution  du  présent  arrêté  cpi  sera  inséré  au 
Bulletin  des  lois. 

Le  premier  consul  ,  Signé ,  Bonaparte. 
Par  le  premier  consul  , 

Le  secrétaire-détat,  signé ,  H.  B.  Maret. 


veltz,  oij  l'on  espère  réunir  bientôt  le  reste  de  U 
bdude. 

J Ile- et-Vill'iine.  JuVien  Bougerie  ,  dit  Pierrot  .de» 
Rivi'  res  et  Cœur-de  I.yoïi,  rei'ardés  comme  chefs' 
des  scélé.ats  qui  désclaicnl  ce  t  ays  l'été  dernier 
cl  qui  ravageaient  en  dernier  liiu  les  communes 
des  marais,  ont  été  ai  rêtés  le  .1 1  frimaire,  aux  e.ivi" 
rons  de  l)  I,  par  de  ix  culiivateuis  d  Mo  itdol  , 
dont  I  un  avait  pris  part  à  la  premie/e  i;u  rre 
civile.  Ils  les'  ont  conduits  aux  prisons  de  Dol. 

Morbihan.  Une  bande  de  v.leuts  désolait  plu- 
si'Uts  commu'ies  ■  e  l'arrondissement  de  Pon- 
tivy  ;  le  maire  de  Berné  plein  de  zèle  ,  de  cou» 
rage  et  d'activité,  à  la  lête  de  quelques  braves 
citoyens,  et  secondé  par  le  giefîier  du  ji.g..-dc- 
piiix,  est  parvenu  à  auêier  dix  de  ces  biigands  « 
qui,  traduits  paidevani  un  jury  d  accus. tion  , 
ont  éié  reconnus  coupab'es.  On  les  a  conduits 
dans  la  maison  d'ariêi  de  la  justice  criminelle} 
et  dans  cette  translation  ,  deux  d'entr'eux  ayant 
voulu  s'échapper  ,  ont  été  tués  par  leur  escorte. 

Le  nom  du  magistrat  qui  vient  de  donner  une 
exemple  si  utile  et  si  digne  d  eue  imité  ,  est 
Dorven. 

PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Du   4   nivôse ,   an  g  de  la'  république  française  , 
ime  et  indivcsible.  ^ 

Le  préfet  de  police  prévient  ses  concitoyens 
que  la  petite  charreie  sur  -arjuelle  était  établi  le 
baril  de  pnu  Ire  cerclé  en  fer,  qui  a  fait  explo- 
sion hier  à  S  heuies  un  quart  du  soir  ,  rue  Nicaise  , 
en  f  ce  de  celle  de  Maltr.  ,  à  l'instant  du  passage 
des  voilures  du  pieraier  Consul ,  était  attelée  d  u  ^e 
jument  de  Irait,  sous  poil  bai  ,  la  crinière  usée  , 
la  queue  en  balai  ,  nez  de  rena.  d  ,  flancs  et  f  .-sses 
lavés  ,  marquée  en  lêie  ,  ayajil  :ies  tt.iCi'S  blanches 
sur  le  toupet  derrière  les  oieilles  ,  et  des  tachrS 
blanches  sur  le  dos  des  deux  côtés,  rubican  for- 
teiVicnt  sons  la  rrinieic  du  côté  droit  ,  hors  d  â^e , 
et  de  la  taille  d  un  meire  cinquante  centimètres  , 
(  4  pieds  6  pouc-s  environ  )  grasse  1 1  jn  bon  état, 
sans  aucune  marque  sur  les  cuisses  ni  à  l'encolure  , 
qui  puisse  indiquer  qu'elte  appartieriue  à  quelque 
dépôt. 

Ceux  qui  auront  connaissance  du  propriétaire 
de  cette  jument  ou  qui  1  auront  vue  aiieléc  à  la 
petite  charrette  ,  sont  invités  de  donner-tous  les 
renseignemens  possib  es  au  prélet  de  police  , 
soit  ver'oalement  ,  scit  par  écrit.  Le  préfet  d'-m- 
neia  une  récompense  à  celui  qui  lui  en  aura  fait 
connaître  le  propriétaire.  La  jumenr  est  morie  , 
mais  elle  est  encore  déposée  à  la  préfecture  de 
police,  où  ceux  i]ui  ont  déjà  quelques  indices, 
pourront  5  venir  U  reconnaître  le  plulôi  possible 
à  cause  de  la  puiiéfaction. 

Le  préfet  ,  signé  ,  J)xJBOIS. 


MINISTERE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE. 

Arrestations  de'brigands. 

Roer.  Une  bande  de  brigands  circulait  depuis 
quelcjne  tems  dans  les  cantons  de  Bracht .  Wan- 
kum  ,  'Wicrsea  et  Erkelens  ,  pays  tellement 
coupé  et  couvert  de  bruyères  ,  qu'il  était  im- 
possible d'y    alteindre  ces    scélérats. 

Le  lieutenant  de  la  résidence  de  Gladbach , 
ayant  pris  le  parii  de  réunir  les  brigades  des 
cantons  ci-dessus  désignés  et  de  faire  battre  la 
campagne  ,  a  forcé  par  ses  manœuvres  les  bri- 
gands à  se  jetter,  dans  les  fermes  de  Neersen. 
Ils  y  ont  été  cernés  et  arrêtés  au  nombre  d--  22'. 
trouvés  munis  de  pistolets  ,  de  couteaux  ,  d'iu^- 
tiumens  à  crocheter  les  serrures,  it  en  outre 
de  montres  et  de  ceintures  pleines  d'or  et  d'ar- 
gent.i  Ils  ont  été  conduits^  aux  prisons  de  Cre- 


Le  prcjet  ,    aux  maires  et  adjoints  des  communes 
du    département    de    la    Seine    ('extra   rautosj  , 
et  des  commîmes  de  Sdiat-Cloud  ,    Sevr,es  et  Meu- 
don.  —  Pans  ,    le  -20 Jrima'fe  an  9,. 
Citoyens  ,  plusieurs  d'entre  vous  m'adressent 
1  journelleiiieni    des   pi.-i'iies    sur    les    vols   c|ui    se 
'.  commeltrnl    dans  leurs  commu'  es.  lis  ailrl'uent 
<  la  trtqtrence  de  ces   délits  à  rinexaciilu.'e  ,    à    la 
j  né;;  igence   qu  ■    les    citovens'  apvcutcr.t    ôans    le 
I  service  de  la  garde  nationale  sédeniaiie. 
I      Ce  désordre  doit  nécessairement  fixe   i  alt"nlioa 
du  tiiagistrat ,   et  l'eigager  à  prendre  les  mesures 
I  proii'cs  à  tn  .irtêier  le  cours.   Celle  qui  m'a  paru 
I  la  plus  efficai  e  ,    cnnsi^t     a    activer  le  service   de 
la  garde   nationale  ,   dont  d  ffcti  nies   I.  is  ,  et  no-, 
t  .mm- m  celle  du   i4octobie    1791  .ont   rég  é  idl', 
morle    d.ins    les  difféier  tes  communes.  Un  arrêté,! 
du  di  ectoire  exécuiil,  en  date  du  i3  floréal  an  7  , 
conocni    une  instruction   sur   la    garde    nation  le 
sédentaire  ,  et  sur  les  rapports  qui  doivent  exister 
entre  l'autorité   civile   et  )a   force  publique.  Tous 
les  citoyens   sont   appelés   à  faire  le  service  de,  la 
garde  nationale  ;   et  ce-x  qui  désirent  enêtie  dis- 
pensés ,   sont  icnu.s  de  se  taire  remplacer  suivant 
le  mode   établi  par  la  loi. 

Comme  magistral,  chacun  de, vous  peut  et 
d'il  exiger  que  les  ha'c;itans  de  sa  corpmune  fas- 
sent rég  diércmeni  l.ur  service  ;  et  dans  le  cïs 
c/ù  ils  préleteraient  recourir  au  mode  de  rem- 
plac-ment  autorisé  par  la  loi  ,  c  est  à  vous  à  leuJ 
procurer  les  moyens  qui  vous  p.ir.iîtront  les  pins 
avaniageux  pour  assurer  l'exaciiiude  et  la  régu- 
larité du  service. 

Jf  Dç-  saurais  donc  trop  vous  recommander 
de  stimuler  le  zrle  des  habiiaus.de  vos  commu- 
nes icspe  livës  ,  et  d'empio^ier  lo'-s  les  moyens 
que  voire  sages.^e  pourra  vô'u.*!  suggérer  pour  les 
rappeler  au  vœu  de  la  loi  .  qili'  a  ijour  objet  , 
celui  de  tous  leurs  ini-rèis  qui>.to)t  leur  êvrc  le 
plu"  cher  ,  la  conscrvalioii  d.e.|leuts  pets.ou,»es 
et  de  Iturs  propriétés.     ,  .,  ■  •  . 

Je  vous  invite  en  conséquence  1  citoyens,  .'1 
faire  f.'re  des  patrouilles  el  des  10  'des  de  nuit 
uans  vos  communes  respective'*  ,  el  iioiamme.it 
veis  leSfjpiii  ts  tle  coinmunicar.on  et  les  giaii.les 
louie-s  ,  et  à  tenir  soigncnsemei.l  la  main  i  ce 
qu  il  y  ait ,  à  cet  effet ,   dans  les  corps-Ue-gardct> 


588 


et  les   divers  postes  établis  dans  vos  communes  , 
une  force  armée  toujours  suffisante^ 

Vous  voudrez  bien  me  rendre  compte  du  ré- 
sultat de  cette  mesure.  Je  vous   salue. 

Le  préfet  de  police,  i!gn«',  Dubois. 


Du  3o  frimaire  an  9. 

Le  préfet  de  police,  informé  que  des  individus 
de  l'un  et  l'autre  sexe  s'tnliouuisent  dans  les 
maisons  particulières  et  publiques  ,  et  parvierinent 
à  se  faire  donner  quelques  pièces  de  monnaie, 
soit  en  excitant  la  commisération  par  le  récit  de 
malheurs  vrais  ou  supposés  ,  soit  en  félicitant 
sur  une  fête  ,  un  mariage  ou  autre  événement  ; 

Informé  qu'il  est  des  individus  qui  ,  plus 
coupables  encgre  ,  se  permettent .  sous  les  mêmes 
prétextes  ,  d'arrêter  les  passans  et  les  voyageurs, 
dans  les  rt^es  et  sur  les  routes  ; 

Considérant  que  ces  individus  sont  de  vérita- 
bles mendians  ,  qui  doivent  être  d'autant  plus 
sévèrement  poursuivis  ,  que  leur  délit  est  presque 
toujours  accompagné  de  circonstances  aggra- 
vantes. 

Vu  l'article  V  de  l'arrêté  des  consuls,  du  12 
messidor  an  8  ,  qui  charge  le  préfet  de  police 
défaite  exécuier  les  lois  sur  la  mendicité  et  le 
vagabondage,    ordon'.ie   ce   qui  suit  : 

Alt.  l".  Les  individus  qui  se  présenteront  dans 
les  maisons  publiques  ,  violeront  l'asyle  des 
citoyens  ,  ou  les  ariêtoront  dïtîe  les  rues  ,  çl  .'iur 
les  routes,  pour  ,  sous  quelque  prét-exte  que  ce 
«oit  ,  extorquer  quelques  pièces  de  monnaie  , 
seront  arrêtés  et  conduits  à  la  prélecure  de 
police. 

IL  En  vertu  des  dispositions  de  l'article  V  , 
de  l'arrêté  précité,  ils  seront  euvoyés  dans  les 
maisons  de  détention  établies  pour  la  répression 
de  la  mendicité. 

III.  Si  leur  délit  se  trouve  accompagné  des 
circonstances  aggravantes  prévues  par  la  loi ,  ils 
seront  traduits  devant  les  tribunaux  ,  pour  être 
punis  conformément  aux  artic'es  XXIIl  et  XXIV 
du  titre  II  de  la  loi  du  22  juillet  1791. 

IV.  La  présente  ordonnance  sera  imprimée  , 
publiée  ,  amchée  dans  toute  l'étendue  du  dépar- 
tement de  la  Seine  ,  et  dans  les  communes  de 
Saint-Cloud  ,  Sevrés  etMeudon,  et  envoyée  au 
géiiéral-comraandant  les  quinzième  et  di.x-scp- 
tieme  divisions  militaires  ,  au  général-comman- 
dant d'armes  de  la  place  de  Paris  ,  aux  capitaines 
de  la  gendarmerie  dans  les  déparlemeas  de  la 
Seine  et  de  Seine-el-Oise  ,  aux  maires  des  douze 
arrondissemens  de  Paris  ;  à  ceux  des  communes 
du  département  de  la  Seine  (  extra  muros)  ,  et  des 
communes  de  Saini-Cloud  ,  Sevrés  et  Meudon  , 
aux  comcnissaires  de  policît  et  aux  officiers-de- 
paix,  pour  que  chacun,  en  ce  qui  le  concerne, 
en  assure  l'exécution. 

Le  préfet  de  police,  signé  Dubois. 

Par  le  préfet, 

Le  secrétaire-général  ,  signé ,  Pus. 


T    r.   I   B    U    N    A    U    X. 

LE,tribunal  de  cassation  a  tenu,  le  25  frimaire  , 
une  séance  extraordinaire  composée  de  toutes  les 
sections  réunies ,  pour  statuer  sur  un  jugement  de 
tribunal  de  département  qui  ,  après  une  première 
cassation  prononcée  par  la  section  civile  ,  avait 
adopté  la  même  décision  que  celle  annullée. 

Ainsi  le  tribunal  de  cassation  .  pour  ainsi  dire 
juge  en  sa  propre  cause  ,  avait  à  se  déterminer 
entra  l'opinion  qu'il  avait  déjà  manifestée  ,  et 
celle  contraire  embrassée  par  deux  autres  tribu- 
naux ,  ceux  de  Liège  et  de  Namur.  Au  fond  ,  il 
s'agissait  de  l'interprétation  d'un  article  d'une  loi 
pariiculière  à  la  Belgique  et  relative  aux  rembour- 
semens  en  assignats.  Le  premier  tribunal  de  la 
république  a  prouvé  en  cette  occasion  ,  comme 
dans  toutes,  que  nul  autre  sentiment  que  celui 
de  ses  devoirs  et  son  scrupuleux  attachement  à  la 
loi,  n'était  capable  d'inHuersur  ses  déterminations. 
Mieux  instruit  par  une  nouvelle  discussion  con- 
tradictoire et  plus  approfondie  ,  il  est  revenu  sur 
sa  première  décisioQ,  et  a  maintenu  le  jugement 
attaqué  ,  en  rejetant  la  deuxième  demande  en 
cassation.  Le  citoyen  Prieur  (  de  la  Marne)  plaidait 
pour  la  cassation  ,  et  le  citoyen  Guichard  contre. 


T    R    I    B    U    N    A    T. 

Présidence  de  MouricauU. 
SÉANCE     DU     4     NIVOSE. 

Après  la  lecture  du  procès  verbal  ,  Juhé 
demande   la  parole  pour  une  motion. 

Tribuns  ,  dit-il  ,  lorsqu'hier  le  premier  consul 
à  son  arrivée  à  l'Opéra  au  milieu  d'un  concours 
immense  de  citoyens  ,  tous  les  yeux  fixés  sur  lui 
croyaient  lire  dans  la  séiéniié  de  son  visage  l'an- 
nonce d'un  nouveau  succès  de  nos  armées ,  on 
était  loin  de  penser  que  le  génie  de  la  république 
venait  à  l'instant  même  de  le  préserver  d  un  com- 
plot infernal. 

Faudra-t-il  donc  toujours  s'occuper  de  cons- 
pirations ,  et  l'infâme  trahison  ne  se  lasscra-t-clle 
point  d'attenter  à  des  jours  qui  furent  respectés 
par  les  hasards  de  la  guerre  et  par  les  élémens 
en  courroux  ! 

Français  !  jugez  de  la  loyauté  de  vos  enne- 
mis par  l'assassinat  de  Kleber  ,  par  l'assassinat 
de  Bonaparte  ,  par  le  meurtre  abominable  de 
tant  de  victimes  innocenies  ,  et  proi.oncez  , 
comme  le  fera  la  posiérilé  impartiale,  sur  les 
monstres  qui  font  jouer  de  tels  ressorts.  Mais 
en  attendant  que  la  vengeance  des  naiions  les 
atteigne  ,  exprimons  le  vœu  formel  que  la  justice 
fasse  expier  à  leurs  vilsinsirumens  et  leur  crime 
et  leur  infamie. 

Puisse  le  dieu  qui  veille  sur  la  France  tenir  tou- 
jours les  yeux  ouverts  sur  celui  à  qui  se  rattachent 
tant  d'intérêts  ,  tant  d'affections  !  Puisse  l'acharne- 
ment infatigable  de  nos  ennemis  contre  le  premier 
magistrat  de  ia  république  ,  pénétrer  tous  les 
citoyens  d'une  profonde  indignation  ,  et  puisse 
cette  indignation  ranimer  encore  dans  tous  les 
cœurs  l'amour  de  la  liberté,  de  la  gloire  et  de  la 
patrie. 

Je  propose  l'arrêté  suivant  : 

Le  tribunal  arrête  : 
I*  Qu'il  se  transportera  aujourd'hui  en  corps 
chez  le  premier  consul,  pour  lui  témoigner, 
par  l'organe  de  son  président,  ia  profonde  indi- 
gnation que  chacun  de  ses  incmbres  a  éprouvé  à 
la  nouvelle  de  l'attentat  et  de  1  horrible  machina- 
tion qui  ont  compromis  hier  des  jours  si  chers  à  la 
patrie  ; 

2°  Que  le  président  du  tribunal  prononcera  un 
discours. 

Ces  propositions  sont  adoptées. 

Carré  ,  à  1e  suite  d'un  rapport .  propose  l'adop- 
tion  du  projet  de  loi  relatif  à  la  reconstruction 
des  maisons  de  la  place  de  Bellecour  à  Lyon. 

Le  tribunal  vote  ,  ?.  l'unanimité,  l'adoption  du 
projet  de  loi. 

La  séance  est  levée  et  ajournée  à  demain. 

C  ORPS-LÉGISLATIF. 

SÉANCEDU     4     NIVOSE. 

Présidence  de  Bourg- Laprade. 

A  onze  henres  les  membres  du  corps-léj^is- 
latif  ,  convoqués  extraordinairement  ,  se  réunis- 
sent dans  le  lieu  ordinaire  de  leurs  séances. 

Le  président ,  après  avoir  exprimé  sa  juste  dou- 
leur de  l'événement  affreux  qui  a  répandu  hier  la 
consternation  et  l'effroi  parmi  les  citoyens,  demande 
si  dans  cette  circonstance  l'assemblée  se  propose 
de  se  rendre  en  corps  ou  par  députation  auprès 
du  premier  consul  ,  pour  lui  témoigner  tout 
l'intérêt  qu'elle  a  pris  au  malheur  qui  a  menacé 
la  France  dans  la  personne  de  son  premier 
magistrat. 

Sur  l'observation  faite  que'  tous  les  membres 
ne  sont  point  encore  présrns  ,  l'assemblée  arrête 
qu'une  députation  à  la  tête  de  laquelle  seront 
le  président  et  les  quatre  secrétaires  ,  se  rendra 
chez  le  premier  consul  pour  lui  porter  l'ex- 
pression  des  sentimens  du  corps-législatif. 


arrangé  par  un  compositeur  dlslîiigtié  .  et  traduit 
de  la  prose  allemande  ,  en  vers  français  ,  par  le 
citoyen  Ségur  ,  jeune  ,  vient  d'être  entendu  au 
Théâtre  des  Ans  ,  devant  rassemblée  la  plus  nom- 
b;cuse  et  la  plus  brillante. 

On  exécutait  1  introduction  ,  et  ving<  mesures 
ou  à-peu-près  ,  venaient  d'être  marquées  lorsque 
le  bruit  lointain  de  l'explosion  se  fit  entendre  sans 
qu'on  sût  encore  à  quoi  devoir  l'attribuer.  Urt 
moment  après  1  arrivée  du  premier  consul  ,  le 
bruit  du  danger  épouvantable  auquel  il  venait 
d'échapper  ,  en  se  rendant  à  i'opéra  .  ciiculuit  de 
bouche  en  bouche,  et  nelaissaitplus  au  spectatsuc 
l'attention  et  le  calme  nécessaires  pourbien  enten- 
dre; aux  artistes,  lassurance  indispensable  pour 
bien  exécuter.  Aussi  les  premières  paniesont-elteS 
éprouvé  un  peu  d'incertitude  et  d'indécision. 

Madame  Barbier  M^albo-ne  ,  rt-venue  d'une 
première  et  bien  juste  émotion  ,  a  chanté  les  airs 
dont  elle  était  chargée,  avec  ce  goût,  cette 
mélhode  ,  et  cette  pureté  qu'elle  a  en  partage. 

Une  manière  moins  facile,  moins  brillante,  ua 
goût  plus  sévère,  des  rooy-tns  plus  prononcés, 
eussent  été  peut-être  nécessaires  à  Garât  dans  la 
plupart  des  morceaux  qui  lui  sont  confiés,  si 
l'on  en  excepte  l'air  de  îa  création  de  l'homme 
et  de  la  femme  ,  dans  lequel  il  n'a  tien  laisse  a 
désirer. 

Chéron  a  laissé  reconnaître  la  difficulté  qu'il 
éorouve  à  atteindre  quelques  cordes  un  peu 
hautes  ;  nous  croyons  même  que  particulièrement 
dans  la  pn_ere  de  la  seconde  partie,  il  s  est  vu 
obliaé  d'altérer  un  peu  la  partition  ;  mais"  il  a 
chaiïté  le  récitatif  avec  toute  la  vigueur  ,  toute 
l'énergie,  toute   l'expression  qu'il  exige. 

La  partie  instrumentale  a  été  constamment  au- 
dessus  de  tous  les  éloges  qu'on  pourrait  lui 
do:;ner. 

L'Oratorio  d'Haydn  est  une  des  plus  belles  pro- 
ductions que  l'on  puisse  entendre,  mais  il  faut 
l'entendre  bien  plus  d'une  fois  pour  le  pouvoir 
apprécier.  Ce  n'est  pas  à  l'égard  d'un  ouvrage  oa 
les  beautés  sont  toutes  du  premier  ordre,  et  eu 
quelque  sorte  prodiguées,  que  l'imagination  pres- 
que fatiguée  d'eu  avoir  été  frappée  sans  relâche  , 
peut  se^'llattei  de  les  avoir  assez  distinguées  pout 
les  retenir  et  les  analyser.  Aussi  l'enthousiasme 
des  artistes  qui  avaient  acquis  l  habitude  de  cette 
production,  et  qui  ont  eu  le  moyen  de  '^  dé- 
tailler ,  a-t-il  encore  surpassé  celui  du  public, 
dont  l'admiration  croîtra  pour  ce  chef-d'œuvre  a 
mesure  qu'un  iméiêt  de  l'art  bien  entendu  lui 
ménagera  les  moyens  de  l'entendre  ,  et  sur  lequel 
nous  ne  pouvons  donner  aujourd'hui  que  cette 
faible  notice. 

On  cite  le  trait  suivant  :  A  la  dernière  répétition, 
l'orchestre  cédant  à  un  mouvement  d'enthou- 
siasme ,  s'est  levé  tout  entier  en  laissant  échapper 
un  cri  unanime  d'admiration,  Frédéric  Rousseau  , 
violoncelle  distingué,  a  saisi  celte  occasion  pour 
improviser  quelques  expressions  de  reconnais- 
sance pour  Haydn  ;  suSr  sa  proposition  ,  une  mé- 
daille d  or  a  été  sur  le  champ  votée  en  l'honneuc 
de  l'auteur  de  la  Création  du  Monde  et  des  plus 
belles  àymphonies  connues.  Elle  lui  sera  décernée 
au  nom  des  artistes  musiciens  français.      S 


THEATRE      DES     ARTS. 

L'Oratorio  du  célèbre  Haydn  ,  intitulé  :  la 
Création  du  Monde  ,  exécuté  dans  toute  l'Alle- 
magne ,  où  il  est  l'objet  d'une  admiration  univer- 
selle et  soutenue  ,  apporté  en  France  par  Stebelt  , 


LIVRES      DIVERS. 

La  PARTIE  DE  CHASSE  DES  ÉCOLIERS,  comédie 
eu  un  acte.  A  Paris ,  chez  Deroy,  libraire  et 
commissionnaire  en  librairie  ,  rue  Hautefeuille  , 
n"  34,  et  à  Rouen  ,  chez  Vallée  frères  ,  libraires, 
rue  BefFroy  n°  22. 

ANTIDOTE  DE  LATHEiSMa  ,  OU  cxamcu  Critique 
du  Dictionnaire  des  athées,  anciens  et  moder- 
nes', avec  cette  épigraphe  :  interest  ReipubUccs 
cognosci  malos.   Cic. 

A  Pairs  ,  chei  Guignard  ,  hbraire ,  quai  Ma- 
laquais,  n"  1914  ;  prix  ,  i  fr.  80  cent,  pour  Pans  , 
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Tiers  consolidé Sg  fr.  25  c. 

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cs'abonac 


L'a boanemcnt.pe  fait  à  Paris,    rue  des  Poitevins,  n°  i8.  Le  p 
qu'au  commeucemcnt  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresscrjcs  lettres  ctl'atgent  ,  franc  de  port  ,  an  cit.  Aga  «s  e,  propriétaire  de  ce  journal  ,  me  des  Poitevins  ,  u"  i8.  Il  faut  compicndte  dans  le»  envois  le  port  de» 
pays  O'jl'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  dépatteraensnon  affranchies  ,  ne  seiont  point  «étirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce    qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  a«  rédacteur  ,  rue  de» 
poitevins    n"  i3  ,  depui  jneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soit. 


De  l'iiSprimerie    de  H.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins ,  a*  i3. 


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Paris  ,  le  5  niuôse. 

QCf  On  a  omis  d'annoncer  hi-r  que  les  mem- 
bres du  conseil-d'état  sétaient  rendus  ,  dès  l'ou- 
verture de  la  séance  auprès  du  premier  consul  ; 
que  c'est  alors  que  le  citoyen  Boulay  a  prononce 
le  discours  lapponé  ,  et  qu'ensuite  Içs  copscillei's- 
d'état  ont  aisisté  à  toutes  les  audiences  cl'bhnces 
par   les  consuls. 


Hier  à  onze  heures  du  matin,  les  çnaires  et 
adjoints  des  douze  arrondissemens  de  Pjris  ,  le 
conseil-général  du  département  de  la  Seine  ,  les 
membres  du  conseil  de  préfecture  .  et  le  citoyen 
ï^iicnne  Méjan ,  sccréiaire-génétal  de  la  prélec- 
ture du  département  (  remplaçant  le  piéfet  en 
l'absence  du  citoyen  Fipchot  malafle  )  ,  ont  été 
présentés  au  premier  consul  par  I4  ministre  de 
(iniéiicur.  Le  secrétaire-général  portant  la  pa- 
role ,  a  dit  : 

CiTOïEN  PREMIER  CONS0L  , 

))Je  vous  apporte  l'expression  de  la  douleur 
pt  du  resseniimeiit  de.i  touies  les  autorités  admi- 
nistratives ,  et  de  tous  les  citoyens  de  Paiis  , 
à  la  nouvelle  de  l'attentat  inoui  médité  contre 
votre  personne. 

))  Je  viens  au  nom  de  tous  rendre  grâces  à 
la  providence  ,  à  la  fortune  de  !a  république  , 
qui,  pour  U  seconde  lois  ,  ont  sauvé  notre  pre- 
mier  magistral  du  fer  et  du  (eii  des  assassins. 

))  Et  combien  mes  paroles  vous  paraîtraient 
fjibles  ,  citoytn  consul  ,  si  ,  comme  moi  ,  vous 
aviez  pu,  quelques  raomeiis  apiès  le  funeste 
événement  ,  si  dipuis  deux  jours  il  vous  eût  éié 
possible  de  parcourir  les  rues  de  cette  i.-nmense 
cité  !  Vous  auriez  remarqué  dans  tous  les  yeux  , 
recueilli  de  toutes  les  bouches  les  sen  imens 
d'indignation  contre  vos  ennemis  ,  d'estime  >A 
d'amour  pour  vous  ,  dont  tous  les  coeurs  sont 
animés. 

;>  Les  citoyens  de  Paris  ne  l'ignorent  pas, 
citoyen  consul  ,  et  je  m'honore  en  ce  mometit 
d'être  l'organe  de  leur  reconnaissance  ;  ils  savent 
qu'à  iinstjnt  même  oii  le  crime  venait  d'être 
commis  ,  vous  ne  vous  êtes  pas  occupé  de  vous , 
vous  ne  vous  êtes  occupé  que  d'eux.  Ils  ont 
avidement  recueilli  ces  paroUs  de  bonté.  — 
Ce  n'est  pas  à  moi  quil  faut  venir  \-quon  aille, 
qu'on  aille  vite  au  secours  des  malheureux  que  la 
machine  infernale  a  pu  frapper. 

)i  Citoyen  consul,  le  peuple  français  admire  en 
vous  le  héros  qui  a  porté  l'honneur  des  armes 
fiaiiçn.ises  aux  portes  de  Rome  et  de  Vienne  ;  qui , 
deux  (ois,  a  conquis  l'Italie;  qui  à  travers  mille 
péiils  ,  a  reporté  dans  lEgypte  les  arts  eTia  civili- 
sation ;  qui  enfin  ,  à  travers  mille  périls  plus 
grands  encore  ,  a  rapporté  la  liberté  dans  sa 
patrie. 

)>  Mais  ce  n'est  pas  îeulement  l'admiration  que 
vous  avez  été  jaloux  d  inspirer;  vous  avez  voulu 
éire  aimé.  Eh  bien  ,  général  consul,  on  aime  en 
vous  le  rnagistrdt  respectable  que  le  pouvoir  et 
les  flatteurs  n'ont  point  égaré  ;  qui  ,  plus  occupé 
du  bonheur  des  français  que  de  sa  gloire  mili- 
taire ,  n'a  ja'mais  vaincu  que  pour  oflrir  la  paix  ; 
qui  nous  a  rendu  à  tous  la  liberté  civile  ,  sans 
laquelle  la  liberté  politique  pourrait  n  être  que 
le  cri  dj  ralliement  de  toutes  les  ambitions;  qui 
dans  si  peu  de  tems  a  fait  tant  et  de  si  grandes 
ehoses  ;  qui  s'est  si  constamment  appliqué  à 
rendre  à  notre  industrie,  à  notre  commerce  ,  leur 
ancienne  et  vivitiante  splendeur;  qui  ei.fin  ,  pla- 
cé par  la  constitution  au-dessus  de  tous  ,  donne 
à  tous  l'exemple  des  bonnes  mœurs  et  de  toutes 
les  vertus  généreuses. 

)i  Citoyen  consul  ,  je  ne  voulais  point  parler 
des  coupables.  Cependant  le  dernier  crinie  qu'ils 
ont  commis  f^il  naître  une  réflexion  conso- 
lante ,  et  je  la  dépose  dans  votre  sein.  Ces  cou- 
pables ne  sont  pas  des  franç-is  ;  ils  n'appartien- 
nent à  aucune  nation.  Ce  sont  les  mêmes  qui  ,  dès 
les  premiers  jours  de  la  révolution,  se  sont  mon- 
tré» ses  ennemis ,  et  qui,  bientôt  après  ,  se  sont 
placés  dans  les  rangs  des  amis  de  laliberté  ,  pour 
rendre  la  révolution  odieuse.  Ce  sont  les  mêmes 
qui  ,  le  2  septembre,  empruntant  le  langage  et 
jusqu'aux  lorrnes  de  la  justice,  en  renversèrent  la 
statue  .  jetterent  sur  ses  tables  un  voile  sanglant  , 
foulèrent  aux  pieds  sa  balance  et  s'armèrent  de 
•  on  glaive  pour  égorger  îles  prisonniers.  Ce  sont 
le»  mêmes  qui  massacraitnt  à  Versailles  les  mal- 
heureuses victiiccs  d  Orléans  ;  ce  sont  les  mêmes 
qui  couvraient  de  cidavrcs  les  iivages  épouvantés 
de  la  Loire  ;  ce  sont  les  mêmes  qm  veisaicnt  des 


larmes  de  rage  sur  la  pacificat'oo  de  la  Vendée  ; 
cç  sont  enfin  le^  mêmes  qui  ,  naguçres  encore  , 
essaytrent  de  porter  sur-Vous  leurs  poignards.- 

'1  Cllo\En  consul  ,  ces  hommes  ne  sont  pas 
nombreux  ;  louie  bur  l'oice  est  dans  l'itnpunilé  ; 
qu'ils  so'ent  di.nc  ailcinis  ;  qu"il.i  soient  icduil'i  à 
1  impuissai'çe  de  coiV;ineilic  de  nouveaux  lotlails. 
Nous  ne  craignons  p.is  d<j  le  dire  ,  ici  l'indulgence 
serait  coupable  ;  file  compromettrait  l'exisiencc 
d'uiie  nation  qui  vous  a  confie  la  défense  de  Ses 
inté.êls  ,  le  rél.,blissemeni  île  sa  p;ospérité. 

))  Citoyen  consul ,  tous  les  citoy'ens  de  Paris 
vous  en  co:ijurent,  prenez  soi--;  de  i-cirevic;  e'ie 
importe  au  bonheur  de  totis  :  les  citoyens  de  Paris 
prendroi/t  soin  de  votre  bonljeur.  i» 

Le  premier  consul  a  convrrsé  lona-lems  av*c 
les  citoy'.'ns  au  nom  desquels  le  secrétaire-généi'al 
de  la  préfecture  venait  de  parler.  P,jrmi  plusieurs 
choses  qu'il  a  dites  aux  maires  de  Paris ,  on  a  re- 
tenu celles-ci  : 

"J'ai  éié  touché  des  preuves  d'îfFeciion  que 
le  peuple  m'a  données  dans  cette  circorist jnce.  Je 
les  mérite  ,  parce  que  l'unique  but  de  mes  desiis 
et  de  mes  actions  est  d'.iccioîtTe  sa  prospérité  et 
sa  gloire.  Tant  que  celte  poistnée  de  brigands  m'a 
attaqué  directement  ,  j'ai  dû  laisser  aux  lois  et 
aux  tribunaux  ordinairts  jcur  punition  :  mais 
puisqu  ils  viennent ,  par  un  crime  sans  exemple 
dans  l'hijtoire  ,  de  mettre  en  danger  une  par  ie 
de  la  population  de  'a  cité  ,  la  punition  sera 
aussi  prompte  qu'exemplaire.  Assurez  en  mon 
nom  le  peuple  de  Paris  que  cette  centaine  de 
m'sérablcs  qui  ont  calomnié  la 'liberté  par  les 
crimes  qui  s  ont  commis  en  son  nom  ,  seront  dé- 


indign^tion  ,  intérêt  ,  inquiétude  ,  dotit  nous 
sommc's  pgilés',  lorsqueiiousiVji'nûnii  i'ous  felidîterl 
de  n'avoir  pasjété  la  victime  d'un  horrible  attenlaltj 
Vous  féliciter  ,  ciioyen  consul,  oui,  c'est  le  pre- 
mier élan  de  notre  ccéinTTTlUts  il -rfcst-rri +£-^0^ 
ni,  le  plus  vif.  C'ejst  l'Eur0[)e  entière,  cj'eu  Id 
France  .  c'est  chactin'  d'e  ho'ui  rpic'  ririus'  prcfîla-! 
nions  hcuveux  de  ce  que  vos  jours-  ont  élç  con- 
servés ,  parce  ijue  c'est  à  chac'uii  de  ho'us  et  à  ri'otre 
bonheur  individuel ,  c  est  à  la'France  et  à  sa  tr^n*' 
qi^illiié  ,  c'est  a  l'Europe  et 'à' la  pai'xqué  vôtre 
exis:enGe  est  nécessaire.  L'é'évation  de  voire  ^ime 
vous  niet  ao-dessus  de'  là  cr.i'inie'  des  d.ifigVrs  ; 
votis  vous  êtes  iait  iine  habitude  de  li-s  aS'ronler; 
mais  les  français  ,  chacun 'd'es  français  les  redôutd' 
pour  votre  personne  et  réclame  la"  vengeance  de; 
la  loi  contre  lés  êtrcjs  àb'oiiiiiiablcs  qui  immolent  a 
leurs  pjajsionj  efl^ié|nées  la  république  ,  lorsqu'il»: 
dévouentàun«machi;)e'ÎEferna'lelâiêie  dupreiaieîl  ''\ 
consul.         -  I  15 

"  Ils  ignorent,  ces  hornines  aveuglés  par  laf  . 
crime,  que  chaque  atienlai  d,i  leiu -part  .esYuai 
motil  nouveau  de  resserrer  les  liens  qui  altachenp 
les  français  à  leur  premier  ma;?,isli3i.  Un  consul 
dont  le  génie  ne  serait  pas  la  sauvegarde  de  la| 
France  ,  ne  serait  pas  le  but  de  si  cruelles  consl] 
pirations.  Diriger  des  attaques  contre  vous  ,  c'esti 
appellér  auprès  de  vous  ,-pres»eT  autour  de  voaV 
quiconque  s  intéresse  à  la  conservation  et  à  la 
gloiie  delà  république,  n 


Si  le  rédacteur    du  Journal  iks  Débats   n'écris 

vait   que  ce   qu'il  sait,    ou  ne   transcrivait  que'ce 

.  _     ,  ,         _  qu'il  comprend  ,  il   n'aurait  pa's  inséré  ,    dans  sa 

sormais  mis  dans  limouissance  absolue    de   faire  I  feuille  du  3  nivôse  ,   le  paragraphe  suivant. 

aucun  mal.  Que  les  citoyens  n'aient  aucune  ii-.- 


quiéiude;  je  n'oubi  erai  pas  que  mon  premier 
devoir  esT  de  veiller  à  la  défense  du  peuple,  contre 
ses  ennemis  intérieurs  et  extérieurs.  »> 

Lorsque  les  membres  des  autorités  administra- 
tives ciu  déparlement  de  la  Seine  oni  éié  retirés  , 
le  premier  consul  est  descendu  dans  la  cour  du 
palais  pour  la    graiide  parade.  .„ 

Il  a  été  accueilli  avec  un  enthousiasme  général. 
Un  peuple  immense  qui  remplissait  la  place  du 
Carrouzel  ,  et  s'étendait  depu'i  les  guichets  du 
Louvie  jusqu'à  la  rue  de  l'EchvIle  ,  s'uri;sait  par 
des  cris  de  joie  aux  acclaroaiions  léiiérées  des 
troupes,  et  raaniffslait  ainsi  de  la  manière  la  plus 
énergique  son  adhésion  aux  sentimms  que  ses 
magistrats  venaient  d'exprimer  en  son  nom. 
Pe.idaat  que  la  musique  de  la  aarde  des  consuls 
jouait  l'air  :  Où  peut- on  être  mieux  qu'au  sein  de  sa 
famille  !  les  regards  des  ciioyens  se  portaient 
involontairement  du  lieu  oià  se  passait  cette 
scène  touchante  ,  vers  les  lieux  voisins  qui  furent 
témoins    d'une  scène  d'horreur. 

Lorsque  le  premier  consul  est  rentté  dans  le 
palais,  les  appartomens  ont  retenti  des  mêmes 
acclamations.  Ils  éiaient  remplis  par  un  grand 
nombre  d'officiers  généraux  de  toutes  les  armes. 

Le  corps  de  la  marine  a  été  présenté  par  le  mi- 
nistie  de  la  marine.  Les  officiers  d'artillerie,  par 
le  général  Daboville.  L'é-at-major  et  les  officiels 
dos  troupes  composant  la  garnison  de  Paris,  par  le 
général  Mortier,  commandant  de  la  division,  qui  I  dSërence  de  6 
s'est  exprimé  en  ces  termes 


u  Exirait  d'une  lettre  particulière  d  HaWboiirg.  u 

"  Voici  up  phénomène  qu4  n^occirpe  pasmoiffis' 
!>  les  politiques  que  les  négc  iaps  ;  le  cours  dé 
II  Londres  remonte  ici  ,  depuis  ijufeiq'jes  jours  J 
Il  d'une  manière  considérable  ,  tandis  que  celui 
n  de'  Paris  est  aussi  bas  qu'il  l'éiait  il  y  a  troii 
Il  ans  ;  on  remarque  que  ,  depuis  quelque  terns] 
11  on    tire  beaucoup  sur  les  villes  de  France.  11 

^  Le  phénomène  qu'il  a  plu  à  l'auteur  de  créer  , 
n  étonnera  iii  les  poliliques  .ni  les  négocians  ,  qui 
savent  tous  qu'il  n'y  a  pas  un  fait  dans  cet  article 
qui  lie  soit  absolument  faux. 

Le    pair    sur    Londres   est    à  ' 

Hambourg  a  32   f.  10  ou ,     3S4  d.  de  gro) 

pour  une  livre  sterling. 

Le  change  sur  Londres  vient  ,- 
le  dernier  courier  d'Hambourg 
à  29  f.  8  ou :     3-56  d.  de  gros 


DiiTérence 2S  d.  de  gros 

Ce  qui  fait  7  ~  pour  cent  de  perte. 

La  chute  du  change  sur  Londres  est  donc  in- 
contestable ,  et  elle  devient  de  jour  en  joui  plus 
sensible  ,  parce  que  les  comraerçans  de  Ham- 
bourg retirent  leurs  fonds  d'Angleterre  au  lieu 
d'y  tn  envoyer  ,  comme  ils  lésaient  autre- 
fois. 

hange  sur-  Paris  est  à  24!  ;   ce  qui  fait  une 

"  pour  cent  à-pëu  piés  dii  pair.  Ce 

cours  est    le  plus  favorable  qui  ait  existé  depuis 

la   révolution. 

Enfin  ,  ori  ne  tire  pas  beaucoup  sur  les  villes  de 


est  extiemeaient  rare. 


11  Citoyen  premier  consul  ,  l'étal-major  de  la  17  = 

division  elles  officiers  des  troupes  composant  la  _  

garnison  de  Paris ,  viennent  vous  témoigner  toute  France  ,  puisque  le  papier  de  Hambourg  sur  Paris 
leur  indignation  de  raitenlat  inoui,  médité  et 
presqu'exécuté  sur  votre  personne.  Ils  ont  fiémi 
en  pensant  que  les  combinaisons  du  crinie  ,  n'au- 
raient laisîé  au  dévoûment  des  braves  qui  vous 
entouraient  que  la  satisfaction  de  s'ense\elit  avec 
le  premier  magistrat  de  la  république. 


—  Il  est  arrivé  au   Muséum  d'histoire  naturelle 

plusieurs    pieds  de  canne   à  sucre  ,    violeite  ,    de 

Batavia,  et  de  cinncà  sucre,  bLanche,  dOta'iii.  O/i 

sait    que  le    produit    de    ces    deux   espèces     est 

D       1  .    ■     j     I    w  •  I  beaucoup  plus  consideiable  que  celui  de  l'espèce 

Rendre  grâces  au  geme  de  la  France  qin  vous     commune  ,  cultivée  dans   nos    colonies.   Les  in- 


a  conserve  pour  la  gloire  et  la  prospérité  na- 
tionale .  a  élé  leur  premier  sentirnent  en  appre- 
nant cette  infernale  machination.  Que  ses  exé- 
crables auteurs  soient  poursuivis  et  livres  à  des 
supplices  mérités.  Voilà  maintenant  ce  qu  ils 
attendent;  c'est  le  vœu  delà  patrie,  c'est  celui 
de  ses  défenseurs." 

L'audience    a    éié    terminée    par   ,la   réception 
des    membres  de  la  compiabiliié  nationale. 

Les  membres   de  l'irnsiitut  se   sont  rendus  dans 
le  cours  de  la  soirée   (;hez   le  premier  consul.  Le 


dividus  duMuséuffl  annoncent  une  multiplication 
prochaine    et   assez    abondante  ,   pour   que  l'on 
pût  ,  dès  le  printems   prochain  ,   en    fiire   passer 
des  rejeilons  en  Euypte   où  ils  ne  mùmjireraient 
pas  de  prpspérer.  C'est  au   ciioy-,  n  Joseph  Mar- 
tin ,   direcieur  des  pépinières  rationales  à  Cayen-- 
ne  ,    que   l'on  doit   l'envoi   de  ces  cannes.   Il   les 
a  lui-même  transporiées    de   I  Ile  -  de  -  F.atice  â 
Cayenne  ,  les  y  a   multipliées  ,   et  s'occupe   ac- 
tuellement  de   les  répandre  dans  nos   autres  co- 
lonies d'Amérique.    Nous   rappelons  avrc  plaisir 
I  les  utiles  travaux  de  cet  estimable  citoyen;  c'est 
cuoyen  Camus   a   cxi^rnné   les    sentiraens  de  ses  ;  lui  quia  poité  la  culture  desépiceries,  à  Caymne^ 
collègues  dans   les  termes  suivans  :  ■  |  au  (;iegré  de  prospériié  où    elle   se  trouve  actuel- 

lement .    et  c'est   encore   lui  qui    y  a   transporté'  , 


rher 


u  Ciioyen  consul,   collègue  infiniment   . _  .  _  . 

tous   les  membres    de  l'ins'iittit  national  ,  il  ,ious  p**'"'^^  ^' ™"'''P'''^ ''' ''"""^  "^T'^'^'' '''•"''"^  ^  P^'o- 
est  diUicilc  d'expiimer  les  sentimens  divets  ,  joie  ,  |  (  Extrait  de  la  Décade  philosophique-  )  ' 


3go 


POPULATIONDE         LA        FRANGE. 

Troisième  Tableau.   (  Voir  le  premier  Tableau  n°  3]  ,  le  deuxième  ,  n°  60.  ) 


NOMS 

DES 

DÉPARTEMENS. 


POPULATION 

d'après   le 

recensement 

fait   par  les 

préfets. 


NAISSANCES 

dans  les  trois 

derniers    mois 

de  l'an  8. 


"DECES 

dans  les  trois 

derniers    mois 

de  l'an  S. 


MARIAGES 
dans  les  trois 
derniers    mois 

de  l'an  8. 


POPULATION 

en    1790  , 
d'après'     les 
recensemens 
faits  par  ordre 
de  l'assemblée 
constiiuanle. 


POPULATION  par  lieue  quairce. 


En  l'an  8  , 
d'après  l'étendue 
assignée  .i  chaque 
dépa 


i.blé 


Ardennes 

Corrèze 

Cantal 

Pas-de-Calais 

Pyrennées  Orientales.   .    . 
Seine-Inférieure    .    .    .    . 

Deux-Sèvres 

Drôme 

Yonne   ...    


259,925 
233,557 
220,304 
5o5,6i5 
1 10,732 
609,743 
241,916 
235,35; 
320, 5g6 


1,874 
1,848 
i,3n 
3,692 
1,1x5 
4,224 
1,333 
1,765 
2,346 


i,i38 
1,281 

910 
2,571 

855 
3,064 
1,399 
1,420 
1,775 


2,737,745 


19,508 


i5,4i3 


>95 
555 
859 
204 
881 

2l5 

621 
193 


4,2o5 


175,360 
254,442 
277,335 
586,666 
162,133 
455,866 
2i3,333 
224,000 
439,466 


663 
757 
65i 
1,164 
660 
1,170 
653 

649 
9.8 


2,788.601 


934  A 
781  I 

749  ï 
1,541  \ 

522  7 

1,707  TS 

793  17 

756  f. 
859  i 


POPULATION. 

Voici  le  relevé  des  états  de  population  qui  ont  été  dressés  à  difféftrnles  époques  pour  les  déparlemens  de  la  Charente  ,  du  Cher  et  de  .Lot  et 
Garonne.  La  différence  qui  existe  tn'.re  ceux  de  ces  étais  qui  ne  sont  pas  copiés  lun  sur  1  autre  ,  prouve  combien  il  est  difficile  d'arriver  à  de» 
résultais  exacts  ;  cetie  veiité  atquerrera  une  pieuve  nouvelle  pat  les  notts  suivantes  sur  ces  departemens  :  elles  feront  voir  aussi  quel  soin  le 
gouvernement  apporte  à  recueillir  les  faits  desquels  seuls  on  peut  former  une  véritable  sialisiique  ,  et  avec  quel  zèle  et  quelle  intelligence 
il    est  secondé  par   la    plus  grande   partie    des   préfets. 

Ce  n'est  pas  ,  au  reste  ,  à  la  population  que  se  bornent  les  recherches  prescrites  par  le  gouvernement  ;  elLs  embrassent  tout  ce  qui  concerne 
yéritablcment  la  statistique  d'un  état. 


NOMS 

DES 

DÉPARTEMENS. 

PAR  AitlH,  YOUNG 
CQ        1787    , 

88  ,  89  et  90. 

Par   m.  p  e 

I'inteth-leCernon 
en    1791. 

TAR  I.E  C    PUONY. 

inséré   dans 

r.innuairedel'an6. 

PAR  i.£C.  Camus, 

E   N 

PAR      LE 

citoyen 
Peuchet. 

Par  le  citoyen 

Prudhomme 

en  l'an  7. 

d'après,    la 
nouvelle  édit. 
de   Lacroix. 

d'après    le 
travail 

des    PRÉFETS. 

Charente.  .    .    . 

Cher.   ..... 

Lot  et  Garonne. . 

' 

268,160 
2.76,266 
3o8,666 

342,764 

207,541 
411,808 

297,862 
235,559 
344,271 

319,427 
219.459 
339.921 

266.910 
207,541 
339.921 

339,789 
207,541 
411,808 

319,427 
319,459 
339.8i>i 

3i2,oo3      - 

0 

325,531 

CHARENTE: 

La  diminut'on  apparente  de  la  population  peut 
être  attribuée  à  plusieurs  causes. 

D'abord,  la  plupart  des  maires  ont  cru  de- 
voir dissimuler  la  véritable  population  de  leurs 
communes  ,  par  la  crainte  qu'elle  ne  servît  de 
base  à  quelque  imposition.  On  ne  craini  pas  ,  à 
ce  sujtt,  d'annoncer  que  toutes  les  probabiliiés'se 
réunissent  à  l'opinion  du  sous-prefet  de  ce  dé- 
partement .  pour  assurer  qu  on  peut  élever  la 
population  réelle  de  tout  le  déparlement  à  un 
huiiitme  en  sus  du  total  auquel  elle  est  fixée 
dans  le  présent  état.  Au  surplus,  on  se  gardera 
bien  de  donner  cette  opinion  comme  un  ré- 
sultat certain  ,  tandis  qu'on  peut  assigner  beau- 
coup de  causes  extraordinaires  à  la  diminution 
de  la  population  effsciive.  La  plus  forte  ,  celle 
qui  paraît  la  plus  réelle  ,  est  le  départ  de  5o 
mille  individus  de  ce  déparlement  pour  les  ar- 
mées à  différentes  époques  ,  la  mort  d'un  très- 
grand  nombre  d'entr'eux  ,  les  infirmités  que  les 
autres  ont  confaciées  au  service  ,  doivent  né- 
cessairement influer  sur  la  diminution  de  la  po- 
pulation. 

D'un  autre  côté  ,  on  doit  calculer  pour  le 
System-  d'augmentation  ,  le  nombre  plus  consi- 
dérable de  maiiages  qui  a  lieu  depuis  quelques 
années  ,  eu  égard  à  la  conscription  ,  et  c^st 
une  observation  assez  piquante  que  des  lois  qui 
paraissaient  devoir  empêcher  les  jeunes  gins 
de  contracter  ce  lien  ,  avec  la  perspective  de 
tout  quitter  pour  le  service  de  la  republique  , 
aient  été  la  cause  de  leur  empressement  à  former 
ces  nœuds.  On  pourrait  en  assigner  une  raison 
assez  plausible  dans  le  sentiment  de  justice  na- 
turelle ,  qui  porta  la  convention  nationale  à 
excepter  les  jeunes  gens  mariés  de  la  première 
réquisition.  Il  est  dans  la  nature  de  se  flatter 
que  la  législation  en  reviendra  à  ces  principes  , 
.  et  c'est  dans  celte  espérance  qu'on  contracte  pié- 
maturé.ment  des  ecgagemens  qui  peuvent  sous- 
traire aux  périls  de  la  guerre. 


Il  est  encore  à  remarquer  que  la  cnlonn  •  des 
détens-.-uri  vivans  a  été  généraletneni  mal  faite  , 
beaucoup  de  maires  n  y  ayant  point  compris  ceux, 
qui  iont  à  1  arniéf  ,  et  ceux  qui  ne  d.  nn^-n'  point 
de  nouvelles  à  leurs  par^-ns  ;  qu'eu  conséquence  , 
elle  est  de  moitié  au  moins  trop  faible  ,  eu  é^'.ard 
at\  noni-bre  des  batjilloiis  et  des  milil  iies  fourt.ls 
par  ce  départeineiu.  Il  a  été  iinpossi'5!e  jusqu'.î 
présent  de  (a-re  reclifi:-r  ces  erie'jrs  par  les 
maires  ,  à  raison  de  U  difficulté  et  des  lenteurs 
de  la  correspondance  ^vec  eux. 

Aussi  ,  en  aioutant  six  mille  individus  à  cette 
classe  ,  on  croit  être  dans  l'exacte  proportion  de 
la  vérité. 

Si  l'on  se  porte  aussi  ,  en  suivant  l'opinion 
générale,  à  ajouter  un  huitième  au  total  de  la 
population  établie  au  présent  étal  ,  on  irouvc 
qu'il  doit  être  de  35o,75o  âmes.  En  défalquant 
de  ce  huitième  les  6000  individus  ajoutés  à  la 
classe  des  défenseurs ,  on  reconnaît  que  la  popu- 
lation réelle  de  ce  département  a  augmenié  depuis 
1790  ,  de  14,2  1 1  individus  ,  "puisqu  elle  était  en 
1790  ,  de  339.789. 

Tous  les  hommes  observateurs  et  éclairés  , 
consultés  sur  ces  données  ,  reconnaissent  qu'elles 
sont  justes.  On  est  donc  fondé  à  croire  que  la 
véritable  population  de  ce  département  est  près 
'de  35o,75o  individus  ,  c'est  au  moins  le  calcul 
le  plus  plausible  et  le  plus  approximatif  qu'on 
puisse  donner. 

CHER. 

Je  vais  répondre  aux  observations  que  vous  me 
fanes  par  vOjtre  lettre  du  23  vendémiaire  dernier 
relativement  à  l'état  de  messidor. 

J'avais  remarqué  que  la  bonne  qualité  des  ali- 
mens.et  dans  certains  cantons,  la  saubtiié  de  l'air  , 
avaient  sur  la  population  du  département  une 
influence  favorable;  vous  raobseivez  que  cette 
cause  ct.rnt  iiermanente  ,  il  en  fauaraii  conclure 
«lue  la  populaiion  de  lancienne  province  du 
Beiry  a  dû  Sâns  cesse  s'accioûre.  Je  suis  porté  à 


penser  qu'e.o  effet  cet  accoisstment  a  eu  lieu 
jusqu  à  présent ,  du  mo  ns  pour  la  partie  que  ren- 
ferme le  département  du  Cher  ,  d'après  le  relevé 
que  je  fais  1  lire  du  noniDre  des  naissances  ,  ma- 
riages et  décès  de  chaque  ca.riion  d,.puis  dix  ans; 
j'a  irai  l'Iio^tjcur  de  vous  communiquer  le  résuhaf 
de  ce  travail  aussitôt  qu'il  sera  siiftî.^sni  pour 
qu'on  pu:sie   isseoir  des  donn."es  positives. 

Li  pO[iu'aiion  de  l'ancie.me  province,  ajoutez- 
vous  ,  érait  calculée  auirefoii  à  747  h^bitans  par 
lieue  quariée.  Il  m  :  paf.ît  démontré  qu'un  pareil 
résultai  nauijit  pas  été  obtenu  sur  la  seule  partie 
qu'embrasse  aujourd'hui  le  diparicncnl  du  Cher  , 
et  qui,  suivant  ce  calcul,  aurait  dij  avoir  alors 
267,720  hibitaos  ;  prenons,  -.-n  >ffït,  le  terme 
moyen  des  naissanci-s  des  mois  d»  messidor, 
thermidor  et  fiuctidor  an  8  ;  en  défalqunnt  du 
to;al  de  ce  dernier  mois  le  6',  eu  égard  aux  jours 
coniplépaentaircs  ,  ce  qui  n  est  pas  à  la  vérité 
rigoureusement  juste  ,  puisque  ces  jours  se  trou- 
vent dans  la  somme  totale  de  Tannée  ,  nous 
aurons  pour  nom'ore  moyen  760  naissances ,  qui  , 
prises  pour  un  12'  et  multipliées  par  25  |'  ne 
donnent  qu'une  population  de  234.840  individus , 
c'est-à-dire  652  habitans  par  lieue  quarrée  ,  diffé- 
rence extiême  avec  le  nombre  de  747  ,  et  rendue 
encore  plus  sensible  d'après  ce  que  j  ai  avancé 
plus  haut  touchant  l'accroissement  de  la  popu- 
lation. Ainsi  ,  quoiqu  on  ne  puisse  pas  asseoir  des 
données  certaines  sur  un  seul  trimestre,  je  me 
crois  bien  fondé  à  conclure  ,  que  les  calculs  de 
population  de  la  ci-devant  généralité  duBerry  ne 
sont  pas  applicables  ,  sans  restrictions  ,  au  dcpar-  ' 
leuient  du  Cher  ;  et  ceci  acquiert  un  nouveau 
degré  d  évidence  lorsque  Ion  considère  que  ce 
déparlement  est  à  la  veiiié  la  partie  de  I  ancienne 
provi;ice  du  Berry  la  plus  importante  par  sa 
position  au  centre  de  la  France  ,  par  le  nornbic 
et  l'éterjdue  de  ses  villes  ,  par  la  lertiliié  de  son 
sol  et  la  variété  de  ses  pioductions  .  mais  qu'il 
n'en  est  ceriaincment  li  partie  ri  'a  plus  com- 
merçanie  ,  ni  la  plus  peuplée.  Pour  obtenir  ces 
avantages  qui  lui  manquent ,  il  ne  faudrait  que 
des  canaux  et  des  routes. 


'      ^91 


LOT    ET    G  AR  ONN^Ë. 

On  ne  peut  avoir  que  des  no'ions  très-incer- 
taines sur  l'état  actuel  de  la  population  du  dc- 
paitemenl,-  et  sur  son  rapport  à  cï  rju'e'le  était 
avant  la  révolution  ,  les  élénieiis  positifs  pour 
cette  deiniere  donnée  maijijuaiit  absolumtnl  ; 
les  subdélégaiions,]  d'int  ndnncc  ne  répondaient 
poini  k  la  division  lerriioriale.  par  départemens , 
et  la  seule  base  sur  laijuellc  je  puisse  fonder  mes 
calculs  pour  cet  objet  ,  est  le  premier  état  de 
population  formé  dans  ce  département  dans  les 
premières  années  de  la  révolution.  Elle  y  est 
portée  pour  367.800  âmes;  celle  sur  laquelle  la 
contribution  personuelle  pour  l'an  8  y  a  été  éta- 
blie ,  est  de  339.821  ;  le  résultat  du  dernier  état 
que  je  viens  de  faiie  d'après  vos  ordres  ,  et  qui 
vous  sera  transmis  incessamment,  puisqu'il  ne 
jnaoque  qu'une  ou  deux  petites' communes  pour 
le  completter ,  est  de  325, 53i.  j'ai  voulu  joindre 
à  ces  aperçus  celui  que  me  fournissait  le  tableau 
des  naissuices  que  je  vous  transmets  tous  les 
mois  ,  par  la  suppuiaiion  des  5  mois  que  j'ai  déjà 
reçus ,  et  j'ai  reconnu  qu'en  mu!tipliant  la  somme, 
raême  par  trente  qui  est  un  terme  ttop  élevé  ,  le 
produit  restait  infiniment  au-dessous  de  tous  ceux 
dont  je  vie'.^s  de  vous  donner  la  note.  On  doit 
en  conclure  d'abord  ,  que  l'état  des  naissances 
fourni  chaque  mois  par  les  communes  ,  est  loin 
d'être  exact ,  quoique  très-facile  à  faire.  Les  maires 
des  petites  communes  ,  qui  forment  la  plus 
grande  partie  de  celles  de  ce  départerâent  ,  sont 
ijicapables  de  la  moindre  opération  administra- 
tive :  il  est  très-urgent  pour  le  bien  général  que 
la  réunion  des  communes  s'opère.  Alors  seule- 
ment on  pourra  se  flatter  de  trouver  queiqu'int.-l- 
ligence  dans  ces  fonctionnaires.  Qj-iant  aux  di- 
veis.  résultats  de  tableaux  de  population  depuis 
1790,  ils  sont  loin  de  donner,  selon  moi,  une 
idée  juste  des  différences  réelles.  Il  est  coiisiant 
que,  depuis  iTgS,  toutes  les  demandes  de  ce 
genre  qui  ont  été  faîtes  ,  pnl  cxciié  plus  ou  moins 
la  défiance  des  citoyens,  que  tous  les  recense- 
mens  ont  été  fautifs  ,  et  qu  on  n'a  génér.demcnt 
voulu  voir  dans  une  grande  mesure  d'adminis- 
tration ,  que  des  moyens  piéparaioires  pour  as- 
seoir une  contribution  nouvelle  ou  pour  imposer 
quelque  contrainte  Les  tcms  qui  ont  pu  inspirer 
de  pareilles  pensées  sont  passés.  Tout  le  monde 
éprouve  ,  el  il  est  peu  de  personnes  qui  necoii- 
vicnnent  ,  que  le  «louveinement  qui  nous  régie 
n'est  a-.'imé  que  par  la  vue  du  bien  public  et  le 
désir  du  bonheur  des  français  ;  il  n'est  pas  dou- 
,  {leux  qu'à  l'avenir  ils  ne  s'empressent  tous  ,  en 
'secondant  ses  mesures  de  concourir  au  but  qu'il 
sp  propose  ,  et  vers  lequel  il  marche  à  pas 
assurés. 


Il  résulte  d'un  relevé  fait  à  Marseille  stlr  les 
registres  de  l'hôpital  des  Insensés,  quelques  faits 
que  les  médecins  doivent  comparer  à  ceux  qu'ils 
ont  occasion  d'oLserver  ail!eurs. 

Depuis  et  y  compris  1776  josques  et  y  compris 
)'aD8(i799),  il  est  entié  dans  cet  hospice  824 
personnes  dont  437  femmes  et  38?  hommes  ;  il 
en  est  mort  294  dont  160  femmes  et  i34  hommes  ; 
en  fesant  un  relevé  par  trimestre,  on  trouve  dans 
celui  d'hiver  , 

i6o     entrées  ; 

s65     dans  celui   de  printems  ; 

2  12      dans  celui   d'élé  ; 

187     dans  celui  d'automne. 

824 


proclamation  qtie  vieiîl  de  faire  le  président ,  nous 

appicnd  (juc  le  génëralRannJion  ,  également  pré- 
seti'é  par  lu  coi  ps-legislaiif ,  le  premier  consul  et 
le  tribunal  ,  csi  nommé  de  droit  sénateur  ,  ainsi 
il  est  inutile  q  ii'  vous  attendiez  que  L-  cit.liarapon 
son  ii.'siallé  p"ur  uo.nmer  un^nouvenu  candidat, 
je  dercaiide  donc  qu'il  soit  nommé  à  1  instant. 

Cette   proposition   est  adoptée. 

En  conséquence  ,  le  iribu  'at  procède  à  un 
premier  scrutin  indicatif.  Voici  les  noms  des 
citoyens  qui  forment  la  liste  proclamée  par  le 
président. 

Desmeuniers  19  voix  .  Crassous  ig  ,  Grégoire  6,, 
Treiihard  3  ,  Gérard  Rtnneval  3  ,  Lafond-Lade- 
bat  ,  Bergerot  ,  d'Eymar  ,  préfet  du  Léman  ; 
Lie  -mbe  Sainl-Michel  ,  Thibaut  ,  chacun  deux 
voix  ,  Chalry-Lafosse  ,  Duquesnoy  ,  maire  du  10"^ 
arrondissement  ;  Fnllard  ,  minière  ])lénipoten- 
tiaire  ;  Kervclegan  ,  Mulot  .  Duval ,  ex-  égislateur  ; 
Parmenlier  ,  de  l'i.istitut  ;  Dtlamane  ,  négociant  ; 
Mour^ues  .  ex-minisire  :  Chalons  ,  régisseur  des 
douanes;  Carnot  et  Dupont  ,  de  Nemours  ,  ont 
réuni  chacun   une  voix. 

Il  sera  procédé  à  un  second  scrutin  dans  les 
formes  voulues  par  le  règlement. 

La  séance  est  levée  et  ajournée  au   7. 

C  ORPS-LÉGISLATIF. 

Présidence  de  Bourg- Laprade. 

SÉANCE     DU    5     NIVOSE. 

Un  secrétaire  fait  lecture  des  procès-verbaux 
j  des    deux  dernières  séances. 

Plusieurs  membres  demandent  la  suppression 
I  de  quelques  détails  dans  celai  de  la  séance  ex- 
I  traordinaire  du  4. 

D'autres  proposent  de  passer  à  l'ordre  du  jour 
sur  les  réclamations  tendaiiles  à  modifiei-  le 
procès-verbal. 

Le  corps-législatif  passe  à  l'ordre  du  jour,  et 
la  rédaction    du  procès  veibal  est   approuvée. 

Un  membre  annonce  que  tia  rnprt  vient  d'en- 
lever à  ses  fonctions  de  législateur .  le  citoyen 
Lucas,  du  dépanement  de  1  Allier.  Le  corps- 
législatil  arrête  que  vingt-quatre  de  sçs  membies 
assisteiont    à    ses    furtérailies. 

On  lit  une  lettre  du  citoyen  Dedelay-d'Agier. 
Il  annonce  qu'il  vi;nt  d'être  admis  dans  le  sein 
du  sénat-conservateur,  el  prie  le  président  de 
témoigner  à  ses  anciens  col  egues  toute  sa  gra- 
titude pour  la  confiance  dont  ils  out  bien  voulu 
1  honorer. 

L'assemblée  artête  qu'il  sera  fait  mention  de 
cette  l'.ttre  au  procès-verbal  ,  et  que  le  gouver- 
nement ,  le_  sénat  -  conservateur  et  le  tribunal 
seront  avertis  par  un  message  de  la  vacance 
de  deux  places  dans  le  corps  -  législa  if  ,  parla 
mort  ou  citoyen  Lucas,  et  l'adraissron  de  De- 
delay-d'Agier au  nombre  des  sénateurs. 

La  séance  est  levée  et  indiquée  à  demain. 


q? 

morts  en  hiver  ; 

fà 

au   printems  ; 

47 

en  ete  ; 

77 

en  automne. 

294 

Ainsi ,  il  esteniréplus  de  femmes  que  d'hommes  ; 
le  plus  grand  nombre  des  entrées  est  au  printems 
et  en  été  ,  le  moindre  en  hiver  et  en  automne.  La 
plus  grande  morialiié  en  hiver  et  en  automne  , 
la  moindre  en  été  et  au  piintems  ;  mais  celle  de 
1  été  est  moindre  de  moitié  de  celle  de  l'hiver. 

Les  entrées  les  plus  nombreuses  sont  en  1787  , 
les  moindres  en  1799.  ^^  P^"s  grande  mortalité 
en  1777 ,  la  moindre  en  1779. 


T    R    I    B    U    N    A    T. 

Présidence  de  Mouricault. 
SÉANCEDU     5     NIVOSE. 

Un  secrétaire  fait  lecture  du  procès-veibal  ; 
la  rédaction  en  est  adoptée; 

On  procède  à  un  second  tour  de  scrutin,  pour 
la  nomination  d'un  candidat  au  sénat  -  conser- 
vateur ;  sur  82  volans ,  le  général  Ranipon  a  réuni 
76  voix  et  a  été   proclamé   candidat. 

Thiesié.  Je  demande  que  nous  procédions  dans 
celle  séance  à  un  nouveau  scrutin  indicat  f 
pour   la   préscnlalion  d'un  second  candidat.  La 


LITTÉRATURE. 

L'ÉLOGE  FUNEBREdes  généraux  KIcber  el  Dcsaix, 
qui  fut  prononcé  le  1"  vendémiaire  an  9  à  la 
place  des  Victoires  ,  par  le  citoyen  Girat  ,  mem- 
bie  du  sénat-conservateur  et  de  l'institut  niilio- 
nal  .  vient  de  sortir  des  presses  de  l'imprimerie 
de  la   république, 

Nous  ne  pouvons  donner  qu'un  extrait  de  cet 
intéressant  ouvrage  oii  le  talent  de  l'orateur  s'est 
montré  digne  des  grandes  actions  qu'il  raconte 
el  des  hommes  illustres  qu'elles  ont  immortalisés. 
Mais  en  t^etranchant  le  moins  qu'il  nous  sera 
possjble  à  ces  faits  si  importans  ,  à  ces  portraits  si 
précieux  ,  nous  regretterons  encore  tout  ce  que 
nous  serons  obligés  de  sacrifier. 

Cet  éloge  funèbre  est  précédé  d'un  avenisse- 
raent  dans  Icquell'orateurannonce  qu'il  apuiséles 
faits  aux  sources  les  plus  pures.  Ce  sont  les  com- 
pagnons d'armes  des  deux  généraux  dont  il  parle 
qui  ont  fourni  les  principaux  traits  qui  les  carac- 
lérisenl  ;  cette  particulaiiié  prouve,  avec  tant 
d'autres,  que  l'envie  n'approche  point  de  ces 
âmes  généreuses,  et  que  nos  guerriers  n'ont  pas 
besoin  pour  faire  briller  leur  gloire  d'affaiblir 
celle  de  leurs  rivaux. 

Djns  ce  même  avertissement,  l'auteur  fait  sen- 
tir combien  la  guerre  de  la  république  a  été  dif- 
férente des  guerres  prétédenles  ;  il  paraît  désirer 
vivement  que  l'histoire  de  cette  guerre  soit  écrite 
par  une  plume  exercée.  Q,ui  peut  mieux  que  lui 
remplir  ce  vœu  ? 

L'éloge  funèbre  est  suivi  de  notes  hisloriques. 
Le  nom  de  l'auteur  dit  assez  combien  elles  doi- 
vent être  intéressantes, 

Nous  passons  à  l'extrait  que  nous  avons  promis. 

))  L'éloge  des  héros  d'une  république  n.-  doit 
être  que  leur  histoi»e  :  sans  doute  ,  tout  ce  ciu'ont 


fait  Rleher  et.Dcsaix  ,  je  ne  potirrai  pâS  le  dii-e 
dans  les  bornes' d'un  discours;  riiais  dans  Ci 
que  j'en  dirai  ,  on  verra  si  les  honiiues  qui  d^^ 
tendent  la  liberté  honorent  la  nature  humaine  : 
s'ils  doivent  être  l'amour  de  la  terre,-  ei  I  efFrtil 
de  ceux  qui  veulent  en  rester  les  domiria'teufs  et 
les'  maîtres.  :    i;-  ;,  '  <  ,-, 

n  KIcber  et  Desaix  ,  destinés  avec  des  carac- 
tères qui  se  ressemblaient  peu  ,  à  être  rappioc'héS 
si  souvent  par  les  circonstances  de  leur  viÈ  et 
de  leur  mort  ,  ne  font  èclater^ni  l'un  ni  l'autre  ; 
aux  premiers  jours  de  la  liljerté  ,  cen  passions, 
révolutionnaires  qu'à  cette  époque  il  fallait  avoir 
ou  aHecter.  L'un  venait  de  ^quitter  le  seivice 
militaire  delà  maison  d  Autriche  ;  1  autre  venait 
d'entrer  dans  un  des  régimçus  de  Louis  XVL 
Sans  opinion  arrêtée  tous  les  deux  sur  les  dif- 
lérens  systèmes  d  ordre  social  ;  incapables  tous 
les  deux  dembiasser  le  nouveau , système  par 
I  ambition  d'y  jouer  un, rôle;  mais  ;  nés  tous  les 
deux  avec  des  âmes  sirnidcs  .et  fieres- ,  quand 
ils  entendent  la  nation  dire  ,  je  veux  BRISER 
MES  FERS  ,  et  quelijues  hommes  lui  répondre  , 
TU  LES  GARDERAS  ,  i Is  s'indignent  avec  cette  na- 
tion ,  el  un  mouvement  indélibéréde  leur  ai^ie 
les  lie  à   la  cause  la  jllus  juste. 

;t  A  Béfort,  oià  se  trouve  KIcber  ;  qui  n'est  en 
ce  mom  ni  qu  un  architecte,  ce  n'est  pas  le 
peuple  qui  s'insurge  ,  c  est  le  régiment  Royal- 
Louis  qui  ,  se  soulevant  contre  le  peuple  ,  marche 
en  armes  contre  des  <  fticters  municipaux  déf.  ndus 
par  leurs  seules  échatpes.  Du  milieu  de  la  foule 
dispersée  ,  Kleber,  le  sabre  à  la  raain  ,  s  élance  ;  il 
couvre  de  son  corps  élevé  et  pui.sant,  les  magis- 
trats menacés;  repousse-  des  soldats  étonnés  de 
voir  tant  de  courage  oii  ils  uc  vo.tnt  p^s  un  uni- 
forme ;    et  avec  cet  accent  do  la  raciale  nationale 


qui  prenait  alors  tant  de  d  gniié  dans  sa  pureté', 
piésenle  un  défi  personnel  aux  deux  colonels  du 
régiment  en  lévolte.  ' 

)!  Cet  élan  subit  oii  se  manifestent  déjà  tout  son  ca- 
ractère et  tout  son  courage,  le  porte  .C'inime  simple 
grenadier  ,,  dans  le  troisième  balaiilriii  du  Haut- 
Rhin  ;  l'élevé  rapidement ,  mais  par  toUi  les  giades 
successils  .  à  celui  d'adj  udant  général  :  et  ;ans  U 
rnême  campagne,  c'est  à  lui  qu'tsi  confiée  la  dé- 
lense  du  camp  retranché  de  Mayctice  ;  c'est  hù 
qui  ,  au  sié^e  de  crue  place  ,  con.nnande  et  e-/ié- 
cute  ces  sorties  :eBiberath  cl  de  Miricnborn,  qui 
curent  alors  tL'Ut  l'éclat  des  vicioiies  ;  c'est  lu  qai 
est  indiqué  aux  aimées  el  à  la  république,  comme 
une  de  leurs  plus  belles  espéranc-s  ,  par  ce  jeune 
génér.il,  pjr  ce  Meunier  qui  avait  poué  à  la  guerre 
le  génie  des  d'Alemberl  et  des  Euler  ,  et  qu'un 
coup  de  canon  enleva  à  la  fleur  de  son  âge  et  au 
I  milieu  des  nouvelles  applications  d'une  géométrie 
sublimt  à  l'art  des  combats  et  des  héros. 

)'  C'est  d'une  circonstance  imprévue  etpresque 
1  du  hasardquen art,, également,  la  première  aciion 
,  dans   laquelle   l'ame  de  Desaix   peut  sentir  toute 
I  sa  force  et  la  faire  coiinaÎTc  aux  autics.  La  guijtre 
'  est  préparée  ,  mais  elle  ne  se  f-a;i  pas  encore  ries 
armées    sont  en    piésence  ,   elles   se    ng.-rdcnt. 
Desaix  ,  simple  a  dc-de-camp  ,  revenait  à  une  de 
ces    promenades    solitaires   quil    fesait    loin    des 
murs  de  Landau  ,  contemplant  la  nature  entière  , 
et    observant    avi  c    un   goût   particulier    celui   dj 
ses   lègues  rjui    a    toujours   eu   le  plus   ii'attraii'S 
pour  les  âmes  douces  et  paisibles.   Tout-à-coup 
il  voit  la  c  mpagne  et  ses  végétaux   couverts  de 
tourbillons    de   poussière-  ;   il    entend   des   cris   et 
des  btui  s   d'-armes  ;  il,  court   aux   feux   d'-où   ils 
partent.  C'était  un  choc  ,   c'ét  it  un  combat  entre 
une  forte  reconnaissance  française  et  3  escadroi^ï 
aulrich'ens.  Sans  armes  ,  n'ayant  qu'une   craua('/H 
I  à  la  main  ,  Desaix  s<.  jette  au  milieu  de  la  nié^;i,  p 
ij  est  rcnvetsé   tt    fait  prisonnier  :  on  le   dég.'ge  ; 
il  recomm  vncc  à   combattre  ,  et  rentre   dans  Lan- 
dau avec  h  rccrmnaissance  victorieuse  ,  et  un  pri- 
sonnier qu'il  a  l'ail  lui  même. 

j>  Jusqu'à  ce  moment,  dans  la  maison  pater- 
nelle, dans  les  maisons  d'éd  cation  ,  dans  les 
g.>rnisous  ,  partoui  où  avait  été  connu  De«a;x  .  rn 
lui  avait  donné  le  surnom  de  Sage;  depuis  ce  m<  - 
ment  on  lappcle  encore  à  L.rmée  le  Brave;  et 
ces  deux  noms ,  qu  il  méntera  toujours  également, 
i  accompagneront  le  reste  de  sa  vie. 

"  Dés  ce  moment  ,  en  effet  .  par-tout  ovi  il 
y  a  un  succès  à  obtenir  ou  un  revers  à  léparer  ', 
aux  lignes  de  Weissenbourg  ,  après  qu'elles 
furent  forcées  ;  à  1  affaire  de  Lauterbourg  ;  dans 
plusieurs  cornbais  sous  les  murs  de  Strasbourg 
même;  partout  Desaix  donne  aux  chefs  des  vues 
qui  les  éclairent,  aux  soldats  lexemple'de  ce 
courage  qui  ne  brave  pas  seulement  les  dangers  , 
mais  les  désire  ,  les  appelle  el  jouit  de  leur  pré- 
sence. A  Laulerbourg  ,  où  une  balle  luia  percé 
les  deux  joues  ,  ilsairache  à  ceux  qui  veulent 
l'arracher  du  champ  de  bataille  ;  son  geste  com- 
mande plus  éloquemmenl  aptes  qu'il  a  perdu  la 
V  iix  ;  il  n'exprime  d'autre  douleur  que  celle  de 
voir  nos  bataillons  en  tlcsonlre  ,  et  -c  conneiit 
à  se  faire  panser  qu'après  les  avoir  ralliés.  De- 
va  t  Strasbourg,  attaquées  par  des  ennemis  trés- 
supérieurs  en  nombre,  ses  troupes  pi  eut  et  se 
reiiréni.  Il  se  jette  au-devant  d'elles. — Générât, 
n  avez  vous  pas  ordonné  la  retraite  !  Oui,  s'éciie  , 
Desaix,  mais   c'est  cellt   de  l'ennemi.  —  A  ce  cti 


m 


d'une  ame  si  fierc,.  eî  n**'  ménageait  avec  tant  de 
délicatesse  la  fierté  des  soldats,  l;s  soldats  de 
Desaix  ,  coranae,da:is  une  manoeuvre  d'exercice  , 
se  retournent  ,  fondent  sur  un  ennemi  qui  se  croit 
vainqueur,  ei  ne  lui  laissent  pas  même  la  ressource 
de  la  ('mitf. 

5>  C'est  au  bruit  de  ces  actions  érlalant.  s  que 
Desaix  ,  Bdniir.é  dans, l'armée  et  accusé  auprès  du 
conniié  <Je  çu)ut  public,  raarulie  long-lciiis  entre  les 
récompenses  qui  I  .jvauçtn!  en  çtrade  ,  cl  des  des- 
lîlulions  qui  je  ffieuftcçnl  (\e  la.îi^i  des  traîtres. 

'  ''il  A 'ces  rtiêmes 'époques  Kleber  qui  avait  déjà 
iirt  nom  milisaive,  et  qui  n'avait  pas  encore  un 
grade  supérieur,  était  emp'oyë  à  une  guette  où 
les  destitutions  et  les  échafauds  ,  les  fureurs  du 
fanatisme -royal  et  les  fureurs  du  fanatisme  de  la 
liberté,  l'e'nvitonnaient  de  dangers  qu'on  n'ap- 
prend pas  à  braver  et  à  vaincre  dans  tes  batailles 
er  dans  les  victoires.  Il  avait  été  envoyé  dans  la 
Vendée  à  la  lete  de  l'une  des  colonnes  de  la 
brave  garnison  de  Mayénce.  >>  ■ 

L'orateur  trace  ici  le  tableau  de  la  Vendée.- 
!»  Au  moment  où  Kleber  y  arrive  ,,.ajoute-t-il  ,  il 
n'en  est  pasd'abjord  assez  allarmé  :  il  y  trouve  au 
rang  de  général  en  chef,  tiar.is  pour  un  instant  , 
Carreaux.  ,  qiii  se^t  avec  loyauté  et  avec  succès  la 
républitjue  ,  avec  des  cotinaissaiices  militaires 
acquises  sous  la  monarchie  ;  et  dans  les  seconds 
r;|ngs ,  Marceau  ,  Bea'jpui ,  Savary,  "Wertermann  , 
Bbss ,  foms  ciiers  à  la  liberté  ,  pour  laquelle  pres- 
que'tous  ont  vécu  et  sont  morts.  Kleber  a  peitie 
à  comprendre  cOiT;ment  ces  rebelles  ,  entourés 
de  femmes  et  de  piètres,  qui  rorm..-nt  des  mul- 
titudes plutôt  qu'une  armée,  pourront  disputer 
un  seul  succès  aux  bataillons  qu'il  commande  et 
qiri  viennent  de  se  battre  avec  gloire  coi.lre  les 
meilleures  tioupes  de  l'Europe, 

!),Le  plan  a  ét^é  arrê(c  de  glisser  une  partie  des 
troupes  de  la  république  entre  les  côtes  de  la  mer 
et  les  rebelles  ,  pour  piévénir  toute  descente  des 
anglais';  d'enlever  en  même  teins  aux  rebelles  les 
villes  et  les  postes  qu'ils  occupent  le  long  de  la 
Loire  ;  de  les  rejeter  de  tous  les  cô;és  les  uns  sur 
les  autres,  de  les  resserrer  tous  au  ctnt:e  même 
de  la  rébellion  pour  le?  désarmer  ou  pour  les  dé- 
truire lotis  dans  un  seul  comb.tt.  —  Klebe,r  ,  avec 
tjuaire  mille  hommes  seulement  de  la  garnison  de 
^'I.lyence  et  quatre  canons  ,  se  charge  de  chasser 
les  rebelles  de  Fiflauge  ,  et  marche  sur  eux  sans 
s'informer  de  leur  nombre  :  il  les  découvre  au 
nombre  de  vingt-cinq  ou  trente  mille  hommes  , 
placés  sur  des  hauteurs  avec  une  artillerit- formi- 
dable ,  et  de  là  remplissant  les  airs  et  les  creun  des 
vallons  de  hurlernens  plus  afFreux  que  tous  les 
éclats  de  leur  tonnerre.  Il  les  attaque;  et  quoique 
si  inférieur  en  forces,  plusieurs  fois  il  les  ébranle; 
il  est  près  de  les  précipiter  de  ces  sommets  où  i) 
est  si  difficile  de  les  atteindre  :  mais  leur  nombre, 
qui  semble  croître  à  mesure  qu'ils  tombent,  s'étend 
«t  se  déborde  sur  ses  deux  aîles  !  enveloppé  de 
toutes  parts  ,il  ne  lui  reste  presque  plus  ni  d  espace 
pour  combattre  ,  ni  d'issue  pour  se  retirer.  Si  les 
rebelles ,  qui  se  sont  emparés  de  ses  quatre  canons 
et  qui  le  poursuivent  avec  rage  ,  ne  sont  pas  arrêtés 
assez  de  tems  au  passage  d'un  ravin  ,  toute  retraite 
est  impossible.  Kleber  appelé  un  officier  pour  qui  il 
avait  ui'e  estime  et  une  amitié  particulière.  Prends, 
lui  dit-il,  une  compagnie  de  grenadiers  ;  arrête  l'ennemi 
devant  ce  ravin  :  tu  te  feras  tuer  ,  et  tu  sauveras  tes 
camarades.  —  Qui,  mon  gênera/,  répond  l'ofEcier,  qui 
f.'Çoit  et  qui  exécute  l'ordre  de  se  faire  tuer  comme 
si  c'eût  été  celui  de  franchir  le  ravin.  La  marche  des 
rebelles  est  suspendue  par  ce  dévoûmenl,  le  même 
que  celui  des  trois  cents  Spartiates  que  l'histoire  a 
raconté  à  tous  les  âges  comme  la  merveille  de 
l'amour  de  la  pattie;  et  Kleber  ramené  àNanies  la 
garnison  de  Mayence,  si  nécessaire  aux  succès  de 
cette  guerre.  O  toi  qui,  en  sauvant  tes  caœarad.  s  , 
donnas  ce  sublime  exemple  aux  soldats  de  toutes 
les  républiques  ,  la  première  admiration  de  nos 
âmes  émues  sans  doute  t'appartient  ,  et  semble  ne 
laisser  de  place  à  aucun  autre  sentiment  :  mais  au 
moment  où  tu  étonnes  la  nature  humaine  ,  celui 
qui  te  demanda  ce  dévouement,  comme  on  donne 
d'un  mot  l'ordre  militaire  le  plus  simple  ,  étonne 
autant  que  toi;  et  tu  partageras  sans  regret  les  hom- 
mages éternels  de  ta  patrie  avec  le  général  qui 
t'aima  et  thonora  assez  pour  t'ordonner  de  mourir 
pgurele. 

îi Cet  événement,  qui  ne  peut  pas  être  oublié  , 
apprend  à  Kleber  que  si  la  science  militaire  ne 
peut  pas  trouver  de  grandes  applications  dans 
la  Vendée  ,  tout  le  génie  de  la  guerre  y  est  par 
cela  même  plus  nécessaire.  C'est  la  seule  leçon 
dont  il  avait  besoin  ;  et  en  la  recevant  une  fois  , 
il  s'en  souviendra  assez  pour  la  donner  toujours 
aux   autres. 

>)  Dès  ce  moment  ,  suivant  que  les  mouvemens 
de  l'armée  sont  déteiminés  par  les  conseils  de 
■Kleber  ou  par  les  ordres  du  général  en  chef  , 
l'armée  est  victorieuse  ,  ou  elle  est  battue.  )> 

L'orateur  cite  ur,e  multitude  de  faits  éclatans  à 
l'appui  de  celte  assertion.  Cependant  Kleber  est 
exilé  à  Cbateaubriant  :  quels  étaient  ses  tons  ? 


Il  jugeait  trop  scvéreajent  les  pouvoirs,  do  lit.  il 
recevait  ks  ordres  avec  soumission  ;  il  les  blessait 
par  des  sarcasme». 

L'orateur  rappelle  avec  horreur  la  loi  qui  or- 
do.nnaii  une  guerre  à  mon.  u  Parmi  tant  de  géné- 
raux de  la  république  ,  dit-il  ,  trop  magnaniraes 
pour  soulll- r  ainsi  Ij  victoire  ,  aucun  ir  avait  dé- 
sobéi jvtc  moins  de  mystère  rjue  Kleber;  aucun 
n'av;iii  clé  liiimain  avec  plus  d'iatrépidit •.  A  Sjint- 
Flori  ni ,  .1000  prisonniers  à  lî-fois  avaient  i.ù  la  vie 
à  K'cber  et  à  ;es  complices  Savary  et  Marceau  ;  (lai- 
lout  on  ils  donnai,  m  les  ordres  ,  les  hàmejix  et 
le.s  vi'Ies  étaient  dérobés  aux  flimmes  Ci.mnij  les 
p  uplesà  l.r  mon  :  en  vain  les  fureursdu  fjn.^lismè 
"les  sollicitaient  sans  cesse  à,  celte  Ipi  éternelle  ^t 
universelle  des  représailles  ;  la  prerniete  loi  fl'uiié 
république  fondée  sur  la  raison  était  pot:  r  Kleber 
de  ne  pas  suivie  l'exemple  des  tyrans  ,  et  d'obtenir 
l'amour  des  plus  rebelles  par  des  venus  auifi  in- 
cor.nues  à  la  terre  que  les  maximes  qui  les  soule- 
vaient. Dans  tous  les  lieux  où  paraissait  Kleber 
après  la  victoire  ,  la  mort  s'arrêtait,  ei  les  n.im- 
mes  étaient  éteintes,  Ah  !  qui  n'envierait  plus 
encore  que  le  plus  magnifique  triomphe  une 
disgrâce  ainsi  méritée  ! 


le  rcgardaiit;.,^  e'tt.tf  parce  quelle  sor-i  4<  «fOi  mains 
quelle  est  si  tour  di  ! 
II  Gardons-nous,  ah  !  gardons-nons  île  r loireque 
ces  vertus  ,  seules coiisoi.>li(u)S  de  la  guer  e  .ivant 
la  paix.n'.iieni  rien  de 
qui  .    durunt  la  guet  ri 
V-cioircs  n; 
ren'ient     I 
geuse  et  i 
tant   que  ji 


-miun  nr  avec  les  moyens 

la  guêtre,    pr-'iareiit  et  assurent  les 

vec  les  causes  qui  ,  apiès  les  victoires, 

paix     plus    facile   ,     pins     avanta- 

as     durable!    Je    battrai   les   ennemis 

serai    aimé   de    mes     sftldnts   ,      disait 


Dc.^i.ix  ,  et  il  en  était  adoié.  C'rsl  cet 
amour  de  ses  soldats  qui  donnait  à  son  génie 
naïuteiicmer'it  réser\  é  et  circonspect  ,  ta 'confiance 
et  l  essor  ijuj  conçoivent  Its  plans  les' plus  hardis 
et  les  plus  difficiles  à  exécrer  ;  c'est  cetamourde 
ses  soldais  ,  (jùi  sur'lc  Nccker  et  devant  Mayence, 
par  des  marches  si  inattendues  ci  par  des  actions 
si  périlleuses,  lui  fesait  réparer  les  échecs  et  les 
.re\ers  (ju'avaient  soufferts  d'autres  division^  ;  c'est 
cet  amour  de  Ses  soi'l:)ts  qui,  après  les  combats 
à  Offenbourg ,  àe  \^  Renchéri  ,  à'Eleingen  ,  auju- 
geincnt  de  toute  l'armée  .  lui  fit  décerner  la  plus' 
grande  part  dans  la  L;loirc  de  ces  joui  nées  :  c'est  cet 
araour  de  ses  soldats  qui,  daes  les  retraites  éter- 
nellement mémo-ables  dejourdan  et' de  Moreau  , 


ît  Un  hommetelqueKleber  aloujoursdesmovens  :  '^ndis  que  B^rnadotie  attachait  un  si  grand  éclat 


de  rtndreson  repos  même  utile  à  bipattie  ;  il  écri 
vail ,  à  Châteaubiiant  ,  une  histoire  ;e  ces  guerres  ' 
delà  Vendée;  elle  ne  sera  perdue-ni  pour  la  | 
nation  ,  ni   pour  la  postérité.  1 

Il  Les  prussiens    et  les    autrichiens  ,  frappant  ,  ' 
à  cette  même  époque  ,  à  toutes  nos  frontières  du 
Nord  et  du  Rhin  ,  devaient  abréger   la  disgrâce  ,' 
et    l'oisiveié   d'un    homme   aussi    nécessaire    que 
Kleber  à   la  défense  de  la  république  :  et  l'ingra- 
titude  même  ,  vaincue  par  le  b-soin  qu'on  a   de 
lui.l'rnvoie  à  l'armée  du  Nord  avec  le  grade  de 
général   de    divison  ,    au    moment    cù,   dans    le  l 
même  grade  .  Pesaix  remplissaii  l'aimée  du  Rliifi  j 
des  progrès  de  ses  talens  et  de  l'éclat  de  ses  scr-  ; 
vices.  i>  ( 


à  son  nom  dons  la  retraite  de  Jourdan  ,  lésait 
approcher  de  si  près  dans  l'autre  retiaite  le  nom 
de  Disai-x  du  nom  même  de  Mo:eau.  Mais  le» 
témoi;,n  gei-et  les  récompenses  de  ses  plus  beaux 
'exploits  ,  c'est  de  Moreau  lui-même  que  Desairc 
devait  les  recevoir  :  et  Moreau  ,  dè,<-lors  couvert 
deux  fo's  de  la  gloire  des  grands  hommes  de 
guerre  ,  d'abord  en  marchant  sur  Vienne  ,  et  en- 
suite en  se  retirant,  pour  décerner  un  digne  prix 
de  ses  services  à  Desaix  ,  le  charge  de  la  défense 
du  fort  de  Kelh.  n 

(La  suite  à  un  prochain  numéro .  j 


MUSEE     CENTRAL     DES      ARTS, 


L'or,iteur  rapporte  tout  ce  que  fit  Desaix  oen-  ■■  -^'^"  ''"•''   concuruns  pour  le  projet  de   monument 
!■)  •  '^  ^  *  .  .   ^  .       I       jr  „•/,... „  ;• ui ^-.^  J..   ri.'LL.^'  T- !..... . 


daui  l'hiver  pour  exercer  ses  troupes  à  tenir  téie 
aux  prussiens  ;  et  pour  assurer  la  si;bsistance  à 
sa  division  ;  il  donnait  aux  soldats  l'exemple 
de  la  frugalité. 

Cette  vie  si  si  simple  ,   et  qui  a  aussi  ses  dé 


à  élever  sur  remplacement  du  Château-Trompette. 

Le  ministre  de  l'intérieur  ,  vu  la  pétition  qui  li;i 

a  été  pré.ientée  par  la  presque  totalité  des   artistes 

qui  ont  concouru  pour  le  monument  à  élever  sur 

emplacement  du  Château-Trompette  ,  a  décidé 


lie  s  ,  nourrit  dans  ce  jeune  général  français  cette     1".''*  po"'"''"'  nommer  le    tiers   des   membres 


qui  doivent  composer  le  j'jry  chargé  de  prononcer 
sur  les  projets  qui  ont  été  exposés. 

L'administration  du  musée  étant  chargée  par  1^ 
ministre  de  prévenir  les  artistes  de  cette'  décision  , 
elle  les  invite  à  envoyer,  d'ici  au  12  nivôse  pré- 
sent mois,  au  conseil  d'adminislratio  :  ,  chacun 
une  liste  de  quinze  noms  au  plus,  de  l.iquelle  se- 
ront extraits  les  dix  noms  qui  auront  réuni  le  plu» 
de  voix  pour  être  examinateurs. 

Fot'HEKT  ,    administrateur. 

Avis  aux  artistes. — Prix  d'encouragement. 
La  commission  nommés  par  les  ariistes,  confor- 
mément à  la  letlrp  du  ministre  de  I  intérieur  du 
3  frimaire  ,  invite  les  peintres  ,  sculpteurs  ,  ar- 
chliccies  it  graveurs,  qui  sont  dans  le  cas  et 
entre  ,  ni  la  sûreté  ni  les  propriéi'és'de  ceux  qui  ne  j  l'intention  de  concourir,  ei  dont  les  production» 
sont  pas  sous  les  armes  ,  ne  sont  jamais  menacées  i  °"'  «'^  ^^'^^  '^'="<^  année  au  sailon  d'exposition , 
par  ses  troupes  ;  elUs  sont  toujours  protégées  :  !  ^  ^^"^  apponcr  au  Musée  celle  que  chacun  d'eux 
et  tout  ce  qui  est  conquis  sur  les  puissances  H^*"^  *°'^™^"''e  à  son  examen, 
grossit  religieusement  les  magasins  ou  les  trésors  Ces  objets  devrort  être  remis  le  i5  nivôse, 
de  la  réputjlique.  En  attachant  ses  troupes  à  sa  |  terme  de  rigueur,  la  commission  s'asKrablant 
personne,  non  par  des  complaisances  qu'il  n'eut  1  P"""^  ^'^^  juger  le  lendemain  i6  du  même  mois, 
jamais  ,  mais  par  une  bienfesance  toujours  active,  i  Foubert  ,  administrateur. 

Desaix  les  a  attachées   à  la  morale  ,  qui  le   con-  |  

serve  toujours  lui  même    pur    et   pauvre.  j  livresdivers. 

I)  Après  avoir  traversé  deux  fois  les  contrées  les  I  Marengo  ,  ou  la  campagne  d'Italie  ,  par  l'armée 
plus  riches  de  l'Allemagne  ,  rentrant  en  France,  à  I  de  réserve,  écrite  par  Joseph  Petit  ,  grenadier 
NeufBrisac,    on  est  obligé  de  payer  son  souper,     à  cheval  de  la  garde  des  consuls  ,    broch.  de  go 


probité  sévère  et  c;s  vertus  généreuses  qui  em- 
bellissent tant  l'héroïsme  et  la  victoire  dans  l'his- 
toire des    répubHques  anciennes. 

I'  Toutes  les  vues  de  son  esprit  sont  irès-jusies  , 
parce  qu'il  les  puise  au  fond  de  son  coeur  plein 
rie  droiture  ei  d  humanité  ,  ou  dans  les  écrits  de 
ces  bienfaiteurs  des  peuples  ,  de  ces  publicistcs 
philosophes  dont  les  pensées  soot  les  expressions 
delà  conscience  du  genre  humain.  La  guerre  pour 
Desaix  n'existe  qu'entre  les  puissances  elles  puis- 
sances :  <  lie  n'existe,  ou  du  moins  ne  doit  jamais 
exister  ,  ni  entre  les  particuliers  de  deux  nations 
ennemies  ,  ni  entre  tesparticuliers  et  lespuissanccs. 
La  discipline  la  plus  rigoureuse  a  fait  de  ce  prin- 
cipe de  la  raison  de  Desaix  ,  une  loi  toujours  res- 
pectée par  ses  soldats.  Dans  les  pays  ennemis  où  il 


pages. 

A  Paris ,  chez  les  marchands  de  nouveautés. 

-  ■  -  ^ 

Bourse  du  5   nivôse. 

Rente  provisoire 57   (r.  63  c. 

Tiers  consolidé '. Sg  fr. 

Bons  deux  tiers 1    fr.  6g  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  aS  c. 

Bons  pour  l'an  8 94  Ir.  88  c. 

Coupures Î2   !r.  5o  c. 


Employé  dans  les  négociations  avec  autant  de 
succès  que  dans  les  combats  ,  après  avoir  signé 
des  traités  de  paix  avec  plusieurs  princes  de  l'em- 
pire ,  non-seulement  il  n'is-n  exige  rien  ,  mais  il 
refuse  les  présens  que  l'usage  et  la  bienséance  sem- 
blaient prescrire  de  recevoir.  Ce  qui  est  permis  aux 
autres,  disait  Desaix,  ne  lest  pas  à  ceux  qui  com-  \ 
mandent  à  des  soldats. 

))  Aussi ,  que  de  mots  échappés  et  de  la  bouche 
des  soldats  ,  et  de  la  bouche  des  peuples  de  l'em- 
pire ,  lui  rendent  ces  hommages  du  respect  et  de 
l'amour,  si  préférables  aux  soumissions  accordées 
à  la  force  et  à  la  puissance!  _  |  SPECTACLES. 

Il  Les  troupes  françaises  entraient  un  jour  dans  Théâtre  de  la  REPUEi.itjaE  et  des  Arts. 
la  Ijcrmanie,   et  des  paysans  Iternblans  souaient  j  ^uiourd    relâche 

de   leurs  chaumières   pour  les  abandonner  :  ils  i       théâtre   de  "la  rue    Feydeau.  Aujourd'hui 
reconnaissent    celui    qui    les   commandait.    ^A  !  h^  ,e  rcpr.  d'Ovinska  ,   opéra   en  3  acies. 
d,sen.-xh  ,  restons  ,  c  est  le  gênerai  Desaix;  d  veillera  l       iheatre    nu    Vaudeville.   Auj.    Voltaire;  la. 
surnotre  hameau.     ^  \  Manie  de  la  danse ..  ti  Prosine.  ■ 

iiUn  prince  de  l'Empire  ,  battu  ,  fuyait  devant  j  'i  héatre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Desaix:  la  caisse  du  prince  avait  été  portée  par  les  f  Auj.  l'Enfant  de  l'amour  ,  pani.  à  grand  spect.  ; 
troupes   ch-.z   le    général  vainqueur:    les   o-dres  î /a   Romance,  ei  Damoisel  et  Bergerette, 

étaient  donnés    de    la    transporter  chez  le  p.iye'ar  _— 1«_^_^_ 

général  ,  et  Desaix  a:.iraaic  et  gournaandaii  de  sa  LOTERIE     NATIONALE 

voix  quelques  soldais  qui  remettaient  la  caisse  .'cur  t      •    - 

la  voilure  aveceffort  et  lenteur  :  Notre  général  ,  lui  Tirage  du  5  uivose. 

répondent  les  soldats  en  la  laissant  retomber  et  en  i  61.       52.       80.       83.       "jS. 


De  l'imprinaerje   de  H.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  tue  des  Poitevins ,  a»  tS. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


J^91- 


Scplidi,  7  nivôse  an  g  di  la  république  française  une  et  indivisible. 


Nous   sommes  autorisés    à  prévenir  no?  soiiscriprcurs ,  qu'a  darer  du  7    mvûsc  aii  ij  ,  le    MONITEUR  esc    le    seul  joui.naL  ojjuicl. 
Il   contient   les  séances  des  autorités  constituées,  les  acres  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi  que  les  bits   ec  les    nouons 
tant  sur  Tintérieiir  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  coresponriances  minist&rie!!es. 

Un  article  sera  parciculiéemeut   consacré   aux   sciences  ,  aux   ;ucs    ec  aux   decouvetccs   nouvelles. 


E  X  T  E  R  I    EU    R. 

A  N   G   L  E  T  E  R  R   K. 


Londres  ,   sS   décembre    (  2   nivôse.  ) 


At 


1.CTIONS  de  la  banque,  fermées.  —  3  pour  100 
consolidés  ,  fermés.  — Omnium,  5. 

La  chambre  des  communes  ,  sur  la  motion  tic 
M.  Piti  ,  s'eJ»  ajournée  dans  sa  séan-.e  dhier, 
jusqu'au  lundi   29  décembre  (8  nivôse  ). 

Lord  Fii2-Harris  ,  fils  de  lord  M.ilmesbur^ , 
atiivé  hier  avec  la  malle  de  Bremen,  élail  chargé, 
ttJi-on  ,  de  dépêches  pour  "le  gouvernemenl  , 
de  la  pan  Je  lord  Min:o  .  notre  ambassadeur  à 
Vienne  on  ,  lord  Fiiz-Harris  a  faù  quelque 
séjour. 

Le  capitaine  Biackman  reparaît  sur  r  os  côtes. 
Le  corsaire  U  Chasseur,  qu  il  commande  ,  a  déjà 
amariné  deux  de  nos  bâlimens  ,  dont  l'un  a  éié 
repris. 

L'amiral  sir  Erasme  Gow  r  ,  doit  commander 
une  division  de  li  <>ranile  floue  ,  et  aiborer  son 
pavillon  sur  la  Princesse-Royale  .  de  98. 

Nous  apprenons  par  Us  Deux-Amis  ,  venant  de 
New-York,  que  le  feu  a  pris  dans  la  ville  de 
Washingion  ,  et  que  tons  les  papiers  des  bure:.ux 
de  la  guerre  ont  été  brûlés. 

On  a  découvert  des  projets  de  sédition  .  qui 
s'éienaaient  depuis  Birmingham  jusqu'à  Wool- 
verslMmplon.  Le  général  Nicholls  a  fait  saisir  sur  le 
grand  car.al  ,  des  bateaux  qui  étaient  chargés  de 
jjiques. 

Les  ouvriers  de  divers  métiers  se  sont  con- 
certés pour  faire  augmenter  leurs  gages.  Ils  n  ont 
pas  réussi. 

Il  a  été  tenu,  le  28  frimaire,  un  conseil  privé 
qui  avau  pour  objet  de  prévenir  les  mouvemens 
populaires  que  pourrait  occasionner  la  cherté  du 
pain. 

Il  a  éré  tenu  un  autre  conseil  privé,  hier,  au  Cock- 
pit. Les  membres  du  c-binet  et  l'archevêque  de 
Canioibei)    y   rnt  assirié. 

Lï  chambre  des  communes  a  adopté  la  pro- 
position de  M.  Abboi  ,  |io,r  fixer  à  s.  pi  années 
la  duiée  du  bill  ,  iend..nt  à  piévenirla  séduc- 
tion   dans   l'arn  éc  et  sur  la  flo  te. 

La  proclamaiio  1  de  S.  M.  pour  recommander 
l'économie  du  pain  ,  a  été  envoyée  dans  toutes 
les  maisons  de  Londres.  Cette  mesure  sera  d'un 
grand  ifiet  ,  par  rapport  aux  domestiques  qui 
refusaient  en  général  de  se  con;enier  de  la  ration 
prescrite. 

Le  bili  pour  continuer  la  suspension  de  l'acte 
iVhabeas  corpus  ,  a  passé  le  27  dans  la  chambre 
des  commu:ieS  ,  à  la  majorité  de  Sa  voix  contre 
lo.  La  première  lecture  a  été  laite  ,  le  28  fri- 
itiaire  ,  dans  ce  le  des  pairs  ,  à  la  majorité  de 
l5  voix  contre  3. 

(Extrait  du  Sun  ^  du  Morning  -  Herald  et  du 
Courier.  ) 

INTÉRIEUR. 

Nord.  l)ouny  ,  i'''  nivôse.  —  On  a  anêié  dans 
rationdissement  de  Lille  ,  un  prévenu  de  distri- 
bution de  faux  iouis  ;  la  police  continue  toujours 
à  se  laire  avec  exactitude  dans  ce  département  : 
plusieurs  vagabonds  et  gens  sans  aveu  ont  été 
arrêtés. 

Seine  iNfÉRiEL'RE.  Le  Havre  ,  i"  nivôse.  —  Le 
lieutenant  principa'  des  douanes  à  Royon,  a  in- 
formé !e  directrur  à  Bordeaux  ,  que  ,  le  14  fri- 
maiie  ,  la  carcasse  d'un  brick  a  été  portée  par  les 
flots  ,  dans  l'anse  de  Po  taillac  ,  et  qu'ensuite  elle 
a  disparu.  Ce  préposé  s';  st  auss'lôt  rendu  sur  le-s 
lieux  avec  ses  camaratlei  ,  et  ils  sont  parvenus  à 
s.uiver  54  banques  de  vin  et  deux  pièces  d'eau- 
de-vie  ,  qui ,  sans  doute  ,  lésaient  partie  de  la  car- 
gaison ilud.i  bâtiment  naufragé. 

Le  corsaire  ta  Mascarade ,  de  six  pièces  de 
canon  ,  de  Motlaix  ,  capitauie  Riymond  ,  a  ren- 
«.oinic  et  rnlevé  à  1  abordage  ,  à  la  hauteur  de 
Plymûuili.  la  lctite-de-n»atque  l'Atlas,  de  Lon- 
dres ,  de  quatorze  pièces  de  canon  ,  liclienient 
chargée  ,  allant  à  Madère, 

Celte  prise  est  heureusement  etlliée  en  rade  de 
Moilaix  ,  djns  1 1  nuit  du  lï  au  s3  liioiaire  ;  clic 
eti  de  'i'ja  luiidcju^. 


Paris ,    le    6    nivôse. 

Les  membres  du  tribunal  de  cassation  .  ceux 
du  tribunal  d'appel  et  du  conseil  des  prises,  les 
administrateurs  de  la  Monnaie,  et  les  juges-de- 
paix  de  Paiis  ,  ont  é'é  admis  à  i'.niaicnce  du 
premier  consul  ,  et  ont  pronoticé  les  discours 
suivans : 

Discours  du  citoyen  Muraire  ,  vice-piéudent  du,  tri- 
bunal de  Cassation. 

Citoyen  premier  consul  , 

Les  membres  du  tribunal  de  cassation  viennent 
vous  témoigner  individuellement  combien  ils  ont 
été  douloureusement  aifectés  de  1  affreux  événe- 
ment qui  a  mis  vos  jours  dans  le  plus  grand 
danger. 

Le  tribunal  de  cassation  sera  fidèle  àsrsdevoirs 
dans  toutes  les  circonstances  ovi  il  îera  appelé  à 
les  remp  ir. 

Mais  aujourd'hui  aucun  de  ses  membres  ne 
peut  résisier  au  besoin  qu  il  éprouve  de  remplir 
un  devoir  plus  impérieux  ,  celui  de  tout  bon  ci- 
toyen ,  en  v:nant  se  ranger  autour  de  vous  ,  et 
vous  assurer  du  plus  fort  de  son  attachement  et 
de  son  dévouement. 

Discours  du  président  du  tribunal  d'appel. 

Après  de  si  vives  et  de  si  profondes  émotions 
d'horreur  ,  d'indignation  et  d'effroi  ,  général 
consul  ,  nous  vous  apportons  du  fond  de  nos 
cœurs  les  sentimens  de  la  consolation  ,  de  la  joie 
et  du  bonheur. 

C'est  au  moment  oiî  la  patrie  va  lecucillir  les 
fruits  de  vos  innombrables  triomphes  ;  c':st  au 
moment  où  l'olive  de  la  paix  se  mûrit  sur  les 
lauriers  de  la  victoire  ,  qu'une  conspiration  in- 
fernale  a  tenté  de  vous  frapper. 

Une  main  invisible  plus  puissante  ,  plus  assu- 
rée que  celle  du  crime  ,  a  trompé  sa  fureur,  et 
la  république  est  sauvée   avec   vous. 

Glaces  en  soient  mille  fois  rendues  à  cette 
providence  tntéiaire  qui  règle  le  sort  des  em- 
pires ! 

Citoyen  consul  ,  votre  ame  est  slipérieure  à 
toutes  les  craintes  .  à  toutes  li  s  terreurs  ,  à  tous 
les  dangers  qui  menacent  la  \ic  dchéros  plus 
que  Celle    des    hommes  vu'gaires. 

Mais  le  crime  redouble  de  fureur,  quand  il 
voit  ses  projets  avortés. 

Que  las^.gesse  de  vos  conseils  redouble  donc 
aussi  de  vigilance  ! 

Qjje  des  lois  de  police  plus  sévères  et  plus 
coëicitives  n'attendent  pas  les  coupables  pour 
les  punir,  mais  qu  elles  les  piéviennent  pour  les 
déconcerter  .' 

Vous  veillez  jour  et  nuit  au  salut  de  l'empire  ; 
mais  la  France  qui  vous  a  confié  ses  destinées , 
vous  commande  le  soin  de  votie  existence. 

C  est  là  qu'est  notre  espoir;  c'est  là  le  vœu  de 
la  France  entière  ,  qui  regarde  sa  liberté  ,  sa 
gloire  et  sa  prospérité  comme  invinciblement 
liées  à  la  conservation  desjou.s  de  so.n  premier 
magistrat. 

Discours  du  président  du  conseil  des  prises. 

Citoyen  premier  consul. 

Deux  mois  se  sont  à  peine  écoulés  depuis 
ou  un  horiible  complot  faillit  vous  enlever  à  la 
France   et  à  l'hiimaniié  toute  entière. 

Aujourd'hui  un  nouvel  attentat  aussi  affreux 
quant  à  sa  fin  ,  mais  plus  atroce  encore  dans 
ses  moyens  ,  vient  d'alarmer  une  seconde  fois 
les  amis  de  l'ordre  et  de  la  liberté. 

Ciioyen  codsuI  ,  le  génie  de  la  république  a 
de  nouveau  veillé  sur  vos  jours  :  échappé  , 
comme  par  un  pi'odige  ,  aux  atteintes  de  cette 
infernale  machine  qui  fit  tomber  près  de  vous 
lant  de  victimes ,  vous  vivez  encore  pour  achever 
le  bonheur  et  consolider  la  gloire  de  la  grande 
nation  :  graics  en  soient  rendues  à  larbitre 
suprême  des  dt-siinées  universelles  ! 

Recevez  ,  citoyen  consul  ,  l'expression  sincère 
de  nos  vœux.  Puissent  des  mesures  ,  mieux  ap- 
propriées à  la  giaviié  des  circonstance?  ,  assurer 
la  prompte  puniiio  1  de  si  grands  crimes  .  et  re- 
tenir pai  des  exemples  réclamés  de  toutes  parts 
quiconque  en  aurait    h  irrible  pensée. 

Puissions-nous  ,  citoyen  consul  ,  n'avoir  plus 
dcsorm.iis  à  venir  vous  lélicittr  que  sur  vos  ira- 
vaux   et  vos  succès.  I 


Discours    des    administrateurs    de   la   Monnaie  ;   le 
citoyen  Guyton-Morveau  ijoitant  la  parole. 

Citoyen  premier  consul  , 

Le  génie  qui  veille  sur  les  destinées  d'-  la  répu- 
blique ,  vient  encore  de  vous  sauver  d'un  hoi- 
rible  attentat.  L'administration  d:-s monnaies  s'em- 
presse de  vous  témoigner  à  la  fjîs  r;ndi);naiioii 
proton.de  quelle  a  ressentie  en  apprenant  cet 
exécrable  complot,  et  la  satisfjciion  qu'elle  a 
éprouvée  de  le  voir  échouer.  La  France  entière 
exprimera  les  mêmes  sentimens;  mais  la  France 
eniiere  demandera  une  prompte  jusi;cc  comte 
les  scélérats  qui  avaieiU  médité  le  crime  de  la 
bouleverser. 

Discours  des  juges  de  paix  de  Paris, 

Citoyen  premier  consul  , 

Les  Juges  de  paix  de  Paris,  tant  en  leur  nom 
qu'en  celui  de  leurs  concitoyens  ,  viennent  vous 
témoigner  la  joie  qu'ils  ont  ressentie  en  apprenant 
que  vous  aviez  échappé  au  projet  infernal  des  en-" 
nem,is  du  bonheur  ,  de  la  gloire  et  de  la  prospé- 
rité de  la  France. 

Oiîi ,  citoyen  consul,  ces  monstres, ennemis  ju- 
rés de  tout  gouvernement  doux  et  tranquille,  vou- 
laient, en  privant  la  république  française  de  son 
premier  magistrat,  de  son  premier  général  ,  ces 
monstres  ,  dis-je  ,  vouiaient  détruire  la  li'oerte 
que  vous  avez  su   si  bien    affermir  et  consolider. 

Mais  le  génie  qui  veille  sur  la  France  entière  , 
et  qui  la  protège  contre  tous  ses  ennemis  ,  a  su 
vous  conserver  en  rendant  encore  nul  pour  vous 
le  cruel  projet  mis  à  exécution  le  3  de  ce  mois  1 
au  moment  de  votre  passage. 

Recevez,  citoyen  consul  ,  par  les  juges  de  paix 
de  Paris  ,  les  assurances  du  plus  respectueux  at- 
tachement de  tous  leurs  concitoyens.  Personne 
n'approche  le  peuple  de  plus  presque  nous,  et 
sous  ce  rapport  ,  personne  plus  que  nous  ne  peut 
vous  exprimer  les  sentimens  d'affection  que  ca 
peuple  vous  porte  ,  et  ceux  de  la  vive  douleur 
quii  a  éprouvée  au  récit  de  cet  horrible  événe- 
ment. Il  ne  dépendra  d'aucun  de  nous  que  les 
auteurs  d  un  pareil  délit  ne  soient  découv  ris  et 
livrés  aux  tribunaux  ,  e;  que  les  aui^'urs  de  l'at- 
tentat commis  envers  la  Frarice  entière  sur  votre 
personne  ne  subissent  le  juste  châtiment  dû  àleurs 
forfaits. 

Le  général  Mortier  ,  commandant   la   division, 
a  remis  au  premier  consul  une  adresse  des   ofîl-  , 
ciers  réformés  résidans  à  Paris;  elle  cslainsi  conçue! 

Citoyen  premier  CONSUL, 

îiNous  manquons  d'expressions  pour  vous  dire 
l'indignation  dont  nous  avons  tous  été  pénétrés  au 
récit  de  cei  infâme  et  exécrable  forfa.t. 

>f  Comme  tous  les  français  en  général  ^  nous 
désirerions  qu'un  juste  ,  prompt  ,  mais  sévère 
châtiment  ,  léduisît  pour  toujours  au  silence  les 
traîtres  que  1  impunité  seule  a  pu  enhardir  à 
commettre   un   si    grand  crime: 

"  Votre  conservation  est  ce  que  nous  avons  de 
plus  cher,  et  ,  pour  y  veiller  de  plus  près  ,  nous 
venons  vous  offrir  nos  services  ,  et  vous  renou- 
veler en  même-tems  le  vctu  que  nous  avons  tou- 
jours fait  pour  le  maintien  du  gouvernement  et 
la  prospérité  de  noire  imcnortehe  république. 
Commandez,  citoyen  consul  ,  nous  serons  tou- 
jours à  vos  ordres. 

(  Suivent  les  signatures.  ) 

A  l'audience  donnée  aux  commissaires  de  li 
comptabilité  nationale,  l'un  d'eux  a  prononcé  ig 
discours  suivant  : 

Citoyen  premier  consul  , 

C'est  dans  le  péril  des  grands  hommes  que 
l'amour  des  peuples  se  manil.ste  avec  le  pius- 
d'éclat  et  de  vérité.  Les  commissaires  de  la  comp- 
tabilité nationale  viennent  à  ce  titré  vous  expri- 
mer leurs  sentimens  personnels  sur  l'affreux  évé- 
nement qui  a  menacé  vos  jours. 

Non  ,  citoyen  consul  ,  le  cours  de  vos  hautes 
destinées  ne  sera  point  interrompu.  Vous  av-z 
beaucoup  fait  pour  votre  gloire  et  pour  la  posté- 
rité ;  vous  n'avez  point  encore  assez  fait  pour  la 
France  ,  doni  le  repos  et  le  bonheur  sonl  intime- 
ment liés  à  votre  existe  ;ce. 

Ils  le  savent  les  médians  !  et  il  semble  que  d  ins 
leurs  lâchïs  ei  noirs  complots  ,  ils  voudraient  cnse- 


velir  la' nation  entière  avec  son  premier  magistral  ! 
Mais  leurs  coupables  allentats  seront  punis  ;  tous 
Jës  bons  français  ,  unis  de  cœur ,  élèveront  autour 
de  vous  un  rrmpart  impénéirable  ;  et  le  génie  qui 
veille  aux  destins  de  la  république  fa  fera  ttiom- 
pher  de  ses  ennemis. 

— Les  dégâts  produits  parl'explosion  sont  effroyai- 
bles.  Les  "fenêtres  du  châleau  des  Tuileries  .  et 
des  maisons  cjui  entourent  le  grand  et  le  petit 
Carrousel  sont  brisées;  les  rues  entières  de  Sainl- 
Nicaise,  de  Saint-Thomas  ,  de  1  Echelle  et  de 
Chartres  ,  ont  été  ébranlées  comme  par  un  violent 
tremblement  de  terre.  Suivant  le  rapport  du  juge- 
de-paix  de  la  division    des   Tuileries  ,  il  y  a  eu 


La  droite  ,  totijoiirs  commandée  par  le  lieute- 
nant-général Lecoufbc  ,  s'est  porté  sur  Guoinden 
pour  longer  les  montagnes  ,  et  passer  les  rivières 
plus  près  de   leur  source. 

Le  centre  a  suivi  la  grande  route  de  Salzburg 
à  hr.m  ,  le  général  Ricbepanse  ,  iJont  la  division 
fonnaii  l'avan-g.'irde  ,  n'a  ces-é  de  harceler  l'en- 
nemi. Il  a  culbuté  son  airieie-garde  en  avant 
de  Neumarkt,  lui  a  pris  4  pièces  de  canon, 
et  plus  de  600   hommes. 

Le  27.  Il  l'a  encore  rencontrée  dans  une  forte 
position  ,  auprès  de  Vonckîapuck.  ;  nos  troupes 
l'ont  chargé  avec  tant  de  vigueur  que  plus  de 
mille  prisonniers  .   parmi   lesquels   au   moins  six 


cinq   personnes  de  tiaées  ,  savoir   un   homme  et  I  cents     cavaliers  ,  sont  lombéî    dans  nos 


quatre  femmes  ;  dix  personnes  grièvement  blcs 
sées  ont  été  portées  en  diflFérens  hospices  ;  on  ne 
connaît  pas  encore  prè;isément  le  nombre  de 
celles  qui  ont  été  blessées  plus  légèrement  dans 
leurs    boutiques  ou    dans  leurs  chambres. 

Parmi  les  victimes  ,  se  trouve  le  cit.  Trepsat 
architecte,  re<ommandaj>le  par  ses  tjlens  et  par 
ses  qua  ilés  personnelles,  qui  le  rendent  cher  à 
tous  ceux  qui  le  co-anaissent.  Il  s'était  rang-é  au 
moment  où  la  voilure  du  premier  consul  passait , 
et  n'avait  pas  eu  le  tems  de  continuer  sa  marche 
lorsque  l'explosion  l'a  mutilé.  C  est  lui  qui  a  cons- 
truit le  ihéâire  du  Marais,  le  château  de  Saint- 
Brice  et  plusieurs  autres  bâtimens  qui  lui  font 
honneur.  C  est  à  lui  que  l'on  doit  en  Fiance  la 
icouslruciion  des  premiers  fourneaux  à  la  Rura- 
ford,  et  il  a  bien  voulu  se  charger  de  plusieurs 
de' ceux  qu'a  fait  bâlirJe  comité  des  soiipes  éco- 
n'Omiques.  La  plupart  de  ses  travaux  étaient  diri- 
gés vers  des  buts  d'utilité  publique.  SSn  malheur 
est  vivement  stnii  par  tous  ses  amis;  Il  a  subi  , 
avant-hier  4  nivôse,  l'amputation  d'une  jombe  , 
avec  une  fermeté  et  un  courage  au-delà  de  toute 
expresson.  (Extrait  du  Journal  de  Paris.) 

—  Les  trois  lionceaux  de  la  ménagerie  du 
Muséum  d'histoire  naiurelle  ,  devieimcnt  de  plus 
eh  plus  vigou.eux;  déjà  ils  ont  toutes  Itus  dénis 
incisives.  On  ne  remarque  encore  aucun  chan- 
gement dans  les  nuances  de  leur  pelage.  Ils  mar- 
chent iiès-bien  ,  sautrnf  et  jouent  enire  eux  et 
autour  de  leur  mère.  C-,;lle  ci  porte  la  douceur 
et  la  confiance  envers  son  garde  ,  jusqu'à  lui  per- 
mettre de  prendre  ses  petiis  sur  Sun  s-in  et  de  les 
emporter  hors  de  sa  vue.  Il  faut  avouer  aus>i  que 
le  cit.  Fé  ix  Cassai  a  un  tarent  singulier  pour  gou- 
verner les  a'imaux  qui  sont  conliés  à  ses  soins  , 
pou;   dompter  leur  c.iractire  féroce  ,  et  s'en  faire 

obéir  et  aimer  en  même  tems.  (Extrait  de  ta  Décade 

Philosophique.) 

Extrait  d'une  lettre  écrite  par  le   citoyen  Champy  , 
administrateur  des  poudres  en  Egypte  ,  à  ses  col- 
lègues tes  administrateurs  généraux  des  poudres  et 
salpdires  à  Paris.  —  Du  Kaire ,  le  5  brumaire  an  9. 
Une  maladie  qui  ma  retenu  deux  mois  au   lit 
et  dotit  je  ne  suis  pas  encore  guéri ,  ne  me  perm.  t 
pas  de  vous  rendre  un  compte  détai  lé  de  ce  que 
j'ai  fait  ici.  Je  m'acquitterai  de  ce  devoir  par  loc- 
casion  la   plus  prochaine.  Je   me    borne  mainte- 
nant  à   vous    dire  que  j'ai  formé  une  dixaine  de 
sâlpêiriers   qui  ,  avec  une  d'-s  100  montagnes   de 
dècombresqui  entourent  le  Kaire,  me  lotirnissent 
chacun  ,  par  jour  ,  un  quintal  de  salpêtre  pur.  Les 
autres  villes  rxistaites  ou  ruinées  offrent  de  sem- 
blables  décombres  ,    non   moins   riches   en   sal- 
pètie;  et  on  peut  assurer  ,  sans  exagération ,  ijue 
I  Egypte  ,  au  besoin ,  foarniiait  par  an  3  millions 
de  salpêtre  pur  ,  qui  coûterait  au  plus  12  sous  la 
livr<-.    . 

)  ai  établi  dans  l'île  de  Raouda  une  rafi&nerie  de 
saipélie  ,  une  de  soufFre  et  une  poudiiete  où  , 
.avec  .une  machine  de  dix  tonneaux  mue  par 
quatre  chevaux  ,  on  fait  en  deux  triturations  1000 
livr  s  de  poudre  chaque  jour  ,  et  l5oo  livres  par 
trois  triturations.  Les  matières  sont  abondantes  : 
j'ai  plus  de  3oo  milliers  de  soufre  en  magasin  :  à 
défaut    de  bois  j'use   de  la  lige    du    pois  chiche 


mains, 
est  du 


Le   général  Lopes   qui   la  commandait 
nombre. 

Le  28.  L'ennemi  a  changé  les  troupes  qui 
formaient  son  airiere-gaide  ;  il  l'a  comj.osée  de 
manteaux  rouges  ,  de  hulans  ,  de  hussards  de 
Mézurot  ,  qui  n'avaient  pas  encore  coraba'lu 
depuis  l'ouvëriure  de  la  campagne.  Avec  ces 
troupes  fraîches  ,  il  a  voulu  défendre  des  posi- 
tions en  avant  de  Lumbach.  Le  général  Riche- 
panse  et  ses  braves  troupes  ont  redoublé  de  vi- 
gueur et  d'audace.  Les  hulans  et  les  mézurots  , 
poursuivis  par  notre  cavalerie  ,  ont  été  devancés 
dans  le  défilé  de  Lambach  par  noire  infanterie  : 
on  en  a  fait  un  carnage  e.'Fioyable  ;  le  colonel  des 
hussards  est  resté  blessé  en  notre  pouvoir"  Le 
prince  de  L'chensteim  ,  colonel  des  hulans  ,  a 
étèobligé  de  se  rendre  avec  l'élile  de  ses  officiefs. 
Le  génér.il  Mezircy  qui  avait  remplacé  le  général 
Lopes  dans  le  commandement  de  l'arricre-girde  , 
a  éprouvé  le  même  sort  ;  il  est  aussi  prisonnier 
de   guérie. 

Ce  combat  oti  l'ennemi  a  laissé  d-'ns  nos  mains 
sept  â  huit  cents  prisonnii  rs  et  trois  pièces  de 
canon  ,  lui  a  occasionné  une  énorme  perte  en 
morts  el  blessés. 

Le  29  ,  le  général  Richepanse  a  pris  la  roule 
de  Lambach  à  Kremsmunsier  ayant  pour  soutien 
le   général   Grouchy. 

Le  général  Decaën  qui  a  poursuivi  l'ennemi  sur 
la  roule  de  Liniz  ,  lui  a  fait  près  de  quatre  cents 
prisonniers. 

L'aîle  gauche  commandée  par  le  lieutenant- 
cénéral  Grenier  ,  avait  pjssé  la  Salza  ,  pariie  à 
Laulîcn  et  partie  à  Burghausen.  Elle  a  gagné  la 
toute  de  Rica  ,  après  avoir  bloqué  Braunau  ,  et 
rejette  dans  la  place  la  garnison  ,  qui  a  perdu 
une  pièce  de  canon  et  deux  cents  prisonniers. 

De  Rica  ,  elle  a  gagné  la  toute  de  Scharding, 
et  est  entrée  à  'VVels  après  de  grandes  marches. 
Le  général  Lcgrand  ,  qui  commandait  son  avant- 
garde  ,   a  fait  plus  de  trois  cents  prisonniers. 

Je  vous  enverrai ,  citoyen  ministre  ,  des  rapports 
détaillés  de'iotates  ces  marches  et  de  tous  ces  com- 
bats. Nos  troup  s  se  surpassent  ,  et  la  cavalerie 
rivalise  avec  notre  brave  infanterie. 

L'ennemi  a  perdu  ,  depuis  le  passage  de  la 
Sa'za  ,  de  trois  à  quatre  mille;  prisonniers  et  huit 
pièces  de  canon  ;  en  voilà  cent  vingt  depuis  l'ou- 
verture de  la  campagne.  Les  voituies  qu'ils  aban- 
donnent obstruent  les  routes  ;  nous  en  avons  pris 
hier  sept  à  huit  cents. 

L'aîle  droite  et  le  centre  Se  rencontreront  de- 
main sur  Kremsmunnster  ,  pour  marcher  vers 
Heyer-ewf  ;  l'aîl  •  gauche  gagnera  la  grande  chaus- 
sée de  Liniz  à  Vienne. 

Ot  ignoie  encore  si  l'ennemi  se  reforme  der- 
rière l'EmnS. 

Salut  et    Respect  , 

Sig;né ,    Dessoles. 
Le  ministre  de  la  guerre  ,  Alex.  Berthier. 


MINISTERE      DE     LA    MARINE. 

^  Le    corsaire /«  Ci^ne  ,  de  Boulogne  .    capitaine 

pour  mon  charbon  qui,  quoiqu'intérieur  à  ceux  j  Jean-Baptiste  Pollet  ,  a  conduit  dâiis    ce  port  le 


de«  bois  légers,  peut  les  remplacer.  Mais,  quoique 
3  aie  épuisé  toutes  les  ressources  du  pays  ,  je 
manque  d'ustensiles.  Mes  chaudières  ,  qui  i^'oni 
pas  plus  d'une  ligne  d'épaisseur ,  crèvent  frèqucm- 
meut  ;  le  bassin  de  crisiallisaiion  ,  fait  en  plomb 
avec  des  peines  incroyables,  est  percé  de  toutes 
parts  ,  deux  causes  qui  rendent  les  déchets 
énormes.  Je  manque  aussi  de  cerces  ,  de  grenoirs; 
enfin ,  je  joins  ici  la  noie  de  mes  besoins  les  plus 
urgeos  ,  et  vous  prie  instamment  de  mè  faire 
pasicr  ,  le  pluiôt  possible  ,  les  differens  objets  qui 
y  sont  détaillés. 
Salut  et  amiiié.        Signé  ,  J.   P.  Champy. 


brick  anglais  le  Tor  Abbey  ,  dont  il  s'est  emparé  , 
le  3o  frimaire  ,  par  le  travers  du  cap  Beveziers. 
Ce  brick  ,  du  pori  de  fiio  tonneaux  environ  ,  se 
rendait  de  Torbay  à  Londres  sur  son  lest. 


bàfque  moniée  de  qnat'te  hotiimes  était  mouillée 
sousYport.  à  un  kilomètre  de  distance  du  rivage  ; 
ce  frêle  bâtrmrni  était  à  demi  submergé ,  quand 
Jean-Baptisie  l.ciellier  ,  âgé  de  liente-deux  ans  , 
domicilié  à  Criquebeul  ,  s'échappe  du  rivage 
et  se  précipite  aans  une  barque  :  il  est  suivi 
de  Joseph  Fiquet    et   de   Guillaume   Morisse. 

Ramer  vers  la  barque  en  danger  ,  lui  jettcrdcs 
cordages  et  la  ramener  contre  toute  espérance 
au  port ,  fut  l'affaire  d'un  instant.  Pour  peu 
qu'on  eût  hésité  ou  attendu  ,  les  quatre  hommes 
qui  montaient  lei  bâiiment ,  n'exilaient  plus.  J'ai 
vérifié  qu'en  1786  le  même  Leiellier  sauva  la  vie 
à  dix-huit  marins  composant  léquipage  d'une 
barqiie  de  pêche  ,  qui  fit  naufrage  à  1  entrée  da 
port  du  Fecamp. 

J'iii   cru    qu'il    éiait   de    mon    devoir    de   vous 

indiquer  les  auteurs  de  cet  acte  de  courage  et 
d'humanité.  J'ai  éciit  au  citoyen  Leiellier  el  à 
ses    braves    compagnons    de   venir  me    trouver. 

Je  me  propose  de  leur  donner  des  réconà- 
penses  ,  et  d'honorer,  dans  la  personne  de  Leiel- 
lier, le  plus  beau  des  succès,  ceiui  d'avoir  con- 
servé des  citoyens  à  la  république  :  mais  vous 
donneriez  ,  citoyeii  ministre  .  leur  véritable  prix  k 
ces  expressions  de  la  reconnaissance  ,  si  Vous 
m'autorisiez  à  les  appuyer  du  nom  du  gouver- 
nement. 

Salut  et  respect ,  Signé  Beucnot. 

Copie  de  la  lettre  du  ministre  de  l'intérieur ,  au 
préjet  du  département  de  la  Seine-Injérieure.  — 
Paris ,  le  3  nivôse  an  9  de  la  république  française 
une  et  indivisible. 

Le  dévouement  héroïque  des  citoyens  Letellicf , 
Fiquet .  Jean  el  G  jillaume  Morisse  ,  mérite  loiité 
la  reconnaissan;.e  du  gouvernement  ,  et  je  m^ 
glorifie  de  pf  uvo  r  être,  en  ce  moment  ,  son  or- 
gane auprès  d  eux. 

Je  vous  adresse,  citoyen prélet,  quatre  médailles 
frappées  pour  les  braves  de  Marengo  ;  vous  ven- 
diez bien  en  remeitre  une  à  chacun  des  quatre 
braves  de  Cticjuebeuf. 

Je  vous  salue.  Signé,   Ch.\ptal. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Parmi  les  malheureuses  victimes  que  l'horiible 
altcniai  commis  dans  la  rue  Nicaise,  le  3  nivôse, 
il  en  est  rjui  sont  réduites  au  plus  grand  dénue- 
ment. L'explosion  de  la  machine  infernale  ,  en 
ébranlant  les  maisons  de  ce  qujriier  ,  a  réduit  en 
poudre  hrs  meubles  et  lous  les  eftcis  fragiles  d'ua 
grand  nombre  de  familles. 

Rien  n'égale  la  profonde  indignation  qu'a  pro- 
duite, xliez  tous  les  bous  citoyens  ,  cet  épou- 
vantable lotfait,  que  leurs  sentiraens  d  humanité 
envers  ces  infoi lunés.  Ceux  qui  en  ont  le» 
moyens  s'empresseront  sans  douie  de  venir  â 
leur  secours. 

Déjà  le  citoyen  Delamarre  a  fait  remettre  ,  au- 
jôurd  liui  ,  au  préfet  de  police  .  un  sac  de  douze 
cents  francs  pour  être  distribués  aux  plus  indi- 
gens.  Puisse  un  aussi  bel  exemple  trouver  de 
nombreux  imitateurs  ! 

Les  personnes  qui  seront  dans  l'intention  de 
concourir  à  cet  acte  de  bienfesance,  poUrroiit  $6 
présenter  au  secrétariai-général  de  la  préfcctUfô 
de  police  ,  oià  leurs  offrandes  seront  déposées. 


MINISTERE  DE    LA  GUERRE. 

Le  général  de  division  ,  chef  de  l'état-ma]or- général , 
au  ministre  de  la  guerre-  —  Au  quartier-général 
de  Wetz ,  le  29  Jiimaire  an  9  de  la  république 
française. 

Citoyen  ministre  , 
Après    avoir   forcé   le   passage    de    la  Salza   à 
Lauffcn  ,  l'armée  française   n'a  pas  perdu  ini  mo- 
xaeat  pour  suivre  1  ennemi  dans   sa   retraite. 


MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Copie  de  la  lettre  du  préjet  du  département  de  la 
Seine  -  Inférieure  au  ministre  de  l'intérieur. — 
'Rouen  ,  le  28  frimaire  an  9  de  la  république 
français/. 

Citoyen  ministre  , 
Je  vous  ai  présenté  un  apperçu  rapide  des 
désastres  que  louragan  du  18  brumaire  a  occa- 
sionnés dans  ce  département  J'ai  imploré  la  bien- 
veillance du  gouvernement  pour  les  victimes  de 
cet  ouragan  ,  et  déjà  vous  rc'svez  fou:ni  les 
moyens  de  les  secourir. 

Je  viens  opposer  à  ces  tristes  détails  une  image 
coniobnie  ,  celle  de  l'intrépidité  vraiment  fran- 
çaise avec  laquelle  des  marins  ont  bravé  les  der- 
niers pèiils  pour  arracher  leurs  compatriotes  à 
une  mort  ceri.inr. 

Dans  le  momi.ni  de  'e  terrible  ouragan,  Une 


INSTITUT        NATIONAL. 

Copie  du  programme  adressé  à  l  institut  national  , 
par  les  administrateurs  du  legs  de  feu  Jeàh 
Monnikhoff.  —  Amsterdam  ,  le  i"  décembre  i86o. 

Les  administrateurs  du  legs  de  feu  Jean  Mon- 
nikhoff, ont  la  satisfaction  de  notifier  qu'ils  ont 
reçu  au  tems  fixé  ,  en  réponse  à  la  question 
sur  l'indication  dans  le  traitement  des  hernies  ,  trois 
traités  «  signés  ,    avec  les  devises   suivantes: 

Le  premier  : 

Scio  hoc  esse  pertritum ,  quod  adjetturus  suiiit 
Sen.  E.  C. 

Le  second  : 

Vlyt  bouwt-kunst. 
Quand  on  manque  de  rhateriaux  nécessaires  à 
l'élévation  dun  édifice  qu'on  se  propose  ,  on 
se  contente  d'en  jetter  lesfondemens,et  laisse  un 
à  des  successeurs  plus  opulens  le  soin  dt 
continuer  l  ouvrage  ;  d'autres  viennent  apiès 
eux  ,  qui  le  finissent. 

L'assemblée  des  administrateurs  ,  tout  en  ren- 
dant justice  aux  mérites  particuliers  de  ces  pièces  , 
mais  ne  pouvant  en  couronner  qu'une  seUle  ,  a 
adjugé  par  la  pluralité  des  suffrages  ,  la  médaille 
d'or  à  l'auteur  de  la  réponse  ayant  pour  devise: 
Vlyt  bourvt-kmist ,  qui  a  paru,  par  l'ouvértuie  âii 
billet,  être  Coenraad  Kcrfcêrt, chrurgien  et  accou- 
cheur à  Kong,  au  Zaan  ;  après  quoi  les  autre» 
billets  cachetés  Ont  éié  brûlés  ,  sans  les  ouvrir. 

En  _outre  l'assemblée  ,  en  auendant  avec  en - 
pressemeni ,  vers  le  1"  mars  i8oi  ,  dès   réponses 


3q5 


turla  question  touchant  le  taxii  ,  ou  la  manœuvre 
pour  réduire  les  hernies,  et  sur  celle  du  bandage 
herniaire  ,  proposées  en  délai!  dans  le  prnj^rammt: 
du  i'^  sepiembre  17991  a  résolu  de  proposer, 
pour  être  lépondue  av^nt  le  i"nijrs  1802,  la  ques- 
tion suivante  ,  savoir  : 

n  Puisque  t'incarcératioit  ,  considérée  à  jusle 
titie  comme  l'accident  le  p'us  dansée  leux  cl  sou- 
vent mortel  dans  les  hernies  ,  exige  par  consé- 
quent le  secours  le  plus  prompt  et  le  plus  propre 
que  l'art  puisse  fournir,  ce  qui  riquiert  néces- 
sairement une  pleine  connaiisance  de  cet  acci- 
dent,    l'on   demande: 

Ji  En  quoi  elle  consiste,  et  que''es  hernies  fin 
sont  ou  n'en  sont  pas  susceptibles  ? 

))  La  distinction  et  la  division  ordinaire  de  ces 
différcrtres  sortes  ,  est-elle  complelie  et  satis- 
fesanfe  ? 

5>  Les  vrais  causes  indiquées  jusqu'ici  par  les 
auteuis  ,  sont-elles  en  effet  te  les  ou  non  ,  et  en 
est-il   d'autres  encore  ? 

Il  Qjiels  sont  les  syrrtptômes  qui  font  cr3ind;e 
Vindartération  ,  (jui  l'annoncent  ,  ou  qui  suret- 
dent  les  uf.s  aux  autres  ,  ei  donnent  par-là  l.eu 
à  et)  augu:er  favorablement  ou  défavorabk- 
iiiDent  ; 

)>  Qjielle  est  l'indication  générale  et  particu- 
lière  dans  les   diiFérer.tes  sottes   d'incarcération.; 

>»  Et  quelles  ties  circonstances  sus  nommées 
rendent  l'application  des  remèdes  externes  preié- 
lables ,    ou   lopération  riécessaire  :" 

La  médaille  d'or  ordinaire,  dont  la  va'eur  in- 
trinsèque est  de  3ob  florins,  sera  adjugée  à  l'au- 
teur de  la  réponse  ia  plus  satisfesante  a  celle  ques- 
tion. Pareil  piix  sera  adjugé  de  même  à  ceux  qui 
répondront  le  mieux  aux  deux  quêtions  précé- 
dâmes (qu'on  rappelle  ici  au  sOL'venir  )  ,  tandis 
que  tous  les  médecins  et  chirurj;iens  baiaves  , 
comme  aussi  ceux  des  pays  étsangcrs,  sont  invités 
à  aspirer  aux  prix  mentionné*  ,  à  Ce.nJiiion  que 
leurs  réponses  soient  écrites  lisibl  m-iit  ,  en  laiin  , 
frai-.çais  ,  allemand  ou  ho;lar>da  s  ,  elle,  al-cman- 
des  avec  une  lettre  latine  non-sou-sis''ée  du  nom 
de  l'auteur ,  ma^s  d'une  devise  r^ui  .  evia  êire  aussi 
écrite  sur  l'enveloppe  cachetée  ,  dans  laquelle 
sera  enfermé  le  nom  ,  les  titres  et  la  demeure  de 
l'auifur. 

Au  restai  les  réponses  doivent  ê're  cnvo\écs 
franches  de  port  ,  avant  le  tenis  fi)ié  ,  à  M.  M.  A. 
Bonn  ,  professeur  en  anaiom'e  tl  en  cliirurgie  , 
de  l'école  illustre  ,  ou  à  F.  È.  Wi.l.i,  mélecin 
et  inspecteur  du  ci-devaul  collège  de  uiéeiccine  , 
à'Amsierdam. 

Pour  copie   conforrne. 

G.   Çl'.vier  ,   secrétaire. 


C  ORPS-LEGISLATIF. 

Présidence  de  Bourg-Lapradc. 

U.ins  la  séance  du  4 ,  lé  corps-législatif  s'est 
réuni  de  nouveau  pour  eniend  ê  de  la  bouche 
de  son  président  un  compte  tendu  de  la  récep- 
tion faite  à  la  dépulation  envoyée  au  piemier 
consul. 

Le  présidetit  a  pris  la  parole  et  a  dit  : 

Que  le  l"^  consul  avait  répondu  qu'il  était  ex- 
trêmement sensible  à  la  démarche  du  corps  légis- 
laiif;  qu'il  la  regardait  comme  une  p  euve  de 
Jharmonie  qui  léi/nait  entre  c:;tte  autorité  et  le 
gouvernement,  et  qu  il  saisirait  toutes  les  occasioi.s 
qui  lui  seraient  offertes  pour  la  maintenir. 

Que  l'événement  arrivé  hier  appartenait  à  des 
geris  qui  avaient  déshonoré  la  révolution  et  souillé 
la  cause  de  la  liberté  par  touts  sortes  d  excès  ,  et 
notamment  par  la  part  quiis  avae:  u  piise  aux 
journées  des  2  et  3  sepembre  et  autres  sem- 
blables ;  excès  qui  ,  restes  impunis  par  les  diverses 
circonstances  de  la  révoluion  ,  avaient  habitué 
slu  crime  leuis  auteurs,  avec  le^quels  il  fallait 
pourtant  en  finir. 

Que  les  forfaits  de  cette  espfce  n'étaient  ni  du 
caractère  ni  dans  les  trôeurs  de  la  nation  fran- 
çaise ;  et  qu'heureusement  le  nombre  des  scélé- 
rats auxquels  il  pouvaient  éire  imputés  ,  ne  pré- 
sentait aucune  proportion  avec  la  ma,\se  des  gens 
de  bien  ,  et  que  l'œil  de  la  police  exerçait  sur 
eux  la  surveillance  la  plus  active. 

SÉANCE     DU    5     NIVOSE. 

Cf.tte  séance  est  employée  à  la  formation  et 
au  dépouillement  du  scrutin  de  liste  indicative 
pour  l'élection  d'un  nouveau  candidat  à  présenter 
au  sénai-conservaleur. 

Grégoire  réunii  40  ixtStUt^éi  ;  Crâssou*  ,  3^  ; 
Desmeuniers  ,  3o  ;  Larévcillere  ,  8  ;  Carnoi ,  7  ; 
Bossu,  6  ,  Chairy-Lafosse  et  Merlin  ,  5  ;  Tronchet, 
4;  Dupuis  ,  3  ;  Auguis  ,  Duval,  Ferrund  piélei  ; 
Hnon  législateur  ,  Lacote  ,  l.a'ioui-\f auboiiri;  , 
Laloi  ,  Mourgue»  ,  Monneron  législaieur  ,  Mo- 
rand -  Dupucli  général  ,  Pastoret  ,  et  Vieillard  , 
du  iiibunal  de  cassation  ,  Ledanois ,  t. 


Beaucoup  d'autres  membres  ont  obtenu  une 
seule   voix 

Le  président  proclame  cette  listf  ,  et  annonce 
que  Tordre  du  jour  de  demain  seia  la  discussion 
Ou  projet  d  loi  sur  la  reeonsnuction  des  édifices 
de  la  place  de  Bellccouii  ,  à  Lyon. 

La  séance    est   levée. 


L    I    T   T    E    K    A    T    U    11    E. 

Suite  de  l'éloge  funèbre  des  généraux  Desaix  et  Kleber. 

II  Le  fort  de  Kehl  n'existait  point  ;  on  com- 
mence à  le  construire  ,  à  l'enronrer  de  bjriieres 
et  de  camps  retranchés,  au  moment  mê.ne  où 
les  ennem.s  commen  ent  les  circonvallatioi:s. 
Ernpêch  r  les  auirithiens  de  le  pr;ndre,  est  im- 
possible ;  tout  le  succès  qu'on  p.,  u'  obtenir  ,  c'est 
d  .:n  retarder  la  prise  irnais  ce  retard,  s'il  est 
prolongé  ,   vau'dra  des  vi   loirrs. 

II  C'est  ici  qu'on  peut  el  qu'on  doit  remarquer 
l'éiendue  e;  la  granceur  de-s  plans  qui  ont  préside 
aux  guerres  de  la  république.  Djus  ces  combars 
liviés  pour  établir  chez  un  pcup-e  les  droits  du 
eenre  huniai.i  ,  du  D  nube  aux  Pyrcnces  ,  du 
Zuiderzée  au  golfe  de  Gènes  ,  les  opérations  ont 
été  liées  ;  celles  qui  s'exécutaient  sur  un  point 
de  l'Europe,  avaient  souvent  1  oui  but  non  leur 
succès  ,  mais  le  st^ccès  de  celles  qui  se  prépa- 
raient ou  s'achevaient  à  trois  ci  nts  lieu.,  s  de  là. 
Ainsi  les  coinb-ts  prodigieux  qui  vont  se  livrer 
autour  du  fort  de  Kehl  et  djns  son  Ion  même  , 
n'ont  point  pour  obj.,  t  de  le  gard.  r  à  la  France  ; 
c'est  de  retenir  autour  de  ses  laibles  forteresses 
l'une  des  armé  s  de  lAutiith;  et  le  prince 
Charles;  c'est  d'assurer  à  Botiaparie  le  teins  de 
détruire  trois  ou  qu.iir^  a;mpcs  autrichiennes, 
et  de  devenir   1  arbitre   de  1  Italie. 

L'ame  de  Desaix  doit  tressàill'r  ,  elle  doit  s'ag- 
graiidir  encore,  en  associant,  à  de  si  grandes 
distar'C.s,  ses  travaux  aux  dessei  s  de  Bonaparte  ; 
et  ,  au  milieu  de  tint  d'actions  miiiiaiies  qu  el  e 
se  lass;  à  raconier  ,  la  Renommée  ,  durant  plus 
d'un  mois,  f,it  des  ré  i  s  du  siège  de  Kehl 
l'occupation  et  l'éionnemcnt  de  lÈuropr.  Les 
auirich  ens,  animés  dune  ardeur  q'j  ils  n'avaient 
jamais  eue  avant  de  la  recevoir  de  lexeinp'e 
des  lépublicaiiis  ,  mu  liplieni  jriur  et  nuit  les 
attrques  ;  ils  les  poussent  jusrjues  sur  les  barrières 
du  fort.  Les  parapets  des  rcmpa.ts  sont  riev  nus 
dts  champs  de  bataille.  Dan^  une  des  attaques 
de  I  ui  ,  à  h  U  UJ  de- ftanibeaux  ,  un  so  ditirari- 
çtis  cconriaîi  Desaix  accouru  sur  la  bairicre.  Le 
général  Desaix  en  avec  nous,  s'^cri.»  le  soldai; 
■  uvrons  tu  binnere  aux  autrichiens  ;  nous  nous 
battrons  de  plus  près. 

L^éyaruation  de  Kehl  ;  quand  le  moment  est 
aiàvé  ,  d  vient  un  spt  rticle  qui  ajoute  à  l'intérêt 
et'à  h  gloire  de  sa  défense.  La  capitulation  n'a 
acco.dé  que  quatre  heures  pour  tout  évacuer. 
Le  général  dt. nne  l'exemp  e  aux  soldats  :  il  ar- 
rache une  palissade  ;  il  l'emporte  sur  ses  épaules; 
bieniôt  jusqu'aux  fjscines  des  remparts,  tout  est 
en'évé  et  emporté  ;  et  Desaix  et  le  petit  nombre 
de  braves  qui  n'ont  pas  reçu  la  mon  dans  Kehl  , 
n'évacuent  pas  seulement  le  foit  ,  suivant  l'ex- 
pression hardie  ,  mais  exacte,  de  1  un  de  ces 
braves  ,  ils  emportent,  en  quelque  sorte  ,  le  fort 
mêrfte. 

P. us  la  réputation  de  Desaix  ,  comme  général, 
fesait  de  p»ogrès  ,  plus  il  se  préciijiiait  :u  milieu 
des  dangers  .  méié  aux  soldats;  et  plijs  souvent  en- 
core à  réur  tête.  Au  passage  du  Rhin,  de  l'an  5  , 
1  un   des  premiers   il   touche  la  rivé  droite   de  ce 


fl  uve  ;  et  au  moment  oii  ,  avec  un  p,  til  nombre 
de  soldats,  il  arrête  ,  désaime  ou  renverse  les 
bataillons  autrichiens,  m  Coup  de  fusil,  qu'il  a 
vu  ajuster  sur  lui  ,  lui  pe.ce  la  cuisse  et  le  blesse 
grièvement.  Cette  génerôsi  é  qui  ne  labandonnc 
j.mais,  et  qui  semble  le  dominer  davantage  au 
milieu  des  scènes  eie  carnage  ,  lui  donne  la  foic. 
daller  jusqu'au  soldat  autrichien  qui  a  tiré  le 
coup  ,  Cl  d  •  le  déclarer  son  prisonnier  pour  lui 
satavcr  là  vie  :  ce  n'est  qu'alors  quil  fait  con- 
h  îire  sa  blessure.  Amè  douce  et  sublime  d.iis 
la  bemté  autant  que  c;ans  lo  force  ,  c'est  à  toi 
<iu'il  a  été  réservé  de  fiir-e  de  la  guette  même 
une  suite  de  leçons  et  d'exemp  es  d  humanité 
autant  que  a  héro'isine  !  La  fortune  qui  se  réserve 
totijouis  son  empire  au  milieu  d  l'empire  de 
tous  ies_  talens  et  de.  lo.Utes  les  vertus  ,  peut 
do.riii-r  à  la  gloire  militaire  de  Desaix,  de  l'éten- 
due ou  des  bornes  :  toute  sou  ame  est  déjà 
connue  ;  en  a-t-il  existé  de  plus  belle  ! 

Une  blessure  qui  l'arrêiaii  eût  été  trop  cruelle 
pijur  Desaix  ,  si  1  année  du  Rhin  eût  poursuivi  sa 
marche  et  ses  victoires;  mais  les  pré  imi  laires  de 
L-roben  ariêient  l'armée  elle-même:  et  la  pensé 
de  Desaix  peut  se  porter  ,  sans  trop'de  regrets, 
vers  d'autres  tabi  aux  de  gloire. 

1»  Kleber  et  Desaix  n'avaient  encore  jamais 
combattu  dans  la  même  armée  ;  mais  les  ar- 
mé s  dont  ils  commandaient  les  divisions  , 
l>iesque  toujours  en  mouvement  sur  les  bords 
des  mêmes  fleuves,  avaient  toujiaurs  un  but 
commun  ci  des  opérations  toujours  liées  ensem- 


ble !  on  pouvait  considérer  les  armifts  du  Haut 
Rhin  et  de  Khin-c -Moselle  coruiuc  des  41c» 
immenses   d'une    même    arriiéc. 

Pla.é  sur  des  points  où  les  actions  difiiciles  ,. 
Mni>oriariles  et  dée. si.es,  se  muliipli.ie.i  et  se 
variaient  tous  les  jcuis,  à  la  lête  de  iroisdtvisions, 
Kleber,  dans  une  suite  decampagoes.  porte  et  va.'ie 
ses  tJens  dans  tous  les  genres  d'actions  cl  dans 
toutes  h  s  positions  q.-e  peut  fai  e  naître  la  guerre  ) 
pas'iages  de  grands  fleuves  dans  tous  les  '6.  s  et 
dans  toutes  les  fortunes;  mar.  hes  audacieuses  à 
travers  lés  campagnes  et  K-s  villes  ennemies;  rctrai- 
te«  savantes  el  vicioricuses  ;  sièges  de  (il. ces  tories, 
ou  prises  en  peu  de  jours,  ou  tenues  (ornmè 
prisonnières  de  guerre  duiani  plusieurs  mois  ; 
bâta, Iles  rangées  pié.arces  par  la  science  et  ga- 
gnées par  le  génie  ;  tel  est  le  labicau  des  campa- 
gnes de  Kleber.  depuis  l'instant  nù  if  arrive  à 
1  aiiDce  du  Nortl  ,  jusij.i'à  celui  où  il  cesse  de 
se  batire  et.  Europe,  i.histoiie,  à  qr^i  tous  les 
détails  sont  pcimis,  et  qui  peut  en  faire  so  tir 
la  p. euve  de  toutes  les  vérités,  placera  sans 
doue  un  jour  ces  campagnes  à  côté  des  cam- 
pagnes des  Tuieone  et  des  Luxembourg.  J  ,n- 
.dicjuerai  r-rpiiicmeiit  tous  ces  lit  es  de  ia  gfouc  de 
Kleb  r  ,  et  je  ne  ra'a.iêicai  que  sui  ceux  où  je 
sentirai  davactage  les  caiaci.res  particu.iers  de 
son  taieui,  et  les  aiitibuis  leS  plus.disiiaciils  de  son 
couiage  cl  de  soifame. 

^  II  Les  mouvemens  de  l'aimée  ciu  Nord  ,  lorsque 
K'eber  y  arrive  ,  étaient  encme  iriceriains  ;  a  pei  e 
il  y  est  ,  le  passage  de  la  Sambre  est  or.ioniiè  ;  il 
est  exécuté  en  {.tesence  de  ces  aimées  de  la  Prusse 
et  de  lAnriche,  uoiit  il  était  encore  si  û  ihcrie 
alors  clc  braver  ;a  lactirru  ■  et  la  r,  nommée.  Oa 
livre  les  deux  batailles  de  Fl  uius,  cl  on  .es 
gagne;  Ces  d.ux  victoi.cs  de  la  république  ,  en 
réveil  ant  le  souvenir  de  I  une  des  vitiôires  ei.  plus 
va.Jces  de  la  mo.iarchic  ,  app.eniient  a  1  Europç 
que  les  aimées  naiss..nies  de  la  lib.-itè  dirigeai 
déjà  leur  courage  avec  tous  Ces  secieis  de  lart,  et 
tomes  ces  profondeurs  de  la  science  que  la 
guerre  es.igc  dans  les  grandis  bataille  ,  Au  rti- 
heu  des  lêie.  ei  des  ilium-nallo.is  qui  célèbrent 
ces  deux  journées  de  Fieu  us,  dont  hLber  pai- 
tage  ia  goire  nv<c  Jourdan  ,  /i/ffrcr  niar-he  sur 
Mr.ns  ,  el  puissamnieut  seconaép.r  le  général 
Lejebvre,  qui  eoiijma.ida  toujours  ses  avant-garde^, 
il  loice  le  camp  r.-uanciié  du  moni  Painsel  :  il 
force,  avec  la  même  rapidité,  le  pa  sage  dt^ 
ia  Roèi-,  et  oblige  I  ennemi  ,  qui  le  gardair  avec 
des  f  rces  supéii  urcs ,  à  se  rjeier  sur  la  rive 
droite  du  Rhu..  Libre  ,  et  iraiiqui.lc  alors  sur  le 
succès  de  ses  opérations  ,  il  va  recueillir  pour  la 
république  un  grand  prix  de  ses  vit  toiies  :  après 
20  jours  de  tranchée  ouverte  .  cl  48.  heures  de 
bombardement,  il  entre  dans  M.estricht,  et 
parla  il  assure  la  Belgique  à  la  France,  et  lui 
ouvie    ia  Hollande. 

Des  remparts  de  Maesiricht  ,  siir  lesquels  il  a 
arbe.ré  le  d  apcau  de  la  liberté  ,  K  eber  passe  au 
bit. eus  de  Maycnce.  ki  ,  lo'ut  semble  conjuré 
pour  arrêter  les  accroissemens  de  sa  gloire  dacs 
les  hurniliJtioiis  d  une  grande  entreprise  échouée, 
roui  manrju..  à  ses  troupes  pour  combaiire  et 
pour  vivie.  Dans  l'hiver  le  pus  rigoureux,  lé 
seldat  nu  et  sans  pain,  en  exposé  à  mourir  dé 
faim  sur  la  neige  et  sur  la  glace  ;  et  lorsque 
l'iiTipuissance  dé  fournir  aux  plus  urgens  besoins 
des  troupes,  semblé  anéantir  le  dioit  de  les 
commander,  Kleber  leur  fait  reconnaître  tou- 
jours la  v.jix  de  la  patrie  dans  la  voi.<i  de  leur 
généial  :  il  ne  p,  ui  écarter  d'elles  les  horreurs 
de  la  lamine  et  le  désiSpoir;  mais  ce  désespoir 
n  est  jamais  redoutable  qu'aux  erinémis.  ij-e 
garnison  nombeiiSc,  âbondammeni  pourvue  d« 
tout,  n'ose  renier  une  seule  sortie  ,  durant  trois 
ou  quatre  mois  ,  contre  des  àssiégeaiis  jiâies  . 
exténués  ,  qui  ,  au  mili  u  de  tout,  s  les  douleurs,' 
n'appellent  .a  urands  cris  que  les  ennetnis  et  lés 
combats.  Souffrir  de  le.ls  iShaui  ,  et  sans  miir- 
muie.v  païaît  au-delà  de  tout  ce  qui  est  pos'f 
sible  au  courag.-  f  et  .sans  la  liberté.  Cela  ne  serâii 
pas  dans  la  riaidre.  Ricb,  r  et  ses  uivisiôns  ' 
comme  poi.r  être  retompeii.sés  d  ■  ce  genre  d» 
sacihces  auquel'l  hé.o'i  me  le  plus  sublime  ne  se 
p.épare  pas  et  ne  s'exerce  pas  ,  sont  bieniôi  appe- 
lés aux  scènes  IcS  plus  éclatantes  de  la  guerre'. 

Il  Un  seul  passage  du  Rlii.i  ,  dès  long  -  icmi 
prépare  par  tous  les  raoyens  qu'un  pouvoir  absol^ 
mettait  dans  les  mains  d'un  loi  <lc  France  ,  cl, 
contre  la  Holland.  rjui  ne  pouvait  oppos  r  aur 
cune  foice  i-i.poi.ante  sur  lu  live  allaquée  ,  a 
tenu  .  des  moi,5  entiers  .  la  monarchie  occupée 
cl  alar-mée  de  eele  entreprie  ;  et  lorsqu'elle  lut 
exécutée,  poëics  ,  ..rat  iirs ,  peinlr.s  ,  statuai- 
res, tous  les  insu  uuiens  des  beaux-arts,  toute» 
les  voix  du  génie  s.-  firent  crucn.irc  à  la  lois 
pour  c-  ébrer  e  passage  du  Rhin  et  Louis  XIV  î 
t  u  en  reientit  sur  la  leue.  Soùé  là  rcpublirjuc  , 
ves  armées  repoussées  ou  pouisuivies  par  toute» 
les  lorces  de  lEriipiic  gerninuique  ,  n'avaiit  je 
plus  s  rivent  pour  1'  xeculiou  CJc^l•  rres  moyeui 
lasseitiblé*  ptccipiiamm m  par  les  géiié.aux,  oui 
p  .ssé  cjuaire  ou  en. q  lois  le  Rhin,  et  l'ont  re- 
passé avtc  plus  dr  d.fiiculies  et  plus  de  dangtu 
encore  ;  et  tant  sont  négligeas  à  recueillir  les 
belici  actions  ceux  à  qui  les  piodiy«»  même  li* 


396 


l'héroïsme  êonl-  devenus  familiers  !  ce  qu'il  y  a  ) 
e\i  de  pli.S  éclatât  i  dans  cts  passages  du  RW^  - 
est  leslé  souvent  ignoré  de  la  lépublique  mêjne 
qui  Irur  rifvaii  les  succès  delà  guérie,  cl  qui 
pouvait  y  voir  des  titres  de  la  prééminence  de 
son  gouvernemen'.  Je  ferai  soriir  de  ce  silence  , 
qui  n  a  pas  été  relui  de  l'inoradlu  e  ,  l'un  des 
laiis  d'arnus  de  Kltber  ,  qui  n'a  été  co.  seivé 
jusqu'à  présent  qun  dans  la  mémoire  de  ses  sol-  I 
dais  et  de  >es  capiiaires. 

î)  Les  divisions  commandées  par  Kîeber  se  pré- 
sentent sur  la  live  gauche  du  Rhin  pour  passer  ce 
fleuve  dans  l'ur  des  endroits  ou  il  a  le  plus  de  lar- 
geur et  de  rapidiic  :  elles  n  ont  ni  bateaux  ni  ar- 
gent. Kleber  trouve  de  l'argent  ,  lorsque  la  répu- 
blique elle-même  n'en  a  pas  ;  les  bateaux  son: 
construits  avec  tant  de  rapidité  ,  qu'ils  semblent 
descondre  des  loiêis  tur  le  fleuve  ;  le  passage  s'ef- 
f.ciue  avec  tant  d'oidre  da:is  es  ténèbres  de  la 
nuii ,  qu  il  n  en  iiiteriompt  pas  le  silence.  Airivé 
à  Eichcikamp  à  l'aube  du  jour  Kleber  fond  avec 
iropéluosiié  sur  les  troupes  qui  gardaient  celle  rive 
droiie  du  Khin  ;  il  les  cu;bule  et  les  poursuit  sur 
la  Sieg,  doni  il  force  le  passage  avec  la  même  ra- 
pidité :  alors  ,  répandu  sur  le  territoire  de  l'Em- 
pire ,  par  des  mnnœuvres  savantes  et  menaçantes 
S'.ir  le  flanc  droit  de  l'armfe  ennemie  ,  il  I  attire 
autour  de  ses  divisions;  il  l'oblige  à  dégarnir ,  à 
laisser  sans  défense  les  bords  eu  Rhin  près  de 
Neuv,'ii:d  ,  où  Jourdan  don  arliver  et  arrive  avec 
le  reste  del'arra;e  tVar.çaise. 

Ainsi  tout  le  poids  de  la  guerre  est  de  noiveau 
rejeté  du  sein  de  la  lépublique  ,  il  p;sc  de  nou- 
veau sur  I  Empire  ;  une  mu  tiinde  d'actions  bril- 
lâmes suivent  ce  passage  opété  avec  tant  d'habileié; 
mais  le  momcni  oii  il  faut  repasser  le  Rhin  a])pro- 
che  ,  et  ce  moment  de  leur  retraite  est  celui  oîi 
K'tber  et  son  armée  mé.iient  le  plus  de  fixer  tous 
nos   regards. 

n  La  marche  d'un  ennemi  qui  est  sur  son  ler- 
reir:  ,  ei  qui  est  infinimeiil  sutiérieur  en  forces  , 
ne  peui  eue  arrêiée  par  aucune  des  ressources  du 
gé:  te  delà  guerrr,et  toutes  sont  nécessaires  pour 
l.r  suspendre.  Tan.  is  qu'il  se  retiie  en  combattant, 
KLber  a  songé  à  s  assurer  le  passage  du  fleuve  et  I 
à  le  rendre  impossible  à  l'ennemi  :  il  a  dit  à  Mar-  j 
Ceau  ,  qui  commande  la  cavalerie,  à  Mar(;^au  .  son 
élevé  dans  la  Vendée  et  son  ami  sur  le  Rhin  : 
A  iinstant  où  tu  jugeras  que  j  aurai  traverse  le  pont 
à  Nfuwi.'d  ^Jiiis  mettre  le  feu  à  tous  les  bateaux  qui 
sont  sur  le' Rhin-  Marceau  a  mal  calculé  les  mo- 
niens  .  parce  que  Kleber  a  plus  combattu  qu'il  n'a 
marché;  les  bateaux  auxquels  on  a  mis  le  feu  ,  ' 
emportés  parle  caurant  du  fleuve,  embrasent  le  ; 
pont  de  Neuwied  avant  que  Kleber  y  soit  encore  ;  i 
et  lors(]ue  l'armée  française  y  arrive ,  elle  se  neuve  i 
sans  aucun  moyen  d-  passage  ,  pressée  entre  le 
fleuve  étincelant  de  flammes  ,  et  les  autrichiens 
qui  couvrent  ies  airs  de  leurs  foudres.  Ace  spec- 
tacle .  terrible  sur-tout  parce  qu'il  était  inattendu  , 
le  courage  même  de  l'aimée  française  est  étonné 
et  ébranlé.  La  mort  à  tous  paraît  certaine  et 
tout  combat  inutile,  Marceau  ,  qui  voit  combien 
cs!  fune«te  son  erreur  ,  veut  s'en  punir  comme 
d  un  crime  ;  il  porte  le  bout  de  ses  pistolets  sur 
son  front.  Seul,  calme  et  serein  au  milieu  de  celte 
coiisicr-jation  de  tant  de  héros  et  de  ce  désespoir 
de  iaiit  de  soldats  français,  Kleber  semble  rendre 
giice  en  secret  à  la  fortune  de  cette  grande  oc- 
CiSiûii  de  lutter  contr'elle  :  arrachant  les  pistolets 
des  mains  de  Marceau  :  Jeune  homme  ,  lui  dit-il  , 
alUz-vous  faire  casser  la  tête  en  défendant  ce  passage 
que  vous  voyez,  avtcvotre  cavalerie;  cest  ainsi  qu'il 
vous  est  permis  -de  mourir.  Il  appelle  le  chef  des 
pontonniers  :  Combien  de  tems  vous  faut-il  pour 
jeler  un  pont  ?  —  Vingt-quatre  heures  sont  néces- 
saires. —  Je  vous  en  donne  trent'e  ,  et  vous  m  en 
répondez  sur  votre  tête.  I  demande  le  silence  aux 
soldats  qui  remplissent  le  rivage  en  feu  des  hur- 
lemrns  de  leur  désespoir:  Soldats  ,  les  autrichiens 
commencent  enfin  à  être  dignes  de  lutter  contre  vous  ; 
eh  bien  !  fesons-leur  voir  que  lorsque  nous  sommes 
arrêtés  par  tin  fleuve  ,  c'est  sur  eux  que  nous  nous 
précipitons  :  ouvrons  -  nous  dans  leurs  rangs  un 
passage  que  le  Rhin  nous  refuse  encore.  A  ces  pa- 
roles ,  piononeées  par  un  général  qui  avait  reçu 
de  la  nature  la  laille  des  demi-dieux  d  Homère, 
et  dont  la  tère  ,  toujours  su, montée  d'un  haut 
panache  ',  s'élevaii  au  -  dessus-  des  bataillons 
comme  hs  drapeaux  de  l'armée;  à  cette  voix 
d'un  chrf  que  le  soldat  a  coutume  d'appeler  le 
Dieu  Mars.,  le  soldat  croit  entendre  le  maître  de 
la  fortune  et  l'arbitre  souverain  des  combats  :  il 
ne  voit  plus  les  dangers  devant  l/-squels  il  a  pâli. 
A  1  instant  les  rôles  changent  entre  les,  deux 
armées:  celle  qui   poursuivait  est  poursuivie;  un 


long  espace  reste  libre  -nire  les  travaux  du  ri- 
vage et  les  nouveaux  champs  de  ba'aUle  :  le 
Icms  acioidé  pour  !a  conEt:iiclion  du  poni  e!t 
pro!nr:gé  par  des  vicioires.  Reprenant  alors  une 
leiraiie  devenue  bien  plus  majebiueuse  encore  , 
'e  dernier  de  l'aimée  Kleber  met  le  pied  sur  le 
pont;  ei  les  Autrichiens,  comme  s'ils  n  étaient  plus 
•  lire  les  lémnin»  de  tant  d'béuiïsme  ,  semblent 
avoir  plus  d  envie  d'applaudir  au  pass;  ge  que  de 
s  y  i.iji(ioset.  n 

L'o  aw-iit  fait  observer  que  pins  K  eber  rcndaii 
de  servic.js  à  a  répulilicjae  pa-  ses  victoires  .  plus 
il  s'attachait  aux  principes  de  liberté  et  d'égalité. 

"  Au  ccnime'icement  de  la  guerre  ,  dii-il  .  Ie< 
opinions  ie  Kleber  sur  nos  principes  éiaieni  en- 
core flouantes  ;  après,  ks  fait,  d'armes  dota  je 
viens  de  parer  ,  il  ne  vivait  plus  que  pour  les  ren- 
dre impeiissables.  La  campagne  ijui  suit  ce  pas- 
sage du  Rhin,  s'ouvre,  et  dans  celle  camuaj^re 
oii  tous  les  a,vantages  de  la  rèpeblicjue  et  de  l'em- 
pi.e  sont  si  disputes  et  si  balancés  .  Kleber  ,  à  la 
lête  de  l'aile  gauche  de  l'aimée  ,  compte  presque 
lous  les  jours  par  des  succès  qui  le  conduisent  à 
d  autres  succès  encore. 

)î  Sur  le  Lâcher,  sur  la  Sieg  ,  par-tout  où  il  ren- 
contre les  ennemis,  il  remporte  une  victoire  ;  sur 
les  hauteurs  d'A  t -rkircken  ,  il  me',  l'armée  du 
prince  de  Wurtemberg  eu  pleine  ciéioule  ,  apiè.^ 
lui  avoir  fait  (^'aatre  mil'e  prisonniers  et  enlevé 
quatoize  pièces  de  canon  ,  les  étenaarts  et  les 
drapeaux.  L'Ar.triche  ,  épouvanté-  de  cette  mar- 
che loujbuis  victorieuse  ,  fait  avancer  contre  ICf- 
ber  toute  son  armée  ,  iorie  de  soixante  mille 
hommes,  et  commandée  par  ce  jeune  général 
qu  elle  n'appelle  au  commandement  que  d,.ns  les 
plus  grands  dang-rs  ,  par  ce  jrune  prince  Ch.r- 
les  ,  qui  possède  éminemment  le  talent  d  élever  et 
d'enflammer  le  courage  et  la  conhance  des  trou, 
pes ,  et  qui  ,  né  sur  les  degrés  d'un  tiôie  ,  a  une 
grandeur  assez  personnelle  pour  être  toujours 
près  d'une  disgrâce  ,  pour  avoir  tous  ses  (nneinis 
à  la  cour  et  tous  ses  amis  dans  les  armées  et  parmi 
les  peuples.  Kleber  n'a  p  s  plus  d-  20,000  hommrs 
pour  combatte  les6o,«oo  aultichiens  ;  m  is  sur  les 
hauteurs  d  Ukrad  il  dispose-  tellement  des  posi- 
tions qu  il  lui  convient  et  de  prendre  lui-même  , 
et  de  faire  prendre  au  prince  Charles,  que  jamais 
ses  20.000  hommes  n'en  ont  davantage  en  têie  , 
ei  que,  dans  des  ccmbals  qui  se  répètent  plusieurs 
jours  de  suite  ,  ses  soldais,  qui  ne  se  reposent 
jamais  ,  ne  cèdent  jamais  ni  ,e  tertein  ni  la  vic- 
toire à  ceux  du  prince  Charles  ,  qui  chingent  et 
et  se  iclcveiit  tous  les  jouis. 
J)  Après  l'éclat  de  ces  actionsplusrépandu  encore 
en  Allemagne  qu'en  France,  que  pouvaient  contre 
Kleber ,  et  le  général  Kray  et  le  prince  de  'Vertens- 
leben  ?  Il  bat  et  >lisperse  le  pr  m'er  à  la  Koldieck  , 
et  le  second  à  Frtdberg:  à  peine  il  frappe  aux 
portes  de  Frandoit ,  ses  n:iagistrats  tremblans  vont 
les  lui  ouvrir.  Aucun  ennemi  ne  paiaissait  plus 
pouvoir  l'arrêter  dans  ce  cours  de  victoires,  lors- 
qu'un ennemi  de  tout  ce  qui  est  grand  et  heureux, 
et  qui  devient  plus  redoutable  à  mesure  que  les 
talens  et  les  vertus  muitiphent  leurs  triomphes, 
lorsque  l'envie  ,  qui  ne  pouvait  1  humilier  par  des 
défaites ,  mais  qui  pouvait  l'abreuver  de  dégoûis  , 
le  contraint  à  se  re.ircr  de  l'armée  au  moment  où 
on  parlait  de  lui  en  donner  le  commandcnent 
suprême.  Il  était  toujours  trop  aisé  de  rendre  Kle- 
ber suspect  au  pouvoir  qu'il  ne  ménageait  jamais 
en  le  servant  toujours  :  et  les  p.éliminaires  de 
Léoben  fesaieot  .croire  que  déjà  les  héros  étaient 
moins  nécessaires.  (La  suite  à  unprochain  numéro.) 


Parent  Real ,  membre  dn  tribunal,  au  rédacteur  du 
Moniteur.  —  Varis  ,   le  4  nivôse ,  an  9. 

Citoyen  ,  en  rendant  compte  dans  votre  feuille 
de  ce  jour  de  quelques  passages  de  l'opinion 
que  j'ai  émise  hier  au  tribunal,  vous  me  fai  es 
dire  :  11  En  politique  ,  pour  que  le  bien  s'opère 
avec  succès  ,  il  faut  qu'il  émane  de  l'autorité  qui 
gouverne.  >i 

Cette  maxime  est,  je.crois,  un  paradoxe  qui 
ne  peut  convenir  ni  au  gouvernement ,  ni  au 
tribunal,  non  plus  qu'à  vos  principes  et  aux 
miens.  La  vérité  est  que  j'ai  dit  :  )>  En  politique  . 
pour  (jue  le  bien  s'opère  avec  succès  ,  il  faut 
qu'il  émane  de  lautorité  qui  en  est  chargée  ,  par 
excellence,  u  D'après  ce  texe  ,  l'on  voil  que  l'auto- 
rité doit  différer  ,   selon; la  nature  des  objets. 

Je  vous  serai  obligé  ,  citoyen  ,  d'avoir  la  com- 
plaisance dinsérer  ma  réclaraaiion  dans  votre 
prochair!  numéro  ;  elle  :Servira  à  rectifier  l'erreur 
que  vous  m'avez  involontairement  attribuée. 

Je  vous  salue.  Parent-Ré.^l. 


BANQ,UE    DE   FRANCE. 

Faris  ,  le  6  nivôse  an  3. 

Le  conseil  'le  réi.'ence  de  la  banque  de  France  < 
dars  l'assemblée  extraordinaire  qui  a  eu  lieu  le  6 
de  ce  mois,  a  ouvert  une  souscription  dont  le 
produit  est  destiné  au  souLgement  des  individus 
indiger.s  qui  ont  soutFeri  de  l'explosion  de  la. 
machine  infernale  ,  dirigée  contre  le  premier 
consul. 

Les  personnes  qui  voiidro':t  concourir  à  cel  act,: 
d'humanité  ,  sont  piévenues  ((ue  la  souscription 
restera  ouverte  chez  le  secrétaire-général  de  la 
banque- .  le  ciioyen  Rodesse  ,  maison  Mjssiac  , 
place  des  Victoires  ,  tous  les  jours,  depuis  din 
heures  du  matin  jusqu'à  quatre  heures  apièa 
midi. 

Le  secrétaire-général  de   la  banque  de  France , 
Signé,  Rodesse. 


On  se  propose  de  liquider  les  créanciers  de 
la  succession  du  cit.  Rainalingna,  d'une  somme 
de  trois  millions  et  plus;  on  demande  à  con- 
naîire  les  porteuTS  de  créance;  ils  pourrontse 
faire  inscrire  chez  les  citoyens  Violeite  et  col- 
hborateurs  du  bureau  de  commission  et  de 
correspondance  judiciaire,  civi'e  et  militaire, 
établi  à  Paris  rue  Fjydeau  ,  n°*  24  et  216  Lors-- 
qu'ils  seronr  connus  ,  il  leur  sera  indiqué  les 
moyens  de  parv«i  ir  au  partage  de  celte  succession. 


LIVRES      DIVERS. 

Dictionnaire  universel  de  la  révolution 
française,  ou  table  chronologique  et  alphabétique 
du  Moniteur.  La  politique  ,  la  législat:on  ,  les 
scxnces  et  les  atts  réclamaient  depuis  long-tems 
une  analyse  impartiale  ,  une  indication  facile  et 
précise  des  lois  ,  des  opinions  ,  des  actes  et  des 
faits  auxquels  ont  pris  part  lous  ceux  qui  ont  figuré 
d'une  ma  iere  quelco.'qne  sur  le  grand  théâtre 
de  la  révolution.  Ce  travail  immense  ,  le  citoyen 
Girardin  l'a  entrepris  et  l'exécute  avec  courage. 
Exacii  ucie  de  rédaction  ,  beauté  d'exécution  , 
frontispice  ,  vignettes ,  cuis  de  lampes  ,  etc.  gravés 
d'après  les  dfssi:  s'  de  CarafFe  :  voilà  ce  qu'il  a 
cru  nécessaire  à  un  ouvrage  dune  aussi  grande 
importance.  Ce  ne  sera  pas  seulement  un  com- 
plément du  Moniteur  pour  ceux  qui  en  possè- 
dent la  collection  ;  seul  il  donnera  encore  à  ceux 
qui  ne  la  possèdent  pas  l'ensemble  de  la  période 
■de  la  révolution  ,  et  pourra  nr.ême  servir  de  clé  à 
tous  les  autresjournaux  qui  ont  paru  depuis  1788, 
jusqu'au  i''  vendémiaire  an  8  de  la  république 
française.  C'est  ce  qui  a  décidé  le  cit.  Girardin 
à  le  faire  imprimer  en  deux  formats  ,  l'un  ,  gros 
volume  in-folio  ,  semblable  à  celui  'du  Moniteur; 
l'aui.e  ,  3  volumes  in-4'' .  format  des  journaux 
ordiiia'res  ,  au-lieu  de  deux  volumes  qu'il  s'était 
proposé  de  publier. 

Le  cit.  Girardin  ne  peut  encore  déterminer 
le  prix  de  la  vente  de  cet  ouvrage  ;  il  ne  sera 
fixé  définitivement  qu'à  l'instant  de  la  publication 
qui  sera  annoncé  par  la  voie  des  journaux  et 
affiches.  Signé,  Girardin. 


Bourse  du  7    nivôse. 

Rente  provisoire s8  fr-  75  ç. 

Tiers  consolidé Sg  fr.   i5  C 

Bons  deux  tiers 1    fr.  68  c. 

Bons  d'arréragé S6   fr.  3o  c. 

Bons  pour   l'an  8 94  'r.   76  c. 

Coupures 81   fr.  5o  c. 


SPECTACLES. 

Théâtre   de    la  Republiq_ue  et  des  Arts. 

Aujourd.  relâche. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
Mnrcellin  ,    Cadichon,    ei  le  Tableau. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  Voltaire;  ta 
Manie  de  ta  danse ,  et  Frosine. 

Théâtre  de  la  Cité-Variétés.  —  Pantomimes. 
Auj.  l'Enfant  de  l'amour,  pant.  à  grand  spect.  ; 
la  Fille  hussard. 

Théâtre  du  Marais,   rue  Culture-Catherine. 
Auj.    la   4«   repr.    du  Comte  de  Perche,   dratiie 
en   cinq    actes. 


.  Il  faut  adr 
pays  a  .  l'on 


r  se  fait  à  Paris 
cemcDi  de  cbaq 
ler  les  ïclties  cl 
ipeutaEF.anchi 


,  franc  de  port 


Les  lettres  deidi 


st  de  25  francs  pour  troii 


AcA  ss  E,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poire  v 


nuis  ,  et  too  francs  pour  f: 


entière.  Ounes'abon 


par: 


char 


elles   qui 


Irancrries  ,  ne  seront  point  1 
enferment  des  valeurs,   et  r 


l3,  depu 


natin  jusqu'à  cinq  heures  du 


Qs  ,  u^  18.  Il  faut  comprendie  dans  les  envois  le  port  des 
oncerne  la  rédaction  de  la  feuille,  au  rédacteur,  rue  de» 


De  l'imprimerie    de  H.   Agasse  ,   propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  n"  i3. 


E  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


^"9$. 


Oclidi  ,  8  7Ùvêse  an  g  de  la  république  française  une  et  indivisible. 

'. \ ■       


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs  ,  qu'à  dater  du  7   nivôse  ai.  J  ,  le  M  O  N  I  TEUR  est   le   seul  journal  officiel. 
Il  contient    les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi  que  les  faits   et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  côrespondanc-es  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement   consacré   aux   sciences  ,  aux  aits    et  nux   découvertes   nouvelles.  1 


EXTERIEUR. 

RÉPUBLIQ^UE    LIGURIENNE. 

Gênes  ,  le   z^  frimaire  (  ib  décembre  }. 

i-j  A  nouvelle  de  la  niémorable  bataille  de 
Hnh.  nlinden  a  é;é  annoncée  au  peuple  de 
Gê..es  et  Jes  deux  rivières  par  des  salves  de 
toute  l'artillevit:  de  l'état.  Par  ordre  de  la  com- 
mission extraordinaire  du  gouverne:iient  ,  toute 
■la  viile  a  été  illuminée  ,  ei  le  soir  il  y  a  eu  bil 
au  théâtre. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,   22   décembre  (  i"  nivôse.  ) 

Roger  OConnor,  détenu  au  fort  Georges  , 
en  Ecosse  ,  avait  demandé  à  être  transféré  dans 
un  autre  endroit  ,  en  Angleterre  ,  pour  raison 
de  santé.  Ls  duc  de  Portland  a  octroyé  sa  de- 
mande. Un  messager  d  état  est  parti  ,  pour  aller 
chercher  le  prisonnier.  On  croit  qu'il  lui  sera 
permis  de  résider  à  Baih. 

On  a  reçu  mercredi  à  Portsmouth  des  ordres  de 
l'amirauié  à  toutes  les  flottes  ,  et  à  tous-Jes  croi- 
seurs de  sa  Œiajcsté  ,  pour  arrêter  et  amener  dans 
le  port  tous  U  s  bâi  Jicns  de  guerre  ou  marchands  , 
appartenans  à  la  Russie. 

On  mande  de  Hambourg  qu'un  vaisseau  sué- 
dois ariivé  à  Lubeck  quelques  jours  avant  ,  y  a 
confifmé  la  nouvelle  de  1  armement  d.ms  tous 
les  poiiS  de  la  Suéde.  Les  vaisseaux  de  giierre 
sont  équipés  avtc  la  plus  grande  actiiilé;  Ces 
mesures  sont  le  résultat  d'une  conférence  entre 
l'ambûssadeur  russe ,  à  S  ockholm  ,  elle  ministre 
d'étt  de  sa  majesté  ,  le  roi  de  Suéde  ,  relative- 
ment aux  dépêcties  apportées  de  Pétersbourg  le 
jour  raêmi  ,  par  un  courrier.  Le  bruit  général 
est  que  ces  préparatifs  sont  destinés  contre  l'An- 
gleterre. I 

PA  R  L  E  M  E  N  T. 

CHAMBRE      DES      COMMUNES. 

Séance  du  18  décembre. 

La  chambre  se  fo:me  en  comité  pour  le  bill 
destiné  à  empêcher  les  raaivcillans  de  séduire 
les  armées   ou  les   flottes. 

M.  Abbott.  Le  crime  qu'on  se  propose  de  pré- 
venir est  un  des  plus  atroces  en  lui-même  ,  et 
des  plus  dangereux  dans  ses  suites.  Je  voudrais 
que  le  biil  sur  lequel  nous  délibéions  dans  ce 
moment,  (ni  rcniu  perpétuel  ,  ou  du  moins 
.qu'il  liil  prolongé  jusqu'à  sept  ans  ,  ainsi  que  l'a 
faille  parUment  d  Irlande.  Je  fais  donc  la  mo- 
tion que  le  bill  ait  force  de  loijusqu'au  premier 
jour  du  mois  d'ac  ût  1807.  .     • 

M.  Hobhouu.  Je  ne  vois  pas  la  nécessité  de 
faire  une  loi  perminente  d'une  mesure  que  les 
circonstances  seules  avaient  fait  adopter.  Si  les 
lois  déjà  t'xislantes  ,  qui  condamnent  à  six  années 
de  détention  et  à  deux  expositions  au  piloii 
les  coupables  convaincus  de  séduction  ,  étaient 
exécutées  rigoureusement  ,  on  verrait  qu'elles 
«ont  sullisantes.  Pourquoi  prolonger  de  sept  an- 
nées la  durée  du  bill  ,  aujourd'hui  que  les  motifs 
qui  l'avaient  occasionné  ont  disparu  ?  L'honora- 
ble membre  qui  en  a  fait  la  motion  ,  me  paraît 
plus  enclin  aux  mesures  de  rigueur  qu'à  celles 
de  douceur  :  il  paraît  qu'il  préfère  les  lois  d'Ir- 
lande à  celles  que  le  parkraent  d'Angleterre  a 
déjà  adoptées. 

.M.  Abbott  réplique. 

M.  Tierney.  Je  trouve  quelque  chose  d'extra- 
ordinaire dans  la  motion  de  l'honorable  mem- 
bre, qui  veut  faire  durer  sept  ans  encore  une 
loi  que  scs(  auteurs  et  ses  partisans  n'avaient 
eux-mêmes  proposée  que  comme  une  mesure 
momentanée.  Cependant  Ihonnrable  membre 
n'a  point,  entreplis  de  prouver  qu  il  existât  dans 
les  armée'  de  icne  ou  de  mer  aucunes  d.spo- 
jiiionj  qui  jusiiliasscot  une  pareille  motion.  Le 
bill  .  j  en  conviens  ,  a  pu  être  nécessaire  lorsqu'il 
fut  porté  ;  mais  si  depuis  trois  ans  on  n'a  pas  dé- 
couvert la  plus  légère  tentative  pour  séduire  un 
soldat  ou  un  marin  ,  il  fiUt  léfléchir  sérieusement 
avani  de  rendre  une  loi  en  venu  <lç  laquelle  un 
homme  ,  pour  un  piouos  tinu  dans  un  cabaret, 
pourrait  Suc  conduit  a  la  mon. 


L'attorney  -  général  rétablit  la  proposition.  La 
question,  selon  lui,  était  de  savoir  si.  U  durée 
d  une  mesure  de  pohce  permanente  po.'.vail  être 
allô  gée  on^^àbregée  ?  Sou  honorable  ami, 
M.  Abbolt,  avait  proposé  le  terme  d«  sept 
années,  laissàpt  au  parlement  impérial  à  pro- 
noncer s'il  fallait  faire  du  bill  uive  loi  per- 
pétuelle. V 

Lord  Hawktshury.  J'en  appelle  à  la  conscience 
des  honorables  membres  ;  en  est-il  un  seul  qui 
ne  juge  un  pareil  crime  digne  de  mon?  les 
lois  diciées  par  le  sentiment  et  la  piésecce  du 
mal  ,  sont  beaucoup  plus  sages  que  toutes  celies 
qui  doivent  naissance  à  des  théories  b..'il!j.nies  , 
mais   trom()euses.     ~  ^ 

M.  Fierrepoint.  Si  nous  siégeons  encore  ici  , 
nous  le  devons  à  cette  loi ,  el  à  d'autr^'  scrr.bla- 
bles.  Je  ne  rougirais  pas  de  voter  poui  elle  ,  en 
face  même  de  mes.  corametlans.  C'est  ïl'.e  qui  a 
préservé  notre  conSiiluiioo  ,  et  tout  ce  que  nous 
avons  de  cher  au  monde.  C'est  pour  cela  que  je 
suis  surpris,  que  ce  ne  soit  qu'une  loi  temporaire. 
Je  voterais  poijr  qu'elle  durât ,  uoii  pas  jusquà 
1807  ,  mais  jusqu'à  1870. 

M.  Tierney.  C'est  le  renouvellement  du  bill  et 
non  sa  prolongation  ,  que  demande  l'honorable 
membre  (M.  Abbott.  )  Un  autre  membre  nous  a 
dit ,  d'un  ton  très-décidé ,  qu'il  ne  croyait  pas  qu'il 
y  eût  un  seul  homme  parmi  nous  qui  s'opposât  à 
une  loi  qui  prononce  peine  de  mort,  ',ar  la  dé- 
position d'un  seul  témoin  ,  pour  de  sirr.pl.-s  pa- 
roles, rju'on  pe^ut  interpréter  malicie.  ;cment  et 
dénàiufer.  Mais  l'accusé  n'a-t-il  pas  u-i  conseil 
dans  les  cas  mêmes  de  hani^-trahisoa  ?  t'n'exii;e- 
t-on  pas  le  concours,  de  deux  témoins  ?  Or  ,  la  loi 
que  nous  discuiotis  n'accorde  pas  clj  ronsctl  à 
l'accuse  ,  et  se  contente  de  la  déposii'on  d'un 
seul  témoin.  Une  loi  .semb'able  tsi  une  calamité 
pour  le  peuple  ,  un  arrêt  de.  mort  contre  le  soldat 
et  i'hornrae  de  mer. 

Le  sotlicileur-géniral  (1).  Cette  loi.  n'i  's  pour 
objet  de  (aire  égorger  '.à  Ûoue  et  1  armée  ,  comme 
le  prétmd  l'honorable  membre,  mais  d'e.mpê- 
checl'uneet  l'autre  d'être  tournées  contre  le  peuple. 

M.  Hobhouse.  C'est  une  mesure  extraordinaire 
qu'on  ne  doit  adopter  que  pour  des  cas  extraordi- 
naires; et  comme  i!  n'en  existe  pas  aujourd'hui  , 
la  motion  doit  être   rejetée. 

La  proposiion  de  M.  Abbott  est  agréée  ,  et  le 
rapport  renvoyé  au  lendemain 

(Extrait   du   Star.) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  7  nivôse. 

Les  membres  du  tribunal  de  preraiereinstance  , 
et  les  régens  et  censeurs  de  la  banque  de  France  , 
ont  élé'  admis  à  l'audience  du  premier  -consul, 
el  ont   prononcé   les  discours  suivans  : 

Discours   des  régens  et   censeurs   de   la  banque  df 
France. 


Les  sentimens  d'indignation  que  le  peuple  fran- 
çais manifeste  aujourd  hui  contre  vos  etmemis  ,' 
son  amour  pour  le  gouvernement  actuel  et  pour 
vous  qui  en  êtes  le  défenseur  et  le  soutien  ,  vont,' 
s'il  est  possible,  accroître  la  sollicitude  générale. 
Ce  ri'est  pas  seulement  le  bonheur  et  la  gloire  de 
la  génération  actuelle  qui  occupera  votre  cœur 
sensible  ,  citoyen  premier  consul  ,  vous  porterez 
vos  regards  sut  celle  qui  doit  nous  survivre  ,  et 
vous  ne  pourrez  vous  y  compLire  qv^'en  arrê- 
tant à  jamais  la  main  invisible  qui  a  fait  com- 
mettre dans  la' révolution  d'aussi  grands  for- 
faits. 

Permettez,  citoyen  premier  consul ,  que  les 
régens  el  censeurs  de  la  banque  de  France  ,  ne 
s'arrêieiit  pas  dans,  ce  jour  à  d'autres  considéra- 
tions qui  pourraient  leur  être  particulières  ,  vu 
l'importance  des  intérêts  qui  leur  sont  confiés  , 
leur  sollicitude  s'est  portée  plus  particulièrement 
sur  les  individus  indigens  qui  ont  soufiFert  de 
l'explcjsion,  et  le  cofSseil  de  régence  ,  dans  l'as-' 
semblée  extraordinaire  qui  a  eu  lieu  hier  ,  a  ou- 
I  yen  une  souscripiiou  dont  le  produit  est  destiné 
à  leur  soulagement  ;  accueillez- nous  aujourd'hui  , 
citoyen  premier  consul  ,  comme  des  pères  de-, 
famille  qui  viennent  en  leur  nom,  «u  nom  de 
leurs  enfans  ,  vous  manifester  leurs  vœux  ,  vous 
exprimer  laurs  seniimens. 

Discours  du  président  du  tribunal   de  i''^  instance. 

CtTOYEN   PREMIER    CONà'JI.  , 

Les  membres  composant  le  tribunal  civil  de 
I  première  instance  du  département  de  la  Seine  , 
I  Viennent  se  réunit.à  tous  les  citoyens  sincèrement 
I  attachés  au  gouvernement,  à  son  chef  et  à  la 
I  liberté,  pour  vous  témoigner  les  vives  allarmes 
donl  ils  ont  été  agités ,  en  ajjpr.enant  les  nouveaux 
dangers  auxquels  vous  avez  élé  exposé- 

Les  annales  du  monde  ne  fournissent  point 
d'exetnple  d'un  complot  conçu  avec  tant  d'atrocité 
et  si  désastreux  dans  son  exécuuon. 

Le  génie  qui  veille  à  la  conservation  de  la  repu-  ' 
bliqneetde  votre  personne  si  précieuse  pour  le 
bonheur  de  tous  les  français  et  pour  le  repos'de' 
1  Europe  ,  a  pu  seul  vous    garantir   des  funestes 
efiéls  de  cetre  trame  infernale. 

Tous  les  bons  citoyens  font  des  vœux-pour  la 
découverte  des  auteurs  de  cet  horrible  attentat.  Ils 
désirent  que  ,  par  une  punition  aussi  prompte 
qu'exemplaire  ,  la  société  entière  soit  vengée  ,  et 
que  la  sévérité  de  nouvelles  lois  détourné  le  mé- 
chant du  dessein  de  renouvelle:  de  semblables 
attentats. 

Puisse  le  même  génie  continuer  de  veiller  à  la 
conservation  de  vos  jours  ,   et  écarter,  à.l'aide  d.e  ' 
la  sagesse    ds    vos   négociations  ,     les   'obstacles 
étrangers  qui   retardent  .la  conclusion    prochaines 
de  la  paix  qui,  en  mettant  le  comble  à  votre  gloire,  ' 
sera  la  source  de  la  félicité  publique. 


Citoyen  premietr  consul, 

Il  est  dès  événemens  dont  on  ne  connaît  bien 
les  conséquences  que  dans  un  certain  éloigne- 
menl.  Le  sentiment  que  tous  les  français  éprouvent 
au  récit  de  l'infernal  attentat  qui  a  menacé  les 
jours  de  leur  premier  magistrat  ne  s'afl"3iblit  pas  ; 
il  s'accroît  par  la  réflexion;  et,  en  eflei ,  quel 
est  celui  de  notis  qui  ne  soit  de  plus  en  plus 
profondément  convaincu  de  l'horrible  projet  des 
conspirateurs;  Ib  espéraient  nous  replonger  danî 
la   confusion  et  Tanai^chie  ! 

C'est  lorsque  nous  jouissions  de  cette  heureuse 
harmonie,  de  ces  douces  affrétions  qui  repre- 
naient leur  empire  dans  l'état  comme  dans  l'in- 
térieur de  nos  lamllies  ,  qu'il  faut  que  nous  con- 
templions dans  toute  son  horreur  ,  l'acte  le  plus 
féroce  et  le  plus  abominable  qui  ail  jamais  été 
commis.  ,     .- 

Si  un  pareil  attentat  eût  obtenu  le  succès  qu'on 
s'en  promettait,  quels  sont  les  crimes  qui ,  par 
l'excès  même  de  leur  atrocité  ,  auraient  arrêté  les 
coupables. 

•On  n'ose  pénétrer  dans  cet  avenir  ,  et  cepen- 
dant il  ne  faut  pas  déiourner  les  yeux  de  la  scène 
de  désolation  qu'il  présente:  lelfroi  qu'il  inspire 
sera  le  salut  de  la  patrie. 

(1)  l'avocat  gcnctal.. 


ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Arrêta  du  7  nivôse  an  g.  ".    ^ 

Les  consuls   de  la    république   arrêtent  ce  qui 
suit  :      '  •      .'8 

An.  I".  Le    ministre  de  l'intérieur  nommera 
une  commission  spécialement   chargée  d'évaluer^ 
les  dommages  occasio'nnés  aux  différen's  citoyens' 
par  l'explosion-  de  la- machine  inferuale. 

II.  Primedi  prochain  ,  il  préscniera  son  rap- 
port sur  les  opérations  de  ladite  commission  ; 
il  remettra  la  liste  des  individus  qui  ont  été  tués 
ou  blessés,  et -fera  connaître  le  nom  des  lem-"' 
mes  et  des  enfans  des  citoyens  morts  ou  blessés 
grièvement ,  qui  auraient  besoin  des  secours  dti  • 
gouvernetftenl.  ■  i     ■ 

Le  premier  consul  ,  signé,  Bonaparte.  ; 

Par  le  premier  consul ,  ; 

Le  secrélctire-d'état  ,  signé .,  H.  B.  Maret.      ,1 


MINISTERE    DE    LA  JUSTICE.      ;. 

,  ,  ,   6  nivôse  an   g. 

Le  jury  a  déclaré  qu'il  y  avait  lieu  à!  accusation  ■• 
contre  Cerachi  ,  Diana  ,  Detiiervillè,  Arena  ,' 
Fille  Fumey,  Daiteq  ,  Lavigne  et  Topiheaii-Le-'  ' 
brun,  sur  le  complot  d'assassinat  contre  le  pre-I-' 
mier  consul  ,  dont  l'exécution  a  été  tentée  le  18 
vendémiaire.  . 


dgS 


MINISTERE    DES    FINANCES. 

ttapport  aux  consuls  sur  la  situation  des  finances  de 
t' armée  française  en  Egypte. 

Choyens  consuls , 

J'E  vous  dois  compte  de  la  situation  de  l'armée 
d^Orient  ,  sous  le  rapport   des  finances. 

Ce  compte  sera  le  résultat  des  renseignemens 
quini'ont  été  adressésparle  directeur  général  pro- 
visoire des  revenus  publits  de  1  Egypte. 

Il  était  dû  au  5  floréal  huit  millions  pour  neuf 
mois  de  solde  à  ia  troupe  ,  et  douze  mois  à  la 
marine  et  aux  employés  des  administrations , 
outre  une  inbnité  de  dépenses  qui  n'avaient  pu 
être   acquittées. 

Le  général  en  chef  a  établi  sur  les  villes  du 
Kaire  ,  Boulacq  et  Damiette  ,  et  sur  les  pro- 
vinces de  Garbié  et  Menouf  ,  qui  s'étaient  révol- 
tées depuis  la  rupture  de  la  convention  d  El- 
Arich  ,  une  contribution  d'environ  i3, 000,000  , 
moitié  en  espèces,  moitié  en  denrées  et  mar- 
chandises. 

Au  3*  jour  complémentaire  ,  près  de  onze 
millions  étaient  rentrés  sur  cette  contribution 
extraordinaire  ,  et  environ  cinq  millions  sur  les 
contributions  ordinaires. 

L'arriéré  de  la  solde  et  des  appointeraens  fut 
acquiié  ;  la  solde  de  floiéal,  prairial  ,  messidor 
et  thermidor,  a  été  payée;  des  fonds  ont  été 
faits  aux  services  du  génie  ,  de  l'artillerie  ,  des 
équipages  ,  et  à  l'ordonnateur  en  chef  pour  les 
autres  services.  Il  restait  encore  en  caisse  à  la 
même  époque  5oo,ooo  fr.  ,  et  trois  millions  à 
percevoir  tant  des  contributions  extraordinaires 
que  des  revenus  ordinaires  et  de  l'emprunt  sur 
les  cophtes. 

La  solde  du  mois  de  fructidor  a  été  payée  le 
5'  jour  complémentaire. 

Telle  était  la  situation  du  service  au  1='  ven- 
démiaire an  9".  'Voici  l'apperçu  des  moyens  pour 
le  service  de  cette  année. 

•La  totalité  des  dépenses  de  l'armée  s'élève  à 
I,Soo,ooo  fr.  par  mois  ,  ce  qui  exige  un  revenu 
fixe  de  18,000,000  par  année.» 

(Déjà  le  paiement  de  la  solde  de  vetjdemiaire 
a  été  effectué  le  3o  de  ce  mois.  ) 

Pour  assurer  ce  revenu,  le  général  en  chef  a 
ïubsiiiué  aux  impôts  vcxaioires  établis  en  Egypte, 
moins  en  faveur  du  gouvernement  que  de  quel- 
ques hommes  puissans  ,  et  aux  avanies  dont  le 
peuple  était  accablé  ,des  droits  fixes  qui  ,  en  sou- 
lageant le  contribuable  de  plus  de  moitié  ,  feront 
rentrer  au  trésor  public  une  moitié  en  sus  de  ce 
qu'il  recevait .  parce  que  le  produit  lui  parviendra 
dir-ctement.  Déjà  même  plusieurs  cheicks  ont 
offsrt  de  payer  leur  impôt  au  trésorier  français  de 
la  province  ,  sans  l'intermédiaire  des  cophtes  ,  et 
sans  coniraintes  ni  exécution  militaires. 

Voici  l'état  des  diverses  natures  de  contribu- 
tions et  de  leur  produit  piésumé  : 

1°  Imvôt  foncier  qui  doit  être  incessamment 
fixé  et  réparti i5,ooo,ooo 

2°.  Droits  sur  les  cheiks-elBeled 
des  deux  mille  deux  cents  cinquante- 
trois^  villages  soumis  à  la  république  , 
évalué. 8,000,000 

(Il  doit  produire  le  jlouble   cette      -^ 
année.) 

3*  Ociroi  dans  les  principales  villes  ; 
navigation  et  pèche  sur  le  NU:  fabrica- 
tion des  eaux  -  tle  -  vie  ;  droit  sur  les 
successions  ,  sur  le  sel  à  son  extrac- 
tion ;  impression  des  toiles  ,  etc.  éta- 
îilis  par  les  ordres  du  général  en  chef, 
des  18  ,  so  et  24  fructidor  an  8  ,  et 
7  vendémiaire    au    9 4,000,000 

4°  Droits  créés  sur  les  peseurs ,  me- 
sureurs   et  sétafs •       800,000 

i"  Droits    sut    les    corporations  de 
marchands  ,  artisans  et    ouvriers   des 
villes  et  lieux  principaux  d  Egypte.   .     s,5oo,ooo 
6°  Monnaie   du  Kaire 700,000 


de  cette  importante  partie  de  Tadministration  pu- 
blique. Il  a  établi  un  directeur-général  et  compta- 
ble de  tous  les  revenus  publics  de  1  Egypte  ,  sur 
lequel  pèse  toute  h  responsabilité  en  matière  de 
finances  ;  et  sous  ce  fonctionnaire  ,  un  receveur 
principal  de  tous  les  rev^-nus,  et  un  payeur  prin- 
cipal de  toutes  les  dépenses  :  ils  doivent  rendre 
compte  a-u  direcieur  général  ,  et  lui-même  pré- 
senter les  siens,  tous  les  mois  ,  au  commissaire 
de  comptabilité. 

Toutes  les  comptabilités  de  l'armée  d'Orient  , 
sont  divisées  en  douze  parties  ou  services  ,  et  les 
administrationi  qui  en  ont  été  chargées  .  doivent 
rendre  compte  de  leur  gestion  respective  ,  pour 
tout  le  tems  qui  s'est  écoulé  depuis  l'arrivée  des 
français  en  Egypte',  jusqu'au  premier  vendé- 
miaire an  9  ;  et  à  partir  du  premier  brumaire  , 
elles  doivent  remettre  leur  compte  du  mois  pré- 
cédent. 

Il  m'est  agréable  ,  citoyens  consuls  , 'd'avoir  à 
vous  présenter  un  tableau  aussi  satisfesant  des 
revenus  fixes  établis.  La  subsistance  et  la  solde 
des  troupes  assurées  ;  touieç  les  parties  du  service 
organisées  ;  les  peuples  soulagés  ,  offrant  eux- 
mêmes  les  tribuis  que  la  modération  et  l'équité 
leur  imposent  ,  tels  sont  les  premiers  fruits  delà 
victoire  et  les  résultats  heureux  d'une  sage  et 
bonne  administration. 

Paiis  ,  ce  3  nivôse  l'an  9. 

Le  ministre  des  finances.  Signé  ,   Gaudin. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Varis  ,  le  7  nivôse  ^  an  g  de  la  république  franqaist , 
une  et  indivisible. 

Le  préfet  de  police  a  fait  prendre  les  rensei- 
gnemens  les  plus  ciiconsanciés  sur  l'explosion 
du  3  nivôse  ,  dans  tout-s  les  maisons  qui  en- 
vironnent le  lieu  où  le  crime  a  été  commis. 

Dans  ia  plupart ,  on  a  vu  des  personnes  plus 
ou  moins  grièvement  blessées  ;  aucune  n'avait 
remarqué  ia  fatale  voiiure  ;  toutes  oubliaient  en 
quelque  sorte  leurs  propres  douleurs  ,  pour  ne 
songer  qu'au  danger  qu'avait  couru  le  premier 
consul,  t(  Il  ne  lui  est  rien  arrivé  ;  cette  assu- 
!)  rance  nous  console  et  allège  nos  maux,  n  Tel- 
les sont  les  paroles  qui  ont  été  recueillies  par- 
tout.   On  poursuit   les  renseignemens. 

Le  nombre  des  personnes  qui  ont  péri  ,  ou 
dans  l'txplosion  même  ,  ou  par  suite  de  leurs 
blessures  ,  est  de  cinq  ;  celui  des  personnes 
blessées  est  de  vingt-six,  dont  la  majeure  partie 
est  hors   de  danger. 


Total  du  produit  ptésumé.  .    .  25, 000,000 

Auquel  il  faufc  ajouter  le  droit  de  garantie  et 
tnarque  des  ouvrages  d'orfèvrerie  ,  fixé  à  5  poUr 
cent  de  la  valeur  ;  les  douanes  ,  l'enregistrement 
elle  revenu  des  domaines  nationaux. 

Pour  faciliter  la  rentrée  de  la  plupart  des  im- 
pôts indirectî.  sur  les  consommations  ,  le  général 
en  cbe-t  a  ordonné  qu'ils  seraient  affermés.  Des 
instructions  ont  été  adressées  à  cet  effet  ,  et  les 
ouesutes  convenables  paraissent  avoir  été  prises 
pour  faire  connaître  au  peuple-  l«s  nouveaux 
droits  ,  et  établir  une  concurrence  suffisante  daus 
les-  fermes  qui  doivent  en  être  passées. 

Mais  il  ne  suffisait  pas  d'avoir  établi  des  impôts , 
assuré  leur  petcepnon  et  facilité  leur  rentrée  au 
trésor  public  ,  il  fallait  encore  en  déterminer 
l'emploi ,  en  régulariser  radministraiion  ,  en  vé- 
rifier la  compiabiliié. 

Le  général  en  chef  ,  par  ut  ordre  du  12  fruc- 
tidor, a  adopté  un  aouvwau  mode  d'orgaaisalisit 


Etat  Aes  personnes  qui  ont  déposé 
tariat  de  la  préfecture  de  police  ,  le 
des  offrandes  pour  secourir  les  plus 
victimes  de  l'explosion  du  baril  de  po 
Nicaise  ,  le  3  nivôse. 

Les  propriétaires  du  Tublicisti  , 

Le  citoyen  Milhac  , 

Le  citoyen  H. . . 

Le  citoyen  Clément ,  employé  , 

Le  citoyen  René  ,  étudiant  , 

Le  citoyen  Rivière  , 

Le  citoyen  Collas , 

Le  citoyen  Say  ,  tribun  , 

Les  imprimeurs   en   taille-douce   du 
citoyen  Langlois  , 

Le  citoyen  ministre  de  la  guerre  , 

Les  employés  du  bureau  de  l'habille- 
ment  des  troupes  ,       l 

Les  trois  administrateurs  des  douanes  , 
Certifié  véritable  , 
Le  secrétaire- général  adjoint ,  signé , 


,  au  secre- 
7  nivôse  , 
indigentes 
udre  ,  rue 

100  fr. 

24 

3oo 

6 

84 

6 

«4 
ï5 

II     5 
Soo 

85 
i5o 

Bauve. 


Suite  des  pièces  officielles  de  l'armée 
d'Orient. 

Discours  du  citoyen  Fourrier ,  secrétaire  perpétuel 
de  (institut  ,  prononcé  dans  la  cérémonie  funéraire,, 
célébrée  par  l'arme  d  Egypte  ,  en  l'honneur  du 
général  Dtsaix. 

Français, 

La  voix  de  la  patrie  éplorée  vient  encore  une 
fois  se  taire  entendie  ;  elle  prononce  ,  au  milieu 
de  ce  deuil  triomphal  ,  le  nom  de  Desaix  ,  géné- 
ral de  division  dans  les  armées  de  la  république: 
il  parut  tout-à-coup  en  Italie,  dans  l'un  des  plus 
grands  événemens  de  la  guerre  .  où  il  semblait 
qu'il  vint  représenter  l'armée  d'Egypte  ;  il  eut 
l'honneur  de  commencer  la  victoire ,  et  aussitôt 
après ,  il  expira  sitr  le  champ  de  bataille. 

La  vertu  n'eut  jamais  de  titres  plus  évidens  à 
l'admiration  et  aux  regrets.  Desaix  fut  grand  dans 
un  temps  feviile  en  actions  extraordinaires  ,  où 
l'inirépidiié  est  une  qualité  nationale  qui  ne  dis- 
tingue personne.  Il  servit  souvent  de  modèle  ,  et 
eut  plutôt  des  imitateurs  que  des  rivaux.  Comme 
sa  modestie   lui  icçonciÛw  surle  cbaatp  ceux 


que  sa  supérîorîié  pouvait  offenser,  il  a'excSta 
jdmais  l'epvie  ;  bonheur  rare  ,  dont  peu  de  grands 
hommes  ont  joui  ,  et  que  la  fortune  accorde  à 
quelques-uns  comme  une  prérogative  naturelle. 

On  est  porté  à  croire  que  puisqu'il  était  homme, 
il  ne  fut  point  exempt  de  défauts;  mais  s'il  ea 
eut ,  ils  échapperont  à  l'impartialité  de  l'histoire: 
on  n'a  connu  de  lui  que  des  qualités  estimables 
et  de  nobles  sentimens.  La  simplicité  et  la  bonté 
étaient  ses  habitudes  naturelles  ;  il  ne  se  mon- 
trait extraordinaire  que  dans  les  grandes  circons- 
tances; on  le  voyait  intrépide  à  la  tête  des  avant- 
gardes,  infatigable  et  opiniâtre  dans  les  marches, 
terrible  dans  la  déroute  de  l'ennemi  :  le  reste  de 
sa  vie  coulait  uniformément  ,  et  il  ne  conservait 
de  sa  grandeur  que  l'élévation  des  vues  et  du  ca- 
ractère. 

Il  s'appliquait  ,  dans  les  loisirs  que  lui  laissait 
la  guerre  ,  à  devenir  utile  pendant  la  paix  :  c'est 
dans  ces  tems  plus  calmes  qu'il  s'exerçait  atix 
vertus  civiles  ,  s'efforçant  pour  ainsi  dire  de  se 
confondre  dans  la  foule  des  gens  de  bien. 

La  science  du  gouvernement  était  l'objet  ordi- 
naire de  ses  études;  mais  une  ptnte  naturelle  le 
ramenait  aux  récits  des  faits  militaires.  Qui  fut 
plus  sensible  que  lui  à  l'honneur  du  nom  Fran- 
çais ?  Quel  tribut  d'admiration  ne  payerait-il 
point  aujourdhui  à  l'armée  d  Egypte  ,  dont  l'hç- 
roïque  constance  répond  à  l'attente  de  la  patrie, 
sous  les  yeux  du  monde  entier  ?  Il  fut  heureux  , 
du  moins  en  ce  qu  il  n'a  connu  que  les  iriomr 
phes  de  cette  armée;  il  n'a  point  eu  la  douleur 
d'apprendre  le  crime  qui  lui  a  enlevé  un  chef 
illustre  et  chéri. 

Desaix  connaissait  les  moindres  détails  de 
toutes  les  actions  d'éclat  ;  et  lorsque  la  fortune 
lui  avait  refusé  de  participer  à  une  victoire,  il 
fallait  du  moins  qu  il  vît  le  champ  de  bataille  s 
il  semblait  qu'il  devait  cohcourir  à  ce  qui  se 
lésait  de  grand  et  d'utile.  Il  eût  envié  de  pou- 
voir dans  !e  mcme-tems  porter  nos  armes  au- 
delà  du  Rhin  ,  disperser  les  ottomans  d'Héliopo- 
lis  ,  et  vaincre  à  Marengo  ;  il  aurais  voulu  être  1« 
contemporain  de  tous  les  héros. 

L'admiration  ,  l'aminé  et  le  désir  d'obtenir  ,  en 
l'imitant ,  une  gloire  immortelle  ,  l'unissaient  att 
premier  général  de  l'armée  d'Orient,  qui  lui  ac- 
corda l'honneur  de  conquérir  le  Sa'iJ.  Desaix  fit 
jouir  de  la  paix  la  plus  profonde  le  pays  où  il  porta 
nos  armes:  hommesensible  etguerrierphilosophe, 
il  regardait  le  bonheur  de  civiliser  comme  le  seul 
prix  digne  de  la  victoire  ;  il  pensait  que  l'on  doit 
des  respects  à  tous  les  peuples  ,  de  quelque  ma- 
nière qu'on  arrive  sur  leur  territoire.  Il  avait  re- 
poussé les  mamliicks  au-delà  des  déserts  et  des 
rochers  de  Syenne  :  dès  ce  moment  il  n'y  eut  plui 
de  conquérant  dans  la  Haute-Egypte  ,  et  il  eûi  été 
difficile  de  reconnaître  s'il  était  le  vainqueur  ,  oà 
s'il  n'était  point  un  ancien  ami  à  qui  les  habiiaos 
donnaient  une  honorable  hospitalité. 

Les  lettres  qui  ne  perdent  jamais  'e  souvenir  d« 
ce  qu'on  a  fait  pour  elles,  ne  laisseront  point  effa- 
cer sa  mémoire  :  iT  les  aimait,  il  les  a  servies;  elle» 
lui  doivent  celte  séciiritè  inaccoutumée  avec  la- 
quelle on  a  observé  les  monumens  de  l'ancienne 
Egypte,  dans  les  lieux  où  ,  jusques  avant  lui, 
l'ame  était  partagée  entre  l'admiration  çt  le  senti- 
nfent  du  péril  de  la  vie. 

Je  ne  rappellerai  point  les  iraitemens  injustes 
qu'il  éprouva  de  la  part  des  ennemis,  lors  de  soa 
passage  en  Europe;  il  n'est  pas  toujours  donné 
aux  âmes  communes  de  pouvoir  offenser  un  grand 
homme  ,  et  leurs  injures  ne  l'ont  pas  atteint. 

Les  triomphes  des  armées  françaises  étaient  tous 
ptésens  à  sa  mémoire  ;  et  lame  remplie  de  tant 
de  souvenirs  ,  il  pensait  que  l'on  distinguerait 
difficilement  ses  propres  actions  parmi  cette  tnul- 
litttde  de  faits  èclatans  qui  se  troiivent  accumuléi 
et  pressés  dans  le  court  inieivalle  de  quelques 
années.  Il  craignit  de  n'avoir  point  assez  fait  pour 
vivre  dans  la  postérité  :  ses  regrets  sont  un  hom- 
mage rendu  à  la  gloire  militaire  de  son  siècle  ,  et 
surtout  au  héros  qu'il  avait  choisi-pour  modèle. 
Desaix  pensa  que  toutes  les  places  de  l'immor- 
talité étaient  occupées  par  ses  contemporains,  et 
n'osa  reconnaître  la  sienne  ;  mais  l'histoire  ne 
manquera  point  àr  ses  vertus.  Son  nom  a  retenti 
sur  les  rives  du  Rhin,  il  a  éié  porté  jusqu'aux 
rochers  de  la  Nubie  qui  marquent  les  anciennes 
limites  de  l'empire  romain  ,  il  est  écrit  en  lettres 
immortelles  sur  la  terre  de  Marengo  ,  il  eSV  con- 
sacré par  la  douleur  de  la  patrie  et  la  reconnais- 
I  sance  empressée  de  tous  les  bons  citoyens. 

Si  Desaix  venait  à  paraître  au  milieu  de  vous 
avec  cet  extérieur  simple  et  modeste  qui  conve- 
nait si  bien  à  cette  ame  extraordinaire,  il  vous 
dirait  :  <(  O  mes  amis  et  mes  conlpagnons  d'ar- 
51  mes  ,  j'ai  contemplé  votre  gloire  ,  et  j'ai  craiiit' 
>>  d'être  oublié.  Reprenez  tous  ces  lauriers  que 
j)  vous  venez  déposer  sur  ma  tombe,  ils  vous 
)»  appartiennent,  et  c'est  vous  que  ces  inscription^ 
)»  honorent.  Je  vous  reconnais,  guerriers  qui' 
)>  illustrâtes  la  retraite  de  la  Bavière  ,  et  vous 
)»  qui  concourûtes  à  la  défense  de  IÇehl  ;  vaio- 
»>  queuts  d'Italie",  j'ai  vu  sans  regret  couler  moii 
i<  sang  dans  une  contrée  remplie  de  vos  sou- 
M  Teuu;  et  vous'^ui  tnarchâieï  avec  moi  dans 


t«  le  Saïd  ,  tous  les  succès  que  vous  m'attribuez 
;«  sont  le  prix  de  vof  travaux  et  de  votre 
91  courage.  >i 

Tels  furent ,  citoyens ,  les  se'ntitnens  de  ce  grand 
homme  de  guerre;  il  pensait  avec  raison,  que  les 
monumens  qui  perpétuent  la  mémoire  des  géné- 
raux sofit  des  titres  de  gloire  pour  les  soldats. 
C'est  ainsi  que  la  patrie  élevé  des  autels  à  beau- 
coup de  vertus  ignorées. .  .  .  Elle  n'honore  point 
un  seul  homme  ,  lorsqu'elle  assemble  les  trophées 
d'un  guerrier  illustre;  elle  célèbre  moins  son 
nom  que  ses  grandes  actions ,  et  les  mêmes  hom- 
xnages  s'adressent  à  tous  ceux  qui  ont  concouru 
aux  services  éclatans   qu'il  a  rendus. 


T    R    I    B    U    N    A    T. 

Présidence  de  Mouricault. 
SÉANCE    DU     7    NIVOSE. 

Un  secrétaire  fait  lecture  du  procès-verbal  dont 
ia  rédaction  est  approuvée. 

Le  citoyen  Bataillard  ,  homme  de  loi ,  fait  hom- 
mage au  tribunal  du  prospectus  d'un  ouvrage 
relatif  à  la  morale  et  à  la  politique  ,  à  la  litté- 
rature et  à  la  législation. 

Un  message  du  corps-législatif  annonce  que  deux 
places  sont  vacantes  dans  le  sein  de  cette  autorité  ; 
l'une  ,  par  la  nominaiion  du  citoyen  Dedeley- 
d'Âgier  au  sénat  -  conservateur  ,  l'autre  ,  par  la 
mort  du  citoyen  Lucas. 

Le  tribunal  arrête  l'insertion  de  ce  message  au 
iprocès-verbal. 

L'ordre  du  jour  appelle  un  rappo-t  sur  les  'é- 
moignages  de  reconnaissance  à  rendre  à  la  brave 
armée  d  Orient. 

Desmeuniers.  Citoyens  tribuns ,  le  tribunal  s'est 
hâté  ,  après  la  bataille  de  Marengo  ,  de  réclamer 
des  témoignages  solennels  de  la  reco  naissance 
nationale  ,  pour  toutes  les  armées  de  la  répu- 
blique :  il  a  manifesté  aveé  éclat  Ir-diisyiaiioiî 
qu'elles  inspiteni  à  tout  le  peuple  français.  Celle 
d'O'ient  nt  peut ,  comme  les  autres  ,  jouir  pres- 
que à  chaque  instant  des  acclamations  de  joie 
qu'excitent  d  un  bout  de  la  France  à  lauire, 
l'indomptable  valeur  et  les  vicioires  joutn^alieres 
de  nos  guerriers.  Elle  est  bien  affermie  dans  sa 
conquête  ,  mais  son  éloignement,  le  climat  qu'elle 
habite,  la  nacure  et  I  étmdue  des  obstacles  qu'elle 
à  vaincus  ,  et  qui  peuvent  se  présenter  encore, 
le  genre  et  la  durée  des  privations  quelle  a  sup- 
poKées,îinspirent  un  intérêt  particulier,  dont  I  ex- 
pression fe  fait  entendre  dans  chacune  des  auires 
armées  ,  qui  ,  ordiiiairomtnt  ,  n'ont  à  lutter  du 
moins  que  contre  la  résistance  de  l'enmmi.  Et  , 
en  effet  ,  qui  pourrait  se  défendre  de  la  plus  vive 
émotion  ,  en  lisant  dans  les  pièces  officielles  qui 
vienn-  nt  d'être  publiées  ,  les  détails  de  la  reprise 
du  Kaire  et  de  la  con()uêie  de  toute  l'Egypte, 
opérée  une  seconde  fois  par  son  courage .  après  la 
rupture  inopinée  de  la  convention  dEI-Arisch? 

Comment  ne  pas  tressaillir  d'allégresse  à  la  vue 
de  cette  armée  ,  qui  au  milieu  de  srs  victoires 
dédaigne  les  dépouilles  de  l'ennemi ,  observe 
le  droit  des  gens  erivers  dés  peuples  qui.  n'en 
connaissent  point  ;  qui  pardpnne  les  révoltes 
les  plus  coupables  ,  et  qui  après  l'assassinat  de 
son  gér  éral  ,  réprime  le  fanntisme  ,  non  pour  le 
punir,  mais  pour  le  calmer?  L'avcug'e  orlanierie 
d'un  gouvernement  enivré  de  sa  domination  pas- 
sagère sur  les  mers  ,  s'oppose  insolemment  à 
Tcxécution  d'un  traité  souscrit  par  une  nation 
indépendante  ,  qui  est  son  alliée;  des  hordes  in- 
nombrables accourent  aussitôt;  elles  couvrent 
toute  I Egypte,  elles  invesiissent  une  poignée 
d'hommes  libres  ,  menacés  d'ailleurs  par  un  sou- 
lev.ement  général  ;  mais  que  peuvent  les  misé- 
rables ressources  de  la  servitude  contre  le  génie 
1 1  la  puissance  de  la  liberté  .*  Quelques  jours 
suffisent  à  20  mille  braves  de  l'a.raée  d  Orient 
pour  anéantir  ou  mettre  en  fuite  loo  mille  com- 
battans  ,  et  le  général  lel^r  dit  ensuitr  avec  vé- 
rité ;  Vous  avez  dispersé  tes  hordes  de  l'Asie  comme 
Uvint  disperse  lapoussiere.  Pour  qu  il  ne  marique 
rien  à  cet  imposant  spectacle  de  1  héroïsme  guer- 
rier ,  du  dévouement  patriotique  ,  et  des  vertus 
républicaines ,  ce  même  général  exécutant  avec 
ardeur  le  noble  plan  formé  parle  héros  qui  fonda 
rétablissement,  veut  quêtes  peuples  de  l'Afrique 
el  de  lAsie  ,  éprouvent  l'heureuse  influence  de 
la  révolution  française  calomniée ,  même  dès 
•a  naissance  ,  et  dont  on  peut  aujourd'hui  citer 
les  principes  avec  orgueil;  il  leur  donné  ,  non 
<les  ihéories  de  gouvernement  ,  mais  des  idées 
libérales,  mais  des  arts  qui  cgnsplent et  enricÉlns- 
«ent  les  peuples  ,  mais  des  méthodes  d'admi- 
nistration plus  humaines  ,  plus  utiles  ,  mêoïc  à 
ceux  qui  gouvernent. 

Au  milieu  de  tant  de  travaux  il  s'occupe  encore 
d«  progrès  des  sciences  ;  il  forme  des  entreprises, 
dont  le  succès  serait  avantageux  au  monde  entier; 
il  ne  se  borne  pas  à  faire  flotter  dans  lOrieui  les 
dtapcïuJi  de  U  liberté  ,  il  la  fait  tespecter ,  il  la 


•399 

fait  chérir  chez  des  peuples  qui  semblaient  plon- 
gés pour  jamais  dans  l'abruiisscmcnt  de  l'esclavai^e: 
enfin  ,  chefs  et  soldats  ,  tous  sans  exccpiion  ,  sou- 
tienneni  dignement  la  gloire  du  nom  français  ,  et 
nous  ne  cessons  de  dire  et  tépct.r  :  l'armée 
d'Orient  a  bien  mérité  de  la  pauie  :  le  tribuuat  , 
toutes  les  autorités  nationales  ,  et  tous  les  citoyens 
sont  pressés  du  besoin  défaire  éclater  leur  recon- 
naissance. 

Déjà  dans  la  séance  du  i"  de  ce  mois  ,  deux 
orateurs  ont  célébré  dignement  cl  avec  un  assen- 
liment  unanime  de  votre  pan  ,  les  vicioires  et  la 
conduite  de  l'armée  d  Orient  :  vous  avez  en 
même  tems  chargé  une  commission  d'exauainer 
comment  le  tribunat  pourrait ,  dune  manière  plus 
précise  ,  lui  exprimer  sa  reconnaissance.  Vous 
nous  avez  renvoyé  en  outre  deux  piofjositions 
particulières  à  cet  égard  ;  et  je  vous  apporte  le 
résultat  de  notre  discussion. 

,'    Dans   une  guerre  tell-' que  celle-ci ,  la  victoire 
de  nos  guerriers  ne  peut  avoir  toui  son  éclat  que 
lorsque  la   matche   des  premières  autorités  natio- 
nales  est  assez   léguliere   pour  ne  pas  éloigner  , 
pour  ne  pas  compioineitre  1  honorable  paix  que 
dtsit   obtenir   le    succès   de   nos  aunes.   C'est  par 
I  oubli  de  Cette  règle  qu'avant  le  iS  brumaire,  la 
gloire  des  aimées  s  anéantissait  avec  la  république, 
que  1  héroïsme    et   les  prodiges   de   nos   légions 
allaient  s'abîmer  dans  les  deso.rdrcs.de  lianaichie, 
et  un  peu  plutôt  ou  un  peu  plus  tard  ,   sous     la 
main   de  la  servitude.   Si  la  grandeur  el  la   mo- 
dération se  troiivent  aujourd  hui  dans  le  gouver- 
nemeal;   si  la  sagesse  et  le  dévouement  ispubli- 
cainse  montrent  dans  la  représeniaMaa,natiofialc  ; 
si  les  lois  et   l'administration   n  offrent    plus   que 
ce  quelles  doivent  piésenier  à  tous  les  pi-Uples  , 
des  soins  paternels  et  des  élémens  debonheuretde 
prospériié  ;  si  les  factions  sont  vaiucues;  si,depujs 
i3  mois,   k  conientement  général  a  reparu,,  car 
les  futeuis  d  un  petvt  nombre  de  scélérats  ne  sont 
rien  au  milieu  de  la  satisfaction    de  3o    millions 
dhabitans  ,  il   faut  I  attribuer  principalement  à  la 
nouvelle  distribution  des  pouvoiis  ,   à  une  ligne 
de   démarcation   mieux  prononcée    et   plus   res- 
pectée ,  et  les  armées  elles-iuêmes    nous   recom.- 
manderaitnt  de   pio&tet  des    leçons    de    I  expé- 
rience ,  puisfju  elles  ont  souffert  ,  comnie  chacun 
des   français,  du  déluge    de    maux  qui   Stsi  ré- 
pondu  par-tout  ,    lorsque     les    reprtj'îfintans     ctu 
1  peuple  ,  après  avoir  porté  d'abord  de   légères,  at- 
teintes Cl  la  loi  londaraentale  ,  n'ont  pas  craint  de 
I  la  violer  ouvertement.    Pîrmi   les  (or.ctioi.s  que 
nous  délègue  la  constiiunon  ,  clic  nous  suppose 
'  l'obligation  de  surveiller  les    acifrs    du   corps-lé- 
'  gisia  il,  ceux  du  gouvernement,  les  actes  minis 
'  tcriels  ,  et  même  l'exercice  du  pouvoir  que  s'est 
(  léseryé  le  peuple  daijs  les  fonctions   de   la  liste 
j  des  éiigiblfs  ;  ele   nous  a  donc  ,   si  je  puis  me 
I  servir  de  cette  expression  ,  établi  les  sentinelles 
'  avancées  des  limites   cansiitutionnclles  ,  et   c'est 
pour  nous   un  devoir  spécial  de  ne  p-ts  les  ou- 
i  tiepasser. 

Votie  commission  a  rechercha;  dnns  les  attri- 
I  butions  du  tribunal  sous  quelle  forrpe  on  pourrait 
exprimer  à  l'armée  d  Oiient  une  vreconuaissance 
si  profondément  sentie.  Kiev  ne  s'oppose  à-  ré- 
mission d'un  vœu  solennel  ,  pour  que  le  souvenir 
des  exploits  de  c.-tte  armée  en  Afrique  et  en 
AMe  ,  el  notamment  de  la  reprise  chi  Kaire  et 
de  la  conquête  de  toute  lEgypie-»  opérée  une 
seconde  fois  ,  soit  consacrée  par  des  médailles. 
Ce  moyen  nous  a  semblé  noble  -et  convenable 
sous  tous  les  rapports.  L:\  c'onsiiiution  I  autorise 
expressément  ,  et  vous  verrez  biectôt  ,  par  nn  se- 
cond objet  que  nous  proposons  de  comprendre 
j  dans  ce  voeu  ,  q'ie  ce  serait  une  amélioration 
dans  une  pariie  de  l'administraiion  publique, 
qu'ainsi  I  article  XXIX  de  l'acte  consiiiutionnel 
■s  exécuterait  d'une  manière  littérale.  Ce  moyen 
garde  daillctirs  le  car'acieie  républicain  ;  c'est  un 
ir.oi.umcni  simple  ,  mais  qui  ,  pour  linstrufiion 
du  genre  humain  ,  et  r6ncoura<çement  des  vertus 
lépublkf  aines ,  subsistera  dans  la  postérité  la  plus 
ireculée. 

Examinant  ensuite  les  deux  propositions  par- 
ticulières qui  ont  éié  laites,  celle  de  notre  col- 
lègue Riouffe  nous  a  paru  susceptible  de  quelque 
modificalion  :  au  lieu  de  demander  que  ie  gou- 
vernement soit  invité  à  faire  rédiger,  en  forme  de 
livre  classique  ,  Us  campagnes  des  armées  de  la  répu- 
blique ,  pour  être  distribué  dans  toutes  les  maisons 
d  enseignement;  idée  dune  précision  bieo  rigou- 
reuse, et  a'Asi  peu,  analogue  à  lUn  genre  de  pro- 
positions qui  semblent  devoir  être  plus  générales , 
la  commission  propose  d  insérer  dans  la  seconde 
p^^iij:  du  voeu  ,  que  }k  récit  ei  la  mor/tlité  desjaits 
héroïques  de  /  a/ Hteerf  £,£;'/<;?,  ntiiaminent  ceux  que 
je  ci;ais  tout  à-l  heuie,  rtinjt  que  des  actions  Us,  plus 
remarquables  de  toutes  les  armées  de  la  république., 
durant  la  giterre  de  la  liberté ,  fassent  bimtôl  partie 
de  l'instruction  publique. 

La  proposiiion  de  notre  collègue  Gaudin  ,  c'es|- 
à-dire  ,  la  réimpression  des  pièces  officielles  qui 
viennent  d'être  publiées  concernant  l'a  mée  d  E- 
gypte  .  avec  le  dépôt  à  la  biblioiheque  du  tii- 
bunat  et  aux  archives  nationales  ,  comrof  un 
témoignage  de  {ecounaissancc  ,  nous  a  (entblé 


bonne  sans  restriction.  On  ne  pourrait  U  corn» 
ba'ire  que  sous  le  rapport  de  la  dépense  ,  cl  il 
s'agit  d'une  somme  extrérniment  rooaique.  Elle 
est  d'ailleurs  pour  nous  d'un  iniérêi  particulier! 
comme  l'aimée  d  Orient  nous  avons  eu,  nous 
avons  encore  à  lutter  contre  la  barbarie  .  le» 
préjugés  et  l'esprit  «le  servitude  ;  les  membret 
aciuilsde  la  représentasion  nationale  travaillent 
à  la  conquête  de  la  liberté.  Dès  les  premiers  jours 
de  la  révoludon  ,  ils  ont  eu  aussi  à  ivrer  bien 
des  combats  ,  par  les  mêmes  principes  ,  pour  la 
gloire  de  la  Fiance  ,  pour  son  bonheur  ;  souvent 
ils  ont  bravé  la  mort  ,  et  un  gei.re  de  mort  qui 
n'est  pas  toujours  honoré  comme  celui  des  guer- 
riers quipériisentsur  lechampdebataille.  Cliacun 
de  nous  éprouvera  le-besoin  de  lire  souvent  le 
récit  des  exploits  cl  des  triomphes  de  l'armée 
d'Egypte  ,  qui  ,  en  rappellant  des  souvenirs  coni- 
solans  ,  nous  apprenaiont  av>c  qu'elle  intrépide 
constance  ,  nous  devons  marcher  au  terme  de 
notre  carrière. 

La  coraoïission  a  cru  enfin  que  vous  devez, 
comme  après  la  bataille  de  Marengo,  inviter,  par 
un  message  ,  les  consuls  de  la  république  ,  à 
transmett  e  à  l'armée  d  Orient  ,  les  témoignages 
de  la  saiisfaction  et  de  l'admiration  du  tribunal  , 
et  elle  en  a  rédigé  le  projet.  De  cette  manière  , 
nous  nous  associerons  aussi  intimement  qu  il  est 
possible  à  l'in  érêt  qu'inspirentau  gouvernement  les 
vaintiueurs  de  IE-,ypie;  ils  jugeront  p^r  cette  dé- 
marche du  bon  accord  des  autorités  naiiondes, 
eî  ,  nous  n'en  doutons  point  ,  ils  jouiront  à 
l'avance  du  plaisir  de  trouver,  la  France  plu» 
h-ureuse  et  plus  tramiuille  qu'à  l'époijue  de  leur 
dépajl. 

Votre  commission  vous  propose  ,  à  l'unanimité, 
le  pr., jet  suivant  ,  où  elle  a  eu  soin  de  distinguer 
le  vceu  à  émettre  et  les  arrêtés  à  prendre. 

Le  tribunat ,  après  avoir  entendu  le  rapport 
d'une  commission  spéciale  ,  émet  le  vœu  dont  la 
teneur  suit  ; 

"  Q.tïe  parmi  les  témoignages  dp  la  reconnais- 
sance nationale  dûs  à  1  année  d  Orient .  le  sou- 
venir de  SCS  exploits  en  Af'que  et  en  Aie,  et 
riotamment  delà  reprise  du  Kaire  et  de  la  con- 
quête de  toute  I  Egypte,  opéiée  une  seconde 
fois  par  sa  va  eur  ,  a.  rès  la  rupture  inopinéç 
de  la  conv  niion  d-El-Àtich  ,  soit  consacré  par 
des   médailles  ; 

>i  Ç);je  le  récit  et  la  moralité  des  faits  héroï- 
ques ci-dejsus  ,  ainsi  que  des  notions  les  plus 
remarquables  de  toutes  les  armées  de  la  répu- 
blique, du:aiit  laguene  de  la  liberté,  fassent 
bientôt  partie  de  l'instruction  publique. 

Le  tribunat  arrête  de  plus  les  dispositions  sui- 
vantes ; 

1".  Il  sera  donné  aux  consuls  de  la  république 
communication  du  vœu  ci-dessus  par  un  message 
dont  la   teneur   suit  : 

Citoyens  consuls  , 

Le  ttibunaf  rempli  d'admiration  pour  l'héroïque 
valeur  et  l'inaltérable  constance  qu'a  déployées  l'ar- 
mée d  Orient  dès  le  moment  oiï  elle  a  débarqué 
en  Afrique  ,  suit  avec  un  profond  intérêt  le  cours 
de  ses  nobles  travaux,  qui  influeront  sur  la  civili- 
sation et  le  bonh;  ur  de  d  ux  parties  du  monde  ; 
il  a  remarqué  avec  un  intérêt  particulier  l'énergie 
toujours  croissante  de  cette  armée  depuis  l'époque 
où  le  vainqueur  de  l'Italie  laissa  le  commande- 
merii  au  général  KIcber  pour  venir  au  secours  de 
la  république  que  des  fautes  de  tout  genre  avaient 
mises  en  péril,  et  fixer  en  Europe  la  victoire  sQus 
nos  dr<ipciux.  Il  n'a  pu  lire  sans  émotion  le  récit 
de  la  conduite  des  généraux  ,  des  officiers  et  des 
soldais  à  l'égard  des  habiians  de  l'Egypte  ;  et 
les  détails  du  systênïe  dadministrati(»n  libérale 
conçu  par  I  illustre  général  qui  guida  ses  pre- 
mieis  pas  ,  et  adoptés  par  le  général  en  chef  ac- 
tuel,  font  vivement  touché. 

Ainsi,  tandis  que  le  gouvernement  de  la  répur 
bliquc,ei  les  armées  fiatiçaises  en  Europe,  tr^-| 
vailles  avec  persévérance  et  avec  glpire  à  cbn^ 
quérir  la  paix  ,  I -orraée  d'Oiient  bien  établie  dans 
sa  conquête  ,  donne  aux  peupies  de  1  Afrique  et 
de  l'Asie  1  éclatant  specucle  ue  l'héroism>r  guei- 
tier,du  dévoôment  patrioliqlie  et  des  vertus  répu- 
blicaines ;  elle  prouve  que,  loin  des  frontières 
de  la  fiance  comme  autour  de  notre  enceinte  , 
on  essayerait  envain  d'arrêter  les  fiançais,  qui, 
malgré  leurs  suc  es ,  offrent  cordialement  la  paix 
à  tous  leurs  ennemis:  u.     .>  ■) 

Le  tribunat  vous  invite,  citoyens  consuls,  à 
transmettre  à  l'armée  'dOrient  lt:s  témoignage» 
de  la.  satisfaction  qu'il  éprouve  ,  et  à  iaire  con- 
naître aux  guerriers  qui  la  coiaposent  ;  l'accueil 
de  ,  recont^aissanrç  qu  ils  rccevroat  .du  peuple 
français, •lotsq.ue'  là,  pa;ix  qui  s,'apprpçhe  ,  i;t  qui 
pernietira  le  etti*n;  pen^dts  garaisoiis  éloignées, 
les  rameneia  dans-Céurs  foyers. 

s°.  Il  sera  fait  par  l'imprimeur  du  tribunal  une 
édiùon  des  pièces  concernant  l'armée  d  Orient  , 
publiées  h  «S  Ujaii^re  dernier.  Deux  exenipui.e» 
desdite»  pieccli,  flixçjuelles  on  joindra  le  le^uiil 
de  toutes  celrcD  iL.4auVes'  à  l'expédition  d  Egypte  , 
qui  9nt  été  publié*»  olieieUcakcat  )u»hv«  ce 


jour,  seront  déposés,  "l'un  à  la  biblioléque  du 
liibuiiat,  et  l'autre  aux  archives  nationales  , 
corame  un  témoignage  de  reconnaiss  nce  pour 
cette  arméei 

On  demande  à  aller  aux  voix  sur  le  projet  de 
la   coniuiissioii.  ■  - 

Le  président  le  met  aux  voix,  et  le  tribunal 
l'adopte.  .  '  ■ 

Desmeuniers.  La  commission  m'a  également 
.chargé  .de  proposer  que  le  vœu  que  vous  venez 
d'émettre,  et  le  message  que  vous  venez  d'ar- 
i.êi.ei:  ,  soient  communiqués  au  gouvernement  par 
trois  raeriibres  du;  iribunat.  ~      -      ' 

Les  'cinq  membres  de,  la  commiission  soiit 
.chargés  de  te' soin.  .,  - 

Le  tribunat  se  forme  ensuite  en  comité  secret, 
p,our  entendre  le   rapport  d'une  commission. 
Lts  speilareurs  se  réiiteht. 

CORPS-  LÉ  G  I  S  L  AT  I  F. 

Préiidence  de  Bourg-Laprade. 
SÉANCE     DU    7  .    N  I  V  O  s  E. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  du  projet 
de  loi  tendant  à  encourager  la  reconstruction  des 
édifices  delà  placeBelieçourtà  Lyon,  il  est  conçu 
en  ces  termes  : 

Art.  l'y.  Les  propriétaires  de«  maisons  situées 
jur  la  place  Beliccourt  à  Lyon  ,  seront  tenus  , 
lors  de  la  reconstruciioQ..  de  se  conformer,  pour 
les  façades  ,  au  plan  qui  aura  été  adopté  par  le 
gouvernement. 

IL  A  compter  de  )'an  lo,  et  pendant  quinze 
»ns ,  ces  n;aisons  seront  exemptes  de  la  coniri- 
buiion  foncière. 

IILPourpeuvoirjouir  de  cette  exemption, chaque 
piopriétaire  sera  tenu  de  jusniier  ,  avant  la  fin  de 
la  présente  année  ,.  que  la  construction  qui  le 
concerne  est  élevée  jusqu'à  la  hauteur  de  cinq 
meires. 

IV.  Les  maisons  situées  sur  la  place  Bellrcourt , 
comprises  dans  le  plan  qui  sçra  arrêté  pat  Je  gou- 
vernement ,  qui  seront  achevées  avant  la  fin  de 
l'an  Ti  ,  jouiront  de  l'fcxemption  de  la  cotitribu- 
lion  foncière  pend,ant  cînq.pris  de  plus ,  et  au-delà 
des  quinze  années  a,ccordécs  par  1  article  II, 

V.  Les  propriétaires  des  maisons  dans  l'intéiieur 
de  la  ville  de  Lyon  ,  qui  ont  çié  démolies  peudaru- 
le  siège  ,  ouen  exécution  de  la  loi  du"»  i  vendé- 
miaire ao  9.,  jouiront  de  J'exeruption  de  }-,  eon- 
tribution  foncière  sur  lesdités  njaisoiis  ,.  peçtlatnt; 
dix  ans  ,  à  comptej  deXah^to..    ,      ... 

VL  Pour  jouir, de  telte^çsemption  ,  chaque 
propriétaire  sera  _  tenu  de  justifier  î  av.~,nt  la 
fin  de  r,an  g  ,  que  son  bâtiment  est  élevéde  deux 
jtnetres  aii'deâsus  du  sot.  , 

Carré  ,  au  nom  du_  tribunai.  Citcryeris  législa- 
teurs ,  en  posant  la  première  pierre  des  édifices 
de  la  place  de  Bellccour  ,  le  prerûier  consul  a 
solennellement  promis  à  la  ville  de  Lyon.,  q.ue  le 
gouvernement  viendrait  au  secours  des  habitans 
de  cette  iniéressaote  cité.  IJ  leur  a  fait  envisager 
comme  trè.s-prochaine  ,  l'époque  où  .son  com- 
merce refleurirait,  où  ses  manufacture*  ,  sorties 
de  leurs  décombres  ,  étonneraient  de  nouveau 
l'univers  par  les  produits  de  leur  industrie  :  i<  Q-ue 
n  ces  ruines  disparaissent  ,  a-t-il  dit  aux  lyon- 
»)  nais;  que  ces  ateliers,,,  que,  tous  ces  édifices, 
>>  écroulés  sous  la  bombe,  ou  sous  le  marteau  , 
»)  s'élèvent  plus  grands  ,  plus  magnifiques  encore  .' 
»i  que  l'étranger  qui  viendra  dans  ces  murs  cher- 
u  che  en  vain  de  l'œil  ,  ces  débris  !  ils  auront  dis- 
I»  paru  sous  les  aiaspices  d'un  gouvernement 
w  paternel  ,  dont  le  voeu  çst  de  réparer  autant 
»  et  aussi  promptement  qu'il  est- en  son  pouvoir  , 
»)"les  désastres  qui  ont- si  cruellement  pesé  sirf- 
t)  difïérens  point»  de  la  Fraiioe  j>.  ■    ,       ■    ^     > 

C'est  dacs  l'intention,  de  réaliser -les  promesses 
du  premier  magistrat  de  la  ié;p.ublique  ,qaé  le" 
gouvernement  vous  a  présenté  *  le  27  du  mois 
dernier  ,  le  projet  de, Ipi  soumis  aujourd'hui  à 
Votre  délibération.     ,     , 

Après  avoir  examiné  J«  projet  sous  les  difFéréns 
rapports  de  justice  ,  d'administration  générale  et 
d'utilité  publique  ,  l'orateur  justifié  chacune  de 
Ses  dispositions  particulières.,  et  contir>ue  ainsi: 

u  Le  tribunat  partage -le  désir  manifesté  par  lé 
g;ouvernement  d'efFtciuer  avec  rapi'dité  une  re's- 
lauratioA  si  ardemment  voulue  par  le  génie' des 


40» 

arts  ,  si  digne  de  la  majesté  nitïonale  ,  si  néces- 
saire pour  cicatriser  dis  plaies  profondes,  pour 
faire  disparaître  à  jamais  des  souvenirs  trop  long- 
tems  enlictenus  ,  et  prouver  enfin  à  l'une  des  plus 
intéressantes  ci'.és  de  la  république  qu'elle  ne  peut 
dans  aucun  tems  être  étrangère  à  sa  sollicitude  ,  et 
que  les  réclaiEalions  deses  habitans  seront  toujours 
écoutées  avec  bienveillance. 

Et  vous  législateurs  ,  convaincus  que  rien  ne 
s'ojipos'îà  1(1  mesure  proposée,  vous  approuverez 
les  motif»  qui  ont  déterminé  le  vœu  d'ïdoplioo 
du  tribuna'r .  vous  reconnaîtrez  avec  lui ,  avec  le 
gouveniemeiit  ,  combien  la  ville  de  Lyon  mérite 
de  fixer  sur  elle  les  regards  des  premiers  magis- 
trats de  b  républirjuf.  Personne  de  nous  n'ignore 
cle  quelle  imporfaticè  était  celte  ville  dans  la  ba- 
lanced^i  commerce  ;  elle  entrait  à  elle  seule  pour 
un  septième  dans  les  bénéfices  de  celle  balance. 
■El'e  a  toujours  eu  sur  lés  autres  villes  manufactu- 
rières l'avantage  inappréciable  et  presque  unii^ue 
de  son  industrie  surdes  matieres.premieresdu  cru 
dé  la  Fiancé;  aussi  l'étranger  soldr-it-il  ses  comptes 
norhbreux  av-éc  elle  ,  ou  en  numéraire  ,  ou  en 
lciires-de-chang£  sut  les  autres  villes  qui  liraiect 
de  l'étranger  les  matières  qu'elles  employaient 
dans  leurs  manufactures.  Tous  les  élémcns  iJc  et 
commerce  , -tous  ceux  de  son  antiqu*  prospérité 
sont  anéantis  ou  épars;  il  f«.ut  qu'elle  les  réunisse  , 
quelle  en  crée  de  nouveaux. 

Votis  siiconderez  ,  sans  dotjté  ,  son  premier 
.eflTort  ;  la  justice  le  sollicitait',  l'intérêt  bien  en- 
tendu du  trésor  public  le  commandait  impérieu- 
sement ,  et  j'imagine  que,  s'il  pouvait  éprouver 
parmi  vous  le  moindre  obstacle  ,  ce  ne  serait  que 
par  la  seule  raison  ,  que  le  projet  vous  paraîtrait 
peut-êire  au-dessous  des  vues  réparatrices  du 
gouvernement  ,  et  ne  pas  atteindre  à  son  gré  le 
but  d'encouragement  qu'il  s'est  proposé  :  mais , 
quan.i  un  gouvernement  est  obligé  iie  porter  à-la- 
fois  son  attention  au  -  dehors  [.our  forcer  ses 
ennemis  à  la  paix  ,  quand  il  a  au-dedans  tant  de 
maux  antérieurs  à  son  existence  à  faire  oublier, 
il  faut  attendre  le  uiieux  du]iems  et  de  sa  sagesse.  " 

ta  parole  appartenait  à  un  des  orateurs  du 
gouvernement. 

Challand  ,  ofateur  du  tribunal,  la  demande  ;  le 
président  la  lui -accorde. 

■Challand.  Peutêttc  n'aurais-je  pas  dû  inter- 
roijnpre  l'ordre  accoutumé  de  la  discussion  ,  mais 
ayant  à  défendre  les  dispositions  du  projet  , 
j'ai  pensé  qu'il  valait  peui-être  mieu:'.  que  l'orateur 
du,gouvetneicentqui  pariera  après  moi ,  exprimât 
tÇn  opip.'o.i  «HT  ia  tot;.l!.i  djv-r:';,'crv.'..'.jr.:,  qv.-i 
auront    té  faite».    - 

Citoyens  lés,isliteur.'î  ,  malgré  los  objection» 
qu'on  s'est  plu  à  répandre  coni.e  K;  projet  d'j 
loi  qui  vous  est--SQum:s  ,  vous  ne  ii.f'.;serc-  pas 
devenir  au  secourj  de  la  ville  de  Lyon  ,  qu'il 
suffit  ckî  jiommcr.  pour  rappeler  tout  ce  que  les 
arts- ont  d'éclat ,  tout  ce  que  l'crreuir  a  produit 
de  deuil.    . 

Si  relever  son  ancienne  splendeur  dort  être 
l'ouvrage  du  "tems  ,  ce  sera  du  moins  l'abréger 
que  de  faire -ûispara'.trfc  des  ruines  qui  rappellent 
(ies  malheurs  passés  et  réveillent  des  passions  et 
des  haines.     -  ■ 

Produire  ce  bien  et  par  les  moyens  les  moins 
onéreux;   voilà  le  vtcu  et  les  motifs  de  la  loi. 

Mais  dira-t-on  si  cet  acte  de  bicnfesance  por- 
tait atteine  au  droit  de  propriété;  s'il  opérait 
une  surcharge  sur,  les  autres  contribuables  ;  s'il 
était  l'établissement  d'un  privilège  ,  devrait-on  y 
sousctire  ?  Non  sans  doute  :  mais  en  examinant 
la  loi  proposée  ,  on  reconnaîtra  que  le  conseil 
placé  eiiire  plusieurs  écueils  a  su  les  éviter  tous  , 
et  donner  au  projet  la  juste  mesure  qui  convenait 
pour  soulager  autant  que  possible  ,  sans  violer 
les  droits  de  qui  que  ce  soit. 

Le  premier  article  est  celui  sur  lequel  on  es- 
saie d  Fnspir.çr  des  praintes  relativement  au  droit 
de  propriété.  J'avoue  que  ceux  qui  semblent 
penser  ainsi  ',  doivent  avoir  bien  peu  réfléchi  sur 
l'importance  des  monumens  publics  ,  sur  les 
avantaîges  qu'ils  promurent  à  1^.  nation  ,  en  fui 
donnant' l'empire  dés  arts.  Ils  sont  la  jouissance 
commune  ;  une  place  publique  est  le  rendrz-vous 
du  peuple  lorsqu'il  se  livre  à  la  joie,  ou  qu'il 
prodigue -ses  applaudlssemens  aux  magistrats, 
aux  guerriers  qui'ont  mérité  sa  bienveillance  par 
de  sig^nalés   services. 

Lorsque  l'on  veut  créer  une  place  publique  , 
on  .désigne  sa  circonscription    dé  maniete  que 


les  édifices  qui  doivent  l'environner  sont  com,- 
pris  dans  l'enceinte  ;  on  en  construit  les  façades, 
puis  on  les  vend  à  la  charge  de  les  rcspeeter  et 
de  les  entreienir  ;  ou  bien  on  concède  les  terrcing 
avec  l'obligatipn  de  construire  d'après  de's  plan* 
et  des  élévations  annexés  au    contrat. 

J,  La  place  de  Beikcour  déjà  consaciée  ,  doit  voir 
I  renaître  les  édifices  qui  l'enabellissaient.  Assujettir 
les  propriétaires  à.une  décoration  uniforme,  ce 
n'est  que  leur  fairt  exécuter  une  obligation  qu'ils 
ont  contractée  en  venant  s'y  établir.  Celf;  uni- 
formité est  dans  le  principe  générai  qui  régit  tous 
les  monumens  publics.  Et  si  celte  obligation  est 
plus  onéreuse  que  celle  d'une  reconstruction 
ordinaire,  la  prime  d'exemption  de  contiibution 
est  aussi  plus  considérable. 

La  seule  question  d'intérêt  publie  qui  puisse 
occuper  vos  esprits  ,  c'est  celle  de  savoir  si  la, 
prime  accordée  aux  propriétaires  réédilicaleurs, 
doit  surcharger  ies  autres  contribuables.  Mais  des 
luines.  des  décombres  sont-ils  de  nature  àprocuter 
beaucoup  de. contributions  foncière  et  mobiliaire, 
ou  de  ces  consommations  qui  alimeiiteni  l'indus- 
trie ?  N'est-il  pas  au.  contraire  du  devoir  d'une 
bonne  administration  de  rappeler  ces  bénéfices, 
même  en  sacrifiant  momentanément  de  légers 
produits?  Puisque  dès  l'an  ri  les  nouveaux  édi- 
fices pourront  être  habités  ,  les  dépenses  des  loca- 
taires ,  leurs  contiibulions  pcrconnelles  ,  mbbi- 
liaires  et  sompiuaires  -,  rendront  certes  bien  au- 
delà  des  sacrifices  quç  l'on  aura  faits. 

Voilà  comme  dans  une  bonne  loi  tout  se  lient  ;  il 
est  impossible  d'en  détacher  une  disposition  sans 
la  contrarier  toute  entière.  Ainsi  l'addition  qui 
avait  paru  d'abord  un  simple  encouragement, 
devient  le  véhicule  le  plus  puissant  et  le  plu» 
avantageux  qu'on  piit  imaginer. 

Cette  démonstration  dispense  sans  doute  de 
réfuter  la  q'ialificaiion  de  privilège  donnée  vague- 
ment aux  primes  stipulées  dans  la  loi.  Il  me  sem- 
ble que  c'est  abuset  des  mois  ;  car  loin  d'être  un 
privilège  ,  c'est  un  traité  que  fait  la  nation  avec 
un  particulier.  Celui-ci  est  son  débiteur  d'une 
somrne  éventuelle  qui  est  l'impôt  ;  cette  somme 
ne  peut  plus  être  acquittée  ,  puisqu'il  ne  restc- 
plus  de  gage. 

La  nation,  dit  au  propriétaire  :  Recréez-moi 
I  un  gage  ,  et  je  «•estreiodrai  mes  droits  jusqu'à  ce 
I  que  vous  ayez  acquis  asse?  de  force  pour  sup- 
I  porter  la  contribution  que  '  vous  me  devez. 
I  ti.'est-cc  pas  ainsi  .'que  l'on  encourage  les  défri- 
I  ch:.m,-js  ,  l'exploitation  des  rnjnes  ,  enfin  ,  tcuj 
\ti,  éii.hlissemens  destinés  au -service  public? 

j  /  m'a.rêle:  aucune  raison  fondée  n'a  été  pré- 
sentée au  tribtinat  contré  le  projet.  Il  a  émis  soa 
VCLU.  Chargés  de  vous  l'apporter,  chacun  denou» 
a  dû  vous  rendre  ctjcnpte  du  sVniifnent  qui  l'a 
déterminé. 

Benetech  ,  orateur  du  gouvernement.  Citoyen»  ■ 
législateurs  ,  d'après  les  réflexions  sages  que  vous 
venez  d'entendre  ,  je  crois  le  projet  qui  vous  est 
soumis  trop  bien  défendu  et  les  motifs  trop  bien 
développés ,  pour  flu'il  soit  nécessaire  de  le  dis- 
cuter dâvantagoe. 

Le  président  déclare  quela  discussion  est  fermée. 

Le  scrutin  fait  et  dépouillé  ,  le'  projet  de  loi 
passe  à  Uije  rnajorité  de  258  voix  contre  5. 

I      La  séance  'est  levée   et  indiquée  à  tionidî 


LIVRES       DIVERS. 


Le  Chansonnier  des  grâces  ,  avec  la  mu- 
sique gravée  des  airs,  nouveaux  ,  et  une  jolî«Jj 
gravure  au  fronlispice  ;  prix  ,  l  fr.  5o  cenù  ' 
pour  Paris ,  et  i  fr.  80  cent,  pour  les  déparle- 
mens. 

A  Paris  ,  chez  Louis,  rue  Se  vérin,  n°   no. 


COURS     DU    CHANGE. 

Boursi  du  7   nivôst. 

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V^bonncment  6e  fait  à  Paris,   rue  de»  Poitevins,  n"  18.  Le  prii  est  de  si  fraDct  pour  trois  mois,  5o  francs  pour  6  mois ,  et  190  francs  pour  l'année  entieie.  Ounes'abonne 
j|n'ai^  commeucemenr  de,  chaque  mois.  -"-"''  ; 

-  Il  fa,ut  adresser  les  lettres  ctl'argent,  franc  de  port  ,  au  cit.  AçA  «S  ç,  propriétaire  de  ce  journal  ,  luc  des  Poitevins  ,  n»  18.  Il  faut  comprendre  dans  les  envois  le  port  des 
-  fiys  d'V  l'on  ne  peut  a£Fràiiehir.  Les  Iciires  des  dépariemeui  non  affrandiies  ,  ne  seiont  point  «étirées  de  la  poste. 

n  fait  avoir  soin  ,  jjour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles   qui  renferment  des  valeurs,   ej  adresser   tout  ce    qui    concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  r«e  des 
fsitevioB  ,  n''  i3  ,  depui  «neuf  heures  du  mâtin  jusqWi'inq  heiite'^s  du  soir.  ' 


De  l'impriraerie   de  H.  Ac.wsK  ,  propriétaire  du  Moniteur,  rue  des  Poitevins,  n'  1-3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL; 


JV°99- 


Nonidi  ,  (L  ?iivc5e  an  g  de  la  république  française  une  el  indivisible. 


■1 


A\. 


Nous  sommes  autorisés    à  prévenir  nos  souscripteurs  ,  qu'à  dater  du  7   niviVsc  nn  8  ,  le   Moniteur  esc    le    seul  journaL  ojficicL         i 
Il  contient   les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouverneuienc,  Ic«  nouvelles  des  armées,  ainsi  que  les  faits  et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   foiurnis  par  les  corespondances  miniscéricUts. 

Un  article  sera  particuliéemcnt   consacré   aux   sciences  ,  aux  arts    et  aux  découvertes   nouvelles. 


EXTERIEUR. 

REPUBLIQ.UE   LIGURIENNE. 

Gênes ,  le  10  décembre  (  1  g  frimaire.  ) 

jLJEAueoup  de  bâlimens  sont  entrés  depuis  peu 
dans  ce  port  ,  les  uns  viennent  àe  Fiance  ,  les 
autres  de  Corse  ,  les  autres  de  Livourne  ,  avec 
des  cargaisons  de  marchandises  de  tout  genre  , 
entre  autres  d'une  grandi;  quantité  de  vin  ,  et 
d'environ  36,8oo  mesures   de  grains. 

ANGLETERRE. 

Londres  ,  ig  décembre  (  3o  frimaire.) 

Si  l'embargo  ordonné  par  l'empereur  de  Russie 
nous  prive  de  l'espoir  de  recevoir  environ  aSo 
cargaisons  de  bl;s  des  ports  de  RuSsie  ,  nous  con- 
servons .iu  moins  l'espérance  d  en  recevoir  un 
nombre  presqu'aussi  grand  des  autres  ports  de  la 
Mer  Baltique.  Plus  de  2ûo  navires  anglais  sont 
partis  He  conserve  le  29  r.ovembre  de  la  rade 
dElseneur;  il  en  est  déjà  arri'^é  à  HuU;  d'autres 
sont  à  la  vue  des  côtes  ,  mais  il  est  malheureu- 
sement à  ciaiodfe  que  I  ennemi  ne  réussisse  à 
nous  en  enlever  un  assez  grand  r.ombie.  Les 
corsaires  français,  prévoyant  l'éporjue  du  retour 
de  notre  flotte  de  la  Mer  Baltique  ,  n'ont  pas 
m  aîqué  de  se  porter  en  loule  dans  la  mer  du 
N- ni.  IK  osent  s  avanturer  jusqu  à  la  vue  du 
cliât  au  de  S  arborough  et  raser  les  promontoires 
avascés.  L-  i3  .  !-■  maire  de  Hull  reçut  un  exprès 
des  bail  ;fs  Couison  et  Travis  pour  hnlormer  que  , 
du  ciiâieau  deScarborough  ,  on  avait  vu  livrer  erj 
mer  un  combat  entre  un  coisaire  ennemi  et  un 
navir .  a.jglais.  Ce  dernier  avait  été  pris  et  d'autres 


bât'mcns  en  vue  couraient  risque  de  l'être.  Les 
baillif's  priaient  lera.iirede  faire  sortir  les  vaisseaux 
armés  (]ui  pourraient  se  trouver  dun.s  IHumber  , 
el  de  iaire  avenir,  par  un  exprès  ,  l'amiialDickson 
à  Yarmouth.  On  a  également  su  ijiie  ,  pendant 
leur  traversée  en  revenant  de  Ja  B.iliique  ,  le 
Royaliste  et  le  Briton  avaient  souienu  un  combat 
de  2  heures  contie  les  corsaires,  ijui  ne  s'étaient 
éloignés  ,  qu'en  voyanc  arrivt.r  d'autres  vaisseaux 
à  leur  secouis.  L'Esther  ,  de  Memmel ,  n'a  dû  son 
salut  qu  à  la  bravoure  des  matins  de  que'ques 
bàiimeus  pêcheurs.  Parmi  les  corsaiies  qui  rôdent 
maintenant  à  l'embouchure  de  IHumber  ,  et  qui 
sont  jusqu'à  4  et  5  de  compagnie  ,  se  trouve  le 
vaisseau  du  fameux  capitaine  Blackman  ,  si  connu 
par  les  nombreuses  prises  qu'il  a  faites, 

—  Nous  venons  de  recevoir  une  lettre  d'un 
correspondant  de  Minorque.  Il  s'y  trouve  un  fait 
généralement  ignoré  :  c'est  l'existence  d'un  régi- 
ment français  du  nom  de  Will''!:,  à  Minorque. 

—  Il  est  arrêté  que  le  titre  de  S.  M.  ,  dans  les 
actes  royaux  ,  sera  énoncé  de  la  manière  sui- 
vante ,  en  latin.  —  Georgius  terlius  ,  Dei  gratiâ  , 
Britanniarum  rex  ,  Fidei  dejensor ,  et  in  terra  Ec- 
clesia  Anglicanœ  et  Hibernia  supreiiiuni  Caput. — 
En  anglais  :  George  the  Ihird  ,  by  the  grâce  oj 
God,  of  the  united  Kingdom  of  Créât  Britain  ana 
Ireland  King  .  defender  of  ihe  Faith  ,  and  of  the  Uni- 
ted Chiirch  of  England  and  Ireland  on  earth  the 
suprême  Head.  —  Le  grand  sceau  dn  royaume  uni 
sera  un  écu  écartelé  ,  portant  les  armes  de  l'An- 
gleterre au  premier  et  au  (juatrierai'  ;  au  second 
celui  d'Ecosse  ;  au  troisième  celui  d'Irlande  , 
l'écu  de  Hanovre  au  centre  ,  avec  la  légende  : 
Georgius  teitius  ,  Dei  gratiâ ,  Britanniarum  rex. 
Fidei  defcnsor ,  etc. 

Les  pavillons  ,  enseignes  et  drapeaux  porteront 
les  croix  de  S.  André  et  de  S.  Patrick.  ,  réunies 
à   la  croix  de  S.  Georoe.  , 


Etats  des  billets  de  la  Banque  d'Angleterre  ,  mis  en  circulation   depuis  trois    ans. 


Années 

Du  25  décembre  1796  ,  au  25  mars   1797  , 
25   mars  juin 

juillet  septembre 

octobre  décembre 


BILLETS      DE      CINq_     LIVRES       ET      AU-DESSUS. 
1797  1798 


1799  iSoo 

■ II, 385, 180     11,585,210  13,433,420 

io,ii3,o3o     11,290,610     12,118.690  13,490,720 

9,762,130     io,2g4,i5o     i2,i55.36o  13,374,870 

10,411,700     10,711,690     12,335,920  i3,38S,67o 


BiLLElS      DE      DEUX       ET      d'uNE      LIVRES. 


'  Années 

Du  25  décembre  1796  ,  au  25  mars   1797  ,     iw. 
25  mars  juin 

juillet  septembre 

octobre  décembre 

—  La  rumeur  croissante  sur  la  disette  des  grains, 
«n  général  ,  fa.t  augmenter  le  piix  de  toutes  les 
dentécî  dans  les  marchés,  Lunili  dernier,  on  a 
vendu  au  marché  au  blé  des  pois  chiches  (  hog 
peuse )  à  raison  de  cinq  liv.  sterl.  le  sac,  qui 
doivent  être  envoyés  en  Ecosse  ,  et  mêlés  avec 
du  blé  pour  faire  du  pain. 

—  Le  prix  du  pain  de  4livres  a  augmenté  jeudi 
de  deux  assizes.  Il  se  vend  maintenant  i  shelling 
7    s.   et  aemi. 

—  Des  gens  mal  intentionnés  ont  répandu  , 
mardi  dernier  ,  des  écrits  incendiaires  dans  le 
marché  public  de  'Windsor  ,  pour  exciter  le  peu- 
ple à  la  lévoite.  Ces  libelles  ont  été  remis  au 
secrétaire-d'ciat. 

—  Il  y  a  quelqii;s jours  qu'un  mauvais  pla'sant 
écrivait  .  à  la  craie  ,  .sut  la  porte  dp  la  barque  : 
largent  ne  sera  plus  rendu  ;  avertissement  qui  se 
lit  au   bas  des  aliiches  de  spectacles. 

—  Sir  Joseph  Banks  a  présenté  ,  au  nom  de  la 
société  royale  ,  une  médaille  d'or  à  M.  Edouard 
Htwjrd,p0ur  son  ouvrage  sutlj  découverte  d'un 
nouveau  mcrcuie  luliiiinant. 

—  Une  respectable  grand'mere,  habitante  d'un 
village  près  Shafubury  ,  compte  parmi  sa  postérité 
vivante  3oo  individus  .  dont  l  âge  lé.uni  fait  un 
total  de  5.600  années. 

—  Il  vient  de  mourir  dans  1rs  enviroris  de 
Stockholm  un  paysan  qui  a  laissé  une  fortune  de 
Suo.ooo  rixdallers. 

(Extrait  du  Courier  de  Londres  ,  du  ig  décembre., 
»8  Jnmaire.j 


1797  1798  1799  1800 
i,658,3oo  1,627,250  1,686640 

990,850  i,933.83o  1,601.570  1,722,800 

ii,o66,75o  1,821,490  1, 604,580  1,855,540 

i,23o,7oo  i,73o,38o  1,761.040  2,062,300 

Du  23  décembre. 

Il  a  été  prescrit  un  jour  dé  fête  à  New-Yorck 
pour  le  6  frimaire  ,  en  action  de  grâces  ,  de  ce 
que  cette  ville  a  été  préservée  celte  année  de  la 
tievre  jaune. 

Une  livre  de  riz  ,  une  livre  de  farine  d'orge  , 
le  quart  d'une  livre  de  thériaque  (  fréacle  )  ,  et 
une  once  de  sel  ,  bouillis  dans  deux  galons  d'eau 
^à  un  teu  lent  ,  donnent  seize  livres  d'une  nour- 
riture substantielle  ,  dont  la  totalité  revient  à  9 
pences  (  90  cent,  ou  18  s.  ) 

Le  sucre  rafiné  a  diminué  de  prix  ;  le  thé  et  le 
calé  ont  renchéri. 

M.  Waddington  ,  convaincu  aux  dernières 
assises  de  'Worcesier  d  avoir  fait  hausser  ,  par  d.-s 
manœuvres  illicites  ,  le  j-rix  des  houblons  ,  a 
comparu  devant  la  cour  du  banc  du  roi  pour 
recevoir  son  jugement. 

Son  cons.il,  M.L.w,  s'est  retranché  pour  sa 
déleiise  dans  le  sil:;nce  de  la  loi  ,  qui  n'a  jamais 
prohibé  l'.'chat  ,  ni  la  vente  du  houblon. 

M.  'Wjddington  ayant  pris  à  son  tour  la  parole 
pour  plaider  lui-même  sa  cause,  a  cherché  à  faire 
valoir  en  sa  laveur  les  principes  d'une  entière 
liberté  de  commi  rce. 

Li  s  parties  entendues  ,  lord  Kcnyon  a  prononcé 
l'opinion  suivante  : 

"Je   ne   connais  pas  l'accusé  ,  j'ai  connu  plu- 

sieu.s    de    ses    parens  ,    gens    estimables.  Je    suis 

l.tclié    d'avoir    à    me   plaindre    d'un    écrit  ,    ayant 

'  pour  titre  :  So.mmaire  du  procès  de  M.  Waddinglon. 


Je  me  plais  à  croire  que  cet  ouvrage  a  été  com- 
posé sans  la  pariicipaiion  de  l'accusé,  quoique  la 
préface  soit  signée  de  son  nom.  L'aut.ur  de  cet 
écrit  a  eu  l'impudence  de  ne  pas  mén.igcr  davan-' 
tage  la  mémoire  du  grand  lord  Mansfield.  Ce 
n  est  pas  la  première  fois  que  la  calomnie  s'efforce 
de  rte  noircir  ;  mais  ch  .que  fois  que  j'enter.ds  pro- 
noncer un  nouveau  reproche  contre  cet  illustre 
magistrat,  je  ne  puis  me  défendre  d'une  juste 
indignation.  Si  jamais  les  matériaux  fragiles  de 
l'archileciure  ,  ou  le';  ligne'  plus  durables  du 
poète  élèvent  un  temple  à  la  Renommée,  les 
noms  d'Epaminondas  ,  de  Scipion  ,  de  Tiraoléou 
pu  de  Marc-Aurele  ,  ne  seront  pas  les  premiers 
inscrits  sur  son  frontispice  ;  celui  de  lord  Mans-' 
tield  les  précédera.  >> 

Ji  La  sagesse  suprême  nous  a  affligés  d'une 
calamité;  si  nous  pouvions  parvenirjusques  dans 

ison  sanctuaire  ,  nous  verrions  que  tout  est  pour 
le  mieux;  mais  tout  ce  que  la  prévoyance  hu- 
maine est  capab'e  de  faire  ,  on  peut  l'atiendre 
du  parlement  rassemblé  ,  pour  aviser  aux  moyens, 
I  d'as'surer  la  subsistance  du  royaume.  Quand  de 
nouvelles  lois  seront  faites,  la  cour  les  suivra.- 
Jusques-là  ,  c'est  d'apiès  les  lois,  actuelles  qu'elle 
doit  juger.  Certains  individus  ,  déjà  riches, 
achètent  les  grains  ,  lorsqu'ils  arrivent  sur  les 
marchés  ,  dans  le  but  d'accroîirc  encore  leur 
opulence  pat  d'énormes  profits.  C'est  aux  yeux 
de  la  religion  .;  de  la  morale  et  de  la  loi ,  l'offense 
la  plus  atroce  envers  le  prochain.  Ces  hommes, 
coupables  ,  s'ils  avaient  été  le  dimanche  piéeè- 
dent  à  l'église  ,  où  s'ils  avaient  lu  seulement 
dans  leur  chambre  l'office  du  jour ,  ils  aura  ent 
su  que  dieu  réprouve  les  cœurs  durs  et  leur 
dit  :  Maudit  celui  qui  affame  le  pauvre  ;  heureux 
celui  gui  le  nourrit.  Grâce  à  dieu  ,  la  loi  en  An- 
gleterre tient  le  même  langage. 

"  Il  est  vrai  que  le  htjublon  ,  suivant  la  loi, 
n'a  pas  été  considéré  comme  denrée;  mais  qui 
ne  voit  ,  qui  ne  sent  ,  que  ce  'qui  n'et.îit  pas 
compris  à  une  époque  pour  objet  de  subsis- 
tance ,  l'est  devenu  par  succession  de  tems  ?  Le 
houblon  n'est-il  pas  aujourdhui  une  d.nrécde 
première  nécessité  .  quoiqu'il  lût  défe^  du  an- 
ciennement d'en  faire  usage  ,  parce  (ju'on  avait 
la  fausse  idée  que  tous  les  amers  étaient  des 
poisons.  La  conduite  de  l'accusé  a-t-elle  pour 
objet  un  commerce  honnête  ?  il  empêche  les 
cultivateurs  de  vendre  leurs  de.-irées  ,  ou  ce  qui 
est  la  même  chose  leurs  houblons  ,  jusqu  à  ce  que 
le  prix  en  soit  de  20  liv.  le  quinial.  L'intérêt  est 
devenu  le  seulmobile  des  hommes  ;  il  ne  s'en 
trouve  plus  d'assez  vertueux  pour  faiie  des  sacri- 
fices à  leur  patrie.  Si  la  conscience  de  l'accusé 
ne  lui  reproche  rien  ,  que  dieu  lui  fasse  miséricorde 
au  jour  de  son  jugement!  mais  quel  homme  osera 
prononcer  qu  il  a  agi  avec  probité  ?  La  cour  a  à 
examiner  actirellement  s'il  a  violé  les  lois  civiles 
de  1  état.  Ses  moyens  de  défefise  ,  entendus  avec 
la  plus  grande  attention  ,  n'ont  encore  rien  fourni 
qui  puis^eseiviràla  justification  de  l'accusé.  >> 

'i  Le  lord  ordonne  que  M.  'Wâddingston  soit 
reconduit  à  la  prison  du  banc  du.  roi  ,  ci  quil 
comparaisse  le  dernier  jour  de  la  session,  m 

M.  Ryder  a  proposé  d..ns  la  chambre  des  com- 
munes ,  qu'il  ne  lui  permis  de  faire  ,  avec  le  fro- 
ment ,  qu'une  seule  espèce  de  farine  grossière  et 
qu'une  seule  qualité  de  pain  ,  et  d'autoriser  la 
fabrication  du  pain  avec  des  frines  de  grains 
mélangés.  — •  La  chambre  a  adopté  la  proposi- 
tion; elle  a  arrêté  sur  la  motion  tiu  même  mem- 
bre, que  le  bill  ,  pour  ne  permettre  de  faire  qu'une 
seule  espèce  de  pain  de  froment  ,  serait  mis  en 
vigueur  à  Londres  ,  et  à  la  distance  de  40  milleS  , 
à  compter  du  24janvier  prochain  ,  et  passé  celte 
distance,   à  compter  du  3i  du  même  mois. 

J.  W.  Hunr  de  Horsingion  ,  comté  de  Som- 
merset,  avait  planté  trois  pommes  de  terre  ,  avec 
une  préparation  qui  lui  est  particulière  ;  l'une  à 
rendu  i35  liv.  ;  la  seconde  192  ;  la  troisi.me  194; 
ce  qui  fait  un  produit  total  de  52  i  liv.  ,  ces  trois 
pommes  de  terre  étaient  du  nombre  ries  370  , 
venues  d'une  seule  poiTirae  de  terre  plantée 
l'année  dernière. 

Lors  de  l'ajournement  de  la  chambre  des  com- 
munes ,  adopté  ,  sur  la  proposition  de  M.  Pin  , 
dans  la  séance  du  \^'  nivôse  ,  un  des  membres  , 
M.  Robson  ne  pui  s'empêcher  de  témoig.ier  sa 
surprise  d'une  pareille  motion  ,  lorsr-iue  les  cir- 
constances et  suriout  les  besoins  du  peuple  sem- 
blaient réclamer  la  permanence  et  toute  la  solU- 
citude  de  ses   représentans. 


40B 


j>  les  ministres,  ditM.  Robson,  croyent-ils avoir 
tout  fait  pour  la  subsistance  du  peuple  ,  que  de 
le  nourrir   de  harengs  ?u 

V  (  Extrait  du  Sun ,  du  Morning  ChronicU  et  du 
Courrier.  ) 

PARLEMENT. 

•  hambre    des    communes. 

Suite  di  la  séance  du   i8  décembre. 

V Attorney -général  propose  la  troisième  lecture 
du  b  11  de  suspension   de  l'acte  habeas  corpus. 

M.  Jek)ll.]e  suis  affligé  de  voir  la  chambre  prête 
4  adopter  définiiivemenl  une  mesure  d'une  na-  | 
ture  aussi  alarrnante.  L'apathie  que  je  remarque 
dans  la  plupart  des  honorables  membres, me  cause 
une  vive  douleur.  La  première  fois  qu'il  lut 
question  de  suspendre  ,  pour  un  période  couit  , 
le  ^\-àr\à  palladium  de  la  liberté  anglaise,  on  crut 
du  moi:. s  qui!  était  de  la  décence  de  colorer  une 
mesure  aussi  dangereuse.  On  exposa  à  la  chambre 
des  faits  et  des  circonstances  propres  à  émouvoir 
»a  sollicitude.  Quand,  dans  la  suite  ,  il  fut  question 
de  continuer  le  ui 11 ,  on  nous  renvoya  aux  premiers 
rapports  qui  avaient  été  faits  sur  cet  objet ,  et  l'on 
nous  protesta  que  les  mêmes  dangers  existaient 
encore.  Enfin  ,  ces  formes  elles-mêmes  ont  été 
mises  de  côté  ;  et  sans  citer  aucun  fait,  sans  allé- 
guer aucun  prétexte  ,  on  justifie  la  mesure  par 
des  assertions  générales  :  on  se  contente  d'en  ap- 

£elerau  sentiment  de  la  majorité  de  la  chambre, 
elle  simple  assertion  que  le  jacobinisme  n'est 
pas  éteint  encore  ,  suffit  pour  qu'on  engage  les 
représentans  du  peuple  anglais  à  renoncer,  et 
pour  eux  et  pour  leuii  commetiaos  ,  au  plus  beau 
de  leurs  droits.  Pour  moi  ,  je  suis  convaincu  que 
les  horreurs  que  le  jacobinisme  a  enfantées  sur 
le  continent  l'ont  tué  lui-même  depuis  long-tems. 
Il  existe  ,  il  est  vrai ,  un  mécontentement  réel  dans 
notre  pays  ,  mais  on  le  doit  aux  malversations  des 
ministres  actuels  ;  et  il  durera  aussi  long-tems  que 
les  ministres  garderont  leurs  places.  Mais  il  ne 
faut  pas  confondre  ce  mécontentement  avec  les 
principes  du  jacobinisme  :  il  ne  faut  pas  s'en 
lervir  comme  d'un  prétexte  ,  pour  enlever  au 
peuple  le  meilleur  gardien  de  ses  droits  ,  le  plus 
fort  rempart  de  ses  libertés. 

Il  est  assez  singulier  d'entendre  les  partisans 
de  cette  m-sure  s'appuyer  de  la  douceur  avec 
laquelle  les  ministres  ont  fait  usage  du  pouvoir 
qui  leur  a  été  donné  ,  de  faire  anê'.er  et  renfer- 
mer les  personnes  prévenues  de  sédition.  Sans 
tn'étcndre  sur  ce  suiet  ,  je  crois  pouvoir  assurer  , 
et  on  ne  me  le  contestera  pas  ,  que  plus  de  25 
personnes  ont  langui  dans  les  prisons  pendant 
plus  de  trois  ans  ,  sans  qu'il  y  etii  contre  elles 
aucunes  charges  régulières.  Cette  conduite  est 
éversive  des  anciens  statuts  de  l'Angleterre.  Elle 
conduit  à  la  violation  dir.cte  du  7°  statut  de 
Guillaume  III  ,  qui  porte  qu'aucun  individu  ne 
pourra  être  détenu  en  prison  plus  de  trois  ans, 
pour  cause  de  trahison  ,  sans  être  jugé  ,  à  moins 
qu'il  ne  soit  prévenu  d'assassinat  contre  la  per- 
sonne du  souverain.  Puis^je  doue  ne  pas  ra'op- 
poser  à  uf)  bill  en  vertu  duquel  les  ministres 
de  sa  it:ajesié  peuvent  retenir  dans  les  fets  , 
pendant  un  tems  iudélerminé  ? 

Mais  quels  sont  ces  25  individus  qui  ont  été 
ainsi  détenus  ,  et  à  cau.ie  desquels  il  faut  que  le 
peuple  soit  privé  de  ses  libertés  ?  ce  sont  des 
hommes  obscurs  ,  inconnus  .  sans  aucune  in- 
fluence ,  sans  aucuns  moyens  de  devenir  jamais 
redoutables  au  gouvernement  ;  pour  la  punition 
desquels  enfin  les  lois  commutjes  du  pays  sont 
très-suffisantcs,  Voilà  les  hommes  pour  le  châ- 
timent desquels  il  faut  qu;  la  clrarabre  porte 
un  bill  ,  et  qui  doivent  la  faire  tiembler  pour 
le  salut  de  la  nation. 

Je  conjure  la  chambre  de  s'arrêter  :  elle  le  peut 
encore.  Bientôt  nous  aurions  à  tendre  compte 
-de  la  manière  don)  nous  avons  rempli  nos 
-devoirs. 

'Sir  F.  Burdett.  Cette  mesure  peut  être  regardée 
comme  le  complément  de  ce  plan  d  asservisse- 
ment ,  dont  nos  minisires  poursuivent  l'exécution 
avec  tant  d'opiniâtreté.  Ils  ont  résolu  d'élevtr 
leur  puissance  sur  les  ruines  de  notre  liberté  et 
de  notre  indépendance.  Déjà  cette  liberté  de 
parler  ,  qui  est  le  droit  nattxrel  des  anglais  ,  iis 
nous  l'ont  enlevée  ;  ils  ont  ébranlé  la  liberté  de 
la  presse  ,  cette  source  de  l'indépendance  publi- 
que. Ils  ont  violé  tous  les  principes  de  I  a  liberté 
individuelle  ,  par  leur  système  d'emprisonne- 
men;. ,  et  en  fesant  renfermer  dans  des  cachots 
des  hommes  contre  lesquels  on  ne  peut  alléguer 
aucunes  charges.  Ces  prisons  sont  inspectées 
par  des  magistrats  gagés  qui  en  refusent  l'entrée, 
non-seulemenf' à  des  particuliers  ,  à  des  amis, 
mais  même  à  un  grand  jury  ,  dont  l'objet  était 
d'exposer  les  abus  énormes  qui  s'y  commettent. 
—  Je  m'oppose  au  bill. 

M.  Ellison.  J'ai  un  grand  respect  pour  le  pri- 
vilège dont  on  accuse  le  bill  de  suspendre  l'exer- 
cice ;  mais  j'ai  cru  qu'il  était  de  mon  devoir 
dappi^yer  c-tte  suspension  temporaire,  psrce 
que  j'étais  convaincu  qu'elle  était  nécessaire  pour 


assurer  notre  liberté.  A  présent  je  pense  que 
Celte  nécessité  dure  eniore,  et  que  la  mesure 
doit  être  continuée.  On  nous  dit  que  les  hommes 
détenus  sont  des  individus  obscurs  ,  et  qui  n'rx- 
citeiit  aucun  intérêt.  Mais  on  se  trompe  ;  car  ces 
individus  sont  bien  connus  ,  et  il  est  des  per- 
sonnes qui  s'intéressent  à  eux.  Leur  détention 
importe  beaucoup  à  la  sûreté  d'une  très-grande 
partie    de  la   communauté. 

La  question  de  la  troisième  lecture  du  bill 
mise  aux  voix  ,   52  sont  pour ,  et  10  contre, 

(  Extrait  du  Star.  ) 

INTÉRIEUR. 

Bordeaux  ,  3o  frimaire. 

Les  communications  sont  rétablies  par  terre  , 
entre  l'Espagne  et  le  département  des  Basses-Py- 
rénées ;  elles  ne  pourront  avoir  liîu  que  par  les 
passages  d  Urugue  (  pas  de  Behobie  )  ,  Sare  et 
Ainhouf  ,  Saint  -  Etienne  de  Beygorry  ,  Saint- 
Jean-Pied-de-Port  ,  Lescun  ,  Urdos  et  Latuns. 
Tous  les  autres  passages  demeureront  absolu- 
ment firmes  jusqu'à  nouvel  orare.  Tout  indi- 
vidu qui  se  présentera  sur  la  frontière  sans  être 
porteur  de  passeport  et  de  ccrtihcats  authenti- 
ques des  autorités  espagtioles  du  lieu  de  son 
départ ,  visés  par  l'agent  de  la  république  ou  par 
les  officiers  espagnols,  sera  arrêté  et  repoussé 
sur  le  territoire  d'Espagne.  Ces  certiticais  attes- 
teront que  l'individu  et  le  pays  d'oti  il  vient  ,  j 
ne  sont  pas  attaqués  de  la  contagion.  Les  mar- 
chandises venant  d  Espagne  ,  pourront  être  in- 
troduites par  les  passag';s  sus-raeniionnés,  pourvu 
que  l'on  justifie  qu'elles  ne  vien.ient  pas  de  Ca- 
dix, de  l'Andalousie,  de  la  GiCnaJe  ,  de  la 
Murcie  ,  de  l'Estramadure  el  de  la  Nouvelle- 
Castille.  Sont  exceptés  de  cette  disposition  lo  ites 
■les  laines  et  cotons  ,  qui  ,  sous  aucun  prétexte  , 
ne  pourront  entrer  :  et  dans  le  cas  oii  il  .«'en 
introduirait  ,  ces  marchandises  seront  saisies  et 
brûlées. 

Qtiant  aux  communications  par  mer,  il  sera 
pris  des  mesures  pour  les  rétablir  ,  avec  les 
précautions  convenables  ,  avec  I  s  ports  dé 
Bayonne  ,  de  Saint-Jean-de-Luz  et  Socoa. 

Nos  coramerçans  pourront  donc  reprendre  le 
cours  de  leurs  opérations  avec  les  espagtjols  , 
en  se  soumettant  toutefois  à  ces  formalités  que 
nous  avons  extraites  d'un  arrêté  du  préfet  du 
département  des  Basses-Pyrénées  ,  en  date  du  sS 
frimaiie. 

On  écrit  de  Bayonne  :  on  a  publié  ,  hier  s6 
frimaire  ,  la-  levée  du  cordon  de  nos  troupes 
sur  notre  frontière  ;  il  y  aura  seulement  encore 
quelques  précautions  pour  l'introduction  des  lai-' 
nés  et  des  colons  venant  d'Espagne.  On  les  re- 
tiendra dans  quelques  dépôts  un  certain  nombre 
de  jours  ,  selon  les  lieux  d'où  elles  viendront. 
Toutes  les  autres  marchandises  ,  les  personnes 
et  les  attelages  peuvent  maintenant  librement 
entrer  ,   etc. 


Paris  ,  le  8  nivôse. 

Le  sénat-conseryateur  ,  dans  sa  séance  du  8  de 
ce  mois  ,  a  arrêté  qu'une  somme  de  3,ooo  francs 
serait  tenue  par  son  trésorier  ,  à  la  disposition 
du  préfet  de  police  de  Paris  ,  pour  être  employée 
au  soulagement  des  victime»  indigentes  de  lex- 
plosion  qui  a  eu  lieu  le  3  de  ce  mois  ,  dans  la  rut 
Nicaise.  Cette  somme  sera  retenue  par  le  trésorier 
aux  membres  du  sénat  ,  sur  leur  traitement. 

—  Avant-hier ,  à  onze  heures  du  matin  ,  le  feit 
commençait  à  se  manifester  d'une  manière  vio- 
lente dans  une  maison  près  Notre-Dame  en  la 
Cité  :  sans  les  secours  prompts  et  le  zèle  infati- 
gable du  citoyen  Blygny  ,  sous-économe  du  grand 
hospice  d'Humanité  ,  qui  ,  i  l'aide  de  plusieurs 
infirmiers  dudit  hospice ,  est  parvenu  à  arrêter  les 
progrès  de  l'incendie,  cette  maison  eût  infaillible- 
ment ^té  embrasée  en  devenant  la  proie  des 
flammes.  C'est  à  ce  courageux  citoyen  que  le 
tapissier  qui  1  habite  doit  la  conservation  de  ses 
plus  précieux  effets,  dont  très-peu  ont  été  en- 
dommagés. 

—  Des  lettres  d'Amsterdam  marquent  qu'on  y 
a  reçu  des  lettres  récentes  de  Batavia  ,  annonçant 
que  cette  colonie  est  dans  un  état  respectable  de 
défense. 

—  Des  lettres  des  Etats-Unis  annoncent  que  la 
maladie  ayant  cessé  à  la  Providence  ,  à  Rhode- 
Island  ,  Baltimore  et  Norfolk  en  Virginie  ,  le 
commerce  est  entièrement  rétabli  dans  ces 
contrées.     ' 

'    —  On  mande   d'Hamboiirg  que  l'Elbe  charie 
tellement  ,  qu'il  n'est  pas  possible  d'y  naviguer. 

—  Le  citoyen  Richerand  ,  jeune  ,  professeur 
d'anaiomie  et  de  physiologie  ,  vient  d'être  nommé 
à  la  place  de  chirurgien-adjoint  de  l'hospice  de 
Suint-Louis.  " 

Le  Journal  des  Défenseurs  de  la  Patrie  a  inséré 
aujourd'hui  l'extrait  suivant  dune  lettre  de 
Londres ,  en  date  du  11  décembre  (  20  frimaire  J. 


««  Je, suis  à  la  yeille  de  quitter  cette  ville,  et  je 
crois  que  la  prudence  l'exige  ,  et  peut-être  serai-je 
en  France  aussitôt  que  ma  lettre.  Il  règne  ici  une 
fermentation  sourde  ,  qui  ne  peut  gueres  se  ter- 
miner que  par  l'explosion  de  quelqu'orage;  et  cet 
orage  b"era  terrible.  Le  contraste  du  luxe  de  quel- 
ques hommes  et  de  la  misère  publique  ,  a  vérita- 
blement quelque  chose  d'effrayant ,  el  quoi  qu'il 
arrive  ,  cela  ne  peut  aller  loin.  Au  surplus ,  c'est 
que  les  ministres  ont  conçu  l'idée  que  la  paix, 
qui  serait  peut-être  le  meiileuret  l'unique  remède 
pour  calmer  le  peuple  anglais  ,  serait  suivie  im- 
médiatement d'une  révolution  en  Angleterre  : 
il  est  bon  de  vous  dire  qu'ils  appellent  tévolutioa 
tout  changement  qui  pourrait  faire  tomber  le 
pouvoir  de  leurs  mains.  Mais  ce  qu'ils  craignent 
à  la  paix  ,  la  prolongation  de  la  guerre  pourrait 
bien  le  hâter,  car  la  guerre  ne  peut  qu'ajouter 
aux  maux  du  peuple  ,  el  ces  maux  sont  incalcu- 
lables. Concevez-vous  bien  une  position  sem- 
blabe  ?  point  de  pain  ,  nul  espoir  d'en  avoir  de 
l'étranger  ,  et  six  grands  mois  encore  à  attendre 
avant  la  moisson  Ce  malin  ,  une  femme  s'est 
jetée  dans  la  Tamise  avec  ses  deux  enfans. 
Depuis  cinq  jours  elle  n'avait  rien  à  manger.  Cet 
acte  déchirant  de  désespoir  a  eu  pour  témoia 
une  foule  immense.  Vous  devinez  tous  les  pro- 
pos tenus  par  la  multitude.  Des  agens  de  la  policé 
ont  empêché  que  les  cadavres  de  ces  infonunés 
aient  été  rapportés  sur  le  rivage;  ils  ont  été  dé- 
posés sur  un  vaisseau,  d'otî  sans  doute  on  les 
emportera  pendant  la  nuit.  Le  peuplé  parlait 
de  les  porter  à  la  porte  de  Pilt ,  ou  à  'West- 
minster ;  et  dans  le  moment  actuel,  il  ne  faudrait 
qu'une  étincelle  pour  allumer  un  grand  iicendie- 
Personne  au  reste  ne  doute  qu'un  grand  mou- 
vement ne  soit  prochain.  Vous  savez  que  je 
soignais  l'éducation  des  deux  enfans  du  lord 
M.  ..  Qnand  je  lui  ai  l'ait  part  de  mes  craintes 
et  de  I  intention  otàj'étais  de  retourner  en  France  » 
il  a  d'abord  voulu  m'en  détourner;  mais  comme 
j'insistais  ,  il  a  fini  par  me  dire  ;  je  vous  laisse 
partir  ,  et  peui-êtfe  bientôt  serai-je  moi-même  trop 
heureux  que  vous  me  donniez  un  azyle.  )) 

ACTESADMINISTRATIFS. 

MINISTERE    DE    L'INTÉRIEUR. 

Le  ministre  de  l'intérieur  ,  considérant  que  le» 
lois  des  14  octobre  1790  et  iS  août  1792  ,  en 
supprimant  Us  corporations  ,  avaient  co.iservé 
aux  membres  des  établisscmens  de  chaiilé  la 
fjculté  de  continuer  les  actes  de  leur  bieufe- 
sance  ,  et  que  ce  n'est  qu'au  mépris  de  ces  lois 
que  ces  institutions  ont  été  totalement  désorga- 
nisées ; 

Considérant  que  les  secours  nécessaires  aux 
malades  ,  ne  peuvent  être  assidûment  administrés 
qu«  par  des  personnes  vouées  par  état  au  service 
des  hospices  et  dirigées  par  l'enthousiasme  de  la 
charité  ; 

Considérant  que,  parmi  tous  les  hospices  de  la 
république  .  ceux-là  sont  administrés  avec  plus 
de  soin  ,  d'intelligence  et  d'économie  ,  qui  ont 
rappelle  dans  leur  sein  les  anciens  élevés  de  cette 
institution  sublime  ,  dont  le  seul  but  était  de 
former  à  la  pratique  de  tous  les  actes  d'une  cha- 
rité sans  bornes  ; 

Considérant  qu'il  n'existe  plus  de  cette  pré- 
cieuse aisocialion  ,  que  quelques  individus  qui 
vieillissent  ,  et  nous  font  craindre  I  anéantisse- 
ment prochain  d  une  institution  dont  s'honore 
Ihumanité  ;  ^ 

Considérant  enfin  que  les  (oins  et  les  veriuî 
nécessaires  au  service  des  pauvres  ,  doivent  être 
inspirés  par  l'exemple  et  enseignés  par  les  leçons 
d'une  pratique  journalière  ,  anêie  :  - 

Art.  P'.  La  ciioyenne  Delau  ,  ci-devant  supé- 
rieure des  Filles  de  la  Chari:é  ,  est  autorisée  à 
foimer  des  élevés  pour  le  service  des  hospices. 

IL  La  maison  hospitalière  des  Orphelines  ,  rue 
du  Vieux-Colombier  ,  est  mise  ,  à  cet  effet,  à  sa 
disposition. 

III.  Elie  s'adjoindra  les  personnes  qu'elle  croira 
utiles  au  succès  de  son  institution  ,  et  elle  fera 
choix  des  élevés  qu'elle  jugera  propres  à  en 
remplir  le  but. 

IV.  Le  gouvernement  payera  une  pension  de 
trois  cents  francs  pour  chacun  des  élevés  dont 
les  parens  seront  reconnus  dans  un  état  d'indi- 
gence absolue. 

V.  Tous  les  élevés  seront  assujettis  aux  régle- 
mens  de  discipline  intérieure  de  la  maisen. 

VI.  Les  fonds  nécessaires  pour  subvenir  aux 
besoins  de  l'institution  ,  seront  pris  sur  les  dé- 
penses générales  des  hospices.  Ils  ne  pourront 
pas  excéder  la  somme  annuelle  de  douze  mille 
francs. 

Paris  ,  ce  1"  nivôse  an  9.    Signé ,  Chaptal. 


MINISTERE    DE   LA  MARI- NE. 

Le  corsaire  le  Coureur  ,  de  Boulogne  ,  capitaine 
Robert  Bouchard  ,  armé  seulement  de  menues 
aroaes ,  a  conduit  en  rade  de  ce  port  ua  bâtiment 


anglais  de  io  canons  de  5  et  de  g  ,  qu'il  a  enlevé 
le  i'^'  nivôse  à  l'abordage  et  en  piein  jour  sur  la 
côte  d'Angleterre.  Celle  prise  d'environ  400  ton- 
neaux et  liiant  dix-sept  pieds  d'eau  ,  venait  de  la 
Jamaïque  ,  chargé  de  sucre  ,  rhum  ,  etc. 

Un  petit  corsaire  de  Morlaix  ,  nommé  la  Mas- 
carade ,  armé  de  deux  canons  ,  a  capturé  dans  la 
Manche  et  conduit  à  Brest  la  Pailas  ,  leitre  de 
marque  anglaise  de  14 canons,  richement  chargée, 
et  sortie  de  Londres  pour  se  rendre  dans  les 
colonies  anglaises  d  Amérique. 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Taris  ,  le  8  nivôse  ,  an  g  de  la  république  française , 
une  et  indivisible. 

Tous  les  citoyens  désirant  concourir  ,  selon 
leurs  moyens  ,  au  soulagement  des  malheureuses 
victimes  de  l'explosion  du  baril  de  poudre  ,  rue 
Nicaise  ,  le  3  nivôse,  continuent  d'apporter  leurs 
.  ifixandes  au  secrétariat-général  de  la  préfecture 
.^e  police. 

Le  citoyen  Tocque  ,  serrurier',  rue  de  Sève  , 
.11°  1374,  y  a  déposé  ,  aujourd'hui  8  nivôse  ,  une 
très-belle  serrure  de  sûreté,  dont  le  produit  est 
par  lui  consacré  au  soulagement  de  ces  victimes 
infortunées. 

Voici  l'état  des  personnes  qui ,  le  même  jour  , 
ont  déposé  leurs  offrandes  pour  le  même  objet: 
Le  citoyen  Guenoux  ,  notaire  ,  54  f. 

Madame   Conté  ,    dont    le    mari    est    en 

Egypte ,  24 

La  régie  des  viVres  de  l'intérieur  ,  >  5oo 

Le  citoyen  Plougenet,  6 

Le  citoyen  Gibé  ,  notaire  ,  60 

Le  citoyen  Chevalier  Daulnay  ^  6 

Le  citoyen  Domergue,  ï5o 

Le  citoyen  Delanoy  ,  aio 

Plusieurs    employés    au    ministère     de    la 

guerre  ,  bureau  du  recrutement  1 18 

Le   cotiservatoire  de   musique  ,  5oo 

Le  citoyen  Docagne  ,  employé  aux  postes  ,     12 


403 

sera  inséré  ,  pour  lui    tenir  lieu  de   notification  , 
et   lui    servir  de    liuc  pour    coiisiaicr   sa  (jualité. 
Paris  ,   le  8  niv<ise  ,   an  g. 

Signé,  BoNAfARi'E. 
Par  le   premier  consul  , 
Le  secrétaire-d'état ,  signé ,  H.  B.  Maret. 

Extrait  des  registres  du  sénat  -  conservateur  ,  du  8 
nivôse  an  g   de  la  république. 

Un  membre  de  la  commission  admiiiisirative 
expose  que  le  sénateur  Cousin  ,  malade  depuis 
un  mois  ,  a  cessé  de  vivre  ce  matin  à  8  heuies 
et  demie.  Il  propose  au  sénat  de  noiiEcr  son 
décès,  par  un  message  ,  aux  trois  auio.ués  qui 
doivent  piésenier  des  candidats  pour  son  reiu- 
placetneni. 

Le  sénat  arrête  qu'il  sera  fait  un  message  au 
corps-législatif,  au  tributirii  ,  et  au  premier  consul 
de  la  république  ,  pour  leur  noiiher  le  décès  du 
ciioyen  Cousin  ,  et  les  inviicr  à  fnésemor,  abx 
termes  de  l'article  XVI  de  la  consiituiioti  ,  .les 
candidats  pour  la  place  que  cette  moit  laisse 
vacante  dans  le    sénai-consetvaieur. 

Signé,  Laplace  ,  président  ;  Clément  de  Kis 
et  Rousseau  ,   secrétaires. 

Par  le  sénat-conservateur  , 

Le  secrétaire-général,   signé,   Cauchy. 


La  musique  offre  toutefois  des  morceaux  digne» 
en  toui  de  la  répuution  de  Icui  aui,;ui.  C'csi  ,  cil 
ppu  (ie  mois,  due  ue  quel  prix  ils  ont  dû  pa- 
raître. 

Pour  dépeindre  le  beau  style  qui  les  frappe 
dans  les  productions  de  l'antique  «t  dans  celles 
de  I  Ecole  romaine,  les  artistes  se  set'veni  d  ua 
mot  qui  n'est  pas  Irançiis  ,  mai»  qui  se  fait  eii- 


parce    qu'il    est    d'un    effet  piitoiesque. 


T    R    I   B    U    N    A    T. 

Présidence  de  Mouricault. 


SEANCE     DU 


NIVOSE. 


Après  la  lecture  du  procès-verbal  .  on  procède 
au  scrutin  pour  la  nomination  d'un  candidat  au 
senat-conservateur. 

Il  y  avait  83  votans.  Le  cit.  Crassous  a  réuni 
45  suffrages  ,  et  le  cit.  Desmeuniets  3o.  Le  ci- 
toyen Crassous  a  éié  proclamé  candidat. 

Le  tribunal  se  forme  ensuite  en  comité  secret 
pour  la  discussion  d'un   projet  de  loi. 

Les  spectateurs  se  retirent. 

SENAT -CONSERVATEUR. 

Extrait   des    registres    du    sénat-conservateur. 
—  Du  8  nivôse  ,   an  9. 

Vu  le  message  du  premier  consul  de  la  répu- 
blique ,  du  27  Irimaire  dernier  ,  contenant  pré- 
sentation du  citoyen  Rampon  ,  général  de  divi- 
sion à  l'arraée  d'Orient ,  pour  une  place  vacante 
au  sénal-conseivateur  ; 

Vu  pareillement  les  messages  du  corps-légis- 
latif ei  du  tribunal,  des  3  et  5  de  ce  mois  ,  par 
lesquels  le  même  candidat  est  présenté  potir  la 
même  place  par  ces  deux  autorités  : 

Le  sénat  ,  réuni  au  nombre  de  membres  pres- 
crit par  l'article  XC  de  la  constitution  ,  considé- 
lanl  que  le  citoyen  Ramjjon,  général  i;e  division 
â  l'armée  d'Orient  ,  est  à  la  fois  proposé  par  le 
corps-législatif,  par  le  tribunal  et  par  le  premier 
consul  de  la  république  ,  pour  une  jiiace  de 
sénateur,  déclare,  aux  termes  de  l'article  XVI 
de  la  constitution  ,  qu'il  est  admis  dans  le  sein 
an  sénat. 

Le  président  proclame  ,  en  conséquence  ,  le 
citoyen  Rampon  ,  membi?e  du  sénat-conservaleur. 

Le  sénat  arrête  que  le  présent  acte  d'admission 
sera  noiifié  par  un  message  au  corps-législtiif , 
au  tribunal  ,    et  aux  consuls  de  la  république. 

Signé  ,  Laplace,  président;  Clément  de  Ris  et 
Rousseau  ,  secrétaires. 

Par  le  sénat-conservateur  , 

Le  secrétaire-général ,  signé,  Cauchy. 

Bonaparte  ,  premier  consul  de  la  république, 
ordonne  que  l'acte  du  sénat  conservateur  ,  qui 
précède  ,  sera  inséré  au  Bulletin  des  lois.  Le  mi- 
nistre de  la  justice  enverra  au  citoyen  Rampon 
uo  exemplaiie  du  Bulletin   des  lois   oîi  cet  acte 


THEATRE     DE    l'oPERA    C0MIQ_UE. 

Au  lever  de  la  toile  pour  la  première  repré- 
sentation de  Bion  ,  opéra  en  un  acte  et  en  vers  , 
donné  avant-hier  à  ce  ihéâtre  ,  on  ignorait  encore 
s'il  devait  être  question  d.nis  l'ouvrage  du  Bion  , 
dont  le  nom  se  lie  dans  le  souvenir  des  amis  des 
lettres  à  celui  de  Moschus  ,  ou  de  celui  que  les 
philosophes  ciniques  onl  compté  dans  le  nombre 
de  leurs   Sectaires. 

Bientôt  toute  incertitude  a  cessé  ,  le  principal 
personnage  ,  saluant  l'aurore  par  s.-s  chants  ,  et 
mêlant  des  accents  d'amour  aux  doux  sons  de 
sa  lyre  ,  a  laissé  reconnaître  l'auteur  des  Idylles  et 
de  la  Mort  d  Adonis. 

Quelques  momens  après  on  a  pu  voir  que  le 
sujet  du  nouvel  opéra  était  iitiiié  d'un  des  plus 
inieressans  chapîirus  du  voyage  d'^u^enur  en  Grèce, 
quoique  l'aule'ur  en  chjngeani  les  noms.  Cl  en 
donnant  un  dénouement  nouveau  à  li  fjble  qu'il 
empruntait  ,  ait  paru  vouloir  déguiser  ,  on  ne 
saii  par  quel  motif,  la  souri.e  à  laquelle  il  avait 
cru  devoir  puiser. 

Dms  le  voyage  d'y^u/enor ,  Bion  ,  amant  de 
Théophaiiie  reconnaît  que  Phanor  est  épris  comme 
lui  des  charmes  de.csiie  ji-unr  grecque  :  il  iemt 
d'exaucer  les  vœux  de. son  rival,  et  ue  l'unir  à 
sa  maiiresse  ;  mais  au  moment  de"  prononcer  le 
serment ,  c'est  Bion  ,  et  non  Phanor  qui  reçoit 
la   main  de  Théophanie. 

Dans  le  nouvel  opéra  ,  Bion  se  Houve  dans 
la  situation  que  le  citoyen  Dumous^ier  a  donnée 
à  son  Epicure  ,  avec  cette  différence  qu  Epicure 
(  dans  le  puëme  du  citoyen  Dumousiier  )  s'unit 
à  sa  maîtresse  ,  et  que  Bion  (  dans  le  poè'ine  du 
citoyen  Hoffmann  )  cède  la  sienne  à  son  rival. 

La  situation  de  Bion  dans  l'opéra  dont  nous 
parlons  ici  ,  est  peu  iniérebsarjte  ,  parce  qu  elle 
tst  forcée,  it  quelle  n'est  point  énoncée  clai- 
rcm*:nt. 

Alme-t-il  sa  jeune  N  za  ?  En  ce  cas  pourquoi 
l'abandonner  à  un  étranger  ?  N.za  lui  esi-elie  in- 
différente ?  Alors  la  pièce  ne  peut  iiiicicss.-r  ; 
le  sacrifice  de  Biun  est-ii  l'effet  d'un  mouvement 
gcnéri-ux?  Alors  pourquoi  le  spectateur  u'est-il 
pas  témoin' du  combat  que  le  philosophe  doii  se 
livrer  à  lui-même  ?  Sa  victoire  aurait  quelque 
prix  ;  celle  situation  serait  sous  des  habiis  grecs  , 
celle  de  ce  Morinzer  ,  si  habileraeni  dessinée  par 
Monvel  ,  comme  à  quelque  dittérence  prés  ,  le 
sujet  de  Bion,  est  celui  de  l'opéra  comique; 
mais  au  moins  cette  situation  ne  serait  ni  invrai- 
semblable ni  insignifiante. 

Si  les  situations  de  cet  ouvrage  ne  sont  nulle- 
ment vraisemblables  ,  si  le  moyen  d  intrigue  pa- 
raît plus  exiraoïdinaire  qu'ail'achant  ,  et  le  rôle 
principal  plus  singulier  que  suscepiilple  d'inté- 
resser ,  l'auteur  a  ,  autant  quil  était  possible  , 
voilé  les  défauts  par  le  charme  d'un  dialogue  ai- 
mible  ,  facile,  spiiLiuel ,  élégant,  harmonieux. 
Peut-être  lui  reprochera-t-on  qifelques  traits  qui 
tiennent  du  précieux  ,  et  d  avoir  donné  une  cou- 
leur bien  moderne  à  la  conversation  des  grecs 
qu  il  fait  paraître.  , 

Nous  avons  dit  que  cet  ouvrage  était  du  ci- 
toyen Hoffmann  :  la  musique  est  de  Mchul.  Ce 
n'est  pas  la  première  lois  que  ces  deux  auteurs 
s'associent  pour  traiter  un  sujet  grec.  De  leur  pre- 
mière réunion  naquit  un  chtVd  œuvre  :  leur  nou- 
velle production  semble'  être  le  fruit  d'un  mo- 
ment de  loisir  ,  plus  que  le  lésuliat  d'un  long 
effort  ;  elle  a  pu  être  l'objet  d'un  dél.issement 
agréable  ,  et  non  celui  d'^ne  sérieuse  élude.  Ausf  i 
ne  peui-elle  être  corapaiéc  à  Slra^onice. 


tendr 

Ce  mot  est  celui  Ai^  grandiose;  il  caracicrise  les 
productions  oià  Mchul  imprime  le  véritable  ca- 
chet de  son  talent.  11  y  a  plus  que  de  la  nobiesse, 
plus  que  de  la  dignité  ;  il  y  u  du  grandiose  ,  si 
loulelois  on  peut  faire  un  tel  rapprochciu.-ni  en- 
tre des  expressions  propres  à  des  arts  différens  , 
pour  rendre  une  idée  ,  pour  faire  apperccvoir 
une  analogie  qu'il  est  plus  aisé  de  sentir  que  facile 
d'exprimer. 

Dans  l'opéra  nouveau  ,  ce  caractère  d'une 
beauté  idéale  ,  pour  lequel  il  a  fallu  créer  un  mot 
nouveau  ,  se  retrouve  dans  l'admirable  Cantabile 
qui  succède  à  une  ouverture  semée  de  Irjits  heu» 
reux  ;  le  duo  qui  suit  est  plein  de  grâces  ,  dia- 
logué avec  hnesse  ;  il  est  naturel  ,  expressif  :  1* 
rondeau  d'A,L',enor  est  d'un  mouvemenl  ()ui  en- 
traîne et  d'un  i.ffei  irrésistible.  Il  setaii  injuste 
de  taire  combien  ici  le  musicien  a  dû  au  rithme 
heureux  choisi  par  le  poète  ;  la  romance  à  la- 
quelle un  quatuor  irès-harmor.ieux  sert  de  refrein, 
est  aussi  d'un  tiès-bel  effet  et  paifaitement  en 
sliualion. 

Quant  à  la  marche  vers  l'autel  de  l'hymen  .  au 
chœur  dont  elle  est  suivie,  au  morceau  d'en- 
semble qui  sert  de  finale  ,  peut-êire  pour  la 
mieuxapprécier  faudrait-il  attendre  une  execuiid^a 
plus   bùre. 

Les  morceaux  que  nous  avons  cités  ,  sont 
chantés  purement  par  Solié  ;  d'une  manière  biil- 
lame  et  facile  par  madjmoisel'e  Philis  ;  avec 
l'expression  convenable  par  Elleviou.  Philippe 
n'a  nullement  la  méthode  convenable  pour  se 
faire  entendre  auprès  de»  ces  chanteurs  ;  si  sou 
rôle  recevait  de  l'auteur  une  teinte  comique, 
un  autre  acteur  pourrait  alors  s'en  cliargcr  ;  1  ou- 
vrage, y  pagnerait  peut-être  la  g  iete  qui  kii 
manque  ,  et  la  musique  ,  le  genre  d'exécution, 
dont  elle  a  besoin  dans  toutes  ses  parties. 
S 


LITTERATURE. 

Suite  de  l'éloge  funèbre  des  généraux  Uesaix  et  Kleber, 

)>  Ces  préliminaires  de  Léoben  ,  cet  ascendant 
donné  p^r  I.1  victoire  à  an  général  ,  non-seulement 
sur  le  sou  des  batâi  les  ,  mais  sur  le  sort  dispeu- 
plïs  ,  atiivaieri!  plus  que  jamais  les  regards  de  la 
Fiaacc  sut  le  Viin.'îueur  de  l'Autriche  en  Italie  : 
l'imp  .lience  de  Dcsuix  pour  le  voir  et  pour  le 
connaîirif,  ne  lui  avait  pas  permis  d'attendre  le 
retour  de  Bon:rparie  en  France  ;  il  était  allé  le 
voir  eri  lulle.  Ce  ne  'fjt  pas  là  seulement  une 
curiosité  profondémeni  et  vivement  excitée  par 
l'admiraiioii  :  Desaix  avait,  sur  les  guerres  d  Alle- 
magne qu'il  venait  de  fai.e,  et  sur  celles  d'Iialie 
qu'il  avait  ét'jdiées  ,  des  vues  qui  l'appelaient  à 
ce  voyage  en  guerrier  qui  médite  sou  au  ,  qui 
veut  en   apjirofondir  tous  les  secrets. 

En  Allemaj;ne,  oiii  les  territoires  sur  lesquels 
vivent  les  peuples  ,  et  la  constiiuiion  dont  ils 
suivent  les  lois  ,  ont  depuis  plusieurs  sieces  tant 
da  siabil.lé  et  de  permanence  ;  oiirien  11e  ciianue, 
ni  le  cours  des  fleuves  ,  ni  les  directions  des 
montagnes  ei  des  valléts  ,  ni  l'éiendue  d.sg.ands 
états,  ni  les  bornes  des  peiiis  ,  ni  le  taract-re 
des  gouverneme;  s  ,  ni  l'cipiii  des  peupL.s;  les 
guerres  de  lEurope  ,  qui  pouent  là  leur  théâ- 
tre ,  s'y  lonl  aussi  piesque  toujours  delà  même 
manière  :  les  forces  qu  on  aura  à  combattre  , 
peuvent  être  i.énombiees  avant  d'ê;re  levées  ; 
c  est  par  les  mêmes  roules  que  marchent  les  ar- 
mées ;  ce  sont  les  mêmes  places  qu'elles  attaquent 
et  qu'elles  défcndeil  ;  c  est  dans  les  mêmes  lieux 
que  très-souvent  les  grandes  batailles  se  don- 
nent; et  après  de  longs  ebranlemens  ,  les  em- 
pires, épuisés  sans  eue  détruits  ,  vont  se  repos'jr 
dans  unepiusgiande  indig'.nce  et  dans  les  mêmes 
limites.  En  liane  ,  au  contrarie,  où  il  y  atoujouis 
une  grande  mobilité  dans  le  sol  même  ,  cl  de 
grandes  mutations  dans  les  états  ;  oii  les  torreni 
et  les  volcans  ,  en  changeant  leurs  lits  et  leurs 
loyers  ,  changent  souvent  la  forme  et  la  face  de 
la  terre  ,  abaissent  les  hauteurs,  élèvent  les  val- 
lées ,  ouvrent  ou  ferment  les  issu  es;  ori  les  peuple» 
prennent  ei  perdent  plus  rapidemeni  qu  ailleurs 
de  l'énergie  et  de  la  mollesse  ,  des -vertus  et  des 
vices  ,  des  erreurs  tt  des  lumières  ;  au  milieu  de 
ces  variaiions  universelles  ,  la  guerre  a  aussi  tou- 
jours varié  ses  plans  ei  ses  combinaisons;  v  t  à  la 
suite  des  longues  guerres  dont  l'IraliL-  a  été  le 
théâtre  ,  il  y  a  eu  toujours  de  giands  changement 
sur   la  terre. 

G'esl  p,ai  Ces  causes  c^u'en  Allemagne  la  guerre 
est  un  an  ,  et,  si  l'on  veut  ,  un  jeu  qui  a  ses  priu- 
cipes  ,  SCS  relaies  ,  sa  maiche  tracée  ,  en  quelque 
sorte  ,  sur  les  cases  du  tcirain  même  ,  ei  qu  il  tant 
toujouis  y  soumet. rc  le  génie  à  la  science;  e( 
(^uen  Italie,  au  coutrairc  ,  clic  p>ttait  daviulii^^ 


4-0  4 


«ne  créaiion  pour  laquelle  la  science  et  lart  , 
loujouts  nécessaires,  doivent  êire  soumis  au  génie 
et  à  ses  inspirations. 

Ce  sont  les  inspirations  de  l'armée  d'Italie  que 
Dtsaix  était  allé  recueillir  sur  leuis  traces  encore 
récentes  :  ce  liénéral  ,  couvert  de  lauriers  sur  le 
Rhin  .  n'avait  frauclii  les  Alpes  ni  en  combattant 
ni  pour  combattre  ;  c'était  pour  intervoger  les 
pensées  de  Bonaparte  sur  les  lieux  mêmes  où  il 
les  avait  conçues  et  exécutées  par  des  victoires. 
Desaix  avait'' appris  l'art  de  la  guerre  en  Alie- 
rnaiine  ,  et  allait  en  recevoir  le  g,cnie  en  Italie. 

Qu'il  y  a  de  grandeur  dans  celle  admiration  et 
dans  cet  amour  de  la  grandeur  d'un  autre!  et 
comme  cet  hommage  est  senti  et  acquitté  par 
celui  à  qui  il  est  rendu  !  Voici  le  premier  ordre 
de  l'armée  d  Italie  apiès  que  Desiix  y  est  arrivé  : 
Il  Le  gé.-iéral  en  chef  avertit  l'armée  d  Italie  que 
j)  li;  général  Desuix  est  arrivé  de  l'armée  du  Rhin  , 
))  et  qu'il  va  reccn;  aître  les  positions  oii  les  Fran- 
5)  çais  se  soni  immortalisés.  "  Non  ,  ce  n'est 
point  là  ce  commeice  d'éloges  qui  peut  corrom- 
pre les  âmes  qui  en  sont  les  plus  dignes;  ce 
sont  ces  hommages  que  les  grandes  âmes  ont  tou- 
jours le  besoin  d"e  se  rendre  ,  et  par  lesquels  elles 
s'attachent  toujours  davaniagi.-  à  ce  qu'elles  ho- 
norent. Eh  !  que  dans  une  magistraiure  rjui 
imprime  la  première  action  aux  destinées  d'un 
■grand  peuple,  il  est  heureux  d'y  avoir  porté  les 
sotîveniis  de  ces  jouissances  après  lesquelles  on 
ne  peut  plus  jouir  que  de  ce  qui  fait  la  grandeur 
des  hommes  ei  la  prospctiié   des  peuples  ! 

A  l'instant  oît  la  reconnaissatice  d'une  nation 
éclairée  décerne  des  éloges  publics,  elle  ouvre  à 
ceux  qui  les  reçoivent  cette  espèce  de  temple 
de  mé.uoire  ,  ce  pauihéon  de  tous  les  peuples  et 
de  tous  les  siècles  ,  qui  existe  par-tout  où  ce  qui 
est  sensible  honoie  ce  qui  a  été  grand  ;  et  de 
celle  hauteur  d'oiî  les  noms  sont  proclamés  sur 
l'urivers,  ils  deviennent  des  objets  de  parallèle 
avec  tous  les  noms  gravés  sur  les  colonnes  des 
âjies.  Kitber  et  Desaix  .  si  dignes  tous  les  deux 
d'enirer  dans  ces  parallèles  qui  enseignent  aux 
nations  à  apprécier  les  venus  ,  à  distribuer  la 
gloire  ,  sont  appelles  bien  plus  naturellement 
«ncore  à  être  rapprochés  ,  à  être  comparés  l'un 
à  l'autre  dans  cet  hommage  solennel  qu'ils  re- 
çoivent ensemble. 

Klcb,r  et  Desaix  ,  qui  ne  se  précipitereijt  ni 
l'un  ni  l'autre  dins  la  révolution  ,  étaient  toui  les 
deux  doués  d'une  ame  trop  grande  et  d'un  esprit 
trop  juste  ,  pour  rester  long-tsms  indécis  entre 
l'orgueil  de  quelques  hommes  et  les  droits  de 
tous  les  peuples  :  mais  le  premier  ,  qui  appartenait 
aux  classes  opprimées ,  signala  son  respect  pour 
l'apparence  même  de  l'ordre  ,  par  sa  lenteur  à 
embrasser  les  principes  de  l'égaliié  ;  et  le  second  , 
né  dans  la  classe  privilégiée  ,  qui  devait  son  édu- 
cation même  aux  prérogatives  de  sa  naissance  , 
témoigna  combien  il  était  désintéressé  par  sa  dé- 
termination à  combattre  les  privilèges.  Au  premier 
instant  oii  ils  attirèrent  sur  eux  l'atteniion  ,  tous 
deux  déployèrent  cite  valeur  qu'on  ne  peut  re- 
marquer dans  les  armées  françaises  que  lorsqu'elle 
est  héroïque  ;  que  lorsqu'au  milieu  de  toutes  les 
scènes  de  la  mon  volant  autour  de  soi  sous  toutes 
les  formes,  tous  les  raouvemens  de  lame  sont 
plus  élevés  et  plus  constans  ,  toutes  les  opérations 
de  la  pensés  plus  rapides  et  plus  sûres  ,  mieux 
'  (dirigées  à-la-lcis  et  par  les  inspirations  et  par  les 
réflexions.  Mais  dans  Kleber,  la  valeur  ,  qui  tenait 
peui-êire  davantage  à  son  organisation  même , 
était  plus  aisément  modérée:  il  a  souvent  étonné 

Èar  sa  bravouie  ,  et  n'a  jamais  été  trop  brave.  | 
lesaix  ,  qui  aimait  trop  peut-être  à  contempler 
dans  les  histoires  les  rares  exemples  de  courage, 
abandonnait  davantage  le  sien  à  la  chaleur  des 
combats  ;  et  parmi  tant  de  blessures  reçues  avant 
la  dernière  ,  il  en  est  ,  peut-être  ,  pour  lesquelles 
la  patrie  doit  mêler  le  reproche  à  la  gloire.  Pour 
Desaix  ,  qui  avait  conçu  l'art  militaire  sous  ses 
rapports  avec  la  liberté  des  peuples  et  le  perfec- 
tionnement de  l'espèce  humaine,  son  amour  pour 
la  guerre  se  confondait  avec  son  apiour  pour  la 
vertu  :  il  y  pensait  toujours.  Pour  Kleber  ,  qui 
s'en  occupait  moins  dans  ses  momens  de  repos, 
et  qui  n'en  attendait  pas  de  si  utiles  résultats,  c'est 
dans  ce  qu'elle  a  de  plus  terrible  que  la  guerre 
paraissait  le  plus  son  état  naturel.  Le  premier 
J'étudiait  avec  les  secours  réunis  de  tous  les  arts  , 
de  toutes  les  sciences,  dont  elle  semble  ne 
plus  pouvoir  se  passer  :  le  second  ,  ses  cartes 
sous  les  yeux  et  ses  crayons  à  la  main  ,  semblait 
pour  chaque  bataille  trouver  une  nouvelle  science 
de  la  guerre,  sur  le  terrein  ,  dans  soa  génie  ,  et 
dans  les  fautus  qu'il  commandait  à  ses  ennemis. 
Kleber  et  Desaix  portèrent  tous  !es  deux  dans  L-s 
camps  et  dans  les  victoires  ,  le  mépris  ou  1  hor- 
reur de  ces  rit;h:sses  qui  sont  des  dépouilles  :  ils 
y  conservèrent  tous  les  deux  cette  pauvreté  qui  , 
"  dans  tous  les  siècles  ,  a  été  pour  les  généraux  v.'iin- 
queurs  le  plus  beau  coriege  de  leur  triomphe.  Ce 
dédain  de  la  fortune  se  nourrissait  dans  Kleber 
par  l'assurance  de  trouver  ,  sans  des  richesses 
triminelles  ,  les  jouiss.inces  dont  un  hommepeut 


avoir  If  besoin  ou   le  de^ 
qu'il   donnait   sur    tous    It 


,  et  par  la  préférenct- 
plais'rs  de  la.  terre  , 
aux  satisfactions  intimes  et  profondes  de  cette 
fierté  [  our  laquelle  l'huroiliation  seule  est  un 
malheur  :  dans  Desaix  ,  tes  maximes  de  sa  mai- 
son et  de  son  éducation  ,  épurées  par  les  exem- 
ples des  républiques  ancien-es  et  par  les  prin- 
cipes de  n.  ne  'république,  étaient  devenues  ce 
modèle  du  beau  moral  qui  ,  dans  la  simplicité 
l'une  vie  frugale,  convertit  tous  les  sacrifices  de 
la  vertu  en  délices-,  ce  modèle  qui,  au  milieu 
de  la  dépravation  presque  u.tivcrselle  de  nos 
mœurs  ,  nous  fdit  regarder  encore  comme  les 
p  tmiers  des  êtres  Ci  s  antiques  vainqueurs  de 
l'Afrique  tt  de  1  Orient  q^ui  allaient  cultiver  les 
campagnes  du  Tibie  en  descendant  d'un  char  de 
triomphe  entouié  et  suivi  des  richesses  de  l'uni- 
vers. Desaix  qu'on  a  comparé  à  Eparairondas  , 
dont  il  avait  beaucoup  lu  et  contemplé  la  vie  , 
était  plus  propre  à  commaiider  les  armées  d'une 
république  qui  aurait  voulu  modérer  ses  victoires 
par  la  même  morale  que  ses  lois  :  Kleber ,  au- 
quel on  a  entendu  exprimer  le  regret  de  n'être 
pas  né  sur  un  des  trônes  de  l'Asie  pour  y  faire  à 
lui  seul  une  révolution  ,  comme  ces  conquérans 
descendus  des  hauteurs  de  la  Tartarie  ,  comme 
les  fils  de  Geng1s-kan,  ou  comme  Gengis-kan 
lui-même  ,  était  plus  fait  pour  secouer  les  na- 
tions endormies  dans  les  vices  de  la  molesse  ; 
pour  traverser  les  confinens  par  des  victoires  , 
pour  laisser  par-tout  sur  le  passage  de  ses  triom- 
phes des  souvenirs  et  des  maximes  de  cetiejusiice 


l'autre  coran^e  pour  se  loucher  ,  et  qui  louchent 
elles  -  mêmes  à  tous  les  océans  ,  sont  .toujours 
prêles  à  verser  les  trésors  de  l'Oiient  dans  lOc- 
ciderit  .  ei  la  population  de  1  Occident  darrs 
1  Orient.  C'est  dans  cette  contrée  ,  d'où  ,  aux 
premiers  âges  du  monde  ,  les  ans  et  les  sciences 
se  répandirent  sur  la  terre  ,  conduits  par  la  main 
des  conquérans  ,  que  le  vainqueur  de  l'Italie 
porte  avec  les  armées  et  les  héros  de  la  France  , 
ses  sciences  et  ses  savans  ,  ses  ans  et  ses  ar- 
tistes. C'est  de  là  ,  c'est  de  l'Egypte  ,  que  Bona- 
parte veut  ,  à  la  fois  ,  arracher  tant  de  belle** 
portions  du  globe  à  l'ignorance  et  à  la  barbarie 
qui  les  ont  recouvertes,  et  lliidostan  au  des- 
potisme allier  de  l'Angleterre  :  c'est  là  qu'il  veut 
rouvrir  au  commerce  de  l'univers  les  chemiqs 
plus  courts  que  Tyr  et  Alexandrie  lui  avaient 
tracés  ,  pour  établir  ,  entre  tous  les  peuples  in- 
dustrieux de  la  terre  ,  un  partage  plus  égal  de 
ses  richesses.  Oh  !  quel  ami  de  l'humanité,  à 
quelque  nation  qu'il  appartienne  ,  ne  formera 
pas  des  voeux  pour  le  succès  de  cette  entreprisç 
dont  les  siècles  modernes  n'ont  point  vu  d'exem- 
ples ?  et  quel  héros  de  la  France  n'aura  pas 
l'ambition  d'y    concourir  ? 

K  eber  et  Desaix  sont  les  premiers  à  faire  écla(t;r 
l'ardent  désir  d'entrer  en  partage  de  ces  nouvelles 
fatigues  :  avec  les  CafFarelli  ,  les  Mireur  et  une 
multitude  d'autres  français  ,  dont  les  armées  de 
lempire  se  souviendront  long-tems  ,  Kleber  et 
Desaix  seront  ,  sur  les  bords  du  Nil  ,  les  repré- 
sentans  de   la   gloire  de  nos  armées   du  Rhin.  Et 


naturelle  par  laquelle  deux  ou  trois  fois  sur  la  terre  avec  qu'elle  rapidité  s'exécutent  ces  vastes  projets  ! 
\ei  victorieux  et  les  Ions  ont  étonné  les  faibles  A  peine  l'Occi  'ent  en  a  entendu  parler  ,  déjà 
elles  vaincus.  Kleber  était  fait  pour  d'autres  par-  l  Orient  est  ébranlé.  AUxandiie  ,  Chcbretsse  ,  tes 
lies  du  globe  ;  Desaix  pour  d'autres  siècles.  Pyramides  ,  ont  déjà  donné  leurs  noms  à  la  re- 
Desjix  profondément  pénétré  des  difficultés  de  nommée  ,  qui  les  porte  chez  toutes  les  naiions 
tout  genre  que  rencontrent  les  gouvernemens  avec  les  noms  d'Arcole  et  de  Rivoli.  Des  milliers 
dans  leurs  vues  les  plus  bietiiesantes  ,  loin  de  combats  qui  renaissent  tous  les  jours  ea 
de  relever  impatiemment  les  fautes  de  feux  Egypte  et  sous  tous  les  pas  ,  sont  les  seuls  repos 
qui  gouvernaient  la  république  ,  les  couvrait  qui  restent  aux  français  entre  les  grandes  bï- 
firesque  toujours  de  touie  son  indulgence  :  il  tailles  :  et  au  bruir  des  fouires  qui  ne  se  taisent 
eiit  voulu  toujours  ajouter  à  celte  confiance  jamais , les  arts  de  l  Europe  établissent  leurs  instru- 
el  à  ces  espérances  publiques  sans  iesquel'es  mens  et  leurs  travaux  sur  les  ruines  des  arts  des 
chez  un  peuple  libre  le  gouvernement  le  plus  Pharaon  ;  les  élevés  des  Newton  et  des  Locke  , 
fort  est  sa. 'S  force  pour  opérer  le  bien.  Kleber  ne  soulèvent  ces  mêmis  voiles  de  la  nature  qu'avaient 
pardonnait  pas  de  faillir  à  ceux  dont  les  fautes  touchés  les  mains  des  prêtres  de  S  l'id  et  de  Mem- 
(ont  les  malheurs  des  peuples  :  il  paraissait  phis.  L'Egypte,  entourée  eucoredehordesarabes,  a 
croire  qu'il  faut  toujours  mettre  à  côié  d'une  un  institut  des  arts  et  des  sciences.  Cet  éternel 
grande  autorité  ,  une  opposiiion  inquiète,  et  à  ennemi  des  nations,  qu'il  est  impossible  de  sou- 
côté  des  flatteries  ,  des  sarcasmes.  Kleber  aurait  mettre  par  la  terreur  ,  parce  qu'il  ne  craint  pas 
eu  ,  dans  une  monarchie  même  ,  ce  courage  si  la  mort  ,  et  par  les  bienfaits  ,  parce  qu'il  les  le- 
rare  ,  auprès  des  trôjes  ,  de  braver  ,  pour  la  vé-  doute  et  les  repousse  •,  le  ianaiisme  .  fléau  de  ces 
rite  ,  le  pouvoir  dont  on  dépend  pour  sa  gloire  et  climats  plus  encore  que  la  contagion  dévorante 
pour  sa  fortune  ;  Desaix  avait  le  ccurngi-  ,  peut-  qui  sans  cesse  les  ravage  ,  est  étonné  ,  pour  la 
éire  plus  rare  encore  dans  l.s  républiques  nais-  première  fois  ,  devant  des  vainqueurs  qui  ,  le 
santés  ,  de  ménager  et  d'aider  le  pouvoir  lors-  glaive  à  la  main  ,  le  tnénageot  et  veulent  l'adoucir. 
qu'on  ne  fait  rien  pour  lui  et  tout  pour  la  patrie.  Les  cou'eurs  de  la  l.berté  flottent  ,  à  la  f  .is  ,  sous 
Ni  l'un  ni  l'autre  ne  manifestèrent  jamais  en  France  le  ciel  de  lAfrique  et  sous  celui  de  1  Asie  ;  les 
l'ambition  du  premier  rar.g  ou  du  premier  rôle  :  drapeaux  de  la  république  e'itendcni  la  chute 
si  les  événeniens  de  la  révolution  les  y  avaient  des  caiaracies  du  Nil  et  celle  des  lorrens  du 
portés  ,  leurs  talens  les  y  auraient  maintenus  avec  mont  Xhabor  ;  et  dans  ces  mouveœens  qui  de 
g  oire  ;  mais  Desaix  en  serait  descendu  avec  plai-  Memphis  .  devenu  leur  centre  ,  portent  nos  armes 
sir ,  pour  servir  modestement  la  patrie  sous  celui  i  et  nos  victoires  sur  les  bords  du  Jourdain  et  sut 
qui!  en  aurait  jugé  plus  capable;  et  Kleber,  peut-  les  hauteurs  de  lEthiopie  ,  Bonaparte,  qui  les 
être  ,  avec  plus  d'impatience  encore-,  pour  être  '  conçoit  et  les  règle  tous  ,  charge  Kleber  et 
dans  le  second  grade  ,  l'égal,  par  ses  taiens  ,  et  le  '  Desaix  de  l'exécution  des  plus  itaportans.  C'est 
juge  ;  par  ses  censures ,  de  celui  qui  aurait  coin-  )  Desaix  qui  poursuit  les  restes  des  mamelucks  au- 
mandé  au  premier.  [  delà  des  ruines  de  Thebes  ;  et  c'est  Kleber  qui  , 
Tels  paraissaient  déjà  Kleber  ei  Desaix,  au  mo- !  aut.our   ^es  lacs   et   des  montagnes   de   la  Syrie  , 


ment  ou  leur  carrière  de  gloire  n'était  pas  encore 
entièrement  parcourue,  et  où  elle  semblait  être 
fermée  par  le  traité  de  Léoben. 

Ces  chefs  illustres  de  tant  d'armées  tant  de  fois 
victorieuses  et  en  Italie  et  sur  le  Rhin  ,  cette  foule 
de  guerriers  dont  très-peu  comptent  plus  de  six 
lustres  ,  quand  ils  ont  tout  fait  pour  donner  la 
paix  au  monde  ,  ne  peuvent  pas  s'ensevelir  daiîs 
son  repos.  Les  fatigues  et  les  dangers,  devenus 
leurs  premiers  besoins  ,  peuvent  servir  à  d'autres 
besoins  des  nations  ;  et  le  vainqueur  de  l'Italie  , 
occupé  à  faire  servir  les  victoires  d'un  peuple  au 
bonheur  de  tous  ,  a  conçu  des  desseins  qui  em- 
brassent dans  leur  étendue  toutes  les  parties  du 
monde.  Il  a  porté  ses  regards  et  ceux  de  la  France 
sur' cette  contrée  qui  a  été  placée  ,  par  la  nature  , 
comme  un  point  de  réunion  entre  l'Asie  ,  l'Afri- 
que et  l'Europe  ;  qui  ,  dans  son  sol  ,  dans  son 
fleuve  .  dans'  le  ciel  qui  la  couvre  et  l'embrase  , 
présente  des  phénomènes  qu'on  croirait  appartenir 
à  un  autre  globe  et  à  une  autre  nature  ;  dont  les 
traditions  ,  perdues  dans  la  nuit  des  tems  comme 
dans    l'é/ernité 


i  arrête  et  repousse  les  lorrens  des  forces  ottomanes. 
Ah  !  si  dans  ce  long  cours  de  victoires  sous  des 
cieux  brûlans  et  sur  des  sables  enflammés  ,  si 
dans  cette  marche  triomphante  des  français  vers 
de  plus  grands  desseins  encore  ,  la  Méditerranée 
pouvait  leur  porter  quelques  secours  devenus 
nécessaires  !. . . 

La  suite  à  un  prochain  numéro. 


AU     REDACTEUR. 

Le  secrétaire  de  la  préfecture  du  département  de  la 
Meuse-Inférieure.  —  Maestricht ,  le  27  frimaire 
an  g. 

Citoyen,  dans  le  n°  83  de  votre  Journal,  du 
23  de  ce  mois  ,  il  s'est  glissé  une  erreur  sans 
doute  involontaire  :  vous  y  annoncez  la  com- 
mune de  Gini^elom  comme  dépendante  du  dépar» 
tement  delà  Seine-Inférieure,  tandis  qu'elle  fait 
partie  du  deuxième  arrondissement  de  la  Meuse- 
Inférieure.  Il  me  paraît  très-essentiel  de  relever 
celle  erreur  pour  faire  connaître  à  nos  cooci- 
sont  attestées  encore  par  des  I  toy.ens  de  l'intérieur  l'esprit  public  d'une  grande 
"monuracns  devant  lesquels    tous   les   siècles   ont  j  partie  d=  ce  département. 

passé  sans  les   détruire  ,  et  qui  ,  toujours  debout        j^  ^ouj    p^ig   jg    vouloir    bien    rectifier    cette 

à  la  même  place  ,  ont  vu  changer  plusieurs  lois  les  J  erreur. 

lits  des  mers.,  les  formes  et  les  chaînes  des  monta-  |  _   Si^ni  J.  N.  P.  Zeinticus. 

gnes  ,  l'ordre  des  corps  célestes  ;  où  c'est  en  culti-  !  "  

vant  les  eaux  qu'on  féconde  la  terre  ;  on  l'homme,  j 

presque  dispensé  de    la    loi  ur.iverselle  du  travail  j 

des  mains,   reçoit  dans  un   espace     très-resserré  ,;  Rente  provisoire 33   fr, 

comme  un  présent  accordé  à  son  intelligence ,  les  j  Tiers  consolidé 43  fr.  25  c. 

productions  partagées   entre    tous  les  climats  pour  i  Bons  deux  tiers i    Ir.   71   c. 

les  besoins  du  genre-humain  el  pour  ses  délices  ;  |  Bons  d  arrérage 86  fr.   75  c. 

où  deux  mers  ,  qui ,  l'une    de    lAsie  et  l'auire^de  j  Bons  pour  1  an  8 x 94  fr.   5o  c. 

l'Europe,    s'avancent    et   s'approchent  l'une    de  '  Syndicat 82  fr. 


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De  l'imprimerie    de  H.  Agassb  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins  ,  a»  i3. 


GAZETTE  NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL. 


J\f°  1  00. 


Décadi  ,  i  o  iiivôse  cm  g  de  la  république françahc  mie  et  indivinble. 


Nous  sommes  autorisés   à  prévenir  nos  souscripteurs  ,, qu'à  dater  du  2   nivôs-j  an  3  ,  le  M  O  i%"  IT  E  U  H  çsc    le   ssul  journal  oifictd. 
Il  contient   les  séances  des  autorités  constituées,  les  actes  du  gouvernement ,  les  nouvelles  des  armées,  ainsi  que  les  faits   et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fournis  par  les  corespondances  mlnistérii/llts.  '  ,  . 

Un  arti'.ie  sera  parrifuliéement  consacré  aux   sciences  ,  aux  arts   et  aux  découveir'js  nouvelles. 


E  X  T   E  R  I    EU   R. 

ÉTATS-UNIS  D'AMÉRK^UE. 

Extrait  d'une  lettre  de    Philadelphie  ,   du 
25  octobre  1800  (5  brumaire  an  9.  j . 

S  E  suis  arrivé  ici  le  20  du  courant  ,  et  j'ai 
trouvé  les  ciiconsunces  fort  changées  pendant 
des  deux  ans  d'absence.  La  discorde  a  écl-iié 
entre  le  président  (  Adams  )  et  Alexandre  Hamil- 
lon.  Je  joins  ici  deux  journaux  des  21  et  22  de 
ce  mois  .  qui  vous  en  fourniront  la  preuve  : 
vous  y  verrez  que  ,  dès  le  i^'^  août .  M.  Hamilton 
écrivit  au  président  pour  se  pla  ndre  de  ce  qu  il 
l'appelait  lui  et  ses  amis  du  parti  fédéral  ,  une/ac- 
tion anglaise.  N'ayant  point  reçu  de  réporïse  ,  il 
revint  a  la  cliirgele  1"  ociobre  :  enfin,  il  viect 
de  publier  une  brochure  où  il  ne  garde  plus 
de  ménanemen!  ;  d'autre  p^rt  ,  ledileur  de 
l'Aurora  (journal  américain),  violemment  per- 
sécuté ,  il  y  a  quelques  mois  ,  et  traduit  en  juge- 
ment pour  avoif  écrit  qu'il  existait  aux  Etats-Unis 
imparti  anglais  ,  publie  une  leiire  dans  laquel'e 
M.  Adams  déclarait  la  même  cllose  a  M.  Tench 
Coxe  ,  dès  1792.  La  communication  privée  de 
cette  lettre  avait  déjà  fait  avorter  le  jugement 
de  ce  j'jcrnahste  ;  mais  M.  Thomas  Pinkney  , 
qui  s  y  t,ouve  compromis  ,  ayant  nié  son  au- 
thenticité ,  M.  Tench  Coxe  s'est  vu  forcé  de 
la  consia!er  par  témoins  respectables  ,  dont  je 
vous  envoie  les  procèi-veibaux.  Cette  leite  va 
terminer  le  procès  agile  dans  tous  les  Etats- 
Unis  ,  depuis  plusieurs  années  ,  contre  ceux  qui 
ont  dsé  dire  qu'il  existait  une  injliience  anglaise 
organisée.  Elle  embarrasse  cruellement  ceux  qui 
ont  tant  crié  contre  la  leiire  à  Mazzri.  On  ne 
doute  pas  ici  que  M.  Jefferson  ne  soit  élu  ;  quand 
mêaie  l'eiat  de  Pcnsylva  ie  perdrait  son  droit  de 
voter;  mais  il  y  a  cent  contre  un  à  parier  qu'il 
aura  le  tems  légal  de  l'exercer.  (  La  dernière 
législature  ayant  levé  Sa  session  sans  élire  ,  on 
craignait  que  la  nouvelle  ne  fût  pas  réunie  à 
tems.  )  Les  anus  de  M.  Adams  paraissent  aban- 
donner la  panic.  C  pendant  plusieurs  états  de 
l'est  voieont  pour  lui  et  pour  le  général  à  trois 
roues  (1).  Rhode-Island  est  douieUx;  Connecticut 
est  silencieux  comme  la  tombe  ;  l'absence  de 
leur  oracle  \es  désappointe,  je  ne  puis  encore  juger 
de  l'effet  que  produira  la  Ictire  de  M.  Adams 
contre  M.  Pinkney  ,  et  conire  l'admi:;isiraiion  du 
feu  général  Washington  ;  mais  je  vois  beaucoup 
d'opinions  changer ,  cl  l'on  ne  lait  plus  un  crime 
d'êlre  rép>ub  icain. 

Lettre  de  M.  Adams  à  M.  Tench  Coxe.  —  A  Qaincy. 
Mai  1792.  (  Tiré  de  /Aurore  ,  21  octobre  iSoo.  j 

J'aurais  été  heureux  de  voir  M.  Pinkney  avant 
son  dépaii  (21  ;  mais  c'était  f  lulôt  par  un  motif  de 
curiofiié  individuel'e  ,  que  dans  l'opinion  de 
pouvoir  lui  donner  quelque  instruction  impor- 
tante. S  il  a  le  lalent  de  sonder  les  cœurs  ,  il  ne 
ser  1  pas  long-tems  embarrassé  ;  s'il  ne  l'a  pas  , 
Dulle  de  mes  informations  ne  peut  le  lui  donner. 

Le  duc  de  Leeds  (3)  me  demanda  une  fois  , 
avec  beaucoup  de  bonté  des  nouvelhs  de  ses 
camarades  d'école  à  Wislminslcr  .  les  deux  MM. 
Pinckney  ;  et  cela  me  fait  conclure  que  notre 
nouvel  ambassadeur  a  jilusieurs  aiicieus  et  puis- 
sans  amis  en  Angleteire.  Q^ue  celle  circonstance 
ail  déierminé  le  choix  qu  on  a  fait  de  lui  ,  ou 
non  ,  j'ai  divers  motifs  de  croire  que  sa  famille  a 
eu  les  yeux  fixés  sur  cette  ambassade  près  du 
cabinet  de  S.iini  James  ,  depuis  plusieurs  années  , 
même  avant  que  j'y  fusse  envoyé  ;  et  qu'elle 
Xi'k  pas  peu  contribué  à  faire  limiter  ma  com- 
mi'sion  ,  à  irois  ans  ,  afin  de  lui  préparer  la  route 
pour  me  succéder.  Je  souhaite  qu  ils  y  trouvent 
ions  autant  d  iuinneur  c!  de  plaisir  qu'ils  en  es- 
pcic'.t  .  rt  que  ie  public  e-i  obiienne  dignilé  et 
uii  iié.  Mais  connaissant,  comme  je  la  connais  , 
une  longue  intrigue  ,  et  soupçoniiant ,  comme  je 
le  lais  ,  beaucoup  d'injluence  britannique  dans  cette 
nomination  ,  si  j'étais  en  chaige  dans  la  patiie 
txccunve  ,  je  piendrais  la  liberté  de  letiir  un  œil 
vigilant  !!i!r  la  conduiie  de  ces  mesîieurs. 


Acceptez  mes  remercîraens  pour  vos  rf'flexions 
sur  l'élat  de  l'union  ;  je  les  ai  lues  avec  tout  le 
plaisir  fTue  la  sagesse  ,  l'habileté,  Ix-xacMi-ndc  et 
l'élégance  de  vos  remarques  sur  loid  Sheffield 
doivent  inspirer. 

Il  est  un  secr..t  que  vous  devez  soigneusement 
garder  ;  les  manufactures  vc-ulcnl  uii  bon  gou- 
veinemjnt  :  elles  ne  peuvent  exister  .sans  lui  ,  et 
cepen.laiit  une  grande  panic  du  peuple  de  l'Amé- 
rique parai'  détermiuécàne  vouloiraucun  gouver- 
nement ;  si  vous  leur  découvrez  la  vérité  entière, 
vous  exciterez  un  parti  intraitable  contre  les  rsia- 
nulaciures.  Elles  ne  peuvent  subsi-ter,  moins 
encore  p:ospérer,  sanshon!:eur  ,  fidélité  ,  ponc- 
tu.  Irté  ,  exactitude  ,  bonne-loi  publique  et  piivée  ;_ 
sans  un  respect  sacré  pour  les  propriétés  ,  et  les 
obligations  morales  qui  résultent  des  promesses 
et  contrats;  venus  et  habitudes  qui  ne  piéva- 
lureni  et  ne  prévaudront  jamais  géiiéialemeni 
dans  une  grande  nation  ,  sans  un  gouvernement 
fixe,  3uss\  décidé  et  ferme,  qu'iuielligent  ethonnêie. 
Lascicnce  de  1  économie  politique  est  une  étude 
'  modernité  ,  p.is  encoie  généralement  connue  chez 
nous.  s.);ioique  j'aie  lu  la  plupart  dt  s  auteurs  (le 
poids  ,  sur  ce  sujet  ,  fr.inçais  et  anglais  ,  je  ne  me 
flatte  pas  d'en,  avoir  rien  digéré  av'ec  la  précision 
d'un  adepte.  Mais  il  me  paraît  que  Tinlérêt  de 
l'agriculture  ,  et  de  la  nation  en  général,  serait 
beaucoup  favorisé  par  un  eccouçagenient  discret 
et  judicieux  des  manufactures  ;  et  qu'il  n'y  a  que 
les  agioteurs  de  terre  qui  puissent  gagner  dans 
i'augiiienlation  rai.ide  de  leur  dccaparemeni  ,  en 
attirant  tous  les  ouvriers  dans  les  déserts  pour  y 
faire  des  abattis  d'arbres. 

L'établissement  continuel  des  étrangers  parmi 
nous  „  mettra  notre  pays  en  danger,"  et  ie  dé- 
truira si  nous  ne  savons  pas  les  gouverner.  Ils 
corrompiont  aussi  nos  élecnons  ,  cl  nous  divi- 
seront u  .^  chaque  jour  ,  néanmoins  ,  sufïit  sa 
peine.  )>  (i)  Mais  jusqu'à  ce  jour  il  nous  a  été 
donné  ,  et  j'espete  ,  il  nou's  le  sera  toujours  , 
de  remédier  aux   dangers. 

Bien  des  choses  affectueuses  h  tous  les  amis  , 
et  croyez-inoi  sincèrement   tout  à  vous. 

Signé  ,  John  Adams. 
L'éditeur  ajoute  ; 

^  11  Lorsque  M.  Adams  prêta  serment  de  fidé- 
lité comme  président  ,  il  jura  d'avoir  un  respect 
marqué  pour  les  constitutions  de  chaque  Eiat. 
Néanmoins  il  soulfre  que  deux  ou  trois  per- 
sonnes in:ptlment  et  publient  ,  da-:s  New  Yorck 
et  Philadelphie,  une  proposition  de  les  abolir, 
sans  faire  aucune  aiteuiion  à  ce  crime.  La  cons 
tituiion  de  Pensylvanie  est  la  meilleure  garantie 
connue  pour  laliberié  leligieusc.  M.  Adams  a-t-il 
un  lespecl  marqué  pour  elle.  )  )> 

Lettre  de  M.  Alexandre  Hamilton  ,  à  John  Adams  , 
écuyer ,  président  des  Etats-  Unis. — New-Toik  , 
!"■  août  [Voyez  Aurora  ,  '2i  octobre.) 

Monsieur  ,  l'on  m'a  plusieurs  fois  assuré  qu'en 
diveises    occasions   vous  avez  affirmé  qu'il  existe 
une  faction  anglaise  en    ce  pays,  formée  de  plu- 
sieurs personnages  marquans  du  parli  dit  fédéral, 
et  que   vous  m  avez  souvent    désigné  nominati- 
vement pour  çn  êire  :  l'on  m'a  dit  aussi  que  vos 
I  plus  ztlés   partisans  emploient   le  même  langage 
j  pour  parvenir    à    leurs    fins   d^ns  l'élection  pro- 
chaine ;  je  dois  croire,  monsieur,  que  vous  ne 
pouvez    faire   de   semblables  assertions    ou  insi- 
j  nuaiions  ,  sans  être  décidé  à   les  soutenir  et  d'en 
i  donner   les   raisons   à    une   partie    qui   peut   s'en 
tenir    offensée.  Je    suis  donc   persua    é   que   vous 
ne    trouvciez    pas   mauvais    tjue    je    m'adresse    à 
vous  directement    pour  savoir    rie   vous-même  si 
je   suis   bien    informé  ;    et    dans   un   tel    cas   me 
fournir  les   preuves   sur   lesquelles   vous   fondez 
vos  suggestions. 

Avec    respect  ,  monsieur  , 
Voire  obéissant  serviteur ,  Alex.  Hamilton. 

Seconde  lettre. —New-York  ,  i^' octobre  iSoo. 


{1)  M.    Pinkney,  qtii   s'eut  plaint 
ruis  roues  de  Paris  à  Bordeaux. 


Monsieur  ,  le  tems  qui  s'est-  écoulé  depuis 
que  ma  lettre  du  1  =  '  août  vous  a  été  remise, 
ne  me  permet  plus  de  compter  sur  une  réponse. 

Je  n'argumenterai  poiiu  sur  ce  silence ,  ni  n'exa- 
minerai  si   dans    une    telle   occasion    le    preoiirr. 
illmini  d'avoir  brisé  |  magistrat  d'une  république  peut  se  dispenser  de 


(2)  Pour  « 
(3;   Alors 


ndres. 

rcs  ctrangercSi 


(  l  )  Proverbe  lire  du    Scrraqn  de  11  Montajoe 
Mathieu  ,  ^Uap.  VI. 


répondre  à  un  citoyen  qui  a  rempli  sans  tache 
plusieurs   fonctions  impouanles. 

Mais  je  soiiliendrai  que  quiconque  a  pu,  en 
aucun  tems  ,  faire  ou  insinuer  contre  moi  l'ac- 
cusaiion  mentionnée  dans  ma  précédente  ,  a 
énoncé  une  basse  ,  méchsnle  et  cruelle  calomnie, 
qui  n'a  pas  même  de  prétexte  plausible  pour 
excuser  la  folie  ,  ou  masquer  la  dépravaiion  dont 
elle  est  le  produit.  * 

Avec  le  respect  dià 

J'ai  l'honneur    d'être  ,  monsieur  , 

Votre  obélssantservileur  ,  Alex-  Hamilton. 

(  Suit  un  extrait  de  la  brochure  de  M.  Hamil- 
ton ,  publiée  à  New-Yoïk  par  Hopkins  :  il  com- 
mence par  déclarer  que  la  plupart  des  faits  con- 
nus depuis  l'élection  de  M.  Adams  ,  faccusent 
d'incapacité  pour  la  piésidence  ,  et  jusiifient  les 
pr<  ssentimens  que  lui  ,  Hamilton  ,  en  a  toujours 
eus.  — Ce  qui  nous  frappe  le  plus  dans  cet  extrait, 
est  que  M.  Hamilton  prétende  ne  pas  vouloir  ôter 
un  seul  vote  à  M.  Adams  ,  quand  il  déchire  son 
caractère  politique;  et  qu'il  ait  prétendu  borner 
son  pamphlet  à  quelques  amis,  quand  il  a  pris 
un  privilège  de  vente  publique  :  il  faudrait  beau- 
drait  de  plaidoyers  pour. prouver  la  conséquence 
d'une  telle  conduite.  ) 

A  N   G  L  E  T  E  R  R  E. 

Londres  ,  23  décembre  (  2  nivôse.  ) 

Nous  avons  été  témoins  ,  dans  la  nuit  du  23  au 
24  fiimaire  ,  d'une  très-belle  aurore  boréale.  Elle 
occupait  une  étendue  consiii'éiable  dans  La  partie 
sep-entiionale  de  1  hémisphère  ,  et  formait  des 
colonnes  à  la  hauteur  d'environ  3o  degrés.  Le 
vent, était  alors  au  nord  ;  mais  il  souffla  le  26  au 
matin  dans  la  direction  opposée  ,  ce  c)ui  jusiifie 
la  remarque  ancienne,  que  les  aurores  boréales 
sont  suivi'-'S  ,  peu  de  jours  après  leur  apparition  , 
de  vents  de  sud. 

Il  estjmorl  dernièrement  àCha:(erhouse-Hinl6n 
un  nommé  Fr;uicis,Rowe  ,  âgé  de  101  ans.  Il  fut 
porté  en  terre  par  cinq  petits- fils  et  un  arfiete 
petit-fils.  A  l'âge  de  98  ans,  assisté  de  son  fils, 
d'un  pe:il-hls  ,  d'un  arrière  petit-fils  ,  et  d'un 
autre  parent ,  i!  avait  moissonné  40  acres  de  blé  , 
fesant  deux  fois  par  jotir  le  trajet  du  champ  où 
ils  étaient  situés  ,  à  la  ferme  qui  en  était  distante 
de  deux  milles  ,  avec  la  charge  de  trois  galous- 
de  bierie  ou  de  cidre  sur  le  dos. 

La  consommation  annuelle  dé  la  Grande-Bre- 
tagne en  blé  est  de   ...    .     S, 000,000  quarters. 

La  récolte   annuelle  rend 
l'une  dans  l'autre 7,800.000  quarters. 

Celle    de     cette   année    a 
manqué  d'un  quart  ,  ci.    .    .     i. 930, 000  déficit. 
Il  reste  pourla  consommât.     5.85o,ooo'  quarters. 
La  récolte  en  1799  avait  manqué  d'un  tiers. 

On  écrit  de  Faloiouth  qu'il  est  entré  ,  dans  ce 
port  ,  une  galiofe  prussienne,  l'Wrow  Elisabeth  , 
capitaine  Akermann  ,  détenu  par  le  sloop  de 
guerre  Lespitfre. 

Tous  les  postes  à  signaux.  ,  le  long  de  la  côte 
orientale  ,  depuis  Burncss  jusqu'à  Yaimouih  , 
sont  éclairés  maintenant  par  des  "torches  ei  des 
réverbères  (  rejlectors.  ) 

:■  On  parle  d  une  nouvelle  promotion  dans  la 
marine.,  (jui  comprendrait  sir  Edward  Pellew  au 
nombre  des  officiers  à  pavillon. 

Lord  Seafort,  nommé  gouvem-ur  de  la  Bar- 
bade  ,  a  donné  un  grand  dîner  à  la  taverne  des 
lords  ,  aux  planteurs  de  cette  colonie  ,  et  i  tous 
les  négocians  qui   en  font  le  commerce: 

(Extrait  du  Porcupinc  et  du  Sun.  ) 
PARLEMENT. 
Chambre    de,';    Lords. 
Séance  du  17  décembre. 
L'ordre   du  jour  appelle   en  considération    le 
rapport   du  comité  gcnéial  de  la  chambre   relati- 
vement au  bill   pour  cunstater  l'état  de' la 
laiion. 


popui 


Lord  Grenville.  fut  un  amendement  à  proposrr. 
Le  bill  est  fondé  sur  un  principe  dont  le  inéiiic  ijç 
peui  être  méconnu.  M.iis  l'auteur  ue  s'est  poim 


4o6 


apperçu  ,  en  le  rédigeant ,  qu'il  imposait  un  devoir 
de  responsabilité  à  des  personnes  qui  devaient  en 
^tre  exemptes.  J'ai  ici  en  vue  la  clause  ,  par 
Jaqutlie  il  est  statué  que  le  recteur,  vicaire  .  curé  , 
etc.  de  chaque  paio'.sse,  fera,  conjointement  avec 
l'inspecteur ,  petit  constable  ,  etc.  l'état  de  tous 
les  individus  ,  qui  résident  dans  ladite  paroisse. 
Les  devoirs  civils  ne  doivent  jamais  se  confondre 
avec  les  devoirs  ecclésiastiques.  C'est  un  prm- 
cipe  auquel  nous  ne  nous  sommes  jamais  permis 
de  déroger,  et  il  serait  violé  si  les  ecclésiastiques 
se  trouvaient  chargés  d'urie  obligation  civile.  Leurs 
fonctions  ne  comportent  point  la  nécessité  de 
faire  les  états  que  ce  bill  leur  prescrit ,  mais  elles 
leur  imposent  ,  strictement  parlant  ,  un  autre 
devoir  qu'ils  peuvent  être  tenus  de  remplir  ,  c'est 
celui  de  garder  les  registres  des  mariages  ,  en- 
terremens  et  baptêmes. "En  conséquence  ,  je  pro- 
poserai ,  lorsqu'il  sera  tems  ,  une  clause  pour 
obliger  les  ecclésiastiques  à  livrer  des  états  de 
naissances  ,  de  mariages  et  de  morts.  Cette  mesure 
a  déjà  été  adoptée  par  le  bill  relatif  aux  pauvres 
de  paroisses.  Selon  les  termes  du  bill,  les  états 
devaient  être  livrés  au  clerc  du  parlement.  Comme 
le  clerc  du  parlement  n'a  point  de  bureau  pour 
cet  objet,  je  crois  qu'il  aurait  mieux  valu  que  les 
états  fussent  envoyés  à  l'évêque  diocésain  ,  pour 
les  transmettre  à  l'archevêque  de  Canterbury.  Je 
proposerai  cependant  qu'ils  soient  remis  au  bu- 
reau du  secrétaire  d'état  de  l'intérieur  ,  qui  les 
fera  passer  au  conseil  privé  ,  lorsqu'ils  auront  été 
classés  méthodiquement.  —  Lord  Grenville  ter-  j 
mine  en  fesant  une  motion  pour  que  les  iiiots  , 
<(  recteur  ,  vicaire  ,  curé  ,  etc.  i>  soient  effacés  du 
texte  du  bill.  —  Adopté. 

Là  chambre  entend  la  lecture  du  bill  pour 
secourir   les   pauvres. 

Le  duc  de  Bedford  renouvelle  ses  objections 
contre  la  clause  obligatoire  sur  la  manière  d'ad- 
ministrer les  secours  paroissiaux.  Si  cette  clause 
n'est  point  changée,  il  se  propose  de  demander 
qu'elle   soit  l'objet   d'un  rapport  spécial. 

Séance  du  19  décembre. 

Lord  Clifton  (  comte  de  Darnley  )  se  levé  pour 


recommandations   de   la   léeislature  ,   son    noble  Jvalabe  pour  suspendre  l'ia&«as  corpus,  auraient 
ami  n'a   point  fait  un  exposé  ixact.  Les  boulan-"]  dû  alléguer  cette  fois   comme  par  lepassé  ,   des 
gers  déposent  que  ,  dans   les  familles  opulentes  , 
la  consommation  du  pain  est  réduite  à  un  pain  de  4 
livres  par  chaqueindividu  :  dansles  classes  moyen- 
nes,   elle  s  élevé   encore  à  5  livres  ,  et  parmi  les 


pauvres,  dont  laprincipa'e  nourriture  consiste  en 
pain  ,  elle  est  de  7  livres.  Il  est  donc  évidrnt  que, 
par-tout  où  le  plan  économique  du  parlement  a 
puêtrtsuivi,  il  l'aélé. 

Le  duc  de  Bedford  appuie  la  motion  ,  sans  vou- 
loir s'outeni;  la  mesure  en  eUe-niême  ,  mais  il  croit 
convenable  que  le  comité  (  dont  11  est  membre  )  , 
examine  si  cette  mesure  est  en  effet  susceptible 
d'être  exécutée  et  peut  produite  quelqu'avantage. 
Son  intention  au  surplus  est  de  s'y  conformer 
personnellement. 

Le  comte  de  Hardwick  ,  membre  du  comité  , 
penche  pour  admettre  la  motion  du  noble  lord, 
en  écartant  toutefois  Vidée  de  rien  faire  qui  puisse 
priver  les  hommes  d'un  rang  é'evé  et  d'une  for- 
tune considérable,  des  plaisirs  que  leur  procurent 
la  chasse  et  les  courses.  Il  est  essentiel  de  ne  poirit 
dégoûter  les  hommes  de  cette  classe  de  demeurer 

à   la   campagne  ,   où   leur   présence    favorise    les  .  -  - 

progrèsdel'agricuhure.la  tranquillité  intérieure     avantageuse     dans    un    certain    tems  ,    il 

et  le  bien  être  des  pauvres  industrieux.  Le  comte  |  ff_":'"_",^.'-.^°"i'f_P°L"'  ,^.IJ.'^^  :j}J^"t 
de  Hartiwick  diffère  encore  d'opinion  avec  le 
noble  lotd  sur  ce  point.  Les  recommandations 
du  parlement  lui  paraissent  avoir  été  d'un  grand 
effet.  Les  pâtissifrs  sont  les  seuls  qui  se  soient 
plaints  à  cet  égard;  les  tartes  et  les  crèmes  n'en 
seraient  pas  moins  bonnes  pour  être  faites  avec 
de  la  farine  moins  belle  ;  et  d'ailleurs,  il  ne  serait 
pas  juste  d'acfcorder  plus  de  privilège  aux  pâtis- 
siers qu'aux  fabricateurs  d'amidon. 

Lord  Grenville.  Comme  membre  du  comité  , 
je  puis  assurer  vos  seigneuries  que  l'atteniinn  la 
plus  soigneuse  a  été  apportée  ,  non-seulement 
pour  constater  la  quantité  des  grains  qui  peuvent 
exister  maintenant  dans  le  royaume  ,  mais  encore 
pour  découvrir  les  meilleurs  moyens  de  parer  aux 
inconvéniens  de  la  rareté.  Après  toutes  les  re- 
cherches que  la  brièveté  du  tems  a  pu  permettre  , 
le  comité  a  été  d'avis   qu'il  existait  un  déficit  rée' 


prétextes  plausibles.  L'appréhension  des  principes 
français,  le  danger  d'une  vaste  conspiration  dans 
le  royaume  ,  la  possibilité  d'une  invasion  ,  tels 
furent  les  sujets  d'alarme  qui  motivèrent  cetie 
mesure,  u  Fas<e  le  ciel  ,  ajoute  lord  Holland  , 
que  vos  s  igneuries  conservent  des  alarmes,  mais 
justes  et  fondées  ;  des  alarmes  pour  notre  cons- 
titution outragée  et  pour  nos  libertés  envahies  , 
qu'il  ne  sera  pas  si  facile  de  retirer  de  la  maia 
des  ministres.  !J 

Lord  Grenville  répond  au  discours  de  lord 
Holland  ,  observe  que  l'exisience  des  conspira- 
tions ,  qui  ont  rendu  nécessaire  la  suspensvoa 
di-  ihabeas  corpus  ,  se  trouve  consignée  dans  les 
rapports  déposés  sur  le  bureau,  et  que  le  sa- 
crifice temporaire  de  quelques  privilèges  de  la 
constitution  anglaise  était  l'unique  moyen  pour 
en  conserver  la  totalité. 

Le  duc  de  Bedford  parle  dans  le  même  sens  que 
lord  Holland.  11  La  logique  du  noble  secrétaire* 
d'étal   est  véritablement   curieuse,  Il   a  existé  an- 
ciennement une  conspiration  ;  donc  ,   elle  existe 
rencore      Pirce    qu  une    mesure    panicu'iere    fut 

il   faut   la 


ra  pro- 
longer la  suspension  de  Vhabeas  corpus  de  moi» 
en  mois  ,  d  année  en  année,  jusqu  à  l'éierniié-  !> 

Lord  Eldon  répond  aux  argumcns  du  noble 
duc  ,  en  se  servant  de  ceux  de  lord  Grenville  , 
et  Id  proposition  de  la  première  lectures  mise 
aux  voix  ,  passe  à  la  majorité  de  i5  voix 
contre  3. 


faire  lamotion  qu'il  ayaitprécédemment  annoncée.  |      ,       ,;,  ,,^  ^^   ^^^     ^,  ^^  prononçant  son  opinion 


Cette  motion  a  un  double  objet  ,  i°  d'empêcher 
que  l'avoine  soit  employée  à  la  nourriture  des 
chevaux  de  plaisir,  2°  de  restreindre  str  ctement 
l'usage  du  pain  à  4  livres  par  semaine  pour  chaque 
individu  ,  dans  toutes  les  familles.  —  Lord  Clifton 
voudrait  qu'une  loi  compulsatoire  soit  passée  à 
cet  objet.  Il  porte  le  nombre  des  chevaux  de 
plaisir  à  211,000  au  moins,  et  laquantité  d'avoine 
que  ces  chevaux  consomment  annuellement  à  2 
ou   3  millions   de  quarlers. 

ti  Les  nobles  lords  ,  dit-il  ,  ne  sentent-il  pas 
que  si  la  moitié  seulement  de  celte  quantité 
d'avoine  éti-it  épargnée  ,  cette  économie  ferait 
disparaîre  la  crainte  d'une  famine  et  diminuerait 


il  n'a  pas  cherché  à  exagérer  le  mal:  Le  comité 
n'a  omis  de  recommander  au  parlement  aucun 
des  moyens  qui  lui  ont  paru  praticables  pour 
parvenir  au  but  désiré.  Nous  venons  d'eniendre 
dire  qu'il  fallait  diminuer  la  conso  imiilion  des 
denrées  -,  rien  n'est  plus  propre  .à  pvo  'uire  cet 
effet  ,  que  leur  prix  exhorbitant  ,  et  ce  prin- 
cipe s'appVque  à  l'avoine  aussi  bien  qu  au  pain. 
La  chené  de  l'avoine  empêchera  la  consom- 
mation b  aucoup  mieux  que  ne  pourrait  fiire 
une  loi  piohibitive.  Bailleurs,  comment  la  loi 
que  nous  propose  ie  noble  lord  pourrait  -  elle 
s-'cxècuter  ?  Ce  ne  pourrait  être  qu  en  punissant  , 
sur   l'informaiion  d'un   délateur,  ceux  qui    l'en- 


sensiblemcnt  le  prix  des   denté  s.  Je   ne   doute  .  freindraient  ,   et  quoique    cette  meihodr  soit  in 
pas  que  la  proclamation  de  S.  M.  n'induise  beau-     dispensable  pour  te  recouvrement  de  certains  im- 


coup  de  personnes  à  suivre  un  plan  économique 
tant  pour  cet  objet  que  par  rapport  au  pain  , 
mais  je  siâis  autorisé  à  croire  qu'il  ne  sera  adopté 
généralement  que  par  le  moyen  d'une  loi  com- 
pulsatoire. Déjà  ,  pendant  la  session  dernière  , 
le  parlement  a  invité  les  maîtres  de  maison  à 
réduire  la  consommation  du  pain  dans  leurs  fa- 
milles à  4  livres  par  semaine  pour  chaque  indi- 
vidu ,  et  les  boulangers  de  Londres  attestent  au- 
jourd  hui  que  cette  consommation  n'a  point 
diminué.  J'ai  pour  moi  l'autorité  du  comité  des 
lords  ,  qui  recommande  expressément  l'économie 
de  l'avoine;   et  si   celte  économie  ne    peut  être 


pots ,  il  faut  éviter  de  l'adopter  dans  un  cas  où 
le  délateur  ne  pourrait  être  que  le  domestiquedu 
délinquant.  Vos  seigneuries  sentiront  facilement 
les  inconvéniens  fâcheux  qui  résulteraient  de 
l'adoption  d'un  semblable  principe.  L'objection 
porte  également  contre  les  deux  propositions  du 
noble  lord;  mais  ,  par  rapport  aux  211,000 
chevaux,  qui  sont  soumis  à  l'impôt  comme 
chevaux  de  plaisir  ,  il  est  à  observer  que  le  plus 
grand  nombre  n'est  pas  employé  uniquement 
pour  des  objets  de  luxe.  Beaucoup  d  habitans 
de  la  campagne  s'en  servent  pour  se  rendre  où 
leur  présence  devient  nécessaire  à  raison  de  leurs 


obtenue  que  par  une  loi   d'obligation  ,  rien   ne  |  devoirs  de  commissaires,  de  magistrats  ,  ect.  lien 
doit  nous  empêcher  de  la  passer.  Sans  doute  on 


ne  m'objectera  point  qu'une  pareille  mesure  con 
traindrait  des  personnes  considérables  par  leur 
rang  et  leur  fortune  ,  à  sacrifier  leurs  plaisirs  et 
leur  commodité.  Est-il  quelqu'un  des  nobles  lords 
qui  tînt  à  se  faire  tramer  par  une  paire  de  che- 
vaux bien  nourris  ?  qui  ne  vint  à  la  chambre  en 
fiacre  ,   ou  même   à  pied,  s'il  le  fallait? 

La  seconde   parde    de   la  mesure   que  je  pro- 
poserai ,à    la  chambre   n'est  pas  d'une  nécessité 
moins  urgente.  Le  peu  d'effet  des  recommanda- 
tions et  des  invitations  de    la  législature  ,    dkns 
le  cours  de  l'année  présente  el  de  l'année  passée  , 
prouve  qu'il  fau",  faire  une  loi  pour  «bliger  les 
familles  d'une  certaine  classe  à  ne  pas  consommer 
plus   d'un    pain   de   4   livres  par  semaine ,  pour 
chaque  individu.    Il   est  impossible    de    donner 
trop  d'éloges  à  l'attention  laborieuse  avec  laquelle 
le   comité   des  lords   s'est  occupé  du  sujet  de  la 
cherté  des  denrées  ,  mais  je  voudrais  qu'il  se  fût 
arrête  plus  particulièrement  à  la  mesure  qui  fait 
l'objet   de   ma  motion  ;  je  voudrais   donc    qu'il 
"fût  recommandé  aux  membres  du  comité,  par 
voie  c!  instruction  ,    de  prendre  dans  leur  consi- 
dération  immédiate  la  nécessilé  et  les  moyens  , 
1°  d  emjiêchcîr  que  l'avoine  ne  soit  employée  à 
l'usage  ties  chevaux  ,    ï°  de  limiter  la  consomma- 
tion  du    pain  ,    etc.   >» 

Le  comte  de  Camden  voit  dans  la  motion  une 
censure  indirtcte  des  opérations  du  comité.  Il 
observe  d'ailleurs  que  ,  relativement  à  1  effet  des 


est  de  même  de  la  plupart  des  employés  du 
gouvernement,  et  il  est  peu  de  départemens 
d  affaires  ,  soit  publiques  ,  soit  privées  ,  où  des 
chevaux  qui  sont  censés  chevaux  de  plaisir, 
ne  soient  utilement  employés. 

La  question  ,  mise  aux  voix  ,  est  rejettée  à  la 
mjorilé  de  i5  contre  5. 

Suspension  de  l'acte  habeas  corpus. 

La  chambre  reçoit  ,  de  la  part  de  celle  des 
communes  ,  le  bill  pour  continuer  la  suspension 
de  Vhabeas  corpus. 

Lord  Holland  prend  la  parole.  Quoiqu'il  ne 
soit  poini  d'usage  de  s'opposer  à  la  première 
lecture  d'un  bill  lorsqu'il  est  présenté  à  la  cham- 
bre ,  telle  est  la  nature  du  bill  actuel  que  S.  S. 
ne  peut  s'empêcher  de  demander  qu'il  soit  re- 
jeté sur-le-champ.  Le  principe  de  ce  bill  est  aussi 
injuste  qu'impolitique  ;  et  si  l'on  compare  les 
vieux  tems'de  l'histoire  anglaise  aux  circonstances 
présentes,  on  verra  que  l'acte  ,  regardé  ancien- 
nement comme  le  palladium  de  la  liberté 
britannique  ,  a  été  converti  par  les  ministres    en 


L'ordre  du  jour  appelle  en  considération  la 
seconde  lecture  du  bill  pour  la  subsistance  de» 
pauvres. 

Le  duc  de  Bedford  renouvelle  ses  objections 
contre  certaines  parties  du  bill  ,  enir'autres  contre 
les  clauses  compulsatoires. 

Lord  Grenville  observe  que  si  on  laissait  aux 
pauvres  le  droit  d'option  ,  quant  à  la  naiure  des 
secours  qu'ils  reçoivent  de  leurs  paroisses  ,  l'objet 
du  bill  serait  en  grande  partie  manqué. 

Le  bill  est  lu  pour  la  seconde'fois  ;  la  chambre 
se  forme  en  comité  pour  le  prendre  en  consi- 
dération. 

Le  duc  de  Bedford  propose  quelques  amende- 
mens ,  qui  sont   rejettes. 

La  chambre  se  reforme,  et  reçoit  le  rapport 
du  bill  ,  et  en  fixe  la  troisième  lecture  au  lende- 
main ,  malg.é  l'opposition  du  duc  de  Bedford, 
qui  se  plaint  de  trop  de  précipitation.  Il  est 
ordonné  ,  à  sa  demande  ,  que  les  lords  soient 
convoqués, 

Séance  du  20  décembre. 

L'ordre  du  jour  appelé  la  troisième  lecture  da 
bill  pour  la  subsistance  des  pauvres. 

Elle  a  lieu  ,  malgré  l'opposition  du  duc  de 
Bedford  ,  et  le  bill  passe  définitivement. 

(  Extrait  du  Courrier  de  Londres.  ) 

INTÉRIEUR. 

Paris  ,  le  g  nivôse. 

Le  tribunal  de  commerce  du  département  de 
la  Seine  ,  la  société  de  médecine  ,  les  adminis- 
trateurs des  hospices  c  vils  ont  été  admis  à  l'au- 
dience du  premier  consul  ,  et  ont  prononcé  le» 
discours    suivans  : 

Discours  du  tribunal  de  commerce. 

Citoyen  premier  consul  , 

C'est  avec  une  bien  grande  satisfaction  que  le 
tribunal  de  commerce  a  1  honneur  de  vous  offrir 
l'expression  de  la  joie  ressentie  par  toutes  les 
branch-s  industrieuses  de  cette  grande  commune  , 
en  apprer;ant  que  l'être  suprême  qui  veille-à 
votre  conservation  pour  le  bonheur  des  français  , 
vous  a  préservé  de.  1  attentdt  inoui  dirigé  contre 
voire  personne  et  la  tranquillité  publique. 

Les  ennemis  de  l'ordre  ,  habitués  au  crime 
par  un  long  exercice  ,  sont  indignes  de  jouir  de» 
avantages  que  procure  un  bon  gouvernement. 
L'opinion  publique  les  repousse  ,  un  châtiment 
exemplaire  les  attend  ,  et  le  commerce  paisible 
par  essence  ,  fuyant  les  convulsions  politiques  , 
vous  supplie  par  notre  organe  ,  de  faire  tiève  à 
votre  clémence  ,  et  d'en  imposer  au  crime  par 
l'appareil  du  supplice   des  criminels. 

Daignez,  premier  consul  ,  agréer  nos  respect» 
et  félicitations  personnelles. 

Discours  de  la  société  de  médecine  de  Paris. 

Citoyen  premier  consul  , 


un  instrument  d'oppression.  —  Des  malheureux  , 
renfermés  en  vertu  de  cette  suspension,  uémis- I  Le  coup  affreux  qui  a  oaehace  vos  jours  ,  a 
sent  en  prison  depuis  trois  ans  ,  sans  qu  ils  aient  retenti  au  cœur  de  tous  les  vrais  français  ,  et 
encore  pu  connaître  leurs  accusateurs,  ni  le  chacun  deux  met  au  rang  de  ses  devoirs  de 
délit  qui  leur  a  été  imputé.  Une  mesure  sem- |  vous  en  lérooigner  sa  juste  indii<naion  ;  mai» 
bhble  ne  peut  se  jusiiiner  que  sur  des  motifs  de  |  il  est  un  hommage  ,  pcui-êlre  sans  exemple  ,  et 
nésessité  ,  et  lord  HolUnd  préte;.d  que  les  mi-  ;  que  la  société  de  méd<  cine  peut  seule  vous  çf- 
■istres  ,  quoiqu'ils  n'aient  jamais  fourni  de  raison    frir  :  c'est  felui  que  chacun  de  nous  a  recueilli , 


pour  vous  près  du  lit  des  malades  confiés  à  ses 
soins.  Oui ,  ciioyen  consul  ,  dans  le  moment  de 
Vos  dangers  ,  ils  ont  tous  oublié  ceux  qii  iLs-  avaient 
à  craindre  pour  eux-mêmes  ;  et  l'assurante  qu'ils 
ont  reçue  que  le  génie  de  la  France  en  avait 
sauvé  le  héros  ,  a  été  pour  nous  un  nouveau 
moyen  de  les  rattacher  à  la  vie.  Puissiez  -  vous 
donc  ,  citoyen  consul  .  tle  jamais  oublier  que 
le  peuple  français  attache  à  la  durée  de  votre 
existence  l'espoir  de  sou  repos  ,  de  sa  gloire  et 
àe  sa  prospérité. 

Discours  du   citoyen  Duchauoy  ,  au  nom  des  admi- 
nistrateurs dei   hospices  civils   de  Paris. 

Citoyen  consul  , 

J'ai  ud  témoignage  particulier  à  vous  donner 
de  mon  dévouement,  sans  réserve  à  votre  per- 
sonne ;  j'ai  un  fils  unique  en  Egypte  ,  il  est  parti 
avec  vous ,  général  consul ,  et  ne  reviendra  que 
par  vous. 

J'ai  reçu  du  Kaire  une  lettre  au  moment  même 
où  j'eus  la  eeriiiude  que  des  scélérats  avaient 
échoué  dans  leur  horrible  projet  de  jetier  la 
France  daus  le  deuil  ,  et  je  fus  doublement 
heureux. 

Pardon  ,  citoyen  consul ,  si  un  moment  je  vous 
ai  occupé  de  moi  ,  daignez  m'écouter  encore  un 
instant.  J'ai  à  vons  ofFrir  le  vœj  de  mes  collègues , 
comme  administrat-^urs  des  hospices  civils  de 
Paris  ;  ils  ne  font  qu'un  avec  les  malheureux  ,  ils 
ne  font  qu'une  même  famille  avec  tous  les  fran- 
çais ,  dont  vous  ê.es  le  pcre  et  le  soutien.  Lorsque 
vous  aurez  entendu  ,  citoyen  consul  ,  tous  ceux 
qui  auront  pu  arriver  jusqu'à  vous  ,  vous  aurez 
la  certitude  que  celle  grande  famille  n'a  qu'uue 
voix  ,  qu'une  crainte  ,  qu'une  pensée. 

—  Le  10  nivôse  ,  à  midi  très-précis  ,  i!  sera 
célébré  dans  le  temple  de  la  'Vicioire  ,  (  Sulpice  ) 
une  fête  à  la  bienfesance  ,  dont  le  produu  sera 
consacré  à  faciliter  l'éducation  de  plusieurs 
enfans. 

ACTES    DU    GOUVERNEMENT. 

Une   députation   du     tribunal ,    composé    des 

citoyens  Desmeuniers,   Emile    Gaudin  ,  Riouffs, 

Moreau  et  Jubé  ,  est   introduite  dans   le  cabinet 

des  consuls  ,  où  sont  réunis   les  ministres  et  les 

"  .membres  du  conseil-d'état. 

Le  citoyen  Desmeuni,ers  donne  lecture  de  ce 
qui  suit: 

Entrait  du  pxoc'es-verhal  des  Séances  du  tribunat 
du   7   nivôse  an  g. 

Le  tribunat  ,  après  avoir  entendu  le  rapport 
d'une  commission  spéciale  ,  émet  le  vœu  sui- 
vant : 

Que  parmi  les  témoignages  de  la  reconnais- 
sance nationale  due  alarmée  dOiient,  le  sou- 
venir de  ses  exploits  en  AfFrique  et  en  Asie  , 
et  notamment  de  la  reprise  du  Kaire  et  de  la 
conquête  de  toute  i'Egypse  ,  opérée  une  seconde 
fois  par  sa  valeur  ,  après  la  rupture  inopinée 
de  la  convention  d'El-Atich  ,  soit  consacré  par 
des  médailles  ; 

Que  le  récit  ei  la  moralité  des  faits  héro'iques 
ci-dcssus  ,  ain^i  que  des  actions  les  plus  remar- 
quables de  toutes  les  armées  de  la  république  , 
durant  la  guerre  de  la  hberté,  fassent  bientôt 
partie  de  l'instruction  publique.  , 

Le  tribunat  arrête  de  plus  les  dispositions 
suivantes  : 

1°.  Il  sera  donné  aux  consuls  de  la  république 
communication  du  vœu  ci-dessus  par  un  mes- 
sage  dout    ia    teneur    suit  : 

Citoyen    CONSUL, 

Le  tribunat  ,  rempli  d'admiration  pour  l'hé- 
roïque valeur  et  I  inaltérable  constance  qu'a  dé- 
ployées l'armée  d  Oiient ,  dès  le  moniLUl  où  elle 
a  débarqué  en  Afrique,  suit  avec  un  profond 
intérêt  le  cours  de  ses  nobles  travaux  qui  in- 
flueront sur  ia  civilisaiion  et  le  bonheur  de  deux 
parties  du  monde  ;  il  a  remarqué  avec  un  intérêt 
particulier  lénergie  toujours  croissante  de  celle 
armée  ,  depuis  l'époque  où  le  vainqueur  de  l'Italie 
laissa  le  commandement  au  général  Kleber  pour 
revenir  au  secours  de  la  république  ,  que  des 
fautes  de  tout  genre  avaient  mise  en  péril  ,  et 
fixer  ,  en  Europe  ,  la  victoire  sous  nos  drapeaux; 
il  n'a  pu  lire,  sans  émotion  ,  le  récit  de  la  con- 
duite des  généraux,  des  officiers  et,  des  Soldats  ^ 
à  l'égard  des  habitans  de  l'Egypte  .  et  les  détails 
du  système  d'administration  libérale,  conçus  par 
l'illostre  général  qui  (^uida  ses  premiers  pas  ,  et 
adoptée  par  le  général  en  chef  actuel  ,  l'ont  vive- 
ment louché.  ' 

Ainsi  ,  tandis  que  le  gouvernement  de  la  ré- 
publique ei  les  armées  françaises  en  Europe  tra- 
vaillent avec  persévérance  et  avec  gloire  a  con- 
3uéfir  la  paix  ,  l'armée  d  Oricni  ,  bien  établie 
ans  sa  cmiqu^ie  ,  dtmne  aux  peuples  de  l'Asie 
et  dp  l  Afrique  l'éclalant  spectacle  de  l'héroïsme 
guerrier  ,  du  dévouement  patiiotique  et  des  venus 
républicaines  ;  elle  prouve  ijue  ,  loin  des  (ron- 
ticre*  Ae    la    Fiance  comme    aulour    de   notre 


407 

enceinte,  on  essayerait  en  vain  d'arrêterles  français 
qui  ,  maigre  leurs  succès,  oflf'reni  cordialement 
la  paix  à  tous  leurs  ennemis. 

Le  tribunat  vous  invite  ,  citoyens  consuls  ,  à 
transrnetire  à  l'armée  d  Orient  les  témoignages  de 
la  satisfaction  qu'il  éprouve  .  et  à  faire  connaître 
aux  guerriers  qui  la  composent  ,  l'accueil  de 
reconnaissance  qu'ils  recevront  du  peuple  fran- 
çais loisque  la  paix  qui  s'approche,  et  qui  per- 
mettra le  changement  des  garnisons  éloignées  , 
les  ramènera  dans  leurs  foyers. 

2°.  Il  sera  fait ,  par  l'imprimeur  du  tribunat, 
une  édition  des  pièces  concernant  famée  d'Orient , 
publiées  le  25  frimaire  dernier  par  le  gouverne- 
ment ;  deux  exemplaires  desdites  pièces  ,  aux- 
quelles on  joindra  le  recueil  de  toutes  celles 
relatives  à  l'expédition  de  l'Egypte  qui  ont  été 
publiées  officiellement  jusqu'à  ce  jour  ,  seront 
déposés  ,  l'un  à  la  bibliothèque  du  tribunal,  et 
l'autre  aux  archives  nationales  ,  comme  un  témoi- 
gnage de  reconnaissance  pour  celte  armée. 

Collaiionné-à  l'original  par  nous  président  et 
secrétaires   du   tribunat. 

Paris  ,  ce  8  nivôse  an  9  de  la  république. 

Signé  ,  MouRicAULT  ,  présidtnt  ;  L.  Perrée  , 
Fabre  (de  lAude)  ;  GosxE  et  JuG.  JuBÉ  v  secrè- 
laires. 

Le  premier  consul  répond  à  la  députation  en 
ces  termes  : 

Le  gouvernement  délibérera  sur  le  vœu  du  tribunat 
que  vous  vmez  de  lui  présenter  (i). 

L'armée  d'Oiient  sera  toujours  digne  de  l'intérêt 
qu'elle  vous  inspire  Elle  sait  ce  qu'attendent 
d'elle  le  peuple   français  et   lEurope  civilisée. 


père  ,.  ex-employé  ,  6  liv.  :  du  cit.  Alberl-Rou-^ 
veroy  ,  48  liv.  ;  d  une  dame  anonyme,  94  liv.  | 
des  citoyens  Lepaul  ,  neveux,  horlogers,  rue 
Ihomasdu  Louvre,  3o  liv.;  des  contrôleurs, 
inspecteurs  et  préposés  au  mesurate  des  botJ 
et  charbons  ,  60  fr.  ;  du  cit.  E.  J.  J  ,  anonyme  , 
JO  liv.  ;  du  Cil.  de  R.  ,  anonyme  ,  120  fr.  ;  de»' 
huissiers  du  gouvernement,    72  fr. 

Au  rédacteur  du  Moniteur.  —  Taris  ,  te  9  nivôse. 
La  Clef  du  Cabinet  a  dit  ,  et  d'autres  journaux 
ont  repe  e  ,  que  le  5  ,  à  onze  heures  du  matin  , 
un  incendie  violent  s'était  manifesté  dans  une 
maison  voisine  du  grand  Hospice  d  Humanité.  Z.« 
fubltctste  fan  entendre  que  cet  hospice  courait  le 
rsque  de   devenir    la  proie    de»  flammes  comme 

^u-ff '^'  ^^  ^^"  ^*'  '!"'=  '=  '^"  ^  P"*  à  quelques 
cHittons  chez  un  tapissier,  et  qu'il  n'y  a  eu  que 
de  la  lumée. 

^  La  Clef  du  Cabinet  dit  encore  que  deux  coquins 
a  cheval  avaient  donné  la  charetie  sur  laquelle  était 
placée  la  ma.  hir.e  infernale  ,  à  garder  à  un 
enfant,  qu  ils  lui  avai.nt  dit  un  peu  avant 
(explosion  ,  de  se  retirer  vers  la  rue  des 
Frondeur»,  qje  l'enfant  avait  suivi  cet  avis  ,  et 
quo-j  avait  déjà  reçu  son  témoignage.  Le  fait 
est   encore  faux. 

On  lit  égalennent  dans  la  Clef  du  Cabinet:  que 
deux  pariculiers  passant  .ur  ..-ie  Pont-Neuf,  le 
3  niyose  ,  l'un  dit  à  l'autre  :  Il  est  teins.  Oue 
cilui-ci  répondit  :  Non  .  nous  entendrons'^ la 
bocle  ,  et  que  ces  deux  propos  ont  été  eulen- 
dus.    Ce    fait   est.  encoie   faux. 

L'Indicateur  ajoute  que  ,  par  l'effet  de  l'explo- 
sion ,  lin  crâne  san^lant  fut  jette  au  milieu -de 
la  salie  de  Fridzeri   au   raomeut   oe  ia   répéiiiion 


MINISTERE    DE    LA  JUSTICE. 

Le  ministre  de  la  justice ,  aux  commissaires  du 
gouvernement  près  les  tribunaux  criminels  et  de 
première  instance.  —  Taris  ,  le  5  nivôse ,  an  9 
de  la  république  française  ,  une   et  indivisible. 

On  se  plaint  ,  citoyens,  de' la  lenteur  des  tri- 
bunaux dar^s  l'instruction  et  les  jugeiriens  des 
matières  criminelles  :  il  est  tems  de  faire  cesser 
ces  reproches.  Pour  y  parvenir  ,  vous  voudrez 
bien  me  faire  connaître,  dans  la  décade,  1°.  le 
nombre  des  détenus  dans  les  prisons  du  tribunal  ; 
2°  le  motif  de  leur  détention  ;  3°  la  date  d^  leur 
arrestation  ou  traduction  devant  le  tribunal  cri- 
raintl  ;  4°  l'état  de  la  procédure  ;  S"  les  raisons 
qui  ont  pu  retarder  ou  retardent  encore  le  juge- 
ment définitif.  J  attends  de  votre  zele  que  vous 
ne  négligerez  rien  pour  remplir  les  intentions  du 
gouvernement. 

Salut  et  fraternité.  Signé  ,  Abrial. 


Suivant  lejournal  la  Clef  du  Cabinet,  au  moment 

de  M^^  Pain,  qui 

me  concert  ,  tomba 


Si  de  nouveaux  dangers  la  men?çaient  encore  ,  j  <^'"n  concert  ,  ce  fait  est  faux 
de  nouvelles  victoires  rehausseraient  sa  gloire. 

ACTES  ADMINISTRATIFS.  z^:i::^'^t:^Â;::^^L, ^^ 

mort  de  frayeur.  Ce  fait  est  faux. 

La  Clef  du  Cabinet  dît  encore  que  les  cova" 
inissaires  de  police  reçurent  ,  le  scir  de  l'explo- 
sion ,  l'ordre  d'empêther  les  messes  de  minuit  ; 
le   fait  est  faux  :   une  seule   société  a    demandé 


MINISTERE    DE   LA  MARINE. 

Extrait  des  gazettes  anglaises,  le  Sun,  du  ig  dé- 
cembre; le  Morning  -  Chronicle,  du,  20  dé- 
cembre ,  etc. 

it  Des  ordres  de  l'amirauté  ont  été  reçus  mer- 
credi (  17  décembre  )  à  Porismoutli  ,  portant  in- 
jonction à  toutes  les  escadres  et  bâiimens  croi- 
seurs de  S.  M.  ,  d'arrêter  et  d'amener  dans  le  port 
tout  vaisseau  de  guerre  ou  de  commerce  appartenant 
à  la  Russie  n 


PRÉFECTURE    DE    POLICE. 

Taris  ,  le  9  nivôse  ,  an  g  de  la  république  française  , 
une  et  indivisible. 

Hier  à  quatre  heures  du  soir  ,  i!  avait  été  versé 
pour  lesindigens  de  la  rue  Nicaise  ,  quatre  raille 
deux   cents  cinq  francs  cinq  centimes. 

Ce  n'est  pas  le  citoyen  Domeiigue  ,  mais  le 
citoyen  Doumer  qui  a  donné  25o  fr. 

Article  à  ajouter.  —  Un  anonyme  S  . .  . .  aS  fr. 

Depuis  hier  quatre  heures,  il  a  été  reçu,  savoir  : 
du  citoyen  Lacroix,  quartier-maître  du  5' régi- 
ment de  dragons,  3oo  li.  formant  un  jour  de  paye 
des  officiers  et  dragons  dudit  régiment;  du  cit. 
Delamalle  ,  homme  de  loi  ,  24  fr.  ;  du  sénat- 
conservatenr  ,  3ooo  fr.  ;  du  cit.  L:ibbé  ,  employé, 
5  fr.  ;  des  citoyens  Chanorier  ,  Mollien  et  Dé- 
cretot  ,  administrateurs  de  la  caisse  d'timortisse- 
ment  et  de  garantie  ,  iSo  fr.  ;  des  employés  du 
bureau  du  mouvement  i!es  troupes  du  départe- 
ment de  la  guerre,  100  fr^  ;  du  cit.  Rœmers , 
membre  du  corps-législatif,  48  liv.  louruois;  du 
cit.  Croisy  ,  employé  à  la  marine  ,  20  liv.  idem. 
du  cit.  Gelin  ,  membre  du  bureau  de  bienfe- 
sance de  la  division  du  Mail  ,  10  fr.  ;  du  cit. 
Tronchet  ,  président  du  tribunal  de  cassation  , 
3oo  liv.  ;  des  munitioniiaires  et  employés  de  l'hôtel 
des  Invaliilcs,  240  liv.;  du  cit.  Formé  et  de  ses 
enfans  ,  t8  liv.  ;  du  cit.  Jacques  Mignard  ,  12  liv.  ; 
du    cit.   Pastoret  ,    24    liv.  :    du    cit.   Beaugrand 


1  autorisation  nécessaire  ea  pareil  cas  ;   elle  lui  a 
été  accordée. 

Le  Journal  des  Débats  dit  que  le  8  ,  à  1 1  heures 
du  matin  ,  trois  personnes  se  jont  jetées  dans  la 
Seine  du  haut  du  Pont  de  1^  Révoluiion.  Ce  fait 
est  faux  en  majeure  partie.  Le  3  au  soir  ,  vers 
huit  heures  et  demie  ,  des  bords  du  parapet 
on  a  jeté  ,  dans  la  rivière  ,  quelque  chose  de 
pesant  que  l'on  présume  être  un  paquet.   Le  4, 

:  jeté 
pour 


a  deux  heures  au  malin  ,    un  individ'u  s'est  jeté 
dans  la  Seine  :   on    a  tait    d'inutiles    efforts 
retrouver  la  personne  et  l'objet. 


(i{  Le>  mots  loulignci  composent  la  formule  J'iuage, 


TRIBUNAUX. 

Le  5  de  ce  mois  ,  les  trois  sections  du  tribunal 
de  cassation  se  sont'encore  réunies  pour  pro- 
noncer sur  une  demande  en  cassation  formée  , 
pour  la  seconde  fois  et  par  les  mêmes  moyens, 
contre  le  jugement  d'un  tribunal  d  appel  ,  qui  , 
après  une  première  cassation  déjà  prononcée 
par  la  section  civile,  avait  adopté  la  même 
décision  que  celle  annuliée.  Au  lond  ,  il  s'agis- 
sait de  l'application  des  art.  XIII  et  XIV  de 
la  loi  dn  12  brumaire  an  2  ,  concernant  les  enfans 
nés  hors  mariage.  Suivant  l'an.  XIII  ,  les  erifans 
qu'on  appellait  ci-d ^  vant  adutteri7u  ,  ne  sont  pas 
aumis  aux  mêmes  droits  de  sutcessibilité  que  les 
enfans  naturels  nés  d'un  père  et  d'une  raere 
libres.  Il  leur  est  seulement  accordé  ,  à  titre  dali- 
mens  ,  le  tiers  de  la  portion  virile  qu'ils  auraient 
eue  s  ils  étaient  nés  dans  le  mariage.  Mais  l'article 
Xiy  ajoute  aussitôt  ,  que  ,  s'il  s  agit  de  fa  suc- 
cession de  personnes  séparéts  de  corps  ,  par 
jugement  ou  acte  authentique  ,  leurs  enfans  natu- 
rels auront  tous  le  droit  de  successibilté  ,  pourvu 
seulement  que  la  naissance  soit  postérieure  à  la 
demande  en  séparation. 

Un  privilège  aussi  étrange  ,  accordé  aux  bâiards 
d'époux  séparé-s  de  corps  ,  ou  entre  lesquels  il 
n'y  avait  encore  qu'une  simple  demande  en  sépa- 
raiion  ,  peut-il  être  étendu  aux  enfans  naturels 
reconnus  par  des  époux  divorcés  ,  et  dont  ia  nais- 
sance ,  postérieure  à  la  demande  en  divorce  ,  est 
cependant  antérieure  à  la  prononciation  du  di- 
vorce nsême  ? 

Le  tribunal  de  Douay  ,  en  première  instance  , 
puis  celui  d'Amiens  ,  en  degié  d  appel ,  avaient 
décidé  l'affirmative  eo  faveur  de  la  mineure 
Isabelle  ,  née  du  commerce  du  nomme  Blanquart 
avec  la  nommée  Dumas  dans  un  tems  ,  où  son 
mariage  avec  la  nommée  Emmcry  n'était  encore 
qu'attaqué  par  une   demande  en  divorce. 

Le  tribunal  de  cassation  avait  cassé  le  juge- 
ment du  tribunal  d'Amiens  ,  comme  contenant 
une  extension  illégale  de  l'exception  portée  en 
l'art.  XIV,  et  renvoyé  le  fond  d^'  l'affaire  au  tri- 
bunal dcRouen;  ce  dernier  tribunal  jugea  comme 
celui  d'Amiens  ,  et  son  jugement  était  de  nou- 
veau dénoncé   au  tribunal  de  cassation. 

Après  avoir  entendu  avec  beaucoup  d'atten- 
tion la  nouvelle  discussion  qui  s'est  engagée  entra 


40  8 


les  défenseurs  des  p3ri!es\  les  clto.yens  Chabroiid 
et  Duclos  ,  et  les  observations  ilu  cil.  Arnaud  , 
•rommissaire  substinil  ,  le  tribunal  de  cassation 
a  pfisisié  dans   sa  première   résolutior>. 

Il  a  de  nouveau  càs.'é  le  jugement  du  tribunal 
^"e  Rouen  ,  en  motivant  singulièrement  sa  déci- 
sion sur  ce  que  Tarlicle  XIV  de  la  loi  du  12 
"brumaire  ne  dénommait  que  les  époux  sépares 
de  corj's  et  non  ceux  divariés  ,  encore,  iju'à  <-'eiie 
époque  lis  divoic^s  fussent  déjà  d  un  fréquent 
usage,  que  cetls  limitation  de  l'article  auxenfaiis  na- 
turels iié\>riu\séparésdef.orps,  indiquait  c'airement 
qu'on  n'a',  ait  voulu  cou'.pi  1  ndrc  d.ins  sa  disposi- 
tion, que  les  tufdrs  nés  sous  le  régirne  dés  sépa- 
rations de  co.ps  ,  et  non  ceux  nés  depuis  I  ins- 
titution du  divorce  ,  que  si  l'on  étendait  cette 
disposit'on  ,  iléjà  si  exorbitante  par  elle-même  . 
aux  époux  divoicés  ou  simplement  en  pouisuite 
de  divoice  ,  il  en  résulterait  les  plus  dangereuses 
con.-iéqutnces  pour  les  bonms  mœurs  et  l'ordre 
social ,  etc. 


T    R    I    B    U    N    A    T. 

Trésidpice  de  Mouricault. 

SÉANCE     DU    g     NIVOSE. 

Il    n'y  a  point  eu  de  séance  publique  ;  à  deux 
heures    les   membres    se  sont    réunis   en   comité 


CORPS-LEGISLATIF. 

Présidence  de  Bourg-Laprade. 
SÉANCE     DU     9     NIVOSE. 

Après  la  lecture  du-  procés-verbal  on  procède 
au  scrutin  déUciion  d'un  candidat  à  présenter 
au  sénat-conservaiiur.     ' 

Le  nombre  des  votans  est  de  25g  ;  le  tribun 
Crassous  obtient  154  suffrages  ,  et  est  proclamé 
candidat. 

La  séance  est  levée  et  indiquée  à  primedi. 


LITTERATURE. 

Fin  de  l'éloge  fumbre  des  généraux  Desaix  et  Kleher. 

Mais  ô  douleur  !  ô  regretî  !  depuis  qu'ils  ont 
quitté  la  Fiance  ,  ses  prospérités  serablctît  s'être 
éloignées  avec  eux.  Nos  ministres  de  paixégoigés 
ont  été  le  sign;.!  d'une  guerre  oii  chaque  jour 
la  république  apprend  plus  euts  désastres.  Celle 
Italie  .  ce  théâtre  de  tant  de  victoiics  de  la  liberté  , 
est  lentrée  sous  la  main  el  sous  le  joug  des  op- 
presseurs. De  tant  de  vicloii  es ,  tout  est  perdu,  hors 
la  gloire  de  !  os  arm;s,qui  sest  accrue  même  dans 
nos  revers  !  Et  1  an  dis  que  la  coalition  l.loraphante 
à  S-iî  tour  (hetche  à  pénétrer  au  coeur  de  la 
république  par  ses  plus  f  ibles  fronl'eres  ;  le  pou- 
voir qui  fai;  les  lois  et  le  pouvoir  qui  les  exécute  , 
divisés  par  des  .millions  pius  encore  que  par 
des  opinions  ,  pt-rdent  dans  leurs  querelles  le 
teaas  el  les  forc^^s  néces-aircs  au  salut  de  la  répu- 
bl  q'ie.  Au  récit  de  tant  de  . hangcmens  dans  la 
lûiiune  de  la  France  ;  Bonaparie  ne  peut  plus 
en  rester  élo'gné.  A  travers  la  Méeliterranée  et  les 
fl'ittes  eie  i'A-'gleicrrc  qui  la  couvrent,  il  arrive 
car  s  la  république  qui  ,  dans  tous  les  malheurs  , 
a  prononcé  son   nom. 

Le  moment  oii  Bonap  ne  quittait  l'Egypte  était 
celui  oià  Desa'xpour-iUKtiit  etachrvait  la  conquête 
de  la  Haute-Egypte  ;(,ij,  en  s'approchant  des  sources 
du  Nil,  nos  soldats  gagnaient  chaque  jour  des  ba- 
tailles ,  nos  savans  hilsaient  des  découvertes  ,  nos 
artistes  desnnaier.i  des  ruines;  i  ùDesa'x  lui-même, 
fléchissant  par  ses  vertus  la  férocité  de  l'Ethiopie  , 
y  était  ■■i\i-çe\é  le  Soudan  juste  :  c'était  le  raomeiii  oii, 
près  des  bouebes  du  Nil  et  près  des  Pyramides  , 
1  armée  îrançai'ie  recevait  plus  que  jamais  toutes 
les  soumissions.  En  la  quitiaiit  ,  Bonaparte  lui 
laissait  une  nouvelle  victoire  et  la  pius  grande  de 
toelcs  cel.es  de  l'Egypte  ;  ii  lui  laissait  pour  gé- 
néral eu  chel  Kieber.  Et  cependant  Kleher  va  né- 
gocier une  capitulation  !  ii  va  la  signer  ! 

(L'orateur  justifie  Kieber  d'avoir  signé  cette  ca- 
pitulation. ) 

Desaix  ,  qui  est  descendu  des  Cataractes  duNil 
du  camp  eles  ottomans  pour  négocier  le  traité 
de  Kieber  ,  après  l'avoir  signé,  veut  en  profiter 
le  premier  pour  venir  combattre  nos  ennemis  de 
1  Europe.  Arrêté  sur  la  Méditerranée  par  des  ami- 
raux qui  peuvent  régrer  sur  les  mers  et  qui  les 
inlest -nt  ,  par  des  anglais  qui  ,  en  insultant  à 
un   héios  ,   prodiguent    encore  avec    aff..ctaiion 


l'injure  et  la  railK-rie  aux  principes  de  l'égalité 
des  h--  mraes  ;  Desaix  déploie  devant  eux  celte 
même  luuieur  de  ca:actereque  César  prison- 
nier déployait  sur  les  vaisseaux  des  pirates.  La 
première  voix  eju'il  entend  ,  la  seule  au  inoins 
qu'il  écoule  ,  en  touchant  le  sol  de  la  France  , 
est  celle  de  Bonspaite  ,  qui  du  sommet  des  Aipes 
d'où  il  se  précipitait  ,  l'appelle  aus  champs  de 
de  Aîaiengo.  O  champs  de  Mtirengo,  ô  jour  cl  une 
nouvelle  gloire  pour  la  république  tranç.iise  et 
pour  son  premier  consul ,  que  vous  deviez  ecull' r 
cher  à  l'un  et  à  l'autre  !  Au  moment  même  ciJ  il 
chargeait  à  la  tê'e  de  sa  division  .  rés<  rvée  pour 
les  derniers  efioits  ;  au  moment  e  ù  il  déleriuinait 
une  vicioire  qui  semblait  fuir  nos  drapeaux  , 
frappé  d'une  balle  morielle  ,  Desaix  tombe  ex- 
expi^ant   sur    le  champ  de  triomphe  ! 

Des  prcssentimcns  jusqu'alors  Inconnus  à  son 
ame  ,  avaient  paru  devant  e:L'.  avant  la  bataille  : 
il  leur  avait  souri  ;  ils  le  menaçaient  de  niourii 
pour  la  pairie.  Après  la  victoire  ,  au  milieu  de 
cete  armée  triomphante,  en  plcurani  la  mort  de 
Desaix  ,  on  pens-e  à  la  mo;t  de  Kieber  et  on  en 
parle.  Des  héros  fjui  viennent  de  recevoir  de  la 
loitunc  de  si  grands  succès,  en  craignent  pour 
Kieber  tons  les  revers.  Ebra:dée  par  ces  prtssen- 
timet'S  ,  lorsqu'ils  s'accomplisse;  t  ,  1  imagination 
croit  qu'ils  lui  ont  révélé  l'avenir.  Qu'est-ce  que 
la  raison  peut  y  voir  que  ce  sentiment  des  mal- 
heurs suspendus  sur  nos  têies  dans  toutes  les 
siluaiiiiis  ,  et  qui  ,  du  faîte  des  succès  et  des 
piospérités,  tombent  avec  plus  de  menace  et  plus 
de  biuit  ! 

Depuis  que  Desaix  a  quille  lEgypte  ,  des  per- 
fi-jies  de  i:os  ennemis  ,  inatiendu.s  encote  après 
tant  d'autres  ,  ont  doni  é  à  Kieber  une  nouvelle 
gloire  et  une  nouvelle  puissance.  Deux  nations 
devait  nt  coicourir  à  lexéculion  du  traité  négocié 
par  Desaix  :  l'une  ,  soriie  il  y  a  iroissieclcs  seu- 
Isruent  des  rochers  de  la  Scythie  etdu  Caucase  , 
a  fait  de  son  ignor..nce  et  de  son  horreur  pour 
les  lumières  ,  une  partie  de  son  culte  religiei;x  et 
la  seule  loi  bien  exécutée  de  ce  despotisme  eie 
rO/ient  ,  qui  n'agit  qu-  par  des  pasiioï:S  fou- 
)?ueuses  ,  et  ne  se  ri  pose  que  dais  les  vices  et 
dans  la  paresse  :  l'autre  se  vante,  et  non  sans  titres, 
d'avoir  ,1a  première  .découvert  les  lois  delà  nature 
et  les  lois  de  l'ordre  sociji  ;  d'avoir  ,  la  première  , 
enseigné  aux  puissances  à  soumettre  U  force  à  la 
morale.  Les  espérances  que  les  amis  de  l'humanité 
fonduienlsur  les  progrès  des  lumières  doi  veut-elle  s 
rester  à  jamais  huiniliées  et  confondues  !  C  est  l'ot- 
toman qui  veut  remplir  le  traiié  !  c'est  l'anglais  qui 
veut  qu  on  le  violé  !  L'anglais  et  l'otlonran  dé- 
clarent à  Kieber  qu  il  est  prison  nie  r  de  guer;e  avec 
cette  armée  qui  n'a  jamais  eu  que  des  triomphes  ; 
qu'elle  et  lui  ne  sortiront  de  I  Egypte  qu'apiès 
s  être  soumis  à  cet  aftiont. 

Vous  pour  qui  les  traités  ne  sont  tien  ,  apprenez 
ce  que  sont  les  hommes  qui  se  reposent  sur  le'..r 
foi  :  Kieber  n'a  plus  rien  à  vous  dire  ;  c'est  à  son 
armée  qu  il  parle  :  Français,  vous  répondrez  à 
cette  insolence  par  des  victoires.  A  l'in^tanl  même 
1  armée  du  grand  visir  ,  forte  de  plus'  de  60,000 
hommes,  est  dispersée  dans  les  déserts,  comme 
leur  poussière  est  balayée  par  les  souffles  briàlans 
de  l'Eihiopie.  Kieber  achevait  sa  victoire  ,  et  le 
Kaiie  se  soulevait  :  K'eber  se  reioun.e  ;  il  enve- 
loppe de  feu  la  ville  révollfe  ,  et  il  éteint  ses 
foudtes  aussitôt  quelle  accepte  sa  clémence. 
LEgypte  est  conquise  par  la  France  une  seconde 
fois  ;  de  nouveaux  remparts  s'élèvent  autour  de 
ses  villes  ,  de  nouvelles  forteresses  sur  les  bords 
de  son  fleuve  ,  de  ses  lacs  ,  de  ses  sabh-s.  Au 
Ion  et  auprès  de  lui  ,  Kieber  ne  peut  plus  laisser 
tomber  ses  regards  que  sur  des  ennemis  vaincus  , 
sur  des  peuples  soumis  ,  et  sur  les  compagnons 
de  ses  victoires.  Tout  lui  garantit  la  terreur  ou  les 
hommages  de  l  Orient.  Que  peut-il  craindre!... 

Du  fond  des  déserts  où  ont  précipiié  et  caché 
leur  fuite  le  visir  et  l'aga  des  janissaires  ,  un  jeune 
osmanli  part  sur  un  chameau.  Seul;  il  traverse 
ces  longs  déserts  ;  il  erre  quelciaes  jouis  au  Ka ire  , 
clans  les  détours  et  dans  le  silence  de  la  grande 
mosquée  :  du  temple  il  pénètre  dans  le  quartier- 
général  ,  et  sur  la  terrasse  où  se  pro.-nene  Kieber  , 
ayant  non  loin  de  lui  son  armée  ,  elautour  de  son 
nom  ,  en  quelque  sorte  ,  toutes  ses  victoires  ;  et 
d'un  premier  coup  de  poignard  l'osmanli  renverse 
à  ses  pieds  le  second  conquérant  de  lEyypte  , 
le  destiucteur  des  forces  ottomanes.  Victoires  , 
triomphes  des  mortels,  quand  le  plus  grand  en- 
n^emi  du  genre  humain,  quand  le  tanatisme  arme 
les  plus  faibles  bras  ,  il  leur  est  donc  si  aisé  de 
vous  couvrir  de  ruines  et  de  deuil.  Ainsi  périt 
Kieber  en  Egypte  ,   au  même  jour  ,   à    la  même 


heure  que  Desaix  en  Italie  ;  et  tous  les  deux  pé- 
rissent entourés  de  trophées  ! 

O  voushéros  de  lalibertéeisesvictimes, Kieber,! 
Desaix  !  en  vous  annant  pour  la  liberté  vous  vous 
étiez  dévoués  ;  et  en  contemplant  vos  exploits, 
en  les  racontatjt  ,  mon  ame  s'est  ttop  approche'e 
de  la  vôtre  pour  vous  donner  ici  trop  de  regrets, 
et  liop  de  larmes,  La  patrie  et  la  gloire  ont  été 
les  premiers  ,  et  presque  les  seuls  objets  de  vos 
passions  ;  et  ces  hommage-s  si  augustes  que  la 
patrie  vous  rcnJ  ,  ces  monumens  où  une  grande 
nation  verra  janscesse  et  vos  traits  et  votre  gloire  , 
auraient  été  ,  de  votre  vivant,  la  plus  haute  et 
la  plus  douce  espérance  de, votre  ambition.  Les 
entretiens  des  générations  avec  vous  ne  seront 
plus  irilerrorapus  ;  voire  vi'i  ,  toujouis  rappelée 
par  vos  images  ,  perpétuera  au  milieu  de  la 
tépubh'gue  les  services  (jue  vous  lui  avez  ren- 
dus. Consaciée  par  vos  tombeaux  et  par  vos 
statues,  cette  place  sera  un  temple  où  la  nalioa 
viendra  recevoir  les  .eainles  inspirations  au  patrio- 
tisme et  de  l'héro'isme.  Celui  qui  fut  si  souvent, 
dans  les  bata:ll;:s ,  ou  votre  modèle  ou  voue  chef, 
et  qui  aujourd  hui  à  la  tête  de  la  république, 
acquitte  sa  reconoaissanae  envers  vous  ,  vous 
l'adcrcz  ,  vous  le  servirez  encore  du  fond  de 
Ces  tombeaux  qu'il  vous  érige.  Vous  lui  rendrez 
plus  facile  l'exécution  de  ses  grands  desseins  pour 
remplir  ce  qtie  la  France  el  le  ge  re  huniaii]i 
attendent  de  lui  ;  pour  arracher  une  république 
de  trente  mil  ions  d  hommes  ,  et  aux  erreurs  de 
ceux  qui  ont  entouié  son  berceau  ,  et  aux  fureurs 
de  ceux  qui  ont  voulu  l'éioutfer  dans  sou  berceau 
même  ;  pour  proposer  aux  pouvoirs  chargés  , 
par  la  coosiitution  ,  du  débat  des  lois  et  de  leur 
sanction,  des  lois  dictées  par  cette  morale  uni- 
sel  lequi  aurait  dû  être  toujours  le  génie  delà  répu- 
blique ;  des  lois  dont  lexéculion  constante  et 
certaine  apprenne  à  tout  un  peuple  à  exercer 
par  la  sagesse  ,  des  droits  conquis  par  la  iorce 
et  calomnié  par  la  terreur;  pour  rendre  aux 
générations  qui  vont  nous  suivre  ,  le  peu  de 
vraies  lumières  qui  nons  éclairent  plus  facile» 
à  acquérir  et  à  multiplier  ,  et  faite  des  lumicrej 
elles-n  êmes  ,  non  l'ornement  de  quelques  êtrej 
piivilégiés  et  les  instrumens  des  usurpations  de 
leur  orgueil,  mais  l'héritage  commun  des  hom- 
mes ,  et  les  attribuis  inviolables  de  leur  égalité  ; 
pour  l'aire  rendre  honneur  ,  enfin  ,  par  toutes  les 
puissances,  aux  principes  du  nouvel  ordre  social  , 
en  fécondant,  pour  la  terre  entière,  tomme 
pour  nous  ,  les  germes  de  vertus  et  de  prospé- 
rités qu'ils  recèlent  ,  en  fesant  de  U  lépublique 
franç,iise  l'alliée  delajustice  de  toutes  les  nations, 
la  proiecttice  de  celles  qui  sont  faibles  ,  l'eiFroi 
de  celles  qui  voudraient  abuser  de  leurs  foices, 
et  le  modèle  ,  pour' toutes,  du  bonheur  que 
l'homme  peut  trouver  dans  la  vie  sociale  et  dans 
la  nature. 

GOUKS     DU     CHANGt. 
Bourse  du    9  nivôse. 

Rente  provisoire 33  fr.  i3  c. 

Tiers  consolidé 43  Ir.  88  c. 

Bons  deux  tiers i   fr.  71  c. 

Bons  d'arréragé 86  fr.  75  c. 

Bons  pour  l'an  8 94  Ir.  90  c. 

Syndicat Si   fr.  5o  c. 


SPECTACLES. 

Thé.^tre  de  la  Republiq^ije  et  des  Arts. 
Au].  Hécube  ,   et  le  ballet  de  Psyché. 

Le  12  nivôse  ,  [Oratorio  d  Haydn  ,  intitulé  la 
Création  du  Monde  ,  parodié  et  mis  en  vers  fran- 
çais par  le  cit.  Ségur  jeune  .  traduit  de, l'allemand, 
et  la  ipusique  arrangée  parD.  Steibelt. 

Théâtre  de  la  rue  Feydeau.  Aujourd'hui 
la    Caverne.,  opéra,    suivi  de  Lue  et  Colin. 

Théâtre  du  Vaudeville.  Auj.  la  2''  repr.  de 
la  Récréation  du  Monde  ,  suite  de  la  Création  , 
el  Frosine. 


ERRATA. 

Dans  le  n°  du  8  nivôse  ,  discours  du  citoyea 
Desmeuniers,  page  Sgg  ,  3°  col.  lig.  3o  et  3i  , 
au-lieu  de  sous  la  main  de  la  servitude,  lisez: 
dans  le  néant  de  la  servitude.  —  Ligne  54',  au- 
lieu  de  elle  nous  suppose  ,  lisez  :  elle  nous  impose. 
—  Ligne  Sg^  ,  au-lieu  de  les  fonctions  de  la  liste 
des  éligibles,  /»£z;  U  formation  de  la  liste  des 
éligibles. 

Même  page,  3=  col.  ligne  5t'  ,  au-lieu  de  ainsi 
que  des  collons  ,   lisez  :  ainsi  que  des  nations. 


L'abonnement  se  fait  à  Paris  ,  rue  des  Poitevins ,  n^  18.  Le  prix  csl  de  25  flancs  pour  trois  mois  ,  5o  francs  pour  6  mois  ,  et  roo  francs  pour  l'année  entière.  Ou  oc''s'abonne 
qu'au  comraeuceracut  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  lettres  ell'argent  ,  franc  déport  ,  au  cit.  Aga  as  E  ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  n°  18.  Il  faut  comprendre. dans  les  envois  le  port  d«j- 
pays  0'*  l'on  ne  peut  aifiauchir.  Les  lettres  des  départemens  non  affranchies  ,  rie  seront  point  retirées  de  la  poste. 

11  faut  avoir  soin,  pour  plus  de  sûreté,  décharger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  nie  de, 
Poitevins  ,  n'  l3  ,  depui  tneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


De  1  imprimerie    de  H.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur ,  rue  des  Poitevins ,  n"  i3. 


NATIONALE  ou  LE  MONITEUR  UNIVERSEL, 


JV"  loi, 


Primcdi ,  i  i  nivôsr  an  g  de  la  républirini'  française  une  et.  indivisibk. 


Nous  sommes  autorisés    à   prévenir  nos  souscniK;.i;rs ,  tju'j.  dater  du   7    mvoii;  an  ii  ,  le   M  O  ^' I  T  K  u  K  esc    le    seul  journal  ojju'ul. 
Il   contient    les  séances  des   autorités  co>#fti  tuées  ,   les  actes  du  gouveruenicnt:,  L-s  nouvelles  des  armées,  ainsi   que  les  {aies    et  les    notions 
tant  sur  l'intérieur  que  sur  l'extérieur,   fouljiis;  par  les  corespondances  ministérielles. 

Un  article  sera  particuliéement  consacré  aux  sciences  ,  aux  atcs   et  aux  découvertes  nouvelles. 


INTÉRIEUR. 

liapport  du  lieutenant  de  vaisseau  Maignein, 
commandant  le  loiigre  l'AffrOnteur  , 
au  citoyen  Decrès  ,  préfet  ,  au  port  de 
l'Orient. 

Aujourd'hui  ,  3  nivôse  ,  j'ai  appareil'é  dp  Be- 
flaudet  ,  par  ordre  du  capitaine  de  frégaie 
Leforestier,  pour  me  rendre  au  pot!  de  l'Orient, 
et  y  attendre  là  de  nouveaux  ordres  du  capitaine 
de  vaisseau  ,  Lrboz. 

Le  2g  fiimairc  ,  étant  dans  !a  rade  de  Benaudet , 
nous  eûmes  connaissance  de  plusieurs  personnes 
qui  fesajcnt  des  signaux  de  déircssc.  Supposant 
que  ce  pouvait  être  quelques  naufragés,,  le  3o  . 
au  matin  ,  j-  mis  à  la  voile  ainsi  qne  le  cutter  le 
Printems  ,  et  nous  nous  rendîmes  proche  ladue 
île  de  Benaudet,  où  nous  trouvâmes  neuf  hommes 
qu'un  coisaire  anglais  avait  eu  la  barbarie  d'y 
abandonner  da.is  la  saison  des  brumes  et  des 
longues  nuits  ,  sans  esfoir  dètie  apperçus  et 
s-courus  ,  et  avec  une  livre  de  pain  p.ir  homme 
jiour  loule  espèce  de  vivres.  Ils  oui  vécu  perdant 
six  jours  de  racines  sauvages.  Ils  appartenaient 
aux  équipages  de  deux  bâtimms  français  venant 
de  Bordeaux  ,   et    capturés   par  ledit  C(Trsaire. 

Tel  est,  citoyen  préfet,  I.t  déiin,=itioi  de  cet 
équipage.  Signé,  Maignein. 

Lot  et  Garonne.  — ■  Agen  5    1  ^''  nivôse. 

L'ÉTABLISSEMENT  des  snui-es  économiques  , 
à  Agen  ,  va  eue  au  premier  jour  eu  acnvité  :  les 
consiruciions  sont  fanes  ,  la  sou.scriptio.T  réalisée, 
et  l'es.'^ai  de  la  bonté  d<:  cet  aliment  a  f  arfaite- 
men  réussi  :  les  chefs-lieu  des  auires  arrondis- 
scmens  n'attendent  que  le  succès  dtt  la  tenta- 
tive d'Ai^en  pour  l'imiter.  C'est  dans  les  hos- 
pices que  !e  feront  les  so'jpr;s  et  le*  disiributious. 
Elles  seront  pour  leuis  con.sommaiions  intérieures 
un  moyen  d  économie  .  ii  je  crois  que  <  eue  di- 
rection nouvelle,  ofFc-rle  à  la  (  harité  pa-tituliere , 
Jui  donnera  une  activité  plus  grande.  La  ra:;on 
dune  livre  et  dem'e  ttvi.-ndra,  à  cause  de  la 
cheilé  des  grains  ,  h  12  cttii.  envnon. 

Extrait  dune  lettre  écrite  au  cit.jaujjret,  secrétaire 
perpétuel  de  la  société  des  Observateurs  de  i  Homme, 
par  le  cil.  GiUbert ,  médecin  à  Ljun  ,  l'un  des 
correspondans  de  la  société.  —  Ljon,  27  fri- 
maire an  9. 

Si  on  vous  patle  à  Paris  d'une  épi- 
démie qui  ravage  notre  ville  ,  assurez  hardiment 
'qu'elle  n'existe  pas.  U  le  simple  tievre  c>tharrale 
remitier:te  piédoniine,  qui  n'est  poin;  contagieuse. 
Ede  a  frappé  une  centaine  de  gens  crainiit's  qui  , 
Se  semant  alieinis,  onl  cié  à  la  contagion. 
Signé  GiLiBERT ,  professeur. 


Paris  ,  le  \o  nivôse. 

Hier  a  été  inhumé  'e  citoyen  Cousin,  membre 
du  sénai-conservaleur  et  lie  l'institet  n.iiional.  Le 
sénat,  l'institut,  les  professeurs  du  collège  de 
France  ,  ont  assisté  en  corps  à  celle  ccréirionie 
funèbre  :  beaucoup  d'autres  savars,  et  de  ci- 
toyens de  tous  les  ordres  accompagnaitni  le 
convoi.  Le  respect  et  la  douleur  cjui  reg'iaient 
dans  le  cortège  ,  étaient  un  juste  hommage  rendu 
à  un  homme  égalenien;  recoraniandt.ble  comme 
savant  et  comme  excellent  citoyen. 

Le  citoyen  Lefevre-Gineau,  de  l'institut ,  a  pro- 
noncé  le  discours  suivant  : 

a  Au  moment  où  nous  déposons  dans  ce  der- 
nier asile  les  restes  d'un  citoyen  vertueux  ,  nos 
larmes  difcnt  bien  plus  éloquemment  que  je  ne 
puis  le  faire  ,  combiea  est  grande  la  perle  que 
les  sietices  et  la  patrie  ont  faite  dans  le  citoyen 
Cnuîin. 

Piofesseur  à  l'école  militaire  pendant  vingt 
années  ,  au  collège  de  France  pendant  trente- 
deux  ans  ,  de  l'académie  des  sciences  «rt  membre 
de  I  institut  national ,  ces  titres  sont  un  témoi- 
gnage aulhenique  et  des  talens  qu  il  possédait  et 
de  la  considération  qu'il  a  méritée,  dans  les 
sciences. 

Les  Mémoires  de  l'académie  renferment  ses 
découveiies.  Un  traité  de  calcul  intégral  et 
difiéreniiel  ,  son  ouvrage  sur  l'astionoraie  phy- 
«i()ue  ,  des  éléniens  d'algèbre  ,  aiicsieni  la  pio- 
iobdeui  ,  l'ciendue  et  la  piécisian  de  ses  idées  en 


géométrie.  Et  les  hommes  nue  ses  leçons  ont 
formés  ,  dont  plusieurs  ,  étiangeis  à  la  France  , 
sont  en  Euiope  m.-.intenant  au  premier  rang 
dans  les  lettres,  tandis  que  les  autres  ,.  dans 
nos  armées,  S' rvent  la  paiiie  avec  uistinclioti  : 
'.ous  se  glorifient  de  l'avoir  eu  pour  maître  , 
tous  ont  cherché  avec  empressentieiil  à  ie  con- 
server pour -ami.  Moi-n.ême .  dont  i!  accutillii 
la  jeunesse  ,  il  qu d  honotait  de  son  amitié  ,je 
dépose  sur  sa  tombe  la  douloui*,"jse  expiession 
de  ma  reconn.iis'ance  ;  c'est  lui  qui  oitviii  eu 
moi'  les  sources  de  lapiitsce,  t'  ]ii;vi|:c  lins- 
truciion  est  si  utile  aux  hociiuies  ,  je  lin  dois  un 
bienfjit  plus  grand  que  ce  ut  de  !a  vie. 

Elu  par  le  peup'e  ,  ofHiier  municipal  en  1791  , 
il  n'a  pas  cessé  depuis  de  >ervli  ia  piiiiie  ou  d  ,■ 
souffrir  pour  elle.  Adniiiii.siraieur  ds  subsis- 
tances la  même  année  ,  il  déiourra  le  fi'-ii  de 
la  famine  ijui  nous  menaça  t  ;  p:é,;deii.  Je  io.i- 
minisiraiion  du  dépari-racnt  au  i^'  ).r,Miii,l 
an  3  ,  il  alfroD.a  la  ntoit  pour  coii;[i  iaicr  les 
furieux  qui  voulaient  relever  la  lerreui.  Ajini- 
nisirateur  au  bureau  central  ,  il  nous  len.tit 
l'abondance  en  tendant  ^,u  comii'.eic  ■  la  Idjené  : 
et  lorsque  le  bien  lui  ;ia.  ut  rmjjos  ;ibir  à  la-.re, 
il  donna  sa  démission  ;  le  peuple  ,  ijjeiij  jcs  mois 
après  ,  le  nomma  législateur. 

Présent,  comme  homme  public  ,  aux  plus  ter- 
ribles crises  de  la  révolution  ,  il  ne  luléloigné 
que  dans  les  momens  adieux  otà  tiiuies  lesvetius 
étaient  suspectes  ;  et  son  an-e  tut  iisé'uranlai-ile 
dans  les  cachots  comme  au  nmon  cli'i  alTaires. 
Il  sortit  de  sa  prison  potir  livret  à  U  pre,tse 
un  ouvrage  qu'il  avait  composé  sous  le  glaive 
dej  bourr-  aux. 

Enfin  ,  sous  un  gnuverninient  iibrral  eljiiste, 
I  il  respirait  assis  dans  le  sé-i-sl  ,  (  ouservaiei.ir 
auguste  de  nos  libertés  ;  le  sort  na  pas  \oulii 
qu  il  joeît  long  tems  de  voir  le  b- nheur  du 
peuple  s'achcmiirer.  Il  n'csl  plus;  mais  la  p:'sicriié 
consacrant  nos  regrets,  insciira  Sc-n  1  om  painii 
ceux  d-s   philosophes  bienfaiteurs  de  l'huiîtinité. 


Le  barreau  français  vis  nt  de  perdre  un  juris- 
consulte qui  fut  autrefois  ,  comme  orateur  ,  l'un 
de  ses  plus  brillans  otneniens;  le  cil.  de  Bon- 
nicres  est  moit  ,  dans  la  vigueur  de  son  âge, 
d  une  péripneumonie  .  ou  inflammation  d  s  pou- 
mons ,  au  moment  otà  il  parai-sait  jouir  d  :  la  plus 
parfaite  sanlé.  Il  appartient  à  ceux  qui  ,  coutatjt 
avec  lui  la  même  car.iere  ,  ont  mieux  connu  son 
précieux  talent  et  le  charme  de  ses  qualités  per- 
sonnelles, d'honorer  sa  mémoire  par,  un  juste 
lrib-:t  d'élog.s.  La  nature  avait  doué  le  citoyen 
de  Bonnieies  d'une  rare  faciliié  délocution  et 
d'une  admirable  mémoire  ,  joinles  à  lo'jies  les 
çraces  dune  figure  aimable  ,  de  l'oigane  le  plus 
flatteur,  et  d'une  action  (oujous  i;at',ire!!r  et 
toujours  heuteu'e  :  on  rernaïquaii  rucoie  e  ■  lui 
un  esprit  à-lafois  méthodique  .juste  et  lé.ond, 
et  une  grande  neile  é  d  idées  ;  mais  ,  ce  qui  est 
au-dessus  de  toui  cela  ,  et  ce  qui  le  rend  éternel- 
lement reg-ettable  à  la  société  et  à  ses  coulr-res  , 
c'est  son  aménité  ,  sa  loyauté  ,  sa  dcltcatesse  ;  c'est 
la  simplicité  et  en  même  lems  lit  pur.ié  de  ses 
mŒturs  ;  c'est  la  réunion  de  toutes  les  qualité':  de 
I  esorii  et  du  cœur  cjui  lui  conciliaient  en  iii,êine 
lems  ei  l'esdmc  et  l'amitié  de  toui  le  monde.  Deux 
fois,  le  citoyen  de  Boiiniercs  éch.ippa  aux  pros- 
criptions ei  aux  massacres  des  prtsons  ,  où  il  (ut 
deux  fois  jet  lé  pai  les  ennemis  de  lotîtes  les  venus 
et  de  tous  les  talens;  failait-il  qu'une  m..rt  pré- 
maturée rendît  silôi  infructueux  ce  bi  niait  de  la 
Providence  ?  Delamalle. 


PREFECTURE    DE    POLICE. 

Paris  ,  le  9  nivôse',  an  9  de  la  république  fran- 
çaise ,  une  et  indivisible. 

Hier  à  quatre  heures  du  soir  il  avait  été  versé 
pour  les  indigens  de  la  lue  Nicaise  ,  huit  mille 
huit   cent    vingt  -  cinq   francs   cinq   cuniimes. 

Il  a  été  reçu  depuis  ,  savoir ,  d'un  anonyme  , 
48  liv.  ;  des  cfficiers  de  la  demi-brigade  de  vété- 
rans en  activité,  100  Ir.  ;  du  cil.  Couvreur, 
commissaire  de  police  de  l'administration  du 
Muséum,  12  fr.  ;  du  cit.  Bremont  ,  secrétaire- 
général  du  ministère  de  la  guêtre,  72  liv.  ;  iM 
cil.  Dclondie,  I2  liv.;  des  propriétaires  du 
Journal  des  Débats,  5o  fr.  ;  d'une  dame  anon;nie, 


aS  fr.  ;  des  officiers  de  bouche  et  de  la  chambre 
du  premier  consul .  1  5o  fr.  ;  des  membres  et  em- 
ployés du  dirtctoiie  de  l'habillement  et  équipe- 
ment des  troupes,  120  f..;  du  citoyea  Oupral  , 
12    liv.  ;    du  tribunal  ,  lioo. 


tribunal     de     cassation. 

Le  tribunal  de  cassation  a  statué,  le  5  brumaire 
dernier,  sur  une  question  importante,  pawle 
point  (le  jurisprudence  ,  qu'elle  lui  a  donné  occa- 
sion de  huer  en  matière  de  perception. 

Un  percepteur  des  coniribu'ions  ,  traduit  au 
tribunal  criminel  de  Sens,  comme  reliquatairc  de 
denieis  ,  sotncuait  que  celte  r.-cherche  n  élait 
point  du  revsori  criminel ,  et  demandai!  son  renvoi 
devant  les  iribunatix  civils.  11  appuyait  celte  de- 
mande ,  sur  ce  qu  il  n'était  point  percepteur  'éeal  ,. 
n  y  avant  ).>oiiit  eu  d  adju  .licafion  à  son  profil  ;  lur 
ce  nu  d  ue  u  rcevait  que  bénévolement  et  par 
obiigeatice  pur  son  administration  municipale 
qui  len  aviii  niié;  sur  ce  qu  il  n'était  accuse  ni 
de  f'us  ni  d  .lucune  csjii'ce  d,.'  prévaiicaiion  qui 
seuls  pouvaient  d;wi.;ei  lien  a  l'action  triminelie  ; 
sur  ce  que  la  vér  ii'.alioTi  de  ses  vôU  s  n  avait  pas 
été  exacie  ,  et  rju  d  éiaii  laclle  de  concevoir  une 
erreur  de  ia  part  des  vérificaieu.s  dans  un  tems 
de  concurrence  e.ilre  laigent  et  les  papiers.  Il 
soutenait  ija'unc  nouvvl  e  \éiilica;ion  prouverait 
sa  libération:  ija'an  .sut  nlus  ,  il  a.ait  des  biens 
suffisan.s  pour  répoinlie  ;  q"  un  perc  ■iiieur  o-biigé 
de  fournir  caution  ,  et  soerais  ,i  la  ^o-  ir,,:nle  par 
corps  ,  par  ceia  seul,  n'ét,!i.  responsabie  (jue  civi- 
lement etjugé  lui  par  la  loi  :  que  la  loi  ne  mettait 
pas  noinraement  ivS  percepteurs  an  laug  des  fonc- 
tionnaires publics,  et  <)u'r  a  .igueur,  .-.i  I  on  pou- 
vait recourir  a  la  voie  crimineile,  on  pouvatl  légi- 
lem>  ni  prendre  la  voie  ctvile  ,  s  il  uy  en  avait 
pas  défense  expresse. 

Le  nibunal  criminel  de  Sens  avait  accueilli 
ces  observât  ons  ,  et  sur  la  casiation  de  son 
j'jgement  ,  le  tribunal  criminel  d'Orléans  saisi  du 
renvoi,  s'est   de  même jus.é  incompétent. 

Nouveau  potirvoi  de  la  part  du  commissaire 
du  gouvernement  ,  et  s'est  sur  son  réquisitoire 
que  le  tribunal  de  cassation  (sections  léunies  ), 
persistant  dans  son  opinion,  a  jugé  .  en  droit  , 
qu'un  percepieur  est  un  lo^iciioiitiaire  public  ; 
en  fait  ,  qu'un  ci'toycn  qui  ,  à  délaiii  d  un  per- 
cepietir  légal  ,  percevait  bénévolement  ,  était 
percepieur  .  et  qu'en  conséquence  ils  étaient  , 
l'un  ei  l'autre  sou;iiis  à  l'action  criminelle  ,  et 
n'étaient  soumis  qu'à  celte  action. 

Ce  jugement  ,  re.:du  sur  le  seul  réquisitoire 
du  commissai.-e  du  gouvernement,  la  été  par 
défaut  du  percepteur. 

Le    citoyen     Marlineau  ,     défenseur     avoué    - 
ce  tribunal  ,   a  t., il    un    mémoire   sur  celle  grao 
question    d  orare  public. 


Ma    ri    n    e. 
C  EST  toujours   un  service   à   rendr 


jX   per- 

,  ,     ,  i   affaires 

onnes   qui    parleni    ou    écrivent   sur^^  ^      ^^^ 

publiques  ,  de  leur  m,  me  sous  les  ■•„,,^,     ■^^^l 

seigucineusqu,  puissent  prévenir  1,,  ç,, 

le    cale  ■     et    les    e>;a"eratio:js   d,'  1      ,    „      ,;1 

,,       .,  "  nun  de  les  voir 

auxquelles    il   n  esl  que  trop  co 

se  laisser   aller.  f       ,     .    . 

1,  .  I         I .     -1  .administration    de 

Il  parait  que  les  A^^\^  ^.^,,,  ^o^,,^n  cvc^ 
manne  son,  decerombj^,  énoncées  avec  as- 
des  opinions  tres-recenr  .       j  ^    ur 

'  ,     ,  lue   \in  grand  oubli  ,  si- 

surance  ,  ou   Ion  rem-'  ,    °  a:.,-.\\,.    „.  .   ,„ 

,auce   des    détails    qui   s  y 
non   nne   grande  igr  ■* 

rapporieni.             ,  , 

»,  .  •   rs    donc   ici  un   appercu    des 

Nous    présente.  ^             Tepoque  de  son 

dépenses  de  la  ^^^      ^\    ,'5^         ■ 

reiabluseraent  .   ,                      ,1. 

au  à   1780-    i'  *°''"  P"'5^5    ''^"^    ""  travail    au- 

1        .'   "'.ait   en  1700   par    l  assemblée   consti- 

th,-n!ique  ,  '»      1 

tuante. 

£/,  .  de  1689  a  I7i5.  Les  dépenses  générales 
j  I  .liarinc  coiiicrenJ  à  la  France  ,  année  com- 
*  ^  ,  environ  16  radiions  pendant  la  paix  ,  et 
?^"mllions  pendant  la  guerre  qni  se  termina 
'r  le  traité  d'Uirechi  ,  et  où  les  français  doii- 
fcrent  les  plus  giandcs  preuves  de  talent  et  de 
courage  dans  plusieurs  combats  où  ils  lurent 
victorieux  à  farces  égales  ,  ou  ils  dispuiercnt 
habilement  la  victoire  avec  une  grande  iuléris- 
rité  de    moyens. 


41  0 


Ipnqut  àe  17 16  à  1743.  Les  dépenses  de  paix; 
pendant  cet  intervalle  furent  de  18  millioas 
par  an. 

Epoqut  de  1744  à  1754.  Pendant  la  guerre  peu 
active  de  1744,  les  frais  de  la  marine  française 
n'exigèrent  qu  un  fonds  annuel  de  4^  millions  , 
)  année  commune  de  paix  lui  de  24  iïiillic*ns. 

Epoque  de  \-jbb  à  1764.  La  dépense,  année 
commune  de  la  guerre  commencée  par  les 
nnglais  en  1754,  et  qui  se  termina  à  la  paix  de 
17(53  ,  fut  de  64  mil  ions  ;  à  la  paix  ,  !<»  dépense 
revint   à  24  millions. 

Epoque  de    1765  à  177 1.   Les  dépens-es  de  paix  j 
lurent  de  3o    millions  ,   y    compris  les   frais   des  )  i.étrante 
ctablissemens    du   port   tie    I  Orient,  de   l'Ile-de- 
France  ,  de  Bourbon  ,  de  Pondichery  ,  etc.,  cédés 
au  roi  par  la  Compagnie  des  Indes. 

Epoque.de  1772  à  1775.  La  dépense  ,  année  com- 
mu:)c  ,  fut  dans  cetintervalle  de  38  mil  Ions. 


Epoque  de  1776  31789.  La  dépense  année  moyen- 
ne,, s  est  élevée  pcnJant  la  guerre  ,  à  cette  épo- 
que ,  à  une  somme  de  160  millions  ,  et  depuis 
la  paix  jusqu'à  I  époque  de  178g  ,  à  63  millions. 

Le  total  de  ces  soraaies  lait  3,904  millions  pour 
loi  ans  ,  de  déptn-es  de  toute  espèce  de  la  ma- 
rine frnnçjiise  et  de  l'adininistraiion  des  colonies, 
qui   en  a  toujours   fait  partie 


les  formes  de  son  style.  II  crée  des  expressions 
qui  ont  une  sorte  d'immensité  comme  ses  pen- 
sées :  il  soumet  la  langue  à  son  fiénie  ;  il  s'af- 
franchit de  ses  règles  sa^s  offenser  sa  délicatesse; 
il  lui  impose  des  lois,  et  la  force  à  prendre  les 
formes  neuves  q'-;i  conviennent  à  la  hardiesse  de 
ses.  conceptions. 

Fléchier  n'a  point  d'expressions  originales  , 
mais  il  a  picscjuc  toujours  le  ajol  propic.  Son 
style  est  un  modèle  de  correction  ,  ti  éiég.ince 
cl  d'harmonie.  Il  se  livre  trop  à  la  seduciion 
des  pen^ées  ingénieuses  ;  et  les  aniitliLses  qu  il 
prodigue  ,  sont  quelquefois  coniraires  à  la  grande 
éloquence  ;  mais  que  la  sienne  est  douce  et  pé 
[uel  brillant   coloris  !   q 


lînvsse 
dans  s-s  idées  .'-et  quelle  foule  de  réflexions  mo- 
rales et  édiliantes  ! 

Pour  lui  ,  la  religion  est  une  mère  indulgente 
et  tendre,  qui  coDSole  ses  ei'fans  et  leur  par- 
donne ;  dans  les  i'mages  de  Bpssuel  ,  c'est  une 
déesse  auguste  et  formidable  ,  qui  promît  aux 
hommes  vertueux  des  récompenses  magnifiques, 
et  qui  menace   et  fait  trembler  ses  ennemis. 

Les  dogmes  df  la  religion  ,  ses  mysièr-s  ,  ses 
prodiges  étaient  les  grands  tcsioris  de  l'éloqi.'ence 
de  la  chaire.  Il  serrible  qu'elle  na  peut  se  pas.^er 
de  ce  merveilleux  ,  sans  perdre  de  sa  jouissance 
et  de  sa  miij'.'Sié.  Comme  il  f;ut  des  fictions  à 
la  poésie  ,   il   faut  une   religion  ,  il  f.iut  des  près- 


Il  >st  inutile  de  fiire  remarquer  au   lecteur   ju-     tiges  ,    oserai-je  le  dire  ,   il   (aut  des  superstitions 


dicieux  que  dans  la  diffeicnce  des  trais  aux  di 
vers,  s  é))''ques  ,  il  faut  fair.-  entrer,  1°.  la  dif- 
férence du  prix  du  marc  darge.it;  2°.  de  celu 
des  d-nrées  .  fini  ont  augmenté  dmsune  pro- 
portion p'us  forte  que  cède  du  marc  d'argent. 
,  Peuchf.t. 


LITTÉRATURE. 

De  l'ornison-fuMbre  ,  et  particulièrement  de  celle 
prononcée  par  le  cit0)en  Garât ,  le  i"  vendémiaire 
an  9. 

L'ORAISON  FUNEBRE  est  à  l'éloquence  ce  que 
i'cpopéc  est  à  la  poésie.  Les  images  les  plus  bril 
lames,  1;  s  tiguics  les  plus  hardies  ,  les  mou- 
vemens  les  plus  passionnés  doivent  entrer  dans 
la  composition  de  ce  discours.  C'est  là  qu'il  laut 
ctalïr  toute  la  pompe  des  périodes  ,  toute  la 
nijgni&cence  des  expressions.  L'orateur  ,  comme 


imposantes  à  l'oraison  fu!)ebre.  Seule»  ,  elles  lui 
donnent  la  vie.  Sans  les  idées  surhumaines  ePe 
n'est  plus  qu'une  histoire  qui  emprunte  les  otne- 
mens  de  l'éloquence  ordinaire  ;  elle  n'est  qu'un 
tissu  d'amplifications  plus  ou  moins  brilLmtes. 
Elle  laisse  l'-s  hommes  sur  la  terre  ,  au  lieu  de 
les  transpoaer  dans  ces  .régions  idéales  ,  que 
l'imaginaiion  des  prê'res  de  tous  les  cultes  a 
créées  ,  pour  épouvanter  les  mortels  ,  ou  pour 
leur  donner  l'idée  de  la  féliciié  supiême. 

Mais  la  révolution  a  substitué  aux  croyances 
r:-ligieuses  qui  commençaient  à  s'aflaiblir  ,  des 
doctrines  philosophiques  dont  les  progiès  étaient 
aussi  rapides  qu'universels  ,  et  des  idées  politi- 
ques qui  avaient  latiraii  de  la  nouveauté  ;  ce 
changement  dans  les  opinio'is  et  dans  les  pré- 
jugés, fit  prendre  à  l'oraiso.  funèbre  un  npuveau 
caractère.  On  n'oubliera  point  celle  cie  Francklin, 
prononcée  par  Miiabeau  deva-^t  les  rcpiéseiitaiîs 
de  la  nation.  Peu  de  tims  apiès  ce  grand  ora- 
teur devint  à  son  tour  le   héros    de   nidle    orai 


le  poète  ,  peut  évoquer  les  morts   ,  ouvrir  le  Ciel 

aux  yeux  des  vivant  ,    faire  parler  la  Uivmite,  et  j  ^^^^  funèbres  ,  dont  retentirent   toutes   les   com- 
munes de   la   Fiance  ,   que  sa    mort    avait  mises 


prêter  même  aux  objets  inanimés  un  langage  et 
des  passions. 

Les  anciens  qui  ont  été  nos  maîtres  dans,  tous 
les  genres  d'éloquence  ,  ont  connu  celui  de 
l'oraisoa  funèbre.  La  plus  fameuse  de  toutes  ces 
oraisons  ,  celle  qui  produisit  les  plus  grands  effets 
fut  ,  sans  doute  ,  le  discours  d'Antoine  aux  ro- 
mains ,  en  leur  montrant  la  robe  ensanglantée  de 
Cîsar.  Le  panégyrique  de  Trajan  que  Pline  le 
jeune  prononça  dans  le  sénat  ,  est  aussi  un  des 
chefs-d'œuvre  du  genre  démonstratif. 

L'éloquence  ,  comm'e  tous  les  autres  talens 
de   I 


en  deuil  Celle  que  prononça  le  fameux  abbé 
Fauchît,  dans  un  des  éd  fices  de  Paris  ,  peut 
donner  une  idée  de    l'esprit  qui   régnait  alors. 

Enfin  la  guerre  de  la  liberté  ,  qui  a  fait  naître 
tant  de  capitaines  illustres  ,  en  a  déjà  enlevé  plu- 
si':urs  à  la  patrie.  Leur  éloge  est  devenu  le 
sujet  de  plusieurs  oraisons  funèbres  ,  011  les  idées 
politiques  tiennent  la  place  des  pensées  reli- 
gieuses. 

Le  panégyrique  du  général  Hoche  ,  celui  du 
général  Joubert  ,    prononcés  tous    deux    au    mi- 


I  esprit,     dégénéra    prodigieusetnent    dans    le     |^^_^     ^^    Champ'-de-Mars  ,     l'un  '  par    Daunou 
yen  âge.  Au  tems  d  Henri  IV  et  de  Louis  XIU     j,^^^^_.^  Chénier  .  sont  des  morceaux  remar 


les  oraisons  funèbres  offraient  encore  un  entas 
senaent  de  métaphores  exagérées  ,  de  pointes 
triviales  ,  de  piovcrbcs  et  de  citations  de  grec 
.  et  de  latin  ,  tirées  indistinctement  des  auteurs 
profanes  et  s:;cré5. 

Enfin  ,  Bossuet  vint  rendre  à  l'éloquence  son 
antijjue  majesté.  Ce  fut  un  aigle  qui  séleva 
jusqu'au  ciel  ,  et  qui  ,  selon  l'expression  du 
poèie  ,  entretint  commerce    avec  les   dieux. 

Fléchier ,  moins  véhément  ,  mais  plus  fleuri  ; 
moins  sublime  ,  mais  plus  sensible  peut-être  , 
porta  dans  l'éloquence  de  la  chaire  les  richesses 
d'une  imagination  féconde  ,  les  agrémens  d'un 
esprit  ingé, lieux  ,  les  grâces  du  style  ,  et  le  pa- 
thétique attendrissant  qui  naît  des  sentimens 
tendres  ,   unis  aux  réflexions  mélancoliques. 

Bossuet  s'empare  foitemenl  de  son  sujet.  Il 
le  domine  ,  le  fécohde  et  l'attire  à  la  hauteur 
de  son  génie.  Nul  orateur  dans  l'antiquité  ni 
chez  les  modernes  ne  fut  doué  d'une  imagina- 
tion plus  élevée  ,  d'une  éloquence  plus  impé- 
tueuse :  Us  sentimens  ,  les  idées,  les  images, 
les  mouvcmens  les  plus  imprévus  se  succèdent  , 
se  pressent,  entraînent  fallention  de  l'au  Jiteur  , 
et  mettent  en  mouvement  toutes  les  facultés  de 
son  ame.  Nul  ne  parla  du  leras  et  de  la  mort  , 
de  Dieu  et  de  1  éternité  avec  plus  de  force  et 
de    grandeur. 

Fléchier  sait  enrichir  un  sujet  ingrat;  il  se  sou- 
tient à  la  hauteur  d'un  s^ijet  élevé  ,  mais  ii  ne 
lui  donne  pas  une  grandeur  nouvell-.-.  11  plaît 
•  à  lespntsaiis  ébranler  l'imaginaiion  ;  il  parle  au 
cœur  ,  sans  aitaquer  à  la  fois  toutes  les  facuhés 
pensantes  .t-t  sensibles  de  1  homme.  L  fait  naîtte 
'des  émotions  doues  et  prolonuérs  ;  mais  i\ 
n'exerce  point'  1  empire  inévitable  des  passions 
Il  a  moins  demouicmens  que  d  images  ;  il  jugi 
les  hommes  en  philosophe,  et  les  instruit  er 
moraliste. 


quables   par  le  talent    des    orateurs  ,    autant  que 
par  les  faits  dont  ils   offrent  le   tableau. 

Le  dernier  discours  de  ce  genre  ,  est  l'éloge 
funèbre  des  généraux  Kleber  et  Desaix.  C  est 
ce'ui-là  seul  sur  lequel  je  veux  m'arrêter  un  mo- 
mert,  et  hasarder  queiqurs  léflexions.  Q;ie  k- 
citoyen  Garât  me  pardo.me  les  erreurs  qui  pour- 
ront m'échapper  Oans  cet  examen.  Je  crois  lut 
rendre  un  juste  hommage  ,  en  exprima:.!  avec 
franchise  ce  que  je  pense  d  un  ouvrage  ,  pour  le- 
quel j'ai  la   plus  haute  estime. 

L'exorde  de  cette  oraison  funèbre  est  remar- 
quable par  la  belle  apostrophe  à  Louis  XIV, dont 
la  statue  s'élevait-  autrefois  à  la  place  même  où 
l'orateur  prononçait  l'éloge  de  deux  héro.s  répu- 
blicains. C'est  une  des  idées  les  plus  ingénieuses 
et  les.  plus  nobles  à  la  fois  de  ce  discours.  Tous 
les  maîtres  de  l'éloquence  ont  su  profiter  ,  avec 
cette  habileté  ,  du  lieu  et  des  circonstances  oià  ils 
ont  parié. 

L'exposition  du  sujet ,  que  les  rhéteurs  nomment 
la  proposition  ,  est  simple  et  claiie;  c'est  à  cette 
partie  du  discours  que  commence  l'extrait  qu'en  a 
donné  le  Moniteur. 

Vient  ensuite  la  narration  ;  elle  offre  une  nou- 
veauté bien  remarquable.  Il  fallait  r.iconter  k 
vie  et  faire  l'éloge  de  deuft  héros  à  la  fois  ,  tauôt 
léunis  ,  tantôt  séparés  ,  et  qui  n'avaient  nen  de 
commun  ensemble ,  que  d'avoir  combattu  pour 
la  même. cause  et  quelquefois  dans  les  mêmes 
armées.  Il  fallait  les  réunir  dans  la  pensée  ,  et 
parler  touràtourde  run;et  de  l'autre  ,sans  paraître 
abandonner  continuellement  le  sujet  du  discours  , 
sans  affaiblir  l'iaiérêt  en  le  divisant.  Il  fallait  sa- 
voir tjrer  de  ce  défaut  même  des  beautés  nou- 
velles ,  en  ajoutant  à  l'éclat  des  poriraits  pjr  les 
oppositions.  Ces  difficultés  étaient  presquinvin- 
cibles:  l'orateur  les  a  surmontées.  On  ne  peut 
trop  applaudir  aux  transitions  heureuses  qui 


gcrs  les  uns  aux  autres.  L'an  de  donner  de  l'utiitè 
à  un  sujet  complexe  est  uni.-  sorie  de  phénomène 
en  éloquence  comme  en  poésie. 

Il  faut  admirer  dans  cette  narration  le  récit  de 
la  bataille  de  Tilfaug?  dans  la  Vendée  ,  de  léva- 
cualion  de  Kehl  ,  de  l'un  des  pjssages  du  Rhin 
par  Kleber  ,  et  de  plusieurs  autres  actions  mé- 
morables. 

L'orat-urn'a  pas  dédaigné  cette  foule  de  traits 
panicutiers  .  d'anecdotes  ,  de  mois  heureux  qui 
peignent  si  bien  les  homines  illusiie.s  ,  et  qui  ont 
lait  dire  que  la  lettre  de  madame  de  Sévigné  ,  sur 
la  mort  de  Turenne  ,  fesait  plus  aimer  ce  héros 
que  le  chef-d'œuvre  de  Fléchier.  11  faut  savoir  grji 
au  ci'oyen  Garât  d'avoir  senti  que  ces  anccdoies 
ne  déparaient  point  l'oraison  fum.bie  ,  et  d  avoir 
don-  é  à  ce  genre  de  composition  un  nouveati 
degré    d'iniérêt. 

Après  avoir  tassemblé  tous  ces  faits ,  après  avoir 
raor.tré  tour-à-tour  ses  deux  héros  sur  les  diffé- 
rens  théâir.-s  de  leur  gloiie  ,  il  les  rapproche  ,  et 
offre  le  parallèle  de  leurs  vert^  s  et  de  leur  génie. 
Ainsi  B  ssuet  comparaTnreiine  au  grand  Condé. 
On  peu;  ici  meitr.e  les  deux  orateurs  eu  parallèle, 
ainsi  qu'ils  y  ont  mis  leurs  héros;  nrris  c  est  le 
seul  moiCL-au  peui-êi  e  où  ie  citoyen  Garât  ait 
des  rappoiis  .-<ve<-  Bossuet.  Son  talent  paraît  avoir 
avec  celui  de  Fléchier  beaucoup  plus  d'analogie. 
Il  a  souvt-nl  hs  beautés  de  cet  oraieur  ;  il  a  aussi 
ses  rlélauts  :  comine  lui  .  il  est  plus  souvent  bon 
écrivain  que  grand  orateur  ;  comme  lui  ,  il  s'arrête 
avec  trop  de  complaisance  sur  l.  s  idées  qui  oft.ent 
des  aniùheses  ingénieujcs-  Il  en  tlrerche  quelque- 
fois dans  l  s  mois.  On  pourrai  lui  reprocher  aussi 
quelques  phras-s  obscures,  tjuelques  expressions 
qui  manque  ;t  ou  d-j  noblsse  ou  d'harmonie, 
même  qaeirjues  langueurs  ;  mais  ,  en  général  , 
il  y  a  dans  cet  ouvrage  t:int  d  idées  justes  ,  des 
réflexions  si  intéressan'es  ,  tant  de  faits  si  bien 
racontés,  et  des  difficultés  vaincues,  que  la  cri- 
liqu.:  est   désarmée. 

D'ailleurs  il  faut  consiilérer  q^ue  le  cit.  Garât 
ne  pouvait  disposer  des  moyens  oratoires  que 
Bossuet  et  Fléchier  trouvaient  dans  la  r.lii^ion 
dont  ils  éiaient  les  miuisiies.  Au-.si  l'oiatcur  r--;- 
publicain  a-l-il  senti  la  nécessité  de  s'écarj.er  des 
traces  de    ses   pré Jécesseuis. 

Le  caractère  qu  il  a  donné  à  l'oraison  funèbre 
est  moins  imposant  ,  mais  plus  philosophique  ; 
il  tient  du  genre  des  éloges  arartémiques  ,  dont 
Fontcnelle  a  lassé  des  modèles  si  biiiians  ;  mais 
il  a  p'us  délevaiion  et  de  pompe.  Il  faut  ap- 
plaudit aux  oraieurs  politiques  ,  dont  le  génie 
a  su  créer  de  nouvelles  ressources  à  l'éloquence  , 
et  qui  sont  parvenus  à  étenrire  Us  liinnes  de 
cet  art.  Mais  leuis  talens  n'empêcheioiit  pas 
peut-être  de  regiettcr,  sous  le  rappolt  de  l'élo- 
quence delà  chaire  et  des  profondes  impressions 
qu'elle  savait  pioduire-,  les  idées  religieuses  et 
l'empire  qu'elles  exerçaient  sur  les  esprits.  Rien 
ne  remplace  1  auloiiié  si  absolue  ,  si  respectée 
que  le  catectere  d'oiateur  sacré  donnait  aux 
Bossuet  et  aux  Massillon  sur  les  puissTnces  de 
la  terre  ;  ri  la  hardiesse  de  leurs  leçons  ,  ni 
l'auJace  même  des  menaces  qu'is  leur  lésaient 
au  nom  du  Çiel.  A  quels  efforts  de  talent  sont 
donc  obligés  nos  orateurs  pour  rendre  l'oraison 
funèbre  iniércssante  ,  depuis  qu'ils  ne  peuvent 
pius  recourir  à  ces  brillans  prestiges  ,  ni  à  l'au- 
lotiié   de  la  parole    divine  !  David. 


Nul  ne  fut  plas  audacieux  que   Bossuet  dans  ■  sent  dans  §on  discours  des  faits  qui  étcjient  éiran 


AU     REDACTEUR. 

J'ai  assisté  ,  le  3o  frimaire,  àla  séance  de  Sic.ird. 
Ce  nom  f-it  naître  tant  d  idies  accessoires  qui 
commandent  la  vénération  et  la  reconnaissance 
de  l'hu.r.aniié  ,  que  de  le  prononcer  suffi:  à  son 
éloge;  ce  n'est  donc  pas  de  cet  instituteur,  de 
sa  .méthode  ,  que  je  veux  vous  entretenir  ;  c'est 
de  l'efl'et  que  cette  séance  a  produit  sur  l'as- 
semblée. 

Celte  séance  étuit  un  drame  ;  et  y  en  a-t-il 
qui  puisse  faire  éprouver  de  plus  douces  émo- 
tions et  inspirer  à  la-fois  de  plus  nobles  peRsées  ? 

Il  est  bien  permis  de  s'enorgueillir  d'être  homme 
en  voyant  ce  miracle  du  génie  ,  Juire  parler  Us 
sourds  et  les  miâts  ;  car  ils  peuvent  parler:  .nais  , 
avec  des  moyens  si  féconds  de  cummunicition 
entre  eux  ,  notre  alphabet  ,  le  leur  ,  des  signes 
de  convention  qui  sont  autant  d'images ,  1  écri- 
ture ,  à  quoi  leur  seiviraii  le  parler  ,  ce  dernier 
et  pénible  effort  de  la  nature  déjà  vaincu.'? 

Co.mbien  d'assistans,  d'ailleurs  i.isiruits  ,  ont 
dû  se  dire  :  Je  ne  connais  pas  le  génie  pririior- 
dial  de  ma  langue  ,  ses  racines  ,  ses  ellipses  , 
les  règles  de  ma  grammaire  .  comme  ces  sourds- 
muets  ;  je  ne  donnerais  pas  de  définitions  sem- 
blables a  celles  qui  étonnent  dans  Massieu  ;  on 
se  rappelle  celle-ci  de  la  reconnaissance  :  C'est 
la  mémoire  du  cœur.  Celle  qu'oa  lui  en  redeman- 
derait aujourU  hui  ne  seiait  plus  la  même.  Peut- 
être  -se  boinerail-il  à  porter  sur  Sicard  ses  yeux 
baignés  de  larmes  ,  et  il  exprimerait  ainsi  ce 
sentiment. 

Je  lui  avais  demandé,  il  y  a  quelques  années  , 
'Qu'est-ce  quun  organe  ?  Il  écrivit  avec  la  rapidité 


411 


de  l'éclair  :  Cest  la  gaine  d'un  sins.  Locke  ,  Bonnet , 
J'eussei'i-ils  Jetiiii  avec  ceile  jusicsst  ?  un  philo- 
sopht;  de  Lacédéraone,  avec  ce  laconisme  ?  Non, 
l'histoire  I  aurait  consacré.  Le  méuiihysici' ri  , 
qui  aurait  trouvé  cette  définition  ,  n  en  ciii  jamais 
hasardé  une  autre. 

Massieu  ,  dont  l'art  de  raisonner,  de  sentir, 
permet  à  sa  mémoire  d  erre  i  fidelle  ,  itiiefro'ié 
par  moi  ,  dans  la  séance  du  3o  ,  sur  colle  même 
définition  ,  en  fit  une  toute  diffcrenie  ,  nioins^con- 
cise  ,  et  (]iu  apparienait  plus  au  loi;iricn  ;  ce  n'éijii 
pas ,  dans  ce  monienl  .  le  loi-icieii  de  la  naluie; 
Sicard  le  ramena  ,  d  une  iléRniiioij  qui  n'éiaii  que 
didaciique  ,  à  celle  dffinirion  i\';:,uiée  :.  L  organe 
tst  un  sac  vide  de  sens.  —  Chez  qui  ce  sac  est-il 
vide?  lui  dcmanda-t-on.  —  Chez  U  sourd  ,  le , muet 
(t   l'aveugle. 

Mais  voici  ce  que  Sicard  raconta  :  La  veille, 
cti  insiiiuieur  conversant  avec  son  élevé,  car  ils 
conversent  ensemb'e,  et  voulant  sonuei' ,  en  quel- 
que SOite  ,  1,1  profondeur  du  gérne  de  Massieu, 
qui  sait  si  bien  détiuir,  parccqu  il  conçoit  si  bien  , 
Sicard  lui  proposa  on  de  ces  piob'êmes  que  nul 
mélapbv'icien  n'a  encore  pu  résoudre  ;  il  lui 
demanda  ce  que  c'est  que  1'imfressjOj\  ?  Massieu 
la  lui  définit  ,  matérielle  :  il  lui  définit  éjialement 
"  LA  SENSATION  ,  spirituelle  :  comment ,  lui  demande 
Sicard  ,  l  impression  produit-elle  la  sensation?  Mùs- 
sieu  ne  peui  pas  répondre.  Sic;rdle  ciiconscrit 
da;'S  le  cercle  éiroit  de  la  lo>^ique,  ei  lui  demande 
comment  l  impression  ,  qui  est  toute  matérielle  .  peut 
produire  la  sensation  qui  est  toute  spirituelle  ?  Je  ne 
le  sais  pas,  dii  M.issieu  ;  linstiiuteur  le  presse 
de  nouv  au;  qu'y  n-t-il  donc,  ajoure-t-il,  entre 
t  impression  et  ta  sensation  ?  comment  se  remplit  cet 
intervalle?  Q_'iel  est  Is  nouveau  fil  d  Ariane  qui 
sortira  Mas-ieu  de  ce  îabyrinibe  de  !a  raéiaphy- 
sique  ,  égal  à  celui  de  l'é-erniié  ?  Il  léflécbii  ;  et  , 
comme  s'il  venait  d'êjre  trappe  d'un  irait  de  lu- 
nr-.icre  ,  d'une  inspiration  ,  il  se  précipite  sur  sa 
planche  et  écrir  :  DiEU  ! A  ce  mot  ,  pro- 
noncé par  Sicard  avec  le  senllm-nr  profond  de 
l'exisiênce  d'un  El.'e  Suprême,  dune  Providence, 
l'audiioirc  (  c'est  le  moi  dans  toute  so'i.accepiion  , 
car  ce  cercle  nombreux  d'ê:ri-s  moraux  éiait  de- 
venu une  assemblée  rEli:ie  se  )  exprima,  par  ses 
applaudissemcns  .  son  adhésion  à  ce  dogme  con- 
sol.'ieur  lie  l'exisience  d'un  Dieu  et  d'une  ame 
■immortcl'e. 

Celle  séance  si  intéressante  s'est  terminée  par 
un  dialo:iue  entre  Massieu  et  le  jeune  Jaco 
Dorhraann  (  .ie  Lisbonne)  qui.  lors  des  massa- 
cres de  septembre  ,  se  réfugia  à  Londres  .  et  qui 
s'est  enipre'sé  lIc  rcvcr.ir  prè^  de  l'abbé  Sicard; 
ce  jc-.-ne  homme  .  d'une  figuie  intéressante  et 
spiriiuelle  ,  répendait  en  ira  çai-.  ,  et  traduisait  en 
anglais  les   demandes   de   Massieu. 

Cadet-Devaux. 


Le  jous-préjet  de  l'arrondissement  de  Saint-Quentin  , 
département  de  l  Aisne  ,  les  maire  et  adjoints  de 
ladite  ville  ,  au  rédacteur  du  Moniteur  universel. 
—  Saint-Quentin  .  Snivôn,  an  g  de  la  république 
française  une  et  indivisible. 

Citoyen»  , 

La  petite  vérole  fesait  des  ravages  eftVayans 
dans  notre  ville  ;  en  moins  de  deux  mois  elle 
avait  moissonné  plus  de  i5o  enfans.  Les  prres  et 
les  mères  de  famille  étaient  ou  dans  la  doultur 
d'avoir  perdu  Its  tendres  objets  de  leur  afï't^ciion  , 
ou  dar>s  la  crainte  de  les  perdre  bientôt  :  au 
milieu  de  cette  calamié  nous  apprenons  que  le 
ciioyen  Joly  I  aine  ,  membre  du  conseil  de  pré- 
l'eciure  du  département  de  l'Aisne  ,  avait  invité  le 
cit.  Colon,  médecin  à  Paris,  de  venir  inoculer 
la  vaccine  à  sa  fille  :  le  citoyen  Colon  ayant  déféré 
à  sa  demande,  et  nous  ayant  fait  proposer  par 
les  citoyens  Oblet  et  Namuroy ,  ji'g-s  au  tribunal 
civil  ,  de  vacciner  gratuitement  les  enfans  des 
pauvres  et  des  militaires  ,  nçus  nous  sommes  em- 
pressés de  prévenir  nos  concitoyens  de  l'arrivée 
de  cet  estimable  médecin. 

En  effet  ,  il  vint  à  Saint-Quentin  le  5  frimaire 
dernier  ivec  deux  enfans  imbus  de  la  vaccine, 
et  pouvant  fournir  la  matière  propre  à  inoculer 
suivant  celte  nouvelle  méthode. 

A  dix  heures  du  raaiin  il  se  rendit  à  la  maison 
commune  ,  ovi  se  trouvèrent  le's  médecins  et  ch'- 
rurgiens  de  la  vi!le;  il  s  établit  une  conférence 
sur  celte  découverte  intéressanie  ;  et  d'après  ce 
qui  se  passe  en  A.:gleterre  et  à  Genève  ,  d'après 
le-s  expéri'.nces  faites  à  Paris  chez  le  cil.  Colon  , 
il  l'ut  démontré  que  celte  préiieuse  ei  bienfe- 
sante  méthode  préserve  pour  toujours  et  sans  dan- 
g.r  de  la  petite  vérole. 

Cinquante-neuf  enfans  firent  vaccinés  tant  en 
p  iblic  ,  à  la  mairie  que  dans  la  ville  cli  z  difié- 
iens  patiiculicrs  ;  il  est  à  notre  connaissance  in- 
time que  (juatre  sujets  seulement  n  ont  pas  reçu 
I  inscriibn  ,  que  I  inorulalion  a  parlaiteraent  réussi 
cficz  le»  antres  ,  sans  même  donner  lieu  à  aucune 
indisposition.  Depuis  ce  tems  ces  mêmes  enfans 
tiabiicnt  continuelltmcni  avec  d  auvtes  qui  ont  la 
petite  vérole  ,  et  aucu:i  n'a  été  aiieinl  de  la  con- 
tagion. 


Jalo'ix  de  rendre  témoignage  à  la  vérité  ,  et  en 
même  lems  justice  au  zele  ei  au  désiniéiesscnieni 
du  ciioycn  Colon  qui  a  naiuralisé  la  vaccine  chez 
nous,  nous  vous  prions,  citoyen  rédacitur, 
lie  donner  de  la  publicité  à  ccite  leitrc  par  la  vol^; 
de  voire  journal.  L;  s  habilans  île  Saint  Qiientiu  , 
et  nous  en  pa'riiculier ,  vous  en  aurons  une  véri- 
table obligiiilon. 

Nous  avons  Ihonneur  de  vous  saluer, 

C.  C.  DtJOCtR,  sous-préfet. 
BloîvDf.l  ,  maire. 


.Kole  sur  l'impôt  territorial  de  l  Aiiirtrlcrrs. 
A  Paris,  chez  Aa,nsse  .  imprimeur-libraire,  lue 
des  Poitevins  ,  n"  l8.  Prix  ,  5o  ceiir. 

C  es!  une  idée  bien  consolante  que  celle  ému- 
lation qui  se  lait  r-marquer  parmi  les  citoyens 
éclairés  ,  pour  publier  ,  au  commencement  de 
cette  seconde  session  du  corps-  égislaiif,  leurs  vues 
d'amélioration  sur  la  si.uaiion  économique  et  po- 
litique de  la  Frai.ce.  C'est  1  bonrnage  le  plus  sin- 
cère comme  le  plus  uùle  rendu  à  l'excellent  esprit 
qui  anime  les  premières  anlotiiés  constituées  de 
la  répub.ique. 

Le  prés-'nt  mémoire  relatif  à  l'impôt  territorial 
de  l'Angleterre  ,  ne  peut  qu'ajouter  au  vaste  do- 
maine des  médiiations  du  législateur,  de  l'admi- 
nistrateur et  même  du  propriéiairc-cullivateiir.  Il 
suffit,  pour  leur  en  recommander  à  lous  la  lec- 
ture ,  de  faire  connaîire  l'enchjînrmeni  des 
mjiieres  traiiées  dans  ce  mémoire. 

On  y  expose  :  Les  principes   généraux   relatifs  à 
toute  taxe  territoriale  :  —  l'origine  de  iimpôt  terri- 
torial.    ou   land-tnx   en   An'fieterre  :  —  la  propor- 
tion ou  quotité  .  les  e>iceptioiis  et  les  causes   de  l  iné- 
galité de  cette   taxe  foncière.  Oi  y  détermine /lowr- 
quoi  et  comment  on  ne  procède  pas   chaque   année  à 
une  nouvelle  évaluation  dujirod.uit  des  terres  :  —  pour- 
i  quoi  et  comment   la  taxe  porte   uniquement  sur  la 
j  rente  du  propriétaire  ,  et  dans    quel    cas  seulement 
'  on  fait  porter  l'impôt  sur  Us  terres  défrichées  ;  enfi    , 
j  l  assiette  ,   la  perception  ,  la   contrainte  ,  les  terme; 
de  paiement ,  ie«   frais    de  perception  et  les  clauses 
'  piénales  :  toutes  ces  parties  du  code  de  la  taxe  ter- 
I  liioriale  en  Angleterre,  sont  analysées  avec  clarté 
et  sagacité  Jans  le  mémoire  préser.té  au   public. 

I      Les    nombreuses    discussions  qui    ont   eu  lieu 
I  depuis  dix  ans   dins  le   corps  -  Iéi;i5hiif   relaiive- 
i  ment  à   la   coniribution  foncière   en    France  ,  ont 
!  suffisamment  lait   connaître   à  tous  les  intéressés  , 
\  qu.lle   est  à  cet  égard  la  position  des    choses;    le 
I  point  de 'comparaison  qui  l.;ur  est  offert  ,  ne  peut 
qu'ajouter  de   nouvelles  lumières  à  celles  qui  ont 
pu    résiiller  du   e  théorie,  soumise    depuis   plu- 
sieurs années  ,  aux  leçons  vigoureuses  d'une  expé- 
lience  qui  s'est  lait  ressentir  pour  legouvcinement 
comme  pour  les  contribuables. 

L'application  que  l'auteur  fait  à  la  France  ,  des 
idées  qu  il  dévçloppe  ,  mérit»  d'être  appréciée 
par  la  lecture  du  mémoire  même  ,  où  tout  se 
nenl , principes  ,  faits  et  conséquences. 

La  vériié  la  moins  susceptible  de  contradiction 
qui  résulte  de  cette  dociri  e  sur  Iimpôt  terri- 
torial ,  c'est  que  la  fxité  ou  l'invariabilité  dans  la 
taxe  ,  est  u  1  principe  fécond  d'améioraiion  pour 
la'jr'culture.  Cette  idèc-mere ,  pour  toute  puissance 
agricole  ,  a  é  é  indiquée  au  conseil  des  anciens  ,  le 
3  frifnaiie  an  7  ,  dans  le  rapport  d'une  commis- 
sion spéciale  sur  la  répartition  ,  l'assiette  et  le  re- 
couvrement de  la  contribution  foncière.  Mais  Vauteur 
anonyme  défend  ici  victorieusement  ce  principe  de 
U  fixité  de  l'impôt  foncier  ,  lorsqu'il  réfute  un  pré- 
tendu préjudice  pour  le  trésor  public  de  la  non- 
augmentition  annuelle  de  cette  taxe.  Car  ,  dit-il  , 
Il  il  n'est  pas  moins  évident  que  le  trésor  public 
en  r.-cevra:t  sous  mille  formes  ditFérenies  un  profit 
réel  ,  et  par  la  valeur  nouvelle  que  les  terres  ac- 
querraient de  l'augmenlation  dans  laquantité  des 
produits  ,  et  par  la  sécurité  des  propriétaires  , 
assurés  d  être  à  l'abri  de  toute  taxation  arbiraire  ; 
enfin  ,  par  la  confiance  publique  ,  qui  ,  (  consé- 
quence nécessaire  de  cet  h'tureux  résultat)  ,  aide- 
rait efficacement  le  crédit  national.  )) 


La  législation  française.,  ou  Recueil  des  lois,  des 
réglemens  d  administration  et  arrêtés  généraux  bases 
sur  la  constitution  ,  accompagnés  de   notes  ,  eic. 

Cet  ouvrage  n'a  ri,-n  de  cornmun  avec  les 
recueils  d'-  lois  ,  les  co'U  étions  particulières  con- 
nues sous  le  nom  de  codes  ,  ni  les'  tables  chrono- 
logiques qui  ont  paru  jusqu'ici.  L  auteur  a  porté 
ses  vues  beaucoup  plus  loin  :  son  livre  est  le  di- 
geste du  droit  français.  Reprenant  les  tiavaux 
conim-ncés  .  il  y  a  sept  ans  ,  par  le  consul  Cani- 
bacérès  ,  travaux  auxquels  il  avait  été  associé,  le 
citoyen  Locré  se  propose  de  faire  cesser  les  obs- 
tacles qui  s'opposent  à  ce  que  nos  lois  soient 
connues  ,  comprises  ,  exécutées.  Au  commence- 
ment de  l'an  9  on  comptait  en  France  2i53o  lois 
nées  de  la  ré'  olution  ,  et  disséminées  dans  plus'  de 
80  volumes.  Dais  cet  é'at  de  choses  ,  comment 
taire  u:.e  étude  su  vie  de  lois  qu  on  ne  peut  toutes 
connaître  .1  qui  ne  sont  pa»  placées  dans  un  jour 
tel  qu'on  en  saisisse  le  système  ,  l'euclwînemcnt , 


les  rapports  ?  Connmcn'  l'administrateur ,  le  )U|Ç|^^ 
le  rniliiaire  ,  l'agriculteur ,  le  marin  ,  le  ncgociairt , 
le  diplomate  ,  enfin  lous  ceux  qui  sont  ch  irgés  de 
loncuons  publiques  ou  qui  se  livrant  aux  diverses' 
professions  civiles,  rerrouveront-ils  dans  une  im"- 
mense  co  lection  les  dispositions  qui  les  concer- 
cerncnl  ? 

Le  projet  du  citoyen  Locré  est  de  nictire  un 
terme   à  celle  confusion. 

Dans  sa  lettre  au  premier  coosul,,  .il  fait  sentir 
(ju'on  prélendiaii  envain  y  pa^-,g,nir  par  une  tç- 
fcjnte  générale  des  lois  :  il  a  dpnc  f>llu  chercher 
d'autres  moyens.  Ceux  qu'il  ernpyie  paraissaient 
atleindre  le  luit.  ,     , 

Pour  fatiliicr  l'élude  suivie  de  noiri»  législation  , 
il  la  réduit  à  un  plan  ihèorirjue  qui  la  divis'c  <?n 
autant  de  parties  qu'elle  embrasse  de  matières  gé- 
nérales. Celte  division  n  est  pas  faite  'au  hasard  ; 
elle  est  tirée  d-.s  idées  londamenta'es  de  l'oïgatii- 
salion  sociale.  Chaqje  partie  lormc  un  co,lc  ,  '«t 
dans  ce  code  1  administratd'ur ,  le  juge  ,  le  mili- 
taire, le  néKOciani  .  I  homme  livré  a  telles  fonc- 
tions ou  à  telle  profession  que  ce  s'Oit  ,  tnuvc  t 
rassemblées  les  lois  qui  règlent  sa  conduire  ,  qui 
déterminent  et  assurent  ses   droits.  -  ■'■    . 

Il  était  possible  de  cbss:-r  sur  un  te'  plan  les 
lois  existantes:  cependant  coeime  (lies  n'ont  pas 
toutes  conservé  leur  foice  ,  latueur  écarte  cel  es 
qui  ne  sont  plus  en  vigueu,  ;  il  a  ixécuré  ce  ttiage 
d'après  des  règles  qu'il  pose  au  coit^mencf ment 
de  sa  troisième  partie. 

Maison  ne  pouvait  classer  de  même  les  lois  et 
les  réglemens  qui  seraient  faits  â*l 'avenir  :i.  n  exis- 
tent pas  même  dans  la  pensée.  On  ne  peut  les 
donner  que  par  ordre  chronologique  et  à  mesure 
qu'ils  paraissent.  L'auteur  ks  classe  par  des  ren- 
vois indicatifs  des  codes  auxquels  ils  appartien- 
nent ,  et  de  la  division  du  code  à  laquelle  ils  Se 
rapportent   spécialement. 

Cependant  ce  premier  travail  ne  tend  encore 
qu'à  établir  l'ensemble  et  l'ordre  dans  la  légis.a- 
t  on  en  général  ;  il  r.-rste  un?  auire  tâche  à  rem- 
plir; c'est  de  descendre  dans  le  détail  des  uis- 
posilions  ,  de  les  rapprocher  .  de  1  s  comparer 
en-re  elles  ,  d'indiquer  les  modifications  ei  le» 
changemtns  que  les  disposiii-.ns  nouvcl'es  ap- 
portent aux  disposiions  anlérieercs  ,  ou  les  dé- 
veloppemens  qu'elles  tn  r<çoiveni  ;  enfin  ,  de 
faire  qu'en  ouvrant  la  loi  ou  le  régiment  le  pltis 
récent  ,  le  lecteur  découvre  d'un  coup  d'cçil 
toutes  les  dispositions  'le  la  niaiièrc  .  ci  saisisse 
te  dernier  état  de  la  législation  sur  chaque  poinr. 
Des  notes  opé''eront  cet  eflei.  Cette  idée  n'est 
pas  nouvelle.  L'auteur  l'a  emprun  ée  de  D^ins 
Gadefroi  ,  qui  a  ain^i  conlér;  les  io  s  roiiiau.es  ; 
il  la  prise  sur-:out  u  corps  de  dioit  connu  scjs 
le  titre  de  Corpus jûris  civilis  academicum.  En  1790  , 
le  citoyen  Camus  l'a  essayé  av  c  succès  S'jr  un 
recueil  des  lois  judiciaires  :  ii  disait  avec  raison 
dans  la  préface  ,  que  par  cette  médiode  ,  c'était 
la  loi  qui  expliquait  .a.  loi  ;  et  avant  lui  .  Gucnois 
avait  fait  aux  juriscoosulies  un  présent  dont  ils 
sentirent  le  prix  ,  en  leur  aonnaut  la  confé- 
rence des  coutumes. 

Le  citoyen  Locré,  a  cru  cependant  ne  pas  de- 
voir  borner  l'usage  de  ses  noies  à  étsblir  la  con- 
(éience  de  nos  lois.  Il  les  emploie  aussi  à  faire 
connaître  les  moiifs  et  lesprii  des  lois  et  des  ré- 
glemens nouveaux  ,  à  en  fix'r  le  sens  et  les 
conséquences  à  indiquer  les  résultats  que  l'auto- 
rité publique  a  VQulu  eu  obtenir.  Témoin,  comme 
secrétaire  générai  du  conseil  li'étal  .  d.s  discus- 
sions qui  préparent  les  proj  Is  de  loi  et  les  ré- 
glernens  d'administration  publique  ,  il  ne  vi.ut 
pas  dérober  au  public  les  connaissances  que 
lui-même  acquiert  chaque  jour. 

Après  avoir  exposé  le  plan  et  Us*  vues  de  l'au- 
teur, passons  à  l'analyse  de  son  ouvrage. 
Il  est  divisé  en  quatre  parties. 
Dans  la  première  partie,  l'auteur  cherche  le» 
principes  qui  peuvent  le  conduire  à  un  systêrhe 
général  de  législation,  I'  les  puise  dans  la  nature 
des  choses.  L  entend  par  lois  ,  toutes  les  d  spO- 
sitions  généralement  obligat. ires  ,  qui  lègleniles 
droits  et  les  devoiis  entre  les  hommes  ,  oe  quel- 
ques dislinciions  qu'elles  soient  d'ailleurs  suscep-- 
tibles.  L'acception  plus  étroite  du  moi  loi  est  ex- 
pliquée dans  le    chapitre  14. 

Les  lois,  dans  le  sens  élemfu  que  l'atiieur 
donne  à  ce  mot  ,  ne  peuvent  être  considérées 
que  par  rapport  à  leur  origine  ,  par  rapport  à 
leur  objet  ,  par  rapport  à  leur   usage. 

Vues  spus  le  lapport  'de  leur  origine  ,  les  lois 
sont  ou  naturelles  ou  posidves  ;  mais  cet  e  tjis- 
linciion  qui  est  développée  dans  le  chapitre  II  , 
ne  peut  devenir  la  base  d'une  classifican'on  , 
parce  que  le  droit  naturel  et  le  droit  pojiiif 
sont  mêlés  dans  toutes  les  lois. 

L'objet  des  lois  est  de  régler  \às  rapports  entra 
les  hommes  ;  ainsi  quand  on  consilere  les  lois 
sous  le  point  de  vue  de  leur  objet  ,  oti  découvre 
nécessairement  autant  de  sories  île  lois  qu'il 
existe  entre  les  homi.ies  <le  diverses  soi'ies  de 
rapports.  Ces  rapports  sont  de  trois  espec's:  les 
uns   sont   iormén  entre  les  nations ,  et  réglés  par 


412 


le  clroit  cl'-s  f^ens;  d'autres  rtitre  la  nation  et 
chacun  des  membres  qui  la  composent  ;  ils  sont 
réglés  parle  droii  public:  d'autres  enhn  n'existent 
qu  entre  les  particuliers  ,  à  raison  d  inléiêis  pri- 
vés ;  ils  sont  régies   par   le   droit  civil.. 

L'auteur  explique  les  dispositions  de  diverse 
nature  qui  forment  le  droit  des  gens  :  il  les  com- 
pare ,  et  détermine  le  degré  de  force  qu'elles 
ont  en  soi  ,  et  les  unes  à  l'égard  des  autres. 

Il  passe  au  droit  public  ,  et  lui  assigne  pour 
objet  ,  1°  de  former  l'association  politique  par 
ses  dispositions  relatives  au  territoire  commun  sur 
lequel  l'association  est  assise,  et  aux  individus 
qui  en  sont  membres.  2°  D'en  déterminer  les 
<.<ret6,en  réglant  les  droits  elles  devoirs  réci- 
proques que  le  pacte  social  établit  entre  la  société 
et  le  citoyçn.  3"  D'assurer  sïs  etFets  ,  en  insti- 
tuant des  pouvoirs  publics  qui  les  déveluppeni 
et  les  appliquent  par  des  dispositions  lé;.',isla- 
lives  qui  il^^p0'e'lt  de  la  puissance  et  des  moyens 
de  la  société  pour,  exiger  du  citoyen  leiéeuiion 
«les  cngageniens  qu'il  a  pris  envers  elle  puur 
remplir  I'.  s  engag^raer/s  qu  cjie  a  pris  envers  lui, 
qui  dgJdeot  entre  la  société  et  l-s  individus 
accusés  d'avoir  violé  leur;  cngagemens,  et  qui 
prononcent  sur  les  contestations  leiatives^à  des 
inléré.s  privés. 

Il  fiut  lire  dans  .l'ouvrage  même  les  dévelop- 
pciDcns  que  l'auteur  donr;e  à  ces  idées  preiTiieres  ; 
ce  qu  il  (lu  sur  l'organisation  et  sur  la  formation 
des  pouvoirs  publics  ,  et  sur-tout  les  prini-ipes 
qu'ii  pose  sur  la  nature  et  les  attributions  propres 
de  chaque   pouvoir. 

La  lormation  des  autorités  le  cor?diiit  à  parler 
des  droits  puliii-iucs  des  citoyens  dont  le",  plus 
éniiaens  sont  paimi  nous  de  conciuiir  à  la  dé- 
légation des  pouvoirs  publics  ,  et  d  avoir  la  capa- 
ciie  d'en  devenir  dépasiiaires. 

Les  chapitres  re'atifs  ati  droit  pub'ic  sont  ter- 
f'^inés  par  l'énuméralioi)  des  di.'pr.sitions  dont 
'I  se  compose.  Dans  le  chap.  XIV  on  rcmaïqueia 
Une  énoncia'ion  nès-préi-ise  des  caractères  qui 
distinguent  ies  matières  réglementaires  des  ma- 
tières léglslatives- 

L'auicur  anive  au  droit  civil  ou  privé.  C'rst 
celui  qui  règle  le  drait  de  propàéie.  Il  jusiihe 
celte  définition  contre  les  objections  par  lesquelles 
on  pour.raii  la  combattre. 

Mais  la  division  de?  lois  par  leur  objet  ne  pe'U 
encore  dcven  r  la  base  d'un  système  de  class:fi- 
caii'ii.  L";nueiir  en  indique  les  raisoi^s  dans  le 
ciiai'itre  XVI  :  la  troisième  div'sioti  des  lois  ,  celle 
qui  es  rapporte  à  l'usr.ge  auquel  elles  sont  desti- 
nées ,  lui  par.iît  devuii  êire  piél'crée  à  toute  aune  : 
elle  a  l'iivanl.ige  d'cffrir  lès  lois  sous  le  rapport 
sous  lequel  il  est  le  p\u'  intéressant  de  les  con- 
naître :  elle  les  piésente  en  aciion. 

La  destination  de  toutes  les  lois  positives  est 
d'ctabiir  lagarantie  sociale  :  l'usage  des  lois  te;jdra 
donc  I"  à  former  et  à  oiganiser  djns  sa  nii.sse  et 
dans  ses  auioriiés  ,  la  sociélé  poliiique  oii  l'o-i 
ticuve  celte  garantie;  2°  à  lalr-  agir  les  autorités 
pour  J'oprrer  ;  3°  .1  leur  donner  la  lorce  et  les 
moyens  néccsïaires  pour  assurer  leur  action. 

Ici  finit  la  première  partie  qui  devait  contenir 
les   élemens   de   la  claisiiicaiion   des  lois. 

Dins  la  seconde  ,  l'auteur  trace  le  plan  qui 
en  resuite. 

D'après  les  notions  qu'il  vient  de  donner,  il 
partage  la  législation  en  trois  parties  principales  : 
formation  et  organisation  de  la  société  ;  aciion  de 
la  sv'ciéié  ;  pu  séance  de  la  société  :  telle  est  la 
divi  ion  générale. 

La  société  est  formée  et  organisée  lorsqu'elle  a 
un  territoire  ,  des  sociétaires  ,  des  autorités  pu- 
bliques. 

C  est  h  constitution  qui  règle  toutes  ces  choses. 
N'y  ayant  là  qu'une  s.ule  matière  ,  la  première 
partie  dé  la  législation  doit  être  renfermée  dans 
le  code  unique  de  Vorganisatîon  de  la  république. 

L'action  de  la  société  tend  à  assurer  à  l'homme  les 
avantages  qu'on  a  voulu  obtenir  de  l'ordre  social. 
Il  y  esi^venu  chercher  ce  qui  lui  mantquait  dans 
l'état  d  isolement.  Etquc  lui  manquait-il  i*  la  sûreté 
et  1rs  secours  d'autrui  dans  ses  infirmités  et  dans 
ses  besoins.  Le  but  de  l'action  sociale  est  donc 
de  procurrr  à  l'homme  la  sûreté,  les  secours. 
L'auteur  énumere  les  causes  qui  peuvent  com- 
promettre la  sûielé  ,  soit  de  la  société  ,  soit  des 
individus.  De  la  garantie  que  la  société  donne 
contre   ces  dangers  naissent  les  dispositions  qui 


forment  le  code  des  relations  extérieures",  le  code 
de  la  police  adminisiriitive  .  le  code  judiciaiie. 

Les  productions  naturelles  et  l'indnst;ie  sont 
les  dçnx  sources  d'où  découlent  les  secours  né- 
cessaires au  soutien  ou  à  lagrém. m  de  l.i  vie.  Le 
commerce  est  l'agent  qui  les  iraf.iniei  pai  une 
heureuse  ctimhin.iison  ■:éc'iia^  ges.  L  humanité  eu 
■  SI  la  respectable  rlistribuirice  pour  ceux  qui  ne  | 
peuvent  se  les  procurer  ni  par  les  produns  le 
leur  propriété  ,  ni  par  leur  iraval'  ,  ou  auxquel."^ 
manque  1  occasion  de  travailler.  D.;-i.à  quaae  m.- 
lieres  qui  donnent  les  quatre  codes  suivans  :  le 
code  rural  ,  le  code  des  sciences  et  des  ans  ,  le 
code  du  commerce  ,  le  code  des  secours  publics. 

Li  puissance  de  la  société'existe  pour  la  metire 
en  état  de  surmonter  les  obsiaclrs  qui  peuvent 
arrêter  l'effet  de  son  action.  C.s  obstacles  sont 
la   résistance  ,  la  détresse. 

La  lésis'ance  est  vaincue  d'abord  par  la  force 
morale  de  la  soiiété.  El  e  résulte  de  l'enseigne- 
ment qui  f.i  t  apcercvvoir  à  la  raison  hunianie 
les  ilcvo'rs  et  la  vertu  ,  et  dispose  la  volonté  à 
suivre  la  lumière  qui  lui  est  présentée  ,  des 
institudons  civiques  qci  riippe.leta  1'.  paiie  ,  dts 
récom|ienses  n.uionales  ,  qui  ,  en  donnani  1  essor 
aux,  passions  nobles  et  giandes  ,  font  taire  les 
passions  honteuses. 

La  résistance  est  encore  vaincue  par  la  force 
phisique  ,  qui  se  divise  en  force  de  icrre  et  en 
force  de  mer.  De  là   les   codes   suiv.ins  : 

Code  de  l'enseignement ,' code  des  insiiluiions 
civiques  ,  code  des  récompenses  nadonalcs  , 
code  militaire,   code  de  la  maiine. 

Il  faut  à  la  société  des  moyens  péciini.iir,'S  , 
sans  le.^quels  elle  ne  peut  donner  [••  mouvement 
et  la  vie  aux  injiiiulions  sociales.  De  là  le  code 
des  finances. 

Le  plan  général  de  c'assifi'ation  ainsi  déter- 
miné et  fermé  de  14  codes ,  l'auieut  tiace  le  plan 
de  chaque  code  en  pariicivlier.  Ce  travail  fort 
étendu  et  fort  dclaille  ,  remplit  le, surplus  dc-s 
chapitres  de   la   seconde  partie. 

Ces  deux  partiçs  forment  la  première  livrai- 
son qui  vient  de  paraître. 

"La  troisième  rerapHri  les  cadres  par  les  lois 
du  18  brumaiie  ,  et  qui  ont  conserve  leur  em- 
pire ;  la  .(juatriurae  ,  par  les  lois  ,  les  réglemens 
et  les  an«V.-s  actes  de  l'auiorité  publique  qui  ont 
paru  depuV  le  18  brumaire  ,  ou  qui  païaîtront 
à  l'avenir. 

Ces  deux  par'ics  vont  incessamment   paraître. 


France  ,   après   le   muséum    d'histoire   naturdie 
à  Paris. 

Maison  d'éducntisn  du  Petil-Jfavfirre ,  i^ue  Mon- 
tagne du  Panthéon  ,  n".  28.  Cet  établissement  sus- 
pendu pnr  ia  force  des  circonstances  et  repris 
depuis  deux  ans  ,  est  situé  dans  un  quoriier 
connu  pour  la  salubtité  de  l'air  qu  on  y  respire^ 
A  la  proximiié  des  iardins  des  plantrs  et  de 
|)harm-'.cie  ,  du  prylanée,  d'urte  école  centrale  et 
lie  celle  de  médecine  ,  il  offre  à  tous  les  étu- 
dians  ,  un  moyen  facile  d'acqnérir  toutes  les 
con-iaissances  cju'ils  peuvent  désirer, 

Le  prix  de  la  pension  varie  suivant  l'âge  et  la 
condition  des  élevés.  On  y  enseigne  spéciale-> 
ment  la  lecture,  l'écriture,  les  mahématiques, 
le  dessin,  ies  langues  française,  latine  et,  ita- 
lienne. 

S'adre  ser  an  citoyen  Ragonneau  ,  au  ci-devant 
collège   de  Navarre. 

Cabinet  littéraïeï  et  politiquf  ,  rue  d.-s 
Fossez-Germain-des-Piés  ,  n"  n,  à  l'ancien  café 
Procope. 

Le  cit.  Zoppi  a  réuni  dans  cet  établissement 
déjà  connu  ,  tous  les  ouvrages  périodiques  de 
littérature,  sciences  et  ans  qui  paraissent  à  Paris, 
tous  les  journaux  politiques  fie  cette  ville  ,  et  ua 
bon  noni'bre  de  ceux  des  dépariemens.  Enfin  , 
pour  ne  laisser  rien  à  désirer,  on  y  lit  aussi  les 
journaux  anglais  ,   italiens  et  allemands. 

Le  prix  de  1  abonnement  est  de  3  fr.  par  moi* 
ou  de   s5  centimes  par  séance. 


ANNONCES. 


Deuxième  année  du  Journal  des  arts  ,  des  sciences 
et  de  litteriilure  ;  p4i  îds  citoyens  Lavallée  ,  Vilje- 
terque  ri  Ljudon.  — A  ■commencer  du  1"  nivôse 
les  lédacteuis  ajouteront  une  gravure  à  chacun 
de  leurs  l'uméros.  Le  public,  en  distinguant  leurs 
premiers  efforts  ,  encourage  ce  projet  qui  contri- 
buera à  lagrément  et  à  l'utilité  de  leur  jpiirn.l. 
Monumciis  anciens  et  moJernes  ,  tableaux  ciiés 
avec  éloge,  etc.  lels  seront  les  sujets  de  ces  gra-r 
vt'res.  Les  rédacteurs  coniinu;.ront  à  rendra 
compte  ,  avec  la  même  impaitialité  .  des  livres 
nouveaux  ,  des  spectacles,  etc.  Ce  journal  paraît 
tous  les  cinq  jours. 

Le  bureau  général  d'abonnement  eSt  chez  le 
ciioy  n  Cdulon ,  salle  des  ci-devant  ducs  et  pairs, 
au  Louvre.  On  sabonne  aussi  chez  ie  citoyen 
Coeiher,  rue  du  Coq-HonOié  ,   n"   121. 

Prix  d'nbonnement  ,  9  fr.  pour  3  mois  ,  16  pour 
6  mois  et  3o  pour  l'année.  Pour  les  dépaiieriSens  , 
10  ,    18  ,  et  34  fr,  ■ 

Les  livres  ,  les  lettres  ,  les  annonces  ,  les  %;ra- 
vures  ,  etc.  seront  adressés  au  dir'ecteur  du 
Journal  des  arts  ,  lue  Helvétius  ,  n"'  676  et  53  , 
vis-à-vis   celle  Chabanais. 


Nantes  ,  le  20  frimaire.  -^  Il  y  a  ici  à  vendre  un 
cabinctd  histoire  natu.ellequi  contientun  système 
complet  de  minéralogie  ,  classé  suivant  la  mé- 
thode de  Djubenton  ;  une  conchyologie  égale- 
ment compleite;  une  magnifiiiue  collection  d'oi- 
seaux ,  presque  tous  exotiques  ;  des  quadru- 
pèdes ,  des  reptiles  ,  des  insectes  ,  des  poisso.s  , 
une  riche  réunion  de  polypiers  marins  ,  tels  q.;e 
coraux  et  madrépores,  etc.  Ce  cabinet,  par  lis 
soins  QU  cil.  Di^buisson  ,  est  le  plus  riche  «t  le 
plus     agréablement  varié    qu'on  puisse  voir  en 


LIVRES   DIVERS. 

I  Abrégé  des  révolutions  de  l'ancien  gouvernement 
\fninçais:  ouvra'je  élémentaire  ,  extrait  de  I  abbé 
j  Dubos  et  de  Mabh  ,  par  Thnuiei  ,  membre  de 
I  rassemblée  consd  ujnie  ,  pour  l'Inst'Ucrion  de 
(  son  fils  :  chez  Didot  l'aîné  ,•  rue  des  Orties;  et 
1  Firmin  Didot  ,  rue  de  Thionville. 
'  Prix  en  feuilles  ,  pap.  ordin.  I  fr.  20  centimes. 
I  papier   fin  ,  2  fr.   papier  vélin  ,   4  fr. 

i  Discours  sur  l'instruction  publique  ,  suivi  de 
I  not>  s  sur  l'état  actuel  et  le  régime  des  école» 
I  centrales  ;  par  S.  F.  Lacroix  .  membre  de  l'institut 
'  naiiO'  al  ,  professeur  de  mathématiques,  à  l'école 
1  centrale  des  Quatre-N.'.dons. 

'  A  Paris  ,  chez  Duprai  ,  libraire  ,  quai  de» 
I  Auguslins  ,  11°.  71. 

i  Catalogue  des  livres  de  la  bibliothèque  de 
'  feu  l'iibbe  Baithelemy ,  auteur  du  Voyage  dn.  jeune 
I  Anacharsis  en  Grèce  ,  garde  du  cabinet  des  mé- 
dailles lie  Pans,  membte  des  sociétés  savantes 
de  I  Europe.  Il  est  précédé  d'une  notice  sur  la 
vie  iHtéraire  de  cet  homme  célèbre,  et  dn  cata- 
logue de  tous  les  ouvrages  dont  il  a  enrichi  let 
Ittires  et  les  àtts  ,  un  vol.  in-S". 

A  Paris  ,  chez  Bernard  ,  libraire  ,  quai  de» 
A'jgustins  ,   n°  3  I. 

La  v-nte  de  c<  tte  collt  ction  précieuse  este  fixée 
au  7  mars  ;  (  16  ventôse.)  L'annoncer  aux  savan* 
et  aux  amateurs  de  la  saine  littérature  ,  c'est 
leur  préparer  ïme-  véritable  jouissance.  Ils  trou- 
veront le  catalogue  dans  les  principales  villes  de 
l'Europe.  Il  offre  les  plus  belles  et  les  meilleures 
éditions  des  auteurs  grecs  et  latins  ,  parfaitement 
conservés  ,  reliés  avec  le  goût  le  plus  noble  et  Te 
plus  exquis.  La  partie  numismatique  est  d'une 
d'une  grande  richesse. 

Trente-unième  livraison  de  l'Abrégé  de  fHistoire 
universelle  ,  sacrée  et  piofanç  ,  par  figures  ,  des-- 
sinée»  par  Monnet,  et  gravé  par  Diiflos,  le  texte 
par  Vajvilliers  ,  imprimé  par  Didot  jeune. 
Les  deux  cahiers  qui  terminent  cet  ouvrage  , 
paraîtront  successivement  de  mois  en  mois.  Les 
pesonnes  qui  se  seront  procurées  les  premières 
livraisons,  et  qui  désireront  completter  leur 
exemplaire  ,  sont  invitées  de  s'adiesser  chez 
Duflos  ,  rue    Copeau,   n°    Ssg  ,  à  Paris. 

L'Abrégé  de  ihistoire  rçmaine  ,  nouvelle  édition  , 
qni  fan  suite  à  cet  ouvia.:e  ,  est  composé  de 
uouze  Cahiers.  On  vend  les  histoires  séparées  les 
unes  des  autres  ,  à  raison  de  4  francs  le  cahier, 
et  3  fanes  lorsque  l'on  prenci  1  ouvrage  entier. 

Cet  ouvragr  destiné  à  linstruction  est  assez 
connu  par  sa  bïlle  exécution  dans  toutes  ses  par- 
ties ,  pour  nêtie  pas  confondu  avec  d  autre» 
ouvrages  de  ce  genre. 


L'abonnement  se  fait  à  Pari»,  rue  de»  Poitevin»,  n°  18.  Le  prix  est  de  s5  franc»  pour  trois  mois,  5o  franc»  pour  6  mois,  en  00  francs  pour  l'année  entière.  Ou  nes'abonne 
qu'au  commencement  de  chaque  mois. 

Il  faut  adresser  les  Heures  etl' argent  ,  franc  de  port  ,  au  cit.  Ag  A  «s  E ,  propriétaire  de  ce  journal  ,  lue  des  Poitevins  ,  n'  18.  11  faut  comprendre  dans  les  envoi»  le  port  dci 
pays  0  .  l'on  ne  peut  affranchir.  Les  lettres  des  dépariemens  non  affranchies  ,  ne  seront  point  letirées  de  la  poste. 

Il  faut  avoir  soin  ,  pour  plus  de  sûreté,  de  charger  celles  qui  renferment  des  valeurs,  et  adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  de  la  feuille  ,  au  rédacteur,  rue  de» 
Poitevins    n^  i3  ,  depui  sneuf  heures  du  matin  jusqu'à  cinq  heures  du  soir. 


De  l'imprimerie    de  H.  Agasse  ,  propriétaire  du  Moniteur  ,  rue  des  Poitevins ,  n"  i3. 


BOSTON  PUBLIC  LIBHARY 


3  9999  05450  8096